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HARVARD UNIVERSITY.
LIBRARY
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY.
GIFT OF
ALEXANDER AGASSLZ.
JihulSO-, Ël(ui/nilTi/L2iiU9ji
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55,
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CEXT TRENTE-DEUXIEME.
JANVIER-JUIN 1931.
^^PARIS,
GAUTHIER-VILLAIIS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES CO.MPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'\C.VDÉ.MIK DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55.
1901
APft âÛ 1901
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAii nn. tiKs <>iECHériiitBM pbhpétubl*!.
TOME CXXXII.
N^ 1 (7 Janvier 1901).
^PAKIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPKIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(^uai des Grands-Âugustios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTK DA^S les SEA^XFS DES fi3 JUIN 1 862 ET 2 '| MAI 1870
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Noies
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume. ;
Il V a deux volumes par année. \
Article 1". Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parun associéétrangerdel'Académiecompreunent
au plus 6 pages par numéro.
Un ]\Iembre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pi>g6S par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus., on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
j émettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicieen rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs» aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie .
'Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
ETAT DE l'ACADElIlE DES SCIENCES
Al] 1" JANVIER lilUl.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
Sectioîj I"". — Géométrie.
Messieurs :
Hermite (Charles) (g. o. *).
Jordan' (Marie-Enneuiond-Camille) (o. ft).
PoiNCARÉ (Jules-Henri) (o. ft).
Picard (Charles-Emile) (O. *).
Appell (Paul-Émile) (o. *).
PainlevÉ (Paul).
Section II. — Mécuniqut.
Levy (Maurice) ("O. *).
BOUSSINESQ (Valentin-Joseph) *.
Deprez (Marcel) (o. w).
Sarrau (Jacqucs-Rose-Ferdinand-Émile) (c. «).
LÉAUTÉ (Henry) (O. ft).
Sebert (Hippolyte) (c. *).
Section IU. — Astronomie.
Faye (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (g. C. «).
Janssen (Pierre-Jiiles-César) (c. «).
Lœwy (Maurice) (c. ft).
WOLF (Charles-Joseph-Éticnne) (o. ft).
Callandreau (Pierre-Jean-Octave) ft.
Radau (Jean-Charles-Rodolphe) *.
Section IY. — Géographie et Navigation.
Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. ft).
Grandidier'"( Alfred) (o. ft).
BUSSY (Marie-Anne-Louis de) (g. O. ft).
Bassot (Jean-Léon-Antonin) (O. ft).
GUYOU (Emile) (o. ft).
Hatt (Philippe-Eugène) (o. w).
RTAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES.
Section T. — Physique générale.
Messieurs :
Cornu (Marie-Alfred) (o. *).
Mascart (Éleuthère-Élie-Nicolas) (G. O. ;»).
LiPPMANN (Gabriel) (c. *).
Becquerel (Antoine-Henri) (o. *).
Potier (Alfred) (o. *).
ViOLLE (Louis-Jules-Gabriel) (o. «).
SCIENCES PHYSIQUES.
' Secmon YI. — Chimie.
Troost (Louis-Joseph) (c. *).
Gautier (Émile-Justin-Armand) (o. «).
MOISSAN (Henri) (c. *).
DiTTE (Alfred) (o. ft).
Lemoine (Georges) (o. *).
Haller (Albin) (o. ft).
Section YII. — Minéralogie.
FOUQUÉ (Ferdinand-André) (O. *).
GAUDRY.'(Jean-Albert) (c. *).
Hautefeuille (Paul-Gabriel) (o. ■it).
Bertrand (Marcel-Alexandre) ».
LÉVY (Auguste-Michel) (o. «).
Lapparent (Albert-Auguste de) *.
Section YIII. — Botanique.
Chatin (Gaspard-Adolphe) (o. *).
Van Tieghem (Philippe-Édouard-Léon) (o. *).
Bornet (Jean-Baptiste-Édouard) (o. *).
GuiGNARD (Jean-Louis-Léon) «.
Bonnier (Gaston-Eugène-Marie) ft.
Prillieux (Édouard-Ernest) (o. *).
ETAT DH L ACADEMIE DES SCIENCES.
Sectio\ IX. — Économie rurale .
Mejsieurs :
SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (c. ft).
Chauveau (Jean-Baptiste-Aiiguste) (:. «).
DehÉRAIN (Pierre-Paul) (o. *).
DUCLAUX (Pierre-Emile) (c. ft).
MUNTZ (Charles-Achille) (o. *).
Roux (Pierre-Paul-Émile) (c. *).
Sectio.x X. — Analomie d Zoologie.
Lacaze-Duthiers (Félix-Joseph-Henri DE) (G. O. ft).
Ranviek (Loiiis-Aiiloiiie) (o. ft).
Perrier (Jean-Octave-Eclmond) (o. ft).
FiLHOL (Aiitonin-Pierre-Henri) (o. *).
Chatin (Joannès-Cliarles-Melchior) ».
GlARD (Altred-Mathieii) ft.
Sectio.v XI. — Méilecine il Chirurgie.
Marey (Étienne-Jules) (c. *).
Bouchard (Charles-Jacques) (c. »).
GUYON (Jean-Casimir-Félix) (o. ft).
POTAlN (Pierre-Carl-Édouard) (c. ft\
Arsonval (Arsène d') (o. «).
LANNELONGUE (Odilon-Marc) (c. ft).
SECRETAIRES PERPETUELS.
Darboux (Jean-Gaston) (c. ft), pour U^s Sciences mathéma-
tiques.
Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. c. ft), pour les Sciences
physiques.
8 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
Damour (Augustin-Alexis) (o. «).
Freycinet (Charles-IfOuis DE Saulses DE) (o. «).
Hatonde la GoupilliÈRE (Julien-Napoléon) (G. O. *).
Jonquières (Vice-Amiral Jean-Philippe-Ernest DE Fauque DE)
(g. o."*).
Cailletet (Louis-Paul) (o. *).
Bischoffsheim (Rapkaël-Louis) *.
Brouardel (Paul-Caibille-Hippolyte) (g. o. «).
LaussedAT (Aimé) (g. o. *).
Carnot (Marie-Adolphe) (o.*).
ROUCHÉ (Eugène) (o. *).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
Kelvin (Sir William Thomson, Lord) à Glasgow (g. o. *).
Lister (Lord), à Londres.
NORDENSKIÔLD (Nils-idolf-Erik, baron) (c. *), à Stockholm.
Newcomb (Simon) (o, *), à Washington.
ViRCHOW (Rudolph-Ludvig-Carl) (c. *), à Berlin.
Stokes (Sir George-Gabriel), à Cambridge.
SUESS (Edouard), à Vienne.
HOOKER (Sir Joseph-Dalton), à Rew.
CORRESPONDANTS '.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section l". — Géométrie (lo).
Salmon (George), à Dublin.
FUCHS (Immanuel-Lazarus), à Berlin.
SCHWARZ (Hermann-Amandus), à Griinewald, près Berlin.
Klein (Félix), à Gœttingue.
(•) Un décret du :>\ juin 1899 a porté le nombre des Correspondants, tant nationaux qu'étrangers,
de cent à cent seize.
Le règlement du i3 novembre 1899 a (ixé à dix le nombre des Correspondants de chaque Section, à
l'exception de la Section d'Astronomie qui conserve seize Correspondants.
ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Messieurs :
Cremona (Louis), à Rome.
MÉRAY (Hugues-Charles-Roberl) (o. «), à Dijon.
Zeuthen (Hieronymiis-Georg), à Copenhague.
MitTAG-LeffleR (Magniis-Giislaf), à Stockholm.
LiPSClliTZ (RiKioIpli-Otto-Sigismond). à Bonn.
Dedeki^d (Richard), à Brunswick.
Section II. — Mécanique (10).
Sire (Georges-Etienne) *, à Besançon.
Considère (Armand-Gabriel) (o. *), à Quimper.
Amsler (Jacob), à Scliafllioiiso.
Valmer (Frédéric-Maric-Emmanuel),*!, à Rueil.
GiBBS (J.-Willard), à New-IIaven (Connecticut).
BOLTZMANN (Louis), à Vienne.
Dwrlshauvers-Dery (Victor-Auguste-Ernesl) ft, à Liège.
Bazin (Henry-Émile) (o. «), à Chenôve (Côtc-d'Or).
DUHEM (Pierre), à Bordeaux.
N
Sectiox m. — Astronomie (r6).
Struve (Otlo-Willu'lm) (g. o. #), à Carlsruho.
LOCKYER (Joseph-Xorman), à Londres.
IIUGGINS (William"), à Londres.
Stepiian (Jcan-Maric-lùlouard) (o. ft), à Marseille.
Hall (Asaph) *, à Washington.
SCHIAPARELLI ( Jean-Virginus). à Mihin.
T^ANGLEY (.Samuel-Pierponl), à Washington.
AL'WERS (Arthur), à Berlin.
Kayet (Georges-Anloine-Pons) (o. e ), à Bordeaux.
Perrotin (Ilenri-Joseph-Anastase) «, à Nice.
Backlund (Oskar), à Poulkova.
GiLL (David), an Cap de Bonne-Espérance.
Bakhuyzen (Van diî Sande) (o. a), à Leyde.
Christie (Wdliam-Henry), à Gffenwich (Angleterre).
N '
N
C. K., 1901. I" S-tmestre (T CXXXII >■ l.i 2
lO ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Section IV. — Géographie et Navigation (lo).
Messieurs :
Teffé (le baron de), à Rio-de- Janeiro.
Grimaldi (Albert-Honoré-Charles) (G. c. «), prince souverain de
Monaco, à Monaco.
Nansen (Fridtjof) (c. ^), à Bergen (INforvège).
Helmert (Frédéric-Robert), à Potsdam.
Colin (le R. P. Édoùard-Élie), à Tananarive.
Gallieni (Joseph-Simon) (g. o. *•), à Saint-Ra[)haël (Var).
Bienaymé (Arthur-François-Alphonse), à Toulon.
N 1
N
N
Section V. — Physique générale (lo).
Crova (André-Prosper-Paul) *, à Montpellier.
Rayleigh (John-William Strutt, Lord) (o. *), àEssex.
AmAGAT (Émile-Hilaire) «, à Bourg.
Raoult (François-Mirie) (c. *), à Grenoble.
Rowland (Henry-Aqgustin) (o. *), à Baltimore.
BiCHAT (Ernest-Adol|)he) (o. *), à Nancy.
Blondlot (René-Prosper) *, à Nancy.
HiTTORF (Wilhem), à Munster (Prusse).
Van der Waals (Johannes-Diderik), à Amsterdam.
MiCHELSON (Albert-A.), à Chicago.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (lo).
WiLLIAMSON (Alexander-William), à Londres.
Lecoq DE BoiSBAUDRAN (Paul-Émile dit François) «, à Cognac.
Reboul (Pierre-Edmond) (o. *), à Marseille.
Baeyer (Adolf von), à Munich.
ROSCOÉ (Sir Henry-Eiifield) (o. «), à Londres.
CANNIZZARO (Stanislas) (o. ft), à Rome.
Ramsay (William) (o. *), à Londres.
ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. II
Messieurs :
Mendeleef (Dmitry-Iwanowitch), à Saint-Pétersbourg.
Fischer (Emile), à Berlin.
N
N
Section YII. — Mineralo<^ie (lo).
GosSELET (Jules-Augiiste-Alexandre) s, à Lille.
Geikie (Sir Archibald), à Londres.
RiCHTHOFEN (Ferdinand, baron DE), h Berlin.
TSCHERMAK (Gustave), à Vienne.
DepÉRET (Ciiarles-Jean-Jidien), à Lyon.
ROSENBUSCH (Harry), à Ileidelbeig.
Peron (Pierre-Alphonse) (c. *), à Auxerre.
ZiTTEL (Karl von), à Munich.
OEhi,ert (Daniel) », à fiavai.
Klein (Johann-Friedrich-Carl), à Berlin.
Section VIII. - Botanique (lo).
Clos (Dominique) *, à Toulouse.
SiRODOT (Simon) (o. *), à Rennes.
Grand'Eury (François-Cyrille) ft, à Saint-Etienne,
Agardh (Jacob-Georg), à Lund.
MiLLARDET (Alexis) «, à Bordeaux.
Masters (Maxwel-Tylden), à Loudres,
Treub (Melchior) », à Buitenzorg, près Batavia (Java).
SCUWEMDENI-R (Simon), à Berlin.
Pfei-FER (Wilhelm-Friedrich-Philipp), à Leipzig.
Strasburger (Edouard), à Bonn.
Section IX. — Économie rurale (lo).
Mares (Henri-Pierre-Louis) «, à Montpellier.
Lawes (Sir Jolm-Bennct), à Rothanisted , Saint-Albans station
(llerfortshire).
Gilbert (Joseph-Henry), à Rothanisted, Saint-Albans station
(llerfortshire).
Lechartier (Georges-Vital), à Rennes.
12 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Messieurs :
HOUZEAU (Auguste) (o. *), à Rouen.
Akloing (Saturnin) (o. *). à Lyon.
Pagnoul (Aimé), à Arras.
Gayon (Léonard-Ulysse), à Bordeaux.
N. . . . .
N
Section X. |— Analomie et Zoologie (lo).
AGASSIZ (Alexandre)l(o. *), à Cambridge (États-Unis).
Fabre (Jean-Henri) \, à Sérignan (Vaucluse).
KOWALEWSKI (Alexandre), à Saint-Pétersbourg.
Sabatier (Armand) (o. *), à Montpellier.
Retzius (Gustave), à Stockholm.
Bergh (lAidwig-Rudolph-Sophus), à Copenhague.
Lankester (Edwiii-Riiy), à Londres.
Lortet (Louis) (o. *), à Lyon.
N. . .
N
Section XI. — Médecine et Chirurgie (lo).
LÉPINE (Jacques-RaplJaël) (o. ft), à Lyon.
Herrgott (FrançoisJoseph) (o. *), ii Nancy.
Laveran (Louis-Charles-Alphonse) *, à Montjjellier.
Engelmann (Théodor^Wilhelm), à Berlin.
Leyden (ErnstVON),'à Berlin.
MOSSO (Angelo), à Turin.
Burdon-Sanderson (Sir John), à Oxford.
Zambaco (Démétrius-Alexandre) (o. *), à Constantinople.
Czerny (Vincent-Joseph), à Heidelberg.
N
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEA^CE UU LUNDI 7 JANVIER 1901
PRÉSIDENCE DE M. KOUQUÉ.
KEiVOUVELLE^lEAT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, p;ii' la voie du scrutin, à la numinaliou d'un Vice-
Président pour l'année 1901, lequel doit être choisi dans l'une des
Sections des Sciences niathémali(|ucs.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5G,
M. 15ouquet de la Grye obtient 54 suflrages,
M. Mascart » 1 suffrage.
il V a un bulletin blanc.
M. Bouquet de i.a (invi:, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est proclamé élu.
( '4 )
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres qui devront faire partie de la Commission centrale adminis-
trative pendant l'année 1901 .
MM. BoRNET et Maurice Levy, ayant réuni la majorité des suffrages,
sont élus Membres de la Commission centrale administrative.
M. Maurice Levy, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état
où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les changements
survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de
l'année 1900.
État de l'impression des Recueils de l'Académie au \" janvier K^oi.
Volumes publiés.
Comptes rendus des séances de l'Académie. — Le Tome CXXVIII (i'^'' se-
mestre 1899) et le Tome CXXIX (2* semestre 1899) ont paru avec leurs
Tables; ainsi que le Tome IV de la Table générale, comprenant les années
1881 à 1895.
Les numéros de l'année 1900 ont été mis en distribution, chaque
semaine, avec la régularité habituelle.
Mémoire présente : Un Mémoire de M. L. Tories, intitulé : « Machines
à calculer « (^Savants étrangers, t. XXXII, n" 9).
Changements survenus parmi les Membres
depuis le i^" janvier 1900.
Membres décédés.
Section de Chimie : M. Grimaux, décédé le 2 mai 1900.
Section d' Analumie et Zoologie : M. Blanchard, décédé le 1 1 février 1 900 ;
M. Miln'e-Edwards, décédé le 21 février 1900.
Secrétaire perpétuel : M. Jusepu SÎEarRAXD, décédé le 3 avril 1900.
( " )
Membres élus.
Section de Géométrie : M. Paixlevé, élu le lo décembre 1900, en rem-
placement de M. Darboux, élu SecréLiire perpétuel.
Section de Chimie : M. Haller, élu le 26 novembre 1900, en remplace-
ment de M. Gri.mai'x, décédé.
Section d' Anatomie et Zoologie : M. Joaxxes Ciiatix, élu le 21 mai 1900,
en remplacement de M. Blaxciiaiid, décédé; M. Giard, élu le 2,5 jmn 1900,
en rcmiilacement de M. Milne-Eowards, décédé.
Secrétaire perpétuel : M. Darboux, élu le 21 mai 1900, en remplacement
de M. Joseph Bertrand, décédé.
Associés étrangers élus.
Sir George Stokes, à Cambridge, le 19 février 1900, en remplacement
de M. Weierstrass, décédé.
M. Skess, à Vienne, le 3o avril 1900, en remplacement de Sir Edward
Fraxkland, décédé.
Sir Jostpii UooKER, à Rew, le 19 novembre 1900, en remplacement de
M. Blxse.v, décédé.
Changement.<i survenus parmi les Correspondants
depuis le \" janvier lyoo.
Correspondants décédés.
Section de Mécanique : M. Reltrami, à Rome, décédé le 17 février 1900.
Section de Géographie et de Navigation : M. Alexis de Tillo, à Saint-
Pétersbourg, décédé le 1 1 janvier 1900; M. l'abbé A. David, missionnaire
en Chine, décédé à Paris, le 10 novembre 1900; M. de Sekpa Pixto, dé-
cédé en décembre 1900.
Section d' Anatomie et Zoologie : M. Mariox, à Marseille, décédé le
23 janvier 1900.
Section de Médecine: M. Ollier, à Lyon, décédé le 26 novembre 1900
Correspondants élus.
Section de Géométrie : M. Zeutiiex, à Copenhague, élu le 22 janvier 1900,
en remplacement de M. Sophus Lie, décédé; M. Mittau-Lefeler, à
Stockholm, élu le 29 juin 1900, conformément au décret du 24 juin 1899;
( i6 )
M. LiPscHiTz, à Bonn, élu le i6 juillet 1900, en vertu du même décret;
M. Richard Df.deki\d, à Brunswick, élu le 3i décembre 1900, en vertu du
même décret.
Section de Mécanique : M. Gibbs, à New-Haven, élu le 21 mai 1900, en rem-
placementdeM.Riggenbach, décédé; jM.Boi.tzm.wn, à Vienne, élu le 28 mai
1900, en remplacement de M. Beltrami, décédé; M. Dwelshauvers-Deuy,
à Liège, élu le 18 juin 1900, conformément au décret du 24 juin 1899;
M. Bazin, à Chenôve, élu le 25 juin 1900, conformément an même décret;
M. DuiiEM, à Bordeaux, élu le 3o juillet 1900, conformément au même
décret.
Section de Géographie et Navigation : M. Iîienaymé, à Toulon, élu le
29 janvier 1900, conformément au décret du 24 juin 1899.
Section de Physique générale : M. Hittorf, à Munster, élu le 26 mars
1900, en remplacement de M. Wiedemaiin, décédé; M. Van der Waals,
à Amsterdam, élu le 2 avril 1900, en remplacement de Sir George Stokes,
élu associé étranger; M. Miciielsojv, à Chicago, élu le 9 avril 1900, confor-
mément au décret (lu 24 juin 1899.
Section de Chimie : M. E.mile Fischer, à Berlin, élu le 5 mars 1900, con-
formément au décret du 24 juin 1899.
Section de Minéralogie : M. Perox, à Auxerre, élu le 22 janvier 1900, en
remplacement de M. Matheron, décédé; M. Karl von Zittel, à Munich,
élu le 19 février 1900, conformément au décret du 24 juin 1899; M. OEhe-
lert, à Laval, élu le 18 juin 1900, en remplacement de M. Suess, élu
associé étranger; M. Carl Ki.ein, élu le 19 novembre 1900, conformément
au décret du 24 juin 1899. j
Section de Botanique : M. Sciiwexdener, à Berlin, élu le 12 février 1900,
en remplacement de M. le baron de Mueller. décédé; M. Pfeffer, à
Leipzig, élu le 19 février 1900, en remplacement de M. Cobn, décédé;
M. Edouakd Strasburger, à Bonn, élu le 3i décembre 1900, en rempla-
cement de Sir Hooker, élu Associé étranger.
Section de Médecine et Chirurgie : Sir Burdon-Saxuerson, à Oxford, élu
le 7 mai 1900, en remplacement de Sir Paget, décédé; M. Zambaco, à
Constantinople, élu le 2 juillet 1900, conformément au décret du 24 juin
1899; M. Czerny, à Heidelberg, élu le 9 juillet 1900, conformément au
même décret.
Correspondants à remplacer.
Section d'Astronomie: M. Gould, à Cambridge (Etats-Unis), décédé;
M. SouiLLART, à Lille, décédé.
( 17 )
Section de Géographie et Navigation : M. A. de Tillo, à Saint-Péters-
bourg, décédé; M. l'abbé A. David, en Chine, décédé; M. de SerpaPixto,
à Lisbonne, décédé.
Section de Chimie : M. Haller, à Paris, élu académicien ordinaire.
Section d' Économie rurale : ]M. le marquis Menabrea, à Rome, décédé;
M. Demo\tzey, à Aix, décédé.
Section d' Analomie et Zoologie : M. Flower, à Londres, décédé; M. Ma-
Biox, à Marseille, décédé.
Section de Médecine et Chirurgie : M. Ollier, à Lyon, décédé.
Nota. — Une place de Correspondant, créée par le Décret du ^2l^ juin
189g, est encore vacante dans la Section de Mécanique.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président, en annonçant à l'Académie la mort de M. le D'' Potain,
Membre de la Section de Médecine et Chirurgie, s'exprime comme il
suit :
« Mes chers Confrères,
« Au début de mes fonctions de Président de l'Académie des Sciences
pour l'année 1901, un pénible devoir m'incombe. J'ai à vous annoncer
officiellement la mort de notre Confrère le Docteur Potain.
» Quand nous l'avons a|)pelé, il y a sept ans, à siéger parmi nous, nous
avions été attirés vers lui par sa science profonde et sa haute honorabilité.
Son trop court séjour dans notre Compagnie a justifié pleinement son
excellent renom, et tous nous avons joui de son humeur affable et de sa
parfaite aménité.
» En dehors de notre Académie, sa renommée dans le monde médical
était universelle. A une époque où les Sciences se divisent et se subdivisent,
où chacun s'enferme presque fatalement dans une spécialité restreinte à
laquelle il consacre sa vie, et où la médecine particulièrement s'est ramifiée
en un grand nombre de branches distinctes, Potain avait su conserver une
autorité magistrale sur tout l'ensemble de l'immense domaine des Sciences
qui servent de base à l'art de guérir. Son savoir étendu, ses habitudes
G. 11., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXH, N» 1.) -^
( IS )
minulieuses d'investigation méthodique donnaient à sa pratique nnédicale
une valeur incomparable. Tous ceux qui ont suivi ses cliniques ont admiré
la sûreté de ses diagnostics et la solidité des conclusions qu'il en savait
tirer. Enfin comme couronnement d'aussi précieuses qualités, notre Con-
frère était doué d'une modestie sans égale et d'une inépuisable bonté. »
La séance est levée en signe de deuil, après dépouillement de la Corres-
pondance.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de diffère nlielle s totales de
troisième espèce dans la théorie des fonctions algébriques de deux variables;
par M. Emile Picard.
« Dans mes recherches antérieures sur la théorie des fonctions algé-
briques de deux variables, j'ai établi les propriétés fondamentales des
intégrales de différentielles totales de première et de seconde espèce. Il
reste, sans doute, encore bien des points à élucider; il serait notamment
à désirer d'avoir des exemples de surfaces, dont la connexion linéaire soit
supérieure à l'unité, plus étendus que ceux qui ont été donnés jusqu'ici.
On peut aussi se demander si, comme il semble bien probable, une sur-
face peut posséder des intégrales de différentielles totales de seconde
espèce sans en avoir de première espèce; pareillement, si j'ai pu établir
une relation très simple entre le nombre des intégrales distinctes de
seconde espèce et le nombre de leurs périodes, on ne connaît par contre
rien d'analogue concernant les intégrales de première espèce. Ces ques-
tions difficiles mériteraient, je crois, de solliciter l'effort des chercheurs.
Une étude de nature en apparence bien différente, celle des intégrales
doubles de seconde espèce, a depuis longtemps appelé mon attention sur
les intégrales de différentielles totales de troisième espèce. Je me propose
d'énoncer ici à leur sujet un théorème qui semble avoir quelque intérêt
pour la théorie des surfaces algébriques.
)) Pour éviter certaines difficultés, et sans restreindre d'ailleurs au fond
la généralité, nous envisageons une surface n'ayant d'autres singularités
qu'une ligne double avec points triples. Etant considérée la surface
f{œ,y,z) = o,
une intégrale de différentielle totale de troisième espèce
Tp dx + Q dy,
( '9 )
où P et Q sont rationnels en ^, j et ^, aura un certain nombre de lignes
logarithmiques irréductibles, ('eci posé, voici l'énoncé du théorème que
j'ai en vue ;
» On peut, sur la surface f, trouver un certain nombre A de courbes algé-
briques irréductibles, telles qu'il n'existe pas d'intégrale de troisième espèce
ayant seulement comme lignes lognnlhniiques toutes ces courbes ou quelques-
unes d'entre elles, mais telles qu'd existe une intégrale de troisième espèce
n'ayant d'autres lignes logarithmiques qu'une >. + i"''"* courbe irréductible
prise arbitrairement sur la surface et la totalité ou une partie des 1 premières.
M La démonstration de ce théorème est assez longue; elle s'appuie avec
quelques modifications sur les principes dont je me suis servi dans l'étude
des intégrales de seconde espèce (^Théorie des fonctions algébriques de deux
variables, t. I, Chap. IV et VI). Le nombre 1 présente un caractère in-
variant, au moins pour les transformations birationnelles entre surfaces
n'ayant que les singularités ordinaires de l'espèce indiquée.
» La proposition précédente joue un rôle important dans l'évaluation
du nombre des intégrales doub'es distinctes de seconde espèce, dont j'ai
commencé autrefois l'étude (loc cit., t. H, Chap. VII). »
CORRESPONDANCE.
M. E. Strasburger, élu Correspondant pour la Section de Botanique,
adresse ses remercîments à l'Académie.
MM. (lUixARU, Lt'GEox, MoixEYRAT adressent des remercîments à l'Aca-
démie pour les distinctions accordées à leurs travaux.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète i^ooc {Giacobini), faites à t'obser-
vatoire d'Alger (équatorial coudé de o"',3i^ d'ouverture), par MM. Ra.m-
BAUD et Sy, présentées par M. Lœwy.
Comète. — Étoile.
Étoiles I ~ — i^ Nombre
Dates. de .\scension de
1900. compar. Grandeur. droite. Déclinaison. compar. Observ.
ui s , ,
Décembre 26... a 9 -ho. 10, 43 —1. 1,1 1-2:12 S
a6... a » -+-0.14,95 —I. 4,2 12:12 R
27... l, 8 -3.17,92 -1-7.46,6 12:14 R
b » —3.10,70 -^7.41,9 12: ro S
2
( 20 )
Positions des étoiles de comparaison.
Asc. droite
Réduction
Déclinaison
Réduction
Dates.
1900.
Étoiles.
moyenne
1900,0.
au
jour.
moyenne
1900,0.
au
jour.
Autorités.
Dec. 26.
27-
a
b
h m 5
23. 9.44,09
23. 18.27.21
+ 3^,56
+ 3,57
— 22.55. l4,4
—23. 9.27,4
-t-i8;i
-t-'7>9
Gordoba n° 202.
Cordoba n" 472.
Positions apparentes de la comète.
Temps Ascension
Dates. moyen droite Log. fact. Déclinaison Log.fact.
1900. d'Alger. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
hms hms ' ^ f^ ' ^ ' , o"
Dec. 26 6.53.6 23.9.58,08 1,417 -22.55.57,4 0,8.39
26 7.11.45 23.10.02,60 T,472 —22.56. 0,5 0,852
27 6.3o. 2 23. i5. 12, 86 7,328 —23. 1.22,9 '''868
27 6.59.12 23. i5. 20, 08 î,432 —23. 1.27,6 0,858
» La comète est une nébulosité de i' à 2' de diamètre avec un faible noyau central
dont l'éclat est comparable à celui d'une étoile de i3'= grandeur au plus. La présence
de la Lune rendait d'ailleurs les observations difficiles aux dates indiquées. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 1900c (Giacobini), faites à
l'équatorial coudé de l'observatoire de Besançon. Note de M.
FARDET, présentée par M. Lœwy.
1>. Ciio-
Comète — Étoile.
Temps sidéral
-
-
Nombre
Dates.
de
Ascension
Distance
de
1900.
Étoiles.
Besançon.
droite.
polaire.
compar.
écembre 25. .
. a
hms
0.17. 4,76
ra s
+ 1 . 10,17
+4'- 2", 7
12: 9
25..
. b
0.48.48,63
+ 4.14,53
+3.20,8
9: 9
25..
a
0.48.48,63
+ 1 .23,09
+4- 8,8
9: 9
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
Etoiles,
a . .
b..
Autorités.
Anon. rapp. à * ^
Arg.-OEUzen, 22587
Ascension
droite
Réduction
Distance polaire
Réduction
moyenne
1900,0.
au
jour.
moyenne
1900,0.
au
jour.
hms
23. 1.41,
22.58.49,
34
91
+3' 54
+ 3,54
11 2°. 45'. 29", 4
112.46.17,4
— 18", 3
-18,3
( 21 )
Positions apparentes de la comète 1900 c (Giacobini).
Temps moyen Ascension Distance
Dates. . de droite Log. fact. polaire Log. fact.
1900. Besançon. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe,
h m s II m s _ », »
Dec. 20.... 6. i..59,o 23. 3. o,o5 i,i4o ii2.49.<3,8 o,9i2„
25 6.33.37,7 23. 3. 7,98 7,287 n2.49-i9'9 0,906,,
25 6.33.37,7 23. 3. 7,97 7,287 112.49.19,9 0,966,,
» La comète, observée par une lune de quatre jours, a l'aspect d'une nébulosité
arrondie, sans queue, avec un petit noyau stellaire central de 12° grandeur. Le dia-
mètre total est de 4o" à 5o". »
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces convexes fermées.
Note de M. H. Mi.vkowski.
« On sait que, parmi tous les corps de volume égal, la sphère a la plus
petite surface. C'est ce théorème qui m'a conduit aux résultats suivants,
concernant les surfaces convexes fermées.
» Pour plus de simplicité, je veux me restreindre à la considération de
siu'faces convexes ayant en chaque point un plan tangent déterminé et
des rayons de courbure principaux finis et déterminés.
<) 1. Soient £2 la surface de la sphère de rayon i, ayant son centre à
l'origine O, et cos({/sinS, sin^sinâ, cosSles coordonnées d'un point quel-
conque n de cette surface i2.
» Soient K un corps convexe quelconque et
a-cos^j/sinS -(- jKsin^j/sinSr 4- s cosâ = H
l'équation du plan tangent à la surface de K, ayant la direction OlI comme
normale extérieure. Il est alors une fonction uniforme sur la surface iî, et
en assignant cette fonction H(j, ijy), le corps K est déjà parfaitement dé-
terminé.
)) En posant
R:='^'"
S =
0'::'
+ II.
I
dm
cosSr
dll
sinSr
JSc/'}
sin-&
d<^'
I d-- H
sin'à di}*'
+
cos2r
sin &
dll
d^ ""
( 22 )
la forme binaire quadratique R ii^ -^2.Siw-h Tv^ sera toujours positive. On
sait que R -l- T est la somme, RT — S" le produit des rayons de courbure
principaux au point où ce plan t.nngent touche la surface de K.
j) 2. Cebi étant, soient R,, R,, R, trois corps convexes quelconques;
nous distinguerons les quantités H, R, S, T relatives à ces corps par l'ad-
jonction des indices respectifs i, 2, 3.
» Je considère alors l'intégrale
g fE,(R,T- 2S2S3 + T„R3)r/u -= A,,^,,
étendue à tous les éléments d(ù = sin&c?S</i{; de la surface £2.
» J'appelle la valeur de cette intégrale le volume /nixte des corps R,,
R„, R3.
« Cette intégrale est toujours positive.
» La valeur de celle intégrale n'est pas changée en permutant d'une ma-
nière quelconque l'ordre des trois corps, dont elle dépend. De plus, cette inté-
grale reste invariable en faisant subir des translations quelconques à ces
corps.
» Si les trois corps sont identiques, l'intégrale représentera le volume
de ce corps unique.
M 3. Nous dirons que trois corps convexes R,, R,, R3 sont indépen-
dants lorsque entre leurs fonctions H,, IL, Ho il n'existe aucune relation
identique.
M', H, -1- ^^2^2 + (V3H3 = a7pCOSi]/ sin.^ + y^ sinvJ/sinS- + z^co^?:,
où vi\, w.,, <V3, a„, jo» ^0 sont des constantes quelconques indépendantes
de S et 4'-
» R,, Ro, R3 étant des corps convexes quelconques, auxquels appar-
tiennent les fonctions H,, Ho, H3, et w^, w^, w^ étant des constantes quel-
conques toutes ^o, mais pas toutes égales à zéro, la fonction
A = tv. H, + H'2 Ho + «'3 H3
déterminera toujours aussi un corps convexe R. l^e Aolume de ce corps est
alors
f{w, , W.,, W^) = HiA,- Aytt'/H'AUv {i, k,l= 1,1, 3),
où km désigne le volume mixte de R,, R^, R^. Alors, on a le théorème
suivant :
(23)
» La surface
où (r,, w.,. w.^ sont regardées comme des coordonnées recldignes, est, dans le
domaine défini par w^^o, «'2=0, w^'to, une surjace convexe qui tourne sa
convexité du côté opposé à l'origine.
)) De plus. S! R , . Kj , K:, sont indépendants, cette surface ne contient jamais
trois points en ligne droite. Le déterminant
A,n
A n ■->
An :i
A...
A, 22
A 12.1
A(3,
A„2
A
et les deux déterminants analogues, où le premier indire est remplacé successi-
vement par les indices 2 cl 3, sont alors positifs. En outre,
'^ 1 2 1 ^^122
et tous les déterminants correspondants sont négatifs.
» En particulier on lire de là :
» K,, K3 étant des corps convexes quelconques, qui ne sont pas homothe-
tiques, on a toujours les inégalités
A I H A 1 22 <C A' , ^ , A , , 2 A222 <C A^ ...j .
» Ici A,,( est le volume de K,. En prenant pour K2 spécialement une
sphère de rayon i, la qiiantilc 3 A, ,2 sera Vaire de la surface de R,, et en
outre 3A,22 sera la courbure moyenne totale de celte surface; enfin on aura
A222= -X' Ofï est ainsi conduit au théorème suivant :
» Parmi tous les corps convexes ayant une surface de même grandeur, la
sphère a : 1° le plus grand produit du volume et de la courbure moyenne, et
2° la plus petite courbure moyenne, d'où résulte qu'elle a enfin le plus grand
volume.
» Une autre conséquence de ces dernières inégalités est celle-ci :
» Si un corps convexe de volume égal à i n'est pas un cube avec des faces
parallèles aux plans des coordonnées, la moyenne arithmétique des aires de
ses trois projections sur les trois plans des coordonnées est toujours ]> i .
» 4. Soit G = G(S', ij») une fonction uniforme et continue sur la surface
de la sphère Q, ayant en chaque point de cette surface une valeur positive
(M )
el telle que les trois intégrales
/cosJ/sinSr , /*sint!/ sinS , /"cosSr ,
G ' / G ' / ~G~ '
étendues sur la surface Q., s'évanouissent toutes. Il existe alors toujours un
corps convexe K tel quen un point quelconque de sa sur/ace, oii les cosinus
directeurs de la normale extérieure sont cos i}/ sin 2r, sin ij; sin &, cos S, la cour-
bure totale est égale à G (&, j*), et ce corps R est uniquement déterminé à une
translation prés .
» En effet, parmi tous les corps convexes de volume égal à i on peut tou-
jours déterminer un corps tel que, pour sa fonction H, la valeur de l'inté-
grale
/g-'
1= ".d>
lu
étendue à la surface £2 soit la plus petite possible. Ce corps est parfaitement
déterminé à une translation près. Si pour ce corps l'intégrale I a la va-
leur (;., on en déduira, par une dilatation dans le rapport \J[j. ; i, le corps
cherché R pour lequel RT — S" = p- »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur le théorème des forces vives.
Note de M. H. Dcport, présentée par M. Appell.
« Je me propose de donner, dans cette Note, une conséquence du
théorème des forces vives qui me paraît avoir jusqu'ici échappé aux inves-
tigations des mathématiciens.
)) Je vais me placer dans le cas le plus général d'atomes solides agissant
les uns sur les autres. Les actions mutuelles de deux atomes seront consi-
dérées comme dépendant du système formé par les positions des atomes,
les vitesses de leurs centres de gravité et leurs vitesses de rotation. On
sera ainsi dans le cas le |)lus général.
» Soient donc deux atomes, m et m' leurs masses, M et M' leurs centres
de gravité. Soient Ox, Oy, Oz trois axes de coordonnées rectangulaires
fixes; x,y, z les coordonnées de M; x',y', g' celles de M'; MX, MY, MZ des
axes principaux d'inertie du premier atome; A, B, C les moments d'inertie
correspondants; M'X', M'Y'.M'Z' des axes principaux d'inertie du second
atome; A', B', C les moments d'inerlie correspondants; p, q, /les projec-
( 2.^ )
lions sur MX. MY, MZ de la vitesse de rotation du premier atome; a, b, c
les projections de la vitesse de M; p' , q', r' les projections surM'X', M'Y',
]M'Z' de la vitesse de rotation du second atome; «', h', c' les projections de
la vitesse de M'; ç, ij, 0 les angles d'Euler délerminant la position des axes
MX, MY, MZ relativement aux axes fixes; ç', A', 8' les angles d'Euler déter-
minant la position des axes M'X', M'Y', M'Z' relativement aux axes fixes.
» Les forces provenant de l'action du second atome sur le premier
peuvent être considérées comme réduites à une force appliquée en M et à
un couple. Soient u, c, w les projections de la force sur MX, MY, MZ; P,
Q, R celles du moment du couple.
» De même les forces provenant de l'action du premier atome sur le
second peuvent être considérées comme réduites à une force appliquée
au point M' et à un couple. Soient u' , v' , w' les projections de la force sur
M'X', M'Y', M'Z'; P', Q', R' celles du moment du couple.
» Je ferai usage des équations employées par M. Appell dans ses beaux
travaux sur le roulement :
'" ^=r/'-yc + ,.. A^ =.(B-C)<7r4-P,
*^') [m"^^ =pc-ra + v, R ^ = (C - k)rp + Q.
"' ^ =ga-pb-hw, ^'Tt= (A - B)/77 + R.
m'^ = r'f/ - q-c' + u', A'^ = (B'- C/)^'^' + P',
(2) {m''^=p'c' -r'a'+ r', V,'% = (C - A')r'/>' + Q'.
» Écrivons maintenant qu'il existe une fonction 0 des quantités
x,y, z, x', y, z', a, b, c, a', b', c', p, q, r, p', q', /', ç, J/, 9, ç', é' , 0'
dont la variation est celle de la demi-force vive du svstème. On a une
équation que j'écris d'une manière abrégée
■^rt/* du: f/'I> d.r' d'i> rb — qc -\- u rf* r' b' — q' c' -^ u'
x^\ dx dt dx' dt da m da' m'
,o, 1 d^ (B — C)y/ +P rf'K (B'— C')(7'/-'-l-P' rf* ^ ^^'1
^ ' \ '^ dp A ^ dp' A' "^ do dt "•" f/'f' dl J
C. R., igor, 1" Semestre. (T. CXXXU, N» 1.) 4
( 2<> )
» Considérons maintenant un troisième atome. L'action de cet atome
sur le premier donne lieu à une force appliquée en M et à nn couple.
Soient z/|3, p,,, «p,,, les projections de cette force sur MX, MY, MZ; P,^,
Qi3, R,3 celles du moment du couple.
» De même, l'action du troisième atome sur le second donne lieu à une
force appliquée en M' et à un couple. Soient ii.,3, «'-s. «^23 les projections de
la force sur M'X', M'Y', M'Z'; ?„,, 0^3, R.,3 celles du moment du couple
» 11 f-iut alors remplacer dans les équations (i)
Mpar?/ + M,3, PparP + P|3.
et dans les équations (2)
«' par m'-i- i<_>3, P'parP'+Pj3, ....
)) Écrivons que la variation de la demi-force vive est^ égale à la
1 <ï> augmentée de la somme des travaux e
dip dji d^ dx' c?* rb — qc. -^ 11 + ?/,3
variation de <ï> augmentée de la somme des travaux extérieurs ; on aura
Zà I dx dt
(4)
dx' dt da m
d<P r' b' — f)' c' + a' ~h 11,3 d^ (B— C)y7- + P+Pn
da' m' dp
f/*(B'-C')^'/-'-+-P'-hP,3
! dp' A'
' = y ["« + u'a' -hVp-h P'p' ] .
d^ dw d^ dvj 1
Ihltt'^ 1^' ~dt\
» ïn tenant compte de (3) cette équation devient
Zà\da
lin
m
-+-
d-P
da'
«23
m'
-+-
d^
dp
P,.,
A
+
d-i>
dp'
P.3
A'
» c'est cette équation que je voulais obtenir. C'est une équation fonc-
tionnelle qui est de nature à resserrer danj des limites étroites les actions
mutuelles des atomes.
» Je ne puis terminer cette Note sans dire qu'elle m'a été, en partie,
inspirée par le désir de préciser les savantes considérations faites par
M. Poincaré, sur le principe de Meyer, dans la Préface de son Traité de
Thermodynamique. »
( 27 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires à points (V in-
détermination. Note de INI. Ludwio Sculesi\ger, présentée par
M. H. Poincaré.
« Étant donnée une équation linéaire à coefficients rationnels
(A) y*' -1- Pn i y""" + ...)- />o V = o
n'appartenant pas à la classe de M. Fuchs, soient a, .... o,, co les points
de ramification et A,, .... A^ les substitutions qu'un système fondamenlii!
y^, ..., Y„ subit quand la variable x tourne autour des points a^, aa-
Nous supposons que ces substitutions, aussi bien que Aç^, = A^'. . . A~',
soient telles que toutes les racines de leurs équations tondamentales aient
pour module l'unité. D'après un théorème démontré dans une Noie que
j'avais l'honneur de présenter à l'Académie le 7 mars 1898, on peut con-
struire un système de fonctions r,, ..., ^„, qui se comportent régulière-
ment pour toutes les valeurs de x, excepté les points a^. et =c, qui subissent
les substitutions A^ quand x tourne autour des points a^, et qui ne de-
viennent nulle part indéterminées. Les (=^.) forment donc un système fon-
damental d'une équation
(B) =(*'+^„., ="'-<) + ... + ^„r = o
à coefficients rationnels et appartenant à la classe de M. Fuchs, cogrcdienl
avec l'équation (A), c'est-à-dire (cf. mon Handbuch, t. II, § 1, p. ii"»)
qu'on aura une relation
les /-/o étant des fonctions uniformes (en général non rationnelles) de x.
» En différentiantla relation (Co) et en tenant compte de l'équiition (B),
on déduit les relations à coefficients uniformes
(Cx) r;t^'---^oxz*4-r,),-;-i----+'-«-<,x=r" (>. = i,2,...,« - 1)'
( -8 )
» Si l'on suppose que le groupe de raonoclromie 6 des équations (A) et
(B), groupe composé des A^ comme substitutions fondamentales, soit
irréductible (primaire dans le sens de M. Joudan, Cours d'Analyse, t. III,
p. 190), l'équation (B) ne peut avoir des intégrales communes avec une
équation d'ordre inférieur et à coefficients uniformes; on déduit donc
des équations (C>) et (A) le système suivant d'équations liuéaires du pre-
mier ordre et à coefficients rationnels pour les n- quantités r,x :
— — fi- 1 ,)> + ''«- 1 .X Ci fi,t.+ 1 .
r;
■ I>n-
(i= o, i, ..., n — i; l — o,i,...,n—2; /•_,_5^ =/•_,„_, = o).
)) Nous avons donc le théorème suivant :
» Etant donnée une équation (A) n'appartenant pas à la classe de M. Fuchs,
on peut trouver une équation (B) appartenant à celte classe et liée « (A) par
la relation (C^), dont les coefficients sont des fonctions uniformes en x, satis-
faisant à un système d' équations différentielles linéaires homogènes, à coef-
ficients rationnels.
» Soient G, H les groupes de transformations des équations (A), (B);
alors, H étant le groupe algébrique le plus étroit contenant le groupe dé-
nombrable 0 (cf. Handhuch, II, 1, p. 10 1), H sera contenu dans G comme
sous-groupe. Soit R(si, ..., «„) une expression rationnelle des z,, et de
leurs dérivées, admettant les transformations de H, et pas d'autres; cette
expression sera une fonction rationnelle de a;; en substituant dans R lesj'^i
au lieu des z,^, l'expression R(jK,, . . . , j„) ne sera plus rationnelle, mais elle
sera encore uniforme en x. Adjoignons cette fonction uniforme au domaine
de rationalité de l'équation (A); le groupe de transformation de (A) se
réduira à II (cf. Vessiot, Thèses, V, 1); toute expression rationnelle des y^
admettant le groupe de nionodromie 0 sera donc rationnellement connue.
L'expression R(j,, ..., j„) satisfait à une équation différentielle à coef-
ficients rationnels en x (Vessiot, /. c, III, 4). JNous pouvons donc dire :
» En adjoignant à l'équation (A) une certaine fonction uniforme de x,
satisfaisant à une équation différentielle à coefficients rationnels, chaque
expression des y^ et de leurs dérivées qui est fonction unifoime de x sera ration-
nellement connue; l'équation (A) se comporte donc, après cette adjonction,
comme une équation de la classe de M. Fuchs. »
(29)
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des équations de la Phy
sique mathématique. Note de M. S. Z.vkemba, présentée par M. H.
Poincaré.
M Rapportons l'espace à un système de coordonnées reclangulainesa?,
y, z et considérons/) fonctions réelles /,,/2, • ••> fp des variables x, y, z
admettant des dérivées premières continues dans toute l'étendue d'un
domaine (D) limité par une surface fermée (S). Désignons par a, , a^
a^, p constantes, posons
/'
/(x,y, z)= Va,/,,
et considérons les intégrales
B= fpds,
où dt et ds représentent respectivement un élément de volume et un élé-
ment de surface et où les intéi^rations doivent être étendues à tout le do-
uiaine (D) et à toute la surlace (S).
» M. Leroy a démontré, le premier, que l'on pouvait disposer des con-
stantes a, de façon à avoir
où L^est un nombre qui croît indéfiniment en môme temps que l'entier /j.
Depuis, M. Stekloff s'est aussi occupé de cette proposition, mais il ne
semble pas que l'on ait réussi à se débarrasser de l'hypothèse que les
diverses nappes dont peut se composer la surface (S) soient chacune
analytique.
» Il y a donc intérêt à démontrer que ce théorème, si riche en consé-
quences, a lieu sous l'unique condition que la surface (S) admette en
chacun de ses points des rayons de courbure principaux parfaitement
déterminés. On peut y arriver conmie il suit :
» Soit m un nombre positif supérieur à un certain nombre m^ ne dépen-
dant que de la nature de la surface (S). Il est aisé de conclure, des résul-
(3o)
lats que j'ai établis dans mon Mémoire Sur réquation Au -h 'c,a. +/ = o et
sur les /onctions harmoniques (Annales de l'École Normale, 189g), que l'on
aura, quelles que soient les cr,,
dt
>> cm.
où C est une constante ne dépendant que de la surface (S). D'antre part,
M. Poincaré a prouvé qu'en disposant convenablement des constantes a,,
on aura
(;-5) ""'- - — —^ — ^— - - > Ey^
r-dt
OÙ E est une constante ne dépendant que de la nature de la surlace (S) et
q un entier, non négatif, vérifiant l'inégalité
nq^-r- iSp,
OÙ n est un entier ne dépendant que de la surface (S).
» Si le nombre /? est assez grand, on pourra prendre m --. q. Les inéga-
lités (2) et (3) donneront alors
j f- d" ' + g
inégalité qui exprime le théorème qu'il s'agissait de démontrer. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur absolue des éléments magné-
tiques au i^" janvier 1901. Note de M. Th. Moureaux, présentée
par M. Mascart.
« Les observations magnétiques ont été continuées régulièrement et
sans lacunes, pendant l'année 1900, dans les observatoires du Parc Saint-
Maur, de Perpignan et de Nice. Les trois stations sont pourvues d'appa-
reils identiques : un magnétographe de M. Mascart et des boussoles de
( 3i )
Briinner pour la mesure absolue de la déclinaison, de l'inclinaison et de la
composante horizontale. Les courbes de variations, dont les repères sont
fréquemment vérifies, sont dépouillées pour chaque licnre du jour.
» Le développement récent des lii;ncs de tramways électriques dans la
banlieue est de Paris, a rendu très difficile le dépouillement des courbes
ma£;nétiques à l'observatoire du Parc Saint-Maur, le champ terrestre étant
troublé par les courants dérivés dus au retour du courant principal par la
terre. Préoccupé de cette situation, M. Mascart a obtenu la concession de
la propriété domaniale du ValJoyeux, située à Villepreux (Seine-et-Oise),
en vue d'y continuer les études de magnétisme terrestre établies en 1882
au Parc Saint-Maur. Un pavillon vient d'èlre construit dans cette nouvelle
station, et un magnétographe y fonctionne régulièrement depuis le
26 décembre.
)) Les valeurs des éléments magnétiques au i*' janvier igoi.pour les
quatre stations, sont déduites de toutes les valeurs horaires relevées le
3i décembre 1900 et le i" janvier 1901, rapportées à des mesures ab-
solues faites aux dates qui précèdent et suivant immédiatement le
i*"" janvier.
» Les observations de Perpignan continuent d'être faites par M. Cœur-
devache, sous la direction de M. le D'' Fines, et celles de Nice par M. Au-
vergnon. Au Val Joyeux, elles ont été confiées, sous ma direction, à
M. Itié, aide-météorologiste, attaché depuis dix ans au service magné-
tique.
Valeurs absolues des éléments magnétiques au i" jam-ier 1901.
Parc Saint-Maur. Val .l^yrux. Perpignan. Nice.
Longitude 0° 9'23"E o"i9'23"0 o"32'4.5"E 4"57'48"E
Latitude nord 48»48'34" 48° 49' 16" 42°42'8" 44° 43' 17"
Déclinaison occidentale . . i4''43'78 15014' 4° j3''34'77 ii''r)7'9r)
Inclinaison 64''5i' 9 r)4»59' 9 59''57' 5 60" 9' o
Composante horizontale. . 0,19750 0,19662 0,22400 0,22420
Composante verticale ... . 0,42106 o,4.'i6i 0,38819 0,39077
Composante nord 0,19106 0,18971 0,21822 0,21938
Composante ouest o,o5o23 o,o5i68 0.05271 o,o465o
Force totale o, 465 10 o,4'^Ô20 0,44^44 o,45o54
» La différence de longitude entre le Val Joyeux et le Parc Saint-Maur
étant de 29', les déclinaisons devraient différer seulement de i3' environ:
l'écart observé est de 3o'6. D'autre jnirt, la latitude des deux stations est
sensiblement la même et leur distance est faible (SÔ"""); l'inclinaison et la
(32)
composante horizontale devraient avoir à peu près la même valeur dans
les deux stations; or, au A^al Joyeux, l'inclinaison est plus grande de 8'
et la composante horizontale plus faible de o, 00098 qu'au Parc Saint-Maur.
Ces écarts tiennent au fait que le nouvel observatoire est situé dans la
région soumise à l'anomalie magnétique du bassin de Paris.
» La variation séculaire des différents cléments résulte de la comparai-
son entre les valeurs actuelles et celles qui ont été données pour le i" jan-
vier igoo (' ).
Variation séculaire des éléments magnétiques en 1900.
Parc Saint-Maur. Perpignan. iNice.
Déclinaison — 3', 78 — 5', 48 — 3', 48
Inclinaison — 3', 3 — 2',o — i',4
Composante horizontale ... . + o,ooo44 -+- 0,00029 -h 0.00009
Composante verticale — 0,00011 ^ 0,00002 • — 0,00022
Composante nord + o,ooo48 H- o,ooo36 -H o,oooi4
Composante ouest — 0,00010 — 0,00028 — o,oo023
Force totale + 0,00009 + 0,0001 3 — 0,0001. 5
» De i883 à 1898, d'une manière générale, la variation séculaire de la
déclinaison était plus grande et celle de l'inclinaison plus faible dans le
nord que dans le midi de la France : c'est le contraire depuis deux
années. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau phosphure de tungstène. Note de
M. Ed. Defacqz, présentée par M. H. Moissan.
« Dans une Communication précédente (-), nous avons démontré que
la plu|)artdes métaux décomposaient totalement le biphosphure amorphe,
TuP^; l'action du pliosphure de cuivre sur ce même composé nous a fait
voir que, cette fois, la décomposition n'était que partielle et que, de plus,
la combinaison ainsi formée éiait soluble dans le cuivre phosphore; l'acide
azotique l'isole cristallisé.
» Nous avons alors eu l'idée, pour préparer ce phosphure de tungstène
cristallisé, d'appliquer la méthode indiquée par M. Lebeau (') pour la
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. 65 ; 1900.
(^) Ed. Defacqz, Comptes rendus, t. CXXX, p. giS.
(^) Lebeau, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 933.
(33)
préparation de quelques siliciures métalliques et qui a donné de si bon
résultats ù INT. Maronneau (') pour obtenir les phosphures de fer, de
nickel, de cobalt, de chrome : le procédé consistait à faire agir au four
électrique le métal du phosphure que l'or) désire obtenir avec du phos-
phnre (le cuivre. Mais, pour nous, quel que soit l'état dans lequel le
tungstène est employé : que ce soit {]u carbure ou du métal préalablement
préparé au four électrique et pulvérisé, ou du métal pulvérulent prove-
nant de la réduction de l'acide tungstiqne par l'hydrogène, on n'obtient,
en attaquant la masse fondue provenant du four électrique par l'acide
azotique dilué, qu'une poudre métallique; quelle que soit la durée de la
chauffe, le résultat est identique. Cette poudre ne contient pas de phos-
phore. Le phosphure de tungstène cristallisé n'est donc pas stable à la
température d'ébullition du cuivre.
» Nous avons alors répété l'expérience à la température la plus haute
que puisse nous donner un bon four à vent; après dissolution du cuivre
phosphore dans l'acide azotique dilué, il nous est resté ime poudre consti-
tuée par de beaux cristaux prismatiques et une matière à aspect cristal-
lin : c'est un mélange de phosphure de tungstène et de métal. Il existe
donc un état d'équilibre entre le tungstène, le phosphure de tungstène, le
cuivre et le |)hosphure de cuivre; le phosphure se dissocie, sa tempéra-
ture de décomposition est voisine de celle de sa formation.
» Nous avons alors repris et poursuivi l'étude de l'action du phosphure
de cuivre sur le phosphure amorphe; il était à penser que le phosphore
libre provenant de la décomposition du phosphure amorphe romprait
l'état d'équilibre; nous avons obtenu, on eflet, un composé cristallisé
ré[>ondant à la formule Tu P.
» Préparation. — On prend :
Phosphure de tungstène amorphe i partie
Phosphure de cuivre ao à 3o parties
» Le phospiuire de cuivre est pulvérisé aussi fin que possible et mélangé avec le
phosphure amorphe; on place le mélange dans un creuset de porcelaine muni de son
couvercle, il est introduit dans un creuset en plombagine et entouré de noir de fumée
ou de charbon de bois finement pulvérisé; ce creuset, également fermé, est alors placé
dans un troisième en terre et entouré de charbon; le dernier creuset est fermé et son
couvercle hité; c'est le dispositif que nous avons du reste employé pour étudier l'ac-
(') Maronnbau, Comptes rendus, t. CXXX, p. 656.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 1.) 5
( 34 )
lion des métaux ou des combinaisons métalliques sur les phosphures et arséniures de
tungstène.
» On place le tout au four à vent et l'on chauflTe pendant 4'' au charbon de cornue.
On laisse le creuset se refroidir dans le four même et l'on obtient une masse d'aspect
extérieur cristallisé.
n On traite le culot par l'acide azotique étendu; il se sépare de beaux cristaux de
phosphure; le rendement est bon, mais comme on ne peut opérer que sur peu de sub-
stance à la fois, la préparation est pénible. De plus, comme il est difficile de régler
l'allure du four et la durée de la chauffe, on obtient encore assez souvent un résidu
cristallin qui semble homogène, mais qui, examiné au microscope, contient avec les
prismes de petits noirs de métal.
» Propriétés. — C'est un corps cristallisé, de forme prismatique, gris à reflet mé-
tallique.
1) Sa densité est de 8,5.
» Il est inattaquable à l'air à la température ordinaire, mais se transforme au rouge,
sans incandescence, en acide tungstique verdâtre ; quand on le chauffe dans un courant
d'ox3'gène, il donne alors de l'oxyde bien jaune.
» Le chlore l'attaque vers le rouge, il y a formation de chlorure de phosphore et
d'hexachlorure de tungstène.
» L'hydrogène n'a pas d'action à la température de 900°.
» Mélangé à du cuivre et chauffé vers 1200°, avec le dispositif dont nous avons
parlé précédemment, il se décompose pour donner du cuivre phosphore et du tungstène
métallique; si on le chauffe dans les mêmes conditions avec du phosphure de cuivre à
la température la plus élevée que puisse fournir le four à vent, après dissolution du
phosphure de cuivre dans l'acide azotique on obtient des cristaux de phosphure de
tungstène mélangés de métal.
» Ilest inattaquable par l'acide fluorhydrique en solution et par l'acide chlorhydrique
en solution et gazeux ; il est lentement oxydé par l'acide azotique à chaud, le mélange
d'acide fluorhydrique et azotique le dissout rapidement à la moindre élévation de tem-
pérature, de même que l'eau régale, mais pour cette dernière i'ébullition prolongée
donne un précipité d'acide tungstique.
» La potasse ou la soude employées en solulien n'ont aucune action; elles le trans-
forment en tungslale et phosphate alcalins quand elles sont déshydratées et qu'elles sont
en fusion tranquille; le bisulfate de potassium ne l'attaque que lentement ; par contre,
les mélanges oxydants d'azotate et de carbonate de potassium ont une action très ra-
pide vers leur point de fusion.
» Analyse. — La méthode que nous avons suivie est la même que celle que nous
avons indiquée pour le biphosphure TuP^; elle nous a donné les chiffres suivants :
Trouvé.
■ "■ ^ — — Calculé
I. II. pour Tu P.
Tu ). 86,07 85,58
P '3,90 i3,7i i/J,4i
» Eu résumé, le phosphure de cuivre fondu avec le biphosphure de
( 35 )
tungstène donne, vers 1200°, un nouveau phosphure cristallisé que l'on
peut isoler facilement et de formule Tu P. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques propriétés du peroxyde de sodium. Note
de M. George-F. Jaubert, présentée par M. H. Moissan.
« On trouve dans la littérature chimique les observations les plus con-
Iradictoires sur le peroxyde de sodium. Si l'on ouvre le Dictionnaire de
Wurlz à l'article Sodium, on trouve, tome II, page i5i8, au paragraphe
traitant des oxydes de ce métal, la phrase suivante : « Ce composé (le
» peroxyde de sodium) est d'un blanc pur, et jaunit momentanément
« sous l'influence de la chaleur. Il tombe lentement en déliquescence à
» l'air, mais se solidifie de nouveau après s'être transformé en carbonate. »
Cette phrase contient de nombreuses inexactitudes :
» \° Le bioxyde de sodium n'est pas d'un blanc pur, mais il est franche-
ment Jaune clair. J'ai pu m'en convaincre par l'examen d'un grand nombre
d'échantillons de provenances les plus diverses. Les échantillons d'un
blanc pur contenaient tous une très grande proportion d'hydrate ou de
carbonate et, tout naturellement, avaient une teneur en oxygène bien
inférieure à celle qu'exige la formule Na'O'.
» J'ai pré|)aré du pcroxvde de sodium en oxydant, dans un courant
d'oxygène pur et sec, du sodium métallique refondu, contenu dans une
grande nacelle d'argent. Le peroxyde de sodium qui restait dans la na-
celle après l'oxydation se présentait sous forme d'une [ioixdrc Jaune, il en
était de même du peroxvdc de sodium subli[né que l'on trouvait à la fin
de l'opération dans les |)arlies froides de l'appareil.
i> L"e\périence clait l'aile dans un tube en verre peu fusible, de ^J""" de diamètre
intérieur et de 5o'" de longueur. Le tube était placé dans une grille à analyse, et de
l'oxygène pur et sec arrivait à une extrémité et s'échappait par l'autre en traversant une
série de flacons vides, secs et refroidis, destinés à condenser les fumées et à retenir le
peroxyde sublimé. Pour amorcer l'oxjdalion on cliauflTe le sodium jusqu'à ce qu'il
commence à s'enflammer dans l'air du tube, puis on éteint les becs de la grille et l'on
fait arriver l'oxygène atec précaution, l'oxydation étant très violente. La réaction se
continue alors d'elle-même. La nacelle d'argent est forlemeot attaquée.
» La couleur jaune du peroxyde de sodium se tonce encore sous l'ac-
lion de la chaleur. C'est ainsi que du peroxyde de sodium chaulTé sur une
lame d'argent devient jaune, puis jaune foncé, puis brun, pour redevenir
( 36 )
jaune clair par le refroidissement. Le peroxyde de sodium peut être facile-
ment fondu dans un creuset d'argent; on obtient ainsi une liqueur de
couleur de café noir. Le creuset est fortement oxydé, et si l'on pèse le
creuset avant et après l'opération, on trouve pour un creuset de 3o^', par
exemple, une perte d'argent qui peut atteindre plusieurs décigrammes.
» 2° Le peroxyde de sodium ne tombe pas en déliquescence à l'air et, par
cela même, ne peut pas se solidifier à nouveau.
» Du peroxyde de sodium exposé plusieurs années à l'air libre, dans mon
laboratoire, n'est jamais tombé en déliquescence. De jaune paille qu'il
était au commencement, il devint blanc en se transformant en carbonate.
» J'ai fait de nombreux essais en contrôlanlpresque jour par jour cette transforma-
lion au moyen de la balance. Voici le compte rendu d'un de ces essais : Le 24 fé-
vrier 1899, '0°"^ '^^ peroxyde de sodium sont placés dans une capsule tarée à l'air libre
du laboratoire. Le peroxyde ne tarde pas à s'hydrater et à se carbonater; le Tableau
suivant résume les faits observés :
Date. Poids (lare déduite).
24 février 1899 10,00
26 » i4,25
28 >« 1 8 , CD
5 mars 1899 '9i55
3o » 2 1,25
6 juillet 1899 21 ,95
» Le produit final obtenu ne contient plus du tout d'oxygène actif.
» Si l'on fait cette expérience dans des conditions telles que l'anhydride
carbonique de l'air n'intervienne pas, on arrive à des résultats en tous
points différents sur lesquels j'aurai l'honneur de revenir dans une pro-
chaine Note. »
CHIMIE MINÉRALE. — Composition de l'hydrure et de Vazoture de thorium.
Note de MM. C. Matig.xon et 31. Delépine.
« Chydenius a mis en évidence l'existence d'un azoture de thorium, en
faisant agir l'ammoniaque sur le chlorure ('). M. Moissan a obtenu ce
môme corps, par l'action de l'ammoniaque sur le carbure (-). L'un de nous
(') Jaliresbericht, p. 194; i863.
(-) Le four électrique, p. 820.
(37 )
a établi que le métal se combine directement à l'azote ('). Enfin Winkler
a démontré l'existence d'un hydrure de thorium (-). Nous nous sommes
proposé de fixer la composition de ces deux combinaisons du thorium, en
les préparant à partir du métal.
» Chlorure de thorium. — Pour obtenir le thorium à partir du chlorure par la
méthode de Chydenius, le chlorure a été préparé par deux méthodes :
» I" Par l'action simultanée de l'oxj'deile carbure et du chlore bien secs sur l'oxyde
chauffe dans un tube de porcelaine;
» 2° Par l'action du tétrachlorure de carbone sur le même oxyde maintenu au rouge
dans un tube de verre peu fusible.
» Le premier j)rocédé donne lentement un produit très pur; le second permet
d'obtenir rapidement de grandes quantités de chlorure contenant encore de la thorine
sous la forme d'oxychlorure soluble.
» Le thorium préparé à partir de ce dernier chlorure, par l'action du sodium
employé en quantité théorique ou en excès, est fortement souillé de thorine, irréduc-
tible par le métal alcalin. Celui qui nous a servi dans nos expériences renfermait seu-
lement 74 pour 100 de métal, comme riiidique la quantité d'hydrogène dégagé
par l'action de l'acide chlorhydrique concentré (142"^'=, 8 par gramme au lieu de 192'^"^).
» Hydrure. — Le thorium chauffé au rouge sombre se combine à l'hydrogène avec
incandescence, en donnant un corps que l'eau ne décompose pas ; l'acide chlorhydrique,
surtout à chaud, l'atlaciue en dégageant de l'hydrogène ayant un volume double de
celui qui serait fourni par le métal avant la réaction. H' de métal brut dégageant
i42">8 a donné après l'action de l'hydrogène, dans deux expériences distinctes,
282",7 et 285'^'^, 6; ce qui conduit à la formule Thll' pour l'hydrure.
» L'augmentation de poids du métal conduit au même résultat : i6'',63202 de
thorium à 74 pour 100, renfermant, par conséquent, i,2o63de métal pur, ont fixé
o,02o4 d'hydrogène, soit une augmentation de 1,70 pour 100, au lieu de 1,72
pour 100 calculé pour Thll*.
» Enfin un dosage d'hydrogène efl'ectué en présence d'oxyde de cuivre a donné le
résultat suivant :
Calculé
Trouvé. pour ThU'.
Pour 100 i4>5 i5,2
» L'hydrure est très facilement dissociable; quand on le chauffe dans un petit tube
en présence de l'air, il donne lieu régulièrement à une explosion qui précède toujours
la combustion du métal (explosion due à la mise en liberté de l'hydrogène).
» Azoture. — Avec l'azote, il est nécessaire de chauffer un peu plus fort pour ob-
tenir la combinaison. L'azoture formé, non dissociable au rouge comme le précédent.
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. 83-.
(') Berichte, t. XXIV, p. 885.
(,^8)
correspond à la formule Tli^Az'. L'augmentation de poids par suite de la fixation de
Tazole est de 8,19 pour 100 (calculé pour Th'Az', 8,o4). Enfin, l'ammoniaque
engendrée par l'action successive de l'acide chlorhjdrique et de la potasse a été trouvée
égale à 7,o4 (calculé 7,46).
» L'eau ne décompose l'azolure que lentement à froid, plus rapidement à chaud,
d'après l'équation
Th'Az' + 6H'-0 = 3ThO^-+- 4 AzH».
» Ces deux corps brûlent tous deux dans l'oxjgène sans donner la vive incandes-
cence du tliorium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles réactions des dérives organométalliques.
Note de M. E.-E. Blaise, présentée par M. A. Haller.
« On peut admettre que les dérivés halogènes des corps les plus divers,
susceptibles d'entrer en condensation en présence d'un élément métallique,
réagissent en tant que composés organométalliques, bien que ceux-ci ne
puissent être isolés, en général. Le terme de f/enVe organomélallique prend
ainsi un sens beaucoup plus large, justifié par le parallélisme des réactions
observées.
» Les condensations actuellement connues des dérivés organométal-
liques consistent, en général, en une fixation de ces dérivés sur une double
liaison entre le carbone et l'oxygène; c'est ce qui a lieu pour les fonctions
aldéhyde, cétone, éther sel, chlorure d'acide. Si telle était l'économie de
la réaction, d'autres fonctions devaient être susceptibles de se condenser
avec les radicaux organométalliques, et il y avait lieu d'étudier à ce point
de vue les réactions de ces dérivés sur les fonctions nitrile, oîi le carbone
s'unit à l'azote par trois valences, sur les fonctions carbure non saturé, et
enfin sur les éthers isocyaniques dans lesquels le carbone échange simulta-
nément deux valences avec l'azote et l'oxygène.
» Ce sont ces diverses condensations que je me suis proposé de réaliser
et, dans cette Note préliminaire, je me bornerai à indiquer dans leur en-
semble les résultats obtenus.
» Mes premières recherches ont toutes été effectuées au moyen des dé-
rivés organométalliques du zinc, mais M. Grignard ayant indiqué récem-
ment (Comptes rendus, t. CXXX, p. i322) qu'on peut remplacer le zinc par
le magnésium, j'ai donné la préférence à cette méthode, extrêmement
pratique, chaque fois qu'il s'est agi d'un dérivé halogène alcoolique.
(39)
» Cependant j'ai conservé l'usage du z.inc pour toutes les condensations
où les éthers des acides gras bromes entrent en jeu.
1) La réaction des dérivés organométalliques sur les nitriles peut s'ex-
primer par le schéma général suivant :
R-C:^A.+ Br-Mg-R'=R-C^^^-^^-^-^'-.
» On obtient donc un dérivé iminéqui, décomposé par les acides étendus,
fournit un corps à fonction cétoniqiie
R - CO - R'.
» En condensant les nitriles aromatiques avec les iodures alcooliques,
en présence du magnésium, j'ai préparé quelques cétones nouvelles, ainsi
que les semi-carbazones correspondantes. Il est à remarquer que les ni-
triles substitués en orlho réagissent plus difficilement que ceux dans les-
quels le groupement substituant est en position para.
» Comme les nitriles aromatiques, les nitriles de la série grasse fournis-
sent des cétones lorsqu'on les traite par les dérivés organométalliques.
» Les éthers des acides gras a. bromes réagissent également sur les ni-
triles, en présence du zinc, et l'on obtient, dans ce cas, des éthers p-céto-
niques
R = eu + Z„ .- K - CHB,. - COH-..,,. =. R - <*;~^^"_-^% _ ^.„.
--R - CO - Cri(R') - CO-CMI'.
M Cette nouvelle méthode est très générale, en ce qu'elle permet de faire
varier à volonté les deux parties de la molécule séparées par la fonction
cétonique.
» Cependant, elle serait encore incomplète, car le bromacétated'étliyle
qui conduirait aux éthers ^-cétoniques non substitués en « fournit en réa-
lité des produits tle condensation plus avancée. On peut tourner cette dif-
ficulté, car ces éthers s'obtiennent en condensant le cyanacélate d'éthvle
avec les iodures alcooliques, en présence du magnésium :
CO^ C^ H^ - CH- - C Az + C- H ■ - iMg — I = CO'' C- H= - CH= - C^^.! ~ ^^ ~ ^
\C' H '
^ C0= c- H^ - CH^ - CO - C= H=.
» Ce procédé présente un certain intérêt, car au( une méthode générale
( 4o )
ne permettait, jusqu'à ces derniers temps, de préparer les éthers acidylacé-
tiqties de la -^érie grasse. Je rappelle cependant que M. Bouveault a indiqué
récemment {Comptes rendus, t. CXXXI, p. 4^). lenr formation par décom-
position des élliors acidylacétylacétiqiies. Dans la série aromatique, outre
le procédé classique de M. Claisen, M. A. Ilaller (') en a indiqué un qui
permet d'obtenir certains de ces corps en partant des composés du type
cyanacétophénone. Il est vraisemblable que la condensation des iodures
alcooliques avec le cyanocarbonate d'éthyle fournira de même les acides
a-cctoniques.
» Enfin, j'ai examiné également, parmi les dinitriles, l'action du cyano-
£;ène sur les dérivés organométalli(]ues. La condensation s'effectue aisé-
ment, avec les iodures alcooliques, en présence du magnésium, et donne
naissance à une cctone
CAz - C Az + I - Mg - C^H» = CAz - C.f^l~ ^^^ ,
CAz-c(^:-^''-"-^.I-Mg-C^H^ = I-Mg-CAz^C^H^_c(f,!-f^-^
» Elle se produit également avec les éthers des acides gras bromes et
fournit des dérivés que j'étudie actuellement.
» De même que les nitriles, les éthers isocyaniques réagissent facilement
sur les dérivés organomélalliques. On obtient des anilides, lorsqu'on opère
avec l'isocyanate de phényleet les iodures alcooliques, en présence du ma-
gnésium :
C«H' — Az = C = OH-ï-Mg-R = C^FP- Az = C(^|J~ '^'^^
-> C/H^ - Az = G:^^^->C/" H^ - AzH - CO - R.
» Il y a également condensation lorsqu'on opère avec les éthers des
acides bromes et je me propose d'étudier celte réaction et d'en suivre la
marche en faisant varier la position de l'élément halogène dans la molé-
cule acide.
» Enfin, j'ai tenté de condenser les dérivés organométalliques avec le
caprylène, l'hexylène et le phénylacétylène; mais, dans les conditions ha-
(') A, Haller, Comptes rendus, t. CVIII, p. 1116.
( 4i )
biluelles, je n'ai obtenu aucun résultai. Il est possible cependant que la
réaction s'effectue à température élevée.
» On voit, en somme, que les recherches précédentes conduisent à de
nouvelles méthodes de synthèse pour les célones, les éthers [i-cétoniques
et les acides, et peut-être aussi pour les acides a-cétoniques et les acides
bibasiquqs.
» Je me réserve d'ailleurs l'éludé des différents points qui ont été indi-
qués dans cette Note. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la mélhylacélylacétone et de V èlhylacèlyl-
acélone sur les chlorures diazoïques. Note de M. G. Favrel, présentée
par M. A. Haller.
« Dans une Note anléri(Mire, j'ai montré que les chlorures bisdiazoKpies
réagissaient sur l'acétylacétone, en solution acétique ou alcaline, pour
fournir des corps auxquels il convient d'attribuer des formules qui les
représentent comme des hydrazoncs.
» Cette constitution est d'autant plus vraisemblable que Claisen et
Beyer ont obtenu, par l'action du chlorure de diazobenzène sur l'acétyl-
acétone, un corps cristallisé ayant la composition de la benzèneazoacétyl-
acétone et qu'ils ont reconnu plus tard être de la phénylliydrazoneacétyl-
acétone. Ce corps, en réagissant sur une deuxième molécule de chlorure
de diazobenzène, donne finalement un dérivé formazylique.
» Quoi qu'il en soit, on pouvait espérer que les alcoylacétylacétones
réagiraient sur les chlorures diazoïques et donneraient des produits dont
la comparaison avec ceux que l'on peut préparer indirectement |)er-
meltrait d'apporter un argument nouveau en faveur de la constitution
indiquée par Claisen et 15eyer. C^est dans ce but que j'ai entrepris cette
étude.
» Après avoir diazolé loo™ de solution normale d'aniline el y avoir ajouté de
l'acélale de soude en excès, on y verse iiS'',4o de inélhylacéljlacétone. Le mélange,
agité vivement et maintenu à zéro, ne tarde pas à se troubler et laisse déposer, au
bout de vingt-quatre heures, un dépôt cristallin coloré.
» Après essorage et cristallisation dans l'alcool méthylique froid, on obtient des
petits cristaux jaunes friables qui offrent la composition centésimale de la phénjl-
C. H., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 1.) t>
( 42 )
hjdrazone du diacélyle qui se |jioduirail d'après l'équation suivante :
CO — CH3
/H
C^H^Az := Az - OH -H CH - CHS _ CH^COOH -h C«H^ Az— Az = C — CH'
CO - CH3 CO - CH^
» Celte opinion est confirmée parle fait que le point de fusion : iS/J" de ce corps est
identique à celui du produit obtenu par von Pechmann, d'une part, en faisant réagir
la phénjlhydrazine sur le diacétyle, et par Japp et Klingemann en faisant agir le
chlorure de diazobenzène sur l'acide méthjlacétoacétique.
» En remplaçant dans la préparation précédente la méthjlacétylacétone par une
quantité équimoléculaire d'éthylacétylacétone, on obtient, après cristallisation, un corps
fondant à 117°. Ce point de fusion est identique à celui du produit obtenu par Japp et
Klingemann, en partant du chlorure de diazobenzène et de l'acide élhylacétoacétique.
» On doit dès lors lui attribuer, comme au précédent, la formule d'une liydrazonc
qui est la suivante :
C^ IP Az — Az = C — CH^ — CH^
CO-CH'
» Enfin, en remplaçant le chlorure de diazobenzène par les chlorures de diazoortho-
tolyl, diazoparatolyl, on obtient des corps fondant respectivement à i3o° d'une part
et ii9"-i2o" de l'autre et présentant la composition des hydrazones correspondantes
du diacétyle.
» Quant aux. chlorures bisdiazoïques dérivés de la benzidine et homologues, si on
les met en présence de la méthylacétylacétone en solution acétique, on obtient, après
purification, les dihydrazones du diacétyle et avec l'éthylacétylacélone celles du propio-
nylacétyle. Ou peut ainsi obtenir :
» La diphényidihydrazone du diacélyle fondant à aSS-'-aSti" ;
» La diphényidihydrazone du propionylacétyle fondant à ■265"-i68''.
» En résumé, les chlorures dlazc/iques réagissent sur la inéthylacéLyl-
acétone ou sur l'élhylacétylacétone avec élimination d'une molécule
d'acide acétique et formation d'une hydrazone, par suite de l'union du
diazoïque avec ce qui reste de l'acétylacélone et transposition moléculaire
consécutive.
» Cette réaction est à rapprocher de celle des éthers cyanacéliques à
radicaux acides substitués, et des éthers acétylacétiques alcoylés sur les
chlorures diazoïipies.
» Dans tous les cas les chlorures diazoïques se comportent à l'égard de
ces éthers et des acclylacétones substitués comme le feraient des bases
fortes qui en enlèvent le groupe acétyle. »
(43)
ZOOLOGIE. — Sur l'embryologie du T?enia serrata.
Note de M. G. Saixt-Remy, présentée par M. Edm. Perrier.
« Après le développemenl de l'oeid des Anoplocephalinœ (^Comptes
rendus, l. CIXXX, p. ()3o), j'étudie maintenant le développement embryon-
naire du Tœnia serrata Gœze, de la sons-famille des Tœniinœ, dont les
phénomènes présenlcnt quelques dilïérences. Ce type a déjà été l'objet de
recherches simultanément de la part dp Moniez (') et de Ed'. van
Beneden (^). Les premiers stades, qui n'avaient pas été complètement
élucidés, m'ont fourni les résultats les plus intéressants. Je crois que la
description donnée par van Beneden de l'o-uf jeune, non segmenté, n'est
pas exacte cl se ra|)porle en réalité à un slade un peu plus avancé. Ici la
coque apparaît assez lard, comme l'a vu INIoniez; aussi ne trouve-t-on pas
dans son intérieur de corpuscules chromatiques assimilables à des globules
polaires. Cette formation tardive de la coque rend plus difficile, dans la
dissociation des anneaux, la mise en liberté des œufs non segmentés, et
je n'ai pu en trouver dans mes préparations. Il est fort vraisemblable qu'ils
offrent, said" la coque, la même constitution que les œufs des Anoplocé-
phales. Le stade le plus jeune que j'aie rencontré représente un ensemble
de deux éléments très dissemblables, accolés l'tni à l'autre sans être
enfermes dans une enveloppe commune.
» L'un est une petite cellule dont le protoplasma renferme des granu-
lations et un petit noyau riche en chromatine; on peut la distinguer sous
le nom de cellule embryonnaire principale.
» L'autre élément est une cellule sphcricpu* très vohnnincusc, mais
dont le proto|)lasma se réduit à une couche périphérique renfermant un
petit noyau également très chromatique, toute la partie centrale étant
occupée par une grosse masse globuleuse de vitellus nutritif : je désignerai
ce gros élément sous le nom de cellule vilcllophage; il correspond évidem-
ment au blaslomère homogène ou globe embr y o gène de van Beneden. Son
rôle est de détruire le vitellus, en s'en nourrissant, pour le mettre sous
une forme plus assimilable, probablement liquide, à la disposition des
(') MoNiEZ, Mémoire sur les Cestodes {Thèse de doctorat es sciences, Vd.vh, i88().
(') Ed. van Beneden, Recherches sur le développement embryonnaire de quelques
Ténias {Archives de Biologie, t. II, 1881).
(44 )
élémenls embryonnaires proprement dits. Ponr cela il accroît d'abord le
volume de son protoplasma aux dépens du vitellus, puis son noyau se
divise, etfplus. tard le protoplasma à son tour; celui-ci, en se scindant,
partage en deux la sphère vitelline, dont la présence, mais non la nature,
avait été reconnue par van Beneden (corps lenticulaire).
» L'une des deux cellules ainsi formées se divise encore. Il y a finale-
ment en tout trois cellules vitellophages, volumineuses, avec un gros
noyau vésiculeux et une lentille vitelline qui diminue progressivement et
enfin disparaît. On y remarque aussi une autre inclusion, un gros globule,
qui se forme et grossit d'abord pour disparaître ensuite complètement,
probablement une accumulation temporaire de substance vitelline modi-
fiée. Ces trois cellules correspondent aux deux éléments qui, chez les
Anoplocephala, se chargent de détruire le vitellus, mais en pénétrant dans
sa profondeur et y envoyant un réseau protoplasmique. Ici également,
lorsque leur rôle vitellophage est terminé, leur noyau s'altère, leur
protoplasma s'étale sur l'ensemble des autres cellules embryonnaires et
leur forme une sorte d'enveloppe externe destinée à se détruire. C'est
l'homologue de l'enveloppe externe des Anoplocéphalinès et des Bothriocé-
phaliens; elle ne prend aucune part, au point de vue anatomique, à la
constitution de l'embryon.
» Pendant ces transformations, la cellule embryonnaire principale s'est
divisée de son côté dès le début. L'une des cellules filles grossira consi-
dérablement en se chargeant de gouttelettes réfringentes de plus en plus
volumineuses, solubles dans le toluène : c'est \a. cellule granuleuse décrite
par van Beneden; son rôle reste inconnu et semble être d'emmagasiner
des résidus de la nutrition; vers la fin du développement de l'œuf, elle
est énorme, mais le protoplasma n'y représente qu'une trame insignifiante
dans laquelle est situé le noyau très petit. Cette cellule granuleuse n'entre
pas non plus dans la constitution de l'embryon. Elle n'est |)as représentée
chez les Anoplocephala, mais là il s'accumule des gouttelettes semblables
dans les vieilles cellules vitellophages (enveloppe externe). L'embryon
hexacanthe et sa coque spéciale se développent aux dépens de l'autre
cellule fille, c|ui se multiplie abondamment pour former un amas de petites
cellules filles; comme l'a fait voir van Beneden, il se détache trois élé-
ments qui s'étalent à la surface du groupe, fusionnant leurs protoplasmas
et grossissant beaucoup de façon à constituer, comme chez les Anoplocé-
phales, une enveloppe épaisse dans laquelle les trois noyaux ne tardent
pas à se détruire. Elle se contracte en augmentant sa cavité et donne nais-
( 45 )
sance à la coque chitineuse par une difTérenciation qui progresse de de-
hors en dedans et débute par l'apparition d'une assise périphérique de
granulations très réfringentes.
» Celte coque acquiert peu à peu son épaisseur et son aspecl bien
connus. Dans sa cavité assez vaste, les autres ceUules embryonnaires, qui
se sont multipliées en diminuant de volume, constituent l'embryon dans
lequel apparaissent les trois paires de crochets. Les trois cellules vitello-
phages et la cellule granuleuse se détruisent, ainsi que la coque de|, l'œuf,
et laissent libre l'embryon dans sa coque propre. »
GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'une racine des Préalpes suisses.
Note de M. Maurice Lugeon, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Les Préalpes suisses et celles du Chablais ont fait l'objet, dans ces
dernières années, de plusieurs travaux, dans lesquels les auteurs essavaient
de déterminer l'origine de cette région si singulière qui avance sur l'en-
semble de la chaîne des Alpes et qui présente des particularités straligra-
phiques.
» Cette zone alpine repose partout sur des terrains plus jeunes; aussi
a-t-on émis l'hypothèse que les Préalpes n'étaient pas en place, mais qu'elles
faisaient partie d'une grande nappe de charriage descendue de l'intérieur
des Alpes vers la région mollassique. D'autre part, l'ancienne conception
des Préalpes en place a été soutenue avec vigueur.
« Dans mon Ouvrage Sur /« région de la Brèche 'du Chablais, j'ai montré
que les Préalpes étaient formées par quatre zones totalement indépen-
dantes. J'ai essayé de prouver, sans cependant arriver alors à la conviction
absolue, que ces zones formaient bien différentes masses d'un grand
recouvrement. Pour l'une de ces subdivisions cependant, celle de la
Brèche du Chablais, les arguments" fournis |)ar la constitution même du
massif ne permettaient plus de la concevoir comme ayant une origine auto-
chtone : c'est bien une masse sans racine. Bien que la conviction soit main-
tenant absolue pour moi pour l'ensemble des Préalpes, il importe, pour
convaincre la grande majorité des géologues, d'apporter des faits nou-
veaux.
» L'élude simultanée du massif des Wildslrubel, au sud de la nappe de
charriage, et les recherches très approfondies faites par un de mes élèves,
AT. Rœssinger, dans la zone intérieure, dite aussi zone des cols des Préalpes,
(46)
me permettent d'apporter une contribution considérable en faveur de la
théorie du charriage.
') La zone interne, de Gsteig à !a Lenk, est formée par trois séries
d'écaillés implantées dans le Flysch. Celle qui recouvre immédiatement les
hautes Alpes présente des faciès analogues à celles-ci; on les retrouve
dans le flanc droit de la vallée du Rhône.
» Or, sur la rive droite du Rhône, au-dessus de Sierre, on voit monter
plusieurs plis vers le nord, dont l'un d'eux, ])lus considérable, enapj)arence
du moins, car les autres sont peut-être en partie arasés, s'avance vers les
hauts sommets, sur lesquels il s'égrène en lambeaux de recouvrement
(Tubang, Rohrbachstein, Laufbodenhorn, etc.) conservés dans les syncli-
naux.
» Ces lambeaux, tous jurassiques, très rapprochés les uns des autres, et
séparés seulement par les vallées ou bien par les anticlinaux des plis auto-
chtones, permettent de rétablir le grand pli avec certitude. Ces lambeaux
se conlinuent dans récaitlc inférieure de la zone interne.
» V écaille la plus profonde de la zone interne est donc la tête anticlinale,
extrêmement laminée, d' un pli qui vient de la vallée du Rhône. Nous connais-
sons maintenant la racine d'une des écailles préalpines, et elle vient du
sud. Il devient évident que les autres écailles de la zone interne ont une
origine analogue. Ce sont des fragments de plis supérieurs ou du même pli
digité(').
» On sait qu'une de ces écailles, dans les Alpes de Bex, est formée par
du Néocomien à céphalopodes, dont la présence au nord de la zone à
faciès helvétique paraissait, sans l'hypothèse du charriage, comme une
étrange anomalie. Or, dans le versant sud des Wildstrubel, on voit le
Néocomien prendre un faciès uniforme schisteux, qui s'étend à l'Urgonien.
Ce fait confirme l'hypothèse du géosynclinal crétacique qui devait exister
à l'emplacement du cœur de la chaîne alpine, et tl'oij a pu provenir l'écaillé
en question.
» Ces faits feront faire un pas important à la théorie des nappes de
(') J'avais prévu, dans mon Ouvrage Sur la région de la Brèche du Chablais (p. 3oi),
que la zone interne devait avoir l'origine la moins lointaine, avec la zone bordiére,
parmi les quatre subdivisions indépendantes des Préaipes. Je pensais qu'elles prove-
naient de la continuation sud-ouest du massif du Finsteraarhorn, du moins pour les
Préaipes suisses. La nouvelle découverte est une complète confirmation de ce qui pou-
vait paraître à beaucoup, il y a cinq ans, une très grande témérité.
( 47 )
charriage, que M. Marcel Bertrand a pressentie déjà en i88'i et que nous
avons essayé d'établir, M. Schardt et moi, pour l'une des plus vastes
d'entre elles, les Prcalpes et les Klippes.
» Il devient évident que la naissance des Alpes a donné lieu à des dépla-
cements considérables, vers l'extérieur de la chaîne, d'énormes niasses
de la couverture sédimentaire. »
La séance est levée à [\ heures un quart.
G. \).
BTI.I.ETIX BIBLIOVRAPUIQUE.
Ouvrages reçus dans i.a séance du 7 janvier 1901.
La Chiffrocryplo graphie à transmutations numériques variables ou l'art de
s' écrire en secret absolu avec des chiffres , par Emile Delage. Paris, chez
l'Auteur, 1900; i fasc. in-i8. (Hommage de l'Auteur.)
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Bertiief.ot, Mascart,
Moissan; '^"série, janvier 1901, tome XXII. Paris, Masson et C'*, 1901;
I fasc. in-8".
Journal de Pharmacie et de Chimi ; rédacteur principal : M. Ricue;
92* année. G* série, I. XTII. n'* 1, i"' janvier igoi. Paris, Octave Doin;
I fasc. in-8".
La Tribune médicale, revue française de Médecine; rédacteur en chef:
J.- V. Laborde; 3^4* année, 2' série, n"l, 2 janvier 1901. Paris, G. Maurin ;
I fa.sc. in- 8°.
Gazette des hôpitaux civils et militaires, 74* année, n" i, i"^' cl 3 janvier
1901. Paris, iinpr. F. Levé; 1 fasc. in-(".
Le Progrès médical, 3u' année, 3* série, t. XIII, 11" 1, 5 janvier 190 f.
Paris, G. Maurin; i fasc. in-'j".
Revue scientifique, paraissant le samedi; .^* série, l. XV, n° 1, 5 janvier
Igor . Paris, Schleiclier frèrc'^; i fasc. in-4'\
La Nalure, revue dts Sciences et de leurs applications aux Arts et à i' Indus-
trie, journal hebdomadaire illustré; directeur : Henri de Parville ; ■2g' année,
n" 1441, 5 janvier 1901. Paris, Masson et L'*; i fasc. in-^".
(48 )
Le Magasin pittoresque ; directeurs : Cii. Fromentin et Em. Fouquet;
69'= année, n" 1, i*'" janvier 1901. Paris, typ. Chamerot et Renouard;
I fasc. in-4°.
Journal d' Agriculture pratique, moniteur des comices, des propriétaires et
des fermiers; rédacteur en chef: L. Gr.vndeau; 65* année, t. I, n° 1, 3 jan-
vier 1901. Paris, impr. Maretheux; i fasc. in-8°.
Journal des Inventeurs, organe officiel de V Association des Inventeurs et
Artistes industriels ; rédacteur en chef : Henry de Graffigny; 12' année,
n" 262, i"'janvier 1901. Paris, E. Bernard et G'*; i fasc. gr. in-S".
Journal de V Éclairage au gaz, 49' année, n° 1, 5 janvier 1901. Paris, impr.
A. Fayolle; i fasc. in-lf.
Moniteur industriel, économique, commercial, financier, Jules de Meens,
directeur; 28*^ année, n° 1, samedi, 5 janvier 1901. Paris-Berhn, i fasc.
in-Zf.
Die Tychonischen Instrumente auf dcr Prager Sternivarte, von Prof. D""
L. Weinek. Prague, V901 ; i fasc. in-S".
Reports of the Malaria Committee of the Royal Society , third séries. Londres,
1900; 1 fasc. in-S". {A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 10 décembre 1900.)
Page 984, ligne 2, au lieu de M. Léopolu Tejér, lisez M. Léopold Fejér.
(Séance du 24 décembre 1900.)
Note de M. OEchsner de Comnck, Étude du nitrate d'uranium :
Page 1219, ligne 19, densité de la solution aqueuse à 6 pour 100, au 'ieu de 1 ,8281,
lisez 1 , 028 1 .
Page 1220, ligne 2, au lieu de dissout les traces, lisez dissout des traces.
On souscrit à Paris, chez GAUTH IliB-VILLARS,
Quai des Grands-Augusiins, n° 55.
<8S5 le* COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils formenl, à la ftn de l'année, deux Tolurao» ln-4*. Deui
^''^"'rDn' par'^ordre alphabétique de raaUères, l'autre par ordre alphabétique de ooms d'Auteurs, lennineot chaque rohime. L'abonnement ««i annuel
part dn i' janvipr, te prinle t'abonneineni est fixé ainsi qu'il suit :
Pans : 20 fr. — Deparieiiienis ; 30 fr. — Dnion postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
gen..
Iger.
ngert...
laronne..
esançon
chei Messieurs :
Ferrun Irères.
ÎChaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquel.
( GermaiD etGrassin.
I Gaslineau.
Jérôme.
Humilier.
Feret.
\
lordeaux Laurens.
' Muller (G.)-
lourges Renaud.
Derrien.
\ F. Robert.
j Oblin.
' Uiel frères.
:uen Jouau.
:iuimàerv Perrin.
( Henry.
Lorient. .
Lyon .
UarieilU
Montpelliei
Moulins
ireat.
Cherbourg
Ctermont-Ferr..
I Marguerie.
) Juliot.
Itouy.
Nourry.
!>7>"i , Ratel.
' Hey.
I Lauverjal.
( Degez.
i Dre»el.
Grenoble ! ,, . . ^,.
( Gratier et C"
La Rochelle Foucber.
^ Bourdigoon.
\ Donibre.
, Thorei.
Oouai.
Le Havre .
Nancy- ■
Nantes . ■ ■
\Nice....
I Nîmes . .
\ Orléans
I Poitiers.
1 tiennes ...
, fioche/oi t.
I
Rouen
S'-Étienne
Toulon
Toulouse.
LUU..
{ Quarré.
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chei Messieurs :
) Baumal.
» M»' lexier.
Bernnux et Cumin
\ Georg.
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i Savy.
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Ruai.
, Valat.
' Coulel et fils.
Martial Place.
, Jarques.
' Grosjcan-Maupin.
' Sidot frères.
, Guisl'hau.
I Veloppé.
I Barina.
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I Marche.
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Girard (M"")
, Uanglois.
' Lestringant.
Chevalier.
, Ponteil-Burles.
i Ruiiiébe.
I Giniel.
■ ( Privai.
Buisselier.
Péricat.
SuppligeoD.
t G lard.
' Lemaltre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
Athènes. . .
Barcelone.
Berlin
Berne ■ .
Bologne.
Bruxelles.
Bûchai est
Budapest .
Cambridge.
Christiania..
Constantinople.
Copenhague
Florence.
Gand.
Gènes
Genève . .
La Haye
Lausanne.
\
Leipzig
Liège.
chez Messieurs :
i Feikema Caarelsen
( el C".
Beck.
Verdaguer.
, Asher et C".
1 Dames.
1 Friedlander et fils.
' Mayer et MUller.
Schmid Francke.
Zaniclielli.
Lamcrtin.
Mayolezet Audiarte.
' Lebègue el C*.
) Solchek et C°.
' .Mcaluy.
Kilian.
Ucighton, BelletC".
Cainmcrineyer.
Otto Keil.
HiJsl et nis.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
Cherbuliez.
* Georg.
' Slapcimobr.
BelinTanle frères.
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* Payoi cl C".
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V Brockbaus.
Lorentz.
i Max RUbe.
Twictmeyer.
, Desoer.
' ( Gnusè.
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette et C".
'Nuit.
Luxembourg .
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Ruiz et C".
,, . . . I Romo y Fussel.
Madrid ' . ^.„
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la qufcslioD de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciei ice.
s sfdi-
naturu
lai fr
»»i
Ubrairif
es aèrnoue. de 1 âcoemie de. icience». el le» Mémoire, présente» yar aivera SaTant. a l'Académie da. SoUaces.
N" 1.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 7 janvier 1901. >
Païes.
État de l'Académie des Sciences au i"' jan-
vier 1901
M. Bouquet df. l\ Gryiï est élu Vice-Prési-
dent de l'Académie pour l'année 1901....
MM. BoRNET cl MAunicK LÉVY sont nommés
Membres de la Commission centrale admi-
nistrative, pour l'année 1901
M. Mauiuck Levy. Président sortant, fait
connaître à l'Académie l'état où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle publie
et les changements survenus parmi les
Membres et les Correspondants pendant
le cours de l'année 1900
Pages.
'4
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPOND.ANTS DE L'ACADËMIE.
M. le Président annonce à l'Académie la
mort de M.Potain, Membre delà Section
de Médecine et Chirurgie
M. Emile Picard. Sur les intégrales de
dilTérentielles totales de troisième espèce
dans la théorie des fonctions algébriques
de deux variables i.S
CORRESPONDANCE.
M. K. Strasburger, élu Correspondant,
adresse ses remerciments à l'Académie...
MM. GuiNARD, LuGEON, MouNEYRAT adres-
sent des remerciments à l'Académie pour
les distinctions accordées à leurs travaux.
MM. Rameaud et Sy. — Observations de la
comète 1900 c ( Giacobini ), faites à l'obser-
vatoire d'Alger
M. P. Ciiofardet. — Observations de la
comète 1900 c (Giacobini), faites à l'obser-
vatoire de Besançon
M. H. MiNKOwsKi. — Sur les surfaces con-
vexes fermées
M. H. DupORT. — Sur le théorème des
forces vives
M. Ludwig Schlesinger. — Sur les équa-
tions linéaires à points d'indétermina-
tion
M. S. Zaremba. Sur la théorie des équa-
tions de la Physique mathématique
Bulletin bibliographique
Errata
29
M. Th. Moureaux. — Sur la valeur absolue
des éléments magnétiques au i" jan-
vier 1 90 1
M. Ed. Defacqz. - Sur un nouveau phos-
phure de tungstène
M. Gf.orge-F. Jaubert. - Sur quelques
propriétés du peroxyde de sodium
MM. C. Matignon el H. Delépine. — Com-
position de Ihydrure et de l'azoture de
thorium
M. E.-E. Blaise. — Nouvelles réactions des
dérivés organométalliques
M. G. Favkel. — Action de la mélhylacé-
tylacétone et de l'éthylacétylacétone sur
les chlorures diazoïques
M. G. Saint-Remy. — Sur l'embryologie du
Tœnia scrrata
M. Maurice Lugeon. — Sur la découverte
d'une racine des Prialpes suisses
35
.W
PARIS. -IMPRIMERIE GAUTH I E R-VI L L A RS ,
Quai des Grands-Augustins, 56.
i.e Gérant •* <'*dtbibb-Villars.
APR3O1901. |9Q(
1 PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
l*AH n.TI. EiE!» »ECUèr.%(KB9 PBHPÉTIJBL!».
TOME CXXXIl.
N^ 2 (14 Janvier 1901)
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55,
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REDNUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de j ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
r Académie se composent des extraits des trlavaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savant étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
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le Compte ren du àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
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limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
T^es rapports et Instructions demandés par le Gou-
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ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
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moires sur l'objet de leur discussion.
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Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le for
pour les articles ordinaires de la correspondance ofl
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AI -H 30 1001'
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 1901.
PHÉSIDKNCE DE M. KOLQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. le Président, en annonçant à l'Académie la mort de M. Ch. Hermite,
Membre de la Section de Géométrie, et la mort de M. Ad. Chalin, Membre
de la Section de Botanique, s'exprime comme il suit :
« M. Hermite, doyen de la Section de Géométrie, Membre de l'Acadé-
mie depuis i856, était une des gloires de notre Compagnie. Tous ceux qui
siègent ici comme géomètres s'honorent d'avoir été ses élèves; tous sont
pénétrés de reconnaissance pour l'appui généreux qu'il n'a cessé de leur
montrer. Partout où la Science est cultivée, partout le nom de M. Hermite
était prononcé avec vénération. Sa perte, que nous déplorons, sera vive-
ment ressentie par les correspondants si nombreux qu'il avait dans le
monde entier et qui ne cessaient de faire ap|)el chaque jour à ses conseils,
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N- 2.) 7
( 5o )
à sa bienveillance inépuisable. Tl appartenait à presque toutes les Sociétés
savantes dii monde entier. Toutes, comme nous, se sentiront diminuées
par sa mort.
» Un nouveau deuil vient encore s'ajouter à celui qui nous a attristés la
semaine dernière. Une lettre que je viens de recevoir de notre Confrère
M. Joannès Chatin nous apprend la mort de son père, décédé dans la
journée d'hier, dans sa maison de campagne des Essarts-le-Roi.
» Il y a longtemps déjà que cet événement fatal était redouté de la
famille et des amis du défunt. L'affaiblissement graduel dû aux progrès de
l'âge a fini par triompher de la robuste constitution de notre regretté
Confrère et des soins affectueux dont il était entouré.
)) Aucune vie n'a été plus heureuse que la sienne. Durant tout le cours
de sa longue et laborieuse carrière, il a aimé et cultivé avec ardeur la
Botanique, la plus jolie et la plus délicate de toutes les sciences, celle qui
procure les jouissances esthétiques les plus délicieuses et qui ouvre en
même temps les aperçus les plus mystérieux sur le développement des
organismes vivants. La fortune l'a comblé de ses faveurs et les honneurs
se sont accumulés sur sa tête. Le plus précieux de tous les biens, l'élément
essentiel du bonheur, la santé, ne lui a jamais fait défaut. Enfin, il a eu
l'immense satisfaction de voir son fils occuper une chaire à la Sorbonne et
ensuite de le recevoir à ses côtés sur les bancs de notre Académie. Il a
conservé presque jusqu'au dernier moment la plénitude de son intelligence
et s'est éteint doucement au milieu des siens, sans subir les angoisses de
l'agonie. »
La séance est levée en signe de deuil, après le dépouillement de la
Correspondance.
MÉCANIQUE CÉLESTE, — Sur la théorie de la précession.
Note de M. H. Poixcaré.
« Stockwell a cherché à déterminer les variations séculaires de l'équa-
teur terrestre qui sont la conséquence des variations séculaires de l'éclip-
tique.
» Mais, récemment, M. Backlund (Bulletin de l'Académie de Saint-
Pétersbourg, mai 1900) a repris ces calculs |)ar la méthode de Gyldén et
est arrivé à des résultats entièrement différents. C'est ainsi que le coeffi-
( 5» )
cient d'une de ces inégalités serait, d'après Stockwell, 2o/|38" et d'après
notre éminent correspondant 568 1".
» Le principe de la méthode employée par M. Backliind consiste à ne
pas supprimer tout de suite dans ses équations les termes à courte pé-
riode qui produisent la nulatlon; dans les équations qu'on obtient après
queltjues transformations figurent certains coefficients périodiques qui
dépendent de ces termes; et pour l'intégration, au lieu de supprimer [)u-
rement et simplement ces coefficients périodiques comme on le fait d'ordi-
naire, M. Backlund en conserve la partie constante qu'il a[)pelle v^ et ;x^.
» Pour apprécier la légitimité de cette analyse, il suffira d'étudier
l'équation simple
(i) -^ = a s'in (nt -h i>) -h h ii\n//t,
considérée par M. Backlund (page 397). Nous supposerons que a et n sont
très petits, mais que b el p soient beaucoup plus petits et cela de telle
façon que — soit notablement plus grand que — > et que /)* soit du même
ordre de grandeur que — •
» Le |)remiér terme du second membre de (i) est alors un terme à
courte période et le second un terme séculaire. Les écpialious de la pré-
cession peuvent être ramenées à cette forme, avec cette différence qu'il y
a un grand nombre de termes à courte période et un grand nombre de
termes séculaires.
» Soit alors
(ibis) -^ = asin(/// + i„),
une équation analogue à (i) mais où l'on a fait 6 = o, et posons
» Nous aurons alors en négligeant î-
(2) -7-; ^ aicoii(nt , (•„) -T- bsin/jl.
» Si l'on appliquait la mélliode de Stockwell, on négligerait le premici
( 52)
terme et l'on trouverait
-j^ — b smpt, £ = _ z- sinpt.
» M. Backlund trouve d'abord en première approximation
^'„ = — ^sinnt,
d'où
cos(/î/ -h vA = cosnt -\ sin^n^
» L'équation (2) devient
d^^ l a?- ■ -1 \ 1. ■
-^ = eI flCOS/2^ -I — z^y^ rit\ + bsmpt,
ou, en conservant la valeur moyenne du coefficient de t,
dH «2 .
^ = 17^^ + ^^^"/'^'
d'où
b sinpt
a'
— i +P
» Telles sont les deux analyses entre lesquelles il s'agit de décider; la
chose est d'autant plus facile que les équations (i bis) et (a) peuvent s'in-
tégrer rigoureusement.
» Posons, en effet,
nt -h Vo= 2W,
l'équation (i èw) devient
d'W
dt-
d'où
= a sin W ces W ,
—T- = i\lp{u) — e^, sinW = -|=\/»(m) — e,, cosW = -p V/'C") — «3.
cos(nl-h Co) = -[2p{u) + e, ],
où p(u) est la fonction doublement périodique de Weierstrass et où u est
égal à t plus une constante imaginaire.
( 53 )
» L'équation (2), qui peut alors s'écrire
(2 bis) -^ =i[2p(u) -h et~\-h bsinpt,
a ses coefficients périodiques.
» Nous sommes ainsi amenés à envisager des équations linéaires à
second membre de la forme
(3) £"-(p£ = X,
où ç est périodique en / (et où je désigne les dérivées par des lettres
accentuées). D'après un théorème bien connu, l'équation sans second
membre
e" — Cpe = o
admettra deux intégrales de la forme suivante :
(j/, et (J/j étant périodiques. Je pnis toujours supposer que l'on a
(4) t\i., — zU, = i,
et l'on trouve alors, pour l'intégrale de l'équation (3),
(5) e = ?.e. + P,£u
avec
^,=JXi,dl; p,= - J'Xi,(/l.
)) Nous pouvons d'ailleurs traiter séparément chacun des termes de X. ;
prenons alors
X = e"".
» Soit (en supposant que l'unité de temps ait été choisie de telle façon
que la période de la fonction cp soit égale à 2ir)
» Dans les intégrales ^, et p,, les seuls termes sensibles sont ceux qui
contiendront un petit diviseur (en considérant y» et a comme très petits).
Ces termes sont
rOgi-a+ip)t g g(ix+ip l
'^' — ■x -h ip ' "^^ a -h ip
» Si l'on ne conserve dans p, et Pj que ces termes à petit diviseur, le
( 54 )
terme en e'^' dans e sera, d'après la formule (5),
ofl + p"^
» Dans le cas où la fonction ç est petite (ce qui arrive ici, puisque le
facteur a est petit), les termes a^ et c^ sont notablement plus importants
que les autres termes de i}/, et ^^', de tous les termes de a, le j)lus impor-
tant est le terme en e'P' que je viens d'écrire; enfin, à cause de la rela-
tion (4), on a sensiblement
2a„c„7. = I,
de sorte qu'il reste sensiblement
)) Dans le cas où a s'annule, il y a une dégénérescence et l'intégrale
générale de l'équation sans second membre serait de la forme
C étant périodique comme 4'ij tandis que les y sont les constantes d'inté-
gration. Mais à la limite, la formule (6) subsiste.
» Comparons maintenant cette formule (6) avec celles de Stockwell
et de Backlund. Nous Aoyons que, pour obtenir celle de Stockwell, il
faut faire a, ^ o, et pour obtenir celle de Backlund,
n\j2
» Or quelle est la véritable valeur de «.? on le voit tout de suite : l'équa-
tion (2 èw), quand on y supprime le second membre, admet pour inté-
grale
qui est une fonction périodique. Donc a est nui ; donc c'est Stockwell qui
a raison.
M II faut attribuer aux inégalités en question les coefficients de Stock-
well, dont quelques-uns sont 4 fois plus forts que ceux de Backlund.
» La critique qui précède ne saurait, en aucune façon, s'adresser à
notre savant correspondant, puisqu'il n'a fait qu'appliquer une méthode
classique que tout le monde croyait correcte.
( 'i.'ï )
» Mais c'est là une raison de plus pour que j'aie cru devoir mettre ea
évidence le vice fondamenlal de la méthode de Gyldèti, dont on pourrait
être tenté de faire d'autres applications.
» Il est singulier que Gyldèn soit tombé dans cette erreur, puisqu'il
avait lui-même intégré les équations (i bis) et (2). <)
THERMOCUIMIE. — Recherches sur la formation des composés organiques
sulfurés; par jNI. Bektiiei.ot.
« Le cours de mes recherches sur la chaleur de formation des divers
groupes de composés organiques m'a conduit à l'étude des combinaisons
sulfurées.
» J'ai déjà examiné le sulfure de carbone ('), le thiophène (^), la tau-
rine ('), l'isomérie des composés sulfocyaniques ('); mais certains corps
fondamentaux, tels que les alcools et les éthers simples, me restaient
à aborder. Il s'agit donc aujourd'hui des alcools sulfurés, autrement dits
mercaplans.
» 1. Mebcaptan ÉTQVLiyuE (alcool sulfuré, sulfhydrale d'élli^le) C'H*S = 62.
» Distillé à point fixe el analysé.
2 combustions, avec formation de CO' gaa, IPO liquide, SO'IP étendu :
|f à volume constant 83i3«',6
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante -(- 617'^»', 2
Formation par les eVemen/i (étal actuel) : C'-t- H' + S = C^IfS liq.. t- 19*^"', 5
» 2. ScLFLRE d'éthyle (éllier sulfliydrique) C*M"'S = 90. — Distillé à point fixe.
Analysé. 4 combustions :
iS' à volume constant 9191"', 5
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante -H 829*-"',6
Formation par les éléments (état actuel) : C*-f- H'"-)- S = C W^S liq. -t- 33^"', 7
(') Thermochimie : Données et lois numériques, t. II, p. i65.
(') Même Ouvrage, p. 5i6.
(') Id., p. 671.
(') Ann. de Ch. et de Phys., 7' série, t. XX, p. 197.
Voir aussi les Travaux de M. Joannis, sur les sulfocyanures {Thermochimie :
Données et lois numériques, t. II, p. 174); ceux de M. Matignon, sur l'urée sulfurée
et les dérivés uriques (même Ouvrage, t. II, p. 658, 665).
( 56 )
m
i> 3. Mekcaptan AMYLIQUE (siilfhjdrated'amyle) C^H'-S =rio/i. — Rectifié. Analysé.
2 combustions :
H' à volume constant 95i3'^''',o
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante . -+■ 992'^''',o
Formation par les éléments : C=+ H'^H- S = C^H'^S liq -i- 34^=1,65
» k. Sulfure d'amyle (étheramyisulfhydrique) C'^H'-S = 1-4. — Rectifié. Analysé.
2 combustions :
is' à volume constant ioi65"',o
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante 4- 1775'^"', 7
Formation par les éléments : C'»+ H"+ S = C'<>H"S liq + 67C»',5
» 5. Sulfure d'allyle (essence d'ail) C^H'^S = 1 14. — Rectifié. — Analysé. 2 com-
bustions.
I gramme à volume constant gS^S"^"', 3
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante. . . -t-ioôS*^^', 1
Formation par les éléments : C^U^'>-^-S=lOW>'S,\u\ — i6c»i,i
» J'aurais voulu étudier également V acide ihiacètique et le sulfhydrate de
phényte. Mais je n'ai pas réussi à obtenir ces composés dans un état de
pureté suffisante pour être soumis à des déterminations calorimétriques.
» On déduit de ces expériences les relations suivantes :
Substitution du soufre par l'oxygène.
C^H^O-C^H^S +50,4 (liquide)
C'H'oO — C*H'»S -1-46,8 »
C'H'20 — C^H'^S +56,9
Moyenne -i-5iCai,3 »
valeur voisine de
H^'O-H^S H-54,3 (gaz)
CO^-CS-^ +59,8x2 (gaz)
» Oxydes — Sulfures métalliques dissous : 4-62; dans l'état anhydre,
grandes variations (').
(') Thermochimie : Données et lois numériques, t. I, p. 3i3.
( 57 )
)) Homologie
Chaleur
de combustinn. de formation.
Mercaptan éthylique + 517,2 | , , „ +i9i5 ) „ ^
Mercaptan amylique -H 992,0 ) ' +i4,bo (
Sulfure d'éthyle + 829,6 | +33,7 \ od □
Sulfure d'am^ le 4-1770,7 ) ^"^ ' -(-67,5 ) '
» La différence des chaleurs de combustion
f.~ '.
^ = i58,3; ^=159.2
concorde sensiblement avec la valeur moyenne ordinaire -l- 157, 5.
» De même la différence des chaleurs de formation homologue
— 5 — = D,oJ et — T— =o,o; au lieu de -1- o, j. m
o 0
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur risomérie des e'thers
sulfocyaniques ; par M. Bertiielot.
« Sulfocyanure de phényle C'H'AzS = i3;>. — On sait qu'd existe deux
séries isoniériquos d'élhcrs sulfocyaniques, désignes sous les noms de
sutfocyanures normaux et isosuif ocyanures , ces derniers plus stables que
les autres. J'ai constaté que cette différence de stabilité s'explique par des
relations thermochimiqiies, la transformation des sulfocyanures normaux
en isosulfocvanurcs étant accoin|)agnée par un dégagement de chaleur,
soit -H 10^^', 5 pour les cthers mcthvliqiios et +9^*',o pour les éthers éthy-
liques {Ann. de Chirn. el de Phys., 7* série, l. XX, |). 200-202). Je n'avais
pas étendu mes comparaisons à la série phénylique, à cause de la transfor-
mation spontanée du composé normal en iso, transformation réputée extrê-
mement prompte. ;\I. le prolesseiu' Billeter, de l'Académie de Neuchàtel
(Suisse), a bien voulu m'écrire à ce sujet que le sulfocyanure de phényle,
dont il a fait une étude spéciale, est plus stable qu'on ne le pense en gé-
néral, et il a eu l'obligeance de m'envoyer un échantillon de ce composé,
préparé à mon intention. Nous l'avons brûlé aussitôt (2G juillet 1900) dans
la bombe calorimétrique, en dosant chaque fois le soufre transformé par
la combustion même en acide sulfurique.
C. R., 1901, I" Semestre. (ï. CXWII, N- 2.) 8
( 58 )
» Première combustion : S = 23 , 4o ;
» Deuxième combustion ; S = 23, 55 ;
M Théorie ; S = 23 , 70.
Chaleur de combustion à volume constant pour iS"' 7699,8 et 7652,0
Moyenne 7675=^', 8
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante -+-1037'^^', 4
Formation par les éléments : C +W'-\- Pi.z + S =^C'Yi° P^zS. . — 63<^^i,7
» Or risosiilfocyaniire de phényle (lococitato, p. 2o3) a fourni :
Pour sa formation par les éléments — 46''^'j 5
D'où il résulte que la transformation de l'élher normal en iso dégage. . . . +17^='
) -^ )
ce qui concorde avec les résultats obtenus pour les autres élhers.
» Nous avons répété la combustion du même échantillon conservé sans
autre traitement, un mois plus tard, le 25 août 1900.
)) Dosage du soufre : S = 23,86.
Chaleur de combustion à vol. constant pour i?'' 7670"', 5
» D'où il résulte :
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante + 1024'^"', 4
Formation par les éléments — So'^'"', 7
» Le 1 1 septembre, nouvelle combustion sur le produit distillé la veille
à point fixe (232°).
» Dosage du soufre : S = 23, 2.
Chaleur de combustion à volume constant pour is'' 7575"="' ,4
Chaleur de combustion moléculaire à pression constante + 1026'^^', i
Formation par les éléments — So'-^'
» Il résulte de ces chiflres que le produit avait été transformé en ma-
jeure partie en isosulfocyanure, dans l'intervalle d'un mois d'été. »
CHIMIE MINÉRALE. — Produits gazeux dégagés par la chaleur de quelques
roches ig/iées. Note de M. Ar.maxd Gautier.
« Il peut sembler paradoxal d'étudier l'action que la chaleur exerce sur
des roches qui, telles que le granit, le porphyre, les basaltes, lesophiles,etc.,
ont cristallisé par fusion ignée et sont restées soumises durant des
siècles à l'action d'une température assez intense pour les fondre. Mes
(59)
observations relatives à l'origine de l'hvdroo^ène atmosphérique et les
remarques que j'ai failes sur la constituliou des eaux de mer en profondeur
m'ont conduit ce|)endant à cet examen. On remarquera d'ailleurs que les
matériaux de ces roches, au moment où ils se fixaient dans leur état actuel,
supportaient l'énorme pression due aux couches superposées, pression
qui a suffi pour empêcher les dissociations et laisser persister des corps
en apparence incompatibles à ces hautes températures.
» J'ai déjà dit que les acides minéraux vers ioo°, et l'eau pure elle-
même vers 3oo°, dégagent du granit en poudre une notable proportion de
gaz riches en hydrogène. Ce même dégagement s'est produit avec toutes
les roches ignées que j'ai examinées. La quantité et la composition de ces
gaz varient pour chaque espèce, et même pour divers échantillons de la
même roche, ce qui m'a paru exclure dés l'abord l'hvpolhèse que ces gaz
soient inclus ou préexistants, au moins pour la majeure partie.
» Je donnerai comme exemple les analyses suivantes : looos'' de granit (de Vire),
pris à huit mois d'intervalle dans la même carrière, furent pulvérisés au mortier de
bronze et leur poudre chaulTée dans le vide vers ioo° avec un mélange de 2 parties
d'acîde phosphorique sirupeux et i partie d'eau. On obtint 585" dans un cas, 56o"
dans l'autre, de gaz, calculés secs à 0° et 760°"", dont voici la composition centésimale :
I. II.
H Cl ; Si FI* ., traces traces
H' S 0,21 4io6
CO' 46, 61 42,34
Hydrocarbures absorbables par Br 2,11 0,94
H libre 91O7 34, i4
Az (riche en argon) 4 ',20 i8,3o
O 0,45 0,00
99'65 99»78
» En admettant que, dans le premier de ces mélanges, la petite quan-
tité d'oxvgène trouvée soit due à lui peu d'air resté adhérent à la poudre,
les deux analyses ci-dessus conduisent aux résultats suivants, calculés à o"
et 760""" pour 1000 grammes de roche :
I. II.
H Cl ; Si FI' trace trace
H^S ■ 1,33 22,7
CO' 372,6 237,5
Hydrocarbures absorbables par Br. . . 12, 3 5,3
CH' trace trace
H 53, o5 191,48
Azote et Argou 232, 5o 102,48
572^,88 559",46 (')
(') Ces deux analyses doivent être subsliluces à celle publiée aux Comptes rendus.
(6o )
» On remarquera la grande analogie de ces gaz avec ceux des volcans :
A Santorin, les gaz de l'éruption de 1866 contenaient, d'après les analyses
de M. Foiiqué, en même temps que de l'hydrogène sulfuré, de l'acide car-
bonique, très peu d'oxygène libre et d'azote, depuis des traces jusqu'à 3o
pour 100 d'hydrogène et de o,43 à 3 pour 100 de méthane (').
» J'ai dit que des gaz se dégagent déjà du granit quand on en chauffe la
poudre, vers 3oo°, simplement avec de l'eau pure. Voici deux analyses
de ces gaz pour looo^'' de roche :
I. II.
ce ce
H'S 1,3 1,0
C0=' 7,2 5,3
H 46,0 i4,6
Az libre o,3 6,9
» En même temps, il apparaît dans la liqueur aqueuse baignant la
poudre de granit des sulfures solubles qui n'y préexistaient pas.
» Il suit de là qu'un ensemble de gaz, très anologues aux gaz volca-
niques, tend à s'échapper des roches ignées profondes, et en particulier
des granits, partout où la température de ces roches peut s'élever à 3oo°
et au-dessus, pourvu que l'eau intervienne.
» Pour celle-ci, l'hypothèse qu'elle provient de la surface n'est nulle-
ment nécessaire, la quantité d'eau préexistant dans les roches ignées est suf-
fisante. J'ai chauffé du granit, du porphyre, del'ophite, de la Iherzolite, etc.,
de i5° à 25o° durant 48 heures, puis de25o°à 1000", et recueilli les quanti-
tés d'eau suivantes, déduction faite des gaz qui se dégagent simultanément :
Perte par kilogramme de roche
De i5° à nbo° De aôc à looo" :
gr gr
Granit (de Vire) 2,29 7,35
Porphyre (de l'Esterel) 5, 80 12, 4o
Ophite (de Villefranque) » i5,o6
Lherzolile (de Lherz) » 16,80
» L'eau existe donc en quantité très sensible dans les roches ignées; et,
même dans le vide, la majeure partie ne s'en dégage qu'au rouge naissant.
On sait depuis longtemps qu'elle entre dans la constitution des micas.
» Si l'on chauffe au rouge les roches ignées, réduites en poudre sur elles-
l. CXXXI, p. 649, oii s'étaient glissées deux erreurs : l'une de calcul relative à H^S;
l'autre provenant de ce qu'un peu de fer s'était introduit dans la poudre, par une
meule de granit garnie de fonte (voir l'observation déjà faite, loc. cit., p. 1276).
M Santorin et ses éruptions, par M. Fouqué, in-4'' ; Paris, p. 226 et suivantes,
(6i )
mêmes, ou broyées au mortier de bronze, puis séchées à 25o°-3oo°, on
extrait, ;i la pompe à vide, des quantités de gaz variables suivant la roche
et le mode lent ou rapide d'application tle la chaleur ou de l'extraction.
» Pour étudier ces gaz, nous avons pris des roches dites acides, à excès
de silice, (granits, porphyres) et des roches basiques (ophites, Iherzolite).
» Granit. — Le granit (de Vire) pulvérisé dans le bronze a donné les gaz dont
j'inscris ici les quantités et la composition :
I. II. III.
Volume total, à o° 61760""",
pour 10005'' de granit. .. . 2709" 4209" 2570'='^
Contenant pour 100 volumes de gaz :
CO' i4,8o 8,98 14,42
IPS trace 1,71 0,69
CO 4-93 5,12 5,5o
Cil* 2,24 1,09 1,99
H 77 , 3o 82 , 80 76 , 80
Az riche en argon. o,83 0,42 o,4o
100,10 100,12 99,80
» En rapportant à 1000 grammes de roche ces gaz calculés secs à 0° et 760""", on a :
ce ce ce
CO' 400,6 378,0 870,6
II' s Faible proportion 7' ,9 '8,7
CO i33,4 2i5,2 i4i,3
CH* 60,6 45,8 5i,i
H 2092,5 3481,0 '977.7 (')
Az 22,7 10,6 10,3
2709,5 4209,5 2.569,7
M Donc 1000 grammes de ce granit, ou 876 centimètres cubes de roche,
dégagent en moyenne, au rouge, 3162*^*= de gaz, calculé sec, à o°et 760""''
(dont 23 17'^* d'hydrogène), soit 6,7 fois le volume de la roche.
» Ces gaz sont exempts d'acétylène, d'élhylène et d'oxysulfure de carbone; on y a
reconnu une trace de benzine, de pétrolènes et, chose plus inattendue, de sulfocyanure
d'ammonium, avec léger excès d'ammoniaque, ainsi qu'une matière goudronneuse
qui rend les eaux condensées un peu opalescentes.
» Porphyre. — On a pris comme exemple le porphyre bleu granitoïde de l'Esterel
(Alicrodiorite guartzifère de M. Michel Levy). C'est une roche de demi-profondeur
(') Moyenne de l'hydrogène pour 10006'' de granit = 2517"^'. Si l'on eût pu craindre
que le broyage dans le bronze introduisît une trace de fer ou de zinc pouvant
donner de l'hydrogène, on serait rassuré en observant que cette même poudre, traitée à
chaud par les acides concentrés, n'a pas donné au delà de 190'='= d'hydrogène par kilo.
(62)
(Laccoh'te) entièrement cristRlline, sillonnée de petits grains bruns et contenant des
cristaux de quartz, d'andésine, de mica noir, d'amphilîole et de pyroxène.
» L'échantillon très compact et très frais employé venait directement de la carrière
du Dramont, près Agay. Sa densité fut trouvée de 2,74. On pulvérisa la roche dans
le bronze. loooe'' ont donné, mesuré sec à 0° et 760""", 2846 cent, cubes du gaz suivant :
H^S 0,00
CO^ 59,25
CO 4.20
CH* 2,53
H 3i ,09
Az 2,10
CAzHS et corps pyrogénés rap-
pelant les queues d'acétone. . traces
99>i7
» On n'a pas constaté de vapeur de benzine, de CAzH, ni d'ox3'sulfure de carbone.
» Pour I kilogramme de ce porphyre, on a donc, à 0° et 760"
-.mm
H' S 0,00
CO- 1686,25
CO 119,53
CH' 72 , 00
H 884,82
Az 59,77
2822,37
Ainsi I vol. de cette roche dégage, au rouge, 7^°', 6 de gaz dont 2'°', 4 de H et
i2B'',6 d'eau.
» Ophite. — L'ophite que nous avons étudiée venait de Villefranque, près Bayonne.
Elle est essentiellement formée d'augite diallagisant, d'andésine, avec magnélite et fer
titane. On ne trouve aucune inclusion dans cette roche. On l'avait prise en pleine car-
rière. Elle fut pulvérisée entre une aire d'acier et une roue de granit, puis on enleva
avec un aimant les faibles quantités de fer que le broyage avait pu introduire.
» La poudre donne au rouge le gaz dont j'inscri.« ici le volume et la composition.
I. II. III.
Volume total pour loooe'' de
roche 2320" » 2517"
Contenant pour 100 volumes de gaz :
CO2 28,10 3o,66 35,71
H=S 3,44 5,56 0,45
CO 3,91 4,45 4,85
CH' i,4o 0,66 1,99
H 63 , 28 58 , 90 56,29
Az o,o5 0,1 3 0,68
100,18 100, 36 99.97
(63)
Calculées pour loo^'" de roche, les analyses I et III conduisent aux résultats suivants :
ce
CO- 787,21
H'S 47.90
CO 108,10
CH» 41,47
H 1475.37
Âz 9,01
2469,06
» Un volume de celte ophile dégage donc 7^°', 6 de gaz dont 4""', 6 d'hydrogène.
» LherzoUte. — C'est, comme l'ophite, une roche éruplive basique, agrégat grani-
toïde d'enstalite, de péridol incolore, de pyroxène verdàlre, et de fer chromé avec
quelques veines de serpentine. Elle ne contient ni quartz, ni feldspath. Densité ^3, o.
La poudre, préalablement séchée à 280°, perd ensuite au rouge i6,8 pour 100 d'eau.
1000 grammes de Iherzolile pulvérisée dans le bronze ont donné 545o" des gaz sui-
vants :
H'S 11,83
CO' 78,33
CO 1 ,99
n 7-34
CH' 0,01
Azote et trace de pétrolènes.. traces
99.54 ')
ou, pour 1000 grammes de roche :
H'S 647?o
co« 4277.9
CO 108,6
H 4oo,8
CH» 0,5
5438,4
» Cette roche doiiiic donc environ i5,7 fois son volume de gaz et un
peu plus que .son voluntie d'hydrogène.
» Les savants qui ont examine les gaz des roches ignées n'en ont retiré,
par le vide, que de faibles proportions : j'en ai extrait, au rouge,
670 volumes de 100^°' de granit, 7G0 volumes de l'ophite, 740 volumes du
por|)hyre. Ces gaz ont été considérés jusqu'ici comme préexistants. On ne
saurait méconnaître qu'il existe, en effet, dans quelques-unes de ces roches,
des gaz inclus sous une pression suffisante pour y liquéfier l'acide carbo-
nique. Mais la Iherzolile et les ophites n'ont pas d'inclusions. Il est d'ail-
leurs possible d'établir que les gaz que j'ai rectieiUis résultent de réactions
(') La grande quantité de CO* tient aux inclusions calcaires qu'on n'a pu séparer.
(64)
successives se produisant au rouge. En effet, si ces gaz étaient simplement
emmagasinés, leur composition resterait à peu près la même du commen-
cement à la fin de l'extraction; elle variera, au contraire, s'ils dérivent de
substances entrant en réaction à mesure que s'élève la température. C'est
cette dernière hypothèse que confirme l'analyse des gaz recueillis succes-
sivement. En voici deux exemples :
Granit. Ophite.
I" tiers. 2 derniers tiers. 36o cent. c. dégagés. lo derniers cent. c.
GO'^ 20,19 6,i3 28,10 36,19
H'S 1,28 o,4i 3,44 0,00
CO 0,57 1,02 3,91 5,76
CH' 2,o4 0,80 1 ,4o 3,79
H 75,54 9i>64 63, 18 4o,oo
Az o,3o o,3o o,o5 i4,25
99,92 100, 3o 100,18 99,99
)) En présence de ces dernières analyses, on ne peut penser que les gaz
existent tout formés dans ces roches. Les variations, de CO^, H- S, CH*,
H, Az, du commencement à la fin de l'extraction, sont démonstratives.
» Il nous reste à montrer comment se produisent ces gaz lorsqu'on
porte ces roches à une température bien inférieure à celle qu'elles ont
autrefois subie. Mais ces constatations suffisent déjà à éclairer l'origine des
gaz souterrains, des manifestations volcaniques et des eaux thermo-miné-
rales. Mettant ici de côté les réactions qui se produisent dans le noyau
fondu du globe, si nous considérons ce qui se passe pour une certaine
masse d'une assise déjà solidifiée, se réchauffant à nouveau jusqu'au rouge
par le fait d'un éboulement interne, ou des pressions latérales des vous-
soirs faisant remonter vers les points à résistance minimum la matière
encore fondue du noyau terrestre, on voit que, lorsqu'elles se réchauffe-
ront à nouveau au contact de ces masses incandescentes, les roches déjà
formées tendront à dégager, par toutes les issues, les gaz et vapeurs que
nous venons de voir se produire. D'après mes expériences, un litre de
granit donne, à 1000° et calculés seulement pour celte température,
environ 20 litres de gaz divers et 89 litres de vapeur d'eau, c'est-à-dire
plus de 100 fois son volume de gaz. On comprend la force explosive qui
naît de ces réactions et l'inutilité d'admettre l'hypothèse de la pénétra-
tion des eaux superficielles jusqu'aux couches ignées comme une des
conditions néces.saires des phénomène» volcaniques. »
( ^■> )
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La production du travail musculaire
utilise-t-elle, comme potentiel énergétique, l'alcool substitué à une partie
de la ration aiimenlaire? Note de M. A. Ciiacveau.
« Le point très précis signalé dans cette question n'a pas encore été
étudié par les physiologistes qui se sont occupés des prétendues propriétés
nutritives de l'alcool. Dans cette nouvelle étude, le hut expressément visé,
c'est de savoir, non si ringcslion de l'alcool est, d'une manière vague et
générale, de quelque proflt, main si le sujet qui travaille, ayant le sang sature
de cette substance, fait fonctionner ses muscles en puisant dans sa combustion
Cénergie nécessaire à ce fonctionnement. Il j a là une haute question d'hy-
giène et d'économie soudée à la solution d'un important problème de
physiologie pure.
M Les échanges respiratoires sont aptes à tournir pour cette solution des
documents précieux. On peut, en effet, en quelques circonstances — et la
circonstance présente est du nombre — être renseigné avec une certaine
exactitude, par le Inux de l'af^ide carbonique produit, comparé à celui de
l'oxygène absorbé, dans les combustions de l'organisme, sur la nature des
matières qui alimentent ces combustions. Ainsi l'on sait que le quotient
de combustion des hydrates de carbone vaut i.ooo. tandis que celui de
l'alcool atteint seulement o,G6(i. La différence est énorme et ne saurait
manquer de se traduire dans les quotients respiratoires des sujets auxquels
on donnerait, pour l'exécution du travail musculaire, des hydrates de car-
bone avec ou sans substitution partielle d'alcool éthylitjue. Des indications
du taux des échanges on apprendrait si les deux sortes de substances sont
emplovées l'une et l'autre, plus ou moins directement, à fournir par leur
combustion, proportionuelleuient à leur quantité, l'énergie dépensée j)ar
les muscles en état d'activité. Le fait contraire serait révélé de même par
la comparaison des quotients respiratoires :
» Cette méttiode a été appliquée par moi au cours d'une expérience d'alimentation
qui n'a pas duré moins de .SSg jours (du 7 août 1899 au 3i août 1900). Pendant ce
lonj; laps de temps, le sujet de l'expérience, un chien du poids moyen de ao's'", a été
soumis à un travail journalier de courte durée : une heure parfois, le plus souvent
deux heures de course au trot allongé dans la caisse discoïde à ce destinée, dont la
description a déjà été faite (').
(') Le prolongement, cliez le sujet alimenté, du processus de dépense énergé-
C. n. 1901. 1" Semestre. (T. CXXXU, N° 2.) 9
(66)
» L'analyse de l'air puisé dans cette caisse à la fin du travail permettait de déter-
miner avec une grande précision l'intensité des combustions respiratoires, par le taux
de l'acide carbonique produit et de l'oxygène absorbé.
)) On faisait, du reste, la même détermination pour la période de repos diurne après
le travail et pour la période de repos nocturne.
» De celte manière, on pouvait se procurer des notions suffisamment précises sur
la dépense delà journée, d'après l'ensemble des échanges respiratoires.
» Peu de temps avant le placement dans l'appareil, pour l'exécution du travail, le
cliien recevait une ration composée de Sgos' de viande crue et de 25'2S'' de sucre de
canne. De temps en temps on substituait au tiers de cette dose d'hydrate de carbone
une quantité isodynanie d'alcool, soit 48s'' de cette substance à la place de 848'' de sucre.
» Les occasions n'ont donc pas manqué, au cours de cette longue succession de
journées expérimentales, d'étudier les modifications que la substitution de l'alcool au
sucre introduit dans les échanges respiratoires pendant le travail (' ). Je résume dans
les tableaux suivants les résultats des expériences spéciales, au nombre de onze, qui
ont eu, dans l'année 1900, cette étude pour but exclusif. Quatre de ces expériences ont
été faites pendant l'alimentation avec la ration type. Les sept autres appartiennent
aux séries pendant lesquelles l'alcool a été partiellement substitué au sucre.
1
N" el date.
Parcours elTectuc.
Poids du sujet :
■ it. initial.
b. araot le travail.
c. après le travail.
(/. nnal.
Exp. I (3o mars ). . .
Parc. : iS'", 620
Poids : a. i8''t,995..
)i b. iç)''», 925..
» c. n/',5ti5..
» (/. 19''', 100..
Exp. II (3i mars). .
Parc. : 26'", 642
Poids ; a. ig''*, 100..
" *■ >9''^92o..
» c. ig'», 595..
» (!. iS'", 920..
I. - Exj
oeriences avec la r
ation viand
e et sucre
2
3
4
Durée
: des péri
udC9.
CD'
exbalé
0' absorbé
Temps,
de
Temps,
passé
— ^ — ~
dans chaq
ae période.
dans cbaq
ue période.
Pendant
Pendant
Périodes
séjour
hors
la
la
de-
dans
de la
Durée
A
période
A
période
l'expérience.
la caisse.
caisse.
totale.
Ihcure.
cumplète.
l'heure.
complète.
\. Trav.
Il
I , l5o
b
1/
h
1 . 1 5a
lit
54,695
lit
62,900
54''087
lit
62,200
B. Repos \
diurne i
8.233
1.433
If
o.85i
io..5i6
8,745
91 ,962
9,268
95,095
C. Repos (
nocturne., j
I I . IG7
If
1.166
j 12.334
7,710
97,402
8,391
io3,494
Totaux. . .
, 2o.55o
3.450
24.000
A. Trav.
■J.217
1/
2.217
B. Repos j
diurne |
II
7.900
i.5i6 j
0.634 )
1
■ lo.oSo
1
C. Repos j
nocturne.. (
I 0 . 85o
(
0.883 !
.■.733
Totaux..,
■ 20.967
3.033
24.000
252,324
56,834 136,000
8,417 84,590
7,757 88,783
260,789
59,585 i32,ioo
9,2i5 92,610
8,691 101,971
299.273
326,681
tique de l'état cV inanUion, d'après les échanges respiratoires, in Cinquantenaire
de la Société de Biologie.
C) Toutes les déterminations d'échanges respiratoires ont été faites avec le concours
de M. J. Tissot.
(67 )
12 3 : r,
N* et date. Ouroo des périodes. CO* exlialé <>' absorbé
Parcours oITeclué. '■■ ^- — 1 1 -~ dans chaque période. dans rliaquc période.
Poids du sujet : Temps Temps ^ — - — -^ . ^ ~ — — n ^ —
ti. initial. de passé Pendant Pendant
*. avant le lra?all. Périodes séjour horj la la
r. après le trarail. de dans de la Durée A période A période
it. llnal. l'expérience. la caisse, caisse. totale. l'heure. complète. l'heure. complète.
h h h lit lit lit lit
Exp. m (i" avril) | .\. Trav. 2.oS.'| // -2.084 52,255 108,900 54.175 112,900
Parc. : 2.H'=, 166 \ n r i " a.oâo i
Poids : a. iS'SQJo ' «• ««P"^ 6.i33 " 8.733 8,6^2 75,470 .,,3io 8t.3o4
, '^ \ diurne .. \ ' 1 y 1/ .»
» b. 19'», 770 j ' " O.DDO ,'
» c. i9'«,38o / C. Repos ( i2.a5o " ) , oi ~ - / -oo 0. or ■>
, „. ,. 1 o, i3.i83 /,i73 04,388 8.367 110. 3i2
» (/. i8''S9'p 1 noclurnc. ( " 0.933 ) > , ai' /
Totaux... 20.467 3.533 24.000 278,968 3o4,5o6
ExP. IV (12 avril) j A. Trav. 2.100 // 2.100 57,238 120,200 61,666 129,500
Parc. : 25'",272 \ k r i " i-Sôoi
Poids: a. i8'«,945 ) ,. ' *"''° ^ 6.716 " ; 9.i33 8,874 8i,o45 q,648 88. u5
. ' , \ diurne.... / ' c^ \
» b. i9''S795 J ' " 0.567
» c. iq''«,5io I C. Repos i 12.167 "le o ,e
. oL o - .1 r . '^-l"! 7i'Q<) y'iOOt) 8,457 107,070
» d. iS'^Sga ' nocturne.. ( " o.Goo 1 ' ' " ^^ j w » -i / />j/
Totaux. . •<".ri«'! 3.107 24.000 293,155 32,î,585
II. — Expériences avec substitution partielle d'alcool au sucre dans la ration (i* série).
h k h lit lit lit lit
Exp. V (3 avril) / V. Trav. 1.091 1.091 46,379 5o,6oo 48.396 .')2,8oo
Parc. : 9''", 2 10 I n r -l " °-9'i' 1
Poids: a. i8'=,8q5 1 _,. ' "^P"* 8.317 " ' 9-Sa5 7,839 75,45o 9,126 87,836
/ V { d'urnc... / « \ / J / m J' 1
» 0. 19", 910 j ' " 0.067 '
» c. i9'«,735 ' C. Repos \ 13.167 « J , ., „ .,„ , c 1
X '' I . I i3.284 ■;,70': 102,370 8,643 114, 6i3
» d. i8''f,870 ' norturnc.. ( " 1.-.H7 I ^ ' ' ' ''' ' ^'
Totaux... 20.983 2.525 24.000 228,429 255, 44o
Exp. VT (4 avril) [ A. Trav. 1.283 1.28.". 43.803 56, 200 46,921 .60,000
Parc: 111^,766 1 R n l " 0.733 .
Poids : a. i8'',870 \ ,.' "^P*" J 8.617 // ; io.oS3 7,909 8o,i5o 9,539 96,182
. I, ,. ( diurne i ,., k
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Totaux... 21.960 2.o5o ''(.nno 23o,5oo 267,625
Exr. VU (6 a\Til) j .\. Trav. 2. 117 2.117 52,621 iii,4oo 58,242 i23,3oo
Parc: 2i'",090 1 n r i " '-950 .
Poids : a. i8''«,770 1 •*• "«P°s 5.867 " 8.G5o 7,.ioo 64,876 8,863 76,666
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2. 788
262,335
3oo,852
II bis. — Expériences avec substitution partielle d'alcool au sucre dans la ration {2' série, temps chaud).
A. Trav.
B. liepos \
1) d. ig'"', 800.
Exr. X (3o aoùl)..
Parc. : 17'", 268
Poids : a. 2o''s,93o.
1) b. 2i''s,g25.
u c. 2l''S,370.
1; d. 21 ''8, 000.
Exp. \1 (3i aoiU).
Parc: i8'",774....
Poids : a. 2i'"',ooo.
n b. 22'*", 025.
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» d. 20''-", 980.
Exp. l-V (iS juillet).... I A. Trav. 2.075 « 2.073 42,554 89,000 44,000 91,300
Parc. : 16'"", 170 I ni.. 1 " ' -4^5 1
Poids: a. 2o'«',5oo ' ,. ' , 7.533 // ' lo.ô^i 10,487 105,280 12,080 121, 2q5
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nocturne.. ( " o.o3i 1 ' /' / ' t/
Totaux. . 21.458 2.542 2:1.000
U
A. Trav.
Repos
diurne
C. Repos
nocturne..
A. Trav.
B. Repos \
diurne.... )
C. Repos (
nocturne.. (
2.042 " 2.042
/' 2.075 \
5.800 " ' 8.642
// 0.7G7 I
'■•^•400 " I • - o
,. î IJ.016
" 0.910 )
Totau.v... 20.242 3.758 a '1.000
2.066
6.3o
1,800
0.567
2.066
S. 667
i3.26--
268,590
40,940 83, 600
9,827 84,925
7,621 101, 481
270,006
44,046 91,000
10,000 86,670
7,593 100,730
Totaux... 20.416 3.584 24.000
278,400
298,242
44,074 90,00(1
"7?4i 97i'4â
8,629 ii4,yo4
3o2,o49
47,821 98,800
11,190 96,984
8,63i 114,507
310,291
» Dans ces lableaux, les chiffres qui nous intéressent le plus, pour le
moment, sont ceux cjui sont imprimés en caractères gras. Ils expriment la
dépense horaire d'énergie en CO^ exhalé et O" absorbé pendant le travail.
En les tv>talisant dans chacune des deux catégories d'expériences, on obtient
(69)
pour la dépense horaire moyenne
L U et 11 (bis).
Bation sans Katioii avec
alcool alcool
(4 exp.). (7 exp.).
lit lit
CO-exIialé 55,^55 44,822
O'absorbé 57,878 48,625
ro-
-Qî- 0,903 0,922
» Laissons de côté provisoirement la valeur absolue de ces moyennes
dans les deux catégories d'expériences et ne nous occupons que des quo-
tients respiratoires que l'on en tire. Ils sont imprimés en vedette, c'est-à-dire
en caractères gras. Celui de la deuxième colonne, quotient respiratoire de
la période de travail chez le sujet dans la ration duquel 48^' d'alcool ont
été substitués à 84^"" de saccharose, se trouve sensiblement plus bas que le
quotient respiratoire de la même période, chez le chien nourri exclusive-
ment de viande et de sucre. Mais ce quotient de la période à l'alcool est
néanmoins extrêmement élevé, beaucoup plus haut en tout cas que ne le
comporte une participation un peu active de la combustion de l'alcool à
la dépense énergétique.
» En effet, l'alcool de la ration est introduit par l'absorption digestive
avec une très grande rapidité dans l'appareil circulatoire. Admettons
néanmoins que celte substance n'y pénètre et ne s'y brûle qu'en quantité
proportionnelle à sa masse totale comparée à celle de l'hydrate de carbone :
ce serait le quotient o,'jG?) qui devrait se substituer au quotient o,C)G3 des
expériences où l'alcool n'intervient pas.
» H est facile d'en faire le calcul. La constitution de ce dernier quotient
résulte de l'intervention île njz^' de sucre dont le quotient de combustion
est égal à i ,000. Pour savoir quelle est la valeur théorique du quotient ré-
sultant de riiilervenlion île 168''' d'hydrate de carbone ayant le quotient
de combustion 1,000 et de 48*"^ d'alcool ayant le quotient o,G(J, il suffit
d'établir la proportion suivante :
o , 963 .(•
202X1 (168 xi)-f- (48 X 0,66)= 199,68
» D'où
100,68 X o,q63 ,.„
X = -^i^ — Lii— — o , 7b3.
( 7o)
» Or ce n'est pas ce quotient respiratoire de 0,763 que nous avons
obtenu, mnis un quotient incomparablement plus élevé : 0,922. Nous
sommes donc obligé d'en conclure que l'alcool ingéré, dont l'organisme s'im-
prègne SI rapidement, ne saurait participer que pour une très faible part, s'il
y participe, aux combustions où le système musculaire puise T énergie nécessaire
à son fonctionnement. Cette substance n'est pas un aliment de force et son in-
troduction dans une ration de travail se présente avec toutes les apparences
d'un contresens physiologique.
n Du reste, même en dehors du temps consacré au travail musculaire,
l'influence de la combustion de l'alcool substitué ne se traduit pas mieux
dans le quotient respiratoire. Le Tableau suivant, tiré de la somme des
résultats de toutes les expériences, en fait foi :
I. II. III.
Quotient res-
Quotient res- Quotient res- piraloire d'après
piratoire de la piratoire de ta la somme des
période de période de échanges de la
travail. repos. journée.
Sucre sans substitution d'alcool 0,968 0,904 0,921
Sucre avec substi- l (7. quotientcalculé. 0,768 0,71*6 0,780
tution d'alcool. { ^.quolientobtenu. 0,922 0,871 o,885
» L'énorme déficit que ces chiffres révèlent, en toute circonstance, dans la
combustion de l'alcool ingéré, est en accord avec ce que l'on sait de son élimi-
nation en nature par les émonctoires extérieurs, particulièrement la voie pulmo-
naire. Mais ces chiffres ont en plus l'avantage de nous faire savoir que, même
quand il estjaturé d'alcool, l' organisme ne parait pas plus apte à uliliser cette
substance, comme potentiel énergétique, pour l' exécution de l'ensemble des
travaux physiologiques de l'état de repos que pour l' exécution du travail des
muscles pendant l'exercice. Il y a là, tout au moins, un gros point d'interro-
gation, auquel la complexité du métabolisme de la nutrition ne permettra
peut-être pas de répondre prochainement d'une manière absolument
scientifique. Mais on verra plus tard que les faits empiriques autorisent
suffisamment les applications pratiques de cette première donnée. »
( V )
ASTRONOMIE. — Sur la nouvelle comète Giacobini.
Noie de M. Pekkotin.
« .l'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les observations de la
comète que M. M. Giacobini a découverte le 20 décembre dernier à l'ob-
servatoire de Nice, à l'aide de l'équatorial coudé.
Positions apparentes de la comète (').
Dates.
igoo décembre i\ . . . .
1900 décembre 2.j ....
1900 décembre 26 ... .
1901 janvier i i .
Temps moyen
Observateurs
de Nice.
a.
D. P.
MM.
h ai S
7.38.23
Il m s
22.57.19,60
I 12.42.12,3
Javelle
9.34.59
23. 3.22,5o
1 12.49.30,5
Ferrolin
7-49-38
23. 9.28,06
112.55.59,6
Javelle
6.36.13
o.i3. 5,88
ii3. 7.38,2
Perrolin
6.5i. 8
0.40. 10, 4o
I 12.40.53,2
Javelle
» Ces observations ne permettent pas encore de pousser beaucoup plus
avant la connaissance de l'orbite dont les éléments paraboliques ont été
tout d'abord calculés par MM. Kreutz et Miiller, de Kiel, puis, plus tard,
par M. Campbell, de Monl-Hamilton ; mais, après les troubles atmosphé-
riques de ces derniers temjjs, le ciel devenu beau \a favoriser la reprise
des observations qui rendront possibles de nouveaux chIcuIs.
» La distingué directeur des Aslronomische Nachrichten pense que la
comète peut présenter un très réel intérêt, en raison de son mouvement
direct et de la valeur de certains de ses éléments, qui la rapprochent d'une
classe curieuse de comètes dont le nombre s'accroît de jour en jour.
» C'est également notre avis; nous serons d'ailleuis bientôt édifiés sur
ce point, si l'astre nouveau dont l'éclat va s'affaiblis.sant peut néanmoins
être suivi assez longtemps pour permettre la détermination d'éléments
ayant pour base un arc de courbe de quelipie étendue.
» La queue de la comète s'étend en forme de panache dans un angle de
position voisin de 4-5" et mesure de deux à trois minutes d'arc de longueur
dans la lunette de notre grand équatorial; la nébulosité de la tête, régu-
lièrement arrondie, entoure un noyau bien caractérisé, de onzième gran-
deur environ. »
(') Corrigées de la parallaxe.
( 70
CORRESPONDANCE.
_ M. R. Dedekind, nommé Corresponrlant pour la Section de Géométrie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
M. E.-E. Barjjabd adresse ses remercîments à l'Académie ponr la dis-
tinction accordée à ses travaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. —Sur les fondions quadruplement périodiques.
Note de M. Georges Humbert, présentée par M. H. Poincaré.
« Dans une Note antérieure, j'ai appelé l'altenlion sur les fonctions
uniformes de deux variables u et v, admettant quatre périodes de la forme
i,o; o,i; g Ji; h, g', lorsque la quantité A; — ^^ ^î (où g^, h,, g\ désignent
les parties imaginaires de g, h, g') est positive, au lieu d'être négative,
comme dans le cas des fonctions abéliennes ordinaires. Ces fonctions
n'existent que si les périodes sont liées par une relation singulière, c'est-
à-dire réductible, par une transformation ordinaire du premier ordre, au
type
( I ) ^-^ + P ^> -+- 7g' "~ o.
a, [3. Y étant entiers. Elles s'expriment alors par des quotients de fonctions
intermédiaires, c'est-à-dire de fonctions entières, se reproduisant à une
exponentielle e"""-""+/' près, quand on augmente a et v d'une période.
» L'étude des fonctions interméiHaires générales se ramène, par un
changement de variables très simple, à celie des fonctions normales, qui
vérifient les relations
Y{u + uv)= F(^^ r 4- i) = F(;/, c),
F(« -f- g, V + h) = F(m, (;)c--'^'r'"+T''("]-'"V«-+ïAA]^
F(// + h, V -f- g') = F(a, (.)e-="'t°'*"+('+P'')"J-'^'''f«'"^+('+P")s'],
où /et k sont deux entiers que j'appelle les indces de la fonction.
» Les fonctions normales, d'indices / et k, n'existent que si la quantité
S = /^+ P^7+ ayA- est négative, et si k a un signe donné, déterminé
( 73)
d'après ceux des parties imaginaires des périodes; inversement, ces deux
conditions, si elles sont satisfaites, entraînent l'existence des fonctions :
celles-ci s'expriment alors en fonction linéaire et homogène de mod^
d'entre elles.
» Je trouve aisément, comme dans le cas des fonctions intermédiaires
singulières dérivant de périodes abéliennes, le nombre des fonctions nor-
males, d'indices lelk, paires ou impaires, ainsi que les valeurs des demi-
périodes qui annulent simultanément soit les fonctions pjiires, soit les
fonctions impaires : mais ces résultats ne peuvent plus s'interpréter géo-
métriquement sur la surface de Rummer.
)> En edet, en dehors du cas où Y invariant, ^^ — 4°'Y' ^^^ ^^^ ^"® ^^ forme
quadratique x- -\- ^jry-l-ayj- puisse représenter — i, il n'existe pas de
surface de Kummer |)our laquelle les coordonnées d'un point soient des
fondions quadruplement périodiques formées avec les périodes données.
» L'invariant étant essentiellement positif, et non carré si l'on veut
éviter les cas elliptiques, la plus petite valeur de ^-— 4ay. telle que la
forme quadratique précédente ne puisse représenter — i , est douze; en ce
cas, on peut rattacher aux fonctions correspondantes une intéressante
surface du quatrième ordre à quinze points doubles.
» La relation (i) se ramène alors au type g'— 3^ = o; les valeurs /= o,
k = 1 sont admissibles pour les indices, et l'on trouve qu'il y a huit fonc-
tions normales paires, d'indices o, i. Parmi elles, quatre admettent, comme
zéro quadruple, une demi-période donnée : la surface |iour laquelle les
coordonnées d'un point sont proportionnelles à ces quatre fonctions est
du quatrième ordre et admet quinze points doubles, qui répondent aux quinze
autres demi-périodes.
» Grâce à l'étude de courbes remarquables qu'on peut tracer sur cette
surface, et qui correspondent à l'évanouissement de fonctions normales
particulières, j'ai pu obtenir l'équation de la surface, ou, ce qui revient
au même, d'après Cayley, déterminer la coniqueCet les quatre droites D,,
qui forment son contour apparent sur un plan à partir d'un des points
doubles : c'est là le premier exemple explicite de surface d'ordre quatre, à
quinze points doubles, dont les coordonnées s'ex|)rimeiit en fonction uni-
forme (quadruplement périodique de deux paramètres).
» Le résultat est celui-ci. La conique C louche doublement, et les
quatre droites D simplement, une même conique pour laquelle on peut
prendre la courbe l\yz — x"^ ^ o; les quatre droites étant z = o, y = o,
y -\- X -\- z ^^o, y ->r tnx -h rti'^z := o, et la conique C ayant pour équation
c. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N° 2.) lO
( 74 )
4/^ — .x-^-f- (>.j; + [i-j' 4- v;)- = o, on a, entre 1, [j., v, rti, les relations
algébriques
7/ZI7, --1- V = (1 — 0("^ "*" 0'
p['X(/?2 — i)- + m^ -t- 6m H- i]
= (>. — i)['X-(m — i)- + il^m + i)- -h m" — lom -+- i].
» Sous une autre forme, on peut dire qu'en désignant par i et t' deux
paramètres indépendants, les cinq quantités
«', t-\~t', \/(t-\- i)(t'-\-i), \l(l + m){t'-h m),
\J[tt' -h ?t -^ ol'-h {m -t- i)p — m], \/[«'+ p^'-f- -7/ H- (m + i)p — m]
s'expriment en fonction quadruplement périodique uniforme de deux
variables, lorsque les constantes m, p et c vérifient l'équation
[pT — (m -4- r)p + /n][c(w-l- i)- — 4'?^?] = ^mf('j — p)".
» On peut y joindre six autres fonctions non rationnelles de t et i',
(le forme un peu plus compliquée, et l'on obtient ainsi les irrationnalités
fondamentales attachées à la nouvelle surface à quinze points doubles. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les systèmes orthogonaux admettant un groupe
de transformations de Combescure. Note de M. D.-Tii. Egorov.
« Dans une Note publiée récemment dans les Comptes rendus (22 octobre
1900), j'ai exposé succinctement quelques propriétés des systèmes ortho-
gonaux admettant un groupe continu de transformations de Combescure.
Comme, depuis, M. Fouché (') a bien voulu revenir sur le même sujet, je
me propose, de mon côté, d'indiquer quelques remarques que, faute de
place, je n'avais pas insérées dans ma Note précédente.
» 1. Considérons au point arbitraire (.t, jk, :;) les trois plans osculateurs
des lignes coordonnées p^ d'un système orthogonal. Ces plans sont définis
par les équations
(0 P,vAa— p„A,= o,
A,= o étant les équations normales des trois plans tangents au point
(') Comptes rendus, 26 novembre 1900.
(75)
{x,y,z). Pour les systèmes d'espèce considérée, l'on a P,a = ^a,; par consé-
quent, les trois plans osculaleurs au point (^x,y, z) se coupent suivant une
même droite. On reconnaît aisément que cette propriété est caractéristique
pour les systèmes considérés.
» 2. Soit
(2)
V
la suite infinie de systèmes orthogonau?f mentionnée dans ma Note précé-
dente (/oc. cit., p. 670). On passera du système 2* au svstème i^+t de la
suite (2) au moven des formules
qui se déduisent des équations (8) de ma Note précédente (loc. cit., P.G70),
et des formules générales relatives à un système orthogonal. La significa-
tion géométrique des formules (3) est évidente.
» 3. Les systèmes de la suite (2) ne sont pas distincts si l'on a
x, = <:x, j, = 17V. Zf^cz ('î = const.).
Le système 2 admet alors un groupe de transformations homothétiques
((oc. cit., p. 070); il est défini par les équations
( a; = e"P;(p, -p, p, -p), y = r''p7)(p, — p, 0, - p),
que l'on obtient aisément en introduisant dans les équations (3) l'hvpo-
thèse que nous venons de faire. Je ne réduis pas <t à l'unité par le change-
ment de variable cïp, — p, indiqué par M. Fouché (Comptes rendus, 26 no-
vembre igoo, p. H74), parce qu'il s'agit de déterminer tous les systèmes
homothétiques correspondant à un système donne des quantités p,;^, tandis
que le changement de variables cité fait substituer c^^ à p,yi. Ainsi, il existe
oc* de systèmes homothétiques d'une même représentation sphérique.
Tous les systèmes correspondant à une valeur déterminée de c s'obtiennent
par composition géométrique de trois d'entre eux, car les ex])ressions géné-
rales de X, y, z dépendent linéairement des trois constantes introduites
par l'intégration de l'équation linéaire du troisième ordre, indiquée dans
ma Note précédente (p. 67 1 ; comparer la Note citée de M. Fouché, p. 874).
(5)
( 76)
)) 4. La suite (2) est périodique si l'on a
a7 = e«.P^,(p, -p, P2-p) + e"^PHo(p, - p. p, - p) -4
+ e*«PE„(p, - p, p, - p), . . .,
-1»
(X2, ..., «n étant les n racines d'une équation binôme du degré n. Le sys-
tème le plus général de cette espèce s'obtient évidemment par composition
géométrique de n systèmes homothétiques correspondant aux valeurs a,,
a,, ... delà constante f7(éq. /j). Si« = 2, la famille delignes p, — p==const.,
P2 — p = const. (trajectoires du groupe) est composée exclusivement de
coniques.
» 5. La famille p, — p = const., p2 — p = const. des trajectoires du
groupe n'est formée de droites que pour les systèmes indiqués par M. Petot,
qui admettent un groupe de transformations homothétiques ou un
groupe de translations. Le système le plus général, dont les trajectoires
p, — p = const. , P2 — p = const. sont des lignes planes, peut être obtenu par
composition géométrique d'un système homothétique S et d'un système S,,
de la même représentation sphérique, qui donne lieu à distinguer lesjtrois
cas suivants : i°S, est un système horaothélique corres])ondant à une valeur
de la constante c différente de celle dont dépendent les a;, j>^, z relatives
à S; 2° S, est un système admettant un groupe de translations; 3° S, est
un système qu'on obtient en différentiant par rapport à n les fonctions x,
y, z (4) relatives à un système homothétique correspondant à la même va-
leur de G que S.
» 6. Admettons qu'on ait déterminé tous les systèmes homothétiques
d'une représentation sphérique donnée. Soient S l'un de ces systèmes,
S' le système homothétique obtenu par l'inversion de S (le pôle de l'in-
version étant au centre d'homothétie) et S, l'un quelconque des systèmes
homothétiques, de représentation sphérique donnée, distinct de S. On ob-
tient tous les systèmes homothétiques S', ayant la même représentation
sphérique que S' au moyen des formules telles que
(^) ^'.=«^.-'^^(^^.+77.+—.)^'
oxa l'on a désigné par a?, V, :;, a-,, y,, ^,, a?', , j', ,s', les coordonnées relatives
aux systèmes S, S, et S', respectivement. Les équations (6) résultent sans
aucune difficulté des équations générales de M. Darboux (^Leçons sur la
théorie générale des surfaces, t. IV, p. 295 ). Soient r et r, les rayons vec-
teurs des systèmes S et S, aux points correspondants. Projetons r, sur r;
( 77 )
le rayon vecteur de S', est évidemment la somme géométrique de r, et du vec-
teur obtenu en modifiant ta projection de r, dans le rapport constant
— 2c : i + t' [n et t' sont les valeurs de la constante «r dans les équa-
tions (4) relatives aux systèmes S et S, respectivement].
7. Pour indiquer au moins un exemple particulier, soit
(7) 5 + | = -a)t. + /r(«^+/>^).
une famille de paraboloïdes homothétiques. Comme les lignes ombilicales
sont des droites passant par l'origine et normales à tous les paraboloïdes,
la famille (7) est une famille de J.amé. I.e système orthogonal correspon-
dant admet évidemment un groupe de transformations homothétiques.
Les équations des deux familles qui complotent le système sont faciles à
former explicitement. Toutes les surfaces du système sont algébriques si
a- : b^ est un nombre commensurable.
» Tous ces résultats ont été communiqués à la Société mathématique de
Moscou ; ils sont contenus dans un Travail détaillé (sous presse actuelle-
ment) qui va jjaraitre dans les Annales de l' Université de Moscou. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la corrélation des expériences faites à Dijon en iSq^j
pour l'application de l'idée de retour commun pour circuits téléphoniques cl
les expériences faites depuis celte date de 1894 *"'" ^0 téléphonie sans fd.
Note de M. Rheins.
« Les expériences faites à Dijon en i894-i8():) pour l'application de
l'idée du retour commun, mentionnées dans la brochure reçue par l'Aca-
démie dans sa séance du i5 novembre 1900, et dans l'article du 25 juin
189G du Journal télégraphique International, ont montré que les mélanges
de conversation produits dans des circuits appartenant au même retour
commun sont causés par de mauvais isolements, c'est-à-dire des pertes à
la terre.
» En d'autres termes, le courant téléphonique nuisible passe d'un poste
à l'autre, non parle conducteur métallique qui les unit, mais par les terres
des deux postes. Ceux-ci communiquent donc entre eux par leurs terres,
c'est-à-dire sans fil.
» Il y a donc corrélation complète entre ces expériences et celles qui
ont été faites à cette même date de 1894 par M. Gavey, reprises en 1899
( 78 )
par sir William Preece, et actuellement encore par Gavey et dont sir Wil-
liam Preece a dernièrement rendu compte. »
CHIMIE. — Action de Vhydrogène sur le protosulfure de bismuth (').
Note de M. H. Pélabox, présentée par M. Troost.
« Le protosulfure de bismuth BiS, obtenu en fondant du bismuth et du
soufre en proportions convenables, est réduit par l'hvdrogène quand on le
chauffe dans un courant de ce gaz.
)) Inversement, le bismuth fondu décompose le gaz hydrogène sulfuré.
» Si l'on fait agir les corps dans un espace dont tous les points ont la
même température, les deux réactions inverses conduisent à un équilibre
chimique que nous nous sommes proposé d'étudier.
» Deux cas sont à considérer : ou bien la température de l'expérience
est comprise entre les points de fusion du bismuth et de son sulfure, ou
bien elle est supérieure à la température de fusion de ce dernier corps.
Dans le second cas, le système en équilibre se compose de deux parties
séparément homogènes : un mélange d'hydrogène et d'acide sulfliydrique
d'une part, un mélange de bismuth liquide et de sulfure liquide d'autre
part.
» Pour étudier comment varie la composition du système gazeux avec
celle du système liquide, nous avons fait agir l'hydrogène, d'abord sur des
masses variables de sulfure pur, ensuite sur des mélanges en proportions
connues de sulfure et de bismuth. Nous avons complété ces recherches par
l'étude de l'action de l'hydrogène sulfuré sur des masses variables de
bismuth.
» 1° Action de Vhydrogène sur le sulfure de bismuth. — Toutes nos expériences
ont été faites à une température voisine de 6io°. Les corps ont été chaufTés dans des
tubes scellés de 6" environ de capacité; la pression initiale du gaz était voisine de la
pression atmosphérique.
» Après refroidissement brusque des tubes, on déterminait très exactement, d'une
part, le volume du gaz qu'ils contenaient, d'autre part le volume de la portion de ce
gaz non absorbable par la potasse; on pouvait calculer ainsi la valeur du rapport o de
la masse d'hydrogène sulfuré à la masse totale. Connaissant le poids de sulfure de
bismuth employé, il était aussi très facile de calculer le rapport R du poids de sulfure
non décomposé au poids du mélange formé par ce corps et le bismuth mis en liberté.
(') Institut de Chimie de Lille (Laboratoire de Chimie générale).
( 79)
)i ^'oici les nombres que nous avons obtenus pour valeurs des rapports p et R en
faisant varier la masse de sulfure de bismuth :
Poids de Bis. Valeurs de p. Valeurs de R.
o,i o,84o o,5i4
0,5 0,893 0,898
I 0,898 o,94o
2 0,890 0,976
4 0,891 0,988
8 0,895 0,992
» Ces nombres l'ont voir que, quand la concentration du mélange de sulfure de bis-
muth et de bismuth croît à partir de R in: 0,89 et tend vers i, le rapport p demeure
sensiblement constant et tend vers une limite voisine de 0,89.3.
» 2° Action de l'hydrogène sulfuré sur le bismuth. — A la même température, la
même méthode du refroidissement brusque nous a donné les résultats suivants :
Poids de Bi. Valeurs de p. Valeurs de K.
«r
I 0 , 262 0 , 089
2 O, 168 0,025
4 0,080 0,012
» Il est facile de voir par ces résultats que le rapport p tend répulièremenl vers zéro
quand R tend lui-même vers zéro.
» Quand le poids de bismuth est supérieur à iS'', p est sensiblement proportionnel
à R,
» 3° Action de l'hydrogène sur le mélange de sulfure et de bismuth.
» Dans ce dernier cas, le rapport p croît très régulièrement quand R augmente,
comme on peut le voir sur les nombres suivants :
Poids Valeurs
de BiS. de Bi. de p. de R.
0,2 I o,5i5 0,143
0,1 0,1 0,672 0,283
0,3 0,3 0,785 0,429
0,2 o , o j 0,84' o , 595
0,4 o,o5 0,878 0,782
» En résumé, la proportion d'hydrogène sulfuré croil très régulièrement
à partir de zéro en même temps que la proportion de sulfure de bismuth et
le rapport p tend vers le nombre 0,893 quand R tend vers i.
)) Remarques. — A la température de6io° l'équilibre chimique est ob-
tenu au bout (l'un temps qui ne dépasse pas vingt minutes.
» Le bismuth peut être placé dans les tubes, soit au voisinage du sul-
( 8o )
fure, de manière que les deux corps liquides puissent se mélanger, ou bien
les deux corps peuvent être disposés, aux deux extrémités, de manière
qu'ils ne puissent se mélanger à l'état liquide; on trouve dans les deux cas
le même résultat.
» Influence de ut température. — Quand la température est comprise
entre les points de fusion des deux corps, ceux-ci restent séparés. On n'ar-
rive pas à la même valeur du rapport p pour une même valeur de R, selon
que l'on part d'un système qui renferme initialeuient de l'hydrogène ou
que l'on part d'un système contenant de l'hydrogène sulfuré.
» Dans ce dernier cas la décomposition du gaz sulfhydrique est arrêtée
par suite de la formation à la surface du bismuth d'une couche protectrice
de sulfure; on a donc, quand la composition du mélange gazeux demeure
invariable, un état de faux équilibre apparent. Quand, au contraire, c'est
l'hydrogène qui réagit sur le sulfure, le bismuth mis en liberté quitte le
morceau de sulfure et la réduction peut se continuer jusqu'à ce qu'on at-
teigne le véritable équilibre. Le système étudié est dans ces conditions par-
tiellement hétérogène et la théorie de la dissociation indique que la valeur
de p doit être indépendante des masses de sulfure et de bismuth.
» Cette conséquence se vérifie sensiblement, on a trouvé en effet à 44o°
les résultats suivants :
Poids
de BiS. de Bi. Valeurs de p.
er gr gr
0,2 0,2 0,618
0,3 0,2 0,628
0,5 0,0 o,6i3
0,4 0,08 o,6o3
» [.a réduction du sulfure est beaucoup plus lente à44o°qu'à 610°. Il
faut, en effet au moins quatre-vingt-dix heures pour que l'équilibre soit
établi à la première température. »
CHIMIE MINÉRALE. — Surles chloTohromures de thallium du type TlX^ 3TlX.
Note de M. T. Thomas, présentée par M. Moissan (' ).
« On ne sait presque rien de l'histoire des sels mixtes halogènes du
thallium et le peu qu'on en sait est encore assez obscur. Je me propose
(•) Laboratoire d'enseignement pratique de Cliimie appliquée.
(8i )
dans cette Note de rapporter quelques expériences relatives aux composés
du type TIX', 3T1X, expériences qui tendent à démontrer l'exislence
d'un seul chlorobromure Tl'CPBr'.
» Les chlorobromures du type T1X% 3 ïlX peuvent être préparés :
» I " Par l'action du brome sur le chlorure thalleux en présence de F eau. —
M. Jos. Mever (') a obtenu ainsi un composé de formule brute Tl'CP Br-,
représentant vraisembablement, d'a[)rès lui, un mélange deTiCl avec un
nouveau chlorobromure Tl'Cl'Br'^
» M. CushmanC) attribue au corps formé la formule Tl'Cl'Br-, et dans
une Note récente publiée par nousaux Comptes rendus^*), nous avons pour
ce composé établi la formule Tl'Cl'Br'.
>> 2" Par l'action du chlore sur le bromure thalleux en présence de ïeaa. —
M. Jos. Meyer a obtenu un composé Tl' Br' CP, décomposable par l'eau en
donnant Tl'CPBr^
» 3° Par l'action de Tl Cl sur Tl Bi ' en solution. — M. Jos. Meyer a obtenu
TPBr'Cl-; M. Cushman :ÏIH:PBr\
M 4° Par l'action de Tl Br i«rTl Cl' en solution. — D'après M. Jos. Meyer,
il se forme TPC^Br^*; d'après M. Cushman, Tl'Cl'Br' {').
» 5" Par décomposition des chlorobromures du type TIX', 3 TlX au contact
de l'eau. — Le chlorobromure Tl'CU-Br' obtenu par M. Jos. Meyer se
dédouble au contact de l'eau bouillante en donnant naissance au com-
posé Tl'Cl'Br". Le chlorobromure TI'Cl'Br* se détioublerait d'une façon
toute semblable.
» D'après ces travaux, il semblerait donc qu'il existe trois chlorobro-
mures du tvpc TlX^, 3TlX corrcspoiulant respectivement aux formules :
iPCPBr-, ïPCl'Br^ TPCl-Br'.
» J'ai repris avec beaucoup de soin : i° l'élude du produit lirul provenant de la
réaction du brome sur le chlorure llialleux; 2° l'élude des produits de décomposition
du clilorobroHiure TI^Cl'Br*.
» L'action du brome sur le clilurure thalleux à froid et au contact de l'eau donne
une poudre jaune (') dont la composition n'est pas constante et dépend de la quantité
(') Zeit.f. An. Chemie, 2i, p. 355 et suiv. ; 1900.
(*) Am. Client. Journ., 24, n° 3, septembre 1900.
(') Comptes rendus, 26 novembre 1900.
(*) Le dérivé Tl*CPBr' ainsi obtenu est isoniéri([ue d'après M. Cushman avec celui
formé à partir de Tl Cl -t- Tl Br'.
(') Voir notre Note du 26 novembre 1900.
C. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N° 2.) II
( «-- )
debromeajoutée. Celle-ci paraît osciller entre les compositions limites TIGl et Tl'Cl^Br'.
Le produit brut dissous dans l'eau cristallise en lamelles (ou en aiguilles) et les pre-
miers dépôts ont toujours même composition Tl'Ci3Br^ Il en est de même si l'on
ajoute du brome à une dissolution cliaude et concentrée de clilorure thalleux. Les la-
melles seproduisent immédiatement ou par refroidissement et correspondent àTl^Gl'Br^.
» Il nous paraît par suite tout à fait probable que les composés signalés par M. Jos.
Meyer et par M. Gushman ne représentent que des mélanges plus ou moins riches du
chlorobromure Tl'CPBr' avec TlGl ou peut-être TPCF.
» Pour étudier la décomposition du composé TPGl-'Br' par l'eau, nous avons placé
iSb-' de ce corps en présence de 5oos"' d'eau froide. La décomposition se produit immé-
diatement. Il se forme une poudre jaune tout à fait comparable à celle obtenue à
partir de TlGl-i-Br. Afin de faciliter la décomposition totale, cette poudre est tri-
turée au contact de l'eau pendant un certain temps, après quoi on la recueille; elle
représente en poids un peu plus de la moitié du produit dont on est parti.
» Les analyses de ce corps ont donné :
Br i8,8o 19,1.5
CI 9,80 10,47
c'est-à-dire des nombres tout à fait analogues à ceux fournis par le produit de bro-
muration du chlorure thalleux.
» Si l'on dissout ce produit brut dans l'eau chaude, il se sépare, à la surface du
liquide, une très légère pellicule blanchâtre qui paraît constituée en grande partie
par du bromure mélangé avec une petite quantité de chlorobromure. Les analyses
donnent, en effet :
Pour 100. Calculé pour Tl Br.
Br 23, o3 28,16
Cl 4 ) 76 o , 00
AgBr-i-AgCI 74,00 66,19
» La solution laisse déposer des lamelles hexagonales (quelquefois des aiguilles
groupées en forme de fougère) colorées fortement en rouge, mais au fur et à mesure
que la température de la solution s'abaisse, la coloration de ces cristaux vire à
l'orange. On les recueille à différentes températures et on les sèche. Après un certain
espace de temps, quelquefois très court, la coloration est nettement orangée et l'on ne
saurait distinguer ce corps de celui obtenu en prenant pour point de départ le chlo-
rure thalleux et le brome. Les analyses montrent que les deux produits sont iden-
tiques :
Calculé
Premier dépôt. Second dépôt. pour Tl'Cl'Br'.
Br 20,33 20,44 20, 65
Cl 9,35 9,11 9, ,5
» La présence dans le dépôt d'aiguilles hexagonales n'en change pas la composition.
La formule de décomposition du corps TPGl^Br' en Tl'Gl^Br^ pouvait donc être
représentée par l'équation
2Tl'GPBr'= Tl»C|3Br'+ [TP + G1+ Br'] en solution.
( 83 )
» De nos recherches, nous concluons que si les chlorobromures TPCl*Br^
etTl^Cl-Br* existent, ce qui nous paraît douteux, ils ne sont pas stables
et se dédoublent par cristallisation en donnant TPCPBr'. Ce chloro-
bromure est, par suite, celui qui se forme très régiilicrenieut lors jiie, en
présence d'une quantité d'eau suffisante, se trouvent en même temps en
solution, sous forme de sel halogène, du chlore, du brome et du thallium.
Lorsque, au contraire, la solution est concentrée et suffisamment riche
en composés tlialliques, les chlorobromures qui se forment sont différents
et paraissent appartenir au tvpe TlX''TlX. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les combinaisons du bromure de bore avec les
chlorures de phosphore {*). Note de M. Tauible, présentée par M. Henri
Moissan.
« Nous avons antérieurement indiqué les composés résultant de l'action
du bromure de bore sur les bromures de phosphore (■). Depuis, nous
avons fait réagir le bronuire île bore sur les chlorinvs de phosphore et nous
avons obtenu des corj)s nouveaux que nous décrirons dans la présente
Note.
» Composé PCP, aBoBr'. — En versant du bromure de bore sur du iricldorure de
phosphore contenu dans un tube à essai, nous avons constaté la formation instantanée
d'un composé blanc, cristallin, avec un notable dégagement de chaleur.
» Afin d'observer dans quelles proportions s'ell'ectuait la combinaison, nous avons
fait agir dans trois ballons parfaitement sèches des quantités de bromure et de tri-
chlorure bien déterminées.
» Dans l'un, des poids proportionnels correspondant à une molécule de bromure de
bore pour une molécule de trlchlorure de phosphore;
» Dans l'autre, des poids de matières représentant deux molécules de liichlorure
pour une de bromure;
» Et dans le troisième, des poids correspondant à deux molécules de bromure pour
une de Irichlorure.
» Dans les deux premières expériences, nous avons observé une élévation notable
de température et la formation instantanée d'un ])iécipitè nettement cristallin.
» Dans le troisième cas, la léaction a paru plus \ ive encore et, par refroidissement,
le tout se prit en masse cristalline.
» Enfin, un quatrième essai, où trois molécules de bromure de bore correspondaient
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Henri Moissan.
(') Comptes rendus, t. CXVl, p. i52i.
Théorique
pour
2.
3.
4.
PCF, 2BoBr
4,89
4,68
4,53
4,84
'6,98
17,02
i6, lo
i6,66
75,34
75,42
74,85
75,06
»
»
»
3,44
(84 )
à une de trichlorure de phosphore, donna lieu aux mêmes remarques que dans le cas
précédent avec, en plus, la présence d'une partie liquide absolument incolore.
» Ces observations nous faisant entrevoir la possibilité d'isoler des composés
obtenus dans ces diverses expériences, nous avons décanté les parties liquides,
essoré les cristaux dont nons avons complété la dessiccation par un courant de gaz
carbonique.
» Ces cristaux, recueillis séparément dans des ampoules en verre, furent soumis à
l'analyse, qui nous fournit les chiffres suivants :
Expériences. 1.
Phosphore 4,96
Chlore i6,o5
Brome 74,27
Bore ( non dosé j .... »
M On voit que ces résultats concordent très approximativement avec les données
théoriques pour PCP,2BoBr'.
» Le composé PCP, 2BoBr' est incolore, cristallisé, fondant vers 58°, se sublimant
à partir de 4o° et se dissociant avant d'atteindre la température d'ébullition.
» Il est soluble dans ses deux générateurs, dans le sulfure de carbone et le chloro-
forme; insoluble dans l'huile de vaseline et l'éther de pétrole.
» Il fume à l'air; l'eau le décompose rapidement avec dégagement de chaleur et
production des acides phosphoreux, borique, bromhjdrique et chlorhydrique.
» Dans un courant d'hydrogène, il se sublime vers 3o° et se dissocie partiellement
au delà de 5o°.
» Il est attaqué au rouge par l'oxygène.
» Le soufre ne réagit pas au-dessous de la température de dissociation de ce com-
posé.
11 Le gaz ammoniac est absorbé avec un grand dégagement de chaleur et donne un
composé blanc cristallin.
)> Les composés organiques, carbures, élhers, alcools, acides, réagissent énergi-
quement sur PCI', 2BoBr^.
» Nous avons fait cristalliser ce chlorobromure dans un excès de bromure de bore,
et l'analyse n'a révélé aucun changement dans sa composition.
» Dans le trichlorure de phosphore, il se dissout avec facilité, et, quoique les cris-
taux n'aient plus la belle apparence qu'ils présentent dans le bromure de bore, la
formule n'a pas changé.
» Ce qui nous permet de conclure que, à la température ordinaire, BoBr' et PCP
ne forment que la seule combinaison stable PCP, 2BoBr^
» Composé PC\^, 2BoBr^. — Le bromure de bore, en présence du penlachlorure de
phosphore, ne donne lieu à aucune réaction à la température ordinaire, mais, en tube
scellé et vers i5o°, on constate la formation de cristaux jaunes d'apparence plus denses
que ceux du pentachlorure.
» Nous avons tenté de nouvelles expériences en variant les proportions comme dans
Théorique
pour
2.
3.
1
PClSîBoBrl
4,48
5,19
4,25
4,36
25,02
24,72
20,38
24,98
67,12
66,99
67,32
67 , 56
»
»
»
3,09
( 85 )
le cas précédent. Nous avons obtenu un nouveau corps d'une stabilité plus grande et,
par suite, d'une manipulation plus facile que le précédent. L'analyse des cristaux nous
a donné les résultats suivants :
Expériences. 1.
Phosphore 4,23
Chlore 25,71
Brome 67,81
Bore (non dosé).. . »
» C'est un corps cristallisé, parfaitement incolore; la coloration jaune pâle observée
au moment de sa formation disparaît lorsqu'on le fait cristalliser dans le bromure de
bore et est probablement due à des traces de chlore provenant du perchlorure de
phosphore.
» 11 fond vers iSi" avec un commencement de décomposition. 11 se sublime à partir
de 100°, à la pression normale. Il est soluble dans le bromure de bore, le sulfure de
carbone, insoluble dans l'huile de vaseline et l'éllier de pétrole.
» 11 fume à l'air humide et est rapidement décomposé par l'eau en donnant les
acides borique, phosphorique, chlorhydiique et bromhydrique.
» Dans un courant d'hydrogène, nous n'avons constaté qu'un entraînement de va-
peurs, et, si l'on élève la température, le corps se sublime sans décomposition.
» L'oxygène ne l'altère qu'au rouge.
» Le soufre est sans action sur PCl',2BoBr' au-dessous de la température de dis-
sociation de ce corps.
» Le gaz ammoniac est absorbé en produisant une forte élévation de température
et donnant une poudre blanche amorphe. Les composés organiques se comportent
envers PCM,2BoBr' comme avec PCP,2BoBr'.
» Une nouvelle cristallisation de ce corps dans un excès de bromure de bore n'ayant
apporté aucun changement clans sa composition, nous en avons conclu que, dans les
conditions où nous nous sommes placé, le bromure de bore ne donne avec le penta-
chlorure de phosphore que le composé stable PCl',2HoBr'.
M En résumé, le bromure de bore en présence tles chlorures de phos-
phore réagit «tvcc la plus graiule facilite pour donner des combinaisons
doubles. Les corps ainsi obtenus sont parfaitement cristallises et se dé-
composent à froid par l'eau, le chlore et le gaz ammoniac. Toutefois, leurs
formules sont ililTérentes de celles qu'on obtient avec les bromures de
phosphore. »
( 86 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau mode de préparation des hydrates de
peroxyde de sodium et leurs propriétés. Note de M. George-F. Jaubert,
présentée par M. H. Moissan.
« Comme on le sait, le peroxyde de sodium, sous l'aclion de peu d'eau,
se décompose violemment en donnant un dégagement d'oxygène et un ré-
sidu qui n'est autre chose que de la soude caustique. Un dégagement de
chaleur considérable accompagne cette réaction et, suivant les conditions
de l'expérience, la température peut monter bien au-dessus de ioo°.
» L'équation suivante montre qu'il suffit de 1 8 parties d'eau pour dé-
composer 78 parties de peroxyde :
Na='0^ + H20 = 2NaOH + 0.
» J'ai trouvé qu'une réaction tout autre prend naissance, si l'on expose
simplement le peroxyde de sodium à l'action de l'air humide et privé
d'acide carbonique ('). Dans ce cas, la quantité d'eau absorbée par le
peroxyde de sodium peut dépasser de beaucoup la quantité théoriquement
nécessaire à sa décomposition. Tandis que 25e'' d'eau versés goutte à goutte
sur loo^^de peroxyde de sodium amènent une décomposition à peu près to-
tale, on i)eut facilement, en employant la vapeur d'eau, à froid, dans les
conditions indiquées ci-dessous, faire absorbera cette même quantité de
peroxyde de sodium jusqu'à 200 et nsême 225 parties d'eau sans remar-
quer aucune décomposition, c'est-à-dire aucun dégagement appréciable
d'oxygène et aucune déliquescence.
» J'ai fait des expériences très précises en mettapt sons cloche, à une lempérature
uniformémenl constante de iS", 5, deux capsules, l'une contenant de l'eau, l'autre du
peroxyde de sodium. La cloche, qui mesurait 3o62"", était en communication avec un
tube gradué en centimètres cubes et destiné à recueillir les gaz, c'est-à-dire l'oxygène,
au cas où il s'en dégagerait.
» Du peroxyde de sodium (oos"') abandonné pendant plus de cent heures sous cette
cloche ne donna lieu à aucun dégagement gazeux ; son poids, par contre, augmenta de
près du tiers : il s'était transformé en un hydrate.
» Voici le compte rendu d'un autre essai : le 22 février 1899, los"' de peroxyde de
sodium sont placés dans une capsule tarée, cette dernière est mise dans un exsiccateur
(') GisoRGE-F. Jaurert, Comptes rendus, t. GXXXII, p. 35.
( 87 )
à acide sulfiiriqiie rempli d'eau, et imini d'un manomètre de façon à pouvoir sur-
veiller de l'extérieur l'augmentation de pression qui résulterait de la décomposition
du peroxyde. Au bout de vingt-quatre heures, la pression initiale n'a pas varié, mais
le peroxyde pèse iSs'.ôoo, il s'est transformé en une masse d'un blanc pur, friable et
ressemblant à de la neige.
» Le Tableau suivant résume l'augmentation de poids observée :
Date. Augmentiition de poids.
22.2 .1899 10, oo
23.2. 99 1 3 , 6o
25.2. 99 i6,3o
26.2. 99 22,25
27 . 2 . 99 25 , 60
28.2. 99 27,50
5.3. 99 32,5o(')
» Comme on peut arrêter l'hydratation à un moment quelconque, on obtient facile-
ment par ce procédé, avec un excellent rendement et sans passer à aucun moment par
des solutions, les hydrates déjà connus : Na'O'-i- 2H*0 et Na'O'-i- 8H^0, ainsi que
des hydrates intermédiaires encore inconnus.
» J'ai étudié particulièrement l'hydrate IVa'O'-l- 811*0, qui a été préparé en
grandes quantités. Il se présente sous forme d'une masse neigeuse d'un blanc pur
tandis que Na'O' anhydre est jaune.
» Il se dissout très facilement dans l'eau, à la température ordinaire et sans donner
lieu à aucun dégagement d'oxygène. Il est moins soluble dans l'eau glacée. On peut
utiliser cette propriété pour le faire cristalliser. On l'obtient alors en paillettes nacrées
ressemblant à l'acide borique et auxquelles l'analyse assigne bien la composition
Na'O'-hSIPO.
» L'hydrate de bioxyde de sodium se dissout dans l'eau avec un grand abaissement
de température grâce à la chaleur de fusion de ses huit molécules d'eau de cristallisa-
tion. Même dans les acides assez concentrés, il se dissout sans notable élévation de
température en donnant des solutions d'eau oxygénée d'une stabilité remarquable.
» L'hydrate de bioxyde de sodium lui-même est très stable à froid, j'en
ai conservé sans altération (sauf une très légère perle d'oxygène) pen-
dant plus de six mois, mais dès que la température s'élève, déjà entre 3o°
et 40°. i' subit une décomposition partielle qui se traduit par un dégage-
ment d'oxygène en même temps que l'hydrate tombe en déliquescence.
Vers 80°- 100° la décomposition est totale.
(') Le chiffre 82, 5o représente une augmentation de poids de plus du triple, c'est-
à-dire environ Na-0--(- loIi'O, mais il semble qu'on approche de la limite de décom-
position, l'hydrate de peroxyde de sodium commençant à devenir pâteux.
( H8 )
» L'hydrate fie peroxyde de sodium, que chacun peut préparer facile-
ment au laboratoire avec un rendement qui peut être théorique, permet de
préparer instantanément des solutions d'eau oxygénée chimiquement pure
et de toutes concentrations jusqu'à 3o volunies-35 volumes. Il trouvera
certainement des applications dans l'analyse chimique des substances miné-
rales où il peut remplacer presque partout l'eau oxygénée, qu'il est diffi-
cile de se procurer à l'état chimiquement pur. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Détermination des chaleurs latentes Je vaporisation
de quelques substances de la Chimie organique. Note de M. W. Louguimne.
« Les expériences dont je donne les résultats dans cette Note forment
la continuation de recherches sur les chaleurs latentes de vaporisation
que j'ai entreprises il y a quelques années déjà et dont les résultats ont été
publiés dans les Annales de Chimie et de Physique (^"^ série, t. III et t. XIII),
ainsi que dans les Archives des Sciences naturelles de Genève (4* période,
t. IX).
» Le mode de purification des substances étudiées, la méthode d'expé-
rimentation et le calcul des résultats obtenus sont les mêmes que ceux
déjà indiqués.
» J'ai déterminé les quantités de chaleur dégagées dans le calorimètre
par les vapeurs qui s'y condensaient et par l'abaissement de température
des liquides ainsi formés depuis la température de leur condensation jus-
qu'à la température de l'eau du calorimètre (voisine de 20°).
» J'ai également déterminé la chaleur spécifique des substances étudiées
entre des températures voisines de leur point d'ébullilion et la température
ambiante; et les variations des températures d'ébullition des substances
étudiées correspondant aux variations des pressions. Ces données m'étaient
indispensables pour les calculs des chaleurs latentes de vaporisation. Je
ne donne ici que les valeurs des chaleurs spécifiques et des chaleurs
latentes de vaporisation calculées à l'aide des données indiquées.
A. — Chaleurs spécifiques des substances étudiées.
(Expériences faites à l'aide de mon étiive mobile.)
» 1. Aniline. — Chaleur spécifique prise entre 176°, 5 et 20°, 5 à peu près : o, 5485.
» Moyenne de 3 expériences, dont l'expérience extrême diffère de o, 16 pour 100.
» 2. Méthyléthylacétoxime. — Chaleur spécifique prise entre i5i°,5 à peu près
et 21", 9 : o,65o3.
» Moyenne de 3 expériences, dont l'expérience extrême diflfère de o,3o pour 100.
» La valeur tirée de la formiile Trouton -;^ = 21 , 19.
( 89 )
» 3. Anisol. — Clialeur spécifique prise entre i5i°,7 et 20° à peu près; 0,4806.
» Moj'enne de deux expériences qui dilTèrent de celte moyenne de o, 12 pour 100.
» k. Butyronitrile. — Clialeur spécifique prise entre ii3°,3 et 21° à peu près :
0,5471.
» Moyenne de deux expériences qui (lilTérent de cette moyenne de o,o4 pour 100.
B. — Chaleur latente de vaporisation des substances étudiées.
» 1. Aniline : lo'i, 17. — Moyenne de trois expériences dont l'expérience extrême
diffère de 0,59 pour 100.
MS
T
» On peut en conclure que la molécule liquide de l'aniline n'est pas sensiblement
polymérisée.
» 2. Méthyléthylacétoxitne : 11 5,73. — Moyenne de trois expériences dont l'expé-
rience extrême dilTère de 0,4' pour 100.
» La formule Trouton donne pour cette substance la valeur 28,7, considérablement
supérieure à celle trouvée pour les substances dont la molécule a été reconnue non
polymérisée, et cela comme résultat de recherches exécutées au moyen de différentes
méthodes.
» Les expériences faites jusqu'à présent sur les acides et les alcools indiquent
que la présence du groupe OH correspond à une polymérisation de la molécule
liquide. Mes recherches faites sur la chaleur latente de vaporisation du mélhylélhylacé-
toxinie avaient pour but de voir si le même effet se produit quand Tovliydrile est uni
à l'azote; elles semblent indiquer que, dans ce cas également, la présence de OH
amène une polymérisation de la molécule liquide et que par conséquent la présence
de ce groupe correspond à une polymérisation de la molécule liquide, quelle que soit
la manière dont il y entre.
» 3. Anisol : 80, 3o. — Moyenne de trois expériences dont l'expérience extrême
diffère de o,5o pour 100.
» La formule Trouton donne 20, 58.
» La molécule liquide n'est par conséquent pas polymérisée, ce qui, d'après les
résultats obtenus jusqu'à présent, était à prévoir, l'anisol ne contenant pas le
groupe OH.
h. Butyronitrile : ii5,25. — Moyenne de deux expériences qui dilfèrent de cette
moyenne de o,45 pour 100.
» La valeur tirée de la formule Trouton =: 20,37.
» D'après les données déjà obtenues, je suis arrivé à la conclusion que la molécule
liquide de cette substance n'est pas polymérisée. Il en est de même, d'après mes
recherches précédentes, pour les quatre autres nitiiles que j'ai étudiés, c'est-à-dire
pour l'acétonitriie, le propionitrile, le capronitrilc et le benzonitrile. »
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. C.WXII, iN° 2) ' ~
(90 )
CHIMIE MINÉRALE. — Élude du nitrate d' uranium.
Note de M. OEchsxer de Cosixck (' ).
« J'ai (léterminé les densités de quelques solutions du nitrate d'uranium
dans les acides azotique et sulfurique étendus; ensuite, j'ai mesuré sa
solubilité dans l'alcool méthylique tout à fait ]Hir (régénéré de l'oxalate de
mélhyle); dans l'élher ordinaire; dans l'acétate d'éthyle, et dans l'acide
foruiique concentré.
Densités des solutions du nitrate d'uranium dans l'acide azotique ((i:=i,i53).
Densité
par rapport par rapport
à l'acide. à l'eau.
Quantité
pour 100
de
Températures.
sel dissous.
o
+ 11
I
+ 11,8
2
+ 11,3
3
+ 12
4
+ 11,6
5
I ,0043
1,1 585
I , 0068
1 , i6i4
I ,0110
i,i663
I ,0106
1,1698
I ,0212
1,1751
Densités des solutions du nitrate d'uranium dans l'acide sulfurique {d =^ i,i38).
Densité
par rapport par rapport
à l'acide. à l'eau.
Quantité
pour 100
de
Températures.
sel dissous.
0
+11,2
t
+11,8
2
+10,7
3
+ 12
4
+11,4
5
i,oo44 1,1427
i,oo63 1,1 45o »
1,0117 I , 1 5 I I »
j ,oi4o I , i54o »
1 ,0173 1 , 1576 1)
» Solubilité dans l'alcool méthylique très pur. — L'alcool méthylique emploj'é
dans ces expériences avait été régénéré de l'oxalate de méth^le. Les expériences ont
été faites aux températures de +11°, 5. +100,6, +11°, 2; j'ai trouvé, comme résul-
tat moyen de mes trois déterminations, qu'une partie de nitrate d'uranium se dissout
dans 23,5 parties d'alcool méthylique parfaitement pur.
(') Institut do Cliimie de la Faculté des Sciences de Montpellier.
( 91 )
» Ce résultat explique d'une manière satisfaisante les résultats que j'ai obtenus
en mesurant la solubilité du nitrate d'uranium dans les alcools méltivliques du com-
merce (voyez ma précédente Note) ; plus un alcool méthylique commercial renfermera
d'acétone, moins il dissoudra du sel.
» Sohibililé dans l'éther ordinaire. — Ici encore, les résultats varient suivant que
les échantillons d'éther ordinaire employés renferment plus ou moins d'alcool et
d'eau. J'ai fait trois expériences, aux. températures de -H n°,9; -I- 12°, 4; + I2°,7, avec
un éther qui avait été déshydraté pai' un excès de chaux vive; j'ai trouvé que une
partie de nitrate d'uranium, desséché pendant quatre heures vers SS^-go", se dis-
sout dans 16 parties du véhicule ainsi purifié.
» Solubilité dans l'acétate d'élliyle pur. — Les expériences ont été faites à -t-io°,3
et à + 10°, 7; 1 partie de nitrate d'uranium se dissout dans 18, 4 parties d'éther 'acé-
tique pur.
M Solubilité dans l'acide formiijuc concentré. — Les expériences ont été exécutées
à -I- i5'',4> -f- •5'',6 et -f- iS"; 1 partie de niti-ate d'uranium se dissout dans 5,3 parties
d'acide formique concentré.
» Je continue ces recherches. »
CHIMIE ANIMALE. — De l'action oxydante du persulfalc d'ammoniaque sur
quelques principes immédiats de torganisme. Note île M. L. Higou.xexq,
présentée par M. Armand Gautier.
(t Quand 1\I. Berthelot découvrit l'acide persuUurique, il fit connaître
les propriétés oxydantes très reniarquahles de ce composé. Depuis quehpie
temps, plusieurs persulfates alcalins .sont devenus des |)roduits commer-
ciaux; ils oflVent, comme sources d'oxygène actif, certains avantages.
C'est ce qui m'a délerniiné à étudier leur action sur des substances d'ori-
gine animale.
» I. Acide urique. — L'acide urique est oxydé à froid j)ar le persulfate
d'ammoniaque.
» Si l'on met en présence i partie d'acide urique et 4 parties de per-
sulfate pour 12 parties d'eau, à la temj)étatiire ordinaire, et, mieux en-
core, à l'étuve à 36", l'acide urique disparait complètement au bout de
sept à huit jours. Il se forme de l'acide allanturique, de l'urée et du glyco-
colle.
» En présence d'un excès d'alcali, l'action oxydante du persulfate est
beaucoup plus énergiipie. En faisant agir peu à peu 20 j)arlies de ce sel sur
G parties d'acide urique et 3o parties d'ammoniaque, la température s'élève,
( 92 )
une vive effervescence se produil, le liquide jaunit et devient limpide;
tout l'acide urique a disparu. De la liqueur filtrée on peut séparer :
)) 1° Une petite quantité de guanine (i à 3 pour loo environ de l'acide
urique employé). La guanine a été caractérisée par toutes ses réactions et
par le dosage de l'azote : elle préexistait dans les échantillons d'acide
urique que j'ai employés. L'acide urique du guano retient toujours un peu
de guanine dont il est très difficile de le débarrasser.
» 2° Un sel ammoniacal blanc, mal cris-tallisé, instable et que l'analyse
a caractérisé comme étant de l'allanturate d'ammoniaque.
» Dans les eaux mères de ce sel, on rencontre également une petite
quantité d'oxalate d'ammoniaque.
» 3° Après séparation de la majeure partie du sulfate d'ammoniaque,
l'alcool extrait du résidu final un corps en gros prismes transparents
solnbles, que toutes ses propriétés, aussi bien que sa teneur en azote, per-
mettent d'identifier avec l'urée.
» Pour loo parties d'acide urique attaqué, on obtient, en moyenne,
42 parties d'urée et 27 ou 28 parties d'allanturate d'ammoniaque.
» En résumé, l'acide persulfuriqiie, en milieu alcalin, oxyde l'acide
urique à la façon des peroxydes de plomb, de manganèse, du perman-
ganate et du ferricyanure de potassium, de l'ozone : il se forme de l'allan-
toïne qui se détruit aussitôt, en donnant de l'urée et de l'acide allanturique :
C^H''Az^O' -h H='0 = CH'Az-O H- C=H*Az-0^
Allantoïae. Urée. Ac. allanturique.
» Si l'on diminue la proportion de persulfate, afin d'obtenir l'allantoïne
elle-même et non ses produits de destruction, la réaction devient diffi-
cile : la majeure partie de l'acide urique reste inattaquée.
» IL La bilirubine en solution alcaline est transformée instantanément
par le persulFate d'ammoniaque en biliverdine, et c'est même là le procédé
de préparation le plus simple et le plus commode d'obtenir ce dernier
pigment; en même temps qu'un caractère analytique de la bilirubine.
» III. h'/iémaline en solution ammoniacale est attaquée déjà à froid.
Au bout de deux ou trois minutes d'ébullition, la liqueur, noire à l'origine,
apparaît incolore et abandonne des flocons de peroxyde de fer.
» Il serait très facile d'appliquer celte réaction au dosage du fer dans
l'hématine, et sans doute aussi dans l'hémoglobine et les nucléines ferru-
gineuses.
" IV. 'Lp sang, dilué ctadditioniio d'un excès d'ammoniaque, est délruit
el décoloré en quelques heures, à froid, |)ar le persulfate d'anunoniaque.
On obtient une liqueur jaune clairet un faible dépôt ocreux. Ce résultat
est réalisé à chaud en quelques minutes, les albumines forment alors un
coagulum incolore surn.igeant un liquide jaunâtre peu coloré.
» Je me propose de poursuivre l'étude des produits formés dans la des-
truction de l'hématine par les persulfiites alcalins, et de rechercher le
mode d'action de ces sels sur les matières alburainoides, qu'ils attaquent
également. »
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Sur la Structure des plantes vasculains. Note de
M. G. CuAUvicAi'D, présentée par M. Ph. Van Tiegheni.
» Afin d'interpréter la structure des plantes vascuhiires, prenons pour
point de départ la racine en ra|)pelant comment elle se constitue :
» i" Dans le parenchyme fondamental d'apparence homogène appa-
raissent d'abord les premiers tubes criblés disposés suivant des arcs. Entre
ces arcs se différencient ensuite un premier vaisseau étroit, puis en dedans
de lui un second vaisseau plus large, et ainsi de suite; l'ensemble de ces
vaisseaux à développement centripète constitue le protoxylème, qui ciirac-
lérisera pour nous la structure primaire.
» 2° D'autres tubes criblés se forment en dedans des premiers; d'autres
vaisseaux se différencient aux dépens de cellules déjà existantes et cela de
part et d'autre à partir des derniers vaisseaux de protoxvlème, de proche
en proche, marchant ensuite à la rencontre des tubes criblés en direction
centrifuge. Les vaisseaux ainsi produits constituent le raétaxylènie, qui
caractérisera pour nous la structure intermédiaire.
» 3" Enfin les cellules situées entre les derniers vaisseaux de métaxv-
lème et les derniers tubes criblés deviennent génératrices et produisent
eu dehors de nouveaux tubes criblés à développement centripète, en de-
dans de nouveaux vaisseaux à développement centrifuge. L'ensemble de
ces éléments constitue les formations secondaires, qui caractérisei'ont poui-
nous la structure secondaire.
» Passons maintenant à la feuille. Choisissons pour exemple une plan-
tule de Radis et suivons le développement à la base du cotylédon.
» 1° Dans le parenchyme, homogène d'abord, apparaissent les premiers
( 9l )
tubes criblés disposés suivant deux arcs. Entre ces arcs se différencient
ensuite un premier vaisseau étroit, puis, en dedans de lui, un second plus
large, puis un troisième. Ces vaisseaux sont la continuation directe du
protoxvlème de la racine et, comme ils oui même situation et même mode
de develo|)pement, ils répondent bien à la définition du protoxyléme.
» 2° D'autres tubes criblés se forment en dedans des premiers, puis
d'autres vaisseaux se différencient aux dépens de cellules déjà existantes
et cela de part et d'autre à partir du protoxvlème, de proche en proche,
marchant ensuite à la rencontre de's tubes criblés en direction centrifuge.
Ces vaisseaux représentent là le mélaxylème.
» 3° Enfin, entre les derniers vaisseaux de métaxylème et les derniers
tubes criblés, les cellules deviennent génératrices et produisent en dehors
de nouveaux tubes criblés à dévelopj)ement centripète, en dedans de nou-
veaux vaisseaux à développement centrifuge, dont l'ensemble constitue
bien les formations secondaires.
» Nous trouvons donc à la base de ce cotylédon les mêmes formations
que dans une racine. La différence consiste en une réduction du protoxy-
léme et en une succession plus rapide des diverses structures. Celte
différence s'atténue peu à peu si l'on descend du cotylédon à travers la
tigelle, et l'on arrive sans autre changement jusqu'à la racine. Si l'on va,
au contraire, de la base du cotylédon vers l'extrémité du limbe, celte
différence s'accentue; le proloxylème se réduit de plus en plus et bientôt
cesse complètement ; le métaxylème, à son tour, se rétluit et les formations
secondaires apparaissent beaucoup plus tôt.
» Les trois structures que nous venons de voir superposées dans le
cotylédon du Radis se rencontrent rarement dans la lige et surtout dans
la feuille, parce que l'arrêt de développement du proloxylème se fait à un
niveau plus bas dans le corps de la plupart des piaules. La région dans
laquelle s'eflectue cet arrêt de développement coïncide d'ordinaire avec ce
que l'on appelle la région Je passage de la racine à la lige. Au-dessus de
cette région, le développement dans la lige ou la feuille se fait de la ma-
nière suivante :
» Dans le parenchyme fondamental, d'apparence homogène d'abord,
certaines cellules se cloisonnent activement, formant des îlots d'éléments
plus étroits. Au bord externe de ces îlots apparaissent les premiers tubes
criblés; au bord interne se différencient un premier vaisseau étroit, |)uis
un second vaisseau plus large, situé en dehors du premier, c'est-à-dire en
( 9^ )
direction centrifuge puisqu'il s'agit de métaxylème ou de formations
secondaires. De nouveaux tubes criblés se forment par voie centripète,
de nouveaux vaisseaux par voie centrifuge et hi diderenciation se poursuit
aux dépens des formations secondaires, dont l'apparition peut être plus
ou moins hàlive.
» Remarque. — Qu'ils appartiennent au protoxylème, au métaxvlème
ou aux formations secondaires, les premiers vaisseaux différenciés dans
une région considérée présentant un diamètre croissant de l'un à l'autre
dans chaque filo. Cet accroissement de diamètre est proportionnel à l'in-
tensité lie la circidation. Les mômes causes ()hysiologiques impriment à ces
dilïérents faisceaux une ressemblance si grande qu'on les regardait jus-
qu'ici comme des formations identiques. Leur orientation inverse s'expli-
quait à l'aide d'une rotation dans la région de passage de la racine à la
tige. »
MINÉRALOGIE. — Sur la fluorine odorante à fluor libre du Reaujolais.
Note de M. Jclf.s CHahmer, présentée par i\L de La|)parent.
« Il existe, dans le canton de Beaujeu (Rhône), de nombreux filons de
spath fluor. Vers 1874» nous gravissions, à travers champs, le flanc sud
de la montagne dite iV Avenas, dont la crête, à peu près horizontale, est à
700'" environ d'altitude et se dirige depuis la ville de Beaujeu, à l'ouest,
jusqu'au bourg do Villié, à l'est; notre attention fut attirée par l'afflein-e-
meut il'un filon eu relief sur le sol; ce filou était un mélange de quartz, de
sulfate de baryte, de fluorine ; quelques rares grenats en petits cristaux s'y
distinguaient aussi à la lou|)e : ce filon semblait s'enfoncer à peu près
verticalement dans les granits et les amphibolites de la contrée.
» La fluorine était d'un violet très foncé, tirant sur le bleu sombre; elle
se montrait en petits cristaux plus ou moins rapprochés, formant parfois
de petites zones compactes; ces zones, surtout, avaient la curieuse parti-
cularité d'exhaler une odeur toute spéciale assez forte, surtout après
frottement sur luie pointe d'acier; celle odeur m'était inconnue, pourtant
elle se rapprochait pour moi de celle du phosphore. Au .Muséum de Paris,
ou ne put me renseigner et j'y laissai un échantillon de la grosseur d'un
œuf de poule, comme provenant de Quincié, commune limitrophe que
j'habitais; c'est ce qui exjjlique l'erreur d'origine commise jusqu'ici par les
minéralogistes.
(96)
» Quelques années plus tard, je lus dans les Comptes rendus de l'Aca-
démie que M. Moissan avait trouvé du fluor libre dans une fluorine; je
sus ensuite que cette fluorine provenait de mon échantillon et que des
recherches avaient été faites, mais sans succès, dans le Beaujolais, par un
savant, pour trouver le gisement primitif. J'ai donc pensé intéressant pour
la Science de repérer exactement ce filon à fluor libre et d'en publier la
situation exacte : ce fdon affleure sur la commune de Lantignié, au nord
de deux maisons bien connues, celle de M. Mitai à l'est et celle de M. de
Billy à l'ouest; il s'aligne N.IN.O.-S.S.E., dans la direction d'une ligne
passant au sud par la tour du château de Thulon et le clocher du village
de Cercié. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur le Neomylodon et l'animal mystérieux de la
Patagonie. Note de M. André Tournoujér, présentée par M. Albert
Gaudry.
« On a beaucoup discuté, depuis quelque temps, sur le Neomylodon et
sur l'animal mystérieux de la Patagonie.
» J'ai habité plusieurs années la République Argentine et, à deux
reprises différentes, j'ai fait des explorations dans l'intérieur de la Pata-
£;;onie australe pour recueillir des Mammifères fossiles que j'ai donnés au
Muséum d'Histoire naturelle. Je demanderai prochainement à l'Académie
la permission de lui présenter une Note sur ces animaux de types extraor-
dinaires que j'étudie en ce moment avec mon savant maître M. Albert
Gaudry.
» Mes voyages m'ont permis d'obtenir auprès des Indiens quelques
renseignements sur le fameux Hymché (le Neomylodon, pour F. Ame-
ghino) mais la terreur superstitieuse qu'il leur inspire est telle, qu'il est
difficile de démêler la vérité des légendes que leur imagination a créées.
Je ne relaterai ici que deux faits, qui m'ont convaincu de l'existence d'un
animal nouveau dans ces parages.
» Étant un soir à l'affût sur le bord d'un rio de l'intérieur auprès duquel
j'avais établi mon campement, j'ai vu émerger, au milieu du courant, la
tête d'un animal de la grosseur de celle d'un grand j)uma. Je lui envoyai
une balle ; l'animal plongea et ne reparut plus.
» Autant que j'ai pu le distinguer à la nuit tombante, sa tête ronde avait
( 97 )
le pelage brun foncé; les yeux étaient entourés de poils jaune clair, s'al-
longeant en un trait fin vers l'oreille, sans pavillon externe.
1) J'en fis la description à l'Indien qui me servait de guide; il sembla très
effrayé et m'assura que j'avais vu le mystérieux Uymchè.
» Je fus obligé de continuer ma route ; mais, sur un banc de sable de la
rivière, à quelques kilomètres plus loin, mon Indien me montra de grandes
empreintes ressemblant à celles d'un félin et qu'il m'assura être celles du
llymché. "
M. A. Br.eyde adresse, de La Hulpe (Belgique), une Note intitulée
« Explosion à distance et sans fil ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Mascart, Sebert.)
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 janvier 1901.
( Suite.)
A siimmary of chapter XV of u The Romance of theHeavens », by professor
BiCKEnTON. Londres, s. d.; i fasc. in-iS".
Dibliothcca da Universidade de Coimbra : Catalogo methodico. Coïmbre,
typ. F.-França Amando, 1900; 1 fasc. in-8°.
Annuario da Universidade de Coimbra, anno lectivo de 1 898-1 899. Coïmbre,
1899; I vol. in-8°.
Rapporta annuate dello I. R. Osservatorio astronomico-meteorologico di
Tricsle per r anno 1897, redatto da Edoaudo Mazelle. Trieste, 1900; i fasc.
in-4°.
Mémoires de l' Université impériale de la Nouvelle-Russie, t. LXXX. Odessa,
1900; I vol in-8°. (En langue russe.)
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 2.) l3
(98 )
Annalen der Schweizerischen meteorologischen Central- An st ait, 1898;
35*" Jahrgang. Zïirich; i vol. in-4''.
Zeitschrift fur das Landwirthschaftliche Versuchswesen in Oesterreich;
IV. Jahrgang, Heft 1, janiiar 190 i. Vienne-Pest-Leipzig, A. Harllebens,
I fasc. in-8°.
Wiener klinische Wochenschrift , Organ der k. k. Gesellschaft der Aertze
in tFiîm; XIV. Jahrg,,Nr. 1, 3 Jànner 1901. Vienne, Wilhelm Braumueller;
I fasc. in-4°.
The GeographicalJournal, including the « Proceedings ofthe Royal Geo gra-
phical Society » ; vol. XVII, n" 1 , january 1901 . Londres, Edward Stanford ;
I fasc. in-8°.
Pharmaceiitical Journal, established 1 84 1 , a weekly record of Pharmacy
and allied Sciences , IV séries, vol. XTI, n° 1593, 5 january, 1901. Londres,
I fasc. in-Zj".
Ouvrages reçus dans la séance du i4 janvier 1901.
Archives de Médecine et de Pharmacie militaires, publiées par ordre du
Ministre de la Guerre; L. XXXVI. Paris, V^" Rosier, 1900; i vol. in-8°.
Annales médico-psychologiques, journal destiné à recueillir tous les docu-
ments relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des
aliénés; rédacteur en chef : D'' Ant. Ritti; 8* série, t. XIII, Sg* année;
n° i, janvier-février 1901. Paris, Masson et C'*, 1901 ; i fasc. in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de laSociétéde Biologie; t. LUI,
11° 1, janvier 1901. Paris, Masson et C'"; i fasc. in-8°.
Marseille-médical; directeur : Ch. Livon ; 38^ année, n° 1, i^"^ janvier
1901. Marseille, i fasc. in-8''.
Revue biyologique, bulletin bimestriel consacré à l'étude des Mousses et des
Hépatiques; 28* année, n° 1, 1901. Cahan, par Athis (Orne); i fasc. in-8°.
Journal du Ciel, bulletin de la Société d'Astronomie, notions populaires
d' Astronomie pratique ; directeur : J. Vingt; 3* série, février 1901 ; 1 fasc.
in-8''.
Chronique industrielle et l'Industriel du Nord et des Ardennes; rédacteur
en chef : Doumé Casalonga; 24' année, n° 1, i'^' janvier 1901. Paris, i fasc.
gr. in-8°.
Allas geologiczny Galicyi, z. VIII, XII. Cracovie, 1900; texte, 2 fasc.
in-8°, et Cartes, 2 fasc. in-f°.
Anales de la Sociedad espanola de Historia natural, t. XXIX, cuadernos 1"
y 2°. Madrid, 1900; i fasc. in-8°.
(99)
BoLtlin de la Comision de Parasitologia agricola, redacto por el Professer
A.-L. Herrera; t. I, n*' 2. Mexico, 1900; i fasc. in-S".
Annuario da Universidade de Coimbra, anno tectivo de 1899-1900. Coïmbre,
1900; 1 Fasc. in-8".
Annalen dcr Physik, herausgeg. v. Paul Drude; IV* Folge, Bel 4, Heft 1,
1901. Leipzig. I fasc. in-S".
Weckly wealher Report, issued hy the Meleorological Office; vol. XVIIl,
11" 1, january 5, «901. Londres, i fasc. in-4°.
Uoo)
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VITXARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
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ïaE'rùno par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, terminent chatp.o volume. L'abonnement est annue
et part du i" Janvier ^^ ^^.^ ^^^ Vabonnement est fixé ni/isi qu'il siii/ :
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Chamberv Perrin.
( Henry.
\ Margucrie.
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Ratel.
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Lauverjal.
Degez.
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Grenoble ^ .■ , ....
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La Rochelle Foucher.
j Lyon.
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LiUe
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Luzeray.
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Bennes Plihon el Hervé.
Rochefoi ' ....... Girard ( M"" )
Langlois
Nantes .
Nice. . . .
Nîmes .
Orléans
Poitiers.
Rouen
S'-Ètienne
(
' Toulon . . .
!
Toulouse.
' Lestringanl.
Chevalier.
, Ponteil-Burles.
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( Solchek el C°.
' .\lcalay.
Kilian.
Deighlon, BellelC".
Cainmermcyer.
Ollo Kcil.
Hiisl et fils.
Seeber.
Hosle.
Beuf.
Cberbuliez.
Georg.
' Slapelmohr.
Belinfanle frère».
Benda.
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F. Fé.
) Bocca frères.
> Hœpli.
Moscou Tastevin.
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, Slechert.
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Rousseau.
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Porto Magalhaès el Muuiz.
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Rio-Janeiro Garnier.
1 Bocca frères.
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Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Sanison et Wallm.
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,a di,esti,.n des matières grasses, p«r ^f^^-"l^^^'^-;'':^lZ^^'T^£'^::\:^::^ - .8.,, ,.a r.Uaaçiuic d. -
Tome II : Mémoire sur les vers mleslmaux, pat \I. I - . . B^N^m-x P ,,i,tribuliou des corps organisés fossiles dans les d.flérents
Sciences pour le concours de .85.5, el puis remise pour cclu. de .^.,b, ^a^ou t-tucier les lo disparition successive ou simultanée. -
,. terrains sèdimenta.res, suivant IWre de leur superposition. -Discuter la quesuon ,1e Icu a, par K^^^ P ^^^^^^^^^^ ._^
«Rechercher la nature des rapports qui existent entre Tètat a. u.el du ,..nc or2a„„,nc et ,e. états ..ni. iien, , p
avec ■'■' planrhes", iSfJi
A la .éme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences e. . - Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 2.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 14 janvier 1901.)
MÉMOIRES ET GOMMUlVICATIOiVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
i\i. le Président annonce à l'Acadcmic la
mortdc M. Cli-Her/nite. Membrede la See-
ti(in de Géométrie, et de M. Ad. Cliatin.
Membre de la Section de Botanique 49
M. H. PoiNCAKÉ. — Sur la théorie de la
précession ''o
1\I. Bertiii;lot. — l!l:■cllercllc^ sur hi forma-
tion des composés organiques sulfurés... .55
M. Bertuelot. — Nouvelles recherclii-s sur
l'isomérie des élhers sulfocyaniques 5;
Pages .
M. Arm.wd Gautier. — Produits gazeux
dégagés par la chaleur de quelques roches
ignées .')8
M. A. Chaeveau. — La production du tra-
vail musculaire utilisc-t-elle, comme
potentiel énergétique, l'alcool substitué
à une partie de la ration alimentaire?... 'iï
M. 'Perrotin. — Sur la nouvelle comète
Giacobini 71
CORRESPOND AIVCE .
M. R. Dedkkind, nommé Correspondant
pour la Section de Géométrie, adresse ses
remcrcinienls à l'Académie 73
M. E.-E. Barnaru adresse ses remei-ci-
ments à l'Académie pour la distinction
accordée à ses travaux ",•■
AL Georûes Humbekt. — .Sur les fonctions
quadruplement périodiques 7 •
M. D.-Th. Egorov. — Sur les systèmes
orthogonaux admettant un groupe de
transformations de Combescure 74
M. Rheixs. — Sur la corrélation des expé-
riences faites à Dijon en 1894 pour l'appli-
cation de l'idée de retour commun pour
circuits téléphoniques et les expériences
faites depuis cette date de i8r)4 sur 'a
. téléphonie sans fil 77
M. H. Pelabon. — .\ction de l'hydrogène
sur le protosulfure de bismuth 78
M. V. Thomas. — Sur les clilorobromures
de ihallium du type TI\, :iTl\ 80
M. Tarible. — Sur les combinaisons du
bromure de bore avec les chlorures de
Bulletin bibliographique
phosphore 83
M. George-F. Jaubert. — Sur un nouveau
mode de préparation des hydrates de
peroxyde de sodium et leurs propriétés.. . 8li
.VL W. LouGUiNiNE. — Détermination des
chaleurs latentes de vaporisation de
quelques substances de la Chimie orga-
nique 88
M. CEoHSNER DE CoNiNCK. — Etude du
nitrate d'uranium ,. . 9"
M. L. HuGOUNENQ. — De l'action oxydante
du persulfate d'ammoniaque sur quelques
principes immédiats de l'organisme 91
.M. G. Chauveaud. — Sur la structure des
plantes vasculaires 9^
.M. Jules Garmeu. — Sur la fluorine odo-
rante à fluor libre du Beaujolais 96
\|. An'dre Tournouer. — Sur le Néomylo-
don et sur l'animal mystérieux de la Pata-
gonie 96
M. A. Breyde adresse une Note intitulée :
« Explosion à distance et sans fil )> 97
97
PARIS. — l.MPRIMERIE GAOTH [ E R-Vl L L A R S ,
Quai des Graads-Augustins, 55.
Le Gérant .' t>ACtrBtEB-ViLLARS.
APR
•4^
1901
PUEMIER SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
t*.%K MTI. liKM »KCHér%I»K!* PKHPÉTITGCi*!.
TOME CXXXII.
IV^ 3 (21 Janvier 1901).
^ARIS,
GAUTHIER-VILLARS, LMPUkMblUR-LIBHAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55.
190J
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REDNUS !
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875,
Les Comptes rendus /hebdomadaires des séances de 1 ports relatifs aux prix décernés ne le sont qui
/ Académie se composent des extraits des travaux de que l'Académie l'aura décidé.
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
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26 numéros composent un volume.
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vernement sont imprimés en entier.
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cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
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ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
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moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
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étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnj
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de f
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'f
suiné qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoire!
tenus de les réduire au nombre de pages requl
Membre qui fait la présentation est toujours nol
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils il
pour les articles ordinaires de la correspondancj
cielle de l'Académie.
Article 3,
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à teniK
le titre seul duMémoire estinsérédansle Complereni
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendum
vaut et mis à la fin du cahier. i
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un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè^j
l'impression de chaque volume.
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sent Règlement.
^éZ!rlTll''é^Zr.u2^^^^^ '^'^t ^''''^'^^ '^^'^ ^'^-o-- p- MM. les Secrétaire, perpétuels sont priés de 1.
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qu, précède la séance, avant 5 •. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant.
APR 3U mi
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 JANVIER 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUfi.
MEMOIRES ET C0MMU1\ICAT10.\S
DES MEMBRES ET DES GORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
Notice sur M. Ch. Hermile; par M. C. Jordax.
« L'École mathématique française vient de perdre, en la personne de
M. Herniite, son chef et son maitre.
» Il serait assurément téméraire de vouloir analyser à la hâte et sous le
coup de la première émotion la longue suite de ses travaux, qui a jeté tant
d'éclat sur toute la seconde moitié du xix" siècle. Une pareille entreprise
demande plus de temps et un esprit plus calme. Nous nous bornerons donc,
en adressant à notre vénéré Confrère le suprême adieu que sa mochistie
nous a interdit de prononcer sur sa tombe, à indicjuer à grands traits,
autant que notre mémoire nous le permettra, quelques-unes des décou-
vertes dont nous lui sommes redevables.
c. U., uj.ji, 1" Semestre. (T. CWXII, N- 3.) '4
( I02 )
» En 1843, M. Hermite, âgé de vingt ans, venait d'entrer à l'École Poly-
technique. Sur le conseil de Liouville, il écrivit à Jacobi pour lui commu-
niquer les résultats cju'il venait d'obtenir pour la division des fonctions
abéliennes, alors à peine connues. L'illustre géomètre allemand, qui s'oc-
cupait à cette époque de l'édition de ses OEuvres, n'hésita pas à y faire
figurer, à côté de ses propres travaux, la lettre de son jeune corres-
pondant.
» Il lui écrivait, un peu plus tard : « Ne soyez pas fâché, Monsieur, si
" quelques-unes de vos découvertes se sont rencontrées avec mes an-
» ciennes recherches. Comme vous dûtes commencer par oîi je finis, il y a
» nécessairement une petite sphère de contact. Dans la suite, si vous
)' m'honorez de vos communications, je n'aurai qu'à apprendre. »
» La prédiction du grand géomètre ne devait pas tarder à se vérifier.
» Dans les quatre lettres qui suivent et que Jacobi nous a également
conservées, M. Hermite s'était proposé tout d'abord de généraliser la
théorie des fonctions continues; mais il se trouva bientôt amené aux pro-
blèmes plus vastes de la théorie arithmétique des formes, où il ne tarda pas
à obtenir d'admirables résultats.
» Dès le début de ses travaux, il indique plusieurs méthodes pour
réduire les formes quadratiques à un nombre quelconque d'indéterminées.
Un peu plus tard, l'introduction des variables continues dans la théorie
l'amène à découvrir des vérités plus cachées.
» Il donne la solution complète du problème de l'équivalence arithmé-
tique des formes quadratiques générales ou des formes décomposables en
facteurs linéaires; il détermine les transformations de ces formes en elles-
mêmes; il démontre, par une voie toute nouvelle et purement arithmé-
tique, les théorèmes célèbres de Sturm et de Cauchy sur la séparation des
racines des équations algébriques. Il introduit la notion féconde des
formes quadratiques à variables conjuguées et déduit de leur théorie une
nouvelle démonstration des beaux théoi'èraes de Jacobi sur le nombre des
décompositions d'un nombre en quatre carrés.
» Il arrive enfin à cette merveilleuse proposition que les racines des
équations algébriques à coelficients entiers et d'un même discriminant
s'expriment par un nombre limité d'irrationnelles distinctes.
» L'étude algébrique des formes est également l'objet de ses méditations.
La notion des invariants qui domine cette théorie était restée un peu
confuse, jusqu'au jour où M. Cayley la mit en pleine lumière dans un
Mémoire célèbre daté de i845. MM. Cayley, Sylvester et Hermite se par-
tagèrent le nouveau domaine qui venait de leur être ouvert.
( io3 )
» Leurs travaux sont tellement entrelacés dans cette rivalité fraternelle
qu'il serait difficile et à peine désirable de préciser exactement la part de
chacun d'eux dans l'œuvre commune. Jl semble loulefois que l'on puisse
altribuer spécialement à M. Uermile la loi de réciprocité, la découverte
des covariants associés, celle des invariants gauches, et la formation du
système complet des covariants des formes cubiques et biquadratiquçs et
des invariants de la forme du cinquième ordre.
» Ces importantes recherches d'Arithmétique et d'Algèbre ne suffisaient
pas à son activité ; il poursuivait en même temps ses études sur les transcen-
dantes; dans une série de recherches mémorables il résolvait le problème
de la transformation des fonctions hyperelliptiques, et des développements
en série des fonctions elliptiques il déiluisait des formules importantes
relatives au nombre des classes des formes quadratiques.
)) Il posait en même temps les bases de la théorie des fonctions modu-
laires et résolvait jusque dans ses détails la question si difficile de leur
transformation, donnant ainsi longtemps d'avance un modèle à ceux qui
devaient de nos jours reprendre et généraliser celte théorie.
» L'impression produite sur les géomètres par l'ensemble de ces tra-
vaux se résume assez bien dans ce mot pittoresque que nous avons
recueilli jadis de la bouche de M. Lamé : « En lisant les Mémoires d'IIermite,
» on a la chair de poule. »
» En i85G, il l'âge de trente-quatre ans, M. Heruiite entrait à l'In-
stitut; en 18G2 on créait pour lui une chaire à l'Ecole Normale: peu
après il devint également professeur à l'Ecole Polytechnique et à la
Sorbonne.
)) A cette époque, l'enseignement supérieur était, il faut bien le dire, un
peu arriéré. Les grandes découvertes par lesquelles Gauss, Abel, Jacobi,
Gauchy avaient transformé la Science pendant un demi-siècle étaient
passées sous silence, comme si elles n'intéressaient que de rares initiés.
M. liermitc les jeta hardiment dans le domaine public. Cette heureuse
audace a porté ses fruits : témoin notre jeune et brillante école de géo-
mètres. Tous lurent des élèves d'IIermite et doivent à ses leçons, à ses
bienveillants encouragements une grande part de leurs succès.
» Cette royauté pacifique ne s'arrêtait pas à nos frontières : M. Hermile
entretenait des correspuiulancesilans toute l'Europe savante, et partout les
jeunes talents pouvaient compter sur ses conseils et sur son appui.
» Mais ni les devoirs de son enseignement, ni même les atteintes de
l'âge ne purent porter préjudice à la fécondité de son esprit. De cette
( 'o4 )
seconde période datent en effet un grand nombre de beaux travaux qui
ne le cèdent en rien aux œuvres de sa jeunesse.
M Une évolution sensible se produit pourtant dans l'objet de ses
recherches. L'Arithmétique et l'Algèbre, prédominantes jusque-là, vont
céder le pas au Calcul intégral.
» La transition se fait par un Mémoire célèbre sur l'équation du cin-
quième degré, dont il donne la résolution par les fonctions elliptiques.
)) Puis viennent les recherches sur l'interpolation, sur de nouveaux
modes de développement des fonctions en séries de polynômes, sur les
continuités des intégrales définies qui dépendent d'un paramètre, etc.
» Dans la théorie des fonctions elliptiques, M. Hermite découvre une
formule fondamentale qui permet de les décomposer en éléments simples
et, par suite, de les intégrer. Il étudie, le premier, les fonctions doublement
périodiques de seconde espèce.
» Nous arrivons enfin au Mémoire sur la fonction exponentielle, digne
couronnement de ses longues recherches sur les développements en frac-
tions continues. Il y fait voir que le nombre e est transcendant. M. Linde-
mann a reconnu depuis que le nombre tu l'est également. Le problème de
la quadrature du cercle, si vainement cherché pendant tant de siècles, est
donc démontré impossible.
» On peut légitimement revendiquer pour M. Hermite une part dans
ce beau résultat, car il a été obtenu en imitant la marche qu'il avait suivie
pour l'exponentielle. Or, on se ferait une idée bien incomplète du rôle des
grands esprits en les mesurant exclusivement sur les vérités nouvelles
qu'ils ont énoncées explicitement. Les méthodes qu'ils ont léguées à leurs
successeurs, en leur laissant le soin de les appliquer à de nouveaux pro-
blèmes qu'eux-mêmes ne prévoyaient peut-être pas, constituent une autre
part de leur gloire et parfois la principale, comme le montre l'exemple de
Leibnitz.
» Depuis bientôt un siècle nous travaillons à développer les germes
féconds que Gauss et Cauchy ont semés dans leurs écrits; il en sera de
même pour Hermite. Voici deux nouveaux exemples qui le prouvent :
» Le groupe remarquable de substitutions qu'il a rencontré dans ses
recherches sur la transformation des fonctions abéliennes sert d'élément
essentiel à la solution d'un problème tout différent, celui de la résolution
des équations par radicaux. Il apparaît encore dans la discussion de la
seconde variation des intégrales définies.
» Les formes quadratiques à variables conjuguées sont le fondement
( io5)
indispensable des recherches sur la réduction des formes les plus générales,
à coetficients réels ou complexes,
» M. Hermile aimait la Science pour elle-même et ne se préoccupait
guère des applications; elles sont venues spontanément et par surcroît.
A l'équation de Lamé, dont l'intégration constitue le dernier de ses grands
travaux, il a rattaché toute une série de problèmes de Mécanique : rotation
d'un solide; détermination de la courbe élastique; oscillations du pendule
conique.
M Pour se faire une idée exacte de la place que M. Hermite occupait
dans le monde mathématique, il faut avoir assisté comme nous aux fêtes
inoubliables de son jubilé en 1892, Tous ses amis, ses disciple», ses admi-
rateurs s'étaient donné rendez-vous à cette touchante cérémonie; toutes
les Sociétés savantes de l'Europe avaient envoyé des adresses ou des délé-
gués.
» La même année a vu le jubilé de Pasteur. Aujourd'hui Pasteur et
Hermite ne sont plus; il ne nous reste que le souvenir de leurs exemples
et leurs ouvrages, mais ceux-ci sulhsent à éterniser leur mémoire.
» Que l'on nous permette, en terminant, d'exprimer un vœu au nom de
la Section de Géométrie. L'œuvre d'Hermite est fort éparpillée; en dehors
des principaux Mémoires, elle contient beaucoup de lettres ou notes con-
cises dispersées rà et là, mais qui portent toutes la grille du lion. L'Aca-
démie s'honorerait et rendrait un grand service aux Géomètres en entre-
prenant la publication des OEuvres complètes de Charles Hermite. »
Notice sur M. Ailolphc Chatin;
par M. (iÎASTOx Iîoxxier.
« Notre Collègue M. Guignard, qui a succédé à M. Chatin dans la
chaire de Botanique de l'Ecole de Pharmacie et qui ensuite, comme lui, a
clé appelé à la direction de l'Ecole, n a j)u prendre la paiole aujourd'hui,
s'élant trouvé momentanément souffrant. J'ai été chargé par notre Section
(le le remplacer pour rappeler, devant l'Académie, la carrière et les tra-
vaux scientiliquos de notre regretté Confrère etdoyen, M. Adolphe Chatin.
» Gaspard-Adolphe Chatin est né à l'Ile-Marianne-de-Saint-Quentin,
près de Tidims (Isère), d'une famille peu fortunée. Après avoir fait des
études primaires très insuffisantes chez les maîtres d'école de TuUins, il
apprit les premiers éléments du latin avec l'abbé Périer, curé du canton.
( io6 )
En i83o, il entra chez le pharmacien Lombard, à Saint-Marcellin. Celui-ci
remarqua bien vite la prodigieuse puissance de travail de son jeune élève,
et facilita en i833 son départ pour Paris. Jl fut envoyé chez M. Briant,
pharmacien, qui l'admit dans sa famille et lui donna une chambre dans sa
maison. Là il reçut un accueil paternel, et M. Briant, qui sut apprécierles
aptitudes remarquables de Chatin, lui conseilla d'achever ses humanités et
de suivre un enseignement purement scientifique en même temps que les
études de Pharmacie. M. Chatin a gardé une grande reconnaissance pour
cet excellent homme ; il conserva pieusement la vieille montre de M. Briant,
que celui-ci lui avait laissée à cette époque comme souvenir.
» Les conseils de j\L Briant ne pouvaient être mieux suivis. En effet,
Adolphe Chatin passa avec succès son baccalauréat es Lettres, son bacca-
lauréat es Sciences, et fut reçu à la licence es Sciences. En i835, il était
nommé au Concoursde l'Internat des Hôpitaux; en 1839, il soutenait sa
thèse de docteur es Sciences devant la Faculté des Sciences de Paris; en
i84o, il passait sa thèse de Pharmacie; en 1841, il était Agrégé à l'École
de Pharmacie et y fut chargé, comme suppléant, du Cours de Botanique,
des Herborisations et de la direction du Jardin. En même temps, dans ses
études de Pharmacie, Adolphe Chatin remportait six premiers prix et deux
seconds prix; les six médailles d'or de l'École lui étaient décernées. En
i838, il avait obtenu aussi le premier prix au Concours entre les internes.
» N'ayant eu comme base première, à son arrivée à Paris, qu'une instruc-
tion secondaire incomplète, c'est en moins de huit années qu'Adolphe
Chatin avait acquis tous ces litres et remporté tous ces succès. De plus,
en 1844» ii était reçu docteur en Médecine.
» En 1848, les deux chaires de Botanique de Guiart et de Clarion
devinrent vacantes. 11 fut alors question de supprimer l'enseignement de
la Botanique à l'Ecole de Pharmacie. C'était l'effondrement des espérances
du jeune agrégé qui avait réorganisé le cours de Botanique de l'École.
C'était au^si peut-ètra la ruine de la carrière île Chatin qui, s'étant marié
quelques années avant, voyait avec inquiétude l'avenir de son jeune
ménage compromis. Fort ému par ce projet de suppression, M. Chatin alla
trouver Hippolyte Carnot, alors ministre tle l'Instruction publique. Il fut
reçu, le soir, au domicile particulier du ministre. La jeune madame Chatin
attenilait dans une voiture le résultat de l'entrevue. Son mari vint bientôt
la rassurer en lui a[)prenant que le ministre considérait l'enseignement de
la Botanique à l'Ecole comme indispensable.
» Toutefois, les tleux chaires de Botanique furent fondues en une seule.
( IU7 )
Présenté en seconde ligne par l'École de Pharmacie, qui lui préférait Payer,
Adolphe Chalin fut présenté en première ligne par l'Académie des Sciences
qui, à cette époque, était consultée pour les nominations à l'École de
Pharmacie. Cliatin fut nommé Professeur titulaire de Botanique,
» Déjà, de i845 à 1847, Adolphe Chatin avait été chargé, à la demande
de l'Ecole, des cours d'Anatomie comparée, d'Anthropologie et de Zoologie
générale. En 1848, il professa des cours populaires pour les ouvriers, qu'il
avait organisés lui-même à l'École de Pharmacie, sur la Cosmographie, la
Géologie et la Métallurgie. C'est à celte époque troublée qu'on peut citer
la courageuse conduite de Chatin comme sous-lieutenant de la i'* légion,
notamment à la chaude attaque du clos Saint-Lazare, où son sergent fut
tué à ses côtés.
» Depuis cette époque, le Professeur de l'École de Pharmacie put déve-
lopper son enseignement, réorganiser le Jardin botanique, et il dirigea,
avec l'entrain que l'on sait, de nombreuses excursions non seulement aux
environs de Paris, mais dans les parties les plus diverses de la France.
» En i8y3, Adolphe Chatm était nommé Directeur de l'École de
Pharmacie. Il j)renait sa retraite en 188G avec le titre de Directeur
honoraire.
» En 1874. il avait été élu Membre de l'Académie des Sciences à la
place laissée vacante par Claude Gav, et en 1897 il devenait Président de
l'Académie. Chatin avait aussi été élu Membre de l'Académie de Médecine,
Membre de la Société nationale d'Agriculture, et il faisait partie du Co-
mité des Travaux historiques au Ministère de l'Instruction publique.
» Adolphe Chalin avait conservé une grande affection pour le Dau-
phiné. Depuis sa retraite, il revenait plus souvent le visiter et la région de
ïuUins a fréquemment bénéficié de ses libéralités. Mais il retournait aussi
dans les belles monla£;nes des environs de Grenoble et surtout dans le
massif du Villard-de-Lans, oii il relrouvait ses amis d'enfance dans la fa-
mille Bertrand. Il revint à Grenoble pour la dernière fois en 1897, lors
des létes données en l'honneur du Président de la Republique.
» J'ai eu le grand plaisir de le rencontrer plusieurs fois dans mes
courses à travers les Alpes dauphinoises, et je recevais de lui un accueil
bienveillant, rempli de bonne humeur et marqué de traits d'esprit, en
même temps que je profilais des précieuses indications qu'il voulait bien
me donner sur certaines particularités de la végétation alpine. J'admi-
rais aussi .sa vaillance, sou ardeur toujours jeune pour la marche, sa cou-
( io8 )
viction toujours aussi grande pour la recherche des localités de telle
et telle espèce intéressante.
» Cette constitution robuste de « vieil Allobroge », comme il le disait
lui-même, devait cependant recevoir à la fin les premières atteintes de la
maladie. En septembre 1898, Adolphe Chatin, se sentant frappé, ne put
retourner à Paris ; il resta dans sa propriété des Essarts-le-Roi, près de
Rambouillet, entouré des soins les plus empressés de ses enfants. C'est
là qu'il s'éteignit petit à petit et sans souffrances. lient encore le bonheur,
pendant cette longue maladie, d'apprendre le succès de'son fils, M. Joanuès
Chatin, élu Membre de l'Académie des Sciences. Le i3 janvier J901, à
l'âge même qu'avait atteint son père, Adolphe Chatin exhalait doucement
son dernier soupir entre les bras de ce cher fils qui avait été la préoccupa-
tion et la joie de toute sa vie.
« L'œuvre d'Adolphe Chatin est beaucoup trop considérable. pour qu'il
me soit possible de la résumer ici. Son premier Mémoire de Botanique,
relatif à la Symétrie de structure des organes des végétaux, date de iSSy,
et il publiait en 1897 la dernière partie de ses Études sur la Symétrie des
faisceaux vasculaires du pétiole. Avec une connaissance bien plus appro-
fondie des faits, Chatin revenait ainsi, à soixante ans de distance, aux ques-
tions d'Anatomie qui avaient tout d'abord attiré son attention.
» On peut dire qu'il n'est pas une seule partie de la Science des végé-
taux qui n'ait été abordée par le savant botaniste. Morphologie externe,
Anatomie, Physiologie, Géographie botanique, Organogénie, Classification,
Cryptogamie, autant de divisions de la Botanique dans lesquelles viennent
se ranger d'importants travaux de l'Auteur. La caractéristique principale
de l'œuvre de Chatin est surtout dans la production d'idées originales, fer-
tiles en résultats, dans l'ouverture de voies nouvelles explorées ensuite avec
succès par les nombreux savants qui ont marché sur ses traces.
» Je citerai d'abord l'immense Ouvrage intitulé Anatomie comparée des
végétaux, dont la publication, restée inachevée, a commencé en i856, et
oii sont examinées successivement les plantes aquatiques, les plantes
aériennes, les plantes parasites et les plantes terrestres. A travers ces
recherches d'Anatomie comparée, on rencontre des observations péné-
trantes sur les diverses adaptations des végétaux et sur les modifications
profondes qu'éprouve la structure des êtres sous l'influence du milieu
extérieur. Ces longues recherches ont été l'origine première de cette nou-
( I09 )
velle branche de la Science qu'on nomme maintenant YAnatomie expéri-
mentale.
» Les changements de structure dans les parties aquatiques ou souter-
raines des plantes sont scrutes d'une façon très remarquable dans cette
suite de Mémoires; mais c'est surtout l'étude des plantes parasites qui en
constitue le mérite principal. Chatin met en évidence, pour les espèces les
plus diverses, les caractères de régression dus à l'influence du parasitisme.
Cette question des plantes parasites a d'ailleurs toujours occupé Chatin, et
il y revenait encore, en 1891, par une Note aux Comptes rendus où il
montre le premier que le parasite n'absorbe pas telles quelles les sub-
stances élaborées par l'hôte, mais en laisse de côté une partie pour digérer
et transformer le reste.
» L'un des premiers il a compris que, pour prendre toute la valeur
scientifique qu'elle comporte, la classification des plantes doit être fondée
aussi bien sur les caractères de leur structure que sur ceux de la forme
extérieure. Énoncée déjà par Mirbel au commencement du siècle dernier,
cette vérité n'est plus aujourd'hui contestée; elle est pour ainsi dire devenue
banale. Elle ne l'clait pas, tant s'en faut, en 1839, lorsque Chatin choisit
ce sujet pour sa thèse de Doctorat es Sciences. Depuis, dans les Mémoires
que je viens de citer et dans d'autres encore, il a développé tous les résul-
tats acquis successivement par lui dans cette voie. Aujourd'hui que l'étroit
sentier d'autrefois est devenu une large grand'route, il est juste de rendre
hommage à ceux qui y ont planté les premiers jalons.
» On doit encore à Adolphe Chatin un important Mémoire sur l'anthère,
qui a provoqué aussi de nombreux travaux sur la constitution et la déhis-
cence de l'étamine. Dans ces derniers temps, le savant botaniste a fait pa-
raître une série de recherches sur les Champignons du groupe des Tubé-
racées. notamment des Truffes, des Terfézées et des Tirmaniées. Ces
recherches ont été réunies en un Volume qui a paru en 1892.
» Parmi les travaux de Chatin sur des sujets choisis en dehors de sa
Science de prédilection, je mentionnerai seulement ses recherches rela-
tives à la présence générale de l'iode dans l'atmosphère et dans l'eau, qui
ont paru de i85o à 1860, et dont le travail in extenso est resté à l'état de
manuscrit dans les Archives de l'Institut. Tout récemment, notre Collègue
M. Gautier reprenait cette question avec les méthodes modernes d'analyse.
Tout en poussant beaucoup plus loin ses investigations et en précisant la
forme sous laquelle l'iode se présente à l'état naturel dans les diverses
circonstances, M. Gautier confirmait les résultats obtenus par Chatin.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 3.) Ij
( IIO )
» En somme, si l'on veut donner une idée de l'importance de l'œuvre
d'Adolphe Chatin, on peut dire qu'il est impossible d'établir la bibliographie
d'une grande question de Botanique sans avoir à prononcer son nom.
» Ce matin même, par exemple, une thèse remarquable a été soutenue
par M. Mirande devant la Faculté des Sciences de Paris. A chacun des
Chapitres de ce Mémoire, un nom revient toujours dans les citations : c'est
celui d'Adolphe Chatin. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influence de la substitution de l'alcool au
sucre alimentaire, en quantité isodyname, sur la valeur du travail muscu-
laire accompli par le sujet, sur son entretien et sut sa déoense; par M. A.
CuAUVEAU.
« Si, comme le prouvent les expériences dont il a été question dans la
dernière Séance ('), l'alcool ne montre qu'une aptitude extrêmement
limitée à servir de potentiel énergétique à la contraction musculaire, les
substitutions alcooliques qu'on opère dans les rations Jie peuvent qu'être
défavorables, soit à la production du travail musculaire, soit à l'entretien
du sujet, soit à sa dépense énergétique.
» Dans l'étude des échanges respiratoires, faite précédemment, on trouve
tous les éléments nécessaires pour se prononcer sur ce dernier point :
celui de la dépense. Mais c'est une autre partie de notre expérience de
trois cent quatre-vingt-neuf jours qui va nous renseigner sur la produc-
tion du travail musculaire et l'entretien du sujet. Il s'agit de la partie qui
s'étend du i5 avril au 3j juillet 1900. ('ommenrons par les enseignements
qu'elle fournit.
» Production du travail musculaire et entretien du sujet. — Des
cent huit jours qui séparent les deux dates ci-dessus, les cinquante-quatre
premiers ont été consacrés à l'élude des effets de la ration tvpe, SooS'' de
viande crue, 252^'' de sucre de canne; les cinquante-quatre derniers, à
l'étude de l'influence de la ration dans laquelle SoS"" d'alcool à 96" rem-
placent 84^' de sucre.
» On a, bien entendu, cherché à réaliser l'identité de toutes les autres
conditions expérimentales, entre autres celle de la durée du travail jour-
nalier, qui a été presque toujours très exactement limitée à deux heures.
» L'influence des deux rations a été appréciée de la manière à la fois la
(') Comptes rendus, t. GXXXII, p. 65.
( m )
plus simple et la plus sûre, c'est-à-diro par la longueur des parcours
accomplis, pendanl la période de travail dans la roue, et par l'entretien,
dont on jugeait d'après le poids.
» Première série {du 1 5 avril au ~ Juin ). — A limentation avec doo?' de viande crue
et 202^ de sucre. — Pendanl les cinquante-quatre jours de celte période, le sujet n'a
manifesté aucun signe de malaise. Sa santé a été parfaite. Il a toujours accompli son
travail avec une grande régularité, sans avoir besoin d'être excité par les appels de
son surveillant.
» Au milieu du temps consacré à cette série, c'est-à-dire le vingt-septième jour, le
sujet avait effectué un parcours total de 649''",35o, soit chaque jour, en deux heures,
une moyenne de 24''"',048. Voilà pour le travail accompli pendant cette première
période.
» Voici pour l'entretien : au commencement du premier jour, le sujet pesait
I9''8,o70; à la fin du vingt-septième jour, le poids atteignait 19^8,600. Le sujet avait
donc gagné 58oS'".
» La série complète terminée, c'est-à-dire à la fin du cinquante-quatrième jour, le
chemin total parcouru était de 1291'"", 920, c'est-à-dire une moyenne journalière de
23''"",g24. Quant au poids du sujet, il s'élevait à 2o''5,3i5, : gain total, i''s,245,
presque le quinzième du poids de début.
» Ainsi, non seulement le sujet avait trouvé dans sa ration l'énergie
nécessaire à son entretien et à l'accomplissement d'un travail musculaire
de grande valeur, mais il avait pu accumuler, sous forme de graisse, une
ré.serve de potentiel qui ne représentait pas moins de 11,763 calories ou
cincj millions de kilogrammètres environ.
» ÛECXIÈME SÉRIE {du Sj'ui/i au Si juillet). — Alimentation avec 5ooS'" de viande,
1686'' de sucre, do^'' d'alcool à 96° (3 du sucre de la première ration remplace par
une quantitc isody name d'alcool absolu). — La première partie de celte série a élé
conduite dans des conditions absolument identiques à celles de la série précédente,
sauf pour la composition de la ration. Ainsi, pendant vingt-sept jours, du 8 juin
au 4 juillet, le sujet a reçu chaque jour, avant le travail, la ration qui doit permettre
d'étudier les efTets de la substitution de l'alcool au sucre. D'autre part, le travail mus-
culaire demandé au sujet a consisté dans une course de deux heures au trot allongé à
l'intérieur de la roue ad hoc.
» Il faut dire de suite que les résultats ont été nettement désavantageux.
» Malgré les excitations et les appels incessamment réitérés du sur\'eillanl, le chien
n'a accompli, au bout de ses vingt-sept jours, qu'un parcours de 504""", 018, soit une
mojenne journalière de i8'"",666 en deux heures exactement. Pendant la période
correspondante de la première série, cette movenne avait été de 24''°',o48. Diffé-
rence : S*"", 382. C'est un déficit de 22 pour 100. Il est considérable.
» D'un autre côté, aucune réserve de potentiel n'a été faite par le sujet. Le poids,
le premier jour de l'expérience, était de 2o''8,3i5; la pesée a donné, à la fin du vingt-
septième jour, 2o''s, 200. L'entretien s'est donc effectué d'une manière à peine, suffi-
sante.
( I>2 )
» Ij'infériorité de l'alcool sur le sucre se traduit dans ces résultats avec
une si grosse évidence qu'on s'est demandé, avant de poursuivre l'expé-
rience, si l'intervention de quelque cause accidentelle, étrangère à ses
conditions régulières, n'aurait pas contribué à cette infériorité. En tout
cas, une telle cause ne saurait être cherchée dans le sujet lui-même, dont
la santé continuait à être absolument parfaite, malgré l'état de légère
ébriété dans lequel il s'était trouvé chaque jour pendant quelques heures.
Mais la température ambiante s'était, dans les derniers temps, notablement
accrue. Ne serait-ce pas cette condition extérieure au sujet qui lui aurait
rendu le travail musculaire plus difficile et plus onéreux?
» Pour s'en assurer, on se décide à faire alterner les deux régimes semaine par se-
maine, pendant le temps qui reste à courir pour compléter les cinquante-quatre jours
de la deuxième série expérimentale. Les choses sont disposées de manière à comparer
la première semaine (sucre seul) avec la deuxième (sucre et alcool) ; puis la troisième
semaine (sucre seul) avec la quatrième (sucre et alcool). Pour celte dernière compa-
raison, la chaleur étant devenue très forte, on a réduit le nombre des heures de travail
afin d'éviter d'avoir à compter avec les malaises qu'elle aurait pu provoquer chez le
sujet d'expérience. On a résumé, dans le Tableau suivant, les résultats de cette double
comparaison :
Raliuns :
Soo^' de viande.
îSsï' de sucre,
1'° semaine
(du 5 au n juillet).
a. Temps consacré au travail . . i^^ , ooo
b. Parcours total dans la se-
maine i52'"",436
c. Parcours moyen en une heure
de travail io'"",888
d. Poids initial 2o''b, 200
e. Poids final 2o''s,6oo
f. Différence entre d eV e Gain ; -|-o''e, 4oo
3° semaine
(du ly au 20 juillet ).
a. Temps consacré au travail . . 10'' , 4 16
b. Parcours total dans la se-
maine Bii^'^jiBô
c. Parcours moyen en une heure
de travail 7'"", 794
d. Poids initial ig''^, 800
e. Poids final . 2o''8,58o
/. Différence entre c? et e Gain : -t-o"'?, 780
5oo'' de viande.
i68e' de sucre.
48s' d'alcool.
2' semaine
( du 12 au iS juillet).
I 4'' ; 000
Observations.
110'
'"" ''44 ) Travail beaucoup plus
' avantageux avec le
SUVtlll
sucre sans alcool.
2o'*s,6oo ) Entretien beaucoup
ig'^SjSoo > plus avantageux avec
Perte: — o''s 800 ) le sucre sans alcool.
7^'",87^1
4° semaine
(du 26 au 3i juillet).
61-
Perte
74''", 892 ] Travail plus avanta-
\ geux avec le sucre
sans alcool.
Entretien beaucoup
2o''8, i55 \ plus avantageux avec
— o''6,425 ) le sucre sans alcool.
,901
,58o
( "3)
» Ces résultats sont absolument décisifs. Ils démontrent avec la plus
girande évidence qii'on est autorisé à accorder toute confiance aux conclu-
sions tirées de la longue étude faite dans la première série des présentes
expériences (cinquante-quatre jours) et la première partie de la deuxième
série (vingt-sept jours), pour comparer le sucre et l'alcool substitué au
sucre comme source de l'énergie employée à l'exécution du travail mus-
culaire.
» Les résultats de cette comparaison sont des plus significatifs. Ils
montrent que la substitution de l'alcool au sucre est une opération désavanta-
geuse. Avec cette substitution, la valeur du travail physiologique des muscles
diminue et le sujet s'entretient moins bien.
« Dépense du sujet. — Répétons que c'est la série des expériences où
a été faite la détermination des échanges respiratoires qui a fourni les
documents de cette étude de l'intluence des substitutions alcooliques sur la
dépense. Ils sont exposés dans le Tableau suivant :
Comparaison de la dépense énergétique et du travail musculaire, dans les cas
de ration viande et sucre avec ou sans substitution partielle d'alcool.
A. — Dépense horaire moyenne pendant le repos.
I. Ration U. Ration
sans alcool. avec alcool.
III lit
CO» exhalé 7,980 7,933
0= absorbé 8,828 9,111
B. — Dépense horaire moyenne pendant te travail.
GO' exhalé 55,255 44,882
O» absorbé 07,378 48,625
G. — Travail moyen à l'heure.
km km
Chemin parcouru 11 ,766 8,958
1). _ liapport de la dépense horaire moyenne, effectuée pendant le repos,
au parcours qui représente la valeur du travail horaire moyen.
GO'exhalé 7,980 7,983
-=0,678 —:= 0,885
Ghemin parcouru 11,766 8,958
O- absorbé 8,828 9,111
= 0,750 =11,017
Ghemin parcouru 11,766 8,953
( ii4 )
E. — Rapport de la dépense horaire moyenne, effectuée pendant le travail même
des muscles, au parcours qui représente la valeur de ce travail.
CO- exlialé 55,23.5 44)882
• ^ 4 ! 696 = 5 , oo4
Chemin parcouru 11,766 8,g58
O- absorbé 07 , 878 48 , 623
-^^^=4,826 =5,428
Chemin parcouru 11,766 8,058
F. — Valeur proportionnelle de la consommation de O-, en partant de 1 pour
la valeur du rapport de l'oxygène absorbé au chemin parcouru, pendant le
repos avec la ration sans alcool.
Consommation ( «. Pendant repos 1,000 i,356
de O- i b. Pendant travail 6,434 7 >237
» Ainsi le rapport de la dépense au travail est plus favorable quand il
n'y a pas substitution d'alcool dans la ration. L'avantage est de ^ pendant
les courtes heures de travail et peut s'élever jusqu'au tiers quand la com-
paraison porte sur la dépense des longues heures de la période de repos.
« Conclusions. — La substitution partielle de l'alcool au sucre, en pro-
portion isodyname, dans la ration alimentaire d^un sujet qui travaille, ration
administrée peu de temps avant le travail, entraîne pour le sujet les consé-
quences suivantes :
V 1° Diminution de la valeur absolue du travail musculaire;
» 2° Stagnation ou amoindrissement de l'entretien;
» 3" Elévation de la dépense énergétique par rapport à la valeur du travail
accompli.
» En somme, les résultats de la substitution se montrent à tous les points de
vue très franchement défavorables. »
PATHOLOGIE. — De l'influence du climat sur l'évolution de la Tuberculose
pleuro-pulmonaue expérimentale; par MM. Laîuxelongue, Aciiard et
Gaillard (').
« L'influence des conditions climatériques sur l'évolution du processus
tuberculeux est assez mal déterminée. Assurément, en certaines contrées
(') Une partie de ces recherches a été communiquée au Congrès de Naples contre
la tuberculose (avril 1900) et insérée dans le Bulletin médical du 2 mai 1900,
( ii5)
la tuberculose est relativement rare; mais cette rareté paraît tenir moins à
leur climat qu'au genre de vie de leurs habitants, à l'absence de grandes
aggloméralions humaines, et surtout de fovers importés.
» Sans doute encore, en séjournant dans certaines stations réputées pour
la cure de la phtisie, des sujets atteints de cette maladie peuvent voir leur
état s'améliorer, guérir même; mais, là non plus, l'influence du climat
n'est pas seule à s'exercer : il faut compter encore avec l'action des divers
traitements mis en œuvre, avec celle du changement de milieu, d'hvgiène,
d'alimentation. D'ailleurs on ne saurait méconnaître quelles différences
profondes séparent, sous le rapport des conditions météorologiques, les
localités auxquelles on attribue ces vertus curatives, puisqu'une faveur à
peu pn";s égale s'attache aux régions élevées et froides aussi bien qu'à des
lieux situés au bortl de la mer et jouissant d'une température tloucc.
» L'observation clinique n'apportant que des données peu précises à la
solution de ce problème, nous avons tenté de l'aborder par le côté expé-
rimental.
» Les expériences consistaient à inoculer dans la plèvre, en même temps
et de la même façon, trois cents cobayes tous mâles, répartis en six lots,
avec une égale quantité d'une émulsion de tuberculose humaine et à
soumettre immédiatement après chaque lot à des influences climatériques
différentes, les autres conditions de logement commun à chaque lot et
d'alimentation restant aussi pareilles que possible. (Voir, pour plus de
détails et de renseignements précis, le Bulletin médical, du i mai 1900,
p. 407).
» Deux séries d'expériences ont été faites. Dans une première, de cent
cinquante cobaves répartis eu trois lots d'un poids égal, un lot avait été
conservé au laboratoire de Palholoi^ie externe de la Faculté de Médecine
de Paris, un autre avait été envoyé au bord de la mer, aux Grandes-
Dalles, entre Fécamp et Saint-Valery, et le troisième à la campagne dans
les terres, à Valmont, également près de Fécamp. L'expérience prit Çu\ le
\\ novembre 1900, les six cobaves survivants du lot du laboratoire ayant
été tués accidentellement par un chien. Il restait alors trois cobayes au
bord de la mer et un à la campagne; ces animaux furent alors sacrifiés.
» L'examen des courbes de mortalité montre que celle du lot de la cam-
pagne s'est, dès le début, maintenue un peu plus élevée que les autres.
Celles-ci ont gardé plusieurs mois la même direction; puis, vers le mois de
décembre 1899, celle de la mer a déGnitivement dépassé celle du lal)o-
ratoire.
( ii6 )
)) Dans une seconde expérience, commencée le 22 juin 1899, un pre-
mier lot fut conservé au laboratoire, un deuxième fut envoyé dans la mon-
tagne, au Thiolent, près du Puy, et le troisième dans les bois de l'Isle-Adam.
Ce dernier lot ayant été prématurément détruit ne peut entrer ici en ligne
de compte. Pour les deux premiers l'expérience prit fin le 12 sep-
tembre 1900, pour le même motif que précédemment. Il restait alors
onze cobayes au laboratoire et quatre au Thiolent. C'est donc au lot du la-
boratoire que restait encore l'avantage. De plus, l'examen des courbes de
mortalité montre que celle du lot de la montagne s'était maintenue pendant
le premier été un peu au-dessus de celle du laboratoire; aux premiers
froids, en octobre, elle l'avait rapidement dé|)assée, s'en tenant assez
éloignée pendant tout l'hiver; puis elle tendait à s'en rapprocher pendant
le second été.
» En somme, dans les deux expériences, l'avantage reste aux lots du
laboratoire, malgré les conditions en apparence défavorables que créaient
l'exiguïté de l'espace, le peu de ventilation, l'absence de lumière, la per-
manence de l'humidité, l'abondance des vapeurs ammoniacales. Le froid
et les changements de température paraissent surtout avoir agi défavora-
blement, tandis que l'égalité de température, l'immobilisation plus grande
des animaux du laboratoire semblent avoir exercé une influence salutaire.
» Un autre fait, d'un ordre tout différent, se dégage encore de ces ex-
périences. Dans chacun des lots, tous les cobayes ont été inoculés le même
jour, de la même manière, dans la plèvre, avec le même virus. Or chez les
animaux d'un même lot, l'évolution de la tuberculose a présenté de très
grandes différences.
» Nous ne parlons pas seulement ici des formes anatomiques de l'infec-
tion, ni de la variété des lésions dans les difïérents organes. Nous nous
proposons, d'ailleurs, de revenir ultérieurement sur les plus intéressantes
de ces lésions. Mais, à n'envisager même que l'évolution générale du pro-
cessus tuberculeux, nous trouvons parmi les animaux de chaque lot de
grandes dissemblances.
» Sans doute, dans le cours d'une infection relativement lente, bien des
circonstances accidentelles peuvent survenir qui en précipitent la marche
ou qui déterminent la mort par une cause tout à fait indépendante. Toute-
fois, comme les conditions extérieures étaient aussi semblables que pos-
sible pour les animaux d'un même lot, il semble bien que les diiïérences
dans l'évolution de la tuberculose aient été dues -surtout à des causes in-
ternes, inhérentes à l'organisme, en d'autres termes au terrain. Tandis que
(II? )
certains cobayes mouraient [de tuberculose généralisée au bout de six se-
maines, au contraire, chez quelques autres, au bout de quinze et dix-huit
mois, les lésions n'étaient que minimes et étaient restées localisées au
thorax. C'est ainsi qu'à la fin des expériences, trois cobayes du lot de la
mer, trois du lot de la campagne et quatre du lot du laboratoire n'avaient
que des lésions très discrètes. Et il en était de même, dans la seconde
expérience, ]iour un cobaye du lot de la montagne et pour trois de celui
du laboratoire.
» La résistance remarquable que certains cobayes ont présentée à la
généralisation de la tuberculose pouvait-elle aller jusqu'à la guérison
complète et à la disparition de la virulence? Cela reste douteux pour un
certain nombre d'animaux qui sont morts sans présenter de lésions macro-
scopiques évidentes, mais dont les organes n'ont été ni inoculés ni exa-
minés histologiquement. Toutefois, dans la première expérience, les
organes des trois derniers animaux de chaque lot ont été inoc(dés à des
cobayes sains; or ces inoculations ont fourni des résultats négatifs pour
trois cobayes : deux d'entre eux, a|)partenant, l'un au lot du labor,\loire,
l'autre au lot de la mer, ne présentaient pas de lésions macroscopiques;. le
troisième, appartenant au lot de la campagne, avait dans ses poumons de
très petits tubercules grisâtres. Il semble donc que, pour ces trois animaux
au moins, l'infection avait avorté ou avait spontanément guéri.
M Ces faits expérimentaux peuvent être rapprochés de ceux qu'on
observe en pathologie humaine. L'évolution de la tuberculose chez
l'homme est éminemment variable suivant les sujets et des formes très
diverses de la maladie se rencontrent indépendamment du climat et de
l'altitude. La résistance à l'mfeclion et la guérison s'observent seulement
avec une fréquence beaucoup plus grande chez l'homme que dans nos
expériences, ce qui s'explique suffisamment, d'ailleurs, par la réceptivité
plus considérable du cobaye à la tuberculose et par la dose relativement
forte de virus que nous inoculions à nos animaux. »
MÉCANIQUE . — Sur la condition supplémentaire en Hydrodynamique.
Note de M. P. Duiiem.
« On sait que les équations de l'Hydrodynamique prises, par exemple,
sous la forme d'Eiiler, donnent quatre relations entre cinq variables : la
pression n, la densité s, les composantes u, r, w de la vitesse. Si le fluide
C. R., .901, I" Semestre. (T. CXXXU, N* 3.) 16
( Il« )
est incompressible (p = const.), ces variables se réduisent à quatre et le
problème est mis en équations. Dans les autres cas, l'énergétique fournit
une cinquième relation que nous écrirons, en nous servant des notations
de notre Mémoire sur le polenliel thermodynamique et la pression hydro-
statique ('),
» Elle introduit une nouvelle variable, la température T, ce qui exige,
pour que le problème soit mis en équations, une relation supplémentaire .
M. Jouguet (') a montré récemment que, pour que les théorèmes sur le
mouvement tourbillonnaire fassent exacts, cette relation devait être établie
de telle sorte que l'entropie S(p,T)fl^/?i de la masse dm devînt une fonc-
tion tie la seule variable T; la relation — 7^— = — ES permet de rem-
placer cette condition par une condition analogue relative à la fonction
(H
» ' peut être une fonction de la température seule par elle-
même; c'est ce qui arrive si le fluide a une densité invariable (p ;:= const.),
ou bien s'il est incompressible, mais dilatable par la chaleur [p =y(T)].
» — ^ — peut encore devenir fonction de la seule variable T dans un
autre cas. Supposons que le fluide soit dénué de viscosités que les modifi-
cations de chaque élément soient adiabatiques; elles seront, en même
temps, isentropiques ; y^, i\ura, pour chaque élément dm, une valeur indé-
pendante du temps t; on aura — —^ — — yj', — —> p^, T„ étant la densité
et la température du même élément dm à un certain instant t^ du mou-
vement.
» Si, par exemple, le système est parti, à l'instant /„, d'un état oia il
était en équilibre et soumis à des actions appliquées exclusivement à sa
surface, po, T^, ont alors, dans tout le fluide, des valeurs constantes;
(') Le potentiel thermodynamique et la pression hydrostatique {Annales de
l'Ecole ISorniale supérieure, 3° série, t. X, p. i83; i8q3).
(-) JouGL'ET, Le théorème des tourbillons en Thermodynamique {Comptes rendus,
t. CXXXI, p. 1190; 2.4 décembre 1900).
( TI9 )
' >-p = consl. Mais il n'en est pas de même, en générai, dans un mouve-
ment isentropique quelconque. Si, par exemple, à l'instant /„, le fluide était
en équilibre sous l'action de forces appliquées aux divers points de sa
masse, T,, y a partout la même valeur, mais p^ varie d'un élément dm à un
autre, et 1 on a — '^— = /( p„).
» Ces remarques ont leur importance lorsque l'on veut préciser les con-
ditions dans lesquelles un théorème d'Hvdrodvnamiquc est exact.
» I. Supposons un fluide sans viscosité, soumis à des actions newto-
niennes ou non, Çî^ étant le potentiel des actions extérieures (supposées
conservatrices) et V, la fonction potentielle des actions intérieures. On ob-
tient sans peine V équation des forces vives
dt
i2<, 4- ^ j \ idm -t- / 'ii^, '\)dm -t- ^- f (u- -+- »- -j- u--) r/z/i 1
/
— ^^l , dm := o.
d \ (Il
)) Cette équation lonruit une intégrale première des équations de l'IIy-
drodynamii|ue : i" pour un fluide incompressible, dilatable ou non parla
chaleur: p=/(T); 2" pour lui mouvement isothermique : -^ — o;
3" pour un mouvemmt isentropique quelconque : r^ ne dépend pas de /.
» II. Considérons, pour des actions ncwloniennes ou non, avec les nola-
tions de notre Mémoire sur le potentiel thcrmo lynamique et la pression
hydrostatique, l'égalité, facile à obtenir,
et deux analogues.
» Les seconds membres sont les trois dérivées partielles d'une même
fonction des coordonnées : 1" pour lui fluide incompressible, dilatable ou
non par la chaleur; 2° pour un mouvement où la température est à chaque
instant uniforme dans toute la masse; 3° pour un mouvement isentropique
à partir d'un état initial où la densité et la température sont les mêmes dans
toute la masse.
» Ces conditions sont celles où l'on peut démontrer le théorème de La-
grange et les théorèmes sur le mouvement tourbillonnaire, comme l'a
( I20 )
indiqué M. Jougnet; ce sont aussi celles où un petit mouvement pendu-
laire simple admet un putentiel des vitesses.
» Ces théorèmes ne peuvent être légitimement employés hors des con-
ditions précitées; ainsi, ils ne sont point rigoureusement exacts pour les
mouvements sonores dans une atmosphère soumise à l'action de la pesan-
teur.
>> m. — Pour un mouvement isentropique quelconque, on a
p d.r "' ' da: dx
L ^Po<?T„ ■ ^ —
^ 0
djc- ' ôTl dx
» Supposons qu'au point (oc, y, z). à l'instant t, passe une onde du
premier ordre pour les fonctions m, t', «>, II, p, T, tandis qu'à l'instant /„
ce point n'était pas sur une onde; pour les deux intégrales qui, à l'instant t,
se rencontrent sur cette onde, le terme f — , ' ■ ° ~ -{ v" "- --5
L apo o i ûx (>T- dx J
a sur cette onde la même valeur. Dès lors, la méthode indiquée par
Hogoniot s'applique à la détermination de la vitesse de propagation d'une
telle onde. En particulier, elle permet de calculer la vitesse d'une onde
sonore dans une atmosphère soumise à la pesanteur. Les conditions de
l'application de la méthode d'Hiigoniot sont les mêmes que les conditions
d'existence de l'intégrale des forces vives.
» Hugoniot avait indiqué ( ' ) que les équations de Lagrange permettaient
celte extension de sa méthode; d'ailleurs, dans le développement des cal-
culs, il avait omis les termes qui eussent justifié cette assertion; contrai-
rement à ce que pensait Hugoniot, les équations d'Euler se prêtent égale-
ment à cette extension. »
CORRESPONDANCE.
L'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, I'Académie royale dei
LixcEi, la Société des Naturalistes de Varsovie adressent à l'Académie
l'expression de leurs profondes sympathies à l'occasion de la mort de
M. Hermite.
(') H. Hugoniot, Mémoire sur la propagation du mouvement dans un fluide
indéfini (seconde Partie) {Journal de Mathématiques, 4° série, t. IV, p. i53; i888).
( 121 )
M. Mascart annonce à l'Académie la mort récente de M. Zenobe
Gramme, dont le rôle a été si important dans le développement de l'Indu-
strie actuelle de l'électricité. L'Académie a accueilli les premiers travaux
de M. Gramme et lui a décerné ses plus hautes récompenses; elle ne peut
que s'associer au deuil que cause à la Science et à l'Industrie la disparition
du célèbre inventeur.
M. le Secrétaire perpétcel signale, parmi les pièces de la Correspon-
dance :
1° Un Volume intitulé « Crania suecica antiqua » ; par M. GuslafRelzius;
2° Un Volume de M. Frédéric Houssay, portant pour titre : « La Forme
et la Vie ; essai de la méthode mécanique en Zoologie » ;
3° Les Tomes IV et V des « Atuiales de l'observatoire météorologique,
physique et glaciaire du mont Blanc (altitude 4-^58'") », publiées par M. /.
Va/lut, fondateur et Directeur de l'observatoire. (Présenté par M. de Lap-
parent.);
4° Un Volume intitulé : « Congrès international pour l'étude des ques-
tions d'Education et d'Assistance des sourds-muets, tenu les 6, 7 et 8 août
I yoo. Compte rendu des travaux, par IM. le l)'' Ladrcit de Laeharrière. » (Pré-
senté par M. Alb. Gaudry.)
ASTRONOMIE. — Sur les planètes télescopiques. Note de M. H. du Licovoès,
présentée par M. O. Callandreau.
« Dans une Note présentée à la séance du 3o avril igoo, M. de Freycinet
a semblé révoquer en doute l'influence de Jupiter sur la génération des
planètes télescopiques et sur les alternances de leur répartition autour du
Soleil. Je voudrais essayer de faire ressortir cette influence et de l'expliquer
d'après l'hypothèse cosmogonique dont j'ai exposé ici-même les grandes
lignes. A cet effet, j'ai tracé un graphique destiné à donner une idée de la
distribution des petites planètes supposées placées à leur distance moyenne.
Les abscisses représentent les distances au Soleil fractionnées en centièmes
du rayon de l'orbite terrestre, et les ordonnées sont proportionnelles au
nombre de planètes contenues dans chaque fraction ('). J'ai indiqué pour
(') Ces planètes, dont les éléments ont été empruntés à V Annuaire du Bureau des
Longitudes pour 190 1, sont au nombre de 449-
( 122 )
quelques distances les durées de révolution correspondantes, rapportées
à celle de Jupiter.
I.!0 2
» La zone de circulation des planètes télescopiques qui s'étend, sur près
de 35o millions de kilomètres, depuis la distance 1,9^ jusqu'à 4.26, est
tellement grande que l'on doit écarler rhv|>othèse de la formation de ces
astéroïdes par la rupture d'un ou même de plusieurs anneaux. On voit, il
est vrai, dans la répartition des orbites, quelques groupements dont le
principal est à hauteur de la distance 2,76; mais, outre que dans chaque
groupement la densité de la matière est tro[) faible pour avoir constitué un
anneau continu, les planètes qui s'y trouvent ont des inclinaisons variant
quelquefois deo°à 3o° et des excentricités allant jusqu'à près de o, 35. On
ne s'explique pas comment les débris d'un anneau circulaire, à peu prés
plat, auraient pu subir une pareille dispersion.
» Dans notre hypothèse de ia génération des planètes par aggloméra-
tions successives de matériaux circulant à l'intérieur de la nébuleuse so-
laire, sur des orbites un peu obliques à son équateur, cette répartition, en
apparence désordonnée, paraît toute naturelle. La réunion en un seul
globe de ces amas de matière a pu se faire pour ceux qui n'ont subi dans
leur mouvement circulaire aucune perturbation sensible; mais elle a dû
être empêchée pour toutes les petites agglomérations situées dans la sphère
d'action de Jupiter, la plus grosse de toutes les planètes. La pesanteur in-
terne étant encore très faible au début de la formation des planètes, ces
perturbations ont atteint des valeurs considérables, et telles ont dû se faire
sentir principalement aux distances qui dounait-nt des durées de révolution
en rapport simple avec celle de Jupiter (périodes r,, j, ',,•■■)• Or, pendant
la formation, les points correspondant à ces périodes étaient plus rappro-
chés du centre, et ils se sont avancés graduellement à la place qu'ils
( 123 )
occupent aujourd'hui. Aussi voit-on apparaître, sur le graphique, des vides
et des alternances qui donnent l'impression de coups de hache successifs
portés dans la matière nébulaire. Ces inégalités se manifestent surtout en
deçà des points où se trouvent actuellement les rapports simples.
» La comparaison des inclinaisons et des excentricités des orbites fera
encore mieux ressortir l'influence variable de Jupiter.
» Voici un Tableau qui donne la distribution des petites planètes dont
l'inclinaison de i'orblle est supérieure à 20°.
3,19
3,. 8
3 , 79 3,18
2,77 3,i4
3,09
2,37
3,33
2,32
■i,.U
2.3l
2,i0
2.
/ /
3, .4
2,75 3,11
2,74 3,11
1,94 . . . 2.3i 2,4o 2,5i 2,63 2,73 2,89 2,99 . 3,11 . 3,39
JL 1 2 X
* a 5 j
» Ces astéroïdes sont à la fois numérotés et disposés d'après leur distance
au Soleil. On voit que les orbites les plus inclinées sont groupées en deçà des
points correspondant aux périodes simples; elles ont, pour ainsi dire, été
rejclées en dehors par une force agissant obliquement sur leur plan |)ri-
mitif. De semblables déviations ne peuvent s'expliquer que dans l'hypo-
thèse d'une obliquité primordiale de l'orbite.
» Le Tableau suivant, oii sont reportées toutes les orbites d'excentricité
2,69
2.68
■î . 67
2,67
2,59 2,66 2.79
2,57 2,66 2,79
2,57 2,64 2,77
3,35 2,56 3,64 2,76 2.86
2.33 2,42 2,55 2,63 2,74 2,86 3,i4
2,i5 . 2,32 2,40 2,51 2,60 2,71 2,83 3,91 3,o3 3,i3 . 3,39
supérieure à o,25, nous montre que la plupart d'entre elles se placent
( 124 )
entre 2, 5 1 et 2,790. Ce gioupement ne paraît pas compatible avec l'hy-
pothèse de la génération des petites planètes par rupture d'anneaux prove-
nant de l'atmosphère du Soleil. Dans ce cas, les orbites les plus excen-
triques seraient les plus voisines de la planète troublante; or, c'est à peu
près le contraire qu'on observe. D'après la théorie opposée, de la généra-
tion des planètes à l'intérieur même de la nébuleuse solaire, on peut très
bien admettre que la plupart des agglomérations formées au début, dans le
voisinage rapproché de Jupiter, ont eu leur orbite excentrée an point de
finir par s'incorporer à la grosse planète. Les comètes de la famille
de Jupiter sont peut-être des résidus échappés à cette absorption. Dans la
suite, lorsque l'attraction centrale est devenue prépondérante, les nou-
velles agglomérations formées dans les mêmes ])arages, au delà de 2,70
environ, ont pu s'y maintenir en subissant toutefois, dans leur orbite
primitivement à peu près circulaire, des déformations de moins en
moins importantes. De ce nombre est la planète 27g, Thule, à la distance
de 4.26, avec une faible excentricité de 0,080 et une légère inclinaison
de 2° 22'. ))
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur Une généralisation d'un théorème
de M. Picard. Note de M. S. Kantor, présentée par M. Picard.
« On sait que M. Picard a énuméré au Vol. 100 du Journal de Crelle les
surfaces de l'espace R3, dont toutes les sections planes sont unicursales
algébriques. La recherche des types des complexes de courbes rationnelles
en E;., dont je me suis occupé, m'a conduit au théorème suivant qui est la
continuation de celui de M. Picard :
» Les Mr_, de R^ qui ont toutes les courbes planes (^sections par les R2) uni-
cursales sont :
>. i. LesW;_^.
» 2. Les M;._,, qui sont composées par une série unicursale de Rr_2-
» 3. Les M'^,, qui sont des cônes projetant d'un R^^j une surface biqiia-
dratique de Steiner.
» De l'existence des 00' c^' courbes planes unicursales on déduit
(') Les chiffres en caractères gras s'appliquent aux planètes dont l'excentricité
surpasse o, 3.
( T25 )
d'abord ( ' ) la possibilité (implicite aii moins) de représenter la M^.,, point
par point algébriquement sur le Rr-i- On s'appuie à cet effet sur le lemme
suivant :
» Si une Mr_, contient un complexe oc'^ - d'indice i de courbes unicur-
sales et si ce complexe en lui-même est un ensemble unicursal, la M^ , est
elle-même unicursale.
» Pour démontrer ce lemme, je transforme la M^_, par une simple con-
struction géométrique en une autre, où les qo''~* courbes unicursales sont
contenues dans un complexe y:^''~' de courbes rationnelles remplissant l'es-
pace R^. Cela fait, j'applique le principe dit de la conservation du nombre,
pour conclure que toutes les propriétés de genre, tous les nombres, ordres,
rangs, etc., qui s'y rapportent ne changent pas, si les diverses variétés de
base du complexe se décomposent, soit jusqu'à ce qu'il n'y ait que des
droites, des plans, des R,, . . ., R,, . . ,, Rr_o d'appui pour les courbes du
com[)lexe et, par suite, pour les courbes en question de la M^.,. Une M^.,
affectée ainsi se transformera simultanément avec le complexe, et celui-ci
ayant des transversales uniponctuelles et pouvant se transformer en con-
séquence en un complexe -xf^* de droites ou, ce qui est la môme chose, en
un sysième de cc'"^' droites par un point O, la M^., se transformera ainsi
en un cône rayonnant de sommet O et unicursal, parce que la variété des
3c'~- droites qui le constituent est unicursale. Ainsi les nombres différents
qui sont décisifs pour l'unicnrsalité (et il y en a toujours) sont les mêmes
pour ce cône et pour la M^^, et celle-ci sera unicursale par conséquent.
» Or la représentation de la M^., devant fournir pour les images des
courbes planes un complexe de courbes rationnelles engendrées par un
système qo'' de variétés M^-j en R^-i, il ne reste qu'à chercher les types de
ces complexes. C'est ce que j'ai réussi à faire et de là résute le théorème
énoncé plus haut. Quant au lemme qui intervient dans cette démonstra-
tion, on trouve, au Vol. XLIX des Math. Ann., que M. Enriques dit
qu'une M3 est rationnelle lorsqu'elle contient une congruence linéaire
de coniques. Mais ce qu'il dit à la page 17 de ce Mémoire ne me paraît
pas concluant. En effet, on ne peut pas éviter que la détermination des
co' courbes, qui sont les sécantes uniponctuelles de Nother {Math. Ann.,
Bd III) sur les qo' surfaces, comporte des irrationalités essentielles.
L'existence d'une M^ qui rencontre toutes les coniques en des points
(') La démonstration complète du théorème est contenue dans un Mémoire, qui va
être publié par V American Journ. oj Malhematics.
G. R., 1901, I" Semettie. (T. CXXXII. fi' 3.) I7
( 126 )
isolés se trouve sous-entendue, et c'est seulement avec une telle M^ que la
démonstration peut s'achever. Mais une telle M, n'existe pas toujours,
comme par exemple pour la congruence de coniques, qui fut étudiée par
M. Montesano et que signale d'ailleurs M. Enriques. »
CALCUL DES PROBABILITÉS. ~ Sur un théorème du Calcul des probabilités.
Note de M. A. Liapounoff, présentée par M. Picard.
« Le théorème dont il s'agit ici se rapporte à la formule connue de La-
place et Poisson, qui sert à l'évaluation approchée de la probabilité pour
que la somme d'un grand nombre de variables indépendantes, soumises au
hasard, soit comprise entre certaines limites. D'après le théorème en
question, cette formule doit donner la limite vers laquelle tend la proba-
bilité, lorsque le nombre des variables augmente indéfiniment.
» On sait que ce théorème fut l'objet d'un grand nombre de recherches.
Mais, jusqu'à celles de Tchebychef, on n'en avait pas de démonstration
suffisante, sauf quelques cas très particuliers. Tchebychef eut l'idée ingé-
nieuse d'y appliquer les résultats de ses recherches sur les valeurs limites
des intégrales [Travaux savants (Zapiski) de l'Académie des Sciences de
Saint-Pétersbourg, t. LV, supplément n° 6], et, plus tard, la question fut
reprise par M. Markoff, qui a donné à la méthode de Tchebychef tout le
développement qu'elle exigeait (^Bulletin de l'Académie des Sciences de
Saint-Pétersbourg, 5^ série, t. IX). De cette manière le théorème fut établi,
dans certaines conditions, en toute rigueur.
» Toutefois, la démonstration ainsi obtenue était trop détournée. D'ail-
leurs les conditions mentionnées, qui étaient imposées par la méthode et
non pas par la nature de la question, ne paraissaient pas aussi générales
que possible. Il était donc désirable d'examiner la question de nouveau,
en suivant une autre voie, pe qui m'engagea à entreprendre son étude. Je
me suis arrêté à une des anciennes méthodes, celle du facteur discontinu,
et en cherchant à la rendre rigoureuse, j'y ai réussi après l'avoir modifiée
d'une manière convenable. Ainsi, je suis parvenu à un résultat bien général
que je me propose de communiquer dans cette Noie ( ' ).
(') Je dois remarquer que, dans une autre direction, la question considérée était
aussi l'objet des éludes de M. NekrassotT, qui n'a pas encore publié ses recherches,
mais qui a déjà fait connaître les résultats auxquels il est arrivé. Les conditions où
s'est placé M. NekrassofT sont d'une tout autre nature que celles qu'on trouvera
énoncées dans cette Note.
( 127 )
» Soit
une suite indéfinie de variables indépendantes qui, dans chaque épreuve,
doivent recevoir des valeurs déterminées appartenant à des ensembles
donnés de nombres réels. On suppose que, sans connaître ces valeurs, on
sache évaluer, pour chacune des variables, la probabilité d'être comprise
entre des limites données quelconques, et l'on désigne par
a,, a, (j = I, 2, 3, . . .>
les espérances mathématiques (valeurs probables) respectivement de
Xj, x] (j = r, 5, 3, ... V
» Alors, si l'on pose
g, — g» + a, — a| -h . ■ . + «n — «^ = A
H
ce qui représente, comme on sait, une quantité essentiellement positive,
on aura la proposition suivante :
» Étant désignés par S un nombre positif ne surpassant pas i et par L-^*
la plus grande parmi les espérances mathématicjues des n quantités
1^, r% \oc,Y^' |a;,.r^;
si, pour une valeur quelconque fixe de S, V expression
A
tend vers zéro, lorsque n croît indéfiniment, la probabilité P des inégalités
3, \l-2nk <' a;, — *, ^- iC:. — aj + . . .-I- a;„ — a„<^ s, \l2nk,
quels que soient les nombres donnés z, et ;,>«,, tendra, pour n = x, vers
la limite
et cela uniformément pour toutes les valeurs de z, et z.^.
» J'ajouterai que cette pioposition ne suppose point l'existence des
espérances mathématiques des quantités a;* pour des valeurs de k qui sur-
passent 2 -4- S, et que le nombre S peut être aussi petit qu'on veut; seule-
( 128 )
ment il ne peut être égal à zéro, comme cela résulte de l'inégalité A << L^.
» Le cas le plus important est celui où l'on peut poser ïî = i. Pour ce
cas, j'ai développé la démonstration dans un Mémoire qui vient de paraître
dans le Bulletin de l' Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. XlII.
En supposant dès le début S =i, j'y ai montré comment on peut obtenir,
pour la valeur absolue de la différence
« ■ '-tJ.
une limite supérieure, dont l'examen conduise immédiatement à la pro-
position énoncée, et par la discussion de cette limite, j'y ai fait voir qu'en
posant
I 5 I
^n ^ = a-,
l'ordre de l'expression (i), pour n infiniment grand, ne sera pas moins
élevé que celui de e' log^-
» Pour §-<•. on pourrait démontrer la proposition par la même mé-
thode. Dans ce cas, en posant
on parviendra à la conclusion que l'ordre de l'expression (i), pour n infi-
niment grand, ne sera jamais moins élevé que celui de e^^^. <>
PHYSIQUE. — Sur la liquéfaction des mélanges gazeux. Variation des concen-
trations des deux phases coexistantes liquide et vapeur le long des isothermes.
Note de M. F. Caubet (').
» Soit un mélange de gaz carbonique et de gaz sulfureux soumis à une
compression isothermique. Entre une certaine valeur B, de la pression cor-
respondant au point de rosée, etune valeur supérieure Pj correspondant au
point d'ébullition ou au second point de rosée, le système constitue un mé-
(') Travail fail au laboratoire de physique théorique de la Faculté des Sciences de
Bordeaux.
( 129 )
lange double : on y distingue une phase homogène liquide C, et une phase
homogène vapeur c.
» Soient M, et Mo les masses respectives des fluides CO" et SO- contenues
à un instant donné dans la phase C. La concentration actuelle de cette phase
est par définition :
S= ^
M, 4- M
on a de même s
enfin si l'on pose 3TI, = M, -f- m^, OIL^ = Mj -t- m^,
est la concentration du mélange.
» Peut-on à chaque époque de la condensation connaître les valeurs S
et 5? Le graphique des lignes limites (') fournit une réponse simple et
précise.
» Le système est bivariant; pour de tels systèmes, J. Willard Gibbs a
énoncé le théorème suivant :
Il Si un système bivariant est en équilibre à une température donnée,
sous une pression donnée, la composition qu'affectent au moment de
l'équilibre les phases en lesquelles il est partagé est déterminée ; elle ne
dépend pas des masses des composants indépendants qui servent à former
le système.
M M. Duhem y a joint ce deuxième théorème :
» Sil'on se donne la température, la pression et les masses des composants
indépendants qui forment un système bivariant, la masse de chacune des
phases au moment de l'équilibre est en général déterminée.
» D'autre part, en discutant analytiquoment les conditions d'équilibre
d'un mélange double, M. Duhem a montre que la surface limite était la
traduction géométrique de ces conditions.
» Considérons le graphique des lignes limites en projection sur le
plan TOP, Prenons un point à l'intérieur, par exemple le point
T = 66,3, P-. ^7,6.
Ce point est à l'intersection de la ligne de rosée n° 3 et de la ligne d'ébul-
lilion n" 6.
» Si nous élevons, en ce point, une perpendiculaire au plan TOP, celte
C) Voir Comptes rendus, séance du t. CXXX, p. 167; 1900.
( i3o )
droite rencontre la surface limite en deux points, le premier appartenant
à la ligne de rosée n° 3, le second à la ligne d'ébullition n° 6.
» Le premier théorème sur les systèmes bivariants, joint à la signifi-
cation de la surface limite, permet d'énoncer la proposition suivante :
( i3i )
» Tout mélange deCO' et de SO" qui, à la température de 66", 3 et sous
la pression de 67,6 atmosphères, est susceptible de présenter deux phases
coexistantes, donnera une phase liquide de concentration S.^ = 0,70926 et
une phase vapeur de concentration X, = o, 33238.
» Les mélanges capables de présenter dans les conditions énoncées de
température et de pression deux [)hases coexistantes, sont ceux qui com-
prennent le point considéré à l'intérieur de leur ligne limite. Il y en a une
infinité dont les concentrations moyennes sont comprises entre X, etXj.
« D'après le deuxième théorème, chaque mélange sera caractérisé par
la masse de sa phase liquide et la masse de sa phase vapeur.
» Si l'on se déplace sur une parallèle à OP depuis un point de rosée jus-
qu'au point d'ébullition correspondant, on pourra connaître en chaque
point, au moyen de la ligne de rosée et de la ligne d'ébullition qui passent
par ce point, les concentrations respectives des deux phases coexistantes.
» La figure représente la variation des concentrations le long de cinq
isothermes relatives à la ligne limite n* 4. Trois de ces isothermes sont
inférieures à l'isotherme critique; l'isotherme 89°, 6 est une isotherme de
condensation rétrograde.
« Pour l'isotherme critique, les courbes des concentrations du liquide
et de la vapeur se rejoignent au point critique situé sur la ligne XX. Elles
ont, en ce point, une tangente commune parallèle à OS, résultat exigé
par la théorie ('). »
CBIMIE. — Sur quelques propri'J tés du hioxyde de sodium.
Note de ]\L de Forcraxd.
« Les faits signalés par M. G. -F. Jaubert dans les derniers Numéros des
Comptes rendus m'obligent à présenter les observations suivantes :
1) Le 26 décembre 1899, j'ai publié dans les Comptes rendus de V Aca-
démie (t. CXXIX, p. 1246) une Note intitulée : Sur l'hydrate de bioxyde
de sodium et la préparation de l'eau oxygénée. Ce travail aura évidemment
échappé à M. Jaubert.
» J'ai indiqué notamment :
» 1° La chaleur de dissolution dans l'eau de Na^O* anhydre, -!-i4'^''',4io.
(') Voir DuHE», Traité de Mécanique chimique, t. IV, Chap. I\', p. 1 1!\.
( l32 )
nombre très élevé, comme le faisaient déjà prévoir les expériences de
Vernon-Harcourt ;
« 2^* En sens inverse, la chaleur de dissolution dans l'eau de l'hydrate
Na'^O-.SH-O, qui est négative et essaie à —1.4'^^', 868, et j'ai fait remarquer
que la différence est due en partie à la grande chaleur de formation de
l'hydrate et en partie à la chaleur de fusion des 8H*0 ;
)> 3° La chaleur de formation de cet hydrate -+-34*^*', 081, pour SH^Oliq.,
et j'ai comparé ce nombre à celui qui correspond à l'hydrate de BaO^
lequel est beaucoup plus faible ;
» 4° L'analogie d'aspect de ces cristaux d'hydrate Na^0^8H-0 avec
l'acide borique ;
» 5" La grande stabilité de ces cristaux à froid ; en ajoutant cependant
qu'au-dessus de H- 3o° ils fondent dans leur eau de cristallisation, avec
effervescence d'oxygène. C'est là un résultat prévu par la Thermochimie.
Eu effet, d'après les chiffres précédents, le bioxyde anhydre doit donner
d'abord l'hydrate ; puis la chaleur dégagée le décompose et il forme de la
soude qui se carbonate peu à peu. Finalement la transformation deNa^O*
en Na-CO', ioH-0 et oxygène libre correspond à un dégagement de cha-
leur de -f-24^'»',73 d'après mes expériences. C'est d'ailleurs le résultat
auquel j'étais arrivé en faisant la même expérience que M. Jaubert, mais
en agissant sur une quantité de matière bien moindre (oS^ i à i^'' de Na^O"
exposé à l'air). Dans ces conditions, i partie Na-Q- se transforme en
3, 5 parties de carbonate de soude hydraté, et cela en très peu de jours.
» Le bioxyde de sodium est bien déliquescent à l'air, et les goutte-
lettes liquides formées reprennent ensuite l'état solide en se carbonatant,
comme le dit le Dictionnaire de Wurtz (qui ne fait d'ailleurs que citer
Vernon-Harcourt).
>) Le procédé de préparation du bioxyde de sodium décrit par M. Jaubert
n'est autre que le procédé donné par Vernon-Harcourt, il y a quarante
ans('), et que j'ai suivi moi-même en 1898 (*), à cette différence près qu'il
vaut beaucoup mieux opérer la combustion du sodium directement dans
une cornue de verre et éviter la nacelle d'argent.
» J'ai répété plus de vingt fois cette expérience qui m'a toujours
( ') Quarterly Joiun. of the Chem. Soc, l. XV, p. 276; octobre 1861, et Répertoire
de Chimie pure, t. IV, p. 874; 1862.
(2) Comptes rendus, t. CXXVII, p. 364 et 5i4, et t. CXXIX, p. 1246.
( i33 )
donné un corps blanc ou à peu près blanc à froid. J'ai signalé la très faible
coloration jaunâtre du produit dense qui reste dans la cornue, coloration
à peine appréciable pour le bioxyde léger (neige sodée) qui se sublime et
qui me semble le plus pur. H me paraît impossible de dire que ce corps est
jaune. Peut-être même cette très légère teinte jaunâtre est-elle due à un
peu de potassium, car le peroxyde de potassium est d'un beau jaune de
chrome.
» Vernon-Harcourt avait déjà annoncé que l'argent est oxydé lorsque
le bioxyde du sodium est fondu dans une nacelle d'argent et prend une
teinte brune et noire. L'oxydation de l'argent intervient alors, ainsi qu'il
l'a expliqué.
» Dans mon Mémoire, j'ai indiqué que la slabililé de cet hydrate fait
quil est d'un emploi très commode pour préparer l'eau oxygénée. En dissol-
vant 23is>' de cristaux de composition Na-0-.8,5H-0 dans 2 molécules
d'acide chlorhydrique (36s'',5 = 200'='') on obtient aussitôt, et sans dégage-
ment de gaz, de l'eau oxygénée neutre et limpide à igvolumes ou 20 volumes.
Avec de l'acide à 3Gk'",5 = loo"" on l'aurait à 3o volumes, etc. J'ajoute
aujourd'hui que plusieurs personnes se servent, depuis un an, de ce pro-
cédé pour avoir immédiatement une petite quantité d'eau oxygénée pure
assez concentrée et neutre et s'en trouvent bien.
» Quant au procédé de préparation de l'hydrate Na-O-.STI'O, donné
par M. Jaubert, il n'est qu'une conséquence de sa chaleur de formation
connue. Il a l'inconvénient de laisser dans le bioxyde toutes les impu-
retés que ce cor|)s contient à l'état anhydre. Le bioxyde anhydre, que
l'industrie fabrique aujourd'hui en grandes quantités, retient également
un peu de soude et de carbonate qui resteraient mélangés à l'hydrate
]Na=0^8H=0.
» Si, au contraire, on suit exactement le procédé que j'ai décrit dans la
Note rappelée plus haut : dissoudre une partie de Na-O* dans quatre
parties d'eau à o", sans laisser la température dépasser 4o°, puis refroidir
rapidement à 0°, procédé qui demande tout au plus deux heures, on obtient
immédiatement des cristaux nacrés qu'il n'est pas nécessaire de purifier
par cristallisation, attendu qu'ils sont absolument purs et notamment
exempts de soude et de carbonate retenus par "les eaux mères. Je m'en
suis assuré encore il y a deux mois, en préparant quelques centaines de
grammes de cet hydrate au moyen du bioxyde impur du commerce, dans
le but d'étudier les hydrates inférieurs dont je m'occupe actuellement. »
C. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 3.) I"
( i34 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les combinaisons du gaz ammoniac
avec le chlorure d'aluminium ( ' ). Note de M. E. Baud.
« Persoz (^) avait déjà préparé, en i83o, une combinaison de chlorure
d'aluminium anhydre et de gaz ammoniac à laquelle il attribuait la for-
mule Al-Cl",6AzH', d'après le volume de gaz absorbé à la température
ordinaire. Rose (') obtint, en i832, un produit de composition
Al*Cl'' + 5,36AzH'.
Il reconnut que ce composé pouvait être distillé sans résidu, en donnant
APCP + 3,5i AzH'. En opérant celte distillation dans une atmosphère
d'hydrogène, il obtenait une combinaison moins riche en AzH^ et dont
l'analyse conduisait à la formule Al-Cl" -i- 2,35AzH= ('). J'ai repris ces
expériences et voici les résultEJts assez différents que j'ai obtenus :
>, I. — Lorsqu'on dirige un coui'ant de gaz ammoniac sec sur du chlorure d'alumi-
nium pur placé dans un ballon, à la température ordinaire, le gaz est absorbé avec un
grand dégagement de chaleur; au bout de quelques minutes, lorsqu'on opère sur Ss'
à 6s'' de chlorure, la combinaison ie liquéfie.
» Puis, la chaleur dégagée dimmuant, la niasse reprend l'état solide. Continuant à
absorber lentement le gaz, elle devient de plus en plus poreuse et donne finalement
une poudre blanche très légère. Les dosages du chlore, de l'aluminium et de l'ammo-
niac, dans cette matière, ainsi que l'augmentation de poids du ballon contenant le
chlorure et préalablement taré, conduisent à la formule A1-CI% 12 AzH^ {').
(') Ce travail a été fait à l'Institut de Chimie de l'Université de Montpellier.
(-) Ann. de Chim. et de Phys., -2.^ série, t. XLIV, p. 3 19.
(3) Ann. de Chim. et de P/iys., 2° série, t. LI, p. 28.
(*) Ces formules ont été calculées d'après les nombres donnés par Rose, qui dosait
seulement le chlore et l'aluminium et déterminait l'ammoniac par différence.
II. III. Nombre théorique.
{') Augmentation de
poids pour 100 de Al-Cl^
Moyennes de
trois anal3'ses.
Nombres théoriques
pour Al-ClSi2AzlP.
76,58
76,30
76,90
76,40
Cl.
Al.
AzH'.
Total.
43,00
II, 40
43,49
99-89
45,22
11,46
43,22
100,00
( ,35 )
» Cette formule correspond à celle de rh3drale connu de chlorure d'aluminium
Al'aSi2H=0.
» II. — Comme l'indique sa grande chaleur de formation, ce composé est très
stable. Il est beaucoup moins hygroscopique que le chlorure d'aluminium anhydre.
Chauffé progressivement, il perd seulement 2AzII' vers i8o°, en donnant
.\l=CISioAzlF (').
Chauffé au bain d'alliage fusible, dans un courant d'Iij'drogène, le composé
Al»CI\ioAzlH
fond vers 380°, puis bout vers 400°. Il se condense une poudre blanche. La matière
recueillie dans le ballon lubulé a la même composition que celle du col de la cornue,
qui se trouvait à une température plus élevée. Elle a pour formule
Al'CI',2AzII'(').
» Ce composé est entièrement soluble dans l'eau. En distillant le même corps sans
employer le courant d'hydrogène, j'ai obtenu une substance répondant à la formule
APCI«-f-4,6iAzH';
mais son étude thermique montre que ce n'est qu'un mélange de Al'Cl',2AzlP
avec Al=Cl%ioAzH».
» 111. — Si l'on opère à une température inférieure à o°, ou bien si l'on sature
par AzH' le composé APCI*,i2AzH', qui est assez stable vers + i5°, on obtient à — ao"
ou — 23° une nouvelle fixation de gaz ammoniac. Il se forme donc, à température très
Cl. .\l. AzH'. • Total
(') Moyennes de ; oo c o
. , 48,03 12,. 38 38,70 c)Q,82
trois analyses. \ ' ' ' ''^
Nombres théoriiiiies ) ,„ , „„ „„
MT-16 A 113 M^'7 '2,36 38,90 100,00
pour Al-CP, l0.^z^P. \
Cl. AI. AzIP. Total.
(19,73 '7,70 i2,2r) 99,68
Cl. Al. AzIP. Total
(') Moyennes de /
trois analyses. \
Nombres théoriques ;
pour AI'ClS2AzH'. ■
17,94 ' ' ,29 100,00
Le dosage de AzH' conduit à un chiffre un peu supérieur, soit 2,2AzIP. Ce qui
s'explique aisément en admettant que le produit, en se condensant, absorbe une petite
quantité de A/. IP libre provenant de la dissociation. Cette quantité est faible, car, au
moment où la combinaison distille, la plus grande partie de l'ammoniac en excès a été
entraînée par l'hydrogène.
( i36 ) ^
basse, au moins un composé plus ammoniacal. Plusieurs analyses en ont été faites, en
laissant le ballon se récliauffer lentement jusqu'à +i5°, et recueillant et dosant AzH'
dégagé. On ajoute alors la quantité d'ammoniac ainsi obtenue à la formule
Al=Cl%i2AzH3.
Dans ces conditions, j'ai trouvé Al^Cl'^-f-iy à iSAzHS mais il est probable que la
combinaison était déjà en partie dissociée, et l'on ne pourra être certain de sa compo-
sition qu'en étudiant les tensions de dissociation de ce corps noyé dans un excès d'am-
moniac liquide, comme l'a fait M. Joannis pour certains chlorures ammoniacaux
formés à très basse température, et comme je me propose de le faire.
» En résumé, il est dès à présent établi que le chlorure d'aluminium
forme avec l'ammoniac au moins quatre composés :
» Al*Cl*,2AzH^, corps très stable, qui distille sans décomposition
vers 450°;
» Al-CK'.ioAzH', très stable encore, puisqu'il se dissocie, sous la pres-
sion atmosphérique, vers SSo";
» APCl",i2AzH% qui se dissocie, sous la pression atmosphérique,
vers 180°;
» Enfin un composé Al-Cl* + i8AzH' environ, beaucoup plus disso-
ciable et qu'on ne peut obtenir qu'aux températures voisines de celle de
la liquéfaction de l'ammoniac. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'isolement de Vyttria, de Vytlerhine et de la
nouvelle erbine. Note de MM. G. et E. Urbain, présentée par
M. Haller.
« L'un de nous a décrit un nouveau mode de fractionnement des terres
yttriques par la cristallisation des éthyisulfates. Nous avons étudié en
commun la composition des parties les plus solubles par des précipitations
fractionnées des nitrates par l'ammoniaque en dissolution diluée, et nous
avons pu y reconnaître la présence de l'yttrium, du nouvel erbium et de
l'ytterbium. Ces fractions ne renferment pas trace des terres du groupe du
lanthane. Nous n'avons pas pu y déceler la présence des terres du groupe
du samarium et du gadolinium ; ces terres étant éliininées par le fraction-
nement des éthylsulfates bien avant les terres holmiques, dysprosium et
nouvel holmium, dont les bandes d'absorption avaient disparu du spectre
de notre substance.
» Depuis cette époque, nous avons préparé de grandes quantités de ces
( i37 )
mélanges et nous avons étudié les moyens d'en séparer les composants. La
méthode qui nous a donné les meilleurs résultats est encore la décompo-
sition partielle des nitrates par la chaleur. Après des centaines de fusions
consécutives, Bahr et Bunsen, par cette méthode, n'ont pu obtenir leurs
termes extrêmes que dans un état très relatif de pureté. Leur erbium ren-
fermait de l'ytterbium que découvrit Marignac par l'emploi de la même
méthode. Ils n'ont obtenu que très peu d'yltrium. Les résultats que nous
avons obtenus sont tout différents.
» Les terres rares brutes de la gadolinile ont été transformées en élliyisulfates.
Après dix cristallisations seulement, les eaux mères ne renfermaient plus que les trois
éléments : jttrium, erbium et ytterbium, et une trace de thorium.
» Le mélange de ces substances fut transformé en nitrates et le fractionnement ne
porta pas sur plus de huit fractions. Après vingt séries de fusion, nous avons obtenu,
dans les parties les moins basiques, un mélange d'ytterbium et de thorium. Ces deux
substances furent séparées par la méthode de MM. Wyroubod et Verneuil.
» Le thorium se trouvant dans la gadolinite en quantité extrêmement faible (nous
en avons extrait environ iS'' après avoir traité aS''' de gadolinite), il était intéressant
de comparer sa radio-activité à celle du thorium de la ihorite. Elles ont été trouvées
sensiblement identiques.
» Le poids atomique de l'jlterbiura fut trouvé égal à 172,6. La dissolution de cette
substance était rigoureusement exempte de bandes d'absorption. Les fractions centrales
sont d'un rouge intense et donnent, au spectroscope, le spectre pur du néo-erbium sans
qu'on puisse observer de variations d'intensité relative entre les bandes des spectres
d'absorption des diverses fractions. Ce fait, et un grand nombre d'autres du même
genre, nous semblent de nature à détruire la théorie des méta-éléments de Crookes,
Kriiss et Nilson qui, pour l'édifier, n'ont porté leur attention que sur des mélanges
complexes. Dans les dernières fractions, les bandes d'absorption s'affaiblissent gra-
duellement et l'on obtient finalement de l'yllrium dont le poids atomique fut trouvé
égal à 88,6.
» En poursuivant le fractionnement, nous avons constamment extrait de notre sub-
stance de l'ytterbine et de l'yltria, cette dernière en proportions considérables par
rapporta la première.
» Nous avons toujours déterminé les poids atomiques des portions que
nous sortions du fractionnement, et les |)etites différences ol)teniies avec les
nombres précédents peuvent être attribuées à des erreurs d'analyse.
» Nous avons pu réduire les portions intermédiaires à des proportions
presque négligeables, mais nous poursuivons ces traitements dans le but
d'en atteindre les extrêmes limites.
» Ces heureux résultats sont dus à l'absence, dans notre mélange, des
terres du groupe du gadolinium, dont M. Demarcay a montré dans ces
derniers temps toute l'importance.
( i38)
» MM. Muthmann et E. Baur ('), qui onl examiné un échantillon de
notre jttria, n'y ont pas trouvé le spectre de phosphorescence qu'ils attri-
buent au gadolinium, quoique ce spectre soit présenté par tous les autres
échantillons d'yttria qu'ils ont examinés.
)» Nous profiterons de ce que nous avons obtenu des quantités notables
d'erbium, d'yttrium et d'ytterbium dans un état déjà grand de pureté pour
les purifier de nouveau et déterminer d'une façon plus rigoureuse encore
leurs poids atomiques. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur an arsèniure et un chloro-arséhiure de tungstène.
Note de M. Ed. Defacqz, présentée par M. Henri Moissan.
« 1° Arsèniure. — On ne connaît jusqu'ici aucun composé binaire de
l'arsenic et du tungstène.
» L'hydrogène phosphore gazeux réagissant sur l'hexachlorure de
tungstène nous avant donné un composé défini (-), nous avons entrepris
l'étude de l'action de l'hydrure d'arsenic sur ce même hexachlorure : nous
avons isolé une nouvelle combinaison qui a pour formule Tu As^.
» Préparation. — On place dans un tube de verre une nacelle contenant l'hexa-
chlorure; on fait passer un courant d'hydrogène arsénié sec que l'on obtient par la
décomposition de l'arséniure de zinc par l'acide sulfurique étendu; les gaz, après
réaction, passent dans des sécheurs, puis dans des flacons contenant du sulfate de
cuivre. Quand l'air de l'appareil est complètement chassé, on chauffe aussi doucement
que possible vers i5o°-20o°, on maintient celte température pendant une heure
environ et on l'élève graduellement jusqu'à atteindre au plus SSo"; quand les gaz qui
sortent des sécheurs ne rougissent plus le papier de tournesol, on arrête l'opération
et on laisse le tube se refroidir dans un courant d'hydrogène arsénié; l'action est lente
et demande longtemps pour être complète. Le produit est noir, brillant; il contient
de l'arsenic libre; pour l'en débarrasser, on le chaufl'e dans un courant d'hydrogène
sec, au bain d'huile, entre 3oo° et 320°, jusqu'à poids constant.
» Propriétés. — C'est une substance noire, à aspect cristallin, qui est insoluble dans
l'eau et les différents dissolvants.
» Sa densité est de 6,9 prise à 18°.
» Il est inaltérable à l'air à la température ordinaire, mais il s'oxyde facilement au
rouo^e sombre; il brûle et forme de l'acide tungstique et de l'anhydride arsénieux.
» L'hydrogène est sans action jusqu'à Sao"; mais vers 4oo°-45o°, la réduction
(•) Berichte der deutschen chem. Gesell.. n° 11, p. ijSa; 25 juin 1900.
(-) Ed. Defacqz, Comptes rendus, t. CXXX, p. 656.
( f39 )
devient rapide, il se forme des produits qui contiennent de moins en moins d'arsenic
et, finalement, du métal; le chlore l'attaque facilement bien avant le rouge sombre;
on obtient du chlorure d'arsenic et de l'hexachlorure de tungstène; l'oxygène le
transforme avec incandescence en acide lungstique; le soufre, à sa température
d'ébuUition, donne du bisulfure; le phospliore, du phosphure.
» L'acide fluorhydrique et l'acide chlorhydrique n'exercent aucune action sur
l'arséniure de tungstène, même à l'ébullilion ; le mélange d'acide lluorliydrique et
d'acide azotique le dissout complètement à froid; l'eau régale chlorhydrif[ue agit de
même à chaud, mais, après quelques minutes d'ébuUition, il se produit un précipité
jaune d'acide tungslique.
» L'acide azotique l'oxyde à chaud avec énergie : il se précipite de l'acide tung-
slique; l'acide sulfurique est réduit avant son point d'ébuUition en donnant lieu à un
dégagement d'anhydride sulfureux.
» La potasse ou la soude en solution n'attaque pas l'arséniure, mais, lorsque ces
alcalis sont fondus, la réaction est très vive; la masse devient d'abord brune, par suite
de la formation de bioxyde de tungstène, puis, à fusion tranquille, elle devient inco-
lore; il s'est formé un mélange d'arséniate et de lungstate alcalins; les mélanges
oxydants, azotate et carbonate de potassium, réagissent vivement, quelquefois avec
incandescence.
» L'arséniure de tungstène mélangé à du cuivre et chauffé à l'abri de l'air, au point
de fusion de ce dernier, est complètement décomposé : il se forme du cuivre arsénié et
du tungstène métallique; il en est de même avec l'arséniure de cuivre, même si ce
dernier contient 20 pour 100 d'arsenic. 11 nous a été impossible d'obtenir, comme
nous l'avons fait pour le phosphure ('), le composé moins arsénié et cristallisé.
» Analyse. — Nous avons employé la même méthode que celle qui nous a servi
pour l'analyse des pliosphures.
» Nous avons trouvé les chiffres suivants :
Trouve.
Tu.
As.
,
11
:.
Cairulc.
pour TuAs-
J4:
,9»
54,
56
55,09
f f
,35
45,
28
44,9-
)) li" Chloro-arsénmre. — Nous avons complété l'étude de l'action de
l'hydrogène arsénié en le faisant agir liquide sur l'hexachlorure. On
obtient, dans ce cas, un chloro-arséniure Tu-AsCl".
» Préparation. — On liquéfie dans un tube, sur quelques grammes d'hexachlorure
de tungstène, 5" à -j" d'hydrogène arsénié; le tube, fermé, est chauffé pendant deux
heures environ entre 60° et yS". Le tube refroidi est ouvert, on obtient une substance
solide.
» Propriétés. — Ce chloro-arséniure est noir bleuté formé de petits cristaux d'un
(') Ed. Defacqz, Comptes rendus, t. CXXXII, p. 82.
( i4o )
aspect semblable à l'hexachlorure, dont il rappelle la couleur ; il est très hygroscopique
et se décompose lentement au contact de l'air.
» L'eau le détruit pour donner un précipité verdâtre avec mise en liberté d'acide
clilorliydrique.
» 11 est insoluble dans un grand nombre de liquides: le sulfure de carbone, la ben-
zine, le tétrachlorure de carbone, l'essence de térébenthine, l'alcool absolu, l'éther;
ces substances doivent être employées absolument anhydres; il se formerait, sans
cela, avec moins d'intensité, les mêmes phénomènes qu'avec l'eau.
» Les acides agissent avec énergie; l'acide azotique en particulier, même très
étendu, donne à froid une solution incolore et un précipité jaune franc d'acide tung-
siique.
» La potasse ou la soude en solution dissolvent ce chloro-arséniure avec facilité.
» Analyse. — Nous avons dosé les difTérents éléments: tungstène, arsenic, chlore,
sur deux prises d'essai différentes, le tungstène et l'arsenic sur l'une, le chlore sur
l'autre.
» Pour le métal et l'arsenic, nous avons attaqué la substance par l'acide azotique
étendu de son \olume d'eau à chaud, puis, l'oxydation étant complète, l'acide tung-
stique qui s'était précipité est mis en solution en ajoutant de l'ammoniaque; les deux
éléments sont séparés suivant la méthode employée pour les phosphures.
» Pour avoir le chlore, nous avons décomposé la substance par l'eau en présence
d'une petite quantité d'acide azotique, puis nous avons dosé le chlore à l'étal de chlo-
rure d'argent.
» Nous avons trouvé les chiffres suivants :
Calculé
Trouve pour
' (moyenne). Tu-4sCl'.
Tu 47,36 48,28
As 10,21 9)83
Cl 4i,8o 41,89
» En résumé, de même que le phosphure d'hydrogène gazeux, l'hydro-
gène arsénié également gazeux donne, avec l'hexachlorure de tungstène,
le biarséniure TuAs-; de plus, l'hydrogène arsénié liquéfié nous a permis
d'isoler un chloro-arséniure de formule Tu-AsCl*. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le nittofur/urane ('). Note de M. R. Marquis,
présentée par M. H. Moissan.
« A la suite de tentatives infructueuses ayant pour but de préparer la
furfuranamine C'H'O — AzH" par voie indirecte, j'ai entrepris de nitrer
le furfurane, afin de réduire ultérieurement le dérivé niLré.
(') Travail fait au laboratoire de deuxième année d'enseignement pratique de
Chimie appliquée, à la l'acullé des Sciences de Paris.
( '^4' )
» Après lin certain nombre d'insuccès dont la grande oxydabilité du
fiu-furane est une des causes, j'ai adopté le mode opératoire suivant, qui a
conduit à des résultats intéressants :
» los'' de f'iirfurane sont dissous dans ^o?' d'anhydride acétique; d'autre part,
SoS"' d'acide azotique fumant incolore sont dissous dans SoS'' d'anhydride acétique. Les
deux solutions sont refroidies par un mélange de glace et de sel, et la solution de fur-
furane est introduite goutte à goutte dans celle d'acide azotique, cette dernière étant
constamment agitée. La température ne doij pas dépasser — 5" pendant toute la
durée de la nitration.
» Dans ces conditions, on n'obserxe presque pas de vapeurs nitreuses. Tout le fur-
furane étant introduit, la solution est \ersée sur de la glace. On laisse le tout revenir
à la température ordinaire et l'on épuise à l'éther deux ou trois fois. La solution
éthérée est lavée à l'eau, puis additionnée d'un excès de pyridine pour neutraliser les
acides acétique ou azotique que l'éther a pu dissoudre, lavée encore une fois et enfin
séchée sur du sulfate de soude.
» L'éther est chassé au bain-marie, et le liquide restant distillé dans le vide jusqu'à
commencement de décomposition; le résidu est alors entraîné par la vapeur d'eau; il
passe un liquide qui cristallise dans le réfrigérant, et qui constitue le nitrofurfurane.
» l'urifié par dissolution dans l'éther de pélrole et évaporation spontanée de cette
solution, le nitrofurfurane forme de gros cristaux blanc jaunâtre, facilement clivables
suivant une direction; examinée en lumière [)olarisée convergente, une lamelle de
clivage laisse apercevoir deux hyperboles.
» Ces cristaux fondent à 28°; ils sont facilement solubles dans les solvants orga-
niques, trè* peu dans l'eau. Leur odeur rappelle celle du nitrotoluène.
» Le nitrofurfurane est soluble dans les alcalis; la solution est rouge orangé.
» La détermination du poids moléculaire par cryoscopie dans le bromure d'élliy-
léne a donné les résultats suivants :
Matière ie'',499i
Dissolvant 626'', 64o
Abaissement i'',io
Poids moléculaire.. . 112,4 Théorie ii3
» Les résultats analytiques confirment la formule C'II'O — AzO-; la
position du groupe AzO'
CH — Cil CH-C — AzO^
Il II II II
en a lie C — AzO^ ou en ? HC CH
\ / \ /
O O
est seule indéterminée encore.
» L'addition de pyridine, au cours de la préparation du nitrofurfurane,
a pour but, comme je l'ai dit, de saturer les acides libres, sans faire inter-
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXMi, N- 3.) IQ
( l42 )
venir d'alcalis minéraux, mais j'ai reconnu depuis qu'elle a encore une
autre action (jue l'on pouvait prévoir a priori.
M Si, en effet, on distille l'éther sans ajouter de pyridine, on recueille un
produit liquide, fort altérable, qui se décompose déjà à la température du
bain-marie bouillant, et qui ne peut être entraîné par la vapeur d'eau sans
décomposition.
» Ce produit, déjà entrevu par M. Freundler (') dans un essai de nitra-
tion du furfurane, est de nature évidemment aldéliydique.
» Il réduit instantanément à froid l'azotate d'argent ammoniacal, ainsi
que la liquear de Feliling, et se combine immédiatement à la phényl-
hydrazine en donnant un corps fusible vers 240°. Traité par l'eau bouil-
lante, il laisse dégager des vapeurs nitreuses, et la solution aqueuse con-
tient alors un corps également réducteur et ilonnant une phénylhydrazone
fusible vers 280°.
» Enfin ce produit liquide, additionné d'une petite quantité de pyridine,
se transforme en quelques heures en nitrofurfurane que l'on peut alors
entraîner par la vapeur d'eau et qui cristallise par refroidissement.
» Inversement, il semble que l'on puisse transformer le nitrofurfurane
dans ce corps liquide par l'action des alcalis ou des acides étendus; en
effet, la solution dans l'ammoniaque du nitrofurfurane ne réduit |jasà froid
l'azotate d'argent ammoniacal, mais la réduction a lieu à l'ébullition. De
même, la phénylhyclraziiie ne réagit pas à froid sur le dérive nitré, mais
réagit en chauffant longtemps en solution acétique.
» Je me propose de poursuivre ces recherches et d'élucider entièrement
la question. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Spectres d'absorption des indophénols : loi des grou-
pements auxochromes azotés tertiaires (^). Note de M. Paui. Lemoult,
présentée par M. Moissau.
« Dans une Note précédente {Comptes rendus, t. CXXII, p. 193) et son
addition (t. CXXXI, p. 100 1), MM. Camichel et Bayrac s'attachent à dé-
montrer \a./ixitéAQ la bande rouge observée dans les spectres d'absorption
des « indophénols ». J'ai réussi à obtenir la mobilité à& cette bande rouge
(') bullelin de la Société chimique, 3" série, t. XVII, p. 419.
(-) Travail fait ai: Lalioraloire de Chimie de TÉcole Normale,
( i43 )
dans la même série de colorants et à découvrir les causes qui provoquent
son déplacement.
» Les échantillons étudiés par MM. Camichel et Bayrac dérivent tous
d'un phénol et de la p-amido-diméthylaniline; ils ont donc tous un azote
tertiaire. M. Haller ayant bien voulu les mettre à ma disposition ('), je me
suis servi de ceux qui dérivent du phénol et de l'o-crésol ; je les ai com-
parés avec les colorants obtenus par l'oxvdation de mélanges de p-phé-
nylènediamine et de phénol ou d'o-crésol (-), qui appartiennent à la
même catégorie, mais qui ont un azote primaire, au lieu d'un azote ter-
tiaire.
» Les premiers, dont la solution alcoolique est bleu ciel, observés sous
une épaisseur de 4'"™ (' mol. = 2000'"), laissent voir une bande rouge
peu apparente entre les divisions 3 et 12 (milieu 7,5); les autres, dont la
solution est bleu violet, donnent une bande rouge bien brillante, de posi-
tion nettement différente, entre les divisions 8 et 24 (milieu 16). La fixité
annoncée par MM. Camichel et Bayrac pour les indophénols n'est donc
pas absolue et la règle énoncée par eux se trouve en défaut; il ne saurait
plus être question d'y rattacher mes observations sur les « triphénylmé-
thane » (^Comptes rendus, t. CXXI, p. 889), qui, comme les précédentes,
démontrent la mobilité de la bande rouge et établissent les causes du dé-
placement.
» Ces deux groupes de résultats présentent la plus grande analogie, et
mes observations sur le triphénylmcthane m'ont conduit à étudier l'en-
semble des indophénols au même point de vue, et j'aurais eu l'occasion de
rappeler les observations dont ces corps ont été l'objet; mais j'ai dû mo-
mentanémenl laisser de côté les indophénols à deux groupes azotés (inda-
mines) et à deux groupes oxygénés.
» Si l'on se reporte à la théorie des colorants de Witt (Berichte, t. IX,
p. 522), on voit que les colorants qui ont la même bande rouge ont tous
les mêmes groupements auxochromcs azotés tertiaires; ils ne diffèrent
entre eux que par des substitutions CFl', C'IF, AzO', CO'-H, SO'H, .. .,
fixées directement sur les noyaux aromatiques et qu'on sait être peu signi-
(') Ils ont élé déposés par M. Bayrac au laboratoire de Chimie organique de la
Sorbonne.
(^) Ils ont été préparés, comme tous les colorants dont je me suis servi, dans les
laboratoires de la Société anonyme des matières colorantes et produits chimiques de
Saint-Denis.
( i44 )
ficatives, puisqu'elles n'apportent aucun élément nouveau à la fonction
colorant; elles compliquent la molécule sans la modifier. Les colorants de
même famille qui n'ont pas la même bande rouge diffèrent, au contraire,
par un clément essentiel, la nature ou le nombre de leurs groupes auxo-
chromes azotés; c'est ce point que j'ai mis en évidence. Les faits de cette
nature peuvent être réunis, pour le moment, dans l'énoncé suivant :
» Les colorants à spectres d'absorption discontinus présentent une
bande rouge dont le milieu est fixe (pour une dilution moléculaire et une
épaisseur invariables) tant que la molécule ne se complique que de sub-
stitutions non significatives ('), tandis que le milieu de cette bande se dé-
|)lace très sensiblement quand on modifie le nombre des groupements
auxochromes azotés tertiaires. C'est ce qu'on pourrait appeler la loi de
groupements auxochromes azotés.
i> Naturellement, j'ai l'intention de donner de nouvelles vérifications
de cette loi et de l'étendre aux auxochromes oxygénés (OH et ses
dérivés).
» J'ajouterai qu'au lieu d'opérer à dilution moléculaire et à épaisseur
séparément constantes, on peut faire varier ces deux quantités de façon à
maintenir leur produit constant (^ = const. j- J'ai fait plusieurs séries
d'observations en observant cette condition, et j'ai constaté qu'elles se
rangent par couples de deux absolument identiques entre elles, à savoir : di-
lution -^, épaisseur E d'une part; dilution —^, épaisseur «E d'autre part.
Et cela avec le violet cristallisé, par exemple, depuis la dilution i""^'=4oo'"
qui donne uniquement une bande rouge brillante jusqu'à la dilu-
tion i™°'= 4oo'" X (3, 2)', où la solution à peine colorée donne un spectre
ininterrompu présentant seulement une très légère bande d'ombre grisâtre.
» Ces expériences m'ont permis de suivre les déformations successives
du spectre d'absorption d'un même colorant (résultat observé d'autre part
sur les colorants de la garance par M. Rosenstiehl (')]avec apparition
d'une discontinuité et d'une bande rouge, et m'ont conduit à penser que
tous les colorants artificiels pourraient présenter, dans les conditions
appropriées, cette particularité. J'ai vérifié cette supposition pour plusieurs
séries de colorants, et je me propose de profiter de cette circonstance pour
(') Il convient de rappeler la participation de MM. Camicliel et Bayrac à la dé-
monstration de celte première partie, à savoir l'observation des indophénols dérivés
d'un phénol et d'une aminé tertiaire.
( ï45)
tenter de nouvelles vérifications de la loi des auxochromes que j'ai établie
jusqu'ici pour deux familles seulement ('). »
CHIMIE. — Sur (le nouveaux composés organomélalliques de mercure.
Note de MM. Auguste Lumière, Loiis Lumière et Chevrotier, pré-
sentée par M. Armand Gautier.
« Nous avons remart[ué que, lorsqu'on traite les phénoldisulfonates
alcalins par l'oxyde de mercure, en proportion equimoléculaire, on obtient
des composés organométaliiqiies d'une grande solubilité, dans lesquels les
réactions ordinaires du mercure se trouvent masquées. Ces substances pa-
raissent présenter un certain nombre d'avantages sur les couiposés mer-
curiels utilisés jusqu'ici. Leur étude chimique fera l'objet d'un Mémoire
spécial; nous nous proposons d'en signaler aujourd'hui, d'une manière
très succincte, quelques-unes des principales propriétés.
» Le mercure-phénoldisulfonate de sodium, obtenu à partir du sel de
sodium de l'acide phénoldisulfonique, se présente sous la forme d'une
poudre blanche, amorphe, contenant [\o pour loo de mercure environ,
très soluble dans l'eau (22 pour 100 à la").
» Les solutions de ce corps ont perdu la saveur métallique que présentent
les composés mercuricls; elles n'ont que la saveur salée des sels de sodium.
Elles ne précipitent, ni |)ar la soude, ni par l'acide chlorhvdrique, ni par
le sulfhydrate d'ammoniaque. Leur stabilité est suffisante pour que l'on
puisse les chauffer à l'autoclave à 120° pendant vingt minutes sans trace
de décomposition.
» Elles ne précipitent pas l'albumine à froid. Elles sont dépourvues
d'action irritante : une solution à 4 pour 100 maintenue pendant plusieurs
heures en contact avec la peau, au moyen d'un pansement humide, ne
détermine aucune réaction; quelques gouttes de la même solution intro-
duites dans l'œil d'un lapin ne provoquent aucune rougeur de la conjonc-
tive. L'injection sous la peau ou dans le tissu musculaire d!une solution
à ^ est absorbée facilement et ne détermine ni induration ni abcès.
» Cette absence d'action irritante est d'autant plus curieuse que ces
corps paraissent conserver d'autre part les propriétés énergiques des com-
posés hydrargyriques dans lesquels le mercure n'est pas dissimulé.
(') Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, p. 487 ; juillet 1879.
( i4^3 )
» En étudiant le pouvoir antivégétatif, on peut constater que des ballons
de bouillon stérile, additionnés de mercure-phénoldisulfonate de sodium
dans la proportion de j^,, et ensemencés avec des cultures d'Eberth, de
bacille pyocyanique, de staphylocoque, de sublilis, de laciis el misàl'étuve,
restent stériles. A ^^ et -—^ la végétation est notablement retardée. La
dose de j~ suffit pour empêcher la putréfaction du sang, du bouillon, de
l'urine.
» D'une manière générale le contact des solutions de jf^ à j^, pendant
cinq minutes, et même quelquefois deux minutes dans le cas de certains
micro-organismes, suffît pour tuer les cultures citées plus haut.
» Le coefficient de toxicité, déterminé chez le lapin par injection intraveineuse
d'une solution à i pour loo, a varié entre o«'',o32 et oS'joSg par kilogramme
d'animal.
» Par voie sous-cutanée, chez le colsaye, l'injection de o?'',25 par kilogramme tue en
quarante heures ; la survie est de cinquante iieures pour oS'', 20 el de quatre jours pour
oS'', 10 : le coefficient de toxicité, par cette voie et pour cet animal, est d'environ o'i", o5
par kilogramme ; la mort survient alors de cinq à six jours après l'injection.
» Par ingestion, la dose mortelle chez le cobaye est de 0,20 par kilogramme; les
phénomènes toxiques évoluent, dans ce cas, en 3 jours environ.
•
» Nous nous proposons, da ns des communications ultérieures, d'étudier
plus complètement la toxicité, les propriétés antiseptiques et anlivégéta-
tives de ces substances, leur action sur les grandes fonctions, sur la nutri-
tion, sur les ferments digestifs, etc. Nous n'avons voulu pour le moment
que signaler très sommairement l'intérêt que présentent ces corps en rai-
sou de leur pouvoir antiseptique élevé, alors qu'ils sont dépourvus de
toute action irritante, même en solutions concentrées.
» La propriété qu'ils ont de ne point précipiter les substances albumi-
noïdes permet de les administrer on injection souscutanée. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le mécanisme des actions diastatiques.
Note de M. M. Haxriot, présentée par M. A. Gautier.
« Les travaux modernes de Biologie nous ont montré que la plupart
des réactions qui se passent dans les cellules animales ou végétales sont
provoquées par des diastases. Si le mécanisme même de ces réactions n'a
pas été mis en lumière, cela tient à ce que les pr-océdés que nous avons
l'habitude d'utiliser en Chimie ne sont pas applicables ici : les diastases
( '47 )
n'ont jamais pu êlre obtenues pures; la comparaison de leurs différentes
analyses prouve que les corps décrits comme tels étaient surtout des
matières albuminoïdes entraînant une quantité inconnue de ces ferments;
d'autre part, leurs effets étant, par définition même, indépendants de la
quantité de diastase employée, ne peuvent non plus éclairer sur le méca-
nisme de leur action.
» Wurtz ayant montré qu'un flocon de fibrine que l'on trempe dans une
solution de papaïne, puis que l'on met, après lavage, en contact avec l'eau,
se peptonise, en conclut que la papaïne se combinait avec la fd^rine;
M. A. Gautier est arrivé à des conclusions analogues en constatant que la
pepsine se fixe sur une floche de soie et peut lui être enlevée par l'acide
chlorhydrique faible. Bien que ces expériences rendent vraisemblable
riiypolhèse de la combinaison, on pourrait leur objecter que beaucoup de
substances colloïdales, comme sont la fibrine et la soie, ont la propriété de
fixer les ferments sans qu'il s'agisse là d'une véritable combinaison. Si de
tels composés existent, ils doivent n'être que, transitoires, puisque le fer-
ment se maintient avec la même activité pendant toute la durée de l'action ;
ils doivent donc se former et se détruire avec la plus grande facilité.
» J'ai cberché à les mettre en évidence par un procédé tout à fait diffé-
rent, et je me suis adressé pour cela au ferment saponifiant des graisses,
la sérolipase, à cause de l'exactitude de son dosage et de la facilité avec
laquelle on peut se débarrasser des produits de la réaction. Ceux-ci sont
formes de glycérine et d'acides gras. Or j'ai démontré dans des Notes
antérieures que, tandis que la lipase est sans action sur les dérivés alcoylés
de la glycérine, elle dédouble tous les éthers des acides organiques, quel
que soit l'acide qui s'y trouve. Dans l'hypothèse précédente, il faut donc
admettre que la lipase se combine aux acides en formant une combinaison
que l'eau dédouble. J'ai cherché à le vérifier par l'expérience.
» Action de l'acide acétique sur la lipase. — Toutes les expériences ont t'ié.
conduites de la façon suivante ; i"' de sérum était additionné d'un certain nombre de
gouttes d'acide nitrique au j^, et maintenu quarante minutes à 17°; puis on neutra-
lisait et l'on dosait dans le liquide l'activité de la lipase.
Nombre de gouttes
d'acide . o 5
Activité 14 i3,2
» On voit donc que, au fur et à mesure que l'on augmente la dose d'acide, l'activité
de la lipase disparait, comme si la lipase s'unissait avec l'acide en formant une combi-
10
15
20
25
3o
35
4o
45
5o
11,3
•o,9
6,7
5,5
1
0
0
0
0
( '48 )
liaison inactive. Il est à remarquer que l'acide acétique précipite le sérum, mais le
liquide filtré donne les mêmes réactions avec une énergie presque égale.
» Ce premier fait de diminution de l'énergie par les acides cadre donc bien avec
l'hypothèse de la combinaison, mais il faut en plus que celle-ci se dédouble aisément.
Pour le vérifier, j'ai fait dans le même sérum acidifié des dosages à des temps va-
riables après la neutralisation.
» Voici les résultats obtenus :
Nombre de gouttes de
l'acide o 5 lo i5 ao 20 3o 35 4» 45 5o
Activité immédiate-
ment après la neu-
tralisation i4 '3,2 11,3 10,9 6,7 5,5 10 000
1 heure après i4 '3 i3 ii 9,3 G, 6 3 3.3 000
2 heures après i4 i3 i3 9,5 10 12 9 >o 6 5 2
» On voit donc peu à peu l'activité de la lipase reparaître et se rapprocher du taux
primitif, mais au bout d'un temps d'autant plus long que la dose d'acide primiti-
vement employé a été plus forte. C'est, je crois, le premier exemple d'un ferment
qui, après avoir été atténué ou même en apparence détruit par une action chimique,
est susceptible de se régénérer et de revenir presque à son énergie primitive. On voit
que tous ces faits sont favorables à l'hypothèse de la combinaison avec les acides,
combinaison décomposable après neutralisation.
» J'ai obtenu du reste des résultats analogues, mais bien moins énergiques, en rem-
plaçant la neutralisation de la solution acide par sa dilution par une grande masse
d'eau, mais ici les résultats sont plus complexes, puisque le dosage se fait en solution
étendue, et j'ai montré autrefois que la dilution influe sur ces dosages.
» J'ai dit plus haut que le précipité donné par l'acide acétique dans le sérum était
peu actif; il le devient après un long contact avec l'eau.
» Action des différents acides sur la lipase. — J'ai montré précédemment que les
divers éthers éthyliques étaient attaqués par la lipase, mais d'une façon très inégale;
les éthers minéraux sont à peine saponifiés, tandis que les éthers organiques le sont
tous. Ceci pourrait se concevoir de deux façons : ou bien les acides minéraux ne sau-
raient s'unir avec la lipase, ou bien la combinaison ne serait pas dédoublable. Pour
vérifier laquelle de ces deux hypothèses est la vraie, j'ai fait agir sur une même
quantité de sérum des quantités équimoléculaires d'acides divers pendant le même
temps ( trente minutes), puis j'ai dosé : 1° l'activité du ferment immédiatement après
neutralisation; 2° cette activité un certain temps après neutralisation de l'acide; le
Tableau suivant contient les résultats :
SO'H=. HCI. AzO'H. C=H=0'. CH-O^. C=H>0-. C'H»0=.
Activité immédiatement. . 1129 6,5 6 i4
» après a'' 45" 121 9 i5 27 19
» après 3'' 4 5'" o 7 i 12 i5 25 18
» Ces chiffres prouvent donc que la lipase se combine avec tous les acides en
( '49 )
donnanl des combinaisons peu actives; celles-ci se dissocient facilement si les acides
sont organiques, tandis que la décomposition n'a lieu qu'avec une extrême lenteur
pour les acides minéraux. On conçoit donc que la lipase ne dédouble pas leurs
éthers.
» En résumé, je montre dans la présente Note :
» 1° Qu'un ferment, atténué par une action chimique, peut se régé-
nérer et revenir à son activité première;
» 2" Que l'action de la lipase sur les acides et les éthers semble être
une combinaison chimique régie par les lois de la dissociation.
» Dans une prochaine Note, je montrerai les conséquences que l'on
peut déduire de ce dernier énoncé et leur vérification expérimentale. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la pluralité des chlorophyllines et sur les méta-
chlorophyllines. Note de M. M. Tsvett, présentée par M. Armand
Gautier.
« Dans une précédente Note (') nous avons donné la préparation d'un
pigment chlorophyllien bleu, cristallisable, la chlorophyllinc bleue. Il est
certain qiu^ ce pigment n'est pas seul à marier sa couleur à celle des pig-
ments jaunes pour donner le vert des plantes. A côté de la chlorophyllinc
bleue il en existe d'autres dont la préparation, beaucoup plus malaisée,
formera l'oJjjet de nos recherches ultéiieures. Mais nous pouvons affirmer
dès aujourd'hui que la bande fondamentale de la chloro[)hylle est double
et que sa partie gauche, tournée vers le rouge, appartient à la chlorophyl-
line bleue, le segment dextre, beaucoup plus faible, étant dû à une seconde
chloroph\ Iline.
» Pour rendre évidente cette duplicalure de la bande fondamentale,
on n'a qu'à faire usage de la méthode de dissolution différentielle dans un
système biphasé (benzine-alcool 80 pour 100). On obtient facilement une
solution alcoolique oii la chlorophylline dextre prédomine et où la bande
fondamentale apparaît élégamment scindée en deux. On sait d'ailleurs que
dans le spectre des feuilles vivantes la bande fondamentale se trouve éga-
lement dédoublée ( Wegscheider, Mann, Monteverde). Hagenbach, dans
de belles recherches sur les propriétés optiques de la chlorophylle, a
(') Comptes rendus, l. CXXI, p. 842.
C. K., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 3.) 20
( IJO )
monlré que la lumière rouge fluorescente émise par cette matière peut se
résoudre en deux bandes.
» La duplicature de latande fondamentale et l'existence de deux com-
posantes chlorophylliennes fluorescentes ont été signalées depuis longtemps
par Sorby ('), dont les travaux sont injustement tombés dans l'oubli.
Nous avons dit d'ailleurs que la méthode du savant anglais ne conduit
point pratiquement à des produits purs. MM. Marchlewsky et Schunck(-),
qui ont répété les expériences de Sorbv en suivant sa propre méthode,
confirment en partie ses résultats. Mais ces auteurs semblent avoir obtenu
des solutions encore moins pures que celles de Sorby, et c'est à tort
qu'ils attribuent aux deux chlorophylles une bande située enlre F et G.
Cette bande manque certainement à la chlorophylline bleue.
» Chez beaucoup de plantes, les chlorophyllines subissent au contact de
substances cellulaires inconnues, et en présence d'alcool, une transforma-
tion remarquable : si l'on broie des feuilles de tilleul, de sureau ou de rose
et que l'on humecte le magma avec de l'alcool ou encore avec de l'élher,
du chloroforme ou du benzol, la teinture préparée au bout de quelque
temps en extrayant par l'alcool présente des propriétés anormales. Agitée
avec de la benzine, elle ne lui cède presque pas de chlorophyllines. Cette
transformation est parfois très rapide; chez le tilleul, nous l'avons trouvée
complète en cinq minutes.
» Nous appellerons mélachlorophyllines les chlorophyllines ainsi mo-
difiées.
» A un degré de transformation différent, les chlorophyllines (ou l'une
d'elles) ne se combinent jilus à l'hypochlorine dans le résidu d'évapora-
tion de l'alcoolature. On obtient alors de beaux cristaux vert foncé, abso-
lument insolubles dans la benzine. Ces cristaux ont été découverts en 1881
par M. Borodine par voie microchimique, et l'éminent botaniste russe les
considérait avec raison comme un dérivé de la chlorophylle. M. Monte-
verde, plus tard, a voulu y voir la chlorophylle native elle-même et lui a
donné l'appellation différentielle impropre de chlorophylle cristallisable.
Nous proposons de nommer mélachlorophylline [3 le dérivé cristallin décou-
vert par M. Borodine. »
(') Proceed. of the Boy. Soc, t. XXI, p. 442; 1877.
(') Journ. 0/ t/te Cliem. Soc, t. XXVII, p. 1081; septembre 1900.
( I'' ^
CHIMIE VÉGÉTALK. — Sur un pseiulo-acùle agariciquc.
Note de MM. Adriax et Trillat, prcsenlée par Î\T. Armand Gautier.
« Il existe des divergences notables au sujet de la composition et des
propriétés du produit retiré de l'agaric blanc et désigné sons le nom iV acide
agaricique. Fleury (' ) lui aUrihne la formule C'H-'O* et un point de fusion
de 145°, 7. D'après Thaerner (-), laA'éritable formule serait C"H"'0* avec
un point de fusion de 69", 5. Ilofmeister (') lui assigne comme point de
fusion iSS-'etRorner (*) i/|i°-i42°.
» Nous avons entrepris l'étude du produit retiré de l'agaric par la mé-
thode suivante :
» L'agniic en poudre grossière est épuisé par 10 parties d'alcool bouiilanl à cp degrés.
On oltiienl un extrait alcoolique que l'on distille et que l'on épuise de nouveau
par de la benzine à chaud. Par refroidissement, il se dépose une masse qui, après
plusieurs cristallisations dans l'alcool bouillant, constitue notre substance. Nos ana-
lyses ont donné :
I. II.
Carbone 74,77 74, 7^
Mvdrogène 9>83 9)99
Oxygène ( par diflférencei '5,4o i5,28
100,00 100,00
» Hbiillioscnpie (te la substance. — 38',6294 de substance ont été dissous dans
606'', 5 d'acide acétique. L'élévation du point d'ébullition étant de b°,24 et la constante
de 9.5,3, on a, d'après la formule connue :
,, 3,6204x100x25,3 .-
M — ^^ ?— F— ^ ~ 632.
0,24 X 00,5
» La formule C"H'°0° donne comme poids moléculaire et comme composition
centésimale
C" 468 soit 75,00
H" 60 » 9,62
0« 96 .. i5,38
Total 624 100,00
(') Bulletin de la Société chimique, l. XIII, p. ig3; 1870.
(-) Journal de Pharmacie et de Chimie, t. III, p. 4'; 1881.
(') Journal de Pharmacie et de Chimie, t. XX. p. 449! 1889.
(*) Pharmaceutische Zeitung, t. XLI, p. 637; 1896.
( i52 )
» Constitution. — Nous avons essayé d'établir la constitution du corps
(]39jjooQe pjjj, Ij, fusion avec la potasse.
» Dans la partie acide du produit distillé nous avons constaté l'absence d'acide ben-
zoïque, phlalique, etc. La reclierche du phénol, de la résorcine, de la pyrocatéchine
et de la phloroglucine n'a donné que des résultats négatifs.
« Mais nous avons obtenu, comme dérivés principaux de cette distillation sur la
potasse, deux produits bien distincts. Le premier est un liquide présentant des ana-
logies avec un acide gras non saturé et ayant un point d'ébuUition de i8o"-i90''; le
deuxième est un liquide neutre appartenant à la série aromatique et doué d'une odeur
poivrée. Traité par l'acide azotique fumant en solution acétique, il donne un dérivé nitré
insoluble dans l'eau qui se décompose lentement à une température de 5o°. En le
cbaufTant rapidement on peut cependant avoir son point de fusion qui est dans le voi-
sinage de 100°.
» Ce dérivé nilré est insoluble dans les alcalis : soude, potasse, carbonates
alcalins, etc. 11 se laisse réduire et diazoter. En copulanl le nitrodérivé réduit par la
méthode habituelle avec le sel R, on obtient une matière colorante qui teint les tissus
enbrun rougeâtre.
» Propriétés du principe cristallisé retiré de l'agaric. — Le produit
(^3!) jLjnoQo cristallise en aiguilles dont le pointde fusion, après dessiccation,
est à 258" (corr.); après une exposition de plusieurs jours à l'humidité, ce
point de fusion s'abaisse à 240°.
» Cette substance est insoluble dans l'eau froide et très légèrement soluble dans
l'acide chlorhydrique et la soude à chaud. Elle se dissout dans la plupart des dissol-
vants organiques bouillants. Dans l'acide sulfurique concentré, elle disparaît en
donnant une coloration jaune; une addition d'eau la reprécipite sans transformation.
La sblution sulfurique additionnée d'une trace d'acide azotique donne une coloration
pourpre orangée.
» La solution acétique ne fixe pas le brome à froid, même après plusieurs jours de
contact.
» Oxydation. — Nous avons étudié le produit d'oxydation obtenu par l'acide chro-
mique en solution acétique. Ce sont des lamelles blanches très peu solubles dans l'eau
bouillante, insolnbles dans la potasse, solubles dans l'acide sulfurique concentré sans
altération. Elles se ramollissent à une température de 175" et se décomposent com-
plètement vers 185°. La combustioa a donné : carbone, 69,11 pour 100, et hydrogène
8,47 pour 100.
» En résumé, le corps retiré de l'agaric par le traitement à l'alcool ne
peut être désigné sous le nom à'acide. Des expériences récemment insti-
tuées f)ar M. le D"' Bardet viennent d'établir qu'il n'était doué d'aucune
propriéié physiologique, en sorte que celles qui ont été attribuées à ce
corps par les auteurs pourraient bien provenir de la présence de résines
qui accompagnent l'agaric. »
( '53 )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Transformation delà crcatine en créatinine pariin
ferment solublc déshydratant de l' organisme ('). Note de M. E. Gérard,
présentée par M. Armand Gautier.
« Voit avait déjà pensé que la créaline de l'organisme était transformée
en créatinine très vraisemblablement dans les reins ("). Le but de nos re-
cherches a été desavoir si celte déshydratation de la créatine pour donner
son anhydride interne, la créatinine, n'était pas produite par un ferment
soluble sécrété par le rein, et, pour cela, nous avons essayé de déshydrater
la créatine par l'extrait aqueux de rein de cheval. Après plusieurs essais,
nous avons acquis la certitude que la recherche de la créatinine susceptible
d'être produite n'était possible qu'en opérant avec un extrait aqueux d'un
rein lavé par une injection prolongée d'eau distillée faite par les vaisseaux
de l'organe excisé.
» Les extraits aqueux ont été obtenus en prenant seulement la partie
corticale et décolorée du rein lavé que l'on pulpe et que l'on met en ma-
cération avec son poids d'eau distillée additionnée de chloroforme pour
empêcher l'envahissement des microorganismes. La macération aqueuse
de rein préparée dans ces conditions ne se colore pas en rouge par le ni-
Iroprussiate de soude et la soude étendue (réaction de Weyl pour la créa-
tinuie).
» La créatine qui a servi à nos recherches a été préparée par nous ; elle
était exempte de traces de créatinine. Voici les faits observés :
» a. 5o" d'extrait aqueux limpide de rein lavé sont additionnés de oS'', 20 de créa-
tine et de 2" de chloroforme.
» b. 5o" du même extrait sont portés à rébullition et additionnés, après refroidis-
sement, de os'',20 de créatine et de 3'^" de chloroforme.
» Les deux lots sont placés à l'étuve chauffée à 4o°. Au bout de vingt-quatre heures,
les liquides sont soumis directement à la recherche de la créatinine par la réaction de
Weyl. Le lot a donne une coloration rouge légèrement rubis passant ensuite au
jaune, tandis que le lot b ne donne qu'une coloration jaune. Après quarante-huit
heures de séjour à l'étuve, la réaction du lot a est plus intense, le liquide b donnant
toujours un résultat négatif.
(') Travail du laboratoire de Chimie biologique de la Faculté de Médecine de
Toulouse.
C') Zeitscli. /iir Biologie, t. l\', p. 177.
( i5/i )
» Ces expériences ont été plusieurs fois répétées en opérant aussi avec
(les proportions de créatine plus élevées; les résultats ont été identiques
aux premiers.
» Mais comme la réaction de Weyl n'est pas absolument caractéristique
de la créatinine ([.égal, OEschner de Koninck). nous avons séparé celle-ci
par le procédé de Wôrner (') en prenant toutes les précautions possibles
pour ne pas, pendant les traitements, transformer la créatine en créati-
nine.
» Pour cela, les extraits aqueux refroidis à o° sont acidifiés par de l'acide sulfurique
dilué et précipités par l'acide phosphotungstique. Dans ces conditions, la créatinine
seule est précipitée, la créatine reste en solution. Le précipité, lavé à l'eau glacée, est
mis à bouillir avec de l'eau à plusieurs reprises pour dissoudre le phospliotungstate de
créatinine. Les solutions obtenues sont additionnées d'eau de baryte jusqu'à réaction
alcaline. On filtre, l'excès de baryte est séparé par un courant d'acide carbonique. I^e
filtrat est évaporé nu bain-marie et le résidu est soumis à la réaction de Weyl.
» Le produit du traitenaent du lot a donne, d'une façon très nette, la réaction de
Weyl, tandis que celui du traitement du lot b ne donne qu'une coloration jaune légè-
rement rougeâtre.
» En plus de la réaction de Weyl, nous avons aussi obtenu, avec le lot a, la réaction
de Jaflfé, c'est-à-dire une coloration rouge foncé avec l'acide picrique due à la créa-
tinine. L'extrait aqueux b bouilli ne donne rien dans ces conditions.
» La ]:>roportion de cré;itinine ainsi formée dans nos expériences est
faible, si l'on en juge par l'intensité de la réaction de Weyl, bien que dans
le cas par tien ber d'un rein déjeune cheval cette quantité parût plus grande;
inais il est bien démontré qiie l'extraitaqueux de rein de cheval peut trans-
former la créatine en créatinine.
» Cette action est due vraisemblablement à un ferment soluble.
» Nous rencontrons une fois de plus cette action déshydratante des
macérations aqueuses de rein. Récemment MM. Abelous et Ribaut (-) ont
eu effet réalisé la synthèse de l'acide hippurique par des macérations
aqueuses fluorées de rein de cheval.
» En plus des phénomènes de déshydratation qui s'accomplissent dans
le tissu rénal, on observe aussi des phénomènes d'hvdralalion, et l'on sait
que Schmiedeberg et Minkowski ont signalé dans le tissu du rein de porc
et de chien la présence d'un ferment soluble, V hislozyme de Schmiedeberg,
(') Zeitsch.f. Physiol. Cliem., t. XXVII, p. la.
(-) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LU, p. 543; 1900.
( i55 )
qui décompose l'acide hippurique en acide benzoïque et glycocolle. En
cuire, dans des expériences en cours, nous avons pu voir que l'extrait de
rein lavé provenant surtout d'animaux jeunes hydrolise certains glu-
cosides. A côté d'une réaction d'un ordre déterminé l'on voit très souvent
se produire, avec des macérations d'organes, le phénomène inverse. A cet
égard, nous rappellerons qu'avec M. E. Abelous nous avons montré la
coexistence dans le sein d'un ferment réducteuret d'un ferment oxydant. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Modes de formation et préparation du propylbenzène.
Note de M. F. Bodkoux, présentée par M. Troost.
» En faisant réagir le bromure de trimétbylène sur le benzène en pré-
sence du chlorure d'aluminium, j'ai obtenu, en même temps que le diphé-
nvlpropane symétrique, du propvlbenzène en quantité notable. Cet
hydrocarbure provient, sans aucun doute, de la décomposition par le chlo-
rure d'aluminium d'une partie du diphénylpropane qui prend naissance
dans cette réaction.
)) Voici le mode opératoire employé:
» J'ai placé dans un ballon 25o8''de benzène, 3o6'' de chlorure d'aluminium et 908'' de
bromure de trimélhylène. A froid, il n'y a pas eu de réaction. Après trois heures de
repos il s'est formé deux couches de liquide, le chlorure d'aluminium étant presque
complètement dissous dans la couche inférieure. J'ai alors chaude le ballon au bain-
marie, après y avoir adapté un réfrigérant ascendant. Vers 60°, une réaction tumul-
tueuse s'esl déclarée et a continué pendant un certain temps. Lorsque le dégagement
d'acide bronihydrique s'est ralenti, j'ai élevé la température progressivement jusqu'à
100° et je l'ai maintenue jusqu'à ce que la quantité théorique d'IlBr ait été recueillie
dans un flacon taré rempli d'eau.
» Le liquide du ballon a été alors projeté, par petites portions, dans l'eau froide,
puis décanté et lavé de nouveau : enfin, je l'ai recueilli et séché sur du chlorure de
calcium. Après avoir chassé l'excès de benzène par distillation, j'ai rectifié les produits
de l'opération, ce qui m'a donné :
24"'' de li(|uid(; passant entre iSo" et aSo"
26s'' » » 250° et SoG"
Un résidu goudronneux est resté dans le ballon.
» La portion 25o°-33o°a été soumise à une série de rectifications dans un ballon de
Wurtz. J'ai ainsi obtenu iSs"- de produit passant entre 290° et Sco". Le point d'ébulli-
tion est celui du diphénylpropane symétrique
( i56)
et j'ai vérifié la formule de constilution de cet hydrocarbure en le souiuellanl à l'ac-
tion d'un excès de brome en présence du bromure d'aluminium. Celte opération ne
fournissant pas trace d'hexabromobenzène, aucun des no3aux benzéniques n'est uni à
un groupement (CH)'".
» Le liquide recueilli entre iSo" et 260° a été rectifié dans un appareil à colonne.
 la deuxième distillation il passe presque tout entier entre i57° et lôg".
» J'ai obtenu i8s''de ce liquide, qui constitue un propylbenzène C*H^ — C^H''.
» Pour déterminer sa formule de constitution je l'ai traité par un excès de brome
contenant en solution i pour 100 d'aluminium. Au bout de six heures, le produit
après évaporation a été traité par la potasse, puis par l'acide chlorhydrique, enfin lavé
à l'eau et séché. L'alcool bouillant le dissout et par refroidissement laisse déposer de
longues aiguilles blanches, groupées en étoile, fondant à 96° et constituant le penta-
bromopropxlbenzène
C«Br5-CH2— CIP— CIP.
)' Cependant l'alcool laisse un faible résidu soluble dans le benzène bouillant : par
refroidissement, ce dissolvant abandonne des aiguilles blanches d'hexabromobenzène
C^Br° fusibles sans décomposition à 3i6°.
» Or le brome agissant surle propylbenzène normal en présence du bromure d'alumi-
nium donne du pentabromopropylbenzène; agissant sur l'isopropylbenzène, il fournil
uniquement du benzène hexabromé ('). Par conséquent, le carbure passant entre i57°
et i59° est un mélange des deux isomères. Pour déterminer la proportion de cumène
qu'il contient, j'ai soumis à la bromuration 3s'' de ce corps, qui m'ont donné iSs'' de
bromures d'où j'ai retiré 06'', 2 de benzène hexabromé, ce qui correspond à oS'',o4
d'isopropylbenzène. La proportion de ce dernier carbure est donc de i,3 pour 100.
» Par conséquent, on peut considérer la portion i57°-i59° comme formée de pro-
pylbenzène sensiblement pur, et l'action du bromure de triméthylène sur le benzène
en présence du chlorure d'aluminium pourra permettre de préparer rapidement des
quantités notables de ce corps.
» Le brome à 160° réagit sur lui en fournissant ledibromure de phénylallyle
a- tP - CH Br — CH Br — CH'
fusible à 66°. C'est là une nouvelle vérification de sa formule de constitution.
» Ce résultat obtenu, j'ai songé à examiner le carbure C° H" — C^H' qui
prend naissance dans l'action du bromure de propylène sur le benzène, en
présence du chlorure d'aluminium. Silva (-), qui a étudié sa formation, le
considérait d'abord comme formé uniquement de cumène, puis, après que
MM. Wispeck et Zuber (^) eurent reconnu que, dans l'action de l'iodure
(') F. BoDROUX, Thèse de Doctorat, p. 19 et 33; Paris, 1898.
(^) SiLVA, Bulletin de la Société chimique, t. XLIll, p. 3x8.
(') WispiiCK el Zuber, Liebig's Annalen der Chemie, t. CGXVllI, p. 379.
( i57 )
d'allvle sur le benzène, il y avait production de propylbenzène, Silva émit
l'hypothèse que son carbure pourrait bien être constitué par un mélange
des deux isomères.
» J'ai constaté avec cet hydrocarbure :
» 1° Que le brome à i6o" réagit en donnant naissance an dibromo-
phény lallyle C H ' - CH Br - CH JBr — CH' ;
M 2° Que le brome, en présence du bromure d'aluminium, fournit à
froid du pentabromopropvlbenzène. Ce corps est accompagné d'une très
petite quantité de benzène hexabromé.
)) Par conséquent, comme dans le cas précédent, l'hydrocarbure con-
sidéré est formé de propylbenzène renfermant seulement des traces de son
isomère; mais, à poids égaux, le bromure de trimélhylène fournit une
quantité de ce corps beaucoup plus grande que le bromure de |)ropyiène.
» En soumettant le diphényl . 1.2. pi-opane à l'action décomposante du chlorure
d'aluminium, Silva a obtenu un hydrocarbure C^H' — C'H' passant entre iSy" et iSg",
qu'il considère comme le composé normal. Voulant vérifier l'exactitude de cette ma-
nière de voir, j'ai distillé une certaine quantité de ce diphénylpropane sur le quart
de son poids de chlorure d'aluminium pulvérisé. Une vive réaction se déclare dans
ces conditions, la masse noircit, se boursoullo et il distille d'abord à 80° du benzène,
puis le thermomètre monte, et j'ai recueilli à part le liquide passant au-dessus de iSo".
En le rectifiant, j'ai obtenu un hydrocarbure passant entre 156° et 109°.
» Traité par le brome en présence du bromure d'aluniiiiium, ce corps m'a fourni des
quantités à peu prés équivalentes de pentabromopropvlbenzène et de benzène hexa-
bromé. Ce résultat montre donc que, dans les conditions de l'expérience, l'hydro-
carbure qui en résulte est constitué par un mélange, en quantités égales, de propj'l-
benzène et de cuinène.
» La formation de propvlbenzène normal dans les opérations précé-
dentes m'a engagé à étudier l'action de quelques dérivés bihaiogénés d'hy-
drocarbures gras sur le benzène en présence du chlorure d'aluminium.
Je me propose de faire connaître à l'Académie, dans une prochaine Com-
munication, quelques-uns des résultats obtenus. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Épuration de Vair par le sol.
Note de M. Auguste Gérardi.v, présentée par M. Troost.
« Dans l'inspection des établissements classés, j'ai reconnu la nécessité
de substituer les actions chimiques aux impressions fugaces de l'odorat, et
les pesées aux mots qui manquent pour spécifier les odeurs.
C. R., 1901. I" Semestre. (T. CXXXII, N° 3.) 21
( i58)
» J'ai indiqué ailleurs (Concours des Arls insalubres, i8[)5) les dosages
au permanganate, après avoir précipité par la condensation de la vapeur
d'eau les poussières et les vapeurs organiques de l'air.
» Je me suis assuré qu'on ne peut ni dessécher l'air, ni le fdtrer sans
arrêter en môme temps une partie de ses vapeurs organiques. Le chlorure
de calcium fondu et l'acide sulfurique, par exemple, arrêtent parfaitement
If^s vapeurs odorantes humides, et ils les dégagent, le premier quand on le
fait refondre, et le second quand on le fait agir sur les phosphates minéraux.
» Pour abréger, j'appellerai degré ozoméirique le poids en milligrammes
d'acide oxalique qui produit sur le permanganate sulfurique le même effet
que les matières organiques de i^'' d'air non desséché et non filtré.
)i II ne suffit pas de capter les odeurs, il faut aussi les détruire. La terre
est tout indiquée pour épurer V air, car elle est un absorbant désodorant et
elle s'épure elle-même par l'action de ses ferments minéralisateurs.
» La terre est un mélange de sable, de calcaire et d'argile.
» D'après Orfila, le sable et le calcaire retardent la décomposition des
matières organiques, tandis que l'argile la hâte. On choisira donc une
terre un peu argileuse, telle que la terre franche des jardins, pour y in-
suffler l'air odorant de certains établissements classés.
» J'ai dû étudier l'insufflation de l'air dans la terre. Au Muséum, j'ai eu
plusieurs espèces de terre; au laboratoire de Physiologie générale, M. Gré-
bant a mis à ma disposition son gazomètre de 200'" et de grandes éprou-
vettes. J'ai mesuré sur un chronomètre le temps nécessaire pour faire
passer lentement iSo'" d'air à travers la terre contenue dans une éprou-
vette de o™,66 de hauteur et de o", 33 de diamètre quand on fait varier
soit sa composition, soit son épaisseur, soit son humidité.
» On voit ainsi que :
» L La terre est perméable à l'air, et sa perméabilité est indépendante de
sa composition ;
n 2. La résistance de la terre au passage de l'air est proportionnelle à
l'épaisseur de la couche fdtrante ;
)) 3. La résistance de la terreau vassage de l'air est proportionnelle à la
quantité d'eau qui l'humecte.
>> L'air des rues de Paris marque 4° ozométriques.
», Jj'air odorant des établissements classés est supérieur à 4° ozomé-
triques, s'il n'y a pas précipitation par la vapeur d'eau.
» L'air de la terre varie de 3* ozométriques, si elle n'est pas cultivée,
il 2°, 5 sous une pelouse de gazon ou de Lycopodes (Muséum).
( i59 )
» J'ai appliqué ces théories à Choisy-le-Roi (Seine), dans la maroqui-
nerie de M. Petitpont, avec le concours de M. Roëmhild, ingénieur de
l'usine.
» L'égout qui reçoit les eaux usées de cet établissement dégageait une
odeur incommode qu'on faisait disparaître pendant le travail au moyen
d'un ventilateur. Cette machine chasse dans une haute cheminée 920°"^
d'air à l'heure, avec une charge deo^joSo d'eau. En mai 1900, on lui
emprunta 1 80°"^ d'air odorant à l'heure, pour les conduire dans un drain
recouvert de o'",()0 de terre. De mai à octobre, les analyses ozométriques
de l'air de l'égout présentèrent des irrégularités, signe d'un mauvais fonc-
tionnement. On dut se décider à explorer l'égout. On y reconnut et l'on
y répara la cause du mal. Aussitôt le drainage fit disparaître l'odeur, et le
titre ozométrique se lixa à 2°, 8 dans la terre qui recouvre le drain.
» Je me propose de l'ensemencer avec des balayures de grenier à four-
rage, pour voir quelles seront les herbes qui profiteront le mieux de
['engrais gazeux d'une maroquinerie. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le rôle de la fonction chlorophyllienne dans l'évo-
lution des composés ierpéniques('). Note de M. Elg. (Jhakaiiot, présentée
par M. Haller.
« Mes recherches sur la genèse des composés terpéniques dans les
végétaux, dont j'ai eu l'honneur de faire connaître les résultats à l'Aca-
démie (Comptes rendus, t. CXXIX, CXXX, CXXXI), ont établi que les
élhers d'alcools terpéniques prennent naissance dans les parties vertes
des végétaux, c'est-à-dire dans le milieu soumis à l'action chlorophyl-
lienne. J'ai été amené à conclure, à la suite de ces recherches, que les
premières modifications subies par les alcools terpéniques sont dues à des
phénomènes de déshydratation (formation d'éthers sous l'influence des
acides ou transformation en terpènes) et que ces déshydratations sont des
conséquences de la chlorovaporisation, en d'autres termes qu'elles sont
dues à l'influence de la fonction chlorophyllienne.
» Il convenait d'apporter à celte manière de voir une vérification di-
recte. Dans ce but, j'ai entrepris de nouvelles recherches et organisé des
essais de culture. Je ferai connaître plus tard les résultats de ces derniers
essais.
(') Faculté des Sciences de Paris, laboratoire de Chimie organique.
( i6o )
» Dès à présent, j'étudierai l'influence qu'exercent sur l'éthérification
des alcools terpéniques les diverses causes susceptibles de modifier l'é-
nergie assimilalrice d'une plante. Si cette influence agit dans le même sens
sur les deux ordres de phénomènes, j'aurai là une contribution à la vérifi-
cation de l'hypothèse consistant à envisager l'éthérification des alcools
terpéniques dans la plante comme une conséquence des phénomènes chlo-
rophylliens.
» Influence de la coloration des feuilles. — Certaines piaules possèdent un feuillage
normalement coloré en rouge, violet, brun ou jaune orangé. M. Griflon {Ann. Se.
nat. Bot., 8° série, t. X, p. i), au cours de ses intéressantes recherches sur l'assimila-
tion chlorophyllienne et la coloration des plantes, a constaté que, généralement, les
feuilles renfermant de l'anthocyanine contiennent des chloroleucites faiblement co-
lorés. En d'autres termes, les cellules sont pauvres en chlorophylle, et, assez souvent,
l'énergie assimilalrice des feuilles rouges se trouve comprise entre la moitié et les
trois quarts de celle des feuilles vertes; ce rapport peut même s'abaisser jusqu'à A.
» 11 étail donc intéressant de voir si des feuilles colorées en rouge, moins riches en
chlorophylle que des feuilles vertes, contiennent une huile essentielle plus pauvre en
élhers que l'essence élaborée par ces dernières. La menthe poivrée se prête très bien
à cette élude. Il en existe, en ellel, deux variétés : l'une à feuillage vert, l'autre à
feuilles rouges. Les huiles essentielles extraites de plantes des deux variétés cultivées
à Grasse ont été analysées. Vessence de menthe à feuilles vertes contenait : 9,8
pour 100 d'élhers; 42,1 pour 100 de menthol total; 9,8 pour 100 de menthone.
Vessence de menthe à Jeuilles rouges renfermait 4,7 pou'' 'oo d'élhers; 48,3 pour
100 de menthol total ; 17,1 pour 100 de menthone.
)) On voit que l'essence élaborée par la variété la moins riche en chlorophylle est
aussi celle qui renferme le moins d'élhers; mais, par contre, elle contient une pro-
portion plus notable de menthone. 11 en résulte que la plante la mieux organisée pour
la fonction chlorophyllienne est aussi celle qui élabore le plus facilement les élhers du
menthol.
» Influence de la nature des organes. — Les fleurs peuvent jouer un rôle au
point de vue de l'assimilation chlorophyllienne, mais ce rôle est faible et la respiration
l'emporte sur l'assimilation. J'ai montré antérieurement que les alcools terpéniques ou
leurs élhers s'y modifiaient par oxydation, les élhers prenant naissance notamment
dans les organes soumis à l'action chlorophyllienne.
» En étudiant deux essences de lavande extraites, l'une de plantes débarrassées
de leurs inflorescences, l'autre de plantes complètes provenant du même champ,
j'ai constaté que la première renfermait 89,2 pour 100 d'élhers, tandis que la seconde
n'en contenait que 36,2 pour 100.
» Dans ce cas encore, les plantes privées de leurs inflorescences fournissent une
huile essentielle plus riche en élhers que les plantes entières.
» Influences simultanées ou séparées de la lumière, de l'altitude, de l'état hygro-
métrique, de la température. — M. Gaston Bonnier {Ann. Se. nat., Bot., 7" série
t. XX, p. 17) a observé qu'une plante de plaine, transportée à une altitude supé-
( i6i )
rieure, ncquiert, sous rinilueuce du climat alpin, un certain nombre de modifications
(tissu palissadique plus développé, cellules renfermant des chloroleucites, plus gros,
jilus verts et en plus grand nombre) qui la rende/H apte à une fonction assimilairice
plus intense. Il est donc intéressant de rechercher si, à cette fonction assimilatrice
plus intense, correspond la formation d'une proportion plus notable d'élhers dans
les huiles essentielles des plantes adaptées au climat alpin.
» Depuis 1894 j'analyse, tous les ans, plusieurs centaines d'échantillons d'essences
de lavande d'origines diflërentes. Des résultats de ces nombreuses analyses découle
que, d'une manière générale, la richesse en éthers est d'autant plus grande que l'al-
titude à laquelle la plante a vécu est plus élevée. Ce fait a d'ailleurs été observé éga-
lement par les chimistes de MM. Schimmel et C'^.
» Donc, l'altitude influe dans le tnvine sens, d'une part sur la fonction chloro-
phyllienne, d'autre part sur la formation des éthens.
n Mais l'influence de l'altitude n'est pas une influence simple, elle dépend de plu-
sieurs facteurs qui caractérisent le climat de montagne : 1° l'éclairement plus intense;
2° l'air plus sec; 3° la température plus basse. Les deux premiers, pris isolément,
agissent dans le même sens, tandis (]ue l'influence du froid dans les montagnes paraît
contrarier leur action.
» Examinons, en particulier, l'influence de l'état hygrométrique.
» M. Gaston Bonnier a constaté que, à égalité de surface, la feuille d'une plante qui
s'est développée dans un air sec assimile plus que la feuille de la même espèce qui
s'est développée dans un air saturé.
» En 1894, 189.5 et 1896, j'ai analysé toute une série d'essences de lavande provenant
des cîmes élevées des Alpes et du Dauphiné. Les nombres trouvés pour les teneurs en
éthers oscillaient entre 35 et 45 pour 100.
» Pendant l'année 1897, une sécheresse exlrême sévit dans le midi de la France, des
échantillons préparés dans les mêmes régions que ceux étudiés les années précédentes
présentèrent des teneurs en éthers variant entre 87 et 48 pour 100. Pour corroborer
ces résultats, j'ai comparé les produits de la dernière récolle, au cours de laquelle la
sécheresse a été grande, à des essences de même origine obtenues en 1899. J'ai constaté
une augmentation moyenne de i ,5 pour 100 dans la richesse en éthers.
» La difl'érence est plus sensible encore si l'on compare les essences de montagne,
dont la teneur en éthers est de 35 pour 100 environ, à une essence extraite de plantes
des environs de Paris où l'humidité est constamment plus grande. Ici intervient, en
eflTel, en ce qui concerne la lavande des environs de Paris, non seulement l'humidité
plus grande, mais encore la lumière moins intense. Nous avons jadis, M. Pilletetmoi,
analysé un semblable produit et trouvé seulement 10 pour 100 d'éthers.
>i Ainsi, il ressort nettement de cet exposé que l'air sec fai'orise la formation des
éthers en même temps qu'il rend les végétaux plus aptes aux fonctions chloro-
phylliennes.
)) Conclusions. — Les conclusions qui se dégagent de ce Iravail peuvent
se résumer ainsi : Les influences capables de modifier les plantes de façon à
les rendre plus aptes aux fonctions chlorophylliennes favorisent en même temps
la formation des éthers d'alcools lerpèniques. »
( 1«2 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition chimique du café de la Grande
Comore. Note t!e M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Duclaux.
« Quand on compare entre elles certaines espèces végétales, on est
quelquefois surpris d'y trouver des différences de composition chimique
que ne laissaient nullement prévoir leurs caractères extérieurs. On est ainsi
conduit à se demander s'il n'y a pas lieu de faire intervenir ces différences
dans la détermination des espèces et à concevoir, tout au moins dans
l'avenir, nn système de classification plus en rapport avec l'ensemble des
notions biologiques, système qui tiendrait compte, non seulement de la
forme extérieure et de l'anatomie des organes, mais encore de leur fonc-
tionnement physiologique.
)) C'est dans l'intention d'apporter un appui à cette manière de voir que
je présente aujourd'hui les résultats obtenus en soumettant à l'analyse
chimique les graines du café <le la Grande Comore.
» Le café en question croît spontanément dans l'île, où il a été trouvé
par M. Humblot. Bâillon, qui l'a examiné tout d'abord au point de vue
botanique, a pensé que ce pouvait être une espèce nouvelle et lui a donné
provisoirement le nom de Coffea Humblotiana ( ' ). Toutefois, les caractères
sur lesquels était basée cette détermination ont paru si minimes à Froehner
que celui-ci, dans sa Monographie du genre Coffea, n'a pas hésité à admettre
qu'il s'agissait, non d'une espèce nouvelle, mais d'une simple variété de
Coffea arabica L. (-).
» Je ne m'arrêterai pas ici à la discussion des quantités plus ou moins
grandes de matières grasses, sucrées, protéiques, etc., qui composent le
café de la Grande Comore; je veux seulement insister sur un caractère
d'ordre qualitatif, seul intéressant à cause de sa netteté : c'est l'absence
complète de caféine.
« Lorsqu'on épuise par l'éther des graines de café ordinaire, provenant
soit du Coffea arabica de diverses origines, soit du Coffea liberia, on ob-
tient, après évaporation du dissolvant, un extrait formé de matières
grasses au milieu desquelles nagent de petites aiguilles de caféine, inso-
(') Bull. Soc. Linnéeniie de Paris (i885), p. 5i3-5i4.
(2) Die Gattung Coffea iiiid ilire Arten [Botanische Jahrbiicher, von A. Engler),
l. XXV, p. 233-295. Leipzig, 1898.
( i63 )
lubies dans le sulfure de carbone. Avec le café de la Grande Comore, au
contraire, l'extrait éthéré est limpide, amorphe et formé exclusivement
par de l'huile. L'extraction, continuée avec du benzène ou du chloro-
forme, ne fournit pas la plus petite trace de caféine.
» Une recherche .particuhère, sur l'^^Je grains, a d'ailleurs confirmé
pleinement cette absence totale de l'alcaloïde. Les graines ont été moulues
et soumises à un épuisement méthodique par l'eau tiède. On a obtenu
ainsi une vingtaine de litres de liquide, qu'on a déféqué par le sous-acétate
de plomb et l'acide sulfurique, puis ramené, par distillation dans le vide,
au volume de aoo*^". Cette solution concentrée, rendue acide par l'acide
acétique, a été agitée à plusieurs re|irises avec du chloroforme, pour extraire
la caféine. Mais j'évaporalion du dissolvant n'a laissé qu'une petite quan-
tité de matière résinoïde. De nouveaux épuisements au chloroforme, après
saturation de l'acide par l'ammoniaque, ont été sans résultat.
» Si l'on songe maintenant que le Coffea arabica, transporté et cultivé
en des pdiiits très différents du globe, a toujours donné de la caféine (de
gE""^ iQgrparkilogramme). On nepeuts'empècherd'altribuerà lacomposition
chimique exceptionnelle du café de la Grande Comore la valeur d'un véri-
table caractère si^écifique, venant confirmer la diagnose provisoire de
Bâillon.
)) J'ai tenu cependant, pour donner plus de force à cette opinion, à
m'assurer qn'il n'y avait pas là une influence de sol ou de climat, et j'ai
analysé comparativement des graines de Coffea arabica, cultivé dans l'ile
même de la Grande Comore. Comme on peut le voir dans le Tableau
ci-dessous, la comparaison est aussi démonstrative que possible.
Coffea Iliimblotiana. Coffea arabica.
Kau 11,64 9!7'^
Extrait ('•tlu'Té 10,68 5,76
Extrait alcoolique '...... 8,42 12,10
„ ( réducteur 0,80 0,20
Suce . , . , , Q^
( non réducteur 4 1 20 4 ! 00
Azote total 1 . 5o ■ 1 9^
Cendres 2,80 3,66
Caféine 0,00 ':34
» Après l'exemple de grands groupes de végétaux où des dillérences de
composition chimique, comme celles des tissus ligneux chez les angio-
spermes et les gymnospermes (' ), corres])ondent aux différences morplio-
(') Gabriel Bertrand, Sur la composition chimique du tissu ligneux des
plantes gymnospermes {Comptes rendus, t. CXXIX, p. i025; 1899).
( i64 )
logiques, après ceux, assez fréquents déjà, où des différences analogues se
rencontrent entre des types génériques et spécifiques de plus en plus rap-
prochés, voici donc un cas où deux espèces presque identiques par leurs
organes se séparent encore très nettement par leurs fonctions physiolo-
giques. Il est vraisemblable qu'on trouvera encore beaucoup d'exemples
de ce genre (') et qu'on pourra étendre ainsi aux êtres supérieurs une
méthode de diagnose qui a rendu de si grands services dans l'étude des
levures et des microbes. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Action du miicus su7^ l'organisme. Note
de MM. CiiARRiN et 3Ioussu, présentée par M. d'Arsouval (^).
« Le rôle croissant des auto-intoxications nous a conduit à rechercher
l'action du mucus introduit dans les milieux clos de l'organisme. D'ailleurs,
l'abondance de ce produit répandu un peu partout dans l'économie, son
augmentation au cours d'une série de maladies, son apparition dans une
foule de cultures microbiennes ('), différentes raisons donnent à ces
recherches une importance aisée à comprendre.
» Pour obtenir ce mucus en quantité suffisante et à l'état relativement pur, nous
recueillons, à l'aide d'un léger raclage, la sécrétion qui recouvre la trachée ou les
bronches des grands animaux (chevaux, bœufs, chiens de haute taille, etc.). On dilue
en agitant avec soin, durant dix à vingt minutes, ce liquide frais dans trente ou qua-
rante fois son poids d'eau salée à 8 pour looo ou d'eau contenant un millième de car-
bonate de soude; on filtre ensuite sur du papier, puis on injecte ce mélange d'ailleurs
fluide, limpide, neutre ou alcalin, dans la veine marginale de l'oreille du lapin.
» Il suffit ordinairement de faire pénétrer oe^oS à os^iS par kilogramme, pour ame-
ner la mort en une ou deux minutes; on enregistre parfois des convulsions légères, du
nystagmus, un peu de dyspnée, etc. — A l'autopsie pratiquée sans retard, on note des
battements cardiaques en général moins forts que ceux qu'on observe dans d'autres
genres de mort; d'autre part, il est exceptionnel, en dépit de la hâte de l'examen, de
ne pas déceler, dans le ventricule droit, des caillots naissants; le contenu de ce ventri-
cule, surtout quand on use de fortes doses (o,45 à 0,80), peut être coagulé dans sa
totalité; on voit, en tout cas, même arec de minimes proportions, la coagulation se
réaliser dans son ensemble beaucoup plus promptement qu'à l'étal normal.
(') Voir notamment les caractères chimiques qui séparent Tricholoma niiditm
Pries de Tricholoma personalum Pries [Gabriel Bertrand : Les oxydascs {Agenda
du Chimiste, p. 544-535; 1898)].
(') Travail du laboratoire de Médecine expérimentale de l'École des Hautes Études
(Collège de France).
{') Expériences de Desgrez et Cliarrin.
( i65 )
1) Cette accélération est telle qu'on est amené à se demander si elle n'intervient pas
dans le mécanisme de la mort, — On est tente de répondre négativement si, dès que le
réflexes cornéens ont disparu, on reconnaît que le cœur bat, que le contenu vasculaire
est fluide. Par contre, on revient à l'opinion opposée, lorsque, après avoiF constaté que
le mucus est incapable de provoquer la coagulation d'un sang maintenu liquide dans
des tubes renfermant quelques gouttes d'extrait de sangsue, on s'aperçoit que ce
mucus injecté est sans elTet chez des animaux ayant au préalable reçu quelque peu de
ce même extrait ( ').
» En présence de ces faits, on est autorisé à penser que des obstructions
vasculaires se produisent dans les centres nerveux, de préférence dans le
bulbe, grâce à des tliromboses nées sur place on à des embolies venues
de diverses régions (-).
M Celui qui se demande quelle est la nature de ce principe coagulant
songe naturellement au fibrin-ferment, assimilation cependant difficilement
acceptable. On sait, en effet, que la chaleur détruit assez facilement ce
princi|)e, tandis que l'activité coagulante du mucus, en particulier si l'on
dilue dans l'eati au carbonate de soude, supporte, au moins durant plu-
sieurs minutes, une température atteignant loo", parfois davantage; d'autri,^
part, la précipitation par l'alcool (procédé de préparation de ce fibrin-fer-
ment) altère l'action de ces dilutions de mivcus (').
» On peut aussi remarquer que ces dilutions sont relativement pauvres
en cellules, spécialement en leucocytes; si on laisse déposer ou si l'on cen-
trifuge ces liquides, ces cellules polymorphes s'accumident forcément dans
le fond des tubes, etcependant la partie superficielle de ces liquides, à peu
près dépourvue d'éléments figurés, détermine la coagulation presque aussi
vite que la partie profonde (').
» Ajoutons que ce produit coagulant ne dialyse pas, du moins difficile-
ment, lentement, incomplètement; le sulfate d'ammoniaque le précipite;
(') L'effet de cet extrait, qui se transforme ou s'élimine, est passager. — In vitro,
l'oxalate de soude, le fluorure de sodium donnent des résultats analogues; mais, en
raison des doses nécessaires et de leur lovicité, on ne peut utiliser ces sels chez
l'animal. D'un autre côté jusqu'à présent les peptones (anti-coagulant indirect), peut-
être à cause de leurs impuretés, ne nous ont pas fourni de résultats satisfaisants.
(-) La rapidité de la coagulation ne permet pas d'examiner les centres assez vite pour
pouvoir préciser l'origine des caillots.
(') Quelques réserves sont nécessaires, parce que cette action de la température sur
les ferments varie avec l'état de ces ferments.
(*) Cette substance coagulante dérive évidemment des cellules ; mais elle se détache
de ces cellules plus facilement que certaines toxines très adhérentes aux bactéries.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXMI, N° 3.) 22
( •'■•(■' )
certains acides le détériorent (' ); le foie ne le modifie jaas sensiblement,
et, pourtant, à la suite de ces injections de mucus dans la veine latérale de
l'oreille, la, coagulation semble particulièrement hâtive dans le territoire
porto-hépatique.
» Malgré celte remarque, l'action si évidente de ce principe in vitro
porte à le ranger parmi les coagulants directs; quelques gouttes de l'une
de ces dilutions à i pour 20 ou 3o suffisent à assurer, au bout de deux ou
quatre minutes, la coagulation du sang de cheval, qui, normalenient, dans
les tidies récepteurs, se maintient fluide pendant plus d'un quart d'heure.
» A cet égard, il convient de reconnaître qu'on accélère plus ou moins,
toujours in vitro, cette coagulation à l'aide de principes empruntés à diffé-
rents tissus (foie, rate, etc.) et préparés de semblable façon. Toutefois, le
chauffage à 100° annule l'influence de ces piiucipes plus vite que celle du
mucus; d'un autre côté, de nombreux auteurs ont injecté des extraits or-
ganiques variés sans signaler cette modification du contenu vasculaire;
nous avons, en outre, introduit depuis o^', 10 jusqu'à i^'' et plus d'éléments
hépatiques, musculaires, sans engendrer de désordres immédiats.
» Au demeurant, nous ne focalisons pas étroitement (-) dans le mucus
des voies respiratoires cette action nuisible si manifeste ('). Du reste, l'in-
tensité des effets observés, l'abondance à l'état normal ou pathologique du
produit en cause, etc., commandent des recherches aussi multiples que
variées; il faut, en particulier, élucider la nature de l'agent actif, le méca-
nisme du phénomène (^); il faut encore examiner de quelle manière de
tels attributs intéressent l'attaque aussi bien que la défense de l'orga-
nisme (^). »
(') l^eut-être la mucine joue-t-elJe un rôle important : c'est ce que nous saurons
prochainement.
(") Le mucus vésical, le mucus intestinal si complexe, etc., ont paru actifs. — A ce
sujet, il sera intéressant d'analyser l'action du mucus d'un animal donné sur un ani-
mal de même espèce.
(^) L intervention d'un processus mécanique ne permet pas de qualifier de toxique
le phénomène enregistré; néanmoins, il existe peut-être aussi un processus chimique.
(*) Il sera bon de savoir s'il s'agit de précipitation ou de coagulation vraie, comme
aussi de fixer le rôle des sels, etc.
(5) Il importe de comparer les effets des doses massives à ceux des doses progres-
sives, de rechercher s'il est possible d'immuniser, de créer des anti-corps, de déceler
les lésions engendrées à la longue avec du mucus anomal ou non, de voir si ces élé-
ments interviennent dans la genèse des thromboses, des phlébites, dans l'arrêt des
hémorragies, etc.
( ï67)
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Radiopelvigiaphie et Radiopelvimèlrie à longue
portée. Note de M. le D'' Henri Yarxieu, présentée par M. ¥.
Guyon.
« Il est possible d'obtenir, à l'aide d'un simple radiotvpe, une repré-
sentation du bassin osseux meilleure qu'une bonne photographie en gran-
deur égale et permettant d'apprécier, avec une exactitude suffisante, les
diamètres utiles à l'accoucheur, qu'il s'agisse du grand bassin, de l'entrée
ou de la sortie du petit bassin.
» Il suffit pour cela de radiographier le bassin en pronation, c'est-à-dire
en plaçant le sujet sur le ventre, à l'aide d'une ampoule placée à 2", 5o
de la plaque sensible, et dont la cathode se trouve perpendiculaire à
l'axe prolongé du détroit supérieur d'un bassin normal pris comme point
de mire.
» Les expériences faites par nous sur les bassins secs et sur le cadavre,
et dont quelques épreuves sont soumises à l'Académie, établissent que les
diamètres agrandis ne le sont que de 5"*" au maximum.
» Cette méthotle de Kadiopelvigraphie et de Radiopelvimétrie à longue
portée est applicable, des radiotjpes présentés le prouvent, à la femme
vivante dont le bassin, dans le décubitus ventral, porte sur la plaque sen-
sible comme le bassin sec et le bassin du cadavre. Nos expériences sur les
bassins secs et sur les cadavres montrent «pien plaçant l'ampoule plus
loin encore, à ")*" de la plaque sensible, on arrive à corriger presque entiè-
rement l'écart maximum de 5""" indiqué ci-dessus.
» Au cours de ces expériences, j'ai été amené à étudier la portée des
appareils dont nous disposons à l'heure actuelle (ampoules ordinaires bi-
anodiques, bobines de a.^"" d'étincelle, Ircmbleur des ingénieurs Ducretet
et Lejeune), xAvec dix minutes de pose (10 ampères, 26 volts), j'ai pu ob-
tenir la silhouette d'un bassin sec sur une plaque photographique placée
à la distance de aS™ de l'ampoule. Avec vingt minutes de pose, le bassin
se voit encore sur une plaque distante de So™, une spirale de plomb
à 45°".
» Le cadavre peut être radiographié à 5"". La main vivante l'est aisé-
ment à celte même distance en neuf minutes.
» Il y a donc lieu d'espérer qu'on pourra, avant qu'il soit longtemps, en
opérant à 5"°, atténuer encore, j)our le bassin de la femme vivante, la
( i68 )
légère déformation inhérente à la Radiopelviniétrie à 2™,5o. Telle qu'elle
est, cette dernière donne dus résultats suffisants pour la pratique et su-
périeurs à ceux que fournissent les procédés de Pelvimétrie digitale,
manuelle, instrumentale, voire radiographique employée jusqu'à ce
jour ('). »
ZOOLOGIE. — Les Spongiaires de l' expédition antarctique belge et la hipola-
rité des faunes. Note de M. E. To;>se.nt, présentée par M. de Lacaze-
Dulhiers.
« Un des faits généraux qui devait découler de l'étude des animaux
rapportés de l'Antarctique par la Belgica était la confirmation ou l'infirma-
tion de la théorie de la bipolaritc des faunes.
» M. Racovitza a déjà déclaré qu'il n'existe pas d'oiseaux bipolaires, et
M. Kœhltr, dans une Note récente à l'Académie, a montré combien la
comparaison de la faune des Échinides et des Ophiures antarctiques avec
les formes arctiques ébranle la théorie en question.
» Je me suis livré à une comparaison semblable au sujet des Spongiaires
que la commission de la Belgica a bien voulu me confier; elle m'a conduit
à des conclusions identiques.
M Yingt-six espèces ont été recufillies : deux Calcarea, treize Monaxo-
nida, une Carnosa, neuf Hevactinellida et une Halisarcida. Treize sont nou-
velles, dont une sert de type à un genre nouveau; deux représentent des
variétés nouvelles d'espèces déjà connues. Toutes proviennent des opéra-
lions effectuées au cours de la dérive du navire, entre 70° et 71° 18' de
latitude S et entre Si*' et 92° de longitude O, par des profondeurs, assez
uniformes, de 400*" à Sôp"".
» D'après leur répartition par groupes, on constate d'abord que les
Monocératines et les Tétractinellides font défaut.
» En ce qui concerne les Monocératines, rien d'étonnant d'après ce
qu'i'U sait depuis longtemps de la distribution de ces Éponges. La faune
arclique n'en paraît elle-même contenir que deux : Leiosella pulchella Bow.
et Spongelia fragilis (IMont.) var. irrcgularis Lend.
(') J'ai poursuivi celle étude au laboratoire de Radiographie que mon maître, le
professeur Pinard et moi, avons créé, il y a quatre ans, à la clinique Baudelocque, en
vue des applications obstétricales des rayons X.
( i69 )
» n n'en va pas de même des Télractinellides. Sollas a fait connaître
neuf Choristides des régions siibantarctiques et l'on pouvait s'attendre pour
le moins à retrouver quelqu'une de ce.s formes dans la collection de la
Belgica. Leur absence ne sert cependant pas d'indication suffisante pour
tirer dès maintenant des conclusionsà leur sujet. On doit se souvenir que les
Éponges de ce groupe sont plutôt rares dans beaucoup de dragages, sur-
tout loin des cotes, et que, des huit ou neuf espèces attribuées à la faune
arctique, plusieurs ne sont, en somme, connues que par un nombre exces-
sivement restreint d'échantillons.
» D'ailleurs, Placina trilopha Schuize, dont je fais une Carnosa, est com-
prise par divers auteurs parmi les Tétractinellides. Sa découverte dans
l'Antarctique est fort intéressante puisqu'on ne l'avait encore vue que dans
la Méditerranée.
» Pour le reste, on peut dire que la faune des Spongiaires de l'Anlarc-
lique, dans la région explorée par la Belgica, diffère bien de la faune arc-
tique. En fait d'espèces communes, de part et d'autre, je ne vois .à citer que
Leiicosolenia Lamarcki , Hahc/wndria panicea et Dendoryx incrustans (par
une variété nouvelle), dont le cosmopolitisme est, d'ailleurs, avéré. Des
sept autres espèces déjà décrites, quatre remontent assez haut dans l'Iiémi-
s])hère boréal sans toutefois, autant qu'on le sache, pénétrer dans la zone
subarctique; trois semblent actuellement pro|)res à l'hémisphère austral.
La proportion des espèces nouvelles apparaît, en outre, considérable.
Mais surtout la faune antarctique se trouve caractérisée par sa richesse en
Ilexaotinellides. Alors qu'on n'a réussi qu'avec peine, jusqu'à ce jour, à
découvrir dans la zone arcti(pic cinq de ces Ei)onges, une à l'est du Groen-
land, une autre dans la mer de Baffiii (Fristedt, 1887) et trois au nord du
Spitzberg (Schuize, 1900), les fauberts de la Belgica nous en ont fourni
neuf: cinq nouvelles, dont l'iiue nécessite la création d'un genre nouveau,
deux intlétermiuables en raison de l'état défectueux des spécimens, deux
enfin déjà connues, /^a/rea occa Bowerbank et Balhydorus spinosus Schuize.
Les Bossellidœ sont fort bien représentées dans la collection, mais celle-ci
renferme aussi quatre f/«ci/iafar«rt et peut-être contient-elle, en outre, une
Asconématide (Cau/ophacus? sp.). Non seulement les Hexactinellides ré-
coltées conijjoseut une liste relativement longue, mais le nombre de leurs
spécimens obtenus n'est généralement pas restreint et même, en té-
moignage de leur réelle fréquence, quatre d'entre elles se sont retrouvées
dans plusieurs stations différentes. »
( 17» )
ANATOMIE ANIMALE. — Origine du pigment chez les Tiiniciers. Transmission
du pigment maternel à l'embryon. Note de M. Antoine Pizon, présentée
par M. Edmond Perrier.
K Les faits que j'expose dans la précédente Note sur la pigmentation des
Tuniciers se rapportent à l'origine encore peu connue des granules pig-
mentaires et à leur première apparition chez l'embryon.
» Ceux des Tuniciers tels que les Distaplia, les Bolryllidés, etc., qui sont
fortement colorés et dont les générations de blastozoïdes se succèdent
sans interruption dans un même cormus, constituent d'excellents maté-
riaux pour ce genre de recherches i)arce que les éléments des individus
morts sont englobés dans la tunique commune ou bien se répandent dans
les lacunes sanguines des survivants, où il est possible d'en suivre les
transformations ultérieures.
M Des nombreuses observations que j'ai faites sur ces animaux, il ressort
qu'une partie très importante de leur pigment, peut-être même la totalité,
provient de la destruction des tissus pendant les phénomènes d'histolyse
dont ces animaux sont le siège, après leur mort, dans l'intérieur du
cormus.
» Toutes les espèces, même les plus fortement colorées à l'état adulte,
telles que les Distaplia rosea, Botrylloïdes rubrum, Bolryllus violaceus, etc.,
engendrent des larves qui, à l'éclosion, sont toujours à peu près incolores;
la pigmentation s'accentue peu à peu chez les générations suivantes à
mesure qu'augmente la somme des éléments cellulaires provenant des
individus en régression.
') Cette pigmentation est due, comme je l'ai déjà fait connaître ('), à
un nombre considérable de petites granulations différemment colorées,
ne dépassant pas ii^ ou 2"^, et qui sont, les unes libres dans le plasma san-
guin, les autres enfermées dans des cellules ou chromocyles en voie de
régression plus ou moins avancée; toutes sont animées de mouvements
rapides, quel que soit leur emplacement.
» Un premier point très important que j'ai mis en évidence, c'est que les premiers
granules pigmentés que possède la larve lui viennent de l'organisme maternel par voie
(' ) A. PizoN, Sur la pigmentation des Tuniciers et la mobilité de leurs granules
pig/nenlaires {Comptes rendus, nov. 1899).
( 171 )
migratrice. Cette transmission s'observe avec la plus g;rande netteté chez les em-
bryons des Botryliidés qui, comme on le sait, subissent leur entier développement
dans des diverticules des lacunes sanguines maternelles; ils ne sont entourés que de
trois enveloppes très minces formées chacune d'une seule assise de cellules très
aplaties, les deux follicules et \a paroi péribrancliiale maternelle. Entre celle-ci et
le follicule externe existe un petit intervalle où circulent des globules sanguins
accompagnés de chromocvtes et de granules pigmentés libre dans le plasma. Ces con-
ditions du développement se prêtent très bien à l'étude de la transmission du pigment
de la mère à l'embryon ; elles ont en outre l'intérêt de se rapprocher lioaucouii de celles
des Mammifères.
» L'embryon de Botryllus violaceus. le plus jeune dans lequel j'ai constaté la pré-
sence des granules pigmentaires, était au stade où la cavité entérique primitive vient
de se constituer : des traînées de ces g^ranules s'étendaient sans interruption de la
carilé sanguine maternelle jusque dans les cellules eclodermiques de l'embryon,
à travers les enveloppes larvaires.
» Cette invasion pigmentaire se fait par les mouvements propres des granules, sans
l'intermédiaire de leucocytes qui leur serviraient de véliirtile. On peut en suivre les
progrès en examinant des embryons à des stades de plus en plus avancés. De l'ecto-
derme les granules pénètrent dans les tissus plus profonds et se répandent un peu par-
tout, principalement dans ceux qui ont atteint leur diflerenciation définitive; on en
trouve dans des globules sanguins, dans des cellules de la chorde et dans celles qui
limitent les stigmates branchiaux; la jeune tunique en renferme des traînées qui se
continuent dans le liquide sanguin maternel; quelques globules sanguins sont même
complètement envahis et n'ont plus que les contours de leur noyau qui soit encore
bien délimité. Les éléments larvaires qui subissent rhistol\-se au moment de la fixa-
tion (vésicule sensorielle, chorde, etc.) se pigmentent également.
)) Ces granules ne sont cei)endanl pas encore en assez forte proportion pour teinter
les larves des Botryllidés d'une façon notable; mais la pigmentation des générations
suivantes s'accuse de plus en plus : les éléments celluhiires des individus morts se
désagrègent et se répandent, isolément ou par petits paquets, dans les tubes vascu-
laires coloniaux et dans les cavités sanguines des individus vivants, où ils se mêlent
au torrent circulatoire.
» Des granulations pigmentées apparaissent alors peu à peu dans les éléments et
leur nombre va en augmentant à mesure que les décompositions internes des cellules
deviennent plus profondes; on trouve toutes les transitions entre la cellule à peu près
intacte et ne renfermant que (juelques granules pigmentaires et celle qui en est complè-
tement envahie et ne présente plus qu'une très mince paroi brillante à sa périphérie.
i> Si l'on suit assez longtemps au microscope quelques-uns de ces globules pig-
mentés qui ne sont plus entourés que d'une faible membrane externe , on les voit
changer très fréquemment de forme sous la poussée de véritables flots de gra-
nules qui se précipitent sur la jiaroi, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre; on peut
assister à une disparition locale de cette paroi et, par la brèche ainsi produite, des
tiaînées de granulations se répandent dans le plasma sanguin, tandis que d'autres péné-
trent peu à peu dans des éléments cellulaires, globules en dégénérescence ou globules
sanguins, situés au voisinage.
( 172 )
» Les granules pigmentaires sont donc le résidu final de la destruction
des éléments provenant des différentes générations d'ascidiozoïdes qui
meurent dans le cormus. Les vieux Ë;lobules sanguins ont le même sort
que ces éléments,
» Je ne puis me prononcer encore d'une façon précise sur la vitalité
réelle ou apparente de ces granules. Je ne saurais dire non plus pour le
n)oment si la chromatine du noyaujoue un rôle quelconque dans la genèse
du pigment, comme Bataillon l'a décril chez les Batraciens; en tout cas les
processus ne seraient pas absolument identiques. Dans les éléments en
régression des Botrylles et des Botrylloïdes, les noyaux perdent très tôt
leur contenu, tout en conservant leur paroi 1res nette; par contre, le pro-
toplasme se teinte alors uniformément en rose par le carmin, et c'est dans
son intérieur qu'apparaissent les premières granulations pigmentaires: la
cellule peut être bourrée de ces granules et présenter encore le contour de
son noyau vide de chromatine.
» Ajoutons, pour terminer, que le pigment s'élimine en quantité consi-
dérable par la tunique, en particulier chez les Diplosomidés et les Distapha.
Les petites masses pigmentées se montrent surtout aulo\ir des oscules, et
le long de l'endostyle et dans les lacunes sanguines de la région viscérale;
mais beaucoup d'entre elles émigrent dans la tunique, alors même que les
éléments cellulaires dont elles proviennent sont encore à un degré peu
avancé de dégénérescence; elles s'y fragmentent en se rapprochant |)eu à
peu (le la surface du cormus; leurs granules deviennent même libres quand
leur destruction est complète, et ils finissent par être rejetés au dehors par
la lente desquamation qui se produit à la surface de la tunique.
» J'ai vu celte migration se produire simultanément sur toute l'étendue
d'un cormus de Diplosoma Listeri k la suite de régressions d'ascidiozoïdes;
et la colonie prenait alors une opacité suffisante pour rendre momentané-
ment impossible les observations par transparence.
M Cette excrétion du pigment par la peau est d ailleurs un phénomène
très général chez les animaux supérieurs; elle est particulièrement frap-
pante chez les grenouilles, dont les lambeaux d'épiderme exfolié sont tou-
jours pétris des mêmes granules pigmentaires que ceux qui sont accumulés
dans la couche muqueuse, ou qui sont situés plus profondément dans l'in-
térieur des muscles, ainsi que le long des nerfs et des vaisseaux san-
guins. »
( 173 )
BIOLOGIE. — Théorie nouvelle de l' adaptation chromatique. Note de
M. Geougës lioiiN, présentée par M. Edmond Perrier.
« La coloration des êtres vivants est due, le plus souvent, à la présence
dans leurs cellules de granules colorés, dits granules pigmentaires.
M Carnola montré : i° que ce sont, non pas des précipitations chimiques
au sein du proloplasma, mais des granules chromogênes, constitués par
une petite masse d'une matière complexe imprégnée de la matière colorante
qu'ils produisent; 2" que ces granules présentent des teintes d'intensité
variable et deviennent parfois incolores; 3° qu'ils sont doués de mouve-
ments qu'arrête le chloroforme.
» De plus, ces granules sont susceptibles d'émigrer dans les organismes,
et de passer même d'organisme à organisme. Miss Newbigin a réuni, dans
un ouvrage important sur les pigments ('), de nombreux faits de ce genre.
J'ai observé moi-même, dès 1896, des faits très nets de contagion pigmen-
taire (-) : les Crustacés parasites des Ascidiella et des Botrylloides sont
envahis progressivement au cours de leur développement par les granules
pigmentaires de l'hôte. Francotte a signalé, en 1898, des faits analogues au
sujet des Cycloporus, parasites des Bolrylles.
» Enfin, j'ai constaté des faits de lutte entre granules pigmentaires de
diverses teintes. Quand on examine des tissus embryonnaires (Crustacés
Décapodes, Amphibiens, etc.), on constate qu'une même cellule peut
contenir plusieurs espèces de granules, chacune sécrétant un pigment
propre, ou même plusieurs pigments, successivement ou simultanément, à
l'exemple du Bacille pyocy unique qui, d'après Charrin et de Nittis, peut
sécréter en même temps des pigments noir, bleu, vert, jaune. Suivant les
phases du développement et suivant les régions de la larve, telle ou telle
espèce de granules semble l'emporter, comme s'il se produisait une lutte
intracellulaire entre les granules chroniogcnes inégalement ou diversement
colorés.
» Parmi tous ces faits positifs (virages, atténuations et exaltations, mi-
grations et contagions, luttes pigmentaires), les derniers seuls me sont per-
( ' ) Newbigia : Colour in Nature; London, 1898. — Introduced Pigments, p. 4o-4i >
140-146, 292-299, etc.
(^) BoHN : L'éi'olutio/i du pigment (Scientia), 1901.
C. li., lyui, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 3.) 23
( 174 )
soiinels. Je ne bais pas si j'y ajouterai quelque chose, en adoptant une
Itypothèse quia été émise, souvent, il est vrai, avec crainte, par presque tous
ceux qui ont étudié le pigment, à savoir que les granules pigmentaires sont
identiques aux chloroteuciles, et sont, comme eux, c!es plastiduies vivants,
car le mol vie, em])Ioyé dans tant d'acceptions ('), n'a plus actuellemenl
de signification.
» Je considérerai donc simplement le phénomène de lulte pigmentaire
pour expliquer d'une façon simple celui de V adaptation chromatique, dans
le cas où celle-ci ne résulte pas de mouvements de chromatoblastes.
» Supposons une cellule pigmenlée éclairée par des rayons solaires ayant traversé
un écran chimique : couche d'eau plus ou moins considérable, feuille d'une plante. .. ;
cet écran a laissé passer les radiations lumineuses de longueur d'onde : Xa, X6, 'l.c.
et a arrêté les radiations : >.a, },S, 'k-j . . .; au sein de la cellule, on trouve des granules :
ft b \ „ "
\o
de trois espèces difl'éreutes (la troisième présentant deux variétés), et capables d'uti-
liser respectivement :
,,1 „2 „'3 o''3
O O O Ô
\a 'l.a l.h 'hj
H II est évident que g^ et g'^ seront avantagés, utilisant les radiations "ka et kb,
alors que g- et g"'^ ne peuvent utiliser les radiations absentes.
» Ainsi, avec l'éclairement considéré, les granules g^ et g''', qui possèdent des teintes
appropriées à l'éclairement, l'emportent sur les granules g- et g"'' dans la lutte qu'ils
soutiennent entre eux, et ce sont eux qui auront toutes les chances de survivre et de
se perpétuer.
» Ces considérations permettent de se rendre compte de deux sortes
de phénomènes : i" île certains faits d' homochrornie entre plantes et ani-
maux; 2" de changements de la pigmetitation survenant au cours du dévelop-
pement d'un animal.
)) 1° Les diverses zones marines sont caractérisées par la teinte, oti verte,
ou brune, ou rouge, que prennent simultanément la plupart des animaux
et des algues qui y vivent; les granules chromogènes dans les divers êtres
vivants d'une zone donnée devant s'adapter à un môme éclairement ont
naturellement tendance à prendre la même teinte.
)) 2° Il arrive qu'un même être vivant, au cours de son évolution, change
(') M. Duclaux va jusqu'à attribuer des caractères de la vie à certaines substances
chimiques, comme les diastases.
( 175 )
fie milieu; il change alors de teinte par le même mécanisme : ainsi toute
larve est d'abord envahie par les granules jiigmentaires provenant de
l'œuf, granules qui se sont différenciés au sein des tissus maternels, et qui
ne savent pas utiliser la lumière solaire(comme l'ont montré les expériences
de Florentin sur les œufs de Grenouille); mais, a mesure que l'embryon
évolue dans le milieu extérieur, d'autres granules, mieux appropriés aux
nouvelles conditions de vie, se développent dans les tissus (observations
de Bedriaga sur les Salamandres).
» Cette nouvelle théorie de l'adaptation chromatique semble avoir
quelque analogieavec les théories lamarckiennes deCunningham, d'Eimer,
de Simroth, qui considèrent la pigmentation comme étant le résultat des
« influences environnantes », et surtout de l'éclairement; mais elle en
diffère profondément : i" en ce que j'attribue la formation du pigment
beaucoup plus à des causes chimiques qu'à la lumière ('); 2° en ce que
je ne fais intervenir celle-ci que dans la lutte que soutiennent entre eux,
dans un même organe, les granules pigmentaires de diverses teintes. Si je
fais intervenir la sélection naturelle, il faut remarquer que celle-ci ne
s'exerce pas entre les êtres colorés par le pigment, mais entre les plasti-
dules chromogènes eux-mêmes, les intérêts des uns et des autres n'étant
pas forcément concordants. »
BOTANIQUE. — Recherches sur la structure de quelques champignons injérieurs.
Note de M. Guilliekmoxd, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Malgré les nombreuses observations faites dans ces dernières années,
l'étude cylologique des moisissures et des levures reste encore très con-
fuse. Cependant Wager, dans un travail très précis, a récemment apporté
une notion nouvelle à la question si complexe du noyau des levures. Il
décrit un nucléole (novau des auteurs) accolé à une vacuole chargée de
(îns granules possédant une grande alfinité pour les matières colorantes et
qu'il considère comme faisant partie du noyau. Wager ayant observe une
disposition analogue chez une Mucorinée, pense que cette structure pour-
rail être commune à beaucoup de moisissures.
« Nous nous sommes proposé de rechercher la structure décrite par
(') Le pigment résulterait d'émissions nucléaires qui se produisent à la suite d'in-
loxications variées (par CO' en particulier).
( '7G )
Wager, chez un ceriain nombre de moisissures et de levures. Notre élude
a porté spécialement sur un Dematium trouvé sur du bois mort et que
nous n'avons pas encore déterminé de façon plus précise.
» Ce champignon possède une richesse exceplionnelle de granulations qui se
colorent facilement et d'une manière intense par les dilTérentes matières colorantes. Ces
granulations sont disposées soit dans le protoplasma, soit plus ordinairement dans l'in-
lérieur des vacuoles. I^es plus grosses sont animées de mouvements browniens et sont
visibles à l'état frais sous forme de granules réfringents rappelant les globules oléa-
gineux, mais ils n'ont aucune des propriétés des corps gras. L'hématoxyline, l'héma-
talun, le violet de gentiane, la fuchsine les colorent en rouge. Avec le bleu de
méthvlène et le vert de niélhyie ils prennent une coloration bleue intense légèrement
violette.
» Leur naissance semble être en relation avec celle des vacuoles.
» Ils apparaissent dans les filaments les plus jeunes sous la forme de petites masses
finement réticulées ou de très petites granulations dans l'intérieur de petits espaces
hvalinsqui sont probablement l'origine des vacuoles. Ces petites vacuoles grossissent,
leur contenu s'accroît, puis elles se fusionnent pour constituer de grosses vacuoles qui,
à un stade plus avancé, occuperont la majeure partie des filaments. La forme de ces
granulations devient alors très variable, un certain nombre d'entre elles se distinguent
par leur forme nettement sphérique et leur taille plus considérable, mais elles se
comportent de la même façon vis-à-vis des matières colorantes et des réactifs chi-
miques, et leur nature est identique. Très souvent ces dernières sont entourées
de granulations plus petites qui s'accolent à leur paroi, et il semble que la for-
mation de ces corps soit le résultat de la fusion des fines granulations primitives. Ces
granulations sont disposées d'une façon régulière dans chacune des vacuoles. Cette
disposition apparaît nettement lorsqu'on fait usage des doubles colorations : les mé-
langes de fuchsine et de vert de mélhj'le donnent de bons résultats, de même que le
bleu polychrome, qui colore les granules en rouge vif et le protoplasraa en bleu clair.
» Les plus gros de ces granules semblent constitués d'une paroi fortement colorée
et d'un centre plus pâle. Quelquefois cette membrane est interrompue et prend l'as-
pect d'un croissant.
» Nous n'avons pas pu nous renseigner sur la nature chimique de ces granulations.
Cependant elles résistent à la pepsine et ne paraissent donc pas être de nature pro-
téique. Les dissolvants de la nucléine les laissent intacts en rendant toutefois très dif-
ficile leur coloration, ce qui a pu dans bien des cas être une source d'erreur. Ces
granulations très abondantes, même dans les filaments très jeunes et lorsque le cham-
pignon est en pleine activité, pourraient peut-être être considérées comme des pro-
duits de réserve. Elles possèdent à peu près les mêmes caractères que les corpuscules
métachromatiques de Babès et les grains rouges de Biitschli, auxquels on doit les
assimiler. Dans la dégénérescence, on observe une transformation complète du proto-
plasma en globules d'huile. Ceux-ci se distinguent des grains rouges par leurs pro-
priétés chimiques, par leur inaptitude à fixer les colorants nucléaires et par une
moindre consistance. Les grains rouges diminuent beaucoup de taille et de nombre
au cours de la dégénérescence, mais subsistent cependant. Une double coloration à
( 177 )
l'hémato\vline et à l'acide osmique permet de différencier ces deux sortes de cor-
puscules.
n Ces granulations rouges pénètrent dans les jeunes bourgeons comme le novau.
Une étude minutieuse d'un certain nombre de levures nous a permis de les assimiler
aux. granulations nucléaires de Wager. Nos observations ne permettent pas de les
considérer comme faisant partie du noyau et comme étant de nature chromatique.
» Les noyaux se distinguent de ces granulations par leur forme et leurs dimensions
toujours à peu près constantes. Le procédé de Heidenhain permet de les mettre en
évidence avec beaucoup de netteté. L'hématalun difTèrencie très bien les granulations
vacuolaires, qu'il colore en rouge vif, des noyaux qui apparaissent en bleu avec une
teinte plus pâle. Les noyaux sont en nombre variable dans chaque article. Ils sont logés
dans les espaces protoplasmiques qui séparent les vacuoles. Rarement ils sont en con-
tact avec les vacuoles. Les bonnes préparations permettent d'observer leur structure.
Il sont constitués d'un nuclèoplasma incolore limité par une membrane et d'un corps
sphérique (probablement nucléole) placé soit au centre, soit le plus souvent à la péri-
phérie.
» Nous avons pu constater que cette structure était commune à beaucoup de cham-
pignons inférieurs {Penicillum glaucum, Oidium laclis). Dans V Aspergillus varia-
hilis et le Sterigmatocystix nigra. le novau contient deux masses colorées accolées
aux deux extrémités de la membrane et dont l'une est sphérique et l'autre a la forme
d'un croissant.
» Dans les formes levures de notre Dematium. nous avons trouvé un noyau possé-
dant la même structure. Il n'en existe typiquement qu'un seul par cellule, mais
fréquemment on en compte de a à 4- Ces noyaux sont ordinairement situés au centre,
les deux pôles de la cellule étant occupés par deux vacuoles chargées de granulations.
» Nous avons retrouvé une structure analogue chez beaucoup de moi-
sissures, avec toutefois une moindre abondance de granulations. Notons
que \e Dematium no présente jamais de glycogène ; d'autres champignons,
qui en contiennent au contraire une forte |)roportion, sont généralement
beaucoup pUis pauvres en granulations; peut-être y aurait-il compensation.
» Nous avons comparé ces résultats avec ceux qu'a obtenus Wager, et
nous nous sommes assure, par l'étude d'un certain nombre de levures
(S. fastorianus, S. ellipsoideus, Oidium albicans) et notamment du Sacc/ia-
romyces cerevisiœ, que ces granulations correspondaient bien aux granula-
liojjs décrites par cet auteur. Ce dernier a décrit une structure analogue
avec des vacuoles chargées de granulations dont les unes, très fines,
seraient des granulations nucléaires, et les autres, plus grosses, devraient
être considérées comme des grains de |)rotéine. Nous avons fait voir que
les colorations ne laissaient aucun doute sur l'identité de ces dernières
avec les granulations plus fines.
)) Comme Wager, nous avons observé un noyau toujours accolé à la
( 178 )
vacuole, mais, conlraircmciil à cet auLeui', nous avons pu y reconnaître
(au moins pour le 5. cerevisice) une structure analogue à celle que nous
avons décrite chez certaines moisissures. Tl est formé d'un micléoplasma
entouré d'une membrane, dans lequel on distingue plusieurs granulations
dont l'une, plus grosse et plus régulière, pourrait èlrc le nucléole.
» Il résulte donc de nos observations qu'il existe une grande analogie
entre la structure des moisissures et celle des levures. Presque tons les
champignons inférieurs possèdent des granules de forme très variable,
dont les plus gros ont été souvent confondus avec des globules d'huile. Ces
granulations sont très souvent disposées autour ou dans l'intérieur des
vacuoles. Elles sont assimilables aux sjrains rouircs de Bûtschli et, contrai-
rement à l'opinion de Wager, ne font pas partie du noyau. Enfin, ce dernier
possède une structure différenciée qui le rapproche des noyaux décrits
chez les Ascomvcètes supérieurs ( Pezizes). »
MINÉRALOGIE. — De la Symétrie apparente dans les cristaux.
Note de M. Frkd. Wallera\t, présentée par M. Fouqué.
« Quand le réseau et la particule complexe d'un corps cristallisé pos-
sèdent un élément de symétrie commun, cet élément se retrouve dans
les formes cristallines et dans l'ellipsoïde d'élasticité optique, et le plus sou-
vent la réciproque est vraie. Aussi, sans examen approfondi de la question,
a-t-on généralisé cette réciproque, quoique certains faits montrent nette-
ment qu'une rangée peut se présenter comme un axe dans les formes
cristallines et dans l'ellipsoïde d'élasticité optique, sans être un axe de
même ordre du réseau.
» Considérons l'iodargyrite : cette substance présente, dans ses forr:'!cs
cristallines, une symétrie nettement hexagonale, et l'on admet, par suite,
qu'elle possède un axe sénaire, et dans son léseau et dans sa particule
complexe. EnréaUté, elle est sensiblement cubique : elle ne possède qu'un
axe ternaire de structure, qui est binaire par symétrie apparente.
)) Un premier argument est tiré de ce fait que le paramètre de l'axe
vertical rapporté à l'axe binaire est égal à i,229'i, c'est-à-dire très sensi-
1%
blement ^; or, dans un réseau hexagonal, il n'existe aucun rapport entre
v/2
l'axe vertical et l'axe binaire.
» Comme second argument les cristaux se maclent suivant la face(ioT2)
r 179 >
faisant avec l'axe ternaire un angle de 54", 38; ce groupement est
inexplicable, si l'on considère le cristal comme hexagonal; au contraire,
dans l'hypothèse d'un cristal cubique, cette fiice de groupement est un
plan limite coïncidant avec l'une des faces du rhombododécaèdre, qui, dans
le cube, fait avec l'axe ternaire un angle de 54°, 44- La déformation n'est
donc que de 6'.
» Un troisième argument est tiré de la belle expérience de MM. Mal-
lard et Le Chatelier. Quand on chauffe l'iodargyrite, elle devient cubique
a. la température de 146° et le phénomène est réversible. La transforma-
lion s'effectuant sans jierte de transparence, il faut bien que le réseau,
cubique au-dessus de i46«, soit rhomboédrique et non hexagonal au-des-
sous de celle température.
» Ou voit donc qu'un axe ternaire peut prendre Vapparence d'un axe
sénaire. Il est vrai que l'axe ternaire peut devenir un axe sénaire par suite
du groupement de deux cristaux; mais ces groupements, quoique fré-
quents, n'existent pas forcément.
» Un autre exemple plus frappant est celui du rutile et d'autres miné-
raux considérés comme quadratiques, et qui, en réalité, sont monocli-
niques. L'axe quaternaire n'est qu'apparent : leurs réseaux et leurs
particules complexes ne possèdent pas d'axe quaternaire, mais un axe
quasi ternaire coïncidant avec l'un des axes considéré à tort comme bi-
naire et, par suite, perpendiculaire sur le soit-disant axe quaternaire, qui
coïncide avec la grande diagonale de la maille quasi losangique perpendi-
culaire sur l'axe ternaire.
» La véritable structure du rutile est mise en évidence, de façon indis-
cutable, p.ir ses associations avec des cristaux ternaires tels que le fer oii-
giste, le mica, la chlorite, etc., et, en outre, par la nature de ses groupe-
ments.
» On pourrait citer de nombreux cas analogues et il devient par suite
nécessaire d'introduire en cristallographie une notion nouvelle : la notion
d'axe de symétrie apparente. Un le! axe jouit de la propriété suivante : si
l'on fait tourner le réseau autour de lui d'un angle égal à -^, un plan réli-
culaire quelconque, une rangée quelconque viennenlcoïncideravec un autre
plan réticulaire, avec une autre rangée, sans que le réseau se retrouve en
coïncidence avec lui-même. C'est là, bien entendu, une condition nécessaire
mais pas suffisante. Pour qu'une rangée soit un axe de symétrie apparente,
il faut que la parlicuie complexe exerce dans des directions symétriques
( i«o )
des actions égales sur les milieux extérieurs, tels que milieu crislallogène,
éther. Or dans l'état actuel de la Science, il n'est pas possible de trouver
les conditions auxquelles doit satisfaire la particule complexe, pour que
cette symétrie mécanique soit réalisée, à moins qu'elle ne résulte directe-
ment de la symétrie géométrique. On peut cependant faire faire un pas à
la question, en s'appuyant sur ce fait, révélé par l'observation, que les seuls
axes de svmétrie apparente sont précisément les rangées qui, dans un
cristal cubique holoédrique, sont des axes de groupements. Ces axes de
groupements, les axes ternaires et les normales aux faces du trapé-
zoédre(2i i), sont donc des axes limites d'ordre mécanique et non d'ordre
géométrique. Or dire que l'équilibre est à peu près aussi stable quand les
particules complexes sont symétriques ou parallèles, cela revient à dire
qu'une particule exerce des actions sensiblement égales dans deux posi-
tions symétriques. On conçoit donc que, par suite d'une légère déforma-
tion de la particule complexe, ses actions dans deux orientations symé-
triques puissent devenir égales, et dans ce cas l'axe de symétrie mécanique
se comportera comme un axe de symétrie géométrique et se retrouvera
dans les formes cristallines et l'ellipsoïde d'élasticité optique.
» Ces faits m'ont paru intéressants à signaler, car en définitive la théorie
de Bravais consiste à considérer les corps cristallisés comme des milieux
géométriquement symétriques; de cette symétrie géométrique découle la
svmétrie mécanique |)ermettant d'expliquer les propriétés de ces corps.
Or les faits précédents montrent que la symétrie mécanique peut être
réalisée en dehors de la symétrie géométrique, mais, bien entendu, dans
deux cas particuliers qui ne portent pas atteinte à la généralité des lois de
la cristallographie. »
MINÉRALOGIE. — Sur l'origine de l'or de Madagascar. Note de
M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué.
a L'or natif se rencontre dans les alluvions de la presque totalité de la
région gneissique de Madagascar, bien que les gisements jusqu'à présent
explorés soient surtout concentrés dans le massif central de l'île.
» Les filons de quartz, qui, dans le plus grand nombre des régions auri-
fères, sont la source première de l'or alluvionnaire, n'ont été que fort peu
étudiés jusqu'à présent à Madagascar, et sauf trois d'entre eux, exploités
dans les environs de Suberbieville avant la conquête, nous n'avons guère
sur eux de renseignements positifs.
( '?I )
» Je me propose de montrer dans cette Note que l'origine d'une partie
au moins de l'or alluvionnaire de la grande île doit être recherchée dans un
autre «enre de gisement.
» Plusieurs prospecteurs ont annoncé que de l'or avait été obtenu par
le lavage direct de la terre rouge (^latérite) qni, à Madagascar comme dans
beaucoup de régions chaudes, résulte de la décomposition sur place des
roches feldspathiques les plus diverses (gneiss, granité, etc.).
» Les plus grosses pépites trouvées à Madagascar, et dont quelques-
unes, exposées en 1895 au Muséum par M. Suberbie, atteignaient 45oS'',
ont été recueillies aux environs de Suberbieville dans ces terres rouges,
non loin, il est vrai, des filons de quartz dont il est parlé plus haut, mais
certainement en dehors d'eux. Elles ne sont absolument pas roulées et il
n'est pas douteux qu'elles aient été trouvées dans leur gisement originel.
» A ces renseignements, je puis ajouter quelques observations absolu-
ment précises résultant de l'étude de deux échantillons donnés par
M. Suberbie à la collection minéralogique du Muséum. Ils proviennent
tous deux du Mandraty, affluent de l'ikopa. Le premier est constitué par
l'un de ces quarlzites à magnclite si répandus dans l'île et qui y sont la
source principale du minerai de fer. L'or natif y est régulièrement distribué
et joue le même rôle que la magnétite, c'est-à-dire moule les grains de
quartz ou est englobé par eux. Le métal précieux est intimement associé
à cette magnétite, et il est sans aucun doute l'un des éléments primaires de
la roche.
» Le second échantillon est plus intéressant encore; il est constitué par
un gneiss dont les lits sont alternativement riches ou pauvres en biotite.
L'or natif y est très abondamment distribué en grenailles ou en cristaux
nets. L'examen microscopique montre cet or natif inclus dans tous les élé-
ments : quartz, feldspaths (orthose et oligoclase) et même biotite. On l'y
trouve non seulement en particules visibles à l'œil nu, mais encore en my-
riades de petits cristaux, ayant parfois moins d'un a et disposés suivant des
surfaces planes ou courbes, à la façon des inclusions liquides : celles-ci sont
elles-mêmes très abondantes dans le quartz de la roche, qui ne contient
pas trace de pyrite.
» De ces laits il résulte la conviction que l'or natif est un élément nor-
mal de ce gneiss. C'est, je crois, avec l'observation faite par M. Orville
Derby dans le district de Campanha (Minas Geraès), le seul exemple d'or
natif jouant le rôle de minéral primordial dans une roche gneissique. On
peut chercher à expliquer ce ciuùeux mode de gisement à l'aide de quel-
ques faits d'observation connus dans d'autres régions.
C. p.., 19U1, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 3.) ^4
( I«2 )
L'or natif en cristaux anciens a été signalé par M. Merrill dans un échan-
tillon de granité de la Sonera, par M. Jacquet dans le granité de Broken
Hill (Australie).
» On sait, d'autre part, que l'or natif existe en petite quantité dans
quelques fdons slannifères (notamment dans ceux du Limousin), produits
par des émanations du magma granitique.
» La collection du Muséum possède un échantillon de gneiss granuli-
lique des environs de Nantes renfermant une géode tapissée de cristaux de
quartz, d'apaliteet de lamelles d'or natif.
M Enfin, M. Faribault a signalé dans la Nouvelle-Ecosse des filons de
pegmalite dont les apophyses, de plus en plus pauvres en mica et en feld-
spath, se terminent par des filonnets de quartz aurifère.
)) Il est donc bien établi que l'or est un élément possible, quoique rare,
des magmas granitiques. Il n'est pas étonnant dès lors de le voir apparaître
sous une forme plus abondante dans certains schistes cristallins tels que
ceux de Madagascar, au milieu desquels l'influence du granité éruptif se
fait sentir à chaque pas.
» On peut en outre se demander si les filons quartzeux aurifères de
l'île ne doivent pas, eux aussi, être en relation avec le granité. En effet,
ces filons renferment parfois des parties quartzeuses limpides, semblables
à ces blocs de cristal de roche que l'on rencontre dans la plupart des
rivières de Madagascar. Or ces derniers sont souvent riches en inclusions
de tourmaline, de moscovite, qui ne laissent pas de doute sur leur relation
avec les pegmatites.
» L'intérêt théorique de cette question, malgré toute son importance,
ne doit pas faire perdre de vue son côté pratique; il est probable que les
faits que je viens de décrire dans la région de Suberbieville ne sont pas
isolés. M. G. Grandidier m'a dit avoir vu aux environs d'Ambositra des
paillettes d'or dans un bloc de gneiss formant la pierre principale d'un
tombeau malgache. Il y a donc lieu d'appeler l'attention des explorateurs
de Madagascar sur la présence de l'or dans les gneiss et mieux encore
dans les terres rouges (latérites) provenant de leur décomposition, qui se
prêteront plus facilement à la recherche du métal précieux. »
GÉOLOGIE. — Sur rage des roches éruptives du cap d' Aggio (^Alpes-Maritimes).
Note de M. Léon Bertiiaxd, présentée par M. Michel Lévy.
« Dans une Communication récente à la Société géologique de France,
M. Guébhard a indiqué que les tufs cinéritiqueslabradoriques de Biot sont
( «83 )
du Miocène supérieur, ce qui rajeunit notablement Tàge admis générale-
ment jusqu'ici pour les éruptions de labradorites dans les Alpes-Maritimes.
Il est d'ailleurs très vraisemblable que ces éruptions ne sont pas toutes
contemporaines et que certaines d'entre elles datent de la fin du Pliocène
ou même du Pléistocène (' ). Il me paraît démontré actuellement que les
éruptions qui ont donné naissance aux roches analogues du cap d'Aggio
doivent se rapporter à une date très récente.
» Il n'existe d'ailleurs dans ce point, à ma connaissance, aucune roche
éruptive en place, soit en coulée, soit en produits de projection; le gise-
ment du cap d'Aggio est manifestement formé de produits de projection
remaniés et stialifiés par les eaux, probablement marines, et formant seule-
ment un placage contre la falaise de calcaires jurassiques; mon éminent
maître, M. Michel Lévv, que j'ai eu la bonne fortune de conduire à ce
gisement, a été aussi de cet avis. Ce gisement se trouve au niveau actuel
de la mer, mais il en existe d'autres dans le voisinage à une altitude plus
élevée, jusqu'à loo" environ au-dessus du niveau de la Méditerranée.
» En particulier, la gare de la Turbie ( Chemin de fer P. -L. -M.), siuioe à i''"'à
l'ouest, est creusée dans un dépôt de galets de plage, situé à une cinquantaine de
mètres d'altitude et vraisemblablement pléistocène (ou du moins du I^liocènc le plus
récent); des travaux exécutés l'an dernier, pour la construction d'une villa au bord
du chemin qui descend de la route de la Corniche inférieure à la gare, m'ont montré
qu'à un niveau notablement supérieur à cette dernière se retrouvent encore dans ces
formations récentes des éléments éruptil's analogues à ceux du bord de la mer.
» D'autre part, à i*"" au nord-est du cap d'Aggio, au fond de la seconde baie ren-
contrée en suivant la plage, presque en vue de Monaco, on retrouve au bord de la
mer des formations identiques à celles du cap d'Aggio, c'est-à-dire formées unique-
ment de produits éruplifs stratifiés. Lorsqu'on monte de ce point à la route de la Cor-
niche, on voit, dans une tranchée de celle-ci, les mêmes éléments s'intercaler au mi-
lieu d'une puissante formation bréchoïde à éléments calcaires, qui forme un placage
au pied du versant sud de la Tête de Chien; cette formation me paraît devoir être
considérée comme d'un âge très peu différent de l'époque à laquelle s'est produit le
remplissage des fentes du calcaire jurassique supérieur de Monaco, qui a donné nais-
sance à la brèche ossifère bien connue de cette localité.
» L'abondance des cultures et des constructions dans cette région très
(') M. Ambayrac avait déjà signalé en deux points et, en particulier, à Sainte-
Pétronille, sur la route de Saint-Laurenl-du-Var à Gatlières. où j'ai pu vérifier l'exac-
titude de celte observation, l'existence de roches analogues perçant les poudingues
pliocènes.
( i84 )
habitée ne m'a pas permis de relever de coupes nettes montrant les rela-
tions stratigraphiques de ces divers gisements; mais il me paraît vraisem-
blable qu'il s'agit d'éléments provenant d'éruptions qui auraient eu lieu
par une ou plusieurs cheminées situées actuellement sous les eaux de la Mé-
diterranée, mais très près du rivage actuel. D'autre part, ces éléments
éruplifs sont surtout abondants au voisinage immédiat du niveau actuel de
la mer, où ils consSituent à eux seuls de puissants dépôts; mais l'absence
de coupes nettes ne m'a pas permis de reconnaître si celte situation cor-
respond aux plus récentes ou aux plus anciennes de ces formations cù-
tières.
» Dans tous les cas, il me paraît néanmoins bien démontré qu'il y a eu,
en ce point, au voisinage immédiat de la côte actuelle, et probablement en
relation avec les fractures résultant de l'effondrement qui lui a donné
naissance, des éruptions d'âge très lècent, datant du Pléistocéne, ou, au
plus, du Pliocène supérieur. »
GÉOLOGIE. — Les dômes de Saint-Cyprien (Dordogne), Sauveterre et Fumet
{Lot-et Garonne) . Note de M. Ph. Glangeaud, présentée par M. Michel
Lévy.
« La région crétacée du nord du bassin de l'Aquitaine est intéressée par
un groupe de trois plis anticlinaux orientés N.-O., S.-E. et séparés par des
synclinaux, que j'ai pu suivre, chacun sur plus de 200''™. D'une manière
générale ces plis sont parallèles à ceux du Jurassique poitevin, plis paral-
lèles eux-mêmes ou se reliant aux plissements hercyniens du massif central
et du sud de la Bretagne.
» Des études récentes me permettent de préciser leur terminaison orien-
tale et d'indiquer leurs rapports avec la région jurassique du Quercy.
» Dôme de Saint-Cyprien. — Au pli de Périgueux se rattache, au sud-ouest, le
dôme de Saint-Cypi-ien, de plus de 4»''™ de long, très allongé dans la direction du pli.
Son noyau, constitué par le Virgulien et le Portlandien assez fortement plissés et
disloqués, s'étend depuis les environs de Bugue (Dordogne) jusque près de Gazais
(Lot) et Bonzic (Dordogne). Il se relie dans cette région au Jurassique de la feuille de
Gourdon, de sorte qu'il n'offre les caractères de dôme que sur | environ de son
pourtour.
» La disposition des divers étages crétacés formant les flancs nord-ouest, nord-est
et sud-ouest est très différente. Sur le flanc nord-ouest, les couches sont peu inclinées,
tandis qu'elles sont fortement relevées et présentent un pendage considérable sur
le flanc sud-ouest (jusqu'à 70" d'inclinaison). Le refoulement qui n donné naissance
( i«5 )
à ce pli dissymétrique a été si intense qu'il s'est jjrisé près de la clef de voûte sur plus
de 3o''°\ Il en est résulté une faille faisant buter le Jurassique contre les divers termes
du Crétacé fortement redressés et dénivelles de 200™ en moyenne.
» En dehors de cette grande faille qui rappelle singulièrement comme origine et
comme allure celle du Pays de Bray, étudiée par M. de Lapparent, il existe plusieurs
failles secondaires découpant le dôme en compartiments secondaires.
» Les autres particularités du dôme de Saint-Cyprien sont les suivantes :
» a. Le Crétacé est peu disloqué par rapport au Jurassique sur lequel il repose avec
des discordances atteignant 45°;
» b. C'est tantôt le Cénomanien, tantôt le Turonien qui recouvrent le Jurassique,
à des dislances parfois très faibles;
» c. Le Cénomanien, presque exclusivement saumâtre (faune saumàtre, ligniles
exploités, sel, gypse), est logé dans de petits synclinaux formés à la fin du Portlandien,
tandis que le Turonien s'étend sur les anticlinaux arrasés du Jurassique.
)) Nous verrons plus loin les conclusions que l'on peut tirer de ces faits :
» Si l'on examine une carte géologique de France, on aperçoit un golfe jurassique
pénétrant dans la région crétacé de Fumel et de Sauveterre, golfe que l'on croyait
produit par un pli se reliant à l'anticlinal de Jonzac (Ile d'Oléron). Le fait n'est pas
exact. On a là en réalité deux dômes absolument indépendants, séparés par une assez
large bande crétacée.
» Le dôme de Sauveterre (Lot-et-Garonne), de forme ellipsoïde, a 8'^'" de long sur
4'^°" de large et présente une régularité remarquable. La vallée de l'Alleniance, ouverte
suivant son grand axe, est suivie par une grande route et par la ligne de chemin de fer
de Périgueux à Agen.
» Ce dôme constitue, au milieu d'une contrée presque exclusi\ ement coniacienne,
une boutonnière, ramenant au jour, à la fois, le Turonien (Angoumien, Ligérien) et
le Virgulien (zones à Atn. longispinus et Am. Lallieriaiius). De même que dans
le dôme de Saint-Cyprien, le Jurassique est beaucoup plus plissé que le Crétacé, qui
le recouvre avec une discordance variable, mais il n'y a pas de Cénomanien.
» Le grand axe du dôme est orienté N.-E. -S. -O., il se continue par un pli de même
direction. Une particularité importante consiste en un rebroussement brusque et très
accentué des assises sur tout le parcours. En maints endroits, il y a même verticalité
du Turonien,
« Le rfoVne rfe /^«»ie/ (Lot-et-Garonne), comme celui de Saint-Cyprien, se relie à
son extrémité sud-ouest à la région jurassique du Quercj-.
» Il s'étend dans les départements du Lot et du Lot-et-Garoune, où il forme une
région jurassique, entourée au nord et à l'ouest par le Crétacé et au sud par le Ter-
tiaire. — Le Lot a entaillé profondément son liane nord de Puy-Lévèque à Fumel. Le
flanc sud se prolonge jusqu'auprès de Tournon. Le noyau du dôme est formé parle
Virgulien {zones k A/n. Lallierianus, Am. longispinus, Am. endoœus)e\.\e}?or\.-
landien (zones oolitiques à Nérinéeset à ,1/». porllandicus et zones à Aiyi. roiundus).
Ces assises, portées à l'altitude de 284™ au sommet du dôme, affleurent à l'altitude de
85"" sur le pourtour. Des lambeaux du Turonien se montrent à Pech-Ausson (ail. 232™).
» Le dôme de Fumel offre des particularités très intéressantes.
( i8G )
» Il a éto esquissé avant le dépôt du Crétacé, comme les précédents, mais ici l'éro-
sion qui a suivi le plissement, avant le dépôt du Turonien, peut être calculée : elle
atteint plus de loo™.
» L'étude des dômes de Saint-Cyprien, Sauveterre et Fumel permet de
tirer les conci usions suivantes :
» Géologie. — Ces trois dômes ont un noyau virgulien (zones à Am.
orthocera, Am. Lallierianus , Am. longispinus, Am. encloxus) et portlan-
dicn (zones à Am. porllandicus et Am. rotundus), entouré de Cénomanien,
de Turonien et de Sénonien pour le premier; de Turonien et Sénonien
seulement pour les deux autres.
» Tectonique et Paléogéographie . — Des phénomènes de refoulement
eurent lieu dans l'Aquitaine immédiatement après le dépôt du Portlandien;
ils ébauchèrent le réseau de plis indiqué plus haut et donnèrent naissance
aux trois dômes de Saint-Cyprien, Sauveterre et Fumel. L'érosion les déca-
pita en partie avant l'arrivée de la mer Cénomanienne. Le dôme de Saint-
Cyprien formait une île couverte de végétation, au milieu de cette mer.
Sur ses bords s'étendaient des lagunes peuplées de formes saumàtres, et il
s'y déposait des lignites (exploités), du sel et du gypse.
» Les dômes de Sauveterre et de Fumel étaient rattachés à la terre ferme,
mais devaient être peu éloignés des rivages de la mer Cénomanienne.
» A la même époque, au contraire, les autres dômes de la région cré-
tacée de l'Aquitaine, ceux de l'île d'Oléron-Jonzac, de Mareuil et de
Chapdeuil (Dordogne), esquissés à la fin du Portlandien, dômes que j'ai
fait connaître récemment, étaient complètement recouverts par les eaux
cénomaniennes.
» Au Turonien, les dômes de Sauveterre et de Fumel furent immergés
à leur tour.
» A l'époque de l'édification de la chaîne pyrénéenne (oligocène), tous
ces dômes, et plus particulièrement ceux qui font l'objet de cette Note,
furent comme rajeunis, et le refoulement qui les érigea en collines de 600""
de haut porta le Jurassique à une altitude de plus de 3oo'°. Ces collines
situées à l'intérieur du bassin de l'Aquitaine étaient alors plus élevées que
la Bretagne et qu'une grande partie du Massif central actuel.
» L'érosion postoligocène les a de nouveau ramenés à une altitude infé-
rieure à Soo", et au niveau des vallées du Lot et de la Dordogne elle a
dépassé Soo".
« Géophysique. — Les divers étages géologiques influent d'une manière
frappante sur le paysage.
( '«7 )
» Les calcaires marneux du Virgulien sont activement exploités pour
la fabrication du ciment dans plus de 20 usines (Saint-Cyprien, Atlas,
Sauveterre, Fumel). Partout où ils affleurent, il existe une activité indus-
trielle qui contraste avec le calme du reste de la région. Les calcaires
supérieurs'du Virgulien et ceux du Porllandien (calcaires sublithogra-
phiques, calcaires magnésiens) forment un sol ingrat, aride, rocailleux,
semé de gouffres, de dissolution de digues, de mares; des contrées dé-
solées, rappelant les Causses, où la végétation est des plus précaires
(truffes) et l'eau très rare. Cette aridité est d'autant plus frappante que le
Crétacé et le tertiaire entourant le Jurassique sont couverts de bois, de
vignes et de céréales. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart.
G. D.
RITI.I.ETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séance du 21 janvier igoi.
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Recueil de Médecine vétérinaire, publié par le corps enseignant de l'Ecole
d'Alfort; Vlir série, t. Ylll, n° 1, i5 janvier 1901. Paris, Asselin et
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Reçue générale des Sciences pures et appliquées. Directeur : Louis Olivier ;
12*^ année, n° 1, i5 janvier 1901. Paris, librairie Armand Colin; i fasc.
gr. in-8°.
Journal du Gaz et de VÉlectricité. Directeur : P. Thiercelin; 21^ année,
n° 1, 1 5 janvier 1901. Paris; i fasc. in-4''.
Crania suecica antiqua. Eine Darstellung der schwedischen Menschen-
Schàdel aus dern Steinzeitalter , dem Bronze zeitalter und^dem Eisenzeitalter,
sowie ein Blick auf die Forschungen iiber die Basse ncharak ter der europai-
schen Vôlker, von Gustaf Retzius. SLockholm, 1900; i vol. in-f°. (Hom-
mage de l'Auteur.)
Ricerche di Fisiologia e Scienze affini, dedicate al Prof. Luigi Luciani, nel
vinticinquesimo anno del suo insegnamento, 3 maggio sgoo. Milan, 1900;
I vol. petit in-4°. (Hommage de M. Luigi Luciani.)
Verslas eener botanische dienstreis door de Minahasa, tevcns eerste ovcr-
zicht der Flora van N. 0. Celebes, uit een ivetenschappelijk en praktisch oog-
punt, met lokaarten en 3 platen, door D'' S. H. Koorders. Batavia, G.
Kolff et C'*, 1898; I vol. gr. in-S". (De la part du Jardin botanique de
Buitenzorg.) {A suivre.)
On souscrit à Paris, cliez GAUTHIER-VH.LARS,
Quai (les Graiuls-Aiigustins, n" 5 ».
[lepuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche, lis forment, à la fin de lanuce, deux volumes in-i° Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphal)étique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume, L'abonnement est anniie
et part du i" Janvier
Lr prix i/r l'itbniinewr/// est fixé ainsi qu'il suit .-
Paris : 20 fr. — Dcparlcnu^iils -. 30 fr. — Union posinlo : 34 IV.
On souscrit, dans les Départements,
chez Meïtsieurs :
if en Ferrun Irères.
I Chaix.
iiger ^Jourdan.
' Ruff.
t Anienj Courtin-Hecquel.
1 Germain eiGrassin.
Angers
Sayonne Jérôme.
Suançon Itcgiiicr.
Feret.
Bordeaux Laurcns.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
Uerrien.
\ K. Roberl.
Brttt
. Oblin.
Uiel frères.
Caen Jouaii.
Chamberv Perrin.
Clurbourg ;"•=">■
! Marguerie.
CUrmonl.Ferr... » i"'*"''
' Bouj.
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O'jon ' Ratel.
' Rey.
Douai. . Lauverjal
Uegez.
<ireru>bU '""'"^'-
' Gratier ei C".
ta Rochelle Koucher.
Le Havre J Bourdignun.
' Dombre.
LUU iThoreî.
' Quarré.
Lorient
i Lyon .
Marteille. . ■ .
\ Montpellier .
j Moulins . . ..
I Nanc\
i
Diaiiif
fliice.
Ntmes . .
Orléans
Poitiers..
] Bennes ....
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Valenctennes.
chez Messieurs :
, Baunial.
' M"" Texier.
Bernoux el Cumin
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( Kllunlin.
) Savy.
' Ville
Ruai.
I Valal.
' Coulel el (ils.
Maniai Place.
Jacques.
Grosjcan-Maupiii
Sidol frères.
I Ciui^t'liau.
' Veloppe.
1 Banna.
' Appv.
Tbibauil.
Luzeray.
) Blancbier.
' Marclie.
Plibun el Hervé.
Girard (M»").
I Langluis.
' Leslringant.
Cbevalier.
1 Ponleil-Burles.
' Kuuièbe.
, Gimel.
' Privai.
Boisselier.
Pencal.
Suppligeon
I Giard.
' Leiiiailre.
On souscrit, à l'Étranger,
Anisterdant .
chez Messieurs :
I Keikeiiia Caarelsen
' et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
, Asher el G".
Berlin. .
Bucharest .
Dames.
Friediander el fils.
Mayer el Muller.
Berne Scliiiiid Francke.
Bologne Zanicbelli.
. Laniertin.
Brujcelles .Mayolezel Audiarte.
( Lcbègue el C'v
( Solchek et 0°.
' Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Dcigblon, BellelC".
Christiania Caiiimenneyer.
Constantinople. . Ollo Keil.
Copenhague Hiisl et fils.
Florence Seeber.
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Gènes Beuf.
Cherbuliez
Georg.
Slapelmohr.
Belinfanle frères.
, Benda.
' Payol et O'.
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Leipzig Lorenlz.
Max Rùbe.
Twielmeyer.
, Uesoer.
'-'"S' .Gnusé.
Genève. .
La Haye.
Lausanne.
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chez Messieurs ;
Dulau.
l-oodres Hachelle et C'v
'nuU.
Luxembpurg. ... V. Buck.
1 Kuiz et G".
Madrid ' ^°^° y Fussel.
I Capdeville
F. Fé.
Milan t ^°<='=» frère».
' Hœpli.
*foscou Tastevin.
IVaples j "arghieri di Giu».
I Pellerano.
. Dyrsen et Pfeiffer.
IVen'-rorlc Slechert.
LemckeetBuechner
Odessa. Rousseau.
Oxford. Parker el G'-
Palerme Reber.
Porto Magalhaès eiMoni».
Prague Rivnac.
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Borne 1'^'"^'='' •■■•""■
f Loescheret C'.
Botterdani Kramers et (ils.
Stockholm Sainson et Wallm.
„, „ . . 1 Zinserling.
S'-Petersbourg. . ... ,„ "
* / Wolir.
IBocca frères.
Brero.
j Clausen.
' RosenbergetSellier
Varsovie Gebelhner el Wolfl
Vérone Drucker.
,,. 1 Frick.
Vienne „
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ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i.sjo. (Volume in4"; i85^. Prix 15 lr.
Tomes 32 à 61. ( i" Janvier i85i à ji Déccmlire i8l)5. ) Volume in-i»; 1S70. Prix. . 15 fr.
Tomes 62 .1 91. — ( 1" Janvier i8(j(j à 'Ji Déeembro 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 IV.
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SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I : .Mèmoiio sur quilqucs pi'iiiU lir l.i l'Iiv siologie ilrs .^l(jiics. |i.]i .M.M. \. Deriiès ri A. J.-J. SoLii H. — Mémoire sur le Calcul des Perturbiitions
|uèprou>ent les Comclcs, par M. li.vN!>EN. - .Mémoire sur le Pancréas et .-ur le rùlc du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans
'I digestion des matières grasses, par .M. Claude Bern.xeip. Volume in-4°, iivoc iî planches; i85G 15 fr-
Tome II : .Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V.vn Ueneden. — Kssai d'une réponse à la (lucslion de Prix proposée en i8jo par l'Académie des
HJcnces pour le concours de i85:5, et puis remise pour celui de iH.')t), savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents
terrains sédimenlaircs, suivant l'ordre de leur superposition. — Disculcr hi question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. —
Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn, in-4">
vec 27 planches: 1861 15 fr.
-A hi même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à 1 Académie des Sciences.
W 3.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 21 janvier 1901.)
MÉMOIRES ET GOMMUrVlGA^TIO.\S
DES MEMlUiKS ET DES COKRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pases.
M.-C. JoRDAX. — Notice sur M. Ch.Hcrmite.
V[. Gaston Boxnier. — Notice sur
M. Adolphe Chatin •
M. A. Chauvkau. — lufluencc sur la sulisli-
tulion de l'alcool au sucre alimeiilaire,
en quantité isodyname, sur la valeur du
travail musculaire accompli par le sujet,
io5
Pages,
sur son entretien et sur sa dépense i lo
MM. Lannelongue, AcHARD et GaillaKd. — ■
De l'induence durlimat sur l'évolution de
la tuberculose pulmonaire expcrimenlalc. ii i
M. P. DunEM. — Sur la condition supplé-
mentaire en Hydrodynamique 117
CORRESPONDANCE.
I.'Écoi.E PoLYTECUNiQUEFÉDF.R.vLE DE Zurich,
l'ACADE.MIEDElLlNCEl,la SOCIÉTÉ DES NATU-
RALISTES DE Varsovie adressent à l'.Vra-
démie l'expression de leurs profondes
sympathies à l'occasion de la mort de
iM . Herni ile
M, jMascaut annonce à T.Vcadémie la mort
de M. Zenobe Gramme
M. le Secrétaire rKiirÉTrEL signale, parmi
les piécesimprimces de la Correspondance,
divers Ouvrages de M. Gustaf lietzius.
de M. Frédéric Houssay. de M. J. V'nllot.
et un Volume relatif au Congrès interna-
tional, pour l'étude des questions d'éduca-
tion et d'assistance des sourds-muets....
M, H. Di; LiGONDiis. — Sur les planètes téles-
copiques
M. S. Kantor. — Sur une généralisation
d'un tliéorème de M. Picard
M. A. LiAPOt'NOFF. — Sur un tlièorcme du
Calcul des probabilités
M. F. Caubet. — Su^ la liquéfaction des
mélanges gazeux. Variation des concen-
trations des deux phases existantes liquide
et vapeur le long des isothermes
M. DE FoucRAND. — Sur quelques propriétés
du bioxyde de sodium
M. E. Bauu. — Sur les condiinaisons du gaz
ammoniac avec le chlorure d'aluminium.
\I.M. G. et E. Urbain. — Sur l'isolement de
l'yltria, de l'ytterbine et de la nouvelle
orbine
AI. Ed. Defacqz. — Sur un arséniure et un
chloro-arséniurc de tungstène. ...
M. R. M.iRQUis. — Sur le nitrofurfurane. . .
M. I'aul Lemoult. — Spectres d'absorption
des indophénols. Loi des groupements
auxochromes azotés tertiaires
MM. Auguste Lumière, Louis Lujiii-iiE et
CiiEvnoTiER. — Sur de nouveaux com-
posés organo-métalliques de mercure....
M. Hanriot. — Sur le mécanisme des actions
Bulletin bibliograi>iiiqui!
124
128
i36
i38
i4o
140
diastasiqnes
M. M. TsvhTT. — Sur la pluralité des chlo-
rophyllines et sur les métachlorophyllines.
MM. A'drian et Trillat. — Sur uji pseudo-
acide agaricique
M. E. Gérard. — Transformation de la
crealine en créatinine par un ferment
soluble déshydratant de l'organisme
M. F. BoDRou.x. — Modes de formation et
préparation du propylbenzéne
M. Auguste Geraruin. — Epuration de
l'air par le sol
M. EuG. CiiARAiioT. — Sur le rôle de la
fonction chlorophyllienne dans l'évolution
des composés terpéniques
M. Gabriel Bertrand. — Sur la composi-
tion chimique ilu café de la Grande
Comore
MM.' Charrin et Moussu. — Action du
mucus sur l'organisme..
M. Henri Vaknier. — Radiopelvigraphie et
radiopelvimétrie à longue portée
M. E. Toi'SENT. — Les Spongiaires de l'expé-
dition antarctique belge et la bipolarilé
des faunes :
M. Antoine Pizon. — Origine du pigment
chez les Tuniciers. Transmission ilu pig-
ment maternel à l'embryon
M. Georges Bohn. — Théorie nouvelle de
l'adaptation chromatique
M. GuiLLiERMOND. — Recherches sur la
structure des champignons inférieurs....
M. Fréd. Wallerant. — De la symétrie
apparente dans les cristaux
M. A. Lacroix. — Sur l'origine de l'or de
Madagascar
M. Léon Bertrand. — Sur l'âge des roches
érupLives du cap d'.4ggio (Alpes-Mari-
times)
M. Ph. Glangeaud. — Les dômes de Saint-
'Cyprien (Dordogne), Sauveterre et Fu-
mel ( Lot-et-Garonne)
,41.
■4>i
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1.19
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lli'l
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■ 84
187
PARIS. —IMPRIMERIE (i A. UT H t li R-V [ L L A K S ,
yuai des Graniis-Auïusiins. .ii
1^ 6*era/l/ .* ''iUrMIBH-X ll-LAR».
APR 30 1901 .qrv .
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
e.%K nn. vks «BcaérAiKES perpétubeiM.
T03IE CXXXII.
N^ 4 (28 Janvier 1901)
PARIS,
GAUTHIKR-VILLAUS, IMPRIMKUR-LIBRAIRK
DES COMPTES RHNDUS DES SÉANCKS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
yiiai des Grands- Auguslins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REDNUS
Adopté dans les séances i>es 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou nirnéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraitre-dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
- Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages parnuméro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, iis doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression .de ces Notes ne
préjudicie eu rien aux droits qulgnt ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Piogrammes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aùlânt
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance ju-
blique ne font pas partie des Comptes rendus. mk
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires^B
tenus de les réduire au nombre de pages requière
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3. ^H|
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remSi
l'Imprimerie le mercredi i*u soir, ou, au plus tard, le '
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire est inséré dans le Compterenk
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
vaut et mis à la fin du cahier.
:s5^
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches^
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient I
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au- !
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative!
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
APR 30 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE rACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 JANVIER 1901,
PKÉSIDENCE DE M. KOUQUÉ.
MË3IOIIIES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE [.'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Production de l'hydrogène dans les roches
Ignées. — Action de la vapeur d'eau sur les sels ferreux. Note de
M. Armasu Cautier.
« Dans un précédent Mémoire (' ) j'ai montré que les roches ignées
dégagent, lorsqu'on les porte au rouge, un volume très notable de gaz qui
n'y préexistent pas, au moins pour leur majeure partie. Je m'occuperai
surtout, dans la présente Noie, du mécaiiisnie qui ilonne naissance au
plus important d'entre eux, l'hydrogène.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 58 etô^-
C. R., igoi, i" Semestre. (T. CXXXII, N° 4.) 2.1
( ïgo )
)i J'ai trouvé par volume de roches :
Hydrogène dégagé .
Granit, moyenne 6,7 volumes (' )
Porphyre Lieu (de l'Esterel) 2,4 »
Ophite (de Villefranque) !i,6 »
Lherzolite 1,2 »
M Cet hydrogène étant toujours accompagné d'un peu d'ammoniaque,
et la poudre de ces roches cédant, même à froid, à l'eau acidulée, une
petite quantité de sels ferreux, j'ai pensé d'abord qu'une grande partie
de cet hydrogène était due à la décomposition par l'eau au rouge de faibles
quantités d'azotureset peut-être d'hydrures de fer préexistants. J'ai trouvé,
en effet, dans quelques-unes de ces roches, de petites proportions d'azo-
tures et dhydrures ferreux, et j'y reviendrai ; mais leur proportion ne
suffit pas à expliquer la grande quantité d'hydrogène qui se dégage au
rouge, etje me suis assuré qu'après avoir été traitées à l'électro-aimant
les poudres de granit, d'ophite, etc., dégagent encore de l'hydrogène,
quoiqu'en quantité moindre.
» L'hydrogène se forme dans ces roches seulement à chaud; il n'y pré-
existe pas et le mécanisme principal qui lui donne naissance, quand on les
porte au rouge, est très simple.
» Lorsqu'on chauffe vers ^So^à 800° dans un courant de vapeur d'eau
un sel ferreux (chlorure, sulfure, carbonate, silicate, etc.) dont le radical
négatif est, à celte température, volatil ou incapable de céder son oxy-
gène, on obtient toujours un oxyde de fer, généralement de l'oxyde ma-
gnétique, en même temps qu'il se fait de l'hydrogène libre.
» Dans un tube de porcelaine contenant deux longues nacelles pleines
de sulfure ferreux Fe S bien exempt de fer métallique (-), j'ai fait passer
au rouge un courant de vapeur d'eau surchauffée. Il sort du tube un mélange
( ' ) Je dois dire que mes résultats confirment, en général, ceux qu'avait observés
A. Tilden (1897) et que je n'ai connus, au cours de ces recherches, que par l'extrait
paru au Bull, de la Soc. chim., 3' série, t. XX, p. 66, extrait sans aucun détail
expérimental et très incorrect, attribuant à 100 volumes de roche ce que l'auteur rap-
porte à I volume seulement. Mais Tilden semble ne pas avoir distingué entre les gaz
occlus et ceux qui se forment au rouge.
(^) iSoS"' de ce sulfure attaqués par l'acide clilorhydrique étendu ne donnèrent pas
trace d'hydrogène libre.
( 19' )
(riivdro^ène sulfuré et d'hydrogène, el ccliii-ci prédomine d'autant plus
(pi'on se rapproche du rouge vif et que la masse de sulfure est plus grande.
Au rouge cerise j'ai trouvé, avec les nacelles, pour loo volumes de gaz :
H'S 22 32
H' 76 65
Azote de l'air : le complément.
» Si l'on remplit le tube de porcelaine d'une colonne de sulfure gros-
sièrement pulvérisé et si la température est suffisante, l'hydrogène sulfuré
produit se dissocie en cédant son soufre au reste du sulfure non encore
attaqué et de l'hydrogène presque pur se dégage. Voici, dans ce cas, l'une
de mes analyses rapportée à 100 volumes de gaz :
II*S 1,06
H= 98,94
C0= Trace
1) Le produit obtenu dans le premier cas est de l'oxyde ferrosoferriquc
Fe' O', oxyde noir, très atlirable à l'aimant, mélangé peut-être, là où l'oxy-
gène extérieur a pu pénétrer, d'un peu d'oxyde ferrique Fe* O' . La réaction
est la suivante :
3I^eS + 411-0 -Fe^O* +-31PS^-H^
» On remarquera que la réaction est en partie réversible; mais dans
notre cas, la vapeur d'eau se renouvelant sans cesse, la totalité du sulfure
avait disparu.
» Si l'on chauffe de la sidérose (ou carbonate ferreux naturel) à
peine rouge naissant dans un courant de vapeur d'eau, il se dégage
de l'hvdrogène, mêlé dans ce cas d'oxyde de carbone et d'acide carbo-
nique, et il se fait encore de l'oxyde de fer magnétique Fe'O'. J'ai obtenu,
au rouge sombre, les gaz suivants :
Dcl>iit Pleine réaction
de la décomposition. au rouge. Fin de la réaction.
CO' 48,7 4,4 j g 3
H- S 0,0 1,6 \
CO 36,4 0,3 0,0
CH' 0,0 0,0 0,0
H 6,9 67,1 38,8
Az 7,8 26,6 55,3
99,8 100,0 100,6
( '92 )
» Ainsi de l'hydrogène se dégage abondamment lorsqne la vapeur d'eau
agit au rouge sur le carbonate ferreux naturel qui, suivant les conditions
de température et la masse de vapeur réagissant, se transforme en un
mélange variable d'oxyde ferrosoferrique et d'oxyde ferrique. Celte
décomposition est, dès le début, accompagnée d'oxyde de carbone pro-
venant de la réduction de CO- du minerai par le protoxyde FeO qui tend à
se produire, mais qui passe aussitôt à l'état ferrosoferrique ('). Ici, avec
la sidérose que nous avons employée, nous voyons apparaître, en même
temps, une dose très notable d'azote ou d'un gaz analogue. Il est dû à la
décomposition d'un azoture contenu comme impureté dans cette roche
dont j'ai pu l'extraire en partie. Quant à l'hydrogène sulfuré, il provient
des cristaux de pyrite qu'on y trouve aussi en faible proportion.
» Si l'on chauffe au rouge dans un courant de vapeur d'eau les poudres
de silicates ferreux ou ferrosoferriques naturels, tels que les péridots et
pyroxènes riches en oxydes de fer (hyperslhèue, hyalosidérite, olivine,
diallage, etc.), ou les silicates de fer arlificielsque j'ai obtenus en chauffant
à haute température la sidérose avec la silice, on recueille également
des gaz où domine l'hydrogène. Avec les silicates de fer artificiellement
préparés, j'ai recueilli ainsi des gaz contenant jusqu'à 65 pour loo d'hydro-
gène. Il semble se produire encore dans ce cas un silicate de plus en plus
riche en oxygène et peut-être un peu de silice libre.
» Ces expériences démontrent donc que, lorsqu'on chauffe des roches
ignées, telles que les granits, porphyres, ophites, etc., contenant, ainsi que
je m'en suis assuré, jusqu'à i8 pour looo d'eau de constitution qui ne peut
s'échapper avant le rouge, la vapeur d'eau fournie à cette température réagit
sur les sels ferreux, et particulièrement sur les silicates de ces roches,
et donne naissance à de l'hydrogène libre. C'est ainsi que les micas et la
hornblende des granits, le pyroxène et la biotite du porphyre que j'ai
traité, l'augite de l'ophite, l'enstatite et le pyroxène de la Iherzolile, etc.,
s'oxydent en donnant des silicates ferrosoferriques et, quand l'acide car-
bonique simultanément formé intervient sous très forte pression, de la
silice libre et de l'oxyde de fer magnétique que l'on trouve souvent dans ces
roches, ce dernier provenant surtout de la décomposition par l'eau, au
rouge, du sulfure de fer primitif. Mais dans les profondeurs des couches
(') M. Moissan avait déjà vu que le carbonate ferreux chauffé au rouge dans un
courant de 00^ donne CO et Fe^O' {Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 6oo).
( '93)
terrestres, sous des pressions où la vapeur d'eau ne peut s'échapper,
riivdrogène ainsi produit gi àce à l'oxydation des silicates ferreux augmen-
tant sans cesse, la réaction inverse consistant' dans la réduction des sels
ferriques qui se forment, tend à son tour à se produire. Entre l'hydrogène
formé sur place ou venu des profondeurs, la vapeur d'eau, les silicates
oxydés ou oxydables, et variant suivant les températures, il se fait des
échanges incessants; il s'établit ainsi des équilibres mobiles d'où résultent
les silicates ferreux et ferriques, mélangés en proportions variables, mais
où les premiers prédominent généralement. Ce sont ces silicates mixtes
que nous trouvons le plus souvent dans les micas, pyroxènes, diallage,
hornblende, augite, etc., entrant dans la constitution de ces roches.
M Cet échange continu de gaz, en particulier d'oxygène, d'hydrogène et
de vapeur d'eau, dès que sur tel ou tel point se modifient les conditions de
cet équilibre, soit ])ar issue des ga/ réducteurs ou île la va[)eur d'eau, soit
en raison des variations de température, cet échange se produit partout
où la chaleur est ou redevient suffisante et où l'eau peut intervenir.
» En voici la démonstration expérimentale : iSoS"" d'ophite de Ville-
franque réduite en poudre et ne donnant plus de vapeur d'eau à 25o°,
furent portés dans le vide au rouge. On obtint, oulre un nouveau dégagement
de 2^', 25 d'eau de constitution, 87 i'*' de gaz, dont 202" d'hydrogène et
122"=*= d'acide carbonique. Après deux heures de complet épuisement au
rouge à la trompe à mercure, la matière ne cédait plus que de loin en loin
quelques bulles de gaz riche en acide carbonique. On laissa refroidir dans
le vide et l'on introduisit cette poudre ainsi épuisée dans un tube de porce-
laine où l'on ht passer au rouge un courant de vapeur d'eau surchauffée,
entraînée par un peu d'acide carbonique. Sous cette influence, les silicates
ferreux restés dans la roche s'oxydèrent de nouveau, et de ces 1 SoS"" d'ophite
prcatablemenl cpuisée au rouge et dans le vide, il sortit, à la |)ression ordinaire
lie l'atmosphère, 70 centimètres cubes nouveaux d'un gaz brûlant avec
flamme et ayant la composition suivante (après enlèvement de CQ- par les
alcalis) :
CO 3,32
CH' 6,08
H 36 , 20
Azote (avec environ 10 pour 100 d'air
resté dans la poudre ou l'appareil). . 54, 20
99.80
» On voit une fois encore ici, que les gaz ainsi obtenus ne préexistent
( '94 )
pas dans ces roches. Leur production s'arrête dès qu'on a enlevé la totalité
de leur eau de constitution; elle reprend dès qu'une nouvelle quantité
de vapeur d'eau introduite peut réagir sur les sels ferreux grâce au méca-
nisme que nous avons démontré plus haut. On voit aussi que ces réactions
sont limitées par l'hydrogène produit si ce gaz reste présent; que s'il
s'échappe, au contraire, une nouvelle proportion s'en forme lorsque la
vapeur d'eau intervient encore.
M Mais ce n'est pas seulement de l'hydrogène qui se dégage ainsi des
roches ignées portées au rouge : on a dit qu'il se fait en même temps de
l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, un peu de méthane, de l'azote
mêlé d'argon, des traces d'hydrocarbures aromatiques, d'acide sulfocyan-
hydrique, un peu d'ammoniaque, etc.
» L'acide carbonique est en partie dû à la dissociation des carbonates
que l'on rencontre dans les roches ignées, comme en témoigne l'action des
acides sur ces roches en poudre. loo^"^ de granit de Vire traités par l'acide
phosphorique étendu m'ont donné 27 et 24 cent, cubes d'acide carbonique
qui, calculé en carbonate de chaux, répondent à i^'',24 de calcaire par
kilogramme. Mais ce granit contient aussi du carbonate ferreux; car, si
l'on épuise au préalable la poudre par l'électro-aimant, l'acide carbonique
obtenu diminue de près de moitié.
)> L'oxyde de carbone qui se forme aussi au rouge s'explique aisément
par l'action des sels ferreux, et particulièrement du silicate, sur l'acide
carbonique que ces sels réduisent comme je l'ai montré plus haut.
» Quant à l'hydrogène sulfuré, au méthane, aux traces d'hydrocarbures
aromatiques, à l'azote, à l'ammoniaque, aux sulfocyanures, etc., que l'on
rencontre aussi, quoiqu'en moindre proportion, dans les gaz issus de
roches ignées, ils ont une origine qui mérite quelques éclaircissements.
Leur formation se rattache à l'existence, dans ces roches, de produits acces-
soires intéressants qui feront l'objet d'une prochaine Communication. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La dépense énergétique qu entraînent res-
pectivement le travail moteur et le travail résistant de r homme qui s'élève
ou descend sur la roue de Hirn. Évaluation d'après l'oxygène absorbé
dans les échanges respiratoires, par M. A. Chauveau.
« Outre^la comparaison indiquée par le titre de la présente Noie, on y
vise celle des variations de la dépense, corrélatives aux variations du travail,
( 195 )
suivant que celles-ci dépendent de modificalions apportées à Va valeur de
la charge déplacée ou à la vitesse de son déplacement.
» Les expériences ont été faites (') à l'air libre sur un lioiniiie du poids de 5o''8,
dont on recueillait l'air expiré dans le gazomètre spécial destiné à cet usage au labo-
ratoire. Aux deux narines du sujet était adapté l'appareil respirateur à soupapes,
relié par un tube de caoutchouc au gazomètre. Le système laissait au sujet la liberté
complète de tous ses mouvements.
» Le travail ne durait que huit à dix minutes et la cueillette de l'air commençait
toujours au même moment, trois ou quatre minutes après le début du travail, quand
la ventilation pulmonaire était à peu près entrée dans sa période d'état.
» Du reste, sans qu'il soit besoin de s'expliquer plus longuement sur ce point, les
conditions expérimentales ont été, d'une manière générale, tout à fait identiques dans
tous les cas : même état d'abstinence du sujet, même repos entre les expériences,
symétrie parfaite des mouvements qui opéraient la montée et la descente, etc. Le
fonctionnement de la machine qui niellait la roue en mouvement était scrupuleu-
sement surveillé. On a pu ainsi déterminer avec la plus grande exactitude la longueur
des chemins parcourus et la faire rigoureusement égale pendant les deux sortes de
travaux positif et négatif. Quanta la \aleur de la charge eu mouvement, on la moilifiail
à l'aide de poids déposés dans une hotte fixée aux épaules et à la ceinture du sujet.
» Le Tableau suivant permet de se rendre compte des détails essentiels de la
technique des expériences, des résultats qu'elles ont donnés et des conclusions qu'elles
comportent.
SÉRIE. — Variations de la valeur du travail ntecanii/ue par variations du poids de la charge déplacée,
c'est-à-dire le poids du sujet. Même chemin parcouru par la charge dans le même temps.
i:. Kapports lie la cicpense
et da traTail mécanique.
A. Travail uiccanigue.
II
Dépense cnergél
ique.
I^;ner}île
vni(Ul).
1.
11.
III ilxlli.
IV.
V.
VI.
Chemin
Valoar
Uèpense
dépensée par
Kcntle-
parcuuru
Valeur
du travail
Con&uui-
Dépon&e
horaire
kilopramtuèlrc
ment
par la ctiari^e
do la
' uiocaiiiquc
maliuii
hurairc
en
de travail
mécanique
en
charge
accompli en
horaire
en
kilugraoï-
mécanique
de la
une beurc.
déplaeée.
une heure.
do 0'.
calories it>.
mètres.
elToiiuc.
dépense.
m
^■i
ktful
lit
Cal
kgiu
Lgin
Travail
1 a. 43 1
5o
21 552
53,70
247
104975
4,87.
O,2o5
moteur
b. 43.
60
25862
63,55
292
124 100
4.798
0,208
(monlco ).
( c. 43>
70
3o 173
, 82,65
38o
1 6 1 5oo
5,352
0,187
Travail
; a. 43 1
5o
21 552
21,85
128
54447
.!,52G
0,396
résistant
b. 43 1
(io
25862
3i,3o
■44
61 lyj
.■,366
0,422
(descente).
c. 43.
70
30173
44, 5o
203
86216
.■,807
0,352
(') Eu égard aux conditions diététiques du sujet cl en raison de la reconstitution incessante du
glycogène musculaire, pendant la contraction, par oxydation des réserves adipeuses, l'évaluation
énergétique de la dépense est faite d'après le nombre de calories (4,6) produites par i''" de O- engagé
dans la combustion de la graisse.
(') Avec la collaboration de M. J. TissOT.
( 196 )
2' SÉRIE. — Variations de la valeur du travail mécanique par variations de la longueur du chemin
parcouru dans le même temps par la même charge.
C. Rapports de la dépense
et du traTail mécanique.
A. Travail raécan
igue.
Illllxlll.
B.
IV.
Dépense énergétique.
Énergie
-"(^)-
,.
II.
V.
VI.
Chemin
Valeur
Dépense
dépensée par
Kende-
parcouru
Valeur
du traTail
Consom-
Dépense
horaire
kilogrammètre
ment
par la charge
de la
mécanique
mation
horaire
en
de traTail
niécQDique
en
charge
accompli en
horaire
en
kilogram-
mécanique
de la
une heure.
déplacée.
une heure.
doO'.
calories.
mèlres.
elTeclué.
dépense.
m
lig
kgiu
lit
Cal
kgfu
kgm
Travail
; a. 3o2
30
i5o87
44.90
206,5
86071
5,705
0, 175
moteur
b. 43i
5o
21 552
53,40
245
104292
4,84>
0,206
(montée).
( c. 554
5o
27720
60, 3o
-'77
11S691
4,245
0,235
Travail
/ a. 3o2
5û
15087
25,4"
"7
49557
3,284
o,3o4
résistant
*. 43i
5o
21 552
28,55
i3i,5
558i5
2,590
o,385
(descente).
' c. 55^
5o
27720
3i ,20
143,5
60996
2,200
0,454
3' Série.
Variations de la valeur du travail mécanique par variations de la longueur du chemin
parcouru dans le même temps par la même charge {Travail négatif seul).
N" 1
c. Rapports
de la dépease
et do traTai
il mécanique.
A. T]
i-aTail mécanique.
B.
Dépense éucrgétiq
ue.
Énergie
-'(^)-
1.
II.
llKIxlli.
IV.
V.
VI.
Cbemin
Valeur
Dépense
dépensée par
Bendc-
parcouru
Valeur
du travail
Consom-
Dépense
horaire
kilogrammètic nieni
par la charge
de la
mécanique
mation
horaire
en
de traTail
mécanique
en
charge
accompli en
horaire
en
kilogram-
mécanique
de la
uue beure.
déplacée.
une heure.
de 0'.
calories.
mètres.
efTectoé.
dépense.
m
kg
keui
lit
Cal
kem
kgm
a. 3io
5o
i55i6
23,60
108,6
461 38
^,973
0,336
1.
6. 427
5o
ai 336
25,35
116,6
49559
3,322
o,43o
( c. 548
5o
27 4o5
27,50
126,5
53762
1,962
0,509
/ a. 006
5o
i53o3
26,70
122,8
52198
3,4ii
0,293
2.
! à. 4oi
5o
20043
28,70
l32
5Gio8
2,799
0,357
( c. 496
5o
24786
3i,3o
'44
6t 191
2,468
o,4o5
Les expériences n" 2 ont été faites le même jour et sur le mt-me sujet que les expériences n° 1. Mais les
conditions physiologiques du sujet (fatigue, heures de la journée) n'étaient pas les mêmes. D'où les différences
entre les valeurs de la dépense.
» Il convient maintenant de résumer les divers enseignements contenus
dans les Tableaux ci-devant.
» A. Rapports de l'énergie dépensée au tr.vvail extérieur produit.
— Ces rapports sont exprimés, dans les deux dernières colonnes des Ta-
bleaux, avec une telle netteté qu'il serait inutile de s'y arrêter s'il n'y
avait nécessité à faire ressortir les particularités des résultats propres à
chacune des conditions qu'on a fait intervenir pour modifier la valeur du
travail extérieur.
( 197 )
» 1° Cas de la variation de la valeur du Irmail crte/ieur par varia/ions
de la valeur de la charge déplacée. — Les faits constatés au cours des expé-
riences consacrées à l'étude de ce cas sont résumés dans les propositions
suivantes :
)> a. Quanti la valeur du travail niccaiiique vario, sa durée restant la
même, par le fait d'une variation de la valeur de la charge déplacée, la dé-
pense corrélative d'énergii» varie dans le même sens que le travail et, selon
toute apparence, })roportionnellement à la valeur de ce travail.
» h. Cette proposition s'apj)Iique aussi bien au travail résistant ayx aw
travail moteur. Les chiffres des colonnes [V, V et VI, comparés à ceux de
la colonne [If, montrent, en effet, très bien, dans les deux cas, la progres-
sion à peu près parallèle de la dépense et du travail extérieur.
» c. (]e parallélisme impli(|ue que le rapport de la dépense au travail
reste sensiblement le même avec toutes les valeurs de ce dernier. Et de
fait, les chiffres des colonnes VII et VIII, consacrées à la notation de ce
rapport, tendent vers l'égalité. A peine conslale-t-on une légère infériorité
du rendement mécanique de la dépense, avec la charge la plus forte, qui
était de nature à engendrer la fatigue et à laquelle le sujet n'était pas
habitué.
» d. f.a valeur absolue du rendement mécanique de la dépense atteint,
eu moYL'tmc, 0,200 pour le travail moteur et 0,889 po'"" '^ travail résis-
tant. La traduction de la dépense de O" eu valeur kilogrammétrlque
montre, en effet (colonne VII), que le sujet d'expérience, avec son coeffi-
cient personnel et dans les conditions où il agissait, faisait, par kilo-
grammètre de travail extérieur elfeclué, une dépense énergétique de 5''^'"
avec le travail moteur et de 2'''"''",58o seulement avec le travail résistant.
» e. Mais cette inégalité de rendement de la dépense n altère en rien la
symétrie complète qui est l'apanage des caractères de la dépense énergétique
dans les deux sortes de travaux.
» 2° Cas de la variation de la valeur du travail extérieur par variation delà
longueur du chemin que la charge parcourt dans l'unité de temps. — Les ré-
sultats des expériences faites avec introduction de cette condition diffèrent
des précédents en plusieurs points importants :
» a. Quand la valeur du travail mécanique varie, sa durée restant la
même, par le fait d'une variation de la longueur du chemin que parcourt la
charge, la dépense varie toujours dans le même sens que le travail, mais
jamais proportionnellement à sa valeur. Lu croissance de la dépense est
constamment plus faible que celle du travail extérieur.
c. R., 1901, .•■ Semestre. (T. CXXXU, >i° 4.) 26
( 198 )
» b. Cette proposition s'applique aussi bien au travail résistant c\i\ 2t\x tra-
vail moteur, en raison de la symétrie parfaite qui se manifeste également ici
dans les caractères de la dépense des deux sortes de travaux.
» c. Donc, clans les deux circonstances, la valeur du rapport de la dé-
pense énergétique au travail mécanique accompli décroît à mesure que ce
travail augmente. C'est indiqué de la manière la plus saisissante par les
chiffres de la colonne VII. Ceux de la colonne VIII montrent tout aussi bien
l'augmentation de rendement qui est la conséquence forcée de ce défaut
de parallélisme entre l'accroissement du travail et celui de la dépense.
» d. D'une manière générale, il résulte des chiffres de ces deux co-
lonnes que le travail mécanique rapide, moteur ou résistant, s'accomplit plus
économiquement que le travail mécanique lent.
» B. Différence de dépense entre le travail moteur et le travail
RÉSISTANT. — Il est toujours dépensé plus d'énergie pour l'accomplissement
du travail moteur que pour l'accomplissemenl du travail résistant corres-
pondant; c'est pourquoi le rendement mécanique de l'énergie dépensée est
toujours plus avantageux avec ce dernier travail qu'avec le premier. Mais
ici encore la nature des conditions qui interviennent pour modifier la valeur
du travail extérieur exerce sur les caractères différentiels de la dépense
une influence qu'il importe de faire ressortir.
» a. Avec les changements de cAar^e ( première série), l'écart entre les
deux dépenses représente, comme celui qui existe entre les valeurs des
deux rendements mécaniques, une différence à peu près constante. Cette
différence est, du reste, considérable. D'après les documents du Tableau,
en effet, avec la vitesse adoptée pour les déplacements du sujet sur la
roue, le travail moteur dépense uniformément presque le double de ce
que dépense le travail résistant.
» b. Avec les changements de longueur du chemin parcouru par la charge
(deuxième série), les caractères dell'écart entre les deux dépenses sont un
peu plus complexes. La valeur de cet écart n'esl plus constante. Elle varie
avec la vitesse du déplacement de la charge. En prenant dans l'ordre décrois-
sant les trois vitesses de la série expérimentale, les écarts de la dépense
décroissent de la manière suivante : c tt-t — = i,q3o; b ' ^^ = 1,870;
3i',2o -^ 28', 5d '
a .^, = 1,767. Il est facile de s'imaginer les résultats du prolongement
de la décroissance du chemin parcouru dans l'unité de temps : l'écart des
dépenses ne disparaîtrait pas, mais celle du travail résistant ne tarderait
pas à égaler presque celle du travail moteur.
( 199 )
» C. Les facteurs dont l'intervention est nécessaire pour impuimer a
LA DÉPENSE ÉNERGÉTIQUE LES CARACTÈRES SPÉCIAUX SIGNALÉS DANS LE RÉSUMÉ
CI-DESSUS. — Le but de l'analyse qui vient d'être faite, et qui est à pour-
suivre jusque dans les moindres détails, n'était pas seulement de mettre
empiriquement en évidence les caractères de la dépense énergétique du
travail moteur et du travail résistant, chez l'homme qui monte ou descend
son propre poids. Dans cette analyse, on a, de plus, procédé au groupe-
ment et à la coordination des faits, de manière à en tirer, pour ainsi dire
naturellement, l'indication des interventions qui les créent ou qui les ex-
pliquent. Celait le meilleur moyen de se procurer les éléments d'une for-
mule capable d'exprimer à la fois ces faits et les lois qui les régissent.
» Or, les faits absolument fondamentaux, qui appellent le plus forte-
ment l'attention, ce sont les particularités attachées à la manifestation de
l'écart existant entre les deux dépenses excitées par l'exécution du travail
moteur et du travail résistant.
» De l'ensemble de ces faits, il ressort qu'ils ne sauraient être attribués
qu'à un seul et même facteur, intervenant symélriquemenl, en plus avec le
travail moteur, en moins avec le travail résistant.
» Et ce facteur ne peut être cherché du côté du travail extérieur du sys-
tème musculaire. Positif ou négatif, ce travail extérieur entraîne nécessai-
rement dans les deux cas, au sein du système musculaire, une dépense
égale d'énergie spécialement consacrée au déplacement de la charge, soit à la
montée pour le soulèvement de cette charge, soit à la descente pour le
refrènemcnt de sa chute, dépense toujours proportionnelle au travail
mécanique effectué.
» C'est donc dans la dépense propre attachée à l'exécution du travail
intérieur du muscle que réside l'origine de l'écart en question. Et l'on est
confirmé dans cette conclusion par les faits antérieurement établis. Je
veux parler des faits qui concernent la manifestation physique de ce tra-
vail intérieur, c'est-à-dire l'élasticité acquise par le muscle en contraction
statique pour le soutien fixe d'une charge, les lois de la variation du coeffi-
cient de celle élasticité acquise et celles de la dépense attachée à la création
dudit travail intérieur.
» Lorsque le muscle, préalablement mis en état de contraction statique,
entre en contraction dynamique, son coefficient d'élasticité, par conséquent
son travail intérieur, avec la dépense correspondante, augmente ou diminue
suivant que la contraction dynamique vit positive ou négative.
» Ajoutons ([ue tous les faits s'accordent pour établir que ces deux
( 200 )
influences, divergentes ou inverses, agissent proporhonnellement au pro-
duit de la charge par la vitesse aveclaquelle celle-ci est entraînée, quand le
muscle se raccourcit ou s'allonge pour soulever cette charge ou la mettre
en chute.
» Il ne parait pas qu'on puisse expliquer autrement les caractères du
rappoit tantôt fixe, tantôt variable des dépenses entraînées respectivement
par le travail moteur et par le travail résistant correspondant. En tout cas,
cette explication permet une superposition suffisamment concordunte des
modifications imprimées par les variations expérimentales aux travaux
intérieurs et extérieurs des muscles, d'une part, et des modifications con-
comitantes de la dépense énergétique, d'autre part.
» Il y a donc lieu de penser que la formule à employer pour exprimer
la loi générale de la dépense énergétique, dans le travail des moteurs
animés, doit contenir comme éléments fondamentaux :
» i" L'expression de la dépense attachée à l'exécution du travail intérieur
qui équilibre la charge dans la contraction statique, point de départ néces-
saire de la contraction dynamique;
» i" L'expression de l'augmentation ou de la diminution imprimées à ce
travail intérieur, en fonction de la valeur de la charge et de la vitesse de
déplacement de la masse qu'elle représente, quand la contraction statique
se transforme en contraction dynamique pour opérer le soulèvement ou
l'abaissement de cette masse ;
» 3° L'expression delà dépense consacrée à l'exécution même du /racaj/
extérieur, positif ou négatif, c'est-à-dire à la création ou à l'extinction de
la force vive, à l'état d'énergie potentielle ou d'énergie actuelle, acquise
ou perdue par la charge dans son ascension ou le refrènement de sa
chute (').
(') Je liens à faire remarquer que les conclusions auxquelles j'arrive, à la suite de
celte étude, sur la dépense énergélique de l'homme qui élève ou descend sa propre
masse, laisse subsister celles que j'ai tirées {Comptes rendus, t. CXXX, p. 767) de
mon étude de l'élasticité du muscle en contraction dj'namique, à la condition de con-
sidérer ces dernières conclusions comme s'appliquant exclusivement au travail inté-
rieur du muscle (création de l'éiasticité fonctionnelle). Mais l'expression de ces con-
clusions sur le travail intérieur doit être modifiée et, si on l'applique à la dépense
énergétique concomitante, complétée par l'adjonction de l'énergie dépensée en pro-
pre pour le travail extérieur.
Du reste, grâce à celte adjonction, nécessaire, on peut se débarrasser de toutes les
hypoliièses que j'ai développées dans le Journal de la Physiologie et de la Pallio-
( 20I )
» Mais je ne saurais faire de proposilions pour la forme à donner à ces
expressions qu'après avoir achevé les expériences à l'aide desquelles
j'espère pouvoir me procurer les documents empiriques propres à établir
une comparaison détaillée, suffisamment précise, de la dépense d'énergie
qu'entraîne l'exécution du travail extérieur, moteur ou résist;mt, dans
les machines inanimées et les moteurs animés. »
CORRESI»0\l>ANCË.
M. le SE«;nKT.\iRE perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de i\I. J.-G. Agardh, Correspondant pour la Sec-
tion de Botanique, décédé le 17 janvier 1901.
M. SiKDLECKi adresse des remercîments à l'Académie, |)0Mr la distinc-
tion .Kcordéc à ses travaux.
M. Gaston Eio.wiEii présente à l'Académie le j)remier fascicule d'un
« Cours de Botanique » rédigé par lui en collaboration avec M. Leclerc du
Sablon. Doyen de la Faculté des Sciences de Toulouse.
« Dans cet Ouvrage sont décrits successivement les princip^iux groupes
de végétaux, en y comprenant leur classification. La description et l'ana-
tomie des oi'ganes sont Iraitces d'après un certain nombre île types
choisis parmi les plantes les plus répandues. De plus, l'historique des
découvertes botaniques a été, de la part des Auteurs, l'objet de recherches
spéciales qui sont résumées à la suite des principales jxirties de l'Ouvrage,
avec des gravures reproduites d'après les anciens auteurs.
» Ce premier fascicule renferme, après les Préliminaires et après l'Élude
de la cellule et des tissus végétaux, les Chapitres relatifs à la lige, à la
feuille et (en partie) à la racine des Phanérogames Angiospermes. Il com-
logie générales, sur l'existence d'un travail neuro-musculaire, indépendant du propre
travail intérieur du muscle, dans le but de mettre la théorie de la dépense de la con-
traction dynamique en harmonie avec tous les faits observés.
L'étude actuelle, en complétant et en précisant ces faits, permet maintenant de les
expliquer tous, sans recourir à aucune supposition plus ou moins arbitraire.
( 202 )
prend 384 pages et contient 553 figures, toutes originales, la plupart des-
sinées d'après nature. »
M. RouciiÉ, en présentant à l'Académie le premier Volume d'ua
Ouvrage intitulé : « Analyse infinitésimale, à l'usage des ingénieurs », par
MM. Eugène Roitchè et Lucien Lévy, s'exprime comme il suit :
« Ce Traité fait jiartie de V Encyclopédie industrielle de M. Lechalas, et
le fait d'appartenir à ce Recueil indique suffisamment l'esprit dans lequel
notre Travail a été conçu. Nous n'avons jamais perdu de vue que nous
nous adressions surtout aux jeunes ingénieurs et nous pensons n'avoir rien
omis de ce qui leur est nécessaire pour leurs recherches techniques. »
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — Positions diverses de la fibre neutre
dans les corps rompus par flexion; raison de la fragilité. Note de
M. Cil. Frémont, présentée par M. Maurice Levy.
« On sait que la fibre neutre dans un corps fléchi en deçà de la limite
élastique dépend des rapports des coefficients de la matière à la traction
et à la compression,
M J'ai constaté, en poussant les essais de pliage jusqu'à la rupture, que
la position de la fibre neutre dépend du rapport de la limite élastique à la
compression et de la limite élastique à la traction.
» J'ai, en outre, été conduit par les résultats de mes expériences à cette
conclusion, qui me paraît d'un grand intérêt pour les usages industriels de
l'acier, à savoir qu'un acier est fragile (c'est-à-dire se rompt brusquement
au pliage en dépensant une faible quantité de travail) on non fragile (c'est-
à-dire se rompt progressivement en dépensant une quantité de travail pro-
portionnelle à celle qu'exige la rupture par la traction), suivant que le
rapport de la limite élastique à la traction à la limite élastique à la com-
pression est plus petit ou plus grand que l'unité.
» Ces propositions résultent de plusieurs expériences que j'ai effectuées
et elles sont confirmées par les expériences de M. Hadfield sur la série des
alliages fer et nickel, expériences que M. Osmond m'a signalées comme
venant à l'appui de mes conclusions.
» Il est vraisemblable que le rapport des coefficients d'élasticité à la
traction et à la compression varie dans le même sens que celui des limites
élastiques à la traction et à la compression.
très fragiles.
( 203 )
» Je me réserve de conduire mes expériences en vue de vérifier l'exac-
titude de cette induction.
Essais mécaniques de M. Hadfield sur les alliages fer-nickel (').
Limite Essais de traclion.
Composition chimique. élastique — — i»"
1 — ^ à la Limite Mlongement
C. Mn. Ni. compression. éiastii^ue. Rupture. pour loo.
A 0.19 0,79 0,27 22 19 3i 35 >
B o,i4 0,75 o,5i 22 20 3o Soi
C o,i3 0,72 0,95 20 23 33 3i ^ non fragiles.
D o,i4 0,72 1,92 27 26 34 33
E 0,19 o,65 3,82 28 28 37 3o
F 0,18 0,65 5,81 40 28 4i 27
G 0,17 0,68 7,65 40 31 49 26
H 0,16 0,86 9,5i 70 42 85 9
1 0,18 0,93 11,39 100 6.5 94 12
J o,23 0,93 i5,48 80 55 94 3
K 0,19 0,93 19,64 80 47 71 7*
L 0,16 1,00 24, 5 1 50 32 77 i3 ,'
M o,i4 0,86 29,07 20 25 38 33 non fragile.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la propagation des ondes hertziennes dans la télé-
graphie sans /ils. Note de M. E. L.vgraxge.
« Bru.\elles, j6 janvier kjoi.
« Si l'application des ondes hertziennes à la télégraphie sans fils a atteint
dès maintenant un caractère pratique et industriel, la théorie des phéno-
mènes en eux-mêmes est loin d'être faite. Les rôles de la terre et de l'an-
tenne émeltrice, par exemple, ne sont pas encore bien définis. Si on laisse
de côté l'influence que la terre joue sur la nature même des ondes
produites, il semble que son rôle se borne à guider, comme le ferait
un conducteur, les ondes émises par l'antenne, et qu'elle ne joue en rien le
rôle d'un diélectrique.
» Four vérifier ce point, nous avons examiné si Taction des ondes se ferait sentir
sur un cohéreur enfoui dans le sol, à o°',3ode profondeur. Une cavité convenable
avait été creusée à une centaine de mètres du radiateur, alimenté par une bobine
donnant o'",25 d'étincelle, et munie d'une antenne de 2"°. Dans une caisse en bois se
(') Proceedings of the Institution of Civil Engineers, vol. CXXXVIII, Londres,
1898-1899.
( 30', )
trouvaient les appnrfils récepteurs ordinaires; le morse était remplacé par une
cartouche de dynamite, placée à distance convenable et reliée par conducteurs souter-
rains au relai. Dans ces conditions, la fosse n'étant pas refermée, la mine détonait avec
la plus grande facilité. Mais, lorsque la terre eut été rejetce, ue manière qu'une
couche de o'",3o recouvrît la caisse en bois, il fut impossible d'agir sur le cohéreur.
Un conducteur isolé et enterré avait été au préalable connecté au cohéreur; en le dé-
terrant et le reliant à une antenne, on obtint aussitôt la déllagration.
» Il faut en conclure que les ondes ne pénètrent point à l'intérieur du
sol, et qu'il y a probablement absorption et réflexion des ondes émises par
l'antenne. An point de vue militaire, ces expériences montrent aussi dans
quelles conditions la mise à feu des mines pourrait avoir lieu à distance. »
CHIMIE MINÉRALE. — Étude du nitrate d'uranium. Note de M. OEchsnku de
CoNiNCK. (Extrait.)
« .... L'étude de l'action de la chaleur sur le nitrate d'uranium m'a
conduit aux conclusions suivantes :
)) 1" La calcination brusque du nitrate d'uranium cristallisé fournit une
modification rouge du sesquioxyde d'uranium, qui paraît être le polymère
delà modification orange;
» -i" Celte modification rouge, calcinée pendant quarante heures au
rouge sombre, dans une capsule de platine, se transforme partiellement
en un oxvde brun. Calcinée pendant le même tt-mps, au rouge vif, dans
un creuset de platine fermé, elle ne s'est pas transformée en oxyde vert, mais
a fourni une très petite quantité de l'oxvde brun;
» 3" La modification orange du sesquioxyde d'uranium, qui prend nais-
sance dans la calcination ménagée du nitrate d'uranium, chaulfée pendant
vingt-six heures au rouge sombre, s'est partiellement transformée en mo-
dification rouge.
M Je continue ces recherches. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du bromure de bore sur les iodures de phosphore
et sur les composés halogènes de l'arsenic et de l'antimoine ('). Note de
M. Tarible, présentée par M. Henri Moissan.
« L Action du bromure de bore sur les iodures de phosphore. — Les ioclures
de phosphore ont donné lieu, avec le bromure de bore, à des réactions du
(') Ce Travail a été fait au laboratoire de M. Henri Moissan.
( 2o5 )
même ordre que celles que nous avons observées avec les chlorures et les
bromures de ce métalloùle et que nous avons décrites antérieurement (').
» Bromure de bore et bi-iodure de phosphore. — Le bromure de bore, versé dans
une solution suli'o-carbonique de bi-ioilure de phosphore, fournit un corps jaune
cristallin eu même temps que le liquide devient rouge sombre. Le même composé ap-
paraît lorsque l'on fait réagir le bromure de bore et le bi-iodure de phosphore en tube
scellé.
» Nous avons fait varier les proportions des substances réagissantes ; dans tous les cas,
nous avons obtenu un corps d'aspect et de formule identiques ainsi que le montrent
les analyses ci-dessous faites sur des échantillons provenant de mélanges de proportions
différentes :
Théorie
Kxpcrienccs. 1. 2. 3. pour PU', aBoBr".
.1
'/'■
Phosphore ''t^^ 5) '7 ^l'Q
Brome N.oo 44,73 44,63 44,77
Iode 'i7,79 47>64 47,^' 47 ,38
Bore (non dosé) » » « 2,oô
» Le bromo-iodure F-l', 2BoBr' est on crislau.N. jaune d'or; avant de fondre, il
émet des vapeurs d'iode vers i3o", puis entre en fusion vers i45°, mais, à cette tem-
pérature, il a déjà subi une décomposition partielle.
» Il est soluble dans le bromure de bore, le sulfure de carbone, le chloroforme, et
il est insoluble dans l'huile de vaseline et l'éther de pétrole.
» Il est très rapidement décomposé par l'air humide, plus rapidement encore par
l'eau, en acide borique, acide phosi>horeux et en acides bromhydrique et iodhydrique.
11 peut être sublimé dans un courant dhydrogéne sans altération.
» Il brûle dans l'oxygène lors(|u'on élève la température, en donuantdes anhydrides
borique et phosphorique: l'iode et le brome sont mis en liberté. Le soufre à l'état de
vapeur détermine la formation d'un iodure de soufre. Le chlore réagit en donnant des
composés doubles chlorés. Il absorbe le gaz ammoniac avec élévation de température
en donnant naissance à une poudre blanche amorphe. P'I', aBoBr' réagit sur les
composés organiques comme d'ailleurs ses constituants permettaient de le prévoir.
» Bromure de bore et tri-iodurc de phosphore. — La réaction ne se produit pas à
la température ordinaire; mais, si l'on chaulTe un mélange de ces deux, corps en tube
scellé, on obtient par refroidissement un mélange de larges cristaux d'iode et décris-
taux jaunes semblables à ceux de l'expérience précédente, le tout baignant dans un
liquide très coloré.
« Ainsi, le bromure de bore réagi', sur le Iri-iodure de phosphore en donnant le
même composé qu'avec le bi-iodure, mais avec mise en liberté d'iode, conformément
à l'équation suivante :
2pPH-2BoBr3=Pn',2BoBr3-+-2l.
(') Taiuble, Comptes rendus, t. CXVI, p. i52i et t. GXXXII, p. 83.
C. H., lyui, I" Semestre, (T. C.\.\X1I, N" 4.) 27
( 206 )
» Les iodures de phosphore ne fournissent donc avec le bromure de bore qu'un seul
el même composé, le tri-iodure de phosphore étant détruit dans la réaction et amené
à l'état de bi-iodure.
» IL Action du bromure de bore sur le chlorure, le bromure et les iodures
d^ arsenic. — Il nous a paru intéressant, pour compléter ce travail, d'étendre
l'action du bromure de bore aux composés halogènes de l'arsenic et de
l'antimoine.
» Nous avons obtenu les résultats suivants :
» Bromure de bore et chlorure d'arsenic, — lorsque, dans un tube à essai conte-
nant déjà du chlorure d'arsenic, nous avons ajouté le bromure de bore, il s'est produit
un dégagement gazeux abondant accompagné d'une élévation notable de température,
et, le liquide restant, incolore, s'est pris en une masse cristalline entre 18° et 20°.
» Nous avons renouvelé cette expérience avec des quantités de matières el dans des
conditions telles qu'il nous a été possible de connaître les poids respectifs des corps
mis en présence, le poids du gaz dégagé, le poids du résidu, et d'en déduire les quan-
tités des corps entrés en réaction.
» Des diverses données ainsi obtenues nous avons dû conclure à un simple échange
d'éléments entre le bromure de bore et le chlorure d'arsenic, représenté par l'équation
suivante :
AsCP-H BoBr3=: AsBr^+ BoCF.
» Bromure de bore el bromure d'arsenic. — Au moment du mélange de ces deux
corps, on n'observe qu'un abaissement très sensible de la température et l'apparition,
vers i8°, de cristaux rappelant par leur aspect ceux du bromure d'arsenic.
» Dans une nouvelle expérience, nous avons opéré sur des poids connus des deux
bromures. En abaissant la température au-dessous de 18", nous avons pu séparer la
partie liquide de la partie cristallisée. Le poids de cette dernière fut trouvé sensible-
ment égal à celui du bromure d'arsenic employé. En même temps, nous avons pu nous
assurer que la partie liquide n'était autre que du bromure de bore.
» Le bromure d'arsenic s'était donc simplement dissous dans le bromure de bore.
» Bromure de bore et iodures d'arsenic. — Le tri-iodure et le penta-iodure d'ar-
senic se dissolvent dans le bromure de bore en tube scellé entre 180° et 200", mais ne
donnent lieu à aucun phénomène d'addition ni de décomposition.
» III. Action du bromure de bore sur les composés halogènes de l'anti-
moine. — Les réactions que le bromure de bore donne avec ces divers
corps sont en tous points comparables à celles que nous avons observées
sur les composés halogènes de l'arsenic.
)) Avec lès chlorures il y a échange d'éléments et forte élévation de
température. Ces réactions sont représentées par les deux équations sui-
( 2()7 )
vantes :
SbCl' + BoBr' = BoCP -t- SbBr',
3SbCl' + 5BoBr' = 5BoCP -+- 3SbBr'+ 6Br.
» Le bromure et l'iodiire d'antimoine se dissolvent dans le bromure de
bore sans qu'il en résulte d'allération dans leurs propriétés.
M Conclusions. — Les recherches que nous avons faites concernant
l'action du bromure de bore sur les composés halogènes du phosphore, de
l'arsenic et de l'antimoine, nous ont conduit aux résultats que nous pou-
vons résumer dans le Tableau comparatif suivant :
Corps mis en présence de BoRr\ Réactions produites.
PCI» Composé PCP, a BoBr^
PCP » PClSaBoBr'
PBr' » PBr',BoBr'
PBr'' » PBrSBoBr'
pqi » P-I', aBoBr'
PP » . P^P, 2BoBr^+I
As Cl' Double décomposilioa
AsBr' I
AsP ' Solution
AsP \
SbCP Double décomposition
SbCP »
SbBi' ) c I >•
SbP i ^°'"^""
» Ces réactions sont d'ailleurs en complet accord avec les données
thermochimiques déterminées par différents observateurs.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V alcool œnanthyliqiie sur son dérivé sodé ;
nouvelle méthode de synthèse des alcools. Note de M. Marcel («ueubet,
présentée par M. Henri Moi^san. ^
« On ne connaît actuellement qu'un assez petit nombre de méthodes
conduisant à la synthèse des alcools monoatomiques : les alcools d'atomi-
cité élevée, en particulier, n'ont pu jusqu'ici être obtenus synthétiquement
qu'en passant par les aldéhydes correspondants. La méthode que j'ai
l'honneur d'exposer à l'Acaflémie permet d'obtenir facilement certains
d'entre eux au moyen d'autres alcools moins condensés.
( 208 )
» Dans deux précédentes Communications ( ' ). j'ai montré qn'en chauf-
fant à iSo^-iGo" l'alcool amylique inaclif avec son dérivé sodé l'on obtient
surtout de Talcool diamylique et de l'acide isovalérique, suivant la
réaction
2C/H''^0 + C'H"NaO = C-H-Q -hCMl^NaO" +4 H.
» La formation de l'alcool diamylique résulte, en somme, de la conden-
sation de deux molécules d'alcool amylique avec départ d'une molécule
d'eau
2C'H' = 0= C'IP-O-i- H-0.
» J'ai tenté la même réaction sur l'alcool œnanthylique; elle réussit
encore et peut être formulée
aC'H'oO + C^H'^NaO = (;"'H^"0 + C H" NnO= + 4FI.
» Les produits principaux sont, en effet, de l'acide œnanthvlique
C'H'^0" et un alcool de formule (>'''H"'0, provenant de la condensation
de deux molécules d'alcool œnanthylique. Il se forme en même temps,
comme nous verrons dans la suite, l'acide correspondant C'^H-^O^ et un
peu d'un alcool de formule C H^'O provenant de la condensation de trois
molécules œnanthyliques.
» L'alcool œnanthvlique emplové provenait de la réduction de l'œnan-
thol par l'amalgame de sodium en liqueur acétique et bouillait à i'j[f-i']îi°.
« Dans une bouteille en cuivre munie d'un réfrigérant à reflux, on chaufl'e peu à
peu 4ooS'' de cet alcool avec SoS'' de sodium jusqu'à 220°, température que l'on main-
tient pendant douze heures. On observe un dégagement d'hydrogène, d'abord très
rapide par suite de la réaction du sodium sur l'alcool, puis beaucoup plus lent, mais
très régulier; il est alors produit par la réaction formulée plus haut. Enfin, après douze
heures, le dégagement cesse à peu près complètement; la réaction est terminée.
» On reprend par l'eau le mélange refroidi et on l'additionne d'une quantité d'acide
sulfurique telle que la solution aqueuse reste franchement alcaline; on achève alors
la saturation par un courant d'acide carbonique et on laisse déposer le mélange qui se
sépare en deux couches : une couche aqueuse, une couche huileuse qui surnage.
» La solution aqueuse est alors lavée plusieurs fois avec de l'élher, puis addi-
tionnée d'un excès d'acide sulfurique qui en précipite des acides huileux que l'on
sèche et que l'on soumet à la distillation fractionnée. Les 243s'' de produit brut
donnent ainsi i5o8''de produit bouillant à 222°-225" sous la pression normale; c'est de
l'acide œnanthylique; puis 5oS'' de produit distillant de igC-ig^" sous iS""" de
(') Compter rendus, t. CXXVIII, p. 5ii et 1002.
( 209 )
pression. Cette dernière fraction est rectifiée de nouveau : elle distille presque
entièrement entre 190" et 191°. L'analvse et nn titrage acidimétrique lui assignent
In formule CH'^'O' (C trouvé 78,21, calculé 73,68; H trouvé 12, 3i, calculé 12,28).
Sa densité à iS" est 0,8860. Refroidi à — lo", cet acide cristallise et ses cristaux,
fondent à + 4°- ^ est donc diflfèrent des deux acides de même formule déjà connus :
l'acide mvristique qui fond à 53". 8. l'acide dio^nanthvlique de Perkin, qui reste
liquide à —10°; je le nommerai acidi^ dia-nanthylique [î, pour le distinguer de ce
dernier acide.
» La couche huileuse, séparée comme il a été dit, renferme les alcools, en partie
libres, en partie à l'état d'éthers œnaiitlivliques. On la fait donc bouillir avec la po-
tasse alcoolique pour saponifier ceux-ci, puis on distille le produit sous pression ré-
duite. Il passe d'abord de l'alcool œnanthylique qui n'a pas pris part à la réaction,
puis deux fractions principales qui, après six rectifications sous 13"""' de pression,
donnent 72B'- d'un alcool bouillant à i.")i°,5-i52°,5 et Ss"" d'un autre alcool bouillant à
202°-206''.
» Le premier répond à la formule CH^^O (C trouvé 78,72, calculé 78,00;
H trouvé i4>". calculé i4,02); je le nommerai alcool diœnanthylique p. C'est un
liquide incolore, d'odeur faible, ne se solidifiant pas à — ao". Il bout à 286"-289''
sons la pression normale, le thermomètre étant entièrement plongé dans la vapeur et
à i5i»,5-i52°,5 sous i3""" de pression. Sa densité à i5" est o,84oi5.
» Le second a pour formulée*' 11**0 (C trouvé 80,87, calculé 80,77 ; 'I l'oi'vé i4,i5,
calculé 14. 'o); c'est l'alcool triœnanthylique. 11 est liquide, incolore, à peu près
inodore, bout à 202<'-2o6'' sous i3'""' de pression et a pour densité à i5" o,8447-
» En résumé, on voit qii il s'est formé, dans l'action de l'alcool cenan-
thvliqiie sur son dérivé sodé : de l'acide œnanthylique, de l'alcool diœnan-
thylique, de l'alcool triœnanthylique et l'acide correspondant.
» Les deux premiers composés ont pris naissance dans la réaction déjà
formulée; quanta l'alcool Iriœnanlhyliqiic, il est dû vraisemblablement à
l'action ultérieure de l'alcool diœnanthvlique déjà formé sur le dérivé sodé
de l'alcool œnanthylique encore présent dans le mélange
2C"H^"0 4-(/H"\aO = C='ir'0-f-C"H='NaO--f-/,H.
» Os réactions sont tout à fait analogues à celle observée déjà avec
l'alcool amvlique inaclif {loc. cit.); celle, en particulier, qui donne nais-
sance à l'alcool triœnanthylique montre que l'on peut sans doute généra-
liser, au moins pour les alcools supérieurs à l'alcool butylique, et dire
qu'en chauiï'ant un alcool primaire avec le dérivé sodé d'un autre alcool
primaire, on obtient la réaction :
( 2IO )
» Je me propose d'en confirmer la généralité par de nouvelles re-
cherches. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénations directes réalisées en présence du nicket
réduit : préparation de l' hexahydrohenzène . Note de MM. Paul Sabatier
et J.-B. Senderexs.
« Dans des travaux antérieurs {Comptes rendus, t. CXXIV, p. i358;
1897, et t. CXXVIII, p. 1173; 1899), nous avons indiqué que le nickel
récemment réduit de son oxyde est capable de réaliser, dès la température
ordinaire, la combinaison directe de l'hydrogène avec l'éthylène ou l'acé-
tylène. La réaction conduit normalement à l'éthane, accompagné d'une
proportion plus ou moins forte de carbures forméniques supérieurs.
» Depuis lors, dans des recherches nouvelles que nous poursuivons,
nous avons reconnu que le nickel réduit est un agent très actif qui permet
de réaliser facilement, à température peu élevée, soit des hydrogénations
directes, soit des dédoidjlements moléculaires.
» Le métal intervient par une action de présence, de durée à peu près
indéfinie, qui est due certainement à la formation de produits temporaires,
tels qu'un hydrure instable, et il provoque de la sorte un grand nombre de
réactions exothermiques qui ne peuvent être habituellement réalisées que
par le secours de températures élevées, défavorables à la stabilité des pro-
duits, ou par des conditions expérimentales d'un usage laborieux.
» Mode opératoire. — Sur le nickel récemment réduit et disposé en couche mince
dans le tube même de réduction, on dirige les vapeurs du corps à hydrogéner, en-
traînées par un excès d'hydrogène ('). Si le corps est un liquide assez volatil possé-
dant à la température ordinaire une tension de vapeur notable, il suffit de faire bar-
boter l'hydrogène dans un laveur rempli de ce liquide. Si ce dernier est peu volatil à
froid, on le fait arriver continuellement dans l'intérieur du tube déjà chauffé, par un
tube capillaire de longueur et de diamètre convenablement choisis.
» Le nickel étant maintenu à une température suffisante, l'hydrogénation est habi-
tuellement indiquée par une diminution plus ou moins grande de la vitesse de l'iiydro-
gène qui sort du tube : les produits liquides qui en résultent sont aisément condensés
dans un tube refroidi.
» Le métal conserve longtemps son activité; mais, avec divers composés organiques,
il arrive que celle-ci va en s'aflaiblissant quand, des réactions de dédoublement se
(') Il faut éviter avec le plus grand soin toute introduction d'air.
( 2H )
superposant à l'iiydrogénation, il se produit sur le nickel un dépôt notable de
charbon.
» Hydrogénation du benzène. — Le procédé qui vient d'être décrit permet de
réaliser aisément au-dessous de Soo" l'hydrogénation directe du benzène et de ses
homologues.
» Nous avons opéré sur du benzène cristallisable très pur, absolument privé de
thiophène.
» Quand on dirige sur le nickel réduit l'hydrogène saturé à froid de vapeurs de
benzène, la réaction se manifeste nettement dès iSo" : à i8o° elle est très rapide.
Avec une traînée de métal occupant dans le tube une longueur d'environ So"^" et une
vitesse initiale de l'hydrogène d'environ 60" par minute, l'hydrogénation du benzène
se produit totalement conformément à l'équation :
C'>H«+1I«= C'-Il'-'.
» Le volume du gaz diminue notablement : par suite, le gaz qui sort est sursaturé
de vapeurs, et les parois du tube abducteur, absolument sèches au début de l'expé-
rience, ruissellent de liquide. En faisant arriver le gaz dans un tube refroidi à o", ou
condense la plus grande partie du composé, sous l'orme d'un lii[uide incolore qui est
de V hexahydiobenzène {cyc\ohe,\Av\6, hexanaphtène) absolument pur. Il possède une
odeur éthérée agréable, bout à 81", et se congèle facilement en un solide hyalin qui
fond à 4", 5.
« Cet hexahydrobenzéne ne contient aucune proportion appréciable de benzène :
car il ne fournit absolument aucune réaction au contact prolongé du mélange à
volumes égaux d'acide sulfuriquc et d'acide nitrique fumant.
» Il ne renferme pas non plus de produits inférieurs d'hydrogénation (cyclohexènes,
cyclohexadiènes), car l'addition d'acide sulfurique concentré ne développe aucune
coloration.
» L'appareil, une fois installé, peut fonctionner presque sans surveillance pendant
de longues heures : c'est donc une préparation commode et sûre de l'Iiexaliydro-
benzène.
» La réaction est la même lorsque, dans le mélange soumis à l'influence
du métal vers 1 80°- 200°, il y a un excès de benzène, ce qu'on peut réaliser
facilement par l'emploi du dispositif à tube capillaire.
» Dans ce cas, le volume de l'hydrogène est fortement diminué par le fait de la
combinaison; dans une de nos expériences, un courant de 40" par minute fut réduit
à 4". Le liquide condensé est alors un mélange d'hexahydrobenzène et de benzène,
sans aucune trace de produits intermédiaires : le cyclohexane peut en être retiré par
l'emploi du mélange d'acide nitrique et d'acide sulfurique, qui attaque seulement le
benzène.
» En opérant, comme il a été dit plus haut, sur de l'hydrogène saturé, à froid, de
benzène, la réaction est complète à aoo". Mais, si la température du métal sur-
passe Soc", ou observe que le ruissellement cesse dans le tube, et l'on ne condense
( 2.-^ )
plus rien dans le tube refroidi, bien que le volume du gaz qui sort de l'appareil sou
encore devenu un peu plus faible.
» C'est que, comme nous l'avons vérifié par des e'ipériences directes, l'hex-aliydrure
de benzène, chauffé seul au contact du nickel au-dessus de 3oo°, se détruit avec dépôt
de cfaarbori, en dégageant uu gaz qui a sensiblement la composition du formène (').
On peut l'expliquer facilement en admettant que, sous l'aclion du nickel, l'hexaliydro-
benzèue se dédouble d'abord eu trois molécules d'éthylène :
» Nous avons montré, en 1897, que l'éthylène en présence du nickel au-dessus
de 3oo° se dédouble en charbon et carbures forméniques, la réaction finale dominante
étant
3CMi*=3C-H3ClP. ,
1) Kn présence d'un excès d'hydrogène, l'hexahydrure formé par l'hydrogénation
directe du benzène doit être de même détruit au-dessus de 300° en présence du
nickel ; mais l'éthylène formé est hydrogéné de suite, au lieu d'être détruit, et l'on
obtiendrait de l'éthane pur si celui-ci n'était lui-môme atteint par le métal à la tem-
])érature de la réaction, comme nous l'avons indiqué dans le Travail déjà cité. Si l'on
négligeait ce dernier effet, la réaction de l'hydrogène sur le benzène en présence
du nickel au-dessus de 3oo° serait
C'H«-f-H'2=3C2H8.
» Nous avons pu, comme pour le benzène, obtenir l'hydrogénation régu-
lière (lu toluène, des xylènes, du cymène, etc., ainsi que de composés très
différents, tels que le nitrobenzène, qui est facilement transformé en ani-
line. Nous nous proposons défaire connaître ces résultats dans une pro-
chaine Communication. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le mécanisme des actions diastasiques.
Note de M. H.vnsuot, présentée [jar M. Arman 1 Gautier.
» Dans ma Note précédente, j'ai montré que la saponification deséthers
par la lipase peut s'interpréter en supposant que celle-ci forme avec les
acides une combinaison facilement dissociable, de façon que le ferment,
sans cesse régénéré, disparaît dans le phénomène final dont il ne fait
qu'augmenter la vitesse. J'apporte aujourd'hui de nouvelles preuves à
l'appui de cette explication.
(') Nous avons vérifié qu'à 3oo° et même 35o° le benzène ne subit, en présence
du nickel réduit, aucune destruction appréciable.
( 2'3 )
» On sait que la saponification des éthers par l'eau est limitée, comme
elle l'est en présence de la lipase, et que la limite de la saponification est
abaissée par la présence de l'un des produits du dédoublement. Or, j'ai
montré autrefois que, tandis qu'un excès d'acide arrête con)j)lètement la
fermentation lipasique, la glycérine est à peu près sans action sur la sapo-
nification par le ferment : ce qui est bien d'accord avec l'hypothèse que la
li|)asese combine avec l'acide et non avec la glycérine.
» Toute action limitée par les produits mêmes qui se forment peut se
concevoir comme résultant île deux réactions : l'une directe, l'autre inverse,
se contrebalançant partiellement. Ainsi, dans le cas présent, le tait que la
lipase a son action décomposante arrêtée dès qu'une certaine quantité
d'acide gras est mise en liberté fait supposer que, si l'on met la lipase en
présence de glycérine et d'un excès d'acide, elle doit pouvoir les recom-
biner, de façon à réaliser toujours le même rapport ei^trc les quantités
d'acide et d'élheren présence.
» Voici comment j'ai conduit l'expérience. J'introduis i"^" de séru[ii, jiréalablement
neutralisé, dans un mélange do iC'' d'eau et lO gouttes ('2J au centimètre cube) d'une
solulion renfermant :
Glycérine : js^; Acide isobutyrique : 26'; Eau : laSs'.
Jechaulfe pendant un temps variable à 37° et je dose l'acidité (') : 1" dans le sérum S;
2° dans le mélange acide A sans sérum, maintenus l'un et l'autre à la même tempéra-
ture ; 3° dans le mélange d'acide et de sérum (A ■+- S). La perte d'acidité de ce dernier
ne peut provenir que de la combinaison de la glycérine et de l'acide. Voici les
résultats :
1 heure. i lieure. 1 i heure.
S 2 5 5
A -'17 46 48
A + S 34 3o 24
Acidité disparue i5 2i 29
Acidité disparue pour 100 primitive.. . . 3o 44 54
1) Ainsi, dans cette expérience, 54 pour 100 de l'acide butyrique introduit peut être
combiné à la glycérine en |)résence de lipase dans des conditions de temps et de tem-
pérature où la combinaison directe serait à peu près nulle en l'absence de ce ferment.
» Je me suis en outre assuré par de nombreuses expériences que le sérum porté à
(') L'acidité, dans toutes ces expériences, est indiquée par le nombre de gouttes
d'une solution de carbonate de soude à 5?'' par litre nécessaires pour amener la neutra-
lité, la plitaléine servant d'indicateur.
C. R., lyoi, I" Semestre. (T. CXXXII. N> 4) 28
( 2l4 )
rébiillition, ou mis en présence de la même solution acide, maïs sans glycérine, ne
produisait aucune action.
» J'ai alors fait varier les quantités d'acide en laissant constants à la fin le terap'
(trente minutes) et les proportions de glycérine et de sérum :
Acidité totale ■?.■). 29 36 48 5o 67 64 72 79 86 98
Acidité disparue.. . 8,4 11,6 11,8 i5 11,2 i4,4 12,6 i5,8 6 5 4
Pour 100 4o 39 32 34 22 25 20 22 8 6 4
» Ces nombres montrent que la lipase n'exerce son action synthétique
qu'entre des limites bien déterminées; il est, d'autre part, remarquable de
voir que la quantité pour 100 d'acide combiné dans un même temps
diminue à mesure que la quantité d'acide augmente. Ces deux faits sont
dus cà l'influence fâcheuse qu'exerce l'acide libre sur le ferment, ainsi que
je l'ai montré dans ma précédente Note.
» J'ai cherché à séparer le corps formé dans la réaction. J'ai pris 24 litres d'eau,
additionnés de 128'' d'acide butyrique, 24^'' de glycérine et 2 litres de sérum de cheval,
et j'ai chauffé à 37°. Au bout de quatre heures, l'acidité était tombée à moitié. J'ai
alors ajouté 6s"' d'acide butyrique, de façon à maintenir l'acidité constante, puis, au
bout de quelques heures, j'ai épuisé par de l'éther, et, après avoir lavé celui-ci avec
de la potasse j'ai distillé. Le résidu m'a donné environ Ss' d'un liquide bouillant entre
170° et 200° et à peine acide, el un résida non distillable, pesant environ le même poids.
J'en ai eu trop peu pour pouvoir le fractionner, mais, el c'est le point important, j'ai pu
constater que ces deux corps, dissous dans l'eau et traités en solution neutre par la
lipase, se dédoublaient comme fait la bulyrine. Donc le corps qui se forme par l'action
de la lipase en solution acide, est détruit par elle en solution neutre. Je m'occupe actuel-
lement d'en préparer une grande quantité pour pouvoir le fractionner et l'identifier.
» J'ai constaté que cette réversion de l'action de la lipase est générale
et s'étend même |aux acides minéraux.
SO'H=.
Acidité totale 85
Acidité disparue 35
» pour 100. ... 4i
» Si l'on rapproche ces nombres de ceux que j'ai donnés précédem-
ment pour la décomposition des éthers, on remarquera que, pour les
acides gras, la facilité de combinaison augmente avec le poids tnoleculaire,
tandis que, pour les éthers, la facdité de décomposition par la lipase est
d'ordre inverse.
» On voit donc que la théorie que j'ai proposée pour expliquer l'action
;0'H.
HCl.
C-0'H=.
CH-0'.
C=H'0-.
C<H*0
70
67
60
67
72
60
25
26
20
'7
33
3o
36
38
33
26
46
5o
( 2l5 )
de la lipase sur les éthers permettait de prévoir la réversibilité du phéno-
mène, ce que l'expérience a confirmé.
» Celle réversibilité n'est pas un fait isolé ; Hill l'a déjà indiquée dans
l'action de la maltase sur le glucose; on peut prévoir qu'elle deviendra
un fait général pour tous les ferments dont l'action est entravée par les
produits de la réaction.
)) Cette réversibilité doit modifier nos idées sur le rôle des ferments in-
ternes dans l'organisme; ceux-ci n'auraient plus qu'une action régulatrice
destinée à maintenir constante la proportion de certaines substances. Ainsi,
au moment de la digestion, k's acides gras arrivant en abondance dans le
sang, la lipase les combine et les fixe à l'état de graisses. Pendant le
jeûne, les acides gras diminuant dans le sang par suite de leur combus-
tion, la même lipase reprend la graisse qu'elle avait déposée et la solubi-
lise, en sorte que son rôle est de maintenir constante la proportion d'acides
gras contcMius tians le sang.
» Nous savons ainsi qu'un certain nombre de nos organes sont capables
d'effectuer des actions inverses l'une de l'autre; il est vraisemblable qu'elles
sont dues à un seul et même ferment. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur la fihrinolyse.
Note de M. L. Ca-mus, présentée par M. Bouchard.
« Les conditions de la production de la fibrinolyse et la démonstration
de l'existence môme de la solubilisalion de la fibrine ne sont pas, ce me
semble, nettement établies. L'étude de ce mécanisme, que j'ai entreprise,
se rattache, d'une part, à l'étude de la coagulation; d'autre part, elle
touche à la question de l'histolyse.
» En me plaçant à ce dernier point de vue, j'ai abordé celte étude par
la recherche d'un sérum fibrinolytiq^ie. La question si complexe de l'his-
tolyse se poserait avec plus île sim|)iicilé, si l'on pouvait isoler une sub-
stance simple et définie du proloplasma, et si l'on pouvait préparer un
sérum Usinant pour celle substance. La fibrine et le sérum fibrinolylique
m'ont paru présenter des conditions analogues de simplicité. Dans le but
d'obtenir un sérum fibrinolylique, j'ai injecté, à des animaux d'espèces diffé-
rentes, de la fibrine préparée aussi pure que possible et de façon aseptique.
» J"ai employé la fibrine du sang de chien, obtenue en partant du plasma oxalalé.
Les conditions dans lesquelles je me suis placé m'ont permis d'avoir la fibrine sous
forme de très petits flocons, et j'ai pu ainsi la laver très complètement.
( 2l6 )
» Est-ce à dire que cette fibrine soit entièrement exempte des autres matières al-
buminoïdes du sérum? Théoriquement cela est impossible à réaliser, pratiquement
elle n'en présente que des traces que je n'ai pu déceler. Cette fibrine, desséchée dans
le vide à basse température, a été pulvérisée, relavée aseptiquement, puis redesséchée.
C'est cette fibrine, finement pulvérisée et mise en suspension dans l'eau salée
à 8 pour looo, que j'ai injectée soit à des lapins, dans le sang, soit à des canards,
dans la cavité péritonéale. Les lapins ont été injectés tous les deux jours; la dose
totale de poudre injectée a varié de os^aoà oS"', 60. Ces animaux n'ont jamais présenté
de troubles particuliers, sauf quelquefois une dyspnée passagère, et la courbe de leur
poids est restée normale.
» Le sérum des animaux immunisés a été essayé in vitro, soit sur le sang de chien
en nature, soit sur ce sang fortement dilué, ce qui permettait d'avoir un très léger
caillot en sac, soit enfin sur du plasma étendu d'eau salée et centrifugé. Dans aucun
cas, je n'ai obtenu de solubilisation des caillots, soit en opérant à 87°, soit en opérant
à la température du laboratoire. Si les caillots, une fois formés, ne sont pas modifiés
par le sérum d'un animal immunisé, il n'en est pas de même de la formation des cail-
lots quand l'addition de ce sérum précède la coagulation. Quand on ajoute, à du plasma
étendu d'eau salée, des quantités croissantes de sérum d'animal immunisé, on voit
apparaître un précipité de plus en plus abondant; pour une certaine valeur du pré-
cipité, la formation du caillot n'a plus lieu. Ces résultats m'ont amené à essayer l'action
du sérum de l'animal immunisé sur la solution de fibrine et ici encore j'ai observé la
formation d'un précipité. Il était donc inutile de poursuivre la recherche d'un sérum
fibrinolytique par ce procédé, puisque la solution de fibrine est elle-même précipitée
par le sérum de l'animal immunisé.
)' Rapprochant les propriétés de ce sérum de celles du sérum d'un animal immunisé
par des injections de sérum, j'ai reconnu que le sérum de l'animal immunisé avec la
fibrine précipite le sérum de l'espèce animale qui a fourni la fibrine et qu'il précipite
aussi les solutions de fibrin-feiment de la même espèce. Le sérum chauffé est précipité
comme le sérum non chauffé; les solutions de fibrin-ferment, portées quinze minutes
à 100°, sont également précipitées comme les solutions non chauffées. Le sérum d'im-
munisé est spécifique pour l'ensemble des matières albuminoïdes du plasma sanguin
de l'espèce animale qui a fourni la fibrine.
» La chaleur, qui n'agit pas sur les substances précipitées, agit sur le sérum de
l'animal immunisé et peut lui faire perdre son pouvoir précipitant. Un chauffage de
dix minutes à 65° ne lui fait pas perdre sa propriété, mais un chauffage d'une heure à
cette même température l'abolit à j)eu près complètement.
» Le sérum de l'animal immunisé précipite aux mêmes températures et en appa-
rence dans la même proportion que le sérum d'un animal témoin.
» J'ai aussi immunisé des animaux par des injections de sérum, el j ai
constaté que le sérum de ces animaux immunisés précipite les solutions de
fibrine de l'espèce animale qui a fourni le sérum injecté.
» Je crois important d'attirer l'attention sur la façon de faire la réaction, car on
pourrait dans certaines conditions méconnaître complètement une réaction positive.
( 217 )
Il esl toujours avantageux de mettre en contact une grande quantité de sérum de
l'animal immunisé avec une petite quantité du liquide à étudier; j'emploie liabituelle-
ment 1'''= de sérum d'animal immunisé pour o^joS de solution de fibrine ou de sérum
normal. Avec le sérum normal la réaction est rapide et très apparente; avec la solu-
tion de fibrine elle esl lente et très légère : il esl, dans ce dernier cas, quelquefois
iiidi-pcjisable d'observer minutieusement le fond du tube après vinj^l-quatre heures
avant de se prononcer sur le résultat de la réaction.
» Si, au lieu d'opérer comme je viens de i'iMili(|uer, on renverse les projiortions,
c'est-à-dire si l'on prend i"' de sérum de cliicn et o'''^,o5 de sérum d'ininuinisé, on
n'observe pas le plus léger louche même après vingt-quatre heures. L'explication de ce
résultat réside dans ce fait que le précipité est soluble dans un excès de sérum normal;
si, en efl'et, après avoir obtenu un abondant |)iécipilé en ajoutant o'^'^,o5 de sérum de
chien à i"' de sérum de lapin immunisé puis centrifugé après dix minutes de contact,
et si, après avoir décanté, on remplace le sérum de lapin par r*' de sérum normal de
chien, on voit, après agitation, le li(]uiile séclaircir peu à peu et redevenir presque
complètement limjjide.
» Nous voilà donc revenus sinon à la fibrinolvse, du moins à un phénomène ana-
logue, à savoir : la solubilisation in riiro, ])ar un sérum, d'une matièie albuminoïde
précipitée.
» En résumé: 1" On pctiL imiininiser 011 inji^ctanl clans les vaisseaux
(les siihslanccs (') en suspension dans l'eau salée à 8 pour 1000.
') 2° Les injections de fibrine ne délerminent |)as la produclion d'un sé-
rum fdM-inolyli jue.
M 'i" Les globidines (-) du sang d'une même espèce animale ne semblent
pas spécififpies au point de viie de rit)imiinisalion. Le sérum de l'animal
immunisé par des injections de fibrine précipite non seidement les solu-
tions de fibrine, mais aussi le sérum et les solutions de fibrin-ferment de
l'espèce animale qui a foin ni la fibrine; réci|)ro.piement, un animal immu-
nisé par des injections de sérnm donne un sérum qui précipite le sérum
avec lequel a été faite l'imniunisiLion el aussi les solutions de fibrine cor-
respondantes.
» 4° Enfin le sérum normal peut redissoudre le précipité provoqué par
le séruiTi de l'animal immunisé.
» Au |)ointde vue de la cytolyse, ces expériences, pas plus que celles
(') J'ai aussi injecté à des lapins de la poudre de caséum de vache et j'ai obtenu
un sérum spécifique. Le sérum de ces lapins ne précipite ni le lait de femme, ni le lait
de lapine, ni le lait de chienne.
(') Je dis globuliites, car je n'ai pas encore étudié l'action isolée de la serine, et si
l'on s'en rapporte aux expériences de Nolf ce sont les globulines seules qui seraient en
cause dans ces expériences.
( 2iB )
sur le sérum d'anguille, ne mettent en évidence un phénomèue de solubi-
lisation m vitro; au contraire, nous obtenons ici un phénomène de préci-
pitation, de coagulation analogue, pour une matière relativement simple,
à ce que Metchnikoff a obtenu pour un élément cellulaire complexe, le
spermatozoïde. On peut donc |)enser que, dans un certain nombre de cas
au moins, la toxicité des sérums cyloloxiques est due, non à une action
Usinante, mais à une réaction de précipitation ou co:igulation amenant la
mort de l'élément cellulaire ou du tissu. »
ZOOLOGIK. — Sur les rapports des Giégarines et de l'epithélitim intestinal.
Note de M. Michel Sikdlecki, jjrésentée par M. Alfred Giard.
« Dans un Travail [précédent {^Bulletin intern. Ac. Sciences Cracovie,
déc, 1899), nous avons fait connaître le développement sporogonique
d'une Grégarine (Monocystis ascidiœ R. Lank.) : accolement de deux indi-
vidus adultes, enkystement, formation des sporoblastes; leur conjugaison
isogamique aboutissant aux sporocystes ; maturation de ces derniers. Nous
voulons aujourd'hui résumer brièvement les faits que nous avons observés
relativement aux rapports des Grégarines avec l'épithélium intestinal. La
question est d'actualité puisque, tout récemment, Léger et Duboscq ont
mis en doute, sinon l'existence de Grégarines à stades complètement
intracellulaires, du moins la généralité d'un tel processus, et I^averan et
Mesnd ont fait connaître le premier exemple |)récis d'une action hypertro-
phianle exercée par une Grégarine sur la cellule-hôte.
» La Monocystis ascidiœ Lank. passe la plus grande partie de sa période
de croissance tout entière dans une cellule de lépithélium intestinal d'un
Tunicier, Ciona intestinalis. Dès les stades les plus jeunes, la Grégarine a
les caractères de l'animal adulte que nous avons fait connaître dans notre
Travail précité; elle croit donc en restant semblable à elle-même. Nous
voulons surtout insister sur l'action qu'elle exerce sur la cellule-hôte.
» On constate d'abord un léger élargissement de la cellule et une liyperlrophic très
nette du noyau qui devient vacuolaire; presque toute sa clironiatine se condense en
un gros grain central. A mesure que la Grégarine grossit, l'hypertrophie de la cellule
s'accentue ; son protoplasme n'a plus la densité ni l'homogénéité de celui des cellules
normales; il est parsemé de vacuoles claires. Le noyau est rejeté dans un coin de la
cellule et il prend la forme d'un croissant en restant hypertrophié. Aux stades suivants,
la cellule acquiert des dimensions considérables; sa largeur est dix à vingt fois celle
d'une cellule normale; le novau est maintenant en voie d'atrophie; on a un croissant
( 219 )
de plus en plus mince, très chromatique. Alors la Grégarine occupe la majeure partie
de la cellule; son grand axe est dirigé dans le sens transversal de la cellule et elle se
trouve située au voisinage de la membrane basilaire qui sépare l'épithélium intes-
tinal du sinus sanguin environnant. A l'hypertrophie de la cellule succède donc
l'atrophie. Plus tard, les cellules épithéliales voisines de celle contaminée viennent
se rejoindre par leurs plateaux. Le parasite se trouve refoulé en arrière et, poussant
devant lui la membrane basilaire, il vient se loger dans une poche limitée par cette
membrane et qui fait hernie dans le svstème sanguin. Là, il continue à croître, et la
plaie qu'il a occasionnée se referme d'elle-même. AccidenteUement. la membrane basi-
laire peut se rompre et le parasite tombe dans le système circulatoire; nous en avons
observé dans le cœur d'une jeune Ciona parfaitement transparente. Normalement,
le parasite adulte se fraie un chemin entre les cellules intestinales et vient tomber
dans la lumière de l'intestin. Là, secondairement, il se met en contact avec une
cellule; grâce à son pseudopode antérieur, il s'accole, comme par une ventouse, au
plateau de la cellule; il est alors complètement exlracellulaire. A ce stade, il n'exerce
aucune action hypertrophiante ; nous avons simplement noté que la cellule-hôte
paraissait plus mince, son protoplasme plus condensé.
» C'est seulement ce dernier starle, où le parasite est tout entier extra-
celliilaire, que nous avons observé chez tin Pterocephalus des Scolopendres
d'Italie, voisin de l'espèce que Léger a récemment fait connaître sons le
nom de P. Giardi. Son c|)imcrile est composé de nombrenx filamenls
renflés à la base, qui s'insinuent toujours entre les cellules épitliéliales.
Comme l'a fort bien fait remarquer Léger, le parasite paraît en relation
avec l'épithélium par une quantité de radicelles; on se rend bien compte,
sur les coupes tangentielles de l'épithélium intestinal, de la position inter-
cellulaire de ces fdamenls. 'Ils paraissent formés de protoplasme très
condensé et non de chitine, comme le pense Léger ; le renflement basilaire
est cannelé. Le Pterocephalus , ainsi attaché à l'épithélium intestinal,
n'exerce pas d'action particulière sur les cellules; mais par l'ensemble de
ses fdaments il exerce une sorte de traction sur elles et fait converger les
jjarties tournées vers la lumière de l'intestin.
» Comment agit le parasite sur la ccUule-hôle? Nous ne pensons pas
que l'hypertrophie de cette cellule soit due à une action mécanique du
parasite, comme le pense Schaudinn; et nous en voyons la raison en ce
que: i° le noyau s'hypertrophie le premier; 2° dans le cas décrit par Laveran
et Mesnil, il y a seulement une très faible portion de la Grégarine intracel-
lulaire. L'action nous parait plutôt d'ordre chimique; les produits d'ex-
crétion du parasite passent dans la cellule-hôte et déterminent une irrita-
tion de cette cellule. Ni toutes les Coccidies, ni toutes les Grégarines
n'exercent une action hvpertrophiante. Cela tient, sans doute, à ce qu'un
( P.'iO )
second facteur entre en jeu, la sensibilité de la cellule parasitée aux pro-
duits irritants (venimeux, si l'on veut) excrétés par le parasite. Il n'y a
action hypertrophiante que si ces produits sont capables de modifier les
éclian2:es normaux de la cellule.
» Quand l'action est faible, seule la cellule parasitée réagit ; mais si elle est
plus consi<lérable, il peut y avoir réaction des cellules voisines et proliféra-
tion de l'épithélium, et cette prolifération peut être assez intense pour en-
traîner celle du tissu conjonctiF environnant. On arrive alors à la produc-
tion de tumeurs, telles que l'adénome du foie du Lapin. Nous avons donc
un enchaînement de phénomènes tels que l'un d'eux est la cause immé-
diate du suivant. Et il peut arriver que, si l'on s'adresse à un stade assez
avancé, les premiers chaînons semblent manquer; qu'on peut, par exemple,
ne pas trouver le parasite dans la tumeur, et pourtant c'est lui qui a été la
cause première, effacée maintenant, du phénomène que l'on a sous les
yeux. »
ZOOLOGIE. — Le parasitisme intracellulaire et la multiplication asexuée des
Grègarines. INote de MM. RIauiuoe Caui^lery et Feux Mesml, présentée
par M. Alfred Giard.
« Les recherches de ces dernières années ont Çi\ë d'une façon précis:'
le cycle évolutif des (loccidies: multiplication asexuée intracellidaire (^cAi-
zogonie, stades à mérozoïtes); croissance etdilïérenciation 'les gamètes mâles
et femelles; conjugaison hé térogami que conàuh&n\. à la formation de sporo-
blastes, puis de sporocystes à sporozoïtes Çsporogonie). Toute la période de
croissance des éléments asexués et des gamètes est intracellulaire. Il était
indiqué de chercher les mêmes termes dans l'évolution des Grègarines.
Siedlecki a montré récemment que le processus sexué , au cours de la sporc-
gonie, a lieu seulement au stade de sporoblastes et qu'il y a isogamie. Quant à
la schizogonie, nous en avons signalé le premier exemple (^Comptes rendus
I 7 janvier iHc)8) chez une Grégarine coelomique d'une Annélide marine ; elle
est intracellulaire. Tout dernièrement (^Comptes rendus, 27 octobre 1900),
Léger a décrit une Grégarine à schizogonie extracellulaire. La question de
la schizogonie se lattache à celle de l'existence el de la durée des stades
complètement inlra-cellidaires dans l'évolution des Grégariîies. Nous les
examinerons simultanément.
» En associant les faits publiés jusqu'à ce jour avec ceux que nous ont
( 22 1 )
fournis nos éludes sur les Grégarines des Annélides, nous croyous pouvoir
établir les catégories suivantes :
» I. Certaines Grégarines u'onl aucun stade intracellulaire (Léger et Duboscq,
Comptes rendus, l\ \\nn 1900). S'il s'agit d'une Grégarine cœlomique, le sporozoïte
« traverse sans s'y arrêter » l'épithéliuni intestinal (DiplocYslis major du Gryllus
doineslicus). Dans le cas d'une Grégarine intestinale {Pyxinia 31obuszi de la larve
iVAnthrenus museortim), le sporozoïte se fixe à une cellule épithéliale seulement par
une pointe qui, en grossissant, devient i'épimérite (seule portion comprise dans la
cellule). Léger et Duboscq pensent « qu'un stade intracellulaiie est plutôt excep-
» lionnel chez les Grégarines ». C'est là, suivant nous, une conclusion trop étendue,
et, en tout cas, inapplicable aux Grégarines des Annélides.
» II. D'autres Grégarines, sans avoir aucun stade entièrement intracellulaire, ont,
au début de leur croissance, une grande paitie de leur corps dans la cellule-hôte.
C'est dans cette portion intérieure que se trouve d'abord le noyau; il passe ensuite
dans la portion exlracellulaire qui grossit de plus en plus et la partie intracellulaire
devient I'épimérite. C'est le cas étudié par Biitschli chez Clcpsiclrina blattarum.
Nous le retrouvons dans une Grégarine intestinale de Scolelepis fuliginosa (') Clpd.
(Annélide de la famille des Spioiiidiens), appartenant au genre DoliocystisLégev : les
stades jeunes n'ont que le tiers ou le quart de leur corps hors de la cellule-hôte.
» m. Chez un troisième groupe, pendant une période de croissance assez courte,
le parasite est tout à fait intracellulaire, puis perce le plateau de la cellule-hôte, fait
hernie, et ne reste plus attaché à elle que par son épimérite. C'est le cas décrit |)ar
Aimé Schneider dès 1882 et devenu classique. Nous l'avons retrouvé dans un Selcni-
dium de Cirrutuius cirratus (^), à épimérite gros et sphérique. Laveran et Mesnil
(Comptes reiiÂiis de la Société de Biologie, 9 juin 1900) en ont fait connaître un
nouvel exemple chez Pyxinia Frenzeli. Kn somme, ce tjpe diffère peu du précédent,
chez lequel il y a peut-être un stade complètement intracellulaire, mais très fugace et
qui aurait échappé à robseivalioii.
1' IV. Les Grégarines telles que la Monocystis ascidiœ, dont Siediecki trace
l'histoire intracellulaire dans la Note qui précède, se comportent diU'éremment. Il y a
chez elle une phase intracellulaire très longue, puis la Grégarine, tout entière et sans
transition, (piitle la ci Ihile. C'est ce que nous montre aussi un Selenidiiini de Scole-
lepis fuliginosa qui croît jiresque jusqu'à l'étal adulte dans les cellules épithéliales
de l'inteslin, où on le reconnaît facilement par la structure de son noyau, de son
protoplasme et de ses myonèmes nombreux, puis tombe dans la lumière du tube
(') Cette Annélide nous a fourni diverses Grégarines dont il est question ici :
1" le Doliocystis du paragraphe 11 ; 2° un Selenidium à myonèmes nombreux (i6-3o),
à section cll!pti(|ue (voir paragr. W); 3" un Selenidium très aplati, avec un gros
myonéine s'arrêlant, chez les formes adultes, au milieu de la longueur, et donnant à
la section transversale une forme légèrement eu T (voir paragr. V).
(-) CArLLERY et Mesml, in Miscellanées biologiques, dédiées au professeur Giard
{Trav. Lab. Wimereux. t. VU; 1899).
C. K., Kjoi, 1" Semestre. (T. C.VXXIl, .N» 4.) 29
( 222 )
digestif. Une espèce très voisine, le Selenidium de Spio Marlinensis, se comporte
de la même façon.
» V. Enfin, dans une dernière catégorie, les phénomènes précédents se compliquent
de schizogonie. La Grégarine est d'abord intracellulaire et petite; son noyau se mul-
tiplie, elle se partage en un certain nombre de niérozoïtes qui sortent de la cellule
hôte comme dans le § IV. C'est ce qui arrive dans Gonospora longissima, Grégarine
cœlomique, ainsi que nous l'avons déjà décrit. Nous signalons aujourd'hui un nouvel
exemple chez une Grégarine intestinale, ni\ Selenidium aplati et à un seul gros myo-
nème que nous rencontrons chez Scolelepis fuliginosa. Le parasite intracellulaire,
d'abord en forme de croissant, prend peu à peu la forme sphérique; en même temps,
son noyau se multiplie, la sphère se résout en un barillet schématique de ^H- à Si'- de
hauteur et composé d'une douzaine d'éléments avec un petit reliquat polaire. Les mé-
rozoïtes ainsi formés se séparent, tombent dans la lumière de l'intestin, s'accolent par
leur pointe aux cellules intestinales et croissent en restant extracellulaires. Mous avons
suivi cette évolution en détail et sans lacunes. Cette observation confirme l'existence
de la schizogonie intracellulaire dans le groupe des Grégarines.
» Ce qui ressort le plus clairement de l'exposé précédent, c'est l'extrême
variélé des rapports entre les Grégarines et l'épilhéliimi intestinal. On a tous
les degrés depuis le dévelopi^ement entièrement extracellulaire (l) jusqu'à
la croissance presque coinplètement intracellulaire (IV, Monocystis asci-
dies, etc.), avec schizogonie intracellulaire possible (V). Ces étapes con-
duisent aux Coccidies, où la croissance est tout entière intracellulaire et la
schizogonie générale, mais oia V hétérogamie -a remplacé V isogamie.
» Notons que des espèces très voisines par leur habitus adulte peuvent
différer notablement au point de vue de leurs rapports avec l'épithélium intes-
tinal. Tels sont, par exemple, les Selenidium (Voir §§ III, IV, V); Pyxinia
Môbaszi renlre dans la catégorie I (Léger et Duboscq), P. Frenzeli dans la
troisième (Laveran et Mesnil).
» La schizogonie, quand elle existe, n'a pas davantage un siège fixe.
Elle est intracellulaire (^Gonospora longissima, etc., § V) ou extracellulaire
{Sckizocystis gregarinoïdes, Ophyocystis Léger).
» Comme certaines Coccidies et beaucoup d'autres Sporozoaires, les Gré-
garines sont capables de déterminer une hypertrophie delà cellnle-hôte.
Laveran et Mesnil en ont fait connaître un exemple {Comples rendus Société
de Biologie, 9 juin T900). Siedlecki en signale un second. \^^ Selenidium à
épimérile sphérique de Cirraiulus cirralus dont il a été question plus haut,
en fournit un troisième. Contrairement, en effet, à ce que nous avons cru,
cet épimérite dont le diamètre atteint 5o!^', reste intracellulaire. La cellule
qui l'héberge et qui a 5^^ à &■ de largciir à l'état normal se distend considé-
rablement et prend la forme d'un cône dont le sommet est sur la meuibrane
( "3 )
basilaire de l'épilhéliiim. T>e protoplasme devient clair et vaciiolaire; le
noyau grossit, sa chromatine se condense presque entièrement en un gros
grain central; il prend souvent la forme d'un croissant qui coiffe la Gréga-
rine.
» Les autres Grégarines étudiées par nous ont une action moins nette et
surtout moins constante.
» L'étude des rapports des Grégarines avec i'épithélium intestinal, très
négligée depiiisles travaux déjà anciens de Biitschli et de Aimé Schneider,
mérite donc d'attirer l'attention. Elle constituera un chapitre très intéres-
sant de parasitisme intracellulaire. »
TÉRATOLOGIE. — De l' inversion du cœur chez un des sujets composants d'un
monstre double autositaire vivant, de la famille des Pages. Note de
M. Ciiapot-Prévost, présentée par M. Lannelongue.
« Les sœurs Maria-Rosalina, nées au Brésil (Espirito-Santo) le 21 avril
1893, étaient réunies l'une à l'autre [)ar la région antérieure de leurs
corps, depuis la cin(|uième cote Jusqu'à la cicatrice ombilicale. Elles con-
stituaient donc un monstre double monomphalien autositaire, de la famille
des Pages.
» Le 3o mai dernier, à Rio-de-.Taneiro, nous avons séparé les deux
sujets composants de ce monstre; l'une des fillettes (Maria) est morte
d'une pleurésie le sixième jour après l'opération; l'autre (Rosalina) ayant
survécu, nous l'avons amenée ici à Paris, nous l'avons fait radiographier et
nous avons pu constater chez cette enfant une inversion du cœur que nous
avions cru apercevoir à loccasion de l'opération. La petite fdie qui est
morte avait le cœur normalement placé, comme on a pu le noter lors de
l'autopsie.
» L'hélérotaxie cardiaque, chez un des sujets composants de ce monstre,
est confirmative des idées de Dareste sur l'importance de ce phénomène
en Tératologie. Elle vient à l'appui de la division de l'ancien type Xipho-
page, d'Isitlore Geoffroy Saint-Ililaire, en deux genres : 1° les Thoraco-
pages; 2° les Xiphopages vrais.
» La dextrocardie, désormais facile à démontrer chez Rosalina par
la radiographie aussi bien que par la radioscopie, est suffisante pour
lever tous les doutes qui auraient pu subsister sur la classification de ce
( 224 )
monstre qui doit être considéré, selon Dareste, comme un Thoracopage.
» Comme beaucoup de Thoracopages ont cependant les cœurs plus ou
moins unis et plus ou moins normalement constitués, il y a intérêt à les
diviser au point de vue anatomique, mais surtout au point de vue chirur-
gical en deux sous-genres : i° les Thoracopages à cœurs libres ou Thoraco-
xiphopages, parfaitement opérables comme le montre notre cas, et ceux à
cœurs plus ou moins fusionnés et presque tous inopérables que l'on peut
encore appeler Thoracosternopages .
M La survie de l'une des fdlettes (l'inversée) vient confirmer l'idée
émise devant cette Compagnie par M. Marcel Baudouin, en 1892, sur
l'opérabilité de ces monstres.
L'intervention chirurgicale dans un cas semblable doit être aussi précoce
que possible, pour éviter que la mort de l'un des sujets, ici bien plus inti-
mement unis que chez les simples Xiphopages, la rende impossible ou tout
au moins inutile pour le survivant.
» L'absence d'inversion du cœur chez les Xiphopages vrais de Dareste
nous démontre que l'hétérotaxie cardiaque n'estpas la cause déterminante
de la production de ce genre de monstruosités, mais plutôt la résultante
de celles-ci dans certains cas.
» Quant à l'union des cœurs, le cas de Maria-Rosalina prouve qu'elle
n'est pas une conséquence fatale de l'inversion de ce viscère chez l'un des
sujets composants, puisque celle-ci peut exister sans que celle-là se pro-
duise.
» Dans la formation de ces monstres doubles, la position des deux
lignes primitives par rapport l'une à l'autre à la surface de l'œuf peut
produire quatre groupements différents : i"^ Xiphopagie vraie de Dareste,
c'est-à-dire absence d'inversion, quand l'écartement des deux lignes pri-
mitives permet l'évolution normale de l'anse cardiaque des deux sujets;
2° Si cet écartement diminue de façon à gêner à peine cette évolution d'un
côté, il y a inversion, mais la soudure des deux cœurs peut ne pas se faire,
c'est alors la Thoracopagie inférieure ou Thoraco-xiphopagie qui se produit,
il y a quelquefois dans ces cas une comnuuiication des péricardes;
3° Quand il y a un rapprochement des lignes primitives, capable de gêner
non seulement l'évolution normale des anses cardiaques, mais encore
d'empêcher la formation régulière de leurs parois, il y a inversion et sou-
dure des deux cœurs, mais les cavités de l'un peuvent ne pas communiquer
avec celles de l'autre, c'est la Thoracopagie supérieure ou Thoraco-sterno-
( 225 )
pagie ('); 4" Finalement, s'il y a un trop grand rapprochement des lignes
primitives, il se fait une liision plus ou moins complète des deux cœurs en
un seul, d'où il résulte toujours une communication plus ou moins large
des cavités de l'un avec celles de l'autre, le sang pouvant passer direc-
tement du cœur d'un sujet à celui de l'autre; on trouve très souvent dans
ces cas un seul cœur pour les deux sujets, c'est la Slernopagie.
» Signalons encore la possibilité de l'indépendance des deux tubes
digestifs dans les cas de Thoraco-xipliopagie, comme il arrivait pour Maria-
Rosalina et même chez certains sterno[)ages. comme nous en avons vu un
à la clinique de M. le D'' Porak. »
M. Laxxei.oxoi'e ajoute :
« La Note de M. le D' Chapot-Prévost éveille l'idée de la nécessité de
recourir à la Radiographie pour établir, avant toute opération, cpi'il existe
bien deux cœurs distincts et séparés, la fusion constituant une contre-
indication opératoire absolue.
» A l'occasion de cette monstruosité, je suis heureux de pouvoir dire à
l'Académie qu'en 1888 je lui ai présenté un enfant nouveau-né atteint
d'une variété d'anomalies qu'on croyait incompatibles avec la vie. Le sujet
était atteint d'une ectocardie complète; le cœur était à nu au-devant du
thorax, d'où il sortait à travers un anneau. On pouvait le prendre avec la
main, constater son insensibilité; il a été l'objet de graphiques importants
par MM. Marey et Richel. Je fus assez heureux alors pour pouvoir remettre
cet organe en place et l'y maintenir par une autoplastie suivie d'un succès
immédiat. J'ai revu l'enfant il y a quinze jours, elle va très bien. »
CHIMIE VÉGÉTALK. — Sur la manne de i Olivier. Note de M. Trabut,
présentée par M. Guignard.
« Dans la région de Bibans, au village de Mansourah, il existe un assez
grand nombre d'oliviers laissant exsuder, en été, une très grande quantité
de manne que les indigènes appellent le rniel de l'Olivier, « Assal ziloitn ».
(') Tout récemment, M. le Professeur BareUe vient de présenter un monstre de
ce genre à l'Académie de Médecine.
( 226 )
» Cette manne paraît absolument identique à la manne rlu frêne.
» M. Ballandier, qui a bien voulu en faire TanaUse, a trouvé sur des
échantillons récoltés en décembre après des pluies fréquentes :
Mannite Sa
Sucre réducteur évalué en glucose 7,8
Matières précipitables par l'alcool 9,3
Débris d'insectes, bûchettes, elc 12,2
Perte 5,2
Eau i3,5
» Les arbres d'où découle la manne sont évidemment malades. La
région qui laisse exsuder ce produit est limitée sur le tronc ou sur les
grosses branches, et le liber est complètement liquéfié par un agent de
décomposition qui paraît être une bactérie. Il se forme ainsi de vastes
chancres, montrant le bois à nu. Le bois noircit. Les plaies se réparent et
le mal se porte sur une autre partie de l'arbre. Les arbres ainsi attaqués
donnent des fruits, restent assez vigoureux; mais, quand on les coupe, on
trouve un bois dense très veiné de noir et pouvant avantageusement être
employé pour la confection de menus objets sculptés.
» Après une étude sommaire, il m'a paru que la manne de l'Olivier
provenait de l'inoculation par des insectes, cigales probablement, d'une
bactérie capable de vivre dans le cambiimi, de provoquer la désorganisa-
tion du liber et l'abondant exsudât sucré qui n'est pas différent de la
manne du frêne, laquelle doit avoir une origine analogue. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de la pression osmotique du milieu
sur la forme et la structure des végétaux. Note de M. J. Beauvkrie,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Un certain nombre d'expériences conduites dans le but de constater
l'influence de la concentration du milieu sur la forme et la structiu-e des
Champignons inférieurs, tels quedesMucorinées, ou déformes conidiennes
de Champignons supérieurs, telles que des Aspergillus, Sterigmalocystis,
Pénicillium, Clonostarhys, etc., toutes formes facdes à cultiver, nous ont per-
mis de constater que l'accroissement de la puissance osmotique du milieu :
1° amène la réduction en hauteur de l'appareil aérien du champignon et
la dilatation latérale des cellules constituant cette partie de la plante;
( 227 )
2° provoque, par contre, la prédominance de la partie submergée de l'ap-
pareil végétiilif sur la partie aérienne.
» Dans un certain nombre de cas, une forte concentration du milieu dé-
termine même rimmersioii complète de la plnile qui poursuit son déve-
loppement dans ces conditions nouvelles. Mais il se manifeste alors une
profondé altération de la forme des a[)p;ireils reproducteurs, qui demeurent
le plus souvent stériles. De plus, dans tous les cas, la concentration favo-
rise d'une façon remarquable le cloisonnement et entraîne, dans certains
milieux, un gigantisme très net résultant du passage dans l'intérieur de la
cellule de substances capables d'assurer un excès de force osmotique vis-
à-vis de la solution ambiante.
» La constatation de cette influence, très curieuse, de la concentration
sur la forme et la structure des Champignons, nous a conduit à rechercher
l'effet que ce facteur pourrait avoir siu" le développement des végétaux
supérieurs, et nous avons institue dans ce but une série trcxpériences
dont nous donnons aujourd'hui les premiers résultats.
)i Ces expériences ont porté sur quelques espèces communes des genres
Phascohis, Pisum, Litpinus, Zea el Triticum.
» Nous observions comjiaraliveiiieiU el siimiltanémenl des cultures de même âge,
faites, les unes dans de l'eau ordinaire, les autres dans la solution de Ivnop pure el la
solution de Knop additionnée de doses régulièrement croissantes de chlorure de
sodium, jusqu'à ce que cette solution contienne une dose niaximade i ,5o pour loo de
sel. Celte dernière opération était précisément laile dans l'intenlion d'accroître
la force osmotique de la solution nutritive, car, pour nous, le chlorure de sodium n'in-
tervient dans la végétation qu'en augmentant la puissance osmotique du milieu, et rien
ne nous fait supposer qu'il possède une action toxique spécifique. Son iniluence nui-
sible à certaines doses doit être attribuée à sa force plasmol} santé. Celte action
est d'autant plus marquée que ce sel a une valeur nutritive nulle ou insignifiante, et
c'est même là la raison qui a motivé notre choix de celle substance comme agent de
concentration.
» Nos cultures étaient faites dans une étuve marquant 26°-27° et abritées sous de
grandes cloches où l'air se maintenait fort humide, conditions particulièrement favo-
rables, puisqu'une haute température et la transpiration gênée (agissant concurrem-
ment avec la forte concentration de la solution ) créent un milieu dont l'eflet vient
accroître celui de la force osmotique du liquide ambiant.
» Dans l'eau ordinaire, la plupart de nos sujets ont manifesté un hydrotropisme
qui fut très nel pour les Phaseolus, Pisum et Lupinus, moins net pour le Zea, nul
pour le Triticum. Les racines des I^égumineuses se courbaient à 90° au contact du
li(|uide, continuant à croître et à se ramifier dans un plan supérieur à l'eau ou à peine
immergé. Lorsque plusieurs de ces plantes sont côte à côte, elles enchevêtrent leurs
( 2:^« )
racines qui se maintiennent toujours dans la situation indiquée, et )a culture en prend
un aspect très particulier.
» L'eau constitue donc pour ces racines un milieu assez défavorable pour que le
géotropisme soit contrebalancé et que les racines fuient ce milieu. Cela résulte de la
grande différence de pression osmotique existant entre l'eau et les liquides cellu-
laires.
» Lorsque la concentration augmente faiblement, par exemple, si l'on expérimente
avec une solution de Knop additionnée de son volume d'eau, les racines s'enfoncent
déjà sensiblement dans le liquide. (Cependant l'h^-drotropisme négatif se manifeste
encore, imprimant au système radical de curieuses déformations : l'extrémité de la
racine principale et tontes les racines latérales (le fait est particulièrement marqué
chez le Haricot et le Pois) se dirigent vers le haut, tout en se recourbant en spirale
ou en crosse. Ce fait est encore sensible avec la solution pure de Knop.
» Dans des solutions fortement concentrées obtenues en additionnant une même
solution de Knop, de deux jours en deux jours, de o,25 pour loo de chlorure de
sodium, jusqu'à ce que la liqueur titre 1,26 et i , 5o pour 100 de ce sel, nous consta-
tions la disparition de ces phénomènes et les racines s'enfonçaient directement et pro-
fondément dans le liquide en y donnant une ramification régulière.
» En somme, plus la concentration augmente, plus les racines des plantes mises en
expériences (sauf le Blé cependant) s'enfoncent profondément dans la solution. La
partie aérienne se modifie de son côté, mais en sens inverse. Elle se réduit beaucoup
en hauteur, les axes hypocotj lés se renflent considérablement et la plante reste courte
et trapue. -Il n'y a pas seulement retard dans la croissance, comme le fait a été maintes
fois constaté, mais modification de la taille ainsi que de la forme.
» La végétation n'est point empêchée par le fait d'une forte concentration (en deçà
d'une certaine limite), mais elle se fait d'une façon spéciale.
» Les moclificalions extérieures que nous venons de signaler s'accom-
pagnent de variations dans la structure histologique et anatomique Les
cellules, en réagissant contre le milieu pour assurer l'excès osmotique né-
cessaire au maintien de leur intégrité, absorbent plus particulièrement cer-
tains éléments capables de retenir l'eau dans leur intérieur, d'où résulte
une modification dans la nutrition de la plante entraînant des changements
de forme et de structure ; puis, si la pression osmotique s'accroît encore,
la plante cherche à se défendre et à se protéger; d'où un agencement
spécial des tissus.
» Nous signalerons seulement aujourd'hui les particularités observées
chez les racines de Phaseolus. Dans la solution très concentrée dont nous
avons parlé, ces racines ne possèdent plus de moelle; la différenciation du
tissu ligneux se fait jusqu'au centre. Il se produit en outre, de très bonne
heure, un abondant suber péricyclique dont le rôle protecteur vis-à-vis du
( 229 )
cylindre central est évident. Dans une racine de même âge obligée à
pousser dans l'eau, on constate, au contraire, l'existence d'une moelle vo-
lumineuse, et il ne se développe point de suber hâtif. Nous reviendrons
bientôt sur ce sujet, pour décrire des adaptations, également très nettes,
observées chez d'autres plantes. »
GÉOLOGIE. — Sur la présence du genre Caprina dans l'Urgonien.
Note de M. V. Paquier, présentée par M. de Lapparent.
« J'ai précédemment fait connaître (') les principaux tvpes urgoniens,
précurseurs des Caprines, des Caprinules et des Caprolines. En continuant
mes recherches sur cette faune, il m'a été possible d'établir d'une façon
indubitable la présence du genre Caprina dans l'Urgonien supérieur
(Aptien inférieur) du Rimet (Isère), localité dans laquelle s'observe de bas
en haut la succession suivante :
» Calcaires urgoniens supérieurs à Toucasia carinala; l'un des derniers bancs,
très fossilifère, renferme de nombreuses Caprina. associées aux formes voisines,
dépourvues de canaux dans la région anléricurc de la valve supérieure el fréquentes
à ce niveau à Châteauneuf-du-Rliône. Vient ensuite l'assise jaunâtre grumeleuse à Ma-
theronia Virginiœ, assez mince el qui passe aux marnes à Orbitolines (zone supé-
rieure) à faune de Céphalopodes intermédiaire entre les deux zones de l' Aptien,
{Acanthoceras StohiescAi, Macroscapliiles striatisulcalus). L'âge aptien de la couche
sous-jacente, à Caprina, n'est donc pas douteux.
» Ces Caprines sont des formes de petite taille; leur valve supérieure se
montre uniformément pourvue ile canaux séparés par des lames radiantes,
généralement simples; néanmoins, de loin en loin, il s'observe, sur cer-
tains individus, des cas de bifurcation fréquents.
» Des canaux plus larges et de section polygonale se montrent dans le
voisinage de l'impression musculaire antérieure, i.a fosse cardinale et la
cavité qui l'accompagne à l'avant ne sont pas séparées par une cloison,
comme chez Caprina adversa; c'est là un caractère primitif qui se retrouve
chez C. Choffali Douvillé, «le l'Albien, avec la rareté relative des lames
bifurquées, tandis que, chez C. adversa, cette subdivision des lames
radiantes est la règle. La A^alve inférieure ne présente de canaux que dans
le voisinage de la lame myophore postérieure, où ils sont circulaires et de
(') Comptes rendus, 26 mai et i5 juin 1896.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 4.) 3o
( 23o )
petite taille ; l'aspect général est tout à fait celui d'une valve homologue de
Caprine.
» Ainsi le genre Caprino, qui jusqu'ici n'était pas signalé avant l'Albien
supérieur, existait déjà à la fin de C Aptien. inférieur.
» En i8g6, j'avais signalé (/oc. cil.) dans l'Urgonien la présence de
Caprolinés primitifs ayant de manifestes analogies avec les Sellœa de Sicile
et en représentant vraisemblablement un type archaïque.
» Piclet en avait fait connaître une espèce, sous le nom de Sphœriditcs
paradoxa ('), qui est devenue pour moi le type du nouveau genre Pachy-
tra^a (-).
» A l'aide de matériaux plus nombreux et mieux conservés, je puis main-
tenant confirmer mon hypothèse et formuler quelques données sur l'évo-
lution des Caprotinés.
» La principale différence entre la valve inférieure des Sellœa et des
Pachylraga résulte dans la présence, chez les premières, de canaux accom-
pagnant à l'extérieur l'impression myophore anlérieiire.
» Or, parmi les deux espèces de Pachylraga urgoniennes on remarque
sur certains individus seulement, et à litre de variation individuelle sans
retentissement sur les autres caractères, un groupe de canaux correspon-
dant tout à fait, comme forme et comme situation, à ceux des Sellœa, sauf
de moindres proportions.
» La valve supérieure de Pachylraga et celle de Sellœa diffèrent surtout
par l'absence, chez la première, de la cavité accessoire accompagnant la
crête myophore postérieure, caractère archaïque assez remarquable; mais,
comme ménageant la transition entre ces deux types, on observe le rudi-
ment très reconnaissable de cette même cavité chez quelques Pachylraga
àçées.
» La filiation des Sellœa paraît donc assez clairement établie.
» Bien que déjà fréquentes dans le Barrémien supérieur, les Pachylraga
persistent jusque dans le Cénomanien en n'éprouvant que de très légères
modifications, ainsi qu'en font foi des échantillons de l'ouest de la France
qui m'ont été fort obligeamment communiqués par M. Douvillé. Dès lors,
la forme souche des Caprotinés paraît avoir été le genre Pachylraga, don-
nant ensuite naissance, durant l'Aptien, à l'important rameau des Sellœa
qui ont pullulé dans le Cénomanien de Sicile. Le genre Elhra, dont la
(') Mat. pour la Paléontologie suisse, S" Partie, pi. CL.
(-) Recli. géol. dans le Diois et les Baronnics orientales, p. 199.
( 23l )
valve siipérioure ruppelle tout à fait celle des Pachytraga, avait dû se dé-
tacher plus tôt, mais sa fortune a été à tous les points de vue plus modeste,
|iiiisqu'il n'a donné que quel(|ues formes de petite taille localisées dans
certains gisements du sud-est de la France. Avec le Cénomanien. les Ca-
protines proprement dites prennent une extension considérable, et à côté
d'elles se retrouve, presque sans avoir évolué, le genre Pachytraga, qui
offre ainsi un exemple du fait, déjà connu d'ailleurs, de la persistance des
formes primitives au milieu de types plus récents. »
PHYSIQUE INDUSTRIELLE. — Sur les chaleurs spécifiques de la soie, de la laine
et du coton. Note de M. Testenoire.
« Le Compte rendu de la séance du 12 février 1900 contient une Commu-
nication de M. G. Fleury, sur les chaleurs spécifiques des principales
matières employées pour les vêtements de l'homme : cellulose, laine,
cuir. Or, dès le commencement de l'année 1899, le laboratoire d'études
de la soie, de la Condition des soies de Lvon, |)ubliait, dans le Compte
rendu de ses travaux pendant les années 1897 et 1898, une élude faite en
avril 1898 sur la même question : « Chaleurs spécifiques de la soie, de la
laine et du coton ». Les résultats publiés par M. Fleury, qui ont d'ailleurs
été obtenus d'après les mêmes méthodes expérimentales, .sont identiques à
ceux qui avaient été indiqués, un an auparavant, dans la publication du
Laboratoire d'études de la soie de Lvon. »
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 janvier 1901.
( Suite.)
Royal meteorological Institute ofthe Netherlands. Comparison of ihc instru-
ments for absolute magnetic measurements al différent ohservatories, by D""
Van Rijckevorsel. Amsterdam, H. -G. Bom, 1900; i fasc. in-4°.
1901, Atmospheric tendencies meanvelocity and probable weather, by D.
Dewar. Glascow; i fasc. in-12.
( 232 )
Le Mais et où il se cultive. Chicago, 111., 1900; i fasc. in-12. (Expédié
par le clé|>artemcnl f!e trafic de la Chicago and North-Western Railway.)
R. Vniversila Romana. Scuola d' applicazione per gl' ingeneri. Annuario
perl'anno scolastico 1 900- r 901. Rome, 1900; i fasc. in-i8.
Fifty-fifth annual Report of the director of the Aslronomical Observatory ot
Harvard Collège, for the year ending september 3o, 1900, by Edward-C.
PiCKERiNG. Cambridge, Mass., 1900; i fasc. in-8°.
Annual Report of the assistant in charge of the Muséum of comparative
Zoôlogy at Harvard Collège, ta the Président and Fellows of Harvard Collège,
for 1899-1900. Cambridge, U. S. A., 1901 ; i fasc. in-8°.
Report of the Secrelary of Agriculture, 1900. Washington, 1900; i fasc.
in-8°.
Resultados del Observatorio nacional Argentino Zonas de exploracion,
hrillantez y posicion de todas las estrellas fijas hasta la décima magnitud
com.prendidas en la faja del cielo entre ^\'2 y 5i grados de declinacion sud.
JuAN-M. Thome, Director; vol. XVIII. Catalogo de las Zonas de exploracion,
Entrega III, 43" a 5'2°. Buenos-Ayres, 1900; i vol. in-4°. {A suivre.)
ERRA TA .
(Séance du 7 janvier 1901.)
Note de MM. Matignon et Delépine, Composition de l'hydrure et de
l'azoture de thorium :
Page 87, ligne 33, au lieu de Pour 100, lisez Eau pour 100.
(Séance du 21 janvier 1901.)
Noie de M. Hanriot, Sur le mécanisme des actions diastasiques :
Page i47, ligne 7 en remonlant, au lieu de acide nitrique maintenu à 17°, Usez
acide acétique maintenu à 37°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VIF.LARS,
Quai (les Grands-iugustins, n" 55.
iiis .835 les COMPTES RENDUS hebdoraaJaircs paraissent rcgulièicmeiil le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4". Deux
ables, l'une par'^oidre alphabétique de maticrcs, l'autre par ordre alphalunique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annue
:1 part a» 1 a ^^ ^^_^^ ^^^, i-'„l,n,incnir/il est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 l'r. — Départcmciil^ . 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chei Messieurs :
^lt„ Ferran frères.
. Chaix.
^Igt, ( Jourdan.
) RufT.
^muni ■ Courtin-Hecquet.
1 Germain etGrassin.
^"f"' I Gastineau.
Hayonne Jérôme.
Huançon Régnier.
Feret.
Hordeaux Laurens.
' Muller (G.).
lour/pw Renaud.
, Derrien.
) F. Robert.
*"" lOblin,
' Uiel frères.
Caen Jouan.
Chamberv Perrin.
. . l Henry.
dterbourg .,
" f Marguerie.
i Juliut.
Ciernwni-f-eri .. . l ,^
I Bouy.
Nourry.
D/on Ralel.
' Rey.
; Lauverjat.
ûoual ^
' Degez.
, . , i Drevet.
(trenoblt 1 _ „
I Gratier el C'v
Li Hochelle Foucher.
, 1 BourdigDon.
<■' Haoïe ,^ , "
( Uombre.
, • 1 Thorez.
Li"t ■ . ! „
( Quarre.
Lortent.
I.yon.
i lUarseilte. .
! Montpellier
i
I Moulins.
chez Messieurs :
^ Bauniai.
i M"* leiier.
Bernoui el Cumin
^Georg.
Kdanlin
J Savy.
' Ville
Ruât
I Valat.
' Coulel el fils.
Martial Place.
Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidol frères.
( Guist'hau.
I ^°"'" ( Veloppé.
I ^ Ban» a.
I'^'" (App.v.
I Amies Tliibaud.
i Orléans Luzeray.
; ^ Blanchier.
\Po''i^" !M.'>vl>e.
\ Rennes Plihon et Hervé
\Bocliefort.. Girard (M"").
! I I.anglois.
'l*ouen , l.cstringanl.
,S'-Ktienne . ■■ Chevalier.
( Ponteil-Burles.
Toulon IRumèbe.
, Gimet.
Toulouse (Pnvat.
Boisselier.
i Tours ) Pèrical.
' Suppligeun
I Giard.
^ Valenaennes.. , Lemallre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
Athènes. . .
Barcelone.
Berlin. . .
Berne . .
Bologne
Bruûoelles.
Bucharest .
Budapest
Cambridge.
Christiania.
Conslantinopte.
Copenhague..
Florence
G and. .
Gènes . .
Genève. .
La Haye.
Lausanne
Leipzig
chez Messieurs :
4 Feiketiia Caarelsen
I el C".
Beck.
Verdaguer.
, Asher et C'V
I Dames.
, Friediander el fils.
' Mayer el Millier.
Schniid Francke.
Zanichelli.
Lanierlin.
MayolezetAudiarle.
' Lebègue et C".
, Sotchek et C°.
' Mcalay.
Kilian.
Dcighlon, BellelC".
Caiiimerineycr.
Ollo Keil.
Host et RU.
Seeber.
Ilosle.
Beuf.
Chei'buliez.
' Georg.
' Slapcimohr.
Belicifante frères
, Beiida.
' Payoi et ('.".
Barlh.
l Brockhau».
Lorentz.
i Max Rube
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette et C'v
' Nutt.
Luxembourg. .. V. BUck.
/ Ruiz et C'v
,. . . I Ronio y Fusse!.
Madrid ( ■'
I Capdcville
' F. Fé.
,, , . 1 Bocca frères.
/ Hœpli.
Moscou Tastevin.
., , ( Marghieri di Gius
IVaples „ ,,
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n/e>v- york , Slechert.
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I Tomes 92 à 121. - (i^' Janvier iS8i à 3i Décembre 1893.) Volume in-4"; l'joo. Prix lt> n-
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADEMIE DES SCIENCES : _ ^^^^^^^ ^^^ ^^ ^^^^^^ _^^ Pei.urbatio,.
T..e I : Mémoire ..r .-elqi^s poinU do ^^^^^^f^^J^^^ Z ^lhi^^7^:^rU,n^ clans les phénomènes digestifs, particu.ièrement^dan.
qu'eprouvenl les Conutes, par M. Hanses. — Jlcmoire sur ic 1 ancreas Li .11. 1^ K,.,- 15 fr-
..■ digestion des maliuies grasses, par M. Claude Bebn.vhd. Volume in-4', ■'vcc 32 planches; ■*'',^- ;•; •■••;;•••:••■ ;,'' "p^;^ ■;;,,p„3ée en iS.5o par l'Académie de.
Tome II : .Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Va. Ur...o.s. - Essai d une réponse sU, 1 r ^p ^^^^.,^/^^^^ ,^^ j.„,,^.^„^^
Sciences pour le concours de .833, et puis remise pour celai de iSÔCi savon : « Etudier les '""''^ ''''';^ 7, "V^; dispari ion successive ou simultanée. -
. terrains sédmjenuires, suivant Tordre de leur superposition. -Discuter ^^ '1"'^''°'^ ^'^ ''"^^'l^" Z^J^ , ' M. le Professeur Bao... in-4»,
«Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du rogne organique et se. états antuieurs , p ^^ ^^
avec 27 planches; iS'Ji
A,la..n.e Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et ic Mémoires présentés par divers Savants à I Académie des Sciences.
K 4.
^/*
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 28 janvier 1901.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIO\S
DES MEMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. AiiJiAND G.\UT1F.R. ' Production de
riiydrogène dans les roches ignées. —
Action de la vapeur d'eau sur les sels
l'erreux '^9
M. A, Chauveau. La dépense énergétique
Pages,
qu'entraînent respectivement le travail
moteur et le travail résistant de rhomnie
qui s'élève ou descend sur la roue de Hirn.
Évaluation d'après l'oxygène absorbé dans
les cclianges respiratoires ui'i
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Skckktaibe l'iîurKTLKi. annonce à
l'Académie la mort de M. J.-G. Agardli.
Correspondant pour la Section de Bota-
nique
M. SiEDLECKi adresse des remercimenls à
l'Académie, pour la distinction accordée
à ses travaux
M. Gaston Bonxier présente à l'Académie
le premier fascicule d'un nCotirs de Bota-
nique )i rédigé par lui en commun avec
M. Lcclerc du Sablon
M. RoucttÉ présente à l'Académie le pre-
mier Volume d'un Ouvrage intitule :
« Analyse infinitésimale, à l'usage des
Ingénieui-s », par MM. Eugène liouc/ic
et Lucien Le'vy
M. Ch. Frémont. — Positions diverses de
la fibre neutre dans les corps rompus par
flexion ; raison tle la fragilité
M. E. L.4GRANGE. — Sur la propagation des
ondes hertziennes dans la télégraphie sans
fils
M. OEcuSNEU DE CoNiN'CK. — lîluile du ni-
trate d'uranium. . . .
M. Tarible. — Action du bromure de bore
sur les iodures de phosphore et sur les
composés halogènes de l'arsenic et de
l'antimoine ■
M. Marcel Guereet. Action de l'alcool
œnanlhylique sur son dérivé sodé; nou-
velle méthode de synthèse des alcools- . .
BuLi.irrix bibliographique ;
Errata
20l|
MM. Paul Sabatier et J.-B. Sendebens. —
Hydrogénations directes réalisées en pré-
sence du nickel réduit : préparation de
riiexahydrobenzène jio
M. Hanriot. — Sur le mécanisme des
actions diastasiques ji:'
M. L. Camus. Recherches sur la fibrino-
lyse 3 1 5
M. Michel Siedlecki. — Sur les rapports
des Grégarines et de l'épithélium intes-
tinal 9.1>i
MM. M.\URicE Caui.lery et Félix Mesnil.
— Le parasitisme intracellulaire et la
multiplication asexuée des Grégarines... j 'u
M. Ciiapot-Prèvost. — De l'inversion du '
cœur chez un des sujets composants d'un
monstre double autositaire vivant, de la
famille des Pages j .^i
M. Lannelongue. — Observations, à pro-
pos de la Note de M. Chajmt-Prevost. sur
nue opération frcctocardie, faite en i88K
et suivie de succès , >2'i
M. Trabut. — Sur la manne de l'Olivier.. . 22'i
M. J. Beauverie. — Influence de la pression
osmotique du milieu sur la forme et la
structure des végétaux ut]
M. V. Paquier. — âur la présence du genre
Caprina dans l'Urgonien ajg
M. Testen'oire. — Sur les chaleurs spéci-
fiques de la soie, de la laine et du coton. >3i
2.il
■23-î
y
PARIS. — IMPIUMERIE G AUT H I E R-V t L L A KS ,
Quai des Grands-Augustins, 56
l'f 6'eVrtn/ .* *.*UTHIKR-VlLL»RS.
APR 30 I9l'l ■
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAU un. liBS ABCRÉTAIKB9 PBRPÉTlJtlI^S.
TOME CXXXII.
N^ 5 (4 Février 1901).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
' Quai des Grands-Augustios, 55,
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REDNUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier om numéro des Comptes rendus a
48 pages ou G feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
/ Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu Ae la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3a pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicieeu rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Progranunes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent élre l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rerais à
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire est inséré dans le Compterendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
I
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, m
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrativefail
un Rapport sur la situatioo clés Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
^r n o»y xav
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
»«4»«-e
SÉANCE DU LUNDI 4 FÉVRIER 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Notice sur M. J. Agardh; par M. Iîor.net.
« La Section de Botanique, instruite trop tard de la mort de son émi-
nent Correspondant M. J. Agardh, demande à l'Académie la permission
d'ajouter aujourd'hui quelques mots à l'annonce que M. le Secrétaire per-
pétuel a faite lundi dernier.
» Dans la même semaine, la Section de Botanique a perdu son doyen,
M. Chatin, et l'un de ses Correspondants, M. Jacob-Georg Agardh. Nés l'un
et l'autre à la fin de l'année i8i3, ils se sont éteints doucement, à quatre
jours d'intervalle, après avoir dépassé l'âge de quatre-vingt-sept ans. Tous
deux ont conservé, presque jusqu'au dernier jour, leur puissance de
travail. Il y a moins de deux années, en 1899, M. J. Agaidh publiait le
cinquième Supplément à ses Analecta algologica, qui forme un fascicule de
160 pages in-4''.
C. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N° 5.) 3l
( 234 )
» Fils de Karl-Adolf Agardh, qui fut un des promoteurs de l'étude des
Algues pendant le premier tiers du siècle dernier, M. J.-G. Agardh suivit la
tradition paternelle. Il fut, comme son père, professeur à l'Université de
Lund et, pendant soixante-cinq ans, n'a cessé de consacrer aux Algues la
plus grande part de son activité scientifique.
)) Ses livres sont la base solide de la connaissance que nous possédons
sur la structure, la description et la classification des Algues marines. Les
Floridées surtout ont été l'objet de sa prédilection. Il en a décrit un
nombre considérable d'espèces nouvelles et les a rangées méthodiquement
d'après les caractères fournis par la disposition des spores dans le fruit
complètement développé. Cette classification fut suivie par tous les algo-
logues jusqu'à l'époque récente où Fr. Schmitz prit pour point de départ
d'une nouvelle distribution la structure et le développement de l'appareil
femelle. Mais telle était la justesse avec laquelle M. J. Agardh appréciait
les af6nités réelles des plantes, malgré des apparences décevantes et le
manque fréquent de matériaux complets, que presque tous les groupes
établis dans le Species, Gênera et Ordines Algarum et dans l'Jï/^/cmw ont
passé dans la nouvelle classification sans que leurs limites aient été beau-
coup modifiées. L'ordre seul en a été changé.
)) En raison de la connaissance si étendue qu'il avait des Algues, M. J.
Agardh jouissait d'une autorité sans rivale. C'était à lui que les botanistes
recouraient en dernier ressort lorsqu'il s'agissait de déterminations incer-
taines. Aussi les plantes affluaient-elles chez lui de toutes les parties du
monde. Ses collections, qui, avec celles de son père, représentent les
apports d'un siècle tout entier, sont les plus riches qui existent. Ce sont
aussi les plus précieuses, puisqu'elles renferment les types originaux des
nombreuses espèces décrites par les deux Agardh. Nous en avons apprécié
l'importance lorsque M. Flahault, M. Gomont et moi avons entrepris de
mettre en ordre le chaos des Algues du groupe des Nostocacées filamen-
teuses. M. J. Agardh mit spontanément à notre disposition une longue
série d'échantillons authentiques qui nous ont été extrêmement utiles et
que nous n'aurions pu trouver ailleurs. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les origines de la combinaison chimique :
États allotropiques de l'argent; par M. Bertbelot.
« L'allotropie, c'est-à-dire l'isomérie des corps simples, offre un intérêt
particulier en Chimie, car elle joue un rôle essentiel dans une multitude
( 235 )
de circonstances, en raison des relations qu'elle présente avec les phéno-
mènes de combinaison et de décomposition : soit pour les déterminer, soit
pour en régler les limites. J'ai déjà eu occasion d'examiner à ce point de
vue les états multiples du carbone, du soufre, du sélénium, du tellure, du
platine, de l'arsenic, de mesurer la chaleur de transformation d'un état en
un autre, pour un même élément, et de montrer comment cette quantité
de chaleur intervient, notamment pour changer une combinaison endo-
thermique en une combinaison exothermique, ou bien, plus simplement,
pour faire varier la grandeur de la chaleur de la combinaison sans en mo-
difier le signe; toutes conditions fondamentales dans l'étude des combi-
naisons directes, des substitutions, des doubles décompositions, de l'élec-
trolyse et des équilibres chimiques.
» Mes dernières recherches sur les débuts de la combinaison entre
l'argent et l'oxygène (') m'ont conduit à soumettre à une investigation
spéciale les états allotropiques de l'argent.
I. — Méthode employée.
» La méthode que j'ai employée consiste à mesurer la chaleur mise en
jeu lorsque l'on dissout le métal, pris sous ses différents états, dans un
poids toujours identique de mercure, employé comme liquide calorimé-
trique, à la température ordinaire : la différence entre les quantités de
chaleur ainsi observées est égale à la chaleur de transformation des états
expérimentés. Cette méthode est simple et rapide, et elle aboutit immé-
diatement à un état final identique des systèmes que l'on veut comparer.
» Observons que, d'après les faits connus, il serait extrêmement diffi-
cile de réaliser directement, entre l'argent et les éléments simples, tels que
l'oxygène, le soufre, le chlore, etc., des combinaisons définies, accomplies
à froid, dans des conditions calorimétriques rigoureuses.
» Tout au plus pourrait-on réussir à obtenir, dans de telles conditions,
certains composés complexes de l'argent : par exemple, en dissolvant ce
métal dans l'acide azotique, ou bien dans le bromure de potassium bro-
mure, ou bien en le changeant en un iodure, que l'on dissoudrait ensuite
dans le cyanure de potassium, tous artifices employés dans des cas ana-
logues; sauf à déterminer séparément les données auxiliaires, nécessaires
pour établir des cycles convenables de métamorphoses. La chaleur de
(') Ce Recueil, t. CXXXI, p. iiSg; 24 décembre 1900.
( 236 )
transformation allotropique du corps étudié n'intervient alors que comme
une inconnue, calculable à l'aide de données multiples et dont la grandeur
est beaucoup plus considérable.
» La méthode que j'emploie est plus sûre. C'est d'ailleurs une méthode
applicable non seulement à l'argent, mais aux nombreux métaux suscep-
tibles de se dissoudre dans le mercure, tels que l'or, le cuivre, le plomb,
l'étain, le bismuth, le zinc, etc., et à l'étude de leurs états allotropiques.
La même méthode convient aussi pour l'étude des alliages de ces différents
métaux et pour la mesure de la chaleur dégagée dans leur formation.
f> Les seules conditions essentielles sont d'employer un métal (ou un
alliage) suffisamment divisé pour pouvoir être dissous rapidement au sein
du mercure, et d'opérer sur des poids de mercure convenables, afin de réa-
liser l'identité des états initial et final des systèmes ; il convient surtout de
placer dans le calorimètre un poids de mercure assez grand pour que la
dissolution du métal solide soit prompte et complète. Le mercure est
contenu dans un calorimètre de verre : on l'agite vivement en tous sens,
en employant le thermomètre même comme agitateur.
II. — États allotropiques de l'argent.
» Les étals de l'argent sur lesquels ont porté mes expériences sont les
suivants :
» 1° Argent battu, en feuilles minces;
» 2° Argent produit par la transformation du métal précédent, maintenu
dans un courant d'oxygène, pendant vingt heures, vers Soo" à SSo";
» 3° Argent cristallisé, en aiguilles, préparé par l'électrolyse lente de
Tazolate d'argent dissous dans lo parties d'eau;
» 4° Argent précipité par une lame de cuivre, au moyen de l'azotate
d'argent en dissolution étendue; puis lavé et séché, d'une part à la tem-
pérature ordinaire, d'autre part à i20°;
1) 5° Argent précédent, chauffé vers le rouge sombre.
» Voici les conditions des mesures calorimétriques : Le poids du mercure
employé comme dissolvant dans tous les essais a varié seulement entre
i'^s^3i25 et i''s,3r35 : il occupait un volume un peu inférieur à loo*^*^. Ce
métal était pur.
» La température initiale a été comprise entre 9° et i^°; ses varia-
tions, par l'effet de la réaction, ont atteint 0°, 75. Les expériences ont
duré de dix à quinze minutes au plus. Chaque mesure a été répétée au
( -^37 )
moins deux fois, chaque fois sur 2^' d'argent. Dans tous les cas j'ai observé
un dégagement de chaleur.
» En somme, l'état final est identique dans toutes les expériences.
» i" Argent battu, en feuilles minces. |Pureté vérifiée. Pour Ag = 108^^',
j'ai trouvé : -f- 2^"', o3.
» 2" Argent produit par la transformation et désagrégation du précé-
dent dans l'oxygène vers 55o°. On en a séparé minutieusement à la pince
les fragments de feuilles non altérées. La transformation était d'ailleurs
presque complète. Pour Ag = 108^'' : + o^''',47-
M 3" Argent cristallisé en belles aiguilles brillantes, et séparé par élec-
trolyse. Pour Ag ^^^ 108^'" : -+- o^''',io.
» 4° Argent précipité de l'azotate par une lame de cuivre, lavé,
séché à la température ordinaire, dans le vide, sur l'acide sulfurique.
Pour Ag = loSB"- : 4- 1^»', iq.
» 4° l^is- Métal d'une autre préparation, lavé, séché à une température
plus élevée, à 1 20°. Pour Ag = loS^"" : -+- o*-*', 76.
» Cet argent présente une teinte grisâtre. Lorsqu'on le chauffe au rouge
sombre, il devient blanc et brillant, en ne perdant d'ailleurs que des
traces de matière. En effet, iB'',3222 précipité gris, séché à froid dans
le vide avant la pesée, puis chauffé au rouge sombre, ont perdu seulement
un milligramme.
» De même, 2K', 3i85 d'argent précipité gris, desséché à 120°, avant
la pesée, puis chaulîé, ont fourni 2S'',3i8i d'argent pur, brillant, exempt
de toute trace d'un autre métal. Ces résultats prouvent la pureté à peu
près absolue de l'argent précipité ( ' ).
» 5° Argent transformé durant l'opération précédente. Pour Agr=io8^''
j'ai trouvé : -i-o^"',o8.
M Tels sont les faits observés. Ils établissent d'abord l'existence de plu-
sieurs états allotropiques de l'argent, quatre au moins. Les états n° 3 et 5
(argent cristallisé, argent précipité par le cuivre puis chauffé au rouge
sombre) paraissent identiques; ou, plus exactement, ils sont transformables
l'un dans l'autre sans eftet thermique bien appréciable.
» Trois des états examinés, les n°* 1, 2, 5 (argent ordinaire obtenu par
fusion, argent désagrégé dans l'oxygène, argent précipité par le cuivre,
(') La perle très légère que produit la chaleur rouge paraît attribuable à une
trace d'oxygène, dont la présence ternit l'éclat de la surface du métal.
( 238 )
puis chauffé), représentent des états stables à la température du rouge
sombre. Cependant ils ne sont pas identiques. En effet :
» (I) L'argent fondu et solidifié, c'est-à-dire l'argent ordinaire, battu,
d'apparence amorphe, n'est identique ni à l'argent cristallisé, ni à l'argent
sortant de ses combinaisons.
» (II) L'état de ce dernier varie suivant le procédé employé pour le
mettre en liberté.
» Entre l'argent cristallisé séparable par électrolyse lente (-}-o^''',io),
l'argent précipité à froid par le cuivre (-l-i*^*',i i), l'argent séparé par dis-
sociation lente de sa combinaison oxygénée vers 55o° (4-0'^"', 47)» il existe
des différences notables d'état moléculaire. Ces différences sont plus
considérables encore pour l'argent usuel, battu, de structure amorphe
(h-2C^',o3).
>) L'écart entre les deux échantillons d'argent précipité par le cuivre,
selon que cet argent a été séché à froid (-t-i*""',!!), ou à 120° (-f-o^*', 76),
semble accuser un commencement de transformation de ce métal à 120";
sans doute la même qui devient complète à 55o°.
» La différence la plus grande est celle qui distingue l'état amorphe et
l'état cristallisé de l'argent : ce qui est conforme à mes expériences ( ' ) sur
la formation des précipités qui passent d'un état à l'autre. Celte différence
traduit le travail accompli sur l'état amorphe, par exemple sur le carbone
amorphe comparé au graphite et au diamant, etc., travail réalisé dans
l'arrangement intérieur des particules d'un corps qui cristallise.
» Au point de vue purement chimique, je relèverai l'inégalité d'énergie
qui se manifeste ici entre les différents états d'un même corps, simple ou
composé, au moment où il sort de différentes combinaisons, diversité que
j'ai mise en évidence et mesurée pour le soufre, le sélénium, le tellure;
pour le carbone (carbone amorphe dérivé des combinaisons hydrogénées,
et graphite dérivé des combinaisons avec le soufre, les éléments halo-
gènes, etc.); pour l'oxygène (mesure de l'énergie spéciale de l'ozone);
pour les oxydes métalliques précipités et pour l'iodure d'argent, depuis les
premiers instants de leur séparation par double décomposition, etc.
» Ainsi un élément, ou un corps composé, qui est entré en combinaison
sous un certain état, en sort fréquemment sous un état différent et doué
d'une énergie spéciale.
(') Essai de Mécanique chimiejue, t. I, p. 53; I. Il, p. i83, t85.
( 239)
» De telles inégalités d'énergie étant ainsi établies par l'expérience,
même pour les métaux, il est clair que l'on ne saurait appliquer avec
certitude et d'une façon immédiate aux métaux ordinaires, ni plus géné-
ralement aux éléments, dans la discussion de leurs réactions, les valeurs
thermochimiques obtenues en partant d'états différents : par exemple en
partant de leur état actuel et commun, lorsque la détermination a lieu
par voie de synthèse; ou bien en aboutissant à l'état que les métaux affec-
tent au moment où ils sortent de combinaisons, lorsque cette détermina-
tion a lieu par analyse.
» Certains de ces effets ont été expliqués par les mots confus et mal
définis « état naissant ■», lesquels ont été appliqués à la fois à des phéno-
mènes relatifs à un élément réel, mais de signification diverse, quoique
confondus sous une même désignation; et à des phénomènes tout diffé-
rents, dans lesquels intervient non plus l'élément prétendu naissant,
mais en réalité l'énergie des éléments étrangers et des réactions concomitantes :
par exemple dans les réductions attribuées à ce que l'on a appelé \'/iy-
dro^éne naissant, tandis qu'elles sont opérées en vertu de l'énergie propre
des métaux et autres corps oxydables mis en expérience. Mais ce n'est pas
ici le lieu de nous étendre sur cette question.
» Pour le cas de l'argent, que j'étudie en ce moment, la différence
thermochimique des états de cet élément, concourant à une même réac-
tion, peut s'élever pour un atome d'argent à 2^^', comme il vient d'être dit,
ce qui fait pour la formation de l'oxyde avec deux atomes d'argent
Ag2 -i- 0 = Ag'^ O un ccarl de -+- 4'^"'
et pour le sous-oxyde
Ag* -!- O — Ag* O un écart de ~\- 8*^^'
» Observons dès lors que les états de l'argent que j'ai étudiés, sauf un,
ne répondent pas au chiffre -1-7'^"', o pour la chaleur de formation de
l'oxyde Ag'^0, chiffre qui figure dans les Traités de Thermochimie.
» En effet, ce dernier chiffre serait inexact pour l'état actuel de l'argent
ordinaire, attendu qu'il a été obtenu en précipitant l'argent de son azotate
par le cuivre métallique. Or, l'argent ordinaire dégageant H- i*^"' de plus
par atome, la formation de l'oxyde Ag-0 avec cet état du métal déga-
gerait en tout -t-9^^'.
» Au contraire, avec l'argent cristallisé, on aurait en moins 1^^' par
( 240 ) ■
atome, ce qui fait pour Ag=0 : -t- 5^^'. C'est cette dernière valeur qui
répond à la formation électrolytique de l'argent cristallisé en aiguilles.
» Aucun de ces nombres enfin, pour revenir au point de départ de mes
expériences, n'est applicable à l'étude de la dissociation des oxydes d'ar-
gent par la chaleur. En premier lieu, le chiffre qui répond à l'argent ainsi
mis à nu à 55o° par désagrégation, s'il était évalué vers o", serait inférieur
de o^^*', 73 au chiffre qui répond à l'argent précipité par le cuivre : ce qui
réduirait la chaleur de formalion'^de l'oxyde Ag'O, pour cet argent désa-
grégé, à -+- 5*"'^', 5.
» Mais ce nombre se rapporte à la température ordinaire. Si on voulait
le faire intervenir dans un calcul de dissociation, il faudrait le rapporter à
la température de cette dernière. Il suffit, pour cela, de calculer la varia-
tion de la chaleur de combinaison correspondant à la différence des tem-
pératures, d'après l'inégalité entre la somme des chaleurs spécifiques des
éléments et la chaleur spécifique du composé. Cette dernière n'a pas été
mesurée ; mais, d'après les relations connues (' ), elle peut être évaluée à
une valeur qui surpasse de 4 — 3,4 = 0,6 unité celle des éléments. Pour
un intervalle de 200°, qui répond aux débuts de la dissociation, cela fait
o^^',i2 à retrancher de la chaleur de combinaison calculée vers zéro.
Pour un intervalle de 55o", on aura — o'^^'iSS
Ce qui réduira Ag^O à + S*^"', 2
» Ajoutons encore que, dans les calculs de dissociation progressive, il
conviendrait de faire intervenir, non pas un seul oxyde, tel que Ag-0 ou
Ag' O, mais les différents oxydes susceptibles de se succéder et de coexister
pendant les périodes successives de la dissociation.
» Toutes ces remarques sont essentielles pour les études de Mécanique
chimique.
» Ce n'est pas tout : les observations précédentes portent sur des va-
leurs relatives; mais le chiffre absolu, tel que ']^^\o, même pour l'état spécial
auquel il correspond, aurait besoin d'être revisé. En effet, il a été déterminé
en précipitant l'argent de son azotate par le cuivre ordinaire, c'est-à-dire
d'après la chaleur de formation de l'azotate de cuivre. Or cette dernière a
été mesurée elle-même en précipitant le cuivre de ses sels par le fer mé-
tallique. L'état du cuivre ainsi précipité est-il identique avec celui du
[') Thermocliimic : Données et lois numcriques, t. 1, p. 126 el i35.
( 2/41 )
cuivre ordinaire? C'est ce qui est douteux et qu'il conviendrait de vérifier
par une discussion et des expériences rigoureuses, semblables à celles que je
viens d'établir pour les états multiples de l'argent.
» Cela fait, le même problème se poserait encore pour le fer employé à
précipiter le cuivre de ses dissociations, dans les mesures calorimétriques.
» Cette fois, à la vérité, on prend l'élément, le fer métallique, comme point
de départ; mais on sait que ce métal se distingue particulièrement par la
multiplicité de ses états allotropiques ; ils varient beaucoup, comme les phy-
siciens l'ont constaté par l'étude de ses chaleurs spécifiques, à différentes
températures. Or ces variations d'état subsistent jusqu'à une certain point
dans le métal ramené à la température ordinaire : elles jouent un rôle
important dans les applications industrielles du fer. Jusqu'à quel point se
retrouveront-elles dans les déterminations thermochimiques de la chaleur
d'oxydation et des autres combinaisons du fer?
» On voit quel intérêt présentent les états allotropiques des métaux et les
modifications qu'ils éprouvent, toutes les fois qu'ils sortent de combinai-
sons, ou qu'ils y entrent, et l'on conçoit par là même combien il est essentiel
de fixer rigoureusement leur état initial et leur état final, dans l'étude des
réactions auxquelles ils concourent, aussi bien que dans l'étude des forces
électromotrices dites de polarisation. »
CHIMIE MINÉRALE. — A'/Hf/ej sur les combinaisons de l'argent avec le mercure;
par M. Bertuelot,
« L'étude des états allotro])iques de l'argent m'a conduit à examiner la
chaleur de formation de divers amalgames de ce métal, les uns cristallisés,
obtenus en précipitant l'argent de son azotate au moyen du mercure, les
autres préparés en triturant les deux métaux ensemble dans un mortier.
L'amalgame une fois préparé, on le dissout à froid, au sein d'un calori-
mètre, dans une grande quantité de mercure, employé lui-même comme
liquide calorimétrique; soit, pour 2^"" d'argent renfermés dans l'amalgame,
i3i3s'' de mercure dans le calorimètre.
» Des phénomènes divers se manifestent alors. Tantôt l'amalgame se
dissout simplement avec absorption de chaleur; tantôt il se dissout avec
dégagement de chaleur; tantôt enfin, après une dissolution préalable, il
se sépare sur quelques points sous forme de grumeaux cristallins, résultant
d'une combinaison localisée, dont la redissolution dans l'ensemble est
C. R., 1901. I" Semestre. (T. CXXXII, N» 5.) 32
( 2/, 2 )
lente et difficile et exige une agitation et un broyage continués pendant un
certain temps. Ces derniers phénomènes se produisent particulièrement
lorsqu'on dissout dans la masse du mercure les variétés d'argent dont la
dissolution a lieu avec un très petit dégagement de chaleur, c'est-à-dire
en vertu d'une faible affinité. Dans tous les cas, il faut avoir soin de rendre
la dissolution bien homogène; ce qui est difficile, en raison de son état
pâteux, et de cet incident que l'amalgame vient flotter à la surface, d'oii
résultent beaucoup d'efforts nécessaires pour disséminer uniformément
l'argent dans toutes les couches.
» Voici les résultats observés :
» I. HgAg (par trituration de l'argent en feuilles minces avec le mer-
cure, sous des poids connus). — On a opéré chaque fois sur un amalgame
formé de 28'' d'argent et S»"", 802 de mercure et préparé depuis deux ou
trois jours.
Résultat total
pour
Ag = io8«'.
Premier effet, transitoire : absorption de chaleur. .. . ) ^.^^ .,„
Deuxième effet : Dégagement de chaleur )
)> II. Hg-Ag (par trituration). — On a opéré chaque fois sur un amal-
game formé de 2^'' d'argent et 7^'',4o8 de mercure.
» L'amalgame se dissout, en donnant lieu uniquement à un abaissement
de température,
Chaleur absorbée pour Ag = loS?'' — o'^''',5o
» III. Amalgame cristallisé (arbre de Diane), en grandes aiguilles, ren-
fermant sur 100 parties, d'après analyse :
Ag = 3i,9
Hg = 68, 1
Ce sont les rapports bruts Hg' Ag°.
» On a trouvé, en opérant avec i'*^,3i3 de mercure et 8^'', 27 d'amalgame
(agi- Ag combinés à ôs'', 27 de mercure) et en rapportant les résultats à
108^'' d'argent, une absorption de chaleur égale à — o, ^)8.
» En ajoutant dans la dissolution même un poids d'amalgame égal au
premier, le thermomètre a remonté, avec dégagement de ■+- o^^',3o (rap-
porté à 108^'' de l'argent contenu dans l'amalgame additionnel). La résul-
tante, applicable à la totalité de l'argent dissous, serait 4-0^^', i4 pour loS^''
d'argent réellement combiné.
( 243 ; -
» Pour déduire de ces nombres la chaleur dégagée par la combinaison
du mercure et de l'argent, il convient de rapporter cette combinaison à un
état défini de l'argent. Avec l'argent ordinaire en feuilles, on aura :
Avec
l'argent cristallisé.
Cal
Hg-(-Ag -h 2,36 -f-0,23
Hg2+Ag -1-1,53 — o,4o
Ilg »-HAg -1-2,17 -f-0,24
1) La chaleur dégagée croît avec la proportion d'argent ( ' ) :
Hg'-i- Ag dégage H-i,53
IIg'-l-Ag2 » -1-4,73
" Si l'on rapporte les combinaisons à un même état pour tous les corps
réagissants, ce qui revient à envisager le mercure comme solide, il convient
de retranc lier de ces chiffres la chaleur de fusion du mercure (rapportée à
la température de 4-10°), c'est-à-dire de retranciier o^'"', 55 par atome de
mercure. Tous les chiffres demeurent positifs pour l'argent ordinaire;
tandis qu'ils deviennent tous négatifs pour l'argent cristallisé Ç- ).
» L'argent cristallisé n'aurait donc pour ainsi dire pas d'affinité chi-
mique pour le mercure.
» En somme, l'affinité chimique de l'argent pour le mercure est peu
considérable dans tous les cas; ainsi qu'on pouvait le prévoir d'ailleurs
d'après ce fail, constaté par Joule (') : que l'on obtient toute une série
d'amalgames cristallisés, en faisant varier les proportions relatives des
deux métaux, pour i seul atome de mercure, depuis i atome d'argent
jusqu'à 5o atomes de ce dernier métal. Les cristaux de ces amalgames
semblent se former ici, comme il arrive pour un mélange de sels iso-
morphes, qui cristallisent ensemble en toutes proportions. »
( ') Pour l'amalgame crislallisé cité plus haut :
Hg'-f- Ag5 dégage H-i3<^"',02
(-) J'ai déjà signalé une opposition du même genre pour certains sels doubles dé-
rivés de l'iodure d'argent, suivant qu'on les rapporte à l'état initial de cet iodure pré-
cipité, ou à son état final crislallisé. {Annales de Chimie et de Physique, 5" série,
t. XXIX, p. 243, 246 et 276; i883.)
(') Cheni. Soc. Journal, 2" série, t. I, p. 378; i863.
( 24 i )
MÉCANIQUE. — Sur la stabilité isentropiqiœ d'un fluide.
Note de M. P, Ddhem.
« Supposons qu'un fluide soit soumis, en tout point de sa surface libre,
à une pression uniforme et constante P; soient "C(p,T)û?/n le potentiel
interne de la masse élémentaire dm, V^ la fonction potentielle des forces
extérieures, V,la fonction potentielle des forces intérieures; ces fonctions
potentielles sont de la forme générale supposée en notre Mémoire sur le
potentiel thermodynamique et la pression hydrostatique ( ' ).
» Si le fluide est sans viscosité, on a, dans le temps dt.
(■)
+ - f/ I ( u- -+- v- -{- w'- )dm)= o.
Si les mouvements du fluide sont assujettis à être isothenniques, -3- = o et
l'égalité
(0
devient
(2)
d ^
' 2
«/("=+-
4-»^-)
dm = 0,
(3)
%■-
-/[?
+ v,+ iv.
,+ ^(p
, T)l dm.
Le raisonnement de Lejeune-Dirichlet montre que le système est alors en
équilibre stable si <ï>j. est minimum pour toutes les variations isothermiques.
Si l'on désigne par \ une variation isothermique, les conditions qui
assurent l'existence d'un tel état d'équilibre sont
(4) ()j,(I)^=0, â^^T^'t).
Elles ne supposent pas que tous les éléments du fluide soient à la même
température.
» Si les mouvements du fluide sont assujettis à être adiahatiques, partant
isentropiques, et si l'on désigne par S (p(,,T„ )<-//« l'entropie initiale de
(') Annales de l'Ecole A'orniale supérieure, 3= séiie, t. \, p. i83; 1898.
( 245 )
l'élément dm, on a sans cesse
(5) ^-%I^ = -ES(f„,T„).
L'égalité ( i) devient
(7) *,-/[^-V.+ V,+ ^(p.T) + ETS(p„,T„)
dm.
« Le raisonnement de Lejeune-Diriclilet montre que le système est en
état d'équilibre stable si (l^, est minimum pour les déplacements isenlro-
piques. Si l'on désigne par (5^ une variation assujettie à l'égalité ( j), les
conditions de l'équilibre isentropique stable sont
(8^ ?>(j*Q=o, ^;:,<i'q>o.
» La comparaison des égalités (3) et (7) donne
K% = ^T^T +/ [ ^%^^ + ES(p„, T„)] n dm,
ou, selon l'égalité (5),
(9) s„a.„=?5,o,.
» Celte égalité nous donne ensuite
» D'ailleurs, selon l'égalité (3),
\<^^ = ^^^p^-i-J^Ml^ ST dm.
» Ces deux égalités donnent
K % = ^T % ^f'^-^^jP ^T Sp dm.
» Mais, selon l'égalité (5),
( 246 )
et
d'-':(p,T) _ _ Ec(p,T)
dT» ~ T '
c(p,T) étant la chaleur spécifique à densité constante.
» On a donc :
■'r-i^]\.
» Selon une hypothèse fondamentale de la Thermodynamique (Postulai
de Ileltnholtz) on a toujours l'inégalité
c('p,T)>o.
>) L'égalité ( r o) donne alors l'inégalité
» Selon l'égalité (9) et l'inégalité (u), les comiitions (4) entraînent les
conditions (8). Si l'on admet le postulat de Helinholtz, tout état d'équilibre
stable d'un système assujetti à n éprouver que des modifications isothermiques
demeure état d'équilibre stable si l'on assujettit le systèmtà n éprouver que des
modifications isentropiques.
1) Nous avions déjà démontré (') ce théorème pour un système dépen-
dant l'un nombre limité de paramètres et ayant en tout point la mêaie
température. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Appareil très simple pour l'application de la méthode
photothérapiqiie de Finsen. Note de MM. Lortet el Genoud.
« Quand on se sert de l'arc électrique comme source lumineuse, le dis-
positif employé pour l'application de la méthode de Finsen est assez com-
pliqué et nécessite une véritable installation qui, excellente assurément
quand il s'agit d'un institut photothérapique spécialisé, est loin d'être à la
portée de tout le monde.
» L'appareil dont nous proposons l'emploi est des plus simples. Avec
quelques modifications de détail pour l'adapter à cet usage nouveau, c'est
(') Traité élémentaire de Mécanique chimique, t. I, p. i65.
( ^■^l )
le condensateur à ballon du cinématographe Auguste et Louis Lumière. Le
schéma ci-joint en fera saisir le principe et le fonctionnement pour le cas
qui nous intéresse.
» Dans une lanterne AAAA, un arc électrique à courant continu est disposé de ma-
nière à projeter en entier son faisceau lumineux sur un ballon B rempli d'eau et main-
tenu par la boîte métallique EEFF contre la lanterne, au moyen des boulons VV.
» Dans ce système, les rayons divergents de l'arc électrique deviennent convergents
dans leur passage à travers le ballon. Leur point maximum de concentration peut être
obtenu plus ou moins loin de l'extrémité FI'', suivant que l'onéloigne ou rapproche
plus ou moins du ballon la source lumineuse elle-même.
» L'eau contenue dans le ballon ayant la propriété d'absorber la plupart des radia-
tions calorifiques, nous avons au point C un faisceau lumineux contenant à leur maxi-
mum de concentration les seules radiations chimiques et visibles, les quelques radia-
tions calorifiques qui n'ont pas été absorbées ayant leur efiet neutralisé par le
compresseur C, que l'on applique sur la région à exposer à l'action photochimique,
compresseur dans lequel circule constamment un courant d'eau froide.
» Le système figuré sur le schéma permet à l'eau contenue dans le ballon B de se
renouveler et d'éviter ainsi réchauffement.
» L'appareil est de dimensions très restreintes et peut être monté n'importe où.
L'arc électrique employé consomme à peine lo à 12 ampères, alors que, dans le dis-
positif Finsen, il faut un arc de 70 à 80 ampères.
» Des expériences photométriques nombreuses, et surtout l'élude
expérimentale sur les malades, nous ont montré que nous disposons
ainsi d'une intensité photochimique égale à celle obtenue par l'emploi
des condensateurs de Finsen.
» Actuellement, dans notre laboratoire oîi nous poursuivons nos études
cliniques, nous nous servons, avec le plus grand succès, de l'appareil
que nous venons de décrire. »
( a48 )
CORRESPONDANCE.
La Société mathématique de Kharkov adresse à l'Académie l'expres-
sion de sa profonde condoléance à l'occasion de la mort de M. Hermile.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une brochure de M. L.-E. Berlin, intitulée : « Les marines de guerre
à l'Exposition universelle de 1900 ».
2" Le recueil des travaux offerts par les auteurs à M. A. Lorenlz, profes-
seur de Physique à l'Université de Leiden à l'occasion du vingt-cinquième
anniversaire de son doctorat {Archives néerlandaises des Sciences exactes et
naturelles, 2* série, t. V).
GÉOMÉTRIE. — Remarque au sujet d'une Note de M. S. Rantor.
Note de M. F. Enriques, présentée par M. Picard.
« Dans une Note publiée dans les Comptes rendus du 21 janvier 1901,
M. S. Kantor vient de donner une généralisation du théorème de M. Picard,
concernant les surfaces algébriques dont les sections planes sont des
courbes unicursales. Qu'il me soit permis de remarquer que la généralisa-
tion s'effectue d'une manière beaucoup plus simple, ainsi que je l'ai montré
dans une Note insérée dans les Rendiconli deW Accademia dei Liiicei,
3 décembre 1893 (voir aussi Mat/iematische Annalen, Bd XL VI, p. 190). A la
vérité, je me suis borné aux variétés M, à trois dimensions; mais on passe
de la même manière aux M^_,, à r — i dimensions (r>4)- H n'est pas dou-
teux d'ailleurs que M. Rantor n'a pas eu connaissance de mon travail, dont
le titre ne se rapporte pas au résultat que je viens de citer.
» Quant aux reproches que M. Kantor adresse à quelques passages de
mon article des i>/a/Ae/naZwc^eyl/i«a/en(BdXLIX),je demande la permission
de déclarer qu'ils ont leur origine dans un malentendu. J'ai cité au n" i5
(p. 20) la congruence de coniques de M. Montesano, pour montrer qu'il
n'est pas toujours possible de transformer une variété Mr_,, contenant une
série d'indice i de courbes unicursales, en un cône dont les droites corres-
( 249 )
pondent à ces courbes. M. Ranlor fait également la même remarque clans
sa Note publiée par les Comptes rendus du 12 novembre 1900. D'ailleurs il
a aperçu le passage cilé de mon article, auquel il fait allusion dans la IVote
du 11 janvier. Mais je n'ai malheureusement pas été compris par lui; en
effet, il croit que j'ai affirmé le contraire de ce que j'ai dit, et il m'attribue
un lemme qui ne se trouve ni à la page 17, ni ailleurs dans mon Mémoire;
au surplus il eût été singulier que j'eusse cherché chez M. Montesaiio un
exemple, pour en tirer des conséquences tout à fait contradictoires.
» Le malentendu ne peut donner heureusement naissance à aucun
doute, quant au fond de la question, puisque les remarques que M. Rantor
développe à la fin de sa Note sont parfaitement justes. Les mêmes
remarques et l'exemple cité ui'avaient amené à la même conclusion
(p. 19 et 20). »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux qui, par la méthode de
Laplace, se transforment des deux côtés en réseaux oH/iogonaux. Note de
M. C. GviCHARD.
« Soit une équation de M. Moutard :
(I) -^=M0,
^ ^ ou c/r
qui admet cinq solutions E,, c,.,, E,, E,, Ç-, satisfaisant aux conditions
(3) i (©'="• i (*)'="■
» Considérons, dans l'espace à cinq dimensions, la congruence (M)
décrite par une droite M ayant pour cosinus directeurs ^, , . . . , ^^ ; soient
(S) et (T) les congruences transformées de (M) par la méthode de Laplace.
Les cosinus directeurs de la droite (S) sont les quantités —-; ceux de la
droite (T), les quantités -r-'- Il résulte des relations (3) que ces congruences
(S) et (T) sont des congruences I.
c. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N- 5.) 33
( 230 )
» Interprétons maintenint ces résultats dans l'espace à trois dimen-
sions. A la congruence (M) correspond une congruence de sphères (M);
chaque droite Al correspoml une sphère M ayant pour coordonnées E,,
c.y, E3, Çj^, ^5; le centre m de cette sphère décrit un réseau (m); soient (s)
et (y) les réseaux qui en dérivent par la méthode de Laplace. Aux droites
S et T de l'espace à cinq dimensions correspondent des sphères S et T ayant
pour centres les points s et t. Comme les sphères S et T sont des s|)hères
points, les réseaux (s) et (t) sont des réseaux formés de lignes de courbure.
» La sphère M a un rayon égal ams ou k mt; ses cercles focaux sont à
l'intersection de la sphère M avec ses plans tangents en ^ et Z; ce sont des
cercles points.
» On voit que le réseau (m) est un des réseaux cherchés; on démontre
facilement que tous les réseaux satisfaisants sont parallèles à des ré-
seaux (m). Il en résulte qu'au point de vue de la direction des éléments,
tout revient à trouver cinq fonctions ^,, ..., c^ satisfaisant aux équa-
tions (i), (2), (3). Le problème est du quatrième ordre.
)) Les sphères (M) forment un système plusieurs fois C ; toutes les trans-
formations du cas général sont évidemment applicables ici. Je vais indiquer
rapidement les propriétés principales qui se présentent dans ce cas parti-
culier des systèmes plusieurs fois C.
» Il y a une infinité de réseaux O, 30 harmoniques à la congruence (M);
les transformés de ces réseaux sont harmoniques aux congruences (S) et
(T); ils sont, par conséquent, 2I. Ainsi les systèmes O, 30 du cas général
possèdent ici la propriété de se transformer des deux côtés en systèmes 2I.
Il y correspond dans l'espace à trois dimensions des réseaux C, 3C qui se
transforment des deux côtés en réseaux 2O.
» Les congruences I, SI conjuguées aux réseaux O, 3 O, ont pour trans-
formées des congruences conjuguées à des réseaux 2I: ces transformées
seront 2O. Il y correspond dans l'espace à trois dimensions des réseaux
O, 50 qui se transforment des deux côtés en réseaux 2C.
» On voit tout de suite une solution particulière de notre problème;
c'est le cas où E5 est nul. Le problème est du deuxième ordre, il se ramène
à la déterniinalion des surfaces à courbure totale constante.
» Dans ce cas, la sphère (M) est normale à une sphère fixe 1 ; les poin Is s
et l sont situés sur 1 et décrivent des réseaux orthogonaux sur cette sphère.
Le pôle m' du plan msi par rapport à 1 décrit un réseau analo2;ue au ré-
seau (m); les tangentes au réseau m' sont m' s et m' t. Les tangentes du ré-
( 25 I )
seau (s) sont sm et sm'. Si l'on considère un réseau parallèle à (s), il se
transformera, ilans les deux sens, après deux transformations de Laplace,
en réseaux de lignes de courbure.
» J'ai étudié ce cas parLicnlier, en délai!, dans un Mémoire inséré en
1 896 dans les Annales de l'École Normale (^Siir les sur/aces minima non eucli-
diennes ) . »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la densité des zéros et le module maximum
d'une fonction entière. Note de M. Pierre Boutroux, présentée par
M. Poincaré.
« Soient G(z) un produit de facteurs primaires, M (/; le maximum de
son module pour |sl -— r, r„ le module de son /ï""""' zéro. Un théorème de
M. Hadamard permet de trouver une limite inférieure de /„, si l'on connaît
une limite supérieure de M(r„). Mais jusqu'ici l'on n'est pas parvenu
pour la réciproque à une proposition aussi complète. Si, par exemple,
1
0(2) est de genre fini, M. Borel a montré que l'inégalité /"„^ n" (c réel et
positif) entraîne M(/ j<^e'^'. Mais n'est-il pas possible d'aller plus loin, si
l'on connaît la croissance de r„ avec plus d'exactitude? M. Borel semble
en douter (Leçons sur les /onctions entières, p. 99). Il signale, en effet,
les deux fonctions sin "" et — - dont les zéros ont mêmes modules et dont
les modules maxima sont cependant respectivement proportionnels à e^
et à /'.
» Je vais montrer que, cependant, il est, en général, facile de compléter
les résultats de M. Borel.
» Soit Gi^sj un produit de genre fini p. Je suppose que pour n ^ m on
a r„>-'|i(/i), '^/Çn) étant une fonction continue positive et croissante
['\t{n)<hnP'^']. Je veux trouver une limite supérieure deM(r).
)) Soit r = ri-\(i), i étant un entier plus grand que m, et r, un nombre
fini. Un mode de démonstration déjà employé montre que l'on a
l logM(r) <^arP-^ 2r I [']>{n)\-' dn + '— f [^{n)\--dn -F . . .
1 + '1 l'\^{n)\-Pdn'^brP^' f [i^{n)]-P'-Wln
(a et 6 finis; on suppose i{/(/n)^ i et la dernière intégrale convergente).
( 252 )
.le supposerai que l'on a <\i(/7) -■- nP <l>,[n) (p=^o) et que pour n^j>m
la fonction s log« — log^j/, (n) est positive et croissante, si e)^ -< i —
i) p est l'ordre de 0(3); '\i,{n) sera par exemple de la forme
(log«)^>(loglog/i/"
M Cela posé, si >. :^ p, des intégrations par parties successives donneront
f n P [tj/, («)]-■*• û?«<<:'x(t + oc
7W
■••)
t P
^ -^ [i (0]"'(' + a + oc= + ...)- f + «• P [|,(.-)]-^=. c +
i. — :
puisque nous avons posé r — ri'\i(i) (a<< i, c et 5 constantes).
» Si X = p, posons (jy, («) = (log«y <|/2(«) et supposons que, pour
n'^;>m, la fonction eloglogn — \o^i/.^{n) est positive et croissante, lorsque
s). ^ I • On constate alors que
f'n-\\ogn) \^,(n)]-^dn<^c-hs{\ogi) '* [|,(/)]-^ = c + ^./-'«logi.
» Lorsque 1 = z, on retombe sur un cas exceptionnel que l'on traite de
la même manière et ainsi de suite.
» On étudie l'intégrale / [|(«)i~^~' 6?« de la même manière.
■-'i+l
» Portons maintenant les limites obtenues dans l'inégalité (i) et sup-
posons d'abord p non entier. On trouve, en désignant par (p(;) la fonction
inverse de ({/(«) ,
(2) M(r)<p'^^\
k eln étant des nombres finis.
» Au contraire, si p est entier, >. est égal à p pour l'une des intégrales
de(i), et l'on obtient seulement, en supposant t différent de i, 2, . .,p -h 1,
(3) M(r)<e<^""^'^^^'^^""'.
n II est aisé de constater que, si p est entier, M(r) peut effectivement
s'approcher beaucoup de la limite (J) ou, au contraire, rester très voisin
de la limite (2). Nous avons vu un exemple de ce fuit lorsque p =/>. Soit
( 253 )
maintenant p — /? -f i . On peut évidemment disposer de i et des arguments
des zéros de façon que, pour un certain argument de s, le produit des
{i — i) premiers facteurs primaires soit supérieur à i et chaque facteur
restant supérieur à e ' ■ . Supposons alors, par exemple, ^ = o,
/•„ := n(logn)-. On aura
i
Au contraire, on peut s'arranger de façon que chaque facteur primaire à
partir du (i-+- î)"'™* soit inférieur à e '" . On remplace alors la dernière
intégrale de (i) par une autre où >. 7^ p.
» Ces exemples montrent que si p est entier, on ne peut pas espérer
résoudre complètement le problème de la délermination du genre d'une
fontion entière dont on connaît le module maximum. Mais les résidtats
énoncés plus haut nous apprennent entre quelles limites on pourra le faire.
» Soit, par exemple, à trouver le genre de la somme de deux produits de
facteurs primaires d'ordre entier p. G, (2) q\.G.,{z). Soit F(s) - G(3)p'"=',
cette somme. Nous pouvons déterminer le geiu-e de F (s) dans des cas
étendus correspondant aux divers critères qui renseignent sur la conver-
gence ou la divergence de la série Tl — • Ainsi :
» Si, G , et Ga étant de genre p — i , G, est tel que pour n^m on ait
/■P>;7.n(log«)-^%
la somme i"\:;j est de genre p - i. En effet H (s) est au plus de degré p — i,
car la limite supérieure de | F (s) | est inférieure à ^'"'^.
» De plus, pour 0(3), la série — est convergente; donc G(z) est de
genre p - x .
» De même si, G, et G, étant de genre p, G, est tel que pour une infi-
nité de valeurs de n indéfiniment croissantes, on ait
A-?<[^.n(log/i) %
on en déduit que la série -~ diverge et que F(zj est de genre p.
» Chacun des critères de convergence et de divergence indiqués par
M. Bertrand fournit une règle semblable. Mais, en dehors de ces cas et
( 25 t )
ri'aiilres analogues, la considération des modules maxima ne semble pas
pouvoir nous renseigner sur le genre de F(').
» Écartons maintenant les cas exceptionnels. On peut dire alors, en
lenant compte des résidtats de M. Hadamiird, que ta manière dont se com-
porte à V infini le module maximum d'un produit de facteurs primaires de
genre fini G{z) est déterminée par la croissance de r„, autrement dit parle
nombre des zéros de G(:;) que contient un cercle de rayon indéfiniment crois-
sant, abstraction faite des arguments de ces zéros. »
MÉTÉOROLOGIE . — Sur la relation de l'activité solaire avec la variation diurne
de la déclinaison magnétique. Note de M. Alfred Angot, présentée
par M. Mascart.
« On sait qu'il existe une relation bien nette entre les variations du
magnétisme terrestre et l'activité du Soleil; R. Wolf a même donné une
formule qui donne approximativement l'amplitude moyenne annuelle de
la variation diurne de la déclinaison à Vienne, en fonction du nombre re-
toî/ des taches solaires. Mais, pour déterminer la loi du phénomène, on
ne peut se bornera considérer ni la moyenne annuelle, ni l'amplitude totale
de la variation : en effet, dans la combinaison d'ondes d'amplitudes et de
phases différentes, l'amplitude totale delà variation résultante ne présente
pas de relation simple avec les amplitudes des ondes composantes.
» L'emploi de la série de Fourier permet de résoudre le problème.
» En désignant par tie temps compté en angles à partir de minuit, à raison de 36o°
pour la journée entière, toute variation périodique diurne peut être représentée par
la série
Aj cosl -+- Bi sin< ■+- Aj cosa^ + B, sin2 < -H . . . ,
et, si la variation résulte de la superposition d'ondes d'origines diverses, les coeffi-
cients Al, B,, A2 . . . de la variation totale sont la somme algébrique des coefficients
correspondants des ondes composantes.
» Pour déterminer l'influence des taches solaires, on considérera la variation ob-
servée comme produite par la superposition de deux ondes : l'onde normale, corres-
pondant aux. moments où le Soleil est complètement dépourvu de taches, et l'onde
perturbatrice, fonction des taches, et que l'on peut, comme première approximation,
supposer proportionnelle au nombre ;• des taclies. On aura donc
(1) A, — A,'h- fl-iT, Bi=r B,'-f- 6,/-, Aj— Aj'-i- a,'- ■ •;
A,', Bj', Aj... étant les coefficients relatifs à l'onde normale; a,, b^, a.,. .. ceux de
l'onde perturbatrice.
( 255 )
" Comme l'onde normale el l'onde pertiM-batrice dépendent toutes deux de la posi-
tion du Soleil, on devra les déterminer non pas sur des moyennes annuelles, mais au
moins sur des moyennes mensuelles.
» J'ai commencé par l'étude de la variation diurne de la déclinaison et
j'ai discuté d'abord les observations recueillies par M. Moureaux, au Parc
Saint-Maur, pendant les dix-sept années 1 883- 1899. Les coeFficients de la
série de Fourier ont été calculés, pour chaque mois individuellement,
jusqu'aux termes en l\t. On les a rapprochés ensuite du nombre relatif des
taches solaires, tel qu'il a été donné pour chaque mois par R. Wolf et,
depuis 1894, par son continuateur, M. Wolfer. Tous les mois de même
nom ont fourni ainsi pour chaque groupe, le! que A'|«,, dix-sept équations
de condition, d'où l'on a tiré les valeurs les plus probables de ces coeffi-
cients. Nous ne nous occuperons pour le marnent que de l'onde pertur-
batrice.
)i En posant c,,— ^««4- bl, tang(p„--=^ ^-; l'onde perturbatrice est mise
sous la forme
P ::= c, sin(< -F- (p,) f- c'o sin(2/ -1- Ça) -^ c., sin(3/ -t- ^3) ^- . . .,
qui se prête mieux à la discussion; on obtient ainsi une formule em|)i-
rique qui donne à chaque instant les valeurs approchées de la fonction P,
dont l'expression analytique exiacte n'est pas connue.
» On trouve que les douze valeurs mensuelles des coefficients c,, c ,
9,, (p., montrent, en général, une variation annuelle bien régulière
et peuvent être exprimées, en fonction de la longitude / du Soleil, par une
expression telle que
m + nsin/-i-/)cos2/;
le coefficient m, de beaucoup le plus important, est obtenu avec une
grande exactitude; les deux autres m et n, plus petits, sont, par suite,
moins bien déterminés.
)i Les mêmes calculs ont été recommencés pour les observations de
Greenwich. Les résultats concordent avec ceux de Saint-Maur d'une ma-
nière remarquable, si l'on songe à la petitesse du phénomène et à sa com-
plexité.
» Toutes les données numériques et leur discussion complète seront
publiées dans un Mémoire actuellement sous presse; j'indiquerai seule-
ment ici les conclusions principales :
» 1° Les dix-sept équations de condition (i), (pii déterminent chaque
( 256 )
groupe d'inconnues, tel que A',, a,, présentent en général des erreurs
résiduelles faibles, surtout pour les valeurs extrêmes de r; l'influence des
taches du Soleil est doiic très nette et déterminée avec précision. Les
quelques écarts qui se présentent doivent être dus surtout à deux causes :
d'une part, on admet la constance de l'onde normale, ce qui n'est pas pro-
bable, au moins pour une période un peu longue; d'autre part, les varia-
tions de l'activité solaire ne sont pas mesurées exactement par le nombre
relatif des taches. Cependant la concordance des résultats montre que les
erreurs qui résultent de cette dernière hypothèse sont faibles, sauf peut-
être dans quelques mois exceptionnels.
» 2" Le terme diurne de l'onde perturbatrice a une phase y, qui, rap-
portée au temps vrai, peut être considérée comme constante pendant toute
l'année : 21 1°, 2 pour Saint-Maur, 210°, 2 pour Greenwich, nombres iden-
tiques dans la mesure de iaj précision obtenue. Les amplitudes «,, en
fonction de la longitude / du Soleil, et ramenées à sa moyenne distance,
sont :
Saint-Maur aj= i', 87 -h o',i7 sin^M- o',22 cosa/,
Greenwicli i a,==; i',48 4- o',i5 sin / + o',24 cosa/.
1
)) 5° Le terme semi-diurne a les valeurs suivantes :
Sainl-Maui- 0^=^ o' ,82 -h (^,io sin l -{- o' ,20 C0S2I 02= 28°, 5 + 24", 2 sini
Greenwich a,^ o',83 H- c/, 35 sin l -i- o',i8 cos2 / 92^= 27°, 7 -+- 3i°, 5 sin /
Les valeurs sont encore tout à fait comparables dans les deux stations,
même pour les phases où une différence de 1° ne correspond ici qu'à deux
minutes de temps.
)) 4° Les amplitudes du terme tiers-diurne sont :
Saint-Maur «3= o', 5i + o', 23 cos2 Z
Greenwich «3= o',4i -H o', 26 cos2/
Les phases sont constantes dans toute l'année : 201° à Saint-Maur, 219" à
Greenwich, nombres dont la différence, qui correspond à vingt-quatre
minutes de temps, est dans la limite des erreurs probables.
» Les observations de Batavia ont donné des lois analogues pour les
deux premiers termes, les seuls qui aient été calculés, mais avec des valeurs
absolues différentes pour les coefficients. En traitant de même les obser-
vations d'un assez grand nombre de stations on pourrait dégager les lois
qui lient les divers coefficients à la situation géographique et à la valeur du
champ magnétique en chaque point et voir, notamment, si ces lois sont
compatibles avec l'existence d'un champ magnétique émané du Soleil.
( 257 .'
» Je me propose d'indiquer ultérieurement les particularités que pré-
sente la variation que j'ai désignée sous le nom A'onde normale. »
CHIMIE MINÉRALE. - Sur les borates de magnésie et des métaux alcalino-
terreux. Note de M. L. Ouvrard, présentée par M. Troost.
'( Dans deux Notes précédentes ('), j'ai indiqué par quelle série de
recherches j'avais été amené à préparer les borates tribasiques d'un certain
nombre de métaux.
» Depuis, j'ai cherché à appliquer la même méthode au magnésium et
aux métaux alcalino-terreux qui paraissent se prêter moins facilement que
les précédents à l'obtention de corps cristallisés.
M On sait que la magnésie se dissout aisément dans l'anhydride borique
fondu, et c'est ainsi qu'Ebelmen (') a préparé les borates B*0', 3MgO et
B-0',2MgO, reproduits par M. l.e Chatelier (^), tandis qu'en présence
d'un grand excès d'anhydride borique M. Ditle a obtenu le borate acide
4B^0% 3MgO, en masses cristallines, à structure rayonnéo ( *).
» Si l'on ajoute un léger excès de magnésie à un mélange équimoléculaire d'anhy-
dride borique et de fluorhydrale de fluorure de potassium, et que l'on porte le tout au
rouge dans un creuset de platine, on obtient une masse qui, soumise à un refroidisse-
ment lent, laisse distinguer nettement des aiguilles cristallines. Le culot étant repris
par l'eau bouillante abandonne un feutrage de fines aiguilles qui, lavées à l'acide acé-
tique étendu, présentent au microscope une apparence très homogène et répondent à
la formule B'O', 3MgO (').
» Ce sont des prismes transparents, à extinctions longitudinales, inaltérables par
l'eau bouillante, sensiblement inattaquables par l'acide acétique dilué, facilement so-
lubles dans les acides minéraux.
» Avec des quantités insuffisantes de magnésie, on n'obtient pas de produit homo-
gène; il se forme probablement des mélanges de borates moins basiques, dont nous
n'avons pu retirer aucun produit défini.
» L'addition de chlorure de magnésium au mélange, au lieu et place de magnésie,
donne naissance à de la boracite, facilement reconnaissable à sa forme tétraédrique
et à son insolubilité dans l'acide chlorhjdrique concentré et froid.
( ' ) L. OcvRARD, Comptes rendus, t. CXXX, p. 172 et 335.
(^) Ebelmen, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XXXIII, p. 5o.
{^) Le CnATELiER, Comptes rendus, t. CXIII, p. io34.
(•) DiTTE, Comptes rendus, t. LXXVII, p. 893.
(5) B^O' : calculé, 36,82; trouvé, 86,90 et 36, 11. MgO : calculé, 63, i8; trouvé,
63,27 et 62,76.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 5.) 34
( 258 )
» T.a chaux, ou son carbonate, se dissolvent également bien, à la tem-
pérature du rouge, dans le mélange d'anhydride borique et de fluorhv-
drate de fluorure de potassium; mais on n'oblient de produit bien défini
qu'en employant trois molécules de chaux pour une de chacun des autres
composants. |
» Après lavage prolongé à l'eau froide, puis à l'acide acétique très dilué, il reste
des prismes agissant sur la lumière polarisée, mais altérables par l'eau chaude, qui les
rend opaques, très solubles dans, les acides étendus, et correspondant à la formule
B=0%3CaO('). 1
i> La substitution du chlorure de calcium, en tout ou en partie, à la chau\, dans la
réaction précédente, tend à donner des produits chlorés, différents d'ailleurs des bo-
racites, sur lesquels nous reviendijons plus tard, et parmi lesquels nous signalerons
seulement Je borate B'O', SCaOjt^aCl^ décrit par M. Le Chatelier (^).
» La strontiane et la baryte se comportent à peu près comme la chaux
vis-à-vis du mélange d'anhydride borique et de fluorhvdrate de fluorure
de potassium. Par leur addition en quantité convenable, on obtient par
refroidissement lent les borates B-0% 3SrO (') et B^O', 3BaO ('), en cris-
taux dentelés, ou en feuilles de fougère, agissant sur la lumière polarisée,
moins facilement altérables par l'eau chaude que le sel correspondant de
chaux, peu attaquables par l'acide acétique étendu, très solubles dans les
acides minéraux.
)) De même que dans le cas de la chaux et de la magnésie, l'emploi de
proportions insuffisantes de strontiane ou de baryte ne donne naissance
qu'à des mélanges de borates moins basiques et correspondant probable-
ment aux formules de ceux qui ont été décrits par quelques auteurs et en
particulier par M. Ditte et M. Le Chatelier.
)> L'analyse de ces différents composés ne présente aucune difficulté
spéciale, et nous avons pu la réaliser par l'une des deux méthodes que
nous avions indiquées précédemment.
» Dans une prochaine Communication, nous nous proposons de faire
connaître quelques-uns des composés chlorés qui se forment quand on
~-^-^- — —
(') B^O' : calculé, 29,41; trouvé, 28,76 et 29,10. CaO : calculé, 70, Sg ; trouvé,
70,67 et 70, 18.
(-) Le Chatelier, Comptes rendus, t. XCIX, p. 276.
(■) B-0' ; calculé, 18,42; trouvé, 18,086117,9.5. SrO : calculé, 81 ,58 ; trouvé,
81 ,o4 et 8i , 19.
(■') B-0^ : calculé, I 3, 23; trouvé, 12,866112,90. BaO : calculé, 86,77 ; t>'ouvé,
85,71 et 86,20.
' 2.59 ;
reni|)lace dans les réactions précédentes les oxydes, en tout ou en partie,
par les chlorures correspondants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'èlectroljse des oxyacides. Préparation de l'acide
^.-amyloxypropionique et de la diamyline du butanediol 1.4. Note de
M. l'abbé J. H.vMoxEr, présentée par M. Georges Lemoine.
« Je me suis proposé d'appliquer à la préparation de quelques glycols
ou, ce qui revient au même, de leurs cthcrs, la décomposition des sels
alcalins des oxyacides par le courant électrique. Ma première préoccu|)a-
lion a été d'obtenir des produits insolubles, afin de les soustraire autant
que possible aux réactions secondaires, qui rendent si complexes, si diffi-
ciles à étudier les résultats de l'électrolyse. C'est pourquoi j'ai remplacé le
groupe alcool par le groupe éther-oxyde. Je pouvais espérer que la décom-
position se ferait suivant l'équation
rO 2ROC«H™CO-Iv = K- h2C0=' + (ROC«H"' - C«H"'OR V
Mes prévisions ne se sont réalisées qu'en partie et j'ai dû laisser de côté
les a oxyacides. En elïet, la position du groupe éther-oxyde dans la molécule
a une très grande influence sur les résultats de l'expérience. Si ce groupe
est en p, la décomposition se fait en proportion très convenable suivant
l'équation ( 1 ); mais si ce groupe est en a, une très grande partie de l'éther
s'hydrolysc :
(2) RCH(OC'H*')CO-H -hH='0 . = (RCHOHCO-H ) 4- C*H" OH
et c'est à peu prés exclusivement sur l'acidc-alcool régénéré que se porte
l'action du courant électrique. Il se forme alors de l'aldéhyde et des pro-
duits acétaliques. Ainsi l'acide amylglycolique C'H"OCH- -CO-H et
l'acide amyllactique CH'CH(OC'H")CO- H ne m'ont donné ni la diamy-
line du glycol de Wurlz, ni celle du butanediol 2.3 que je pouvais
espérer.
» Je ne parlerai donc que de l'électrolyse des acides p. -alcooliques et
d'abord de celle de l'acide p.-amyloxypropionique.
» Préparation de l'acide ^.-amyloxypropionique C*H" OCH-CH^CO*H.
— J'essayai d'abord d'opérer comme je l'avais fait pour l'acide amylglyco-
lique, c'est-à-dire de faire réagir deux molécules d'amylale de sodium sur
( 260 )
une molécule d'acide p.-chloropropionique. Mais on n'obtient que très peu
de l'acide cherché et beaucoup d'acide acrylique, si l'on verse dans l'amy-
late l'acide p.-chloropropionique dissous dans l'alcool amylique, et rien
que de l'acide acrylique, si l'on verse l'amylate dans l'acide. C'était un
résultat que me faisait trop prévoir l'instabilité bien connue des sels de
l'acide p.-chloropropionique, qui d'eux-mêmes se décomposent en chlorure
métallique et acide acrylique.
» Antérieurement, j'avais tenté de préparer l'acide butyropropionique
par l'action du butyrate de sodium sur l'acide p.-chloropropionique; cette
fois encore, il s'était fait beaucoup d'acide amylique et peu de l'acide
cherché. i
>i Je songeai, alors, que peut-être l'éther de l'acide p.-chloropropionique
serait plus stable que l'acide lui-même.
» Pour préparer le p.-chloropropionate d'aniyle, on peut saturer de H Cl le mé-
lange d'alcool et d'acide; mieux vaut cependant, comme l'a fait M. Simon pour le
pyruvate d'amyle, chauffer quelque temps au bain-marie ce mélange d'acide et d'al-
cool, et enlever ensuite, par distillation dans le vide, l'eau qui se forme peu à peu. Le
rendement est presque théorique. Le ^.-chloropropionate d'amyle est un liquide
incolore, à odeur de fruits; il bout à 109°-! 10° sous la pression de 21™™ : densité à
i8''=i,o24. ,
» Ce corps a été ensuite transformé facilement en ^ .-amyloxypropionate
d'amyle, CH^'OCH^CH" — CO-C=H", par addition d'araylate de sodium
dissous dans l'alcool amylique.
» Il convient de verser peu à peu l'amylate dans le chloropropionate, afin d'éviter
l'élévation de température et, par suite, la saponification du groupe éther-sel. Une
première fois, j'ai isolé l'éther <^.-ainyloxypropionate d'amyle. C'est un liquide
bouillant à \!\o° sous la pression de 20™™, et à 259''-26o'' sous celle de 750"™ : densité
à 18°= 0,901. Dans la suite, j'ai saponifié immédiatement le groupe éther-sel et j'ai
séparé par l'eau l'amyloxypropionate de sodium de l'alcool amylique. La solution
aqueuse, convenablement concentrée, a été traitée par SO'H- et l'acide ^.-amylojcy-
propionique s'est rassemblé à la surface. C'est un liquide incolore, faiblement odorant,
peu soluble dans l'eau. Il bout à i45''-i46° sous la pression de i5™", et à 25i''-252''
sous celle de ySo™" : densité à i8°= i,o5i (' ).
» Electrolyse du ^ .-amyloxypropionate de potassium. — La solution de
(') C'est en 1898 que j'ai obtenu cet acide, comme en témoigne un pli cacheté
déposé à la Société chimique, le 28 juin 1898.
( 26l )
ce sel, d'une densité de i,o8, a été soumise à l'action d'un courant de
2 ampères.
» On a fait varier la surface de l'anode de 6'i à igS^i, de telle sorte que la densité
du courant variait ainsi de o''""p,33o à o^^PjOio par centimètre carré, sans que la
quantité ou la composition du liquide huileux obtenu changeât sensiblement. Ce
liquide, qui se rassemble très bien à la surface, représente un peu plus de la moitié de
l'acide employé. Il se compose de produits aldéliydiques, sur lesquels je reviendrai
dans la suite, d'alcool amylique provenant encore de l'hydrolyse d'une partie du
groupe éther-oxyde, d'un liquide bouillant à i4o''-i4i° sous la pression de lo""" et à
26o''-26i° sous celle de jSo™™, et d'un résidu qui n'a pas encore été étudié.
» Le liquide bouillant à 26o"-26i'' est une huile faiblement odorante, insoluble dans
l'eau : densité à i8°r~ 0,849-
» L'analyse de ce corps correspond parfaitement à la diamyline du bulanediol. Que
les groupes éthers soient placés en 1.4, c'est ce que je démontrerai par les dérivés, que
j'en ai obtenus : acide succinique, acide adipique. On peut donc représenter la décom-
position éleclrolytique par léquation suivante :
( (3C»H"OCH2CH"-CO-K)
^ ^ I =K»-+-2CO«-i-(G«H'»OCH»-CH'-CH*CH«OC5H").
» Le rendement a été de 5o pour 100 de la quantité théorique.
« Quoique les étapes à parcourir pour passer de la glycérine à cet éther
du butanediol ou à ses dérivés soient, il faut l'avouer, longues et nom-
breuses, je crois cependant que cette méthode est la seule pratique et
même la seule sûre qui ait été donnée jusqu'ici.
» Je me propose d'appliquer ce procédé à la décomposition d'autres p.
ou y.-oxyacides. «
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'action saccharifianle des germes de blé et sur
l'emploi de ces germes en distillerie. Note de M. Lindet, présentée par
M. Duclaux.
« Les nouveaux procédés de mouture permettent au meunier d'extraire,
au début de son travail, le germe du blé dans un grand état de pureté. Le
premier broyeur de la série des moulins à cylindres, fendant le grain et
séparant les deux lobes, fait sauter le geriiie; d'autres appareils (déger-
meur Rose, fendeuse Schweizer, semouleur Danvin et Gibory, broyeur
Record Rose, etc.) produisent le même travail. Les germes, ainsi dégagés,
sont d'ordinaire passés entre cylindres lisses, pour les débarrasser de la
( 202 )
farine encore adhérente, et les sons de ces germes sont vendus aux nour-
risseurs au même prix que les sons ordinaires.
» Le germe ne se trouve pas, du fiut tle ces opérations, séparé de son
scutellum; or, Brown et Morris ont démontré que les diastases, et spécia-
lement celle qui pendant la germination dissout l'amidon, sont sécrétées
dans cette partie du grain. L'expérience m'a permis de constater que les
sons de germes, riches en débris de scutellum, renferment de grandes
quantités de diastase saccharifiante, et qu'ils peuvent remplacer, à un mo-
ment donné du travail de la distillerie, le malt d'orge, dont le prix est
deux fois plus élevé.
» On sait qu'il convient de distinguer dans la saccharification diastasique
de l'amidon deux actions superposées : l'une qui s'exerce spécialement
à 70" et même 80°, et qui aboutit à la liquéfaction de l'amidon et à une
production presque exclusive de dextriue, l'autre qui se développe à 63"
et au-dessous et qui a pour effet de transformer la dextrine en maltose. On
tend même à admettre l'existence de deux diastases, l'une plus résistante
que l'autre à la chaleur : Vamylase, qui liquéfie et dextrinise ; l'autre : la
dextrinase, qui saccharifte .
» Je pense que la diastase saccharifiante des germes de blé existe sous
ces deux états; mais je n'ai pu mettre en évidence jusqu'ici son action
liquéfiante; les germes renferment en effet une grande proportion de ma-
tières albuminoïdes solubles; en présence de l'eau, celles-ci se coagulent
à partir de So" C, et quand la température atteint 65°-70°, la quantité de
matière précipitée est telle que le liquide s'en trouve épaissi et que la dias-
tase, probablement retenue dans le réseau des albuminoïdes, est dés lors
incapable de liquéfier et de saccharifier. Mais si son action liquéfiante nous
échappe, son action saccharifiante ne saurait être mise en doute. Quand on
opère sur un empois préalablement liquéfié au mail, et quand on main-
tient la température au-dessous de 5o°-55°, c'est-à-dire la température
inférieure à celle de la coagulation des albuminoïdes, on détermine la
saccharification de la dextrine.
» J'ai comparé l'action saccharifiante du mail d'orge et du son de germes de blé,
en introduisant, aux températures de 35°, 45°, 55°, 65°, un même poids de chacune
de ces substances, dans une même solution d'empois dextrinise, et en prolongeant le
chauffage, dans chaque cas, pendant le même temps. Les résultats ci-dessous expriment
les quantités de dextrine, transformée pour loo de dextrine préexistante :
35". ij". ôj". (J5°.
Avec les sons de germes 38,5 46,2 45, i 8,7
Avec le malt d'orge 36,6 4^,9 45,8 17,0
( 2r,3 )
» J'ai appliqué le procédé de sacchaiificalion par les sons de germes,
soit à des moûts de maïs cuit, soit à des moûts de pommes de terre et j'ai,
dans les deux cas, retiré des liquides fermentes une quantité d'alcool cor-
respondant à la somme du maltose et de la dextrine, dosés avant fermen-
tation. La diastase du germe de blé est donc, comme celle du malt d'orge,
capable de saccharifier la dextrine au cours de la fermentation alcoolique.
» La dépense que l'adoption de celle méthode occasionne est réduite à
son minimum; il suffit, en efiel, quand on traite du maïs, de faire inter-
venir une quantité de malt, qui représente 2 pour 100 et une quantité de
sons de germes qui représente 10 pour 100 du poids des grains mis en
œuvre. Ces quantités peuvent être réduites de moitié, quand on s'adresse
à la pomme de terre.
» L'introduction des germes dans la drèche de distillerie ne peut qu'en
augmenter la valeur nutritive. Ceux qui ont servi à mes expériences et qui
provenaient du moulin des hospices et hôpitaux de Paris, renfermaient
23,5 pour 100 de matières azotées, 8,4 pour 100 de matières grasses et
2,4 pour 100 de matières minérales.
» L'emploi des sons de germes, que jusqu'ici la meunerie abandonnait
à la nourriture du bétail, peut donc trouver place dans la distillerie de
grains ou île pommes de terre et créer une communauté d'intérêts entre
ces deux industries agricoles. »
HISTOIRE DES SCIENCES. -- La légende du Lepas anatifera, la Vallisneria
spiralis et le Poulpe. Note de M. Frédéric Houssay, présentée par
M. Edmond Perrier. (^Extrait.)
0 T^e Lepas anatifera, crustacé fixé bien connu des zoologistes, a donné
lieu à de curieuses légendes, familières à tous ceux que l'histoire des
sciences intéresse. Ces légendes, dans leurs traits essentiels, se résument à
ceci : l'animal s'organise aux dépens du bois ou des troncs d'arbres flot-
tants sur lesquels on le trouve, d'autres disent sur une plante qui croît au
fond de la mer, puis lui-même se transforme ou donne naissance à un
oiseau, Voie bernache ou oie du coquillage, en souvenir de laquelle Linné a
gardé dans sa nomenclature le nom ^V Anser bemicula.
)) La Vallisneria spiralis est une plante aquatique dioïque dont la fécon-
dation fut décrite d'une façon scientifique par Micheli en 1729, mais, à mon
avis, le fait était banalement connu à une époque antérieure. Je rappelle
( 264 )
que la fleur femelle monte à la surface de l'eau, que l'inflorescence mâle
en fait autant, que les fleurettes dont elle est composée se détachent,
fécondent la fleur femelle, et que celle-ci refermant son périanthe des-
cend au fond de l'eau, entraînée par sa hampe qui se contourne en spirale.
» Examinant en 1891 les décors exclusivement animaux et végétaux
figurés sur des vases appartenant à l'art dit mycénien, j'y crus voir repré-
sentés le phénomène vrai de la fécondation de la Vallisnérie et le phéno-
mène légendaire de la naissance des oiseaux sur des plantes marines,
c'est-à-dire la légende de l'anatife.
)) Mais quand je voulus faire partager ma conviction je me trouvai fort
embarrassé. Je l'essayai néanmoins en deux articles que publia la Revue
archéologique ( ' ).
» Je veux aujourd'hui apporter quelques faits nouveaux comme contri-
bution à ces études.
» Sur le portail occidental de l'église de Moissac (xu'' siècl ■) dont le moulage est
au Trocadéro, je trouve quatre groupes d'animaux dont il serait trop long de préciser
la disposition architecturale.
» 1° Des mammifères, des chiens peut-être, dressés face à face par couples : un or-
gane sexuel net caractérise le mâle, la femelle féconde a des mamelles turgescentes;
les queues de ces animaux s'enlacent, celle du mâle se termine par un ornement
{a.,Jig, 1) où l'on peut reconnaître, imieux même que sur notre dessin, V inflorescence
mâle de la Vallisnérie; celle de la femelle se termine {^,ftg. \) par \ïi fleur femelle
Fig. I.
fécondée de la Vallisnérie. C'est l'évocation, la comparaison et la généralisation des
idées de sexualité et de fécondité chez les animaux et chez les végétaux.
( ' ) Frédéric Houssay, Les Théories de la genèse à Mycènes et le sens zoologique
de certains symboles du culte d' Aphrodite {Rev. archéoL, 1895). — Nouvelles re-
cherches sur la faune et la flore des vases peints de l'époque mycénienne et sur la
philosophie pré-ionienne {Ibid., 1897).
( 265 )
» 2" Deu\ files contenant 28 iiniinaiix, dont i est fort effacé et dont les autres sont :
7 poissons purs, |3 poissons à tètes d'oiseaux, tels que canard, coq, chouette, etc.,
(A, B, Jïff. i), enfin 7 poissons à tètes de mammifères (A', B',Jig. 1). C'est l'évoca-
tion et la figuration de la métamorphose présumée des animaux aquatiques en animaux,
terrestres.
I) 3" Une file de mammifères et une file d'oiseaux dont la continuité est indiquée
avec une troisième file d'ornements innommables, à moins d'employer le mot conven-
tionnel de pa/nu'ttes {\, /ig. 2).
Fig. 2.
A
» Si nous comparons cette théorie figurée à la légende écrite de l'anatife, et cela
n'a rien d'aventureux puisque nous en sommes très rapprochés dans l'espace et le
temps, nous constatons d'abord qu'elles appartiennent à la même famille d'idées
et qu'elles ont trait toutes deux à la genèse aquatique et aux métamorphoses des vi-
vants. Elles deviennent même identiques si l'on admet que la palmette tient dans l'une
la même place que l'anatife dans l'autre, si l'on admet qu'elle le repreie/ife. Dès main-
tenant je remarque que ces palmetles sont fort analogues aux feuilles de la plante que
sur un ossuaire de Crète j'ai défini m l'arbre producteur des oiseaux aquatiques ».
» 4° La lile des mammifères dont j'ai parlé plus haut se poursuit dans l'ogive du
portail par un décor qui paraît d'abord un simple fouillis de feuillage, composé par
un même motif qui se répète en file. En dessinant avec précision un de ces motifs, on
y reconnaît un poulpe dont les bras se terminent à droite dans une touffe de plantes
marines analogues à un fucus et à gauche dans une palmette (B, /iff. 2). Or le poulpe
est le plus caractérisé, le plus fréquent et le plus original des animaux représentés par
les vieux peintres égéens.
» Je me borne aujourd'hui à constater le rapprochement, me réservant
d'en tirer parti pour d'autres études. »
C. K., lyoi, i" Semestre. (T. CX.WII, N" 5.) 3o
( 266 )
BOTANIQUE . — Sur le Ramy de Madagascar.
Note de M. H. Jacob de Cordemoy, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Depuis quelques années, il a été signalé, à maintes reprises, une résine
(!es plus intéressantes provenant de Madagascar : c'est la résine de Ramy.
Cette substance exsude, en effet, d'un arbre que les indigènes nomment
le Ramy, et qui est encore appelé quelquefois par les colons Colophanier
de Madagascar.
» Mais, jusqu'à présent, aucune détermination exacte de ce végétal n'a été,
que je sache, publiée. Dans un Travail récent sur les résines exotiques ('),
je me suis moi-même borné à émettre, à cet égard, une hypothèse, en
disant qu'on « devait se demander si la résine en question ne découlerait
)) pas à la fois d'un ou plusieurs Canarium, confondus sous le nom in-
» digène de Ramy ». Je n'avais pas, à ce moment, les matériaux néces-
saires pour préciser davantage mes indications.
» Or, ayant reçu tout dernièrement de Madagascar un échantillon bota-
nique complet du Ramy {^), j'ai pu m'assurer que cette plante est bien
une Burséracée du genre Canarium : c'est le C. mullijlorum d'Engler (' ).
)) Voici donc la diagnose de cette espèce :
» C'est un bel arbre atteignant jusqu'à 35™ de hauteur; il a le port d'un
grand Chêne. Les rameaux et les pétioles des feuilles sont, dans le jeune
âge, recouverts d'un fin duvet. La feuille est composée pennée; elle a
o™,20 de long environ, et comprend quatre ou cinq paires de folioles,
plus une foliole terminale. Ces folioles sont pétiolulées; leur limbe glabre,
luisant à la surface supérieure, est asymétrique, sauf le plus souvent pour
la foliole impaire.
» La plante fleurit en octobre. L'inflorescence est une panicule mulliflore aussi
(') IL-J. DE CoBDEMOY, Goitimes et résines d'origine exotique (Paris, Challamel;
1900).
(-) Cet éclianlillon est dû à l'obligeance de M, Perrier de la Bàtliie, qui l'a
recueilli à Belambo, sur la rive gauclie de l'Ikopa.
(') Engler, in Monographiœ Phanerogamarinn Prodromi, vol. IV, p. 128. Je ne
parle ici que du /?(7/?iy de la partie occidentale de Madagascar. Comme il existe, dans
celle îlOj d'autres espèces de Ganarium, il se pourrait que celles-ci fussenl aussi
appelées Ramy par les indigènes.
( 267 )
longue que la feuille. Les fleurs sont polygames. La fleur mâle odre les caractères
suivants : le calice gamosépale est profondément divisé en trois lobes pubérulents à
l'extérieur; la corolle, une fois et demie plus longue que le calice, est formée de trois
pétales libres, coriaces, ovales, tronqués inférieurement et dont la face externe est
recouverte d'un fin duvet soyeux. L'androcée comprend six étamines libres dont les
filets s'insèrent en deliors et à la base du disque hypogyne charnu qui, dans la fleur
mâle, entoure l'ovaire atrophié et rudimentaire. Ces filets, dressés, laissent des em-
preintes profondes sur le disque contre lequel ils sont appliqués. Les anthères qui les
surmontent sont fixées par la base de leur face dorsale; elles sont oblimgues, Inlrorses,
et présentent quatre facettes nettement limitées par quatre angles qui se prolongent
en autant d'ailes membraneuses longitudinales.
» Je n'ai pas observé la fleur femelle. Le fruit est une drupe ovoïde, d'un blanc
grisâtre à la maturité, à mésocarpe résineux : ses deux plus grand» diamètres sont
respectivement de 3"" et 2''".
» J'ai recherché, dans le rameau de cet arbre, la disposition des éléments sécré-
teurs. La structura de ce rameau est, d'ailleurs, assez singulière : en dedans de la
zone libéro-Iigneuse secondaire normale, et dans le conjonctif central, on observe un
grand nombre de faisceaux libéro-ligneux diversement orientés, isolés ou réunis par
petits groupes. Quoi qu'il en soit, les canaux sécréteurs sont rares dans l'écorce et le
conjonctif central. Ils abondent, au contraire, dans tout le tissu libérien ('). Ceux du
liber normal externe sont protégés par des arcs fibreux péricycliques; d'autre part,
tous les faisceaux centraux contiennent, dans leur partie libérienne, un ou plusieurs
de ces larges canaux sécréteurs.
» Le Raniy sécrète de la résine dans toutes ses parties; mais ce produit découle
surtout de la base du tronc et des énormes racines par lesquelles le végétal s'attache
au sol.
» Cette résine est jaune verdàtre, à odeur de citron, très abondante; elle pourrait
sans doute recevoir des applications industrielles.
)) En résumé : i" I/arbre réainit'ère connu sous le nom indigène de
Rcuny, sur la côte occidentale de Madagascar, est le Canarium multijlorum
Engier; 2° Cet arbre laisse exsuder une résine jaune verdàtre qui, dans la
tige, se forme dans des canaux résineux développés surtout dans le tissu
libérien. »
(') Cette localisation de canaux sécréteurs paraît être un fait anatomique général
parmi les Burséracées, d'après les observations que j'ai eu l'occasion de faire chez
d'autres espèces, notamment chez les Protium.
( 2BH
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur un nouveau genre de tige fossile.
Note de M. B. Renault, présentée par M. Ph. Van ïieghem.
« Il s'agit d'un fragment de tige conservé par la silice, fendu par la
moitié longitudinalement, trouvé sous un dolmen de la Haute-Alsace et
provenant peut-être du culm de la région (').
» Suivant sa plus grande longueur il mesure loS""; la moitié trouvée sous le dol-
men renferme heureusement Taxe de la tige; le diamètre de la base est de 58™"*, celui
du sommet de 38'"™; la tige est iionc cylindro-conique.
» La surface de l'écliantillon porte des mamelons fusiformes, mesurant à la partie
inférieure i3™™ à i4™™ de hauteur sur 5'""" à 6'"™ en largeur; ceux de la partie supé-
rieure, plus allongés, atteignent 22'""' à 28™™; leur surface est arrondie, lisse et ne
présente aucun ornement; tous sont munis, à leur extrémité supérieure, d'une cicatri-
cule unique placée au fond dune petite dépression elliptique ; cette cicatricule cor-
respond à un faisceau vasculaire et détermine un léger relief poncliforme.
» Les mamelons peuvent être compris sur deux lignes spirales entourant la tige de
droite à gauche et de gauche à droite, faisant entre elles un angle moyen de 50°.
» L'ensemble des mamelons possède à première vue un aspect knorri-
forme, mais que ne soutient pas un examen plus approfondi ; il est compa-
rable aussi à la surface de certaines tiges de Lépidodendrons décortiqués,
ou même à celles de stipes de Fougères arborescentes.
» Structure de la tige. — Une coupe transversale montre, au centre, un espace cir-
culaire, occupé autrefois par un tissu maintenant détruit, dont le microscope ne montre
que quelques débris de membranes cellulaires; il est parcouru seulement par des fais-
ceaux vasculaires indépendants ne se rattachant, en apparence, à aucun axe vasculaire
central.
» En dehors de cette région, se trouve une assise représentant Técorce moyenne de
couleur brune, formée de cellules sclérifiées à sections rectangulaires et rangées en
lignes rayonnantes du côté de l'axe, mais composée, au contraire, du côté externe, de
cellules rameuses constituant une sorte de tissu lacuneux. Celte portion de Técorceest
parcourue sur son bord interne par des faisceaux vasculaires qui s'élèvent vertica-
lement et forment une sorte d'élui cylindrique, puis se dirigent en se recourbant vers
les appendices.
(') M. .Jutier, ingénieur en chef des mines, me l'avait communiqué il y a vingt-
cinq ans, mais ce n'est que dans ces derniers temps que j'ai pu en achever l'étude,
grâce à l'obligeance de M. Fliche, professeur à l'Ecole forestière de Nancy, à qui
j'adresse mes remercîments.
( 26r)
» L'assise la plus externe de l'écovce est composée d'un tissu cellulaire moti, d'une
destruction facile ; les cellules ne sont siui-re représentées que par leurs membranes
moyennes couvertes de Bactériacées ; malgré le peu de résistance de cette région, elle
ne présente aucun écrasement, et la surface porte les mamelons dont nous avons parlé
plus haut. On ne trouve aucune trace d'iivpodernie ni d'épiderme, mais seulement, dans
les sillons existant entre les mamelons, des traces d'une couche de liège qui a été
vraisemblablement enlevée dans les autres parties plus exposées à l'usure.
« Sur cinq coupes transversales prises à des niveaux différents, les faisceaux vas-
culaires se sont montrés, dans la région centrale, indépendants et ne se rattachant
à aucun axe vasculaire. Chacun d'eux se divise, dans le court trajet allant du centre
à l'écorce moyenne, d'abord en deux, puis en cinq cordons libéro-ligneux distincts,
chacun muni d'un endoderme; ils sont disposés en V; celui qui en occupe la pointe
tournée vers l'extérieur est plus petit que les autres; autant qu'on en peut juger, ils
sont collatéraux; l'ensemble est entouré d'une gaine commune; ils restent tels jusqu'à
leur entrée dans les appendices ; cependant en pénétrant dans l'écorce moyenne ils
s'augmentent sur le côté externe d'une bande (]e paric/inox, formée de cellules allongées
à minces parois, à sections rectangulaires; le centre de la bande est souvent déchiré ou
détruit, quelquefois occupé par des cellules arrondies qui paraissent remplies d'un
produit de sécrétion.
i> Deux faisceaux voisins forment entre eux, à leur sortie, un angle de iSS" environ,
ce qui donne pour l'ordre phyllotaxique la fraction l- La région la plus curieuse des
faisceaux vasculaires est leur extrémité tournée vers l'axe; les cinq cordons libéro-
Ilgneux, après s'être réunis en un seul en confondant leurs éléments vasculaires^ s'atté-
nuent rapidement; les vaisseaux rayés diminuent de longueur et se continuent en
cellules vasiformes rayées et réticulées, ellipsoïdales, mesurant suivant le grand axe
SSf- à î)3v- et suivant le petit 181^ à 26!'-. Toutes les extrémités des faisceaux se terminant
de la même manière, il est admissible qu'ils étaient réunis par celte sorte de tissu qui
formait ainsi un axe central monostélique, dont les éléments ont été dissociés par un
travail bactérien évident.
)' La complexité des fiiisceaiix libéro-ligneux cloio;ne cette tige fies Lepi-
dodendron, Lomatophloios et autres Lycopodiacées houillères; peut-être la
rapprocherait-elle de certaines Fougères, mais dans les Fougères arbores-
centes les racines se montrent de bonne heure et parlent presque du
sommet de la tige. Il n'v en a pas de trace dans notre échantillon. De pins,
les mamelons superficiels .sont plus longs à la base de la tige qu'au sommet
chez les Fougères: c'est l'inverse dans la tige fossile. Nous ne connaissons
aucun axe ligneux construit sur le type que nous venons de décrire.
» En l'absence de documents plus complets, nous le considérons comme
une forme nouvelle, à laquelle nous donnons le nom de Adelophyton
Jutieri Q\ »
(') De 'AoT|Xo;, iniparfaiteuient connu; •ijriv, plante.
( 270 )
GÉOLOGIE. — Sur la présence d'un gisement d'anthracite dèvonien au
Koui-tcheou {Chine). Note de M. G. -H. Monod, présentée par M. Marcel
Bertrand.
« L'examen des fossiles que nous avons rapportés des provinces méri-
dionales de la Chine a été fait sous la direction et avec l'aide de notre
Maître, M. G. Vasseur, directeur du laboratoire de Géologie de l'Indo-
Chine.
» Nos recherches ont montré qu'il y a, en plusieurs points situés dans
les provinces du Yun-nan et du Koui-tcheou, des schistes dévoniens très
fossilifères, comme l'a déjà montré M. Douvillé {Comptes rendus, 26 fé-
vrier 1900). Les genres les plus abondamment représentés dans ces gise-
ments sont : Streplorhynchus, Orlhis, Rhynchonella, Pentamerella, Penta-
merus, Cyrtia, Atrypa, Athyris, etc., avec des Triiobites et des débris de
Poissons.
» Le village de Lan-mou-tchang, dans le Koui-tcheou, est situé à peu
près à moitié route entre les préfectures de Hing-i et de Gan-chuen. On y
observe un gisement de charbon exploité par les Chinois. Les couches de
combustible sont situées dans un mamelon composé de schistes dont le ton
varie du gris clair au gris presque noir. Les schistes sont surmontés par
une formation calcaire.
» Les lits de charbon se trouvent intercalés dans les schistes; leur pen-
dage est d'environ 20° vers le Nord-Est. La roche encaissante est très riche
N. E.
AB. Direclion de la coupe.
1. Calcaires; épaisseur = iS".
2. Schistes; épaisseur au-dessus de la plaine — aS"
(Épaisseur totale indéterminée).
G. Couches de charbon.
en débris organiques. Les fossiles se montrent identiques au muret au toit
( 271 )
des couches charbonneuses. Ce sont principalement des Brachyopodes du
genre Streptorhynchus ; ce genre est représenté par une assez grande
variété d'espèces, qui paraissent être en grande partie spéciales. On y
trouve aussi quelques Trilobites, et il convient d'insister tout particuliè-
rement sur le genre Phacops, qui, joint aux autres fossiles du gisement,
indique d'une façon indubitable le niveau qn'il faut assigner aux sédiments
qui le renferment et, par suite, aux couches de charbon interstratifiées
dans ces formations ( ' ).
» Comme Ton doit s'y aUendre, étant donné l'âge du gisement, le charbon de
Lan-raou-tchang est un anlliracite. Voici, d'ailleurs, l'analyse de ce combustible.
Nous la devons à M. Albert Monod, directeur de la maison Worms à Marseille.
L'analyse a été faite par M. Estienne, ingénieur chimiste de la maison :
Humidité o,5o
Matières volatiles 8,75
Cendres 1 o , 4o
Carbone fixe 80 , 35
100,00
» On voit que la teneur en cendres est assez élevée. Gela tient sans doute à la
présence d'une certaine quantité de soufre; ce minéral existe, en efifet, au voisinage
du gisement. On trouve dans les schistes des cubes de pyrite de fer, et dans les
assises calcaires qui surmontent le schiste, on observe une petite fente tapissée de
cinabre, qui a été exploitée par les Chinois.
» L'im.portance du gisement d'anthracite est assez grande. L'extraction se fait au
moyen de trois galeries très étroites, dont l'une atteignait, au moment de notre pas-
sage, une profondeur de 3 li, c'est-à-dire environ i'"",5oo.
» Jjan-mou-tchang est le seul point où nous avons trouvé des fossiles
nettement dévoniens au contact même des charbons. Mais rien ne prouve
que des gisements du même âge n'existent pas ailleurs. Plusieurs gîtes de
combustible se présentent dans des conditions stratigraphiques paraissant
absolument semblables à celles que nous venons de décrire. Toutefois,
nous n'émettrons pas d'hypothèse que la paléontologie ne nous permette de
confirmer sûrement, et nous nous contenterons de signaler qu'il existe, au
moins en un point, un gisement de charbon incontestablement dévonien.
» M. Zeiller, Ingénieur en chef au corps des Mines, a montré déjà,
d'après les échantillons rapportés par M. l'Ingénieur en chef au corps des
(') M. Douvillé, dans la Note citée plus haut, attribue les scliistes de Lan-mou-
tchang au Carbonifère.
( 272 )
Mines Leclère et par nous-même, que « la Chine renferme de nombreux
Il gîtes (le charbon, d'importance inégale, appartenant les uns au terrain
» houiller, les autres à la portion inférieure et moyenne du terrain juras-
" sique » ( ' ).
') I.e gisement de Lan-mou-tchang prouve que l'extension verticale des
charbons est plus grande qu'on ne le croyait. Cette extension doit être
augmentée encore, si l'on veut tenir compte des lignites tertiaires que nous
avons trouvés à Ma-pé-kai, dans l'Est du Yun-nan. Ces lignites sont
accompagnés par toute une faune de Gastropodes lacustres, parmi lesquels
dominent les Planoibes. On sait d'ailleurs, d'après les travaux de
M. Zeiller, que des lignites, probablement pliocènes, existent aussi au
Tonkin, dans la région d'Yen-Bay, où ils sont comj)ris dans des schistes
argilo-gréseux à Tulotomes et à végétaux dicotylédones.
» Ou voit donc ([ue les charbons se sont formés, en Chine, aux époques
dévonienne et carbonifère, pendant une partie des temps jurassiques, et
dans certaines lagunes tertiaires. »
PISCICULTURE. — Culture et reproduction du Saumon (Salmo Salar) en
eau douce. Note de M. Jousset de Bëllesme, présentée par M. Alfred
Giard.
« La question de savoir si l'on doit regarder le Saumon comme un
poisson de mer ou d'eau douce a été souvent agitée, et, bien que ses affi-
nités zoologiques le rattachent étroitement à une famille dont presque
tous les représentants ont une existence fluviale, néanmoins le fait de ne
pouvoir pondre sans aller à la mer a pu inciter quelques-uns à croire que
ce pouvait être un poisson de mer ayant pris des habitudes d'eau douce,
ou un Salmonide véritable s'étant progressivement habitué à l'eau de mer.
» J'ai entrepris d'élucider expérimentalement, au moyen d'un élevage
artificiel, dans les bassins de l'Aquarium du Trocadéro, la question de
savoir si l'opinion généralement admise, que le Saumon ne peut repro-
duire sans aller à la mer, est absolument exacte. Quelques auteurs ont
émis des doutes à ce sujet, mais les rares faits allégués n'offrent j)as un
caractère de certitude expérimentale bien établie.
(') Sur quelques plantes fossiles de la Chine méridionale {Comptes rendus,
22 janvier igoo).
( 273 )
» Le 24 novembre 1890, je me procurai un millier d'œufs de Salmo Salar bien
embryonnés. Ces œufs mis en incubation à l'Aquarium du Trocadéro donnèrent nais-
sance, le 7 et le 8 décembre, à 637 alevins qui furent élevés à part avec beaucoup de soin.
» Ils prospérèrent rapidement, très distincts de nos autres Salmonidés par leur
grande nageoire dorsale arrondie.
» Le 1'"' juin i8qi, les plus gros mesuraient de 8'^" à 9''™. Ils étaient de taille très
inégale et une centaine des plus chétifs avaient succombé, de sorte qu'à la fin
de 1891 il n'en restait plus qu'environ .5oo, très vigoureux.
» L'élevage se poursuivit régulièrement, sans incidents notables, mais avecunedimi-
nution de nomI)re marquée. En décembre 1892 ils atteignaient en moyenne la taille
deo™,4o. Il n'en existait plus qu'une cinquantaine. Ils étaient très allongés et souvent
portaient de larges ulcérations tapissées de Saprolcgnia. soit sur la tête, soit sur le
dos, accident qui provenait de ce qu'ils sautaient constamment dans la chute d'eau et
se blessaient au bec du déversoir. On dut, pour les protéger, adapter un filet en avant
du déversoir.
» A partir de cette époque leur taille resta stalionnaire, malgré une alimentation
abondante, et beaucoup commencèrent à s'effiler et à dépérir.
» Pendant les deux années suivantes ils moururent peu à peu sans qu'aucun
symptôme de reproduction se montrât, et en décembre 1894 il n'en restait plus aucun.
)) Cet échec ne me découragea pas, et je songeai à recommencer l'expé-
rience en modifiant les conditions preinières, principalement en ce qui
concernait l'alimentation.
» Au mois de janvier iSgS, je fis venir de Bâle mille œufs. L'incubation, l'éclosion,
l'alevinage se firent avec la même facilité que la première fois, et vers la seconde
année le même arrêt dans le développement se produisit, lorsque ces poissons arri-
vèrent à la taille d'une quarantaine de centimètres. La mortalité fut grande et
continue.
» En novembre 1898, trois ans après, il ne subsistait plus que six individus, deux
mâles et quatre femelles. Or, vers cette époque, j'observai sur les deux mâles et sur
deux des femelles une modification dans la pigrmmtation du tégument qui me fit
penser que la reproduction si longtemps attendue allait enfin se produire.
» En eflet, le mois suivant, les autres signes du frai ne laissant pas de doutes, il fut
procédé à la ponte et à la fécondation des œufs. J'obtins de ces deux femelles près de
deux mille œufs, mais la moitié resta non fécondable.
» Mille se fécondèrent très bien; ils et lient tout à fait incolores, un peu petits. Mis
en incubation, ils se développèrent et donnèrent naissance à de beaux alevins.
» Les femelles survécurent à la ponte pendant plusieurs mois, puis moururent dans
le cours de l'année 1899.
» En décîmbre 1899, les diu\. femelles qui n'avaient pas encore donné d'œufs
oOTrirent les mêmes symptômes que les premières et pondirent. On les laissa pondre
librement dans leur bassia, parce que nous tenions à conserver les poissons vivants en
vue de l'Exposition de 1900 où, en effet, ils ont figuré, ainsi que les deux mâles, et ont
été fort remarqués par les pisciculteurs étrangers.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CX.XXII, N" 5.) 36
( ^74 )
)> Les alevins nés en décembre 1898 ont aujourd'hui une trentaine de centimètres.
Ils sont au nombre d'une centaine, très bien portants, et l'on n'observe pas chez eux
de mortalité.
» Cette expérience, qui modifie profondément les idées couramment
admises sur la reproduction du Salmo Salar, et qui n'a pas demandé moins
de dix années d'efforts, va être poursuivie; je ne doute pas qu'en dé-
cembre 1902, ou, au plus tard, en igoS, nous n'obtenions une troisième
génération de Saumons qui deviendra le point de départ d'un élevage ré-
gulier de ces poissons en eau douce.
» Il sera intéressant de voir si, après quelques générations, la taille de
ces poissons, qui est restée jusqu'ici celle du Grilse, c'est-à-dire 40*^" à 45'^'",
n'augmentera pas au fur et à mesure que le besoin d'aller à la mer sera
moins vif.
)) En tout cas, nos expériences démontrent péremptoirement que la
culture et la reproduction du Salmo Salar en eau douce exclusivement sont
possibles, ce qui donne lieu de croire que, si l'habitude prise par cette
espèce d'aller à la mer est favorable à son développement, elle n'est ni
très ancienne ni absolument nécessaire à sa reproduction. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la constitution du sol des grands/onds océaniques.
Note de M. J. Thoulet.
« Les soixante fonds analysés qui servent de base aux présentes con-
clusions ont été recueillis par S. A. S. le Prince de Monaco, pendant ses
campagnes océanographiques autour des Açores et dans la partie de
l'Atlantique septentrional comprise entre ces îles, le cap Finistère, la
France, l'Espagne et le Portugal, le Maroc et Madère. Ils proviennent de
profondeurs variant entre 690™ et 5530™.
» Ils ont été dosés mécaniquement, c'est-à-dire triés aux tamis 3o, 60
100 et 200, selon la méthode que j'ai précédemment indiquée, et partagés
en sable gros, moyen, fin, très fin et vase; ils ont été ensuite attaqués par
l'acide chlorhydrique étendu, et tamisés de nouveau.
Les analyses, terminées et réduites à 100 de matière, ont servi d'abord à
dénommer les fonds d'après la nomenclature établie par moi. Les résultats
étant disposés en forme de Tableaux, lorsqu'on a voulu vérifier sur eux une
loi quelconque de distribution, il a suffi de les grouper d'une manière
convenable et de prendre les moyennes des données numériques suscep-
( 275 )
tibles de mettre en lumière la loi soupçonnée, soit par une affirmation, soit
par une négation, grâce à l'application d'une véritable méthode statistique.
» C'est ainsi que, dans les limites de généralisation résultant du nombre
des échantillons analysés, savoir : 4 compris entre 6go™et looo"*, 23 entre
looo™ et 2000"", i3 entre 2000™ et Sooo"", 9 entre 3ooo™ et /jooo'", 6 entre
4000" et 5ooo" et 5 entre 5ooo™ et 6000™, les lois suivantes ont été véri-
fiées. Elles complètent et précisent celles que j'ai déjà énoncées à propos
de mes analyses antérieures des fonds recueillis par moi au nombre de 21
en 189,5 dans le golfe de Gascogne et de 43 en 1897 dans l'Iroise.
» Dans les petits fonds inférieurs à loo™ de l'Iroise; le gravier existe à
peu près partout, les grains de sable de diverses grosseurs sont très irré-
gulièrement distribués et la vase est extrêmement rare. Les sables fins et
très fins sont les plus abondants.
» Dans les grands fonds, il n'y a pas de gravier ; les grains gros, moyens et
fins sont peu abondants, les (rés fins plus abondants et la vase prédomina.
>i Nulle part on ne constate de relation entre la proportion des grains
ou de la vase et la profondeur.
» Les grains minéraux non calcaires, gros, moyens ou fins, provenant
des continents s'éloignent peu des rivages. A l'état de grains très fins et
surtout de fins-fins, c'est-à-dire d'un diamètre au-dessous de o""",i, ils sont
distribués uniformément sur le lit océanique tout entier. L'abrasion méca-
nique par l'action des vagues s'effectue le long de la côte, où la mer est peu
profonde, et les fines parcelles qui en résultent sont immédiatement en-
levées et emportées au loin.
» La teneur en calcaire décroît à mesure que le sable augmente de
finesse, dans les petits fonds. Dans les grands fonds, elle est à peu près
uniforme dans les sables gros, moyens et fins; elle diminue ensuite dans
les très fins et est minimum dans la vase. Mais plus la vase est profonde,
plus elle est riche en calcaire.
» En s'en tenant aux échantillons analysés, la proportion totale de cal-
caire croît avec la profondeur; il est probable que cette augmentation n'est
qu'apparente et que la répartition du calcaire tient à d'autres causes.
Quoi qu'il en soit, les chiffres trouvés s'accordent mal avec l'hypothèse si
souvent formulée d'une disparition du calcaire à partir d'une certaine pro-
fondeur.
1 Dans certains cas assez rares, il semble que les grains minéraux soient
enveloppés par du calcaire, de telle sorte que le degré de finesse des
grains d'un dépôt augmente après qu'on a traité celui-ci par un acide.
La proportion de calcaire contenue dans un échantillon n'ayant de rela-
( 276 )
tion ni avec la profondeur ni, d'une manière générale, avec la distance à
la terre, il en résulte que ce calcaire n'est point d'origine détritique, mais
chimique et surtout organique. La constitution du sol sous-marin est donc
en relation avec les phénomènes superficiels. On se trouve ainsi amené à
constater que, pour l'hydrosphère, de même que pour la lithosphère et
l'atmosphère, la zone de variabilité et d'activité est restreinte aune
calotte d'épaisseur plus ou moins grande, selon les localités, quoique rela-
tivement faible et comprenant la surface entière du sphéroïde terrestre.
Au delà d'une certaine limite, les variations de tout genre s'atténuent de
plus en plus et finissent par s'anéantir, de sorte qu'un équilibre perma-
nent s'établit. »
CHIMIE. — Sur un petit four de laboratoire. Note de M. Albert Bruno,
présentée par M. Schlœsing.
« Quand on chauffe un creuset de laboratoire avec la flamme d'un bec
Bunsen, on peut élever beaucoup la température atteinte, en entourant le
creuset d'une enveloppe peu conductrice. Divers dispositifs ont été employés
dans ce but. Il est possible d'y arriver d'une manière extrêmement simple
en faisant usage de deux cônes de tôle mince, juxtaposés par leurs grande
( 277 )
bases et renfermant le creuset dans l'espace qu'ils comprennent, si l'on a
soin (le revêtir intérieurement la tôle d'une épaisseur de carton d'amiante
de quelques millimètres.
» L'appareil devient alors d'une simplicité telle qu'il est facile de le
construire dans tout laboratoire.
» D'après les essais que j'ai faits, il a en outre l'avantage de fournir en
quelques instants une température plus élevée que les enveloppes de terre
réfract:iire.
« En dix minutes, lo^'' de carbonate de chaux sont intégralement trans-
formés en chaux vive, et cela sans le secours d'une soufflerie. »
M. Tu. ToMMASiNA adresse, par l'entremise de M, Cornu, un Travail
intitulé : « Contribution à la théorie de la cohérence. »
D'après les résultats d'expériences faites avec des cohéreurs particu-
liers, l'auteur arrive à la conclusion suivante : « .... La cause de l'équi-
libre instable est donc l'intervention de particules polarisées d'oxyde,
s'interposant entre les contacts métalli(jues et formant des points moins
bons conducteurs sous l'action des ondes hertziennes. »
La séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 janvier 1901.
( Suite.)
Meteorological observations made at the Adélaïde Observatory, and olher
places in Soulh Âustralia and the Northern Territory during ihe year 1897,
under tlie direction of Charles TooD. Adélaïde, 1900; i vol. [)et. in-f".
Publications of the Astronomical Laboratory at Groningen, edited by Prof.
J.-C. Kapteyn; n°* 1, 2, 3. Groningue, 1900; 2 fasc. in-4°.
Nederlandsch kruidkundig Archief; 3 ser., deel II, st. 1. Nimègue, 1900;
1 vol. in-8°.
( 278 )
Bulletin mensuel du Magnétisme terrestre de l'Observatoire royal de Bel-
gique; Avril-Octobre rgoo. Bruxelles, 1900; 8 fasc. in-i8.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 janvier 1901.
Analyse infinitésimale à l'usage des Ingénieurs, par Eugène Rouché,
Membre de l'Institut, et Lucien Lévy; t. I. Calcul différentiel. Paris,
Gauthier-Villars, 1900; i vol. in-8°. (Hommage des Auteurs.)
Cours de Botanique, par MM. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, et
Leclerc du Sablon, à l'usage des Elèves des Universités, des Ecoles de
Médecine et de Pharmacie, et des Écoles d' Agriculture; t. I, fasc. 1. Paris,
Paul Dupont, 1901 ; i vol. in-8°. (Hommage des Auteurs. )
Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en
France, en Corse et en Alsace-Lorraine, par G. Rouy et J. Foucaud (t. T-lIl),
continuée : t. V, par G. Rouy, et t. VI, par G. Rouy et E.-G. Camus.
Asnières-Paris, 1899-1900; 2 vol. in-8°. (^Présenté par M. Guignard.)
Bulletin de l'Académie de Médecine, publié par MM. J. Bergeron et E.
Vallin; n°^ 1-3, 8-22 janvier 1901. Paris, MassonetC'*; 3 fasc. in-8°.
Annales des Maladies de l'Oreille, du Larynx, du Nez et du Pharynx,
publiées par A. Gougenheim et M. Lermoyez; t. XXVII, n°l, janvier 1901.
Paris, Masson et C'*; i fasc. in-8°.
Journal de la Société contre l'Abus du Tabac, aS* année, n° 1, janvier
1901. Paris; i fasc. in-8''.
Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agricul-
ture, par M. P.-P. Dehérain, Membre de l'Institut; t. XXVII, n" 1. Paris,
Masson et C'% 1901 ; i fasc. in-8°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-lettres et Arts d'Or-
léans; 2' série, t. XXXVIII, n° i. Orléans, G. Michau et C'*, 1900; i fasc.
in-8°.
Société nationale d' Horticulture de France. Congrès d' Horticulture de 1901
à Paris. Paris, impr. L. Maretheux; j feuillet in-8°.
Correspondence. In the mattcr of the Society of Arts and Henry Wilde, D.
Se, F. R. S., on the avi^ard to him of the Albert Medal 1900, and on the
invention of the dynamo-electric machine. Manchester, 1900; i fasc. petit
in-8°. (Hommage du D' Henry Wilde.)
Royal Institution of Great Britain. List of the Members Officers and Prof es-
sors 1900. Londres, 1900; 1 fasc. in-8°.
Report of the Superintendent of the United States Naval Observatory for the
fiscal y car endingjune io, 1900. Washington. 1900; i fasc, in-8°.
( ^79 ,•
Electrical Re<,'iew ; vol. XXXYIII, n" 2. Historical Number, january 12,
1 901. New- York; i fasc.in-4*'.
Publications oftheEarthquake investigation Commilte inforeing languages ;
n°^ 3, 4. Tokyo, 1900; 2 fasc. in-S".
Total solar Eclipse of ic^oo, may 28; Preliminary Reports on the British
Govemment expéditions. (Monlhly Notices of the Royal Astroaoïnical
Society; appendix to vol. LX.) Londres, 1900; i fasc. in-8°.
Proceedings of the Royal Institution of Great Britain; vol. XVI, part I,
n° 93. Londres, 1900; i vol. in-8".
Tlie Journal of the Franklin Institute dévoled to Science and the mechanic
Arts; vol. CLL n° 1, january 1901. Philadelphie; i fasc. in-8°.
The Astrological Magazine, edited. by B. Suryan.vrian Row; vol. V, n° 1,
january 1901. Madras; i fasc. in-8°.
Bibliothèque Universelle. Archives des Sciences physiques et naturelles;
106' année, 4*" période, t. XI, n° 1, i5 janvier 1901. Genève, Lausanne,
Paris; i fasc. in-8°.
R. Universita Roinana. Scuola d'applicazione per gl'Ingeneri : Programmi
d'insegnamento pel quinquenno scolastico 1900-1901 a 1904-1905 (agosto,
1900). Rome, 1900; I fasc. in-8".
Revue des Questions scientifiques, publiée par la Société scientifique de
Bruxelles; 2* série, t. XIX, 20 janvier 1901, Louvaln, 1901; 1 fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 février 1901.
Les Marines de guerre à l' Exposition universelle de 1900, par L.-E. Bertin.
Paris, E. Bernard et C'% 1901; i fasc. in-S". (Présenté par M. Darboux.
Hommage de r.\uteur. )
Stabilité d'un paquebot après un abordage en mer, dispositions propres à
prévenir le chavirement, par M. Bertin. Paris, impr. Gauthier- Villars, 1900;
1 fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Disposition d'équilibre des navires sur la houle, par M. Bertin. (Extr. du
Bull, de l'Association technique maritime, n° 8; session de 1897.) Paris,
impr. Gauthier- Villars; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Traité sur le Phylloxéra, ses causes et son remède, etc., par A. Goyat.
Charolles, P. Ponçon, 1887, et Mâcon, impr. Romand, 1891 ; 2 fasc. in-12.
Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, publiée sous la
direction de M. Ernest Olivier; i4* année, n° 157, janvier 1901. Moulins,
impr. Etienne Auclaire, 1901 ; i fasc. in-12.
( 28o )
Hardened plaies and broken projectiles, by M. L.-E. Bertin; read at ihe
International Congressof Naval Architects and Marine Engineers, at the
Impérial Institiile, julv 6, 1897. Londres, 1897; i fasc. petit in-4°.
Publicationen des aslrophysikalischen Observa toriums zii Polsdani, heraus-
geg. V. Director H.-C. Vogel. Photo graphische Hunmelskarte, Bd II.
Potsdam, 1901; i fasc. in-4°.
Duty of water in the Gallatin Valley, by Samuel Fortier. (Reprinted
from U. S. Department of Agriculture, Office of Expcriment Stations,
Bull. 86 : The use waler irrigation.) S. 1. n. d.
Observations météorologiques suédoises, publiées par l' Académie Royale des
Sciences de Suéde, exécutées et rédigées sous la direction de l'Institut Central
de Météorologie, vol. 37; 2" série, vol. 23. 189^, Stockholm, 1900; i fasc.
n>4°.
Atti délia Reale Accademia deiLincei, anno CGXCIII, 1901 ; série V. Rendi-
conti : Classe di Scienze Jîsiche, matematiche e nalurali; vol. X, (asc. 1,
i" semestre. Rome, 1901. i fasc. in-8''. {A suivre.)
ERRATA.
(Séance du i4 janvier 1901.)
Page 97, ligne 9, au lieu de M. A. Breyde, lisez M. A. Breydel.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VUXARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régullèroineiit le Dimanche. Us forment, à la (lu do l'année, deux volumes in-4". Deux
Tables l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Aiilenrs, terminent cliaqnc volume, L'abonnement est nnnue
et part du i" Janvier
Le prix de l'tibofinenierit e.tt fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements ; 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
^jen Ferran trères.
> Chaix.
Alger Jourdan.
( Ruff.
imiens Courtin-Hecquet.
I Germain etGrassin.
*"!'" JGastineau. .
Bafonne Jérôme.
SMonçon Régnier.
I Feret.
Bordeaux 1 Laurens.
I Muller (G.).
Bourges Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel frères.
Caen Jouan.
Chamberv Perrin.
.. . ( Henry.
Cherbourg ., ■'
( Marguene.
Ki r. i Juliot.
Cltrmont-Ferr... „
I uouy.
INourry.
Ratel.
Bey.
Oouo. jLauverjal.
( Dcgez.
Grenoble ' ^"'.'='- ^
( Gratier et C".
ta Rochelle Foucher .
UHane | Bourdignon.
( Dombre.
LUI, (Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs :
{ Baumal.
Lorient ! „
' M"' lexier.
Bernoux et Cumin
\ Georg.
Lyon < KHaïUiii.
I Savy.
' Vitte.
Marseille Ruât.
( Valat.
«ontpelUer j Coulel cl fils.
Moulins Martial Place.
! Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
j Guist'hau.
Nantes 1 „ ,
( Veloppe.
I Barnia.
Nice .
! Appy.
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
. . i Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marche.
Rennes Pllhon el Hervé.
Rochejori Girard ( M»" ).
1 Langluis.
Rouen ,
( Lestnngant.
S'-É tienne Chevalier.
i Ponlcil-Burles.
Toulon ) ,, . .
( Humebe.
1 Gimet.
Toulouse , _ . .
/ Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
I Giard.
Valenciennes , ,
' Lentaltre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
, , I Feikenia Caarelsen
Amsterdam
\ et C-.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
L Asher et C".
_ ,. 1 Dames.
Berlin „ . ,,
, Friedlander et hls.
f Mayer et Miiller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
/ Lamerlin.
Bruxelles.. ! MayolezetAudiarte.
! Lebègue et C'v
( Sotchek et C'.
Bucharest , , , .
' .Mcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BelletC".
Christiania Cammermeyer.
Conslantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hiisl et fils.
Florence Seeber.
Cand Hoste.
Gènes Beuf.
: Cberbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye .. Belinfante frères.
. Benda.
Lausanne , „ . . ,..
' Payol et (.".
Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig I Lorenlz.
Max Kiibe.
Twietnieyer.
( Desoer.
'-'^S" (Gnusé.
chez Messieurs :
1 Dulau.
l-ondres Hachette et C".
(Nutt.
Luxembourg . . . . V. Biick.
/ Ruiz et C'V
Madrid Komoy Fusse!.
j Capdevillç.
' F. Fé.
Milan I'^""'' f''""-
( Hœpli.
Moscou. '. Tastevin.
Naptes jMarghieri di Giu».
I Pellerano.
1 Dyrsen et Pfeiffer.
Netv-rork Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau. ,
Oxford Parker et C»
Palerme Reber.
Porto Magalhaès el Mouii.
Prague RIvnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ ( Bocca frères.
Rome ,
( Loescheret C*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallio.
„. „ , i Zinserling.
S-Petersbourg..^^^^^^
I Bocca frères.
Brero.
j Clausen.
1 RosenbergelSellier
Varsovie Gebelhner et Wolfl,
Vérone Drucker.
1 Frick.
Vienne 1 „ , . . „,
( Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes f'" à 31. — (o Août i83j à :ii Décembre i8 Jo. ( VuUimo in/," ; i85:i. Prix , 15 fr.
Tomes 32 à 61. — i i" Janvier i85i ù 3i Décembre i8G5. i Volume in-.}"; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( 1" Janvier 18G6 à ii Décembre 1880.) Volume in-4"; i88<j. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — 1 1" Janvier 1S81 à 3i Décembre 18g). ) Volume in-4"; lO"»- Pr'^ *^ ''•
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ;
Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dehrès et A. J.rJ. SoLitii. - Mémoire sur le Calcul des Perturbations
'l»'éprou\cnt les Comclcs, par M. II.\nsen. — .Mémoire sur le Pancréas et sur le rùle du suc pancréali(|ue dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans
l'i digestion des matières grasses, par M. Claude Behnaud. Volume in-4°, avec Sa planches ; i85(i 15 'r.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V.\n Bf..neden. - Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS.)0 par l'Académie des
S'iences pour le concours de i853, et puis remise pour celui .le i8.5(i, savoir : >c Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents
" terrains sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. —
« Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du rei^ne organique et ses états antérieurs «, par -M. le Professeur Brosn, in-4"'
"CC 2- planches; i^'h ^^ ^■■•
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et ks Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
No IV
TABLE DES ARTICLES. Séance du 4 février 1901,
MEMOIRES ET G<>!WMUIVIGATIO.\S
DRS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. BoRNET. — Noiicc sur M. ./. Agardli.. 233
M. Bertiifi.ot. - Sur les origines de la
conihinaisoii chimique : Étals allotro-
piques de l'argent 234
]M. Bertuelot. — Eludes sur les couiliinai-
sons de l'argent avec le mercure a4'
Pages.
. P. DuiiEM. Sur la stabilité isenlro-
pique d'un fluide 244
MM. LoRTET et Genoud. — Appareil très
simple pour l'application de la méthode
photothérapique de Finsen 246
CORRESPOIVDA^CE.
La Société mathématique de Kharkov
adresse à l'Aradéniie l'expression de sa
profonde condoléance à l'occasion de la
mort de M. Hermite
AL le Secrétaihe perpétuel signale une
brochure de M. L.-E. Bertin. et un
Recueil des travaux ofl'erts par les auteurs
à M. A. Lorcntz, professeur de Physiqiie
à l'Université de Leiden, pour le vingt-
cinquième anniversaire de son doc-
torat
M. F. Enriques. — Bemarqueau sujet d'une
Note de M. S. Kantor
M. C. GuiCHARD. — Sur les réseaux qui,
par la méthode, de Laplace, se transfor-
ment des deux côtés en réseaux orthogo-
naux
M. Pierre Ijoutroux. — Sur la densité des
zéros et le module maximum d'une fonc-
tion entière
M. Alfred Angot. — Sur la relation de
l'activité solaire avec la variation diurne
de la déclinaison magnétique
M. L. OuvRARD. — Sur les borales de
magnésie et des métaux alcalino-terreux.
M. l'abbé J. IIamonet. — Sur l'électrolyse
Bulletin bibliographique:
EUIUTA
2(i8
248
248
249
254
267
des oxyacides. Préparation de l'acide
p.amyloxypropionique et de la diamy-
line du butanediol 1.4
M. Lix'riET. — Sur l'action saccharifianle des
germes de blé et sur l'emploi de ces
germes en distillerie
M. Frédéric Houssay. — La légende du
' Lepas anatifera, la Vallisneria spif-alis
' et le Poulpe
JM. II. .Iaooe de Corde.moy. — Sur le Ramy
' de Madagascar
M. B. Renault. — Sur un nouveau genre
de tige fossile
M. G. -H. Monod. — Sur la présence d'un
gisement d'anthracite dévonien au t'îoui-
tcheou (Chine )
M. JoussET DE Bellesme. — Culturc et
reproduction du Saumon (Salmo Salar)
en eau douce
M. J. ïhoulet. — Sur la constitution du
sol des grands fonds océaniques
M. Albert Bruno. — Sur un petit four de
laboratoire
M. Th. Tommasina adresse un Travail inti-
tulé : « Contribution à la théorie de la
cohérence »
259
361
263
266
268
270
272
274
27()
277
277
280
PARIS.
IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, 56
/.« Ocrant .* *>aotnibr-Vill*kb.
APR 30 1901 |gQ(
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR TITI. liEii SKCnÉTAtKBS PKHPfiTUEti!^.
TOME CXXXII.
IV^ 6 (H Février 1901)
^PARIS.
GAUTHIER-VILLAUS, IMPIUMEUR-LIBRAIRE
UKS COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DBS SCIENCES
Quai des Grands-AuguBvins, 5i.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des aS jlmn 1862 et 24 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par annér.
Article 1*''. — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parunassociéétrangerderAcadémiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe. la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P'iges par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Acadéune avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les l'rogrammes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
ARTicbE 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie .
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ofu Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte lendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Listructions demandes par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
,,0 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI li FÉVRIER 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (a génération (h'n liydrocarhures par les carbures
niélalliques. Noie de M. Bertiielot.
«
« Les carbures mclalliquos appartiennent à plusieurs tvpes, et leur
décomposition par l'eau ou les acides cLendiis engendre divers carbures
d'hydrogène, tels que l'acétylène, l'élhylcne, le formène, et des carbures
liquides moins bien connus. La connaissance de ces carbures métalliques
et de leur transformation en hydrocarbures a été fort approfondie par ma
découverte des acétylures, préparés au Uioyen de l'acéLvlène, et par les
belles recherches de M. iNIoissan sur la production des carbures métal-
liques dans le four électrique. Je me propose aujourd'hui de jeter quelque
lumière nouvelle sur les conditions thermochimiques qui président à ce
mode de génération des carbures d'hydrogène.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, i\° 6.) 3^
( 282 )
)) I. Le type le pins simple des carbures métalliques est celui des
acétylures, dérivés de l'acétylène, soit par la substitution à deux atomes
d'hydrogène de deux atomes d'un métal monovalent, tels que ceux de
potassium C'K-, de sodium C-Na% de lithium C-Li% d'argent C^ Ag^, etc.;
soit par la substitution d'un atome bivalent, tel que ceux de calcium C-Ca,
de baryum C'Ba, etc.
» 1° Parmi ces acétylures, les uns décomposent l'eau eu régénérant
l'acétylène : nécessairement avec un dégagement de chaleur, déterminé
par cette circonstance que la chaleur résultant de la métamorphose de
l'acétylure en oxyde, aux dépens de l'eau, surpasse la chaleur absorbée dans
la formation de l'acétylène par les éléments. En voici le calcul :
C^-t-Na-^=C2 Ma- absorbe. — 8,8 C'^-t- H2= CMP — 58,i
2(H'-^0) = oH=0dégage. 4-i38,o 2(Na + O + H)=: 2NaOH diss. . +225, o
-t-129,2 -1-169,9
» On a bien 225 — 129,2 — 58, i ou 166,9 — 1 29,2 == + 37,7 > o.
» La condition générale pour qu'un acétyhire traité par l'eau se change
en acétylène est donc la suivante :
)) q étant la chaleur de formation de l'acétylure par les éléments;
» r celle de l'oxyde métallique (hydraté),
r -9>i96,i (').
(') Cette limite serait abaissée si la réaction produisait du formène, au lieu d'acé-
tylène, C^H* étant remplacé par |GH*+^C; c'est-à-dire en remplaçant — SS*-"',!
par +9*^"', 45 ; d'où/- — (7 > 128,55 seulement. Mais dans cette hypothèse, non seu-
lement le type acétylure serait changé, c'est-à-dire qu'il n'y aurait plus double dé-
composition régulière; mais il y aurait en outre séparation de carbone libre, circon-
stance extrêmement rare, si même elle a jamais été constatée dans les réactions
opérées par voie humide à la température ordinaire.
Tout au plus pourrait-on obtenir avec certains acétylures des carbures polymères,
au lieu de l'acétylène lui-même; par exemple la benzine, ^C'FP. Pour cette dernière,
il suffit d'avoir /■ — q >i42. Certains acétylures métalliques fournissent, en eflTet, des
carbures condensés, liquides ou même solides.
Dans le cas où le carbure métallique contient un excès de métal libre ou combiné,
la décomposition de l'eau fournit un excès d'hydrogène, susceptible de donner nais-
sance à des carbures plus hydrogénés que l'acétylène, tels que l'élhylène, l'éthane, voire
même le formène; ce qui a lieu en raison de l'équivalence des formules et de l'excès
d'énergie, résultant à la fois de la décomposition de l'eau par le métal et de la conibi-
( 283 )
» Il est facile de constater que cette relation est vérifiée pour les car-
bures de lithium, de calcium, etc.
» Mais elle ne l'est pas pour l'acétvlure d'argent
C--t- Ag-= G*Ag-= 9, c'esl-à-dire — 87, lô
Ag2-(- il '-1-0= = Ag-^ 0 + 11=0 = /• » -H76
/• — '/ = -f- 1 63 , 1 5
» Aussi l'eau n'est-elle pas en état de décomposer cet acétylure à la
température ordinaire. Mais si l'on fait intervenir l'acide chlorhydrique
étendu, la réaction devient possible, la formation de 2 molécules de chlo-
rure d'argent, 2AgCl, accroissant le nombre précédent de +41*^"', 2; ce qui
le porte à H- 204*^*', 35.
» Avant de discuter les réactions observées avec les autres carbures
métalliques, je rappellerai encore quelques autres observations.
» 2° Si l'acétylure alcalin renferme un excès de métal (libre ou com-
biné), cet excès décompose une proportion d'eau supérieure aux deux
molécules qui interviennent dans la réaction fondamentale; il en dégage de
l'hvdrogène, lequel s'unit avec une partie de l'acétylène, pour le changer en
éthylène C-H\ et en éthaneC-'H". Ces deux réactions sont déterminées
par une double circonstance, la chaleur dégagée par la décomposition de
l'eau qu'effectue le sodium (-1-43.4) *^' ':> chaleur dégagée par l'union de
l'hydrogène libre avec l'acétylène pour constituer soit l'clhylène (-1-43,5),
soit l'éthane ( -+- 89,4). Les deux énergies s'ajoutent pour concourir au phé-
nomène. De là résulte un mélange d'acétylène, d'éthylène, d'éthane, dont
la proportion relative dépend des conditions locales de l'attaque du car-
bure par l'eau.
» Quant aux acétylures attaquables par les acides, ou les alcalis, avec
dégagement de chaleur, tels que l'acétvlure cuivreux, dans le cas où l'on
fait intervenir pour celte attaque un métal susceptible de fournir de i'hy-
drogène avec dégagement de chaleur, le zinc, par exemple, on sait que
l'éthylène se régénère au lieu d'acétylène : c'est même ainsi que j'ai effec-
tué la synthèse de l'éthylène. Elle résulte également d'un concours d'éner-
gies thermochimiques.
naison de cet excès d'hydrogène avec les éléments de l'acétylène. Ces cas seront exa-
minés plus loin, en parlant des carbures d'aluminium et de manganèse.
On examinera aussi le cas où l'hydrogénation résulte d'un défaut d'équivalence
entre la formule du carbure métallique et celle de l'oxyde qui prend naissance.
( ^H )
» 3° Enfin, certains oxydes métalliques, susceptibles de décomposer
l'eau avec dégagement de chaleur sous de faibles influences, opèrent à
froid la transformation de l'acétylène en étliylène. Ainsi, j'ai observé que
les sels chromeux dissous dans l'ammoniaque absorbent l'acétylène, puis
donnent lieu presque immédiatement à une production d'éthylène pur;
les deux phénomènes étant accompagnés par un dégagement de chaleur.
» Si j'ai rappelé ces diverses réactions des acétylures précédemment
étudiés, c'est afin d'en montrer l'application aux réactions des autres car-
bures métalliques.
» Les uns de ces carbures, tels que ceux du groupe du cérium,
répondent encore an type des acétylures; les autres, tels que les carbures
d'aluminium, d'uranium, de manganèse (déjà connus par les travaux de
MM. Troost et Hautefeuille), ont des formules d'un autre type. Or la
décomposition de ces carbures par l'eau, ou par les acides étendus, donne,
d'après M. Moissan, des produits différents de ceux du premier groupe.
» Avec le carbure d'aluminium, par exemple, la décomposition à froid
est lente et fournit uniquement du formène, CH*, au lieu d'acétylène.
» Avec le carbure de manganèse et l'eau, on obtient un mélange de
formène et d'hydrogène.
» Avec le carbure de cérium et analogues, il se dégage un mélange
d'acétylène (entre les deux tiers et les trois quarts du volume gazeux), de
formène (un quart à un cinquième), mêlés à une petite quantité d'éthy-
lène et à quelques centièmes de carbures liquides. Avec le carbure d'iira-
nium, le formène domine, mêlé d'hydrogène, avec un peu d'éthylène,
une trace d'acétylène; les deux tiers du carbone constituant des carbures
liquides et solides.
» Or pour essayer de se rendre compte de la diversité de ces résultats, il
convient de faire intervenir à la fois celle des formules et celle des quan-
tités de chaleur mises en jeu dans les transformations, comme je l'ai établi
précédemment pour les acétylures alcalins et l'acétylure d'argent.
» II. Commençons par les carbures qui produisent du formène, au lieu
d'acétylène. Le carbure d'aluminium en est le type. Il répond à la formule
C^Al% dans laquelle les valences saturées du carbone et de l'aluminium
sont dans le rapport CAP; aussi la réaction sur l'eau s'exprime-t-elle par
l'équation suivante
G'A1* + 6H=0 = 3CI1'' + 2A1=0'.
( 285 )
La chaleur dégagée dans cette réaction ne peut être mesurée directement,
parce que la réaction est trop lente, môme avec le concor.rs de l'acide chlor-
hydriqiie. C'est pourquoi j'ai cru devoir la déduire de la chaleur de formation
du carbure d'aluminium. J'ai opéré sur un échantillon de ce composé, de
bonne apparence, fourni par la maison Poulenc. Ce produit, en se dissol-
vant peu à peu dans l'acide chlorhydrique chauffé, laisse un résidu de
carbone non combiné, analogue au graphite ('), et dont le poids s'élevait
à 4.74 centièmes sur un échantillon. J'ai mesuré la chaleur de combustion
de ce composé dans l'oxygène comprimé, en amorçant la réaction au moyen
d'une petite quantité de camphre. Il est, d'ailleurs, assez difficile d'opérer
ainsi une combustion totale, le carbure d'aluminium étant doué d'une
grande cohésion qui en rend l'inflammation irrégulière : le plus souvent,
il reste des produits incomplètement brûlés dans la capsule qui contient le
carbure. Voici les résultats les plus exacts, je veux dire ceux obtenus dans
des conditions de combustion totale. On a tenu compte du carbone libre,
en en déduisant la chaleur de combustion d'après celle du graphite
( + 94,8 pour C°:=i2S''). 18'' de carbure d'aluminium mélangé de car-
bone a fourni 57i2'^''',o et 5']63''"\/^ : moyenne 0738'^''', 7.
» En déduisant la chaleur de combustion du carbone libre et tenant
compte de quelques impuretés, il est resté 5362'-""', 2 pour oi>''',9375 de car-
bure d'aluminium réel, et par conséquent pour
C'Al*=i4/isr +824':"',
ce corps étant brûlé avec formation d'acide carbonique gazeux et d'alu-
mine anhydre, laquelle se présente à l'état fondu, inattaquable par l'acide
chlorhydrique.
» D'autre part,
3C (diamant) brûlés donnenl 94,3 X a =- 282,9
4AI changés en Al^O^ (hydrate précipité). 893,0x2= 786,0
I 068 , 9
» Cependant l'aluminium, se changeant en alumine anhydre, dégage
une quantité de chaleur un peu différente de celle qui résulte de la forma-
tion de l'hydrate d'alumine. Soit 2 s l'excès po.sitif ou négatif pour AFO' ;
£ ne correspondant pas à un chiffre très élevé, suivant les analogies; d'après
(') Mais ne fournissant pas d'oxyde graptiitique dans mes expériences.
( 286 )
quelques essais que j'ai faits sur la combustion vive de l'aluminium,
2£ serait voisin de — i3^''',5 (' ).
» En réstimé :
La combustion des éléments (opérée à haute température)
Cal
dégagera +1068,9 — 2e
-t5"b
en retranchant la chaleur de combustion du carbure .... — 824
on voit que C' -h Al' = C^\l* dégagent -+-244,9 — 22
» Ce chiffre est considérable; il explique la grande stabilité du carbure
d'aluminium et la difficulté que l'on rencontre pour le brûler, ou le décom-
poser. Rapporté à i atome d'aluminium, il fournit pour la combinaison du
carbone avec ce métal :
+ 61,2;
valeur bien inférieure à la chaleur d'oxydation d'un atome du même métal :
+ 196,5 ;
mais qui approche de sa combinaison avec l'iode : +70,3, et avec le
soufre : +63,2.
» Si on le rapporte à un atome de carbone, on trouve
+ 8i,6,
valeur qui n'est que de peu inférieure à la chaleur d'oxydation de cet
élément (sous forme de diamant) lorsqu'il produit l'acide carbonique:
+ 94 , 3.
Elle approche de la chaleur de combinaison d'un atome avec le chlore
(+75,4, CClMiquide).
» Au contraire, elle surpasse de beaucoup la chaleur de combinaison
(') L'aluminium employé a fourni à l'analyse Al =199,5 et 99,6.
La combustion de ce corps est très difficile. On ne Ta réussie, même dans l'oxygène
comprimé, qu'en l'associant avec un poids de carbure d'aluminium voisin de celui du
métal libre. Deux bonnes expériences ont fourni pour 54"'' du métal libre changé en
alumine fondue
376 et 383, en moyenu'' 379*^»', 5;
au lieu de 393'^''' répondant à son changement en alumine précipitée et hydratée.
( -^1 )
d'un atome de carbone avec l'hydrogène (-1- 18,9 au maximum dans le
formène).
» Comparons encore l'oxygène et le rarbone, dans leurs combinaisons
équivalentes avec l'aluminium d'uni; jiart, avec l'hydrogène d'autre part :
Diirér.
( H- j 1' 11^0 gaz dégage. -+- 58, i 1
O saturé par ' ;> > en formant \ •> ]&'>.,()
( AP 1 ( Al^O solide .... H- i3i ,0 )
j H* ) j C H' gaz dégage. + iSl,9 )
C saturé par [ 4 ! en formant ] 4 ! 62,7
\P ) ( CAP solide 4- Si, 6
A un même nombre d'atomes d'oxygène et de carbone, par exemple, un
atome d'oxygène étant pris comme ternie de comparaison, l'écart théo-
ii<[ue rapporté à un atome de carbone est, on le voit, sensiblement le même.
M Mais, si on le compare au même nombre d'atomes d'hydrogène (ou
d'aluminium) de part et d'autre, l'écart sera moitié moindre pour le car-
bone que pour l'oxygène.
» Quoiqu'd en soit de ces rapprocliements, les valeurs thermiques sont
telles qu'elles rendent aisément compte de la production du formène par
l'action de l'eau sur le carbure d'aluminium. En effet,
C^\l'-f- 6H=0 =r 3CH*-+- 2 APO' hydratée dégage -h 178,8 + 2£.
-[(244,9 - 2^ + 4>4) = 663,9 -20]-+- [(3X18,9 = 56,7) +786 = 842,7].
» S'il s'était formé de l'acétylène mêlé d'hydrogène
|C-H- + V W'
on aurait dégagé seulement -H 35 -)- 2e.
» S'il s'était formé de l'élhylène mêlé d'hydrogène :
\C-W+\U.^ : +100+ 11.
Avec la benzine gazeuse
IC^n^+'-j-W: + 120 + 2s.
» Ainsi, la production du formène, dans la réaction de l'eau sur le car-
bure d'aluminium, répond au maximum thermique. On conçoit dès lors
qu'il prenne naissance d'une façon exclusive, attendu que le formène ré-
sulte à la lois du dégagement de chaleur maximum, vers lequel tend le sys-
tème, et de la conservation du type moléculaire, résultant d'une substitu-
tion à valences égales. C'est en ellet le dernier genre de Iranstormations
qui se réalise en général dans les produits initiaux des réactions.
( 288 )
)) J'ai insisté à diverses reprises sur ce point, c'est-à-dire sur cette double
tendance : d'une part, conservation initiale du type moléculaire dans les
doubles décompositions ('), mécanisme qui préside à la préparation de la
plupart des combinaisons endothermiques; d'autre part, tendance finale
des systèmes vers le dégagement de chaleur maximum. Quand ces deux
tendances sont satisfaites à la fois, en engendrant des corps suffisamment
stables dans les conditions des expériences, la réaction prend un caractère
de nécessité (-).
» Le carbure de glucinium fournit également du formène pur, proba-
blement par les mêmes raisons que le carbure d'aluminium; mais l'étude
thermochimique n'en a pas été faite.
» III. Avec le carbure de manganèse, agissant sur l'eau à la température
ordinaire, on obtient non seulement du forméne, mais un volume égal
d'hydrogène libre (^ ). Or les relations atomiques et les relations thermo-
chimiques concourent pour faire prévoir ces phénomènes. En effet, voici
la formule de la réaction :
CMn' + 6R-0 = 3(MnO.H=0) + CH' -t- IF.
» Elle montre que l'excès d'hydrogène résulte du défaut d'équivalence
entre le carbure et l'oxyde, le premier contenant un excès de manganèse
qui décompose l'eau pour son propre compte.
î) L'étude thermocliimique de la réaction rend compte de ces résultats.
En effet la chaleur de formation du carbure de manganèse, d'après les
données de M. Le Chatelier (*),
Mn3+ C = Mn5C dégage +9'^"', 9
d'où résulte la chaleur, Q, dégagée dans la réaction de l'eau :
C + Mn= -f- 9,9 3(Mn + 0-Heau). +95,1x3— 285,3
6(H--i-0^) -f-4i4,o 3(H^-+-0) +207,0
C + H'* + 18,9
+^23, 9 +5ll,2
Q == 5ii ,2 — 423,9 +87,3
( ') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 469 et 436. — Cf. Élats successifs de l'io-
dure d'argent {Ann. de Chini. et de Phys., 5" série, t. XXIX, p. 242, 248; i8S3.
(*) La difTérence d'entropie étant supposée faible, comme il arrive dans la plupart
des réactions énergiques.
(') MoisSAN, Annales de Chimie et de Physique, 7" série, l. IX, p. 372.
(*) Thcrmochiinie : Données et lois numériques, t. Il, p. 270.
( 289 )
» La production de l'acélvlène, celle de l'éthylène, celli^ de l'élhane
donneraient lieu à des dégagements de chaleur bien moindres, comme il a
été dit plus haut. En efifet, di'puis les mêmes éléments,
Ol
i(CMP+ 3H2) répondrait à —29,8
A(OH'+2H^)(') » - 7,3
i(C2H«+2tP) » -+-ii,6
CM» » +'S,9
1) On ne connaît pas la chaleur de formation des autres carbures métal-
liques, susceptibles de décomposer l'eau à la température ordinaire.
» IV. Signalons maintenant le carbure de cérium et ses analogues, car-
bures de lanthane, d'yttrium, etc., dont la formule est pareille.
» Soitle carbure decérium, C'Ce. Ce carbure décompose l'eau, en four-
nissant un mélange d'acétylène qui prédomine (^5 à 80 centièmes du
volume total des gaz), de formène (20 centièmes environ), avec quelques
centièmes d'éthylène et de carbures liquides.
» Ces phénomènes sont évidemment atlribuabies à la complexité de la
réaction, complexité attestée parla producliun d'un excès d'hydrogène sur
la dose contenue dans l'acétvlène. En efiet, cette dernière seule est corré-
lative d'une tiécomposilion de l'eau, susceptible de céder tout son oxygène
au cérium en formant du proloxyde. Il résulte de la production d'un excès
d'hydrogène que l'oxyde de cérium, qui prend naissance dans la réaction.
(') La formation de carbures d'hydrogène liquides, c'est-à-dire de composés con-
densés ou polymères, a été signalée en proportion parfois considérable dansl'allaque
de certains carbures métalliques (uranium, fer, etc.) par l'eau ou par les acides. Pour
donner une idée de leur rôle tlieimocliiniique dans la réaction, je rappellerai que la
formation des carbures homologues par addition des éléments C H- H^ à un carbure plus
simple, dégage en moyenne environ 6'^'K Soit donc un carbure C'" H-p, formé depuis les
éléments avec un dégagement de chaleur Q; la formation d'un homologue, C"'"^"H^'/'"*'"*,
dégage environ Q -t- 6n. Si n est très grand, celte quantité tendra à se réduire à 6n.
Appliquons celle relation à la formation des carbures polymères de l'éthylène, les seuls
qui ne modifient pas la dose de l'hydrogène mis en jeu dans la réaction de l'eau ou des
acides pour former l'éthylène, la substitution de — C^"H'" à C'H* lend à remplacer,
pour n suffisamment ^rand, la chaleur de formation — 14'"') 6 de l'éthylène parla valeur
limite -H 12; ce qui ramène la formation du système — G^"H'"-(-2H^ depuis les élé-
ments vers le chiffre H- 6.
La formation des polymères ou carbures condensés de l'éthylène accroît donc la
chaleur dégagée, mais sans atteindre celle du formène.
C. K., .901. 1" Semestre (T. CXXXII, N« 6.) 38
( 290 )
est constitué par nn mélange de proloxyile, CeO, et d'oxydes supérieurs.
En effet, s'il )■ avait uni(;|uement formation deprotoxyde, on devrait obtenir
de l'acétylène pur
C* Ce -1- H= O = C= H^ -4- Ce O hydraté ;
mais dès qu'il se forme un oxyde supérieur, tel que Ce^O', ou plutôt une
combinaison de ce corps avec le protoxyde, il en résulte de l'hydrogène
excédent, qui se combine à une portion des éléments de l'acélyiène pour
fournir surtout du foruiène et, simultanément, quelque dose d'autres
carbures moins hydrogénés, composes spéciaux dont la formation est sans
doute corrélative de la condensation moléculaire de ces oxydes inter-
médiaires.
» Arrêtons-nous à ces résultats, qui montrent comment les produits se
compliquent, dès que les carbures métalliques ne fournissent plus, en
étant décomposés par l'eau, des oxydes de composition correspondant à
celle des carbures; a fortiori, si ces carbures eux-mêmes constituent des
mélanges, ou des composés polymérisés. Il suffira d'avoir établi la corré-
lation existant entre les propriétés chimiques et ihermochimiques et la
formation de l'acétylène, ou duformène, pour les carbures métalliques qui
ont été l'objet d'une étude approfondie et qui donnent lieu à des réactions
simples. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Observations sur la dissolution des métaux solides dans
le mercure et plus généralement dans les autres métaux fondus ; par
M. Bertiielot.
« Les physiciens ont souvent remarqué que le mot dissolution, appliqué à
la répartition uniforme d'un métal solide dans un métal liquide, le mercure
par exemple, n'était pas strictement assimilable à la dissolution, telle qu'on
l'entend d'ordinaire pour les sels ou autres corps composés dissous dans
l'eau. Les propriétés éleclrolyliques, notamment, sont tout à fait différentes.
C'est plutôt une sorte de désagrégation moléculaire, subie par le métal
solide, qui se délaye et se dissémine au sein du métal liquide, en contrac-
tant d'ailleurs avec lui certains alliages ou combinaisons définies, parfois
cristallisables.
» De lit résulte une sorte d'état mixte du métal ou de l'alliage, réputé
dissous : il constitue en réalité une sorte de mélange, demi-liquide,
demi-solide, disséminé d'une façon uniforme au sein de la masse métal-
lique principale, à la façon d'une émulsion. Il arrive même parfois qu'un
( 291 )
amalgame tout formé, après s'êlre redissous dans le mercure, s'en sépare à
la longue, à la façon d'un corps coaguhible. La solidification spontanée de
certains amalgames pâteux, employée par les dentistes et qui durcissent
au bout de quelque temps, peut être rapprochée également des phéno-
mènes de coagulation.
» L'action d'une petite quantité de mercure, pour pénétrer peu à peu
l'or, l'argent, le cuivre, le zinc, etc., les amollir, les gonfler, les désagré-
ger et les rendre fragiles, ne représente pas davantage un phénomène de
dissolution pro[)rement dite. Bref, parmi les effets -observés dans la réac-
tion d'un métal fondu, tel que le mercure, sur les autres métaux, il en
existe une multitude qui se rapprochent tant de la réaction de l'eau sur
les corps colloidaux, organiques ou minéraux, que des caractères des
émulsious, et qui ne répondent pas davantage à la notion d'un coefficient
défini de solubilité.
» La façon dont le mercure est éteint, amorti, par son mélange avec
un grand nombre de corps, offre aussi quelque chose de particulier. On
observe dans toutes ces circonstances «les modes multi|)les d'association
entre un solide et un liquide, accompagnés de modifications plus ou moins
considérables dans les tensions superficielles et les actions ca|)illaires.
» Si j'ai cru utile de préciser ces circonstances, c'est afin de rapjjelcr
que les données lliermochimiques de mes expériences sur les chaleurs de
transformation des états allotropiques de l'argent, et sur les chaleurs de
formation des amalgames d'argent, sont indépendantes de toute définition
relative à la constitution des prétendues dissolutions mélallicjues. En effet,
toutes mes expériences ont été exécutées en mettant un poids constantd'ar-
gent (2^') en présence d'un poids considérable, mais également constant,
de mercure (iSii^''), et en établissant avec le plus grand soin une dissémi-
nation uniforme et homogène de l'argent, dissous ou combiné au sein delà
masse mercurielie. Dans ces conditions, il est essentiel d'observer que,
l'état final étant absolument identic|ue pour tous les systèmes, la chaleur
dégagée exprime rigoureusement les différences d'énergie entre les états
initiaux des divers corps mis en expérience. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la précession. Extrait d'une Lettre
de M. O. iÎACKLUxD à M. Poincaré.
« Je vous suis très reconnaissant pour avoir a|)pelé l'attention sur
l'erreur commise dans ma Note sur la précession. En effet, il m'avait
( 292 )
échappé que, par des approximations successive-:, le SHCond terme du
membre droit dans
—~ = as\n{at + e) + a(f, + <>„ ) cos(a/ + i) — aVfV^ sin(a^ -)- e) . . .
donne naissance à un terme
-f- aVf t'o sin(a/ + a),
ce qui réduit v^ à zéro (au moins aux quantités d'ordre supérieur).
» Cette erreur élémentaire m'appartient exclusivement.
» Dans votre Note vous considérez l'équation
— = aecos(rti -H r„) + o sin/;/.
Gyldén considère au début des approximations l'équation
j-r = ai cos{nt + l'o) ««* siu(«/ -+- f„ j — 7^^^ cos(nf -+- v^) -+- b s\npt,
et parvient à déterminer v^^ dans
h
» T>a valeur de p^ ainsi déterminée est évidemment beaucoup plus petite
a'
que — r-
» Gyldén dit expressément qu'il est même inutile, pour la détermination
de Pj, de partir de l'équation, où l'on a négligé la deuxième et la troisième
puissance de i. C'est justement ce que vous avez démontré.
M Je serais très reconnaissant, si vous vouliez bien faire insérer ces lignes
dans les Comptes rendus. Je le dois à la mémoire de Gyldén. »
MÉCANIQUE. — Sur les chaleurs spécifiques des fluides dont les éléments
sont soumis à leurs actions mutuelles. Note de M. P. Duhem.
« Considérons nn fluide dont les divers éléments sont soumis aux actions
très générales définies dans notre Mémoire Sur le potentiel thermodyna-
(=•93)
mique et la pression hydroHatique ('). Cnmme dans nos Notes précé-
dentes (*), gardons les iiot;itions de ce Mémoire.
» L'entropie S(p, T) dm d'un élémentde masse dm est déterminée par la
formule
(t) esCp.ï)^-^!-^
La chaleur dégagée dans une modification quelconque par l'élément dm
est, en supposant nulle la viscosité.
(2) dq^- TdS=U^h? + Ç:M)^lrn.
E\dzdT^ ' àT-
n La chaleur spécifique à densité constante est donc
(3) c(p.T) = -,,— ^-.
Si nous adoptons le postulat de Helmholtz, cette chaleur spécifique est
positive, en sorte que nous avons l'inégalité
(4) Ij, < o.
» Isolons l'élément dm. Supprimons les masses, directement en contact
avec lui, qui lui imposent des liaisons; mais, au moyen de corps non coa-
ligus à l'élément dm, restituons sa valeur primitive à l'action A(p)dm qui
s'exerce sur cet élément. Pour conserver à cet élément son état de repos
ou de mouvement, il faudra le soumettre à une pression normale et uni-
forme n, donnée par l'égalité
(5) 11 + p^[a(p)-^]=o.
» Maintenons la température T constante et faisons croître 11 de Sn ;
p croît fJe (^ ) ^n. Si nous posons
(6) J = p[.|-.A + p(
à?'- d?
(') Annales de l'École Normale supérieure, 3° série, l. X, p. i83; 1898.
(') Comptes rendus, séances du 21 janvier et du 4 février 1901.
( 294 )
nous aurons
« Mais pour que le fluide puisse être en équilibre stable, il faut que l'on
ait(<)
(8) .I>u
et, par conséquent,
(â),>-
» Maintenons la pression n constante et faisons croître la température T
(le ST; p croît de ( -^ ) ^T. Si l'on observe que A ne dépend pas deT,
l'égalité (i) donne
y^> \dT)n ~ J 0?ô'Y'
» Dans ces conditions, le système dégage une quantité de chaleur que
l'on obtient en remplaçant, dans l'égalité (2), Sp par ( "tj ) '^T. On a
donc
rfQ^-CâT./m avec t) = " |[^f (^T)n+ ^J
ou bien, en vertu des égalités (3) et (9),
('o) C = c^p, 1)^Ë j[ ^p^T J-
Celle chaleur spécifique sous pression constante C n'est pas une simple fonc-
tion de p et (le T; par l'intermédiaire de J, qui dépend de l'action A, elle
dépend de la nature, de la densilé, de la disposition des diverses parties du
fluide qui sollicitent l'élément dm.
» L'inégalité (8) entraîne celle-ci
(u) C>c(p, T).
(') Journal de Mathématiques pures et appliquées, 5' série, t. III, p. 174, con-
ditioQ (63).
( 29& )
En tout point d' un fluide en équilibre stable, la chahur spécifique sous pression
constante est supérieure à la chaleur spécifique à densité constante.
» En vertu de l'égalité (2), une modification adiabatique est en même
temps isenlropique. En une telle modification T, H, p, varient de ST. Sn,
et, selon (5),
Ces égalités donnent, en premier lieu,
dT- J UpdlV
on bien, selon (3), (7) et (10),
» Cette relation est l'extension du théorème de Reech au cas qui nous
occupe; elle démontre que (^ê) est une quantité positive.
» Les égalités (3), (9), (12) et (i3) donnent, en toute modification
adiabalique,
Le rapport de l'accroissement de température à l'accroissement de pression
est de signe contraire ^ ( 3^^ ) • Cette relation est l'extension, au cas qui
nous occupe, d'une relation de Joule.
» Ainsi toutes les lois que l'on démontre, en Thermodynamique élé-
mentaire, pour un fluide soumis à une pression normale et uniforme,
s'étendent à un fluide dont les éléments exercent les uns sur les autres des
actions quelconques, newtoniennes ou non. »
( 296 )
CORRESPO^ÎDANCE.
La Société italienne des Sciences (dite des XL), I'Académie pontifi-
cale DE! Ni'ovi LixcEi, I'Académie royale des Sciences physiques et
mathématiques de Naples adressent à l'Académie leurs profondes condo-
léances à l'occasion de la mort de M. Uermite.
M. le Seckétaike perpétuel signale, |>armi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Volume intitulé : « Etienne Geoffroy Saint-Hilaire;
Lettres d'Egypte », publiées par M. £".-7. Hamy. (Présenté par M. Albert
Gaudry.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sitr la photographie de la couronne solaire
dans les éclipses totales. Note de M. H. Deslandres, présentée par
M. Janssen.
« Cette Note décrit les observations sur la pholographie de la couronne
solaire dans l'écIipse tolale du 28 mai 1900, faites à Argamasilla (Espagne),
et complète sur ce point une Note précédente (Comptes rendus, juin 1900)
qui relate les résultats généraux obtenus dans diverses directions. De plus
elle présente quelques idées nouvelles sur les moyens d'avoir le mieux
possilile les détails faibles de la couronne, tels que les grands rayons
caractéristiques.
» Les pbolograpbies de la cour<inne peuvent se diviser en éjireuves à
petite et à grande écbelle. Les premières donnent la structure générale,
mais sont relativement peu utiles, puisque cette structure est maintenant
connue à l'avance. Les grandes épreuves sont plus intéressantes, car elles
montrent les divisions de la couronne et se prêtent à l'étude des relations
encore indéterminées entre les jets coronaux et les détails de la surlace
même du Soleil.
» Cependant l'observatoire de Meudon n'avait pu mettre à ma disposi-
tion les gratuls objectifs de sa collection. J'ai dû me contenter de trois
petits objectifs, à savoir : 1° un objectif de i"',io de dislance focale et
de i™,io d'ouverture (rapport d'ouverture j'-), de bonne qualité optique,
dû à M. Mailhal; 2° un objectif de o™,4o de distance focale et de o™,o4
( ^97 )
de diamètre (rapport d'ouverture y^); 3" un objectif de o"',3o de distance
focale et de o",o6 de diamètre (rapport d'ouverture |).
» Pour avoir les détails de la couronne et les faibles rayons coronaux,
j'ai pris les dispositions spéciales suivantes : («) Les objectifs emplovés
sont tous à deux verres seulement, les objectifs à quatre verres de la pho-
tographie ordinaire avant été a priori mis de côté. (/>) J'ai évité de même
à dessein l'emploi, si commode à certains égards, du miroir auxiliaire des
sidérostals et cœlostats. et aussi l'emploi des objectifs d'agrandissement,
bien qu'il fùl tentant d'aue;menter le diamètre très petit des images, (c) Les
objectifs ont reçu directement la lumière du ciel, et j'ai placé au foyer
même de l'objectif les plaques qui étaient, il est vrai, des plaques
lentes à graia fin susceptibles de subir ultérieurement un fort agrandis-
sement.
» Avec l'objectif Mailhat de i'", lo, on a emplové quatre plaques succes-
sives avec les poses croissantes de une seconde, quatre secondes, huit
secondes, trente secondes. Les plaques étaient des plaques Illford à pro-
jection (tons noirs), donc très lentes; mais l'élévation de la station et la
pureté de l'air le jour de l'éclipsé diminuaient l'inconvénient de leur faible
sensibilité.
» Avec la chambre de o",4o, la plaque a été recouverte d'un verre
jaune foncé, qui laisse passer surtout les rayons jauiies et verts. Pose :
soixante-dix secondes, soit pendant la totalité presque entière. Plaque
isochroniatique Edwards. La chanibre deo",3o avait été traitée de la
même façon, avec la difierence que le verre jaune était remplacé |)ar un
verre rouge. Ce dernier absorbait les rayons les plus actifs, mais la grande
concentration de lumière de l'objectif devait y suppléer.
» Bref, les trois objectifs donnaient trois séries d'images, la première
formée par les rayons ultra-violets, violets et bleus, la seconde par les
rayons jaunes et veris, et la troisième par les rayons rouges.
» Les résultats obtenus, avec l'aide de M. Burson, assistant astronome,
sont les suivants :
» Les quatre épreuves de l'objectif de i^.io avec plaques de projection
sont très nettes. La première, obtenue un peu après le deuxième contact,
offre bien dégagés le croissant chromospbérique à l'est et les protubérances
du sud-ouest. Les trois suivantes montrent des couronnes de hauteurs
croissantes, avec les divisions des jets depuis la couronne intérieure. Sur la
dernière certains jels atteignent la longueur de deux diamètres solaires.
Ces épreuves, d'ailleurs, peuvent être agrandies au moins trois fois plus
C. K., iç,oi, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 6.) 3g
( 298 )
que les épreuves sur plaques rapides, adoptées en général par les observa-
teurs d'éclipsé.
» La plaque de l'objeclif de o'",/io à verre jaune donne une image qui
rappelle, njieux que les précédentes, l'aspect de la couronne vue à l'œil
nu; elle présente des jets plus longs que les épreuves de l'appareil précé-
dent. Quant à la plaque avec verre rouge, elle a été manquée, le verre
rouge avant été cassé un peu avant l'éclipsé; mais j'ai des raisons de croire
que, avec une pose suffisante, elle aurait donné des jets encore plus éten-
dus que toutes les autres épreuves.
» Les résultats .sont, d'une manière générale, satisfaisants. Or les idées
qui m'ont conduit à ces dispositions spéciales sont générales, applicables
à toutes les éclipses, et nouvelles sur certains points. Je les résume briève-
ment :
» La couronne offre à la fois des parties très intenses près du bord
•solaire et des parties très faibles du côté opposé, en particulier dans les
jets caractéristiques. A priori donc, il est bon d'employer des plaques
lentes qui ont l'avantage d'avoir une écbelle étendue de tons et de se prê-
ter aux nuances délicates.
» Les parties les plus faibles sont peut-être les plus intéressantes. Or
elles ont à lutter contre un ennemi que l'on rencontre plus ou moins fort
dans tous les appareils d'optique, et qui est la lumière diifuse de l'appa-
reil. C'est pour diminuer cette lumière diffuse qu'on a évité les miroirs
auxiliaires, les objectifs à quatre verres, les objectifs d'agrandissement (').
» Enfin une autre sorte de lumière diffuse intervient : c'est la lumière
diffuse du ciel, souvent notable, en particulier dans les éclipses qui,
comme celle-ci, ont une faible durée. Elle a pour origine la diffusion de la
lumière coronale dans les couches d'air au-dessus de l'observateur, et en
plus la diffusion de la lumière du disque central dans les points élevés et
éloignés de l'atmosphère au nord et au sud de la zone de totalité.
»■ Or cette lumière diffusée est relativement très intense dans l'ullra-
violel, et diminue rapidement lorsqu'on remonte vers le jaune, le rouge
et l'inlra-rouge. On peut ainsi expliquer pourquoi les jets coronaux
observés à l'œil sont plus longs que sur les plaques. C'est pourquoi j'ai été
amené à placer devant les plaques des écrans jaunes et rouges; j'ai voulu
ainsi diminuer la lumière du ciel, et faire mieux ressortir les rayons coro-
(') Ces précaulions n'ont plus la même importance pour les détails de la chromo-
sphère et de la couronne intérieure.
( 299 )
naux. Dans cet ordre d'idées, une plaque impressionnée par les rayons
infra-rouges seuls serait encore plus avanlageuse (' ).
» Les dispositions précédentes sont donc à recommander dans les
éclipses prochaines. En terminant, je remarque que les règles exposées
récemment pour la reconnaissance de la couronne en dehors des éclipses
s'appliqnent aussi, pour les mêmes causes, à la photographie de la cou-
ronne dans les éclipses. »
ASTRONOMIE. — Sur la théorie des satellites de Jupiter. Note
de M. J.-J. Landerer, présentée par M. Janssen.
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie la suite de mes observations
poursuivies depuis plusieurs années dans le but de connaître jusqu'à quel
point la Théorie du regretté Sonillart s'accorde avec les faits. La plupart de
ces observations ont été faites par des circonstances atmosphériques irré-
prochables, condition essentielle surtout lorsqu'il s'agit des passages des
ombres, qui réclament des images tranquilles pour bien saisir leur contact
intérieur avec le bord de la planète. J'ajoute maintenant quelques obser-
vations se rapportant à une époque antérieure à celle de la présente série,
et qui, sans entraîner le degré d'exactitude que leurs congénères, peuvent
néanmoins être assez utiles, l'incertitude dont sont entachées les demi-
durées qui en découlent n'atteignant jamais deux minutes.
» L'accord entre l'observation et le calcul continue à être assez satisfai-
sant, ainsi que le montre le Tableau qui termine ce travail, et il le serait
davantage encore si l'on eût pu modifier un peu les nombres t, s", i" (no-
tation de Souillart); malheureusement, cola n'est pas chose facile, et, tant
qu'on n'aura pas obtenu des valeurs nouvelles des éléments elliptiques, il
faudra prendre ces chiffres tels qu'ils résultent des données de Damoiseau.
(') On a émis l'opinion que la couronne avait un faible rayonnement infra-rouge,
en se basant sur certaines ressemblances avec les étincelles électriques et sur la faible
émission de chaleur des tubes de Gessler. A mon avis, ce rapprochement est juste
pour la chromosphère, mais non pour la couronne. La chromosphère a le spectre d'un
gaz, à savoir des raies fines intenses et un spectre continu faible. Dans la couronne,
c'est l'inverse; le spectre continu est intense et les raies gazeuses faibles. On a le
spectre de particules liquides ou solides, lequel, en général, est riche eu rayons infra-
rouges. Même le rayon le plus intense peut être infra-rouge, auquel cas la photogra-
phie avec les rayons infra-rouges seuls a des avantages encore plus marqués.
( 3oo )
» An sujet de chaque satellite en particulier, quelques remarques sont
ici nécessaires. Relnlivemenl au premier, l'accord dont il est question ne
l.'Hsse presque rien à désirer. Il devient moins frappant pour le deuxième,
ce qui tient non seulement à la théorie elle-même, mais bien plus à l'appa-
rence douteuse que son ombre présente quand elle se projette sur le fond
brunâtre des bandes équatoriales. C'est aussi à cette cause qu'il faut attri-
buer le nombre très limité des observations utiles concernant ce petit
corps. Quant au troisième, il est aisé de voir que la différence à allure sys-
tématique que j'avais signalée dans une Note précédente (') se dessine de
plus en plus, et tout porte à croire qu'elle deviendra surtout sensible
vers xgoS, par suite de la proximité du maximum d'inclinaison de l'orbite
du satellite.
» Bien qu'en faible mesure seulement, les divergences qui ont rap-
port aux éclipses peuvent encore procéder d'une cause physique. Je veux
parler de l'action absorbante de l'atmosphère entourant la planète et dont
l'effet est si apparent vers les bords, car il se peut que, en vertu de la pré-
sence d'un tel milieu, tout ne soit pas exclusivement géométrique dans ce
monde lointain. Tant que l'action de ce milieu restera inconnue, on ne
pourra donc songer à établir sur des bases rationnelles l'accord parfait que
l'on poursuit.
» Dans la liste suivante, les demi-durées se comptent en minutes et se-
condes et sont inscrites par ordre de latitude croissante. Je dois faire re-
marquer en terminant que dans leur calcul il m'a fallu revenir à la valeur
de 3 14''46' 1 6" assignée à la constante y, de SouiUarl, au lieu de Si/jViô'io"
que j'avais autrefois adoptée en vue de rendre plus complet l'accord de
mes observations précédentes. I^e poids de la nouvelle série en résulte
ainsi légèrement modifié, mais en revanche on fait ressortir sous un nouvel
aspect l'influence de cette constante sur les résultats théoriques obtenus.
» Le quatrième satellite semble, au premier abord, défier toute ct)ncor-
dance, mais en examinant les choses de plus près, on conviendra sans peine
que les nombres déduits de l'observation approchent beaucoup de ceux qui
se plieraient sans difficulté aux résultats théoriques, pourvu que l'on ait
égard au degré de précision qu'entraîne le calcul de la latitude, et au rôle
prépondérant que cet élément joue dans les demi-durées observées loin des
nœuds ou par des circonstances astronomiques aussi rares que celles où
eut lieu le passage de l'ombre le 25 janvier 1895 (-). On remarquera, en
(") Comptes rendus, t. CXVIII, p. 280.
C) Comptes rendus, t. CXX, p. 248.
( 3oT )
outre, que les écarts qui se rapportent aux phénomènes rie ce genre sont
(le signe contraire à cenx des éclipses, ce qui [îroAient, au moins en jiartie,
d'une variation du rayon vecteur qui mériterait une étude particulière.
Passages des ombres.
Demi-durée.
Connaissance
Différences
Satellite.
Date.
Calculée.
Observée.
(les temps.
cale. obs.
I.
1895 nov.
6.
m s
66.35
m s
6S. 0
m s
69.30
m s
— 1.25
1.
1883 mars
29.
66.45
<-. 0
- 0..5
I.
1893 mars
23.
65.46
tjG . 07
68. 3o
— 0. II
I.
1893 janv.
20.
65.43
6,") . 3o
68
-+- o.i3
I.
1894 duc.
'9-
65. 4 1
65.24
68
-1- 0. 17
I.
189i nov.
to.
65. 10
65.20
68
— 0. 10
I.
1899 avril
3o.
63.17
64.12
66
— 0.55
II.
1896 avril
1 .
84.27
86.40
88
— i.i3
II.
189.Ï févr.
3.
76. 5
75.47
80
-h 0.18
II.
1899 avril
29.
70. 4
66.56
70
-4- 3. 8
III.
1897 janv.
3.
I 02 . 56
io5.5o
109
- 2.54
III.
1897 févr.
8.
102. 23
104.26
loS
- 2. 3
III.
1893 mars
16.
88.45
88. 6
92
+ 0.39
m.
188C fùvr.
27
84. .
84.35
— 0.34
m.
1891 duc.
27.
82.37
82.25
85. 3o
-+- 0.12
III.
1886 avril
1 1
81.18
81.10
H- 0. 8
m.
189'». nov.
21.
79.22
79- 8
82.30
4- 0. i4
m.
1886 mai
'7'
77-56
78.12
— 0. 16
III.
19(10 juin.
'7-
57.46
59- 7
63 . 3o
— 1.21
III.
1899 févr.
23
50.34
54.14
58
— 3.40
III.
1S99 mars
3i
44.39
49. 5
56
— 4.26
IV.
1886 avril
0
3o. 6
26.18
+ 3.48
IV.
1893 janv.
2.5,
27- 9
21 .3o
34. 3o
■+- 5.39
Éclipses.
lletni-durée
Connaissance
DilTérences
Satellite.
Date.
Calculée.
Ob-icivée.
des temps.
cale. obs.
II.
1894 sept.
'9
m s
72.59
m s
74 . 23
m s
73.41
m s
- 1.24
III.
1896 mai
1
io5.47
106.20
106.22
— 0.33
III.
1893 févr.
26
86.17
85.16
86. 5
+ I . I
III.
1894 oct.
27
75.25
75. 3
75.30
-H 0.22
III.
1898 mai
9
71.19
.73.42
7«-i9
— 2.23
III.
189!» juin.
i3
4o 18
42.47
43.33
— 2.29
IV.
1896 avril
0
10
137.32
i39.3o
135.59
- 1.58
IV.
1893 nov.
122.21
127. 5
126. 4
- 4.44
( 302 )
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Une classe nouvelle de surfaces algébriques
qui aibm tient une déformation continue en restant algébriques. Note de
M. D.-Th. Egorov.
« 1° Considérons une surface lélraédrale du dix-huitième ordre pour
laquelle les coordonnées cartésiennes x, y, z sont définies en fonction de
deux variables u, v par les expressions suivantes :
x = k^{u — s,)-{<.' — s,)-,
I ^ 1
' z = A^iu — s^yÇc — S:,)-.
n L'élimination des paramètres u, v conduit à l'équation bien connue
2 2
» Les courbes u = const., c = const. tracent sur la surface considérée
un système conjugué, car les trois coordonnées x, y, z satisfont à une
même équation linéaire (')
... . . d'f) 3 dO 3 de
V '' '' du av 1 du 2 di'
» En différentiant li\s formules (i), on obtient aisément l'expression
suivante de l'élément linéaire
I r/5-= |[(«s''' — 3a, r- + "ia^v — a-:^)u — a, r^ + "ia.v- — jrtsC -i- «J (/«-
(4) I + Y" [a„ a- V- — 2 rt , Hc (h h- ^') + ûfo («^ + 4 uv + c'- ) — ■2a^{u + v)-ira^ du dv
I 4- i'[(a„u' — 3rt,jr -+- 3^2" — «3 V — «,;<'+ SrtoU^ — 'Sa~^u + a,J r/^-^,
où l'on a posé
(5) 2A^ = a„, 2A:5, = «,, 2A^5; = a,. I\;^; = a3. iA;5; = «,.
» Réciproquement supposons l'éléineut linéaire défini par la formule (4)
(les constantes a,- ayant des valeurs fixes quelconques) et proposons-nous
de déterminer toutes les surfaces lélraédrales définies par des formules
(') Cf. Darboux, Leçons sur la théorie générale des surfaces, t. 1, p. 142.
( 3o3 )
telles que (i) et admettant l'élément linéaire donné. Le problème posé se
ramène, en définitive, à la détermination des six quantités A,, *, vérifiant
les équations (5). Comme ces équations sont au nombre de cinq, on obtient
évidemment une famille simplement infinie de surfaces tètraèdrales ajiplicables
les unes sur les autres avec conservation du système conjugué u ■= cowsi.,
('zziconsl. Toutes les surfaces de la famille s'obtiennent par une défor-
mation continue de l'une quelconque d'entre elles.
» I.a détermination de ces surfaces peut être ramenée à la résolution
d'une équation cubique dont les coefficients dépendent linéairement d'un
paramètre arbitraire. Posons, en elfet,
(6) {s — s,) (s — s..)(s — s^) = (p(5) = s^ -h b , s- -+■ b^s ■+- b.j.
En prenant la somme des quatre premières équations (5) multipliées res-
pectivement par 63. 62. b,, I et en opérant de même sur les quatre der-
nières, il viendra
(7) a^b.^ + n,b.^ + a.,b,-h 03 = 0, a,b^-h a.,b.,-\- a^b, -h a^ = o.
Désignons par B,, Bo, B3 un système quelconque de valeurs des quan-
tités è,, b.,, b.^ vétifianl les équations (7); les solutions générales de ces
équations seront de la forme
(8) b,=h,-+a(a„a, — a'i), b., = \i.,+ r,[a^a„ — a^a^), b^ = ]i^-\-r,(^a,a,, — ài),
où l'on a désigné par a un paramètre arbitraire. Les quantités 5, sont les
racines de l'équation cubique (p(i) = o dont les coefficients dépendent
linéairement du |)aramètre a. Cette étpialion étant résolue, on tire les
quantités A,- du système (5), cpii est linéaire par rapport aux carrés A', et
le problème s'achève sans aucune difficulté.
» 2° Revenons à l'équation (2). La surface correspondante étant sup-
posée connue, les six quantités A,-, 5, ne sont pas complet einent déter-
minées. En approfondissant cette observation, on reconn:iîlra aisément
que sur chaque surface tétraedrale (2) il existe une infinité (00') de sys-
tèmes conjugués différents correspondant à des formules de la forme (i).
En comparant ce résultat au résultat obtenu précédemment, il viendra
qu'««e surface tétraedrale du dix-huitième ordre (2) est applicable sur une
infinité de surfaces de la même espèce depeniant de deux constantes arbitraires.
M 3° D'après un beau théorème de M. R. Peterson ('), on peut déduire
(') Recueil Mathématique de Moscou, t. I.
( 3o4 )
d'une fimiille quelconque de surfaces applicables les unes sur les autres
avec conservation d'un syslème conjugué une infinité de familles nou-
velles de la même espèce. Appliquons ce théoième à la famille de surfaces
tétraédrales signalée au numéro i". En désignant par x, y, z les expres-
sions (i) des coordonnées relatives à cette famille (et par suite dépendant
du paramètre arbitraire c), posons conformément au théorème cité :
(9)
d.x^ dx 6)>', dy d:-t à:
-—^=m^-, —!-=rn-/-> -^=m^,
du du ou du au du
dx, dx dy, _ „ ày dz, _ ^ àz
dv ov dv ai' oi' «('
» L'élimination de a-,, y,, z, conduit à une même équation de I^aplace
pour les trois coordonnées x, y, z, et comme cette équation ne peut pas
être distincte de l'équation (3), il viendra
, . . -. dm , ^dn 2> , ^
(lo) (u - v)^ = („ _ p)_ = -Jm - n).
» Le syslème (lo) est équivalent au système suivant
V / du di' ^ ' dudv 2 du 2 di'
et l'on est ramené à l'intégration de l'équation bien connue E( -> -) d'Euler.
Ch;ique solution particulière de cette équation conduit à une famille dé-
terminée de surfaces a p|>licables; les coor.lonnéeso;,, y, , :;, relatives à celte
famille s'obtiennent par des quadratures en vertu des équations (9). En
désignant par C, §, CJ les coefficients de l'élément linéaire (4). on aura
évidemment
(12) dx\ + dy\ 4- (lz\ = wi- ^' dii'^ -\-'2 mn 3? du dv 4- «^ (| dv- .
» L'équation E(-) -) admet une infinité de solutions entières ('). Les
familles de surfaces applicables correspondant à ces solutions particulières sont
composées exclusivement de surfaces algébriques. »
(') Cf. Dakboux, Leçons sur la théorie générale des surfaces, t. II, p. 57.
( 3o5 )
ANALYSE INFINITÉSIMALE. — Sur ce/ laines transformations de Bàcklund.
Note de M. Clairik.
« Je me propose d'abonl de compléter un résultat que j'ai indiqué dans
une Noie antérieure (') et que je rappelle : étant donnée, avec les nota-
tions ordinaires, une équation aux dérivées partielles tin second ordre
Y(x, y, z, p, q, r, s, i ) = o, admettant un système (C) de caractéristiques
du premier ordre, il existe une infinité de transformations définies par
c|ualre équations de la forme suivante :
^' ^/.C^'J' z,p,q;z'), y =f.i{x, y, z,p,q;z').
(T ) ' P'^/aC'^'^' -'/''?'-')' 9'=/t(^'7'-'/''y'^')'
et telles que l'équation proposée dérive de l'une quelconque de ces trans-
formations. Nous dirons que ces transformations sont déduites du système
de caractéristiques (C).
» Cela posé, soit (Tj) une seconde transformation, déduite du sys-
tème (C), qui ne se ramène pas à (T,) par une transformation de con-
tact :
^ x"=':^,{x,y,z,p,q;z"), y" = <f.,(x, y, z,p, q; z"),
' p"=03{x,y,z,p,q;z"), q" =<f^(x, y, z,p, q; z"),
il est aisé devoir que les coordonnées (x , y, z',p',q' ), (^x" , y" , z" ,p" ,q")
de deux éléments correspondants satisfont à quatre relations
TA.,{x',y,z,p,q'\ x",y',z",p",q") = o,
.qx ; ^i{x',y,z',p',q'; x",y,z",p%q"):^o,
' H, (a-', y, z',p', q'; X", v", z",p", q") = o,
HjCa?', y, z',p',q' ; x" ,y" ,z", p" ,q") = o.
» En particulier, si (T,) et (T,) sont des transformations de Bàcklund,
(0) csl également une trunbloimalion de Bàcklund.
» Je considère maintenant les transformations de Bàcklund qui font
(') Comptes rendus, 5 février 1900.
C. R., 1901, 1" Semestre (T. CXXXII, >° 6.) 4o
( 3o6 )
correspondre une à une les intégrales des deux équations transformées :
j'ap|)ellerai ces transformations, transformations de Bâcklund de première
espèce, ou, plus simplement, transformations (B,). Je ne m'occuperai ici
que des équations qui possèdent deux systèmes distincts de caracté-
ristiques.
» Soit
(e) V{x, Y,z,p,q,r,s,l) = o,
une équation du second ordre qui admet deux systèmes de caractéris-
tiques (C) et (r), soit
{i) , Y'(x',y,z',p',q',r',s',t') = o,
une équation qui correspond à (e) par une transformation (B,), soient
enfin (C) et (T') les deux systèmes de caractéristiques de (s"), (C) cor-
respondant à (C) et (r') à (r).
» Si, relativement à (e), la transformation est déduite du système (C),
relativement à (e') elle sera déduite du système (F').
» A tout invariant d'ordre A(^^ 2) du système (r) correspond un inva-
riant d'ordre k — i du système (F'); à tout invariant d'ordre /(/>2)du
système (C) correspond un invariant d'ordre /+■ i du système (C).
» Si (C) admet un invariant du premier ordre, r = const., cet invariant
se transformera en un invariant du second ordre de (C), à moins que (s)
n,e soit de la forme
(i) s + qg{x,y, z,p, r) -h h(x,y, z.,p,r) = o\
si (r) possède un invariant du premier ordre, (e) est une équation de
Monge-Âmpère
(2) r -\-ms -\-M =^ o,
et l'invariant j' = const. se change en un invariant du premier ordre. J'ai
déjà étudié les transformations des équations (i) et (2) (' ).
» On démontre encore sans difficulté les deux théorèmes suivants :
» Si deux équations (e) et (e') se correspondent par une transforma-
tion (B,), les équations que l'on iléduitde (e') par une transformation de
contact, d'ailleurs quelconque, sont les seules qui correspondent à (e) par
une transformation (B,).
(') Comptes rendus, 9 avril 1900.
( -^"7 )
M Si deux équations se correspondent j3ar une transformation (B,) elles
admettent le même nombre de transformations de contact. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le ihèorèine (VHugoniot et la théorie des
surfaces caractéristiques. Note de M. J. Coulox, présentée par M. C.
Jordan.
« Dans une Note publiée dans les Comptes rendus (^^ ) , nous avons rat-
taché la construction de la surface d'onde connue sous le nom de principe
d'HuYgens à la théorie des surfiices caractéristiques. Eu partant du niènic
point de vue, nous nous proposons de retrouver les formules d'Hugoniot (^)
relatives à la propagation des ondes dans un fluide en mouvement. Nous
établirons tout d'abord le théorème général suivant qui contient ces résul-
tats comme cas particuliers :
I) Soit un système d'équations aux dèri<,ées partielles d' ordre quelconque et à
un nombre quelconque de variables indépendantes, définissant un mouvement.
On peut, sans aucune intégration, déterminer les vitesses de propagation des
ondes pour une direction déterminée.
» Four simplifior l'exposition, nous considérerons un système de deux
équations aux dérivées partielles définissant deux fonctions des variables
X, y et t. Désignons \ràrf(x,y, t) une surface caractéristique. Cette fonc-
tion satisfait à une équation homogène par rapport à ses dérivées partielles,
du premier ordre et de degré m par exemple,
/ \ l àf df ôf\
» Considérons une ligne dans l'esjjace E(a;, y, t), par celte ligne d
passera en général m surfaces caractéristiques satisfaisant à (i). En un
point particulier A(xg,yç,, /„) les normales à ces surfaces sont situées sur
le cône
(N) 9„.(X, Y,T):
et les plans tangents touchent le cône réciproque de (N), soit le cône (T)
(T) <Ï.(X, Y, ï).
(') Comptes rendus, p. io64; 17 avril igoo.
(') Journal de Mathématiques pures et appliquées, 4° série, t. III, p. 477, et t. IV,
p. i53.
( 3o8 )
Ces points rappelés, examinons la section de ces surfares parle plan T=/,.
On obtiendra dans ce plan m lis^nes correspondant à m fronts d'ondes.
D'après Hngoniot, les dérivées suivant les normales à ces lignes, prises en
snpposant t^ = const., représentent les vitesses de propagalion de chaque
onde.
» Pour les obtenir au point A(^„, y„, z„) considérons simultanément les
cônes (N) et (T) dont les sommets sont en ce point et les sections de ces
cônes par T = /,.
» Soit a la projection de A sur ce plan, et AM une génératrice de (N)
correspondant à la normale d'une surface caractéristique particulière. Le
plan tangent à cette surface est normal à AM ; il est coupé par le plan
T ^ <( suivant une droite A tangente à la section de (T) par ce même plan.
Si M désigne l'intersection de AM avec le plan T = /, la droite aM est per-
pendiculaire à A en m, le Iriangle /«AM est rectangle en A et a A est la hau-
teur relative à l'hvpoténuse. Or, la vitesse en A d'après Hugoniot est égale,
pour la surface considérée, à la tangente de l'angle akm et par suite à la
cotangente de l'angle aAM. On peut donc poser
V- ^.
~ «M
» Soient « et p les cosinus directeurs de aM dans le plan T = /,, et
posons /•:= flM. Les coordonnées de M seront, en supposant l'origine en A',
T = ^, X = ra, Y=:/|3.
Substituons dans l'équation de(N), on a
ç,„(/-a, /f, /,),
ou bien en divisant par r™ et remarquant que -f = V,
(2) q),(x, P, V) = O.
Celte équation en V donne pour la direction (ot, p) les vitesses relatives
aux m surlaces. La discussion de cette équation conduit à des renseigne-
ments intéressants sur la naiure des solutions du problème. Nous les déve-
lopperons dans un Travail ultérieur.
» Appliquons ce théorème aux équations de l'Hydrodynamique, nous
retrouverons les formules d'Hugoniot. Prenons d'abord les équations sous
la forme d'Euler. Soient «, c, w les vitesses fonctions de x, y, z, t, et tt la
( 3o9 )
pression et p la densité; la relation supplémentaire est par exemple
T. =/(p). On a pour l'équalion du cône (iN)
(^Y + u\ + v\ + wZy - ^(\» + Y'^ + Zn = o.
» Par suite, on aura
( V H- «a + r;i + M'Y)- — ^ = *^'
(I ou
(„^+,,riH-„,y)±^Jj^ (M.
» Avec la forme de Las;ran"P, nous dési^merons par a, b, c les coordon-
nées à /„ et par x, y, z les connionnées à /, ce sont des fonctions de a, b, c
et de t.
» Nous poserons
^-D{a,b,cy ^ - ]T-\ll){b,c)\ ^|(D)6,c)J ^lD(b,c)} \
D( .', :) D(y,:} ^ D(J,.t) D(z,j:) ___ D{x,y) D{a-,y)l
D(c,a) D(a, b)]'
î -— —
D(c, a) D(ff, b) ^ D(c, a) D(a, 6)
L'équation du cône (N) devient
T=-^(2Â*X-+2iL^'YZ) = o.
Par suite,
dp
/d7
c'est la formule donnée par Hugoniot, aux notations prè'^ {Journal de Ma-
ihêmatiques, p. i63; 1888).
)» Les élégantes formules données récemment par M. Duheni (-) sont
également des conséquences du théorème que jious avons démontré.
» En appliquant des raisonnements analogues aux équations de Lamé,
on retrouve la surface d'onde de Fresnel et les résultats relatifs à cette
surface. Les équations de l'élasticité conduis -nt également à des considé-
rations intéressantes.
(') Journal de Mathématiques, 1886, p. 489-
(-) Comptes rendus, séances du 21 janvier el du 4 février 1901.
(3io) ,
» C'est ce qui a déjà été signalé dans une Communication à la Société
des Sciences phvsiques et naturelles de Bordeaux, à la séance du 22 fé-
vrier 1900. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équations aux dèrwées partielles
du second ordre. Note de M. R. d'Adué.mar, présentée par M. Picard.
« 1° Dans le cas de deux variables, les équations linéaires du second
ordre se ramènent immédiatement à trois formes canoniques. Il n'en
est plus de même lorsque Ton prend plus de deux variables. Une première
classe d'équations à étudier est celle-ci :
(}■ Il v^ a- Il
H(« I : > — :, — > -— ^ = !• a-, y ).
V ^ Ojii ^ (Jri '- ' - ■
1 1
» Elle a fait l'objet d'une Note de M. Coulon (Comptes rendus, 19 mars
1900).
» M. Volterr.i (') avait fait antérieurement une très belle étude de
l'équation la plus simple de la classe
. , ^ (]- Il à- Il à- Il ., . ,
» J'ai cherclié d'abord à présenter l'analvse d'une manière plus simple,
puis à donner quelques résultats nouveaux. Je ne parlerai pas ici des
généralisations immédiates relatives à H(«).
» Voici d'abord une formule analogue à celle de Green :
(G) ffj]uA{.)^,A^u)]d.^fJ\u^ - .^)rfco,
(Wi (S)
« et c sont des fonctions admettant des dérivées des deux premiers ordres.
» W est un volume, 1 la surface frontière de ce volume. Enfin la nor-
male extérieure n à 1 ayant pour cosinus a, [3, y, la direction N a pour
cosinus : a, [î, (—y). La direction N, symétrique de n par rapport à un
plan parallèle au plan des (x,y), sera dite la conormale.
» M. Volterra met en évidence le rôle considérable que jouent les
('; Acla inathemalica. t. XVIII; 1894.
( 3m )
cônes parallèles aii cône
(A) .r^-^Y^-z- = o;
ces cônes font partie des Multiplicités caractéristiques ^e. M. Beiulon (voir
le Bulletin de la Société mathématique, en 1897). Cette connexité entre le
problème fie Cauchv et ceUii qui nous occupe est très intéressaute.
» On reconnaît de suite que la conormale en un point est In génératrice
de ce point. Si donc une fonction v(^x, y, z) est constante sur (a), sa co-
normale est nulle sur (A). Celte remarque nous permet d'éviter de longs
calculs.
» 2" Faisons l'intégration eiïective de A(m) = F, pour des données in-
térieures à un cône (A") de sommet (^x„,y„, z^).
» Soit S la surface portant les données : w, -tv! S étant limité au
cône (A").
» On obtient «(a-o, y„, z,,') par l'emploi d'une fonction v telle que
k{v) ^= o, nulle sur (A"), ayani pour singularité l'axe du cône (A"). On a
ainsi :
(,) u{.r„,y,,z,) = ±,J^^[fffv¥rh+ff(u^-/£^)do>'\,
(Wi (S) ^ ' "
OÎl
z'=.z- z„ n={.v- ,r„ Y -f- (y - .v„ f .
» J'ajoute une remarque importante. L'emploi de la conormale me
donne intuitivement un résultat que l'on [)ourrait sans doute, après quelques
calculs, déduire de la forme que M. Vol terra adonnée pour la solution (i).
» Si la surface S devient un cône (A* ), de sommet intérieur au cône (A°).
le fait de donner u sur (A') sii^t pour déterminer l'intégrale, puisque -^,
étant la dérivée de u dans la direction même de la génératrice, se déduit
des données.
» Ceci peut être regardé comme la généralisation du résultat bien connu
relatif à deux variables, que l'intégrale de l'équation
â*u d^-u „. ,
^-^=F(^, y)
( 3l2 )
est déterminée quand on donne les valeurs de n seulement sur les bissec-
trices des axes qui sont des Ciiracléristiques.
» 3" On peut ensuite se proposer d'intégrer A(m) = F, les données
étant relatives à une surface S qui tourne autour de l'axe du cône (A"),
limitée au cône et restant tout entière à l'extérieur du cône (A°). Ce cas
est tout différent du précédent. En considérant séparément deux régions,
dans le volume W d'intégration, la région située au-dessus du plan hori-
zontal du sommet de (A°) et la rég on située au-dessous, en prenant une
fonction auxiliaire v' dans la première région et une autre fonction v" dans
la seconde, par une combinaison très ingénieuse, M. Volterra obtient une
condition de possibilité. Il est peut-être plus simple de procéder de la
manière suivante : Prenons une fonction v nulle sur le cône (A°) et n'ayant
pas de singularité dans le champ ( W) extérieur au cône, l'application de
la formule (G) donne une couilition, savoir :
(c) ///..Frf.+/7-(,4_„^i)rf„=,,
si l'on pose
r. - z^=z\ r-={x -CL-^)-+[y - Y„Y,
avec
-(v/'-S)-
V ^ — '1 arc sm
» Cette condition se présente ainsi sous une forme très symétrique et
très simple.
» Je me réserve de revenir sur ces questions, en particulier sur l'inté-
gration, par la méthode des approximations successives de M. Picard, d' s
équations :
d'^ u d^ u à^ii du , du du , .■
ox^ av ():■- àx dy d: •'
où a, h, c, d, f sont des fonctions de x, y, z.
» Il semble que l'intégrale sera déterminée dans les mêmes régions que
précédemment et que les cônes (A') seront encore les surfaces exception-
nelles pour lesquelles la donnée de u est nécessaire et suffisante. »
(3,3)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les foimes linéaires aux dérivées partielles
d'une intégrale d'un système d'équations différentielles simultanées qui
sont aussi des intégrales de ce système. Note de M. A. Buhl, présentée
par M. P. Appell.
« Le théorème de Poisson, d'après lequel la forme aux dérivées par-
tielles représentée symboliquement par (a, p) est une intégrale d'un
système d'équations canoniques si a et p sont deux intégrales de ce sys-
tème, malgré les nombreux cas discutés, notamment par Joseph Bertrand
[Mémoire sur l'intégration des équations différentielles de la Mécanique
(Journal de Mathématiques, p. SgS; 1 832)], où ledit théorème ne fournit
qu'une constante ou une fonction d'intégrales déjà connues, reste pourtant
l'un des plus beaux du Calcul inlégral.
» Il n'est pas impossible d'imaginer qu'il serve tel qu'il est, quoique
indirectement, pour les systèmes autres que les systèmes canoniques,
ceux-ci pouvant toujours se ramener à la forme canonique, comme cela a
été établi par Liouville et récemment, à l'aide d'une méthode beaucoup
plus profonde d'ailleurs, par M. G. Rœnigs (Comptes rendus, p. 8^5; 1895^.
» M'étant proposé une recherche inverse, j'établirai d'abord ce
théorème :
M Étant donné un système d'équations simultanées, tel que
où les X sont des-fonctions quelconques des x, il existe r fonctions Y, , Y,, .... Y^
des variables x telles que si <t> est une intégrale du système en question, la
forme linéaire
y Y, ^ =. Y. -f- + Y.|î + . . . + Y.^,
/=i
en est une autre.
» En effet, on doit alors avoir les deux égalités
/=1 1=1 \/=l
» Dérivant la première de ces égalités par rapport à ar,, multipliant
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 6.) 4l
( 3i4 )
par Y, et additionnant les égalités ainsi obtenues pour toutes les valeurs
de i, il vient
V vVy ^- ^ ^ y X -i:*-^ - o
et retranchant cette dernière de la seconde (2) développée, il vient
iiiK-.a-^.Sf)-.
i=i y=i
ou
; = '•
■^^ axj \ oxi oxi - ox« - ox^ ox,. dx,. J
» On voit que si l'on pose le système des /•équations aux dérivées par-
tielles
(x ^^: + X,^+... + X ^ = Y ^^Y,^ + . -hY^
{ (y=i,2, ...,r).
il définit, d'une façon complètement indépendante du choix de l'intégrale $,
les r fonctions Y dont j'ai parlé et que j'appelle les fonctions adjointes des
fonctions X.
)) L'intégration du système (3) est un problème connu, assez simple
d'ailleurs, mais qui exige l'intégration préliminaire du système (i). A ce
point de vue, il semble que la considération des fonctions adjointes ne soit
d'aucun secours pour l'intégration d'un système donné à l'avance, mais il
n'est pas utile en général de connaîlre les fonctions adjointes les plus gé-
nérales. De simples solutions particulières du système (3) peuvent servir.
Tel est, par exemple, le cas des équations canoniques, dont un système de
fonctions adjointes dépend de la connaissance d'une seule intégrale. On
retrouve ainsi le théorème de Poisson.
» C'est encore le cas pour certaines éc[a3i\\on^ pseudo-canoniques qui se
rencontrent fréquemment en Mécanique célcale et que j'appelle ainsi
à cause de leur analogie de forme avec les équations canoniques.
» Mais il y a plus. D'après la symétrie du système (3) on voit que : si les Y
sont des fondions adjointes des X, réciproquement les X sont des fonctions
adjointes des Y. Donc, si un système tel que (i) est intégré et que l'on
( 3.5)
forme ses fonctions adjointes, on aura un système
dxi dx, dxy
yT ~ y; = y7
tel que si <I) en est une intégrale, l'expression
' dxi ^ dxi ' ' '' dx,-
en est une autre.
» Je me propose de développer prochainement ces résultats, ainsi que les
applications qui en découlent, dans un Mémoire plus étendu. »
MÉCANIQUE. — Sur les voûtes en arc de cercle encastrées aux naissances.
Note de M. Ribière, présentée par M. Sarrau.
« Soit un cylindre à section annulaire de rayons To etr, , que je suppose,
pour réduire le problème à deux dimensions, de longueur indéfinie, et
dont la section est divisée en parties aliquotes, d'ouverture 2(p,, toutes
soumises aux mêmes efforts extérieurs, distribués dans chacune d'elles
symétriquement par rapport au plan méridien moyen. Sous l'effet de ces
charges, il se produit dans la section droite, à la fois quant aux déplace-
ments et aux efforts élastiques, des ondulations de période 2(p, . Ces dépla-
cements et efforts sont représentés, avec les notations de Lamé, par les
séries suivantes, données dans ma Note insérée au n° Il des Comptes
rendus de 1889 :
(3) R = ^Vr-«^i^r"M-3^^4l+^^^^^^'"-^-rf^^^^-i-lcosmç
(5) T = p.yr « ^ r-' + b ^ JL_e'ii^^'«-=_^!!ilti_i__l3i„^„
en donnant km les valeurs — > j étant égal aux nombres entiers successifs
fi '
( 3i6 )
et à c et c? les valeurs
a—n — b
2E» 2(m — i)e /--J""-"
d=a ^ "\ ^ rT-^^+b'^rl
qui annulent R et T en tous les points de la surface libre intérieure.
)) Ces formules donnent la solution complète dii problème de l'équi-
libre d'élasticité dans certains cas d'un intérêt pratique, tels que ceux des
cylindres ou rouleaux pleins ou creux chargés extérieurement. En ce qui
concerne les voûtes, le seul cas dans lequel on puisse chercher à les assi-
miler à la portion 20, du cylindre est celui où elles sont encastrées aux
naissances. Mais il ne suffit pas, dans ce cas, de choisira et b, qui sont
indéterminés, de façon que les valeurs de R et T soient identiques, pour
r=/',, aux séries de Fourier représentant les efforts extérieurs donnés.
Car, si les formules ci-dessus donnent bien V = o et T = o pour <p = it tp, ,
elles donnent en même temps une valeur de U différente de zéro, les sec-
tions extrêmes se déplaçant dans leur plan par suite des déformations du
cylindre. Il en résulte que la corde de l'arc change et que, par suite, les
conditions de l'encastrement ne sont pas exactement reproduites.
» Pour rendre admissible l'assimilation dont il s'agit, j'ai cherché quelle
charge normale doit être appliquée à l'extérieur du cylindre, sur une
faible largeur donnée d'avance de part et d'autre des limites des zones 29, ,
pour y produire un déplacement égal et contraire à celui résultant des
efforts extérieurs donnés. Dans ce cas, les ondulations du cylindre sont
telles que les points de division de la circonférence extérieure sont fixes,
en même temps que les efforts tangentiels et les déplacements perpendi-
culaires au rayon sont nuls dans toute l'étendue des sections correspon-
dantes. La charge additionnelle ainsi calculée, combinée avec les efforts
élastiques qui s'exercent sur ces sections, peut alors être considérée comme
équivalant à l'ensemble des réactions des appuis d'une voûte encastrée.
» Prenons en particulier le cas où la voûle ne supporte que des efforts
normaux à l'extrados représentés par la série IM, cosmcp. Portant les va-
leurs de a et i qui en résultent dans l'expression de U et adoptant les
indices i ou zéro, selon qu'il s'agit des surfaces /•=/•,, ou r= /„, on a
TT V M, fi H
(3i7 )
en posant
m /, r\ m \ri/ m \r,
m"' — I m i\ m- — i /•} (»t — i)m(mH-i) \>\j
(l + £)/»—£ />iY<"'-"
(m — i)m(/?i + i) V'"o/
» Une charge additionnelle P' par unité de surface, régnant aux nais-
sances de — ^, à — 9, et de ç, à o, , est représentée par une série
aP' . iT.
dont le terme général est ( — i)'-^ — sin— cosmç. En remplaçant M, par
- 2 P' ITZ
(— i)'^~ '''" "T"' "" obtient une valeur U', que l'on rend, pour ç = ± ç,,
égale et contraire à U, en choisissant convenablement P'. Il n'y a plus
ensuite qu'à introduire dans les formules la somme des deux charges. Par
exemple, pour les efforts tp, qui sont les plus importants, on a
v^ F
<ï>, = > — M p COSTWÇ,
4>o=^ M^cosmç;
en posant Y — m ^^ •• -|+m-?i — h — ,
r m r\ /•; m \rj m V''o/
» J'ai fait des applications de ces formules pour M, = 4— sin — > cas
d'une charge P par unité de surface placée au sommet de la voûte et
régnant de — — à + — • A la clef, les résultats ne sont pas très éloignés
de ceux que donne la théorie ordinaire de la résistance des matériaux .
Mais, aux naissances, les différences sont importantes. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la variation diurne de la déclinaison magnétique .
Note de M. Alfred Angot, présentée par M. Mascart.
« J'ai montré précédemment (môme Tome, p. 204) que la variation
diurne de la déclinaison magnétique doit être considérée comme résultant
( 3ib ;
de la superposition de deux ondes distinctes : Vonde normale, corres-
pondant aux époques de calme du Soleil, elV onde perturbatrice, qui dépend
des variations de l'activité solaire et est sensiblement proportionnelle au
nombre relatif des taches. J'ai indiqué, pour Paris et Greenwich, les lois
numériques de l'onde perturbatrice; sa forme est très simple : minimum
environ deux heures après le lever du Soleil, elle croît ensuite rapidement,
passe par un maximum vers i4'' et décroît, assez vite d'abord, puis de
plus en plus lentement. L'amplitude totale de cette onde, pour un nombre
relatif de taches égal à loo, est environ de 2' 5 au solstice d'hiver, de 4' -tu
solstice d'été et 6' aux équinoxes.
» Il est très vraisemblable que l'influence du Soleil ne s'annule pas
qnand cet astre est dépourvu de taches. L'onde normale est donc elle-
même complexe : une partie est d'origine solaire, l'autre d'origine terrestre.
Peut-être sera-t-il possible de séparer ces deux parties en comparant les
observations faites dans un grand nombre de stations et s'appuyant sur ce
fait que la partie d'origine solaire doit avoir la même forme que l'onde
perturbatrice.
» Sans chercher, pour le moment, à faire celte séparation, j'ai repré-
senté l'onde normale par la série harmonique
c,sin(/ -+- (p,) + C2sin(2/ -{- Çj) +■ • •'
qui a été calculée jusqu'aux termes en 4^ inclusivement. Les coefficients
c,, C2, ..., 9,, Ç2> ■ -j ont une variation bien nette dans le courant de
l'année et peuvent être exprimés en fonction de l'époque m, comptée à
partir du i*^ janvier, minuit. Comme exemples, je donnerai seulement
ici, pour Saint-Maur, Greenwich et Batavia, l'expression des amplitudes
des deux premiers termes, qui sont de beaucoup les plus importants :
Variation annuelle du coefficient Ci {terme diurne).
Saint-Maur. . . Ci= 2,28 -h o, 80 si n ( m h- 279) -t- o, 11 s\n{im -+- 284)
Greenwich ... c,= 2,33 -H 0,77 sin (m -|- 278) 4- o, 10 sin(2/« + 3o4)
Batavia 0,=: 0,67 H- 0,67 sin(7?i -H 97)
Variation annuelle du coefficient c. {terme semi-diurne).
Saint-Maur. . . ' c,= i'.55 -t- o,65 sin(w -H 278) 4- o. 10 sin(27« + 3o4 )
Greenwich... C2= i ,45 -t- 0,61 sin(m 4- 80) -H 0,28 sin(2«j -f- 258)
Batavia c.2= 0,71 -1- o, 19 sin(/7i -t- l\2)
( 3i9 )
M Les termes en c, et c, montrent une variation bien nette avec la lati-
tude; mais, dans l'ensemble, les résultats de Saint-Maur et de Greenwich
présentent une concordance d'autant plus remarquable que les instruments
employés ne sont pas du même modèle; de plus, à Saint-Maur on a utilisé
toutes les journées d'observation sans exception, tandis qu'à Greenwich
on a supprimé les jours de fortes perturbations.
)) Si l'on compare ces résultats avec ceux que j'ai donnés précédemment
pour l'onde perturbatrice, on voit que l'onde normale est la plus impor-
tante, et ne suit pas les mêmes lois dans sa variation annuelle. Le terme
annuel (en sinm) est, dans l'onde normale, beaucoup plus grand que le
terme semi-annuel (en sin2/w); dans l'onde perturbatrice, au contraire,
les deux termes sont du même ordre de grandeur; le second l'emporte
même parfois. On doit en conclure que la partie de l'onde normale qui est
d'origine solaire est petite par rapport à celle qui est d'origine terrestre.
Cette dernière |)résente une variation annuelle très prononcée, avec
maximum en été et minimum en hiver. Enfin, en passant de l'hémisphère
nord à l'hémisphère sud, la phase du terme annuel de c, change exacte-
ment de 1 80° (Saint-Maur, 279°; Greenwich, 278°; Batavia, 97°), comme
cela a lieu pour la plupart des phénomènes météorologiques, notamment
pour la température.
» L'onde perturbatrice, d'origine purement solaire, et l'onde normale,
d'origine complexe, mais dans laquelle prédominent les causes terrestres,
suivent donc des lois nettement différentes.
» Pour pousser plus loin ces recherches, il ne suffirait pas d'étudier les
variations de la déclinaison. Ces variations dépendent, en effet, de Irop de
causes, par exemple de la direction et de l'intensité du champ, quantités
qui sont à la fois fonctions de la position géographique et du temps. Il fau-
drait traiter directement, d'une manière an;ilogue, les variations d'intensité
du champ terrestre. M. Ad. Schmidt (Acad. des Sciences de Vienne,
Vol. XCVn, 1888) a tenté un premier essai dans ce sens en discutant,
pour quatre mois seulement, sept années d'observations de Vienne et
quatre de Batavia; mais la période était trop courte pour permettre de for-
muler la loi du phénomène. Je me propose de continuer cette étude pour
l'intensité, comme je l'ai fait pour la déclinaison.
M Le principal obstacle à ces recherches est la longueur des calculs pré-
liminaires (détermination pour chaque mois, individuellement, des coeffi-
cients de la série de Fourier), dès qu'il s'agit de discuter une série de
quelque durée. Deux observatoires seulement, ceux de Greenwich et de
( 320 )
Batavia, publient régulièrement chaque année, depuis i883, avec les résu-
més mensuels de leurs observations, les coefficients des séries harmoniques
qui les représentent. Il serait très désirable que cet exemple fût suivi par
les principaux observatoires magnétiques. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Calcul (le la formule définitive donnant la loi de la
distribution régulière de la composante horizontale du magnétisme terrestre
en France au i" janvier 1896. Note de M. E. 3Iathias, présentée par
M. Mascart.
« J'ai montré, dans une Note antérieure ('), que les mesures de com-
posante horizontale, faites par M. Moureaux pour la Carte magnétique de
la France et ramenées par lui à l'époque uniforme du i"janvier 1896, sont
représentées, abstraction faite des anomalies, par la formule
(i) AH = - i,26(Along.) - 7,42 (A lat.),
dans laquelle AH est la différence (X — Toulouse) pour le 1" janvier 1896,
exprimée en unités du cinquième ordre décimal, (A long.) et (A lat.)
étant exprimés en minutes d'arc. L;» formule (1) donne la valeur calculée
de AH, la valeur observée étant donnée par
(2) AH = IO^H,,,, -21780,'
où H_i.,9G est la composante horizontale delà station X au i^"" janvier i8g6,
donnée par M. Moureaux (-) et 21780 la composante horizontale à l'obser-
vatoire de Toulouse pour la même date ( ').
» Dans le but de déterminer les corrections à apporter aux coefficients
de (A long.) et de (A lat.), corrections qui sont positives, ainsi que je l'ai
montré dans ma précédente Note, j'ai suivi la marche inverse de celle qui
m'a donné la formule (i). Il s'agissait de résoudre par les moindres carrés
un système d'équations fournies exclusivement par les stations régulières, et
(') Voir Comptes rendus, t. GXXXI, p. 554; i" octobre 1900.
(■■) Tii. Moureaux, Réseau magnétique de la France au i" Janvier 1896 {Annales
du Bureau central météorologique pour 1898).
(') Obtenue en ajoutant à o, 19600, composante horizontale du Parc Saint-Maur
au !'"• janvier 1896, le nombre 0,02180, qui est la différence (Toulouse-Parc) pour
le commencement de 1896 déduite des observations absolues faites à l'observatoire de
Toulouse.
( 321 )
qui sont de la forme
(3) AU = ^(Along.) +j(Alat.),
v et j étant les constantes de la formule définitive et AH ayant la valeur
observée donnée par l;i relation (2). Pour diminuer la longueur des calculs
j'ai posé
(4) a; = — 1,26 -h a, Y~ — '],^'2-h b,
a et b élant les corrections à apporter aux coefficients de la formule (i)
que l'on sait être très approchée. Les nouvelles équations de condition
prennent alors la forme suivante
(5) «(A long.) -+- b(^ lat.) = - (ATI cale. - AH obs.).
Le second membre, changé de signe, n'est autre que le résultat de la com-
paraison des formules (r) et (2), lequel pour des stations régulières est in-
lérieur en valeur absolue à 4o unités (du cinqnièmp ordre). Les mesures
de M. Moureaiix et les miennes ui'onL ain-,i fourni 38i équations de con-
dition. Une étude atlenlive de celles-ci m'a montré qu'on diminuait consi-
dérablement la valeur absolue des seconds membres, dans la majorité des
cas, en posant
(6) a = o, I -f- z, b = o,i-h^.
Le second membre des équations en « et p doit être, pour les stations vrai-
ment régulières, une eireur d'observation, par suite inférieur en valeur
absolue à 4o unités (du cinquième ordre). Celte manière de voir conduit
à utiliser 71 anciennes anomalies qui redeviennent légulières et à rejeter
comme anomales 26 stations dont 25 étaient d'abord consitlérées comme
régulières (').
» Les 426 équations en a et p ainsi obtenues ont été résolues par la
méthode des moindres carrés par le service des calculateurs de l'observa-
toire de Toulouse que M . B. Baillaud a continué de mettre à ma disposition
avec une bienveillance dont je lui exprime toute ma reconnaissance. On a
obtenu ainsi
(7) œ. = H- 0,006, P = + 0,0001.
(') La composante horizontale d'Aubusson, d'après la comparaison des formules (1)
et (2), correspondait à une anomalie très faible, de 44 unités en valeur absolue; je
l'avais admise, cependant, dans le système des 38i équations, et j'ai dû la rejeter déii-
nilivement après le changement de variables (6).
G. K., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, iV 6.) ' 42
( 3.2 )
On peut considérer les corrections a et [5 comme pratiquement nulles, de
sorte que la formule définitive cherchée est
(8) AH = — I , i6 (A long.) — 7,32 (A lat.).
Si l'on appelle presque entièrement régulier un département qui ne présente
(qu'une anomalie sur une moyenne de 5 à 6 stations par département, la
formule (8) démontre l'existence de 25 départements entièrement régu-
liers (') et de 25 départements presque entièrement réguliers. Parmi ces
5o départements se trouve la grande majorité des départements frontières
ou côtiers; de plus, une bonne partie du Finistère, du Cotentin, de la
Seine-Inférieure, du bassin de Paris sont réguliers. On peut donc affirmer
que la formule (8) donne bien la distribution régulière de la composante
horizontale en France à l'époque du i" janvier 1896.
» En réalité, l'aire d'application de cette formule est beaucoup plus
considérable, et j'ai constaté qu'elle donne (-) la composante horizontale
des stations suivantes qui sont régulières :
» En Suisse : Airolo, Arth-Goldau, Bellinzona, Bodio, Brieg, Brûgg,
Genève, Ijucerne, Lugano, Neuchatel, Saint-Golhard, Sion;
)) En Italie : Aoste, Chiasso, Civita-Vecchia, Cunéo, Florence, Gênes,
Livourne, Oneglia, Ortebello, Pise, Pontremoli, Saint-Remy, Sestri-Le-
vante, la Spezzia, Torre-Pellice, Zinola;
» En Espagne : Barcelone; en Autriche : Vienne; en Allemagne : Pots-
dam.
» La formule (8) permet donc le triage des stations régulières et des
stations anomales, ainsi que la fixation en grandeur et en signe du quan-
tum des anomdlies dans une aire qui est au moins triple de celle de la
France.
» Si l'Académie veut bien le permettre, j'aurai occasion de revenir ulté-
rieurement sur cette question. »
(') On peut faire des réserves sur l'entière régularité de l'Ardèche, dont M. Mou-
reaux n'a visité que le chef-lieu, Privas.
(') Toujours pour la date du i" janvier 1896.
( 323 )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Anémomètre électrique à indications à distance.
Note de M. Emmanuel Legrand, présentée par M. Mascart.
K On connaît les difficultés que l'on recontre dans la transmission à
distance des indications d'un anémomètre à système centrifuge. L'appareil
que j'ai combiné et construit évite ces inconvénients.
» L'arbre du panéinone porte un petit anneau Gramme, qui tourne entre
les é[)anouissements polaires d'un fort aimant permanent. La force élec-
tromotrice produite est proportionnelle à la vitesse de rotation.
» L'ap[)areil est relié à un voltmètre formé par un galvanomètre Deprez
d'Arsonval appro|)rié à cet usage. Le galvanomètre étant fermé sur une
faible résistance (celle de l'induit |)lus celle de la ligne) est amorti : l'ai-
guille prend sa position d'équdibre sans oscillations. Pour éliminer l'in-
fluence de la température, le circuit est composé de fd de manganine.
» On grailue l'appareil empiriquement, ou par comparaison. »
ÉLECTRICITÉ. — Communications téléphoniques, au m,oyen de fils étendus
sur la neige. Extrait d'une I^ettre de M. A. Ricco à M. Janssen.
« Catane, 6 février 1901.
» J'ai le grand plaisir de vous faire savoir que l'expérience de la com-
munication téléphonique entre l'observatoire de l'Etna et Nicolosi, avec
une partie du fil simplement posé sur la neige, a parfaitement réussi.
» On a étendu le fil sur la neige depuis l'observatoire jusqu'au bord du
plateau, nommé Piano del Lago ; les transmissions téléphoniques entre
l'observatoire et la Canloniera et île l'observatoire à Nicolosi sont excel-
lentes.
» Le gardien, qui connaît le grand avantage de l'opération qu'il a exé-
cutée, m'écrit au sujet de la réussite avec le plus grand enthousiasme.
» Quant à moi, j'ai l'honneur de vous présenter nos remercîments les
plus vifs, pour m'avoir conseillé cette expérience si utile et intéressante. »
Remarques sur la Communication précédente ; par M. Janssex.
« Je vois avec grande satisfaction la réussite de la disposition très
simple que j'avais conseillée à M. Ricco et qui consiste à ùter le fil télé-
graphique ou téléphonique de ses poteaux, à le descendre et à le placer
( 324 )
tout simplement sur la neige, dès que celle-ci a atteint une épaisseur de
quelques centimètres.
)) D'après les expériences exécutées au mont Blanc, sous ma direction,
par MM. Lespieau et Gauro, nous as'ons constaté, en effet, que la neige ou
la glace sont des isolants presque parfaits, et qui permettent des transmis-
sions excellentes.
» On sait que ces expériences avaient été faites à la demande et avec
le concours matériel de l'Administration des Télégraphes, expériences aux-
quelles elle attachait une importance toute particulière.
» La réussite de l'expérience rapportée par M- Ricco présente donc un
grand intérêt.
» Désormais les communications entre Catane et l'observatoire de
l'Etna ne seront jamais interrom|)ues.
u On comprend toute rim|)ortance de ce résultat à l'égard des lignes
placées dans des conditions semblables, pour la continuité de leur fonc-
tionnement en hiver. C'est un nouveau service que l'observatoire du
mont Blanc aura rendu à la Science. »
PHYSIQUE . — Lois de transparence de la matière pour les rayons X ( ' ) .
Note de M. Louis Bexoist, présentée [)ar M. Lippmann.
« Après avoir établi, dès nos premières recherches sur les rayons X (-),
l'hétérogénéité des rayons X et l'absorption sélective exercée sur eux par
les corps qu'ils traversent, j'ai étudié, pour un certain nombre de corps,
l'influence de leur densité et de leur nature sur celte absorption (^); j'ai
montré que, en dehors de quelques cas |)articuliers, la transparence aux
ravons X n'est pas uniquement fonction de la niasse, mais que le pouvoir
absorbant oa opacité spécifique augmente en général assez vite avec la den-
sité. J'ai constaté enfin que les corps possèdent une propriété que l'on
peut appeler leui' radiochrolsme, car elle est comparable à la coloration des
substances transparentes à la lumière, et en vertu de laquelle le rapport des
opacités de deux corps change avec la masse traversée et avec la qualité
des rayons X employés, le changement le plus rapide se produisant du côté
du corps le plus dense.
(') Laboratoire des Rechercties physiques, à la Sorbonne.
(') L. Benoist et D. IIurmijzescu, Comptes rendus, 17 février 1896.
{'') L. Benoist, Coniples rendus, 18 janvier 1897.
( 325 )
» Continuant ces recherches, je me suis proposé de les étendre au plus
grand nombre de corps possible, et aux conditions les jjIus variées d'ép;iis-
seiirs traversées et de ravons X employés. L'élude d'environ 120 corps
simples ou composés m'a, dès à présent, fourni des résidlats assez impor-
tants et généraux pour que l'on puisse en déduire les principales lois de
transparence de la matière pour les rayons X.
» Indépendamment de notre méthode électrométrique, seule capable de donner des
valeurs absolues, j'ai employé les méthodes radiosco[)ique et radiographique, pour
lesquelles j'ai établi un dispositif donnant les valeurs relatives d'une façon suffisam-
ment rapide et précise, quels que soient l'étal physique et l'épaisseur des corps étu-
diés; ce dispositif comporte en particulier les précautions nécessaires pour éviter
toute intervention appréciable des rayons secondaires ou S, quelle que soit leur pro-
venance.
» Appelons équivalent de transparence d'un corps la masse, évaluée en déci-
grammes, d'un prisme de ce corps ayant i"»'i de base, et produisant sur les rayons X
de qualité déterminée, qui le traversent parallèlement à son axe, une absorption déter-
minée, la même pour tous les corps, par exemple celle que produit un prisme de paraf-
fine de 75""" de hauteur choisi comme étalon de transparence. Cet équivalent définit
et permet de calculer l'opacité spécifique moyenne du corps considéré pour l'épaisseur
particulière qui correspond à l'étalon choisi, et pour la qualité particulière de rayons X
employés.
» La mesure des équivalents ainsi définis fournit un certain nombre de
résultats intéressants dont voici les principaux :
» 1° L'opacité spécifique d'un corps (pour des conditions déterminées comme
il a été dit plus haut) paraît indépendante de son état physique; elle est la
même, par exemple, pour l'eau et la glace, etc.; elle est indépeiulante de la
température, etc.
» 2" L'opacité spécifique paraît indépendante du mode de groupement ato-
mique, c'est-à-dire des formes cristallines, des états allotropiques, des
conilensations moléculaires, aux différences de pureté chimique luès, bien
entendu : elle est la même, par exemple, pour l'alumine anhydre et le
corindon, pour les diverses formes de carbone soit cristallisé, soit amorphe,
pour le phosphore jaune et le phosphore rouge, etc.; enfin pour des corps
isomères, tels que
L'aldéhyde benzylique, C'H'O, qui donne E:=6ie''
Et pour la benzoïne, G'*H'^0^, qui donne E ^ ôoS', 5
» 3" L'opacité spécifique paraît indépendante de l'état de liberté ou de
combinaison des atomes, et l'équivalent de transparence d'un mélange ou
( 326 )
d'une combinaison peut se calculer au moven des équivalents de leurs élé-
ments constitutifs, sauf à tenir compte, s'il y a lieu, de la différence de
qualité dans l'absorption sélective, c'est-à-dire du radiochroïsme particulier
de ces éléments. Il en est de même pour le calcul inverse. Exemples:
Silicium (mesuré ) E=:i5,7) ,, l calculé . . E =: 24
r» • / ■\ c // K "^O" quartz •■ ■ • I? /
Oxygène (mesure) Ii=:44i5 1 ( mesure., b, = 24,1
Lithine caustique (mesuré). St 1 ,, ,. , . ( calculé.. ii3,8
_ , , ^ ,, ,, ^ } d où lithium... , „
Oxygène (mesure) 44j5 ) ( mesure.. lia
» En un mol, l'opacité spécifique, rapportée à des conditions bien dé-
terminées, constitue une nouvelle propriété addilive des corps, comme la
masse, lepoidsatomique, la capacitécalorifique atomique, etc., avec l'avan-
tage d'être indépendante de toutes les causes qui font varier cette dernière.
» Cette propriété, paraissant dépendre uniquement de la nature des atomes, con-
duit à rechercher une relation entre les poids atomiques des dilFérents corps simples
et leurs équivalents de transparence pris dans certaines conditions déterminées. Por-
tant les poids atomiques en abscisses et les équivalents en ordonnées, j'ai pu réunir tous
les points obtenus par une courbe régulière, d'allure hyperbolique, ne laissant subsis-
ter que de petits écarts qu'il est possible d'expliquer soit par un défaut de pureté
absolue des échantillons étudiés, soitpar de légères variations de qualité des rajons X
employés. En même temps, j'ai tracé l'hyperbole équilatère passant par l'un des points
extrêmes, celui du lithium, et qui a pour asymptotes l'axe des poids atomiques et celui
des équivalents. Les deux courbes, sensiblement confondues pour les poids atomiques
les plus faibles, s'écartent ensuite notablement l'une de l'autre, mais avec un maximum
d'écart dans la région des poids atomiques 4o à 5o, où se trouve le sommet de la
courbe.
» La courbe obtenue représente une loi générale de transparence de la
matière pour des conditions déterminées d'épaisseur et de rayons X, dans les-
quelles l'opacité spécifique est liée au poids atomique par une relation gé-
néralement plus complexe que la simple proportionnalité.
» Mais on peut passer de ces conditions à d'autres par trois procédés principaux :
» En modifiant l'état du tube radiogène, le ramollissant ou le durcissant par
chauffage, osmorégulalion, etc.;
» En modifiant l'épaisseur étalon, ce qui entraîne pour les corps étudiés une varia-
tion correspondante de masse, et par suile une sélection plus ou moins complète des
rayons X qui les traversent;
» En interposant entre le tul)e radiogène et les corps étudiés des écrans plus ou
moins radiochroïques {plomh, soufre, etc.) et plus ou moins épais.
» On voit alors les équivalents de transparence augmenter ou diminuer ensemble,
mais non de quantités proportionnelles, ce qui correspond à une déformation progrès-
( 327)
sive de la combe initiale. En d'autres termes, on obtient un faisceau de courbes d'iso-
transparence dont chacune représente une loi particulière de transparence de la ma-
tière; les unes s'éloignent de l'hyperbole éi|uilatère, elles correspondent à des rayons X
très mous et peu pénétrants; les autres s'en rapprochent au contraire et la comprennent
même quand les rayons X deviennent plus durs et plus pénétrants, ou quand on in-
terpose des écrans plus radiochroïques et plus épais.
» On peut (lonr formuler une quatrième conclusion :
» 4° L'opacité spécifique des corps simples, mesurée dans des conditions bien
définies , est une fonction déterminée et croissante de leur poids atomique,
affectant la forme d'une proportionnalité directe, pour des rayons X suffi-
samment pénétrants et suffisamment homogènes. »
ÉLECTRICITÉ. — Nouvelles recherches sur la convection électrique ( ' ). Nt)te de
M. V. Crémieu, présentée par M. Lippmann.
« Dans une précédente Note (-), j'ai exposé comment j'avais repris les
expériences de M. Rowland et de M. Himstedt, et montre rpie les dévia-
tions obtenues par ces savants semblaient être dues à d'antres causes que
l'effet magnétique de la convection électrique.
» Dans tous ces essais, on étudiait l'effet, sur une aiçiiille aimantée, d'un
disque électrisé tournant entre des armatures fixes reliées au sol et inter-
posées entre le disque et l'aiguille.
» Le rôle joué par ces armatures n'est pas facile à déterminer; on a
objecté qu'il pourrait suffire à expliquer à la fois le résultat positif de
M. Rowland et le résultai négatif de mes essais, tout en laissant entière la
question de l'existence de l'effet magnétique delà convection.
)) J'ai alors entrepris une nouvelle expérience dans laquelle aucune
couche métallique ne se trouve interposée entre l'aiguille et le disque
tournant.
» Un disque en ébonile D {fig. i) tourne sur un moyeu M autour d'un axe fixe AA.
Il est doré suivant tiois secteurs SS (fig- 2); chaque secteur communique par une
bande dorée avec un plot/? placé sur le moyeu M dans un anneau d'ébonite. J^es sec-
teurs sont très soigneusement isolés les uns des autres. Chacun d'eux est en outre
divisé, par de petits traits radiaux tt de 2"°" de large, en une série de petits secteurs
(') Travail effectué au Laboratoire de Recherches physiques, à la Sorbonne.
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. 797; 1900.
( 328 )
communiquant seulement par leur partie interne, ainsi que le montre une partie du
secteur SjSi {fig. i).
Fis.
B * a B
D
Fig. 2.
C O
» La moitié inférieure du disque est comprise entre deux plateaux de verre CC
recouverts, sur leurs faces externes, de papier d'étain relié au sol. Les dimensions
sont telles que la capacité électrostatique C.G.S. d'un secteur SS compris entre ces
deux plateaux est sensiblement égale à i4o.
» La moitié supérieure du disque est comprise entre deux plateaux d'ébonile BB,
recouverts d'étain sur leurs faces extérieures, et distants du disque de lo™™, de façon
à pouvoir placer un système asiatique au voisinage immédiat du disque et plus près
de celui-ci que des plateaux fixes.
» De plus, le papier d'étain qui recouvre ces plateaux a été enlevé suivant un sec-
teur de 60" RRR, dont la bissectrice correspond à la région qu'on veut étudier avec le
système asiatique .
» Un balai E permet de charger les secteurs; il est disposé de telle façon que
chaque secteur se charge au moment où il est compris entre les plateaux i nférieurs CG.
Il s'isole ensuite et vient agir sur le système asiatique. Les sillons II sont destinés à
limiter les courants de conduction qui se produisent dans chaque secteur par suite du
passage de la grande capacité CG à la faible capacité BB .
» J'ai essa3'é plusieurs formes de S3siènies asiatiques protégés seulement des cou-
rants d'air par un écran diélectrique. Mais, dans ces conditions, il est impossible de
supprimer, par syrnéiiie seule, les effets électrostatiques directs.
» J'ai alors opéré avec un système asiatique constitué par des aiguilles fixées sur
( ^29 )
une feuille de mica, protégé par des écrans électriques en papier graphité, ou en
papier d'étain, ou, enfin, en cuivre rouge de ^ de millimètre d'épaisseur.
» Le système a été placé d'abord dans le plan du disque tournant, l'aiguille infé-
rieure à 12°"° au-dessus du bord supérieur du disque, puis je l'ai déplacé en avant du
disque en le rapprochant peu à peu du centre.
» Les données des expériences étaient les mêmes que dans la série pré-
cédente (').
» f ai constaté ainsi (jite le disque tournant chargé ne produit aucun effet
magnétique.
» Mais j'ai trouvé en même temps qu'il est très facile d'obtenir des dé-
viations présentant tous les caractères de réversibilité attendus des effets de
la convection, et s'accordant même avec ceux-ci comme ordre de grandeur.
» Seulement ces déviations sont toujours d'origine électrostatique ou
causées par des étincelles ou des aigrettes.
» On les observera chaque fois que le système suspendu n'aura pas été
très soigneusement déséleclrisé et ne sera pas protégé par un écran élec-
trique très bon conducteur. Un tube de papier graphité, qui constitue pour
des corps au repos un écran électrique partait, est tout à fait insuffisant
lorsque ces corps se déplacent très rapidement.
» D'ailleurs, j'ai vérifié par toute une série de recherches que les dévia-
tions obtenues restaient les mômes si l'on supprimait sur la lame de mica
les aiguilles aimantées; quant à leur ordre de grandeur, on le fait varier à
volonté en changeant plus ou moins la charge électrique de la lame de mica.
» En remplaçant le mica par de l'aluminium, on a encore des phéno-
mènes analogues, mais réversibles seulement avec le signe de la charge
et plus avec le sens de la rot.ition. La polarisation du mica doit donc in-
tervenir.
» La direction des courants d'air électrisés provenant de la rotation du
disque joue aussi un rôle, mais il est très difficile de le définir exactement.
» Enfin, toutes les fois que le système suspendu, quel qu'il soit, est pro-
tégé par un écran électrique très conducteur, on ne peut obtenir aucune
déviation de cette nature.
» De plus, il arrive souvent qu'au momeut où l'on change le signe de la
charge du disque, une étincelle, ou même une sorte de pinceau de décharge
à peine lumineux, se produit entre le disque et les plateaux fixes.
» Ceci cause, sur l'aiguille aimantée, des impulsions réversibles à la
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. 797; 1900.
C. R. 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 6.) 4^
( 33o )
fois avec le signe de la charge et le sens de la rotation ; le peu de stabi-
lité du zéro de systèmes aussi sensibles fait qu'il peut résulter de ces
impulsions des déviations permanentes faibles.
» D'ailleurs, la disposition même de ces expériences, dans lesquelles un
appareil d'observation extrêmement délicat et sensible se trouve placé
dans une région qui est le siège de perturbations de toute nature, rend
très difficile l'élimination des causes d'erreur. Les bonnes séries de lec-
tures sont rares. Il est très explicable qu'on ait pu se tromper.
» Avec la méthode que j'ai employée auparavant (') et où j'observais
les effets d'induction de la convection électrique, les résultats étaient
beaucoup plus nels, simplement parce que l'appareil de mesure, un gal-
vanomètre, pouvait être placé aussi loin qu'on voulait de l'appareil
d'expérience.
» Mais le résultat final demeure le même, et il paraît bien établi que,
dans les conditions des expériences de MM. Rowtand et Ilimstedt, et dans les
miennes, la convection électrique ne produit pas d'effet magnétique. »
ACOUSTIQUE. — Sur les impressions musicales (phvsico et psjchophysiologiey
Note de M. Firihin Larroque, présentée par M. A. Cornu.
« Le phénomène de synchronisation des éléments de l'accord musical
sur lequel est basée ma théorie de Vimpression globale hannonique résul-
tant de réactions intervibratoires qui ne peuvent s'exercer qu'au moment
et au point d'émission, il s'ensuit que, lorsque la synchronisation n'a pas
lieu, l'impression perçue ne peut être que polyphonique.
» Lorsque l'émission des composants d'un accord n'est pas synchrone,
ce ne peut être que par un phénomène de mnésie que l'auditeur croit per-
cevoir Vimpression harmonique globale concurremment avec V impression
polyphonique, qui seule est réelle.
» J'ai montré comment on est conduit à admettre l'existence de trois
types de vibration nerveuse, caractérisés par la forme de l'amortissement,
et à supposer que le phénomène dénommé inbration nerveuse est con-
stitué physiquement par un ensemble vibratoire divisible en trois phases :
phase d'amplitude croissante, phase d'amplitude stationnaire, phase d'a-
mortissement. L'expérience confirme cette manière de voir.
(') Comptes rendus, l. GXXX, p. i544; 1900.
( 33i )
M Si, par exemple, on recherche quel est le régime de courant électrique
le mieux approprié à la production de contractions musculaires au nombre
de lo par seconde, la question se présente de la façon suivante : la décharge
du condensateur, qui n'est au fond que lamortissemeiit d'une impulsion
unique de courant, ne peut être utilisée; le courant sera de force électro-
motrice aussi peu élevée que possible, et astreint à a arier d'intensité, en
moins de jj de seconde, continûment ou par ondulation, de zéro à un
maximum; il peut encore être alternatif.
» Les expériences que j'ai faites sur moi-même ont établi que le courant
alternatif devait être éliminé et que le courant croissant ondiilatoirement
était le plus favorable à la production de la contraction périodique. La
corrélation existant entre le régime du courant d'excitation et celui de la
vibration nerveuse est évidente.
» Une autre confirmation de mes idées théoriques m'a été fournie par
les impressions visuelles. Au moyen d'écrans appropriés, j'ai fait varier
l'éclairement d'une page imprimée, de façon que pendant la durée d'une
émission (d y en avait lo par seconde) il restât uniforme ou bien crût con-
tinûment ou ondulatoiicmeut. J'ai trouvé que l'éclairement ondulatoire-
ment croissant (avec petit stade final de luminosité maximum) est le plus
favorable à la netteté de la vision. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation et la décomposition des acétals.
Note de M. Marcel Deléi>i.\k.
« Dans mes précédentes recherches thermochimiques sur les acétals
d'alcools monavalents et plurivalents {Comptes rendus, t. CXXXL p. 684
et 74Ô; 1900), j'ai indiqué que la réaction génératrice devait être limitée
par la réaction inverse de l'eau sur l'acétal formé; soit
R - CHO + 2R'(OH)^R - CH(OR')--f- FPO.
» Cette notion de limite ne me paraît pas avoir été jusqu'ici exprimée et
je demande à l'Académie la permission d'exposer quelques résultats;
les détails des expériences paraîtront ailleurs et les faits antérieurement
découverts par d'autres auteurs y seront en môme temps signalés.
» Le point dominant est que les lois qui régissent la formation et la
décomposition des acétals se rapprochent singulièrement de celles de
l'éthérification et de la saponification : on ne saurait mieux dire que les
( 332 )
acétals sont des éthers de l'aldéhyde fonctionnant comme une sorte
d'acide bibasique. Si l'on fait abstraclion de leur stabilité vis-à-vis de l'eau
ou des alcalis, qui les fait ressembler aux étliers-oxydes, leurs autres pro-
priétés les rendent assimilables aux éthers-sels.
» Les expériences ont surlout porté sur le méthylal, qui peut être ici pris pour type,
comme l'éther acétique l'est pour les éthers-sels, mais j'ai aussi étudié sommairement
d'autres formais, comme ceux des alcools éthylique, propylique, ceux du glycol,
de l'érythrite, de la mannite, et même aussi l'acétal de ce dernier polyalcool. L'avan-
tage des formais réside en ce que l'aldéhyde formique peut se doser, soit par la mé-
thode de Romijin (par 1 en sol. alcaline), soit par celle de MM. Brochet et Cambier
(action du chlorhydrate d'hydroxylamine). ^'oici les principaux résultats, accom-
pagnés de quelques exemples destinés à les éclaircir.
» La réaction est limitée et la limite est la même, que l'on parte des composants ou
de l'acétal et de l'eau. C'est ainsi, par exemple, que le système CH^0 + 2CH*0
a fourni 0,76 du méthylal possible, après quelques heures à 100°, tandis que le sys-
tème inverse CH-(OCH^)- + H'O a cessé de se décomposer lorsque 0,22 du méthylal
furent dédoublés; de même, le système CH-0-|-4CH'0 a fourni 0,916 de méthylal
alors que le système réciproque CH''(OCH^) -+- 2 GH'O + H^O a laissé subsister 0,918
de méthylal. II en est encore ainsi, même s'il y a primitivement de l'eau ; les systèmes
réciproques de l'érythrite, par exemple,
2C:H=0-t- OH«(OH)*+8H20 et C'H<'0*(CH'-)2-h loH^O
ont cessé de réagir lorsque 0,576 du diformal de l'érythrite furent formés, d'une part,
et lorsqu'il resta 0,578 de ce même diformal, d'autre part. La mannite, le glycol don-
nèrent des résultats analogues ; enfin, le triacélal de la mannite en présence de
3 X i6,H'P laissa subsister o,33 de l'acétal primitif.
» La présence de l'eau abaisse la limite. C'est ce que montre le Tableau écourté
suivant, tiré indifféremment des réactions directes ou inverses :
Limite.
Liinite.
Méthylal
-r H^O...
0,78
Diformal de l'érythrite -t- 2 x
IPO..
• 0,89
»
H- 4H=0...
o,58 ■
» 2 X
5H'-0..
• 0,57
»
H-i28H^O...
0,02
» 2 X
i6H-0..
. 0,42
Formai dipi
ropyl.
-+- IPO...
0.785
Triformal de la mannite + 8 x
5H=0..
• . 0,75
»
H- 641PO...
0,06
» -1-3 XI
28IPO..
. 0,32
Si ce Tableau était complet, on y remarquerait assez nettement que les limites les
plus élevées en présence d'une même dose d'eau appartiennent aux formais d'alcools
polyatomiques que j'ai signalés comme dégageant d'autant plus de chaleur (à partir du
système : aldéhyde -t- alcool) que l'atomicité était plus élevée. On y verrait aussi que les
formais du méthar.ol, de l'élhanol, du jiropanol et du glycol ont pour limite environ
0,76-0,78, quand il n'y a pas d'eau à l'origine de la réaction formatrice, tandis que
j)Our l'érythrite cette limite est 0,89 et qu'elle est vraisemblablement plus élevée en-
core pour la mannite. Mais ici, les conditions physiques de solubilité paraissent inter-
( 333 )
venir trop efficacement pour que la discussion de ces résultats puisse être engagée
avec certitude, et ces mêmes conditions contribuent puissamment à donner à chaque
acétal un caractère propre qui manque davantage aux élhers-sels.
» La présence d'un excès d'alcool ou d'aldéhyde élève la limite, mais inégale-
ment (') ; cela résulte des valeurs suivantes :
CH20-H2CIPO... limiizo,78 CIP0 4-2CH*0-i-i5PP0... Iim = o,3o3
ch20h-4ch»o... 0,91 ciPO + 4CH'0-f-i5n^o... =0,545
2CH°-0H-2CH>0-M5ir-0... =0,36
» La température active les réactions; c'est là une observation qui n'a rien de
spécial. Il est inutile de dépasser 100°, s'il y a en présence un agent auxiliaire.
» La présence des acides est extrêmement efficace comme agent auxiliaire et peut-
être est-elle nécessaire pour la décomposition. A cet égard, je citerai les expériences
suivantes : le système CH2( OCII')^-t- 16II-O n'a pas donné d'indice de décomposi-
tion après quarante heures à 100°, en l'absence d'acide, et tout au plus 1 pour 100
après deux cent seize heures; alors qu'avec de l'eau contenant 2 pour 100 d'HCl la
réaction est complète après quelques heures et probablement même en moins d'une.
A la température ordinaire, la réaction devient assez lente pour qu'on puisse suivre
les progrès de la réaction en présence d'eau acidulée, au titre IICIN, IICI— ,
2
N
SO*H^— , •••• Sans donner le détail des nombreuses déterminations faites sur la
marche de la décomposition, je rappellerai seulement que la vitesse de cette décompo-
N .
sition est plus rapide avec HCIN qu'avec HCl— 5 qui surpasse lui-même de beaucoup
N N . . . N
HCl -3: enfin, SO*H'— active près de 2,5 fois moins que IICI— et l'acide acétinue
it) 2 2 ^
a une action extrêmement faible. Ces résultats viennent se ranger à côté de tous ceux
que l'on connaît, soit sur la saponification, soit sur l'interversion.
» Il y a avantage à employer un excès d'alcool plutôt que l'excès correspondant
d'aldéhyde.
» La formation peut avoir lieu en l'absence d'acides, mais elle est singulièrement
favorisée par leur présence; faits encore essentiellement analogues à ceux que l'on
observe dans l'éthérification (M. Bertoelot, A/ui. de Chimie et de Phys., 5" série,
t. XV, p. 220; 1878).
» Enfin, la décomposition et la formation des systèmes agissant en présence de IICI
peut se représenter en fonction du temps par des logarithmiques, courbes ordinaires
de ce genre de réactions.
)) Bien entendu, la nature de l'acide et sa concentration, si elle n'est pas trop grande,
ne changent rien à la limite. Celle-ci paraît seulement diminuer un peu par l'élévation
de température.
» Tels sont les faits principaux qui mettent la limite hors de doute. Une
dernière question se pose. Certains corps réputés être des acétals, les sac-
charoses ou bioses, par exemple, onl-ils une limite de dédoublement ?
( 334 )
A priori, il semble que non ; mais il faut réfléchir que l'on fait toujours in-
tervenir beaucoup d'eau, et que parties égales de biose et d'eau constituent
déjà un système de 20 molécules d'eau pour i molécule de biose. Or,
M. Wohl nous a appris qu'en solution concentrée il y a réellement des
phénomènes de retour, de réversion; ceux-ci attestent évidemment l'exis-
tence d'une limite analogue à celle des acétals. Mais ce n'est pas tout, le but
est souvent dépassé; le biose formé peut réagir en vertu de réactions ana-
logues qui se poursuivent, et ainsi naissent les substances dextriniformes
qui peuvent masquer le produit primordial de la réversion et en rendre
l'extraction très pénible. Il suffira de rappeler l'histoire de l'isomaltose de
M. Ém. Fischer. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' élimination du méthane dans l'atmosphère.
Note de M. V. Urbain, présentée par M. H. Moissan.
« La composition de l'air atmosphérique a été l'objet dans ces dernières
années de remarquables travaux. Mais il est un point qui, depuis les
recherches des premiers chimistes du siècle, paraît avoir été négligé :
c'est le mécanisme de l'élimination du méthane.
» Ce gaz se dégage en abondance à la surface de la terre : indépendam-
ment des sources de ce gaz qui existent dans beaucoup de pays, ce carbure
est un produit constant de la fermentation des matières cellulosiques.
Popoff a démontré qu'à l'abri de l'air, les substances hydrocarbonées se
décomposent en acide carbonique, eau et méthane, ce dernier gaz présen-
tant un volume sensiblement double du premier.
» Cependant les résultats des analyses, faites en 1884 par MM. Mûntz et
Aubin et, en 1900, par M. Arm. Gautier, comparés à ceux obtenus par
Boussingault, montrent que la proportion du méthane dans l'air atmo-
sphérique n'a pas augmenté. Ce gaz, comme l'acide carbonique, doit donc
être éliminé au fur et à mesure qu'il se produit.
» Abandonnant l'ancienne hvpothèse de Volta qui pensait que le
méthane devait être brûlé par l'oxygène de l'air sous l'influence de la
foudre et que cette combustion était la cause des aurores polaires, Davy
ayant démontré qu'un volume de méthane, dilué de 17 volumes d'air, ne
s'enflamme plus, et supposant que le formène pouvait être lentement
oxydé par l'ozone atmosphérique, j'ai fait passer dans l'ozoniseur de
M. Berlhelot un très lent courant d'air contenant 1 pour 100 de méthane.
Voici les résultats de l'expérience :
( 335 )
» 2'" d'air contenant ao'*^ de méthane ont traversé l'ozoniseur. Durée
de l'expérience : cinq heures. Retrouvé dans le gaz fortement ozone sor-
tant de l'appareil iS*^", 7 de méthane.
» Ainsi, dans ces conditions éminemment plus favorables que celles qui
peuvent exister dans l'atmosphère, le tiers à peine du gaz carburé a été
brûlé. Il est donc bien difficile d'admettre que l'ozone fut l'unique cause
de l'élimination du méthane atmosphérique.
» J'ai supposé alors que les plantes pouvaient jouer vis-à-vis du méthane
le rôle qu'elles jouent vis-à-vis de l'anhvdride carbonique. Pour justifier
celte hypothèse, j'ai enfermé hermétiquement des plantes dans des vases
de verre contenant environ iSgo*^*^ d'air additionné d'un volume connu
de méthane. Les racines des plantes plongeaient dans une couche de sable
humide. Pour doser le méthane à la fin de l'expérience, je déplaçais les
gaz remplissant le vase par de l'eau et je les faisais passer d'abord dans des
tubes à potasse caustique et à ponce sulfurique, puis sur une colonne
d'oxyde de cuivre de o™,8o de longueur, chauffé au rouge, pour brûlerie
carbure d'hvdrogène, et enfin dans de nouveaux tubes à ponce sulfurique
et à potasse. Voici quelques résultats d'expériences (' ) :
Volume Proportion Volume du méthane
de du Durée — ^ — ^- ^
Dates méthane méthane de l'expé- retrouvé
des expériences. introduit, dans l'air. rience. disparu. dans l'appareil,
oc jours co ce
Juin 1895 5o À ^ 38 12
Juin 189.5 100 -jV » 80,5 '9)5
Août 1895 100 -pj II 78)7 a 1,3
Septembre 1895.... loo -^ 10 82 18
Septembre 1897.... 24 -^ 7 24 o
Septembre 1897 .... 100 -^ 10 74 26
Octobre 1897 24 Vo '" ^"^ 4
Septembre 1900 . . . . 4t> 3V 7 2' '9
» Pour apprécier les causes d'erreur que comportait cette méthode expé-
(') Ces expériences datent de plusieurs années; je ne les avais pas publiées, par
suite des nombres souvent peu concordants que j'avais obtenus pour le carbone et
l'hydrogène dans le dosage du méthane. Les recherches récentes de M. Arm. Gautier
expliquent ces discordances. J'ai calculé le volume du méthane non absorbé dans ces
expériences par la quantité de l'hydrogène brûlé par l'oxyde de cuivre.
( 336 )
rimentale, notamment la solubilité du méthane clans l'eau servant au
déplacement du gaz, j'ai fait quelques expériences sans mettre de plantes
dans l'appareil :
ce jours cr^ on^'r
Juillet 1895 ^o Jj 8 i,a 38,5
Juillet 1895 24 Jj- » 1,2 22,8
» Les quantités de méthane absorbées par les plantes dans ces condi-
tions ont donc varié de 20'''= à Sî».*^*^.
)) Ces résultats semblent démontrer que ce sont les végétaux qui, en
absorbant le méthane, s'opposent à son accumulation dans l'atmosphère et
justifient une fois de plus le rôle qu'on leur attribue généralement de puri-
ficateurs de l'air. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des ct/iers d' acides gras monobasiques sur les
combinaisons organomagnésiennes mixtes. Note de M. Y. Grigivard,
présentée par M. H. Moissan.
« J'ai signalé récemment {Comptes rendus, t. CXXX, p. i322) la forma-
tion des combinaisons organomagnésiennes de la forme RMgl ou RMgBr
et j'ai indiqué leur action sur les aldéhydes et les cétones. Les synthèses
que j'ai réalisées dans cette voie, et qui seront prochainement publiées en
détail, me permettent d'affirmer que cette nouvelle méthode, outre ses
avantages particuliers de simplicité, de rapidité et de rendement, est
beaucoup plus générale que celle de Wagner-Saztzeff.
» Poursuivant mes recherches, j'ai étudié l'action de ces combinaisons
sur les éthers d'acides gras monobasiques et particulièrement sur les
éthers formique et acétique.
» On sait en effet que les composés organozinciques, en dehors du zinc
allyle, ne réagissent que sur les éthers formiques, et encore avec de mé-
diocres rendements. J'ai reconnu que l'emploi des combinaisons organo-
magnésiennes permettait, comme dans les cas précédemment étudiés, de
généraliser la méthode.
» I. Pour étudier la réaction, j'ai fait réagir réllijl-bronuire de magnésium sur le
formiale d'éthyle et j'ai reproduit ainsi le diétliylcarbinol avec un rendement
de 73 pour 100. La réaction se passe vraisemblablement en deux phases comme avec
( 337 '
les composés organozinciques :
/OMgBr
1° HCO''G2H5 + C2H5MgBi=HC-OC^H=;
/OMgBr --OMgBi-
a» HC-OC^H= +C2H=MgBi— HC-G^H* +G^H=OMgBi.
» Le produit de la première phase reste dissous dans l'éther, celui de la deuxième
se sépare au bout de quelques heures sous forme d'un liquide visqueux qu'on décom-
pose par l'eau.
» Mais avec les termes plus élevés la réaction est différente et conduit à des résul-
tats particulièrement intéressants.
» Par l'action de risoaraylbromure de magnésium sur le formiate d'éthjle, on
obtient, en eflet, un liquide incolore mobile, d'odeur faible, agréable, bouillant
à iGOO-ioi» sous S"'" et qui n'est pas, comme on devrait s'y attendre, le diisoamylcar-
binol, mais le formiate de cet alcool ( ' )
» Saponifié par la potasse alcoolique, il se transforme intégralement en formiate de
potassium et d'isoamylcarbinol, liquide incolore, peu mobile, d'odeur fraîche et
agréable^ bouillant à io5° sous 9""".
Trouvé G = 76,44 H=i4,22
PourG"H»0 G = 76,74 H = 18,95
» Une autre particularité du corps obtenu mérite d'être signalée. La réfraction molé-
culaire déterminée sur deux échantillons bien purifiés a été trouvée égale à 60, 171 et
59,94, tandis que la réfraction moléculaire serait pour le formiate de diisoamylcar-
binol 59,044 (incréments de Gonrady). Mais les nombres trouvés correspondent très
nettement à la formule isomère GMI"G(0I1) = G(OH ) — GHl" (59,98.0) avec
laquelle on peut encore aisément expliquer l'action de la potasse.
» Les différentes expériences que j'ai faites pour vérifier cette constitution ne m'ont
donné jusqu'à présent que des résultats négatifs.
» L'isobutylbromure de magnésium semble former le terme de passage entre les
réactions normales et les réactions anormales.
» Il conduit en effet à un mélange de diisobutylcarbinol et de son formiate bouil-
lant à 1730-175° sous 750""" et dont la saponification fournit le diisobutylcarbinol,
liquide incolore, peu mobile, d'odeur forte, bouillant à i72''-i74° sous 752"'" (').
» Je l'ai d'ailleurs identifié avec celui que j'ai préparé par l'action du v..léral sur
l'isobutylbromure de magnésium.
(') Trouvé G=:7i,97 Hi=i2,i
PourG' = H"02 G = 72,oo H = i2,oo
(") Trouvé G =: 75,04 H =18,90
PourG-^H"0 G = 75,00 H =18,89
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 6.) 44
(' 338 )
» II. Avec l'élher acéti([ue, la réaclion paraît être normale dans toute la série.
» La première phase fournit un liquide visqueux qui se sépare de l'éther pendant
Topération et qui ne larde pas à se transformer en une masse bien cristallisée.
)) Par l'acùon du mélliyliodure de magnésium sur l'acétate de méllivle, j'ai repro-
duit le triméthylcarbinol cristallisable de Boutlerow avec un rendement de 82 pour
100.
» Avec l'isoamjlbromure de magnésium on obtient le méthyldiisoamylcarbinol,
liquide incolore, légèrement visqueux, dont l'odeur rappelle beaucoup celle du beurre
frais, bouillant à io8"-io9° sous 10™'" ( ' ).
» On peut (Jonc présumer, d'après les résultais déjà acquis, que l'em-
ploi des combinaisons organomagnésiennes mixtes penneltra de simplifier
et de généraliser la pluj)arl des méthodes de synthèse pour lesquelles on a
utilisé jusqu'ici les composés organozinciques, mais encore d'en instituer
de nouvelles prévues par la théorie, mais pratiquement irréalisables au
moyen du zinc. C'est dans ces deux voies que je poursuis mes recherches. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'absorption de la lumière par les indophenols.
Note de MM. P. Bayrac et C Gamicuel, j)résentée par M. Haller.
u Les indophénols à azote tertiaire, que l'un de nous a préparés Ç- ) et
que nous avons étudiés (Comptes rendus, l. CXXII) présentent tous dans un
même dissolvant (alcool, par exemple) un spectre analogue, ils possèilent
tous une bande rouge qui semble caractéristique de ces indophénols.
)i Tel est le fait qui a été énoncé par nous et que personne n'a con-
tredit.
» M. Lemoult a étudié la série d'indophénols obtenus par l'oxydation
de mélanges de ^-|)liénylènediamine et de phénol ou d'o-crésol qui ont
en position para, par rapport à l'azote qui relie les deux noyaux, un azote
primaire au lieu d'un azote tertiaire, et a trouvé que celte série de corps,
dont nous n'avons pas encore achevé la préparation ( ') présente une
bande rouge déplacée par rapport ii celle que donnent les premiers indo-
phénols.
(') Trouvé 0^=77,26 H =.14,09
PourC^H^O C= 77,42 H = i3,95
{'^ ) Bayuac, Thèse, 1895. Gaulliier-Villars.
(^) U nous semble nécessaire d'obtenir les corps que nous étudions à l'état cristal-
lisé; les produits industriels présentant beaucoup d'impuretés qui peuvcut fausser les
résultats. En voici un exemple : on forme une bande d'absorption (par exemple, indo-
liiiénol) ; l'u regardant celle Ijande à truNcrs un \erre \eit, cfltc bande jjaraîlse déj)lacer
( ■'139 )
» Nous ne contestons pas ce déplacement de la bande roiie^e sous l'in-
fluence de l'azote. Il existe peut-être, en tout cas il nVst nullement démon-
tré par les expériences de M. Lemoult, ou plutôt ce déplacement n a aucun
sens précis.
» M. Lemoult définit la position des bandes d'absorption en prenant la
moyenne entre les divisions du micromètre, qui correspondent aux extré-
mités apparentes de la bande. Il paraît n'avoir pas remarqué que l'une de
ces extrémités (au moins dans les indophcnols à azote tertiaire) est non la
fin delà bande, mais la limile des radiations visibles, limite par conséquent
variable avec l'éclat tlu spectre.
» C'est ce que nous allons démontrer.
» Dansun speolroscope très dispersif (4 prismes de flinl lourd) la partie supérieure
de la fente est éclairée par un faisceau lumineux, qu'on peut atténuer dans un rapport
constamment connu, la partie inférieure de la fente est éclairée par un faisceau lumi-
neux sur le trajet duquel on place la dissolution d'indophénol. Les deux spectres sont
amenés à l'égalité avant l'interposition de la dissolution. Cette égalité a lieu simulta-
nément pour toutes les radiations des deux spectres, les deux sources étant identiques ;
on interpose la dissolution d'indophénol, on amène régaiité à l'extrémité la plus
réfrangible de la bande; l'égalité n'a pas lieu pour les autres portions de la bande et
l'on voit immédiatement que la dissolution d'indophénol laisse passer d'autant plus de
lumière qu'on s'approche davantage de l'infra-rouge.
» Voici un exemple : indophénol du thymol
0{ \c = Az-C=H- Âz(CH^) =
Ces valeurs du coefficient K par lequel il faut multiplier l'intensité incidente pour avoir
l'intensité émergente augmentent de plus en plus quand on se rapproche de l'infra-
rouge.
Nombre de tours
He la vis micrométrique
qui déplace
la lunette
astronomique.
G K r= 0,424 extrémité du spectre visible
3 K = o, i46
6 Kz:ro,o46
9 K =0,010 cette radiation correspond à X = of^, 666.
vers le jaune, car les rayons situés du côté de l'infra-rouge sont plus affaiblis que les
rayons situés de l'autre côté de la bande; une impureté verte produirait donc un dépla-
cement dans ce sens.
( 34o )
.1 La conclusion est la même pour tous les indophénols examinés :
.1 Indophénoh du phénol, orlhocrésylol, métacrésylol, paraxylenol, orthoéthyl-
phénol, isopropylphénol, carvacrol, thymol.
» Dans aucune expérience nous n'avons pu limiter la bande rouge du
côté de l' injr a-rouge, ni même observer le point culminant de la courbe (le
moment où la transparence de la solution cesse d'augmenter).
)i Nous avons cherché aussi à définir les extrémités de la bande par la
condition que le coefficient R ait la même valeur très faible pour ces deux
extrémités.
)) Toutes ces tentatives ont été vaines.
» Nous avons d'ailleurs vérifié directement ce que nous avançons, par
le dispositif suivant :
» On éclaire la fente du spectroscope avec le soleil. Dans ces conditions le spectre
obtenu paraît s'arrêter à la raie A; on interpose la dissolution d'indophénol, et l'on
voit immédiatement la raie A apparaître. L'éclat du spectre n'aveugle plus l'œil, et la
transparence de l'indophénol pour les radiations comprises entre A et B se mani-
feste.
» Le déplacement de la bande sous l'influence de la concentration ou de l'épaisseur
est très facile à expliquer. Les coefficients d'absorption étant très différents pour les
deux extrémités apparentes de la bande, quand la concentration ou l'épaisseur aug-
mente, la bande paraît se déplacer du côté où l'absorption est la plus faible, c'est-
à-dire du côté de l'infra-rouge.
» Nous nous proposons d'envisager dans une prochaine Note les indo-
phénols à azote primaire f ' ) . »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur des combinaisons acides et alcooliques de la phé-
nylcarbazide ou urée de la phénylhydrazme. Note de M. P. Cazeneuve,
présentée par M. Armand Gautier.
« La diphénylcarbazide ou urée de la phénvlhydrazine, qui ne peut
être envisagée comme une base car elle ne contracte pas d'ailleurs de com-
binaisons avec les acides sulfurique, chlorhydrique et azotique, .se soude
molécule à molécule avec les acides organiques et les alcools pour donner
des corps de la forme
C«H^HAz = AzH - CO- AzH = AzH - CHMM,
M désignant une molécule d'acide ou d'alcool.
(•) Nous remercions tout particulièrement M. Jouanne, préparateur à la Faculté
des Sciences de Toulouse, qui nous a aidés dans ce travail.
( 3/41 )
)i I. Nous avons réalisé ces combinaisons successivement avec les acides
(U- la série grasse CH-Q-, C-H^O% C^H''0^ C"H''0% CH'^O^ La réac-
tion a été faite avec les acides propionique et butyrique normaux et l'acide
valérianique de la valériane. Nous avons également combiné cette urée
avec l'acide oxalique. Sans nul doute un 1res grand nombre d'acides orga-
niques doivent s'unir ainsi avec l'urée de la phénylhvdrazine.
» Les combinaisons avec les acides de la sorie grasse s'efTectuent en dissolvant à
chaud cette urée dans un excès d'acide. Par refroidissement, la combinaison cristal-
lise ; elle est essorée et sécliée dans le vide sur la chaux sodée et l'acide sulfurique.
Pour les acides formique, acétique et propionique, la dissolution à chaud dans ces
acides étendus de leur volume d'eau donne un résultat plus favorable. La combinaison
est obtenue d'emblée parfaileineiit incolore.
» La combinaison oxali(iue s'elTectue en dissolvant à cliaud l'urée de la phénjlhv-
drazine dans une solution saturée à froid d'acide oxalique au sein de l'alcool méthy-
lique ou éthylique; elle cristallise par refroidissement; on la fait recristalliser dans
l'alcool à chaud.
» Cette méthode permettra d'obtenir d'autres combinaisons de cette urée avec des
acides organiques solides.
» Les analyses de ces combinaisons acides, faites soit en dosant l'azote, soit en
chassant la molécule acide par la clialeur, correspondent à une combinaison équi-
moléculaire. L'acide oxalique bibasique se soude à deux molécules d'urée.
» Les termes formique et oxalique se présentent sous forme de petits cristaux
étoiles. Les combinaisons acétique, propionique, etc. sont tantôt en aiguilles, tantôt
sous forme de paillettes brillantes. Stables dans le vide, ces combinaisons se disso-
cient par la chaleur un peu au-dessous de loo"; chauffées brusquement vers 98", elles
se liquéfient et perdent leur acide. Peu à peu le corps se solidifie à nouveau et donne
le point de fusion de la phénylhydrazine {160°). Le dédoublement se produit en pro-
jetant les cristaux sur l'eau bouillante; la liquéfaction est immédiate, avec phéno-
mènes giratoires dus à la dissociation du corps, dissolution de l'acide dans l'eau et
modification de la tension superficielle. La diphénylcarbazide mise en liberté se soli-
difie bientôt dans cette eau bouillante. Au sein des alcools méthylique et éthylique
à 93°, ces combinaisons acides sont assez stables, en raison du point d'ébullition peu
élevé de ces alcools.
» II. Cristallisée dans les alcools en excès, l'urée de la phénylhydrazine
donne également des combinaisons alcooliques, moins stables cependant
que les combinaisons acides. Non seulement la chaleur et l'eau bouillante
les décomposent, mais quelques-unes s'efflorissent à l'air.
» Les combinaisons méthyliques et éthyliques subissent cette altération avec le
temps; les combinaisons amylique et benzylique sont toutefois moins dissociables.
)) Elles ne se décomposent pas dans le vide sur l'acide sulfurique, et perdent leur
molécule alcoolique seulement vers 100°.
( 342 )
« Nous avons réalisé ces combinaisons avec les alcools méthylique, éthylique, iso-
propylique, amyliqiie, benzylique. Les corps obtenus sont solides, cristallisés en
longues aiguilles blanches. Le composé amylique se présente sous forme de petits
cristaux étoiles brillants. L'analyse faite en chassant l'alcool par la chaleur donne des
résultats théoriques.
n Toutes ces combinaisons sont décomposables par l'eau. Elles sont sans
aucun doute générales avec les alcools.
» III. Les phénols et les aldéhydes donnent des combinaisons molécu-
laires semblables dont nous poursuivons l'étude. Les aldéhydes forment
également, suivant la température de la réaction, des produits de conden-
sation que nous décrirons bientôt.
)) La tendance à la pentavalence d'un des azotes terminaux explique ces
combinaisons multiples toutes comparables. Sans doute la molécule R.OH,
acide, alcoolique ou phénolique se scinde momentanément pour donner
un corps de la forme
H
! D
CH'-HAz - AzH CO.AzH.Azr' T,.
1 OH
» Il est à remarquer que l'urée ordinaire contracte aussi plusieurs com-
binaisons analogues; elles sont toutefois moins nombreuses et moins gé-
nérales que celles que forme l'urée de la phénylhydrazine. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Cétones de l'huile de bois, diméthylcyclohexénone .
Note de M. A. Béhal, présentée par M. A. Haller.
« J'ai montré dans des Notes précédentes {Comptes rendus, t. CXXV,
p. io36) que l'on pouvait extraire au moyen de l'acide chlorhydrique, des
huiles neutres retirées du goudron de bois, une série de cétones, et j'ai
établi, au moyen de l'oxydation, la formule de l'une d'elles qui répond à
la formule d'une méthylcyclohexénone [Comptes rendus, t. CXXVI, p. 46);
depuis, j'ai entrepris d'élucider la constitution d'une autre de ces cétones.
Elle bout à 194°. son oxime fond à 102°, 5 et elle donne un dérivé ben-
zoylé fusible à 129°. L'analyse lui assigne la formule C*H'-0. Pour en
déterminer la structure j'ai procédé par oxydation. La cétone pure a été
oxydée au moyen du permanganate en solution à 5 pour 100, on en
( 343 ;
emploie la quantité théorique nécessaire pour fournir O'. Le produit
d'oxydation est composé d'acide acétique et d'un second acide qui répond
il la formule C° H'"0'. Il bout à i6o° sous 3o°"" et possède l'odeur atténuée
de l'acide lévulique. Le corps ainsi obtenu est un acide cétonique. Il est
acide, car il rougit le tournesol et décompose les carbonates; il est céto-
nique, car il fournit immédiatement à froid avec la semi-carbazideunesemi-
carbazone très peu soiuble dans l'alcool, même bouillant, et qui fond au
bloc Maquenne, en une seconde, à 191°- 192°. Il renferme un groupement
CH'.CO; en effet, traité en liqueur alcaline par le brome, il donne du
bromoforme. Il se forme en même temps un acide bibasique soiuble dans
l'eau, très peu soiuble dans le benzène bouillant, dont le point de fusion
est situé vers i lo*^ : c'est de l'acide pyrotartrique.
» D'aprèî cela, la formule de l'acide primitif ne pouvait être représentée
que par un des deux schémas suivants :
(I)
(ïi;
qui sont les formules des acides x et p-méthyllévuliques.
» En ellet, les corps ainsi constitués auraient tous deux fourni, j)ar
l'action du brome en liqueur alcaline, du bromoforme et de l'acide pyro-
tartrique.
» Pour savoir laquelle de ces deux formules il fallait attribuer à l'acide
obtenu dans rox\ dation, j'ai procédé par comparaison. J'ai préparé
l'acide a-métbyllévulique; quant à l'acide p, il a été étudié, dans ces der-
niers temps, par M. Biaise qui a bien voulu me donner un peu de la semi-
carbazone préparée avec cet acide.
» Pour préparer l'acide a-inéthyllévulique, j'ai opéré en suivant la méthode de
Bischotf ( Liebig's Annalen, t. CCM, p. Sig), c'est-à-dire en saponifiant par l'acide
clilorhydrique l'éllier luéthjlacéljlsuccinique :
GO«C»H=-- CH — CH - C02C*H=.
CH^— CO CH'
>i L'opération a marché très bien, mais l'auteur dit que son acide bout à247°-248'';
or, j'ai observé qu'il n'était pas distillable à la pression ordinaire sans perdre de l'eau.
11 se forme dans ces conditions une lactone non saturée, d'odeur douce, bouillant à
2o5''-2o6° et ayant pour densité à o" = i,o58S.
CH'--
CO-^
GH-
CH'
CIP-
-CO-H,
CH'-
-GO-
-GH^
-CH-
CH'
- CO'H,
( 344 )
» Elle est. assez soluble dans l'eau.
» Elle régénère facilement, par l'action des alcalis en liqueur aqueuse, l'acide céto-
nique correspondant. Celui-ci bout à i65° sous 45°"", mais, distillé, même dans le
vide, il fournit une petite quantité de lactone. Quoi qu'il en soit, cet acide réagit sur
la semi-carbazide à peu près instantanément en donnant une semi-carbazone fusible
en une seconde à igi^-igs".
» Les caractères de l'acide produit dans l'oxydation de l'acétone sont
identiques; par conséquent, il répond à la formule
CH^ - CO - CH-- - CH - CO*H
CH»
qui est l'acide a-lévulique
» L'acide p-méthyllévuliqne CH' - CO - CH - CH- - CO=H
CH'
donne bien une semi-carbazone, mais celle-ci se forme difficilement et fond
à 197" (Blaise, Bulletin (le la Société chimique , t. XXHL p. 918).
» La formation des acides acétique et a-méthyllévulique, seuls produits
formés dans l'oxydation, conduit à attribuer à la cétoneC'H'^0 la formule
suivante :
CO
^ CH — CH'
H^C
HC
CH'-
CH3
qui en fait une diméthylcyclohexénone.
» Cette formule rend bien compte de son oxydation, de sa stabilité, de
son caractère non saturé, et cadre avec son point d'ébuUition élevé. Ce
travail me conduit à modifier la formule que j'avais donnée pour la méthyl-
cyclohexénone, dont la constitution a été établie d'après ses produits d'oxy-
dation.
» Je mets en regard la formule ancienne et la formule nouvelle ;
H^C
I:h^
c
l'ùrniule ancienne. Formule nouvelle.
( 345 ^
» Ces deux formules rendent bien compte toutes deux de la formation
par oxydation de l'acide lévulique et de l'acide acétique. Mais si l'on sup-
pose qu'il peut y avoir un rapport de constitution entre les différents pro-
duits contenus dans le mélange d'où l'on a extrait ces cétones, c'est la
seconrle formule qu'il faut adopter.
» Cette mélhylcyclohexénone se condense avec l'acétone ordinaire en
présence d'alcoolate de sodium pour donner un produit bien cristallisé
fondant à 73°, bouillant à 160" sous 25™™, entraînable par la vapeur et
possédant une odcnr de menthe. C'est un dérivé monoacétonique; il peut
répondre à la formule de constitution suivante G^H"' = CH - CO — CH'
à moins que ce ne soit l'atome d'oxygène de la propanone (jui se soit éliminé
avec les deux atones d'hvdrogène d'un des groupements CH^ voisin de la
3
fonction cétonique C'H'O = C( , ce qui est le cas général observé
jusqu'ici dans les condensations avec les aldéhydes, par exemple dans la
condensation du camphre (Haller, Comptes rendus, t. CXIII, p. 22). »
CHIMIE ORGANIQUE. - Sur le butane dibromé et le butane diiodé (i.4) :
nouvelle synthèse de l'acide adipique. Note de M. l'abbé J. Hamonet ('),
présentée par M. Georges Lemoine.
« Dans la série du butane, on ne connaît qu'un petit nombre de dérivés
biprimaires, et encore quelques-uns de ceux que l'on cite ont été obtenus
par une méthode difficile et peu sûre. Depuis fort longtemps et de bien
des manières, avant de recourir à l'électrolyse du p-amyloxypropionate de
potassium (voir Comptes rendus, 4 février 1901), j'avais cherché à préparer
le butane dichloré ou les éthers qui lui correspondenl, en vue d'essayer
la synthèse du tétraméthylène. C'est ainsi que j'avais fait réagir des mé-
taux tels que le sodium, le magnésiuu), le zinc, l'argent, le mercure sur
léthane chloré et iodé (1.2), C1CH-CH='I, et sur le brométhoxybenzène
BrCH-CtPOCH'.
» J'espérais que l'iode ou le brome seraient seuls enlevés par le métal,
et que les deux résidus s'uniraient pour donner, dans le premier cas, le
butane dichloré (1.4), CH-Cl CH= CH^ CH- Cl, et dans le second la diphény-
line du butanediol (1.4), (CH^OCH^CH-CH^CH-OCH^). xMais, bienque
(') Laboratoire de Chimie de l'Inslilut catholique.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 6.) 45
(346 )
In réaclion du mercure sur l'élhane chloré et iodé fût particulièremenL
facile et se produisît même à la temjîérature du laboratoire, dans toutes
ces expériences, c'est toujours l'éthylène qui a été régénéré.
) L'électrolyse du p-cliloropropionale de potassium Cl CH'CH^CO^K ne
m'a pas non plus donné le butane dichloré (i.4),ClCH-CH-CH-CIl-Cl, que
pouvait faire espérer la réaclion classique. Je n'obtins que de l'acétylène,
de l'éthylène chloré, des produits aldéhydiques et quelques centimètres
cubes d'un liquide chloré, plus dense que l'eau, bouillant de iio" à 220°,
qu'il me fut impossible d'identifier avec le butane dichloré. C'est à la suite
de tous ces insuccès que j'ai préparé par éleclrolyse la diamvline du bu-
lanediol (i.4)t et c'est de ce composé biprimaire que j'ai tiré tous les
dérivés dont je vais maintenant parler.
» Préparation du butane dibromé et du butane diiodé (i.4)- — Si l'on fait passer
un courant d'acide bromhydrique dans la diamyline du butanediol (i . 4) chaulTée au
bain-marie, ou si l'on sature ce corps à froid d'acide iodhydrique, il se forme deux
molécules d'eau, deux molécules de bromure ou d'iodure d'amj'le et une molécule de
dibromobutane (i . 4) ou de diiodobutane (i . 4) ■
C'Hi'OCH^CH'CH^CH^OC^H»' 4- 4HI = aH^O -^ 2C5H>'1 + ICH^CH^CH^CH^I.
Par distillation fractionnée dans le vide, on sépare très facilement les produits de la
réaction. Le rendement est bon avec l'acide bromhydrique, presque théorique avec
l'acide iodhydrique. L'analyse du butane dibromé et celle du butane diiodé ont fourni
des nombres satisfaisants.
» Le butane dibromé [i.li) est un liquide incolore, qui bout à i96''-i97° sous la
pression ordinaire, mais en se décomposant assez notablement, et à 85° sous la pres-
sion de i5™™ avec une très faible décomposition. Densité à i8°r= 1,79.
» Le butane diiodé est un liquide, qu'on ne peut conserver incolore. Il bout,
en se décomposant très légèrement, à i25°-i26° sous la pression de i5""". Densité
à 18°=: 2,807.
» Dans ces composés les halogènes sont bien en position 1.4; il est facile de le
démontrer.
» J'ai fait agir le cyanure de potassium sur le butane diiodé additionné d'alcool
élhylique, de manière à former Vhexane dinitrile :
ICH2GH'CH2CH2I + 2KCAz=:2Kl4-AzCCH2CH2CH=CH'iCAz.
)> Celui-ci, par l'action de l'acide chlorhydrique en présence de l'alcool, a
donné d'abord de l'adipate d'éthyle, et, après saponification, de l'acide adipique
CO^H — CH^— CH»— CH^— CH=^ CO^H, qui fond bien à iSo".
» Cette expérience nous fournit, en même temps qu'une preuve de la
constitution indiquée plus haut, une nouvelle synthèse de l'acide adipique.
( 347 )
On doit tout naturellement de cette constitution du diiodobutane (1.4 ) dé-
duire celle du dibromure et celle de la diamyline du butanediol. D'ailleurs
le procédé employé pour préparer ce dernier corps faisait prévoir et
espérer cette constitution. Les résultats de l'action des métaux sur le
butane dibromé et sur le butane diiodé, que je publierai prochainement,
viendront encore confirmer ces conclusions.
» Ainsi, pour résumer tout ce Travail, je suis arrivé à préparer les
dérivés biprimaires du butane : diamyline du butanediol (1.4)- diiodobu-
tane (i.4j etdibromobutane (r.4 ). en partant de la glycérine et en passant
successivement par :
» L'acroléine CH- = CH - CH O ;
» L'aldéhyde p-chloropropylique CII-Cl - CH' - CHO;
>) L'acide p-chloropropionique CH^'Cl — CH"— CO-H;
') Le p-chloropropionate d'amyle CFFCl — CH^ — CO'^C^H" ;
» Le p-amyloxypropionate d'amyle C* H". OCH- — CH= -CO-.C=H"
et le p-amyloxypropionate de potassium C'H".OCH- — CH^ CO-K. >
PHYSIOLOGIE. — Le globule rouge nucléé se comporte autrement que le globule
rouge anucleé, au point de vue de l'osmose, vis-à-vis de l'urée en solution(').
Note (le M. R. Quinton, présentée par M. Edmond Perrier.
« 1. La loi résultant des travaux d'Hamburger, Gryns : « Au point de
» vue osmotique, la molécule d'urée, dans une solution, se comporte vis-
» à-vis du globule rouge comme si elle n'existait pas », ne vaut que pour
le globule rouge anucléé. Elle ne vaut pas pour le globule rouge nucléé.
L'urée en solution fait équilibre à ce dernier et s'oppose à la sortie de sa
matière colorante.
» 2. Toutefois, ce phénomène d'équilibre est limité dans la durée.
Après des temps variables selon les concentrations, l'hématolyse se
produit.
)' Historique. —Hamburger (1886, Arc/i. Anal, und Physiol., p. 48' )> opt^iant
sur le sang de bœuf (héma lie anucléée), observe que l'urée fait exception aux lois pli\-
siologiques de rosmose. Une solution d'urée, quelle que soit sa concentration, laisse
sortir l'hémoglobine. Gryns {irch. gesamin. Physiol., t. LXIII, p. 8G; '89G) étudie
(') Travail de la Station zoologique d'Arcaclion et du Laboratoire particulier de
M. Halliou.
( 348 )
spécialement le phénomène. Il montre que : i° toute solution d'urée, quelle que soit
sa concentration, se comporte, vis-à-vis du globule rouge, comme l'eau distillée : le
globule rouge s'y gonfle, puis héraatolyse; i° deux, séries de solutions deNaCI, à
divers titres, étant effectuées, l'une dans l'eau distillée, l'autre dans une solution
d'urée, l'hématolyse se produit dans les deux séries pour le même titre de chlorures.
Gryns attribue ces résultats au fait que l'urée pénètre librement la cellule, pénétration
qu'il démontre. 11 ne spécifie pas le sang sur lequel il opère, mais comme, au cours de
son travail, il emploie indifféremment le sang de Mammifère et celui d'Oiseau, et le plus
souvent même ce dernier (à hématie nucléée), comme plus facile à se procurer, ses ré-
sultats paraissent valoir pour les deux sortes de sang, entre lesquels il ne signale pas
de différence. Hedin (Arch. gesamm. PhysioL, t. LXVIII, p. 229; 1897), opérant uni-
quement sur le sang de Bœuf, confirme d'une façon presque complète, par une autre
méthode, le travail de Gryns.
» I. Les expériences qui suivent montrent la différence qu'il faut faire
entre les deux sortes d'hématies, au point de vue de l'osmose, vis-à-vis de
l'urée en solution. Ces expériences ont porté sur le sang de : Cobaye, Lapin,
Veau, Bœuf, embryon de Brebis (déjà âgé), Mouton, pour les sangs à hé-
matie anucléée, — et de Scyllium catulus, Toq)edo marmorata, Galeus canis
(Poissons Sélaciens), Grenouille (Batraciens), Poulet (Oiseaux), pour les
sangs à hématie nucléée.
» Technique. — Hauteur des tubes à essai pour hématolyse : 55"". Volume de solu-
tion dans chaque tube : 3'^'^. Quantité de sang ajoutée : i goutte ou 2 gouttes, suivant
les séries, mais un nombre de gouttes toujours identique dans une même série. Sang
toujours défîbriné, parfois total, parfois débarrassé de son sérum par cenlrifugation.
Le sang ajouté est mélangé à la solution, par agitation. On place aussitôt à la glacière,
et on laisse déposer, sans agiter de nouveau. Pour les deux premières séries d'expé-
riences, l'observation est faite au bout de 6 à 10 heures,
» Première série d'expériences. - Deux séries de solutions de NaCl, à titre décrois-
sant, sont effectuées, l'une dans l'eau distillée, l'autre dans une solution d'urée. (Type
de l'expérience de Gryns.) — Pour le globule rouge anucléé, l'hématolyse se produit
dans les deux séries en face d'un même titre de chlorures. Pour le globule rouge nu-
cléé, l'hématolyse est toujours retardée dans la série à urée, et d'autant plus retardée
que le taux de l'urée est élevé. (Taux de l'urée dans ces expériences : 10 à 80 pour 1000.)
» Deuxième série. — Une série de tubes est ainsi constituée : quatre premiers tubes
(1, 2, 3, 4) contenant des solutions de NaCI, à titre décroissant, effecluées dans l'eau
distillée; cinq autres tubes (5, 6, 7, 8, 9) contenant la même solution deNaCl que le
tube n''4i mais, en outre, des doses d'urée croissantes du tube 5 au tube 9. La pro-
portion du NaCI, dans les tubes 1, 2,3,4, est réglée de façon à encadrer l'hématolyse.
— Avec le globule rouge anucléé, les tubes 4, 5, 6, 7, 8, 9 présentent toujours une
hématolyse identique. Avec le globule rouge nucléé, l'hématolyse témoin du tube 4 va
toujours décroissant du tube 5 au tube 9, et peut disparaître entièrement, selon les
concentrations d'urée
Scyllium calulus; —
des tubes
Taux
Taux
N"
de
en
en
de
chaque
NaCI
urée
l'expé-
expé-
pour
pour
rience.
rience.
1000.
1000.
Hématolyse.
I.
1
12, G
Nulle.
2
9'3
Très nette.
3
8, G
Accentuée.
k
6,6
er
Très accentuée.
5^
6,6
5
Egale à tube 3.
6*
6,6
10
Égale à tube 2.
7
6,6
i5
Inférieure à tube 2
8
6,6
20
Nulle.
9
6,6
25
Nulle.
II.
2
3, G
Nulle.
3
2,5
Très légère.
k
2, G
Déjà accentuée.
8
2, G
90
Nulle.
III.
2
5,3
Nulle.
3
4,6
Très légère.
k
4,0
Accentuée.
U
4, G
3o
Inférieure à tube 4,
8
4,o
6g
Inférieure à tube 3
9
4.0
90
Nulle.
( 349 )
employées. ■— Voir le Tableau suivant : Expérience I, sang de
II, de Grenouille; — III, de Poulet.
Observation
microfcopique.
Nombre lelatif des
Dépôt.
Abondant, rouge.
Mou, déjà blanchâtre.
Réduit, blanchâtre.
Très réduit, très biancli.
Semblable à tube 2.
Abondant, rouge.
Id.
Id.
Id.
Tassé, à arèle vive.
Id.
Mou.
Tassé, à arête vive.
Tassé, à arête vive.
Id.
Très réduit.
Tassé.
Tassé, à arête vive.
Id.
globules
rouges
noyaux
colorés.
libres.
84
16
5o
5o
3g
70
2
98
3o
70
66
34
82
18
84
16
84
16
)}
»
»
»
99
96
3g
85
97
98
I
4
70
i5
3
2
» Troisièmr série. - Si l'on ajoute une goutte de sang anucléé à un tube contenant
soit de l'eau distillée, soit une solution d'urée à un litre quelconque, et qu'on mélange
par agitation, le tube, d'abord louche, passe rapidement au clair limpide; le laquage
complet s'effectue en dix ou vingt secondes (quarante-cinq et quatre-vingt-dix secondes
pour le Mouton et le Veau dans l'urée à 36o pour looo). Le sang nucléé se comporte de
même dans l'eau distillée (sauf une légère différence de teinte, à signaler), mais dans
une solution d'urée suffisamment concentrée, il maintient son louche, au contraire,
exactement comme dans une solution de NaCI. Au bout de dix à trente minutes le
dépôt commence à s'effectuer, et la partie supérieure du liquide apparaît transparente,
sans hématolyse ( ' ). L'examen microscopique confirme l'observation : pas une hématie
anucléée conservée, après une ou deux minutes, dans la solution d'urée à toute concen-
(') Avec la Grenouille, les résultats sont inconstants. Des causes non élucidées al-
tèrent souvent le phénomène, très net au contraire dans certains cas.
( 35o )
tration ; hématies nucléées conservées, au contraire, au bout de temps variables, selon
l'espèce animale et le titre de la concentration.
» La molécule d'urée, incapable de faire équilibre au globule rouge
anucléé, fait donc équilibre an globule rouge nucléé.
» II. Toutefois, elle ne lui fait pas équilibre à la façon d'une molécule
saline, dont l'action est en quelque sorte indéfinie, ainsi que je me propose
de l'établir dans une prochaine Note. »
ZOOLOGIE. — Les blastodermes sans embryon. Note de M. Gustave Loisel,
présentée par M. Alfred Giard.
<( Tous les embryologistes qui ont eu l'occasion d'ouvrir un très grand
nombre d'oeufs de poule aux premiers jours de l'incubation ont certaine-
ment rencontré plusieurs fois des blastodermes sans embryon. C.-Fr.Wolff,
en 1768, est probablement le premier auteur qui ait signalé l'existence de
ces blastodermes; plus tard, Panum puis Broca en ont parlé dans leurs
Mémoires; enfin Dareste lésa décrits et figurés dans son Ouvrage magistral
Sur la production artificielle des monstruosités ; malheureusement, il n'a pas
poursuivi leur étude, car, de même que Broca, il considérait ces formations
comme étant le dernier terme de l'épuisement de la vitalité du germe,
épuisement provenant du fait d'une incubation tardive.
» La lecture de ces auteurs, mais surtout les observations personnelles
que nous avons faites sur ce sujet, depuis plusieurs années, nous ont permis
de distinguer deux sortes de ces blastodermes : i" les blastodermes inem-
bryonnés faux, c'est-à-dire ceux qui ont renfermé ou qui renferment
encore des traces de formation embryonnaire; 2° les blastodermes inem-
bryonnés vrais, c'est-à-dire ceux qui, à aucim moment de leur existence,
n'ont jamais eu d'embryon.
» Cette distinction, qui avait déjà été fuite implicitement par Dareste,
a une importance qui dépasse de beaucoup la question morphologique,
comme nous allons le voir.
» 1° Les faux blastodermes sans embryon rentrent dans la catégorie des
monstruosités simples de Dareste (anomalies des annexes de l'embryon ;.
Ils proviennent de développements qui ont commencé d'abord normale-
ment, c'est-à-dire avec la formation d'un embryon, mais ce dernier étant
mort de très bonne heure, son corps s'est désorganisé et a disparu plus ou
moins complètement alors que son blastoderme a contintié à se développer
( 35 1 •)
pendant quelque temps. Ce premier groupe de blastodermes se reconnaît
à ce que la partie centrale de chaque formation présente encore généra-
lement des restes de l'embryon, ou bien, comme l'ont vu Agassiz et D;i-
reste, à ce que la partie de l'albumen correspondant à la région embryon-
naire a été résorbée, laissant, en cet endroit, un petit espace circulaire
vide.
» 2° Les vrais blastodermes sans embryon se développent toujours
seuls, sans présenter jamais, en aucune région de leur étendue, aucune
espèce de formation embryonnaire.
» Mais alors que l'on peut concevoir les premiers, en partie du moins,
comme une extension de l'aire germinative, ceux-ci se développent indé-
pendamment du germe et en dehors de lui. Ils se forment donc quand le
pronuciéus femelle n'a pas reçu l'imprégnation d'un spermattizoïde.
» S'ils débutent dans le voisinage de la cicatricule, ils envahissent
bientôt la région germinative en absorbant le germe, et alors il peut être
assez difficile de les distinguer des précédents. S'ils apparaissent, au
contraire, loin de la cicatricule, dans la région équatoriale du jaune,
ils se développent bien également en allant vers le germe, c'esl-cà-dire
vers les régions de plus en plus riches en protoplasma, mais on a beaucoup
plus de chances, alors, de rencontrer ces blastodermes avant qu'ils aient
atteint le germe.
» C'est un des cas des plus nets, en même temps que des plus rares, que
nous avons observé il y a quelques jours, chez un œuf de poule qui était
en incubation normale depuis deux jours. Sur le jaune de cet œuf, la cica-
tricule présentait les caractères bien connus d'une cicatricule inféconde.
Elle formait ime tache blanche circulaire, plus petite que la cicatricule
féconde; ses contours étaient réguliers, mais son contenu était grumeleux.
Loin d'elle, à une distance de lo™", se trouvait une bande blastoder-
mique, large de 5°"°; cette bande faisait tout le tour du jaune, un peu
au-dessus de l'équateur. Ses deux bords n'étaient pas semblables : Le bord
supérieur, celui qui était tourné vers la cicatricule, formait un bourrelet
saillant, complètement isolé du jaune et libre de toute adhérence avec
la membrane vitelline. Le bord inférieur, au contraire, était très mince et
adhérait assez fortement au jaune, mais surtout à la membrane vitelline.
» Débitée en coupes, après fixation dans le liquide de Rleinenberg,
cette bande zonale blastodermique nous a montré, à la surface, une couche
continue de protoplasma contenant des noyaux tassés les uns contre les
autres; au-dessous de ce feuillet superficiel, et adhérente à lui, était une
( 352 )
épaisse couche de grains vitellins parsemés de cellules à aspect mésenchy-
mateux disposés sans aucun ordre régulier. Le long du bord supérieur,
cependant, on ne trouvait que des cellules et pas de grains vitellins; là,
ces cellules étaient beaucoup plus nombreuses qu'autre part et formaient
par leur présence le bourrelet signalé plus haut. Dans ce bourrelet les
cellules étaient lâchement unies entre elles; de place en place cependant,
elles formaient des amas cellulaires tout à fait semblables à ceux qui consti-
tuent les germes vasculaires.
)) En résumé, cette étude histologique nous montre que le bord inférieur
de notre blastoderme correspondait à la région où il avait pris naissance;
son bord supérieur, au contraire, répondait à la région de prolifération,
celle par où se faisait l'envahissement du jaune. Le développement de
cette formation blastodermique se faisait donc de l'équateur vers le pôle
germinatif, c'est-à-dire en sens inverse de ce qui existe dans le développe-
ment normal.
» Cette observation, que nous croyons unique, vient apporter une
contribution très intéressante à l'étude des noyaux vitellins ou noyaux de
mérocytes. Dans la région du jaune où il se trouvait, notre blastoderme
n'a pu provenir, en effet, que de la pullulation de noyaux vitellins; or ces
noyaux ne peuvent être considérés, ici, comme des éléments dérivés du
germe, puisque celui-ci ne s'était pas développé. D'un autre côté, il n'existe
pas de noyaux vitellins clans l'oeuf non fécondé, surtout dans la région
équatoriale du jaune. Il ne reste donc, jusqu'à maintenant, qu'une seule
origine admissible pour ce blastoderme zonal; c'est celle de spermato-
zoïdes aberrants qui seraient venus se loger et auraient proliféré dans cette
partie de l'ovule, alors que la région du pronucléus femelle aurait été épar-
gnée par eux.
» Notre observation vient, par là môme, appuyer très fortement l'idée
de la parthénogenèse de la microgamète (spermatozoïde) soutenue par
Giard et celle de la polyspermie physiologique défendue par Riickert, Born,
Fick, Oppel, Nicolas, etc. Elle nous montre, en même temps, que la féconda-
tion pourrait présenter, chez les animaux, quelque chose d'analogue à ce
que Guignard a vu chez les plantes.
•> Dans les œufs à grosses réserves nutritives, il pourrait y avoir au même
moment ou à des intervalles courts : i" un acte de fécondation proprement
dite, par le(juel un spermatozoïde iraits'unir au noyau de l'œuf; i" unacte
de parthénogenèse mâle |îar lequel d'autres spermatozoïdes se développe-
raient aux dépens des réserves de l'œuf. El ainsi pourraient se concevoir
( 353 )
des mélanges d'influences paternelles qui auraient naturellement leur reten-
tissement dans la formation des caractères individuels. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action de la pression totale sur l'assimilation
chlorophyllienne ('). Note de M. Jeaiï Friedel, présentée par M. Gaston
Bon nier.
« Une première série d'expériences, qui a fait l'objet d'une Note précé-
dente (-), a montré qu'une certaine diminution de pression amène une
diminution de l'assimilation suivant une loi régulière chez un certain
nombre de végétaux: Ligustrum japonicuni, Evonymus japonicus, Ruscus
aculeatas, etc.
» Si l'on diminue davantage la pression, le phénomène devient plus
complexe. Soient A^'^ l'assimilation d'une feuille maintenue à la pression
normale dans une atmos]>lière confinée, contenant n pour loo de gaz car-
bonique (environ lo pour loo), A^ l'assimilation d'une feuille identique
placée dans les mômes conditions, mais à une pression - différente, on a
les résultats suivants :
» Soil a =: -~. Pour des pressions coQiprises entre i et g d'atmosphère, 2 prend les
valeurs indiquées dans le Tableau suivant :
Ligustrum . . . . 1 0,74 » o,5 0,45 0,47 0,7
))
0,5
0,45
0,47
0,45
o,fi4
0,75
o,84
»
0,73
»
»
Evonymus .... 1 0,7c
( Ruscus I 0,67 » 0,73 >> » 2,2 1,1 0,53
» Ces chiffres montrent que, chez les trois plantes considérées, le phénomène a une
allure très analogue, bien que les valeurs numèiiques soient difTérentes. L'assimi-
lation diminue avec la pression, passe par un minimum, puis augmente. Lorsqu'on
peut pousser la raréfaction de l'air assez loin, elle diminue de nouveau quand la pres-
sion relative du gaz carbonique devient très faible. Cette marche assez compliquée
résulte vraisemblablement de la superposition de deux ou de plusieurs actions dilfè-
(') Travail fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, el au labo-
ratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Paris, dirigés par M. Gaston
Bonnier.
("^) Comptes rendus, 27 août 1900.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII. N° 6.) 46
( 354 )
rentes. Je me suis proposé de séparer Taction de la pression totale de celle de la pres-
sion relative du gaz carbonique.
» 1° Action de la pression relative du gaz carbonique. — Les résultats obtenus
sont très semblables à ceux de M. Godlewski et de M. Kreusler, qui ont opéré sur
a;, _
d'autres végétaux. Je me bornerai à donner ici les rapports a = -r-j qui interviennent
seuls dans la séparation des deux actions considérées.
„ ( Valeurs de a i,58 o,35 d,43 o,45 0,23 » »
tn-onymus. \ .„ k~ r /a ■- -xr
( leneur moyenne en OU^. 10,76 12,70 10, 5o 6,4" 0,6b » »
_ ( Valeurs de a 1,26 0,71 o,58 o,54 o,45 o,43 0,27
jxilSCllS t \ -
( Teneur moyenne en C0-. 28,0 i3,5 8,54 6,8 4)65 3,o 1,0
M 2° Action de la pression totale seule. — Pour étudier l'action de la pression
totale seule, je prends le rapport entre l'assimilation A,^ d'une feuille placée dans de
l'air contenant n pour 100 de gaz carbonique, à une pression d'une demi-atmosphère,
et l'assimilation A,', d'une feuille semblable maintenue à la pression normale dans de
2
l'air contenant — pour 100 de gaz carbonique. Ainsi, la pression totale seule est
1
A^
changée, la pression du gaz carbonique restant la même. Soit
A
( Val^iti'C An n III in
Evonvtnu
Valeurs de a 1,11 1,9 ' , 37
Teneur moyenne en CO^. . . i4>45 8;27 Ij75
» Si l'action de la pression totale et celle de la pression relative du gaz carbonique
se superposent en agissant comme si elles étaient seules, on doit avoir :
X A 1 1
A 2 "-n \2
fV __| f^v»
2
C'est, en effet, ce qui se vérifie avec une assez grande exactitude, par exemple :
I 1 , 1 1 X 0,69 =: 0,76 pour i4)45 pour 100.
Evonynms. < 1,9 ><o,4 =0,76 pour 8,27 »
1,37x0,45=0,72 pour 6,75 »
I
Or la détermination directe de — donne une valeur de 0,75.
Il
» Autre exemple :
i A'
A 2 "
/i«xc(« .•« = 8,54 pour 100 ^r=i,i5 -r-|=:o,58,
A„ A„
2
' A 1
A - "
Or l'expérience directe donne
( 355 )
A 2
AT =0.67.
» De ces divers résultats on peut tirer les conclusions suivantes :
M 1° La diminution de pression totale seule tend à favoriser l'assimi-
lation ;
» 2" L'action isolée de la pression du gaz carbonique et l'action isolée
de la pression totale sont toutes deux modifiées, et d'une façon différente,
par la teneur de l'atmosphère en gaz carbonique. Mais ces modifications
sont de telle nature que le phénomène résultant suit la même loi dans
d'assez larges limites;
» 3° Lorsqu'on raréfie simplement de l'air contenant du gaz carbonique,
on voit l'assimilation passer d'abord par un minimum, puis par un maxi-
mum. »
BOTANIQUE. — Sur la tuberculisation de la Pomme de terre. Note de M. Noël
Ber.vard, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Diverses considérationsdeBiologie comparée, dont j'ai exposésommai-
rement quelques-unes dans une Note précédente ('), m'ont amené à croire
que, chez certaines plantes, la tuberculisation de bourgeons est la consé-
quence et le symptôme de l'infection des racines par des champignons endo-
phytes. La Pomme de terre paraît être dans ce cas.
» On sait que les tubercules de cette plante se forment sur des stolons
partant de la base de la tige; les bourgeons terminaux de ces stolons sont
arrêtés dans leur différenciation, tandis que de l'amidon s'accumule dans
leur moelle hypertrophiée. J'ai signalé déjà d'autre pari la présence cons-
tante d'un endophyte dans les racines des pieds tuberculisés.
» Ce champignon endophyte est identique au Fusarium Solaiii qu'on trouve fré-
quemment végétant en saprophyte sur des tubercules de Pommes de terre atteints de
maladies diverses. J'ai pu constater par des expériences préliminaires qu'il existe
normalement à la surface des tubercules sains. Le parenchyme de ces tubercules
n'est pas infesté, mais leurs assises subéreuses externes de cellules mortes et pleines
d'air renferment constamment des champignons à l'état de filaments ou de spores. La
(') Sur les tuberculisations précoces chez les végétaux {Comptes rendus,
i5 octobre 1900).
( 35i; )
présence du Fiisariiini Sola/ii y est constante. Un essai a porté sur 5o luberculesde la
variété Marjolin abandonnés en milieu stéiile et humide après des lavages au sublimé;
sur tous les tubercules on obtient un développement de mycélium. En sus du Fusarium
Solani on n'y trouve avec quelque fréquence qu'une espèce voisine : le Spicaria So-
lani. La présence normale de ce Fusarium sur les tubercules sains explique la fré-
quence de son développement sur les tubercules malades et aussi la régulière contami-
nation des sols où l'on cultive la Pomme de terre.
» Si l'envahissement des racines par ce chimipignon est bien la cause de
la tnbercnlisation, on doit pouvoir, en évitant nu en limitant V infection, suppri-
mer ou restreindre la tuberculisation. La culture des Pommes de terre pou-
vant se faire à partir de tiiberctiles ou de graines, des expériences peinent
être tentées de l'une ou de l'autre manière.
I) Ne connaissant pas de moyen praticable et sûr pour détruire les germes que tout
tubercule entraîne, sans endommager gravement ses bourgeons, j'ai cherché à réaliser
la culture, à partir de tubercules, dans un milieu aussi peu favorable que possible à la
propagation du mycélium. Une expérience a été faite sur 16 tubercules de la variété
Marjolin plantés isolément dans des pots remplis de fin sable silicieux. Ces pots ont
été placés dans une serre tempérée et répartis en deux lots. Pour les 8 tubercules du
premier lot, j'ai enterré près des bourgeons, à l'endroit où devaient se développer les
premières racines, quelques menus fragments de Pomme de terre stérilisée sur lesquels
j'avais ensemencé d'avance le Fusarium Solani(\Vi\ s'y était abondamment développé.
Dans ces conditions l'infection doit être certaine, précoce et constante pour les racines
des plantes de ce premier lot, tandis qu'elle ne doit se produire que tardivement pour
le second lot, ou accidentellement pour les racines qui viendraient à toucher un point
contaminé du tubercule pris comme semence.
» Au bout de soixante jours j'ai interrompu l'expérience pour constater l'état des
stolons axillaires souterrains. Trois pieds dans chaque lot ont eu un développement
très lent et n'ont donné que de courtes tiges aériennes, n'ayant aucun stolon à leur
base; ils ne donnent donc de renseignement dans aucun sens. Les cinq autres pieds
de chaque lot, sur lesquels la comparaison porte, ont développé des tiges aériennes
ayant de So"^"" à So"^" de haut qui portent presque toutes des bourgeons floraux. Ces
tiges développent à leur base des stolons qui présentent d'un lot à l'autre les différences
frappantes que j'indique ici :
» Premier lot (plantes infestées expérimentalement). — Les stolons ont dès le
début, de leur développement donné des tubercules qui sont généralement appliqués
contre la tige. Le plus gros de ces tubercules a 55""" de long. A part trois stolons
courts dont l'état est douteux, la différenciation en tubercules ne peut être contestée.
Tous les pieds portent des tubercules.
» Deuxième lot (plantes non infestées expérimentalement). — Les stolons sont
généralement développés en tiges grêles ayant jusqu'à la longueur maximum de lo'^'"
et ne présentant pas trace de tuberculisation. Les tubercules sont très rcires, trois
pieds sur cinq en sont complètement dépourvus; leur taille ne dépasse pas 1=", ils
( 357 ^
sont portés à l'extrétnité de stolons grêles de .'(''"' à 5"" «le long (tubercules pédicules);
leur dilTérenciation a donc été manifestement tardive.
» Je donne ici la statistique de cette expérience seulement pour montrer plus exac-
tement la fréquence relative des deux modes d'évolution des bourgeons :
Premier lot. Deuxionio lot.
Nombre total de stolons luberculisés aS 4
Nombre total de stolons non luberculisés 3 21
» Une seconde expérience faite dans des conditions analogues et ayant duré cent-un
jours a donné des résultats très nettement dans le même sens.
» La culture expérimentale à partir de graines pourrait permettre des expériences
plus précises. Les graines ne sont pas infestées : j'en ai obtenu des germinations en
milieux stériles. Le développement est malheureusement très lent et les plautules
qu'on infeste tôt succombent sans présenter de réaction facilement appréciable.
» La propagation par graines donne lieu, à un autre point de vue, à des remarques
suggestives. Les cultivateurs qui obtiennent des Pommes de terre de semis constatent
qu'elles se tuberculisent généralement dans la première année, sans avoir lleuri, et
n'accomplissent ainsi qu'en deux ou trois ans leur évolution complète.
I) J'interprète ce résultat par le fait que la culture de la Pomme de terre étant
aujourd'hui partout répandue, le Fusariam solani est devenu une espèce commune de
microorganismes du sol. Il n'en était sans doute pas ainsi aux premiers temps de l'in-
troduction de la Pomme de terre en Europe. Un remarquable passage du Rarloruin
plantai urn Historia de De l'EscIuse (1601) établit qu'à cette époque les germinations
de graines donnaient des résultats diflérents ('). Ce botaniste qui, comme on sait,
propagea la Pomme de terre dans l'Europe centrale bien avant qu'elle n'ait été intro-
duite en France, conclut, en eflTet, de l'étude qu'il en a faite, qu'on ne doit compter
pour la propagation de l'espace que sur les tubercules. Il fonde celte opinion
sur le fait que les graines envoyées par lui à diverses personnes ont donné des pieds
qui ont fleuri dans l'année du semis sans s'être luberculisés.
» 11 est intéressant de constater que la Pomme de terre a été répandue par ses
tubercules, qui sont, comme je l'ai montré, contaminés extérieurement. Ce n'est que
beaucoup pins tard (1786) que Parmentier pouvait, à une époque où la culture était
largement répandue, même en France, conseiller l'essai des semis. Ces semis don-
nent, du reste, encore de nos jours, très généralement des variétés tardives.
» Les faits que j'iti exposés ici confirment la conclusion à laquelle j'avais
été amené précédemment. Si cette conclusion est exacte, il ne semble pas
illégitime d'espérer qu'on pourra, par une culture rationnelle des Pommes
de terre, tenant compte de la condition que j'indique, régulariser le ren-
dement en lubercides et augiuenter leur précocité. »
(') E. RozE {Histoire de la Pomme de terre, Paris, iSg8) signale et cite intégra-
lement ce passage curieux.
( 358 )
MINÉRALOGIE. — Sur un nouveau groupe de roches très basiques (' ).
Note fie M. A. Lacroix, présentée par M. Michel-Lévy.
« Les Iherzolites des Pyrénées et particulièrement celles de l'Ariège
(Etang de Lherz, vallée de Suc, Prades) renferment, sous forme de traînées
ou de fdons distincts, toute une série de roches holocristallines, grenues,
essentiellement constituées par un ou plusieurs pyroxènes (diopside, dial-
lage, bronzite) et du spinelle vert foncé. Elles peuvent en outre contenir
du grenat pyrope (calcique et ferreux) et enfin de la hornblende brune,
ferrifére, qui devient parfois assez abondante pour faire disparaître les py-
roxènes; elle est alors accompagnée d'un peu debiotite. L'olivine n'existe
qu'accidentellement et toujours en petite quantité; il en est de même pour
des traces d'un feldspath (andésine ou anorthite) qui est localisé dans
les zones kélyphitiques entourant le grenat ou dans de petites plages enve-
loppant des grains corrodés de spinelle et de grenat; ce feldspath paraît
d'origine secondaire.
M Les analyses suivantes ont été faites par M. Pisani sur les principales
combinaisons minéralogiques que j'ai observées dans ces roches.
» a. Elang de Lherz : diallage, bronzite, spinelle.
» b. Escourgeat : même roche, avec en outre hornblende et un peu d'olivine ser-
pentinisée.
» d. Etang de Lherz : hornblende et grenat, un peu de biotite et d'olivine.
» e. Etang de Lherz : diopside, grenat, spinelle.
» /. Étang de Lherz : Diallage, bronzite, hornblende, olivine (serpentinisée et
calcifiée).
» g. Etang de Lherz : même roche que /avec en outre très peu d'andésine.
» Je donne par comparaison, en II, la composition de la Iherzolite de Lherz.
a. b. c. d. e. f. g. h.
SiO^ 47,09 47,29 42,68 38,58 44,38 38. gS 42,324 4,64
APO' 16,99 16,93 18, 36 20,42 17,60 19,80 i5,4i 5,85
Cr^O' » » » » » » » 0,20 env.
Fe^O^ 1,62 1,58 5,27 7,60 1,42 3,01 2,69 2,85
FeO 3,60 2,67 7,02 5,91 3,91 4,54 5,96 4,5o
MgO 19,92 21,01 12,89 '2,93 i5,i4 16,42 19.25 38,76
Ca 0 9,20 8,56 10, o5 9,43 i6,o3 i2,o5 11,97 2,47
Na^ O o,5o 1,17 1,69 2,29 0,78 0,89 1,04 »
K-0 0,25 0,39 o,5i 1,39 0,1 5 0,37 0,24 «
Perte au feu o,83 0,29 2,5o i,25 0,59 3,36 i,23 o,3o
100,00 99,89 100,97 99,80 100,00 99,39 100,11 99,57
(') A. Lacroix, Comptes rendus, t. CXX, p. 752; 1895.
- ( 359 )
» La comparaison de ces analyses montre que pyroxéniques et amphi-
boliques, malj;ré leur diversité de composition minéralogique, ces roches
présentent un air de famille remarquable; leur teneur en silice est peu
différente de celle de la Iherzolite ou est identique. Elles se différencient
de cette roche par une teneur beaucoup plus grande en alumine et en
chaux, compensée par une richesse beaucoup moindre en magnésie; il
existe en outre un peu d'alcalis atteignant leur maximum dans les types
riches en amphibole et en biotite. Nos roches diffèrent des pyroxénolites
connues dans d'autres régions; celles-ci, en effet, ne sont guère plus alu-
mineuses que la Iherzolite et ont de 5o à 55 pour loo de silice.
» Les véritables affinités chimiques des roches qui nous occupent sont
avec les gabbros dont elles possèdent la haute teneur en alumine, en
chaux et en magnésie; elles en constituent le type ultra-magnésien,
offrant de la façon la plus nette le caractère lamprophyrique. Leur carac-
téristique réside donc dans une composition minéralogique excluant les
feldspaths et une composition chimique qui, «/jn'orî, pouvait faire supposer
que ces minéraux jouaient un rùle important dans leur constitution.
» Ces considérations m'ont conduit à entreprendre sur ces roches toute
une série d'expériences synthétiques par la voie purement ignée.
» Les spinelles ne se produisant en quantité notable dans les magmas fondus sili-
cates que lorsque ceux-ci sont sursaturés d'alumine, il m'a |)aru, en effet, possible
d'obtenir aux dépens de ces roclies, qui ne sont pas dans ce cas, des produits cristal-
lisés différents de ceux qui les constituent naturellement. J'ai fondu dans des creusets
de platine les échantillons dont les analyses ont été données plus haut. Ils ont été trans-
formés ainsi en des verres homogènes qui ont été ensuite recuits pendant environ douze
heures. Ils cristallisent très facilement, trop facilement même, car ils ont une grande
tendance à laisser déposer des cristallites de péridot par suite d'une cristallisation
incomplète. Quand le recuit a été bien conduit, j'ai obtenu, et particulièrement avec
les échantillons dont l'anah'se est donnée en b et e, des roches constituées par des
microlites d'augite englobés par des cristaux plus grands de bylovvnite.
» Ces résultats ont un vif intérêt théorique, en montrant la signification
exacte de nos roches qui sont à la limite des groupes des gabbros, des
pyroxénites, et des péridotites et dont la composition chimique permet la
production de roches minéralogiquement différentes, suivant les con-
ditions qui président à la consohdation du magma dont elles proviennent.
Leur forme d'épanchement serait des labradorites ou des basaltes extrê-
mement pyroxéniques. Elles doivent à une cristallisation intratellurique
leur composition minéralogique spéciale (abondance du spinelle et du
( 36o )
grenat associés : des pyroxènes et de l'amphibole), instable dans les con-
ditions qui président à la cristallisation des roches superficielles par fusion
purement ignée. Il est donc possible de donner ainsi une démonstration
expénnientale du mode de consolidation, non seulement de ces roches
spéciales, mais encore des Iherzolites qu'elles accompagnent et de con-
firmer ainsi les déductions que j'ai tirées à cet égard de VobsenaUon sur le
terrain des si remarquables phénomènes de contact de la Iherzolite.
» Pour toutes ces raisons, il n'est plus possible de considérer ces roches
comme de simples pyroxénolites; il est nécessaire d'en faire dans les clas-
sifications un sous-groupe distinct établissant le passage des pyroxénolites
aux gabbros ('); je les désigne sous le nom à'ariégiles, [)our rappeler la
région où elles sont particulièrement abontlantes. »
GÉoroGlE. — Nouvelles observations sur la période glaciaire dans les Kar-
pates méridionales. Note de M. E. de Martonse, présentée par M. de
Lapparent.
« Dans une Note communiquée à l'Académie an mois de novembre 1899,
j'iii exposé les premiers résultats de recherches sur les traces de la période
glaciaire dans les Karpates méridionales, particulièrement dans le massif
du Paringu et les monts de Fogarash. J'ai établi que ces montagnes avaient
subi une glaciation du tvpe pyrénéen, qui s'était ATaisemblablement répétée
deux fois et avait affecté tous les principaux sommets. Pendant l'été
de 1900 j'ai exploré les monts de la Cerna, les monts du Lotru, la partie
occidentale des Fogarash (Jeseru), et le massif du Csukas. Les faits
observésp ermettent de préciser et d'étendre mes conclusions.
» I^e massif du Csukas, constitué par les conglomérats cénomaniens qui
(') M. Lœwinson-Lessing a établi une classification chimique des roches en se
basant en particulier sur la considération des rapports moléculaires
(I^O + R-0):R-0^:SiO-;
il est intéressant, à ce point de vue, de faire remarquer que la caractéristique des
ariégites rèi\Ae dans ce que les proportions moléculaires des oxydes (RO + R'O)
sont sensiblement égales à celles de SiO-; on a, en elTet, pour les diflérentes analyses
données plus haut, les rapports suivants : (RO -t- R^O) : R-0' : SiO'= (a) 4, 1 : t : "^,4;
(6) 4,4 : I : 4,5; (c) 3,3 : i :3,6; {d) 2,5: i : 2,6: (e) 3,i : i :3,i; (/) 3,2 : 1 :3,i;
(»"')4,8: I :4,i.
( 36i )
forment la base du flysch, est entaillé p;ir des ravins dominés d'escarpe-
ments sauvages, mais sans traces de cirques ni de roches moutonnées. Le
point culminant n'atteint, en effet, l'altitude de igSS^que sous'la forme
d'une pyramide dominant de 200"" le reste du massif. En admettant pour
cette région une limite des neiges éternelles légèrement supérieure à celle
que nous avons fixée pour lesFogarash (1900™), on comprend qu'il n'y ait
pu y avoir formation de glaciers.
)) Le massif de Jeseru, dont l'exploration géologique reste encore
presque entièrement à faire, s'élève à l'extrémité orientale des monts de
Fogarash, au point oi!i les deux chaînes qui constituent ce bourrelet mon-
tagneux (chaîne du Negoiu et chaîne du Cozia) viennent se raccorder par
une inflexion vers le nord de la chaîne méridionale. La crête principale
court du N.-E. au S.-O., de même que l'anticlinal de gneiss qui forme le
cœur du massif. Elle reste constamment à une altitude voisine de 2200"",
atteignant 2400"' à Fapusa et Jeseru mare, et est découpée comme à l'em-
porte-pièce sur ses deux versants par des cirques aussi typiques que ceux
du Paringu. Les plus nombreux et les plus beaux sont ceux duTcrsant N.
J'ai pu faire une topographie sommaire des deux cirques d'Oticu, tournés
vers l'ouest et le nord, et j'ai levé à i : 5ooo*, avec la règle à éclimètre, les
deux paliers supérieurs du cirque de Jeseru mare. Ces cirques renferment
des lacs entourés de roches moutonnées ou cerclés de remparts d'éboulis
ressemblant à des moraines. Le calcul de l'altitude moyenne des paliers
inférieurs des cirques et des roches moutonnées me conduit, en adoptant
la méthode que j'ai appliquée au Paringu, à admettre que la limite des
neiges éternelles devait être légèrement supérieure à 1900*".
» Les monts du Lotru sont moins élevés que ceux du Fogarash. Le point
culminant de la chaîne méridionale (Balota) atteint 2o55'", mais la crête
reste longtemps à une altitude voisine de 2000". Cependant je n'y ai
observé qu'un seul cirque bien formé, celui de Groupa Mâlâi, tourné vers
l'est, et dont le palier inférieur descend à iSSo™. Cette constatation ne
peut surprendre, si l'on admet une limite des neiges éternelles voisine de
1900™, et si l'on songe à la raideur des pentes"du versant N. dans cette
chaîne.
» L'exploration des monts de la Cerna est celle qui a fourni les résul-
tats les plus importants et les plus inattendus. La chaîne cristalline qui,
depuis la source de la Cerna, domine à l'ouest le cours de'cette rivière,
marqué par toute une traînée de récifs calcaires dont jle mont Oslia est le
point culminant, n'est que l'extrémité du grand massif cristallin étudié
C. K., lyoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 6 ) 4?
( 362 }
dans le Banat par M. Schafarzik. La crête, formée par la partie supérieure
du Cristallin, fortement injeclée de pegmatites et, localement, de diabases,
ne dépasse pas 2300"", mais reste constamment supérieure à 2000"" et est
entaillée profondément sur ses deux versants par un grand nombre de
cirques, quelques-uns rappelant, par leur complexité et les cirques laté-
raux qu'ils présentent, les plus beaux cirques du Paringu. Partout on
trouve des lacs; les plus grands sont ceux de Godeanu (iSgS™) et Cracu
Mainese (1777") dont j'ai pu faire un levé. Les roches moutonnées
semblent manquer presque complètement; mais le fond des cirques est
couvert d'ébouiis qui prennent parfois sur les bords l'aspect de moraines
latérales, et l'extrémité des paliers inférieurs présente des terrasses ana-
logues de tout point aux terrasses pseudomorainiques du Paringu.
» L'une d'elles, celle du cirque de Soarbele, est incontestablement une
moraine terminale. Elle en a conservé la forme topographique (muraille
en fer à cheval) et n'offre que des blocs de schistes cristallins identiques à
ceux qui affleurent dans le fond du cirque, alors que les escarpements
voisins sont constitués par les calcaires de la Cerna. Des raisons analogues
me font considérer comme une moraine le bourrelet qui barre l'extrémité
inférieure du grand; cirque de Màcusa, près de la Stina. Les cirques du
versant nord de la chaîne présentent également des murailles en fer à
cheval d'apparence morainique.
» La moraine de Soarbele, dont l'allitude est seulement de i437™, va
se raccorder par une pente de iS" à 20° avec une terrasse formée des
mêmes éléments. C'est donc un complexe fluvioglaciaire en petit. MuUe
part ailleurs je n'ai trouvé de traces glaciaires aussi basses, mais on doit se
rappeler que récemment M. Schafarzik trouvait dans le massif voisin du
Sarko une moraine terminale par 1700'" environ. Pour la chaîne du
Godeanu on arrive, en employant la même méthode que pour Jeseru, à
une limite des neiges éternelles d'environ 1600"".
» Deux conclusions nous semblent se dégager de ces faits, rapprochés
de ceux que nos études précédentes ont révélés. C'est d'abord le rapide
abaissement de la limite des neiges éternelles vers l'ouest, en partant du
Csukas où elle dépassait igoo™ pour arriver à l'autre extrémité de la
Valachie où, dans les monts de la Cerna, elle descendait à 1600"*. Ce fait
semble général dans toute l'Europe, et a été récemment mis en lumière
dans la péninsule des Balkans (Cvijic-Penck). — D'autre part, on doit
remarquer que dans les massifs où les glaciers sont descendus le plus bas
(monts d(; la Cerna), les appareils morainiques sont encore bien conservés,
( 363 )
tandis que dans ceux où los glaciers se sont arrêtés plus haut les moraines
ont été la proie de l'érosion; par contre c'est dans les montagnes où la
recherche des moraines est le plus problématique qu'on trouve les pl'.is
belles régions de roches moutonnées (^Paringti), tandis qu'ailleurs on a
peine à en trouver quelques-unes sous les débris glaciaires. Il y a là une
indication sur la marche que suit l'érosion dans son travail d'effacement
progressif des traces d'une glaciation restreinte. »
GÉOLOGIE. — f^es transgressions et les régressions des mers secondaires dans
le bassin de l'Aquitaine, ^'ote de M. Pu. Glangeacd, présentée par
M. Albert Gaudry.
« L'étude du Jurassique et du (Irétacé du bassin de l'Aquitaine me
conduit à établir des conclusions générales sur les transgressions et les ré-
gressions marines dans ce bassin et me permet de montrer leurs rapports
avec les mom'ements du sol (oscillations verticales et refoulements latéraux)
et la distribution des faciès.
» A la fin de la période Iriasique, la mer longeait le bord sud-ouest du
Massif central, jusqu'aux environs de Brive. Dès le début du Lias, la dé-
pression dans laquelle elle est logée s'accentue et se prolonge, vers le
nord-ouest, dans la direction des plis du sud-ouest de ce massif. Les eaux
marines suivent le mouvement de descente des masses continentales, assez
accentué à VHetlangien, pour permettre la communication des bassins de
Paris et de l'Aquitaine, par le détroit poitevin.
» Désormais, la sédimcnlaiion va suivre, dans ce dernier bassin, la
marche de i approfondissement; elle sera d'autant plus grande que celle-ci
sera plus accentuée. Toutefois la région correspondant au Quercy et^u
Sarladais formera, durant tout le Jurassique, une cuvette synclinale dans
laquelle, l'enfoncement étant plus rapide, l'accumulation des sédiments
deviendra énorme (i5oo™ au lieu de 3'" à joo" dans le nord).
)> Jja transgression marine s'accentue au Lias supérieur et an Bajocien
inférieur. Elle est telle, à cette époque, que la Vendée est complètement
immergée et qu'il s'établit une communication temporaire de l'Aquitaine
avec le golfe des Causses, ce qui explique le passage des formes méridio-
nales (Lytoceras, Phylloceras^ de la deuxième région dans la première.
)) Avec le Bajocien sup. commence une régression marine atteignant son
maximum au Bathonien inf. et correspondant à un exhaussement vertical
( 364 )
du Massif central et, par places, à des mouvements horizontaux (discor-
dance). Cette régression a été constatée sur tout le parcours du Massif cen-
tral, qui, très réduit, comme île, au Bajocicn, fut si largement exondé au Ra-
thonien inf., que des lagunes saumâtres s'établirent au N.-O, à l'O. et au S.
sur plus de ooo'^™. Par contre, la mer continuait de couvrir une partie de la
Vendée, jusque vers l'embouchure de la Loire.
» Une nouvelle transgression marine débute au Callovien et se poursuit
jusqu'à la fin du Rimmeridgien. L'enfoncement du bassin se fait régulière-
ment, mais il est toujours plus accentué dans le Quercy.
» Des mouvements du sol, dont les effets sont faciles à constater, ont
lieu au Portlandien inf. La Bretagne et le Massif central s'exondent, s'on-
dulent et ainsi cesse la communication des mers par le détroit du Poitou.
Puis le mouvement se propage {Purbeckien) au bassin lui-même, dans lequel
se sont accumulés les dépôts jurassiques. Il émerge peu à peu, à son tour,
tandis que sur son emplacement, surplus de 3oo'"°, s'étendent des lagunes
saumâtres. Bassin et masses continentales sont définitivement émergés à la
fin du Purbeckien et la mer rejetée au S.-O. (Pyrénées). Les refouiemenls
latéraux se manifestent durant tout V infra-crétacé . Ils ont pour résultat
A' esquisser un système de plis de direction N.-O. et de dômes, isolés (Quercy),
ou rattachés à ces plis [dômes de Mareuil, Chapdeuil, Saint-Cyprien (Dor-
dogne), Jonzac, île d'Oléron (Charente)].
» Sur la région jurassique ondulée, puis aplanie par l'érosion, à la fin de
r infra-crétacé, viennent s'étendre les eaux de la mer Cénomanienne, dont
l'arrivée coïncide avec un nouveau mouvement de descente du bassin. Les
sédiments crétacés recouvrent, en effet, en transgressivilé, tous les étages
jurassiques, avec, par places, une discordance atteignant 45°. Toutefois les
mers crétacées eurent une moins grande extension que les mers juras-
siques, car une notable partie du Quercy resta émergée.
» Au Cénomanien, le dôme de Saint-Cyprien (Cf. Comptes rendus,
21 janvier 1901) forme encore une île bordée de lagunes saumâtres sur
plus de So*"". Les dômes de Sauveterre et de Fumel (Lot-et-Garonne)
restent rattachés à la terre ferme, tandis que ceux de Mareuil, de Chap-
deuil, de l'île d'Oléron sont complètement recouverts par les eaux.
Mais dès le Turonien inf., la transgression marine qui se produit amène
l'immersion de tous ces dômes. Ce mouvement ne dure que jusqu'au Turo-
nien sup., époque à laquelle a lieu une nouvelle régression marine ame-
nant la formation de barres récifalesà rudistes, dans le nord, et le dépôt de
grès, de sables et de lignites dans le sud-ouest.
( 365 )
» Avec le Sénonien se produit un mouvement inverse; la mer accumule
sur son fond une épaisseur considérable de sédiments détritiques à Ostracées.
Puis l'émersion de toute la région secondaire reprend au Maëstrichtien, et
elle se fait si rapidement qu'elle est achevée avant la fin du Crétacé.
» Le Tableau suivant résume la série des principaux phénomènes des
temps secondaires dans le bassin de l'Aquitaine :
Transgressions
marines.
Hettangien. . . .
Lias sup
Bajocien inf. . .
Jurassique sup.
Infra-crétacé. . .
Cénomanien . . .
Turonien inf. . .
Sénonien
Régressions
marines.
Bajocien sup.
Bathonien inf.
»
Portlandien.
Purbeckien.
Turonien sup.
»
MaësU'ichlien.
Nature des dépôts.
Marnes et cale.
Cale, coralliens.
5oo''"' de lagunes
saumàtres. Lignites.
Marnes et cale.
»
Soo'^'" de lagunes
saumàtres (sel, gypse).
I Marins au \.
\ Saumàtres au S. -E.
Cale, marneux.
Récifs à rudistes.
Sables et lignites au S.-E
Cale, détritiques.
>[ouvemonts dii sol.
Ouverture du détroit poitevin.
\ Communication de l'Aquitaine
( avec le golfe des Causses.
»
( Le Massif central est exondé. La
( Vendée est immergée.
Discordance au S.-E.
Fermeture du détroit poitevin.
( La mer est de plus en plus rejetée
\ vers les Pyrénées,
l Esquisse du réseau de plis N.-O.
( et de dômes. Leur ablation.
1 Discordance atteignant 45°. Le
' Querc}' reste émergé. Certains
( dômes forment des îles.
Immersion de tous les dômes.
Discordance par places.
Emersion de tout le bassin.
HYDROLOGIE. — Contribution à V étude des eaux souterraines. Courbes iso-
chronochromatiques ('). Note de M. Félix Marboutix, présentée par
M. Maurice Levy.
« La nécessité de connaître les origines de l'eau arrivant aux émer-
gences des sources destinées à l'alimentation a été tout dernièrement mise
en évidence par les travaux de la Commission scientifique de l'observatoire
municipal de Montsouris. Au cours des études faites dans la région alimen-
tant la ville de Paris pour « tracer la Carte de la circulation souterraine »,
(') Travail exécuté au Service chimique de l'Observatoire de Montsouris.
( 366 )
suivant l'expression de M. Diiclaux, nons avons fait des expériences de
coloration des eaux au moyen de la fluorescéine, en ayant soin d'examiner
tous les puits de la région où nous opérions.
» L'expérience nous ayant montré qu'un très grand nombre de ])uits
présentent des traces de coloration au bout de temps plus ou moins
variables, nous avons eu l'idée de tracer les courbes lieux des points où les
molécules d'eau colorée arrivent au bout du même temps. Ces courbes,
que nous avons d'abord appelées isochrones el que M. Janet nous a proposé
d'appeler isochronochromatiques , permettent de se rendre compte de la
manière dont les eaux se propagent dans le sous-sol. Elles mettent en
évidence des régions tranquilles, où l'eau est presque stagnante, et des
lignes de plus grande propagation, qui ont une importance particulière au
point de vue de l'hygiène publique. Voici comment nous opérons :
» Nous versons en un point de la nappe souterraine à étudier une cer-
taine quantité d'une solution de fluorescéine, en même temps qu'un volume
d'eau suffisant pour créer un déplacement de la fluorescéine dans la nappe,
en augmentant artificiellement la hauteur du niveau piézométriqueau point
où se fait le jet. Cette augmentation doit durer un temps suffisant pour
que la dilution de la fluorescéine dans la nappe acjuifère soit assez pro-
noncée. L'expérience nous a montré qu'une heure ou deux suffisaient. Les
molécules colorées vont rejoindre les exutoires naturels de la nappe,
sources ou puits, en suivant les trajectoires les plus diverses. En faisant
exécuter des prélèvements d'heure en heure et dans des zones concen-
triques à partir du point où a eu lieu le jet de. la fluorescéine, on peut con-
naître, à moins d'une heure près, l'époque où les molécules, passant par
le point considéré, rejoignent les puits ou les sources.
)> Ces heures, portées sur une carte de la région à l'emplacement de
chaque puits, permettent de tracer des courbes de propagation des molé-
cules d'eau, par une méthode analogue à celle qui est utilisée pour le tracé
des courbes employées en météorologie.
» La coloration des eaux des puits et sources d'une même région pour-
rait causer une vive émotion dans le pays si elle était visible à l'œil nu.
Nous avons soin de n'employer que des quantités de fluorescéine assez
fjubles : 400^'' à ■joo^'', suivant l'importance de la nappe aquifère.
» La coloration des eaux n'est alors plus visible à l'œil nu dans les con-
ditions ordinaires, mais elle l'e^l encore au fluoroscope, dont M. Trillat(')
(') Comptes rendus. 1899.
(367)
a donné le principe et que nous avons perfectionné en collaboration avec
M. Molinié, chimiste à l'observatoire municipal de Montsouris.
» Notre fluoroscope se compose de douze tubes en cristal très blanc,
venus d'une même coulée; ces tubes sont bouchés à une extrémité pur un
bouchon en caoutchouc rouge noirci avec de la plombagine. La boîte ser-
vant au transport des tubes contient des montants qui se fixent sur les
côtés de celle-ci en maintenant une traverse percée de trous qui sert de
support aux tubes.
» Les tubes étant remplis d'eau et placés verticalement l'un à côté de
l'autre dans l'ordre des heures de prélèvement, on reconnaic immédiate-
ment la présence de la fluorescéine à l'apparition d'un reflet verdàtre qui
se projette sur le fond noir formé par le bouchon.
M II faut se mettre en garde contre la coloration propre des eaux; il est
souvent commode de prendre un tube témoin ; c'est ce que nous avons fait
au début de nos expériences, en mars lyoo. et ce que nous faisons tou-
jours lorsque nous avons un aide peu expérimenté.
» Nous sommes arrivés, M. Molinié et moi, à reculer la limite de visi-
bilité au dix-milliardiême. Mais cette limite dépend beaucoup de la nature
de la fluorescéine que l'on emploie.
» Nous donnons ci-dessous le Tableau des limites de visibilité au fluoro-
scope pour neuf échantillons que nous avons étudiés; ils proviennent de
matières colorantes, produites dans des usines différentes, désignées dans
le commerce sous le nom générique de Jluorescéme.
m
Dilution des solutions.
Coloration visible
Nom au Iluoroscope
commercial à l'œil — -.
Numéro du i i i i 5 x lo'
d'ordre. produit. Aspect. Couleur. lo" 5 x lo'* lo' 2 x lo' i
1. Fluorescéine Masse amorphe Kouge br. Nette Nette Limite o
10
10
o o
o o o
o o o o
2. Jaune 4!^ II Poudre Vermillon Nette Nette Limite
3. Uranine A. Poudre Vermillon Faible Limite
4. Uranine B. Masse amorphe Brun Nette Nette o o o o
5. JauneDtlsoi. Poudre Brun Nette Nette o o o o
(). JauneDHins. Poudre Jaune r. Tr. faible o o o o o
'7. 1^'luorescéine Poudre Brun rouge Tr. nette ïr. nette Tr. nette Limite o o
8. Fluoresc.III Poudre Brun rouge Faible o o o o o
9. Fluorescéine Masse amorphe Brun rouge Tr. nette Tr. nette Tr. nette Tr. nette Nette Limite
( 368 )
» L'eau qui a servi à faire les solutions est l'eau de la source du Miroir
(à Theil-sur-Vanne); elle était 1res légèrement opaline sur i™ d'épaisseur. »
M. E. GuARiNi adresse un complément à ses expériences sur la télégra-
phie sans fil.
M. A.-L. Herkera adresse, de Mexico, une Note « Sur les vacuoles
contractiles de l'oléate d'ammoniaque en formation. »
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
ERRATA.
(Séance du 19 novembre 1900.)
Note de M. M. Tsvell, Sur la chlorophylliiie bleue :
Page 843, ligne 24, au lieu de à la ligne F, lisez vers la ligne G.
K 6.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 11 féviiei 1901.)
aiÉMOIRES ET COMMUrVICATIOXS
DES MEMBUIÎS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
f'ages.
M. Bkhïiii:i.ot. — Sur la géncralion des
liyilrocai'bures par les carbures mctal-
iitjues '■ '^'
M. liEiiTiiELOT. — Observations sur la dis-
solution des mctaux solides dans le nier-
riire et plus gi'néraleuicnt dans les autres
Pages.
niélaiix Condus ■).<)'>
M. O. B.\CKLUND. — Sur la précession -.syi
M. P. DUIIE.M. — Sur les chaleurs spéci»
fiques des fluides dont les éléments sont
soumis à leurs actions iiuiluellcs .!<) !
CORRESPONDANCE.
3,|(i
atjli
29b
■^99
l.a Sor.iKTi-: italienni-: des SciExeEs (ditk
DES M,), l'.VCADK.MIl-: roNTll'ICALK DEI
NUOVl LlNCEI, r.XcADEMlE IIÛYAI.E DES
Sciences physioues et matuk.matiuces de
Napi.es adressent à r.\cadémie leurs pro-
fondes condoléances à l'occasion de la mort
de i\(. Ilerinite
M. le SECiiETAinK peutetuel signale un Vo-
lume intitulé : « Etienne GeoIVroj Saiiit-
Uilairc; Lettres d'Egypte » publiées par
.M. K.-T. llamy
M. H. Ueslandres. — Sur la photographie
de la couronne solaire dans les éclipses
totales
M. J.-J. Landekeh. — Sur la théorie des
satellites de Jupiter '
M. l).-Tii. lÎGOiiuv. — Une classe nouvelle
de surfaces algébrii|ucs (|iil admettent une
déformation continue en restant algé-
briqui's '•">-
M. Ci.AliUN. — Sur certaines transforma-
tions de Backlund . . . .• •'>o5
M. .1. Cot;LON. — Sur le théorème d'IIugo-
niot et la théorie des surfaces caractéris-
li(|ues , 307
M. U. ii'.XniiÉMAR. — Sur une classe d'équa-
tions aux dérivées partielles du second
ordre î'o
M. BuiiL. — Sur les formes linéaires aux
dérivées partielles d'une intégrale d'un
système d'équations dillércnticllcs simul-
tanées qui sont aussi des intégrales de ce
système i'3
M. RiDiiciîE. — Sur les voùles en arc de
ccwje encastrées aux naissances 3ij
W. Alfred Angot. — Sur la variation diurne
de la déclinaison magnétique W;
M. li. .M.wniA.s. — Calcul de la formule
délinilive donnant la loi de la distribu-
tion régulière de la composante horizon-
tale du magnétisme terrestre en Fiance
au 1" janvier iSg6 3^o
M. L.MMAXUEL LEGR.iXD. — Anémomètre
électrique à indications ii tlislance 3i3
M. A. Ricpo. — Communications télépho-
niques, au moyen de lils étendus sur la
neige 3;>3
,\L Janssen. — Hemarques sur la commu-
nication précéilente de M. /licco 3j3
.\1. Inouïs Bknoist. — Lois de transparence
de la matière pour les rayons X i3\
M. V. Cnic.MiEU. — Nouvelles recherches sur
la convectiuu électrique 3.>-
M. Kin.MiN Larroque. — Sur les impres-
sions musicales (physico et psychophysio-
log ie ) 33o
iM. Marcel Delêpixe. — Sur la formation
et 1.1 décomposition des acétals '.(1
M. V. Uhbaln. — De l'élimination du mé-
thane dans l'atmosphère 33'|
.\[. V. IjUIGNaud. . — .\ction des élliers
d'acides gras monobasi(|UPS sur les com-
binaisons organomagnésiennes mixtes.... 3 l'i
MM. P. Bayuac et C. Camiciiel. — Sur
l'absorption de la lumière par les indo-
pliériols 338
M. P. Cazeneuve. — Sur des combinaisons
acides et alcooliques de l'urée de la plié-
nylhydrazine 3'|0
-M. .\. Beiial. — Cétones de lliuile de bois,
diniétiiylcyclohexénone 3'| >
M. J. IIa.monet. — Sur le butane dibromi-
et le butagc diiodé(i.'i) : Nouvelle syn-
thèse de l'acide adipique )'|J
.M. l\. QuiNlON. .— Le globule rouge nucléé
se comporte autrement que le globule
rouge anuclée, au point de vue de l'os-
mose, vis-à-vis de l'urée en solution 5\-
M. Gust.U'e Loisel. — Les blastodermes
sans embryon 35o
M. Jean Friedel.' — .\ctioii de la |irissioii
totale sur l'assimilation chlorophyllienne. 353
.M. Noël Bernard. — Sur la tuberculisa-
tiou de la Pomme de terre 3.5.3
.M. A. Lacroix. — Sur un nouveau groupe
de roches très basiques 35S
N° 6.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. E. DE .M.iRTONNE. — IVouvelIcs observa-
tions sur la période glaciaire dans les
Karpates méridionales 36o
M. Ph. Glangeaud. — Les transgressions et
les régressions des mers secondaires dans
le bassin de l'Aquitaine 363
M. Félix Marboutin. — Contribution à
Errata
l'étude des eaux souterraines. Courbes
isocbronocbroniatiqucs
M. E. Gu.iRiNi adresse un complément à ses
expériences sur la télégraphie sans fil ...
M. .'\.-L. Herreha adresse une .Note « Sur
les vacuoles contractiles de Toléate
d'ammoniaque en formation «
Pages.
36,5
36S
368
3G8
P A K t S . — l VI P lU VI B U I E G A. U T H f E K - V I L L A K S ,
Quai des Grands-Augustins, 5i.
t.r Cëfeinl • ^'AUrHIKH- V ILLAKS.
APR3O1901 iQQ^
PRE3IIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
P4li UTI. tiKS SECBÉr.%IHESI PEHPÉTITEKiS.
TOME CXXXII.
N° 7 (18 Février 1901)
PAIUS,
GAUTHIER-VILLARS. I.MI'RI.MIiUll-LIBKAIRE
DliS COMPTES KliiNDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
yuai (les Graiids-Au{;usUas, 55.
1901
RÈULEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dai\s les séances des a3 juin 1862 et 24 mai 1873
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu ée. la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent jjas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'd en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droils qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu autan
que l'Académie l'aurajécidé. JH
Les Notices ou Discours prononcés en séanc™
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aci
demie peuvent être l'objet d'une analysé ou d'un re
sumé qui no dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sot
tenus de les réduire au nombre de pages requis.!.
Membre qui fait la présentatix)n est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fon
pour les articles ordinaires de la correspondance ofli
cielle de l'Académie.
Article 3.
1
Le lion à tuer de chaque Membre doit être remisa
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.lf
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire est inséré dans le Complerené
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu mi
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planchi
I
fieures
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera!
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des aVticles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Riipports
les Instructions demandés par le Gouvernemei
Article 5
Tous les six mois, la Commission administrative fâiil
un Rajjport sur la situation des Comptes rendus i>fTei
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM les Secrétaires perpétuels sont priés de Us
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5' . Autrement la présentation sera remise à la séance saivanM
APR 30 1901 '
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 FÉVRIER 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur une forme nouvelle des équations
de la Mécanique. Note de M. H. Poincarê.
« Ayant eu l'occasion de m'occuper du mouvement de rotation d'un
corps solide creux, dont la cavité est remplie de liquide, j'ai été conduit
à mettre les équations générales de la Mécanique sous une forme que je
crois nouvelle et qu'il peut être intéressant de faire connaître,
M Supposons qu'il y ait n degrés de liberté et désignons par a?,, x.,, ..,x,^
les variables qui définissent l'état du système. Soient T et U l'énergie ciné-
tique et l'énergie potentielle.
» Envisageons un groupe transitif continu quelconque. SoitX,(/) une
substitution infinitésimale quelconque de ce groupe, telle que
X^(/) = ^'^ + ^?£^--' + ^"^-
C. R., irjoi, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 7.) 4^
( 370 )
>> Ces substitutions formant un groupe, on devra avoir
» Nous pourrons poser (puisque le groupe est transitif )
œl = '-^ = r„ X^ + -^^ X^ +- . . . ~h -o.Xi',
de telle façon qu'on puisse passer de l'état (a?,, a^j, • • • , a;„) du système à
l'état infiniment voisin (x,-+- x\dt, .... a;„+a7^û?/) par la substitution
infinitésimale du groupe Vr„c?/X,(y).
» T, au lieu de s'exprimer en fonction des x' et des x, pourra s'exprimer
en fonction des yi et des x. Si nous donnons aux -n et aux x des accroisse-
ments virtuels S-zi et tx, il en résultera pour T et U des accroissements
» Le groupe étant transitif, je pourrai poser
^x^, = co, x^ + co, x|t -f- . . . ^ 10, X';:
de telle façon que l'on puisse passer de l'état .r, du système à l'état infini-
ment voisin :r,+ Sx,- par la substitution infinitésimale du groupe
Je poserai ensuite
Soit alors l'intégrale de Hamilton
J= |'(T-U)f//,
on aura
*'-/(2:s*'^.+2".-)'"-
>; Or on trouve aisément
~ HT '^ j^
( 371 )
» Le principe de moindre action nous donne alors
)) Les équations (i) comprennent comme cas particuliers :
» 1° Les équations de Lagrange, quand le groupe se réduit aux substi-
tutions, toutes permutables entre elles, qui augmentent une des variables o^
d'une constante infiniment petite.
» 2° Les équations d'Euler pour la rotation des corps solides, où le rôle
des •/!, est joué par les composantes/?, q, r de la rotation, et celui de £2^. par
les couples dus aux forces extérieures.
» Elles sont surtout intéressantes dans le cas où U étant nul, T ne dé-
pend que des Y). »
PHYSIQUE. — Sur la radio-activite secondaire des métaux.
Note de M. Henki Becquerel.
« Au cours de mes expériences sur les propriétés du rayonnement du
radium, et après avoir signalé la variation de l'absorption du rayonnement
déviable par un même écran suivant la distance de celui-ci à la source
radiante, j'ai appelé l'attention sur la pénétration extraordinaire d'une
partie du rayonnement traversant le fond d'une petite cuve en plomb en
contact avec la matière active ('). Quelque temps après, M. Yillard (^) a
reconnu dans la partie non déviable du rayonnement du même corps, des
rayons très pénétrants se superposant aux rayons très absorba blés observés
par M. et M""* Curie.
» En poursuivant l'étude de ce rayonnement très pénétrant, j'ai obtenu
quelques résultats intéressants.
» Le 27 mars 1900, en vue d'expériences sur la déviation électrostatique,
j'avais placé une petite quantité de sel de radium très actif, dans une rai-
nure de 1°"" de large environ, pratiquée au milieu de la face supérieure
d'un petit parallélépipède en plomb de 34""", 5 de long, sur 21™'", 2 de
large et 7™™, 5 de haut. La rainure, parallèle au grand côté, avait environ
20™™ de long, i™°»,6 de profondeur et contenait la matière active en son
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. 874; 12 février 1900.
(*) Ibid., p. 1010; 9 avril 1900.
( 372 )
milieu, sur lo™™ de long environ et i°"" d'épaisseur. Ce petit bloc de
plomb contenant la matière active depuis près de onze mois, a servi aux
expériences suivantes :
M Si l'on pose le bloc sur une plaque photographique enveloppée de
papier noir, et si l'on développe la plaque au bout de quarante-huit heures,
on observe sur celle-ci une impression très intense. Cette action s'est pro-
duite non seulement au travers du fond qui a 6"™ d'épaisseur, mais encore
par les parois latérales d'où il est sorti un rayonnement qui a impressionné la
plaque à plusieurs centimètres de distance de la source. Ce rayonnement
semble émaner de la matière active de la rainure au travers des faces du
bloc dont les angles projettent des ombres divergentes. Si ce rayonnement
latéral provient, sans transformation, de la substance active, il a traversé
des épaisseurs de plomb de 12™" à 20™'".
» Ce rayonnement, ainsi fdtré par une grande épaisseur de plomb, est
extraordinairement pénétrant et donne naissance à des phénomènes d'émis-
sion particuliers. Il traverse facilement deux plaques photographiques super-
posées et va impressionner la couche sensible d'une troisième, mais dans
ce trajet la diffusion est très grande et l'impression nuageuse qui couvre
la troisième plaque n'a qu'une analogie lointaine avec la silhouette de
l'impression faite sur la première.
» A cette impression sur la première plaque se superpose un autre phé-
nomène inattendu : la trace du bloc est marquée par un rectangle unifor-
mément impressionné; cette impression uniforme rectangulaire se super-
pose à un rayonnement identique à celui des faces latérales émis au
travers du fond, et dans lequel on retrouve la silhouette diffusée de la
source radiante.
» Les mêmes apparences se reproduisent lorsqu'on couvre par une
mince feuille de mica la plaque enveloppée de papier noir, le phénomène
n'est donc pas dû à des vapeurs ordinaires de plomb.
» Si, au lieu de poser directement le bloc sur le mica qui recouvre
le pa|)ier enveloppant la plaque photographique, on le fait reposer sur
une lame de plomb de 1°"" d'épaisseur, de forme quelconque, dépassant
de plusieurs centimètres les contours du bloc actif, et si l'on dispose sur la
plaque d'autres fragments de lames métalliques, on observe, au bout du
même temps de pose, qu'à plusieurs centimètres de distance, toutes les
parties métalliques atteintes par le rayonnement ont donné sur la plaque
une impression plus forte que celle qu'aurait produite le rayonnement
direct. Il n'est pas nécessaire que le métal soit en contact avec le bloc.
( 373 )
» Une lame métallique, de plomb ou d'aluminium, posée sur la plaque
photographique daos les conditions indiquées ci-dessus, au lieu de paraître
agir comme écran pour arrêter le rayonnement de la source, donne au con-
traire une impression plus forte; cette impression est sensiblement uni-
forme sur quelques centimètres carrés de surface ; elle va en diminuant avec
l'augmentation de la distance, et de l'épaisseur du métal traversé oblique-
ment par le rayonnement incident.
» Sur les bords des lames disposées sur la plaque, on observe deux sortes
d efiets : du côté exposé au rayonnement, une émission secondaire très
intense que j'ai déjà signalée il y a deux ans ('); du côté opposé, une ombre
projetée, semblable à celles que j'ai obtenues dans mes premières épreuves
avec l'uranium il y a cinq ans. Lorsque ces ombres se projettent sur d'autres
parties métalliques, elles semblent les traverser, ce qui montre que les
parties métalliques protégées contre le rayonnement direct n'émettent pas
de rayonnement secondaire et que ce dernier rayonnement ne se propage
qu à une petite distance des points directement excités.
» Une seconde plaque photographique, jilacée au-dessous de la première
dans l'expérience qui précède, montre avec une grande intensité le rayon-
nement direct; le rayonnement secondaire des morceaux de plomb répartis
sur la première plaque traverse plus difficilement le verre de celle-ci, et la
seconde épreuve donne une faible indication de ce rayonnement secon-
daire, au milieu des ombres plus intenses produites par les rayons directs.
» J'ajouterai que des lames de plomb avant donné des impressions très
fortes dans les conditions précédentes, et placées isolément à l'abri du
rayonnement excitateur sur des plaques photographiques, enveloppées de
papier noir, n'ont produit aucune action.
» Le phénomène dont il vient d'être question semble donc être un
rayonnement secondaire, produit par une excitation du rayonnement in-
cident qui est absorbé, mais moins pénétrant que celui-ci, et il apparaît
comme un phénomène correspondant à ce qu'est la phosphorescence ou
la fluorescence par rapport à la lumière. La pénétrabilité du rayonnement
secondaire, plus faible que celle du rayonnement excitateur, est analogue
à la même propriété des rayons secondaires qui dérivent des rayons de
Ronlgen et qui ont été découverts par M. Sagnac. »
(') Comptes rendus, t. CXXVIU, p. 774; 1899-
(374 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau compose gazeux, le fluorure
de sulfuryle SO-F^ Note de MM. H. Moissan et P. Lebeau.
a En faisant réagir un excès de fluor sur le soufre dans un appareil de
cuivre, nous avons démontré précédemment qu'il se formait un perfluorure
ou hexafluorure de soufre, de formule SF" ('). Ce gaz très lourd était
remarquable par sa grande stabilité, puisqu'il était inattaquable par la
potasse fondue ou par le sodium à son point d'ébullition. Nous avons fait
remarquer que, si cette préparation était faite dans un vase de verre, la
réaction était plus compliquée et que, en même temps que l'hexafluorure,
il se produisait des oxyfluorures parmi lesquels se trouvait le fluorure
de thionyle SOF^, que nous avions étudié ensuite et qui a été préparé
complètement pur (-). Nous avons poursuivi l'étude des oxyfluorures qui
se forment dans ces conditions, et nous avons établi, dans des expériences
préliminaires, que le rendement en oxyfluorures augmen(ait lorsque l'ap-
pareil contenait une petite quantité d'humidité susceptible de fournir de
l'oxygène. D'autre part, nous avons remarqué que la préparation de l'hexa-
fluorure de soufi'e, lorsqu'elle était faite dans un appareil de verre, pouvait
nous donner de 20 à 3o pour 100 de gaz absorbable par une solution
aqueuse de potasse.
» Nous ajouterons enfin que des proportions plus ou moins grandes de
gaz fluorés, absorbables par une solution alcaline, se produisaient encore,
mais d'une façon variable, dans l'action exercée par le fluor sur le chlorure
de thionyle, sur le chlorure de sulfuryle, et sur l'hydrogène sulfuré en
présence de l'humidité ou du verre.
» Si l'on considère l'hexafluorure de soufre SF", on reconnaît de suite
que, théoriquement, il peut donner naissance à deux oxyfluorures de for-
mule SOF'" et SO^F*. Le premier de ces composés paraît se former lorsque
l'on fait réagir le fluor sur le fluorure de thionyle dans une éprouvette de
(') H. Moissan et P. Lebeau, Sur un nouveau corps gazeux, le perfluorure de
soufre {Comptes rendus, t. CXXX, 2 et 9 avril 1900).
C) H. Moissan et P. Lebeau, Préparation, propriétés et analyse du fluorure de
thionyle {Comptes rendus, i. CXXX, 28 mai 1900).
( 375)
verre
F2+-S0F-^S0F\
2 vol. + 2 vol. = 2 vol.
» La réaction se produit, en effet, à la température ordinaire et le
fluorure de thionyle donne, dans ces conditions, son propre volume d'un
nouveau gaz non absorbable par l'eau et absorbable lentement par une
solution alcaline.
» Nous indiquons, dans le présent Travail, les procédés de préparation
et les propriétés de l'autre oxyfluorure de la même série répondant à la
formule SO^F^.
» Préparation. — ï° Nous avons utilisé pour obtenir ce nouveau com-
posé la réaction que fournit le fluor en présence d'anhydride sulfureux
dans un appareil de verre.
» L'action du fluor sur le gaz sulfureux est assez différente suivant les
conditions de l'expérience. Lorsque l'on fait arriver quelques bulles
d'anhydride sulfureux dans une éprouvette de verre remplie de fluor, la
combinaison est violente; elle se produit avec explosion et une grande
partie du gaz est rejetée hors de l'éprouvette. Dans ces conditions il se
forme un mélange de fluorure de thionyle, d'oxygène et d'une petite quan-
tité d'un oxyfluorure non absorbable par l'eau et décomposablc par une
solution alcaline. Au contraire, si nous faisons arriver un courant de fluor
dans une atmosphère de gaz sulfureux, il ne se produit pas de réaction
immédiate, mais, dès que la teneur en fluor atteint dans le mélange une
certaine limite, il se fait une explosion violente et l'appareil est brisé. Si
l'on détermine, en élevant la température, la combinaison continue
du fluor et de l'acide sulfureux la réaction se poursuit tranquillement et
l'on obtient surtout le composé SO^F^.
» L'appareil était formé de deux ballons de aSo"" placés à la suite l'un
de l'autre et mis en communication avec deux flacons de verre de même
capacité. Les différentes parties de l'appareil portaient deux tubes de
verre recourbés à angle droit et donnant passage au courant gazeux. Le
premier ballon possédait en outre un troisième tube destiné à l'arrivée
du fluor et, à l'extrémité de ce tube, nous avions disposé un fd de platine
porté à l'incandescence par un faible courant électrique. Cet artifice nous
permettait d'amorcer la réaction dès le début du dégagement du fluor.
Lorsque l'appareil était bien sec, on déplaçait l'air qui le remplissait par
( 376 )
un courant d'anhydride sultureux, pendant environ deux heures. Enfin,
on faisait arriver par le tube de verre un courant continu de fluor. Ce
dernier gaz prenait feu dans l'atmosphère d'acide sulfureux, grâce au fil de
platine porté au rouge, et la réaction se poursuivait ensuite, le fluor
brillant alors dans l'acide sulfureux avec une flamme blafarde.
» En même temps une matière blanche facilement fusible se déposait
sur les parois du ballon en gouttelettes huileuses. Lorsque la prépara-
tion étail terminée, on scellait de suite les trois tubes abducteurs du
premier ballon. On portait ce dernier sur la cuve à mercure et le gaz
était recueilli dans une éprouvette de verre. L'opération se poursuivait
ensuite au moveu du second ballon, les deux flacons qui suivent les ballons
de verre ne servant qu'à empêcher tout contact des gaz réagissant avec
l'air atmosphérique.
» On réunit enfin le gaz du deuxième ballon à celui du premier, et l'on
obtient ainsi, dans chaque opération, environ 5oo'='= de gaz qui contiennent
de 25o'^''à3oo" d'oxyfluorure absorbable par la potasse. Le mélange gazeux
ainsi préparé est abandonné pendant douze heures en présence de lo*^*^
d'eau bouillie qui élimine une petite quantité de fluorure de thionyle et
l'excès d'anhydride sulfureux. On lave ensuite à l'eau bouillie et le gaz
restant doit être complètement inodore. Il renferme une certaine quantité
d'oxygène qui provient, d'une part de la formation de fluorure de thionyle
et d'autre j)art de la décomposition par la chaleur d'un petit volume de
gaz sulfureux.
» Le gaz est ensuite séché par du fluorure de potassium fondu, puis
liquéfié à — 80° dans un appareil de verre relié à une pompe à mercure
pour le séparer de l'oxygène qui reste gazeux.
» Lorsque la liquéfaction est complète, on fait un vide partiel dans
l'appareil, puis on laisse la température s'élever et l'on recueille un gaz
entièrement absorbable dans une solution aqueuse de potasse et bouillant
à une température constante de — 52°.
» 2° On peut encore préparer cet oxyfluorure en faisant arriver un
courant de gaz fluor dans une atmosphère d'Iiydrogène sulfuré humide. Le
fluor prend feu de suite dans l'hydrogène sulfuré sans qu'on ait besoin
d'employer l'artifice du fil de platine porté au rouge. Il se produit une
flamme bleue très chaude, et l'on recueille après l'expérience un mélange
complexe d'hydrogène sulfuré, de fluorure de silicium, d'hexafluorure de
soufre, de fluorure de thionyle et du nouvel oxyfluorure. Ce dernier gaz
(377)
est séparé par des lavages à l'eau, par un traitement avec une solution de
sulfate de cuivre, puis, après dessiccation, il est séché liquéfié à — 80" et
enfin fractionné dans le vide.
» 3° Le même mélange gazeux peut s'obtenir en décomposant l'hydro-
gène sulfuré sec par le fluor dans un aj^pareil de Aerre. L'oxygène de
l'oxyfluorure est fourni dans ce cas par l'eau qui résulte de l'action de
l'acide fluorhydrique sur le verre.
» Propriétés du fluorure de sulfuryle. — Le fluorure de sulfuryle est un
gaz incolore, inodore, se liquéfiant à la température de — 52° et se solidi-
fiant dans l'oxygène liquide. Son point de fusion est de — 120°.
» A cette température sa tension est de 65"" et à — 80° elle égale 241""'.
La détermination de sa densité, à la température de i5°, nous a donné les
chiffres suivants :
Thi5orie
1. 2. 3. h. 5. pourSO'F^
3,54 3,53 3,57 3,56 3,55 3,53
w Ce gaz est sans action chimique sur l'eau même en tube scellé à la
température de + i5o°. L'eau en dissout environ un dixième de son
volume à +9". L'alcool à la même température en dissout environ trois
volumes. Il est insoluble dans l'acide sulfurique à 66°. Ce gaz appartient
bien à la série de l'hexafluorure de soufre, car il possède, comme lui,
une grande stabilité. Non décomposable par l'eau à la température ordi-
naire, il est lentement absorbable par une solution aqueuse et plus rapide-
ment par une solution alcoolique de potasse. Il est très lentement absorbé
par l'eau de chaux et l'eau de baryte.
» La potasse aqueuse ou alcoolique décompose ce gaz d'après la réac-
tion suivante :
S0=F-+4K0H = S0'K-+2RF4-2H=0.
Cette réaction a été vérifiée par l'analyse.
M Chauffé dans une cloche courbe en verre de Bohême, il ne produit
aucune réaction avant la température du rouge sombre. Si l'on chauffe
davantage, le verre s'attaque lentement, et enfin, au point de r.imollisse-
ment du verre de Bohême, la réaction devient plus nette, le volume dimi-
nue, il se produit du fluorure de silicium et, grâce à l'oxygène du verre,
de l'anhydride sulfurique :
2SO^F= + SiO-=: SiF'+ iSO\
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 7.) 49
( 378 )
» Nous ajouterons que cette réaction est complexe, et qu'il se produit
en même temps une petite quantité d'anhydride sulfureux.
» Action de l'hydrogène. — En présence d'un excès d'hydrogène, le
fluorure de sulfuryle, chauffé dans une cloche courbe, attaque le verre et
fournit, dès le rouge sombre, un corps solide, blanc, qui a donné au con-
tact de l'eau les réactions de l'acide sulfurique et de l'acide fliiorhy-
drique. La réaction est identique avec l'étincelle d'induction.
M Action du fluor. — Nous avons fait réagir sur le fluorure de sulfuryle
du fluor bien exempt d'acide fluorhydrique qui n'attaquait p^s le verre à
la température ordinaire. Après deux heures de contact sur la cuve à mer-
cure, le volume n'avait pas changé, et les propriétés du fluorure de sulfu-
ryle étaient restées constantes. Nous avons pris alors un volume déter-
miné de 2'='=, 75 de fluorure de sulfurvle que nous avons placé dans une
cloche courbe de verre de Bohême, et que nous avons additionné de 12"
de gaz fluor. On a chauffé ensuite lentement, jusqu'à la température de
200°, la partie courbe de la cloche, et l'on s'est arrêté dès qu'une légère
irisation s'est produite à la surface intérieure du verre. En agitant ensuite,
après refroidissement avec du mercure, le fluor a été absorbé, et il nous
est resté 2"'^,']^ d'un gaz présentant toutes les propriétés du fluorure de
sulfuryle. Le fluor est donc sans action sur ce nouveau composé.
)) Action de l'oxygène. — Il ne se produit aucune réaction entre le
fluorure de sulfuryle et l'oxygène à la température de ramollissement du
verre. Si l'on fait passer pendant une heure des étincelles d'induction dans
un mélange de un volume de fluorure de sulfuryle et de deux volumes
d'oxygène, il ne se fait qu'une très légère décomposition avec production
d'une très petite quantité de fluorure de silicium. La plus grande partie du
gaz reste inaltérée. Sur 4'^'^^>9t après une heure et demie d'expérience, il
n'y a eu fie décon)posé que Go'^'^, de gaz fluorure de suliuryle.
» Action du soufre. — Le soufre réagit sur le fluorure de sulfuryle au
rouge naissant. L'expérience a été faite dans une cloche courbe, et, après
une demi-heure de chauffe, on constate que le volume a augmenté. Il reste
après l'expérience un mélange de gaz fluorure de silicium et anhydride
sulfureux. En partant d'un volume de 3*"=, 2, nous avons trouvé 4°"» 6
d'acide sulfureux et l'^'jô de fluorure de silicium.
» D'après la réaction suivante,
2SO-F^ + SiO- +S = 3S0- -H SiF*,
(379 )
nous aurions dû trouver théoriquement : acide sulfureux, 4*^", 8 et fluorure
de silicium, i'''',6.
» Ces chiffres sont assez voisins pour vérifier en volume la formule
SO'-F^ du fluorure de sulfuryle.
» Sélénium. — La décomposition du fluorure de sulfuryle se produit à
une température plus basse que la précédente; elle vérifie de même la
composition du fluorure de sulfuryle par la réaction suivante
2S0='F-+Si0-+Se = Se0-+ 2S0=4-SiF\
)) Phosphore et arsenic. — Le phosphore et l'arsenic peuvent être dis-
tillés dans le i;az fluorure de sulfurvle sans produire aucuue réaction.
Silicium. — Ce métalloïde réagit lentement au rouge somhro sur le fluo-
rure de sidfuryle. Il se produit du fluorure de silicium et de l'anhydride
sulfureux. Après une heure de chaufl^e, la réaction est incomplète.
» Bore, carbone. — Ces corj)S simples, au rouge sombre, ne décom-
posent pas le fluorure de sulfuryle.
)) Action des métaux. — Le sodium peut être fondu dans le gaz fluorure
de sulfuryle sans produire aucune réaction. Mais, pour peu qu'on élève la
température, une absorption totale se produit. Nous avons utilisé cette
réaction pour dosor le soufre et le fluor dans ce nouveau corps gazeux.
» Le calcium chauffé au-dessous du rouge se combine au fluorure de
sulfuryle avec incandescence; il se forme une masse grise contenant du
sulfure de calcium, et un résidu insoluble dans l'eau renfermant tout à la
fois du fluor, du soufre et du calcium.
» Lorsque l'on chaufle du magnésium pur dans une cloche courbe de
verre de Bohème remplie de fluorure de sulfuryle, la réduction du verre
par le magnésium se produit avant l'attaque du fluorure.
)) IjC fer n'a pas d'action au rouge sombre.
)) Action de quelques comp.ysés gazeux. — Au rouge souibre, le gaz acide
chlorhydrique est sans action sur le fluorure de sulfuryle. Au contraire,
l'hydrogène sulfuré réngit assez rapidement à la même température, en
produisant un dépôt de soufre et une diminution du volume total.
» Le gaz ammoiu'ac, qui ne se combine pas à l'hexafluorure de soufre,
se combine au contraire lentement, à la température ordinaire, au fluorure
de sulfuryle. Il se produit une matière blanche, solide, soluble dans l'eau,
dont la formule, d'après le volume de gaz absorbé, serait
SO-F^.SAzH^ (T. ij"-H. 760).
» Analyse du fluorure de sulfuryle. — Pour faire l'analyse de ce nouveau
( 38o )
corps gazeux, nous avons utilisé la propriété que possède la vapeur de
sodium de décomposer cet oxyfluonire en donnant un mélange solide de
sulfure et de fluorure alcalins.
w Un volume déterminé de gaz est introduit dans une cloche courbe en
verre de Bohême dont la grande branche mesure o", 80. On fait arriver
ensuite un morceau de sodium dans la partie courbée, et l'on chauffe jus-
qu'à ce que l'absorption du gaz soit complète.
» On laisse refroidir, on constate alors que la hauteur du mercure dans
la grande branche de la cloche courbe est sensiblement égale à la pres-
sion atmosphérique, ce qui démontre que l'absorption du gaz a été totale.
On laisse alors rentrer l'air avec précaution et il ne reste plus ensuite
qu'à doser le soufre et le fluor, dans le produit foudu, mélangé d'un excès
de sodium qui reste dans la partie couibe de la cloche.
» L'extrémité du lube renfermaut ce mélange est coupée et l'on pro-
jette les fragments dans une solution aqueuse de nitrate d'argent. Il se
produit aussitôt un précipité de sulfure d'argent et d'oxyde d'argent, en
même temps que des fluorures d'argent et de sodium entrent en solution.
» On fdtre. La partie liquide sert à doser le fluor; le précipité permet
de déterminer le soufre.
» Dosage du soufre. — Le précipité (mélange d'oxyde et de sulfure) est
traité par un excès d'eau de brome afin d'oxyder le soufre et d'amener
l'argent à l'état de bromure insoluble. On filtre et l'on dose le soufre à
l'état de sulfate de baryum.
» Dosage du fluor. — Le fluor est dosé à l'état de fluorure de calcium
dans le liquide filtré obtenu précédemment.
» Pour cela, ou précipite l'argent par l'acide chlorhydrique, puis on
ajoute dans la liqueur filtrée du carbonate de soude en léger excès et du
chlorure de calcium; il se produit un précipité de fluorure de calcium et
l'on termine le dosage comme à l'ordinaire.
» Dans les eaux de filtration, on constate presque toujours la présence
d'une très petite quantité de soufre provenant de l'oxydation superficielle
du sulfure de sodium pendant la première partie de l'analyse.
)) On précipite ce soufre à l'état de sulfate de baryum, et l'on ajoute ce
nouveau poids à celui qui a été trouvé précédemment.
Tliéorie
1, 2. pour SO^F^.
Soufre 31,73 30,96 31,37
Fluor 36,87 » 37,26
Oxygène » » 3i ,37
( 38i )
» Ainsi que nous venons de l'expliquer, nous avons donné tout d'abord
la préférence à cette décomposition au ronge du fluorure de sulfuryle ])ar
la vapeur de sodium, afin d'éviter la formation de composés fluosulfurcs
qui auraient pu ne pas nous donner tout le soufre sous forme d'acide
sulfurique.
M Mais ces premiers résultats ont été vérifiés par une autre méthode.
Nous absorbons un volume déterminé de fluorure de sulfuryle par une
solution alcoolique de potasse. Après avoir chassé l'alcool, on précipitait
le soufre à l'état de sulfate de baryte en liqueur acide. Le fluor était dosé
par le procédé précédent dans le liquide filtré. On s'assurait ensuite que
le précipité de sulfate de baryum ne renfermait pas de fluor.
» Nous avons trouvé ainsi les chiffres suivants :
Théorie
1. 2. pour SO'F=.
Soufre 3 1,86 3i,6o 31,87
Fluor 37,42 36,98 37,26
» Conclusions. — En résumé, nous avons obtenu un nouveau corps
gazeux appartenant à la série de l'hexafluorure de soufre. Il en possède la
i^rande stabilité et, par son peu d'affinité, il peut lui être comparé. Sa fur-
mule déduite de sa densité, de son analyse et de ses réactions est SO-F^.
On peut donc le considérer comme l'hexafluorure SF" dans lequel le fluor
est remplacé par île l'oxygène. Par sa formule il semble correspondre au
composé déjà connu, le chlorure de sulfuryle. En réalité, le groupement
sulfuryle, s'il existe dans ce nouveau gaz, fait partie d'une molécule beau-
coup plus stable dans laquelle les réactions ne permettent pas de le mettre
en évidence.
» Une fois de plus, ces expériences démontrent que si le fluor est bien
incontestablement en tête de la iamille des halogènes, il est un peu en
retrait, avec des propriétés spéciales et caractéristiques qui l'éloignent
légèrement du chlore et en même temps le rapprochent de l'oxygène. »
CHIMIE ORGANIQUE . — Sur les èlhers alcoylcyanomaloniques et les
acides alcoytcyanacéliques qui en dérivent. Note de MM. A. Haller
et G. Blaxc.
« Les éthers cyanomaloniques, dont l'un de nous a donné la prépara-
tion ('), il y a quelques années, sont les analogues au point de vue fonc-
(') Comptes rendus, t. XCV, p. 1/12; Annales de Chimie et de Physique, 6= série,
t. XVI, p. 4o3-432.
( 382 )
tionnel des élhers alcoylrvanacétiques, également découverts et préparés
par l'un de nous et ses élèves ( ' ). Les deux séries d'élhers décomposent les
carbonates, pour former des sels bien cristallisés, et c'est pour cette raison
que nous leur avons donné le nom d'acides mélhiniques {^), parce que,
d'après leur mode de synthèse, ils renferment le groupement méthine CH.
CAz CAz
R'CO.CH-CO=R, CH = (CO^R)-.
» Toutefois, ainsi que nous l'avons montré dans deux Communications
présentées à l'Académie ('), les premières de ces molécules, malgré l'un
de leurs modes de formation (action des chlorures d'acides sur les éthers cya-
nacétiques sodés), se comportent dans quelques-unes de leurs réactions,
non comme des corps céloiiiques, mais prennent la forme tautomère, c'est-
à-dire la forme énolique :
CAz
/
R'.COH =C-CO='R.
» Nous avons, en effet, mis en évidence ce fait que, lorsqu'on traite leurs
sels d'argent par des iodures alcooliques, on obtient des combinaisons de
la formule (I)
CAz
/
(I) R'-COR"=G — CO^R,
CAz
/
(II) R'-CO- CR" — CO^R,
combinaisons qui sont isomères avec celles (II) obtenues jadis par M. A.
Held en traitant les éthers acétoalcoylacétiques sodés par du chlorure de
cyanogène. Des essais tentés pour préparer les éthers alcoylcyanomalo-
niques, en partant des éthers alcoylmaloniques sodés et du chlorure de
cyanogène, n'ayant donné aucun résultat, nous avons appliqué à la pré-
paration de ces corps la même méthode que celle qui nous avait servi à
(•) A. Haller el A. Held, Comptes rendus, t. XCV, p. 235; Annales de Chimie et
de Physique, &' série, t. XVII, p. 222 ; A. Haller, Comptes rendus, t. CI; p. 1270, etc.
(=i) A. Haller, Comptes rendus, t. CXX, p. iigS.
(3) Comptes rendus, t. XCV, p. 142; Annales de Chimie el de Physique, 6» série,
t. XVI, p. 4o3-432.
( 383 )
produire les éthers de la forme
CAz
/
R'.COR"=C-CO=R(*).
» De l'éther cyanomalonique sodé a été traité par une solution aqueuse
d'azotate d'argent, et le précipité grisâtre, constitué par de l'éther cvauo-
nialonique argentique, après avoir été lavé, séché et bien divisé, fut mis en
suspension dans l'éther et chauffé dans un appareil à reflux avec l'iodure
alcoolique. Au bout de quelques heures, le précipité prend la couleur
jaune de l'iodure d'argent et la réaction est terminée. On filtre, on chasse
l'étherpar distillation et l'on rectifie. On obtient ainsi avec un rendement
pour ainsi dire quantitatif :
M L'éther méthylcyanomalonique CAz-CC' disliliantài35°
sous 28""".
» L'éther éthylcyanomalonique CAz. C^. bouillant à 142°-
145° sous 3o""".
/C^H'
» L'éther n-propylcyanomalonique C:Az.C<^ distillant à
i55°-i57° sur 28""".
» Ces éthers constituent des liquides mobiles à odeur faible et com-
plètement neutres.
» Quand on les chauffe pendant vingt-quatre heures à l'ébullition avec de
l'acide chlorhydriqne concentré, ou les saponifie en même temps qu'il y
a dé|)art d'acide carbonique et formation de chlorhydrate d'ammoniaque,
et l'on obtient respectivement les acides propionique, butyrique et valé-
rianique normal. Ces acides ont été isolés par entraînement avec la vapeur
d'eau et caractérisés par leurs sels d'argent dont on a fait l'analyse.
/CN
^•^\(co^c-H^y"^^*^'"^^^^'^'"^-^^'"^^'"^'^''^o'
-h AzH'Cl 4- 2C-H50H.
» Un excès d'une solution de potasse à 3o pour loo, ajouté à ces
éthers, provoque un échauffement considérable, au point que le mélange
entre en ébullition. Si l'on acidulé alors la liqueur qui est devenue com-
(') A. Haller, Comptes rendus, t. CXXX, p. 1 221 ; A. Haller et G. Blanc, Comptes
rendus, t. CXXX, p. 876.
( 384 )
plètement homogène par de l'acide sulfiirique ou de l'acide chlorhydriqne,
et qu'on épuise le liquide par de l'éther, on obtient par évaporation du
dissolvant respectivement les acides «-cyanopropionique, a-cyanobutyrique
et a-cyanovalérionique à l'état huileux.
» Pour caractériser ces acides qui jusqu'alors n'ont été décrits que sous
la forme de leurs éthers éthyliques, on les a transformés en leurs sels de
chaux en les neutralisant par du carbonate de calcium.
)) Ces sels cristallisent difficilement même au sein de l'alcool, sont très
solubles dans l'eau, moins dans l'alcool. L'analyse a été faite sur des pro-
duits préalablement séchés à 100°, puis portés à 120".
» Pour achever la caractérisation de ces acides on les a transformés en
outre en leurs anilides, par la méthode décrite par l'un de nous (') et em-
ployée à préparer la cyanacétanilide et d'autres combinaisons de ce genre.
Cette méthode consiste à chauffer les acides cyanés, bien exempts d'eau,
avec la quanliîé théorique d'isocyanate de phényle jusqu'à ce qu'on ne
perçoive plus l'odeur du carbanile, puis à purifier l'anilide obtenue par
une série de cristallisations dans l'alcool et dans l'eau bouillante, d'oîi elles
cristallisent en paillettes blanches.
CAz CAz
R.CHCOOH + Az(^^^ ==R.CH- COAzHC'fP + CO-.
» Ces anilides sont très peu solubles dans l'eau, l'éther de pétrole, très
solubles dans l'alcool.
/CH'
)) L'a-cvanopropionanilide CAz — CH^ ^^ , xt^«..« fond à loi^-io".".
\COAzHC H*
/C'H''
» L'ot-cyanobutyroanilide CAz — CH unavs ^^"^ ^ 86''-87°,
)) L'oc-cvanovaléroanilide normale CAz — CH C fond
•^ XCOAzHCMI'^
à 88''-89''.
» L'ensemble de ces recherches montre, en résumé, que l'éther cyano-
malonique renferme bien un groupe méthinique CH, et que la substitution
des radicaux alcooliques se porte sur cet atome d'hydrogène, puisque
clans tous les dérivés qu'on obtient, en partant des éthers alcoylcyanoma-
loniques, les radicaux sont soudés à l'atome de carbone du groupe CH. »
(') A. HALtER, Comptes rendus, t. CXXI, p. 189.
( 385 )
EMBRYOLOGIE.— Note SUT une fistule congénitale lacrymo-pharyngo- faciale,
ouverte au-dessous de la narine droite; par M. Lannelongue.
« Le développement de l'embryon humain n'est pas absolument 6xé sur
tous les points, tant s'en faut. Il y a encore de nombreuses lacunes qui ne
seront comblées qu'avec de longues et patientes recherches, mais qui, en
attendant, sont l'origine de théories plus ou moins satisfaisantes. De temps
en temps, toutefois, il arrive qu'il persiste, sous forme d'anomalie, un état
organique qui ne devait être que transitoire et que l'on n'avait pour ainsi
dire ni saisi, ni compris, dans l'étude normale du développement. Ce
trouble, tantôt simple, tantôt compliqué, projelte alors ime lumière nou-
velle sur un point obscur; il devient un fait anatomique précieux d'une
valeur indiscutable, permettant de rectifier les interprétations purement
théoriques.
» A l'appui de cette opinion, je citerai l'observation suivante, que je crois
unique d'ailleurs, et qui me paraît apporter des arguments nouveaux pour
l'étude du développement de la narine et de la lèvre supérieure. L'intérêt
qui s'y attache est d'autant plus grand que la question est l'objet de diver-
gences d'opinions très marquées. J'ajouterai, en outre, qu'à l'aide d'un
procédé opératoire simple, j'ai pu obtenir la cure parfaite d'une anomalie
disgracieuse consistant dans la présence de deux narines ou plutôt d'une
narine et d'une fistule, l'une au-dessus de l'autre sur le côté droit de la
figure, et d'une déviation du nez.
» Voici d'abord le fait en lui-même :
» Le 7 décembre 1899 on nous présente, à l'Hôpital des Enfants-Malades, une petite
fille de deux ans, très bien portante d'ailleurs, sur la figure de laquelle se trouve, au-
dessous de la narine droite, un orifice arrondi, ouvert, ayant plus du tiers des dimen-
sions de l'orifice externe de la narine. Il est séparé de celui de la narine par un pont
cutané et cartilagineux en continuité parfaite avec l'aile de la narine, ce qui veut dire
que l'aile de la narine, très bien dessinée et complète, va rejoindre le lobule médian du
nez en bas en passant au-dessus de l'orifice anormal. Cette aile du nez est simplement
remontée, ainsi que l'orifice de la narine, qui a pris une forme arrondie. Le nez est asy-
métrique d'après cela ; il est plus élargi à droite et remonté de ce côté.
» L'orifice anormal, qu'on ne saurait mieux comparer qu'à celui d'une grosse fistule
osseuse, est cutané. 11 est le point de départ d'un trajet horizontal antéro-postérieur,
légèrement oblique en dehors, parallèle au plancher des fosses nasales, au-dessous du-
quel il est situé, et aboutissant au pharynx. Un stylet le parcourt aisément en passant
au-dessus de la voûte palatine et va buter contre la paroi postérieure du pharynx; il a
C. R., 1901, I" Seme$tr*. (T. CXXXII, N* 7.) 5o
( 386 )
environ 6""° à 7"" de diamètre. On injecte du lait dans ce trajet et le lait revient en
partie par la bouche. On injecte ensuite la fosse nasale correspondante, on la remplit
de lait et rien ne parvient dans le pharynx ni ne ressort par le trajet anormal.
» Donc le trajet est indépendant de la fosse nasale et celle-ci est bouchée en arrière ;
un stylet qui la parcourt n'arrive pas non plus dans le pharynx. Il était indispensable
de savoir où se déversaient les larmes; or, une injection de lait par le point lacrymal
ressort par le trajet anormal, qui donne aussi passage à l'air, servant ainsi à la
respiration. Toutefois la vraie fosse nasale a conservé, malgré son obstruction, sa
sensibilité spéciale, ainsi qu'en témoignent quelques expériences faites avec des sub-
stances odorantes qui déterminent des réflexes démonstratifs.
» Avant de chercher à interpréter le cas, je terminerai l'observation par la courte
description de l'opération que je tentai pour faire disparaître l'anomalie extérieure et
qui fut suivie d'un plein succès. Le plan opératoire fut celui-ci : reporter la partie
antérieure du trajet anormal dans la fosse nasale vraie en suturant son orifice cutané à
la muqueuse nasale, de manière que rien extérieurement ne décelât la fistule. Pour
cela, je détachai de la sous-cloison du nez la partie de l'aile de la narine qui vient
s'y insérer et je la portai en dehors en la séparant de la muqueuse nasale en arrière,
tandis qu'en avant l'incision passait sur la peau immédiatement au-dessus de l'orifice
de la fistule. Dans un second temps, je disséquai le trajet fistuleux dans une étendue
de i*^™ au moins d'avant en arrière en laissant une couche de partie molle de 2""°
environ autour de lui. Lorsqu'il fut ainsi dégagé, je le reportai en arrière dans la fosse
nasale en le suturant à la muqueuse nasale et au bord postérieur du pont de l'aile in-
terne de la narine primitivement détachée de la paroi nasale. Cette aile fut alors
rabattue et recousue à la sous-cloison.
» L'orifice fistuleux était ainsi remonté et reporté en arrière dans la vraie
fosse nasale. Du même coup, l'aile du nez se trouvait avoir pris la place de la fistule
et, par conséquent, être descendue; ce qui la mettait sur le même plan que celle de
l'autre côté, en même temps que le nez reprenait sa forme symétrique.
» En quelques jours la guérison était obtenue, et l'on ne pouvait découvrir de traces
de cette anomalie; le cours des larmes n'avait subi aucune atteinte, et la respiration
se faisait par la fosse nasale.
» Tel est le fait en lui-même. Voyons maintenant comment il cadre avec
les notions que l'on possède sur l'embryogénie de cette région.
» Deux théories sont en présence au sujet de la formation de la narine
et de la lèvre supérieure.
» A. La plupart des embryologistes et notamment His, Biondi ('),
admettent que le bourgeon médian àii frontal, ou nasal interne, forme la
partie interne de la narine primitivement appelée yè/i^e olfactive, que le
bourgeon nasal externe en constitue la partie externe, mais s'arrête au
niveau de l'aile du nez, tandis que c'est au maxillaire supérieur qu'on doit
(') Biondi, Arch. fur path. An. und Plu; Berlin, 1888.
(387 )
le développement de la partie inférieure du contour de la narine, ce der-
nier bourgeon venant se réunir successivement à l'extrémité inférieure du
nasal externe et au nasal interne, complétant ainsi en bas l'orifice olfactif.
» B. Contrairement à cette opinion, Albrecht (Arch. fur klin. Chirurg.;
i885) a soutenu que, de même que le bourgeon nasal interne ou frontal
continuait à descendre jusqu'au bord inférieur de la lèvre supérieure, le
bourgeon nasal externe, après avoir formé la partie externe de l'aile du
nez, descendait, lui aussi, en constituant une partie de la lèvre supérieure,
jusqu'au bord libre de cette lèvre et que le pourlour inférieur de la narine
était constitué par la réunion du bourgeon nasal interne et du bourgeon
nasal externe.
» D'après cette théorie, le bourgeon maxillaire supérieur ne prenait
aucune part à la formation de la narine et de la lèvre supérieure.
)) D'autre part, tous les embrjologistes sont d'accord pour considérer
que la ligne de soudure entre le bourgeon nasal externe et le bourgeon
maxillaire supérieur ménage entre ses parois une fente qui est le canal
lacrymal.
» Chez la petite malade dont il s'agit il existe deux faits importants
qu'il faut d'abord mettre en relief :
)> 1° La fistule est au-dessous de la narine, qui est bien constituée et qui
présente un bord posléro-interne, formé par la peau et le cartilage, pas-
sant comme un pont au-dessus de l'ouverture de la fistule pour aller s'in-
sérer à la sous-cloison.
» 2° Le canal lacrymal s'ouvre dans la fistule.
» La fistule, étant congénitale, est due à une absence de coalescence
entre les bourgeons faciaux. Et comme elle est sur le prolongement du
canal lacrymal, sa paroi supérieure provient du bourgeon nasal externe et
sa paroi inférieure du bourgeon maxillaire supérieur. Chez cette enfant il
est donc évident :
» 1° Que le bourgeon nasal externe s'est réuni au bourgeon nasal in-
terne en formant le bord inférieur de ce qui semble être la narine;
» 1° Que le bourgeon maxillaire supérieur a formé la lèvre supérieure
avec le bourgeon nasal interne et sans l'aide du nasal externe.
» Ce cas est donc inexplicable avec la théorie d'Albrecht.
» Il montre au contraire que si par hasard la coalescence au-dessous de
la narine des bourgeons nasal externe et frontal a lieu, elle s'accompagne
de la persistance d'une fistule antéro-postérieure, reste de la fente lacry-
male et nécessaire en quelque sorte à l'écoulement des larmes.
( 388 )
» Le fait clinique que je rapporte demande aussi à être envisagé au
point de vue des déductions qu'il peut fournir à l'égard du siège de la fis-
sure dans les cas de becs-de-lièvre complexes.
» En effet Albrecht a encore soutenu que la fissure des becs-de-lièvre
complexes passait non pas entre l'os incisif et le maxillaire supérieur,
mais entre deux parties de l'os incisif distinguées dans ce but en os inter-
maxillaires interne et externe. La plupart des auteurs récents admettent
en effet l'existence de deux os incisifs ou intermaxillaires de chaque côté. Il
se peut que, habituellement, ce soit dans leur intervalle que passe la fissure
des becs-de-lièvre complexes; mais ce que le cas cité plus haut démontre,
c'est que chez cette enfant le bourgeon nasal externe s'arrêtait immédia-
tement au-dessous de la narine, c'est-à-dire au-dessus de la fistule, et que
par conséquent il ne prenait aucune part, comme le croit Albrecht, à la
formation des os incisifs ni de la lèvre supérieure.
» Eu admettant avec les auteurs récents qu'il y a bien réellement deux
os incisifs de chaque côté, le plus externe ne saurait provenir du bourgeon
nasal externe.
» Dans ces conditions la fissure du bec-de-lièvre doit passer, au niveau
de la lèvre supérieure, soit entre deux os provenant d'un même bourgeon,
le nasal interne, soit entre deux os appartenant à des bourgeons différents,
au bourgeon frontal d'un côté, au maxillaire supérieur de l'autre. »
GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'un Oursin d'âge crétacé dans
le Sahara oriental. Note de M. de Lapparent.
« Jusqu'à présent, tous les essais de reconstitution de la Paléogéo-
graphie africaine se sont bornés à admettre qu'à l'époque crétacée, et sans
doute depuis le cénomanien jusqu'au sénonien supérieur, la Méditerranée
envoyait un grand golfe dans la région du désert libyque. Ce golfe, limité
du côté de l'est par le long massif archéen au milieu duquel la fosse de la
mer Rouge s'est tardivement ouverte, s'étendait en Nubie jusqu'à l'em-
placement actuel de Khartoum. Quant à son extension vers l'ouest, on ne
supposait pas qu'elle eût dépassé le pied de la chaîne de hauteurs du Tibesli.
» Sur la Carte géologique de l'Afrique, exécutée sous la direction de
M. R. von Zittel et publiée dans V Atlas physique de Berghaus, le Tibesti
est figuré comme une barrière de terrains archéens et primaires, cou-
ronnée par quelques cônes volcaniques récents, et séparant complètement
(389 )
le désert libyque du Sahara; et les quelques indications données sur l'in-
tervalle compris entre le Tibesti et le lac Tchad ne mettent en évidence
que ces mêmes formations archéennes ou paléozoïques.
» Cependant on sait depuis longtemps que l'oasis de Bilma, située par
environ 19" de latitude nord, sur la route du Tchad à Tripoli, contient un
important gisement de sel gemme, précieuse ressource pour les Touareg
du Sahara oriental. De plus, dans la relation de son voyage, Rohifs (') a
indiqué que si, jusqu'à Bilma, le grés est la roche dominante, « on voit
appaniUre parfois, dans la plaine de Mafaras, du gvpse, du marbre et
des bancs crayeux ». Il ajoutait que « au sud de Bilma le grès est riche en
fossiles, notamment en empreintes d'ammonites »; q u 'a irx rochers dits de
Tjigrin, qui bordent à l'ouest la route des caravanes, des fossiles tout par-
ticuliers se montrent dans une roche grise d'apparence vitreuse; enfin,
qu'immédiatement avant Agadem, c'est-à-dire sur le bord méridional du
Sahara, où Nachtigal avait signalé la présence de calcaires diversement
colorés, sortant de dessous le grès ferrugineux, on remarque de véritables
« accumulations de fossiles », notamment de mollusques.
» Malgré ces indications si formelles, M. von Ziltel a cru devoir arrêter
le tracé des mers crétacées au nord-est du Tibesti, et il n'a reproduit, dans
son Ouvrage sur le Désert libyque, l'assertion relative aux ammonites,
qu'en la faisant suivre d'un point d'interrogation. En revanche, sur la
Carte d'Afrique publiée par le Service géographique de l'Armée (Carte de
Lannoy de Bissy), on a tenu fidèlement compte du croquis joint à la rela-
tion de Rohifs dans les Peterrnanns Mitteilungen, et le mot Fossiles y figure
à deux places entre Bilma et Agadem.
» Sachant que la route du Tchad à Bilma avait été suivie en 1892 par le
colonel Monleil, j'ai profité d'une rencontre avec l'éminent explorateur
pour l'entretenir de ce problème, si déconcertant pour les géologues, par
suite de la fatalité qui semble avoir empêché l'arrivée en Europe de tout
échantillon propre à justifier les affirmations pourtant si claires des
voyageurs. Comme je lui demandais si rien d'analogue n'avait frappé ses
regards, M. Monteil voulut bien me dire qu'il avait ramassé, près de Bilma,
une seule pierre paraissant offrir une empreinte; et dès le lendemain il
me l'envoyait obligeamment en communication, avec une Note sur les cir-
constances de sa trouvaille.
» Le II septembre 1892, après quatre heures d'une marche de nuit, la
(') Petermann^s Mitteilungen, Erganzungsheft, n" V.
( 390 )
caravane du colonel, en route vers Bilma, s'arrêtait à G*" du matin à Zau
Saghaïr, par environ 1 8° 23'o8" de latitude nord, pour le salam traditionnel
du lever de l'aurore. M. Monleil étant descendu de cheval, son pied porta
contre une pierre arrondie qui éveilla son attention par sa forme et par
l'empreinte visible d'un rayonné sur sa surface. Il eut l'heureuse idée de la
garder comme souvenir, et c'est de ce fossile que je viens entretenir
l'Académie.
» Ou y reconnaît sans peine, malgré l'usure que le sable du désert lui
a infligée, un gros Oursin de la famille des Regulare.s. fossilisé dans un
calcaire compact jaune qui, par places, fait feu à la pointe d'acier. Par ses
dimensions (i i'^'" de diamètre), cet Oursin dépasse tous les fossiles connus
de la même famille, et il n'existe aucun type européen ni même algérien
auquel il puisse être comparé.
» Cependant, M. Victor Gauthier, dont la compétence en matière
d'Echinides est depuis longtemps établie, y a reconnu de suite un genre
créé en 1897 par M. Noetling pour un Oursin du Baloutchistan, recueilli
dans les couches supérieures du Crétacé de cette contrée, sur l'horizon de
la craie de Maéstricht (sous-étage macslrichtien ou aturien supérieur).
» Il est ainsi prouvé que, vers la fin de l'époque crétacée, à l'heure où,
dans nos contrées européennes, la mer subissait une régression si marquée,
non seulement elle persistait sur le désert libvque, mais elle s'avançait
jusqu'au voisinage du Tchad, en manifestant, par sa faune, des affinités
avec la région indienne.
M Des affinités semblables ont d'ailleurs été constatées, en ce qui con-
cerne la même période maëstrichlienne, dans la Basse-Egypte et jusqu'en
Tunisie, où se recueillent à ce niveau des ammonites alliées à celles de
l'Inde méridionale.
» La voie par laquelle pouvait se faire cet échange est tout indiquée,
au nord du massif ancien du Sinaï et de la mer Rouge; car le Crétacé supé-
rieur de la Palestine contient des Céphalopodes, tels que Bacidites syriacus,
qui se retrouvent dans le désert égyptien ('), et les recherches de M. de
Morgan ont prouvé que la mer Aturienne passait en Perse, d'où elle rejoi-
gnait le Baloutchistan.
» Le golfe crétacé du Sahara oriental avait-il d'autres communications
plus méridionales avec les mers de l'époque? Aucun fait ne permet de
(') Blanckenhorn, Zeilsclirift der deuLschen geologischen Gesellschaft, p. 33;
1900.
( 391 )
l'affirmer; mais il serait également téméraire de le nier, vu l'absence com-
plète de toute donnée géologique sur l'espace compris entre le Tchad et le
Congo, joint au fait qu'à Libreville il existe des dépôts du même âge que
ceux de Bilma. En outre, dans la direction opposée, au pays des Gallas,
M. Neumann (') a récemment observé un lambeau de Crétacé supérieur à
actéonelles, en même temps qu'à Socotra M. Rossmat (-) a relevé une
série crétacée complète, concordante avec le tertiaire.
M Quoi qu'il en soit, la détermination précise de l'Oursin rapporté par
le colonel ATonteil entraîne une niodillcation assez sérieuse des vues jus-
qu'ici professées à l'égard du continent africain. I/immunité presque totale
dont il semblait avoir joui, depuis les temps primaires, contre les incur-
sions marines, doit être notablement restreinte, au moins en ce qui con-
cerne la partie située au nord de l'équateur.
» On pouvait d'ailleurs pressentir que la mer Crétacée ne s'était pas
arrêtée au Tibesti; car, selon la relation de Nachtigal, les indigènes de ce
pays habitent des cavernes (lesquelles, on le sait, ne se trouvent guère
qu'en pays calcaire), et le même auteur a signalé, dans le massif, des
« formations crayeuses ».
» En tout cas, la constatation qui vient d'être faite donne un intérêt
tout particulier à l'exploration des points où Rohlfs déclare avoir vu des
empreintes d'ammonites. Il serait tout à fait intéressant d'y retrouver les
types indiens déjà observés en Tunisie et en Egypte. Soidiaitons aussi que
l'attention des chercheurs veuille enfin se porter sur le gisement voisin
d'Agadem, où abondent les coquilles de mollusques.
» Si aucun échantillon de ces fossiles n'est encore parvenu en Europe,
c'est que l'utilité qu'il y avait à les recueillir n'a été signalée à personne.
Ajoutons que l'extrême chaleur détermine les caravanes du Sahara oriental
à voyager surtout la nuit, ce qui fait que bien des choses échappent aux
regards. Mais aujourd'hui que l'mfluence française s'est établie à l'est du
Tchad, il suffira, pensons-nous, d'avoir montré l'opportunité de ces
recherches pour qu'un de nos vaillants pionniers du désert s'y dévoue,
et nous apporte ainsi la solution définitive de l'un des problèmes les plus
importants de la Géologie africaine.
» Je produis à la suite de cette Note les indications qu'a bien voulu me
fournir M. Gauthier sur l'Oursin du Sahara :
(') Verhandlungen der Gesellschaft fiir Erdkunde zu Berlin, p. 479; iQOo.
(-) Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften, Wien, 1899.
( 392)
» Il appartient à un genre que Noetiing a établi en 1897 dans les Memoirs of the
geological Survey of India [Fauna of Balulchistan of the upper crelaceous
{maestrichtian) beds], séries XVI, Vol. I, Part III, p. i4, PI- /et///. Noetiing a nommé
son Oursin, qui ne paraît pas mieuxconservé que celui du colonel Monle'û, Protechinus
paucituberculatus. M. Lambert a fait observer {Revue critique de Paléozoologie,
1' année, n° 3, p. 126, juillet 1898) que le nom générique de Protechinus avait déjà
été employé par Austin pour un autre Echinide et a proposé de le remplacer par
Noetlingia .
» .... Voici la diagnose du genre : Oursin régulier atteignant une grande taille
(celui de Noetiing ne mesure pas moins de gS™"" de diamètre et celui du colonel Mon-
teil plus de 1 10™" ). Appareil apical presque entièrement intercalaire ; du moins quatre
des plaques ocellaires, I, II, IV et V, s'intercalent entre les plaques génitales pour
former le circuit du périprocte; l'ocellaire antérieure III me paraît rejetée en dehors ;
je n'en suis pas certain, l'appareil étant médiocrement conservé sur l'exemplaire afri-
cain, et encore plus usé sur celui du Baloutchistan.
» Aires ambulacraires larges, égalant presque la moitié des interambulacraires;
zones porifères très étroites, superficielles, ou très légèrement déprimées, allant en
ligne droite du sommet au péristome; elles sont oligopores : c'est-à-dire qu'il n'y a
que trois paires de pores par plaque majeure; deux, de ces paires sont régulièrement
alignées le long de la suture, un peu obliquement, sur deux plaquettes entières et
égales; la troisième paire est portée par une très petite plaquette placée à l'extrémité
interne des deux autres, et les pores sont sensiblement plus petits. Cette disposition
qui n'existe, à ma connaissance, chez aucun autre Oursin, fait que les pores forment
deux rangées verticales, une externe, composée des grandes paires régulières, et une
interne, dessinée par les petites plaques et les petites paires dont j'ai parlé.
» Entre les zones porifères s'étendent plusieurs rangées verticales de tubercules, de
dimension médiocre, sans crénelures ni perforation, d'après Noetiing, notre exemplaire
étant trop usé pour que je puisse constater ce détail; deux de ces rangées portent des
tubercules un peu plus développés que les autres et montent seules jusqu'au sommet.
» Les aires interambulacraires portent également un grand nombre de rangées ver-
ticales de tubercules semblables, au moins dix-huit à l'ambitus, dont la troisième de
chaque côté est la principale. Ces mêmes tubercules forment en même temps des
rangées horizontales plus ou moins régulières. Le milieu de l'aire n'est pas nu; mais
il est moins garni que les deux côtés.
» La face inférieure manquant chez notre Oursin, nous ne connaissons pas le péri-
stome; il en est de même pour l'exemplaire de Noetiing. Le périprocte, compris entre
les plaques apicales, est ovale et de médiocre étçndue pour la taille de l'Oursin.
» L'exemplaire saharien est très voisin de l'exemplaire indien; la forme est plus
hémisphérique, et surtout le milieu des aires interambulacraires est moins nu que
chez le N. paucituberculata. Ce n'est pas la même espèce, et je propose de l'appeler
Noetlingia Monteili. »
(393)
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — De la propagation des ondes
dans les fluides visqueux. Note de M..P. Duhem.
« I. Si l'on désigne par p la densité en un point d'un fluide visqueux en
mouvement, par T la température, par u, c, w^ les trois composantes de la
vitesse, par Xdm, Y dm, Ldni les composantes de la force, tant intérieure
qu'extérieure, qui sollicite l'élément dm, par H la pression, enfin,
par X(p, T), y,(p, T) deux fonctions de p et de T qui vérifient les inégalités
(i) [;.(p,T)>o, 3>.(p,T)+2[..(p,T)>o,
on a, en tout point du fluide, trois équations dont la première est :
i dW ^r I Ou du du du\ ,. ^ d^ .
1 n <JX au di>. /'Ou Oi'\Oi'- / On' Ou\OiJ. __
f Or d-r Ox \0y Ox ) Oy \rfj- ôz ) Oz
» Dans celte équation, 0 désigne, à l'ordinaire, la somme
(^)
Ou (9f Ow
Ox Oy Oz
» Peut-il arriver que, de part et d'autre d'une certaine surface S, les
équations du mouvement du fluide visqueux admettent deux intégrales
analytiquement différentes et cela, de telle sorte que, sur la surface S,
les quantités II, p, T, u, v, w et leurs dérivées partielles du premier ordre,
aient la même valeur dans les deux intégrales?
» Si u^,v^,^v^ sont Ics composantes de la vitesse en un point et à un
instant, selon la première intégrale, tandis que Ui,v^,w^ sont les compo-
santes de la vitesse au même point et au même instant, selon la seconde
intégrale, nous posons
u^—u.,= \J, r, — t', = V, w, — w.i. — Yf, 6,-92 = 0.
» Les égalités (2) fournissent alors, en tout point de la surface S, trois
égalités dont la première est
(3) [l(p,T) + Kp-T)]g + Kp,T)AU = o.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 7.)
5i
( 394 )
» Selon la dénomination introduite dans notre Noie Sur le théorème
d'Hugoniot et quelques théorèmes analogues ('), la surface S est une onde
du premier ordre pour les dérivées partielles du premier ordre de U, V, W
et, partant, pour la fonction 0. Gardons les notations de cette Note, en
substituant seulement à \, ])., v, pour éviter toute confusion, les sym-
boles a, !?, y.
» Sila vitesse de propagation, désignée par a dans cette Note, était finie,
l'équation (3) de la présente Note demeurerait exacte après multipliration
par a; alors les inégalités (3) de la Note Sur le théorème d'Hugoniot la
transformeraient en
[X(p,T) + Kp.T)]^x + |.(p,T)(^^^^a+^^^P + ^j) = o.
» D'ailleurs, les inégalités (i) de la même Note donnent
dydt'^~ dxdt^' dzât^' ~ dx dt^'
» L'égalité précédente deviendrait donc la première des égalités
(4) |[Hp,T)-f-Kp.T)]^P^ + ^a(p,T)^=o,
[Hp.T) + Kp.T)]^f + Kp.T)|^^=o.
» En ajoutant celles-ci membre à membre, nous trouvons
[Hp,T) + 2f.(p,T)]^'^ = o.
Selon les inégalités (i), cette égalité entraîne celle autre :
(5) -^ = o.
de
àt
L'onde considérée ne pourrait donc se propager avec une vitesse finie que
si l'égalité (5) était vérifiée en tout point de l'onde; cette condition ne
sera évidemment pas remplie, en général; elle le serait, toutefois, si les
mouvements considérés laissaient inaltérée la densité de chaque élément
fluide, car on aurait sans cesse 0, = o, Oj = o.
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p, 1171; 24 décembre 1900.
( 395 )
» Mais, si cette ég^alité (5) était vérifiée en tout point de la surface S,
les égalités (4), jointes à la première inégalité (i), donneraient, en tout
point rie cette surface, les égalités
qui n'y sauraient être séparément vérifiées, en général.
» Ainsi, en général, il ne peut se produire, dans unjluide visqueux, aucune
onde, du second ordre par rapport aux fondions H, p, T, u, v, w, qui se pro-
page avec une vitesse finie.
» II. Cette conclusion peut s'établir d'une manière un peu différente
lorsqu'il s'agit des petits mouvements d'un fluide visqueux, pourvu que l'on
suppose ces petits mouvements soiL adiabaliques à partir d'un état initial
homogène, soil isothermiques à partir d'un tel état. On a alors
n = F(p),
la fonction F étant une fonction croissante de p, qui est la même pour tous
les points du fluide. Désignons par R^ la constante positive — -j^' par "k^,
"po
(A,,, les expressions X(po, T„), [i.(p„, T„).
» Le petit mouvement peut être regardé (') comme résultant de la
superposition d'un petit mouvement sans dilatation et d'un petit mou-
vement sans rotation.
» Dans le petit mouvement sans dilatation, chacune des composantes
de la vitesse vérifie l'équation aux rotations
du
^-f;.„Ai2 = o.
de même forme que l'équation de la propagation de la chaleur; cette équa-
tion est incompatible avec l'existence, pour la fonction £î, d'une onde du
second ordre se propageant avec une vitesse finie; le théorème d'Hugoniot
le démontre sans peine.
M Dans le petit mouvement sans rotation, les trois composantes de la
vitesse sont les trois dérivées par rapport à x, y, z, d'une fonction 9 véri-
(') Sur la généralisation d'un théorème de Clebsch {Journal de Mathématiques
pures et appliquées, 5= série, t. VI, p. 254-256; 1900).
( 396 )
fiant l'équation aux dilatations.
(7) ^ - K^A0 - (^„+ 2[x„)^^A0 = o.
Une onde du second ordre pour les fonctions u, v, w serait du troisième
ordre pour la fonction 0, ou du second ordre pour la fonction -r- = 0'. Mais,
selon l'égalité (7), et le théorème d'Hugoniot relatif à la propagation des
ondes du second ordre, l'existence d'une telle onde est impossible, comme
nous l'avions déjà signalé (').
» Dans une prochaine Communication, nous étudierons, si l'Académie
veut bien le permettre, l'influence que la viscosité exerce sur la propagation
des discontinuités. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Le Volume X de la publication « Le Opère di Galileo Galilei, edizione
nazionale sotlo gli auspicii di Sua Maeslà il Re d'italia » ;
2° Un Volume intitulé : « Physique biologique : osmose, tonométrie,
cryoscopie; par M. A. Dastre. » (Présenté par M. d'Arsonval.)
ASTRONOMIE. — Observations sur la variabilité delà planète (S) Éros, faites
à l' observatoire de Toulouse, à l'équatorial Brunner de o™,23 d'ouverture.
Note de M. F. Rossard, présentée par M. Lœwy.
« M. le D'' E. von Oppolzer ayant signalé la variabilité probable d'Éros,
cette planète a été observée pendant trois jours consécutifs, les l'i, i5 et
16 février, et son éclat par rapport à des étoiles de comparaison noté à des
intervalles de temps assez rapprochés.
» On a constaté des variations rapides d'éclal et estimé que la diffé-
rence d'éclat entre un maximum et un minimum dépasse une grandeur, et
( ' ) Sur la théorie électrodynamique de Helmholtz et la théorie électromagné-
tique de la lumière (Archii'es néerlandaises des Sciences exactes et naturelles.
2" série, t. V, p. 280; 1900).
( 397 )
que la planète qui semble être à son maximum de grandeur 9,3, descend
jusque vers la 1 1* environ.
» De plus, on a remarqué, pendant tontes ces variations, une scintilla-
tion brusque faisant varier par moments l'éclat de la planète.
» Le Tableau ci-dessous indique les étoiles de comparaison employées.
Grandeur
Désignation d'après
Dates. de l'étoile. Argelandcr.
1901. Février i4 749 BD +19" 9,5
i5 766 BD H-I9 9,5
16 692 BD 4-i8 9,2
M Voici, d'autre part, en temps moyen de Toulouse, les heures observées
de maximum et de minimum de la planète :
. Février 14...
h m
. 943
Min.
1901.
Février
16...
h m
7.34 Max.
.4...
. I0.48
Max.
16...
8.56 Min.
i5...
8.10
Max.
16...
10. 3 Max.
i5...
. 9.32
Min.
16...
II. 3o Min.
i5...
. 10.44
Max.
» La comparaison des miiiima et maxima successifs montre que la varia-
tion d'éclat oUre un peu plus de 10 périodes en un jour, que la durée de
la période est voisine de 2'' 22™; la demi-période de croissance, plus courte
d'un quart d'heure que l'intervalle entre le maximum et le minimum sui-
vant. »
ASTRONOMIE. — Sur kl variabilité lumineuse d'Éros. Note de M. Ch. André,
présentée par M. Lœwy.
« Nos observations confirment les indications de la Note du D"" E. von
Oppolzer (Circular n° 38 der Centralstelle) relativement à la variabilité
d'éclat de la planète Éros.
» Quoique l'état du Ciel ne nous ait |)as permis d'avoir encore une
courbe de lumière complète, il semble certain que la variation totale de
près d'une grandeur dans l'éclat de la planète Éros se fait en six heures
suivant une marche très analogue à celle de U Pégase, mais avec une por-
tion de constance peut-être un peu plus étendue; la planète Éros est donc
actuellement une variable photométrique.
( 398 )
» Elle constitue un système double formé He deux astéroïdes dont les
diamètres sont à peu près dans le rapport de trois à deux, et dont le plan
orbital passe actuellement par la Terre.
» Comme notre distance actuelle à Éros est environ les deux tiers de
celle qui nous sépare du Soleil, l'inclinaison de la ligne de visée sur le
plan de l'orbite change assez rapidement et d'une façon continue; le phé-
nomène de variabilité périodique d'Éros ne sera que temporaire et variera
d'aspect pendant ce temps. Mais, son étude attentive a une grande impor-
tance en ce qu'elle nous donnera une série graduée de courbes de lumière,
oîi la seule variable sera l'inclinaison de la ligne de visée sur le plan de
l'orbite du satellite, série qui facilitera considérablement la discussion
des formes si diverses que présentent les courbes de lumière des étoiles
doubles photométriques. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation du paraboloïde
quelconque. Note de M. C. Guichard.
» Pour faciliter la lecture de celte Note, j'exposerai les résultats qui v
sont contenus sans m'appuyer sur mes Notes antérieures. Je rappelle la
définition suivante :
» Un point P décrit un réseau dans l'espace à x dimensions, si les coor-
données Xf, a^ij. . . Xn du point P sont des fonctions de a et v satisfaisant à
une équation de la forme
<?'e .de „ (}6
A -; h K
(lu dv Ou (tv
A et B étant des fonctions de m et v. Cette équation est l'équation du réseau.
)) Sur le paraboloïde, je ferai les deux remarques stiivantes :
» I. Si l'équation d'un réseau P(x,,X2, Xj) admet la relation a? , + mx':,,
il y a un réseau Q (j, , J'o» Ja) parallèle au réseau P, situé sur le paraboloïde
dont l'équation est
» Pour déterminer Q quand P est donné, il suffit d'établir entre le para-
boloïde et la surface (P) une correspondance par parallélisme des plans
tangents.
» It. Si le réseau P est applicable sur un réseau P' on pourra, à l'aide de
quadratures, trouver un réseau Q' applicable sur le réseau Q.
( 399 )
» Ces deux remarques, bien simples, permettent d'établir le résultat
suivant : Si Von connaît une déformée du paraboloïde , on peut en déduire
trois autres.
» Supposons, en effet, le paraboloïde el sa déformée rapportés à leur
système conjugué commun, on aura deux réseaux (r,, y,, y,), (zf,Z2,z,)
applicables, le premier étnnt sur le paraboloïde. L'équation des deux ré-
seaux étant la même (.'M. Kœnigs), les systèmes (v,» Vo) ^t (s,, z^, -3, ?v.,)
forment des réseaux applicables. Effectuant sur les dernières coordonnées
une subslilution orthogonale, le réseau devient (Z,, Zj, Z3, Z,) ; les deux
réseaux (y,. Y-,, 'Z,), (Z,, Z^, Z3) sont applicables; le premier satisfait à la
condition I; on pourra donc, à l'aide de quadratures, trouver de nouvelles
déformées du paraboloïde.
» Si l'équation d'un réseau P(j;, , .2..,, x.,) admet la solution
ax'^ -+- bxt -+- ceci
on pourra lui appliquer les remarques I et II en remplaçant le paraboloïde
par la quadrique
bcrt
ax.
ex.
» Considérons maintenant un déterminant orthogonal du troisième
ordre
D= P. h P.,
T' Ï! Ï3
où les éléments satisfont aux conditions
on devra avoir
(2)
du '^^
dA.
de
dB
du
= AN,
m
dî^
d7i
dv
AB
= -B«,-Np,,
Les conditions (2) seront satisfaites si
coscp.
B
sm
?'
àif
M = -
dv'
df
dû'
(3)
d^o d\
^ +^+sin?cos(p = o.
( 4oo )
)) Le déterminant D est celui qui intervient dans la représentation
sphérique des surfaces à courbure totale constante.
» Prenons, de même, un déterminant orthogonal du 4' ordre
X, or., x.^ ac,,,
(4)
avec les conditions
dxi
àyi _
dzi
on devra avoir
«r„
ày\i
(5)
^ hm.
da
dv
db
-Y- = an,
au
de
dv
du
\=M^
= en.
dv
dm du , /•
-5 \- -. — Y- ah + e —o.
de du
^ = — bXi— fji— nii.
» Ces conditions sont satisfaites pour les valeurs particulières
a =^ p coscp,
d'j>
e = lysmcp, m = — -T^j
:/j.smo.
f= — l'y coscp.
/(. = 4-
d»
d^i'
cp étant une solution de l'équation {5), p et çr des constantes dont la somme
des carrés est é^ale à l'unité.
» Posons maintenant
v/7^=7
» Les quantités J7,, a:'2, x^, x^\ s,, z.,, z^, z^ sont solutions de l'équa-
tion
(6)
et l'on a
(}20 d , de d ^ . d^
-. — ^- =: -r- Log COS CB ^i h ^3- Lo" SUl O -r- >
du di> dv ° ' du du '^ ' dv
Si p est une relation quelconque de l'équation (6) et si l'on pose
z,= f.
o.
Z,4-iZ, = I
( 401 )
les points P(X|, . . ., X,) etP'(Z,, . . ., Z,.) décrivent des réseauxappli-
cables et l'on a
Faisons en particulier
p = s, -h- iz.j ou
On aura deux réseaux applicables (X,, . . ., X^) et (Z^, Z,) ou encore
(X,, Xo, X3) et (Z3, Z^, iX^). Pour ce dernier réseau Q, on a
^' + Z; - ^ = - (Z;-^Z;)--=-(Z, +jZ,)(Z,-tZ,) = — (Z,--iZ,).
ce qui montre que l'équation du réseau Q admet la relation
Z;h-Z;- ^ = Z;-^rZ-\(i -
ce qui permet de déformer le paraboloïde
(7)
y:
iy:^y>'
Donc, au point de vue analytique :
» Pour déformer le paraboloïde quelconque ( 7 ), il suffira d'effectuer les
deux opérations suivantes :
» 1° Trouver les éléments du délerminanl D, ce qui revient à la recherche
des surfaces à courbure totale constante ;
n 2° Intégrer le système complet (4)-
» On retrouve les mêmes opérations poui- déformer la quadrique de
révolution
X'-hX'-i-
— P-
^\. »
GÉOMÉTRIE. — Sur le problème des isopérimètres. Note de M. A. Hurwitz,
présentée par M. Picard.
I' Le problème classique :
» Déterminer parmi les courbes fermées de périmètre donné celle qui en-
ferme une aire maximum,
peut être résolu d'une manière très simple par l'emploi des séries de
Fourier. C'est ce que je vais montrer dans les quelques lignes qui
suivent.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, IN- 7.) 52
( 402 )
» Soient C une courbe fermée, s ia longueur de l'arc compté à partir
d'un point arbitrairement fixé sur la courbe. Choisissons l'unité de longueur
de manière que la longueur totale de C soit égale à 2tc, c'est-à-dire égale à
la circonférence du cercle de rayon i.
» Ceci posé, les coordonnées x, y d'un point variable sur C seront des
fonctions continues de l'arc s ayant la période ir:. Supposons que ces fonc-
tions, ainsi que leurs dérivées par rapport à s, soient développables en sé-
ries trigonométriques et posons
1 a; := «0 + V (a„cos/î5 + a'„ sin«\),
(1) !"='
\ y -— b^ -\-'^ {b„ cos,n$-h- l^n &inns).
\ n =1
» L'aire F de la courbe C étant donnée par l'intégrale
F=Jxdy = f^ x^^ch,
on trouve, en employant les développements (i),
0 ) F = ^2 ^' ^- ^'" *« ~ "■'" ''•'» ) •
)) De même, en intégrant l'identité
entre les limites o et 2-, il vient
c'est-à-dire
(3) ^r.^-^n'{a^, + à;;+bl + f^).
» Des équations (2)|et (3) on tire
( ^n[(\a,-b:,y + {à„ + b,y\\.
( 4o3 )
» Tous les termes de la dernière somme étant essentiellement positifs,
on voit que l'aire F de la courbe C ne peut pas surpasser l'aire z: du cercle
de rayon i .
» En outre, l'égalité F =: n; entraîne évidemment
a, = è',, a\^--b, et a„= a,,^ b„ = b'„ = o pour n>i.
M Par conséquent, si l'on suppose F = -, les équations ( i ) de la courbe C
prennent la forme
a; = a„ + a, cos* + a\ sin*, y = b^ ~ a\ coss -+- a, sins,
de sorte que la courbe C est un cercle.
» Donc, parmi toutes les courbes de même périmètre, le cercle, et le
cercle seul, enferme l'aire maximum. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des fonctions de deux variables analogues
aux fonctions modulaires. Note de M. R. Alezais, présentée par
M. É. Picard.
K M. Picard, dans le second Volume des i4c/a mathemalica, a fait con-
naître des fonctions de deux variables qui présentent la plus grande ana-
logie avec les fonctions modulaires elliptiques. Partant de la relation
z'==t{l- i)(t — x)(l-y),
a laquelle appartiennent les trois intégrales de première espèce
^'dt ^ r'dt I ., r'tdt
W
■r^' -x^' '=0
il a montré que, si l'on déduit de ces intégrales un système d'intégrales
normales, les périodes de seconde espèce de ces intégrales ne dépendent
que de deux paramètres u et c, ou, si l'on veut, de trois paramètres homo-
gènes M, V, w, enfin, il a établi que x et y considérés comme fonctions de
- et de — sont des fonctions unitormesqui se reproduisent quand on rem-
place «, c, w par certaines fonctions linéaires de ces quantités dont les
coefficients sont des entiers complexes de la forme a -i- bl, où
À = •
( 4o4 )
M. Picard a fait connaître {Acta math., t. V, p. i8i) les substitutions fon-
damentales de ce groupe de sobstitutions que j'appellerai le groupe S, il a
montré qu'elles transforment en elle-même la forme F = uu^ -+- vWi -'- v^ w
(m,, Vt, w^ étant les quantités conjuguées de u, v, w), et que les fonctions .r
et y ne sont définies que pour les systèmes de valeurs de u, v, w qui ren-
dent cette forme négative.
» Si l'analogie avec la fonction modulaire se poursuit, le groupe S ne
doit être qu'un sous-groupe du groupe qui transforme F en elle-même. Sur
les indications de M. Picard, je suis arrivé à établir qu'il en est ainsi; j'ai
pris la courbe initiale sous la forme
z'' = (/' - Gc) {f - ^) (f - y) (t' - S;,
qui est reliée à la forme primitive par les relations
z = (^-^y
1=0.^(^-0.)/',
= X,
p-
.7'
et j'ai construit la surface de Riemann relative à cette courbe; a, p,y, S en
sont les points critiques à distance finie. On obtient les substitutions S en
faisant décrire aux points a, p, y, S les uns autour des autres des courbes
fermées; on obtient un nouveau groupe contenant S comme sous-groupe et
transformant F en elle-même, en échangeant entre eux les points a, [î, y, S.
Un Tableau tel que
M.
P.
R.
Mj
P2
R2
M,
Pn
R.,
représentant la substitution
w' = M, M-' 4- P, ('
on trouve que des trois substitutions
I I o o
T, — o I o , T, —
o o —"k
Rfii,
u' = M3 iV
P,^
R,M.
I
0
0
1^
I
1
I
0
—
o
r-
o
o
o
o
o
1
la première , échange fi et y; la deuxième, y et 8; la troisième, 8 et a. En
combinant ces trois transformations, on peut, de la permutation apyS,
passer à une quelconque des autres; on peut donc considérer ces trois
substitutions comme engendrant tout le groupe relatif à ces échanges. Je
( 4o5 )
l'appellerai le groupe T. En combinant ces trois substitutions, il est facile
aussi de retrouver les substitutions fondamentales du groupe S.
» L'analogie avec la fonction modulaire se vérifie encore dans les points
suivants. Le groupe S est un sous-groupe à congruences et, par suite, un
sous-groupe invariant du groupe T. Toute substitution S est congrue à la
substitution unité selon le module i — X.
>) On peut donc décomposer le groupe T en classes de substitutions
incongrues selon ce module. Le nombre des classes de nombres incongrus
(mod. I — 'X) étant 3 = norme(i — X), il y a en tout 3" classes de substi-
tutions incongrues entre elles (mod. i — \); mais vingt-quatre seulement
appartiennent au groupe T; elles correspondent aux vingt-quatre permu-
tations des quatre lettres», p,y, î^; on voit, en effet, que deux substitutions
effectuant la même permutation sont congrues entre elles. D'autre part, si
l'on cherche directement quelles sont celles de ces classes qui contiennent
des substitutions transformant F en elle-même, on trouve qu'il en existe
quarante-huit : les vingt-quatre du groupe T et celles qui s'en déduisent en
changeant tous les signes. En définitive, le groupe total des substitutions qui
transforment F en elle-même admet comme sous- f^roupe invariant d'indice deux
le groupe T, qui admet lui-même le groupe S comme sous-gruupe invariant
d'indice vingt-quatre.
M Les substitutions du groupe T font subir Axely des transformations
linéaires; on peut trouver une fonction invariapte au groupe T analogue à
la fonction J elliptique: c'est la fonction
oîi Jx,pi est la fonction elliptique écrite sous forme homogène. Les substitu-
tions T, , To, 0 permutent ces quatre fonctions de la même manière qu'elles
permutent les quatre lettres a, p, y, ^. »
OPTIQUE. — Nouveau modèle d'oculaire à glace micrométrique (' ).
Note de M. L. Malassez.
« Les oculaires à glace micrométrique dont on se sert habituellement en
Microscopie présentent, à côté de réels avantages, un certain nombre
d'inconvénients assez sérieux que j'ai cherché à faire disparaître. Dans
(') Travail du laboratoire d'Histologie du Collège de Frapce.
( 4o6 )
ce but, j'ai imaginé, essayé plusieurs nouveaux modèles divers (' ). L'un
d'eux, que j'ai déjà fait connaître, mais que j'ai encore perfectionné de-
puis, me pariât digne d'être plus spécialement recommandé.
» Il ne diffère des oculaires ordinaires de Huygens que par les particu-
larités suivantes :
» A la face supérieure de la bonnette m se trouve un petit boulon aplati b faisant
une légère saillie au dehors'; en sorte qu'il est facile de le faire tourner avec le doigt,
soit dans un sens, soit dans l'autre, pendant qu'on regarde dans le microscope. A son
pourtour est une graduation décimale et, à côté, un index fixe i, afin de pouvoir
déterminer et retrouver très exactement telle ou telle position qui lui aurait été précé-
demment donnée. Un petit ressort rb, qui se place à volonté sur sa partie saillante,
permet de le fixer solidement dans la position voulue.
(') J'ai indiqué, dans les Archives d'Anatomie microscopique {p. liig; 1900), les
inconvénients des modèles courants d'oculaire à glace micrométrique, puis décrit et
figuré quelques-uns de mes nouveaux modèles. Ils avaient été présentés à la Société
de Biologie (Séance du 28 juillet 1900) et exposés à l'Exposition universelle à la
Classe III : Enseignement supérieur, vitrine de notre laboratoire.
» Ce bouton est fixé sur une tige t qui traverse à frottement doux la bonnette
et descend verticalement à l'intérieur de l'oculaire le long du tube to.
» Cette tige est creuse et munie à l'intérieur d'un pas de vis de i""". Il y pénètre
une vis v dont 1'ex.trémité inférieure est fixée à la périphérie d'un diaphragme d, des-
tiné à recevoir la glace microraélrique. Il résulte de ce dispositif que, si l'on tourne
le bouton, le tube tourne de la même façon ; mais la vis, ne pouvant suivre ce mouve-
ment, s'enfonce dans le tube ou en sort plus ou moins, et le diaphragme qu'elle porte
monte ou descend à l'intérieur de l'oculaire ( '). Il suffit donc détourner plus ou moins
le bouton dans un sens ou dans l'autre pour mettre au point.
» La vis qui porte le diaphragme est aplatie d'un côté, et sur ce côté se trouve une
échelle millimétrique g. Grâce à cette échelle et à la graduation du bouton, il est
facile de déterminer et de retrouver très exactement la position de mise au point.
» La glace micrométrique se place à la face supérieure du diaphragme, sous deux
petits ressorts rs en forme de valets.
» La face inférieure du diaphrame présente également deux ressorts qui permettent
d'y placer des diaphragmes d' , d" ayant des ouvertures plus ou moins grandes, et
d'obtenir ainsi des champs microscopiques plus ou moins étendus. On arriverait au
même résultat avec un diaphragme iris placé à ce niveau.
» Ce nouveau modèle d'oculaire à glace micromélrique présente sur les
modèles courants les avantages suivants. Dans la mise au point, les len-
tilles restant à la même distance l'une de l'antre, la combinaison optique
de l'oculaire n'est pas modifiée. Cette mise au point s'obtient facilement.
Elle peut être repérée et relrouvée très exaclenient, en sorte que l'évalua-
tion des divisions micrométriques n'a besoin dfêtre faite qu'une première
fois pour toutes et que plusieurs observateuifs de vues très différentes
peuvent se servir du même oculaire. Cette iniseï au point peut, de plus, être
fixée, et de façon telle qu'on ne risque pas de la perdre.
» Cet ocidaire ne fait au-dessus du tube du microscope pas plus de
saillie qu'un oculaire ordinaire et ne gène en rien la mise en place
des appareils que l'on peut avoir à poser à ce|niveau. Tl est, d'autre part,
très facile d'enlever la glace micrométrique et de la remettre en place; en
sorte qu'il peutservir à tous les mêmes usages qu'un oculaire ordinaire; il
a même sur eux cet avantage que l'on peut modifier à volonté l'ouverture
diaphragmatique.
{^) Dans un des appareils que j'ai fait construire, le diaphragme porte-glace est
guidé dans ses mouvements de montée et de descente, non plus par les parois mêmes
du tube oculaire, mais par deux petites tiges implantées à la face inférieure de la
bonnette et passant à sa périphérie, de chaque côté de la vis. C'est plus précis de jeu,
mais de construction un peu moins simple.
( /io8 ^
11 Ce n'est pas tout : à la place de la glace micrométrique on peut
mettre, non seulement d'autres glaces, des glaces quadrillées, mais encore
de ces diaphragmes mobiles à index d.i ou à fil fixe d.J, ou à fil mobile que
j'ai déjà fait connaître ('), lesquels permettent de transformer l'oculaire,
soit en oculaire indicateur, soit en oculaire à fil. Ainsi transformé, il est
aussi commode, sinon plus, que les oculaires spéciaux correspondants.
» J'ajouterai qu'il peut être construit sans grande difficulté, avec les
modèles courants d'oculaire de Huygens. »
PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur V absorption spécifique des rayons X par les
sels métalliques. Note de MM. Alexandre Hébert et Georges Reynaud,
présentée par M. Armand Gautier.
« Dans la dernière séance de l'Académie, M. Louis Benoist a présenté
une Note sur les lois de transparence de la matière pour les rayons X. Sur
plusieurs points il arrive, dans son étude, à des conclusions que nous
avions déjà formulées, plus ou moins directement, dans un Mémoire
publié antérieurement au Bulletin de la Société Chimique (-), Mémoire que
nous croyons devoir rappeler ici pour réserver notre priorité.
» Pour faire les comparaisons des difTérents sels métalliques au point de vue de
leur absorption spécifique pour les rayons X, nous avons imaginé un appareil ana-
logue au colorimèlre de Duboscq modifié, dans lequel les cuves, terminées par deux
disques de carton recouvert de gulta perméables aux rayons X, recevaient directe-
ment les radiations d'un tube de Crookes. La description complète de l'appareil se
trouve dans le Mémoire précité.
» Un grand nombre de solutions salines moléculaires-grammes par litre ont été
examinées avec cet instrument; ces solutions étaient comparées à une même hauteur
d'eau de 4 '""",5; la différence entre les deux lectures correspondait à l'absorption par
le corps dissous.
» Parmi les sels que nous avons ainsi observés, nous noterons les chlorures, bro-
mures, iodures, sulfates, des métaux suivants (en tant que sels solubles) :
Ammonium. Cuivre. Potassium.
Baryum. Lithium. Sodium.
Cadmium. Magnésium. Strontium.
Calcium. Manganèse. Zinc.
Cobalt. Nickel.
(') Archives d'Anatomie microscopique, p. 4^9 et suiv., et p. 4^2; 1900.
(') 3° série, t. XXI, p. 892 et 894; 1899.
( 4o9 )
» Nous donnons notamment ci-dessous les chiflFres obtenus par notre méthode pour
la série des nitrates :
Absorption Absorption
Nom Poids spécifique Nom Poids spécifique
des métaux. atomique. relative. des métjux. atomique. relative.
Lithium 7 4)^ Niciie] Sg 33,6
Ammonium .... i8 'i>7 Cobalt 5g 3t,2
Sodium 23 12,7 Cuivre 63 32,9
Magnésium 24 11,2 Zinc 65 33,3
Potassium 39 18, 5 Strontium 87 35,6
Calcium 4o 20,7 Cadmium 112 35,6
Manganèse 55 29,4 Baryum 137 38, o
» On voit que, d'une façon générale, l'absorption dos rayons X par les
nitrates est d'autant plus forte que le poids atomique du métal combine est
plus élevé. On remarque la même marche pour les chlorures. Les bro-
mures, les iodures et les sulfates ne permettent pas, dans les conditions
dans lesquelles nous observions, de déduire des conclusions aussi nettes;
l'influence du radical électro-négatif est, en effet, très grande quand ce
radical possède un poids moléculaire élevé, ce qui est le cas pour ces
genres de sels.
» En considérant les chiffres relatifs aux autres acides dont il n'existe
qu'un très petit nombre de sels solubles, on constate que l'absorption
s'accroît avec le poids atomique du métal.
» On peut du reste facilement construire la courbe de l'absorption spé-
cifique en fonction des poids atomiques au moyen des chiffres que nous
avons donnés; cette courbe se rapproche sensiblement d'une hyperbole
équilatère.
» Si, maintenant, on compare l'absorption spécifique des divers acides
combinés avec un même métal, on remarque aussi que l'absorption
semble croître avec le poids moléculaire des acides, au moins d'une façon
approchée.
» Nous avons pu ainsi confirmer, avec plus de certitude et de généralité
qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, ce fait que le pouvoir absorbant des corps
pour les rayons X croît avec le poids moléculaire.
M Dans un composé, c'est l'élément dont le poids atomique est le plus
élevé qui imprime surtout au composé ses propriétés absorbantes, cet
élément pouvant être, d'ailleurs, électro-positif ou électro-négatif. »
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 7.)
53
( 4io )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hjdrocinchomne. Note de MM. E. Ju.vgfleisch
et E. Léger.
« En oxydant à froid la cinchonine par le permanganate de potassium,
MM. Caventou et Willm ont découvert l'hydrocinchonine; ils ont pensé
que celle-ci préexiste dans la cinchonine et résiste à l'oxydation (Comptes
rendus, t. LXIX, p. 284; 1869). Plus lard, M. Skraup a admis cette préexis-
tence, tandis que M. Hesse et MM. Forst et Bœhringer ont attribué la for-
mation de l'hydrocinchonine à la réaction destructrice de la cinchonine.
Que l'hydrocinchonine soit un produit naturel ou artificiel, on l'a toujours
considérée comme rare.
» Dans l'action de l'acide ^sulfurique aqueux sur la cinchonine, nous
avons obtenu, avec d'autres alcalis, une base présentant des analogies en
même temps que des différences avec l'hydrocinchonine, dont la des-
cription était, il est vrai, restée assez incomplète. Nous l'avons décrite
sous le nom de cinchonifine et envisagée comme un isomère de la cincho-
nine. Si les chiffres d'analyse concordaient mieux avec l'hydrocinchonine,
nous tenions compte de la faiblesse des différences à apprécier dans des
combustions dont les difficultés spéciales sont bien connues. Nous avons
indiqué, il y a longtemps déjà (Comptes rendus, t. CXII, p. 944X les raisons
qui nous ont portés à différencier ces deux bases; au premier rang était
citée la contradiction entre la rareté de l'hydrocinchonine dans la cin-
chonine et l'abondance de la cinchonifine fournie par des cinchonines
présentant les propriétés assignées à la cinchonine pure; or la nature
oxydante de notre réaction ne permettait pas de lui attribuer la formation
d'un dérivé d'hydrogénation.
» M. Pum ayant annoncé plus récemment que la cinchonine contient
plus d'hydrocinchonine qu'on ne l'avait admis jusqu'alors, l'argument pré-
cédent perdait sa valeur. Nous avons cru dès lors devoir comparer la cin-
chonifine avec l'hydrocinchonine obtenue en oxydant la cinchonine. De
la comparaison faite, nous rapporterons ici les points décisifs.
» Les apparences des deux bases sont semblables, f^es points de fusion
sont identiques pour les deux corps purs : 278*^ (corr.).
>) Le pouvoir rolatoire de l'hydrocinchonine a été indiqué seulement comme plus
faible que celui de la cinchonine dans le rapport de -t- 10°, 55 à -)-ii",48, pour des
conditions identiques, non spécifiées. Nous rapprocherons les chiffres qu'il nous a
' 4" )
fournis de ceux donnés par la cinchonifine dans des conditions identiques. En disso-
lution dans l'alcool absolu (/> :i^ o8'",625, i'=-ioo, 1=^1^°), ap =r -;- ig8°,6 pour l'h}'-
drocinchonine, et a^ r^ -i- 199°, 5 pour la cinchonifine. En dissolution dans l'eau con-
tenant 2SO'H2 par molécule de base (p :=z i, p r:r 100, f=r 17°), a,, = -{- 226", 2 pour
l'iij'drocinclionine, etap^tH- 220°, 2 pour la cinchonifine. En dissolution dans l'eau
contenant 4 H Cl par molécule de base (p t^i, (1= 100, t = 17°), «d = H- 227°, 7 pour
l'hydrocinchonine, et aj) =; -(- 226", i pour la cinchonifine. Les écarts sont du même
ordre de grandeur que ceux qui correspondent à une division du vernier du polari-
raélre. 11 y a donc identité.
» La première propriété chimique signalée par l'hydrocinchonine a
été son inoxydabilité par le permanganate. Or, nous avons observé que
la cinchonifine réduit ce sel dés la température ordinaire. En réalité, l'hy-
drocinchonine réduit moins activement le permanganate que la cincho-
nine ou ses isomères; elle le réduit toujours cependant, des écarts de
température faibles modifiant beaucoup son activité; la réduction ne
devient lente que dans le voisinage de 0°, sans cesser, même alors, d'être
manifeste. Les deux bases se conduisent pareillement dans des conditions
identiques.
» Une dilTérence importante porte sur les sulfates basiques. MM. Caventou et Willm
ont attribué 3II-0de cristallisation au sulfate d'hydrocinchonine. Plus tard, M. Skraup
a indiqué une teneur de 12H-O, mais avec un point de doute. MM. Forst et Bœhrin-
ger enfin ont contesté l'existence du sel à 3H^0 poOr n'admettre que celle du sullate
à 12H-O, celui-ci se formant indilTéremment dans l^au et dans l'alcool. D'autre part,
nous avons décrit le sulfate de cinchonifine à 2 H^O, cristallisé sous une forme qui ne
répond pas aux descriptions des sels précédents. Nous avons donc cherché à obtenir
ce sulfate de cinchonifine en cristaux d'hydratatior^ variées; suivant la température
à laquelle il se dépose, le sel cristallise dans l'eau sous deux foruîes au moins. En
liqueur concentrée, la cristallisation commençant k chaud, il se sépare de longues
aiguilles prismatiques à2H-0; c'est le sel que nçus avons décrit. Eu liqueur plus
étendue, la cristallisation commençant dans une dissolution refroidie, il se dépose des
cristaux plus volumineux que les peécédents et contenant beaucoup plus d'eau de
cristallisation. F^n liqueur froide, les premiers cristaux se transforment peu à peu
dans les seconds.
» Le sulfate le plus hydraté, en cristaux limpidefe, essuyés à leur surface au sortir
de l'eau mère, non effleuris, par conséquent, subit 'à loc'-iio" des pertes d'eau qui
n'ont jamais dépassé de beaucoup 22 pour 100; cela' correspond tout au plus à iiH^O
(théorie pour la cinchonine 22, 4o, pour l'hydrocinchonine 22 ,3o). Un sel à 12II-O
perdrait 28,84 pour 100. Malgré ces écarts des résultats analytiques, portant sur un
corps exceptionnellement hygroscopique, l'identité de ce sulfate de cinchonifine avec
le sulfate d'hydrocinchonine ne nous semble pas douteuse : les deux sels ont la même
solubilité à i2°-i3° (i partie dans 3o parties d'eau); secs, ils fondent à 194°, 8 et 195°;
les cristaux de sulfate de cinchonifine à 1 1 H^ O, examinés et mesurés par M. WyrouboiT,
( 4l2 )
ont été trouvés de même forme que ceux du sulfate d'hydrocinchonine décrits anté-
rieurement, sans mesures d'angles, par MM. Forst et Bœhringer; ils jjrésenlent le
pouvoir rotatoire à l'étal solide.
» Au surplus, ayant préparé le cblorozincate d'hydrocinchonine, nous l'avons trouvé
identique au chlorozincate de cinchonifine. M.WyroubofF, qui a antérieurement étudié
ce dernier, a eu l'obligeance de comparer les deux chlorozincates ; il a trouvé leurs
formes cristallines identiques.
» En résumé, la comparaison effectuée établit l'identité des deux bases.
Les difïérences relevées d'abord ont disparu par une étude plus appro-
fondie de l'hydrocinchonine.
» Il résulte de là que, pour se procurer l'hydrocinchonine, il suffit d'ap-
pliquer à la cinchonine le traiteiïient que nous avons indiqué antérieure-
ment. Il nous a conduits à reconnaître dans toutes les cinchonines des
proportions fort élevées d'hydrocinchonine; celle-ci n'est pas sans modi-
fier notablement les propriétés de la cinchonine elle-même. »
CHIMIE ORGANIQUE. - \Sur la diphénylcarbodiazine. Note de
M. P. Cazeiveuve, présentée par M. Armand Gautier.
1' J'ai montré précédemment la transformation de l'urée de la phényl-
hydrazine (diphénylcarbazide) en diphénylcarbazone sous l'influence du
sodium, ou bien du toluène, ou sous l'influence de la soude alcoolique { ' ').
C^H'HAz^ AzH - CO - AzH- AzH— C^H"
devient
CH^HAz- AzNa - CO- Az = Az- C»H%
dérivé sodique que l'on décompose par un acide.
» Dans cette réaction, l'hydrogène dégagé donne de la diphénylsemi-
carbazide et de l'aniline, aux dépens d'une autre molécule d'urée.
» J'ai reconnu que la diphénylcarbazone elle-même peut perdre encore
deux atomes d'hydrogène sous une influence oxydante très simple pour
donner la diphénylcarbodiazine, encore inconnue. E. Fischer n'a décrit
que la sulfocarbodiazine CH' Az — Az — CS — Az ;= AzCH'.
» Pour préparer la diphénylcarbodiazine j'ai eu recours très avantageu-
sement à l'action de l'acétate d'argent sur l'urée de la phénylhydrazine ou
sur la diphénylcarbazone.
(') \o\r Comptes rendus, 1900.
( 4i3 }
» On dissout dans aSo"" d'alcool à gS", à chaud, 6s'' d'urée de la phénylhydrazine,
qu'on verse peu à peu dans une solution aqueuse bouillante de i6s'' d'acétate d'argent.
Ces proportions correspondent à i molécule de dipliénylcarbazide ou urée pour 4 mo-
lécules de sel argenlique. Il est bon de dissoudre l'acétate d'argent dans 2^'' d'eau dis-
tillée environ. Il se dépose aussitôt de l'argent métallique. Après quelques minutes
d'ébullition, on filtre et l'on évapore à siccité au bain-marie le liquide à peine jau-
nâtre. On reprend par l'alcool méthylique qu'on additionne d'éther. La diphénylcar-
bodiazine se précipite aussitôt cristallisée et incolore. Elle se forme d'après l'équation
OH'HAz — AzH — GO- AzH — AzH - C^H^-f- 4C-H'AgO'
= C«H«Az = Az - GO — Az = Az - C^H* -f- 4Ag -1- 4C^H'0^
» Gette dipliènylcarbodiazine est soluble dans l'eau bouillante, d'où elle cristallise
par refroidissement. Elle se dissout dans les alcools méthylique et élhylique, qui l'aban-
donnent sous forme de paillettes aciculées brillantes. Précipitée par l'éther de ses
solutions alcooliques, elle constitue un amas de petites aiguilles blanches enche-
vêtrées.
» La diphénylcarbodiazine ne fond pas. Sorte de tétrazoïque de la série grasse et
de la série aromatique, elle se décompose par la chaleur avec vivacité comme les
diazoïques, et cela au-dessous de 100°. L'azote dosé par le procédé Kjedhal a donné
23,64 pour 100; la théorie exige 23,53. Sa solution alcoolique n'a aucune action
sur les sels métalliques, cuivre et mercure, caractère dislinctif du corps originaire,
la diphénylcarbazide. Mais, bouillie avec la potasse ou la soude alcoolique, elle prend
une belle teinte orangée et passe à l'état de diphénylcarbazone, potassique ou so-
dique, suivant l'équation 1
G« H» Az r-T Az . GO . Az := Az . G" H^ -h KOH
— C«H=AzH.AzK.C0.Az=AzJC»H5i-)-0.
» L'oxygène qui paraît dans celte équation donne, en réalité, avec l'alcool, soit
méthylique, soit éthylique, du formiate ou de l'acétate potassique ou sodique.
)) Les acides de la série grasse se combinent facilement avec la diphényl-
carbodiazine. Les acides formique, acétique, propioniqne dissolvent à
froid la diphénylcarbodiazine, puis la solution se prend rapidement en
masse avec formation d'une combinaison équimoléculaire, explicable par
la pentavalence d'un des azotes terminaux de la chaîne. L'acide formique
donne ainsi
C^ H» Az ^ Az . CO . Az = AzC'^^ • ^^^.
I \H
G" H'
» Ces combinaisons rappellent celles de la diphénylcarbazide elle-
( 4i4 )
même, que j'ai précédemment décrites ('). Elles se dissocient par la
chaleur.
» Le brome attaque directement la dyphénylcarbodiazine avec élévation de tempé-
rature. On chasse l'excès de brome par évaporation au bain-marie; on reprend par
l'alcool tiède qu'on additionne d'éther; de petits cristaux à peine colorés en jaune se
précipitent. Les chiffres d'analyse concordent avec un dérivé dibromé de la formule,
sans aucun doute,
'AzBr. AzBr.C«H=
'XAz^Âz.C^H^ '
coc;
corps qui, sous l'influence de la potasse alcoolique à l'ébullition, donne facilement de
la diphénylcarbazone et du bromure de potassium.
» Ce dérivé dibromé ne fond pas sans décomposition. Vers 60° il noircit. Il est inso-
luble dans l'eau, soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouvel alcool dérivé du limonéne.
Note de M. P. Genvresse.
i
I
« Nous avons montré {Comptes rendus, t. CXXX, p. 918) que, dans
l'action du peroxyde d'azote sur le pinène, il se forme un nouvel alcool
terpénique, le pinénol. En indiquant pour ce corps une formule de consti-
tution possible {Annales de Chimie et de Physique, 7* série, t. XX, p. 394),
nous avons ajouté que le limonéne, traité de la même manière, donne
un alcool doué de propriétés différentes. Nous l'avons appelé limonénol.
» Limonénol C^'^WO. — Ce corps est encore plus difficile à préparer
que son isomère, l'action du peroxyde d'azote sur le limonéne étant beau-
coup plus énergique que sur le pinène.
» Pour préparer le limonénol, nous plaçons 2008'' de limonéne dans une fiole à fond
plat, entourée d'un mélange de glace et de sel, et nous y faisons arriver le produit de
la décomposition de SoS'' de nitrate de plomb bien desséché.
» Dans ces conditions, beaucoup de limonéne reste inaltéré. Nous opérons ensuite,
comme nous l'avons fait dans la préparation du phénol, en entraînant le produit de la
réaction additionné d'une solution concentrée de carbonate de sodium, jusqu'à réaction
alcaline, par un courant de vapeur d'eau ; le limonéne passe d'abord, et ensuite l'alcool
souillé de produits azotés. Le rendement en produit brut est d'environ 4 pour 100.
» Pour purifier ce corps, nous avons mis à profil une propriété curieuse de la solu-
tion concentrée de salicylale de sodium, propriété découverte par M. Duyk. Une telle
(') Comptes rendus, 11 février 1901.
solution dissout les alcools terpéniques et nullement les terpènes. Nous avons donc
traité le produit brut précédent par une solution concentrée de salicylale de sodium,
décanté la solution de l'alcool ainsi obtenue, et traité cette dernière par un courant de
vapeur d'eau. L'alcool a été entraîné, séché sur du chlorure de calcium et distillé sous
pression réduite.
» Le limonénol est un liquide incolore, d'une odeur agréable, ne rappelant nulle-
ment celle du limonène, did'érant également de celle du pinénol; il bout à i35°, sous
une pression de id""™, sans décomposition sensible; il dévie à droite le plan de pola-
risation, sa déviation pour la raie D est a^ t= h 19°, 21' à la température de 17'^; le
limonène dont nous sommes partis est également dextrogyre; chez lui a,, = -i- 43", 52
à la température de 11°.
« La densité du limonénol est, à 18°, de 0,9669; son indice de réfraction /(n-" 1,497.
» Ce corps possède dans sa molécule deux doubles liaisons. En efTet, si avec les
nombres précédents nous calculons sa réfraction moléculaire, nous trouvons le
nombre 45,99 et sa réfraction moléculaire tliéorique, d'après les nombres donnés par
M. Briihl, en admettant l'existence de deux doubles liaisons, est 46,5.
» D'un autre côté, si l'on dissout le corps précédent dans le chloroforme ou dans le
benzène, et si l'on y ajoute ensuite du brome goutte à goutte jusqu'à ce que la colora-
tion de ce dernier persiste dans la solution, on constate qu'il n'y a point de dégage-
ment d'acide bromhydrique et que le poids de brome ainsi ajouté est sensiblement le
même que celui qui serait calculé dans l'hypothèse de deux doubles liaisons.
» Le limonénol est un alcool secondaire, de même que le pinénol; en
effet, traité par leméhingechromique, il donne nnecétone, la limonènone.
» Z,j/wone'«orte CH'^O. — Pour préparer ce corps, nous avons employé la méthode
ordinaire et nous avons ensuite entraîné le produit de la réaction par l'eau. La limo-
nènone est un liquide incolore, d'odeur agréable. Comme l'alcool qui lui a donné nais-
sance, elle dévie à droite le plan de polarisation : ai, = -h 16°, 4' à la température de
20°; à la même température, sa densité est 0,9606 et son indice de réfraction pour la
raie D est «1,= 1,487.
» Ici encore nous trouvons deux doubles liaisons; en effet, la réfraction moléculaire
du corps précédent est 44,858, et si on la calcule d'après les nombres de M. Briihl, on
trouve 45,16. Dans l'oxydation par l'acide chromique les deux doubles liaisons du
limonène ont encore été respectées.
» Le corps précédent est bien une cétone; en effet, traité par le chlorhydrate d'hy-
droxj'lamine, il se transforme en oxime.
» Limonénoxime C'"'H'*AzOH. — .Xous avons obtenu ce corps en suivant la marche
que M. Wallach a employée pour transformer la carvone en carvoxime, c'est-à-dire en
• traitant la cétone précédente dissoute dans l'alcool par deux solutions chaudes, l'une
de chlorhydrate d'hydroxylamine, l'autre de potasse. Après refroidissement, le tout
est versé dans l'eau froide; une huile ne tarde pas à se séparer, on l'entraîne par un
courant de vapeur d'eau et elle cristallise.
» La limonénoxime fond à 85°, 5; mais si après l'avoir laissée se solidifier on fond
( 4i6 ^
de nouveau ce corps, on voit que le point de fusion s'est abaissé à 72°, température
qui est celle de fusion de la carvoxime active.
» Les expériences qui suivent ont eu pour but d'identifier le corps précédent avec
la carvoxime en même temps que de faire son élude.
» Nous avons trouvé pour son pouvoir rotatoire at== — ^9°^^' à la température
de 20°. M. Wallach a trouvé pour la carvoxime gauche «d =^ — 39''34'.
)) Comme la carvoxime active, la cétoxime précédente se combine avec le chlorure
de benzoïle dans les mêmes conditions; le produit obtenu est le même dans les trois
cas et a même point de fusion, gS", et mêmes propriétés.
» Il en est de même pour la combinaison avec l'isocyanate de phényle; ici encore le
point de fusion sera de iSS".
» Il y a donc identité de la cétoxime précédente avec la carvoxime; seul le point de
fusion diflère, et encore seulement quand il n'y a pas eu de fusion préalable.
» La limonénoxime se forme également, mais en petite quantité, dans l'action du
peroxyde d'azote sur le limonène. Nous avions du reste obtenu une réaction analogue
en traitant le pinène dans les mêmes conditions.
» La formule de constitution du limonénol se déduit aisément de celle du limonène
et de la carvoxime. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation (le l'acide diméthylacrylique en acide
dimèthylpyrmique . Note de MM. L. Bouveault et A. Wahl, présentée
par M. A. Haller.
« Dans une précédente Note, nous avons montré que le nitrodiméthyl-
acrylate d'éthyle a. est réduit, au moyen de l'amalgame d'aluminiuin, en
l'aminé correspondante, l'a-aminodiméthylacrylate d'éthyle
CHV , ^^^'**-
AzH=
» Ce composé, qui jouit de propriétés alcalines très nettes, se dissout
sans altération dans les acides étendus et froids; mais vient-on à chauffer
à 100° sa solution chlorhydrique, elle laisse surnager une couche huileuse :
par refroidissement la couche aqueuse abandonne des cristaux de chlor-
hydrate d'ammoniaque. La décomposition se fait intégralement suivant
l'équation
C'H*'AzO- + HCl r- H^O = AzH^Cl + C'H« = 0\
» Le nouveau composé est obtenu par distillation dans le vide de
(417 )
l'huile surnageant après lavage à l'eau. Il bouta ôS^-ôg", sous iS™'", possède
une oileuréthérée assez agréable; sa densité D° = i,o3i. L'analyse nous a
fait voir que ce composé possède bien, en effet, la formule que lui attribue
l'équation précédente.
» Le troisième atome d'oxygène de ce corps s'y rencontre sous forme de
carbonyle, car il se combine aisément à l'hydroxylamine et à la semi-
carbazide.
» Son oxime, qui prend naissance à froid, forme de magnifiques aiguilles
incolores fondant à 55°. Elle est très soluble dans tous les dissolvants
neutres, sauf l'eau et la ligroïne.
» L:i semi-carbazone s'obtient sans difficulté [)ar le mélange avec une
solution hydroalcoolique d'acétate de semi-carbazide. Elle se dépose d'un
mélange d'éther et d'éther de pétrole, sous forme de prismes incolores
fondant à 95°-96''.
» Etant donné que cet élher dérive du dimcthylacrylate d'élhyle par
une suite de réactions très simples qui toutes se font à température peu
élevée, étant donné aussi qu'il contient un carbonyle acétonique, il ne
peut être constitué que par le diméthylpyruvate d'élhyle
i
» L'hydratation a dû donner de l'ammoniaque et le composé inter-
médiaire
^^.)c = C_COOC.H=,
OH
qui s'est transformé aussitôt, comme l'alcool vinylique, en aldéhyde
CH- = CHOH = CH' - CHO.
» Le dédoublement de l'amino-diméthylacrylate d'éthyle est à rapprocher
de celui du p-aminocétonate d'éthyle, qui fournit de l'éther acétylacétique.
)) Les homologues de l'acide pyruvique dans la série grasse sont pour
ainsi dire circonscrits ; il nous a donc semblé utde d'étudier celui que nous
avons entre les mains.
» On oblienl l'acide diméthylpyrui'ique en chauflant l'éther précédent avec de l'eau
en tube scellé à i4o''-i5o<' pendant quelques heures. Le contenu des tubes, qui est de-
venu homogène et qui ne s'est même pas coloré, est distillé sur pression réduite. Il
passe d'abord de l'alcool, puis de l'eau entraînant quelques gouttes d'éther inaltéré, et
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N- 7.) 54
( 4i8 )
enfin l'acide lui-même qui bout à ôS^-ôy" sur lo™"". C'est un liquide incolore qui cris-
tallise aussitôt dans le récipient jusqu'à la dernière goutte. Cet acide fonda Si"; il est
très soluble dans l'eau, à laquelle il communique une réaction très acide, très soluble
également dans l'alcool et dans l'éther.
» Cet acide n'a jamais jusqu'ici été préparé à l'état de pureté. Moritz {Chem. Soc,
p. i3; 1880) l'a obtenu mélangé à de l'acide isobutyrique à la suite de la réaction du
chlorure d'isobutyrile sur le cyanure d'argent. K. Brunner (Monatschrift, t. XV, p. 761)
a préparé un sel d'argent et un phénylhydrazone fondant avec décomposition à 129°.
L. Kolin {Monat., t. XIX, p. 622), en oxydant par le permanganate un produit de con-
densation de l'aldéhyde isobutylique, a obtenu un acide qu'il suppose être l'acide
diméthylpyruvique et qu'il a caractérisé par son oxime fondant à 102° et sa phénylhy-
drazone fondant à 187°.
» Il nous semble peu probable que l'acide de Kohn soit identique
au nôtre, car Voximeque nous avons préparée forme, après cristallisation
dans l'éther, de belles paillettes blanches qui fondent à i63°-i65° avec
dégagement gazeux.
» La phénylhydrazone s'obtient en ajoutant une solution acétique de
phénylhydrazine à la solution aqueuse de l'acide; elle se précipite immé-
diatement sous forme d'un magma cristallin jaune clair : l'alcool l'aban-
donne en longues aiguilles d'un jaune de soufre, fondant sans décomposi-
tion à iSô^-iSy".
» Les expériences que nous venons d'exposer tendent à faire croire que
l'éther et l'acide que nous avons obtenus sont bien l'éther et l'acide dimé-
thylpyruviques, mais elles n'en donnent pas la preuve absolue.
» En présence des divergences constatées par nous entre les constantes
physiques de nos composés et celles des dérivés correspondants de l'acide
diméthylpyruvique obtenus par nos devanciers, nous avons cherché à
démontrer d'une manière évidente la constitution de notre acide en le dé-
doublant en acide carbonique et aldéhyde isobutyrique. Une tentative
opérée avec l'aniline au moyen du procédé qui a donné d'excellents résul-
tats avec les acides glyoxyliques de la série aromatique a échoué complète-
ment. Nous espérons être plus heureux prochainement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des acides monohalogénès de la série grasse
sur la pyridine et la quinoléine. Note de MM. L.-J. Simon et L. Ddbreuil,
présentée par M. Haller.
« L On doit à Martin Kruger un important travail relatif à l'action de
l'acide monochloracétique et de son éther éthylique sur la pyridine et ses
( 4i9 )
homologues (/. /. prakt. Ch., t. XI.III, p. 271 et 364, et \. XLTV, p. i3o;
1891). En outre, von Gerichten et Rhoiissopoulos ont brièvement décrit
l'action des mêmes agents sur la quinoléine (Z). ch. G., t. XV, p. laSi,
2006; 1882).
» Ces recherches ont conduit à des bétaïnes pyridiques et quinoléiques
par l'intermédiaire des chlorhvdrates neutre et basique.
» Nous avons repris ces recherches et nous les avons étendues à d'autres
acides halogènes, en particulier aux acides monobromés.
M D'une manière générale, le cours de la réaction dépend des propor-
tions relatives de l'acide et de la base. Si celle-ci est en excès, et, pour
préciser, si l'on emploie deux molécules de base pour une d'acide, la réac-
tion conduit au chlorhydrate basique, et cela presque quantitativement
d'après l'équation
2(R-CHBr-CO-H) + 3R'Az-f-H20
TR -CH-C01 =
= 1 I HBr.H-0 + R'Az.HBr.
[R'-Az -O J
» Si la proportion de base tertiaire diminue, si, par exemple, on
emploie des proportions équimoléculaires de base et d'acide, la quantité
de bromhydrate basique diminue en même temps qu'apparaît d'une façon
prépondérante le bromhydrate neutre dont les constantes de solubilité sont
toutes différentes.
» II. Soit comme exemple de préparation le cas de l'acide bromacétique
et de la pyridine. Si l'on dissout dans un tube à essai quelques cristaux
d'acide bromacétique dans la pyridine, la dissolution s'échaufFe, jaunit,
puis brusquement la réaction devient très vive et il se produit des vapeurs
bromées. Il peut même y avoir projection de matière. On modère la
réaction en opérant en solution alcoolique.
» On dissout l'acide (aSs"') dans l'alcool (6oB"') et l'on verse la pyridine (28K'') : la
masse s'échauffe légèrement. On continue à chaulTer d'abord au bain-marie, puis à
feu nu en agitant. Au bout de quelque temps, il se forme sur les parois du ballon une
traînée de cristaux blancs qui envahissent rapidement toute la masse du liquide. En
reprenant dans le ballon même par l'alcool (aoos"'), on dissout le tout à l'ébullition, et
par refroidissement se déposent de jolis cristaux blancs aciculaires directement purs
pour l'analyse.
» La réaction peut se produire à froid tout aussi bien, mais alors elle demande un
temps plus considérable.
» D'après le dosage de l'eau et des éléments : carbone, hydrogène, azote et brome,
( 420 )
la composition de ce corps est celle du bromliydrale basique de pyridine bétaïne.
CH-^-CO"
I I
= Az — O
r (
(C'H'AzO'-)'HBr.IPO on
2
HBr.H'O.
» La quinoléine se comporte de même, quoique moins vivement, et
fournit également un produit bien cristallisé, blanc quand il est pur, et
qui, d'après les analyses, a la composition d'un bromhydrate basique de
quinoléine bétaïne
(C'*H»AzO=)='HBr.H=0.
» Les dérivés chlorés correspondants
(C^H''AzO=)=HCl.H-0 et (C"H»AzO=)=HCI.H=0
ont été également préparés de la même manière à chaud et à froid et
analysés complètement.
» IIL Les choses se passent à peu près de même avec les acides
a-bromopropionique et a-bromobutyrique; mais l'énergie de la réaction
diminue notablement à mesure qu'on s'élève dans la série. On a isolé, par
exemple, avec la pyridine les bromhydrates basiques des bélaïnes corres-
pondantes aux formules
CH' — CH - CO CH' — CH- - CH - CO
C'H' — Az -O, C=H=-Az - O.
» Ces bétaïnes sont, comme on le voit, des isomères de la picoline
bétaïne de Rriiger et de son homologue supérieur.
» Il est bon de faire remarquer que, dans un travail déjà ancien de
Duvilliers relatif à'^l'action de la triéthylamine sur les acides et les éthers
a-bromopropionique et a-bromobutyrique, ce savant était arrivé à la con-
clusion que « la triéthvlamine agissant sur les éthers monochlorés et mo-
)) nobromés ne fournit facilement une bétaïne qu'avec l'élher monochlo-
» racétique; avec l'éther bromopropionique, il ne se forme qu'une trace
» de bétaïne et avec l'éther bromobutyrique il ne s'en forme pas trace ».
)» IV. Enfin, l'acide monobromosuccinique soumis à l'action de la py-
ridine et de la quinoléine se comporte tout autrement.
» Les produits obtenus ne renferment plus de brome. Il se forme alors,
par départ d'acide bromhydrique, l'acide non saturé correspondant, ou
plutôt ses sels.
» Avec la quinoléine, par exemple, on obtient un sel bien cristallisé
( \^-^ )
dont la composition est celle du fumarate monoquinoléique. Traité par
l'azotate d'argent, on obtient un sel blanc insoluble dans l'eau, soluble
dans l'acide azotique, dont les caractères analytiques sont ceux du fuma-
rate d'argent. L'un de nous (Dnbreuil) se réserve de poursuivre ultérieu-
rement ces recherches sans sortir du domaine des bases pyridiques et qui-
noléiques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les acides pyrogallolsulfoniques. Note de
M. Marcel Delage, présentée par M. A. Ditte.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai indiqué la préparation de
l'acide pyrogallolmonosulfonique. Tj'acide pyrogalloldisulfonique s'obtient
en faisant réagir l'acide sulfurique fumant sur le pyrogallol.
» Préparation de l'acide pyrogalloldisulfonique. — 25e'' de pyrogallol bien pur et
exempt de matières empyreumatiques sont broyés dans une capsule avec i5"'= d'acide
sulfurique ordinaire {d = i ,84). La masse jaunâtre est placée au bain-marie. Comme
pour la préparation de l'acide monosulfonique, mais quelques instants avant la prise
en masse, on retire la capsule du feu et l'on mélange au liquide, en remuant constam-
ment, 3oP' d'acide pyrosulfurique cristallisé. Le produit s'échaufTe beaucoup et se
prend au bout de quelques minutes en une masse dure, d'un blanc grisâtre. Celle-ci
est reprise par un peu d'eau et abandonnée dans le vide sec; les premiers cristaux se
font attendre fort longtemps, mais quand on ajoute un cristal au liquide parvenu à la
concentration voulue, on obtient facilement l'acide cristallisé sous forme de prismes
allongés, transparents, à peine violacés, et assez volumineux. On fait écouler l'eau
mère chargée d'acide sulfurique et, pour débarrasser les cristaux ainsi obtenus de la
petite quantité d'acide sulfurique qu'ils contiennent encore, le procédé le plus com-
mode consiste à abandonner à l'air libre le cristallisoir incliné. L'humidité absorbée
s'écoule en entraînant l'acide sulfurique en excès; il est à peine besoin de faire recris-
lalliser une seconde fois.
» Il est à remarquer qu'à mesure qu'on les débarrasse de l'acide sulfurique, les
cristaux tendent à devenir plus petits et à prendre la forme d'aiguilles feutrées. Pur,
l'acide est encore assez fortement hygroscopique et très soluble dans l'eau. Les cristaux
séparés récemment de l'eau mère et ressuyés quelques heures entre des feuilles de
papier buvard contiennent l\ molécules d'eau de cristallisation qui n'a pu être dosée
directement, car le produit noircit et se décompose à l'étuve, même à 60°. Les cristaux
abandonnés sous une cloche, sur de l'acide sulfurique concentré, s'effleurissent en
donnant une poudre blanche, mais ils ne perdent pas ainsi toute leur eau : au bout
d'un mois, la teneur en soufre, 20,2, correspondait encore à un acide à 2H-O.
(') Comptes rendus, 20 août 1900.
( 422 )
» La teneur en soufre de l'acide pyrogalloldisulfonique correspond à la
formule
/OH
-OH
C'H-OH 4-4H=0,
-SO'H
\S0'H
ce qui, rapproché des analyses de ses sels, établit sa composition.
» Set de baryum. — La masse dure, préparée comme il est dit plus haut, est reprise
par l'eau et saturée à froid par CO^Ba jusqu'à cessation de l'effervescence, puis le
liquide, séparé rapidement à la trompe du sulfate de baryte et du carbonate en excès,
est évaporé dans le vide. Toutes ces opérations doivent se faire aussi rapidement que
possible, car le liquide en présence du carbonate en excès se colore rapidement à l'air
en jaune, puis en bleu. Lorsque la liqueur est assez concentrée et bien avant qu'elle soit
devenue sirupeuse, il se sépare une poudre cristalline, lourde, sableuse, colorée en
jaune clair. Par une nouvelle concentration ou par refroidissement on fait cristalliser
une nouvelle quantité de sel barytique; ce sel déjà très pur peut être soumis à une
nouvelle cristallisation dans l'eau. Si celle-ci a lieu lentement à froid, on obtient des
croûtes jaune clair composées de cristaux petits, mais bien définis.
» Les nombres fournis par l'analyse correspondent à la formule :
yon
-OH
CH-OH +iH='0.
, ;Ba
\S0'/
» Sel de calcium. — On opère exactement comme pour obtenir le sel de baryum,
mais en remplaçant CO'Ba par CO'Ca. Le sel commence à se séparer quand la con-
centration est suffisante. Il est préférable de terminer la concentration à froid.
» Le sel se présente alors sous forme de masses jaunâtres grimpant le long des
bords des récipients et présentant beaucoup moins la structure cristalline que le sel
de baryte. On l'essore et on le lave avec un peu d'eau. Sec, il se présente sous forme
d'une poudre fine, blanc jaunâtre et se colorant peu à peu en jaune au contact de
l'air. 11 n'est pas avantageux de soumettre le produit à de nombreuses cristallisations,
car il est moins stable que le composé barytique; à chaque redissolution, surtout lors-
qu'on opère à chaud, il abandonne, en s'altérant, une minime quantité de sulfate de
chaux et tend plutôt à se colorer qu'à se décolorer, même lorsqu'on opère toutes les
évaporations à froid.
» Le sel calcique cristallise avec quatre molécules d'eau qu'il perd en partie par
( 423 )
exposition à l'air; il correspond à la formule •
/OH
-OH
C«H— OH 4-/1U2 0.
-S0^\
\S0^/^
» La comparaison des solubilités des sels, des acides mono et disidfo-
niqnes et de l'acide sidfurique permet de les ranger dans l'ordre suivant
de solubilité décroissante :
Monosujfonate de Ca, Monosulfonale de Ba ;
Disulfonale de Ca, Disulfonate de Ba ;
Sulfate de Ca, Sulfate de Ba;
ce qui montre que la solubilité s'abaisse à mesure que le rapport enire la
matière organique et la quantité il'acide sulfurique diminue dans la molé-
cule. D'une façon absolue, les sulfonates de chaux sont plus solubles que
les sulfonates de baryte, ce qui a lieu aussi pour les sulfates. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — De V hydrate de carbone de réserve dans les tubercules
de l'Avoine à chapelets. Note de M. V. Uarlay, présentée par M. L.
Guignard.
« Il existe une variété de V Arrhenatherum elatius M. et K. dont la tige a
ses entre-nœuds inférieurs renflés en une série de tubercules; cette variété,
A. bulbosum Gaud., Avoine à chapelets, croît dans les terrains sablonneux;
elle est bien connue des cultivateurs, qui n'ont que trop de peine à la dé-
truire.
» Il était à présumer que les tubercules de cette plante devaient renfer-
mer une matière de réserve, et que, très vraisemblablement, cette matière
devait être un hydrate de carbone analogue à ceux qui ont été étudiés dans
plusieurs Graminées par Ekstrand et Johanson ( ' ). Le procédé que j'ai em-
ployé pour obtenir cette substance se rapproche des procédés indiqués par
ces auteurs pour l'obtention de la phléine et de la graminine, et aussi de
(') Ber, d. deutsclu chein. GeselL, l. XX, p. 33io, 1887 ; t. XXI, p. 694, 1888.
( 42/1 )
celui employé par M. Mûnlz, puis par MM. Bourquelot etHérissey (') pour
la préparation de la mannogalactane des graines de Luzerne.
» 25oS'' de tubercules, récoltés en décembre, sont broyés, misa macérer
dans 300"=" d'une solution au 4^ d'acétate neutre de plomb. Après dix-huit
heures de contact, on passe, on presse, on laisse reposer. Au bout d'un jour,
on filtre, on élimine le plomb par l'acide oxaliqut% celui-ci parle carbonate
de chaux, et, après filtration, on précipite par six volumes d'alcool à 90".
Le précipité, d'abord visqueux, se réunit à la partie inférieure du vase en
un gâteau solide. Celui-ci est fragmenté, desséché dans le vide sulfurique,
pulvérisé, puis lavé à l'alcool et desséché de nouveau. Le rendement est
de 4.80 pour 100 parties de tubercules frais.
» Ce produit est une poudre blanche, sohilile dans l'eau, insoluble dans l'alcool fort.
11 ne réduit pas la liqueur de Fehling, mais réduit à chaud le nitrate d'argent ammo-
niacal. Il ne bleuit pas par l'iode. Ses solutions aqueuses précipitent par l'eau de
baryte, ne donnent aucun précipité par l'eau de chaux ni le sous-acétate de plomb.
Le pouvoir rotatoire est ai) = — 44°)7 (cendres et humidité déduites). La substance
fond à 112° en noircissant et en se boursouflant. Hjdroiysée par l'acide sulfurique
très dilué, par un séjour de quinze minutes à la température de 100°, elle donne un
sucre réducteur; le dosage du sucre à la liqueur de Fehling et l'examen polarimé-
trique indiquent comme pouvoir rotatoire du sucre formé a:= — 90''{t = iS"). Le sucre
d'hydrolyse, comme le produit lui-même, donne, à chaud, avec l'acide chlorhydrique
dilué au ^ et la résorcine, la réaction de Séliwanoff (coloration rouge feu) caractéris-
tique du lévulose et de ses éthers. Le sucre donne avec l'acétate de phénjlhjdrazine, à
chaud, un précipité jaune cristallin, fondant en même temps qu'un échantillon de
phénylglucosazone dérivée du glucose. Ses solutions, agitées à 33° avec la chaux, aban-
donnent, par refroidissement à 0°, une combinaison cristalline peu soluble dans l'eau,
d'où l'on peut obtenir, après décomposition par l'acide oxalique, de la phénylglucosa-
zone. Le sucre est donc du lévulose. Quanta la substance non hydroljsée, elle se com-
porte comme un polysaccharide dérivé du lévulose (le rajjport de la substance au sucre
formé par hydrol3'se étant très voisin de -j-JJ). Maintenue en solution neutre pendant
huit heures à 100°, la substance n'a subi qu'une altération à peine appréciable au
poiarimètre et à la liqueur cupropotassique; au bout de quatre heures, l'hydrolyse
semble nulle.
» Cette substance existe dans les tubercules à l'état de solution dans le suc cellu-
laire, et peut être précipitée, par macération des tubercules dans l'alcool, en sortes de
sphéro-cristaux très réfringents, disparaissant dès qu'on fait arriver sur la préparation
une goutte d'eau.
» Cette substance est donc, par toutes ses propriétés, très voisine de la
phléine et de la graminine, elles-inêmes très voisines, sinon identiques.
(') Journal de Pharmacie et de Chimie, 6° série, t. XI, p. SSg; 1900.
( /l^S )
Aussi, quoique son point de fusion et son pouvoir rotatoire soient intermé-
diaires entre ceux donnés par Ekstrand et Johanson pour ces deux sub-
stances, on peut lui conserver le nom de graminine, ces auteurs indiquant
que la graminine qu'ils ont étudiée dans le Trisetum alpestre semble exister
aussi dans beaucoup d'autres Graminées {Calamagrostis, Fesluca, Agrostis,
Avena, sans désignation d'espèces).
Graminine du Trisetum alpestre.. .
Graminine de 1'^. bulbostim
Phléine du Phleurn pratense
T/= aog
«1,= - 38,89
212
-44,7
2ID
-48,12
» Elle se difïérencie, d'autre part, de l'inidine par sa plus grande solu-
bilité et son plus grand pouvoir rotatoire.
» J'ai étudié plus spécialement l'action de divers agents hydrolysants
sur la graminine de i'.4. bulbosum, et j'ai pu constater que les solutions de
graminine restaient inaltérées en présence de salive et de diastase ('). La
solution des ferments sécrétés par Y Aspergillus niger, qui, comme on sait,
hydrolyse l'inuline (^), hydrolyse aussi la graminine. Après vingt heures
de contact à la température de i^°-\'j°, -^ environ de la quantité de gra-
minine mise en jeu se trouvait transformée en sucre.
» La grnminine est-elle une substance de réserve? Le fait était probable
dès l'abord; mais il fallait démontrer que l'hydrolyse de la graminine peut
se produire dans certaines parties de la plante. Dans ce but, je m'adressai
aux parties vertes, aériennes, des jeunes pousses (janvier). Le suc dilué
de ces parties vertes se montra sans action sur la graminine; par contre,
il avait une action manifeste, quoique peu intense, sur l'amidon cuit. Le
suc des parties souterraines, blanches, des jeunes pousses, au contraire,
produisit une hydrolyse comparable à celle obtenue avec le liquide d' Asper-
gillus. Le rôle de la graminine est donc bien celui d'une substance de
réserve.
» Cette substance se trouve en assez forte proportion dans les tuber-
cules de 1'^. bulbosum (j, 5 pour 100 des tubercules frais contenant 70 d'eau
et 17 de matériaux insolubles dans l'eau et l'alcool). Elle est accompagnée
de 1,60 de sucre réducteur, donnant de la phényiglucosazone, lévogyre,
(') La salive et la diastase étaient reconnues très actives sur l'amidon cuit. Toutes
ces expériences ont été faites avec témoins ayant reçu la même quantité des liquides
fermentaires maintenus au préalable dix minutes à l'ébullition.
(») Em. Bourquelot, Journ. Pharm. et Chim., 5» série, t. XXVIII, p. 5; 1898.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 7.) 55
( 426 )
produisant la réaction de Séliwanoff. C'est donc vraisemblablement du
lévulose; mais ce lévulose est accompagné d'une matière réductrice,
dextrogyre (peut-être de glucose); car les dosages par réduction ont tou-
jours donné des chiffres nettement plus élevés que l'évaluation du lévulose
par le polarimètre. m
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Transmission nerveuse d'une excitation électrique
instantanée. Note de M. Acg. GharpeiVTIer, présentée par M. d'Ar-
sonval.
« Dans une série de travaux antérieurs, et notamment dans trois Notes
présentées à l'Académie en 1899 (')' J'^i démontré que l'excitation élec-
trique brève mettait le nerf dans un état oscillatoire spécial, se propageant
à distance dans cet organe avec une vitesse que j'ai pu mesurer, et qui est
la vitesse même de l'agent nerveux. J'ai déterminé aussi la fréquence de
ces oscillations nerveuses et leur longueur d'onde.
M Dans la dernière des Notes précitées, je considérais comme très pro-
bable l'idée que ce phénomène physiologique remarquable éCait en même
temps un phénomène électrique, en ce sens que ce qui était ainsi propagé
le long du nerf dans les mêmes conditions que l'influx nerveux consistait
dans une série d'oscillations électriques. Ce point, qui me semblait découler
de toutes mes expériences (et notamment de celles sur l'induction fara-
dique unipolaire publiées de 1898 à 1896), j'ai cherché à le rendre évident,
et j'ai réussi dernièrement à en donner la preuve expérimentale.
» De ces nouvelles recherches il résulte qu'une excitation électrique
brève donne lieu à une double transmission de la part du nerf: 1" une
partie est transmise à peu près instantanément comme par un conducteur
ordinaire, c'est-à-dire avec une vitesse non mesurée, mais très grande, de
l'ordre de la conduction électrique proprement dite; 2° une autre partie de
l'excitation (accrue ou non par une réaction du nerf) se transmet, élec-
triquement toujours, mais avec la vitesse très modérée de l'influx nerveux,
soit de 20" à So™ par seconde.
» Cette seconde partie de l'excitation, évidemment modifiée physiolo-
giquement par le nerf, est encore de nature électrique, car elle peut être
conduite à distancerai un fil métallique et provoquer chez un autre animal
(') Comptes rendus, 12, 26 juin et i3 juillet 1899.
(427)
(aussi bien que sur une autre partie du même animal) une contraction
musculaire par l'intermédiaire du nerf moteur.
» Ce n'est pas tout: au bout de i, 2, 3, ... périodes isochrones très
petites consécutives à l' excitation originelle, le même fil métallique amène
au second nerf une 1", une 3*^, une 4*, . . . excitation. Par conséquent, non
seulement le nerf excité a fourni au conducteur métallique de l'électricité
directe, puis de l'électricité modifiée par lui, mais cette seconde portion a
pris un caractère oscillatoire que n'avait pas l'excitation primitive, et a
donné lieu à une répétition apparente, à une récurrence périodique de
cette excitation.
» Tous ces faits ont été facilement mis en évidence à l'aide d'un dispo-
sitif expérimental très analogue ii celui qui a été décrit dans ma Note du
26 juin 1899 et qui m'avait servi à étudier les interférences dans l'exci-
tation d'un seul et même nerf.
)) Voici le principe de la méthode qui m'a servi. Toutes les expériences
ont été faites sur la grenouille.
» Une excitation unipolaire brève produite par la fermeture d'un courant de pile
pendant deux ou trois dix-millièmes de seconde est fournie à un point A du nerf. Un
autre point B du nerf, séparé du premier par une distance connue AB, est mis en
relation avec un conducteur métallique, à des moments variables à partir de l'exci-
tation, c'est-à-dire soit en même temps qu'elle, soit à des intervalles plus ou moins
tardifs après qu'elle a pris lin. Ce conducteur métallique aboutit à un nerf moteur
soit chez le même animai, soit sur un autre animal dont le corps est relié à la terre.
» Or on constate une contraction des muscles commandés par ce second nerf, quand
la communication est établie : 1° au moment même de l'excitation; 1" un temps défini
après cette excitation, temps proportionnel à la distance des points A et B du premier
nerf; 3° à des intervalles définis après ces deux premières contractions, intervalles
sensiblement isochrones, indépendants du précédent, et ne variant pas avec la dis-
tance AB parcourue par l'excitation sur le premier nerf. A tout autre moment, le
muscle reste inexcité.
» Du premier intervalle et de la distance AB l'on déduit la vitesse de propagation
propre au nerf; des suivants on déduit la fréquence des oscillations subséquentes. On
retombe sur les chiffres déjà obtenus dans les expériences d'interférence nerveuse ou
sur des chiffres tout à fait analogues.
» Il nous reste à faire une étude électrique plus complète du phéno-
mène. »
( 428 )
PHYSIOLOGIE. — Action physiologique du vin. Note de M. L. Roos,
présentée par M. Mûntz.
« J'ai entrepris de vérifier, par une expérience sur l'animal, si l'ingestion
quotidienne de vin exerce une action défavorable, indifférente ou favo-
rable sur l'organisme. Dans ce but, j'ai soumis au régime du vin un
certain nombre de cobayes, en conservant des témoins de même espèce
recevant la même alimentation, vin excepté.
» Six couples ont été placés dans des conditions de vie rigoureusement identiques;
quatre de ces couples recevaient quotidiennement du vin, tandis que les deux autres
n'en avaient pas.
» Le vin a été donné au commencement de l'expérience au moj'en d'une seringue
graduée à pointe mousse, que l'on introduisait dans la bouche de l'animal immobilisé.
» Les doses étaient calculées d'après le poids des animaux pour qu'elles équivalent
à une consommation rapportée à un homme du poids de 70''?.
De 1 par jour pour le premier couple,
» 1,5 » deuxième couple,
» 2 » troisième couple,
» 3 » quatrième couple.
» J'ai employé du vin rouge à 9 pour 100 d'alcool, donné non étendu d'eau.
i> Cette méthode fut appliquée pendant trois mois. Sauf un seul, tous les cobayes
prenaient leur vin avec facilité, certains même le recherchaient.
» Celui qui n'absorbait pas facilement le vin fut étouffé après trois mois de régime,
par suite d'un accident. Je résolus alors de donner le vin mélangé à du son de blé
ordinaire, en le distribuant le matin après le jeûne de la nuit pour obtenir une inge.s-
tion rapide.
» N'ayant relevé aucune différence sensible dans l'état des divers couples soumis au
régime du vin, j'ai uniformisé la quantité donnée à So'''^ par kilogramme de matière
vivante, ce qui représente un peu plus de 2"' pour un homme pesant 7o''e.
» L'expérience, commencée le 9 avril 1900, dure encore à l'heure actuelle. Tous les
cobaj'es ont été pesés régulièrement depuis le début.
» Le poids moyen des animaux était, le 9 avril 1900 :
Cobayes au régime du vin 8706''
» témoins 3688''
c'est-à-dire aussi semblables que possible.
I) Après trois mois de régime, le 9 juillet 1900, les poids étaient devenus :
Cobayes au régime du vin ()[\0i'
» témoins 606"'
( 4-^9 )
» La différence en faveur de ceux qui recevaient du vin était de 5, 60 pour 100.
» Au point de vue de la reproduction, après ces mêmes trois mois, le nombre des
descendants était :
Pour les cobayes au régime du vin 10 soit, par couple 2,5
» témoins 4 " 2,0
» A la même époque, le poids moyen global d'un couple avec sa descendance
vivante était :
Pour un couple au régime du vin 1675»''
» témoin 1422?''
» Le 10 juillet arriva l'accident signalé plus haut. Il s'agissait de la femelle du
couple 2. Je dois donc, pour continuer à donner des résultats comparatifs, éliminer
ce couple et sa descendance.
» Au 10 septembre 1900, le poids moyen d'une unité était devenu :
Cobayes au régime du vin 762B'
» témoins 67 5s''
» Ici la différence en faveur de ceux ajant reçu du vin est de 12,87 pour loo.
1) Le poids moyen d'un couple, descendance vivante comprise, était, à la même
date :
Couples au régime du vin 26578''
» témoins 23i3s'
soit une différence de i^jS? pour 100.
» Le 22 septembre, un màie témoin T, est mort, après une quinzaine de jours de
maladie, pendant lesquels son poids est passé de 663s'' à 5o4s''. Le 17 octobre, le second
mâle témoin T, est mort dans des conditions analogues. Son poids était de 6878'' au
1"'' octobre et de 5756'' au i5 du même mois, dernière pesée effectuée. A l'autopsie, je
n'ai trouvé, dans les deux cas, qu'une lésion de l'estomac caractérisée par de petites
taches noires semblant altérer profondément le tissu, car l'estomac se perçoit sous le
moindre contact au niveau des taches.
» Privé des deux couples témoins j'en ai constitué de nouveaux, mais je ne puis
plus, à partir de cette date, donner de résultats comparatifs.
» Après neuf mois d'expérience, la mortalité a été de 12, 5 pour 100 pour les
cobayes au vin et de 5o pour 100 pour les témoins; je me borne à le constater sans
en faire un argument en faveur de l'ingestion du vin.
» Si nous examinons les résultats généraux au 3i décembre, sans tenir
compte des morts des ascendants, nous obtenons les chiffres suivants :
quatre couples au régime du vin ont donné 3o produits, soit 7,5 par couple;
deux couples témoins ont donné 9 produits, soit 4,5 par couple. Sur les
descendants des premiers il y a eu sept morts; on en compte deux sur les
autres. Cela établit une mortalité de 23,2 pour 100 dans le premier cas et
22,2 dans le second.
( 43o )
)) A cette même époque, le poids moyen des ascendants recevant du vin
était de 841^'', 25, c'est dire qu'ils étaient à cette date en très bonne forme.
» J'ai voulu essayer de déterminer comparativement la force musculaire
des animaux de chaque série, en l'appréciant par le temps de résistance à
une même fatigue pour un même poids du corps.
» Pour cela les animaux, placés sur un plan incliné garni d'une toile métallique
pour empêcher le glissement, étaient sollicités en arrière par un poids égal au leur.
On notait le temps pendant lequel ils résistaient. Les cobayes étaient placés de telle
sorte qu'ils ne pussent pas tourner la tête, ni voir à droite ou à gauche. Un collier,
relié à un système de traits roulant sur une petite poulie et supportant le poids,
déterminait la traction.
» Sous cet effort les animaux résistaient autant qu'ils le pouvaient; la résistance
cessait d'ailleurs brusquement, car au lieu de reculer progressivement ils cabriolaient
en arrière d'un seul coup.
» Dans les premières séries d'essais que j'ai pu faire, tous les cobajes au régime du
vin se sont montrés plus résistants que les autres, tenant des temps allant jusqu'au
quintuple de ce que me donnaient les témoins.
» Les essais de ce genre ne peuvent pas se continuer longtemps, car les
animaux savent très vite qu'ils ne se font aucun mal et préfèrent céder
tout de suite.
» En variant les conditions du travail pour les dérouter, on obtient des
résultats du même ordre, mais toujours dans les premiers essais seulement.
Après trois ou quatre séances les uns ou les autres ne veulent plus travailler.
» Je n'attache donc pas une très grande importance aux déterminations
de ce genre, cependant je note les résultats, très nettement favorables au
régime du vin, obtenus dans les quelques essais que j'ai pu faire.
» J'ai enfin cherché à savoir si le vin avait par lui-même une valeur
alimentaire notable.
» Dans ce but, j'ai soumis pendant un mois deux cobayes non adultes
à un régime insuffisant pour assurer leur développement normal.
» L'un recevait 2 fois par jour 5s'' de son de blé mouillé de 10'^' d'eau, l'autre une
ration identique, mais mouillée de 5'^'^ de vin rouge à 9 pour 100 d'alcool et de 5'"
d'eau.
» Pendant la durée de l'expérience, le cobaye recevant du vin paraissait moins mal
portant que l'autre. Il avait d'ailleurs augmenté de 17s'' au bout d'un mois de régime,
tandis que l'augmentation de poids de l'autre n'avait été que de gs''.
» Le cobaye au régime de l'eau n'a pas pu résister à ce jeune relatif; il est mort 4
ou 5 jours après la fin de l'expérience. L'autre vil encore à l'heure actuelle ; il s'est par-
faitement remis.
» Si les résultats de ces expériences ne permettent que de présumer
( 43i )
l'utilité du vin pour l'organisme animal, ils sont du moins suffisants pour
affirmer que l'usage quotidien du vin, même à dose relativement forte, n'est
pas défavorable. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Luminescence obtenue
ai'ec certains composés organiques. Note de M. Raphaël Dcbois.
« C'est à Callaud, pharmacien à Annecy, que revient le mérite d'avoir,
en 1821, constaté le premier la luminescence du sulfate de quinine qui a
été chauffe. Pelletier ('), en 1821, a répété les expériences de Callaud, en
les complétant, et a observé que le sulfate de cinchonine jouissait de la
même propriété. C'est en s'inspirant des expériences de Callaud et de
Pelletier que Radzizewski, ainsi qu'il l'a lui-même déclaré, arriva à pro-
voquer la luminescence de certains corps organiques en les chauffant avec
la potasse alcoolique. Il put même produire la luminescence à froid, avec
la lophine.
» J'ai reconnu moi-même qu'un grand nombre de composés organiques,
appartenant à des familles chimiques différentes, mais non signalés par
Radzizewski, deviennent lumineux, à chaud, en présence de la potasse
alcoolique : la liste en sera donnée d'autre part.
» J'ai pu, en outre, obtenir la luminescence, à froid, avec quelques
produits organiques non connus comme photogènes.
» Tels sont entre autres : les essences de camomille, de romarin, de cumin, à'illi-
ctuni anisatum. L'essence de rose (roséol) brille aussi à froid avec la potasse alcoo-
lique, ce qui permet de la distinguer de l'essence de géranium et de celle de pélargo-
nium. On pourrait peut-être ainsi arriver à distinguer certaines falsifications fréquentes,
par un essai photomélrique. Toutefois, il faudrait se mettre en garde contre quelques
causes d'erreur; ainsi, l'essence de térébenthine, qui ne brille pas à froid avec la
potasse alcoolique, donne une luminescence faible et fugitive quand elle est très
ancienne, déjà partiellement oxydée. Enfin, il faut, pour obtenir l'optimum de lumi-
nescence, des concentrations variées de la solution alcoolique d'alcali caustique. Il
faut aussi être bien certain de la qualité du corps essayé (').
(') Journal de Pharmacie, n° 7, p. 679; 1821.
(') C'est à l'obligeance de M. Florence, professeur à la Faculté de Médecine et de
Pharmacie de Lyon, que je dois d'avoir pu opérer sur une quantité considérable de
principes immédiats bien définis; je lui adresse ici tous mes remercîments.
( 432 )
» Mais, de tous les corps essayés, il n'en est aucun qui m'ait donné de
plus beaux résultats que l'esculine, qui pourtant ne rentre pas dans la
catégorie des corps étudiés par Radzi/.ewski. Ce gliicoside fournit avec la
potasse alcoolique une luminescence aussi belle que celle du mucus de la
pholade dactyle ; mais, tandis que la luminescence de ce dernier est immé-
diatement éteinte par l'alcool fort et activée par l'eau, la lumière de la
liqueur alcoolicopotassique d'esculine est instantanément supprimée par
l'addition d'eau.
» Les corps fluorescents sont très rares chez les animaux et les végétaux ;
or, il est intéressant de faire remarquer que l'esculine jouit, en même
temps, fie la fluorescenceet de la luminescence par oxydation, et de rappro-
cher ce fait de cet autre, à savoir que j'ai, en 1886, signalé dans les organes
lumineux du pyrophore noctikique une substance fluorescente que j'ai
appelée la pyrophorine (M et dont la fluorescence est éteinte par l'acide
acétique et ranimée par l'ammoniaque. Une solution alcoolicopotassique
d'esculine peut donner pendant toute une nuit une belle luminescence,
qui s'accroît beaucoup quand on l'agite au contact de l'air. Son intensité
éclairante varie avec la pureté du produit employé et, encore ici, l'essai
photométrique pourrait permettre d'évaluer la qualité de l'esculine.
» Ces résultats sont curieux au point de vue scientifique, mais pour la
production pratique de l'éclairage par la lumière froide, ils sont inférieurs,
et de beaucoup, à ceux que j'ai obtenus avec les bouillons liquides de
photobactéries marines. »
PHYSIOLOGIE. — Le globule jauge nucléè se comporte à la façon de la cellule
végétale, au point de vue de l'osmose, vis-à-vis de l'urée en solution. Note
de M. R. Qdi.vtox, présentée par M. Edmond Perrier.
« 1. Le globule rouge anucléé n'offre aucune résistance à la pénétration
de l'urée dans son protoplasma; il lui est immédiatement perméable. Le
globule rouge nucléé résiste à cette pénétration, à laquelle il ne cède que
peu à peu.
» 2. Or, la cellule végétale (H. de Vries, Overlon) et, très probable-
(') Voir Les Elatér ides lumineux {Bull, de la Soc. zool. de France, p. 217, 1886)
et Leçons de Physiologie générale et comparée, p. 36i, Paris, Carré et Naud, 1898.
( 433 )
ment, la Lactérie (Massait) présentent cette même résistance à la pénétra-
tion de l'urée. Au point de vue de la perméabilité du protoplasma à la mo-
lécule d'urée en solution, le globule rouge nucléé s'éloigne donc d'une
façon imprévue du globule rouge anucléé, pour se rapprocher, au contraire,
d'éléments très éloignés : cellule végétale et, sans doute, bactéries. — La
vitalité cellulaire, marquée par la présence du noyau, serait-elle en jeu dans
le phénomène?
» I. Dans une Note précédente de ce Volume, p. 347, j'ai établi que la
molécule d'urée, incapable de faire équilibre au globule rouge anucléé,
faisait équilibre au globule rouge nucléé. Toutefois, elle ne lui fait pas
équilibre à la façon d'une molécule saline, dont l'action est en quelque
sorte indéfinie, ainsi que les expériences suivantes l'établissent.
» Première série d'expériences. — Soit un tube à solution d'urée pure, dans leque
du sang nucléé, mélangé une première fois à la solution par agitation, aura complète-
ment déposé sans hématolyse. Agité de nouveau, le tube déposera, en donnant une
hématolyse souvent totale.
» Decxiëme série d'expériences. — Soient des tubes d'une hauteur suffisante pour que
la chute des globules, jusqu'à l'exlrémité inférieure du tube, demande un temps assez
long pour s'accomplir. On remplit les tubes de solutions d'urée pure à différents titres ;
on ajoute une ou deux gouttes de sang nucléé et l'on mélange par agitation. L'observa-
tion montre, au bout de quelques heures, chaque tube divisé nettement en deux par-
lies : la partie supérieure (celle occupée le moins longtemps par les globules), incolore,
sans trace d'hématolyse; la partie inférieure, rouge, hématolysée. — Exemple, sang
de Galeux canis :
Taux Epaisseur
Numéros en urée de la couche
des tubes. pour looo. incolore supérieure.
gi' mm
1 . . !\o 8 environ
2 56 i3 ..
3 72 20 »
4 88 3o »
5 io4 45 »
G 120 DO »
» Aux concentrations de 180 à 36o pour 1000, l'urée est rapidement hématolysante.
1) L'examen microscopique confirme l'observation : dans une solution d'urée pure,
hématies nucléées d'abord intactes, ou presque, s'altérant peu à peu, abandonnant
enfin leur hémoglobine au bout de temps variables, selon l'espèce animale et le taux
de la concentration.
» Troisième série d'expériences. — Soient des tubes contenant des solutions d'urée
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N' 7.) 56
( 434 )
pure à différents titres. On ajoute une ou deux gouttes de sang nucléé, on agite, puis
on centrifuge chaque tube au bout de temps divers. Le dépôt par centrifugation
s'effectue d'abord sans liématolyse, puis, au bout de temps croissants, pour un tilre
égal d'urée, avec une légère, puis une phi s forte liématolyse. — Temps maxima observés,
sans liématolyse, pour le sang d'oiseau, pour des concentrations respectives d'urée de
10, 4'^> 9O1 '80 pour 1000 : I, i5, 60, 4o minutes. Aux concentrations de n^o, 36o
pour 1000, liématolyse rapide. (Centrifugation à 2800 tours à la minute; durée de la
centrifugation 3 à 6 minutes.)
» Ainsi, l'urée ne fait équilibre an globule rouge nucléé que pendant un
temps déterminé. Comme nous savons par les travaux déjà cités de Gryns
et d'Hedin que le pouvoir d'équilibre d'un corps en solution vis-à-vis d'une
cellule est lié à la perméabilité ou à la non-perméabilité de la cellule pour
ce corps, il résulte de toutes les expériences qui précèdent (tant de cette
Note que de la précédente) : « Le globule rouge anucléé n'offre aucune
» résistance à la pénétration de l'urée, il lui est immédiatement per-
» méable ; le globule rouge nucléé résiste à cette pénétration, à laquelle il
)) ne cède que peu à peu. »
» II. Or, cette propriété du globule rouge nucléé vis-à-vis de l'urée est
exactement celle de la cellule végétale vis-à-vis de la même substance
(Hugo de Vries, 1889, Bolan. Zeit., t. XLVII, p. 3o9-3i5, 325-334; Over-
TON, 1895, cité par Hedin, Arch. gesamm. PhysioL, 1897, t. LXVIII,
p. 334-336); une solution d'urée suffisamment concentrée détermine
d'abord, sur la cellule végétale, une plasmolyse, qui rétrograde ensuite et
s'efface peu à peu. Massart (1889, Arch. de BioL. t. IX, p. 5i5)paraît avoir
observé sur les bactéries un phénomène analogue : l'urée repousse celles-ci,
non pas à la concentration prévuepar le calcul (si l'on applique à l'urée les
calculs valables pour les sels), mais à des concentrations toujours supé-
rieures et très variables.
» Ainsi, le globule rouge nucléé s'éloigne d'une façon imprévue du glo-
bule rouge anucléé, pour se rapprocher d'éléments tout à fait éloignés :
cellule végétale et, sans doute, bactéries. Comme entre ces trois éléments
disparates, la présence du noyau est le seul caractère qui paraisse coiinnun,
une (piestioii se pose d'elle-même : « La vitalité cellulaire, marquée par la
» présence du noyau, serait-elle en jeu dans le phénomène? La résistance
» de la cellule aux actions physiques extérieures ne relèverait-elle pas
)) pour une part de sa vitalité? »
( 435 )
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l' absorption du phosphate rnonocalciquc par la
terre arable et l'humus. Note de M. J. Dimoxt, prébentée par M. P. -P.
Dehérain.
« Tous les sols ne possèdent pas à un égal degré la propriété de fixer
les phosphates solubles. C'est ce qui ressort nettement des essais que j'ai
eiïectués.
1- — Absorption du phosphate inonocalcùjuu pur la lurra arable (').
Terre fine et sèche 5o='
Acide pliosphorique introduit o",SiJ
Acide pliuâ[)riurii|ue absurbé i en I"0^, ajirès ;
Doax Un Doux Trois (Jualru Cinq Huit Quinze
Udsignallun des lorrcs. heures. jour. jours. Jours. jours. jours. jours. jours.
Tourbe de Palluel (Nord ) 0,387 o,43o 0,492 0,626 o,588 0,600 o,f31o o,G(5o
Tourbe de Brunémoiit ( Nord) 0,409 o,483 o,535 0,542 0,553 o,56ô o,(i23 0,620
Tourbe d'Abbevillc (Somme) 0,378 o,465 0,676 0,623 0,640 o,658 o,6J8 0,660
Compost phosphaté o.iyq 0,247 0.299 o.3o8 0,325 o,352 o,355 o,44o
Terre de bruyères (Creuse) 0,190 0,273 0,342 o,345 0,378 o,43o 0,455 0,460
Terre franche (Nord) 0,080 o,o83 o,o85 0,087 «.'o^ o,i33 0,178 0,187
» Ainsi, des sols humifères inégalement riches en carbonate de chaux
absorbent, dans les mêmes conditions d'expérience, une quantité de phos-
phate notablement supérieure à celle qui peut être fixée par les sols ordi-
naires.
» Pour bien mettre en évidence le rôle absorbant de l'humus, j'ai étudié
comparativement la fixation de l'acide phosphorique par les mêmes sols
calcinés et par l'humus fraîchement précipité. Voici d'abord les résultats
obtenus en opérant sur les cendres provenant de l'incinération de Bo^^ de
tourbe sèche et tamisée :
(') J'ai opéré sur ôoS'' de terre sèclie, passée au tamis de 1""". J'ai ajiouté ensuite
35o'='= d'une solution de phosphate monocalcique contenant oS', 8i5 d'anhydride phos-
phorique. Après agitation et repos, les dosages ont été effectués sur 20=' de liquide.
L'acide phosphorique, précipité à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien, a été
dosé ensuite par la méthode volumétrique de Joulie avec une liqueur titrée d'urane.
On a opéré dans tous les cas sur un volume total de 70'^'^ et l'on a fait les corrections
après lecture.
( 436 )
11. — Absorption du phosphate monocalcique par la terre calcinée.
Acide phosphorique introduit : os'',8i5.
Acide phosphorique absorbé après :
Désignation des terres. i heures, ijour. 2 jours. 3 jours. 4joi"'5- 5 jours. 8 jours.
gr gr gr gr gi- gr gr
Tourbe de Brunémont 0,274 o,34o 0,554 o,6o4 0,708 0,716 o,Si3
Tourbe d'Abbeville 0,166 0,494 0,678 0,726 0,770 0,788 o,8i4
Terre de bruyères 0,180 0,264 0,344 0,894 o,43o 0,470 »
» On remarquera que l'absorption du phosphate, après deux heures,
diffère sensiblement pour les terres calcinées et non calcinées. Dans tous
les cas, la disparition de l'humus abaisse considérablement le coefficient
d' absorption :
Pour la tourbe de Brunémonl, il descend dans le rapport de 50 à 33;
d'Abbeville, » » 46 à 20;
Pour la terre de bruyères, » » 24 a 22.
» Avec la terre de bruyères, la différence n'est pas très grande, en raison
de la faible proportion d'humus que ce sol contient.
» Il convient de remarquer, en outre, qu'après un contact prolongé le
phénomène change de sens : l'absorption est plus considérable avec les
tourbes calcinées ; la rétrogradation y estcomplète, en effet, au bout de huit
jours. Il semble donc que la présence des matières organiques ait pour con-
séquence de ralentir, d'atténuer cet important phénomène.
» Dans quelle limite interviennent le calcaire et l'humus? L'analyse des
terres donne :
Tourbe Tourbe Terre
de de Tourbe de Terre
Pallucl. Brunémont. d'.\bbeville. bruyères, franche.
Matières organiques pour 100... 04,92 70,48 82,80 18, 46 6,2
Carbonate de cbaux » ... 17,07 12,46 8,36 traces 8,98
» Visiblement, si l'humus agissait seul, c'est la tourbe d'Abbeville, la
plus riche en matières organiques, qui absorberait le maximum d'acide
phosphorique; en réalité, c'est celle de Brunémont qui vient en première
ligne. Il en résulte que le coefficient d'absorption de ces sortes de sols ne
dépend pas exclusivement des doses respectives d'humus ou de calcaire,
mais plutôt du rapport suivant lequel ces éléments sont associés. On trouve
en effet :
(437)
Rapport de l'acide phosphorique absorbé
à l'acide phosphorique total.
Rapport de l'huniub Terre Terre
au calcaire. normale. calcinée. Différences.
Tourbe de Palluel -^ 4i,35 82, 5o 8,85
Tourbe de Brunémonl. . ' 5o,i8 33,02 r6,56
Tourbe d'Abbeville ... . — — 45,70 20, 4o 25, 3o
» Avec l'hunius fraîchement précipité, l'absorption, pour être moins
grande, est encore assez sensible.
III. — Absorption du phosphate monocalcique par V humus fraicheinent précipité.
Acide phosphorique absorbé
Poids d'humus.
Kl"
0,960
I ,o3o
1,110
1 ,2l5
I ,320
1 , 800
» Le coefficient d'absorption, relativement élevé dès le début, ne parait
pas augmenter sensiblement avec le temps de contact. Il varie, suivant
le poids de matière employée, de 10 à 28 pour 100. Avec le calcaire pur
(5s'' pour So*^*^ de solution de phosphate contenant o^', 200 d'anhydride
phosphorique) il est, après deux heures, de 3o pour 100 environ.
» Il ressort de ces différents essais :
» 1° Que, dans les sols humiféres, la fixation de l'acide phosphorique
n'est pas due exclusivement à la rétrogradation;
M 2° Que la proportion de phosphate absorbé n'est pas proportionnelle
à la richesse en calcaire, mais à la grandeur du rapport de l'humus au cal-
caire;
» 3° Que les terres de bruyères, malgré leur pauvreté en chaux, fixent
des quantités notables d'acide phosphorique;
» 4° Qli« l'abondance de l'humus atténue sensiblement la rétrogra-
dation. »
par l'humus.
à 1
par rapport
l'acide phosphorique total
0,021
10,5
pour 100
0,025
12,5
»
0,000
i5,o
»
o,o32
16,0
»
o,o36
17,0
»
0,057
28,5
))
( 438 )
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Observations relatives à la propagation dans les
pommeraies du Nectria ditissima. Noie de M. Descours-Desacues, pré-
sentée par M. Prillieux. (Extrait.)
« Les analogies relevées entre le mal du cancer chez l'animal et la ma-
ladie du chancre sur l'arbre, la similitude annoncée entre le parasite du
cancer humain et le champignon du chancre de certains arbres, pom-
miers, etc., permettent de dire que le mode de transmission du chancre
du Nectria ditissima intéresse tout à la fois la physiologie végétale et la phy-
siologie animale.
» Les observations suivantes, qui portent toutes sur le chancre du Malus
cummunis, ont été faites dans une pépinière contenant près de cent mille
sujets et pendant une longue période; elles offrent une garantie particulière
de contrôle. Ces observations confirment les travaux scientifiques déjà pu-
bliés sur le Nectria ditissima et les complètent peut-être sur quelques
points.
» A. — 1. L'apparition du chancre du Nectria ditissima sur un arbre
sain est le plus souvent précédée de 1 apparition du puceron lanigère, Apkts
Lachnus-Erisconia, sur les branches ou sur les racines du sujet.
» 2. La présence du puceron lanigère, qui est presque toujours suivie,
sur un sujet, de l'apparition du chancre quand il existe des chancres sur
les arbres environnants, n'est pas, au contraire, suivie de cette apparition,
s'il n'existe pas de pommiers chancreux dans les environs.
» 3. L'ajiparition du chancre, à la suite de l'apparition du puceron lani-
gère, semble infaillible si le sujet envahi par le puceron est porteur d'une
plaie et s'il se trouve dans un quartier contaminé.
)) 4, Tous les chancres examinés par nous sur le Malus communis étaient
infectés de Nectria ditissima.
» 5. Ces observations ont donné lieu à différentes expériences :
» Une colonie de pucerons lanigères, provenant d'un arbre chancreux,
a été amenée sur un sujet sain dans un quartier non contaminé ; la colonie,
établie au voisinage de plaies inteutionnelles, s'est portée, en partie, sur
ces plaies. Les plaies sont devenues c/iancreuscs.
» Une colonie provenant d'un arbre s;iin dans un quartier sain a été
amenée en contact avec des plaies intentionnelles sur un sujet sain dans un
( 439 )
quartier sain. Les plaies en s^énéral na sont pas devenues chancreuses.
» Ces expériences ont été renouvelées.
» Le puceron lanigère, qui est un agent actif de transmission du chancre
sur le pommier, semble donc ne pas préparer seulement sa voie au Nectria
dilissima, mais bien ensemencer lui-même, par V apport de mycélium ou de
spores de Nectria, les plaiesfaitespar lui ou la plaie accidentelle sur laquelle
il s'est établi.
» B. — Il paraît intéressant de retenir ici, à propos du traitement du
chancre, que :
» La nicotine, le tannin et l'acide tannique ont été les remèdes le plus
efficacement employés par nous. I^a solution était employée après ablation
complète de la partie malade; un |)anspment maintenait la plaie fraîche à
l'abri de tout contact. L'emploi de l'acide tannique a donné des résultats
particulièrement intéressants. »
MINÉRALOGIE. — Sur la province pétro graphique du nord-ouest
de Madagascar. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué.
« Dans une Communication antérieure, en décrivant des granités et
des syénites (à aegyrine et riebeckite). et des teschénites, provenant de
la baie de Passindava, sur la côte nord-ouest de Madagascar, j'ai fait
remarquer (') que ces roches semblaient indiquer l'existence, dans cette
région, d'une province pétrographique tout à fait remarquable.
» M. Villiaume a bien voulu me communiquer une nouvelle collection
de roches que, sur ma demande, il vient d'v recueillir méthodiquement.
Les roches laisant l'objet de cette Note proviennent de la pointe de Loliobé
(au sud de Nossi-Bé), de l'île de Nossi-Coniba et de nombreux affleu-
rements dominant la côte orientale et méridionale de la baie de Passin-
daA'a. Elles se trouvent au milieu de formations gréseuses et calcaires
appartenant au lias supérieur, qu'elles métamorphisent, les transformant
en cornéennes à anorlhite, pyroxène, woilastonite et sphène et en cor-
néennes rubanées dont les grains de quartz élastique sont enveloppés de
pyroxène néogène. Les nombreux Ivpes pétrographiques qui vont être
rapidement passés en revue appartiennent aux granités, syénites. syénites
népliéliniques, teschénites, gabbros, augilUes; ils présentent tous, comme
(') Comptes rendus, ~ mai 1900.
( ^^o )
caractéristique commune, une amphibole brune alumineuse et sodique
du groupe de la harkévic.ile .
•fi Le granité à barké^'icite (Lokobé) possède une structure miarolitique; ses
feldspaths sont constitués par de l'orthose sodique et de l'anorthose, avec microper-
thite d'albite; le quartz est en partie sous forme pegmatique, il existe un peu d'andé-
sine et de biotite.
» Les syénites et les syéniles néphéli niques constituent deux séries parallèles et
passant l'une à l'autre; elles présentent toutes deux l'anorthose comme feldspath
dominant, mais diffèrent l'une de l'autre par la présence ou l'absence de la néphéline
et de la sodalite, ainsi que par leur structure; celle-ci est franchement grenue dans la
syénite, alors que dans la syénite néphélinique les feldspaths sont aplatis suivant g^ .
Toutes deux offrent un t\'pe pauvre en barkévicite et un autre, au contraire, très am-
phibolique et riche en apatite. Le terme basique de la syénite (type umptekite) con-
tient parfois un peu de biotite, d'augite verte, et enfin de plagioclases atteignant l'an-
désine basique. Dans la syénile néphélinique normale, le pj'roxène et les plagioclases
ne se trouvent (par endomorphisme) qu'au voisinage de petites enclaves de cornéennes
à pyroxène, grossulaire, idocrase et plagioclases très zones (anorlhite au centre, types
acides sur les bords).
» Les syéniles néphéliniques renferment de nombreuses enclaves homéogènes; les
unes sont des syénites néphéliniques pegmatoïdes, riches en graTids cristaux de barké-
vicite, d'augite et d'apatite (les Deux-Sœurs). Les autres sont au contraire à éléments
plus fins; leurs feldspaths, ayant la forni'e de très gros microlites, sont constitués par
de l'orthose ou de l'oligloclase-albile; ils sont moulés par de la néphéline et de la
sodalite; la barkévicite accompagnée d'un peu de biotite et de pyroxène constitue près
de la moitié de la masse. Enfin, il existe çà et là de grands cristaux de by tovinite et de
petites taches globuleuses, rappelant les cristaux de pseudoleucite des syénites leuci-
tiques de l'Arkansas; elles sont constituées par des lames d'anorthose englobées ophi-
tiquement par un grand cristal de néphéline ou de sodalite. Ces roches sont à rapprocher
des malignités et des shonkinites, sans leur être identiques.
)> Les teschénites de l'ouest de la Zongoa ne se distinguent pas extérieurement des
types mélanocraliques des syénites, elles en diffèrent par leur richesse en augiteetpar
la prédominance des plagioclases basiques qui remplacent peu à peu les feldspaths
alcalins. De plus, la structure se rapproche de celle des diabases, et il est probable qu'il
existe des variétés franchement microlitiques de ces roches. Les teschénites n'évoluent
cependant pas toutes dans cette direction. A Nossi-Comba, en effet, se trouvent des
teschénites extrêmement riches en néphéline et en sodalite; leur structure est au plus
haut point grenue. Les éléments colorés (barkévicite, augite, biotite, associées pœci-
litiquement) dominent; il n'existe plus que rarement des feldspaths alcalins. Les
feldspaths sont basiques, très zones (bylownite à oligoclase) ; ils sontcà et là englobés
ophitiquement par d'énormes plages de barkévicite. La disparition progressive, mais
généralement totale, de la néphéline et de la sodalite conduit à des gabbrosà barké-
i'icite du type essexile qui peuvent être riches en olivine. Enfin, çà et là ces roches
renferment des enclaves de cornéennes à pyroxène.
( 44' )
» Peut-êlre faut-il considérer comme forme microlitique de ces gabbros, les labra-
dorites aiigiiiques, amphiboliques et micacées {camptonites?), dont les filons minces
abondent entre la Zoangoa et Ambodimadiro.
» Enfin, le dernier terme de cette série est une augitite amphibolique à analcirae
{nionchiquite) (entre Ankaramy et les Deux-Sœurs).
» Cet exposé montre combien est net l'air de famille de la série conti-
nue de roches qui constitue la province pétrographiqtie de Nossi-Bé-
Passindava; elle est caractérisée par les types les plus variés de roches
grenues, riches en alcalis; celte conclusion se précise encore quand on
considère en outre les roches microliliques qui les accompagnent. Des
trachyles sodiques à anorthose et des phonolites néphéliniques, en elFet,
existent au nord d'Ankaramv (fdons?); parmi les roches volcaniques
récentes de Nossi-Bé, on rencontre bien quelques basaltes feldspalhiques,
mais les types dominants paraissent être des néphelinites et des léphrites à
olivine; des leucitites à olivine existent dans la partie occidentale de l'île et
sur la grande terre, au sud d'Anibato.
» Il reste à déterminer les relations mutuelles des différentes roches
qui viennent d'être passées en revue et à délimiter l'extension de cette
nouvelle province pétrographique à roches riches en alcalis, qui doit
prendre place parmi les plus remarquables de celles qui, depuis quelques
années, attirent l'attention despétrographes. Il est probable qu'elle se pro-
longe plus à l'Ouest (une plionolite nènhélinique à œgyrine et amphibole
se trouve dans l'île d'Antsao, près de Bavatobé), plus au Sud (M. Baron a
.signalé une syénite nèphélinique et une phonnlàe dans la région du mont
Bezavona, au >ud-ouest d'Ankaramv). et eniiu |)lus au Nord-Est (j'ai entre
les mains âef> phonulites très aegyriniques, du type tinguaite, provenant des
environs de Diégo-Suarez). »
GÉOLOGIE COMPARÉE. — Sur une masse de fer mélallirpie qu'on dit être
tombée du ciel, au Soudan, le iS juin 1900. Note de M. Stanislas Meumkr.
« Au mois de novembre dernier, M. H. Minod m'adressa, de Genève, des
fragments d'une substance métallique qui lui était parvenue comme météo-
rite. Il les avait détachés d'une masse de 'i']^^,'j^o, dont il a bien voulu
m'adresser le moulage et d'excellentes photographies. D'après les docu-
ments recueillis, ce bloc .serait tombé du ciel le i5 juin 1900, en creusant
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, i\° 7) 5"]
( 442 )
dans le sol desséché un trou de plus de i"" de profondeur, à N'Goureyma,
province de Macina, au Soudan (').
» La forme extérieure de la masse métallique est celle d'une plaque très ii-régulière
de 58'="' de longueur maxima et dont la largeur est très variable, depuis 4"^" à une
extrémité, jusqu'à 29'=™ vers les f de la longueur. L'épaisseur est de 5™"^ à l'extrémité
la plus étroite et elle atteint iC™ dans la région la plus large. Les deux faces de cette
plaque difTèrenl beaucoup l'une de l'autre. Celle qui est de beaucoup la plus accidentée
se divise, au premier coup d'œil, en deux régions juxtaposées : une calotte représentant
un peu moins d'un quart de sphère assez régulière, et une partie couverte de bosselures.
La calotte est chargée de stries rayonnant d'un point situé sur l'un de ses bords, juste
au maximum d'épaisseur du bloc. Les stries divergentes rappellent très exactement
celles que l'on voit sur la face d'avant ou aveis de beaucoup de météorites; elles
militeraient, par conséquent, en faveur de l'origine cosmique de la masse. Ces sillons
sont dus au rapide passage des filets d'air chargé de poussière, contre la face du pro-
jectile durant son trajet atmosphérique; on peut les imiter en plongeant des fragments
de craie dans l'acide chlorhydrique : l'efTervescence violente donne lieu à des filets
qui laissent très rapidement leur trace sous la forme de sillons dont la ressemblance
avec ceux qui nous occupent est des plus instructives. Pour le bloc de N'Goureyma,
il faut ajouter que des sillons pareils à ceux de la partie sphéroïde se montrent sur les
diverses régions de la partie bossuée de la même face, et que ces stries irradient du
même pôle que celles de la calotte. Nous devons en conclure que ce point de diver-
gence commune était bien l'avant du projectile durant son trajet : il est certain toute-
fois qu'on obtiendrait la même disposition en dégageant des gaz érosifs en un point
d'une surface métallique, comme par l'explosion d'une cartouche de dynamite; à cet
égard, il faut ajouter que le ret'ers du bloc étudié présente des stries beaucoup moins
nombreuses et moins régulièrement coordonnées. Si l'on suspend à un fil un morceau
de craie pour le plonger dans l'acide, on trouve que, si sa surface inférieure prend les
caractères de notre avers, la face supérieure, au contraire, oii les tourbillonnements
du liquide sont très différents des courants simplement ascendants, est ressemblante à
notre revers. Quant aux cupules à formes arrondies qui se présentent sur les deux
faces du bloc, sauf dans la région sphéroïde, on voit une fois de plus et par comparai-
son avec ce que donne la craie, qu'elles représentent le simple émoussement de cas-
sures primitivement anguleuses: en deux points, ces cupules sont assez profondes
pour avoir déterminé la perforation du bloc.
» Malgré son étrangeté, la plaque de N'Goureyma n'est pas sans ana-
logie parmi les météorites : on la rapproche naturellement de la masse en
bouclier, tombée le 27 mars 1886, à Cabin Creek (Arkansas).
» En plusieurs points de la surface du fer de N'Goureyma, on voit des
(') N'Goureyma est situé à l'ouest de Djenné, à 26'"'" delà rive gauche du Niger et
un peu au nord de Kaakourou, qui est le port de Djenné.
( 143 )
restes d'un enduit noir et brillant, ressemblant à l'écorre dont toutes les
météorites sont enveloppées. Non seulement on peut reconnaître cette
croûte sur les photographies, mais plusieurs des fra£;mentsqui me sont par-
venus en portent des lambeaux très évidents, et j'ai pu l'examiner de
très près. Elle est constituée en majeure partie par de l'oxvde de fer magné-
tique et elle ne diffère par aucun caractère sensible de la croule du farde
Braunau, à laquelle, en ayant sous la main, je l'ai soigneusement comparée.
» Le fer constituant le bloc est très compacte et bien malléable. La cas-
sure produite par arrachement est fd^reiise, presque schisteuse; elle a un
éclat spécial, rappelant celui de certaines fontes truitées. Le métal, qui se
raye aisément au canif, prend un beau poli et l'on constate alors qu'il con-
tient des substances étrangères sous la forme d'inclusions noires, dont les
sections sont contournées à la fiiçon de caractères arabes.
» La densité d'un fragment très propre pesant 4^'^.i3o et portant un
très petit lambeau de croûte sur l'une de ses faces, a été trouvée égale
à 7,3i.
)) Le métal est remarquable par sa faible solubilité dans les acides. A froid, la so-
lution dans l'acide chlorhydrique se fait avec une extrême lenteur; après plus de
dix-huit heures, le fragment de 4°'"ii3o avait encore conservé sa forme et son volume
primitif; à l'ébullition, la dissolution s'est faite en une demi-houre.
» Sous l'action de l'acide chlorhydrique, une surface polie s'est ternie lentement,
des bulles d'hydrogène se sont dégagées et le liquide s'est chargé de fer, mais je n'ai
pas vu se dessiner de figures de Widmannstaetten. Il serait intéressant de rechercher
si, dans sa partie épaisse, le bloc n'a pas une structure dilTérente de celle de sa partie
mince, seuleétudiée jusqu'ici.
» L'analyse a été réalisée sur le petit fragment de 4^'",i3o, déjà employé pour la
mesure de la densité; les résultats ont été vérifiés sur différentes prises, qui ont été
traitées de façons diverses suivant les cas. J'ai commencé par rechercher les sub-
stances insolubles et j'ai constaté qu'elles représentent 0,169 pour 100 du poids total.
Ces matières sont surtout constituées par du graphite en petites lamelles et en petites
fibres réunies en paquets. Au microscope, on y reconnaît en outre d'assez nombreux
grains lithoïdes incolores, dont beaucoup sont très actifs sur la lumière polarisée et se
colorent très brillamment entre les niçois croisés. L'ne petite quantité de la matière
charbonneuse a été spécialement traitée pour la recherche du phosphore, dont la ren-
contre conduit à supposer la présence de la schreibersite ou d'un phospliure ana-
logue.
» Pendant la dissolution, on a constaté très nettement le dégagement de l'hydro-
gène sulfuré, et un petit fragment dissous spécialement dans l'eau régale a donné un
précipité de sulfate de baryte correspondant à o,o52 pour 100 de protosulfure de fer.
» La recherche et le dosage du nickel ont donné dans une première analyse 6,81 pour
( 4^i4 )
loo de ce métal et dans une seconde 7,00 pour too; soit en moyenne 7,1 5 pour 100,
les variations pouvant s'expliquer par une certaine hétérogénéité de la masse. J'ai re-
connu des traces de cobalt et j'ai constaté l'absence du cuivre et de l'étain.
» En résumé, la composition du fer de N'Goureyma peut s'exprimer ainsi :
Fer 9i>9S8
Nickel 7, i5o
Cobalt Traces très sensibles
Sulfure de fer o,o52
Phosphure de fer 1
Grains silicates > o, 1G9
Graphite prépondérant )
» Il serait prématuré, tant qu'une large section ne sera pas faite dans le
bloc, de chercher à déterminer le type lithologique dont il dépend. »
GÉOLOGIE. — A propos des gisements de minerais de fer oolilhiqnes de Lor-
raine et de leur mode de formation. Note de M. Georges IIolland, pré-
sentée par M. Marcel Bertrand.
« Dans une Communication du 17 janvier 1898, j'ai décrit les traits
caractéristiques des remarquables gisements de minerais de fer oolilhiques
de l'arrondissement (ie Briey (Meurthe-et-Moselle). J'y avais joint une pre-
mière Carte delà topographie souterraine de ces gisements ('). Je rappelle
qu'ils se placent en haut du Lias supérieur et comprennent plusieurs couches
de minerais, dont la principale et la plus régulière est la couche grise.
M Je voudrais aujourd'hui examiner brièvement le mode de formation
des minerais de fer oolilhiques en question et des minerais analogues.
» M. F. Villain, ingénieur des mines à Nancy, au cours d'une conférence très docu-
mentée (27 juin 1900) devant la Société industrielle de l'Est, a cherché à l'expliquer
par la théorie des failles nourricières. Prenant comme exemple la couche grise, il
admet que le relief du fond delà mer liasique, au moment de son dépôt, affectait déjà
une configuration se rapprochant sensiblement de celle que nous trouvons actuelle-
ment au mur de cette couche. Il suppose que des sources ferrugineuses débouchaient
dans le fond de la mer en certains points des failles qui sillonnent la contrée, etc. D'où
(') Réduction de celle que je préparais pour la Carte géologique de France et qui
vient de paraître sur les feuilles de Metz et de Longwy.
GdseineTïîs des TniTierais de fer- oolitlriques
DU BASSrN DE BRIEY
ToT)ooTaphie souterraine et Essai sTtrlarépaj-titioii<lela riclesse en fer
par MT Georges Rolland.
( 44^ )
formnlion de dépôts ferrugineux, d'allure lenticulaire, sur les parties déclives ou
situées en contre-bas des points d'émission, etc.
» Mais cette théorie ne cadre guère avec les idées régnantes en Géologie, où le mode
de formation geysérienne est peu en faveur pour de semblables gisements ferrugineux,
surtout depuis les observations de M. Munier-Chalmas sur les bords du Plateau Central.
Les minerais de fer oolitliiques sont considérés comme sédimentaires et contemporains
des couches qui les renferment, comme des formations littorales dont les divers maté-
riaux étaient apportés par des eaux continentales dans des estuaires maritimes; leurs
oolilhes ferrugineuses ont dû être formées (à la manière des oolithes calcaires) par la
précipitation du carbonate de fer en dissolution dans les eaux marines; les sels qui
leur ont donné naissance provenaient des continents voisins et résultaient soit de la
décomposition de pyrites de fer, soii de la décalcification de calcaires ferrugineux.
» Il est invraisemblable que la topographie actuelle de ces couches souterraines
représente les reliefs du fond de la mer contemporaine de leur dépôt; elles doivent
plutôt s'être déposées horizontalement ou à peu près, leurs variations d'épaisseurs s'ex-
pliquant par des aflfaissements locaux, par des mouvements de descente plus rapide en
certains points du bassin, ainsi que M. Munier-Chalmas l'a montré pour le bassin de
Paris (^Comptes rendus, t. CXXX, p. 955). Les plissements synclinaux et anticlinaux
à faible courbure que présente actuellement l'ensemble de la formation sont dus à des
modifications d'équilibre bien postérieures. Les failles qui affectent les minerais, en
même temps que le Bajocien et le Bathonien superposés, sont d'âge sans doute ter-
tiaire et en tout cas post-jurassique; elles peuvent avoir joué à des époques succes-
sives, mais jamais l'on n'a démontré stratigraphiquement leur préexistence.
» A l'appui de sa thèse, cependant, M.Villain donne une série d'arguments basés sur
la répartition des minerais; mais sa démonstration est loin d'être générale. De mon
côté, je me suis proposé, sur le conseil de M. Marcel Bertrand, d'étudier méthodique-
ment leur mode de distribution, afin de voir s'il s'en dégage vraiment un semblant de
loi. J'ai considéré aussi une phase déterminée, savoir celle qui correspond au dépôt de
la couche grise. Avec les renseignements que M. Villain lui-même a eu l'obligeance
de me communiquer, j'ai tenu compte, à chaque sondage, de son épaisseur et de sa
teneur movenne en fer, et j'ai pu tracer les courbes approximatives d'égales épais-
seurs, d'égales teneurs et d'égales richesses totales; puis j'ai appliqué successivement
ces trois genres de courbes sur la Carte où figuraient déjà les courbes d^altitudes du
mur de la couche, ainsi que ]es failles.
•» Or, à l'inspection de ces cartes comparatives, on ne voit pas que ni
l'épaisseur, ni l:i répartition du fer offrent aucune relation générale, régu-
lière, ni avec la lo])ograpbie souterraine, ni avec l'emplacement des failles.
Les variations d'épaisseur montrent que, pendant le dépôt des minerais, il
s'est formé de petites cuvettes svnclinales aux endroits où la descente du
bassin était plus rapide, et il résulte de la superposition des courbes que la
topographie ancienne était complètement dilférente de la topograjihie
actuelle. D'autre part, les zones de plus grandes richesses semblent, règle
générale, indépendantes des failles. A mon sens, les failles recoupent
( 447 )
d'une manière quelconque les gisements ferrugineux (soit dit sans con-
tester que certaines puissent se placer en bordure de bassins locaux de
plus grande épaisseur); les couches de minerais, quand elles sont recoupées
par une faille avec dénivellation, doivent, en principe, se correspondre
sur les deux lèvres de la cassure (sauf phénomènes d'enrichissement du
côté abaissé, sous l'influence de la circulation des eaux souterraines).
» Que si l'on compare les courbes d'épaisseur et de teneur en fer, on
trouve entre elles une concordance grossière, permettant de dire que le
plus souvent l'épaisseur et la teneur varient dans le même sens d'une
région à l'autre. Mais parfois on observe l'inverse, et il n'y a plus de rela-
tion quand on entre dans les détails; en effet, les oolithes ferrugineuses
ayant dû être distribuées par des courants marins, on comprend que de
légères variations dans l'mtensilé de ceux-ci aient amené par place une plus
grande quantité de matières stériles, ou inversement.
» Ma conclusion générale est que ces minerais de fer oolithicjues sont
bien de nature sédimentaire et d'origine continentale. »
M. OEciisxER DE Co\i\CK adrcsse une Note intitulée : « Quelques don-
nées sur le nitrate d'uranium. »
La séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
BULLETIN BIBLIOURAPUIQUË.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 février 1901.
( Suite.)
Giornale dei Telegrajîsti, revista mensile illustrala; nnno i, n° i, gennaio
igoi. Milan; i fasc. in-4''.
Annuaire de l' Académie Royace des Sciences, aes Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique, 1901. 77* année. Bruxelles, Hayez; i vol. in-12.
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, pub. par la Société
( 448 )
hollandaise des Sciences à Harlem et rédigées par J. Bosscha; série II,
Tome V. La Haye, 1900; i vol. in-8°.
Berichte der deulschen chemischen Gesellschaft; .Tahrgang XXXIV (1901),
n° 1. Berlin, 1901; i fasc. in-8°.
Sitzungsberichte (1er kôniglich preussischen Akademie der Wissenschaftcn
zii Berlin; XXXIX-I.III. Berlin, 1900; 9 fasc. in-8°.
lova Geological Survey, vol. X. Annual Report 1899, with accompanyng
papers. Des-Moines, 1900; [ vol. petit in-4''.
Anna/s nf the New York Academy of Sciences ; vol. XII, parts II and III.
Lancastre, Pa., i vol. in-B".
Transactions oi the Academy of Science of S' Louis; vol. IX, n"' 6, 8, 9;
vol. X, n°^ 1-8. Saint-Louis, 1900; 11 fasc. in-8°.
Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1900;
part II, Philadelphie, 1900; 1 vol. in-8".
Journal of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia. Ser. II, vol. XI,
part III. Philadelphie, 1900; i fasc. gr. m-l^".
E RUAT A.
(Séance (l;i 11 février 1901.)
Note de M. Ribière, Sur les voûtes en arc de cercle encastrées aux nais-
sances :
Page 3i5, ligne 1 en reraontaiil, au lieu de — , lisez — ■
93 ?i
Note de M. A. Lacroix, Sur un nouveau gioupe de roches très basiques :
Page 359, lignes i el 2, supprimer pyioxéniques et ampliiboliques cl les rappor-
ter à la ligne 2 :
— CCS roches pyioxéniques el amphiboliques présentent . ..
Page 36o, ligne i, au lieu de : lises à.
On souscrit à Paris, cIk/. GAUTHlER-VlfXARS,
Quai des Grands-Aiigustins, i>° 55.
Depuis ^ 835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Di.nnnchr. Ils forment, à la fin .le l'innce .lonv v,.l,„.. ■ - n
Ar ;D//.i- ,/,• Valmiimmint est fixe niiisi i/nil suit :
Paris : 20 Ir. — Déparlome.)i> : 30-fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
ifen Fermii Irèrcs.
I Chaix.
Àl/tr ( Jourdan.
f Ruff.
Amunt CourtJD-Hecquel.
I Germain etGrassin.
" ' ( Gastineau.
Savonne Jérdme.
Saançon Régnier.
Ferel.
Sordeaux Laurens.
Lorienl.
chez Messieurs
( BaiiNial.
' M— Te»ier.
Bernnux el Cunim
\ Georg.
' .y->n , KHiintin.
Angert.
I UarseUte..
i Montpellier
j Savy.
' Ville.
Kual.
, Valat.
' Muller (G.).
Kenaud.
Uerrien.
I K. Kobeit.
Oblin.
Uzel frères.
C"»" Jouai).
Scurget
tint.
I
Naiiiet
Chambi rt
Clurbourg
Cltrmon (■ h'err.
"' on- ■
Perrio.
I Henrj.
' Margucne.
I Juiiol.
' Hou y.
.Nourry.
' Katel.
' Kc).
hmi ' Lauverjal.
' Degez.
Srinoble ' "■"""•
' Gratier el C".
'■aHochelle Kouclier.
'4 Havre ' Bourdignoo.
( Dontbre.
' Coulel cl (ils.
Moulins Marliai Place.
I Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidol frères.
1 Gui>l'.haii.
( Veloppé.
. . 1 Barnia.
A'ce .
' Appy.
Mmei Thihaud.
Orléans Luzeray.
\ Ulaiit'hier.
' Marche.
\ Rennes. l'Iihon et Hervé.
i Hochejoi i Girard ( .\l"" ).
„ I haiiglois.
Houen ' "
» ' Lerilriug.int.
\S'-Étienne Chevalier
I
Poitiers
I msterJam .
Athènes
liarcelone... .
Hertin.
lierne . . .
Hologne.
m..
I Thurez.
\ Quarré.
\ Ponleil-Burles.
' Kunièbe.
, Giniet.
' Privai.
Buisselier.
Tours Pèricat.
Suppligeon.
1 Giard.
\ Lemallre.
Toulon . . .
Toulouse
Vatenciennes.
Bruxelles.
Iiuchaics\
Hudapest
Cambridge
Christiania
Constantinopte.
Copenhague... .
Florence
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Genève .
La Haye.
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chez Messieurs :
I Feikema Caarelsen
■ \ el C".
Beck .
Verdaguer.
; Asher el G'".
' Darnes.
. Friedlandcr el (ils.
' Mayer el Muller.
Schmid Francke.
Zaoichclli.
. Laiiicrtin.
MayulezelAudiarte.
! Lebègue el G".
I Sotchek et C».
' Alcalay.
Killan.
Oeighlun, BellclC".
Canimcniicyer.
Ollo Keil.
Ilusi et (ils.
Seeher.
Hosle.
Beuf.
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Georg.
' Slapeliiiuhr.
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\ Brockhaus.
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) Desoer.
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Moscou. . . .
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Prague... . .
Rio-Janeiro .
Rome .
Rotterdam
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S'-Petersbourg. .
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I Uulau.
• j HacheUe el C'v
'Null.
. V. Buck.
lîuiz el G'*.
I Ronio y Fussel.
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' F. Fè.
( Bocra frères.
I Hœpli.
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Marghieri di Gius
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' LeinckeelBuechner
Koiisseau.
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Bocca frères.
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,il?!" ■ •^'f'"°''''= -""" ''* ^'«""^ 'nleslinaui, par .\t. P.-J. V.vm Bexeden. - Essai d'une réponse à la qucsliou .1,; Prix proposée en i85o par l'Académie de-.
„„ P»""" '« concours de i853, et puis remise pour celui de i8.j(i, savoir ; .« Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents
^^rains sedimenlaircs, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter l.i c|iiestion de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. —
c «cher la- nalurc des rapports qui existent entre l'état actuel du ic;;n.; organique et ses états antérieurs -., par .M. le Professeur Bron.v, in-4
" "planches; isi.i 15 fi-
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Al. 11. PiiiNC.iRÉ. — Sur une furiiic nouvr-lle
dci^ ci|iiiilions de lu Mécanique- "'•'<
M. llENiu Lii'XQUEUEi.. — Sur la radia-acli-
vité secondaire des méuuix 171
M.M. MoisSAX cl I'. Li;bk.\l-. - Sur un nnu-
\cau corps gazeux, le (luorure de sullu-
ryle SO-I'-^ ^-'i
MM. A. ll.iLl.K» et C. liL.ixc. - Sur les
éllicrs alcoyle_vanoinalouii|ucscl les acides
Pages.
alriiylcvanaLCli(|ue5 qui on di-riveut. . .
M. lj.\NM:LONur'i;. — Sur une fistule eongé-
nilale ph.iryngo-lacrymo-faciale, ouverle
au dessous de la narine droile 3is,ï
M. DE L.\rcAiii:NT. — Sur la décuiverle
d'un Oursin d'âge crétacé dans le Saliara
oriental ''^S
M. P. DuuEM. — I>e la propagaliou des
ondes dans les lluides visqueu.\ •'59.')
COKUESPOXDAACE.
M. le Secuetaiue PEurËTUEL signale le Vo-
lume \ de la publication « Le Opère di
Galilco Galilei, cdizione na/.ionale s.<tlo
gli auspicii di Sua Maestà il lie d'Ilalia >• ;
e! un Volume de i\l. jl. Dastre
M. 1'. liossAnD. — Observations sur la
variabilité de la idauètê (i"'i) Éros, (ailes
à l'observatoire de Toulouse
M. Cm. .André. — Sur la variabilité lumi-
neuse d'Éros
M. G. GuiCHAiiD. — Sur la déformation du
paraboloïdc C)uelconi|uc
M. .\. lliKVVnz. — Sur le problème des
isopèrim.Hrcs
M. 1!. Alezai.s. — Sur îles fonctions de
deux variables analogues aux fonctions
modulaires
M. L. Malassez. — Nouveau modèle d'ocu-
laire à glace inicrouiélrii|nc
.M.M. Alexaxuue IIebeut cl Geoiu.es
liiiYNAL'ii. — Sur l'absorption spé-iliciue
des rayons X par les sels mé(alll>ju( > ...
M.M K. JiNGi'LEi.soii et lî. Legeu. — Sur
riiydi'i.icincbonine
iM. i". CAZEXiavE. — Sur la dipliénylcarbo-
diaziue
.M. P. Uexvhesse. — Sur un nouvel alcool
dérivé du linionéne
MM. L. liOEVKAUi.T cl A. Waiil. — Trans-
foru),ilion de l'acide diniélliylacrylique en
acide. dimélliy Ipyruv iquc
M.M. L.-J. Si.Mox [t L. IJuiiiiEuiL. — .\ctiun
des acides nioiiidialogénés de la m'iÏi'
lill.l.KlIX IllllI.IOGKVIMIIOUi;
Iinii.\T.\
l'T
400
4o5
H 10
grasse sur la pyridine et la quinoléinc. . .
M. Madcei, Dei.age. — Sur les acides jiyro-
gallolsulfoniques
M. V. Haislay. — lie l'Iiydrale de carbone
de réserve dans les tubercules de l'Avoine
ù cbapcicts
M. AuG. CnAUi'KNTiEU. — Transmission ner-
veuse d'une excitation électrique instan-
tanée
M. L. Hoos. — \ction pb\sio|ogi(|ue du vin.
M. Hai'IIAEl 'Diuiois. — Luminescence
obtenue avec certains composés orga-
niijucs
M. R. QuiNTôx. — Le globule rouge nucléé
se comporle à la façon de la cellule végé-
tale, au |joinl de vue de l'osmose, vis-
à-vis de l'urée en solution
M. J. Du.vioNï. — Sur rabsor]ili(jn du i)lios-
phale monocalcique parla terre arable et
l'iiumus
.M. Descours-Desaciies. — Oliservalions
relatives à la propagation dans les pom-
meraies du A'ectiia elilissima
M. A Lacroix. — Sur la province pétro-
grapbiqnc du nord-ouest de Madagascar.
M. Sr.ixiSLAs Mëunur. — Sur une masse
de fer métallique qu'on dit i'tre tombée
du ciel, au Soudan, le ij juin 1900.....".
M. Georges Poli-axd.- — .V propos des gise-
ments de minerais de fer oolilhiques de
Lorraine et de leur mode de formation ..
M. OEcrsner de CoNiNCK adresse une Note
intitulée : « Quelques données sui- le ni-
trate d'uranium. »
',,8
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P \ K I .•, .
l M l' iî I M K l< l K G \ ^) T II I K l< - V l L L A K S ,
i-r ^'C' -rn/ .■ l.ÀUIHIKK V1LLAH8.
APR 30 1901 ^'^"^
^ôQ^^ PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR un. EiEM 9BCBÉT4IKBH PBRPÉTITEIiS.
TOME CXXXII.
N^ 8 25 Février 4 901
GAUTHIER-VILLARS, IMPRLMHUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Âugustios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1" . — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou il'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même île la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
TjCs rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, niais I , Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordiq^aires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis ii
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire est inséré dans le Compterendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures compteri
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à p;irt des articles est aux frais des ai
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fail
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè>
l'impression de chaque volume. ,
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Rciïlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'>. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante-
APR 30 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2o FEVRIER 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUXICATIOXS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Apparition d'une étoile nouvelle dans la constellation
de Pcrse'e. Noie de M. Lcewy.
« J'ai riionneur de signaler à l'Académie la découverte, dans la constel-
lation de Persée, d'une nouvelle étoile très brillante, de couleur bleuâtre,
dont l'éclat s'est accru d'une manière notable dans l'intervalle de deux
jours.
M Elle a été aperçue, la première fois, de grandeur 2,7, par M. Ander-
son, auteur de nombreuses découvertes d'étoiles variables, à Edimbourg,
le 2 1 février. Dans la soirée du 23 février, elle a été estimée par M. Robert,
membre de la Société astronomique de France, à Saint-Jean-d'Angély,
comme étant de première grandeur, supérieure à Rigel et inférieure à
Sirius, et par M. Rossart, à l'observatoire de Toulouse, d'un éclat un peu
supérieur à celui de la Cbevre.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXU, N» S.) 58
( 45o)
» Il résulte donc de ces deux observations concordantes, faites le 23 fé-
vrier, que l'éclat du nouvel astre est bien supérieur à celui d'une étoile
de pren:iière grandeur.
» Sa position approchée pour 1901 , o est la suivante :
^ = 3''24-25% D = + 43°34'-
» Les variations de l'intensité lumineuse des astres et des causes qui les
produisent constituent un des problèmes les plus intéressants de l'Astro-
nomie contemporaine. Il existe plusieurs centaines de corps célestes dont
l'éclat subit de grandes variations dont la période est tout à fait déterminée
actuellement.
» Pourtant, le nombre des astres qui ont brillé d'un éclat exceptionnel
et qui n'ont conservé depuis qu'un éclat très faible ou même sont devenus
tout à fait invisibles est très restreint.
» C'est à un phénomène de cette catégorie que nous devons peut-être
le premier Catalogue de grandeurs d'étoiles. En effet, dans le courant de
l'an 1 34 avant notre ère, Hipparque fut surpris par la présence, dans la
constellation du Scorpion, d'une étoile brillante qu'il n'y avait jamais vue.
D'après Pline, ce phénomène le décida à faire le dénombrement des
étoiles visibles.
» Les deux faits les plus remarquables notés dans les annales de l'As-
tronomie ont été déjà signalés à l'Académie dans une autre circonstance ;
ils se rapportent aux apparitions temporaires de deux étoiles, l'une vue
par Tycho-Brahé en 1S72 et l'autre par Kepler en i6o4, et qui, toutes les
deux, après avoir brillé d'un éclat supérieur à celui de Jupiter, ont fini
par devenir tellement faibles qu'il n'y a pas moyen aujourd'hui de les iden-
tifier.
» Une trace plus durable nous est restée de l'étoile découverte en 1866
par MM. Barker et Courbebaisse, dans la constellation de la Couronne;
elle demeure visible encore aujourd'hui comme un astre de grandeur 9,0.
» Une dépêche de M. Rayet, arrivée au dernier moment, donne les ren-
seignements sur le spectre de la nouvelle étoile :
« Spectre donne lignes brillantes, en particulier de l'hydrogène, et à grand écart
dans le vert et le bleu. »
» A Paris, le ciel couvert n'a permis aucune observation. Le 26 février,
observée à travers nuages, elle était bien inférieure en éclat à a. Coohn (la
Chèvre) et tout au plus de première grandeur.
« Février 19, invisible, plus faible qu'une étoile de onzième grandeur. Pickering. »
(45i )
AGRONOMIE. — Études sur la valeur agricole des terres' de Madagascar,
par MM. A. Mu.vrz et E. Rousseaux.
« Aujourd'hui que la pacification de Madagascar est à peu près com-
plète et que presque toutes les régions sont accessibles au colon européen,
il importe de connaître la com|)osition des terres de la Grande Ile, afin de
diriger les efforts de la colonisation vers les points qui sont susceptibles
d'être exploités. L'appréciation de l'avenir agricole d'un pays neuf
repose sur des données complexes; les conditions climatériques et surtout
le régime des eaux, la facilité des communications, le prix de la main-
d'œuvre, etc., jouent un grand rôle. Mais un des facteurs les plus impor-
tants de la prospérité d'une région est la composition du sol, qui doit
fournir les éléments nutritifs nécessaires à la production des récoltes. Les
sols qui ne contiennent pas ces éléments en quantité suffisante ont peu de
fertilité. On |)eut les exploiter dans les pays à civilisation agricole avancée,
où les voies de communication sont nombreuses et oii des engrais peuvent
leur être donnés. Mais dans les pavs neufs, c'est aux ressources existant
dans le sol que l'agriculteur doit demander les principes fertilisants indis-
pensables à la prospérité d'une exploitation, et le colon doit rechercher
plus la richesse de la terre que l'étendue de la concession.
» L'étude que nous avons faite de plus de 5oo échantillons de terre
prélevés dans les diverses régions de lile, apportera, à la détermina-
tion de sa valeur agricole, son contingent de données positives. Elle a
été entreprise à la demande du général Gallièni, à (|ui revient une si large
part dans l'impulsion donnée à l'organisation de la Grande Ile et à la
recherche des ressources qu'elle offre à la colonisation.
» Lorsqu'il s'agit de déterminer le fonds de fertilité d'une région, c'est
aux terres vierges, à celles qui n'ont pas été modifiées par la culture, qu'il
faut s'adresser, car ce sont elles qui représentent le ty[)e des terrains et
qui doivent servir de base aux appréciations générales.
» Cela est particulièrement vrai pour un pays où les terres incultes
occupent les plus grandes surfaces, comme c'est le cas de Madagascar.
Aussi avons-nous principalement tenu compte, dans nos appréciations,
des terres prises dans leur état naturel.
)) D'après les observations faites en Europe, et principalement en France,
on sait, dans ime certaine mesure, à quelle fertilité relative correspond
( 452 )
une teneur déterminée du sol en azote, acide phosphorique, potasse,
chaux, etc. Les mêmes règles s'appliquent-elles à des climats différents?
Nous avons fréquemment observé qu'il n'en est pas tout à fait ainsi, et
qu'à égalité de richesse en éléments nutritifs, les terres des régions tropi-
cales sont plus fertiles que celles des régions tempérées, en d'autres
termes, qu'on ne peut pas appliquer le même coefficient de fertilité à des
terres de même composition, prises dans des situations de climat diffé-
rentes. Aussi avons-nous interprété les résultats de l'analyse des sols de
Madagascar avec moins de sévérité que s'il s'était agi des sols de la France.
Mais il n'en est pas moins vrai que l'abondance ou la pénurie des principes
indispensables à la vie des plantes permet d'établir une classification des
terrains, en rapport avec leur degré de fertilité.
» A côté de l'analyse chimique, l'expérimentation culturale est un
moyen d'investigation utile; mais elle conduit quelquefois à des conclu-
sions erronées, surtout lorsqu'il s'agit de terres vierges, comme c'est ici
le cas. Même quand celles-ci sont très pauvres, elles donnent presque
toujours, après un défrichement, une végétation abondante. Mais cette
ferliUté apparente ne se soutient pas, quand les réserves du sol sont trop
faibles. La détermination quantitative de ces réserves est donc une base
d'appréciation plus solide pour juger de l'avenir agricole d'un pavs.
» Le Massif Central, très étendu, est constitué par un amoncellement
de montagnes, ou plutôt de mamelons, dont les ramifications s'étendent
dans toutes les directions vers le littoral et qui sont séparées par des val-
lons le plus souvent étroits. Ces mamelons sont constitués par une terre
rouge, provenant ordinairement de la décomposition des gneiss et où
l'oxyde de fer hydraté est en forte proportion (quelquefois plus de
3o pour loo). Cette nature du sol donne à l'ensemble de l'île son aspect
particulier.
» Les résultats obtenus pour l'imérina, de même que pour le Betsileo et
le cercle d'Anjozorobé, montrent que le sol de ce vaste massif est, en
général, très pauvre, surtout celui des mamelons et des coteaux, qui
occupent la surface de beaucoup la plus considérable. L'azote dépasse
rarement o,5 pour looo; l'acide phosphorique, o,3; la potasse, 0,2; la
chaux n'existe qu'à l'état de traces. La pénurie de la chaux et de la potasse
est particulièrement frappante. Il n'y a pas, dans la majeure partie de ces
terres, desréservcsde fertilité suifisantes pour qu'une colonisation agricole
intensive puisse y prospérer. Elles sont, en outre, d'une nature argileuse,
compactes et imperméables, d'un travail difficile.
( 453 )
» On a souvent parlé de les améliorer par des chaulages; mais ce serait
là une opération coûteuse et d'ailleurs peu efficace, car nous avons remar-
qué qu'elles ne sont pas modifiées quand on y introduit les petites quan-
tités de chaux qui, dans les terres argileuses ordinnires, amènent Tameu-
blissement. I/élément plastique de ces terres, en grande partie formé par
de l'oxvde de fer et du silicate d'alumine, est différent de celui des argiles
que l'on rencontre habituellement, et qui sont à base de silicate double
d'alumine et de potasse.
» Ces terres rouges sont, au contraire, ameublies par l'humus ; c'est le
cas de celles qui occupent les fonds de vallées, ou qui sont cultivées depuis
longtemps; la matière organique s'y est alors accumulée et en a fait des
terres meubles d'un travail facile. Cette observation montre qu'une longue
suite d'améliorations peut amener leur transformation en terre aralde.
Mais c'est là l'œuvre des siècles et la génération qui voudrait entreprendre
ces modifications s'y userait sans profit.
» Si le vaste Massif Central présente surtout des mamelons aux terres
ingrates, qui ne constituent en réalité qu'une place au soleil, on y trouve
aussi des vallées et des bas-fonds qui occupent des surfaces d'une certaine
importance, et dont les terres, quoique de constitution fondamentale iden-
tique, se présentent dans de meilleures conditions d'utilisation agricole.
En effet, les résidus des végétations antérieures v ont formé de l'humus, et
les matériaux fertilisants des terrains avoisinants s'v sont concentrés. Aussi,
ces terres contiennent-elles pour looo environ i,o d'azote, 0,6 d'acide
phosphorique, 0,4 de potasse; elles sont donc beaucoup plus riches que
les précédentes. Souvent on peut les arroser.
)) C'est sur les vallées que le colon doit porter ses efforts. Mais elles sont
le plus souvent étroites et conviennent particulièrement à la petite
culture.
» Il a été quelquefois question de boiser les terres dénudées du Massif
Central, ou plutôt de les reboiser, dans la pensée que ces terrains étaient
autrefois couverts de forêts. Nous croyons, avec M. Alf. Grandidier,
que les sacrifices que l'on ferait dans ce but seraient stériles. J/étude que
nous avons faite du sol de cette région nous fait croire qu'elle n'a pas été
boisée dans la période géologique actuelle, car le sol particidièrement im-
perméable qui la forme, se j)rêtant difficilement à la combustion des ma-
tériaux organiques, eût gardé, à l'état d'Iiumus, les restes d'une végéta-
tion ancienne.
( 454 )
>) Les cercles de Moramanga et d'Ambatondrazaka, quoique apparte-
nant à la même formation géologique, offrent en quelques points des
terres d'une grande richesse, constituées par des dépôts d'anciens lacs.
L'azote atteint ordinairement un millième; l'acide phosphorique esl sou-
vent supérieur à deux millièmes et atteint quelquefois douze à quinze
millièmes. Il y a dans ces parties privilégiées de grandes ressources pour
la colonisation.
i> A l'Ouest du Massif Central, s'étend le Betsiriry, région relativement
plate et formée de terrains sédimenlaires; l'argile devient plus rare; le
calcaire apparaît et souvent prédomiue; les terres sont meubles et per-
méables. Quoique leur richesse ne soit pas très grande (environ 0,6 d'azote,
0,5 d'acide phosphorique, 1,0 de potasse), leur nature physique peut
engager les colons à en tirer parti.
» La zone littorale présente un grand développement comme longueur,
mais sa largeur est quelquefois extrêmement restreinte, les derniers
contreforts de la partie montagneuse s'étendant souvent jusqu'à la mer.
Elle est principalement formée par des terres alluviales de constitutions
très variables.
» La partie Nord de l'île, comprenant la province de Diégo-Suarez, se
fait remarquer par des terres humifères, perméables et faciles à travailler,
d'une grande richesse, soit environ i,5 pour 1000 d'azote, 2 à 3 d'acide
phosphorique, o,4 de potasse, avec peu de calcaire. Le voisinage d'an-
ciens volcans a dû influer favorablement sur leur composition.
» La partie Sud, comprenant le cercle de Fort-Dauphin, se trouve dans
des conditions presque analogues. Là aussi les terres ocreuses ont disparu
et sont remplacées par des terres meubles, riches en éléments fertilisants
et constituées par des alluvions dont la composition a été heureusement
modifiée par les débris de roches volcaniques. Elles contiennent pour 1000
environ 2 d'azote, i à 2 d'acide phosphorique, o,5 de potasse, très peu
de calcaire.
» Entre ces deux points extrêmes, distants d'environ i ,000*"", on trouve
sur la côte Est :
» La province de Vohémar, constituée par des terres rouges ingrates,
sauf dans quelques parties voisines du littoral. Elles ne renferment ordi-
nairement qu'envirou o,5 pour 1000 d'azote, 0,2 d'acide phosphorique et
0,3 de potasse, et des traces de calcaire;
» La province de Maroantsetra, dont les terres sont en général mieux
( 455 )
pourvues que les précédentes, tenant environ i pour looo d'azote et
d'acide phosphorique, 0,2 de potasse et des traces de calcaire;
» Les provinces de Tamalave, d'Andévorante, de Farafangana et de
Mananjarv, avec des terres tantôt analogues à celles du massif central,
bien qu'un peu plus riclies (azote pour 1000, o,'^, acide phos[)horique o.G,
potasse 0,4), tantôt ameublies par l'humus, avec près de deux millièmes
d'azote, d'acide phosphorique et de potasse; le calcaire fait défaut.
« La côte Ouest, avec les cercles de Tuléaret de Mnjunga, est consti-
tuée par des terrains sédimentaires, souvent franchement calcaires, ayant
les caractères des terres arables. Elles ont un certain fonds de fertilité,
puisqu'elles contiennent le plus souvent près de i pour 100 d'azote et
d'acide phosphorique, 0,4 de potasse. Cette région offre donc des res-
sources sérieuses à la colonisation.
» Les terres du cercle de Alaintirano sont moins riches (o,5 d'azote,
0,3 d'acide phosphorique et 0,2 de potasse).
» En résumé, la zone littorale se présente dans des conditions de ferti-
lité satisfaisantes, mais les terres ocreuses du Massif Central sont pauvres
et peu propres à la culture, sauf dans les fonds de vallées. L'île, considé-
rée dans son ensemble, est faiblement pourvue des matériaux nécessaires
à la production des récolles, et il ne semble pas qu'elle puisse être amenée
à suffire aux besoins d'une population très dense. M. Alfr. Grandidier
avait rapporté de ce pays la même impression générale, et ses observations
se trouvent confirmées par nos étude;^.
» En présence de la pauvreté d'une grande partie des terres de Mada-
gascar, la pensée de recourir aux engrais et aux amendements pour en
augmenter la fertilité vient à l'esprit. On sait quels heureux résultats cette
pratique produit en Europe. Mais ici, les conditions économiques sont
différentes. La difficulté des communications, la grandeur des distances,
qui rendent les transports coûteux, ne permettraient d'amener ces maté-
riaux fertilisants qu'à un prix de revient hors de proportion avec la plus-
value des récoltes. Ce n'est que dans les points d'un accès facile, ou pour
des cultures spéciales d'un grand rapport, que l'on pourrait recourir à des
engrais importés. Le reste de l'île a plus d'intérêt à utiliser exclusivement
les ressources qui sont à portée : fumiers, résidus de la vie humaine,
cendres végétales, calcaires, phosphates.
» Parmi les ressources naturelles propres à augmenter la fertilité, il en
est une sur laquelle on ne saurait trop appeler l'attention. C'est l'eau des
rivières et des torrents, si abondamment distribuée dans presque toutes les
( 456 )
parties de l'île, et qui peut être employée à l'arrosage. Non seulement elle
agit comme excitatrice de la végétation, mais elle apporte encore en solu-
tion ou en suspension des éléments nutritifs. Dans les localités où l'arro-
sage peut être pratiqué, il y a moins à s'inquiéter de la composition du sol,
qui sert alors de support plus que d'aliment. En effet, un sol pauvre,
convenablement irrigué, est susceptible de produire des récoltes plus
abondantes qu'un sol riche auquel l'eau fait défaut.
» Là où les conditions climalériques le permettent, il y a lieu de s'adon-
ner de préférence à la culture de plantes peu épuisantes, qui est souvent
très rémunératrice et peut faire l'objet d'une exportation. La production
des récoltes destinées à l'alimentation de l'homme et des animaux domes-
tiques, et qui enlèvent au sol de fortes quantités d'éléments fertilisants,
semble moins indiquée et devoir se borner aux besoins de la consommation
intérieure.
» Les terres de qualité très inférieure peuvent être laissées dans la
période pastorale et forestière, où l'homme ne tire parti que de la végéta-
tion spontanée ; les fumiers produits par les troupeaux qui y trouvent leur
nourriture serviront ;i l'enrichissement des ])arties cultivées.
)) Dans les cas où l'on voudra recourir à l'emploi des engrais importés,
il sera préférable de s'adresser aux plus concentrés, afin d'éviter le trans-
port de matières inertes. Les engrais phosphatés et potassiques paraissent
les plus indiqués. I/emploi de ces produits se bornera nécessairement aux
exploitations situées à proximité des ports et sur le parcours des rivières et
des voies ferrées.
» Madagascar offre une superficie notablement supérieure à celle de la
France et qu'on ne peut pas penser à mettre entièrement en valeur. En
choisissant les points privilégiés sous le rapport du climat, de la nature des
terres et du régime des eaux, en y concentrant ses efforts, en y développant
des cultures spéciales, on pourra arriver à donner à la colonisation agricole
une certaine prospérité. »
MEMOIRES PRESEi\TES.
M. Maurice Mecmek soumet au jugement de l'Académie un travail inti-
tulé : « Note sur un projet d'appareil télégraphique ».
(Commissaires : MM. Cornu, Mascart, Maurice Levy).
( 457 )
CORRSSPONPANCK .
M. Samuel Gaciig adresse ses remercîments à l'Académie pour la dis-
tinction accordée à ses Travaux.
ASTRONOMllî. — Sur l'apparition d'une étoile nouvelle dans la constellation
de Perse'e. Lettre de M. Flammakiov à M. le Secrétaire perpétuel.
Cl Paris, lundi iri fthricr 1901.
» J'ai l'honneur de vous transmettre plusieurs dépêches qui m'ont été
adressées par divers membres de la Société Astronomique de France, rela-
tivement à l'apparition d'une étoile nouvelle dans la constellation de
Perséo. L'estimation de l'éclat est intéressante pour l'histoire de celte
étoile temporaire (').
« Montpellier, 23 février.
» J'observais ce soir la planùle Mercure à l'œil nu, lorsque vers 6''3o'" j'aperçus vers
le zénith une étoile magnifique, que je n'avais jamais vue.
» De première grandeur, son éclat surpasse môme Capella et Rigel. Elle est blanche
el assez scintillante. Elle est voisine de v Fersée, à peu prés au milieu de la distance
de 5 à .\lgol. Lucien Bosc. »
« Saint-Jcan-d'Angcly, a3 février.
» l)]toile nouvelle, vue ce soir dans Persée. l'remière grandeur. Bleuâtre. Supé-
rieure en éclata liigel. Inférieure à Sirius. Située environ par 3''24"' d'ascension
tlroile el 43° de déclinaison boréale. André Kobert. »
« Sainl-Georges-d'Olcron, 2^ février.
» Ce soir samedi, à 8'', j'ai constaté l'apparition d'une étoile nouvelle, de première
grandeur, dans Persée. Elle forme un Liiangle isoscèle avec Algol el la brillante Alpha.
D'' Lotte. »
i< Luxor, via Malte, î/} février.
11 Rtniarqué dans Persée une nouvelle éloile, très brillante.
IN'atalie P>rinton. »
(') Gr. ■= 2,7 le 21, jour de la ciécouverle par M. Anderson, à Edimbourg, >i,o
le 23.
C. B., 1901, 1" Semestre. (T. CWXII, N° 8 ) ^9
( 458 )
c< Montpellier, 24 février.
» Observation de M. Bosc confirmée. Étoile temporaire très brillante dans Persée.
BrUGUIÈRE. 1'
ASTRONOMIE. — Sur les v^arialions en grandeur et en position des satellites
de Jupiter, révélant l'existence d'une atmosphère cosmique. Note de
DoM Lamey, présentée par M. Wolf.
(c La question, si importante pour la théorie et la réduction des obser-
vations, de savoir si les satellites de Jupiter circulent dans un milieu ré-
frine;ent, peut dès maintenant être considérée comme résolue, ce me
semble, par Y ensemble concordant des constatations que je vais rappeler
ici.
» I. En 1886, j'ai fait connaître les résultats auxquels j'étais parvenu
en observant l'année précédente les variations de grandeur dans les dia-
mètres apparents des satellites de Jupiter. Ces variations ont été telles que
parfois l'un ou l'autre des satellites les plus petits en moyenne surpassait
les dimensions angulaires de l'un des plus gros, ces écarts croissant pro-
gressivement du plus rapproché au plus éloigné de la planète ( * ).
» II. Quelques mois plus tard, notre regretté confrère Dom Et. Siffert
reprenait, à ma prière, la discussion par le calcul de ces observations et
arrivait à une triple conclusion que je ne prévoyais certes pas aussi con-
cluante qu'elle l'a été. Je la ferai ressortir en l'énonçant ainsi :
» 1° En général, les grandeurs de chaque satellite, comparées dans les
diverses longitudes, paraissent plus accentuées pour nous à l'apogée qu'au
périgée.
)i 2° J^a différence entre leurs grandeurs extrêmes va croissant du pre-
mier au quatrième satellite dans les proportions suivantes : Pour I, lo, cette
diHérence est de 0,46; pour H, Europe, elle est de 0,77; pour III, Gany-
mède, de i,i5, et pour IV, Callisto, elle est de i ,89. Ces différences, variant
graduellement de lo à Callisto, décèlent l'existence d'une atmosphère,
sans doute très vaste et elliptique et s'étendant depuis l'astre central au
moins jusqu'à l'orbite du satellite le plus éloigné. Ceci fait comprendre
pourquoi ce dernier varie si fortement dans ses iliaiensions angulaires,
(') Comptes rendus, t. Cil, p. i365. Ces observations ont été données plus au long
dans noire Bullelin intitulé Proslogium, t. I, p. 9-12.
( 459 )
puisqu'il traverse, diamétralement à son apogée, toute ou presque toute la
susdite atmosphère en envoyant son image à l'observateur terrestre.
)' 3° Le rapport entre le ravoii de l'orbite et la variation en grandeur
est presque constant pour les quatre satellites. On a pour I, lo. 12,89;
\)o»r\i, Europe, I2,25; pour III, G'a«j/ne'(/e, 13,09; pour IV, Ca//wto, i4,oi.
La moyenne est i3,o6 (').
» III. Or, les observations des passages des ombres des satellites sur
le disque de la planète, comparées aux valeurs théoriques fournies par le
travail de M. Souillarl, ont donné à M. J.-J. Landerer l'occasion de
résumer ainsi les points saillants de son étude (-).
« Relativement au premier, dit-il, l'accord. . . ne laisse presque rien à désirer. Il
devient moins frappant pour le deuxième. . .. Quant au troisième, il est aisé de voir
que la difTérence à allure systématique. . . se dessine de plus en plus.. .. Le quatrième
satellite semble, au premier abord, délier toute concordance. »
» IV. Il faut donc admettre une atmosphère en forme d'anneau, s'éten-
dant, bien au delà de celle propre à Jupiter, jusqu'à l'orbite du dernier
satellite, composée d'une matière trop subtile pour se condenser, mais
assez dense toutefois pour modifier par réfraction les images des astres la
traversant selon le plan équatorial. Il est clair qu'alors un même satellite,
dans ses diverses positions en longitude, pourra passer par un maximum et
un minimum de réfraction, pour le rayon visuel de l'observateur. Ces
écarts pourront atteindre ime accentuation beaucoup plus grande pour le
quatrième satellite, le plus éloigné : aussi est-ce pour ce dernier surtout
que les divergences entre la théorie et l'observation sont considérables.
» Delambre rapporte que la différence des longitudes entre Paris et
Greenwich n'a jamais pu être obtenue qu'à 10' près par l'observation des
éclipses des satellites et qu'elle a été pour le quatrième jusqu'à 12™ (').
Et de nos jours encore, INI. J.-J. Landerer, qui s'efforce de trouver un
( ' ) Sur une condition de variabilité dans les grandeurs apparentes des satellites
de Jupiter {Proslogium, t. I, p. 21-22).
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 3oo. — Depuis nombre d'années déjà, M. Lan-
derer s'occupe de cette question, fort avancée par lui. Dans cette dernière Communi-
cation, il déclare que, tant que le milieu atmosphérique traversé par les images des
satellites ne révélera pas son action, on ne jiourra songer à établir sur des bases
rationnelle* l'accord pai-fail que l'on poursuit.
(') D'après M. Obreclit dans sa Thèse intitulée : Etude sur les éclipses des satel-
lites de Jupiter. Paris, 1884, in-4", p. I.
( 46o )
accord entre ses obs'.^rvalions du passage des ombres et les données nu-
mériques fournies par la théorie de M. Souillart, est contraint d'avouer
que, pour saisir une concordance avec le quatrième satellite, il faut avoir
« égard au degré de précision qu'entraîne le calcul de la latitude, et au
» rôle prépondérant que cet élément joue dans les demi-durées observées
)) loin des nœuds ».
» V. C'est parce qu'on n'a pas tenu compte de l'influence d'une atmo-
sphère de ce genre que la théorie est encore en défaut quand il s'agit, par
exemple, de faire concorder les positions fournies par l'observation des
éclipses et les passages des ombres. M. J.-J. Landerer remarque que dans
la théorie de M. Souillart ces ilerniers phénomènes sont de signe contraire
à ceux des éclipses, et il conclut que cet antagonisme provient, au moins en
partie, d'une variation du rayon vecteur. Assurément cette conclusion
s'impose, si l'on n'admet pas l'existence d'une atmosphère s'éteiidant
jusqu'aux orbites; mais n'est-il pas plus légitime de conclure, non à une
variation réelle, mais apparente, due à une réfraction? Très différente
quand le satellite passe devant ou derrière la planète, n'est-il pas clair que
le grand axe, calculé d'après des données si disparates, ne pourra con-
duire à une concordance des durées? »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une certaine catégorie de fonctions
transcendantes. iNote de M. Ëdmo.xu Maillet, présentée par M. C.
Jordan.
« Théorème]. — Soit la fonction
où 6„ est quelconque, et tin une fonction croissante qui peut être négative
pour les valeurs de n inférieures à une limite finie, mais qui est telle que
~^~^ croisse indelmmient avec n :
» I. (p ne peut être une fonction algébrique de x.
•» il. «p ne peut être solution d'une équation différentielle du premier
ordre, raîiounelle eu x, y et y'.
)i 111. cp ne peut être solution des équations différentielles rationnelles
en X et_7, et linéaires par rapport aux autres dérivées de y.
( 46i )
» IV. ç ne peut être solulioii des équations diffcreiitielles rationnelles
d'ordre k complètes par rapport à celles des dérivées de y qui y entrent,
c'est-à-dire dont le jjreniier nieniure forme un polvnonie complet de même
degré séparément par ra[)port à celles des quantités y', y", .... y'*' qui y
enlrenl.
» Y. (p ne peut être solution des équatious différentielles rationnelles
en X ety d'ordre k, dont le premier membre forme un polynôme de degré
total A par rapport à celles des quantités y', y", .... j'*' qui y entrent, si
ce polynôme comprend tous les termes possibles de la forme
G étant un polynôme entier en x et j.
» TiiÉOHÈME H. — Soit la fonction
où i{/rt est une fonction croissante de n, qui peut être négative pour les
valeurs de n inférieures à une limite liuie, i(« -+- i) — i}//i croissant indéfi-
niment avec n.
» Soit encore
(0 n^.-v.Ê ^^)"2Awy...(0)"^o
une équation différentielle rationnelle en x,y et ses dérivées, les A(a^')
étant des polynômes entiers en x.
» Si ■/ /i est une certaine fonction croissante de n, qui dépend de <\in, et
si l'on a
(2) |0„..|<
I 0„
/.(«)
quelle que soit la constante V ;
» I. (p ne peut être fonction algébrique, ni fonction abélienne, ni une
intéi^rale d'une fonction abélienne.
» II. <p ne peut être solution des équations différentielles rationnelles
du premier ordre en x,y,y'.
» 111. cp ne peut être solution des équations différentielles rationnelles
en X Gly, et linéaires par rapport aux autres dérivées de y.
» IV. çp ne peut être solution des équations différentielles rationnelles (1)
d'ordre X: complètes par rapport a celles des quantités j', y', . . ., y*' qui
( 462 )
y entrent, c'est-à-tlire dont le premier membre forme un polynôme com-
plet de même degré séparément par rapport à celles des quantités j, j', ...,
y(*) qui y entrent.
» V. o ne peut être solution des équations différentielles rationnelles
d'ordre k dont le premier membre forme un polynôme de degré total X en
y, y', ... , y'*', si ce polynôme comprend tous les termes possibles de la
forme
Gj""7'"' . . .jr''*"*, a„ + a, + ...+«, :^ ^,
G étant un polynôme entier en x et y.
» Quand 9„ = C"' ((^ >- i) et que A(n') = «"' (m >i), la condition (2)
est toujours satisfaite.
» Les propriétés I et IV restent vraies quand i|/(« -I- i) — ^{n) est fini
et ^i . Ainsi, elles sont applicables à la fonction cp quand 0„ ^^ "C" •
» Théorème III. — Soit la fonction ( ')
P
0
P,
où P, est un polvnome entier en x de degré //«,0> o. Si 9 est une fonction
algébrique de degré \; quand x e\.n sont suffisamment grands, on a
V„<aq\-'x"''^''-''',
a étant une quantité finie, et q„ le dénominateur de la «""■"* réduite
de (p(/7„ = i, y„= o, /), = Po, <7, = i).
» Corollaire. — Si P„^ aq''^^, quelle que soit la constante ;;-, <p n'est pas
une fonction algébrique. C'est le cas, en particulier, quand m„ = nl dès
que n est suffisamment grand.
» Nous espérons compléter ces résultats ultérieurement. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Traces superficielles laissées par les outils dans
le travail du sciage des métaux. Note de M. Yasseur, présentée jiar
M. Mnurice Levy.
« Dans une Note qu'il a présentée à l'Académie (numéro du 12 novembre
1900), M. Ch. Frémont signale l'apparition tie lignes, lorsque l'on scie
(') Conip. BoREL, Leçons sur la théorie des fondions, p. 26 et suivantes.
( 463 )
des métaux; ces lignes, différentes de celles qui sont occasionnées par le
trait de scie, ayant parfois un relief sensible au toucher, sont parallèles
aux profds des deux bords opposés traversés par la scie. L'auteur admet
que ces lignes semblent représenter des ondes, résultat d'un mouvement
vibratoire.
» L'intérêt qu'aurait la connaissance de ces mouvements vibratoires
dans le travail à froid des métaux a conduit à rechercher systématiquement
les conditions dans lesquelles ces lignes se produisent.
» Bien que l'auteur de la Note citée n'ait pas indiqué le genre d'outils
dont il se servait, ni les conditions du travail, les photographies jointes à
la Communication permettaient de voir que les échantillons présentés
avaient été obtenus par sciage à la scie à main ou à la scie à ruban. Les
premiers essais n'ont donné que des lignes peu nettes ne s'apercevant que
par lumière très oblique. Mais un morceau de bronze, scié avec une scie à
ruban neuve, a présenté des sillons très nets et d'une saillie sensible au
toucher.
)> La netteté du résultat a permis de constater que la largeur des sillons
était précisément égale à l'intervalle de (leur dents successives de la scie
employée; de plus, l'apparition des lignes, si manifestement provoquée
par l'échange de l'outil, a amené à penser que l'état d'usure de la scie
influençait les résultats; la scie neuve avait en elïet encore toute la voie
donnée par le fabricant.
» De ces résultats il semble que l'on peut donner l'explication suivante
à la production des lignes observées :
» Examinons de champ une scie à ruban marchant dans le sens AB
{f'o- 0 ^^ considérons le moment où une dent déversée à droite d^ est en
train de creuser son sillon, les dents déversées à gauche se trouvant, celle
qui la précède, déjà dans le métal, celle qui la suit, sur le [)oint d'atteindre
la surface.
» La réaction du métal sur la dent a une composante horizontale^qui
tend à rejeter vers la gauche la lame de la scie, et l'extrémité de la dent</,
est plus à gauche que sa position normale.
» Au moment où la dent "., va entrer en prise, elle subira, de la part du
métal, une réaction dont la composante horizontale y tendra à ramener
vers la droite la lame de scie, et, par suite, la dent d^ creusera, à partir de
ce moment, un sillon S3S,, à droite du prolongement de l'élément précé-
dent S, S^; jîour la même l'aison, la dent ^, travaillera à droite du sillon yjv^
qu'elle vient de faire.
( 464 )
» Le mouvement de balnncenienl aliernatif'n droite et à gauche se con-
tinuera ainsi régulièrement au moment de l'entrée en p»-ise des dents suc-
cessives de la scie. Ce mouvement, avant son origine à la surface CD,
tandis que la scie subit un effort de traction du côté de B, ira en diminuant
d'amplitude à mesure que l'outil pénétrera dans le métal, et les sillons
produits auront une profondeur de moins en moins grande.
Fis. ,. Fie. s.
M A la sortie {Jïg. 2), le mouvement inverse se produira; au moment
où la dent dn quittera le métal, la réaction qu'elle subissait de la part de
la matière venant à cesser, la lame se reportera vers la droite, et la
dent gn -\- i creusera un sillon à droite de l'élément qu'elle creusait
auparavant.
» En résumé, le travail de la scie produira deux séries de sillons dont la
largeur sera égale à l'intervalle de deux dents et qui auront pour limites
des lignes qui seront respectivement les copies des profils d'entrée et de
sortie de la scie dans la pièce travaillée; ces deux séries de lignes sont in-
dépendantes l'une de l'autre, elles peuvent se croiser, leur netteté va en
diminuant depuis les bords vers le centre de la pièce.
» Elles paraissent de même nature que celles dont les images sont don-
nées dans la Note de M. Frémont.
» Il paraît donc que les lignes signalées n'ont aucun rapport avec les
I
( 165 )
courbes de distribution des déformations dans les métaux, qui ont fait
l'objet des Communications des mois de mars et avril 1894 (').
» Elles paraissent tout au pbis pouvoir donner une indication sur la na-
ture et l'état d'usure des scies employées. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les propriétés isolantes de la neige. Note de M. Bernard
Brunhes, présentée par M. Mascart.
« Les expériences entreprises au mont Blanc, en 1898, par MM. Les-
pieauetCauro, les essais qui viennent d'être faits à l'observatoire de l'Etna
par M. Ricco, et que M. Janssen a communiqués à l'Académie dans la
séance du 11 février 1901, établissent que la neige est pratiquement iso-
lante pour le courant électrique, et qu'un câble de fil nu, posé sur la neige,
continue à transmettre les communications télégraphiques et télépho-
niques.
» J'ai eu, pour la première fois cet hiver, l'occasion dem'occuper d'une
ligne télégraphique de montagne et d'observer par moi-même un fait qui
est bien connu du personnel de l'observatoire du puy de Dôme.
» La double ligne qui relie la station du sommet du puy de Dôme à la
station de Rnbanesse et au bureau télégraphique de Clermont est trop sou-
vent rompue pendant la mauvaise saison. La rupture est due, en général,
à ce que dans la montagne les fds, recouverts d'une gaine dégivre qui peut
atteindre jusqu'à o™,5o de diamètre, donnent prise, par une large surface,
aux vents exceptionnellement violents qui soufflent ici. Lorsque la rupture
s'est produite au voisinage immédiat de l'observatoire du sommet, il est
arrivé souvent au gardien et au météorologiste de service de raccordera la
ligne, au delà de l'interruption, un fil de fer qu'ils posaient simplement
sur la neige et qu'ils conduisaient jusqu'au bureau télégraphique de l'ob-
servatoire. En ce moment, le fil traîne ainsi sur la neige, sur plusieurs
dizaines de mètres de longueur, à travers les ruines du temple de Mer-
cure.
» Lorsque l'interruption est sur la pente de la montagne, trop loin du
sommet, l'on fait appel à des employés du service télégraphique spéciale-
ment exercés à ce travail. Il leur arrive souvent de juger impossible ou inu-
(') Comptes rendus, t. CXVIII, n" 10 (5 mars 1894), p. 620, et n" 14 (2 avril 1894),
p. 738.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 8.) 6o
( 466)
tile d'atteindre aux godets isolants des poteaux et d'accrocher simplement
le fil nouveau, sur une certaine longueur, à une hauteur de i" à i",5o,
sans l'intermédiaire d'aucun isolateur.
» Lors même, d'ailleurs, que le fil est suspendu d'une façon normale,
il arrive, comme j'ai eu l'occasion de l'observer clans mes deux dernières
ascensions, et notamment le 8 février dernier, que la gaine épaisse de
givre et de neige qui transforme les poteaux en colonnes massives de près
de i" d'épaisseur emprisonne totalement à son intérieur les godets de
porcelaine, et se raccorde sur une large surface avec la gaine horizontale
dont le fil occupe l'axe. Dès lors, il y a, sur une longueur d'au moins i""",
communication du fil avec le sol par un large cylindre de givre et de neige
à chaque poteau.
» Dans aucun de ces cas, fréquemment réalisés durant l'hiver, les com-
munications télégraphiques ou téléphoniques ne sont gênées.
» Si l'on n'a pas songé, ici, à tendre à demeure un fil nu sur la neige,
c'est d'abord que ce fil ne servirait que durant l'hiver, et nȐme, pendant
cette saison, il arrive que certains points du flanc de la montagne sont ba-
layés par le vent et complètement débarrassés de neige, sans parler des
périodes où la température se relève assez pour que la neige fonde. Un fil
posé sur le sol aurait donc presque autant de chances de se rompre que le
fil porté sur poteau, et il serait moins aisé de trouver les points de rupture.
On se trouve, au point de vue de la conservation de la ligne, dans les con-
ditions climatériques les plus défavorables qu'il soit possible.
» Il sera peut-être intéressant de signaler ces pratiques, en usage ici de-
puis plus de vingt ans, qui consistent à raccrocher les fils sans isolateurs,
ou même à les laisser traîner sur la neige sur une grande longueur : elles
montrent que les personnes attachées à l'observatoire et les ouvriers télé-
graphistes chargés de la réparation des lignes de montagne, aussi bien, du
reste, dans la région du mont Dore qu'au puy de Dôme, ont toujours traité
la neige et le givre comme des isolants . Ces observations eussent-elles été,
d'ailleurs, plus généralement connues qu'elles n'auraient pas suffi à faire
préjuger le succès d'expériences comme celles du mont Blanc, où le fil
conducteur a été rais en contact avec la neige sur plusieurs kilomètres de
longueur. »
(467)
CHIMIE. — Sur certaines conditions de réversibilité.
Note de M. Albert Colson, présentée par M. H. Moissan.
« Les réactions hétérogènes réversibles ont, pour la première fois,
rattaché la Chimie à la Thermodynamique; il est donc utile d'établir que,
dans certains cas peut-être fréquents, la réversibilité est déterminée par
des causes accessoires d'ordre chimique. Il me parait certain, par exemple,
que la chaux obtenue par M. Moissan au four électrique ne se combinerait
pas avec l'acide carbonique entre 700° et 900", parce que celte chaux, qui
ne s'éteint plus par l'eau, est dans un état chimique différent de celle qui
prend naissance dans les expériences faites par Debray à ces tempéra-
tures (').
» Mais il y a plus : la reconstitution d'un corps dont les éléments restent
dans un état initial ou final identique peut dépendre d'une cause acciden-
telle. Exemple: Joulin a constaté que le carbonate d'argent donne lieu à
une dissociation réversible entre certaines limites, quand on opère sur
25'" ou 36'' de matière, mais que la réversibilité cesse dès que l'on opère sur
i6^(-). J'ai constaté qu'en réalité si l'on opère sur des corps bien secs,
dans un tube manométrique en contact avec de l'anhydride phosphorique,
on observe, quelle que soit la quantité de carbonate d'argent, une tension
fixe à une température donnée, mais sans réversibilité, c'est-à-dire sans
reconstitution du carbonate suivant le sens
CO» + Ag-0 = CO'Ag^
» Pour déterminer cette action inverse, il m'a toujours suffi de faire
arriver un peu de vapeur d'eau sur l'oxyde d'argent.
» Nous voyons donc ici la réversibilité déterminée par la présence
d'une petite quantité d'eau. Voici quelques tensions trouvées dans ce cas,
(') Déjà la chaux des calcaires compacts de l'Isère diffère notablement de la chaux
de craie : elle s'éteint moins facilement et donne de fréquentes prises en masse dans
l'appareil Weldon, ainsi que je l'ai constaté il y a vingt ans dans les usines de la
Compagnie Saint-Gobain.
(*) Joulin, Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. XXX, p. 282 ; 1878.
( 468 )
indépendamment des quantités de gaz carbonique enlevées par dégage-
ment à 240° :
Tensions fixes
au contact
de l'eau, à sec.
0 Dm Q>ui
A 182 Alcool amylique bouillant. .. . 21 4
167 >) .... 1 10 ?
182,5 Aniline bouillante i83 174
210 » 559 548
218 Naphtaline bouillante 768 »
)) La courbe des tensions irréversibles (à sec) se confond sensiblement
avec l'autre, si l'on tient compte de la tension maxima de la Tapeur d'eau
à la température 16" à 18" de l'expérience, correction qui n'a pas été faite
dans le Tableau précédent. Toutefois, l'eau en trop grande abondance est
susceptible d'apporter d'assez grandes perturbations; c'est ainsi qu'en
forçant la dose de l'eau, je suis arrivé à observer à 218° une tension de
8o3""" au lieu de 763"'".
» Action de V oxyde de carbone sur les oxydes. — J'ai été conduit à
refaire l'étude de la dissociation du carbonate d'argent, en cherchant si
l'oxyde de carbone se comporte comme l'hydrogène vis-à-vis de l'oxyde
d'argent.
» Le dosage de l'hydrogène par l'oxyde d'argent donne lieu, à 112°
aussi bien qu'à 0°, à une volatilisation d'argent, et je voulais voir si ce
transport est dû à la formation d'un hydrure d'argent ou bien à une sorte
de pression négative résultant de l'action chimique de l'hydrogène sur
Ag^O. En remplaçant H par CO, j'ai encore obtenu un transport d'argent,
mais d'une manière si irrégulière que je ne puis encore trancher la ques-
tion. Vers 10°, la réduction de l'oxyde métallique par CO est, en effet,
extrêmement vive avec mise en liberté d'argent blanc. Dans le chlorure
de méthyle, vers — 21°, la réduction est peu sensible : parfois le gaz CO
est absorbé totalement, mais, le plus souvent, il est en grande partie
remplacé par une quantité correspondante de gaz carbonique. Dans le
premier cas, il se forme évidemment du carbonate d'argent sur lequel
j'avais constaté des phénomènes de dissociation qui m'ont conduit à
reprendre l'étude ci-dessus exposée du carbonate d'argent.
» A la suite des publications de M. Berthelot touchant l'action des gaz
sur les métaux libres, j'ai en vain recherché la présence des composés
(469)
argenteux dans les corps solides transformés; l'oxyde d'argent en excès
s'oppose vraisemblablement à leur naissance.
» L'oxyde raercuriqiie se comporte différemment vis-à-vis de l'oxyde
de carbone, suivant que l'on s'adresse à la variété rouge ou à la variété
jaune. Dans l'obscurité, l'oxyde rouge ne s'attaque pas sensiblement,
même au bout de six semaines de contact, tandis que la variété jaune
transforme rapidement l'oxyde de carbone en gaz carbonique : loo*^*^ de
gaz CO au contact de S^"" d'oxyde jaune HgO fournissent 25*^*^ de gaz car-
bonique CO- en vingt-quatre heures, la transformation se ralentit quand
la pression de l'oxyde de carbone diminue.
» A la lumière, l'oxyde rouge noircit lentement en même temps que
l'on observe une formation d'acide carbonique (7 pour 100 de la masse
gazeuse en six semaines). Au contraire, l'oxyde jaune absorbe directement
l'oxyde de carbone, provoquant simultanément une diminution de pression
et une formation d'acide carbonique. Celte réaction rappelle l'action de
l'oxyde de carbone sur l'oxyde d'argent refroidi; j'en poursuis l'étude. »
CHIMIE PHYSIQUE. — CompressibiUlé des dissolutions. Note de M. Guinchant,
présentée par M. Haller.
« La compressibilité des dissolutions salines dans l'eau a donné lieu à
un grand nombre de recherches qui ont abouti à des formules empiriques
très variées. On sait aujourd'hui combien les phénomènes de dissociation
électrolytique et d'hydrolyse compliquent l'étude de ce genre de dissolu-
tions, et il était à prévoir que les dissolutions moins complexes, celles des
composés organiques dans l'eau, par exemple, conduiraient à des lois plus
simples et plus générales.
» Je me suis proposé de rechercher comment varie avec la pression ce
que M. Traube appelle le volume du corps dissous, c'est-à-dire la différence
entre le volume de dissolution et le volume du dissolvant. Soient V le volume
du dissolvant, V le volume de la dissolution sous une pression nulle;
l'accroissement de volumea éièv = V — V. Opérons la dissolution sousune
pression de i atmosphère; en appelant y et y' les coefficients de compres-
sibilité du dissolvant et de la dissolution, le volume du dissolvant sera
V(i — y) et le volume de la dissolution V'(i — y'); l'accroissement de
volume a été c — V'y' -h Vy. Posons V'y' —Yy = xv(x étant ce que nous
pouvons appeler par analogie le coefficient de compressibilité du corps
( 470)
dissous); il vient
V'ï'-Vy v , ,.
°^= V'-V °" ï-*= vzzvw"^-*-
^7 — =^se déduit de la composition en poids des dissolutions et de la densité
de la dissolution par rapport au dissolvant. On a
(P-Hp)D P+p
P(D — D')+/>D V{\ — d)-\-p
en désignant par p le poids de corps dissous dans un poids P de dissolvant,
par d la densité relative.
» D'autre part, si les compressibilités sont mesurées dans les mêmes
récipients ou dans des récipients de même matière, la différence y — y'
entre les coefficients de compressibilité absolue est égale à la différence
y, — y', entre les coefficients de compressibilité apparente. On a donc fi-
nalement
'?{l — d)-\-p
» Il n'entre dans le second membre que des quantités fournies directe-
ment par l'expérience. Dans les mesures que je vais décrire, y, — y', a
varié entre 1,7.10"' et i i,8.io~°; la valeur calculée pour y — a est restée
comprise sensiblement entre 46 et47-io~''. La moyenne 46,0.1 o"' est la
valeur trouvée par Regnault pour la compressibilité absolue y de l'eau; il
en résulte que a = o.
» Ainsi, le volume du corps dissous est indépendant de la pression, au moins
jusqu'à la pression de 4 atmosphères à laquelle ont été faites ces mesures.
Il y a donc tout lieu d'admettre que la variation de volume qui accompagne
la dissolution simple d'un corps dans l'eau est due à une variation dans
l'état d'agrégation du dissolvant plutôt qu'au volume occupé par les mo-
lécules dissoutes; dans cette dernière hypothèse, on serait conduit à re-
garder la variation de volume, indépendante de la pression, comme repré-
sentant le covolume du corps dissous, ce qui est inadmissible.
» La méthode dont je me suis servi est une méthode de comparaison analogue à
celle de Schneider ('). J'ai employé 5 piézomètres tous faits avec le même verre; ils
étaient formés d'un tube de cristal de 19™™ de diamètre et environ 33'^" de longueur,
représentant un volume d'environ 75™. L'une des extrémités était étirée en tube fin ;
(') RôNTGEN et Schneider, Wied. Annal., t. XXIX, p. i65.
( 47» )
à l'autre extrémité était soudé un tube capillaire préalablement jaugé au mercure; ce
tube était coudé presque à la soudure pour se redresser le long du réservoir piézo-
métrique.
» Le réservoir était pesé vide, puis rempli de dissolution par refoulement; après
remplissage, le tube fin était fermé à la lampe et une légère élévation de température
suffisait à faire sortir par le tube capillaire la bulle d'air restée dans le tube opposé.
Une nouvelle pesée faisait connaître le poids de dissolution introduite et permettait
de calculer son volume après avoir déterminé son poids spécifique.
» Pour la mesure des compressibililés apparentes, deux, piézomètres semblables,
contenant l'un de l'eau pure, l'autre la dissolution, étaient placés côte à côte dans le
cylindre de verre à compression immergé dans une cuve à faces de verre où circulait
un courant d'eau à température constante (12°, 9 à i3°,5). Les extrémités des tubes
capillaires étaient coiffées d'un long tube fermé, en sorte que la pression était trans-
mise par l'air. La pression était portée lentement jusqu'à 4 atmosphères, et à divers
intervalles on relevait, après un repos de cinq à six minutes, les niveaux des liquides
dans les tubes capillaires. Soient n, n' les nombres de divisions dont avaient varié les
niveaux, c, c' les volumes d'une division de chaque tube capillaire; V, V les volumes
de liquides; on calculait
rt'i"
ïi — _:_
Y, nv
V
— d,
nv cT
n et tu' étant les poids de liquide contenus dans les deux piézomètres.
» Des mesures directes sur le piézomètre à eau avaient fourni Yi = 43,5. io~' ; on
en déduisait la valeur de Yi — Yi-
» La détermination de la densité était faite par la méthode ordinaire du flacon en
même temps, et dans la même cuve, que la mesure de compressibilité, par conséquent
à la même température.
» Les expériences ont fourni les nombres suivants :
Nombre
de molécules
Corps dissous. par litre. Densité. Yi — Ti- T — "•
Alcool 1 0,9851 4i2l.i0-* 46,2.10""
» I 0,9920 2,3i.io~' 45,8. I0~*
Acide acétique 2 1,0181 4i84.io"' 46,4- 'O""
» I 1,0071 2,5o.io~'' 46,8.10"'
Alcool isobutylique i 0,9900 3,73.10-'' 47,2. io~'
» 0,5 0,9949 1,72.10"* 46,6.10—'
Acétone i 0,9948 2,94.10"' 46,5. lo"'
Sucre I 1,1 320 11,8 .10"' 46,1.10-'
Résorcine i 1,0228 3,63. lo"' 45,9. lO"'
Urée I i,oi83 3,53. 10-' 46,3. 10-'
(472 )
» Les solutions étaient préparées en plaçant dans un ballon de 200" le poids p de
corps à dissoudre pour obtenir les concentrations moléculaires en volume indiquées
précédemment; on remplissait le ballon jusqu'au trait à la température ambiante (18°
à 23°) et pesait à nouveau pour avoir le poids P du dissolvant. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Contribution à l'étude de l'indium.
Note de MM. C. Chabrié et E. Rengade, présentée par M. H. Moissan.
« Dans une Communication précédente ('), nous avons examiné les
raisons qui tendent à faire adopter pour le poids atomique de l'indium les
nombres voisins de i i3,4etàfaire rejeter ceux qui se rapprochent de 75,6.
La formation des aluns d'indium et des métaux alcalins nous a paru
être jusqu'ici la meilleure raison pour rapprocher l'indium des métaux
capables de donner des sesquioxydes.
» Rœssler, qui a fait l'alun d'indium et d'ammonium, a observé que ce
composé, chauffé en dissolution aqueuse, produit un trouble. Nous avons
observé le même fait avec les aluns d'indium et des métaux alcalins,
cœsium et rubidium, préparés par nous.
» Action de la chaleur sur la solution d'alun d'indium et de cœsium. — Nous
avons dissous de l'alun d'indium et de caesium, is'',597'^ dans 370'^'= d'eau, soit une
quantité d'eau cinq fois supérieure à celle nécessaire pour avoir une solution saturée
à -t-iS". Nous avons soumis le liquide à l'ébuUilion pendant cinq heures en renouve-
lant l'eau disparue par évaporation. Le précipité formé a été lavé à l'eau froide et
séché à 110°. Nous y avons dosé l'indium : l'oxyde, après calcination, pesait oS'', 1877,
correspondant à un poids d'indium égal à os'",i538. Le précipité ne contenait ni cœsium.
ni acide sulfuriqiie. Le poids d'alun étudié renfermant o»'', 2772 d'indium, l'expé-
rience nous montre donc que sa solution abandonne par l'ébuUilion un précipité
formé uniquement d'oxyde d'indium et correspondant à plus de la moitié de la quan-
tité de cet élément contenue dans l'alun étudié.
» Action de la chaleur sur la solution d'alun d'indium et de rubidium. — Nous
avons dissous oS'',66o2 de cet alun dans iio"^" d'eau, ce qui correspond à la même con-
centration que dans le cas précédent (mais non aux mêmes conditions par rapport
au coefficient de solubilité; d'ailleurs, dans les mêmes conditions de solubilité nous
nous sommes assurés que les résultats étaient analogues).
» Après ébuUilion, nous avons recueilli le précipité de la même manière que dans
l'expérience citée plus haut.
(') Comptes rendus', t. CXXXI, p. i3oo.
( 173 )
Nous avons trouvé :
gr
Oxyde d'indiutn o, 1256
Sulfate de baryte o, i i5o
Sulfate de rubidium 0,0273
ce qui correspond à :
Indium o, io36
SO* 0,0474
Rubidium 0,0176
» Les quantités correspondantes contenues dans l'alun étaient :
In o, 1235
80' 0,2088
Rb 0,0927
» Donc, ici, presque tout l'indiuiii a passé dans le précipité, et chose plus impor-
tante, ce précipité renferme de l'acide sulfurique et du rubidium. Nous ne croyons
pas opportun de proposer une formule dans ce cas.
» Nous avons donné les résultats de nos analyses relativement à l'alun d'indium
et de caesium ('). Nous crojons utile de publier ceux qui se rapportent au sel de
rubidium. Nous avons trouvé :
gr
I. Poids de matière 0,587 ln*0' o,i223
II. Poids de matière o,4o46 H'O o,i466
III. Poids de matière o,3i24 SO*Ba 0,0969
IV. Poids de matière o,4953 SO*Rb- o, 1090
ce qui fait en centièmes :
Théorie pour
I. II. III. IV. SO*Rb=+(SO')"In'-+-24H20.
In i8>79 " " " i8j7i
H-0 . . » 36, 02 » » 35,60
80*. .. » » 3i,o3 » 3i,64
Rb .... » » » i4i08 i4)04
» Cet alun, beaucoup plus soluble que celui d'indium et de cœsium dont nous avons
aussi déterminé la solubilité, se dissout dans la proportion de 44,28 de sel dans 100
d'eau à + i5°.
» Nous avons dit que l'acétylacétonate d'indium que nous avons obtenu
n'était pas volatil sans décomposition. Pour déterminer l'atomicité de
l'indium, il nous a été nécessaire de recourir à l'ébullioscopie.
(*) Des cristaux de ce sel paraissent avoir été obtenus dans une préparation micro-
scopique par Huysse {Nederlansch Tijdschrift voor Pharmacie, Chimie en Toxico-
logie, 1899).
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 8.) 61
( 474 )
» L'ébullioscopie de l'acétylacétonate d'indium dans le bromure d'élhy-
lène a donné le poids moléculaire 4o5 correspondant à la formule
[(CH^-CO)==CH]'In
(la théorie exigerait 4io), ce qui prouve que dans les conditions de l'expé-
rience l'indium est trivalent. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle sont
arrivés MM. V. etC. MeyerOen prenant la densité de vapeur du chlorure
d'indium. Mais nous ne partageons pas leur manière de conclure que, par
là, ce métal s'éloigne du fer et de l'aluminium qui sont tétravalents aux
basses températures, parce que nous avons déterminé par l'ébullioscopie
l'atomicité du fer et de l'aluminium au moyen de leurs acétylacétonates
en solution dans le bromure d'éthylène et que nous avons trouvé les
nombres 343 pour le fer, la théorie exigerait 353, et 348 pour le chrome,
la théorie demanderait 349, pour les formules [(CH^ — CO)^ ^ CHj'Fe
et [(CH' — C0)°= CH]'Cr. Nous concluons, au contraire, que les déter-
minations de l'atomicité rapprochent l'indium des métaux à sesquioxydes
et surtout de l'aluminium qui, d'après les recherches de MM. Friedel et
Crafts (^), possède une densité de vapeur lui donnant la formule APCl'
aux basses températures et AlCP à des températures plus élevées.
M De plus, on sait, d'après les recherches de MM. Urbain et Debierne ('),
que la cryoscopie assigne aux acétylacétonates des métaux capables de
donner des sesquioxydes des formules dans lesquelles le métal est tri-
valent, la densité de vapeur de l'acétylacétonate d'aluminium déterminée
par A. Combes (*) correspondant aussi au métal trivalent. Nous pensons
donc avec Dammer (*) que la densité de vapeur qui correspond à InCl'
pour le chlorure à haute température indique que la formule doit être
In^Cl" à température ordinaire.
» Il est tout à fait curieux que dans sa façon de se comporter avec le
mercure l'indium se rapproche du zinc comme le prétendait Berzélius, en
se fondant sur d'autres réactions.
» Ainsi, nous avons obtenu facilement un amalgame d'indium, par
combinaison directe des deux métaux.
C) Ber. D. ch. Gesells., t. XII, p. 6ii.
C) Comptes rendus, l. CVI, p. 1764.
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 3o2.
(*) Comptes rendus, t. GVIII, p. 4o5.
(») Handb. d. an. Chem., t. III, p. 227.
I
(475)
» On sait que M. Moi'ssan a dû recourir à des réactions plus délicates
pour réaliser la synthèse des amalgames de fer et des métaux chimi-
quement analogues ( ' ). »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau sulfate de molybdène cristallisé.
Note de M. Bailiiache, présentée par M. Haller.
« L'acide suifurique dissout l'acide molybdique à chaud et forme avec
lui un sulfate molybdique MoO'SO' connu depuis longtemps. Ce composé
se présente en cristaux incolores très solublesdans l'eau et déliquescents.
Si la solution sulfurique est soumise à une action réductrice, elle se colore
en bleu, mais on n'en avait retiré, à ma connaissance, aucun autre corps
cristallisé.
» Cependant on peut dans certaines conditions obtenir avec une grande
facilité un composé nouveau dérivant par réduction de l'anhydride double
MoO'SO' et parfaitement cristallisé. C'est le sujet du présent Mémoire.
» J'observai d'abord la formation de ce corps dans l'action du soufre
sur la liqueur sulfurique, et je pensai pouvoir facilement l'obtenir au
moyen de l'acide sulfureux, mais ce gaz ne produit pas de réduction sen-
sible dans ces conditions; on obtient, par contre, très aisément le résultat
cherché avec l'acide sulfhydriqiie. Voici comme il convient d'opérer :
)) On dissout l'acide molybdique dans six fois son poids d'acide sulfu-
rique et dans le liquide bouillant on fait passer un courant rapide d'hydro-
gène sulfuré. La liqueur se colore en bleu, puis en vert, et il se forme un
amas cristallin qui vient souvent obstruer le tube à dégagement. On laisse
refroidir tout en prolongeant le courant gazeux, et l'on trouve le vase, dans
lequel on opère, tapissé d'une couche de cristaux qui paraissent noirs, et
que l'on isole du soufre formé qui se rassemble aisément en gros globules
fondus à la surface du liquide. On les lave rapidement à l'eau distillée, on
achève par un lavage à l'alcool et l'on dessèche sous la machine pneuma-
tique.
>) Ainsi préparé, ce composé se présente sous l'aspect d'un sable cris-
tallin, d'une couleur très foncée, que l'on reconnaît au microscope formé
de prismes isolés très nets, d'un vert olivâtre.
» Ce corps est formé des mêmes éléments que l'anhydride double
MoO'.SO% mais le molybdène s'y trouve à un degré inférieur d'oxy-
{') H. MoissÀN, Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. i8o.
( 476 )
dation. On y a dosé le molybdène à l'état de bioxvde, et l'acide sulfuriqiie
à l'état de sulfate de baryte, après fusion préalable de la matière avec du
carbonate de soude. Par oxydation au moven d'une solution de bichromate
de potasse additionnée d'acide sulfurique, on a déterminé la quantité d'oxy-
gène nécessaire pour transformer tout le molybdène en acide molybdique.
» De ces différents dosages il résulte que sa composition se rapporte à
un sulfate de molybdène de la formule brute jMo-0'. 2SO'.
» En effet, on a
Trouvé. Calculé.
Mo^O' 62,42 62,963
2SO' 87,60 87,087
99,92 100,000
)) Enfin, l'oxygène nécessaire pour faire passer dans ce sel tout le mo-
lybdène à l'état d'acide molybdique est :
Trouvé 3,780 poui- 100 Calculé 8,708 pour 100
M Ce sel paraît, au premier examen, insoluble dans l'eau ; cependant il s y
dissout complètement au bout d'un temps très long à froid, en quelques
heures à l'ébuUition; il attire môme l'humidité de l'air et shumecte spon-
tanément s'il est conservé dans un flacon imparfaitement bouché. La
solution faite à l'abri de l'air est brune comme une infusion de café; à l'air
elle se colore rapidement, d'abord en vert, puis en bleu, en se transfor-
mant en oxyde bleu de molybdène. Evaporée à sec au bain-marie dans
un gaz inerte, elle donne un vernis noir se détachant en écailles non
cristallines, solubles dans l'eau et dans l'alcool. La solution alcoolique
évaporée sous la machine pneumatique donne également un vernis qui
contient encore au moins i4 pour 100 d'eau, souvent plus, selon qu'il a
séjourné plus ou moins longtemps dans le vide. Après plusieurs heures de
dessiccalion à l'étuve à -t-ioo"-! 10", ce chiffre est ramené à 7,6 ou 8
pour 100, Il faut porter la température jusqu'au delà de +200" pour le
déshydrater, et même alors retient-il encore quelques traces d'eau. Ce
corps n'est plus immédiatement soluble ni dans l'eau ni dans l'alcool et,
sauf qu'il est amorphe, il présente toutes les propriétés du sel cristallisé.
» La solution brune est décolorée avec la plus grande facilité par tous
les oxydants : acide azotique, acide chromique, permanganate, hypochlo-
rile, en se transformant en acide molybdique. Elle donne par double
décomposition avec les .sels de baryte solubles (azotate, chlorure) des
solutions brunes dont aucune n'a abandonné par évaporation de sel cris-
( hll )
tallisé. Elle se colore en bleu quand on l'arlrlitionne d'un molybdate alcalin,
en (lonnanL naissance à de l'oxyde bleu de molybdène. Traitée par les
alcalis, elle se dédouble en un molybdate qui reste en solution avec le
sulfate qui a pris naissance et en hydrate de bioxyde de molybdène qui se
précipite; enfin elle donne, avec le phosphate et l'arséniate de soude, des
solutions brunes d'une nuance très foncée. La solution alcoolique traitée
par le sulfocyanure de potassium donne un précipité de sulfate de potasse
et une magnifique coloration pourpre.
» Chauffé seul dans un tube, le sel anhvdre et cristallisé se transforme
en acide molybdique et en anhydrides sidfureux et sulfiirique qui se dé-
gagent. Il est oxydé à chaud par l'acide sulfurique et donne le composé
MoO'SO'; c'est ce qui se produit dans sa préparation, si le courant d'acide
suif hydrique vient à être interrompu. L'hydrogène le transforme au rouge
en bioxyde de molybdène avec perte de tout l'acide sulfurique. Il n'ab-
sorbe pas le gaz ammoniaque bien desséché, mais il est réduit par lui au
rouge sombre en bioxyde de molybdène qui retient i pour loo d'azote.
» Mélangé intimement avec du chlorure et du bromure de sodium et
cliaufié dans un tube à boules dans un courant d'acide carbonique, il donne
naissance à l'oxychlorure ou à l'oxybromure de molybdène MoO^Ci^ ou
MoO^Br^ et il reste du bioxyde de molybdène
Mo=0=2S0' ^ 2NaCl = MoO-Cl- + Na^S^O' ^ MoO-.
» Si l'on continue à chauffer, le bioxyde de molybdène réai^it sur le
disullate de sodium, il se dégage de l'acide sulfureux et il reste du di-
molybdate de sodium fondu
2M0O-+ Na-S-0' = 2SO='-f-Na=Mo2 0'.
» En réalité, les deux réactions chevauchent l'une sur l'autre, le bioxvde
commençant à réagir sur le disulfate à mesure qu'il se produit; ce|)endant
en chauffant modérément on peut obtenir le départ de tout l'oxychlorure
avant la décomposition totale du bioxyde, que l'on peut alors isoler facile-
ment par lavage.
« L'oxychlorure que l'on obtient dans ces conditions est en superbes
paillettes cristallines d'un blanc légèrement jaunâtre.
)) Je cro.is qu'un supplément d'étude est nécessaire pour établir la con-
stitution de ce nouveau composé, je me suis contenté d'admettre qu'il
renfermait de l'anhvdride sidfurique parce qu'il dérive de l'anhvdride
double MoO'SO^ et je ne l'appelle sulfate que pour la commodité du lan-
gage-
( 47» )
» C'est en vain que j'ai tenté d'obtenir le composé correspondant avec
le tungstène.
» Dans les mêmes conditions l'acide tiingstique se réduit bien un peu,
mais l'oxyde formé ne paraît pas se combiner à l'acide sulfurique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles réactions des dérivés organo-métalliques (II).
— Élhers x-alcoyl-^-cétoniqiies ('). Note de M. E. E. Dlaise, présentée
par M. A. Haller.
« Dans une précédente Communication, j'ai montré que les dérivés
organométalliques réagissent sur les corps à fonction nitrile pour fournir
des combinaisons qui, décomposées par l'eau, donnent naissance à des
dérivés cétoniques. La présente Note est relative aux éthers p-cétoniques,
mono ou dialcoylés en a que cette méthode permet d'obtenir.
» Ces éthers se produisent lorsqu'on condense les nitriles avec les
éthers a bromes des acides homologues de l'acide acétique, en présence
du zinc, et qu'on décompose par l'eau les corps qui résultent de cette con-
densation
R- C = Az-f-(R,R,)CBr- CO=C*H' 4- Zn
_ /Az - Zn Br
~ \C(R,Ro) — CO=C=H\
/^Az — ZnBr , /u>r» a u3
'^ - ^\c(R.R,) - cœc=H^ + ^'^"^ = ^^^"
+ Zn (OH)- + Zn Br- -+- 2R - CO - C(R, R^). C0^cn^^
» La réaction s'effectue aisément avec les nitriles acycliques et les éthers
bromes des acides gras; elle se produit également avec ces mêmes éthers
et les benzonitriles ou les nitriles cycliques substitués en para. Par contre,
les nitriles cycliques substitués en ortho ne donnent que des traces
d'éthers P-cétoniques. Enfin, les nitriles cycliques dont le groupement
fonctionnel est fixé sur une chaîne latérale, tels que le cyanure de benzyle,
se prêtent facilement à la condensation; cette réaction a été appliquée aux
éthers bromopropionique,bromo-isobutyrique et bromo-isovalérique d'une
part et, d'autre part, aux nitriles acétique, propionique, butyrique, isoca-
proïque, benzoïque, paraloluique et phénylacétique. Elle est donc très
générale et présente sur les méthodes connues l'avantage de permettre de
(') Faculté des Sciences de Lille.
I
( 479 )
faire varier à volonté, dans la molécule des étliers fi-cétoniques, les
radicaux R,R, et R,. Cette généralité s'étend évidemment aux cétones qui
résultent du dédoublement des éthers p-cétoniques.
» Le dédoublement célonique de ces éthers, au moyen des acides
étendus, devient de plus en plus difficile à mesure que leurs poids molé-
culaires augmentent; il est préférable de l'effectuer à l'aide des alcalis en
solution aqueuse, à 3o pour loo, et à i'ébuUilion.
» Enfin, tandis que les dérivés monoalcoylés de l'élher acétylacétique
donnent, en général, des réactions colorées avec le perchlorure de fer,
les dérivés correspondants des éthers acidylacétiques homologues ne se
colorent plus par ce réactif; ces corps ne semblent donc plus susceptibles
de prendre la forme lautomére énolique ou, tout au moins, n'existent à
l'état libre que sous la forme cétonique.
» La condensation peut être effectuée en l'absence de tout dissolvant,
mais il est préférable d'opérer en présence du benzène; le rendement est
accru et l'on évite la polymérisation de certains nitriles. Le mode opéra-
toire détaillé sera publié au Bulletin de la Société chimique, et je me bor-
nerai à indiquer ici que le rendement obtenu varie suivant les cas de 25 à
5o pour 1 oo.
» Après avoir vérifié la méthode par la préparation des éthers uiéthyl-
acétylacétique, diméthylacétylacétique et mcthylbenzoylacétique, je l'ai
généralisée en préparant quelques nouveaux éthers ainsi que les cétones
correspondantes. Celles-ci ont été caractérisées à l'état de semi-carba-
zones.
» Isopropylpropionylacétate d'élhyle :
CH'- CH'- CO - CH (- CHC^^^J],) - CO^C'H^
— Ce corps, obtenu en condensant l'étlier bromo-isovalérique et le propionitrile.
bout à io8°-io9° sous 21""". La cétone correspondante est connue.
» Dutyrylisobutyrate d'élhyle: CH^— CH' — Cil'- — CO — C(CIP)=' — GO^C^tP.
— On obtient cet éther au moyen du btilyronitrile et du bromo-isobutyrate d'élhyle;
il bout à loSo-iio" sous 29™". hdi propylisopropylcélone, qu'il donne par saponifica-
tion, bout à i29''-i3o'' et fournit une semicarbazone, fusible à ii7''-ii8°.
^^Isocaproylisobutyrated'éthyle:^^^CVi.-CVi^-CW-CO—C{C\Vf-(ZO^CmK
— On prépare ce corps comme le précédent, mais en partant du nitrile isocaproïque ;
il bout à I2i''-i24° sous 20™°'-22'"" et donne, par saponification, Visopropylisoamyl-
célonc. Celle-ci bout à \-^i°-\'^i°-. sa semicarbazone fond à gS^-gg".
» Le paraColuylisobutyrate d'élhyle: CH^ — Cni»- GO— C(GH')- — CO^C'H^
( 48o )
obtenu à l'aide du nilrile paratoluique et de l'éther bromo-isobulyrique, bouta 169°-
172° sous 25"°'.
)> Le phenacétylisobatyrate d'élhyle : C'^H'^— CH^— CO — G(CH')^— C0-— C^HS
préparé en condensant le cyanure de benzjle et le bromo-isobutyrate d'éthyle, bout à
i6l4°-i65° sous 16""; refroidi, il se prend en une masse cristalline. La benzylisopro-
pylcétone qui lui correspond bout à 234°-235'' et donne une semicarbazone fusible à
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des dérivés organomélalliques sur les éthers sels.
Note de M. A. IÎêiial, présentée par M. Haller.
« Une Note de M. Grig;nard, parue dans le dernier numéro des Comptes
rendus (t. CXXXIT, p. 336), m'oblige à présenter aujourd'hui l'ensemble
d'un travail relatif à l'action des dérivés organométalliques sur les éthers
sels de la série cyclique et acyclique.
» M. Masson a étudié, sous ma direction, l'action de ces (Urivés sur les
éthers sels de la série acyclique, et M. Valeur a commencé l'étude de la
même réaction sur les éthers des acides bibasiques. Dans la série cyclique,
les réactions sont plus complexes et j'ai eflectué un grand nombre de
recherches, tantôt seul, tantôt avec MM. Tiffeneau et Sommelet. En voici
les principaux ré-sultats :
» Les dérivés alcoylohalogénés du magnésium réagissent sur les éthers
sels delà série cvclique et leur action jieut être décomposée en trois phases :
» Dans la première, il y aurait fixation d'une molécule du dérivé organo-
métallique halogène sur l'éther sel :
CH»
I. R -C- 0-C^H'-+-I-Mg-CH' = R-C-0-C^H=.
Il I
O O - Mg - I
» Dans la seconde, une seconde molécule du dérivé organométallique
se fixe et élimine une molécule d'iodoalcoylate de magnésium :
CH' CH'
II. H-C-0-C2H»-Hl-Mg-CH'=R-C-CH^ + I-Mg-0-C=H^
O-Mg-1 O-Mg-I
» Enfin, dans la troisième phase, il y a formation d'un carbure à fonc-
( 48i )
lion éthyléniqiie :
lU. R_G_CH' =H-0-Mg-I + R-C=-CH^
O - Mg - I
» Il est possible qu'il se forme transitoirement l'alcool tertiaire corres-
pondant. Cependant, dans tous les cas, on a obtenu le carbure élhyléiiique
à part le méthylsalicylate de méthyle qui a fourni l'alcool.
» Les fonctions phénol libres ou élhérifiées ne s'opposent pas à celte
réaction.
» Les corps ainsi obtenus se polymérisent avec une grande facilité et
donnent naissance pour la plupart à des dimères bien cristallisés.
» Ces dimères se forment dans la réaction qui donne naissance aux mo-
nomères et parfois leur proportion est dominante. Ils dislillent dans le
vide sans altération. L'union des deux molécules s'est faite par la fonc-
tion éthvlénique; en effet, les corps qui possèdent des fonctions phéno-
liques libres restent solubles dans les alcalis et, de plus, ne fixent pas le
brome par addition.
» Théoriquement, il peut se former deux isomères dans cette réaction :
CH' CH'
R - C - CH' et R - C - CH^
Il II
R-C-CH- CH=-C-R
CH» CH'
>) Je n'ai pas pu jusqu'ici isoler les deux isomères.
» Les dimères, chauffés à la pression ordinaire, se scindent lentement
en deux molécules de monomères. Il ne se forme que peu de produits
acces-soires provenant de la décomposition d'une partie de la molécule;
du reste, si l'on emploie un ballon à col |)eu élevé, on peut les distiller à
la pression ordinaire sans altération très notable.
» Les corps à chaîne pseudopropylénique s'oxydent sous l'influence du
permanganate ou du mélange chromique employés en proportion ménagée
en donnant des méthylcétones :
R _ C^^îî'-.- O' = R - CO - CH' -r CH=0^
» Traités par l'iode et l'oxyde de mercure en présence de l'alcool comme
c. K., lyoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N° S) 62
( 482 )
l'a indiqué M. Bougault, ils donnent des corps se combinant au bisulfite
de sodium. On pourrait penser que les dérivés ainsi obtenus sont des
aldéhydes et ont été engendrés dans la réaction représentée par le schéma
suivant :
PTT. /CH='OH /CHO
R-Cf H-IOH=-R-CI r=R-CH -hUl.
\i-H \CH» \CH'
» Il n'en est rien. Ces corps donnent bien des combinaisons bisulfi-
tiques, mais celles-ci sont décomposables par l'eau. Ils fournissent des
oximes, mais celles-ci sont différentes de celles obtenues avec les aldé-
hydes découverts par M. Bougault, et qui répondent au schéma indiqué
plus haut. Ils donnent, sous l'influence du brome, du bromoforme; leur
point d'ébullition est plus élevé que celui des aldéhydes. Ils ne reco-
lorent pas la fuchsine décolorée par l'acide sulfureux. Tous ces caractères
conduisent à les considérer comme des méthvlcétones à chaîne normale,
il y a donc eu transposition moléculaire dans leur genèse et l'on peut
représenter la réaction qui leur a donné naissance par l'équation sui-
vante :
, CH-OH
R — CI = HI 4- R - CH^ - CO - CH'.
sCH^ Méthylcétone.
lodhydrine.
» La chaîne pseudopropylénique s'est donc changée en une chaîne pro-
pylique. C'est là une transformation très intéressante et dont on n"a pas
encore d'exemple. La transformation inverse, au contraire, est connue : il
suffit de rappeler la formation de la pinacoline à partir de la pinacone,
celle de l'aldéhyde diphénylacétique au moyen de l'hydrobenzoïne (Breuer
etZiNCKE, Z. A., t. CXCVIII, p. 182), celle de l'acide diphénylglycolique
à partir du benzile.
» Je me propose de montrer prochainement, dans un travail fait en
collaboration avec M. Tiffeneau, que si les aldéhydes découverts par
M. Bougault possèdent une chaîne pseudopropylénique, celle-ci provient
de la transformation de la chaîne propylénique des corps mis en œuvre et
non d'une chaîne triméthylénique, comme l'a supposé M. Bougault, en
faisant d'ailleurs des réserves. »
( 4B3 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses d'alcools tertiaires de la série grasse. Note
(le M. Henri Masson, présentée par M. Haller.
« Sur les conseils de M. Bélial, j'ai étudié l'action des dérivés organo-
niélalliques sur les éthers dérivés des acides monobasiques de la série
grasse. Je me suis servi, pour faire cette étude, au début, des dérives or-
ganométalliqucs du zinc; j'ai ensuite utilisé les dérivés organométalliques
du magnésiinu, qui sont plus maniables que ceux du zinc et avec les-
quels la réaction est plus nette. Dans tous les cas, j'ai obtenu des alcools
tertiaires.
)> En faisant agir sur un élher-sel l'iodure de magnésium méthvle ou
étlîvle, on détermine la transformation du groupement X — CO-C-H^
, R
en X — C — OH, la nature des radicaux K - R' et X dépendant d'une
\R'
part de l'iodure alcoolique employé, d'autre part de l'éther-sel mis en
œuvre.
» J'ai étudié cette réaction seulement dans le cas des iodures de méthvle
et d'éthvle, c'est-à-dire quand R r= R'; je me propose d'étudier le cas où R
est différent de R' en faisant un mélange équimoléculaire de deux iodures
alcooliques pour préparer le dérivé organométallique.
» Voici comment il convient d'opérer pour obtenir de bons rendements.
» On prépare une solution élhérée de dérivé organométallique (2 molécules)
comme l'indique M. Grignard, et l'on y laisse tomber goutte h goutte l'éther-sel
(i molécule). Quand tout est ajouté, on chauflTe pendant quatre ou cinq heures au
bain-marie et on laisse en contact environ douze heures. On décompose alors par
l'eau acidulée par l'acide acétique; on décante l'éther surnageant et on le traite par
une solution de bicarbonate alcalin pour enlever l'excès d'acide acétique. On distille
cet éther au bain-marie, et le résidu est chauffé avec de la potasse alcoolique pour
saponifier le reste d'éther-sel qui n'aurait pas réagi. On distille l'alcool au bain-marie,
on ajoute de l'eau au résidu pour dissoudre le sel de potasse. La couche surnageante
est décantée, lavée à l'eau plusieurs fois, séchée sur le sulfate de soude anhydre et
rectifiée.
» Avec les élhers-sels des acides élevés de la série il est préférable, après saponifi-
cation, d'entraîner l'alcool au moyen de la vapeur d'eau.
» Avec ceUe méthode on obtient des rendements de 80 à 85 poui- 100 en alcool
tertiaire, avec environ i pour 100 de carbure éthylénique correspondant.
( 484 )
» Voici la liste des alcools tertiaires nouveaux obtenus jusqu'ici :
Point
d'cbullition .
/CH3
Méthyl 2-pentanol 2 (dimélhylpropylcarbinol) C'H' — COH 124
\CH'
Éthyl 3-hexanol 3 (diéthylpropylcarbinol) C'H^ ^ COH iSg
Méthyl 5-éthyl 3-hexanol 3 (diélhylisobutylcarbinol) G' H' — CO H 172
/CH=
Méthyl 2-heptanol 2 (dimélhylamylcarbinol) C^H"— COH 162
\CH'
/C-H=
Éthyl 3-octanol 3 (diéthylamylcarbinol) C^H"— COH 199
XC^H^
/CH'
Méthyl 2-octanol 2 (dimétliyIhe\ylcarbinol) C"H"— COH 178
XCH'
/C=H=
Éthyl 3-undécanol 3 (diéthyloctylcarbinol) C^H"— COH 25o
XC=H=
n Ces alcools sont liquides, plus légers que l'eau, distillent sans décomposition à la
pression ordinaire et sont entraînables par la vapeur d'eau.
» Directement, ces alcools ne donnent pas de combinaisons avec le
réactif de Denigès, mais j'ai trouvé qu'en ajoutant un peu d'alcool ordi-
naire il y avait précipitation immédiate.
» Traités par le phosphore et l'iode, ils donnent des dérivés iodés.
Ceux-ci ne distillent pas sjins décomposition à la pression ordinaire, mais
s'entraînent à la vapeur d'eau. Traités par la potasse alcoolique, ils donnent
le carbure éthylénique correspondant.
» La meilleure préparation du carbure éthylénique est de chauffer
Talcool terliaiie avec la quantité théorique d'anhvdride acétique, en pré-
sence d'un peu de chlorure de zinc, pendant environ trois heures.
» J'ai commencé l'étude de ces carbures éthyléniques. En partant de
l'éthyl 3-hexanol 3, j'ai obtenu un carbure élhvlénique qui bout à i 19°-
) 20°.
( 485 )
') A l'aspect de la formule
/CW - CH'
CH'-CH^ -CH--COH
\CH--CH'
on voit que la déshydratation peut se faire de deux manières différentes;
on peut avoir l'un des deux carbures isomères suivants :
CH' - CIi= — ce = ^'Çç^, __ J^jJ, CH'~- CH^ - C.H= - C/^^^
,CH
3
M Pour trancher la question je me suis adressé à l'oxydation, et j'ai em-
ployé le mélange chromique.
» J'ai obtenu ainsi, d'une part, une cétone
CH'- CH=.CH=.CO - CH = .CH'
hexanone-3 que j'ai caractérisée par son point d'ébullition ([22°-i24°), par
son analyse et par l'analyse de sa semi-carbazone qui fond à 1 18°; d'autre
part, de l'acide acétique qui a été caractérisé par l'analyse de son sel d'ar-
çent. Il se forme en même temps un peu d'acide butyrique provenant de
l'oxydation ultérieure de l'hexanone.
» Le carbure élhylénique est donc réthyl-2-hexène-2
CH»-CfP--CH=- C(^ "-
\CH'. ..
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les spectres d'absorption des indophénols et des colo-
rants du triphénylmélhane . Note de MM. C Gamiciiki. et P. Daybac,
présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note récente {Comptes rendus, t. CXXXII, n" 6), nous avons
montré que la loi des auxochromes, énoncée [lar M. Lemouit, ne s'appli-
quait pas aux iiidophénols, et nous avons expliqué l'erreur qui avait été
commise dans les expériences qui paraissaient avoir établi cette loi. Notre
conclusion était la suivante : les indophéuols à azote tertiaire (c'est-à-dire
dérivés de la /).-amidodimetliylaniline) présentent une bande rouge qui
commence dans le spectre visible et se termine dans l'infra-rouge; la posi-
( 486 )
tion de cette bande ne peut être définie par ses extrémités apparentes.
Nous nous proposons aujourd'hiu de généraliser cette conclusion.
» a. Nous avons étudié trois indophénols à azote primaire (c'esl-à-dire de la/). -phé-
nylènediamine) ; nos expériences ont porté sur :
L'indophénol du thymol,
» de l'orthocrésylol,
» du phénol.
» Le premier et le dernier de ces corps ont été préparés cristallisés par l'un de
nous ; le deuxième provient de la Société des matières colorantes de Saint-Denis.
» Les conclusions ont été les mêmes que pour les indophénols à azote tertiaire.
« Voici quelques nombres indiquant, pour une solution A d'indophénol du phénol
ordinaire à azote tertiaire, et pour une dissolution B d'indophénol du phénol ordi-
naire à azote primaire, quelques valeurs du coefficient k par lequel il faut multiplier
l'intensité incidente dans la solution pour avoir l'intensité émergente ; les longueurs
d'onde correspondant aux diverses valeurs de A sont marquées en regard. Les solu-
tions A et B sont faites avec des teneurs du corps dissous proportionnelles aux poids
moléculaires, c'est-à-dire à 226 et 198.
k.
>>. A. B.
H-
0,720 o,3o5 0,773
0,700 o, i35 0,543
0,686 o,o3o 0,363
0,671 " 0,206
o , 660 » o , 1 1 5
11 B est la solution de l'indophénol du phénol ordinaire à azote primaire, préparé
par la Société de Saint-Denis.
» On voit que l'indophénol à azote tertiaire est beaucoup plus absorbant que l'autre ;
c'est ce qui explique l'aspect des deux spectres de A et B. La bande rouge donnée
par B paraît déplacée vers les radiations plus réfrangibles. Les nombres précédents
montrent aussi avec quelle rapidité la courbe représentative de k monte au voisinage
de l'infra-rouge.
« Nous avons pensé que les colorants du triphénylméthane, mentionnés dans la
Note de M. Lemoult {Comptes rendus, t. CXXXl, n°21), qui donnent, eux aussi, une
bande rouge, présentaient la même particularité que les indophénols.
11 Les corps que nous avons pu étudier sont : le vert malachite, le vert sulfo-J, le
violet cristallisé (hexaméthylé), le vert de méthyle.
)) Le résultat a toujours été le même : bande rouge dont une extrémité seulement
est dans le spectre visible.
» Nous pouvons conclure des expériences précédentes que la loi des
auxochromes n'existe pas davantage pour les composés du triphénylmé-
( 4«7 )
thane que pour les indophénols. Le remplacement d'un azote tertiaire par
un azote primaire, le nombre des azotes tertiaires sont des facteurs ayant
une grande influence sur l'absorption de la lumière [on voit, par exemple,
que le remplacement de (CH')- par H- dans l'indophénol du phénol rend
le corps moins absorbant]. Mais la loi véritable du phénomène reste à
trouver.
» Nous avons étudié l'influence de la concentration sur les solutions
alcooliques d'indophénols et sur les solutions aqueuses des colorants du
triphénylmétliane; jusqu'à présent, nous avons toujours vérifié que le
coefficient d'absorption est proportionnel à la concentralion. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution du glucose (i). Note
de M. L.-.î. Simon, présentée par M. Haller.
» I-es propriétés aldéhydiques du glucose sont représentées par la
formule linéaire de Berthelot, FiLlig, Riliani :
CH=OH - CHOH - CHOH - CHOH - CHOH - CHO.
Cette formule est d'accord avec les processus de réduction et d'oxydation,
avec la fixation d'acide cyanhydrique réalisée par Riliani et enfin elle en-
cadre bien les recherches stéréochimiques de Fischer.
» Par contre, cette formule laisse inexpliqués certains points intéres-
sants :
» 1° La stabilité des sucres réducteurs à l'état libre; la disparition des caractères
de la fonction aldéhydique dans les pentacétates (l^ranchiniont, Erwig et Kônigs, Tan-
ret), dans le peiitabenzoate (Skraup), dans les glucosides syntliétiqnes (Fischer),
ainsi que dans certains glucosides naturels (Marchlewski).
1) 2" L'apparition d'une nouvelle isomérie pour les phénylliydrazones (Skraup),
les oximes (Wolil), les pentacétates (Francliimonl, Tanret), les penlauilrales (Will
et Lenze), les chloraloses (Heffter, Hanriot) et surtout pour les glucosides (Fischer);
)i La découverte des modifications particulières du glucose, du galactose et des
autres aldoses qui a permis à Tanret de donner l'explication décisive du pliénoujène
de la multirotation.
» J'ai été amené à cette manière de voir par le raisonnement suivant :
» L'isomérie particulière que présentent certains dérivés du glucose
(') Travail fait au laboratoire de Chimie de ('Ecole Xormale supérieure.
( 4«8 )
(pentacétates, phéiiylhyclrazones, chloraloses, glucosides) et les modifi-
cations 7- et y du glucose lui-même, n'a pas le même caractère que l'iso-
mérie que présentent entre eux les différents hexoses (glucose, mannose,
galactose, etc.).
» Des deux pentacétates, on a pu repasser au glucose qui leur corres-
pond, au dextrose et non pas à un autre, tel que le mannose; des deux
niéthvlglucosides, Fischer est revenu au dextrose sans retomber sur un de
ses isomères. De chacune des modifications a, p, y de Tanrot, on peut
repasser aux autres sans jamais franchir le fossé qui semble les séparer du
mannose, du galactose ou des autres.
» Il ne peut donc être question ici que d'une isomérie en quelque sorte
surnuméraire, greffée superficiellement sur la première. A cette isomérie
surnuméraire correspondraient des formes d'équilibre secondaire, stables
dans certaines conditions, instables dans d'autres.
)i li'action de l'eau serait l'une de ces circonstances défavorables; au
sein de l'eau, cette isomérie surnuméraire disparaîtrait et ne laisserait sub-
sister que la forme aldéhydique.
» Vérificalwns. — \° Dans ces conditions, il fallait donc s'attendre à
voir les pouvoirs rotatoires des deux isomères surnuméraires oxydiques
comprendre entre eux celui de l'isomère aldéhydique. C'est, en effet, ce
qui résulte des faits :
Pouvoir rotatoire. a. --. i ' p.
Glucose io6 22,5 64,25 52,5
Galactose i35 53 94 81,6
Arabiiiose 170 <;75,5 i25 io4,io5
Rhamiiose — 6,5 i5,8 4j65 10,1
Lactose 88 <32 60 56
)) Le poiwoir rotatoire de la modification [i est toujours compris entre les
pouvoirs rotatoires des modifications oLCt -^ et à peu prés à égale distance de
chacun cVeiix.
« On rend compte actuellement de la plupart de ces manifestations
expérimentales en admettant pour le glucose deux i'ormules lautomères,
l'une aldéhydique qui n'est autre que la formule de Berthelot écrite plus
haut, et l'autre qui renferme une liaison oxydique et dont il faut faire
remonter la première idée précise à Tollens.
CH^OH - CHOH - CH - CHOH ~ CHOH - CHOH.
L O I
( 489 )
» Il est clair que l'on peut aisément passer de l'une à l'autre par une
hydratation et une déshydratation successives.
» La liaison oxydique fait apparaître dans la formule un nouvel atome
de carbone asymétrique (le dernier); aux deux configurations qu'il permet
de concevoir correspondront donc deux isomères. En sorte que nous dis
poserons, ^of//" un glucose déterminé, de trois formes distinctes: une aldé-
hydique et deux oxydiques.
)) Dès que Tanret eut isolé à l'état libre les trois modifications du
glucose qu'il a désignées sous les symboles (a, p, y,), Lobry de Bruyn et
van Ekeustein d'une part, O. von Lippmann d'autre part, les ont fait
correspondre aux trois formules schématiques. Leurs hypothèses sont dis-
tinctes. Ces deux hvpothèses distinctes ont cependant ceci de commun
que ces deux savants attribuent au glucose p, celui qui ne présente pas de
multirotalion, une formule oxydique.
» C'est à l'hypothèse opposée que je me suis arrêté.
)i La forme p du glucose, celle dont le pouvoir rotatoire prend immédiate-
ment sa valeur limite, correspond à la formule aldéhydique.
1) Les formes y. et y qui possèdent la multirotation, c est-à-dirc qui prennent
en solution aqueuse des pouvoirs rotatnircs immédiats variables, tendant en
sens inverse l'un de l'autre vers le pouvoir de p, correspondent aux deux
configurations stéréochimiques de la formule oxydique.
» 1° Les méthylglucosidesde Fischer ne diffèrent des glucoses que par
la substitution de CtP à H, ce qui ne doit pas modifier profondément les
relations de ce genre. Cela résulte encore des données numériques.
a + c Modif. p
a. c. 2 (le Tanret.
Mélh^'lglucoside i55,5 — 3i,85 62 52
Mélhylgalactosicle 178,8 i-s 89,4 ^0°,[\
Mélhjlxyloside 162,2 —65,8 43° 19°, 2
Le pouvoir rotatoire delà modification p est encore compris entre les pou-
voirs rotatoires des deux mélhylglucosides correspondants et à peu prés à la
même distance de chacun d'eux.
» Les élhylglucosides ne sont connus que sous la modification a; on ne
peut donc, à leur égard, conclure de la même manière d'une façon cer-
taine. Cependant, comme les valeurs des pouvoirs rotatoires varient très
peu lorsqu'on passe d'un niéthylglucoside à l'éthylglucoside correspon-
dant, il y a toute vraisemblance pour qu'il en soit de même dans ce cas.
c. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 8.) 63
( 490 )
» 3° Dans la manière de voir actuelle, les hydrazones, les oximes, etc.,
seraient représentées par la formule oxydique : leur isomérie serait sur-
numéraire. Et comme, pour ces dérivés, rien ne s'oppose en outre à
l'existence d'une modification déduite de la formule aldéhydique, ils de-
vront posséder la multirolatioa et se conduire à cet égard comme le glu-
cose lui-même. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Les actions diastasiques du platine colloïdal el d' autres
métaux ('). Note de M. G. Bredig, présentée par M. Duclaux.
« Berzélius avait signalé l'analogie entre l'action de contact du platine
dans la décomposition de l'eau oxygénée et l'action des ferments solubles.
Schônbein montra qu'un grand nombre d'enzymes exerçaient sur l'eau
oxygénée la même action accélératrice ou catalylique que le platine.
L'étude de ces actions catalytiques a été reprise dans ces dernières années;
le nombre de ces actions est extrêmement grand et leur importance, mise
en lumière surtout par Ostwald, est très grande aussi bien pour la Science
que pour les applications techniques. Je rappelle ici l'action catalylique
des ions H des acides dans la transformation de l'amidon en sucre, dans
l'inversion du saccharose, dans la saponification des élhers, et parallèlement
les actions de Tamylase, de 1 invertine et de la lipase. Rapprochons encore
l'action sur les corps albuminoïdes des ions H d'une part, de la pepsine
et delatrypsine de l'autre; la fermentation alcoolique par le zymase deBuch-
ner, la théorie de von Bayer sur la formation des hydrates de carbone par la
réduction de l'acide carbonique en aldéhyde dans l'assimilation des plantes,
et la même action réductrice produite par le palladium hydrogéné d'après
Bach; la décomposition du foruiiale de chaux par l'iridium d'une part et
par certaines bactéries de l'autre. Enfin, de même que la mousse de pla-
tine, un grand nombre de diastases (celles du pancréas, émulsine, inver-
tine, myrosine, abrine, ricine, etc.), d'extraits d'organes végétaux ou
animaux, certaines toxines (par exemple, la toxine diphtérique d'après
Ruppel) et le liquide organique le plus important, le sang, accélèrent la
décomposition de l'eau oxygénée. Cette action sur l'eau oxygénée peut
disparaître par l'élévation de la température ou par l'addition de certaines
substances, sans que l'action spécifique de ces diastases disparaisse. On
(') Travail fait au laboratoire de Chimie physique de l'Universilé de Leipzig.
( 491 ;
pourrait donc admettre que la catalyse de l'eau oxygénée est due à une
diastase spéciale mêlée aux diaslases spécifiques précédentes. Cette con-
clusion résulte de ces fails que le sulfate d'ammonium précipite cette
diastase comme tous les colloïdes, que des quantités extrêmement faibles
de diastase suffisent pour décomposer de grandes quantités d'eau oxy-
génée, et que cette action catalytique disparaît par l'addition de traces
d'électrolytes, d'acide cyanhydrique, d'hydroxylamine, etc.
» L'étude approfondie de l'action des catalysateurs inorganiques, sur-
tout des ions H des acides et des ions OH des bases, a été faite un grand
nombre de fois : leur action est soumise aux lois de la Cinétique chimique
(Guldberg et Waage, Van'tHofF, Ostwald, Arrhenius, etc.). Il ne manque
pas d'essais faits pour soumettre l'action des diastases organiques aux
mêmes lois :je rappelle ici les belles recherches deDuclaux('), Tamman,
Medwedew, O' Sullivan, etc. Mais dans toutes ces recherches apparaît une
différence fondamentale entre l'action des diaslases et celle des catalysa-
teurs inorganiques : tandis que ces derniers (par exemple, dans l'action
des acides sur le saccharose) exercent leur action en milieu homogène, les
diastases organiques sont toutes des colloïdes ; or les recherches de Linder,
Picton, van Bemmelen, Barus, Bredig, etc., montrent que ces solutions
colloïdales sont des suspensions de particules extrêmement petites, dont
la grandeur est inférieure à la longueur d'onde lumineuse ; ce sont donc
des milieux hétérogènes. On peut donc dire que les acides sont des cataly-
sateurs homogènes, et les diastases organiques des catalysateurs hétéro-
gènes. On ne doit donc pas être surpris de trouver des différences entre
les actions de ces deux tvpes de catalysateurs.
» Comme la composition des diastases organiques est extrêmement
complexe et encore inconnue, il était important de pouvoir étudier l'ac-
tion de catalysateurs inorganiques hétérogènes. Cette étude a été rendue
possible par l'emploi de solutions colloïdales de métaux, surtout du pla-
tine. Par une méthode que j'ai décrite en i8g8 dans le Zeilschr.f. angew.
Chemie, en faisant éclater l'arc voltaïque dans l'eau distillée entre deux fils
de platine, on obtient une solution très sombre (brun noir), traversant les
filtres, qui polarise la lumière, qui peut être considérée comme une solu-
tion colloïdale du platine, et qui possède des actions catalytiques intenses
que j'ai étudiées en collaboration avec MM. MùUer vonBerneck, R. Ikeda
et R. Ernst.
(') DucLAUx, Microbiologie, Vol. II.
( 492 )
» Le premier fait est la quantité extrêmement faible de platine qui suffit
pour produire la catalyse de grandes quantités de substances. Ainsi, par
exemple, dans une expérience de M. Ernst, 25'='', 5 de ma solution de
platine contenant o"'^'',!'] de Pt produisirent, en deux semaines, la combi-
naison de io'"du mélange explosif oxygène + hydrogène, et, après cette
action, l'activité de la solution s'est plutôt accrue. Une trace d'acide
cyanhydrique, d'iode ou d'acide sull hydrique diminue considérablement
cette activité. (Faraday avait déjà signalé l'action inhibilrice de H'S pour
le platine métallique.) De même, M. Mûller von Berneck trouva qu'une
solution colloïdale de platine contenant i^"^ de Pt dans 3oo millions de
grammes d'eau accélère, d'une manière sensible, la décomposition de l'eau
oxygénée. L'or colloïdal exerce en milieu alcalin une action presque aussi
intense que le platine, comme l'ont montré des expériences que j'ai faites
avec M. Reinders. Ces actions intenses rappellent les actions aussi intenses
produites par certaines diastases, par les toxines et les poisons.
» De même que les diastases sont, en général, précipitées par les élec-
trolytes, le platine colloïdal l'est aussi.
» L'action des diastases organiques augmente avec la température jus-
qu'à une température optimum et, après avoir passé par un maximum,
leur action diminue; cette propriété avait été considérée comme une carac-
téristique spécifique de l'action des diastases organiques. M. Ernst a trouvé
que le même optimum de température existe pour l'action catalytique du
platine colloïdal dans la combinaison du mélange oxyhydrique. A une
température supérieure, l'activité du platine colloïdal va en diminuant.
« De même que beaucoup de diastases et le sang, le platine colloïdal
colore en bleu la teinture de gaïac et rougit l'aloïne; et celte action est
empêchée pour le platine colloïdal, comme pour les diastases, après addi-
tion d'acide cyanhydrique ou de H- S. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Rôle fies canaux pe'rilonéaux. Note de
M. S. JocRDAiîî, présentée par M. Edmond Perrier.
« Chez tous les Vertébrés femelles, il existe une ouverture établissant
une communication entre la cavité splanchnique et l'extérieur. Cette ouver-
ture consiste primordialement en une solution de continuité des parois
ventrales, par laquelle l'œuf est expulsé au dehors. L'œuf détaché de
l'ovaire tombe dans la cavité splanchnique et, soit par le jeu de cils vibra tiles,
(493)
soit par les contractions des parois de celte cavité, est poussé vers le pore
abdominal, point de moindre résistance, qui lui livre passage. Par suite
d'un perfectionnement, ce pore se prolonge à l'intérieur sous forme d'une
tubulure, l'oviducte, qui assure d'une manière plus régulière la sortie du
produit femelle.
» Divers Yerlébrés aquatiques possèdent un autre orifice, établissant
une communication entre la cavité abdominale et l'extérieur. Ces orifices,
connus sous le nom de canaux périlonèaux , se rencontrent chez les Séla-
ciens et certains Reptiles (Crocodiliens, Chéloniens).
» Ils ne paraissent pas devoir être considérés comme homologues des
pores abdominaux et |)hysiologiquement ils en diffèrent.
» Chez les Sélaciens, on pourrait les nommer canaux péritonèo-péricar-
cliques, puisqu'ils mettent non seulement la cavité abdominale, mais encore
le péricarde, en communication avec l'extérieur.
M Ils perdent de leur importance chez les Chéloniens, où ils sont réduits
chacun à un cul-de-sac diverliculaire de la cavité péritonéale. Il n'existe
donc plus de communication effective du sac périlonéal avec l'extérieur.
» Jamais ces conduits ne livrent passage aux produits de la génération.
Dans les animaux où on les rencontre, il existe toujours un oviducte ca-
nalisé.
» Quel est l'usage de ces canaux péritonéaux? J'ai pu m'assurer que,
chez les Sélaciens, ils servent à lester l'animal par l'introduction d'une cer-
taine quantité du liquide ambiant dans la cavité péritonéo-péricardique et
à le délester par l'expulsion du liquide introduit. Ils jouent donc le même
rôle que les caisses à eau ou ballasts de nos bateaux jjlongeurs. Ils agissent
à l'inverse de la vessie natatoire, qui transforme les poissons qui en pos-
sèdent en aéronautes aquatiques.
» Chez plusieurs Invertébrés, il existe, en dehors des organes segmen-
menlaires, une communication facile entre la cavité générale et l'eau am-
biante. J'ai signalé jadis une disposition de cette nalure chez le Sipunculus
gigas, dont l'extrémité postérieure du corps s'ouvre à l'extérieur par un
orifice muni d'un sphincter. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l'aclion du chloroforme sur le pouvoir
réducteur du sang. Noie de MM. M. Lambert et L. Garmer, présentée
par M. Armand Gautier.
« L'apparition de la propriété réductrice dans l'urine après chlorofor-
misalion, maintes fois signalée, a été expliquée de différentes façons. On
( 494 ) ^
l'a tour à tour attribuée à de la glycose, à du chloroforme en nature et à
une substance réductrice dérivée du chloroforme. I/expérience suivante
montre que le pouvoir réducteur du sang défibriné augmente sensiblement
sous l'rtction de vapeurs chloroformiques :
» Deux litres de sang défibriné provenant d'un animal, cheval ou bœuf,
récemment sacrifié sont placés, par parties égales, dans deux vases iden-
tiques. Au fond de chaque vase est amené par un tube de verre un courant
d'air provenant d'une trompe. I.es courants d'air des deux vases, branchés
sur la même conduite au moyen d'un tube en Y, ont la même intensité. Ils
passent, avant de parvenir au sang, tlans un flacon laveur contenant pour
l'un des appareils quelques cenlimèlres cubes d'eau (de manière à appré-
cier le courant d'air), et pour l'autre la même quantité de chloroforme.
Un flacon garni de coton fait suite au premier, de manière à arrêter les
parcelles de liquide qui pourraient être mécaniquement entraînées. Le
sang est placé en même temps dans les deux vases laissés à la température
du laboratoire, et l'on y prélève au bout de cinq minutes et après une heure
des échantillons de 3o^'' de sang dans lesquels on dose le pouvoir réduc-
teur. La méthode d'analyse est celle que nous avons employée antérieure-
ment (^Journal de Physiologie et de Pathologie générale, novembre 1900).
Elle consiste à précipiter et à épuiser le sang par l'alcool à g5°. L'extrait
alcoolique évaporé, dégraissé et repris par l'eau, est rais au contact d'un
excès de liqueur cuprojjotassique bouillante. Le pouvoir réducteur est
déterminé par le dosage volumétrique du cuivre précipité dans cette
réduction.
» Le Tableau suivant donne les résultats de six expériences. Les chiffres
expriment en glucose le pouvoir réducteur rapporté à 100^'' de sang :
Sang aéré Sang chloroformé
après après
au début, une heure. au début, une heure.
Clieval o,o53 0,089 o,o35 o,o36
Bœuf 0,067 0,007 0,021 0;048
» 0,043 o,o35 0,00g 0,067
» 0,007 0,059 0,059 0,074
» 0,076 0,078 o,o63 0,107
» 0,062 0,067 0,064 0,086
» On voit que la glycolyse, dont l'intensité est d'ailleurs variable sui-
vant les expériences, paraît parfois suractivée au début sous l'influence
des vapeurs chloroformiques. Mais, d'une manière constante, le pouvoir
{
( 495 ,)
réducteur du sang chloroformé est notablement augmente au bout d'une
heure.
« Ce fait ne peut pas tenir à la présence de chloroforme dans le liquide
réducteur, étant donné le procédé d'épuisement employé.
» Il faut donc admettre, ou qu'il se forme aux dépens du chloroforme
une substance réductrice (acide formique, acide trichlorométhylglycuro-
nique?), ou que le chloroforme met en liberté un sucre réducteur ré-
sultant de la dissociation d'une molécule protéique.
» Il y a lieu de se demander si le chloroforme n'exerce pas une influence
semblable quand il est administré à l'animal vivant. Dans des recherches
récemment publiées {loc. cit.) nous avons vérifié que le pouvoir réduc-
teur du sang augmente après l'anesthésie chloroformique et que, suivant la
doctrine de Cl. Bernard, ce phénomène coïncide avec une diminution
du glvcogène hépatique. En pratiquant des circulations artificielles dans
deux lobes d'un foie récemment extirpé avec du sang défibriné, dans l'un
d'eux, avec le même sang saturé de chloroforme, dans l'autre, on constata
que la disparition du glycogène se fait plus rapidement dans le second. En
même temps le pouvoir réducteur du sang servant à la circulation aug-
mente davantage pour celui qui est chloroformé, mais dans des propor-
tions plus considérables que ne pourrait le faire pi'ésumer l'excès de gly-
cogène disparu. C'est l'observation de ce dernier fait qui a servi de point
de départ aux recherches que nous rapportons ici. Elles montrent que
l'augmentation de pouvoir réducteur du sang chez les animaux chloro-
formés pourrait ne pas tenir uniquement à une formation plus active de
sucre et à une diminution dans sa consommation. »
BOTANIQUE. — Sur ridentité des modijicalions de structure produites dans
les cellules végétales par le gel, la plasmolyse et la fanaison ('). Note de
MM. L. JIatruchot et M. Molliard, présentée par M. Gaston Bonnier.
n Dans une Note précédente (-), nous avons décrit les modifications
de structure qu'on observe dans cerlaines cellules végétales soumises à
l'action du iroid.
(') Travail fail au laboratoire de Botanique de la Sorboniie, dirigé par M. Gaston
Bonnier.
(-) Matruchot et Molluru, Sur certains phénomènes présentés par les noyau.r
sous l'action du froid [Comptes rendus t. CXXX, p. 788; 19 mars 1900).
( 496 )
» Nous avons montré en particulier que, dans le parencliynoe des feuilles de Narcisse,
certains noyaux présentent des déformations très constantes. La matière chromatique
s'y dispose en un réseau à mailles larges, avec tendance à être rejelée à la périphérie;
dans les cas de déformation extrême, la chromatine se condense sous forme d'une
calotte ou d'un anneau équatorial, et le noyau prend une structure unipolaire ou bi-
polaire tout à fait caractéristique.
» Nous avons observé aussi que l'orientation déterminée dans les éléments nucléaires
est en relation évidente avec la position respective du noyau et du suc cellulaire,
ainsi qu'avec l'épaisseur de la couche protoplasmique qui sépare ces deux éléments.
» Enfin, nous avons tenté d'expliquer ces diverses structures en imaginant que, par
l'action du gel, il se produit entre le noyau et le reste de la cellule des phénomènes
de diffusion particuliers : il se produirait, à l'intérieur du noyau, une, deux ou plu-
sieurs vésicules qui, augmentant de volume et refoulant devant elles le réseau chro-
matique en le comprimant, finiraient par déterminer les principales structures
observées.
» Nos recherches ultérieures, outre qu'elles nous ont montré la géné-
ralité de ces modifications morphologiques, nous ont confirmé dans notre
manière d'interpréter les faits et nous ont permis de pénétrer plus avant
dans le mécanisme du phénomène. Nous avons été amenés à penser qu'il
s'agit là d'une simple exosmose de l'eau de constitution du noyau, se tra-
duisant d'ailleurs par une diminution de volume de celui-ci. Sous l'action
du gel, il se ferait à l'intérieur du noyau une séparation entre deux sub-
stances : le nucléoplasma et l'eau de constitution. I.e nucléoplasma,
devenant moins liquide et plus chromatique, prendrait la forme d'un
réseau à mailles larges et à filaments épais. L'eau de constitution, se
séparant du reste du noyau, s'assemblerait en vésicules de plus en plus
volumineuses, susceptibles même de faire éclater le noyau en se déversant
au dehors.
» Cette manière de voir est en complet accord avec ce que l'on sait sur
la mort des tissus par le gel. A la suite des recherches de divers expérimen-
tateurs, en particulier de MuUer Thurgau, qui avait montré que les tissus
gelés sont appauvris en eau, Moliscli a développé une théorie de la mort
par le gel d'après laquelle la matière vivante ne meurt que parce que la
congélation, déterminant un appel d'eau au dehors de la cellule, abaisse
la teneur en eau du protoplasma à im degré incompatible avec sa vie.
» Nos expériences apportent, nous semble-t-il, une confirmation directe
de celte théorie. En effet, au lieu d'observer l'exosmose de l'eau dans du
cytoplasma, où ce phénomène n'accuse pas de caractères morphologiques
bien particuliers, nous observons la sortie de l'eau hors d'un noyau, dans
( 497 )
(les conditions où le processus du phénomène est bien défini et où l'on en
peut facilement distinguer les divers stades.
» Cette particularité est due à la nature des cellules étudiées. Dans le
parenchyme de Narcisse, en particulier, ce sont des cellules à large va-
cuole cytoplasmique, dans lesquelles le protoplasma est réduit à de minces
Lunes dont l'une englobe le noyau. L'appel d'eau dû à la congélation se
fait sentir, en ce cas, presque directement sur le noyau et y provoque une
exosmose rapide de l'eau; on comprend dès lors que les Irouliles méca-
niques ainsi apportés dans la texture du novau délerminenl luie orienta-
tion des éléments nucléaires vers le point ou les points de diffusion maxima.
De là l'origine de cette structure générah^ment uni- ou bipolaire que pré-
sentent les noyaux des cellules gelées : les [)ôles sont les points de facile
sortie de l'eau, là où le noyau n'est séparé du suc cellulaire que par une
mince couche protoplasmique.
» Si cette manière d'inter|)réter les faits est bien exacte, si c'est bien
une sortie d'eau qui, par l'action du gel, se fait dans ces noyaux suivant
un processus déterminé, on doit arriver à observer les mêmes phénomènes
niorj)Iu)logiques en privant d'eau des cellules similaires de la même plante
par d'autres procédés,
» C'est, en effet, ce que l'expérimentation démontre, pour la dessicca-
tion par plasrnolyse et pour \a fanaison.
» 1° Plasrnolyse. — En plasniolysanl ces cellules particulières du parenchyme de
Narcisse à l'aide de glycérine à lo pour loo additionnée d'un peu d'éosine, nous avons
pu suivre, dans le champ du micioscope, la formation de vésicules à l'intérieur du
novau, leur extension en volume, leur fusionnement deux à deux, leur éclatement au
dehors; nous avons retrouvé, à diverses reprises, les stades correspondant à l'anneau
équalorial si caractéristique des noyaux gelés, lîn un mot, avec des difFérences qui no
sont que de second ordre, nous avons déterminé dans les noyaux, par une exosmose
d'eau due à la plasrnolyse, les mèines phénomènes morphologiques que par l'action du
» 2° Fanaison. — Des feuilles de Narcisse coupées ont été abandonnées à la dessic-
cation naturelle (fanaison lente) ou soumise à une prompte dessiccation, à la tempé-
rature ordinaire, dans une atmosphère raréfiée et constamment desséchée (fanaison
rapide). Dans l'un et l'autre cas nous avons retrouvé dans le protoplasma et le noyau
les mêmes apparences que ci-dessus. Bien que l'exosmose de l'eau se fasse toujours
ici plus lentement, elle détermine la même vacuolisation du cyloplasma et du noyau,
et les figures nucléaires chromatiques sont tout à fait analogues à celles que nous
avons décrites plus haut.
0 En résumé, les faits qui viennent d'être énumérés établissent que le
C. R., lyoi, I" Semestre. (ï. CXXXU, N» 8.) 64
( 49^ )
gel, la plasmolvse el la fanaison lente ou rapide déterminent dans certaines
cellules des phénomènes entièrement parallèles. En particulier le noyau
s'y montre comme étant le siège d'une exosmose d'eau s'effeclnant par un
processus identique. Nous avons ainsi établi à l'aide d'arguments tirés de
l'étude cytologique que la mort des cellules par congélation correspond
bien à un abaissement considérable de la teneur en eau, et qu'en réalité
la mort par gel est une mort par dessiccation. »
ÉCONOMIE RURALE. — ■ Valeur alimentaire el culture de V ajonc.
Note de M. A.-Ch. Giiiard, présentée par M. P. -P. Dehérain.
« Dans plusieurs régions de la France, particulièrement dans les terrains
primitifs, l'ajonc épineux couvre de vastes surfaces appelées landes; dans
un travail d'ensemble ('), nous avons montré que cette légumineuse peut
jouer là un rôle très important comme engrais, comme litière, comme
fourrage. C'est ce dernier point de vue, le plus intéressant et le plus con-
troversé, que nous nous bornerons à envisager ici,
» L'analyse d'un grand nombre d'échantillons de provenances très diverses nous a
appris que l'ajonc, venant dans des sols à peu près identiques, empruntant son azote
à l'air libre, soustrait à l'action des pratiques culturales, a une composition assez
uniforme; elle est en moyenne la suivante :
Eau 52,67
Cendres i , 57
Matières grasses 0,90
Matières azotées 4 > 55
Extraclifs non azotés 26,99
Cellulose brute t4j32
» Le taux d'humidité est très faible pour une plante verte; celui de la cellulose est
élevé; les matières azotées sont presque toutes à l'état d'albuminoïdes; enfin les
matières ternaires, désignées sous le nom vague à^extractifs non azotes, introduit par
la science allemande, comprennent une faible quantité de matières sucrées et de corps
pectiques, une proportion de pentosanes variant de 8 à 10 pour 100, des acides orga-
niques et de la vasculose.
i> L'ajonc est constitué par deux, parties distinctes, les tiges et les piquants; l'ana-
lyse de nombreux, échantillons nous a permis de déterminer leur proportion et leur
composition respectives :
(') Annales agronomiques, t. XXVII, p. 5.
( 499 )
Tiges. Piquants.
Proportion ceutésimale 82,09 ^7'9'
Eau 53, i3 ^7,29
Cendres 0,88 i ,^J
Matières grasses OjQ' 0,9^
Matières azotées 2)24 4 1 98
Extractifs non azotés 24, 1 4 22,99
Cellulose 18,70 12,33
» Les piquants, qui apportent une si grande gêne dans l'utilisation de la plante, en
constituent cependant la partie la plus importante comme poids et comme richesse
en principes alimentaires; on y trouve deux foii plus de matières azotées que dans
la tige, un tiers en moins de cellulose; c'est donc un fourrage plus tendre et plus
concentré. Il y a entre le piquant, feuille de forme particulière, et la tige, les mêmes
relations que nous avons nous-niême constatées entre la feuille darbre et le pétiole,
entre la feuille et la branchette.
» En cherchant à améliorer l'ajonc, au point de vue fourrager, on irait
au rebours de la logique, si l'on s'efforçait de produire lane plante sans
épines; ce qu'il faut tâcher de réaliser, c'est d'émousser les piquants tout
en en nuiltipliant le nombre.
» Mais le seul exainen de la composition chimique ne peut suffire à fixer
la valeur d'un fourrage et conduit à des erreurs graves, dont la théorie des
équivalents nutritifs nous offre de nombreux exemples. Il faut, par des expé-
riences directes sur les animaux, déterminer dans quelles proportions les
divers éléments révélés par l'analyse sont utilisés par l'organisme, établir
ce qu'on appelle les coefficients de digesùbilité .
» Ces ex|)ériences faites sur le chevalet sur le mouton nous ont conduit aux résul-
tats suivants :
Sucres et Curps Ensemble des
Matières corps saccha- cxlraclifs
azotées. Cellulose. pecLiques. riliables. non azotés.
Coefficients de digestibilité pour le cheval.. . 56, o 42,8 100 54,7 54,6
« 1) mouton.. 5 1,8 33, 1 100 65,8 53,8
M Le taux pour 100 des principes digérés est peu élevé, comme on voit. Mais ces
chiffres prendront une signification plus grande, si on les compare à ceux que, par les
mêmes procédés d'analyse et d'expérimentation, nous avons obtenus dans des
recherches, effectuées en collaboration avec notre maître M. A. Muntz, sur les foins
et les luzernes. Le Tableau suivant en donne le résumé, en ne tenant compte que des
éléments digestibles qui seuls interviennent dans ralimenlatioii :
( 5oo )
Matières
Ensemble des
oo''s
d'ajoncs frais
contiennent . .
azotées
digestibles,
ks
9. , 55o
matières ternaires
digestibles.
kï
21 ,220
))
de luzerne verte
)) . .
3 , 200
i2,.53o
)>
» sèche
» , .
. 7,85o
38,i3o
»
de foin de prairies
» . .
4,810
.52,620
» On voit que rajonc frais contient : ^ en moins de matières azotées eL près de 2 fois
plus de matières ternaires digestibles que la luzerne verte; 3 fois moins de matières
azotées et presque 2 fois moins de matières ternaires que le foin de luzerne; 2 fois
moins de matières azotées et 2,5 fois moins de matières ternaires que \e foin de prai-
ries.
)) Coordonnant toutes le.s données de nos expériences, quantités de
fourrages consommés, poids des animaux, composition chitnique et coefll-
cienls de digeslil)ilité, nous pouvons résumer ainsi nos conclusions : loo'"-''
d'un mélange à poids égaux de foin de prairies naturelles et de foin de prai-
ries artificielles seraient à peu près exactement remplacés par 25o''^ d^ ajoncs
frais, en raisonnant sur des produits de qualité moyenne.
» Ceux qui dénigrent systématiquement l'ajonc et ceux qui le vantent
à l'égal des meilleurs fourrages commettent une exagération. Même réduite
à sa juste valeur, cette plante ne mérite pas moins l'attention des agri-
culteurs; il serait désirable que son emploi, dans l'alimentation du bétail,
se généralisât dans les pavs où elle vient en abondance.
» Cette légumineuse peut se cultiver comme une véritable prairie arti-
ficielle ; si alors on rapproche les conditions de sa j)roduction des faits que
nous venons de résumer, elle va nous apparaître comme une plante mer-
veilleuse.
» Après avoir établi que les exigences en principes fertilisants d'une
culture d'ajoncs sont aussi élevées que celles de la plupart de nos cultures,
nous avons étudié les types de terres de landes où l'ajonc vient, soit spon-
tanément, soit après seinis; nous les avons trouvées ordin;n'rement assez
riches en potasse, mais d'une pauvreté extrême en acide phosphorique et
en chaux; l'azote, qui est souvent abondant, n'y est pus susceptible de
nitrifier. De pareils sols semblent frappés de stérilité; qu'on y sème des
céréales, des prairies naturelles, des légumineuses, des racines, des tuber-
cules, on n'obtiendra rien, si ce n'est de chélives récoltes de sarrasin ou
de seigle. Qu'on y sème, au contraire, de l'ajonc, et sans engrais, sans
soins, en laissant agir la nature, celte légumineuse, fixatrice d'azote, admi-
rablement constituée pour exploiter h sol et l'atmosphère, louriùra, pen-
( 5oi )
(lant une série d'années, des rendements que nos déterminations directes
nous permettent d'évaluer à un minimum de 20000**^ [lar hectare et par an.
» Rapprochant nos données cultiiralcs de nos expériences d'alimenta-
tion, nous arrivons à cette conchision frappante que l' ajonc peut fournir une
lècolle correspondant, par hectare, à 8000''^ de foin; c est-à-dire que la pro-
duction d'une ajonnière, dans les sols les plus médiocres, vaut, surface pour
surface, la production fourragère des terres les plus fertiles.
» Connaissant dès lors les multiples services que l'on peut tirer de l'ajonc
comme engrais, comme litière, et surtout comme fourrage, connaissant sa
rusticité, la simplicité de sa culture, ses reudemeiils élevés, nous nous
refusons à considérer comme aussi déshérités qu'on le pense les pays de
landes. Nous pensons au contraire qu'il y a là un champ admirable ouvert
à l'initiative et aux capitaux des agriculteurs, ([ui sauront prendre cette
ressource naturelle comme base de leur exploitation.
» Si les agronomes allemands ont donné au lupin le nom de plante d'or
des terrains sableux, nous pouvons, sans exagération, attribuer à Ictjonc
celui de plante d'or des terrains primitifs. »
GÉOLOGIE COMPARÉE. — Examen d'une metéorile tombée dans l'île
de Ceylan, te i3 avril i']g5. Note de M. îSïamislas Melmkr. (Extrait.)
« La collection des météorites du Muséum d'Histoire naturelle vient
de s'enrichir d'un échantillon précieux au point de vue historique, et
j'accomplis un agréable devoir en adressant mes vifs remercîmenls à
M. Emile Nève, à la générosité duquel nous en sommes redevables.
» Il s'agit d'une pierre tombée le i 3 avril 1795, vers 8'' du malin, à l'île
de Ceylan et qui ne figure jusqu'ici d;.ns aucun Catalogue. La chute a été
décrite en détail, dès l'année 1800, par Heurich-Julius Le Bek, qui était
directeur de la Monnaie de Batavia ('). Chladni, à la page 262 de son
célèbre Ouvrage intitulé Feuermeteore , publié en 1816, a repris le récit de
I^e Bek, d'où il résidte qu'à la date indiquée, « on entendit dans la province
)) de Carna\velpattu, à 4 'îiilles de Mulletiwa, un bruit resseiublant à une
» canonade, pendant laquelle lurent précipitées sur le sol beaucoup de
(') Benierliungen iiber einige Ceilonisclie Fossilien und ilire Sclileif Méthode
(Der Naturforscher, 29= cahier, p. 242 à 252, Halle, in-8°). — Voir aussi Moll's
Aanalen der Bcrg-uiid Hiitlenliunde, \oI. H, p. 97; iSo3.
( 5o2 )
11 pierres brûlantes qui, une fois refroidies, furenl recueillies el apporlées
" au Gouverneur )>. « Une de ces pierres, ajonle Chladni, doiiL Le Bek
» |jossédait le quart, pesait 7 onces; cet auteur la décrit comme un
)■ trass ou brèche de lave, consistant en un mélange de terre à porcelaine
» d'un gris de perle et d'un mortier jaunâtre avec des parties finement
» grenues, des grains cristallins de fer sulfuré, avec une épaisse croûte
» ferrugineuse noire, une densité assez forte, etc. (') ».
M J'ai scié la pierre suivant son plan de symétrie et la surface obtenue
a été polie. On ^ reconnaît les caractères d'un très grand nombre de mé-
téorites, de celles qui étaient surtout connues du tem[)s de Chiadni, dont
l'appréciation finale se trouve ainsi pleinement justifiée. C'est une roche
d'un gris très clair, sur le fond de laquelle se détachent par leur éclat de
nombreuses granules métalliques, très branchues et de grandeur très iné-
gale. Elles consistent en fer nickelé. Presque toutes sont environnées d'une
auréole où la roche ambiante est ocracée, et il est manifeste que la cause
en est dans quelque principe très oxvdable, renfermé originellement dans
les grenailles ou placé à leur voisinage. Ce princi[)e consiste effectivement,
pour une bonne part, en sulfure de fer, dont il a été très aisé de mettre la
présence en évidence; il y a aussi du chlorure de fer, et l'eau dans laquelle
avait bouilli un peu de poussière de la météorite précipitait nettement par
le nitrate d'argent. Sur la surface polie, on voit aussi des globules pierreux
de diverses grosseurs et de diverses couleurs, de])uis le gris très clair à
peine bleuté jusqu'au gris noirâtre : il en résulte une ressemblance avec
les parties terrestres dites oo//M/yMe5. Cette observation, de même que les
résultats d'un examen plus minutieux, conduisent à placer la météorite de
Ceylan dans le type lithologique appelé montrésite, si fréquemment repro-
duite par les pierres tombées du ciel.
» A cette occasion, il faut rappeler que toutes les montrésites ne sont
pas rigoureusement identiques entre elles, attendu que les globules
ou chondres peuvent y être plus ou moins rapprochés les uns des autres,
c'est-à-dire réunis par un ciment jilus ou moins abondant et que, d'un
autre côté, elles peuvent être plus ou moins friables. La variété qui nous
occupe est à ciment abondant, ou, si l'on veut, à chondres relativement
écartés et à cohésion notable : la pierre de Ceylan est tout à fait semblable
à la météorite tombée à Utrecht le 2 juin 184^ et à celle qui est tombée à
( ' ) Dans sa Dissertation inaugurale publiée en 1 SSg, Harris Iraduil parliellement le
passage de Cliladni.
( 5o3 )
Pnompehn (Cambodge), en juin 1868, qui peuvent nous procurer d'excel-
lents termes de comparaison.
)) LVxamen microscopique d'une lame mince taillée dans la météorite de
Ceyian confirme et complète l'étude de la surface polie. Elle montre la
coexistence, dans la masse, de l'olivine, de l'enstatite, d'un pyroxène
magnésien et d'une substance vitreuse très peu abondante, interposée
entre les minéraux précédents, f/olivine et la bronzite constituent parfois
des chondres admirablement constitués et dont l'apparence est très diverse
selon le sens de la section qui les traverse. Les granules de fer nickelés se
produisent par des apophyses plus ou moins grêles qui se logent dans les
interstices et jusque dans les plans de clivage des minéraux silicates. De
très petits grains d'un noir profond paraissent formés de fer chromé.
» L'analyse chimique a permis de séparer 17 , 25 pour 100 de fer nickelé, à 8 pour loo
de nickel ; on a ensuite constaté la présence de 4' i23 pour 100 de silicates attaquables
à l'acide chlorhydrir|ue et formés pour la majeure partie d'oliviue, avec un peu de
composés alumiiieux vraisemblnblement feldspa thiques, ainsi que de 82,27 pour 100
de silicates insolubles, de nature pyroxénique. On a trouvé ro.ii pour 100 de sulfate
de fer, d'après la proportion d'acide sulfurique produit par l'attaque de la roche à
l'acide azotique fumant.
» La densité de la météorite de Ceyian est égale à 3,677. »
M. FiRMiN Larroque adresse, par l'intermédiaire de M. A. Cornu, le
résumé d'une étude psycho-acoustique dont la conclusion est lu suivante :
Contrairement à l'opinion émise par von Heimbolz, « le. timbre n est pas
indépendant des différences de phases et d'intensité relative des sons par-
tiels )i .
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
\a séance est levée à f\ heures et demie.
M. B.
( 5o4 )
BDLLETIK BIBMOtiR APillQUB.
Ouvrages reços dans la séance du ii février 1901.
Etienne Geoffroy Sainl-Hilaire. Lettres écrites d'Egypte à Cuvier, Jussieu,
Lacépède, Mange, Desgenettes, Redouté jeune, Norry, etc., aux professeurs
du Muséum et à sa famille, recueillies et publiées avec «ne Préface et des
Notes par le D'' E.-T. Hamy, Membre de l'Institut. Paris, Hachette et C'*,
1901; I vol. in-i2 (Présenté par M. Albert Gaudry.)
Manuel d' Histologie pathologique, par V. Cornil et L. Ranvier, Membre
de l'Institut, avec la collaboration de MM. A. Brault et M. Letulle;
3' édition; t. ï. Paris, Félix Alcan, 1901; 1 vol in-8°. (Présenté par
M. Lannelongue.)
Chirurgie de l'intestin, par M. Jeannel; 2* édition, revue et considéra-
blement augmentée. Paris, igot ; i vol. in-8". (Présenté par M. Guyon ;
pour le concours du Prix Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Le Phylloxéra, sa destruction par le Lysol, par G. Cantin. Paris, 1900;
I fasc. in-8°.
Service géographique de l'Armée. Guclt es Slel : Algérie, au ^„„'„„„, feuille
n° 35; Kef Abbeb et Medjez el Bah : Tunisie, au 7777^, feuilles 1 et 27 ;
Djebibina : Tunisie, au 777^^00' feu'He 2G; Berbera : Afrique (Région orien-
tale), au .,^,)*^„^ , feuille 30; Bénin et Moukdicha : Afrique (Région équa-
toriale), au ^^7777777777, feuilles 33 et 38; Kagoshima et îles Hokoubou : Asie,
au TJTT^TT^. feuilles 32-132 et 28-132; Bassin inférieur du Yang-Tse Kiang :
■'^sie, au 77777^777777- (Envoi du Sous-Chcf d'Elat-Major général de l'Armée.^
V Enseignement mathématique. Revue internationale paraissant tous les
deux mois; directeurs : C.-A. Laisa>t et ÎI. Fehr; 3^ aimée, n° 1, i5 jan-
vier 1901. Paris, G. Carré et C. Naïui ; i fasc. in-8°.
Revue de Mécanique, Revue mensuelle, publiée sous le patronage et la
direction technique d'un Comité de rédaction composé de MM. Haton
DE LA GoupiLLiÉRE, Membre de l'Institut,,... T. VIII, n° 1, 3i janvier
1901. Paris, V^" Ch. Dunod, rgoi ; i fasc. iti-4''.
L'Eleclrochimie. Revue mensuelle des Sciences et de l'Industrie :
l'Aluminium et ses alliages; directeur : Adolphe Minet; 7*^ année, n" 1,
janvier 1901. Paris; i fasc. in-4°. {A suivre.)
On souscrit à Paris, cl: z GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Gramls-Augustins, n° 55.
el part du ,« Janvier . ^ "'^'"'1"^ ^® "°™« <^ Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
Le prix ,t,- l'abonnement est fixe ainsi qu'il suit
. •'^'■'^ ^ 20 h. - Dépaitcments : 30 fr. - Union postale : 34 f,-.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
Agen. .
Alger..
Amiem
Angers.
t ,
Bayonne
Seiançon . .
Bordeaua:
Bourges . .
Brest.
Caen
Chambcr\
Cherbourg
CUrmont-Ferr.
Di^on
Douai. . j
lirenobte j
^Hochette
t« Havre .
Mte..
chez Messieurs :
Ferran frères.
Chaix.
Jourdan.
'Ruff.
Courtin-Hecquet.
, Germain etGrassin
' Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
I Feret.
; Laurens.
' Muller (G.).
Renaud.
Derrien.
I F. Robert.
I Oblin.
Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
Kfenrj.
Marguerie.
Juliot.
Bouy.
Nourry.
Ratel.
Rey.
Lauverjat.
Degez.
Drevet.
Gratier et C*.
Foucher.
Bourdignon.
Dombre.
Thorez.
Quarré.
I Lorien '
L y on .
Marseille..
I Afontpelliei
Moulins . . .
Nancy . . .
Nantes .
\Mce
I Aimes.. .
! Orléan.!
Poitiers.
Bennes . . .
Rochefoi I
Rouen. .
S'-Étien..
Toulon . . .
Toulouse
Tours.
Vaienciennes .
chez Messieurs
I Baumal.
' M"' 'Jexier.
Bernoux el Cumi
Georg.
Eiranlin.
Sa\'y.
Vitte.
Ruât.
( Valat.
i Coulel et (ils.
Martial Place.
! Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
( Guist'han.
' Veloppé.
1 Barma.
\ Appy.
Tbibaud.
Luzeray.
\ Biancfaier.
! Marche.
Plihon et Her\c
Girard (M"")
\ Langlois.
' Lestringant.
Chevalier.
\ Ponleil-Burits
( Rumébi.
{ Gimet.
I Privai.
. Boisselier.
\Amsterdani .
Athènes. . .
Barcelone.
Berlin. . .
Berne . . . .
Bologne.
Bruxelk-
Buchares
Pèricat.
SuppligcDo.
i Giard.
[ I.eiiiailre.
Budapest
Cambridge
Christiania. . .
Constantinop U .
Copenhague . .
Florence. . . .
Gand
Gènes
Genève
La Haye
Lausanne
Leipzig.
Liège.
chez Messieurs :
1 Feikema Caarelsen
' ■ ' et C".
Beck.
Verdaguer.
1 Asher el C'.
' Dames.
. Friediander et fils.
Mayer et Muller.
Schmid Francke.
Zanicbelli.
1 Lamerlin.V
. MayolezetAudiarte.
! Lebègue et C'V
) Sotchek et C°.
' Alcalay.
Kilian.
Deighlon, BeJlelC».
Cammermeyer.
. OUo Keil.
Host et fils.
Sécher.
Hosle.
Beuf.
Cherbuliez
j Georg.
Stapeiraohr.
Belinfante frères
I Benda.
' Payoi et C".
Banh.
I Brockhaus.
Lorentz.
\ Max Rube
Twietmeyer.
, Desoer.
' Gnusè.
chez Messieurs :
, . , Dulau.
Londres ' ,, ,
, Hachetle et C'«.
IMutl.
Luxembourg
V. BUck.
Ruiz et C.
Madrid . . Romo y Fussel.
( Capdeville
F. Fé.
Milan ) Bocca frères.
! Hœpli.
Moscou. . . T.>„.
laatevin.
Naples \ Marghieri di Gius.
I Pellerano.
^ ^ , \ Dyrsen et Pfeiffer.
^^-fork Stechert.
LemckeetBuechner
^''«"« Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Reber.
^'"'''' Magalhaès ei Moui»
P'"gue Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
Home j ^"«^«a frères.
( Loescheret C*.
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
S'-Petersbourg .
1 Zinserling.
I Woifr.
Bocca frères.
I Brero.
1 Clauseï».
RosenbergetSellier.
Varsovie Gebelhner et Wolff.
Vérone Drucker.
Vienne >'*'•■''=''■
' Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
Turin .
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^^^1^<!^^^:ZX!X'^:^''' i^ Pl-ysiologie des Algues, par MM. A. D.n.s et A.-J.-J. Sou.. - Mémoire sur le C.„. „„„„...
li^estion des matières 'g'asse s" tr^ ir cruo' Bcr,r'\ > ".' '' "'" ' 'T "," ^"' Pa-réatique dans les phénomènes digestifs, particnliérement dans
''onielI-Mém ' - ,' "^ '^'"'*'"'- ^"'""'^ '"-4- avec 3 > planches; i856 15^^
'ences pour le conco^uYs de llll l?'nn'i'°!r' '"" '^'' ^'^^' l'^'' '^^''"■E'"^'<- - ^ssai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'.^cadémie des
'-rains' sédilTtares suivant VordredlT^sr'' " ," n' ""''' ^ " "'"''" '" '°'^ '^ '=■ distribution des corps organisés fossiles dans les différents
Rechercher la nature des rann 7"'' ""^ ''"' superposition. - Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. -
^= ^7 planches fs"? '' *"" ' '"""' "'"' ^""'' '" ''''"' '"=°='"'^T"'= " ^«= états antérieurs », par M. le Professeur Bao... i„-4o
15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de rAcadémie des Sciences et les Mémoires irésentés par divers Savants àj Académie des Sciences
N" 8.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2a févii^i 1901.)
MÉMOIRES ET GOMMUIVlGATIOrVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE,
Pages.
M. Lœwy. — Apparition d'une étoile nou-
velle dans la constellation de Persce ... 449
MM. A. MuNTZ et E. Rousseaux. — 1^ ndes
Pages,
sur la valeur agricole des terres de Mada-
gascar 45 1
MÉMOIRES PRÉSEIVTES.
M. jM.^URiOE Meunier soumet au jugement
de l'Académie un travail intitulé : " Note
/
sur un projet d'appareil télégraphique. ». 456
CORFESPOIVDATVCE.
M. Samuel Gâche adresse ses renit-rcîmenls
à r.\cadémie pour la distinction accordée
à ses Travaux 45;
M. Flammahion. — Sur l'apparition d'une
étoile nouvelle dans la constellation de
Persée 45?
DOH Lamey. — Sur les variations en gran-
deur et en position des satellites révélant
l'existence d'une atmosphère cosmique... 458
M. Edmond Maillet. — Sur une certaine
catégorie de fonctions transcendantes. . . 460
M. Vasseur. — Traces superlicielles laissées
par les outils dans le travail du sciage
des métaux l\(si
M. Bernard Bruniies. — Sur les propriétés
isolantes de la neige 4'^5
M. Albert Colson. — Sur certijines condi-
tions de réversibilité 4^7
M. GuiN'ciiANT. — Comprcssibilité des dis-
solutions 4('9
MM. G. Chabrié ci E. Hengade. — Contri-
bution à l'étude de l'indium 472
M. Bailhaciie. -- Sur un nouveau sultatc
de molybdène cristallisé 475
M. E.-E. Claise. — Nouvelles réactions des
déri-vés organo-métalliques (H). Étlicrs
et alcoyl-p-cétoniques 4.^8
BUI.IJÎTIN BIBLIOGIlAPlIIOlili
M. A. Béhal. — .\ction des dérivés organo-
raétalliques sur les éthers-sels
M. Henri Masson. — Synthèses d'alcools
tertiaires de la série grasse
MM. G. Gamiciiel et P. Bayrac. — Sur les
spectres d'absorption des indophénols et
des colorants du Iriphénylméthanc
M. L.-J. Simon. — Sur la constitution du
glucose
M. G. Brediu. — Les actions diastasiques
du platine colloïdal et d'autres métaux..
M. S. JoURD.\iN. — Rôle des canaux périto-
néauTiL
MM. Lambert et Garnier. — De l'action
du chloroforme sur le pouvoir réducteur
du sang
MM. L. M.VTRUOHOT et M. Molliard. — Sur
l'identité des modifications de structure
produites dans les cellules végétales par
le gel, la plasmolyse et la fanaison
M. A.-Gh. Girard. — Valeur alimentaire et
culture de l'ajonc
M. Stanislas Meunier. — Examen d'une
météorite tombée dans l'ile de Ceyian, le
i3 avril 179.5
M. FiRMiN Larroûue adresse le résumé d'une
étude psycho-acoustique sur le timbre.. .
4 80
483
485
487
49"
492
493
49J
498
5oi
5o3
5 04
PARIS. — lMPlU\iKK[B G A UTH I K R-V 1 L L A K S ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
/wj Gérant .* <i*urHlBR-ViLLARa.
'^«^1 1901
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDLS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MU. EiES SECRÉTAIRESI PERPÉTIJECi§.
TOME CXXXII.
N^ 9 (4 Mars 1901).
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1873,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentésfar des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 'î feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i" . — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés' par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou (l'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P'^ge^ P'"" numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'd en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu auta
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fon
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie. !
Article 3. t(|p"
Le bon à tuer de chaque Membre doit être remis i
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le litre seul du Mémoire est inséré dans le Compterendii
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sot-
vant et mis à la fin du cahier.
I
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des fii^ures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des .Tu-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports eli
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes r-endus après
l'impression de chaque volume. j
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du prei
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés delà!
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivant»-
A|î
K ou x'Jiii
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 MARS 1901.
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
AIEMOIRES ET GOMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
ASTRONOMIE. — Sur la nouvelle étoile apparue récemment dans
la constellation de Persée. Note de M. J. Ja\sse\.
« L'appatilion toute récente d'une nouvelle étoile dans la constellation
de Persée, et les phases si rapides de changement d'éclat qu'elle présente
depuis qu'on l'observe, ont rappelé l'attention des astronomes et même du
public sur les causes qui peuvent produire ces grands phénomènes.
» Ces causes nous sont encore inconnues, et il faudra sans doute encore
de longues études avant qu'elles puissent être reconnues et expliquées avec
une entière certitude.
» Sans avoir la prétention de proposer et encore moins de donner une
théorie de ces phénomènes, je voudrais ici émettre quelques idées qui,
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 9.) 65
( 5o6 )
dans l'avenir, pourront sans doute concourir aux explications que la
Science a pour devoir de chercher.
» Ces idées découlent en quelque sorte des recherches que j'ai faites
sur la constitution du gaz oxygène et à son absence apparente dans les
enveloppes gazeuses qui surmontent la photosphère solaire.
» L'Académie se rappelle que j'ai été conduit, dans les observations de
laboratoire et par celles exécutées au mont Blanc, soit par mes collabo-
rateurs, soit par moi-même, à admettre que le gaz oxygène tel que nous le
connaissons ne se trouve ni dans la chromosphère ni dans l'atmosphère
coronale.
» Je faisais remarquer, à celte occasion et à la suite de mes observations
de 1893 au mont Blanc, que l'absence de l'oxygène, avec la constitution que
nous lui connaissons, dans le Soleil paraissait répondre à une nécessité du
bon fonctionnement de l'astre; car, si l'oxygène existait dans l'atmosphère
coronale et aux points où cette atmosphère confine aux espaces vides exté-
rieurs, il se combinerait inéluctablement avec l'hydrogène, si abondant en
ces points, fl'où il résulterait de la va])eur d'eau qui formerait autour du
Soleil une atmosphère plus ou moins opaque pour les rayons calorifiques,
d'où un affaiblissement de la radiation solaire, par conséquent, qui irait en
augmentant rapidement et compromettrait la fonction fondamentale de
notre astre central.
» D'un autre côté, je taisais remarquer qu'il est bien difficile d'admettre
que l'oxygène, corps qui joue un rôle si capital dans le développement et
l'entretien de la vie à la surface de la Terre et sans doute des autres pla-
nètes de notre système, soit absent dans notre astre central, qui contient
tous nos corps terrestres et beaucoup d'autres accusés par le spectre solaire
et non encore reconnus.
» On est ainsi conduit à admettre ou tout au moins à pressentir que
l'oxygène, en raison des si hautes températures du globe solaire, y existe
à l'état dissocié (la complexité des spectres de l'oxygène militerait en
f\iveur de cette opinion). Si l'on admettait cette manière de voir, on ap-
porterait un élément tout nouveau d'explication aux phénomènes auxquels
les étoiles temporaires nous font assister.
» En effet, lorsque les températures des atmosphères d'une étoile se
seraient abaissées au point de permettre la genèse de l'oxygène et ulté-
rieurement sa combinaison avec l'hydrogène, gaz qui baigne si largement
toutes les atmosphères stellaires, la combinaison des gaz générateurs de
( ^^7 )
l'eau, avec l'énorme dégagement de chaleur et de lumière qui l'accom-
pagne, se produirait, et l'étoile passerait rapidement, de l'étal corres-
pondant à la température relativement basse qui a permis la combinaison
des gaz, à celui qui résulterait de la conflagration des éléments en
question.
» L'étoile passerait donc par une croissance d'éclat qui ne serait réglée
que par l'abondance des éléments en présence et les conditions de leur
entrée en combinaison. Mais en même temps, si l'augmentation et la gran-
deur de l'éclat devraient être singulièrement rapides, puisqu'elles sont les
effets d'une combinaison, la décroissance ne le serait pas moins, puisque,
la combinaison étant effectuée, non seulement la cause de ce rayonnement
extraordinaire cesserait, mais la formation d'une vaste atmosphère de
vapeur résultant des corps volatilisés, des vapeurs surchauffées et surtout
de la vapeur d'eau produite, s'opposerait ensuite et dans une mesure con-
sidérable au rayonnement de l'astre.
» Je ne donne cette vue que comme contribution à la théorie de ces
phénomènes sur lesquels l'analyse spectrale, si elle en suit exactement
toutes les phases, pourra mieux que tout autre moyen nous révéler les
causes.
» Nota. — Il faut ajouter qu'au moment de la combinaison des gaz oxy-
gène et hydrogène ce dernier gaz, en raison des pressions et températures
développées, doit montrer ses raies considérablement élargies; or c'est
précisément ce que montre la photographie du spectre qu'on a obtenue
à Meudon, avec notre grande lunette, et que M. Deslandres m'a prié de
soumettre à l'examen de l'Académie. Cependant d'autres causes encore
peuvent concourir à cet élargissement généralement si considérable, ainsi
qu'en témoignent les descriptions que j'ai reçues de l'étranger. »
ASTRONOMIE. — Mire méridienne à miroir cylindrique. iS^ote
de M. G. LippMANN.
« Cet appareil est destiné à la mesure des ascensions droites. Il a pour
objet de rendre le méridien du lieu où l'on opère visible sous la forme
d'une ligne lumineuse projetée sur le ciel.
» Dès lors, il est inutile de munir la lunette d'observaiion d'un réti-
cule.
( 5o8 )
» Cette lunette, qui peut être photographique, n'a plus besoin d'aucun
réglage; elle peut être mobile et suivre les étoiles pour les photographier ; la
ligne lumineuse projetée sur le ciel demeure visible dans le champ, où elle
occupe constamment la place du méridien.
» L'appareil se compose : i° d'une mire méridienne, c'est-à-dire d'un
collimateur monté sur piliers et dont l'axe est dans le plan du méridien;
2° d'un miroir cylindrique de quelques centimètres de diamètre, horizontal,
normal au méridien et installé sur piliers de manière à recevoir la lumière
ainsi par la mire. Toutes les parties de l'appareil demeurent immobiles
pendant les observations.
)) La lumière sortant du collimateur se réfléchit sur le miroir cylindrique
de manière à former une nappe lumineuse plane, c'est-à-dire dont tous les
rayons sont parallèles au méridien, et qui couvre 36o°. C'est pour cette
raison que l'appareil peut fonctionner sous toutes les déclinaisons sans
qu'il soit nécessaire d'en déplacer les organes.
>> Les rayons de la nappe lumineuse reçus sur l'objectif d'une lunette
fournissent dans le plan focal de celle-ci une ligne lumineuse très nette et
très fine; cette ligue marque dans le champ la place du méridien, et cela,
que la lunette soit fixe ou mobile. Il n'est point nécessaire de régler la
position de cette lunette, qui joue le rôle d'un oculaire.
» J'ai vérifié que la ligne lumineuse est très nette et très fine, non seu-
lement à l'œil, mais en photographie. La photographie donne des traits
noirs qui se pointent à une fraction de seconde d'arc près. J'ai l'honneur
de soumettre à l'Académie quelques épreuves ainsi obtenues. Eu prenant
comme source de lumière l'arc électrique, une pose de o', oo3 est plus que
suffisante.
M L'appareil fournit donc des résultats satisfaisants au point de vue
optique. Il paraît d'ailleurs devoir être plus stable que la lunette méri-
dienne, puisque toutes les parties en sont immobiles et montées sur
pilier.
» Réglages. — Le réglage de l'appareil en coUimation se fait en amenant
le miroir à être perpendiculaire à l'axe du collimateur. Le trou ou la fente
du collimateur est réglable : on déplace ce trou ou cette fente jusqu'à ce
qu'il y ait coïncidence avec le trait lumineux qui se forme dans le plan focal
comme il se formerait dans le plan focal de toute autre lunette. C'est donc un
réglage par autocollimation. Si ce réglage est supposé parfait, il n'y a plus
d'erreur de collimatiou : la nappe lumineuse est plane et fournit l'image
( 5o9)
d'un grand cercle de la sphère céleste. Le plan de ce cercle est évidemment
normal aux génératrices du cylindre.
» On suppose que le miroir est bien cylindrique, c'est-à-dire que ses gé-
nératrices sont toutes perpendiculaires à un même plan. Il n'est pas néces-
saire que le cylindre soit de révolution.
» Le second réglage consiste à rendre la nappe lumineuse verticale. On
peut se servir du niveau pour rendre le cylindre horizontal. Il est peut-être
plus sûr de se servir du bain de mercure. Le miroir cylindrique se trouvant
entre un bain de mercure et une lunette zénithale réglée, on amène le
trait lumineux fourni par l'appareil à passer par la croisée du fd. Le grand
cercle fourni par l'appareil est alors vertical. Après ces deux réglages phy-
siques decoUimation et de verticalité, il reste le réglage astronomique qui
consiste à amener le plan du grand cercle vertical défini par l'appareil
à coïncider avec le plan du méridien.
)) Ce réglage astronomique s'exécute suivant l'une des méthodes en
usage pour la lunette méridienne, le trait lumineux fourni par l'appareil
remplaçant le fil central du réticule. On peut, par exemple, se servir des
circumpolaires. On pointe une lunette (sans réticule) sur une circumpo-
laire et l'on observe son passage sur le trait lumineux. Les deux jjassages
supérieur et inférieur doivent avoir lieu exactement à douze heures d'in-
tervalle.
)) On vient de supposer que l'observation des passages se faisait par des
observations visuelles. L'instrument se prête, en effet, à ces observations;
mais il est surtout destiné à la méthode photographique.
» On braque sur le ciel une lunette photographique montée équatoria-
lement, de manière à faire un cliché des étoiles. En même temps on reçoit
sur l'objectif de la lunette la nappe lumineuse. Le collimateur est muni
d'un obturateur commandé par la pendule. Le trait lumineux n'apparaît
donc que par éclairs successifs qui ont lieu aux temps t, l' , t" , . . . marqués
par la pendule. En développant la plaque on obtient sur le cliché une
succession de traits fins qui marquent les positions du méridien dans le
ciel aux temps t, t', t"; ce sont donc des cercles horaires.
» La distance en temps d'une étoile quelconque au cercle t s'obtient
par la mesure du cliché. Si l'image de l'étoile partage la distance des traits
t et i' dans le rapport <p, la distance en temps est égale à 9. Deux cli-
chés pris à douze heures d'intervalle doivent donner la même valeur de «p
pour chaque étoile. Les n étoiles portées par un même cliché doivent
( 5io )
donner des vérifications concordantes. S'il y a défaut de réglage, c'est-
à-dire si l'on trouve successivement des valeurs cp et cp' pour une môme
étoile, la différence <p' — cp doit être la même pour toutes les n étoiles.
)) La marche de la pendule se détermine par deux clichés pris à vingt-
quatre heures d'intervalle. La différence «p' — <p est égale à la marche de
la pendule ; elle est donnée n fois par les n étoiles du cliché. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation et les propriélés (lu suif ammonium.
Note de M. Henri Moissan.
« En 1898, nous avons indiqué (') que le soufre cristallisé pouvait se
combiner à l'ammoniac liquéfié pour fournir un composé de couleur
pourpre, auquel nous avons donné le nom de suif ammonium. Le fait de la
dissolution du soufre dans l'ammoniac liquéfié avait été mentionné
dès 1873 par M. Gore (^;. Plus récemment, MM. Franklin et Rrauss (^)
ont considéré le liquide pourpre obtenu par l'action du soufre sur l'am-
moniac comme étant une solution. Enfin, en 1900, M. Hugot (*), dans une
très intéressante étude sur l'action de l'ammoniac sur quelques métal-
loïdes, a regardé, lui aussi, le liquide ainsi préparé comme étant une solu-
tion de soufre dans le gaz liquéfié.
» Nos premiers essais ont porté tout d'abord sur l'attaque par l'ammo-
niac liquéfié des différentes variétés allotropiques de soufre, et nous avons
choisi le soufre octaédrique cristallisé dans le sulfure de carbone, le
soufre prismatique obtenu par simple fusion et le soufre insoluble.
» Ces trois variétés de soufre ont été maintenues pendant deux heures
à une température de — 80°. Oii sait qu'à cette basse température, comme
M. Dewar l'a démontré, le soufre devient à peu près incolore. Mais, en les
ramenant à la température ordinaire, ces différentes variétés reprennent,
{') H. MoissAN, Préparation du lithium ammonium, du calcium ammonium et
des amidures de lithium et de calcium {Comptes rendus, t. GXXVI, p. 685; 1898).
(') Gore, Proceedings Roy. Soc, t. XXI; 1873.
(■') Franklin et Krauss, Amer. ch. /., p. 821 ; décembre 1898.
(*) G. Hugot, Recherches sur l'action du sodammonium et du potassammonium
sur quelques métalloïdes (Annales de Ch. et de Ph., 7' série, t. XXI, 1900, et Thèse
de l'Université de Paris, n° 1033; 1900).
( 5i, )
en même temps que leur couleur, leur propriété d'être solubles ou inso-
lubles dans le sulfure de carbone.
» On a placé alors ces mêmes échantillons de soufre dans trois tubes
au fond desquels on a fait arriver de l'ammoniac liquide et bien sec à une
température de — 80°, puis on a fait le vide dans l'appareil: chaque tube
est ensuite scellé. Dans ces conditions, on n'obtient aucune coloration
dans les tubes à — 80°.
» Puis en laissant la température s'élever lentement, on remarque que
le soufre insoluble réagit sur l'ammoniac, en donnant une coloration
pourpre caractéristique, dès la température de —38". A cette température
les deux autres variétés de soufre n'ont pas fourni de coloration, mais
chacune a repris sa couleur jaune habituelle. A — i5°,5, le soufre prisma-
tique réagit à son tour et le liquide se colore avec rapidité. Enfin à — i i^.S,
le soufre octaédrique fournit une belle solution rouge de sulfammonium.
Il existe donc une différence bien nette dans l'action de l'ammoniac
liquéfié sur ces trois variétés de soufre. Cette différence s'explique par les
données thermochimiques qui établissent que le soufre amorphe se trans-
forme en soufre soluble avec un dégagement de chaleur de +o'^"',6.
» Si, maintenant, nous cherchons à nous rendre compte de la quantité
de soufre qui peut entrer en solution, nous reconnaîtrons, d'après plusieurs
séries d'expériences dont nous donnerons la description aux Annales de
Chimie et de Physique, que, en tubes scellés et à la température de -f- 20°,
l'ammoniac liquéfié parfaitement sec dissout environ 3o pour 100 de son
poids de soufre. Ce chiffre a été obtenu en faisant l'expérience dans un
tube de Faraday, en renversant l'ammoniac liquide saturé de soufre dans
l'une des branches et en solidifiant ensuite le gaz restant dans chaque
branche, pour pouvoir ouvrir l'appareil. Une analyse indiquait enfin la
teneur en soufre et en ammoniac du liquide pourpre (').
» Dès ces premières expériences, nous nous sommes de suite demandé
si nous nous trouvions en présence d'une combinaison ou d'une solution.
» Nous estimons que le soufre, dans l'ammoniac, fournit bien une com-
binaison et cela pour les raisons suivantes :
» 1° Si l'on prend les liquides pourpres, préparés avec les différentes
variétés allotropiques de soufre, ils se conservent indéfiniment en tubes
(') L'allaque du soufre cristallisé par ranimoniac liquéfié est assez longue, et pour
arriver à un équilibre stable entre ces deux, corps il faut attendre plusieurs jours.
( 5i2 )
scellés, sous leur propre tension. Mais en les refroidissant suffisamment,
ils ne laissent rien déposer et ils se solidifient tous à 4" ou 5° au-dessous du
point de solidification de l'ammoniac, d'après leur teneur en métalloïde,
sans donner aucun dépôt de soufre et sans laisser varier l'intensité de leur
coloration.
» Cette réaction ne présente donc pas la réversibilité d'un simple phé-
nomène de solubilité. Elle nous apparaît comme une réaction irréversible
d'ordre chimique comparable en quelque sorte à la dissolution d'un sel
anhydre dans l'eau, l'état initial ne pouvant être obtenu que par la dispa-
rition totale du dissolvant sous l'action d'une source d'énergie étrangère.
» 2° Il ressort nettement des recherches de M. Étard que la solubilité
d'un solide dans un liquide tend à s'annuler vers le point de congélation
de la solution et à atteindre son maximum, du moins dans le cas général,
vers le point de fusion du corps dissous.
» Si, en employant le dispositif même de ce savant, nous recherchons
quelle est la quantité de soufre pouvant exister dans l'ammoniac liquide à
basse température, nous constatons que ce métalloïde est absolument inso-
luble dans l'ammoniac rigoureusement anhydre, tant que la coloration
pourpre n'apparaît pas. Tandis que le soufre octaédrique est soluble
dans le sulfure de carbone à toute température, il est inattaquable par
l'ammoniac entre — 75° et — 11°, 5, c'est-à-dire entre le point de fusion
de l'ammoniac solide et le point où la coloration se produit pour la variété
de soufre considérée. Il y a là une contradiction bien nette avec nos
connaissances actuelles sur l'allure générale des phénomènes de solu-
bilité.
» 3° La stabilité du sulfammonium à haute température semble bien
démontrer qu'il s'agit d'une combinaison. Dans un tube à paroi épaisse,
de i""",5 de diamètre intérieur, nous avons placé quelques cristaux de
soufre prismatique que nous avons entourés d'un excès d'ammoniac
liquéfié, de façon à avoir une dissolution complète à la température du
laboratoire. Le tube maintenu à —80° et renfermant l'ammoniac solidifié
a été scellé. Nous avons ensuite porté ce tube dans un bain d'huile, et on
l'a chauffé en élevant lentement sa température jus(ju'à -i-iSo". Depuis
— n°,5 jusqu'à +90°, la coloration rouge pourpre est intense. Puis, à
partir de cette température, on voit nettement la coloration du liquide
diminuer et du soufre se déposer sur les parois du tube. Vers 4-i3i", le
liquide a complètement disparu ; le point critique de l'ammoniac est atteint
(5i3)
et l'on ne voit plus dans le lube que quelques globules de soufre fondu
d'un jaune pâle.
» Par refroidissement, le ménisqsie du liquide réapparaît et l'ammoniac
est à ce moment complètement incolore. On peut retourner le lube : le
liquide et le soufre fondu, non miscibles, se meuvent facilement dans son
intérieur. Vers ioo°, une faible coloration violacée se produit; elle
augmente au fur et à mesure du refroidissement, et, à la température
ordinaire, le tube a repris son aspect primitif et sa belle couleur rouge
pourpre.
» Il semble donc bien que nous sovons en présence d'un phénomène de
dissociation, d'un composé instable, sous l'action d'une élévation de tem-
pérature. S'il s'agissait d'un phénomène de solubilité, on ne comprendrait
pas qu'une simple élévation de température pût laisser en présence le
corps solide et le corps liquide à + loo".
» En résumé, à la température de + 20°, le soufre donne avec l'ammo-
niac sous pression un composé soluble dans l'excès de gaz liquéfié, avec
une coloration rouge intense. De plus, dans ces conditions, il se produit
un équilibre en présence d'un excès de soufre, de telle sorte que la teneur
en métalloïde du liquide est constante et voisine de 3o pour 100. Il était
logique de penser que, dès lors, le composé de soufre et d'ammoniac était
en |>arlie dissocié et que cette dissociation dépendait de la pression exercée
dans le tube scellé par le gaz ammoniac.
» En effet, si l'on ouvre le tube, le gaz ammoniac se dégage rapidement,
la décomposition du sulfammonium se produit et du soufre se précipite
avec sa couleur jaune caractéristique.
» De même, si nous maintenons une petite quantité de soufre insoluble
en présence d'un excès d'ammoniac liquéfié à — 35", à la pression ordi-
naire, il ne se produit qu'une coloration très faible, la dissociation du
sulfammonium étant à peu près complète dans ces conditions de pression
et de température.
» Au contraire, si l'on diminue la température d'un tube scellé con-
tenant de l'ammoniac liquéfié et un excès de soufre, on reconnaît faci-
lement que pour des températures plus basses, la quantité de soufre qui
entre en combinaison est plus élevée. Ainsi, à une température constante
de — 23° ('), le soufre blanc donnera, après un contact prolongé, un
(*) Cette température était obtenue par l'ébuUition tranquille du chlorure de mé-
thyle.
C. R., igoi. 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 9.) 66
( 5i4 )
liquide rouge qui contiendra jusqu'à 3g pour loo de soufre. Ce fait a été
vérifié plusieurs fois; du reste fous les tubes scellés renfermant une solu-
tion de sulfammonium et préparés à des températures voisines de —40°
abandonnent du soufre bien cristallisé lorsque celles-ci reviennent lente-
ment à la température de + 20°.
)) On peut obtenir le même résultat en augmentant la pression. Si l'on
comprime dans l'appareil de notre confrère M. Cailletet un mélange de
80 pour loo de gaz ammoniac et d'environ 20 pour 100 de gaz azote en
présence de soufre en excès, on obtient à la température de — 12° et
sous une pression de 45 atmosphères une cristallisation rouge en feuilles
de fougères formée par le sulfammonium solide. Cette ex[)érience peut
être réalisée en prenant un tube de Cailletet courbé à angle aigu et en
plaçant dans la partie inclinée le soufre en poudre (' ).
» Cette expérience peut être répétée à différentes températures et sous
une pression de 20 atmosphères; à — 4o"' ©Ile nous a fourni les mêmes
lésultats.
» Propriétés physiques. — TiOrsque l'on refroidit à — ^o" une solution
concentrée de sulfammonium comprimé à 4o atmosphères, dans un appa-
reil de Cailletet, on voit se former, surtout en détendant légèrement, de
petits cristaux rouge rubis qui se dissolvent dans un excès d'ammoniac,
en donnant une solution dichroiqne rouge par transparence et d'un violet
bleu par réflexion.
» De même, lorsque l'on refroidit comparativement dans un mélange
d'acétone et d'acide carbonique solide, deux tubes scellés renfermant, le
premier de l'ammoniac liquéfié et le second une solution saturée de sulfam-
monium, on reconnaît que l'ammoniac se solidifie à — 7J", et qu'à celte tem-
pérature la solution de sulfammonium s'épaissit, mais reste liquide. Cette
dernière solution se solidifie vers — 85° en se prenant en une masse de cou-
leur rouge et sans laisser déposer de soufre.
» Si l'on répète cette expérience avec une solution qui ne soit pas sa-
turée de soufre, on voit apparaître, au moment de la fusion, des lamelles
(') Lorsque l'on fait celle expérience, on voit, dès que l'on comprime rammoniac,
le soufre prendre une belle couleur blanclie. Cela tient, pensons-nous, à ce qu'il se
forme tout d'abord à la surface du métalloïde une couche très mince d'un violet
pourpre qui, avec le jaune du soufre, donne l'impression du blanc. Quelques instants
après le soufre devient gris, enfin il ne tarde |)as à prendre une couleur rouge dont la
teinte fonce avec rapidité.
(5i5)
blanches d'ammoniac, solides, fusibles a une température moins basse que
le sulfammoniiim.
» Nous avons déterminé les tensions (jes solutions de sulfammonium de
concentration différente. Pour les déterminations comprises entre — So*"
et — 4o°, nous nous sommes servis d'un simple tube barométrique. Pour
les expériences faites de o à + 20°, nous avons employé un manomètre
différentiel enlièrement en verre, dont l'une des branches renfermait de
l'ammoniac liquide et l'autre la solution de suiftunmonium. Lorsque ces
appareils étaient à une température constante, on mesurait les différentes
hauteurs de mercure au calhétomètre. Il résulte de l'ensemble de nos dé-
terminations que les fragments de courbe représentant les tensions sont à
peu près parallèles à la courbe des tensions de l'ammoniac liquide établie
avec les chiffres de Regnault.
» Le sulfammonium possède un si)ectre d'absorption tout à fait caracté-
ristique. Nous ajouterons que cette réaction d'une grande sensibilité peut
permettre de reconnaître des traces de soufre. Nous avons placé 2™sr de
soufre dans un tube de verre scellé à faces parallèles contenant 38'', 242
d'ammoniac liquéfié : soit pour 100 de la solution o"'s'',ooo6i de métal-
loïde.
)' Cette solution, bien que très étendue, prend une teinte rouge tout à
fait caractéristique ('); elle fournit un spectre d'absorption comprenant
deux grandes bandes, l'une qui s'étend sur la partie jaune et orangée, et
l'autre sur le bleu, une partie du vert et du violet.
-> Enfin, si nous prenons une quantité de soufre un peu plus grande,
soit i2™s'-,5 j)our 3i''''242 d'ammoniac liquéfié, nous avons une absorption
presque totale du spectre; il ne reste de visible que la partie la moins
réfrangible du rouge et une bande de vert.
» Le sulfammonium se dissout dans un très grand nombre de liquides tels
que l'alcool absolu et l'éther anhydre. Ces solutions sont stables à basse
température.
» Si, par exemple, on ajoute de l'éther anhydre refroidi à — 80° dans une
solution de sulfammonium, dans l'ammoniac, on obtient un liquide homo-
gène dont la couleur reste pourpre, mais qui devient bleue si on l'additionne
(') Lorsque le gaz ammoniac contient une très petite quantité de pvridine, la colo-
ration, au début de l'expérience, ne présente pas la netteté habituelle. Une trace d'eau
donne de même une coloration verdàtre.
( 5i6 )
d'une nouvelle quantité d'élher. Si ce dernier mélange est fait à — 4o°.
par exemple, la liqueur bleue se décolore et il se dépose du soufre. L'ad-
dition d'un dissolvant iniscible à L'ammoniac diminue en quelque sorte la
tension de ce dernier, et entraîne la dissociation du sulfammonium.
» Avec le chloroforme, à — 80°, on n'observe aucun changement visible
de coloration. Mais si on laisse la température s'élever après avoir scellé le
tube dans lequel se fait la réaction, on observe à +t5° une décoloration
brusque avec dépôt de soufre cristallisé. Le liquide reste légèrement teinté
de jaune, le phénomène est tout à fait comparable à la cristallisation d'une
solution sursaturée.
» Lorsque nous ajoutons à la solution de sulfammonium des liquides non
miscibles il y a souvent réaction entre le sulfammonium et le liquide en
présence.
)) Dans certains cas, les liquides, pouvant eux-mêmes entrer en réaction
avec l'ammoniac, le phénomène devient alors beaucoup plus complexe. C'est
ainsi que la benzine a fourni une solution brune, le sulfure de carbone un
liquide d'une belle teinte bleue, le bichlorure de carbone de très beaux
cristaux incolores et un composé orangé, dissociable à la pression ordi-
naire.
» Propriélés chimiques. — Pour faire réagir le sulfammonium sur différents
corps simples ou composés, nous avons utilisé la différence qui existe
entre la tension de la solution de sulfammonium et celle de l'ammoniac
liquéfié. On fait le vide dans un tube étranglé dans son milieu et con-
tenant, au-dessus de l'étranglement, un certain poids de cristaux de soufre
sur un peu de coton de verre.
» Au fond du tube se trouve le corps à étudier. Au moyen d'un robinet
à trois voies, on laisse rentrer le gaz ammoniac, qui se liquéfie dans le fond
du tube refroidi à —80°, puis on ferme l'appareil par un trait de chalu-
meau. Dès que le verre est abandonné à la température ordinaire, des
stries rouges descendent du soufre et vont gagner le fond du tube, où la
réaction se produit.
» L'iode en solution ammoniacale brune est décoloré par le sulfammo-
nium en excès et, après le départ du gaz ammoniac, il reste une masse
visqueuse qui ne tarde pas à cristalliser et qui présente les réactions d'une
combinaison ammoniacale d'iodure de soufre.
» Le sélénium fondu ne réagit pas sur la solution ammoniacale de sulf-
ammoniiMu. Le calcium ammonium en excès fournil avec le sulfammonium
(5i7 )
un produit blanc, insoluble dans l'ammoniac liquéfié, qui est un sulfure de
calcium. Lorsque le sulfammonium est en excès, le produit blanc se trans-
forme en beaux cristaux rouges; il se forme, dans ce cas, un persulfure de
calcium susceptible de se combiner à un excès d'ammoniac.
» A la température ordinaire, le mercure donne avec le sulfammonium
un composé cristallisé qui, par dissociation, abandonne du sulfure noir de
mercure.
» L'oxyde de calcium anhydre produit avec le sulfammonium des
cristaux rouges et un corps solide très facilement dissociable. L'oxyde de
zinc produit des cristaux jaune orangé, déliquescents.
» Les chlorure et bromure de sodium ne sont pas attaqués à froid par le
sulfammonium, mais le chlorure de manganèse anhydre donne un composé
jaune cristallin. Le chlorure de plomb fournit de petits cristaux jaunes
qui se décomposent eu noircissant en présence de l'air à la pression atmo-
sphérique. Le bichlorure de mercure donne de même un composé de cou-
leur foncée, insoluble dans l'ammoniac, dissociable en présence de l'air,
avec dépôt de sulfure de mercure.
» Analyse. — De l'ensemble de ces expériences, il ressort nettement
qu'il existe une combinaison de soufre et d'ammoniac, de forme (AzPP)"S.
M A des températures comprises entre o° et -1-20°, la teneur en soufre du
liquide pourpre semble indiquer qu'il répond à la formule (AzIP)-S,2AzH'.
Théorie
1.
2.
3.
pour
(AzH^)îS, p.AzIl'.
Soufre
. .. 33,10
33,20
31,90
32,00
» Au contraire, à la température de —23", le liquide serait (AzH")- S,
AzH\
Théorie
pour
1
2.
3,
(AzH^fS, AzH
Soufre
... 39,
4o
39,
10
39,
60
38,56
» Mais nous sommes en présence d'un composé facilement dissociable
qui, de plus, possède la propriété de s'unir à un nombre de molécules
d'ammoniac variable avec la température, de telle sorte que, n'ayant pas
isolé ces différentes combinaisons à l'état solide, nous ne pouvons, dans
ce premier Travail, qu'en indiquer l'existence sans en fixer la formule
d'une façon définitive. Nous poursuivons cette étude.
( 5i« )
» Conclusions. — Nous avons obtenu par l'action du soufre sur l'ammo-
niac liquéfié, un nouveau composé, le suUammonium, de couleur rouge
foncé, complèleraent dissociable à la pression et à la température ordi-
naire et qui possède la 'propriété de sulfurera froid, avec facilité, un grand
nombre de corps simples ou composés. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Méthode (le dosage des suijures, suif hydrates, poly-
sulfures et hyposuljiles pouvant coexister en solution, en particulier dans les
eaux minérales suif ureuses . Noie de M. Armand Gactieu.
« On discute encore la question de savoir si, dnns les eaux minérales
sulfureuses, le soufre existe à l'état tic monosulfures, de sulfhvdrates alca-
lins, ou même sous forme de mélange de sulfhydrates et d'bydrates, ceux-
ci dus à la dissociation par l'eau d'une partie des sulfures ou sulfhydrates.
Cette Note démontrera, je pense, que le soufi'e se trouve dans les eaux
thermales sulfureuses à l'état de monosulfures alcalins (presque toujours
Na'S), accompagnés d'un peu de sulfhydrates s'il y a simultanément de
l'acide carbonique dissous, et quelquefois d'une petite quantité d'hypo-
sulfites, thionates et sulfates si l'oxygène est postérieurement intervenu,
par exemple dans les eaux sulfureuses dites dégénérées.
» Ayant remarqué, comme je l'établirai dans une prochaine Commu-
nication, que lorsque leau réagit à chaud sur les roches ignées, et particu-
lièrement sur les granits, il se produit des sulfures solubles, j'ai été conduit
à examiner également, dans ce cas, sous quelle forme le soufre entre
en dissolution.
» J'ai donné autrefois une méthode qui permet de doser exactement le
soufre total des sulfures solubles ou de ceux qui, tels que les sulfures de fer,
manganèse, zinc, etc., sont décomposables à froid par les acides miné-
raux ('). Elle consiste à entraîner, vers Go°, par un courant d'acide carbo-
nique et à l'abri de l'air, l'hydrogène sulfuré mis en liberté par les acides
minéraux, et à recevoir ce gaz dans une solution tiède de sulfate d'argent à
demi saturée. I^e sulfure d'argent qui se forme se réunit et se lave très
facilement; on le sèche et on le pèse. Son poids multiplié par 0,129
(') Comptes rendus, l. CVIII, p. 807. Note en collaboration avec M. A. Hallopeau.
( ^19 )
donne celui du soufre correspondant. Le sulfure d'argent ne s'oxyde pas
durant son lavage et sa dessiccation, pourvu qu'on ne dépasse pas ioo°.
» Si, après avoir fait, à l'abri de l'acide carbonique de l'air, une solution
à o,i ou 0,2 pour 100 de monosiilfure de sodium Na-S pur dans de l'eau dés-
aérée, on fait pénétrer cette solution dans un ballon préalablement privé
d'air, puis qu'on distille la liqueur dans le vide, à 25° ou 3o°, en rece-
v^ant les vapeurs dans du sulfate d'argent, il ne se fait pas trace de précipité
de sulfure. Il ne s'en fait pas davantage si la solution de sulfure alcalin est
vingt fois plus concentrée. Mais si, dans le ballon contenant le sulfure so-
luble,on fait arriver un courant d'acide carbonique en ayant soin de chauffer
très légèrement et de continuer la distillation dans le vide, l'acide carbo-
nique déplace et entraine la totalité du soufre sous forme d'hydrogène
sulfuré, qui précipite le sulfate d'argent, tandis que le sulfure alcalin passe
à l'état de carbonate.
» J'ai reconnu, d'autre part, que si, dans un monosulfure alcalin
on ajoute un volume d'hydrogène sulfuré égal ou supérieur à celui
qui formerait du sullhydrate avec le monosulfure et si l'on soumet ensuite
cette liqueur à la distillation dans le vide, l'hydrogène sulfuré libre, s'il
est en excès, aussi bien que celui qui répond aux sulfhydrales formés,
est entraîné par la distillation, tandis que la totalité du sulfure alcalin
primitif reste dans le ballon. Le sulfhydrate RHS qui se forme se comporte
en un mot comme s'il se dissociait en R-S et H" S.
» Ceci dit, voici comment il convient d'opérer pour doser successive-
ment, dans une même solution, une eau minérale sulfureuse par exemple,
le soufre de l'hydrogène sulfuré libre, celui des sulfhydrates, celui des
sulfures, an besoin le soufre des polysulfures, enfm les hyposidfites ( ' ) :
1) Un ballon de verre B, de aSo*^*^ environ, porte un bouchon traversé
par deux tubes courbés à angle droit, dont l'un pénètre jusqu'au fond. Ces
tubes sont munis chacun d'un bout de caoutchouc pouvant être fermé par
les pinces/) et q. Le ballon est relié par le tube de caoutchouc ql\ un bar-
boteur Cloez, suivi d'un second laveur. Ils contiennent l'un et l'autre une
solution à demi saturée de sulfate d'argent qui en remplit environ le tiers.
On fait le vide dans tout l'appareil après avoir serré la pince d'entrée p
du ballon. x\daptant alors au caoutchouc que ferme cette pince un tube
(') M. SchlagdenhaufFen avait déjà essayé de résoudre ce problème par une méthode
indirecte, fort compliquée et insuffisante (voir Bull. Soc. chini., 2' série, t. XXII,
p. ,6).
( 520 )
coudé demi-capillaire plein d'eau bouillie, on fait arriver l'extrémité de
ce tube au sein de la solution sulfureuse, au fond de la bouteille d'eau mi-
nérale à doser, par exemple; en enlr'onvant alors la pince/? tout en conti-
nuant à faire le vide, on aspire peu à peu celte solution dans le ballon B.
La quantité d'eau sulfureuse introduite reconnue suffisante, on forme la
pince p et l'on détermine par pesée de la bouteille, ou en mesurant le
volume absorbé, celui de l'eau sulfureuse aspirée dans le ballon. On
distille alors vers 3o°, dans la flacon de Cloez, le vingtième environ delà
solution sulfureuse. Tout l'hydrogène sulfuré, libre ou combiné aux mono-
sulfures proprement dits, est ainsi déplacé. Les monosulfures Na- S ou K^S,
ainsi que les polysulfures et hyposulfites, restent seuls et complètement
inaltérés dans le ballon B.
» Dans les cas où la solution sulfureuse primitive contiendrait en même
temps de l'acide carbonique libre, le soufre entraîné à l'ébullition dans le
vide sous forme d'hvdrogène sulfuré est bien celui qui existait en cet état
dans le liquide soumis à l'analyse, soit qu'il y fût primitivement dissous,
soit qu'il provienne de la dissociation des monosulfures en présence de
l'acide carbonique, dissociation qui s'arrête, dès que la solution pénètre
dans le ballon, dans l'état même où elle existe dans l'eau soumise à l'ana-
lyse, celle-ci perdant à la fois en arrivant dans le vide l'hydrogène sulfuré,
qui pourrait être originaire des sulfures, et l'acide carbonique qui l'avait
ainsi déplacé.
M L'hydrogène sulfuré libre ou combiné aux sulfures sous forme de suif-
hydrates ayant été entièrement enlevé par distillation dans le vide, on
ferme les deux pinces p et q pour empêcher la rentrée de l'air dans le bal-
lon B, et l'on recueille le sulfure d'argent formé, qu'on sèche et pèse. Son
poids, mnltiplié par 0,187, <'onne celui de l'hydrogène sulfuré libre ou
faiblement uni aux sulfures alcalins proprement dits sous forme desulfhy-
drates.
» Dans les eaux sulfureuses naturelles, le sulfure d'argent ainsi obtenu
correspond à la partie du sulfure de sodium primitif Na^S décomposé par
une faible quantité d'acide carbonique souvent présent :
2Na-S -^ H=0 + C0== 2NaHS -1- Na = CO'.
» Il suffit de multiplier par o,3i45 le poids du sulfure Ag^S obtenu
dans ces conditions, pour avoir celui du Na-S primitif correspondant.
» L'hydrogène sulfuré libre ou celui des sulfhydrates ayant été entière-
ment enlevé grâce au vide, on replace dans le flacon de Cloez une nouvelle
( 521 )
quantité de sulfate d'argent dissous, on refait le vide dans l'appareil et,
ouvrant la pince d'entrée/? du ballon, on met son contenu en communi-
cation avec une source d'acide carbonique exempt d'oxygène, que l'on
fait pénétrer et barboter dans la liqueur qui ne contient maintenant plus
que les sulfures fixes. Ce gaz entraîne complètement et rapidement, dans
ces conditions, la totalité du soufre de ces sulfures et donne de nouveau du
sulfure d'argent qu'on pèse et sèche à son tour. Il correspond aux sul-
fures fixes.
» Dans les cas assez rares, mais qui peuvent se prés(Miter quelquefois,
où la liqueur primitive contiendrait des polysulfures, pourvu que la
solution soumise à l'action du vide et de l'acide carbonique n'arrive pas à
plus de 3o", on observe que seul le soufre correspondant à la partie ba-
sique K^S ou Na-S de ces polysulfures est entraîné à l'état de H" S, tandis
que le soufre en excès se dépose. Les choses se passent, pour le penlasul-
fure, par exemple, suivant l'équation :
K^S» + H^'O + CO- = K-CO-^ + H^S -^ S*.
En voici un exemple : Pris loo'^'^ d'une solution contenant, surtout à l'état
deK'S',
Soufre total 0,0^939
Soufre répondant au K^S o,oiî>o
Obtenu :
Soufre mis en liberté, par C0^ dans le vide
à l'état de FPS o.oi'ît
» Il faut se garder, quand il y a des polysulfures, de chauffer la solu-
tion au-dessus de 3o°, car le soufre libre réagit à 100°, et même au-dessous,
sur le carbonate alcalin formé d'après l'équation ci-dessus et tend à refaire
un polysulfure, de l'hyposulfile et de l'hydrogène sulfuré nouveau, comme
nous nous en sommes assuré :
S' + CO'Tv- = S-O^K=+ 2H2S -f- C0-.
» Les polysulfures n'existent pas, en général, dans les eaux minérales
chaudes (à moins qu'elles n'aient été altérées par l'air, après leur émer-
gence); ces sulfures se dédoublent à chaud, en présence de l'eau, en
donnant de l'hydrogène sulfuré :
K-S'^ + SH-O = R-S-0' + 3H-S.
» Après le départ du soufre correspondant à l'hydrogène sulfuré qui
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 9.) (J7
( 522 )
pouvait être libre ou combiné à l'état de sulfhydrates, et de celui qui a été
chassé des sulfures fixes par l'acide carbonique, il reste dans le ballon B
le soufre des polysulfures s'ils existaient primitivement, ainsi que les hypo-
sulfites. On peut doser ces derniers à froid et sans filtrer, dans le ballon
même, avec la liqueur titrée d'iode; en effet, au cours des opérations pré-
cédentes, si l'on n'a pas dépassé 3o° à 35°, ces hyposulfites sont restés
inaltérés. Je me suis assuré, en effet, que si dans un hyposulfite alcalin
en solution on fait passer à cette température un courant d'acide carbo-
nique, ces hyposulfites ne sont pas décomposés. Il ne se fait ni dépôt de
soufre, ni acide sulfureux, ni trace d'hydrogène sulfuré dans le barboteur
à sulfate d'argent.
» Lorsque la liqueur primitive contient des polysulfures, après le do-
sage des hyposulfites il reste un trouble blanchâtre dans le ballon. On
acidulé alors faiblement la liqueur et on la porte à l'ébullition pour réunir
le soufre. On le jette sur un petit filtre, on détruit le tout par raci<le
nitrique fumant et l'on pèse le soufre à l'état de sulfate de baryte.
» On peut aussi, dans la b'queur contenant le soufre des polysulfures et
les hyposulfites, verser un peu d'acétate de zinc et porter à l'ébullition.
Tout le soufre se réunit dans le précipité qui se forme. On jette sur un
filtre et l'on oxyde ce sulfure par l'acide nitrique; on précipite alors le
soufre à l'état de sulfate. Dans la liqueur filtrée et refroidie contenant un
léger excès d'acétate de zinc, on dose ensuite les hyposulfites comme d'or-
dinaire.
» La méthode que je viens de décrire permet donc de séparer suc-
cessivement le soufre de l'hydrogène sulfuré ou des sulfhydrates, des sul-
fures alcalins fixes, des polysulfures, enfin les hyposulfites. Elle est exacte
et rapide; les éléments sulfurés d'une eau minérale peuvent être dosés
en quelques heures.
)) Grâce à elle, j'ai pu confirmer les conclusions, appuyées sur d'autres
preuves, mais souvent mises en doute, de O. Henry, Boullay, Filhol,
Garrigou, etc., que les eaux sulfureuses les plus connues des Pyrénées
sont minéralisées surtout par du sulfure de sodium Na-S et que la petite
quantité de sulfhydrate qu'on v trouve est proportionnelle à l'acide carbo-
nique présent.
» Cette méthode m'a permis de m'assurer aussi que, soumises à l'action
de l'eau vers 25o° à 280°, les roches ignées pulvérisées donnent un mé-
lange de sulfures et de sulfhydrates solubles, accompagnés quelquefois
d'une trace d'hyposulfite due peut-être à un peu d'air resté, malgré le
( 523 )
vir)e, adhérent à la poudre. Je reviendrai prochainement sur ces résultais.
» Voici, comme exemple, deux analyses d'eaux sulfureuses exécutées
par la méthode que je viens de décrire. La première est relative à une eau
sulfureuse synthétique obtenue en chauffant à 280° le granit en poudre fine
avec son poids d'eau. La seconde est celle de l'eau de Labassère (Ariège)
que j'ai prise comme type, des analyses concordantes en ayant été déjà
faites par plusieurs méthodes. Tous les nombres sont rapportées au litre.
Eau sulfureuse Eau
de synihèse. de Labassère.
pr gr
ll'-S libre ou uni aux monosuifiiros .. o,oi45 0,oo43
Na-S 0,0187 O,o4o2
Hyposulfite rie sodium Traces 0,0028
Na-S calculé pour le soufre total .... 0,220 o,o5o2
» On avait trouvé dans les eaux de Labassère de o^",o43 à os'',o46 de
Na'^S calculé d'après le soufre total.
» La petite quantité d'hydrogène sulfuré obtenue dans l'une et l'autre
des eaux sulfureuses ci-dessus est due à la dissociation d'un peu de Na- S
par l'acide carbonique qui se forme simultanément lorsque les roches
ignées sont soumises à l'action de l'eau à température élevée. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la germination dans l'eau distillée; par
MM. P. -P. Deiiêraix et Demoussy.
« Les irrégularités que présente la germination des graines dans l'eau
distillée ont été signalées depuis longtemps, et un physiologiste autrichien
bien connu, J. Bœhm, a publié sur ce sujet, en 1875, un Mémoire souvent
cité(').
» Une jeune plante trouve dans ses cotylédons tous les aliments néces-
saires à son premier développement, surtout si ces cotylédons présentent
un poids considérable, comme ceux des haricots, et il semble que la plantule
doit croître pourvu qu'elle soit maintenue dans une atmosphère oxygénée,
à une température convenable, et que ses racines trouvent à s'abreuver,
» Les haricots mis en expérience par Bœhm présentèrent cependant de
curieuses différences; ils vécurent quand leurs racines plongèrent dans
(') Annales agronomiques, t. I, p. 470; 1875.
( 524 )
l'eau de fontaine, mais au contraire moururent plus ou moins rapidement
quand ils furent enracinés dans l'eau distillée.
» L'eau de fontaine renferme des sels de chaux, l'eau distillée en est
privée; Bœhm, un peu hâtivement, crut pouvoir attribuer à cette absence
de chaux l'arrêt de développement des haricots élevés dans l'eau distillée,
et il écrivit : « Dans la transformation des matières organiques en matières
constitutives du corps de la plante, la chaux joue un rôle tout aussi impor-
tant que dans la transformation du cartilage en os. »
» La chaux serait donc, d'après Bœhm, nécessaire à l'évolution des
graines en germination; sans elle, les matériaux contenus dans les coty-
lédons ne seraient pas utilisés.
» Ce sujet a été repris à différentes époques au Muséum ('); on est
arrivé à se convaincre que l'opinion de Bœhm était trop absolue : des grains
de blé, des lentilles, des haricots placés sur des baguettes de verre au-
dessus de vases remplis d'eau distillée ont évolué régulièrement, surtout
quand la température a été portée à aS" ou 3o°. La chaux n'est donc pas
nécessaire à l'utilisation des réserves des cotylédons; on en est d'autant
mieux convaincu que, si l'on analyse séparément les tiges, les racines et les
cotylédons d'un haricot en germination dans l'eau distillée, on ne trouve
de chaux que dans les cotylédons où elle est restée inutilisée.
)> Les échecs constatés dans l'eau distillée sont cependant fréquents, et,
si ce n'est pas l'absence de chaux qui empêche les graines d'évoluer et
notamment de former des radicelles, la cause qui détermine cet arrêt de
développement reste inconnue.
» Notre attention a été ramenée sur cette question pendant l'automne
dernier : en plaçant dans l'eau distillée des lupins blancs ou jaunes, au
nombre d'une cinquantaine, on les voit former des racines et des tiges, mais
quand ensuite on choisit quelques sujets vigoureux poursuivre leur dévelop-
pement et qu'on les introduisit dans de petits entonnoirs coupés au-dessus
de tubes remplis d'eau distillée, on constata que l'évolution s'arrêtait et
qu'il ne se formait pas de racines.
» Nous préparons notre eau distillée au Laboratoire de Physiologie du
Muséum à l'aide d'un appareil continu ; bien qu'elle parût pure, nous
l'avons remplacée par de l'eau distillée provenant d'un magasin de produits
chimiques ou d'un autre laboratoire du Muséum, mais l'une et l'autre ren-
(') .1/111. agr., l. IV, p.iai ; 1878. — Tome IX, p. 58; i883, ce dernier Mémoire
est de MM. Deuérain et Bréai..
( 525 )
fermaient des traces sensibles de chaux, de telle sorte qu'elles ne pouvaient
nous servir à élucider la question posée. L'un de nous (M. Demoussy) eut
alors l'idée de reprendre notre eau distillée et de la soumettre à une nouvelle
distillation dans un appareil en verre, en fractionnant les produits; on
recueillit séparément les deux premiers tiers du liquide, et l'onconserva le
dernier tiers qui ne fut pas distillé; des lupins furent enracinés dans ces
trois eaux; les résultats furent surprenants, et nous avons l'honneur de
mettre sous les yeux de l'Académie une photographie qui montre avec la
plus complète évidence que les lupins enracinés dans l'eau distillée dans
le verre forment de longues racines très vigoureuses, tandis que l'arrêt de
développement est absolu quand les vases renferment l'eau résiduaire,
non distillée une seconde fois.
» Celte observation appuie la conclusion que nous avons formulée plus
haut : ce n'est pas l'absence de chaux qui empêche l'évolution des graines,
car la chaux serait restée dans la partie de l'eau qui n'a pas été distillée
une seconde fois, et c'est précisément dans ce résidu que l'évolution ne
se produit pas.
» Un nouvel examen attentif de ce résidu ne permit pas d'y déceler
la moindre trace de métaux nuisibles; nous résolûmes cependant d'essayer
si une trace des métaux qui servent à la construction des alambics ne se-
rait pas la cause de l'arrêt de développement des lupins, et l'on introduisit
de l'argent, du cuivre, du plomb et de l'étain dans de l'eau distillée pure,
on les y laissa quelques jours, puis on remplit de ces eaux des tubes dans
lesquels on enracina de nouveau des lupins ( ' ). Je mets sous les yeux de
l'Académie une seconde photographie, dans laquelle on voit les lupins
former des racines dans l'eau pure, dans l'eau qui avait séjourné au con-
tact de l'argent, du plomb et de l'étain, mais présenter un arrêt de déve-
loppement complet dans l'eau de cuivre.
» Ce n'est pas seulement le lupin blanc qui ne peut former de racines
dans l'eau cuivreuse; il en est de même des lupins jaunes, des ricins; le
blé présente encore les mêmes arrêts de développement. La photographie
que je présente montre que le blé fait de longues racines dans l'eau qui a
subi deux distillations et qu'il n'en forme pas dans l'eau non distillée de
nouveau, ni dans l'eau qui a séjourné au contact du cuivre, même quand elle
forme la moitié, le cinquième, le dixième ou le vingtième du volume total.
(') II a fallu filtrer l'eau restée au contact du plomb, qui s'était troublée; après
fillration, elle est restée limpide.
( 526 )
» L'eau cuivreuse est également fatale au lupin blanc, même quand elle
est étendue de moitié ou des quatre cinquièmes d'eau pure; quand on mé-
lange l'eau cuivreuse avec les mêmes proportions d'eau de fontaine, les
racines commencent à s'allonger, mais elles ne prennent leurs dimensions
normales qu'autant qu'on les frotte avec du carbonate de chaux, qui
arrête sans doute au passage les traces de cuivre que l'eau a pu prendre.
» Tous les essais que nous avons tentés pour caractériser le cuivre dans
l'eau distillée ont échoué tant que nous n'avons pas poussé très loin la
concentration; en cherchant dans les derniers lo'^'^, résidus de la distilla-
tion de lo''' de notre eau distillée, nous avons obtenu, après addition de
quelques gouttes d'acide azotique, un louche par l'hydrogène sulfuré et
une légère coloration par le ferrocyanure. Eu comparant la coloration par
l'hydrogène sulfuré de notre résidu à celles que donnent des dissolutions
extrêmement diluées de sulfate de cuivre, on a évalué à o"^'', i ou o^s^^s
la quantité de cuivre contenue dans i'" de notre eau distillée. A un ou
deux dix-millionièmes, le cuivre arrête le développement des racines du
blé ou du lupin blanc ou jaune; il est donc extrêmement toxique, un peu
plus même que ne l'a reconnu M. Coupin dans un travail récent (').
» Il est d'autant moins douteux que le cuivre soit l'agent nocif qui
arrête les germinations dans l'eau distillée, qu'on voit dans le Mémoire de
J. Eœhm, origine des présentes recherches, que, dans le désir de soustraire
complètement l'eau distillée à l'action de la chaux employée à la fabrica-
tion du verre, il conservait l'eau distillée d'expériences dans un vase de
cuivre argenté, et il suffit de supposer que la couverture d'argent n'ait pas
été absolument continue, qu'en quelques points l'eau ait été en contact
avec le cuivre, pour expliquer tous ses insuccès.
» On sait, depuis longtemps, que les végétaux inférieurs sont très sen-
sibles à l'action de traces impondérables de cuivre ; Nœgeli notamment cite
la curieuse expérience suivante : les Spyrogyra périssent dans de l'eau où
séjourne une pièce d'or; l'or pur, au contraire, n'exerce aucune action.
Les traces de cuivre abandonnées par l'alliage monétaire se fixent sur le
verre; car si l'on enlève la pièce d'or, l'eau où elle était plongée, qu'on la
remplace par de l'eau pure, celle-ci reste toxique pour les Spyrogira. Il
faut que le vase ait été lavé à l'acide pour qu'elles puissent y vivre (-).
» L'eau distillée dans des alambics de cuivre peut donc entraîner des
( ' ) Comptes rendus, l. CXXVII, p. 4oo.
(') Ann. agr., t. XX, p. iS;.
( 527)
traces de métal qui la rendent vénéneuse, même pour les végétaux supé-
rieurs au moment oîi ils commencent leur évolution ; il est bien à remarquer
cependant que, si les graines en germination sont nombreuses dans un vo-
lume d'eau restreint, l'évolution s'accomplit normalement; la dose de
cuivre contenue dans l'eau, mortelle pour une seule plante, devient inof-
fensive pour trente ou quarante; leurs racines s'emparent du cuivre; car,
lorsqu'on remplit des tubes avec l'eau où elles ont vécu plusieurs jours,
on voit les graines y croître régulièrement.
» Des faits que nous venons de rappeler il semble qu'on puisse tirer les
conclusions suivantes :
» 1° Les graines en germination forment des racines et commencent
leur évolution dans l'eau absolument privée de chaux;
» 2° Le développement des racines des graines en germination s'arrête
dans l'eau distillée quand elle renferme des traces impondérables de
cuivre;
» 3° Les êtres vivants : champignons, algues, graines des végétaux su-
périeurs en voie de germination, sont des réactifs infiniment plus sensibles
que tous ceux qu'on emploie dans le laboratoire, et décèlent la présence
de quantités infinitésimales d'un métal comme le cuivre, qu'on ne peut ca-
ractériser par les réactions chimiques habituellement employées. »
PHOTOTHÉRAPIE. — Appareil photolhérapique sans condensateur. Note de
MM. LoRTET et Gexocd.
« Quand on se sert de l'arc voltaïque comme source lumineuse dans
l'application de la méthode photolhérapique, l'appareil employé par Finsen
et celui dont nous avons proposé l'usage (voir notre Communication du
4 février) concentrent les rayons lumineux à l'aide de condensateurs. Avec
ce dispositif, le rendement pour le but qu'on se propose est relativement
minime, car il en résulte une déperdition considérable de radiations chi-
miques, plus ou moins retenues par les milieux formant les condensateurs.
Au point maximum de concentration, on obtient une zone de la grandeur
d'une pièce de un franc environ, zone qui représente l'élément actif auquel
il faut exposer les parties à traiter pendant un laps de temps variant entre
une heure et une heure un quart, pour Aoir se produire l'effet curatif.
» Nous avons cherché à supprimer les condensateurs : pour cela, il fal-
lait rendre utilisables les rayons lumineux le plus près possible de leurori-
( 528 )
gine, avant leur dispersion, le degré de concentration augmentant natu-
rellement à mesure qu'on se rapproche de la source lumineuse. Nous y
avons pleinement réussi avec le dispositif que nous avons imaginé et que
représente la figure ci-dessous.
D
n L'arc électrique à courant continu est produit entre deux, charbons formant un
angle suffisant pour que le cratère du charbon positif projette la plus grande partie
de la lumière suivant un cône dont l'axe passerait par le centre de l'orifice O de DD,
sorte de cuvette oblongue à double fond, dont les parois distantes de 6 à 7 millimètres
laissent un espace vide dans lequel circule de l'eau froide, ce qui empêche l'échaufie-
ment de DD remplissant le rôle d'écran percé d'un orifice par lequel passe la lumière.
Un système de bras articulés et de vis permet le réglage de l'arc, que l'on peut ap-
procher plus ou moins de O.
» Quand l'appareil fonctionne, l'arc est amené à une distance de 1 à 2 centimètres
de l'orifice. Les charbons sont masqués par les rebords de DD. Le petit miroir M em-
pêchant toute projection de lumière en arrière, l'arc n'est donc éclairant que par sa
partie antérieure.
» En avant de l'orifice O se fixe un petit appareil G, sorte d'obturateur creux (nous
( 529 )
l'avons représenté séparé sur la figure), limité sur ses deux faces par un disque de
cristal de roche; dans l'intérieur circule un courant d'eau froide.
» L'expérience nous a appris qu'on peut approcher l'arc à une distance de 4"" à ô"^"
de cet obturateur, sans /jue celui-ci s'échauffe. Il laisse assurément passer la plus
grande partie des radiations calorifiques. Mais, toute partie suffisamment appliquée
contre le disque postérieur {par rapport à l'arc) de façon à faire corps avec lui,
étant de ce fait constamment rafraîchie, est complètement soustraite à l'action des
radiations calorifiques, rien par contre n'entravant celle des radiations chimiques.
» L'ensemble de l'appareil est monté sur une tige LL mobile en tous sens; l'arc
employé consomme de 8 à 10 ampères à !\o ou ^5 volts.
» En dehors de loute question de comniodilé et d'économie, les résul-
tats obtenus sont les suivants :
» 1. Suivant la dimension de l'obturateur, la zone active peut varier
dans les dimen.sions de 1'™ à 6'^"' de diamètre. (Les appareils à con-
densateurs ne donnent qu'une zone active de la grandeur d'une pièce de
un franc.)
» 2. L'intensité photochimique de cette zone est suffisante pour que le
temps d'exposition nécessaire pour obtenir le résultat curatif désiré ne
dépasse pas quinze à vingt minutes (au lieu de une heure à une heure
quinze, temps de pose indis|)ensable avec les appareils déjà cités). Il est
probable, du reste, qu'on pourra diminuer encore la durée de cette expo-
sition.
» L'appareil dont nous venons d'exposer sommairement le fonctionne-
ment permettra donc de réduire, dans des proportions considérables, la
durée du traitement photothérapique, seule objection justifiée faite
jusqu'à maintenant à l'emploi de cette méthode. »
M. le Secrét.iike perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un « Traité théorique et pratique d'Électrométallurgie «,
par M. Adolphe Minet. (Présenté par M. Mascart.)
La Société des a.mis des Sciences siathém-itiqces et physiques de Pol-
TAVA adresse à l'Académie ses respectueuses condoléances à l'occasion de
la mort de M. Ch. Uermite.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. C.VWU, iN° 9.) 68
( 53o )
ASTRONOMIE. — Observations des variations ci' éclal de la planète Eros faites
à l'observatoire de Lyon. INote de MM. Gitillacme, Le Cadet et Luizet,
présenlée par M. Lœwy.
« Les variations d'éclat de la planète Eros ont été suivies a l'observa-
toire de Lyon par MM. Le Cadet (L. C.) à l'éqiiatorial coudé (o™,32),
Guillaume (J. G.) et Luizet (M. L. ) à l'équatoriHl Brunner (o"',i6),
» La méthode employée parées trois observateurs est celle d'Argelander.
» Les observations, commencées chaque soir dès que la nuit le permet-
tait, ont été faites sans interruption jusqu'au moment où, la planète arri-
vant trop près de l'horizon, les comparaisons devenaient incertaines.
» On a ainsi obtenu, pour chaque soirée, une courbe de kimière dont
on a tiré les heures des maxima el minima correspondants.
» Le Tableau qui suit résume ces observations : les résultats y sont
groupés en deux séries se rapportant aux époques tropiques d'ordre pair
et impair à partir d'une certaine date, conformément à la remarque, faite
par M. André, que la durée totale de la période de variation d'Éros com-
prenait deux maxima et deux minima; l'accord presque constant des va-
leurs individuelles, surtout pour les minima, est intéressant à signaler.
» La variation totale d'éclat de la planète est environ de deux grandeurs
2\'^
2''5o'ï_
lDeq = oGr 1
et la courbe de lumière ci-jointe, sans être définitive, donne une repré-
sentation assez approchée de la variation actuelle d'Eros.
Minimum I.
Minimum II.
Heure (T. M. Paris).
J.G. L.C. M.L.
Dates.
Heure (T. M. Paris).
Dates.
J.G. L.C. M.L.
, février
■KO.
Il 111 11 m h Di
7.55 7.56 8. 0
J901
février 30.
h U) Il 1)1 II
10. 5o io.5i 10. 5o
21.
10. i4 10. i5 10. i4
21.
7.55 7.54 7.53
( 53. )
Minimum I
Heure
(T. M. Paris).
Dates.
J.G.
L.C.
M.L.
1901, février
22.
Il Ul
7.26
h Ul
7.20
Il
7.27
23.
9-4o
9.40
9.42
25.
27-
9- 9
9.10
8.32
9. 8
8.33
Maximum
/.
Dates.
J.G.
L.C.
M.L.
1901
février
20.
Il ni
9.i5
Il m
9 • ' ''
Il
9. 16
21 .
n.42
1 1 . :!(i
I I . 45
22.
8.38
8.40
8.35
23.
10.55
1 0 . 58
10.55
25.
10.37
10. 3o
10.36
2G.
7.35
7.34
7-44
37.
»
10. 1)
9.53
Dalles.
Minimum. II,
Heure (T. M. Paris).
J.G. L.C. M.L.
1901,
h
Ql
Il Dl
h
er 22.
10.
I I
10. 12
ro.
12
23.
'7 .
.8
7. .5
n
J ■
17
25.
12.
2
12. 0
l '^ .
2
26.
9-
8
9. 8
9-
10
27.
»
i r .20
1 1 .
23
Maximum
//.
Dates.
J.G.
L.C. M.L.
Il m II III 11 Ul
1901, février 21 . 9.12 9. 5 9.12
22. I I .33 I I .20 I I .35
23. 8.20 8.38 8.18
25. » 8.18 „
26. 10.20 10. 25 10.20
ASTRONOMIE. — Sur les époques tropiques de la période de varialion d' éclat
de la planète Erns. Noie de M. M. Luizet, présentée par M. I.œwy.
« Si nous désigaons par /«,, M,, m.^, Moles deux minima et les deux
maxima compris dans chaque période de varialion lumineuse d'Eros, la
discussion des observations d'éclat de cette planète, faites à l'observatoire
de Lyon par MM. Guillaume, Le Cadet et Luizet, et dirigée d'après la mé-
thode adoptée pour les étoiles doubles photomélriques, conduit aux résul-
tats suivants :
» 1° Les intervalles de temps (mj — ^«,) et (m., — m„) diffèrent nota-
blement l'un de l'autre; il en est de même des intervalles (M. — M,) et
(M, — Ma). On trouve, en effet :
j II m
nif = o, r 19 = 2..5i,
m.^ = o, 100 == 2 .24,
m. 2
m,
M„ — M,= o, 1 18 = 2.5o,
M, — Mo = o, I o 1 = 2 . 26 ;
» 2" Les durées d'accroissement île lumière entre m, et M, et entre
( 532 )
m„ e\ Mo diffèrent peu :
J II m
M, — m^ = o,o56 = 1 .20,
M» — m„ = o, o54 = 118,
tandis que les durées des diminutions d'éclat entre M, et m-^ et entre M,
et m, sont, au contraire, assez différentes :
j II m
m^ — M, = n,o63 = 1 .3i,
m I — Mo = o. 046 = I . (j ;
» 3° La durée totale P de la période est :
oi, 2195 = 5'' 16™, T d'après les mini ma
et
o',2i96 = 5''j6'",2 d'après les maxima;
soit
P = 5''i6'",i5;
» 4° Les éléments provisoires donnant les époques successives des
minima m^ et m^ sont, en temps moyen astronomique de Paris,
iqoi. Février 20 7''07 ) ,.u ^ ^ t^
20 io''48 (
Dans une prochaine Communication nous donnerons la discussion des
éclats eux-mêmes. »
ASTRONOMIE. — Variations d'éclat de la planète Éros. Note de
M. Baillaud, présentée par M. Lœwv.
« Les variations d'éclat de la planète Eros, mesurées par M. Rossard,
ont été discutées à l'observatoire de Toulouse.
» Il en résulte que la période entre les maximums d'éclat est égale à
celle déduite des minimums; elle est de 2*" 23"", i.
» Le minimum normal d'éclat a eu lieu le i4 février, à 9''3i™, temps
moyen de Toulouse ; le maximum normal, le même jour, à io''36"'. Du
minimum au maximum il s'est écoulé 65 minutes, tandis que l'intervalle
du maximum au minimum serait de 78 minutes. Toutefois les observations
sont presque aussi bien représentées par l'hypothèse de neuf périodes
exactes dans la durée adoptée pour dix; dans ce cas, les demi-périodes
seraient presque égales. »
( 533 )
ASTRONOMIE. — Éléments fin système formé par la planète double Éros.
Note de M. Cn. André, présentée pnr M. Lœwv.
« Les constantes de la courbe de lumière, données par M. Ltiizet, con-
duisent pour le système d'Eros aux éléments suivants :
1° Durée de la révolution 3'' lô™,!?»
2" Excentricité o,o569
3" Longitude du périastre comptée à partir de la ligne des nœuds. 162°, 45
4° Le demi-grand axe est fort peu supérieur à la somme des ravons des
deux astres supposés sphériques.
5" La densité moyenne du système par rapport au Soleil est 2,4
6° Les dimensions des deux corps supposés sphériques sont fort peu diffé-
rentes : leur rapport serait compris entre | et i.
7" Ces astres seraient des ellipsoïdes très .nliongés; leur aplatissement, dans
l'ellipse méridienne, paraît être voisin de {.
» Je ferai remarquer que :
» 1° La durée de révolution du satellite d'Eros est voisine de celle de
Phobos(7''39™).
» 2° L'excentricité est presque égale à celle de l'orbite lunaire
(0,0549).
» 3° La densité movenne de ce svstème est de l'ordre de celle de Mars
(0,8).
» 4° L'aplatissement est en dehors de tous ceux que nous connaissons
jusqu'ici : je me réserve de revenir sur ce sujet dans une prochaine
Communication. »
ASTRONOMIE. — Sur la période de variabilité d'éclat de la planète Éros,
d'après des déterminations faites à l'observatoire de Toulouse. Note
de M. L. MoxT.4\GERAJîD, présentée par M. Lœwy.
« Annoncée comme probable par une Noie du D'' Egon von Oppolzer,
de Potsdam, la variabilité d'Eros est maintenant entièrement confirmée
par diverses Communications \>»vues au^ Comptes rendus (^i2> février) et
aux Astronomische Nachrichten, n° 3688.
» Des recherches photographiques sur ce sujet ont été entreprises à
( 534 )
Toulouse, à l'Instrument de la Carte du Ciel, et seront poursuivies jusqu'à
la fin de l'opposition de la planète. Les résultats en seront publiés ultérieu-
rement.
» Mais il est utile de dire, dès maintenant, qu'une pose obtenue le
i6 février donnait, pour la demi-période de décroissance, d'un maximum
au minimum suivant, une durée supérieure à une heure. Un autre cliché
longuement posé, fait à la date du 23 février, permet d'attribuer à la
période entière une dui'ée d'environ deux heures et demie.
M l^a comparaison des clichés en question avec d'autres, obtenus à des
dates éloignées, pourra sansaucun doute fixer sur la valeur de la période
cherchée, car la mesure des traînées se fait avec une précision de quelques
minutes.
» Voici, en attendant, les résultais de comparaisons visuelles d'Éros aux
étoiles voisines, indiquées pour les dates suivantes dans ce Tableau :
BD. >■■. Giandeiir d'après BD.
1901 février aS.
16
712
1)4
16
719
9.5
16
720
9>^
i5
784
9,5
iT)
8i5
9.5
i'i
907
9,3
■'■' )
» Le maximum d'éclat de la planète a é(é constaté aux moments ci-
dessous :
Février aS S.3o temps moven de Toulouse.
» 25 Cf.". :v. .... 7 . 35 i>
» 27 6.57 11
» La grandeur était alors 9,5 environ. Les intervalles respectifs des
maxima observés sont : 2825™ et 2842™. Or, d'après la remarque contenue
dans la Note de M. Rossard (Comptes rendusàn 18 février) qu'il y a un peu
plus de 10 périodes de variation dans un jour, on peut rechercher quelle
serait la durée de cette période, en admettant alors qu'd y eu ait 20 du 23
au 25 et du 25 au 27 février. On trouvera ainsi, pour la période, les durées
respectives : 2'' 21'" et 2'' 22™. On voit que ces nombres concordent absolu-
ment avec ceux déjà obtenus à Toulouse. Il y a lieu de croire que 2'' 22'"
représentent bien l'amplitude de la période de variabilité. «
( 535 )
ASTUONOMIE. — Sur la nouvelle c'ioile ùc Pence. Note de M. M. Luizet,
|)résentée par M. Lœwy.
« Je donne ici quelques éclats de celte Nova, déduits de comparaisons
faites à a Taureau, fi Gémeaux, « Persée et y Cassiopéc, en adoptant pour
grandeisrs de ces étoiles celles données |)ar la Connaissance des Temps :
h IJI it
l'évricr 26 à iS.45 1,1
T.- à 9 . 5 1,5
■>.- à 10.20 1,9
•'.- à I I .20 2,0
27 i> 11.40 2.1
27 il 12 . o 2,1
Mars 1 à 8.4-5 2,1 à 2,2
ASTRONOMIE. — Observations de l'étoile nouvelle de Persée.
Note de M. H. Desi.a.\dres, présentée par M. Jansseii.
« Le 23 février, l'observatoire de Mention recevait une dépêche annon-
caYit une étoile nouvelle dans la constellation de Persée.
)) Je me suis proposé d'étudier avec soin le spectre de l'étoile; car c'est
l'analyse spectrale qui fournit sur ces astres singuliers les renseignements
les plus complets et les plus variés.
» La première étoile temporaire étudiée au spectroscope est l'étoile
de 1866, Tde la Couronne. Son spectre, relevé par sir Huggens, était carac-
térisé par les raies de l'hydrogène brillantes et larges, qui ont été recon-
nues plus lard absolument semblables dans les protubérances éruptives
du Soleil.
» La suivante, apparue en 1876 dans le Cygne, a montré un spectre
continu rehaussé par les raies brillantes des protubérances solaires, au
moment de son maximum. Puis, lorsque l'étoile a décru, elle s'est débar-
rassée peu à peu de la partie continue du spectre et, à la fin, a montré
seulement les raies caractéristiques des nébuleuses.
» L'étoile nouvelle de i885 a donné seulement un spectre continu.
» Enfin la suivante, celle de 1 893, apparue dans le Cocher, a été étudiée
avec des appareils plus puissants que les précédents, et avec les méthodes
( 536 )
qui assurent, grâce à l'aide de la Photographie, la mesure exacte des vitesses
radiales. Le spectre était continu avec les raies de l'hydrogène et du cal-
cium; mais chacune de ces raies était double, une des composantes étant
noire et dépUcée vers le violet, l'autre étant brillante et déplacée vers le
rouge. L'intervalle des deux raies correspondait à une vitesse radiale de
près de ioog""" par seconde et pouvait s'expliquer par l'existence de deux
astres marchant l'un vers l'autre avec une énorme vitesse. A la fin, le
spectre s'est transformé en celui des nébuleuses.
» Cependant l'observation de la nouvelle étoile de Persée a été con-
trariée par un mauvais temps persistant. Le 26 février, entre des éclair-
cies, on a dû faire deux photographies du spectre ; de même le 28 février.
Le spectroscope est celui que j'ai organisé pour l'étude des vitesses radiales
des étoiles. Il a été employé avec la dispersion moyenne de deux prismes
de flint léger. Les observations ont été faites avec le concours de M. Millo-
chau, aitle-astronome, et de M. Burson, assistant.
» Je présente à l'Académie un positif agrandi du spectre. Il montre le
spectre de l'étoile encastré entre les deux moitiés d'un spectre terrestre
de comparaison qui comprend les raies du fer, du calcium, de l'hydro-
gène, de l'hélium et de l'air.
» Le spectre apparaît, au premier abord, formé par des raies bril-
lantes, extrêmement larges, assimilables à des bandes. On distingue net-
tement des bandes qui correspondent aux raies Hg, ('), Hp, H.^, Hg, Hj de
l'hydrogène et aux raies H^.^ et K^^du calcium. Les raies de l'hydrogène
sont d'autant plus larges et diffuses qu'elles sont plus réfrangibles. Pour
toutes ces raies bandes, le milieu de la bande est déplacé vers le rouge par
rapport à la raie terrestre. D'autres raies bandes aussi se montrent en
particulier dans le vert, le bleu et l'indigo; elles seront étudiées ultérieu-
rement.
» Un examen plus minutieux montre sur le bord violet de chaque raie
bande précédente une large plage noire. Aussi peut-on considérer le
spectre de cet astre comme semblable à celui de la Nouvelle du Cocher,
avec cette différence que, dans la Nouvelle de cette année, les raies bril-
lantes et noires sont beaucoup plus larges (- ).
(') Dans la partie lumineuse, on aperçoit la raie rouge H^ très intense, et une
bande jaune faible, voisine des raies Dj, Dj du sodium, qui se détachent sur un faible
spectre continu. La raie Ha présente comme Hp deux raies noires.
(-) J'ai cité particulièrement les raies de l'hydrogène et du calcium; mais si l'on
(537)
» Sur l'épreuve, la bande Hp de l'hydrogène offre les détails suivants :
» Elle a trois maxima de lumière : l'un, qui est le plus intense, dé-
placé vers le violet (environ — 600"^™ par seconde); le deuxième, an mi-
lieu, qui est à peine déplacé, et le troisième déplacé vers le rouge (environ
-t-iooG*""). Autrement on peut considérer la bande comme unique avec
deux raies noires diffuses, qui correspondent aux intervalles des maxima
précédents, et sont, l'une déplacée vers le violet (vitesse — 3oo''" environ)
et l'autre déplacée vers le rouge (vitesse + oSo*"").
» Les raies de l'hydrogène, plus réfrangibles que Hp, ont des divisions
semblables, mais à peine perceptibles.
» Les raies !!<,„ etR,.,,, d'autre part, présenteront chacune une raie noire,
fine et nette; ce sont les seules raies nettes du spectre; elles sont dépla-
cées un peu vers le rouge; mais la Terre actuellement s'éloigne de Persée;
si l'on tient compte du mouvement de la Terre, la vapeur qui produit ces
raies a une faible vitesse par rapport à notre Soleil.
» Tels sont les premiers résultats de cette étude. Comment les inter-
préter ?
» Une première explication est la suivante : L'astre nouveau présente
au moins trois masses de gaz sous une pression notable qui ont, par rap-
port à nous, des vitesses différentes. Une des masses a une faible vitesse et
renferme de l'hydrogène et du calcium. Les deux autres ne contiennent
que de l'hydrogène; de plus, l'une des deux s'approche, alors que l'autre
s'éloigne. Les vitesses de ces deux dernières masses sont très grandes en
valeur absolue, mais sont différentes selon que ces masses sont suppo-
sées correspondre dans le spectre à des parties brillantes ou à des parties
noires des raies bandes.
» Une autre explication ne fait pas intervenir le principe de Doppler
Fizeau, ou le fait intervenir d'une façon secondaire. Elle suppose non trois
masses de gaz, mais une seule masse de gaz à très haute pression qui se
meut à peine par rapport au Soleil et est subitement le siège de phéno-
mènes électriques intenses. La haute pression, d'après les expériences de
MM. Humphreys et Mohler, complétées par M. Wilsing, produit à la fois
l'élargissement des raies et le déplacement de la raie bande vers le rouge.
)) M. Wilsing a fait éclater l'étincelle disruptive dans l'eau entre des
électrodes métalliques, et a noté les changements des raies métalliques.
examine les auUes raies bandes du spectre, on trouve que ces raies bandes se re-
trouvent dans le spectre de la Nouvelle de iSgS, mais très amincies.
C. R., 1901, I" Sem0Stre. (T. CXXXII, N° 9.) f>9
( 538 )
Outre le déplacement de l'ensemble vers le rouge, il a reconnu que l'extré-
mité de la raie élargie du côté rouge est plus diffuse et plus faible, et que la
raie élargie a plusieurs niaxima diiïus. Or ces trois détails caractéristiques
se retrouvent dans les raies de l'étoile nouvelle de Persée.
)) Cette seconde explication est plus simple. Mais peut-elle s'accorder,
comme le suppose M. Wilsing, avec le spectre continu que, d'après les
expériences anciennes de M. Cailletet, les gaz donnent aux très hautes
pressions? Cette explication permettrait peut-être, d'ailleurs, de tout ra-
mener à un corps unique, de grande masse et de grande densité, dont la
surface solidifiée serait brusquement rompue et donnerait accès aux gaz
et à la chaleur du noyau.
» Mais une étude expérimentale plus complète est nécessaire pour
décider entre les explications qui se présentent à l'esprit.
» Addition. — Une épreuve du spectre de la nouvelle étoile, obtenue le
3 mars dans le jaune et le vert, montre trois raies, bandes vertes brillantes,
qui correspondent, la moins réfrangible au triplet vert du magnésium, et
les deux autres aux raies >.5oi et X492 du parhélium. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une certaine sur/ace du troisième ordre.
Note de M. ï).-Th. Ëgorov.
<c Je viens de signaler une classe assez étendue de surfaces qui admettent
une déformation continue avec conservation d'un système conjugué
{Comptes rendus, p. 3o2 de ce Volume). On obtient toutes les surfaces de
cette classe en appliquant la transformation de K.-U. Peterson (/oc. cit.)
a la surface tétraédrale du dix-huitième ordre :
3
l a; = A,(w -s,y(^' — s,y,
(0 \y = Ao(m - 5,)-(^' - s,y,
==: k.,(u — s3y(i' — s.j\
qui est l'une des plus simples de la classe considérée.
» Je vais compléter mes résultats en déterminant la surface associée (')
à la déformation infiniment petite de l'espèce considérée (on obtient une
(') BuNCHi, Lezioni di Geometria dijjcrenziale.
( 539 )
telle déformalion en supposant infiniment petit le paramètre arbitraire dé-
signé par (7 dans ma Note citée). II suffit d'ailleurs de considérer la défor-
mation de la surface tétraédrale (\), la transformation de M. Pelerson lais-
sant invariable la surface associée. Pour déterminer effectivemenl la surface
cherchée, on n'a qu'à construire l'ensemble des douze surfaces de M. Dar-
boux (') en prenant pour surface initiale S la surface tétraédrale (i) et en
considérant la déformation infiniment petite qui vient d'être délinie. La
surface A, (loc. cit.) de cet ensemble est précisément la surface cherchée;
elle est définie par l'équation
(^)
y Y- / z y xyz
ni^ I \ W3 / m^m^m^
où l'on a désigné par m,, m.^, m.^ trois constantes proportionnelles respec-
tivement à
A, A; A3
[s,-^s,Y-' (.î:,-.î,r-' {^x-s.y
» La surface (2) est une surface du troisième ordre à quatre points
doubles (points coniques)
(m,, m.,, m^), (w,, —m.,, ~m.,), ( — m,, ot^, —m^) et \— m,, —m„,m^).
ce que l'on reconnaît aisément en transportant l'origine des coordonnées
dans l'un de ces points. Les lignes asymplotiques de la surface (2) corres-
pondent au système conjugué u = const., v = const. de la surface (1), la
correspondance étant celle par plans tangents parallèles. Les expressions
des cosinus de la normale à la surface (2) étant les mêmes que celles de la
surface (i), on reconnaît immédiatemeut que lesdits cosinus sont propor-
tionnels aux trois fonctions
ft.
A-1 ^(„_.ç,)(^_5,)
,j _ «3— •«1 \fir— V
K y'(a_sj)(,,_^,)
A •'1 ■*2
\Ju — ('
(3)
\/{ u — .S3 ) ( '' — -«3
qui vérifient une même équation linéaire
(4)
dudv li{u — v)"-
(') Leçons xur la Théoi'ie générale des surfaces, t. IV, p. 48-72.
( 54o )
» La surface (i) appartient à la classe des surfaces dont la courbure
totale K s'exprime en fonction des paramètres u, v des lignes asymploliques
de la manière suivante :
(■'') ^^~ [?(") + '!'(<•)?■
). Cela résulte de la formule générale (' )
v_ '
et des expressions (3) des quantités â,; ce résultat est d'ailleurs évident
a priori, d'après les recherches de M. Cosserat (-). La classe des surfaces (5)
a été étudiée par M. Bianchi, qui en a indiqué plusieurs propriétés intéres-
santes ('). En particulier, si l'on détermine une surface S, correspondant
avec orlhogonalité des éléments linéaires à une surface S de la classe con-
sidérée et que l'on mène par les points de S, des droites parallèles aux
normales de S, on obtient une congruence rectiligne (g) qui peut être con-
sidérée comme une congruence cyclique d'une infinité de manières diffé-
rentes. La détermination des congruences {g) correspondant à la sur-
face (2) revient à l'intégration de l'équation (4); en utilisant les solutions
entières de cette équation on parviendra aux congruences {g) algébriques.
« Le nombre de surfaces de la classe (5) que l'on connaît explicitement
est d'ailleurs assez restreint; c'est pourquoi j'ai pensé qu'il y avait quelque
intérêt à signaler la surface si simple (2) appartenant à la classe consi-
dérée. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les systèmes complets d^ équations aux dérivées
partielles. Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Jordan.
« Dans une précédente Communication nous avons, en particulier (''),
énoncé un théorème relatif aux systèmes complets d'équations linéaires
(') Darboux, Leçons sur la Théorie générale des surfaces, t. IV, p. 29, 3o.
(-) Comptes rendus, 1891.
(^) Sopra alcune nuove classi di superficie e di sislemi tripli orlogonali {Annali
di Matematica, 2= série, t. XVUI).
(') Comptes rendus, mai et juin 1900. — Voir aussi Journal de Mathématiques.
1901, p. 5o et suivantes.
( 54. )
aux dérivées partielles définissant deux divisions P et Q de l'espace R„
invariables par un groupe transitif G de Lie.
M On peut établir un théorème tout à fait analogue qui ne fait pas
intervenir la théorie des groupes finis continus de transformations de Lie.
» Théorème. — Soient
1 z, =o,
Y^ = o,
. . . , Z, = o.
deua; systèmes complets
(.) ("" ■
O,. ,
... o„_,.
deux systèmes Je solutions indépendantes de ces deux systèmes. Les conditions
nécessaires et suffisantes pour que V ensemble des équations ( informe un sys-
tème complet à p -\- q - s équations sont que l'ensemble des fonctions (2)
comprenne n — s fonctions indépendantes et que les deux systèmes complets (^i)
aient n — (^p -h q — s) solutions communes.
» Ce théorème peut être établi et énoncé en faisant intervenir des con-
sidérations géométriques :
» Théorème. — Soient
l:
— 0,
= 0,
Y/,= o,
Zy = 0
deux systèmes complets
(^)
deux systèmes de solutions indépendantes de ces deux systèmes
P' i2, — y. ^n-p=«.n-p.
Q. 0, = a 0„_,^ = a„_,,
les deux divisions de l'espace correspondantes. Par tout point II,, de l'espace
passe une multiplicité P^ de P et une Q^ de Q. La condition nécessaire et suffi-
sante pour que l'ensemble des équations (r) forme un système complet de
p -\- q — s équations est que, quel que soit le point n» {déposition générale), le
lieu R des multiplicités Q qui rencontrent P(, coïncide avec le lieu des multipli-
cités P qui rencontrent Q„ ; l'ensemble des lieux R est alors une division de
( 542 )
l'espace à p -^ q — s degrés de liberté,
o, = const. , .... (û„_(^+^_,t) = consL,
les premiers membres de ces équations formant un système de solutions indé-
pendantes du système ( i ) ( ' ) . »
PHYSIQUE BlOT,OGlQUE. — Pour obtenir des rayons de courtes longueurs
d'onde on peut utiliser l'effluve èlectiique, source intense de rayons violets
et ultra-violets. Note de M. S. Leduc, présentée par M. d'Arsonval.
« I,e dispositif, à cet effet, consiste en un condensateur ayant pour
diélectrique une lame transparente de celluloïd ou une mince lame de
verre ; une armature est formée d'une feuille de métal (aluminium) percée
d'un orifice circulaire de 2""" à 4""" de diamètre; une sphère métallique
de a*^" à 3'='" de diamètre, appliquée sur le diélectrique en un point corres-
pondant au milieu de l'orifice, forme l'autre armature.
» Lorsque ce condensateur est soumis à des charges et à des décharges
rapides, les deux faces de la plaque diélectrique sont, au niveau de l'orifice
de l'armature, recouvertes d'une effluve, siège d'une émission intense de
rayons chimiques, violets et ultra-violets, purs de tout mélange avec des
rayons calorifiques et lumineux. Ces rayons peuvent être recueillis par des
lentilles de quart/ ou de verre et réunis en foyer. Nous avons déjà fait
connaître leur nature et leurs propriétés dans une Note antérieure (Comptes
rendus, séance du 12 juin 1890)); le dispositif actuel donne une émission
bien plus considérable.
» Ces rayons, très absorbables parle verre et par l'air, provoquent avec
intensité la fluorescence et, à une petite distance, donnent aux écrans au
platinocyanure de baryum un éclat comparable à celui que leur commu-
niquent les rayons Rontgen. Sans concentration du faisceau, on obtient
des actions photographiques qui dépassent en intensité celle de la lumière
du Soleil avec tous ses rayons. Le procédé est particulièrement simple et
commode pour soumettre les tissus anémiés à l'influence des rayons de
cour;tes longueurs d'onde ( traitement Finsen); on comprime les tissus avec
une lame de quartz encadrée dans une plaque d'ébonite, on applique le
(') Gorap. GouRSAT, Leçons sur la Théorie des équations aux dérivées partielles
du premier ordre. Paris, 1891.
( 543 ,
condensateur, la perforation de l'armature encadrant la lame de quartz; la
sphère forme l'armature externe, les rayons produits arrivent aux tissus
n'ayant à traverser que la mince lame de quartz du compresseur, évitant ainsi
l'absorption par l'air, les lentilles et les milieux absorbants et réfrigérants,
absorption si considérable pour les rayons de courtes longueurs d'onde.
» On anime le condensateur en mettant la sphère en communication avec
l'armature externe d'une bouteille de Leyde dont l'armature interne com-
munique avec l'un des pôles d'une bobine d'induction donnant au moins
6'^'" d'étincelle. Un détonateur, entre la bobine et la bouteille de Leyde,
permet de régler facilement le courant. L'autre pôle de la bobine commu-
nique avec l'armature interne d'une bouteille dont l'armature externe est
mise au sol.
» On peut également animer le condensateur avec une machine à
influence. «
ÉLECTRICITÉ. — Sur la propagation des oscillations hertziennes dans l'eau.
Note de M. C. Gutton, présentée par M. H. Poincaré.
« Lorsque les propriétés électriques et magnétiques d'un milieu isolant
ne dépendent que de sa constante diélectrique, la longueur d'onde d'un
résonateur reste la même, quand on la mesure d'abord dans l'air, puis dans
ce milieu. Cette proposition a été déduite par M. Blondlot(') déconsi-
dérations d'homogénéité et vérifiée par lui dans le cas de l'hude de ricin
et de la glace. Lorsque le milieu est magnétique, conducteur, ou encore
présente une absorption notable pour les ondes hertziennes, ses propriétés
ne sont plus définies par sa seule constante diélectrique, et alors l'égalité
des longueurs d'onde d'un résonateur dans l'air et dans ce milieu n'est
plus certaine d'avance. C'est le cas de l'eau de source ordinaire, dont les
propriétés électriques dépendent d'autres paramètres que sa constante
diélectrique. Cette eau a une conductibilité notable et les ondes électro-
magnétiques y subissent une absorption considérable. L'expérience seule
peut décider si la longueur d'onde d'un résonateur est la même dans l'air
et dans l'eau.
» A l'aide d'un excitateur de Hertz j'ai produit des ondes le long de deux fils de
(') R. Blondlot, Comptes rendus, t. CXV, p. 226; 1892, et t. CXIX, p. Sgô; 1894.
( 544 )
cuivre étamés parallèles et distants de 38"^™. A 2'",5o de l'excitateur, ces fils pénètrent
dans une cuve en bois paraffiné 'étanche; le résonateur, constitué par un cercle
de Sô"" de diamètre en fil de cuivre étainé de 3""", y est disposé entre les deux fils.
Au delà du résonateur ces fils se rapprochent et sont tendus, sur une longueur de 4"",
à 4°°* l'un de l'autre, dans une auge en bois paraffiné de lo"^'" de large et 5=™ de pro-
fondeur. Les deux fils y sont réunis par un pont. Lorsqu'on déplace ce pont, l'étincelle
à la coupure du résonateur passe par une série de minima et de maxima. Le quart de
la longueur d'onde du résonateur est la distance entre les deux positions du pont, qui
correspondent à un minimum et au maximum suivant.
» J'ai d'abord placé le résonateur dans le plan des fils. L'expérience étant faite dans
l'air, les distances du pont au centre du résonateur pour le premier minimum et le
premier maximum sont les suivantes :
Premier minimum 71'^'" Premier maximum 143"^™
» Après avoir rempli d'eau la cuve et l'auge de façon à immerger complètement le
résonateur et les fils, j'ai recommencé l'expérience. L'étincelle du résonateur jaillissait
sous l'eau; si les ondes envoyées par l'excitateur sont assez intenses, cette étincelle,
quoique courte, est très brillante et s'observe facilement. Il est d'ailleurs indispen-
sable de plonger dans l'eau la coupure du résonateur; sa période de vibration dépend,
en effet, de sa capacité, et cette capacité, qui esi justement modifiée lorsqu'on plonge
le résonateur dans l'eau, est en partie due aux bords en regard de la coupure. Les
mesures faites dans l'eau sont toutefois un peu moins précises que celles qui sont
eflectuées dans l'air; cela tient à ce que l'eau absorbant en partie l'onde de retour,
les minima ou les maxima deviennent d'autant plus difficiles à saisir que le pont est
plus éloigné du résonateur. Les distances du pont au centre du résonateur ont été :
Premier minimutn -^2"" Premier maximum i44''"'
» Ces nombres résultent de moyennes entre plusieurs expériences; pour le premier
minimum, le plus grand écart entre deux expériences était de 5'"; pour le premier
maximum, de 10'=°". Les positions du pont restent ainsi les mêmes, que l'exp'érience se
fasse dans l'air ou dans l'eau; on doit en conclure que lu longueur d'onde du réso-
nateur n'a pas changé.
» J'ai recommencé en plaçant le résonateur dans un plan perpendiculaire aux fils
de transmission. Pour les expériences dans l'air, les distances du pont au résonateur
ont été :
Premier maximum 56"="' Premier minimum 132"=™
Pour les expériences dans l'eau :
Premier maximum 54"=" Premier minimum 129"=""
)) Ces résultats conduisent aux mêmes conclusions : la longueur d'onde
reste la même lorsque le résonateur et les fils de transmission sont plongés dans
l'eau.
( 545 )
« En répétant ces expériences avec des excitateurs de grandeurs et de
capacités différentes, j'ai constaté que la longueur d'onde du résonateur
était indépendante de l'excitateur. Cette vérification était nécessaire, car
ies conclusions précédentes ne sont valables que si la résonance multiple
subsiste lorsque le résonateur est plongé dans l'ean. Si l'eau, en effet,
amortissait sulfisamment les oscillations du résonateur, on n'observerait
plus la longueur d'onde correspondant à sa période propre, mais une lon-
gueur d'onde qui dépendrait de la période de l'excitateur.
» J'ai enfin cherché ce que deviennent ies positions du pont, correspon-
dant aux maximaetaux minima, si, au lieu d'immerger à la fois le résonateur
et les fils de transmission, on plonge seulement dans l'eau ces derniers.
)) La distance entre deux positions du pont qui correspondent à deux minima con-
sécutifs de l'étincelle, c'est-à-dire la demi-longueur d'onde du résonateur, a été de
145'^°' lorsque les fils étaient dans l'air. Si l'on plonge ces fils dans l'eau, elle est réduite
à 17'^'", 5, et cette dernière longueur d'onde a la même valeur, que le résonateur soit
dans le plan des fils ou dans un plan perpendiculaire.
» Le chemin parcouru par les ondes pendant une période du résona-
teur oscillant dans l'air est donc "^ = 8,3 fois plus petit dans l'eau que
17 ' >*
dans l'air, c'est-à-dire l'indice de réfraction de l'eau pour les ondes élec-
tromagnétiques est 8,3. Ce nombre est voisin de ceux qu'ont trouvés
divers expérimentateurs : MM. Heerwagen, Cohn etZeeman, Cole, Nernst,
Drude.
» Les premières expériences montrent que, si l'on immerge également
le résonateur, la longueur d'onde > reprend la même valeur que dans l'air;
la relation 1 = VT exige alors que la période d'oscillation du résonateur
devienne 8,3 fois plus grande lorsqu'on le plonge dans l'eau ( ' ). »
PHYSIQUE . — Lois de transparence de la matière pour les rayons X.
Note de M. L. Benoist, présentée par M. Lippmann.
<( Dans une précédente Communication (-), j'ai fait connaître une
première partie des résultats que m'avait fournis l'étude méthodique de la
(') Quelques-uns de ces résultats sont contraires à ceux que M. Turpain a tirés
d'expériences analogues {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 676; 1899, "^^ Recherches
expérimentales sur les oscillations électriques, A. Hermann, Paris).
(-) L. Benoist, Comptes rendus, n février 1901.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 9.) 70
transparence de la matière pour les rayons X. J'ai montré qne l'opacité
spécifique pour ces rayons constitue une nouvelle propriété auditive, indé-
pendante des états physiques et des groupements moléculaires, mais unique-
ment d'ordre atomique et pouvant être exprimée, pour les corps simples,
par une fonction déterminée et croissante de leur poids atomique ; j'ai défini
des équivalents de transparence permettant de traduire cette fonction
par des courbes d'isotransparence, et de ca.\cn\er a priori, avec précision,
l'équivalent de transparence d'un mélange ou d'un composé quelconques
pris dans des conditions déterminées. La figure ci-contre représente :
» 1° La courbe expérimentale d'isotransparence des corps simples, et
par conséquent la loi générale de transparence de la matière, pour une
qualité déterminée de rayons X, de dureté moyenne; à droite se trouve
reportée la portion de courbe allant du fluor au carbone; celle qui va du
carbone (£=70) au lithium (E = ii5) n'a pu entrer dans le cadre
adopté: elle est très sensiblement rectiligne;
» 2° Une deuxième courbe d'isotransparence (courbe pointillée) cor-
respondant à des rayons mous déterminés;
» 3° L'hyperbole équilatère, P x E = 8o5, passant par le point figu-
ratif du lithium et paraissant, jusqu'à nouvel ordre, limiter le réseau des
courbes expérimentales.
» De telles courbes constituent la base précise de toute une série d'études
théoriques et d'applications pratiques qui feront l'objet des Communica-
tions suivantes.
» Je me contente aujourd'hui de signaler leur emploi pour caractériser
les tubes radiogènes et classer les rayons X employés. On voit que le pas-
sage d'une courbe à une autre ne se fait pas par déplacements proportion-
nels pour les différents corps, ce qui est une nouvelle preuve de l'absorption
sélective, variable d'un corps à l'autre, que j'ai si souvent signalée. On
peut donc constituer des échelles de dureté pour rayons X, en prenant des
couples de corps de radiochroïsme très différent; c'est ainsi que j'ai vu la
transparence du chrome, comparée à celle de la paraffine, varier dans le
rapport de i à 10 à mesure que les rayons devenaient plus durs. On voit
combien peuvent être illusoires des recherches sur la transparence des
corps, si l'on ne tient pas compte du radiochroïsme.
» Depuis ma dernière Communication, MM. A. Hébert et G. Reynaud
ont porté à la connaissance de l'Académie, et en même temps à la
mienne ('), l'existence d'un travail antérieurement publié par eux dans le
(') AlexandrEjHébert et Georges Retnaud, Comptes rendus, 18 février 1901.
r. ffOP/?=MA''S J'-
( 548 ^
Bulletin de la Société chimique, 1899, et relatif à l'absorption spécifique des
rayons X parles sels métalliques.
» En ce qui concerne la date de ce travail, je rappellerai que mes
recherches sur les propriétés des rayons X, y compris la transparence des
corps pour ces rayons, se poursuivent méthodiquement depuis janvier
1 896 (voir Comptes rendus, 1 896 et 1897; Bulletin de la Société de Physique,
1896 et 1897); dès le commencement de 1899, j'avais déjà vérifié, par les
trois méthodes que j'ai indiquées, et par des mesures directes sur un cer-
tain nombre de corps simples, les résultats dont je publie actuellement
l'ensemble.
» Quant aux faits eux-mêmes contenus dans le Mémoire signalé par
MM. A. Hébert et G. Reynaud, il suffit de lire ce Mémoire pour constater
qu'il ne formule aucune des conclusions générales et précises que j'ai
formulées; il ne donne aucun résultat numérique concernant directement
les corps simples eux-mêmes , mais seulement des valeurs relatives à un cer-
tain nombre de sels métalliques en dissolution dans l'eau. Dans ces nombres
globaux, obtenus par une méthode un peu indirecte, et sans tenir compte
du radiotbroïsme et de ses conséquences, ces messieurs ont pu seulement
entrevoir, en quelque sorte, très sagacement d'ailleurs, mais sans V évaluer
séparément, l'absorption spécifique du métal lui-même et l'influence de
son poids atomique. Ils n'ont formulé ni représenté par une courbe au-
cune relation générale déterminée, mais seulement constaté le sens du phé-
nomène. Leur conclusion était d'ailleurs, en propres termes, qu'«7 serait
prématuré de vouloir tirer de leur étude préliminaire (et d'ailleurs partielle)
des conclusions fermes, et de vouloir fixer un classement définitif des éléments
chimiques relativemeni à leur pouvoir absorbant pour les rayons X. J ajou-
terai qu'ils ont même été conduits à attribuer au poids moléculaire et aux
groupements moléculaires, en ce qui concerne le pouvoir absorbant des
corps, une influence qui n'existe pas en réalité. »
PHYSIQUE. — Sur la radio-activité induite provoquée par les sels de radium.
Note de MM. P. Curie et A. Debiernk, présentée par M. Henri Bec-
querel.
« M. et M™* Curie ont établi qu'une substance quelconque, placée dans
le voisinage d'un sel de baryum radifère, devient elle-même radio-active.
Cette radio-activité induite persiste pendant longtemps après l'éloignement
( 549
du sel de baryum radifère; cependant elle diminue avec le temps, d'abord
rapidement, puis de plus en plus lentement, et semble tendre asymptoti-
quement vers zéro. M. A. Debierne a montré que les sels de baryum mis
en contact intime avec les sels d'iictinium acquièrent temporairement une
partie des propriétés des sels de baryum radifère et conservent cet état
pendant plusieurs mois.
» D'autre part. M™*' Curie avait constaté, en mesurant la radio-activité
de l'oxvde de thorium, des irrégularités qui n'avaient pu être expliquées à
ce moment. M. Owens fit les mêmes remarques et montra que les courants
d'air suppriment, en quelque sorte, une partie de l'activité de l'oxyde de
thorium. M. Rutherford, étudiant à nouveau ce phénomène, montra que
l'air ayant séjourné dans le voisinage de l'oxyde de thorium, et entraîné au
loin, conserve pendant environ dix minutes ses propriétés conductrices.
Il observa également que l'oxyde de thoiium était capable de produire des
phénomènes de radio-activité induite analogues à ceux provoqués par les
sels de radium. Enfin il constata ce fait important que les corps chargés
d'électricité négative s'activaient plus énergiquemeat que les autres. M. Ru-
therford explique ces phénomènes en admettant que l'oxyde de thorium
dégage une émanation radio-active particulière, susceptible d'être entraî-
née par l'air et chargée d'électricité positive par les ions positifs de l'air.
Cette émanation serait la cause de la radio-activité induite. M. Dorn a re-
produit, avec les sels de baryum radifères, les expériences (jue MM. Owens
et Rutherford avaient faites avec l'oxyde de thorium.
M Enfin rappelons que, dès le début de leurs recherches sur les corps
radio-actifs, M. et M"* Curie ont pu obtenir, en chauffant la pechblende,
un gaz qui est resté radio-actif pendant un mois (').
» Nous avons entrepris de nouvelles recherches sur cette radio-activité
induite, qui se présente sous des aspects très variés et dont la nature nous
paraît loin d'être élucidée.
» La radio-activité était étudiée par la méthode électrique. Nous cite-
rons les expériences suivantes :
» 1° La radio-activilé induite est beaucoup plus intense lorsqu'on opère en vase
(') M. et M"= Curie, Comptes rendus, novembre 1899. — A. Debierne, Comptes
rendus, juillet 1900. — M™" Curie, Comptes rendus, avril 1898. — Owens, Pliil.
Mag., octobre 1S99. — Rcthbrforo, Phil. Mag., janvier et février 1900. — Dorn,
Abh. Naturforsh. Gesell. Halle, juin 1900. — M. et M"= Curie, Congres de Phy-
sique, 1900.
( 55o )
clos. La matière active est placée dans une petite ampoule en verre mince a ouverte
en o et placée au milieu d'un vase complètement clos {/ig- i). Diverses plaques
B, D, E, suspendues dans le vase en différentes régions, s'activent à peu près égale-
mgnt au bout d'un jour d'exposition. La lame D, placée à l'abri du rayonnement der-
rière l'écran en plomb PP, est activée autant que B et E. Une plaque telle que A,
Fig. I.
appuyée sur une paroi, est fortement activée sur la face exposée à l'air de la boîte ;
la face posée contre la paroi ne l'est sensiblement pas. Dans une série de plaques, au
contact C, placées contre l'ampoule, c'est seulement la face extérieure de la dernière
plaque exposée à l'air qui est activée fortement. Toutes les substances semblent s'ac-
tiver à peu près de la même manière (plomb, cuivre, aluminium, verre, ébonite,
carton, paraffine).
» Avec du chlorure de baryum radifère très actif (poids atomique du métal : 174)
les plaques exposées pendant quelques jours prennent une activité 8000 fois plus
forte qu'une plaque d'uranium métallique de mêmes dimensions. Exposées à l'air
libre, elles perdent la plus grande partie de leur activité en un jour. L'activité dis-
paraît beaucoup plus lentement lorsque les plaques sont laissées dans l'enceinte fer-
mée après avoir retiré la matière active.
» Enfin, si l'on répète les expériences précédentes avec l'ampoule a complètement
fermée, on n'obtient aucune activité induite.
» 2° La petite chambre c {Jiff. a) contenant le corps actif communique avec les
Fie. i.
chambres c' et c" contenant les corps A et B à activer, par des tubes capillaires (dia-
mètre intérieur, o""™,!; longueurs, 5'''" et 76""). Les chambres c,c',c" étant très
petites, l'activation se fait très rapidement et aussi fortement que si A et B étaient
dans la même chambre que le corps actif.
» Ces phénomènes ont été constatés avec divers sels de baryum radi-
( 55i )
fère (chlorure, sulfate, carbonale). Ijes composés d'actiniiim produisent
également la radio-activité induite. Au contraire, les sels de polonium,
même très actifs, ne produisent aucune activation. Comme on sait, du reste,
que le polonium n'émet pas de rayons déviables par le champ magnétique,
il convient peut-être de rapprocher ces deux faits l'un de l'autre.
» On peut conclure, de ces premières expériences, que le rayonnement
flu radium n'intervient pas dans le phénomène de radio-activité induite.
Seuls pourraient intervenir des rayons extrêmement absorbables qui agi-
raient sur l'air en contact immédiat avec la matière radiante.
)) La radio-activité induite se transmet dans l'air de proche en proche,
depuis la matière radiante jusqu'au corps à activer; elle peut même se
transmettre par des tubes capillaires très étroits. Les corps s'activent pro-
gressivement, d'autant plus rapidement que l'enceinte dans laquelle ils se
trouvent est plus petite, et tendent à prendre une activité induite limite
comme dans un phénomène de saturation. L'activité limite est d'autant
plus élevée que le produit agissant est lui-même plus actif.
» La théorie de l'émanation de M. Rutherford permet d'expliquer assez
bien ces différents résultats; mais, comme on peut concevoir facilement
d'autres explications satisfaisantes, il nous semble prématuré d'adopter
une théorie quelconque. De nouveaux faits sont nécessaires pour élucider
la question.
» Quoi qu'il en soit, ce phénomène se présente comme une des pro-
priétés les plus importantes des corps radio-actifs. Peut-être est-il le com-
plément nécessaire du rayonnement déviable. »
CHIMIE. — Sur une méthode nouvelle de détermination du poids atomique de
l'uranium. Note de M. J. Aloy, présentée par M. Armand Gautier.
« Les méthodes fondamentales permettant d'établir les poids atomiques,
synthèse en poids d'une combinaison et réduction des oxydes, ne s'ap-
pliquent pas au cas de l'uranium. Aussi la détermination du poids atomique
de ce métal a-t-elle donné lieu à un très grand nombre de travaux. Les va-
leurs proposées par les divers auteurs varient de 256,5 à 235,3; aucune
d'elles n'offre une certitude suffisante.
» J'ai repris l'étude de ce problème par une méthode nouvelle. Dans un
poids de nitrate pur, qu'il n'est pas nécessaire de connaître, je dose d'une
( 552 )
part l'azote mesuré en volume par la méthode de Dumas, et d'autre part
l'uranium à l'état de UO^. Le poids atomique de l'uranium se trouve ainsi
déterminé par rapport à celui de l'azote.
M Le volume d'azote étant considérable pour un petit poids de matière
employée, son évaluation comporte une grande précision : quant au dosage
de l'uranium à l'état de UO", il peut être considéré comme absolument ri-
goureux.
» Cette méthode a l'avantage d'être indépendante de l'état d'hydratation
de l'azotate.
» Préparation de l'azotate pur. — L'azotate ( AzO')''UO-,6 II^O est, de tous les
sels d'uranjle, celui qui peut être obtenu à l'état de plus grande pureté. C'est en par-
tant de ce composé que Péiigot préparait les diverses combinaisons de l'uranium. J'ai
pris l'azotate prétendu pur du commerce et l'ai purifié. I^e produit livré par les fabri-
cants contient des traces de sels alcalins et une petite quantité de sels ammoniacaux
provenant sans doule de la transformation du minerai d'uranium en carbonate double
d'uranyle et d'ammoniaque. L'azotate pur commercial esl d'abord chaulTé au bain de
sable vers 3oo°, puis calciné dans un creuset de platine jusqu'au départ complet de
l'acide azotique et de l'ammoniaque. L'oxjde U^O' résultant de la calcination est
épuisé par l'acide clilorydrique faible, qui dissout les uranates alcalins, puis trans-
formé de nouveau en azotate. Le sel est ensuite dissous dans l'étlier pur et soumis,
après évaporation de la solution étbérée, à plusieurs cristallisations.
» Cette méthode, qui est une combinaison des deux procédés de purification
indiqués par Peiigot et Ebel'nien, m'a conduit à un produit dans lequel je n'ai pu
déceler aucune trace de métal étranger, ni de sel autre que l'azotate.
)) Appareil. — L'appareil se compose de trois parties : i° un producteur d'anliy-
dride carbonique formé par un tube rempli de bicarbonate de soude et séparé du
tube à combustion par un petit barboteur; 2° un tube à combustion en verre vert
contenant des tampons de cuivre réduit, puis l'azotate et une longue colonne de cuivre
réduit; 3° un appareil de Dupré, rempli d'une solution de potasse concentrée, destiné
à recueillir l'azote.
M Afin d'éviter les expériences croisées, qui apportent toujours une certaine incer-
titude, j'ai adopté un dispositif qui permet de doser l'azote et l'uranium sur le même
échantillon de sel. A cet efl'et, je place l'azotate dans une nacelle entourée elle-même
d'un tube de platine; après la combustion, je réduis par l'hydrogène l'oxyde L'^0' et
je pèse la nacelle et le tube. J'évite ainsi les pertes de substance qui auraient pu se
produire par entraînement pendant la combustion. Il y a, pour cette opération, avan-
tage à employer l'azotate ( AzO')- UO', 3H-0 provenant de l'azotate ordinaire à
six molécules d'eau qu'on déshydrate dans le vide sec.
» Expérience. — Après avoir fait le vide dans l'ajipareil et vérifié ([ue le gaz car-
bonique est entièrement absorbable par la potasse, je chauffe au rouge les deux co-
lonnes de cuivre réduit puis, avec beaucoup de précaution, la partie du tube corres-
( 553 )
pondant à la nacelle. Qnanil le volume d'azole ne varie plus sensiblement dans
l'appareil de Diipré, la nacelle est portée au rouge pendant quelques minutes. La
combustion terminée, l'azote est transvasé dans une éprouvette divisée en dixièmes de
centimètre cube, et l'on fait la lecture et le calcul suivant les règles habituelles. Je
prends comme poids du centimètre cube d'azote le nombre oS'',ooi25ii proposé par
Ramsay et lord Rayleigli.
» Le produit de la calcination du nitrate est réduit à l'état de UO- par l'action d'un
courant d'hydrogène au rouge, puis pesé et réduit de nouveau jusqu'à ce que le poids
ne varie plus.
)) Résultats. — Connaissant l'azote et l'uraniinii contenus dans un même
poids d'azotate, le poids atomique de l'uranium se trouve délerminé
par rapport à celui de l'azote; en prenant pour ce dernier \[\,o\, j'ai
trouvé :
I. II. m. IV. V. VI. VII. VIII.
Volumes d'azote obtenus ... . i5<^'',9,.5 33™,5 38'^o .ïa^sS 8i''S2.) laS-^'.o r5i''%2 i65'^',o
Poids atomique de l'uranium. 289,.^ 289, /( SSg.ô 289,5 289,4 289,5 289,4 289,4
L'examen de ces nombres montre qu'ils sont répartis à peu près également
autour de 239,4. quel que soit \ç^ poids de matière employé. ,Te propose
donc de prendre 239,4 pour valeur du poids atomique de l'uranium.
>) La méthode que je viens d'indiquer est d'ordre général ; elle suppose
simplement que l'azotate peut être préparé pur et que ses produits de des-
truction peuvent être amenés à un état bien défini. Je me propose d'étendce
cette méthode à d'autres corps simples. »
CHIMIE. — Etude thermique des chlorures d'aluminium ammoniacaux.
Note de M. L. Iîaud.
« Ainsi que je l'ai signalé dans une Note précédente (Comptes rendus,
t. CXXXIL p. i34), le chlorure d'aluminium pur et anhydre peut se com-
biner au gaz ammoniac suivant les proportions indiquées par les formules
Al- CI», 2AzH',
Al-Cl«, loAzH»,
APCr, i2AzH\
APCl», i8AzH'.
» Ces composés sont stables à l'abri de l'humidité, sauf le dernier, qui
se dissocie au-des.sous de o".
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXU, N" 9.) 7I
( 554 )
)) Ils sont tous décomposés par l'eau.
» Lorsqu'on les ajoute à un grand excès d'eau, le premier se dissout et
donne un liquide sensiblement clair, par suite de la formation d'un oxy-
chlorure soluble; les autres donnent un précipité d'alumine en présence
de chlorhydrate d'ammoniaque et de l'excès d'ammoniac dissous.
» J'ai employé, dans ce travail, le calorimètre et le système de correc-
tions de M. Berlhelot.
» J'ai commencé par l'étude du composé duodécammoniacal, stable à la
température ordinaire.
» I. APCl^, i2AzH'. — Sa chaleur de dissolution dans l'eau (48"')
à + 1 4° est de -H 1 2"', 70
» On connaît, d'ailleurs :
rai
1° La chaleur de dissolution de APCl" -l-i55,26 (')
2° La chaleur de dissolution de i2AztP gaz =r 12 x 8,8 +io5,6o
3° La quantité de chaleur dégagée par l'action de 12 AzH^ dissous
sur Al-Cl" dissous + 20,07
Cette quantité est la même que celle due à l'action de 6AzH' dissous, les
six dernières molécules ne produisant aucun effet thermique, comme je
m'en suis assuré. Si, de la somme de ces trois nombres, nous retranchons
la chaleur de dissolution + I2'^^',70, nous aurons la chaleur de formation :
i55''»',26 -f- io5'^"',6o -1- 20'^'', 07 — i2''"',70 = ^eS-^»', 23.
rai
Al^CI» sol. -t- 12 AzH' gaz = Al'-CI",i2 AzH' sol 4-268,28
Soit, en moyenne pour i AzH', +22''-'', 35.
)) II. Al-Cf.ioAzH'. — Sa chaleur de dissolution dans l'eau (44''')
à + i3° est égale à| -h 18,10
d'où l'on déduit par un calcul analogue au précédent
AI2Cl''so!.-t-ioAzH'gaz — Al-CF,ioAzIFsoI +245,23
» De ces deux dernières équations on peut déduire la quantité de cha-
leur dégagée par la fixation de 2AzH^ sur le composé décaminoniacal pour
passer au composé duodécammoniacal
AlM:i%ioAzH3sol. + 2AzH'gaz= Al-ClSi2 AzH' sol +23'»', 00
» III. Al-Cl",2AzH^ — Comine je l'ai indiqué antérieurement, le com-
(') J'ai trouvé, pour la dissolution de At'CI*, 4-i55'^"', 26, nombre très voisin de
ceux obtenus par M. Berthelot et par M. Sabatier.
( 555 )
posé obtenu contient toujours un excès d'ammoniac. Il a pour composi-
tion Al-Cl" 4- 2,2AzH'. J'ai corrigé sa chaleur de dissolution en le consi-
dérant comme un mélange en proportions convenables tie Al-Cl", aAzH'
avec APCl«,ioAzH\
J'ai ainsi obtenu pour la dissolution de Âl-CI'^, 2 Az H* dans 28'''
d'eau à -(- i3'^ -t-gj'"', jJ5
J'ai déterminé la chaleur de réaction de 2 AzlP dissous sur A1-C1°
dissous, soit -+- 6"',8-
» Il faut ajouter à ce nombre la chaleur de dissolution de Al- Cl" égale
à i55"*',26, et celle de 2AzH' égale à 17*="', 60 et retrancher de cette
somme 97*=*', 45, ce qui donne -l- 82'^''',28 pour la chaleur de formation.
APCl'^ sol. + 2AzH' gaz = APCIS 2AzH^sol +82"', 28
» On a donc pour le passage du composé diammoniacal au composé
décammoniacal :
A1-CI«, 2AzH2-h8AzH^= AT^CI', loAzH' sol -hitta'^'^ga
» IV. Si l'on compare maintenant les résultats obtenus pour ces diffé-
rents composés, on a :
rai
1° Al-Cl" soi. + 2AzH2 gaz = APGl«,2AzH^ sol -H 82,28
soit -t- 4i"'. I4 pour la fixation d'un seul Azll '.
2° AI=G1% 2AzH3 sol. + 8AzH3 gaz = Al-Cl«, loAzH^sol -(-162,9:)
soit -4- 20"^', 37 pour lAzH''.
3» Al-CK', ioAzH'sol.-i-2AzH5gaz = Ar-Cl«, laAztPsol + 23, 00
soit -+- 1 1™',5 pour I AzH'.
» La stabilité de ces corps, ainsi que la chaleur de fixation d'une molé-
cule d'ammoniac, va en diminuant du composé le moins ammoniacal au
composé le plus ammoniacal.
» Pour les deux premières molécules fixées on a 41*^^"', i4 P^i' molécule.
C'est, de beaucoup, le nombre le plus élevé qui ait été obtenu pour les
chlorures ammoniacaux.
» Si l'on admet que, pour chacun de ces corps, le quotient tJt donne la
même valeur que pour les autres chlorures ammoniacaux déjà étudiés, soit
( 556 )
32 en moyenne, on trouve pour chacun des corps qui précèdent :
— ^^,— =1286" absolus, soit +ioi3"C.
32
— >^-2- = 636°, 6 absolus, soit -H 363", 6 C.
— - — — 359°, 4 absolus, soit + 86", 4C.
» En fait, j'ai constaté que la combinaison à loAzH^ se décoiuposail
rapidement vers 38o", sous la pression atmosphérique, et que le composé à
2AzH^ distillait sans décomposition vers48o°.
» Si l'on calcule la chaleur de fixation d'une molécule d'eau gazeuse,
d'après le nombre trouvé par M. Sabalier pour l'hydrate Al" Cl", laH^'O,
on trouve -h 2.o'^'^\^o, nombre très voisin de 22''*', 25 qui correspond au
composé ammoniacal analogue Al-CI", i2AzH\
» Cette curieuse analogie a été constatée [)ar M. Bonnefoi (') pour un
grand nombre de chlorures ammoniacaux et d'hydrates.
» J'ai dû réserver, pour une prochaine Communication, l'élude du
composé Al-Cl*, i8AzH% qui présente des particidarités intéressantes. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau siliciure de cobalt. Note de
M. Paul Lebeau, présentée par M. H. Moissan.
« Nous avons montré antérieurement que l'action du fer sur le siliciure
de cuivre fondu permeltait d'obtenir les siliciiu'es de fer défmis et cristal-
lisés SiFe et SiFe (^),et nous avons indiqué quece procédé de préparation
était susceptible de fournir également d'autres siliciuresdes métaux voisins
du fer. Nous donnerons ici comme exemple la préparation d'un nouveau
siliciure de cobalt.
» M. Vigouroux (') a, le premier, décrit une combinaison définie de sili-
cium et de cobalt répondant à la formule SiCo" qu'il obtenait en faisant
réagir le silicium sur un excès de métal.
» Le siliciure de cobalt que nous avons obtenu a pour formule SiCo.
(') Thèse de la Faculté des Sciences de Montpellier, février 1901 .
(^) P. Lebeau, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 933, et t. CXXXI, p. 583.
(■■') E. ViGOUROux, Ann. de Phys. et de Chiin., 7" série, t. XIl, p. i53.
( 557 )
Sa préparation peut être calquée sur celle du siliciure de fer corres-
pondant.
» Préparation. — On chaulTe, au l'our éleclrique de M. Moissan, dans un creusel de
charbon, un mélange de 400s'' de siliciure de cuivre à 10 pour 100 et 4o5'' de cobalt en
limaille ou en menus fragments. La durée de la chauffe est de 4 à 5 minutes pour un
courant de gSo ampères sous 5o volts. On obtient dans ces conditions un culot fondu
peu cassant qui, traité alternativement par l'acide azotique et une solution de soude,
abandonne de très beaux cristaux de siliciure de cobalt.
» On peut encore effectuer cette opération au four à vent; mais il est nécessaire
d'atteindre la température la plus élevée que peut donner un four bien construit pour
fondre convenablement le mélange. Malgré cela, il arrive souvent que, en raison de la
durée de la chauffe et des déformations ou des fissures des creusets, les gaz du foyer
interviennent et transforment une partie du silicium eu produits azotés (') et oxydés.
Aussi est-il beaucoup plus avantageux d'employer le four électrique; la réaction est
alors très régulière et l'on atteint un rendement voisin du rendement théorique. Par
exemple, 4o^'' de cobalt nous ont fourni 565'' de siliciure Si Go; la théorie exigerait 596''.
» Propriélés. — Le siliciure de cobalt se présente en cristaux |Mismatiques très
brillants.
i> Sa densité à -l- 20° est égale à 6,3o.
» Il ne présente pas une très grande dureté; ie verre est en ullet faiblement
entamé.
» Chauffé dans un courant d'hydrogène, il fond vers i3oo" en donnant une niasse à
cassure cristalline d'un bel éclat métallique.
» Le tluor réagit sur le siliciure de coljalt légèrement chauffé avec incandescence;
il se dégage du fluorure de silicium et il reste du lluorure de cobalt. Le chlore ne
l'attaque qu'au rouge sombre.
» Chauffé dans l'oxygène, le silicium de cobalt se transforme lentement vers 1200°
très superficiellement. Le soufre est sans action à la température de fusion du \erre.
» Les gaz fiuorhydrique et chlorhydrique donnent au rouge les lluorure et chlorure
de cobalt et de silicium, et de l'hydrogène.
u La vapeur d'eau oxyde le siliciure de cobalt à 1200° très incomplètement d'ailleurs,
la mince couche d'oxyde formé produit de belles irisations à la surface des cristaux.
L'hydrogène sulfuré fournit du sulfure de cobalt et du sulfure de silicium. Le gaz am-
moniac réagit à haute température avec fixation d'azote. Dans les mêmes conditions,
c'est-à-dire vers i3oo°, l'azote altère superficiellement ce composé.
)) Le siliciure de cobalt est inattaquable par l'acide azotique étendu ou concentré
(') Dans ce cas, la matière se réunit mal et reste en partie pulvérulente; elle laisse,
après traitement par l'acide azotique, outre du siliciure de cobalt, une notable propor-
tion d'une poudre d'un gris verdàtre qui paraît être formée par un mélange des
azotures et des oxycarbures de silicium décrits par Schutzemberger et AL Colson.
>Jous y avons constaté la présence de l'azote et du carbone.
( 558 )
par l'acide sulfurique concentré ; il se dissout lentement dans l'eau régale, plus rapide-
ment dans l'acide chlorhydrique.
» Les lessives alcalines étendues sont aussi sans action, mais, si on les concentre en
présence du silicium, l'attaque se produit et elle devient assez rapide avec les hydrates
alcalins fondus.
» L'azotate de potassium fondu est sans action au-dessous de sa température de dé-
composition.
» Le carbonate de potassium fondu l'attaque lentement. Le bisulfate de potassium
ne l'altère pas sensiblement au rouge.
» Analyse. — L'analyse du siliciure de cobalt a pu être faite très facilement en uti-
lisant sa solubilité dans l'acide chlorhydrique :
1. 2. 3. -l. Calculé pour Si Cl).
Silicium... 82,26 3i,8o 82,07 82, 5o 82,18
Cobalt 66,90 67,50 67,70 66,98 67,81
» Les analyses 1 et 4- se rapportent à un échantillon souillé d'un peu de siliciure de
fer provenant du siliciure de cuivre industriel.
» En résumé, le procédé de préparation des siliciiires métalliques par
l'action d'un métal sur le siliciure de cuivre nous a permis d'obtenir un
nouveau composé du silicium et du cobalt répondant à la formule SiCo,
comparable par sa composition et ses propriétés au siliciure de fer SiFe.
Ce corps est remarquable par sa résistance aux agents oxydants et il est
peu attaquable par les acides, sauf l'acide chlorhydrique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons organomagnésiennes mixtes.
Note de M. V. Grigxard, présentée par M. H. Moissan.
« J'ai indiqué précédemment {Comptes rendus, t. CXXX, p. i322 et
t. CXXXII, p. 336) le mode de formation et quelques-unes des réactions
des combinaisons organomagnésiennes mixtes quej'ai découvertes en faisant
réngir le magnésium sur les éthers halogènes en présence d'éther anhydre.
Je me propose aujourd'hui de soumettre à l'Académie les raisons qui m'ont
fait attribuer à ces composés les formules RMgl ou RMg Br, dans lesquelles
R représente un résidu alcoolique saturé gras ou aromatique.
)) Je prendrai comme exemple lemélhyliodure de magnésium ; la réaction
se passe très exactement entre un atome de magnésium et une molécule
d'iodure de mélhyle, et l'on obtient une solution cthérée limpide et légè-
( 559 )
rement grisâtre, sans dépôt appréciable. Ce phénomène peut s'expliquer
par l'une des deux réactions suivantes :
(i) 2Mg + 2CH'I = Mg(CII')=+MgP,
(o) Mg+ CHM = CH-'MgL
I^aquelle de ces deux formules convient-il d'adopter? Pour élucider cette
question, j'ai d'abord essayé d'isoler la combinaison formée. Lorsqu'on
chasse l'élher, il reste une masse grise, mal cristallisée, extrêmement
hygroscopique et de laquelle je n'ai pu, jusqu'à présent, retirer aucun pro-
duit défini.
» L'acLion de l'eau ne fournit non plus aucune indication; elle donne
du méthane pin- à raison de i molécule par molécule d'iodure de méthyle
employée, ce qui peut s'expliquer également bien avec l'une et l'autre
formule.
)) A défaut d'expériences directes, je me suis appuyé sur «liverses consi-
dérations tirées des circonstances de formation de ces composés et de la
façon dont ils réagissent sur les aldéhydes et les cétones.
» i" Reprenons les équations (i) et (2), entre lesquelles nous avons à
choisir. S'il se formait Mg(CH')-, celui-ci devrait s'enflammer à l'air après
élimination de l'élher ; en outre, il devrait se former pendant la préparation
un dépôt d'iodure de magnésium, car ce sel est très peu soluble dans
l'éther. Nous avons déjà vu que ni l'un ni l'autre de ces phénomènes ne se
produisent.
» 2" Étudions maintenant l'action de la combinaison organomagné-
sienne sur une aldéhvde en envisageant successivement les deux hypo-
thèses. Dans la première, nous aurons les équations :
(1)
/O M" CH'
M^(CHM- + RCHO = RCH( ,,„„^
i /OMoCH*
( rch/J;:'7 -h2H^o = Rcii(OH)ciPH-Mg(OH)-+ en".
.CH
et avec la deuxième hypothèse
(")
CH'Mgl + RCHO = RCH( ^,„,«
R CH(^^^,^ ' -t- H=0 = HCH(OH)CH' + Mgl(OH).
( .^6o )
» Ainsi, dans le premier cns, la combinaison obtenue ne contient pas
d'halogène et dégage du méthane par l'action de l'eau. Dans le deuxième
cas, au contraire, la combinaison formée contient tout Ihalogène introduit
dans la réaction et ne dégage pas de gaz par l'action de l'eau.
» Or, dans toutes les circonstances que j'ai réalisées, soit avec les aldé-
hydes, soit avec les cétones, je n'ai jamais constaté aucun dégagement
gazeux au moment de la décomposition par l'eau. De plus, j'ai isolé la com-
binaison du méthyliodure de magnésium avec l'acétone, qui est bien cris-
tallisée, et son analyse m'a conduit à la formule
C*H''OMgI + (C=H-^)^0,
qui correspond à la seconde hypothèse.
M 3" Enfin, la dernière considération que j'ai fait intervenir est celle du
rendement. La simple inspection des formules (I) et (II) montre que, dans
le premier cas, le rendement théorique est d'une demi-molécule d'alcool
secondaire ou tertiaire par molécule d'éther halogène employée ; dans le
deuxième cas, le rendement théorique est d'une molécule. Or, le rende-
ment moyen de mes opérations est de 0,6 à o, 7 molécule ; il ne peut donc
encore s'expliquer qu'avec la seconde formule.
)) En résumé, les combinaisons organomagnésiennes présentent les
propriétés suivantes :
» 1° Elles sont solides et non spontanément inflammables à l'air;
» 2° Elles se forment sans mise en liberté de bromure ou d'iodure de
magnésium;
» 3° Par copulation avec les aldéhydes ou les cétones, elles donnent
des composés qui renferment tout l'halogène employé et qui, par l'action
de l'eau, se décomposent avec formation d'un alcool secondaire ou tertiaire
sans dégagement d'aucun gaz (');
» Le rendement de ces opérations par rapport à l'éther halogène est
supérieur à 5o pour 100.
» Toutes ces raisons concourent à faire adopter pour ces combinaisons
la formule RMgl ou RMgBr, R étant ici, comme je l'ai déjà dit, un résidu
alcoolique saturé.
» C'est ce que, en efifet. lorsque R est un radical incomplet, les résul-
(') L'action de ces combinaisons sur les éthers d'acides gras monobasiqiies, que j'ai
récemment étudiée, vient encore à l'appui de la formule proposée.
( 56i )
tats sont différents. Lorsqu'on emploie le bromure ou l'iodure d'allyle, la
réaction se fait moins facilement et la combinaison qui prend naissance,
peu soluble dans l'éther, se dépose. De plus, même en opérant à chaud,
on ne dissout qu'un demi-alome de magnésium par molécule d'élher allylé
introduite.
)• Par refroidissement, la combinaison iodallylée cristallise en grandes
aiguilles aplaties, incolores et très altérables, dont l'analyse a donné les
résultats suivants :
Trouvé Mg — 6,09 1 = 70,63
CalculépourCni^iMgl.C^H^I... 6,66 70,56
» Si telle était la constitution de cette combinaison, il semblerait qu'elle
dût réagir facilement sur les aldéhydes ou les cétones; il n'en est rien, et
les résultats obtenus ici sont généralement inférieurs à ceux fournis par
l'emploi du zinc dans la méthode de Saytzeff. Cette constitution est donc
vraisemblableuK-nt plus complexe; peut-être l'iodure d'allvle libre vient-il
se fixer sur la double liaison de la portion combinée au magnésium.
» Je continue ces recherches. »
CHIMIE ORGANlc^UE. — Sur un isomère de l'anèthol et sur la constitution de ce
dernier. Note de MM. Béhal et Tiffeneau, présentée par M. Haller.
« Lorsque l'on fait réagir l'iodure de méthylmagnésium sur l'anisale de
méthyle, on obtient à la fois le parapseudopropénylanisol et son dimère.
» La réaction qui leur donne naissance peut être représentée par l'équa-
tion suivante :
Cip-O-CMl'- CO-C-H*+2l- Mg-CH'
CtP — O - ;.'H'- C = CH- + MgO-i-Mgl-+C^H^OH.
CH'
» Lepropénylanisol ainsi formé se condense et double sa molécule.
» On les sépare par entraînement au moyen de la vapeur d'eau, seul le
monomère est volatil dans ces conditions. Le parapseudopropénylanisol
se présente sous forme de cristaux fusibles à 32°. Il bout à 222° sous la
pression ordinaire. Il possède l'odeur mixte de l'anèthol et de l'estragol.
Il est à peu près insoluble dans l'eau et soluble dans l'alcool, d'où il
cristallise par refroidissement.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 9.) 7^
( 562 )
» Le résidu non entraîné constitue un dimère. Il cristallise dans l'alcool
absolu en très belles ait;uilles groupées en buisson. Il est inodore et ses
cristaux fondent à 58". Il distille dans le vide sans altération. Si on le
chaufFe à la pression ordinaire dans un ballon à long col muni d'un ther-
momètre plongé dans la masse fondue on observe que la température
monte jusqu'à 35o°, est peu de temps stationaire et descend peu à peu;
enfin, au bout d'un certain temps, il distille lentement un liquide. Celui-ci
rectifié fournit une portion très abondante passant de 21 5° à aSo" qui,
refroidie, cristallise. Les cristaux essorés fondent à 82" et bouillent à 222".
» On comprend alors ce qui se passe : le dimère se dissout peu à peu
et le monomère produit vient abaisser le point d'ébullilion du mélange
jusqu'à ce qu'il y en ait une quantité suffisante pour passer à la distil-
lation.
» Ce fait est à rapprocher d'un travail de MM. Orndorff et Morton (^Am.
Chim. J., t. XXIII, p. 181), qui ont trouvé que l'anisoïne se dédoublait par
la distillation en donnant entre autres produits de l'anéthol.
» Le dimère ne fixe pas le brome par addition, ce qui indique que la
condensation s'est faite par la fonction éthylénique.
» Nous avons fait réagir sur le propénylanisol l'iode et l'oxyde de mer-
cure en présence de l'alcool, comme l'a indiqué M. Bougault {Comptes
rendus, t. CXXX, juin 1900), et nous pensions préparer le même aldéhyde
que celui qu'il a obtenu en traitant l'anéthol par le même réactif. M. Bou-
gault a démontré, dans un Travail fort bien fait et que nous avons vérifié,
que l'aldéhyde qui se forme dans ces conditions répond à la formule
/CHO
CH^ -O — CH*- CH
\CH^
» Or, notre dérivé, étant donné sa formule, devait, par fixation d'acide
hypoiodeux et par enlèvement ultérieur d'acide iodhydrique, donner faci-
lement cet aldéhyde. Il n'en est rien; le corps obtenu diffère par ses pro-
priétés de celui de M. Bougault.
» Sa combinaison bisulfuique, beaucoup plus leiile à se former, ne peut être recris-
lallisée dans l'eau, car elle se dissocie sous l'influence de ce liquide. L'odeur du produit
obtenu à l'aide de la combinaison bisulfitique est faiblement anisée. Il bout sous la
pression ordinaire vers 264°- L'odeur de l'aldéhyde obtenue avec l'anéthol est dés-
agréable et ce corps, en employant le même thermomètre, bout à ^55°. L'aldéhyde de
l'anéthol donne une oxime en cristaux grenus, fusible à gS», insoluble dans l'éther de
( 563 )
pétrole, assez soluble dans le benzène. L'oxime obtenue avec le propénylanisol est
plus soluble dans le benzène, forme de longues aiguilles maclées en buisson et fond à
72°. L'aldéhyde de l'anéthol, traitée par la potasse alcoolique, donne un acide fusible
à ')■•", identique à celui que l'on obtient en oxydant ce produit par le permanganate.
Le corps obtenu avec le pseudopropénylanisol ne donne pas d'acide; mais, traité par
le brome en liqueur alcaline, il donne du bromoforme et de l'acide anisique. Enfin,
l'aldéhyde de M. Bougault donne, avec la fuchsine décolorée par l'acide sulfureux,
une coloration bleue; notre produit ne donne rien.
» Toutes ces réactions nous conduisent à le représenter par la formule
(i) CH'- o_cfn^-CH^'-(:o-CH%
qui cadre avec la formation d'une combinaison bisulfitique, avec la pro-
duction de bromoforme et d'acide anisique, enfin avec son point d'ébul-
lition, pins élevé que celui de son isomère aldéhydique.
» Il s'est donc produit une transformation d'une chaîne pseudopro-
pény!i(pie en chaîne propylique; c'est là une migration très intéressante
et dont nous n'avons encore que peu d'exemples.
» Nous avons été conduit à examiner si ce n'était pas une isomérisation
inverse qui avait produit, à partir de l'anéthol, l'aldéhyde de M. Bougaull.
il en est bien ainsi. Le travail de M. Bougault est exact de tous points,
mais la conclusion qu'il en a donnée, du reste sous réserve, que l'anéthol
avait peut-être une chaîne triméthylénique, ne l'est pas : l'anéthol possède
une chaîne propylénique. En effet, nous avons réalisé sa synthèse en fai-
sant réagir l'aldéhyde anisique sur l'iodure de magnésium éthyle. Il se
produit ainsi directement de l'anéthol et son polymère. La réaction ne peut
que s'écrire de la façon suivante :
CIP _ O - G" H ' - CHO + [ - Mg - CH- — CH^
= HOMgl + CH' - O — CH' - CH = CH - CIP.
» Nous avons identifié le produit avec l'anéthol par son point d'ébul-
lition, son point de fusion et celui de son dibromure.
» En conséquence, l'anéthol possède bien une chaîne propylénique.
» Nous avons de même trouvé que la vanilline traitée par l'iodure de
magnésium éthyle donne de l'iso-eugénol, que nous avons caractérisé par
le point de fusion de son dérivé benzoyié, qui est de loS". »
( 564 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les phénylhydrazones du d glucose et leur multi-
rotation ('). Note de MM. L.-J. Simon et H. Bënard, présentée par
M. Haller.
« l'HÉ^•yLHyDRAZo^•E de Skraup. — La multirotation de cette hydrazone
a été signalée par Jacobi (Ann. derChem., t. CCLXXII, p. 172; 1S92), qui
indique les résultats suivants :
» [a.]ji" = — i5",3 après dix minutes,
» [a],'," = — 46", 9 après douze à quinze heures.
» D'après nos expériences, la multirotation de celte phényihydrazone
en solution aqueuse (4^"" dans 100") peut s'exprimer d'une façon très
satisfaisante par la formule exponentielle
» [ajc" = — 52°, 9 + 53,67e-''-'"''*' = ^'
où / est exprimé en minutes.
» De celte formule résulte que le pouvoir rotatoire initial instantané
serait légèrement dextrogyre. En réalité, la première observation au pola-
rimètre a donné un pouvoir rotatoire de — 6°, 84- Le pouvoir rotatoire
final, atteint en vingt-quatre heures, a été trouvé de — 02°, 9, c'est-à-dire
sensiblement supérieur à la limite indiquée par Jacobi. I^écart entre les
deux données expérimentales initiale et finale est donc plus grand que
celui de Jacobi, et constitue une garantie de la pureté du produit étudié.
» Action de l'alcool. — En solution dans l'alcool à 95°, nous avons trouvé
ce qui suit :
» \° La rotation reste sensiblement constante pendant les premières
heures. Elle donne [«.Jo" = — 8° environ, valeur voisine de celle que nous
avons trouvée comme rotation initiale en solution aqueuse;
» 2° Au bout de six heures environ, la rotation s'élève lentement pour
atteindre, au bout d'environ trente-six heures, une limite correspondant à
[a]u° = — 22°, 5, valeur très inférieure à la limite en solution aqueuse. Il
est probable que cette multirotation en solution alcoolique est due à la
petite quantité d'eau que renferme l'alcool; il y aurait lieu d'examiner au
même point de vue, d'une part, des solutions dans l'alcool dilué et, d'autre
part, dans l'alcool absolu.
(') Voir à la page ôgG, l'erratum relalif à la Noie précédente de M. L.-J. Simon.
( 565 )
» Action de la potasse. — Comme pour les glucoses, la potasse accélère la
multirolation sans changer la limite.
» Pour une solution de /je'' de pliényihydrazone dans loo" on a ajouté ûS'',75 de
potasse en pastilles. Le pouvoir rotaloire initial observé, cinq minutes après l'addi-
tion de potasse, a été de — i6°,ai ; la rotation finale a été atteinte en une heure et
demie au lieu de vingt-quatre heures.
» Action de l'acide chlorhydrique . — Nous avons également étudié
l'action de l'acide chlorhydrique à des doses variant de o'^'',oooo4 à t*^'
pour 25*"^ de solution renfermant i^"^ environ de phényihydrazone. Il résulte
de nos expériences que :
» 1° A doses très faibles (I et [[) l'acide agit comme la potasse, mais à
un degré beaucoup plus élevé, pour accélérer la muUirotation sans changer
sa limite;
» 2° A doses relativement élevées (IV et V), l'acide agit tout d'abord
comme précédemment pour amener la rotation finale, puis il provoque le
dédoublement de l'hydrazone en chlorhydrate de phényihydrazine, ce qui
tend à faire passer la rotation de gauche à droite.
» Le Tableau suivant résume nos expériences :
Teneur en H Cl
pour
25" de solution.
Molécules d'H Cl
pour une
d'bydrazone.
[«]
|d
initial.
limite.
ce
0
min.
0
h
!.. .
o , oooo4
0,00I2
— 9-76
après
29
— 5o, 16
après 20
II. .
0,OOI
o,oo6
— 52,66
)>
3
-48,95
» 20
III.
o,oi
0,o32
— 5o,4i
»
3
IV.
. . o,i
0,327
—46,90
»
2
— 21 ,75
» 2
V. .
I
3,27
—33,90
»
6
>+i9,4o
3
» Dans l'expérience V, l'observation n'a pas été poussée au delà de trois heures; le
lendemain, la solution était trop foncée pour permettre une lecture au polaiimèlre.
» II. Phénylhydrazone de Fischer. — Fischer (/). ch. G., t. XX,
p. 821; 1887) a tout d'abord signalé une hydrazone fondant, non pas
comme la précédente, à iio^-iiô", mais à i44"- Skraup (Monatshe/te,
t. X, p. 4o6) n'a pas réussi à la reproduire systématiquement. Dans le but
de soumettre aux mêmes essais cette seconde modification, nous avons
essayé de l'obtenir à notre tour. Nous nous sommes heurtés aux difficultés
déjà rencontrées par Skraup et n'avons pas été plus heureux. Dans quelques '
préparations seulement, des fractionnements répétés nous ont fourni cette
hydrazone mélangée à une certaine quantité de son isomère.
( 566 )
» Un échantillon fondant vers i25° nous ii conduits au résultat intéres-
sant suivant :
» En examinant au polarimètre une solution à 4 pour loo, nous avons
observé, au bout de vingt-cinq minutes, [o'.]p= — 66°, Sy.
» A partir de ce moment, au lieu de croître comme pour l'hydrazone de
Skraup, le pouvoir rotaloire décroît régulièrement pour atteindre, au bout
de trente-six heures environ, sa limite, qui est identique à la limite corres-
pondant à son isonh're, c'est-à-dire voisine de . — 52°.
» De cette observation préliminaire il résulte tout au moins que :
» 1° L'hydrazone de Fischer possède également la multirotation;
« 2° Les rotations finales sont les mêmes pour les deux isomères;
)) 3° La rotation initiale, qui pour l'hydrazone de Skraup est, en valeur
absolue, inférieure à sa limite, lui est, au contraire, supérieure pour l'hv-
drazone de Fischer;
)) 4° ^-'6 temps employé par les deux hydrazones pour prendre, en sens
opposé, leur rotation Hmite est du même ordre de grandeur.
» Il y a là une analogie frappante avec les observations de Tanret sur la
multirotation des modifications a et y du dextrose que nous interj^rétcrons
en affectant à ces deux hydrazones multirotatoires les schémas stéréo-
isomères correspondant à la formule oxydique
CH^OH - CTIOH - CH - CHOH - CHOFI - CM - A/.ÎI - AzII .('/II'
I ^ O I
réservant la formule
CH- OH — CH OH - CHOH - CH OH - CH OH - CH = Az - Az H C iP
pour l'hydrazone dissoute, à pouvoir rotatoire invariable. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Mcthoile générale de synthèse des naphtènes. Note de
MM. Paui. Sabatier et J.-B. Se.xderexs.
« Dans une récente Communication ('), nous avons annoncé que le
nickel réduit réalise à température peu élevée la combinaison directe de
l'hydrogène et du benzène, avec formation exclusive de l'hexanaphtène ou
cyclohexaneC/'H'-. I^a réaction, qui commence à se produire lentement dès
(') Cnmpics iKiidiis, l. CXXXIl, p. aïo.
(567)
la température de 70°, s'efi'eclue très commodément entre 170° et 200°, et
elle peut être poursuivie pendant de longues heures sans altération notable
du métal : raclivilé de ce dernier n'était pas sensiblement affaiblie après
douze heures.
» Le cobalt pur, absolument privé de nickel, obtenu p;ir réduction de
l'oxyde au-dessous de 35o°, et refroidi dans le courant d'ydrogène, réalise
pendant quelques instants, vers i5o" à 180°, l'hydrogénation du benzène;
mais, au bout de quelques minutes, son activité a disparu et le benzène
passe inaltéré, même quand on élève la température jusqu'à Soo".
» \ ,^ noir de plaline récemment préparé se comporte comme le cobalt.
» Le y<?r réduit jiar l'action prolongée de l'hydrogène sur l'oxyde, vers
35o" à 4oo°, n'exerce aucune action appréciable . il en est de même de la
mousse de platine et du cuivre réduit.
» L'activité du nickel pour provoquer régulièrement l'hydrogénation du
benzène est donc une propriété spéciale à ce métal. Elle peut s'exercer
d'une manière analogue vis-à-vis des hydrocarbures homologues du
benzène.
» Tous ceux de ces carbures que nous avons eus à notre disposition (')
ont été facilement hydrogénés directement vers 1 70° à 200° en présence du
nickel réduit, et ils ont fourni dans tous les cas l'hexahydrure correspon-
dant. C'est donc une méthode générale et très simplepour effectuer la syn-
thèse des naphtènes ou cyclohexanes substitués.
» Le carbure à hydrogéner est placé dans un lube vertical dont la partie inférieure
se continue par un lube capillaire horizontal plus ou moins étroit, qui pénètre dans le
tube à nickel parcouru par le courant d'hydrogène. En choisissant convenablement
selon la viscosité du liquide, soit la hauteur de celui-ci dans le tube vertical, soit le
diamètre ou la longueur du tube capillaire, on règle aisément la rapidité d'écoulement
de l'hydrocarbure, qui se vaporise dès son entrée dans le tube à métal chaude au-dessus
de son point d'ébuUilion. 11 y a aussitôt hydrogénation, et celle-ci se traduit par la
diminution de vitesse de l'hydrogène qui sort de l'appareil.
» Le liquide condensé à la sortie dans un tube refroidi est constitué par du riaphtène
mélangé de très faibles proportions du carbure primitif. Pour obtenir le naphtène abso-
lument pur, on peut soumettre le liquide obtenu à une nouvelle hydrogénation réa-
lisée vers 180° selon un mode identique. Ou bien le carbure brut est traité à froid par
de l'acide nitrique fumant ou par le mélange de un volume d'acide nitrique avec deux
volumes d'acide sulfurique : les naphtènes demeurent sensiblement inaltérés, tandis
que les carbures aromatiques primitifs sont transformés en dérivés nitrés. Après agi-
( ') Ces carbures très purs nous ont été fournis par la maison kahlbaum, de Berlin.
( 568 )
lation de quelques minutes, le naphtène surnageant est séparé, lavé à la potasse, séché
au chlorure de calcium, puis rectifié par distillation pour enlever les dernières traces
de j)roduils nitrés dissous.
» Le toluène nous a donné de la sorte le mélhylcyclohexane ou hepta-
naphlène C''H"CH^, bouillant à ioo"-ioi° (corr.).
» Nous avons préparé de même trois octonaphtènes C*!!'", savoir :
» A partir de l'orthowlène, rorthodiméthjlcyclohexane C^H"'(CH')f ,, qui bout
à 125° (corr.).
» A partir du métaxylène, le métadiméthylcyclohexane C^H"'(CH')J 3, qui bout
à i2i°-i33° (corr.).
» A partir de l'éthylbenzène, l'éthylcyclchexane CH^-G-H^, qui bout à i28°-i29°
(corr.).
» Nous avons obtenu aussi trois mononaphtènes G" H'*, savoir :
» A partir du mésitylène, le Iriméthylcyclchexane CH'(CH')J 3 5, bouillant
à i4o°-i42° (corr.).
» A partir du pseudo-cumène, le triméthylcyclohexane C*H'(CH')J 3 j, bouillant
à i45°-i46° (corr.).
» A partir du propylbenzène, le propylcyclohexane C*H".C'H', bouillant à
i53°-i54° (corr.).
» Enfin l'hydrogénation du paracymène a fourni un décanaphtène ou
menlhane C''H'"(CH=)(Cm'),.^ qui bout à iGe^-iGS" (corr.).
» Ces carbures possèdent tous une odeur agréable. La plupart existent
abondamment dans les pétroles du Caucase. Plusieurs avaient été préparés
synlhéliquement par l'aclion hvdrogénantc de l'aciile iodhydrique ou de
l'iodure de phosphonium à 280°, en tubes scellés. L'éthylcyclohexane
(</„= 0,8026), et le propylcyclohexane (</„= 0,8098) n'avaient pas été
décrits.
» A froid, ils sont sans action sur l'acide snlfurique concentré : l'acide
azotique fumant, ainsi que le mélange nitrique-sulfnrique, ne les attaquent
que très peu ou pas du tout.
» Chauffés au-dessus de 3oo° en présence du nickel réduit, ils sont
détruits lentement avec régénération partielle du carbure aromatique
correspondant, mise en liberté de charbon et dégagement de gaz presque
entièrement constitués par du méthane mêlé d'un peu d'hydrogène.
Aussi faut-il, dans leur préparation, éviter de porter à 3oo° et au-dessus la
température du nickel.
» Nous avons pu réaliser par une méthode semblable l'hydrogénation
de la naphtaline. Nous nous proposons de revenir sur ce point. »
( 569 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Chaleur spécifique et clialenr de fusion du gfycol
éthylênique. TNfote de M. nE Forcraxd.
« Dans un précédent Travail ('), j'avais été amené à admettre pour la
chaleur moléculaire de fusion du glycol le nombre a^^'.GG, qui est la
moyenne entre celle de l'eau, i,43, et celle de la glycérine, 3, 90.
» J'ai cherché depuis à vérifier celte donnée, ce qui est possible depuis
que M. Bouchardat a montré (') que le glycol se solidifie à — 1 1°, 5, et mes
expériences m'ont conduit à faire quelques observations nouvelles sur ce
composé.
» I. Je me suis servi d'un échantillon de glycol parfaitement p\ir, bouil-
lant exactement à 197° (corrigé) sous la pression de 760™™.
» Sa densité est 1,1297 ^ ^"^ c'est-à-dire un peu plus grande que celle
indiquée par Wurtz (i,i25o). Le point de solidification et de fusion est
bien à — 1 1'',5. Lorsque le refroidissement est lent, il se [jroduit de grands
cristaux qui prennent la forme d'étoiles ou de plumes. Ils sont plus denses
que le liquide et agissent sur la lumière polarisée.
» II. Chaleur spécifique. — Elle a déjà été déterminée, entre 188° et 22",
par M. Louguinine, qui a trouvé 0,6620 pour IS^
» Mais j'avais besoin de connaître celte donnée pour des températures
moyennes plus basses.
)) J'ai obtenu, par le procédé de M. Berthelot, les nombres suivants :
Entre 1 39° et i3» 0,6268
Entre 69°, 6 et i3° 0,5848
Entre +9° et— 29.°, 8 o,536d
» Dans ce dernier cas, le liquide était surt'onclu pendanl l'intervalle de
température compris entre —11", 5 et —22°, 8. En raison de ce fait, j'ai
provisoirement écarîc cette détermination et j'ai tracé la courbe et cal-
culé les coefficients d'une formule empirique, analogue à celles publiées
par Regnault, avec les trois premières expériences.
» La quantité totale de chaleur absorbée du o k t" par 1^'' de glycol est
(') Comptes rendus, t. CXI\', p. i23, et t. CXXX, p. 1622.
(^) Comptes rendus, t. C; p. 452.
C. K., içiui, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 9.)
( ^70 )
représentée par la formule suivante à deux coefficients :
Q = 0,54453 / + 0,0005670 ;-.
» Elle convient bien pour les trois premières déterminations ('), et
même pour la dernière, car elle donne o,5366 pour la température
de — 6°, g qui est la movenne entre + 9° et — 22°, 8, alors que j'ai trouvé
directement o,5 365. La surfusion ne modifie donc pas la loi de variation
de la chaleur spécifique du glycol.
)i Cette formule permet de calculer :
La chaleur spécifique à 197° point d'ébuUition 0,7681
» à — 1 1°, 5 point de fusion o,53i5
» III. Chaleur de fusion. — Pour cette mesure, le glycol a été enfermé
dans une bouteille en verre très mince qui en contenait de aS^"^ à 3oS'
et qui pesait, vide, moins de 5^'". Elle était munie d'un bouchon et d'un
thermomètre au 10". Le tout entrait à frottement doux dans un tube à
essai très mince avant le même axe, et l'ensemble était immergé soit
dans du chlorure de méthyle soit dans un mélange d'azotate d'ammo-
niaque et d'eau glacée. Ces bains se maintenaient longtemps à tempéra-
tures constantes (— 21,6 à — 22,4 et — i5° à — 16"), grâce à l'emploi
d'éprouvettes à vide de Crookes, non argentées, qui permettent en outre
de suivre les phénomènes et de lire le thermomètre. On laissait la glace de
glycol dans ces bassinspendant plusieurs heures, et, après lecture du ther-
momètre, on transportait rapidement la bouteille dans l'eau du calori-
mètre.
» J'ai fait ainsi trois expériences :
Température
initiale
du glycol solide. finale. Résultat,
o o
—22,40 -1-8,01 2,634
—21,75 -h6,57 2,812
— 1 5 , o5 -1-7 , 1 5 ■?. . 606
La moyenne des trois nombres serait 2,683, rapportée au poids molécu-
laire 62. La moyenne des deux extrêmes est 2,62.
(') On remarquera que le premier coefficient est le même que celui de la formule
de Regnauit pour l'alroo! éthylique (o, 54755). Ces deux corps ont donc très sensible-
ment la même chaleur spécifique de 0° à 1°.
( 571 )
)) Pour faire le calcul de ces expériences, j'ai pris pour chaleur spéci-
fique liquide le nombre o,5425 donné par la formule précédente pour la
température moyenne de l'essai. Quant à la chaleur spécifique solide, j'ai
admis le nombre o, 265o, qui est la moitié de la chaleur spécifique liquide
o,53i5 au point de fusion, généralisant la relation qui se vérifie pour l'eau
et quelques autres corps. Pour la déterminer directement, il aurait fallu
abaisser beaucoup plus la température initiale de la glace du glycol; mais
dans ce cas on gagnerait nécessairement, pendant le transport dans le
calorimètre, une quantité de chaleur notable et très incertaine. D'ailleurs,
la concordance des résultats i et 3, expériences dans lesquelles l'inter-
valle de température correspondant à l'état solide était très différent
(io°,9 dans un cas et 3", 55 dans l'autre), prouve que l'hypothèse faite
est très près de la réalité.
» D'autre part, j'ai constaté que, dans les conditions de mes expériences,
la chaleur spécifique solide pourrait être prise égale à 0,2 ou o,3 sans
modifier autre chose que la seconde décimale de la chaleur de fusion.
» Enfin la relation de Person donnerait, dans ce cas particulier,
-- — =(o,53i5 — x) i4B,5;
d'où
X = o, 243,
nombre assez voisin de celui que j'ai admis, o,ii65.
» En résumé, on peut admettre pour chaleur spécifique probable du
glycol solide o,265 pour i^'', vers le point de fusion. Quant à la chaleur
de fusion, elle est de — 2^*', 66 pour i molécule, ainsi que je l'avais déduit
des analogies.
» Sa chaleur latente de vaporisation a été déterminée par M. Lougui-
nine et trouvée égale à — la'^^'.oô pour la molécule à 197". "
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la conslUuUon du gentianose;
Note de MM. Em. Bourquelot et H. Hêrissey.
« Dans un travail publié en 1898 ('), l'un de nous avait constaté que le
gentianose , polvglucose retiré de la racine fraîche de gentiane, est hydro-
( ' ) En. BouRQUELOT, Sur la physiologie du gentianose; son dédoublenicnl par les
ferments soluUles {Journ. de Pliarm. et de Cliini., 6" série, t. Vil, p. 369, 1898).
( 572 )
lysé complètement par le liquide fermentaire de V Aspergillus niger, tandis
qu'il ne l'est que partiellement parl'inverline de la levure. Mais la matière
première faisant défaut, il avait été impossible de songer alors à étudier et
à caractériser les produits sucrés obienus dans ces hydrolyses.
» Depuis celte époque, nous avons préparé des quantités notables de
gentianose et nous avons pu reprendre la question qui se trouve résolue
par les recherches résumées ci-après ('). Celles-ci établissent : i°que dans
l'hydrolyse complète du gentianose il y a formation de 2 molécules de
dextrose et de i molécule de lévulose; 2° que dans l'hydrolyse incomplète
il y a production de i molécule de lévulose et de i molécule d'un sucre
intermédiaire (hexobiose) pouvant donner lui-même par hydrolyse ulté-
rieure 2 molécules de dextrose.
» Nous avons d'abord essayé de nouveau, sur le gentianose, l'action du
liquide fermentaire de V Aspergillus et celle d'une solution d'inverline. Ces
essais nous ont conduits à des résultats identiques à ceux du travail rappelé
plus haut, en ce sens que le gentianose a été hydrolyse complètement par
le premier liquide et incomplètement par le second.
» Mais, en s'appuyant à la fois sur l'observation polarimétrique et sur
l'analyse à la liqueur cupro-potassique, on a pu constater, en outre, que
les produits de l'hydrolyse complète du gentianose présentent les pro-
priétés optiques et réductrices d'un mélange de \ de dextrose pour | de
lévulose.
» Ces résultats nous ont amenés à chei'cher à isoler ces deux sucres dans
la solution d'hydrolyse.
» La solution a été concentrée dans le vide, ce qui a fourni un résidu que l'on a
traité successivement par l'alcool absolu bouillant et par l'alcool à 98" bouillant. Les
solutions alcooliques, abandonnées à la température du laboratoire, n'ont pas tardé à
donner des cristaux, que nous avons purifiés par une nouvelle cristallisation dans
l'alcool.
» Ainsi purifiés, ils présentaient toutes les propriétés du dextrose [pouvoir rota-
toire au ::^ H- 52°, 3 ; point de fusion de i'osazone : 202°, 5 (corr.); etc.],
» Les liqueurs mères ont été alors distillées dans le vide. 11 est resté un produit
sirupeux, que l'on a étendu d'eau distillée. A la solution chauOëe à So^-SS", on a ajouté
de riiydrate de chaux, après quoi l'on a agité et filtré. Dans le liquide filtré, refroidi à 0°,
se sont déposés rapidement des cristaux en fines aiguilles, que des recherches ulté-
rieures ont démontré être du lévulosate de chaux (le lévulose a lui-même été obtenu
à l'état cristallisé).
( ' ) Ces reclierches seront exposées en détail dans le Journ. de Pliarin. el du Cliiin.
( 573)
)' On avait ainsi établi que l'hypothèse de la formation de dextrose et de
lévulose, dans l'action de [' Aspergillus sur le genlianose, est conforme à la
réalité des faits.
» Une autre série d'essais a été instituée pour étudier l'action de l'acide
sulfurique étendu chaud. Ces essais ont permis de constater que, si l'acide
sulfurique à 3 pour loo détermine une hvlrolyse complète du genlianose
lorsqu'on opère à no" (autoclave), l'acide beaucoup plus étendu (2 pour
1000) et simplement bouillant n'agit pas autrement que l'invertine de la
levure. Quand, avec ce second acide, le pouvoir rotaloire et le pouvoir ré-
ducteur des produits obtenus atteignent une certaine valeur, l'action s'ar-
rête, comme si, dans cette action, il se produisait un glucose d'une part
(glucose qui n'esl, comme nous nous en sommes assurés, autre que du lévu-
lose) et, d'autre part, un polyglucose inattaquable par l'invertine ou par
l'acide très étendu, même bouillant.
» Aussi de nouveaux essais onL-ils été effectués dans le but de séparer
et d'étudier le polyglucose en question, dont l'existence était encore
révélée par l'insolubilité, dans l'alcool fort, d'une grande partie du produit
de l'hydrolvse incomplète. Ces essais ont été faits sur les produits prove-
nant d'hydrolyse par l'acide sulfurique à 2 pour 1000 bouillant.
» Ces produits ont été débarrassés du lévulose par plusieurs traitements
à l'alcool à 90°. On a obtenu ainsi un composé que nous n'avons pu faire
cristalliser jus ju'ici, mais qui n'en est pas moins une espèce chimique, un
sucre nouveau analogue au maltose.
)). En elïet : 1" Ce sucre donne une osazone assez soluble à chaud et se
précipitant par relroidissement à l'état cristallisé. Cette osazone fond
à 142";
» 2" Ce siicre, traité soit à froid par le liquide d' Aspergillus, soit à 110°
par l'acide sulfurique à 3 pour 100, se dédouble exactement en deux molé-
cules de dextrose, comme on a pu s'en assurer en comparant la rotation
et les propriétés réductrices du liquide hydrolyse.
» Ce sucre est dextrogyre, mais son pouvoir rotatoire est très faible,
comparé au pouvoir rotatoire de son isomère le plus analogue, le maltose.
Il a été trouvé égal à 4- 7°, 7 pour aj,.
» Ce sucre est réducteur; mais à cet égard il en faut o*»', o83 pour équi-
valoir à 08', o5 de sucre interverti.
» Ce nouveau sucre étant un hexobiose, nous proposons de l'appeler
geiitio-hexobiose, ou, par abréviation, gentiobiose.
( 574 )
» En résumé : i" Le gentianose est un hexotriose auquel on doit attri-
buer la formule C'H'^O"'. Celte formule comporte un poids moléculaire
de 5o4, et nous avons trouvé, par la mélhode de Raoult, 494. ^^t chiffre
aussi voisin que possible du précédent.
» 2° Traité par l'invertine ou par l'acide sulfurique très étendu bouil-
lant (2 pour 1000), le gentianose se dédouble en gentiobiose et en lévulose :
C"H'-0'»+ H-0 == C'='H"0" + C^H'-O" ;
Gentiobiose. Lévulose.
» 3° Traité par le liquide fermentaire de VAspergilliis, ou par l'acide
sulfurique à 3 pour 100, à 110°, le gentianose donne du dextrose et du
lévulose :
C'*H'-0"=-h 2H=0 = 2(C'W-0'') -h C'H'-O".
, Dextrose. Lévulose.
» Si l'on réfléchit que le liquide d' Aspergi/lus renferme de l'invertine, ou
ne peut interpréter celle dernière réaclion (et nous avons observé au pola-
rimètre des variations dans la marche de l'hydrolyse des divers essais
effectués qui viennent à l'appui de celte interprétation) qu'en admettant
la présence à côté de l'invertine, dans le liquide A' Aspergillus, d'un ferment
hydrolysant du gentiobiose. C'est là un exemple très net de l'existence de
deux ferments hydratants, concourant simultanément au dédoublement
d'une même espèce chimique.
)) Ce n'est pas tout. Supposons que le second ferment existe seul : dans
ces conditions, il est vraisemblable que le gentianose se dédoublera en
I molécule de dextrose et i molécule de saccharose. On s'expliquerait
ainsi que la racine fraîche de gentiane renferme ce dernier sucre à côté du
gentianose, comme nous l'avons établi dans un travail antérieurement
publié. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Traitement par l'oxygène, à la pression
atmosphérique, de l'homme empoisonné par l'oxyde de carbone. Note de
M. N. Gréhant, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les recherches des Professeurs Haldane et Mosso, qui ont reconnu que
les animaux placés dans l'oxygène comprimé résistent à de très fortes pro-
( 575 )
portions d'oxyde de carbone, m'ont donné l'idée de faire plusieurs expé-
riences comparatives dont les résultats me paraissent de la plus haute
importance au point de vue de la lutte contre l'empoisonnement par
l'oxyde de carbone dont la fréquence ne diminue pas.
11 Mes recherclies portent sur deux points :
1) 1° Sur la différence d'action de mélanges d'air et d'oxygène renfer-
mant I pour loo d'oxyde de carbone;
11 2° Sur les différences dans la durée de l'élimination ou de la dispa-
rition de l'oxyde de carbone dans le sang d'un animal empoisonné, selon
que l'on fait respirer à cet animal de l'air pur ou de l'oxygène après
l'empoisonnement.
-' h Lorsqu'on fait respirer à un chien de lair renfermant i pour loo d'oxyde de
carbone, l'animal meurt en vingt minutes, par arrêt des mouvements respiratoires et
des mouvements du cœur; au bout de quinze minutes, l'animai est déjà fort malade
et le sang renferme beaucoup d'oxyde de carbone combiné avec l'hémoglobine.
11 J'ai reconnu qu'un chien peut respirer un mélange d'oxygène et d'oxyde de car-
bone à I pour 100 pendant quarante-cinq minutes et même pendant deux heures
quinze minutes sans que l'animal succombe.
11 Dans une seconde série d'expériences, j'ai produit chaque fois chez les animaux
(chiens) un empoisonnement partiel par un mélange d'air et d'oxj'de decarboneà
I pour 100 pendant treize à quinze minutes et j'ai fait alors une première prise de
20" de sang qui a été injecté dans mon appareil à extraction des gaz du sang : on a
recueilli les gaz dans une première cloche, le sang étant chauffe à 4o° sans acide, puis
dans une seconde cloche, le sang étant porté à ioo° après addition de 20"^'= d'acide
phosphorique hydraté qui déplace complètement l'oxyde de carbone.
» Voici les Tableaux des résultats obtenus, les gaz étant ramenés secs à 0° et à la
pression de 760""°".
liespirotion de l'air pur.
100''^ de sang renfermaient :
GO.
18.1 au bout de quinze minutes d'empoisonnement
10,5 au bout d'une heure de respiration d'air pur
5.4 au bout de deux heures
4.5 au bout de trois heures
Respiration d'oxygène à go, 3 pour loo.
100" de sang renfermaient :
CO.
16.2 au bout de treize minutes d'empoisonnement
•5,2 après quinze minutes de respiration d'oxygène
3,4 après trente minutes
I , I après une heure
ce.
0.
3o,3
2,9
36,8
10,5
37,5
i5,5
42,4
16,6
C0=.
0.
i5,6
2,
29
«4
33,3
12
4o,6
18,
( 576 )
» On voit immédiatement, par la comparaison des deux Tableaux, que
si l'on fait respirer à un animal empoisonné et menacé de mort de l'oxy-
gène à 90 pour 100, au bout d'une heure, 100'''' de sang artériel conte-
naient 18,8 d'oxvgène et seulement 1,1 d'oxyde de carbone, tandis que si
l'on fait respirer de l'air pur après un empoisonnement semblable, au bout
de trois heures, en un temps triple, loo*^*^ de sang artériel contenaient
16,6 d'oxygène et encore 4, '5 d'oxvde de carbone, quatre fois plus qu'après
une heure de resjiiralion d'oxvgène. iJcliminalion ci la disparition du poison
sont donc considérablement accélérées par l'emploi de l'oxygène, qui s impose
dans le traitement de Cintoxicalion oxycarbonée. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Analogies entre les actions diastasiques du platine col-
loïdal et celles des diastases organiques. Note de M. G. Iîredig, présLMilée
par M. Duclaux.
« La mousse de platine et les solutions colloïdales de platine présentent
beaucoup d'analogies, au point de vue des propriétés oxydantes, avec cette
classe de diastases et de ferments qui produisent des oxydations ; c'est ainsi,
par exemple, que le platine colloïdal accélère l'oxydation du pyrogallol
comme le fait la laccase de G. Bertrand; de même la décoloration de l'in-
digo pir l'eau oxygénée est accélérée aussi bien par le sang et certaines
diastases que par le platine colloïdal et la mousse de platine (Schiinbein).
» Une analogie très nette entre les diastases organiques et le platine
colloïdal apparaît dans l'action des acides et des alcalis. L'addition d'acides
et de sels diminue l'activité du platine colloïdal, de même qu'elle diminue
l'action calalytique des diastases sur l'eau oxygénée (Jacobson). L'addi-
tion de /âj6/e5 quantités d'un alcali augmente l'activité du platine colloïdal ;
des quantités plus grandes le diminuent; il existe un optimum, et le
même optimum existe j)our l'action des alcalis sur les diastases.
» Enfin une dernière analogie très frappante est l'action des poisons sur
le platine colloïdal. Les poisons des diastases et du sang sont aussi des
poisons pour le platine colloïdal ; ces substances (par exemple acide cvaii-
hydrique, cyanure d'iode, fPS, CO, AsH% le nitrite d'amyle, Ihydroxyla-
mine, etc.) arrêtent l'action du platine colloïdal lorsqu'elles sont ajoutées
déjà en quantité très faible. C'est ainsi que l'acide cyanhydrique en solu-
tion -^^„„'^,-,,,^ normale (contenant i gramme-molécule dans 40000000 de
litres) ralentit nettement l'action catalytiquc du platine colloïdal sur l'eau
oxygénée. Mais lorsqu'on fait disparaître l'acide cyanhydrique l'action
( 577 )
ratalytiqiie réapparaît; et l'on sait que la même propriété s'applique aux
ferments organiques et au sans;.
» De même encore l'oxyde de carbone diminue l'activilé du platine
colloïdal, mais ce dernier reprend son activité après élimination de CO.
» Schunbein et Schaer avaient montré que l'ordre dans lequel on ajoute
l'acide cyanhydrique et l'eau oxygénée au sang a une importance pour la
force de l'inhibition de l'acide; j'ai trouvé avec M. Ikeda le même fait pour
le platine colloïdal : l'acide cyanhydrique diminue l'activité du platine
colloïdal beaucoup plus lorsqu'il est ajouté avant l'eau oxvgénée que s'il
est ajouté après; le même fait a lieu aussi pour CO.
» L'iode est aussi (d'après les expériences de M. Ikeda) un poison
intense pour le platine colloïdal. Une solution contenant i gramme-molé-
cule d'iode dans lo millions de litres et une solution contenant i gramme-
molécule de cyanure d'iode dans 4o millions de litres ralentissent l'action
catalytique du platine.
» Le chlorure de mercure agit nettement en solution de i gramme-
molécule dans I million de litres, le cyanure de mercure est aussi un
poison, mais beaucoup moins intense, résultats analogues à ceux obtenus
par Paul et Rrônig(') sur l'action toxique des sels de mercure sur les
spores.
» Voici les substances dont l'action a été étudiée, et les dilutions
pour lesquelles l'action inhibitrice est encore nette, les nombres repré-
sentent le nombre de litres contenant i eramme-molécule : acide cvan-
hydrique, 40000000; cyanure d'iode, 40000000; iode, looooooo; brome,
3oooo; acide sulfhydrique, looooooo; sulfure de carbone, action nette;
thiosulfiite de soude, 5ooo; oxyde de carbone, plus de 1000; phosphore,
20000; phosphure d'hydrogène, 4000; arsenic hydrogéné, action très
forte; acide arsénieux, action faible; nitrite d'amyle, action forte ; acide
azoteux, action assez nette; chlorhydrate d'hydroxylamine, 25 000; hydra-
zine, douteux; aniline, action assez forte; nitrobenzol, action faible;
sublimé, i 000000; cyanure de mercure, 200; pyrogallol, 1000; chlorate
de potasse, action nulle à la concentration de jooo litres.
» M. le professeur Ed. Schaer (Strasbourg), en étudiant l'influence de
ces différents poisons sur l'action catalytique du sang dans la décompo-
sition de l'eau oxygénée, a trouvé des résultats très voisins des précédents.
(') Zeitschrift f. physikalische Chemie, t. XXI, p. /Ji4) 1896.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 9.) 74
( 578 )
» En résumé, sans vouloir affirmer l'identité des métaux colloïdaux
avec les diastases, je pense que ces solutions colloïdales peuvent être con-
sidérées comme des modèles de diastases inorganiques : i" à cause de leur
action catalytique intense; 2° à cause de leur état colloïdal hétérogène,
présentant une surface très grande pouvant donner lieu à des transfor-
mations irréversibles; 3" à cause de leur faculté de fixer certains corps ou
bien en formant des combinaisons chimiques complexes, ou bien par
absorption. »
MÉDECINE. — Propriétés coagulantes du mucus : origines et conséquences.
Noie de MM. Ciiarrix et Mousse, présentée par M. d'Arsonval.
« Nous avons établi qu'injecté dans les vaisseaux, après dilution et
fdtration, le mucus des voies respiratoires des grands animaux provoque
une morl immédiate, en déterminant une prompte coagulation du sang.
)) Malgré des essais variés, nous n'avons pas, jusqu'à ce jour, réussi à
augmenter notablement la résistance de l'animal à cette action aussi rapide
qu'intense. Toutefois, ces essais nous ont amenés à découvrir que l'intro-
duction de doses minimes, progressives, comparables à celles que l'on fait
pénétrer quand on immunise contre des bactéries, peut être suivie, sans
occasionner de désordres bien apparents, de la formation de caillots plus
ou moins volumineux, que l'on décèle plus tard, de préférence dans le
cœur droit au moment de l'autopsie. Or, on conçoit aisément la portée de
ces constatations, qui révèlent une cause jusque-là méconnue de throm-
boses ou d'embolies.
» L'importance de cette cause tient, du reste, en partie, à la diffusion
du mucus dans l'économie, comme aussi à la multiplicité de ses origines.
» Dans les conduits aériens, la genèse de ces principes coagulants peut
être attribuée soit aux bactéries toujours présentes sur ces surfaces de
revêtement, soit, conformément à ce que pense Cesaris-Demel en s'ap-
puyant sur des travaux de Foa, à l'épithélium de la muqueuse.
)> Il existe, en effet, dans certaines cultures le plus ordinairement assez
anciennes, en particulier dans celles du bacille pyocyanique, des produits
visqueux qui en réalité contiennent de la mucine(').
(') Cette mucine, mise en évidence dans ces cullures par Gharrin et Desgrez {Soc.
bioL. 1889), paraît être, en partie tout au moins, l'élément qui intervient activement
( 579 )
» Or si l'on injecte, dans les veines d'un lapin pesant environ 2''^, ces
produits visqueux filtrés, en dilution aqueuse, salée ou très faiblement
alcalinisée, on voit apparaître divers accidents (léger tremblement, abat-
tement plus ou moins prononcé, oscillations thermiques, dyspnée assez
intense, etc.) proportionnels aux quantités introduites; mais, en dehors
des cas où l'on fait pénétrer des volumes considérables ou des toxines spé-
cialement actives mélangées à ce mucus, le plus souvent la mort ne survient
pas immédiatement. Quoiqu'il en soit, que l'animal succombe ou qu'on le
sacrifie, à l'autopsie pratiquée sans retard on décèle, principalement
dans les cavités du cœur droit encore contractile, de petits caillots, et le
sang, surtout dans le tronc porte, se coagule plus rapidement qu'à Tétat
normal.
» Au point de vue de la formation hâtive de ces caillots et de la prompti-
tude de cette coagulation, on observe des résultats analogues quand on
pousse, dans les vaisseaux, quelques centimètres cubes d'eau renfermant
en solution, d'une part, du chlorure de sodium (7 pour 1000) ou du carbo-
nate de soude (toujours i^" par litre), d'autre part, le produit obtenu en
raclant (après expulsion par lavage du contenu) la surface interne de l'in-
testin d'un enfant mort en naissant, avant d'avoir respiré ou plus encore
pris du lait, autrement dit d'un intestin privé de germes.
» Il est cependant juste de remarquer que, dans ce produit aussi bien
que dans les cultures, les principes modificateurs de cette coagulation
sanguine semblent exister en proportions infiniment moindres que dans la
vessie et par-dessus tout dans les voies respiratoires des grands animaux :
au lieu de quelques centigrammes, il est nécessaire d'injecter des grammes
(5 à 7). A vrai dire, pour comparer très exactement ces proportions, il
faudrait pouvoir agir exclusivement à l'aide de ces substances coagulantes
à l'état de pureté. — En tout cas, faute de quantité ou par suite de varia-
tions qualitatives, ces substances, retirées de cet intestin de mort-né ou
issues de la vie des microbes, paraissent également plus sensibles à l'ac-
tion de la chaleur que les composés de même ordre recueillis dans la
trachée ou les bronches d'un cheval.
dans cette coagulation due au mucus, attendu que cet élément, par bien des caractères,
se rapproche de cette mucine : précipitation par l'acide acétique, redissolution par la
soude, résistance relative (après dilution) à 100°, présence du soufre, etc. — Peut-être
aussi convient-il de songer à une nucléo-albumine associée, bien qu'en général le
phosphore soit assez rare.
( 58o )
» Ces remarques n'atténuent pas la netteté des phénomènes enregistrés ;
aussi en présence de ces phénomènes on est légitimement autorisé à
conclure que les principes coagulants que nous avons découverts dans le
mucus peuvent dériver soit des cellules de l'organisme, soit des cellules
bactériennes. C'est là, d'ailleurs, une donnée qui s'ajoute, à titre de pro-
babilité, aux arguments que nous avons développés pour établir l'inter-
vention de la mucine elle-même dans la genèse de ces modifications dys-
crasiques, attendu que cette mucine relève de cette double origine orga-
nique ou microbienne.
» Ajoutons, en terminant, que ces modifications sanguines font partie
des désordres morbides que l'injection des vieilles cultures pyocyaniques
fait apparaître au bout de quelques instants, tandis que d'autres troubles,
tels que les hémorragies, l'entérite, etc., provoqués par des mécanismes
directs ou indirects, ne s'observent que plus tard , dix ou vingt heures
après cette injection; il faut que l'animal survive pendant un temps suffi-
sant. Or, dans les bouillons, dans les milieux de développement de ce
bacille pyocyanique, les substances, capables de déterminer ces hémor-
ragies, ces lésions intestinales, sont sécrétées dès le début; par contre, les
composés muqueux ne sont fabriqués que longtemps après, détail à rap-
procher de l'apparition en général tardive, au cours des maladies, des cail-
lots, des thromboses de la période cachectique. — Cette dissociation, cette
succession tant dans la production des accidents que dans celle des élé-
ments solubles bactériens, apportent, après plusieurs autres, des argu-
ments manifestes en faveur de l'opinion (') que l'un de nous, avec faits à
l'appui, a formulée il y a douze ans, à savoir qu'en dehors d'une toxine
principale, caractéristique, parfois spécifique, un microbe pathogène donne
naissance à différents poisons morbifiques secondaires. »
(') Avec le professeui- Bouchard, dès i88g, j'ai soutenu celle iiolion, aujourd'hui
admise, de la mulliplicilé de ces sécrétions microbiennes, les unes agissant sur la cir-
culation, les autres sur le névraxe, le tube digestif ou la respiration, etc. La toxine
spéciale mise à pari, la prédominance de l'un de ces poisons secondaires peut expli-
quer certaines localisations ou encore le tj'pe morbide observé, type cardiaque, cérébro-
médullaire, abdominal, llioracique, etc., de l'infection.
( 58i )
HISTOLOGIE. — Sur une reaction hislnchimique différentielle des leucocytes et
sur la production expérimentale et la nature des granulations cJiromatophiles
de ces cellules. Note de M. Hexri Stassajîo, préseatée par ]\f. Joannes
Chatin.
« Sur un grand nombre de préparations de leucocytes, soit du sang,
soit de l'exsudat péritonéal (cobaye, rat, pigeon, canard, grenouille), j'ai
remarqué, en employant le mélange de Romanowsky, que ce qui diffé-
rencie les leucocytes dits polynucléaires de ceux qualifiés de mononu-
cléaires, c'est moins l'aspect de leur noyau que la manière dont leur
protoplasma se comporte avec ce réactif. Le protoplasma des premiers,
en effet, demeure incolore, tandis que le protoplasma des seconds se teint
toujours en bleu gris.
» Quelques polynucléaires retiennent dans leurs granulations, plus ou
moins apparentes, l'éosine du mélange Romanowsky, et d'autres, encore
moins nombreux, fixent les deux; couleurs à la fois, donnant au proto-
plasma des nuances qui vont du rouge brique au violet rougeâtre. Ce mé-
lange, on le sait, colore différemment les mêmes éléments cellulaires, et
prend aussi, in vitro, deS colorations différentes, selon la réaction chi-
mique du milieu. Dans aucun cas, cependant, ces granulations ne confèrent
au protoplasma des polynucléaires la même coloration qu'à celui des mono-
nucléaires, ni cette contexture, en filigrane, que ces derniers prennent en
s'étalant, et qui les fait ressembler à des rhizopodes.
» Cette différence d'affinité des protoplasnias des deux groupes de
leucocytes relève, vraisemblablement, de leurs différentes propriétés
chimiques, auxquelles se rattachent les fonctions qui distinguent les mono-
nucléaires des polynucléaires. Des observations de sang humain me per-
mettent d'étendre ces remarques aux leucocytes de notre espèce.
» Neusser a vu augmenter les leucocytes à granulations éosinophiles
dans le sang circulant après l'injection de produits tels que pilocarpine.
tuberculine, sels de fer. J'ai repris ces expériences en me limitant à la
cavité péritonéale, où il est facile de provoquer une intense leucocytose
en injectant quelques centimètres cubes de solution physiologique ou de
bouillon, et d'où il est non moins facile de retirer des échantillons de
l'exsudat, riche en leucocytes, qui s'y produit.
» En injectant dans le péritoine d'un cobaye du sang de pigeon, j'ai constaté que,
( 582 )
dans beaucoup de leucocytes polynécluaires, le proloplasma se charge progressive-
ment de granulations éosinophiles. Le nombre de ces leucocytes granuleux semble
augmenter à mesure que se prolonge le séjour du sang de pigeon dans l'abdomen. En
même temps, les hématies injectées deviennent plus fragiles; leur proloplasma se
colore moins énergiquement par le mélange Romanowsky; dans certaines hématies,
on remarque même des espaces raréfiés leur donnant l'aspect d'hématies parasitées.
» La produclion des granulations éosinopliiles dans les leucncvtes du cobaye coïn-
cidant avec toutes ces différentes modifications des hématies introduites dans le
péritoine de cet animal, modifications qui trahissent vraisemblablement la sortie par-
tielle, sinon totale, de l'hémoglobine chez les globules rouges du pigeon, j'ai été amené
à rechercher s'il n'y avait pas un lien de cause à effet entre ces modifications et la
production des éosinophiles.
» J'ai injecté simplement, à cet effet, du sang laqué de pigeon dans l'abdomen du
cobaye. Une à deux heures après l'injection, les leucocytes éosinophiles y dépassent
déjà la proportion de deux à quatre pour cent : on sait que, dans la cavité péritonéale,
les polynucléaires cliromatophiles sont habituellement au-dessous de celte proportion,
et que dans le sang circulant ils sont encore plus rares à l'état normal. A partir de ce
moment, ces leucocytes granuleux augmentent de nombre jusqu'à atteindre parfois,
le lendemain, la moitié du nombre total des polynucléaires de l'exsudat péritonéal.
L'affinilé de l'éosine pour l'hémoglobine est bien connue des histologistes; aussi
peut-on rattacher le résultat de cette expérience, plusieurs fois répétée, à la présence
de l'hémoglobine dans les leucocytes, dont une des principales fonctions est précisé-
ment de débarrasser l'organisme des déchets, des produits nuisibles, etc.
» J'ai injecté, ensuite, une solution étendue d'acide citrique au lieu de l'hémo-
globine, pour voir si la pénétration de cet acide à l'intérieur des leucoc3'tes n'y pro-
voquerait pas aussi, en modifiant la réaction du protoplasme, l'apparition de granu-
lations chromatophiles : après une telle injection, le protoplasme de beaucoup de
polynucléaires présente effectivement de fines granulations roses tirant au violet.
» J'ai trouvé que l'injection de venin de serpent, qui possède une réaction neutre,
donne lieu, comme l'injection d'hémoglobine, à la formation de granulations franche-
ment éosinophiles.
» Kn provoquant l'afflux de leucocytes par l'injection de solutions de nucléines, dont
l'affinité caractéristique est pour les couleurs à fonction basique, j'ai constaté, environ
vingt heures après, la présence de quelques polynucléaires à proloplasma légèrement
violet remplaçant les éosinophiles des exsudais péritonéaux ordinaires. Par l'injection
d'une nouvelle dose de nucléines, ces leucocytes ont augmenté sensiblement de nombre
dans l'espace de six à sept heures, présentant, pour quelques-uns au moins, des granu-
lations basophiles très intenses.
)) L'origine, demeurée jusqu'à présent obscure, des granulations chro-
matophiles des leucocytes s'éclaircit, ce me semble, par les résultats
expérimentaux que je viens de résumer. Selon l'interprétation qui découle
naturellement de ces expériences, les sept types de granulations établis par
( 583 )
Erhlich résultent de différences soit d'affinités, soit de réactions chimiques,
provoquées dans les leucocytes par les substances si diverses que ces der-
niers peuvent fixer et charrier en circulant à travers les tissus.
» L'émiettemenl, en très fines granulations, que j'ai observé pour le
noyau des hématies de la grenouille ('), à l'arrivée dans la circulation du
saccharate de fer, me porte k penser que les granulations chromatophiles
tirent, elles aussi, leur origine de l'appareil nucléaire. Ces granulations,
du reste, résistant à la digestion physique (Weiss), se comportent comme
de véritables granulations de nucléines. De plus, on sait que les noyaux
des leucocytes qui en sont chargés se colorent moins vivement que ceux
des leucocytes qui en sont dépourvus. La même chose se passe chez les
hématies nucléées, lorsque la chromatinede leurs noyaux diffuse dans le
protoplasma pour se combiner au sel de fer injecté.
» L'éosinophilie que les noyaux des hématies affectent quand ils ont
retenu du saccharate de fer ou du bichlorure de mercure, fait que j'ai pu
reproduire in vitro, avec les nucléines retirées d'organes d'animaux mer—
curialisés, doit être signalée aussi à l'appui de la nature nucléinienne de
ces granulations chromatophiles. »
ZOOLOGIE. — Obseri'a/ions noiwelles sur l'organisation des Pleurotomaires.
Note de MM. E.-L. Bouviek et H. Fischer, présentée par M. Edm.
Pertier.
« Les Gastéropodes du genre Pleurotomaire se rangent parmi les repré-
sentants des plus anciennes faunes du monde et, à ce titre, présentent un
intérêt des plus vils pour les zoologistes. Leur animal resta complètement
inconnu jusqu'au jour où M. Alexandre Agassiz en captura plusieurs exem-
plaires dans la mer Caraïbe. Ces exemplaires appartenaient à deux espèces,
le PL Quoyana F. et B. et le PL Adansoniana Cr. et F., sur lesquelles
M. Dali nous a donné quelques renseignements, d'ailleurs fort brefs et
très incomplets. Plus récemment, uike autre espèce, \& PL Bejnchi U'ilg.,
a été trouvée dans les mers du Japon, où elle ne parait pas être fort rare.
» M. Agassiz ayant eu l'obligeance de nous communiquer un exemplaire
de PL Quoyana, nous avons pu étudier, il y a deux ans, le système nerveux
et la radule de ces curieux Gastéropodes, non sans regretter que le mau-
(') Comptes rendus, 28 juillet 1900.
( 584 )
vais état de l'exemplaire ne nous permît pas d'étendre notre investigation
aux autres systèmes d'organes. Grâce à la générosité de M. Dautzenberg,
nous sommes aujourd'hui en état de combler cette regrettable lacune;
aussi libéral que dévoué pour la Science, le savant malacologiste nous a
remis un animal assez complet de Pi. Beyrichi sur lequel nous avons pu
faire les observations suivantes.
» Le Pi. Beyrichi est dépourvu d'épipodium; son mufle n'a qu'une
médiocre longueur et ses yeux se présentent sous la forme d'une cupule
ouverte au dehors. Son opercule est très réduit.
M Sa chambre brianchiale est relativement étroite et fort allongée ; com-
plètement dépourvu de la fissure palléale que M. Dali a signalée dans les
deux espèces caraïbes, le plafond de cette chambre est simplement muni,
sur son bord antérieur, d'un large sinus arrondi où rien n'indique les traces
d'une fissure dont les liords se seraient soudés.
» Les branchies sont symétriquement situées dans la chambre, à une
faible distance du dos; comme dans les autres Diotocardes, elles sont à
deux rangées de lamelles, fixées au manteau par un raphé qui correspond
à leur partie la plus étroite, et munies d'une pointe libre qui s'aperçoit en
avant dans le sinus palléal. La branchie droite est un peu moins large et
moins longue que la branchie gauche, commencement d'une atrophie qui
conduira aux Diotocardes monobranches. D'ailleurs, ces deux organes sont
peu développés et ne s'étendent guère que dans la moitié antérieure de la
chambre palléale. La veine afférente suit le milieu de leur bord libre; elle
y pénètre en arrière, logée dans une sorte de repli qui se détache du pla-
fond palléal, au-dessous duquel il se présente sous la forme d'une courte
cloison dirigée en avant. Chez les autres Diotocardes, les branchies
s'étendent jusqu'au fond de la chambre palléale, mais la veine a conservé
la position qu'elle occupe chez les Pleurolomaires et atteint les organes
respiratoires bien avant leur terminaison. Ainsi l'appareil branchial des
Diotocardes s'accroît en arrière des veines afférentes, dont la position reste
constante et indique le point où se trouvaient les dernières lamelles dans
les formes primitives du groupe; à mesure que s'effectue cette croissance,
le bord postérieur du repli palléal signalé plus haut se trouve entraîné en
arrière avec le bout postérieur de la branchie, et de la sorte s'explique la
cloison bizarre, jusqu'ici incompréhensible, qui divise en deux étages la
chambre palléale des autres Diotocardes.
» Le faible développement des branchies des Pleurotomaires et leur
localisation dans la moitié antérieure de la chambre semblent justifier
( 585 )
complètement l'hypothèse de Bûtschli, d'après laquelle on considère l'or-
gane respiratoire des Diotocardes primitifs comme formé par le déplace-
ment en avant de deux branchies qui se trouvaient en arrière, à droite et
gauche du rectum, chez les ancêtres chitoniformes du groupe. Ce dépla-
cement une fois effectué, la cavité palléale s'est approfondie et, comme on
l'a vu plus haut, les branchies s'y sont ultérieurement allongées. Chez les
Pleurotoraaires, cet allongement ne s'est pas encore produit, de sorte que
ces organes sont remarquablement peu développés. Ils seraient manifes-
tement insuffisants pour les besoins respiratoires sans une disposition ana-
tomique sur laquelle nous allons insister.
» Entre les deux branchies, mais surtout en avant de l'anus (qui se
trouve situé un peu en dedans et en avant du bout postérieur de la branchie
droite), le plafond palléal est très richement vascularisé et ressemble ab-
solument à un poumon d'Hélix. L'axe de cette aire est occupé par un gros
vaisseau qui, en avant, reçoit le sang veineux de la cavité antérieure du
corps par les grosses veines palléales logées dans le bord du manteau. Des
branches nombreuses partent de ce vaisseau axial et, après de nombreuses
anastomoses, vont déboucher à droite et à gauche dans le grand sinus
branchial efférent qui occupe le raphé d'attache de la branchie corres-
pondante. Ce sinus reçoit en outrje, par de nombreux pertuis, le sang hé-
matose qui s'accimiule dans un autre sinus situé au sommet du raphé,
entre les deux baguettes anbistes qui soutiennent les branchies à leur base.
En arrière de celles-ci, le sinus efférent devient un vrai vaisseau qui se
continue jusqu'à l'oreillette en suivant le bord du rein correspondant (').
» Ainsi, le sang hématose qui retourne au cœur provient en partie des
branchies, en partie du réseau palléal; ces deux sortes d'organes nous pa-
raissent avoir, dans la respiration, un rôle sensiblement égal. Chez les
Prosobranches aquatiques, le premier acquerra nettement la prédominance
et le second deviendra la glande muqueuse; chez les Prosobranches ter-
restres, au contraire, l'appareil branchial disparaîtra totalement et le réseau
palléal jouera le rôle de poumon, en conservant d'ailleurs les faibles pro-
priétés muqueuses qu'il présente chez les Pleurotomaires. »
(') Les reins occupent, en arrière, le plafond de la chambre palléale et leurs orifices
sont situés fort loin en arrière de l'anus. Le rein gauche paraît plus volumineux que
le droit et a une structure tout autre; il côtoie, comme lui, le rectum, mais s'étend
moins loin en avant.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXU, N° 9.)
( 586 )
EMBRYOLOGIE. — Si/r les diverses cellules de l'ovaire qui interviennent dans
la formation de l'œuf des Insectes. Note de M. A. Liécaillon, présentée
par M. Alfred Giard.
« Les ébauches ovariennes, chez les Insectes où leur formation a été le
mieux étudiée, prennent naissance par suite de deux phénomènes suc-
cessifs se produisant dans l'embryon à des moments assez éloignés l'un de
l'autre. Ces deux phénomènes sont : i" l'apparition précoce des gonades;
2° l'entrée de celles-ci dans une enveloppe mésodermique à l'intérieur de
laquelle elles resteront désormais incluses. Dans Clytra lœviuscula, par
exemple, les gonades se montrent à la fin de la première journée du déve-
loppement et ne s'entourent de leur enveloppe mésodermique qu'au
commencement de la cinquième journée (la durée moyenne du dévelopr
pemenl total étant d'environ treize jours). Au moment de l'apparition dont
il s'agit, la segmentation est loin d'être terminée et il ne saurait être
question encore de feuillets germinatifs.
» L'origine mésodermique du tissu qui entoure les gonades quMnd
celles-ci pénètrent dans les cavités cœlomiques n'est au contraire pas con-
testable, car les cellules mésodermiques sont à ce moment très faciles à
reconnaître et très différentes des gonades.
)) D'après Heymons, le tissu mésodermique ne formerait pas seulement
l'enveloppe des ébauches ovariennes; il donnerait, en outre, naissance à
des cellules se mélangeant plus ou moins aux gonades et destinées à
fournir plus tard les cellules épithéliales qui formeront les follicules des
œufs. Ce fait doit être considéré comme exact; on verra tout à l'heure
cependant qu'il peut y avoir des exceptions à cette règle.
» Ainsi donc l'embryogénie montre que deux sortes d'éléments entrent
dans la formation de l'ovaire et, par suite, peuvent servir à l'ovogenèse :
les gonades et les cellules mésodermiques qui les enveloppent ou y sont
mélangées. Voyons ce qui se produit ensuite chez les Insectes inférieurs.
D'après mes observations, il est nécessaire, pour s'en rendre compte,
d'examiner successivement : i° le cas des Aphoruridées, des Poduridées
et des Entomobryidées; 2° celui des Smynthuridées ; 3° celui de Campodea,
et 4° celui de Machilis.
)> Dans le premier cas, il n'y a pas de cellules naésodermiques en dehors de celles
( 587 )
qui forment la paroi des ébauches ovariennes (cette observation est conforme aux. ré-
sultats obtenus par A. Clavpole, qui a étudié le développement de l'ovaire à'Anurida
maritima Guér. ). Les gonades donnent naissance aux œufs et aux cellules vitello-
gènes. Il n'y a pas de follicules ovariens. La vésicule germinalive grossit notablement
au début de la période pendant laquelle l'oeuf reste dépourvu de globules deutoplas-
miques; mais ensuite elle diminue et ne semble jouer, dès lors, qu'un rôle insignifiant
pendant tout le temps que dure l'accumulation du vilellus nutritif dans l'œuf. Ce sont
alors, au contraire, les cellules vitellogènes qui se développent énormément; leur
noyau, par sa grosseur et sa richesse en éléments chromatiques, accuse la grande part
qu'elles prennent à l'élaboration des matériaux qui s'accumulent dans l'œuf. Les
cellules de la paroi ovarienne restent toujours très petites, et ça et là quelques-unes
d'entre elles seulement, situées près des œufs, grossissent un peu.
» Dans les trois familles dont il s'agit ici, les éléments dérivés des gonades sont
donc de deux sortes : les œufs et les cellules dites vitellogènes; ces deux catégories
d'éléments assurent à peu près, à eux seuls, tout le travail chimique nécessité pour
faire passer l'œuf à l'état de maturité; on peut même admettre que, à ce point de vue,
le rôle des cellules vitellogènes est prépondérant.
» Dans les Smynthuridées, les cellules mésodermiques surajoutées aux gonades
manquent également, et par suite aussi les follicules ovariens. Les gonades donnent
encore naissance d'une part aux œufs, d'autre part à des cellules vitellogènes. Ces deux
sortes d'éléments évoluent comme dans le cas précédent. Mais ici, les cellules mésoder-
miques qui forment la paroi ovarienne prennent une part très active aux phénomènes
de l'ovogenése. Elles acquièrent une taille considérable et proéminent vers l'intérieur
de la poche ovarienne. Elles finissent par former un réseau enserrant étroitement les
groupes constitués par les œufs accompagnés de cellules vitellogènes. Vers la fin
de l'ovogenése elles s'atrophient peu à peu comme les cellules vitellogènes elles-mêmes.
L'élaboration des matières qui doivent s'accumuler dans l'œuf est donc répartie, chez
les Smynthuridées, entre l'œuf lui-même, les cellules sœurs de l'œuf et les cellules
mésodermiques de la paroi ovarienne; ces dernières paraissent avoir le principal rôle.
» Dans Campodea, les cellules mésodermiques surajoutées aux gonades sont pré-
sentes (à la région postérieure de la chambre germinative). Il se forme de vrais folli-
cules ovariens, mais les cellules en sont toujours très peu volumineuses. Il se produit
encore des œufs et des cellules vitellogènes aux dépens des gonades.
» L'activité principale, dans l'élaboration des matériaux de réserve, est dévolue
aux cellules vitellogènes.
» Dans Machilis, on trouve des cellules mésodermiques situées à la partie la plus
antérieure de la chambre germinative. Il se produit des follicules ovariens ayant des
cellules un peu plus volumineuses que chez Campodea.
» Mais ici apparaît une disposition qui deviendra fréquente chez les Insectes supé-
rieurs : toutes les gonades produisent des œufs, de sorte qu'il n'y a plus de cellules
vitellogènes.
I) Il est alors facile d'observer que presque tout le travail chimique nécessité par
l'emmagasinement des globules deutolécithiques est fourni par l'œuf lui-même. Le
noyau de celui-ci grandit beaucoup et les éléments chromatiques qu'il renferme
( 588 )
prennent un développement qu'ils étaient bien loin d'atteindre dans les trois cas pré-
cédents.
» En résumé, les faits que l'on observe dans l'ovaire des Insectes infé-
rieurs donnent le droit d'admettre que, chez ces animaux, le travail chi-
mique à la suite duquel d'abondants matériaux de réserve sont accumulés
dans l'œuf est effectué par diverses cellules. Les œufs et les cellules vilel-
logènes, éléments dérivés des gonades, y prennent part; il en est de même
des cellules mésodermiques entrant dans la constitution de l'ovaire.
)' Mais la part qui revient à chaque catégorie de cellides est très variable ;
tantôt c'est celle de l'œuf qui est prépondérante, tantôt celle des cellules
vitellogènes, tantôt celle des cellules mésodermiques. En réalité, tous ces
éléments sont vitellogènes si on les envisage au point de vue physiolo-
gique, et seule leur origine les sépare nettement en deux groupes. Chez
les Insectes supérieurs, l'ovogenèse se produit dans les mêmes conditions;
mais ce sont les dispositions ébauchées chez Campodea et chez Machilis
qui se réalisent le plus souvent, en se perfectionnant surtout par le rôle
plus important qu'acquiert l'épithélium folliculaire. Quant au type d'ovaire
réalisé dans les Aphoruridées, les Poduridées et les Entomobryidées, et
perfectionné davantage chez les Smynthuridées, il semble être resté loca-
lisé dans le groupe des Collemboles. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur le mécanisme de la propulsion de la langue
chez les Amphibiens anoures. Note de M. Marcus Hartog, présentée par
M. de Lacaze-Duthiers.
« On chercherait en vain, dans les grands Traités et dans les Mémoires
détaillés, ime explication du mécanisme de la propulsion de la langue chez
les Amphibiens anoures. C'est tout au plus si les auteurs répètent que les
muscles génioglosses sont les protracteurs, et les hyoglosses les rétracteurs
de cet organe. Et pourtant ces animaux font partout, depuis longtemps,
les frais de l'initiation de l'étudiant aux problèmes de la Physiologie et de
l'Anatomie.
» Ayant à faire chaque année un Cours de Biologie élémentaire qui
commence par l'étude détaillée de la Grenouille, j'avais depuis longteinps
remarqué cette lacune. J'ai réussi à la combler et à montrer par une expé-
rience des plus simples comment l'animal lance sa langue en dehors de sa
bouche en la renversant.
( 589 )
» Je mets à nu la langue par l'ablation de la partie de la mâchoire supérieure et du
crâne, je fais un petit trou dans le muscle sous-maxillaire (raylohyoïdien), par lequel
j'introduis une canule, et j'insuffle de l'air. La langue se gonfle, se redresse et s'élance.
Il est nécessaire d'aider le mouvement en tirant l'os hyoïde en avant. Ou bien j'injecte,
au lieu d'air, du beurre de cacao additionné de carmin et fondu, et je maintiens la
pression jusqu'à refroidissement de la masse : cette manipulation révèle un énorme
espace lymphatique entre le muscle sous-maxillaire et l'os hyoïde, espace qui se pro-
longe, en passant par la fente médiane, entre les muscles, dans la cavité de la langue
même; là il se ramifie en s'insinuant entre les fascicules en éventail de ses muscles
intrinsèques et atteint l'extrémité élargie de l'organe. Désormais les rôles des divers
muscles sont clairs : les muscles pétrohyoïdiens soulèvent l'os hyoïde et le font avancer,
action complétée par les géniohyoïdiens. Les génioglosses et styloglosses peuvent bien
commencer la dilatation de la langue en raccourcissant et, par conséquent, élargissant
sa cavité; mais c'est surtout le muscle sous-maxillaire qui, par sa contraction, doit
chasser la lymphe dans la cavité de la langue; c'est lui le vrai propulseur de l'organe.
Pour la rétraction, les muscles génioglosses et hyoglosses doivent, par compression,
la ramener jusque dans la bouche : les muscles sternohyoïdiens et omohyoïdiens
rétractent les attaches de la langue à l'os hyoïde, et la fermeture de la bouche par les
muscles qui relèvent la mandibule presse la langue contre le palais et en chasse le
reste de la lymphe.
» On voit que la propulsion brusque de la langue chez les Anoures est
une érection comparable à la protrusion si lente du pied chez les Lamelli-
branches : dans les deux cas, c'est une propulsion , non une prétraction.
» Silvestro Baglioni, dans une étude remarquable sur la respiration des
Grenouilles ("), vient de constater que, dans cet acte, au moment du
rétrécissement de la cavité de la bouche « wird die Zunge sehr deutlich
» nach vorn und oben gezogen ». Pour que ce mouvement s'accentue et
se transforme en propulsion de la langue, il ne faut qu'un avancement
plus complet de l'os hyoïde et une plus forte contraction du muscle sous-
maxillaire. »
VITICULTURE. — Sur le géotropisme des racines de la vigne.
Note de M. J.-M. Guillox, présentée |>ar M. Prillieux.
« Les racines naissant à la base des boutures de la vigne suivent, sous
l'influence de la pesanteur, une direction oblique (géotropisme positif)
très variable suivant les espèces, les variétés et les hybrides. Cette obli-
(') In Arch.f. Anatomie u. Physiolog. : Phys. Abth., 1900, Suppl. Bd, p. 36.
( 590 )
quité des racines est très intéressante à connaître pour les vignes améri-
caines, car, sans être la cause unique des variations de l'adaptation aux
divers sols, elle constitue cependant, à ce point de vue, un document des
plus précieux.
» En effet, les cépages dont les racines tendent à se rapprocher plus ou
moins de la verticale sont susceptibles de résister plus que les autres à la
sécheresse. Ils vont chercher l'humidité dans les couches plus profondes,
en des points où elle est peu sujette aux variations extérieures. Par contre,
les cépages à racines traçantes sont plus exposés à souffrir d'une séche-
resse prolongée. Ces considérations ont donc leur importance pour la
reconstitution d'un vignoble.
» Enfin l'obliquité caractéristique de chaque cépage américain fait qu'ils
vont puiser leur nourriture dans des régions plus ou moins éloignées de la
surface du sol et qu'il y a lieu d'en tenir compte pour le choix et l'appli-
cation des engrais.
1) On peut arriver à classer à ce point de vue les espèces, variétés ou
hybrides en mesurant l'angle que fait avec la verticale la direction des
racines secondaires (direction d'équilibre géotropique). Il suffit, pour
déterminer cet angle, que j'appellerai angle de géotropisme, de faire raciner
des boutures dans un liquide nutritif où rien ne vient s'opposer à la direc-
tion naturelle des racines, ou d'observer pendant plusieurs années les
racines des cépages expérimentés dans une même pépinière constituée
par un sol meuble, profond et frais.
» J'ai étudié l'angle de géotropisme de la plupart des espèces, variétés ou hybrides
de vignes américaines utilisées pour la reconstitution du vignoble. Voici le résumé de
mes observations :
Noms des cépages. Angle de géotropisme.
Rupestris du Lot 20»
Riparia 75 à 80 suivant les formes.
Berlandieri 20 à 35 »
Riparia x Rupestris 4o à 60 »
Berlandieri x Riparia 60 à 76 »
Rupestris x Berlandieri 4o à 5o »
Berlandieri x Riparia-Rupestries gigantesque. . 55 à 60 »
Franco-Rupestris 35 à 60 »
Franco-Berlandieri 45 à 5o »
» Si, d'une façon générale, plus l'angle de géotropisme est aigu, plus hi
( 591 )
plante résisto à la sécheresse, celte observation peut être modifiée par la
profondeur plus ou moins grande du sol et parla grosseur des racines aux-
quelles les vaisseaux à plus gros diamètre communiquent des propriétés
particulières. Enfin, la direction des racines de la vigne, de même que les
autres plantes, est soumise à certaines influences, comme celles de l'humi-
dité (hydrotropisme), de la pression, etc. «
PALÉONTOLOGIE. — Sur (a découverte, dans les dépôts permiens supérieurs du
nord de la Russie, d'une Jlore glossoptérienne et de reptiles Pareiasaurus et
Dicynodon. Note de M. V. Amalitzky, présentée par M. Albert Gaudf'v.
« Les dépôts permiens de la Russie comprennent des formations marines
et continentales. Ces dernières contiennent dans les étages inférieurs une
flore lépidendronienne du type du Rothliegendes d'Allemagne, tandis que
les étages supérieurs contiennent des marnes et des grès bigarrés, long-
temps considérés comme dépourvus de fossiles. J'ai réussi à y trouver une
riche faune de Lamellibranches, que j'ai décrite en 1892 (') sous les noms
Ae Palœomutela, Oligodon el Palœanodonta. En 1895, alorsque j'étudiais(-),
à Londres, les Lamellibranches du Raroo inférieur de l'Afrique méridionale,
je remarquai nombre de formes identiques avec celles des dépôts permiens
supérieurs de Russie. Je supposai que je |)ourrais découvrir dans ces dépôts
d'autres organismes semblables à ceux qui ont été trouvés dans le système
du Karoo inférieur de l'Afrique méridionale. Comme champ de mes
explorations futures, je choisis le rayon de la Soukhona et de la Dvina, où
le professeur Barbot de Marny avait recueilli en 1864, dans les dépôts per-
miens développés suivant la rivière Vytchegda, une empreinte en forme de
noyau de Calamités arenaceus, qui indiquait une formation continentale.
» Mes explorations, pendant une période de quatre ans, de iSgS-iSgH,
prouvèrent, en effet, que les dépôts permiens supérieurs continentaux du
courant inférieur de la Soukhona et du courant supérieur de la Dvina du
(' ) (Jelier die Anlhiacosien der Permfonnation Bussland's {Palaeontograpkica.
Vol. XXXIX).
(-) A comparison of tlie Perinian fresliwater Lamellibranchiala froni Russia
with those from Karoo System of South Africa {Journ. Geol. Soc, Vol. II ;
Aug. 1895).
( 592 )
Nord sont homotaxiques au système du Karoo inférieur de l'Afrique méri-
dionale et de la Gondwana inférieure de l'Inde. Celte homotaxie est démon-
trée par la décoiiverle, dans les dépôts permiens supérieurs précités du
noi'd de la Russie, des formes suivantes, identiques avec celles que l'on a
trouvées dans le système du Karoo ou de la Gondwana : Glossopteris indica
Schimper, Glossopteris angustifolia Feistmantel, Glossopteris stricta Bunb,
Gangomopteris ma/or Feisl., Gangomopteris cyclopteroides Feist. ; de nom-
breux Vertchraria ; des rhizomes de Glossopteris ; des reptiles des genres
Pareiasaurus et Dicynodon, ainsi que des coquilles de Palœomutela Inos-
tranzewi et Palœomutela Keyserlingi.
» La position slratigraphique de l'étage à Pareiasaurus, Dicynodon et à
Glossopteris dans le nord de la Russie est déterminée par le schéma suivant
de couches, à partir d'en haut :
» 1° Marnes et grès du village Aristov, près de la ville de Véliki-
Oustioug, se rapportant par leur âge au Zechstein supérieur et contenant :
Synocladia virgulacca Pi 11., Acanthocladia anceps Schl., Edmondia elon-
gala Howse, Loxonema GibsoniBroy/n, Lojconema Altenburgensis Geiss.,
Turbo oblusus Brown.
» 2° Étage glossoptérien représenté par des marnes bigarrées avec
des inclusions lenticulaires de sables et de grès développés suivant le
courant inférieur de la Soukhona (d'Opoki à Véliki-Oustioug) et le cou-
rant supérieur de la Dvina du Nord (de Véhki-Oustioug à Rotlas) avec la
flore glossoptérienne citée et une faune de reptiles (Pareiasaurus, Dicyno-
don) etd'Anthracosides (Palœomutela, Oligodon el Palœanodonta).
» 3" Marnes et sables reposant à Opoki et à Jéciplsev au-dessous de
l'étage glosso|jtérien et contenant une flore permienne inférieure avec
Callipteris conjerta, Lepidodendron, etc.
» 4*^ Grès, marnes et sables de Krasnoborsk de la Toima supérieure et
de la Seftra avec la faune maritime permienne inférieure suivante : Gei-
nitzella columnans Sch!., Feneslella rétif ormis Schloth, Productus Cancrini
Vern., Macrodon lù/igianumVern., Leda speluncaria Geiniiz, A'wc«/rt Ueyri-
chi Schauroth, Backewellia ceratophaga Schl., Schizodus russicus \ern.,
Schizodus planus Golo-wk., Strcblopteria sericea Vern., Murchisonia suban-
gulata Vern.
» Voyant le succès des fouilles opérées en i 899, le gouvernement
russe a accordé 5oooo roubles (200000'') pour faire des travaux sur une
grande échelle.
( 593 ) ■
M Les fouilles, dans l'étage glossoptérien de Russie, ont été pratiquées
en 1899 et en 1900 le long de la rive de la Dvina du Nord, près de la sta-
tion Kotlas, au lieu dit : Sokolki. Pendant ces deux années, les fouilles ont
donné des résultats des plus abondants; elles ont amené entre autres la
découverte de quinze à vingt squelettes de Pareiasaurus, dont quelques-uns
atteignent une longueur de 4™. quatre squelettes de reptiles offrant de la
ressemblance avec les Rhopalodontia, de 2™ de longueur, et quelques
groupes d'ossements appartenant aux Dicynodonlia, beaucoup de nou-
veaux genres de Théromorphes et probablement de Dinosauriens, et enfin
quelques squelettes assez grands de Stégocéphales (^Melanerpeton et
autres). Tous ces ossements sont engagés dans d'énormes concrétions qui
ont été trouvées sur le même horizon et gisaient les unes à côté des autres;
quelquefois même les squelettes étaient entassés l'un sur l'autre, ce qui fait
supposer que ces nombreux squelettes de reptiles et d'amphibies ont été
enterrés au fond de la rivière, après avoir été amenés là par suite de
quelque catastrophe, et recouverts ensuite par du sable de rivière.
» Un laboratoire paléontologique a été actuellement monté près l'Uni-
versité de Varsovie, afin de préparer les squelettes. Au mois de décembre
1900, le laboratoire a terminé la préparation d'un squelette de 1 1 pieds
de long. Il appartient à une nouvelle espèce de Pareiasaurus, proche de
Pareiasaurus Baini Seeley, mais qui s'en distingue par la construction de la
queue droite, du bassin plus étroit, par la tête plus petite comparativement
au tronc et encore d'autres caractères. »
GÉOLOGIE. — Les formations tertiaires et quaternaires de la vallée de
Bellegarde. Note de M. H. Docxani, présentée par M. Michel Lévv.
« La vallée de Bellegarde est limitée à l'ouest par la chaîne du Colom-
bier de Culoz, à l'est par la chaîne du Reculet-Gredo-Vuaclie-Mont de
Musiège.
» Elle se prolonge au nord, en se bifurquant, d'un côté par le vallon de la Mantière
la vallée de Mijoux et le vallon des Dappes jusque près des Rousses, et d'un autre côté
par le plateau de Monlanges du Ladai et de Champfromier, le lono- du pli faille de
Champfromier jusque dans la combe d'Evoaz. Au sud, la vallée s'élaro^ii considéra-
blement et se rattache à la grande plaine molassique de Rumilly, prolongement méri-
dional de la partie de la plaine suisse située à l'ouest de l'anticlinal de la molasse et
du mont Salève.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 9.) ^6
( ^9^ ^
» Le bassin de Bellegarde présente en son milieu un bombement anticlinal (dôme)
qui fait aflleurer dans le lit de la Valserine et du Rhône les terrains albiens et aptiens,
bien connus par leurs fossiles, et le Barrèmien supérieur, moyen et inférieur. Le
Barrêmien moyen présente le faciès urgonien.
» Tonte cette région fut émergée à la fin du Secondaire et soumise à des
phénomènes d'érosion considérable : aussi les premiers dépôts tertiaires
que l'on rencontre sont des dépôts continentaux u'àge éocène moyen et
supérieur, constitués par des sables blancs ou jaunâtres, avec silex prove-
nant de la destruction des couches sénoniennes, de l'Aptien et du Gault
même en certains points; ils forment des dépôts plus ou moins étendus
dans toute la région, et sont souvent intimement liés avec des minerais de
fer (Sàlève, Senier près d'Annecy); nous rattachons à ces dépôts les for-
mations dites sidéroUlhiques de Coiionges, Chénier.
» Reposant sur ces sables éocènes, lorsqu'ils existent, sur le Gault, ou
le Barrêmien, se trouvent des dépôts oHgocènes renfermant, avec Ilelix
rugulosa et H. Ramondi, Planorbis cornu, PL declivis et la riche faune de ver-
tébrés de Challonges-Pyrimont. Ils comprennent de bas en haut :
» 1° Des marnes bigarrées avec, à la base et à différents niveaux, des iniercalations
de conglomérat calcaire à éléments jurassiens ;
» 2° Des argiles, marnes, grès de couleurs également très variées avec interca-
lations, dans toute la vallée des Usses, de lentilles de gypse fibreux et des bancs
calcaires exploités pour dalles vers Droisj etCrempigny; les bancs inférieurs sont
fossilifères. C'est dans ces bancs calcaires supérieurs, surtout bien développés au sud
de la vallée des Usses, que Ion a rencontré des grès tendres et des assises marneuses
lignitifères (Crempignj-, Saint-André);
» 3° Des grès et marjies gréseuses micacées passant insensiblement aux couches de
la molasse marine fossilifère, à Pecten prœscabriiisculus.
n Le miocène, transgressif à l'ouest, est représenté par un puissant
ensemble (25o"' au moins) de grès grossiers, avec lits de cailloux d'origine
alpine, très lossiliféres, et de grès luolassiques en gros bancs grisâtres
tendres, devenant feuilletés et jaunâtres à la partie supérieure; ces dépôts
appartiennent au Burdigalien supérieur et à la base du Miocène moyen.
» Les dépôts du Miocène supérieur et du Pliocène manquent. Les dépôts
quaternaires de la vallée comprennent :
» 1° Des alluvions lluvioglaciaires bien développées au nord de la vallée des Usses
se rattachant aux alluvions fluvioglaciaires des environs de Genève. A la partie supé-
rieure elles jirésenteiU des inlercalations de dépôts inorainiques et sont recouvertes
( SgS )
partout par le glaciaire d'origine jurassienne au nord de la vallée, ou apporté par le
glacier du Rhône et de l'Arve, plus au sud par le glacier de l'Isère; ces alluvions sont
à l'altitude de 33o™ et s'élèvent jusqu'à 780'". Les blocs erratiques dépassent l'altitude
de 1 100°".
)> Ces dépôts existent à l'entrée du défilé de Fort de l'Eeiuse (Pont de Savoie) et à
la sortie; on les rencontre même dans ce défilé prés du Fort inférieur à l'altitude
de 420"". Sous le Fort, M. Renevier a montré l'existence d'un ancien lac de cluse où
se sont déposées des marnes bleues qui affleurent dans le lit même du Rhône et des
sablons (10™) recouverts et ravinés par des dépôts morainiques s'étendant jusqu'au
niveau de la route. La cluse du Rhône, indiquée lors du soulèvement delà région par
la faille du Vuache et l'abaissement de près de 600" de l'axe de l'anliclinal du Credo,
a donc été creusée avant l'arrivée du glacier du Rhône dont les dépôts ont rempli
la cluse. Après le retrait du glacier, le Rhône actuel a déblayé ces dépôts et au delà
du défilé s'est creusé le lit et le canon qu'il occupe aujouid'hui et qu'il est encore
en train d'afTouiller.
» 2° Au sud de la vallée, entre le Colombier et le dôme du Gros Fourg, on trouve
vers Motz, à l'extrémité du val de Fier et sur la rive droite, des alluvions ne dépassant
guère l'altitude de Soc™ et inclinées du nord au sud : elles ont dû se former dans une
expansion du lac du Bourget. A leur surface se rencontrent encore de nombreux blocs
erratiques.
» Après le retrait définitif des glaciers se sont formés les alluvions
modernes qui ont rempli la plaine de la Chautagne et de Seyssel (Haute-
Savoie) et les tufs calcaires de Serrières. Le Rhône et la Valserine ont pro-
gressivement entamé, dePyriinont, au sud, jusqu'au delà de Bellegarde, au
nord , les bancs de calcaire urgonien qui bordent de chaque côté le véritable
canon dans lequel coulent ces deux cours d'eau. «
M. Marcelli.v Laxglois adresse une Note intitulée : « Unité thermo-
chimique fondamentale; atomicité; unité d'origine et de constitution de
la matière atomique. »
M. Al. Bartuès demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui
le 18 janvier dernier et contenant la description d'une machine aérienne
dirigeable.
Ce pli est ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel; le contenu
est renvoyé à la Commission des Aérostats.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
( 596 )
ERRATA.
(T. CXXXI, séance du 24 décembre 1900.;
Note de MM. Yçes et Marcel Delage, Sur les relations entre la constitu-
tion chimique des produits sexuels et celle des solutions capables de dé-
terminer la parthénogenèsf" :
Au lieu de
Mâles 8,83 pour 100 MgO
Femelles 7,88 pour 100 MgO
lisez
Femelles 8,83 pour 100 MgO
Mâles 7,88 pour 100 MgO
(Séance du aS février 1901.)
Note de M. L.-J. Simon, Sur la constitution du glucose :
Par suite d'une erreur de mise en pages, le texte est devenu incompréhensible. Il y
a lieu d'intercaler, à la fin de la page 487, à la suite du petit texte, la fin de la page 488
à partir de « On rend compte...», et la première moitié de la page ^Sgj'usquVi « 2°... ».
N" 9.
TABLE DES ART[Cr.ES. (Séance du 4 mais 1901.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOXS
DES MEMBKKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. Pages.
M. J. J.VNSSEN. — Sur lu nouvelle étoile des sulfures, sulfhyaiates, polvsulfures et
aiiliariic lécemniciit dans la conslcllalion hyposullites pouvanl coexister en solution,
de l'erséc ''i>-> eu particulier dans les eaux minérales sul-
\1. (;. I.IPPMAN'N. — Mire uuriJienue à nii- luix-uses )iS
roir cyliudrique '107 i MM. P. -P. Deiieuaix et Uk.molssy. — Sur la
M. Hknui MoissAS. Sur la préparation et 1 gerniinaliou dans l'eau distillée ')!.;
les propriétés du sulfaniuiouiuui 5in M.M. LoRTET et Genolu. — .Vppareil plioto-
\l. VuM.iND t-'^UTiEB. - .MétiKHie do dosage I ihérapiquo sans condensateur 'li;
CORRESPONDANCE.
\I. le SEcuÉr.iiiiE PElu'ETUEi. signale un
<i Traite théorii|ue et pratique d'électro-
mélallurgie >', par M. AUolpIie Minet.. . -iio)
La SilCIETK DES .\M1.S IlES SciENXES >[ATill:-
.MATIUIIES ET PHYSIQUES DE PoM'.^VA adresSO
ses respectueuses condoléances à l'occa-
sion de la mort de M. Ch. Herinite J29
MM. Guillaume, Le Caueï et Luizet. —
Observations des variations d'éclat de la .
planète Kros. faites à l'observatoire de
Lyon J3o
.M. M. LuiZET. — Sur les époques tropiques
de la période de variation d'éelal de la
planète liros 5:ii
.\L Haillaud. — Variations d'éclat de la |ila-
nèle Lros '32
.M. Cm. .\xdre. - Éléments du système
formé par la planète double Eros J3.i
.M. L. Moxtaxoeiiand. — Sur la période de
variabilité d'éclat de la planète Kros,
d'après des déterminations faites à l'obser-
vatoire de Toulouse ^^^
M. M. LuizET. — Sur la nouvelle étoile de
Persée J3''
M. 11. Dkslaxdkks. — Observalionsde l'étoile
nouvelle de Persée .^ '■'J
M. D.-Tn. Eoouov. — Sur une cerluine sur-
face du troisième ordre a3S
.\L Edmo.nd .Maillet. — Sur les systèmes
complets d'équations aux dérivées par-
tielles ''-'1"
.M. S. Leduc. — Pour obtenir des ra'jon^
de courtes longueurs d'onde, on peut uti-"
liser l'effluve électrique, source intense
de rayons violets et ultra-violets.. •5^2
.M. G. GUTTOX. — Sur la propagation des
oscillations hertziennes dans l'eau J-i^
M. L. Bexoist. — Lois île transparence de
la matière pour les rayons X J P
MM. P. Curie et A. Debieuxe. — Sur la
radio-actiyité induite provoquée par les
sels de radium '■**'
M. J. Aloy. — Sur une melliode nouvelle
de détermination \\n poids atomique de
l'uranium >Ji
AL L. Baud. — Etude tliermi([ue des clilo-
rurcs d'aluminium ammoniacaux jjii
M. Paul Lereau. — Sur un nou\eau sili-
ciure de cobalt ').î<)
M. V. Grioxaud. — Sur les combinaisons
organomagnésienncs mixtes ôj8
MAL lîÉiiAL et TiiFEXEAU. — Sur un isomère
de l'anélliol et sur la constitution de ce
dernier >')■
M. L.-J. Slmox et IL Hexap.d. — Sur les
phényllijdrazoncs du ^/-glucose et leur
multirotalion 'j'*'i
MM. Paul Sabaher et J.-B. Sexderens. -
.Méthode générale de synthèse des naph-
lènes J'J'i
AL DE FoRCRAND. — Chaleur spécifique et
chaleur de fusion du glycol èthylénique. iljij
Mftl. Ém. Bouuquelot et H. Herissey. —
Sur la constitution du gentianose '171
M. N. Greiiant. — Traitement par l'oxygène,
à la pression atmosphérique, de l'homme
empoisonné par l'oxyde de carbone 17'!
M. G. liREDia. — .\nalof;ics entre les actions
diastasiques du platine colloïdal et celles
des diastases organiijues ^'S>
MM. Craruin et Moussu. — Propriétés coa-
gulantes du mucus : origines et consé-
t|uences ^7^
M. Hexri Stassaxo. — Sur une réaction
histoehimiquc diU'ércntielle des leucocytes
et sur la production expérimentale et la
nature des granulations chromatophiles
de ces cellules ■>'''
MM. E.-L. Bouvier et H. Eischer. —
Observations nouvelles sur l'organisation
des Pleurotomaires ''^■^
M. A. Lecaillon. — Sur les diverses cel-
lules de l'ovaire qui interviennent dans la
formation de l'œuf des Insectes ■'*''
M. ALuicus Hartoq. — Sur le mécanisme
lie la propulsion de la langue chez les
N° 9.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. >
Pngcs.
Ainpliibiciis anoures ÔS8
M. J.-M. GuiLi.ON. — Sur le géulropismc
des racines de la vigne 5Sr|
M. Amalitzky. — Sur la déniuverte, danis
les dépôts pcniiicns supérieurs du nord
de la Russie, d'une flore glossoptéi'ienne
et de reptiles Pareiasaurusel Dicynodon. 5gi
M. II. Doi'XAMi. — Les formations tertiaires
EURATA
Pas
et i]ualernaires de la vallée de lîellcgarde.
M. Marcellin Laxglois adresse une Note
intitulée : « Unité thermocliiini(|iie fonda-
mentale; atomicité; unité d'ori:;ine et de
Cl iislitiition de la matière atomique. »...
M. L. Baiîtiiks demande l'ouverture d'un
' U Cacheté contenant la description d'une
njachirie aérienne dirigeable
PARIS. — IVIPRIVIERIE G AUTHI E R-VI L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins, 5â.
Lr Geritnl •' <>4urHiKR-V it.L*
APR 30 1901
^t.^^ 1901
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR Rin. liBS SBCHÉTAIRES PERPÉTITBL!^.
TOME CXXXII.
NMO (H Mars 1901).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
i90l
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1 862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances d"
r Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.^
26 numéros composent lui volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
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Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages j)ar année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
verne'ment sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P'ig^s par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3i pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu a
que l'Académie l'aura décidé.
I^es Notices ou Discours prononcés en séanci
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savaii
étrangers à l' Académie. i
Les Mémoires lus ou présentés par des persor
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 13
demie peuvent èlre l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoiresl
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours norai
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cétExt
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le I
pour les articles ordinaires de la correspondance (
cieile de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tuer de chaque Membre doit être rem!
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à tem
le titre seul duMémoire estinsérédansle Compterei
actuel, et l'extrait est rehvoyé au Compte ret
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planche
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures serai
autorisées, l'espace occupé par ces figures compt
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux Irais des j
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5. •
Tous les six mois, la Commission administrative!
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume
ap
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance sui
APR 30 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 11 MARS 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉODÉSIE. — Ulilisatiun des points de Collins pour la détermination
d'un quadrilatère. Note de M. Hatt.
« Dans un arlicle récent du Journal des Savants, consacré aux OEuvres
de Gauss, M. Darboux, parlant du problème de Pothenot, a fait allusion
aux points de Collins définis par la condition de se trouver à la ren-
contre de la droite qui joint le point de station et l'un des signaux visés,
avec le segment capable passant par les deux autres signaux. Ces points
sont connus et utilisés par les ingénieurs hydrographes sous le nom de
points d'alignements. Pour obtenir la position d'une station d'où l'on a
mesuré les angles compris entre trois signaux connus A, B, C, il suffit,
après avoir construit le segment capable passant par AB, d'y placer le
c. K., 1901, I" Semestre. (ï. CXXXII, N" 10) 77
( 598 )
point de CoUins D en menant un rayon faisant, avec celui qui joint le
centre du segment à B, un angle double de l'angle mesuré entre B et C.
Le point de station est à la deuxième intersection de CD avec le segment.
Cette construction présente certains avantages quand l'angle compris
entre B et C est petit; elle a inspiré une méthode de calcul peu usitée
aujourd'hui et remplacée, de même que les autres, par les procédés gra-
phiques à grande échelle.
» Les points de CoUins pourraient être utilisés dans le cas de détermi-
nation simultanée de deux stations inconnues reliées par des mesures
angulaires à deux signaux connus. A moins de compenser le quadrilatère
formé par les quatre points A, B, X, Y, opération très minutieuse et dont
le résultat final n'est pas toujours en proportion de l'effort qu'elle coûte,
on en est réduit à calculer les stations X et Y chacune par un triangle en
vérifiant ensuite la concordance des relèvements réciproques des deux
stations. Il y aurait avantage, sans doute, à combiner les observations
recueillies aux deux stations de manière à déterminer indépendamment la
droite qui les joint; la considération des points de Collins permet de le
faire. Remarquons en effet que ces points peuvent être construits sans que
l'on connaisse la position du troisième signal visé. Si du point X on a me-
suré des angles a entre A et B et fl entre B et Y, on placera le point de
Collins D soit par la construction ci-dessus indiquée, soit, mieux encore,
au moyen d'un triangle DAB à angle conclu en B, les deux autres étant,
comme le montre la figure, égaux à a et p. On déterminerait de la même
manière le point de Collins C correspondant à la mesure faite en Y de
l'angle compris entre A et X.
» La ligne C x Dy est donc déterminée et constitue une donnée supplé-
mentaire indépendante des mesures d'angles obtenues en A et B.
( 599)
» On pourra dès lors déterminer chacune des stations X et Y en faisant
concourir, au moyen des méthodes graphiques à grande échelle, les quatre
lieux géométriques se coupant théoriquement en ce point : les relève-
ments de A et B, le segment capable de l'angle mesuré entre A et B et le
relèvement réciproque CD.
» Dans le but de comparer le résultat de ce procédé de calcul avec
celui que donne la méthode des moindres carrés, je l'ai appliqué à un
quadrilatère dont la compensation rigoureuse avait été précédemment
effectuée. Les deux graphiques ci-joints, construits à l'échelle de -^,
résument toute l'opération et permettent de faire la comparaison. Pour
Fig. 2. Fig. 3.
chacune des stations X et Y l'origine des coordonnées est au point
approché, et le point moyen M, obtenu par la compensation rigoureuse,
a pour coordonnées relatives les corrections calculées par application de
la méthode des moindres carrés. On voit, d'après la situation des trois
premiers lieux géométriques, que le point approché est, à très peu près,
celui que donne la résolution du triangle; le tracé du lieu géométrique CD
vient modifier ce résultat dans le même sens que la méthode rigoureuse. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur /a synthèse totale de l'acétylpropyléne
et des carbures terpiléniques ; par M. Beuthelot.
« Dans le cours de mes recherches sur la combinaison directe des car-
bures d'hydrogène les uns avec les autres, j'ai étudié la réaction de l'acéty-
( 6oo )
lène sur l'éthylène et la formation d'un acétvlétliylène (') par la réunion
des deux gaz à volumes égaux (')
C=H='+C='H* = C*H».
» J'ai signalé depuis, en quelques lignes, la combinaison analogue du
propylène avec l'acétylène
C='fP4-C'H''=C5H«.
» C'est cette combinaison sur laquelle je me propose de revenir aujour-
d'hui, en raison de l'importance qu'elle ]irésente pour la synthèse des car-
bures lerpiléniques, et plus généralement des carbures représentés par la
formule CH'^, dont l'importance est si grande dans les végétaux. Ces der-
niers carbures, en effet, ainsi que les carbures de l'ordre du copahuvène
C'^H^*, sont des polymères (dimères et trimères) des carbures monomères
de la formule C'H'. Le terpilène en particulier a été obtenu par M. Bou-
chardat ('), conformément à ces idées, par la condensation d'un carbure
(valérylène) C^H* dérivé de l'amylène.
» Réciproquement le térébenlhène, le terpilène, leurs chlorhydrates,
le bornéol, le camphre, etc., soumis à l'action hydrogénante de l'acide
iodhydrique, reproduisent de l'hydrure d'amyle (ou de pentane) C^H'-,
d'après mes expériences (^).
» La synthèse de l'acétylpropylène permet de remonter plus haut dans
cette genèse, c'est-à-dire de l'accomplir à partir de carbures formés eux-
mêmes par la combinaison élémentaire du carbone et de l'hydrogène.
» On opère la combinaison du propylène avec l'acétylène par la même
méthode que celle de l'éthylène, mais en opérant dans des conditions encore
plus ménagées. La réaction s'effectue en échauffant le mélange des deux
gaz, à volumes égaux, dans une cloche courbe, que l'on bouche de façon à
opérer à volume constant. La cloche est enveloppée d'une toile métallique
et la flamme du gaz répartie de façon à obtenir un chauffage aussi régulier
que possible. On ne doit pas atteindre la température rouge, mais se main-
tenir autant que possible au voisinage de 5oo°.
(') Ann. de Chim. et de Phys., 4^ série, t. IX, p. 466; 1869.
(') Voir aussi les expériences ultérieures de M. Prunier sur ce carbure, Ann. de
Chim. et de Phys., b" série, t. XVII, p. 17; 1879.
(3) Comptes rendus, l. LXXXVII, p. 654; 1878.
(') Bulletin de la Société chimique, 1" série, t. XI, p.i6, 98, 187; janvier 1869.
( 6oi )
» Au bout de quelque temps, on voit apparaître un liquide presque inco-
lore, qui se condense dans les parties froides, à la surface du mercure laissé
dans les régions basses de la cloche.
» L'expérience ayant duré une heure, on éteint, on laisse refroidir.
Dans ces conditions, il ne se dépose pas de carbone, mais seulement une
petite quantité de matière goudronneuse dans les régions supérieures.
» Après refroidissement, on transvase le gaz restant, on le mesure, ce
qui indique la contraction, et on l'analyse comme il va être dit.
M D'autre p.irt, on introduit dans la cloche remplie de mercure par
l'effet de ce transvasement, un volume d'air exactement mesuré : ainsi, par
exemple, un tiers du volume initial des gaz avant le chauffage. Le carbure
très volatil, condensé sur les parois delà cloche, se vaporise dans cette
atmosphère. On transvase le tout dans une éprouvette graduée et on le
mesure : l'accroissement de volume indique la proportion du carbure vola-
tilisé. On le soumet à une analyse eudioniétrique.
» Il reste encore dans la cloche un peu de carbure liquide, distinct du
précédent et n'ayant qu'une faible tension de vapeur. Le poids en est trop
minime pour se prêter à une analyse : je me suis borné à traiter ce corps
par l'acide nitrique fumant, lequel n'a pas amené une formation appré-
ciable de nitrobenzine, mais seulement celle de dérivés nitrés, de l'ordre de
ceux que fournissent les carbures terpilcniqnes. Cette réaction prouve que
l'acétylène disparu ne s'est pas polymérisé pour son propre compte à l'état
de benzine, mais qu'il est entré dans des combinaisons spéciales. Dans le
cas oii le mélange gazeux aurait été chauffé plus fortement, par exemple
porté au rouge sombre, la réaction est plus rapide; mais la benzine appa-
raît dans les liquides condensés.
» Venons maintenant à l'analyse des gaz, en commençant par le carbure
liquide gazéifié dans une atmosphère d'air.
» L Son volume s'élevait aux g centièmes de celui de l'air employé.
L'analyse eudiométrique par combustion a fourni,
pour lo volumes du gaz combustible Sa volumes d'acide carbonique
La diminution totale (c'est-à-dire le carbure disparu
et l'oxygène consommé) s'élevait à 78 volumes
» Ces rapports conduisent à la formule C^H', laquelle exigerait
5o volumes d'acide carbonique et 80 volumes de diminution totale.
» Cette formule répond à une combinaison du propylène et de l'acéty-
( 602 )
lène à volumes gazeux égaux; acétylpropylène :
CH' + C^H^ = C=H'.
» C'est celle d'un dérivé penténique ou amyléniqiie, par perte d'hydro-
gène
CH'" — H= = C=H';
elle répond à plusieurs isomères; j'y reviendrai tout à l'heure.
» Ce carbure pourrait être préparé en quantités plus considérables, mais
d'une façon moins nette, en faisant passer, à travers un tube de porcelaine
chauffé avec ménagement, un mélange des deux gaz générateurs employés
en proportion plus grande, c'est-à-dire par le procédé employé par M. Pru-
nier pour Tacétyléthylène, l'un des isomères du crotonylène. La formation
de l'acétylpropylène, pas plus que celle de l'acétyléthylène, dans les condi-
tions ménagées que j'ai décrites, n'est point accompagnée par celle de la
benzine, ou d'autres polymères de l'acétylène, en proportion sensible.
» II. Revenons maintenant à l'étude des gaz demeurés dans la cloche
courbe, afin de définir complètement la réaction. Dans ce qui suit, tous les
volumes gazeux sont, comme d'ordinaire, réduits par le calcul à la même
température et pression et ramenés à une unité commune, loo volumes.
On avait pris d'abord
A-cétylène : C^ H^ 5o volumes j
_ , 1 100
Propylène : C^ H'^ 5o volumes )
Après chauffage, on a retrouvé 63,9
(i) Contraction 36, i
(2) Une partie du mélange a été traitée par du chlorure de cuivre am-
moniacal, en proportions successives, de façon à absorber exac-
tement, c'est-à-dire sans excès notable du réactif, l'acétylène, soit. 23, o
(3) Le gaz résiduel (purifié d'ammoniaque) a été traité par une petite
quantité d'acide sulfurique bouilli; ce qui absorbe le propylène
restant et la vapeur d'acétylpropylène, soit 32, o
(/)) Le gaz résiduel s'élevait à 8,9
» D'autre part, on a soumis à l'analyse, par combustion eudiométrique,
le mélange gazeux initial (après chauffage bien entendu) et le gaz résiduel
(après réaction du chlorure cuivreux ammoniacal et de l'acide sulfurique
concentré).
» III. 10 volumes de gaz résiduel ont fourni 10"°', 5 d'acide carbonique,
la diminution totale étant de 3i volumes.
( 6o3 )
» Ces rapports sont sensiblement ceux du formène CH^; soit lo volumes
gaz; lo volumes CO' ; 3o volumes diminution totale.
» Ce résidu est donc constitué par du formène, ou par un mélange équi-
valent de carbures formcniques et d'hydrogène
i[C«H-«+--f-(«- i)H=] (')•
» Soit enfin l'analyse eudiométrique du mélange gazeux, obtenu immé-
diatement après chauffage : elle a fourni pour lo volumes du mélange
27 volumes d'acide carbonique; la diminution totale étant 48 volumes.
Ces valeurs permettent de contrôler les résultats obtenus dans l'analyse
par absorption (II), en y joignant, bien entendu, ceux de l'analyse (I) de la
vapeur'C^H% et du résidu gazeux non absorbablepar le chlorure cuivreux
et l'acide sulfurique (III). Tout calcul fait, on trouve pour 100 volumes gaz
initial :
» Gaz après réaction : 63^°', 9
C-Il- inaltéré 28
C'W inaltéré 23
C^ H' gazéifié 9
CH* final 8,9
63,9
» Il a disparu
Q2JJ2 27 )
' ' nui répondraient à 27 G' H', tant eazeux que liquide.
OH' 27 ) ' ^ ' ^ ^ ^
» Ces rapports concordent avec l'analyse eudiométrique ; car ils donnent
pour 10 vol. de gaz combustible : 26,7 d'acide carbonique et 47.3 de di-
minution totale (IV).
» La moitié environ du carbure volatd C'H* a été isolée dans le cours
des analyses : le surplus ayant été changé, sans doute, en polymère
C'H'^ retrouvé sous la forme de carbure moins volatil. En outre, une
(' ) Par exemple,
i(C'H8+2H-^) ou i{C^H«;+H2),
ou bien encore
i(C'H«+2H=^) + {(C"-H^+H2),
ces divers mélanges fournissant les mêmes résultats à l'analyse eudiométrique.
( 6o4 )
fraction des gaz, un sixième environ, a éprouvé une destruction plus avan-
cée, qui se traduit par l'apparition du forraène (ou des carbures équiva-
lents).
» La moitié environ de l'acétylène et du propylène n'avait encore
subi aucune réaction quand j'ai mis fin à mon expérience, soit en raison
du temps nécessaire pour l'accomplissement de la combinaison des car-
bures d'hydrogène, soit à cause des phénomènes d'équilibre réversible
qui accompagnent celle-ci : équilibre établi par mes recherches sur les
actions réciproques des carbures d'hydrogène entre eux et avec l'hydro-
gène.
» Voici deux autres expériences analogues, effectuées à une température
un peu plus élevée, mais de durée beaucoup plus courte (dix minutes),
dans le but de comparer les réactions que l'acétylène exerce sur le propy-
lène et sur son isomère, le triméthylène, les conditions des expériences
étant rendues aussi semblables que possible.
5o'C2H'-i-5o''C^H6 5o'C=H-+5o'C5H«
propylène. trimélliylène.
Contraction 19' 18'
C'H^ restant 34 33
OHi> restant 34 33
Q5JJ8 gazeux 8 10
CH' ou équivalent 5 6
.81 82
» On voit que les deux carbures isomères se sont comportés sensible-
ment de la même façon ; probablement parce que le triméthylène se chan-
gerait d'abord en propylène, avant d'entrer en combinaison. Ce change-
ment a lieu, en effet, d'après mes expériences, sous la seule influence
d'une température voisine du rouge sombre. La réaction n'avait d'ailleurs
atteint que la moitié du degré d'avancement réalisé dans la première expé-
rience: ce qui résulte à la fois d'une température plus élevée et d'une
vitesse initiale plus grande avec les corps purs, la formation des produits
de la réaction amenant un ralentissement progressif.
» J'ai fait quelques expériences dans le même ordre d'idées avec d'autres
carbures d'hydrogène; je vais les résumer brièvement.
» 1. En opérant avec un mélange à volumes égaux d'a/Z^^e/ie et d'eïAy-
lène, C'H* -f- C*H\ mélange équivalent à celui d'acétylène et de propylène,
( 6o5 )
on observe égalemimt une réaction, mais plus lente qu'avec le précédent.
iLise condense encore un liquide dans la partie froide de la cloche; il n'y a
d'ailleurs ni charbon, ni goudron dans \n partie cbaiiffée, du moins lors-
qu'on se maintient avec soin au-dessous du rouge. La contraction s'élevait
à 2() centièmes.
C^II' restant (par Cu Cl ammoniacal) 32
CM4'' restant (par Br) 3o
G^H^C?) par SO*H= 4
Gaz restant ->
» JjC carbure volatil, demeuré sous ft.rme liquide dans la cloctie, ne
s'est volatilisé dans l'air qu'en proportion trop fail)le pour comporter une
analyse eudiométrique rigoureuse : ce qui n'a pas permis d'en préciser la
formule. C'était |)robablemeiit un allyléihylène, isomère avec i'acétylpro-
pylèue. Il était mêlé en majeure partie avec un carbure doué d'une ten-
sion beaucoup [)lus faible.
» 2. Le mélange iVallyléne et d'acétylène, à volumes égaux,
C'HM-CMI-,
chauffé de même, a réagi, au contraire, beaucoup plus vite et m(,ins régu-
lièrement. A.U bout d'une demi-heure ^la contraction s'élevait à (Jo cen-
tièmes. Il s'est formé en abondance des goudrons noirs et épais, presque
fixes, et un liquide riche en benzine.
» 3. Par opposition, un mélange de propylcne ei d' élkyléne, CMf"-l- C-H',
à volumes égaux, chauffé de même pendant une heure et demie, réagit à
peine. La contraction a été trouvée seulement de lo centièmes. Le gaz res-
tant était formé principalement de propylène et d'éthylène, à volumes
égaux. Il s'était condensé une trace de liquide, dont la vaporisation a
accru seulement de i,5 centième le volume de l'air ajouté dans la cloche,
après évacuation des gaz. Ces résultats montrent Ja stabilité relative de
l'éthylène et du propylène.
» Il résulte de ces observations que l'acétylène et le propylène s'unis-
sent à volumes égaux, de façon à constituer un carbure complexe C'H%
obtenu ainsi par svnthèse totale, conmie ses générateurs. L'allylène et
l'éthylène réagissent également, probablement avec formation d'un car-
bure isomère. La théorie indique, d'ailleurs, l'existence d'un certain
nombre de carbures de la même formule et c'est à la polymérisation de ces
C. K., i.jui, i" Semestre. (T. CXXXII, .N" 10.) 71S
( 6o6 )
carbures, et, sans doute, aussi à leurs combinaisons réciproques, qu'il
paraît nécessaire de recourir pour expliquer les isoméries des carbures cam-
phèniques et terpiléniques, et pour réaliser la synthèse totale de ces car-
bures et de leurs dérivés. J'ai effectué précédemment la synthèse de l'alcool
campholique (bornéol) et celle du camphre ordinaire, au moyen des cam-
phènes; dès lors, tout est ramené au problème de la synthèse totale de ces
derniers carbures. »
TÉLÉGRAPHIE. — Remarques sur ma dernière Communication relative aux
lignes télégraphiques ou téléphoniques établies sur la neige au mont Blanc ;
l)ar M. J. Janssen.
« A propos de la lettre de M. Ricco, directeur de l'observatoire de Ca-
tane et de l'Etna, et des conseils que j'avais été amené à lui donner,
M. Brunhes, directeur de l'observatoire du puy de Dôme, a communiqué
à l'Académie une Note dans laquelle il rappelle des essais faits à son obser-
vatoire avec des fds nus posés sur la neige pour raccorder des lignes
aériennes interrompues. M. Brunhes veut bien courtoisement reconnaître
que ces essais ne pouvaient préjuger le succès d'une ligne très étendue,
comme celle qui a fonctionné au mont Blanc sur une longueur de près de
lo'"".
» En communiquant la lettre de M. Ricco, je n'avais pour but que
d'attirer l'attention sur cette pratique si simple, et non de faire l'historique
de la question.
» Je connaissais en effet les essais de communications télégraphiques ou
téléphoniques par fils nus posés sur la neige, avant les expériences et
l'installation de la ligne du mont Blanc. Par ( xcmple, les études théoriques
de M. Lagarde, insérées dans les Annales télégraphiques, année 1H79
(p. i3o); les expériences très intéressantes de M. le Directeur du matériel
au Ministère des Postes et Télégraphes, qui pendant l'hiver de 1 881 -1882
put rétablir sur une longueur de plus de i''™ les communications d'une
ligne dont les poteaux avaient été renversés par un ouragan, en faisant
simplement poser les fils sur le sol couvert de neige. Il paraît môme que
cette pratique si simple a été employée par les Russes pendant leur der-
nière guerre avec les Turcs.
» Il ne pouvait donc être question pour nous de prétendre inaugurer cette
( 6o7 )
pratique, mais le service que nous avons peut-être rendu, service auquel je
me plais à associer, avec le nom de M. I-espie;ui, celui du regretté M. Cauro
dont le dévouement à la Science lui coûta la vie, ce service, dis-je, a été
de constater qu'une ligne établie dans ces conditions peut fonctionner sur
une longueur de près de io'"° sans affaiblissement appréciable et, ce qu'il
faut bien remarquer, malgré la fusion superficielle de la neige ou de la
glace.
» A cette expérience, exécutée ainsi en grand, l'Administration des
Télégraphes, qui nous avait communiqué les faits dont je viens de parler,
attachait une telle importance, qu'elle nous a prêté généreusement les fds
et les instruments nécessaires à sa réalisation, et j'ai recules témoignages du
prix particulier qu'elle a attaché à notre succès.
» C'est la publication et l'intérêt qui s'attachent naturellement aux
expériences qui se font au mont Blanc qui ont attiré l'attention sur ce mode
si simple de télégraphie. Et c'est ainsi que M. Ricco a été amené à nous
consulter sur son application au rétablissement de ses communications
pendant l'hiver. Mais, je le répète, je connaissais les faits isolés et encou-
rageants qui se rapportent à l'isolement des fils par la neige, et nous ne
revendiquons que l'application en grand et la constatation que les commu-
nications ainsi établies ont lieu alors même que le relèvement de la tem-
pérature amène la fusion partielle delà neige ou de la glace à leur surface. »
MÉCANIQUE. — Sur les ondes du second ordre par rapport aux vitesses, que
peut présenter un fluide visqueux . Note de M. P. Duhem.
« I. Dans une première Note sur ce sujet ('), nous sommes arrivés à ce
résultat que l'on aurait, en tout point d'une telle onde [égalités (G) de la
Note citée],
, . <r-v> ù-\ <p\\
>> Considérons la première des égalités (i). Pourvu seulement que a ne
(') De la propagation des ondes dans les fluides visqueux {Comptes rendus,
t. CXXXII, p. SgS; i3 février 1901).
( 6o8 )
soit pas infini, on peirt écrire
â'-V _ dni p ^U _ dHl dHl _ d'-V
" à.r di ~ "' dV" ' '' dx dt ' ' °'' dv dl ' ''' Ox ôt ~ °'" 0: dt '
» On penL toujours choisir l'axe des ce de lellc manière que a soit dif-
férent de o; on a alors
, . d-U rPU (^^U (^nJ
^ -^ (}.ràt ' ordt dzdt ' di-
» L'onde considérée est donc du second ordre par rapport à la fonc-
tion — • En différentiant par rapport à t les équations du inouveinent du
fluide et en reprenant la même déinonstration, on trouverait qu'elle est
du second ordre par rapport à — > et ainsi de suite. Donc, sur l'onde S,
les fonctions ?;,. -j^t -y4' -^ seraient respectivement égales aux fonctions
u.,, -^5 -r-îj — r— S et il en serait dj même de leurs dérivées de tous les ordres
- ax oy oz
par rapport à t .
» II. Si l'on supposait la vitesse de propagation a non seulement finie,
mais encore différente de o, on pourrait pousser plus loin. I^es égalités
""'ô^^-'-dlTi' "^-ôf-^^iàt' """^F-T^I^r
^ ■^ ' ".) "^ "- ozov ' cJa-- "^f^jTt/y (or-
donneraient, dans ce cas,
^ ^ ^ ()-U (J^U (O-U _ _
«Ja-- dy- ds- ' t)}' rf; ' ôz ôx ' dx dy
» Les fonctions «I . r,, n\ seraient égales respectivement, sur l'onde S,
aux fonctions u^, ('„, n^, et il en serait de même de toutes leurs dérivées
partielles des deux premiers ordres.
» En dilTérentiant les équations du mouvement par rapport à x ou à y,
ou à z, ou à t, et en recommençant la démonstration, on étendrait ce théo-
rème aux dérivées partielles du troisième ordre, et ainsi de suite.
» Il ne peut donc se pro luire, dans un fluide l'isqiieu.x, une onde qui serait
d'ordre 2 par rapport aux vitesses et qui se propagerait avec une vitesse finie
et différente de o.
( 6o9 )
)) On étendrait sans peine ce résultat aux ondes d'ordre supérieur à 2.
» TII. Ce théorème ne s'applique pas au cas où a serait nul, c'est-à-ilire
an cas où l'onde S demeurerait immobile dans l'espace. Le théorème
d'HugonioL n'exclut pas l'existence de semhLihles ondes immobiles, le long
desquelles u^, r,, »', et leurs dérivées partielles du premier ordre seraient
constamment égales à u^, v.^, w^ et à leurs dérivées partielles du premier
ordre. Si une telle onde existe dans l'état initial du fluide, elle persistera
sans cesse au même endroit.
» IV. Les égalités, toujours vérifiées,
donnent
rr\ Ai]_ i à'V _ i à'V _ . dW
^'^ ' ^^ ^ a^ dx^ ~ (3'° ày- ~ f dz"- '
» Or, pour un fluide incompressible, où 0:=;o. l'égalité (3) de notre pré-
cédente Note donne [y.(p,T)AU = o ou AU =; o, c'est-à-dire, selon les
égalités (4),
d^U d-U d'IJ
-r^ = o, -j-^ = o, ~--r = o
dx' dy- oc
et selon les égalités (3),
d-V d'-U a^u
dy dz dz d-v dx dy
)i On voit alors que les ondes immobiles dont il est question au n" III ne
peuvent exister en un fluide incompressible visqueux.
)) V. Ces ondes sont également impossibles, si, à tout instant t, les deux
mouvements i et 2 sont des mouvements à potentiel des vitesses.
» Soient en effet ç,, Ço, les deux potentiels; posons <p, — cp^ ^ <Ij. On a,
à tout instant,
à^ ATT <^ A^
-,- = AU = - ^ A$.
dx dx
» L'égalité (3) de la Note précédente donne alors
f\(p, T) + 2;y.(p, T)]AU = o ou AU^^o
et la démonstration s'achève comme dans le cas précédent.
» VI. Tout petit mouvement d'un fluide visqueux se décomposant en rm
( 6io )
mouvement incompressible et un mouvement snns potentiel des vitesses,
on voit que ce petit mouvement n'admettra pas d'onde du second ordre
par rapport aux vitesses, ce que nous avons démontré directement par
l'étude de l'équation aux rotations et de l'équation aux dilatations.
» VII. L'équation (3) de noire précédente Note, de laquelle se dé-
duisent tous ces résultats, est susceptible d'une interprétation très simple.
Plaçons l'axe des x suivant la normale à la surface, de telle sorte que
a ^ r , |î = o, y ^ o. Les égalités (3) et (4) de la précédente Note et les
égalités analogues relatives aux fonctions V et W donnent
ATI — — — — ^
dx- dx dx^
en sorte que l'équation en question devient
[^(p.T) + o,,(p,T)l^ = o,
ou
()x- ' dx' '
» D'autre part, à une distance infiniment petite t de la surface S, la
vitesse («,,(',,«•,) s'obtient en composant avec la vitesse (^u^,v.,,»\) un
vecteur infiniment petit du second ordre dont les composantes sont,
moyennant notre choix particulier d axes, -j— r^ > TT"!"^'' ) 2 ''■' • ^^ vecteur
est parallèle au plan tangent à l'onde.
» On peut donc dire que, s'il existe dans un fluide visqueux une onde
immobile, du second ordre par rapport aux vitesses, au voisinage de
l'onde, la différence géométrique des deux vitesses est un vecteur
transversal. »
CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Maltosurie chez certains diabétiques.
Note de MM. R. Lépixe et Iîoulud.
« Outre le glucose, on a parfois décelé, dans l'urine des diabétiques,
des pentoses et de petites quantités de sucre déviant à gauche. D'après
nos recherches, poursuivies depuis plusieurs mois, on peut y rencontrer
du maltose (' ).
(') Le Nobel et v. Ackeren ont signalé, il y a plusieurs années, une très légère
maltosurie chez deux malades. L'un était atteint de cancer de l'estomac avec méta-
stases dans le pancréas et l'autre présentait des selles graisseuses.
( ^11 )
» Nous observons en ce moment à l'Hôtel-Dieu de Lyon une femme
d'une quarantaine d'années, atteinte de diabète grave. Voici les résultats
de l'analyse de son urine, au point de vue du sucre :
Urine du 4 mars, déjéquée avec l'acétate de plomb, par litre :
Sucre (dosé comme glucose) au polarimètre 63
Sucre (dosé comme glucose) par le titrage avec la liqueur de
l'ehling 5S, i5
» Après chauffage pendant deux heures avec HCl à la température de loo" C. ( ' ) :
Sucre au polarimètre 55,8
Sucre au titrage 6o, 28
Urine du 5 mars {dèféquée') :
Sucre au polarimètre 59 > 4
Sucre au titrage 5i
» Après chauffage comme ci-dessus :
Sucre au polarimètro 54
Sucre au titrage 53, 1
» Ainsi, après le cbauff'age, le chiffre indiqué par le polarimètre di-
minue, tandis qn augmente celui qui est accusé par la réduction de la
liqueur cuivrique. C'est précisément ce que produit, comme on sait, l'hy-
drolysation du maltose. Nous avons, dans i'" d'urine normale ne renfer-
mant pas de sucre, introduit des quantités exactement pesées de maltose
(10''''') et de glucose (4o^*) et nous avons opéré comme précédemment.
Voici nos résultais :
Urine après addition de maltose et de ^'lucose, déféqiiée, par litre :
Sucre au polarimètre 63
Sucre par le titrage 3i ,64
» Après chauffage avec II Cl :
Sucre au jiolarimètre 4oj5
Sucre par le titrage 35, 21
(') Il est nécessaire de ne faire l'hydrolysalion qu'après que l'urine a été dèféquée.
Autrement on a une perle de sucre assez considérable.
( 6f2 )
» En calculant les quantités de maltose et de glucose au moyen d'une
formule que nous in liquerons, nous trouvons :
Mallose i o , 3
c'est-à-dire presque exactement la quantité introduite «t déterminée par
pesée.
» En calculant de même pour l'urine de la femme nous trouvons :
Urine du 5 mars : maltose 2i7'^
Urine du 6 mars : n ' jQ^
» Chez un chien à qui nous avons complètement enlevé le pancréas, le 4 février,
et que nous maintenons en vie grâce à une alimentation carnée très copieuse, nous
observons aussi, certains jours, notamment après qu'il a mangé de la soupe, que le
chiflVe du sucre au polarimètre est plus élevé qu'avec le titrage, et qu'après chauflage,
en présence d'H Cl, les résultats sont de sens inverse :
Urine du ii février {après viande maigre) {déféquée), par litre :
Sucre au polarimètre 99 j^
Sucre par le titrage 88,3
» Après chauffage en présence de H Cl :
Sucre au polarimètre 94)5
Sucre par le titrage 92,5
Urine du 6 mars {après viande maigre et soupe) {déjéquée), par litre :
Sucre au polarimètre 62
Sucre par le titrage 55, 5
» Après chauffage en présence de H Cl :
Sucre au polarimètre 54
Sucre par le titrage 58,5
» Ce qui nous donne par le calcul :
Urine du 1 1 février : maltose 1,91
Urine du 6 mars. » 3, 06
» Chez une douzaine de chiens privés de |jancréas et que nous n'avons
pu garder que peu de temps en vie, nous avons parfois constaté, transi-
toirement, la présence de maltose mélangé au glucose. Nous n'en avons
pas trouvé dans l'urine de chiens après l'administration de la phloridzine.
M Nous avons aussi réussi à doser le maltose, par différence, en em-
(6,3)
ployant le liquide de Barfoed. Nous nous proposons de donner ultérieure-
ment quelques détails à cet égard. »
M. Edmond Perrier, en offrant à l'Académie le sixième Volume des
« Expéditions scientifiques du Trmai/ieur et du Talisman », s'exprime
ainsi :
« C'est avec un serrement de cœur que j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie le sixième Volume des « Expéditions scientifiques du Travailleur
et An Talisman », expéditions qui furent si magistralement organisées et
conduites par M. Alphonse Milne-Edwards. Ce sixième Volume traite, en
effet, des Crustacés décapodes, et c'est la part que s'était réservée notre
éminent et regretté chef de mission ; il n'aui-a pas vu paraître ce Volume,
qui lui était particulièrement cher. On sait avec quel bonheur, dès sa jeu-
nesse, alors qu'il n'était encore qu'aide-naturaliste de son père au Muséum,
Alph. Milne-Edwards s'était livré à l'étude si difficile et si délicate des
innombrables Crustacés hraohvnres, que tout le monde connaît sous le
nom vulgaire de Crabes. Son œuvre nouvelle promettait d'être des plus
fécondes; elle nous a été heureusement conservée. Alphonse Milne-
Edwards s'était, en effet, assuré la collaboration de l'un de nos collègues
les plus distingués du Muséum, M. le professeur Bouvier; il en avait fait,
pour ainsi dire, le dépositaire de sa propre science, et c'est leur œuvre
commune que je dépose sur le bureau de l'Académie. On crovait autre-
fois que les Crustacés décapodes formaient une série linéaire dont les trois
termes étaient les Macroures, les Anomoureset les Brachyoures. Parmi les
données définitivement assises dans ce nouveau travail se trouve la preuve
que les Lithodes sont apparentées aux Anomoures et non pas aux Bra-
chyoures, comme on l'a cru longtemps, et surtout que les Brachvoures et
les Anomoures forment deux séries divergentes ayant pour origine com-
mune les HoMARiu.E. Un Volume spécial en voie de préparation sera con-
sacré aux Crustacés macroures. »
NOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, eu rem-
placement de M. le général Alexis de Tillo.
C. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 10.) 79
( 6i4 )
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4o,
M. A. Normand obtient. ... 32 suffrages
M. Savorgnan de Brazza » . . . . 7 »
Il y a un bulletin blanc.
M. A. JXormand, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
CORRESPONDANCE.
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Volume de M. E. Gautrelet, intitulé : « Spectroscopie critique des
pigments urinaires normaux » ;
2° Un Volume de M. A, Guépin, intitulé : « L'bypertrophie de la pro-
state » ;
3° Les « Travaux du laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences
de Grenoble », 1899-1900; t. V, a*" et 3' fasc. (Présenté par M. Marcel
Bertrand.)
M. G. Darboux, en annonçant à l'Académie la perte que la Science vient
de faire dans la personne de M. Th. Moutard, s'exprime comme il suit :
« L'Académie apprendra avec le plus vif regret la mort d'un géomètre
des plus distingués, M. Théodore Moutard, Lispecteur général des Mines,
ancien examinateur des élèves à l'École Polytechnique. La carrière de
M. Moutard est bien connue de la plupart de nos confrères, qui ont été ses
collègues, ses camarades ou ses amis. Au sortir de l'Ecole Polytechnique,
sacrifiant à ses convictions les espérances du brillant avenir que lui présa-
geait son entrée à l'École des Mines, il avait refusé de prêter serment à
l'Empire et il avait demandé à l'enseignement libre les moyens d'existence
qui lui devenaient nécessaires. En retraçant ici même, il y a quelques années,
la vie de Paul Serret, je rappelais tout ce que cet enseignement devait à
d'anciens élèves de nos grandes Écoles, quelle importance il recevait, il y
a cinquante ans, du concours d'hommes tels que Joseph Bertrand, Ossian
Bonnet, J. -Alfred Serret, Catalan et bien d'autres que j'oublie en ce mo-
ment.
( (^i5 )
» Par l'éclat de ses leçons, Moutard se plaça sans effort à côté de ces
hommes de premier rang. I^orsque j'arrivai à Paris, vei'si86i, la réputation
qu'il s'était acquise, comme professeur à Sainte-Barbe et dans d'autres éta-
blissements, lui avait assuré une situation prépondérante. Il suffisait de
causer quelques instants avec lui pour reconnaître toutes les qualités aux-
quelles il devait ses succès : la netteté de son esprit, la précision de sa pa-
role, l'autorité de son geste, tout en lui indiquait l'homme né pour l'ensei-
gnement. Aussi, lorsque, en 1870, Moutard reprit sa place dans les Mines,
on ne tarda pas à lui attribuer les positions dans l'enseignement réservées
par ce Corps illustre à ceux de ses Membres qui se sont plus spécialement
voués aux recherches théoriques. La seconde partie de sa carrière s'est donc
écoulée au milieu de ses camarades et de ses collègues; il s'est éteint en-
touré du respect et de l'affection de tous.
» Les travaux originaux de Moutard sont consacrés aux Sciences ma-
thématiques. Ils sont en petit nombre; mais ils ont tous le plus haut
intérêt : Moutard était de ceux qui ne parlent que lorsqu'ils ont
quelque chose à dire. Sous ce rapport et sous bien d'autres, il a laissé un
exemple qui mériterait d'être plus souvent imité.
M Ses premières et plus anciennes recherches ont constitué la théorie
des surfaces anallagmatiques, et plus particulièrement celle des anallag-
matiques de quatrième ordre ou cyclides générales, dans laquelle, simple
débutant, j'eus le grand honneur de me rencontrer avec lui. Cette théorie
de Moutard a été beaucoup étudiée et a donné naissance à de nombreuses
recherches, entreprises par Lnguerre, Ribaucour, par MM. Mannheim et
G. Humbert.
» Je citerai ensuite un Mémoire sur les équations aux dérivées partielles
du second ordre à deux variables indépendantes, dans lequel Moutard se
pose un problème bien limité, et fort important, dont il donne la complète
solution. Ce travail a eu l'honneur, très envié et rarement accordé, d'un
rapport fait à l'Académie par M. Joseph Bertrand.
» Le manuscrit original, présenté par Moutard à l'Académie, a été
brûlé en 1871 chez M. Bertrand, dans les incendies de la Commune; mais
Moutard a reconstitué la partie la plus élégante de ses recherches dans le
Journal de l'École Polytechnique ; cl, dans une des Notes qui terminent
mes Leçons sur la théorie générale des surfaces, un jeune professeur de
Faculté, M. E. Cosserat, a rétabli tout le reste du Mémoire. Toutes ces
découvertes analytiques de M. Moutard ont eu et auront encore de nom-
breuses applications en Géométrie.
( 6i6 )
» Même dans ce résumé si rapide, je me reprocherais de ne pas men-
tionner les Noies que Moulard avait ajoutées aux Applications d'Ana-
lyse et de Géométrie de son illustre ami Poncelet. Dans une d'elles, Moutard
reprend d'une manière magistrale toute la théorie des fonctions elliptiques
pour la rattacher à la démonstration des célèbres théorèmes de Poncelet
sur les polygones inscrits et circonscrits. Cette étude ingénieuse et origi-
nale était, au jugement d'Halphen, la meilleiue et la plus profonde qui ait
été écrite sur ce beau sujet.
» Tous les travaux que je viens de rappeler étaient tenus en haute
estime par les géomètres. Ils auraient assuré à Moutard une place parmi
nous; mais Moutard était modeste et, malgré sa grande valeur, il n'a jamais
songé à solliciter nos suffrages. S'il a figuré quelquefois sur nos listes,
c'est que la Section de Géométrie tenait à lui donner le témoignage auquel
il avait droit. Une des dernières joies de M. J. Bertrand a élé la nomina-
tion de la Commission qui devait attribuer à Moutard le prix Petit d'Ormoy,
la plus haute récompense dont l'Académie dispose en faveur des géomètres.
» On doit regretter que la vie de Moutard n'ait pu s'écouler, laborieuse
et paisible, dans une de ces chaires de l'Enseignement supérieur pour
lesquelles il était né. Il aurait ajouté de nombreux, d'excellents travaux à
ceux qu'il a publiés, à ceux qu'il a gardés pour lui, malgré les vives in-
stances que je lui adressais quelquefois. »
ASTRONOMIE. — Sur la variabilité de la planète Éros, d'après des clichés ob-
tenus à l' observatoire de Toulouse. Note de M. L. Montaxgeraxd, présentée
par M. M. Lœwy.
« Dans une Note communiquée à l'Académie dans sa dernière séance,
j'ai dit que des recherches photographiques ont été entreprises à Toulouse,
à l'Instrument de la Carte du Ciel, au sujet de la variabilité d'Eros. Un
cliché obtenu le 8 mars, à la faveur d'une belle soirée, confirme mes pre-
miers résultats.
» Un premier essai, efl'ecliié le 16 février, monlrait nettement la réalité des varia-
lions d'éclat d'Eros et donnait comme demi-période de la variabilité, d'un maximum
au minimum suivant, nue durée supérieure à une heure.
» Une seconde expérience, exécutée le 23 février, par un très beau ciel, après une
série de nuils brumeuses, permet de fixer la valeur de la période. Sur une même
plaque, 9 poses ont été obtenues de 7'' 18'" à io''8'" (t. m. de Toulouse). Ces poses ont
(6i7)
duré dix iiiinules, chacune, avec des intervalles égaux, consacrés aux comparaisons
visuelles de la planète aux étoiles voisines.
» Sur ce cliché, les traînées, longues de o""",4 6"viron, sont très régulières etd'in-
tensilé graduelle.
» Celle intensité croît du commencement jusqu'aux y^ de la quatrième traînée en
un point qui correspond à 8'' 22™; c'est le moment du maximum d'éclat. Puis l'inten-
sité décroît jusque vers l'extrémité antérieure de la traînée VIII, à g'' 38", pour aug-
menter ensuite jusqu'à la fin. Le retour à l'éclat initial y'^iS" se trouve sur le trait IX
à l'exirémité antérieure, à 9''58°'. L'épreuve que j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie montre clairement, malgré son infériorité au cliché original, les variations
lumineuses de la planète.
» Voici maintenant les résultats des observations visuelles comparatives
d'Éros et des étoiles voisines qui sont :
BD-i-i6' N" 712 Grandeur d'après BD 9,4
-T- 16 719 » 9,5
-f-i6 7-20 » 9,3
» A ■]''i3"', avant le commencement du cliché, Eros est plus faible qu'une lo". Puis
l'éclat augmente, pour diminuer et reprendre ensuite sa croissance; il repasse à sa
valeur initiale au moment observé g*" 49™. Le maximum et le micimura ont eu lieu
pendant que l'œil était occupé à guider l'instrument sur l'étoile choisie.
» Comparons les résultats photographiques et visuels :
Cliché. Observaliou.
Il m 11 ui
Commencement 7 • '8 7. i3
Maximum 8.22 »
Minimum 9-38 »
Retour à l'éclat initial 9-38 9-49
Période 2 . 4o 2 . 36
» L'accord entre ces résultats est très satisfaisant, si l'on remarque
qu'une erreur de deux ou trois minutes est possible dans les mesures du
cliché. On voit aussi c[ue les deux demi-périodes sont inégales; ainsi, la demi-
période de décroissance est, non i''2o'", mais i''i6°'.
» Le cliché obtenu le 8 mars, après une série de mauvais temps, présente dix-
sept traînées provenant de poses de cinq minutes, et très nettes. L'intensité diminue,
pour croître et diminuer à nouveau. Les poses se succèdent de cinq minutes en
cinq minutes, commençant à 7i'55'" et finissant à io''4o". Dans l'intervalle, des com-
paraisons visuelles d'Eros ont été faites avec une étoile voisine qui n'est pas dans BD
et qui doit être une 9,6. Voici les résultats comparatifs donnés par e cliché et l'obser-
vation :
( 6i8 )
Cliclié. Obsorvaliijii.
h h m
Commencemenl 7.55 7.52
Minimum 8.87 8.4o
Maximum 10. o 10. 2
Retour à Téta t initial 10. 33 10. Si
Période 2.38 2.89
Demi-période de croissance i . 28 i . 22
Donc, demi-période de décroissance ... i . i5 ' • '7
)) La concordance de ces résultats avec ceux du 23 février est très
grande.
)) En dehors de ces mesures, trois observations de maxima d'Éros ont
été faites visuellement :
Il m
Le 28 février, à 8.3o (t. m. de Toulouse) environ.
26 » 7 . 35 »
27
6.57
» Ces observations, déjà publiées aux Comptes rendus du 4 mars, don-
naient pour la période de variabilité des durées inexactes. On admettait,
en effet, par une interprétation erronée, qu'il y avait 10 périodes environ
dans un jour, tandis que les nombres précédents, voisins de
9
montrent qu'il n'y en a que 9, En adoptant ce nombre 9, les observations
du 23 au 25 et du 25 au 27 donnent respectivement 2''37™ et 2''38™, ré-
sultats qui corroborent ceux tirés des mesures photographiques.
» En résumé, la période de variabilité de la planète Éros paraît être voi-
sine de 2^38™ = 2'', G3.
» Il est intéressant de rapprocher cette valeur de celle qui a été donnée
|)ar M. le Prof. F. Deichmùller, de Bonn, dans les Aslronomische Nach-
richten, n° 3693, 2'', 61.
)) Quant aux écarts de grandeur de la planète, entre un maximum et
un minimum, les observations des 23, 25 et 27 février donnent au
moins i^S5. Dans le cliché du 8 mars, on constate nettement un écart
moins grand que sur le cliché du 23 février, dans l'intensité des diverses
traînées, ce qui montre que la variabilité d'Eros présente ime plus faible
amplitude. Il y aura lieu de contrôler ce point, comme de voir si deux
maxima consécutifs sont égaux. »
(6iç) )
ASTRONOMIE. — Note relative à la Communication de M. Montangerand;
par M. Baillaud.
« La comparaison des observations de M. Montangerand entre elles et
à d'autres observations, notamment à celles de M. Deichmûller, ne laisse
guère de doute sur la durée de la période : M. Montangerand m'avait
communiqué dès le dimanche 3 mars, en me priant d'en faire part à l'Aca-
démie, le résultat, 2''4o™ environ, qu'il déduisait de son premier cliché.
Le temps me manquant absolument pour une vérification quelconque, j'es-
timai qu'il valait mieux attendre que d'autres clichés vinssent confirmer le
résultat. J'ai donc seul la responsabilité d'un retard de la publication. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Détails complémentaires sur la nouvelle étoile
de Persée, Note de M. H. Deslaxdres, présentée par M. Janssen.
« Cette INote est la suite d'une Note parue dans le numéro précédent
des Comptes rendus (t. CXXXII, p. 535). Depuis l'impression de cette pre-
mière Note, la nouvelle étoile a été observée un certain nombre de fois,
en particulier les 3, 5, 6, 8 mars, mais dans des conditions peu favorables,
le temps ayant été toujours plus ou moins mauvais.
» Dans cette période, elle a décru et varié constamment. Nettement
jaune orangé le 3, elle était franchement rouge le 8 mars. Sa grandeur,
estimée à 2.4 le 3 mars, était descendue le 8 à 3, i (').
» Les 3, 5 et 6 mars, on a obtenu une épreuve du spectre de l'étoile
dans le jaune et le vert avec la grande lunette de o'",84.
» Le 8 mars, on a fait deux épreuves spectrales dans le bleu et le violet
avec la lunette photographique deo'^.Go. Les poses ont été relativement
courtes à cause du mauvais temps.
» Si l'on compare ces épreuves à celles des 26 et 28 février, le spectre,
les variations d'intensité étant mises à part, a toujours à peu près le
même aspect, et est toujours caractérisé par les raies-bandes brillantes de
l'hydrogène, un peu moins larges cependant, autant que l'on peutjus^er
sur des épreuves obtenues dans des conditions différentes. A ces larges
raies brillantes, déplacées dans leur ensemble vers le rouge, sont toujours
accolées de larges raies noires fortement déplacées vers le violet et qui se
détachent sur un spectre continu relativement faible.
( ' ) Comme l'étoile n'a pas la même couleur que les étoiles voisines de comparaison,
l'estimation de sa srandeur est difficile.
( 620 )
M De plus, on relève les parlicuîarités suivantes : les épreuves des 26
et 28 montrent au milieu des larges raies-bandes brillantes de l'hydrogène
deux raies noires, déjà signalées dans ma Note précédente, et même une
troisième raie noire à peine visible. Or, sur l'épreuve du 5 mars, la troi-
sième raie est certaine; sur l'épreuve du 6 mars, on peut distinguer
quatre raies noires; de môme sur celle du 8 mars, les raies étant d'ailleurs
notablement plus fines et ayant mieux l'aspect de raies de renversement.
» Si l'on compare ces raies noires de la bande brillante à la raie ter-
restre de comparaison, une seule, la plus nette, est déplacée vers le violet;
les autres sont déplacées fortement vers le rouge.
» Le relevé précis de ces raies noires, qui paraissent varier d'une épreuve
à l'autre, sera publié ultérieurement. Leurs déplacements correspondent
d'ailleurs à des vitesses de centaines de kilomètres^voirlaNote précédente).
» Addilion. — La large raie-bande noire qui est juxtaposée, du côté du
violet, à la large raie-bande brillante ne se montre nettement que sur les
épreuves d'une pose un peu longue; son déplacement vers le violet cor-
respond à une vitesse de rapprochement exprimée par des centaines de
kilomètres. Mais la mesure de ce déplacement n'a pas été donnée jusqu'à
présent, parce qu'elle est incertaine, à cause de la largeur de la bande et
du manque de netteté des bords; de plus elle ne correspond pas vraisem-
blablement à une vitesse réelle; car la raie-bande noire doit être masquée
en partie par la raie-bande brillante.
» Or, sur l'épreuve du 8 mars, on soupçonne des divisions dans la raie-
bande noire ; et sur une dernière épreuve obtenue le 12 mars ces divisions
sont très nettes. Il est vrai que cette dernière épreuve a été favorisée par
un beau ciel, et que la pose a été portée à une heure et demie, la disper-
sion employée étant d'ailleurs celle des épreuves précédentes. Or cette
épreuve montre dans la large raie-bande noire trois raies brillantes assez
nettes et une quatrième que l'on soupçonne. Les déplacements de ces raies
brillantes de la bande noire sont considérables et les vitesses de rappro-
chement s'élèvent approximativement à —1200'"", —1600'"", -iSao*""
par seconde.
» L'étoile nouvelle de Persée devient donc de plus en plus semblable à
la nouvelle étoile précédente du Cocher (année 1893), qui offrait aussi de
pareilles divisions dans les raies brillantes et noiies juxtaposées. Avec la
nouvelle de Persée, les raies brillantes et noires sont seulement plus larges,
les divisions de ces raies plus nombreuses et les vitesses de rapprochement
et d'éloignement plus grarules.
» Dans ces conditions, il semble difficile de maintenir l'idée émise dans
( <^^I }
ma Note précédenle, et d'expliquer ce phénomène singulier avec un astre
unique qui serait le siège de volcans gigantesques. Il paraît nécessaire
d'admettre l'existence de deux astres au moins, dont l'un est peut-être une
nébuleuse, et qui s'approcheraient l'un de l'autre avec une énorme vitesse. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'observatoire de
Lyon (^équulorial Drïinner f/eo™, i6), pendant le quatrième Irimesire
de igoo. Note de M. J. (jcillaume, présentée par M. Mascart.
« Ces observations sont résumées dans les Tableaux suivants, dont
l'explication a été donnée page 980 du Tome CXXXI des Comptes rendus :
T.4BLEAU I. — Taches.
Dates Nombre Pass. LalUuiles moyennes Surfaces
exirêmes <1 obser- au mer. ^» — -^ n -- moyennes
il'ubserv. valions, cciilral. S. .N. réUuiles.
Octobre 1900. — o,2y
8-iï
5
7.0
- 5
6
I
8,2
— I
16-27
} 9
2J!,2
- .'j
17-27
\ 8
22,7
- 6
21
1
28,0
- 6
aij-
- 5°,
88
2
66
201
2
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mer.
d'observ. Tations. central.
27- 5
r 6-23
16-22
i3-i6
3
26
Novembre 1900. —
2,3 — i
18,1
18,8
'8,4 - ;
3o, I
N.
o,5o
- 9
-I i
muyennes
retluiles.
10
20
9
12
4
4j
j-
- 6",o -r- 5",5
Décembre
1900. — 0,87
I 26,3
-1- 2,5
.5j.
2", 5
1900.
Octobre . . .
Novembre .
Décembre .
Totaux . .
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
10'. 0°. Somn
10". 20". 30".
— ~ Totaux
00". uiensuots.
Surfaces
totales
réiluiles,
359
55
22
436
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
90"
^
Dd
Nord.
40"
90".
Tuiaux
uiensuelà.
8
i3
8
Surraces
totales
réduites.
1900.
. 40
2
)}
30
»
20
)>
I
10"
0".
3
5
3
Somme.
5
6
5
Somme
3
7
3
0"
. 10"
. 20"
. 30"
Octobre...
Novembre .
Décembre .
I
4
»
I
2
»
»
2
2
4,6
7,0
3,1
Totaux..
C.
4
R.,
»
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16
'. (T. CX}
i3
iXII, N»
10.)
5
^
M
)>
5
29
80
«7^
( Ha a )
» Il en résulte les faits suivants :
» Taches. — Malgré un nombre de groupe? moindre, la surface totale est plus
forte que celle notée dans le troisième trimestre; on a, en effet, 9 groupes et une sur-
face de 436 millionièmes au lieu de i5 groupes et a^a millionièmes.
» Cette augmentation de la surface est due à un groupe relativement important et
accompagné de belles facules ('), qui a traversé le disque solaire du 16 au 27 octobre,
à la latitude moyenne de — 6", en subissant des transformations qui appartiennent,
en général, à une période plus active de ces phénomènes.
» Quant à la diminution des groupes, elle se reporte toute dans l'hémisphère boréal,
où aucune tache n'a paru en octobre ; ce cas ne s'était pas présenté depuis février 1899.
Dans l'autre hémisphère, il n'y a pas eu de tache durant tout un mois également, en
décembre, et il faut remonter à mars et février 1890, c'est-à-dire presque aussitôt
après le minimum (novembre 1889, où aucune tache n'a paru sur le disque solaire),
et antérieurement à janvier 1889, pour rencontrer la même particularité.
» D'autre part, le nombre des jours sans taches continue à augmenter; il est de 37
sur 53 jours d'observation, soit un nombre proportionnel de o,5i au lieu de 0,^3
noté précédemment.
» hélions d'actiiité. — Les groupes de facules ont continué à diminuer tant en
nombre qu'en étendue; on a enregistré 39 groupes et une surface de i4,7 millièmes
au lieu de 33 groupes et 19,3 millièmes dans le précédent trimestre,
1) Leur répartition entre les deux hémisphères est de 16 au lieu de i4 au sud de
l'équateur et i3 au lieu de 19 au nord, soit 3 en plus d'une part et 6 en moins de
l'autre. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une certaine catégorie de fonctions
transcendantes. Note de M. Edmoxd Maillet, présentée par
M. Jordan.
« Dans une précédente Communication (25 féwier 1901) nous avons
indiqué, en particulier, certains théorèmes relatifs aux fonctions de la forme
? ~ :?w ~ • • ■ "^ x*» "^ • • • ■
» Ces fonctions ne peuvent satisfaire à certaines catégories d'équa-
dr rf*r\ 1
lions différenlielles rationnelles f" ( ^-7' ^' • • ■ ^) = ° "l"^ ^' '"^^
coefficients 0„ et les exposants j/i satisfont à certaines conditions.
(') Celle re^Jo« rf'acnVjVe s'est montrée encore à deux rotations successives à la
latitude moyenne de —8°, puis de —ta", et elle a donné naissance à une petite tache
au premier retour (X 18, 4 novembre, ? — 7° <*" Tablean I).
( 623 )
» On peut, de la même manière, montrer que la fonction <p ne peut
satisfaire à une équation différentielle rationnelle d'ordre quelconque que
si les exposants \n satisfont à certaines conditions de croissance :
» Théorème. — Soit la fonction
"P-^ ^•••"^"^" + ••••
où 9„ est quelconque et '\>n une fonction croissante de n qui peut être négative
pour les valeurs de n inférieures à une limite finie, mais qui est telle que ^-^ — ^-
croisse indéfiniment avec n : «p ne peut satisfaire à une équation différentielle
rationnelle d'ordre quelconque que si
if{n + v) = X(j/(« + «^ - i)^ . . . (<]^n)^
(v entier, ;j., , . . . , j;.^ rationnels ne peuvent avoir qu'un nombre limité de valeurs
ne dépendant que ries exposants de y et de ses dérivées dans l'équation donnée
et de l'ordre de cette équation, les dénominateurs de ii.,, .., <j.^ étant ^ l'ordre
de cette équation).
» En particulier, (p ne satisfait à aucune équation différentielle rationnelle
quand i|^(/i -t- i) == 'X(i|//i)i^, j^, étant une fonction de n qui croît indéfiniment
avec n, et 1 une quantité finie et limitée supérieurement et inférieurement .
i> On peut encore étendre les propriétés établies dans notre précédente
Communication aux équations différentielles
K^.^.s^---S)=i:aw/--(S)"=<'.
rationnelles en j et ses dérivées, les k{x) étant des séries de la forme
qui ne diffèrent que par les valeurs des a,, . («„ . ::7^ o en général et fini) et
des uji, les y)„ étant quelconques :^ o et nj,/2 étant égal à
(n-r()']/«lim„^,ri=o.
» Les résultats du théorème I sont encore vrais, pourvu toutefois que,
dans le cas des § IV et V, quand aucune condition n'est spécifiée pour
l'exposant de y, ô„ < Xn,, --~-^ (1, [i. quantités finies).
» Les résultats du théorème II restent vrais pourvu que w,n — An soit
( 624 )
limité et que
|-O«-.|+|0„-., |< ^^^y
(v, v' quantités limitées). Ils sont exacts en particulier quand
limy),;(:"'=lim6j" =i
pour /i = oc, et que '|« = «'" (tous les paragraphes) ou que A(rt -+- i) — ^n
est fini ei.>i (§1 et IV). »
GÉOMÉTRIE. — Sur les groupes quaternaires réguliers (Tordre fini.
Note de M. Lé<>\ Autowe. présentée par M. Jordan.
« Nomii;ons : \° substitution n-aire (^binaire, ternaire, quaternaire, ...) l;i
substitution
a„ ... «,
s„ =
^"iZd "■/*"*
= [^7*]=' j,k = \,i, ..., n,
an
réversible; 2° ©„ le groupe des 5„; STI^le problème qui consiste à construire
tous les groupes à'ordre fini G„ contenus dans ©„. Uo est résolu depuis
longtemps par MM. Klein, Gordan, Jordan. M. Jordan a aussi : i° résolu U^
[Journal de Crelle, t. 84): 2° montré (Mémoire couronné par l'Académie
de Naples) que tous les G„ rentraient dans un nombre de types limité,
pour n donné; 3" poussé loin la solution de U^ pour ne s'arrêter que
devant une discussion arithmétique, où les cas à examiner se présentaient
par milliers.
» Je pense que le problème générale:, de M. Jordan ne sera pas résolu
de si tôt. Je me propose simplement d'apporter une contribution à la
théorie de certains G„, les G„ réguliers formés de s,, régulières. Si les :; sont
envisagées comme des coordonnées homogènes ponctuelles dans l'espace,
toute régulière admet j)our invariant un complexe linéaire capital de
droites. On trouvera une étude géométrique détaillée des régulières dans
mes Mémoires sur l'équation différentielle du premier ordre (^Journal de
l'École Polytechnique, Cahiers 61 à 64 de la i''" série, 2 et 3 de la 2° série;
Annales de l'Université de Lyon, 1892). Je ne mentionne, bien entendu,
dans la présente JNote, que les résultats récents.
» Réservons la lettre a; aux coordonnées /v'^MZ/eVe^ (celles où le tétraèdre
de référence a deux arêtes opposées conjuguées par rapport au complexe
( 625 :
capital), tandis que z désignera des coordonnées à tétraèdre de référence
quelconque.
» Soient 5 = [aij]x u"<^ quaternaire, s' = [fly,]^ sa transposée, t la régulière
[ ^1 , .* 2 j xV^ 4 OC ^ f OC^ ^ OC i , OC ^^ % Oi' ^ I »
la condition nécessaire et suffisante de régularité est s'~^ = i~' se. Soient S une
«-aire, So sa forme canonique, T une autre «-aire telle que S^^T^'ST,
T sera une canonisante. Alors toute régulière s admet au moins une canoni-
sante régulière, dès que s est d'ordre fini.
» Admettons que, j)our un groupe G„, se présente l'éventualité sui-
vante : Les /! variables z-, convenablement choisies, peuvent se répartir en
systèmes S, dont chacun contient un nombre de variables marqué par le
degré dusystème. Toute s„ de G„ remplace les variables de S par des fonc-
tions linéaires homogènes des variables de S'. S et S' sont des systèmes de
même degré. M. Jordan dit alors que <j„ est un groupe décomposable et
que 5„ fait succéder S' à S.
» J'ai construit tous les groupes G réguliers et d'ordre fini décompo-
sahles. Voici l'énumération en variables régulières x.
» On trouve d'abord deux types à existence évidente a priori.
» I. G provient de quaternaires
X,
X.,
Xj
et.-, I OC I — :~ w .) 2 OC2
«H«22 — «I2«2I = «33«4l - «3'.«43== L
où les groupes binaires P et Q dérivés des
«n
a, 2
a.,..
\ ^/' «33 «3 1 \
) " ' \ «43 «U '
respeclivemeiit sont d'ordre fini.
» II. On combine avec un groupe % du type I la régulière unique
B =
X,
0 \ 3 •''3 + '^ i ; Xi,
X.,
bo^X:^ -+- b.,^x^
X,
b,,x, - b,.,x..
X,
b^^X, -t- ^42^:2
/>i3^24 — b,,,b.,j = b.^,b,., — bi-.b.,
( 626 )
Jl contient B' et est jîermutable à B. Les groupes P et Q afférents à %
sont transformés l'un dans l'autre par les binaires
S.. /
» Viennent ensuite deux types qui admettent une quadrique inva-
riante, laquelle a oo génératrices rectilignes, situées sur le complexe
capital.
» ITI. G provient de régulières
X,
X.,
x«
a,,x,
(.il 1 •> lAy •>
P«3 1^2-+- P«3)a?,
Q,« I ^.
w^ 1 oc*
?(an«33 — «13«3t) = I.
X, pa,3a;2-f- ^a^^x^ ;
où le groupe binaire
a I , â! , 3
est d'ordre fini.
M IV. On combine, avec un groupe % du type 111, la régulière unique
B
X
x_
X^ 0'i-i,X^\- o^^x
Xf 'j bf^ X, -+- n b,.j,x
i-hc(b,.,b,, -b,.,b.,.,) = o.
% contient B* et est permutable à B.
» Enfin, le dernier type est isomorphe au groupe des permutations
entre quatre lettres.
» V. On transforme le groupe irrégulier qui provient des substitutions
(i^ + i = o),
iz,
i ■*» •!
IZ.,
IZ,
par la quaternaire
^3
2.
( 627)
j;, + TÔ-iTa + t9 a?.,
a-', + -rOa;^ + iO^a;,,,
Sx'^^e^ - 9,
e = e
qui réintroduit les variables régulières x ('). »
PHYSIQUE. — Sur un électro-radiophone à sons très intenses et sur la cause
qui tes produit. Note de M. Th. Tommasina, présentée par M. Cornu.
« Le nouvel électro-radiophone que j'ai l'honneur de signaler à l'Aca-
démie donne des sons pouvant être entendus très distinctement de tous les
points d'une grande salle. Sa sensibilité est un peu moindre que celle
des autres, à cohéreurs décohérents à charbon (^), mais elle est encore
suffisante, car l'appareil répond, par un son fort et net, à chaque étincelle
de 1°"° qui éclate à l'autre extrémité de la salle entre une petite sphère
isolée et l'un des pôles d'une bobine d'induction. Aucun relais n'est utilisé
et l'appareil est simplement en circuit avec une pile et un téléphone.
» Dans les cohéreurs à charbon ou à limailles, les grains doivent être
autant que possible libres de se mouvoir et ne subissent que la pression
due à leur poids; tandis que dans ce radioconducteur la limaille se trouve
dans un mélange isolant pâteux, et, suivant le système Branly, sous une
pression réglée de façon à permettre le passage d'un courant d'une cer-
taine intensité.
» Des radioconducteurs aptes à fonclionner dans l'intérieur d'un récepteur télé-
phonique usuel ont été construits de la manière suivante :
» Dans chacun de deux morceaux de tube capillaire de thermomètre, longs de 5°°,
on a introduit un fil de platine tordu en boucle d'un côté. On les a enroulés pour
former une petite spirale plane sur l'autre extrémité de chaque tube. On en a fait
entrer un, par le bout portant la spirale, dans un tube en verre dont le diamètre inté-
rieur était égal au diamètre extérieur du capillaire. Les deux tubes ont été fondus
ensemble à l'autre, extrémité en ne laissant en dehors que la boucle de platine. On a
(') La présente théorie a fait l'objet d'une Communication au Congrès de Paris
1900, et d'un Mémoire qui paraîtra au Journal de Mathématiques.
(') Comptes rendus, séance du 26 novembre 1900.
( 628 ;
placé alors le mélange pâteux sur la spirale île l'autre tube et introduit aussi celui-ci
dans le grand jusqu'à presser le mélange contre la spirale du premier. On a réglé en-
suite la pression sous l'action des ondes hertziennes, et fermé complèleraeiil le tube
au chalumeau en ne laissant en dehors que l'autre boucle de platine.
» Le courant induit par chaque décharge oscillante dans le circuit de ce récepteur
produit dans le mélange une action qui sépare momentanément un ou plusieurs des
petits contacts. L'aiguille du galvanomètre descend vers le zéro, mais elle reprend un
instant après sa position initiale, s'arrètant parfois dans des positions intermédiaires.
Mais, quelle que soit la position de l'aiguille à l'instant où l'étincelle éclate, on observe
toujours une déviation indiquant un accroissement de résistance. Si l'on augmente
l'intensité du courant primaire qui traverse l'électro-radiophone, les sons deviennent
toujours plus intenses, mais l'aiguille du galvanomètre se fixe au point plus élevé de
tension critique, et si le réglage est parfait elle devient presque immobile. Dans ce
cas, les interruptions doivent être instantanées et complètes, car l'appareil donne les
mêmes sons qu'on perçoit en interrompant le circuit. Ces radiocondiicteiirs consti-
tuent donc de vrais interrupteurs actionnés directement par les ondes hertziennes.
» C'est le diélectrique liquide remplaçant l'air qui est la cause de ce
phénomène, car si on l'ajoule dans un colicreur à limaille, à charbon, ou
à mélange de limaille et de poudre isolante, l'accroissement de l'intensité
des sons, dans un téléphone inséré dans le circuit, a lieu immédiatement.
» J'ai obtenu ce phénomène avec de l'eau distillée, mais c'est la glycé-
rine, seule ou mélangée avec de la vaseline, qui fait produire les sons les
plus intenses. De même, c'est la limaille d'argent qui semble donner le
meilleur résultat. Quant aux poudres isolantes, elles peuvent être quel-
conques : lycopode, soufre, silice, verre pilé, etc. ; leur rôle est d'empêcher
la cohérence permanente de la limaille d'argent et de permettre une pres-
sion sidfisante pour faire agir un courant plus énergique dans les radio-
con il licteurs.
» Ce nouvel électro-radiophone se prête aux expériences de cours et
de laboratoire, car il permet à un expérimentateur d'entreprendre seul
des recherches qui demandent .actuellement l'aide d'une autre personne.
J'étudierai, l'été prochain, son application aux décharges atmosphériques. «
CHIMIE MINÉRALE. -- 5Mr la réduction de l'acide niolybdosulj unique
par l'alcool. Note de M. E. Péchard, présentée par M. ïroost.
« La réduction des molybdates acides donne naissance à des composés
bleus résultant de la combinaison de l'acide niolybdique et du bioxydc de
molybdène.
., 629 )
» C'est ainsi que la réduction par le molybdène métallique a permis à
M. Guichard (*) d'obtenir le bleu de molybdène MoO-.4MoO% 6H'0.
MM. Allen Roger et Mitchell (-), en employant comme rédacteur le chlo-
rure stanneux, ont obtenu un bleu de molybdène de composition Mo''0'.
Dernièrement, M. Bailhaclie ('), en réduisant par l'hydrogène sulfuré une
solution sulfurique d'acide molybdique, a observé la formation d'un
sulfate cristallisé de formule Mo-0'.2SO'.
» Ces divers composés sont décomposés par les alcalis qui mettent en
liberté le bioxyde de molybdène et donnent un molybdate alcalin.
» J'ai obtenu des composés bleus du molybdène renfermant du bioxyde
et ne présentant pas la même instabilité au contact des alcalis.
1) Pour cela, on dissout de l'acide molybdique dans l'acide sulfurique concentré;
cette dissolution refroidie par de l'eau, est additionnée d'alcool par petites portions. Il
se développe une belle coloration bleue qui devient de plus en plus foncée à mesure
que l'on verse le réducteur, et s'accentue encore si l'on maintient le mélange au bain-
marie pondant une demi-heure. La liqueur est étendue et neutralisée par de l'ammo-
niaque, ces deux opérations devant être efTectuées en évitant tout réchaufTement. On
voit se former un corps cristallisé, bleu, se déposant rapidement, et la liqueur qui sur-
nage est incolore. Ces cristaux, agités dans le flacon où ils ont été produits, miroitent
et on les sépare facilement par filtration à la trompe.
» Examinés au microscope, ces cristaux se présentent sous forme de lamelles
hexagonales bleues, transparentes, mélangées à des prismes bleu foncé.
» Ces derniers se produisent uniquement si l'on a soin de neutraliser la liqueur acide
bleue en versant l'ammoniaque par petites portions et en ne dépassant pas la neutrali-
sation au tournesol. Dissous dans l'eau et agités avec un excès d'ammoniaque, ces
cristaux donnent naissance alors aux lamelles hexagonales. Cette séparation des deux
sels explique leur formation simultanée quand la neutralisation par l'ammoniaque est
effectuée sans précautions.
» Ces deux composés sont très solubles dans l'eau, qui prend une couleur bleue
intense, et très peu solubles dans les sels ammoniacaux; ils sont caractérisés par leur
stabilité vis-à-vis des alcalis et des carbonates alcalins. La potasse, l'ammoniaque ne
les décomposent qu'après plusieurs jours à la température ordinaire.
» La décomposition n'est immédiate que si l'on chauffe à 80°. L'acide azotique ne
les décolore à froid que s'il est très concentré, ou à l'ébullition s'il est étendu.
» Ces deux composés contiennent de l'acide molybdique, du bioxyde de
molybdène, de l'acide sulfurique et de l'ammoniaque. On a dosé l'acide
(') Guichard, Thèse de Doctorat.
(^) Journal of Ihe American Chemical Society, ']n\n 1900.
(^) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 473 •
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N« 10.) 8r
( 63o )
molybdique par une calcination avec de l'acide azotique, le bioxyde de
molybdène au moyen d'une solution titrée de permanganate de potassium
et les formules suivantes peuvent représenter leur composition :
I. — Sel en lamelles hexagonales : SAzH^, MoO^SOS 7MoO'+ SH^O.
Trouvé.
5AzH» 5,78 5,6 5,8 »
MoO'' 8,83 8,8 8,5 8,9
SO' 5,52 5,6 6,1 »
7M0O' 70,56 71,2 69,6 71,4
H-0 9,3i » » »
100,00 » » »
II, - Sel prismatique : 3AzH', MoQ^SO», 7MoO'+ loH^O.
Trouvé.
Calculé. -
3AzH' 3,52 3,8 3,6
MoO- 8,83 8,9 9,3 . 8,5
SO^ 5,52 6,1 5,9 6,8
7M0O' 70,55 71,5 70,3 »
H'0 1 1 ,57 » » »
» Par une préparation analogue, on peut obtenir un sel de potassium
cristallisé et peu soluble dans les sels de potassium; si l'on neutralise par
de la soude, le sel obtenu est extrêmement soluble et ne se sépare pas de
la dissolution. Une partie de l'ampioniaque peut être déplacée à froid par
la potasse concentrée et il se dépose également un sel cristallisé renfermant
à la fois les deux alcalis.
>i Les composés dont je viens de parler ne sont pas les seuls pouvant se
former dans ces conditions.
» Si, en effet, on prolonge la réduction par l'alcool à 100°, on obtient alors des dis-
solutions décomposables à froid et immédiatement par l'ammoniaque. A froid, la ré-
duction est moins avancée, car, si l'on abandonne dans l'air sec la solution sulfu-
rique après réduction par l'alcool, cette réduction se continue lentement et il se dépose
de fines aiguilles noires ayant pour formule
7MoO',2MoOS7SO'+ Aq.
Cette formule montre nettement un état de réduction plus avancé; mais il est difficile
de débarrasser complètement les cristaux de l'acide sulfurique qui les imprègne, de
sorte que la formule contient certainement trop d'acide sulfurique. Ce composé con-
( 63i )
stitue un véritable acide complexe, car, neutralisé par l'ammoniaque, il donne nais-
sance à de nouveaux sels bleus cristallisés dont je poursuis l'étude.
» On voit donc, d'après ce qui précède, que, si l'acide molvbdique se
combine au bioxyde de molybdène pour donner le bleu de molybdène, il
peut également se combiner en même temps à l'acide sulfurique pour
donner des acides complexes de formules compliquées.
» Dans ces composés l'acide sulfurique n'est pas précipité par les sels
de baryum et n'est par conséquent pas une impureté du sel; il ne précipite
que quand, par oxydation, la couleur bleue a disparu (').
» Il semble donc exister dans ces composés une combinaison du bioxyde
de molybdène et d'acide sulfurique ne présentant pas les caractères ordi-
naires de cet acide. D'ailleurs, dans l'étude de son sulfate de réduction
plus avancée, M. Bailhache a déjà reconnu un fait analogue et il a reconnu
également que le sulfate se dissout en bleu dans les molybdates alcalins,
probablement pour donner naissance au composé dont je viens de mon-
trer l'existence. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Un nouveau gfycol bi-primaire, le butanediol i .l\ ou
glycol létraméthylènique et sa diacétine. Note de M. l'abbé J. Hamonet,
présentée par M. Georges Lemoine.
» La synthèse du glycol létraméthylènique (3* glycol bi-primaire) a pro-
voqué depuis longtemps les recherches de très habiles chimistes; cepen-
dant aucun d'eux, sauf M. Dekkers {Recueil des Travaux chimiques des
Pays-Bas, t. IX, p. 92 ; 1890), n'a cru pouvoir se flatter de l'avoir réalisée;
et même, au dire de plusieurs, le corps préparé par le chimiste hollandais
au moyen de l'acide azoteux et de la diamine létraméthylènique semble
d'une constitution fort douteuse. Les motifs sur lesquels se fonde cette
opinion ont été parfaitement exposés par M. L. Henry dans son beau
travail sur les nitriles alcools, p. 53 et suivantes {Mémoires publiés par
l'Académie royale de Belgique, t. LVII; 1898).
» Mes études sur les dérivés bi-primaires du butane devaient tout natu-
rellement m'amener à reprendre cette intéressante question, qui m'avait
(') L'acide sulfurique ne peut être entraîné dans ce composé à l'état d'éthylsulfate,
car les analyses portent sur des produits difTérents obtenus en précipitant plusieurs
fois par le chlorure d'ammonium les sels bleus dissous dans l'eau.
( 632 )
été proposée autrefois par mon très regretté maître M. C. Friedel. En
effet, les auteurs qui ont cru avoir préparé le bromure de triméthylène,
Br CH-CH-CH-CH-Br, lui assignent un point d'ébullition notablement
inférieur à celui du dibromure, que j'ai obtenu et dont j'ai démontré la
constitution {Comptes rendus, t. CXXXII, p. 346). Par conséquent je
pouvais espérer que le glycol dérivé soit de mon di-bromobutane, soit de
mon di-iodobutane se distinguerait également de celui de M. Dekkers.
L'expérience a confirmé mes prévisions.
» Préparation de la diacétine du butane Jiol 1.4:
CH'GO^CTPCH^CHîCH^O^CCIl^
» Je n'ai eu pour préparer celte diacétine qu'à suivre de point en point la méthode
classique et primitive de Wurtz.
» J'ai mis dans un ballon SS?'' d'acétate d'argent et autant d'acide acétique, de
manière à former une pâte molle, ensuite j'ai ajouté, peu à peu et en refroidissant,
SoS'' de di-iodobutane 1.4. La réaction est assez vive. Quand elle a été calmée, j'ai
chauffé au bain-marie pendant quelques heures, en agitant de temps à autre, pour
rendre la niasse aussi homogène que possible et assurer ainsi l'achèvement de la réac-
tion. J'ai épuisé le contenu du ballon j^ar l'éther à plusieurs reprises. La diacétine se
sépare très facilement par distillation de l'éther et de l'acide acétique.
M La diacétine du butanediol 1.4 est un liquide neutre à odeur assez
agréable. Elle cristallise dans un mélange de glace et de sel en belles
aiguilles arborescentes, qui fondent à -t- 12". Elle bout sans décomposi-
tion à 23o° sous la pression de 751™", et à 124" sous celle de 20°"". Den-
sité à 20°= 1,048.
» Préparation du butanediol 1.4, ou glycol tétraméthylénique :
HOCH=CH2CH''CH2 0H.
» La diacétine du butanediol a été chauffée quelques heures au bain-marie avec un
léger excès de chaux délitée, puis distillée dans le vide suivant la méthode de M. L.
Henry {Recueil de Travaux chimiques des Pays-Bas, t. XVIII, p. aai). Le liquide
distillé a dû être repassé sur de la chaux, jusqu'à disparition complète de l'odeur de
la diacétine. Il a ensuite été redistillé seul dans l'air pour le séparer d'une petite
quantité d'eau fournie par la chaux. Cette séparation se fait on ne peut plus facile-
ment.
» Le butanediol 1.4 est un liquide visqueux, incolore, miscible à l'eau
en toutes proportions. Il s'en sépare facilement par addition de carbonate
de potassium. Il ne dissout pas l'hydroxyde cuivrique laissé alcalin,
comme le font le glycol en C^, la glycérine, etc.
( 633 )
» Ces deux dernières propriétés confirment les observations de M. L.
Henry sur les alcools polyatomiques, dans lesquels un chaînon -CH-- est
intercalé entre les deux fonctions alcools (Annales de la Société scienti-
fique de Bruxelles, t. XIX, p. 1 1 ; 1 8g5). Refroidi à o° le butanediol se prend
lentement en cristaux, qui fondent à + i6° ; son point d'ébullition est aSo"
sous la pression de 759'"'°; sa densité à 20" est de 1,020.
» L'analyse de ce corps a donné des nombres très satisfaisants :
C pour 100 : 53,49, théorie 53,33; H pour 100 : 10,92, théorie i i,ii.
» Il est évident que la constitution de ce butanediol et de sa diacéline
se déduit tout naturellement de celle du di-iodobutane 1.4 qui leur a
donné naissance. Je puis ajouter, pour confirmer encore cette constitution,
que l'oxydation du butanediol par l'acide azotique m'a fourni de Vacide
succinique fondant à 180°. Ce résultat écarte toute hypothèse contraire
à mon affirmation. On peut donc, ce me semble, conclure que le glycol
tétraméthylénique n'avait pas été isolé jusqu'ici ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la poudre de zinc sur les acides gras saturés .
Note de M. A. Hébert, présentée par M. Armand Gautier.
« Il y a quelque temps, nous avons signalé la présence, dans l'huile
extraite des graines de l'I'Sano, d'un nouvel acide gras non saturé,
CMI-^O^, Vacide isanique (-). Il fait partie des acides gras de formule
générale C"H-"~*0-, peu connus. Nous avons cherché à préparer synthé-
liquement d'autres corps de la même famille par réduction des acides gras
saturés en C"H-"0". Au cours de ces expériences, nous avons été amené
à faire agir la poudre de zinc sur ces acides.
11 Nous sommes partis de stéarine commerciale fondant à 60°. Celte substance,
formée d'un mélange d'acides gras saturés où domine l'acide sléarique, a été distillée
avec un excès de poudre de zinc bien séchée en opérant dans une cornue chaufl'ée au
bain de limaille de fer à 35o°-4oo°.
(') Quand j'ai fait ce travail, j'ignorais les très intéressantes recherches de I\l. L.
Henry sur le butanolamine i .4 {Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, p. Sgo; 1900). En
traitant ce corps par l'acide azoteux ce savant chimiste a obtenu un liquide bouillant
au delà de 220°, qui pouvait bien être un mélange du glycol l.[^ et du glycol 1.2;
mais la juste défiance qu'inspire la réaction de l'acide azoteux sur les aminés pri-
maires l'a empêché de conclure, comme l'avait fait M. Dekkers.
(^) Comptes rendus, t. CXXII, p. i55o.
( 634 )
» Au début, il se fait du stéarate de zinc, puis la masse fond et bouillonne en
dégageant des produits condensables et des gaz. Le résidu est formé de poudre de zinc
retenant encore des traces de substances très riches en carbone.
» Les produits gazeux non condensables sont composés de CO- et de gaz combus-
tibles : carbures incomplets, très faible proportion de carbures complets et hydrogène
en grande quantité.
» Les corps condensables sont composés d'un peu d'eau et de substances liquides et
solides, non miscibles à l'eau et formant environ 70 pour 100 de la stéarine em-
ployée.
» Les produits condensés présentent les caractères suivants : ils sont liquides au
début, solides à la fin de la distillation, de couleur jaunâtre, plus légers que l'eau, dans
laquelle ils sont insolubles ainsi que dans les alcalis et les acides étendus, ils se dis-
solvent dans la plupart des solvants organiques et fixent le brome. Enfin l'analyse élé-
mentaire leur assigne la composition C"H^".
» Ayant préparé une quantité assez considérable de ces corps (2''s,5 environ), nous
avons procédé à leur examan. Nous les avons séchés sur l'acide phosphorique anhydre
et soumis à deux fractionnements successifs, de 10° en 10°, puis de 5° en 5°; au delà
de 35o°, on a fractionné dans le vide de 25° en 25°. Le résidu était solide et cristallisé
et fondait à 63°, après purification.
» Voici les résultais sommaires du dernier fractionnement avec les quantités et
densités :
» Le liquide commençait à distiller à 60° et la dernière portion recueillie passait à
3oo°-325° dans un vide de 55™". Les portions maxima passaient aux températures
ci-dessous :
Fractions. Quantités. Densités.
00 gr o
195-200 3o 0,7653 à i5
235-24o 59 0,7785 à 16
280-285 128 0,7880318
295-3oo 75 0,7952 »
3 1 0-3 1 5 95 o , 8o56 »
250-275 sous 55°"" 66 o,85oo à 22
Résidu solide cristallisé 82 » »
» Toutes ces fractions répondent aux caractères indiqués plus haut. Les bromures,
préparés par simple addition de brome, sont liquides, jaunâtres et se colorent avec le
temps. Le résidu solide du fractionnement donne un bromure solide, blanc, cristallisé.
Ces bromures sont décomposables par distillation, même dans le vide, et l'on doit se
borner à les dessécher.
» L'analyse élémentaire des portions maxima de la dislillalion et le dosage du
brome dans leurs bromures ont donné les résultats suivants :
Pour 100. Brome pour 100
Portions. Hydrogène. Carbone. le bromure.
i95''-20o° 14,28 85, 06 39,57
235°-24o'' 13,76 85,87 32,46
( 635 )
Pour 100. Brome pour 100
-»~ ^- — dans
Portions. Hydrogène. Carbone. le bromure.
aSc-aS.D» i4,o6 86,56 28,69
295°-3oo° i3,4o 86,53 29,08
3io''-3i5o i3,i6 86,52 25,53
25o°-a75° sous 55™"° . . . . iS,l\i 87,28 21,91
Résidu solide i4)24 85,72 11,17
Théorie pour :
G''H-« 14,28 85,72 0,00
C'H^Br^ ,, »' 4o,20
CH^^Br'- » » 38,83
j C"H"Br2 » » 33,19
( C^*H>'Br= ). » 32,26
( C='H5«Br2 ), » 28,97
j C29H=«Br2 » » 28,26
j C^^H^^Br- » » 25,72
( C"H8«Br- » » 25, i5
1 G*»H«»Br2 » )) 22,22
i C*'H«2Br= » .) 21,79
C90Hi80Br2 » )) 11,26
» La poudre de zinc a donc pour effet de décomposer les acides gras
saturés, d'une part, en acide carbonique et en eau (formes sous lesquelles
s'élimine l'oxygène), d'autre part, en carbures dont la majeure partie est
constituée par un mélange de carbures éthyléniques, de poids molécu-
laires et de points d'ébullition très élevés. Pendant cette réaction, les mo-
lécules se scindent et se polymérisent en même temps, sans qu'il semble
se manifester de prime abord aucune relation entre les matières pre-
mières et les corps obtenus. Mais il y a là un mode de préparation com-
mode des carbures éthyléniques très élevés. Il conviendra de poursuivre
cette étude et de l'étendre aux acides gras non saturés. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'oxyde de mercure sur quelques corps
organiques. Note de MM. A. Lusiière, L. Lumière et F. Perrin, pré-
sentée par M. Armand Gautier.
» Dans une précédente Communication ('), nous avons indiqué les
propriétés intéressantes du mercure -phénol-disulfonate de sodium ;
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. i45 ; 1901.
( 636 )
cette combinaison organométallique est obtenue de la façon suivante :
» On dissout une molécule de phénol disulfonale de sodium dans cinq fois son
poids d'eau, on porte à l'ébullition et l'on ajoute peu à peu de l'oxyde jaune de mer-
cure fraîchement précipité et bien lavé; la dissolution a lieu rapidement, surtout au
début; elle cesse de s'effectuer lorsqu'on a introduit dans le liquide une molécule
d'oxyde pour une molécule de phéuol-disulfonate.
» La liqueur filtrée est concentrée par évaporation au bain-marie, puis traitée par
l'alcool qui donne un abondant précipité de mercure-phénol-disulfonate de sodium,
que l'on fait bouillir à plusieurs reprises avec de l'alcool aqueux. En dernier lieu, la
substance est dissoute dans l'eau et enfin précipitée par l'alcool, afin de séparer les
dernières portions de phénol-disulfonate de sodium qui n'auraient pas été saturées par
l'oxyde de mercure.
» On obtient ainsi une poudre blanche amorphe, soluble dans l'eau, ne
répondant à aucune des réactions ordinaires de mercure.
» Cetle action de l'oxyde de mercure sur les phénols avait été sommai-
rement signalée déjà, pour le phénol ordinaire ('), l'acide salicylique (-)
et le phénol-parasulfonate de potassium ('), sans que l'on ait cherché à
établir la constitution de la plupart des combinaisons obtenues.
V Nous nous sommes assurés que toutes les substances qui possèdent un
hydroxyle phénolique dissolvent l'oxyde de mercure, pour donner des
corps organométalliques dans lesquels les réactions du mercure sont
masquées.
» Toutefois, les phénols susceptibles de s'oxyder facilement, tels que
les amidophénols, subissent cette oxydation et ne donnent pas les combi-
naisons qui nous occupent.
1) Lorsque le phénol est éthérifié, il ne réagit plus; tel est le cas de
l'anisol et du phénétol, etc., l'hydrogène de l'hydroxyle semble donc être
indispensable à la réaction.
» D'autre part, lorsque les positions ortho et para sont occupées, la
dissolution de l'oxyde de mercure ne peut plus s'effectuer; le sel de
sodium du trinitrophénol, le trichlorophénol symétrique, par exemple, ne
sont pas susceptibles de fournir des corps dans lesquels le métal se trouve
dissimulé.
w L'insolubilité du mercure-phénol-disulfonate de sodium, dans les dis-
(') DeilsLeiii, t. II, p. 65i.
(^) Comptes rendus, t. CXVI, p. !\[\; 1898.
(') Annales de Merk, 1899.
(637 )
solvants organiques, n'a pas permis d'en déterminer le poids moléculaire
par la cryoscopie ou rébullioscopie.
» Nous avons aussi préparé, par ce procédé, le mercure-gaïacol-sulfonate
de sodium, dont les propriétés sont analogues à celles du corps précédent.
» En nous basant sur ces remarques et sur le résultat de nos analyses,
nous avons cherché à établir la constitution de ces combinaisons. On peut
faire à ce sujet deux hypothèses, qui s'accordent avec les remarques ci-
dessus; elles correspondent, pour le mercure-phénol-disulfonate de so-
dium, aux formules suivantes :
» Ces formules ne diffèrent, au point de vue de la composition centé-
simale, que par un hydrogène en plus dans la formule double. Prenant
cette dernière comme base, voici les résultats de l'analyse :
Calculé C = i4,48 lIg = 4o)24 S=:i2,97 Na=:9,25
Trouvé C=:i5,23 Hg = 4o,73 S = i2,65 Na=:9,73
Dans le cas du mercure-gaïacol-sulfonate de sodium l'analyse a donné les
chiffres suivants que nous rapprochons de ceux qui répondent aux mêmes
hypotlièses :
Calculé C= 19,76 Hg = 47,o5 8 = 7,52 Nar=5,4i
Trouvé C:=2o,32 Hg=r47)6o S=7,79 Na = 5,io
» De nouvelles expériences, que nous avons entreprises, sont encore
nécessaires pour fixer définitivement la constitution de ces composés qui
paraissent présenter un grand intérêt au point de vue de leurs appli-
cations. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur une nouvelle préparation du lerpinéol.
Noie de M. P. Genvkesse.
(i L'étude des réactions produites par les vapeurs nitreuses et le per-
oxyde d'azote sur les terpènes nous a amené à rechercher l'action de
l'acide azoteux sur ces mêmes composés.
C. R., 190., 1" Semeslre. (T. CXXXII, N" 10.) 82
( 638 )
)i La méthode que nous avons suivie nous a conduit à la préparation
en graiiii du lerpinéol, à partir du |)inène, sans passer parla terpine.
» Le produit obtenu est actif sur la lumière polarisée. Le limonène,
traité dans les mêmes conditions, ne nous a rien donné.
» Préparation du terpinéol. — Nous préparons d'abord l'acide nitreux en traitant,
dans les conditions ordinaires, l'amidon par l'acide azotique de densité égale à i,35.
Les vapeurs nilreuses obtenues passent d'abord dans un flacon entouré de glace, où
se condensent l'eau et l'acide nitrique entraînés, ainsi qu'une partie des vapeurs
nitreuses, ces dernières en assez petite petite quantité; le reste arrive dans un flacon
taré, contenant de leau distillée et entouré de glace. Nous obtenons ainsi une solution
d'acide nitreux, ne contenant pour ainsi dire pas d'acide azotique.
» Nous y ajoutons de l'alcool et du pinène.
» ^'oici les proportions que nous employons : loos"" d'acide nitreux dissous dans
ioqS' d'eau, 4oo6'' d'alcool à gS et 4ooS'' de pinène. 11 est bon de refroidir quand on
fait le mélange, qui s'échauff"e. On abandonne ensuite le tout à lui-même, en agitant
de temps en temps; au bout de huit jours, nous avons constaté qu'environ le dixième
du pinène s'était transformé en terpinéol ; mais cette transformation est fonction du
temps et, si l'on attend deux mois, la réaction a atteint les deux tiers du terpène.
» On entraîne ensuite par la vapeur d'eau ; l'alcool passe d'abord avec un peu d'es-
sence, ensuite un mélange de terpinéol et de pinène et enfin du terpinéol. On aura une
nouvelle quantité de ce dernier corps en soumettant le mélange de terpinéol et de
pinène à un nouvel entraînement.
» Le terpinéol ainsi obtenu est souillé de produits azotés et peut-être aussi d'autres
produits. On le sèche sur du chlorure de calcium, on le distille dans le vide et l'on
recueille ce qui passe de iio° à i25° sous la pression de i5""";le produit ainsi obtenu
sent déjà très bon, mais ce n'est pas encore du terpinéol pur. On le traite ensuite,
suivant le procédé de M. Duyk, par une solution concentrée de salicylate de sodium,
qui dissout l'alcool et laisse les produits étrangers; une nouvelle rectification sous
pression réduite donne un liquide d'une odeur franche et nette de terpinéol; le ren-
dement est d'environ 7.5 pour 100 du pinène transformé.
» Nous avons analj'sé ce corps et pris son poids moléculaire; les résultats obtenus
conduisent à la formule C"H'°0, qui est celle du terpinéol.
» Traité par un germe de terpinéol cristallisé, il cristallise à son tour, mais très
lentement. Les cristaux ainsi obtenus fondent à 33", comme le terpinéol sur le(|nel
M. Wallach a fait ses importants travaux.
)> Il agit sur la lumière polarisée ; sa déviation pour la raie D est «d = — 3o°53' à la
température de 22°.
» La densité à l'état liquide est de 0,960 à 18°, son indice de réfraction n^ = 1,476
à la même tempérai ure, ce qui donne pour la réfraction moléculaire de ce corps le
nombre 45, 612. La réfraction moléculaire théorique du terpinéol est, en admettant la
double liaison, 45,82. Si, du reste, on traite le corps précédent par le brome, on voit
également qu'il existe dans la molécule une double liaison.
» Nous avons continué d'identifier le produit précédent avec le terpinéol, en faisant
son nitrosochlorure d'après la méthode de M. Wallach. Nous l'avons même obtenu
( 639 )
assez pur pour pouvoir prendre son point de fusion, qui est de 83", point de fusion
que nous n'avons vu donné nulle part.
» Enfin, traité par l'acide bromhjdrique, il donne l'a-dibromliydrate de dipenlène,
très bien cristallisé, fondant à 58° et dont nous avons fait l'analyse complète. Nous
avons du reste fait une expérience comparative avec le terpinéol.
» Nous devons donc admettre que le produit que nous avons obtenu est bien du
terpinéol.
» Nous avons répété les expériences précédentes avec l'australène.
» Suivant nos prévisions, nous avons obtenu du terpinéol droit; il a
pour pouvoir rotatoire «j,= -i-5°, à la température de 20°; le point de fusion,
l'indice de réfraction et la densité sont les mêmes que celles de l'alcool
précédent. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Nouveaux caractères de l'excitation électrique
brève transmise par le nerj . Note de M. Acg. Charpentier, présentée par
M. d'Arsonval.
« Dans une Note précédente (18 février), j'ai appelé l'attention sur un
phénomène électrique particulier, généralement oscillatoire, consécutif à
l'excitation unipolaire brève d'un nerf, se propageant le long de cet organe
avec la vitesse de l'agent nerveux, et pouvant être transmis à un second
nerf par un conducteur métallique et le mettre en état d'excitation.
» Ce phénomène électrique est indépendant de la conduction propre-
ment dite, qui se fait par le cordon nerveux dans les mêmes conditions
que par un corps humide d'une assez grande résistance (résistance que
j'ai trouvée voisine de 100 000 ohms par centimètre (').
» Cette double conduction, l'une rapide, l'autre lente, que j'ai dissociée
expérimentalement, est assez difficile à interpréter. On peut, cependant,
faire l'hypothèse que la conduction rapide a lieu par l'intermédiaire de la
surface ou plutôt des gaines nerveuses, lesquelles n'ont dans la physio-
logie de l'organe qu'un rôle protecteur, tandis que la conduction lente
tiendrait à l'intervention des cylindres-axes, c'est-à-dire de la matière ner-
veuse proprement dite.
» Et, par le fait, on connaît déjà une réaction électrique de celte matière
nerveuse en état de fonctionnement; c'est la variation négative du courant
(') Archives de Physiologie; 1894.
( 64o )
de repos, d'après laquelle un point excité du nerf devient négatif et transmet
à distance une onde négative qui chemine avecla vitesse de l'agent nerveux.
Cette variation négative donne lieu à un courant momentané qui a pu servir
à exciter bipolairement un autre nerf (patte galvanoscopique).
» Notre phénomène de la conduction lente unipolaire doit évidemment
offrir un rapport externe avec la variation négative, qui se produit dans des
conditions analogues et chemine avec la même vitesse. Mais on ne saurait
identifier absolument les deux phénomènes pour les raisons suivantes :
» 1° La conduction lente peut transmettre des excitations plus intenses
que le maximum d'excitation dû à vme variation négative.
» 2" La variation négative, étudiée ])ipolairement jusqu'ici, n'a été
obtenue que sur des nerfs excisés ou tout au moins sectionnés en partie,
tandis que la conduction lente se manifesteaussifacilement sur le nerf frais
et en place.
)) 3° La variation négative se termine simplement par le retour à l'état
électrique primitif; dans la conduction lente, ce retour est généralement
oscillatoire, c'est-à-dire que le phénomène initial (si tant est qu'il corres-
ponde toujours à un état négatif, ce que je ne suis pas en mesure d'affirmer)
est suivi alors d'alternatives électriques probablement de sens opposés.
» Je (Ws probablement, en me basant sur les faits d'ordre physiologique
décrits dans ma dernière Note, lesquels consistent en une série d'exci-
tations périodiques dissociables du second nerf. Mais nous pouvons faire
un pas de plus, et affirmer que ces successions alternatives d'état négatif
et d'état positif existent réellement dans l'excitation transmise à ce nerf.
« C'est ce que m'a montré l'élude physique du courant transmis. En eflel, si, au
lieu de faire aboutir à un second nerf ou nerf témoin le conducteur métallique qui
précédemment devait recueillir l'excitation ayant parcouru le premier nerf, on relie
ce conducteur à l'une des bornes d'un galvanomètre balistique très sensible (boussole
Wiedemann-d'Arsonval) et si l'on met l'autre borne à la terre, on observe réellement
en décomposant le phénomène, des impulsions successives de l'aiguille dans les deu\
sens; ces impulsions sont sensiblement périodiques et se produisent corrélativement
aux alternatives de contraction et de repos constatées dans la patte galvanoscopique;
seulement, comme la durée de chacune d'elles est de l'ordre du ^ôoTo *^® seconde, on
ne les observe au galvanomètre que si elles sont dissociées dans le temps, c'est-à-dire
en établissant la communication avec le galvanomètre pendant un temps très couit et
il des moments de plus en plus éloignés de l'excitation.
>i Les mêmes observations ont été répétées à l'aide de l'électromèlre Jjippniann, l'une
des bornes étanl à la terre et l'autre borne en communication avec le nerf directement
excité.
( G4-' )
» Nous aurons à revenir sur l'étude de ces oscillations, doni il importait
fivant tout de bien établir la nature électrique. Ce que je veux indiquer
aujourd'hui, c'est que, si parfois elles paraissent faire défaut avec l'unedes
méthodes précédentes, il ne faut pas nécessairement en conclure à leur
absence, la méthode électrométrique pouvant se montrer plus efficace que
la méthode physiologique, suivant des conditions encore mal déterminées.
Il en est de même pour leur nombre apparent, qui peut être très variable. »
PHYSIOLOGIE. — ConirlhiUion à l'élude psycho-physiologique (les actes vitaux
en l'absence totale du cerveau chez un enfant. Note de MM. W. Vasciiide
et Cl. Vurpas.
« Le hasard ayant fourni à notre observation un cas d'anencéphalie,
nous avons profilé de celle expérience de physiologie réalisée par la nature
chez l'homme à sa naissance, pour entreprendre des recherches expéri-
mentales (le psycho-physiologie, corroborées par un examen nécropsique.
» Pour suivre un plan conforme aux recherches des laboratoires de
Physiologie, nous décrirons d'abord l'état anatomique du système nerveux.
» Jj'aulopsie nous montie l'aljsence de la calotte crânienne, et à la place une petite
tumeur kystique, divisée en plusieurs cavités contenant un liquide jaune citron.
L'excision de celte tumeur conduit sur le système nerveux central, qui se compose
uniquement du bulbe, de la protubérance sans les fibres arciformes ni las pédoncules
cérébelleux, probablement de rudiments des tubercules quadrijumeaux.
» En avant de la masse nerveuse, on voit un tissu lardacé, rougeâtre, dur à la
coupe. Le plancher du quatrième ventricule est à découvert. Une simple bande con-
jonctive Je recouvre. A sa partie supérieure, on remarque un petit pertuis qui semble
continuer l'aqueduc de Sylvius. Immédiatement en avant, la substance nerveuse pré-
sente quatre éminences blanchâtres, qui font penser à des tubercules quadrijumeaux
rudimentaires. Absence complète de cervelet et d'hémisphères cérébraux. A la face
ventrale, les artères vertébrales se réunissent pour former le tronc basilaire qui, à sa
jiartie supi'rieure, donne naissance aux deux cérébrales postérieures. Ces dernières
forment la limite antérieure du tissu nerveux.
» Deux filets blanchâtres, qui ne sont autres que les moteurs oculaires externes, se
dirigent en avant et côtoient le tronc basilaire. Au-dessous, on voit l'émergence de la
XII" paire; en dehors, le groupe des ¥11"= et VIII" et les nerfs vago-spinaux. La moelle
paraît normale, ainsi que les ganglions rachidiens. L'ouverture de l'œil nous a laissé
voir une membrane rappelant en tous points, microscopiquement au moins, la descrip-
tion que les auteurs donnent de la rétine. On observait également un bout du nerf
optique.
(642 )
» Cet enfant, du sexe masculin, naquit dix mois après la conception. Il vint en état
de mort apparente. Des bains chauds et des frictions énergiques sur le corps le rani-
mèrent. Il vécut trente-neuf heures.
» A sa naissance, il pesait 2''s,620. Les membres, les mains et les pieds en parLicu-
lier, étaient plus longs et plus gros que normalement. Le côté droit du corps était
sensiblement plus gros que le côté gauche. Nous regrettons de ne pouvoir préciser
par de^ mesures ce que nous avançons, mais les conditions de l'expérience ont été
semées de tant de difficultés qu'il nous a été impossible de le faire.
» Nous avons fait une étude minutieuse des phénomènes respiratoires et circula-
toires, ainsi que de l'état moteur, des diverses sensibilités et des principales manifes-
tations psychiques.
» La température rectale se maintenait à 28". Tout le corps était froid, et il était
très difficile de réchauffer le sujet. La respiration, dont nous avons recueilli des gra-
phiques, revêtait le type très net de Scheyne-Stockes, variable d'ailleurs d'intensité et
d'aspect sur le tracé. Le nombre des respirations était en moyenne de neuf par minute.
» Le pouls était à cent trente-huit pulsations à la minute. Le cœur battait plus ra-
pidement au moment de la jjériode inspiratoire et l'auscultation faisait entendre, à ce
momenl, quelques faux pas. Les périodes apnéiques et dyspnéiques ne produisaient
aucune modification pupillaire.
» Les téguments étaient cyanoses; une pression même très légère à leur surface
provoquait une couleur blanc pâle de la peau, tranchant sur le fond généralement
violacé, qui disparaissait très rapidement après la cessation de l'attouchement.
» Les réflexes patellaires étaient difficiles à étudier, en raison de la contraction et de
la raideur des membres; ceux de l'avant-bras étaient exagérés. Les réflexes idio-mus-
culaires existaient.
» Du côté de l'œil^ il y avait un exorbilisme très apparent, une teinte terne et
vitreuse de la cornée, un strabisme externe exagéré au point de cacher la pupille
derrière les commissures oculaires externes, une dilatation considérable des pupilles,
surtout marquée à droite. On notait de l'immobilité pupillaire et l'absence de réflexe
irien à une lumière même intense.
» L'enfant présenta, vingt heures après sa naissance, des attaques convulsives
à début jacksonien, commençant par le membre supérieur gauche et se généralisant
rapidement pour revêtir bientôt le type épileptoïde avec miction à la fin delà crise.
» Les réactions de défense aux impressions tactiles (chatouille de la plante des
pieds), douloureuses (piqûres), thermiques étaient très nettes.
» Il y avait des mouvements concordants du corps et des réflexes associés {flexion
des jambes, reirait du corps pour fuir une sensation désagréable, succion,
déglutition).
» La gustation semblait abolie; pas de réaction lorsque l'on déposait du bromhy-
drate de quinine sur la langue,
» Pour l'odorat, un flacon de camphre placé sous le nez ne produisait rien; un
flacon d'ammoniaque pur amenait nettement un rejet de la tête en arrière.
» Un bruit intense, une lumière vive, ne provoquaient aucun changement d'atti-
tude ni aucun réflexe.
» L'enfant faisait entendre parfois quelques cris peu prolongés, mais il n'y avait
( 643 )
pas de pleurs véritables. On relevait aussi l'existence de mouvements spontanés. Sou-
vent le sujet restait complètement immobile dans son lit, malgré sa respiration diffi-
cile. Il ne semble pas que l'on ait affaire ici à un véritable sommeil.
» Au moment de la mort, l'enfant, la bouche grande ouverte, était en proie à des
troubles dyspnéiques et à des phénomènes de suffocation.
» L'examen histologique complet de tout le système nerveux central sera donné
avec plus amples détails dans un travail ultérieur.
» En résumé, l'abaissement notable de la température, compatible avec
une survie de trente-neuf heures, la rapidité concomitante du pouls, la res-
piration remarquablement ralentie et à type de Scheyne-Stockes, montrent
l'importance et le rôle des hémisphères cérébraux dans la circulation, la
respiration, la calorification.
» Les réflexes soit simples, soit surtout associés, la coordination des
mouvements même compliqués, les sensibilités tactile, musculaire, ther-
mique, la sensibilité à la douleur, saisies par les réactions de défense,
existent déjà à la naissance en dehors de l'action du cerveau et du cervelet,
dont l'absence est suivie de crises convulsives. »
ZOOLOGIE. — Observations nouvelles sur les Bathynomus, Isopodes
gigantesques des grands fonds. Note de M. E.-L. Bouvier, présentée
par M. Filhol.
« Parmi les nouveautés zoologiques découvertes par M. Alexandre
Agassiz dans les profondeurs de la mer Caraïbe, au cours des campagnes
du Blake, il convient de citer un énorme Isopode que M. A. Milne-Edwards
a succinctement décrit, en 1879, sous le nom de Bathynomus giganteus
et qui a été figuré par M. Filhol dans son Ouvrage sur la Vie au fond des
mers. Comme beaucoup d'espèces abyssales, ce remarquable Crustacé
présente une aire géographique des plus étendues, car on le retrouve dans
le golfe de Bengale, où il a été capturé par Vinvestigator.
« Au Japon, il est représenté par une espèce plus réduite, le B. Dôder-
/emi (Ortmann), que M. le professeur Doderlein a rapporté d'Enosliima, et
qui compte actuellement parmi les pièces rares du Musée de Strasbourg.
Grâce à l'obligeance de MM. Agassiz et Doderlein, auxquels je suis heu-
reux d'adresser mes remercîments, j'ai pu comparer ntiinutieusement les
exemplaires types des deux espèces, et en tirer quelques observations
dignes d'intérêt.
( «'4 )
» 1° Adaptai ion en rapport avec la taille. — Tandis que ies antres ïsopodes
du même i^roupe (Cirolanidés) mesurent au plus o",02 à o™,o3 de longueur,
le B. Dôderleini atteint o'", lo à o'", 12 et le type du B. giganleus o^.a'i de
longueur sur o™, 10 de largeur. Malgré ses dimensions peu ordinaires, ce
dernier n'est pas encore adulte, ainsi que j'ai pu m'en convaincre en le com-
parant à deux exemplaires mâles de B. Dôderleini; il présente comme eux
deux courtes verges, déjà représentées par M. Filhol, mais il est dépourvu
de la tigellecopulatrice normale qu'on trouve bien développée sur le bord
interne des pléopodes de la deuxième paire dans le B. Dôderleini. La taille
de l'adulte doit donc être véritablement démesurée.
» Chez les ïsopodes normaux, les lames endopodiales des cinq paires de
pléopodes suffisent aux besoins de la respiration; mais si l'on songe que
l'accroissement en surface d'un animal augmente sensiblement en raison
du carré de la taille et l'accroissement volumétrique en raison du cube, on
conçoit que les lames respiratoires des ïsopodes normaux ne suffisent pas à
un être quatre fois plusgrand, comme le^. Dôderleini, an neuf fois au moins,
coi\imQ\G B . giganteiis . kus^i les Bathynomes sont-ils m unis de houppes bran-
chiales qui n'existent pas dans les ïsopodes non parasites. Ces houppes ne
prennent pas naissance, comme on l'a cru jusqu'ici, à la base des pléopodes,
mais sur les bords antérieur et externe de leur endopodite; elles s'en déta-
chent sous la forme de pédoncules nouibreux et richement ramifiés qui dé-
bordentun peu sur la face antérieure et s'étalent surtout du côté postérieur
de la lame ; ces arborescences sont particulièrement grandes sur les pléo-
podes postérieurs. Dans le B. Dôderleini, elles sont moins rameuses et moins
touffues que dans le B. gigartteus, l'animal qui les porte étant de plus faible
taille. Il semble dotic bien, comme le disait A. Milne-Edwarils, « que l'ap-
» pareil respiratoire d'un Isopode ordinaire aurait été insuffisant pour
» subvenir aux besoiiis physiologiques des gigantesques Bathvnomes ».
» 2° Adaptation à la vie abyssale. — Tandis que les ïsopodes ordinaires
ont au plus, dans chaque œil, 3o à 4o ocelles qui mesurent 8 à 10 centièmes
de millimètre de diamètre, le B. giganleus en a près de 3ooo dont la sur-
face est presque double. Cet accroissement démesuré de l'œil n'est nulle-
ment un effet de l'augmentation de taille, car le B. Dôderleini -a des ocelles
presque aussi grands et aussi nombreux que le B. giganteus; il est tout
entier le résultat d'une adaptation à la vie abyssale. Afin de recueillir eu
plus grand nombre les faibles rayons phosphorescents qui éclairent le
fond des mers, les yeux des Bathynomes se sont largement agrandis et
ressemblent eu cela aux yeux des Galathéides abyssaux (Munida), chez
( 645 )
lesquels le défaut de clarté des grands fonds n'a pas enrore produit la
cécité.
» 3° Segmentation des appendices. — En raison de leur grande taille, les
Bathynomes se prêtent mieux que les Isopodes ordinaires à des observa-
tions morphologiques précises. Dans les deux espèces, j'ai pu constater que
le sympodite des pléopodes compte toujours trois articles, qu'il en est de
même pour la hampe des antennules et qu'un rudiment de fouet accessoire
existe au sommet de cette hampe. La présence de ce fouet accessoire est
un caractère primitif qui rapproche les Bathynomes, et par suite les Ciro-
lanidés, du groupe des Anisopodes.
» La découverte de trois articles dans la hampe de plusieurs appendices
des Bathynomes justifie les vues de M. H.-J. Hansen sur la structure des
pattes des Crustacés. En fait, les appendices de ces animaux, et sans doute
aussi ceux des autres Arthropodes, ont un nombre d'articles supérieur
d'une unité à celui qu'on a çoulunie de leur attribuer. Tantôt l'article
méconnu reste indépendant, tantôt il s'atrophie, souvent il prend part à la
formation des parois du corps, soit seul, soit réuni avec le suivant; la pièce
pleurale ainsi constituée correspond par sa position aux épisternites
de Henri Milne-Edwards; c'est elle qui porte les pleurobranchies chez les
Crustacés décapodes. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la. Sensibilité des végétaux supérieurs à des
doses très faibles de substances toxiques. Note de M. Henri Coupi.v, pré-
sentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans ses belles recherches sur la végétation du Sterigmatocystis nigra,
Raulin a montré que ce champignon est très sensible à l'action des
substances toxiques. C'est ainsi que, pour lui.
Le nitrate d'argent est encore vénéneux à la dose de jeoiooo du poids du liquide,
Le chlorure de mercure » . , .' „ „
Le chlorure de platine » Tèwâ »
Le chlorure de cuivre « » -^ „
» Ces faits étant bien établis, il était intéressant de voir si les végétaux
supérieurs manifestent, à l'égard des agents toxiques, une sensibilité aussi
grande. C'est la question que j'ai cherché à résoudre, en prenant comme
matériaux d'études déjeunes plantules de blé de Bordeaux. Ces plantules,
C. R., igoi, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 10.) 83
( 646 )
mises dans l'eau parfaitement distillée, donnent naissance à de très longues
racines, pouvant atteindre plus de o^jSo. Au contraire, mises dans une
solution toxique, ou bien ces racines sont tuées, ou bien leur croissance est
considérablement diminuée; il suffit parfois, comme on va le voir,
de traces de ces substances pour obtenir des racines rabougries. Récipro-
quement, quand un grain de blé, mis à germer dans un liquide, donne dos
racines <le faible longueur, on peut en déduire que ce dernier contient des
molécules toxiques. Partant de ce principe, j'ai fait une série de solutions
de plus en plus diluées d'une même substance dans de l'eau distillée, et j'ai
noté, au bout d'une quinzaine de jours, par exemple, la longueur des
racines du blé que l'on y avait mis à germer. J'ai ainsi constaté, comme
limite des doses auxquelles l'action nocive se faiî encore sentir, les chiffres
suivants, pour les divers sels :
Sulfate de cuivre (' ). .
Bichlorure de mercure .
Clilorure de cadmium .
Sulfate d'argent
Nitrate d'argent
Chlorure de palladium
Nitrate de plomb
Sulfate d'aluminium
Sulfate de zinc
Permanganate de potassium.
Nitrate de manganèse
Chlorure de lithium
Chlorure d'aluminium
700 000 000
30 000 000
10 000 000
2 000 000
1 000 000
500 000
100 000
lodure de magnésium ,
1 51000
1
13 0 0 0
1
1 2 000
1
10 000
1
10 000
Chlorure de baryum .
lodure de calcium . . .
Azotate de strontium.
Azotate de lithium. . .
Azotate de baryum . .
Sulfate de lithium ._. .
Acétate de sodium. . .
10 00 0
1
Acétate de magnésium.
Borate de sodium
Acétate de baryum
Chlorure de manganèse
Bromure de calcium. . . .
Chlorure de calcium . . .
10 000
1
6000
1
5000
1
4 200
1
It 000
1
2000
1
2000
1
16 00
1
10 00
1
1000
1
400
(') Cette sensibilité des plantules aux sels de cuivre est telle que leurs racines
restent courtes dans l'eau distillée du commerce, laquelle est faite, en général, dans un
alambic de cuivre. Le même phénomène se produit lorsqu'on les fait germer dans de
l'eau distillée à l'alambic de verre et qu'on les soutient à la surface du liquide à l'aide
d'épingles en laiton : c'est ce fait, insignifiant en apparence, qui a fait croire à
quelques auteurs que l'eau distillée était toxique par elle-même. Nous avons rédigé,
sur ce sujet, un Mémoire qui a été communiqué à V Association française pour l'avan-
cement des Sciences (Congrès de Paris, août 1900), mais qui n'est pas encore paru;
c'est ce qui e.vplique que MM. Dehérain et Demoussy n'en ont pas eu connaissance avant
leur intéressante Communication à l'Académie du 4 mars 1901, Communication dans
laquelle ils arrivent aux mêmes conclusions que moi. Remarquons toutefois que
la partie essentielle de ce Mémoire avait paru dans la Nature du 18 février 1900.
Notons aussi que le mercure, à l'état métallique, n'a pas une action analogue : les
( 6.47 ^
» Dans les proportions indiquées ci-dessus, je le répète, les substances
toxiques ne tuent pas les plantules, mais agissent d'une manière défavo-
rable sur la croissance de leurs racines.
» On voit que la plupart de ces doses sont extrêmement faibles. Elles
font penser que la présence d'éléments toxiques dans le sol, même en
quantité infinitésimale, peut agir sur la flore d'un pays. C'est un point qui
n'a pas encore été abordé et sur lequel j'attire l'attention : il intéresse
autant la pratique agricole que la physiologie végétale.
» En résumé, la conclusion qui se dégage de cette étude est que les
plantes supérieures, tout autant et même souvent plus que les cham-
pignons inférieurs, permettent d'apprécier la présence de substances
toxiques, l'argent, le mercure, le cuivre, le cadmium, par exemple, à une
dose où l'analyse chimique est impuissante à la manifester. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches anatomiques sur ïaoûtement des
sarments de vigne. Note de M. Kovessi, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Depuis que l'on s'occupe de la reconstitution des vignobles, on a re-
marqué souvent que les greffes faites sur la plupart des vignes américaines
ne réussissent pas toujours d'une façon égale. On distingue dans la pra-
tique les sarments bien aoûtés, qu'il faut toujours préférer, et les s;ir-
ments mal aoûtés, que l'on doit éviter d'employer.
» Aux différences externes, connues des praticiens, se joignent des
différences internes, que je me propose de préciser.
» Dans cette étude je me suis occupé :
» I. De l'épaisseur des parois cellulaires;
» n. De la quantité totale d'amidon et du poids sec des sarments.
» I. Pour l'étude de l'épaisseur des parois cellulaires, j'ai opéré sur des
Vitis riparia, V. rupestris, V. Berlandieri, V. vinifera, et sur un grand
nombre d'hybrides ou variétés de ces espèces. J'ai comparé entre eux :
germinations s'opèrent parfaitement bien dans un flacon contenant du mercure au fond
et, au-dessus, de l'eau distillée à l'alambic de verre. Ce fait a, au point de vue de la
physiologie végétale pratique, d'autant plus d'intérêt que l'on sait que les vapeurs
dégagées par le mercure dans l'air sont nuisibles aux végétaux.
( 648 )
1° des sarments ayant poussé dans des conditions identiques; 2° des sar-
ments ayant grandi dans des conditions différentes.
» 1° Les sarments qui ont poussé dans des conditions identiques ont
leurs cellules sensiblement de même taille; ce qui diffère, c'est l'épaisseur
des membranes.
» On comprend qu'aucune différence ne puisse exister dans la zone
génératrice libéro-ligneuse ; mais pour toutes les autres régions du bois ou
du liber il y a une différence très nette entre l'épaisseur moyenne de la
paroi dans des régions anatomiquement comparables. Cette différence est
toujours à l'avantage des rameaux bien aoûtés: elle va sans cesse croissant
à mesure que l'on considère des régions plus éloignées de l'assise géné-
ratrice.
^) La marche ascendante que l'on remarque dans celte différence quand
on s'éloigne de l'assise génératrice est beaucoup moins accentuée pour les
rayons médullaires, dont les cellules restent parenchymateuses, que pour
les cellules ou les vaisseaux du bois, dont les membranes sont toujours
fortement lignifiées.
» Les épaisseurs minima des cellules des régions anatomiquement com-
parables sont sensiblement les mêmes; les épaisseurs maxima sont nette-
ment plus grandes dans les rameaux bien aoûtés que dans les rameaux
mal aoûtés.
» Il en résulte que, pratiquement, un sarment est d'autant mieux aoûté
que l'épaisseur des parois cellulaires du bois environnant la moelle est plus
considérable.
» 2° Dans le cas oîi deux sarments se développent dans des milieux
différents (conditions de sol, d'humidité, etc.) les cellules comparables
sont elles-mêmes de tailles différentes, et alors ce qu'il faut étudier ce
n'est plus l'épaisseur absolue des parois, mais le rapport entre leur épais-
seur moyenne et le tliamètre moyen de la cellule, c'est-à-dire ce que l'on
peut appeler l'épaisseur relative des parois.
» J'ai trouvé que cette épaisseur relative, pour les cellules comparables
du bois, est d'autant plus grande qu'un rameau est mieux aoûté.
» Ou trouve des dirtérences de même ordre si l'on compare entre elles les parois
des fibres du liber. Mais j'insiste principalement sur le bois, parce que, quand on a
employé des sarments mal aoûtés pour les greffes, il arrive fréquemment qu'au bout
de quelques années les vignes dépérissent progressivement; et alors les assises exté-
rieures aux lièges successifs ne peuvent plus être étudiées, tandis que le bois subsiste
toujours. J'ai étudié maintes fois des vignes présentant cette cause de dépérissement.
( 649 )
Toujours, dans ce cas, le sarment qui avait fourni le sujet pour la greffe-bouture m"a
présenté de la façon la plus nette, dans les bois de première année existant au mo-
ment de la greffe, les caractères d'un sarment mal aoùté.
» II. Pour l'élude de la quantité d'amidon et du poids sec, mes expé-
riences ont porté sur une série de vingt sarments de Vitis rupestns Çvar. du
Lot). Je les ai classés d'après les caractères extérieurs en une série, de telle
façon que le premier était le mieux aoùté et le vingtième le moins bien.
Ces sarments ne sont pas exceptionnels; on en trouve employés dans la
pratique viticole tout aussi bien du dernier type que du premier.
» Je donne dans le Tableau suivant les résultats obtenus pour les sar-
ments portant les n°^ 1, 7, 14 et 20 de la série.
Rayon
Numéro en luillîmètrc^
du du de la
sarment, sarment, moelle.
Épaisseur
en millimôtres
do la
substance
sôclie
de
l'eau
1... 5,25
:.■ 4,'f
14... 3,4
20... 3,0
.o
,,3
1,5
'.7
existant dans looS' do sarments
do la
substanco
<ic
«le
sèctic
l'eau
l'aDiidon
existant dans loo'"'
do sarments verts.
58,36 4i,64
5'i,99 45,01
48,53 5 1,47
42,94 57, oG
19,45
18,18
11,16
verts.
10,25
10,69
8,82
4,76
67,70
60, I I
53,4',
45,53
48, 3o
5o,oi
56 ,68
60 , 5 1
12,13
11,88
9,71
5,08
)) Ce Tableau nous fait bien voir que :
» i*^ La proportion de la substance sèche contenue dans un même poids
ou dans un môme volume de sarment est d'autant plus grande que le sar-
ment est mieux aovité. La proportion d'eau varie d'une manière inverse.
» 2" Le poids d'amidon renfermé dans un même volume de sarment vert est
plus grand pour un sarment bien aoùté que pour un sarment mal aoùté.
» Il est important de rapporter la quantité d'amidon au volume du sarment,
car, dans la pratique, ce sont des dimensions linéaires et non des poids que l'on
donne pour les greffes-boutures : pour faire une greffe-bouture, on prend d'ordinaire
des sarments qui ont une longueur de iS"^" à 35=™ et un diamètre de 6™™ à 12"™.
» Les résultats donnés plus haut expliquent nettement pourquoi les greffes faites
sur des sarments mal aoùtés donnent de si mauvais résultats. En effet, si leur végé-
tation commence avec une quantité de matières de réserve deux ou trois fois moindre,
on conçoit qu'ils ne peuvent arriver à un aussi beau développement.
» 3° La quantité d'amidon et le poids sec augmentent dans le même
sens que les dimensions relatives des tissus lignifiés. Un sarment est donc
d'autant mieux aoùté que l'épaisseur totale du tissu lignifié est plus grande
et que le diamètre de la moelle est plus petit.
( 65o )
» La cellulose, l'amiflon et les matières minérales avant nne densité
STipérienre à celle de l'eau, le sarment qui contient le plus de substance
sèche possède une densité plus considérable ; le sarment bien aoûté a donc
une plus forte densité que le sarment mal aoûté.
« En résumé, les rameaux sont d'autant mieux aoûtés que leurs parois cel-
lulaires sont plus épaisses et que leurs cellules renferment plus d'amidon, c'est-
à-dire qui' leur différenciation est plus complète. Le r;ime;Hi mal aoûté a subi
les transformations anatomiques de l'aoûtement, mais à un faible degré;
il s'est arrêté à un stade peu avancé de développement et de différenciation
de ses tissus. »
PALÉONTOLOGIF. — Sur un insecte fossile trouvé dans le Trias en Lorraine.
Note de M. P. Fliche, présentée par M. Albert Gaudry.
« C'est assez tardivement qu'on a signalé des insectes dans le Trias;
le nombre des espèces fossiles de cette provenance décrites jusqu'à pré-
sent est restreint, surtout en Europe; de plus, il n'en a été rencontré
aucun en France. Cela me semble donner quelque intérêt à une empreinte
d'élytre que j'ai trouvée récemment sur un échantillon du Muschelkalk
supérieur des environs de Lunéville.
» L'échantillon dont il s'agit a été recueilli à Cliauftonlaine, aux environs de Luné-
ville, par Lebrun dans un ensemble de couches dont l'attribution, soit au Trias moyen
supérieur, soit à la base du Trias supérieur, a fait l'objet de beaucoup de discussions;
la question paraît définitivement tranchée en faveur de la première opinion. L'échan-
tillon appartient à l'Ecole des Mines; il fait partie d'un groupe de fossiles que
M. Zeiller m'a confié en vue d'un travail sur la flore du Trias lorrain que je poursuis
en ce moment.
» L'empreinte est très nette; elle exclut, lorsqu'on l'examine avec soin, toute attri-
bution à un organe végétal, taudis que la ressemblance est complète par la forme, la
consistance, le mode d'attache, avec une éljtre de Buprestide, et même avec ce qu'on
voit chez les insectes de cette famille réunis par Heer sous le nom de Glaphyro-
ptera, genre provisoire créé pour des espèces à élytres peu bombées, lisses et bril-
lantes; ce dernier caractère seul ne peut plus se constater, on le conçoit, sur le fossile
de Chaufifontaine, mais les deux autres sont si nets que l'attribution semble incontes-
table.
» C'est surtout dans le Lias, en Suisse, qu'Heer a trouvé des Glapliy-
roptera iV espèces assez nombreuses; il en a signalé aussi un dans leKeuper
( 65i )
du même pays, à un horizon géologique très voisin, on le voit, de celui de
Chauffontaine; il lui a donné le nom de G. Plerophylli. L'insecte lorrain
appartient certainement à une autre espèce; il diffère par sa taille beau-
coup moindre et par quelques détails de forme. Il diffère aussi de tous les
Glaphyroptera du Lias décrits par Heer; il offre néanmoins des carac-
tères qui le rapprochent de deux d'entre eux, mais dont la combinaison
l'éloigné des deux. C'est donc une espèce nouvelle à laquelle je donnerai,
dans le Travail complet que je publierai sur elle, le nom de G. lotharin-
giaca, rappelant le pays où elle a été trouvée.
» Comme le fait observer Heer, les insectes actuels, avec lesquels les
Glaphyroptera ont le plus d'analogie, sont sylvicoles et lignivores; on peut
en tirer la conclusion qu'eux-mêmes avaient un genre de vie identique;
qu'ils vivaientdans la tige des Gymnospermes arborescentes, des conifères
tout particulièrement, dont on trouve les restes dans le Trias, en Lorraine,
comme ailleurs. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les périodes de l'aurore australe. Note de
M. Hexryk Arctowski.
« Dans une Note sur les aurores australes observées pendant l'hivernage
de l'Expédition antarctique belge ('), et dans quelques autres Notes ("),
j'ai fait connaître plusieurs faits nouveaux sur les aurores polaires des ré-
gions antarctiques.
» Deux de ces faits me paraissent être remarquables : c'est d'abord
l'analogie qu'il y a entre les aurores australes notées à bord de la Belgica et
les aurores boréales observées en 1878- 1879 par A.-E. Nordenskiold;
puis la simultanéité du phénomène auroral dans les deux hémisphères
signalée, à propos de mes observations, par A. Harvey, de Toronto (^).
» Je désire actuellement insister davantage sur les résultats des obser-
vations faites au cours du voyage de la Belgica, en communiquant à l'Aca-
(') Comptes rendus, Séance du 7 mai 1900.
(-) Sur une analogie remarquable entre l'aurore australe et l'aurore boréale
{Ciel et Terre, n° du 16 mai 1900). — Une aurore australe mouvementée {Ciel et
Terre, n° du i'"' janvier 1901). — Sur les aurores australes et boréales {Ciel et
Terre, n° du i" février 1901).
(') Geographical Journal, t. XVI, p. 691.
( 652 )
demie les chirires relatifs aux variations qu'ont subies les phénomènes de
l'aurore polaire (dans notre station d'observation) pendant les mois de
mars à septembre de l'année 1898.
» La période diurne de l'aurore australe, telle qu'elle résulte de l'en-
semble des soixante aurores notées et décrites, nous est fournie par les
nombres d'observations correspondant à chaque heure. Les sommes obte-
nues sont :
5^
6''.
^\
8".
9"-
I0>'.
ii\
Minuit.
l\
2^
3\
4".
5\
6''m
3
3
i4
23
Si
29
26
25
24
23
10
4
2
I
» Le maximum de la période diurne est à 9'' du soir, et si l'on trace la
courbe, en prenant les heures pour abscisses et les sommes pour ordon-
nées, on constate une analogie parfaite avec les résultats de certaines
stations du nord, avec les observations de Jan Mayen (i 882-1 883), par
exemple (').
» Pourtant, la courbe devient quelque peu différente si, au lieu de
faire intervenir toutes les observations, on élimine celles qui (à cause de
conditions météorologiques défavorables) n'ont pu être suivies depuis
leur moment d'apparition jusqu'à l'extinction complète de la lueur
aurorale. Les 17 aurores qui ont été observées dans leur développement
complet, depuis le commencement jusqu'à la fin, nous fournissent les
chiffres suivants :
5*'. 6^. 7''. S»". 9''. 10''. II''. Minuit. i"". 2''. S"-. 4''. S"-, m.
2 2 6 12 14 l3 17 l5 l4 II 6 2 I
)) On obtient ainsi un maximum à 1 1'' du soir, au milieu d'un dévelop-
pement plus accentué du phénomène aurorai qui dure depuis 8'' du soir
jusqu'à 2*^ du malin.
» La courbe de la période annuelle des aurores peut être tracée à l'aide
des chiffres suivants :
Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Sept.
Décades a'- 3«. i". i'. 3'. i". 2". S', i". a*. 3». i". 2«. 3«. i". 2». 3«. i".
Nombre d'aurores 67 34 5 i23 i33 354 i42 5
18 12 6 7 12 7 1 5
» Ces chiffres nous indiquent trois maxima et deux minima : mars i8
(') Adolf Bobrik von Boldra, Folarlicht und Spel<lraL-Deobachtungen, PI. I.
( 653 )
(i2 pour 2 décades), sepLembre i5 (5 pour i décade), juillet 12, et les
minima de 7 aurores en août et de 6 aurores en mai.
)) La courbe, qu'il est facile de tracer, offre de nouveau une analogie
frappante avec la courbe de Jan Mayen et les résultats d'autres stations
boréales.
» Remarquons, du reste, que les chiffres indiqués sont indépendants
des conditions atmosphériques, car les rapports entre les nombres d'au-
rores observées et les nombres de nuits (pour chaque mois) où la nébulo-
sité a été nulle ou faible, sont :
12
12
6
7
12
7
5
9
T4'
i I
17
23'
.6'
8
» Il est donc visible que les variations signalées sont propres à l'aurore
australe. »
HYDROGRAPHIE. — Note relative à un Atlas lithologique et bathymétrique
des côtes de France (' ), par M. J. Thoulet.
« L'Atlas lilhologique et bathymétrique des côtes de France, dont j'ai
l'honneur de présenter à l'Académie les sept premières feuilles, se compo-
sera de vingt-deux feuilles.
» L'étude de fonds recueillis dans l'Iroise en 1897 et i8g8 et leur
comparaison avec les fonds des mêmes parages, décrits trente-cinq années
auparavant par le commandant de Roujoux, m'ont permis d'affirmer la per-
manence de la constitution d'un fond à la même place. Elle résulte de la
constance, au même endroit, de la somme des faits maritimes : relief du
sol immergé, courants, marées, disposition géographique des rivages,
nature géologique des terres voisines et autres. Cette permanence ne com-
porte que de très rares exceptions, sur les plages basses, par exemple, ou
dans des mers si peu profondes que, dans certaines de leurs parties, elles
ne sont en réalité que des plages
» En dressant ces cartes, je me suis proposé de permettre atout obser-
vateur, en quelque localité que ce fût, n'eût-il exécuté qu'un seul sondage
et qu'une seule analyse de l'échantillon recueilli, de noter ce point sur la
feuille correspondante de l'Atlas, de donner au fond un nom indiquant
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 628; 16 octobre 1899.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 10.)
( 654 )
sa composition, enfin de le figurer graphiquement par une couleur ou
un signe spécial (').
» J'ai donc établi une classification des fonds, basée sur les proportions
relatives des grains minéraux des diverses grosseurs et sur la proportion
du calcaire. Ces valeurs sont obtenues par des tamisages et des pesées,
dont j'ai exposé ailleurs les procédés et décrit les appareils. L'ensemble
constitue l'analyse mécanique.
» Cette analyse mécanique doit être suivie d'une analyse minéralo-
gique, d'analyses chimiques et d'une analyse biologique, ensemble d'études
ayant pour conclusion l'histoire détaillée du fond, la découverte des cir-
constances qui l'ont fait et le maintiennent tel qu'il est actuellement.
» Je me suis livré à environ deux cents de ces analyses. Mon Travail
n'est d'ailleurs qu'une esquisse, destinée à être améliorée par des efforts
auxquels je me suis borné à assurer une unité de direction. ... »
M. B. DcpuY adresse une réclamation de priorité, concernant la décou-
verte de l'alcaloïde et du glucoside de l'érysimum,
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Géométrie, par l'organe de son doyen, présente la liste
suivante de candidats à la place laissée vacante par le décès de M. Ch.
Hermite :
En première ligne M. Georges Humbert.
En deuxième ligne M. Edouard Goursat.
,,,,,. ( MM. Emile Borel.
En troisième lime, par ordre alphabétique ... , „
o 'r ri ^ Jacques Uadamard.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures.
M. B.
(') Analyse mécanique des sols sous-marins {Annales des Mines, avril 1900).
( 655 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du ii février 1901.
( Suite.)
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre
de l'Institut, t. XTII, n° 145, livraison du i5 janvier 1901. Paris, Paul
Dupont; i fasc. in-8°.
Annales de l' Institut Pasteur, fondées sous le patronage de M. Pasteur
et publiées par M. E. Duclaux, Membre de l'Institut; 4* année, t. XV,
n° 1, 25 janvier 1901. Paris, Masson etC'"; i fasc. in-8°.
Bulletin de la Société entomologique de France, 1901, n° 1. Paris; i fasc.
in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale, publié
sous la direction du Secrétaire de la Société, M. E. Collignon; 100* année,
t. CI, i" semestre, n° 1, 3i janvier 1901. Paris; i fasc. in-4°.
Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen; 4* série,
35*année, 1" et 2« semestres 1899; Rouen, impr. Julien Lecerf, 1900; i vol.
in-8°.
Comptes rendus mensuels des réunions de la Société de l'Industrie minérale,
janvier 1901. Saint-Etienne; i fasc. in-8°.
Carlo Hermite, Commemorazione letta dal socio Enrico d'OviDio. (Estr.
dagli Atti délia R. Accademia délie Scienze di Torino, vol. XXXVI, Adunanza
del 27 gennaio 190 1.) Turin, C. Clausen; i fasc. in-S". (Hommage de
l'Auteur.)
Inaugurazione del monumento a Francesco Brioschi, nel R. Istiluto tecnico
superiore di Milano, i3 dicembre 1900. Milan, typ. Umberto Allegretti,
1901 ; I fasc. in-8''.
La courbe des apsides et les solutions singulières de l'équation différentielle
de l'orbite géocentrique de la Lune, par le prof. A.-W. Krasnow (en langue
russe). Varsovie, 1900; i fasc. in-8"'. (Hommage de l'Auteur. )
Stabilità del suolo alV Osservatorio Etneo, A. Ricco e L. Franco. Catane,
1900; I fasc. in-4°.
Principali fenomeni eruttivi avvenutiin Sicilia e nelle isole adiacenti nell'anno
1899, S. Arcidiacono. Modène, igoo; 1 fasc. in-S".
( 656 )
Osservazioni della eclisse totale di Sole del 28 maggio 1900; relazione cli
P. Tacchini eà A. Ricco. Catane, 1900; i fasc. in-4°.
Osseiyazioni deW eclisse parziale di Sole del q.% maggio 1900, fatlealVOsser-
vatorio astrofisico di Catania; relazione di A. Mascari. (Estr. dalle Memorie
délia Socielà degli Spettroscopisli Italiani, vol. XXIX, 1901.) i fasc. in-4°-
Verslag van den Staat der Slerremvacht te Leiden en van der aldaar vol-
hrachte waarnemingen, inhel tijdvakimn i5 september 1896 tôt igseplember
1898, utgebracht door H. -G. Va.n de Sande Bakhuyzen. Leyde, 1898;
r fasc. in-8°.
Report ofthe Chief of the Wealher Bureau, 1898-99. Washington, 1900;
2 vol. in-4°.
Tables ofdaily précipitation at spécial river and rainfall stations of the
United States Weather Bureau, for the years 1893, 1894, 1893; prepared
under direction of WrLLis L. Moore, Chief U. S. Wealher Bureau.
Washington, iqoo; i vol. \n-%°. {A suivre.)
ERRATA.
(Séance dn 25 février 1901.)
Note de M. Ed. Maillet, Sur une certaine catégorie de fondions, etc.
Page 460, ligne 2^, au lieu de
^4,1 YV / _^|„ TV
lisez
*= -^i}/(i)4-...+ -r^'{'('0 + '
r 10.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 11 mars 1901.
31EM0IRES ET COMMUI\IGATIO.\S
DES iMEMBIlKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
\l. IlATT. — Utilisation des points de Collins
pour la détermination d'un quadrilalcM'e. Î97
.M. Bertiielot. — Sur la syntlièsc de l'acé-
tylpropylène et des carbuies terpilciiiques. ôgg
\l. J. Janssen. - Remarques sur ma der-
nière Communication relative aux lignes
télégrapliiqucs ou téléphoniques élablirs
sur la neige au mont Blanc 'Jo6
Pages.
M. P. DuHEH. — Sur les ondes du second
ordre par rapport aux vitesses, que peut
présenter un fluide visqueux 607
MM. H. LiipiNE et Boulud. — Maltosurie
chez certains diabétiques 610
-M. Edmond Peurier présente à l'Académie
le sixième Volume des « Expéditions scien-
tifiques du Travailleur el (.lu Talisman ». 6i3
NOMINATIOIVS.
iM. .\. Normand est élu Correspondant pour
la Section de Géographie et Navigation,
en remplacement de M. .1. de Tillo.
()i3
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpetl kl signale divers
Volumes de M. E. Oaulrelet, de M. A.
Giiépin, et le Tome V des « Travaux du
laboratoire de Géologie de la Faculté des
Sciences de Grenoble, 1899-1900 >' Iii4
,M. Gaston Dauboux. — Notice sur la vie et
les travaux de M. Th. Moutard •!i4
M. L. MoNTANGERAND. ~ Sur la variabilité
de la planète Éros, d'après des clichés
obtenus à l'observatoire de Toulouse . .. 616
M. Baillaud. - Note relative à la Commu-
nication de M. Montangerand Hig
M. H. Deslandres. — Détails complémen-
taires sur la nouvelle étoile de Persèe.. . . fiig
.M, J. GuiLLAU.ME. — Observations du Soleil,
faites à l'observatoire de Lyon pendant le
quatrième trimestre de 1900 'J21
M. Edmond Maillet. — Sur une certaine
catégorie de fonctions transcendantes.... 1)22
M. LÉON .Vutonne. — Sur les groupes qua-
ternaires réguliers d'ordre fini '^24
.\L Tii. T0M.MASINA. — Sur un électro-radio-
phone à sons très intenses et sur la cause
qui les produit '127
M. E. PÉCHARD. — Sur la réduction de
l'acide niolyldosulfurique par l'alcool... 628
\L l'abbé J. llAMONET. — Un nouveau glycol
biprimaire, le butanediol 2.4 ou glycol
tétraméthylénique et sa diacétine fiji
.M. Alexandre Hébert. — .\cliou de la
poudre de zinc sur les acides gras saturés. 633
MM. A. Lumière, L. Lumière et F. Perrin.
— .action de l'oxyile de mercure sur
quelques corps organiques 635
M. P. Gexvresse. — Sur une nouvelle pré-
paration du terpinéol 637
M. Aua. Charpentier. - Nouveaux carac-
tères de l'excitation électrique brève
transmise par le nerf 639
MM. Vasciiide et Cl. Vurpas. — Contribu-
tion à l'étude psycho-physiologique des
actes vitaux en l'absence totale du cerveau
chez un enfant O^ji
M. E.-L. Bouvier. — Observations nou-
velles sur les Bathynomus, Isopodes
gigantesques des grands fonds 643
M. Henri Coupin. - Sur la sensibilité des
végétaux supérieurs à des doses très
faibles de substances toxiques 645
M. KôVESSi. - Recherches anatomiques sur
l'aoùtemwtt des sarments de vigne 647
M. P. Fliciie. — Sur un insecte fossile
trouvé dans le Trias de Lorraine 65o
M. Henryk .Vrotowski. — Sur les périodes
de l'aurore australe 65i
M. J. TiiouLET. — Note relative à un Atlas
lithologique et bathymétrique des côtes
de France 653
M. B. DuPUY adresse une réclamation de
priorité, concernant la découverte de
l'alcaloïde et du glucosidede l'érysimum. 654
r 10.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES,
COMITE SECRET.
Pages.
Liste de candidals présentés par la Scclion
de Géométrie pour la place laissée vacaule
par le décès de M. Ch. Hermite :
Bulletin bibliographique 655
Pages.
1° M. Georges Humhert; i" M. Edouard
Goursat; 3° MM. Emile Borel, Jacques
Hadamard t)54
PAKIS.
- IMPIUMKIUE (î AUTHIKK-VILI, ARS,
Quai des Grands-Au^ustins, 56
/.# Cérant .' *»*llrMUlR-VlLLAH8.
ÀPR 30 1901
^^^^ 1901
PRE3IIER SE3IESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR un. EiES SBCRÉTAIKES PBHPBTUBIi!*.
TOUIE CXXXII.
N° H {iS Mars 1901).
^FAKIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Qnai des Grands-Augustius, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU!
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2^4 mai 1875,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étran ers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àQ la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandas par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P^iges parnuméro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont quai
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance]
blique ne font pas partie des Comptes rendus
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persom
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent èlre l'objet d'une analyse ou d'iinr
suiné qui no dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires so
tenus de les réduire au nombre de pages requis.I
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foi
pour les articles ordinaires de la correspondance ofl
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeutli à 10 heures du matin ; faute d'être remis à lempi
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Comptèrent
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sa
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, n
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraien
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter!
pour l'étendue réglementaire. |
Le tirage à part des articles est aux h'aisdesau
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus a^rèil
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Rcelemont.
Les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de I«i
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
APR 30 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 MARS 1901.
PRÉSIDENCE Dt: M. FOUQUÉ.
1»IEM0II1ES ET COMMUNICATIONS
DES iVllîMBKES ET DES GOFtRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
NAVIGATION. — Sur l'emploi des circumméridiennes à la mer ;
par M. E. Guyou.
« Les ailleurs qui se sont occupés du problème des circumméridiennes
à la mer, notamment Chauvenet et Hilleret, indiquent la méthode suivante
pour déduire de deux hauteurs circumméridiennes la latitude du navire :
» La correction à appliquer à une hauteur circumméridienne observée,
pour que l'on puisse la traiter comme méridienne, est de la forme «.p-, où
a. représente un coefficient qui peut être considéré comme constant pen-
dant la durée des observations et p l'angle au pôle.
« On conclut de là que, si l'on peut négliger le changement en latitude
dans l'intervalle de deux observations, la différence des hauteurs observées
C. K., 1901, 1" ^Semestre. (T. CXXXII, iN" 11.) 85
( 658 )
satisfait à la formule
» Or le coefficient a est connu de l'observateur, l'intervalle /jj — p, est
donné par le chronomètre; on peut donc calculer/), -+-/?, et, par suite, />2
elp,, et enfin la correction y.p^ correspondant à l'une des deux hauteurs.
» Cette méthode présente divers inconvénients : elle néglige la variation
de la latitude qui, avec les vitesses actuelles, peut être très sensible; en
outre, elle ne permet pas d'utiliser toutes les observations lorsque, comme
il arrive souvent, il a été possible d'en prendre plusieurs. La méthode sui-
vante sera préférable à tous les points de vue :
» On démontre que, dans les limites mêmes où le coefficient a peut
être considéré comme constant, les latitudes calculées par la formule ap'
avec une erreur constante sur le temps local varient proportionnellement
au temps. Par suite, si l'on marque sur un graphique les points ayant pour
abcisses les valeurs approchées p,, p^, ...,/>„ des angles au pôle, et pour
ordonnées les valeurs calculées de la latitude, ces points seront situés sur
une ligne droite, et l'ordonnée de cette droite correspondant à l'origine
des abscisses sera la latitude à l'instant où /? = o. Cette latitude n'est
pas rigoureusement celle à midi vrai, à cause de l'erreur constante sur
l'angle au pôle ; mais comme cette dernière erreur n'atteint jamais deux
minutes d'heure, on peut négliger la différence entre le résultat cherché
et celui qui a été obtenu. »
MÉCANIQUE. — De la propagation des discontinuités dans unjluiae visqueux.
Note de M. P. Duuem.
« I. Soit S une surface au passage de laquelle les composantes de la
vitesse, la densité, la pression, la température, éprouvent des disconti-
nuités; elles ont les valeurs u^, v,, (v,, p,. H,, T, du côté i; «2, v^, (Vj, pj,
IIj, T2 du côté 2; n est la normale à la surface S, menée de i vers 2. Dans
le temps dt, la surface S se déplace, dans la direction n, de N dt. Les deux
quantités
C, = N — «, cos(7i, x) — v^ co?,{n, y) — «^, cos(n, z).
Cj = N — «2 cos(n, x) — V2 cos(n, y') — w^ cos(n, z),
sont forcément de même signe. On peut supposer les côtés i et 2 choisis
de telle sorte qu'elles soient positives.
(3)
659 •
» Une couche fluide a, comprise à l'instant t enlre la surface S et une
surface S, située du côté 2 de S, à une distance t^dt, forme, à l'instant
(^ -)- f//), une couche a' située entre S' et une surface S,, située du côté i
de S', à une distance <L", dl. La conservation de la masse donne, en tout
point de la surface S, la relation, déjà écrite par Riemann,
(i) p, <-^ = ?.«-%•
» II. Supposons qu'en tous les points d'une masse fluide les vitesses
varient d'une manière continue entre les instants « et (^ -f- dt)\ dans un
élément dm, les composantes de la vitesse passent de u, c, (ip- à m', v' w'.
Donnons à chaque [)()int matériel un déplacement virtuel tx, Sj, ^z, et,
durant ce dé|)Iaceuient, laissons invariable la température de chaque élé-
ment; dans ce déplacement virtuel, les actions extérieures appliquées au
fluide effectuent un travail Ss^, les actions de viscosité un travail 89, le po-
tentiel interne éprouve une variation S;f. Il résulte du principe de l'énergé-
tique que l'on a
(2) û?;(8tr, 4- 86 - 8i) =f\(u' - u) ^x -f (i>' -^ i>) 8j 4- (w' - w) lz\ dm.
» Nous admettrons que cette égalité demeure vraie même si u, v, w
varient de quantités finies, dans le temps dt, en certains éléments, pourvu
que la somme de ces éléments soit de l'ordre de dt.
» III. Dans un élément où u, c, w n'éprouvent pas de variations
brusques, le travail virtuel des actions de viscosité est de la forme
dox ôly d>^z
dx ^ dy az
/doy dôz\ /àoz doj;\ / d ox d dv^
» si l'on ailmet l'éi^alilé précédente et si l'on applique les théorèmes
connus d'Hydrodynamique aux parties du fluide qui, à l'instant t, se
trouvent en dehors de a, on trouve sans peine l'égalité suivante :
\ dt 8f)„ + j )[?,C,(u., - u, ) + (n, — Dj -;- v^, - v^j) cos(n, x)
( -1- ("ïi — T.2)C0S(«, V ) + (t^, — Tj„)cOs(«, Z)] })X -h . ..[dS = 0.
+ . . . désigne deux termes en Sj, 8:, semblables au terme en Ix; 86^ est le
travail virtuel des actions de viscosité au sein de la couche a. C'est
cette quantité qu'il importe d'évaluer.
( 66o )
» IV. En un élément où «, i', \v n'éprouvent pas de Aariation brusque
à l'instant t, on admet que l'on a
(4)
(5) >.(p, T) + 2p.(p, T)>o, a(p,T)>o.
» Les égalités (4) sont vérifiées en tout élément que ne traverse pas la
surface S, à l'instant t; que faut-il supposer pour ceux qu'elle traverse?
Nous allons remplacer la surface S par une couche d'épaisseur infiniment
petite e, au sein de laquelle tx, <5y, tz et leurs dérivées partielles varieront
infiniment peu, tauilis que u, v, w, p, T subiront, en la traversant, des va-
riations finies. Nous admettrons que les égalités (4) demeurent applicables
même au sein de cette couche. Nous pourrons écrire
(6) («,-«,)L,=^■\(p,T)^r//^, {u,-.u,)m,=f\{^,T)fjn.
» Pourvu seulement que u varie toujours dans le même sens de « = o
à 72 = £, les inégalités (5) donneront
(7) L,+ 2M,>o, M^>o.
» Le travail virtuel des actions de viscosité au sein de la couche
d'épaisseur e sera
01:
dz
dS
avec
( N;c= — (L^-t- 2M^)(«, — f/2)cos(/z,a7)
(g) ) — L^((', — i^2)cos(n. r) — L^((v, — (V2)cos(/i,5),
( T^= - ]\1,.((', — v^)coi(n, z.) - U,Xw, - w.) cos(/î, y).
» Sur la surface S, faisons choix d'un système de coordonnées curvi-
(,o)
( 66i )
lignes orthogonales a, ,8, telles que ds- = A- dx- -+- B^ d<^^. Posons
K.:i:a= ^ [N^, cos( OC, oî) + TjCOs(a, v) 4- T^cos(a, =)],
Kxp = ^ [ ^x cos ( [i . a;) + T^ cos ( [i , y) -+- T, cos ( P , = )] ,
Kx« = N^cos(n,a;) -^ TjCns(«, k) -h T^cos(«, s)]
= — \{hj.+ otM.^)co%,-{n,x) + Mj[co-,-(/2, j) + cos-'(«, z)\\ (ii, — u^)
— [Ly.cos(n, z) -+-MyCos(n, y)\cos(n,x)(^'^ — v.,)
— [\.^cos(n, y) -h M^ros(«, z)]cci<(n,a;)((v, — w.,)
cl l'expression (8) deviendiM
On voit sans peine que, en négligeant les infiniment petits, r59„ peut, dans
l'égalité (3), être remplacé par cette expression (i i). Mais, en tout point
de la surfîice S, on peut prendre
Sa; = o, partant
(5V :=; O, ))
hs = 0, 1)
tout en laissant-,— , -, -, —-arbitraires. Légalité (3) exiee alors que
on en un o \ / a ~1
l'on ait, en tout point de la surface S,
(12) K^„=o, Rj„=o, K,„ = o.
Prenons un point quelconque sur la surface S; on peut toujours prendre
pour axe des x la direction de la normale «en ce point; alors, en ce
|)oinl,
Les égalités (12), Jointes aux inégalilés (7), donnent alors
(i3) w, — ;/o — o, tJ, — ('2 = 0, (v, — (V2=o.
Ou a alors e, = j^ =: N, et l'égalité (i) donne p, — p^ = o.
dix
-1— = 0,
dy.
dix
-— — 0,
0^
dly
doz
( 662 )
)i Comme le point choisi est quelconque sur la surface S, ces égalités
sont vérifiées en tout point de la surface. Si donc on admet notre hypothèse
touchant la viscosité, une surface de discontinuité ne peut se propager dans un
fluide visqueux.
» Si l'on ailmet, au contraire, que v^., v^, v-, t^., t^, t^ demeurent finis
dans la couche d'épaisseur e, 89^ est infiniment petit et l'égalité (3) conduit
à une généralisation facile de la théorie de Riemann et de Hugoniot. »
ÎVOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre de la Section de Géométrie, en remplacement de M. Ch. Uermite,
décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58,
M. Humbert olilit-nt 54 suffrages
M. Goursat » 2 »
M. Borel » i »
il y a un bulletin blanc.
M. HuMBiiiT, avant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique. ,
aiÉMOlRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Sur la lot de l' attraction universelle.
Mémoire de M. II. Duport, présenté par M. Appell. (Extrait par l'Auteur.)
(Commissaires : MM. Appell, Painlevé.)
« Je me propose, dans ce Mémoire, d'étudier les actions mutuelles
d'atomes solides considérés comme des êtres de raison.
» A première vue, ces actions mutuelles semblent assez indépendantes
les unes des autres; on verra qu'il n'en est rien, au contraire. Déjà, dans
une Note récente, j'ai montré que le principe des forces vives, qu'il est si
naturel d'admettre, conduit à deux équations, dont l'une est une équation
( 663 )
fonctionnelle el qui resserre dans des limites déjà étroites les actions
mutuelles de deux atomes.
» Dans le Mémoire actuel, j'ai d'abord montré que l'on était conduit
à appliquer à un système d'atomes le principe de la moindre action ou le
principe d'HnmlIton. J'ai ainsi obtenu la généralisation des formules
célèbres de Mayer.
» Je fais ensuite voir qu'en combinant les équations ainsi obtenues avec
le principe de l'indépendance des actions mutuelles de deux atomes, on
est conduit à de nouvelles équations dont certaines sont encore fonction-
nelles. On doit considérer que ces équations renferment, en germe, la loi
de l'attraction universelle.
» J'ai aussi clé conduit à poser deux principes nouveaux : celui de l'ho-
mogénéité et celui de la continuité. Si ces principes doivent être plus tard
abandonnés, on peut néanmoins légitimement espérer qu'ils correspon-
dront à des cas particuliers importants. »
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale deux projets qui doivent être pré-
sentés à la prochaine Assemblée générale de l'Association internationale
des Académies, l'uu transmis par l'Académie impériale des Sciences de
Vienne, sous le titre : « Plan, betrefTend die Herausgabe einer Real
Encyclopàdie des Islam » ; l'autre transmis par la Société Royale des
Sciences de Saxe à Leipzig, sous le titre: « Antrag auf Beslellung einer
Fach-Commission fur menschliche und ihierische Entwickelungsgeschichte
und fur Anatomie des Gehirnes ». A cette occasion, il rappelle que la
première assemblée générale de cette Association aura lieu à Paris, le
mardi i6 avril 1901 .
M. Normand, élu Correspondant, adresse ses remercîments à l'Aca-
démie.
M. DE IsTVAXFFi adressc ses remerciments à l'Académie pour la distinc-
tion accordée à ses travaux.
M. Bouquet de la Grye appelle l'altention de l'Académie sur un Volume
relatif à l'hydrographie du haut Yang-tse, par le P. Chevalier, et s'exprime
comme il suit :
« IjC Volume offert à l'Académie par le P. ChevaHer, comme complé-
ment et justification du tracé de ses Cartes du haut Yang-Tse, contient,
en outre du récit très intéressant de son exploration, des détails sur les
observations astronomiques faites en cinquante points du grand fleuve
dont une partie était inexplorée.
» Le P. Chevalier avait dans son bateau six chronomètres, dont il a
calculé les marches au moyen des formules usuelles en tenant compte des
variations dues à la température et à l'accélération.
» Dans la plupart des stations, l'heure a été déterminée au moyen d'une
lunette méridienne par des passages d'étoiles ou des hauteurs simulta-
nées; dans quelques points, il s'est servi d'un théodolite.
» En deux endroits, il a observé une cidniination et une occultation,
qui ont donné des résultats concordant avec les transports des garde-temps.
» L'exploration a duré du 3 octobre 1897 au 1 4 avril 1898 et, comme
le départ et le retour se sont effectués à Zi-Ka-Wei, les marches des chro-
nomètres ont pu être réglées dans des conditions d'autant plus favorables
qu'en plusieurs points, lors de la descente du grand fleuve, on s'est arrêté
aux stations où avaient été faites des observations à la montée.
» Dans deux voyages précédents, à Ou-hou et Ankeoii, des longitudes
avaient élé déterminées par des transports de quatre chronomètres, lilles
ont donné les mêmes chiffres que dans l'exploration du P. Chevalier. Les
latitudes observées à l'aide de la lunette méridienne ou du théodolite ont
donné des résultats aussi exacts que ceux que l'on pouvait obtenir dans
des stations temporaires.
M Le Volume se termine par la liste des positions géographiques de
treize villes, qui pourront être utilisées dans le Catalogue de la Connaissance
des Temps.
» Dans un Appendice, le P. Chev;ilier donne la détermination de
la hauteur du fleuve en trois poinls, ce qui donne les pentes sticcessives
de 250""°, 190'"™ et 26™'" en allant de Suei-fou à Tchong-Ring, à I-Tchang
et à la mer.
» Dans un court Appendice, il donne des notions sur la Géologie des
terrains qui bordent le fleuve, au moyen d'échantdions déterminés par
M. de Lapparent.
( 665 )
» En résumé, l'exploration du P. Chevalier a été conduite avec toute la
rigueur scientifique' compatible avec les moyens dont il disposait; le
résultat lui fait çrand honneur. «
ASTRONOMIE. — Véritable l'alcur de la période de variation lumineuse d'Éros.
Note de MM. Ch. André et 31. Luizet, présentée par M. Lœwy.
« Les astronomes qui ont étudié les variations périodiques d'éclat
d'Eros sont d'opinions différentes : les uns les représentent par une
oscillation simple, toujours identique à elle-même et se reproduisant
indéfiniment à intervalles d'environ 2'',5; pour les autres, la courbe
qui les représente est formée de deux branches différentes, dont l'ensemble
se reproduit à des intervalles d'environ 5'', 3, sensiblement doubles des
précédents.
» I/adoption de l'une au lieu de l'autre de ces conceptions ayant, au
point de vue cosmogonique, une certaine importance, il y a intérêt à
trancher la question : c'est ce à quoi va nous conduire la discussion des
observations déjà connues. Nous possédons celles de MM. Montange-
rand (M) et Rossard (R) à Toulouse, de M. Deichmûller à Bonn (B) et
les séries de Lyon (L) auxquelles ont pris part MM. Guillaume, Le Cadet
et Luizet.
M 1° Partant de l'origine et de la durée (P = S"" 16™, i5 = o^aigSS)
données par M. Luizet, formons une épliéméride des points tropiques (C)
et comparons-les aux heures observées (O), nous aurons le Tableau sui-
vant (colonne 0 — C, l'unité est oJ.ooi = i™,44) ■
Minimum I
0 — c.
.Minimum
II.
"ô -c.
■
Maximum
I.
.Maximum
II.
K.
K.
0 - c.
0 - C.
R.
■■ -27
^4
B.
.. —23
— 1
B.
•• -27
- 6
B.
-23
- 3
R.
.. -18
-4
B.
.. -18
-'7
R.
. . -23
-+- 7
R.
-■e
— 13
!..
0
0
L.
0
0
B.
.. -18
-i3
L.
4
-1- I
L.
5
-3
L.
4
0
L.
0
0
B.
■4
— 6
B.
5
-4
B.
4
- 3
L.
5
+ I
L.
9
1
L.
9
-+-3
L.
9
— i
L.
9
— 2
B.
9
'.1
B.
9
1
— 1
B.
9
~ 8
B.
9
■- 7
L.
i3
- .")
L.
,4
— !
L.
i3
— 2
L.
14
- 4
M.
i3
0
L.
23
0
L.
23
0
L.
23
+ 4
M.
22
— 1 j
L.
3i
— 1
L.
27
-+- 2
L.
27
+ 4
L.
27
4- 2
L.
.. 73
0
L.
32
- 4
L.
3a
+ 4
M.
3i
— 17
L.
.. 73
0
L.
.. 73
+ 8
L.
72
+ 6
L.
77
+ 4
C.
R., 1901
. 1"
Semestre, i
(T. CXXXII,
N» 11.
)
86
( 666 )
» I.esécartsO — C entre l'observalion etlecalcul, engénéral faibles, sont
indépendants de l'intervalle qui sépare l'époque (E) de l'observation de
l'époque origine et ne paraissent dépendre que du plus ou moins de préci-
sion de l'observation elle-même: on peut donc considérer l'accord comme
satisfaisant.
» 2° A l'aide de l'origine et de la durée/? =^ 2*" 23™, i = o^, 09988, données
par M. Baillaud, nous avons formé une éphéméride analogue et fait la
même comparaison.
Minimum
E.
I.
0-C.
-
Minimvim II.
- —
M
laximum
E.
I.
0 — C.
Maximum II.
E.
0-C.
E.
0-C.
R. .
0
-h 8
R. ,
10
■^ 7
R. .
0
-T- 8
R..
10
+ 12
R. .
20
— Il
R..
21
- 4
R. .
9
4- 5
R. .
19
-i4
L..
60
-3o
L..
61
— 9
R..
20
— u
B..
70
-25
B. .
71
-3o
B.
70
-29
L. .
60
— 20
L. .
70
— 18
L..
7'
—29
L..
70
-26
L. .
7'
— 15
B..
81
— 23
B..
80
-46
B.
81
-29
B..
80
-39
L..
8i
— 15
L..
80
-39
L. .
81
-23
L. .
80
-34
M..
90
-3i
L..
91
-39
L..
90
-4o
L..
91
-3i
L..
90
—36
L..
1 1 1
-48
L..
I 12
-38
L..
1 1 1
-35
M..
i '09
< ou
( 1 10
+42
-57
L..
i3o
ou
( .3i
+38
-6.
L..
121
-42
L..
(
1
"9
ou
120
+48
5i
L..
121
-36
221
- 3
(,3,
L
L.
32
222
23 I
-h56
-43
+ 18
-t- 6
L.
L.
i3o
ou
i3i
221
-t-52
M.
-47
-i5 L
129
ou
i3o
220
-29
-7'
-10
» Il n'v a plus cette fois aucun accord entre l'observation et le calcul,
et les écarts suivent une marche nettement systématique : sensiblement
nuls à l'origine, ils augmentent progressivement jusqu'aux environs de la
centième période (et alors les minima calculés correspondent aux maxima
observés, et inversement) pour redevenir nuls aux environs de la deux-
centième.
» Cette durée/» n'est donc point acceptable.
» 3° Les deux séries d'observations faites par M. Deichmùller à Bonn,
les 21 et 22 février igoi , coniluisent aux valeurs des différents intervalles
(667)
tropiques inscrites ci-dessous avec nos notations et dont nous rapprochons
celles de Lyon :
m, — m^. m^ — m.. M, — M,. M, — M,. M, — m,. M, — m.,, m, — M,, m, — M,.
Bonn 2''47"' 2''23'" 2''46'" » l'Me™ i''i2™ i''32" »
Lyon 2''5i"> 2''24™ 2'' Se" 2''26™ ii'ao" i*" 18" ii'Si™ i''6'"
» L'accord est aussi complet que possible entre les résultats de ces deux
séries d'observations; les deux branches successives de la courbe de
lumière n'étant pas identiques, la courbe représentative de la période en-
tière est formée par leur réunion et, par suite, à double oscillation. C'est ce
que confirme la différence d'éclat (près de i^') signalée par M. Deichmuller
le 22 février entre les deux minima successifs : nous avons eu assez souvent
à Lyon l'impression nette de cette différence d'éclat, sans nous trouver dans
des conditions favorables pour la mesurer exactement.
» 4° Si l'on combine ainsi les données de Bonn, Lyon et Toulouse on
obtient, pour la durée de la période, les valeurs indépendantes :
J h m
Bonn 0,21900 = 5. i5,4
Lyon 0,21955 ^ 5. 16, 1
Toulouse o, 2i83o r= 5 . i4>3
valeurs absolument concordantes.
)> En conclusion, la période de variation lumineuse d'Éros ne saurait
différer beaucoup de 5''i6'"; la courbe de lumière se compose de deux
branches qui diffèrent par la forme, par l'écartement et par les éclats des
minima.
» Cette courbe de lumière est donc tout à fait analogue à celle de l'étoile
double piiotométrique U Pégase; par suite, Eros est bien une planète
double qui doit la plus grande partie de sa variation lumineuse actuelle
aux éclipses réciproques de ses deux composantes. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros des fondions entières
de n variables. Note de M. P. Cousi.v, présentée par M. Appell.
« Soit G(iF,, X.,, ..., *■„) une fonction entière des n variables complexes
x\,x., Xn, dont les zéros admettent par rapport à chacune des variables
.séparément la période 2J-. Il existe une fonction entière F(a:,,a;.,, ,..,x„)
F"
telle que le quotient p est une fonction entière qui ne s'annule pas, telle
( 668 )
cjiie F admet la période s/tt par rapport à la variable or, et telle que par le
changement de a-^, (/? = 2, 3, ..., n), en x^-h- 21-, V se reproduit, multi-
l)lié par l'exponentielle
e V ' I- ^
tous lesTO désignant des entiers positifs, négatifs ou nuls.
» C'est là l'extension à n variables d'un théorème donné par M. Appell
pour deux variables {Journal de Lioui'ille, 1891).
» Les entiers m sont complètement déterminés dès que la fonction
G{x,, x^, ..., x„) est donnée. On peut en donner une signification, rela-
tive aux zéros de G considérés indépendamment de la fonction G elle-
même. I^a voici, pour plus de brièveté, pour le cas de deux variables :
F(x, — 2i77, X2) = F(a;,, x^),
F(x,, x., -+- 2ir.) = e"'^<¥ {x, , ^2).
» Soient, sur le plan de la variable x,, AB le segment de droite qui joint
un point x^ au point a7„ + 2.17:, et AB' un segment analogue sur le plan de
la variable a^j : L'équation
(1) G{x,, x^) = 0
où Xf a une valeur donnée, définit des valeurs de x^ que nous appellerons
les zéros de l'équation (i_). Lorsque x, décrit le segment AB, m est la difFé-
rence entre le nombre de zéros de (i) qui traversent A'B' de droite à
gauche et le nombre des zéros qui le traversent de gauche à droite.
» J'ai obtenu les théorèmes ci-dessus comme application particulière de
propositions beaucoup plus générales, qu'il serait trop long d'indiquer ici
et qui font l'objet d'un Mémoire qui paraîtra prochainement. »
MÉCANIQUE. — Sur les vibrations des poutres encastrées. Note de M. Kibièrii:,
présentée par M. Sarrau.
« Soit une poutre rectangulaire de longueur 2a, de hauteur 2/1, en-
castrée à ses deux extrémités et que je suppose, pour réduire le problème
à deux dimensions, de largeur indéfinie. Dans une Note insérée au n° 5
<ies Comptes rendus de 1 898, j'ai donné les formules de l'équilibre élastique
d'une poutre de ce gcnu'e supportant des charges normales à sa longueur.
(669)
Par la même méthode j'ai obtenu, dans le cas de mouvements élastiques,
les formules suivantes :
(i) « = 2 sinmx coski Q. + a;^.) -^ («, es> + h ^eS^') -l- c, eSi^^d^esA ,
O 1 J
(3) ^■^ "^ 5] cosrnx cosAv (</, ("'■■' H- i, c~°-),
N| == V cosmj^cos/v f 7. -;- 2 ij. /" ^^. ) (a,e*^4- h,e~s^)
No = V cos772j;cos/{-; (1 — 217. — ^ ^ j (a,e°> h- b,e~^^)
— 2 [7.7» (c, e^' ^ -+- d, e~»> ^ ) ,
( T :^ "y a sinww cosX7 r f"^\ (a, e»"'' - 6, «-»">)
[ +{g, + 'f]{c,eBJ-d,e-^^r)\,
en prenant
,s .... p/1''- ., k--
(^')
-- ï
p étant la densité du corps et Q. la vitesse de propagation des vibrations
longitudinales, et
i^) g
'.k--
k
m- -
- - — = m-
— —
\x
CO
o) étant la vitesse de propagation des vibrations transversales.
» On donne à m les valeurs —, i étant égal aux nombres entiers succes-
a "
sifs, et aux coefficients indéterminés «,, è,, c,, d^ les valeurs nécessaires
pour que, sur les faces j =z àz h, T soit nul, et N^ identique aux séries de
Fourier V Mcoswj^cosXv ou VNcosm.rcosX'^ repré.sentant la charge sur
la face supérieure ou l'ensemble des réactions sur la face inférieure qui
font à tout instant équilibre à cette charge. Lorsque X- est différent de zéro,
(670)
ces valeurs de a, , b,, c,, d, sont les suivantes
(9) «,= ^[B(Ue^'>''-Ne-s^)c(g + g,)h-A(Me-^''''-^e^^^)c(g-g,)h],
(jo) b, = ^[À(M<;^/'-Ne-=^^)i;(g--^,)A - B(Mf-».^- Ne=.\)i(^+^,)^]'
\ - (B + A) (Me-^^ - Ne»/)^(5 + g:)hc{g - g,)h j,
en désignant par £ la fonction dite sinus hyperbolique et prenant
(i3) A = X-
2[/. Ittl-ggi
m' — £■•= \ »i-
- J2 \ ,,,2 _i_ cS t>
^ ^^ m^ — g^ \nv -\- g\ °
(i5) D=B^£^(^ + ^o-,)/i_A^i-(^o— ^.,)A.
» Lorsque les séries représentant les charges extérieures comprennent
des termes indé|)endants du temps, la solution qui précède ne s'applique
pas à ces termes et l'on retombe dans celle qui a été donnée dans la Note
précitée pour le cas de l'équilibre. Si l'on envisage spécialement les
termes rentrant dans la solution ci-dessus on voit que, à chaque valeur
de m, correspond une valeur deK pour laquelle
(16) ^^c\g + gdh-k^-C-^{g-g,)h = o.
» Les coefficients a,, b,,Cf, d,, et, par suite, tous les déplacements et
efforts élastiques deviennent alors infinis. On reconnaît facilement que
cette valeur de K est celle qui correspond au cas oîi les charges exté-
rieures sont nulles, c'est-à-dire aux vibrations propres de la poutre. Bien
que les formules de l'élasticité ne restent pas applicables pour des dépla-
cements ainsi croissants, ce résultat met néanmoins en évidence le danger
bien connu des charges rythmées dont la période coïncide avec celle de
l'une des vibrations propres de la poutre. On doit s'attacher dans les
constructions à n'employer que des pièces dont les vibrations propres
aient une période très courte qui rende cette coïncidence impossible. La
formule (16) ci-dessus donne un moyen simple de calculer exactement la
fréquence de ces vibrations dans une catégorie de cas importante. »
( fiy )
THERMODYNAMIQUE. — Sur le diagramme entropique. Note de
M. L. Marchis, présentée par M. Sarrau.
« Depuis quelques années, quelques ingénieurs ont appliqué le principe
de Carnot-Clausius, sous la forme de diagramme entropique, à la repré-
sentation des quantités de chaleur dégagées ou absorbées par le fluide évo-
luant dans une machine à vapeur. Je me propose de démontrer dans cette
Note que cette application n'est pas légitime et ne peut par conséquent
conduireaux conséquences quel'on en déduit, notamment sur les échanges
de chaleur entre le fluide évoluant et les parois des cylindres durant les
quatre phases du fonctionnement de la machine.
» Considérons un système de masse constante ayant, à chaque instant
de ses transformations, la même température en tous ses points. La
quantité de chaleur dq, absorbée dans une transformation infiniment petite
effectuée à partir d'un état dans lequel le système a la température
absolue T, est
(i) dq=^Td^,
dS représentant la variation de l'entropie du système durant la modifica-
tion considérée.
» L'égalité (() peut être appliquée à Vétude des transformations réversibles
ou des transjormalions d'un système en mouvement lorsque ce système ne pré-
sente ni viscosité ni frottement i ' ).
» Si, au lieu de considérer une modification infiniment petite, nous étu-
dions une modification finie du système, la quantité de chaleur absorbée
est
So
(') Celle proposilion a élé démontrée par M. Duhetn [Théorie thermodynamique
de la viscosité, du frottement et des faux équilibres chimiques (Extrait des
Mémoires de la Société des Sciences Physiques et Naturelles de Bordeaux, t. II,
5' série), Paris, Hermann; 1896]. Dans les formules (7) de la page 22 et celles de la
page 23, on doit faire égales à zéro les résistances passives /a. /p» ■ ■ • > fx, qui ont leur
siège dans le système.
Voir aussi Commentaire aux principes de la Thermodynamique, 3' Partie,
Chapitre II {Journal de Mathématiques pures et appliquées, 4' série, t. X, p. 223;
■894).
(672 )
So et S, désignant les entropies du système dans son état initial et dans
son état final.
» Si, prenant deux axes de coordonnées rectangulaires OS (axe des en-
tropies) et OT (axe des températures), on représente à chaque instant
l'entropie du système en fonction de sa température, la quantité de cha-
leur (j est représentée par une aire limitée par l'axe OS, par deux ordonnées
correspondant aux abscisses S^ et S, et par la courbe représentative des
variations de l'entropie en fonction de la température.
« Cette représentation géométrique serait très commode pour repré-
senter les échanges de chaleur entre le fluide évoluant dans un cylindre de
machine à vapeur et les corps qui lui sont extérieurs, si la masse de ce
fluide pouvait êlie, même d'une manière approchée, considérée comme
ayant à chaque instant de sa transformation la même temj)érature en tous
ses points. Or il est facile de voir qu'il n'en est pas ainsi.
» Au moment de l'ouverture de l'admission, la vapeur qui pénètre dans
le cylindre rencontre dans l'espace mort une masse de fluide qui est loin
d'avoir la même température qu'elle; pendant le remplissage de l'espace
mort, le fluide évoluant ne peut être considéré comme ayant à chaque
instant la même température en tous ses points. Durant le reste de l'ad-
mission on peut faire cette hvpothèse à partir d'un certain moment, mais
c'est là une approximation dont on ignore la valeur. Lorsqu'à la fin de la
compression le fluide emprisonné dans l'espace mort a la même tempéra-
ture et la même pression que la vapeur affluente, on peut appliquer la re-
présentation entropique à la phase d'admission, à la condition de supposer
que le fluide qui entre enjeu est homogène et possède à chaque instant la
même température en tous ses points.
» En faisant cette même hypothèse pour le fluide qui se trouve dans le
cylindre pendant la détente, on peut également appliquer à cette phase le
diagramme entropique.
» Il n'en est pas de même pour la période d'évacuation. En effet, pen-
dant cette période et à chaque instant, une partie du système étudié se trouve
dans le cylindre, une partie se trouve à l'état d'eau dans le condenseur,
c'est-à-dire dans des conditions de température très différentes de la pre-
mière. Pour appliquer à cette phase du fonctionnement le théorème de
Carnot-Clausius, il faut considérer chacun des éléments 6^//2 de la masse évo-
luante et calculer l'intégrale
/ / Tdldm,
( 673 )
dans laquelle Tet 2<7/n représentent la température et l'entropie d'un élé-
ment dm, M la masse du système étudié, !„ et 2, les valeurs limites de
l'entropie.
» Or, dans l'état actuel de nos connaissances des phénomènes qui se
passent pendant l'évacuation, un tel calcul est impossible.
» Tout ce que nous venons de dire de l'évacuation peut se répéter de la
compression. Si l'on peut, il'une manière approchée, considérer comme
homogène et ayant en tous ses points la même température le fluide res-
tant dans le cylindre, il est impossible, comme l'ont fait quelques auteurs,
de considérer la masse d'eau évacuée comme avant à chaque instant la
même température que la masse de fluide restée dans la machine. Tout au
plus peut-on considérer comme négligeables les variations d'entropie pen-
datit la compression de celle masse d'eau évacuée et avoir ainsi cependant
une représentation entropique des échanges de chaleur pendant la com-
pression.
» On voit donc que, si le diagramme entropique peut être appliqué à
l'élude de la ilélente et de la compression, il ne saurait en être ainsi pour
l'admission etsurtoulpourTévacuation. Au diagramme fermé du plan {p, v)
on ne |)eiit faire correspondre dans le plan (P, S) une courbe fermée telle
que l'aire embrassée par celte courbe représente la quantité de chaleur
équivalente au travail représenté par l'aire limitée par le diagramme du
plan {p, v).
» Ce que nous venons de dire de la représentation entropique appliquée
aux machines à vapeur s'applique loul aussi nettement à la phase d'éva-
cuation dans les machines à gaz. Mais, dans ce cas, se présente une diffi-
culté de plus; l'explosion étant un |)liénomène de rupture de faux équi-
libre chimique, les équations (i) et (2) ne sont pas applicables à cette
phase du fonctionnement; il n'est donc pas possible, en considérant l'explo-
sion comme une Iraiisformation s'effecluanl à volume constant, dedéiiuire
des équations (i) el (2) et de représenter dans le plan TOS la quantité de
chaleur absorbée dans ces conditions par le système qui se modifie. »
MÉCANIQUE. — Sur la propagation des discontinuités dans les jluides.
Note de RI. E. Jolguet, présentée par M. Jordan.
« Les méthodes de l'Énergétique permettent de retrouver et de généra-
liser, dans une certaine mesure, quelques-uns des résultats obtenus par
C. R., 1901, i" Semettre. (T. CXXXII, N» 11.) 87
(674 )
Riemann et Hngoniot dans l'étude de la propagation des percussions dans
les fluides.
» Supposons le potentiel thermodynamique et l'énergie internes du
fluide de la forme
(p densité, T température).
Soient a, b, c les coordonnées des molécules et z la densité à l'instant ini-
tial, X, y, z les variables d'Euler, D le jacobien 4^f^' ?«. Ea, lo "^ay 'nb< '»3c.
C Ci, Kc les coefficients des neuf éléments de ce jacobien dans son déve-
loppement, u -h V -h w la vitesse, p la densité, n la pression au temps (,
S(i(Ig-h^j)dm le travail virtuel des forces exténeures et d'inertie,
S^Qdm la quantité de chaleur dégagée dans une modification virtuelle.
» Etudions la propagation d'un mouvement i dans un mouvement 2,
la surface de séparation dans le chanq) des variables de Lagrangc étant une
onde du premier ordre pour x, y, z. Soient S celle surface, 1 l'onde dans
le champ des variables d'Euler, /, m, n, \, (;,, v les cosinus directeurs des
normales à S et à 2 menées de i vers 2, -j-> -3- les vitesses de propagation
de S et de 2 dans le sens de ces normales. Posons
B = ifita-^ mr,,i,-^ /i-/),e= hia-^ /nvi^j-r- nri^c
G — /C,a+ /n(^,j + /i'C,^= l'Cia + mt>b -h nZ,^^.
» Au bout du temps àt, S est venu en S' à une distance Ah. S et S' par-
tagent le fluide en trois régions : l'une, O, comprise entre S et S', les deux
autres i et 2 où, pendant toute la durée A/, règne soit le mouvement i, soit
le mouvement 2. Dans la partie O les molécules ont subi des changements
brusques de vitesse. Pour éludier ce mouvement, prenons comme équa-
tion fondamentale la forme limite que prend, pour des accélérations infi-
nies, l'équation générale de l'énergétique. Nous écrirons cette dernière
(0
f dis, (S9 - fc^- y)dm 4- f dtS,{^ - Se^— 8^
8/ ) dm
+ J* dlS,{E^U-r-EZQ~U,-^j)dm-^o,
( 675 )
afin de ne pas faire intervenir la notion d'entropie pour la partie O, où il
se passe un phénomène irréversible.
» Les deux premiers termes se transforment en une somme d'intégrales
dont nous ne retiendrons que celles qui sont relatives à la surface S.
2 <^'f t ,
(2)
-^ ^' 2 P2 ?^ (AS^ -^ BSj -^ CSz V^.
» Dans le troisième terme, / dlSg^t^^dm est de l'ordre de At, Ah, Sa;,
donc négligeable. Il en est de même de f dl S (,(E^Q -h E^\J) dm, .sans
/t-t-Ac
EdQ 4- EdU serait infini, ce qui est impossible. (Si cette cir-
constance se présentait, on devrait conclure qu'il ne peut se propager
dans le fluide considéré une onde avec discontinuité dans les vitesses.)
Quant à — / dlSg^jd/n, il donne
s
» (i) donne alors trois équations dont la première est
(4) '-s (".-".)--. A (4,; ~«fe) = '^(n.-n.)-
» L'équation de conlinuité s'écrit d'ailleurs
et la relation supplémentaire s'obtient en supposant le mouvement adia-
batique et en remplaçant dans (i) les modifications réelles,
^g^ j ^ dt [ -, + E(U. - U,)J
(4')
( 676 )
» Le passage aux variables d'Euler transforme (4), (5), (6) en
P, I -^ — (^". + \^^i + ^"'( )J("i — "2)
(5') {'-^[ï^^^^' + f^"--^^"-'-)]
(6')
et l'on démontre facilement les formules
/ \ [dN /^ sl^ p n, — n,
(7) [^ - (x«, + 1.... + v«..)J = ^^ ^3:^>
(8) Ei:tiiiH_E^(U.-U.) = o
(loi adiabatique dynamique d'Hugoniot).
» Soit * ^= — p -5ti l'entropie d'un élément. Le principe de Clausius
porte à penser qu'on doit avoir s, — s.^'^ o. Or la loi (8) n'entr;iîae pas
toujours cette inégalité. Ainsi, pour les gaz parfaits, s, — s^ a le signe de
p, — pj. Il semble donc probable que le cas de p, — P2<C o est impossible
pour ces fluides. Il est remarquable qu'HugonioL ait moiilré, ])ar une lout
autre voie, que la propagation des dilatations adiabatiques dans un gaz
parfait ne peut donner lieu spontanément à une percussion.
» Les formules de Riemann-Hugoniot sont donc démontrées par des
ondes de forme quelconque. La méthode même de ces savants aurait d'ail-
leurs permis celte extension.
» On applique sans difficulté la méthode qui précède aux fluides qui
sont le siège de réactions chimiques, même quand celles-ci sont affectées
de viscosité ou de frottement (' ). Ou voit ainsi que les formules (7) et (8)
régissent la propagation des explosions quand cette propagation se fait
par ondes du premier ordre par rapport à x, y, z. »
(') Ces mots sont pris dans le sens que leur donne M. Duliem {TraiLé de Méca-
nique chimique, Livre II).
( 677 )
CHIMIE. — Sur l'action des acides sur les carbonates alcalino-terreux
en présence de l'alcool. Note de M. C. Vallée, présentée par M. Troost.
« M. Carelte ('), après avoir étudié l'action des acides sur les carbo-
nates en présence de l'alcool, a énoncé les résultats suivants : Les acides
chlorhydrique et azotique attaquent le carbonate de chaux, en présence de
l'alcool absolu; l'acide sulfurique ne l'attaque sensiblement pas et certains
acides organiques, tels que l'acide acétique, n'exercent aucune action.
» Nous nous sommes proposé : i° de rechercher si l'alcool est le seul
véhicule présentant ce phénomène; 2° d'étudier de plus près l'action de
l'acide sulfurique et en particulier la vitesse de neutralisation de cet acide
par le carbonate de chaux quand on fait varier le degré alcoolique et la
concentration de l'acide; 3° de rechercher si l'action négative de l'acide
acétique se maintient en présence de l'alcool aqueux et, si elle ne se main-
tient pas, quelle est la vitesse de neutralisation pour les différents degrés
alcooliques.
» I. Ayant substitué à l'alcool éthylique, l'acétone et l'alcool méthy-
lique, nous n'avons constaté aucune différence dans l'allure générale du
phénomène. Cette observation fait ressortir combien est important le rôle
de l'eau.
M II. De l'acide sulfurique normal est ajouté à de l'alcool absolu et le
mélange est mis en présence d'un excès de carbonate de chaux (-). Des
titrages faits de temps en temps ont montré que la neutralisalion demande
plus de quatre mois pour être complète, bien que la masse ait été fré-
quemment soumise à l'agitation. La réaction est donc simplement très
lente, elle n'est pas limitée.
» Si l'on ajoute de l'eau au mélange, on observe que la neutralisation
s'effectue en un temps d'autant plus court que la proportion de ce liquide
est plus forte. On j)eut, pour chaque cas, tracer une courbe donnant la
proportion d'acide non combiné, en fonction du temps, et l'examen de ces
courbes montre que la vitesse de neutralisation décroît régulièrement
(') G. Cabette, Thèse pour le diplôme supérieur de pharmacien de première
classe, Lille; 1900.
(2) 10" de l'acide ont été étendus à 100" avec l'alcool.
(678 )
quand le temps croît. La température ne semble pas avoir d'influence bien
notable.
» En substituant au carbonate de cliaux le carbonate de strontium ou
de baryum on retrouve des résultats absolument analogues à ceux donnés
par le carbonate de chaux; il faut cependant remarquer que la vitesse de
la réaction est, toutes choses égales d'ailleurs, plus faible avec le carbonate
de baryum qu'avec le carbonate de calcium.
» III. L'action négative de l'acide acétique sur le carbonate de chaux en
présence de l'alcool absolu est signalée dans le Traité de Pelouze etFrémy
(t. IV, p. i/i9);M. Carelle a aussi remarqué qu'en solution normale un
dixième de l'acide acétique n'agissait pas au bout de quelques heures. Nous
avons repris cette expérience et nous avons constaté que la neutralisation
se fait lentement, mais qu'elle se fait : 10'^'^ d'acide acétique normal, dilués
à 100" avec de l'alcool absolu et mis en présence d'un excès de carbonate
de chaux, se trouvent à demi neutralisés au bout de trois mois et demi.
Nous avons aussi étudié sur cet acide l'influence du degré alcoolique; on
amenait successivement 10'^'' d'acide acétique normal au volume de loo'^'^
avec des alcools à 85°, 70°, 65°, 55°, etc. Les résultats observés ont été
les mêmes que ceux qui ont été obtenus avec l'acide sulfurique; la vitesse
de neutralisation décroît très régulièrement avec le temps.
» Remarque. — L'action de l'acide sulfurique sur les carbonates nous a
conduit à l'étude d'un système renfermant le carbonate solide, le sulfate
solide et un mélange homogène d'eau, d'alcool et d'acide. Nous avons
repris l'étude de l'action de l'acide azotique en nous plaçant dans des con-
ditions analogues, c'est-à-dire en opérant en présence d'un excès d'azo-
tate. Dans ces conditions la neutralisation de l'acide est encore totale;
notons cependant que le sel de baryum demande un temps plus long que
le sel de strontium. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques composes du cœsium.
Note de M. C. Chabrié, présentée par M. Moissan.
« Le cœsium, qui est le premier des métaux découverts par l'analyse
spectrale (186 1) n'est pas celui d'entre eux qui a été le plus étudié. Il
est fort peu abondant; son poids atomique élevé et sa monovalence, qui
le font entrer pour une proportion considérable dans ses combinaisons,
( 679 )
ont rendu son étude souvent peu abordable. J'ai retiré le cœsium du pollux,
qui est le minéral qui en contient le plus ('), avec l'intention de combler
quelques-unes des lacunes importantes que l'on trouve dans la série des
composés de ce métal.
» Bromure de cœsium. — On a signalé un Iribroraure et un penlabromure ('),
deux chlorobroraures, et beaucoup de bromures et de chlorobromures doubles. La
préparation du monobromure a été réalisée par divers auteurs {') dans le but de
déterminer certaines propriétés de ce composé, mais personne, je crois, n'a donné les
analyses du produit obtenu. Je dirai donc comment je l'ai eu à l'état de pureté.
» J'ai mêlé deux dissolutions aqueuses chaudes, l'une renfermant lôs', 17 de sulfate
de cœsium préalablement calciné, l'autre i4°'',3G de bromure de baryum hydraté.
Lexpérience m'a prouvé qu'il faut ajouter une quantité de bromure de baryum un
peu supérieure à celle qu'indique la formule. Le liquide a été filtré et évaporé à siccité.
Le résidu a été calciné, puis repris par l'eau. La nouvelle solution a été soumise à la
crislallisalion fractionnée. // faut prendre la tête de la cristallisation, formée des
cristaux les plus petits et les moins nets de contour. On les a séchés sur des plaques
poreuses, puis dans le vide en présence de l'acide sulfurique. L'analyse conduit à la
formule CsBr (*).
» Ces cristaux ne rétablissent pas la lumière polarisée.
» lodure de caesium. — On a décrit des iodobromures et des iodochlorures de
cœsium et des iodures doubles. BeketofF (/oc. cjf.) a préparé l'iodure par double
décomposition entre le sulfate de cœsium et l'iodure de baryum, mais il ne parle pas
des analyses qui, seules, établiraient sa composition. C'est ce qui explique pourquoi
on ne trouve dans aucun dictionnaire l'indication de ce produit ni du précédent.
» J'ai ajouté à une solution parfaitement neutre de sulfate de cœsium (yS"', 22) une
solution d'iodure de baryum jusqu'à cessation de précipitation. La liqueur filtrée,
concentrée à 60° sous pression réduite, a été ensuite placée sous une cloche dans la-
quelle on a fait le vide, en présence d'acide sulfurique.
» Ainsi, se sont formés des cristaux d'apparence cubique, très blancs, très nets.
Leur analyse conduit à la formule Csl (').
» Fluorure de cœsium. — Les seuls composés du cœsium contenant du fluor
(') PisANi, Comptes rendus, t. LVIII, p. 714.
(-) Wells (H.-L.), Wheeler et Penfield, Amer. Journ. of Se, 3' série, t. XLIV,
p. 42.
(2) Beketofr(Z?(///. Soc. Saint-Pétersbourg, 4" série, t. II, p. 197) dit avoir pré-
paré ce bromure, mais il semble que d'autres savants, dont je n'ai pas pu trouver les
noms, l'avaient obtenu avant lui, car M. A. Ditte {Ann. de Chim. etde Phys., 6" série,
t. Vlll,p. 419) disait, en se fondant sur des témoignages antérieurs à 1886, que ce
composé, de même que l'iodure, cristallise anhydre.
(*) Théorie pour 100: Cs=: 62,80, lir=: 87,64. Trouvé: Gs = 6i,93, Br = 87,78.
( ^ ) Théorie pour 100 : Cs = 5 1 , 06, I = 48 , 94- Trouvé : Cs = 5o , 96, I =: 48 , 98.
( 68o )
connus actuellement sont le fluosilicate ('), le fluophosphate et le fluoditliionate (').
J'ai cherché à préparer le fluorure par double décomposition entre le fluorure
d'argent et le chlorure de cœsium ; puis par le fluorure de baryum et le sulfate
de cœsium, par l'action de l'acide fluorlijdrique sur l'hydrate et aussi sur le carbo-
nate de cœsium. Je décrirai seulement les opérations qui m'ont donné les meilleurs
résultats.
» J'ai préparé du carbonate de cœsium pur. Sa solution a été évaporée à iSo" et le
résidu a été dissous par l'acide fluorhydrique pur dans une capsule de platine, l'acide
étant en léger excès.
» La solution a été concentrée à l'ébullition ; puis, avant d'être saturée, elle a été
abandonnée dans le vide, d'abord en présence de l'acide sulfurique, et après en pré-
sence de la chaux vive.
» J'ai obtenu de longues aiguilles hygrométriques qui sont formées de fluorhydrate
de fluorure de cœsium, sel dont la solution est nettement acide. L'analyse conduit à
la formule Cs FI, HFl (').
» Si l'on calcine ce composé au rouge vif, il se décompose, fond, disparaît en partie
par volatilité, et donne un résidu dont la solution est fortement alcaline. Si l'on arrête
la calcinalion un peu avant la fusion et surtout si l'on ajoute un peu de fluorhydrate
d'ammoniaque au produit, avant de le chauffer au petit rouge, le composé restant
possède la constitution du fluorure Cs FI et cristallise dans le système cubique. L'ana-
lyse conduit à la formule Cs FI (*).
» Chromate neutre de cœsium. — J'ai préparé ce sel en belles aiguilles jaune clair
longues de plusieurs centimètres en traitant le chromate d'argent bien neutre en léger
excès par le chlorure de cœsium. Si le chromate d'argent retient un peu de bichromate,
le bichromate de cœsium formé, beaucoup moins soluble que le sel neutre, est séparé
facilement.
» J'ai pris 75'", gS de chromate d'argent et 7s'', 00 de chlorure de cœsium, et j'ai mêlé
les solutions bouillantes de ces sels en agitant constamment. Après fillration et con-
centration, j'ai vu des cristaux se former. Ils ont été sèches sur la plaque poreuse. Ils
ne s'altèrent pas à 100°. L'analyse conduit à la formule CrO*Cs^ (^).
» Biclironiale de cœsium. — J'ai obtenu ce bichromate en petits cristaux d'un
rouge clair éclatant, en dissolvant, dans une solution de chromate neutre, 0,26 pour
100 de son poids d'anhydride chromique.
» J'ai pris 08'", 97/^7 de chromate neutre en solution et j'ai versé, en remuant,
06'', 2368 d'anhydride chromique préalablement dissous; puis, j'ai concentré, fait
cristalliser et séché à 100° les cristaux obtenus très stables et anhydres. L'analyse
conduit à la formule Cr^O'Cs'- («).
{') Preis, Journ. prakt. Chem., t. CllI, p. /JiQ-
(^) Weinland et Alfa, Chem. Centrait., t. II, p. 172; 1899.
(^) Théorie pour 100 : Cs = 77, 12, FI := 22, 12. Trouvé : Cs = 76,84, FI = 22,56.
(*) Théorie pour 100 : Cs := 87 ,5i. Trouvé : Cs = 87 ,55.
(^) Théorie pour 100 : Cs 1= 69,55, Cr r= 18,62. Trouvé : Cs = 69,99, Cr — _ 18,69.
(*) Théorie pour 100 : Cs = 55, 09, Cr =r 21 ,61. Trouvé : Cs = 54,83, Cr =r 22,08.
( 68i )
» Je me propose d'indiquer les propriétés de ces nouveaux composés
dans d'autres publications. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur tes constituants des ferrosiliciums imiustnels.
Note de M. P. Lebeau, présentée par M. Moissan.
« Nous avons déjà établi que le siliciure de fer défini SiFe- forme le
constituant le plus important des ferrosiliciums renfermant moins de
20 pour 100 de silicium. L'examen que nous avions fait antérieurement de
ferrosiliciums plus riches nous avait permis de démontrer, dans cesderniers,
la présence du Kiliciure SiFe^ ainsi que nous l'avons indiqué dans la séance
du Congrès deCliimie appliquée du 23 juillet i90o(').M. Jouve a, depuis,
confirmé ces résultais dans une Communication faite à la Société chimique
de Paris dans sa séance du 8 février dernier ("), Ce chimiste admet l'exis-
tence des siliciures SiFe* et SiFe dans les ferrosiliciums, à l'exclusion de
tous autres, tels que Si^Fe', Si'Fe* et Si-Fe. En outre, faisant un rappro-
chement entre les proportions du carbone existant dans ces siliciures et du
silicium manquant à la proportion théorique pour les produits SiFe* et
SiFe, M. Jouve émet l'opinion que le carbone remplace le silicium dans les
proportions de leurs poids atomiques. Les recherches assez délicates que
nous poursuivons depuis plus d'une année, sur les combinaisons du silicium
avec les métaux de la famille du fer, ne nous permettent d'adopter ni l'une
ni l'autre de ces conclusions.
» Le siliciure de fer SiFe se rencontre quelquefois en véritables feutrages de cris-
taux dans les géodes que présentent assez souvent les ferrosiliciums industriels; les
cristaux sont très nets, presque isolés, et ressemblent en tous points à ceux que nous
avons déjà décrits dans ce Recueil ('). Malgré leur belle apparence, ils ne possèdent
jamais exactement la composition SiFe. Nous avons trouvé, pour des cristaux séparés
avec soin, les résultats analytiques suivants :
Théorie
I- II- m. pour SiFe.
Si 27." 3o,83 27,76 33,33
Fe 73,50 69,04 71,07 66,66
(') Comptes tendus du quatrième Congrès international de Chimie appliquée,
publiés par la Revue générale des Sciences pures et appliquées.
(^) Procès-verbal de la séance du 8 février rgoi {Bulletin de la Société chimique
de Paris, 3" série, t. XXV, p. 226).
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 556.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXX.Xll, N' 11.) 88
( 682 )
» L'examen des sections polies de ces différents échantillons explique très bien ces
divergences de chiffres. Les cristaux sont, en effet, cimentés par un produit paraissant
plus blanc sous le microscope et vraisemblablement formé par un eutectique des deux
siiiciures.
» Ce produit est aussi inattaquable que les cristaux par les différents réactifs; la
séparation de ces derniers à l'état de pureté est rendue très difficile par ce fait.
» Nous avons pu, cependant, obtenir le composé Si Fe sensiblement pur, en épuisant
par des traitements alternés aux acides et aux alcalis un produit industriel pulvérisé
renfermant 35 pour loo de silicium. Le résidu cristallin non magnétique renferme des
cristaux assez bien formés, d'aspect tétraédrique. La densité de cette substance et son
analyse nous permettent de l'identifier complètement avec le siliciure SiFe.
» Le carbone que l'on trouve en quantités variables, mais assez faibles, dans
ces produits de l'électrométallurgie, est presque toujours entièrement sous la forme
graphite. Cependant on rencontre parfois dans le résidu de leur attaque par le
chlore, outre le graphite, une petite quantité de carbone amorphe, qui se détruit par
l'action prolongée de l'acide azotique concentré. Nous n'avons pas constaté dans nos
résultats analytiques les relations numériques indiquées par M. Jouve, mais nous
avons remarqué que la présence du carbone amorphe en quantité appréciable coexiste
presque toujours avec celle du manganèse. En outre, les ferrosiliciums industriels
renferment souvent, outre le fer et le silicium, du calcium, du soufre et du phosphore,
qui peuvent aussi influer sur la teneur en carbone combiné. Nous ajouterons que,
dans les conditions où la réaction du chlore sur les ferrosiliciums se produit, la tem-
pérature est suffisamment élevée pour que le siliciure de carbone soit détruit égale-
ment et abandonne un squelette de carbone amorphe. Toutes ces raisons nous parais-
sent rendre un peu hypothétique le remplacement moléculaire du silicium par le
carbone, dans les siiiciures de fer définis extraits de ces produits complexes.
» Les échantillons industriels que nous avons examinés ne renfermaient que 33 pour
100 de silicium combiné au fer; cependant M. de Chalmot avait indiqué comme limite
de siliciuration du fer la teneur de 5o pour loo, teneur qui correspond à un siliciure
de formule Si'Fe, qu'il préparait en fondant des poids égaux de fer et de silicium.
En présence de ces résultats, en apparence contradictoires, nous avons pensé qu'il
était nécessaire de reprendre ces recherches et d"isoler, s'il était possible, le siliciure
Si^Fe.
» Nous avons d'abord chauffé au four électrique un poids déterminé de fer avec
un grand excès de siliciure de cuivre; dans ces conditions nous n'avons obtenu
que le composé SiFe. Celte expérience négative en vue de la préparation de Si^Fe
nous a permis de montrer que la limite de siliciuration du fer était bien 33 pour loo
lorsque ce métal se trouvait en présence d'une autre substance capable également de
se combiner au silicium. Afin de détruire cette sorte d'équilibre, nous avons ajouté, au
mélange de siliciure de cuivre et de fer, du silicium libre, afin d'obtenir en quelque
sorte la combinaison du fer et du silicium au sein du siliciure de cuivre fondu jouant
seulement le rôle de dissolvant. Bien que nous ayons isolé dans ce cas des produits
plus riches en silicium combiné, la réaction paraît se limiter par la volatilisation même
du silicium.
» Nous avons toutefois réussi à préparer le siliciure Si'Fe en chauffant au four
( 683 )
électrique le fer avec un grand excès de silicium. A l'aide de réactifs appropriés nous
avons pu isoler de petits cristaux très brillants, beaucoup moins foncés que le produit
primitif et qui ont présenté à l'analyse la composition exigée par la formule Si^Fe.
» Ce siliciure, qui a pris naissance dans un produit renfermant 80 pour 100 de sili-
cium, est la combinaison la plus riche en métalloïde que nous aj-ons pu produire.
» Nous publierons le délail de ces recherches et les analyses dans un
Mémoire qui paraîtra dans les Annales de Chimie et de Physique.
» En résumé, l'étude que nous avons faite des combinaisons du fer et du
silicium établit nettement l'existence, dans les ferrosiliciums industriels, des
siliciures SiFeS SiFe et Si^'Fe. Nous avons en outre donné des procédés de
préparation qui nous ont permis d'obtenir ces composés purs et cristallisés
et de faire l'étude de leurs principales propriétés, résultats qui faciliteront
les reclierches concernant la structure des alliages siliciés. Enfin la sili-
ciuration du fer par les pi'océdés électrométallurgiques peut avoir, suivant
la nature des matières premières employées, deux limites correspondant à
la formation des composés SiFe et Si^Fe. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des chiorures d'acides et des anhydrides
d'acides sur les composés organo-métalliques di magnésium. Note de
MM. TissiER et Grignard, présentée par M. Moissan.
« L'un (le nous a signalé l'action des composés organo-métalliques du
magnésitmi pour les synthèses en Chimie organique {Comptes rendus,
t. CXXXII, p. 336). Nous avons appliqué cette méthode à l'étude des
chlorures et des anhydrides d'acides.
» Les chlorures d'acides et les anhydrides d'acides réagissent avec violence sur les
composés organo-métalliques du magnésium. Une goutte de chlorure ou d'anhydride
tombant sur ces composés produit le sifflement d'un fer rouge éteint dans l'eau, en
même temps qu'il y a projection de gouttelettes liquides. Il faut donc avoir soin de
refroidir fortement le ballon dans lequel s'eiTectue la réaction et de diluer dans l'éther
les corps réagissants.
» L'opération se fait alors très facilement dans le ballon même où l'on a préparé le
composé organo-métallique muni, à cet effet, d'un entonnoir à robinet et d'un réfri-
gérant ascendant : on fait tomber goutte à goutte le chlorure ou l'anhydride dilué
de 4 à 5 volumes d'éther anhydre. Le ballon doit être maintenu dans la glace et agité
de temps en temps.
» Dès le début, il se dépose dans le liquide une partie cristalline qui va en aug-
mentant jusqu'à la fin de l'opération.
( 684 )
« Lorsque le mélange est terminé, on laisse la réaction s'achever d'elle-même à la
température ordinaire pendant quelques heures.
» En essorant à la trompe, dans une atmosphère de gaz inerte et sec, on peut séparer
le magma cristallin formé de sels magnésiens, chlorures et iodures.
» Le liquide filtré se sépare en deux couches : la couche inférieure, qui renferme
presque exclusivement la combinaison du composé organo-mélallique et de chlorure
ou d'anhydride, et une couche d'éther qui surnage.
» En pratique, lorsque la réaction est terminée, on jette le tout dans l'eau glacée.
On obtient ainsi finalement une partie aqueuse tenant en suspension des flocons
d'hydrate de magnésium et surnagée par une couche d'éther pur ou tenant en disso-
lution des produits de la réaction.
» Chlorures d'acides. — Nos essais ont jjorté sur un chlorure de la série grasse,
le chlorure d'acétyle, et sur un chlorure de la série aromatique, le chlorure debenzoïle
que nous avons fait agir sur l'iodure de mélhylmagnésium. Dans les deux cas, en
opérant comme nous venons de l'indiquer, nous avons obtenu des alcools tertiaires.
» La réaction se produit en deux phases, d'après les équations suivantes, dans les-
quelles R désigne un groupement monovalent CH', C^H^, etc.
» Formation du composé organo-métallique :
— CH'— I^-Mg^- «(CM1^)20 = CH'- Mg— 1 -; n^C^WyO.
Première phase :
/ 0 — Mg — 1
CH^- Mg- l4 R-C0C1 = H-C — GH'
\C1.
Deuxième phase :
/O— Mg — 1
R_C — GH' -i-GtP- Mg-1==R — G — GH' +MglCl.
\G1
Action de l' eau
= 2 rj^*^"' ^'%G - OhI -^ Mg (0H)5 -H MgP
» On doit employer \ molécule de chlorure d'acide pour i molécule d'iodure de mé-
thyle. On obtient ainsi :
» Avec le chlorure d'acétyle, le triméthylcarbinol (GH')'=ïG — OH et des traces
d'acétoneGH'— GO — GH»;
» Avec le chlorure de benzoïle, le diméthylphénylcarbinol V,^ ' ^G — OH.
» Il se forme en même temps, par suite de réactions secondaires, de petites quan-
tités de carbures d'hydrogène.
» Le diméthylphénylcarbinol a été signalé pour la première fois par l'un de nous,
dans raclion de l'acétophénone sur l'iodure de méthyle magnésium, comme un com-
posé liquide. Cet alcool, obtenu facilement à l'état de pureté, par la méthode au
( 685 )
chlorure de benzoïle, est, en réalité, un composé solide, bouillant à 89°-90", sous
iQinm Je pression, fusible à 28°.
» Le trimélhjlcarbinol se décompose par distillation à la pression ordinaire, en
( '6 H5\
donnant de l'eau et du phénylméthoéthène „,. ;C = CH', bouillant à iSS^-iôo", à la
f J (-;jj3 / ' '
pression de 8°"°.
» Pour éviter cette décomposition, le liquide provenant de la décomposition par
l'eau est distillé au bain-marie pour chasser l'étlier, puis le diméthylpliénylcarbiiiol
est entraîné à la vapeur d'eau, séparé par le carbonate de potassium. Le liquide sui-
nageant, desséché, cristallise directement dans la glace et donne, par essorage, lecai-
binol pur.
» Les rendements sont de 4o à 5o pour 100.
» La réaction est la même si l'on renverse la réaction, en faisant agir l'iotlure de
méthylmagnésium sur les chlorures d'acides.
u Anhydrides d'acides. — Les anhydrides d'acides réagissent sur les composés
organo-métalliques du magnésium en donnant les mêmes produits que les chlorures
d'acides.
» Le mode opératoire est identique, et l'on obtient du triméthylcarbinol avec l'anhv-
dride acétique, du dimélhylphénylcarbinol avec l'anhydride benzoïque. Le mécanisme
de la réaction peut s'interpréter de deux, manières diflerenles suivant qu'une molécule
d'iodure de métliylmagnésium agit sur \ molécule d'anhydride ou sur { de molécule.
» En réalité, la réaction nécessite | molécule d'anhydride. Si l'on ne fait agir qu'un
t|uart de molécule d'anhydride, le magma cristallin est très faible et il reste un excès
d'iodure de methylmagnésium.
» Les réactions se produisent suivant les équations :
Première phase : 2(CFP -Mg _ I) -^ 2 ( JJ ~ ^J.^O ) = 2( R - C-CH' ),
VK-LO/ / y \0-CO-R/
/ /0-Mg -1 / /O -Mg-1\
Deuxième phase. 1 1 R — C— Cil'' ) 4- 2(CH' — Mg— I) = 2( R — C— CH'
\0-C0 R/ \ \CH'
-h2(R — C0*)2Mg + MgP.
» Nous continuons l'étude de ces composés avec les chlorures et les
anhydrides d'acides monobasiques et polybasiques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'alcool caprylique sur son dérivé sodé;
synthèse des alcools dicaprylique et Iricaprylique. Note de M. Marcel
GuERBET, présentée par M. Moissan.
« Dans des Communications antérieures ( ' ), j'ai eu l'honneur d'exposer
à l'Académie que les alcools primaires à poids moléculaire élevé, comme
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 5i i et 1002, et t. CXXXII, p. 207.
( 686 )
l'alcool amyliqne inactif, l'alcool œnanthylique, chauffés avec leurs dérivés
sodés respectifs, doublent et triplent leur molécule en donnant naissance
à des alcools plus condensés et primaires comme leurs générateurs.
» On obtient, par exemple, avec l'alcool œnanthylique C'H'^O, les
alcools diœnanthylique C'^H'^O et triœnanthylique C=" H"0, et l'on peut
formuler très simplement les réactions qui leur donnent naissance :
aiV'O + C'H"NaO = C'^H'OO + NaOH,
C'^H3»0 + C'H"NaO = C^^' II"0 + NaOH.
» Par chaque molécule d'alcool formé, il s'élimine une molécule de
soude, qui réagit ensuite sur une partie des alcools en les transformant en
acides correspondants, suivant la réaction de Dumas et Stas.
» Il y avait lieu de rechercher si les alcools secondaires se compor-
teraient de même, et j'ai tenté l'expérience sur l'un de ces alcools, l'alcool
caprylique C*H"0. J'ai obtenu ainsi les alcools dicaprylique C'MI'^0 et
tricaprylique C^^H^^O, qui prennent naissance dans des réactions tout
à fait analogues :
C H'«0 -h C«H"]Na0 = C'^H'^O H NaOH,
C'«H''0 H C'H"NaO = C"H*»0 ;- NaOH.
» Les alcools dicaprylique et tricaprylique ainsi formés sont des alcools
secondaires comme l'acool caprylique lui-même; aussi la soude formée ne
réagit plus sur eux comme elle le faisait dans le cas de l'alcool œnanthy-
lique, et l'on ne trouve que des traces d'acides dans les produits de la réac-
tion.
» L'alcool caprylique employé avait été purifié suivant les indications données par
Bonis ('); il avait notamment été distillé deux fois sur la potasse caustique pour le
priver de toute trace d'alcool o?nanthylique. Il bouillait à 1-8°- 179°.
» On effectue la réaction dans une bouteille en cuivre munie d'un réfrigérant à
reflux et d'un thermomètre plongeant jusqu'au fond du vase. On introduit dans l'appa-
reil 420B'' d'alcool capryliqL'.e et 33?'' de sodium et l'on cliaufl'e légèrement pour hâter
la dissolution du métal. Lorsqu'elle est complète, le dégagement d'hydrogène, d'abord
très rapide, devient à peu près nul ; on élève alors peu à peu la température et l'on
observe qu'à 200° il se fait un peu d'eau qui se condense dans le réfrigérant et pro-
duit un bruit particulier en retombant dans le liquide chaud. A ce moment, on re-
tourne le réfrigérant et l'on règle la chauffe pour permettre à l'eau qui se produit de
distiller en entraînant le moins possible d'alcool caprylique. On chauffe ainsi pendant
six heures de 200° jusqu'à 25o° et l'on recueille as'', 5o d'eau. On observe que, pendant
(') Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. XCVII, p. 34.
(687 )
tout ce temps, il se dégage un peu d'Iiydrogène. Après refroidissement, on reprend la
masse par l'eau acidulée d'une quantité d'acide sulfuri(|ue telle que la solution obleuue
reste nettement alcaline. On achève la saturation par un coui-ant d'acide carbonique
et l'on décante le mélange d'alcool qui vient surnager, sous forme d'un liquide hui-
leux.
» La solution aqueuse est lavée plusieurs fois avec de l'éther, et l'on constate qu'elle
renferme seulement 2S"' d'un acide huileux bouillant à 2 1 8''-220° : c'est de l'acide
œnanlhjlique.
» La couche huileuse est desséchée sur le carbonate de potasse et distillée sous
pression réduite. Il passe d'abord de l'alcool caprylique inaltéré, puis les alcools dica-
prylique et tricaprylique, que l'on sépare par distillation fractionnée. On obtient ainsi
SoS"' d'alcool dicaprylique, distillant entre 172° et 175° sous 17""™ de pression, et 326''
d'alcool tricaprylique impur distillant entre 235° et 2/40° sous la même pression.
» L'alcool dicaprylique peut être obtenu à l'état de pureté en le rectifiant de nou-
veau plusieurs fois. 11 répond à la formule C'^H'*0 (G: trouvé 79,32, calculé 79,33;
H ; trouvé i4jI9> calculé i4,o6). Il n'en est pas de même de l'alcool tricaprylique, qui
se trouve toujours mélangé d'un composé neutre, non alcoolique, ayant à peu près le
même point d'ébullition que lui. Pour l'en séparer, on emploie la méthode indiquée
par M. Haller (') pour l'extraction des alcools que renferment les huiles essentielles ; on
chauffe le mélange à 200" avec un excès d'anhydride phtalique qui transforme l'alcool
tricaprylique en éther phtalique acide. On extrait ce dernier par une dissolution
froide de carbonate de soude, qu'on lave ensuite plusieurs fois avec de l'éther pour
lui enlever complètement le composé non alcoolique. En acidulant ensuite la liqueur,
on obtient l'éther acide que l'on saponifie par la potasse alcoolique. On lave enfin
Yalcool triœnanthy liqiie , on le dessèche sur le carbonate de potasse et on le rectifie.
Il n'est pas encore tout à fait pur, car on trouve à l'analyse 81,80 pour 100 de car-
bone et 1/4 pour 100 d'hydrogène, alors que la formule C^'H^'O exige C8i,36, H i4,i3.
» C'est un liquide incolore, huileux, bouillant de 227° à 23o° sous 12""" de pression.
Son éther acétique bout à 224''-227° sous 10™"^ de pression.
» L'alcool dicaprylique est un liquide incolore, huileux, d'odeur très
faible rappelant un peu celle du suif, ne se solidifiant pas à — 20°, bouil-
lant à 173° sous 17™" de pression. Sa densité à 0° est 0,8473 et à i5°
0,8387.
» Nous avons vu plus haut que, pendant la réaction de l'alcool ca-
prylique sur son dérivé sodé, il se dégage un peu d'hydrogène et d'eau.
Celle-ci provient de l'action de la soude sur les alcools qui se transforment
partiellement en alcools sodés avec élimination d'eau. Quant à l'hydrogène,
il prend naissance vraisemblablement dans l'oxydation secondaire de
l'alcool caprylique, qui produit la petite quantité d'acide œnanthylique
observée.
{') Haller, Comptes rendus, t. CVIII, p. i3o8, et t. GXXII, p. 865.
( 688 )
» L'alcool dicapryliqiie est un alcool secondaire, car sa vitesse d'élhérifi-
cation a été trouvée égale à 20. L'enchaînement des deux molécules
d'alcool capiylique Cil' -(CH^")' - CHOH - CH' ne se fait donc point
sur le groupement fonctionnel, car on obtiendrait un alcool tertiaire. Il y
avait lieu de s'y attendre, d'ailleurs, puisque les condensations des alcools
amylique inactif et œnanthylique, tous deux alcools primaires, donnent
naissance, comme je l'ai montré, aux alcools diamylique et diœnanthy-
lique, qui sont aussi des alcools primaires.
» L'oxydation méthodique de ces alcools renseignera sans doute sur le
lieu de l'enchaînement. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Vaporisation et hydratation du gfycol éthylènique .
iNote de M. de Forcraxd.
« L Tension de vapeur du glycot. — Le [loint d'ébullition du glycol a été
trouvé égal à 197° sous la pression de 760°"° (').
» J'ai aussi déterminé les points d'cbullilion.
0 ^ ai m
186,5 SOUS la pression de 544 > 3
173,2 » 357.3
1 4o , 8 •) ICI
186,7 " 83
122,5 » 44
» Ces nombres permettent de construire la courbe des tensions de
vapeur.
» Ils donnent aussi, par la formule de Clapeyron, les chaleurs de vapo-
risation suivantes, pour une molécule :
Cal o
i4)6o à la température de i3o,6
1 4 , 1 5 i> 1 60 , 3
i3,o4 " 188,4
nombres qui diminuent à mesure que la température s'élève, d'abord très
lentement, puis beaucoup plus vite, et qui tendent à se rapprocher de la
donnée fournie par M. Longuinine, 12^*', 06 à 197".
(') M. Longuinine a publié 197°, 87 sous 760""", avec une variation deo'',o48 pour
,mm Wurtz avait donné 197°, 20 sous la pression 764'""', 5, ce qui fournirait 197", o3
avec la correction précédente, qui est probablement un peu forte.
( 689 )
» Le premier de ces résultats (i4^*',6o) peut servira calculer avec une
approximation suffisante la tension de vapeur à ioo°. On trouve ainsi
i3"'-",34.
» On sait d'ailleurs, depuis longtemps, que le glycol est un peu volatil à
la température du bain-marie; la tension de i3™™,34 est en effet sensible-
ment celle de l'eau à -+- i6°.
M Au contraire, à la température ordinaire, le glycol pur n'a qu'une
tension de vapeur insensible. Le calcul, beaucoup moins rigoureux dans ce
cas, donnerait seulement quelques centièmes de millimètres (o™™,o26
à + lo"). C'est à peu près la tension de vapeur du mercure. Le glycol
n'émet donc pas de vapeurs à froid, du moins d'une manière appréciable.
M IL Uydralalion du glycol. — Mais lorsqu'on l'expose pendant quelque
temps à l'action de l'air atmosphérique, un autre phénomène intervient.
Le glycol est extrêmement hygroscoj)ique. Il absorbe l'humidité de l'air
comme le fêtait l'acide sulfuiique ou l'alcool absolu. C'est sans doule à
celte propriété, que je n'ai trouvée signalée nulle part, que sont dues les
quelques divergenc es (pie l'on remarque au sujet du glycol, notamment la
densité un peu trop faible (i,ii5o à o°, au lieu de 1,129';) <lon'iée par
Wurtz, et aussi ce fait que ce savant n'avail pu arriver à le solidifier.
» Quelques grammes du glycol pur, abandonnés à l'air pendant quelques
jours, ont pris 3o pour 100 de leur poids d'eau après une semaine, et en
tout 60 pour 100 après deux semaines; ce dernier nombre correspond
à 2H-O et paraît être la limite.
» D'ailleurs la chaleur de dissolution du glycol est positive (-H i^^^ôS,
ou + i^^^yo d'après M. Longuiniiie).
» Pour vérifier qu'il se formait au moins un hydrure et rechercher si sa
composition correspond à 211^0, j'ai dissous dans un grand excès d'eau
des mélanges faits à l'avance de glycol et d'eau, et j'ai obtenu les chaleurs
de dissolution suivantes :
Pour 100 d'eau.
6,77
C'H^O'
' + o,25H20
Cal
1,591
12,67
»
-4-o,5o
»
I ,520
22, 5o
»
+ I
))
1,383
3o,34
)>■
-h i,5o
M
1,291
. 36,73
»
-H 2
))
1 ,202
39, 5i
»
-1-2,25
»
1,116
42,06
»
-t- 2,5o
»
1,082
46,55
»
-t-3
»
i,o54
53,73
»
+ 4
B
0,929
59,20
»
-h5
))
0,767
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N- 11) 89
(690 )
» Jusqu'à 2H-O, c'est la formule empirique suivante qui représente le
phénomène
Q := 1,675 — o,26o«.
» Au delà de 2H^0, il faut prendre la formule ( ' )
Q = 1,202 — 0,147 (" ~ ^^•
» Tout se passe donc bien comme si, à partir de 2H^0, on avait affaire
à une dissolution d'un hydrate à 2H^O dans l'eau en excès.
» D'ailleurs, la courbe indique nettement un hydrate à ce point et peut
être même un autre hydrate à iH^O.
» Enfin j'ai fait quelques mesures de densité pour les mélanges sui-
vants :
Calculé Contraction
sans en volume
Trouvé. contraction pour 100.
C»H«02+H''0 1,1107 ':0977 i.'7
» 4-2H^0 ijOgSi 1.0783 1,53
» -t-2,25H^O 1,0900 1,0746 i,4i
» +2,5oH20 i,o853 1,0714 1,28
M Le maximum de contraction correspond encore à 2H^O.
» On peut donc admettre qu'il existe au moins un hydrate, de compo-
sition C^H'O^ 4- 2H^0. Sa chaleur de formation serait très faible, environ
o*^^',6o. M
THERMOCHIMIE . — Dissociation el étude thermique du composé A 1" Cl" , 1 8 Az H' .
Note de M. E. Baud.
« Lorsqu'on dirige un courant de gaz ammoniac sur le chlorure d'alu-
minium dodécammoniacal refroidi à o", on n'observe aucune augmenta-
tion de poids. Il en est de même si l'on opère à la température de — io°,7.
Au contraire, si l'on refroidit à — 18° ou —20°, on obtient un corps de
composition APCl" 4- i6,43 AzH' ; en opérant à — 22" ou —23°, la com-
position devient APCl''-l-i7,7AzH'. Il se produit donc un nouveau corps,
ayant très probablement pour formule APCl", i8AzH% et déjà les faits
qui précèdent montrent que sa tension de dissociation est égale à la pres-
sion atmosphérique, entre —10° 7 et —18°.
(') « est le nombre dé molécules d'eau primitivement mélangées avec C'H'O';
1,675 et 1,202 sont les densités du gljcol pur et de l'hydrate à 2H^O.
( 691 )
» I. Chaleur de formation. — Ce corps ne pouvant exister à la température
ordinaire, j'ai dii le maintenir à température basse ( — 18° et — 22°) pour le dis-
soudre dans l'eau du calorimètre (60"' à +10°).
» Ces expériences nécessitaient une correction indispensable et la connaissance
préalable de la cbaleur spécifique de ce composé.
i> Dans ce but, j'ai déterminé expérimentalement la chaleur spécifique de ÂPCl* et
celle de Al'Cl^, i2AzH' entre — 22» et + iS», et j'en ai déduit par le calcul (loi de
Wœstyn) la chaleur spécifique de Al^Cl*, iSAzIP.
» J'ai trouvé pour chaleur spécifique de :
Al-CI* 5o, 196 (') soit o, 188 par gramme
APCl», i2AzH' 188,400 soit o,4oo »
» D'où pour i2AzIP :
188, 4oo — 5o, 176 -— i38,2o4,
soit ii,5i7 pour chaleur spécifique moléculaire de AzH' solide.
)i On aura donc pour Al-Cl'^, iSAzH', la somme des chaleurs spécifiques de :
A12Cl^I2AzH3 188,400
EtôAzH* 6x11,517=; 69,102
Soit 267,502
ou, par unité de poids : o,4494-
» Connaissant la chaleur spécifique, j'ai pu déterminer la température moyenne
initiale. J'ai ainsi trouvé, toutes corrections faites, pour chaleurs de dissolution :
Première expérience : Le corps Al^Cl'H- i6,43AzH' étant à — 18°. . . -)-i4"',997
Deuxième expérience : Le corps Al'Cl*-H i7,7oAzH' étant à — 22°. . . H- 1 5'="' , 800
» Dans les deux cas, ces corps sont des mélanges de
A1=C1«, i2AzH' et de APC1«, iSAzH^
Si l'on calcule d'après ces nombres la chaleur de dissolution de APCl*, i8AzH',
on trouve :
1° -+-i5C''',8i4
2° ^i 5c»', 944
Moyenne -H 1 5*^"', 88
« On en déduit pour la chaleur de fixation de :
iSAzH-' -(-3i7C»',85
AV-& sol.-h iSAzH^ gaz — Al-Cr, 18 AzH» sol. -+-3ij<--^\85
Ce nombre paraît extraordinairement élevé, mais il convient de remarquer que la
(') Par le calcul, d'après la chaleur spécifique de Al et celle de Cl solide, on trouve
48,36 pour Al- Cl*. J'ai pris pour chaleur spécifique de Cl la moyenne des nombres
donnés par M. Bertlielot (Mécanique chimique, l. Il, p. 482).
( 692 )
chaleur de fixation des douze premières molécules est déjà + 268*^"', 28 ; on a donc pour
le passage du corps à i2AzH' au composé à i8 :
AI-Cl», i2AzH3sol. -+-6AzH'gaz=\PCl^ iSAzH^soI -f-iigC'i.ôa
Soit -(- 8C"i,27
pour un seul AzH'.
» Ainsi le chlorure d'aluminium fixant deux premières molécules de AzH' donne
+4'*^"') '4 p3r molécule, tandis que les six dernières donnent seulement comme
moyenne +8'^''', 27.
» Ces deux nombres sont, le premier le plus élevé, le second le plus faible de tous
ceux qui ont été publiés jusqu'ici pour les chlorures ammoniacaux.
» II. Dissociation. — • J'ai supprimé complètement, dans l'appareil qui m'a servi à
la mesure des tensions, l'emploi des robinets.
» Quelques grammes du composé APCI', i2AzH' étaient placés dans un tube
en U. A lune des branches de celui-ci était soudé à la lampe un tube recourbé des-
tiné à servir de manomètre. Par l'autre branche on faisait arriver l'ammoniac, le
tube en U plongeant dans du chlorure de métlijle, pour préparer le corps à iSAzIP.
» Celui-ci formé, on obturait le tube manométrique avec du mercure, et l'on fer-
mail à la lampe l'autre branche du tube en U.
» 11 ne restait plus qu'à maintenir la matière à une température constante, pendant
un temps suffisamment long (quelquefois plusieurs jours), pour mesurer la tension
correspondant à l'état d'équilibre.
» J'ai déterminé les tensions de dissociation à 0°, à — 10°, 7 (mélange de glace et
de chlorure de potassium ), à — 22°, 3 (chlorure de mélhvle) ei enfin à — 37° (ammo-
niac liquide). Dans ces deux dernières expériences, le liquide réfrigérant était placé
dans une éprouvette à double enveloppe à vide de Crookes.
» Voici les valeurs obtenues :
t. T.
o
G 278
— 10,7 262,3
— 22,3 260,7
—87 236
» Dans la dernière colonne j'ai inscrit les tensions calculées d'après la formule de
Clapejron, en prenant pour bases Q =-(- 8''''', 27 e.1 p a 0° = 1790"'".
» Si l'on construit la courbe des tensions ou bien si l'on calcule T au moyen de la
formule de Glapeyron et en prenant toujours pour bases Q = 8'^''', 27 et/? ^ 1790™™ on
trouve que la tension devient égale à 760""" à la température de — i4°i6, soit 2 58°, 4 abs.
ce qui donne pour la variation d'entropie
Q ^8270
ce qui est bien la moyenne fournie par les chlorures ammoniacaux. »
P'
Press
ion calculée.
oim
aim
790
)>
970
965
481
465
189
177
(693 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la nitration directe dans la série grasse.
Note de M. A. Wahl, présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note précédente (^Comptes rendus, t. CXXXI, p. 687),
M. Bouveaidt et moi avons montré que l'acide nitrique fumant réagit sur
le diméthylacrylale d'éthyle pour donner 1res facilement un dérivé nitré
bien défini répondant à la formule C'H"AzO'.
» Le but que nous nous étions proposé étant l'étude de l'action de
l'acide nitrique fumant sur les composés non saturés, ces recherches ont
ensuite porté sur d'autres éthers dérivés de l'acrylate d'éthyle, tels que le
crotonale d'éthyle, le tiglate d'éthyle et l'isolauronolate d'éthyle.
» Crotonate d'éthyle. — Le crotonate d'éllijle employé a été préparé directement
en parlant du bromobutyrate d'éthyle.
» On fait bouillir i partie de cet élher brome avec i,5 partie de diéthylaniline
pendant plusieurs heures, et l'on achève la préparation en suivant les mêmes indica-
tions que celles prescrites par Weinig {Lieb. Ann., t. CCLXXX, p. 203) pour le
dimétliylacrylale d'éthyle.
1) On obtient ainsi un liquide bouillant à i35°-i4o°, qui est du crotonate d'éthyle
complètement exempt d'isocrolonate, car, par saponification, on en retire l'acide cro-
tonique solide fondant à 72°. Dans cette préparation, le rendement en élher crolonique
est de 4o à 5o pour 100 de la théorie. L'acide et l'élher crotonique n'avaient jamais
été préparés au moyen de l'acide a-bromobutyrique; au contraire, faisant réagir la
diméthylaniline sur l'élher a-bromobutyrique, M. Bischoff(') a constaté qu'il ne se
forme pas trace d'éther non saturé. C'est le remplacement de la diméthylaniline
par la diéthylaniline qui permet à la réaction d'avoir lieu.
» L'acide nitrique fumant seul réagit difficilement sur le crotonate d'éthyle, même
lorsque l'acide est en grand excès.
» On arrive à obtenir un produit nitré, en petite quantité, en ajoutant seulement
I partie d'éther crolonique à un mélange de 4 parties d'acide nitrique fumant et
I partie d'acide sulfurique maintenu au-dessous de 25°. Le produit versé sur la glace,
lavé à l'eau et au carbonate de soude, est distillé dans le vide ; il se décompose légère-
ment pendant la distillation, mais la portion moyenne rectifiée, qui bout à ioo"-io6">
sous i3""", soumise à l'analyse, a donné des chiffres voisins de ceux, correspondant à
C'H'ÂzO^
» Tiglate d'éthyle. — Le tiglate d'élhyle a été préparé par la méthode de
Frankland et Duppa (^), qui consiste à traiter l'éther oxalique par un mélange
(') Berichted. Deut. chem. Ges., t. XXXI, p. 3o20.
(') Lieb. Ann.. t. CXXXV, p. 38, et Ann. de Chim. et de Phys.. 4« série, t. V
p. 5o2.
( 694 )
d'iodure d'étln'le et de méthyle en présence de zinc, et à desliydrater l'éther étho-
méthoxalique par le triclilorure de phospliore.
» Le tiglate d'éthyle traité par l'acide nitrique fumant (5 parties pour i partie
d'éther) donne un liquide jaunâtre sans odeur spéciale, plus lourd que l'eau, que la
distillation dans le vide décompose fortement avec dégagement de vapeurs intenses.
L'analyse du produit brut montre qu'il s'est fixé de l'acide nitrique en quantité plus
grande que celle qui correspondrait à un nitrate ou à un nitré.
» Soumis à la réduction au moyen de l'amalgame d'aluminium, il a fourni du tiglate
d'éthyle, mais pas de dérivé amidé; il s'est dégagé de l'ammoniaque.
» Isolauronolate d'éthyle. — Il a été préparé par élhérifîcation de l'acide isolauro-
nolique suivant les indications de M. Blanc.
» L'acide nitrique fumant réagit très vivement sur lui, le mélange s'échauffe for-
tement, et il se dégage des vapeurs nitreuses en abondance. Pour modérer la réaction,
l'éther a été dissous dans le chloroforme et la solution chloroformique versée dans
l'acide nitrique fumant refroidi à o". Le produit, traité comme d'habitude, donne une
huile épaisse jaune, plus lourde que l'eau, que la distillation dans le vide décompose.
Les chiffres analytiques montrent qu'il s'est également fixé plus d'acide nitrique que
ne le demanderait un dérivé nitré ou un nitrate.
» La réduction par l'amalgame d'aluminium a régénéré de l'isolauronolate d'éthyle
qui a été caractérisé par son point d'éliullition et sa saponification en acide isolauro-
nolique (P. F. iSS").
» Le produit de la nitration de l'isolauronolate d'éthyle abandonné pendant plu-
sieurs mois a laissé déposer une petite quantité de cristaux blancs qui, après purifi-
cation par recristallisation dans un mélange bouillant d'éther et d'éther de pétrole,
constituent de beaux prismes incolores bien définis fondant à 79°.
» L'analyse conduit à la formule C"H"AzO% qui répond à un nilrate de l'isolau-
ronolate d'éthyle.
CH^AzO^^^CIPsO^-f- ÀzO^H.
» II semble donc, dans toutes ces réactions de l'acide nitrique sur les éthers non
saturés dérivés de l'éther acrylique, que le diméthylacrylate d'éthyle seul fournisse un
dérivé nitré; dans les autres cas, l'acide nitrique se fixe simplement pour donner des
nitrates, comme M. Bouveault {Bull. Soc. Chim., t. XXIII, p. 535) l'a d'ailleurs
déjà constaté dans la nitration du camphène.
)) J'ai éliulié également la façon dont se comportent, vis-à-vis de l'acide
nitrique, les éthers cinnamiques qui peuvent aussi être considérés comme
des dérivés de l'éther acrylique. On savait déjà que les acides et les éthers
nitrocinnamiques, soumis à l'action du mélange sulfonitrique, fournissent
des dérivés nitrés dans la chaîne latérale. (Friedla.nder et ses élèves, Lieb.
Ann., t. CCXXIX, p. 235.)
» D'autre part, la nitration du cinnamate d'éthyle par le même réactif
donne un mélange d'éther et de paranitrocinnamaîe d'éthvle. (Friedlan-
DER, Forlschritte der Theerfarbenfabrikaùon, t. I, p. i25.)
( 695 )
» J'ai soumis le cinnamate de méthyle à l'action de l'acide nitrique fu-
mant seul à la température ordinaire, et j'ai obtenu im mélange d'éthers
ortlio et paranitrocinnamiques, faciles à séparer par suite de leur différence
de solubilité dans l'éther. Ils ont été caractérisés par leurs points de fusion
et leur transformation en acides nitrocinnamiques correspondants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le prétendu binaphtylè ne-alcool.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. Haller.
« M'étant proposé de préparer l'orthoformiate frinaphtylique
CH-OC'OH'
OC'OH'
par l'action du chloroforme sur le p-naphtolate sodique en tubes scellés à
i5o°, j'ai obtenu deux corps directement cristallisés : l'un en cubes,
l'autre en aiguilles, ne possédant ni l'un ni l'autre la formule désirée, mais
dérivant du trinaphtvlméthane.
» Le corps cristallisé en cubes, purifié et soumis à un grand nombre
d'analyses, m'a conduit très exactement à la formule CH'^O'.
» En poursuivant son étude j'ai reconnu son identité complète avec un
corps découvert par Rousseau et considéré par lui comme un binaphtylène-
alcool de formule C*^ H' ' O.
» Pour démontrer la constitution du prétendu binaphtylène-alcool je
l'ai préparé en suivant les indications de Rousseau.
)) Ce savant, en appliquant au [î-naphtol la réaction de Reimer et
Tiemann, a obtenu :
» L'aldéhyde oxvnaphtoïque C'Tl^^^ ,,„ , {•
•' - r -1 \0H (2)
» Une masse considérable de produits insolubles dans les alcalis, com-
prenant :
» 1° Ln glycol qu'il considère comme dérivé du binaphylène; il serait
engendré par élimination de 2OH entre 2 molécules d'aldéhyde oxynaph-
toïque et transformation des deux fonctions aldéhyde en fonction ter-
tiaire
•H OH • - C'OH*- GOH C'^H'-COH
.H OH ; -CH"- COH " C'^H^-COH'
'. 696 )
). 2° Unanhydride, C"H'^0, du glycol C"H'*0»;
)) 3° Un monoalcool C^^0'*0 correspoiuîant au glycol et, par con-
séquent, de formule
CH'-CH
C-'H^-CHO
» C'est l'étude de ce dernier corps qui fera l'objet de la présente Note.
» D'après Rousseau, il ne se formerait qu'en faible proportion ; le glycol
constituerait la jikis grande partie des produits insolubles dans les alcalis.
En opérant exactement comme Rousseau j'ai surtout obtenu du prétendu
monoidcool.
» Le produit que Rousseau a eu entre les mains était très impur; il se décomposait
sans fondre à 260° et les analyses lui ont fourni de mauvais résultats.
» Par un certain nombre de cristallisations dans le nitrobenzène chaud, évaporation
du dissolvant dans le vide, cristallisation à plusieurs reprises dans l'acétone, j'ai obtenu
de beaux cristaux, incolores cristallisant avec de l'acétone, devenant opaques par des-
siccation.
» Ces cristaux, privés d'acétone, fondent à 273° en un liquide brun. Ils sont très
peu solubles dans les dissolvants ordinaires, même à l'ébullilion. Ils ne se dissolvent
pas dans les alcalis en solution aqueuse, mais sont très solubles dans les alcalis en
solution alcoolique, d'où l'eau en précipite une matière blanche identique au corps
primitif.
)> Ce corps n'a pas la formule C-^H'-O et n'est pas un dérivé du binaphtylène;
c'est un dérivé du trinaphtylméthane C''H^»0'' de formule OH.C'OH^— CH^ ^(,^^^^0,
le naphtylol-naphtyl-oxynaphtjl-méthane, ainsi que le prouvent son analyse et celle
de ses éthers mélhylique, éthylique, acétique, le dosage de l'acétyle dans l'éther acé-
tique, la détermination du poids moléculaire par cryoscopie et enfin sa synthèse en
partant de l'aldéhyde oxynaphloïque et du p-naphtol.
» Analyses. — Trouvé : C .. . 87,19 87,89 87,41 87,51 Théorie... 87,73
n. . . 4,49 4,75 4,70 4,90 4,71
L'éther méthylique fond à 255°. Trouvé : C 87,22 Théorie 87,60
H 4,96 5,82
Trouvé : C .. . 84, i4 Trouvé par Rousseau .. . 84,49 84,75 Théorie... 84,97
H. . 5,19 5,08 4,72 5,02
L'éther acétique fond à 285°.
» Dosage de l'acide acétique. — Trouvé 12,01 Théorie 12,87
» Poids molécuiaire. — Des déterminations cryoscopiques dans le nitrobenzène et
ébullioscopique dans l'acétone ont donné des abaissements trop faibles (inférieurs
( 697 )
à o", lo) pour des nombres rigoureux. Une détermination cryoscopique de l'éther mé-
ihylique dans le benzène a donné : M rz= 4o8 ; théorie : M = 438.
» Synthèse. — Comme je le ferai voir dans une prochaine Communication, j'ai
obtenu, par l'action de l'aldéhvde oxynaphtoïque sur le ^-naplitol en soluli-on acétique
en présence de SO'II-, la synthèse du naphlylol-naphtyl-oxynaphlyl-raéthane
OH - C'H» - CH(^^|°||]^0 d'après la formule
OFI - C'OH" - CIIO 4- 2C"'H'0H = OH - C"'H«- CH<^^|]|^'^0 ^ 2FP0.
Ce corps est identique à celui désigné par Rousseau : binaphylène-alcool.
» En résumé, le prétendu binaphylène-alcool de Rousseau ne nous
paraît être autre chose qu'un dérivé du trinaphtylméthane. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le ^^-Diacélylpropionate d'élhyle. Note de
M. F. March, présentée par M. Haller.
« Dans une Note précédente ( ' ), j'ai indiqué la préparation du p^-diacé-
tylpropionate d'éthyle, (CH' — C0)= - CH - CH^" — COOC=H^ et son
action sur la phénvlhydrazine. L'étude de ce composé m'a fourni de nou-
veaux dérivés.
n Aclioii de la soude. — Tous les essais de saponification de la fonction éther, en
vue d'obtenir l'acide diacélylpropionique, n'ont pas donné de résultats. Par contre, si
l'on fait agir sur le pp-diacétylpropionate d'éthyle une lessive de soude concentrée, la
molécule se scinde et l'on obtient un mélange d'acide acétique et déicide lévulique,
suivant la réaction
Sîî! "" ^S^CH - CH- - COOC"- H5 + 2 Na OH
LH' — LO/
= GH'COONa + CH=- CO — CIP- CH'-- COONa + C'H^OH.
Il L'acide lévulique a été caractérisé par son point d'ébullition et sa semi-carbazone
soluble dans l'alcool bouillant et fondant à 187° avec décomposition.
» Semi-carbazones. — Le chlorhydrate de semi-carbazide donne avec le PP-diacétyl-
propionate d'éthyle, en présence d'acétate de soude, un mélange de deux semi-carba-
zones, suivant qu'une ou deux molécules de semi-carbazide réagissent sur la molécule
d'éther. On sépare ces deux jjroduits en épuisant longuement le mélange avec de
l'éther dans l'appareil de Sohxlel.
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. 1192.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXIi, N* 11.) 90
( 698 )
» La partie soluble dans l'éther fournil de beaux cristaux incolores, fondant
à I2i°-I22° en une seconde au bloc Maquenne. L'analyse et le dosage conduisent au
corps C'H'^O^Az', formé d'après la réaction :
CH' — COODH'' CH^— COOG^H»
CH'-CO-CH-CO-CH'+CO ^"^îî' , „ -CH'- G- C = C- CH'+aH-'^O
AzH — AzH'' Il /
Az— Az-GOAzH^
c'est l'urée du diraélhylpyrazoléthanoate d'éthyle.
» La partie insoluble dans l'éther est une poudre blanche, insoluble aussi dans
l'alcool même bouillant et fondant à 224-225° en une seconde au bloc Maquenne.
L'analyse et le dosage d'azote donnent à ce corps la formule G'^H^^O^Az" d'après la
réaction
CH'^-COOG^H=
CH'-C0-GH-G0-GH»-i-2G0( '^''îî' , „,
AzH — AzH-
CH^'— COOG»H=
I
= GH'— G — GH— G — CH3-^2H20
Il II
AzHi'-GO— AzH-Az Az — AzH — GO — AzH'
» Diméthvloxazolélhaiioate d''élhyle. — L'hydroxylamine réagit sur le p^-diacé-
tylpropionate d'éthyle el fournit un oxazol comme dans le cas de l'acétylacétone.
» On dissout 5oS'" de diacétylpropionate d'éthvle dans l'alcool, on ajoute une solu-
tion de aSs'' de chlorhydrate d'hydroxylamine dans le moins d'eau possible, puis peu
à peu aSs'' de GO'K^. On chauffe au bain-marie vingt-quatre heures. On distille
l'alcool, on épuise au moyen de l'éther. On obtient ainsi une huile qui, distillée
dans le vide, fournit environ 25e'' d'un produit passant à i52» sous 25""". L'analyse
de ce corps montre que sa formule est G'H'^O'Az :
GH2— GO^G^H»
I
GH'-G — G = G- CH»,
Il I
Az — O
diméthyloxazoléthanoate d'éthyle, soluble dans l'alcool, dans l'éther, insoluble dans
l'eau.
» Acide dimétliyloxazoléthanoïque. — Le produit ainsi obtenu, soumis à l'action
d'une lessive de soude, fournit très facilement l'acide correspondant. En traitant par
l'acide chlorhydrique, il se précipite presque totalement, crislallisé en belles aiguilles.
11 suffit de l'essorer et de le faire cristalliser dans l'éther pour l'avoir complètement
pur. L'épuisement au moyen de l'éther de la solution fournil une nouvelle quantité
d'acide. Cet acide fond à 122°, est assez soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool el
l'éther.
( 699)
» L'analyse de ce corps montre qu'il correspond bien à la formule
CH^-COOH
I
CH>-C-C=:C-CH'.
Il /
Az — O
» Sel de baryum : (C''H*0'Az)-Ba -t- aH^'O. — Le sel de baryum s'obtient en
neutralisant la solution de l'acide dans l'eau par de l'eau de baryte. On obtient de
belles aiguilles fondant à 196-198°. Soluble dans l'eau et dans l'alcool.
» Sels de potassium et de sodium. — Ces sels s'obtiennent en neutralisant l'acide
par le carbonate correspondant. Ils sont très solubles dans l'eau, dans l'alcool, très
déliquescents.
» Sel de cuivre .• (C'H'O' Az)-Cu. — S'obtient par double décomposition entre un
sel alcalin et l'acétate de cuivre. Précipité vert, insoluble dans l'eau et dans l'alcool.
» Se/ rf'a/'j°-en< .• ( CH'O'Az) Ag. — Précipité blanc cristallin, insoluble dans l'eau
et dans l'alcool. Se décompose vers 200°. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Propriétés des produits de substitution alcoylés de
l' acélonedicarbonate d'éthyle monocyané. Action du chlorure de cyanogène
sur Tacétonedicarbonate de méthyle. Note de M. J. Dërôme, présentée
par M. Haller.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai indiqué comment l'ac-
tion du chlorure de cyanogène sur l'acétonedicarbonate d'élhvle monosodé
m'a permis de préparer l'acétonedicarbonate d'éthyle monocyané
CO=C-H^ - CH - CO - CH- - CO-C-H^
CAz
» J'ai pu obtenir aussi les dérivés barytique, cuivrique et argentique de
ce corps cyané ; l'action de l'iodure d'éthyle sur le dérivé argentique
m'avait enfin conduit au dérivé éthylique, pour lequel j'indiquais deux
formules possibles : celle d'abord qui vient le plus naturellement à l'esprit
C-H'*
CO-C=H^ - C - CO - CH-- CO-C-H\
CAz
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. \i\'jh.
( 700 )
puis la forme tautomère
CO=C-H= - G = C(0C=H5; - CH- - CO=C-H%
CAz
correspondant à l'isomère énolique
CO-C-H= - G = GOH CH= - GO-C-H»,
1
GAz
de l'acétonedicarbonate d'éthyle monocyané.
» Les reclierches que j'ai poursuivies ilepuis cette époque m'ont permis
de trancher la question et de vérifier que c'est bien la forme énolique qu'il
faut admettre pour les substitutions alcoylées préparées à partir du dérivé
argentique. G'est là un fait qui avait déjà été démontré exact par M. Haller
à propos des éthers p-alcoyloxy-oc-cyanocrotoniques ('), puis par MM. Haller
et Blanc pour les élhers p-phényl et p-benzyl-a.-alcoyloxy-a-cyanacry-
liques (- ).
» Opérant comme ces auteurs, j'ai soumis le dérivé élhylique de l'acétonedicarbo-
nate d'éthj'Ie monocyané à l'action de l'ammoniaque aqueuse : j'ai obtenu un préci-
pité blanc cristallin d'un dérivé aminé, fondant à igô", el répoudaul à la formule
C*H"0'Az'. 11 se forme en vertu de la réaction
CO^G^H'— C = C(OC^H») - CH=- CO^C^H^-h AzlI^
I
CAz
=r CO Az H^ — G = C — CH* - GO- C^ H= i- C^ H« O.
iAzAzll-
» C'est le cyano^ aniiiio^ pentè/te.2 amidoi oate d'éthyle,,.
» Si la réaction de l'ammoniaque aqueuse est bien celle que nous venons d'indi-
quer, on doit obtenir le même composé aminé en parlant de substitutions alcoylées
autres que l'élhjlique. C'est bien ce que mes recherches m'ont permis d'élablir :
» Substitution inéthylique. — En faisant réagir l'iodure de méthjle sur le dérivé
aigenlique de l'acétonedicarbonate d'éthyle monocvané en suspension dansl'éther, on
obtient le composé
G0=GMP-C = G(0CH')-CII2 -CO^C^H'
I
CAz
(') A. Haller, Comptes rendus, t. CXXX, p. 1221.
(^) A. Haller et G. Blanc, Comptes rendus, t. CXXX, p, 1591.
( 701 )
qui cristallise de sa solution éthérée en beaux cristaux, transparents, très peu soiubles
dans l'eau, très soiubles dans le chloroforme, et fondant à 70°.
h Soumis à l'action de l'ammoniaque, dans les mêmes conditions que le produit
éthylé, ce corps donne naissance à uu composé aminé fondant à igS", qui a été iden-
tique à celui décrit plus haut.
» Substitution propyliquc. — En remplaçant dans la préparation ci-dessus l'iodure
de métliyle par l'iodure de propvle, on obtient le dérivé propylique
CO^Cnp- C = C{OC?ÏV}- CH^- CO^C^H^
CÂZ
qui se ]irésente sous la forme d'aiguilles transparentes fusibles à 20°. Ces cristaux, so-
iubles comme les précédents dans l'éther et le chloroforme, donnent par l'action de
l'ammoniaque le dérivé aminé fondant à iQÔ".
» Action (lu chiot ure clc cyanogène sur l' acclonedicarbonatc de métliyle. —
J'ai pu préparer, par l'action du clilorure de cyanogène sur l'acétonedicarbonate de
métliyle monosodé, un dérivé nionocyané, comme je l'avais fait à partir de l'acétone-
dicarbonate d'éthyle. Le mode opératoire est celui qui a déjà été décrit ('). On obtient
ainsi Vacétonedicarbonale de incl/irlc nionocyané (cyano^ pentanone, dioale de mé-
tliyle) fondant à 64° :
co-^cip - Cil - co - cir^ - co^Gip.
6AZ
» Le dérivé cuivrique est soluble dans l'alcool et le chloroforme, d"où il cristallise
en petits cristaux veils qui fondent à 145" en se décomposant.
» Le dérive argentique est blanc et doit être recueilli et séché dans l'obscurité, car
il noircit rapidement à la lumière. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Action (lu chlorure de butyryle sur le sodacétylacélale
de métliyle. Note de MM. L. Bolveault et A. Boxgeut, présentée par
M. A. Haller.
« L'un (le nous ;i fait voir, il y a peu de temps (Comptes rendus, t. CXXXI,
p. /(5), que l'on peut, à l'aido lie racétylacétate d'éthyle et du chlorure
d'un acide gras II — COCl, préparer k-s acétones R — CO — CH\ les
éthers p-cétouiques R — CO — CH' — CO'^C^ H^ et les [B-dicétOiies
R — CO — Cli- — CO — CH^ correspondantes. Ces diverses synthèses se
tout par l'intermédiaire du 6- acidylacétate d'éthyle
CH' - CO - CH - CO^C'^H^
CO
R
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. i475.
( 702 )
qui se forme dans cette réaction plus ou moins mélangé de son isomère
Y 0-acidylacétate d'élhyle ( ' )
CH' - C = CH — CO'C"H=
I
0
CO - R.
)) Ether acidylé du '^-oacycrotonate d'cthyle. — • Les C- et O-acidylacétates
constituent deux séries tout à fait différentes dont les propriétés chimiques
n'ont été étudiées jusqu'ici qu'à certains points de vue spéciaux et qui ne
sont d'ailleurs représentés dans la série grasse que par les C- et 0-diacé-
tylacétates. Nous nous sommes proposé de déterminer les propriétés carac-
téristiques et différentielles de ces deux nouvelles fonctions complexes et
nous avons fait porter nos premières recherches sur deux matières pre-
mières que nous avions à notre disposition : l'acétylacétate de méthyle et
le chlorure de butyryle.
» La réaction du chlorure de butyryle sur le sodacétylacétate de mé-
thyle en suspension dans l'éther absolu se fait sans ditficultés spéciales et
avec un rendement de 60 à 70 pour 100. Le mélange des deux isomères
passe entre 100 et 1 10 sous 10°"" et ne peut pas être séparé par la distillation.
» Dans son premier travail sur ce sujet, l'un de nous a opéré la sépara-
tion de ces deux éthers au moyen de l'eau de baryte; ce procédé a l'incon-
vénient d'exiger de trop grandes quantités de liquide; nous avons obtenu
de meilleurs résultats en employant le carbonate de sodium en solution
saturée qui dissout le C-butyrylacélylacétale de méthyle et laisse son isomère.
)) Le C-butyrylacétale de méthyle a pu ainsi être obtenu à l'état de pureté
parfaite; il constitue un liquide incolore, d'odeur faible, bouillant à io5°
sous i4°""j df, = 1,0978. Il colore en rouge le chlorure ferrique. Son sel de
cuivre fond à 127°; il est en très petits cristaux bleus, très solubles dans
l'alcool et le chloroforme, moins solubles dans l'éther ordinaire, inso-
lubles dans l'éther de pétrole.
» Le sel de sodium constitue une poudre blanche, microcristalline, très
soluble dans l'alcool et dans l'eau.
» Le produit insoluble dans le carbonate de sodium, même après quatre
ou cinq épuisements, ne constitue pas l'O-butyrylacétylacétate de méthyle
(' ) Les préfixes C et O signifient que le radical acide est lié à un atome de carbone
ou à un atome d'oxygène. — Voir Claisen, Lieb. Ann., t. 277, p. 162 ; Bull. (3),
t. i% p. i33.
( 7o3 )
pur; il retient toujours une certaine quantité de son isomère qu'on ne peut
lui enlever complètement que par un traitement aux alcalis caustiques.
)) V O-butyrjlacétylacétate de mélhyle est un liquide incolore, d^ = i ,o65
ébull. à io4''-io5°(io°"°), ne se colorant pas au contact du perchlorure de
fer et ne donnant aucun sel.
» Il semble se former dans cette réaction, mais en petite quantité, le
dibutyrylacétylacélate de méthyle, sans doute
CO
I
CH' - C = G — COOCH^
I
o
il constitue un liquide jaunâtre bouillant à i46° sous lo"""; nous ne l'avons
pas obtenu tout à fait pur.
HYDROLYSE DES DEUX ISOMÈRES.
)> 1° Action de Veau. — L'eau, à l'ébullition et même à i4o°-t5o° en
tube scellé, est sans action sur V O-butyrylacélylacétate de méthyle; dans
ces mêmes conditions, elle réagit au contraire d'une manière très nette
sur le C-butyrylacét\iacétate de méthyle, qui est décomposé suivant
l'équation
CH' - CO - CH - CO O CH' + H^" O = CH' - CO - CH* - CO — C ' H' h CO^ -h CH' O
CO - C'H'
» On obtient ainsi, avec un excellent rendement, la butyrviacétone, qui
a déjà été préparée par Claisen et Ehrhard (Z). chem. Ges.. t. XXII, p. loiS)
dans l'action du sodium sur un mélange d'acétate d'éthyle et de méthyl-
propylcétone.
» 2° Action des alcalis. — Le C-butyrylacétylacétate de méthyle est
soluble dans les alcalis, mais on ne peut le régénérer inaltéré de celte
solution; il est toujours dans ce traitement partiellement hydrolyse, sui-
vant l'équation
CH' _ CO - CH — COOCH^ + H=0 = CH' - COOH -+- CH- - COOCH»
CO--C'H' CO — CH'.
)> Le butyrylacétate de méthyle qui prend naissance dans cette hydrolyse
( 7o4 )
est lui-même peu stable et se décompose partiellement, suivant l'équation
C H" - CO - CH= — COOCH' + H- O
= C'H'- CO — CH'+CO^-t-CH^O.
» Nous avons cherché à obtenir le dédoublement en butyrylacétate de
mélhyle dans les meilleures conditions possibles.
» Nous avons employé dans ce but l'ammoniacpie ou le méthylate de
sodium. Ces deux modes de préparation donnent le butyrylacétate de
mélhyle pur; il constitue un liquide incolore, d'odeur de fruits, bouillant
à 85" sous t4™™, d =: 1,037. ^--^^ alcalis le dissolvent en l'altérant. Le sel
de cuivre fond à 128".
» La potasse aqueuse n'agit que lentement à froid sur l'O-butyrylacétyl-
acétate de méthyle, mais plus rapidement à chaud; elle fournit de l'acé-
tate, du butyrate de potassium, et de l'alcool méthylique.
CH'— C = CH- COOCH»-^ 3H=0
O - CO - C^ H"
= 2CH'-C0=II 4-CMl' -CO^H-t-CH'O.
» Le gaz ammoniac sec en solution éthérée dédouble très nettement
l'O-butyrylacétylacétate de méthyle en butyramide, qui a été analysée et
qui fond à 114") et en acélylacétate de méthyle, qui a été caractérisé par son
sel de cuivre
CH^
C = Cil - COOCH' + NH' = CH» -
-CO-CH=-COOCH'
1
0
NH-^-CO-C'H'
CO-C-'H'.
» Une très petite quantité de l'éther acétoacétique en présence d'un
petit excès de gaz ammoniac a été transformée en ^-aminocrotonate de
méthyle fondant à 83°. La formation d'une amide au moyen d'un éther
dans les conditions où nous avons opéré constitue un phénomène assez
rarement observé. >
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution du gaUotannin.
Note de M. H. Pottevin, présentée par M. Duclaux.
« On considérait autrefois le gaUotannin comme un glucoside de l'acide
gallique, en se fondant sur le fait qu'il donne de l'acide gallique et du glu-
cose lorsqu'il est hydrolyse sous l'influence des acides forts ou par les
( 7o5 )
mucédinéf s. Schift avant préparé synthéliquement un acide digallique
C«H-XOH)'CO - O ^(OH)^CO^HC''H- qui présente les caractères d'un
tannin, et qui, traité par l'acide acétique, fournit un dérivé pentacétylé iden-
tique à celui que l'on peut obtenir en traitant de la même façon les gallo-
tannins naturels, on en a conclu que ceux-ci étaient constitués par de l'acide
digallique : cette conception, qui a prévalu dans la Science, laisse inexpli-
quée la présence du glucose parmi les produits d'hydrolyse.
» En utilisant, pour produire le dédoublement du gallotannin, la tannase
dont l'action est facile à suivre parce que les corps auxquels elle donne
naissance sont faciles à isoler, j'ai pu constater qu'il se comporte comme
un véritable glucoside : d'autre part, l'action ménagée des acides étendus
permet d'effectuer une hydrolyse partielle qui donne naissance à de l'acide
digallique; ce corps que, dans ma première Note sur la tannase, j'avais con-
sidéré comme du tannin purifié est en réalité un produit de dédoublement
du tannin naturel; celui-ci est constitué par un glucoside de l'acide digal-
lique.
» I. En parlant de la noix de galle ou de tannins purs à l'éther du conimerce,
appliquant un certain nombre de fois le procédé de purification de Pelouze, reprenant
le produit par deux fois et demie son poids d'élher à 65°, qui ne le dissout pas tout
entier, et répétant ces dissolutions fractionnées en prenant chaque fois la portion qui
est passée dans l'éther, je suis toujours arrivé à un tannin d'une composition sensi-
blement constante, doué d'un fort pouvoir rotatoire droit voisin de apm -|- 50".
» Le tannin ainsi obtenu, hydrolyse par la tannase, donne de l'acide gallique et un
sucre ; celui-ci a pu être caractérisé par son pouvoir rotatoire, par son osazone, par
fermentation : c'est du glucose.
H II. Dans l'hydrolyse du tannin par la tannase on voit le pouvoir rotatoire dimi-
nuer proportionnellement à la quantité d'acide gallique produit.
» Des ballons contenant 246'' de tannin dissous dans 000="= d'eau additionnée de tan-
ase, abandonnés à l'étuve à 87°, ont donné :
Rotation du liquide
au tube Acide gallique
de 0°, 2. produit.
0
Au début 4,8 0,0
Après I jour 3,7 8,2
" 2 « 2,9 i3,3
" 6 » (la transformation est terminée).. 0,7 21 8
III. Si l'on chauffe à 1 10° en tube scellé une solution de tannin à 6 pour 100 addi-
tionnée de 0,3 pour 100 d'acide chlorhydrique, le pouvoir rotatoire diminue dans des
proportions notables avant qu'il se soit produit une quantité appréciable d'acide "al-
lique ; en arrêtant l'opération à son début, on peut isoler une substance présentant
C. R., 1901. I" Semestre. (T. CXXXII, N» 11.) 91
( 7o6)
tous les caractères de l'acide digallique : entièrement absorbable par la peau, dépour-
vue du pouvoir rotatoire, intégralement transformable en acide gallique par la
tannase.
» IO05'' du tannin qui a servi aux expériences précédentes donnent par hydrolyse
95,1 d'acide gallique et i3,5 de glucose; si l'on compare ces résultats à ceux qui ont
été obtenus par Slrecker, par Van Tieghem, par ToUens, etc., on constate des dif-
férences qui prouvent que ces différents observateurs n'ont pas eu en mains la même
substance : il faut en conclure qu'il existe, non pas un tannin, mais des tannins carac-
térisés par des rapports variables du glucose à l'acide digallique, l'acide digallique de
Schifl' étant le terme le plus simple de la série, et les produits que l'on obtient par le
procédé de Pelouze étant constitués par des mélanges en proportions variables de ces
divers tannins.
» Comme conséquence de ce qui précède, la tannase, qui est capable
de dédoubler l'acide digallique et certains éthers-sels des acides aroma-
tiques, doit être active aussi vis-à-vis des glucosides : si l'on compare, au
point de vue de leur activité diastasique, V Asper gillus niger venu sur
liquide Raulin normal et le même Champignon venu sur liquide Raiilin à
tannin, on voit que celui-ci possède très développées deux propriétés qui
n'existent qu'à l'état rudimentaire chez l'autre à savoir : 1° la propriété
de dédoubler les éthers-sels des acides organiques (glycérides gras, sali-
cylate de phényle, etc.); 2° la propriété de dédoubler certains glucosides
phénoliques, en particulier l'arbutine. Les propriétés de la tannase se ré-
solvent donc en deux composantes qui la rapprochent, l'une du groupe des
lipases, l'autre du groupe des émulsines. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Production d acétylméthylcarbinol par le Bacillus
tartricus. Note de M. L. Grimbert, présentée par M. Duclaux.
« Le Bacillus tartricus que j'ai isolé en 1897 avec M. L. Ficquet ( ') est
un ferment actif des tartrates et des hydrates de carbone qui se différencie
nettement par ses propriétés biologiques des espèces étudiées autrefois
par Pastenr, Fitz, A. Gautier et Kœnig.
)) C'est im petit bacille très mobile, se décolorant par la méthode de
Gram, liquéfiant lentement la gélatine, ne donnant pas d'indol dans les
solutions de pej)tone. Il coagule le lait vers le huitième jour, ne liquéfie
pas l'empois d'amidon et ne digère pas l'albumine cuite.
(') Comptes rendus de la Société de Biologie; p. 962 ; novembre 1897.
( 707 )
» Il attaque énergiquement les tartrates de chaux et d'ammoniaque en
donnant de l'acide acétique et de l'acide succinique avec dégagement de
CO^ et d'hydrogène.
» Il attaque également un grand nombre d'hvdrates de carbone, notam-
ment le glucose, le saccharose, le lactose, le maltose, la dextrine et la man-
nite ; il est sans action sur la dulcite et l'inuline. Dans ces fermentations,
outre les acides acétique et succinique, on recueille de l'acide lactique
gauche et de l'alcool éthylique, et, de plus, un nouveau corps que je n'ai
pas encore vu signaler parmi les produits microbiens et que j'ai pu identifier
avec V acétylméthylcarbinol : CH^ — CO — C HOH — CH'. Voici comment
on peut le mettre en évidence.
» Une solution de glucose ou de saccharose à 5 pour loo, additionnée
d'un millième de |>eptone et d'une petite quantité de carbonate do chaux,
est ensemencée, après stérilisation, avec une culture pure de B. tartricus et
mise à l'étuve à 37°. Quand la fermentation cesse de se manifester, vers
le quinzième jour, on filtre. Le liquide filtré, qui a une réaction sensible-
ment neutre, est distillé. Une petite quantité d'alcool éthylique passe dans
les premières portions de la distillation; le liquide aqueux que l'on
recueille ensuite réduit la liqueur cupropotassique à froid.
» Chauffé au bain-marie bouillant avec de l'acétate de phénylhydrazine,
il donne une osazone abondante, cristallisée, d'un jaune pâle. Cette
osazone est insoluble dans l'eau et dans la plupart des dissolvants, à peine
soluble dans l'alcool, plus soluble dans l'acide acétique cristallisable et
dans le benzène. Elle fond à 243°. Sa composition élémentaire répond à
la formule C'°H"'Az'. L'ensemble de ses caractères permet de l'identifier
avec l'osazone du biacétyle
CH'- C = Az- AzH.C»H^-C = Az — AzH.CH' - CH'.
» En effet, en oxvdant cette osazone au moyen du bichromate de potasse
en solution acétique étendue, d'après la méthode de von Fechmann ('),
j'ai obtenu Vosolétrazone cristallisée correspondante :
CH'-C = Az - Az-CH^
I I
CH» - C = Az - Az - CH'.
(') Von Pecu.mann, Z>. chem. G., t. XXI, p. 2751.
( 7o8 )
Brute, elle fond vers 170°; après cristallisation dans l'alcool, elle se pré
sente sous la forme de longues aiguilles rouge foncé, légères et feutrées,
fondantà iSi", insolubles dans l'eau, solublesdans l'alcool et dans l'élher.
Traitée à chaud par un excès de phénylhydrazine, l'osotétrazone régénère
l'osazone primitive fondant à 243°.
» Mais deux corps peuvent fournir l'osazone en question :
]" le biacétyle CH' - CO - CO- C 11=;
2° l'acétylméthylcarbinol CH' - CO — CH OH - CH',
corps obtenu par von Pechmann (') dans la réduction du biacétyle en
liqueur acide.
» Or le biacétyle ne réduit pas la liqueur de Fehling et s'altère très
rapidement au contact des alcalis qui le transforment en p-xyloquinone.
» L'acétylmélhylcarbinol, au contraire, réduit la liqueur cupropotas-
sique, même à froid.
1) C'est précisément la réaction que donne notre liquide distillé. De
plus, chauffé avec un léger excès de soude au réfrigérant à reflux, pendant
une demi-henre, il ne se colore que faiblement et fournit, à la distillation,
une liqueur réduisant toujours le réactif cupropotassique et donnant avec
la phénylhydrazine l'osazone du biacétyle.
» On peut en conclure que ce n'est pas le biacétyle qui a pu fournir
l'osazone que nous avons recueillie, mais bien l'acétylméthylcarbinol.
» Ce dernier corps est entraîné par la vapeur d'eau, car on le rencontre
en quantités à peu près égales dans les premières et dans les dernières
parties de la distillation. Il ne se forme d'ailleurs qu'en proportions trop
faibles pour pouvoir être isolé en nature.
» Les solutions à 5 pour 100 des sucres suivants ont donné, après fer-
mentation, pour 100" (le liquide distillé :
Osazone. Acétylniélliylcarbinol.
Glucose 0,274 soit 0,0904
Saccharose 0,207 o,o683
» o,2o3 0,0669
Lactose 0,109 OiOSog
Mannite 0,064 0,021 1
(') VoJi Peciuian.n, D. chem. G., t. WlIT, p. 2421.
( 709 )
» La dextrine, la glycérine et le tartrate de chaux n'ont pas donné
d'osazone.
» J'ajouterai que j'ai recherché la présence de l'acétylmélhylcarbinol
dans les produits de la fermentation du glucose ensemencé avec d'autres
espèces bactériennes telles que le B. Coli, le B. d'Eberth, le pneuniobacille
de Friedhonder, et que je n'ai obtenu que des résnllals négatifs.
» Il serait intéressant d'étendre cette recherche à im grand nombre
d'espèces microbiennes, pour voir si la production d'acétylméthylcarbinol
est spéciale au seul Bacillus tarlricus. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Les conditions du terrain et le dia-
gnostic de la tuberculose. Note de MM. Albert Robi.v et Maurice Bixet,
présentée par M. Edmond Perrier.
« Des études portant sur 892 malades, avec plus de i3oo analyses, nous
ont révélé un fait qui nous paraît avoir une très grande importance au
point de vue du diagnostic et du traitement de la tuberculose, d'autant
qu'il bouleverse complètement les idées courantes médicales et populaires
au sujet de cette maladie.
» En effet, tout le monde admet qu'un phtisique respire moins qu'un
homme sain, et que ses actes respiratoires et son hématose s'abaissent
d'autant plus que l'étendue des poumons envahie est plus grande, et l'on
s'est acharné à relever chez les poitrinaires tous les phénomènes d'oxyda-
tion.
» Or, nous avons trouvé que les échanges respiratoires sont beaucouj)
plus élevés chez les phtisiques que chez les individus sains, et cela assez
constamment pour que, sur i63 phtisiques, nous n'ayons que 8 pour roo
d'exception. Ces échanges affectent le type suivant :
» i" La ventilation pulmonaire croît de iio pour 100 chez la femme et
de 80,5 pour 100 chez l'homme;
» 2" L'acide carbonique exhalé par kilogramme de poids et par minute
s'accroît de 86 pour 100 chez la femme et de 64 pour 100 chez l'homme ;
» 3° L'oxygène total consommé par kilogramme-minute croît de 100, 5
chez la femme et de 70 pour 100 chez l'homme;
» 4° L'oxygène absorbé par les (issus croît de 162,8 pour 100 chez la
femme et de 94,8 pour 100 chez l'homme.
» Cette suractivité des échanges respiratoires existe aussi dans les formes
( 7IO )
aiguës de la maladie. Elle se manifeste à toutes les périodes de la forme
chronique, aussi bien au début qu'aux périodes avancées, et persiste
jusqu'aux derniers jours de la maladie. Elle subit des oscillations qui
affectent un certain rapport avec les progrès ou l'amélioration de la tuber-
culose.
» Le mal de Polt. la tuberculose osseuse, la tuberculose du testicule, la
pleurésie tuberculeuse, les adénites tuberculeuses présentent une suracti-
vité analogue dans les échanges; mais celle-ci fait défaut dans la péritonite,
la méningite tuberculeuse et le lupus.
» Si, dans les diverses maladies que l'on peut confondre avec la tuber-
culose pulmonaire, on en rencontre quelques-unes où les échanges respi-
ratoires sont exagérés, cependant ceux-ci diffèrent toujours par quelque
trait de ceux de la phtisie. Donc, si l'on hésite sur le diagnostic de la tuber-
culose pulmonaire, l'examen des échanges respiratoires résoudra la diffi-
culté. Et, comme les caractères de ce chimisme sont significatifs dès le
début de la tuberculose, on aura ainsi le moven de réaliser son diagnostic
précoce.
» L'exagération des échanges respiratoires n'est pas un acte de défense
de l'organisme; ce n'est pas non plus une manifestation de l'attaque bacil-
laire, puisqu'elle existe avant l'invasion bacillaire chez les trois quarts en-
viron des descendants de tuberculeux.
» Au contraire, dans les états antagonistes à la phtisie, comme l'arthri-
tisme, les échanges respiratoires sont au-dessous de la normale chez
l'homme sain. L'exagération de ces échanges constitue donc une des con-
ditions du terrain de la tuberculose. L'autre condition est la déminérali-
sation organique, qui fera l'objet d'une Note ultérieure. Celte notion nous
ramène à la conception hippocratique : « La phtisie est une consomption >;.
C'est la consomption produite par les échanges respiratoires et la déminé-
ralisation qui prépare le terrain à l'invasion bacillaire.
» Aujourd'hui nous laisserons complètement de côté la question de la
déminéralisation pour insister uniquement sur l'aide que l'examen des
échanges respiratoires apporte au diagnostic du terrain.
« La prophylaxie de la tuberculose n'est pas tout entière dans les me-
sures privées et publiques prises contre l'agent de la contagion. Si l'on
peut reconnaître à l'avance les sujets qui sont prédisposés, il ne suffit pas
d'écarter le bacille de leur route; il faut les soumettre aussitôt à une hy-
giène et à une thérapeutique capables de modifier le trouble fonctionnel et
nutritif qui est la condition nécessaire du développement du bacille. La
( 7'» )
tuberculose pulmonaire ne sera réeilemenl évitable que si l'on parvient à
rendre l'organisme des prédisposés réfractaire au germe de la maladie. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Conduction lente du nerf et variation négative.
Note de M. Aug. Charpentiek, présentée par M. d'Arsonval.
« Nous avons reconnu, dans le phénomène de la conduction lente d'une
excitation unipolaire brève par un nerf, l'intervention d'une réaction élec-
trique du nerf, réaction ayant une étroite parenté avec la variation néga-
tive, mais plus complexe que cette dernière. J'ai eu l'idée de rechercher si
la méthode qui m'a servi à reconnaître ce phénomène ne pourrait pas me
permettre de recueillir la réaction électrique proprement dite, indépen-
damment du fait de la conduction par le nerf.
)) C'est en étudiant l'effet des décharges d'induction que j'ai été amené
graduellement à donner à l'expérience la forme qui convient à la solution
du problème précédent.
» En effet, après avoir employé tout d'abord les courants simples pour l'excitation
du nerf, je cherchai à réduire au minimum les phénomènes parasites de fatigue et de
polarisation, et je songeai dans ce but à utiliser ces courants non plus sous leur forme
directe, mais sous forme de courants induits provoqués par leur passage dans une
petite bobine de Ranvier. L'excitation unipolaire était alors réalisée en reliant le nei-f
à l'une des bornes du circuit secondaire, l'autre borne étant mise à la terre ainsi que
le corps de la grenouille. Pratiquement, grâce à la courte durée du passage du cou-
rant (contact d'un frotteur étroit et d'un fil de platine de ^ de millimètre de diamètre
pendant yÛ^ '^^^ iTorô ^^ seconde environ), sa croissance et sa décroissance se
succèdent immédiatement et donnent naissance à une onde induite dont les deux
phases inverses se neutralisent sensiblement au point de vue électroljtique. Un
point A du nerf sera excité par ce courant induit lorsqu'on fermera lintcrrupteur.
Un autre point B du nerf est en contact avec un fil métallique conducteur qui reste
ordinairement isolé, sauf quand on le met en communication (pendant un temps très
court) avec un autre conducteur également isolé, lequel aboutit à un point C du nerf
témoin. Par une disposition spéciale du cylindre tournant qui porte le fil mince de
platine destiné à assurer pendant un instant l'action inductrice, un second fil sem-
blable (isolé) établit la communication métallique entre B et C à un moment va-
riable, mais très bref, à partir de l'excitation. On peut donc faire retarder de i, 2,
3, ..., n dix-millièmes de seconde sur cette dernière la communication de B avec G,
et voir si à chaque moment il se produit au point C un phénomène électrique pouvant
faire contracter la patte témoin. (On peut d'ailleurs, comme je l'ai indiqué, remplacer
cette patte par un électromètre on un galvanomètre approprié.)
>) On observe avec ce dispositif à peu près les mêmes faits qu'avec le courant direct
( 712 )
iiislaiiliiné : répoiiM! tlii nerf témoin avec un retard proportionnel à la longueur de
nerf AB et à un coefficient sensiblement égal à la vitesse nerveuse; réponse généra-
lement oscillatoire avec les mêmes caractères que précédemment.
» Ici, la conductrice électrique de l'excitation par le nerf intervient encore. Mais
elle sera bien réduite si, au lieu d'employer la faradisation unipolaire, nous excitons
bipolairement le nerf (par le même courant induit) avec deux électrodes aussi rap-
prochées que possible l'une de l'autre : le circuit d'excitation sera constitué presque
uniquement par l'espace interpolaire, et la dérivation du courant par le nerf soulevé
et par les tissus sera presque négligeable.
» Cette dérivation deviendra même pratic|uement nulle si l'on excise le nerf et si
l'on applique l'excitation faradique bipolaire à l'une des extrémités du fragment main-
tenu isolé. Or, dans ce cas aussi bien que dans le précédent, on constate une réaction
motrice dans la palte témoin, avec les caractères physiques et physiologiques déjà
connus et la même vitesse de propagation dans le nerf excité. Celte réaction est toute-
fois moins forte par rapport à l'excitation initiale que dans les cas où celle-ci est uni-
polaire.
» On est donc en droit de dire que dans la conduction lente par le nerf
il s'ajoute une réaction électrique propre de ce nerf, sans doute par un
phénomène spécial de résonance.
» En second lieu, le phénomène connu sous le nom de variation néga-
tive paraît être, sinon toujours la phase initiale (ce que je ne puis encore
décider), au moins une phase de début de la réaction électrique du nerf,
» Enfin notre méthode, basée sur les propriétés des conducteurs uni-
polaires si bien étudiés par M. Chauveau, permet de recueillir cette réac-
tion et, par suite, sa phase plus frappante de variation négative sur le nerf
en place et non lésé.
» Il est facile, du reste, si l'on ne veut pas aller jusqu'à faire une analyse
chronoscopique toujours délicate, de montrer l'ensemble de la réaction
et d'obtenir une contraction de la patte témoin en établissant un fd métal-
lique direct entre B et C et excitant A par un très bref courant induit, le
corps de l'animal étant mis à la terre. Seulement alors aucune variation
électrique ne sera appréciable, à cause de la succession rapide des phases
inverses du phénomène. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur les opacités du corps vitré et la rigidité de ce
milieu de l'œil. Note de M. A. Imbert, présentée par M. d'Arsonval.
« L'observation des mouvements dont sont animées, dans le champ vi-
suel, les projections des opacités intraoculaires, lors des changements
( 7'3 )
d'orientation du globe, présente un double intérêt. D'une part, en effet,
elle peut renseigner sur l'état de fluidité plus ou moins grand, et variable
avec divers états pathologiques, du cor|)S vitré dans lequel siègent ordinai-
rement les opacités; d'autre part, elle se rattache à une question délicate
de la mécanique des fluides, en ce sens qu'elle constitue un procédé fort
simple pour constater, grâce à un phénomène physiologique que présentent
beaucoup d'yeux normaux, l'existence d'un degré marqué de rigidité au
sein d'un milieu de l'œil qui, il importe toutefois de le remarquer, a une
consistance seulement settii-fluide.
» Il existe dans mon œil droit une opacité qui, lorsque le globe a été maintenu un
certain teujps immobile, se projette dans la partie inférieure et un peu interne du
champ visuel, vers la limite de ce champ.
» Si j'imprime à mon œil droit un mouvement lent de rotation, la projection de
l'opacité se déplace d'un même mouvement, en conservant, sensiblement au moins, sa
position dans le champ visuel ; mais lorsque le mouvement du globe a été rapide, cette
projection se rapprociie du niveau du point visé, atteint ce niveau, ou même le dépasse
quand le mouvement du globe a été assez étendu.
» Si l'œil est alors maintenu immobile dans sa nouvelle position, la projection de
l'opacité descend lentement dans le champ visuel et vient reprendre sa position ini-
tiale après un temps de trente secondes environ. Dans le cas, au contraire, où le globe
est ramené à son orientation première aussitôt après que le déplacement de la projec-
tion de l'opacité a été constaté et, par suite, avant que celle-ci ait effectué le mouve-
ment lent dont il vient d'être parlé, cette projection se retrouve sensiblement dans sa
position initiale.
M Étant données la nature connue de ces opacités et celle des milieux
de l'œil, on ne peut songer à rapporter à la pesanteur les déplacements
relatifs que nous venons de décrire. Ces mômes déplacements s'expliquent
au contraire très clairement si on les rapporte à la rigidité de la substance
du corps vitré, et l'on peut, en outre, préciser assez exactement leur
situation dans ce milieu de l'œil. C'est ainsi que, pour mon œil droit, j'ai
pu localiser l'opacité observée dans la région comprise entre les points
nodaux, c'est-à-dire la face postérieure du cristallin, et le centre de rotation
du globe.
» La rapidité du déplacement, dans le champ visuel, de la projection de
l'opacité pendant un mouvement rapide du globe résulte naturellement,
dans notre hypothèse, de ce que les couches du vitré en contact avec la
coque oculaire ont seules été entraînées, l'opacité ayant sensiblement
conservé sa position absolue. Le retour lent de cette même projection à
sa position primitive dans le champ, lorsque le globe est maintenu dans .sa
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N- 11.) 92
( v^ )
nouvelle orientation, est dû d'autre part à la rigidité du corps vitré, dont la
masse, alors déformée intérieurement, réagit comme tout corps élastique,
mais avec une lenteur caractéristique, pour replacer dans leurs positions
réciproques primitives ses parties constituantes.
» Enfin, lorsque l'œil est ramené dans son orientation première aussitôt
après le premier mouvement de rotation, le second mouvement détruit
l'effet de déformation intense que le premier avait déterminé dans la
masse du vitré, et la projection de l'opacité doit, à la fin de ce second
mouvement, apparaître dans sa position primitive, conformément à ce
que montre l'observation.
» Le degré de rigidité du corps vitré et, par suite, la grandeur des effets
qui lui sont dus doivent d'ailleurs dépendre de la consi^itancede ce milieu
de l'œil. Par suite, l'observation du phénomène dont il vient d'être question
ne montre pas seulement l'existence, dans la massedu vitré, de déformations
internes dont la considération peut être instructive en clinique ophtalmo-
logique, mais elle constitue en outre, pour des malades capables d'en
apprécier les diverses particularités, un moyen d'obtenir des renseigne-
ments sur les changements de consistance du corps vitré. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur ïhistolugic de la branchie et du tube digestif,
chez les Ascidies. Note de M. P. Yigjion, présentée par M. de Lacaze-
Duthiers.
« J'ai continué, chez quelques types d'Ascidies, rapportés du Laboratoire
de RoscolT, mes recherches de cytologie comparée. Elles ont porté sur les
cellules vibratiles et sur les cellules sécrétantes.
» Pour ce qui est des cellules vibratiles, j'ai pu fortifier mon opinion,
tendante à retirer aux granulations basilaiies la valeur d'un organe moteur :
elles représentent simplement, d'une façon contingente, le mode le plus
fréquent de l'insertion du cil sur le cytoplasma ; il s'en faut que ce mode soit
le seul possible, ou que cette insertion soit toujours chroma tiquement déce-
lable. Ainsi, il serait abusif de vouloir considérer comme un complexe cen-
trosomalique la plaque plan-convexe ou bi-convexe qui supporte les cils
des cellules marginales de l'endostylc : c'est un ectoplasma à peine plus
chromatique que le reste du cytoplasma. Sur la même coupe, au contraire,
on trouve les cellules de la zone vibratile intermédiaire pourvues de granu-
lations typiques. Les cils du tubercule vibratile, assez chromatiques, s'im-
(7^5)
plantent sur la cellule jjar une base étalée, à peine plus colorable que le
cil. Sur les trémas de la branchie, les cils sont disposés en rangées paral-
lèles : ces rangées sont marquées par autant de soulèvements pelliculaires
linéaires, chromatiques ainsi que la base du cil, et tout à fait comparables
aux bourrelets basilaires des membranelles, chez les Infusoires. Il n'y a
rien là qui rappelle les centrosomes. (J'ai, après Biitschli et Schuberg,
décelé ces bourrelets chez quelques espèces d'Infusoires.) Ici, comme
ailleurs, nous rencontrons divers types de bordures en brosse ciliées,
pourvues de granulations tant supérieures qu'inférieures. Remarquant que
les supérieures se colorent, tantôt comme les granulations inférieures,
tantôt différemment, nous devrons être également éloignés, soit de les né-
gliger arbitrairement par rapport aux granulations inférieures privilégiées,
soit de les élever au rang de centrosomes dédoublés (Cf. Prenant). En
réalité je me crois autorisé à n'accorder une grande importance théorique
ni aux unes ni aux autres. Indiquons enfin plusieurs sortes de cellules,
chez lesquelles les insertions ciliaires chromatiques paraissent faire vrai-
ment défaut. Ce seront, chez Anourella, les cellules à cils très fins de l'aire
œsophagienne et celles, très particulières, de la gouttière de l'œsophage;
chez Ciona, les cellules de l'estomac, et bien des cellules branchiales, voi-
sines du tubercule vibratile. Dans l'estomac A' Anourella au contraire, on
trouve toutes sortes de cellules vibratiles, ii un cil, à deux ou trois cils, ou
à cils nombreux; toutes sont pourvues de belles granulations. Ces re-
cherches ont été faites sur des cellules parfaitement fixées, souvent surco-
lorées,et, en tous cas, toujours pourvues, là où le ciment superficiel existe,
de belles ponctuations noires, plus ou moins près de la surface, entre les
cellules.
» J'aurai l'occasion de figurer quelques exemples d'endostyles et de
montrer comment les cellules du fond de cet organe, normalement
pourvues des cils géants bien connus, tandis qu'elles occupent une place
considérable chez Phallusia, sont déjà presque détachées de la basale chez
Cionael à peu |irès toutes rejetées par-dessus les cellules glandulaires de
la zone profonde; chez Anourella, en même temps qu'elles ne portent plus
de cils, ainsi que l'a vu depuis longtemps M. de Lacaze-Dulhiers, elles
sont toutes supportées par lesdiles cellules glandulaires. Dans l'endostyle,
toutes les cellules glandulaires sont munies de noyaux à nucléole volu-
mineux, ce qui n'est nullement le cas des cellules ciliées du même organe.
Dans ces cellules glandulaires, je n'ai pas décelé de produits de sécrétion
( 7i6 )
figurés; mais, la plupart du temps, on voit le tissu sécrétant creusé de
grosses vacuoles, contenant des globules sanguins non amiboïdes, en voie
de dégénérescence.
» On connaît la théorie de la sécrétion par boules ou vésicules sarco-
diques (théorie vésiculaire de la sécrétion); on sait que ses partisans
semblent avoir décrit, en réalité, des cellules altérées soit par un trauma-
tisme, soit par l'action des réactifs. En critiquant cette théorie, l'an der-
nier, j'ai eu soin de faire remarquer que mes critiques ne s'appliquaient
pas aux cas où les cellules mérocrines se décapitent, pour expulser des
produits de sécrétion figurés (Cf. Henry). Effectivement, ce qui carac-
térise la théorie vésiculaire, c'est qu'elle fait expulser avec violence un
cytoplasma exempt de toutes différenciations chromatiquement décelables.
Les cellules hépatiques des Ascidies contiennent précisément, dans des
vacuoles superposées entre le noyau et la surface, des concrétions très
nettes; ce sont ces concrétions qui entraînent la chute de la portion super-
ficielle de la cellule mûre, quand toute la cellule n'est pas énucléée d'un
seul coup. La cellule mûre conserve, sous le noyau, un protoplasma clair,
tout semé de ponctuations très chromatiques. Son noyau paraît à peine
altéré; il est plus clair assez souvent. La cellule jeune porte assez long-
temps une bordure en brosse et l'on y trouve des globules chromatiques;
des globules analogues se voient encore plus tard, parfois, dans l'intérieur
des concrétions. Je n'ai remarqué jusqu'ici aucun ergastoplasma. Il ne se
produit pas de régénérations épilhéliales dans le foie considérable d'Anou-
rella. Nous possédons depuis 1874 "'le belle description du foie d'Anou-
rella, due à M. de Lacaze-Duthiers, et faite d'après des dissections. M. de
Lacaze-Dulhiers n'ayant pas eu à sa disposition les réactifs très précis que
nous possédons aujourd'hui, nous ne devons pas être surpris qu'il ait con-
fondu les concrétions avec des noyaux, dont elles ont la grosseur, et les
portions de cellules expulsées avec des cellules entières. Pour ce qui est
de l'estomac et de l'intestin de Ciona, j'aurai à rectifier les descriptions his-
tologiques, déjà anciennes, de Roule, et à montrer qu'il a pris pour des
cellules calicinales superficielles ce qui n'est qu'une portion spéciale des
cellules cylindriques du tube digestif. >>
(717 )
BOTANIQUE. — De l' absorption des poisons métalliques très dilués par les
cellules végétales. Note de M. H. Devaux, présentée par M. Bonuier.
« A propos des intéressantes Communications faites récemment par
M. Henri Coiipin et par MM. Dehérain et Demoussy, je demande à l'Aca-
démie la permission de signaler le Travail que j'ai publié en 1896 sur l'em-
poisonnement des plantes aquatiques par des doses très minimes de
plomb ('). Des plantes diverses (Elodea, Lemna, Ceratophyllum), placées
dans une eau renouvelée j)rovenant des conduites en plomb du labora-
toire, ont été peu à peu empoisonnées par ce métal. J'ai dosé la proportion
de plomb dissous et j'ai reconnu qu'elle était de i à 3 dix-millionièmes.
C'est une proportion très analogue à celle qu'indique MM. Dehèrain et De-
moussy pour la toxicité du cuivre; très voisine aussi de celles qu'ont indiquées
il y a longtemps Raulin (argent sur Sterigmatocyslis) et Miilardet (cuivre sur
zoospores de Mildiou) et plus récemment Nœgeli et Cramer. Ces concor-
dances d'origines variées prouvent que réellement des traces de certains
métaux tels que le plomb, le cuivre, l'argent, le mercure sont toxiques
pour les plantes même à un état de dilution absolument extraordinaire. Il
est intéressant, à ce sujet, de remarquer que, pour de telles dilutions, la
dissociation des sels en leurs ions doit être complète ou presque com-
plète.
» Comment agissent donc ces sels vénéneux sur les cellules végétales?
La réponse à cette question est importante, et j'ai été particulièrement
surpris qu'aucun auteur n'ait, à ma connaissance, cherché à voir en parti-
culier si la substance nocive ne serait pas fixée sur le protoplasma ou ail-
leurs. Ces métaux présentent tous certaines réactions colorées très sen-
sibles et sans doute susceptibles d'être utilisées pour cette recherche. Dans
mon Travail de 189G, j'ai donné quelques indications à ce sujet. J'ai mon-
tré, en particulier, que, dans un cas d'empoisonnement très lent, par une
eau renouvelée contenant de i à 3 dix-millionièmes de plomb, certaines
cellules noircissaient fortement par H*S, tandis que d'autres restaient in-
(') M. Detaux, Empoisonnement sponlcuié des plantes aquatiques par les eaux
du laboratoire de Botanique {Mémoires de la Société des Sciences physiques et na-
turelles de Bordeaux, 5" série, t. I; 1896).
'■■ 7 ' ^ )
colores. Les premières étaient des cellules âgées, elles condensaient le
plomb dans leur protoplasma en mourant; les secondes étaient des cel-
lules jeunes, celles en particulier des points végétatifs, elles résistaient au
poison.
') Des faits analogues ont été présentés par d'autres plantes ou parties
de plantes; ils concordent tous pour démontrer que les métaux, même très
dilués, sont saisis par les parties de la cellule végétale, parois, protoplasma
et noyau.
» Si l'on essaie de suivre les phases du phénomène d'absorption, on se
trouve en présence de faits complexes, en rapport avec la nature de la
plante et des parties de la cellule d'une part, avec la nature du métal et sa
concentration d'autre part.
» Pour fixer les idées, considérons une solution diluée de cuivre à deux dix-millio-
nièmes dans laquelle ont été placés des filaments de Spirogyres (j'ai expérimenté sur
trois ou quatre espèces non déterminées). Au bout de moins d'une heure de séjour
dans celle solution, on peut conslater la présence du cuivre, à l'état de traces, dans
certaines régions de la paroi, surtout dans l'anneau périphérique épais qui forme la
limite extérieure des cloisons transverses les plus épaisses. L'accumulation du cuivre
y est assez grande. On constate aussi que le noyau et son nucléole sont devenus plus
visibles, et bientôt ils prennent (souvent mais pas toujours) un aspect très spé-
cial : une grosse vacuole apparaît, et le noyau s'y montre rejeté de côté comme un
croissant lenticulaire. Des traces de cuivre finissent aussi par se manifester dans cer-
tains noyaux, surtout dans le nucléole. 11 en apparaît aussi dans le proloplasma, mais
d'abord 5 l'un des bouts de la cellule seulement, au contact d'une paroi transverse. On
trouve dans un même filament des cellules, isolées ou sériées, qui présentent de plus
en plus nettement ces phénomènes, tandis que les cellules voisines ne présentent
aucune trace de poison ailleurs que sur leur paroi.
» Les cellules qui accumulent ainsi le poison sont celles qui sont déjà gravement
atteintes; le proloplasma perd sa turgescence, devient sombre et granuleux, monili-
forme, même dans les traclus avoisinant le noyau, tandis que d'autres cellules voisines
gardent un j)roloplasma clair et dépourvu de cuivre.
» Le poison dévoile ainsi, avec netteté, une inégalité de résistance entre les diverses
cellules d'un même filament d'algue, ou de filaments voisins. Je n'ai que rarement
observé avec le cuivre Vaclion oligodynamique si remarquable signalée par Nœgeli ;
il doit aussi exister ici des degrés d'excitabilité.
n J'ai aussi traité des coupes de plantes, tiges ou racines, el de jeunes racines
entières par des solutions de cuivre et de plomb. Même à l'étal très dilué, ces sujets
fixaient les métaux à la fois sur les parois et sur le proloplasma des cellules des tissus
mous. L'action est si sensible qu'elle peut servir à déceler des traces de cuivre
extraordinairement faibles : ainsi des coupes de pétioles d' Aralia Sieboldii el de fines
racines de Mibora i^erna placées dans une solution titrée à i dix-millionième, et
( 719 )
même à 0,6 cenl-cli\-millionième de cuivre (') (compté comme métallique), prennent
une coloration sensible par le ferrocyanure. Avec une solution à 2 dix-millionièmes
agitée sans cesse, la teinte, sensible déjà après une ou deux minutes, est très notable
après un quart d'heure. Pour la dilution à 0,6 cent-millionième, il a fallu faire écouler
la solution au contact des sujets pendant plusieurs heures, et encore la coloration a
été plus faible.
a II n'en est pas moins extraordinaire de voir qu'on peut encore déceler le niélal
dans un liquide qui en contient moins de un milligramme par hectolitre.
>) Ces expériences montrent aussi que, dans l'action d'iiu poison, il
faut distinguer soigneusenaent l'influence de la dilution de celle de la quan-
tité absolue de poison. Une seule goutte d'une solution de sulfate de
cuivre à i trente-niillième donne, après un quart d'heure de contact, une
réaction plus marquée au ferrocyanure que 2"* de solution courante
3 2,5 cent-millionièmes en huit ou dix heures. La quantité de sulfate de
cuivre mise à la disposition d'une coupe était cependant de -r^^ de milli-
gramme seulement dans le premier cas, de ~ de milligramme dans le
second.
« Conclusions. — 1° Les plantes phanérogames on cryptogames sont
empoisonnées par des solutions de sels de plomb ou de cuivre diluées à
quelques dix-millionièmes ou moins encore;
» 2° Le métal est à la fin fixé par toutes les parties de la cellule, mem-
brane, protoplasma, noyau, et peut y être dévoilé par les réactifs;
» 3" Le métal est inégalement fixé parles diverses parties de la cellule;
ce sont d'abord ou exclusivement la membrane, puis le noyau et le
nucléole (Spirogyra), enfin le protoplasma;
» Il y a lieu de distinguer pour un poison, ou, d'une manière plus géné-
rale, pour l'absorption des substances, l'influence de la dilution et l'in-
fluence de la masse absolue.
» Mais, dans tous les cas, cette absorption est sensible, même pour des
dilutions excessives, rejirésentant parfois moins de i milligramme par
hectolitre. »
(') Ces solutions titrées étaient préparées avec de l'eau distillée dans des appareils
en verre, et toutes les précautions de lavage absolu des récipients mis en expérience
étaient soigneusement prises.
V 720 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. ~ Influence de l'obscurité sur le développement des
fleurs. Note de M. L. Beulaygue, présentée par M. Bonnier.
K Différents auteurs ont déjà étudié l'influence de l'obscurité sur le
développement des fleurs. Sachs a montré, en i863 et i865, qu'une plante
pourvue de réserves peut fleurir à l'obscurité, et qu'il en est de même
pour certaines autres plantes, lorsqu'une partie suffisante de leur appareil
végétatif reste exposée à la lumière. Il ajoute que, dans ces conditions, la
couleur de la fleur n'est nullement modifiée par l'obscurité.
» Suivant les expériences d'Askenasy, en 1876, les fleiu's qui se déve-
loppent à l'obscurité ont une coloration plus pâle que celles qui se déve-
loppent à la lumière, mais présentent la même forme et les mêmes dimen-
sions.
» Enfin, M. Flahault, en 1878, confirme les résultats obtenus par Sachs,
et pense que les fleurs développées à l'obscurité présentent une colora-
tion aussi intense que celles qui viennent à la lumière.
» Je me suis proposé de reprendre cette question, et d'étudier en même
temps l'influence comparée de la lumière et de l'obscurité sur le déve-
loppement, la forme et la structure de la fleur.
» Mes expériences ont porté sur plus de trente plantes, appartenant à
des familles très différentes, et ayant fleuri à Alger en décembre, janvier et
février.
» J'ai procédé de la manière suivante : j'ai choisi sur chacune des plantes en expé-
rience deux branches voisines, autant que possible comparables, possédant à leur
extrémité un ou plusieurs boutons floraux très petits, et offrant extérieurement
le même étal de développement. J'ai laissé l'une des branches à la lumière, et j'ai
introduit l'extrémité de l'autre dans une boîte en bois, munie d'un couvercle et peinte
en noir intérieurement. Puis, j'ai observé les difterentes phases de la floraison
sur chacun des deux rameaux ainsi disposés.
» Voici les premiers résultats que j'ai obtenus, concernant le développement et la
morphologie externe de ces fleurs, cueillies à l'âge adulte.
>> 1° Epoque de la floraison. — D'une façon à peu près générale, j'ai constaté que
les boutons floraux placés à l'obscurité s'ouvraient plus tardivement que les boutons
témoins. C'est ainsi que ce retard a été de 2 jours pour VOxalis cernua, 3 jours pour
le Solanuni japonicum, le Teucrium fruticans et le Justicia acantliiflora, 5 jours
pour VIris slylosa. le Pelargonium zonale et VHéliotropium periwianuiyi, 7 jours
pour V Antlieinis, variété comtesse de Chamhord. et i3 jours pour la Rose thé, variété
( 72! )
Anna Olù'icr. Par contre, la floraison de l'Aloe arhorescens n'a pas subi de retard
appréciable.
)> 2° Couleur. — La couleur bleu violacé des fleurs de 17/75 slyloso a été très légè-
rement affaiblie par l'obscurité; la même couleur des (leurs du Sotaniim Japonicum
l'a été beaucouj> plus; enfin, les ilciiis violettes de Vlleliotrapiani /teruiia/ii/in et
bleu pâle du Teucriuni frulicans sont restées complètement blanches à l'obscurité.
» La couleur jaune des Heurs de VO.ralis cernua, des fleurs centrales de lAnl/ie-
niis, variété comtesse de ChambotrI, et du (ilet des étaraines de V Aine arborcscens.
venues à l'obscurité, était un peu plus pâle que celle des fleurs témoins.
» Enfin la couleur rouge vif du Pelaigonium zonale était devenue rose pâle, et les
pétales rouge vif de VAloe arhorescens étaient complètement blancs à l'obscurité.
» 3° Forme. — La forme des fleurs écloses à l'obscurité n'était pas sensiblement
modifiée.
1) 4" Dimensions. — a. Fleurs. — Les deux dimensions principales de la fleur,
longueur et diamètre de la corolle, ainsi que les dimensions des dilférentes pièces,
étaient, en général, plus petites dans les fleurs écloses à l'obscurité que dans celles
développées à la lumière. On aura une idée de cette réduction par les chiffres sui-
vants, relatifs aux. dimensions des pétales :
Longueur. Largeur inoyenne.
Pclalcs. Lumière. Obscurité. Lumière. Obscurité.
mm Diui mm miu
Aloe arhorescens 35 34 7 6
Anihemis, var. coait. de Cliambord. .23 19 6 4
Ojcalis cernua 20 16 12 10
Pelargoniunt zonale 22 18 19 17
Solaniini jaj)o/iicum i4 9 6 5
» h. Pédicelles florau.c. — Les pédicelles floraux se sont comportés différemment
et ont présenté tantôt des dimensions plus petites, tantôt des dimensions plus
grandes :
Pcilicelici lldroux.
Aloe arhorescens
O.ralis cernua
Pelargoniuni zonale
Solanum japonicum
Teucriuni fruticans
i> 5° Poids et volume. — Les variations dans les dimensions présentées par les
fleurs écloses à l'obscurité n'étant pas, dans certains cas, de même sens que celles
présentées par les pédicelles, j'ai été conduit à prendre le poids et le volume de ces
différentes fleurs accompagnées de leurs pédicelles.
» En exceptant le Pelargonium zonale et VOxalis cernua, dont les pédicelles
floraux ont, à l'obscurité, des dimensions plus grandes qu'à la lumière, le poids et le
C. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N» 11 ) 9'^
Lon
gueur.
Lumière.
Obscurilè.
miu
25
mm
3o
17
35
18
23
1 1
5
9
4
Diamètre
imière.
Obscuri
mu
2
mm
1,5
0,75
1,5
1
2
0,75
0,5
0,75
0,5
(, 722 )
volume des fleui-s développées à l'obscurité sont constamment plus petits que le poids
et le volume des tleurs témoins. Cette réduction est quelquefois voisine de 5o pour loo.
» Conclusions . — De cette série d'expériences ressorlent les conclusions
suivantes :
» 1° A l'obscurité, les fleurs éclosent, le plus souvent, plus tard qu'en
pleine lumière;
» 2° La couleur des fleurs subit, en général, à l'obscurité, une diminu-
tion d'intensité qui est très légère pour certaines flein-s, assez sensible pour
d'autres, et qui, pour quelques-unes, peut aller jusqu'à la décoloration
complète;
» 3° Les fleurs développées à l'obscurité présentent, en général, des di-
ïnensions moindres que celles des fleurs développées à la lumière, mais,
par contre, les pédicelles sont parfois plus développés;
» 4" Le poids et le volume des fleurs développées à l'obscurité, y com-
pris les pédicelles qui les supportent, sont toujours inférieurs au poids et
au volume des mêmes organes développés à la lumière; cependant, dans
de rares cas, l'auginentation des dimensions des pédicelles floraux déve-
loppés à l'obscurité peut influer suffisamment sur ce poids et ce volume
pour les rendre supérieurs à ceux des fleurs normales. »
BOTANIQUE. — Anatomie comparée des organes foliaires chez les Acacias.
Note de M. V . Ledoux, présentée par M. Bonniei .
« On sait que certains Acacias présentent dans leurs feuilles les parti-
cularités suivantes :
» Les premières feuilles, après les cotylédons, ont des pétioles normaux
creusés en gouttière, portant un certain nombre de paires de folioles d'un
vert clair, qui tombent de bonne heure.
» A mesure que l'on considère des feuilles plus élevées, on constate
que le pétiole s'aplatit progressivement, et que la région aplatie est de
plus en plus étendue pour les feuilles de plus en plus élevées.
» Un second fait, corrélatif du premier, est la disparition progressive des
folioles. Des pétioles déjà en partie aplatis en portent encore; ceux qui
naissent, soit sur les ramifications de la tige, soit au voisinage des extré-
mités florales en sont totalement dépourvus. Ces derniers constituent une
lame aplatie, vertforué, persistant sur lu tige d'une année à l'autre. Un se-
( 7^3 )
rait tenté de prendre cette lame pour un limbe ordinaire de feuille, si l'on
n'avait suivi la série des transformations qui conduisent à cette forme.
)> Le plan de ce pétiole aplati est toujours perpendiculaire au plan
normal d'un limbe ordinaire, c'est-à-dire passe par la tige. Les deux bords
de cette lame sont alors, l'un ventral, tourné du côté de la tige, l'autre
dorsal. Si l'on examine la nervation en suivant le passage du pétiole nor-
mal au pétiole aplati, on voit que U nervure principale du premier se porte,
dans la suite des modifications, vers le bord dorsal du pétiole et devient, le
plus souvent, presque marginale.
» .Te me propose d'étudier les particularités anatomiques de ces diverses
formes de pétioles, ainsi que celles des folioles.
)) Je décrirai, comme exemple. l'Acacia melanoxylon.
» Avant d'aborder l'étude particulière de chaque organe, je ferai re-
marquer que les pétioles, quelle que soit leur forme, présentent un cer-
tain nombre de caractères communs qu'il est nécessaire défaire connaître.
Chaque faisceau est constitué par du bois interne et du liber externe adossé
à un arc de sclérenchyme situé en face d'un massif de cellules aquifères
recouvert |)ar l'épiderme.
» Enfin, dans tous les pétioles on trouve, sur chaque face, deux ou
trois assises de cellules en palissades interrompues seulement au niveau du
tissu aquifère et très riches en chlorophylle.
» Cela posé, j'étudierai successivement les pétioles, puis les folioles.
Parmi les pétioles, je distingue :
» 1° Pétioles de premier ordre, nés directement sur la tige ou sur ses
ramifications. Dans cette catégorie j'étudie : (a) Pétioles en gouttière, non
aplatis; (è) Pétioles aplatis, feuilles ou non;
» 2" Pétioles de deuxième ordre, nés sur ceux de premier ordre, jamais
aplatis et portant les folioles.
" 1° (rt) Pétioles en gouttière, non aplatis. — lin suivant immédiatement à leur
sortie de la tige l'origine des faisceaux de ces pétioles, j'ai constaté que les cinq
faisceaux primaires du pétiole se disposent toujours de la même manière. Les trois
plus importants sont du côté dorsal. Je les appellerai F, /,, f\ (F étant le faisceau
médian ). C'est entre les deux autres faisceauxyj, f'^ situés du côté morphologiquement
ventral qu'est creusée la gouttière.
» Comme il n'existe jamais ici de faisceau ventral impair, on peut dire que les
faisceaux de ces pétioles en gouttière sont disposés en arc à concavité tournée du côté
de la tige.
» (6) Pétioles aplatis, feuilles ou non. — Des coupes transversales de la partie
basilaire d'un pétiole aplati montrent qu'au début les cinq faisceaux primaires sont
( 72/| )
encore symélriquemenl placés de chaque côté de l'axe de symétrie qui, dans les coupes,
passe par le faisceau dorsal. Par suite de l'aplatissement, la gouttière s'atténue pen-
dant que les faisceaux se divisent. Les deux dernières ramifications, issues de f^ ct/a'
se rapprochent et s'unissent pour constituer un faisceau marginal ventral. A partir de
ce moment, le système fasciculaire est disposé sur une ellipse plus ou moins allongée.
Alors, les deux lignes de faisceaux placés jusqu'ici deux à deux, face à face, se rap-
prochent l'une de l'autre, et les faisceaux se divisent et se placent de manière que
ceux qui sont situés sur l'une des lignes alternent avec ceux de l'autre. Ces pétioles
sont revêtus d'une cuticule très épaisse et pourvus de nombreux stomates.
» 2" Pétioles de deuxième ordre, jamais aplatis. — Ceux-ci présentent trois
faisceaux dorsaux réunis en un seul massif, adossés à un groupe important de cellules
aquifères, et deux faisceaux ventraux également contigus. Entre ces deux massifs, est
une zone de plusieurs assises de cellules non sclérifiées; c'est au niveau de celte zone
que sortent les faisceaux des folioles, lesquels ont leur origine sur le massif dorsal.
» Folioles, — Elles sont toutes très petites, ovales et presque sessiles. Celles de la
base sont généralement plus petites que celles qui sont portées par les pétioles élargis
situés plus haut. Néanmoins elles ont toutes même constitution, savoir :
» Une seule rangée de faisceaux orientés normalement;
» Une seule assise palissadique ventrale;
» Deux ou trois assises de tissu lacuneux ;
)i Jamais de sclérenchyme;
» Quelques cellules seulement de tissu aquifère adossées au faisceau médian;
)) Une cuticule mince.
» Seulement, tandis que, chez les folioles des pétioles en gouttière, les palissades
sont hautes et étroites, celles-ci sont, dans les folioles des pétioles élargis, généralement
beaucoup plus basses et plus larges. De plus, chez ces dernières folioles, le nonibie
des faisceaux est toujours supérieur au nombre des faisceaux des folioles portées par
les pétioles en gouttière.
» En résumé :
» Par leur forme aplatie, leur persistance, leur richesse en chlorophylle
qui leur donne une couleur vert foncé, leurs nombreux stomates, les
pétioles aplatis des Acacias jouent complètement, au point de vue physio-
logique, le rôle de feuilles normales; mais on sait qu'ils s'en distinguent
en ce qu'ils sont dressés dans un plan passant par la tige, tandis que les
folioles elles-mêmes sont dans un plan presque normal à la direction des
rayons solaires dans les pays tropicaux.
» Ces pétioles aplatis présentent en outre, comme propriétés spéciales,
une cuticule épaisse, un sclérenchyme abondant, un tissu aquifère très déve-
loppé. Ces diverses dispositions ont pour efl'et : les premières, de s'opposer
à une transpiration trop active; la dernière, d'emmagasiner dans la plante
la plus grande quantité d'eau possible.
( 725 )
» Les pétioles élargis sont donc des organes de remplacement des
feuilles, adaptés aux conditions du milieu ambiant. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les icebergs tabulaires des régions antarctiques.
Note de M. He\ryk Arctowski.
» Les icebergs des régions arctiques ont généralement des formes très
variées et sont le plus souvent de faibles dimensions. Pourtant, des hauteurs
de 80™ ont été fréquemment mesurées, et il semble qu'ils peuvent atteindre
des hauteurs de i lo™ au-dessus du niveau de la mer ( ' ).
» La forme tabulaire a été rarement observée, quoique, non loin des
glaciers dont dérivent les icebergs, ils se présentent sous cette forme
toutes les fois que la pente du glacier est faible, et que les icebergs qui s'en
détachent restent dans leur position d'équilibie primitive. Dans les régions
antarctiques, ce cas, exceptionnel pour les contrées boréales, semble, au
contraire, être la règle générale, car ce sont surtout de grands icebergs
tabulaires qui y ont été signalés.
» Ces grandes tables de glace des mers austraks atteignent des dimensions fort
considérables. On a fréquemment rencontré de ces icebergs ayant plusieurs kilo-
mètres de longueur et dont les hauteurs mesurées atteignaient ôo" au-dessus du ni-
veau de la mer. On prétend même avoir rencontré de ces îles de glace ayant 5oo"' de
hauteur, ce qui, évidemment, n'est qu'une grossière exagération. Pourtant, c'est une
erreur qui s'est fort bien répandue, de même que les assertions absolument fautives
du professeur Heim, qui admet que les icebergs antarctiques sont d'origine marine,
que ce ne sont que d'immenses plaques de la banquise, formées par la congélation
progressive des eaux de la mer (*).
» Dans la région où la Belgica a navigué, nous avons pu voir parfois jusqu'à
cent dix icebergs en même temps sur tout le pourtour de l'horizon. Au plus [\o pour loo
avaient des formes tabulaires caractéristiques, tandis que la plupart ressemblaient
aux icebergs arctiques, ou dérivaient de la forme tabulaire. Les grands icebergs étaient
rares. Les icebergs atteignant 5o™ de hauteur étaient exceptionnels. Les icebergs
tabulaires n'ont eu le plus fréquemment que 3o" à 4o" de hauteur. Ces icebergs sont
recouverts de champs de névé et ne montrent la glace aux rubans bleus et blancs
alternant que dans le bas. Je n'ai pu examiner cette stratification de près que dans un
seul cas. C'était un iceberg emprisonné dans la banquise. Il était chaviré, de sorte que
les strates étaient inclinés. Les bandes bleues, de même que les bandes blanches,
(') E.-V. Drvgalski, Grônlaiid-ËxpedUion, t. I, p. 38i.
(,-) A. Heim, GLelsclterkunde. p. 270.
( 726 )
étaient composées de glace à grain glaciaire caractéristique. Les strates n'étaient pas
nettement délimités les uns des autres et la seule difTérence entre la glace blanche et
la glace bleue était due à une structure poreuse des bandes blanches, la glace blanche
renfermant beaucoup plus de bulles d'air. Mais les deux étaient formés de glace
compacte. La supposition que les icebergs tabulaires sont formés de glace de mer est
donc absolument erronée. Du reste, le mode de formation de la glace de mer nous
montre que son accroissement d'épaisseur tend vers une limite, que Weyprecht (')
pense être de 7™ au maximum, quelque basse que soit la température moj'enne de
l'hiver et quelque grand que soit le nombre d'années, et je pense que pour les régions
antarctiques ce chiffre est encore trop élevé. Du reste, l'origine continentale des ice-
bergs antarctiques n'est pas discutable, puisque le fond des océans antarctiques est
couvert de sédiments terrigènes et de blocs erratiques qui y ont été déposés par la
fusion progressive des icebergs. Les icebergs déposent au loin les matériaux qu'ils ont
charriés dans les glaciers dont ils dérivent.
» La plupart des grands glaciers des terres antaictiques ont une pente suffisamment
douce pour produire des icebergs tabulaires. Pourtant, il est probable que la plupart
des tables de glace proviennent, non pas des glaciers encaissés, mais des grands épan-
chements de glace qui forment l'inlandjis des terres basses. Et, sans doute, les calottes
glaciaires des terres étendues s'étendent au delà de ces terres sur le plateau conti-
nental. Or, nos sondages ('), de même que les sondages de Ross, ayant montré que le
grand inlandjis continental ne s'étend pas au delà de l'isobathe de 4oo'", ce doit être
ce chiffre qui doit être considéré comme étant le maximum de l'épaisseur totale des
icebergs, venant du pôle, dans toute l'étendue de l'océan Pacifique antarctique. Et,
si I de cette épaisseur émerge, c'est à 5o™ qu'il faut limiter la hauteur des icebergs
qui se détachent de la grande muraille de glace qui s'étend à l'est de la Terre Victoria
jusqu'au 175"= degré de longitude ouest, et qui se poursuit sans aucun doute vers l'est
jusqu'aux terres situées au sud et à l'ouest de la Terre Alexandre, comme la dérive de
la Belsica semble le démontrer. »
M. L. IzART adresse une Note relative à une nouvelle roue à rail mobile.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
(') K. Weyprecht, Die Metamorphosen des Polareises. p. iSg.
{-) H. Arctowski, The bathymetrical relations nf tlie antarctic relions {Geogra-
phical Journal, July 1899).
( 73? )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la sëance du ii février 1901.
( Suite.)
American Hydroids; part I. The Pulmularidœ, with thirty-four plates, by
Charles Cleveland Nutting (Smithsonian Institution. U. S. national
Muséum. Spécial Bulletin). Washington, 1900; i vol. in-4".
BuUelin of the U. S. national Muséum, n" 47 ; The Fishes of North and
Middle America. . . , by David Sïarr Jordan and Barton Warren Evermann,
part IV. Washington, 1900; i vol. in-8°.
Revisla do Museu Pauiisla, publicada por H. von Ihering, vol. IV.
Saint-Paul, 1900; i vol. in-8°.
The Physical Review, a journal of expérimental and theoretical Physirs :
vol. XII, numb. I, january 1901 ; Londres, i vol. iii-8".
Bulletin of the Muséum of Comparative Zoutogy at Harvard Collège;
vol. XXXVIII, Geologicai séries, vol. V, n" 1. Cambridge, Mass., 1900;
I fasc. in-8".
Ouvrages reçus dans la séance du iS février 1901.
Physique biologique. Osmose, tonomèlrie, cryoscopie, par A. Dastbe.
Paris, Masson et C'', 1901 ; 1 vol. in-S". (Présenté par M. d'Arsonval.j
Annuaire de la Société météorologique de France, publié sous la direction
de M. Léon Teisserenc de Bort, 49* année, janvier 1901. Tours; i fasc.
in-8".
Journal de la Société nationale d' Horticulture de France, 4' série, t. Ji,
janvier 190 1. Paris; i fasc. ia-8°.
Ligue nationale contre V Alcoolisme. Société française de Tempérance.
Bulletin, publié par M. le D' Emile Philibert, 3* série, t. VII, année 1901,
n° 1. Paris, Asselin et Houzeau; i fasc. in-8''.
Le opère di Galileo Galilei, edizione nazionale sotto gli auspicii di Sua
Majesta il Re d'Italia, vol. X. Florence, typ. de G. Barbera, 1900; i vol.
petit iii-4". (Envoi de M. le Ministre de l'Instruction publique d'Italie.)
Die Hundertjahrfeier der Koniglichen technischen Hochschule zu Berlin
( 7^^ )
i8-2i October 1899. Berlin, 1900; r vol. petit in-f°. (Hommage de la
« Konigliche technische Hochschule « à Berlin.)
Sur les ondes électromagnétiques d'un ion vibrant, par Alguste Righi.
(Extrait des Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, à
Harlem.) S. I. n. d.
Ausgewàhlte Methoden der analytisclien Cliemie, von prof. D"" A. Classen;
erster Band, unter Mitwirkung von H. Cloeren, mit 78 Abbildungen und
einer Speclraltafel. Brunswick, Friedrich Vieweget fils, 1901 ; i vol. in-S".
(Hommage des Éditeurs.)
Elektrizitâts-Actien-Gesellschaft vormals JV. Lahmeyer und C°. Francfurt-
am-Mein. Arrangé, décoré et imprimé par Scliirmer et Mahlau, Francfort-
sur-le-Mein, 1900; i vol. in-f".
Report of the meteorological Service of Canada, by R.-F. Stupart, director,
Toronto. For the year e.nded december 3i, 1897. OUawa, 1900; i fasc.
in-4°.
Western Australia. Department of Lands and Surveys. Report bythe Under-
Secretary for Lands, for the year \'è(^^. PerLh, 1900; i fasc. in-4".
The Astrophysical Journal, an international Review of Spectroscopy and
astronomical Physics, vol. XIII, number 1, january 1901. Chicago; i fasc.
in-8".
Atti délia Fondazione scientifica Cagnola délia sua istitusione in poi;
vol. XVII, anni 1898-1899. Milan, 1900; i vol. in-S".
Reale Islituto Lombardo di Science e Lettere. Rendiconti, série II,
vol. XXXII. Milan, Ub-ico Hœpli, 1899; i vol in-8°.
Memorie descrittive délia Carta geologica d'italia; vol. X, parte prima.
Rome, 1900; I vol. in-8°.
Memorie del R. Istiiuto Lombardo di Scienze e Lettere, Classe di Scienze
matematiche e naturali; vol. XVIII-XIX délia série III, fasc. VII-X. Milan,
Olrico Hœpli, 1 899-1900; 4 fasc. in-4°.
Biblioteca Kazionale Centrale di Firenze. Bolletino délie pubblicazione
Italiane ricevute per diritto distampa; n° i, gennaio 1901. Florence; i fasc.
in-8".
N° H.
TABLE DES AUTICr.ES. (Séance du la mais 1901.
ME^IOIKES ET COMMUNIGATIO.AIS
DES MBMHURS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
F'ages.
M. E. GuYou. — Sur l'emiilui des circiimiiié-
ridiennes à la mer 6.57
Pages.
M. P. DuiiKM. De kl propagation des
discontinuités dans un lluide visqueux... l'^tx
NOMIIVATIONS.
M. HuMBEKT est élu .Membre de la Sc( tiiMj
de Géométrie, en rcuiplacemenl de M. C/i.
//ermite, décédé.
Ii(i.!
ME3I01RES PBESEÎVTES.
M. 11. Di'poiM. - Sur la loi de l'attraction universelle .
CORUESPONDAIVCE.
.M. le SEcnicT.MiiK PiiRPKTUr.L signale deux
projets qui doivent être présentés à
l'Associalion inlernutionale des Acadé-
mies 653
M. NoR.MANl), élu Currcspuudant, adresse ses
remercimenls à l'Académie i>6.î
M. UE IsTV.vNi't'i adresse ses remercimenls
à r.Vcadémie pour la distinction accordée
à ses travaux titi3
M. Bouquet de l.i Giive appelle l'altenlion
de l'Académie sur un Volume relatif à
l'hydrograplue du haut Vang-tse, par le
P. Chevalier 06',
MM. Cii. Andue et .M. Luizet. — Véritable
valeur de la période de variation lumi-
neuse d'Éros 56')
M. P. Cousin. — Sur les zéros des fonctions
entières de n variables 66-j
M. RiBiiiRE. — Sur les vibrations des
poutres encastrées 66St
M. E. M.VRcnis. — Sur le diagramme entro-
pique 6"'
M. E. JouaUET. — Sur la propagation des
discontinuités dans les fluides 67J
M. C. Vallée. — Sur l'action des acides
sur les carbonates alcalino-terreux en pré-
sence de l'alcool 677
M. C. GuABraE. — Sur quelques composés
du caesium •'7*'
M. P Leeeau. — Sur les constituants des
ferrosiliciums industriels 6S1
MiM. TissiER et Grignard. — Action des
clilorures d'acides et des anhydrides
d'acides sur les composés organo-métal-
liques du'magnésium 683
M. Marcel Guerbet. — Action de l'alcool
caprylique sur son tlérivé sodé; synthèse
des alcools dicaprylique et tricaprylique. 6.S5
M. DE FoRCRAND. — Vaporisation et hydra-
tation du glycol éthylénique 6.SS
M. E. Baud. — Dissociation et étude ther-
mique du composé Al-Cl'^, iS AzfF 690
M. A. Warl. — Sur la nitration directe
dans la série grasse 693
M. R. Fosse. — Sur le prétendu binaph-
tylène-alcool 6i)5
M. F. Marcu. — Sur le (3f!-diacétylpropio-
iiale d'éthyle Gcfj
M. JuvENAL Derome. — Propriétés des pro-
duits de substitution alcoylés de l'acétone-
dicarbonatc â'éthyle monocyané. .\ction
du chlorure de cyanogène sur l'acétone-
dicarbonatc de méthyle 6()i)
MM. L. BouvEAULT et \. Bonoert. — Action
du chlorure de butyryle sur le sodacétyl-
acétate de méthyle 701
M. Henri Poitevin. — Sur la constitution
du gallolannin 704
M. L. Grijieert. — Production d'acétylmé-
thylcarbinol par le Bacillus tarCricus... 706
N° 11.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
MM. ALBERT Robin et Maurice Binet. — Les
conditions du terrain et le diagnostic de
la tuberculose 709
M. AuG. Charpentier. — Conduction lente 711
du nerf et variation négative 712
M. A. Imbert. — Sur les opacités du corps
vitré et la rigidité de ce milieu de l'œil.. 71s
M. P. ViONCN. — Sur l'histologie de la bran-
chée et du tube digestif, chez les Ascidies. 71^
M. Henri Devaux. — De l'absorption des
Bulletin bibliographique
Pao
poisons métalliques très dilués par les
cellules végétales
M. L. Beulaygue. — Influence de l'obscu-
rité sur le développement des tleurs
M.'P. Ledoux. — Anatomic comparée des
organes foliaires chez les Acacias
M. Henryk Arctowsky. — Sur les icebergs
tabulaires des régions antarctiques
M. L. IzART adresse une ^l'olo relative à une
nouvelle voue à rail mobile
723
72(1
;'^7
PARl.S. — IMPIU VllîRUi: li \l)TinKU-Vl LL A KS ,
Quai des Grands-Augustins, 56
/..■ Ceranl ." '■ AUrHIRR Vli.LABl,
APR3O1901 1901
'^O'i.^ PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PA.H IVf ifl. IaK» SBCBÉTAIKES PERPÉTVEEi«).
TOME CXXXII.
N^ 12 (25 Mars 1901).
^PAKIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1"". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu Ae la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pièges par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3a pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;' cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
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moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
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ports relatifs aux prix décernés ne le sont q
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Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des SavattU
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de I
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ii
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires soii|
tenus de les réduire au nombre de pages requis. U
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtraij
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilslefon
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à I o heures d u matin ; faute d'être remis à tempi
le titre seul duMémoire est inséré dans le Comptenm
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte renàa
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches. 1
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures serann
autorisées, l'espace occupé par ces figures compler
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais desat
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports 1
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administralivefi
un Rapport sur la situation des Comptes rendus if
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi
sent Règlement.
I
Les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires P^P^^^f ^ '""^^"sdnK
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5». Autrement la présentation sera remise
APR 30 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUINICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le .MixisTRE DE l'Instructiox pi'BiiQUE ET DES Iîeaux- Arts adrcsse
l'amplialion du Décret par lequel le Président de la Réi>iiblic|ue approuve
réieclion de M. Humbert dans la Section de Géométrie, en remplacement
de M. Ch. Hermite.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Humbert prend place parmi ses
Confrères.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur les métaux égyptiens : Présence du platine
parmi les caractères d'une inscription hiéroglyphique; par M . Bertuelot.
« J'ai eu occasion d'étudier dans ces derniers temps un étui métaliiqiie,
couvert d'mscriptions hiéroglyphiques, confié à mon examen par x\l. Bene-
C. a., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, iN° 12.) 9^1
( 73o )
dite, Conservateur adjoint des antiquités égyptiennes an musée du Louvre.
Cet objet a été trouvé à Tlièbes. Il a été dédié par la reine Shapenapit,
fille du roi Psamnetik P"^ (vu"" siècle avant notre ère). Il est couvert d'in-
scriptions et de dessins en or sur l'une des faces, en arsfent sur l'autre.
» L'étude de cet objet soulève de nombreux problèmes, tant au point
de vue de l'analyse chimique appliquée à l'archéologie, et des altérations
produites par le temps, qu'à celui de la technique antique de ses construc-
teurs; spécialement en ce qui touche les procédés employés pour la
fabrication des enduits et l'incrustation des dessins et caractères. Je les dis-
cute dans le Mémoire détaillé, qui va paraître dans les Annales de Chimie
et de Physique; mais il me paraît intéressant d'en extraire un paragraphe
relatif à la découverte du platine, constitutif de l'un des caractères hiéro-
glyphiques soumis à mes analyses.
» Il s'agit d'un métal particulier, à couleur d'argent, élément d'un
caractère linéaire, détaché des Tableaux d'inscriptions hiéroglyphiques. Je
l'avais pris d'abord pour de l'argent, à cause de sa couleur; mais ses pro-
priétés chimiques sont bien différentes.
» C'est aussi un métal battu, de dimensions comparables aux autres
filets et caractères, dimensions déterminées à l'aide du palmer et qui sont
à peu près constantes pour chaque classe de ces caractères. Pour celui dont
je parle en ce moment, elles étaient égales à 5™'" en longueur, o'"™,55 en
largeur, o""", 23 (après un premier traitement à l'eau régale) en épaisseur.
Je crois devoir donner le détail des opérations auxquelles il a été soumis,
afin de ne laisser aucun doute :
» Cette lamelle a été traitée d'abord par l'acide azotique bouillant, sans
être aucunement attaquée, comme l'argent aurait dû l'être. Surpris,
j'ajoutai à l'acide deux fois son volume d'acide chlorhydrique concentré,
de façon à obtenir de l'eau régale, et je portai le tout à l'ébullition. Dans
ces conditions, l'or pur et les alliages d'or et d'argent sont rapidement
détruits. Une légère attaque se produisit en effet; mais la lamelle ne
diminua guère, même en maintenant le tube au bain-marieà ioo°, pendant
près d'une heure, conditions où des objets de platine pur de même épaisseur
seraient dissous, comme il est facile de le vérifier. L'eau régale a dissous,
en effet, en petite quantité, du chlorure de platine jaune, dont le mélange
avec une solution de chlorure de potassium fournit sous le microscope
des grains rouges cristallins. Mais le métal avait résisté, à la façon de cer-
tains minerais de platine, riches eu iridium et autres congénères.
)) Après un nouveau traitement semblable, la lamelle de ce métal, d'une
(73i )
résistance chimique exceptionnelle, fut chauffée au rouge vif pendant dix
minutes sur la lampe d'émailleur, dans un petit creuset de porcelaine,
avec addition d'azotate de potassium, lequel se décomposait avec vivacité.
La himelle fut très notablement attaquée. Cependant une grande partie
résista encore, sans manifester aucune fusion, tout en reprenant un vif
éclat argentin, qu'elle avait en partie perdu. Le mélange d'alcali et d'azo-
tite, demeuré dans le creuset, avait pris une teinte verdàtre (iridiimi?).
» L'attaque avait été notable : car l'épaisseur de la lamelle, à la suite de
ce traitement, s'est trouvée réduite à o""", 06. Ses bords étaient devenus
irréguliers et comme déchiquetés. Après lavages à l'eau, nouvelle ébullition
avec l'eau régale; nouvelle attaque, encore incomplète; le métaT avait
encore perdu son poli et se trouvait recouvert d'un enduit rugueux et gris
jaunâtre. La dissolution chlorhydronitrique contenait du platine et un peu
d'or ('). La portion du métal inattaqué a repris son éclat sous le pilon, dans
un mortier d'agate ; mais il en restait trop peu pour pousser plus loin.
» Si j'ai cru devoir donner le détail un peu minutieux de ces observa-
tions, c'est afin de bien préciser la résistance singulière aux réactifs d'une
lamelle métallique, dont le poids initial ne dépassait pas S'""^'' à G'"*^''. Cette
résistance surpasse non seulement celle de l'or, mais celle du platine pur.
Elle accuse l'existence d'un alliage complexe, renfermanl plusieurs des
métaux de la mine de platine, sans préjudice d'un peu d'or d'ailleurs. Elle
a été préparée, sans doute, avec un minerai natif d'alluvion, rare et excep-
tionnel, susceptible d'être rencontré en même temps que l'or natif, comme
le savent les minéralogistes. Il aura peut-être été confondu avec l'argent
par les anciens Égvptiens; car il a été réduit en feuilles régulières au mar-
teau, comme ils avaient coutume de faire pour les pépites d'or qui l'accom-
pagnaient. C'est ce que semblent prouver les dimensions et la régularité
de la lamelle présente, dimensions et formes comparables à celles des
autres lamelles il'or et d'argent de notre inscription.
1» Il est douteux que les opérateurs aient mis à part et soumis à des
traitements spéciaux un minerai dont ils n'auraient pas remarqué le
caractère excej^tionnel. S'ils en avaient rencontré (réquemment des
échantillons, ils les auraient distingués, en raison de l'infusibilité et de
l'inaltérabilité du métal, comparé à l'argent. Il y a là une énigme, qui sera
éclaircie seulement le jour où des échantillons de ce genre, avec affec-
(') Vérifié par la formation du pourpre de Cassius.
( 732 )
tation hiératique ou artistique spéciale, auront été rencontrés parmi les
métaux égyptiens.
» Pour savoir si les dessins et inscriptions de l'élui en renfermaient
plusieurs échantillons, il eût été nécessaire d'en traiter et d'en dissoudre
une grande partie; ce qui aurait exigé le sacrifice d'un objet archéologique
précieux. J'avais pensé un instant aux étoiles métalliques existant au
sommet de l'objet (et qui figurent le ciel) : mais celle que j'ai détachée
s'est trouvée simplement constituée par de l'argent.
» Je ne crois pas que le platine ait été observé jusqu'ici parmi les
métaux provenant de l'Egypte, ni même de l'antiquité. On n'en a signalé
d'ailleurs ni dans l'Afrique, ni dans l'Arabie : ses minerais un peu abon-
dants appartiennent à de tout autres régions, à l'Oural et à la Sibérie
notamment. Mais on l'a reconnu dans des alluvions aurifères et stanni-
fères en Irlande, en Bretagne et dans le Rhin, en Laponie, en Transyl-
vanie, etc. Il y en avait probablement des échantillons dans les alluvions
de la Nubie, ou des régions supérieures des vallées du Nil et de ses
affluents. »
ÉLECTROCHIMIE. — Sur les relations èlectrochimiques des états allotropiques
des métaux et de l'argent en particulier. Note de M. Berthelot.
« L'étude des étals allotropiques de l'argent, signalés dans mes dernières
Communications à l'Académie ('), m'a con luit à examiner leurs relations
électrochin)iques. En raison de la nécessité de certains travaux, traduits
par des dégagements de chaleur sensibles, pour passer d'un étal à l'autre,
la théorie indique la possibilité de développer entre eux un courant élec-
trique. Pour m'en assurer, j'ai employé le procédé connu, qui consiste à
former avec le métal, pris sous deux de ses états, des électrodes, immergés
dans une solution d'azotate d'argent au dixième, à une température con-
stante. La communication entre les électrodes était établie par des fils
d'argent pur et un galvanomètre d'Arsonvai très sensible.
» J'ai vérifié d'abord qu'en opposant l'un à l'autre : soit deux fils d'argent
pur, soit un fil d'argent et de l'argent pur battu en feuilles minces, il ne se
développe absolument aucun courant. Cela fait, j'ai opposé à l'argent en
(') .Innales de Chimie et de Physique, ']" série, l. XXII, 807; 1901.
(733 )
feuilles (argent amorphe), en opérant chaque fois dans un vase distinct,
les quatre états allotropiques du même métal définis par mes recherches:
argent modifié par l'action de l'owgène, vers 55o" ; argent précipité par
le cuivre, non chauffé ; le même chauffé ensuite ; argent cristallisé.
» J'ai observé dans tous les cas la production immédiate d'un courant;
l'argent battu en feuilles, jouant le rôle positif vis-à-vis des autres variétés :
ce qui est conforme au signe thermique des chaleurs de transformation,
cet argent en feuilles étant celui qui possède la plus forte chaleur d'oxv-
dation. Ainsi l'opposition de deux états différents du même métal donne
naissance à une petite pile.
» Cependant le courant ainsi développé ne reste pas constant. Après
une première impulsion assez énergique, la déviation baisse rapidement
en moins d'une mmule, jusqu'à une valeur presque fixe. Puis cette valeur
diminue plus lentement, peu à [)eu et, au bout de quatre à cinq minntes,
l'aiguille est retournée au zéro.
» Il en résulte que la surface des deux échantillons métalliques paraît
être devenue identique, par suite de la précipitation sur l'un des électrodes
d'une couche d'argent possédant un état identique avec celui de l'autre
électrode; peut-être aussi par l'effet d'une transformation superficielle de
l'un des électrodes, déterminée par l'action de l'électricité : l'un et l'autre
de ces phénomènes ayant pour conséquence la disj>arition du courant.
» C'est ici le lieu de rappeler que le courant électrique, suivant les
conditions de son action, détermine la précipitation d'un même métal sous
des états différents.
» Par exemple à l'état cristallisé, ou tout au moins non adhérent à la
surface d'un métal, identique ou différent, employé comme électrode.
» On bien à l'état amorphe, aiihérent en couche continue et brillante;
effet qu'on a surtout pour but de réaliser dans les opérations industrielles
d'argenture, de dorure, de cuivrage, de plombage, d'étamage, de nickelure,
de ferrure, etc.
» La rapide variation de potentiel, observée dans les essais précédents,
laissait peu d'espoir d'arriver à une détermination exacte de la force élec-
tromotrice, développée entre les deux électrodes constitués par deux états
différents de l'argent. J'ai cependant fait quelques essais pour la mesurer
par la méthode connue d'opposition avec le dispositif de M. Bouty. Mal-
gré la courte durée de chaque passage du courant dans ce procédé, je n'ai
pas réussi à mesurer ainsi des valeurs précises.
( 734 )
» La difficulté, dans ces conditions, est augmentée par une circonstance
spéciale qu'il est utile de signaler, à savoir le mélange inévitable de
chaque état allotropique de l'argent avec de petites quantités d'argent
amorphe. En effet, la modification de l'argent en feuilles, chauffé dans
une atmosphère d'oxygène vers 55o°, exige un temps considérable. Il est
nécessaire, après chaulfage, d'opérer un triage à la pince des feuilles d'ar-
gent non désagrégées; triage qui n'est jamais complet. De même, l'argent
non adhérent, précipité par le cuivre, ou obtenu cristallisé par électrolyse
proprement dite, est toujours mélangé avec quelque dose d'argent suscep-
tible d'adhérence et possédant dès lors l'état amorphe.
M Lorsque l'on a opéré de façon à rendre ces doses aussi petites que
possible, les mesures calorimétriques n'eu sont affectées que dans une
faible mesure. Mais il n'en est pas de même des forces électromotrices, in-
fluencées surtout, comme je l'ai dit plus haut, par l'état sous lequel l'ar-
gent redissous à un pôle se précipite à l'autre pôle. »
PHYSIQUE. — Sur la radio-activité secondaire.
Note de M. Hexki Becquerel.
» Dès le début de mes recherches sur le rayonnement de l'uranium,
j'avais observé qu'en plaçant sur une plaque photographique une parcelle
d'un composé de ce métal, et en la couvrant d'une petite cloche de verre
ou de métal, on obtenait une impression sensiblement uniforme corres-
pondant à la projection de la surface de la cloche. Plus tard ( '), en étu-
diant le même phénomène produit par le rayonnement du radium, j'ai
reconnu qu'il était le résultat d'un rayonnement secondaire provoqué par
le rayonnement incident.
» Tous les corps recevant le rayonnement des corps radio-actifs émet-
tent ainsi un rayonnement secondaire qui impressionne une plaque photo-
graphique à une petite distance des points frappés.
» Le rayonnement du radium et celui de l'uranium provoquent ce
rayonnement secondaire avec une intensité relativement grande qui paraît
en rapport avec l'intensité de leur radio-activité. Le polonium produit le
même phénomène avec une intensité très faible si on la compare à celle du
rayonnement direct qu'il émet.
(') Comptes rendus, t. GXXVllI, p. 771 ; 27 mars 1899.
( 735 )
» L'émission des corps radio-actifs comprend plusieurs ordres de phé-
nomènes parmi lesquels on dislingue une émanation gazeuse et un rayon-
nement.
» L'émanation, qui provoque la radio-activité induite, est arrêté par le
verre ou le mica. Nous ne nous occuperons ici que du rayonnement.
» Le rayonnement comprend : i" une partie non déviable par un champ
magnétique, et très absorhable; 2° une partie déviable par un aimant, dont
la nature paraît identique à celle des rayons cathodiques et qui, dans un
champ magnétique, se disperse en faisceaux animés de différentes vitesses
de translation ; 3° une partie non déviable par un champ magnétique, et
très pénétrante.
« On peut se proposer de rechercher si les trois espèces de rayonnement
donnent des rayons secondaires, et si la nature de ceux-ci dépend de celle
des rayons excitateurs. Les expériences que j'ai entreprises sur ces divers
points ne m'ont pas encore donné la solution complète de ces questions;
elles ont cependant permis d'établir un certain nombre de faits intéressants.
» 1. Rayonnement non déviable el très absorhable. — Cette partie du
rayonnement du radium donne en peu de temps une impression photogra-
phique intense, au travers d'une lame mince d'aluminium couvrant la
matière active, mais elle ne paraît provoquer qu'un rayonnement secondaire
très faible; il est du reste difficile de séparer cette partie absorhable de la
partie très pénétrante du rayonnement, autrement que par le temps de pose
qui, pour la partie pénétrante, est très long. Le polonium, qui n'émet pas
de ravons déviables, et dont le ravonnement direct intense est arrêté par
une feuille de papier, provoque des rayons secondaires faibles; mais comme
la pose doit être longue pour donner un effet ap|)réciable, on ne peut encore
faire la part des deux espèces de ravonnements non déviables.
» 2. Rayonnement déviable. — Le rayonnement déviable est dispersé
par un champ mignétique en rayons de vitesses différentes. J'ai étudié en
détail (' ) ce phénomène et j'ai reconnu que les rayons inégalement dévia-
bles étaient inégalement pénétrants. Les rayons les plus déviés et les plus
lents sont les plus absorbés. Les plus pénétrants sont ceux qui sont les
moins déviés, et ont la plus grande vitesse; comme ils traversent les
corps avec une faible absorption, ils ne produisent que de faibles actions
chimiques ou physiques qui ne peuvent donner aucune indication sur leur
intensité véritable; c'est ainsi que se comporteraient, par exemple, des
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. 206 el 207.
( 736 )
rayons lumineux routes intenses qui traverseraient, sans l'impressionner,
une plaque photographique. Le produit Hp de l'intensité du champ par le
rayon de courbure de chaque trajectoire peut servir à caractériser chaque
espèce de rayonnement déviable. Les rayons dont le produit Hp est infé-
rieur à 65o (C.G.S.) sont arrêtés par le papier. Au travers du papier noir
l'impression maximum correspond à environ Hp = i 4oo ; elle diminue
vers 2000 pour devenir faible à partir de Sgoo; à cette impression
faible correspondent des rayons très pénétrants qui, pour Hp = 5ooo,
impressionnent au travers d'une épaisseur de verre de i™"", 5 une seconde
plaque photographique placée au-dessous de la première. Les rayons
déviables dont le produit Hp est inférieur à 3ooo n'impressionnent pas
celte deuxième plaque.
» Les rayons déviables provoquent des ravons secondaires avec une
intensité qui paraît d'autant plus grande qu'ils sont plus déviables et en
même temps plus absorbés. J'avais déjà signalé ce fait. Les expériences
suivantes en donnent une nouvelle démonstration.
•» Dans le champ horizontal d'un aimant permanent, on dispose paral-
lèlement aux lignes de force une petite cuve linéaire contenant du radium,
puis, au-dessus, normalement au champ, une plaque photographique ver-
ticale enveloppée de papier noir. Du côté opposé à celui de la déviation,
un écran métallique épais arrête les rayons déviables qui pourraient venir
latéralement impressionner la plaque. Le rayonnement se compose alors
d'un faisceau non dévié qui rase l'écran et atteint la plaque, puis d'un
faisceau dévié. On reçoit le rayonnement sur une première lame de plomb
de 1™'° environ d'épaisseur, courbée suivant une circonférence centrée sur
la source et percée de trous; cette lame touche par sa tranche la platjue
photographique enveloppée de papier noir. Derrière cette lame de plomb,
à i*^™ environ, on en a disposé une seconde, plus mince et concentrique à
la première. En développant l'épreuve après plusieurs jours de pose, on
constate, d'une part, que les rayons non déviables donnent des impres-
sions d'une rectilignité parfaite sous forme de traits qui peuvent être ex-
trêmement fins et qu'ils excitent un rayonnement secondaire; d'autre part,
que les rayons déviables excitent un rayonnement secondaire donnant
des impressions d'autant plus intenses que les rayons excitateurs sont plus
déviables. Cette expérience, disposée pour rechercher si les rayons secon-
daires étaient déviables, a montré seulement une impression diffuse autour
des points fraj)pés par le rayonnement direct ; cependant l'émission se-
condaire provoquée sur la deuxième surface de la seconde lame de
( 73?)
plomb par les rayons qui ont traversé les trous de la [)reniière. paraît
entraînée dans le même sens que les ravons incidents.
» Une autre expérience consiste à disposer dans un champ magnétique,
parallèlement l'une au-dessus de l'autre, à quelques millimètres de distance
deux plaques photographiques enveloppées de papier noir, et dont les
gélatines sont tournées l'une vers l'autre. Sur le verre de la plaque supé-
rieure on place la source radio-active, et sur la gélatine de la plaque infé-
rieure, une petite bande de plomb. La partie pénétrante du rayonnement
dévié traverse le verre de la plaque supérieure et vient exciter sur la bande
de plomb des rayons secondaires qui impressionnent à distance la plaque
supérieure. On aurait pu obtenir sur la plaque inférieure une impression
due à des rayons secondaires déviablcs ramenés sur celle-ci, mais l'expé-
rience n'a pas manifesté ce phénomène.
» Rayonnement non déviable très pénétrant . — Les rayons très pénétrants
du radium ont été signalés pour la première fois avec leur caractère de non-
déviabilité par M.Villard ( '). D'autre part, j'avais déjà (-) appelé l'attention
sur la pénétration de certains rayons qui dans mes expériences impression-
naient une plaque photographique au travers du fond d'une i)etite cuve en
plomb.
» En répétant ces expériences avec plusieurs plaques photographiques
superposées, on observe que les rayons qui ont traversé le fond de la cuve
de jilomb traversent plusieurs lames de verre de i°"",5 d'épaisseur cha-
cune, et qu'ils ne sont pas déviés par un champ magnétique.
» ,I'ai montré récemment (') que ce rayonnement non déviable et très
pénétrant, filtré par une épaisseur de métal (plomb, cuivre)de i""environ,
donne naissance à des phénomènes secondaires intenses. Non seulement
il excite la première surface des corps qu'il rencontre, mais encore, si
ceux-ci ne sont pas trop épais, il les traverse et excite sur la seconde face un
rayonnement secondaire moins pénétrant et plus absorbable que le rayon-
nement incident. Ce rayonnement étant plus absorbable impressionne une
plaque photographique avec une intensité relativement plus grande que le
rayonnement direct, et s'il arrive, comme dans les expériences précitées,
que le rayonnement incident soit assez peu affaibli au travers des corps pour
exciter sur leur face inférieure un ravonnement qui donne une impression
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. loio; avril 1900.
(-) Comptes rendus, t. CXXX, p. 874; février 1900.
(') Comptes rendus t. CXXXIl, p. 871; février 1901.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXIl, N- 12.) 95
( 738
plus forte que les ravons directs, on observe ce phénomène inattendu que
sous un écran métallique l'impression peut être plus intense que si cet écran
n'existait pas. Dans ces diverses expériences les plaques photographiques
enveloppées étaient protégées contre les vapeurs métalliques par des
feuilles minces de mica. Si dans ces conditions on dispose sur une plaque
photographique une lame prismatique de plomb recevant les rayons du ra-
dium fihrés par une épaisseur notable de métal, on constate facilement le
décroissement progressif de l'intensité du rav.onnement secondaire de la
face inlérieure, à mesure que l'épaisseur de la lame augmente.
» On peut étudier à la fois le ravonnement excité sur les deux faces de
lames de verre, de métaux divers ou d'autres substances en plaçant celles-
ci entre deux plaques photographiques dont les gélatines sont tmirnées vers
l'îniérieur, et en excitant ce système au travers du verre de l'une des
plaques.
)) Le rayonnement secondaire excité sur la face des lames exposée au
rayonnement incident est plus fort que celui qui est excité sur l'autre face.
Il résulte de ces expériences que le verre qui sert de support à la gélatine
des plaques photographiques joue un rôle important dans les impressions
obtenues. Ces phénomènes s'obtiennent avec le rayonnement du radium;
l'uranium émet aussi des ravons très pénétrants. Ou sait d'autre part que,
pour le polonium, le rayonnement intense de cette matière n'est pas dé-
viable et est arrêté par une feuille de papier noir. En laissant l'action se
prolonger pendant plusieurs jours, on constate que le polonium émet des
rayons qui traversent une feuille de carton ainsi qu'une lame mince de
mica et impressionnent une plaque photographique, mais ces ravons ne
traversent pas une petite épaisseur de plomb.
M Explication de quelques particularités que présentent les radiographies
obtenues avec les corps radio-actifs. — Lorsque des lames de verre, des mé-
taux ou divers objets sont disposés près d'une plaque photographique et
reçoivent le r;iyoiinement d'un corps radio-actil, uranium ou radium, les
contours des radiographies de ces objets offrent différents aspects : du côté
exi)osé au rayonnement on observe un renforcement de l'action photogra-
phique, et de l'autre un minimum qui correspond à une ombre portée dans
laquelle les autres objets sont protégés contre le ravonnement incident.
Considérons d'abord les effets jiroduits sur le côté exposé au rayonnement;
si les lames reposent sur la plaque photographique, ou sont très près de
celle-ci, et si le rayonnement les frappe presque normalement, les faces
latérales donnent un eflet secondaire intense, extérieur au contour des
( 739 )
lames; si le rayonnement est oblique et pénétrant, l'effet extérieur peut
s'annuler et l'on observe à l'intérieur du contour une impression qui va en
décroissant à partir du bord et se maintient ensuite constante sur toute
l'étendue de la surface couverte par la lame considérée; s'il arrive que
celle-ci soit distante de la plaque de quelques millimètres, le contour n'est
pas la projection oblique de l'arête inférieure, mais il est limité par
un maximum diffus dans le voisinage de la projection orthogonale des faces
latérales sur la plaque.
» Le long des bords opposés, on observe une ombre portée limitée exté-
rieurement à la projection conique des arêtes supérieures des lames, et
s'arrêtant intérieurement à la projection orthogonale des arêtes infé-
rieures. Parfois on observe de ce côté un renforcement intérieur qui appa-
raît en même temps que le renforcement extérieur de l'autre bord et dont
il vient d'être parlé.
» Ces différentes particularités s'expliquent par les effets du rayonne-
ment secondaire excité sur la face inférieure des lames; ce rayonnement
s'affaiblit très vite à une petite distance des points excités, et impressionne
surtout la plaque photographique dans le voisinage delà projection ortho-
gonale de ces points. Du côté exposé au rayonnement, les parties de la
face inférieure voisines du contour sont excitées par des rayons obliques
qui ont traversé les faces latérales et qui sont d'autant moins affaiblis par
l'épaisseur traversée, qu'ils passent plus près de l'arête inférieure; ces
régions émettent donc un rayonnement secondaire qui va en décroissant à
partir des arêtes inférieures. De l'autre côté, les limites de l'ombre s'expli-
quent simplement. Quant au renforcement extérieur variable avec l'obli-
quité du rayonnement incident, il se peut qu'il soit le résultat d'une sorte
de réflexion diffuse particulière s'ajontant au rayonnement secondaire.
» Ces divers phénomènes sont produits constamment avec les mêmes
caractères par les rayons de l'uranium et du radium, sur les plaques pro-
tégées contre l'action des rayons lumineux.
» Dans d'autres expériences et en particulier dans l'épreuve unique que
j'ai obtenue il v a cinq ans au travers de 2°"" d'aluminium, avec le rayon-
nement issu d'une préparation de sulfure de calcium phosphorescent, les
apparences sont différentes; elles sont identiques à celles que donnent la
réfraction et la réflexion totale de la lumière, de sorte qu'on est conduit
à penser que dans cette expérience le phénomène observé était différent
de celui que nous venons d'étudier et qu'il pourrait avoir été produit par
des rayons lumineux ayant traversé un écran il'aluminium. »
(74o )
CHIMIE GÉOLOGIQUE. — Origine des eaux ihermaks sulfiireuses. Salfosilicates
cl oxysulfures dérivés des silicates naturels ; par M. Armand Gautieu.
« L'origine des eaux thermales, sulfureuses ou carbonatées alcalines,
reste encore inexpliquée. Elles sortent des teri'ains profonds qui ne semblent
pas en contenir les matériaux; alcalines, elles se forment au sein de roches
acides; sulfureuses, elles ne trouvent pas de sulfures solubles dans les
couches d'où elles émergent; presque exclusivement sodiques, elles sont
originaires de roches particulièrement riches en potasse. Aussi les hypo-
thèses émises pour expliquer leur formation sont-elles nombreuses; au-
cune n'est satisfaisante ni vérifiable.
» J'ai tenté, il y a longtemps, de recourir à l'expérience pour me rendre
compte de l'origine de ces eaux, en essayant de les reproduire par voie de
synthèse, particulièrement en faisant agir, à chaud, sur les feldspalhs, ou
sur les micas en poudre, de l'eau chargée d'hydrogène sulfuré ou d'acide
carbonique. Il est certain qu'on peut obtenir ainsi des eaux sulfureuses,
mais elles sont à la fois potassiques et sodiques, et ces tentatives laissent,
d'ailleurs, inexpliquée l'origine de l'élément sulfureux.
» Ce n'est que dans ces derniers temps, en étudiant l'action de la cha-
leur sur les roches anciennes, que j'ai pu me rendre compte du méca-
nisme qui donne naissance aux eaux thermales sulfureuses.
» Lorsqu'on traite le granit en poudre par de l'eau froide, on obtient
une solution très étendue de sels divers où domine le silicate de soude
et le sulfate calcique. i kilogramme de poudre fine de granit de Vire ayant
été méthodiquement épuisé par 7 litres d'eau distillée froide, on évapora la
solution, qui paraissait neutre aux papiers sensibles; en la concentrant on
constata que l'acide carbonique de l'air en séparait une certaine quantité
de silice; la liqueur devenait très légèrement alcaline et contenait alors
des traces de carbonate sodique. Après filtration pour enlever la silice,
le résidu de l'évaporation pesa o^SgoSg. On y trouva o^'', 160 de Na-0
répondant à oS'",3oo de silicate raonosodique primitif, etoS'',io5 de SO'.
Dans ce résidu salin, il fut possible de reconnaître la présence de la potasse,
mais sa quantité était indosable, résultat d'autant plus intéressant que les
feldspalhs de ces granits sont essentiellement potassiques. L'eau avait dis-
sous en même temps un peu de sulfate et de carbonate de chaux, une trace
de magnésie et de fer (celui-ci en partie à l'état de carbonate ferreux que
( 74' ) ■
l'éleclro-aimanl enlève à la poudre de la roche), une très minime rjuantilc
de phospliales, pas de borates, une trace à peine de chlorures, pas de bro-
mures ni d'iodures, enfin une très petite proportion d'une matière orga-
nique donnant quelques-unes des réactions de l'acide crénique. A aucun
moment la liqueur d'épuisement ne décela de sulfures solubles.
» Pour m'en assurer entièrement, j'ai pris i7ioS''de poudredegranit bien
pur, et je l'ai introduite dans un flacon de 2'" préalablement reiin)li d'azote,
flacon dont l'ouverture recevait le col rodé à l'émeri d'une cornue tubulée
contenant i''',5 d'eau pure récemment bouillie. Après avoir fait le vide
dans tout l'appareil et distillé une partie de l'eau de la cornue pour enlever
toute trace d'air, sans ouvrir ra|>pareil et en relevant légèrement la cor-
nue, j'ai fait couler l'eau sur la poudre de granit. A[)rès quatre jours de
contact avec agitation, l'eau de lavage fut filtrée à l'abri de l'air en l'aspi-
rant dans un ballon B préalablement vidé d'air et relié à un système de
l)arbolteurs à sulfate d'argent. On fit alors circuler lentement dans l'eau
d'épuisement du granit un courant de CO", et par distillation dans le vide
on fit passer dans la solution de sidfale d'argent ^ de la liqueur. J'ai
montré que dans ces conditions la totalité des sulfures solubles, s'il en
existe, cède son soufre à l'argent ('). Or, dans cette expérience, la plus
minime quantité de sulfure d'argent ne s'étant pas lormée (-), il s'ensuit
que les sulfures alcalins et alcalino-lerreux sont totalement absents du
granit.
» Mais si, au lieu de reprendre le granit en poudre par l'eau froide, on
le chaufie, à 25o°-3oo" avec son poids d'eau en tubes de Bohème scellés,
au préalable soigneusement vidés d'air, on obtient une véritable eau sulfu-
reuse artificielle. Son alcalinité, son odeur de lessive etd'œufs cuits, la pré-
sence du sulfure de sodium, accompagné d'une très minime quantité de
sulfure de potassium, de sels ammoniacaux (''), de phosphates, sulfates
et silicates, d'un peu d'acide carbonique et de t;az azote j)ermettent de
l'identifier entièrement avec les eaux thermo-minérales sulfureuses na-
turelles.
» 1000 gr. de poudre de granit traité à chaud par leur poids d'eau ont
(') Voir ce Volume, p. Stg.
(■-) Si l'on distille à 100° l'eau de lavage du granit, la vapeur, reçue dans le sulfate
d'argent, y produit un trouble brunâtre. Mais en séparant ce léger précipité, le lavant
et le reprenant par l'acide nitrique, je me suis assuré qu'il ne contenait pas de soufre.
(') Le granit de l'^ontana donnait oS'jOaj de AzlI* par litre d'eau.
( 742 )
donné des eaux sulfureuses dont j'ai dosé, les éléments sulfureux, par la
méthode décrite (p. 5i8). Voici les résultats par litre d'eau :
1. II.
H=S libre. .. 4; 3 9,4
Ext/ait par le vide seul. } CO^ 6,80 »
"Ail. \
Azote 2,3o
Extrait dans le vide pa
un courant de CO- .
' \ H^S total... 4o, 3 84,6
)) La petite quantité d'hydrogène sulfuré libre qui existe dans ces eaux
provient d'un peu de CO' qui se produit simultanément et réagit sur le
sulfure sodique. Lorsqu'on calcule d'après les nombres ci-dessus les quan-
tités de Na^S formées dans ces conditions, on trouve, par litre d'eau.
I. II.
Na'S OB'', 1076 os'',2io(')
» Les eaux thermosulfureuses, bien connues, suivantes contiennent :
^^
Bagnères-de-Luclion o,o54 Na-S par litre
Barèges o,o4o »
Labassère o,o5o »
» On tiouve d'ailleurs dans ces eaux, comme dans les nôtres, un peu
de sulfates et silicates de Na, R, Ca, des indices de fer, de sels ammo-
niacaux et de matière organique. Quoique plus concentrées, nos eaux
sulfureuses artificielles leur sont donc de tout point comparables.
» Toutes les roches ignées traitées par l'eau à 25o"-3oo'' se comportent
comme le granit.
)) D'où proviennent les sulfures solubles de ces eaux? Nous avons
vu qu'ils ne préexistaient pas dans la roche. Ils ne |)euvent, d'autre part,
avoir pour origine directe l'action de l'eau chaude sur des sulfures de fer,
de zinc, d'aluminium, etc. Tl est vrai qu'au rouge, ainsi que je l'ai établi, le
sulfure de fer donne du gaz sulfliydrique et de l'oxyde magnétique; mais
je me suis assuré que ce sulfure FeS, chauffé à 26o"-28o'' avec de l'eau ne
donne pas d'hydrogène sulfuré. Le sulfure de zinc n'existe pas dans ces
roches. Quant aux sulfures de magnésium ou d'aluminium, .s'ils y existaient
(') Nota bene : A la page ÔaS de ce Volume où je donne une analyse d'eau sulfu-
reuse ainsi obtenue artificiellement, il s'est glissé une erreur d'impression; il faut lire
Na^S := os", 187, au lieu de oS'',oi87 par litre.
( 743 )
à l'état libre, ils seraient directement dcconaposésà froid par l'eau en don-
nant H- S; or nous avons va qu'elle n'extrayait pas trace d'hydrogène sul-
furé, ni de sulfures sohibles, de la poudre de granit. Il faut donc qu'il y
ait dans ces granits, et probablement dans toutes les roches ignées dont
j'ai pu extraire, au rouge, de l'hydrogène sulfuré, des substances décompo-
sables par l'eau vers aSo" en donnant des sulfures alcalins.
» J'ai montré (') que, lorsqu'on chauffe au rouge les poudres des
roches ignées, il se dégage toujours un ensemble de gaz réducteurs où
domine l'hydrogène mêlé d'oxyde de carbone, de gaz de marais, de traces
de benzine, etc. et d'un peu d'ammoniaque, etc. Ces mêmes gaz se produi-
saient aussi lors de la solidification de ces roches et, s'ils ne se sont pas
dégagés autrefois, c'est grâce à la pression énorme qu'ils supportaient alors
et aux actions inverses que favorisait cette haute pression. Or, j'ai direc-
tement établi, en 1888, que, lorsque l'on fait agir au rouge les gaz réduc-
teurs précédents, les hydrocarbures, et le charbon lui-même, en présence
de l'hydrogène sulfuré ou du soufre, sur les feldspaths, kaolins, l'alu-
mine, etc., on obtient une série de sulfosilicates et d'oxysulfures où le
soufre remplace en partie l'oxygène (-). Tous ces sulfosilicates et oxysul-
fures, chauffés avec l'eau, donnent des sulfures solubles et de l'hydrogène
sulfuré. Ce sont eux qui, persistant en petite proportion dans les roches
ignées, sont l'origine des sulfures solubles des eaux thermominérales.
)) L'expérience suivante montre qu'il est impossible que ces roches, et
plus particulièrement le granit, soient portées au rouge sans que, sous
l'action des gaz qui se produisent, une partie de l'oxvgène des silicates
soit remplacée par du soufre. Dans un tube de porcelaine, fermé à un bout
et préalablement rempli de CO-, j'ai placé, entre deux couches de i5'^'" de
granit finement pulvérisé, 20^' environ de feldspath albite en j)oudre sé-
paré (lu granit j)ar deux légers tampons d'amiante. Un bouchon portant un
tube plongeant dans le mercure fermait l'appareil. J'ai chauffé le tube au
rouge vif dans mon four à moufle. Dans ces conditions, les gaz formés pou-
vaient réagir sur l'albite, comme ils ont pu réagir autrefois sur les feld-
spaths de la roche elle-même. Après deux heures de chauffe, on laissa re-
froidir à l'abri de l'air et l'on sépara la poudre d'albite comprise entre les
deux tampons d'amiante. On constata qu'elle ne contenait pas de sulfures
solubles; mais, lorsqu'on vint à la chauffera 25o° avec de l'eau, elle donna
une solution légèrement alcaline et sulfureuse, qui dégageait très sensible-
(') Voir ce Volume, p. 58 et 189.
(-) Comptes rendus, t. CVII, p. 911; 1888.
( 744 )
ment de l'hydrogène sulfuré dans le vide, surtout si l'on ajoutait un acide
minéral pour décomposer les sulfosilicates formés. L'expérience répétée
avec la même poudre d'albile chauffée sans granit donna des résultats
négatifs.
» Il est donc certain qu'à lempéralure suffisante, les gaz qui se forment
dans les roches ignées, en particulier les gaz carbures et sulfurés, en
agissant sur les matériaux de ces roches substituent une petite quantité
de soufre à l'oxygène des silicates, donnant ainsi des composés sulfurés,
décomposables par l'eau chaude qui se charge alors de sulfures solubles.
En fait, j'ai constaté la production de sulfosilicales décomposables par
l'eau vers 200° à 3oo", chaque fois que les silicates sont chauffés avec des
matières pouvant donner du soufre au rouge dans un milieu réducteur.
» C'est surtout sous cette forme de sulfosilicates qu'existe ce soufre que
l'on sait se dégager par les acides étendus des poudres des laitiers de haut
fourneaux et des scories de fer. Les principes sulfureux de la h;iùyne, du
lapis, de l'outremer ont cette même constitution. Toutes ces combinaisons
siliceuses, naturelles ou artificielles, dégagent ()ar l'eau surchauffée, ou par
les acides, tout ou partie de leur soufre à l'état d'hvdrogène sulfuré.
» Lorsqu'on fait agir au rouge un courant de chlore sec sur les sulfosi-
licates une partie de leur soufre passe à l'état de chlorure qui se volati-
lise. Je me suis assuré qu'au rouge les roches ignées en poudre cèdent
toujours au chlore une petite quantité de soufre qu'on retrouve dans les
jiarties qui distillent.
» J'ai préparé, en 1888, un certain nombre de ces sulfosilicates et ox\-
sulfures. Je les obtenais !-oit en faisant passer, au rouge vif, du soufre
en vapeur sur un mélange de silicates et de charbon, soit en remplaçant
le soufre par un courant d'hydrogène sulfuré, qui à cette température
constitue une source d'hvdrogène et de soufre libre, soit en distillant à
travers le tube contenant la substance à transformer un courant de sulfure
de carbone ('). Dans tous ces cas, avec les argiles et les feldspaths, il se
fait du sulfure et de l'oxysulfure de silicium qui se volatilisent en partie en
avant du tube, et des sulfosilicates très riches en soufre, souvent cristal-
lisés, restant, mélangés ou non avec les matières inattaquées. On les sépare
mécaniquement ; ou bien on les décompose par l'eau aidée des acides affai-
blis, s'il s'agit seulement de déterminer leur teneur en soufre. Four abréger.
(') En collaboialioii avec M. L. llallopeau. Voir aussi Comptes rendus, t. CVII,
p. 911, notre premier travail à ce sujet, et la note de M. P. Didier, Comptes rendus,
t. CXXVIII, p. 1286.
( 745 )
et dans le but de constater leur riche sulfuration, je me borne à donner
ici quelques-unes des analyses de ces substances.
I. Sulfosilicale II. Sulfosilicale III. Produit IV. APO'.AFS'
du feldspath du kaolin obtenu avec obtenu
adulaire ('). purifié. létale. avec l'alumine.
Aliiininiiim 13,76 26,33 3,43 42,8
Silicium i3,79 '4,73 1,02 »
Soufre . 27,60 33,83 55, i. 38,09
Sodium 18,98 — — —
Potassium 1,61 — — —
Magnésium.... — — 36,6 —
Oxygène (par tlid.). . . 24,26 25, ii 3,o 18,7
)) Dans les produits I et II obtenus avec le feldspath et le kaolin le soufre
paraît à la fois uni à la silice et aux métaux, particulièrement aux métaux
alcalins; le produit III dérivé du tidc correspond à du sulfure de magnésium
mélangé d'un peu d'oxysulfure d'aluminium. Avec l'alumine, on obtient un
oxysulfure d'aluminium, APO^APS'.
» Tous ces corps traités par l'eau, surtout à chaud, ou à froid en pré-
sence des acides minéraux, dégagent la totalité de leur soufre à l'état d'hy-
drogène sulfuré. Les sulfosilicates dérivés des feldspaths donnent des sul-
fures alcalins lorsqu'on le chauffe avec de l'eau en tubes scellés.
» Le soufre qui, dans les roches ignées, a produit originairement" la
petite proportion de ces sulfosilicates dont les eaux sulfureuses tirent leur
origine, provient des sulfures mélalloïdiques et métalliques primitifs. En
particulier, j'ai montré (-), que le sulfure de fer donne, au rouge, par la
vapeur d'eau, de l'oxyde magnétique que l'on trouve partout inclus dans
ces roches et de l'hydrogène sulfuré. Entre cet hydrogène sulfuré, les gaz
réducteurs que forme à chaud la vapeur d'eau en agissant sur les silicates
ferreux (') et les sulfosilicates qui tendaient à se produire, il s'est autrefois
établi, alors que la température et la pression étaient suffisantes, un état
d'équilibre qui a laissé persister dans ces roches une petite proportion de
sulfosilicates. La transformation partielle de l'albite, lorsqu'on la chauffe
au sein des gaz qui se forment dans le granit qu'on porte au rouge, m'a per-
mis de démontrer le mécanisme et la réalité de la formation de ces sulfures
(') Analyse de la partie attaquable par les acides étendus avec dégagement de H'S.
L'eau seule ne donnait que des traces de H-S.
(') Voir Comptes rendus, p. 190.
{') IbicL, p. 59.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 12.) 96
( 746)
et sulfosilicates. La petite quantité qu'il en reste dans les roches ignées
suffit pour donner naissance aux sulfures solubles des eaux thermales
sulfureuses naturelles. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouveaux dérivés de l'acide diméthylamido-
benzoylbenzoique . Note de MM. A. Haller et A. Gutot.
« Dans une très courte Note publiée dans \e Bulletin de la Société chi-
mique ('), nous avons signalé la préparation et les principales propriétés
de l'acide nitrodiméthylamidobenzoylbenzoique, nous proposant de com-
pléter notre Travail.
» Un Mémoire paru récemment sur la même question, où l'auteur,
M. Limprecht (-), reproduit une partie de nos recherches antérieures,
nous oblige à communiquer les résultats acquis et à rectifier certaines
données du savant allemand.
)i Nitration de l'acide dimélhylamidobenzoylbenzoique. — Elle peut s'ef-
fectuer en solution acétique ou en solution sulfurique. Les rendements
étant meilleurs au sein de l'acide sulfurique, nous avons dissous à froid
une molécule de l'acide organique dans dix fois son poids de SO*H^ con-
centré, et ajouté au liquide refroidi à o° une molécule d'azotate de po-
tasse mélangé de cinq fois son poids d'acide sulfurique concentré. On
laisse ensuite la solution reprendre la température du laboratoire, puis on
la verse sur de la glace pilée. Après avoir étendu d'eau, on recueille le
précipité sur filtre, on essore, on lave et l'on dissout la masse dans le car-
bonate de soude, pour séparer une partie insoluble constituée en grande
partie par de la paranitraniline diméthylée. La solution alcaline est ensuite
sursaturée par de l'acide chlorhydrique, et le produit nitré qui se précipite
est mis à cristalliser dans l'alcool.
» L'acide nitrodiméthylamidobenzoylbenzoique :
CH*^ \AzO-
^ " \COOH ^^^^
se présente sous la forme de petits prismes jaunes présentant de nom-
(') Bull. Soc. chirn., 3"= série, t. XV, p. 55i; 1896.
(-) LiJiPUiCHT, Ann. Chein. de Liebig, t. GCCVII, p. 807; 1899.
( 747 )
breiises facettes très brillantes et renfermant une molécule d'eau de cris-
tallisation. Chauffé vers ioo'\ le produit perd son eau et ne fond plus
qu'à lyo"". Il est légèrement soluble dans l'eau bouillante, à laquelle il
communique une saveur d'abord amère, puis excessivement sucrée, et
forme avec les bases et les acides des sels bien cristallisés, ces derniers
étant très facilement dissociables par l'eau. Les agents réducteurs, proto-
chlorure d'étain, zinc ou limaille de fer et acide chlorhydrique, le ré-
duisent facilement, mais les produits de réduction sont incristallisables.
» Chauffé à 25o° avec vin^t parties d'acide sulfurique concentré et un
peu de sulfate de mercure, il fournit de l'acide phtalique, ce qui montre
que le groupe nitré ne se trouve pas dans le reste phtalique, mais bien dans
le radical phénylamidé.
/COC°H'^ ^^^ )
» ÉtherméthyhqiieC'^W:^^ \kzO- . — Cet éther s'obtient
facilement et presque quantitativement lorsqu'on salure d'acide chlorhy-
drique gazeux et sec une solution de l'acide anhydre dans l'alcool mé-
thylique absolu. Il se présente sous la forme de prismes jaunes, fondant
à i4o°, insolubles dans l'eau, peu solubles à froid dans l'alcool, la benzine,
le toluène, le chloroforme, etc., facilement solubles à chaud dans ces
mêmes liquides.
)i M. Limpricht a également préparé cet éther en chauffant l'acide
nitré avec de l'alcool méthylique acidulé d'un peu d'acide chlorhydrique.
Il décrit le produit obtenu comme se présentant sous la forme de fines
aiguilles jaunes fondant à lôS". Ce grand écart entre les points de fusion
de nos éthers nous a fait penser que le produit obtenu par l'auteur allemand
pourrait être un pseudo-éther ('), et nous avons essayé de le reproduire
en répétant l'éthérification telle que l'avait faite M. Limpricht. Malgré les
conditions les plus diverses dans lesquelles nous nous sommes placés,
nous avons toujours obtenu le même éther fondant à 140". L'existence de
l'éther fondant à i63° nous semble donc douteuse, et nous sommes portés
à croire que le produit décrit par le savant allemand n'est autre chose
que de la paranitrodiméthylaniline, composé qui prend naissance en même
temps que l'acide nitrodiméthylamidobenzoïque, ainsi que nous l'avons
fait remarquer plus haut.
(') A. Haller el A. Guyot, Bull. Soc. chim., 3= série, t. XXV, p, 49.
( 748 )
» Or cette nitrodimélhylaniline cristallise précisément dans l'alcool
méthylique en (ines aiguilles jaunes fondant à lôS".
C«HUz(CH')»
/\ \A.zO- _
» DiméthylanilinephtaléinemononitréeC^\i^( yO
CO
Molécules égales de dimélhylaniline et d'acide nitré, étendues dans quatre
fois leur volume d'anhydride acétique, sont chauffées pendant quelques
minutes au bain-marie. Le produit de la réaction est versé dans de l'acide
chlorhydrique étendu et bouillant, puis alcalinisé par de l'ammoniaque.
Le précipité jaune est mis à cristalliser dans un mélange de chloroforme
et d'alcool, et l'on obtient des prismes orangés, très solubles à chaud
dans le benzène et le chloroforme, mais peu solubles dans l'alcool et
l'éther.
« La nitrodiméthylanilinephtaléine fond à 175° et forme avec les acides
des sels facilement dissociables par l'eau.
» Réduite au sein de l'acide chlorhydrique, au moyen du protochlorure
d'étain, la nitrodiméthylanilinephtaléine s'échauffe et donne, par refroi-
dissement de la liqueur, un chlorostannate (Y amidodiméthylanilinephta-
léine. Ce sel, soumis à l'action de l'acide sulfhvdrique pour précipiter
l'élain, fournit, après fdtration et alcalinisalion de la liqueur, des flocons
blancs qu'on enlève par le chloroforme, dans lequel ils sont très solubles.
La solution chloroformique est séchée, filtrée, concentrée jusqu'à com-
mencement de cristallisation, puis étendue d'alcool. On obtient ainsi une
abondante cristallisation d'aiguilles blanches fondant à 179° et se colorant
légèrement à l'air.
» Chauffée pendant quelques instants avec deux à trois fois son poids
d'anhydride acétique, cette phtaléine fournit un dérivé acétylé qui cris-
tallise dans un mélange d'alcool et de chloroforme en prismes incolores
fondant à i57", inaltérables à l'air et constitués par V acétylamidodimélhyl-
anilinephtaléine .
» Nous avons obtenu un isomère de ce composé, en condensant l'acide
diraéthylamidobenzoylbenzoique avec la métaamidodiméthylaniline acé-
tylée en présence d'anhydride acétique. D'après sou mode déformation,
cette nouvelle phtaléine ne peut avoir que la formule de constitution que
nous lui assignons ci-dessous :
( 749 )
/OH
C— C«H*
Az(CH')=
]<'H^^^0
4-
y ^Âz(CH')=
CO
AzHCOCH^
Acide
Acétoamido-
diméthylaraidobenzc
jylbenzoïque.
diméthylaniline. i.3.
=:H^0-4-C«
CM
co ^
[lUz(CH^)=
^Az(CH')-.
zHCOCH»
Acétométaraidodiméthylaniline phuléine.
» Cette acélomctamidodiméthylanilinephtaléine cristallise en prismes inco-
lores, fondant à 209° et beaucoup plus solubles dans l'alcool que le corps
isomère.
» Position du groupe nilré dans l'acide nitrodimèthylamidobenzoyïben-
zoïque. — L'oxydation de cet acide au moyen de l'acide sulfurique fumant
et du sulfate de mercure donnant de l'acide phtalique non nitré, il est dé-
montré que le groupe nitro se trouve dans le radical diméthylamidé.
L'acide nitrodiméthvlamidobenzoylbenzoïque ne peut donc être représenté
que par l'une des deux formules de constitution suivantes :
C0-(^ ^Az(CH')-
(I) CH'C^ ÀzO^
^COOH
CO— (^ ykz{cw,y
(II) C«H*(^ AzO*
^COOH
» Mais la première formule est à écarter, car un acide qui posséderait
cette constitution devrait donner par condensation avec la diméthylaniline,
réduction et acétylation, une acétoamidodiraélhylanilinephtaléine iden-
tique à la phtaléine obtenue par combinaison de l'acide diméthylamido-
(75o)
benzoylbenzoïque avec ramidodiméthvlaniline acétvlée. Or nous venons
de voir que les deux produits ne sont pas identiques, mais seulement iso-
mères; il en résulte que l'acide nitrodiméthylamidobenzoylbenzoïque doit
être représenté par la seconde formule, c'est-à-dire qu'il renferme le
groupe nitro en orlho vis-à-vis du groupe diméthylamidé. )>
ARITHMÉTIQUE. — Au sujet d' une précédente Communication.
Note de M. de Jonquières.
« Dans l'une de mes dernières Communications ('), une proposition
formulée ( sous le n" H) par l'équation (a- — 1)0;- — 4 V' = — i (0^1 l'entier a
est pair), devait être scindée en deux autres, selon le signe -+- ou — du
second membre; car dans le premier cas (+1) il n'y a pas de solution,
tandis qu'il en existe dans le second ( — i). Numériquement, ces conclusions
sont manifestes a priori, vu l'extrême simplicité de l'exemple dont il s'agit.
De même, dans l'ordre d'idées qui avait inspiré la Note, elles résultent
immédiatement des indications fournies par la genèse, purement algébrique,
de la période des réduites contiguës appartenant à \a. forme
\a- — \, o, — 4|,
qu'il faut toutefois rectifier (-) ainsi qu'il suit :
I à^ — \, o, — 41 — 4» '-i^ — 4» 4« — 5|4« — 5, 2a — I, — 1 1 — I, o, ^{a^— \)\
|4(a^— i), o, — i|— 1, 2a— I, 4a — 5|4a — S, 2a — 4, — 4 | - 4, o, a- — i \
» On y voit que la réduite caractéristique ] — i, o, l\{a- — i)| s'y pré-
sente au quatrième rang, tandis que son inverse | -4- i, o, — 4(«^ — i)|
n'y figure pas, et cela prouve, d'après le théor. 168 des Disquisitiones, que
la forme précitée peut être représentée^par — i, mais non par ■+■ i, etc. »
(') Comptes rendus, t. CXXVI, 21 mars 1898.
(') La période se compose de huit réduites, et non de quatre, comme une faute de
calcul m'avait induit à l'écrire.
( 75i )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une formule de M . Fredholm.
Note de M. G. Mittag-Leffler.
« Dans les Comptes rendus du i5 mai 1899 j'ai énoncé le ihéorème sui-
vant (th. m) dont la démonstration détaillée a été insérée aux Acta malhe-
matica, t. XXIV, p. 2o5-244 '•
» Désignons par A une étoile de centre a, par a une quantité positive
qui n'est pas plus grande que l'unité et par A'"' une étoile concentrique à A
et inscrite dans A, qui est engendrée par la fonction génératricey(w|«).
On pourra toujours choisir cette fonction de telle façon que <x étant suffi-
samment petit, l'étoile .A"^ renferme dans son intérieur un domaine donné
quelconque situé à l'intérieur de A, et que, pour a = i , l'étoile A''Mevienne
le cercle concentrique à A et inscrit dans A.
» On pourra encore choisir /(«|a) de telle façon que A étant l'étoile
principale d'une suite de constantes
F(a), r'"(a), .... FC'Ca), ...,
assujetties à la condition de Cauchy, la série
^,{y,\a) = F(«) +2 ^^("-^ - «)'
ou
<iv(x-a) = r^F'V)(.-«) + î^^F'^)(a)(.-«y.
^^F<-)(a)(.-ar-+|^FC"(a)(x.-ay,
et oij
\v = 1,2, J,..., 00/
sont des constantes positives déterminées dépendant uniquement de la
fonction génératrice, possède une étoile de convergence identique à A'°",
que l'égalité
ait lieu partout à l'intérieur de A'*', et que la série Sa(oc\a) pour a = i
devienne la série de Taylor.
( 752 )
» L'expression limite limSa(a?|a) a une étoile de convergence qui est
a = o
identique à l'étoile A, et l'égalité
FA(x) = UmSa(x\a)
a lieu partout à l'intérieur de A.
» J'ai étudié dans tous les détails ce qui arrive quand on choisit pour
fonction génératrice
f(u\a) = 6-'' ^-i"^' ~.
La partie de l'étoile A'*', dans ce cas, très simple, et l'on obtient encore des
propriétés élégantes pour les polynômes G^{x — a). Mais ce choix présente
cet inconvénient qu'on ne peut pas écrire les constantes h^^ sous une forme
explicite suffisamment simple.
» M. Fredholm, au contraire, est parvenu à donner aux constantes /«|^'
la forme la plus simple en choisissant tout simplement yiour /(u\oi.) la
fonction logarithmique
/., , X log[i — (i — a)M]
^ ' ' loga
Il obtient alors, en posant
H := — loga,
» La formule symbolique
ce
qui peut s'écrire
si l'on définit les constantes E^"^,. . .E',"' par l'égalité
\{\ -f- i)(x -\- 2). ..(> + «_!) = \" -(- E";"x"'-''-h-. . .-+- e;;^,>.
( 753 )
» Il me paraît que l'expression de M. Fredholm
FA(.) = li-|;^[ E-F.V)^"+...
à côté de l'expression
que j'avais donnée au début de mes recherches sont les deux expressions
les plus simples, au point de vue formel, qui ont été données jusqu'ici pour
la représentation analytique de la branche FA(>t).
» Il est important d'observer que l'étoile A est toujours une étoile de
convergence à l'expression de M. Fredholm, tandis que cette étoile, comme
M. Borel vient de le constater le premier par un exemple fort remarquable,
n'est pas dans tous les cas une étoile de convergence à mon expression
),,=0 >.„ = 0
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Chimie, en remplacement de M. Haller,
nommé Membre de l'Académie.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Paul Sabatier obtient 4o suffrages
M. Cazeneuve » 2 »
M. Gunlz » 2 M
M. Barbier » i »
M. Genvresse » 1 »
M. Sabatier, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
C. R., 1901, I" Semestre (T. CXXXII, N« 12.) 97
' 7 >i )
L'Académie procède, par la voie c'u scrutin, !! la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, en rem-
placement de M. A. David, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 38,
M. Davidson obtient 28 suffrages
M. Oudemans » 8 «
M. de Brazza » i »
Il y a un bulletin blanc.
M. Davidson, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Marcellin Laxglois adresse un second Mémoire sur les unités ther-
mochimiques.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Volume de M. EmUe BoreU intitulé « lA^cons sur les
séries divergentes ». (Présenté par M. É. Picard.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V expression générale de la frarlion ralion-
nelle approchée de (iH-a:)'". Note de M. H. Padé, présentée par
M. Painlevé.
« M. Hermite a fait connaître depuis longtemps l'expression de la ré-
duite générale de la fonction exponentielle, c'est-à-dire l'expression, pour
cette fonction, de la fraction rationnelle approchée correspondant à un
couple quelconque (u., v) de nombres entiers positifs ou nuls. Il n'y a pas
d'autres cas où l'on ait obtenu cette réduite générale. Comme j'ai eu l'hon-
neur de l'annoncer à l'Académie, dans une Communication antérieure
{Comptes rendus, 1-] novembre 1899), j'ai réussi à la former pour la fonc-
(755)
tion (i + x)"\ Je me propose, dans cette Note, de faire connaître l'expres-
sion que j'ai obtenue et quelques-unes de ses conséquences les plus immé-
diates.
» I. Lorsque l'un des éléments a, {i, de la série hypergéométrique
F (a, [i, y, x) est égal à un entier négatif, cette série se réduit à un poly-
nôme. Il n'y a aucun inconvénient à attribuer, dans ce polynôme, à y une
valeur également entière et négative, pourvu que cette valeur soit numéri-
quement plus grande que celle prise par a ou p. Je désignerai par
G(a, p, y, x) tout polynôme ainsi formé. Ceci posé, on a ce théorème :
» La fraction rationnelle approchée de (i -h x)'", pour le couple (jj-, v), a
pour expression
U|xv _ G[— 'S — ^ — '», — (M-+v), — a;]
» Parmi les démonstrations que j'ai trouvées de ce théorème, la suivante
me paraît intéressante par sa simplicité.
» Dans la formule, déjà connue, de Gauss,
F(a, p, y, x) (i - xy-^-^ = F(y - a, y - g, y, x),
faisons, i désignant une quantité infiniment petite,
a = — [A, p = — (v + ej + m, y = — y. — (^v -f- îj,
et remplaçons x par — a?; on obtient
F [— [j-, — (v -h a) -H m, — [J. - (v + e), — .r] ( i -^ x)'"-
= F[- (v -h i), —['■- "i, - [J- — (v + i), - x\.
» La fonction F qui figure dans le premier membre est un polynôme
f|j.(a:, e), de degré [a, qui, lorsque z tend vers zéro, tend vers
G[— [J., — v + m, — (a + v), —x].
» Le second membre est une série illimitée où nous distinguerons trois
parties : d'abord le polynôme, de degré v, F^(x, e), formé par les v -|- i
premiers termes; ce polynôme, quand e tend vers zéro, a pour limite
G[— V, — a — //z, -(a + v), - x'\.
» Ensuite, vient une somme Q{x, e) de termes, au nombre de p.,
dont les coefficients renferment tous i en facteur, et qui tendent, par suite,
vers zéro avec s. Enfin, il reste une série illimitée, uniformément conver-
( 756)
gente, quel que soit s, quand x a une valeur numériquement inférieure à
l'unité, dont la somme S(.t, e) tend nécessairemeiit vers une limite quand
t tend vers zéro, et qui renferme 0;'^+^"^' en facteur. On a donc
F^(a-, £)(i + a-r = F,(^, i) + Q(a-, 0 + S(x, e),
d'où l'on conclut, en faisant tendre £ vers zéro,
(1 + J0)"' = ^-HAa;H-^^"' _)_ B^ci^-^"-^- + ...,
' (JLV
ce qui établit la proposition.
» 11. Celle formule comporte des conséquences étendues sur lesquelles
je reviendrai dans une autre occasion. Je me contenterai ici de signaler les
suivantes qui sont immédiates :
» 1° Lorsque m n'est pas entier, c'est-à-dire dès que (i + a^)'" n'est
pas simplement rationnel, toutes les réduites sont normales. Il existe dans
ce cas trois catégories de fractions continues holoïdes régulières; ce sont
celles que j'ai fait connaître dans la Communication rappelée plus haut et
dans celle qui l'a précédée (i3 novembre 1899).
M 2° Si l'on remplace x par —, puis que l'on fasse croître m indéfi-
niment, on trouve la réduite de la fonction exponentielle. L'expression que
l'on obtient coïncide avec celle donnée par M. Hermile.
)) 3° De même, l'emploi de la formule élémentaire par laquelle on fait
dériver la fonction log(i -h x) du binôme (i -f- a)'" par un passage à la
limite, conduit à la réduite de la fonction -log(i + a,), pour le couple
([X, v), oi^i [j. est toutefois supposé au plus égal à (v+ i). De la connaissance
de cette réduite se tirent ensuite une partie des fractions continues
holoïdes régulières de la fonction, et, en particulier, les cinq déve-
loppements connus jusqu'ici et dus à Euler, Lagrange et Gauss.
» 4° Les termes de la réduite de (i-i-x)'" sont des polynômes de Jacobi,
et l'on en peut conclure des expressions diverses de cette réduite. C'est
ainsi qu'elle peut être mise sous la forme élégante
*(1V
= ^o-^-r
d'
( 1 + ^ )-'«+v
dx''
xV-+^
dv-
(i + x)'"+V-
dxV-
^■^+'
( 7^7 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les nodules de sable ou de poussière.
Note de M. C. Maltézos, présentée par M. A. Cornu.
« I. Nodules au fond de la mer. — Les baigneurs ont sans doute
remarqué des séries de monticules de poussière ou de sable fin sur le fond
de la mer d'une plage. Ces petits monticules se forment, d'après mes
observations au golfe du Phalère (Attique), dans une mer dont le fond n'a
ni pierres, ni algues, mais qui s'élève doucement et d'une façon régu-
lière vers la plage. Pourtant j'en ai aussi observé dans une petite partie,
recouverte de sable fin et circonscrite par des pierres, ou encore dans une
mer peu profonde parsemée çà et là de caillouT.
» Ces monticules se montrent depuis la plage jusqu'à une faible dis-
lance qui, dans quelques ])arties, peut s'élever à plus d'une trentaine de
mètres, où la profondeur de l'eau jieut être de quelques décimèties. En
général ils sont sensiblement parallèles au bord de la plage et leurs dis-
tances sont égales et presque constantes. (Mais il y a aussi des exceptions
quant à la forme et aux distances dues aux anomalies du fond et du bortl
de la mer. Ces anomalies sont quelquefois telles qu'il peut exister des
séries de monticules se rencontrant ou encore deux systèmes de séries
s'entre-coupant. )
» Ces monticules, ou plutôt les plus proches de la plage, s'effacent
quand la mer est houleuse ou très agitée, et se forment quand il y a vague
sans déferlement ( ' ) sensible, pour se maintenir après dans la mer calme ou
simplement ondulante.
» Ces monticules sont dus, comme je pense, à l'interférence des ondu-
lations de l'eau qui vient avec celles réfléchies par le rivage; ce sont donc
des lignes nodales.
» Sur une plage peu inclinée, la vague perd sa vitesse en venant mourir
sur la plage; puis cette masse d'eau glisse, sans vitesse initiale, sous une
faible épaisseur le long du plan incliné formé par la plage et rencontre le
pied d'une nouvelle vague montante. Nous ne pouvons pas dire que cette
espèce de mouvement provoque les nodales, parce qu'il n'y a pas deux
mouvements vibratoires se rencontrant. Mais ces monticules sont dus à
(') Les tourbillons qui accompagnent le déferlement contrarient la formation du
phénomène.
(758)
l'interférence des mouvements vibratoires de l'eau accompagnant la vague
principale. Les corpuscules qui se trouvent suspendus dans la mer s'ac-
cumulent aux nœuds et s'y précipitent. En effet, en observant la mer à
l'entrée des bains du vieux Phalère, pendant qu'il y avait vague sans défer-
lement sensible, avant que les nodales de sable ou de poussière fussent
encore formées, j'ai remarqué que l'eau se reportait en régions où la pous-
sière était suspendue, lesquelles par conséquent étaient troublées, sépa-
rées par des régions beaucoup plus étroites, assez limpides. Après
quelques jours, dans le calme qui a succédé, j'ai mesuré là une pente
moyenne de 3°, 5, longueur d'onde o'",o6.
)) De même dans une baie voisine j'avais mesuré une pente moyenne du
fond de vingt minutes, et distance des nodales de 3™,o5; en même temps
il y avait une vague par seconde, avec vent faible N., la vitesse de la vague
près du rivage étant de o™,6o.
» Comme on voit, la distance de ces nodales augmente avec la profon-
deur moyenne de la mer près de la plage, c'est-à-dire avec la vitesse de
propagation de l'onde. La hauteur de ces monticules augmente aussi avec
la profondeur.
» IL Nodales dans un vase.. — On peut produire un phénomène analogue
par l'expérience suivante. Prenons un vase contenant de l'eau dans laquelle
de la poussière se trouve suspendue. Si l'on donne une poussée énergique
au vase, le mouvement de l'eau, après quelques ondulations, se fait sui-
vant une direction donnée en s'éteignant peu à peu. Or, quand le mouve-
ment devient assez faible, la poussière est précipitée suivant des séries
presque équidistantes autour du centre, c'est-à-dire suivant des lignes
nodales. Ainsi, dans un vase presque cylindrique de diamètre de o"",!!, j'ai
obteim huit séries autour du centre, perpendiculaires au mouvement de
l'eau, et de distance de G""".
» Dans ce cas aussi les lignes nodales sout dues, comme je pense, à l'in-
terférence des mouvements vibratoires de l'eau provenant du choc de l'eau
sur les parois du vase.
» IIL Nodales de sable sur la terre. — Il est probable que c'est un phéno-
mène de la même nature ce que l'on observe sur le sable des plages sablon-
neuses. J'ai toujours observé ce phénomène après ou durant des vents
forts du NE au NW. Je ne veux pas dire par cela que ces lignes ne prennent
pas naissance par des vents d'autre direction, mais je ne les ai pas
rencontrés jusqu'à ce moment. Je donne ici quelques mesures sur ces
lignes.
( 7^9 )
» Dans une baie (sur l'île de Myconos, une des Cyclades), d'axe dirigé
■vers rw, avec un vent NW fort, il y avait trois sortes de séries : i" dans
lin sillon de forte pente, avec sable s(^c, d'axe vers le NNW, il y avait de
profondes séries distantes entre elles de o™, 35 ; 2" sur la partie la plus large
et presque horizontale de la baie, avec sable légèrement humide, il y avait
un grand nombre de séries distantes de o",o6 à o™,o8; 3° sur les pentes S
d'une élévation, avec sable sec, il v avait des séries distantes deo'", 07
à o™,o8. L'axe de ces dernières séries se dirigeait vers le NW, et plus elles
descendaientversla base de l'élévation plus il tournait vers l'W; enfin aux
pieds SE l'axe se dirigeait vers les WSW.
» De même, au vieux Phalère dans une petite baie d'axe dirigé vers
rWNW en temps calme (après des vents nord), l'axe de ces lignes se diri-
geait vers le N, leur distance étant de o^.oS. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Chaleur spécifique d'un mélange gazeux de corps en
équilibre chimique. Note de M. A. Ponsot, présentée par M. Lippmann.
« Soit un mélange gazeux de deux systèmes de corps en équilibre chi-
mique, variable avec la température et avec la pression,
A-HB-4-C4-. . .= M + N4-P4-
» Je suppose que, dans les changements de pression et de température
de ce mélange, les deux systèmes de corps ne donnent pas naissance à
d'autres systèmes, ce qui revient à admettre que je peux considérer des
états virtuels du mélange où les mêmes composants seront en équilibre
entre eux.
T> I. Partant d'un état d'équilibre bien défini, si l'on élève la température
sous pression constante, le premier système, par exemple, décroît, le
deuxième système croît : ^ du corps M est positif. Deux cas sont pos-
sibles :
)i 1° — =r est toujours positif;
» 2° ^ est positif au-dessus d'une température T^ et négatif au-
dessous; à T^ il y a m^ du corps M; dès lors, pour m > w^, il y aura équi-
libre à deux températures différentes : 5, > T^ et C^ <[ T^.
» Si l'on supposait que, pour une même concentration m, il y ait équi-
( 76o )
libre à trois températures dilférentes, il faudrait admettre que -^ — (C capa-
cité calorifique du mélange, sans action chimique) change de signe à une
certaine température. Je poserai comme postulat que cela est impossible.
.» Premier cas. — -^ toujours positif. Pour une composition définie par
a, m, il V a équilibre à G, ; alors -— = o.
» A T<[t,, avec la même comj)osition, le premier système doit se
former : -y- est négatif, -^ est aussi négatif; le premier système se forme
avec déiïasement de chaleur.
» A F|, la a'^"* molécule du corps A disparaît, et un équivalent du
deuxième système se forme en absorbant une quantité de chaleur
» A T > G , , on a
^ ont
dS r -■'
dm
5, Jç àin T
» Puisque -yr; est toujours positif, dans le mélange a, m, la a'''™^ molé-
cule du corps A ayant disparu, ne se reformera jamais, quelle que soit
l'élévation de température. Avec les mêmes inégalités et le même raison-
nement que dans ma Note du lo décembre dernier, on est amené à con-
dure que -y- ne peut être négatif (cette «"■■"* molécule représente la
molécule considérée dans cette Note du lo décembre).
» Second cas. — La conclusion précédente est encore valable quand
-^ positif change de signe à une température T^-<p,, le raisonnement
étant indépendant de cette température T_j..
» Dans ce cas, le mélange a, m peut encore être en équilibre chimique
à G2<C T^; mais -r— y est négatif; donc, à une température T,., comprise
entre C, et G,, -r— a changé de signe et, par suite, y- est différent de zéro.
» II. Le même raisonnement peut être appliqué au déplacement de
l'équilibre, sous volume constant, par élévation de la température.
» Tll. Si l'on admet que le mélange gazeux obéit aux lois de Mariotte
et de Gay-Ijussac, et si l'on admet encore le postulat accepté plus haut,
( 7^1 )
que -j— et -r— ne dépendent pas de la température (ou tout au moins leur
signe), on trouve par le calcul que, quel que soit l'état d'équilibre inili;il,
que la pression reste constante ou que le volume soit invariable, le système
dont la formation accroît la chaleur spécifique du mélange tend à rem-
placer entièrement l'autre quand la température tend vers l'infini.
» De plus, on sait qu'à une température constante quelconque, si le
volume croît au delà de toute limite, le système dont la formation accroît
(sous pression constante) le volume du mélange tend à déplacer entière-
ment l'autre.
» Conclusion. — Le système dont la formation accroît le volume du
mélange, et qui dé|jlace l'autre quand le volume croît, est aussi celui qui
tend à composer seul le mélange gazeux lorsque la température croît au
delà de toute limite, que la pression reste constante ou que le volume soit
invariable. Sa formation accroît la chaleur spécifique du mélange, et
l'accroissement est plus grand sous pression constante que sous volume
constant.
» De cette conclusion ou peut tirer f;icilement celle de ma Note sur la
chaleur spécifique des composés gazeux dissociables. »
PHYSIQUE. — Théorie Je \i machine de Wimshurst sans secteurs.
Note de M. Iîordier, présentée par M. d'Arsonval.
« De nombreuses théories ont été proposées pour expliquer le fonc-
tionnement de cette machine statique; mais aucune ne rend compte de
tous les phénomènes observés, soit pendant l'amorçage, soit pendant la
marche de la machine. Celle que je vais exposer n'a pas les mêmes incon-
vénients, et toutes les déductions que l'on peut en tirer sont exactement
vérifiées par l'expérience.
» Considérons une machine à plateaux ou à cylindres, par exemple le
modèle construit par Bonetti, avec ses conducteurs diamétraux ce' et c^c\,
et ses doubles peignes P et P' reliés aux collecteurs A et B.
» Pour amorcer la machine, doni les cylindres ou les plateaux d'ébonite
tournent en sens inverse, comme l'indiquent les flèches, il suffit d'appuyer
le doigt bien sec, ou mieux recouvert d'or mussif, sur un des cvlindres ou
plateaux, en face des balais de l'un des conducteurs diamétraux c,, par
exemple en D. L'expérience montre qu'alors le pôle positif va se fixer sur
c. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 12.) 98
( 762 )
le collecleiir A situé dans le sens de la rotation du cylindre sur lequel le
doigt est ajjpujc.
» Sous l'influence du frottement exercé par l'épiderme sec sur l'ébonite,
le corps frotté s'électrise négativement, tandis que le corps frottant l'épi-
derme s'électrise positivement; cette charge positive qui se trouve en face
des balais c, provoque un phénomène d'influence qui a pour conséquence
de faire écouler par ce balai c, de l'électricité négative sur le cylindre in-
térieur. Celte électricité négative est transportée dans le sens de la rota-
tion, d'abord en face du balai c, puis en face du peigne P, organes sur
lesquels elle agit par influence. Au niveau du balai c, il va y avoir écoule-
ment d'électricité positive, laquelle sera transportée par le cylindre exté-
rieur dans le sens de la flèche vers le peigne P', qui sera soumis à l'influence
de charges positives. Les peignes P et P' se trouvent ainsi respectivement
en présence d'électricité négative, d'une part, et d'électricité positive,
d'autre part.
» Les phénomènes d'influence qui vont immédiatement se manifester
auront donc pour conséquence de développer une charge négative sur
le collecteur B et une charge positive sur le collecteur A, ce qui déjà est en
parfait accord avec l'expérience.
» Mais les collecteurs A et B, il faut le remarquer, sont isolés, et les
charges qu'ils possèdent créent un champ donnant naissance encore à des
phénomènes d'influence : le conducteur B va agir sur les balais c et c, , les
plus rapprochés de lui, et par ces balais s'écouleront des charges positives
qui, étant entraînées par les cylindres ou les plateaux dans le sens
des flèches, iront par induction augmenter la quantité d'électricité positive
contenue sur le collecteur A; de même le collecteur A agira sur les
balais c' et c^, les plus voisins de lui, et par ces balais s'écouleront des
( 763 )
charges négatives qui, grâce au sens de rotation des cylindres ou des pla-
teaux, iront augmenter par induction, en passant entre le double peigne P,
la quantité d'électricité négative contenue sur le collecteur B.
» Le fonctionnement de la machine est maintenant établi et les charges
des collecteurs vont en croissant de plus en plus jusqu'à l'obtention
du régime permanent.
» Pour s'assurer de l'exactitude de la théorie que je viens d'indiquer, on peut
la soumettre à différentes épreuves :
» 1° Au lieu d'amorcer en appuyant le doigt sur l'un des cylindres ou plateaux, on
peut utiliser une lame d'ébonite frottée que l'on place pendant la rotation très près
du cylindre et à l'endroit où le doigt était appliqué. La lame étant électrisée négati-
vement provoque les mêmes phénomènes d'influence que l'épiderme, mais en sens
contraire; aussi le pôle négatif doit-il alors s'établir en A et le pôle positif en K. C'est
ce que l'expérience confirme exactement;
» 2° Si les choses se passent comme il a été expliqué plus haut, on doit pouvoir
amorcer et faire fonctionner la machine quand les balais c' et c\ ont été enlevés. C'est
encore ce que l'expérience vérifie. Dans ces conditions, le débit n'est pas diminué
autant qu'on pourrait le croire a priori : à l'aide de la bouteille électrométrique de
Lane, j'ai trouvé qu'à vitesse de rotation égale on obtiendrait vingt-neuf étincelles
en deux minutes, la machine étant munie de tous ses balais, et vingt et une étincelles,
les balais des extrémités c' et c\ des conducteurs diamétraux étant enlevés. »
ÉLECTRICITÉ . — Sur la mesure de la période des ondes utilisées dans la
Télégraphie sans fil. Note de M. C. Tissot, présentée par M. A. Cornu.
« Nous nous sommes proposé de mesurer assez approximativement la
valeur des longueurs d'onde eénéralement utilisées dans nos communica-
tions par télégraphie sans fd ('). La mesure de cette période présente un
certain intérêt au point de vue pratique : c'est eu la faisant varier métho-
diquement que l'on peut espérer réaliser la résonance du transmetteur et
du récepteur, et M. Slaby a récemment exécuté dans cette voie une série
de recherches qui paraissent avoir été couronnées de succès. Nous nous
sommes borné à faire varier la période de manière à obtenir, selon les cas,
soit une communication à grande distance, soit une communication à dis-
tance modérée avec interposition d'obslacles en utilisant et exagérant au
(') Ces communications servent à transmettre en service courant des ordres, et les
différents dispositifs auxquels nous faisons allusion fonctionnent effectivement depuis
le mois d'octobre igoo.
( 7^4 )
besoin les phénomènes de diffraction. La connaissance exacte de la période
qui se trouve réalisée dans les conditions de fonctionnement normal d'un
poste de télégraphie sans fil, connaissance que le calcul ne peut fournir
que d'une manière bien incertaine, doit permettre de liiire l'étude des dif-
férents facteurs qui influent sur la transmission, longueur et diamètre des
antennes, capacité, longueur de l'étincelle, et potentiel explosif, etc., en
opérant à coup sûr à période égale.
» Nous avons donc attaqué directement la mesure de la période de l'os-
cillateur en employant le procédé de Feddersen, procédé qui a été porté à
un haut degré de perfection dans les récentes expériences de M. Décombe,
dont nous nous sommes inspiré.
)) Ce procédé consiste à recevoir l'image de l'étincelle sur un miroir
concave animé d'un mouvement rapide de rotation et à la renvoyer sur
une plaque photographique où elle se trouve dissociée et fixée. Nous avons
dû faire subir au dispositif de M. Décombe plusieurs modifications.
» Dans une première série d'essais exécutés au cours de l'année 1900, nous nous
étions servi de l'appareil à miroir tournant déjà utilisé par M. Décombe. Cet appareil,
qui appartient au lycée Henri IV, avait été mis obligeamment à notre disposition. Il
présentait certaines imperfections qui en rendaient l'usage incommode et rendaient
les mesures tout à fait incertaines. Le miroir présentait d'ailleurs une surface trop
faible pour pouvoir réaliser l'éclairement voulu de la plaque. Nous ne pouvions
opérer dans les circonstances choisies et particulièrement favorables où s'était placé
M. Décombe. Ce physicien opérait avec des oscillateurs fermés et faisait éclater
l'étincelle dans l'huile de vaseline. Pour nous placer dans les conditions mêmes de la
transmission par télégraphie sans fil, nous devions utiliser l'étincelle telle qu'on l'em-
ploie, c'est-à-dire éclatant dans l'air entre les boules de l'oscillateur.
» Nous avions besoin, d'autre part, de connaître aussi exactement que possible la
vitesse de rotation du miroir.
» Nous avons donc fait établir un appareil à train d'engrenages qui porte un miroir
notablement plus grand que celui de l'appareil de M. Décombe (2'^™, 6 au lieu de i''™,5 de
diamètre) et assez robuste pour permettre de maintenir la constance de la vitesse,
4oo tours à 5oo tours par seconde, pendant la durée des mesures.
» Le miroir est mobile autour d'un axe horizontal et est monté sur ce train d'en-
grenages qui donne exactement une multiplication de 20.
» Le mouvement est transmis au premier mobile par courroie à l'aide d'une petite
dynamo.
» L'évaluation de la vitesse par la mesure du nombre des vibrations du son d'axe
ne nous a pas paru présenter une garantie suffisante d'exactitude. Ce son d'axe se
trouve d'ailleurs en partie masqué dans l'appareil que nous employons par le bruit du
train d'engrenages.
» On utilise le premier mobile du train d'engrenages à l'entraînement d'un commu-
( 765)
tateur tournant qui décharge n fois par seconde un condensateur étalonné dans un
galvanomètre différentiel que l'on maintient au zéro par un courant permanent d'in-
tensité connue. Ce dispositif, qui a été indiqué par M. Lippmann, a été utilisé depuis
par divers expérimentateurs.
» Pour la commodité de l'observation, le procédé est utilisé, dans le cours d'une série
de mesures, par méthode de déviation et non de réduction à zéro.
» L'étalonnage préalable exact a élé opéré au galvanomètre différentiel et contrôlé
par une méthode stroboscopique, observation à l'aide d'un électrodiapason muni d'une
fente de rais équidistants tracés sur un disque entraîné pari'axedu miroir; la lec-
ture de la déviation galvanométrique fournit immédiatement la valeur de la vitesse au
moment même de l'expérience et permet de contrôler à tout instant la valeur de cette
vitesse.
» Les épreuves obtenues présentent certains des caractères décrits et
reproduits par Feddersen, mais pas tous. Nous comptons revenir plus
tard sur cette question. Elles diffèrent complètement de celles qui ont été
obtenues par M. Décombe; ce cpii n'a rien de surprenant, étant donné les
conditions toutes différentes de l'expérience.
» Telles qu'elles, elles ue se prêtent pas aux mesures et indiquent à
peine le caractère oscillatoire de la décharge. Mais leur caractère se mo-
difie complètement si l'on interpose devant le miroir tournant, et sur le
trajet du faisceau incident, une lentille cylindrique de grande distance
focale qui étale légèrement les images absolument reclilignes de l'étin-
celle.
» Les épreuves présentent alors une série de franges équidistantes,
d'inlensités décroissantes, extrêmement nettes, et dont il est possible de
mesurer la largeur.
» Pour obtenir la netteté voulue, nous avons éprouvé de grandes difficultés, prin-
cipalement à cause de la production d'images multiples avec des miroirs épais. Le
miroir de l'appareil employé par M. Décombe présentait lui-même ce défaut.
» Après avoir fait exécuter aussi parfaitement que possible des miroirs qui ne
donnaient pas encore la finesse désirable, nous les avons remplacés d'abord par une
lentille plan-convexe argentée.
» Mais, pour rendre ces images absolument achromatiques, nous avons eu recours
finalement à un miroir travaillé optiquement et argenté par le procédé Foucault. Les
images sont alors devenues parfaites,
» Nous nous bornerons à consigner les résultats généraux suivants. Ils
ont été obtenus en donnant à la capacité du système oscillateur-antenne
une valeur bien déterminée par addition de capacités auxiliaires à la partie
inférieure de l'antenne. Ces capacités ont été choisies de manière à ne pas
( 766 )
altérer le régime des transmissions, tout en permettant d'obtenir nn sys-
tème toujours comparable. Dans ces conditions, la période est parfaitement
déterminée. Les franges obtenues sur les épreuves sont nettes et rigoureu-
sement équidistantes. La période est donc unique et demeure invariable
pour une longueur donnée de l'antenne et une même longueur d'étincelle.
» Cette période varie, non seulement avec la longueur de l'antenne, ce
qui est évident, mais aussi avec la longueur de l'étincelle. Les périodes
que nous avons mesurées sont comprises (pour première approximation)
entre 0,6 io~° seconde et i ,8 lo"" seconde.
» L'amortissement se traduit sur les épreuves par la décroissance de
l'intensité et de la longueur des images.
» Cet amortissenienl est toujours très marqué, parfois assez considérable
pour que l'on ne distingue nettement que trois ou quatre images au plus. »
TÉLÉGRAPHIE. — Tèlaulo graphe Racine. Note de M. Brauer,
présentée par M. Lippmann.
« Le télautographe Ritchie est un appareil destiné à transmettre l'écri-
ture et, d'une façon générale, tout dessin ou tracé linéaire à une distance
quelconque en utilisant les lignes téléphoniques à deux fils.
» Toutes les tentatives faites depuis Caselli jusqu'à Gray et M. Pherson
reproduisaient l'écriture soit par des hachures juxtaposées, soit par des
impulsions successives de la plume.
» Dans l'appareil Ritchie, tous les mouvements du crayon de l'expédi-
teur se transmettent fidèlement, d'une façon continue, régulièrement et
sans saccades; la transmission se fait électriquement sans employer de
mouvements d'horlogerie ni d'engrenages.
» Chaque appareil formant un poste se compose de deux parties dis-
tinctes, le transmetteur et le récepteur.
» Un circuit de communication entre deux postes comprend donc un
transmetteur, la ligne, et un récepteur.
» Voici maintenant en quelques mots le principe des différentes fonc-
tions de l'appareil.
» 1. Reproduction des mouvements du crayon parallèlement à la surface
du papier. — Le crayon du transmetteur est relié à un système de bras
articulés dont les deux extrêmes (A) et (B) sont calés sur deux axes qui
par leur rotation produisent des variations de résistance dans deux
( 767 )
rhéostats intercalés chacun sur nn des fils de h'gne et reh'é à une de leurs
extrémités au pôle positif tle la batterie locale. Au poste récepteur, les deux
fils de ligne aboutissent chacun à un galvanomètre Deprez-dArsonval
très robuste, chaque bobine galvanométritpie étant reliée par une de ses
extrémités au fil et par l'autre au pôle négatif de la batterie locale. Ces deux
bobines actionnent un système de bras articulés identique à celui du trans-
metteur et portant la plume. Les deux pôles libres des batteries sont reliés
à la terre, sur laquelle se ferme le circuit.
» Lorsque l'on déplace le crayon du transmetteur, la résistance varie
dans chacun des rhéostats et, par suite, l'intensité du courant qui passe
dans chaque bobine galvanomètrique. Les rhéostats ont été établis de
façon que les variations d'angles des bras (A et B) du transmetteur soient
reproduites identiquement par les bras correspondants (A',B'), qui sont
fixés directement sur les axes des bobines galvanométriques. Il s'ensuit
pour la plume du récepteur un déplacement identique à celui du
crayon du transmetteur.
» 2. Mouvement de la plume perpendiculairement au papier. — Pour
obtenir sur le récepteur la séparation des mots et les corrections, il faut
que la plume se pose sur le papier et se soulève en même temps que le
crayon du transmetteur. I^e dispositif employé est le suivant. La plaque
sur laquelle repose le papier où l'on^écrit reçoit, sous la pression du crayon,
un léger déplacement vertical qui établit un contact euvoyant du courant
dans le circuit primaire d'une bobine de Ruhmkorff. Le circuit secondaire
de cette bobine est placé en pont sur les deux fils de lignes par l'intermé-
diaire d'un condensateur. Au récepteur, un relais est également placé en
pont sur les mêmes fils par l'intermédiaire d'un autre condensateur. Les
courants alternatifs induits étant arrêtés par la self-induction des galvano-
mètres, ils se développent dans le circuit formé par les fils de ligne, le
relais et les condensateurs. Pendant tout le temps que le crayon appuie sur
le papier, l'armature du relais est attirée et la plume pose sur le papier.
Aussitôt que le crayon abandonne le papier, les courants alternatifs ces-
sent, le relais abandonne son armature, et la plume se soulève.
)) 3. Mouvement du papier et prise d'encre. — L'avancement du papier est
obtenu en [)oussant, avec le ciavon du transmetteur, jusqu'à fond de
course, et relâchant ensuite un levier placé à gauche du papier. A chaque
mouvement, le papier avance de 1 5 millimètres; en même temps un com-
mutateur coupe et rétablit le courant qui passe sur la ligne. Un relais placé
dans le récepteur et ayant son enroulement en série avec la ligne aban-
( 768 )
donne et attire son armature, et agit sur le circuit local d'un électro qui
produit à chaque période un avancement du papier de i5 millimètres. La
plume, qui, au moment où l'on fait avancer le papier, se trouve au-dessus
de l'encrier, est plongée dans l'encre par la simple pression d'un bras
attaché au châssis d'avancement du papier.
» En somme, le télautographe est, avec le télégraphe et le téléphone, un
troisième agent qui vient compléter nos moyens d'économiser le temps et
de supprimer la dislance, mais qui a cet avantage sur les deux autres de
laisser entre les mains du destinataire un autographe qu'il peut recevoir
même en son absence. »
PHYSIQUE. — Sur la radio-activité induite et les gaz activés par le
radium. Note de MM. P. Curie et A. Debierne, présentée par
M. H. Becquerel.
« Dans une précédente Communication, nous avons établi que la ra-
dio-activité induite n'est pas produite par le rayonnement direct des sels
de radium, mais qu'elle se communique par l'air de proche en proche,
depuis le sel de radium jusqu'aux corps qui s'activent ('). Nous avons
cherché à préciser le rôle des gaz dans ce phénomène, et voici les résultats
nouveaux que nous avons obtenus.
M La matière active, contenue dans une petite ampoule ouverte, est
placée avec le corps à activer (une lame de cuivre, par exemple) dans un
tube scellé, rempli d'air à la pression atmosphérique. Le corps s'active peu
à peu et finit par prendre une activité limite, toujours la même pour la
même matière radio-active. En remplaçant, dans cette expérience, l'air
par l'hydrogène, on observe la même activation limite. On peut encore
répéter cette expérience avec de l'air en faisant varier la pression dans le
tube; nous avons constaté qu'avec une pression assez basse (i*"" de mer-
cure) la limite de l'aclivation est encore la même. Par conséquent, la
quantité et la nature du gaz eu présence n'ont pas d'influence sur la radio-
activité induite.
Le résultat n'est pas le même lorsque, au lieu de faire un vide partiel dans
le tube, ou v fait un vide très parfait (pression mesurée à la jauge infé-
rieure à jj^ de millimètre de mercure), et lorsqu'on maintient ce vide pen-
dant toute la durée de l'expérience, en faisant marcher la trompe à mercure
(') Comptes rendus, février 1901.
( 769 )
d'une façon continue. Dans ces conditions le corps ne s'active pas ; bien
plus, s'il a déjà été activé, son activité disparaît. Ainsi la radio-activité
induite ne se propage plus lorsqu'on supprime toute pression dans l'appa-
reil.
» Si, après avoir fait un vide très parfait, on isole l'appareil de la
trompe, on constate au bout d'un temps plus ou moins long que la lame
de cuivre s'est activée aussi fortement que dans l'air. Mais, en même temps
que la lame s'active, des gaz occlus se dégagent de la substance active et
déterminent dans le tube une faible pression dont la grandeur varie avec
l'échantillon étudié. On peut recueillir les gaz occlus dont l'apparition
coïncide avec celle de la radio-activité induite. Pour cela on fait d'abord
un vide aussi parfait que possible sur la substance radio-aclive, puis on
chauffe celle-ci, et les gaz dégagés sont extraits à l'aide de la trompe à
mercure. En même temps, au moyen d'un petit tube de Geissler soudé sur
l'appareil, on examine le spectre de ces gaz. Nous n'avons trouvé dans ce
spectre aucune raie nouvelle. Généralement le spectre des gaz carbonés
domine ; on aperçoit aussi les raies de l'hydrogène, celles de l'azote et
celles de la vapeur de mercure provenant de la trompe.
» Les gaz recueillis, dont le volume est petit, sont, malgré leur faible
masse, violemment radio-actifs. Ces gaz, agissant au travers du verre de
l'éprouvette qui les contient, impressionnent en un instant une plaque
photographique enveloppée de papier noir, et déchargent très rapidement
les corps électrisés. Leur activité est telle qu'elle provoque la fluores-
cence du verre de l'éprouvette, qui est lumineux dans l'obscurité. Ce
verre noircit rapidement comme lorsqu'il est exposé au rayonnement des
corps les plus fortement radio-actifs. L'activité du gaz activé diminue
constamment, mais avec une lenteur extrême : du gaz recueilli depuis
dix jours est toujours très fortement actif.
» L'air du laboratoire dans lequel nous travaillons depuis plusieurs
années est devenu progressivement de plus en plus conducteur ; il n'est
plus possible d'avoir un appareil bien isolé et l'on ne peut plus faire que des
mesures grossières à l'électromètre. Cet état déplorable ne nous semble
pas pouvoir s'expliquer par le rayonnement direct des poussières radio-
actives disséminées dans le laboratoire ; il est probablement dû en grande
partie à la formation continue de gaz radio-actifs analogues à ceux dont
nous venons de parler (').
(') C'est ainsi que l'air confiné dans toute boîte close qui séjourne dans le labora-
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 12.) 99
( 7/0 )
» En chauffant du chlorure de baryum hydraté dans le vide, nous avons
obtenu une certaine quantité d'eau distillée qui a été recueillie dans une
ampoule. L'eau s'est montrée radio-aclive; cette eau évaporée ne laissait
aucun résidu radio-actif; si on la conserve en tube scellé, son activité ne
disparaît que très lentement.
M Nous ne pensons pas encore avoir élucidé le mécanisme de la propa-
gation de la radio-activité induite. On peut, il est vrai, supposer que des
gaz ordinaires contenus dans l'air s'activent au contact Je la matière radio-
active et se diffusent ensuite en communiquant, par contact, leur activité
aux autres corps; mais bien des faits ne sont pas expliqués avec cette ma-
nière de voir. En effet, l'activation limite est sensiblem.ent indépendante
de la pression et de la nature du gaz; de plus, la propagation de l'activité
par les tubes capillaires semble beaucoup trop rapide pour pouvoir être
produite par une simple diffusion des gaz. »
PHYSIQUE. — Production directe des rayons X dans l'air.
Note de M A. Nodon, présentée par M. Lippmann.
« L'expérience m'a démontré que les rayons X peuvent être produits
directement dans l'air et en dehors du vide de Crookes : des rayons X
prennent naissance sous l'influence simultanée de radiations ultra-violettes
et d'un champ électrique.
» Si l'on crée un champ électrique entre les deux armatures d'un
condensateur à air et qu'on dirige un faisceau de radiations ultra-violettes
sur l'une des armatures, il y a produclion de rayons X.
» Ces rayons X se propagent suivant la même direction que les lignes
de force électriques du champ. Ils ne sont pas émis dans d'autres direc-
tions. Ils possèdent une activité plus considérable quand la direction des
lignes de force du champ est la même que celle de la propagation des
radiations ultra-violettes, c'est-à-dire quand l'armature éclairée est de
polarité négative.
M L'activité des rayons X émis est ensuite fonction : de l'intensité du
champ électrique, de l'intensité des radiations ultra-violettes, de la longueur
toire finit par devenir très fortement conducteur, et sa conductibilité est très supé-
rieure à celle de l'air de la pièce. Il suffit d'ouvrir la boîte pour faire tomber celle
conductibilité.
( 77» )
d'onde de celles-ci, et enfin de la nature des substances à la surface des-
quelles ils prennent naissance.
» Les propriétés générales des rayons X produits directement dans
l'air sont identiques à celles des rayons X produits au moyen des ampoules
de Crookes.
» Ils déchargent les corps électrisés après leur passage au travers de
l'aluminium et du carton noir paraffiné. Us possèdent des propriétés pho-
togéniques. Les radiations ultra-violettes qui servent à produire les rayons X
peuvent être obtenues à l'aide de diverses sources, telles que : l'étincelle
électrique, l'effluve électrique, l'arc voltaïque ordinaire et enfin l'arc vol-
taïque qui se produit entre deux crayons de graphite munis d'âmes en
aluminium.
» La charge électrique du champ était obtenue à l'aide d'une petite
machine électrostatique. T^es mesures étaient faites au moyen d'un élec-
tromètre de modèle spécial à feuille d'or unique enfermée dans une cage
de Faraday. Les appareils étaient dans l'obscurité, afin d'éviter l'action
actinique des rayons lumineux extérieurs.
» Une première série de recherches a été effectuée au moyen du dispo-
sitif suivant :
» Une feuille d'aluminium mince fermait l'ouverture centrale d'un disque de
carton noir. Un plateau mûlaliique de diamètre plus petit que le disque était disposé
parallèlement à celui-ci et à une distance variant de lo'''" à Se'"". L'ensemble de l'ap-
pareil était isolé.
» La feuille d'aluminium et le plateau métallique formaient les deux armatures
d'un condensateur plan.
» La source de radiations ultra-violettes était disposée devant la feuille d'aluminium.
Celle-ci formait écran aux radiations.
» En chargeant le condensateur et en éclairant la surface extérieure de l'aluminium,
on constatait la production de raj'ons X sur la face intérieure de ce métal.
» L'activité des rayons X produits était alors sensiblement atténuée par suite du
passage de ces rayons au travers de l'aluminium.
» Un second dispositif permettait d'éviter cette cause d'affaiblissement.
» Ce dispositif se composait d'une feuille d'aluminium isolée, qu'on inclinait à 45°,
sur un faisceau de radiations ultra-violettes.
» Un conducteur, réuni à la terre, était disposé dans l'obscurité, à 3o'^™ environ de
la face éclairée de l'aluminium.
» L'ensemble formé par la feuille d'aluminium isolée et le conducteur à la terre
était susceptible de réaliser un condensateur électrostatique.
( 772 )
» En chargeant ce condensaieur et en éclairant la face interne de la feuille d'alii-
miniuni, il y avait production de rayons X.
» La propagation des rayons X s'effectuait dans ces conditions, suivant la dévia-
tion des lignes de force du champ.
» Comme ces rayons X n'avaient pas à traverser l'épaisseur de l'aluminium, ilsjDOS-
sédaient une activité plus considérable que dans l'expérience précédente.
» Les phénomènes actino-électriques sembleraient trouver leur expli-
cation dans la production directe, dans l'air, de rayons X, sous la double
influence de radiations ultra-violettes et d'un champ électrique. »
PHYSIQUE. — Méthode de détermination des poids atomiques fondée sur les
lois de transparence de la matière pour les rayons X ; poids atomique de
l'iridium. Note de M. L. Bexoist, présentée par M. Lippmann.
« Les lois de transparence de la matière pour les rayons X, exposées
dans mes deux précédentes Communications ('), constituent la base d'une
nouvelle méthode de détermination directe ou de vérification des poids
atomiques, méthode plus générale et, à certains égards, plus précise que
celle qui résulte de la loi de Dulong et Petit sur les chaleurs spécifiques
des éléments. En effet, l'opacité spécifique d'un corps simple, ou ce qui la
représente pratiquement, son équivalent de transparence défini et mesuré,
comme je l'ai précédemment expliqué, dans des conditions bien déter-
minées, constitue une constante physico-chimique bien plus étroitement
liée au poids atomique que la chaleur spécifique, puisqu'elle est indé-
pendante de tout ce qui peut faire varier cette dernière.
» Cette constante peut être déterminée, par un examen physique aussi
simple que rapide, soit sur l'élément lui-même, soit sur un mélange ou
un composé connu qui le contienne. Lu valeur numérique obtenue assigne
à l'élément donné une place déterminée sur la courbe d'isotransparence
qui correspond aux conditions choisies; de là, aussi, une valeur déter-
minée assignée au poids atomique. On peut augmenter au besoin la sensi-
bilité du procédé, en modifiant la pente de la courbe par une transtor-
mation logarithmique.
» Enfin cette méthode contient un précieux élément de contrôle fourni
(') L. liEîiOlsi, Comptes rendus, ii février et '( innrs 1901.
( 773 )
par l'élude du radiochroïsme de l'élément considéré, c'est-à-dire par le
sens et la grandeur des variations de son équivalent tie transparence
lorsque l'on |)asse d'une courbe à une autre, en modifiant la qualité des
rayons X employés.
» J'ai appliqué cette méthode à Vindium, dont la place dans la classifica-
tion des corps simples est encore discutée, les chimistes ayant à choisir
entre deux valeurs possibles, 75,6 et ii3,4, de son poids atomique.
» Tout récemment, MM. C. Chabrié et E. Rengade ont repris la question
(voir Comptes rendus, 3i décembre 1900 et 25 février 1901). La formation
des aluns d'indium et des métaux alcalins leur a permis de conclure à la
trivalence de l'indium, à ses analogies chimiques avec les métaux à
sesquioxydes, et par suite au poids atomique ii3,4. Ayant aussi obtenu
l'acétylacétonate d'indium [(CH' — CO)^ = CH]'In, ils ont pu en déter-
miner le poids moléculaire, non directement, il est vrai, par la densité de.
vapeur, ce sel n'étant pas volatil sans décomposition, mais par l'ébul-
lioscopie, et sont arrivés à la même conclusion.
» Il était donc intéressant de soumettre la question à la méthode nou-
velle dont je viens d'exposer les principes.
» J'ai pu utiliser, grâce à l'obligeance de M. Chabrié, l'acétylacétonate d'indium
bien cristallisé, et tout dernièrement l'indium métallique très pur, préparés par ce
chimiste.
» Malgré la petite quantité de sel (o5'',44o) et l'inégale grosseur des cristaux que je
ne voulais pas pulvériser, j'ai pu déterminer avec une précision satisfaisante l'équi-
valent de transparence de l'acétylacétonate d'indium pour la qualité de rayons X et
pour les conditions d'épaisseur auxquelles se rapporte la courbe principale qui figure
dans ma Communication du 4 niars dernier.
» Le nombre obtenu a été de 3''?'', 6.
» Connaissant, d'autre part, les équivalents des éléments constitutifs de ce sel, sauf
celui de l'indium lui-même, j'ai pu calculer ce dernier; soit E^ i''s'', o5.
» Or, celte valeur éloigne absolument l'indium de la région des poids atomiques
voisins de 76; car, pour celte valeur, l'équivalent de l'indium devrait être E =^i"is'', t,
sensiblement égal à celui de l'arsenic (voir la courbe précitée). Elle le met, au con-
traire, incontestablemenl à la suite de l'argent (Pa := 108) et du cadmium (P„=n2),
da;is la région où les équivalents de transparence sont égaux ou un peu inférieurs à
i"*?', 2. L'épreuve était donc décisive. La comparaison directe de l'indium à l'arsenic
d'une part, à l'argent et au cadmium d'autre part, ne le fut pas moins.
» Mais la méthode comporte, ainsi que je l'ai dit, un précieux moyen de contrôle.
Si l'on se reporte aux deux courbes d'isotransparence que j'ai publiées, on voit que,
dans la région de l'arsenic, la courbe des rayons mous s'écarte très notablement de
celle des rayons de dureté moyenne, et que l'équivalent de l'arsenic varie du simple
au double en passant de la première à la seconde. Au contraire, dans la région del'ar-
( 774 )
gent et du cadmium, et un peu au delà, les deux courbes se confondent presque, avec
des écarts à peine de l'ordre du dixième, pour se séparer de nouveau vers les poids
atomiques très élevés. 11 y a là une particularité très intéressante, sur laquelle j'aurai
roccasion de revenir.
» Or, en soumettant le sel d'indium, côte à côte avec l'arsenic d'une part, l'argent
et le cadmium d'autre part, à ce changement de rayons X, j'ai pu constater très net-
tement qu'il se comporte comme l'argent, et non comme l'arsenic. Donc le radio-
chroïsme de l'indium, fonction lui-même de son poids atomique, conduit aux mêmes
conclusions que la mesure de son équivalent de transparence.
» Enfin, l'échantillon d'indium métallique, que j'ai pu étudier à son tour, en le
laminant à diverses épaisseurs et en le soumettant aux mêmes épreuves que l'acétyl-
acétonate, m'a fourni sur tous les points une vérification absolument concordante.
En particulier, la mesure directe de son équivalent de transparence, dans les condi-
tions déjà employées, m'a fourni une valeur presque identique à celle que j'avais cal-
culée au nioyen du sel :
^ . , ,,,.,. ( calculé par racétvlacétonate. .. . i,o5
Equivalent de I indium \ , ,.
[ mesure directement i , lO
» Conclusions . — La transparence de l'indium pour les rayons X, avec
tous les caractères de variation qui l'accompagnent, assignent à ce corps
simple le poids atomique i i3,4, à l'exclusion formelle de la valeur 75,6. »
CHiMilî. — Action de l'hydrogène sur le réalgar et réaction inverse. Influence
de la pression et de la température. Note de M. H. Pélabon, présentée
par M. Troost.
« En faisant réagir l'hydrogène en tube scellé sur le réalgar en excès,
en présence de masses variables d'arsenic, on observe ('), quand la masse
de ce dernier corps est supérieure à une certaine limite, que la proportion
d'hydrogène sulfuré produit ne dépend que de la température et reste
constante pour une même valeur de celle-ci, si l'on fait varier les propor-
tions relatives de réalgar et d'arsenic.
)) La pression du gaz n'exerce aucune influence sur ta composition limite du
système gazeux. Si l'on introduit l'hydrogène dans les tubes sons des pres-
sions égales à la moitié, au quart delà pression atmosphérique, on observe
en effet que le rapport R de la pression partielle de l'hydrogène suHuré
dans le mélange à la pression totale de celui-ci ne change pas.
(') Compter rendus. I. CXXXl, p. !\\(!t ; i3 août 1900.
(775)
» Si l'on fait réagir l'hydrogène sur le sulfure seul, hors de la présence
de l'arsenic, on n'arrive plus au même résultat ; la pression influe sur la
valeur de R.
» Plus la pression esl faible, plus la valeur de ce rapport est élevée et s'éloigne
du nombre qu'on obtient en opérant en présence d' un excès d' arsenic . — Ainsi,
tandis qu'avec des tubes où le gaz hydrogène est introduit à la tempéra-
ture ordinaire, sous une pression voisine de la pression atmosphérique, on
trouve à 6io° un nombre voisin de 93,07, on a dans les mêmes conditions
de température, pour une pression moitié moindre de l'hydrogène intro-
duit, R = 95,20 et pour une pression voisine de 190°"", R = 96,08 (R est
ici exprimé en centièmes).
» Pourvu qu'à la température de l'expérience le réaigar ne soit pas
complètement vaporisé, la valeur de R est indépendante de la masse de ce
corps.
» Dans l'action de l'hydrogène sulfuré sur l'arsenic, c'est un phénomène
inverse qu'on observe. Les résultats suivants montrent que /o/as la pression
du gaz esl faible, plus la valeur de R est faible.
» La température des expériences est toujours égale à 610" :
Valeurs
à pression à i5".
de
p en centièmes.
mui
739
65, 01
379
320
63,70
. 61,72
'77
59-69
M Ces résultats sont d'accord qualitativement avec la théorie thermo-
dynamique de la dissociation.
» Si l'on admet que l'on a la réaction
As-S-[2 vol.]-H2H='[4 vol.] = 2H-S[4 vol.] + As-[i vol.],
Y' ""^""T^ 3 4
les différents corps qui entrent dans cette réaction étant affectés des
indices i, 2, 3, 4. placés au-dessous de chacun d'eux, on peut écrire entre
les pressions P,, P^, P3, P^ des différents gaz ou vapeurs la relation
pS pi
(0 ff^ = F(T)-
* 3 4
( 776)
» Dans le cas où l'arsenic et le sulfure sont en excès, on a
P.-9(T). P,,-KT).
par suite,
R=X(T)..
» 1° Sup|iosons qu'on fasse agir le gaz hydrogène sur le réalgar; on
aura
P, = ?(T),
par suite
(2) p?-^=/(T).
Pour une autre valeur de la pression totale
(3) P?V =/(T).
et, par suite,
pi p'i
(4) prp- = pnp- =• --^^/CT).
» L'équation (i) de la réaction montre que l'on a à chaque instant :
P3 = 4P..
» Donc les relations (4) peuvent être remplacées par les suivantes :
(5) p-p = -.=./;(T).
'^3 '^ 3
)i Enfin, si l'on se rappelle que R est donné par l'égahlé
on a
rr\ (100 — R)' __ (100 — R')^ _ _ ^ .„.
» La discussion mathématique de cette relation fait voir, conformément
à l'expérience, que quand la pression totale du mélange gazeux augmente
la valeur du rapport R diminue.
» 2° I/étude de l'aclion de l'hydrogène sulfuré sur l'arsenic conduit à
la discussion d'une relation un peu d'iféreiile. Dans ce cas on a, en effet,
P2=2P, et P,= ^j/(T).
( 777 )
» Un calcul analogue au précédent donne
/ V P^Çioo-R)^ _ P;(ioo-R')^ _ _r^T.
\1/ J^2 £^/S — •• — JiK^J-
» On observe ici que, quand la pression totale du mélange gazeux décroît,
la valeur de R décroît aussi, ce qui est bien conforme avec les résultats
expérimentaux.
» Les nombres obtenus dans les deux cas ne vérifient pas quantitative-
ment les relations (6) et (7) d'une manière satisfaisante. »
CHIMIE ORGANIQUE. — La chaleur de formation des acétals comparée à celle
des composés isomères. Note de M. Marcel Delëpi.xe.
« La comparaison des chaleurs de formation des acétals avec celles
des composés isomères de constitution et de fonctions différentes permet
de faire quelques observations intéressantes. Elle montre, au plus haut
degré, la différence thermique qui existe entre un corps dérivé d'une seule
chaîne carbonée et un corps dérivé de plusieurs chaînes carbonées, réunies
par l'oxygène, susceptibles, en général, de se disloquer par fixation d'eau.
» Des déterminations faites sur les élhers et les composés isomères ('),
sur les hydramides et leurs isomères non hydratables (-), on a déjà pu
tirer cette conclusion que la chaleur de formation du composé unit;iire
l'emporte sur celle du C()m[)osé dédoul)lable. Voici quel(|ues exemples se
rapportant à l'élher ordinaire com[)aré à l'alcool isobutylique, à l'ether
mélhylformique comparé à l'acide acétique, à l'anisol et au /j.-cresylol.
Formation. Formation. Différence.
Cal Cal Cal
C^H'.O.C^HMiq. .. 70,5 C^H'.OHIiq 85,5 i5,o
H.CO.O.CHMiq. .. 93,4 CH^CO.OHliq.... 117,2 28,8
CH^O.CHMiq.... 3o,6 CH^OHliq 52,9 22,8
)) Or les acétals que j'ai étudiés précédemment possèdent un o;rand
nombre de liaisons oxygénées, et nous allons étendre ces comparaisons
avec les corps dont la chaleur de formation a été fixée.
(') Bkrthelot, Thermochimie, t. 1, p. 55 1 et 664.
(-) Delépine, Comptes rendus, t. CXXV, p. 178; t. CXXVI, p. 343, 48.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 12.) 1 OO
( 77» )
» Le méthylal et l'acétal sont les isomères respectifs du propylglycol et de la pina-
cone; on trouve
Différence.
Cal Cal C«i
/OTH' Cal Cal Cal
CH<^^".liq 96,4 CH^OH.CH'.CH-OHliq 127,7 2 x i5,6
\OCH^
XOG'H^
CH'— CH<^^^]îî'liq... n8,45 (CH3)==COH.COHr=(CH3)îsol... i5i,i 2x16, 3
C'est environ deux, fois la différence qui existe entre un alcool et un éther-oxyde de
même formule.
» Le formai et l'acétal du glycol sont isomères respectivement des acides propio-
nique et butyrique; on a
Différence .
/O — CH" Cal Cal Cal
CH< • liq 80,3 CH^.CH^.GO^Hliq 122,5 2x21,1
CH'— CH< ■ liq q4,4 ClP.(CH'-)'.CO^Hliq i35,2 2x20,4
\0 — CH" V / 1
c'est-à-dire environ deux fois la différence qu'il y a entre les mêmes acides et les
éthers éthylformique et élhylacélique qui n'ont qu'une liaison oxygénée (diff. resp. :
24c>',3 et igC"', r).
» Le diformal de l'érythrite CH-— CH — CH — GH^ a quatre liaisons oxygénées;
I I I I
O CH- 0 O CH^ O
il est isomère de l'acide adipique GO'H — (CH^)''— - CO^H, et le diacétal est isomère
des acides subériques CO-H — (CH^)''— CO'H. Les chaleurs de formation donnent :
Différence.
Diformal de l'érythrite. . . 166^»', 2 Acide adipique. .. . 24i'^''S9 4 X iS'^^'ig
Diacétal « ... iSS^^'iô Acide subérique. . . 247"^^', 9 4xi5'^''',o
)) Ces valeurs pourraient encore être comparées à celles de certains éthers d'acides
bibasiques à deux liaisons oxygénées, lesquelles tiendraient à peu près une place
intermédiaire.
» Enfin, un acide de formule C'H'*0* que l'on supposerait homologue de l'acide
tricarballylique C'H^O'^ aurait pour chaleur de formation probable 35o'^''', et ce
nombre surpasserait de 6 x 17'^''' la chaleur de formation du triformal de la mannile
CH^ — CH — CH — CH — CH — CH^, qui a six liaisons oxygénées.
I I I I I I
OCH^O OCH^O OCH^O
» En somme, la différence entre un formai et un acide isomère passe
ainsi successivement de2 x 21^^', à 4 X 18^"', 9 et à 6 X 17^"'; elle est tou-
jours considérable, tout en paraissant s'amoindrir avec la multiplicité des
liaisons oxygénées. La différence est un peu moindre pour les acétals.
w De ces comparaisons dérive immédiatement l'étude d'un cas plus
( 779 )
intéressant, fréquent dans la série aromatique, où les mêmes composants,
aldéhyde et phénol (au lieu d'alcool), peuvent donner lieu, soit à la for-
mation d'un acétal de phénol, soit à la formation d'un diphénol isomère
où le groupement carboné de l'aldéhyde s'est attaché directement au car-
bone du phénol. Ce diphénol doit avoir une chaleur de formation plus
élevée.
/OC"'H"
)) J'ai vérifié le fait sur le formai du 3-naphtol CH^-, ^^ „,^ j,, el son isomère le
P-dinaphtylol-mélhane CH^cT „,^ „ . Voici les chaleurs de combustion par
gramme :
p-dinaphlylol-méthane. . 8261"', 8 8244"', 5 8260"', 6 Moyenne... 82D2"',2
Formai dû p-naphtol... . 8342'--'",2 8822"', i 834i«i,5 Moyenne... 8335"', 6
» D'où l'on déduit :
Dinaphtylol. Formai.
cal cal
_, , , , . ,. 1 • ( à volume constant. . . 2475,7 25oo,7
Chaleur de combustion moléculaire < , . , ' „ ,
( a pression constante. 2477,4 2002,4
Chaleur de formation moléculaire 54,9 29,9
» Ainsi, la chaleur de formation du composé où l'oxygène n'est pas doublement lié
au carbone surpasse celle de l'isomère de constitution acétalique de 23'^"', soit
2 X 12^''', 5, chiffres de l'ordre de grandeur de ceu\ qui se rapportent au mélhylal, à
l'acélal et aux glycols isomères, toutefois un peu moindres.
» On a encore pour les réactions génératrices :
CH'Odiss. I- 2C'«H'Osol. -
CH2(C"»H«OH)îsol.-HH=01iq.... -f-26C''i,i (i)
CH={OC"'H')=sol. +H20liq.... -*- i'^^\i (2)
» Le nombre i^'*',! laisserait supposer que la réaction déformation ou
de décomposition du formai est réversible. Mais il n'en est rien, car les
composants mis en liberté dans une décomposition, par exemple, s'uniront
non pas suivant le second mode, mais suivant le premier, qui échappe à la
réversibilité [lar suite de la nature unitaire du composé formé. En fait, j'ai
vérifié par l'expérience que le formai du p.-naphtol, chauffé à 100° pendant
une dizaine d'heures avec dix fois son poids d'alcool absolu et une goutte
d'acide chlorhydrique, s'était transformé en son isomère. Ce résultat et les
précédentes déterminations entreprises sur les acétals viennent donc corro-
borer et étendre les relations thermiques qui existent entre différents
isomères. »
(78o)
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la valeur acidimètrique des acides benzo'iques
monosubstitués. Note de M. G. Massol.
« J'ai étudié ihermiquemenl les trois acides oxybenzoïqiies, les trois
acides nitrobenzoïques, les acides orlho-, chloro- et iodobenzoïqiies et les
acides o- et jo-bromobenzoïques. Pour chacun d'eux, j'ai déterminé la
chaleur de neutralisation par la soude, la chaleur de dissolution du sel de
soude anhydre et, pour quelques acides, la chaleur de dissolution dans
l'eau (vers +15°) lorsque la solubilité a été suffisante; mais, en général, ces
acides sont fort peu solubles dans l'eau.
» A l'aide de ces données, j'ai calculé les chaleurs de formation des sels
de soude anhydres et solides, à partir des éléments solides. Tous les
nombres ci-dessous correspondent à l'équation générale
Acide sol. h- NaOH sol. = sel anhydre sol. -f- H*0 sol. + Q.
)) Toutes les déterminations ayant été faites dans les mêmes conditions
de température et de dilution, les chaleurs de formation obtenues, com-
parées à celles du benzoate de soude, permettent d'apprécier l'influence de
l'atome de Cl, Br, I ou du groupement OH et NO^ substitué, et de mesurer
ihermiquement l'accroissement de l'acidité de la molécule.
» 1° Acides oxybenzoïques. — L'introduction d'un oxliydrile phénolique dans la
molécule benzoïque augmente l'activité chimique du carbox^le si la substilulion est
effectuée en position ortlio, tandis que l'influence est très faible pour les substitutions
en meta el para.
)i C'est ce que montrent les chaleurs de formation de sels de soude de ces trois
acides, comparées à celles du benzoate de soude.
Cal
Benzoate de soude -t-17,40 (B.)
Ortho-oxybenzoate de soude -+-19, i5 (M.)
Méta-oxjbenzoate de soude +'7>77 (M-)
Para-ox} benzoate de soude +'7 )79 (M-)
» 2° Acides bromobenzoïqucs. — Les acides orlho et para-bromobenzoïques m'ont
donné des résultats analogues
Cal
Ortlio-monobromobenzoate de soude -1-17,99 (M.)
Para-monobromobenzoate de soude -1-17,39 (M.)
» L'acide brome en position orlho dégage o'^'',59 de plus que l'acide benzoïque,
( 78i )
tandis que l'acide para dégage la même quantité de chaleur; l'action du brome en
position para est nulle.
» 3° Acides chloro et iodobenzoïques. — Je n'ai étudié que les acides ortho, les
meta et para n'ayant pu être oTitenus dans un état de pureté suffisant (les dosages
de Cl et I à l'état de sels d'argent ne correspondaient pas exactement à un acide
monosubstitué ).
Ortho-monochlorobenzoate de soude -f- i8"^''',87 ( M )
Orllio-monoiodobenzoate de soude + 17*^"', 78 (M)
l'influence de l'atome d'halogène substitué est très nette pour le chlore, assez faible
pour l'iode.
» 4° Acides nitrobenzoïques. — Ces acides donnent des résultats analogues, mais
l'influence du groupe IVO- est beaucoup plus considérable que celle des haloïdes et se
fait encore sentir très nettement en position para.
Cal
Ortho-nitrobenzoale de soude -t- 20,36 (M)
Méta-nitrobenzoale de soude -H 19,89 (M )
Para-nitrobenzoate de soude + i9,3i (M)
» Si maintenant on compare les quantités de chaleur dégagées par les
acides substitués en position ortho par des radicaux différents, et si l'on
met en évidence l'augmentation de chaleur dégagée par rapport à l'acide
benzoïque :
DifTcreiice.
Cal Cal
Benzoate de soude -t- 17, 4o "
Orlho-nitrobenzoate de soude -+-28,39 +2,99
Ortho-o\ybenzoate de soude -h 19, i5 -v- i ,75
Orlho-chlorobenzoate de soude +18,87 H- ' )47
Ortho-bromobenzoale de soude +'7)99 +0)59
Ortho-iodobenzoate de soude -t- 17,78 +0,33
on observe qu'en position ortho c'est le groupe NO^ qui détermine la plus
forte augmentation de chaleur, puis vient l'oxhydrile et enfin, par ordre
décroissant : le chlore, le brome et l'iode.
» En position meta, l'acide nilrobenzoïque dégage nettement plus de
chaleur que l'o-benzoïqiie ( + 2*^^'); l'acide /n-oxybenzoïque ne donne
qu'une augmentation de -i-o^''',37.
» Enfin en position para l'influence de NO* se fait encore sentir :
+ o'^''',4; l'oxhydrile OH produit la même augmentation, mais le brome
n'a plus aucune action. »
(782 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Passage de l'anéthoi à V acide anisique par
cinq oxydations successives. Note de M. J. IÎougaclt.
« Dans une Note antérieure ( ' ), j'ai déjà fait connaître les deux pre-
miers termes de cette série d'oxydations ; j'ai montré, en effet, que l'ané-
thol, traité par I et HeO, donne l'aldéhvde CH'O — C«H' — CH(^^,„
' ^ - XLH'',
et que ce dernier, oxydé par l'oxyde d'argent, donne l'acide correspon-
dant CH»0 - C«H'' - CHC^^j;,
» En continuant l'oxydation, on peut transformer cet acide, par le
mélange chromique, en acétone CH'O — CH' — CO — CH'.
» Cet acétone, à son tour, traité par le MnO^R, en milieu alcalin,
devient l'acide-acétone CH'O — C»H' - CO - CO*H.
» Enfin, le MnO^K en milieu acide transforme facilement l'acide-acé-
tone en acide anisique CH' O — C H ' ^ CO" H.
» Cette suite de réactions est également fournie, avec des rendements
variables, par l'isosafrol, l'isométhyleugénol, l'isoapiol, et semble bien,
par suite, être caractéristique de la chaîne propénylique.
)) 1 . Préparation du paraméthoxyacétophénone CH'O — C°H ' — CO — CH ' .
— On peut l'effectuer à partir de l'acide paraméthoxyhydratropique, comme
je l'ai dit plus haut, mais il est plus avantageux, au point de vue des ren-
dements (70 pour 100 au lieu de 3o à [\o pour 100), d'employer la combi-
naison du bisulfite de soude avec l'aldéhyde paraméthoxyhydratropique.
» On prend So?"' de cette combinaison bisulfitique, goS"' de Cr^O'K^ grossièrement
pulvérisé, et l'on met le tout dans un raatras avec 1206'' d'eau. On y verse d'abord 60S''
d'un mélange à parties égales d'acide sulfurique et d'eau. On chauffe doucement pour
commencer la réaction; celle-ci s'eflectue ensuite d'elle-même et devient très éner-
gique. Il se produit une vive effervescence, qu'on modère si besoin est, tout en lais-
sant à la réaction une allure assez vive.
)) Dès que le dégagement gazeux se ralentit, on ajoute une nouvelle dose de 60?''
d'acide sulfurique dilué au \, puis, un peu après, une troisième dose de 6oS'', et on
laisse la réaction s'achever d'elle-même.
i> Pendant toute l'opération il se dégage une odeur très nette d'aldéhjde anisique.
(') Comptes rendus, t. C\XX, 25 juin 1900.
(783)
» Lorsque le liquide est suffisamment refroidi, on l'épuise à l'éther; ce dernier est
lavé à l'eau, puis avec une solution faible de carbonate de soude pour enlever des
traces d'acide anisique. Finalement, on l'évaporé et l'on obtient un résidu huileux qui
ne tarde pas à cristalliser.
» On purifie par traitement à l'éther de pétrole bouillant, qui le dissout et l'aban-
donne par refroidissement.
M J'ai identifié ce corps, par son point de fusion (38") et le dosage de
C et H, avec le paraméthoxyacétophénone obtenu antérieurement par
l'action du chlorure d'acétyle sur l'anisol en présence du chlorure d'alu-
minium et en solution sulfocarbonée.
» 2. Préparation de l' acide parainèlhoxYphénylglyoxyhque ,
CH'0-C«H^ -CO-CO=H.
Ce corps a déjà été obtenu par action de MnO^K sur l'anéthol (');
on obtient en même temps de l'acide anisique, qui ne se produit pas en
opérant comme je l'indique ci-dessous.
» On dissout à chaud 2oS'' de MnO^K dans 3oo" d'eau; on ajoute i5'='^ de lessive de
soude, et on laisse refroidir complètement. On ajoute alors 4^'' de paraméthoxyacéto-
phénone, et on laisse en contact pendant 12 heures en agitant fréquemment.
» Au bout de ce temps on verse la liqueur, devenue verte, dens un peu de bisulfite
de soude pour détruire le manganate ; on filtre, on acidulé par H Cl et l'on agite avec
de l'éther. Celui-ci, lavé à l'eau, puis évaporé, laisse comme résidu l'acide-acétone en
question. (Rendement, 90 pour 100.)
» Cet acide est un peu soluble dans l'eau froide, très soluble dans l'eau bouillante,
l'alcool, l'éther, peu soluble dans la benzine, presque insoluble à froid dans l'éther
de pétrole, peu soluble à chaud.
)) Il cristallise avec une molécule d'eau, qu'il perd en partie à la température ordi-
naire. Anhydre, il fond à 88°-89''. Maintenu à une température de 5o° à 70°, il se
sublime lentement en llocons lanugineux très légers.
» Sa solution aqueuse précipite l'azotate d'argent; le précipité se redissout à chaud.
Le sel de baryum est également peu soluble à froid.
» L'identification a été faite par le point de fusion et l'analyse du sel de
baryum.
» 3. Acide anisique, CU^O — CH'-CO^H. — Enfin, l'acide-acétone
précédent, traité par une solution de Mn O^ K acidulée par SO"* H^, est oxydé
instantanément à froid, avec production quantitative d'acide anisique.
(') Garelli, Gazelta chiinica italiani., l. XX, p, 698.
( 7^4 )
» Cette dernière opération termine la série des oxydations successives
qui, de l'anéthol, conduisent à l'acide anisique, en permettant d'isoler
quatre termes intermédiaires.
» Je résume ci-dessous les diverses étapes de cette oxydation régulière,
en mettant, en regard de chaque terme, les agents qui le fournissent à partir
du précédent.
(Anéthol) CH'O - C«H*- CH = CH - CH'
Par HgO et I CH^O - C«H^— CH
/CHO
Par Ag^O alcalin CH^O — OH* — Cr/^^]*^
Par mélange chromico-sulfurique. . CtPO — C^H' — CO — CH'
Par MnO*K alcalin CH'O - C«H*- CO — CO^H
Par MnO*K acide CH^O — C=H*— GO^H
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la loi des auxochromes. Noie de M. P. Lemoulï,
présentée par M. Moissan.
« Dans une Note récente (Comptes rendus, t. CXXXII, p. 485), MM. Ca-
niichel et Bayrac énoncent la conclusion suivante : « lia loi des auxo-
» chromes n'existe pas davantage pour les composés du triphénylmélhane
» que pour les indo[)hénols ».
» Je crois que cette opinion n'est pas suffisamment justifiée; voici
quelques reproductions de photographies qui montrent ce que l'on doit
penser de celte loi. J'ai employé les quatre colorants suivants :
Premier groupe : ( n° 1 . Oxalale de tétraméth3fldiamidotrlphénylcarbinol,
2 Azole tertiaires. | n° 2. Sulfate de tétraélhjldiamidotriphénycarbinol.
i n" 3. Chlorhydrate d'hexaéthyltriamidotriphénylcarbinol,
* . ; ■ ( n° 4^. Diméthvldiélhvldibenzvllriamidolriphénylcarbinol disul-
3 Azote tertiaires, i /.J^T r j
( fonale de INa ;
et j'ai photographié celles des radiations qu'ils laissent passer en solution
aqueuse (i molécule-gramme =:= looo'") sous une épaisseur constante,
l'éclairement, la durée de pose et de développement restant constants. La
raie D sert de repère.
(785 )
» Les épreuves 1 et 2 présentent, en allant de gauche à droite, une bande
blanche, image de la bande lumineuse rouge, puis la raie D, puis une
seconde bande blanche plus large, variable de lune à l'autre; elle con-
stitue le caractère individuel de chaque colorant.
» Les épreuves 3 et 4 présentent la même disposition.
» Si l'on examine celles des bandes qui sont à gauche de la raie D, on
voit qu'elles se prolongent presque exactement sur les épreuves 1 et 2
(caractère de famille) et que, sur les épreuves 3 et 4, il en est très sensi-
blement de même, quoique la bande 4 déborde légèrement la bande 3. De
plus, chacun de ces groupes est très nettement déplacé par rapport à
l'autre. Ceci montre que la bande lumineuse rouge des spectres d'ab-
sorption des colorants du triphénylméthane occupe la même position
quand ils ont 2 atomes d'azote tertiaires auxochromes, ou bien quand ils
en ont 3, mais que celle position varie de l'un à l'autre cas. C'est en cela
que consiste la loi des auxochromes.
L'opinion de MM. Camichel et Bayrac est basée sur l'étude photomé-
trique de ces bandes; ils en ont conclu qu'elles commencent dans le
spectre visible pour se terminer dans l'infra-rouge. Quoique leurs obser-
vations soient arrêtées à la radiation o^^, 7^0 environ, on doit admettre que
la transparence des solutions étudiées persiste au delà de cette radiation,
jusqu'à une limite inconnue qu'il serait utile de déterminer. Mais quoi qu'il
en soit de cette bmile, elle ne saurait avoir d'influence sur la loi des auxo-
chromes, dont l'existence est liée à la possibilité de déterminer /7/aZ;(/Me-
menl le bord gauche (du côté de l'infra-rouge) des bandes lumineuses vi-
sibles. Voici comment j'opère pour cette détermination : le spectroscope
est muni d'un réticule que l'on déplace dans la bande jusqu'à ce qu'il cesse
d'être visible; on éclaire alors le micromètre resté jusque-là dans l'obscu-
rité et on lit la division correspondante. En opérant ainsi, les solutions
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 12.) 101
( 78(3 )
dont il a été question plus haut m'ont donné, dans les conditions où elles
ont été photographiées :
N" 1. Bande rouge de 4 à 3o. ) ,. ^ N" 3. Bande rouge de 6 à 42. ) ,, ^
NO 2. >> de^à.S.r'"^^--'^- NO 4. » de 6 à /,6. 1 ^"^"" ^^-
Déplacement moyen g divisions.
» La possibilité de ces déterminations ne m'est pas personnelle; je l'ai
fait constater à de nombreux observateurs, et MM. Camichel et Bayrac l'ont
reconnue eux-mêmes, puisqu'ils disent : « Le milieu de la bande rouge va
i> du côté de l'infra-rouge w (Comptes rendus, t. CXXH, p. i^\), ou bien :
« La bande rouge occupe une position invariable » {Comptes rendus.
t. CXXXL p. 1002), et puisqu'ils ont, en outre, fixé cette position par un
chiffre :
Position de la bande rouge sur le micromètre oculaire 28 et 29
« Nous avons trouvé comme position de la bande [\o, au lieu de 28 »
{Comptes rendus, t. CXXII, p. I94eti95). Avec une approximation, sans
doute, très voisine de celle qui a paru suffisante à ces observateurs pour
affirmer la fixité de la bande rouge dans le cas des indophénols, on peut
affirmer l'exactitude de la loi des auxochromes; j'ajoute que cette ap-
proximationa toujours été suffisante pour les applications d'ordre chimique
(détermination de quelques formules de constitution) que j'ai faites et que
je publierai ultérieurement.
» Mais, quoi qu'il en soit, la loi des auxochromes ne présente pas un ca-
ractère absolu, et son application est assez laborieuse ; je crois être parvenu
à m'affranchir de ces inconvénients par l'étude des déformations des
spectres d'absorption avec la dilution.
» Si l'on dilue, par exemple, les solutions n^'S et 4," la largeur delà bande
des radiations absorbées diminue, peu du côté rouge, plus rapidement de
l'autre côté; pour unedilution convenable (de i mol. dans 5oooo'" à i mol.
dans looooo'"), cette bande se fragmente en deux; les épreuves n°^ 5 et 6
(durée de pose : 5 minutes au lieu de 3o minutes pour l'épreuve n° 3)
représentent l'état du spectre à ce moment : une bande blanche, image du
rouge, puis une première bande noire à peu près limitée par la raie D, puis
une bande blanche, puis une seconde bande noire plus large et moins
intense que la |)remière, puis enfin une très large bande blanche de radia-
tions non absorbées; l'épreuve n° 6 est faite dans les mêmes conditions
avec le colorant iî° 4. Si l'on dilue encore, on observe «le spectre ininter-
(787 )
)) rompu présentant seulement une ombre grisâtre » que j'ai déjà signalé
{Comptes rendus, t. CXXXII, p. i44)- Cette ombre, qui caractérise ces
sortes (le spectres-limites, occupe la même place que la première des bandes
noires dont je viens de parler. Dans le cas actuel, depuis la dilution
I mol. = 25 000'" jusqu'à i mol. = 200000"*, le maximum d'obscurité reste
à la division 86; cela détermine les radiations de plus facile absorption; au
delà de cette limite, l'ombre grise devient difficile à saisir. Pour un colorant
du même groupe que 3, le n" 4, par exemple, quand on atteint une dilu-
tion suffisante, la bande d'absorption limite se fixe très sensiblement au
même point : division 84.
» Les colorants 1 et 2 donnent lieu aux mêmes observations, mais la
bande limite se fixe cette fois en une position différente, division 63 pour
le n° 1 et division 60 pour le n" 2; d'un groupe à l'autre, le déplacement
est très net.
» J'espère tirer de ces faits, en les généralisant, un énoncé absolu de la
loi des auxochromes et se prêtant facilement aux applications de celte loi. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le naphtylol-naphtyl-oxy-naphlylmélhane
Note de M. R. Fosse, présentée par iVI. A. Haller.
« On l'a préparé en appliquant la réaction de Baever à l'aldéhyde oxy-
naphtoïque et au |î-naphtol.
» A une solution acétique de 2 molécules de naphtol p, i molécule d'aldéhyde oxv-
naphtoïque, on a ajouté une très grande quantité d'acide sulfurique et l'on a abandonné
longtemps le mélange à froid. Quand il ne s'est plus formé de cristaux, on a traité par
l'eau, essoré le précipité et lavé à la soude. Le produit très peu soluble dans le ben-
zène, l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone bouillants, est très soluble dans le nitro-
benzène chaud et assez soluble dans l'acétone. On a fait d'abord cristalliser dans le
nitrobenzène, puis dans l'acétone. On obtient alors de beaux cristaux incolores
devenant blancs par dessiccation. Point de fusion 278°.
» Ce corps possède bien la formule
/C"'H*''\
OH-C'oH«-CH/^.„^^)0;
il s'est formé d'après l'équation
,/C'»H«
OH - C">H«- CHO + 2C"'H'0H = OH - C'»H<^- CH<' t!, " )0 H- 2H2O.
( 7«8 )
» L'analyse et la cryoscopie lui altribuent la formule
C"H"0'.
» Cryoscopie. — Quoique très soluble à chaud clans le nilrobcnzène il est trop peu
soluble à froid pour être cryoscopé dans ce dissolvant. L'élher mélhyiique, qui possède
une solubilité supérieure à i pour loo, a permis une détermination très approchée.
Trouvé : M = 43i. Théorie pour Q'H^oO^ : M = 438.
» Quoique possédant un OH phénolique, ce corps ne se dissout pas dans les alcalis;
on peut en attribuer la cause à son grand poids moléculaire; il se dissout pourtant
dans les alcalis en solution alcoolique et l'eau le précipite de ses solutions.
» La preuve de l'existence de l'OII est démontrée par la formation d'un dérivé acé-
tique, d'un élher méthylique, élhylique; enfin la synthèse de ce corps, en parlant de
OH — C'H''— COH, prouve bien que l'OH est phénolique (').
» Élher acétique : CH' — CO'-— C'^H^ — CH \ f^ous/ *^ ol^^^n" enchauflfant avec
l'anhydride acétique et faisant cristalliser dans le benzène; point de fusion 285°. L'ana-
lyse a donné pour le carbone 83,34, 84,24, 84,46; la théorie exige 84,97. I^^ur l'hy-
drogène, on a trouvé 4,66, 4,8; théorie, 4 172. Le dosage de l'acide acétique a donné
12,3 pour 100; théorie, 12,87.
» Éther mélhyiique : CIP — O — C'H*— CH Xpioos/ *-* obtenu par l'action de
CH'I sur une solution alcoolique potassée, point de fusion 255°. L'analyse a donné
C = 87,61 ; la théorie exige 87,61. Pour l'hydrogène H ^ 5,2o; théorie, 5, 02.
« Éther élhylique : CHP — O — C'^H»— CH \^!Ig!/ 0; point de fusion 3o4°.
)) Formule de conslilution : Les deux seules formules de constitution possibles
(') Synthèse du mélhoxynaphtyl-naphlyl-oxy-naphtylmélhane
/C"H'^\
CH^O-G'oHe-CH/^,„jj,\o.
Pour démontrer que l'OH est bien phénolique, nous avons, sur le conseil de M. Haller,
fait réagir l'élher méthylique de l'aldéhyde oxy-naphtoïque sur le naphtol p. Nous
avons obtenu le méthoxynaphtyl-naphtyl-oxy-naphtylméthane
CH3-0-C'OH«_CH/^,„J^„)0
fondant à 255", identique au dérivé méthylique obtenu en faisant agir ClPl sur
Q3ij^2o02 en solution potassique.
La synthèse de ce corps a eu lieu suivant l'équation
ClP-0-C'«H«-C0H + 2C'»H'0H = CIP0-G'»Il«-GH<^^,'°j^[^0-i-H^0.
( 789 )
sont les suivantes :
C'»H6 —
OH
hM
/
/ \
\
\
\
0
C">H6-0H
1
GH
/\ /\ /\ <^\ /\
/ \/ %/ \^ \/ \
\ /\ ^\ /\ /\ /
\/ \^ \/ %/ \/
O
» On sait, en elTel, que dans la condensation des aldéhydes avec les phénols le car-
bone aldéhydique se soude toujours avec les atomes de carbone du phénol situés en
para de l'OH. Quand la position para est prise, le CJ\ se soude avec les atomes de
carbone des deux molécules phénoliques situés en ortho par rapport à l'OH. Ici il y a
deux positions ortho, en a et en p. Comme dans le naphtol p, la position 1 voisine est
celle qui entre la première en réaction; nous adoptons la première formule, qui est
celle d'un dérivé du pyrane possédant une partie commune avec deux noyaux naph-
taléniques et qu'on peut dénommer naplitylol-dinaphtopyrane. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du zinc sur le dibromure et le diiodure de
tétraméthylêne. Note de M. l'abbé J. Hamoxet, présentée par M. Georges
Lemoine.
« Le triméthylène est le premier terme, le prototype d'une famille très
intéressante, mais dont on connaît fort peu de membres. Après lui, on a
cité le pentaméthylène, l'hexaméthylène ou hexahydrobenzène et ses
homologues supérieurs, mais sans que l'on ait démontré nettement quelle
analogie existerait entre eux. Jusqu'ici, malgré de nombreuses recherches,
le tétraméthylêne n'a pas été obtenu; on ne pouvait même en espérer ki
synthèse par la méthode directe : action d'un métal sur le butane dihalo-
géné en 1.4, puisque ce dernier n'avait pas été préparé. C'est avec le désir
de combler cette lacune que j'ai entrepris la préparation du dibromo-
butane 1.4 et du diiodobutane 1.4, dont j'ai rendu compte ici même (').
» On conçoit en effet qu'en enlevant l'iode ou le brome à C'H'P. 1.4
ou C ' H" Br-. 1 .4 on puisse espérer la production du tétraméthylêne. D'après
l'hypothèse et les calculs de M. Ad. Bayer (^), une chaîne formée de quatre
chaînons CH^ devrait se fermer plus facilement et être ainsi plus stable
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 346.
C) Berichte, t. II, p. 2279; i885.
( 790 )
que la chaîne tritnélhvlénique. On va voir cependant que, dans les condi-
tions où celle-ci s'obtient, celle-là ne se forme pas.
» Action du G''H*Br-.i.4 et du G*H*I-.i.4 sur le sodium, sur le zinc en pré-
sence de l'alcool. — Si l'on fait tomber goutte à goutte soit le dibromobutane,
soit le diiodobutane sur du sodium en fils contenu dans un ballon, une vive réaction ne
tarde pas à se déclarer, et peut même devenir explosive. La masse charbonne, d'abon-
dantes fumées se dégagent, et le gaz recueilli est très riche en hydrogène. Si l'on ajoute
au butane dihalogéné du benzène, du toluène, du xvlène, le sodium n'agit plus, même
à la température d'ébullition de ces liquides. Ces expériences préliminaires me for-
cèrent d'abandonner la réaction de Freund pour employer celle de Gustavson,
» J'ai donc fait agir le dibromobutane et le diiodobutane sur le zinc en poudre en
présence d'alcool à 75°, à 80°, à gS", à la température d'ébullition. La réaction n'est
pas très vive; il se dégage un gaz hydrocarboné, dont une faible quantité seulement
est absorbable par le brome, 10 pour 100 environ, même en employant un excès de
brome, suivant les recommandations faites par M. Berthelot pour le traitement du
tri méthylène (').
» Ce gaz contient en outre 20 à 3o pour 100 d'hydrogène ; le reste se condense dans
le mélange de glace et de sel en un liquide bouillant à -f- 1°, de densité égale à 0,606.
Les nombres que fournit ce dernier, soit à l'anaUse eudiométrique, soit à l'analyse à
la grille, correspondent bien à ceux que donnerait le butane : G pour loo trouvé, 81,2 ;
calculé, 82,7 ; H pour 100 trouvé, 16, 65; calculé, 17,2. Les différences entre les quan-
tités trouvées et les quantités théoriques s'expliquent très bien par ce fait que le
butane est très facilement absorbé par le caoutchouc. Une petite partie de substance
a pu se perdre ainsi à Injonction de l'ampoule et du tube à combustion.
» Ainsi le diiodobutane et le dibromobutane ont été tout simplement hydrogénés.
Il convient de rapprocher de cette expérience celle de MM. Zélinsky et Namounof
qui, en traitant de la même façon l'hexane diiodé en 2. 5. CH' GHI CH^ GH' CHI CH',
ont obtenu non le diméthyltétraméthylène, qu'ils pouvaient espérer, mais unique-
ment l'hexane normal C).
» Action du diiodobutane 1.4 el du dibromobutane 1.4 sur le zinc seul. —
Pour éviter l'action hydrogénanle de l'alcool, la suppression de ce corps était tout
indiquée. J'essayai donc de faire réagir le zinc seul sur le butane dihalogéné. Je pou-
vais espérer soit du zinc tétraméthylène, soit du tétraméthylène, soit les produits de
sa décomposition ou de sa transformation.
Dans un petit ballon muni de deux tubes, dont l'un devait faire fonction de baro-
mètre el l'autre permettait de faire le vide, on a mis un excès de poudre de zinc et
7p de diiodobutane. L'appareil a été rempli d'acide carbonique, puis on a fait
le vide, et enfin le ballon a été fermé à la lampe. Quand on chauffe le ballon ainsi
disposé, la réaction ne tarde pas à se produire ; elle devient d'autant plus vive
(') Ann. de Cliim. el de Phys., 5" série, t. XII, p. 297; 1877, et j" série, t. XX,
p. 3i ; 1900.
(^) Journ. Soc. phys. c/iini. R., l. XXXI, p. 9 ; 1899.
( 791 )
que la température est plus élevée. Un gaz se dégage, mais il n'est pas liquéfiable dans
le mélange de glace et de sel, comme devrait l'être le tétraméthylène. N'y a-l-il pas à
craindre que le tétraméthylène, en supposant qu'il ait été produit suivant l'équation
IClI-Cll^ClPCH'-l + Zn = Znr-+ (— CH- — GIP- CH^— CH^-),
n'ait été transformé en un autre corps par l'action de l'iodure de zinc? En effet,
M. Berliielot a montré que le triinC'tliylène chauffé enprésence de clilorure de zinc
se transforme en propène CIP — CH =; CH^ ('). Pour éviter pareil changement, un
second appareil fut, disposé comme le premier et laissé à la température du labora-
toire (i2° à i6°). Au bout de quelques jours, le niveau du mercure commença de
baisser lentement, puis la réaction marcha un peu plus vite, et enfin il se fit un déga-
gement d'environ 4" à 6'^"^ de gaz par jour.
)i Ce gaz ne se liquéfie pas non plus dans le mélange de glace et de sel. 11 est tout
absorbable par le brome. A l'analyse il donne des nombres correspondant à ceux de
l'éthylène. Pour plus de sûreté nous l'avons transformé en bromure. Celui-ci bout
à iSi" et fournit par le cyanure de potassium de l'acide succinique. C'est donc bien
de Véthylène.
» Ainsi cette chaîne si parfaitement symétrique, composée de quatre
groupes (— CH- — ), qui devait, d'après les théories de M. Ad. Bayer, se
fermer plus facilement que le triméthylène, n'a pu subir la moindre flexion
sans se rompre, même à la température ordinaire. Je ne sais si l'on peut
citer un cas plus remarquable d'instabilité moléculaire.
» Avec le dibromure 1.4 et le zinc, la réaction est semblable, mais elle
se fait plus lentement.
» Je poursuis l'étude de la décomposition du butane dihalogéné en 1.4
par d'autres métaux. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur certaines causes de variation de la richesse en
gluten des blés. Note de MM. Léo Vigxox et F. Couturier, présentée
par M. P. -P. Dehérain.
« L'étude de la variation de la teneur des blés en gluten présente un
intérêt de premier ordre, que justifie, du reste, la nécessité, au point de
vue alimentaire, d'augmenter le gluten des blés, ou tout au moins de ne
pas accroître seulement le poids total de la récolte sans se préoccuper de
la richesse en gluten.
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. "489.
( 792 )
» Les expériences dont nous avons l'honneur de communiquer les pre-
miers résultats à l'Académie ont porté sur les points suivants :
» 1° Influence des engrais azotés sur la teneur des blés en gluten ;
» 1" Influence des engrais phosphatés sur la variation du gluten;
M 3" Etude de la variation en gluten des blés durs cultivés en dehors
de leur pays d'origine.
» L'influence des fortes fumures azotées sur le rendement total en
grains est depuis longtemjxs démontrée; on sait aussi (jue le gluten aug-
mente quand on emploie de fortes doses d'azote. Nous nous sommes pro-
posé de déterminer dans quelle mesure se produit cet accroissement de
gluten et de fixer la relation qui existe entre l'augmentation de l'azote
dans l'engrais et dans le blé.
» D'autre part, nos essais ont été aussi conçus en vue de déterminer si
les blés durs, qui sont en général très riches en gluten, conservent leur
richesse lorsqu'ils sont cultivés en dehors de leur pays d'origine, et dans
des conditions de climat et de sol différentes.
» Nous avons choisi, à cet effet, les blés d'expériences parmi les blés tendres et
parmi les blés durs, les premiers étant représentés par le Goldendrop et le Riéti, les
seconds par le Médéah et le Bélotourka.
» Les essais ont été commencés en 1898 au champ d'expériences de la station agro-
nomique de Lyon, à Pierre-Bénite (Rhône).
» La terre ayant porté les récoltes a donné à l'analyse, par kilogramme :
Azote 2,10
Acide phosphorique o,46
Potasse !.. i ,98
» Cette terre peut être considérée comme riche en azote, circonstance plutôt défa-
vorable à nos essais.
» Les carrés d'expérience étaient au nombre de 12, chacun ayant io"i de surface.
Chacune des 4 variétés de blé a été semée dans 3 parcelles A, B, C, qui ont reçu des
quantités croissantes d'engrais azotés, les autres éléments fertilisants restant constants,
soit, en rapportant les poids d'engrais à l'hectare :
A
B.
C.
Azote.
Acide
phosphorique.
Potasse.
35
76
kB
5o
55
76
.50
73
76
5o
» Comme on pouvait le prévoir, les doses croissantes d'azote se sont manifestées
sur les blés en herbe par une hauteur de plus en plus grande des tiges dans les carrés
A, B, C. Les récoltes n'ont pu être examinées au point de vue du rendement en poids.
(793)
en raison de la petite surface cultivée, et de l'irrégularité dans la levée des grains
semés.
u Les blés de chaque carré ont été transformés en farine avec un moulin de meu-
nerie permettant d'opérer sur de petites quantités de blé et donnant une farine blutée
à 70 pour 100 environ.
» Le gluten, séché à 100°, a été dosé dans ces farines par le procédé du nouet et
l'azote total par la méthode Kjeldahl. On a de plus calculé la matière azotée d'après
la teneur en azote, et il y a sensiblement concordance entre le gluten trouvé et le
gluten calculé :
Azote Gluten Gluren
pour 100 pour 100 pour 100
du grain. calculé. trouvé.
A. B. ' C. A. B. C. A. B. C.
gr gr gr kf sr er pr gr ^gr
Goldendrop. 2,28 2,89 2,47 18,98 i4,93 i5,43 i4,7o 10, 3o 13,69
Riéti 1,84 1)92 1,98 II, 5o 12,06 12,87 11,91 12,21 12, 5o
Bélotourka.. 2,45 2,62 2,80 i5,35 15,76 17, 5o i5,46 i5,99 17,61
Médéah 2,52 2.66 2,65 i5,75 16,62 16,68 16,00 16,80 16,84
» De ces résultats on peut tirer les conclusions suivantes :
» L'augmentation de la richesse du grain en gluten croît très lentement
pour des augmentations notables d'engrais azotés, et il ne paraît pas
que, au point de vue de la pratique agricole, il y ait lieu d'accroître les en-
grais azotés au delà d'une certaine limite assez rapidement atteinte. Dans
le cas qui nous occupe, cette limite ne peut être déduite des expériences,
le terrain employé présentant une richesse initiale en azote assez forte
pour diminuer l'intensité d'action des engrais azotés additionnels et mas-
quer leur effet dans une certaine mesure.
» Dans une autre série d'expériences, nous avons cherché à déterminer
Vinjluence des engrais phosphatés sur la variation du ghiten. En faisant
croître la quantité d'acide phosphorique, toutes les autres conditions
restant égales, on constate une diminution progressive dans la teneur du
grain en azote.
» Les blés Goldentrop et Riéti ont été cultivés chacun sur trois parcelles A, B, C,
ayant reçu respectivement 75''6, i5o''s et 225''S d'acide phosphorique par hectare.
» On a obtenu les taux d'azote suivants dans chaque blé :
Azote.
A. B. G.
Goldendrop i§"',83 i8'',6i i^'',54
Riéti 2S'-,07 is^gS i6"',82
» On sait que l'acide phosphorique développe la production de l'amidon
c. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 12.) I02
( 794 )
dans le grain : cette augmentation d'amidon est corrélative d'une diminu-
tion de* l'azote, et l'on doit attribuera cette cause la diminution que l'on a
constatée dans la richesse des blés en gluten depuis un demi-siècle.
Millon (") a établi en effet que les blés récoltés dans le Nord en 1848 con-
tenaient beaucoup de matières azotées de 10, 23 à i3,o2, tandis qu'aujour-
d'hui la proportion de gluten n'est plus que de 8,96 à 10,62. Ce ne serait
donc pas dans la diminution de la richesse du sol en azote dans les cul-
tures à grands rendements qu'il faudrait chercher la cause de la perte
constatée dans la teneur des blés en azote, mais bien dans la prodigalité
avec laquelle on emploie les engrais phosphatés dont on connaît bien
l'influence sur l'augmentation des rendements à l'hectare.
» Nous nous proposons d'étudier la variation simultanée de l'acide
phosphorique et de l'azote dans les engrais et la variation de l'azote du blé
correspondant. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Conduction nerveuse et conduction musculaire des
excitations électriques. Note de M. Aug. Charpentier, présentée par
M. d'Arsonval.
« J'ai appliqué au muscle les méthodes qui m'ont servi précédemment
à étudier la conduction des excitations électriques instantanées par le nerf,
méthodes dont j'ai exposé le principe à l'Académie (°). Après avoir réséqué
complètement le tronc du nerf sciatique dans la cuisse et mis à nu les niasses
musculaires (chez la grenouille), je disposais les électrodes au contact du
vaste externe et je transportais à une patte témoin, par un fil métallique et
à des intervalles variables, l'onde électrique provoquée par l'excitation.
Cette onde était transmise unipolairement, comme d'habitude, c'est-à-dire
que le conducteur, partant d'un point du muscle, aboutissait à un point du
nerf témoin, la surface de la patte correspondant à celui-ci étant mise à la
terre.
« Je me suis servi successivement des trois modes d'excitation déjà
indiqués : courant direct unipolain\ faradisalion unipolaire et faradisation
bipohiire. J'ai ainsi reconnu l'existence d'une onde électrique cheminant
dans le muscle avec une vitesse pouvant varier entre 3" et 6™ suivant les
cas.
^') Comptes rendus, t. XXXVIIl, p. gS.
(^) Voir Comptes rendus. 18 février, i 1 mars, 18 mars 1901.
( 795 )
)' Mais le point curieux sur lequel je désire appeler l'attention, c'est
qu'indépendamment de cette transmission très lente on en observe en
même temps une plus rapide, tout à fait analogue à la transmission nerveuse.
En effet, j'ai trouvé pour la vitesse de cette onde, transmise concurremment
avec la précédente, des valeurs variant entre 20"" et 29*" par seconde.
» Or dans ces expériences, comme on ne distingue à l'œil nu ou à la
loupe, sur la surface du muscle mis à nu, aucun nert caractérisé, il s'agit
évidemment ici d'une transmission par les fdets nerveux dissociés, très
nombreux, qui se distribuent aux fibres musculaires; il est curieux devoir
que ces filets, très minces, orientés dans des sens divers, et noyés pour
ainsi dire dans la masse du tissu contractile, présentent les mêmes pro-
priétés de transmission électrique que les cordons nerveux isolés et anato-
miqnement complets. Nous en conclurons que la vitesse en question carac-
térise non pas tant le nerf que la substance nerveuse en général.
» Ces recherches devront être complétées par l'étude de la transmission
musculaire après section et dégénération du nerf et après l'action des
substances toxiques. De même pour le nerf, un nouveau champ d'études
est ouvert par ces méthodes, dont il importait avant tout d'exposer le
principe. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Variation de l' acuité visuelle avec l'éclairage et
l'adaptation. Èlesure de la migration du pigment rétinien. Note de
M. AxuKÉ Broca, présentée par M. d Arsonval.
« On admet en général, avec Helmholtz, qu'un gril de traits noirs sur
fond blanc est distingué quand l'épaisseur d'un trait noir est de l'ordre de
grandeur du diamètre d'un élément sensible de la rétine. Il faut, en etfet,
pour qu'on distingue deux traits clairs, que ceux-ci impressionnent deux
éléments indépendants séparés par un autre non impressionné, sans cela
la notion sera celle de la continuité. Il faut donc que deux traits blancs con-
sécutifs empiètent assez peu sur un élément pour que celui-ci ne soit pas
sensiblement impressionné, alors que les deux contigus le seront vive-
ment.
» Quand on compare les données expérimentales à celles de l'Histologie,
on voit que l'acuité visuelle réalisée chez les bons yeux pour un éclairage
moyen (elle correspond à un angle de i' sous-tendu par un trait noir)
donne pour dimension de l'image rétinienne o'"",oo4, ce qui correspond à
peu près au diamètre d'un cône.
(796 )
» Cette théorie rend assez difficile l'explication de la variation de
l'acuité visuelle avec l'intensité lumineuse. Il faut admettre pour cela que
les éléments sensibles ont des sections variables avec l'intensité lumineuse.
Je pense que les phénomènes actuellement connus sont suffisants pour
expliquer le fait en les joignant aux expériences suivantes, relatives à l'in-
fluence de l'adaptation sur l'acuité visuelle.
» On sait que, sous l'action d'une vive lumière, le pigment rétinien
migre entre les cônes et bâtonnets, formant entre eux une couche insen-
sible à la lumière et diminuant leur section. J'ai pensé alors que celte migra-
tion devait expliquer l'existence des acuités visuelles supérieures à i que
l'on observe pour les hautes intensités lumineuses. Pour vérifier cette ma-
nière de voir, il fallait expérimenter dans des conditions bien nettes.
Nous savons, par les Travaux de Charpentier, que les phénomènes d'adap-
tation se propagent autour des points frappés par la lumière (ondulations
rétiniennes de toutes natures). J'ai alors pensé que l'adaptation, et par con-
séquent la migration du pigment, devaient dépendre de la surface excitée
de la rétine, et j'ai employé un test objet de 4°"° de côlé comprenant 6 traits
blancs et 5 traits noirs se détachant sur un fond parfaitement noir.
» Un gril en papiei^ blanc de 4'^'° de largeur obtenu à la machine à diviser est
éclairé au moyen d'un bec Auer placé dans une lanterne, et par l'intermédiaire d'une
lentille diapliragmée. Un objectif photographique en donne une image aérienne par-
faite, dix fois plus petite que l'objet, qu'on règle dans le plan d'un grand écran noir
percé d'un trou carré de 4™™- On observe cette image aérienne en arrière de l'écran
noir. Un banc d'optique sert à cet effet. Un de ses supports à bonnette fixe la position
de l'œil, et en porte le verre correcteur bien exact. L'image dudit objet est réglée de
manière à se trouver dans la position qu'aurait le centre optique de l'œil quand l'index
du pied du support est au zéro de la graduation du banc d'optique. Dans ces condi-
tions, quand la confusion des traits arrive pour l'œil situé à i™, l'acuité visuelle est i,
avec une erreur négligeable pour ce genre de déterminations.
)i On peut mesurer l'éclat du test objet en plaçant un étalon lumineux en arrière
de l'écran noir, couvrant celui-ci d'un papier blanc percé d'un trou de 4™™, et déter-
minant la distance de l'étalon qui donne à ce papier l'éclat même de l'image aérienne
du test objet. Ce même dispositif peut servir à placer l'œil qui contemple cette image
dans des conditions d'adaptation variables.
» Dans ces conditions, j'ai pu étudier systématiquement l'actionde l'adap-
tation sur l'acuité visuelle. Pour éliminer toute influence due à la variation
pupillaire, les observations étaient faites avec une pupille artificielle de 2™""
de diamètre, diamètre inférieur à celui de ma pupille dans les conditions
de l'expérience.
( 797 )
M J'ai alors vu que, pour les éclairements élevés du test objet (i8 à 20 car-
celmètres) l'acuité tHSuelle (/iminuait par l'adaptation à l'obscurité.
» L'œil observé donnait une acuité de i,i5. En plaçant un papier blanc
percé d'un trou pour le test objet sur l'écran noir qui le limite, et en don-
nant à ce papier un éclairement de six à huit carcelniètres, l'acuité visuelle
passe, en un temps que je n'ai pas encore mesuré, mais qui est assez court,
à 1,4. En sortant de la chambre noire pour aller contempler le ciel vive-
ment éclairé d'un beau jour, l'acuité visuelle immédiatement mesurée est
de 1,5. En éblouissant l'œil par la contemplation directe d'une lampe à
incandescence vivement poussée, l'acuité visuelle monte à i,55.
» Il est à noter que l'éclat de l'image rétinienne est celui qui correspon-
drait, pour une pupille de 5""", à un éclairement de 3carcelmètres environ
du test objet, et de i carcelmètre environ du fond blanc.
» Si nous faisons l'expérience inverse en venant du jour, nous avons le
tableau suivant :
Temps Acuité visuelle
o' 1,54
5' 1,34
i5' 1,27
25' i,i5
35' i,i5
» L'acuité visuelle atteint son minimum dans le temps voulu pour
l'adaptation complète à l'obscurité, d'après les expériences de Charpentier.
» Si au contraire nous prenons l'éclairement de 3,5 carcelmètres qui
donne, avec la pu|)ille artificielle, le même éclat rétinien que l'éclairement
de 0,3 carcelmètre (la pupille aurait environ G™"" dans ce cas) et pour
lequel j'ai l'acuité visuelle i, correspondant, dans la théorie d'HelmhoItz,
aux cônes jointifs, l'acuité visuelle devient indépendante de l'état de
l'adaptation.
» Si l'éclairement baisse encore, pour tomber à i,^ carcelmètre, ce
qui correspondrait, sans pupille artificielle, à l'éclairement donné par
0,08 carcelmètre environ (la pupille aurait environ 8""" dans ce cas),
l'acuité visuelle augmente, par l'adaptation, de 0,86 à 0,97.
)) Je reviendrai ultérieurement sur les phénomènes rétiniens qui peuvent
expliquer ce fait; je veux seulement m'occuper des hautes lumières dans la
présente Note.
» L'adaptation à la lumière diminue la sensibilité (destruction du
pourpre rétinien ), mais produit la migration du pigment. Nous voyons que
( 798 )
l'acuité visuelle mesurée avec pupille artificielle et petit test objet, pour
(les éclairemenls compris entre 3 et 20 carcelmèlres, ne varie pour ainsi
dire pas (i à 1,1 5), si la rétine est obscurée. Au contraire, pour la rétine
éblouie d'un vif éclat autour du test objet, ou venant d'être éblouie par une
lumière vive, l'acuité visuelle atteint i,55. J'ai pu même aller une fois
à 1,70. Ceci s'explique nettement au moyen de la migration du pigment, en
admettant qu'il se glisse entre les cônes pour les vives actions lumineuses
une couche de pigment égale à o,3 environ de leur diamètre normal, ou
à 0,4 dans l'expérience où l'acuité visuelle était 1,7.
)) Je conclurai de ces expériences : les mesures d'acuité visuelle en
fonction de l'intensité n'ont de sens que si l'on connaît la grandeur du fond
clair sur lequel se détache le test objet.
» La couche de pigment qui migre entre les cônes sous l'action de la
lumière peut atteindre i ou i,5 micron. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Coiirbes d' ascension thermomélrique.
Note de M. S. Leduc, |)résentée par M. d'Arsonval.
« On prend, avec un thermomètre divisé en vingtièmes de degré, la tem-
pérature axillaire de minute en minute, jusqu'à cequ'elle soit devenue con-
stante; on trace une courbe en portant les températures en ordonnées et
les temps en abscisses; celle courbe représente tous les détails de l'ascen-
sion thermométrique. La différence entre deux températures, divisée par
le temps de l'ascension, donne la vitesse moyenne entre ces deux tempé-
ratures.
» Pour une mê.Dc personne, pendant la même observation, les vitesses
dépendent de l'excès de la température finale sur celle considérée. .4 des dis-
tances égales de la température finale, pour différents sujets, ou chez une même
personne dans différentes conditions, les vitesses sont proportionnelles kvx quan-
tités DE CHALEUR PERDUE PAR LES SUJETS; à la conduclibiUlé calorifiquc
de la peau; ou à l'inverse de sa résistance au passage de la chaleur.
» Ces grandeurs donnent pour le diagnostic, le pronostic des maladies,
les effets du traitement, etc., des indications toujours utiles, souvent pré-
cises. On peut les rendre compurnbles en les multipliant par un coefficient
dépendant du thermomètre, chaleur spécifique du réservoir, par exemple.
« La courbe est très sensible à toutes les influences physiologiques,
pathologiques cl médicamenteuses. La vitesse d'ascension diminue avec
( 799 )
l'âge. Elle est régulièrement très grande chez les tuberculeux, très faible
chez les goutteux et les malades atteints d'ictère.
-58°
Temps comptes en iniiiut.es-
à parlir de la température majcima
1) Nous avons trouvé comme grandeurs proportionnelles aux pertes de
chaleur pendant l'ascension du dernier degré :
» 8,5 à l'état normal, moyenne de 20 obs. ;
» 16 dans la tuberculose pulmonaire, moyenne de 60 obs. ;
« 12 dans les tuberculoses fermées, moyenne de 20 obs. :
( 8oo )
» 5,5 chez les goutteux, moyenne de 7 obs. ;
>i 6 chez les iclériques, moyenne de 6 obs.
» Les caractères de la courbe semblent être très constants dans ces
maladies. Ils permettent de découvrir des cas de tuberculose que rien ne
fait soupçonner : cystite bacillaire, tuberculose vertébrale, et stirtont tu-
berculose pulmonaire commençante. La courbe d'ascension thermomô-
trique caractérise la prédisposition à l'invasion bacillaire.
» Chez les fébricitants, la résistance de la peau aux pertes de chaleur s'élève pen-
dant l'ascension de la température, diminue pendant la chute.
» La plupart des antipyrétiques augmentent la conductibilité de la peau et les
pertes de chaleur; ils agissent ainsi, en partie au moins, comme les applications
froides.
>) L'intérêt de l'étude de l'ascension thermométrique a été indiqué en i885 par
M. le professeur Grasset {Congrès de V Association française pour V avancement
des Sciences, Grenoble).
» Nos résultats relatifs à la tuberculose présentent une concordance remarquable
avec ceux que MM. A. Robin et Binet ont obtenus par l'analyse des gaz de la respira-
tion ; les uns et les autres sont l'expression de l'augmentation des oxydations orga-
niques.
» En résumé : la courbe de l'ascension ihermométrique offre un moven
simple, facile et très sensible d'apprécier l'intensité des combtistions orga-
niques dans les différents états phvsiologiques et pathologiques. »
PARASITOLOGIE. — Sur un parasite observé chez des syphilitiques.
de M. H. Stassa.xo, présentée par M. Joannes Cbatin.
Note
« Dans la sérosité sanguinolente que l'on retire par ponction du gan-
glion satellite du chancre, on trouve des corps mobiles, parfois très abon-
dants, qui dans les préparations fixées et colorées ont les caractères des
infusoires flagellés du sous-groupe des monadines. Leurs mouveinents,
extrêmement vifs au sortir du corps humain, s'arrêtent au bout d'une
heure ou deux.
» Les numéros i à 11 des figures ci-aprés représentent les formes principales
qu'affectent ces infusoires dans le tissu lympalhique, qui semble être leur milieu le
plus favorable, puisque c'est là qu'ils atteignent leurs plus grandes dimensions avant
de se multiplier.
» Ces infusoires, qu'ils soient ronds, ovoïdes ou pyriformes, sont toujours munis de
( Soi )
flagelles, ils en ont deux tout droits à une des extrémités, et un troisième, d'ordinaire
plus long et flexueux, à l'extrémité opposée. Quelque forme qu'ils affectent, ces infu-
soires présentent des vacuoles ; ils en ont en général deux dans les petites formes. Ils
sont libres parmi les cellules et les nombreux mononucléaires du ganglion, mais il en
est quelques-uns de fixés aux hématies qui traversent ce barrage lymphatique. Ces
hématies à l'état frais se montrent dépourvues d'hémoglobine et celle-ci se retrouve
à côté, dans les préparations, sous forme de beaux cristaux. Ces hématies parasitées
pénètrent dans la circulation; mais à la première période de la syphilis leur nombre
est très restreint, elles se montrent cependant moins rares dans le sang pris au niveau
du premier territoire lymphatique contagionné.
» En examinant journellement le sang des syphilitiques à partir de l'accident pri-
mitif, on constate que les infusoires, qui ont jusque-la pullulé presque exclusivement
dans la pléiade ganglionnaire, envahissent en grand nombre le sang. Les fig. 12 à 35
reproduisent fidèlement les formes que ces infusoires affectent alors dans la circula-
tion. L'exactitude de ces dessins peut être contrôlée sur les photographies que j'ai
l'honneur de soumettre à l'examen de l'Académie.
» Dans quelques-unes de ces formes je suis parvenu à mettre en évidence le noyau.
A ce moment, ces flagellés présentent une phase très active de multiplication qui
paraît se faire par bourgeonnement; dans \a fig. 18, on peut voir le noyau de l'un de
ces infusoires faire saillie dans le protoplasma du bourgeon. S'ils n'étaient pas doués
de flagelles, on pourrait prendre pour des levures les chapelets et les autres amas que
forment les nouveaux êtres issus de cette multiplication.
» Dans une phase plus avancée de la syphilis, en pleine éruption, le bourgeonnement
s'arrête, les jeunes flagellés se détachent les uns des autres pour se fixer aux hématies.
hes Jig. 3- à 44 représentent les aspects différents que ces infusoires accusent dans le
sang d'une jeune femme à l'apogée d'une poussée de papules et de plaques muqueuses.
Ces parasites grandissent et leur forme s'allonge aux deux exlrérnités, ce qui leur
C. R., igoi, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 12.) lo3
( 802 )
donne l'apparence des tiypanosomes lorsque ces autres flagellés parasites se fixent de
même aux hématies. La difficulté de colorer ces infusoires ne m'a pas permis de mettre
nettement en évidence leur appareil nucléaire. Cependant, chez quelques-uns {fig. 44)>
j'ai pu remarquer que la moitié presque de leur corps fixe les couleurs avec plus d'in-
tensité que l'autre. Dans la forme de monades décrite plus haut, le noyau se trouve
à une des extrémités du corps dont il occupe une bonne partie.
» Malgré les nombreuses formes que j'ai pu étudier et dessiner, je ne
puis encore faire complètement connaître le cycle évolutif et la morpho-
logie du parasite. Je n'hésite cependant pas à mentionner qu'au cours de
mes observations, suivies chez les mêmes malades, il ne s'est montré qu'au
moment précis des exanthèmes et que sa disjjarition a coïncidé avec une
amélioration spontanée ou due au traitemeut mcrcuriei.
» D'autre part, certains faits cliniques semblent trouver ici leur explica-
tion. Il a été constaté de la façon la plus certaine que le taux de l'hémoglo-
bine du sang et le nombre des hématies, en particulier, diminuent à
chaque poussée d'éruptions syphilitiques; la forme d'anémie qui en résulte
est d'autant plus intense que la syphilis revêt des caractères plus graves.
» Aux altérations provoquées par le parasite dont il s'agit, lorsqu'il
envahit la circulation, on peut rattacher l'extrême fragilité des hématies
(les svphilitiques que Murri a signalée, montrant à la fois que la majeure
partie des hémoglobinuries paroxystiques se montre chez les syphilitiques. »
ZOOLOGIE. — Le grand Acridien migrateur américain (Schistocerca ameri-
cana Drury^ : migrations et aire de distribution géographique. Note
de M. J. KiJNCKEL d'Herculais, présentée par M. Edmond Perrier.
« Suivant une opinion généralement admise parmi les naturalistes,
l'Amérique est le berceau des Acridiens du genre Schistocerca. Stàl (1873);
Brunner de Wattenwyl (1877 et 1882) prétendant que le S. peregrina
Oliv. , espèce migratrice africaine et asiatique, se trouve également en Amé-
rique (Mexique, Montevideo, Buenos-Avres), de Selys-Longchamps (1877)
émit l'idée qu'il avait traversé l'Océan, transporté par des bourrasques pour
se répandre dans l'ancien monde; S. Scudder (1878), se basant sur la ren-
contre au milieu de l'océan Atlantique septentrional à i 200 milles des côtes
(i865) d'un vol composé de cet Acridien, appuyait de son autorité l'hypo-
thèse de Selys-Longchamps; C. Berg (1880) affirmait que les essaims de
Sauterelles qui envahissent la République Argentine sont composés de
( 8o3 )
S. peregrina; Giglio-Tos adoptait la même opinion (i8f)4' 1897). On ne
s'étonnera pas d'après cela que le professeur Giard(i89i), que S. Scudder
(1899) admettent que le Criquet pèlerin est d'origine américaine.
» Il y a lieu d'être surpris que des naturalistes aussi distingués aient
soutenu ou accepté cette hypothèse sans s'assurer au préalable de l'exac-
titude des déterminations spécifiques sur lesquelles elle était étayée, sans
s'inquiéter des causes et des conséquences de l'entraînement des Acridiens
migrateurs à travers les Océans.
» Nous ferons remarquer, d'une part, que les auteurs n'avaient pas à leur
disposition les matériaux nécessaires pour définir les espèces; car les col-
lections ne renferment pas des séries d'exemplaires de Schistocerca recueillis
dans tous les pays qu'ils habitent aux différentes époques de l'année, séries
qui seules permettent de connaître le degré de variabilité de chaque espèce
et de préciser les caractères différentiels. Nous ferons observer, d'autre
part, que les naturalistes étaient dans l'impossibilité de tenir compte des par-
ticularités que présentent les jeunes aux divers stades de leur évolution,
particularités qui peuvent largement contribuera la distinction des espèces.
» La constatation que nous avons faite de la grande variabilité des colo-
rations et des maculatures des jeunes du Schistocerca de l'Amérique du Sud,
dits, paranensis Burm. ( '), nous conduisait naturellement à penser que les
adultes devaient offrir, indépendamment des variations de colorations sai-
sonnières, des modifications de même nature. En effet, si l'on examine des
séries de ces Schistocerca adultes, élevés en captivité ou capturés à l'air
libre, on reconnaît que les maculatures, notamment celles des élytres,
n'ont aucune fixité; il n'y a pas deux exemplaires, mâle ou femelle, qui
soient semblables, il n'est pas deux individus dont les deux élvtres portent
des taches symétriques. D'après cela, bien que les auteurs, et même le plus
récent S. Scudder, attachent assez d'importance aux maculatures de la ré-
gion costale ou de la région distale des élytres pour en tirer des caractères
spécifiques, on est en droit de conclure que les espèces qu'ils ont distinguées
ne sont en réalité que des variétés d'une seule et même espèce. Si Scudder
concède que le 5. canccllata Serville pourrait n'être qu'une race de 5. ame-
ncana, il aurait pu pousser plus loin le sacrifice et admettre que d'autres
formes sont seulement des variétés. Comparant les excellentes figures de
jeunes et d'adultes de 5. americana données par Howard, dans son travail
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. go.S.
( 8o4 )
sur cet envahisseur de l'Amérique du Nord ( i SgS ), avec de nombreux échan-
tillons à tous les âges du ScJiistocerca appelé jusqu'ici S. paranensis, je fus
frappé des ressemblances, je priai alors le savant directeur du Service ento-
mologique des États-Unis de me communiquer des spécimens en nature;
ce qu'il fit de la meilleure grâce. De la comparaison des jeunes aux diffé-
rents stades de leur évolution, de l'examen des insectes adultes, j'acquis la
conviction que le S. paranensis Burmeister n'était autre que le S. amen-
cana Drury.
» Les limites de la variation à tous les stades évolutifs reconnues, il de-
vient possible d'établir avec certitude les caractères spécifiques du S. amc-
ricana et de préciser ceux qui le différencient du S. peregrina, de façon à
rendre toute confusion impossible.
» Les conditions de la vie des Schistocerca leur permettent-elles de fran-
chir l'océan Atlantique? Les vents régnant à l'époque des migrations
peuvent-ils les porter des côtes de l'Amérique vers celles de l'Afrique? Nos
études vont nous fournir les arguments propres à trancher la question.
)) Lorsque les Acridiens migrateurs se déplacent, ils quittent les points
où ils ont couché dans la matinée lorsque le soleil commence à réchauffer
l'atmosphère ; voltigeant d'abord en rasant la terre, ce n'est qu'aux heures
les plus chaudes qu'ils s'élancent dans l'espace et vont constituer ces vols
immenses capables de voiler le soleil ; dès 3'' ou 4'" du soir, alors que celui-ci
baisse sur l'horizon, ils se rapprochent du sol pour trouver l'endroit
propice où ils pourront trouver leur nourriture et passer la nuit. Le soir,
ils sont donc forcés d'atterrir; s'ils se sont éloignés des côtes et s'ils ont
gagné le large, ils cherchent à se poser sur la crête des vagues; mais, le
crépuscule survenant, ils tombent à la mer; flottant alors pendant de
longues heures, soutenus par leurs ampoules trachéennes gorgées d'air,
lente est leur agonie; ils ne seront bientôt plus que des corps inertes que
les vagues ballotteront de ci de là.
» Les Acridiens migrateurs ne peuvent donc normalement, par un temps
calme, franchir au-dessus des mers que la distance qu'ils sont aptes à par-
courir dans les heures chaudes du jour ; mais ces mêmes Acridiens, surpris
dans leurs déplacements par des vents violents, sont parfois emportés loin
des continents. C'est ainsi que le leste des Caboverdie.ns, le levante des Ca-
nariens, \ harmattan des Sénégalais, en réalité le siroco soufflant du sud-
sud-est peut entraîner avec lui les Criquets pèlerins les portant ainsi du
Sahara aux lies du cap Vert, aux Canaries, à Madère, aux Açores (H. Drouet,
( 8o5 )
1857; Fouqué, 18^3) et même jusqu'en Angleterre (octobre 1869); ce
sont eux que les navigateurs ont rencontrés dans leurs traversées de l'Atlan-
tique nord, soit tombés à la mer, soit cherchant un refuge sur leurs navires
(Hans Sloane, 16 novembre 1687; navire Georgia, 24 novembre 181 i;
Otto von Kotzebue, aS octobre i8i5; Ch. Darwin, janvier i832; brick
Levant, i3 septembre 1839; navire Harrisburg, 2 novembre i8G5; Stein-
dachner, décembre 1868, etc.), se trouvant quelquefois à des centaines de
kilomètres des côtes.
» Dans l'Amérique du Sud, si le zo/ida, soufflant du nord et qui est
l'équivalent du «>oco africain , vient à surprendre les Criquets américains
dans leur marche descendante et à les entraîner à travers les provinces de
Santa-Fé, d'Entre-Rios et l'Uruguay, il les porte vers la mer à partir de la
latitude de Buenos-Aires et de Montevideo, mais il ne peut leur faire fran-
chir des milliers de kilomètres pour les conduire sur les côtes de la Colonie
du Cap sans qu'ils soient engloutis dans les flots. Il est à noter que
nous ne trouvons mentionnée nulle part la rencontre de sauterelles dans
l'océan Atlantique au sud de l'Equateur. Les conditions biologiques
comme les courants aériens s'opposent donc au passage du Schistocerca de
l'Amérique en Afrique.
» En résumé, de mémeq'u'il va dans l'ancien continent un grand Acridien
migrateur, le Schistocerca peregrina Olivier, dont l'aire de dispersion s'étend
au-dessus de l'Equateur, dans le nord de l'Afrique et le sud tle l'Asie, de
l'océan Pacifique au golfe du Bengale, il existe dans le nouveau continent
un grand Acridien migrateur, \e. Schistocerca americana Drury, dont l'aire
de dispersion s'étend au-dessus et au-dessous de l'Equateur dans l'Amé-
rique du Nord, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. »
VITICULTURE. — Les effets de la foudre et la gèlivure. Note de MM. L. Ravaz
et A. BoxNET, présentée par M. Prillieux.
(( La foudre, quand elle frappe des végétaux à grand développement,
les avbres forestiers, par exemple, laisse toujours des traces bien nettes de
son action : fissures, déchirures ou éclats des branches et du tronc ('). Sur
la vigne conduite en souche basse ses effets immédiats sont généralement
moins apparents. Il est rare qu'elle déchire ou brise en éclats les bras de la
(') Hartig, Neue BeobaclUungen iiber Blitzbuschàdigungen der Baiime, 1899.
( 8o6 )
tige. Aussitôt après sa chute, rien ne distingue d'ordinaire les souches
atteintes des autres; et les altérations qui se forment quelque temps après
ne paraissent pas en être forcément la conséquence : il peut donc y avoir
doute sur leur origine. Ce doute disparaît en partie quand on sait à la suite
de quelles circonstances elles se sont produites; il n'existe plus quand les
souches atteintes sont au-dessous ou dans le voisinage d'un arbre foudroyé.
» Néanmoins, nous avons tenu à reproduire expérimentalement sur la
vigne les altérations si caractéristiques de la foudre que nous avons décrites
il y a deux ans ('). L'obligeant concours que notre collègue M. Houdaille
nous a prêté nous a permis de réaliser le dispositif nécessaire.
» Au mois de juin dernier, quatre souclie'; élevées en pots, mais plutôt peu vigou-
reuses, ont été soumises, deux, d'entre elles à l'action d'étincelles électriques, et les
deux autres, pendant une minute, à l'action d'un courant électrique. Après l'électri-
sation, elles ont été laissées à l'air libre, à côté des souches témoins, et elles ont reçu
les soins de culture ordinaires.
» L'électricité statique n'a produit que des blessures superficielles et sans intérêt.
Par contre, l'électricité dynamique a provoqué sur les rameaux herbacés la formation
des lésions importantes qui sont indiquées dans la colonne de gauche du Tableau
suivant :
Altérations produites par l'électricité
dynamique.
» A l'extérieur : dessiccation et chute
du sommet des rameaux; formation d'un
rameau secondaire sur le nœud sain le plus
élevé au-dessus des mérithalles malades;
les feuilles placées sur le trajet du cou-
rant restent vivantes, quelques-unes rou-
gissent; arrêt momentané de la croissance
en diamètre de quelques parties des mé-
rithalles, qui se colorent en rouge brun;
les nœuds restent plus sains; présence de
ponctuations en relief sur l'écorce et, plus
tard, de crevasses profondes.
» A l'intérieur des rameaux : destruc-
tion de la moelle, du bois, des fibres péri-
cycliques et libériennes, de l'épiderme, en
un mot de tous les tissus secs; résistance
A Itérations
attribuées à la gélii'ure.
» A l'extérieur : l'altération débute tou-
jours par le sommet herbacé des rameaux,'
qui sèche rapidement en s'aplatissant et
en se rétrécissant fortement au niveau
des nœuds; ramifications nombreuses sur
les rameaux principaux au-dessus des par-
ties malades; les feuilles restent générale-
ment vertes; quelques-unes rougissent;
altérations sur les mérithalles en bandes
longitudinales ou en plaques d'un brun
rougeâtre, puis d'un brun foncé, qui fi-
nissent par gagner tout le mérithalle;
excoriation plus ou moins profonde de
l'écorce; prolifération très abondante de
ponctuations et le rameau se fend jusqu'à
la couche génératrice.
(') L. Ravaz et A. Boknet, Effets de la foudre sur la vigne (Aitn. E. N. A. M..
'899)-
plus ou moins marquée des lissus aqueux
de récorce,>de l'assise génératrice, qui
prolifère d'abord d'une manière désor-
donnée et finit cependant par produire du
bois et du liber normaux; formation d'ilols
de tissus morts ou altérés notamment dans
l'écorce, qui s'entourent d'une couche de
liège ou d'un cambium qui produit du bois
en dedans et du liber en dehors; éclate-
ment de l'écorce altérée par la poussée
des tissus sous-jacents; formation de cre-
vasses plus ou moins cicatrisées. Les alté-
rations sont toujours plus importantes au
sommet qu'à la base du sarment.
( 807 )
»• A l'inférieur des rameaux : le bois
paraît desséché, on ne peut y observer
aucun parasite; la moelle est réduite ou
disparue; le canal médullaire est vide en
partie; les éclatements intéressant toute
l'écorce jusqu'au niveau de la couche gé-
nératrice sont suivis par des phénomènes
de cicatrisation parfois très exagérés; il y
a prolifération exagérée de la couche gé-
nératrice; la dessiccation du sarment pro-
gresse nettement du haut en bas : C'est-
à-dire exactement les altérations externes
et internes que nous avons décrites sur les
vignes foudroyées en plein champ.
» Dans la colonne de droite du Tableau précédent, nous avons énuméré les lésions
attribuées à une maladie de la vigne appelée gélu'ure; on voit qu'elles sont iden-
tiques à celles que la foudre produit. Mais dans les tissus dits atteints de gélivure, on
a signalé la présence de bactéries; leur inoculation plusieurs fois répétée n'a abouti
qu'à des résultats négatifs. Il faudrait donc en conclure qu'elles ne jouent aucun rôle
dans la production des lésions où on les trouve. En fait, leur présence n'est pas cons-
tante, et, quand elles existent, c'est dans les tissus très altérés où, d'ailleurs, elles
sont souvent remplacées par des champignons saprophytes divers. Dans les sarments
foudroyés ou électrisés que nous avons étudiés il y a aussi parfois, mais non toujours,
tantôt des bactéries, tantôt des champignons qui ne sont intervenus qu'après coup, et
qui n'existent jamais que dans les parties complètement altérées. Leur rôle est donc
nul dans la formation des altérations.
» De l'étude comparée des rameaux foudroyés naturellement et artifi-
ciellement et des rameaux dits atteints de gélivure, il résulte : i" que les
altérations qu'ils portent sont identiques; 2° qu'elles sont dues unique-
ment à la foudre ; 3" que la gélivure doit être rayée de la liste des mala-
dies microbiennes de la vigne. »
PÉTROGRAPHIE. — Sur i âge de la teschénile. Note de M. P. Chofkat,
présentée par M. Michel Lévy.
« On admet généralement que les éruptions de teschénite ont eu lieu à
l'époque tertiaire, mais jusqu'à ce jour on n'en avait pas de preuves
directes, car les gisements de Silésie, de Moravie et du Caucase se pré-
sentent sous forme de fdons dans le Jurassique ou le Crétacique, ce qui
( 8o8 )
est aussi le cas pour les gisements portugais que j'ai fait connaître avec
M. J. Mac-Pherson, en 1882 ('). Deux années plus tard ('), en mention-
nant la découverte d'un nouveau gisement de teschénite à Fonte-da-Bica,
près de Rio-Maior, j'ajoutais : « Je ne serais pas loin de croire que l'ophite,
» la teschénite et les basaltes sont le produit d'une même éruption. »
■» Depuis lors, j'ai eu l'occasion d'observer de nouveaux affleurements
au nord du Tage, mais ils sont aussi en filons dans le Jurassique et n'appor-
tent pas de nouveaux documents pour en fixer l'âge. Dernièrement j'ai eu
la bonne fortune de découvrir un vaste affleurement de cette roche dans
la nappe basaltique des environs de Lisbonne.
» Cette nappe repose sur le Crétacique, généralement sur le Turonien, et est par-
fois directement recouverte par des strates marines appartenant à l'Aquitanien, tandis
que sur d'autres points il y a entre deux un complexe de conglomérats avec marnes
et calcaires ne contenant pas de fossiles. Elle peut donc appartenir soit à l'Oligocène,
soit à TEocène.
» Ce manteau basaltique est formé par une alternance de tuf basaltique, de basalte
compact et de marnes rouges, contenant du tuf et par places des coquilles terrestres,
ne dévoilant rien quant à l'âge. Elles sont nettement stratifiées, ce qui est aussi très
fréquemment le cas pour le tuf basaltique.
» Ce complexe a une puissance très variable; elle atteint 200" à une faible distance
de points où il manque complètement.
» La nappe basaltique forme un synclinal de 8'"° de largeur entre les voûtes créta-
ciques de Lisbonne et de Bellas. A environ 400"" au sud de celte dernière, immédia-
tement au nord du hameau de Falagueiras, se trouve une petite voûte turonienne
secondaire, n'ayant que 5o™ de largeur sur environ Sgo™ de longueur, et dont les
strates plongent vers le nord et vers le sud, sous des angles de 5o° à 70°.
» La nappe basaltique a été plissée conjointement au calcaire, et forme une série de
collines orientées de l'est à l'ouest. L'une d'entre elles, ayant à son pied le hameau de
Falagueiras, présente un beau découvert.
)) On peut y constater que le basalte y contient une inclusion de teschénite ayant aS™
de puissance au minimum. M. Lacroix a décrit cette roclie à l'Académie, dans la
séance du 7 mai 1900.
» J'ai suivi cette teschénite vers l'est, au pied des autres collines de basalte, jus-
qu'au delà des moulins de la Serra de S. Marco, soit sur une longueur de plus d'un
kilomètre. Du côté de l'ouest, la terre végétale empêche d'observer la roche en place.
(') Noie su/ les vallées tiphoniqaes et les éruptions d'ophile et de teschénite en
Portugal {Bulletin de la Soc. géol. de France, 1882, vol. X, p. 267).
(^) Nouvelles données sur les i^allées tiphoniques et sur les éruptions d'ophile et
de teschénite en Portugal (Jornal de Sciencias mathém., etc., t. XXXIX, 1884 et
Communicaçoes da Seceao dos traballios geologicas, t. I, p. lai).
( ^o9 )
mais je suppose que la teschénite existe aussi sur le flanc de la colline de Penedo,
cer j'en ai trouvé un gros morceau isolé.
Sud
AinruJe 120"'
Falagueiras.
Échelle i: 2000 hauteur et distances.
» p' Tuf basaltique rougeâlre, en bancs minces.
» m Marnes rouges, bien litées, avec intercalations de tufs. Ces marnes plongent
régulièrement vers le sud sous un angle moyen de 45°, mais au contact du basalte une
faille ou un glissement a produit des irrégularités.
)) p- Basalte peu compact, sans stratification.
» p Basalte stratifié, relevé verticalement, puis plongeant vers le sud sous un
angle de 70° à ^S".
» (5 ? Roche peu consistante, à petits cristaux, paraissant être un tuf basaltique.
» 6 Teschénite à grandes baguettes d'augite, en général fortement décomposé, sauf
de gros blocs, plus résistants. Par places les cristaux, sont petits et la roche alTecte
l'aspect du tuf basaltique.
» 0' Teschénite typique, en contact avec une roche à grands cristaux, fortement
décomposée.
» p?' Roche à petits cristaux, analogue à [3?, stratifiée, plongeant sous un angle
de 80°.
» P' et ^'^ Basalte peu compact et tuf basaltique.
» La décomposition de la roche aux points de contact ou de passage
entre la teschénite et le basalte ne me permet pas d'affirmer que ce n'est
pas un filon, mais un examen attentif m'a laissé l'impression qu'il s'agit
d'interstratificalion avec passage entre les deux roches. Cette tendance à
la formation de la teschénite n'aurait existé qne sporadiquement, car c'est
en vain que j'ai cherché à retrouver cette roche au nord de la voûte cré-
tacique.
» Cette absence parlerait en faveur d'un filon, mais il est possible que
l'épaisseur du complexe basaltique au nord de la voûte soit plus faible que
celle des strates de basalte inférieures à la teschénite; elle ne peut donc
pas être prise en considération.
» Il résulte de ce qui précède que la teschénite de Falagueiras est in-
contestablement tertiaire. S'il s'agit d'interstratificalion, elle serait éocène
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N= 12.) Io4
( 8io )
ou oligocène, tandis qu'elle peut être un peu plus récente s'il s'agit d'un
filon, ce qui est le moins probable. »
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 février 1901.
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Les Phénomènes électriques et leurs applications; étude des transformations
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Traité théorique et pratique d'Electrométallurgie, par Adolphe Minet.
Paris, Ch. Béranger, 1901; i vol. gr. in-S". (Présenté par M. Mascart,
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Etat ancien du littoral Gascon, par Saint-Jours. Bordeaux, impr. G. Gou-
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Londres, John Murray, 1901; i fasc. in-8°.
On the resulis of a Deep-Sea sounding Expédition in the North Atlantic
during the s ummer of ï8gg, by R.-E. Peake. Londres, J. Murray, 1901 ;
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Quatre opuscules sur la Physiologie, par E. Crisâfulli. Naples et
Palerme, 1900; 4 fasc. in-8°.
Synopsis of a Treatise on Atoms and Energies, by D.-A. Murray. S. 1. n.
d.; I fasc. in-4°. (Hommage de l'Auteur.)
( 8l2 )
Les Faux en écriture et la Photographie au service de la Justice, communi-
cation faite au 4* Congrès international de Chimie appliquée tenu à Paris
le 23 juillet 1900, par Stéphane Minovici. Bucarest, igoo; t fasc. in-8°.
Bergens Muséum. Aarsheretning for 1900. Bergen, 1901; i fasc. in-8°.
Histoire de l'Obsen'atoire de Physique centra! pour les premières 5o années
de son existence, 1849- 1899, par le directeur M. Ryk.vtchew; i" partie.
Saint-Pétersbourg, 1900; i vol. in-4°.
Annales de l'Observatoire de Physique central Nicolas, publiées par
M. Rykatchew; année 1898, i" et 2*' Parties. Saint-Pétersbourg, 1899;
2 vol. in-4''.
Mémoires de V Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, Classe physico-
mathématique; vol. VIII, n° 8; vol. IX, n°' 3 et 7. Saint-Pétersbourg,
1H99-1900; 3 fasc. in-4°. {A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 18 mars 1901.)
Note de M. de Forcrand, Vaporisation et hydratation du glycol éthylé-
nique :
Page 689, ligne 26, au lieu de au moins un hjdrure, lisez au moins un hydrate.
Page 6go, Note au bas de la page, ligne 2, au lieu de sont les densités du glycol,
lisez sont les chaleurs de dissolution du glycol.
Note de M. P. Vignon, Sur l'histologie de la branchie et du tube diges-
tif, chez les Ascidies :
Page 716, ligne 2, au lieu de globules sanguins non amiboïdes, lisez éléments san-
guins non sphériques.
N" 12.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2d mars 1901.)
MÉMOIRES ET COMftlUrVICATIOIVS
DES MEMBItKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. le Ministre de l'Instruction publiqui;
ET DES Beaux-Arts adresse l'amplia-
tion du Décret approuvant l'clection de
M. Humbert 739
M. Berthelot. — Sur les métaux égyptiens :
Présence du platine parmi les caractères
d'une inscription liiéroglyphique 729
M. Beuthelot. — Sur les relations éleclro-
cliimiques des états allotropiques des
métaux et de l'argent en particulier -32
M. Henri Becquerel. — Sur la radio-acti-
Pages.
vite secondaire 733
M. Armand Gautier. — Origine des eaux
thermales sulfuicu.-cs. Sulfosilicates et
oxysulfures dérivés des silicates naturels. 740
MM. A. Haller et A. Guyot. — Sur de
nouveaux dérivés de l'acide dimétliyl-
amidobenzoylbenzo'ique 74'î
M. DE JoNQUii;RES. — Note au sujet d'une
précédente Communication 700
M. Mittac.-Lefi'leh. — Sur une formule
de M. Frcdlwlm 761 ■
NOMINATIONS.
M. Paul Sabatier est élu Correspondant
pour la Section de Chimie, en remplace-
ment de M. Huiler, nommé Membre de
l'Académie 7â3
M. Davidson est élu Correspondant pour la
Section de Géographie et Navigation, en
remplacement de .M. A. David, décédé.. 7^14
MEMOIRES PRESENTES.
M. Marcellin Lanulois adresse un second Mémoire sur les unités thermochimiques 704
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume de M. Emile Borel, intitule :
« Leçons sur les séîies divergentes »
M. H. Padê. — Sur l'expression générale
de la fraction rationnelle approchée de
(i-t-x)'"
M. C. Maltézos. — Sur les nodales de
sable ou de poussière
M. A. Ponsot. — Chaleur spécifique d'un
mélange gazeux de corps en équilibre
chimique
M. B0RDIEB. — Théorie de la machine de
Wimshurst sans secteurs
M. C. TissoT. — Sur la mesure de la période
des ondes utilisées dans la Télégraphie
sans Cl
M. Bii.\UER. — Télautographe Ritchie
MM. P. Curie et A. Debierne. — Sur la
j.|
radio-activité induite et les gaz activés
par le radium 768
M. A. NoDON. — Production directe des
rayons X dans l'air 770
M. L. Benoist. — Méthode de détermina-
tion des poids atomiques, fondée surjles
lois de transparence de la matière pour
les rayons \; poids atonjique de l'indium. 772
M. H. PÉLAB0N. — .action de l'hydrogène
sur le réalgar et réaction inverse. In-
fluence de la pression et de la tempéra-
ture 774
M. Marcel Delépine. — La chaleur de for-
mation des acétals comparée à celle des
composés isomères 777
M. G. Massol. — Sur la valeur acidimé-
trique des acides benzoïques monosubsti-
tués 7^°
r 12.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
78'.
Pages.
W. J. lîouGAiJi.T. — Passage de l'anétliol à
l'acide anisique par cinq oxydations suc
cessives
M. Paul Lemoult. — Sur la loi des auxo
chromes
M. R. Fosse. — Sur le naphlylol-naplityl-
oxy-naplitylméthane 787
M. J. IIamonet. — AcUon du zinc sur le
dibromure el le diiodure de télramé-
tliylènc 789
MM. Lko Vigxon et F. CouTuniER. — Sur
certaines causes de variation de la richesse
en plutcn des blés
M. AuG. Charpentier. — Conduction ner
veuse et conduction musculaire des exci
tations électriques
Bulletin bibliographique
Errata
9'
-'.y-k
M. André Broca. — Variation de l'acuité
visuelle avec l'éclairage et l'adaptation.
Mesure de la migration du pigment réti-
nien
M. S. Leduc. — Courbes d'ascension ther-
momélrique
M. H. Stassano. — Le parasite de la syphi-
lis '....
M. J. KuNCKEL D'HEiiCULAis. — Le grand
Acridien migrateur américain (Sc/iisto-
cerca ainericana Drury ) : migrations et
aire de distribution géographique
M.>L L. Havaz et A. Bonnet. — Les effets
de la foudre et la gélivure
M. Paul Choffat. — Sur l'âge de la tesché-
nite
Pages.
70'
79'<
Soo
80 ■>
SOD
S07
810
81 2
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTIII E R-VI L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins, 55
Lt Gérant .* O&DTBlBn-ViLLAnA
APH 30 1901
1901
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK .un. bES SB€BÉT.%IRES PERPETUELS.
TOME CXXXH.
N^ 13 (1 Avril 1901).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslios, 55.
1901
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS
Adopté dans les séances des 23 juin 18G2 et 24 mai 1875,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impression des tr.avaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personjie étrangère ne pourra paraître dans j
le Compte rendu 6q la semaine que si elle a été remise
. le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages pacnuméro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
, Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimes dans les Comptés rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sontq:
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Samtt
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pe
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de li,
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'uni
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetEitt
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils lefi
pour les articles ordinaires de la correspondanceo
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être reraii
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plusiard,
jeudià 10 heures du matin; faute d'être remis à teiiip
le titre seul duMémoire est inséré dans le Cow;j/«ra
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte renài\
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraiei
autorisées, l'espace occupé par ces figures coniple
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais desai
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapporbi
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrativefa
un Rapport sur la situation des Comptes rendus nfn
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont cliargés de l'exéculion du pn
sent Règlement.
4"' iJieteae la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance JuivasM
, oO 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI i" AVRIL 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DIÎS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de
Pâques, la séance du lundi 8 avril sera remise au mardi 9.
M. E.tiiLE Picard fait hommage à l'Académie de la seconde édition du
Tome I de son « Traité d'Analvse », et de la Leçon qu'il a faite à la Sorbonne,
le 2 mars dernier, sur « l'OEuvre scientifique de Charles Hermite ».
N03IINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses
Commissions.
Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants :
Commission chargée de Juger le concours du prix Francœur pour 1901 . —
MM. Jordan, Poincaré, Picard, Appell, Maurice Levy.
C. K., 1901, >•• Semestre. (T. CXXXII, N- 13 ) Io5
( »i4 )
Commission chargée déjuger le concours du prix Poncelel pour 1901. —
MM. l'icard, Poincaré, Appell, Jorilan,' Maurice Levy.
Commission chargée déjuger le concours du prix extraordinaire de six mille
francs pour 1901. — MM. Gnyou, de Biissy, Bouquet fie la Grye, de Jon-
quières. Hait.
Commission chargée de juger le concours du prix Montyon (^Mécani(pie)
pour iQOi. — MM. Maurice Levv, Sarrau, Léautc, Boussiuesq, Sebert.
CORRESPOIVDANCE.
M. P. f^ABATiER, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse
ses remercîments à l'Académie.
M. Charbonnier adresse, de Tien-Tsin, des remercîments à l'Académie
pour la distinction accordée à ses travaux.
CALCUL DES PROBABILITÉS. — Une proposition générale du Calcul
des probabilités. Note de M. A. Liapouxoff.
« Dans une Note que j'ai publiée, il y a deux mois, dans les Comptes
rendus (21 janvier 1901), j'ai énoncé une proposition constituant une cer-
taine généralisation du théorème qui faisait l'objet de mon Mémoire inséré
dans le Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. XIII.
Depuis, en continuant mes recherches dans la même voie, je suis parvenu
à un résultat encore plus général. C'est ce résultat que je me propose
de communiquer dans la présente Note.
» Soit
X ^ , ^2 , X^^ . . ,
une suite indéfinie de variables indépendantes réelles, dont les valeurs sont
dues au hasard. En désignant par
a,, a„, . . .,
<-/,, c/., ...
( B'^)
les espérances mathématiques respectivement de
.Z" I , iT"^ , • • • t
(a-, — a|)% (x., — x^)-, ...,
S étant un nombre /Jo^fVty quelconque, on aura la proposition suivante :
» Tontes les fois qu'il existe des valeurs fixes de \ pour lesquelles le rapport
(d, + d,-i-...-h d„y-
(rt,+ «2-1-. . .M- «7,,)-+^
tend vers zéro, lorsque n croit indéfiniment, la prohabilité des inégalités
J-, — a, -^ g-'a — g; H- ■ ■ ■ -t- .c„ — a„
V2(«i-+- ai-\-. . .+ an)
s, et z-.,'^ z^ étant des nombres donnés quelconques, tendra, pour n = oo, vers
la limite
y:-'"'-
et cela uniformément pour toutes les valeurs de z^ et z^.
» On voit que cette proposition est beaucoup plus générale que celle de
ma Note précédente; car, d'une part, le nombre ^ n'est plus assujetti à la
condition S<i, que j'ai introduite précédemment, et, d'autre part, an lieu
des espérances mathématiques des quantités
I a-, I , I a o I , • • •,
je considère maintenant celles des quantités
|a^,-a,|^-s, k,-a,l=-8
en introduisant d'ailleurs, dans la condition du théorème, au lieu de
la plus grande parmi les espérances mathématiques
leur moyenne arithmétique.
» En remettant la démonstration à un Mémoire détaillé sur ce sujet, je
me bornerai ici à la remarque que la nouvelle proposition s'établit encore
par la méthode dont je me suis servi dans le cas particulier considéré dans
mon Mémoire cité plus haut. «
( 8i6 )
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation du paraboloide général.
Note de M. Servant.
« Dans les Comptes rendus du i8 février dernier, M. Guichard donne
comme nouveau le théorème suivant :
» Pour déformer le paraboloide quelconque, il suffit d'effectuer les deux
opérations suivantes :
» 1° Trouver les éléments du déterminant D, ce qui revient à la recherche des
surfaces à courbure totale constante ;
» 2° Intégrer le système complet (4) (voir la Note citée).
» Or, dans le numéro du 19 novembre 1900, j'avais énoncé le même
résultat sous une forme très peu différente, que je reproduis ici :
). Soient l(œ,y,z,it), l,(x,,y\, z,, il,) les coordonnées de deux sur-
faces à courbure moyenne constante non euclidiennes parallèles; on aura
les relations
Sx^-t'' = a\ S,x;-t; = a-, Sxx,- tt,= b\
et les formules
/ E = fxdt, ■+- x,dt,
(a) i ■n=^fydt,z-}-y,dt,
' 'C — fz dt, -h z,dt
donneront un surface applicable sur le paraboloide
b'-^a"
IX.
). .... Les coordonnées de 1 et 2, satisfont respectivement aux équations de
Laplace relatives aux lignes de courbure de deux surfaces à courbure moyenne
constante parallèles de l'espace ordinaire; par conséquent, la principale dif-
ficulté du problème de la déformation du paraboloide est l'intégration
de l'équation
(■[\ -^ — r-:=sinecos0
\ ^ du dv
df's surfaces à courbure totale constante.
1) Soit 0 une solution de cette équation ; le problème se réduit alors ;
au
(8,7 )
suivant : Trouver quatre solutions de l'équation
liées par la relation
d-a^ dB dx de dx _ i u =■ a. -^ i p,
du dv dt- du Ou 0^ j Ç' ::= ^ — i (3,
Sx^ — t- =^a-;
X, , y, , :,, t, se calculent ensuite sans quadratures.
» On peut encore raisonner comme il suit : A toute solution de l'équa-
tion (i) correspond une surface à courbure moyenne constante non eucli-
dienne qui est complètement déterminée de forme. En effet, on voit de
suite (voir la Note citée) que si l'on se donne a et i on peut calculer A,
A', A", et par conséquent la surface sera déterminée intrinsèquement.
Pour avoir les coordonnées x, y, z, t, il faudra intégrer le système d'équa-
tions suivant, qui est dû à M. Bianchi (Vorlesungen, p. 625),
d-x ^ 1 1 ) c* r I. 1 i )da; 6 A ,.
du^- '^ \ i \ du i 2 S de a'- [ i ^ _ A ^ R ^"
à^x (i2)()a; (i2)Jx 0 e-A'v \ a du du dv'
I dudv ~ \ i )du I 2 j dv a'- a J ' <^' _ a '^■*' n <^"
\ d-x i 22 ) dx {.ii'idx e A" J- \ a dv " ' du ' dv '
l dv"^ \ i \ du \ 1 ) dv a ''
et qui est absolument équivalent à celui de M. Guichard.
» Nous avons démontré (') que l'élément linéaire des surfaces à cour-
bure moyenne constante non euclidiennes est le même que celui des sur-
faces analogues de l'espace ordinaire; il en résulte facilement, pour ces
surfaces, des transformations analogues à celles de Lie, Bianchi et Backlund
dans l'espace ordinaire ; il en résulte des transformations pour les surfaces
applicables sur le paraboloïde.
» Dans certains cas particuliers, le problème se simplifie; supposons,
en particulier, que h soit nul; les surfaces 2Î1 et i, sont alors des surfaces
minima non euclidiennes et les formules (y.) donnent les surfaces appli-
cables sur le paraboloïde particulier
z- — y- = za^x.
» On peut démontrer que, de toute surface à courbure totale constante
dont on sait déterminer toutes les géodésiques, on peut déduire, par des
(' ) Voir la Noie du ig novembre.
( 8i8 )
opérations qui n'exigent que des quadratures, une surface applicable sur
le paraboloïde précédent. «
GÉOMÉTRIE. — Sur la somme des angles d'un polygone à connexion multiple.
Note de M. M. d'Ocagxe, présentée par M. Painlevé.
« Le théorème suivant a pour objet de permettre la vérification de la
somme des angles d'un cheminement topographique quelconque.
» Quelques définitions sont nécessaires pour en rendre l'énoncé plus
précis.
» Si par un point A l'on mène une demi-droite munie d'un sens, cette
demi-droite est d'île antérieure ou postérieure à ce point, suivant qu'un mo-
bile la parcourant dans son sens se dirige vers le point A ou s'en éloigne.
» h'angle de deux demi-droites, l'une antérieure, l'autre postérieure,
menées par le point A, sera, dans tous les cas, le plus petit angle dont il
faudra faire tourner la demi-droite antérieure autour du point A, dans le
sens direct, pour l'amener sur la demi-droite postérieure.
» Si l'on considère les deux demi-droites prolongeant, avec leur sens,
les deux demi-droites précédentes au delà du point A, leur angle, compté
suivant la définition qui vient d'être donnée, sera dit opposé par le sommet
au précédent, et l'on voit immédiatement que la somme de deux angles
opposés par le sommet, ainsi déjinis , est égale à quatre droits.
» Dans ce qui suit on considère toujours le contour d'un polygone
comme parcouru dans un sens déterminé. Des lors, pour chaque sommet,
les deux côtés qui s'y rencontrent constituent, l'un, une demi-droite anté-
rieure, l'autre, une demi-droite postérieure, et l'angle du polygone en ce
sommet, pris égal à l'angle de ces deux demi-droites, est déterminé sans
ambiguïté.
» Si un polygone est à connexion simple, c'est-à-dire si son contour ne
se recoupe pas lui-même, il peut être dit direct ou rétrograde suivant que
ce contour est parcouru tians l'un ou l'autre sens. On voit, en appliquant
la définition donnée plus haut, que, dans le premier cas, ce sont, en tous
les sommets, les angles extérieurs qui doivent être pris ; dans le second,
ce sont les angles intérieurs.
» Si un polygone est à connexion multiple, il peut être décomposé en
polygones à connexion simple par le procédé suivant : Partant d'un som-
met quelconque, on suit, dans le sens indiqué, le contour du polygone en
( 8.0 1
ayant soin, chaque fois qu'on an ive à un jjoint de; recoupement, de ne
pas le franchir et de s'en éloigner par la demi-droite postérieure qui n'est
pas dans le prolongement de la demi-droite antérieure par laquelle on l'a
atteint. Lorsqu'on a fait retour au sommet d'oi^i l'on était parti, on répète la
même opération en partant du premier des points de recoupement qui
n'avaient pas été franchis précédemment, et ainsi de suite jusqu'à épuise-
ment de tout le contour du polygone. Les polygones partiels ainsi formés
successivement sont tous à connexion simple, et leur nombre fait con-
naître l'ordre de multiplicité de la connexion du polygone total.
» Cela posé, remarquons que, si un polygone à connexion simple, de
n sommets, est rétrograde, ses angles étant alors, comme on l'a remarqué
ci-dessus, intérieurs, leur somme S, exprimée en angles droits, est donnée,
comme on sait, par
S= in — 4-
» Par contre, si ce polygone est direct, ses angles étant extéricTirs, leur
somme est donnée par
S = 2rt + 4.
» Nous dirons que — 4 dans le premier cas, -f- 4 dans le second, est
\ excès angulaire du polygone considéré, et nous le représenterons dans
tous les cas par t[\, z étant égal à -|- i ou — i suivant que le polygone est
direct ou rétrograde. De cette façon, nousaurons dans tous les cas
S = 2« -+- £4-
)) Prenons maintenant un polygone à connexion multiple, et décompo-
sons-le, suivant le mode qui vient d'être indiqué, en /> polygones à con-
nexion simple. Pour ces divers polvgones nous avons
S, = 2//, -i-ï,4,
^,,— inp+ S/,4-
» Si nous faisons la somme de ces p égalités, observons d'abord que la
somme S, + Sa -f-. . .+ S^, comprend d'une part la somme S des angles du
polygone total, de l'autre la somme de tous les angles des polvgones par-
tiels ayant leurs sommets aux divers points de recoupement. En chacun de
ces points les angles des deux polygones contigus sont opposés par le
( 820 )
sommet, suivant la définition donnée ci-dessus, et leur somme est égale à
4 droits. Si donc rest le nombre de ces points de recoupement, il vient
S, + s. + ...^-s^=s + 47'.
» En second lieu, la somme n,-h n.,-i-.. .-h rip comprend, outre les
n côtés du polygone total, tous ceux de ces côtés qui passent par un point
de recoupement comptés une seconde fois, ce qui donne
«, -h n.y-i-. . .-\- np= n -h 2r.
» Posant enfin
nous conviendron s encore d'appeler ^4 Verccs angulaire du polygone total,
t pouvant cette fois avoir une valeur entière quelconque, positive, nulle
ou négative. La sommation précédente donne donc finalement, lorsqu'on
supprime le terme 4^ dans les deux membres,
S = 2 « + s 4 .
c'esl-à-dire que la formule écrite plus haut pour les polygones à con-
nexion simple s'étend aux polygones à connexion quelconque moyennant
la définition qui vient d'être donnée de l'excès angulaire.
)) Dans les applications topographiques, les polygones à connexion
multiple se présentent généralement sous forme d'une chaîne de poly-
gones à connexion simple, chaque point de recoupement constituant un
sommet commun à deux polygones partiels consécutifs. La décomposition
en polygones partiels se trouve ainsi toute faite et n'exige aucune opéra-
tion. D'ailleurs, ces polygones partiels sont alternativement, comme on le
voit immédiatement, directs et rétrogrades. lien résulte que l'excès angu-
laire du polygone total, nul lorsque les polygones partiels sont en nombre
pair, est, lorsqu'ils sont en nombre impair, égal à celui du premier poly-
gone de la chaîne (en partant de l'une ou de l'autre extrémité).
» Si l'on voulait compter les angles dans le sens rétrograde au lieu du
sens direct, il n'y aurait, dans ce qui précède, qu'à permuter les e entre
les polygones directs et rétrogrades, c'est-à-dire à prendre £ = — i pour
les premiers et e = 4- i pour les seconds.
» D'une manière générale, il suffit de dire que l'on prend e = 4- i ou
£ = — I, suivant que le contour du polygone est parcouru ou non dans le
sens où ses angles sont comptés. »
( 821 )
PHYSIOLOGIE. — Éludes de psycho-acoustique. Note de M. F. Larroque,
présentée par M. A. Cornu.
« C'est à tort que l'on a attribué le caractère incisif, mordant, du son des
instruments à archet, et l'éclat du son de certains instruments de musique
en cuivre, à la production de sons partiels suraigus.
» L'attaque par l'archet engendre des sons discontinus, intermittents
et, par conséquent, favorables (selon ma théorie) à l'excitution nerveuse.
Sous l'archet d'un fin virtuose, les intermittences du son varient conformé-
ment à une loi dont la hauteur et l'intensité du son paraissent être les élé-
ments prépondérants. Le Ircmolo digili rend encore plus sensible la dis-
continuité du son et contribue à ébranler plus fortement le système
nerveux de l'auditeur.
» Pour mettre en évidence la discontinuité du son, j'ai relevé des gra-
phiques de vibrations au moyen de résonateurs pourvus d'une fine mem-
brane dont les oscillations étaient inscrites par un style sur un cylindre
tournant enduit de noir de fumée. Ces graphiques étaient examinés à la
loupe.
» Les graphiques présentent périodiquement une élongation de l'ondu-
lation, sur l'axe des abscisses, indiquant un véritable temps d'arrêt.
» Les sons du cor (cuivré), de la trompette, du trombone, remarquables
par leur éclat, produisent des graphiques analogues aux précédents et
accusant la discontinuité du son. J'explique cette discontinuité de la façon
suivante : Par suite du frottement de l'air contre les parois du tube, il se
forme des accumulations, des maximum de pression, suivis de détente;
l'écoulement de l'air devient intermittent; il suffit de multiplier les con-
tournements en spirale du tube ou de modérer le souffle pour que les
accumulations n'aient plus lieu; le son s'assourdit alors et paraît changer
de timbre parce qu'il devient continu.
» Ni dans le son tles instruments à archet, ni dans celui des instruments
en cuivre précités, l'analyse du timbre ne révèle l'existence d'harmoniques
suraigus très énergiques. Le mordant ou l'éclat du son de ces instruments,
auxquels j'ajoute la voix humaine, résulte donc de la discontinuité du son
(i6 retards au moins par seconde).
» Donc (et ceci vient apporter une nouvelle confirmation de mes idées
théoriques), c'est par ébranlement ondulatoire saccadé que le neurone est
le plus énergiquement excité. »
C. R., lyoi, I" Semestre. (ï. CXXXII, N' 13.) Io6
( 822 )
PHYSICOCHIMIK. — Sur les propriétés électrocapillaires de quelques composés
organiques en solutions aqueuses ('). Note de M. Gouv.
« Le fait que les acides oxygénés en solutions concentrées (acétique,
citrique, tartriqne, etc.) abaissent notablement le maximum électro-
capillaire a appelé mon attention sur les effets des molécules non dissociées
en ions. J'ai étudié à ce point de vue quelques composés organiques, peu
ou point conducteurs, et j'ai constaté qu'ils produisent des effets électro-
capillaires très sensibles, et souvent [)lus considérables que ceux des élec-
trolytes les plus actifs.
» Je me bornerai ici à parler du maximum f\e la courbe électrocapillaire.
La mesure peut en être faite avec la solution aqueuse pure, comparée à
l'eau distillée, mais il est plus commode de prendre pour dissolvant une
solution étendue d'un électrolyte, ce qui est d'ailleurs indispensable si l'on
veut étudier la courbe dans son entier. J'ai fait choix de la solution centi-
normale (-) de sulfate de sodium. Soient II le maximum de hauteur de la
colonne de l'électromètre capillaire avec cette solution, et H' le maximum
après l'addition du corps organique. La différence H — H' s'est jusqu'ici
montrée positive. Pour reniire comparables les mesures faites avec des
tubes différents, on ramène cette différence à la valeur S qu'elle aurait si
le tube était tel que H := looo™™, par la formule
^ Il -II'
(5 := lOOO-
11
» J'ai trouvé jusqu'ici S indépendant de l'électrolyte employé ainsi
comme auxiliaire, pourvu qu'il fîit très étendu, inactif jjar lui-même, et ne
réagît pas chimiquement.
(') Voir mes publications anlérieures Sur les pi'opriclcs cleclrocapillaires des
éleclrolylcs {Comptes tendus, i"' février 1892; 2.5 novembre 1890; 28 juillet, 19 no-
vembre et 3 décembre 1900, et Journal de l'Iiysiquc, 1894).
(^) Cette solution contient —^ d'équivalenl-granitne par litre. Les solutions nor-
males dont il est question dans mes publications antérieures sont toujours rapportées
à l'équivalenl-grarame. Ici la concentration paiaiL du reste indifl'érente, pourvu qu'elle
soit petite, mais je n'ai pas fait la vérification dans tous les cas. Il est bon que le sel
soit exactement neutie et exempt de chlorures, pour la facilité des expériences.
( 823 )
M Le TaËleau suivant, où M désigne une molécule-gramme i)ar litre,
donne les valeurs de â pour quelques corps, à i8".
M ■ M M
M. - •
iO JUÛ 1000
Alroul mt'llivliquc 7 » » »
» éthylique 17 2 » »
» propvliqiic ôg - » »
» allyli([ue 58 9 » »
» amyliqiie » 58 6 »
Aldéhyde 16 3 » »
Acétone 29 5 » »
Glycérine 19 2 » »
Erylhritc 21 3 » »
Glucose 40 24 7 »
Saccharose 54 28 12 »
Lactose » 37 19 »
Phénol » 78 3i 5
Pyrogallûl 96 66 5o »
Résorcine » 65 34 8
Uydroqilinone » 60 3o »
Acétaniide 20 4 » »
Asparagine » 4 » »
Caféine » 97 73 58
Amygdaline » 91 71 54
» La viscosité électrocapillaire existe avec les caractères que j'ai indi-
qués pour les électrolytes ('), surtout avec les solutions très étendues de
corps extrêmement actifs, tels que la caféine et l'amygdaline. Aux dilutions
modérées, elle est nulle ou ne dure qu'une ou deux minutes, à moins qu'il
n'y ait des traces d'impuretés très actives qui manifestent ainsi leur pré-
sence à l'expérimentateur. Sauf aux dilutions extrêmes, la mesure de (> est
une opération facile et rapide (■) , qui n'exige ni le tracé de la courbe ni
des mesures électriques précises.
(') 11 y a viscosité électrocapillaire quand 11' diminue avec le temps jusqu'à sa
valeur finale. On doit faire varier à mesure la hauteur du mercure, de façon à main-
tenir constante la position du ménisque dans le tube capillaire,
("-) Deux précautions sont essentielles : 1° s'assurer de la mobilité du ménisque
dans le tube capillaire, sans laquelle l'expérience ne signifie rien; 2° en mettant une
bolution nouvelle, nettoyer le tube capillaire en faisant monter et descendre le mé-
nisque à plusieurs reprises, et laissant quelques minutes ce tube plein de la solution
avant de faire la mesure.
( 8-2/, )
» Cette nouvelle constante phvsicochimiqiie S paraît intéressante, en ce
qu'elle a des valeurs bien diffcrcnles pour les Hivers corps, même isomères;
la manière dont elle varie avec la dilution est aussi caractéristique. On
peut donc espérer qu'elle trouvera des applications utiles.
)) J'ai montré ailleurs que, avec les solutions qui dépriment le maximum,
il y a nécessairement accumulation du corps dissous à la surface du mer-
cure ('). Ce théorème rend pour ainsi dire évidente l'existence, dans le
cas actuel, de forces cp attractives s'exerçant, presque au contact, entre le
mercure et les molécules dissoutes. La constante S mesure l'effet de ces
forces, qu'on doit vraisemblablement rapprocher de ce que Chevreul ap-
pelait affinité capillaire, plutôt que de l'affinité chimique proprement
dite.
» J'espère pouvoir donner, par la suite, des résultats moins incomplets
et indiquer aussi les particularités caractéristiques que montre la forme
même de la courbe électrocapillaire, pour les diverses molécules orga-
niques. »
CHIMIE. — Sur quelques osmyloxalates . Note de M. L. Wintrebert,
présentée par M. Troost.
« Une Communication antérieure (°) a précisé la constitution del'osmyl-
oxalate de potassium OsO" (C-0*)-R-, 2H-O et signalé l'existence des
sels correspondants de sodium et d'argent. Depuis lors, j'ai pu déterminer
les conditions permettant. d'obtenir facilement ces deux derniers corps et
j'ai formé d'autres osmyloxalates.
» i" Osmj'loxalate de sodium : OsO-(G-0'')-Na-, 2H-O. — Ce composé peut
s'obtenir par le procédé indiqué par M. Vèzes (') pour la préparation de l'osmyloxa-
late de potassium, en faisant agir à rébullition de l'acide oxalique sur une solution
de pero3 de d'osmium OsO' dans une lessive de soude caustique. Il est cependant pré-
férable de traiter ce peroxyde en solution aqueuse par un mélange convenable de
bioxalate de sodium et d'acide oxalique.
OsO'-i- 2C-0'NalI -H C2 0*H== OsO=(C-0»)2Na=+ aCO^H- 2IPO.
(') Comptes rendus, 3 décembre 1900. Un exposé plus complet va paraître au
Journal de Physique.
(-) Comptes rendus, t. CXXXl, p. 26/1; 28 juillet 1900.
(^) Procès-verbaux des séances de la Société des Sciences physiques et natu-
relles de Bordeaux, séance du 29 juin 1899.
( 825 )
» Dans les deux cas, la solubilité de l'osinyloxalale de sodium oblige à opérer en
liqueur concentrée. En outre, les proportions des corps réagissants ne sont pas indif-
férentes. On doit avoir soin de prendre les quantités des corps réagissants prévues
par la théorie. Dans ces conditions, après soixante heures d'ébullition, on obtient de
volumineux cristaux rouge brun, d'osmyloxalate de sodium.
» 2" Osmyloxalale <^'(7»i/?»o/»'H/;i .• OsO-(C-0'')-( AzH*)-, 2 H-0. — Ce sel aussi
peut s'obtenir directement à partir du peroxyde d'osmium. Toutefois, il y aurait
inconvénient à traiter la solution ammoniacale de ce corps par l'acide oxalique ; l'am-
moniaque, en effet, réduit le peroxyde d'osmium en donnant l'osmiamale d'ammo-
nium OsO( AzO)OAzH*. De même le second procédé indiqué plus haut pour la
préparation de l'osmyloxalale de sodium (ébullilion d'un mélange de peroxyde d'os-
mium eu solution aqueuse, de bioxalate d'ammonium et d'acide oxalique) donne lieu
à une réaction trop vive : la majeure partie de l'osmium se trouve précipitée à l'état
de poudre noire. L'opération réussit au contraire si l'on met en présence, dans une
faible quantité d'eau, du bioxalate et du peroxyde dans les proportions requises par
l'équation :
OsO*-l-4C'-0''Az!P.H = OsO^(C'-0')=(Azn')^-i-C^O''(AzH')2-t-2CO'-4-2H'0,
et si l'on n'élève pas trop la température. Après trois semaines de chauffe continue
aux environs de 80°, de beaux cristaux rouge grenat d'osmyloxalate d'ammonium ont
été obtenus.
)) 3° Osmyloxalale d'argent : OsO-(C-0*)- Ag-. — Si l'on verse une solution
d'azotate d'argent dans une solution chaude d'un osmyloxalate alcalin, celui de po-
tassium, par exemple, on observe simultanément les deux réactions suivantes :
(i) OsO''(C'0*)-K2-i-2AzO'Ag = OsO'(C^O')=Ag'-H2AzO^K,
(2) OsO'(00»)'-R2^-/lAzO'Ag-+-2li'0=OsO'^P^-2C^O*Ag'^-2ÂzOnv-+-2AzOMI.
» La réaction (2) s'effectue d'autant mieux que les liquides mélangés sont à tempé-
rature plus élevée. On opère donc à température moyenne; par filtration, on sépare
l'oxalale d'argent et l'acide osmique OsO'H- formés tout d'abord; le liquide ainsi
obtenu est rapidement refroidi et rosmyloxalale d'argent se dépose bien pur en
aiguilles brunes ne contenant pas d'eau de cristallisation.
» 4" Osmyloxalate de baryum : OsO^(C-0')-Ba, 4H-0. — Ce sel s'obtient très
facilement par double décomposition. Il se présente sous la forme d'aiguilles jaune
verdàtre que l'eau chaude dissout assez facilement.
» 5° Osmyloxalale anormal de baryum : 0s0-{O0''fBA^, GH^O. — Un autre
sel de baryum se prépare en ajoutant à une solution chaude et moyennement concen-
trée d'osmyloxalate de potassium de l'acide oxalique et du chlorure de baryum dan;
les proportions indiquées par l'équation
OsO-(G^O*)'K=-t-C^O*FP-t-2BaC12 = OsO^{C^O*)'Ba2-i-2KCl-f-2HCl.
» Aucun précipité ne se produit, mais on trouve après refroidissement, dans une
liqueur à peine colorée, de beaux cristaux jaune brun. Cet osmyloxalate anormal de
baryum se distingue donc de l'osmyloxalate normal étudié précédemment par l'addi-
( 826 )
lion d'une molécule d'ovalate de baryum. Le sel normal peut d'ailleurs servir de
point de départ dans la préparation du sel anormal; il suffit, en efl'et, d'ajouter à sa
solution cliaude et concentrée de l'acide oxalique et du chlorure de baryum en
proportions convenables.
1) 6" Osmylo.ralate de slro/Uiuni : OsO^(C^O'')-Sr, l\li'-0. — L'osmyloxalate de
strontium peut se préparer en agitant des cristaux d'osmyloxalate d'argent avec une
solution chaude de chlorure de strontium. Le liquide obtenu après séparation du
chlorure d'argent est très instable; pour éviter sa décomposition il faut, par un re-
froidissement brusque, provoquer le dépôt du sel, recueillir aussitôt les cristaux et
les dessécher rapidement. Ces cristaux forment une poudre jaune grisâtre ayant la
composition indiquée ci-dessus. D'autres essais tentés à partir des osmyloxalales
alcalins ont seulement fourni des mélanges d'osmyloxalate et d'oxalate de strontium.
» 7° Osmyloxalate de calciiiJti : OsO^(C^O*)-Ca, ■2H-O. — En opérant avec le
calcium, comme il a été dit pour le strontium, j'ai obtenu une poudre cristalline
jaune verdâtre contenant manifestement l'osmjloxalate de calcium, mais aussi un peu
d'oxalate de calcium. Bien que les conditions de l'expérience eussent été plusieurs fois
variées, cette impureté n'a pu être éliminée. L'eau mère qui donne naissance à l'os-
myloxalate est extrêmement instable et répand une forte odeur de peroxyde, indice
d'une décomposition partielle.
» 11 n'a pas été possible d'obtenir avec le strontium et le calcium des composés ana-
logues à l'osmyloxalate anormal de baryum.
» Diverses réactions encore à l'étude nous donneront probablement
d'autres dérivés de l'acide osmyloxalique; il semble donc que les osmyl-
oxalales constituent l'une des séries les mieux caractérisées de l'osmium. »
CHIMIE. — Sur les propriétés réductrices du magnésium et de l'aluminium,.
Noie de M. A. Duboin.
rt Action sur l'eau. — On sait que le magnésium et l'aluminium réduisent
presque tous les oxydes, et par conséquent un très grand nombre de ceux
dont le métal, en se combinant avec l'oxygène, dégage plus de chaleur que
l'hydrogène pour former l'eau. Il est donc à présumer que ces deux mé-
taux doivent pouvoir agir énergiquement sur l'eau.
» Je signale simplement les deux expériences suivantes, qui sont très
brillantes :
» 1° On mouille de la limaille de magnésium avec de l'eau, on la place dans un tel
ou sur une plaque poreuse; on recouvre de magnésium sec, qu'on allume : aussitôt que
la combustion arrive au contact de la partie mouillée, on a une grande flamme, extrê-
mement brillante, et la magnésie qui reste se présente sous forme do longs filaments.
( 827 )
>i Ainsi, quelques gouttes d'eau peuvent remplacer les appareils nombreux que l'on
emploie pour explorer les grottes, ou prendre des photographies de lieux obscurs.
» 2° On mélange, sans précaution, de l'eau et de l'aluminium porphyrisé ; on recouvre
de magnésium en poudre, qu'on allume. Ici encore on a une flamme très vive et d'un
éclat incomparable. L'expérience est peut-être encore plus brillante que la précédente.
» Action de V aluminium sur V alumine. — Un mélange de 4 atomes d'alu-
minium pour une molécule d'alumine, allumé en un point, réagit avec un
très vif éclat, en donnant l'oxyde APO de M. Pionchon.
i> Réductions dans V hydrogène. — Nous avons pu réaliser un certain
nombre de réactions dans l'hydrogène.
" Nous plaçons la matière soumise à l'expérience dans un têt ou un creuset, au milieu
d'une cloche pleine d'hydrogène : on enflamme en faisant arriver par un tube, au
contact de la masse, une (lamme d'oxygène, en prenant les dispositions employées dans
les cours pour montrer que l'oxygène brûle dans l'hydrogène, par exemple l'expé-
rience de Cari Heumann.
» Les oxydes alcalino-terreux sont réduits par le magnésium. C'est la baryte qui
réussit le mieux; aussi je me sers de baryte et de magnésium pour amorcer la plupart
des réactions.
» Le magnésium mouillé, dont on amorce la réaction par le mélange précédent, brûle
avec une grande flamme; l'hydrogène s'échappe par le tube extérieur et brûle avec
une flamme blanche de ?.o'"' de haut. L'expérience serait dangereuse avec de trop
grandes quantités de matière.
)) Il en est de même de l'aluminium. On amorce jiar le mélange précédent.
H Acides Jjoriqae i;L silicique. — Le mélange de deux parties et demie d'acide
borique anhydre, fondu et pulvérisé, avec une de magnésium, léagit dans l'hydrogène
quand on le chaurt'e en un point.
» C'est un moyen commode d'éliminer l'action de l'air et surtout de l'azote : malheu-
reusement l'excès d'acide bo'rique n'est pas suffisant pour avoir, du premier coup, du
bore totalement dépourvu de borure de magnésium.
1) Le mélange B^O'-(- Al- prend dans l'hydrogène, quand on l'amorce par le mélange
BaO + Mg. C'est une des j)lus belles expériences, à cause de la durée, qui est assez
grande.
» Phosphate de chaux. — Le mélange (PO*)^Ca^-f- 8Mg brûle, comme dans l'air,
avec une flamme éblouissante. Il paraît en même temps se former du phosphure d'hy-
drogène solide jaune, sur les parois du tube. L'expérience serait dangereuse avec de
trop grandes quantités de matière.
» La masse, reprise par l'eau, dégage du phosphure d'hydrogène spontanément
inflammable.
» On obtient le même résultat eu opérant à l'air. Nous n'avons pas eu de combus-
tion complète en remplaçant le magnésium par la quantité équivalente d'aluminium.
» Chroniate de potasse. — Ayant en vue la préparation du potassium, j'ai allumé
le mélange de chromate neutre de potasse Cr-O^v' avec Jj^ Al. Ce mélange, allumé
( 8a8 )
en un point, brille en dégageant des torrents de vapeur de potassium. Mais, quand on
opère dans une atmosphère d'hjdrogène, une circonstance particulière empêche de
recueillir le métal : ce dernier, se formant très vite, absorbe l'hydrogène au fur et à
mesure de sa formation, et l'absorption fait rentrer l'air par le tube. Notre dispositif
perd dans ce cas son intérêt.
» Néanmoins il nous paraît précieux dans les réactions où la présence de l'azote
est nuisible, ce qui est souvent le cas, surtout quand on emploie le magnésium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la cinchonine. Note de MM. E. Jungfleiscii et
E. Légeu.
» Eii établissant l'identité de Thydrocinchonine et de la cinchonifine,
nous avons rappelé que, dans le ti'ailement de la cinchonine par l'acide
sulfiirique aqueux, l'hydrocinchonine est toujours recueillie en très forte
proportion (^Comptes rendus, t. CXXXII, p. l\io). Nous nous proposons de
préciser ici la teneur de la cinchonine en hydrocinchonine, de montrer
que les propriétés attribuées à la cinchonine correspondent en réalité à un
mélange, et enfin de rechercher quelles sont les propriétés de la cinchonine
pure.
» Le sulfate basique de cinchonine employé dans nos expériences est d'origine
ancienne et provient de quinquinas sauvages. Pour déterminer sa teneur en hydro-
cinclionine, nous en avons traité aoof par l'acide sulfuiique mélangé de son poids
d'eau, à laS", puis nous avons extrait l'hydrocinchonine du mélange formé, le tout en
suivant les procédés que nous avons indiqués antérieurement. Nous avons obtenu 285''
d'hydrocinchonine; celte quantité correspond à 348% 38 de sulfate d'hydrocinchonine
à 2H-O, soit à 17,19 pour 100. En tenant compte des pertes inhérentes à une sem-
blable séparation, en appréciant notamment la quantité d'hydrocinchonine retenue par
l'apocinchonine, malgré des cristallisations répétées, ou j)eut admettre que le sel pri-
mitif ne contient pas beaucoup moins de 20 pour 100 de sulfate d'hydrocinchonine,
s'il n'en contient pas davantage.
» L'hydrocinchonine pure, traitée de même, n'a fourni qu'une proportion très
faible de produits étrangers, lille n'est donc pas détruite en quantité sensible par le
traitement sulfurique.
» Cette teneur élevée de sulfate de cinchonine en hydrocinchonine n'est nullement
exceptionnelle. Au cours de nos recherches, nous avons traité semblablement des
cinchouines d'origines variées, produits commerciaux actuels ou produits existant
depuis longlemj)s dans les collections; toujours nous avons recueilli l'hydrocincho-
nine en proportion considérable, supérieure parfois, apparemment, à celle qui vient
d'être indiquée.
» Par oxydation au permanganate de potassium, opérée à 0°, un sulfate de cincho-
nine aussi chargé d'hydrocinchonine ne fouiiiit qu'un» proportion assez faible de
( 829 )
cette dernière base. L'hydrocinchonine est donc détruite en grande partie, même à
froid, pendant l'oxydation de la cinchonine.
» Nous avons cherché à connaître la cinclionine et ses sels à un meilleur état de
pureté.
» Ayant transformé en sulfate neutre un poids considérable du même sulfate
basique de cinchonine initial, nous avons fait cristalliser le sel neutre dans l'eau, nous
l'avons essoré, puis lavé à la trompe avec un peu d'eau; nous l'avons ensuite, après
dessiccation, fait cristalliser dans l'alcool à gS centièmes, en troublant la cristallisation ;
les cristaux ont été essorés, lavés à l'alcool, puis essorés de nouveau. Après avoir
répété cinq fois encore le même traitement, nous avons transformé le sulfate neutre
en sulfate basique, lequel a été soumis à deux cristallisations dans l'eau.
» Le sel purifié ayant été chauffé avec l'acide sulfurique dans les conditions rappe-
lées ci-dessus, looS'' ont fourni 2S'',o5 d'iiydrocinchonine. Ce chiffre correspond à
2,5o parties de sulfate d'hydrocinchonine à aH^O dans loo parties de sel purifié. En
tenant compte des pertes inévitables, nous évaluons à 3 pour loo au moins la teneur
réelle,
» D'après cela, on exprime par à peu près l'efficacité du procédé de
purification en disant qu'à chaque cristallisation du sel neutre dans
l'alcool, la liqueur alcoolique a éliminé un quart du sel d'hydrocinchonine
existant dans le produit.
1) Nous avons alors purifié de la même façon le même sel primitif, mais
en portant à lo le nombre des cristallisations du sulfate neutre dans
l'alcool. En appliquant la même règle de décroissance au calcul de la
teneur en hydrocinchonine du sulfate de cinchonine aussi péniblement
purifié, on trouve qu'il doit renfermer encore 0,93 pour 100, soit i pour
100 environ de sulfate d'hydrocinchonine.
» Ce sulfate de cinchonine purifié, à 2 H*0, n'a pas la même solubilité que le sul-
fate de cinclionine ordinairement décrit. Il est soluble (i partie) dans 72,1 parties
d'eau à 12°, dans 60,2 parties à 36°, 5 et dans 12,9 parties à ioi°. Le sel initial,
contenant environ | de sulfate d'hydrocinchonine, est soluble (i partie) dans
64,1 parties d'eau à la", dans 55, o parties à 36", 5 et dans 11, 3 parties à 101°. Les
difl'érences s'expliquent par la solubilité propre au sulfate d'hydrocinchonine : celui-
ci est soluble (i partie) dans 37,6 parties d'eau à 12", dans 34,8 parties à 36°, 5 et
dans lo, 7 parties à ioi°. On indique d'ordinaire que le sulfate de cinchonine à
2H^0 se dissout ( I partie) dans 65, 5 parties d'eau à iS" (Hesse; Beilstei^," N a ndb.
d. org. Chemie, t. III, p. 83o, 1897); ce chiffre est très voisin de celui que fournit
notre produit initial, non purifié.
» La température de fusion de la cinchonine étant élevée et la matière
altérable, la détermination du point de fusion donne des résultats variables,
C. R., 1901. I" Semestre. (T. CXXMI, N° Va.) \0]
( 83o )
suivant qu'on chauffe lentement ou brusquement. D'autre part, la présence
de l'hydrocinchonine modifie celte température : certaines cinchonines
chargées d'hydrocinchonines fondent plus haut que la cinchonine purifiée.
Enfin, la cinchonine la plus pure, lorsqu'on la soumet à des cristallisations
répétées dans l'alcool chaud, s'altère; les matières colorées qui se forment
augmentent notablement la fusibilité des cristaux : la cinchonine à
I pour lood'hydrocinchonine, soumise à des cristallisations répétées dans
l'alcool chaud, a donné ainsi successivement 263°, 4, 268°, o, etc.
» Pour éviter ces altérations, nous avons soumis la cinchonine la moins
impure à la cristallisation fractionnée, par évaporisation à froid de sa dis-
solution dans le mélange de 2 volumes de chloroforme et 1 volume d'al-
cool; on l'obtient ainsi en fines aiguilles. Sur les premiers et les derniers
cristaux recueillis, on a observé de légères variations, mais tous les produits
médians fondaient à 264°, 3 (corr.). Le même résultat a été fourni par une
cinchonine semblablement purifiée, mais d'origine différente. Les nom-
breux chiffres donnés antérieurement varient entre 248° et 268°, 8.
') Le pouvoir rotatoire de la cinchonine purifiée est plus fort que celui
qui est admis pour la cinchonine.
» Cela s'explique par la moindre activité de l'hydrocinchonine. En dissolution dans
l'alcool absolu (jo = o,i875, (- = 30", t=i']o'>) on trouve avec elle C2u = -t- 229°,6.
Dans les mênies conditions, M. Oudemans a indiqué ai,=:-t- 233°, 3 ; or, pour un mé-
lange de I partie d'hydrocinchonine avec 4 parties de cinchonine, observé dans les
mêmes circonstances, on calcule avec nos chiffres a£,=r+ 223°, 9.
» En dissolution à i pour 100 dans l'eau additionnée de 4HC1 par molécule de
cinchonine, on trouve, à 17°, ^D — -h 263°,/+. Pour des conditions de concentration voi-
sines, M. Oudemans a indiqué aD = -l- 257°,7 ; or le calcul indique pour la cinchonine
contenant | d'hydrocinchonine, (Xf, = + 256°, 3.
» Sans voir dans ces relations autre chose qu'une indication, nous ajou-
terons qu'une cinchonine commerciale de même origine que le sel initial
de nos expériences, après avoir subi trois cristallisations successives dans
l'alcool, nous a donné, dans les conditions ci-dessus indiquées, cf.„— + 223°,9
en liqueur alcoolique, et ai,= 256", 5 en liqueur aqueuse chlorhydrique ;
ces chiffres diffèrent bien peu de ceux de M. Oudemans. Leur similitude
nous a portés autrefois à prendre comme pure celte cinchonine à
20 pour 100 d'hydrocinchonine. »
( 83 T )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quehjnes dérivés iodés du phénol.
Note de P. Breivans.
« On a déjà étudié l'action de l'iode dissous dans l'iodure de potassium,
sur le phénol en solution alcaline. La présente Note a pour objet de faire
connaître des résultats assez différents, obtenus au moyen des mêmes réac-
tifs, mais dans des circonstances expérimentales différentes; j'ai obtenu,
en effet, suivant les conditions adoptées, tantôt le diiodophénol
OH-CH'-P 1.2.4 ('),
accompagné du triiodophénol
OH -- CH^-P 1.2.4.6 ( = ),
tantôt le même triiodophénol isolé. Je vais indiquer les circonstances dans
lesquelles ces composés prennent ainsi naissance et faire connaître
quelques-unes de leurs propriétés.
» I. Si, dans 800" de dissolution contenant SoS'', 8 d'iode (4 atomes) et ôos'" environ
d'iodure de potassium, on verse, peu à peu et en agitant, 9S'',4 de phénol pur (i molé-
cule) et 116'', 2 de potasse (2 molécules) dissous dans 200"^'^ d'eau, il se dépose rapide-
ment un précipité cristallin, grisâtre; pour achever la réaction, le tout est porté
vers 60°, puis abandonné pendant vingt-quatre heures. Le précipité séparé, lavé et
essoré, est enfin desséché dans le vide; il pèse de 278'' à 286''. Les eaux, mères avec
l'eau de lavage sont faiblement colorées et ne renferment que o?'', 35 à oS'',4o d'iode
libre; la presque totalité de l'iode a donc réagi.
» Le produit obtenu est un mélange. J'en ai séparé les composants par deux, pro-
cédés. Le premier consiste à le soumettre à l'action d'un courant de vapeur d'eau; un
quart de la matière se trouve entraîné; le reste, formé surtout de triiodophénol, ne se
volatilise pas sensiblement dans ces conditions.
» La matière distillée est incolore et cristallisée en aiguilles; elle est presque entiè-
rement formée par le diiodophénol i, 2, 4; et fond à 70<'-7i<',5; les dernières parties
distillées fondent à 65°-67°. La liqueur aqueuse, agitée avec l'éther, cède à celui-ci
oB'',5o d'un corps fusible vers 60°, se colorant rapidement et paraissant être en partie
un monoiodophénol.
(') Neumann, Liehig's Annalen der Chemie, t. CGXLI, p. 71; Schall, Berichte
der deutsch. chem. Gesellsch., t. XX, p. 3364.
(-) Id.; Lautejiann, t. CXX, p. 807 ; Kekulé, t. CXXXI, p. 282; Kôrner, t. CXXXVII,
p. 2i4; ScHiiTZENBERGER, Jahvcsb. iiber die Fortsclir. der Chemie, p. 524; i865.
( 832 )
» Le second procédé de séparation consiste à soumettre le mélange à des précipita-
tions fractionnées, effectuées en ajoutant progressivement de l'eau à la solution alcoo-
lique. Le triiodophénol se précipite d'abord: les derniers précipités contiennent le
diiodophénol.
» IL En opérant la même réaction sur une quantité double de phénol, j'ai obtenu
les mêmes composés en proportions dillerenles. Avec 96', 4 de phénol (i mol.), Ss^ôde
potasse (i mol.) et 25e'', 4 d'iode (2 at.), il se l'orme relativement peu de triiodophénol
(^S') et beaucoup plus de phénol diiodé i, 2, 4 (Ss^So). Ces composés peuvent être
séparés comme il a été dit précédemment.
» IIL En diminuant, au contraire, la quantité de phénol employée, il se forme
presque exclusivement du triiodophénol. Avec gs'j^ de phénol (i mol.), i6s',8 de po-
tasse (3 mol.) et ']6s%2 d'iode (6 at.), le triiodophénol 1.2.4.6 est recueilli en quan-
tité indiquée par l'équation
C^H^OH M- 3K0H -+- 3P= C«H=P— OH + SKI + SH^O,
soit 47^ environ pour les proportions citées plus haut.
» IV. On sait qu'en faisant intervenir des proportions plus fortes d'iode et d'alcali,
il se forme un corps amorphe, rouge violacé, que l'on a appelé diiodophénol-iodc (')
et considéré comme un phénol triiodé isomère du précédent.
i> V. Diiodophénol, OH --- G«H'— l'i .2.4. — Obtenu et séparé comme il vient
d'être dit, ce diiodophénol peut être purifié en laissant refroidir lentement sa solution
aqueuse, saturée et chaude. Il se dépose en longues aiguilles incolores, fusibles à 72°.
Il est préférable cependant de soumettre la dissolution alcoolique à des précipitations
successives par l'eau glacée; le premier précipité séparé fond à 68''-69°, il est peu
abondant; les suivants fondent tous à 7 1°-72'> et présentent la composition d'un phénol
diiodé (théorie : OH — OH=— P : 1=^73,41; trouvé : 1 = 73,64, 72,97, 73,61).
» Ce diiodophénol reste blanc quand il est pur; s'il renferme des traces de dérivés
monoiodés, il se colore. Un peu soluble dans l'eau, il se dissout en toutes proportions
dans l'alcool, l'alcool mélhjlique, l'éther, l'acétone; il est moins soluble dans la ben-
zine, le chloroforme et surtout l'acide acétique. Le chloroforme permet de l'obtenir
en belles aiguilles incolores. Vers 100° il se sublime; il se décompose à plus haute
température. Son point de fusion ']i°-']i'' l'indique comme identique au phénol
diiodé 1.2.4.
» J'ai d'ailleurs établi autrement cette identité, en préparant son éther méthyl-
phényliqiie, CIP— O — C^H'— P, parles méthodes ordinaires; j'ai obtenu une
huile colorée, qui a été purifiée par distillation avec la vapeur d'eau, en présence
d'un peu d'acide sulfureux. Ce composé huileux distille incolore et reste énuilsionné
dans l'eau; il est repris par l'éther, purifié de nouveau en précipitant par l'eau sa so-
lution acétique, et finalement dissous dans l'alcool ou l'acide acétique; les solutions
évaporées dans le vide ont donné des lamelles fusibles à 68°-69°; celles-ci sont iden-
(') Messingeu et Vortmann, BericlUe der deuLsch. chem. GeseUsch., t. XXII,
p. 23l2.
( 833 )
liques au diiodo-anisol CH' — O — C«H'— Pi.2.4, déjà obtenu (') différemment.
» J'ai prépeiré AUSSI ['éther acétique du diiodophénol 1.2.4, C-H'O- — O — CH' — P,
par l'action de l'anhydride acétique à laS". J'ai obtenu, après des cristallisations
répétées dans l'acide acétique et dans l'alcool chauds, de longs prismes aplatis, à odeur
aromatique, fondant invariablement à ']o''-']i°. Comme le point de fusion attribué à
cet éther par Neuman {loc. cit.) et Vater {-) est 76", j'ai préparé le même éther avec
le phénol diiodé obtenu d'après la méthode de ces auteurs; j'ai eu des prismes inco-
lores, identiques aux. précédents, fusibles à 70°-7i°et non 376°. Les cristaux des deux
origines ont donné, à l'examen cristallographique, des valeurs d'angles identiques. Les
deux diiodophénols ainsi comparés sont donc un seul et même corps.
» VL Triiodophénol, OH— C^H^—P 1.2.4.6. — Ce composé est séparé comme il a
été dit plus haut. On le purifie par dissolution dans une lessive alcaline et précipita-
tion par l'acide chlorhjdrique.
» Sa composition est bien celle d'un phénol triiodé (théorie : OH — C^H-— P,
I = 80,72; trouvé: I = 8o,4; 80, i; 79,98).
» Son point de fusion (i56°), son odeur et toutes ses propriétés l'identifient au
triiodophénol 1.2.4.6 de Lautemann. Insoluble dans l'eau, il est peu soluble dans
l'alcool (i partie dans 5o parties d'alcool à gS") ainsi que dans l'alcool méthylique, le
chloroforme, l'acide acétique et la benzine; l'éther et l'acétone sont ses meilleurs dis-
solvants. Il est quelque peu volatisable dans un courant de vapeur d'eau ; aussi faut-il,
lors de la séparation d'avec le diiodophénol, ne pas prolonger la distillation plus qu'il
n'est nécessaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des éthers d'acides bibasiques sur les composés
organomctalUques . Note de M. Amand Valeur.
« Dans une Note récente (^Comptes rendus, t. GXXXII, p. 480) M. Behal
a montré que l'action des dérivés organométalliques sur les élhers sels
(réaction Wagner-Saytzeff), appliquée jusque-là aux seuls éthers formique
et acétique, pouvait être généralisée. Sur ses Conseils, M. Henri Masson
{Comptes rendus, t. CXXXII, p. 483), en partant des éthers dérivés des
acides monobasiques, a réalisé par cette méthode la synthèse de toute une
série d'alcools tertiaires de la série grasse; et j'ai moi-même étudié cette
réaction sur les élhers d'acides bibasiques.
» L'action des dérivés organométalliques du zinc ou du magnésiuin sur
une foncLion éther sel se résume dans la transformation du groupement •
R - 00=* C* H^ en R - G - OH.
\R'
(') Reverdin, Berichte der deutsch. chem. Gesellsch., t. XXIX, p. 990.
{-) Vater, Liebig's Annalen der Chemie, t. CCLXI, p. 81.
( 834 )
» Avec les éthers dérivés des acides bibasiques, on pouvait espérer pro-
duire deux fois celte réaction et obtenir des glycols bitertiaires.
» Mes expériences ont porté sur les premiers termes de la série : oxalale, malonale
et succinate d'élhyle. J'ai fait réagir sur ces composés les iodures de magnésium-
méthyle et étliyle en solution éthérée, préparés suivant la méthode indiquée par
M. Grignard. J'ai suivi de tout point le mode opératoire indiqué par M. H. Masson
(loc. cit.) pour les éthers d'acides monobasiques.
» L'action de l'iodure de magnésium-méthyle sur l'élher oxalique m'a fourni,
avec de bons rendements, la pinacone dérivée de l'acétone ordinaire :
GH3\ ,CH'
CHVV iXCH'
OH OH
qui a été caractérisée par ses constantes et la propriété qu'elle possède de se combiner
à l'eau en formant un hydrate fusible à 46°. Ce mode de production de la pinacone est
intéressant, en ce qu'il permettra de préparer facilement toute une série de pinacones
homologues, et d'étudier dans quelles limites est possible la transformation en pinaco-
lines correspondantes. Je me propose de revenir sur ce sujet.
» Avec le malonate d'éthyle et l'iodure de magnésium-élhyle, j'ai obtenu un alcool
non saturé C'H^^O liquide, bouillant à i77"'-i78°; il est vraisemblable qu'il se forme
d'abord le glycol bitertiaire
,C — CH2 -
/C^H=
1
,\C^H^
OH
OH
qui se déshydrate ensuite en se transformant en l'alcool non saturé que j'ai isolé.
» Avec le succinate d'éthyle et l'iodure de magnésium-éthyle, j'ai obtenu directe--
ment un produit cristallisé qui, après recristallisation dans le benzène, fond à 70° et
répond à la formule suivante :
^'"'\C- CH= CH^-C/^'"'
C^H=/r~ T\C^H^
OH OH
» Je me propose d'étudier les produits de déshydratation de ce glycol
et de ses homologues, qui conduiront vraisemblablement à la série du
tétrahydrofurfurane. Je poursuis également l'étude de cette réaction sur
les éthers homologues de l'acide succinique. »
( 835 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les composés organométalliques du magnésium.
Noie de MM. Tissier et Geignard, présentée par M. Moissan.
« L'un d'entre nous a montré la facilité avec laquelle le magnésium
réagit sur les dérivés halogènes des alcools, en solution dans l'éther, pour
donner la combinaison C"H*"+' — Mg — (M') ('), capable, comme le zinc-
méthyle, de réagir sur les divers composés organiques.
» Nous avons reconnu qu'en même temps se produit une réaction
secondaire qui donne naissance à des carbures saturés, par soudure des
deux groupements monovalents, C"H^"+* et formation de Mg(M')=
2[C''H=«+'(M')] -t-Mg=:Mg(M')2 + G''H^«+'- C"H-"+'.
Le magnésium se comporte, dans ce cas, d'une façon analogue aux métaux
alcalins. L'influence de cette réaction secondaire croît avec l'accumulation
des atomes de carbone dans la molécule du dérivé halogène : peu sensible
dans les termes inférieurs, elle finit par égaler la réaction principale
lorsqu'on arrive aux termes en C°.
« Action de l'eau sur les composés C"H^"+' — Mg — (M'). — Les composés de la
forme C"H'"+' — Mg — (M'), provenant de l'action principale du magnésium sur les
dérivés halogènes des alcools, réagissent sur l'eau avec un dégagement de chaleur
considérable et mise en liberté du carbure correspondant, suivant l'équation
2[C«Hî»+'— Mg-(M')]-l-2H20 = C"H"'+=+Mg(M')2^-Mg(OH)=.
C'est là une méthode générale de préparation des carbures en C^H-"-*-^. Avec les
composés halogènes à faible teneur en carbone, pour lesquels les produits de la
réaction secondaire sont gazeux, et dont il est, par suite, facile de se débarrasser avant
l'action de l'eau, on obtient des carbures d'une grande pureté. Le méthane et l'éthane,
préparés par cette méthode, donnent à l'analyse eudiométrique des chiffres exacts et
le coefficient d'absorption par l'alcool amylique est constant.
» Préparation. — Pour les carbures gazeux, on fait tomber goutte à goutte l'eau
mélangée d'éther, dans le ballon qui contient le composé organométallique et qui
est maintenu dans la glace. Après condensation au réfrigérant ascendant, les gaz qui
se dégagent sont lavés dans plusieurs flacons à acide sulfurique, pour arrêter l'éther,
et recueillis dans un gazomètre. Pour les carbures liquides, 11 suffit de décomposer
le dérivé organométallique dans la glace ; après saturation du liquide par le carbonate
de potassium, la couche surnageante est décantée, séchée et distillée.
(') M' désignant un atome de Ci, Br, L
( 836 )
» L'iodure d'hexyle secondaire nous a donné l'hexane et le dihexane. Le rendement
égèrement plus fort en dihexane est pour l'ensemble d'environ gS pour loo.
» Action des alcools. — Les alcools, qui peuvent être considérés comme de l'eau dans
laquelle un radical alcoolique a été substitué à un atome d'hydrogène, se comportent
d'une manière semblable, en donnant des carbures et des composés de la forme
C«H2"+'0.Mg— (M'), d'après l'équation
R \ R \
C»H««+'Mg.(M') -i-R'— C.O.H- C«Hî»+-' 4-R'-C-0 -Mg- (M'),
R"/ R"/
R , R', R" représentant de l'hydrogène ou un groupement hydrocarboné monovalent.
» Les nouveaux composés organomélalliques ainsi obtenus cristallisent aisément et
sont à leur tour décomposés par l'eau, avec mise en liberté de l'alcool. Nous avons
fait réagir ainsi sur le bromure d'élhyl magnésium : l'alcool méthylique, l'alcool amy-
lique et le phénol.
» Action du magnésium sur les alcools. — De même que les alcools se comportent
comme l'eau, vis-à-vis des composés que nous venons d'étudier, ils réagissent aussi
comme l'eau sur le magnésium métallique, avec production d'alcoolats. L'action de
l'alcool éthylique, lente à froid, n'augmente pas sensiblement à l'ébullilion ; il est
nécessaire d'opérer en tube scellé. L'alcool méthylique, en raison de ses trois hydro-
gènes groupés sur un même carbone uni directement à l'oxhydrile, devait, comme
dans l'éthérification, offrir une vitesse d'attaque beaucoup plus grande, et en effet le
magnésium réagit sur l'alcool méthylique très rapidement à froid. (Si l'on n'a pas
soin de refroidir fortement dès que la réaction s'amorce, elle se produit avec une
vivacité telle qu'il y a projection du liquide.) Par évaporation dans le vide, au bain-
marie, on obtient une masse blanche, très avide d'eau, de méthylate de magnésium
(CH^O)-Mg, qui correspond précisément au produit de décomposition des composés
halogènes du méthyl magnésium par l'alcool méthylique, CH^O.Mg — (M'), (M')
étant remplacé par un deuxième résidu (CH'O)'.
» Cette réaction, en raison de la faible alcalinité du méthylate de magnésium, peut
rendre des services comme agent d'hydrogénation.
» Action du bibromure d'éthylène sur le magnésium. — Lorsqu'on met en présence
le magnésium et le bibromure d'éthylène en solution dans l'éther, les deux atomes de
brome s'unissent au magnésium, mais, au lieu de donner des composés organométal-
liques comme les monobromures, il y a rupture de la molécule et formation de bro-
mure de magnésium; en même temps, l'éthylène se dégage (').
» Opération. — Sur une molécule de magnésium, placée dans un ballon, on fait
tomber goutte à goutte 2 molécules de bibromure en solution dans l'éther. Dès que
la réaction est en route, elle donne lieu à un dégagement très régulier d'éthylène. Le
(') Une réaction analogue se produit avec d'autres bromures, tels que le bibromure
de triméthylène; on peut aussi remplacer les bromures par les chlorures ou les
iodures.
( 837 )
bibroimire formé se sépare de l'éther cl cristallise à la fin de ropéralion en cristaux
voliiniîneux.
i> On peut ainsi décomposer quantitativement le bromure d'éthylène. Comme il est
facile de régénérer le bibromure, c'est un procédé excellent de préparation du bro-
mure de magnésium anhydre.
» Les chlorures d'acides, les éthers sels, elc, réagissent sur le bromure
anhydre en solution dans l'éther, en donnant des combinaisons molécu-
laires généralement cristallines, dont nous continuons l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles réactions des composés organomagnésiens.
Note de V, . (Jh. Moureu, présentée par M. Moissan.
« M. Grignard (') a mis dernièrement entre les mains des chimistes
toute une série de reactifs extrêmement précieux : ce sont les iodures et
bromures d'alcoyl-raagnésium. Deux faits principaux ont été mis en lu-
mière parles intéressantes recherches de cesavant, et par les récents travaux
de MM. Béhal, Tiffeneau, Valeur et Masson sur le même sujet (-) : d'une
part, l'oxygène du carbonyle CO, des aldéhydes, des acétones et des éthers-
sels se trouve, après l'action finale de l'eau, remplacé par les élémenls
de l'alcool correspondant au radical du composé organomagnésien
(OH-C-R); de l'autre, ce même radical se substitue, ilans les éthers-sels,
au résidu oxyalcoylé uni au carbonyle, en sorte que le groupement ionc-
lionnel devient OH — CR-. On voit que, dans ces deux réactions, le car-
bone et l'oxygène sont seuls intéressés.
» J'ai supposé que le carbone n'était peut-être pas l'élément indispen-
sable auquel l'oxygène devait être nécessairement lié pour que l'attaque fût
possible des substances oxygénées par les dérivés organomagnésiens;
et j'ai immédiatement songé aux composés oxygénés de l'azote, du soufre,
du phosphore, ou autres éléments fournissant des acides oxygénés. Ce qui
suit va montrer la justesse de cette conception.
» A. Soit d'abord le cas de l'azote.
» a. Considérons un éther nitreux, et, pour fixer les idées, la
nitrite d'amyle; représentons-le par la formule généralement admise
0=Az-OC^H". L'action successive de deux molécules d'iodure de magné-
(') Comptes rendus, t. CXXX, CXXXI ; t. CXXXll, p. j36.
(,-) Comptes rendus, t. CXXXII.
C. R., 190J, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 13.) lOb
( 838 )
sium-éthyle et de l'eau doit fournir la diéthylhydrox) lamine (C-H')-AzOH.
C'est effectivement ce qui a lieu en pratique.
)) Le nilrite d'amjle réagit avec une grande énergie sur l'iodure de magnésium-
élhyle. Après avoir décomposé par l'eau le produit de la réaction, on dirige dans la
masse pâteuse un courant de vapeur d'eau; celle-ci entraîne l'éther anhydre ayant
servi à la préparation du dérivé organométallique, l'alcool araylique régénéré, et la
base qui a pris naissance. La base est isolée à l'état de chlorhydrate, qu'on décompose
ensuite par la potasse; on l'extrait par des épuisements répétés à l'éther, on sèche
la solution éthérée sur de la potasse récemment fondue, et l'on rectifie par distillation.
B On recueille ainsi, entre iSioet i35°, sous la pression normale, ou à 47°-5o°
sous iS""", un liquide incolore, d'une odeur vireuse, un peu aromatique, de densité
o,883 à 0°, se congelant en fines lamelles blanches sous l'influence d'un mélange
réfrigérant, pour fondre ensuite vers — io°. La base est très soluble dans l'eau; elle
bleuit franchement le tournesol rougi, et produit des fumées blanches au contact de
l'acide chlorhydrique. C'est un réducteur énergique, qui noircit immédiatement le
nitrate d'argent, précipite eu blanc puis en gris le sublimé, et détermine immédiate-
ment dans les solutions cupriques un précipité jaune qui rougit par la chaleur.
» Ces caractères établissent l'identité de notre base avec la diélhylhydroxylamine
que MM. Dunstan et Goulding ( ' ) ont préparée les premiers en traitant l'hydroxylamine
par l'iodure d'éthyle et qui a été étudiée récemment par M. Lachman (-).
» b. Examinons maintenant un dérivé nitré, par exemple le nitroéthane,
facile à préparer par la niélhode de M. Auger ('). Ecrivons-le C-H'-Az=^.
Traité par deux molécules d'iodure de magnésium-éthyle, puis par l'eau,
il doit donner le composé instable (C-H") 'Az(OH)-, lequel pourra se
décomposer de deux façons différentes: ou bien, perdant une molécule
d'eau, il fournira l'oxyde AzO(C-H')'; ou bien, une molécule d'alcool
s'éliminant, il y aura formation de diéthylhydroxylamine comme dans le
cas d'un éther nitreux. L'expérience montre que c'est surtout la deuxième
réaction qui se produit.
» L'opération étant conduite comme dans le cas du nitrite d'amyle, on obtient un
produit basique qui distille entre iSo" et i5o°. Par rectification, on isole une portion
(132°- 135°), très abondante, qui présente tous les caractères delà diéthylhydroxy-
lamine.
)) c. Les éthers nitriques réagissent également. Le nitrate de mélhyle,
par exemple, qu'il est aisé de préparer sans danger en suivant les indica-
(') Chim. Soc, t. LXXV, p. 8oo.
{^) BericlUe, t. XXXIH, p. 1022.
{'')Bull. Soc. chim. Paris, 1900.
( 839 )
tions de M. Delépine ('), est attaqué violemment par l'iodure de magné-
sium-méthyle.
» Le produit basique obtenu finalement possède une odeur infecte; difficile à
séparer de l'éther qui a servi à son extraction, la majeure partie distille vers ga"; le
mélange bleuit le tournesol et réduit à froid les sels d'argent, de mercure et de
cuivre. Il renferme vraisemblablement de la dimétbvlhydroxylamine, composé encore
inconnu. De nouvelles expériences résoudront la question.
» B. J'ai commencé aussi l'étude des composés oxygénés du soufre. Le
phénylsulfonate de méthyle et le sulfate d'éthvle réagissent énergique-
ment; la décomposition par l'eau est particulièrement violente; il y a
formation de produits sulfurés très volatils, à odeur désagréable.
» En résumé, l'action de l'iodure de magnésium-éthyle sur le nitrite d'a-
myle et sur le nitromcthane m'a fourni dans les deux cas de ladiétlivlhydro-
xvlamine. Les deux réactions seront généralisées. Ces faits précis et les quel-
ques autres expériences que j'ai mentionnées établissent clairement que
les composés oxygénés de l'azote et du soufre réagissent sur les dérivés
organomagnésiens. Il n'est pas douteux que les composés oxygénés acides
des autres éléments ne soient dans le même cas : autant de problèmes
dont il reste à poursuivre la solution (-). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés éthéro-organomagnésiens.
Note de M. E.-E. Blaise.
<( L'idée de remplacer le zinc par le magnésium dans les réactions où
intervient la formation d'un dérivé organométallique appartient à
M. Barbier (^Comptes rendus, t. CXXIH, p. iio). Depuis cette époque,
M. Grignard (^Comptes rendus, t. CXXX, p. i322), faisant réagir des
iodures alcooliques sur le magnésium, en présence d'éther anhydre, a
obtenu des dérivés organomagnésiens, qu'il a utilisés pour la prépara-
(') Bull. Soc. c/iim., t. XIII, p. io44; iSgS.
(-) Cette Note avait été présentée dans la séance du 25 mars. Au moment d'en cor-
riger les épreuves, j'ai été averti que M. Bewad venait de publier (7o«r/i. Soc. Chim,
russe, t. XXXII, p. 420) un Mémoire, non encore résumé dans les périodiques cou-
rants, relatif à l'action, sur les éthers nitreux et sur les dérivés nitrés, des composés
organozinciques; ses résultats avec les éthers nitreux sont analogues aux miens, mais
différents avec les dérivés nitrés.
( 8'.o )
lion des alcools. Mes recherches, sur de nouvelles réactions des dérivés
organométalliques, m'ont conduit moi-même à étudier la nature des déri-
vés magnésiens. Sur ma demande, M. Grignard a bien voulu publier les
résultats obtenus par lui à ce point de vue ('), et je puis indiquer aujour-
d'hui les conclusions auxquelles m'ont conduit mes travaux sur ce sujet.
» Ainsi qu'on le verra, M. Grignard ne me semble pas avoir reconnu
la véritable nature des composés qui se forment lorsque l'on fait réagir les
iodures alcooliques saturés sur le magnésium, en présence d'éther anhy-
dre. Au cours de cette réaction, généralement fort vive, bien que s'amor-
çant d'une façon assez capricieuse, le magnésium entre en dissolution et l'on
obtient un liquide où se déposent lentement quelques flocons grisâtres.
La solution, parfaitement hmpide, mais éminemment altérable au contact
de l'air, ne peut être manipulée que dans une atmosphère d'hydrogène
pur et sec lorsqu'on se propose d'en faire l'étude analytique. Il est évident
qu'elle ne peut renfermer, outre le produit de la réaction, qu'un excès
d'éther et une trace d'iodure alcoolique non attaqué. Le composé formé
est donc facilement isolable.
» Si l'on opère avec l'iodure d'éthyle, par exemple, et si, dans un ballon taré, on
cliaufTe à 45" pendant une heure une petite quantité de la solution éthérée, dans un
courant d'hydrogène sec, sous une pression de 15°"°, on obtient un résidu amorphe,
blanc, dont l'analyse conduit à la formule G'-H5MgI(C»H^)20. La composition de
ce produit est d'ailleurs constante, quelle que soit la durée du chauffage. Enfin, si l'on
opère à des températures croissantes, on constate que celle composition ne se modifie
pas sensiblement entre 45° et loo". Eutre ioo° et i25°, la molécule d'éther s'élimine
progressivement, mais on ne réussit à en chasser les dernières traces que par un
chauffage prolongé, à i3o'* et sous une pression d'hydrogène de i5""°. On arrive à des
résultats encore plus nets avec le bromure d'éthyle, car le produit obtenu, qui répond
à la formule G^H^Br Mg (C-H=^)20 ne perd complètement sa molécule d'éther que
par chauffage à i45°.
» Ces résultats montrent donc que, lorsqu'on fait réagir un dérivé halo-
gène alcoolique sur le magnésium, en présence d'éther anhydre, on
obtient un dérivé éthéré, d'une stabilité remarquable et possédant la
composition RMgX(C-H = ) = 0. Dans ces conditions, l'éther n'est donc
pas un dissolvant banal : il entre lui-même en réaction et la stabilité du
produit obtenu montre qu'il est intimement uni au reste de la molécule.
Si d'ailleurs on cherche à remplacer l'éther par un autre dissolvant, on
{') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 558.
( 84. )
constate que la réaction ne s'effectue plus, toutes conditions étant d'autre
part identiques.
» Mais ce qui met encore mieux en lumière la véritable nature de ces
composés, c'est la formation de produits cristallisés par condensation
avec certains nitriles ; en effet, ces produits renferment tous une molé-
cule d'éther qu'ils ne perdent qu'à température élevée; telssonl les com-
posés ■
^'\CH^ — CH'
p.„=_p-<-^Az[MgBr(C^H^)^Ol
\CH"--CH'
Les dérivés cihéro-organomagnésiens introduisent donc dans les combi-
naisons qu'ils forment leur molécule d'éther, constitutive. M. Grignard lui-
même a eu d'ailleurs entre les mains une combinaison analogue, obtenue
avec l'acétone.
» Il faut noter, en outre, la formation de carbures au cours de la réaction ;
ils résultent de la soudure de deux radicaux alcooliques correspondant au
dérivé halogène d'où l'on part; c'est ainsi que l'iodure d'isobutyle et
l'iodure d'isoamyle donnent de petites quantités de tiiisobutyle et de
diisoamyle. Enfin, il faut remarquer que les dérivés halogènes secondaires
conduisent en général à de mauvais résultats. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Une nouvelle synthèse de l'aniline.
Note de M. George-F. Jaiibert.
« Dans la dernière séance de la Société de C'iimie de Genève, M. Graebe
ayant signalé en quelques mots ses recherches sur la condensation directe
des hydrocarbures aromatiques de la série du benzène, naphtalène, etc.,
avec l'hvdroxylamine, j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie le résultat
d'essais préliminaires que je poursuis dans celte même direction et qui
ont abouti au même résultat.
» Le but à atteindre était la synthèse des aminés aromatiques d'après
l'équation
C° H" -h AzH-OH = C'H'AzH' + H»0.
( 842 )
Comme moyen de condensation, j'ai utilisé le chlorure de zinc, l'anhydride
sulfuiique et le chlorure d'aluminium. Ce dernier seul m'a conduit à un
résultat.
» Le mode opératoire a été le suivant :
» Dans un tube à essai, on chauffe directement sur un bec Bunsen quelques cenli-
mètres cubes de benzène ou de toluène (c'est avec cet hydrocarbure que la réaction
réussit le mieux) avec quelques cristaux de chlorhydrate d'hydroxylamine et un peu
de chlorure d'aluminium. Il se dégage bientôt des torrents de gaz chlorhydrique et la
masse prend une coloration brun verdàtre. Dès que le dégagement de gaz chlorhy-
drique a cessé, ou reprend par l'eau acidulée d'acide chlorhydrique et l'on filtre sur
un filtre mouillé pour séparer l'excès de toluène.
» La solution filtrée contient du chlorhydrate de paratoluidine; on s'en assure en
ajoutant quelques gouttes de nitrite de soude, pour diazoter l'aminé aromatique, et
l'on copule le diazo avec le sel R en solution ammoniacale. On observe aussitôt la belle
coloration rouge du colorant azoïque bien connu que donne la paratoluidine avec
l'acide p-naphtoldiîulfonique R.
» Cet essai, répété un nombre de fois considérable et dans les condi-
tions les plus variées, ne m'a jamais donné de rendement satisfaisant. De
même, les tentatives faites avec l'anhydride sulfurique comme condensant
et le sulfate d'hydroxylamine, d'après l'équation
C''^^-^OHAzH^ SO*H=+SO' = C•'H=AzH^ SO*HN-SO'H='
tentatives qui auraient dii conduire directement au sulfate d'aniline ou à un
acide sulfonique de cette aminé, n'ont donné aucun résultat.
» Néanmoins, étant donné le faible poids moléculaire de l'hydroxvl-
amine et le bas prix de revient du chlorhydrate de cette base qui, utilisé
il y a quelques années dans l'industrie des matières colorantes, ne revenait
qu'à i*^"^, 5o le kilogramme, il est permis d'espérer que, une fois les condi-
tions de rendement déterminées, celte synthèse pourra, dans certains cas,
rendre des services pour la préparation des aminés aromatiques. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le mécanisme des réactions lipolytiques . Note de
M. M. Haxriot, présentée par M. Arm. Gautier.
« Dans une précédente Communication j'ai montré que l'on peut
interpréter le dédoublement des graisses par la lipase, en admettant que
celle-ci joue le rôle d'une base faible susceptible de se combiner avec
l'acide contenu dans la graisse; il faut, en outre, que le sel formé soit
( 843 >
aisément dissociable en régénérant l'acide, d'une pari, et la lipase de
l'autre.
» Or, en Chimie minérale, nous connaissons un certain nombre d'oxydes
doués de telles propriétés. Tels sont, en particulier, les sesquioxydes de
fer et d'aluminium, susceptibles de s'unir avec les acides organiques en
formant des sels instables aisément dissociables.
M Je me suis assuré que ces oxydes, à dose minime, se comportent
comme des ferments lipolytiques.
1) J'ai essayé l'action d'un grand nombre de sels et d'oxydes métalliques, en opérant
toujours de la façon suivante : J'introduisais dans lo" de butyrine un certain nombre
de gouttes (i à 20) d'une solution du sel métallique à essayer, renfermant M'' de métal
par litre. La quantité de métal ajoutée dans ces flacons variait donc de o'"6'',o5 à i"S''.
Je neutralisais exactement par le carbonate de sodium (la phlaléine servant d'indica-
teur) et je chaull'ais à l'étuve en même temps que deux témoins, formés, l'un de buty-
rine pure, l'autre du sel métallique sans butyrine.
» Si l'on chaufl"e à la température de 35°, la butyrine témoin varie à peine, et les
sels métalliques ne varient aucunement; au contraire, la solution qui les renferme à
la fois s'acidifie, et l'acidilé est exprimée comme je l'ai indiqué à propos du dosage
de la lipase.
» Le fer, l'aluminium, le zirconium se sont montrés les plus actifs, tandis que le
calcium, le manganèse, le zinc, le nickel, l'acide arsénieux ne déterminent aucune
réaction à condition qu'ils soient bien exempts de fer et d'alumine; mais il suffit d'une
petite quantité de ces métaux pour leur communiquer une activité remarquable.
» Voici les nombres obtenus dans une expérience faite à 35° :
Témoin. Fer. Al. Zr. Zn. Ni. Ca.
0"8»,5. l"g'. I"S'. I»S'. i"g', i^g». i~«'.
i^ 2 7 8 3 3 2 2 I
i''3o"'... I 7 10 5 7 I 2 G
i^ I 5 10 4 3 2 I o
i''3o'". . . 2 78 5 5 I 2 I
» Si l'on opère à la température de 100°, la saponification de la butyrine témoin
devient considérable, et il ne faut alors tenir compte que de la différence des quan-
tités d'acide formées en présence ou en l'absence des sels métalliques essayés. C'est
celte différence que nous avons inscrite dans le Tableau suivant :
Fe. Al.
o"e%5.
45°' 6
ih 6
Se"" 7
i^'io" 7
So" 3
So"- 5
30" 4
"S'.
i~«',
II
5
i5
10
7
4
i3
9
6
I
8
3
0
I
( 844 )
)) Les résultats obtenus indiquent évidemment une action faible par rapport à celle
de la lipase, mais il importe de remarquer que, dans ces expériences, le métal est à
l'état de carbonate insoluble et n'a, par conséquent, que peu de points de contact
avec la butj'rine; la même raison explique le défaut de proportionnalité entre l'efiet
produit et la quantité de métal introduit dans la liqueur.
>) Du reste, l'examen des témoins formés de sels métalliques seuls révèle une
cause d'erreur considérable qui vient diminuer les résultats obtenus à ioo°. Si l'on
neutralise exactement par le GO'Na^ une solution de chlorures d'aluminium ou de
fer, puis qu'on les porte à ioo°, on voit, au bout de peu de temps, la solution devenir
fortement alcaline. Je me suis assuré directement que la quantité de carbonate de
soude nécessaire pour obtenir la neutralité est bien supérieure à celle qu'exigerait la
double réaction, en sorte que le précipité est un véritable aluminate ou ferrate de
soude. A ioo°, celui-ci se décompose, donne de l'alumine ou de l'oxyde de fer et de la
soude qui vient masquer l'acide formé par le dédoublement de l'éther.
» En opérant à 35°, les oxydes gardent pendant plusieurs jours leur propriété
dédoublante sans affaiblissement marqué, tandis qu'à loo" cette propriété se perd,
très rapidement pour l'alumine, moins rapidement pour l'oxyde de fer. Les oxydes
ont subi à loo" une sorte de coagulation, ce qui rapproche encore leur action de celle
de la lipase naturelle.
» Si l'on maintient le fer ou l'alumine en dissolution au moyen d'un tartrate ou d'un
citrate, l'activité de la solution se trouve augmentée, mais les expériences ne doivent
être que de courte durée et surtout il importe de ne pas chauffera ioo°. Le citrate
double de fer et de potassium devient rapidement acide, tandis que le citrate neutre
de potassium maintenu à ioo° laisse dégager de l'alcali.
» II faut donc étudier cette réaction en l'absence des acides organiques.
» Les expériences précédentes ne permettent évidemment i)as d'af-
firmer que la lipase soit im sel de fer; voici cependant quelques considé-
rations qui concorderaient avec cette hypothèse:
» 1° Le sérum renferme peu do fer (oK^oII d'après Bunge par litre);
or, si l'on précipite les globuUnes par des quantités ménagées de sulfate
d'ammoniaque, le fer et la lipase s'accumulent ensemble dans les pre-
mières portions.
» 2° Si l'on agite du sérum avec de la poudre de zinc qui convertit les
sels ferriques en sels ferreux, le pouvoir lipasique diminue; il revient par
agitation du sérum avec l'air.
)) 3° La disparition de la lipase pendant la dialyse, sa destruction par
les acides et sa régénération par les alcalis s'accorderaient avec l'hypothèse
de la lipase constituée par un sel ferrique à acide faible. Il faut toutefois
mentionner que l'addition de sel ferrique au sérum privé de lipase par dia-
lyse n'a pas suffi pour y ramener la propriété lipolytique.
» 4° Bunge a signalé dans l'œuf un pigment ferrugineux, l'hématogène.
( 845 )
J'ai pu constater que ce corps est doué de propriétés lipasiques assez éner-
giques, ce qui semble bien établir une corrélation entre la présence du fer
et les propriétés lipolytiques. »
ANATOMIE ANIMALE. — Siir l'organisation interne du Pleurotomaria
Beyrichii Hilg. Note de MM. E.-L. Bouvier et H. Fischer, pré-
sentée par M. Edmond Perrier.
« Dans une Note présentée à l'Académie le 1 1 mars dernier, nous avons
étudié la chambre palléale et l'appareil respiratoire fort suggestifs du Pleu-
rotomaria Beyrichii; les observations que nous résumons aujourd'hui sont
relatives aux autres organes du même animal, surtout au tube digestif et
au système nerveux.
)) Le tube digestif du PL Beyrichii ressemble à celui des autres Proso-
branches diotocardes par la position de son appareil raduiaire, par la
structure et la situation des deux mâchoires et par les rapports anatomiques
de l'intestin terminal qui traverse le ventricule cardiaque. Contrairement
à ce que M. Dali a observé dans le Pi. Quoyana, son bout anal n'est pas
libre, ne s'atténue pas et se trouve fort loin du bord palléal ; il est d'ailleurs
infiniment plus éloigné des orifices rénaux, mais nous ne croyons pas que
ce caractère soit le résultat d'une différence spécifique, car M. Dali a pris
pour des reins le réseau respiratoire très anfractueux des Pleurotomaires,
et les orifices qu'il tient pour rénaux représentent vraisemblablement la
lumière (mise en évidence par déchirure) du volumineux sinus qui con-
duit le sang aux anfractuosités du plafond respiratoire.
» L'intestin terminal du Pleurotomaire que nous étudions présente une
anse remarquable : il s'avance très loin en avant, au-dessus de l'œsophage,
juste à gauche du rein droit qui, en ce point, s'étend aussi très loin en
avant et se trouve divisé en deux étages comme chez les Mollusques lamel-
libranches. La partie contiguë de l'œsophage se fait remarquer par de
nombreuses anfractuosités latérales et par deux séries de bourrelets, l'une
dorsale, l'autre ventrale, qui comprennent chacune un raphé médian assez
élevé et une paire de replis symétriques moins saillants. Dans toute cette
région, qui occupe au moins les deux tiers de la longueur de la cavité in-
térieure du corps, l'aorte (dont les parois sont remarquablement faibles)
est accolée au côté gauche de l'œsophage.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 13.) 1 09
( 846 )
» En avant de l'anse rectale, l'œsophage s'élargit et se tord de i8o°, de
sorte que son bourrelet ventral devient franchement supérieur et son
bourrelet dorsal franchement inférieur. En même temps s'atténuent et
disparaissent les raphés médians de ces bourrelets, pendant que s'élèvent
et progressent considérablement leurs replis latéraux; les bords libres de
ces derniers finissent par s'affronter; ils s'engainent l'un dans l'autre et
forment ainsi un canal médian qui sépare nettement les vastes anfrac-
tuosités latérales des parties antérieures de l'œsophage. Ces anfractuo-
sités correspondent aux poches œsophagiennes que M. Amaudrut a si-
gnalées dans les autres Diotocardes, et qui se retrouvent chez les Chitons
sous la forme de poches glandulaires. Mais les poches œsophagiennes des
Pleurotomaires sont beaucoup moins isolées du reste de l'œsophage que
celles des animaux précédents et, de la sorte, nous paraissent se présenter
à un état plus primitif. En tous cas, l'aorte des Pleurotomaires a suivi la
torsion de la partie antérieure de l'œsophage et passe en écharpe de gauche
à droite au-dessus de cette dernière. De chaque côté du plafond buccal, en
dehors des deux aires circonvolulées que présente en dedans celui-ci, on
voit une paire de petites poches buccales à l'extrémité postérieure des-
quelles s'ouvrent les conduits salivaires. Ces poches étant beaucoup moins
développées que celles des autres Diotocardes, nous les considérons,
de même que les poches œsophagiennes, comme étant à un stade primitif.
» Le système nerveux du PL Beyrichii est à peu près identique à celui
du PL Quoyana, mais nous avons pu en faire une étude bien plus com-
plète. Ses caractères essentiels sont les suivants: i" L'absence de toute
différenciation dans les ganglions palléaux, qui restent concrescents, sur
toute leur longueur, avec les cordons pédieux. Comme nous l'avons établi
antérieurement, cet état est celui que présenteraient des Chitonidés, dont
les cordons palléaux seraient devenus concrescents avec les cordons pé-
dieux; 2° L'origine de la commissure viscérale sur les connectifs cérébro-
palléaux et non, comme chez les autres Diotocardes, sur les cordons gan-
glionnaires palléaux. Cette disposition curieuse paraît être la conséquence
des modifications qu'ont subies les ancêtres chitoniformes des Gastéro-
podes pour se transformer en Pleurotomaires ; la commissure viscérale de
ces derniers sert de point de départ à tous les nerfs palléaux et viscéraux
qui, chez les Chitons, se détachent des cordons palléaux; elle a simplement
conservé, à quelques déplacements près, le point de départ cérébroide
qu'avaient les cordons palléaux chez les ancêtres chitoniformes du groupe;
( 8/,7 )
3° Le développement d'un ganglion très volumineux à la naissance du
cordon nerveux, appelé osphradium, qui côtoie le bord de la pointe libre
des branchies. Ce ganglion représente, pour une part, le point d'origine
des nerfs palléaux; il est nécessité par l'importance des nerfs palléaux
issus de la commissure viscérale; 4° I^e très faible développement des
nerfs palléaux secondaires, c'est-à-dire des troncs nerveux qui se rendent
au lobe du manteau situé du même côté que le point d'origine de la
branche commissurale d'où ils partent. Ces nerfs ne participent pas à la
torsion de la commissure viscérale ; à mesure qu'on s'élève dans l'ordre
des Prosobranches, ils deviennent de plus en plus volumineux, en même
temps que se réduit, jusqu'à disparition complète, le ganglion situé à la
base de l'osphradium; 5° Le grand développement des nerfs palléaux
primitifs, c'est-à-dire des troncs nerveux qui se rendent au lobe palléal
opposé au point où a pris naissance la branche commissurale d'où ils
partent. Ces nerfs représentent certainement les troncs nerveux palléaux
de l'ancêtre chitoniforme. Le plus fort d'entre eux se détache de la base
de l'osphradium, à une faible distance du gros ganglion signalé plus haut;
il se rend dans la partie avoisinante du manteau et, comme ce dernier
ganglion, disparaît progressivement à mesure que se développent, chez
les autres Prosobranches, les nerfs palléaux secondaires.
» Le rein gauche et le rein droit sont tous deux très développés, mais le
premier a une structure toute spéciale qui rapproche les Pleurotomaires
des Diotocardes hétéronéphridiés. »
ZOOLOGIE. — La variation sexuelle chez les mâles de certains Coléoptères
appartenant à la famille des Bostrychides; la pœcilandrie périodique. Note
de M. P. Lesne, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les Coléoptères de la famille des Bostrychides constituent un groupe
nettement délimité, assez étroitement apparenté à celui des Anobiides, et
dans lequel l'adaptation au régime xylophage atteint un haut degré de
perfection. Ayant entrepris une étude d'ensemble de ces Insectes, nous
avons constaté (') chez plusieurs d'entre eux l'existence de phénomènes
(') P. Lesne, Révision des Coléoptères de la famille des Bostrychides, iroisièine
Mémoire (^Annales de la Société entomo logique de France; 1898).
( 848 )
très singuliers de variation sexuelle dont nous nous proposons, dans la
présente Note, de donner une interprétation.
)) Les genres Boslrychopsis, Schistoceros et Heterobostrychus comprennent des
groupes d'espèces où le dimorphisme sexuel affecte à la fois d'une façon très marquée
la tête, le prolhorax et les élytres. Chez le mâle, le front reste normalement convexe
et presque glabre," tandis que chez la femelle il se relève en bosse ou en carène et se
recouvre d'une pubescence serrée ou se hérisse de poils spinuleux. Par contre, le pro-
thorax du mâle se prolonge en cornes aux angles antérieurs, et le pourtour de la dé-
clivité apicale de ses éljlres se munit de côtes, de tubercules, d'apophyses ou de
crochets, alors que les mêmes parties sont simples chez la femelle.
» Or, si l'on étudie de longues séries de spécimens appartenant à certaines espèces
des genres précités ('), on est frappé d'y rencontrer des individus à caractères mixtes,
dont la tète et le prothorax ressemblent de tous points à ceux des femelles, tandis que
les élytres ne diflfèrent pas de ceux des mâles. L'examen de l'armure génitale de ces
formes aberrantes apprend qu'elles appartiennent, en réalité, au sexe mâle. On peut
les désigner sous le nom de mâles hérnigynes.
» Le mode de variation de certains Bostrychopsis mâles (Z?. parallela, B. unci-
nata) rend compte du processus suivant lequel s'est développé très vraisemblable-
ment ce curieux polymorphisme.
» Il est assez fréquent, en effet, d'observer des individus mâles du Boslrychopsis
parallela dont la tête est semblable à celle de la femelle et dont le prothorax, moins
notablement modifié, a perdu seulement ses cornes antérieures tout en conservant ses
grandes dimensions. Le plus souvent les élytres ne sont aucunement modifiés chez
ces mâles; mais quelquefois les saillies latérales de leur déclivité postérieure s'effa-
cent. Dans un type plus éloigné du mâle normal, non seulement la tête, mais aussi le
prothorax prend tous les caractères de celui de la femelle et les élytres ne gardent
que des vestiges de leurs côtes en saillie.
» Chez le Boslrychopsis uncinala, on ne connaît pas encore de formes intermé-
diaires entre le mâle hétéromorphe et le mâle hémigyne; mais on constate l'existence
d'individus mâles qui ne diffèrent extérieurement des femelles que par des particula-
rités minimes dans la sculpture de la déclivité apicale des élytres.
» Examinant ces faits au point de vue phylogénique, il semble donc
que les mâles des Bostrychopsis dont nous parlons, après avoir acquis des
caractères sexuels secondaires très accentués, soient sujets à subir une
évolution spéciale au cours de laquelle les différentes parties de leur
(') Boslrychopsis tonsa Imh., B. parallela Lesn., B. uncinala Germ., B. tri-
morpha Lesn., Schisloceros nialayanus Lesn. et aussi Heleroboslrychus pileatus
Lesn. et//, unicornis Wat.
( 849 ^
corps revêtent successivement les caractères de la femelle. La tête, la
première, se transforme {stade gynécocéphale)^ puis le prothorax {stade
hémigyne), puis les èlytres {stade homéomoi-phe) .
» Cette conception du polymorphisme des mâles s'applique également
aux Schùtoceros et Heterobostrychus cités plus haut. Elle trouve un appui
dans ce fait que, chez certaines espèces où le mâle ne varie que dans des
limites très étroites, ce mâle se trouve fixé soit au stade gynécocéphale
{Bostrychopsis laminiferl^esn.), soit au stade hémigyne {Schistoceros hima-
culatus 01.).
» D'ailleurs, en dehors de la famille des Bostrychides, le même mode
de variation sexuelle paraît se retrouver dans le groupe des Staphylinides
{Staphylinus fuh'ipes Scop.) ('), et, parmi les Hyménoptères, dans la
famille des Chrysidides {Cleptes pallipes Lep.) (-).
» Il convient de séparer nettement l'ensemble de telles particularités
des autres cas de pœcilandrie tendant vers l'homéomorphisme ou dérivant
de cet état. A l'inverse de la pœcilandrie de stature offerte par tant de
Lucanides, de Scarabéidescoprophages, deDynastines, d'Anthribides, etc.,
de la pœcilandrie chromatique des Lycœna et de VHylecœtus dermestoides,
de \n pœcilandrie d'âge des Libellida, celle-ci présente ces caractères parti-
culiers d'affecter grandement la conformation extérieure du corps sans
être accompagnée de phénomènes de développement corrélatif et sans se
trouver sous la dépendance de la taille acquise par l'organisme. Dans sa
première phase, ce mode de variation accumule chez un même individu
les différenciations propres à l'un et l'autre sexe. Il met en outre en évi-
dence d'une façon remarquable l'autonomie de certains segments du
corps. Des recherches ultérieures apprendront s'il faut le rapprocher des
faits qui ont été désignés par M. le professeur Perrier sous le nom de
phénomène d' adaptation réciproque ('), par M. le professeur Giard sous
celui de castration parasitaire; toutefois on ne peut en chercher l'origine
dans des phénomènes d'arrêt survenus au cours de l'ontogenèse. Nous lui
(') Mâle aberrant possédant des tarses antérieurs semblables à ceux de la femelle
(E. Abeille de Perrin in tilt. ).
(*) Mâle aberrant possédant une tète, des antennes et des ailes antérieures sem-
blable à celles de la femelle (var. androgyna R. du Buysson, Spec. des Hym. d'Eiir.,
t. VI, p. 700).
(^) Colonies animales, p. 284-710.
( 85o )
donnerons le nom de pœcilandrie périodique, pour rappeler son processus
de variation par stades successifs ('). »
ZOOLOGIE. — Sur la ponte des Troques. Note de M. A. Robert,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
n J'ai déjà signalé l'existence de deux sortes de pontes dans le genre
Trochus, et indiqué que les espèces Tr. granulatus Born et Tr. striatus L.
produisaient des pontes agglomérées, tandis que les espèces Tr.'magus L.
et Tr. cinerarius L. émettaient leurs œufs isolément.
» J'ai constaté à RoscofF, pendant l'été de 1900, que les espèces Tr. co-
nuloïdes Lara, et Tr. exasperaiusVenn. devaient être rapprochées du premier
groupe à ponte agglomérée. J'ai pu obtenir en effet le développement à
peu près complet de Tr. conuloïdes soit dans les bacs-filtres à fond de sable
(')
Tableau des mâles aberrants étudiés par l'auteur :
Nom de l'espèce.
Nombre
Stade de la variation, d'individus.
Bostrychopsis tonsa Imhof cf hémigyne.
Collections auxquelles
appartiennent les individus
mentionnés.
Muséum de Paris; Coll. R.
Oberthur.
Lesne cf gynécocéphale.
uncinata Germ .
» trimorpha Lesne..
Schistoceros malayanus Lesne. . .
Heleroboslrychus pileatus Lesne.
cf hémigyne.
cr* hémigyne.
cr' homéomorphe.
o' hémigyne
(f hémigyne.
çf hémigyne.
» unicornis Wat cf hémigyne.
fréquents Muséum de Paris; Musée de
Berlin; GolL G. -A. Baer;
Coll. L. Bedel; Coll. L.
Fairmaire.
1 Coll. R. Oberthur.
3 Muséum de Paris; Naturhis-
torisches Hofmuseum de
Vienne; Musée civique de
Gênes ; Coll. R. Oberthur;
Coll. E. Abeille de Perrin.
3 Musée civique de Gênes ;
Coll. R. Oberthur.
2 Muséum de Paris; Coll. R.
Oberthur.
I Muséum de Paris.
I GolL R. Oberthur.
I Brilish Muséum.
( 85i )
imaginés par M. Boutan, soit dans un autre genre de bac, dont le fond est
formé d'une plaque de grès poreux.
» Tr. conuloïdes produit un long cordon cylindrique atteignant o™,3o et o^jSS et
fixé assez imparfaitement aux algues ou aux parois de l'aquarium. Cette ponte est
tout à fait semblable à celle de Tr. granulatus. Dans celle de Tr. exasperatus. un
chapelet d'oeufs est noyé dans une masse glaireuse ovoïde de 2'^™ à 3'=™ de grand axe,
qui est fixée aux feuilles de zostère ou aux parois des bacs, absolument comme celle
de Tr. striatus.
» On sait depuis les travaux de M. Pelseneer que les produits génitaux sont versés
dans le rein droit. J'ai constaté en effet, chez Tr. magtis. que les œufs étaient émis-,
non encore fécondés, par l'orifice de cet organe; de là les produits génitaux tombent
dans la cavité palléale, et ils sont rejetés au dehors par une sorte de siphon, formé
du côté droit par la partie antérieure de l'épipodiura. Dans ce mouvement, ils passent
contre le tentacule oculaire droit : le tubercule qu'on observe à la face inférieure de
cet organe, et qui a été longtemps pris pour un pénis, est un organe sensoriel en rap-
port avec cette émission des produits génitaux.
» M. Remy Perrier, en 1889, a signalé l'existence, sous le canal excréteur du rein
droit de certains Troques, d'un renflement en forme d'ampoule, dont l'épithélium
interne est rempli de cellules à mucus. Ce renflement marque chez Monocio/ita mono-
don (sans doute Tr. crassus Pult.), où ce renflement est, en effet, absent. De son côté,
M. Bêla Haller, en 1894, remarquait cette même ampoule, qu'il appelait utérus, chez
Tr. zizyphinus, et observait que le canal correspondant était beaucoup plus étroit
chez le mâle que chez la femelle.
» En réalité, ce renflement n'est pas autre chose que la glande qui sécrète la glaire
des pontes. Il n'existe, en effet, que chez les femelles des espèces à pontes agglomérées.
Chez Tr. conuloides, par exemple, le canal excréteur du rein droit, arrivé au niveau
du ganglion viscéral et de la veine palléale transverse, se renfle brusquement en un
organe d'un blanc mat, situé à droite du rectum, au plafond de la cavité palléale. Gel
organe possède une forme très analogue à celle du rein gauche et atteint à peu près le
même volume au moment de la ponte. Ses parois très épaisses renferment d'énormes
cellules à mucus.
» Chez le mâle, l'uretère est très court et étroit, et les orifices des deux reins sont
assez rapprochés l'un de l'autre. C'est cette dernière disposition que l'on observe chez
les deux sexes dans le cas d'animaux à œufs libres, comme Tr. magus, par exemple.
L'absence de renflement glandulaire chez les femelles de Tr. crassus et Tr. turbinatus
nous autorise à penser que ces animaux pondent leurs œufs isolément. Il semble donc
que le sous-genre Zizyphinus Leach, dont font partie Tr. zizyphinus, Tr. conu-
loïdes. Tr. striatus et Tr. exasperatus, a des pontes agglomérées, tandis que le sous-
genre Gibbula Leach, auquel appartiennent Tr. magus et Tr. cinerarius, et le sous-
genre TrochococJilea Klein, qui renferme Tr. crassus et Tr. turbinatus, émettenl
leurs œufs isolément. »
( 852 )
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la valeur comparée des solutions salines
ou sucrées, en Tératogenèse expérimentale. Note de M. E. Bataillon,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Après les larçes lithiques d'Echinodermes (Herbst) on a décrit, chez
les Amphibiens, des embryons au sel (Hertwig) (' ), des embryons lithiques
(Gurwitsch) (-), etc. Ces dénominations semblent attribuer à chaque solu-
tion employée une valeur spécifique qui resterait à définir. C'est en effet
l'idée à laquelle arrive Gurv^^itsch à la suite de tentatives variées portant
sur les œufs de Rana et de Bufo.
» J'ai multiplié les expériences sur la R. temporaria en m'attachant à
trois facteurs négligés dans les recherches antérieures : pression osmotique
des liquides utilisés, température, degré de maturation des œufs.
» I. En tenant compte des poids moléculaires M, et des coefficients isotoniques, j'ai
pris pour base les solutions suivantes :
KAzO' 2M pour loooo
NaCl 2 M pour loooo
KCl 2 M pour 10 000
LiCl 2M pour loooo
NaBr 2 M pour loooo
Sucre de canne. 2M( ' ) pour loooo
(ÂzIP)2HP0\. 2M{|)pour loooo
» De là j'ai tiré, pour chaque substance, 4 dilutions comparables :
» a. 5 parties de la solution type pour 5 d'eau.
» b. 6 parties de la solution tjpe pour 4 d'eau.
« c. 7 parties de la solution tjpe pour 3 d'eau.
n d. 8 parties de la solution type pour 2 d'eau.
» Les résultats qui suivent se rapportent à une température voisine de 20° (optimum
de développement) et aux deux groupes d'anomalies soulignés par Hertwig et Gur-
witsch : hernie vitelline par un large anneau blastoporique, non-fermeture delà gout-
tière, nerveuse (anencéphalie).
» Les troubles de la gastrulation et la hernie de l'hémisphère vitellin s'obtiennent
régulièrement orcec toutes les solutions c. Dans les solutions b, le recouvrement est
(') O. Hertwig, Beilràge zur experimenlellen Morphologie und Entwickelungs-
gesckichle I {Archiv. f. Mik. Anat., t. XLIV).
C) A. Gurwitsch, Ueber die formative Wirkung des verdnderten chemischen
Médiums auf die embryonale Entwickelung. Versuche arn Frosc/i und Krôtenei
{Arcli.J. Entw. Mech,, t. 111).
( 853 )
plus accusé, quoique incomplet. Les embryons arrivent à l'éclosion avec un hlastopore
ouvert et un bouchon vitellin saillant. C'est là que les troubles de la deuxième caté-
gorie (système nerveux), s'observent le mieux. Dans les solutions faibles (a) le recou-
vrement est complet; dans les solutions les plus concentrées (d), le stade morulaire
n'est pas dépassé. Gurwitsch n'a rien obtenu avec NaBr, parce que ses solutions les plus
fortes ( I pour loo) sont insuffisantes. Les dilTérences qu'il relève entre LiCl et NaCI,
l'énergie moindre des bromures et iodures, sont simplement fonction des poids molé-
culaires. Ses résultats insuffisants avec le glucose, son échec avec les azotates et les
phosphates, s'expliquent facilement par des considérations de même ordre.
» Les troubles de la région nerveuse ne sont pas davantage propres à telle ou telle
substance. L'ouverture persistante de la gouttière, en particulier vers l'ébauche encé-
phalique, s'obtient aussi bien avec le sucre, l'azotate de potassium qu'avec NaCl
ou NaBr. Il y a plus : la statistique des embryons éclos dans les solutions h (NaBr,
par exemple) montre, dans le même milieu, toutes sortes d'irrégularités; si bien que
X'aiiencéphalie, au lieu d'être la règle (Gurwitsch ), peut apparaître comme l'exception.
Le système nerveux est ouvert sur toute son étendue ; ou bien il n'y a soudure que dans
la région nuchale; ou bien l'ouverture ne porte que sur la région posl-nuchale : et ce
sont les cas qui prédominent.
)i n. Un facteur qui peut entraîner bien des divergences, c'est la température. Des
lots sortis de la même fécondation et plongés dans les mêmes solutions sont portés à
trois températures différentes : 20°, i5° et 10°. Les solutions c à i5°, au lieu des gas-
trulations anormales avec anneau équatorial telles qu'on les observe à 20°, donnent le
recouvrement complet; et il faut arriver aux concentrations rfpour observer le pro-
lapsus.
» Chose curieuse, cette résistance ne s'accuse pas à la température plus basse de 10°.
Pour la concentration d, il y a destruction au stade morulaire. Il en est de même
pour la plupart des œufs c, dont quelques-uns seulement montrent la gastrulation
équaloriale et les bourrelets médullaires. Le système nerveux ne se ferme pas. Donc,
si le développement est très rapide vers 20» ou 21°, conformément aux indications
d'Hertwig ('), la résistance aux solutions déshydratantes a son maximum à une tem-
pérature plus basse et comprise entre 20° et 10°.
» Laissant provisoirement de côté toute interprétation, je ne m'arrête pas aux varia-
tions corrélatives de durée, pour souligner uniquement l'identité des résultats à chaque
température dans les solutions isotoniques.
1) Voici d'autres expériences qui relèvent mieux encore le principe physique. Im-
mergeons des œufs fécondés dans des solutions isotoniques plus fortes (9 parties de la
solution type pour i partie d'eau), et restituons-les au milieu normal aa bout de cinq
ou six heures. Les effets de la déshydratation vont persister suffisamment pour gêner
la fermeture du blastopore; et les larves, même à l'éclosion, montreront toutes les
formes et tous les degrés d'anomalies : prolapsus du vitellus au-dessous du bour-
(') O. Hertwig, Ueber den Einfluss der Tentperalur auf die Enlwickelung von
Ranafusca undVi. esculenta {Arch.f. Mik. Anat., t. LI).
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 13. > IIO
( 854 )
geon caudal ; prolapsus dorsal, soit entre les deux bourrelets, soit à droite, soit à
gauche de l'ensemble; fermeture incomplète et irrégulière delà gouttière nerveuse.
» Conclusion. — Les dénominations : embryons au sel, embryons lithiques
ne correspondent à rien de spécifique ; il est donc inutile d'ajouter à la série
des embryons au sucre, au bromure, à l'azotate ou au phosphate. Des so-
lutions isotoniques convenables calculées a priori déterminent les mêmes
troubles de l'évolution dans la région du blastopore. Quant à la non-fer-
meture du tube nerveux, elle montre tous les degrés et toutes les irrégu-
larités possibles avec le i^ême élément. Uaclion téralogène des substances
emplovèes est en rapport avec la plasmolvse qu'elles engendrent; elle est
mesurée par \t\xv poids moléculaire et leur coefficient isotonique.
» \1 optimum, de développement ne concorde pas avec le maximum de rési-
stance aux solutions plasmolysantes. Ce maximum paraît être au voisinage
de i5° pour l'œuf de R. temporaria.
» Au-dessus et au-dessous de cette température, les anomalies de la ré-
gion blastoporique s'obtiennent avec des concentrations plus faibles.
» L'inertie du pôle végétatif (Hertwig) constitue le trouble initial : le
prolapsus du vitellus par un large blastopore en est la conséquence. Mais
à chaque température, toutes les solutions isotoniques se comportent de la
même manière.
» Un argument topique à opposer aux partisans de la spécificité, c'est
Vaction à distance des solutions fortes applicables appliquées seulement
quelques heures au début de l'évolution. Si l'on comprend que les effets
de la déshydratation persistent, comment admettre une action chimique
délétère emmagasinée qui permettrait le développement de l'ébauche, et
ne s'accuserait sur telle région qu'après une certaine différenciation?
» Ija spécificité ne peut entrer en ligne de compte que secondairement,
avec l'envahissement et la destruction plus ou moins rapide des parties
mortes.
» J ai laissé de côté le degré de maturation des œufs, qui mérite un
examen à part. Les résultats importants qui s'y rattachent intéressent, non
seulement la tératogénie, mais les problèmes généraux de la fécondation
et de la morphogenèse. »
( 855 )
HISTOLOGIE. — Sur l'origine des parasomes ou pyrènosomes dans les cellules
(le ta glande digeslive de l'Ecrevisse. Note de M. P. Vigier, présentée par
M. Joannes Cliatin.
« Il existe clans les cellules en activité de la glande digestive de l'Ecre-
visse, au voisinage du noyau ou dans la zone intermédiaire au noyau et à
la surface libre de l'élément, un ou plusieurs corps, généralement splié-
riques, décrits par Nussbaum, en 1881, sous le nom de Nebenkern, et assi-
milés par cet auteur aux formations analogues que l'on observe dans un
certain nombre de glandes, en particulier dans le pancréas des Vertébrés.
» Aux noms de Nebenkern, paranucleus, noyau accessoire, qui servent
encore à désigner ces corpuscules, bien qu'ils n'aient ni la structure, ni
le rôle d'un novau, nous préférerons celui de parasome, proposé par
Henneguy, ou mieux, en raison de leur origine nucléolaire, celui àe pyré-
nosome.
» I^our reconnaîlre l'orijjine des parasomes chez l'Ecrevisse, il convient de fixer la
glande digestive deux ou trois jours après l'ingestion d'aliments. On sait, en effet,
qu'il existe un rajiport constant, bien défini pour le pancréas des Vertébrés, et déjà noté
par Nussbaum pour l'iiépalopancréas de l'Ecrevisse, entre la présence de ces corpus-
cules et la régénération du produit de sécrétion. Après fixation par le liquide de
Zenker et colorations variées, notamment par l'hématoxyline et l'orange, les cellules
glandulaires présentent un noyau globuleux, ou ovalaire, dans lequel on distingue des
grains de chromaline irréguliers, disposés aux points nodaux d'un réseau grêle et peu
colorable de linine. Quelques-uns de ces grains (i à 4)> souvent plus volumineux et
situés dans la prot'ondeur du noyau, sont appliqués à la surface d'une sphère réfrin-
gente, nettement délimitée par une fine membrane, et colorable par les colorants
acides : ce corps globuleux est le nucléole, absolument comparable au nucléole vrai
des autres cellules. Lônnberg et vom Rath ont décrit ce nucléole comme un nucléole
double, formé de deux, quelquefois trois sphères accolées, se colorant difiéremment; la
sphère pâle serait, pour Lônnberg, un JVebennucleolus (nucléole accessoire), alors qu'en
réalité elle représente à elle seule tout le nucléole. Les corps fortement colorables,
appliqués en nombre variable à la jjériphérie du nucléole, ne sont, en efiet, que des
grains de chromatine, reconnaissables à leurs caractères morphologiques, à leurs rela-
tions avec le reticulum et à leurs réactions colorantes. La juxtaposition de ces grains
à la masse nucléolaire et la présence d'une fine membrane limitante autour de celle-ci
montrent nettement que le nucléole est formé par une différenciation delà chromatine
dans l'épaisseur même du réseau.
« Le nucléole, devenu volumineux, ne reste pas spiiérique : il présente souvent, en
effet, l'apparence d'une massue, il devient claviforme, sa partie renflée conservant la
( 856 )
situation primitive et son extrémité effilée entrant en contact avec la membrane
nucléaire. Celle-ci se déprime légèrement à ce niveau, tandis que la masse nucléolaire
s'en rapproche. Finalement le nucléole, appliqué à la face interne de la membrane, la
traverse et émigré dans le cytoplasma, sous la forme d'un corps sphérique logé dans
une petite vacuole, vis-à-vis d'une dépression de la membrane. Il ne reste pas long-
temps au contact immédiat de celle-ci; bientôt quelques travées cytoplasmiques l'en
séparent.
» Dès sa sortie du nojau, le nucléole pâlit et se gonfle. En devenant le parasome, il
absorbe sans doute des matières albuminoïdes et cède une partie de sa substance
phosjjhorée aux couches cvtoplasraiques voisines, lesquelles, refoulées par l'augmen-
tation de volume du parasome, se disposent quelquefois en strates concentriques pré-
sentant des parties plus épaisses et plus colorables, qui semblent correspondre à l'er-
gastoplasme et que l'on retrouve d'ailleurs en d'autres régions de la cellule. Cette
orientation peu marquée du cytoplasme en couches circulaires paraît due simplement
à des causes mécaniques de compression. Les filaments du reticulum cytoplasmique
n'entrent pas en contact avec le parasome, qui reste logé dans une vacuole plus ou
moins large.
» Le noyau renferme souvent plusieurs nucléoles; en tout cas, même lorsqu'il non
présente qu'un, il est certain que la différenciation de nucléoles aux dépens de la
chromatine et leur sortie du noyau se produisent à plusieurs reprises pendant une
même période de fonctionnement de la cellule, car les parasomes sont généralement
multiples dans le cytoplasme : il n'est pas rare d'en compter trois ou quatre dans la
section longitudinale d'une cellule.
» Quand cette différenciation simultanée ou successive est achevée, le noyau est
devenu moins colorable; il est pauvre en chromatine et dépourvu de nucléole. Son
volume continue à diminuer, par émission probable de suc nucléaire. Les parasomes
émigrent dans la moitié supérieure de la cellule. Leur aspect se modifie; primitive-
ment homogènes, légèrement réfringents, colloïdes, ils présentent des taches plus pâles,
ils se vacuolisenl, se transforment en bocaux irréguliers, bosselés et finalement en
granulations; les vacuoles qui les contenaient se fusionnent en une vacuole volumi-
neuse, où s'accumulera le produit de sécrétion, tandis que le cytoplasme subit des
modifications que nous préciserons ultérieurement.
» Ogata, Plalner, Nicolaïdes et Melissinos, Ver Eecke, Laguesse, en
opposition avec un certain nombre d'observateurs, ont admis l'origine
nucléaire du parasome dans les cellules pancréatiques des Batraciens;
mais ils ne sont pas d'accord sur la partie du noyau qui participe à sa for-
mation. Laguesse (1900), par exemple, pense que généralement tous les élé-
ments nucléaires entrent dans sa constitution. Chez l'Écrevisse, il nous
parait évident que, sous l'influence de l'activité sécrétoire, le nucléole
est le seul élément figuré qui émigré dans le cytoplasme, pour contribuer
à l'élaboration du produit glandulaire.
» Ces faits montrent, une fois de plus, combien est intime la relation phy-
( 857 )
siologique qui unit le cytoplasme et le noyau. lis nous semblent prouver
également qu'à côté de la théorie de Rluimbler, qui considère le nucléole
comme un amas de matières de réserve pour la nutrition du noyau, et
celle de Hacker, qui voit dans le nucléole une masse de substances de
rebut ou un organe pulsatile chargé de débarrasser le noyau de ses
excréta, il y a place pour une autre conception, d'après laquelle le
nucléole représente un corps né d'une différenciation de lu chromatine et
capable d'émigrer en totalité ou de déverser une partie de sa substance
dans le cytoplasme, pour fournir à celui-ci des matériaux nécessaires à
l'élaboration des produits de la cellule. »
VITICULTURE. — Influence des conditions climatologiques sur la végétation
des sarments de la vigne. Note de M. F. Kovessi, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai étudié les différences
anatomiques qui distinguent un sarment de vigne bien aoùté d'un sarment
mal aoùté. Ce qui caractérise le premier, c'est une plus grande différen-
ciation de tous ses tissus.
M Au cours de recherches viticoles poursuivies depuis plusieurs années,
j'ai observé que des sarments d'une même variété de vigne présentent des
degrés d'aoûtement très différents, suivant les régions d'où ils proviennent,
et les conditions climatologiques dans lesquelles ils se sont développés.
» J'ai entrepris une série d'observations destinées à préciser l'influence
du climat sur l'aoùtement. De ces recherches il résulte que la chaleur, la
lumière et la sécheresse favorisent la différenciation des tissus.
» Les espèces que j'ai étudiées sont les Vitis vinifera, V. rupestris,
V. Berlandieri, V. Riparia et les principaux hybrides obtenus entre ces
diverses formes. Dans ce qui va suivre, il sera question seulement du
V. rupestris, choisi comme exemple.
» En consultant les Annales des Bureaux centraux météorologiques de
France et de Hongrie, et les Bulletins de diverses sociétés météorolo-
giques, j'ai obtenu relativement à 38 stations en France, et à 42 en
Hongrie, les documents les plus complets existant aujourd'hui.
(') F. KôVESSi, Recherches anatomiques sur l'aoùtement des sarments de vigne
{^Comptes rendus, t. CXXXII, p. 647; 11 mars 1901).
( 858 )
)i I. Chaleur. — La lempéralure inlliie : r'Siir la durée de la \égélaUon el la
somme de chaleur produite pendant celte durée. — 2° Sur le naode de développe-
ment des diverses parties du végétal. — 3° Sur l'Iiumidité de l'air et du sol, et par
suite indirectement sur la plante.
» i" La durée de végétation est le temps qui s'écoule entre l'époque du débour-
rement et la chute des feuilles. Le Tableau suivant donne, pour diverses localités, les
durées de végétation et la somme des températures pendant ce temps :
Durée Somme 1 Durée Somme
de des | de des
Localités. Lotiludes. végétation, tcmpér. ' Localités. Latitudes, végétation, tempér.
O ' i 0 ' O ' j O
Montpellier. 43.38 a/J/J 4362.8 Vrad 46. n 202 8604.9
Dijon. 47-17 i83 2979.6 \ Keszlhely. . . 46-46 igS 344o.2
Nancy 48. 4^ 180 2776.4 ! Budapest. .. 47-3o 190 8294.8
Paris" 48.48 179 2768.4 |Tokaj 48.8 i85 8184.7
» On voit que, pour les diverses régions viticoles, les durées de la végétation et les
quantités de chaleur utilisées pour une même plante varient dans de très larges
limites.
» 2° La température influe sur le mode de développement d'une plante. J'ai
trouvé en effet que la différenciation des tissus et l'allongement des tiges e.\igent,
pour acquérir leur optimum, des températures différentes.
» 3° La chaleur modifie l'humidité de l'air ou du sol en influant sur l'état hygro-
métrique et en provoquant une évaporation plus ou moins grande de l'eau terrestre.
» IL Lumière. — La lumière influe sur la vie végétale : i" par son intensité; 2" par
la durée pendant laquelle elle agit (durée d'insolation).
» I" On sait que la lumière diminue d'intensité au fur et à mesure que l'on
s'éloigne de l'équateur.
» 2° La durée effective de l'insolation dépend surtout de la fréquence des nuages.
Les données météorologiques nous apprennent qu'elle est beaucoup plus grande dans
le Midi que dans le Nord. A Montpellier, la moyenne annuelle de l'insolation est de
2258 heures, et à Paris de i458 seulement.
)) IIL Humidité. — La pluie nous offre à étudier : ]" sa quantité absolue annuelle;
2° sa fréquence, c'est-à-dire le nombre des jours pluvieux; 3" sa répartition dans le
courant de l'année.
» 1° La quantité absolue ne nous fournit au point de vue du climat biologique
qu'un renseignement très insuffisant.
» 2° La fréquence est une donnée plus importante ; on comprend sans peine qu'une
pluie tombant souvent par quantités assez faibles influera sur la végétation autrement
qu'une pluie rare mais torrentielle. A Montpellier, il n'y a que 71 jours de pluie, bien
que la hauteur de l'eau tombée s'élève à 780 millimètres : Montpellier est un climat
sec. A Paris il ne tombe par an que 627 millimètres d'eau, mais le nombre des jours
pluvieu.x s'élève à 166 : Paris possède un climat humide.
» 3" Enfin la pluie agit difleremment sur la végétation, suivant que le ma.\inmm
pluviomélrique a lieu à telle ou telle époque de l'année, parce qu'à ces divers
( 8%
momentiî les plantes ne sont pas au même état de développement. Ainsi l'eiïet biolo-
gique de la pluie sera tout autre à Montpellier, où le maximum des chutes de pluie
a lieu en octobre et janvier, et à Nancy ou à Budapest, où ce maximum se produit en
juin et juillet.
» D'après tout ce qui vient d'être dit, on voit que l'étude détaillée des
données climatériques d'une contrée a une importance physiologique
considérable.
» Ainsi, j'ai trouvé que le Vitis rupestris aoùte mal ses sarments, donne
des résultats inférieurs, et dépérit fréquemment dans les régions septen-
trionales. D'après ce qui précède, cela n'est pas surprenant puisque dans
ces régions il y a, au point de vue de raoùlement du Vilis rupestris, défaut
de chaleur, défaut de lumière, excès d'humidité.
» L'excès d'humidité seul suffirait pour expliquer le mauvais aoùtement
de cette espèce dans le nord de la France et de la Hongrie, puisque, même
au sud, dans les environs de Montpellier, il existe des localités (Lattes,
bas-fonds de Pérols, etc.) qui sont cependant chaudes et éclairées, mais
humides par suite de l'eau stagnante du sol, et où l'on constate que le
Vitis rupestris s'aoùte très mal.
» Il résulte de laque, sauf peut-être dans des localités très exception-
nelles, les régions septentrionales de la France et de la Hongrie sont, à
cause de leurs conditions climatériques, tout à fait impropres à la culture
du V. rupestris.
» En étudiant d'une part les conditions climatériques d'une contrée,
et d'autre part les besoins biologiques d'une espèce de Aigne, on pourra
prévoir jusqu'à un certain point si la culture de cette espèce est possible,
et éviter, au moins dans une large limite, des essais coûteux et infruc-
tueux. ))
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Étude comparative de la zoospore
et du spermatozoïde. Note de M. A. Daxgeaiid, présentée par M. Guignard.
« On connaît la théorie de la sexualité que nous avons substituée aux
diverses interprétations qui étaient données jusqu'ici de la reproduction
sexuelle ( ' ) ; récemment nous rappelions encore les principes qui ont servi
de base à cette théorie : « Au début de la sexualité, les gamètes ont la
(') P. -A. Dangeaku, Théorie de la sexualilé {Le Botaniste. 6= série, p. 263).
( 86o )
» structure des zoospores asexuelles et des cellules végétatives ; ce sont
.) des éléments complets; chaque gamète, considéré séparément, est le
» germe d'un nouvel individu; il ne lui manque que l'énergie. A un point
1) de vue général, les théories des spermatistes et des ovistes n'étaient pas
M contradictoires; un spermatozoïde représente une zoospore et il en est
» de même de l'ovule ( ' ). »
» Arrêtons-nous un instant, dans cette Note, sur la comparaison néces-
saire entre le spermatozoïde et la zoospore.
» Les métazoaires et les métaphytes ont une origine commune; ils
dérivent des Flagellés; parmi ces derniers, le premier organisme qui
montre la reproduction sexuelle ordinaire est le Polyloma iwella; on peut
donc prévoir que l'organisation du spermatozoïde a conservé quelques
caractères de ce Flagellé.
» Il résulte de nos récentes observations sur le Polytoma uvclla que les
zoospores et les gamètes de cette espèce possèdent un appareil locomoteur
beaucoup plus complexe qu'on ne l'avait supposé; il comprend :
» 1° Deux flagellums placés à la partie anténeure du corps;
» 2° Un nodule d'insertion des flagellums ou blépharoplaste; le blépharo-
plaste provient d'un épaississement de l'ectoplasme; il est légèrement
chromatique;
» 3" Un fdet également sensible aux réactifs colorants, pour lequel
nous proposons le nom de rhizoplaste ; le rhizoplaste part du blépharo-
plaste et se dirige du côté du noyau ;
» 4" I-'6 rhizoplaste peut quelquefois être suivi jusqu'au noyau : on
distingue alors au point de contact avec la membrane nucléaire un petit
nodule pour lequel nous proposons le nom de condyle.
» Examinons maintenant un spermatozoïde pendant sa formation aux
dépens de la spermatide. Là aussi le flagellum montre à sa base un nodule
chromatique : ce nodule se met en relation avec le noyau j)ar un filet co-
lorable qui est l'analogue du rhizoplaste; au contact du noyau se trouvent
également un renflement chromatique que l'on peut assimiler au con-
dyle( = ).
» Par conséquent, le spermatozoïde, pendant sa formation, rappelle exac-
(') P. -A. Dangeard, Programme d'un essai sur la reproduction sexuelle (Le
Botaniste, ■j' série, p. 203).
{■) Consulter WiLSON : The cell in devclopment and inheritance, p. 168-169.
London, 1900.
( 86J )
tement l' organisation de la zoospore du Polytoraa uvella, son ancêtre : c'est
là une confirmalion remarquable de notre théorie : c'est une nouvelle
preuve de l'exaclitude de nos conclusions.
» Là ne se borne pas cependant l'intérêt de cette étude comparative : les
zoologistes s'accordent en général pour attribuer au centrosome de la
spermatide la formation des diverses parties du système locomoteur du
spermatozoïde; or, la cellule du Polytoma uvella, d'après nos observations, ne
possède certainement pas de centrosome : le blé|)liaroplaste, le rhizoplaste
et le condyle sont des différenciations protoplasmiques transitoires au
même titre que les flagellums; cette différence d'origine pour les appareils
identiques semble, a priori, bien extraordinaires : aussi sommes-nous bien
convaincu que le centrosome ne joue pas dans la spermatogenèse le rôle
qu'on lui attribue : nous n'admettons pas plus ici que pour la karyoki-
nèse ( ' ), la signification i\¢re dynamique donnée au centrosome. »
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles recherches cytologiques sur les
Hyrnénomycêtes ('). Note de M. Rexé Mairk, présentée par
M. Guignard.
« Depuis ma Note de juillet 1900 : Sur la cytologie des Hymènomycètes,
j'ai étudié un assez grand nombie d'espèces dont plusieurs m'ont fourni
des résultats intéressants. Une partie de ceux-ci ont été publiés dans le
numéro de février 1900 du Bulletin de la Société des Sciences de Nancy; la
présente Note en résume quelques autres.
» UHygrocybe conica, dont les basides sont constamment bisporiques, m'a fourni
le premier et jusqu'ici le seul exemple connu de basides se développant sans fusion
nucléaire. Les cellules de la trame des lamelles sont plurinuclées, sans que j'aie pu
établir si elles présentent primitivement la structure normale, caractérisée par la pré-
sence de deux noyaux associés (synkaryons). hes cellules du subliyménium ne pré-
sentent qu'«/j noyau à deux chromosomes, se divisant par des mitoses semblables à
celles des basides. Il m'a été impossible de voir comment se fait la transition entre les
cellules plurinuclées de la trame et les cellules uninuclées du subhyménium. La for-
mation de la baside peut être facilement observée dans les jeunes individus : chaque
cellule terminale du subhyménium s'allonge, divise son noyau comme il vient d'être dit,
puis les deux noyaux fils se séparent par une cloison ; la cellule supérieure se renfle et
devient la baside. Le noyau de la baside grossit bientôt considérablement et celle-ci
(') P. -A. Dangeahd, Etude de ta karyokincse chez /'Amœba hyalina {Le Rolanisle,
7° série, 10 février 1900).
C. 11., lyui, 1" Semestre. (T. CWMI, N° 13.) I 1 l
( 862 )
commence à élaborer des matières grasses. Pendant ce travail, on constate des phéno-
mènes cytologiques comparables à ceux décrits dans les cellules glandulaires, les
oocytes, les cellules sécrétrices des nectaires, les téleulospores en formation des Urc-
dinées, etc. , c'est-à-dire l'apparition dans le proloplasma d'éléments basnphlles (erga-
stoplasma), i'oxjchromatisation et la chromatolyse partielle du noyau. La division du
noyau de la baside se fait en pleine période d'activité élaboratrice de celle-ci, dans une
petite aréole claire; on compte facilement deux chromosomes au début de la méla-
phase ^l la mitose est entièrement normale. Les deux, noyaux fils prennent aussitôt
après leur formation les caractères des noyaux des cellules sécrétrices, et l'élaboration
de matières grasses continue jusqu'à la formation des deux spores, où les deux noyaux
passent chacun avec la moitié de la quantité d'huile formée par la baside qui reste
vide. Aussitôt arrivé dans la spore, ie noyau y subit une mitose.
y> On voit que VHygrocybe conica présente un double intérêt : i°elle
constitue une exception, la seule ju.squ'ici, à la loi de la formation des
basides établie par Dangeard; 2" elle est un excellent argument contre la
généralité de la loi énoncée ain.si par mon excellent maître M. Prenant ( ' ) :
« Toute cellule qui se divise est incapable de produire et ne fonctionne
» pas. » D'après mes recherches, publiées ou inédites, cette loi doit être
restreinte aux cellules du soma; quant aux cellules reproductrices, qui ne
sont pas encore différenciées, elles peuvent accomplir plusieurs fonctions
à la fois, comme les cellules des Protozoaires et Protophytes, il n'y a là
qu'un cas particulier de la corrélation de l'ontogenèse et de la phylo-
genèse.
» L'étude attentive des mitoses dans les basides d'un grand nombre
d'espèces de genres variés m'a permis de mettre en lumière une particu-
larité de leur prophase. Cette particularité explique l'indécision des au-
teurs qui, comme Wager et Juel, se sont occupés de cette question, au
sujet du nombre des chromosomes. Nous avons pu constater qu'après
l'apparition des centrosomes et du fuseau et la disparition partielle ou to-
tale de la membrane nucléaire, les filaments chromatiques se transforment
d'abord, non en chromosomes, mais en granulations très chromatophiles,
de nombre variable, qui se trouvent placées souvent sans ordre sur le fu-
seau, et qui ont été jusqu'ici prises pour des chromosomes. Cq^ protochro-
mosomes, comme nous proposons de les désigner, se réunissent à la fin de
la prophase en deux chromosomes définitifs, situés côte à côte au milieu
du fuseau, et qui se divisent généralement longiludinalement. Cette par-
(') Prenant, Sur le proloplasma supérieur {Journal de l'Anal, el de la Phys.
XXXV* année, p. 708; 1899).
( 863 )
ticiilarité explique comment Wager a donné pour Mycena galericulata une
figure d'anaphase qui, d'après mes recherches, est certainement une pro-
phase. Elle complique singulièrement l'étude des mitoses des basides. Quoi
qu'il en soit, sa connaissance, aujourd'hui acquise, me permet de rectifier
certaines conclusions données dans ma Note de juillet 1900, concernant
le nombre des chromosomes chez les Psathyrella, PhoHota, Amànita, etc.;
ce nombre, que je croyais de quatre, est en réalité de deirx seulement,
comme chez les Urédinées. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une forme conidienne du champignon du
Black-rol [Guignardia Bidwellii (Eilis) Via/a et Ravaz\. Note de M. G.
Drlacroix, présentée par M. Prillieux.
« Le Champignon du Black-rot [Guignardia Bidwellii (Ellis) Viala et
Ravaz] possède, d'après M. Viiila ('), une forme conidienne à conidies
ovoïdes, hyalines, simples, placées au sommet de ramifications verticillées,
une forme se rapportant à un Verlicillium ou plutôt à un Acrocylindrium,
d'après le dessin donné par M. Viala. Cette forme qui, d'après l'auteur,
apparaît sur les sclérotes, semble assez rare, et je ne l'ai pas observée
jusqu'ici.
» La forme dont je parle est tout autre. On la trouve aussi bien sur les
sclérotes que sur les pycnides ou les spermogonies. Elle apparaît sous
forme d'une fine moisissure d'un brun verdàtre foncé, visible à la loupe,
couvrant la partie de l'organe du champignon située en dehors des tissus
de la plante hospitalière. Je ne l'ai observée jusqu'ici que sur grains
de raisin.
» Cette forme conidienne appartient certainement aux sclérotes ou aux. concep-
tacles; elle constitue, sur le sommet de ces organes, un stroma qui augmente notable-
ment Tépaisseur de la membrane noire et se continue directement avec elle. La sur-
face du stroma donne naissance, par sa portion extérieure, à des filaments bruns, à
peine cloisonnés, sinon près de leur base, tortueux, d'un diamètre moyen de 5 fi, de
longueur variable, émettant de place en place et irrégulièrement des ramifications eh
général courtes et presque divariquées. Le filament principal et les ramifications, au
moins les supérieures, s'étranglent souvent à leur sommet et fournissent ainsi une
cdnidie qui ne tarde pas à tomber. Ces conidies sont brunâtres, ovoïdes, d'une dimen-
(') Pierre Viala, Les Maladies de la Vigne, 3' édition, p. 1^6, Jig. 56 et 57; iSgS.
( 8iv/| )
sion moyenne de i5;j. à 17 u. de longueur sur 'Jij. à 9|j. de large; elles restent simples
en général, mais peuvent parfois prendre une cloison médiane.
» Cette frurtificalion ronidienne se rapproche à la fois des formes Cladosporium
ou Scolecolrichurn.
» Dans le cas d'une pycnide ou d'une spermogonie, l'ostiole est respecté et traverse
le stroraa; la produolion des stvlospores ou des spermaties n'est nullement entravée
et, sur des pycnides ayant terminé leur évolution, je n'ai pas vu les filaments former
de nouvelles conidies après la chute des premières.
» Les conidies germent par production d'un simple filament 'dont je n'ai pu ob-
server que la première phase de déveloj)pemenl. J'ai trouvé ces conidies germées sur
place; et comme les échantillons avaient été placés dès leur arrivée dans l'alcool, il ne
m'est pas possible de dire le rôle de cette forme dans la dispersion de la maladie,
étant donnée l'absence d'infections sur des raisins.
» La forme conidienne en question semble peu répandue en France.
Depuis 1893, je l'ai reçue seulement de trois localités : environs de Muret
(Hiute-Garonne), sur sclérotes et pycnides; environs de Pi'rigueiix,
sur sclérotes et spermogonies; Lhernn, près Cahors, sur sclérotes et
pycnides.
» Cette forme conidienne semble avoir été observée par M. F. Lamson
Scribner dès 1886 ('). Il en a donné un dessin imparfait reproduit par
Fréchou (-), qui rependant a confondu cette forme avec celle dontpnrle
M. Viala. D'après M. Scribner, ou observerait fréquemment cette forme
après un temps très pluvieux, aux États-Unis. »
ASTRONOMIE. — Position et i^itesse approchées d'un bolide. Note de
M. Jea\ Mascart, présentée par M. Lœwy.
« Le 24 spptf^mbre 1900, nous eûmes l'occasion d'apercevoir un bolide
assez important ; les conditions de l'observation furent très précises C)
comme position, trajectoire, heure, couleur et durée, de sorte qu'il y avait
là de bons éléments pour déterminer jilus complètement le météore.
D'autre part, ce fait fut porté à la connaissance de M. L. Havet par le
journal, c'est-à-dire sans autre détail qu'une mention de l'apparition, et
(' ) Annual Report of tlie Departnieiil of Agriculture, report of the rnycologist,
F.-L. Scribner, Washington, 1887, p. no, pi. \\\,Jîg. 4.
C*) Fréchou, /.e Black-rot et son traitement, Agen, 1889.
(^) Comptes rendus, y"' octobre 1900.
( 86^; )
M. L. Havet fut assez aimable pour nous écrire spontanément, puis nous
donner les très intéressants détails que voici :
11 ... Je vois que, le 24 septembre, vous avez relevé le passage d'un bolide. Je crois
devoir vous signaler le double phénomène que j'ai moi-même constaté, le même soir,
à Rochecorbon. J'étais dans un jardin au bord de la Loire, rive droite, à 8'"" en
amont de Tours.
» 1° Vers 9 h., mes yeux furent attirés par une lueur claire, plutôt bleue que
jaune, qui s'élargissait comme celle d'une fusée de feu d'artifice qui éclate. Elle disparut
presque aussitôt. Elle était située un peu au-dessous du carré de Pégase, et formant
avec les deux étoiles les plus méridionales un triangle isoscèle obtus, angle de 120°
peut-être. L'hypothèse d'une fusée étant topographiquement absurde, je songeai suc-
cessivement à des explications non moins insoutenables : projection subite d'un rayon
électrique, réflexion sur quelque petit nuage de quelque éclair lointain (il y en avait
eu beaucoup vers l'Est). . . Je me demandai même si la lueur n'avait pas son siège
dans une nacelle de ballon. Mais, persuadé que cette apparition instantanée ne pouvait
avoir rien d'intéressant, je ne songeai pas à regarder l'heure, et je n'y pensai plus. Je
n'avais jamais vu de bolide ;
» 2° Plus tard, dans la soirée, j'aperçus comme une étoile filante qui presque
aussitôt se changea en une lueur grandissante, pareille à la précédente; le mouve-
ment de translation se perdait dans cet épanouissement delà lueur. Celui-ci se passait
encore au-dessous du carré de Pégase, mais plus au sud; il était peut-être un peu
moins éloigné du carré que de Fomalhaut. Ma montre (qui n'est pas une horloge
astronomique) marquait 10'' S™. La lueur s'éteignit très vite comme l'autre. Persuadé,
cette fois, qu'il s'agissait d'un bolide, j'écoutai en vain, pendant plusieurs minutes, s'il
ne m'arriverait pas un bruit d'explosion qui pût fournir une indication de distance
» Mes deux apparitions ont duré quelques secondes, c'est tout ce que je puis dire.
Dans la seconde, l'aspect d'étoile filante a été court; au plus égal à la distance de la
ligne Cassiopée-Persée-Chèvre qui limitait mon ciel à gauche (à cause de la falaise),
au point d'épanouissement situé sous Pégase. La direction était vaguement parallèle
au mouvement diurne ; je ne puis préciser plus.
» Je n'ai pas remarqué de tête colorée. . . et je n'ai pas eu la présence d'esprit d'y
songer. La lueur formait une figure allongée, comme un triangle obtusangle» un tra-
pèze ou un tricorne, posé sur la ligne de direction générale et reposant sur son plus
grand côté.
» Mon poste d'observation est au coude delà Loire... entre Vouvray et Roche-
corbon. Mon regard enfilait le cours supérieur, et c'est au-dessus du fleuve que j'ai
vu Pégase et le bolide. »
» Telles sont les intéressantes descriptions que M. L. Havet veut bien
donner pour les deux bolides qu'il aperçut, le même soir, dans la même
région; d'ailleurs, les détails qu'il fournit, s'ils manquent d'une grande
précision, permettent néanmoins d'adopter comme coordonnées moyennes
( 866 )
(le la seconde apparition
.•R = 23''35'", â = - 6"
tandis que le bolide que nous apercevions à la -même heure peut être
situé par
yR = 22'', 4()"', 3 = -3o°.
M La base du triangle dans l'espace est alors de iSg*"" et il ne reste, pour
identifier ces deux bolides, qu'à transformer ces coordonnées en azimuts
et haiiteurs; par rapporta la droite qui joint les deux points d'observation,
les deux azimuts sont, vers l'est, 6''23' et 25''35', tandis que les hauteurs
égalent io''54' et 33°24'. On peut alors aisément calculer la hauteur du
point de disparition du bolide, et l'on trouve en chiffres ronds 40""" ; tenir
Compte aussi des éléments de trajectoire que nous avons fournis etdu temps
employé h la parcbtirir.
» Ainsi, en résumé, ce bolide dut parvenir dans les environs d'Angou-
lême, avec une vitesse supérieure à 4'"" par seconde; il dut être entière-
ment consumé, d'après l'observation que nous en pûmes faire et, même
s'il avait éclaté, ou pouvait ignorer le bruit de sa détonation à une soixan-
taine de kilomètres. »
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BULLETIN AltiLIOURAPUIQUti:.
I
OUVRAGKS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 4 MAIIS 1 90 1 .
( Suite.)
Verhaiullungen iler Russich-kaiserliclwn mineralogischen GcSellschaft zu
S'-Petersburg; 2« série, XXXVllP' Bd, Lif. 1 u. 2. Saint-l'élersbourg.
1899-1900; 2 vol. iii-8".
Malerialien zur Géologie Misslands, herausgeg. v. der Kaiserlichen
Mineralogischen Gesellschaft; Bd XX. Saint-Pétersbourg, 1900; i vol.
in-8^
( s% )
Jahrbuch der Kônigl. sàchsischen ineLeorohgischen Insli lûtes, 1 898 ;
Jahrgang XVI, i. Ablheilmig. Chemnilz, 1900; 1 fasc. in-4°.
Journal of ihe Royal microscopical Society, edited bv A.-W. Bennelt;
igoi, parti. Londres; i fasc. in-8°.
Académie royale de Belgique. Bulletin de la Classe des Sciences, igor, n" 1.
Bruxelles; 1 fasc. in-S".
Boletin de la Sociedad espauola de Bisloria nalural; t. I, mira. 1. igoi.
Madrid; i fasc. in-8°.
Archivo bihliographico da Bihliotheca da Universidade de Coimbra; n" 1.
Coïmbre, 1901 ; i fasc. gr. in-8".
LicJc Observalory Uimersity of California; Bnl. n° l. i fasc. in-4".
Modem Medicine. Bulletin of thc Laboratory nf Hygiène Bat t le Creek Sani-
tarium. vol. X, n° 1. Battle Creek, iMichigaii, 1901; i fasc. in-8".
Ouvrages reçus dans la séance du ii mars 1901.
Expéditions scientifiques du « Travailleur » el du « Talisman » pendant les
années 1 880-1 883. Ouvrage publié sous les auspices du Minislèrc de Tlns-
truclion publique, sous la direction de A. Milne-Edwards, membre de
l'Institut. Crustacés décapodes, 1''° |)artie : Bracliyures et Anomoures, par
A. Milne-EdwaFyDs et E.-Ij. Bouvier. Paris, Masson et C'*, 1900; i vol. in-4".
(Présenté par M. Edmond Perri'er.)
François Quesnay. Livre d'Or, 1900; publié par Jules Allain-Le Canu.
Versailles, impr. Aubert. i fasc. in-8°. (Présenté par M. Joannes Chatin.
Hommage de l'Auteur.)
Spectroscopie critique des pigments urinaires normaux, par E. Gautrelet.
Paris, O. Berthier, 1900; i vol. in-8". (Pour le concours Montyon,
Médecine et Chirurgie.)
L' hypertrophie sénile de la prostate , par le D'' A. Guépin. Paris, Vigot frères,
1900; I vol. in-8'\ (Hommage de l'Auteur.)
La fièvre typhoïde dans V Aisne et le rôle typhogéne de Veau d'alimentation,
par Emile Loncq. Laon, 1901 ; i fasc. in-8°.
Carte lithologique sous-marine des côtes de France, par M. Tiioulet,
feuilles 1-7. Paris, Augustin Challamel. 7 feuilles colombier.
Travaux du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'Univer-
sité de Grenoble, 1899-1900; t. V, 2^ et 3* fasc. Grenoble, 1900-1901.
2 fasc. in-8". (Présenté par M. Marcel Bertrand.;
( 8<;H ;
Description des machines et procédés pour lesquels des Brevets d'im^ention
ont été pris sous le régime de la loi du ^j'udlet 1 88/| , publié pur les ordres de
M. le Ministre du Commerce et de l'Iudustrie. Publicalioii in extenso, i8gi)
(i"'* partie). Paris, Imprimerie Nationale, 1900; i vol. in-8'*.
Société d' Encouragement pour V Industrie nationale. Annuaire pour l' année
1901. Paris, tvp. Chamerol et Renouard, 1901. i fasc. in-i8.
Revue maritime, t. CXLIII, 472* livraison, janvier 1901. Paris,
K. Cliapelot et C*^ i fasc. in8°.
Annales d'Hydrologie et de Climatologie médicales, directeur : Albert Robin;
t. YI, n° 1, janvier 1901. Paris, G. Carré et C. Naud; i fasc. in-8°.
Bulletins et Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse, 1899-1900. Toulouse, 1900; i vol. in-8''.
Corrélations régulières supplèmentaiies du système planétaire, par Serge
SocoLow. Moscou, 1901; I fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.)
Forsôgsmôllen. I. Forsôgsmôlle i Askov. II. Verjmôllers Arbejdsevne, af
PouL L.v Cour. Copenhague, 1900; i fasc. in-8°.
Annales [de la Soi iété scientifique de Biuxelles, l'i'^ année, 1 900-1 901,
i" lasc. Louvain, 1901 ; i fasc. in-8'\
The Journal of the American Chemical Society, vol. XXIII, n" 1. Easton,
Pa., 1901 ; I fasc. in-8".
Annals of the astronomical ohsenatory of Harward Collège, Edward-C.
PiCKERiNG, direclor; \o!. XLIII, part I. Cambridge, Mass., 1901; i iasc.
'm-l^°.
Regislro officiai de la Repuhlica de Ecuador, a no VII, num. 1293-131.''/.
Quito, 1901 ; 24 fasc. petit in-i°.
un souscrit a l'atis, cnez (jAU i HitLU- vii.L,Ans,
Quai (k's r. r;\n(]s-Augustiiis, n" 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent rc^ulièrenient le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-.i". Deux
Tables, Tune par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre iil[ihabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" Janvier .
Le prix <lf Viilxi/nicnirnt est fixe niiisi rjit'it suit :
Paris : 20 fr. — Dé|iai îemcnts : 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
4gen Ferran irères.
> Cbaix.
Alger ( Jourdan.
I RiitT.
Amiens Courtin-Hecquel.
i Germain etGrassio.
*"S"'' loaslineau.
Bai onne Jérôme.
Betançon Régnier.
I Feret.
Bordeaux i Laurens.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
, Derrien.
1 b\ Robert.
Brest _. ,.
' Uzel frères.
Caen Jouan.
Chambe'-} Perrin.
Cherbourg „ ■''
[ Marguerie.
/.. ., \ Juliot.
Clermonl-terr... „
I Bouy.
iNourry.
Ratel.
Rey.
„ ; Lauverjai.
Douai ! ■■
I Degez.
.. 1 , t Drevel.
'jrenoble „
( Gralier el C'V
La Rochelle Foucber.
. „ . Bourdignon.
t-t Havre *
I Donibre.
LUle ^■i\^ovez.
I Quarré.
chez Messieurs :
I Bauiiial.
Lorieni I .
( M"* lexier.
: Bernoux et Cumin.
\ Georg.
/ y jn. 1 ElTantin.
I Savy.
' Vitle.
Marseille . . . . . Ruai.
\ Valat.
^ontpelhe, , ^^^,^^ ^^ ^,,^
moulins Martial Place.
I Jacques.
Kancy ! Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
> Guisl'han.
liantes 1 ,r 1
I Veloppe.
( Barma.
i^ ice 1 .
( Appy.
Mmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
i Blanchier.
^°"'^'' (JVIarcbe.
Rennes Plihon et Hervé.
Hoche/ori Girard ( M"").
I Langlois.
Houen , , , . ,
( Lestnngant.
S'-Étienne Chevalier.
1 Ponteil-Burles.
Toulon 1 „ . ,
( Rumebe.
I Gimct.
Toulouse „ . .
( Privât.
Boisselier.
Tours I Péricat.
' Suppligeon.
Valenciennes ! , ,.
( Lemallre.
chez Messieurs ;
( Feikema Caarelsen
Amsterdam
( et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C'.
„ ,. 1 Dames.
Berlin ^ . .,
, Fnedlander et lils.
( Mayer el Muller.
Berne Scbmid Francke.
Bologne Zanichelli.
, Lamertin.
Bruxelles Mayolez el.^udiarte.
( Lebègue et G'".
\ Sotchek et C°.
Bûcha' est , . , ,
( Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammeriueyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
. Cherbuliez.
Genève ! Georg.
( Stapelmohr.
La Baye Belinfante frères.
i Benda.
Lausanne _
( Payol et C".
Barlh.
\ Brockhaus.
Leipzii; ' Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
( Desoer.
^'^=* iGnusé.
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette el C".
' Nutt.
Liixembourg. .. V. Biick.
/ Ruiz et C". I
,Vadrid ' t^"""" y Fussel. '
\ Capdeville.
l F. Fé.
Milan [^"""^ f''""-
I Hœpli.
iUoscou Tasteviu.
n-af,les (Margbieri di Giu».
I Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiflfer.
Ne^-Vork Slechert.
' LemckeetBuechner
Odessa. Rousseau.
Oxford Parker et C*
Palerme Reber.
Porto . Magalhaès et Monu
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
„ I Bocca frères.
Borne ,
( Loescberet C*.
Rotterdam Kramers et fils
Stockholm Samson et Wallm
„. „ . i Zinserling.
S'-Petersbourg..S^^^^^
I Bocca frères.
I Brero.
Tut m ,' ,
\ Clausen.
[ Rosenbergel Sellier.
Varsovie Gebethner et WolU.
Vérone Drucker.
Vienne. . . ■■ „ , ,
( Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4'' ; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — {i" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) 'Volume in-4°; 7870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( 1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décembre 1893.) Volume in-4"; 1900. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Alyues, par MM. A. Dekdês et A.-J.-J. Solilb Màm' '
qu'éprouvent les Comètes, par M. Haxsen. — Mémoire sur le Pancréa> et sur le rôle du suc pancréali ■
la digestion des matières grasses, par M. Clude Bernard. Volume in-|\ avec 32 planches; iS56 .
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par ,M. P.-J. V.vn Bexedes. — Essai d'une répo'
Sciences pour le concours de i853, et puis r-emise pour celui de iSJfJ, savoir : « Etudier les Iç
" terrains sédimentaircs, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de
« Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organic
;ivec 27 planches; 186 j
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires p,
W 13.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 1" avrik 1901.)
MEMOIRES ET COMMUNIGATIOIVS
DES MEMBIUÎS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE.
IM. le PnÉsinENT annonce à l'Académie
qu'en raison des fctes de Pi'iqties, la séance
du lundi S avril sera remise au mardi g..
M. Kmii.e Picard fait hommage à l'Académie
Pagrr. |
Pages,
de la seconde édition du Tome I de son
(( Traité d'Analyse » et de la Leçon qu'il
a faite à la Sorbonne sur « l'OEuvrc scien-
Jfique de Charles Hermile " 8i3
N03IIIVATI01\S.
Commission chargée de juger le concours
du prix Francœur pour 1901 : MM. Jor-
dan, Poincaré, Picard, Appelle Mau-
rice Levy 8 1 3
Commission chargée de juger le concours
■du prix Poncelel pour 1901 : MM. Picard,
Poincaré. Appcll, Jordan, Maurice
Levy Si4
Comni'ssion chargée de juger le concours
du p. ix extraordinaire de six mille francs
pour 1901 : MM. Guyou, de Bussy, Bou-
quet de la Gryc, de Jonquières, Hatt.. Si^
Commission chargée de juger le concours
du prix Montyon ( Mécanique) pour 1901 :
MM. Maurice Levy, Sarrau, Léaute,
Boussinesq, Sebert 814
CORRESPONDANCE.
M. P. Sabatier, élu Correspondant, adresse
ses rcmercinients à l'Académie 8i4
M, CnAnBON'NiEii adresse desremercimenls
à l'Académie pour la distinction accordée
à ses travaux 8i4
M. A. LiAPOUNOFF. — Une proposition géné-
rale du Calcul des probabilités oi4
M. Servant. — Sur la déformation du para-
boloïde général 81G
M. M. d'Ocagne. — Sur la somme des an-
gles d'un polygone à connexion multiple. .SiS
M. F. Larroque. — Étudesde psycho-acous-
tique S22
M. Gouv. — Sur les propriétés électrocapil-
laires de quelques composés organiques
en solutions aqueuses 822
M. L. WiNTREBERT. — Sur quelques osmyl-
oxalates 824
M. A. DuBOiN. — Sur les propriétés réduc-
trices du magnésium cl de l'aluminium.. S26
MM. E. JuNGEEEisoH et E. Leqer. — Sur
la cinclionine S28
M. P. Brenans. — Sur quelques dérivés
iodés du phénol 83i
M. Amand Valeur. — Action des éthers
d'acides bibasiques sur les composés
organomélalliqucs 833
MM. T1SSIER et Grignard. — Sur les com-
posés organomélalliqucs du magnésium.. 835
'h. Moureu. — Nouvelles réactions des
-;À.-- ..-magnésiens 837
'lérivés étbéro-
organomagnésiens
M. George-K. Jaubert. — Une nouvelle
synthèse de l'aniline
M. M. Hanriot — Sur le mécanisme des réac-
tions lipolytiques
MM. E.-L. Bouvier et H. Fischer. — Sur
l'organisation interne du Pleurotomaria
Beyrichii Hi I g
M. P. Lesne. — La variation sexuelle chez
les mâles de certains Coléoptères appar-
tenant à la famille des Bostrychides; la
pœcilandrie périodique
M. A. Robert. — Sur la ponte des Troques.
M. E. Bataillon. — Sur la valeur com-
parée des solutions salines ou sucrées en
tératogenèse expérimentale
M. P. Vicier. — Sur l'origine des para-
somes ou pyrénosomes dans les cellules
de la glande digestivc de l'Ecrevisse
M. F. KoVESSi. — Influence des conditions
clinialologiques sur la végétation des sar-
ments de la vigne
M. A. Dangeahd. — Etude comparative de
la zoosporc et du spermatozoïde
M. Hene Maire. — Nouvelles recherches
cylologiques sur les Hyménomycètes
!\I. G. Delacroix. — Sur une forme coni-
dienne du champignon du Black-rot
[Guignardia Bidivcllii (Ellis) Viala et
Ravaz]
M. Jean Mascart. — Position et vitesse
approchées d'un bolide
839
84.
845
84-
85o
852
855
807
859
861
863
864
866
' lU VI l<: R I K a .\ UT H t E K - V 1 L I, A R s ,
le^ GranHs-Auguslins, .ii
1^ ^Vrfln/ .* t»AiirHiKK V ii.LlRI
APR 30 ipni
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDES
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
t*AK TITf. tiK» SECnÉTAIKES PERPÉTVBEiS.
TOME CXXXII.
N^ 14 (9 Avril 1901).
PARIS,
GAUTHIEH-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
UES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 5i.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté da^-s les séances des 23 juin i8()2 et 24 mai 1870,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séance^ de
r Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie,
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendu; a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l". — Impression des trai'aux de l' Académie.
Les extraits desMémoiresprésentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académiecomprennént
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Acadé nie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la mçme
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas cbm-
pris dans les 5o j)ages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier. |
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P'iges par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne. peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'im|)ression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont quautai
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne-
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent élre l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires soni
tenus de les réduire au nombre de pages requis. le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtraii
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foui
pour les articles ordinaires de la correspondance of(i
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis.'
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, I'
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps
le litre seul du Mémoire est inséré dans le Cowjo/erffl(//'
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendum
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, m
fis;ures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fail
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprc-
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du prc
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pries de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suiva
APR 30 i"n-
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 9 AVRIL 1901,
PRÉSinENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUlVICATIOiVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
SCIENCES EN GÉNÉRAL. — Sur l' Utilité scientifique d'une langue auxiliaire
internationale. Note de M. H. Sebert.
« J'ai l'honneur de signaler à l'Académie une lettre qui vient de lui être
adressée, au nom d'un groupe de personnes déléguées par plusieurs Con-
grès et Sociétés, à la suite de l'Exposition universelle de 1900, pour provo-
quer l'adoption d'une langue auxiliaire internationale.
» Cette lettre demande à l'Académie d'inscrire la question dont il
s'agit au nombre de celles qui seront traitées dans la session de l'Associa-
tion internationale des Académies qui va s'ouvrir.
» L'époque tardive à laquelle elle est arrivée n'a pas permis d'y donner
suite en temps utile, et il ne pourra sans doute être procédé à l'examen de
la question qu'elle soulève que dans une session ultérieure de l'Asso-
ciation.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N« 14.) I 12
( «70 )
)) Mais cette question, par son importance et par la façon dont elle se
présente aujourd'hui, me paraît mériter de retenir un instant l'attention
de l'Académie.
» Communiquée dans un cercle restreint et un peu au hasard, la lettre
dont il s'agit a recueilli, en quelques jours, de nombreuses et chaleureuses
adhésions. 1
)) Dans notre seule Compagnie, une vingtaine de nos confrères, sous
les yeux desquels cette adresse a passé, y ont apposé leur signature pour
en demander la prise en considération, et je pense que la liste de ces signa-
tures aurait été beaucoup plus longue encore si le temps avait permis à un
plus grand nombre d'entre eux de prendre connaissance de la question.
)) D'autres signatures ont été également données par quelques-uns de
nos confrères des autres Sections de l'Institut et, à Paris même, un grand
nombre en ont encore été ijecueillies parmi les notabilités scientifiques,
les membres des corps enseignants et les membres de diverses Sociétés
savantes.
» Le mouvement s'est propagé aussi en province, dans les différents
centres universitaires, et des signatures nouvelles arrivent chaque jour en
nombre considérable.
» La ville de Dijon surtout s'est signalée en envoyant l'adhésion de la
presque totalité des professeurs de son Université et de ceux de ses
Facultés et Écoles spéciales, et ce résultat est dû à l'extension qu'a prise
dans cette ville l'étude d'un système particulier de langue internationale.
M Ces faits indiquent combien le problème de l'adoption d'une langue
auxiliaire, pouvant faciliter les relations entre les personnes de nationalités
étrangères, provoque en ce moment l'attention du monde savant et com-
bien sa solution répondrait à un besoin universellement ressenti.
» Il est certain que cette solution peut avoir une heureuse influence
sur la diffusion de la civilisation et de la Science dans toutes les parties du
monde, et, à ce point de vue, elle ne peut manquer d'intéresser l'Académie
des Sciences.
» Il importe d'ailleurs de bien préciser la façon dont la question doit
être aujourd'hui envisagée :
» Il ne s'agit pas de la recherche utopique d'une langue universelle
destinée à être substituée aux idiomes nationaux des différents peuples;
trop d'essais malheureux ont été faits déjà de cette conception erronée et
ont longtemps retardé la solution cherchée.
» Il ne peut être question aujourd'hui que de la création d'une langue
( 871 )
auxiliaire destinée à servir, à côté des idiomes nationaux, aux relations
écrites et orales entre des personnes de langue maternelle différente.
» On sait que l'un de nos Associés étrangers, le regretté Max Muller, avec
sa grande autorité, a déclaré que la conception d'une langue artificielle
appelée à jouer ce rôle est certainement réalisable, et il a ajouté que cette
langue artificielle peut être beaucoup plus régulière, plus parfaite, plus
facile à apprendre que n'importe laquelle des langues naturelles de
l'humanité.
» Il est permis d'affirmer aujourd'hui qu'en formulant cette appréciation,
il visait une des solutions récemment proposées pour cet intéressant pro-
blème, solution dont j'aurai l'occasion de dire quelques mots plus loin.
» La lettre adressée à l'Académie des Sciences par la délégation pour
l'adoption d'une langue auxiliaire internationale, après avoir rappelé les
noms de quelques-uns des esprits éminents qui, depuis Bacon, Pascal et
Leibniz jusqu'à nos jours, ont abordé l'étude de cette question, présente
clairement un résumé des conditions que doit remplir la langue auxiliaire
internationale cherchée.
)i Je ne crois pas inutile de rappeler ici ce résumé :
» On demande avant tout à cette langue d'être capable de servir aux relations habi-
tuelles de la vie sociale, aux usages commerciaux et aux rapports scientifiques et phi-
losophiques.
» On lui demande aussi d'être d'une acquisition facile pour toute personne d'in-
struction élémentaire moyenne et spécialement pour les personnes de civilisation eu-
ropéenne.
» Il est reconnu qu'elle ne peut être l'une des langues nationales existantes, et
même on admet que la solution cherchée ne peut être avantageusement obtenue par
l'emploi d'une langue ancienne, alors même qu'on en simplifierait la grammaire ou
qu'on en enrichirait le lexique.
» Seule la création d'une langue artificielle nouvelle peut permettre de réaliser les
avantages de simplicité, d'unité et de métiiode qui peuvent être obtenus par la réu-
nion d'éléments empruntés aux langues en usage dans les différents pays.
» Seule aussi, par un choix judicieux des racines employées pour la formation des
mots, cette solution peut conduire à l'adoption d'un lexique d'emploi commode, c'est-
à-dire facile à comprendre et à retenir, pour la grande majorité des habitants de notre
continent.
» Le programme ainsi formulé a reçu, ainsi que je l'ai dit, de nombreuses
et importantes adhésions.
» Bien que la délégation soit restée jusqu'à ce jour sur un terrain de
neutralité entre les différents systèmes qui peuvent être mis sur les rangs
( 872 )
pour y satisfaire, cet accueil me paraît dû, en grande partie, à ce fait que
beaucoup de personnes considèrent déjà aujourd'hui le problème comme
résolu d'une façon satisfaisante et à peu près complète et croient le moment
venu de généraliser, sans plus attendre, l'application de cette solution
particulière.
» Une langue artificielle, qui est habituellement désignée sous le nom
à' Espéranto et qu'a fait connaître, vers 1887, un médecin russe. M. le doc-
teur Zamenhof, de Varsovie, s'est en effet peu à peu répandue dans toutes
les parties du monde, malgré le discrédit jeté sur des tentatives de ce
genre par de récents et malencontreux essais antérieurs de systèmes mal
conçus (').
» Le succès de cette langue est dû à des mérites réels :
» Sa grammaire, dont les règles ne comportent aucune exception, est aussi simplifiée
que possible; son vocabulaire estiremarquable par le choix heureux de ses racines qui
ont été empruntées aux éléments les meilleurs des langues étrangères, de façon à leur
donner le plus possible un carictère international; la prononciation uniforme des
lettres est assurée par des règles Simples; la traduction de textes écrits en cette langue
peut être faite en tout idiome par une personne quelconque parlant cet idiome, à l'aide
de simples dictionnaires et sans initiation spéciale.
I
» Cette langue est enfin facile à apprendre, en peu de temps et sans
maître, pour tout homme d'éducation moyenne.
» Aussi la propagation s'en est faite presque seule, par une sorte d'infd-
tration lente et continue. Elle s'est opérée simplement à l'aide de petits
manuels dont le nombre s'accroît chaque jour, et qui en permettent dès
maintenant la traduction en vingt et un idiomes différents.
» On estime déjà à quarante ou cinquante mille le nombre des per-
sonnes qui pratiquent cette langue et qui sont réparties dans les contrées
les plus éloignées. Elle s'est répandue d'abord en Russie et dans les pays
où l'on parle les langues tchèques et slaves, puis en Allemagne, en Suède
et en Norvège, et ce n'est qu'à une époque relativement récente qu'elle a
pénétré en France, où ses progrès, assez lents d'abord, se sont accélérés
peu à peu.
M Cette langue a rencontré en tous lieux des partisans convaincus, et le
(') On doit signaler notamment parmi ceux-ci le Volapuk dont la vogue récente et
passagère n'a pu être due qu'à ce qu'il répondait, au moins en apparence, à un besoin
véritable.
( 873 )
mouvement d'opinion qu'ont provoqué en sa faveur ceux qui en ont
approfondi l'étude s'accentue avec rapidité.
» Il y a plus d'un an déjà que notre confrère M. Méray, Correspondant
de la Section de Géométrie, nous en signalait l'existence par une Note
remplie de faits et de documents probants qui n'a pas été publiée jusqu'à
ce jour (').
» Il faisait remarquer que cette langue pourrait bientôt permettre faci-
lement aux hommes de science d'assurer la lecture de leuis productions
par leurs confrères étrangers et par les étudiants de tous pays, en n'exi-
geant pour cela qu'une seule traduction de ces œuvres, traduction qui
pourrait bénéficier d'un tirage suffisant.
» Il suggérait l'idée d'entreprendre tout d'abord la publication de
bibliographies en langue Espéranto, pour faire connaître en tous lieux
l'apparition et l'analyse des publications récentes sur tous les sujets d'ac-
tualité.
» Il n'est pas nécessaire d'insister sur l'intérêt que présenteraient ces
résultats, car tous les spécialistes savent combien il devient difficile de
suivre les travaux faits dans les différents pavs oii la Science pénètre peu à
peu, par suite de la tendance que les auteurs appartenant à des nations
récemment entrées dans le courant scientifique manifestent de plus en plus
à publier leurs travaux dans leurs langues nitiouales.
» De nouveaux faits sont venus renforcer encore la conviction de
M. Méray et affermir sa confiance dans le succès prochain de la langue
Espéranto. Il les a exposés dans un commentaire dont il a fait précéder sa
signature sur la feuille d'adhésion à la lettre que j'ai l'honneur de signaler
à l'Académie.
M Dans tous les pays où cette langue a pénétré, des attestations, éma-
nant d'hommes autorisés et compétents, sontvenuesenaffirmer les mérites
et les avantages, et ces appréciations favorables ont trouvé des échos en
France, dans toutes nos Académies (^).
(') M. Ernest Naville, Associé étranger de l'Académie des Sciences morales et poli-
tiques, a envoyé également, en janvier 1S99, à cette Académie un Mémoire Sur la
langue internationale, qui a été lu en séance par M. Georges Picot.
(^) Léo Tolstoï, après avoir proclamé l'incroyable simplicité de l'Esperanlo, dé-
clare que les sacrifices que fera tout homme de noire monde européen en consacrant
quelque temps à l'étude de cette langue sont si petits et les résultats qui peuvent en
découler si grands qu'on ne peut pas se refuser à faire cet essai.
• ( 874 )
» Tous ces faits conslituent, en faveur de l'opportunité de l'adoption de
cette langue, un ensemble d'arguments imposant.
» Des objections ont pu, il est vrai, être formulées contre certaines par-
ticularités ou certains détail^ du système. Ce n'est pas ici le lieu de les
exposer, et il suffira de dire que, sans nier que le système puisse être
encore perfectible en certains points, ces objections ont été sérieusement
discutées et ont été victorieusement réfutées dans une série de publica-
tions auxquelles il est facile de renvoyer (').
» Je crois en avoir assez di|j pour montrer que l'Académie des Sciences,
malgré la spécialisation de ses études, ne doit pas se désintéresser de cette
question, qui ne pourra manquer d'être mise prochainement à l'ordre du
jour des travaux de l'Association internationale des Académies.
» L'Académie devra forcéiifent, en tout cas, y intervenir un jour pour
la préparation des vocabulaires techniques spéciaux qui seront nécessaires
pour compléter les manuels d'usnge courant actuels, afin de permettre
l'application de cette langue aux besoins des diverses branches des sciences.
» Comme introduction à ces études, les deux Notes que M. Méray nous
a adressées à un an de distance constituent des documents intéressants.
Elles sont utiles à publier, nef serait-ce que pour garder trace du rôle que
l'Académie aura eu à jouer bu début d'une entreprise qui peut avoir les
plus féconds résultats tant au [point de vue scientifique qu'au point de vue
économique et social. J'ai l'honneur de proposer à l'Académie de vouloir
bien en autoriser l'impression, au moins partielle, à la suite de cette Com-
munication. ))
SCIENCES EN GÉNÉRAL. — Sur les services que peut rendre aux Sciences la
langue auxiliaire internationale de M. le D'' Zamenhof, connue sous le
nom rf'Esperanto. Note de M. Ch. UIéray.
« Il serait puéril d'insister devant l'Académie sur la très grave incom-
modité qu'infligent à tous les hommes civilisés, aux savants en particulier, la
(') Consulter à ce sujet : Coutdrat, Pour la langue internationale. Paris, 1901.
— D'' Zahexuof, traduit par de Bcaufront, Manuel complet de la langue Espéranto.
Paris, Lesoudler, 1897; 3"= édition. — De Beaufroxt, Commentaires sur la grammaire
Espéranto. Épernay, igoo; et articles parus dans le journal V Esperantiste ; 1898-
1901.
I
( 875 )
diversité des langues naturelles et la difficulté de leur acquisition pour les
étrane;ers. Cette situation trop connue a fait naître, elle rend de plus en
plus pressant le besoin de quelque idiome artificiel facile qui put immédia-
tement servir d'interprète entre tous ceux qui ne parlent pas une même
langue nationale; et ce besoin est si ancien, si impérieux qu'à cette heure
les érudits ne comptent pas moins de i5o langues internationales ayant
été au moins projetées pendant le cours des deux derniers siècles. Un in-
stant il a paru trouver satisfaction dans le Volapuk, proposé en 1879 par
M. l'abbé Schleyer, très savant linguiste allemand, puis essayé presque
partout avec un entrain extraordinaire. Mais l'événement n'a pas répondu
aux efforts, aux espérances des premiers jours : le Volapuk avait contre lui
de graves défauts dans sa construction, une facilité d'acquisition beaucoup
trop insuffisante, et partout aussi, il a été successivement abandonné,
quoiqu'en Autriche-Hongrie, pays particulièrement tourmenté par la con-
fusion des langues, une poignée d'adeptes, dit-on, lui resterait encore
fidèle.
» Tel n'est aucunement le cas de V Espéranto, langue auxiliaire entière-
ment différente, due à un médecin russe, M. le D"^ Zamenhof, de Varsovie,
qui en a publié les principes en 1887 sous le pseudonyme doktoro Espé-
ranto, d'où le nom resté à son œuvre. La valeur linguistique intrinsèque
de V Espéranto a. été sanctionnée parles suffrages d'hommes comme M. Max
Muller, Associé étranger de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres;
comme M. Ernest Naville, Associé étranger de l'Académie des Sciences
morales et politiques, qui lui a consacré un Mémoire spécial lu par M. G.
Picot, Secrétaire perpétuel, dans les séances des 28 janvier et 4 fé-
vrier 1899, puis imprimé dans les Séances et Travaux de la même Aca-
démie; comme le célèbre écrivain russe L. Tolstoï qui a écrit à son propos :
« ... Il est si facile à apprendre qu'ayant reçu, il y a six ans, une gram-
» maire, un dictionnaire et des articles sur cet idiome, j'ai pu arriver, au
» bout de deux petites heures, sinon à écrire, du moins à lire couramment
» la langue ». Sa valeur pratique lui a déjà attiré environ 40000 adeptes
disséminés sur tous les points du globe, principalement en Russie, en
Suède et dans les pays de langue française. Les noms et adresses de
5ooo espérantisles sont libellés sur un Adresaro remis à jour chaque année
par les soins de M. le D' Zamenhof, annuaire au moyen duquel plus d'un
voyageur, aventurés en pays étrangers, ont pu découvrir interlocuteurs et
guides improvisés. Enfin, les progrès de V Espéranto, assez prononcés à
cette heure pour avoir exigé des éditions de son Manuel, imprimées en
( H76 )
i8 langues, sont dirigés, de la France (sans parler de la Russie) par la
Société pour /a propagation de l' Espéranto [Président : M. L. de Beaufronl,
à Paris; Secrétaire : M. René Lemaire, à Epernay (Marne)], qui a des
adhérents partout. Dans l'Annuaire de celte Société pour 1 899-1 900, je
trouve le nom de plusieurs professeurs et maîtres de nos trois ordres
d'enseignement public; j'y lis ceux de quantité de personnes de toutes
conditions, éparses dans tou^s les contrées de l'Europe, en Asie jusqu'à
Vladivostok, en Afrique (Algérie, Tunisie, Soudan), en Amérique, de
l'Alaska au Brésil, en Océanie (Nouvelle-Calédonie). Il est hors de doute
que la diffusion de V Esperanio aurait été très rapide, que peut-être elle
couvrirait le monde civilisé, sans les préjugés et les défiances que la fail-
lite du Volapuk a ravivés, plus aveugles et tenaces que jamais, sous les
pas de toute langue internationale.
» Certes, je ne suis pas assez présomptueux pour penser que, aux yeux
de ceux à qui les faits étaient déjà connus, mon autorité puisse compter à
côté de celle des spécialistes étninents dont je viens de citer les noms. Mais
ayant appris le nom même de VEsperanlo il y a moins de six semaines,
ayant été immédiatement et tiiès vivement frappé par sa construction émi-
nemment logique et ingénieuse, extraordinairement simple, par son
incroyable facilité, par son aptitude à reprendre avec une incomparable
supériorité le rôle si utile que le latin a pu jouer longtemps entre les savants
de nationalités différentes, ayant découvert enfin avec une sorte de stupé-
faction que le monde scientifique l'ignore encore à fort peu près totale-
ment, j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de faire part à l'Académie de mes
appréciations personnelles, basées non pas sur des dires d'autrui, mais sur
mes propres constatations.
» Les difficultés grammaticales, si ardues dans toutes les langues natu-
relles, sont nulles dans V Espéranto, car son code linguistique, construit non
plus par l'ignorance et l'msouciance des masses humaines, mais par un art
consommé, ne comporte que 16 règles et 17 terminaisons grammaticales,
toutes si nettes et si simples qu'il suffit de dix minutes pour les lire et de la
première application pour les graver irrévocablement dans la mémoire.
Les difficultés orthographiques sont nulles aussi, parce que, d'une manière
invariable, tout son émis se note, toute lettre écrite se prononce. Les
racines ont été tirées, par voie de sélection très habile et de simplification,
de celles qui ont le plus d'extension dans les grands idiomes des races eu-
ropéennes, en majeure partie du latin dont les traces sur tous sont si nom-
breuses et profondes. Aussi leur traduction se fait généialement à vue,
( «77 )
surtout pour les Néo-Latins avant une teinture de l'allemand et de l'anglais,
et pour les hommes d'autres peuples connaissant un tant soit peu notre
langue. Les combinaisons de ces racines, soit entre elles (comme dans
l'aliemand), soit avec des suffixes modificateurs peu nombreux et très
judicieusement choisis, soit avec les terminaisons grammaticales, four-
nissent avec la dernière aisance des mots innombrables de toutes fonctions,
dont l'ensemble forme indubitablement la langue la plus riche, la plus
flexible et la plus précise qui ait jamais existé; et cette langue capable de
suivre la pensée moderne dans toutes ses complications, dans toutes ses
nuances, est cependant plus facile, vingt fois peut-être, que la plus acces-
sible des langues naturelles, le latin scientifique comprisi. Sa prononciation
est très coulante, parce que les heurts de consonnes dures ont été adroite-
ment évités, ainsi que les sons d'une émission difficile pour certains Euro-
péens.
» Ces qualités, sans pareilles dans les langues connues, expliquent
comment j'ai pu, en me jouant pour ainsi dire, lire les textes de celle-ci,
un peu au bout de huit jours et très facilement au bout de quinze, à en
écrire ma première page à fort peu près correcte au bout de trois semaines;
comment, depuis lors, il m'est possible de lire, presque aussi facilement
que du français, des textes imprimés en Espéranto et tout aussi bien des
lettres de l'Étranger (qui no sont plus rares). Je suis certain, en outre,
qu'en m'y appliquant pendant peu de jours j'arriverais sans peine à écrire
un mémoire scientifique, à soutenir une conversation pratique.
» Tout le monde n'ayant évidemment qu'à recommencer ce que je
viens de faire pour obtenir les mêmes résultats, j'ai la conviction certaine
qu'aux savants de tous pays il suffirait d'un mois d'efforts très légers,
pour que leur langage fût immédiatement unifié, dans leurs publications
comme dans leurs coriespoi)d;inces particulières. Pour commencer, un
moven des moins hasardeux consisterait à employer l'Espéranto à rédiger
des indications et notices dans les recueils bibliographiques en possession
d'une publicité européenne. On tarderait peu à reconnaître partout ses
mérites, puis à lire des mémoires originaux écrits dans cette langue,
comme il en paraît quelquefois encore en latin.
» A tous ceux qui voudront bien prendre la peine d'examiner, comme
je l'ai fait, les choses par eux-mêmes, je n'hésite pas à affirmer que, malgré
l'exagération dont ils taxeront très probablement mes appréciations, ils
seront étonnés, eux aussi, de la facilite de l'Espéranto, de son caractère
émiuenuuent pratique, et que leurs vœux s'ajouteront immédiatement aux
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 14.) • ' ->
( ByS )
miens en faveur d'une prompte exploitation de ce merveilleux instrument
de commerce intellectuel international. Pour cet examen et pour une
étude de Y Espéranto poussée fort loin, le matériel suffisant se réduit aux
trois opuscules suivants de M. le D"^ Zamenhof, d'un prix modique : Manuel
complet (pour les Français), Ekzercaro, Universala vortaro.
» P. S. — L'année qui a passé sur ces lignes, écrites en mars 1900, n'a
fait qu'en corroborer beaucoup de points. J'ai pu éprouver complètement
la valeur pratique de la langue par i32 correspondances en Espéranto,
roulant sur toutes sortes de sujets, que j'ai reçues de Sa étrangers habi-
tant des localités très variées des deux mondes, appartenant aux langues
russe, polonaise, bulgare, tchèque, roumaine, italienne, espagnole, portu-
gaise, danoise, suédoise, anglaise, ainsi que par la centaine de réponses
(et plus) qu'elle m'a permis de leur faire très facilement. Les rangs espé-
rantistes se sont partout grossis : de plus de cent unités, par exemple, dans
la seule ville de Dijon, ma résidence, oîi quatre conférences ont suffi pour
appeler à l'idée une quarantaine de professeurs, ingénieurs, médecins,
avocats, ... , la Chambre de commerce et de très grands groupes commer-
ciaux, une quantité d'adepteSde toutes professions. Dans tout ce mouve-
ment il Y a beaucoup à remarquer les apports du monde des sciences
naguère si indifférent ; accidentels autrefois, ils sont devenus réguliers et
ont pris un caractère des plus sérieux. »
MÉMOIRES PRESEI\TES.
M. Ch. Sibillot adresse une Note relative à un aérostat dirigeable.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. A. AvÉROcs adresse un Mémoire relatif à un nouveau mode de pro-
pulsion des navires.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte que la Science
vient d'éprouver par suite du décès, survenu le i" avril 190 1, de M. Raoult,
( 879 )
Doyen et Professeur de Chimie à l'Université de Grenoble, notre Corres-
pondant depuis l'année 1890.
M. Raoult avait acquis une renommée générale par suite de ses décou-
vertes en Chimie physique et de leur application à la détermination des
poids moléculaires. La Cryoscopie en particulier constitue une branche de
la Science d'un emploi devenu universel.
PHYSICO-CHIMIE. — Généralisation de la loi (le TroiUon.
Note de M. de Fokcraxd.
« Lorsqu'on i844 (') le physicien irlandais Trouton formula la loi qui
porte son nom, il ne fit que constater une relation empirique d'une cer-
taine généralité, entre les chaleurs de vaporisation mesurées à la tempéra-
ture d'ébuUition normale et cette température comptée à partir du zéro
absolu :
™^ = K.
En fait, R varie de 20 à 26.
» En 1887, M. LeChatelier(-) énonça de nouveau la loi de Trouton, en
donnant pour une trentaine de corps, simples ou composés, des valeurs
qui varient de 21,2 à 27,8. En outre, il ajoutait deux remarques fort im-
portantes :
» 1° Les sels métalliques ammoniacaux dissociables fournissent pour —,
des valeurs voisines des précédentes, 27,8, 28,7, 29,1; Q étant ici la
chaleur de fixation du AzH' gaz et ï' la température (absolue) à laquelle
le composé a une tension de 760""" ;
» 2'' Si l'on calcule de même ^ pour les composés dissociables suivants :
Pd=H, CaOCO-, IrO-, C'Az% CaOH-0, qui dégagent un gaz autre que
l'ammoniac, on trouve encore 23, 23,4, 24,8, 27,8, 27,8, c'est-à-dire
des valeurs presque identiques.
» M. Le Chatelier établit même que l'égalité
(A) Q == Qi
est une conséquence des lois de l'équilibre chimique.
» Cependant tous les nombres précédents varient en fait de 20 à 3o.
(') Philosophical Magazine, 5* série, t. XVIII, n» 2, p. 54.
(^) Comptes rendus, t. GIN', p. 536, et Annales des Mines, mars-avriJ iJ
( 88o )
En oulie, il résulle des travaux les |)kis récents publiés sur les chaleurs
latentes de vaporisation et sur la dissociation :
)) i" Que les nombres les plus élevés, voisins de 24 à 26, fournis [)ar la
relation de Trouton, s'ap])liquenl à des composés anormaux dont les mo-
lécules liquides sont condensées, et qu'en réalité les liquides normaux,
non polymérisés, Jonnent une valeur assez constante, voisine de 20 à 21 .
» 2° Que le quotient ,^> au contraire, donne un nombre moyen assez
constant aussi, mais plus élevé, voisin de 3o à 32. Ainsi les chlorures am-
moniacaux fournissent très régulièrement 32.
» De sorte que, si la relation (A) est exacte, on obtiendrait pour tous
les coips :
Pour la vaporisation de 20 à 21
Pour la dissocialipn de 3o à Sa
Et la loi proposée par M. lie Chatelier setuble disparaître. Elle devient
non plus une généralisation de celle de Trouton, mais une autre loi ana-
logue, ainsi que nous l'a expliqué récemment M. Matignon (') pour le cas
des chlorures ammoniacaux^
» Je crois cependant que l'idée exprimée par M. Le Chatelier, que le
même énoncé comprend sans exception tous les phénomènes de vaporisa-
tion, de transformation allotropique et de dissociation, doit rester dans la
Science et que l'on doit avoir
y _ k _ Q - Qj
'F~ Tj ~ T' t; '
mais à la condition de modiBer un peu l'énoncé de la loi et la valeur à
attribuer à L.
» Dans la formule de Trouton, L est la chaleur de liquéfaction d'une mo-
lécule d'un gaz quelconque.
Dans celle de M. Le Chatelier, Q comprend en réalité trois termes dis-
tincts que nous pouvons envisager séparément :
» L chaleur de liquéfaction d'une molécule gazeuse;
» S chaleur de solidification de cette molécule liquide;
» q chaleur de combinaison de cette molécule solide avec un corps
solide pour former un composé solide sans changement d'élat physique.
C'est une chaleur de solidification supplémentaire ; nous cherchons donc à
comparer
une part : ^> de I autre : =; — '-,
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. io3; 1899.
( H8i )
c'est-à-dire deux termes qui ne sont pas évidemment comparables; mais
ils le deviendraient, et la valeur des deux quotients serait alors à peu près
constante, si l'on pouvait, dans la première fiacfiou, ajouter à L un terme S
représentant la chaleur de solidification.
» On aurait alors, et pour tous les corps :
L_-t-_S _ L -f- S + y
q étant toujours positif et T' toujours plus grand que T.
» La loi générale peut alors s'exprimer ainsi :
» Dans tons les phénomènes physiques ou chimiques, la chaleur de solidifi-
cation d'un gaz quelconque est proportionnelle à sa température de vapori-
sation sous la pression atmosphérique.
» Celte loi ne peut être vérifiée en toute rigueur que dans un seul cas
particulier : c'est celui de l'anhydride carbonique, parce que son point de
fusion — 78°, 5 C. est précisément le même que son point d'ébullition sous
la pression de 760™". IjCS expériences de Favre ont donné, comme
moyenne, pour la vaporisation de 44*^" ^^e CO^ solide : — 6256<=''', 8, D'où
l'on tire :
L + S 6256,8 o
— - — = — = 02 . 1 .
T .94,5 ^'-''•
» C'est précisément la valeur 32 que donnent les chlorures ammonia-
caux dissociables, et, d'après la démonstration de M. Le Chatelier, à peu
près la même que celle fournie par tous les composés dissociables (sys-
tèmes hétérogènes). Si d'ailleurs on transporte cette valeur 32 dans les
équations fournies par les composés dissociables qui dégagent CO", tels
que l'hydrate carbonique, les carbonates, on trouve des nombres qui con-
cordent avec les résultats des expériences pour la valeur de T'; du moins
tant que la température n'est p: s trop élevée, car il est de toute nécessité
de pouvoir négliger la variation de Q, toujours mesuré à la température
ordinaire. ^
» Pour tous les autres cas, il existe un intervalle plus ou moins consi-
dérable entre la température de solidification et le point d'ébullition.
Cependant, comme la valeur de S est toujours assez faible [)ar rapport à
celle de L, quel que soit cet intervalle, on peut, sans commettre d'erreur
grossière, se servir de la valeur de S déterminée directement au point de
fusion.
» En procédant ainsi, j'ai calculé pour les quatorze corps suivants : ammoniac, eau,
glycol, chlore, brome, iode, phénol, benzène, naphtaline, bibromure d'élhylène,
( 882 )
oxalale de méthyle, acides butyrique, formique et acétique ('), la valeur de la frac-
tion : j'ai trouvé des nombres variant seulementde 28 à 82. La moyenne serait 3o.
Les écarts constatés sont donc moindres que pour la loi de Trouton, et, en prenant
on aurait une approximation de -jL.
11 Je me propose de revenir sur quelques conséquences importantes et
générales de cette loi et sur son application à la dissociation des sels ammo-
niacaux. Pour le moment, je me borne à l'énoncer, en la considérant sim-
plement comme une relation empirique. »
PHYSICO-CHIMIE. — 'Nouvelle méthode permettant de caractériser les matières
colorantes. Application aux indophénols. Note de M. C. Camichel et P.
Bayrac, présentée par M. J. VioUe.
« Nous avons étudié l'absorption de la lumière par les dissolutions des
indophénols dans l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone, le chloroforme.
En prenant comme abscisses les longueurs d'onde et comme ordonnées les
coefficients de transmission, nous avons obtenu des courbes de forme pa-
rabolique, dont la convexité est tournée du côté de l'axe des abscisses; la
branche de cette courbe correspondant aux radiations rouges monte beau-
coup plus rapidement que celle qui correspond au vert et au bleu. Le point
d'ordonnée minimum est compris entre les longueurs d'onde 0^^,610
et 0^^,535 selon la nature de l'indophénol et de son dissolvant.
» Pour caractériser chacun des corps étudiés, nous avons déterminé le
point de cette courbe le plus bas, c'est-à-dire le minimum de transpa-
rence. Ce point se détermine avec exactitude en coupant la courbe par
une série de cordes parallèles à l'axe des abscisses. Le diamètre conjugué
de ces cordes, obtenu en joignant leurs milieux, est rectiligne dans un inter-
valle assez grand : de o'^,670 à o**, 5io, par exemple, pour la solution alcoo-
lique d'indophénol de l'orthocrésylol à deux azotes tertiaires.
» Le minimum de transparence est indépendant de la concentration,
pour tous les corps dont le coefficient d'absorption est proportionnel à la
(•) Je n'ai pas trouvé d'autres corps, simples ou composés, dont on connaisse assez
exactement la valeur de L et celle de S.
( 883 )
concentration, suivant ia loi de Béer; il varie avec le dissolvant, suivant une
loi qui n'est pas celle indiquée par M. Rundt.
» Nous avons étudié les indophénols dont les noms suivent. Les uns (série a) ont
deux azotes tertiaires, le plus simple est rindopliénol du phénol ordinaire
H H
0=^
/"
)— Az-C«II*-Âz(CPP)^
H H
» Les autres (série b) ont leur deuxième azote tertiaire remplacé par un azote pri
maire; le plus simple est l'indophénol du phénol ordinaire
O
H H
=/ ')=Az — C"H'-AzH=.
Il il
Tableau des indophénols étudiés.
Série a.
Indophénol du phénol . i
)i de Torthocrésylol 2
>i du métacrésylol 3
" du paraxylénol 4
I) de l'orthoéthylphénol 5
' du métaisopropylphénol . 7
du thymol 8
» du carvacrol g
i> du cymophônol a 10
)) du phénol ■x du paraéthyl-
toluène 11
Série b.
Indophénol du phénol i
» de Torthocrésylol 2
'> du métacrésylol 3
» du paraxylénol 4
de l'orthoéthylphénol .. . .5
» du métaéthylpliénol .... (5
>i du thymol 8
» du carvacrol g
» du cyniophénol « 10'
» du phénol a du paraélli'. I-
toluène 11
» de l'orthoxylénol (1.2.3). 12
» du métaxylénol (1.2.3) . . i3
» a. Le déplacement du minimum de transpareiTce sous l'influence du dissolvant
est indiqué par les nombres suivants :
Alcool. Éther. Sulfure de carbone. CUloroforme.
1. 120 1. 169 1. i47 1. 128
etc.
>) Les nombres indiqués représentent les divisions du micromètre oculaire; pour se
rendre compte de la grandeur des déplacements, il suffit de se reporter au tableau de
graduation du spectrophotomètre en longueurs d'onde :
Graduation du spectrophotomètre.
Raies. Micromètre. Raies. Alicrométre. Raies. Micromètre.
A 7,0 Ca* '°"' '"^ Thallium... 220
K 49>5 *)2<=... io4 E 235
Lithium 60, 5 D, i38
C 72,5 Dj 189
( 884 )
» b. Nous avons étudié l'influence du remplacement d'un azote tertiaire par un
azote primaire; voici quelques nombres :
Dissolvant : l'alcool.
1. 120 I'. i42 Déplacement.. -4-22
2. i36 2'. 162 » .. -1-26
3. 122 3'1 142 - .. +20
» c. Nous avons étudié l'influence d'une substitution en oi-lho (par rapport au
phénol dont dérive l'indophénol étudié) des radicaux
GIF, C=FF, CH(^^J]3, CH-— CH--CH'.
» Voici quelques résultats :
Dissolvant : l'alcool.
1.
120
2.
i36
Déplacement. .
+ 16
provoqué par une substitution de GH'
3.
122
k.
i34
» . .
+ 12
GH^
7.
117
9.
i36
» . .
+ 19
GIP
1.
120
3.
122
Déplacement. .
+2
2.
i36
'+.
.34
» . .
— 2
d. Nous avons étudié l'inlluerice d'une substitution en meta des radicaux
GH^ G-US GH( ^„„ CFP-GFP-GH'.
Voici quelques résultats:
provoqué par une substitution de GhP
GH^'
» I>es conclusions sont les suivantes :
» a. Quand un azote tertiaire est remplacé par un azote primaire, le mi-
nimum tie transparence se déplace vers l'extrémité la plus réfrangible du
spectre, quel que soit le dissolvant (alcool, éther, sulfure de carbone, chlo-
roforme).
« Il est utile de f;iire remarquer que cette loi diffère entièrement de
celle qu'indiquait M. Lemoull, qui étudiait le déplacement apparent de la
bande rouge donnée par les indophénols. Dans une Note récente, nous
avons lïiontré que cette bande rouge n'est pas définie.
» b. Une substitution en ortho dans le phénol dont dérive l'indophénol
produit un dé|)lacement considérable du minimum de transparence, quel
que soit le dissolvant. Ce déplacement peut dépasser le précèdent. L'im-
portance des substitutions se trouve ainsi mise en évidence : les groupes
auxochromes ne sont pas seuls à modifier la nature de la teinte.
)> c. Une substitution en meta dans le phénol dont dérive l'indophénol
produit un déplacement très faible du minimiun de transparence, vers le
( 885 )
rouge ou vers le bleu; ce déplacement est souvent nul, il diffère peu des
erreurs expérimentales (').
» La conclusion subsiste quel que soit le dissolvant :
» d. La méthode du diamètre recliligne permet de caractériser des ma-
tières colorantes dont les coefficients d'absorption suivent la loi de Béer :
c'est le cas général. Ap|>liqtiée au sang, elle permet de caractériser la pre-
mière bande noire (la bande la moins réfrangible)avec une approximation
telle que les écarts dans la détermination du minimum de transparence
sont d'environ ^ de division du micromètre, c'est-à-dire le -^ de l'inter-
valle qui sépare dans le spectre les deux raies du sodium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la réaction des benzophénones amidées
subsliluées et des jamines aromatiques en milieu sulfurique. Note de
M. Paul Lemoult.
« On sait que les benzophénones paraamidées substituées et les aminés
aromatiques secondaires ou tertiaires s'unissent molécule à molécule en
présence de certains composés halogènes, comme POCI', et que cette réac-
tion engendre des corps dérivés du triphénylméthane ou du diphényl-
naphlylmélhane. D'autre part, on peut, dans certains cas, remplacer le
POCI', agent de la réaction, par de l'acide sulfurique concentré; mais
tandis que dans les premiers cas la nature de lamine est assez indifférente,
pourvu iju'elle ait une place para libre (l'azote étant en i), les réactions
en milieu sulfurique sont étroitement liées à la nature de l'aminé et ne se
produisent qu'avec celles qui a|)partiennent au type diphénylamine; je me
suis proposé d'étudier les particularités de cette réaction.
» On dissout, dans loos'' d'acide sulfurique pur, 3o3'' de tétramélhyldiparaamido-
lienzophénone, 176"' de diphénylamine et l'on chaulTe entre iSo" et j5o°; la solution
sulfurique prend la coloration acajou propre aux colorants du triphénylméthane, et
donne dans l'alcool une coloration violette; au bout de trois heures, la réaction est
terminée. On coule dans l'eau glacée; le colorant formé se précipite, la diphénylamine
a disparu et l'excès de benzophénone reste en dissolution.
(') Les deux lois précédentes permettent de déterminer la formule d'un phénol; on
le transforme en indophénol à azote primaire ou tertiaire, il suffît d'observer sa
dissolution alcoolique; une quantité extrêmement faible du corps est nécessaire.
G. R., 1901, \" Semestre. _^(T. CXXXII, N" 14.) Il4
( 886 )
» Il y a eu fixation des deux molécules et monosulfonation concomitante, comme le
montrent les dosages suivants :
Poids Poids Théorie
de de S pour
subslaace. SO'Ba. pour lou. C-'H"Az'S05= 499.
0,721 o,33o2, 6,28 ) „ ,
„ , /- of } "j'ir pour 100
0,307 0,142 6,35 I ^
» On a ainsi obtenu la matière colorante correspondant au tétraméthyl-
monophénylsulfotriparaamidotriphénylmélhane, et cette formation est
presque intégrale : 90 pour 100 de la théorie. (On peut éviter la sulfona-
tion en modérant la réaction, mais elle devient très lente.)
» Si l'on remplace la diphénylamine par la quantité moléculairement
correspondante d'une amiiie secondaire ou tertiaire à un seul noyau aro-
matique, la solution conservera nuance initiale et ne donne dans l'alcool
aucune coloration [)articulière. Cela exclut déjà l'hypothèse d'une réaction;
et, d'ailleurs, même en chauffant pendant six heures, on retrouve en to-
talité les éléments constituants du mélange : la benzophénone intacte et
l'aminé parfois sulfonée. Ces aminés à un seul noyau aromatique n'entrent
donc pas en réaction avec la benzophénone en milieu sulfurique, contrai-
rement à ce qui a lieu pour là diphénylamine.
» Toutefois, celte réaction n'appartient pas exclusivement à la diphé-
nylamine; elle a lieu avec les aminés tertiaires qui en dérivent, telles que
la raéthyl, l'éthyl et la benzyldiphénylamines; avec des aminés secondaires
homologues de la diphénylamine, telles que la phénylparatolylamine, la
phénylorthotolylamine, mais elle ne se produit pas avec la dij)aratolyla-
mine; cette particularité, ainsi que la nuance violette ou bleu violacé des
produits obtenus quand la réaction a lieu, démontrent que celle-ci se
fait par soudure du carbone cétonique sur le noyau de lamine et en
para de l'azote (avec perle de H^O).
» J'ai essayé les mêmes réactions avec les aminés naphtylées secondaires
ou tertiaires, en raison de l'intérêt que présente la comparaison des résul-
tats avec ceux qu'on obtient en présence de POCP. Avec la phényl-
a-naphlylamine, la phényl-p-naphtylamine, l'orthotolyU^-naphtylamine et
la méthylphényl-p-naphtylainine, la réaction a lieu ; mais elle ne se produit
pas avec la /)-tolyl-a-naphlylamine, ni avec la ^-tolyl-p-naphtylamine, ni
avec la a, jiJ-dinaphlylamine.
» La soudure ne se produit donc jamais sur un noyau naphtyl-a ou ^ ;
pour qu'elle ait lieu, il faut que l'aminé ait au moins un groupe phényl, et
( 887 )
que de plus celui-ci ait sa position para libre (^l'azote étant en i). Par ce
côté, la réaction en milieu siilfiirique se distingue de nouveau de la réaction
avec POCl', puisque cette dernière a lieu avec la ^-tolyl-a-naphlylamine ;
les formules suivantes (hypothèse Rosensthiel) des colorants obtenus dans
les deux cas avec une même aminé (phéiiyl-a-na|)htylamine) font ressortir
cette différence [D représente (CH^)-Az — C^H' — ] :
Cl
Cl
^\c-
./ \_AzH/
\
^\g-
-/ \Az-
/ \
D/
\ / \
/ \
\ /
avec PO Cl'
_/
D/'"
\ /
avec S0*H2.
\ /
/ \
\ /
» J'ai étudié au même point de vue la tétraéthyldiparaamidobenzophé-
none en présence de :
» Premier groupe : Diphénylamine, étliyldiphénylamine, phényl-oc-
naphty lamine, phénvl-p-naphty lamine.
» Deuxième groupe : Diparatolylamine, p-tolyl-a, et ^-tolyl-p-naphtyl-
amines, a et (î-dinaphlylamines, mono et diéthylanilines benzylaniline.
» Les aminés du premier groupe réagissent à l'exclusion des autres, et
ces faits m'ont paru suffisants pour généraliser la conclusion citée plus
haut à propos de la benzophénone méthylée.
» La sulfonalion de la benzophénone ne change non plus rien à la na-
ture de la réaction; de la tétraméthyldiamiilobenznphénone transformée
en un |)roduit disulfoné que j'ai obtenu cristallisé (S pour loo trouvé :
i5,io; calculé pour C"H^"Az-S"0' : J^,g5) réagitencore avec les aminés
du premier groupe, tandis qu'elle ne réagit pas davantage avec celles du
second groupe. Dans le premier cas, on obtient des colorants dont les
nuances sont très voisines de celles des colorants correspondants oblenus
avec la benzophénone non sulfonoe, les différences étant attribuables au
degré de sulfonalion de la molécule.
» Pour généraliser encore ces résultats et effacer autant que possible
l'influence propre de la benzophénone, sauf celle du groupe CO, j'ai
employé la moiioamidobenzophénone diméthylée et ce même corps sul-
foné; ils donnent des colorants à nuances vertes au lieu de colorants
violets et bleus; ces corps (comme d'ailleurs la plupart de ceux que j'ai
obtenus plus haut) n'ont pas été décrits et leur étude détaillée fera l'objet
d'une publication ultérieure. Ici encore, seules les aminés du premier
groupe donnent lieu à des réactions avec soudure en para de l'azote, à
( 888 )
l'exclusion de celles du second groupe, qui restent intactes ou sont seule-
ment sulfonées.
» Ces résultais généraux sont faciles à constater, en raison des colo-
rations qui se produisent, et ces essais pourraient même servir à distinguer
les aminés aromatiques de l'un ou l'autre groupe. On peut les résumer
dans l'énoncé suivant :
» En milieu sulfurique, les benzophénones para amidées substituées
donnent avec certaines aminés aromatiques, à l'exclusion des autres, des
produits de réaction qui sont des matières colorantes; les seules aminés
qui sont ca|)ables de cette réaction sont celles qui ont au moins deux
noyaux aromatiques fixés directement sur l'azole; il faut, en outre, que l'un
de ces noyaux soit un phényl et qu'il ait sa position para libre (l'azote
étant en i); dans ce cas, la soudure des deux molécules se fait en cet
endroit. » 1
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Angle limite de numération des objets et mou-
vements des yeux. Note de MM. André Broca et D. Sulzer, présentée
par M. d'Arsonval.
« Burckhardt a proposé, pour donner plus de précision aux mesures
d'acuité visuelle, de remplacer la limite à laquelle on cesse de distinguer
des objets, par celle à laquelle on cesse de pouvoir les compter. Cet auteur
a été amené à donner, pour l'acuité visuelle ainsi définie, des nombres
moveus trois fois plus grands environ que ceux des auteurs opérant par la
méthode ordinaire du pouvoir de définition de 1 œil.
» Nous avons repris cette étude dans des conditions très simples, avec
un test objet composé de traits blancs sur fond noir, tant plein que vide, et
nous avons pu dans ces conditions observer quelques faits bien nets.
» Nous avons d'abord pensé que la Jecture pouvait se faire à une dis-
tance à laquelle on pouvait compter les traits d'une lettre. Nous avons vu
qu'il n'en était rien. La lecture se fait à peu près à la dislance de définition
limite des traits qui composent les lettres. Une lettre est donc un individu
que nous reconnaissons [)ar une opération psychique sim|)le.
» Au contraire, nous pouvons compter les traits dans les conditions
moyennes suivantes :
Pouvoir de définition 45"
Numération de a traits i' 6"
( 889)
Numération de 3 traits i' 4o"
Numération de 4 traits 2'
Numération de 5 traits 2'. 20"
Numération de 6 traits 3'
Ce sont là les chiffres moyens, obtenus sur nous deux, avec des varia-
tions journalières assez grandes d'ailleurs. Un sujet a donné des nombres
beaucoup plus petits. Son pouvoir de définition était de 45 "environ, et il
faisait les mmiérations de six traits sous-teiidant chacun 1' seulement,
c'est-à-dire l'angle pour lequel la moyenne des observateurs ne compte
que deux traits.
» Ces chiffres suffisent à prouver ([ue la numération des traits est une
fonction plus complexe que la reconnaissance d'une lettre. Nous nous
rangeons à la théorie classique qui attribue la numération à des mouve-
ments oculaires. Nous ne pouvons admettre, avec certains observateurs,
que la numération de deux traits se fasse par la même opération psy-
chique simple que la reconnaissance d'une lettre, à cause des notables
difïérences notées ci-dessus.
» On peut alors attribuer à deux causes la variabilité de l'angle limite
de numération avec le nombre des traits. Ou bien nous pouvons faire
un seul très petit mouvement et nous ne pouvons pas le répéter avec exac-
titude; ou bien nous nous contentons, quand il n'y a que deux ou trois
traits, d'une coïncidence médiocre entre le point de fixation et les traits
successivement visés. Nous n'avons pas encore les éléments pour décider
entre ces deux hypothèses, mais nous pouvons, croyons-nous, affirmer que
le plus petit mouvement qu'on puisse répéter six fois de suite avec exacti-
tude est de 3'.
» Voilà ce que nous avons obtenu avec les traits verticaux. Nous avons
alors pensé que, les mouvements des yeux autour des divers axes étant faits
par des contractions de groupes musculaires différents, il pourrait y avoir
des différences notables dans l'angle liinile de numération pour les diverses
orientations des traits.
» Nous avons opéré avec les traits horizontaux, verticaux, ou inclinés à 45° dans les
deux sens. Les nombreuses observations ont porté sur un assez grand nombre de sujets,
d'âges dilTérents. . . .
» Nous pouvons diviser les observateurs en deux catégories. Une première, déjeunes
gens au-dessous de 27 ans; une autre, d'hommes entre 35 et 45.
» Les observateurs de la première catégorie comptent également bien à peu près dans
tous les azimuts. Ceux de la seconde comptent notablement moins bien dans les direc-
( 890)
lions des traits inclinés de gauche à droite, avec l'neil droit (nous avons toujours opéré
avec cel œil ).
» Il e-t à remarquer que les observateurs de la première catégorie accusent une
fati.^ue beaucoup plus grande pour les numérations dans cette même direction que pour
les numérations dans les autres directions.
» Il nous semble que c'est là un ensemble de faits bien coordonné par la seule ins-
pection des muscles de l'œil.
» Les mouvements de l'œil sont en effet régis par la loi de Listing, qui peut s'énon-
cer ainsi: Les mouvements des yeux, s'exécutent toujours autour d'axes situés dans un
même plan normal à la direction primaire du regard. Quand on contracte les droits
latéraux seuls, leur axe de rotation est situé dans ce plan. Mais les droits supérieur et
inférieur, à cause de l'obliquité de l'orbite, ne donnent pas lieu a des rotations autour
d'axes de Listing. Les obliques sont là pour donner, par une composante convenable
ajoutée à celle des droits supérieur et inférieur, une résultante dans le plan de Listing.
Plus cette composante sera grande, et plus il y aura d'énergie musculaire et nerveuse
perdue dans le mouvement, plus celui-ci sera fatigant, et moins il se fera avec pré-
cision.
» L'épure montre que c'est pour les mouvements que nous avons toujours observés
comme étant les plus difficiles, que la rotation due aux obliques est la plus grande. »
PATHOLOGIE ANIMALE. — Ld résistance des moulons algériens à la clavelée
est-elle héréditaire? Note de M. P. Pourquier.
« PourMM.NocartetLeclainche(') « la résistance des animaux africains
» ne peut être rapportée à un affaiblissement du virus ; elle est inhérente à
» l'individu et elle doit être probablement rapportée à une accoutumance
» héréditaire de l'organisme aux effets du virus. La clavelée sévit de temps
» immémorial en Afrique, et tous les moutons sont affectés; on s'explique
» dès lors qu'une certaine immunité, renforcée de génération en géné-
» ration, soit transmise aux descendants. De même, les troupeaux du
)) littoral français de la Méditerranée, infectés depuis des siècles, ont
» acquis également une résistance appréciable. »
» Rien ne paraît justifier cette opinion à l'égard des moutons élevés
dans le midi de la France : sur toutes les races, la clavelée revêt souvent
les caractères les plus graves, mais il est des circonstances favorables à
la clavelisation : elles sont les mêmes que celles qu'on observe en Algérie.
» Nous avons maintes fois constaté que les agneaux nés de femelles
ayant eu la clavelée peu de temps avant la mise bas jouissaient dès leur
(') Les maladies microbiennes des animaux, article Clavelée.
( «9» )
naissance d'une immunité plus ou moins complète; cette immunité s'affai-
blil de plus en plus, en France, pour disparaître plus tard.
» Il n'en est pas de même pour la plupart des agneaux algériens; car,
aussitôt après la naissance, ils sont décimés par la clavelée. En Algérie,
on constate, chez ceux qui ne sont pas atteints, qu'une certaine résistance
peut se produire et aller en augmentant de la naissance à l'âge adulte.
» Nous avons inoculé la clavelée à des troupeaux composés de femelles et de mâles ;
après la guérison complète des pustules, les brebis furent fécondées. Un an après,
alors que les agneaux eurent atteint l'âge de quatre à cinq mois, ils furent clavelisés,
en même temps que d'autres témoins du même âge, dont ni le père ni la mère ne
jouissaient d'aucune immunité.
» Nous n'avons jamais pu constater dans les deux groupes, la moindre différence,
tant au point de vue de la marche de l'éruption que du volume des pustules et de
la fièvre de réaction.
» Des faits qui précèdent n'est-on pas autorisé à conclure que la résis-
tance des moutons algériens à la clavelée n'est pas héréditaire? Cette
résistance est, pour nous, la résultante des conditions de milieu dans
lesquelles se trouvent placés les animaux : la preuve réside dans ce fait
que, si les conditions se modifient, ainsi qu'il arrive lorsqu'on les soumet
à l'engraissement dans un pays froid et humide, ils deviennent bien plus
impressionnables.
» Il est hors de doute aussi que certains états physiologiques et patho-
logiques, dont quelques-uns sont peu ou pas connus, qui ont pour effet
de diminuer la résistance vitale, rendent les sujets bien plus susceptibles
de contracter une clavelée grave, parfois mortelle.
» La clavelisation préventive des troupeaux africains, en tant que
mesure générale, implique donc au préalable l'étude : i° du choix du
virus et de la région la plus favorable à l'inoculation ; 2" des accidents
multiples qui peuvent se produire et des moyens pour les éviter ; 3° des
causes favorables à la bonne évolution des pustules ; 4° fies causes défavo-
rables, dues à la race, à l'âge, à l'état physiologique et pathologique des
animaux, et qui varient d'un pays, d'une saison ou d'une année à l'autre.
» Quand cette étude sera achevée et que tous les opérateurs chargés en
Algérie de mettre en pratique la clavelisation seront complètement initiés
à tout ce qu'il faut faire et à tout ce qu'il faut éviter, on pourra alors, mais
alors seulement, aborder la mise en pratique générale de cette mesure.
Actuellement, elle nous paraît téméraire et même dangereuse. »
(892)
PÉTROGRAPHIE. — Sm/- /a koswite, une nouvelle pyioxénile de l'Oural.
Note de MM. L. Duparc et F. Peauce, présentée par M. Michel Lévy.
« L'an dernier nous avons, pendant deux mois, exploré une région fort
intéressante de l'Oural moyen, qui, dans le district de Solikamsk, forme le
bassin supérieur de la rivière Rosswa et de ses affluents principaux.
» Cette région comprend plusieurs massifs de roches éruplives basiques anciennes,
dont le Kosswinsky-Kamen oITre un des meilleurs types. La montagne forme un dôme
elliptique dont le grand axe est orienté nord-nord-esl-sud-sud-ouest; son altitude,
considérable pour la région (1570"° environ), la fait distinguer de fort loin. Les massifs
du Katecliersk3-Tilaï bornent au nord le Kosswinsky-Kamen; à l'est, il est délimité
par une région relativement basse, qui forme en cet endroit la ligne de jjarlage des
eaux asiatiques et européennes ; au sud, au sud-ouest et à l'ouest, il est entouré par une
série d'arêtes dont l'altitude oscille entre 600™ et 900".
» Les montagnes du Katechersky-ïilaï, la région de la ligne de partage, les arêtes
qui flanquent le massif à l'ouest et au sud-ouest sont formées par des roches mélano-
crates très basiques ( gabbros à olivine, gabbros ouralitisés), de types pétrographiques
variés, mais toujours étroitement liées entre elles; le Kosswinsky-Kamen tout entier,
par contre, est formé par une pyroxénite spéciale, à laquelle nous avons donné le nom
de koswile, qui affleure en boutonnière au milieu des gabbi'osde la région.
» A partir de 85o™ environ, limite moyenne de la végétation, toute la surface du
Kosswinsky-Kamen n'est qu'un vaste désert de pierres formé par l'amoncellement
chaotique de blocs anguleux de koswile produits, soit par une désagrégation in situ
de la roche, soit par le démantèlement de pilons rocheux avec éboulement consécutif
sur les pentes.
» La koswite est une roche de couleur foncée, verdàtre ou noirâtre, plus
ou moins grossièrement grenue, paraissant à l'œil nu principalement
formée par un pyroxène lamellaire.
» Au microscope, les éléments constitutifs en sont le diallage, l'olivine,
la hornblende, la niagnélite, et les spinelles chromifères. Le diallage est
une variété riche en chaux, les cristaux, courts et faiblement allongés selon
m = (1 10), sont verdàLres, presque incolores, en lames minces, les clivages
m = (1 10) sont constants, par contre les plans de séparalion A' = (100)
sont exceptionnels. Au point de vue optique, l'angle d'extinction oc oscille
entre 39° et 43" pour ng, le signe optique est positif, la biréfringeuce
ng — «/? = 0,023 (comparateur), l'angle 2.v=^S[^", dispersion manifeste
f<^v. L'olwine, bien moins répandue que le pyroxène, se rencontre en
grains arrondis et craquelés, disséminés parmi les cristaux de diallage, ou
( 893 )
réunis sur certains points. Elle est incolore, de signe optique positif, et
présente les caractères optiques habituels. T.e péridot comme le pyroxène
sont géiièralement idicniorphes; dans certaines préparations, cependant,
le diallage semble mouler les grains arrondis d'olivine.
» La magnétile, toujours primaire, est généralement fort abondante et
affecte une disposition toute particulière. Elle forme un véritable ciment
qui s'infiltre dans les interstices laissés vides entre les cristaux de diallage
et d'olivine, et en épouse strictement les contours. Ces plages allotrio-
morphes de magnétite jouent dans la koswite un rôle absolument compa-
rable à celui du quartz dans le granit, et pour rappeler l'analogie de cette
structure particulière avec la structure granitique, nous lui donnons le
nom de structure sidéronitique. Le passage de la koswite aux pyroxénites
ordinaires se fait par la régression graduelle de la magnétite, qui devient
idiomorphe et peut même complètement disparaître; ce phénomène est
alors analogue au passage graduel du granit à amphibole à la syénite pure.
La hornblende est étroitement liée à la magnétite; elle n'est point un pro-
duit d'ouralilisation et forme généralement une zone étroite qui borde les
plages de fer oxydulé; elle est de signe optique négatif, l'angle d'extinc-
tion a = 22", le polychroïsme donne : /io^ = brnn verdàtre, nm=brun,
njo = j;iunàlre pâle. Les spinelles chromifères en grains isotropes et cra-
quelés, de couleur verte, se trouvent emprisonnés dans la magnétite.
» L'analogie du massif éruptif basique du Roswinsky avec les môles gra-
nitiques se continue par la présence, dans le culot compact de koswite, de
fdons bien caractérisés d'une roche plus basique qui géologiquetnent cor-
respond par conséquent aux aplites traversant le granit. On sait en effet que
celles-ci sont généralement un peu plus acides que le granit encaissant;
c'est donc l'inverse qui se produit au Roswinsky; et taudis que pour les
roches acides de profondeur la venue filonienne est plus acide que la
roche abyssale, pour les roches basiques comme la koswite c'est le con-
traire qui a lieu. Les fdons qui traversent la roche massive du Roswinsky
sont en effet constitués par un agrégat d'olivine grenue dont les cristaux
sont reliés par des plages de magnétite, ou se touchent directement en
prenant alors des contours polyédriques. Nous faisons de ces roches
fdoniennes des dunites, qui, pro parte, présentent la structure sidéroni-
tique.
» Il y a donc une analogie parfaite entre les roches de profondeur acides
et basiques et, au point de vue de la structure, le granit trouve dans la
C. R., .901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 14.) I l5
( 894 )
koswite son équivalent, à cette seule difiérence près qne le ciment, hyper-
acide dans le premier, dcAient hyperbasique dans la seconde.
» Les analyses que nous donnons ci-dessous montrent le caractère chimique de la
kosvfite et celui des filons plus basiques qui la traversent.
N" 2. N" 7. N» 9.
SiO^ 4,, 44 4o,i5 39,22
Al-0» 5,80 4,60 0,39
Fe^O' ,0,46 12,24
Cr-0' 0,57 o,58 traces
FeO 9,93 ,0,87 16, 4i
Mn 0 0 , o5 traces traces
CaO 19,53 17,26 1,20
MgO i3,36 i5,oi 43,81
Perte au feu 0,22 o,4o o,32
I ioi,36 101,11 101,35
N" 2 Koswite (structure sidéronitique)
N" 7 Koswite id.
N" 8 Dunite (structure grenue)
)> Ces anal}'ses ont été faites par MM. JercholTet Parent et M""" Joukowsky, élèves
au Laboratoire de Minéralogie et d'Analyse minérale de l'Université. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la Pluie de sang observée à Palerme,
dans la nuit du 9 au 10 mars 1901. Note de M. Staxisl-is Meunier.
(Extrait.)
« Tout le monde a encore présent à la mémoire le récit du phénomène M
météorologique qui est venu jeter la consternation, dans la nuit du g
au 10 mars, parmi les superstitieuses populations de la Sicile, des environs
de Naples et de la Tunisie. Un immense nuage rougeàtre envahit le ciel; \
les gouttes qui en tombaient semblaient du sang coagulé. Bientôt toute la
surface du sol, les toits des maisons et les feuilles des arbres avaient pris
une teinte rouge.
» Un savant naturaliste de Palerme, M. le Marquis Antonio de Gregorio,
que je me fais un plaisir et un devoir de remercier, a bien voulu m'envoyer,
pour la collection du Muséum, des échantillons de la substance consti-
tutive de cette Pluie de sang Je crois devoir résumer ici les faits que j'ai
observés :
(895)
» La substance constitue une poussière très fine, dont la couleur rappelle celle du
protochlorure de manganèse anhjdre. Malgré sa finesse, elle n'est pas douce au lou-
cher et elle raye très fortement le verre. Elle est imprégnée d'air, qui adhère à ses
grains avec une ténacité remarquable; c'est sans doute à cette circonstance qu'il faut
attribuer l'effet qu'on observe quand on en chauffe à sec une certaine quantité dans
un tube de verre : au bout d'un instant, elle acquiert une telle mobilité qu'elle prend
l'apparence d'un liquide, conservant sa surface horizontale quelle que soit l'incli-
naison du tube. Bientôt cette singularité cesse, comme par l'efTet du départ de l'air
d'abord interposé entre les particules minérales.
» Quand, après avoir mis, même depuis longtemps, la poussière en suspension dans
l'eau, on la soumet à l'action de la chaleur, on provoque un dégagement si abondant
de toutes petites bulles d'air, qu'on croirait assister à une efTervescence.
» Ajoutons que le chauflage de la matière dans un tube de verre au voisinage du
rouge, en modille complètement la couleur, qui passe au gris foncé presque noir; ce
qui suffirait pour y faire prévoir la présence d'une notable quantité de matière orga-
nique. Il se dégage 5 pour loo environ de vapeur d'eau plus ou moins pure.
» L'eau dans laquelle la poussière a été mise en ébullilion donne, après filtration, un
précipité très net avec le nitrate d'argent, et un autre précipité moins abondant avec
le chlorure de baryum : elle contient donc des chlorures (sel marin) et des sulfates
(gypse)- Sous l'innuence de l'acide chlorhydrique très étendu, elle fait ellèrvescence
et abandonne au liquide de la chaux et un peu de magnésie. Le résidu de cette attaque
très légère se scinde par le lavage en une matière d'aspect argileux, et en grains sa-
bleux. Sous l'influence de l'acide chlorhydrique chaud, la matière argileuse se décom-
pose et l'on y constate, outre l'aluniiae, la présence de beaucoup d'oxyde de fer. Les
grains sableux sont surtout quartzeux, mais on y voit aussi des paillettes micacées et
des grains de diverses natures.
» En résumé la poussière recueillie à Palerme contient :
Eau 5^20
Matière orgaiiif|ue 3 | ^
Sable 5g,, 4
Carbonate de chaux. 28 qi
Argile (pardiff.) 8,58
I 00 , 00
» J'ai examiné au microscope, sous des grossissements variés, plusieurs portions de
la poussière de Palerme, recueillie soit sur le toit de la maison de M. Grcorio soit
sur les feuilles dans son jardin, soit sur un papier blanc qu'il avait exposé à la pluie.
Ce qui domine, à première vue, ce sont des grains de quartz, présentant des formes
fragmentaires très irrégulières. Avec eux se signalent, à cause de leur limpidité,
quelques cristaux tantôt cubiques (et qui paraissent être du sel marin) tantôt à con-
tours rhombiques (qui pourraient bien être du gypse). On voit aussi beaucoup
de grains noirs et opaques, réfléchissant très peu la lumière, et dont une partie au
moins doit être de nature charbonneuse : la plupart sont à cassure très ano-uleuse
( 896 )
mais il y en a aussi d'arrondis. Us font penser aux globules signalés naguère par
Gaston Tissandier, mais je n'ai pu voir s'ils sont magnétiques.
» Les corpuscules organisés, et avant tout les restes de diatomées, abondent d'une
façon prodigieuse dans la poussière de Palerme; il n'y a pas à douter qu'on n'y re-
trouve les formes décrites par Elirenberg, dans ses études sur les poussières atmo-
sphériques. On distingue aussi des fibres végétales parfois assez longues.
» En somme, tous ce.s camctères coïncident avec ceux qui ont été déjà
signalés dans les pluies de sang aniérienrement décrites; nous devons
croire que cette fois encore, et conforuiément aux idées générales exposées
en 1870 par M. Tarry (^Comptes rendus, t. LXX, p. \ol\i et 1369), il s'agit
de la chute de matériaux arrachés, par les remous atmosphériques, au sol
du Sahara. »
M. Gay-Lascermin adresse une Note <c Sur l'oxydation du protosulfure
de fer ».
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à l\ heures et demie.
M. B.
ERRATA.
(Séance du i""'' avril 1901.)
Note de M. P. Lesne, La variation sexuelle chez les mâles de certains
Coléoptères, etc. :
Page 800, note ('), ligne 8 de cette note, remplacer les seconds guillemets par le
mot parallela.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis i83J les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Diinnnclir. Us forment, à la Pin do l'année, denx volumes in-4". Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, lorminenl chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" Janvier. • , „ , . r ■ ■ ■ ' i -,
■^ Le prix de Inannnement est fixe ainsi qii il suit :
Paris : 20 fi-. — Départements ; 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chei Messieurs
Afen Ferran irères.
I Chaix.
Alger < Jourdan.
( Ruff.
Amiens Courtin-Hecquet.
( Germain etOrassin.
'<''«■«" i Gaslineau.
Bavonne Jérôme.
Hesançon Régnier.
, Feret.
Bordeau-T Laurens.
( Muller (G.).
Houriies Renaud.
Derrien.
F. Robert.
Oblin.
' Uzel frères.
Caen Jouan.
Chanbe'i Perrin.
Lorient.
Brest.
Cherbourg
Marguerie.
Clermonl-Ferr..
) Juliot.
■ i Bouy.
Nourry.
Oi;on . .
. Ratel.
'Rey.
Douai
; Lauverjal.
• 1 Degez.
Grenoble
) Drevel.
\ Gralier et C*
La Rochetlt
. Foucher.
, 1 Bourdignon.
Le Havre ]
Dombre.
LUU..
\ Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs :
\ Baumal.
i M»' Teiier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
t yon < Elïanlin.
Savy.
Vilte.
Marseille Ruai.
i Valat.
) Goulet et llls.
Martial Place.
/ Jacques.
Nancy \ Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
j Guist'han.
I Veloppé.
) Barma.
i Appy.
Nimes Tliibaud.
Orléans Luzeray.
i Blanchier.
''<"■"■«" j Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M"").
j Langlois.
f*""^" j Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
( Ponleil-Burles.
t Rumèbe.
( Gniiet.
( Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
I Lemattre.
Montpellier ,
Moulins.. .
Mailles
Aice. . .
Toulon . . .
Toulouse. ■
Valenciennes.
Amsterdam .
Berlin.
chez Messieurs :
( Feikema Caarelsen
I et C'V
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C'v
1 Dames.
'. Friediander et fils.
I Mayer et MUller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zaniclielli.
, Lamertin.
Mayolezet Audiarte
( Lebégue et C'' ■
( Sotchek et C°.
I Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deigbton, BellelC-.
Christiania Cammernieyer.
Constantinoplc. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
. Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapeiraohr.
La Haye . Belinfante frères
Bruxelles.
Bûchai est .
chez Messieurs :
!Du)au.
Hachette et C".
Nutt.
Luxembourg. .. V. Buck.
/ Ruiz et C".
Madrid Romoy Fussel.
I Capdeville.
Milan
Lausanne.
Benda.
Payot et C".
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig ( Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
Liège.
Desoer.
Gnusé.
F. Fé
Bocca frères.
Hœpli.
Moscou Tastevin.
IVaples (Marghieridi G.u,.
( Pellerano.
I Dyrsen et Pfeiffer.
Ne^-Vork Stechert.
' Lemckeet Buechnei
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Paternie Reber.
Porto Magalhaès et Munit
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loescheret C'v
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallm
i Zinserting.
) Wolff.
Bocca frères.
Brero. ^
iClausen.
Rosenbergel Sel lier.
Varsovie Gebethner et WolD.
Vérone Drucker.
\ Frick.
i Gerold el C'V
Zurich Meyer et Zeller.
Rome .
S'-Petersbourg. ■
Turin.
Vienne .
15 fr.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (j Août i8jj à Ji Décembre iS5o. ) Volume in-4" ; i85:j. Prix
Tomes 32 à 61. — .( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-i°; 1870. Prix 15 f''-
Tomes 62 à 91. — ( 1" Janvier i8(36 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — (1" Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume iu-4"; 1900- Pi''>^ *5 f''-
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I : Mèmcre sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbès et A.-J.-J. Sol..r. - Mémoire sur le Calcul des Perturbatioas
qu'éprouvent les Comètes, par M. H..nsen. - Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes d.gesl.fs, part.cul.erement^dan.
la digestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4% avec ^2 planches; iS5G • -^I^ l'.V'àHimlp ,1»
Tome II : Mémoire sur tes vers intestinaux, par M. P.-J. V... Benedev. - Essa, d'une réponse à la quest.on de Pr.x proposée en .hoo P- ' /^^^'^^"î = J :
Sciences pour le concours de i853, et puis remise pour celui de .856, savoir : «Etudier les lois de la distribution des corps organises f''^^''.<=^ '''';^ '^ '^^^^^
« terrains sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Disculor la question de leur apparition o« de leur d.spar.t.on ^"^cess je «u --» '^"«=- -
.. Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. "= "°'*^^^'^' .'^^^'h.
avec 27 planches; 186 1
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 14.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 9 uv.il 1901.)
HIEMOIKES ET C03IMUIVIGATIOXS
DES MEMBlilîS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE.
Pages.
,M. 11. Sebkiit. — Siii- l'ulililé scienlifique
d'une langue auxiliaire internationale. . . Ï^Gg
M. Cii. MÉn.\Y. — Sur les services que peut
Pôfjes
rendre aux Sciences la langue au\iliaire
internationale de M. le D' Zamenhof,
connue sous le nom d'Espéranto .S7 'i
MEMOIRES PRESENTES.
i\I. Ch. SiurLLOT adresse une Note relative à
un aérostat dirigealde '"^78
i\I. A. AVKROUS adresse un Mémoire relatif
à un nouveau mode de propulsion des
navires S-S
CORRESPONDAIVCE.
!\I. le Secrét.mre rERPÉTUELannnnce à r.\ca-
démie la mort de M. Haoult, Correspon-
dant pour la Section de Physique générale. S7S
M. DE FoRCRAND. - Généralisation de la
loi de Troulon S79
MM. C. Camichel et P. Bayrac. — Nouvelle
méthode permeltanl de caractériser les
matières colorantes. Application aux indo-
phénols 882
M. Paul Lemûult. — Sur la réaction des
benzophénones amidées substituées et des
aminés aromatiques en milieu su!furi(|ue. 885
MM. .\t(dre Broca et D. Sulzer. — Angle
lÎRRATA
limite de numération des objets et mou-
vements des yeux
M. P. P0URQUIER. — La résistance des,
moutons algériens à la clavelée est-elle
héréditaire? ; ,
MM. L. DUPARC et F. Pearce. — Sur la
koswite, une nouvelle pyroxénlte de
l'Oural
M. Stanislas Meunier. — Sur la pluie de
sang observée à Palerme dans la nuit du
g au 10 mars 190T
M. Gay-Lancermin adresse une Note ■< Sur
l'oxydation du protosull'ure de fer »
88 s
890
89a
891;
896
PAKIi». — IMPIUMERIE G AUTHIBK-VI LL A RS ,
Quai des Grands-Augustins, ai
/.* CéranI .' <>*tiTHIBB-VlLL*RS.
MAV 6 1901
1901
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAH M.tl. IiES SBCRÉr^IKBS PBRPÉTIJEEi<«.
TOME CXXXH.
IVM5 (15 Avril 1901)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1873.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
r Académie se composent des extrails des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou (î feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris daiîs les 00 pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extrails des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 P^ig^s par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 2>i pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Acailéinic avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur iliscussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- sent Règlement
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés eii séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent élre l'objet d'une analyse ou d'un j^,
sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Mi
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
iCT^
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rem
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Cor}ipte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vaut et mis à la fin <lu cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planchesJ
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rappor^
les Instructions demandés par le Gouvernement;
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du piv-
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.^
'^'^V- 6 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 AVRIL 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
3IEM0IRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président souhaite la bienvenue à MM. les Membres des Acadé-
mies étrangères qui assistent à la séance et qui ont été délégués à l'As-
semblée générale de l'Association internationale des Académies.
CHIMIE. — Nouvelles recherches relatives à l'action de l'eau oxygénée
sut l'oxyde d'argent; par M. Bertuelot.
« On sait que les oxydes ordinaires des métaux proprement dits et
des métaux alcalino-terreux sont susceptibles d'être suroxydés direc-
tement par l'eau oxygénée et changés en peroxydes, pour la plupart peu
stables. L'oxyde d'argent ne fait pas exception.
» I. Précipitons en effet l'oxyde d'argent de son nitrate, au moyen delà
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 15.) I l6
( 898 )
sourie, employée en proportion strictement équivalente, dans les dissolu-
lions étendues, et sans séparer la liquem- du précipité; puis mélangeons-y
d'un seul couj), sans tarder et sans trop agiter, une dissolution titrée
d'eau oxygénée, qui soit susceptible de dégager seulement deux ou trois fois
son volume d'oxygène. On l'emploie dans une proportion voisine de 25'='',
telle d'ailleurs qu'elle renferme une dose disponible de cet élément,
rigoureusement égale à celle de l'oxygène constitutif de l'oxyde d'argent
précipité, Ag-O. Durant ces diverses opérations, on a soin de maintenir le
liquide à basse température.
» On voit à l'inslant l'oxyde d'argent changer d'aspect et de couleur, en
acquérant une teinte noire très foncée et uniforme dans toute la masse.
» C'est le nouveau composé : il prend ainsi naissance, sans donner lieu
à un dégagement gazeux immédiat. D'après les analogies, sa formule pro-
bable serait Ag-O-, ou plutôt un hydrate de ce bioxyde.
» Telle est la première phase du phénomène. Mais elle ne dure guère,
le nouveau corps étant instable. Au bout de quelques instants, il com-
mence à développer de l'oxygène; en même temps la teinte générale
s'affaiblit de pins en plus. L'effervescence, une fois établie, continue avec
vivacité pendant quelques minutes, se ralentit, jîuis s'arrête à peu près
complètement.
i> Cet arrêt est très nettement marqué : il constitue une seconde phase.
A cette phase succède une troisième phase, qui est atteinte lentement
à la température ordinaire, rapidement sous l'influence de la chaleur.
» En effet le système, échauffé sur une flanmie, continue à se transformer
encore; le composé noir étant réduit promptement à quelques flocons
qui surnagent, soulevés par les dernières bulles de gaz adhérentes. Puis
il ne reste plus qu'un mélange grisâtre de l'oxyde d'argent ordinaire et
d'argent métallique, dans un état définitif.
» Sous la seule influence du temps, un changement analogue se produit
à froid, changement susceptible de devenir complet au bout d'une durée
convenable : par exemple si l'on abandonne le mélange à lui-même pendant
trois heures, ou même plus tôt comme M. Baeyer l'a fait dans une étude ré-
cente.
» II. Au contraire, si l'on examine le système initial, maintenu froid,
après quelques minutes, dés que le dégagement d'oxygène paraît arrêté,
à l'exception de bulles rares et intermittentes, il est facile de constater
que l'on a atteint une seconde phase de stabilité relative, beaucoup j)lus
( «99)
prolongée que la première. A cet état se rapportent les expériences que
j'ai publiées en 1880 ('). Ces expériences ont été appuyées par de nom-
breuses mesures, exactes et spéciales, du volume du gaz, du poids
d'argent total et du poids d'argent réduit, ainsi que des quantités de cha-
leur développées. Elles établissent que, dans les conditions précédentes,
et d'après ces mesures :
» (1) Le volume de l'oxygène dégagé est sensiblement égal à
celui de l'oxygène disponible de l'eau oxygénée.
» (2) La chaleur dégagée répond à celle de la décomposition propre
de cette eau oxygénée.
» (3) La matière insoluble est constituée par un mélange d'un nouveau
peroxyde d'argent noir, avec de l'argent métallique; le rapport de l'argent
libre à l'argent combiné étant celui de 2 à 3.
M (4) Le système total rentérniant ces deux composés, trailé aussitôt p;^r
l'acide sulfurique étendu et porté à l'ébullition dans les tubes mêmes où
ils ont pris naissance, dégage un nouveau volume d'oxygène, voisin du
tiers de celui qu'il a fourni d'abord. En même temps, l'oxyde d'argent se
dissout à l'état de sulfate d'argent, ])ourvu que la proportion d'eau soit
suffisante, et il reste de l'argent métallique.
» (5) Le nouveau peroxyde d'argent, obtenu dans cette seconde phase,
n'est pas stable : il perd peu à peu son oxygène, dès la température ordi-
naire.
» Cet oxyde ne serait pas, d'ailleurs, identique avec le bioxyde Ag'O^
signalé plus haut; il paraît constitué par la combinaison (ou le mélange en
équilibre transitoire) de cet oxyde avec l'oxyde d'argent ordinaire
Ag-0--)-Ag==0 = Ag*0'.
» Tels sont les faits relatifs à la seconde phase des phénomènes : faits
constatés non par une simple vue superficielle des phénomènes, mais par
une étude approfondie, accompagnée d'analyses et de déterminations nu-
mériques.
» J'ai reproduit ces analyses et déterminations, avec les mêmes résul-
tats, en 1897; J^" donnerai tout à l'heure d'autres, également conformes,
et que je viens d'exécuter.
» III. Il résulte de la suite de mes observations que :
» Le système obtenu dans la seconde phase du phénomène ne sub-
(') Annales de Chimie et de Physique, 5'= série, t. XXI, p. 164.
( 900 )
siste pas d'une façon définitive; le peroxyde d'argent se décomposant len-
tement à froid, de façon à dégager peu à peu son excès d'oxygène.
» C'est ce que prouvent ce dégagement même, aussi bien que les analyses
nouvelles que je présenterai tout à l'heure. Les observations de M. Baeyer
se rapportent à celte dernière et troisième phase des phénomènes.
» Ce n'est pas tout : le rapport exact entre l'argent oxydé et l'argent
libre, reconnu dans mes premières études, ne peut être constaté qu'en
opérant les réactions suivant l'ordre relatif et les conditions de concen-
tration, de température, et de mélange immédiat complet, que j'ai définies
dans mon travail. C'est ce que l'on pouvait déjà pressentir, d'après lesexpé-
riences originelles de ïhénard, où les doses d'argent réduit et d'oxygène
dégagé ont été dans certains cas bien plus considérables. A la vérité, les
expériences de Thénard ont été faites d'une façon plus grossière, s'il est
permis d'employer ce mot. Il employait des liqueurs beaucoup plus riches
en eau oxygénée, au point de faire explosion avec l'oxyile d'argent solide
qu'il mettait en œuvre; c'est-à-dire que la température développée était
bien plus haute.
» J'ai fait une étude spéciale des conditions susceptibles de déterminer
de semblables variations, dans un second Mémoire, publié en 1H97 dans
les Annales de Chlmieelde Physique, 7* série, t. XI, p. 217 ('). Plusieurs des
faits qui y sont signalés ont été aussi observés récemment par M. Baeyer,
qui paraît avoir ignoré l'existence de ce second Mémoire, et qui les inter-
prète d'ailleurs d'une façon différente, en attribuant à une sursatura-
tion gazeuse ordinaire du liquide les phénomènes que je rapporte à
l'existence de composés solides instables.
» Il m'a paru utile de soumettre la question à une nouvelle investigation ;
les observations faites par les divers chimistes qui s'en sont occupés n'étant
nullement contradictoires, à mon avis, mais se rapportant à des phases
différentes du phénomène, phases dont les premières ont été parfois mé-
connues.
» J'ai opéré, dans les essais qui suivent, avec 12"", 5 d'eau oxygénée,-
susceptible de dégager 3o",2 d'oxygène (dans des conditions données de
pression et de température, telles que il\°).
» A. On a formé le protoxyde d'argent à l'avance, en mélangeant les
(') Voir aussi la Décomposilion de l'eau oxygénée par Voxyde d'argent ammo-
niacal, même Recueil, 7° série, t. XI, p. 228.
( 90I )
solutions étendues: AzO'Ag4- NaOH; puis on y a introduit très rapidement
la solution de H^O^.
» Volume gazeux dégagé en 5 minutes: 31*"=.
)) B. On a mélangé les solutions H- 0^ + NaOH, et l'on y a introduit
très rapidement Az O'Ag. Volume gazeux dégagé : 29'''', 7.
» G. On a mélangé la solution H'-O" -f- AzO'Ag, et Tony a introduit très
rapidement NaOH. Volume dégagé : 29*^'=, 5.
» La réaction, dans l'expérience C, se termine moins nettement que dans
les deux cas précédents, qui représentent le phénomène ordinaire. En
effet, dans l'expérience C le gaz dégagé s'élevait à 32*^*=, cinq minutes après
le moment de son ralentissement, et il continuait encore à se dégager, de
plus en plus lentement.
» Quoi qu'il en soit, les chiffres de ces nouveaux essais et surtout ceux des
expériences A et B sont conformes à ceux de mes anciennes mesures; ils
indiquent également l'existence delà seconde phase, où la réaction s'arrête
momentanément vers le terme qui répondrait uniquement au dégagement
de l'oxygène disponible de l'eau oxygénée.
» Cependant il se produit ensuite, comme je l'ai dit, une troisième
phase, caractérisée par un dégagement d'oxygène beaucoup plus lent.
Quelle est l'origine de ce dernier oxygène? Préexiste-t-il dans la dis-
solution à l'état de sursaturation physique? Ou bien se forme-t-il par la
décomposition progressive d'un composé instable, tel qu'un peroxyde d'ar-
gent solide?
» Pour résoudre la question, j'ai repris le contenu de chacun des trois
tubes, qui avaient donné lieu au premier dégagement d'oxygène opéré à
froid et mesuré plus haut, dès que ce dégagement m'a paru arrêté, et j'ai jeté
aussitôt ce contenu sur un filtre. J'ai ainsi séparé la liqueur du précipité,
aussi rapidement que possible ; j'ai lessivé le filtre avec de petites quantités
d'eau froide. Le tout accompli en moins d'un quart d'heure, j'ai introduit
dans deux tubes séparés, d'une part la liqueur filtrée, d'autre part le filtre
avec son précipité bien lavé et égoutté, mais encore humide, plus une
certaine dose d'eau distillée, de façon à permettre de soumettre le tout à
l'éhullition ; puis encore, par un robinet ajusté à la fiole, j'y ai versé une
dose d'acide sulfurique étendu, en proportion double à peu près de celle
qui était nécessaire pour redissoudre l'oxyde d'argent.
» Le volume total des liquides, mis en expérience, s'élevait vers 4o"
à 5o'^'=, suivant les cas.
( 902 )
» Voici les volumes gazeux obtenus dans ces conditions :
Gaz dcgagûs
pendant
Gaz dégagés l'attaque de l'oxyde d'argent
par l'ébullilion par l'acide
du sulfurique étendu,
liquide filtré. porté à l'ébuUition.
et- ce
A 2,3 5,0
B 2,9 6,0
G 3,o 5, 1
» Les volumes gazeux dégagés du liquide filtré représentent à la fois
l'excès de gaz dissous, ou combiné, et l'air dissous dans l'eau employée :
or ce dernier ne saurait dépasser i", d'après sa solubilité normale.
» De là résulte pour l'oxygène dégagé excédant :
» Gaz dégagé du liquide filtré, i*^*^ à 2™;
» Gaz dégagé du peroxyde d'argent solide, 5*^*= environ, c'est-à-dire
beaucoup plus.
» Ces valeurs sont évidemment fort inférieures à celles que le liquide et
le peroxyde précipité renfermaient, lors de la seconde phase, au moment
même où l'oxygène primitif a été recueilli. Une portion considérable de
cet oxygène a continué à se dissiper peu à peu; pendant les manipulations
consécutives : une portion même de cet oxygène, provenant du peroxyde,
a dû demeurer dans le liquide defiltration et de lavage; cette dose porterait
vers 8'='= à q'"^ le gaz provenant réellement du précipité. Mais je ne veux
pas insister sur cette dernière correction.
» En envisageant seulement les résultats bruts, il est certain qu'il s'est
accompli une perte préalable d'oxygène, aux dépens du peroxyde d'argent
peu stable, retenu sur le filtre, et en raison de la durée de la filtration et
des lavages. Voilà pourquoi on a observé seulement 5™; tandis que le
peroxyde d'argent, précipité tout d'abord, en aurait dégagé près du double,
soit lo": proportion qu'il a donnée effectivement dans mes déterminations
de i88o, où sa décomposition avait lieu dans le tube même du premier
dégagement et aussitôt après, sans l'isoler.
» Cependant le résultat actuel n'en est pas moins caractéristique, car il
démontre que l'oxygène dégagé pendant la dernière phase du phénomène
était contenu principalement dans le précipité, et non dans la liqueur : ce
qui exclut l'hypothèse d'un effet fondamental attribuable à une sursatu-
ration liquide.
(9o3 )
» En résnmé, les faits observés peuvent être interprétés de la manière
suivante :
» L'eau oxygénée, en réagissant sur l'oxyde d'argent dans les condi-
tions décrites, formerait d'abord un bioxyde, Ag'^O^, extrêmement instable,
Ag-0 + IPO-= Ag=0=+IPO,
équation qui répond à la première phase du phénomène.
» Ce bioxyde se décompose presque immédiatement, en donnant lieu à
deux réactions simultanées que l'on peut représenter comme il suit :
» Une partie se résout directement en argent et oxygène,
Ag='02 = Ag=+0=;
conformément à ce qui arrive pour le triloxyde d'hydrogène, IPO%
dérivé de l'eau oxygénée dans la réaction du permanganate de potasse,
lequel perd d'un seul coup ses deux atomes d'oxygène disponibles.
» Une partie du bioxyde d'argent se décompose d'une façon moins
complète, en régénérant à la fois de l'oxygène et du protoxyde d'argent,
lequel demeure combiné avec une autre fraction du bioxyde
Ag=0=' = Ag2 0 + 0,
Ag'0- + Ag=0=:Ag^O'.
» En définitive, l'équation suivante représente la somme des effets
constatés dans la seconde phase du phénomène
3Ag=0 4-3H-0= = Ag'0'+Ag'-' + 0^
» Mais une transformation aussi régulière n'a pas lieu d'une manière
nécessaire et dans tous les cas, ainsi que je l'ai montré en 1897. Les phé-
nomènes en effet, si l'on n'y prend garde, sont susceptibles de se compli-
quer par la décomposition spontanée du sesquioxyde Ag^O' en oxygène
et protoxyde
Ag'0^ = 2Ag=0 + 0
décomposition que j'ai signalée tout d'abord et que diverses circonstances
accélèrent.
M J'ai également rappelé que l'on observe dans les réactions brusquées,
ou accompagnées d'une élévation locale et subite de température, une
décomposition plus profonde, qui tend vers la réaction totale
Ag- O'' = Ag^ -^ O^
( 9o4 )
» Cette multiplicité d'effets résulte des propriétés exothermiques de
l'eau oxygénée, sa décomposition propre
dégageant + 2 1^*\ 7 ;
» Et cette énergie étant suffisante pour déterminer la décomposition si-
multanée de l'oxyde d'argent, car
H^'O^ + Ag=0 = H=0 -h Ag^ + O^
dégage -t- 2 1 , 7 — Q ;
» Q est la chaleur de formation de l'oxyde, à partir de l'argent envi-
sagé sous l'état particulier qu'il affecte lors de sa séparation actuelle (').
)) Une semblable multiplicité de réactions, — déterniinables dans un sens
ou dans l'autre par des influences en apparence légères, qui les amorcent
dans un sens ou dans un autre, — se manifeste continuellement dans l'étude
des matières explosives; j'ai développé le détail des effets de ce genre dans
la décomposition de l'azotate d'ammoniaque (-).
» Je rappellerai également les expériences plus récentes, que j'ai faites
avec M. Vieille ('), sur la destruction de l'acétone, entraîné dans la dé-
composition explosive de l'acétylène. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la puissance représentative d'une portion Jinie
de courbe continue. Note de M. G. LippiMann.
« Le langage écrit est un ensemble infini et discontinu, dans lequel le
nombre des éléments distincts (signes alphabétiques, algébriques, typo-
graphiques et autres) est d'ailleurs fini. On peut le considérer comme
constituant une bibliothèque (L) d'un nombre infini de volumes.
» Une portion finie de courbe est un ensemble continu : je dis que cet
ensemble a une puissance représentative infiniment supérieure à celle de
l'ensemble (L).
» Démontrons d'abord que l'on peut représenter (L) par une courbe
(') I^our les états connus de l'argent, Q varie de 5^"' à g"^"', suivant ces états,
d'après mes récentes études.
(^) Sur la force des matière explosives, t. II, p. i83.
(') Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XIII, p. i8 ; 1898.
(9o5 )
finie (C). Considérons la série de Fourier
(1) y = A,sin— ^ I-A2S1112— ^ h...,
prenons comme premier, comme deuxième coefficient du second membre
le premier, le deuxième élément que nous rencontrons dans l'ensemble (L).
Ayons soin d'ailleurs d'affecter chaque signe distinct de cet ensemble
d'une valeur numérique arbitrairement choisie.
» Le second membre de (i) est une série convergente, et cette équa-
tion définit une courbe (C) finie et comprise entre les abscisses o et /.
Inversement cette courbe représente complètement l'ensemble (L). En
effet, cette courbe étant donnée, on en déduit la valeur des coefficients A,,
Aj, ... de la série de Fourier qui la représente; et par là on retrouve les
éléments de l'ensemble (L) dans l'ordre où ils se trouvent placés. La
courbe (C) représente donc complètement l'ensemble (L).
)) Or, dans l'équation (1), on a supposé que le nombre des valeurs
distinctes des coefficients A,, k.,, . . . était fini. Pour obtenir une courbe
quelconque, il faudrait laisser tomber cette restriction et admettre que
tous les coefficients, en nombre infini, pussent être différents : ce qui évi-
demment est un cas infiniment plus général. Donc la puissance représen-
tative d'une courbe finie quelconque surpasse infiniment celle d'une
courbe telle que (C) qui suffit pour représenter l'ensemble (L). »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses
Commissions.
Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants :
Commission chargée de juger le concours du prix Plumey pour 1 90 1 . —
MM. de Bussy, Léaulé, Guyou, Maurice Levy, Sebert.
Commission chargée de juger le concours du prix Foumeyron pour 1901.
— MM. Maurice Levy, Sarrau, Léaiité, Boussinesq, Sebert.
Commission chargée déjuger le concours du prix Pierre Guzman pour 1 90 1 .
— MM. Lœwy, Janssen, Wolf, Callaudreau, Faye.
Commission chargée de juger le concours du prix Lalande pour 1 90 1 . —
MM. Lœwy, Janssen, Callaudreau, Faye, Wolf, Radau.
c. R., 1901, I" Semestre (T. CXXXII, N» 15.) II7
( 9o6 )
Commission chargée de juger le concours du prix Valz pour 1 90 1 . —
MM. Lœwy, Janssen, Callandrean, Wolf, Faye.
Commission chargée de juger le concours du prix Lacaze (^Physique) pour
1901. — MM. Cornu, Mascart, Lippmann, Becquerel, Potier, Violle,
Cailletet, Berlhelot, d'Arsonval.
Commission chargée déjuger le concours du prix Gaston Planté pour 1901 .
— MM. Cornu, Mascart, Lippmann, Becquerel, Violle.
Commission chargée de juger le concours du prix Kastner-Boursault pour
190 1. — MM. Mascart, Lippmann, Cornu, Becquerel, Violle.
Commission chargée de juger le concours du prix Montyon (Statistique). —
MM. Haton de la Goupillière, Laussedal, de Freycinet, Bouché, de Jon-
quières, Brouardel.
Commission chargée de juger le concours du prix Jecker pour 1 90 1 . —
MM. Troost, Gautier, Moissan, Ditte, Leraoine, Haller.
CORRESPONDANCE.
La Société mathématique de Moscou adresse à l'Académie l'expression
de sa profonde condoléance à l'occasion de la mort de M. Charles Hermite.
M. le Capitaine Maurain adresse, de Quito, des remercîments à l'Aca-
démie pour la distinction accordée à ses travaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la décomposition des jonctions méromorphes
en éléments simples . Note de M. Emile Borel, présentée par M. Picard.
« Étant donnée une fonction méromorphe, on sait qu'elle peut se mettre
d'une infinité de manières sous la forme d'une série de fractions ration-
nelles, admettant pour pôles les pôles de la fonction; en particulier, on
peut supposer que chacune de ces fractions n'a qu'un seul pôle (simple
ou multiple).
» Si, pour abréger l'écriture, on suppose les pôles simples, on obtient
le développement
( 907 )
/{:•) étant la fonction méromorphe donnée, G(s) et F(;;) deux fonctions
entières, les A„ des constantes et les P„(:;) des polynômes.
» L'hypothèse la plus simple et la plus naturelle que l'on puisse faire
sur ces polynômes consiste à les supposer égaux aux premiers termes du
développement suivant les puissances ascendantes de z des fractions ra-
tionnelles correspondantes; on posera donc :
^•(^) = A-(,>é+-^9?>
m„ étant un entier qui dépend de «; mais il est alors nécessaire de com-
pléter le second membre de la formule (i) en y ajoutant une fonction
entière H(:;).
» Que peut-on dire de l'ordre de cette fonction entière H(s), lorsque
l'on connaît l'ordre des fonctions entières G(-) et F(^)? C'est une ques-
tion qui, à ma connaissance, n'a pas encore été étudiée; voici quelques
résultats que j'ai obtenus à ce sujet et dont je publierai prochainement la
démonstration dans les Annales de l'École Normale.
» Si, les/onctions G(z) et F(-) étant d'ordre fini p, la fonction F(g) n'est
assujettie à aucune autre condition, on ne peut rien dire de général sur l'ordre
rfe H(c) ; la croissance de cette fonction peut dépasser toute croissance assignée
d'avarice.
» Il est possible, en ce cas, de mettre /^( 2) sous la forme
(2) /(^) = H(^) + 2[R«(=)-Q«(=)].
II(^) étant une fonction entière d'ordre au plus égal à p, et les R„(3) des
fractions rationnelles dans chacune desquelles le degré du numérateur est infé-
rieur à celui du dénominateur etQ„Çz) un polynôme formé d' un certain nombre
des premiers termes du développement de l!„(s) suivant les puissances ascen-
dantes de z.
» Mais il n'est pas toujours possible de supposer que chacune des frac-
tions R„(z) n'a qu'un seul pôle; il faut pour cela que la fonction entière
dénominateur F(z) satisfasse à une certaine condition qui ne dépend pas
de G(z) et que l'on peut énoncer en disant que la distribution des zéros
deF(:;) est ordinaire. Par définition, on entend par là que, si l'on calcule,
pour chaque zéro de F (s), l'inverse du module de la première des déri-
vées qui ne s'annule pas, les nombres positifs ainsi obtenus croissent, au
plus, aussi vite que le module maximum d'une fonction entière d'ordre p.
( 9o8 )
Le cas où ces nombres croissent comme le module maximum d'une fonc-
tion entière d'ordre fini supérieur à p mérite aussi une attention spéciale.
» La conclusion essentielle de nos recherches est donc la suivante : Appe-
lons 5me ca/îonz'ç'we de fractions rationnelles une série telle que (2), dans
laquelle la convergence a été obtenue en retranchant, des fractions R„(5)
(dans lesquelles le degré du numérateur est inférieur à celui du dénomina-
teur), les polynômes Q„(s) formés par les premiers termes de leurs déve-
loppements en série : une fonction méromorphe d'ordre fini (c'est-à-dire
quotient de deux fonctions entières d'ordre Çim) ne peut pas toujours se
mettre sous la forme d' une fonction entière d' ordre fini et d' une série canonique
de fractions simples.
» Il y a des cas où il est nécessaire de réunir dans une même fraction
rationnelle Rn(^) plusieurs des pôles de la fonction /(s) : cette circon-
stance se présente lorsqu'il y a une infinité de groupes de pôles tels que la
distance qui sépare entre eux les pôles de chaque groupe tend très rapide-
ment vers zéro lorsque la distance des groupes à l'origine augmente indé-
finiment. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les racines des équations transcendantes.
Note de M. ëdihomd Maillet, présentée par M. Jordan.
« Théorème. — Soit
fx = ^^ + ^^x''' + . . .4-9„a;^«-f-. ..
une série rationnelle (' ) (om un polynôme) (ra,, . . ., ra„, . . . entiers croissants,
6„ entier, 6,, . . ., 6„, . . . rationnels) convergente dans le domaine oit se trouve
compris
'^ = ^. + 2ifr,
(•\il entier positif croissant, a.i entier f^ o et <^q — \ en valeur absolue) , Xétant
un nombre, rationnel ou non, exprimé dans le système de numération de base q;
soit — la fraction obtenue en s arrêtant dans X au terme d'indice l (q^ = y+').
6,, . . ., 6„, CT,, . . ., nT„, a,, . . ., a./, '^ i , ..., <\il.
(') Nous appelons série rationnelle une série dont les coefficients sont rationnels.
( 909 )
étant quelconques, si Vonfrend^n+i, ^«+2, .... assez petits, ou, quand X<;_ 1 ,
^,1+1 j c7„+2' ■ ■ ■> assez grands pour que
■'•(f;)"»-'(r---<^
(T dénominateur commun à 6,, .... 0„), ce qui est toujours possible, X ne
pourra être racine de fx = o que si
11
(a ordre de multiplicité de la racine X, M nombre fini convenablement choisi).
Par suite, on peut toujours prendre '\{l-\- i) assez grand pour que X ne sou
pas racine de fx^ o.
» Exemples : 1° La fraction
X = X.-l-^+...+ -J^^+...,
OÙ X et 5' sont des entiers quelconques, et où a,,, ..., *„, ... sont des
entiers dont la valeur absolue est ^^r— 1 et :^ o, n'est solulion d'aucune
des équations
o=fx = a.-{ ! h... 4 ' h...,
'' " ~^k\ + l „A'2 + 2!S ^A'„ + «!n '
OÙ r est entier et où a,, . . ., a„, . . . sont des entiers limités positifs ou né-
gatifs quand ^^r£^-,
» De même la fraction
X = X,+ "
n'est solution d'aucune des équations
pour n = 00.
» 1° La fraction
/G \ 3C Cl n OC ,1
^ = «o+-^+...-t--^'-f-...,
quand j -^-^ — ; — - croissent indeiinunent avec n, et que hm-!— = i
^ n/n ni^n 'n ^^
^1 ^n ^x
( 9IO ^
où q est entier, et où « ^n> ••• sont des entiers ^o dont la valeur
absolue est <C9, n'est solution d'aucune des équations
a„. «, , . . . , r7„, . . . étant des entiers positifs ou negatits, lorsque lim - — = i,
pour n = 3C, a„z—, r» et que >. — ^ rv^ croit indeliniment avec n. La
I -ra(/i — i) ^ (raw)^
série /est alors toujours convergente pour x <^i.
)) On obtient des résultats analogues pour les équations /, ^= o quand /",
est une série rationnelle procédant suivant les puissances décroissantes
de X ou présentant un point singulier essentiel pour x ^ o. Dans ce der-
nier cas, on obtient également des résultats analogues pour les nombres ;nr-
» Nous nous dispenserons d'énoncer ici le théorème analogue au théo-
rème I ; nous mentionnerons seulement l'exemple suivant :
» La fraction
ou son inverse, n'est solution d'aucune des équations
. b„ b, - - " ~"
quand — , - — ; croissent indéfiniment avec n et crue lim:^^ — = i
(a,, hj, rentiers finis ^ o).
» Les idées qui nous ont servi pour établir les résultats ci-dessus sont
applicables en principe à toute équation Fa? =r o, où F est une fonction
admettant des dérivées successives aux environs de la racine X. Elles
s'appliquent également au cas où X est représenté par un développement
en fraction continue dont les quotients incomplets croissent suffisamment
vite.
M On doit remarquer la correspondance qui existe entre les propriétés
ci-dessus et celles que nous avons énoncées dans deux précédentes Com-
munications (23 février, ii mars iQoi). »
( 9" )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la fraction continue de Stieltjes .
Note de M. H. Padé, présentée par M. Appell.
« Considérée au point de vue de. la théorie des fractions continues ho-
loïdes, la fraction continue de Stieltjes
I
Il s H
«2-1
O33 H
donne lieu aux remarques qui suivent :
» En posant tz =^ i, elle devient, au facteur t près (formule I* du Mé-
moire de Stieltjes),
(A) ^V^ lh=-, b,= —^
^ ^ j _l_ bit " «, «„«„+,
I
» Celle fraction (A) est une fraction continue holoïde : toutes ses
réduites peuvent faire partie d'un même Tableau (T) de fractions ration-
nelles approchées, et elle définit complètement un tel Tableau. Les points
représentatifs de ses réduites ont, d'ailleurs, pour coordonnées ([y., v),
(;. désignant le degré du dénominateur et v .celui du numérateur
(0,0), (1,0), (1,1), (2,1), (2,2), (3,2), ....
» Les quotients incomplets étant des constantes,, elle est susceptible de
contraction, et elle peut être transformée en l'une ou l'autre de ces deux
fractions continues holoïdes, dont la seconde est, au facteur t près, la
fraction P de Stieltjes où l'on remplacerait z par -
JH
b,t-
b, b-.t-
b,b^t'-
i+{b^-\-bi)t-
i-i-{b-,-]-b^)t-
(^0
ào
bit
b,b,t.
■(".^".i'-TTuâ!^.
( 912 )
» La fraction (B) a pour réduites les réduites de rang impair de (A),
c'est-à-dire donne les fractions du Tableau (T) dont les points représen-
tatifs (o, o), (i, i), (2, 2), ... sont sur la bissectricey := x.
» La fraction (C) a pour réduites les réduites de rang pair de (A),
c'est-à-dire donne les fractions de (T) dont les points représentatifs (1,0),
(2, 1 ), (3,2), . , ., sont sur la parallèle j = a; — i à la bissectrice.
)) Les recherches de Stieltjes concernant la convergence de la fraction
(A), et où une distinction s'établit entre les réduites de rang pair et celles
de rang impair, se rapportent donc, au fond, à l'étude de la convergence
des deux fractions continues holoïdes(B) et (C), dont chacune correspond
à une suite infinie spéciale de fractions rationnelles approchées du Ta-
bleau (T).
» A ce point de vue, le beau Mémoire de Stieltjes apparaît comme la
tentative la plus profonde faite jusqu'ici pour obtenir la définition d'une
fonction au moyen d'un Tableau de fractions rationnelles approchées tel que
(T). Il établit que deux suites infinies de fractions rationnelles d'un même
Tableau (T), à savoir celles dont les points représentatifs sont respective-
ment sur les droites j = x et j = x — i , peuvent, selon les cas, converger
A'ers une même limite ou vers des limites différentes, tandis qu'une troi-
sième fraction continue du Tableau, à savoir celle d'Euler, qui a pour ré-
duites les divers polynômes du développementyorme/ en série entière de la
fraction (A), est tantôt convergente et tantôt divergente. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes d'opérations.
Note de M. G. -A. Miller, présentée par M. Jordan.
« A. En élevant chaque opération d'un groupe abélien (H) à la puis-
sance a, nous avons un isomorphisme de II avec lui-même ('). Cet isomor-
phisme est holoédrique lorsque a. et l'ordre (A) de H sont premiers entre
eux. Il est mériédrique lorsque les nombres ot et A ont un autre diviseur
commun que l'unité. Nous considérons seulement, dans ce qui va suivre,
la première classe d'isomorphismes. Tous les isomorphismes qui sont
obtenus en élevant chaque opération de H à la même puissance corres-
pondent à des opérations invariantes dans le groupe (S) dus isomorphismes
de II. Réciproquement, chaque opération invariante de S transforme
(') Transactions of ihe American Mathematical Society, vol. I, p. 896; 1900.
( 9^-i »
chaque opération de H en une de ses puissances de degré constant et
chaque opération non invariante de S permute entre eux quelques-uns des
sous-groupes de H. Par suite, le nombre des opérations invariantes de S est
égal au nombre d'opérations de la plus haute puissance dans un des plus
grands sous-groupes circulaires de H ; et les opérations de S transforment les
sous-groupes de H suivant un groupe lequel est isomorphe au groupe -»
où S, est formé par les opérations invariantes de S. Pour que S soit abélien
il faut et il suffit que H soit circulaire.
» B. J'ai examiné récemment tous les groupes non abéliens possibles de
l'ordre yo"' (w 'p- l\ei p étant un nombre premier quelconque), qui contien-
nent le groupe abélien du type (m — 2,1) et j'ai trouvé qu'il y a seulement
sept groupes de cette catégorie lorsque /; > 3. Quatre de ceux-ci contien-
nent/;^ — I opérations de l'ordre/? et jP°'"^' (/j — i) opérations de l'ordre />",
i<^x<^m — I. Deux autres contiennent //' — i opérations de l'ordre p-
et p"^ ' {P — i ) opérations de l'ordre />", 2 <; a <[ m — i . Le groupe restant
contient des opérations de l'ordre p™"' el il est bien connu ('). Lorsque
p — 3, il y a un groupe de plus, et lorsque p ^ 2 ei m'^ 5, le nombre des
groupes de cette catégorie est 17. Quand/; est impair, le groupe d'iso-
morphismes du groupe abélien de type (m — 2,1) contient un sous-groupe
non abélien d'ordre /)' qui renferme toutes ses opérations d'ordre p.
Lorsque /> = 2, les opérations d'ordre 2 de ce groupe d'isomorphismes
produisent un groupe d'ordre 32 qui renferme 16 opérations du qua-
trième ordre.
» Chaque isomorphisme d'un groupe abélien à lui-même peut être
obtenu en le faisant isomorphe avec un de ses sous-groupes et multipliant
les opérations correspondantes (-). Soient S,, S.,,..., S^™ les représen-
tants des opérations d'un groupe P circulaire de l'ordre p'" (p étant un
nombre premier impair quelconque) et supposons que
ï-'P/ = H et ^ ' Sa/ = S„+, S„, a=/)'".
Par suite
Si Sa+, est d'un ordre plus bas que S^, il est facile de prouver que l'ordre
de l'opération ayant S,, comme facteur est égal à l'ordre de S^^j. Quand
(') BuRNSiBE, Theory of groups of finite order, p. 76; 1891.
("^ ) Bulletin of the American Mathematical Society, t. VI, p. SSy; 1900.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXU, N° 15.) I l8
( 9i4 )
Sa est une génératrice de P, t doit être du même ordre que Sa , , . Il suit de
ce qui précède que les opérations d'ordre p^ dans le groupe d'isomor-
phismes de P transforment P de la même manière que si nous faisions P
isomorphe avec son sous-groupe d'ordre p^ et multipliions les opérations
correspondantes.
» La formule donnée suggère une méthode pour obtenir facilement les
nombres qui appartiennent à l'exposant /jP mod. p"' ( ' ). Supposons p = i
et Sa, Sa+, d'ordres 2'", 2'"-^ (i'= 2) respectivement. L'ordre de l'opération,
laquelle est multipliée par Sa, est encore égal à l'ordre de S'â^,. Nous voyons
par là que le groupe d'isormophisme du groupe circulaire d'ordre 2™ con-
tient des opérations d'ordre 2"'--. Puisque le groupe dérivé de ces opéra-
lions ne transforme pas les opérations du groupe circulaire d'ordre 2'" en
leurs inverses, le groupe d'isomorphismes en question est du type
(ot — 2,1). »
PHYSIQUE. — Action des rayons du radium sur le sélénium.
Note de M. Eugène Bloch, présentée par M. Mascart.
« W. Smith a découvert en 1878 que la résistance électrique du sélénium
diminue sous l'action de la lumière. M. Perreau a généralisé cette pro-
priété {Comptes rendus du 4 décembre 1899) en montrant que les rayons
de Rontgen produisent sur le sélénium une action tout à fait comparable
à celle de la lumière. Il était intéressant de rechercher comment le sélé-
nium se comporterait vis-à-vis des nouveaux corps radioactifs. Or j'ai pu
mettre en évidence une action des rayons du radium sur le sélénium, du
même ordre de grandeur que les deux précédentes, quoique plus lente.
» Un premier élément au sélénium construit suivant la technique indiquée par
Siemens en 1876 (rainure en spirale formée par deux fils métalliques parallèles, dans
laquelle on coule du sélénium) possédait, dans l'obscurité, une résistance à peu près
stable voisine de 3oooo". Celte résistance a été équilibrée au pont de Wheatstone,
avec l'aide d'un daniell, d'une boîte à pont, et d'un galvanomètre Thomson sensible.
Dans l'un des essais la résistance initiale était de Soioo'''. Elle diminuait rapidement
de 800" à 1000"" sous l'influence d'une faible lumière dilTuse; placée à 5o°™ d'une
lampe à incandescence à verre dépoli, elle tombait en quelques minutes à i5ooo"; elle
reprenait dans l'obscurité sa valeur initiale, mais avec une grande lenteur.
» On a placé alors vis-à-vis de l'élément, et à i"" de dislance environ, un échan-
(') Ibid.; avril igoi.
(9>5)
tillon de carbonate de baryum radifère (obligeamment prêté par M. Debierne); cet
échantillon était étalé de manière à occuper une surface comparable à celle de l'élément
et était recouvert d'une feuille de papier noir assez épaisse pour intercepter entiè-
rement la faible lumière émise par le corps radioactif. La résistance a diminué lente-
ment, et au bout de dix^ minutes elle était tombée à 29000™. L'échantillon aj'ant été
enlevé, la résistance a augmenté progressivement de 800" en une heure et n'a repris
sa valeur initiale qu'au bout de deux heures. — Le corps employé possédait d'ailleurs
une radioactivité 1000 (mille fois celle de l'uranium), et il est probable que les échan-
tillons beaucoup plus actifs qui ont été préparés auraient une action plus énergique.
» Un second élément semblable au premier possédait une résistance
normale de 654 000" environ, qui tombait en dix minutes à 640 000" sous
l'action des rayons du radium. — Ici encore l'action est à peine inférieure
à celle d'une lumière diffuse très faible.
1) Il y a dans ces expériences un argument en faveur de l'idée que les
rayons du radium sont formés d'un complexe de rayons cathodiques et de
rayons de Rontgen. »
ÉLECTRICITÉ. — Décharge disruplivc dans les électrolyles. Note de
MM. André Broca et Turchini, présentée par M. Potier.
« Nous avons observé, au moyen d'oscillations électriques de 35o"'
à 400™ environ de longueur d'onde ('), c'est-à-dire vibrant un peu moins
de un million de fois par seconde, que les propriétés des électrolytes placés
sur le circuit de décharge étaient profondément modifiées. Dans des con-
ditions convenables, il jaillit dans des électrolytes très conducteurs des
étincelles disruptives extrêmement puissantes qui montrent que, pour des
oscillations de cet ordre de fréquence, l'électrolyte se comporte à peu près
comme un diélectrique. C'est la raison expérimentale indiscutable de la
transparence des électrolytes pour la lumière, qui était si difficile à expli-
quer dans la théorie électromagnétique.
» Nous avons opéré au moyen d'une grosse bobine de RuhmkorfT actionnée par le
courant alternatif du secteur de la rive gauche et donnant 5'"" ou 6*^™ d'allumage de
l'arc dans nos conditions (iio volts, 42 périodes, 5o ampères). La capacité employée
(environ i25oo unités électrostatiques) était assez grande pour produire l'étincelle
active sans soufflage. Nous produisons celle-ci dans l'air, l'éclatement dans l'huile ou
le pétrole donnant, avec une pareille puissance, des irrégularités gênantes. Si l'on
(') Nombre calculé.
( 9'^ )
place dans ce circuil une cuve disposée pour réclatement de l'étincelle dans l'huile,
mais si on la remplit d'un liquide conducteur, on voit des étincelles puissantes, d'un
éclat extrême et très bruyantes, jaillir entre les deux boules de laiton, de 2"^™ de dia-
mètre, aussitôt que leur écartement est produit. En même temps, quelques bulles de
gaz se produisent et les étincelles se maintiennent jusqu'à une distance que nous n'avons
pu encore mesurer exactement, mais qui est d'environ 2™™. Si l'on écarte les boules
davantage, le phénomène cesse, et l'étincelle de décharge reste active et, par consé-
quent, disruptive.
» Si l'on ferme complètement l'éclateur à air, lorsque les deux boules de l'éclateur
électrolvtique sont à une distance où se produit le phénomène précédent, on voit ce
phénomène cesser, ce qui empêche de l'attribuer à un échauirement électrolvtique
comme celui qui a lieu dans les éleclrolyses à haut voltage. Dans ce dernier cas, en
efifet, l'intensité efficace est supérieure à ce qu'elle est avec l'étincelle active, mais la
fréquence est celle du secteur de la rive gauche.
» Ainsi, on ne peut produire une étincelle active dans un électrolyte,
mais quand il y a une étincelle active dans le circuit, et que la distance
est convenable, .il se produit dans l'éleclrolyte une étincelle ayant tous les
caractères de l'activité.
» Une raison encore nous porte à croire que c'est un vrai phénomène
disruptif. La caractéristique d'un arc, c'est que, une fois l'allumage pro-
duit, on peut écarter les électrodes, et le phénomène se continue. Ici,
quand on écarte les boules de manière à atteindre la limite du phénomène,
il se reproduit à coup sûr quand, après avoir ouvert le courant, on le
referme.
)) Enfin, après quelques secondes d'usage, on voit déjà les boules de
l'excitateur s'user notablement. Le phénomène est, à ce point de vue, infi-
niment plus puissant que l'éclatement dans l'air. Nous présentons à
l'Académie les deux boules qui ont montré ce phénomène. Elles ont peut-
être servi trois ou quatre minutes, effectivement, et elles présentent
en regard deux petits plans de S™"" à 6°"" de diamètre.
« En voyant cette usure rapide qui changeait les conditions du phéno-
mène, nous avons alors opéré avec deux fils cylindriques placés dans le
prolongement l'un de l'autre et que nous rapprochons quand l'usure se
produit. On peut ainsi avoir un phénomène stable malgré l'usure extrê-
mement rapide dans ces conditions, et l'étincelle prend un éclat incom-
parable.
« Nous avons commencé à étudier les divers électrolytes et le rt)le de
la dilution dans chacun d'eux. Nous faisons construire en ce moment un
appareil plus précis, tuais nous avons déjà quelques résultats grossiers.
( 9^7 )
•» Eau acidulée. — Dans l'eau acidulée, entre houles de laiton de 2'^'", réclalement
se produit seulement quand la dilution est inférieure à -^ environ. Pour les teneurs
plus grandes en acide sulfurique, avec les fréquences que nous avons, on ne peut
obtenir l'éclatement.
» Entre fils, les conditions changent énormément. Entre deux fils de cuivre de S™"
de diamètre, terminés par des plans normaux, à l'axe, le phénomène se produit encore
pour une concentration de i. C'est d'ailleurs sa limite. A ce moment, l'étincelle n'est
plus brillante et bruyante; c'est une petite étincelle maigre et rougeàtre.
» Quand, en diluant à l'extrême, on arrive à l'eau distillée pure, le phénomène
devient d'une puissance excessive. Avec de petites pointes en regard à 2™" ou 3""" l'une
de l'autre, un cristallisoir de i5"" de diamètre, plein d'eau distillée, a éclaté en sept
ou huit morceaux, avec projection d'eau à une grande hauteur. Dans ce dernier cas,
on avait déjà observé des phénomènes analogues.
» Sulfate de cuivre. — Entre les deux mêmes fils de cuivre nous avons obtenu
l'étincelle extrêmement brillante, même pour la solution concentrée de sulfate de cuivre
à 24 pour 100.
» Il nous reste un grand nombre de mesures à faire sur les phénomènes
et, entre autres, à faire varier la fréquence. Nous n'avons pas besoin de dire
combien ce dernier point est difficile quand on veut conserver de l'énergie
avec des fréquences croissantes.
» En somme, nous avons là un phénomène complexe dans lequel entrent
enjeu la conductibilité, la capacité de polarisation, et d'autres conditions
encore sur lesquelles nous revieiidroas ultérieurement. Mais nous pouvons
dans cette Note, nous bornant aux faits qualitatifs seuls, conclure que la
conductibilité des électrolytes ne s'établit qu'au bout d'un certain temps et
que, pour des fréquences suffisantes, les électrolytes sont de purs diélec-
triques. Il est donc naturel qu'ils soient transparents pour la lumière. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les étincelles oscillantes. Note de M. G. -A. He.msalecii ,
présentée par M. Lippmann.
(i J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences les résultats des
quelques expériences que j'ai eu l'occasion de faire sur les étincelles
oscillantes en étudiant leurs spectres. On sait qu'une étincelle ordinaire a
une forme très irrégulière causée par la distribution irrégulière de la
vapeur du métal qui constitue les électrodes; aussi la décharge initiale ou
le trait lumineux est-il très marqué.
» En insérant dans le circuit de décharge une self-induction qu'on peut
faire varier à volonté, on observe qu'avec l'augmentation de self-induction
la forme de l'étincelle devient de plus eu plus régulière et la décharge
( 9'8 )
initiale devient de plus en plus faible, de manière que l'étincelle semble
consister seulement en vapeur métallique incandescente. I^a forme que
prend l'étincelle est celle d'une sphère ou d'un ellipsoïde selon sa lon-
gueur; la nature du métal semble aussi influer sur la forme de l'étincelle
oscillante. Des formes très régulières sont obtenues avec le cuivre et l'alu-
minium. Le cadmium et le plomb donnent des étincelles plus ou moins
irrégulières.
)) Quant à l'éclat des étincelles oscillantes, il dépend en premier lieu
de la nature des métaux entre lesquels éclatent ces étincelles. Avec des
électrodes en fer et cobalt, l'intensité de l'étincelle, après avoir passé par
un minimum peu marqué, augmente considérablement avec l'augmentation
de la self-induction (en faisant abstraction du trait lumineux de l'étincelle
ordinaire qui est excessivement faible dans l'étincelle oscillante). Une
série d'étincelles de 3™™ de longueur, obtenues avec des électrodes en fer,
est reproduite /î]§'. i. Le condensateur avait une surface totale de 2™''
(épaisseur du verre, 3™" ) et était chargé à l'aide d'une machine de Wims-
hurst.
» Avec le zinc, le cadmium, le cuivre, l'aluminium et le plomb, les
variations de l'intensité sont semblables à celles du fer et du cobalt; c'est-
à-dire l'intensité diminue d'abord, atteint un minimum plus ou moins
marqué pour une certaine valeur de la self-induction, valeur qui dépend
de la nature du métal, puis augmente et atteint un deuxième maximum.
Avec d'autres métaux l'éclat est plus ou moins augmenté ; il peut même
être diminué rapidement : c'est le cas pour le magnésium, dont une série
de photographies analogue à celle donnée pour le fer est reproduite fig. 2.
» J'espère montrer prochainement qu'on observe des variations analo-
gues dans les spectres que produisent ces étincelles.
» Si l'on introduit dans la bobine de self-induction un noyau de fer, les
oscillations sont détruites, comme je l'ai démontré dans une Note anté-
rieure ('). Pour marquer cette influence du fer d'une manière plus nette,
j'ai fait l'expérience suivante. L'image de l'étincelle oscillante est projetée
sur la fente d'un collimateur. A l'aide d'un objectif photographique on
projette l'image de la fente (illuminée par l'image de l'étincelle) sur une
pellicule photographique fixée sur la périphérie d'une poulie (méthode déjà
employée par MM. Schuster et Hemsalech) (-). Quand la poulie est immo-
(') G. -A. HiiMSALECu, Comptes rendus, tome CXXX, p. 898; 1900.
(^) Schuster el Hemsalech, Phil. Trans. Roy. Soc, London, série A, l. 193,
p. 190; 1899.
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( 920 )
bile, l'image de la tente est unique (fig. 3 ). Quand on fait tourner la poulie
avec une certaine vitesse on obtient une série d'images de la fente corres-
pondant aux oscillations de la décharge {Jîg- 4) '• ^'-^ vitesse périphérique
était d'environ i6" par seconde et la self-induction de 0,006 lieure-gr. En
introduisant un petit noyau de fer de 18'"'" de diamètre, la plupart des os-
cillations ont disparu {^fig. 5). Avec un noyau de fer de 46™™ de diamètre,
une ou deux oscillations seulement persistent. Pour montrer que c'est seu-
lement la surface du noyau qui influe sur les oscillations (ce qu'a déjà
démontré M. J.-J. Thomson) ('), j'ai remplacé le noyau par un tuyau
mince de même diamètre. L'action semble même plus vigoureuse qu'avec
un noyau (fig. 6). Un .tuyau en cuivre a aussi diminué le nombre des
oscillations {Jîg. 7).
>> Il paraît donc qu'il y ait deux causes pour cet amortissement :
l'aimantation du fer et les courants de Foucault. Dans le cas du fer, ces
deux causes s'ajoutent l'une à l'autre ; pour le cuivre ce sont les courants
de Foucault seuls qui interviennent. »
}
CHIMIE ORGANIQUE. — De la recherche des alcaloïdes par voie microchimique.
Note de M. E. Pozzi-Escot. (Extrait.)
« Nos essais ont porté sur le sulfate de strychnine, le chlorliydrate de
cocaïne, la brucine, le sulfate d'atropine, le chlorhydrate de morphine, la
codéine, le sulfate de quinine.
» Le mode opératoire adopté a été celui décrit page 20 de notre Ana-
lyse microchimique et spectroscopique . Nous avons fait des solutions à
I pour 100, ou saturées dans le cas des alcaloïdes peu solubles, et elles ont
été traitées par l'acide picrique, sur la lamelle porte-objet, puis examinées
au microscope avec divers grossissements (obj. 3, oc. 5, de Leitz,
tirage 160™"). C'est, à peu de chose près, le mode opératoire employé par
M. PopofT dans un travail publié eu 1891, dans le Becueil des travaux du
Laboratoire de Toxicologie, par MM. Brouardel et Ogier.
» Le seul picrate qui nous ait paru quelque peu caractéristique est le
picrate de strychnine.
» Pour les autres, contrairement aux dires de M. PopofT, les cristallisa-
tions se font difficilement et n'ont rien de caractéristique.
(') J.-J. Thomson, S niithsoiiian Report fur 1892, p. 25i. Washington, iSgS.
( 921 )
» Nous croyons donc devoir conclure que l'acide picrique, réactif géné-
ral des alcaloïdes, n'a pas la valeur que M. Popoffa cherché à lui attribuer
comme réactif microchimique. »
BOTANIQUE. — Sur la flore (les Mousses des cavernes. Note de MM. L.
Géxeau de Lamarlière et J. Maheu. présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Les explorations qui ont été entreprises pendant les dernières années
avec la collaboration de M. A. Viré ont porté sur plus de cinquante
grottes et avens appartenant aux départements du Tarn, de la Lozère, de
l'Hérault, du Lot et de la Corrèze. Ces explorations ont permis d'amasser
tin certain nombre de documents sur la flore bryologique souterraine.
H D'une façon générale, la flore des Muscinées des cavernes est consti-
tuée par un certain nombre d'espèces qu'on trouve se développant dans
les stations des alentours, ombragées, fraîches ou humides, qui sous cer-
tains rapports se rapprochent par leurs conditions de celle des cavernes.
Ainsi les espèces trouvées souterrainement dans les régions les plus
chaudes, à la grotte de la Madelaine, par exemple, dans le massif de la
Gardiole (Hérault), ont, bien qu'elles appartiennent à la flore méditerra-
néenne, des tendances boréales remarquables, plus nettes que dans la
majorité des espèces de la flore environnante; tels sont Eurhynchium circi-
nalum, E. striatulum, Leplodon Srnùhii, que l'on observe remontant en
France plus ou moins loin vers le Nord, le long des côtes de l'Océan et
de la Manche. Tel est encore le Gy^mnoslomum rupestre du Gouffre de
Padirac, qui s'élève assez haut dans les montagnes.
» En ce qui concerne la nature du substratum,-on trouve fréquemment
des espèces saxicoles, plus rarement arboricoles [comme V Orthotrichum
affine à la Feindeille (^Tarn)J. Parmi les espèces des rochers, celles qui
dominent sont les calcicoles, les étages formés de roches calcaires ayant
donné plus généralement naissance aux excavations que les roches pure-
ment siliceuses. Mais, survienne un accident siliceux, on constate immé-
diatement des espèces silicicoles, par exemple Pterogynandrum flliforme,
Hedwigia ciliata, Rhacomitrium fasciculare sur la première plate-forme de
Padirac.
» Les cours d'eau souterrains et les suintements favorisent le dévelop-
pement de quelques espèces beaucoup plus hygrophiles, comme Gymno-
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 15.) I 19
( 922 i
stomum rapestre, Euclaclium verticillatum , nhynchostegium riisciforme , etc.
» Mais le facteur le plus important à considérer est la lumière. Sons ce
rapport la flore générale des cavernes peut se diviser en quatre zones :
1) i" Zone des ouvertures et de la surface; i° zone des parois; 3° z(^iu;
du fond (obscurité partielle); 4° zone des galeries (obscurité absolue).
Aucune Muscinée n'a été rencontrée dans cette quatrième zone, qui n'e^i
plus habitée que par des Champignons et des Algues. La troisième zone,
celle où l'obscurité est partielle, montre un certain nombre d'espèces géné-
ralement dépourvues de sporogones et profondément modifiées au moins
dnns leur port et leur couleur. La première et la deuxième zone, mieux
éclairées, sont abondamment pourvues de Mousses, que l'on trouve sou-
vent bien fructifiées, tout au moins les espèces qui dans les conditions
ordinaires présentent le plus fréquemment des sporogones.
» Il est remarquer que les zones déterminées }jar l'éclairement ne sont
que très indirectement en rapport avec la profondeur, et que mille circon-
stances physiques, parfois très accidentelles, peuvent en faire varier les
limites dans une grande étendue; tout dépend de la conformation, de
l'orientation, de la largeur des ouvertures et des galeries. Ainsi, à Padirac,
les Mousses sont très abondantes et forment un véritable tapis au milieu
même du fond de l'aven, à 70™ de profondeur, aux endroits où se projette
le cône lumineux qui passe par l'ouverture du puits. Mais en dehors de ce
point elles sont beaucoup plus rares.
)) Les exigences des espèces des cavernes par rapport à la lumière sont
très diverses, comme d'ailleurs cela a lieu aussi à la surface du sol. Tandis
que certaines espèces peuvent végéter tant bien que mal, ou plutôt mal
que bien, dans une demi-obscurité, d'autres s'arrêtent brusquement là où
cesse la vive lumière. Ainsi fait le Fontinalis anlipjretica, aux grottes de
Caucalières (Tarn). Dans, plusieurs eus, les Hépatiques se sont montrées
moins difficiles que les Mousses et ont paru mieux supporter l'obscurité
(grottes de Caucalières, du Calel, etc.).
» Des modifications morphologiques et anatomiques sont en rapport
avec ces différences dans l'éclairement. Mais il faut noter aussi que d'autres
facteurs influent également, en particulier l'état hygrométrique de l'atmo-
sphère. Rien encore n'a été tenté pour séparer, d'une façon expérimentale
et scientifique, les influences de ces divers facteurs sur les Mousses des
cavernes. Aussi, pour le moment, nous nous contenterons de donner en
bloc les principales modifications subies par les individus.
» Ceux qui se développent dans les endroits les plus obscurs sont ordi-
( 9^^ ;
nairement en toiifFes plus maigres, moins denses, plus pâles que leurs
congénères développés dans les conditions ordinaires. I^a base des touffes
est morte et décolorée et la vie paraît s'être concentrée aux extrémités des
rameaux. Fréquemment on les trouve mêlés à des formes mycéliennes
pulvérulentes et rappelant certaines syniljioses Helléniques des proto-
némas, étudiées par M. Gaston Bonnier. Mais, lorsque la lumière est plus
abondante, la teinte vert clair ou vert foncé domine, au détriment des tons
jaunes ou mordorés que présentent souvent les mêmes espèces dans les
endroits ensoleillés à la surface du sol.
« Dans plusieurs espèces ( Thamniwn alopecurum, Gymnosiomum ru-
peslre, etc.), les tiges s'allongent beaucoup et s'effilent, les feuilles s'es-
pacent en diminuant de taille, et les individus prennent l'aspect de ceux
que l'on obtient dans des cultures faites sous cloche dans une atmosphère
humide. Dans ce cas, en particidier chez le Thamniiun alopecurum, les cel-
lules des feuilles, si l'on compare leur longueur à leur largeur, deviennent
proportionnellement plus longues.
» Dans les espèces à feuilles dentées, le nombre des dents diminue
( Mnium undulalum), ou bien celles-ci s'affaiblissent, s'oblitèrent et ne
représentent plus que de légères sinuolations formées par la saillie des
cellules du contour {Thamnium, Fissidens divers, etc.).
1) Les espèces dont les feuilles sont munies d'un poil incolore terminal
( Ithacomitrium, Grimmia, Hedwigia) montrent une grande réduction de cet
organe.
» Ces divers caractères anatoraiques et morphologiques acquis par les
Mousses des cavernes sont identiques, on à peu près, à ceux que l'on
constate dans les espèces qui croissent à une ombre épaisse et dans les
endroits frais ou humides. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la luille raliunnelle des végétaux ligneux
Note de M. F. Kovessi, présentée par M. Gaston Bonnier.
a Dans une Communication précédente ( ' ) j'ai exposé les relations qui
existent entre le degré d'aoùtement des sarments de vigne et les conditions
climatologiques dans lesquelles se sont développés ces sarments. J'ai
montré qu'en étudiant, d'une part les exigences d'une espèce végétale au
(.') Comptes rendus, l. CXWII, p. 85; ; i" ;nril 1901.
( 924 )
point de vue de la chaleur et de l'humidité, et, d'autre part, les données
météorologiques d'une région, on obtient des renseignements précis sur la
possibilité de la culture de cette espèce dans la région considérée.
)> Le degré d'aoûtement a, de plus, une influence très grande sur la
production en fruits de la vigne, des arbres fruitiers et, plus généralement,
dans les végétaux ligneux.
1) On sait qu'un sarment de Tannée présente un certain nombre de
bourgeons qui donneront des rameaux l'année suivante. En général, les
premiers et les derniers de ces bourgeons, c'est-à-dire les plus rapprochés
et les plus éloignés de la base du sarment qui les porte, ne sont pas fructi-
fères. Seuls, un certain nombre de bourgeons intermédiaires produisent
des fruits; ces bourgeons présentent, à l'état d'ébauche, un nombre va-
riable de grappes. ,:,
» L'influence de raoûletnent se fait sentir de deux façons : en modifiant le nombre
et la position des bourgeons fructifères et en changeant le nombre des grappes dans
le bourgeon.
1) Un bon aoûtement a pour effet : i" de rapprocher de la base du sarment le pre-
mier bourgeon qui produit des fruits; 2° de donner naissance à un plus grand nombre
de grappes. Ainsi, un sarment bien aoûté d'un cépage déterminé produit des fleurs,
par evemple, dès son troisième bourgeon, tandis qu'un sarment mal aoûté ne com-
mence à en former qu'à son cinquième. De plus, les bourgeons fructifères du premier
sarment porteront deux ou trois grappes, tandis que les bourgeons du second n'en
auront qu'une seule.
» D'après cela, la production d'une année dépend de l'aoûteraent des
sarments de l'année précédente. Il en résulte ce fait très important, non
encore mis en lumière jusqu'ici, qu'une récolte de vigne est soumise à fin-
fluence des conditions météorologiques de deux années consécutives : celles de
l'année précédente qui déterminent le degré d'aoïitement plus ou moins
parfait d'un sarment, ainsi que la position et le nombre de grappes futures,
et celles de l'année même, plus ou moins favorables à la floraison, à la
fructification, à la maturation des raisins.
n M. Angot (') a rcsutné les observations relatives à la récolte en vin et
aux conditions inétéorologiques d'un grand nombre d'années, s'étendant
à six siècles. Les données de l'auLeur confirment de la façon la plus écla-
laule ce qui a été dit plus haut : on y voit que les années sèches, qui pro-
(') A. Angot, Étude sur les vendanges en France {Annales du linrcau central
màléorologiquc de France: année i883, Mémoires),
( 9-^5 )
diiisent un aoùtement plus parfait, sont généralement suivies d'une année
où la récolte est abondante; les années humides, au contraire, nuisibles
à un bon aoùtement, sont suivies d'une année à faible récolte. Les excep-
tions proviennent des particularités de l'année même de la vendange.
)) On comprend, en effet, qu'après une année humide il peut se pro-
duire, l'année suivante, un temps extrafavorable à la floraison et au
développement des grains de raisin et, par suite, à une récolte assez abon-
dante. Inversement, une gelée au printemps, de la grêle, un été propice au
développement des maladies de la vigne auront pour résultat, même
quand l'année précédente aura été sèche, une très petite récolte.
)i Les données précédentes sont susceptibles d'une application pratique :
i" elles fournissent vine base rationnelle pour la taille des divers cépages
dans les diverses régions; 2° elles nous apprennent à exécuter cette taille
suivant les conditions climatériques de l'année qui précède.
» 1° L'étude d'un cépage déterminé fait connaître quels sont, d'une
manière générale, sur le sarment de l'année précédente, les bourgeons
fructifères. S'il peut y avoir certaines variations à cet égard suivant les
différentes localités, l'étude des conditions météorologiques, principale-
ment de l'humidité, apprendra, pour chaque station, le rang de ces bour-
geons. On saura dès lois quel nombre d'entre-nœuds, en moyenne, on
doit laisser subsister quand on taille la vigne.
» 2*^ Les diverses années présentent entre elles de grandes différences
météorologiques et, par suite, l'aoùtement peut être très variable d'une
année à l'autre. Ainsi, après une année riche qui favorise cet aoùtement,
les bourgeons fructifères sont plus rapprochés de la base et présentent
plus de grappes; on devra alors, dans la taille, ne laisser subsister qu'un
nombre relativement restreint d'entre-nœuds. Au contraire, après une
année humide le sarment est moins bien aoùté, les bourgeons fructifères
sont plus éloignés de la base et moins riches en grappes ; pour avoir la
même récolte, il faudra tailler en laissant subsister un plus grand nombre
de bourgeons.
» D'ailleurs, comme chaque année des circonstances multiples, autres
que la température et le degré d'humidité, peuvent avoir soit favorisé,
soit retardé l'aoùtement, on devra étudier le sarment lui-même, et c'est le
degré d'aoûlement de celui-ci, quelles que soient les causes qui l'ont pro-
duit, qui devra servir de règle pour la taille. »
(926)
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur l' existence probable d'une mer récente dans
la région de Tombouclou. Note de M. Aug. Chevalier, présentée par
M. de Lapparent.
« Quand on examine la constitution hydrographique de l'Afrique tropi-
cale au nord de l'équaleur, on est frappé de l'analogie qui existe entre le
bassin du haut Nil d'une part et celui du haut Niger de l'autre.
» Dans les deux contrées, chacun des fleuves reçoit, dans la région des pluies hiver-
nales de longue durée, un [riche éventail d'affluents qui naissent dans les massifs de
roches stratifiées ou éruptives anciennes (quartzites, schistes, granits). Ces rivières,
plus ou moins torrentielles sur les hauteurs, coulent ensuite dans de larges vallées
creusées dans les grès ferrugineux horizontaux qui recouvrent la plus grande partie
du Soudan, du Sénégal à l'Abyssinie. Ces vallées se sont remplies sur les flancs d'ar-
giles rouges (latérites) et de limons d'alluvion.
' Au point de vue hydrographique, ce n'est plus au Nil moyen qu'il faut
comparer le Niger moyen, c'est au delta même de ce fleuve.
» Après avoir franchi, entre Bammako et Nyamina, divers rapides bien moins im-
portants que ceux du Nil, le Niger s'étale en un large fleuve qui atteint, vers Ségou,
près de i'"" de largeur en certains endroits. Dès Diafarabé, le fleuve se divise en plu-
sieurs branches au cours ramifié.
» Dès lors il n'y a plus un fleuve unique, mais un véritable delta constitué par un
réseau très complexe de chenaux, répartis sur une largeur de So""" à So""", et qui
forment un lacis qu'on ne peut s'empêcher de comparer à l'embouchure de certaines
rivières du sud du Sénégal, tellqs que la Casaraance. Cependant, au nord du 1 5" degré
de latitude N., ces branches convergent en un bassin unique, le lac Débo, véritable
mer encaissée dans des grès d'âge probablement triasique. Ces roches constituent les
monts Saint-Charles, Saint-Henri, Marie-ïhérèse et Gourao et viennent, en plusieurs
points de la bordure du lac, mourir en véritables falaises. Le Niger sort du lac par
deux branches principales, qui se divisent en un certain nombre de ramifications pour
constituer un nouveau delta. Cette fois, c'est la divagation d'une masse d'eau qui
s'épanche à travers le désert. La plupart des branches contournent des massifs de
bancs alternatifs horizontaux de grès sans fossiles et de poudingues et vont se perdre
dans de vastes dépressions sahariennes comme le lac Faguibine, En hivernage, les
eaux du fleuve s'accumulent dans ces bassins en franchissant de nombreux seuils
étages.
» Après avoir coulé vers l'Est sur les sables sahariens pendant plusieurs centaines
de kilomètres, le Niger est arrêté par les collines de Tosaye et dévié d'abord vers le
Sud-Est, puis vers le Sud pour aller se perdre dans le golfe de Guinée.
'' 9=7 )
, ' Depuis longtemps, hi plupart des explorateurs et des officiers qui ont
visité Tombouctou prétendent que les hics de la région occupent l'em-
placeinent d'une mer saharienne où débouchait le Niger vers le Débo, par
un delta dont les traces subsistent encore.
M Postérieurement, ses eaux, ainsi que celles du Niger, se seraient
frayé une route vers l'Océan. Les sables auraient peu à peu comblé le lit
de la mer et les crues du fleuve auraient entraîné le sel vers l'Atlantique.
» Au mois de juillet 1899, herborisant dans les dunes de Tombouctou,
je recueillis à la surface du sable une coquille roulée, du genre Marginella.
Ayant demandé aux indigènes d'en rechercher d'autres exemplaires, je
reçus, deux jours après, plusieurs petits sacs de ces coquilles mélangées à
des Columbella. J'appris en même temps qu'on allait les chercher à quelques
kilomètres de la ville, du côté de Rabarah, et qu'on les déterrait dans des
excavations d'où l'on retire l'argile servant à bâtir les maisons de Tom-
bouctou. L'état troublé du pays ne me permit pas d'aller vérifier ces dires.
Et, dans mon voyage au lac Faguibine et aux Daouna, je ne recueillis que
des coquilles d'eau douce {^Melania, Corbicitla, Byt/iinia) qui pullulent en
beaucoup d'endroits sur le sable, à plusieurs mètres au-dessus du niveau
atteint par les plus hautes crues des lacs et qui attestent que le régime des
inondations de ces contrées a subi d'importantes modifications.
» Les coquilles marines des environs de Tombouctou, déterminées par
M. Mabille, préparateur de M. Edmond Perrier, sont :
» 1° Des Marginella Egoiien ( Âdanson) Lamk., vivant actuellement sur
les côtes de la Sénégambie (Mabille) ;
» 2° Des Columbella Mercatorla Lamk., vivant sur les côtes de la Séné-
gambie et de la Méditerranée ( Mabille ).
)) M. Mabille les regarde comme fossiles. De plus, il nous a fait observer
qu'elles étaient toutes de taille plus petite que les exemplaires originaires
de nombreuses régions des côtes de l'Océan existant dans les collections
conchyliologiques du Muséum. Un nanisme semblable a été signalé par
Maver-Eymar pour toutes les. coquilles du Saharien recueillies dans
l'Egypte.
» Selon M. Mabille, il est impossible que les coquilles de ces Marginelles
et de ces Columbelles proviennent d'animaux vivant encore actuellement
à la côte. Mais se trouvent-elles en place à Tombouctou ? C'est ce que nous
ignorons.
» Depuis longtemps, dans la région des Cholts tunisiens, on a rencontré
diverses coquilles marines. Dans la moyenne Egypte, au sud-ouest des Py-
( 9^8 ;
ramides, Schweiiifurth a trouvé des amas (VOstrea cucuUata en place, en-
tourés d'un lit de cailloux roulés de silex noirs (' i. Enfin, aux environs
du Caire, Mayer-Eymar a signalé dans des dépôts en place plus de cent
espèces, les unes vivant actuellement sur les côtes de l'Egypte, les autres
vivant plus à l'ouest. Cet auteur conclut qu'il a existé luie époque saha-
rienne, postérieure au dépôt des couches siciliennes, pendant laquelle la
mer a franchi le seuil de Gabqs, d'une pari, et s'est étendue sur une partie
de l'Egypte et de la Tripolitaine de l'autre (').
» Y a-t-il une relation entre ces mers africaines et celle de Touibouc-
lou? C'est une question qu'il était impossible de chercher à résoutire en
1899, en raison de l'insécurité du pays ('). Aujourd'hui que l'occupation
française est solidement établie dans ces contrées, il est à présumer que
de nouvelles missions seront plus heureuses et pourront élucider ces
questions. »
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
(') G. ScHWEiNFURTH, Die Kreide der Pyrainldan-Region {Peterrnann's geogr.
Mitlheil., Berlin; 1899).
(^) Mayer Eymar, Défense du Sahara comme nom du dernier élage géologique
{Comptes rendus, 5 novembre 1894).
(') On se souvient que c'est au cours d'une excursion faite pour aller étudier les
calcaires des monts Honibori, au sommet de la boucle du Niger, que notre regretté
ami Legeal, préparateur au Conservatoire des Arts et Métiers, fut massacré par les
Touaregs. ,•
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VIIXÂRS,
Quai des Grauds-Aus^ustins, n" 55.
Depuis iS35 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimnnchr. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4". Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre al|ihabélique de noms d'Auteurs, icimiuent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" Janvier.
Le prix rir Vdljonncinriil est fixé ainsi rjiiil suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez IMessieurs :
Afin Ferran frères.
I Cbaix.
Alger ( Jourdan.
( Ruff.
Amient Courtin-Hecquet.
1 Germain etGrassin.
* i Gastineau.
Baronne Jérôme.
Kesançon Régnier.
. Feret.
Bordeaux Laurens.
1 Muller (G.).
Bourges Renaud.
I Derrien.
\ F. Robert.
J Oblin.
' Uzel frères.
Caen Jouan.
Ckambery Perrin.
,,, , \ Henry.
tnerboui g .,
( Inarguerie.
-, „ » Juliot.
Clermont-Ferr... ]
( lîouj.
Nourry.
O'.on Ratel.
(Rey.
Dou^i jLauverjat.
1 Degez.
,, ^, i Drevet.
(rrenoble
i Gratier et C'V
La Hochelie Foucher.
UHaore j Bourdignon.
( Dombre.
LMt jThorez.
( Quarré.
chez Messieurs ' 1
Lorient
) Bauinal.
■' } M"' Texier.
'
Bernoux et Cumin.
\ Georg.
1 yon
. . ( Kllanlin. ,
J Savy.
1 Vitte.
^ Marseille
.. Ruât.
i Montpellier . . .
( Valat.
■' \ Goulet et fils. 1
Moulins
. . Martial Place.
î Jacques.
Nancy
Grosiean-Maupin.
1 Sidot frères.
1 IVantCi . . . .
1 Guist'han.
\ Veloppé.
A /ce
1 Barma.
•■■ j Appy.
Tliibaud.
Orléans
Luzeray.
Poitiers
( Blanchier.
) Marche.
1 Bennes
.. Plihon et Hervé.
Rochefort
.. Girard (M"").
Rouen
t Langlois.
( Lestringanl.
S'-Étienne
.. Chevalier.
Toulon
( Ponteil-Burles.
( Huiiiébe.
Toulouse
\ Giniet.
■ i Privât.
Boisselier.
Tours
.. Péricat.
Suppligeon.
Valenciennes.. .
,'Giard.
( Lemaître.
chez Messieurs :
... 1 Feikema Caarelsen
Amsterdam
( et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C".
„_ ,. ' Dames.
Berlin
Friediander et fils.
Mayer et Millier.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
, Lamcrtin.
Bruxelles.. Mayolczet Audiarte.
( Lebègue et C'*.
i Sotchek et C".
Bucharcst , , ,
Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammernieyer.
Constantinople. . Ollo Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
Chei'buliez.
Genève ' Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
i Benda.
Lausanne , .^
Payot et C".
Barth.
Brockhaus.
Leipzig ( Lorentz.
Max Jiiibe.
Twietmeyer.
Desoer.
Liège ; „
" / Gnuse.
chez Messieurs :
IDulau.
Hachette et C".
Nutt.
Luxembourg. .. . V. Biick.
/ Ruiz et C'V
Madrid | ^^mo y Fussel.
I Capdeville
( F. Fé.
MUan j^°"a frères.
I Hœpli.
Moscou Tastevin.
niaples (Marghien di Giu,
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeififer.
A'etv- Vork j Stechert.
1 Lemckeet Buechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Reber.
Porto Magalhaès et Mouii
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier. /
Borne j Bocca frères.
( Loescher et C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallm
„, o , . i Zinserling.
S'-Petersbourg..^^^^^^
I Bocca frères,
firero.
j Clausen.
' RosenbergetSeilier.
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone Drucker.
Vienne ! „ , ,
( Gerold et C".
Zlirich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMlE DES SCIENCES.
Tomes 1" u 31. — {'j Août i83 J à Ji Décembre i-ijo, ) Volume in-4" ; 'Sjj. l'rix 15 fr.
Tomes 32 à 61. - (1"' Janvier i85i à ji Décembre i865.) Volume in-j"; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i"'' Janvier iSGG à ji Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — {\" Janvier 1881 à 3i Décemlue 1895.) Volume in-4"; 1900. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des .VIgues, pjr MM. A. Derdès et A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations
qu'éprouvent les Comètes, par M. Hansex. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans
l-i digestion des matières grasses, par .M. Claude Bers.\ro. Volume in-4% avec 32 planches; i85ij 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par .M. P.-J. V-\N Bexedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iSjo par l'-Vcadémie de-
Sciences pour le concours de iS53, et puis remise pour celui de iSJti, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les difierents
" terrains sédimentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. —
" Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs ■>, par M. le Professeur Bro.-<n, in-i ■
avec 27 plaoches; 1861 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 15.
TABLF. DES ARTICLES. (Séance du lo avril 1901.)
MEMOIRES ET COMMUNIGATIOrVS
DES MEMBHFS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
.M. le Président souhaite la bienvenue à
MM. les Membres des Académies étran-
gères qui assistent à la séance et qui ont
été délégués à l'.'Vssemblée générale de
l'Association internationale des Académies. Sg^
M. BiiRTHELOT. — Nouvelles recherches re-
Pages.
lalives à l'action de l'eau oxygénée sur
l'oxyde d'argent H97
M. G. LiPPMANN. — Sur la puissance repré-
sentative d'une portion finie de courbe
continue qo4
NOMINATIONS.
Commission chargée de juger le concours
du prix Plumey pour iqoi : MM. de Bussy,
Lcaiité, Guyou. Maurice Levy, Sebert.. goS
Commission chargée de juger le concours
du prix Fourneyron pour 1901 : MM.yUaw-
rice Levy, Sarrau, Léautë, Boussinescj,
Sebert 900
Commission chargée de juger le concours
du prix Pierre Guzman pour 1901 :
MM. Lœivy, Janssen. Wolf, Callan-
dreau, Fnye 90.1
Commission chargée de juger le concours
du prix Lalande pour 1901 : MM. Lœwy,
Janssen, Callandreau, Faye, Wolf.
Radau 90)
Commission chargée de juger le concours
du prix Valz pour 1901 : MM. Lœwy,
Janssen, Callandreau, Wolf, Faye. .. go6
Commission chargée de juger le concours
du prix La Caze (Phjsique) pour 1901 :
MM. Cornu, iMasrart, Lippniann, Bec-
querel, Potier, Violle, Cailletet. Ber-
tlielot, d'.irsonval 906
Commission chargée de juger le concours
du prix Gaston Planté pour 1901 :
MM. Cornu, Mascart, Lippmann, Bec-
querel. Violle goti
CoDimission chargée de juger le concours
du prix Kastner-Boursault pour 1901 :
MM. MasCart, Lippmann, Cornu, Bec-
querel, I iolle 906
Commission chargée de juger le concours
du prix Montyon (Statisti(|ue) : MM. Ha-
ton de la Goupillière, Laussedat, de
Freycinet, Bouché, de Jonquièrcs. Brou-
ardel go6
Commission chargée de juger le concours
du prix Jccker pour jgoi : MM. Troost.
Gautier, Moissan, Ditte, Lemoine, Haller . 90I3
CORRESPONDANCE .
La Société mathématique de Moscou adresse
à l'Académie l'expression de sa profonde
condoléance à l'occasion de la mort de
M. Charles Hermite 906
^L le capitaine Maurain adresse, de Quito,
des reniercimcnts à l'Académie pour la
distinction accordée à ses travaux , gofi
M. Emile Bobel. — Sur la décomposition
des fonctions méromorphes en éléments
simples gy6
iVi. EiJMOM) Maillet. — Sur les racines des
équations transcendantes go8
M. II. Padê. — Sur la fraction continue de
.Stielljcs ,11
M. G. -A. MiLLEii. — Sur les groupes d'opé-
rations gio
M. Eugène Bloch. — Action des rayons du
radium sur le sélénium 914
MM. Anliré Broca et Turciiini. — Décharge
disruptive dans les clectrolyles 91')
M. G. -A. Hemsalech. — Sur les étincelles
oscillantes 917
M. E. Pozzi-EscoT. — De la recherche des
alcaloïdes par voie microcbiniique 9:20
MM. Geneau de Lamarliére et J. Maheu.
— Sur la flore des Mousses des cavernes. 921
M. F. K0VESSI. — Sur la taille rationnelle des
végétaux ligneux 938
M. AuG. Chevalier. — Sur l'existence pro-
bable d'une mer récente dans la région
de Tomijuuctou 926
PARIS. — IMPKIMERIE GAUTH [ K K-VI L L A RS ,
Quai des Grands-Augustins, 63
^ ^ Ce'ran/ .'^AUTHtBR'VlLLARft.
MAY 38 1901 190 (
PREMIER SEMESTRE
l^O^.'
'1
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR ra.TI. I^BS SBOnÉTAIRBgl PBRPÉTVBCiS.
TOME CXXXII.
I\^ 16 (22 Avril 190i).
PARIS.
GAUTHIER-VILLARS, IMPRiMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai des Grands-Aiigusiios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES REl
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
ports relatifs aux prix décernés ne k
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcé;
blique ne font pas partie des Comptes
Article 2. — Impression des travaux
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent élre l'objet d'une analyse ou d'unrt
suiné qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis.L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExlrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilslefoo
pour les articles ordinaires de la correspondance ofli
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
rim|)rimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matin ; faute à'èiv^ remis à temps
le litre seul du Mémoire est inséré da ;is le Compterenà
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendiim
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraiei
autorisées, l'espace occupé par ces figures complèr
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à p:irt des articles est aux frais desau
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus »ft«
rim|)ression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du prt
sent Règlement.
Les Savants étrangers à I Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont P" ^^^,
déposer au Secréiariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou G feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Acadénne avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droils qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
MAY 22 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 AVRIL 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUIVICATÏOIVS
' DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les re'sidus et les périodes des intégrales
doubles de fonctions rationnelles; par M. Emile Picard.
« J'ai donné précédemment (Comptes rendus, 23 mai 1898) un exemple
d'intégrales donbles de fonctions rationnelles de denx variables, sur lequel
je désire revenir pour mieux mettre en évidence la circonstance sur la-
quelle il appelle l'attention. On sait que M. Poincaré a considéré le
premier les résidus des intégrales doubles de fonctions rationnelles ÇActa
Math., t. IX); dans ma Théorie des/onctions algébriques de deux variables,
j'ai présenté cette théorie sous une autre forme, et je l'ai complétée en
montrant que tous les résidus étaient bien fournis par les règles énoncées
par M. Poincaré (t. I, p. 52). Mais la question se pose de savoir si une
intégrale double de fonctions rationnelles île deux variables peut avoir
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 16.) I20
(9^0 )
d'autres périodes que des résidus. C'est à cette question que répond précisé-
ment l'exemple rappelé plus haut.
» Considérons la surface du troisième ordre
X' + J^ + 2^ = I
et l'intégrale double relative à cette surface
(■) //
y dx dy
» On peut établir d'abord que cette intégrale rentre dans la catégorie
de ce que j'appelle les intégrales doubles de seconde espèce {loc. cit., t. II,
p. iSq). D'autre part, la surface étant unicursale, nous pouvons exprimer
X, y, z en fonctions rationnelles de deux paramètres u, v; soit, par
exemple,
ou
A
B
C
^=D'
A = -
e- M — V
— iu-v"-.
B =
£(.' + t^U
-f- M^^'%
C =
I -\- tu- V -\- t- uv"^ ,
D =
e + irv
+ iUV^,
t étant une racine cubique imaginaire de l'unité. En substituant dans l'in-
tégrale (i), on a, à un facteur numérique près, l'intégrale double de fonc-
tion rationnelle de « et f
(2) fj-^dudv.
» Cette intégrale double de fonction rationnelle de u et i> n admet pas de
résidu, mais nous devons la regarder comme possédant des périodes. Celles-ci
s'obtiennent de la manière suivante. En posant
y=y\ — xU, z = s/\—x^\/i — t' ,
l'intégrale (i) devient
//
Ji — x" dx dt,
^ yi-t^
et l'on trouve immédiatement des périodes de l'intégrale double. Si en
( 93i )
effet 0) et «e sont les périodes de l'intégrale simple
jy
I — x^ dx.
et que, pareillement, 12 et il a désignent les périodes de l'intégrale simple
tdt
il est clair que l'intégrale double (i) admettra les périodes
(3) wi2 el wi2£
f.
et le produit coiî serait facile à calculer explicitement.
» L'intégrale double (2) admet donc les périodes (3). D'ailleurs, cette
intégrale n'ayant pas de résidus sera nécessairement {loc. cit., t. II, p. 2o5)
de la forme
P et Q étant des fonctions rationnelles de u el v. On peut le vérifier indirec-
tement, en remarquant que l'on a
ff-'^-Jf\m-i[iS^]\''-''y
z étant, bien entendu, la fonction de x et y définie par l'équation écrite au
début.
» La circonstance que nous venons de mentionner semble d'abord sin-
gulière; elle paraîtra moins paradoxale, si Ion se rappelle qu'il y a lieu
d'attribuer un ordre de connexion égal à trois au continuum formé par
l'ensemble des deux variables complexes illimitées u ut v i^loc. cit., t. I,
p. 85). »
ASTRONOMIE. — Sur un appareil destiné à entraîner la plaque photographique
qui reçoit l' image fournie par un sidérostat. Note de M. G. Lippiuann.
« On sait que, dans l'image fournie par un sidérostat, un seul point f
est immobilisé; les autres points du ciel paraissent tourner aulour du pre-
mier avec une vitesse variable.
» On peut se proposer de réaliser un appareil qui communique à la
(932 )
plaque, automatiquement, cette même vitesse de rotation que possède
l'image, afin d'obtenir des imagées posées de tous les points du ciel. M.Tur-
ner a posé récemment ce proMème et en a indiqué trois solutions dilTé-
rentes. Le but de la présente Note est de proposer une quatrième solution
qui est la suivante : l'appareil qui sert à déplacer le miroir du sidérostat
permet également de donner à la plaque le mouvement qui convient pour
suivre l'image.
» Considérons, en effet, le rayon a lumineux qui va du centre o de
l'objectif à l'image m d'un point quelconque du ciel : ce rayon se déplaçant
entraîne la plaque. Mais supposons ce rayon lumineux représenté par une
tige métallique rendue solidaire du châssis porte-plaque; il y a dès lors
entraînement. Or, l'appareil qui sert à mouvoir le miroir du sidérostat est
précisément constitué de manière à représenter les rayons incidents et
réfléchis sous forme de tiges métalliques.
)) Soit donc, installé derrière le porte-châssis, un appareil disposé comme
le moteur du sidérostat. Munissons-le d'une tige M assujettie à rester
symétrique de l'axe polaire P par rapport à la direction de la queue du
miroir. L'axe P a la direction du faisceau incident venant de I; M a donc
la direction du faisceau réfléchi correspondant et vient percer la plaque
au point où se formerait l'image du pôle céleste. Tout se passe donc comme
si le faisceau réfléchi provenant du pôle céleste entraînait la plaque pho-
tographique.
» Au lieu de l'image du pôle, on peut employer l'image d'un autre point
du ciel arbitrairement choisi : il faudrait alors ajouter à l'appareil une
tige de plus. »
CHIMIE GÉOLOGIQUE. — Sur l' existence d'azolures, argonures, arséniures,
et iodures dans les roches cristalliniennes ; par M. Armand Gautier.
« Les sulfosilicates décomposables par l'eau d'où les sulfures solubles
des eaux thermosulfureuses tirent leur origine (') ne sont pas les seuls
produits accessoires des roches cristallmiennes. Ces eaux thermales con-
tiennent le plus souvent des sels ammoniacaux, des iodures, de l'arsenic,
et dégagent, à leur source, de l'azote et de l'argon libres. Il était donc très
probable que ces divers éléments devaient se trouver dans les roches
(') Voir ce Volume, p. 7^0.
( 933 )
primitives d'où elles émergent. J'ai pensé cependant qu'il n'était pas
indifférent d'en donner la preuve expérimentale, aussi bien an point de
vue de la connaissance plus précise des roches protondes qu'à celui de
l'étude du mécanisme de la formation des eaux thermales qui en sortent.
» A. Azote ammoniacal; azolures, argonures. — On sait que l'ammo-
niaque, ou ses sels volatils, se rencontrent toujours dans les gaz volcaniques
el les fumées qui s'exhalent des laves. Longtemps on a exploité le sel
ammoniac déposé par les fumerolles de certains volcans d'Asie. J'ai, d'autre
part, toujours trouvé de l'ammoniaque dans les produits gazeux extraits
par le vide, au rouge, des roches ignées (').
» Pour doser l'azote ammoniacal des granits et autres substances pier-
reuses analogues, j'en chauffe longtemps la poudre à ioo° avec un excès
d'acide phosphorique sirupeux, étendu de 2 à 3 volumes d'eauet bienexempt
de sels ammoniacaux. Cet acide dissocie enlièrement la roche, décompose
les azotures et se charge de l'ammoniaque correspondante que l'on peut
doser ensuite, dans la liqueur fdtrée par la méthode de Boussingault.
J'ai surtout examiné à ce point de vue les granits el quelques-uns de leurs
principes constitutifs ou accessoires. Voici mes résultats :
Az H' formé
par kilogramme
de roche.
Granit de Vire (Bretagne) o,o34
1) d'Andorre ( Pyrénées) o,o23
» de Cauterets (Pyrénées) 0,070
» de Fontana (Auvergne) o,i3o
» de la Vologne (d'après Delesse) o, 180
» de Glermont (à grandes lamelles jaunes micacées). . o,o4i
Granulile en poches et filons à 4o pour 100 d'apatite 0,110
Basalte d'Espaly (d'après Delesse) o,3oo
Micaschiste du Haul-Tyrol 0,024
Apatite de Buckingham (Canada) 0,000
» Lorsque la poudre de ces roches est mise à bouillir avec les acides ou por-
tée au rouge, la totalité de l'azote des azolures ne passe pas à l'état d'ammo-
(') Delesse, en 1860, avait déjà observé qu'il se fait un peu d'ammoniaque quand
on chauffe directement au rouge les granits, porphyres, basaltes, trapps, rétinites
euphotides, serpentines, et jusques aux quartz, feldspaths et micas. Il attribuait cette
ammoniaque à la destruction d'un peu de matière organique azotée incluse dans
ces minéraux {Annales des Mines, t. XVIII).
( 934 )
niaque; une partie s'échappe à l'élat libre, accompagnée d'un peu d'argon.
» Si l'on traite la poudre de ces roches par l'aimant, on en retire
généralement de petites quantités d'oxyde de fer magnétique, quelquefois
mélangé d'une trace de fer natif, comme je l'ai reconnu dans l'ophite de
Villefranque (') et le plus souvent mêlé d'azoture de fer, car, lorsqu'on
soumet la matière attirable à l'aimant à l'action des acides, on obtient
une liqueur qui contient un peu d'ammoniaque. J'ai trouvé dans ces par-
ties magnétiques jusqu'à i et 2 d'azote pour 100 d'azole combiné à l'état
d'azotures de fer. Ceux-ci existent donc bien dans ces roches, O. Silvestri
a recueilli d'ailleurs à l'état de croules cristallines les azotures Az^Fe' et
Az'Fe^ sur les laves de l'Etna (*), et Boussingault a signalé ces azotures
dans la météorite de Lenarto ('). Outre ces azotures métalliques, ceux
de bore et de titane (éléments dont les combinaisons ont été déjà sia^nalées
dans les eaux et vapeurs chaudes des terrains volcaniques et dans les suffioni)
paraissent quelquefois contribuer à donner aussi un peu d'ammoniaque.
» L'argon accompagnant l'azote libre qui arrive jusqu'à la surfiice du
sol avec les eaux minérales, argon que nous avons aussi toujours trouvé
dans les gaz que nous extrayions par le vide au rouge des roches ignées,
provient d'argonures correspondant aux azotures. L'argon a paru varier
entre ^ et ^-^ du volume de l'azote ainsi libéré. Quant à l'hélium,
M. Deslandres, qui a bien voulu examiner nos gaz à ce point de vue, n'en
a jamais observé que de? indices douteux.
» B. Iode. — L'iode a été très souvent signalé, à côté du soufre, dans
les eaux minérales sulfureuses, froides ou chaudes (Saint-Sauveur, Caute-
rels, Bagnéres, Gazost, Challes, etc.). Je l'ai trouvé dans la barégine de ces
eaux et dans les oscillaires de celles de Dax. L'iode est souvent associé
à l'azote et à l'arsenic dans les eaux minérales (Blondeau, Kossmann,
0. Henry), ainsi que dans les émanations el laves volcaniques, et dans le
schlamm des volcans de boue; quelquefois l'acide borique l'accompagne
(') La poudre de cette ophite, obtenue au mortier d'agate, a cédé à l'aimant ordi-
naire 2 pour 100 environ d'une matière brun noirâtre formée surtout d'oxyde magné-
tique Fe'O', poudre qui, traitée à froid, dans le vide, par l'acide chlorhydrique dilué au
vingtième, a donné de l'hydrogène presque pur, avec des traces de H^ S, mais sans PH' ;
en même temps il se faisait du protochlorure de fer. La quantité d'hydrogène ainsi
produite correspond à 06'', 98 de fer dans 1000 parties de roche. Ou n'a pas trouvé de
nickel dans la solution chlorhydrique.
(') O. Silvestri, Po^gend. Ami., t. CLVII, p. i65.
(') Comptes rendus, l. LUI, p. 77.
( 9^5 )
(Boussingauà). L'iode provient donc des profondeurs et doit se retrouver
dans les roches les plus anciennes.
» C'est ce que j'ai pu vérifier par l'expérience. Les granits, et d'autres
roches des terrains primitifs, contiennent tous de l'iode en faible pro-
portion.
» Pour retrouver, dans ce cas, et doser la totalité de cet élément, il faut
dissoudre, pour ainsi dire, la roche pour libérer les faibles quantités de ce
métalloïde et le concentrer ensuite par volatilisation ('). On y arrive en
chauffant la poudre de granit avec 2,5 fois son poids d'acide sulfurique
concentré, bien exempt d'iode, et distillant la dixième partie environ de
l'acide ajouté. On recueille et condense les vapeurs et f;ut barboter en
même temps les gaz dans de la lessive de potasse. Le distillatum est ensuite
acidifié par l'acide sulfurique et traité par un peu d'hvposulfile de sodium
jusqu'à presque entière disparition de l'odeur sulfureuse. On réalcalinise
alors légèrement et l'on recherche l'iode par la méthode que j'ai donnée
pour le dosage des très faibles quantités d'iode (-). J'ai ainsi trouvé dans
les roches ou minerais examinés :
Iode en looof
de minéral.
mgr
Granit de Caiiterets i ,25 (')
Mica impur extrait du même granit par l' électro-aimant . 0,78
Granit à micas jaunes de Clermont o,33
Granulites en poches, très riches en apalites 0,17
Micaschistes du Haut-Tyrol trace douteuse
Apatite chlorée et fluorée de Norvège 0,28
Apatite de Buckingham (Canada) nul
Ophite de Villefranque-près-Bayonne nul
» Il suit de ces observations que l'iode, qui existe dans tous les granits
que nous avons examinés, ne semble faire partie constitutive ni de leurs
micas, ni des apatiles mélangées souvent en abondance à ces roches. Cet
élément est, on le voit, très variable, comme doit l'être tout corps entraîné
sous forme de simple impureté.
» C. Arsenic. — Dans les eaux minérales sulfureuses sortant des terrains
profonds, l'arsenic est presque toujours associé à l'iode et au soufre (Blon-
(') Nous n'avons rien obtenu de satisfaisant en attaquant les poudres de nos roches
par les carbonates alcalins.
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 644.
(') Tous ces nombres sont plutôt des minimums.
(936)
deau, Kossmann, 0. ffenry). Il fut reconnu et dosé pour la première fois en
1839 dans les eaux lliermales sulfureuses d'Hammam-Meskoutin (Algérie),
par Tripier. Ces eaux, situées dans la province de Constantine, con-
tiennent o"^'", 5 d'arsenic par litre ('). Rivot, V. Gerdv, Garrigou, etc. le
retrouvèrent ensuite dans la plupart des eaux sulfureuses (Eaux-Bonnes
o"s%6; Hussou i^s^; U^iageo°'8^6 par litre). L'iode (en très faible pro-
portion, il est vrai), l'acide borique, le fer et l'arsenic (ô""^"^ par litre) se
trouvent réunis dans les eaux de la Bourboule qui sortent aussi des terrains
granitiques.
» L'arsenic des eaux thermales provient bien des arséniures des roches
qu'elles traversent. Je les ai toujours trouvés dans les granits. Celui de
Vire m'a don né o^s""^ 16 d'arsenic par kilogramme. Un autre échantillon d'ori-
gine inconnue contenait o™k'',8 d'arsenic. L'ophite de Villefranque n'en
contient pas et l'on a remarqué plus haut que cette roche est aussi tota-
lement exempte d'iode, suivant cette règle que j'ai reconnue, et qui me
paraît très générale, que l'iode et l'arsenic s'accompagnent presque tou-
jours dans les trois règnes. L'arsenic avait été depuis longtemps signalé
par Daubrée dans les basaltes de Kaisersthùl (Alsace). Il avait été trouvé
aussi dans les laves de l'Etna et du Vésuve à côté de l'iode et de l'ammo-
niaque.
» Il nous reste maintenant à tirer quelques conclusions de cette longue
série de recherches relatives aux éléments accessoires des roches pro-
fondes.
» Sans que nous ayons eu à recourir aux hypothèses, l'étude des produits
gazeux que donnent les roches ignées lorsqu'on les chauffe au rouge nous
a suffi pour expliquer par l'action de leur eau de constitution sur leurs sili-
cates, azotures, carbures, etc., l'émission des gaz et vapeurs qui tendent
à se former dès que les terrains cristalliniens profonds sont soumis à une
recaléfaction dont nous avons indiqué le mécanisme (-). L'examen des par-
ties accessoires de ces roches : sultosilicates, azotures, argonures, iodures,
arséniures, borures, etc., donne la clef de la minéralisation des eaux ther-
males qui en sortent. De l'état fixe où ils paraîtraient devoir se maintenir
indéfiniment dans les couches profondes du globe, plusieurs des éléments
entrant dans la constitution des minéraux essentiels ou accessoires des
roches cristalliniennes sont lentement mobilisées par les eaux et la cha-
(') Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. 1, p. 349.
(^) Même Volume, p. 64 et 198.
( 9^7 )
leur et arrivent finaleiiient jusqu'à la surface du sol. J'ai montré com-
ment le soufre <les sulfures métalliques, et particulièrement du sulfure de
fer, est déplacé au ronge par la vapeur d'eau sons forme d'hydrogène sul-
furé ( ' ) qui par dissociation donne à son tour de l'iiy Irogène et du soufre
libres. Les pyrites des terrains supérieurs en proviennent. Les snlfo^ilicates
se forment à leur tour loi-sque, aidé des agents réducteurs, en particulier
des hydrocarbures, ce soufre peut agir au rouge sur les silicates des roches
profondes (-). On a vu que les sulfures solubles (particulièrement le sul-
fure sodique) et lu silice ont pour origine la décomposition ultérieure de
ces suUosilicates par l'eau. Si l'acide carbonique est présent, les carbo-
nates alcalins prennent également naissance ('■'). Or j'ai, d'autre part, expé-
rimentalement établi que l'oxysulfure de carbone se forme en même temps
cjue les sulfosilicates par réaction, au rouge, des gaz carbures et du soutVe
sur les silicates naturels. Dès que l'eau intervient, cet oxysulfure est décom-
posé en hydrogène sulfuré et en acide carbonique, acide dont le carbone
a été, comme on le voit, emprunté aux carbures métalliques et l'oxygène
aux silicates.
» L'hydrogène libre provenant de la réaction de l'eau ambiante ou de
l'eau deconslitution des roches sur les silicates ferreux qu'elles contiennent
généralement (*), hydrogène qui pénètre ensuite les strates des terrains sé-
dimentaires et s'écoule jusqu'à la surface du sol, soit par diffusion, soit par
les failles el fentes, soit par les eaux minérales; l'oxyde de carbone dû à la
réduction au rouge, en présence de l'hydrogène, de l'acide carbonique
formé comme il vient d'être dit, ou, pour une faible partie, issu de la disso-
ciation des traces de carbonates inclus dans les roches cristalliniennes; les
hyurocarbures divers et particulièrement le gaz des marais, accompagné
de [iétrolènes et de traces d'hydrocarbures benzéiiiques dérives tle l'action
de l'eau sur les carbures métalliques; l'azote et l'argon des azotures et
argonures; l'ammoniaque provenant de la décomposition des mêmes azo-
tures, et qui, en réagissant à chaud sur l'acide carbonique et l'hydrogène
sulfure, donne les sulfocyanates que nous avons trouves en faible propor-
tion dans les gaz extraits au rouge de ces roches; enhn les corps azotés
ou ainidés plus complexes encore, produits sans doute grâce à l'action
(') Voir ce Volume, [). 190.
C-) Ibid., p. 74o.
(,-) Ibid., \i. ujj.
1^') Co//ipCes rendus, l. G\ 111, [j. yii-
C. K., i.jui, 1" Scmcslrc. (T. C.WXIi, A" 16,) 121
( 93H )
réciproque de l'hyilrogèiie, de l'oxyde de caibone et de l'ammoniaque
dont la combinaison est favorisée par la porosité des roches ('); tous ces
produits, et les réactions qui les provoquent, résultent des perpétuels
échanges, favorisés par la chaleur, qui s'établissent entre les matériaux
en apparence fixes du globe. Ils permettent d'expliquer jusque dans
leurs détails l'origine et la nature des gaz volcaniques aussi bien que la
formation des eaux sulfureuses ou carbonalées. De ces actions réciproques
résultent même, on vient de le dire, des composés organiques complexes,
sulfocyanures et corps amidés, qu'on ne se serait pas attendu à voir se for-
mer au cours de ces réactions minérales, et qui nous font entrevoir la
réalisation de quelques-unes des conditions grâce auxquelles, à un
moment donné, la vie elle-même a pu sans doute apparaître. «
MÉCANIQUE BIOLOGIQUE. — Analyse de la dépense du travail moteur de la
machine qui soulève le poids de V homme occupé à faire du travail résistant
sur la roue de Hirn. Comparaison avec la dépense qu'entraîne ce même tra-
vail moteur accompli par V homme en soulevant lui-même son poids sur la
toue. par M. A. Chauveau.
« Rappel du fait fondamental qui domine le mécanisme de la dépense du
travail moteur du muscle. Eléments dont se compose cette dépense ('). — Si
l'on considère un muscle en contraction statique jjoiir le soutien fixe d'une
charge, on constate qu'il est le ^\es,e iVun travail intérieur, source des forces
de tension qui équdibrent la charge. Ce travail intérieur s,q \.\-&àai\. physi-
quement par l'acquisition d'un état spécial d'élasticité, absolument parfaite,
soumise à des lois précises qui ont été rigoureusement déterminées. Chi-
miquement, ledit travail se manifeste par une consommation de potentiel
énergétique qui se résout complètement eu chaleur résiduelle : autrement
dit par une dépense qui obéit exactement aux mêmes lois que l'élasticité à
l'entretien de laquelle cette dépense est consacrée : cette dépense statique
est donc un phénomène nécessaire.
(') Jahn {Deutsch. chern. Gesell., 6° série, l. XXXII, p. 929) a montré que l'oxyde
de carlsone el l'hydrogène réagisseul en présence des corps poreuv pour donner
l'oxj'de de mélliylène COH-; or on sait que ce corps en présence de l'ammoniaque
donne des dérivés alcaloïdiques complexes. J'ai dit ailleurs que j'avais trouvé dans le
granit, quoiqu en faible proportion, des corps donnant des chloroplatinates solubles
cristallisés.
C) Comptes rendus, t. CWXIl, p. 194. Voir aussi t. CXW, p. 707.
( 9^9 )
)) Dans la contraction dynamique, employée an soulèvement des charges,
c esl-à-dire à l'exécution d'un travail moteur, ce phénomène est également
présent et occupe même une phis grande place. En efiet, pendant le travail
moteur, l'élasticité par laquelle se traduit physiquement le travail intérieur
du muscle accroît son coefficient de l'état d'immobilité, pro|)ortionnelle-
ment à la vitesse d'entraînement et à la valeur de la charge. Donc, la
dépense statique, affectée au soutien de la charge pendant son mouvement
uniforme d'ascension, doit être considérée comme étant soumise au même
accroi-ssemenf.
» Miiis la dépense intérieure du muscle nVst pas seulement commandée
par la création des forces chargées de faire équilibre à la charge en mou-
vement uniforme. Le travail extérieur, exportateur d'énergie, contribue,
pour sa part, à cette dépense intérieure, proj>ortionnellement à la valeur du
travail moteur accompli.
» Dans la dépense intérieure du muscle occupé à faire du travail moteur,
c'est-à-dire à produire des kilogrammètres, il entre donc deux éléments,
qu'il importe de fiistinguer : i" hi dépense kilo grammétrique ou mécanique.
attachée au déplacement de la charge; 2° la dépense statique, attachée à
l'équilibre du poids de cette charge pendant son déplacement.
» Disjonction des deux éléments de la dépense dans le travail moteur de la
machine inanimée. — On ne comprendrait |)as que la dépense statique fût
spéciale au cas des moteurs animés et qu'elle ne pût être introduite dans
la théorie du mécanisme des moteurs inanimés, f^e rapprochement qu'on
peut établir, par déduction, entre le travail intérieur des muscles et celui
des moteurs inanimés ouvre les voies à cette introduction. Mais nous de-
manderons de suite nos renseignements à la comparaison de la dépense
énergétique qu'entraînent respectivement le travail moteur àe l'homme et
le travail moteur de la machine, dans les expériences sur la roue de Hirn.
» Il se rencontre justement que, dans ces expériences, l'homme et la
machine chargée de faire tourner la roue travaillaient inversement, mais
d'une manière absolument symétrique qui se prétait éminemment aux
rapprochements. La machine motrice était un moteur à eau (moteur
Schmid) relié à l'ensemble de l'appareil de Hirn par un système assez
fruste de poulies et de couiroies intermédiaires. On s'aidera du schéma
suivant pour en faire connaître la disposition :
)) Soil A, A, A, A la roue de Hirn, avec une de ses deux séries d'échelons latéraux.
Elle est mise en mouvement par la courroie enveloppante a, a, a, déviée en b par une
poulie de réflexion permettant au sujet de se placer avec une égale facilité aux deux
( 9io )
extrémités du diamètre liorizontal c. c' |joiii' faire son travail moteur ou résistant.
Cette roue est reliée au moteur par les intermédiaires suivants : d, axe mis en rota-
tion par le moteur; cet axe tst garni d'un pignon dont les dents s'engrènent avec
celles de e, roue dentée destinée à réduire la vitesse du mouvement qui doit être
imprimé par le moteur à h roue de Hirn ; /, poulie montée sur le même axe que la
roue dentée et solidaire avec elle; g, g, courroie de transmisssion primaire reliant la
poulie /au système intermédiaire formé des deux poulies solidaires /, /' ; k, tendeur
de la courroie primaire g.
» Les flèches pleines indiquent le sens habituel du mouvement des poulies, des
courroies et de la roue de Hirn.
» Habituellement le sujet exécutait son travail de montée en se plaçant à l'eNlré-
milé descendante, c, du diamètre horizontal de la roue.
» Pour le travail de descente, le sujet se plaçait à l'autre exlréniilé, c', du diamètre
horizontal de la roue, c'est-à-dire à l'extrémité ascendante, et il s'appliquait à s'y
maintenir en descendant incessamment les échelons, pendant que la roue le remontait
non moins incessamment.
» Celle-ci, ou plulôl sa maciiine motrice, faisait donc du travail moteur de valeur
équivaienle au travail résistant effectué simultanément par le sujet, équivalente aussi
au travail moteur que ce sujet accompli>sait lorsqu'il élait placé à l'extrémité descen-
dante du diamètre horizontal de la roue.
( 91' )
n On voit fionc que ces conditions se prêtaient parfaitement à la com-
. paraison de la dépense énergétique al tachée à la production <los deux tra-
vaux moteurs, celui de l'homme et celui de la machine inanimée.
» Mode d'appréciation de la dépense du moteur.— On sait que celle de l'homme
se détermine d'après les échanges respiratoires. La dépense du moteur est un peu plus
difficile à apprécier, en raison de la grossièreté de l'outillage appliqué à la mise en
mouvement de la roue de Hirn. Mais les propositions essentielles qui doivent découler
de notre comparaison n'exigent pas, heureusement, la détermination de la valeur ab-
solue de la dépense énergétique. D'autre part, il e-t facile d'instituer les expériences
dans des conditions de grande simplicité, permettant l'obtention de déterminations
relatives d'une approximation suffisante.
» Pour cela, il faut faire fonctionner le moteur toujours avec la même vitesse, ce
qui permet d'éliminer tout ce qui touche à la longueur du chemin parcouru par la
charge, dans l'unité de temps. La valeur relative de l'énergie mise en œuvre dans le
traiail moteur que la machine elTectue en élevant le sujet sur la roue de Hirn, se
trouve alors dans le cas d'être déterminée exclusivement d'après la valeur de la pres-
sion que l'eau exerce sur les deux faces du piston.
» Tout se réduit donc à une simple lecture des indications d'un manomètre à mer-
cure adapté à l'appareil. Mais une défalcation doit être opérée, dans tous les cas, sur
les chiirres donnés par l'échelle manométrique. En efifet, en travaillant à vide, sans
soulever aucune charge sur la roue de Hirn, le moteur consomme déjà une notable
quantité d'énergie qui est, à peu de chose près, constante pour une vitesse donnée, s>
les courroies de transmission sont toujours également tendues. Il faut donc, dans
toutes les expériences, retrancher la pression nécessaire à ce fonctionnement du mo-
teur à vide de celle qui intervient quand le moteur travaille utilement. C'est ainsi
qu'on dégage la pression vraie qui représente la valeur relative de l'énergie consacrée
par le moteur mécanique au travail d'où résulte le soulèvement du poids du sujet sur
la roue de Mirn.
» Artifice expérimental qui permet la mi.se en éridence des deux élf^ments de la
dépense dans le traçait moteur de la machine. ~ Le point à mettre en lumièie expé-
rimentalement, c'est l'existence, dans la dépense totale du travail moteur de la ma-
chine, d'une part d'énergie consacrée au soutien de la charge pendant son déplacement.
Voici comment on y arrive :
» Considérons la machine en train de remonter, avec une vitesse donnée, l'homme
occupé, en c', à faire du travail résistant. Le travail inverse de la machine, c'est-à
dire son travail moteur, entraîne une dépense d'énergie dont on a soin de déterminer
d'abord la valeur relative suivant la méthode indiquée ci-dessus. Cette détermination
faite, si l'on desserre peu à peu le tendeur, />, de la courroie, gg, qui communique le
mouvement de rotation au système de Hirn, il arrivera un moment où des glissements
se produiront entre cette courroie et la jjoulie qu'elle actionne. Bientôt la roue à éche-
lons s'arrêtera complètement et le sujet y restera immobile, soutenu à l'extrémité péri-
phérique du rayon horizontal, par la résistance que le système rencontre au niveau
du point où sa poulie de commande frotte contre la courroie de transmission.
( 943 )
» Donc le travail mécanique du moteur est alors supprimé.
>) Toutefois, il v existe loujours, comme pendant l'exécution du travail
mécanique, le travail intérieur appliqué au soutien de la charge. De l'énergie
continue à se dépenser, mais moins qu'avant la suppression du travail
t'.Ttérieur. La dilférence donne la mesure relative de ce que j'ai appelé tout
a l'heure la dépense kilogramme trique ou mécanujih:-, celle qui doit s'ajouter
à la dépense statique pour que la charge soit soulevée.
« Il est bieû entendu que, pour faire avec exactitude la détermination de cette dé-
pense statique, il faut, une fois obtenue l'immohililé du sujet, rétablir la vitesse ini-
tiale du moteur, vitesse qui avait été accélérée par la suppression du travail méca-
nique. On y arrive en diminuant au degré voulu la pression d'eau sur les faces du
piston de la machine.
» C'est de la pression ainsi réglée qu'on tire la mesure proportionnelle
de la dépense statique, cest-à-dire la dépense du travail intérieur du mo-
teur, appliquée en propre à la création de la force qui équilibre constam-
ment le poids du sujet pendant qu'il est .soulevé par le moteur. Il y a là
exactement l'équivalent de la dépense du travail intérieur consacré par le
muscle à la création de la force de soutien des charges pendant la contraction
dynamique.
» Si, les choses étant ainsi disposées, on rétablit, à l'aide du tendeur, l'adliérence
de la courroie de commande avec le système de poulies, le moteur se ralentit et s'ar-
rête, la pression d'eau étant alors insuffisante pour fournir l'énergie nécessaire au
soulèvement du sujet. Mais la reconstitution de la pression initiale provoque immé-
diatement la mise en marche du moteur, parce que celui-ci peut ajouter alors aux
éléments slalicjues de la force et de la dépense les éléments mécaniques.
)) Par cette contre-épreuve, on complète la démonstration précédente.
Il en ressort, d'une manière très nette, l'identité, en un point important, de la
constitution de la dépense énergétique des moteurs animés et des moteurs ina-
nimés : à savoir que cette dépense s'applique, pour une part à l'équilibration
des charges soulevées et pour l'autre à leur soulèvement.
» Cette démoastr;ition est passible d'une objection, sans valeur, il est
vrai, mais qu'on n'en est pas moins tenu d'écarter. Quand le sujet,
par le fait du glissement de la courroie de commande, a été rendu immo-
bile sur la roue, il n'est besoin d'auctin frolleraent pour maintenir celte
immobilité. La simple pression de la courroie sur ses poulies y suffit.
Aussi, si l'on arrête complètement le moteur, le sujet reste-t-il parfaitement
soutenu sur la roue sans exciter la moindre dépense. Mais on est ainsi en
( 943 )
dehors des conditions qui sont à étudier. Le sujet repose alors sur la roue
comme il rejioserait sur un |)lan horizontal quelconque absolument fixe.
Or, cette fixité du point d'appui n'existe pas dans les deux cas considérés
et compares : ou bien ce point d'appui se déplace acec la charge en mouve-
ment; ou bien il se déplace sous la pression de la charge immobile. El c'est
justement cette condition dilTérencielle qui permet de distinguer et d'éva-
luer, dans la dépense intérieure occasionnée parle travail moteur de la ma-
chine, ce qui revient au soulèvement même delà chm-ge (dépense mécanique)
et au soutien de cette charge pendant sa montée (dépense statique).
n Les faits qui révèlent l'existence el donnent la mesure approximative de la dé-
pense afleclée au soutien de la charge, pendant le travail moteur de la machine à
eau employée dans les expériences, ont été recueillis en grand nombre au cours de ces
expériences. Ils ne sont pas tous d'une régularité irréprochable, à cause des grandes
imperiéctions de l'outillage. Tous n'en sont pas moins très significatifs. En voici un
échantillon :
» ExpÉRiEMJE. — Sujet descendant sur la roue de Hirn et constamment remonté par
le moteur. On faisait marcher le volant de celui-ci avec une vitesse de 88 tours à la
minute. Le poids soulevé sur la roue a eu successivement les valeurs suivantes : 54*^,
64''B, 74^1;.
1.
Dépense du moteur à eau pendant le soulèvement du sujet
( travail mécani(jue).
A.
D.
Poids de la charge
Pression
Pression
Différence entre B et C.
soulevée
manométrique pendant
manométrique pendant
exprimant la valeur
par la machine.
le fonctionnement
le fonctionnement
relative de la dépense
donnant la valeur
de la machine
à vide
énergétique affectée
relative de son
eiTectuant du
de la
au travail moteur
travail moteur.
travail moteur.
machine.
de la machiue.
ke
cm
CD)
cm
a . . . 54
107
72
^ 35
b... 64
ii3
72
4i
c ... 74
121,5
73
= 48,5
n
— Dépense du moteur à eau pendant le soutien du sujet
{pas de travail mécanique).
Poids
soutenu
par
la
machine.
a .
ke
. . 54
b .
.. 64
c .
„ f
• ■ >4
B. C.
Pression Pression
manométrique pendant manométrique pendant
Différence entre B et i'.,
exprimant la valeur
relative de la dépense
le fonctionnement le foncLionnemenl énergétiqueafl'ectéeausoutien
de la charge pendant le
travail moteur de la machine
cm
= 26
=: 3o, Ô
= 36
de la machine, appliquée au à vide
soutien simple de la charge. de la machine,
cm cm
:i>5
102
108
-1,0
( 9U )
Ul. — Relations entre les valeurs respeclises de la dépense totale, de la dépense
statique, de la dépense mécanique, d'après les Tableaux I (soulèvement de la
charge) et //(soutien de la charge).
A.
B.
C.
D.
Valeur relative
Dépense
Dépense
Dépense
du travail.
totale.
statique.
niéoanique
a .
I ,000
35
—
26
==
9
b .
I , l85
41
—
3o,5
=^
10,5
c .
•• 1,370
48,5
—
36
z:=
12,5
» Conclusion.— Ainsi, dans les rnuleiu s inanimés comme dans le muscle, mo-
teur animé, r énergie consacrée à l'exécuiion du travail mécanique posilij a
une double destinaiion : il est dépensé de l'énergie pour créer les forces de sou-
tien qui équilibrent les charges à soulever (travail intérieuk); il en est dépensé
pour créer les forces moliices qui opèrent le soulèvement de ces charges (travail
extérieur).
» Donc, iii supposant un moteur nucanique directement appliqué au sou-
lèvement d'une charge assez parfait pour n absorber aucune trace d'énergie
dans les frottements de ses organes, en admettant de pins que le potentiel qui
l'alimente en énergie puisse être soustrait à toute influence dissipatrice, le ren-
dement mécanique de ce moteur ne cesserait pas, pour cela, d'être plus ou
moins inférieur à l'unité, en raison de la valeur plus ou moins considérable de
la dépense énergétique nécessaiue qui est consacrée à l.i création des forces de
soutien . »
MÉCANIQUE. — De la propagation des disco/itinuités dans un fluide visqueux.
Extension de la loi d'Hugoniol. Noie tie M. P. L>uiie.m.
K I. Au lieu d'admettre l'iiypothé-e énoncée au n° iV de notre précé-
dente Note (' ), 011 peut supposer que les quantités v, r:, ne croissent pas au
delà de toute limite lorsque les dérivées partielles de u, v, v(^, croissent au delà
de toute limite. Dans ce cas, le leruic di o6„ |)ouna cire négligé dans l'éga-
lité (3) de cette Note, qui nous donnera ti'ois égalités vérifiées en tous les
points de la surtace S; la prt'niière de ces égalités est
Pi>^i(«2— "1) H- (Ho — n, -f- Vj, — M^..)cos,{n,x)
-H ('z. — Tza) COï'(«.y) + {-^y^ — -^yj) CUS(«, z) = O.
(0
(') De la propagation des discontiniiitcs dans un fluide visqueujc (Comptes ren-
dus, t. C.WXII, |). 658; 18 mars 1901 ).
(3)
( 945 )
» L'égalité (i) de notre précédente Note donne, d'ailleurs,
(«2— iit)cos(n,x) -h (v.j — v,)cos{n,y) -h (w^ — tv,) cos(/i, s)
_ „ p _ Pî — Pi p _ Pî — Pi ,.
C, C2 >-l ^ . '~2-
Pi Ps
» Les égalités (i) donnent donc l'égalité
= n, — n, + (v^j — v^,)cos='(/?, a;)
^.,N( / +(vj,„ — v^.,)cos*(n,7) + (v„— v^,)cob'(n,z)
I-+- 2(t^2 — T^,)cos(rt, j) cos(/i, z)
-\-2(zy.^ — T^,)cos(n, z)cos(n,cc)
1 +2(t2j — T^,)cos(«,ic)cos(n,j).
» Cette relation détermine la vitesse de propagation N de la discon-
tinuité. Si l'on y néglige les quantités v, t, on retrouve la relation proposée
par Riemann et généralisée par M. Jouguet (').
» n. A ces relations on doit, avec Hugoniot, adjoindre une relation
exprimant que, dans le temps dt, la quantité de chaleur dégagée par la
couche a est négligeable. Si l'on garde à V le sens qu'a cette fonction dans
notre Mémoire Sur le potentiel thermodynamique et la pression hydrosta-
tique {^) et si l'on pose
.(p,T) = >:(p.T)-T^-l,
on obtient la relation suivante :
P.^,[-o(p..T.)-.(p,.T.)-l-V(p.)-V(p.)4-"'-^"'^-';-?--?--J]
= - (Px2"2 -+- ^r^^'i + "^ziW., + V^, u, -h P,., c, + P^, u', ),
(4)
avec
P^, = (II, + v^, ) cos(rt, a;) -+- T,, C(.s(n, j) + t^, cos(«, s),
— Pj2= (n^H- v^2)cos(«,a;) + T-2CO.s(«, j) + T^2Cos(/i, :;).
» A l'égalité (2), nous devons joindre l'égalité suivante, vérifiée en tout
point non situé, à l'instant t, sur la surface (S) :
(5) „ + ,.A(p) = p'«|p.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 678; 18 mars 1901.
(') Annales de l'École Normale supérieure. 3" série, t. X, p. i83; 1898.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 16.) 122
( 94^^ )
» Si, entre les égalités
nous éliminons la température T, nous trouvons
yi = H(p,çe).
» Dans l'égalité (3), nous pouvons remplacer
n(p,,T,) par H[p,, n + p; A(p,)],
7,(p,.T,) par H[p„n + p;A(p,)].
Les températures T,, Tj sont alors éliminées des équations relatives à la
propagation de la discontinuité.
» La relaliou obtenue est la généralisation de celle qu'a donnée Hugo-
niotetqueM. Jouguet (') a étendue récemment; elle redonne celle-ci si
l'on néglige la viscosité et si l'on suppose que les actions sont newto-
niennes. cas auquel
-=_A(p)=o.
» D'ailleurs, en toutes circonstances on peut, comme l'ont fait Hugo-
niot et M. Jouguet, mettre la loi de détiMite adiabatiqne dynamique sous
une forme qui ne renferme plus les quantités «,. c,, »,, «j. V2, w.,. Cette
forme est la suivante :
,.J
2[H,+ V(p,)-H,- V(p,)]p,p,
(G)< ^'-~^'
(Px2+ Pari) COS(rt, X) -H (Py2-|- Pyi) COS(«, y) -t- (P-i-H F;,) COS(/i, Z)
NOMlNATlOiVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de 1901.
Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants :
Prix Lacaze (Chimie). — MM. Troost, Gautier, Moissan, Ditte, Lemoine,
Haller, Berlhelot, Hautefeuille, Dehérain.
(') Comptes rendus, l. CXXXII, p. 678; 18 mars 1901.
( 9\1 )
Prix Delesse. — MM. Marcel Berlrand, Fouqué, Michel Lévy, de Lappa-
rent, Gaudry.
Prix Gay. — MM. Bonnier, Van Tieghem, Bornet, Guignard, Prillieux.
Prix Bordin {Sciences physiques). —MM. G uignard , Van Tieghem, Bonnier,
Bornet, Prillieux.
Prix Desmaziêres. — MM. Guignard, Van Tieghem, Bornet, Bonnier,
Prillieux.
Prix Montagne. — MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier,
Prillieux.
Prix Thore. — MM. Bornet, Guignard, Bonnier, Van Tieghem, Prillieux.
Prix de La Fons-Mélicocq. — MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard,
Bonnier, Prillieux.
Grand prix des Sciences physiques. — MM. Perrier, de Lacaze-Duthiers,
Filhol, Chatin, Giard.
Prix Savigny. — MM. Filhol, Perrier, de Lacaze-Duthiers, Giard, Chatin.
C0RRESP01VDi\J\CE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la Correspon-
dance :
Un grand Ouvrage de M. Retzius, intitulé : « Biologische Unlersuchun-
gen, neue Folge », formant 9 Volumes avec Planches, dont notre savant
Correspondant fait hommage à l'Acatlémie.
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — Sur une question relative au déplacement d'une
figure de grandeur invariable. Note de M. R. Bricard, présentée par
M. Jordan.
« Soit d'abord F une figure plane de grandeur invariable qui se déplace
dans son plan, suivant une loi continue. Je désignerai dans ce qui suit
par (a), (i), . . ., les diverses positions que peut occuper la figure F au
cours de ce déplacement. Si l'on considère deux positions quelconques
(a) et (è), on peut amener la figure F de la première à la seconde par une
( 948 )
rotation autour d'nn certain point O^j. L'angle de la rotation sera désigné
)ar ab.
» Si l'on groupe deux à deux les diverses positions que peut occuper la
figure F, les points tels que O^j dépendent en général de deux paramètres
et leur ensemble occupe la totalité du plan ou tout au moins une certaine
aire contenue dans ce plan. Peut-on déterminer la loi du déplacement de F
de telle manière que les points O^j soient répartis sur une même courbe? Telle
est la première question à laquelle je me propose de répondre dans cette
Note.
>> Au cours de la solution que je vais résumer ici, je considère à diverses
reprises un point qui se dé|)lace sur une courbe C, de telle manière que
ses coordonnées soient fonctions continues d'un paramètre t. J'admets que
Von peut toujours déterminer une valeur, au moins, du paramétre t, réelle ou
imaginaire, telle que le point m correspondant occupe sur la courbe C une posi-
tion quelconque, assignée à l'avance. Il me semble difficile d'éviter l'emploi
de ce postulat, qui répond d'adleurs à des hypothèses fort larges sur la
nature des fonctions dont il s'agit.
» Cela admis, je dirai, à l'exemple de Rihaucour, qu'un déplacement est
satisfaisant s'il jouit de la propriété par laquelle on veut le déterminer.
Imaginons donc un déplacement satisfaisant, et soit C la courbe lieu des
points tels que O^b- On parvient à caractériser la courbe C et le déplacement
correspondant, en démontrant successivement les propositions suivantes
(m et n étant deux points, la notation m=::^n signifie que ces points sont
confondus; en outre, pour abréger, je dirai constamment : position en sous-
entendant les mots : que la figure F peut occuper au cours de son déplacement).
» 1° Soient a un point quelconque de C, (r) une position quelconque.
Il existe au moins une autre position (y) telle que O^y = a.
» 2° Soient a et 6 deux points fixes quelconques de C, (a;) une position
quelconque. Il existe, d'après le i°, au moins deux positions (j) et (s)
telles que l'on ait
0^y = a, 0„ = ^.
» Le point O^.^ ne saurait être fixe quand on fait varier la position (x).
)) 3" Soient a, b, c, trois points quelconques de C. On peut trouver au
moins trois positions (x), (y), (z), telles que l'on ail
Oy, = a, O^^ — b, O^y = c.
» 4° ^^ courbe C ne peut avoir trois points en ligne droite à distance finie.
( 949 )
» 5° Soient (x), (y) deux positions quelconques distinctes. // n'existe
pas lie position (:), distincte de (x) et de (j), telle que l'on ait
Ojj = O^;, et par suite, = O^j.
» 6° Soient a, b, c trois points fixes de C, (a;) une position variable. Si
l'on détermine les positions {y), (s) et (ï), telles que l'on ait
Oj.^. = a, 0,j = h, O-, = c,
le point Oix est fixe sur la courbe C, quand onfait varier la position (x).
» 'j° a, b, c étant trois points quelconques de la courbe C, on peut trou-
ver sur la même courbe un quatrième point d, tel que de tout point de la
courbe C on voit les segments ab et cd sous le même angle ou sous des angles
supplémentaires.
» Il est aisé de voir que la seule courbe possédant cette dernière pro-
priété est un cercle. Une fois ce résultat obtenu, ou parvient sans peine à
la solution cherchée, qui s'énonce ainsi :
» Le seul déplacement satisfaisant (en laissant de côté des solutions
évidentes et sans intérêt) est celui d'une Jigure F liée à un cercle de gran-
deur constante qui roule sur un cercle de rayon moitié, le contact étant
intérieur. On peut vérifier directement que le centre de la rotation permet-
tant de passer d'une position quelconque de la figure F à une autre
position quelconque est toujours un point du cercle base de ce dépla-
cement.
» Le problème dont je viens d'indiquer la solution peut être posé rela-
tivement au déplacement sur une sphère d'une figure de grandeur inva-
riable. Les mêmes raisonnements s'appliquent sans niotlification, et comme
il- n'existe pas de courbe sphérique possédant la piopriété indiquée plus
haut sous le n" 7, ainsi qu'on s'en rend compte assez facilement, on voit
(^a il n'existe pas de déplacement satisfaisant sur la sphère.
» Ce dernier résultat peut s'énoncer en considérant le déplacement à
un paramètre d'un corps autour d'un point fixe ; on ne peut déterminer la
loi d'un pareil déplacement, de telle manière que les rotations en nombre
doublement infini, permettant de passer de l'une à l'autre de deux jiosi-
tions quelconques occupées par ce corps, au cours de son déplacement,
s'effectuent autour d'axes répartis sur un cône, au lieu de constituer une
gerbe.
» On est maintenant en mesure de répondre à la question suivante :
» Déterminer le déplacement continu d' une figure dans l'espace (à un para-
( 95o)
mètre ou plus), tel que les déplacements hèlicoiclaur permettant d'amener la
figure de V une à l'autre de deux positions quelconques, choisies parmi celles
qu'elle peut occuper, s'effectuent autour d'axes répartis sur une même surface
réglée.
» La seule solution est donnée par le déplacement à deux paramètres
d'une figure dont deux plans sont assujettis à passer par deux droites paral-
lèles : les axes des déplacements hélicoïdaux dont il s'agit sont répartis sur
un cylindre de révolution. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fondions entières de plusieurs variables
et les modes de croissance. Note de M. Emile Borel, présentée par
M. H. Poincaré.
« La théorie générale de la croissance des fonctions de plusieurs va-
riables apparaît rapidement comme bien plus compliquée que la théorie
analogue pour une variable. Or, même dans ce dernier cas relativement
simple, il est difficile de traiter la question dans toute sa généralité, et,
dans bien des recherches, il y a avantage à introduire des hypothèses,
restrictives en apparence, mais toujours ou presque toujours vérifiées dans
les applications; c'est ainsi que j'ai signalé, à diverses reprises, l'impor-
tance que me parait avoir l'étude spéciale du mode de croissance expo-
nentiel (').
» Il est clair que l'on sera obligé d'introduire des restrictions à la notion
générale de fonction croissante de plusieurs variables, si l'on veut en faire
une étude approfondie; il faudra d'ailleurs tâcher de ne point le faire
arbitrairement, mais de se guider sur l'observation des faits, de manière
que la théorie puisse être le plus féconde ])ossibie.
» Il m'a semblé que l'étude des fonctions entières de plusieurs va-
riables à coefficients positifs pouvait fournir des indications précieuses sur
l'importance relative des divers modes de croissance imaginables; cette
étude m'a conduit à quelques résultats que j'ai développés cet hiver dans
mon cours du Collège de France et que je voudrais brièvement résumer
ici.
» Considérons deux variables réelles et positives x et r, et formons la
(') Voir, par exemple, mes Leçons sur les fondions entières, notes 11 el III, et mes
Leçons sur les séries divergentes, p. 96.
( 95i )
fonction e''; si l'on y donne à la variable y une valeur déterminée, on
obtient une fonction de x qui est comparable, pour la croissance, à une
fonction entière à' ordre y, d'après la définition même de l'ordre. Cet ordre
est donc variable. Il serait aisé de former des exemples analogues, plus
compliqués; citons, par exemple, la fonction :
» Soit maintenant
ce go
0 0
une fonction entière de deux variables, les A,„ „ étant des nombres positifs
tels que la série converge, quels que soient x et y. On peut énoncer le
théorème suivant :
» Théorème I, — Si la fonction entière à coefficients positifs f(^x, y) est
telle que, x^ et y^ désignant deux valeurs positives quelconques de x et dey, la
fonction entière de x,f{v, y„), soit d'ordre p et que la fonction entière de y,
/(■^o' /)' ^o'' d'ordre p', on pourra affirmer que, quels que soient x,, y,, les
fonctions entières f(x, y,) et /(a;,, y) sont respectivement d'ordres p et p'.
Dans le cas où x, et y, ne seraient pas réels positifs, ou pourrait affirmer
que les ordres sont au plus p et p'.
» Appelons ordre total def(x,y) l'ordre de la fonction entière de t,
f{t,l); nous aurons le
M Théorème H. — Les hypothèses étant les mêmes que dans le théorème I,
V ordre total de f(^x,y^ est au plus p + p'.
M Les résultats précédents s'étendent sans peine aux fonctions entières
de plus de deux variables; on peut aussi les étendre à des cas où l'on sup-
pose l'ordre infini par rapport à l'une des variables x ou y, mais où l'on
donne, cependant, une limite supérieure de la croissance. Par exemple,
on peut convenir de dire que l'ordre d'une fonction entière/(z) est infé-
rieur à (0, si le module maximum de f{z) croît moins vite que e"', x dé-
signant le module de z, que l'ordre de/(^) est inférieur à w-, si ce module
croît moins vite que e'''\ En admettant ces définitions, on a, par
exemple, le théorème suivant :
» Théorème III. — Si la fonction entière à coefficients positifs f(^x, y)
est telle que l'ordre def{x,y^) étant p, l'ordre def(x„,y) soit inférieure cj,
^0 «' Jo étant deux nombres positifs particuliers, on peut affirmer que l'ordre
def{^x,y^ ) est égal à p, quel que soit le nombre positif y ^ .
( 952 )
» Il est clair que ces diverses propositions ne peuvent pas s'étendre sans
modification au cas oîi les coefficients A„ „ ne sont pas tous réels et positifs ;
il est aisé déformer des fonctions entières de deux variables telles que les ordres
des deux fonctions de x, obtenues en donnant à y deux valeurs différentes,
ne soient pas égaux. Par exemple, si l'on pose
f(x,y) = e'' sin j + e-'^,
la fonction /(a;, 7:) est d'ordre 1, tandis que/(,r, i) est d'ordre 2. On voit
nettement, sur cet exemple, le mécanisme au moyen duquel a été obtenue
simplement une solution du problème qui vient d'être posé. Il est extrême-
ment vraisemblable que ce problème n'a pas d'autre solution que ces so-
lutions banales; mais je n'ai pas encore réussi à démontrer rigoureusement
ce dernier point.
» En tout cas, il résulte des rechercbes précédentes (jue l'hypothèse
qu'une fonction croissante de plusieurs variables est une fonction entière res-
treint singulièrement la généralité de son mode de croissance; cette remarque
ne paraîtra peut-être pas indigne d'attirer latienlion des géomètres. »
PHYSIQUE. — Quelques isothermes de l'éther entre ioo° et 206°. Note de
M. Edouard Mack, présentée par M. Lippinann.
« L'appareil employé à ces mesures est analogue à celui qui a été décrit
à propos d'une autre étude ('), mais le compresseur à piston est sup-
primé.
» Aijisi simplifié, l'appareil se compose d'un tube d'expérience vertical, long de
S'"", fermé en haut et communiquant en bas par un long tube capillaire coudé avec
un tube de manomètre vertical, long de 3'='", 8. Dans le haut de celui-ci pénètre un
piston d'acier trempé, ajusté, de o"^", 3 de diamètre et 2'^'",5 de longueur. Les trois
tubes sont en acier à parois épaisses et constituent le réservoir clos où s'exercent les
pressions.
» Le tube d'expérience est immergé dans un bain de mercure entouré d'un bain
d'huile dont la température peut être maintenue très constante au moyen d'un ther-
morégulateur à gaz, précédé d'un régulateur Fournier. Le tube d'expérience a une
capacité de o'^=,5 ; il contient le corps étudié flottant sur du mercure. Le tube de ma-
nomètre contient sous le piston un liquide très visqueux ( - ) et dans le bas aussi du
(') E. Mack, Températures de fusion de quelques corps à des pressions élevées
{Comptes rendus, t. CXXVII, p. 36i).
C) Mélange à parties égales d'huile minérale et de colophane.
( 953 )
mercure qui se réunit à l'autre par le tube de communication. Suivant le procédé
utilisé pnr M. Amagat, le piston peut être rendu très mobile par un petit mouvement
de rotation alternalif. 1! subit à son extrémité supérieure l'action d'une force variable
à volonté, réalisée au moyen d'un plateau chargé de poids marqués.
» Le piston tient lieu à la fois de compresseur, de manomètre et de volumètre. En
descendant sous la charge, il peut comprimer le contenu de l'appareil à plusieurs
milliers de kilogrammes par centimètre carré. Sa section étant connue, le poids qu'il
supporte mesure la pression, et son déplacement observé au moyen d'un microscope à
vis micrométrique mesure la variation de volume du réservoir et de son contenu,
quand la température ou la pression varie. La variation de volume du corps étudié se
calcule par diflTérence, celles du réservoir et des liquides auxiliaires ayant fait l'objet
de mesures préliminaires.
» Pour déterminer une isotherme du corps étudié, on maintient con-
stante la tei! péiature du bain et l'on enlève successivement des poids sur
le plateau en observant chaque fois la position du piston. Pour déterminer
une isobare, on maintient la charge invariable et l'on amène la tempéra-
ture à diverses valeurs en lisant aussi la position du piston à chaque étape.
On détermine ainsi les variations de volume le long de la courbe étudiée.
Il est donc nécessaire de connaître déjà le volume lui-même en un de ses
points pour qu'elle soit compièlement déterminée.
» Un tube de verre mince, elfdé, contenant o^"", 0908 d'éther (oxyde
d'éthyle) purilié avec soin, a été scellé à la flamme et enfermé dans le tube
d'expérience. Il devait se briser sous la pression et le mercure pénétrer
librement. Cela ne s'est produit qu'après plusieurs mesures, et les pre-
mières, celles des isothermes comprises entre 0° et 100°, ont été perdues.
On a déterminé une seule isobare de l'éther, à li pression 2')ti''s,4 : ii^q et
une série d'isothermes ayant toutes un point à cette même pression. Pour
rejiérer les volumes dans le réseau ainsi constitué, on n'a pas pu utiliser
une densité prise à la pression ordinaire, vu l'absence d'isothermes au-
dessous de 100°. On a alors utilisé l'isotherme 100° de jM. Amagat et l'on a
admis d'après elle qu'à 100° et à la pression qSG''^, 4 ; i*^''. l'éther a pour
volume i^i, 1 1 15. C'est le volume de la masse d'éther qin' occupe l'^i à 0° à
la pression ordinaire; cette unité est adoptée ici. \J isobare 256'^^^ 4 _. jcq gg|
alors déterminée par les mesures suivantes :
Températures. 26°, 65 56°, 65 100° i3i°,i5 161°, 5 1720,8 204°, o5 206", 3
Volumes i.ooSi i .o'-S'i i.iiit 1,1660 1.2068 i,2535 1,8262 i,3334
» Sur cette isobare on a interpolé les volumes correspondant aux tem-
pératures des treize isothermes étudiées. Ainsi repérés, les volumes me-
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 16 ) I 2,'3
( 1»*!4 )
sures sur ces isothermes sont donnés dans la Table I. F^es pressions y sont
exprimées en kg : cmq et les températures en degrés du thermomètre à
hydrogène
Tablf. I. - r
oIltr;}.'^:i ftiP
sV//V*.î.
P-
100°, 95.
i5i%75.
2o4% 2.
P-
172°, 7.
182», 3.
187°, 6.
192°, 0.
206°, 3.
256,4
I . ii3i
1 ,2070
1,3286
:ii,o
1,56-25
1.7208
1,8548
,1
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396,5
..
»
',2491
35,4
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I .8097
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536,5
I ,0357
1,1218
' . '979
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676,6
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I. i6o3
37,5
1,7641
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I ,018]
1 ,0711
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38,7
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1,895s
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1096,8
0,9902
1,0359
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39,6
»
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1377,0
0,9670
I . 0069
I , o5 1 7
41,0
I , 5269
1 ,63oS
1,7108
.,8143
y,
1657,1
0,9475
0,9808
1,0245
43,8
»
»
»
1,7628
„
1937,2
0,9300
0,9635
1 ,0009
48,0
»
>i
1,6434
■7707S
»
2217.3
o.yi 58
0,9/(60
0,9801
50,8
»
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»
1,9890
55,1
1,4763
1,5498
1 ,5980
1,6480
i,88i3
62,1
,.
»
1,5638
I ,6o55
»
p. 112°, 4.
122°, 5.
Vi6\6. 148% 9.
161°, 9.
60,1
„
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1,5362
1,5728
■.7"7
41,0 ..
I ,a6io
1,3089 1,3688
I .4421
83,1
I,4l25
1,4622
1,4932
1,5218
1,6266
55,1 "
„
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1 ,4092
97,1
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»
»
1,484e
1 ,0708
83,1 ..
1,2278
1,2681 I,3l22
1 ,363o
125,1
M
1,3892
i,4ioo
i,43o4
',49Î8
153,1 ..
1,1893
1,2216 i,25'47
1 ,2905
153,1
1,3249
»
,,3737
1 ,3906
1,4453
256,4 i,i33o
i,i5oo
1,1760 1,2006
1,2274
181,1
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1,3283
1.3449
1,3597
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396,5 1,0971
1,1117
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.,.731
188,1
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1,3983
536,5 1,0701
1,0825
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676,5
1,1198
1,1324
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i,'449
i,i633
816,7
'.09'i4
1 ,1057
1 , 11 16
1,1179
i,i336
956,8
1 ,0728
i,o838
1 ,0890
1,1094
1096,8
"
I .0652
1,0698
1,0887
1377,0
!■
>•
"
i,o549
« Les réseaux de M. Amagat (') et de MM. Ramsay et Young (-), com-
prenant l'un les petits volumes, l'autre les grands volumes, sont accordés
par celui-ci. Ils ont de plus certaines régions communes avec lui, ou ils
en diffèrent très peu.
> La mesure des pressions dans les paliers des isothermes étudiées a
(') E.-H. Amagat, Mémoires sur l'élasticité et la dilatabilité des fluides {Annales
de Chimie et de Physique, &" série, t. XXIX, p. 70; iSqS).
(*) W. Ramsay and S. Young, On Evaporatinn and Dissociation {Philosophical Ma-
gazine, h' série, l. XXIIl, p. 435; 1887).
( !P5 )
donné pour la pitssion de vaporisation de l'éther les valeurs suivanLes, Lies
proches de celles de M. Rnmsay :
Température?. 122°, 4 106°, 65 148°, 9 161°, 9 172°, 7 182", 4 187", 5 192", i5
Pressions lo.Sg 13,96 17,40 21, 88 26,16 3o,6j 33, 5o 35,7.5
PHYSIQUE. — Recherches cryoscopiqaes. Noie de M. Paul (^iiRousTCHCiF.
« Dans une Note récente (26 novembre 1900), j'ai annoncé rpie je
donnerais nltérieurement quelques indications sf)mmaires sur les modifi-
calions que j'ai apportées à la construction et à l'emploi du thermoméire
électrique de C^dlt-ndar et Grilfilhs, ainsi qu'à la méthode employée \r.\v
Raoult pour la détermination de l'abaissemerit du point de conjjélalion
d'un dissolvant produit |)ar des corps dissous. En le faisant actuellemenl,
j'espère être utile aux savanis (]ui s'intéressent à ces questions.
» I. Le thermomètre de MM. Callemiar et Gnffiths, avec la forme par-
ticulière que j'ai dû lui donner pour être applicable à mes recherches, a
été construit d'après mes indications, en 1897, par la Scientific Instrument
Company, à Carnbridge: il se dislingue de l'instrument original par ceci :
la tête (') fil' thermomètre a été faite avec uik' forte plaque en ébonite et
recouverte d'une couche épaisse de paraffine au moyen du vernis [dissolu-
tion saturée de paraffine tians du benzène] (pie j'avais indiqué dans ma
première Communication sur cette question ( 1896, en russe). Ce détail de
construction, indifférent en apparence, est au contraire d'une grande
nécessité : je n'ai réussi à obtenir des mesures constantes dans toute une
série d'observations et de l'ordre des millièmes d'un degré centigrade que
^râce à cet isolement jiarfait de la tète du thermomètre et de tous les isola-
teurs de l'appareil. M. P. Chappnis a bien voulu m'informer qu'il a été
amené à user aussi d'un tour de main analogue. Grâce à cette petite modi-
fication nécessaire de l'instrument, j'ai pu me servir, dans mes recherches,
d'un courant ininterrompu (loiirni par un grand accumulateur) dans le
pont de Wheatstone, malgré la sensibilité assez grande du galvanomètre
employé. La disposition d.e mon appareil permettait de n'introtluire le gal-
vanomètre dans le circuit qu'au moment de la lecture (constatant l'absence
de déviation); chaque mesure définitive représente une moyenne de deux
(') Lieu d'attache des quatre bornes pour rintroduclion du courant.
( 956 )
lectures consécutives faites avec renversement du courant par un commu-
tateur bien isolé.
» Ce pont de Wheatstone a été construit dans mon laboratoire et se
réduit à trois branches (système Burstall) dont deux ont des résistances
exactement égalisées (au cent millième d'ohm prés) et dont la troisième
possède une résistance ég;de à celle du thermomètre électrique. Le ther-
momètre lui-même forme la quatrième branche du |iont et contient une
résistance d'environ 5o ohms comme, du reste, chacune de ces quatre
branches. Les trois résistances (branches) du pont sont toutes immergées
dans un même bain d'hydrocarbure isolant.
» J'ai déjà fait remarquer, dans ma première Noie, que je n'ai pu obtenir
de résultats exactement concordants qu'en éliminant les corrections dues
aux changements dans la résistance de la troisième b'ranche du pont avec
la température; j'ai déjà dit que cette élimination a été produite par des
expériences parallèles faites à blanc avec le dissolvant pur. La nécessité
d'avoir recours à ce procédé provient de l'extrême difficulté d'obtenir,
pour chaque degré centigrade, des valeurs suffisamment exactes et con-
stantes du coefficient de température pour les résistances en manganine
dont je me suis servi pour les trois bobines du pont de Wheatstone. La
pptitesse du coefficient concourt avec sa variabilité pour exagérer cette
difficulté.
» J'ai trouvé très commode de faire le calibrage de la résistance du fil en
platine-argent, le long duquel se déplaçait le contact mobile, simultané-
ment avec celui des divisions de la règle en argent qui m'a servi à mesurer
les longueurs entre deux points de contact sur le fil. Comme contrôle, j'ai
comparé les résistances de plusieurs divisions du fd à une résistance nor-
male, par la méthode bien connue de Carey Foster.
» IL Quant à la méthode de Raoult, je l'ai appliquée de la manière
suivante : je n'ai pas congelé les dissolutions à la température de conver-
gence, mais toujours à une température inférieure, afin de produire beau-
coup de glace et tout en agitant fortement la liqueur. Après la formation
d'une quantité suffisante de glace, je ralentissais l'agitation au point de
n'avoir qu'un réchauffement aussi petit que possible |)ar le frottement de
l'hélice, et je réglais (') le refroidissement de l'enceinte de façon à fixer
la température de l'éther à celle de convergence, et je procédais enfin à la
(') Au moyen d'une soufflerie et d'un robinel appropriés qui seront décrits dans
mon Mémoire déln)itif.
( 9^7 )
mesure du point de congélatiou. Comme je n'introduisais l'éprouvette
intérieure dans mon appareil qu'après l'avoir déjà préalablement refroidie
à la température de congélation, hors de l'appareil et d'une manière
approximative, l'observation n'exigeait qu'un temps assez court, ce qui
présente un certain avantage. Les lectures étant faites, je puisais loo^'' de
la liqueur congelée pour en faire une analyse.
» Enfin, voici une dernière remarque : l'intérieur de l'éprouvette ne pou-
vait pas communiquer avec l'atmosphère ambiante, toute communication
étant intercejjtée par une fermeture au mercure, fermeture qui, d'ailleurs,
n'entravait nullement la marche de l'agitateur hélicoïdal. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un nouveau svslème d'ampèremètres et de voltmètres,
indépendants de l'intensité de leur aimant permanent. Note de AI. Pierke
Weiss, présentée par M. J. Violle.
« I. Les instruments de mesures électriques dans lesquels on utilise
l'action des courants sur les aimants sont sujets à se dérégler parles varia-
tions accidentelles de leurs aimants. Mais il résulte de l'affaiblissement de
l'aimant, soit un accroissement, soit une diminution de la sensibilité, sui-
vant le rôle qui lui est attribué. Q land l'aimant foin-nit le couple anta-
goniste en agissant comme aimant directeur sur un équipage magnétique
mobile, la sensibilité augmente quand l'aimant s'affaiblit. Elle diminue, au
contraire, dans les instruments à courant mobile dans lesquels l'aimant
fournit le couple déviant.
» On peut combattre ces défauts contraires l'un par l'autre, en emprun-
tant le couple antagoniste et le couple déviant tous deux au même aimant.
Imaginons, en effet, un galvanomètre Desprez-i'Arsonval dans lequel les
fils amenant le courant au cadre mobile b sont dépourvus de rigidité et
( 958 )
dont l'équipage mobile porte une petite palette m de fer doux qui se meut
solidairement avec lui et que l'aimant INS tond à maintenir dans la direo
tion de son champ. On voit f;!cilement que, pour que la déviation produite
par un courant donné parcourant le cadre mobile soit indépendante du
champ de l'aimant, il suffit que le moment magnétique de m soit constant,
condition que l'on réalise approximativement eu disposant les choses de
façon que m soit sensiblement aimanté à saturation.
i> II. En réalité, il n'est pas nécessaire de chercher à satisfaire avec une grande
approximation aux deux conditions extrêmes que nous venons de poser : conducteurs
infinimenl souples et saturation magnétique de la pièce m; il suffit de reniarquci
qu'une petite force antagoniste élastique peut compenser rell'et de l'imparfaite satu-
ration. Une discussion un peu plus détaillée montre, eu effet, facilement que le cou-
rant nécessaire pour produire une déviation donnée a, dans un instrument pourvu ;i
la fois de force antagoniste magnétique et de force antagoniste élastique, passe, eu
général, par un minimum et par un maximum quand le champ varie. Il y a donc deux
valeurs du ch:unp pour lesquelles une petite variation de l'aimant permanent ne con-
duit à aucune variation delà sensibilité. En proportionnant convenablement le conpii'
antagoniste magnétique et élastique, on fait coïncider l'une de ces valeurs avec It
champ de l'aimant qu'on se propose d'employer. On peut même le faire coïncider avec
le maximum et le minimum confondus en un point d'inflexion et oluenir ainsi une
sensibilité indépendante du champ dans un grand intervalle. Et effectivement, dans
des expériences faites avec un électro-aimant, le champ variant de looo gauss à
2000 gauss, on a pu réduire les variations de la sensibilité à ■— de part et d'autre de
la valeur moyenne.
» III. Jusqu'à présent, nous avons supposé implicitement les déviations de l'équi-
page mobile très petites. Quand on se sert de déviations un peu grandes, il est néces-
saire de tenir compte, dans la discussion, de ce que le couple déviant, le couple anta-
goniste élastique et le couple antagoniste magnétique ne dépendent pas de l'angle de
déviation suivant la même loi. L'indépendance du champ de l'aimant, obtenue exac-
tement pour le commencement de l'échelle, par exemple, ne doit être (]u'approxi-
mative pour les autres parties de la graduation.
« L'expérience a montré que, par un choix convenable de la nature et de la forme
de la pièce m, cette approximation est beaucoup meilleure qu'on ne pouvait l'espéier
a priori. Le tableau suivant ré-ulle de mesures faites sur un instrument construit
d'après ces principes par MM. Japy frères. Le champ de cet instrument a été porté
successivement à 5oo gauss et à 600 gauss, et l'on a déterminé, pour ces deux inten-
sités, le courant nécessaire pour produire les déviations de 10 degrés en 10 degrés :
c
curant
produisani
une dé
talion
a.
a".
H =
^)oo gauss
II
=
Coo
gauss
— 10".
. . . . —
48,4
—
47
6
0°.
0
0
( 9^9 /'
a". H = 5oo gauss. H — (ioo gauss.
lo" 3-, I 37,3
20° 67,6 67,7
3o" 94,2 94,2
4o" 119,4 IJ9>2
5o° 145,6 1/15,6
60° «73,2 173,0
70° 199,5 199,2
» Quelques autres propriétés des instruments que nous venons de décrire se rat-
tachent à leur propriété fondamentale. Le décentrage de l'équipage mobile par rapport
à l'entrefer peut être envisagé comme une variation accidentelle du champ, d'allure
un peu irrégulière. L'expérience a montré que son influence est minime : 0,7 pour 100
au plus pour un déplacement inférieur ou égal à 2"'™, 4 et à peu près le même dans
toute l'étendue de l'éciielle, circonstance extrêmement favorable à la construction de
séries d'instruments possédant des graduations identiques.
» Le rôle tout à fait subordonné que l'on est amené à donner au couple antagoniste
élastique met ces instruments à l'abri des inconvénients habituels des ressorts spiraux :
variations de la sensibilité et déplacements du zéro. Dans l'exemple mentionné ci-dessus,
le couple antagoniste total est dix fois le couple antagoniste élastique au commencement
de l'échelle, et 6,8 fois, quand la déviation atteint 60 degrés.
I) Les variations de température peuvent affecter l'aimant permanent. Cet efl'et est
inofl'ensif. Elles peuvent aussi modifier le moment magnétique de la pièce m. Mais il
résulte des expériences de M. P. Curie qu'aux températures ordinaires l'intensité d'ai-
mantation à sala ration di\ fer doux varie extrêmement peu avec la température. Et,
de fait, une variation de température de 24° n'a permis de mettre en évidence avec
certitude aucune variation de la sensibilité, alors qu'une variation de un millième eûl
été observable. En tant qu'ampèremètres, ces instruments compensés ont donc un coeffi-
cient de température nul. En tant que voltmètres ils dépendent, à la manière habituelle,
de la résistance des conducteurs employés.
>) En résumé, par l'emploi sinuillané d'un couple directeur magnétique
prédominant et d'un couple directeur élastique d'importance subor-
donnée, on peut faire du galvanomètre à courant mobile un instrument
de sensibilité invariable et répondant aux plus hautes exigences de préci-
sion. !)
ÉLECTRICITÉ. — Sur /'influence de self-induction sur les spectres d'étincelle.
Note de M. G. -A. Ue.msalkcu, piésenlée p;ir M. Lippmann.
« Dans une Note antérieure ('), j'ai montré qu'en insérant une selt-
induclion dans le circuit de décharge d un contlensateur, le spectre de
l'étincelle subit des modifications consiiiérables.
(') G. -A. llKJiSAi.iiCH, Comptes rendii.t, t. CA'XIX, p. 285; 1899.
( 96o )
» A l'aifle d'appareils plus perfectionnés et d'un spectrographe plus dis-
persif, j';ii pu étudier ce phénomène avec plus de précision, et dans la pré-
sente Note je résume les principaux résultais.
» Avec une Ixibine de self-inductinn variable, j'ai pu étudier les trans-
formations successives en augmentant lentement la self-induction. Les
raies de l'air disparaissent rapidement.
)) Quant aux raies métalliques, quelques-unes disparaissent rapidement,
d'autres s'affaiblissent lentement, d'autres enfin s'affaiblissent d'abord
plus ou moins et ensuite, en continuant à augmenter la self-induction, de-
viennent plus vives et souvent dépassent en éclat les raies du spectre de
l'étincelle ordinaire.
» M. Victor Scluimann a eu la bonté d'attirer mon attention sur une
méthode très élégante, qui lui est due, pour représenter pholographique-
ment les modifications du spectre sous l'action d'une cause progressive-
ment variable.
» Cette méthode consiste à photographier une série de spectres l'un
au-dessous de l'autre et sur la même plaque, le temps de pose étant
le même pour chaque spectre. Les fig. i, 2, 3, obtenues par celte mé-
thode, représenlent les transformations des spectres du cobalt {fig- i), du
plomb {fig. 2) et du magnésium i^fig. 3), sous l'influence de variations
progressives de la self-induction du circuit. Elles montrent nettement la
constitution, de ces spectres.
» Ces spectres ont été obtenus à l'aide d'un spectrographe à un prisme
en verre (modèle Rutherford, par Steinheil). Pour pouvoir photographier
un grand nombre de spectres sur la même plaque, on peut déplacer le
châssis à l'aiile d'une vis. La longueur de la fente est réglée par un dia-
phragme. Par ce procédé, les spectres pbologi aphiques sont tous produits
parla irême partie de l'étincelle (l'élincelle ét;!nt projetée sui- la fente à
l'aide d'une lentille), ce qui est important pour leur comparaison.
» Le condensateur avait une capacité d'environ 0,0084 microfarads.
Comme self-induction je me servais de deux bobines: l'une avait i5 couches
de 55 tours chacune, une longueur de 20''°' et i'='",3 de diamètre intérieur;
l'autre avait 12 couches de i5o tours chacune, une longueur de 5o'''",5 et
5*=™, 5 de diamètre intérieur; le diamètre du fil étant i"™,2 sans l'isolement.
Ces deux bobines étant platées en séries, on connnençait à faire passer la
décharge successivement à travers une, deux, etc., jusqu'à quinze couches
de la petite bobine et l'on ajoutait ensuite deux, quatre, six, etc., jusqu'à
douze couches de la grande bobine; on obtenait ainsi 22 spectres, en
comprenant celui de l'étincelle ordinaire, qui est le premier. On remar-
I
Fis. I.
I ■ p ■ c ar
Coball.
l'i:;.
rloiiili.
l'i:;.
JMasiiésiuin.
C. R., ifjoi, 1" Semeslre. (T. CXXXII. N° 16.)
12/1
( 962 )
qiiera qu'au début les modifications dues à une petite augmentation de la
self-induction sont très marquées, puis qu'elles deviennent très lentes
malgré une augmentation rapide de la selt-intluction. La valeur maximum
de la self-induction était d'environ 0,06 henry ; le temps de pose était de
une minute pour chaque spectre.
)) D'après ces résultats, je propose de classer les raies des spectres
d'étincelle d'après l'action de la self-inducUon de la manière suivante :
» Première classe. — Les raies qui dimiiuient rapidement en intensité avec l'aug-
nientation de ia self-induclion. Ce sont les raies de l'air et les raies métalliques de
haute température qu'on obtient seulement dans l'étincelle électrique comme raies
courtes. Des types de cette classe sont le doublet du zinc et celui du cadmium ; la
raie 448'!4A du magnésium, ^244, 9 et 4386, 6A du plomb.
» Deuxième classe. — Les raies qui diminuent lentement et d'une manière continue
avec l'augmentation de self-induction. Ces raies sont également visibles dans l'arc où
elles apparaissent en général renversées ou nébuleuses. Gomme types de cette classe,
notons les deuv triplets du magnésium : 5i83,8 0172,9 5167, 6Â. et 3838,4 3832,5
3829,5 Â.
» Troisième classe. — Les raies qui diminuent d'al)ord atteignent un minimum,
puis augmentent considérablement en écial, atteignent un maximum d'intensité pour
diminuer de nouveau. Ces raies apparaissent dans lélincelle ordinaire et dans l'arc.
Dans l'arc elles sont très brillantes et en général très nettes. La plupart des raies des
spectres du fer et du cobalt sont des exemples caractéristiques de celte classe.
» Je ferai remarquer encore que les raies appartenant aux séries de MM. Kayser
et Runge appartiennent presque toutes à la deuxième classe, excepté celles du cuivre,
qui appartiennent à la troisième classe.
» Les détails seront publiés ultérieurement. »
ÉLECTRICITÉ. — Oscillations périodiques produites par la superposilioti d'un
courant alternatif au courant continu dans un arc électrique. Note de M. E.
KcKMG, présentée par M. Marey.
« On sait, depuis quelques années, qu'un arc électrique produit par un
courant continu entre charbons peut se comporter comme un téléjihone.
Aussitôt que les conducteurs des lampes sont exposés à des phénomènes
d'induction par suite de conducteurs voisins, l'arc subit des modifica-
tions par suite desquelles il se produit un son plus ou moins accentué.
Par des perfectionnements rie dispositif on a pu arriver à une reprodtic-
tion claire de la parole. En répétant les expériences l'auteur de ces lignes
( 963 )
a fait quelques recherches sur l'influence de la superposition de courants
sinusoïdaux au courant continu sur la lumière de l'arc.
» Un transformateur à circuit fermé (de 3 kilowatts) étail j)lacédans le
circuit de la ville de 240 volts et ^o périodes, l^a bobine primaire avait
3o8 tours; la secondaire en avait 85 répartis en 5 bobines de 17 tours
chacune, pouvant donner ainsi un voltage de i3, 26, 39, 32, 65 volts. On
intercalait, dans un circuit à courant continu de 120 volts, une résistance
métallique, une lampe à arc avec régulateur à main, et les 17 tours d'une
bobine secondaire du transformateur. Aussitôt la su|)er|)osilion du courant
alternatif, la lumière, jusque-là stable, montra des oscillations lumineuses
périodiques se suàant assez lentement pour être perceptibles à fœil.
» Tandis qu'en allongeant l'arc on entendait un son faible correspon-
dant à l\o oscillations par seconde, la période d'oscillations de la lumière
était de -:^ de seconde environ (estimée à l'aide de la méthode strobosco-
pique). En élevant l'intensité du courant périodique, les oscillations lumi-
neuses devenaient plus fortes sans changer de fréquence. »
PHYSIQUE. — Sur un appareil qui imite les effets des fontaines lumineuses .
Note de M. G. Trouvé, présentée par M. Lippmann.
« Cet appareil est destiné à imiter les effets des fontaines lumineuses; il
fonctionne sans eau. Le liquide est remplacé par une masse de grains ou
de balles solides (grains de riz, balles en celluloïd, etc.). Ces grains sont
lancé's sous forme de gerbes ascendantes par un jet d'air continu; ils re-
tombent dans une vascpie eu étoffe sous laquelle est dissimulée la pompe
centi'ifuge et le moteur qui l'actionne; ils sout ainsi ramem-s dans le jet
gazeux qui les relance. On obtient ainsi l'apparence d'un feu d'artifice
indéfini. Un jeu de lampes électriques permet d'en faire varier l'aspect. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l' hydrure de baryum. Note de M. Guxtz,
présentée par M. A. Haller.
« Dans son beau Travail sur les azolures des métaux alcalino-terreux,
M. Maquenne, en chauffant l'amalgame de baryum dans un courant
d'azote, obtint de l'azoture de baryum lia^Az-, mélangé à un grand excès
( 964 )
d'amalgame, comme le montrent ses analyses ('), mais il ne put isoler le
baryum.
M En éhuliant les condilions de préparation de ce métal, sur les pro-
priétés duquel je compte bientôt revenir, j'ai obtenu l'hydrure de baryum,
composé nouveau dont l'existence avait été autrefois signalée par Win-
kler (-) en même temps que celle de l'hydrure de calcium.
» Lorsqu'on chauiTe vers rooo°, dans un courant d'iivdrogène, l'amalgame de
baryum placé dans une nacelle en fer, ce composé perd une partie de son mercure
en donnant une masse caverneuse, boursouflée, dont la cassure a l'éclat métallique et
qui a été considérée jusqu'ici comme étant du barvum. Il n'y a pas encore sensiblement
formation d'hvdrure.
» En élevant au contraire la température vers 1200°, on obtient un produit fondu
séparé nettement en deux, couches, comme on jieut le reconnaître à' la cassure. La
couche supérieure, d'aspect cristallin, est de l'hydrure de baivum ; la couche Infé-
rieuie, d'aspect métalliqu£, est de l'amalgame de baryum non décomposé. On ne
peut, à cette température, chasser facilement tout le mercure, à cause de la volatilité
de l'hydrure; lorsqu'on chaulTe trop longtemps, on ne retrouve plus rien dans la
nacelle.
n Pour obtenir un produit sensiblement juir, il fiiul cliaulTer encore davantage,
presque jusqu'à [400°. On obtient alors, dans la nacelle de fer, un produit fondu,
d'aspect grisâtre, à cassure cristalline, qui est l'hydrure de barvum.
» J'ai analysé ce produit en en décomposant par l'eau un poids connu,
dans un nitromètre de Lunge. On mesure le volume de H dé"a"é dans la
décomposition de l'eau; le baryum est dosé dans la solution, soit par
titrage alcalimétrique, soit par la pesée du barvum à l'état de sulfate.
» Du poids du métal on déduit celui de l'hvdrogène qu'il dégage en
décomposant l'eau : en retranchant ce nombre du poids total de l'hydro-
gène dégagé, on a le |)oids d'hvdrogène combiné au métal. J'ai trouvé
ainsi !
Théorie
pour 15a M-.
Ba pour 1 00 96 , 02 98 , 56
H pour r 00 i , 3o 1 , 44
lïésidu insoluble 1 , 20 «
» On trouve toujours un nombre trop faible pour le barvum; cela lient
(') MaQuknne, Sur t/iic/qiies propriétr-s des mrtaii.r alcalinn-terreti.r (Biilldiii
de la Société chimique, 3'' série, t. MI, p. Sfiç)).
(^) WiNKLKR, Sur In ràduclion des composés oxygénés par le magnésium {Be-
rirhle, l. CCWIV, p. 1977).
( 96'> )
à ce que le produit donne souvent un petit résida de mercure et de ter
provenant de l'atlnque de la nacelle, et renferme une faible quantité de
Ba(0?I)- qu'il est impossible d'éviter à cause de l'altérabilité, à l'air, de
l'amalgame et de l'hydrure de baryum dans les diverses manipulations.
» D'ailleurs, on a bien affaire au compose BaH", car, si Ton calcule le
rapport du nombre des atomes de Ba à celui de H, on trouve
Ba /■ 1 il ■ •
-jj- =2.iu; la théorie exige 2.
Le barvum en excès est combiné, soit à l'oxygène, soit à une trace de mer-
cure non volatilisé.
» L'hydrure de baryum ressemble par ses propriétés aux hydrures de
lithium et de calcium. La stabilité de ce composé est remarquable. Chauffé
en effet à i4oo", dans un courant d'hvdrogène, il se volatilise lentement
sans se décomposer, et ses vapeurs attaquent fortement le tube de porce-
laine. Lorsqu'on examine ces vapeurs à travers un verre mince coloré à
l'oxvde de cobalt, on voit nettement une vapeur verte au-dessus de la na-
celle. Avec le barvum pur. la vapeur 110 parait pas cohuée dans les mêmes
conditions.
i> L'Iiydrure a une densité 4» 21 à o".
» Il fond vers 1200" et se vaporise déjà partiellement à cette tempé-
rature; il est décomposabic par l'eau comme les hydrures de lithium et de
calcium :
BaH=+ HH) --= Ba(OH/^+ 2H\
» Il est assez altérable à l'air humide et se recouvre rapidement d'une
couche de Ba(OH)-.
» Chauffé dans un courant d'azote, il est décomposé un peu au-dessus
du rouge en donnant l'azoture Ba' Az- :
3BaH--h2Az= Ba'Az-4-3H-.
» Cette réaction permet d'avoir de l'azoture de baryum exempt de mer-
■ CMie, nmis non de fer.
» En effet, chaque fois que l'on chauffe au rouge, dans un courant
d'azote, soitBaHg", soit BafF, dans une nacelle en fer pour obtenir Ba^Az-,
il se produit toujours une grande quantité d'azoture de ferFe''Az- iso-
morphe de Ba^Az, car le produit fondu obtenu est homogène et très bien
cristallisé.
(966)
» La proportion de Fe' Az^ semble croître avec la température de l'expé-
rience; j'avais déjà constaté un phénomène semblable en produisant l'azo-
ture de lithium dans des nacelles en fer ou en nickel; il se formait toujours
des azotures de fer et de nickel décomposables par l'eau en donnant les
oxydes correspondants et de l'ammoniaque. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage de l'azote nitrique dans les eaux, au
moyen du chlorure stanneux. Note de M. H. Henriet, présentée
par M. Carnot.
« Suivant MM. Edv. Divers et Tamem-Haga (';, une solution acide de
chlorure stanneux transforme l'acide azotique en hydroxylamine (seul
produit tant que le chlorure stanneux est en excès), à la condition qu'il
n'y ait pas assez d'eau en présence pour empêcher les acides chlorhy-
drique et azolique de réagir l'un sur l'autre.
» Nous avons repris l'étude de cette réaction et nous avons constaté
qu'à l'ébullition l'azote se transforme intégralement en hydroxylamine et
que le rendement est conforme à l'équation ci-dessous.
» La réaction doit se formuler ainsi :
3SnCI^ + AzO'K + 8HC1 = iSnCP ^ AzH-OHHCl -h KCl + 2H-O.
» Elle peut être utilisée pour le dosage des nitrates, si l'on y joint la su 1-
vante, destinée à doser le chlorure stanneux en excès :
SnCl=-l-2l-t- 4HCl = SnCl*-f-2lH.
» De ces équations il résulte que 6 atomes d'iode correspondent à
I atome d'azote.
» Nous préparons les liqueurs suivantes :
« 1° Chlorure slanneiix. — Dissoudre i4»'' fi'étain pur dans HCI pur, puis
l'aire 1''' en ajoutant la quantité de HCI nécessaire; agiter et tranvaser dans un llacon
que l'on lemplit complèleinent. Ce llacon est fermé par nu linnclion à den\ trous
dans lesquels passent : 1° un tube en relation avec un petit appareil jjroducteur
d'acide carbonique; 2" un siphon plongeant jusqu'au fond du llacon et réuni, par un
caoutchouc muni d'une pince à vis, au tube abducteur d'une pipette de 10" à deux
traits. La partie supérieure de cette pipette communique avec l'appareil à CO- et sa
(') Chem. Soc, i885, p. 628.
( 9^7 )
jsailie inférieure porte un caoutcliouc terminé par un tube effilé et une pince de
Mohr. Le chloiure stanneux est donc à l'abri de l'air. Laisser reposer vingt-quatre
heures. Avoir soin, avant chaque piélèvement, d'agiter le flacon pour rendre la
liqueur bien homogène et de rejeter les dix premiers centimètres cubes qui rem-
plissent la pipette.
» 3° Solution d'iode. — Dissoudre 8»' à gs"' d'iode dans l'eau distillée additionnée
de 20S'' d'iodure de potassium, puis compléter à i'". Titrer ensuite à l'hyposulfite de
sodium. On peut encore et plus simplement titrer l'iodeà l'aide d'une solution connue
de nitrate de potassium en opérant comme il est dit plus loin.
» Si X est le poids d'iode existant dans V de solution, la valeur en azote de ce centi-
, i4 X d?
raetre cube sera : -^ •
762
» Voici maintenant le mode opératoire qtie nous suivons :
» Dans un ballon de laa"^"^, introduire 5o™ d'eau à analyser, puis éva-
porer à sec an bain de sable {^i 10"). L'opération terminée, verser dans le
ballon refroidi 10'''" d'acide chlorliydrique pur, puis 10'''' de la solution de
chlorure stanneux. Fermer ensuite le ballon avec un bouchon de caout-
chouc percé d'un trou dans lequel passe un tube de verre de 10''™ de lon-
gueur environ, auquel est fixé extérieurement un tube de caoutchouc de
même longueur. Placer ensuite, immédiatement après l'adjonction de
chlorure stanneux, le ballon sous une hotte tirant bien et porter le liquide
à l'ébullition, qui doit ilurer dix minutes. Parallèlement, opérer de même
avec un ballon ne contenant pas de nitrate et dont le but est de fournir
une lecture repère.
» L'ébullition terminée, pincer le tube de caoutchouc avec le doigt pour
éviter toute rentrée d'air, puis introduire dans ce caoutchouc un tube de
verre-commuiiiquant avec un ap[)areil producteur de CO" ; placer alors le
ballon sur un support et laisser reiroidir dans une atmoiphère de C0-.
Répéter la même opération avec le ballon repère.
» (Si l'on a eu sont de disposer une petite rampe métallique permettant
de brancher [)lusieurs ballons sur l'appareil à CO-, on pourra, avec un seul
repère, faiie autant de dosages qu'on voudra.)
» Avant de fau-e la lecture, ajouter au contenu du ballon 10"' d'eau
(liNtillee, puis quehpies gouttes d'empois d'amidon. Verser ensuite, avec
une burette graduée, la solution d'iode jusqu'à coloration bleue persis-
tante.
» Si n est le nombre de centimètres cubes de solution d'iode exigé par
le repère, et /?' celui qu'exige l'essai, le nombre île milligrammes d'azote
(96« )
nitrique par litre d'eau sera (a étant la valeur en azote de i" d'iode) :
(« — //') X a X looo
X = — .
00
)) Les diverses opérations s'exécutent très vile (les eaux étant évaporées
à se(;) et l'on peut facilement effectuer G dosages en une heure. Les eaux,
même très colorées, donnent toujours un virage net.
)) Voici quelques résultats obtenus avec des liqueurs titrées de nitrate
de potassium.
Dans la prise d'essai. Par litre d'eau.
Snluiidiis. Lectures. liillërcncos. Azcalculé. Aztrciuvé. Az calculé. Az trouvé. Ecarts,
ce ce nigr uigr mci- iiigr iiigr
1 3i,/40 0,80 o,i4 o,i35 2,8 2,7 — 0,1
II 28,10 4> 'o 0,70 0,698 i4,o i3,9 — 0,1
III.... 24,00 8,20 i,4o 1,386 28,0 27,7 —0,3
IV.... i5,90 16, 3o 2,80 3,755 56, o 55, i — 0,9
V 7,80 24,40 4,20 '1,124 84,0 82,5 —1,5
Hei)ère = 32'''=,2o. — i<^'' tl'iode rrr o"'S'', 169 Vz.
» Les différences sont dues à des pertes d'acide nitrique qui se pro-
duisent au moment où l'on ajoute TICl, ainsi que nous l'avons vérifié. Ces
pertes sont d'autant plus grandes que l'essai contient plus de nitrate. Il y
a donc avantage à ce que la prise d'essai ne contienne pas plus de i"'s',5
dazote en\ iron.
» I^es matières organiques, de quelque nature qu'elles soient, n'ont
aucune influence sur l'exactitude des résultats. Seuls, les sels de fer, qui
sont des oxydants qu'on rencontre |)arfois dans les eaux en même temps
que les nitrates, |)euvent jeter une perturbation dans les résultats; on les
élimine facilement au moyen de l'annnoniaque avant d'évaporer les eaux.
» IjO procédé au chlorure slanneux comparé au procédé rainde flt^
]\L Sclilœsing nous a donné des chiffres presque toujours comparables. Les
plus grands écarts ont été de — i™^'', i et + i™"'"', 5 d'iizote nitrique par litre
(l'eau. »
CHIMIli OIîGANIQUE. — Action de divers alcools sur (luclques acétals d'alcools
nio/iovalents. Note de M. 3!.\iu:i:i, I)i;i,i;i>ixK.
« Dans de précédentes Notes que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca-
démie, j'ai indicpié les divers icsultals auxquels m'a condiut l'étude des
(969 )
acétals dérivés du méthanal et de l'éthanal. Il ressort assez nettement des
recherches Lhermochimiques (^Comptes rendus, t. CXXI, p. 684, 74^) que
les acétals d'alcools monovalents sont engendrés suivant une réaction qui
dégage une quantité de chaleur paraissant s'accentuer avec le poids molé-
culaire de l'alcool, tandis que pour les acétals d'alcools plurivalenls cette
quantité augmente sûrement. D'un autre côté (t. CXXII, p. 33i), j'ai
établi que cette réaction est limitée et que sa vitesse est considérablement
accrue par la chaleur et la présence d'un peu d'acide chlorhydrique. Cet
ensemble de faits conduit à supposer que, si l'on oppose à un acétal un
alcool autre que celui qui le constitue, il pourra y avoir déplacement, plus
ou moins complet de l'alcool de l'acétal initial, et qu'on pourra activer ce
déplacement par la chaleur et la présence d'acide chlorhydrique. A part
l'introduction d'un agent d'accélération, ce phénomène serait en quelque
sorte comparable à l'action d'une base sur un sel. On sait que dans ces cir-
constances il y a un partage plus ou moins avancé, régi par la chaleur
dégagée.
» On peut aussi supposer que l'eau et l'acide décomposent un peu de
l'acétal primitif et que l'aldéhyde s'unit à l'alcool présent dans les limites
compatibles avec les conditions expérimentales; l'eau régénérée recom-
mence les réactions, jusqu'à ce que l'équilibre s'ensuive entre l'aldéhydeet
les deux alcools qui le sollicitent.
» J'ai fait toute une série de réactions de cet ordre avec les acétals et les
résultats ont été très concluants. Dans la plupart des expériences qui sui-
vent, il suffit de chauffer les matériaux, le plus souvent en vase ouvert au
réfrigérant ascendant, pendant un temps assez court pour atteindre l'équi-
libre, et cela grâce à l'addition d'une ou deux gouttes d'acide chlorhydrique
pur des laboratoires pour iS^' à 20^ de matière.
» Le méthylal chauffé avec l'alcool amylique, ou le formai diamylique avec l'alcool
mélliylique, conduisent aux mêmes produits; la distillation du mélange ayant réagi
fournit du méthylal, de l'alcool méthylique, de l'alcool amylique, du formai mixte
(résultant d'une substitution partielle) et du formai diamylique. Bref, on a l'ensemble
des réactions :
CH»(0CH3)» +2Cnî"0HjjCH2(OC*H>')2 + 2CH'OH,
CH2(0CH')= -t- C=H"OH^CH2(OCH3)(OC='H")-hCH'OH,
CH2(OC5H")^-H CH^OH ^CH2(0C1P)(0C5H") + C5H>'0H.
» 11 en est serablablement avec l'alcool éthylique et le diamyformal, l'alcool méthy-
lique et le dipropylformal, l'alcool propylique et le méthylal. Les cinq corps possibles
C. R., «901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 16.) 125
( 97° )
se produisent; il est assez difficile de les séparer; toutefois, les composés à poids mo-
léculaire élevé paraissent prédominer.
» Quand on oppose les alcools méthylique et butylique au chloracétal diéthjlique
on a, dans le premier cas, un mélange de trois chloracétals où le composé mixte l'em-
porte; dans le second cas, le composé CfPCl — CH;^^_jj,j constitue presque tout
le produit de la réaction, lequel passe à igo^-igS"; on ne retrouve presque pas de
chloracétal (ébull. i58°).
)) Si au lieu d'un alcool on oppose au métliylal, à l'acétal et au chloracétal (éthy-
liques) un phénol, tel que le p-naphtol, les phénomènes se compliquent en vertu de
réactions nouvelles, consécutives, de l'ordre de celles que je rappelais récemment à
propos de la chaleur de formation plus grande du dynaphtylolméthane, comparée à
celle du formai isomère {Comptes rendus, t. CXXII, p. 777). Avec le méthylal, on
obtient le p-dinaphlylolmétane CPP (G"'H''OH)= fusible à 1940 (à chaud et à froid);
avec l'acétal, non le dinaphtylol, mais l'anhydride CH'— CH(^ p,.„„6 /Oi fusible à 174°,
ainsi qu'un peu d'un corps fusible à 201° et considéré par Claisen comme l'acétal
Cil' — CH(OC'»H-')=; avec le chloracétal, le produit CFPC1-CH(^^|[J^[\0, fusible
à i73''-i74°, se forme principalement.
» Avec les alcools plurivalents, les faits suivants s'observent :
» Le glycol chasse à peu près entièrement l'alcool du chloracétal diéthylique, en don-
/Q CH^
nant le composé CH'Cl — CH ^ ^ ru-^' bouillant à i56-i57°; il agit de même sur
le chloracétal éthylbutylique.
)) La pinacone donne une réaction presque intégrale avec le chloracétal; une moins
complète, quoique très avancée, avec l'acétal, enfin une peu avancée avec le mélliylal.
On peut ainsi préparer les chloracétal, acétal et formai de la pinacone, liquides
bouillant respectivement à I9i''-i92°, i34° et i24''-i25'', et non encore préparés.
» La glycérine donne avec le méthylal, l'acétal et le chloracétal un déplacement
presque complet de l'alcool monovalent. La réaction a lieu molécule à molécule et
fournit des composés encore une fois alcool. Le formai et l'acétal de la glycérine
avaient été déjà préparés autrement; le chloracétal bout à 235°-24o°.
» L'érythrite fournit avec l'acétal, non seulement le diacétal, fusible à gS», dont
j'ai déjà donné la préparation, mais aussi un peu de monoacétal, C*H' O* (CH*),
fusible à 102°; avec le chloracétal, on a un dichloracétal G' II'O* (CTPCI)-, fusible
à loi^-ioS".
» La mannite donne des réactions plus compliquées; à cause de son peu de solubi-
lité, elle réagit lentement et se change partiellement en mannitane. Néanmoins avec
l'acétal, on retrouve facilement la mannite triacétal, fusible à I7i°-i73°, et avec le
chloracétal de la mannite dichloracétal, CII^'O'* (C^H'Cl)-, fusible à i35°; dans les
deux cas, il se forme d'autres produits vraisemblablement dérivés de la mannitane.
)) Telles sont les réactions que j'ai effectuées; on trouvera ailleurs le
détail (les préparations et la description plus complète des composés obte-
( 971 )
nus, dont beaucoup sont nouveaux. Le grand nombre de circonstances où
elles ont réussi vient corroborer heureusement les inductions ihermochi-
miques et conduit, en quelque sorte, à un nouveau mode de production
de certains acétals. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur trois nouveaux alcaloïdes du tabac .
Note de MM. Amé Pictet et A. Rotschy, présentée par M. A. Haller.
« Bien que le tabac ait été l'objet de recherches très nombreuses relati-
vement à sa composition chimique, on n'en a retiré, jusqu'ici, à l'état
de pureté, qu'un seul alcaloïde, la nicotine. M. A. Gautier a, il est vrai,
annoncé il y a une dizaine d'années (' ) qu'il avait constaté, dans un échan-
tillon de tabac du Lot, la présence d'autres bases organiques; mais il s'est
borné à signaler le fait sans entrer dans plus de détails sur ces corps et,
depuis lors, aucune nouvelle publication de sa part n'est venue, à notre
connaissance du moins, compléter sa première observation et indiquer
qu'il eût poursuivi ses recherches à ce sujet.
» Ayant eu à préparer une certaine quantité de nicotine, nous en avons
profité pour reprendre cette étude.
» Nous avons retiré du tabac (du Rentuc ky) trois nouveaux alcaloïdes.
Deux d'entre eux se distinguent de la nicotine par leur très faible volatilité
avec l'eau ; ils peuvent être extraits par l'éther ou par le chloroforme des
jus de tabac, après que ceux-ci ont été entièrement débarrassés delà nico-
tine par distillation aux vapeurs d'eau. En soumettant le produit de cette
extraction à une série de distillations fractionnées, nous sommes arrivés à
séparer deux fractions bien définies, l'une bouillant à 266°-268°; l'autre,
plus petite, passant entre 3oo° et 3io°; cette dernière se solidifie en partie
par refroidissement.
» La première fraction renferme un alcaloïde liquide de formule
C"'H'-Az^(C74,67; H7,73; Azi7,67 pour loo) que nous avons nommé
nicotéine.
» Il est soluble en toutes proportions dans l'eau et dans les principaux dissolvants
organiques. Son odeur est agréable et rappelle le persil; sa saveur est brûlante et très
amère. Sa densité à 12° est 1,0778. Sa solution aqueuse a une réaction très alcaline.
(') Comptes rendus, t. CXV, p. 992, et Bulletin de la Société chimique, 3" période,
t. VII, p. 468.
( 972 )
L'analyse de ses sels et de son iodomélliylale montre qu'il constitue, comme la nico-
tine, une base diacide et bitertiaire.
» La nicotéine dévie à gauche le plan de polarisation ([a]i) = — 46»,4i) ; les sels
sont lévogyres comme la base elle-même ([a]^= — 8°, 27 pour la solution chlorhy-
drique contenant 0,67746"' du dichlorliydrale dans 10'^'^). Il y a là une différence remar-
quable avec la nicotine qui est, comme on sait, lévogyre à l'état de base libre, mais
dextrogyre en solution acide.
» L'alcaloïde solide existant dans la fraction 3oo°-3io° forme, après
cristallisation dans l'alcool faible, de petites aiguilles prismatiques, fusibles
à i47''-i48''. Nous lui avons donné le nom de nicolelline.
» Sa composition paraît répondre à la formule C'"]!' Az^ (C 77,88 ; H 5, 02;
Az 17,68 pour 100). Il est peu soluble dans l'eau et dans l'éther, mais se dissout très
aisément dans l'alcool, le benzène et le chloroforme. Sa saveur est peu prononcée,
poivrée, mais non amère; sa réaction est neutre. Il fournit des sels bien cristallisés,
entre autres un bichromate très peu soluble, ce qui le distingue des autres alcaloïdes
du tabac.
» Nous avons enfin trouvé un troisième alcaloïde dans la nicotine brute
obtenue par entraînement au moyen des vapeurs d'eau. On peut l'isoler
en mettant à profit ses propriétés de base secondaire. En traitant le mé-
lange par l'acide nitreux et en distillant le produit dans le vide, nous
avons obtenu une petite quantité d'une nitrosamine huileuse, dont nous
avons retiré la base par ébuUition avec l'acide chlorhydrique.
)) Pour celle-ci, nous avons adopté le nom de nicotimine .
» C'est un isomère de la nicotine. Son analyse conduit à la formule C'H'^Az'
(C 7/4,16; H 8,71; Az 17,34 pour 100). Elle se distingue nettement de la nicotine par
son odeur, qui est beaucoup plus acre et pénétrante, par son point d'ébullition
(25o°-255°), de quelques degrés plus élevé, par les propriétés de sels, et surtout par
le fait qu'elle donne toutes les réactions caractéristiques des bases secondaires (dé-
rivés nitrosé, benzoylé, etc. ).
» La proportion des nouveaux alcaloïdes dans le tabac est très faible
par rapport à celle de la nicotine. On peut l'exprimer approximativement
par les chiffres suivants :
Nicotine 1000
Nicotéine 20
Nicotimine 5
Nicolelline i
» Les propriétés physiologiques de ces corps sont à l'étude. »
( 973 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la phênylhydrazine et de Vhydrazine sur
les deux bulyrylacétylacétates de mélhyle isomères. Note de M. Boxgert,
présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note récente, j'ai, avec M. Bouveault, démontré que par
l'action du chlorure de bulyryle sur l'éther acétoacétique sodé l'on obtient
deux isomères les c- et o-butyrylacétylacétate de méthyle; j'ai indiqué
également le moyen de les séparer et leurs dédoublements sous l'action de
l'eau et des alcalis. Pour compléter cette élude je donne, dans cette Note,
les résultats de l'action de l'iiydrazine et de la phênylhydrazine sur ces
deux isomères.
» Action de la phênylhydrazine. — Sur le c-bulyrylacétylacétate de mélhyle la
phênylhydrazine agit à peu près dans le même sens que l'ammoniaque.
» Si, à du c-bulyrylacétylacélate de mélhyle dissous dans cinq fois son poids d'éther
anhydre, on ajoute de la phênylhydrazine, il ne semble tout d'abord rien se produire,
mais peu à peu l'éthër s'échauffe sans cependant bouillir et, au bout de deux heures,
on constate un dépôt de belles lamelles blanches d'acétylphénylhydrazide fondant à
ii&°-ii']°, très soluble dans l'éllier ordinaire et dans l'eau, beaucoup moins dans
l'éther anhydre.
» Des eaux mères j'ai pu extraire d'autres cristaux blancs fondant à loS", distil-
lables dans le vide, sous 10""°, dans les environs de 200°. Ce nouveau produit, soluble
dans l'éther et les autres dissolvants neutres, sauf l'éther de pétrole, n'est autre que
la propylphénylpyrazolone, C'-H'* Az-0.
» J'ai pu extraire également de ces eaux mères de petites aiguilles blanches fondant
à 346°, en se décomposant; insolubles dans les dissolvants neutres, solubles seulement
dans l'acide acétique cristallisable bouillant, très solubles dans les acides minéraux
étendus et les alcalis étendus.
» Ce nouveau corps possède la formule brute
C' = H"Az=0
et ne diffère de celle de la pyrazolone correspondante que par un atome
d'hydrogène en moins; ce qui indique que sa formule doit être doublée et
que j'ai entre les mains une bispyrazolone.
» Cette induction a été vérifiée par la transformation de ce corps, au
moyen du perchlorure de fer, en un magnifique bleu de pyrazol, soluble
dans le chloroforme et insoluble dans l'alcool.
» Si l'on opère dans les mêmes conditions que précédemment avec
( 974 )
l'o-biityrylacélylacétate de méthyle, on obtient de belles lamelles soyeuses
de butyrylphënylhydrazide, fondant à 102", très soluble dans l'éther et
l'alcool.
M Des eaux mères j'ai extrait aussi des cristaux de méthylphénylpyrazo-
lone, fondant à 120°, soluble dans l'éther, très soluble dans l'alcool, les
acides étendus et les alcalis étendus.
» La réaction est alors la suivante :
CH'- C = CH - CO^CH' -I- 2C«IFAzHAzH=
1
OCOC'H'
AzC«H=
/ \
Az CO CH'- AzH - AzH-
CH' - C CH= + C'H' CO + CH'OH.
» Action de l'hydrazine. — Avec le c-butyrylacétylacétale de méthyle,
l'hydrazine agit tout différemment de la phénylhydrazine et de l'ammo-
niaque.
M Si l'on mélange molécules égales d'hydrazine en solution alcoolique
avec le c-butyrylacélylacétate de méthyle, on obtient, après départ de
l'alcool, une huile visqueuse distillant à 179° sous 10™" et qui n'est autre,
d'après l'analyse, que le propylméthylpyrazolcarbonate de méthyle
CH'- CO-CH -CO=(:H' + AzH==CH'- C C-C0^CI1\
COC'H' AzH= Az C-C'H^
\ /
AzH
)> Un corps analogue à ce dernier a été obtenu par M. Rnorr par l'action
de l'hydrazine sur le diacétylacétate d'éthyle (Lieb. Ann., t. CCLXXIX,
p. 237). Ce propylméthylpyrazolcarbonate de méthyle, mis en contact avec
l'acide chlorhydrique, fournit un chlorhydrate cristallisé, facilement décom-
posable par l'eau chaude et à froid par les carbonates alcalins.
» Le même corps bouilli avec une solution de potasse à 20 pour 100
s'y dissout intégralement. Si l'on acidifie après refroidissement par l'acide
acétique, il se dépose l'acide propylméthylpyrazolcarbonique, petits cris-
taux blancs fondant à 226°, insolubles dans l'éther de pétrole, solubles
(975)
dans l'éther, très solubles dans l'alcool
CH'C - C - CO^CH'-f- II'O = CH' - C - C - CO'H + CH= OH.
Il II II II
Az C-C=H' Az G — C'H'
\/ \/
AzH AzH
Cetacide chauffé au-dessus de son point de fusion se décompose, en bouil-
lonnant, en donnant de l'acide carbonique et une huile d'odeur forte qui
constitue vraisemblablement le pyrazol correspondant que je me promets
d'étudier plus tard.
» Avec l'o-butyrylacétylacétate de mélhyle la réaction est tout autre.
» Si à une solution d"o-butyrylacétylacétate de méthyle dans l'élher anhydre on
verse par petites portions de l'hydrate d'hydrazine, en ayant soin d'agiter con-
stamment, on voit se déposer, en même temps que la température s'élève un peu, de
beaux cristaux blancs de métitylpyrazolone fondant à 2i5°-2i6'>.
» Après essorage des cristaux et évaporation de l'éther, la solution aqueuse est
distillée dans le vide; il passe d'abord de l'eau, puis à 120°, sous 10"'", un liquide in-
colore cristallisant immédiatement après refroidissement en de belles aiguilles
blanches assez hygroscopiques.
» Ce composé constitue la butyrylhydrazide.
» Cette butyrylhydrazide se combine très facilement avec les aldéhydes et les cétones
pour donner des bulyrylhydrazones.
» Ainsi sa solution aqueuse agitée avec de l'aldéhyde benzoïque en présence d'un
peu d'alcali donne la benzylidènebutyrylhydrazide, longues aiguilles soyeuses fondant
^^ ' C^H'— C0AzHAz = CII-OIP.
» D'autre part la butyrylhydrazide dissoute dans l'acétone fournit par évaporation
des cristaux blancs fondant à 83°, très solubles dans l'acétone, l'éther, l'alcool et l'eau,
moins dans l'éther anhydre, presque insolubles dans l'éther de pétrole, qui constituent
la butyrylhydrazone de l'acétone.
» Je suis donc amené à représenter la réaction de l'hydrazine par l'équa-
tion suivante :
CH'- C = CH - CO'CH'+ 2AzH=
I I
OCOC'H' AzH'
AzH
/\
Az CO
= CH» — C - CH= + C» H' — CO AzH AzH" -t- CH' OH. »
(976)
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide paraoxyhydratropique. Note
de M. J. Boi'OAULT, présentée par M. A. Haller.
« L'acide paraoxyhydratropique, OH — C« IV - Cil (^ prp . est isomère
de l'acide parahydrocoumarique OH - C°H'' - CH= - Cil" - CO-H, et par
(1) (M
suite de l'acide phlorétique, ces deux derniers étant identiques, comme
je l'ai montré (').
» Il a été obtenu, pour la première fois, à partir de l'acide atropique,
par M. Trinius (2), qui croyait faire ainsi la synthèse de l'acide phloré-
tique. En reprenant ce travail, j'ai montré (') que les conclusions de
M. Trinius, incompatibles avec l'identité de l'acide phlorétique et de l'acide
parahydrocoumarique, sont en effet inexactes : l'acide paraoxyhydratro-
pique est isomère, mais différent de l'acide phlorétique. On trouvera plus
loin de nombreux caractères différentiels de ces deux acides.
M L'acide paraoxyhydratropique s'ohtient facilement en déméthylant
son éther, CH'O — C" II' — CH ^^ , dont j'ai indiqué antérieurement
la préparation à partir de l'anéthol (*).
» Préparation. — On mélange :
Bf
6
Acide iodhydrique, D = i , 5o 80
Iode 4o
Phosphore rouge 8
Acide paraméthoxyhydraliopique 20
I. On chauffe doucement au bain-marie pendant trois quarts d'heure environ. On
ajoute alors 100" d'eau bouillante et Ton filtre aussitôt pour séparer l'excès de
phosphore. La solution filtrée est reçue dans une ampoule à décantation, et, lors-
qu'elle est suffisamment refroidie, on y ajoute 76" d'éther. On agile; la liqueur,
primitivement peu colorée, se colore en jaune brun par suite d'une mise en liberté
d'iode, et cette coloration se localise surtout dans la couche élhérée. On lave celte
dernière, d'abord avec 3o" d'eau distillée, puis avec i5'^' d'eau contenant un peu de
bisulfite de soude.
(') Comptes rendus, l. CXXX; 2 juillet 1900.
(2) Liebig's Annalen, t. CCXXVII, p. 262; i885.
C) Bult. Soc. Chim. 3° série, t. XXIII, p. 764; 1900.
(') Comptes rendus, t. CXXX; 26 juin 1900.
( 977 )
» L'élher, devenu incolore, est alors décanté et évaporé; il laisse comme résidu •
l'acide paraoxhydratropique, qu'on achève de purifier en le dissolvant dans cinq fois
son poids d'eau chaude et laissant cristalliser.
» Les eaux, mères acides de la préparation et les eaux de lavage contiennent encore
une notable proportion d'acide paraoxhydratropique; on répète les épuisements à
l'éther autant qu'il est nécessaire.
» Propriétés. — L'acide paraoxyhydratropique cristallise anhydre en
prismes incolores, un peu solubles dans l'eau froide (2s'", Sopour 100 envi-
ron, à ^= 12°), très solubles dans l'eau bouillante, l'alcool, l'élher, très
peu solubles dans le chloroforme, la benzine et l'éther de pétrole.
» H fond à i3o°.
» Son poids moléculaire déterminé par la cryoscopie a été trouvé égal
à 164,5 (chiffre théorique, 166).
M II est inaclif sur la lumière polarisée lorsqu'il a été obtenu avec
l'acide paramélhoxyhydratropiqiie inactif. Mais il est dédoublable en ses
isomères actifs au moyen de la morphine, qui donne des sels inégalement
solubles dans l'eau : le sel de l'acide gauche est le moins soluble. J'ai pu
obtenir ainsi, après de nombreuses cristallisations, une petite quantité de
cet acide gauche, et ai trouvé son pouvoir rotatoire, en solution aqueuse
à 2 pour 100, voisin de a^ = — 7i°(').
» Sa solution aqueuse, saturée à froid, précipite par l'acétate n. de
plomb et par l'azotate mercureux; elle ne précipite pas par l'azotate d'ar-
gent. Elle donne avec le perchlorure de fer une coloration vert bleuâtre
qui, par addition de soude, devient rouge brun foncé. Le suc du Russula
delica Fries l'oxyde en produisant une coloration rouge analogue à celle
que donne la tyrosine, mais ne devenant pas noire, comme avec cette der-
nière (lacide parahydrocoumarique se comporte de même).
)) Une solution aqueuse du sel de soude à i pour 100 précipite en
jaune brun par le perchlorure de fer; un excès redissout le précipité. Elle
précipite abondamment par l'acétate de plomb et l'azotate mercureux, et
légèrement par l'azotate d'argent.
» Une solution du sel de soude à i pour 100 précipite, en outre, par le
sulfate de cuivre.
)> Les sels de sodium, de potassium, de baryum, de calcium, de zinc, de
magnésie sont très solubles.
(') Ce chiffre n'est qu'approximatif, les quantités sur lesquelles j'ai opéré étant très
faibles.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N« 16.) 126
( 978 )
» Les éthers-oxydes éthylique et méthylique, les dérivés bibromés et
biiodés se préparent par les méthodes indiquées pour les composés cor-
respondants de l'acide isomère (acide hydroparacoumarique ou phloré-
tique) (').
M Je rassemble en un Tableau les points de fusion des dérivés corres-
pondants des deux acides isomères.
Acide phlorélique Acide
ou hydroparacoumarique. paraoxyhydralropique.
o o
L'acide fond à 128 i3o
L'acide bibromé » 109 1 10
L'acide biiodé » 162 i49
L'élher méthylique » loi 67
L'éther éthylique « io4 68
» En outre des différences indiquées dans le Tableau précédent, il faut
noter aussi la différence de solubilité des sels de zinc. Le sel de zinc de
l'acide hydroparacoumarique est soluble dans seulement cent trente fois
son poids d'eau froide; celui de l'acide paraoxyhydratropique se dissout
dans moins de dix fois son poids du même liquide. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles réactions des dérivés orp;anomélalliques (III).
Éthers ^-cétoniques non substitués. Note de M. E.-E. Blaise, présentée
par M. A. Haller.
« Dans une Note précédente, j'ai montré que les nitriles se condensent
avec les éthers des acides gras bromes, en présence du zinc, pour fournir
des éthers p-cétoniques substitués en a. Le bromacélate d'éthyle, qui
conduirait dans les mêmes conditions aux éthers non substitués, four-
nit en réalité des produits de condensation plus avancée sur la constitu-
tion desquels je reviendrai plus tard. Cependant, les élhers p-cétoniques
non substitués peuvent être obtenus par une méthode différente reposant
sur l'action des dérivés éthéro-organomagnésiens sur le cyanacétate
d'éthyle. La réaction s'effectue en deux phases; dans la première, on
obtient un dérivé iodomagnésien de l'éther cyané, avec formation d'un
carbure saturé
CU=- CIP- MoI.(C=H')=0 + CAz - CH-- CO=C=n'
(') Comptes rendus, t. CXXX; 2 juillet 1900.
( 979 )
et, dans la seconde, la condensation s'effectue entre la fonction nitrile et
une seconde molécule du dérivé éthéro-organomagnésien
CAz - CH(^^^^î^^jj"'^'^ + CH^ - CH= - MgI(C=H')^0
^Az — MgI(C=H^)==0
= CH' - CH^ - C\ /MgI(C^H0'O.
En décomposant ce dernier dérivé par l'eau, on obtient l'étherp-cétonique
GH» - CH=— CO - CTP - CO-C^H'.
» C'est là une méthode générale de synthèse des éthers p-cétoniques
non substitués acycliques; la seule qu'on connût jusqu'ici a été indiquée
récemment par M. Bouveault. Quant aux éthers p-cétoniques à noyau
cyclique, on peut les obtenir, comme on sait, par les méthodes de M. Claisen
et de M. Haller.
)) J'ai préparé, en suivant la méthode que j'indique, le propionyl- et le
butyrylacétate d'élhyle; le premier de ces corps est séparé du produit de
la réaction au moyen du bisulfite de sodium, et le second, par transforma-
tion en dérivé magnésien.
» Ces éthers sont liquides et donnent avec le perchlorure de fer une coloration
rouge. Le bisulfite se combine encore à l'éther propionylacétiqué, mais il ne réagit
plus sur le butyrylacétate d'étliyle. Par contre, ce dernier fournit facilement un dé-
rivé magnésien qui cristallise en aiguilles dans l'alcool méthylique et fond à i56°-i57°.
» Tandis que l'éther acétylacétique donne avec la semi-carbazide une véritable semi-
carbazone, ses homologues fournissent avec ce réactif des carbamjlpyrazolones
CfP - CH- — CO - CH-^ — C0= On-'+kz H- - CO - Az H — Az H'
= tr^O -t- C^IPOH 4- CtP— cm— C CH'
Il I
Az CO
Az — COAzH=.
» Celles-ci sont colorées en bleu très intense par le perchlorure de fer en solution
alcoolique.
» La phénylhydrazine donne avec le propionyl- et le butyrylacétate d'éthyle les py-
razolones correspondantes; mais si l'on emploie un excès de phénylhydrazine, on
obtient des bis-pyrazolones qu'on peut faire cristalliser facilement dans l'acide for-
mique, par addition d'alcool.
» Ces bis-pyrazolones sont caractérisées par leur grande oxydabilité; leur oxydation
(98o )
fournit les bleus de pyrazol correspondants, qu'on obtient aisément en oxydant les
bis-pyrazolones en solution alcaline, au moyen du ferricyanure de potassium.
C-C^H»
C^H5— C
Az
CH-CH
I I
co co
Az
I
Az
\/
Az
I
C-C2H= G'H5— C
-C:
I
I
Az CO CO Az
\/ \/
Az Az
1 I
» Le propionylacétate d'éthyle bout à 9i°-92° sous 17'"°' et à 191° à la pression
atmosphérique. La carbamylpyrazolone correspondante, chauffée lentement, se dé-
compose peu à peu et fond à 172°; mais son point de fusion réel est de 197°. L'éthyl-
phénylpyrazoloiie cristallise à 100°; le perchlorure de fer colore sa solution alcoolique
en rouge. La bis-éthylphénylpyrazolone fond à 335°; oxydée, elle donne le bleu corres-
pondant, se déposant de sa solution acétique en petits cristaux brun noir, fusibles
à 234°, mais se décomposant avant cette température par chauffage lent.
» Le butyrylacétate d'éthyle bout à 104° sous 22""°. La carbamylpyrazolone qui en
dérive fond à 189° et sa phénylpyrazolone à 109°-! 10°. La bis-pyrazolone ne fond qu'au-
dessus de 335°, et le bleu qu'on obtient en l'oxydant cristallise dans l'élher acétique
en aiguilles bleu noir; il fond à 191°. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle base dérivée du glucose.
Note de MM. L. Maquenne et E. Roux, présentée par M. Haller.
« Parmi les bases dérivées des sucres qui ne renferment ni fonction
aldéliydique, ni fonction cétonique, on ne connaît encore que la dioxy-
propylamine CH^OH - CHOH - CH=(AzH^), qui se forme lorsqu'on
traite le ^lycide par l'ammoniaque (') et son isomère V amino-z-propanediol
(CH=OH)=CH(AzH=), que Piloty et Ruff ont obtenu en réduisant la
dioxyacétoxime de synthèse par l'amalgame de sodium (-).
» En essayant d'appliquer cette dernière réaction aux homologues
supérieurs du glycérose, nous avons reconnu qu'elle se produit également
bien dans la famille des hexoses ou dans celle des pentoses et que, par
conséquent, elle présente chez les sucres réducteurs le même caractère de
généralité que chez les aldéhydes ou les acétones à fonction simple.
» On obtient ainsi, en partant des oximes d'aldoses C"H^"0", toute une
série de bases primaires, de la forme C"H"+^(OH)"~' (AzH^), qui ne con-
(') Ber. der Detttsch. cheni. Ges., t. XXXII, p. 752.
(*) Ibid., t. XXX, p. i6d6.
(pSi )
tiennent plus, à côté de la fonction d'aminé, que celle de polyalcool et,
par conséquent, doivent être envisagées comme dérivant des sucres non
réducteurs C''H""*-^(OH)". Elles diffèrent des produits de réduction des
phénylosazones et des combinaisons ammoniacales décrites par Lobry de
Bruyn et Franchimont, en ce qu'elles renferment 2 atomes d'hydrogène
en excès; elles s'en distinguent pratiquement par leur plus grande stabi-
lité et l'absence de toute action sur les liqueurs cupropotassiques.
» Nous ne décrirons ici que la base dérivée du glucose ordinaire, qui
est en quelque sorte le type de cette nouvelle classe de composés, et,
pour la différencier des glucosamines de Ledderhose ou de Lobry de
Bruyn, ainsi que de l'isoglucosamine de Fischer, nous la désignerons par
la suite sous le nom de glucamine.
» Pour préparer la glucamine on réduit la glucosoxime, en solution aqueuse au
dixième, par 60 parties environ d'amalgame de sodium à 3 pour 100. La liqueur doit
être, comme d'habitude, neutralisée par l'acide sulfurique, au fur et à mesure de la
réaction, et maintenue autant que possible au voisinage de 0°.
» Lorsque le mélange ne réduit plus que faiblement la liqueur de Fehling, on évapore
presque jusqu'à sec, on lave à l'alcool bouillant, qui s'empare d'une petite quantité
de glucose et de sorbite formés par action secondaire, puis on ajoute au résidu salin
un léger excès de cliaux éteinte et l'on épuise à nouveau par l'alcool, au réfrigérant
ascendant. Celte dernière liqueur, concentrée dans le vide, abandonne par refroidis-
sement la glucamine à l'état de cristaux indistincts, d'aspect opalescent.
» Pour purifier la base on la redissout dans un peu d'eau, on sature exactement
par l'acide oxalique, on concentre, on fait recristalliser l'oxalate à deux ou trois re-
prises différentes dans l'alcool à 60° et finalement on décompose par la quantité juste
nécessaire de chaux.
» Le rendement en base pure est d'environ 25 pour 100, par rapport au glucose
primitif.
» La glucamine forme une masse incolore, confusément cristalline, qui
fond vers i27°-i28"et donne à l'analyse des nombres concordant avec la
formule C'H'^AzO^
» Elle est très soluble dans l'eau, peu soluble, même à chaud, dans
l'alcool fort et tout à fait insoluble dans l'éther.
» Son pouvoir rotatoire [aj^, en solution aqueuse à 10 pour 100, est
d'environ 8° à gauche, sans multirotation.
» Elle ne réduit pas la liqueur de Fehling.
» D'une saveur à la fois sucrée et caustique, Iq glucamine possède tous
les caractères d'une base forte; elle absorbe l'anhydride carbonique et
(982 )
neutralise les acides les plus puissants. Ses sels sont tous très solubles
dans l'eau et à peu près insolubles dans l'alcool, qui les précipite de leurs
solutions aqueuses à l'état sirupeux.
» L'oxalate neutre C-0*H^(C''H'*AzO')- est jusqu'à présent le seul
sel de glucamine que nouS ayons réussi à faire cristalliser; il se dépose de
ses solutions dans l'alcool faible sous forme de petites paillettes hexago-
nales miroitantes, qu'il est facile d'obtenir à l'état de pureté complète.
Sous l'action de la chaleur ce corps commence par fondre vers i8o°, puis
dégage de la vapeur d'eau et se transforme en une masse légèrement jau-
nâtre, cristallisable en fines aiguilles, qui ne réagit plus avec le chlorure
de calcium qu'après ébullition avec une lessive alcaline et présente la
composition de l'oxamide CH-^Az-O'-.
» Son pouvoir rotatoire [a]u= — i5°,3, sans multirotation.
» Le picrate de glucamine forme un vernis jaune absolument amorphe;
le chloroplatinate ne cristallise que difficilement.
» La base libre décompose la plupart des sels métalliques à la façon de
l'ammoniaque; elle redissout l'hydrate ferrique en donnant une liqueur
d'un brun rouge foncé.
V Avec le sulfate de cuivre elle forme une eau céleste d'où se déposent
de petits cristaux bleus non encore étudiés; avec l'azotate d'argent elle
donne un précipité blanc qui noircit de lui-même et forme un miroir si
l'on chauffe; avec le chlorure mercurique il se produit un précipité blanc,
inaltérable par la chaleur, qui est soluble dans un excès de réactif.
)) La glucamine donne de l'iodoforme avec la teinture d'iode, à l'ébul-
lition.
» L'acide nitreux, qui devrait théoriquement transformer la glucamine
en sorbite, n'agit que lentement à froid. A chaud l'attaque est plus rapide,
mais alors il y a oxydation simultanée et l'on recueille seulement un
mélange lévogyre de sucres réducteurs qui donne de la phénylglucosazone
avec l'acétate de phénylhydrazine.
» On arrive au même résultat lorsqu'on chauffe doucement un mélange
d'oxalate de glucamine et d'azolite de sodium, ou encore lorsqu'on oxyde
directement la base par l'acide azotique étendu.
» Néanmoins, elle réagit sur l'oxalate d'éthyle, l'aldéhyde benzoïque,
l'acélylacétone et le cyanale de potasse, en donnant des produits cristal-
lisés, ce qui porte à croire qu'elle possède bien la fonction d'aminé pri-
maire. Elle représente donc, conformément à la notation que l'un de nous
( 983 )
a proposée pour les sucres, \'amino-i-hexanepentol^—~&,
OH H OH OH
(AzH-)CH= _C_C_C_C_ CH^OH.
I I I I
H OH H H
» L'absence de toute multirotation montre que la configuration géomé-
trique de la glucamine est stable en présence de l'eau, ce qui la rapproche
encore des alcools polyvalents et l'éloigné des bases déjà connues qui,
comme la chitosamineC*H"AzO% renfermentune fonction d'aldéhyde ou
d'acétone.
» La glucamine est peut-être identique au composé qui a été entrevu
par M. E. Fischer dans les produits de réduction de la glucose-hydra-
zone ('); nous nous proposons d'en poursuivre l'étude, ainsi que celle de
ses isomères et de ses homologues. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des éthers alcoylcyanacctiques sur les chlo-
rures diazoïques. Note de M. G. Favrel, présentée par M. A. Haller.
« Dans une première Note, j'ai montré que les chlorures diazoïques, mis
en présence de l'acétylcyanacélate d'éthyle ou de ses homologues supé-
rieurs, fournissaient des produits identiques à ceux que l'on obtient en
remplaçant les éthers précédents par du cyanacétate d'éthyle.
» On pouvait se demander si les éthers aicoylcyanacétiques réagiraient
de la même façon. Les essais ont été effectués avec le méthylcyauacétate
de méthyle, le méthylcyanacétate d'éthyle et l'éthylcyanacétate d'élhvle
qui peuvent être obtenus facilement à l'état de pureté en suivant le mode
de préparation indiqué par M. Haller et par M. L. Henry.
» 110'^'= de solution normale d'aniline à 3 molécules d'acide chlorhydrique par litre
sont refroidis à zéro puis additionnés peu à peu d'un égal volume de solution de
nitrite de soude à i molécule par litre. Dans la solution du chlorure de diazobenzène
obtenu, on verse iiS'', 3 de méthylcyanacétate de méthyle; puis peu à peu, et en agi-
tant, de la soude étendue, jusqu'à réaction alcaline. Peu de temps après, il se dépose
au sein du mélange un liquide huileux, jaune, qui se solidifie au bout de deux ou
trois jours.
(') Ber. der Deutsch. chem. Ges., t. XX, p. 821.
( 9^4 )
» Si l'on sépare ce liquide huileux et qu'on l'agite avec de la soude étendue d'une
fois son volume d'eau, il se prend immédiatement en masse cristalline.
» Après plusieurs cristallisations dans le benzène chaud, on finit par obtenir de
petits cristaux lamelleux, à peine jaunes, fondant à iSo^-iSi".
» Ces cristaux ont la composition centésimale de la phénylhydrazone *
nitrile pyruvique dont la production peut s'expliquer par la réaction sui-
vante :
CAZ y^ CÂz
C H^ Az = Az - OH + CH - CH'= C H^ Az -Az = C -f- CH'OH +C0*.
I 1
CO-CH' CH'
» En chauffant ce corps avec de la soude hydroalcoolique, on le trans-
forme en acide phénylhydrazone pyruvique a ou phényl a azopropio-
nique (' ), comme le démontrent l'analyse et le point de fusion i8i"'-i82°.
» Pour qu'il en soit ainsi, il faut admettre que la réaction donne bien
naissance à la phénylhydrazone a nitrile pyruvique.
» Dans les mêmes conditions, les chlorures de diazoparaloluène, de
diazoorthotoluène fournissent, avec le méthylcyanacétate de méthyle ou le
méthylcyanacétate d'éthyle :
» La paratoluylhydrazone-a-nitrile pyruvique fondant à i66"-i67°; l'or-
thotoluylhydrazone-a-nitrile pyruvique fondant à i3i°-i32°.
» Si l'on substitue, dans ces réactions, l'éthylcyanacétate d'éthyle au
méthylcyanacétate de méthyle ou d'éthyle, on obtient, avec le chlorure
de diazobenzène, un corps fondant à 8i°-82°.
» Il possède la composition de la phénylhydrazone-oi-nitrile butyrique
dont la production peut s'expliquer par l'équation
CAz
C^H^ Az = Az - OH + CH - CH^ - CH^
CO-C'H'
TT CAz
/" I
= C''H^- Az-Az=CÂz = C +C2H%0H+C0^
I
CH^"
1
CH'
(') Fischer et Jourdan^ B. D. c. G., t. XVI, p. 2241, et Japp et Klingemann, B. D.
c. G., p. 29/42; 1887.
I
( 985 )
La solution hydro-alcoolique se transforme à l'ébullition en phénylhvflra
zone-a-acicle butyrique ( '), ce qui démontre sa constitution.
» Les chlorures de diazopnratoliiène et d'orthotoluène fournissent dan^^
les mêmes circonstances :
» La paratoluylhydrazone-a-nilrile butyrique fondant à i43"-i44";
» L'orlhotoluylhydrazone-a-nilrile butyrique fondant à ii4''-i i5".
» L'étude de ces corps sera continuée. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Réduction des matières colorantes azoïques nitrées.
Note (le M. A. Rosenstiehl, présentée par M. k. Haller.
« En 1887 nous avons découvert, M. Noelting et moi (-), une matière
colorante, connue sous le nom de rousse Saint-Denis, teignant le coton sans
mordant, en bain alcalin. Ce qui distingue cette matière colorante d'autres
analogues, c'est qu'elle ne bleuit pas en présence des acides; au contraire,
elle supporte leur action sans rien perdre de son éclat. Elle était obtenue
en diazotant la métaazoxyorthotoluidine, et en copulaiit ce diazo dérivé
avec l'a-sulfo-a.-naphtol. C'était ji" premier exemple de l'emploi des azoxv-
aniines pour la fabrication des matières colorantes.
» La métaazoxyorthotoluidine était alors obtenue par l'action de la
poudre de zinc et de la soude caustique sur la métanitroorthotoluidine.
» La nitramine étant à peu près insoluble dans la dissolution alcaline,
et la poudre de zinc l'étant tout à fait, il en résulte que la réaction n'est
pas nette et que les rendements en azoxyamine sont faibles.
» De là vint l'idée d'engager la nitramine au préalable dans une combi-
naison soluble en milieu alcalin, et d'v faire agir ensuite des réducteurs
solubles dans les mêmes conditions.
» Ce sont les résultats obtenus dans cette voie qui font l'objet de cette
Note.
1) \. Pour engager une aminé dans une combinaison soluJile dans l'eau alcaline, on
la diazole et l'on copule le diazo dérivé avec un sulfo-naphtol.
» Dans le cas particulier, il était tout indiqué d'emplojer l'a-sulfo-a-naplitol, qui
fait déjà partie du rouge Saint-Denis.
(') Japp et Klingemann, B. D. c. G.: 1887, :i9V2.
(-) Brevet français n" 184549; 3o juin 1887. .
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 16.) I 27
( 986 )
n Cette combinaison ('), dissoute dans l'eau alcaline et mise en présence de réduc-
teurs tels que le proto\yde d'étain, l'acide arsénieux, la formaldélivde ou le glucose,
se convertit rapidement vers 5o°C. à Go°C. en dérivé d'azoxvamine. Avec le glucose
les rendements sont quantitatifs.
» La transformation ne s'annonce pas par un changement de couleur. La matière
première, ainsi que le produit de la réaction, sont rouges tous les deux. Mais, tandis
que la première teint uniquement la laine, et cela seulement en bain acide, le dérivé
d'azoxyamine teint le coton en bain alcalin, et ne teint pas la laine.
» La réaction chimique qui s'est accomplie peut être représentée dune manière
générale par l'équation
/AzKAzi=AzR'
[AzOMAAz = AzR']2- .■^Oz=0: i
-^— . ^AzKÂz = AzR'.
njrivé azoïiiue ^ — ^
de la Ditraminc. Dérivé azoïque
(le l'azoxyamine.
» 2. Une fois en possession de cette réaction, il fut aisé de la généraliser, et l'on
reconnut ainsi que les métanitramines conduisent à des dérivés d'azoxyamines de
même couleur, mais de propriétés tinctoriales différentes, ainsi que cela se passe pour
le rouge Saint-Denis ; que les paranitramines, au contraire, conduisent à des matières
colorantes qui diffèrent de la matière première à la fois par la couleur et par les pro-
priétés tinctoriales (-) ; enfin, que les orthonitramines donnent naissance, dans les
mêmes conditions, à des composés incolores qui ne sont plus des composés azoiques.
Ces composés ont été étudiés en commun avec M. Suais et feront l'objet d'une Noie
spéciale.
» 3. Quand on essaie de pousser plus loin l'action du glucose, dans le but d'enlever
le dernier atome d'oxygène, qui caractérise les azoxyamines, la réaction s'accomplit
dans un sens dififérent.
)i La matière azoïque nitrée présente à l'action des agents réducteurs deux points
particulièrement faibles. Il y a d'abord le groupement azoïque lui-même, dont les
liaisons sont rompues sous l'influence de l'action hvdrogénante, d'après l'équation gé-
nérale RAz =: AzR'h- 2H-= RAzfP-H R'Azir-. Puis il y a le groupement AzO- dans
les nitramines et Az^O dans les azoxyamines.
» La formation du rouge Saint-Denis et des corps de sa famille démontre que l'on
peut attaquer AzO^ en ménageant ^ Az =; Az — .
» Mais il faut, pour arriver à ce résultat, rester dans les limites étroites tracées par
l'expérience ; dés que l'on dépasse 6o°C. et surtout dès que l'on augmente la proportion
de glucose, les deux points faibles de la molécule sont entamés à la fois. Ce n'est plus
(') Rrevet français n" 202675, 17 décembre 1889.
(^) La réaction est ])articulièrenient frappante pour le paradiazobenzol, copule
avec le bisulfonaphtol (1 ,4). Cette matière colorante teint la laine en rouge. Dissoute
dans une lessive alcaline et additionnée de la ((uantité calculée de glucose, elle se
C(>n\erlil jnesque instantanément, à chaud, en uue matière teignant le colon en un
lilcM \iolacé presque noir. La transformation peut s'opérer dans un tube à essai, en
doux niinules, ol cnii-lihie une inléi'cssanle expérience.
( 9«7 )
une matière colorante qui se forme. On voit, au contraire, le liquide se décolorer et,
peu après, se remplir d'aiguilles cristallines bronzées ('). Le corps obtenu est l'azo
aminé, correspondant à la nitramine :
/Az — R.Az = Az.R'
O-, I 4-5H==H^O +
\Az — R.Az=: Az.R'
Dcrivé azoïque
tic l'azoxyamine.
Az — R.AzH^H Azir^R'
II
Az — R.AzHM AzH^R'
Azoaminc lihro,
» Si Ton pousse la réaction plus loin encore, l'azoamine est séparée en deux molé-
cules de diamine :
Az.R.AzH- Diamine.
Azoamine.
» Mais en conduisant bien l'opération on peut éviter cette réduction ultime et
olîtenir aiséuient eu azoamine (io pour loo du rendement théorique.
» 4.. Par ce procédé qui s';qiplique aux para et aux métanilraniines il a été possible
d'obtenir avec facilité la série de^ azoamines, qu'il est difficile autrement d'obtenir
sans mélange, et par une réaction nette.
» On a préparé par cette méthode deux azoamines de la série para, et trois de la
série meta, correspondant aux nitramines les plus facilement abordables. Parmi elles,
l'une est nouvelle. C'est la paraazoorthotoluidine, fondant à 2i8°-2'30<> C. :
Az.cni^cn')^y.\l'
Az.C''H'(CH')AzlP.
'■■) (2) Il
» Elle cristallise très facilement en aiguilles brunes, soluble dans l'alcool, l'étliei-,
la benzine, et possède au point de vue chimique les propriétés générales des azoamines.
» Elle est une base faible et une diamine, et comme telle se diazote et produit deux
séries de dérivés azoïques. Les combinaisons avec les sulfonaphtols donnent en teinture
des nuances plus bleues que celles que l'on obtient avec le dérivé correspondant
d'azoxyamine.
11 Les faits qui précèdent montrent que, en engageant la nitramine dans
une combinaison azoïque sulfonée, on lui confère une solubilité qui lui
manque à l'état de liberté et qui facilite toutes les réactions des agents
réducteurs, dont l'action s'exerce sur la nitramine seule sans ciue le sulfo-
naphtol intervienne par sa substance.
(') Brevet français n° 203418, 28 janvier 1890.
( 9^« )
» Il reste à montrer comment od peut finalement éliminer ce dernier,
et régénérer l'aminé sans qu'elle-même ait à subir l'action de l'agent
réducteur. Cette élude, faite en commun avec M. Suais, fera l'objet d'une
deuxième Note. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur deux nouveaux acides acétylé niques. Synthèse
des acides caprylique et pèlargonique. Note de MM. Cii. Moureu et R.
Delaxge, présentée par M. H. Moissan.
« Les acides acétyléniques, sans doute à cause de leur rareté, ont été
jusqu'ici relativement peu étudiés. Nous avons été conduits, par nos
recherches sur les carbiu'es acétyléniques ('), à nous occuper de deux de
ces acides encore inconnus : l'acide amylpropiolique et l'acide hexylpro-
piolique, l'un et l'autre à chaîne normale.
» Outre le procédé de préparation classique, qui consiste à faire absor-
ber le gaz carbonique sec par les dérivés sodés des hydrocarbures, nous
avons encore obtenu les deux acides sous forme d'cthers, en faisant réagir,
sur ces mêmes dérivés sodés, les éthers chlorocarl)oiiiques :
R- CEEECNa 4- Cl- CO^R'^R-C^C-CO-R'+NaCI.
)) A. Acide amylpropiolique C'iV^ — C^C — CO^H. — C'est un liquide
incolore, sirupeux, d'une odeur à peine perceptible d'acide gras, ayant pour
densité 0,9677 à 18°; il se solidifie dans la glace et fond vers -1-5°. Il distille
à i49"-i49"»5 sous 20'"'". Quand on le chauffe à l'air libre, il se décompose,
déjà dès 180", et activement à 220", en acide carbonique et œnanthylidène.
» Le sel de baryum cristallise avec
L'élher inélhjlique distille à 107"
)) clhvlique "
» isopropylique i>
» isobutylique »
» isoamvlique »
)) alljlique »
)) Tous ces éthers fournissent l'acide par saponification; il importe de ne
pasempU)>er nn excès d'alcali, qui déterminerait une réaction secondaire,
d'aiileiir-s irUéi'essanle, sur' laquelle nous re\iendrons prochainement.
molécule
d'eau.
107"
sous 20™"" ;
D„= 0,9624.
iiô^-iie",
5 sous I7"'">;
00=0,9895.
126°- 127"
sous 22""";
Di, = o,9i83.
iSS-'-iog"
sous 23">"';
D„=rO,9l6.
i48''-i49°
sous 20'""' ;
Do=o,9ii4.
I24''-I28°
sous 18""";
D„ = o,9465.
(') C o m p les rendus, t. CXXX et (jXXXI; 1900.
( ;)«9 )
» Si \\)n chei'che à |)ré|iarer les éthers en saturant de gaz ohlorhy-
(liiqnc la solution de raciù"^ dans l'alcodl qni leur conespond, on obtient
presque exclusivement, du moins dans le cas des alcools mélhvlique et
clhylique, les élhers d'un acide étli\loni(p:c cliloré, qui est vraisemblable-
ment l'acide amyl-[i-chloracryliq:ie, Cl' 11" — CCI = en — (10'- FF, formule
que nous aurons bientôt l'occasion d'ajjpuyer par de sérieux arguments.
Le produit méthylicpie brut passe à la première distillation entre iio°et
120° sous i'^™™ et renferme 16, G pour 100 de chlore (théorie 18, G); le
produit élhylique passe à ii8"-i28° sous iG""" et renferme iG,^ pour 100
de chlore (théorie i7,4).
1) On obtient au contraire les éthers de l'acide amylpropiolique presque
purs (2 à ,'> pour 100 de chlore seulement), quand on fait réagir sur les
alcools le chlorure d'acide correspondant. Ce fait est d'autant pins surpre-
nant que, comme l'a montré l'un de nous ('), l'action du chlorure d'acryle
CH- = CH — COCl, qui n'est pourtant qu'élhylénique, sur les alcools et
les phénols, engendre surtout les éthers de l'acide ,8-chloropropionique
Cil-Cl — CH--CO-H.
» Le chlorure d'amylpropiolyle C^U" — C^C — COCl est facile à
|)réparer en traitant l'acide amvlpropioliqiuï par le perchlorure de phos-
phore; il distille à 88"-9o" sous l'j""" et a pour densité, à 0°, 1,0202. Il
réagit immédiatement sur les anilines pour donnei' les anilides correspon-
dantes.
» l^'oi'lliololiiiillde fdiul à 59°,5-Go°,5; la paiatohiiilide fond à 68°; la pariianisididc
fond à4'r') l'^-naplilylamide fond à ii.3"-i 1/4".
» L'acide ainjlpropiolique, en lanl qu'acide acéljléniqiie, peut fixer 4 atomes de
brome; toutefois l'addition des deu\ derniers atomes se fait difficilement et est accom-
pagnée d'un dégagement très sensible d'acide brumliydrique.
» Par contre, il est aisé d'ajouter à cet acid« 4 atomes d'hvdrogène. On
le traite à cet effet par un grand excès de sodimn en présence d'alcool
absolu bonillani (l'amalgame de sodium en présence de l'eau ne l'attaque
pas). Le nouvel acide obtenu distille sous la pression normale à aSG'^-aSg"
(corr.); il est identique |xnr toutes ses |)ropriétés avec l'acide caprviique
CH' - (Cil-)" — CO-H, qui existe à l'état de glycéride dans certains corps
gras naturels, et en particulier dans le beurre de vache ('-).
(') Cl!. MouREL, Thèse de Doctorat, Faculté des Sciences, Paris; iSgS.
(-) Lercii, Anii. Lieb.. t. XLIX, p. 2i4;Zincke, même Recueil, t. CLII, p. g; Rknhsse,
même Recueil, l. GLXXI, p. 38o; etc.
( 990 )
« 13. Acir/e hexylpropiolique G" H" — C s= C — C0= H . — Ce second acide
est, un liquide incolore, sirupeux, de densité 0,9644 à 0°; il se congèle
dans le chlorure de méthyle en feuillets blancs qui fondent vers — 10°.
L'éthermétliylique bout à 122" sous ig™'" D(,= o,9338
» éthjliqiie » laG^-iaS" sous 16"°™ D„ = o,92a3
» Sous l'influence du sodium et de l'alcool absolu à l'ébuUiliou, l'acide
hexylpropiolique donne, par fixation de 4 atomes d'hydrogène, un acide
distillant à 25i°-254° (corr.) sous la pression normale, qui est identique à
l'acide pélargonique de l'essence de Pelargonium roseum
CH='-(CH=)'-CO=H (').
» En résumé,^ nous avons préparé deux acides acétylcniques nouveaux et
quelques-uns de leurs dérivés immédiats. Chacun de ces acides, hydrogéné
par le sodium et l'alcool absolu bouillant, se convertit en acide saturé gras
correspondant, transformation qui réalise une nouvelle synthèse de deux
acides naturels, l'acide caprylique et l'acide pélargonique ('). »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'origine indoxyhque de certaines matières colo-
rantes rouges des urines (indirubine). NoLe de M. L. AIaillaud, présentée
par M. Armand Gautier.
« L'urine humaine renferme, comme on le sait, des combinaisons
indoxyliques (acides indoxylsulfurique et indoxylglycuronique) qui, par
dédoublement et oxvdation de l'indoxyle mis en liberté, fournissent de
l'indigo bleu facile à extraire au chloroforme. Cette réaction se fait habi-
tuellement en traitant l'urine par son volume d'acide chlorhydrique con-
centré renfermant par litre 2S'',5 à 3»' de FeCP. L'extrait chloroforiuique
sert à doser le bleu d'indigo, soit colorimetriquement (Obermayer) ('),
soit par titrage au permanganate après sulfonation (Wang) (").
)) On ne tarda pas à remarquer (Obermayer) (") que l'extrait chloro-
(') Pless, /4n«. Lieb., I. LIX, p. 54; Zincke, même Recueil, t. CLXIV, p. 333; etc.
(^) I^es détails des expériences rapportées dans celte Noie seront publiés au liiil-
letin de la Société cliimique.
(^) Wiener ktin. Woc/ic/isc/ir., n° i>; 1890.
{') Zeilsc/i. p/ifsiol. C/i., l. XXV, p.4o6; 1898.
( = ) Z. physiol. Ch.. t. XXVI, p. 427; 1899.
( 991 )
formique contient de petites quantités de matières rouges et brunes que
l'on considéra d'abord comme étraai^ères, et qu'on peut éliminer facile-
ment par lavage à l'eau -+- alcool + élher du résidu sec de l'extrait chiorofor-
mique.(Wang) ('). Mais J.Bouma s'éleva avec force contre cette prétendue
purification, alfirmant que les matières rouges et brunes appartenaient au
groupe indigotique; il prépara les matières bleues, rouges et brunes |)ro-
venant des urines d'une part, de l'indigo brut commercial de l'autre : les
solubilités, les caractères spectroscopiques (-), la température de sublima-
tion, le pouvoir réducteur sur le permanganate après sultonation (^)
étaient les mêmes dans les deux cas. De plus, une même urine donnait des
quantités variables de bleu suivant la température de la réaction.
» Ce dernier résultat permettait donc de songer à une origine com-
mune des matières colorantes bleue et rouge de l'urine; mais, pour établir
définitivement cette opinion, je ferai connnilre une expérience très facile,
très démonstrative, réussissant à coup sur, qui prouve le remplacement
réciproque et intégral {'') fiu bleu par le rouge d'indigo, suivant les con-
ditions de la réaction.
» Une urine normale, assez riche en substances indigogènes, est divisée en deu\
portions, dont l'une est portée à l'ébuUilion pendant dix minutes pour éliminer
d'avance tout phénomène de nature diastasique. Chaque portion sert à préparer
7 tubes, qui reçoivent tous 8™ d'urine. Dans les quatre premiers on ajoute 8""= de
HCl : l et 2 sont bouchés, 3 et 4. sont conservés ouverts. Les trois derniers
reçoivent chacun 5 gouttes de FeCl' à ~, puis 8" de HCl : 5 est bouché, 6 est con-
servé ouvert; 7 est agité avec 2" de chloroforme, le liquide aqueux décanté, le tube
rempli d'eau et le chloroforme lavé par agitation : lorsqu'il est rassemblé au fond du
tube, il est d'une belle couleur bleue. An bout de vingt-quatre heures, les tubes 2 et 4.
reçoivent chacun 5 gouttes de FeCl' à TiV> P"'* l^s sIk premiers tubçs sont traités par a"
de chloroforme, de la même façon que le tube 7. (^>ue l'urine ait été bouillie ou non,
les quatre premiers tubes donnent un beau roui.'c, les trois derniers un beau hleu. Tous
les rouges sont identiques, tous les bleus le sont aussi; il y a donc deux, groupes de
tubes : ceux qui ont été traités par HCl en présence d'un oxydant très actif (FeCF)
ont donné du bleu ; ceux où le dédoublement a élé fait par HCl pur, et ((ui ont subi
seulement une oxydation lente et spontanée, ont donné du rouge.
» J'ajoute que : i" l'oxydation de l'indoxyle en rouge d'indigo se poursuit lentement
(') Zeitscli. physiol. Cli.. t. XXVll, p. i35; 1899.
(■-) Z. physiol. Ch., t. XXVII, p. 348; 1S99.
(^) Z. physiol. Ch., t. XXX; 1900.
(*) Sauf évidemment des traces de l'autre couleur. Je ne parle pas du brun, que je
n'ai jamais rencontré en quantité appréciable.
( 992 )
et le liquide fonee peu à peu; t" elle est complète au bout de vingt-quatre lieures (dix
à quinze lieures suffisent).
» Et) résumé, le dédoublement des dérivés indoxyliques tirinaires pro-
duit de VindigoUne s'il est accomj)agné d'oxydation instmitanée, de Vin-
dirubine si l'oxydation est lente. L'étude du colorant rouge ne m'a révélé
jusqu'à présent aucune différence avec l'indirubine des plantes ( '). De ces
observations on conclut :
» 1" La matière rouge, soluble dans le chloroforme, qui se produit
à l'air dans les urines sous l'action de H Cl, est de l'indirubine;
» 2° Elle provient des mêmes chromogènes indoxyliques que le bleu
d'indigo qu'elle |)eut remplacei- en totalité;
» 3° Les méthodes de dosage des dérivés indoxyliques basées sur le
dosage du bleu d'indigo seul sont absolument illusoires.
w Les chromogènes des plantes à indigo étant aussi des dérivés indoxy-
liques, il est extrêmement vraisemblable que l'indigotine et l'indirubine
ne proviennent pas de principes différents coexistant dans la plante, mais
bien qu'ils ont une même origine, et que leur proportion relative dépend
uniquement du mode de traitement adopté.
» Il importe de bien distinguer l'indirubine de l'uroroséine des urines,
substance insoluble dans le chlorofome, et qu'on peut extraire par l'alcool
amyliquedela partieaqueuse. Sansvouloir étudier aujourd'hui l'uroroséine,
je tiens à dire que certains faits m.e font entrevoir la possibilité d'une rela-
tion physiologique, et peut-être chimique, de ce pigment avec le groupe
indigotique d'une part, avec les pigments hématiques de l'autre. Je revien-
drai ultérieurement sur ce point intéressant. »
CHIMIE AGRICOLE. — Calcul de l'écrcmage et du mouillage dans les analyses
de lait. Note de MM. Louise et Riquiek, présentée par M. Duclaux.
« Étant donné un lait que l'on soupçonne d'avoir subi ou un écrémage,
ou un mouillage, ou un écrémage suivi d'un mouillage, proposons-nous
de calculer, aussi exactement que possible : d'une part, le rapport s qui
existe entre le poids de beurre enlevé par écrémage et le poids total de
(') Des discussions s'étanl élevées récemuient entre les chimistes sur l'unité el
ridenlilicalion des colorants rouges de l'indigo, je compte reprendre avec soin l'élude
de cette question.
(993)
beurre primitivement contenu dans le lait; d'autre part, le rapport ix qui
existe entre le volume d'eau mélangé au lait à la suite de l'écrémage, et le
volume total du mélange. Nous nommerons E, b, s, c,/\es poids respectifs
d'extrait, beurre, sucre, cendres et caséine contenus dans le volume i
avant la falsification; E', b', s',c',/' les poids analogues après la falsifi-
cation. Les quantités E', h', s', c' et E, b, s, c se mesurent à l'aide d'expé-
riences auxquelles on soumet, d'une part le lait incriminé, d'autre part
un lait témoin, c'est-à-dire un lait de même origine pris à l'étable en pré-
sence des agents de l'autorité; quant aux quantités/"' et/, elles sont liées
aux précédentes par les relations
(i) E^b-hs-^-c-hf, E'=A' + 5' + c'+/.
» Si l'on désigne par c la diminution qu'a subie, par suite de i'écrémage,
le volume i du lait primitif, on voit qu'après I'écrémage le volume i con-
tient en beurre, sucre, cendres et caséine, les poids respectifs
*.= ^T^' ^' ^' /(')'
et qu'après le mouillage, effectué ultérieurement, il contient, de ces diverses
substances, les poids respectifs
(,3) s'= s(i — |j,),
(5) f=^f(,^^.),
l'addition membre à membre des relations (3), (4) et (5) donne d'aillem-s,
en tenant compte de (i),
{6) E'~b'=(E~b)(i-iL).
)' De (3), (4) et (6) on tire
, s s' c' E'-b'
(7) [>■ =
s c E — b
et les trois valeurs ainsi obtenues doivent être, comme vérification, toutes
égales entre elles.
(') On admet que, au moment de I'écrémage, le sucre, la matière des cendres et la
caséine sont uniformément répartis dans le liquide.
C. K., icjoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N* 16.) I28
(8)
(994 )
» La valeur de ;x étant connue, on tire de (2)
I — £ b'
6(i-[A)
)) Le second membre de (8), que nous désignerons par A, ne peut en
b b'
aucun cas surpasser l'unité : car il est égal au produit -j- X . , _ — y dont
le premier facteur est au plus égal à i, et le second exactement égal à i.
Cela étant, si h est égal à i, on a è, = h. et il n'y a pas écrèmage. Si,
au contraire, h est plus petit que i, on a Z», < 6, et il y a écrèmage. Pour en
mesurer la proportion, nous observerons tout d'abord que le nombre t'
est supérieur au nombre ht : car, le volume c de crème contenant un
poids hi de beurre, et la densité du beurre étant plus petite que i, le
volume occupé par ce poids de beurre est supérieur à èî, et à plus forte
raison le volume v de crème. En posant donc v =■ bix, où a désigne un
nombre (inconnu) plus grand que i, on tire de l'équation (8)
bha
(9)
d'où, à cause de a> i,
ou
(>l) >
b{l-^)-b'
b(i—^) — bb''
On a ainsi une limite inférieure de e (' ).
» Si l'on ne tient aucun compte de la diminution de volume due à
l'écrémage, ce qui revient à faire a = o dans la formule (9), la valeur e se
trouve modifiée, et il vi(?nt
(^^) '^>'-bïV^y
mais on obtient, de cette manière, une limite inférieure moins approchée
que par la formule (10) ou (i i), provenant de l'hypothèse numérique a = i .
» Les auteurs qui traitent des ialsifications du lait n'indiquent pas, en
général, d'une façon très nette les formules dont ils se servent pour le
calcul du mouillage et de l'écrémage; nous nous croyons fondés toutefois,
(') Les formules à employer dans la pratique sont dojic (7) et (11).
( 995 }
après un examen attentif de leur méthode, à leur adresser les critiques sui-
vantes : en premier lieu, ils négligent entièrement la diminution de volume
due à l'écrémage; en second lieu et surtout, après avoir, comme il con-
vient, do-^é le mouilhige par la comparaison des extraits dégraissés
I — \/-~ g_^ )' ils font intervenir, dans le calcul ultérieur de l'écré-
mage [formule (12)], une deuxième valeur du mouillage, fournie par la
E' \
comparaison des extraits non dégraissés ( i — |y, = -pr )' et qui n'est exacte
que dans le cas où il n'y a pas écrémage (' )• »
ZOOLOGIE. — Fm segmentation dans le genre Trochus. NotedeM. A. Robert,
présentée par M. de Lacaze-Dulhiers.
« J'ai étudié au laboratoire de Roscoff les premiers phénomènes du dé-
veloppement des Troques chez Trochus magus L. et Tr. conidoides Lam.
La segmentation est tout à fait semblable chez ces deux types, malgré la
différence de taille considérable que présentent leurs œufs : io5 à I25(a
de diamètre pour Tr. magus, .260 à 3oo a pour Tr. conuloïdes.
» La première division, chez Tr. magus, a lieu environ un quart d'heure après la
ponte; le sillon en est oblique par rapporta l'axe longitudinal futur de l'animal : il va
de droite à gauche et d'avant en arrière. Il se produit alors, par division lœolropique
(pour employer la terminologie de M. Conklin), quatre blastomères égaux dont l'un
est antérieur par rapport à l'axe du futur animal, un autre postérieur et deux laté-
raux, ceux-ci situés à un niveau légèrement plus élevé du côté du pôle animal. Le
blaslomère antérieur et le postérieur se touchent, donnant ainsi naissance à deux
sillons polaires ; il n'y a donc jamais que trois blastomères se touchant ; leurs plans de
contact forment entre eux des angles de 120°. Le premier quarLelLe d'ectomères
apparaît, par division dexiotropique, environ deux heures après la ponte; le sillon
polaire supérieur, situé entre les ectoraères, est alors à 60° environ de l'axe longitu-
dinal, de droite à gauche et d'avant en arrière.
E'
(') La formule i — |i. =;-=- s'obtient en faisant, dans la relation (2), =: i et
h ' ' I _ (. '
ajoutant membre à membre les relations (2), (3), (4) et (5) : elle n'est donc exacte
que dans le cas où l'on a A, = £», c'est-à-dire où il n'y a pas écrémage. Elle est d'ail-
leurs, même dans ce cas, dépourvue d'utilité pratique : effectivement, elle ne pourrait
en avoir que si l'on parvenait à établir, préalablement au calcul du mouillage, qu'il
n'y a pas eu écrémage; or, le calcul de e nécessite justement, comme on l'a vu, le
calcul préalable de |j..
( 996 )
» A partir de ce momenl, ce sillon polaire supérieur subit une série d'oscillalions
alternativement à droite et à gauche de la ligne médiane; il change de direction
chaque fois qu'il y a division des cellules les plus voisines du pôle animal. C'est ainsi que
son extrémité antérieure étant à droite de l'axe au stade à huit cellules^ elle passe à
gauche au stade seize ; ensuite elle reprend sa première situation au slade trente-deux,
repasse du côté gauche au stade soixante-trois; enfin, elle subit encore une der-
nière oscillation qui la ramène à sa situation primitive au slade quatre-vingt-un. A
partir de ce moment, la régularité du phénomène est troublée par une légère invagi-
nation, identique à celle qui existe chez la Néritine et qui se produit au pôle animal.
» Je n'insiste pas sur le détail de cette segmentation que j'ai suivie complètement
jusqu'à quatre-vingt-neuf cellules ; il me semble intéressant toutefois de signaler la
régularité de l'embryon au stade à seize cellules; les blastomères sont disposés sur
trois plans; l'inférieur est constitué par les quatre macromères égaux dont l'antérieur
et le postérieur se touchent suivant un plan vertical transversal à l'axe longitudinal
futur : c'est ce plan qui se traduit au dehors par le sillon polaire inférieur. La couche
moyenne de cellules est occupée par les quatre premières cellules égales du deuxième
quartette, qui alternent avec les premières; l'antérieure gauche et la postérieure
droite se touchent suivant un plan vertical faisant avec le sillon polaire inférieur un
angle très voisin de 60°. Enfin, les huit premières cellules du premier quartette oc-
cupent le plan supérieur; des quatre cellules les plus rapprochées du pôle, l'anté-
rieure droite et la postérieure gauche sont en contact suivant un plan vertical qui fait
encore, avec le plan analogue situé entre les cellules du deuxième quartette, un angle
voisin de 60°.
» Au stade à vingt cellules, l'un des macromères médians, celui qui deviendra
postérieur, envoie dans l'axe de l'embryon une sorte de prolongement qui écarte les
cellules du deuxième quartette et qui permet désormais de distinguer ce macroraère
de ses congénères.
» 11 ne se forme, comme chez la plupart des Mollusques, sinon chez tous, que trois
générations d'ectomères. Le quatrième quartette présente, par rapport à Crepidula,
par exemple, une inversion dans la dimension relative des macromères et de leurs
cellules filles, celles-ci étant de beaucoup les plus volumineuses. Comme chez Crepi-
dula, c'est la cellule 4^ qui, après s'être divisée en deux moitiés latérales par rapport
à l'axe futur, produit les cellules mésodermiques.
» La segmentation est donc très semblable à celle de Crepidula. Elle est
cependant un peu plus régulière en ce sens que la loi d'alternance y est
plus régulièrement observée. La première infraction à cette loi s'observe
dans la division de la série 2a'-^' — 2(/^', dont le sens est renversé, comme,
du reste, chez Crepidula. Ce n'est pourtant pas la loi d'alternance qui se
dégage avec le plus de netteté de cette segmentation, mais plutôt celle dé-
couverte par M. Sachs chez les végétaux, et qu'on pourrait énoncer ainsi :
Deux fuseaux successifs sont toujours dans des plans perpendiculaires,
c'est-à-dire que lorsqu'un noyau a produit par mitose deux noyaux filles,
( 997 )
lors de la première division de ceux-ci, leurs fuseaux seront dansdeux plans
perpendiculaires au fuseau de la première mitose. Dans tout le cours de la
segmentation jusqu'à quatre-vingt-neuf cellules, je n'ai pas trouvé une
seule exception nette à cette loi.
» Ces phénomènes me paraissent mettre nettement en évidence les deux
ordres de facteurs qui interviennent dans la segmentation. En effet, si la
généralité de certains faits comme la formation de trois générations d'ecto-
mères, la production du mésoderme aux dépens de cellules homologues
nées d'un même nombre de divisions, peuvent difficilement s'expliquer
autrement que par des influences internes héréditaires; au contraire, la ré-
gularité de certaines figures de la segmentation, la constance relative de
certains angles me semblent démontrer l'importance très grande de facteurs
physiques, extrinsèques, trop négligés par M. Conklin. Les lois de la ca-
pillarité interviennent certainement pour une large part dans ces phéno-
mènes, car je suis parvenu à imiter, avec une similitude parfaite, les stades
à quatre, huit et douze cellules, par exemple, au moyen de bulles de savon
de dimensions appropriées. »
ZOOLOGIE. — Action des solutions isotoniques de chlorures et de sucre sur les
œufs de Rana fusca. Note de M™^ Ro.vdeac-Lczeau, présentée par
M. Alfred Giard.
« Le 11 mars, j'obtins des sillons sur des œufs non fécondés de Rana
fusca, après les avoir plongés pendant deux heures dans des solutions
équiosmotiques de NaCl à jj^ et de sucre à -^.
» Les deux solutions donnèrent des résultats comparables : l'apparence
de segmentation était la même dans les deux cas. Le stade 4 était visible
sur quelques œufs, mais toujours incom|)let; le cas le plus général était
représenté par une segmentation très irrégnlière d'une des moitiés de
l'œuf; aucun des sillons n'atteignait le pôle blanc et souvent de petites
sphérules se détnchaient à la surface.
)) Je fixai quelques œufs; bientôt je vis les sillons disparaître peu à peu
sur ceux qui restaient et la segmentution ne se continua pas. Je colorai sur
coupes par l'alun de fer ammoniacal et l'hématoxyline, et je constatai que
les cloisons devant passer par l'un des diamètres de l'œuf n'atteignaient
jamais le quart de ce diamètre; celles qui étaient complètes ne limitaient
que de petites cellules.
( 998 )
» En résumé, rien de comparable au développemenl normal. Y a-t-il là
un [)hénomène purement physique, ilù à des différences de pression, ou
physico-chimique ?
» M. Bal;ii!lon semble croire que la pression osmotique seule agit dans
tous les cas lorsqu'on Iraile des œufs fécondés ou non par des solutions
équiosmotiques de sels ou de sucre. A l'appui de sa thèse, il cite dans son
Mémoire sur la pression osmotique l'action de cinq groupes de solutions
isotoniques de NaCl, CaCP et de sucre sur l'œuf de lamproie fécondé.
>i Voici ses conclusions :
» Les expériences dans lesquelles j'ai constaté un retard ou une suspension provi-
soire de développement sont des plus significatives au point de vue de l'anhydrobiose.
» D'autre part, les résultats obtenus paraissent indépendants de la composition
chimique des liquides employés : le point critique où la division est entravée, les
troubles dans la marche de la segmentation, l'allure des ébauches, le stade fixe où
l'évolution s'arrête pour chaque série, correspondent nettement à des pressions os-
motiques parallèles pour les divers milieux.
» En vue de confirmer ces faits, je partageai en trois lots une ponte de
Ranafusca immédiatement après la fécondation.
i> Un de ces lots devait servir de témoin; je mis les deux autres dans des solutions
de NaCI à ■— ^ et de sucre à ■^-^. Deux heures après, je divisai les deux lots en expé-
rience en trois parties chacun :
a. Sel. I). Sel. c. Sel.
a. Sucre. /'. Sucre. c. Sucre.
» a fut laissé dans les mêmes solutions;
1) b fut mis dans des solutions diluées de moitié.
» c fut remis dans l'eau pure.
» A ce moment, la segmentation n'était pas encore commencée.
» Le résultat général fut celui-ci :
1) a (sel) ne dépassa pas le stade 4i quelques œufs remis dans l'eau vingt-quatre
heures environ après l'arrêt du développement présentèrent des plages de cellules
irrégulières ou des sphérules comparables à celles qui se formaient sur l'œuf non
fécondé, tandis que les sillons primitifs n'étaient presque plus visibles.
» a. Sucre. — Alla jusqu'à la fermeture du blastopore avec une forte dépression au
pôle supérieur.
B b. Sel. — Donna des embryons dont la plupart présentaient des anomalies, telles
que la non-fermeture du blastopore avec présence du bouchon vitellin, anencéphalie
par éclatement dans la région nucale; ils étaient en retard de vingt-quatre heures
environ.
B b. Sucre. — Donna des embryons normaux, mais beaucoup moururent à la
sortie de l'œuf.
On n'observait aucune difTérence entre c (sucre ou sel) et les témoins.
( 999 )
» En résumé, l'action des solutions salines ou sucrées se manifeste avec
intensité sur l'œuf vierge des batraciens, puisqu'il y a commencement de
segmentation vraie au fausse, même lorsque le contact est très court.
)) L'œuf fécondé, traité de la même façon, devrait subir soit une accé-
lération (si la solution aj^it comme le spermatozoïde), soil un retard, s'il y
a simplement manifestation de phénomènes physiques, phénomènes dont
la cause, soit phvsique, soit phvsico-chimiqiie, devrait contrarier le déve-
loppement normal. Au contraire, pour qu'il y ait retentissement sur les
stades ultérieurs, le contact doit être permanent, ou du moins se continuer
jusqu'à une certaine période critique.
» Conclusions. - L'œuf, avant la fécondation, semble beaucoup plus sen-
sible aux changements de milieu qu'après la pénétration du speimalozoïilf .
J'ai déjà fait celle remarque dans d'autres expériences.
» En second lieu, il v a une différence marquée dans le développement
de l'embryon des batraciens lorsqu'on le soumet à l'action des solutions
isotoniques salées ou sucrées :
CaCl^ à I ,4 pour loo donne des niorulas,
NaCI à I pour loo tue l'œuf au stade 4-
» Le sucre à lo pour loo n'a pas d'intluence marquée jusqu'à la ferme-
ture du blastopore. Ce moment marque le début d'une période très critique
"pour l'embryon. Jusque-là, le développement est régulier, et il y a seule-
ment une dépression au pôle supérieur. J^a différence est trop sensible
pour qu'il n'y ait pas une action chimique spéciale pour chacune des solu-
tions, qui serait plus intense et plus nuisible avec les chlorures qu'avec le
sucre, <'l qui probablement s'ajouterait à l'action physi(|ue.
M II peut se faire que, dans le cas de la parthénogenèse expérimentale,
l'action physique seule agisse; le temps pendant lequel l'œuf est en contact
avec les solutions étant trop court pour que l'action chimique apparaisse. »
PHYSIOLOGIE. — Excitation des nerfs et des muscles par des ondes
de très courte durée. Note de M. G. Weiss, présentée par M. Marey.
« A l'aide d'un interrupteur rapide j'ai pu étudier l'excitation des nerfs
et des muscles par des courants continus d'une durée très courte. Mon
appareil me permit en effet de fermer un courant avec une grande préci-
sion pendant un temps inférieur à o",oooi ou de faire succéder deux ondes.
( lOOO )
La durée des ondes et leur intervalle est variable à la volonté de l'expéri-
mentateur et réglable avec la plus grande facilité.
» Grâce à cet instrument qui fonctionne avec une régularité parfaite, j'ai
pu établir les règles suivantes :
)> 1° Quand on excite un nerf par un courant continu, la quantité
d'énergie mise en jeu pour provoquer l'excitation passe par un minimum
pour une durée déterminée du passage du courant.
» 2° Cette durée, la plus favorable, croît avec la distance des électrodes
sur le nerf. Elle est d'environ o", 00046 pour une distance des électrodes de
2™™ et s'élève à o",ooi2 pour une distance de 16°"™.
M 3° La même règle s'applique pour les courants ascendants ou descen-
dants.
)) 4° Pour le muscle , j'ai trouvé comme période la plus favorable
o", ooi 2.
» 5° Il y avait lieu de se demander si l'excitation se produisait au
moment de la fermeture et de la rupture du courant, comme le pensait du
Bois-Raymond, ou si elle avait lieu pendant toute la durée du passage du
courant.
» Dans le premier cas, en remplaçant une onde par deux ondes ayant,
en y comprenant leur intervalle, la même longueur que l'onde primitive,
ce qui revient à pratiquer une lacune dans la première onde, on doit avoir
une excitation plus favorable, c'est-à-dire que l'on doit pouvoir baisser le
voltage tout en restant au seuil de l'excitation.
» Dans le second cas, toute lacune doit au contraire nécessiter un vol-
tage plus élevé.
» Or, l'expérience a montré que c'était ce second cas qui se trouvait
réalisé. Toute lacune nécessite une hausse du voltage d'autant plus grande
que la lacune est plus longue.
» 6° Deux ondes successives sont toujours moins efficaces qu'une seule
onde égale en durée à la somme des durées de ces deux ondes. Ce qui
revient à dire que, pour une même quantité d'électricité dépensée, l'exci-
tation est moindre s'il y a une interruption dans le passage. Il en résulte
que plus on subdivise les ondes, moins elles sont efficaces, c'est-à-dire que
plus on subdivise les ondes plus le seuil de l'excitation est élevé et plus on
peut forcer le voltage sans avoir de réponse.
» Toutes ces expériences ont été faites sur la grenouille. "
( lOOI )
PHYSIOLOGIE. — Action de l'alcool sur la sécrétion gastrique. Note de
MM. Albert Frouix et 31. Molixier, présentée par M. Diiclaux.
« On sait que l'alcool introduit dans l'estomac augmente la sécrétion
gastrique au dcbut. Les physiologistes admettent que celte hypersécrétion
est due à une action directe qui se manifeste par une excitation particu-
lière sur les terminaisons nerveuses, et à une modification de la circulation
locale qui se termine par une vaso-constriction suivie d'une vaso-ddatatiou
des capillaires. Cette interprétation semble vérifiée par la sensation de
chaleur ressentie et localisée dans l'estomac après l'absorption d'une
boisson alcoolique ; elle est cependant trop exclusive et trop absolue.
» Nous avons expérimenté sur des chiens à estomac séquestré (') en
leur faisant ingérer, au moyen de sucre comme excipient, 20'^*' d'alcool
à So"; nous avons toujours obtenu une hypersécrétion de suc gastrique
acide et très actif.
)) Dans ce cas, on ne peut pas invoquer l'action de ce liquide sur les
terminaisons nerveuses ni sur la circulation de la muqueuse stomacale,
puisque l'alcool ingéré passe directement dans l'intestin; on peut simple-
ment nous objecter que cette substance a pu agir sur les voies gustatives
et provoquer une sécrétion psychique considérable.
» Cette objection tombe d'elle-même si l'on introduit de plus grandes
quantités d'alcool par la voie rectale, et du même coui) l'expérience de-
vient plus intéressante.
» Expérience. — Nous avons expérimenté sur deux chiens à estomac séquestré que
nous désignerons par A et B. La moyenne journalière de la sécrétion du chien A était
de 3i2'^'= avant l'expérience. Celle du chien B était de 280'='^.
» Ces animaux, reçoivent le 20 mars, à ii*" du matin, par voie rectale, 200™ d'alcool
il 20°. Vingt minutes après l'introduction du liquide alcoolique, l'ivresse est complète,
les sujets sont incapables d'aucun mouvement et ne tardent pas à s'endormir.
» A i^ de l'après-midi, on relire, pour le chien A, i35=" de suc gastrique ayant une
acidité de Ss'jOÔ d'acide chlorhydrique libre par litre; pour le chien B, 22="^ avant une
acidité de 26'' 44 d'acide chlorhydrique libre par litre.
» Les animaux restent dans un état de somnolence jusqu'à ^''du soir; à ce moment
on leur présente à boire et l'on recueille leur urine.
» Nous avons recherché et caractérisé la présence de l'alcool dans le suc gastrique
(') A. Frouin, Joitrn. de Physiol. et de Path. gén., p. 44?; 3 mai 1894.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. C.X.VXII, N» 16.) I 29
( I002 )
et dans Turine recueillis soil par la réaclion île riiidoformo, soil par la l'éaclion de
Vitali.
i> Le lendemain, à i i"", loute trace d'ivresse a disparu, et Ton recueille, pour li'
chien A, 420" de suc gastrique ayant une acidité de 4^,o4 d'acide chlorhydrique libre
par litre. Ce qui porte la sécrétion totale de vingt-quatre heures à 555". Dans le
même temps, le chien B a fourni 400'^'= de liquide ayant une acidité de S?', 25 en acide
chlorhydrique libre, ce qui porte sa sécrétion à If-ii'^'' par vingt-quatre heures.
» On voit donc que, sous l'influence de l'alcool, quel que soit le mode
ou le lieu de l'absorption, la sécrétion stomacale est augmentée en quan-
tité et en qualité, car les animaux sont restés, pour ainsi dire, à jeun pen-
dant vingt-quatre heures.
» L'un de nous a montré que, dans l'état déjeune, la sécrétion stoma-
cale était continue, mais qu'elle était caractérisée par la réaction neutre du
suc gastrique ( ').
» L'hypersécrétion du suc gastrique sous l'influence de l'alcool n'est
pas due à une action directe et locale de cet agent sur la muqueuse; nous
éliminons l'action qu'il peut produire sur les terminaisons nerveuses des
voies gustatives, en le faisant absorber par le rectum, mais on peut nous
faire une objection qui aurait sa valeur, puisque nous avons caractérisé ce
produit dans le suc gastrique, et nous dire qu'il agit encore «lirectement,
grâce à sa diffusion.
» Le Tableau suivant renferme les indications sur la sécrétion et l'aci-
dité du suc gastrique de chaque animal.
Chien A. Chien B.
Quantité. Acidité. Quantité. Acidité.
ce -gt rc sr
ao mars, ii'' du matin, introduction
de 200'^'= alcool à 20°. A 3^ on retire. . i35 3, 06 22 2,44
21 mars, à 1 1'' du matin 420 4)04 4oo 5,9.5
Sécrétion totale des 24 heures 555 4'-2
22 mars, sécrétion des 24 heures 1100 4)38 i33o 4)70
3 >' " 1) io55 4i23 i35o 4)59
24 " )i » 43o 3,72 570 4)4'^
25 >■ » " 970 2,19 885 4,01
Moyenne par 24 heures du 20 au 20. .. . 888 3,6o3 io43 4)445
Moyenne normale 3i2 2,87 280 8,07
(') A. Frouin, Comptes rendus de la Société de Biologie, p. 498; 10 juin 1899.
2
( ioo3 )
» En examinant le Tableau précédent, nous voyons que la sécrétion
augmente et reste à un taux élevé jusqu'au 25 mars. La quantité moyenne
du 20 au 23 mars est de SSB*^"^ pour le chien A, avec une acidilé de 38^,603
d'acide chlorhydrique par litre, alors que la moyenne normale de cet
animal avant l'expérience n'était que de 3i2" avec une acidité de 28', 8^.
» Le chien B sécrète une moyenne de 1043"' de suc gastrique avec une
acidilé de 4"% 445 d'acide chlorhydrifiue |iar litre; sa sécrétion normale
avant l'expérience n'était que de 280" avec une acidilé de 38'',o7.
» L'alcool |)roduit donc une hypersécrétion cpii se manifeste encore
alors que ce corps a disparu ; il ne peut donc pas être question d'une ex-
citation directe expliquée par la diffusion, car on ne peut plus caractériser
sa présence dans le suc gastrique quarante-huit heures après l'ingestion.
Ou doit admettre que c'est par une action sur le système nerveux qu'il
produit ainsi un effet de longue durée.
» Eu résumé, nous pouvons conclure de ces expériences : i" que
l'alcool produit une hypersécrétion de suc gastrique, mais que celle-ci
n'est pas simplement due, comme on le supposait, à une action locale,
puisque, introduit directement dans l'intestin, il produit la même action;
2° que l'action sur les terminaisons nerveuses des voies gustalives n'est pas
importante, car l'introduction par voie anale produit le même effet ; 3° c'est
à une action spéciale sur le système nerveux que l'alcool doit son action,
puisque cette action persiste pendant plusieurs jours et augmente même
d'intensité. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la seconde fermentation ou prise de
mousse des vins de Champagne. Note de M. E. Manceau, présentée
par M. Duclaux.
« La préparation des vins mousseux naturels consiste essentiellement
dans la mise en bouteilles du vin de la cuvée, mélange de vins vieux et de
vins nouveaux, contenant une faible proportion de sucre. Ce poids de
sucre doit être tel que le gaz carbonique dégagé j)ar fermentation déter-
mine une pression intérieure de 4 à 5 atmosphères, mesurée à la tem])éra-
ture de 0°.
» Pour acquérir la même pression après la prise de mousse, des vins
différents ne doivent pas, en général, être également sucrés.
» Dans l'hypothèse, ordinairement admise jusqu'à ce jour, d'une fer-
( ioo/| )
mentation totale du sucre, ces variations s'expliquaient par une seconde
hypothèse : l'inégalité des pouvoirs dissolvants des vins pour le gaz carbo-
nique.
« Mes recherches conduisent à une explication toute différente.
» Depuis 1895, j'ai suivi, chaque année, dans le cours de leur prépa-
ration, les transformations chimiques de plusieurs centaines de cuvées. En
particulier, le sucre était évalué avant et après la seconde fermentation,
ainsi que pendant les années suivantes. La pression du vin mousseux était
déterminée à la température de 0°.
» Dans un certain nombre de ces vins, j'ai étudié la solubilité du gaz
carbonique en recueillant sur le mercure les gaz contenus dans la bouteille.
L'absorption par la potasse permettait de tenir compte d'une petite quan-
tité d'azote.
r> J'ai contrôlé ces mesures en saturant de gaz carbonique pur, à la
température de 0°, sous des pressions croissantes, jusqu'à 6 atmosphères,
un volume de 200'''^ de vin, préalablement privé des gaz en solution. I-e
gaz carbonique dissous était recueilli et mesuré sur le mercure.
M Les conclusions de ces recherches sont les suivantes :
» L La seconde fermentation des vins de Champagne est généralement
partielle.
» Dans les grands vins de Champagne, dont la richesse alcoolique dé-
passe II degrés, plusieurs milliers d'analyses effectuées depuis 1890 ac-
cusent un résidu de sucre dont le poids varie entre 5 et 70 pour 100 du
sucre contenu dans le vin avant la fermentation en bouteilles.
» IL A la température de 0° jusqu'à la pression de 6 atmosphères, la
solubilité du gaz carbonique dans les vins de Champagne et, plus généra-
lement, dans un grand nombre de vins destinés à la préparation des vins
mousseux, ne suit pas la loi de Dalton. Les poids de g.iz dissous par 1'" de
vin, pour une unité de pression, augmentent rapidement, à mesure que la
pression s'élève, jusqu'à 6 atmosphères, limite actuelle de mes expé-
riences.
» IIL Les poids de gaz carbonique nécessaires pour saturer, à la tem-
pérature de o", sous une même pression, des volumes égaux de différents
vins de Champagne, sont voisins.
» Il résulte de ces observations que la fermentation partielle du sucre
est la cause principale de la variation des proportions de sucre exigées par
les différents vins pour acquérir la même pression. Le rôle du pouvoir dis-
solvant est tout à fait secondaire.
( ioo5 )
» Des vins très difTcrents, d'une richesse alcoolique de 8" à i3°, dans
lesquels la levure a utilisé le même poids de sucre, possèdent des pressions
très voisines.
1) La préparation des vins mousseux serait une opération incertaine si
l'on ne pouvait prévoir le poids de sucre inulilisé, ou bien encore préciser
les conditions à réaliser, si possible, pour que ce résidu soit négligeable.
» Depuis 1898, je poursuis des expériences en vue de rechercher
quelles principales causes influent, dans les conditions normales de la
préparation des vins mousseux, sur le poids du résidu sucré.
» J'ai étudié :
» I" L'influence de la levure, par fermentation du même vin, stérilisé, diversement
ensemencé. Ces expériences ont été répétées sur plusieurs vins, ainsi que sur ces
vins non stérilisés.
» 9.° L'influence de la température par fermentation du même vin à 10" et à 20°.
» 3° L'influence de la composition du milieu, par fermentation, dans des condi-
tions identiques, de vins dont la composition variait seulement par la proportion de
la substance examinée.
« Enfin, comme toutes ces influences sont connexes, je me suis proposé, dans une
quatrième série d'expériences, de rechercher leurs relations.
» Ces expériences, très nombreuses et très longues, ne seront pas terminées avant
plusieurs années.
>) Dès maintenant, les résultats suivants sont acquis :
» Influence de la levure. — Le nombre des cellules de levure existant au
moment de la mise en bouteilles n'a d'influence que jusqu'à un certain
maxiinum très rapidement atteint. Pour des vins ensemencés à cette dose
maxima, l'origine de la levure possède une influence considérable. Les
levures d'Ay, de Bouzy, de Cramant, de Verzenay laissent des résidus
sucrés très inégaux.
') Une même levure donne des résultats différents suivant le milieu
<lans lequel on l'a préalablement cultivée.
)i Influence de la température. — La fermentation est généralement plus
complète à 20° qu'elle ne l'est à 10°. J'ai constaté cependant le phénomène
inverse dans certains cas particuliers.
1) Influence du milieu. — Le poids du résidu sucré s'élève, évidemment,
avec la proportion d'alcool. L'influence est très grande à partir de 12"
d'alcool.
» Dans des vins contenant environ ôs"" de glycérine par litre, l'addition
de i^"" à io«' de glycérine par litre diminue le poids du résidu sucré.
( ioo6 )
)) L'acide citrique, jusqu'à lo^"^ par litre de vin, n'a pas d'influence
sensible.
» Il est difficile d'jipprécier l'action de l'acide tai trique. L'addition de
cet aci'le provoque généralement la précipitation de bilarlrate de potasse
et, dans ce cas, In fermentation devient de moins en moins complète.
» La nature et la proportion des gaz dissous dans le vin au moment de
la mise en bouledies, le gaz carbonique sous pression, la proportion de
potasse, d'acide piiosphorique, de matières azotées, paraissent exercer des
influences sensibles, qui seront précisées par les expériences acluellement
en cours. »
RADIOGRAPHIE. — Appareil de mensuration exacte du squelette et des
organes donnant une image nette en radiographie . Note de M. G. Coxtre-
MOULiNS, présentée par M- Guyon.
« L'appareil de mensuration radiograpliique dont il s'agit procède du
même principe que l'appareil de recherche de projectiles dans le crâne
que j'avais créé eu avril i Sq^ et qui a été présenté à l'Académie de Méde-
cine le 23 novembre de la même année.
» Il se compose de deux parties distinctes :
I) La première comprend un disposilif plafonnant qui fixe à volonté dans l'espace
soit une source de rayons X, soit une aiguille dont la pointe prend la place de cette
source, de telle sorte qu'un simple déplacettienl transversal de pièces métalliques
suffit pour avoir soit le fojer du tube en un point de l'espace déterminé, soit la maté-
rialisation de ce foyer en ce même point de l'espace.
» Un deuxième disposilif de cette pnrlie de l'appareil permet également de déplacer
tout l'ensemble; de telle sorte que le même tube de Crookes peut être excité succes-
sivement en deux positions voisines 1 une de l'autre alln d'effectuer ainsi deux images
radiographiques d'un même sujet sous deux angles d'incidence différents (appareil de
stéréoscopie simple).
» La matérialisation dans l'espace, par les aiguilles, des foyers d'émission des
rayons X, dans les deux positions successives occupées par le tube, permet de repré-
senter d'une façon tangible, au moyen de fils tendus, par exemple, le trajet des
rayons X et la projection conique des pièces osseuses ou des organes sur le plan de la
plaque sensible dans les mêmes angles d'incidence.
« La deuxième jjarlie de l'appareil comprend une table spéciale, fixée au sol sous
l'ensemble précilé.
» Sur celte table est montée une sorte de tiroir en bois, d'une construction parti-
culière, dans lequel on introduit, à frottements doux, des chà'sis radiographiques. Un
( I007 )
repérage métallique permet, en outre, de déterminer exaclemeol le point d'incidence
normal des rayons X à la plaque sensible pour chaque position du foyer du tube.
» Sur le tiroir, le sujet est couché, pour le cas donné comme exemple, dans une
position naturelle de décubitus dorsal; les jambes sont calées en demi-flexion, pour
assurer plus de stabilité. Les bras, croisés sous la tête, sont également calés à l'aide
de coussins garnis de sable ou de feutre, et les flancs sont protégés par des lames de
plomb formant écran opaque aux radiations secondaires.
» Deux épreuves radiographiques sont prises successivement, les châssis
étant changés sous le sujet sans que cehii-ci puisse se déplacer et le tube
avant été changé d'incidence entre les deux opérations.
» Ensemble, les deux poses n'entraînent que dix minutes d'immobilisa-
tion quand il s'agit de la région pelvienne, et six minutes, tout au plus,
pour la région thoracique.
» En ouLre et ceci est l'un des points essentiels de cette méthode, il
n'est point nécessaire de s'inquiéter de l'orientation du malade, ni de
l'angle d'incidence du tube pnr rapport à lui, car, quelle que soit cette posi-
tion, quel que soit cet angle d'incidence, la détermination dans l'espace
des points cherchés sera toujours aisée et les écarts possibles, dans la
détermination, ne dépasseront jamais un demi-millimètre.
» Le schéma de reconstitution que le dispositif montre indique nette-
ment tous les avantages de cette méthode dans les cas de pelvimétrie
radiographique, par exemple, puisqu'elle supprime l'obligation de prendre
des points de repère sur le sujet et de lui donner une position spéciale
quelle que soit laforme, normale ou viciée, des pièces du squelette à déter-
miner.
» La mensuration ordinaire d'un bassin fuite sur douze points du détroit
supérieur demande exactement i''io™, car il faut, après les deux opé-
rations radiographiques sur le sujet, qui durent dix minutes, développer
les clichés et les sécher, puis efîectuer le transport des images et le mon-
tage des HIs.
M L'appareil est construit également en vue de la recherche et la déter-
mination de l'emplacement exact des corps étrangers contenus dans l'or-
ganisme et comporte en ce cas l'emploi d'un compas spécial d'opération,
car c'est alors un complément imii^pensable comme pour l'appareil de
recherche de projectiles dans le cràiie.
» Enfin l'une des caractéristiques importantes de cette méthode est en-
core, comme pour la mélhode de lever des plans de M. le colonel Laussedat,
qu'il sufQt d'avoir noté la distance du tube à la plaque pour pouvoir plus
( too8 )
tard, à n'importe quelle époque, reconstituer dans l'espace la partie de
l'image radiographiqiie qu'on désire étudier.
)) C'est une ressources! précieuse quand il importe de suivre l'évolution
d'un sujet, que je crois pouvoir me borner simplement à la signaler. »
GÉOLOGIE. — Sur l'origine et le mode de formation du minerai
de fer oolilhique de Lorraine. Noie de M. Stanislas .^sSeuxieh.
H Danssa séance du 1 8 février dernier, l'Académie a reçu de M. Georges
Rolland une Communication dont la conclusion est que les couches de mi-
nerai de fer de l'arrondissement de Briey se sont constituées au fond delà
mer toarcienne, les conr;ints ayant distribué, là oîi on les trouve, les
oolithes ferrugineuses {Comptes rendus, t. CXXXII, p. 444)-
» Ayant eu l'occasion, à de nombreuses reprises, d'étudier sur le terrain
de semblables gisements et d'exaniinei-, au laboratoire, les roches que j'y
avais recueillies, je crois devoir déclarer qu'une semblable manière de
voir me paraît, de tous points, inacceptable.
» Les couches qui nous occupent se présentent pour moi comme des pioduits de
transforuialion sur place, sans altération notable de leur structure, de couches anté-
rieurement calcaires, comme celles qui se rencontrent à tant de niveaux du terrain
jurassique. Qu'on prenne des fragments de calcaire oolithique fossilifère et qu'on
l'arrose pendant un temps suffisant avec une solution de sulfate de fer, puis qu'on
examine, au microscope, des lames minces préparées au travers de sa substance, et
l'on verra les débuts et les progrés d'une ferruginification qu'il est très intéressant
de suivre. Celle-ci est identique dans son principe à la silicijication à laquelle se rat-
tachent par exemple les gisements de meulières des terrains tertiaires parisiens, où
l'on retrouve, avec une composition nouvelle, tous les détails de structure (y compris
les fossiles) de couches antérieurement tout autres et qui pouvaient être calcaires.
« Quant à la forme oolithique des masses considérées, elle n'a certainement rien de
commun avec celle du dépôt initial et il suffit d'étudier de près les oolithes des cal-
caires jurassiques pour en être convaincu. Elles aussi contiennent fréquemment des
débris de fossiles et elles afifectent tous les caractères de produits lentement concré-
tionnés.
)i II faut reconnaître cependant que celte manière de voir rencontre à première vue
des objections qui paraissent graves. La principale est d'ordre chimique et concerne
la composition des oolithes de limonite. Quand on les laisse digérer dans l'acide chlor-
hydrique moyennement concentré à la température ordinaire, on les voit, au bout de
quelques jours, se décolorer presque complètement sans perdre leur forme pendant
que le liquide dissout tout le fer. Il reste des globules giis d'apparence argileuse dont
on ne voit pas les correspondants dans les calcaires oolithiques regardés tout à l'heure
comme milieu générateur des oolithes ocreuses.
( 1009 )
') Mais un examen plus approfondi de la question lève cette difficulté d'une façon
complète et qui m'a vivement intéressé. On reconnaît en effet que la matière grise
argiloïde qui vient d'être mentionnée n'est pas de l'argile, malgré son apparence, et
consiste, à part son mélange avec du sable, en hydrate d'alumine à peu près pur; c'est
une variété de bauxite et sa rencontre en pareil gisement est tout à fait digne d'atten-
tion, étant donné que cette substance manifeste avec la limonite des traits multiples
d'affinité au point de vue géologique. On sait en eflfet, par exemple, que le calcaire est
tout aussi apte à précipiter l'alumine que le fer de ses dissolutions salines. De sorte
que, si un fragment de calcaire est plongé dans une dissolution de sulfate d'alumine, il
se fait un précipité d'alumine, il se dissout du sulfate de chaux et il se dégage de
l'acide carbonique.-
» Tout cela posé, voici comment il paraît légitime de reconstituer l'his-
toire des couches à oolilhes ferrugineuses : Tout d'abord, la mer toar-
cienne a déposé des assises de liinon calcaire plus ou moins argileux et
sableux, parfois presque pur, dans lequel étaient ensevelis les coquilles et
les autres vestiges des animaux marins habitant le bassin aqueux. Dans un
second temps, et en conséquence des mouvements moléculaires dont la
masse a été le siège, il est devenu oolithique : le calcaire s'est arrangé
autour de certains centres, grains de sable ou autres objets, et les matières
autres que le calcaire, argile, etc., ont été refoulées dans les interstices
des oolithes. Enfin, dans un troisième temps, la formation a été baignée,
sans doute très lentement, par des eaux contenant des sels solubles de fer
et d'alumine et qui pouvaient n'en renfermer que des traces. Les molé-
cules de calcaire ont été comme des pièges arrêtant au passage ces iiialières
métalliques et il y a eu une épigénie progressive de tout le terrain qui,
tout en conservant les traits principaux de sa structure et jusqu'à ses fos-
siles, s'est ferruginisé et aluminisé; il est passé à l'état de minerai de fer
oolithique, par rubéfaction de sidérose d'abord produite.
» Les confirmations de cette hypothèse pourraient être réunies en grand
nombre. Citons spécialement celle qui résulte de l'analyse chimique des
limonites de Lorraine et des contrées analogues.
» On y dose très souvent l'alumine en quantité disproportionnée à la silice dans la
supposition qu'elles contiendraient de l'argile. Dans la mine de Frouard, j'ai trouvé
jusqu'à i3 d'alumine pour 8 de silice; soit plus de 60 pour 100 d'alumine, au lieu de
25 ou de 26 pour 100 que contiennent les argiles. Des analj'ses publiées de la limonite
de Cliavigny et de Lay-Saint-Christofle donnent 10,00 et i3, 20 d'alumine contre 8,70
et 5,00 de silice et l'on pourrait multiplier indéfiniment ces exemples. Ajoutons
qu'une bonne partie de la silice dont il s'agit est à l'état de sable quarlzeux et par
conséquent doit encore être diminuée de celle entrant dans la composition d'un sili-
cate argiloïde. Enfin, il est clair que le calcaire, qui est devenu limonite par épigénie,
G. H., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 16.) I 3o
( lOlO )
pouvait êlre plus ou moins argileux et son argile subsiste après la transformation.
C'est ce qui explique les difTérences présentées par les analyses des diverses variétés
de limonite oolithique.
» Une autre remarque concerne la dimension et la forme des oolithes
ferrugineuses comparées aux oolilhes calcaires :
» Elles sont d'ordinaire plus petites et moins sphériques, étant aplaties dans le sens
de la stratification. Il est évident que la substitution de la sidérose ou de la limonite,
dont la densité est 3,8, à la calcite qui pèse 2,7 ne peut se faire sans déterminer, dans
la masse qui en est le siège, une contraction notable et par suite un tassement dont la
forme aplatie des oolilhes ferrugineuses est comme un reflet.
-) Un poids donné de carbone (65"', par exemple) passe de la substance de 5o8''
de calcite initiale, qui occupait 18™, 5, dans celle de 58s'' de sidérose qui occupe seu-
lement i5",2. Le rapport de ces deux capacités, ou 0,821, représente la contraction
de chaque unité de volume de la couche, qui est de ^ environ.
u Comprise ainsi, la genèse des assises de limonite oolithique de Lor-
raine constitue un paragraphe remarquable de l'histoire des transfor-
mations successives auxquelles les couches du sol sont en proie d'une
manière continue. »
M. J. Delitala adresse un Mémoire de Géodésie, ayant pour titre :
« Détermination simultanée de deux stations inconnues. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Botanique présente la liste suivante de candidats pour
la place laissée vacante par le décès de M. Adolphe Chatin :
„ ., ,. 1 t 7 1 < ■ l M. B. Renault.
En première ligne, e\ xquo, et par orare alp/iaoeti(/ae.. »i »» y
f xVJ . M\» Veiller.
[ M. Bureau.
En seconde ligne, par ordre alphabétique | M. Costantin.
( M. Mangin.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
M. B.
( 'O'i )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i8 .mars 190 1.
Allas d' Algérie el de Tunisie, par Henri Mager. Paris, Ernest Flammarion,
s. ri. ; I fasc. petit in-4°. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
Le haut Yang-Tse, de I-Tchang Fou à Ping-Chan Bien, en 1897-1898;
Voyage et Description; Complément de l'Atlas du haut Yang-Tse, par le
R. P. S. Chevalier, S. .1.; 2" fasc. De Tchong-King à Ping-Chan Bien.
Cliang-Hai, impr. de la Presse Orientale, 1899; i fasc. in-4''. (Présenté par
M. Bouquet de la Grye.)
Les observations astronomiques et le balancement polaire, par M. J. Pé-
ROCHE. Paris, Félix Alcan, 1901; i fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.)
Notice sur les travaux scientifiques de M . G. Fouret, Paris, Gauthier-Villars,
1901; I fasc. petit \n-\°.
Bulletin delà Société mathématique de France; I. XXIX, fasc. 1. Paris,
igoi ; I fasc. in-S".
I terremoli d'Italia. Saggio di sloria geografia e bibliograjia sismica ita-
liana, con i36 sismocartograinmi, lavoro del D"^ Mario Baratta. Turin,
Fratelli Bocca, 1901 ; i fasc. in-S". (Présenté par M. Fouqué.)
Ca//a 5/5m«crt (/'//a//a/ quattro fogli a colori alla scala di i a 1800000
con fascicolo esplicativo, del D'' Mario Baratta. Voghera, 1901 ; i fasc.
petit in-4°, et i fasc. in-S". (Présenté par M. Fouqué.)
Mechanika, sepral D'' Cenek Strouhal. (Sbornik jednotyceskycliMathe-
maliku v. Praze, cislo IV.) Prague, 190 1 ; i vol in-S".
Researches in expérimental Phonetics, first séries, by E.-W. Scripture.
Nevv-Haven, Conn., 1900; i fasc. in-8'^. (Pour le prix Volney.)
La cause générale des marées et des courants maritimes dans l'Océan, par
Georges Olbrich. Mendoza (Rép. Arg.), 1901 ; i fasc. in-8°.
R. Istilulo tecnico superiore di Milano. Programma, anno 1 900-1 901.
Milan, 1901 ; i fasc. in-S".
Annuaire de l'Observatoire royal de Belgique, 1 899, 66' année, Supplément.
Bruxelles, 1900; i vol. in- 18.
Annuaire astronomique de l'Observatoire royal de Belgique, publié par les
soins de L. Niesten, 1901. Bruxelles, 1901; i vol. iii-i8.
Observatoire royal de Belgique. Annuaire météorologique pour 1901, publ.
par les soins de A. Lancaster. Bruxelles, 1901 ; i vol. in-18.
( IOI2 )
Memoirs of ihe gcological Survey of India. Paleonlologia Indien; ser. IX,
vol. II, part n, and ser. XV, vol. ITI, pari II. Calcutta, 1899-1900; i vol.
et I fasc. in-f°.
Inhaltsverzeichniss der Sitzungsberichte der mathematisch-physikalischen
Classe und der philosophisch-philologischen iind historischen Classe der
K. B. Akademie der Wùsenschaften, Jahrgang 1886- 1899. Munich, 1900;
2 fasc. in-8°.
Bulletin de C Académie royale de Médecine de Belgique, I"V* série, t. XY,
n° 1. Bruxelles, 1901 ; i fasc. in-8°.
Memoirs and Proceedings of the Manchester litterary and philosophical
Society, 1900-1901, vol. XLV, parti. Manchester; i fasc. in-8°.
Casopis pro pestovani Malhematiky a Fysiky; rocnik XXX, cislo I-III.
Prague, 1 900-1 901 ; 3 fasc. in-8°.
Anales de la Sociedad cientifica Argentina, Enero-Febrero 1901 , entrego I
y II, tomo LI. Buenos-Ayres, 1901 ; i fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du i5 avril 1901.)
Note de M. Edmond Maillet, Sur les racines des équations transcen-
dantes :
Page 909, ligne 12, au lieu de X, lisez X,.
Même page, lignes i5 et 22, au lieu de -,■, lisez r.
Page 910, ligne 2, au lieu de 9, lisez q.
Même page, ligne 17, au lieu de X, lisez p.
Note de M. G.-A. Hemsalech, Sur les étincelles oscillantes:
Page 919, légendes de la fîg. 2 et page 920, ligne /J, au lieu de lieure-gr. liseî
henry.
W 16.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 22 avril 1901,
MEMOIRES ET COMMUXICA TIOAIS
ORS MKMBURS ET DES COHRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Emile Picard. — Siii- les i-oskitis et I. s
périodes des intégrnies doiililes de fonr-
Lions rationnelles 939
M. G LiPPM.VNN. — Sur un ii|>p:ireil destine
à entraîner la plat|ne plioloiirapliique qui
reçoit l'image fournie par un sidércistat . . ipi
.M. .Armand G.autieu. — Sur l'existence
(l'azolures, argonnres, arséniures et
iodures dans les roches cristalllnleimes. . c)33
M. A. Chavveai'. — Analyse de la dépense
Pages,
du travail moteur de la machine qui sou-
lève le poids de l'homme oeeupc A faire
du travail résistant sur la roue de Hirn.
Comparaison avec la dépense qu'entraîne
ce même travail moteur accompli par
l'homme en soulevant lui-même son poids
sur la roue g:î,S
iM. P. UuuEM. — De la propagation des
discontinuités dans un lluide visqueux.
Extension de la loi d'Hugooiot i)iJ4
NOHliVATIOXS.
Commission chargée de juger le concours
du prix Laeaze (Chimie) pnur u|Oi :
M.\I. Troost, Gautier. Aloisaan, Ditic,
Lemoine, llaller, Berthelot, Hnutefeuitte,
Dehéraiii yiiG
Commission chargée de juger le concours
du prix" Delesse pour ifloi : .MM. Marcel
Jierlrancl, Fouqac. Michel Lévy, de
Lapparent, Gaudry (l47
Commission chargée de juger le concours
du prix Gay pour 1901 : MM. Bonnier,
Van Tieghem, Bornet . Guignard .
Prillieux 94?
Commission chargée de juger le concours
du prix Bordin (Sciences physiques)
pour ii)oi : MM. Guignard. Van Tieg-
hem. Bonnier, Bornet, Prillieux <i'i7
Commission chargée de juger le concours
du prix Desmazières pour 1901 : MM. Gui-
gnard, Van Tieghem, Bornet. Bonnier,
Prillieux 't'\~
Commission chargée de juger le concours
du prix .Monta-gne pour 1901 : MM. Van
Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier.
Prillieux •: ç^i^j
Commission chargée de juger le concours
du prix Thore pour 1901 : MM. Bornet,
Guignard, Bonnier, Van Tieghem, Pril-
lieux ,j j-
Commission chargée de juger le concours
du prix de La l'ons-Mélicocq pour iqoi :
MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard,-
Bonnier, PrUlieux 947
Commission chargée de juger le concoure
du grand prix des Sciences physiques pour
1901 : MM. Perrier. de Laeaze- Duthicrs.
Filhol, Chatiii, Giard 9')^
Commission chargée de juger le concours
du prix Savigny pour 1901 : MM. Filhol,
Perrier, de Lacaze-Duthiers. Giard,
Chat in 9:57
CORUESPOIVDAIVCE.
.M, le Secrétaiue peupétuel signale un
grand Ouvrage de M. Belzius, intitulé :
0 liiûlogische Unlersuchungen ; neue
Folge 947
M. R. Bricard. — Sur une question relatiNC
au déplacement d'une ligure de grandeur
invariable 917
M. Emile Borel. — Sur les fonctions
enliéies de plusieurs variables et les
modes de croissance '(jo
M. Edouard Mack. - Ouel(|ue3 isothermes
de l'élher entre roo"> et 206° i|52
M.Paul Ciiroustcuoff. — Recherches cryo-
scopiques 9.55
M. Pierre Weiss. — Sur un nouveau sys-
tème d'ampèremètres et de voltmètres,
indépendants de l'intensité de leur aimant
permanent 937
M. G.-.\. Hi:iis.\LECH. — Sur rinlluence de
self-iuduction sur les spectres d'étincelle. 969
r 16.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. E. Kœnic. — Oscillations périodiques
prodiiili'^ par la superposilion d'un cou-
rant alternatif au courant continu dans
un arc électrique çi')2
I\I. G.. Trouvé. — Sur un appareil qui imite
les effets des fontaines lumineuses 903
M. GÛNTZ. — -Sur l'hydrure de baryum gBS
M. H. Henruct. — Dosage de l'azote nitrique _
dans les eaux, au moyen du clilmure
stanneux 9GI>
M. .Marcel Delf.pine. — Action de divers
alcools sur quelques acétals d'alcools mo-
novalents • 9fiS
MM. Ame Pictet et A. Rotschy. — Sur
trois nouveaux alcaloïdes du tabac 971
m. BONGERT. — .Vction de la phénylhvdra-
zinc et de l'Iiydrazinc sur les deux buty-
rylacctylacétates de métliyle isomères 973
M. J. DouGAULT. — Sur l'acide parabxyhy-
dratropique 97S
M. E.-E. Blaise. — Nouvelles réactions des
dérivés organométalliqucs (III). Etliers
p-cétoniques non substitués 97S
MM. L. Maquknne et E. Roux. — Sur une
nouvelle base dérivée du glucose 980
M. G. Favrel. — Action des ctliers alcoyl-
cyanacétiques sur les chlorures diazoïques. 983
M. A. RosENSTiEHL. — Réduction des ma-
tières colorantes azoïques nitrées 983
MM. Cit. Moureu et R. Delange. — Sur
[li.iix nouveaux acides acétyléniques. Syn-
Pages.
thèse des acides caprylique et pélargo-
n i q ue 9SS
M. L. Maillard. — Sur l'origine indoxy-
lique de certaines matières colorantes
rouges des urines ( indirubine) 990
MM. LouïsE et Riquier. — Calcul de l'écré-
mage et du mouillage dans les analyses
du lait 992
M. A. Robert. — La segmentation dans le
genre Trochus 9y'i
M"' RoNDEAU-Li'ZEAU. — Action des solu-
tions isotoniquesjde chlorures et de sucre
sur les œufs de liana fusca 997
M. G. WEIS.S. — Excitation des nerfs et des
muscles par. des ondes de très courte
durée 999
MM. Albert Frouin et M. Molinier. —
Action de l'alcool sur la sécrétion gas-
trique 1001
M. E. Manceau. — Sur la seconde fermen-
tation ou prise de mousse des vins de
Champagne ioo3
M.-^.. CoNTREMOULiNS. — Appareil de men-
suration exacte du squelette et des organes
donnant une image nette en radiographie, loolj
M. Stanislas Meumer. — Sur l'urigine et
le mode de formation du minerai de fer
oolithique de Lorraine lOoS
M. J. Delitala adresse un Mémoire de Géo-
désie, ayant pour titre : « Délcrniinalion
simultanée de deux stations inconnues ». imo
C03riTE SECRET.
Liste de candidats pour la glace laissée \' MM. Renaull. Zeiller : 1° }i\M. Bureau.
vacante, dans la Section de Botanique, Costantin. Mangin loio
par le décès de M. Adolphe Chatin :
Bulletin dibliograpiiique ion
EiiRATA 1012
PARIS. — l M P It ( VI E lU K G A U T H I E R - V I L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins, 5i.
/.* 6'eV«n/ ."<«*OTHriïB-VlLL*RI.
^,.. 1901
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAU MiTT. liBS SBCRÉTAIKES PBRPÉTVBtiS.
TOME CXXXII.
N^ M (29 Avril 190i).
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGADÉMIB DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, S5.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
V Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associéétrangerdel'Aeadémiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages jiar année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
u d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Complerendu de la semaine que si elle a été remise
joui" même de la séance.
Le: R;ipports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;^ cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie eu rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autu
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savanis
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'j
demie peuvent êlre l'objet d'une analyse ou d'unié-
suiné qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foui
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle.de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rembà
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire estinsérédausie Complerenà
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sm-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, m
figures.
Dans le cas exceptionnel oîi des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés deUs
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivant».
MAY 22 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 AVRIL 1901
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
»IEMOIRES ET COMMUIXICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur (a compensation mécanique de la rotation du champ
optique faund par le sidéroslat et l'/télioslat. Note de M. A. Cornu.
« Tja simplicité de la relation analytique qui lie au temps la rotation du
champ optique observable avec le sidéroslat (') a naturellement attiré l'at-
tention des astronomes et des physiciens, intéressés à l'emploi tle ce genre
d'appareils, et suggéré l'idée d'obtenir la compensation mécanique de celte
rotation particulièrement gênante pour la Photographie stellaire. Aussi
M. le professeur H. -H. Turner, directeur de l'observatoire de l'Université
de Cambridge (-), et notre confrère M. Lippmann (p. gSi) ont^ils décrit
(') A. Cornu, Comptes rendus, t. CXXX, p. 537, ^^ Bulletin astronomique, t. XVII,
p. 49; 1900.
(») H. -H. Turner, Monlhly Notices of H. A. S., Vol. LXI, p. 122; 1901.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N' 17.) l3l
( loi'i )
récemment des dispositifs particuliers destinés à compenser cette rotation
par une rotation égale et inverse imprimée à la plaque photographique.
» Antérieurement à ces descriptions purement théoriques, M. P. Gau-
tier, artiste, membre du Bureau des Longitudes, a^ait réalisé, d'après des
données numériques que je lui avais communiquées en mars 1899, un mé-
canisme simple, imposant au châssis |)hotographique un mouvement angu-
laire compensateur suffisamment précis pour l'obtention d'un cliché astro-
photographique de courte durée. C'est le dispositif qu'on a pu voir à
l'Exposition universelle de 1900 au foyer de l'instrument gigantesque
(lunette photographique et sidérostat) construit par M. Gautier.
» En donnant ce renseignement rétros|)ectif, je ne prétends ni récla-
mer la priorité d'une solution dont le mérite appartient à l'habile artiste,
ni critiquer les travaux précités; je désire seulement établir que ce pro-
blème m'est familier depuis plusieurs années, présenter à mon tour une
solution plus élégante et préciser les motifs qui limitent considérablement
l'application de ces mécanismes compensateurs.
)) Le dispositif que je vais décrire dérive d'études anciennes relatives à
un objet bien différent : à l'occasion de recherches sur la réflexion cristal-
line ('), j'avais été conduit à réaliser mécaniquement la relation homo-
graphique
tang(a— ao) =Ktang(P — p„)
qui lie les plans de polarisation des rayons incident et réfléchi sur la surface
d'un milieu isotrope ou crislallisé, et qu'on rencontre dans d'autres phéno-
mènes optiques. Cette relation est précisément celle qui lie l'angle Y de
rotation du champ du sidérostat avec l'angle horaire M de l'astre, dont
l'image est envoyée dans une direction fixe d'angle horaire w (^) :
tangiY = KlangK^ — <^) avec j^ ^ cosj (p + S)^
)) Le plus précis des organes cinématiques qui réalise cette relation est
\e joint universel, ou joint hollandais ou encore croisillon, souvent employé
en mécanique pratique pour transmettre un mouvement de rotation d'un
(') Afin, de Chim. et de Pliys., 4 série, t. XI, p. 288.
(') Le Mémoire du Bulletin astronomique a été traduit en anglais dans VAslio-
physical Journal (mars 1900), mais avec une faute d'impression sur la valeur de K :
les signes -f- et — ont été intervertis.
( loi 5 )
axe AC à un autre axe CB incliné sur le premier et situé dans le même
plan.
» Il se compose, comme on sait, de deux fourchettes symétriquement montées sur
ces axes et réunies par deux tiges en croix; l'une aa' entraîne par pivotement l'axe AC,
l'autre bh' est entraînée par l'axe CB, le point C étant à la fois le point de concours
des deux axes, et le point de soudure des deux liges rectangulaires aa' bh' .
» Si l'on désigne par a l'angle que fait le plan de la fourchette fixée à l'axe AC avec le
plan des axes, par p l'angle corrélatif de la fourchette fixée à l'axe BC et par 0 l'angle
des deux axes, on obtient aisément la relation
tanga tang |3 = — cosO,
l'angle 0 s'élevant à 180" lorsque les axes sont dans le prolongement l'un de l'autre;
si 8 =: 0, on a alors constamment a =; p + go".
» Si l'on remplace la considération du plan de la fourchette de l'axe BG par celui
d'un plan perpendiculaire passant également par cet axe, on a P' =^ p — 90° (de manière
que p' s'annule en même temps que a) et il vient
tanga ^= cos6 tangp'.
» On voit alors qu'il suffit, pour identifier, de poser
ai — \\, P'=:i(^-")> COs6 = K.
)) L'identification est toujours possible lorsque K est en valeur absolue moindre
que l'unité : c'est ce qui arrive avec le sidérostat pour toutes les distances polaires 3
des astres à leur passage supérieur (p étant la distance polaire de la direction fixe du
rayon réfléchi).
» Il suffit donc : 1° de donner à l'axe BC un mouvement de rotation moitié de celui
du mouvement diurne;
» 2° De régler l'origine de l'angle p' par la condition de s'annuler lorsque l'angle
horaire M de l'astre coïncide avec l'angle horaire fixe to ;
)> 3° De donner aux deux axes l'inclinaison 6 telle que cosB = K;
» /|° Enfin de diriger Taxe AC (sur lequel est fixée normalement la plaque photo-
graphique) suivant la direction fixe du rayon réfléchi.
» Quant à l'orientation du plan des deux axes AC et BC, elle est indifTérente, car
elle n'intervient pas dans les conditions de compensation du mouvement rotatif imprimé
à la plaque.
» On disposera donc le plan de ces deux axes de la manière la plus commode au
point de vue de la construction de l'appareil.
» On remarquera que l'angle 0 doit, dans la pratique, être obtus, afin que les four-
chettes ne risquent pas de buter l'une contre l'autre, ce qui arriverait nécessairement
dans certaines positions si l'angle 6 était aigu.
» Lorsqu'on change 6 en 180° — 6, le cosinus change de signe ; mais l'identification
ne cesse pas de pouvoir se faire si l'on change le sens de rotation de l'angle p', c'est-à-
dire du mécanisme horaire directeur.
» La valeur K =r o conduit à cos6 ::= o : les axes AC et BC sont rectangulaires : on
( ioi6 )
retrouve ainsi le cas critique où le champ de vision est immobile malgré la rotation
de l'astre.
» Enfin, il reste à lever une objection tirée de la nécessité de supposer K moindre
que l'unité en valeur absolue, ce qui exclurait l'hélioslat et même le sidérostat pour
l'observation des passages inférieurs des astres, de l'application du même mécanisme
à la compensation rotative de leur champ.
» Cette objection n'est qu'apparente. En effet, K étant plus grand que l'unité, au
lieu de compter les angles a et p' à partir du plan des deux axes, comptons-les à partir
de la normale à leur plan, on a alors :
a, = a-f-90», p'.^li'-hgo"
et la relation ci-dessus devient
tang'/i = jvtangp;,
expression qui conduit à une valeur de cos 8 moindre que l'unité.
M En résumé, le joint universel résout d'une manière simple et générale
le j)roblème de la compensation rotative du champ fourni parle sidérostat
et l'héliostat : la solution qui en résulte est aussi rigoureuse que celles de
MM. Turner et Lippmann, et elle a sur elles l'avantage d'être mécanique-
ment plus parfaite, car elle ne comporte que des mouvements àepivole-
ment réalisables avec une rigueur presque indéfinie par les procédés méca-
niques usités dans la construction des instruments de précision.
» Le défaut des solutions précitées est de comprendre les organes
frottants, tels que manchons on coulisses, d'une exécution moins rigoureuse,
qui entraînent des résistances très inégales suivant l'angle sous lequel les
tiges guidantes les conduisent; de là des coincements et des déformations
qui altèrent la relation des rotations simultanées.
» Il me reste à dire pourquoi je n'ai pas indiqué plus lot ni conseillé
cette solution à l'habile constructeur qui aurait pu l'utiliser. C'est qu'elle
est subordonnée à une condition rigoureuse que les sidérostats et les hélio-
slatsne remplissent qu'imparfaitement, précisément à cause des pièces frot-
tantes inhérentes à leur construction : il en résulterait des complications
additionnelles provenant de l'imperfection de ces appareils.
» En effet, pour pouvoir opérer la compensation désirée avec la précision
nécessaire à la Photographie céleste, on doit supposer que l'on connaît
d'avance le point du champ autour duquel s'effectue la rotation, avec la
même rigueur que celle dont le mécanisme compensateur est susceptible.
» Il y aurait donc d'abord un réglage préliminaire à effectuer, à savoir :
la mise en coïncidence rigoureuse du centre de rotation du mécanisme
( 'Oly )
avec le centre de rotation du champ et ensuite l'addition d'un dispositif
de rectification en marche, pour ramener la coïncidence des divers points
du champ avec les étoiles au fur et à mesure des déplacements inévitables
des images durant les longues durées d'exposition.
» Une pareille méthode de rectification est employée journellement
dans les observatoires avec les équatoriaux photographiques pour l'obten-
tion des clichés de la Carte du Ciel; mais les conditions sont bien diffé-
rentes: avec l'équatorial les erreurs à corriger sont produites par une sorte
de translation qui est sensiblement la même pour tous les points du cliché :
on peut donc la corriger par deux mouvements indépendants, l'un en ascen-
sion droite, l'autre en déclinaison, très bien définis par l'observation d'un
point quelconque du champ.
» Dans l'observation avec un sidérostat, le problème de la rectification
en marche est beaucoup plus complexe, non seulement par suite de l'im-
perfection pratique des organes moteurs du miroir, mais parce que tous
les points du champ offrent des déplacements différant considérablement
en grandeur et en direction : il faudrait donc observer simultanément au
moins deux points du cliché (par exemple, l'un au centre l'autre à la cir-
conférence), car la correction il'un seul point n'entraîne nullement celle
de tous les autres et, de plus, on devrait disposer les réglages de manière
que la rectification de l'un ne dérange pas la rectification de l'autre.
» Ces considérations, qui s'appliquent à tous les mécanismes proposés
jusqu'ici, suffisent pour montrer que des solutions cinématiques simples en
théorie entraînent beaucoup de complications dans la pratique.
» J'ai néanmoins jugé utile de signaler le dispositif du Joint universel
parce qu'il me paraît utilisable dans beaucoup de circonstances grâce à la
perfection dont il est susceptible, perfection qu'on ne cherche pas à utiliser
dans les applications ordinaires. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'emploi de V oxygène dans les ascensions
à grandes hauteurs. Note de M. L. Caii.letet.
« Les importantes recherches de P. Bert ont fait connaître l'action de
l'oxygène sur l'organisme soumis à de faibles pressions ('). Les nom-
breuses expériences qu'd a réalisées ont montré qu'on peut éviter les
(') P. Bkrt, La pression barométrique; 1878.
( ioi8 )
accidents auxquels on est exposé dans un air raréfié en maintenant à peu
près constanle la quantité d'oxygène absorbée à chaque inspiration; aussi
depuis cette époque les aéronautes emportent-ils, afin de conjurer les
dangers de l'asphyxie, de l'oxygène qu'ils aspirent au moyen d'un tube
flexible muni d'une embouchure placée entre les lèvres.
» Ce mode d'absorption de l'oxygène est tout à fait défectueux. En effet,
depuis notre naissance, nous avons contracté l'habitude de respirer par le
nez, et les aéronautes, malgré leur attention soutenue, parviennent diffi-
cilement à se soustraire à cette habitude invétérée en s'astreignant à respirer
par la bouche.
» L'oxygène qu'ils aspirent au moyen de l'embouchure ne remplit
guère que la cavité buccale, et il est ordinairement rejeté sans avoir pénétré
dans les poumons.
» L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie permettra
aux aéronautes d'emporter et d'avoir à leur disposition de grandes quan-
tités d'oxygène emmagasiné sous un faible volume, et d'assurer l'absorp-
tion de ce gaz sans les astreindre à aucune attention, à aucun soin parti-
cuher.
» Cet appareil se compose :
)) 1° D'un ou de plusieurs vases contenant de l'oxygène liquide; 2° d'un
récipient destiné à faire repasser à l'état gazeux l'oxygène liquide en le
réchauffant; 3° enfin, d'une sorte de masque qui assure la respiration du
gaz-
» L'oxygène liquide, dont la densité est voisine de celle de l'eau, donne
en reprenant l'état gazeux environ 800 fois son volume d'oxygène à la
température de zéro. Il suffira donc aux aéronautes d'emporter quelques
litres d'oxygène liquide pour satisfaire à tous les besoins d'une ascension
prolongée.
» Les récipients thermo-isolateurs, que notre savant confrère M. d'Ar-
sonval à fait connaître dès 1887, offrent pour le transport et la conserva-
tion de l'oxygène liquide de grandes facilités (').
(') Comptes rendus de la Société de Biologie, 11 janvier 1888.
Dans les Comptes rendus du i5 janvier 1898, M. d'Arsonval disait : « Je crois devoir
rappeler que, me basant sur les expériences deDulonget Petit sur le pouvoir thermo-
isolateur du vide, j'ai répandu depuis 1887, parmi les médecins français, des réser-
voirs en verre identiques, comme destination et comme forme, à ceux employés par
M. Dewar. » Ce qui, malgré les réclamations de M. Dewar, établit la priorité indis-
cutable de l'invention, en faveur de notre savant confrère.
( '019 )
» On pourrait même remplacer les vases en verre à doubles parois par
des récipients métalliques que j'étudie en ce moment et qui seraient à
l'abri de tout danger de bris et de destruction.
» Le vase qui contient l'oxygène liquide est fermé par un bouchon por-
tant deux tubes métalliques de petit diamètre. Un de ces tubes s'arrête
au-dessus du liquide et porte à son extrémité libre une poire aspirante et
foulante en caoutchouc qui permet d'exercer, par insufflation d'air, une
pression dans le récipient. L'oxygène liquide, sous l'effort de celle pres-
sion, s'élève dans le second tube et vient se déverser dans un vase en
cuivre, sorte de petite chaudière lubulaire dans laquelle le liquide se
réchauffe au contact de l'air ambiant et repasse rapidement à l'état gazeux.
» En sortant de ce vaporisateur, l'oxvgène gazeux s'accumule dans un
sac de caoutchouc qui sert de réserve et régularise sa distribution.
» C'est dans ce sac qu'aboutit le tube flexible qui l'amène à l'appareil
respiratoire.
» Cet appareil est une sorte de masque en aluminium, recouvert de
velours pour le protéger contre le refroidissement; il s'applique au moyen
de bandes élastiques contre le visage de l'aéronaute, dont il ne recouvre
que le nez et la bouche. En avant du masque est une soupape qui s'ouvre
seulement sous l'action combinée de l'aspiration et la pression du gaz
sortant du réservoir. L'oxygène, en soulevant cette soupape, pénètre dans
le masque qu'il remplit et, de là, dans les poumons.
» Les aéronautes qui ont respiré l'oxygène pur assurent presque tous
que cette absorption leur a causé des nausées et des malaises très pénibles.
Afin de vérifier la réalité de cette assertion, j'ai entrepris une série d'expé-
riences au Muséum d'Histoire naturelle, avec M. le Professeur Gréhant.
Nous avons constaté que les chiens qui respirent l'oxygène pur éprouvent
de l'anxiété et du malaise, mais que cet état cesse dès qu'on mélange à
l'oxygène une certaine proportion d'azote ou d'air.
» En me basant sur ces observations, j'ai disposé à l'extérieur du masque
un obturateur à ouverture variable, qui permet de mélanger dans le masque
un certain volume d'air à l'oxygène aspiré.
» L'aéronaute règle cette ouverture de façon que la teneur en oxygène
augmente à mesure qu'on s'élève davantage.
» Dans le but d'empêcher la condensation de la vapeur d'eau entraînée
par les gaz de la respiration, je les fais s'écouler par ua tube flexible muni
d'une soupape spéciale, abritée sous les vêtements de l'aéronaute afin
d'éviter la congélation.
( I020 )
» J'ai cherché, en construisant cet appareil, à le rendre aussi simple que
possible, de manière que son fonctionnement soit assuré sans imposer
aucune attention ni fatigue à l'aéronaute, dans l'état d'inertie musculaire
et intellectuelle qui est la conséquence de son séjour dans l'air raréfié. Il
lui suffira, lorsqu'il verra le réservoir d'oxygène se vider, d'agir sur la poire
de façon à faire passer dans le vaporisateur une nouvelle quantité d'oxy-
gène liquide.
» Dans une ascension internationale exécutée le 19 avril dernier, le
comte Castillon de Saint-Victor, l'aéronaute si connu par son habileté et
son courage, a bien voulu expérimenter l'appareil que je viens de décrire,
en se servant d'oxygène comprimé dans un réservoir métallique, car, à
notre grand regret, nous n'avions pu nous procurer de l'oxygène liquide
au moment du départ.
» Le ballon Éros, cubant 2100""^, gonflé avec du gaz d'éclairage, et
monté par trois aéronautes, s'est élevé de l'usine duLandyà 8''5o'" du ma-
tin, pour atterrir à i''45'", dans le département d'Eure-et-Loir.
)i J'extrais d'une lettre que m'a adressée le comte Castillon, le passage
suivant : « Arrivés à 4400°' d'altitude, température : —5°, je mets le
» masque de M. Cailletet, mes deux compagnons respirant l'oxygène avec
» un simple tube relié au réservoir.
» Nous atteignons 52oo"'. Mes deux compagnons commencent à ressentir
» une légère oppression. A SSoo"", l'un d'eux est prêt à s'évanouir et je
» dois renoncera poursuivre mon ascension en hauteur.
» J'ai gardé le masque sur mon visage pendant près de deux heures, et,
)) grâce au dispositif de l'appareil, j'ai respiré pendant tout ce temps
» l'oxygène mélangé à une certaine proportion d'air. Aussi n'ai-je pas
M ressenti le moindre trouble, alors que mes compagnons étaient plus ou
» moins souffrants ».
» J'espère que de nouvelles expériences plus complètes, qui auront lieu
bientôt, confirmeront les heureux résultats constatés par le comte Castillon
de Saint-Victor.
» J'ose donc espérer que, grâce à mon appareil , les aéronautes pourront
à l'avenir s'élever en toute sécurité à des hauteurs qu'on n'avait pu
atteindre jusqu'à ce jour. »
( I02I )
MÉCANIQUE. — Sur /a stabilité d'un système animé d'un m,ouvement
de rotation. Note de M. P. Duhem.
« Lagrange a énoncé, en se fondant sur l'étude des petits mouvements,
qu'une masse soumise à l'action de forces qui dérivent d'un potentiel est
en équilibre absolu stable lorsque le potentiel est minimum ; en réalité, sa
démonstration ne prouve ni que la condition soit nécessaire, ni qu'elle soit
suffisante; Lejeune-Dirichlet, par une métliode très simple et aujourd'hui
classique, a prouvé que la condition était suffisante.
» Pour étudier la stabilité de l'équilibre relatif d'une masse qui tourne
d'un mouvement uniforme autour d'un axe, on s'est servi jusqu'ici de la
méthode des petits mouvements; cette méthode prête aux mêmes objec-
tions que la méthode suivie par Lagrange dans le cas de l'équilibre
absolu.
» Nous nous proposons de trouver, par un artifice semblable à celui de
Lejeune-Dirichlet, un caractère qui suffit, au moins sous certaines condi-
tions, à assurer cette stabilité.
» L Considérons un système dont ^ est le potentiel interne; supposons-
le soumis à des actions extérieures dont ù est le potentiel et dont le mo-
ment, par rapport à l'axe Oz, est essentiellement nul ; supposons-le
tournant autour de cet axe avec une vitesse angulaire o),, la même en tout
point ; une masse clémenlaire dm est soumise à une force centrifuge dont
les composantes sont X^^^ œ^a;i/w, Yc= u^jrfm, Zc= o; pour obtenir les
conditions de l'équilibre relatif, il suffit d'écrire les conditions de l'équi-
libre absolu en adjoignant la force centrifuge aux actions extérieuses; en
d'autres termes, il suffit que l'on ait, en toute modification isothermique
virtuelle, à partir de l'état considéré,
([) 1{S + Q.)~ d&,= o,
(2) f/toc = w,t / (^ S^" + J ^y) dm.
)) Supposons le système animé d'un mouvement quelconque. La vitesse
d'un point de la masse dm peut se décomposer en une vitesse a)(jî'^+ y)^
normale au plan qui passe par ce point et l'axe des z et une vitesse «p située
C. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 17.) l32
( I022 )
dans ce plan ; la force vive du système est alors
(3) % = \Y + ^ Co'dm,
(4) W = ;^ fo>' (x- + j- ) dm,
tandis que le moment de la quantité de mouvement par rapport à Os est
(5) M = fo,(x'+y')dm.
» Dans une modification virtuelle quelconque, on a
(6) 8M = I {.v- -\-y') Sw dm -^ 2 j o> (œ }>.r -+-y\v) dm,
(7) SW = f (x- + y-)co Soj dm -+- / to" (x Sx +,y''5y) dm.
» Si, dans l'état initial, tous les points tournent avec la même vitesse
angulaire co,, autour de l'axe des z, on a, selon (2), (6), (7),
(8) SW = a)„ ^M - r/5,.
Selon cette égalité (8), la condition (i) se transforme en la suivante :
» On a r égalité
(9) S(J -<-i2-f- W) = o,
en toute modification isothermique virtuelle qui laisse invariable la quantité^.
» II. Voici maintenant la proposition qui fait l'objet principal de cette
Note :
» Si l'état d'équilibre relatif considéré fait prendre à la somme (.f + fi 4- W)
une valeur minimum parmi celles qu' elle prend en des états voisins du système,
où chaque élément a gardé sa température et où la quantité M a gardé sa va-
leur, l'état du système, assujetti à n éprouver que des mouvements isother-
miques, est stable pour tout dérangement qui n'altère ni la température de
chaque élément, ni la quantité M.
» Dans cet énoncé, deux états susceptibles de coïncider par une simple
rotation autour de l'axe des s ne sont pas considérés comme deux états
distincts, mais comme un seul état.
» Donnons au système un dérangement initial soumis aux conditions
indiquées dans l'énoncé; à l'instant /, où prend fin ce dérangement, .i, i2,
I
( I023 )
W prennent des valeurs §y, i^,, W,; la vitesse©, qui était nulle dans l'état
d'équilibre relatif, prend une valeur©, et, selon les égalités (3) et (4), la
force vive prend une valeur
(lo) ^,^W,+ 'f^\dm.
» Le système prend alors un mouvement isothermique: si t est un in-
stant quelconque postérieur à /, et si 6 est le travail des actions de viscosité
entre ^ et /,, on a
^ -t- Î2 + € = ,-î, H- O, + €, + 0
ou, selon (2) et (lo), en désignant par #„, 9.^, W^ les valeurs de S,Q., W,
dans l'état d'équilibre relatif,
j = ,T, + i2, + w. - (,f„ + o„ -f- W„).
» Les trois sommes (#, + £2^ + WJ, (,f, + i2, + W, ), (^ + i2-|_W)
correspondent à la même valeur du moment M de la quantité de mouve-
ment, soit par la condition restrictive apportée à la perturbation, soit parce
que le mouvement, sous l'action de forces extérieures dont le moment est
nul par rapport à Oz, a lieu sans changement de la quantité de mouve-
ment par rapport au même axe. Elles correspondent aussi à une même va-
leur de la température de chaque masse élémentaire. D'autre part, chacune
des quantités / cp- dm et — 0 ne peut être que nulle ou positive. Dès lors,
la démonstration donnée par Lejeune-Dirichlet s'applique ici, presque sans
modification, et justifie le théorème énoncé.
» Ce théorème permet, entre autres conséquences, d'établir, sur la sta-
bilité d'une masse fluide animée d'un mouvement de rotation, certaines
propositions que nous avions déjà tenté de démontrer ailleurs ('). Cette
démonstration fera l'objet d'un Mémoire plus étendu. »
(') Sur la stabilité de l'équilibre d' une masse fluide dont les éléments sont soumis
à leurs actions mutuelles, n" 8 {Journal de Mathématiques, 5" série, t. III, p. 189-
•897)-
( I024 )
NOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre dans la Section de Botanique, pour remplir la place laissée va-
cante par le décès de M. Adolphe Chatin.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58,
M. Zeiller obtient 35 suffrages
M. Renault » 22 »
Il y a un bulletin blanc.
M. Zeiller, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de 1901.
Le dépouillement des scrutins donne les résultais suivants :
Prix Montyon (^Médecine et Chirurgie). — MM. Giiyon, d'Arsonval,
Lannelongue, Marey, Bouchard, Chauveau, Roux, Brouardel, Ranvier.
Prix Barbier. — MM. Bouchard, Giiyon, Lannelongue, Guignard,
d'Arsonval.
Prix Bréant. — MM. Marey, Bouchard, Guyon, d'Arsonval, Lanne-
longue.
Prix Godard. — MM. Guvon, Lannelongue, Bouchard, Marey, d'Arsonval.
Prix Bellion. — MM. Bouchard, Guyon, Lannelongue, Marey, d'Arsonval.
Prix Mège. — MM. Bouchard, Marey, Guyon, Lannelongue, d'Arsonval.
Prix Lallemand. — MM. Bouchard, d'Arsonval, Marey, Lannelongue,
Ranvier.
Prix du baron Larrey . — MM. Bouchard, Guyon, Lannelongue, Marey,
d'Arsonval.
Prix Montyon {Physiologie expérimentale). — MM. d'Arsonval, Marey,
Bouchard, Lannelongue, Guyon.
( I025 )
Prix Pourat. — MM. Marey, d'Arsonval, Bouchard, Guyon, Lanne-
longiie.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuei, signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une brochure de M. Edmond Perrier ayant pour titre : « Henri et
Alphonse M il ne-Edwards ». (Extrait des Nouvelles Archives du Muséum
d'Histoire naturelle. )
1° Un Ouvrage de M. Chantre intitrdé : « L'homme quaternaire dans le
bassin du Rhône ». (Présenté par M. Gaudrv.)
3° La quatrième Partie de la Revue technique de l' Exposition universelle
de igoo : Génie civil, tome L par M. Ch. Jacomet. (Présenté par M. Mau-
rice Lévy.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une généralisation de l'intégrale définie.
Note de M. H. Lebesgue, présentée par M. Picard.
« Dans le cas des fonctions continues, il y a identité entre les notions
d'intégrale et de fonction primitive. Riemann a défini l'intégrale de cer-
taines fonctions discontinues, mais toutes les fonctions dérivées ne sont pas
intégrables, au sens de Riemann. Le problème de la recherche des fonc-
tions primitives n'est donc pas résolu par l'intégration, et l'on peut désirer
une définition de l'intégrale comprenant comme cas particulier celle de
Riemann et permettant de résoudre le problème des fonctions primi-
tives ( ' ) .
» Pour définir l'intégrale d'une fonction continue croissante
r(a7) (a^a?^ Z»),
on divise l'intervalle (a, i) en intervalles partiels et l'on fait la somme des
quantités obtenues en multipliant la longueur de chaque intervalle partiel
(') Ces deux conditions imposées a priori à toute généralisation de l'intégrale sont
évidemment compatibles, car toute fonction dérivée intégrable, au sens de Riemann
a pour intégrale une de ses fonctions primitives.
( 1020 )
par l'une des valeurs de y quand x est dans cet intervalle. Si x est dans
rintervalle (a,, «,+,), r varie entre certaines limites rrii, mi^,, et réciproque-
ment si r est entre ttt, et m,^,, x est entre a, et «,+,. De sorte qu'au lieu de
se donner la division de la variation de x, c'est-à-dire de se donner les
nombres a,, on aurait pu se donner la division de la variation de j', c'est-
à-dire les nombres m,. De là deux manières de généraliser la notion d'inté-
grale. On sait que la première (se donner les «,) conduit à la définition
donnée par Riemann et aux définitions des intégrales par excès et par
défaut données par M. Darboux. Voyons la seconde.
» Soit la fonction y comprise entre m et M. Donnons-nous
m = nig <C m , ■<W2 < • ■ ■ < ^"^p- 1 <C M = nip ;
y =^ m, quand x fait partie d'un ensemble £„; mi_,<^y'Smi quand x fait
partie d'un ensemble E,.
» Nous définirons plus loin les mesures !„, 1, de ces ensembles. Consi-
dérons l'une ou l'autre des deux sommes
si, quand l'écart maximum entre deux m^ consécutifs tend vers zéro, ces
sommes tendent vers une même limite indépendante des m^ choisis, cette limite
sera par définition l'intégrale des y qui sera dite intégrable .
» Considérons un ensemble de points de (a, b) ; on peut d'une infinité de
manières enfermer ces points dans une infinité dénombrable d'intervalles;
la limite inférieure de la somme des longueurs de ces intervalles est la
mesure de l'ensemble. Un ensemble E est dit mesurable si sa mesure aug-
mentée de celle de l'ensemble des points ne faisant pas partie de E donne
la mesure de (a, b) ('). Voici deux propriétés de ces ensembles : une in-
finité d'ensembles mesurables E,- étant donnée, l'ensemble des points qui
font partie de l'un au moins d'entre eux est mesurable; si lesE, n'ont deux
à deux aucun point commun, la mesure de l'ensemble obtenu est la somme
des mesures E^-. L'ensemble des points communs à tous les E, est mesurable.
» Il est naturel de considérer d'abord les fonctions telles que les
ensembles qui figurent dans la définition de l'intégrale soient mesurables.
On trouve que : si une Jonction limitée supérieurement en valeur absolue est
(') Si l'on ajoute à ces ensembles des ensembles de mesures nulles convenablement
choisis, on a des ensembles mesurables au sens de M. Borel {Leçons sur la théorie des
fonctions).
( I027 )
telle que, quels que soient A et B, l'ensemble des valeurs de x pour lesquelles
on a k <[ ySB est mesurable, elle est intégrable par le procédé indiqué. Une
telle fonction sera dite sommable. L'intésjrale d'une fonction sommable
est comprise entre l'intégrale par défaut et l'intégrale par excès. De sorte
que, si une fonction intégrable au sens de Riemann est sommable, l'intégrale
est la même avec les deux définitions. Or , tome fonction intégrable au sens
de Riemann est sommable, car l'ensemble de ses points de discontinuité est
de mesure nulle, et l'on peut démontrer que si, en faisant abstraction d'un
ensemble de valeurs de x de mesure nulle, il reste un ensemble en chaque
point duquel une fonction est continue, cette fonction est sommable.
Cette propriété permet de former immédiatement des fonctions non inté-
grables au sens de Riemann et cependant sommables. Soient /(a?) et (p(^)
deux fonctions continues, <p(a;) n'étant pas toujours nulle; une fonction
qui ne diffère de /(a;) qu'aux points d'un ensemble de mesure nulle partout
dense et qui en ces points est égale kf(x) -h '^{x) est sommable sans être
intégrable au sens de Riemann. Exemple : La fonction égale à o si a; irra-
tionnel, égale à I si a; rationnel. Le procédé de formation qui précède
montre que l'ensemble des fonctions sommables a une puissance supé-
rieure au continu. Voici deux propriétés des fonctions de cet ensemble.
» 1° Si f et (f sont sommables, f-h 9 et /(^ le sont et l'intégrale de /-h (p
est la somme des intégrales de y^et de ç.
M 2° Si une suite de fonctions sommables a une limite, c'est une Jonction
sommable.
M L'ensemble des fonctions sommables contient évidemment y z= k el
y ^ x; donc, d'après i", il contient tous les polynômes et comme, d'après
2", il contient toutes ses limites, il contient donc toutes les fonctions con-
tinues, toutes les limites de fonctions continues, c'est-à-dire les fonctions
de première classe (voir Baire, Annali di Matematica, 1899), il contient
toutes celles de seconde classe, etc.
» En particulier, toute fonction dérivée, limitée supérieurement en valeur
absolue, étant de première classe, est sommable et l'on peut démontrer que
son intégrale, considérée comme fonction de sa limite supérieure, est une de ses
fonctions primitives.
» Voici maintenant une application géométrique : si \f'\, |cp'|, |^'| sont
limitées supérieurement, la courbe
^=/(0". j==?(0' 2 = ^(^)
a pour longueur l'intégrale de \//" + cp'^ -H '}'". Si ç = li = o, on a la varia-
( I028 )
tion totale de la fonction / à variation limitée. Dans le cas où /', ç', <]/'
n'existent pas, on peut obtenir un théorème presque identique en rem-
plaçant les dérivées par les nombres dérivés de Dini. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales analytiques des équations
différentielles du premier ordre dans le voisinage de conditions initiales
singulières. Note de M. Henri Dulac, j)résentée par M. Painlevé.
« X et Y étant des fonctions de x et de y holomorphes et nulles pour
T = ■>' = o, considérons, dans le champ complexe, aux environs des valeurs
singulières ce ^ y =^ o, les intégrales de l'équation
(i) X^r + Y^/.r = o.
On connaît divers résultats relatifs au cas où le point singulier est un point
d'intersection sim|)le des courbes X =^ o, Y = o. Je me propose de recher-
cher dans quelle mesure on peut étendre ces résultats aux autres cas.
» Soient : n l'ordre minimum des fermes de X et Y, P et Q l'ensemble
de ces termes d'ordre n de X et de Y(P ou Q peut être nul). Le point sin-
gulier sera dit d'ordre n.
» I. Recherche des intégrales algébroïdes passant par l'origine. — A la mé-
thode de Briot et Bouquet je substitue la métliode suivante, qui permet
aussi d'obtenir toutes ces intégrales. Cette méthode, ainsi que je l'ai con-
staté récemment, ne diffère guère que par des détails d'exposition d'une
méthode employée par M. T. Bendixson.
» L'équation homogène yP -f- a Q = o fournit, pour -> (n -f- i) valeurs
égales ou inégales. Soit a une de ces valeurs; deux cas peuvent se pré-
senter :
» 1° La valeur - = a n'annule pas à la fois PetQ. En posant y = x(t -ha)
on met en évidence une seule intégrale holomorphe, quel que soit l'ordre
de multiplicité de a. On permute les rôles de a- et de y pour étudier les
intégrales tangentes kx = o;
» 2° La racine a, d'ordre de multiplicité r, annule à la fois P et Q. Le
même changement de variable nous ramène à l'étude d'une équation
pour laquelle a; = / = o est un point singulier au plus d'ordre r. Cette
équation, outre l'intégrale o; = o, qui ne fournit pas d'intégrale pour (i).
( I029 )
peut admettre r autres intégrales algébroïdes. Je traite l'équation en a; et ^
comme l'équation (i) et' je finis par arriver ou bien à des équations met-
tant en évidence des intégrales algébroïdes, ou bien à des équations de la
forme
a;*^ = y((x-t- . . .) -f- .^(îî + . . .), *>i, a :/: o,
qui, on le sait, n'ont pas, en général, d'autres intégrales holomorphes
que a7 = o. S'il existait d'autres intégrales que a; = o, nous ne compterions
pas les intégrales qu'elles fourniraient pour l'équation (i) parmi celles
dont il s'agira dans la suite; d'abord, parce que ces intégrales jouent un
rôle différent des autres, ensuite parce que leur existence est incertaine.
» En général, nous aurons, pour (i), (« + r) intégrales algébroïdes.
Une intégrale ayant l'origine pour point multiple d'ordre q comptera pour
q intégrales.
» II. Recherche de l'inlégrale dans certains cas particuliers . — Je n'exa-
mine que le cas où l'équation admet {n -f- i) intégrales algébroïdes.
» Soient A = o, B = o, ... ces intégrales. On peut chercher s'il n'y a
pas une intégrale générale de la forme
(2) H(^,j)A^Bi^C'... =const.,
H étant liolomorphe et non nul pour x ■= y ^= o.
» On détermine aussitôt les valeurs (possibles) de >., p., v; mais, en gé-
néral, on rencontrera dans la détermination des coefficients du dévelop-
pement de \l(^x, y) des impossibilités. Pour que cette détermination soit
possible, il faut qu'une suite indéfinie de conditions soit satisfaite. Admet-
tons que cela ait lieu ; trois cas peuvent se présenter suivant les valeurs
des rapports des exposants >., rj., v :
M 1° Les rapports ne sont pas tous positifs. Le développement obtenu
pour H est convergent. Il y a une infinité d'intégrales non algébroïdes
passant par l'origine.
» 2° Les rapports sont positifs et ne sont pas tous commensurables . Le dé-
veloppement peut être divergent. On ne peut affirmer s'il y a ou non
d'autres intégrales que les intégrales algébroïdes.
» 3° Les rapports sont positifs et commensurables. Le développement est
convergent. Il ne passe par l'origine que les intégrales algébroïdes.
» III. Existence dans la plupart des cas d'une infinité d'intégrales non
algébroïdes . — Deux cas ont été laissés de côté : 1° le cas général, celui où
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 17.) l33
( io3o )
il y a (n + i) intégrales algébroïdes et pas d'intégrale générale de la
forme (2); 2° un cas particulier, celui où il y a moins de (n + i) intégrales
algébroïdes. Dans les deux cas, il y a une infuiité d'intégrales non algé-
broïdes passant par l'origine.
M IV. Cas particuliers. — J'ai laissé de côté le cas où yP + a:Q est identi-
quement nul. L'équation admet alors une infinité d'intégrales liolo-
morphes. On peut, avec (n -h i)de ces intégrales, chercher à obtenir une
intégrale générale de la forme (2). Si la chose est. possible, il existe une
intégrale générale de la forme AB~' = const. L'équation sera donc, à un
facteur près, identique à une équation ayant un point singulier d'ordre 1.
» La particularité signalée peut se présenter pour une des équations
déduites de (i) dans la recherche des intégrales algébroïdes. Si cette équa-
tion a un point singulier d'ordre supérieur à i , la possibilité d'une inté-
grale de la forme (2) équivaut encore à la réduction de l'ordre de la sin-
gularité.
» Les résultats de III subsistent dans ces cas particuliers. Pour ceux
de II, il faut remarquer que le cas 1° peut seul se présenter, et ajouter que,
si les rapports des exposants ont tous des valeurs absolues commensu-
rables, il y a une infinité d'intégrales algébroïdes, et il n'y en a pas
d'autres. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations de certains groupes.
Note de M. de Séguier, présentée par M. Jordan.
» Soient H un groupe transitif, G le diviseur fixant un symboles, G' un
autre diviseur. Dans la décomposition H = 2'J Ga?,G'(a7, ^ i) , chaque
GiCjG' est formé des opérations qui remplacent c par les symboles
d'un même svstème d'intransitivité de G' et v est le nombre de ces sys-
tèmes. Construire H connaissant G revient, en prenant G'= G, à trouver
les Xj tels que (2Ga;,G)' = iGXjG. Si G est transitif entre les symboles
I, ..., n, et F le diviseur de G fixant i, pour qu'il existe un groupe H,
contenant G, al t -+- 1 fois transitif entre les symboles 1, . .., n, c,, .. ., a^,
il faut et et il suffit, d'après M. Jordan, qu'il existe des substitutions
d'ordre 2 a/, = {<y/,-,, o/,). . .(cj = i), les symboles non écrits faisant partie
de 2, .. ., n, telles que
( io3i )
A = 1, ...,/; i=:x, ...,t— i;j = j, ...,t — i; k=i, ...,t—j; l=i, ...,t;
J parcourant les générateurs de F ; ^, ceux de G (hors de F); y, un sys-
tème de restes de G mod, F; y', y", gi étant dans G (hors de F)',Jh,/i,i+,,
fjj+k, dans F.
» Ces équations jointes à celles de G définissent H,.
» En prenant pour G le symétrique de degré 2 ou l'alterné de degré 3,
on obtient immédiatement pour le symétrique et l'alterné de degré t les
systèmes d'équations trouvés autrement par M. Moore. Ces systèmes équi-
valent respectivement à (e ^ i[i — ( — i)'])-
b' = a'' = {ah-' aby = {ab-'' ab'^y = ^ , a; = 2, . . . , i(< — s);
h'-- = al = a] = (a,a,y = (a, b'' a, by = {a, b-^a, b>y = (a, b-'a,b'y = i ,
y= 2, ...,{(; — 2 —e); z — i,.. .,{{t — 2 — e).
» En prenant pour G le groupe de degré ig et d'ordre 48 engendré par
ab.cf.dg.eh.im.kn.lo.pq = %, = ^,, ac.bf.di.ek.gm.hn.lp.oq = a^ = Pa,
ad. bg.ci.el.fm.ho.kp.nq = a,, ae.bh.ck.dl.fn.go.ip.mq = a.^,
rst. bcf. del. hpm . ino . kqg = a^
[défini par af=i, a,3C;t= aAa,(i, A" = i, 2, 3, 4), a.'=i, «„V,a(,= a,,
a„'a2a,o= oc.ao, a.~' :x.^Xf, = 0L^, a;'a^ao=a3aJ ot en adjoignant les substi-
tutions
"C = ua.rb.sf.tc.de.hm.in.gk, p =^ vu.rs.el.in.mp. cq.bg. fk,
n = wv.st.cf. in.de. gh.pq.km, t =^yv(>.rs.bf.in.gk.dh.em.lp,
u = zy.rs. bc.mp.gq.do.il. en,
on obtient un groupe cinq fois transitif de degré ■2\ {cj. Mathieu, Liouville,
1873) qui, en posant 0 = a^a^, d'où «3 = CK(^9)~'. «, = Q-'ajô, (t^— a^Ô,
et |Î3 = («,■()% [î, =:(a37.„)-'a,7.3ao, est défini par
pf=r. p,p,= p,e,,. !:^ = 0' = (^6)^=1, «U-=i,2,3,4.
^3,(: = p,p3, cp,c = s,P3p„ ^P3^ = P3, (:?4^ = P4.
(pO' = (p='oP3)'=(P=^o)^=(P*3r=I. (?'^.)^=«3, (pP,)^=:?,«3«..
(a0^=(5p)'=(<7a„)^ = (ffp,)' = i' ('^P2)'=P.. 5X3^ = a„
(TO'=(Tp)^=(T<îy=(Tx„)^=(Tp,)'=i' (^P.)'=P., Ta,T=p,a„
(up)='=(uT)'=(ua„)*=I, (ut)^^*.^, u^u = «;'C«o.
( loSa )
» On voit que le groupe d'ordre 960 fixant quatre symboles est de la
forme BI, B = (p,, p,, Pj, p^) étant invariant et I icosaédral; B a les sys-
tèmes d'intransitivité a, b, c, f; d, g, i, m; e, h, k, n; r. s, t, u.
» On peut exprimer assez simplement a^, a,, a^, a.^, a^, ^, p, <;, t par a,
et CO = T(Tp(^(oj' = l).
f) En prenant pour G le groupe semi-métacyclique d'ordre {p(p — i)
(p premier) et de degré p, on trouve que le seul groupe deux /ois transitif
de degré p -h i et d'ordre ^ p(p^ — i)(/) > 2) est le groupe modulaire, sauf
si p =: ']. Les équations du groupe modulaire sont
P-'
aP == è ' = c^* = I , b-'ab^a"', cbc = b-\ cac = a«''*' c^/?+^"'-'-^^' a»'^""'
( aracine primitive quelconquedeyj; pentier quelconque; £ = 4 i — ( — ) )'
la dernière permettant d'éliminer b. Si, pour/7 =; n, on prend a == 3, p ^ o,
on retrouve les équations de M. Dyck. Le seul autre groupe de degré 8
et d'ordre 168 deux fois transitif est engendré par 1284567 ^ a,
235.476= b, 18. 24.37. 56 = c, et défini par a' = è' = c^^ i, b~' ab := a^,
cbc = b, cac = a^ ca^ . Il contient un diviseur normal d'ordre 8 formé des
ar'ca^ et de l'unité.
)> En prenant pour G un groupe cyclique d'ordre/)" — i , on obtient un
seul groupe deux fois transitif de degré p" et d'ordre />"(^" — i). Il est
défini par
aP"-' = è^' = I , béb^a^'bé, g^^i — ^(modp),
n = l-^ + ^{p"-i)[i-(-ry],
g étant une racine primitive quelconque de g-''"~'^i (modp) et ^ par-
courant une série de valeurs telles que les équations répondant aux
valeurs restantes (modp" — i) de ^ résultent du système. Ainsi, pour
p =: 1 et /i = 3, 4? 5, 6, 7, il suffit de faire ^ = i et l'on peut prendre res-
pectivement ^ ^ 3, 4» 18, 6, 7 ; si d'ailleurs, pour jo = 2, on peut trouver
g tel que Ç <[ 2/2, il résulte d'un théorème de M. Burnside qu'il suffit de
faire ^ = i . Pour p = 3, /i = 2, il suffit de faire ^ = i et l'on peut prendre
C=2.
» Le groupe de degré p"-+-i, d'ordre p"(p-" — i) = N, trois fois tran-
sitif de Mathieu sera défini si l'on joint aux équations précédentes
c^= (ca)- = (ce)' = I. Pour/» = 2, « = 3, N = 5o4. on obtient ainsi
(a = cb,b = ad^a^da-) a^ = f/'= (d-a'day = (dad-a)- = (d^'ad-a'y = 1,
( io33 )
d'où, pour oc = bda, [3 = aba\a = (x';îx=px'pa\ d=a.^^x^), les équations
(le M. Biirnside
« L'équivalence des deux systèmes se vérifie directement. »
HYDRAULIQUE. — SuT les fois des montées de Bel grand et les formules du débit
d'un cours d'eau. Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Maurice
Lévy. (Extrait par l'Auteur.)
« On sait, et l'on peut vérifier d'une manière suffisamment rigoureuse,
qu'étant donnés une rivière BDA et un affluent CD, les points B et C étant
à l'amont de A, on peut écrire sensiblement, quand le régime est perma-
nent ou quasi permanent,
(0 Qa(0 = Qb(M + Qc(0.
Qa. Qb. Qc étant les débits aux temps /^, t^, t^ convenablement choisis.
Cette formule conduit à la relation
si l'on admet que le débit Q est une fonction de la hauteur h seulement.
Elle représente une surface dans un espace à trois dimensions.
» La relation (2) est utilisée pour l'annonce des crues. Or on y emploie
également des formules linéaires de la forme
(3) AA^=; a, A^B-f- flo A^c,
donnant la montée AA^ en fonction des montées A^^, ^h^^ : a, et a., ne dé-
pendent que d'un seul paramètre variable t.
» Si alors on considère la loi (3) et soit la loi (2), soit même la loi plus
générale Aji = F(ha,hc), comme exactes pour la partie ABCD d'un cours
d'eau et d'un affluent, au moins pour une certaine catégorie de crues, on
peut en déduire les conséquences suivantes :
» I. Si hj^—¥(ha, /«c) et si (3) a lieu, la surface représentée par cette
équation est développable.
» IL Si (2) et (3) ont lieu, (2) est une surface développable. Parsuite :
1° ou bien (2) est linéaire (cas à écarter au point de vue pratique); 2° ou
( io34 )
bien les équations f[ = o, /â = o, /é = o n'ont aucune racine finie ; 3° ou
bien
( Jk = M, (h, -+ yO* + Ta, /b = Mb (/?„ -I- Yb )* + y'b,
/c=Mc(A, + Tc)*-t-ïc.
(4)
les M, y, y' étant des constantes telles que
T'A = Tn+Tc'
» Enfin, si l'on admet que Q ne soit, en un point d'un cours d'eau, de
section rectangulaire, fonction que de i, i' , l, h, g(i, i' pentes de surface
et de fond, /largeur, /«hauteur, j^' intensité de la pesanteur), la formule (4),
quand on suppose/(o)= o, conduit à cette valeur de la vitesse moyenne :
u = K'.ol'^ (/'+ï)V.- ■ '
» Si l'on admet que U reste fini et :^ o quand / croît indéfiniment, on en
3
conclut ^ = -) valeur conforme à celle que donnent l'expérience et le rai-
sonnement dans un grand nombre de cas (' ).
» De même, en partant de (2) et de lois quadratiques du genre de celles
employées par M. Breuillé et qui correspondent à une famille de cônes
ayant un sommet commun et tangents à la surface (3), on voit que (3) est
un cône, et l'on est conduit aux mêmes conséquences II (le deuxième cas
étant ici impossible).
>) Ces théorèmes peuvent être considérés comme la réciproque de ceux
que nous venons d'indiquer dans le Journal de V École Polytechnique. Nous
y avons montré, en effet, qu'en partant de la loi (2), quand on donne aux y"
la valeur (4) (où, il est vrai, y' = o), on pouvait en déduire l'exactitude de
la loi des montées de Belgrand (loi linéaire homogène) et d'une loi qua-
dratique de M. Breuillé (-), en sorte que ces lois sont en réalité, non des lois
empiriques, mais des lois théoriques approximatives. »
(') BoussiNESQ, Essai S!/ r la théorie des eaux courantes, p. [^■^[^.
(^) Annales des Ponts et Chaussées, août 1896, p. 128 et suiv.
( io35 )
PHYSIQUE. —Isochores de ïélher de i"=*=à i",85. Note de Edouard 31 ack,
présentée par M. Lippmann.
« Les valeurs du volume de l'éther données dans une Note précé-
dente (') vérifient la loi très simple découverte par M. Amagal (*) : A
volume constant, l'augmentation de pression est proportionnelle à l'accroisse-
ment de température, ou bien : le coefficient de pression -j- est fonction du
volume seul. C'est-à-dire que les lignes d'égal volume ou isochores sont des
droites :
p = at + f^,
a étant le coefficient de pression et p une constante fonction du volume
seul également (^).
» La Table II donne les pressions sur des isochores d'après les me-
sures ( *) et, au-dessous de chacune d'elles, l'écart avec la pression calculée
au moyen des coefficients a et p de la Table III. Les coefficients ont été
déterminés de manière à rendre la moyenne des valeurs absolues des
Se
écarts — aussi petite que possible. La répartition des écarts sur chaque
isochore révèle une légère courbure, mais les isochores de M. Aniagat
présentent une courbure tout aussi petite en sens contraire. Vu leur
petitesse, les écarts peuvent très bien être attribués aux erreurs des me-
sures seulement {J"). La rigueur de la loi de M. Amagat n'est donc pas
infirmée par ces mesures qui s'adressent à une région nouvelle.
» En portant v en abscisse, a et p en ordonnées, on obtient deux courbes
très régulières sur lesquelles on peut interpoler exactement les valeurs de
(') Comptes rendus, l. CXXXII, p. 952, Table I.
(^) E.-H. Amagat, loc. cil., et Statique expérimentale des fluides {Rapports du
Congrès inlernalional de Physique de 1900, l. I, p. 559).
(^) Si t est la température absolue, (3 s'annule quandt' devient très grand, soitpour
un gaz parfait.
(*) Ces pressions ont été interpolées par calculs de paraboles et par graphiques sur
les isothermes de la Table L
(') Notamment à des erreurs dans la détermination de l'isobare fondamentale, plus
difficiles à éviter que pour les isothermes, vu la durée beaucoup plus grande de chaque
mesure (vingt à trente minutes). Les perles de liquide par le manomètre sont alors
sensibles et ne peuvent pas être évaluées exactement.
( io36 )
a et (3 correspondant à des volumes quelconques. Ainsi la Table III définit
pratiquement la relation existant entre p, v el t dans toute la région com-
prise entre ioo° et 206° et entre i" et i"^*^, 85.
c
1 ,000 . .
1,025..
1,050..
1,075..
1,100..
1,150..
1,200..
1,250..
1,300..
1,350..
1,400..
1,450..
1,500..
1,550..
1,600..
1,650..
1,700..
1,750..
1,800..
1,850..
Table II. — Pressions interpolées.
100°,95. 112°,4. 122",5. 13G»,6. 148°,9. 151°,75. 161%0. 172%7. 182°,3. 187",6. 192»,0. 204°,2. 206°,3.
990
+2
760,6
+1,4
569,9
+0,4
426,1
+6,3
3o6,6
+4.5
5o8,5
+4,6
38i,3
+2,0
578,0
—0,1
4'|8,o
+0,7
256, o
+ 2,3
129,5
+0,9
52,4
+3,6
-4,1
540,3
—3,0
335,5
+1,1
'97,'
— 0,5
106,6
—1,9
49,0
+0,1
770,2
—2,0
624,0
-,,3
4o3,8
— 1 ,0
258,5
+0,9
160,3
— 0,5
94,6
+0,1
52,8
+1,2
1455
-4
"94
—3
976
79', 3
—',9
64i,4
—3,1
4'9,7
-1,6
271 ,0
—0,9
M9,.j
—8,5
709,5
-3,4
476,5
-2,8
3i9,5
—2,2
2i3,9
— »,9
142,0
— 0,5
93,2
— 0,5
60,1
+0,2
38,3
+0,5
94", 5
—5,6
784,6
— 2,1
538,6
—2,6
375,:
+0,4
262,0
+0,3
182,5
90,4
— 0,1
64,9
o
47,6
0
36,1
+0,3
1019,8
+2,0
85o,7
+0,3
597,0
+0,7
421,8
+0,1
3oi,4
— 1 ,0
317,5
— 0,5
159,2
— 0,3
"7,9
o
88,7
—0,4
68,5
+1,4
54,9
— 0,2
45,3
o
.39,0
+0,4
34,2
+0,1
io56,8
+0,3
885,7
-0,4
627,0
+0,4
447,7
+0,2
325,6
+0,8
237,8
+0,2
176,0
-0,6
i32,6
— 0,5
ICI ,8
—0,6
80,5
— 0,3
65,6
—0,2
54,8
o
47,0
—0,4
42, p
—0,1
38,4
0
35,7
0
34,1
—0,1
653, o
+1,1
468,5
-0,7
344,0
+0,5
253,5
-0,4
19', 2
+0,4
'45,7
—0,1
ii3,5
+0,1
90,8
+0,1
74,8
+0,3
63,1
+0,3
54,8
+0,1
48,8
— 0,2
4i,6
— 0, I
4. ,6
-^0,1
39,7
+0,1
.948
+2
i65i
+1
1393
o
1180,6
+ 1,8
1001 ,2
+3,2
722,0
+1,3
529,8
+0,3
394,6
— 0,6
298,6
—0,4
ioi4,4
+2,2
735,1
+1,2
541,1
+1,8
4o4,9
+0,8
307,8
0,9
237,5
+0,4
186,5
+0,2
i5o,o
+0,7
122,5
—0,1
io3,2
+0,1
88,7
—0,1
78,6
+0,1
71,0
+0,2
65,1
+0,3
60,4
o
57,,
—0,1
» Les mesures de M. Amagat dans cette région atteignent io33''^ : l'^i et
déterminent «jusqu'à i",2. Ces valeurs de a ne diffèrent pas de plus
de jô fie celles du Tableau III. MM. Ramsay et Young ont déterminé a et |î
( To37 )
à partir de i",4 jusqu'à l'état gazeux. Aux volumes l'^'^.S et i", 85, leurs
coefficients coïncident avec ceux de la Table III à plus du dro près. Mais
T.
IBLE III. —
Tsochores de l'éthi
?/•.
t'.
-frr-
P-
n
i>.
p-
n
1,000
9,28
+5i
2,67
1,400
2,85
— 40 ',6
0,18
1,025
8,63
— 1 13
1,80
1,450
2,5t
—369,5
0,38
1,050
7.97
— 235
0,47
1,500
2,23
• -337,5
o,'4
1,075
7,35
—323,2
3,70
1,550
2,00
—309,5
0,22
1,100
6,74
-3,8,3
3 j 10
1,600
1,81
-284,7
O,I0
1,150
5,73
-448,3
1,45
1,650
1,66
—264,0
0,25
1,200
4,90
-47', 6
0,85
1,700
1,53
-244,8
o,i5
1,250
4,24
-476,6
1,19
1,750
1,42
—228,0
0, 10
1,300
3,70
—456,5
0,34
1,800
1,32
—211,9
o,o3
1,350
3,o3
—429,3
0,54
1,850
I ,23
—196,5
0,10
au-dessous de i'''=,8 leurs valeurs expérimentales de a sont tout à fait
divergentes et inadmissibles, parce que leurs mesures ne sont pas assez
étendues; elles n'ont pas dépassé 56^^ : l'^i. Leur Table commence donc à
être utilisable justement là où s'arrête la Table III. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la mesure de la période des oscillations électriques par
le miroir tournant. Note deM. L. Décombe, présentée par M. Lippmann.
« Les récentes expériences du lieutenant de vaisseau Tissot, grâce aux
renseignements qu'elles fournissent sur la période et l'amortissement des
oscillations électriques utilisées dans la télégraphie sans fils et en permet-
tant, par suite, une étude méthodique de la question, contribueront sans
doute largement au perfectionnement de ce nouveau mode de communica-
tion à distance.
)) Ces expériences ont été exécutées par la méthode du miroir tournant,
conformément au procédé original de Feddersen et au dispositif que j'ai
moi-même adopté en 1898. Je demande la permission de donner à ce pro-
pos quelques explications complémentaires sur la méthode du miroir.
» Tout d'abord, au sujet de l'appareil que j'ai utilisé, je ne crois pas que
les imperfections de cet instrument soient aussi nombreuses, ni surtout
aussi graves que semble le dire M. Tissot. Construit par Froment, d'une
très grande douceur à la rotation, on ne peut guère lui reprocher que ses
petites dimensions et l'expulsion rapide de l'huile de graissage sous l'action
centrifuge de la rotation.
C. R-, 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 17.) • 1 34
( io38 )
» Cette dernière circonstance n'est d'ailleurs que de très minime impor-
tance, la durée (lu fonctionnement de l'appareil n'ayant jamais excédé 3 ou
4 minutes dans les circonstances les plus défavorables de mes expériences.
Quant aux dimensions restreintes du miroir, elles ont effectivement rendu
ma tâche plus difficile, à cause du peu de lumière concentrée par le miroir.
Cependant, l'emploi d'une lentille coliimalrice à long foyer, dont M. Tis-
sot lui-même s'est si bien trouvé, en rendant possible la variation indépeii-
dante du facteur de dissociation -x et du coefficient d'éclairement de
l'image, m'a permis, comme on le sait, d'obtenir des épreuves nettes (*)
et intenses fournissant, par leur étude, toutes les circonstances du phé-
nomène.
» Nous supposerons, en toute généralité, que l'action chimique I sur la plaque soit
une fonction quelconque de l'intensité lumineuse de l'étincelle, et celle-ci, à son tour,
une fonction quelconque de l'intensité du courant dans l'excitateur, cette dernière
étant supposée fonction sinusoïdale du temps
i = Asin 211 =•
» Nous pourrons écrire en résumé :
» Soit e' la largeur sur la plaque photographique de l'image de l'étincelle. Nous
allons exprimer la différence d'intensité des maxima et des minima successifs de
l'épreuve en tenant compte du fait que, par suite de la largeur de l'image, un point
donné de la plaque est impressionné successivement par des actions lumineuses dont
l'intensité est continûment variable. L'action totale chimique en un point donné de
l'épreuve sera exprimé par l'intégrale
T désignant la durée totale de l'impression en un point, laquelle est donnée par
T=: 1 — -,
2A
T
Aétantjla distance parcourue par l'étincelle sur la plaque pendant la durée — d'une
demi-période (cette quantité A est égale à — — > où o) représente la vitesse angulaire
du miroir etysa distance à la plaque photographique j.
(') C'est par erreur que M. Tissot signale le miroir que j'ai employé comme don-
nant des images multiples. C'était un miroir concave argenté sur la face antérieure.
( io39 )
» La quanlité 3 sera évidemment une fonction périodique du temps et la différence
'^M — ^m entre ses valeurs maxima et minima exprimera la netteté de l'épreuve.
» Or, en général, cette quantité 3ji — 3,„ admettra un maximum par rapport à x,
correspondant à la relation
d^t,i _ dS^ _
d- rft -°'
» Pour la valeur de t définie par cette relation, c'est-à-dire pour la valeur
2 Ti A
£j = de s', l'épreuve présentera son maximum de netteté.
» Dans le cas particulier où l'on suppose comme première approximation l'action
chimique proportionnelle au carré de l'intensité du courant dans l'excitateur, on
trouve aisément
A _ <o/T
c'est-à-dire
e', ujT
a Telle est la valeur qu'il convient d'attribuer au facteur de dissociation.
» Ainsi il convient de donner au facteur de dissociation une valeur très
petite, mais bien déterminée, tandis que, d'autre part, on peut et l'on doit
augmenter sans restriction l'éclairement de l'image, les épreuves étant
toujours sous-exposées.
» Or ce double résultai ne peut s'obtenir que par un réglage indépendant
des deux facteurs en Jeu, et tel est précisément le rôle de la lentUle collima-
trice.
» Dans un autre passage de sa Note, M. Tissot considère comme ne pré-
sentant pas une garantie suffisante d' exactitude la mesure de la vitesse de
rotation par le moyen du son d'axe.
» Évidemment, quand on emploie ce dernier procédé, la valeur du
résultat dépend essentiellement de l'observateur. Ou peut admettre ce-
pendant qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une oreille bien exercée pour
reconnaître un écart de \ de ton. Dans le cas de mes expériences, l'instru-
ment de comparaison était l'harmonium, dont les sons ronflants et con-
tinus se rapprochent beaucoup de ceux donnés par le miroir en rotation.
Rien n'est plus facile, dans ces conditions, que de monter la gamme chro-
matique sur l'instrument en accompagnant le son du miroir et d'apprécier
sans difficulté aucune le ^ de ton.
» En admettant ce chiffre pour base d'appréciation, on voit que l'erreur
( io4o )
relative qui atteint de ce chef le résultat de la mesure ne dépasse guère ^,
soit ~ en cliifTres ronds.
» Je n'hésite pas, d'ailleurs, à reconnaître que j'ai entièrement négligé
d'atteindre cette précision (en assurant une constance suffisante à la rota-
tion du miroir), et cela pour la raison que la mesure définitive de la pé-
riode est entachée d'une erreur beaucoup plus importante que M. Tissot,
pas plus que moi, n'a pu éviter. Quelque nettes que soient, en effet, les
épreuves, leur mode de production même fait qu'on observe sur la plaque
une variation périodique et continue de l'intensité dans laquelle il est ex-
trêmement difficile de déterminer la position exacte du maximum.
» Il résulte de là une erreur relative importante qui dépasse, et de
beaucoup, celle qui peut résulter de l'emploi du son d'axe pour la mesure
de la vitesse angulaire du miroir.
•n Abstraction faite de ces diverses remarques, je suis heureux de con-
stater que M. Tissot est d'accord avec moi pour affirmer l'unicité de la pé-
riode des excitateurs électriques, quelque opposés que puissent paraître
certains résultats d'expériences trop compliquées pour être discutées avec
fruit. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur le spectre de bandes de V azote dans V étincelle oscillante.
Note de M. G.-A. Hemsalech, présentée par M. Lippmann.
« J'ai montré (') qu'en insérant une self-induction dans le circuit de
décharge d'un condensateur, le spectre de lignes de l'air disparaît, et que
pour certains métaux on obtient un spectre de bandes que j'avais attribué
à l'azote; la faible dispersion dont je m'étais servi ne me permettait pas
de comparer ce spectre à celui étudié par M. Hasselberg (^) dans le tube
de Geissler.
)) En étudiant les spectres d'étincelle d'un certain nombre de métaux
avec un appareil plus dispersif, j'ai pu mesurer les longueurs d'onde des
raies de la première bande violette et de la bande ultra-violette; pour la
bande violette, je donne aussi les nombres (') de M. Hasselberg pour
prouver que les deux spectres sont identiques.
(') G.-Â. HBMSALEcn, Journal de Physique, 3« série, t. VIII, p. 642; 1899.
('-) Hasselberg, Mém. Acad. Saint-Pétersbourg, t. XXXII, n" i5; i885.
(') Réduits à l'étalon de Rowland.
( io4i )
Longueurs d'onde.
Étincelle
Tube de Geissler
oscillante.
M. Hasselberg.
4278,4
8,6
76,3
6,2
75,6
5,6
74,9
5,0
74,2
»
73,6
3,5
72,8
2,7
72,0
1,8
7'.'
0,8
70,0
9,8
Première bande violette.
Longueurs d'onde.
Étincelle
Tube de Geissler
oscillante.
M.
Hasselberg.
4268,9
8,6
67,8
7>5
66,6
6,3
65,3
5,1
64,0
3,7
62,5
2,3
61 ,2
0,9
59,6
9,4
58,1
7,8
56,4
6,1
Longueurs d'onde.
Étincelle
Tube de Geissler.
oscillante.
M.
Hasselberg.
4254,9
4,5
53,4
52,8
J52,8
5i,i
0,9
49,2
9>i
47,5
7.1
45,4
5,3
43,3
3,2
4l,2
1,0
89,0
(7,0?
X
Intensités (').
X.
3914,4
8
3898,6
'3,9
3
98,0
i3,6
G
97,4
i3,4
3
96,7
i3,o
0
96,1
12,6
3
94,9
12,2
0
93,5
1 1 ,6
3
92,0
II ,2
I
90,6
10,6
3
89,1
10,0
I
87,5
09,3
3
86,0
oS,6
I
84,2
07,8
3
83,2
07,1
I
82,6
06,2
3
80,9
05,2
2
80,4
04,3
3
80,1
o3,2
2
79,8
02,4
3
79,3
OI ,1
2
78,5
00,1
3
78,1
3899,1
I
77,4
Bande ultra-violette.
Intensités.
2
I
2
3
3
3
3
3
3
3
3
3
3
3
3
o
o
o
3
o
o
3
X.
Intensités
Î77,o
0
76,6
1
75,6
3
74,9
0
73,6
3
73,0
0
71,8
2
7'>4
3
71,0
2
69,8
3
68,6
I
67,8
3
66,2
0
65,6
3
63,7
3
62,6
00
61,6
3
60,9
2
59,5
3
57,8
2
57,1
3
55,9
0
55,0
3
(') 8 étant l'intensité maximum et 00 l'intensité minimum.
( I042 )
>>.
Intensités.
>..
Intensités .
X.
Intensités
3854,3
0
3838,6
0
38i4,7
00
53,6
O
37,7
2
l3,2
0
02,8
2
36,7
I
12,2
00
5i,6
I
35,3
2
10,2
I
5o,6
I
33,2
0
07,4
00
5o,2
I
32.5
2
o4,i
I
5o,o
I
3i , I
0
01,1
00
49>2
0
3o,o
I
3798,;
0
48,5
O
29,0
0
95,'
0
48, o
0
28,3
0
92,0
0
47,6
2
27,2
I
89,0
0
45,4
2
26,2
00
85,6
0
44,4
0
25,4
00
82,4
0
44,1
O
24,6
I
79>ï
0
43,2
I
21,7
I
76,0
00
42,7
î
'9>o
0
75,2
0
4o,5
2
•7,9
0
72,3
0
39,5
O
16,0
I
69,1
00
» Une deuxième bande violette, pour les raies de laquelle je ne donne
pas ici les longueurs d'onde, commence à >. = 4236, 8 A (4236, g d'après
M. Hasselberg). Dans cette bande j'ai pu mesurer 166 raies, parmi
lesquelles se trouvent aussi celles mesurées par M. Hasselberg. J'ai pu
poursuivre cette bande jusqu'à 1= 3946,4- La bande ultra-violette, qui
est plus marquée, commence hl = 3914,4 ('4,3 d'après M. Deslandres et
14,6 d'après M. Neovius); elle coïncide avec une bande mesurée par
M. Neovius(')dansla lueur violette qui entoure l'électrode négative quand
cette dernière est en cuivre.
» Toutes ces bandes, d'après les recherches de MM. Deslandres (^) et
Hasselberg, constituent le spectre de bandes négatif Ae l'azote.
» Dans l'étincelle oscillante, ce spectre de bandes est très vif quand on
emploie des électrodes en zinc; je l'ai obtenu aussi avec le cuivre, l'alu-
minium et l'argent.
» Comme spectre de comparaison, je me suis servi exclusivement du
spectre d'étincelle oscillante du fer. La dispersion du spectrographe était
(') Negvius, Bihang till K. Si'enska Vet. Akad. Handlingar, l. XVII; 1891.
(') H. Deslandres, Spectres de bandes ultra-violets des métalloïdes (Thèse de
Doclorat, Paris; 1888).
( io43 )
telle que je pouvais facilement résoudre sur la plaque photographique les
doublets du fer :
3760,66 3926,05 ) ( 4638, i3
3760,17 3925,74 ( ) 4637,66
» L'erreur maximum pour les raies de la bande ultra-violette dépas-
sera ± 0,2 A. seulement dans quelques cas exceptionnels.
•» Récemment, M. J.-G. Berndt (') a publié les longueurs d'onde d'un
spectre de bandes qu'il a obtenu dans l'étincelle oscillante et qu'il attribue
à l'azote ; mais ses nombres diffèrent tellement de ceux de MM. Deslandres,
Hasselberg, Neovius et des miens, qu'il me semble im])ossible d'y recon-
naître le spectre de l'azote.
» II résulte donc de mes mesures que le spectre de bandes obtenu dans
l'étincelle oscillante avec certains métaux est identique au spectre de
bandes de l'azote du pôle négatif. Je n'ai trouvé aucune bande de pôle
positif. »
PHYSICO-CHIMIE. — Mesure rapide des tensions superficielles. Note de
MM. Ph.-A. Gcye et L. Perrot, présentée par M. Duclaux.
« Au cours de recherches sur la mesure des tensions superficielles par
la méthode des gouttes, recherches qui feront l'objet d'un Mémoire dé-
taillé actuellement sous presse (-), nous avons reconnu que le mode opé-
ratoire qui donne les meilleurs résultats est celui indiqué par M. Du-
claux ('); l'expérience consiste à laisser des gouttes se former librement
à l'orifice capillaire d'une pipette contenant le liquide à étudier et préala-
blement calibrée avec un liquide type de tension superficielle connu.
» Pour obtenir des résultats exacts, les valeurs fournies par l'observa-
tion directe doivent subir deux corrections : l'une qui dépend du nombre
de gouttes issues de la pipette (déjà indiquée par M. Duclaux), l'autre qui
est en relation avec la durée de formation de la goutte.
» Voici les observations relatives à dix-sept composés organiques différents : t re-
(') G. Berndt, Annalen der Physik, t. IV, p. 788 ; 1991.
(^) Arch. Se. ph. nat. de Genève.
(') Duclaux, Annales de Chimie et de Physique, 4^ série, t. XXI, p. 378.
( io44 )
présente la température de l'expérience, n' le nombre de gouttes issues de la pipette,
y' la tension superficielle en djnes déduites de mesures d'ascensions capillaires (pour
les corps dont les noms sont accompagnés du signe *, les ascensions capillaires et les
poids des gouttes ont été déterminés sur les mêmes échantillons), d' la densité du
liquide à la température de l'expérience, x' la durée moyenne de formation d'une
goutte (en secondes).
* Orthotoluidine
*Benzophénone
*Benzonitrile
*Monoéthjlaniline
*Acélophénone
*Diméthylaniline
*Nitrobenzène
*Métacrésol
*Diméthylorthotoluidinc. .
Isobutyrate de méthyle..
Pipéridine
*Phénétol
*Éthyluréthane
*Mésitylène
Benzène
* Valéroxyme
'Bromure d'élhylène. ....
Tablead I.
t.
n' .
t'-
d'. (0
'':t')io'
. n' : n .
H.
t'.
r.
54° 4
102,4
34,01
0,9695
285
0,924 0,973
I ,62
34,70
54,3
I04,2
4o,i5
I ,0821
269
0,940 0,918
8,62
38,26
54,4
io8,6
33,98
0,9781
286
0,980 0,976
1,02
33,70
54,4
io8,7
32, 06
0,9343
291
0,98' 0,993
0,9»
82 ,82
54,4
109,5
34,47
0,9983
290
0,988 0,989
0,81
34,38
54,3
110,8
3. ,64
0,9276
293
1 ,000
,000
0,74
3i,64
54,3
1 16, 1
38,48
1,1686
3o4
1,047
[,087
0.72
38,23
54,7
118,8
33,01
I .0062
3o5
1,072
i,o4i
3,86
82,17
55, o
122,9
27,57
0,8982
326
1,109
,112
0,64
27,89
54,8
124,0
19,26
0,8491
441
1,118
,5o5
0,85
26,55
55,4
124,6
25,32
0,8275
827
1,124 1
, 1 16
0,68
25 ,45
54,7
128,1
28,26
0,9333
33o
I , i55
, 126
o,5i
28,08
53,8
129,5
3i,33
1,0495
335
1,169
,i43
1,63
3i,36
54,2
i3o,o
23,43
o,83o3
354
1,173
1 ,208
0,44
24,66
55,2
i3i,o
23,56
o,84o8
356
1,182
I ,2l5
0,38
24,90
53,7
i39,9
23,75
0,8620
363
1 ,263
1,289
o,5o
24,26
54,3
'97
33, o5
2,0990
635
1,777 '
2,167
0,27
47,56
» Prenant la diméthylaniline comme liquide type et désignant par /;, d et y le
nombre de gouttes, la densité et la tension superficielle qui la caractérisent, les
rapports — ; — =; R et n' ; n devraient être identiques si les tensions superficielles
étaient exactement proportionnelles aux poids des gouttes.
» Les valeurs numériques de ces rapports indiquent que cette condition est impar-
faitement remplie. De là la nécessité d'appliquer les deux corrections rappelées plus
haut; pour la simplicité des calculs, nous les effectuons de la façon suivante.
» Conservant les notations ci-dessus (y, d, t et n se rapportant au liquide type,
y', d' , 1' et n' à un liquide quelconque), la tension superficielle est donnée par
la relation
(6)
ri=Q-,(i4-p) + c„
Q
_ Y X «
dans laquelle [B est un terme correctif dépendant du rapport /t':« et c^ un terme cor-
rectif relié à la durée de formation x' de la goutte; après quelques tâtonnements, les
valeurs à prendre pour |3 et c^ ont été fixées comme suit :
( io45 )
n -.n.
P-
0,90
— o,o4
0.92
— o,o3
0,94
— 0.025
0,96
— 0,01
0,98
+0 , OOD
1,00
±0
I ,o5
H-o,oo5
1 , 10
H-0,OI
1 , i5
-(-0,02
1 ,20
-1-0, o3
1,25
-1-0, o4
X :t.
Ct-
5
+ 1,90
4
4-1,20
3
-HO , 80
à
-f-o,5o
1,5
-4-0, 3o
1,0
±0
0,8
— o,3o
0,6
—0,80
0,5
— 1 ,5o
1) Les deux dernières colonnes du Tableau I donnent sous la rubrique T les valeurs
obtenues par la relation ( b) en négligeant la correction c^, et sous la rubrique Y — ■^'
les écarts entre ces valeurs et les tensions superficielles mesurées par ascensions
capillaires.
» Si l'on classe ensuite les corps par valeurs croissantes de x' (Tableau II), on con-
state que les écarts r — y' sont en majorité positifs ou négatifs suivant que x' est
< X ou > X, ce qui justifie, à notre avis, la correction c^, avec celte réserve toutefois
que celle-ci devient illusoire lorsque x' : x est plus petit que o,5. Le même Tableau
contient sous la désignation r^ les valeurs des tensions superficielles calculées par la
relation (b), ainsi que les écarts r,,, — y' (dernière colonne) entre ces valeurs et celles
déterminées par ascensions capillaires. Il est aisé de constater que les écarts sont
notablement réduits (i à 2 pour 100 de la valeur exacte de •(■', en moyenne).
Tableau 11.
r
B
Bromure d'éthjlène 0,27 0,365 -l-i4,3i »
Isobutyrate de méthyle o,35 o,473 -1- 7,16 »
Benzène o,38 o,5i4 -+- i,34 — 1,43 23,47 — o>o9
Mésitylène o,44 0,595 -+ i,23 — o,84 23,82 -1-0, Sg
Valeroxyine o,5o 0,675 -f- o,5i — 0,61 23,65 — 0,10
Phénétol o,5i 0,68g — 0,18 — o,58 27,50 —0,76
Pipéridine o,63 o,85i -f- o,i3 — 0,22 25,23 -0,09
Diméthylorlhotoluidine o,64 o,865 -j- o,32 — 0,20 27,69 -+-0,12
Nitrobenzène 0,72 0,973 — o,25 — o,o4 38,19 — 0,29
Diméthylaniline 0,74 1,000 ± 0,00 » » »
Acétophénone. . ; 0,81 1,094 — o>OQ -i-o,o5 34,43 -4-o,o4
Monoéthylaniiine 0,91 1,229 — 0,26 -(-o,i4 32,46 -r-o,4o
Benzonitrile 1,02 1,378 — 0,28 -t-o,23 33,93 — o,o5
Orihotoluidine 1,62 2,189 + °'^9 -1-0,56 35,26 -1-1,25
Éthyluréthane i ,63 2,202 -i- o,o3 -1-0, 56 31,92 -ho,bg
Métacrésol 2,36 3,189 — o>84 -fo,88 33, o5 -f-o,o4
Benzophénone 3,62 4)892 — 1,89 -1-1,82 4o,o8 — 0,07
C. K., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 17.) l'iS
( io4f^ )
» Nous croyons donc pouvoir conclure que, lorsque le rapport n' [n est
compris entre 0,9 et i,3, et le rapport t' :t entre o,5 et 5,o, la relation (è)
indiquée ci-dessus permet de déduire la valeur de lu Icnsion superficielle avec
une exactitude d'environ i à 2 pour 100. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la variation de composition des eaux minérales et
des eaux de source décelée à l'aide de la conductibilité électrique. Note de
M. P. -Th. Mollgr, présentée par M. A. Haller.
« Pour faire une étude complète d'une eau, pour établir sa composition
qualitative et quantitative, l'analyse chimique est indispensable et rien ne
saurait la remplacer. Mais la composition d'une eau n'est pas nécessaire-
ment invariable : est-on sûr que telle source d'eau minérale ou d'eau
potable, analysée au mois de janvier, renfermera quantitativement les
mêmes éléments au mois de juin, ou bien l'année suivante, ou bien après
plusieurs années? On recule en général devant la longueur et les frais de
plusieurs analyses chimiques complètes. Et cependant il serait bien intéres-
sant de pouvoir suivre les variations éventuelles d'une source à partir du
moment où l'analyse chimique en a été faite, de connaître l'influence des
saisons ou du changement de débita la suite d'une pluieabondante ou d'une
sécheresse prolongée ; il serait utile de se rendre compte des modifications
dues à une infiltration accidentelle et ignorée, ou bien encore à un déboi-
sement partiel ou total aux environs de la source.
)) Les essais qui nous indiqueront les variations imprévues de nos eaux
de source et nous mettront ainsi sur nos gardes devront être assez fréquents
et par conséquent simples, rapides et faciles à exécuter. De plus, la pro-
priété que l'on se propose de mesurer devra, autant que possible, n'appar-
tenir qu'à la matière dissoute et non pas à l'eau elle-uîême.
» La conductibilité électrique remplit ces diverses conditions; l'expé-
rience se fait promptement par la méthode des courants alternatifs et du
téléphone; il faut s'astreindre seulement à opérer toujours à la même tem-
pérature, par exemple 25", o. La conductivilé d'une eau (c'est-à-dire la
conductibilité du centimètre cube exprimée en inverse d'ohm) définit ce
liquide de la même façon qu'un point de fusion définit une substance chi-
mique; la conductibilité dépend de la nature et de la quantité des sub-
stances dissoutes, lesquelles, dans une eau potable, sont presque exclusive-
ment constituées par des électrolytes. Sans doute deux eaux , prises au hasard,
( ïo/i7 )
qui ont la même conductibilité, n'auront pas la même composition, pas plus
que deux corps qui possèdent des points de fusion |)ratiqnement égaux ne
sont nécessairement identiques; mais pour suivre les variaiions de compo-
sition d'une source déterminée, la méthode est irréprochable, à moins
d'admettre des compensations que rien ne permet ni de prévoir, ni de
justifier.
» On peut même aller plus loin : si deux sources voisines jaillissant du
même terrain géologique, mais en apparence indépendantes l'une de
l'autre, présentent la même conductibilité, on a ledroit d'affirmer qu'elles
sont identiques. C'est ainsi qu'après deux essais qui nous ont pris une
demi-heure de temps nous avons pu prédire l'identité de deux sources
d'eaux minérales qui passaient pour distinctes.
» L'analyse chimique complète constate d'abord l'identité presque
absolue des extraits secs et ensuite l'identité successive des divers élé-
ments dosés. On n'observa quelque divergence que pour la silice et l'oxyde
de fer, d'ailleurs en très petite quantité. On sait que ces substances
existent dans les eaux presque uniquement à l'état colloïdal, non conduc-
teur.
)) Dans une autre circonstance, nous avons découvert des variations
considérables dans la composition d'une source d'eau minérale dont on
allait commencer l'analyse chimique quantitative. Ces variaiions ont rendu
inutile le long dosage des éléments; les résultats de l'analyse n'auraient
eu, d'ailleurs, aucune signification précise.
» La conductibilité électrique prise pendant un certain temps, à diverses
reprises, devra donc précéder toute analyse chimique complète d'une eau
minérale; cette méthode permettra aussi de constater rapidement les varia-
tions diverses et souvent imprévues des eaux de source. Nous avons ains
étudié, pendant un an, la conductibilité des eaux d'une source des Vosges
les résultats seront publiés dans le Bulletin de la Société chimique ('). »
(') Au cours de ce Travail, j'ai eu connaissance d'une dissertation inaugurale dans
laquelle M. W. Lehnert {Erlanger; 1897) étudie la relation qui existe entre la con-
ductibilité électrique de diverses eaux de source et leur extrait sec. M. Lehnert con-
clut à une proportionnalité approchée.
( io48 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le myrcénol et sa constitution. Note de
M. Ph. Barbier, présentée par M. H. Moissan.
(■ MM. Power el Rléber (') ont obtenu par hydratation du myrcène un
alcool de formule C" H" O qu'ils ont cru devoir identifier avec le licaréol ;
le fait me paraissant très important au point de vue de la connaissance de
la constitution du licaréol, qui est restée douteuse malgré les nombreuses
recherches dont elle a été l'objet, j'ai repris l'étude de cette question. J'ai
préparé une grande quantité de l'alcool de MM. Power et Rléber que j'ap-
pellerai dorénavant myrcénol en raison de son origine.
» Cet alcool correspond, d'après l'analyse, à la formule C'^H^'O.
» Le myrcénol est un liquide huileux, incolore et très odorant; il se po-
lymérise lentement en devenant très visqueux. Son point d'ébullition est
situé à 99°-ioi° sous lo"'™; sa densité à i/j", 5 est = 0,9012 ; son indice à
la même température et pour la raie du sodium est n^ = 1,47787, d'où l'on
déduit, pour la réfraction moléculaire, 48,35 (la réfraction moléculaire
calculée pour l'alcool CTI^O à deux liaisons est égale à 48,60).
» L'acétate de myrcényle, préparé à l'aide de l'anhydride acétique, est
un liquide incolore, légèrement huileux, très odorant et bouillant à 11 1°-
1 12° sous 10™"; il a donné à l'analyse les chiffres correspondant à la for-
mule C» H"0, C^H'O.
» Le myrcénol est donc un alcool acyclique à deux liaisons éthyléniques
ainsi que l'indique sa réfraction moléculaire; de plus, son mode de for-
mation à partir du myrcène montre qu'd est tertiaire. Son odeur, son point
d'ébullition ainsi que celui de son éther acétique et la facilité avec laquelle
il se polymérise ne permettent pas de le confondre avec le licaréol ; j'ai
dû en rechercher la constitution par l'étude des produits d'oxydation.
» Dans une première expérience, faite en employant le mélange chromo-sulfurique,
j'ai obtenu :
)) 1° De la diméthylcétone qui a été caractérisée par son point d'ébullition, sa semi-
carbazone el la production d'iodoforme ;
» 2° Une aldéhyde de formule CH'^O, à odeur forte, n'ayant aucune analogie avec
celle du lémonal et que j'ai séparé des autres produits d'oxydation en en faisant
l'oxime, qui bout à i48''-i5o° sous 10"""; l'analyse assigne à ce corps la composition
(') Pharm. Riindsc/inii. l. XIll. New- York, 189,5.
( io49 )
exprimée parla formule C"'H"AzO. Traitée par une dissolution d'acide oxalique à
rébuJlition, cette oxime régénère l'aldéhyde bouillant aux environs de iio" sous lo"""'.
» Pour la différencier du lémonal, j'en ai préparé la semi-carbazone, qui se présente
sous forme d'une poudre cristalline blanche, fusible à i95''-i96<', et répondant à la
formule
C10H16— Az — AzH — CO - \zH2;
» 3° De l'acide lévulique bouillant vers i43"-i47'' sous lo""", dont j'ai analysé les
sels d'argent et de barvum ; j'ai en outre vérifié, sur l'acide libre, la formation d'iodo-
forme.
» Dans cette oxydation, il ne se forme pas trace de raéthylhejjtenone, mais on retrouve
une proportion notable de myrcène provenant de la déshydratation du rayrcénol sous
l'influence de l'acide sulfurique dilué.
» Une seconde expérience d'oxydation, faite en employant d'abord une dissolution
de permanganate de potassium à i pour loo, puis le mélange sulfochromique, m'a
donné uniquement de la diméthylcétone et un mélange d'acides lévulique et succi-
nique.
» Les résultats qui précèdent permettent d'établir la constitution du
myrcénol, qui sera représenté par la formule
CH' - C = CH — CH- - CH= - C(OH) - CH = CH-,
c'h' CH'
qui met en évidence les deux liaisons étliyléniques, la nature alcoolique
tertiaire du corps et, enfin, rend compte des produits d'oxydation qu'il
fournit.
» De la connaissance de la constitution du myrcénol, on déduit aisément
celle du myrcène, dont on obtient la formule par déshydratation du myr-
cénol, ce qui donne
CH= - C = CH - CH- - CH = C - CH = CH^
I I
CH' CH'
)) Ainsi que je l'ai signalé plus haut, l'oxydation du myrcénol conduit à
une aldéhyde de formule C'^H'^O; il est étrange de voir un alcool ter-
tiaire engendrer une aldéhyde de même condensation en carbone, mais si
roii examine attentivement ce qui se passe dans cette oxydation, cette ano-
malie s'explique très aisément. En effet, sous l'action de l'acide sulfurique
dilué qui entre dans la composition du mélange oxydant, le myrcénol est
déshydraté avec production de myrcène, et c'est ce dernier qui, fixant un
( To5o )
atome d'oxygène, engendre l'aldéhyde C'"H"'0 conformément à l'équa-
tion ci-dessous :
CH' - C = CH - CH=' - CH = C - Cil = CH== -+- O
CH' CH'
= CH' - C = CH - CH=' - CH = C - CH = CHOH;
I I
CH' CH'
le second membre de celte égalité n'est autre que la forme desmotropique
de l'aldéhyde en question qui constitue un isomère de position du
lémonal.
» Je me suis assuré par une expérience directe de la réalité de cette
explication; d'ailleurs, cette réaction est rigoureusement la même que
celle qui transforme l'élhylène, le propylène et l'isobulylène en aldéhydes
éthylique, propylique et isobulylique, ainsi que M. Berlhelot l'a montré
autrefois.
» Les expériences que je viens de relater établissent d'une façon indis-
cutable que le myrcénol est représenté par la formule
CH' -C= CH— CH= — CH^*- C(0H)-CH = (;H^
Cil' CH'
or, cette formule de constitution est précisément celle qui a été attribuée
au licaréol par M. Tiemann; mais, comme les propriétés physiques et les
propriétés chimiques du myrcénol sont tout à fait distinctes de celles du
licaréol, il devient nécessaire d'attribuer au licaréol une autre formule que
celle qui a été admise jusqu'à présent et qui appartient au myrcénol.
» Ce travail fait en outre connaître une nouvelle aldéhyde, isomère du
lémonal, susceptible, comme ce dernier, d'exister sous deux formes stéréo-
isomériques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le Tiitroacétate d'élhyle.
Note de M. A. Wahl, présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note insérée aux tomptes rendus, t. CXXXI, p. 748, nous
avonsmontré, M. Bouveaultetmoi, que lenitrodiméthylacrylated'éthyle-a,
traité par l'ammoniac gazeux, subit un dédoublement en dimélhvlcétone
( io5i )
et en un composé C* H' AzO* bouillant à 93°-95'' sous lo""", qui n'est autre
que le nitro-acélate d'élhyle. L'équaLion de la réaction qui lui donne nais-
sance peut s'écrire
Cri ^ I Cn / i
AzO- AzO-
» I^a constitution du nitro-acétale d'éthyle a été démontrée à cette
époque par le fait de sa réduction en glycocoUe, caractérisée sous forme
d'acide y-phéuylliydaritoique.
1) Le nitro-acétate d'élhyle avait déjà fait l'objet de longues recherches
(dont on trouvera la bibliographie complète dans la Note citée) de la part
de divers savants et qui toutes avaient été infructueuses, sauf celles de
M. de Forcrand (') (Comptes rendus, t. LXXKVIII, p. 974)-
» Le produit que M. de Forcrand a obtenu en faisant agir le bromacétate
d'élhyle sur le nitrite d'argent diffère nettement du nôtre par ses constantes
physiques : son point d'ébullition est i5i°-i52° sous la pression ordinaire,
ce qui fait une diflérence d'environ 4o" à 5o°.
» Afin de faire l'étude comparative des deux produits, j'ai essayé de pré-
parer le nitroacétate d'éthyle en suivant les indications de M. de Forcrand
et aussi celles de M. Sleiner (Z?e/YcA/ede Berlin, t. XV, p. i6o5), qui en sont
une légère modification, mais je n'ai pas réussi à obtenir un produit ayant
un point d'ébullition fixe même après plusieurs rectifications.
» M. Scholl (Chemiker Zeitung, p. 65o; 1900), en voulant également
préparer le nitro-acétate d'éthyle par ce procédé, n'a pas été plus heureux
dans ses tentatives, et il arrive même à conclure que le nitro-acétale
d'éthyle n'existe pas.
)) Quoi qu'il en soil, le produit de M. de Forcrand et le nôtre conduisant
tous les deux au glycocolle par réduction, il s'ensuit que celte réaction
n'est pas suffisante pour fournir des données certaines sur la constitution
de notre nilro-acélate d'éthyle. Dans le but d'en déterminer la constitution
d'une façon plus nette, j'ai cherché à en faire la synlhése d'une manière
qui ne puisse plus laisser de doutes.
(') MM. R. Scholl et A. Schôfer viennent de démontrer que le produit de M. de
Forcrand et de M. Steiner est un mélange de différents élhers, parmi lesquels se trou-
vent principalement les éthers glycolique, oxalique, nitroso et nitroglycoliques, etc.,
sans traces d'éther nitroacétique (Deut. chem. Ges., t. 34, p. 871).
( loSa )
M Un premier essai, fait en vue d'isoler le sel de sodium de l'acide nitro-
acétique qui se forme, d'après Rojbe (Journ. f.prakt. Chem., t. V, p. 428),
comme produit intermédiaire dans la prépfiration rlu nitromélhane pour
l'éthérifier ensuite, n'a pas conduit au résultat attendu. Mais j'ai réussi à
obtenir du nitro-acétate d'éthyle en petite quantité, en partant du nitro-
malonate d'éthyle.
» M. Franchimont avait déjà constaté {Recueil des Travaux des Pays-Bas,
l. VIII, p. 285) que l'éther nilrométhvlmalonique perd avec la plus
grande facilité une molécule d'acide carbonique pour donner l'éther nitro-
propionique. On pouvait supposer que dans certaines conditions le nitro-
malonate doit se conduire de même et fournir de l'acide carbonique et du
nitroacétate d'éthyle
/CO^ C- H'
chC ;,^,^,„, + Hn:) = CH^'-coH:=H^ + co^ + cMi«o.
AzO- AzO^
» Le nitromalonate d'éthyle a été préparé par M. Franchimont {loc.
cit.) en traitant l'éther malonique par son acide nitrique réel. J'ai trouvé
qu'il n'est pas nécessaire d'avoir recours à ce réactif (l'acide nitrique
fumant ordinaire convenant tout aussi bien) et que, pour avoir le nitroma-
lonate parfaitement pur, il est bon de passer par l'intermédiaire de son sel
de potassium.
» On verse lenlement So?'' de malonate d'éthyle dans i5oS'' d'acide nitrique fumant
maintenu vers 20° à 3o° C, et, quand tout est ajouté, on laisse reposer environ une
heure en refroidissant lorsque la température tend à dépasser ces limites. Le produit
est ensuite versé dans l'eau, l'huile qui se sépare rassemblée à l'éther, sa solution
éthérée lavée à l'eau, puis l'éther chassé au bain-marie. Le résidu est étendu de plu-
sieurs fois son volume d'alcool et est transformé en sel de potassium, en v projetant
du carbonate de potassium pulvérisé. La masse prend une teinte jaune citron et s'épais-
sit ; quand la décomposition est terminée, on essore les cristau.v et on les purifie par
recristallisation dans l'alcool bouillant.
M Le sel de potassium du nitromalonate d'éthyle C H'" AzO" K. forme de ma-
gnifiques cristaux jaune citron solubles dans l'eau, peu solubles dans
l'alcool froid, assez solubles à chaud. Chauffés sur la lame de platine, ces
cristaux commencent par fondre, puis déflagrent avec une extrême vio-
lence.
» Le sel de sodium se prépare de la même manière, en saturant le nitro-
malonate d'éthyle par du carbonate de sodium. Il cristallise dans l'alcool
( io53 )
bouillant, par refroitlissement, en belles aiguilles légèrement jaunes,
solubles dans l'alcool et très solubles dans l'eau.
» Ces sels, traités par les acides étendus, régénèrent le nitromalonate
d'élhyle que l'on purifie en le distillant dans le vide.
M Le nitromalonate d'éthyle ainsi préparé constitue un liquide incolore,
bouillant sans la moindre décomposition à 127° sous 10'"'". Il est plus
lourd que l'eau : d~ = i, 1988, d~ = i, 220 et y est légèrement soluble
en la colorant en jaune.
» Plusieurs essais de le saponifier en le chauffant avec de l'eau en tube
scellé n'ont pas réussi. A 120° il reste inaltéré; à 160° il est complètement
décomposé et, à l'ouverture du tube, on constate une pression considé-
rable et une forte odeur d'acide cyanhydrique; la partie aqueuse contient
de l'acide oxalique.
» On réussit cependant à provoquer partiellement sa décomposition en
nilroacélate d'élhyle et acide carbonique en traitant une solution aqueuse
du sel de potassium par la potasse caustique à chaud.
i> On laisse tomber goutte à goutte une solution aqueuse de 1 molécule de potasse
dans une solution aqueuse bouillante de i molécule de sel de potassium du nitroma-
lonate d'éthyle. Quand toute la potasse est ajoutée on maintient l'ébullition pendant
quelques minutes puis on refroidit et neutralise par l'acide chlorliydrique dilué. Il se
dégage de l'acide carbonique et il se dépose une huile faiblement colorée en jaune
qu'on rassemble à l'éther et distille dans le vide. La portion qui passe à 90°-! 10° sous
jQinm gsi rectifiée à nouveau et l'on obtient ainsi un liquide incolore passant à go^-gS"
qui a été caractérisé par son sel ammoniacal préparé en faisant passer un courant
d'ammoniac dans sa solution éthérée.
» Ce sel, recristallisé dans l'alcool méthylique chaud, se présente sous
forme de paillettes blanches identiques au sel ammoniacal du nitroacétate
d'éthyle que nous avons déjà décrit.
» Son analyse répond à la formule C'H"'Az-0\ La quantité de nitro-
acétate d'éthyle qui se forme dans cette réaction est toujours faible par
suite sans doute de l'action décomposante que la potasse exerce sur lui.
» Mais l'identité du produit ainsi obtenu avec celui provenant du dimé-
thylacrylate d'éthyle ne permet plus d'avoir de doutes sur la nature et la
constitution du composé que nous avons obtenu, qui constitue donc bien
le nitroacétate d'éthyle. »
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N' 17.) l36
( io54 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des e'ihers nitrobenzoylcyanacétiqiies
isomériques orlho, mêla et para et du chlorure d' ortJionitrobenzoyle cri-
stallisé. Note de M. AIavrojanms, présentée par M. Haller.
« Dans une série de Communications présentées à l'Académie des
Sciences ('), M. Haller a fait connaître une nouvelle classe de composés à
réaction acide, auxquels il a donné le nom d'acides méthiniques.
» Parmi ces composés figurent les élhers acylcyanacéliques et, en par-
ticulier, les éthers benzoylcyanacétiques obtenus en faisant agir le chlo-
rure de benzoyle sur l'éther cyanacétique sodé.
» En substituant au chlorure de benzoyle les chlorures de benzoyle
nitrés, j'ai réussi à préparer les trois éthers orlho, meta et paranitrobenzoyl-
cyanacétiques. Ces corps se forment d'après la réaction
CAz CAz
/ COCl + Na CH / CO - CH
CHV I ^CH^C I + ClNa.
\AzO- COOC'H^ \AzO= COOC'H^
» On prépare ces éthers en faisant réagir des quantités équivalentes
aux poids moléculaires de chlorures de nitrobenzoyle et d'élher cyanacé-
tique sodé.
» Nous avons pris 22e'' de cyanacélate dissous dans un volume d'alcool absolu et
48'', 6 de sodium combiné à 60S'' du même alcool; on laisse le dérivé sodique se pro-
duire, puis on ajoute, en refroidissant, par petites portions, 36s'' de chlorure d'acide
dissous dans 60»'' d'élher anhydre. On chaulTe légèrement au réfrigérant ascendant
jusqu'à ce que le liquide offre une réaction franchement acide et Ton distille pour
enlever l'éther et l'alcool.
» Le résidu est agité vivement par une solution de carbonate de soude à jV; il se
précipite une huile qui ne larde pas à cristalliser et qu'on sépare par filtration. C'est
le nitrobenzoate d'éthyle, qui se forme toujours en assez grande quantité par réaction
du chlorure d'acide sur l'alcool, concurremment avec le produit cyané. La liqueur
alcaline filtrée est acidifiée par l'acide sulfurique en léger excès; le liquide se trouble
et il se forme de petites gouttelettes d'une iiuile rougeâtre, qui se rassemblent au fond
du vase et cristallisent plus ou moins rapidement. On essore le précipité, on le lave
avec un peu d'eau et on le fait cristalliser soit dans l'éther, soit dans l'alcool.
(') Comptes rendus, t. XCV, p. \[\i\ l. Cl, p. 1270; t. CV, p. 169.
( io55 )
>< Les cristaux ainsi obtenus sont les éthers nitrobenzoyicyanacétiques.
Leurs solutions alcooliques présentant une réaction franchement acide.
Les persels de fer les colorent lentement en rouge, réaction qui, ainsi que
l'a montré M. Haller, est générale pour celte classe de composés. Ils ont
une saveur amère 1res prononcée.
» Chlorure d' orlhonilrohenzoyle . — Ce composé a été préparé suivant la
réaction classique. Il est décrit sous la forme d'une huile rougeàtre, ren-
fermant encore de l'oxychlorure de phosphore, cristallisant seulement à
basses températures et se décomposant avec explosion à son point d'ébul-
lition, même dans le vide; il est donc impossible de le distiller. Pour le
purifier, je le débarrasse le plus possible de POCP en le soumettant à
plusieurs chauffes successives en ayant soin de ne pas dépasser ioo° sous
une pression de 5o""". Dans ces conditions, presque tout l'oxychlorure de
})hosphore distille, et il reste un résidu brun qui cristallise lentement.
On lave les cristaux à l'étlier de pétrole, on essore et l'on reprend par la
ligroïne. En chassant cette ligroïne par distillation, on obtient des cristaux
incolores qui brunissent un peu à l'air. Ce corps fond à 24°-25"; assez
stable à froid, il se décompose par l'eau chaude en H Cl et acide nitroben-
zoïque. Cette propriété, les résultats de l'analyse et l'obtention de l'orlho-
nitrobenzoylcyanacétate d'éthyle démontre que ce corps est bien le chlo-
rure d'orthonitrobenzoyle.
» Orlhonitrohenzoylcyanacèlale d'élhyle. — On le débarrasse complè-
tement de l'huile qui le souille, par des cristallisations réj)étées dans
l'éther; on obtient ainsi de petits cristaux prismatiques fondant à 89",
presque insolubles dans l'eau, peu solubles dans l'éther, la ligroïne, le sul-
fure de carbone, la benzine, très solubles dans l'alcool.
» Mètanitrobenzoylcyanacèlale d'élhyle. — Ce nouveau composé purifié
par des cristallisations dans l'alcool à gS" à chaud se présente sous forme
de fines aiguilles soyeuses, presque insolubles dans l'eau, peu solubles dans
l'alcool à froid, l'éther, la benzine, le chloroforme. Il fond à 110°.
» Paraniirobenzolcyanacétale d'élhyle. — En le faisant cristalliser dans
l'alcool à chaud, on obtient de fines aiguilles soyeuses, blanches, peu
solubles dans l'éther, la benzine, la ligroïne, l'alcool à froid, presque
insolubles dans l'eau. Il fond à i58°.
» Nous nous proposons de continuer l'étude de ces éthers et de leurs
sels, et nous avons en particulier l'intention de les réduire et de les sou-
mettre à l'action de l'eau bouillante pour obtenir les cyanacétophénones
nitrés. »
( io56 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle réaction de la saccharine {sulfimide
benzoïque). Note de M. Alex. Leys, présentée par M. H. Moissan.
« Prenons des solutions très étendues de sels de cuivre dont l'élément
électronégatif est un acide minéral, le sulfate ou le clilorure par exemple,
et ajontons-y une faible proportion d'eau oxygénée; l'application de la
chaleur à un pareil milieu ne semble pas l'influencer et il garde sa teinte
primitive. Mais si avant le chauffage on laisse tomber dans le mélange une
petite quantité d'un corps organique en solution aqueuse, en poursuivant
l'opération il se produit, dans certains cas, un phénomène très caractéris-
tique. En effet, les substances présentant dans leur structure une chaîne
fermée à liaisons éthvléniques, et celles-là seules donnent, dans ces condi-
tions, une coloration brune excessivement intense avec formation d'un
précipité de même couleur. Ce précipité renferme une très faible propor-
tion de cuivre.
» Pour répéter celle expérience, on additionnera lo'^'^ d'une solution à peine colorée
de sulfate de cui\Te de 2 à 3 gouttes d'eau oxygénée à 10 volumes et de i" de solution
du corps organique et l'on chauffera. En opérant ainsi, nous avons obtenu la colora-
lion brune avec le benzène, le pyrrol, le tiophène, le furfurol, l'anlipyrine, les acides
benzoïque et cinnamique, la saccharine, l'acétanilide, le chlorhydrate d'orthophény-
lènediannine et toute la série des phénols et des acides phénols. Au contraire, l'alcool,
l'acide acétique, l'acide lactique, la saccharose, l'acétate d'allyle, l'acide fumarique,
le menthol, le lérébenthène n'y produisent aucun changement de coloration.
» Parmi tous les corps que nous venons d'énumérer, la saccharine
nous intéressait particulièrement : aussi est-ce sur elle que nous avons
continué l'étude de la présente réaction.
» La formation des corps bruns que nous venons de signaler est entravée par la
présence^ au sein du milieu, d'un acide minéral libre. Cependant, en tâtonnant, nous
sommes arrivé à en mettre une quantité assez faible pour ne pas empêcher le brunis-
sement, mais pour le modérer au point de n'avoir qu'une teinte jaune. Dans ces con-
ditions, en opérant avec une eau oxygénée très faible et en laissant le milieu reprendre
lentement la température ambiante, on obtient une coloration violette très perceptible
en y laissant tomber une ou deux gouttes de perchlorure de fer dilué. Il y a donc for-
mation d'un acide oxybenzoïque et par là même un moyen de caractériser la sac-
charine.
» Malheureusement, la réaction ainsi présentée était délicate et très incommode;
<lans le cours de noire étude, nous sommes parvenu à la simplifier considérablement.
( io57 )
Nous évitons le brunissement sans aciduler pour cela en opérant à froid en présence
d'une eau oxygénée extrêmement diluée et en remplaçant l'élévation de température
par un contact prolongé. Quant au sel de cuivre, nous avons reconnu que l'on pouvait
le remplacer avantageusement par le perclilorure de fer. En eflFet, ce dernier, en pré-
sence d'eau oxygénée et en opérant à chaud, donne également des corps brun foncé
avec les composés cycliques et, pour une action lente, à froid, il paraît plus actif.
Il sert donc à la fois comme fixateur d'oxygène et comme provocateur de la coloration
violette par sa combinaison avec l'acide oxybeiizoïque formé.
)) Celle réaction avec les simplificalions que nous venons d'indiquer est
très sensible et l'on obtient une coloration nette avec i'^^" de saccharine à
condition que celte dernière soit le seul corps organique du milieu réagis-
sant.
M Voici notre façon d'opérer :
)i Nous préparons deux solutions A et B.
» A. Solution de perclilorure de fer. — Préparée en versant 2'^'= de per-
chlorure de fer à 3o° Baume dans un ballon de loo*^"^ et complétant avec
de l'eau.
» B. Eau oxygénée à o''°\o!i. — Préparée en versant i*^*^ d'eau oxygénée
à 10^°' dans un ballon de 200" et complétant avec de l'eau.
') Mettons dans un tube à essais 5*^" d'une solution de saccharine au j-j^
ajoutons-y 2 gouttes de perchlorure de fer A puis 2'^'^ d'eau oxygénée B; au
bout de trente à quarante-cinq minutes, il se développera une coloration
violette très apparente et qui se maintiendra des semaines si l'eau oxygénée
n'est pas en excès. «
li.nPLOl Uli LA Rt.VCTlO.N PRÉCÉDENTE POUR LA KFXflERCHI': DE LA SVCCHARINE
DANS LES PRODUITS DE LAITERIE.
« Extraction de la saccharine du lait. — On prépare une solution de bisulfate de
potassium à 10 pour 100, et à 100" de celle-ci l'on ajoute 10" d'alcool éthylique à 99»,
Cette liqueur précipite à froid toute la caséine et la matière grasse sous une forme
granuleuse et grâce à la fonction acide du bisulfate son alcool retient en solution toute
la saccharine à l'état probable de sulfimide.
» On verse So"^' de lait dans 1 00'-'= de liqueur et l'on jette sur filtre. Le liquide passe clair.
On l'agite avec de l'éther sulfurique qui, par son affinité pour l'alcool, retient une
grande partie de ce dernier et avec lui la saccharine qui y est très soluble. On sépare
rtans une boule à décantation, on évapore l'éther et l'on termine sur une plaque
chauffante à 90°, jusqu'à dessiccation complète. On reprend à l'ébullition par 5'='^ d'eau
distillée et après refroidissement on examine la saveur du liquide. Quand il présente
un goût sucié, on le fait passer dans un tube à essai, on ajoute 2 gouttes de perchlorure
( io58 )
de fer A, puis 2" d'eau oxygénée B et Ion abandonne le tout pendant une demi-heure.
La teinte violette se développe lentement.
» Extraction de la saccharine du beurre. — On fait un mélange à volumes égaux
de chloroforme et d'alcool à 99°, dans lequel on dissout le beurre tel qu'il se présente
pour la vente. On ajoute le double de son volume d'eau distillée, on agite et l'on verse
dans une boule à décantation. Le chloroforme gagne le fond, entraînant la matière
grasse, et la solution alcoolique qui surnage contient la saccharine. On l'évaporé comme
précédemment et l'on termine d'une façon identique.
» Notre méthode de caractérisation doit laisser toute certitude à l'ana-
lyste.
» S'il opère suivant nos prescriptions, l'addition préalable de perclilo-
rure de fer, en donnant une coloration, l'avertira de suite de la présence
d'un corps phénolique à la place delà saccharine de même qu'un précipité
blanc très apparent et immédiat lui fera soupçonner la présence d'un acide
aromatique comme l'acide benzoïque, cinnamique ou autre.
» On peut donc affirmer la présence de la saccharine lorsque le produit
de l'extraction à l'élher, repris par l'eau, offre un goût sucré et que, limpide
et non coloré après addition de perchlorure, il donne une coloration vio-
lette par l'eau oxygénée très diluée. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la migration des matières azotées et des matières
ternaires dans les plantes annuelles. Note de M. G. André.
« La formation ainsi que la migration des matières azotées et des ma-
tières ternaires dans une plante annuelle, étudiées maintes fois par de
nombreux expérimentateurs, présentent plusieurs particularités intéres-
santes à signaler sur lesquelles je demande la permission de revenir. J'ai
pris comme types le Sinapis alba, plante à végétation rapide, à graine
oléagineuse, et le Lupinus albus, plante à végétation moins rapide, à graine
mixte, riche en azote. Les échantillons, prélevés à divers moments de la
végétation, ont été traités successivement par l'éther de pétrole, puis par
l'alcool à 60 degrés tiède, lequel dissout les hydrates de carbone solubles;
ceux-ci ont été calculés en glucose à partir de la matière supposée privée
dégraisses. La partie demeurée insoluble après ce traitement a été chauffée à
100° pendant dix-huit heures avec de l'acide sulfurique à 2 pour 100. C'est
au produit soluble obtenu dans ces conditions que je donne le nom
d'hydrates de carbone saccharijiahles, lesquels comprennent les pentosanes,
l'amidon, les hémicelluloses; je les ai calculés en glucose. Le résidu inso-
( io-% )
lubie a été traité par la liqueur de Schweizer. Il reste finalement une ma-
tière, souvent fort abondante, sur laquelle je reviendrai dans une pro-
chaine Communication. Je ne parlerai aujourd'hui que des variations de
l'azote et de celles des matières sucrées solubles dans l'alcool étendu.
Dcbuls de la floraison, Floraison, Fin de la floraison,
„- ti juin. aSJuin. 25 juillet.
Sinapis alba. S " c 5 o
Pour 100 de matière sèche 2a«~'e' « » £ ui ® S o «; o
t^ ° rz n SI o — a o — g a S =
c
Azote total 5,25 4i59 1,23 2,63 4i43 0,98 1,18 4j08 4>94 0,64 o,45
Azote amidé soluble t,66 i,o3 o,45 1,04 1,10 o,3i o,3o 0,69 i,35 o,n 0,06
Matières grasses 22,22 2,i5 o,65 3,65 1,62 0,62 0,89 4i'5 3,32 o,3r 1,23
Hydrates de carbone solubles
dans l'eau (cale, en glucose). . 5,87 1,37 0,49 8,4o 4>67 o 1,68 2,90 2,98 1,07 1,94
Hydrates de carbone sacchari-
fiables (calculés en glucose). 7,43 i3,i5 22,79 14,69 9,93 27,01 32,21 0,78 12,02 25,74 26,271 -2
Cellulose insoluble 8,67 10,34 25,89 16,10 io,44 26,25 20,52 9,66 i3,8o 27,89 23, 14
Vasculose o 1,44 i3,39 l^,■l1 i,5i 17,24 15,97 2,28 5,4i 27,16 20, 55
Avant floraison. Début de la floraison. Maturation,
„- 6 juin. iTJuin. isjuillet.
, ^ 2 ^ '^ ^^_^^^ ^ -^ -^ — ^^^H
Lupinus albus. S ^ a 'S S
_ .E— ®3- ■/ .0.
Pour 100 de matière sèche S*^®»® * " ® « ® S S « S
■j»!"- s = 1 % = % s s =
S
Azote total G, 02 3,28 i,56 1,87 3,39 1,34 1,11 3,96 2,66 i,35 1,11 3,49
Azote amidé soluble 3,44 '.oo o,45 o,58 1,02 o,i3 o,53 0,80 1,22 0,47 o,53 0,24
Matières grasses 9,36 1,75 0,64 0,97 1.91 0,59 0,79 2,14 1,28 0,34 0,54 1,42
Hydrates de carbone solubles
dans l'eau (cale, en glucose).. 5,96 7,27 4,94 9, ,53 6,74 6,32 8,5i 5,09 5,o5 9,71 12,74 7,56
Hydrates de carbone sacchari-
fiables (calculés en glucose). 19,83 16,79 '8,09 22,74 17,25 21,94 21,11 i3,23 22,63 23,29 21,34 ".^g
Cellulose insoluble i4,2i 18,90 18,92 21, 83 14, 3o 22,14 24, o5 18,57 '6,81 17,88 26,66 12,00
» I. Variations de l'azole. — L'azote que j'appelle par abréviation azote amidé
soluble est obtenu en traitant l'ticliantillon par une ébuliilion de dix minutes avec de
l'eau contenant 2 pour 100 d'acide acétique. La partie soluble comprend l'asparagine
et amides congénères et quelques matières azotées plus complexes qui se sont solubi-
lisées dans ces conditions. L'azote de ces matières est évidemment plus mobile que
celui qui demeure insoluble, et cette distinction, même sommaire, permet d'établir
plusieurs rapprochements entre la migration simultanée des matières azotées et celle
des matières ternaires.
» Chez le Sinapis, l'azote amidé soluble, au moment de la première prise d'échan-
tillon, vingt-quatre jours après le semis, représente moins du quart de l'azote total
dans l'ensemble de la plante. Onze jours plus tard, dans la plante entière, il est envi-
ron le tiers de cet azote total : plus abondant dans la tige (| de l'azote total) que dans
2,22
1.09
2,47
22,65
i5,8i
11,75
3,65
1,68
0,61
7,63
22,42
1 1 , 57
( io6o )
la racine (|) et que dans la feuille ({). Au moment de la floraison (28 juin), sa quantité
absolue diminue; il ne représente, dans la plante totale, que 28,7 pour 100 de l'azote
total. Il figure dans la racine pour i de l'azote total de cette partie de la plante, pour
i dans la tige, pour J dans la feuille, et il se dirige vers les inflorescences où il eslles
^ de l'azote total. A la fin de la floraison (25 juillet), il est de nouveau fort abondant
dans la plante totale (ï=^). U quitte la racine et la tige et représente la moitié de
l'azote total dans les fruits.
» Chez le Lupin blanc, l'azote amidé soluble est, à la première prise d'échantillon,
le tiers environ de l'azote total dans l'ensemble de la plante. A la deuxième prise, dix-
neuf jours plus tard et avant la floraison, il représente encore le tiers de cet azote,
avec prépondérance dans la tige (42)3 pour 100) comme dans le cas du Sinapis. A la
troisième prise, onze jours plus tard, et au début de la floraison, il représente 29,5
pour 100 de l'azote total. Son maximum est encore dans la tige (47)7 pour 100); les
inflorescences en contiennent 45,8 pour 100. Il est peu abondant dans la racine (-nr)'
plus abondant dans la feuille (i). A la fin de la floraison et au début de la maturation
(18 juillet), il est les -j^ de l'azote lotal, avec maximum dans la tige (47-7 pour 100)
et dans les fruits (44,6 pour 100). Le feuilles en renferment très peu (7 pour 100),
mais la racine en contient 34,8 pour 100, ce qui montre la continuation de l'activité
du travail d'assimilation azotée chez les tubercules radicaux de cette plante.
» En somme, la migration de l'azote chez le Lupin se fait à peu près de même
façon que chez le Sinapis: toutefois, la racine et la tige de la première de ces plantes
contiennent de l'azote amidé soluble en forte proportion, même pendant la maturation
des fruits.
» II. Variations des matières ternaires. Sucres solubles dans l'alcool étendu. —
Les matières sucrées que l'on peut extraire par l'alcool tiède à 60 pour 100 ne sont que
des matières transitoires. Elles préexistent déjà dans la graine (6 pour 100 environ de
la matière sèche dégraissée). On peut supposer que, pendant le premier développe-
ment du Sinapis, une partie de ces matières sucrées provient de l'oxydation de la ma-
tière grasse, si abondante dans la graine (22,22 pour 100) et qui disparait ensuite avec
les progrès de la végétation. Dans les racines, les tiges, les feuilles de celte même
plante, il y a décroissance de la quantité de ces matières sucrées à mesure que la végé-
tation avance, alors que, chez le Lupin, ces sucres augmentent continuellement avec
plus ou moins de régularité, pendant tout le développement du végétal. Le Lupin est
d'ailleurs beaucoup plus riche en eau que le Sinapis au même état de développement.
A l'époque de la maturation, j'ai trouvé, dans les fruits du Sinapis, 2,47 pour 100 de
sucres solubles, alors que les matières grasses figurent déjà pour 9,71 pour 100. Chez
le Lupin, à la même époque, les gousses renferment 7,68 pour 100 de sucres solubles,
les matières grasses sont encore peu abondantes (0,61 pour 100); la Iransformalion
des hydrates de carbone en graisse est donc peu avancée. Il est probable que la ma-
tière grasse de la graine se forme aux dépens de ces hydrates de carbone solubles
transitoires. Cette formation est sans doute assez rapide pour que, chez \e Sinapis,
ces matières sucrées n'aient pas le temps de s'accumuler.
» Je donnerai prochainement la suite de celle étude et j'examinerai la variation des
hydrates de carbone saccharifiables, de la cellulose et de la vasculose. »
( io6i )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le Voandzou. Note de M. Balland.
« Le Voandzou [Glycine on Voandzia sabterranea) est une légumineuse
annuelle, originaire de l'Afrique intertropicale où. sa culture, par les
nègres, est aujourd'hui très répandue. Elle est moins commune dans l'Asie
méridionale et il ne semble pas qu'on la pratique beaucoup en Aipérique
si ce n'est au Brésil oii le Voandzou se nomme Manduhi d' Angola (A. de Can-
DOLLE, Origine des plantes cultivées).
» Le fruit du Voandzou est une gousse à un grain qui mûrit dans le sol,
comme l'Arachide. L'échantillon que j'ai examiné vient du poste de Ban-
gasso, dans leHaut-Oubangui; il figurait à la dernière Exposition de Paris,
parmi les produits du Congo, sous le nom de Haricot-Pistache. Les graines,
plus ou moins ovoïdes, présentent des marbrures noires sur un fond rouge
foncé; l'ombilic est blanc, non cerclé de noir, comme dans la plupart des
haricots. Elles donnent une farine très blanche, à saveur de légumineuse;
mais, après cuisson dans l'eau, la saveur rappelle absolument la châtaigne.
» La décorlication fournit 8 pour loo d'enveloppés, c'est-à-dire la même
proportion que nos haricots intligènes.
" Le poids des graines varie entre oS',35 et i^', lo; celui des gousses
entre o8%64 et is',62.
Composition des gousses.
Graines 68
Cosses 82
100
Composition des graines.
Amandes c)2
Enveloppes 8
Analyse des graines {amande et enveloppe).
Eau
Matières azotées
» grasses
)) amylacées
Cellulose résistante
Cendres ■.
9,80
18,60
6,00
58, 3o
4,00
3,3o
100,00
» En admettant avec les physiologistes qu'il faille chaque jour, pour ré-
parer les pertes subies par l'organisme humain : i2oS''à iSo^"" de matière
azotée, Sô^'" de graisse et 5oo^'' d'hydrates de carbone, on voit, même en
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N« 17.) I 87
( loG?. )
tenant compte des coefficients de digestibilité, que l'on retrouve assez
exactement ces éléments dans un kilogramme de graines de Voandzou. Le
fait est à signaler : c'est d'ailleurs le premier exemple que j'aie rencontré
d'un produit naturel présentant, au même degré, les allures chimiques
d'un aliment complet. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à la recherche microchimique
des alcaloïdes . Note de M. M.-E. Pozzi-Escot. (Extrait. )
» Nous avons obtenu quelques réactions intéressantes, mais qui ne
nous permettent pas d'indiquer une méthode de recherches toxicologiques
rigoureuse.
» Avec la strychnine, Vacide chloroplatinique donne des prismes plats groupés en
étoiles d'environ i3o ij;, couleur fleur de pèclier; le chlorure aurirjue, des cristallisa-
tions très abondantes de petits prismes groupés en colonies; Viodure de potassium et
Yiode donnent de grandes et abondantes gerbes de cristaux d'un vert olive foncé et
d'une grande netteté.
» Avec la brucine, le chlorure de platine donne des prismes barbus étoiles très
petits et très abondants.
» Avec la qlinine, le chlorure de platine donne de petits grains polarisant forte-
ment la lumière; l'iode dissous dans Kl, de petits prismes.
» Avec la cocaïne, le chlorure de platine donne de grands cristaux dentés qui sont
des accolades de bâtonnets prismatiques; celte cristallisation est immédiate; le chlo-
rure d'or donne de grands cristaux dentés groupés en arborescences.
Avec la CODÉINE, Viodure de mercure dissous f/a«i Kl donne des rosaces de cristaux
presque noirs.
» Avec I'atropine, Viodure de potassium ioduré donne immédiatement des cristaux
pointus accouplés deux à deux et croisés, d'un beau noir, de 4 [J- à 5 [j., très abondants.
» Avec la morphine, Viodure de potassium ioduré donne des cristallisations en
forme de tête de chardon. »
ZOOLOGIE. — Sur des phénomènes d'hislolyse et d'histogenèse accompa-
gnant le développement des Trématodes endoparasiles de Mollusques ter-
restres. Note de MAI. C. Vaney et A. Conte, présentée par M. Alfred
Giard.
« Nous avons fliit conn litre, en 11^99 { '_), un Cercaire urodèle parasite
d'Hélix pomatia; depuis nous en avons retrouvé un second vivant dans le
(') Sur un Cercaire (C. pomatia;, n. sp. ) parasite d'HeVi\ pomatia {Zoologischer
Anzeiger, Bd XXII; 1899).
( io63 )
foie des Helix nemoralis et horte/isis. La présence d'une queue bien déve-
loppée chez ces deux formes montre que cet appendice ne constitue point
un caractère spécial des Cercaires de Mollusques aquatiques et que la clas-
sification des Cercaires en Urodèles et Anoures n'est nullement en rapport
avec le mode de vie de leurs hôtes.
« L'étude du développement de ces deux Cercaires, jointe à celle du
Distomum leptoslonium OIsson, parasite (VHelix aspersa, et dont la larve
a une queue rudimentaire, nous a montré des phénomènes d'histolyse et
d'histogenèse rappelant ceux observés chez les Insectes.
» Nos recherches ont plus particulièrement porté sur le développement des Cer-
caires à'Helix nemoralis : ils se développent en grand nombre dans des sporocjstes
tubuleux, par bourgeonnement de la jparoi de ceuN.-ci, soit seulement à l'extrémiié
antérieure, soit en un point quelconque. Ces bourgeons s'accroissent et constituent
d'abord des amas cellulaires très compacts ne présentant aucune diflTérenciation. I^uis
la plus grande partie de leurs éléments entrent en hislolyse : ils augmentent de vo-
lume, se chargent de granulations graisseuses, et leur noyau subit, lui aussi, une véri-
table dégénérescence. Cette destruction des noyaux se fait par des modes divers : au
début, on les voit s'hypertrophier, s'arrondir; leur substance chromatique disparait
et des granulations de graisse prennent naissance dans leur intérieur; quant aux nu-
cléoles, ils grossissent et peuvent ou subir une simple dégénérescence, ou se frag-
menter, ou s'étireren un boyau qui traversera la membrane nucléaire. Finalement, le
bourgeon n'est bientôt plus qu'une masse volumineuse, bourrée de granules graisseux
enfermés dans des travées provenant des parois cellulaires, et où l'on distingue encore
çà et là quelques fragments de noyaux. On ne retrouve plus que quelques cellules restées
intactes. Ces cellules se groupent presque exclusivement sur une des faces du bour-
geon, face qui, chez le Cercaire, sera la face ventrale. Là elles se multiplient jusqu'à
constituer une plaque que nous appellerons la plaque ventrale. Celle-ci va fonctionner
absolument comme un disque invaginal. C'est elle qui, par prolifération, en cer-
tains points, formera tous les organes du Cercaire. Eu même temps qu'elle se con-
stitue l'on voit apparaître la ventouse ventrale. Plus tard se forme antérieurement la
ventouse buccale. Immédiatement en arrière de celle-ci, des cellules, issues de la
plaque ventrale, se groupent pour former le pharynx et le début du tube digestif. En
avant de la ventouse ventrale, un groupe de cellules donnera l'extrémité antérieure
des conduits génitaux et les organes d'accouplement. En arrière, d'autres groupes de
cellules serviront à l'édification des organes génitaux. Quant à l'appareil excréteur, il
apparaît sous forme d'une invagination se produisant vers l'insertion de la queue.
Cette dernière subira chez le Cercaire une dégénérescence analogue à celle que nous
venons de décrire dans le bourgeon.
» Tous ces phénomènes d'histolyse, que nous avons pu suivre en détail
par suite du petit nombre des éléments des bourgeons, nous permettent
d'affirmer qu'ils ont lieu sans qu'il y ait, à aucun moment, intervention de
phagocytose.
( io64 )
» Ces mêmes faits se retrouvent chez les deux autres Cercaires. Chez le Cercaria
helicis pomatiœ Vaney-Conte, ils se présentent avec la même netteté, sauf de petites
variantes ajant trait à l'histogenèse.
» Chez le Cercaire du Distomam leptostomum, les phénomènes d'histolyse et
d'histogenèse, qui sont bien visibles, ont lieu presque simultanément ; de ce fait, la
plaque ventrale n'est pas aussi nettement difTérenciée que précédemment. De notre
étude comparée il résulte qu'il n'y a là qu'une simple condensation embryologique
en rapport d'ailleurs avec le mode de vie de ce Distome. En effet, le Cercaire du
Distomuni leptostomum est un Cercaire à queue rudimentaire, passant directement
de son hôte provisoire, Y Hélix aspersa, à son hôte définitif, le Hérisson. Le très peu
de développement de son appendice caudal est en rapport avec son absence de vie
libre. Chez nos deux autres Cercaires, la queue est bien développée, quoiqu'il ne
faille pourtant pas en couclure à une vie libre, peu en rapport avec l'habitat de leur
hôte. Celte queue, chez ces deux espèces, disparaît même dans l'hôte provisoire; elle
tombe souvent à l'intérieur du sporocyste et le Cercaire d'Belix nemoralis peut
même s'enkyster à l'intérieur de son sporocyste. Elle dégénère comme nous l'avons
signalé précédemment et, dans le kyste, on n'en retrouve plus aucune trace. Toute-
fois, chez ces deux dernières formes, la présence d'un appendice caudal, organe de
natation, n'en est pas moins un caractère de moindre adaptation à la vie parasitaire.
Cette dernière n'a pas encore beaucoup retenti sur leur morphologie et leur dévelop-
pement, tandis que, chez les types anoures, en même temps qu'elle influait sur le
développement de la queue, elle entraînait une condensation embryologique analogue
à celle que nous signalons chez le Distomiim leptostomum,,
» Toutes ces recherches ont porté sur des ïrématodes parasites de
Mollusques terrestres; nous les compléterons bientôt par l'étude des
formes parasites de Mollusques aquatiques; les Blasenzellen signalées par
Schwarze ( ' ) dans le développement postembryonnaire de Cercaria armata
V. Sieb., rappellent beaucoup les éléments en dégénérescence que nous
venons d'étudier. »
ZOOLOGIE. — Sur l'évolution des feuillets blastodermiques chez les tsèmatodes.
Note de M. A. Conte, présentée par M. Alfred Giard.
« Dans une Note préliminaire ( -} sur la formation des feuillets et l'or-
ganogénie de Sclerostojnum equinum Duj., nous avons signalé la disparition
de la moitié antérieure de l'endoderme et son remplacement par des élé-
ments d'origine eclodermique. Nous insistions sur ce fait que, chez des
(') W. ScDWARZE, Die poslembryonale Entwicklung der Tremaloden {Zeitschr.
f. wiss. Zoologie, 43. Bd; 1886).
(^) Comptes rendus, 19 novembre 1900.
( io65 )
larves très jeunes, les caractères histologiqiies de l'intestin étaient très dif-
férents de ceux observés dans l'œuf et nous admettions l'existence d'un
intestin de seconde formation dont nous ne pouvions alors préciser l'ori-
gine. Nous avons poursuivi ces recherches en les étendant à deux autres
espèces vivipares, le ÇucuUanus elegans Zed. et la Filaire de la grenouille
verte.
» Chez Cucullanus elegans, l'œuf est très U-ansparenl; la segmenlatlon aboutit à
une blaslula qui, en cou(3e longitudinale, offre une paroi de neuf blasiomères ; sa
cavité de segnaenlalion est très réduite, l^ar invagination pénètrent dans le blaslocœle
les initiales endoderrniques et mésoderiniques. Puis les feuillets s'accroissent, mais
très inégalement : l'ecloderrae se développe le premier, et c'est son grand développe-
ment qui a conduit Butschli, dans un examen extérieur de l'embryologie de celte
espèce, à considérer comme une gastrulation enibolique ce qui nest en réalité qu'un
reploiement. Il n'a point vu les deux autres feuillets, qui ne sont guère encore repré-
sentés que par leurs initiales. Dans la région antérieure se forment des proliférations
analogues à celles que l'on voit se produire au même point chez Sclerostomitin
equinum.
» A ce stade les cellules de la couche superficielle de l'embryon commencent à
entrer en régression et subissent une dégénérescence totale. Pendant ce temps l'endo-
derme se développe et forme un archentéron composé de deux rangées de grosses
cellules. Ces dernières ne tardent pas à subir une dégénérescence analogue à celle des
cellules eclodermiques et rappelant ce que Reichenbach a décrit dans le développe-
ment d'ylifrtCMi y7w('j(7<<7ii. 11 ne reste bientôt plus que des parois cellulaires. Dans
cette dégénérescence, le noyau s'arrondit, la substance chromatique disparaît, le nu-
cléole se gonfle, finalement la membrane nucléaire et le nucléole disparaissent à leur
tour. Pendant que s'accomplit cette dégénérescence de tout l'endoderme, le méso-
derme s'est développé sous forme de deux bandes ventrales. C'est là le mode de for-
mation du mésoderme chez tous les Nématodes que nous avons étudiés et Butschli a
été induit en erreur par les proliférations eclodermiques antérieures dont nous avons
parlé.
» Les bandes mésodermiques à un moment de leur évolution présentent chacune
deux lames bien distinctes. Ce mésoderme ne tarde pas à envelopper complètement
l'endoderme, un certain nombre de ses éléments s'appliquent sur ce dernier feuillet;
là ils prolifèrent et ce sont eux qui constituent la paroi intestinale. Dans une coupe
longitudinale d'une larve sur le point d'éclore, on ne trouve que deux feuillets : un
feuillet externe et un interne constituant le tube digestif.
» Dans la région antérieure persistent des éléments résultant des proliférations et
constituant le système nerveux et l'œsophage. Ainsi chez le Cucullanus elegans nous
assistons à une disparition totale de l'endoderme et une disparition partielle de
l'ectoderme.
» Nous avons trouvé des faits analogues chez notre Filaire. Là, par suite d'une con-
densation embryogénique intense, le mésoderme acquiert très vite un grand dévelop-
pement, ses éléments entourent les quelques cellules endoderrniques et celles-ci ne
( io6G )
tardent pas à présenter une dégénérescence identique à celle dont nous avons parlé.
» Chez Sclerostonium equinum nous avons pu, grâce à des coupes très fines, étu-
dier des œufs voisins du stade d'éclosion : nous y avons retrouvé des cellules endoder-
miques offrant les mêmes caractères de dégénérescence et, appliqués sur ces cellules,
de petits éléments cellulaires que, par homologation avec les deux autres espèces,
nous considérons comme mésodermiques. Ce sont ces éléments qui constituent l'in-
testin définitif dont nous avons signalé la dilTérence de structure histologique avec
l'intestin embryonnaire.
» Ainsi, chez ces trois espèces de Nématodes vivipares, nous constatons
une disparition plus ou moins importante de l'ectoderme et une disparition
totale de l'endoderme. Le tube digestif de l'adulte est formé, d'une part
par des éléments ectodermiques constituant l'œsophage, d'autre part par
des éléments mésodermiques formant l'intestin. Dans tous ces cas, la
cavité générale est limitée par deux feuillets d'origine mésodermique. »
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle sous-famille (V Hémiptères marins, les Her-
matobatinae. Note de MM. II. Coutière et J. Martin, présentée par
M. Perrier.
« L'un de nous a recueilli à Djibouti (Afrique orientale) un nouvel
Hémiptère marin, appartenant au remarquable genre Herm.atobates Car-
penter, jusqu'ici représenté par une unique espèce, //. Haddoni C^r^enler ,
provenant du détroit de Torrès (P*^ Haddon). Nous proposons pour la
nouvelle espèce le nom de H. Djibouiensis.
» D'autre part, les collections du Muséum nous ont offert, parmi des
matériaux rapportés des Philippines par M. Marche, plusieurs spécimens
assez différents des précédents pour que nous ayons dû en faire le type
d'un nouveau genre, Hermatobatodes , représenté par l'unique espèce
H. Marchei. L'étude de ces diverses formes nous a conduits à les réunir en
une sous-famille particulière, celle des Hermatobatinœ .
» Les Hémiptères vivant à la surface des eaux marines, réunis d'abord
dans le genre Balobates Eschkoltz, se sont accrus depuis des genres
Uymcnobates Uhler et MelrocorisMixyv {Balobalodes B. White). Ce dernier,
vivant surtout sur les eaux saumàtres des estuaires et des lagunes, ou près
des rivages, conduit à des formes telles que les Bracliymetra Mayr, Metro-
bates\]\\\&T, Platygerris B. White, Trepobates Lhler, Climarrhometra et Pola-
momelra Blanchi, toutes limnophiles. L'ensemble constitue la sous-famille
des Halobatinœ, rameau de la famille des Gerridœ.
( '067 )
» La ressemblance extérieure assez grande avec les Halobates que pré-
sentent les trois espèces de la nouvelle sous-famille est due uniquement à
des faits de convergence adaptative. Les uns et les autres ont le corps
couvert d'une fine pubescence permettant la submersion momentanée; les
ailes sont absentes, les membres présentent des dispositions générales
comparables, l'abdomen est très réduit chez les adultes.
» Les Hermatobadnœ présentent, au contraire, des affinités très grandes
avec la famille des Veliidœ. Celle-ci comprend, comme celle des Gerridœ,
de nombreux genres habitant les eaux douces, Velia Latr., Hydroessa
Burmeister (Mcroç-e/za Westwood), Angilia, Bœcula Slâl, Perittopus Fieber,
Veliomorpha Garbini, et aussi des formes marines, telles que Halovelia Ber-
groth, B/iaguve/ia Mayr (r/oc/^o/?;/:? Carpenter). Il convient de réunir les
formes précédentes dans la sous-famille des Veliinœ, celle des Herrnato-
halifiœ étant réservée aux deux genres qui font l'objet de cette Note, et
qui sont beaucoup plus profondément modifiés que les Veliinœ marins.
» Les Nermatobates Haddoni et Djibotilensis sont jusqu'à présent représentés l'un
et l'autre par des mâles. Le corps est régulièrement ovale, couvert d'une fine pubescence,
les pattes antérieures ravisseuses sont relativement énormes, les hanches des trois
paires de membres sont presque équidistantes. L'abdomen est très fortement raccourci,
et son dernier segment, en forme de bouton, présente la particularité unique, croyons-
nous, chez les Hémiptères, de paraître inséré en entier sur le tergum du somile pré-
cédent, dont les deux moitiés symétriques, écartées sur la ligne médiane, ont comme
glissé verticalament de part et d'autre du dernier segment. Ainsi se trouvent con-
ciliées l'extrême réduction de l'abdomen et la situation normale, dans l'axe du corps,
de l'orifice anal.
» Le genre //e/v?î(7<o^rt<0(fei se distingue du précédent par un caractère très remar-
quable : le méso et le métathorax, fusionnés, se présentent dorsalement sous la forme
de deux aires symétriques saillantes, séparées par un sillon étroit qui représente seul
le mésonotum, et divergeant ensuite à partir d'une courte saillie transversale (vestige
de l'écusson), pour encadrer presque entièrement le métanolum et l'abdomen. Les
deux aires sont constituées par les pleures méta-mésotlioraciques et abdominaux,
accrus de façon inusitée.
» UHeiniatobatodes Marchei est représenté seulement par des 9, dont les pattes
antérieures sont assez faiblement armées. Les deux spécimens adultes sont accompa-
gnés de deux larves d'âge différent, ayant l'une et l'autre seulement un article
aux tarses, au lieu de trois, et qui permettent de suivre l'évolution de l'orifice
génital Q, sur le huitième segment abdominal. D'abord extérieur, cet orifice devient
interne par le reploiement en dedans du sternite 8.
» Les Hermatobatinœ ne sont pas des formes de haute mer. \J He/rnatobatodes
Baddoniaélé trouvé sur le récif de Mabuiag (Murray Island), parmi des fragments de
( io68 )
madrépores, et par Walker sous des valves de Tridacnes (Guichen reef, Arafura See).
\J Hermatobatodes Djiboutensis fut capturé en compagnie d'un Halobales, courant
sur une petite flaque de la surface du récif.
I) V Hermalobatodes Marchei porte comme indication : baie de Honda, surface. Il
est donc vraisemblable qu'il s'ag;it de formes littorales pouvant s'attacher aux débris
de madrépores et se laisser submerger à haute mer, ou courir à la surface des flots,
sans s'éloigner des rivages.
» La question a été posée de savoir si les espèces marines d'Hémiptères
représentent des formes très anciennes ayant conservé l'habitat originel
ou s'il s'agit au contraire d'espèces secondairement adaptées à la vie dans
les eaux marines.
» Il est très difficile d'admettre la première hypothèse si l'on considère
que, pour les Veliidœ et les Gerridœ, par exemple, la surface des eaux n'est
que la continuation de la surface terrestre, que rien n'est changé de leur
mode de respiration ni de leur développement, et que leurs traits distinc-
tifs les plus saillants sont avant tout des caractères d'adaptation. Les
formes marines, en particulier, avec leur corps globuleux au centre d'une
large base formée par les pattes écartées, leurs ailes absentes, leur revê-
tement pileux imperméable permettant une réserve d'air respirable,
réalisent des conditions mécaniques très propres à la vie sur des eaux
aeitées. "
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les constantes physiques qui intervienneni
dans l'excitation électrique du nerf. Note de M. Georges Weiss, présentée
par M. Marey.
« J'ai montré que l'excitation électrique du nerf exige un minimum de
dépense d'énergie quand la durée de la décharge est d'environ o*,ooo6
pour une distance des électrodes de lo'"". Cybulski et Zanietowski ont
montré les premiers que, dans l'excitation par les décharges de condensa-
teur, il y avait aussi un optimum lorsque la capacité du condensateur
variait. Ce fait a été vérifié par Hoorweg, Dubois de Berne et Waller. J'ai
repris ces mêmes recherches et suis arrivé à cette conclusion que l'optimum
avait lieu pour le nerf de grenouille, entre électrodes distantes de lo™™,
quand le produit de la capacité du condensateur en microfarads par la
résistance du circuit en ohms était égale à 56o environ.
( 1069 )
» Cybulski et Zanietowski, Dubois de Berne et Waller considèrenl que
c'est l'énergie de la décharge qui doit mesurer l'excitation. Hoorweg dil
que cette excitation dépend directement de l'intensité du courant et d'un
décrément.
» Or, quand je me place à l'optimum pour la décharge de condensateur
et à l'optimum pour le courant continu, je trouve que, dans le premier cas,
l'énergie dépensée dans le nerf est d'environ 0,001 erg, dans le second
cas, 0,0001 erg, c'est-à-dire une quantité dix fois moindre dans le second
cas que dans le premier. Si, au contraire, je calcule les quantités d'élec-
tricité employées, je trouve, dans le premier cas, i,4.io"' coulombs et,
dans le second cas, lo"" coulombs, nombres très concordants quand on
songe à la complexité de ce genre d'expériences.
M J'ai alors comparé entre elles dilférentes ondes produites par mon
interrupteur balistique. Dans une première expérience, je recherchais le
seuil i\ti l'excitation pour une onde unique voisine de l'optimum; je calcu-
lais la quantité d'électricité et d'énergie mises en jeu. Je faisais ensuite une
deuxième expérience où l'excitation était produite par deux ondes succes-
sives égales entre elles ou inégales, avec la seule condition que l'intervalle
de temps s'écoulant entre le commencement de la première de ces ondes
et la fin de la seconde fût égal à la durée totale de l'onde de la première
expérience. Je calculais de nouveau la quantité d'élec(ricité et d'énergie
mises en jeu.
» J'avais ainsi fait usage de deux excitations de forme très différente et
j'ai trouvé que toujours, en passant ilu premier cas au second, la quantité
d'électricité ne variait que dans les limites des erreurs de la méthode, tandis
qu'il n'en était pas de même de l'énergie dépensée.
» Ceci est incompatible avec les hypothèses de Cybulski et Zanietowski,
Dubois de Berne et Waller, mais concorde parfaitement avec les idées de
Hoorweg. En effet, dans un temps aussi court, le décrément peut ne pas
encore produire son effet, et alors l'excitation ne dépend t|ue de l'intensité
du courant.
» Je n'ai pas voulu encombrer ma Note de chiffres; le détail de mes ex-
périences se trouvera dans le Rapport que je présenterai sur celte question
au Congrès de Turin. »
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXU, N° 17.) l38
C 1070 )
PHYSIOLOGIE. — Mesure directe de la longueur d' onde dans le nerf à la suite
d' excitations électriques brèves. Note de M. Aug. Charpentier, présentée
par M. d'Arsonval.
« La longueur des ondulations nerveuses que j'ai obtenues précédem-
ment par plusieurs méthodes différentes peut être déduite, comme je l'ai
déjà indiqué, de la mesure de leur fréquence et de leur vitesse de propaga-
tion. C'est ainsi que, dans uneNoteda 3 juillet 1899, j'estimais cette longueur
comme voisine d'une valeur moyenne de 35°"" (soit 17,5 pour la demi-
longueur d'onde). Mes nouvelles expérienx;es sur la transmission nerveuse
des excitations électriques, communiquées en février et mars à l'Académie,
m'ont donné des valeurs analogues, avec quelques caractères nouveaux sur
lesquels je reviendrai tout à l'heure.
» Il convient de signaler que j'avais déjà tenté antérieurement une
mesure directe basée sur la production d'interférences dans le nerf par
l'excitation faradique unipolaire. Quoique prêtant à la critique par suite
de l'impossibilité d'éliminer sûrement les oscillations électriques dans une
bobine à circuit ouvert, cette méthode m'avait pourtant donné des résultats
intéressants et tout à fait comparables aux chiffres actuels, puisque Les expé-
riences publiées en janvier 1896 ( .4rcAjVe5 de Physiologie, p. 65) signalaient
la production de zones neutres correspondant à des demi-longueurs d'onde
de iS""" à 20™™ (moyenne 17""";.
» J'ai imaginé une nouvelle méthode qui permet de mesurer directe-
ment et avec sécurité cette valeur de la demi-onde dans le nerf. Je ne
puis mieux en donner une idée qu'en la comparant à la méthode de
R. Kœnig pour montrer l'interférence du son par différence de marche
dans un tuyau à deux branches.
» Une excitation brève arrive en un point d'un nerf (sciatique de grenouille).
A quelque dislance au-dessus du point excité, un conducteur recueille l'onde pro-
pagée et le transmet à un second nerf moteur qui se trouve ainsi excité à son tour
unipolairemenl (la patte est mise à la terre). Au-dessous du point excité sur le pre-
mier nerf, plaçons à une distance variable un second conducteur identique au précé-
dent, et relions son extrémité libre à celle du premier au point où elle touche le
second nerf; celui-ci recevra en même tem])s deux excitations égales (') qui ne dilTé-
(') J'ai démontré que l'intensité d'une excitation unipolaire n'est pas modifiée par
( lo?^ )
reroni l'une de l'autre que pour avoir cheminé à travers des longueurs variables du
premier nerf. Si l'on ciioisit ces longueurs de telle façon qu'elles dilTèrent d'une demi-
longueur d'onde, les deux excitations arriveront au second nerf à des phases inverses
et interféreront. C'est ce qu'on observe en effet : avec l'appareil à cylindre tournant
qui m'a déjà servi à établir des courants de pile très brefs, et en employant des inten-
sités suffisamment modérées, on arrive à trouver facilement sur le nerf transmetteur
des positions relatives des deux conducteurs pour lesquelles le second nerf n'est plus
excité; la différence des distances de ces conducteurs au pôle actif mesure la demi-
longueur d'onde.
» La moyenne des valeurs obtenues par cette méthode est de 17™", ce
qui concorde bien avec les déterminations précédentes. Il faut toutefois
observer que chaque valeur individuelle peut différer sensiblement de ce
chiffre 17. Il semble qu'il y ait deux groupes bien distincts de ces valeurs
suivant les individus en expérience : les unes varieraient entre 17 et 19,
les autres, plus rares, oscilleraient autour de 12 (phénomène explicable
parce qui suil ).
M Mais un fait plus considérable a été mis en évidence par cette méthode
et confirme entièrement les résultats récents de mon analyse chronosco-
pique de la transmission nerveuse, résultats dont mes dernières Notes
avaient réservé la communication. Il s'agit de l'existence d'harmoniques
plus ou moins nombreux dans l'oscillation nerveuse.
)) En effet, dans cette précédente série d'expériences j'avais été surpris
d'observer sur les mêmes individus, indépendamment de la fréquence
déjà connue et comprise entre 600 et 1 000, des fréquences bien plus grandes,
allant souvent jusqu'à 3ooo et 4000, pouvant même parfois dépasser large-
ment ce chiffre. Cela m'avait donné l'idée d'une forme complexe de la vibra-
tion nerveuse et de sa décomposition possible en vibrations harmoniques.
Mais ce point demandait à être contrôlé par une méthode moins délicate et
surtout moins longue que l'analyse chronoscopique ; la méthode actuelle
remplit parfaitement ce but.
» Voici comme exemple les valeurs qu'elle m'a fournies, dans une expé-
rience, pour les demi-longueurs d'onde donnant lieu à des interférences :
18""", 5; 9'""',2; G"", 2; 4"™, 5. Cela démontre la coexistence, avec la vibra-
tion fondamentale, de vibrations deux, trois, quatre fois plus fréquentes.
Rarement on dépasse ainsi le troisième harmonique, mais la méthode chro-
l'interposition de grandes résistances telles que celle d'une portion de nerf plus ou
moins longue.
( '072 )
noscojîique démontre l'existence de vibrations partielles d'ordre encore
jjlus élevé.
» Il est même possible que la longueur d'onde maxima trouvée le plus
généralement ne soit en réalité que le premier harmonique d'une vibration
deux fois plus lente (^ ' ), car les chiffres trouvés dans certains cas, au lieu
d'être dans le raj)portde i, 2, 3,. ., ont présenté le rapport 2, 3, /j»- •• I-'S
fait devra être recherché sur des nerfs de plus grande longueur. »
PHYSIOLOGIE. — Quelques remarques sur les otolilhes de la grenouille.
Note de M. Marage, présentée par M. H. Moissan.
« Le liquide de l'oreille interne contient des cristaux plus ou moins
volumineux, les otolithes; les hypothèses, ayant pour but d'indiquer l'ac-
tion acoustique de ces corps solides, ne sont guère probables; et, en tout
cas, elles ne sont pas appuyées sur l'expérience.
» Chez la grenouille, le contenu de l'oreille interne a une apparence lai-
teuse, il est relativement facile d'en recueillir i^^r. j'en ai déterminé la
densité; elle est 2,18 : ce chiffre est très élevé.
» La composition est ia suivante : c'est une dissolution de carbonate de chaux et de
magnésie dans un liquide cliargé d'acide carbonique.
» Au contact de l'air, l'acide carbonique se dégage très rapidement et il est facile
d'en déceler la présence.
» Le liquide lui-même est très volatil; au microscope, il se présente sous l'aspect
d'une substance huileuse qui se condense en gouttelettes; il a été impossible d'en
recueillir sul'fisamment pour en déterminer la composition.
1) D'après l'analyse faite au laboratoire de Chimie minérale de l'Ecole de Phar-
macie, les cristaux, qui restent sont formés de carbonate de chaux et de très petites
quantités de carbonate de magnésie; les plus volumineux d'entre eux sont de la gros-
seur d'un globule sanguin (32|ji); les autres, 98 pour 100 à peu près, sont beaucoup
plus petits, et il y en aura un grand nombre qui sont à peine visibles avec un grossis-
sement de 45o diamètres.
» Ces otolithes sont solubles dans l'eau chargée d'acide carbonique et l'on peut les
faire réapparaître par évaporalion.
(') Le chiflVe 12, indiqué tout à l'heure, ne serait pas ainsi celui d'une vibration
fondamentale, mais d'un second harmonique, l'autre valeur 18 correspondant au
premier.
( '073 )
)i Le contenu de l'oreille interne est donc constitué par une dissolution
de bicarbonate de chaux et de magnésie avec des cristaux en excès de
carbonates insolubles; la grande densité de ce mélange en fait un admi-
rable conducteur du son; et, somme toute, ce milieu est aussi homogène
qu'un acier quelconque, comme on peut s'en convaincre en étudiant ces
solides au microscope.
» On peut manifester l'existence de ces cristaux chez l'animal vivant.
)j Pour cela, j'ai, avec l'aide de M. Comte, radiographié une grenouille
vivante au laboratoire de Biologie appliquée. Le maxillaire inférieur a été
rabattu sur le thorax de manière à diminuer l'épaisseur des tissus; les
taches O et O' représentent les ololithes ( fig. i); dans la fig. 2, un des
otolithes O' a été enlevé et placé en O" sur la plaque.
Fig. I.
Fig.
0"
m
Otulithes O et O'.
L'otulithe G' a élé enlevé et placé en 0"
» En résumé : on se trouve en présence d'une dissolution, dans un
liquide de nature indéterminée, de bicarbonate de chaux et traces de bi-
carbonate de magnésie avec cristaux de carbonates en excès; etjl'une des
( I074 )
fonctions des ololithes est de maintenir aussi constante que possible la
conductibilité acoustique de ce milieu.
» Je compte poursuivre ces recherches chez les mammifères et chez
l'homme. »
MÉDECINE. — Influence de la stérilisation des milieux habités, de l'air respiré
et des aliments ingérés, sur l'organisme animal. Note de MM. Charrin
et GuiLLEMONAT, présentée par M. d'Arsonval.
« On tend à admettre, avec Thirfelder et Nuttal, Schottelius, etc., que,
si l'on fait vivre, en dehors de toute intervention bactérienne (milieu et
aliments stérilisés), des organismes pris au moment même de la naissance,
le développement, assurément difficile, peut cependant se poursuivre au
moins durant quelques jours.
» Il est vrai qu'à cette époque de l'existence la délicatesse anatomique
ou fonctionnelle des appareils est toute particulière; de plus, les tissus
n'ont pas encore pu s'accoutumer au concours des ferments figurés, autre-
ment dit des microbes. Dès lors, il devenait intéressant de rechercher si
l'on modifie l'économie arrivée à l'âge adulte, en supprimant ces microbes
des éléments solides ou gazeux, qui chaque jour pénètrent par les voies
digestive ou respiratoire.
» Pour stériliser les aliments, nous avons eu recours à la chaleur. Toutefois, afin
d'éviter des inégalités dans la valeur nutritive résultant de ce chaulTage, nous avons
porté à la même température les substances identiques au point de vue de la quantité
et de la qualité données aux sujets témoins de nos expériences; mais, exposés à l'air
libre pendant le refroidissement, au lieu d'être soigneusement protégés, ces produits
se souillaient à nouveau avant de servir.
» Pour obtenir des atmosphères dépourvues de germe, nous avons
utilisé quatre cages système d'Arsonval ( ' ), accouplées deux à deux, cages
A et B, cages C et D.
» L'air pénétrait dans A, passait dans B et s'échappait, aspiré par une trompe qui
aspirait aussi le contenu de C et de D; ce courant aérien circulait avec une égale
vitesse, mesurée d'ailleurs avec soin, au travers de ces récipients parfaitement seni-
(') Brown-Séquard et d'Arsonval, Comptes rendus.
( 'O70 )
blables à tous les points de vue, un détail excepté. Une importante différence dis-
tinguait, en effet, ces deux appareils; avant de pénétrer dans A, cet air se filtrait sur
une couche d'ouate et sortait librement de B, tandis que ce (luide entrait sans obstacle
dans C et, en s'échappaiit de D, franchissait un autre filtre d'ouate confectionné comme
le précédent, de manière à égaliser les résistances et partant le débit.
» Grâce à ce dispositif, les cobayes introduits dans ces cages se trouvaient
dans des conditions ne différant, d'un côté à l'autre, que par la stérilité
de l'air, des aliments, des milieux ( ' ).
)) Assurément, sur les revêtements cutanés ou muqueuxde ces animaux
existent, au début surtout de ces expériences, de nombreuses bactéries.
Mais, impuissantes à se rajeunir par des apports venus de l'extérieur,
subissant, en outre, en particulier dans les voies digestives, l'influence
atténuante des sucs glandulaires gastro-intestinaux, du mucus, de la con-
currence vitale, etc., ces bactéries diminuent [Suksdorff (-)] et s'affai-
blissent. Ainsi, cette stérilité au moins rehttive des milieux, des ingesta,
des gaz de la respiration, constituait la véritable différence entre l'exis-
tence dans A et B et dans C et D.
» Or, depuis 5 mois, nous avons fait vivre, dans ces récipients, plusieurs
groupes de cobayes; cbaque fois que nous placions 2 ou 4 de ces animaux
(i ou 2 par cage) dans le premier couple, A et B, nous enfermions, au
même instant et de la même façon, dans G et D, un nombre égal de ces
cobayes choisis à peu près semblables entre eux; nous les observions
durant 4» t) ou 8 jours. La mort survenait assez sotivent dans ce laps de
temps, en raison de la légère insuffisance de la ration alimentaire (200^'
de carottes par kilogramme), du mauvais éclairage, de l'étroitesse de
l'espace réservé à ces animaux, etc.; dans le cas de survie, après une
semaine environ on cessait l'observation.
» Voici, à plusieurs points de vue, les résultats obtenus en additionnant
les chiffres provenant de diverses séries.
» Sur 27 animaux placés dans les cages lavées et flambées, respirant de
(' ) Chaque fois qu'on introduisait une nouvelle série, on llambait A etB. Du reste,
des prises d'air, opérées en faisant barboter le courant dans des ballons contenant du
bouillon stérile, montraient la stérilité plus ou moins marquée de ce lluide. Enfin, pour
annuler les causes d'erreur tenant à des défectuosités dans la construction de ces
cages, on a fait passer l'air filtré tantôt dans A et B, tantôt dans C et D.
('-) Arch./ur Hyg., t. IV, 1S86.
( ro76 )
l'air filtré et nourris avec des aliments stérilisés, 19 ont succombé, tandis
que sur 29 cobayes, observés parallèlement et vivant dans des conditions
analogues, sauf au point de vue de l'asepsie du milieu et des principes
utilisés (principes nullement débarrassés des germes), 10 seulement ont
péri.
» La moyenne des amaigrissements quotidiens de ces animaux de la
première catégorie (stérilisation) a été de i4^',i3 et de laS"", 24 pour ceux
delà seconde. Il est rare, en effet (trois fois sur quatorze ). de constater
une perte de poids plus considérable pour les sujets placés dans les condi-
tions ordinaires.
M De même le coefficient . ' , dans la majorité des cas (un peu plus de
la moitié), s'est montré légèrement plus élevé (0,848 au lieu de 0,820^
chez les animaux usant d'air ou d'aliments non stérilisés. — Ces différences,
comme celles des amaigrissements, sont bien minimes, mais on les a enre-
gistrées un bon nombre de fois.
)i Pour apprécier la résistance aux bactéries, nous avons déposé sous la
peau de ces cobayes des doses comparables d'un virus pyocyanique relati-
vement atténué. — Sur 9 sujets ainsi inoculés et ne recevant pas de germe,
6 sont morts, alors que, sur 11 introduits dans les cages non aseptiques,
5 fsoit un peu moins de la moitié au lieu des deux tiers) ont succombé.
)) Ces résultats sont assez nets, bien qu'à certains égards les différences
soient moins marquées que celles des expériences de même ordre de Kija-
nizin (') : peut-être faut-il invoquer une importante modification de tech-
nique, puisque cet auteur purifiait l'air en le faisant passer dans du sable
brûlant.
)) Quoi qu'il en soit, en présence de ces faits si singuliers au premier
abord, il serait aisé de formuler des hypothèses (insuffisance d'activité de la
part des ferments figures intervenant dans les mutations nutritives au sein
des voies digestive et respiratoire, ou encore débilité des leucocytes accou-
tumés à se nourrir avant tout de bactéries, etc.). Contentons- nous des
résultats positifs et concluons que, dans les conditions précitées, on fait
fléchir la vitalité d'un organisme, sa résistance à la maladie, quand on sté-
rilise les milieux qu'il habite, l'air qu'il respire, les aliments qu'il ingère. »
(') Van Benf.den, Arc/in'es de Biologie, t. XVI; 1899.
( Ï077 )
M. Pierre Carles adresse une Note ayant pour titre : « La pourriture
grise du raisin aurait-elle quelque rapport avec la présence des morilles
dans les vignes? »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séawce du 25 mars iqoi.
Nouvelles Leçons sur la Théorie des Fonctions. Leçons sur les Séries diver-
gentes, par Emile Borel. Paris, Gauthier- Villars, 1901 ; i vol. in-8°.
(Présenté par M. Picard.)
L'Agriculture de l'avenir, par M. A. Ronnx. Paris, typ. Chamerot et
Renouard, 1900; i fasc. in-4°.
Eine historische Studie ûber die Entdeckung des Magendie-BelV schen Lehr-
satzes, von D"^ Med. Adolf Bickel. Bonn, Emil Strauss, 1901 ; i fasc. in-S".
Compressed air house cleaning. The Dustless method. Saint-Louis (États-
Unis); I fasc. in- 18.
The Universily of Nebraska. Thirteenth annual report of the U. S. agricul-
tural experiment station o/A^ebraska.I-.inco\vi,^ebraska; i vol. in-8°.
Videnskahelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjobenhavn
for Aaret 1900. Copenhague, 1901; i vol. in-8°,
Memoirs of the British Astronomical Association; vol. X, part 1. Ninth
report of the section for the observation of meteors. Londres, 1901; i fasc.
in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; janvier-février 1901.
Mulhouse-Paris; i fasc. in-8°.
Beiblàtter zu den Annalen der Physik, herausgeg. v. Walter Konig;
Bd 25, Hefte 1 u. 2. Leipzig, Ambrosius Barth, 1901 ; 2 fasc. in-8°.
$i>-o>.oyuoç (JuXT^oyo; HapvacGoç. ETireTYipi; ; Eto; E. Athènes, 1901 ; i vol.
in-8°.
C. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 17.) I Sq
( 1078 )
Climat; n" 1, i5 mars 1901. Saint-Pétersbourg; i fasc. in-8° oblong.
Annals the astronomical observatory of Barvard Collège; vol. XXXVII,
parti. Cambridge, États-Unis, 1900; i fasc. in-4°.
Annals of the New York Academy of Sciences, vol. XIII, parti. Lancaster,
Pa.; I vol. in-8°.
Boletin del observatorio « Urania »; ano I, 1901, n" 1. Mexico; i fasc.
in-8°.
Anales de la Sociedad cientifica Argentina; enero-febrero 1901, entrega I
y II, tomo LI. Buenos-Ayres; i fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du !"■ avril 1901.
LOEuvre scientifique de Charles Hermite, par M. Emile Picard, Membre de
l'Académie des Sciences. (Extr. des Annales de V Ecole Normale supérieure,
3* série, t. XVIII; janvier 1901.) Paris, impr. Gauthier-Villars; i fasc.
in-8°.
Cours de la Faculté des Sciences de Paris. Traité d'Analyse, par Emile
Picard, Membre de l'Institut. Tome I. Intégrales simples et multiples . L'équa-
tion de Laplace et ses applications. Développements en séries. Applications géo-
métriques du Calcul infinitésimal. Vixrxs, Gauthier-Villars, 190 1. i vol.in-8°.
La Chimie de l'uranium : historique comprenant les recherches principales
effectuées sur l'uranium et ses composés de 1872 à 1901, par M. OEchsner
DE CoNiNCK. Montpellier, impr. Gustave Firmin et Montane, 1901 ; i fasc.
in-8°.
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre
de l'Institut; t. XIII, livraison du i5 mars 1901, n" 147. Paris, Paul Dupont,
1901 ; I fasc. in-8°.
Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum digessitP.-A. Saccardo,
vol. XV. Synonymia generum, specierum subspecierumque in vol. I-XIV des-
criptorum, auctore E. Mussat. Paris, Octave Doin, 1901; i vol. in-8°.
(Présenté par M. Bornet. Hommage de l'Auteur.)
Sur Vexistence, la distribution et le mouvement des principaux centres pré-
sumés de l'activité solaire, par A. Wolfer. (Extr. des Memorie délia Societa
degli Spettroscopisti Italiani, vol. XXIX, 1901.) x fasc. in-4°. (Hommage
de l'Auteur.)
Beitràge zur Kenntniss der Getreideroste, II, von H. Rlebahn. Stuttgart,
Eugen Ulmer; i fasc. in-8°.
( I079 )
The Nautical Almanac and astronomical Ephemeris Jor the year \^o[\,for
the meridian of the Royal Ohservatory at Greenwich, published by orcler of
the Lords commissioncrs of the Admirai ty. Edimbourg, 1901 ; i vol. in-8''.
Annuaire météorologique pour i8g8, publié par l'Institut royal météoro-
logique des Pays-Bas, 5o^ année. Utrecht, J. van Bœkhoven, igoi ; i vol.
in-8° oblong.
Naturœ Novitates, Bibliographie neuer Erscheinungen aller Ldnder auj dem
Gehiele der Naturgeschichle und der exaclen JVissenschaften, herausgeg. v.
R. Friedlander und Sohn, Januar igoi, Nr. 1-4. Berlin; 4 fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance ou 9 avril 1901.
Traité de Physique biologique, publié sous la direction de MM. d'Arsonval,
Chauveau, Marey, Membres de l'Institut, Gaiuel, Weiss; t. I, Paris,
Masson et C", 1901 ; i vol in-8". (Présenté par M. Chauveau.)
Bulletin de la Société internationale des Electriciens ; 1" série, t. I, n° 1,
janvier 190t. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-8°.
Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié par
E. Mascart, année 1901, n" 1, janvier. Paris, Gauthier- Villàrs; i fasc.
pet. in-4°.
Lectures on appendicitis and notes on other subjects, by Robert T. Morris ;
ihird édition, revised andenlarged. New-York, Londres, E.-P. Putnamfîls,
1899; I vol. in-8''.
Erste Bestimmung der Botationszeit des Planeten Eros, von Prof. D*"
Deiciimuller. Bonn, 1901; i fasc. in-8''.
The growth of magnetism in iron alternating magnetic force, by Ernest
WiLsoN. S. I. 1901. 5 feuillets, in-8° oblong.
Die Schôpfung oder das Walten der Natur, von Carl-Eduard Neuzeit.
Leipzig, 1901 ; i vol. in-8°.
Regenwaarnemingen in Nederlandsch-Indië, een en twintigste jaargang
1899. Batavia, 1900; i vol. in-S".
Observations made at the Royal magnetical and meteorologicalObservatory
at Batavia, pub. by D'' S. Figée, Director; vol. XXII, 1899, part 1. Batavia,
1900; I fasc. in-f".
Ouvrages reçus dans la séance du i5 avril 1901.
Le vin concentré comparé avec les moûts et les raisins concentrés, par le
D"^ F. Garrigou. Paris, 1901 ; i vol. in-12.
( io8o )
Sérothérapie et Thoracentèse. Traitement de la pleurésie aiguë chez le che-
val, par R. Brocheriou. Thouars, 1901; i fasc. in-8° (Présenté pour le
concours du prix Barbier.)
Langue internationale Espéranto. Manuel complet avec double diction-
naire, traduit sur l'Ouvrage russe du D'' Zamenhof, par L. deBeaufront,
Paris, librairie Le Soudier; 4° édition in-8°.
Commentaire sur la grammaire de la langue internationale Espéranto,
suivi d'études sur la question même de la langue internationale et la manière
dont /'Espéranto la résout, par L. de Beaufront. Épernay, 1900; i vol.
in-8°.
Universala Vortaro de la lingvo internacia. Dictionnaire universel delà
langue internationale, avec traduction en français, anglais, allemand, russe
et polonais, par le D'' L. Zxmenhof. Varsovie, imp. Relier; 1900. 3* édi-
tion, I vol. in-8°.
Société pour la propagation rfe /'Espéranto. Annuaire-Jarlibro , 1 900-1 901.
Épernay, 1901; i vol. in-8°- {A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 22 avril 1901.)
Note de M. Edouard Mack, Quelques isothermes de l'éther entre 100°
et -20%" :
Page 953, ligne 02, .a« lieu de i'''i,iii5 lisez i<^«,iii5.
Même ligne, au lieu de i"=i, lisez i".
Page 954, Table I, ligne 2 à droite, au lieu de 1 ,7208, lisez i ,7028.
Page 954, Table I, ligne 28 à droite, au lieu de i,352o, lises i,252o.
Page 954, ligne 2 après la Table, au lieu de accordés, lisez raccordés.
Page 955, ligne 4, au lieu de 18,96, lisez 18,76.
W 17.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2î) avril 1901.)
MEMOIRES ET COMMUi\IGATiOi\S
DES MEiMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE.
Pages.
iM. A. Con:^u. — Sur la compensation mé-
canique de la rotation du cliamp' optique
fourni par le sidérostat et l'iiéliostat. . . . ioi3
M. L. Cailletet. — Sur l'emploi de l'oxy-
Pages.
gène dans les ascensions à grandes hau-
teurs . .' 1017
M. P. DuHEM. — Sur la stabilité d'un sys-
tème animé d'un mouvement de rotation. 102 1
NOMINATIONS.
M. Zeilleh est élu Membre dans la Section
de Botanique pour remplir la place laissée
vacante par le décès de M. Adolphe
Chalin 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix Monlyon (.Médecine et Chirurgie)
pour ir)Oi : M.M. Guyon, d'Aisonval,
Lannelongue, Marcy, Bouchard, C/iaii-
veati, Houx, Urouardel, ftanvier 1024
Commi-ssion chargée de juger le concours
du prix Barbier pour lyoi : MM. Bou-
chard, Guyon, Lannelongue, Guignard,
d'Arsonval ioa4
Commission chargée de juger le concours
du prix Brèanl pour 1901 : MM. Mare)'.
Bouchard, Guyon, d'Arsonval, Lanne-
longue 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix Godard pour 1901 : MM. Guyon,
Lannelongue, Bouchard, Marey, d'Ar-
sonval 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix Bellion pour 1901 : MM. Bou-
■ chard, Guyon, Lannelongue, Marey,
d'Arsonval > 1034
Commission chargée de juger le concours
du prix Mègc pour igoi : MM. Bouchard,
Marey, Guyon, Lannelongue, d'Arson-
val 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix Lallcmand pour 1901 : M.M. Bou-
chard, d'Arsonval, Marey, Lanne-
longue, Banvier 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix du baron Larrey pour 1901 :
M.M. Bouchard, Guyon, Lannelongue.
Marey, d'Arsonval 1 024
Commission chargée de juger le concours
du prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale) pour 1901 : M.M. d'Arsonval,
Marey, Bouchard, Lannelongue, Guyon. 1024
Commission chargée de juger le concours
du prix Pourat pour 1901 : M.M. Marey,
d'Arsonvcfl, Bouchard, Guyon, Lanne-
longue 102 J
CORRESPONDANCE .
M. le Sechét.mre rKUPETUEL signale :
i" Une brochure de M. Edmond l'errier :
« Henri et Alphonse Milne-Edwards «;
2» Un Ouvrage de M. Chantre :
<i L'homme quaternaire dans le bassin du
Hhonc » ; 3° La quatrième Partie de la
« Revue technique de l'Exposition uni-
verselle de 1900 : Génie civil », Tome I,
par M. Ch. Jaconiet io25
M. H. Lebesgue. — Sur une généralisation
de l'intégrale définie '025
iM. Henri Dulac. — Sur les intégrales ana-
lytiques des équations différentielles du
premier ordre dans le voisinage de condi-
tions initiales singulières 1028
M, DE SÉGUIER. — Sur les équations de
certains groupes io3o
M. Ed.mond Maillet. — Sur les lois des
montées de Belgrand et les formules du
débit d'un cours d'eau io33
M. Edouard AL^ck. — Isochores de l'éther
de I" à i",85 io35
M. L. DÉCOMBE. — Sur la mesure de la
période des oscillations électriques par le
miroir tournant 1037
.\I. G. -A. Hemsaleoh. — Sur le spectre de
bandes de l'azole dans l'étincelle oscil-
lante io4o
MM. Pli. -A. GuYE et L. Perhot. — Mesure
rapide des tensions superficielles io43
N° 17.
SVITE DE LA TABLE DES ARTICLES-
Pages.
M. P.-Th. Muller. — Sur la variation de
composition des eaux minérales et des
eaux de source décelée à l'aide de la con-
ductibilité électrique 1046
M. Ph. Barbier. — Sur le myrcénol et sa
constitution lo'iS
M. A.Wahl. — Sur le nitroacétate d'étliyle. loôo
M. \fAVR0JANNis. — Préparation des éthers
nilrobenzoylcyanacétiques isomériqucs or-
tho, meta et para et du chlorure d'orlho-
nitrobenzoyle cristallisé io54
M. Alex. Leys. — Nouvelle réaction de la
saccharine (sulfiniide benzoïque) loôii
M. G. André. — Sur la migration des ma-
tières azotées et des matières ternaires
dans les plantes annuelles io58
M. Balland. — Sur le Voandzou io'ji
M. M.-E. Pozzi-EscoT. — Contribution à la
recherche microchiraique des alcaloïdes... lofb
MM. C. Vaney et K. Conte. — Sur des phé-
nomènes d'histolyse et d'histogenèse
accompagnant le développement des 'fré-
matodes endoparasiles de Mollusques tcr-
BULLETIX BIBF.IOGRAPntOUE
Errata
Pages,
restres 1062
M. A. Conte. — Sur l'évolution des feuillets
blastodermiques chez les Nématodes 10G4
MM. H. CouTiÈRE et J. Martin. — Sur une
nouvelle sous-famillc d'Hémiptères ma-
rins, \e% Hermatobatinœ 1066
M. Georqes Weiss. — Recherches sur les
constantes physiques qui interviennent
dans l'excitation électrique du nerf 1068
M. Auii. Charpentier. — Mesure directe de
la longueur d'onde dans le nerf à la suite
d'excitations électriques brèves 1070
.M. M.\RAGE. — Quelques remarques sur les
otolithes de la grenouille 1072
MM. Charrin et Guillemonat. — Influence
de la stérilisation des milieux habités, de
l'air lespiré et des aliments ingérés, sur
l'organisme animal 107^
M. Pierre Carles adresse une Note ayant
pour titre : « La pourriture grise du raisin
aurait-elle quelque rapport avec la pré-
sence des morilles dans les vignes? ».-... 1077
loSo
PARIS. — IMPIUMERIK GAUTH [ E R-V I L L A K S ,
Quai des Grands-Augustins, ai
/rf GerafT/ .* (•tOrUtBB-ViLLAIiS.
JIM * 1801
PREMIER SE3IESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR ran. IiBS SBOHETAIHES PERPETUBEiS.
TOME CXXXH.
NMS (6 Mai 1901).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
OES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Granai-Augustias, 55.
i901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté da\s les sÉA^XES des 23 juin 1862 et 2^ mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires -des séances de
r Académie se composent des extrails des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des saA ants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associéétrangerderAcadémiecomprennent
au plus 6 pages par numéi'o.
Un INIembre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits di^s Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit l'ait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de lés re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aulat
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savant,
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personni
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac;
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r-
suiné qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nomme
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils lefon
pour les articles ordinaires de la correspondance oflî
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.l-
jeudià 10 heures du matin; faute d'être remis à lemp>
le titre seul duMémoire est inséré dans le Compterenéit
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu iw
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus né" contiennent ni planches, m
fleures.
Dans le cas exceptionnel où des ligures seraienl
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux Irais desaii
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports fi
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administralivet.i
un Ra|)port sur la situation des Comptes rendus âpre
l'impression île chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pf'
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM les Secrétaires perpétuels sont priés de !('
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suiMiili
^JUN 4 1901
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 MAI 1901,
PRÉSroENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instkcction publiquk adresse l'ampliatioii du Décret
par lequel le Président de la République approuve l'élection que l'Acadé-
mie a faite de M. Zeiller, pour remplir la place laissée vacante dans la Sec-
tion de Botanique par le décès de M. Adolphe Chatin.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Zeiller jirend place parmi ses
Confrères.
MÉDECINE. — De l'influence de l'alimenlatinn, delà température, du travaù
et des poussières sur l'évolution de la tuberculose. Note de MM. La.xne-
LONGUE, AcilARD et GaILLARD.
« Dans des Notes précédentes, nous avons recherché expérimentale-
ment l'influence du climat sur l'évolution de la tuberculose. Poursuivant
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N« 18.) l4o
( io82 )
l'élude des conditions adjuvantes qui peuvent modifier la marche de cette
infection, nous nous jjroposons aujourd'hui de mettre en relief celles dont
le rôle est le mieux établi par la clinique : le travail musculaire, l'alimen-
tation insuffisante, l'inhalation d'un air chargé de poussières.
» Pour procéder à cette nouvelle série d'expériences, nous avons pris
cent cobayes mâles et nous les avons tous inoculés dans la plèvre droite,
le même jour (19 octobre 1900), avec la même dose d'une dilution de
virus tuberculeux provenant d'une culture en bouillon glycérine âgée de
deux mois. Puis nous avons partagé ces cobayes en dix lots, de poids sen-
siblement égal (de 5''s,4oo à 5''s,6oo).
» Comme les résultats à l'égard de la température nous ont amenés à
prolonger les expériences et à en faire de nouvelles, nous n'en relaterons
les résultats que plus tard, dans une autre Communication.
» L'inhalation des poussières paraît jouer un rôle important dans la ge-
nèse et l'évolution de la tuberculose pulmonaire chez l'homme. Dans nos
expériences, elle a hâté d'une façon évidente la mort des cobayes. Deux
lots de dix cobaves mâles chacun et d'un poids égal à celui de deux autres
lots d'un même nombre d'animaux témoins, ont été soumis plusieurs fois
par jour à l'inhalation dépoussières; dans l'un des deux premiers lots on
chargeait artificiellement les poussières de cultures desséchées de coli-
bacille. Commencée le 19 octobre 1900, l'expérience peut être considérée
com.me terminée aujourd'hui. Il ne reste qu'un cobaye vivant dans chacun
des deux lots où Ton a fait inhaler les poussières, ce qui veut dire qu'il en
est mort 18, tandis qu'il y a encore 17 vivants sur 20 dans les deux lots
témoins. Plusieurs des animaux insufflés ont succombé manifestement à des
broncho-pneumonies. Le résultat se montre donc avec une grande
netteté.
M L'influence du travail musculaire et de la fatigue sur la marche de la
tuberculose apparaît avec plus de netteté encore. Elle a été expérimentée,
combinée avec une alimentation normale et plutôt en excès, et avec une
alimentation réduite de moitié, très insuffisante par conséquent.
» 1° Influence de la fatigue seule. — Un lot témoin de dix cobayes de-
meure à l'intérieur du laboratoire, dans des compartiments étroits d'une
cage où ils ne peuvent pour ainsi dire pas bouger. Les animaux sont sou-
mis à une alimentation normale.
» Un deuxième lot de dix animaux est placé dans des conditions sem-
blables de logement et de nourriture, mais il fut soumis, à partir du
19 octobre, pendant un quart d'heure, quatre fois par jour, à des mouve-
( io83 )
ments de rotation qui obligeaient les animaux à se déplacer et à parcourir
un certain espace.
» Un troisième lot de dix cobayes, soumis au même régime alimentaire
et confiné dans un espace étroit, exécuta les mêmes mouvements, mais il
fut maintenu dans la roue pendant un temps deux fois plus long, c'est-
à-dire pendant une demi-heure, quatre fois par jour.
» Pour ces trois lots, l'expérience commença le ig octobre. Or, le pre-
mier lot maintenu à un repos presque absolu ne compte que deux morts,
tandis que ceux qui ont été soumis à la rotation n'ont plus aucun survi-
vant. La rotation avait pour effet de faire parcourir aux animaux du
deuxième lot 480™ par jour et 960™ à ceux du troisième lot, soit respecti-
vement 1920 et 3840 fois la longueur de leur corps.
» Il est à remarquer que la disparition du troisième lot, dont le travail
musculaire a été double, a eu lieu beaucoup plus vite que celle du
deuxième, car le dernier cobaye du troisième lot est mort le 3i janvier, et
le dernier cobave du deuxième lot est mort le i" mars. La durée de
l'expérience du troisième lot a été de cent quatre jours, et celle du
deuxième lot de cent trente-trois jours.
» 2*^ L'action combinée du travail et de l'insuffisance alimentaire est
établie par la comparaison des résultats de divers lots. Un lot de dix ani-
maux soumis depuis le 19 octobre à une demi-ration et à des mouvements
de rotation pendant un quart d'heure, quatre fois par jour, a été totale-
ment détruit le 6 février. Un deuxième lot exécute les mêmes mouvements,
mais il a une ration entière : il ne disparaît complètement que le 1"' mars.
Enfin dans un dernier lot on ne fait plus exécuter de mouvements, mais
l'alimentation ne comprend qu'une demi-ration ; le lot ne s'éteint qu'au
i" avril.
» Le rôle de l'alimentation insuffisante n'est pas moins manifeste. La
ration complète se composait, pour dix cobayes, de : pain loo^S herbes
vertes 1''^% son à discrétion (environ 5oo^). Or, tandis qu'un lot de
dix cobayes soumis à l'alimentation complète le 19 octobre ne compte que
deux morts, un lot semblable soumis à la demi-ration depuis la même date
a totalement disparu depuis le 1*'' avril. Ces résultats sont démonstratifs.
» Il est intéressant de relever la diminution du poids moyen dès co-
bayes au moment de leur mort dans ces différents lots.
» Les animaux soumis à une heure de travail par jour (deuxième lot)
avaient perdu iSsï", 5 par animal, et ceux qui avaient été soumis à deux
heures de travail, 63^''.
( io84 )
» L'alimentation insuffisante, sans travail musculaire, fit perdre aux
animaux du quatrième loi 85^"', 5.
)) Enfin l'alimentation insuffisante combinée à la fatigue musculaire fit
■T
subir aux cobayes du cinquième lot la perte la plus considérable : i iS^'', 8
par animal.
» On voit par ces résultats que la perle de poids éprouvée par les
cobayes depuis l'époque de l'inoculation jusqu'à leur mort, était bien
moins l'effet de l'infection tuberculeuse que des conditions artificielles
introduites dans l'expérience pour accroître les dépenses et amoindrir les
recettes de l'organisme infecté.
» Chez l'homme tuberculeux il en est vraisemblablement de même.
Bien que, le plus habituellement, les malades succombent dans un état
d'émaciation très accentuée, on en voit parfois qui, porteurs de lésions
avancées, conservent néanmoins un certain embonpoint, et il y a tout
lieu de penser que l'amaigrissement résulte bien plutôt des troubles nutritifs
indirectement engendrés par la maladie, notamment des troubles de l'ali-
mentation, que de l'infection elle-même. »
ASTRONOMIE. — Sur le quatrième Volume des « Annales de l'Observatoire
de Toulouse ». Note de M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le quatrième Volume des
Annales de l Observatoire de Toulouse.
» Après l'mstallation du nouveau Cercle méridien en 1891 , M. Baillaud,
Directeur de cet établissement, avait décidé de consacrer cet appareil de
haute précision à une étude d'une importante actualité, à savoir : l'obser-
vation des étoiles de repère de la zone attribuée à Toulouse dans l'entre-
prise internationale de la Carte du Ciel.
» L'exécution de cette étude méridienne a été confiée à M. Saint-Blancat.
Le Volume qui vient de paraître est donc l'œuvre personnelle de cet astro-
nome.
» Malgré les conditions atmosphériques spéciales du Ciel de Toulouse,
qui ne laissent guère plus de 75 soirées complètement claires chaque année,
M. Saint-Blancat a pu, en travaillant avec un grand dévouement pendant
toute la durée des nuits favorables et en observant jusqu'à i5o étoiles
dans une même séance, terminer en juillet 1898, après sept années de la-
beur, la première partie de la lâche qui lui était confiée. Il a ainsi constitué
( io85 )
un Catalogue de repères renfermant les positions exactes de 371g étoiles
basées sur 21 000 observations méridiennes.
» I/utililé des études faites dans cet ordre d'idées grandit de jour
en jour. En effet, comme l'Académie le sait déjà, l'exploration photo-
graphique du Ciel n'a pas seulement pour objet la formation d'un grand
Catalogue qui renfermera les positions exactes de 2 à 3 millions d'étoiles,
mais aussi la construction, à l'aide de clichés à longue pose, d'une Carte
générale du Ciel, contenant les étoiles jusqu'à la quatorzième grandeur,
c'est-à-dire des images d'astres dont l'éclat est encore mille fois plus faible
que celui de la plus petite étoile visible à l'œil nu.
» Or, cet Atlas général de l'Univers sidéral, qui contiendra peut-être les
images de trente millions d'objets célestes, a déjà conduit à des applications
imprévues. Les études effectuées récemmeut en Angleterre et en France
ont, en effet, démontré que, grâce à l'intervention d'un réseau quadrillé
transporté photographiquement sur chaque cliché, on pourra relever sur
les Cartes mêmes, malgré toutes les déformations du papier des feuilles, la
position de chaque astre avec une exactitude au moins égale à celle d'une
observation méridienne.
M Le Catalogue de repères célestes dû à l'activité persévérante de
M. Saint-Blancat pourra donc servir, non seulement à la réduction des
clichés à courte pose, mais aussi à la détermination des coordonnées équa-
toriales de toute cette multitude d'astres qui, jusqu'à la quatorzième gran-
deur, fournissent l'image fidèle de l'Univers sidéral à notre époque.
» Toutes les étoiles communes au Catalogue de M. Saint-Blancat et au
Catalogue de Leipzig, c'est-à-dire les | des étoiles observées à Toulouse, ont
été l'objet d'une comparaison effectuée par M. Baillaud. Celte comparai-
son a montré un accord remarquable entre les deux catégories de
résultats.
« Le Volume dont je tais hommage à l'Académie, au nom de M. Baillaud,
fera certainement le plus grand honneur à l'Observatoire de Toulouse et à
l'astronome qui a accompli, avec tant d'abnégation, cet important travail. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Mécanique, à une place vacante en vertu
du Décret du 24 juin i8gg.
C 1086 )
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i,
M. Gustave Zeuner obtien! 4^ suffrages
Il y a 3 bulletins blancs.
M. Zeuner, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Cor-
respondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant dans la Section de Géographie et Navigation, pour remplir la
place laissée vacante par le décès de M. de Serpa Pinto.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Oudemans obtient 45 suffrages
Il y a un bulletin blanc.
M. Oudemans, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de 1901.
Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants :
Prix Philipeaux. — MM. d'Arsonval, Marey, Chauveau, Van Tieghem,
Bouchard.
Prix Lacaze {Physiologie). — MM. Marey, Bouchard, Guyon, Polain,
d'Arsonval, Lannelongue, Chauveau, Van Tieghem, Giard.
Prix Montyon (^Arts insalubres).— MM. Troost, Gautier, Moissan, Haller,
Schlœsing.
Prix Wilde. — MM. Cornu, Lœwy, Fouqué, Maurice Lévy, Berthelot.
Prix Cahours. — MM. Troost, Gautier, Moissan, Haller, Ditte.
Prix Tchihatchef. — MM. Grandidier, Perrier, Gaudry, Bouquet de la
Grye, Filhol.
Prix Jean Reynaud. — MM. Bouquet de la Grye, Gaudry, Lannelongue,
Cornu, Sarrau.
( io87 )
MEMOIRES LUS
PHYSIOLOGIE. — Le dernier signe de vie; son application à
l'homme. Note de M. A.-D. Walleb.
« Aux séances du 3 septembre et du 24 décembre, j'ai eu l'honneur
de communiquer à l'Académie les résultats principaux d'une série d'ex-
périences démontrant, selon moi, un signe distinctif qui permet de re-
connaître en quelques instants si une substance donnée est vivante ou
morte.
» Je me suis naturellement demandé si ce signe distinctif pouvait être
obtenu sur le corps humain avec la peau intacte. Je crois avoir résolu
cette question dans le sens affirmatif.
» La réaction est localisée (') aux régions polaires du courant excita-
teur.
» Après plusieurs essais préliminaires, je me suis arrêté à employer
trois électrodes : A et B servant au passage du courant excitateur, C ser-
vant à relier au galvanomètre l'un ou l'autre des deux points excités A etB.
» Voici la marche d'une expérience :
» L'excitation se fait par les électrodes A et B, et l'on doit constater l'effet de celte
excitation sur le point A. Ce point A et un troisième point C sont reliés au galvano-
mètre et exactement équipolentiés. Le galvanomètre est alors court-circuité. Une
excitation (soit décharge de condensateur, soit courant induit de rupture) de la peau
est provoquée aux points A et B. Aussitôt après, les points A et G sont reliés au gal-
vanomètre et le circuit de celui-ci est ouvert. Toute altération qui aura eu lieu au
point A sera accusée par une déviation galvanomélrique. On répète l'essai avec exci-
(•) L'expérience suivante faite sur un lambeau de peau de grenouille démontre
nettement l'exactitude de cette localisation, et en même tomps elle prouve que la
localisation a son siège dans les couches externes de la peau. Excitation provoquée
par deux électrodes A et B appliquées à ses surfaces externe (A) et interne (B). Déri-
vation au galvanomètre par A et un troisième point C qui n'a pas été excité; réaction
grande. Dérivation par B et un troisième point C; réaction nulle. Donc l'excitation
transversale de l'épaisseur AB a modifié A et n'a pas sensiblement modifié B.
( io88 )
tation en direction renversée. On répète la paire d'essais après compensation préalable
des points B, G. Les résultats de ces quatre essais sont les suivants :
B. C. A.
1. Excitation de B à A >■
-i Réaction de A à C.
■+■
2. Excitation de A à B <
< Réaction de A à C.
3. Excitation de B à A y
— ■ >- Réaction de B à C.
-t-
4-. Excitation de A à B <
> Réaction de B à G.
» Ces réactions sont caractéristiques de la peau vivante, non seulement
celles qui, étant de même direction que celle du courant excitateur, sont
des réactions physiologiques indiscutables (n""* 2 et 3) prenant leur source
à l'anode du courant excitateur qui vient de passer, mais aussi celles qui,
étant de direction opposée (celle de la polarisation) sont discutables (n"' 1
et 4) prenant source à la cathode du courant excitateur. Ces réactions, dans
les quatre cas, sont dirigées de la surface externe de la peau à la région
interrogée, qu'elles aient été provoquées par un état antérieur anodique
ou cathodique. Leur valeur ordinaire, selon mes observations, a été de
o'°",oo3 ào^°'Soo5.
» Cette propriété physiologique de la peau, de réagir par un courant de
même sens à la suite d'excitations des deux directions, qui nous empêche
de l'interroger au moyen de deux électrodes reliées soit à l'excitateur, soit
au galvanomètre, simplifie beaucoup la mise en pratique de l'essai par le
moyen des trois électrodes A, B et C, en nous permettant de l'appliquer
à l'aide de courants alternatifs qui nous mettent à l'abri des effets de la
polarisation ordinaire. Cette polarisation, en effet, reconnaissable avec le
simple courant de rupture sur la peau morte, et même sur la peau vivante,
quoique à un moindre degré, puisqu'elle est masquée par la réaction phy-
siologique, ne se manifeste pas sensiblement à la suite d'une série de cou-
rants alternatifs.
)) J'emploie donc ces courants et un commutateur qui permet de faire
communiquer deux de trois régions distinctes de la peau avec le clavier
à quatre fiches décrit dans mon premier Mémoire ( ' ).
(') Ge clavier se ti'ouve figuré, ainsi que le circuit qui s'y rattache, dans un Me-
( io89 )
» Si, après une courte tétanisation de la peau dans les deux directions
BA et AB, les réactions sont nettement dans les directions AC et BC, la
peau est vivante. Sinon la peau est morte.
» Jusqu'ici je n'ai déterminé que les deux cas extrêmes : i° celui de la
peau vivante avec les réactions AC et BC, et i° celui de la peau tuée dé-
pourvue de ces réactions. Je n'ai pas encore trouvé moyen de suivre pas à
pas la mort de la peau consécutive à la mort somatique.
» J'espère sous peu combler cette lacune; je crois pourtant pouvoir
avancer dès à présent que la peau est douée d'une survie exceptionnelle-
ment prolongée, et qu'elle indique par le fait de sa mort que la mort défi-
nitive a eu lieu.
» Toutes les expériences précédentes se rapportent à la peau intacte.
Pour la peau excisée, les résultats se compliquent en raison de la lésion et
d'autres circonstances que je me réserve de discuter. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — La variation thermique des eaux.
Note de M. F. -A. Forel.
« En complément des études océanographiques organisées par la Con-
férence des États riverains de la mer du Nord et de la Baltique, M. le Prof.
D''0. Petterssen, de Stockholm, a demandé des recherches thermométriques
simultanées dans l'eau des lacs du nord-est de l'Europe, et il m'a prié de
me charger des mesures dans le Léman. Les résultats de ces sondages
thermométriques viennent de nous être soumis, et nous en tirons quelques
conclusions intéressantes.
» Si par un calcul convenable je cherche quelle est la quantité de cha-
leur emmagasinée dans les eaux aux différentes saisons [Calcul du bilan
thermique (M. F. -A. Forel, Le Léman, t. H, p. ^oo; Lausanne, 1890)], je
trouve, par des différences, la quantité de chaleur reçue ou perdue par
l'unité de surface entre les deux époques de sondages thermométriques
consécutifs. Je traduis ces chiffres en calories par décimètre carré de la
surface et par jour, et j'arrive aux valeurs suivantes pour le gain de cha-
leur, de l'hiver à l'été de l'année 1900, pour quelques lacs européens,
moire relatif à la vitalité des graines, et par des observations parallèles sur leur ger-
mination {Proceedings of the Royal Society, febr. 24; 1901).
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 18.) l^l
( logo )
du Léman en France et Suisse, à l'Enare, au nord de la Laponie fin-
landaise :
Lacs. Latitude. Dates extrêmes. Gain thermique.
0 ,
Léman 46.21 lat. N. 12 mars-i6 août 19 calories-dm^-jour
Loch Katrine 56. i5 » 10 mars-29 juillet 29 »
Mjôsen 60.22 » 18 avril-io septembre 34 »
Ladoga 7 61.22 » 26 avril-29 juillet 55 »
Ladoga 8 61.24 » 24 avril-29 juillet 62 »
Enare 69. 3 lat. N. 10 mars- 6 août 68 calories-dm^-jour
» On voit apparaître dans ces chiffres une loi que je formule en ces
termes : « L'amplitude de la variation thermique annuelle est fonction
M directe de la latitude ». Cette loi, qui pourrait se traduire encore ainsi :
« La variation thermique annuelle est nulle à l'équateur et maximale au
» pôle », s'appliquerait aussi bien à la température du sol et à celle de
l'air qu'à celle des eaux.
» Je constate encore un fait important et nouveau dans les résultats de
nos sondages thermométriques. Tandis que dans le Léman la variation
thermique annuelle n'intéresse la couche supérieure des eaux que jusqu'à
la profondeur de 100 à 120™, elle descend plus bas dans les lacs plus
septentrionaux : jusqu'à plus de i5o™ dans le Loch Katrine de l'Ecosse,
jusqu'à plus de 200"" dans le Mjosen de Norwège et le Ladoga de Finlande
et de Russie. Il semble donc que la profondeur de pénétration de la chaleur
croît, elle aussi, en fonction directe de la latitude; mais celte loi, qui n'est
pas d'évidence, et qui serait déportée considérable, demande à être vérifiée
par de nouvelles observations.
» Or ces lois, qui bont devenues facilement manifestes par l'étude de la
température des lacs d'eau douce, n'apparaissent pas dans les séries de
mesures thermométriques faites simultanément dans la mer Baltique ou
dans la mer Ivoire. Il y a en effet pour de telles études un avantage évident
à les faire dans des bassins d'eau douce plutôt que dans la mer. Les lacs
sont des bassins fermés et isolés, tandis que la mer étant en communication
directe d'une région à l'autre, les courants superficiels et profonds y déter-
minent des échanges et des mélanges thermiques qui troublent la simpli-
cité et la régularité des faits. Puis les lacs d'eau douce ont une composition
chimique uniforme et, par suite, une densité également uniforme ; la strati-
fication y est régulière aux divers points de vue delà salinité, de la densité,
( I09I )
de la température. Il n'y a pas, dans les lacs d'eau douce, ces anomalies
de stratification thermique qui diversifient les sondages thermométriques
de la Baltique et de la mer Noire.
» Donc, pour l'étude générale des conditions thermiques des eaux, il y
a avantage à s'adresser aux lacs d'eau douce, quitte à étendre plus tard les
conclusions ainsi obtenues et à les adapter aux masses d'eau salée de
l'Océan. »
CORRESPOND AJVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Trois Volumes publiés par l'Université d'Aberdeen ayant pour titres :
1° Roll of alunini in Arls of the Universit) and Ring's Collège in Aber-
deen, par Peler John Anderson; 2" Records of Old Aberdeen (1157-1891),
par Alexander Macdonald Miinro ; 3° Place Names of West Aberdeenshire,
par James Macdonald ;
2° Un levé à grande échelle du cours du Congo et de l'Oubanghi, par
M. Chastrey. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
ASTRONOMIE. — Application du photomètre à coin à la mesure des gran-
deurs photographiques des étoiles. Note de M. B. Baillaud, présentée
par M. Lœ\\'y.
K Si, par un dispositif convenable, on éclaire un cliché photographique
stellaire où les images apparaissent noires sur un fond lumineux, et que
l'on regarde les images au moyen d'une lunette dans le plan focal de laquelle
est installée la lame neutre d'un photomètre à coin, on peut faire dispa-
raître les images de la même manière que, au moyen de ce photomètre, on
éteint les images lumineuses des étoiles dans le plan focal d'un télescope
ordinaire.
» J'ai installé à l'observatoire de Toulouse, dans une chambre obscure,
avec le concours de l'habile mécanicien de l'observatoire, M. Carrère, un
tel instrument. La description en sera donnée ailleurs. Il suffira, ici, de dire
que les lectures sont enregistrées mécaniquement, que l'observateur les
ignore pendant l'observation elle-même, qu'il reste dans l'obscurité et
qu'aucun assistant n'intervient dans la mesure.
( '092 )
» Une théorie de l'extinction, par le coin, de l'image constante d'un
point sur un fond variable montre que les lectures ne doivent pas varier
comme le logarithme de l'éclat de l'étoile, comme cela a lieu pour l'extinc-
tion de l'image d'une étoile sur un fond obscur. En outre, la question se
complique, pour les clichés stellaires ordinaires, de ce fait que les images
des belles étoiles ont de grands diamètres et sont plutôt des plages que des
points. Je me suis proposé, d'une part, de construire une échelle de gran-
deur, d'autre part, de la comparer aux grandeurs visuelles ordinaires. Les
clichés que j'ai employés ont été obtenus par M. Montangerand, astronome
adjoint à l'observatoire, dont l'habileté est bien connue; ils ne laissent
rien à désirer.
» L'échelle de grandeur a été obtenue de la manière suivante : On a fait
un cliché par poses successives sur une étoile E d'une zone de Potsdam,
notée comme étant de grandeur 6,0. La première pose dura cinq minutes;
20 autres furent obtenues en réduisant ce temps de pose successivement
dans le rapport de i à \]a, où a = 2,5. On a fait, dans les mêmes condi-
tions, un second cliché qui contenait vers son milieu trois étoiles de gran-
deurs 7,7 et 8. On a éteint dans l'appareil ces 84 images. Chaque extinc-
tion a été faite quatre fois seulement et l'on a pris la moyenne des lectures.
5
» Soient, pour une des images de la première étoile ^n=j en minutes, le
temps de pose, /,• la lecture, l„ une lecture moyenne parmi toutes celles
obtenues. On a cherché si l'on peut établir une relation de la forme
(i) i = a/, + p + Y(/,- -/,„)=.
» Soit a^ le rapport des temps de pose qui permet de passer, sur un cliché
photographique d'une grandeur visuelle à la suivante; soit aussi M, la
grandeur visuelle qui, pour une pose de cinq minutes, correspond à l'image
de lecture /,. La forme
donne
a'={aJy
J
et la relation (i) devient
(2) y-(M~ M) = a/,+ p + y(/,- /,„)^
» La constante inconnue / sera déterminée de manière à faire cadrer
l'échelle de grandeur avec les grandeurs visuelles des Pléiades.
( I093 )
» Soit /„' la lecture que donne au photomètre l'image obtenue en cinq
minutes sur l'étoile E'. Cette lecture, dans les images de l'étoile E, corres-
pond à une valeur i'^ de i, et l'on a
(3) i=<+^+y(i:-Lr,
(4) <, + '■= =^( + P 4- y(/;. - 4)-\
)) Les étoiles E", E"' donnent des équations analogues.
» Les relations (i). (3), (4) déterminent «, p, y, «;, i"^, j™, /'„, /;, /;';
l'équation (2) appliquée à un cliché des Pléiades à pose de cinq minutes
déterminera j.
u La résolution des équations par la méthode de Cauchy m'a donné les
résultats suivants. J'ai fait /„= 8,25, l'unité pour /, étant le centimètre;
j'ai trouvé :
a = 3,93i, p = — 20,219, T= o,28r,
«0 = 7,686, il= 12,096, t™ = 16,434.
» Les moyennes des valeurs absolues des résidus ont été pour les quatre
étoiles :
E. E'. E". E"'.
0,79 0,60 0,57 0,42
et la moyenne générale : 0,59.
» Pour déterminer/, j'ai comparé les lectures de 53 étoiles des Pléiades
aux grandeurs déterminées par Lindemaiin; pour six des plus faibles, j'ai
adopté les grandeurs de Pickering augmentées de o^'', 3. J'ai trouvé :
y-4,87,
et la moyenne des valeurs absolues des résidus est o8',4. Ces résidus
n'offrent aucune variation systématique. Il n'en est pas de même pour les
quatre séries de résidus de l'échelle. Pour la belle étoile E qui donne
M = 4,4, ils sont négatifs aux deux extrémités et positifs au milieu; le
contraire se produit pour E' et E", qui appartiennent à un autre cliché;
rien de systématique n'apparaît pour E'". Les grandeurs photographiques
M', M", M" de ces étoiles sont respectivement 6,0, 6,9, 7,8. Il est certain
que l'emploi du photomètre à coin pour les très belles étoiles offre moins
de précision que pour les étoiles faibles. L'inconvénient disparaîtrait, au
moins en partie, si, ayant des clichés obtenus en dehors du foyer du téles-
cope, suivant l'indication de M. Janssen, on les regardait avec un dispositif
( f094 )
tel que les images soient suffisamment réduites. Nous étudierons la ques-
tion à ce point de vue. Notre objet était d'abord la mesure des grandeurs
des étoiles sur les clichés du Catalogue astrophotographique international.
» Pour apprécier les résidus de l'échelle, il convient de les exprimer en
grandeur en les divisant par la valeur dey, 4.87 : on voit que leur moyenne
ne dépasse guère 0^"^, i .
» La valeur dey" fait connaître le rapport des temps de pose qui, pour
une même étoile, correspond au passage d'une grandeur à une autre; ce
rapport est
ou sensiblement 3,i.
» La faiblesse des résidus de l'échelle obtenue par la combinaison de
84 poses sur quatre étoiles différentes et l'absence de marche systématique
des résidus du cliché des Pléiades montrent que, comme l'avaient trouvé
MM, Henry, ce rapport est indépendant des étoiles choisies.
» Les résultats donnés ci-dessus sont les premiers que j'aie obtenus avec
l'installation définitive. Il y a lieu de les vérifier en multipliant et variant
les conditions des mesures. Tels qu'ils sont, ils m'ont paru assez concor-
dants pour être publiés. »
ASTRONOMIE. — Nébuleuses nouvelles, découvertes à l'Observatoire de Paris,
(équatorial de la tour de l'Ouest). Note de M. G. Bigocrdan, commu-
niquée par M. Lœwy.
« Cette liste fait suite à celles qui ont été publiées dans les Comptes
rendus, t. CV(i887, p. 926 et 1116), t. CXII (1891, p. 647, 708 et 848),
t. CXXIII (rSgô, p. 1243) et t. CXXIV (1897, p. 65 et i33).
» Les nébuleuses qu'elle renferme ont été découvertes principalement
dans les années 1 897-igoo, au moyen de l'équatorial de la tour de l'Ouest,
dont l'objectif a o™, 3i d'ouverture utile.
» Dans la notation des grandeurs, nous désignons par i3,5 l'éclat des
objets qui sont à l'extrême limite de visibilité dans cet instrument ; par suite,
il peut y avoir doute, sinon sur l'existence, du moins sur le caractère nébu-
leux des objets indiqués comme étant de grandeur 1 3,5 ou i3,4-i3,5; il en
est de même pour les amas très fiiibles et pour les nébulosités qui accom-
pagnent certaines étoiles.
» Un assez grand nombre de nébuleuses, déjà signalées par d'autres
( I09S )
observateurs, sont plus ou moins éloignées des positions des Catalogues :
pour celles que nous avons observées el dont les écarts atteignent 2' ou 3'
d'arc, nous donnons, sous le titre de Rectifications et remarques, les coor-
données des points où nous les avons trouvées : toutes ces nébuleuses ont
été rapportées micrométriquement à des étoiles voisines, mais qui elles-
mêmes ne sont pas toujours connues avec beaucoup de précision ( ').
» Voici la signification des principales abréviations employées :
N.G. C. =: A'cw gênerai Cat. of nebidœ . . ., par M. J.-L.-E. Dreyer;
Index Cat. = Supplément de N. G. C. {Meni. of the R.A. S., vol. LI) ;
p = angle de position, compté suivant les conventions universellement
adoptées ;
d^=- distance;
gr := grandeur.
.\sceDsion
Numéros.
droite. Déclinaison.
7000,0
Il m s
357. o. 2. 9 +82. 3
358.
0. J2. ÔO
-1-29.30
359.
0. l3. 12
-1-29.32
360.
0. 16.25
-1-22.57
361.
0.32.31
+ 2. 7
362.
0.33.57
- 9-33
Date de la découverte, descriptions, remarques.
1888, sept. 7. — Gr. i3,4. Dififuse, irrégulière et d'environ 20"
d'étendue; condensation à peu près centrale et un peu gra-
nuleuse.
1899, nov. 3. — Gr. i3,4-i3,5; entrevue seulement.
1897, déc. 19. — Gr. i3. Elle est située entre deux étoiles de
gr. i3,2 et i3,3 qui gênent pour l'apercevoir.
1897, nov. 22. — Gr. i3,4-i3, 5. Nettement nébuleuse et d'en-
viron 3o" d'étendue.
1896, nov. 28. — Gr. i3,5. Pourrait être la nébuleuse
164 N.G.C. dont l'ascension droite serait trop faible de i".
1897, déc. 16. — Gr. i3,2. Assez stellaire, un peu nébu-
leuse; voisine de igr N.G.C. par rapport à laquelle elle est
à /> = 160°, d = o',6.
(') Pour les nébuleuses des heures V etXV-XXIV, on trouvera plus de détails dans
les Annales de l'Observatoire de Paris {Observations). Voici, pour chacune de ces
heures, le Volume qui la renferme :
Heures V Obs. de 1898
» XV » i884
» XVI et XVII,. .. « 1890
Heures XVIII et XIX. .
« XX et XXI...
» XXH
» \XIII
Obs. de 1891
» 1897
Voir aussi : G. Bigourdan, Observations de nébuleuses et d'amas stellaires, t. V;
Observations différentielles : XVIII''o'"-XXIV''o'". Ce Volume, paru en 1899, ren-
ferme toutes mes mesures des nébuleuses, n°* 654i-7824 du New gênerai Catalogue.
( 1096 )
Numéros.
363.
36i.
365.
366.
Ascension
droite. Déclinaison.
1900,0
b m s u /
O.36.O0 -i-i5.43
0.40.57 +29.22
o.4i.56 +27.16
0.47.15 +56. 3
367.
o.49-i4
+31.57
368.
I. 8.20
+ 1.34
369.
I .21 .20
— 2.10
370.
I .23. I I
+33. 5
371.
1.28.31
— I2.50
Dale de la découverte, descriptions, remarques.
i858, déc. 3 et 1897 déc. 22. — Gr. i3,5. Stellaire; se
trouve un peu en avant de 2i3 N.G.C.
1897, déc. 21. — Gr. 1 3, 3-1 3, 4. Fortement stellaire.
1899, nov. 8. — Gr. i3,4-i3,5. Diffuse, large, 2' de diamètre
avec condensation granuleuse qui ressort à peine.
1899, oct. 3i. — Amas très large, sans condensation. Région
de 281 N.G.C. qui a été aperçue.
1898, déc. 7. — Gr. i3,4-i3,5. Objet demi-stellaire.
1897, nov. 20. — Etoile de gr. i3 ,1 ; elle paraît entourée de né"
bulosité excessivement faible, dont la partie la plus brillante
est, par rapport à l'étoile, à/) = iS", d=: o' ,2.
1897, °<^'- 27. — Gr. 1 3, 4-1 3, 5. Nébulosité diffuse, de 3o" en-
viron de diamètre et à peine plus brillante vers le centre.
1899, jsn'*"- 8. — Nébulosité diffuse, que l'on ne peut bien
apercevoir à cause du voisinage d'une étoile i3,2-i3,3.
1897, oct. 29. — Gr. i3,4-i3,5. Objet granuleux, qui, par
instants, a paru un peu nébuleux.
Numéros.
Rectifications et remarques.
83
88
90
207
230
274
322
Big. =6602 N.G.C
Big. = 6975 »
Big. = 7 100 »
L'ascension droite exacte est i8''io™48^ (1860,0).
Identique à 6976 N.G.C.
Les coordonnées exactes sont 2i''32'"i3' et 8i°4o'
(1860,0).
Big. = I 2o4 Index Cat. Distance polaire exacte : i9''42'(i86o,o).
Big. i=i4i6 » Ascension droite exacte : 2j'»5i'"42*(i86o,o).
» Identique à 2783 N.G.C.
» Identique à 5-3o N .G. C.
Corrections de N.G.C.
Coordonnées pour 1900,0
N.G.C.
m s
Décl.
M.
h m s
Décl.
Dates des observation
remarques.
7830..
—0. i3
»
0. 0.52
+ 7- 49
l885, déc. I.
7836..
+ 1. 12
+8
0. 2.5o
+32. 3i
1888, sept. 7.
/^8..
-0.45
«
0. 8.47
-1-47-4I
1890, oct. i3.
49..
—0.35
»
0. 9. 7
+47-4i
1890, oct. i3.
51..
— 0.32
»
0. 9.20
+47 -42
1890, oct. i3.
52..
—0.20
»
0. 9.32
+ 18. 1
1889, nov. i3.
74..
— 0. 10
»
0.13.37
+29.3©
1886, sept. 29.
120
»
-5
0.22. 23
- 2. 4
1890, nov. 16.
Corrections de N.G.C.
N.G.C. M- Décl.
m s ,
155. . . 4-0. [I »
161... — o.i8
164...
—5
195..
+o.
a.'ï
262..
— o
i4
281..
— o
1 1
309..
-+-0
lO
351..
—o.
12
1819. .
+ 0
I I
1906..
— o
i5
1979..
— o
23
2054..
+ 0
25
2175..
-+-0
i3
( 1097 )
Coordonnées pour 1900,0
m..
0.29.35
0.30.28
0.34.34
0.43.24
47.16
5i.4i
56.53
6.28
5.20. 17
5.29.50
5.40.30
6. 3.55
Décl.
-11°. 19
— 3.24
9-45
-1-56. 3
— 10.28
— 2.29
+ 5. 5
-16. 2
— 23.23
— 10. 7
+20. 3i
Dates des observations;
remarques.
1890, oct. 21.
1890, oct. 9.
Non trouvée ; pourrait être
identique à 36i Big. dont
VM est plus grande d'en-
viron I".
1897, déc.16.
1890, oct. i3.
1891 , nov. 5.
1897, oct. 26.
1897, ^'^^- ^5.
1888, déc. 6.
1889, févr. 21.
1898, févr. II.
189!, déc. 26.
1898, février 11.
GÉOMÉTRIE. — Sur une classe particulière de sur/aces réglées.
Note de M. A. Demoulin.
« Je me jjropose de faire connaître une solution de la question sui-
vante posée par M. Bricard dans le dernier fascicule du Bulletin de la
Société mathématique de France (t. XXIX, p. 18) :
» Déterminer la surface réglée la plus générale telle que le lieu des projections
d'un point quelconque de l'espace sur ses génératrices soit une courbe sphérique.
» Il est clair que le cône le plus général satisfait à la question.
» Une autre solution est fournie par un conoïde droit (') admettant
comme directrice curviligne l'intersection d'un cylindre de révolution
renfermant l'axe du conoïde et d'une sphère quelconque. Relativement à
des axes convenablement choisis, ce conoïde a pour équation
2 ax- -\- by-
X-
-y-
» Ces deux surfaces constituent la solution la plus générale du problème.
(') Le conoïde signalé par M. Bricard {loc. cil.) comme répondante la question
ne jouit pas de la propriété indiquée.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 18.) l^2
( I098 )
Pour le démontrer, nous considérons la surface cherchée comme engen-
drée par l'axe Os d'un trièdre trirectangle Oxyz. L'origine O étant placée
au point central de la génératrice, prenons pour plan des xz le plan
tangent en O à la surface. Ce choix du trièdre est toujours permis, sauf
dans le cas où la surface admettrait un plan directeur isotrope, hypothèse
que nous écartons. Soient E,7), Ç,yD, «7, r les translations et les rotations du
trièdre : ce sont des fonctions d'une variable t et deux d'entre elles sont
nulles, savoir n et q. Dans le cas des surfaces développables, on a, en outre,
^ = 0 et le plan tangent à la surface le long de Oz coïncide avec le
plan zOy.
» Soient a;, j, z les coordonnées relatives d'un point fixe P pris arbi-
trairement dans l'espace; sa projection H (O, O, z) sur la génératrice Oz
décrit par hypothèse une courbe tracée sur une sphère de centre
C(X,Y,Z).
» Les points P et C étant fixes, on a
■■ — l-hrY,
= -^-pY.
» Nous exprimerons que le point H se meut en restant aune distance con-
stante du point C en écrivant que la vitesse de ce point est perpendiculaire
au segment CH; d'où l'équation
(2) XI- Ypz — Zpy -^pyz = o.
» Si l'on dérive cette équation trois fois de suite et qu'on remplace les
dérivées des variables x, y, z, X, Y, Z par leurs valeurs (1), on obtiendra
trois nouvelles relations linéaires en X, Y, Z. L'élimination de X, Y, Z
entre ces équations et l'équation (2), donne, sous forme d'un déterminant A
égalé à zéro, une relation qui doit avoir lieu quels que soient x, y, z, t.
n Traitons d'abord le cas des surfaces développables. Si l'on introduit,
dans l'équation A =: o, l'hypothèse Ç = o, et qu'on fasse en outre x = y = o,
il viendra
-"(^'+ des termes renfermant s) = o.
Le polynôme entre parenthèses doit être identiquement nul; il faut donc
que l'on ait C = o. Par suite, le point O est fixe et la surface est un cône.
dx Y
dt= ^^'y^
d)i.
dt
ày
-£=pz-rx,
dY
dt
dZ y
dZ
dt
( I099 )
» Occupons-nous maintenant des surfaces gauches et, à cet effet, faisons
dans l'équation A = o, j=s = o, nous obtiendrons l'équation
?,(rKv'' -+- des termes de degré inférieur) = o.
l n'étant pas nulle, le second facteur l'est identiquement et l'évanouissement
du coefficient de x^ donne r=o. Cette condition, jointe à la condi-
tion q ^ o, indiquée plus haut, nous permet de conclure que la surface
cherchée admet un plan directeur.
» Rapportons la surface à un système de trois axes rectangulaires, le
plan des xy étant pris parallèle au plan directeur, et soient
(g) z = a., y = mx-^^
les équations d'une génératrice variable de la surface. Tous les points situés
sur une même parallèle à l'axe des z ayant même projection sur cette géné-
ratrice, il suffira de s'occuper des points du plan des xy.
» Pour déterminer la forme nécessaire des expressions de a et de ^ en
fonction de m, écrivons que les projections des points P, (a;,,y,, o),
J^2(^u>j2. o) sur la génératrice ^appartiennent respectivement aux sphères
(S,) X- + V-+ :;- + lax ■+- zby + 2C3 + rf = o,
( So ) X- -+- y- -I- 3- + 2 a'x + 2 b'y -h 2c' z-h cl' = o;
il viendra, P, Q, R, P', Q', R' étant des constantes,
a
'(i -h m^) -T- <j!>-m- -h iT-c (i -+- m^) -t- 2fi(am- -f-Z») = P/w- + 2Qm + R,
<x-(i + m-) + ri-OT- + 2xc'(i +m-) -|- 2S3(a'/n= + ^')= P'm-+ 2Q'm + R'
et ces équations donneront les valeurs des inconnues a et (i.
» Exprimons maintenant que la projection du point {x^,y^, o), pris
arbitrairement dans le plan, appartient à la sphère
X- -i-y- + z- -+- -la" x + 2 b" y + le" z + cl" = o.
Il en résulte la condition
a,-(i + m-)-t- pTO- -H 2ac"(i + *M-)-H 2 li(a"ni' +6") = P'7«- -+■ 2Q"m4- R".
» Si l'on porte, dans celte égalité, les valeurs trouvées pour a et 8, on
obtiendra une relation qui devra avoir lieu pour toutes les valeurs de m;
on tirera de là un certain nombre de relations entre x^, y^, a", b" , c" , cl" et
les quantités analogues relatives aux couples (P,,S,), (P^, Sa). Éliminons
( I lOO )
entre ces relations les paramètres a" , b" , c", d" ; les relations restantes
devront avoir lieu quels que soient x^, y 3, et en égalant à zéro les coeffi-
cients des différents termes où figurent ces arbitraires, on obtiendra les
relations nécessaires et suffisantes qui doivent exister entre les constantes
qui définissent la surface. Pour simplifier les calculs, nous avons choisi les
sphères S, et Sa de manière que leurs centres soient situés sur une paral-
lèle à l'axe des x. Ce choix ne serait inadmissible que dans le cas où le
lieu des centres des sphères serait une droite non parallèle au plan des xy;
or ce lieu est nécessairement une surface. En suivant la marche indiquée,
on trouve que p doit satisfaire à une équation de la forme
y^^mx^+f^,
d'où il résulte que la génératrice rencontre constamment à angle droit la
parallèle à l'axe des z issue du point (^x^, y^, o). La surface cherchée est
donc un conoïde. Le conoïde indiqué plus haut étant le seul qui réponde
à la question, on conclut de là le théorème énoncé. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation continue des surfaces.
Note de M. G. Tzitzeica.
« Dans une Communication faite dernièrement, M. Egorov s'occupe de
la déformation continue d'une classe remarquable de surfaces (^Comptes
rendus, p. 3o2 ; 11 février 1901).
» Je dois rappeler que j'avais déjà communiqué une partie des résultats
de M. EgQro\ (Comptes rendus, p. 1276; 1899). D'ailleurs, au moment de
la publication de la Note de M. Egorov, je m'occupais d'une question bien
plus générale : la recherche de toutes les surfaces qui admettent un réseau
conjugué invariable dans une déformation continue.
» Je me suis placé dans un cas particulier, que je crois d'ailleurs être le
cas général, et je l'ai complètement résolu. J'ai supposé que les surfaces
applicables rapportées au réseau conjugué commun (m, v) étaient définies
par des formules de la forme
x = A/(u,i',a), y = B/(u,i>,b), z = C/(u,i>,c),
avec 5 relations entre A, B, C, a, b, c.
» Il est aisé de voir que tout est réduit à déterminer une fonction ô de«
et de V et d'un paramètre t, telle que (3^)'^ — V ^^ \7f) ^°'^"'' ^^^ P°"
( iioi )
lynomes du quatrième degré par rapport à l, et que 9 satisfasse à une
équation de Laplace de la forme
du di' du di>
» On a alors trois cas à étudier
» 1. Ou bien
où /n et « sont des fonctions de u et c, et R(0 "r> polynôme du quatrième
degré en ( ayant pour coefficients des fonctions de u et de v. On reconnaît
tout de suite que ce cas est impossible.
» 2. Ou bien
j^^=p(t + m,)(f+m,),
où p, q et les m sont des fonctions de u et f. On démontre que les surfaces
qui correspondent à ce cas se déduisent de l'une d'entre elles par un déplace-
ment dépendant d'un paramètre.
» 3. Ou enfin
où les a, j3 et y sont des fonctions àe u e\iv et a, ^ a., x^^ <x^.
» J'ai démontré qu'à l'aide d'un changement convenable des variables
ueiv l'on peut écrire
du du di' ^' dv^
où
3 3
U = (/ + u)-{t + vy,
et alors on peut énoncer le résultat suivant :
» Toutes les surfaces qui correspondent à ce cas se déduisent des surfaces té-
( II02 )
traédrales
3 3
X = A (a H- m)'- (a + «')',
:: = C(c+«)^(c-f vy,
à l'aide de transformations de Peterson. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de Taylor et les étoiles correspon-
dantes. Note de M. L. Desaint, présentée par M. Picard.
« Etant donnée une série de Taylor
le problème que j'ai en vue se pose de la manière suivante :
« Fixer les rapports entre la fonction
A(0
)) et la fonctiony"(s), c'est-à-dire déterminer les liens qui existent entre
» les singularités de la fonction k{t) et les points singuliers de la fonc-
» tion f{z)- »
» Remarquons tout d'abord que, sauf dans le cas d'une série de Taylor
de rayon nul, on peut supposer le rayon de convergence de cette série
égal à I et la série valable sur ce cercle. Nous pouvons alors réduire A(<)
à n'être qu'une fonction entière prenant pour la série des nombres entiers
positifs la série de valeurs A(i), A(2), . . ., A(7z), coefficients du dévelop-
pement taylorien ; cela résulte des i-ésultats de M. Borel (Mémoire sur
les séries divergentes). Cependant, en formant la fonction entière qui
dérive de la suite A(i), A(2), . . ., A(/î), on perd un peu de vue la forme
A(n); c'est pourquoi j'ai cru bon d'énoncer des résultats tirés unique-
ment de cette forme. Le plus simple est le suivant :
» Etant donnée une série de Taylor valable dans le cercle et sur la cir-
conférence de rayon un
f(z) = lA(n)z",
si la fonction A(;) est uniforme et régulière à l'infini, la fonction /(s)
n'admet comme singularités à distance finie que des points situés sur la
( iro3 )
partie de l'axe des quantités réelles positives étendue de s ^ i à l'infini. La
fonction /(:;) est, de plus, donnée dans tout le plan en dehors de cette
partie de l'axe par la formule
où y désigne ici un contour entourant les singularités de A{x) et N un
nombre entier immédiatement supérieur à la partie réelle de tous les points
singuliers de A(/).
» Ce théorème est susceptible d'extensions.
» Étant donnée une série de Taylor
valable dans le cercle et sur le cercle de rayon i , si la fonction
A(0
est continue pour les valeurs infinies à partie réelle nulle ou positive de la
variable, la fonctiony"(s) n'admet à distance finie comme singularités que
des points situés sur la partie de l'axe des quantités réelles positives qui
s'étend de ^ = i à l'infini. La fonction /(s) est, de plus, représentée dans
toute l'étoile par la formule
'— >
I — zr
où Y désigne un contour comprenant un demi-cercle dont le centre est
l'origine, et deux positions de l'axe des quantités purement imaginaires ; de
plus, a est une constante, et N un nombre entier fini.
» Plus généralement :
» Lorsque la fonction
A(0
devient infinie pour des valeurs infiniment grandes de la variable comprises
dans un angle X au plus égal à -, désignons par a, l'angle d'un des côtés
deJU(0<<|al<; -j avec la partie positive de l'axe des quantités réelles;
la fonction/(z) définie par la série
( '104 )
a ses points singuliers sur la spirale
I — zye ^ ^ o si a > o
et sur la spirale
\ — zye =0 SI a<;o.
Celte proposition est susceptible d'une grande généralisation; seulement
ici les points singuliers de la fonction sont moins bien déterminés par la
série de Taylor; cette proposition s'énonce ainsi :
» Étant donnée une série de Taylor
si la fonction A (a?) est holomorphe à l'infini à l'intérieur d'un angle aussi
petit que l'on veut, d'ailleurs, dont le sommet est l'origine et qui contient
l'axe des quantités réelles positives, la fonction f{z) n'admet sur son
cercle de convergence comme point singulier que le point s = i; sous la
simple condition à laquelle satisfait h.{x), le cercle de convergence de la
série de Taylor n'est donc jamais une coupure pour/(^); il est, de plus,
possible d'avoir immédiatement la représentation de /"(i;) à l'intérieur
d'une région plus étendue que son cercle de convergence.
» La foncliony(s) s'écrit, en effet,
OÙ a,' = - — a, jî'= - — p, les angles a. et p étant les angles des rayons
limites qui, de part et d'autre de l'axe des quantités réelles positives,
limitent la région oîi A(.r) est holomorphe à l'infini.
» Nous avons développé la correspondance qui existe entre les circon-
stances du point singulier essentiel de A(a;) à l'infini et la nature analy-
tique dey(:;). Ceci peut se compléter lorsque A (a:) admet seulement un
pôle d'ordre k à l'infini :
» Étant donnée une série
f{z)=^A(n)z",
( II0.5 )
si A(a7) admet l'infini comme pôle d'ordre k la fonction y(z) a tous ses
points singuliers snr la partie de l'axe des quantités réelles positives qui
s'étend du point s = i à l'infini.
» La fonctiony'(^) est, en effet, déterminée par la formule
/(^) = b
«0
où
?aG^)=7^+--- +
«*H
b, a^, . . ., a/i+, étant des constantes et N un nombre entier positif. »
MÉCANIQUE. — Procédé pratique pour la correction de l'erreur secondaire
des chronomètres. Note de M. Ch.-Éd. Guillaume, présentée par
M. A. Cornu.
« L'erreur secondaire de compensation, découverte par Dent en i833,
consiste, comme on sait, dans le fait qu'un chronomètre réglé à deux
températures déterminées ne l'est à aucune autre température. Dans l'em-
ploi d'un spiral d'acier et d'un balancier compensateur acier-laiton, un
chronomètre ayant une marche parfaite à o" et à 3o° avance de 2' à 2% 5 à
iS", et retarde au-dessous de 0° ou au-dessus de 3o°. Les spiraux de palla-
dium donnent une erreur secondaire sensiblement moindre, et sont beau-
coup employés aujourd'hui en raison des facilités qu'ils offrent pour le
réglage approché à toute température. Mais ces spiraux conservent moins
bien leur marche que ceux d'acier, et plusieurs fabricants de chrono-
mètres, parmi les plus réputés, préfèrent, pour obtenir des marches
parfaites, s'en tenir au spiral d'acier, et ajouter au balancier compensateur
des organes auxiliaires modifiant la loi de son action.
» Je vais montrer comment on peut, par l'emploi des aciers au nickel,
compenser parfaitement les variations d'élasticité du spiral avec un balan-
cier de forme ordinaire.
» Yvon Villarceau {Annales de l'Observatoire de Paris, t. VIT), exprime la varia-
tion de la courbure d'une lame bimétallique par l'équation
P ?o~ It
dans laquelle po et e,, désignent deux valeurs de départ du rayon p et de la température 6 ;
h représente en abrégé une expression assez compliquée, mais dont un terme impor-
C. R., 1901, I" Semestre, (T. CXXXII, N" 18.) l43
( IIO»^ )
tant s'annule lorsque les épaisseurs relatives des métaux de la bilanie sont choisies de
telle sorte que l'action de celle-ci soit un maximum, condition que l'on cherche tou-
iours à réaliser dans la pratique ; h se rt^duit alors à ^ > e étant l'épaisseur de
•" 11' ^ rj.., — a, '
la lame, «j et a, les coefficients de dilatation des deux métaux qui la composent, pris
à la température considérée.
» La loi de variation de h dépend essentiellement des modifications de la différence
a, — a, avec la température. Or, si l'on se reporte aux valeurs de «j et a^ pour l'acier
et le laiton résultant des mesures faites par M. J.-R. Benoît au moyen de l'appareil
Fizeau, on trouve que leur différence est une fonction sensiblement linéaire de la
température, les termes quadratiques étant à peu près identiques pour les deux métaux.
On en conclut que l'erreur secondaire provient presque en entier du terme du second
ordre de la formule exprimant la variation de l'élasticité de l'acier. La correction de
ce terme ne pourra être obtenue, dans un balancier à lames circulaires, que par la
combinaison de métaux ou alliages dont les dilatations aillent en s'écartant à mesure
que la température s'élève.
» Or il se trouve que la loi de dilatation des aciers au nickel est affectée d'un
deuxième terme très variable d'un alliage à l'autre, et qui est négatif pour tous les
alliages contenant de 36 à 47 pour loo de nickel environ. On peut donc trouver, dans
celte région, des alliages qui, associés au laiton, pourront donner la divergence pro-
gressive cherchée.
» Une série de balanciers ainsi constitués, construits sur mes indications par M. J.
Vaucher-Ferrier, à Travers ( Suisse), et expérimentés par M. Paul-D. Nardin, au Locle,
ont donné d'emblée des résultats très satisfaisants, qui ont engagé M. Nardin à adopter,
depuis près de deux ans, ces balanciers pour tous les chronomètres qu'il construit.
» Je donnerai, à titre d'exemple, les résultats des observations aux températures
faites à l'observatoire de Neucliàtel sur trois chronomètres de marine récemment con-
struits par M. Nardin ; la première m'a été obligeamment communiquée par le regretté
D'Hirsch, les deux autres par M. le D'' Arndt :
I. II. III.
Ml
arche
Température.
diurne (' ).
0
s
8,8
-+-
2,8o
o,5
-+-
2,32
o,6
-h
2,67
o,8
-h
2,71
io,3
-h
3,33
10,2
-+-
3,07
9.5
-t-
3,02
3o,7
+
2,85
3i,9
+
3,25
3i,4
+
3,3o
9.2
-f-
3,o5
8,9
+
2,9'
Marche
Température.
diurne.
0
s
to,7
— o,3o
0,8
— 0,24
1,0
- 0,35
1,2
— 0,26
i3,o
-H 0,09
'2,9
-+■ o,i3
i3,3
— 0,61
32,8
+ o,5o
32,7
-+- 0, i3
32,2
-h 0,16
12,6
— 0,27
12,0
— 0,60
10,9
— 0,42
M
arche
Température.
diurne.
0
s
12,9
+
0,21
0,4
—
o,5i
0,4
—
0,71
0,4
—
0,42
'o,9
+
0, 12
10,9
—
o,o5
10,6
-4-
0, i5
9.6
+
0,18
32,8
—
0,60
32,6
—
0,33
3i,8
+
0,19
12,0
—
0,35
12,4
—
0,07
12,5
^-
o,i5
(') Le signe -+- indique l'avance.
( iio? )
» On voit, à l'inspection du Tableau, que la marche des trois chrono-
mètres s'est remarquablement conservée du commencement à la fin des
épreuves thermiques, ce qui atteste la bonne conservation du balancier.
Les perturbations que l'on observe dans les jours de passage, et qui pro-
viennent de l'inégale répartition de la température, disparaissent rapide-
ment, montrant ainsi que les déformations permanentes ne sont pas à
craindre. Enfin, les écarts d'une température à l'autre sont du même ordre
de grandeur que les sauts quotidiens à la même température, lesquels
renferment à la fois les écarts réels du chronomètre et de l'horloge de com-
paraison et les erreurs des observations. Les différences des marches
diurnes sont très petites, et, fait essentiel, les marches aux températures
moyennes s'écartent très peu delà moyenne des marches aux températures
extrêmes. Pour les deux premiers chronomètres, l'erreur secondaire est de
l'ordre du dixième de seconde; pour le troisième, elle atteint o*,4 en-
viron. Mais, même ici, cette erreur peut n'être qu'apparente; elle résulte
d'un calcul dans lequel on fait entrer toutes les observations à l'exception
de celles des jours de passage. Mais, en choisissant convenablement les
marches diurnes que l'on combine, on peut ou l'annuler sensiblement ou
la doubler, ce qui montre que, pour le nombre restreint des observations
dont on dispose, une erreur secondaire rigoureusement nulle, pour ce
troisième chronomètre, ne sort pas de l'incertitude probable du résultat.
On peut, en tous cas, tirer de ces observations, corroborées par beaucoup
d'autres, le résultat que, par l'emploi du nouveau balancier, combiné avec
un spiral d'acier, les marches d'un chronomètre à toute température peu-
vent être ramenées dans les mêmes limites d'écart que les marches à la
même température.
» Des résultats analogues ont été obtenus avec des chronomètres de
poche par M. Nardin et par M. P. Ditisheim à La Chaux-de-Fonds.
» Je dirai enfin que l'emploi de l'acier-nickel a permis de réaliser un
autre perfectionnement du balancier. La dilatabilité moyenne de cet acier
étant faible, on a pu, en l'associant au laiton, employer des lames plus
courtes et plus robustes. La forme définitivement adoptée consiste en quatre
lames égales partant symétriquement des deux extrémités du bras et
chargées de masses égales. De cette façon, l'action de la force centrifuge
est parfaitement symétrique, n'entraîne aucune torsion du bras et modifie
beaucoup moins le moment d'inertie du balancier que dans la forme ordi-
naire. Les corrections auxiliaires d'isochronisme ont pu ainsi être sensible-
ment réduites. »
( iio8 )
ÉLECTRICITÉ. — Sur F existence (les courants ouveHs. Note de
M. V. Crémieu, présentée par M. Poincaré.
« J'ai montré précédemment (' ) que la convection électrique ne produit
pas d'effet magnétique. Il en résulte qu'il doit exister des courants
ouverts.
» Pour vérifier leur existence, j'ai fait, sur le conseil de M. H. Poincaré,
l'expérience suivante :
» Un disque en ébonile D de Z-j"^ de diamètre et 2"°", 5 d'épaisseur, a été doré
suivant vingt-cinq secteurs radiaux de S.'i^" de diamètre extérieur, i4™ de diamètre
intérieur et distants les uns des autres de lo""".
» Ce disque tourne autour d'un axe horizontal passant par son centre, entre deux
plateaux fixes F et F' en ébonite.
» Le plateau F' porte un secteur d'étain S ayant mêmes rayons que les secteurs mo-
biles, mais deux fois plus large qu'eux.
» En face de S se trouve, sur le plateau F, un balai B qui frotte sur les secteurs
mobiles; B est relié à un second balai B', décalé d'environ 60° par rapport à B et
placé aussi sur F.
» Si l'on fliit tourner D dans le sens de la flèche, puis qu'on relie S à une
source électrique, les secteurs mobiles se chargeront par influence en pas-
sant au contact deB et viendront se décharger sur B'.
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. i544; t. CXXXI, p. 797; t. CXXXII, p. 827.
( II09 )
» Il y aura donc eulre B et B', d'une part convection, d'autre [)arl con-
duction.
» Le potentiel en S est de loo à i3o C. G. S. électrostatiques; la distance entre S et
les secteurs mobiles, d'environ 5"""; la vitesse du disque, de 65 à 85 tours par seconde;
la quantité d'électricité transportée par convection est de 2 x lO"* à io~* coulomb
par seconde ; le courant mesuré dans le fil qui relie B à B' est, en effet, de 2 x io~* à
io~* ampère.
» Entre les deux balais, au niveau du bord supérieur de la dorure du disque tour-
nant et à i5°"" en avant de celui-ci, on a placé l'aiguille inférieure A d'un système
asiatique dont l'aiguille supérieure se trouve à 20"="" au-dessus.
» Une spire conductrice, de diamètre égal à celui de la partie moyenne de la dorure
du disque tournant, est fixée dans une position symétrique de cette région par rapport
à l'aiguille inférieure du système astalique.
)) Celui-ci est réglé de telle façon qu'un courant de io~* ampère circulant dans
cette spire témoin produit une déviation de i5'^" sur une échelle placée à 4 mètres de
dislance.
» Le mode opératoire est le suivant :
» 1° Dans une première expérience, on relie les balais B et B' à un gal-
vanomètre par des fds qui passent ioui de A et sont d'ailleurs symétriques
par rapport à A, de façon que leur action magnétique est nulle. La seule
partie du circuit qui peut alors agir sur l'aiguille A est la convection
entre B et B'.
» Dans ces conditions, le disque étant nîis en rotation, si l'on vient à
charger S, on observe une déviation du galvanomètre, tandis que le sys-
tème A reste immobile.
» On vérifie du reste que, en envoyant dans la spire témoin un courant
égal à celui mesuré par la déviation du galvanomètre, A prend une dévia-
tion notable; cette vérification se fait sans arrêter le disque ni décharger
le secteur S.
M 2° Dans une seconde expérience, les balais B et B' sont réunis par un
fil conducteur de résistance égale à celle du galvanomètre, et collé sur le
disque F, au niveau de la spire témoin.
» On observe alors, au moment où l'on charge S et en prenant des pré-
cautions convenables pour que la décharge ne soit pas oscillante entre les
deux balais, une déviation permanente de A, qui cesse dès qu'on relie S
au sol.
» Cette déviation change de sens avec celui de la charge de S. Elle est
d'ailleurs égale à celle que donne sur A le courant témoin de l'expérience
précédente.
( iiio )
» // semble donc bien que le courant qui circule en BB'B est un courant
ouvert.
» On remarquera, de plus, que la première partie de l'expérience con-
stitue une forme très nette de transport d'électricité par convection, sans
effet magnétique; tous les facteurs de cette expérience sont mesurés; le
calcul, et par conséquent les erreurs d'interprétation auquel il pourrait
donner lieu, se trouvent complètement éliminés. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'osmose à travers la membrane de ferrocyanure
de cuivre. Note de M. G. Flcsin, présentée par M. A. Haller.
« L'étude de l'osmose à travers la membrane, dite semi-perméable, de
ferrocyanure de cuivre, n'est pas sans présenter quelques difficultés expé-
rimentales qui expliquent peut-être le nombre restreint des travaux entre-
pris sur ce sujet, que les considérations théoriques de Van't Hoff ont pour-
tant mis en lumière.
» On s'est attaché jusqu'à présent à mesurer la pression osmotique,
plutôt que la vitesse d'osmose; je me suis proposé de rechercher quelle
relation existait entre ces deux grandeurs. On a été, d'autre part, assez
facilement porté à admettre que l'imperméabilité de la membrane de fer-
rocyanure pour les substances dissoutes était générale; l'analyse de l'eau
dans laquelle est plongé le vase poreux servant de support à la membrane
montre qu'il n'en est pas toujours ainsi.
» Le procédé décrit par Pfeffer (') pour produire la membrane préci-
pitée sur la paroi interne du vase poreux est celui qui m'a donné les meil-
leurs résultats; j'ai pu réussir lo pour loo des vases traités. J'ai adopté
aussi la méthode publiée par ce savant pour la détermination de la pres-
sion osmotique.
» Pour mesurer les vitesses d'osmose, je remplace le manomètre par un tube hori-
zontal gradué, de i™™ de diamètre intérieur; tout l'appareil étant rigoureusement
maintenu à o°, la vitesse de déplacement du ménisque dans le tube reste sensiblement
constante pendant plus de vingt-quatre heures. La longueur movenne en millimètres
parcourue dans une heure représente la vitesse d'osmose. J'ai toujours, après chaque
expérience, analysé l'eau extérieure au vase poreux et dosé, s'il y avait lieu, les sub-
stances dissoutes.
(') Osniotische Untersucliungen, Leipzig, 1877.
( "'I )
» Le Tableau suivant résume mes observations relatives aux pressions
osmotiques, celles-ci étant exprimées en centimètres de mercure et les
concentrations rapportées à loo^'' d'eau :
Pression
observée
réduite à o°
Vase I
Vase V
Vase I
Vase II
Saccharose à 2 pour 100 . . 96,8
Saccharose à 2 pour 100 . . 98, i
Saccharose à i pour 100 . . 44» i
Amjgdaline à i pour 100 . 36,0
Vase IV : Antipyrine à i pour 100 . . 89,6
Vase I : Urée à i pour 100 28,2
théorique
à o'.
cm
98,6
98,6
49>3
37,1
90,2
282,7
Poids
de substance Durée
ayant traversé de
la membrane, l'expérience.
mgr
0,0
0,0
0,0
0,0
0,4
i4i,o
4i
92
126
ÏI9
96
234
» L'accord est satisfaisant entre les nombres observés el les nombres
théoriques, sauf pour l'urée, qui accuse seulement une pression dix fois
plus petite que celle indiquée par le calcul. L'explication de cet écart con-
sidérable est évidente si l'on remarque que l'urée a passé en grande partie
dans le liquide extérieur, tandis que les autres substances n'ont pas tra-
versé la membrane en quantité appréciable.
» La vitesse d'osmose n'est pas, comme la pression osmotique, indépen-
dante de la surface et de l'épaisseur de la membrane : elle varie nota-
blement suivant les vases employés. Le nombre qui exprime la vitesse
d'osmose d'une solution n'a donc aucune signification en valeur absolue.
Mais si nous déterminons, pour différents vases pris successivement et à la
température de 0°, les vitesses V et V de deux solutions de même concen-
V
tration, nous trouvons que le quolieiit yp est constant et ne dépend plus
du vase qui a servi à effectuer les mesures. Nous allons voir que ce rapport
P
est égal au rapport p; des pressions osmotiques des dissolutions consi-
dérées.
» Les résultats consignés ci-dessous se rapportent à une concentration
de i^"" de substance dans loo^"^ d'eau; P représente la pression osmotique
théorique, V la vitesse d'osmose à 0°, Q le poids en milligrammes de corps
dissous avant traversé la membrane, D la durée de l'expérience en
heures.
( II'2 )
P V
cm mm mer h
( Glucose 94iO 5,3 ^ Traces. 20
Vase II. . < Saccharose. . 4q.3 2,7 „ 0,0 25
( Urée 282,7 ^i^ 17,0 25
/ Glucose 94 jO 7i4 ^ 0,0 27
^,, ] Saccharose. . 49.3 4,2 '^r 'i 0,0 43
Vase III. ... . ^ e 0.55 o,5i ' ^
J Antipvrine. . 00,2 8,2 ' _ o,5 01
\ Glucose 94,0 8,8 ^ ^ 0,0 27
-, ,, \ Glucose 94,0 4>o 0,0 27
VaseV.. „ , ;^' ^' 1,91 1,90 /y
I Saccharose. . 49,3 2,1 ^ ^ 0,0 43
» De l'examen des nombres précédents, il résulte que, pour un même
vase, les vitesses d'osmose Font proportionnelles aux pressions osmotiques
et, par conséquent, inversement proportionnelles aux poids moléculaires.
L'anomalie présentée encore ici par l'urée n'infirme en rien cette conclu-
sion : la membrane est, en effet, perméable à cette substance, ainsi que le
démontre l'analyse du liquide extérieur, et la séparation du corps dissous
et du dissolvant n'est, dès lors, plus complète, condition indispensable
pour assurer aux lois de la théorie moderne des solutions leur entière
rieueur. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les alliages (raluminium. Combinaisons de
Valuminium et du tungstène. Note de M. Léon Guili-et, présentée
par M. DiltP.
« M'étant proposé l'étude systématique de certains alliages d'aluminium,
j'ai cherché loul d'abord à isoler les combinaisons de Taluminium avec les
divers métaux entrant dans ces alliages.
» A cet effet, j'ai employé, suivant les conseils de M. Matignon, la mé-
thode indiquée par M. Goldschmidt pour la préparation de certains métaux
réfractaires. Celte méthode, basée sur le pouvoir réducteur de l'alumi-
nium, consiste à mélanger l'oxyde du métal que l'on se propose d'obtenir
avec de l'aluminium en grains ou en poudre et à enflammer ce mélange
par l'intermédiaire d'une poudre faite de bioxyde de baryum et d'alu-
minium.
» Mes premières recherches ont porté sur la réduction de l'acido tiuig-
( "11^ )
stique, de l'acide molybdique, de l'oxyde magnétique de fer, de l'oxyde
salin de manganèse, du bioxyde d'étain et de l'acide titaniqiie par l'alu-
minium en excès.
» M'étant aperçu, dans des expériences préliminaires, que l'on obtenait
des résultats absolument différents suivant la grosseur du grain d'alu-
minium et la quantité totale du mélange, j'ai adopté le grain qu'on obtient
en fractionnant raluminium en grains du commerce entre les tamis 20
et 30, et j'ai toujours opéré sur 3''''' de matière.
» Dans un creuset préalablement brasqué à la main au moyen d'un mélange de
go parties de MgO calcinée à liaute température et de lo parties de MgO cuite à basse
température, arrosé des | de son poids d'eau et bien desséclié, on place le mélange
d'oxyde en poudre ou en grains très fins et d'aluminium en grains fait en proportions
théoriques pour produire la réaction que l'on se propose, et l'on enflamme à l'aide du
mélange BaO-+ ."Vl.
» Des premières recherches que j'ai faites on peut tirer les conclusions
générales suivantes :
» 1° Lorsqu'on se propose la réduction d'un oxyde qui est volatil à la
température de la réaction, on obtient généralement des cristaux d'une
combinaison d'aluminium et du métal qui correspond à l'oxyde employé;
» 2" Avec les oxydes qui ne sont pas volatils à la température de la
réaction, on obtient un culot métallique ayant parfois une structure cristal-
line et dont on peut isoler des combinaisons métalliques en dissolvant Al
eu excès par H Cl ou KOH étendus.
» Dans la présente Note, j'indiquerai plus spécialement les résultats
obtenus en réduisant l'acide tungstique par l'aluminium, en présence d'un
excès plus ou moins important de ce métal.
» On est limité, d'une part, par la réaction correspondant au tungstène
pur, et d'autre part par la non-intlammalion du mélange provenant d'un
trop grand excès d'aluminium ; la limite d'intlammation est donnée par la
réaction correspondant à Al'^Tu :
)) i" Les expériences faites avec des proj)ortions de matières comprises
entre les quantités qui théoriquement conduiraient à des alliages AlTu'"
et APTu donnent des culots métalliques qui, traités par l'eau régale con-
centrée, laissent un résidu parfaitement cristallisé, correspondant à la for-
mule AlTu^.
» l'our analyser ce résidu, je l'ai attaqué par Na°0'^, seul procédé qui donne de bons
résultats; mais, comme ce produit contient toujours de l'alumine, on ne peut doser
C. R., igoi, I" Sciiieslrc. (T. CV.WII, l\° 18 ) 1 '|4
( I"1 )
ainsi que le tungstène; cette opération se fait après séparation de l'alumine par l'ani-
raoniaque, en précipitant Tu en liqueur neutre par le nitrate mercureux (') ; j'ai
trouvé :
Tu calculé
Tu pour 100. pour
93,65 93,93 93,43 93,16
» Ces cristaux sont faiblement attaqués par les acides concentrés; ils sont décom-
posés par l'eau bouillante.
» 2° Les expériences faites avec des proportions de matières comprises
entre les quantités qui conduiraient théoriquement à des alliages AlTu
et Ai'^Tu donnent d'abondants cristaux lamellaires qui paraissent ternes,
à cause d'une mince couche d'aluminium qui les recouvre. On les trouve
entre le culot métallique et le corindon, particulièrement sur la périphérie.
Ces cristaux correspondent à la formule APïu. L'expérience qui donne les
meilleizrs résultats est celle qui correspond aux proportions théoriques
conduisant à cette composition.
» Pour les analyser, on les lave à H Cl et à AztP, puis on les traite par l'eau
régale concentrée, qui les dissout facilement. On insolubilise TuO^ formé par dessic-
cation et traitement à H Cl, et l'on reprend par l'eau en présence de chlorhydrate
d'ammoniaque.
)) L'aluminium en solution est précipité par le sulfhydrate d'ammoniaque.
» J'ai trouvé ainsi :
1" analyse. 3" analyse. Calculé.
Aluminium 36, 61 37,08 36,98
Tungstène 63,32 62,90 63,02
99>93 99-98 100,00
» Ces cristaux sont facilement attaqués par les acides concentrés.
» 3° Les expériences faites avec des proportions de matières comprises
entre les quantités qui, théoriquement, conduiraient à des alliages APïu
(') Au cours de ces analyses, j'ai remarqué le phénomène suivant que je me réserve
d'étudier ultérieurement: l'attaque des cristaux par Na-0^ était faite dans une capsule
de nickel; la capsule ainsi que son conLenu étaient traités par l'eau bouillante, puis
bien lavés. Le précipité obtenu était filtré, et une partie de l'alumine restait sur le
filtre, alors qu'elle aurait dû passer totalement en solution sous forme d'aluminate de
soude; il est même arrivé à plusieurs reprises que la liqueur filtrée était d'une teinte
verte très accusée et contenait du nickel.
( iii5 )
et AI Tu' donnent des cristaux formant des amas magnifiques à la surface
du culot métallique; ils correspondent à la formule APTu.
» Ils sont très difficilement solubles dans l'eau régale concentrée, et pour les ana-
lyser il est préférable de les attaquer par Na^O-. comme je l'ai indiqué à propos des
cristaux de formule AlTu^. J'ai trouvé :
Tu pour 100 69,85 70,32 70,32
Tu, calculé pour Al^ Tu 69,44 » »
» Ces cristaux sont peu attaqués par les acides, même concentrés; ils sont décom-
posés, comme les deux autres combinaisons, par l'eau bouillante.
» Je me réserve d'étudier ultérieurement l'action de O, Cl, H=0, etc.,
sur ces combinaisons, ainsi que leurs chaleurs de formation.
» Ces expériences, faites avec TuO', sont dangereuses; elles se font
avec pertes et projections abondantes. Les perles ont lieu surtout sous
forme d'oxyde vert.
» Lorsqu'on répète ces expériences en partant de TuO", préparé par
l'action de H sur TuO^ on obtient des cristallisations beaucoup plus
rares et des résultats bien moins nets. La limite d'inflammation est d'ail-
leurs abaissée.
» Dans une prochaine Note, j'indiquerai les résultats que j'ai obtenus
avec les oxydes de molybdène, de titane, d'étain, de fer, de manga-
nèse, etc. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un iodoantimomure de mercure. Note
de M. Albert Granger, présentée par M. Ditte.
« Nous avons déjà montré que le mercure, chauffé en présence d'io-
dure^de phosphore, se changeait en iodure et phosphure de mercure.
Nous avons cherché si, en généralisant la réaction, nous pourrions isoler
des arséniure, antimoniure et bismuthure de mercure. La présente Note a
pour but de faire [[connaître les résultats obtenus en faisant réagir le mer-
cure sur le triiodure d'antimoine.
» Chauffés en tubes scellés au voisinage de 3oo° pendant vingt heures, ces deux
corps se transforment en biiodure de mercure et en un composé qui n'est pas un
antimoniure, mais un iodoantimoniure de mercure. Il est indispensable, pour pouvoir
opérer la séparation de l'iodure et de l'iodoantimoniure, de ne pas avoir de mercure
inattaqué dans le tube. Nous avons eu un rendement satisfaisant en prenant 4o»'' de
( '1'" )
mercure et i2oB"' d'iodure d'antimoine. La séparation des produits de la réaction ne
peut être opérée en dissolvant i'iodure de mercure dans l'iodure de potassium ; ce
procédé, qui nous avait parfaitement réussi pour la purification du phosphure de
mercure, a échoué complètement dans le cas présent, le réactif détruisant à la longue
riodoantiraoniure de mercure. Il faut recourir au sulfite de sodium; une solution de
ce sel dissout facilement Fiodure de mercure, surtout si Ton a soin de la chauffer
léo-èrement. Après lavages, il reste un corps gris, brillant, nettement cristallisé, qui,
outre de l'antimoine et du mercure, renferme une notable quantité d'iode.
» L'iodoantimoniure de mercure se j^résenle sous forme de prismes
bacillaires présentant un clivage facile, peut-être g,. La forme, l'éclat et
la couleur des cristaux rappellent beaucoup la stibine. Pourtant on ne
remarque pas le reflet bleuté que l'on constate sur ce dernier minéral. La
dureté du corps est peu élevée; il s'écrase facilement sous le pilou en
donnant une poudre à reflets rougeâtres.
» L'iodoantimoniure de mercure est décomposable par la chaleur.
Chauffé doucement, il laisse dégager de l'iodure de mercure et du mer-
cure métallique en donnant un résidu d'antimoine. A froid, le chlore
l'attaque et la réaction est très vive si l'on fait intervenir la chaleur; le
brome agit de même. L'acide chlorhydrique est sans action. L'acide azo-
tique le transforme en anlimoniate de mercure et iodure de mercure.
Chauffé avec de l'acide sulturique, l'iodoantimoniure se dissout en déga-
geant de l'acide sulfureux pendant que de l'iodure de mercure est mis en
liberté. L'eau régale dissout rapidement l'iodoantimoniure.
)) Une solution de perchlorure de fer dissout à chaud le composé; l'iode
se dégage en totalité. A froid, le zinc et l'acide sulfurique étendu agissent
avec lenteur, plus rapidement à chaud; il se dégage de l'hydrogène anti-
monié, et l'iode reste à l'état d'iodure de zinc pendant que le zinc s'amal-
game. La décomposition complète ne s'effectue que très difficilement dans
cette dernière réaction.
» L'analyse donne comme composition à ce corps Hg' Sb' 1' ; si l'on tient
compte du dédoublement produit par l'acide azotique, on peut écrire la
formule Hg'Sb^aHgP. Cette formule est plus intéressante que la première,
car l'antimoniure de mercure mis ainsi en évidence a même formule que le
phosphure de mercure Hg'P*.
» Pour analyser ce composé, nous avons déplacé l'iode par le perchlorure de fer;
puis, dans une attaque à l'eau régale, nous avons précipité le mercure et l'antimoine à
l'état de sulfures. On redissout ces sulfures et l'on sépare le mercure à l'état de
calomel; on dose l'antimoine sous la forme de sulfure. »
( '"7 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur an échantillon de chaux cristallisée. Noie de
M. Ad. Jotvf-, présentée par M. U. Moissan.
« L'obtention de la chaux cristallisée a été relatée par MM. S. Meunier
et Levallois, qui ont rencontré cet échantillon dans un four à chaux chauffé
à l'oxyde de carbone (Comptes rendus, 28 juin 1880). Le produit de la
décomposition contenait de pesits cubes polnrisanl la lumière, contenant
96 à 97 pour 100 de chaux, le reste étant formé de silice et d'alumine.
>> En i8gi, M. Moissan a obtenu d'une façon courante la cristallisation
(le l'oxyde de calcium, en employant l'action directe de la chaleur du four
électrique sur la chaux. Celle-ci fond, peut même se volatiliser et, par
refroidissement, cristallise en donnant des cristaux comparables à ceux de
MM. Meunier et Levallois et dune densité de 3,29. (Comptes rendus,
t. CXV, p. io34).
» J'ai obtenu, accidentellement, une autre variété cristalline d'oxyde de
calcium. Voici dans quelles circonstances :
» Un four à carbure avail été arrêté avant que la transformation du mélange de
chaux et de cliarbon fût complète, c'est-à-dire après une action très courte de l'arc
électrique. Après quelque temps d'inaction, en procédant à l'enlèvement de ce mé-
lange, j'ai observé la présence de sortes de petites géodes contenant de petits cristaux
aiguillés répartis autour de plusieurs centres; à côté de ces cristaux se trouvaient des
lamelles brillantes de graphite.
» Cette disposition était surtout accentuée dans les portions qui n'avaient été sou-
mises qu'à une température insuffisante; on n'en trouvait pas dans le centre, où il
existait un noyau de carbure. Cependant ou a pu trouver de ces cristaux à l'extré-
mité même de l'anode. En certains endroits, les aiguilles atteignaient plusieurs milli-
mètres de longueur.
" J'ai isolé, non sans quelques difficultés, quelques-uns de ces cristaux,
très légers et très ténus, et je les ai souinis à l'analyse. Ils répondent en
moyenne à une teneur de 98,3 pour 100 de chaux, avec un peu de carbone
qui en enfume quelques-uns très légèrement. Ils contiennent quelquefois
aussi un peu de carbure qui, probablement, y est interposé mécanique-
ment. Je n'ai pu déterminer exactement comment ce carbure existait, s'il
était interposé ou mélangé aux cri.staux. (Cependant son existence est
certaine, étant donnée la légère odeur de gaz acétylène que répandent ces
cristaux.
( iii8 )
» Ces cristaux récemment obtenus sont parfaitement transparents et
sont en aiguilles prismatiques ; leur densité est voisine de 2,5 (3,32 pour
les cristaux cubiques). Ils deviennent assez rapidement opaques en deve-
nant carbonate superficiellement.
» J'ai essayé de reproduire ces cristaux dans un petit four de laboratoire (aSo am-
pères et 5o volts; le courant primaire du four à carbure était de 7000 ampères sous
200 volts, répartis sur 8 fours). Je n'ai jamais pu les obtenir quand la formation du
carbure était complète, c'est-à-dire quand la température du four avait été très élevée ;
à peine trouve-t-on quelques aiguilles petites dans la masse environnante.
)i Ils se forment très nettement quand on arrête le courant au moment où le mé-
lange a pris l'aspect caractéristique du carbure inachevé, quand la masse est grise,
poreuse, contient de la chaux, du charbon, du graphite et du carbure non fondu.
» En résumé, la chaux prismatique ainsi obtenue provient d'un refroi-
dissement de la masse au moment où le carbure de calcium va se former.
Le carbone et la chaux, pour former le carbure, se trouvent respective-
ment, l'un à l'état de graphite, et l'autre, de chaux fondue et même à l'état
de vapeurs. C'est le refroidissement de cette vapeur dans un espace clos
qui produit probablement cette chaux en cristaux prismatiques. »
CHIMIE ORGANIQUE, — Sur la chimie du méthylène . Note de M. "V. Thomas,
présentée par M. Moissan.
(I On ne sait pas grand' chose sur la chimie du méthylène, et les seules
données expérimentales qu'on ait sur ce sujet sont dues en grande partie à
M. Nef ('). Il est vrai que les théoriciens ont pu déduire, par contre, en se
basant sur des hypothèses généralement admises, quelques propriétés
intéressantes de ce groupement, ou, d'une façon générale, des polyméthy-
lènes. D'après M. Ad. Bayer, par exemple, le tétraméthylène serait un
composé fort stable.
» M. l'abbé Hamonet a montré tout récemment (^) qu'en traitant le
diiodobutane ou le dérivé brome correspondant par certains métaux tels
que le zinc, ce tétraméthylène ne prenait pas naissance. La réaction se passe
comme si, dans une première phase, il se produisait du tétraméthylène très
instable qui se dédoublerait ensuite en deux molécules d'étliylène.
(') Annales de Liebig, t. CCXCVIII, p. 202.
(-) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 789.
( 1^19 )
» L'étude de l'action des métaux sur l'iodure de méthylène paraît devoir
apporter quelques documents importants pour l'histoire du méthylène. Cet
iodure devrait, en effet, dans ces conditions, donner naissance à des com-
posés correspondant à l'éthane diiodé, puis à l'èthylène :
2C1PP = CH-I - CH-I + P,
CHM-CH^I= CH-=CH- +1-,
» En réalité, comme il résulte des expériences suivantes, il se comporte
d'une façon toute différente.
» Action du mercure sur r iodure de méthylène. — En laissant au contact,
pendant plusieurs jours, du mercure, de l'iodure mercureus et de l'iodure
de méthylène, j'ai obtenu les composés décrits par M. Sakuray ('), à savoir :
CH-I.Hgl. CH=(HgI)- et CH(il;.;l)^
» Toutefois, contrairement au dire de ce chimiste, l'iodure mercureux
ne paraît jouer ici aucun rôle. En effet, la réaction se produit tout à fait
identique en l'absence de ce sel.
n Tandis que l'iodométliane monoiodomercurique et le méthane diiodomercurique
sont obtenus en quantités notables, le méthane Iriiodoraercurique ne se forme qu'en
très petite quantité. Comme ce corps se forme régulièrement en substituant i'iodo-
forme à Fiodure de méthylène, M. Sakuray en avait conclu que la présence de ce corps
était due à des traces d'iodoforme contenu dans l'iodure de méthylène employé. Or ce
fait me paraît erroné. L'iodure de méthylène tout à fait exempt d'iodoforme se com-
porte exactement de la même façon ('). De plus, sous l'action de la chaleur, l'iodo-
méthane iodomercurique se décompose en donnant des quantités variables de méthane
di et triiodomercurique.
» L'action du mercure sur l'iodure de méthylène est différente si, au
lieu d'opérer à froid, on opère à température élevée, a'.i voisinage de
200", par exemple.
» 4oi'''' de mercure ont été chauffés avec 22S'' d'iodure de méthylène, entre i90''-20o°,
en tubes scellés pendant plusieurs heures (dix à douze heures). Le tube, après réaction,
contient de grands cristaux d'iodure mercurique, les uns rouges, les autres jaunes. Le
liquide a complètement disparu. Il s'est formé une masse charbonneuse en même
temps qu'une quantité considérable de produits gazeux à pris naissance. Geu.x-ci sont
(') CItem. Soc, t. XXXVII, p. 661; t. XXXIX, p. 485.
(^) L'iodure de méthylène employé, traité par une araine en présence d'alcali, ne
donnait pas trace de carbylamine.
( M 20 )
constitués par un mélange de méthane et d'éthane; le volume de l'éthane étant sensi-
blement double de celui de l'éthane.
» Cette façon singulière de se comporter de l'iodure de méthylène
m'avait fait songer que le groupement Cil-, qui prend naissance par suite
de l'enlèvement d'iode, au lieu de former une combinaison du type du di-
méthylène, était susceptible, dans certaines conditions, de se dédoubler en
hydrogène et en un groupe CH plus stable,
Ci!- = CH + n,
ce qui déterminerait la formation d'acétylène d'une part et, de l'autre,
la formation d'un groupe méthyle par suite de la réaction secondaire
CH- ^ H = VAl\
On serait ainsi conduit à la production d'éthane.
» Quantàl'acétylène, par suite d'un mécanisme semblable, il donnerait
à son tour (les produits plus condensés et même un dépôt de charbon avec
mise en liberté d'hydrogène. C'est celui-ci qui, en se fixant sur un groupe
méthyle, engendrerait du méthane. Une molécule semblerait ainsi s'hydro-
séner aux dépens d'une autre molécule.
» En admettant cette manière de voir, les composés
CH-I,HgI- CH-(Hgl)- et CH(Hgl)',
se formeraient par suite très normalement.
» Du reste, on peut démontrer directement la production d'une liaison
acétyléni(|ue dans la décomposition de l'iodure de méthylène. Il suffit pour
cela de s'adresser à des métaux monovalents, tels que l'argent, non sus-
ceptibles de donner des dérivés organométalliques à la façon du mercure.
» 66'' d'argent réduit ont été chauffés avec 8s'' d'iodure de méthylène au bain-marie.
Le dégagement gazeux se produit déjà très nettement à 100°. Si l'on élève progressi-
vement la température du bain par addition d'un sel, la décomposition s'accentue
rapidement. On a recueilli séparément les gaz dégagés jusqu'à 100°, les gaz dégagés
entre 100° et i5o°, enfin les produits de réaction à température supérieure. Dans
tous les cas, les gaz ainsi formés donnent un abondant précipité rouge avec le chlo-
rure de cuivre ammoniacal (').
(') En chauffant à 5oo° de l'iodure de méthylène avec de l'argent, Sudborough a
obtenu du charbon, de l'éthylène et du méthane {Journ. Soc. Chem., t. X\ I, p. 4o8).
( II2I )
)) En résume, j'ai établi dans cette Note que :
M 1° Le mercure réagit sur l'iodure de méthylène exempt (Viodoforme
en donnant en même temps CH^I.Hgl, CH-(Hgl)- et CH(Hg])'.
» i" L'iodure CH-LHgl se décompose sous l'action de la chaleur en
donnant les dérivés CH-(Hgl)- et CH(HgI)\
M 3° L'iodure de méthylène est décomposé par certains métaux avec
formation d'éthane et de méthane (mercure) ou de carbures acétyléniques
précipitant en rouge le chlorure cuivreux ammoniacal (argent).
» Dans de prochaines Notes, je me réserve de revenir sur l'action
qu'exercent les différents éléments métalliques sur l'iodure de méthylène
et les dérivés chlorés ou bromes correspondants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur C hydralation de i acide amylpropioliqae ; acide
caproylacétique . Note de Mi\L Ch. Moureu et R. Delange, présentée
par M. H. Moissan.
« Il a été établi précédemment (') que les acétones possédant à côté
du carbonyle une fonction acétylénique pouvaient fixer une molécule
d'eau par l'intermédiaire de l'acide sulfurique, avec formation de dicé-
tones p; nous avons montré de plus (-) que les mêmes substances étaient
décomposées par les lessives alcalines, en donnant d'une part une molé-
cule d'acide, et de l'autre, tantôt une molécule d'acétone, tantôt une molé-
cule de carbure acétylénique. Ces réactions nouvelles nous ont engagés à
étudier, au point de vue d'une hydratation ou d'un dédoublement ana-
logue possible, d'autres composés acétyléniques, et tout d'abord les acides.
Cette Note résume les résultats que nous avons obtenus avec l'acide amyl-
propiolique, CH' — (CH-)' ~ Ces C — CO-II, récemment décrit par
nous (').
» L'acide amylpropiolique, libre ou éthérifié, ne peut être que très dif-
ficilement hydraté par l'intermédiaire de l'acide sulfurique concentré or-
dinaire. Si l'on emploie l'acide sulfurique légèrement fumant (3 pour loo
d'anhydride), on observe une réaction extrêmement vive : la molécule est
(') Ch. Moureu et R. Dklange, Comptes rendus, 1900; Nef, Liebig's Annal.,
l. CCCVIII, p. 264.
(') Comptes rendus, 1900.
(') Comptes rendus, 1901.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. C\X.\.II, N° 18.) 1^5
( I 122 )
scindée à l'endroit de la triple liaison, et il y a production d'un acide sa-
turé gras à deux atomes de carbone de moins, l'acide caproïque
CH'-(CH^)^-CO-H,
en même temps que d'un acide sulfoné, dont le sel de barium cristallise
en fines aiguilles blanches peu solubles dans l'eau.
» Tout autres sont les résultats que l'on obtient en mettant en œuvre
les alcalis caustiques; il y a fixation d'une molécule d'eau sur l'acide acéty-
lénique, et formation d'un acide jî-cétonique, l'acide caproylacétique ;
CH' - (CH=')^ - C=C - C0= II + H- O = CH' (CH-)^ - CO - CH= - CO= H.
1) On chaulle à reflux, pendant douze heures, l'acide amylpropiolique avec un excès
(environ 3 molécules) de potasse en solution alcoolique à 12 pour 100; on étend en-
suite d'eau la liqueur, on l'agite avec de l'éther, qui enlève un produit neutre formé
dans la réaction (voir plus loin), et la solution alcaline, soigneusement refroidie, est
acidulée avec précaution par l'acide sulfurique dilué et froid; on extrait à l'éther
l'acide rais en liberté, on sèche la solution éthérée et l'on évapore l'éther dans le vide
à froid; le résidu solide, cristallisé en lamelles blanches, constitue l'acide caproylacé-
tique; 1 4 parties d'acide acétylénique fournissent en moyenne i5 parties d'acide p-cé-
tonique brut.
» Comme tous les corps analogues, l'acide caproylacétique colore fortement en
rouge les solutions étendues de chlorure ferrique. Il est très instable : déjà à la tem-
pérature ordinaire, et très rapidement à partir de 60°, il se dédouble en acide carbo-
nique et méthylamylcétone :
CH»— (CH^)* — CO — CH= — COMJ = CO^-h CH3— (CH^)*— CO — CH^
» On peut cependant l'éthérifier, soit en saturant à 0° de gaz chlorhydrique sa solu-
tion dans l'alcool correspondant, soit en abandonnant à basse température, pendant
quelques jours, la même solution additionnée d'acide sulfurique. Quelques précautions
que l'on prenne d'ailleurs, on n'évite jamais complètement la décomposition de l'acide
en méthylamylcétone et acide carbonique.
» Le caproylacélate de méthyle distille à ii5o-ii6° sous 14™'": 1)0=0,994. Le
caproylacétate d'éthyle distille à 126°-! 27° sous ig""" : Do = 0,9721. Ces deux éthers
colorent fortement en rouge la solution alcoolique de chlorure ferrique et réagissent
immédiatement sur la phénylhydrazine. Ils se dissolvent avec dégagement de chaleur
dans les solutions aqueuses de soude caustique; mais, presque aussitôt, le dérivé sodé
se précipite sous la forme d'un magma blanc. Les dérivés cupriques, de couleur vert
clair, sont très solubles dans le chloroforme; ils se déposent de leurs solutions dans
l'alcool absolu en petits prismes microscopiques; le composé méthylique fond à ii3°-
1 14°, et le composé éthylique à 107°.
» Le produit neutre formé, en faible proportion d'ailleurs, dans la préparation de
( I 123 )
l'acide caproyiacétique n'est autre que la niéthylamylcétone, qui a pris naissance
d'après l'équation suivante :
CLP- (CIP)'— C = C - CO'H + 2KOH = CFP- (CH^)'- GO — CH'+ CO'K^.
» Si l'on substitue la potasse aqueuse à la potasse alcoolique, cette dernière réac-
tion est prédominante, et il se forme directement de la méthylamylcétone en quantité
notable.
» Ces faits précis interdisent formellement l'emploi d'un excès d'alcali,
quand on peut saponifier les éthers de l'acide araylpropiolique. Ils vont,
en outre, nous permettre d'appuyer par des arguments solides la formule
de constitution CH' - (GIF)' - CCI = CH — CO'R, que nous avons pro-
posée pour les éthers résultant de Faction du gaz chlorhvdrique sur la
solution de cet acide dans l'alcool raélhylique ou éthyiique (').
» Si, en effet, on traite à chaud ces étliers chlorés par la quantité exactement cal-
culée de potasse (2 moi.) en solution alcoolique, el qu'on chauffe ensuite au bain-
marie le produit acide qui s'est formé dans la réaction, celui-ci fournit une quantité
appréciable de méthylamylcélone ; et l'on peut admettre que la production d'une
partie au moins de cette méthylamylcétone s'est faite d'après le mécanisme suivant ;
1° transformation du dérivé chloré (— CCI ^: CH — CO'H) en dérivé hydroxylé
(— COH = CU — CO^il);
2° isomérisalion cétonique de celui-ci ( — CO — CIP — COHI); 3° dédoublement
normal de l'acide [3-cétonique. — Le même raisonnement, appliqué au dérivé chloré
( — CM ■= CCI — CO- II ), conduirait à l'aldéhyle œnanthylique
CH^ — (CH= )' - CH^- - Cil O ;
or, il ne s'en fait pas trace dans la réaction. C'est donc bien en (3 que doit être placé
le chlore par rapport au carboxyle.
» En résumé : 1° nous avons montré que l'acide sulfurique fumant dé-
compose l'acide amvlpropiolique, avec jjroduction de l'acide gras à deux
atomes de carbone de moins; 2° en traitant le même acide acétylénique
par la potasse alcoolique, nous avons obtenu un acide [3-cétonique non
substitué et à chaîne normale encore inconnu, l'acide caproyiacétique.
Nous nous proposons de généraliser ces deux réactions; la seconde con-
stitue un procédé de synthèse des acides et éthers p-cétoniques entièrement
différent des deux autres méthodes déjà connues, et dont l'une a été indi-
(') Comptes rendus. 1901.
( 1124 )
quée il y a quelque temps par M. Bouveault (' ), et l'autre tout dernière-
ment par M. Biaise ("). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide dimélhylpyrmique . Note de M. A. Waiii,,
présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note précédente, insérée aux Comptes rendus (t. CXXXII,
p. 4i6), M. Bouveault et moi avons montré qu'en chauffant à loo" une so-
lution chlorhydrique étendue de l'a- aminodiméthylacrylate d'éthvle,
celui-ci est intégralement transformé en un composé dont l'analyse répond
à la formule C'H'-O', en même temps que l'azote est éliminé à l'état de
chlorhydrate d'ammoniaque.
CMl'^4zG=-|-irO + HCl=^ C'H'-0'-hAzH*Cl.
» Nous avons montré également que ce composé contient un atome
d'oxygène cétonique et que, par saponification, il fournit un acide C H' O'
fondant à 3i° dont nous avons décrit l'oxime et la phénylhydrazone, et qui
constitue l'acide diméthylpyruvique
,.,,, ;CH -CO-COOH
inconnu jusque-là.
» Bien que le mode de formation et les propriétés de cet acide dimé-
thylpyruvique ne puissent laisser aucun doute sur sa constitution, les
divergences qui existent entre les constantes physiques des dérivés que nous
avons préparés et ceux déjà obtenus par MM. Morilz ('), K. Brunner (^)
et L. Rohn (*) m'ont engagé à en faire l'étude un peu plus complète et à
démontrer d'une manière nette l'exactitude de la constitution que nous lui
avons donnée.
)) J'ai essayé de préparer la diméthylpyruvamide, afin de la comparer
aux produits décrits sous ce nom par Moritz et Brunner et que tous deux
obtiennent, quoique avec des points de fusion différant entre eux de 0.0°,
par la saponification du cyanure d'isobutyryle.
(') Comptes icndus, 1900.
(^) Comptes rendus, 1901.
(^) Moritz, Cliem. Soc., t. XIII, p. 1880.
(') Brunner, Monatshefte, t. XV, p. 761.
(^) KonN, Monatshefte, l. XIX, p. 522.
( 1125 )
» Pour cela, j'ai fait réagir l'ammoniaque aqueuse concentrée sur l'éther dimélhyl-
pyruvique. Le liquide s'échauflfe légèrenient et l'éther se dissout assez rapidement; au
bout de peu de temps, il se dépose des houppes soyeuses de fines aiguilles fondant à
igS", mais qui ne constituent pas l'amide cherchée. Ces cristaux sont solubles dans
l'eau, très solubles dans l'alcool, insolubles dans lélher, peu solubles dans la benzine
et le chloroforme. Us possèdent la composition C^lI"Âz'^0' et sont formés en partant
de deux molécules d'acide diméthylpyruvique avec élimination d'une molécule d'acide
carbonique qui se retrouve dans les eaux mères,
2(CMi' = 0')-(-2 \zlI-' = 2C-II''0-r-C0'- + Cni'*Az-0^
» Ce composé a une réaction neutre en tournesol; je n'ai pas essayé jusqu'ici d'en
déterminer la constitution, mais j'ai remarqué qu'il se forme également lorsqu'on
chauffe l'arainodiméthylacrylate d'élhyle avec deux fois son poids d'eau à i3o°-i4o''
en tube scellé. Après cinq à six henres, en ouvrant le tube, on constate une pression
d'acide carbonique en même temps qu'il s'est formé un produit cristallisé en fines
aiguilles blanches fondant à igS" et possédant toutes les propriétés du produit résul-
tant de l'action de l'ammoniaque sur l'éther diméthylpyruvique. L'analyse répond à la
formule G'H"Az'0-. D'ailleurs, il est probable que le mécanisme de la réaction a été
le même ici que dans l'autre cas; l'eau, en agissant sur l'aminodiméthylacrylate
d'éthyle, l'aura d'abord dédoublé en acide diméthylpyruvique et en ammoniaque qui
aura réagi ultérieurement sur cet acide dans le sens que nous avons indiqué plus
haut. Nous nous proposons de faire l'étude de cette intéressante substance, afin d'ar-
river à en déterminer la constitution.
» L'action de l'ammoniaque m'ayant conduit à un résultat inattendu et
qui ne semblait pas de nature à pouvoir me donner des renseignements
sur la constitulion de l'acide diméthylpyruvique, qui faisait l'objet de ces
recherches, j'ai essayé d'en opérer le dédoublement en acide carbonique
et en aldéhyde isobutylique :
)CH - CO - COOH = C0^ + ^"3 ^Cll - CHO.
» Dans ce but, j'ai essayé l'action de l'aniline, qui, ainsi que l'a montré
31. Bouveault, fournit avec les acides glyoxyliques les phénylimides corres-
pondantes.
» Mais je n'ai pas constaté de dégagement d'acide carbonique, ce qui
montre que la réaction ne se passe pastlans le sens attendu.
» L'acide sulfurique dilué (lo pour 100), qui cependant dédouble à 160"
l'acide pyruvique eu acélaldéhyde et acide carbonique ('), ne m'a donné
(') Beilstein et WiEGAUD, Beiichlu, t. X\ 11, p. S41; 1884.
( II26 )
qu'un produit huileux, coloré en brun, et dans lequel je n'ai pu déceler la
présence d'aldéhyde isobutylique. Il s'est sans doute formé des produits de
polymérisation de celte aldéhyde.
» Enfin, j'ai fait bouillir une solution aqueuse d'acide diméthylpyru-
vique avec de l'oxyde d'argent, espérant qu'il y aurait oxydation dans le
sens de l'équation
^» \CH - CO - COOH + O = Xa3 )CH - COOH + CO*
et qu'il serait possible d'isoler l'acide isobutyrique formé à l'état de sel
d'argent. Mais la liqueur fdlrée bouillante laisse déposer par refroidisse-
ment de petits cristaux incolores, noircissant à la lumière et qui ne sont
autre chose que le diméthylpyruvate cV argent.
» L'analyse conduit en effet à la formule C'' W O' Ag.
» Ce sel a déjà été préparé et analysé par Brunner, et les propriétés des
produits qu'il décrit concordent avec celles du nôtre.
M Voyant qu'il était impossible d'arriver à produire le dédoublememt que
je m'étais proposé de faire, j'ai essayé de réduire la fonction cétonique de
l'acide diméthylpyruvique en alcool secondaire,
rH=\ CH=\
^" )CH - CO - COOH + H^ =^" )CH - CH - COOH,
OH
c'est-à-dire en acide a-oxy-isovalérianique.
» J'y ai pleinement réussi en faisant agir l'amalgame de sodium en excès
sur l'acide diméthylpyruvique en solution hydroalcoolique.
» La réduction une fois terminée, l'alcool est chassé au bain-marie, le
résidu repris par l'eau, acidulé et agité à l'éther à plusieurs reprises. Par
évaporation, l'éther laisse déposer de grandes tablettes incolores, fondant
à 85° comme l'acide a-oxy-isovalérianique, dont il possède toutes les pro-
priétés.
» L'analyse répond bien à la formule C H'"0'.
» Cette transformation de notre acide diméthylpyruvique en a-oxyde-
isovalérianique en fixe d'une manière certaine et définitive la constitution
que nous lui avions assignée dès le début. »
( "27 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'anhydride du prétendu binaphtyléne-glycol.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller.
« En appliquant la réaction de Reimer et Tiemann au (î-naphtol, Rousseau
a obtenu, outre l'aldéhyde oxynaphtoique, un glycol auquel il a attribué la
formule
C'oH«_(; — OÎI
c'»H*-(; — ofi
une petite quantité de l'anhydride correspondant
C'"!!» — C\
^ Il )0
et enfin un monoalcool
C'-'H"- CH
C"'H«- C.OH
J'ai démontré dans une récente Communication que ce dernier corps n'est
autre chose que le naphtylolnaphtyloxynaphtylméthane
y ('10 14 6 \
Je me propose de démontrer aujourd'hui que l'anhydride considéré par
Rousseau comme ayant la formule C-^H'-O, ou
' Il ;o,
est identique au dinaphloxanthcne
/'(:"'H*\
Cet anhydride de Rousseau s'obtient par de nombreux procédés : par les
déshydratants sur le glvcol; par l'action de l'alcool bouillant sur les éthers
bromhydrique, chlorhydrique, suUurique du glycol, etc. Le procédé le plus
( I!28 )
commode |jour l'obtenir est l'action de l'alcool bouillant sur l'éther brom-
hydrique.
» D'après Rousseau, il se formerait seulement l'anhydride et de l'acide
bromhydrique
{;'»H«- CBr ('.'"H'-Cx
I II =HBr-+- I " )0.
c'"H''-C0H (:'OH«_r,/
Rousseau a laissé passer inaperçus deux faits très intéressants et n'a pas
reconnu la véritable nature de l'anhydride.
» a. D'après nos expériences, le brome de l'éther bromhydrique agit
sur l'alcool comme s'il était libre en donnant de l'aldéhyde éthylique.
» h. Ti'éther bromhydrique traité par l'alcool bouillant se scinde en deux
parties : l'une qui reste en solution dans l'alcool (c'est un dérivé du naphtol
qui sera examiné plus tard); l'autre, qui s'en précipite, a seule été remar-
quée par Rousseau et considérée à tort par lui comme possédant la for-
mule C-^H'=0.
)) c. Enfin, l'anhydride ne possède pas la formule
C--H' = 0 ou 1 11)0, mais G"' H' 'O, Cfî-( )0.
» L'anhydride de Rousseau n'est autre chose que le dinaphtoxanthène,
ainsi que le prouvent l'analyse et l'identité de la forme des cristaux, du
point de fusion et du picrate de l'anhydride et du dinaphtoxanthène syn-
thétique.
» Nous avons préparé le dinaphtolméthane par le procédé de Manasse
(action de la formaldéhyde sur le ^-naphtolate de soude), puis, par l'action
de l'oxychlorure de phosphore, nous l'avons transformé en anhydride : le
dinaphtoxanthène, par la méthode de Wolff.
» Par plusieurs cristallisations dans le benzène, on a obtenu de belles
aiguilles incolores cristallisant en groupes fondant à 201°.
» L'anhydride de Rousseau soumis au même traitement a fourni des
aiguilles incolores groupées fondant à 201°.
» Pour mieux identifier les deux corps, nous avons ])réparé une combi-
naison picrique. Le dinaphtoxanthène dissous dans le benzène chaud addi-
tionné d'acide picrique donne par refroidissement des aiguilles rouge vif
fondant en tube étroit à 172°.
» L'anhydride de Rousseau traité de la même façon donne un picrate
( i'29 )
identique fondant à 172°. Le dosage de l'azote attribue à ce picrate la for-
mule
» En résumé, l'anhydride de Rousseau est identique au dinaphtoxanlhène
\C<oHV
» Dans une prochaine Note nous établirons la véritable nature du
binaphlylène-glycol. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action, (les chlorures d'acides sur les et fiers-oxydes,
en présence du chlorure de zinc. Note de M. Mahcei, Descudé.
« Lorsqu'on chauffe ensemble du chlorure d'acétyle et de l'oxyde
d'éthvlc, molécule à molécule, au réfrigérant à reflux, pendant plusieurs
heures, on n'observe pas trace de réaction. Il en est de même si l'on prend
tout autre élher-oxyde, soit simple, soit mixte. Mais, si l'on vient à ajouter
une certaine quantité de chlorure de zinc anhydre, immédiatement il y a
dégagement de chaleur et une vive réaction se produit.
1) .Tai étudié tout d'abord la réaction avec l'éther ordinaire.
» Tj'appareil que j'emploie se compose d'un ballon relié à un réfrigérant à reflux;
ce dernier est lui-même relié à un serpentin entouré d'un mélange réfrigérant de glace
et de sel, et dont l'extrémité plonge dans un petit niatras entouré également de glace
et de sel.
» Après avoir introduit dans le ballon (au préalable bien desséché) Sôs' de chlo-
rure d'acétyle pur et 608'' d'él/ter a/i/iydre, j'ajoute 3o8' de chlorure de zinc fondu
et pulvérisé. Aussitôt une vive effervescence se produit, que je dois calmer en plon-
geant le ballon dans l'eau froide, afin que le liquide ne soit pas entraîné en masse dans
le réfrigérant. On règle la température du ballon de façon que le liquide redue goutte
à goutte, en cliaufTanl légèrement au besoin, et on laisse marcher l'opération tant qu'il
se condense du liciuide dans le matras refroidi. L'opération dure environ quatre heures.
Au bout de ce temps on dénjonte l'appareil.
» Dans le matras il s'est condensé un liquide qui n'est autre que du
chlorure d'élhyle souillé d'un peu d'élher et de chlorure d'acétyle en-
traînés. Après lavage à l'eau très légèrement alcaline et rectification sur
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 18.) 14^»
( ii3o)
une longue colonne de perles de verre, on recueille environ SoS"" de chlo-
rure d'éthyle.
» Quant au produit restant dans le ballon, on le traite par un peu d'eau
qui dissout le chlorure de zinc. On décante la couche surnageante, que l'on
sèche et que l'on distille. On recueille ainsi vers 'j'i° environ 55^'' d'acétate
d'éthyle.
» La réaction s'est donc efFectuée suivant la formule remarquablement
simple
CH=-COCl + C^H^-0 — (;-H'=CH^-COOC^H''-t-C='H='(:I,
et les rendements sont presque théoriques.
» Il était intéressant de voir ce qui se passerait si l'on opérait avec un
éther mixte. C'est ce que j'ai fait.
» J'ai pris de Voxycle de méihyle-amyle que j'ai préparé moi-même et
dont je ne me suis servi qu'après m'èlre assuré de sa pureté par l'analyse :
» J'ai pris 25s'' de cet éther et j'y ai ajouté aS?"' de chlorure d'acétjle pur (en léger
excès), puis loS'' de chlorure de zinc. J'ai chauffé au bain-marie, vers 70°, dans un
appareil identique au précédent. Il s'est produit un abondant dégagement gazeux,
tandis qu'un peu de chlorure d'acétyle entraîné est venu se condenser dans le matras
refroidi.
» Le gaz, ayant été recueilli sur l'eau, s'y dissout peu à peu. Il possède
une odeur agréable et brûle avec une flamme bordée de vert. C'est du
chlorure de méthyle.
» Lorsque le dégagement gazeux a cessé (au bout de quatre heures en-
viron), on constate que le liquide du ballon s'est si^paré en deux couches.
La couche inférieure, très foncée et visqueuse, contient le chlorure de
zinc. Si on la traite par l'eau, il s'en sépare un liquide bouillant vers iS^"-
i38" (acétate d'amyle).
» La couche supérieure étant décantée, lavée à l'eau alcaline, séchée et
fractionnée, on recueille :
» 1° Un liquide passant entre 98° et 102°, brûlant avec une flamme
bordée de vert, à odeur agréable, plus léger que l'eau, dans laquelle il est
insoluble. C'est du chlorure d'amyle, ainsi que le montre l'analyse.
» 2" Un liquide incolore, d'odeur agréable, plus léger que l'eau et inso-
luble dans ce véhicule. Il passe entre 136" et i38°, et a la composition
de l'acétate d'amyle.
» Le chlorure de méthyle et l'acétate d'amyle se sont produits d'après la
( "3i )
formule suivante ;
CH'-COCl + C.^H"-0-CH' = CH^-Cl + CH^ — CO-0-C»H".
M Mais il s'est produit en même temps du chlorure d'arayle et de Vacétalc
de méthyle d'après la formule
CH' - CO C1+ C'H" - O - CH' = CMl' - Cl + CH» - CO - O - CH'.
)) Ce dernier produit, qui bout à 57", passe en même temps qu'un peu
de chlorure d'acétyle ( point d'ébuUition : 55"), de sorte que, en distillant le
produit brut de la réaction, je n'ai pas pu l'isoler à un èfat suffisant de
pureté pour le soumettre à l'analyse.
» Néanmoins sa formation, qui est corrélative de celle du chlorure d'a-
myle, n'est pas douteuse.
» Afin de pouvoir affirmer la généralité de cette réaction, je me propose
de l'effectuer sur plusieurs autres éthers-oxydes, et je me réserve de pour-
suivre cette étude, soit en faisant varier la nature du chlorure d'acide, soit
en le remplaçant par les anhydrides, soit enfin en substituant aux éthers-
oxydes proprement dits les acétals, avec lesquels j'ai déjà obtenu des
résultats du même ordre que je ferai connaiire prochainement. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la migration des maliéres ternaires
dans les plantes annuelles. Note de M. G. A.\dré.
« J'ai tout récemment appelé l'attention sur les variations que présente,
dans une plante annuelle et à diverses périodes de sa végétation, l'azote
et les hvdrales de carbone sohibles dans l'eau. J'examinerai aujourd'hui
les variations des hvdrates de carbone saccharifiables, de la cellulose inso-
luble et de la vasculose. I>es chiffres relatifs au Sinapis alla et au Lupinus
albus que je discute ci-dessous sont ceux que j'ai insérés dans le Tableau de
ma dernière Communication (dans ce Volume, p. io58).
» I. Hydrates de carbone sacchai ijiahles par les acides étendus et celluloses
insolubles. — Si la destruction d'une partie de la graisse se fait par com-
bustion respiratoire, une autre s'organise en hydrates de carbone saccha-
rifiables. Ceux-ci, en effet, chez le Sinapis, passent de 7,43 pour 100 dans
la graine à i3,i5 pour 100 dans la plante totale, au bout des vingt-quatre pre-
miers jours de végétation, alors que la cellulose insoluble augmente peu. La
racine, dès le début de la floraison, atteint presque son maximum en hy-
( Il32 )
drates dccnrborie saccharifiables (22, '79 pour 100 de la matière dégraissée).
Ce chiffre est de 25,74 à la lin de la floraison, soit le quart delà substance
sèclie. Chez le Lupin, la racine contient déjà, un peu avant la floraison,
une dose 1res élevée d'hydrates de carbone saccharifiables ( 18,09 pour 1°°)'
laquelle atteint 28,29 au moment de la maturation des gousses, soit le
quart environ de la malière sèche, comme dans le cas du Sinapis. Les
hydrates de carbone saccharifiables contenus dans la tige du Sinapis passent
de i4,t>9 pour loo (début de la floraison) à 22,21, jniis à 26,27 à la fin
de la floraison. I^a cellulose insoluble, dans le même organe, augmente
moins vite. Au début de la floraison, elle représente 16, 10 pour 100 de la
matière sèche et dégraissée et 23, i4 à la fin de la floraison. Chez \e Lupin,
les hydrates de carbone saccharifiables restent siationnaires avec un taux
de 2 I à 22 pour 100. Dans les feuilles du Sinapis, ces hydrates de carbone
sont moins abondants au début de la floraison que dans la lige et surtout
dans la racine. On peut expliquer ce fait en remarquant que, la feuille
étant le lieu principal de l'élaboration des albuminoïdes destinés ultérieu-
rement à la graine, albuminoïtles dont l'azote [jrovient ici des nitrates
puisés dans le sol, il est nécessaire qu'une matière hydrocarbonée facile-
ment déplaçable intervienne dans cette formation : tel serait le rôle des
hydrates de carbone saccharifiables. Ceci semble d'autant plus vraisem-
blable que, au moment de la floraison, la dose de l'azote total étant très
élevée dans les feuilles (4,08 |)our 100), les hydrates de carbone saccha-
rifiables ne figurent dans ces organes que pour 0,78 pour 100. Ce qui
caractérise le Sinapis, plante à végétation très rapide, c'est la migration
abondante des albuminoïdes de la feuille vers l'ovule fécondé : telle est la
cause de la chute des feuilles. Je n'ai pu, à la fin de la floraison, en récol-
ter une quantité suffisante pour l'examiner. Dans les inflorescences, au
moment de la floraison complète, on trouve la teneur considérable de 4. 94
pour 100 d'azote total avec 12,02 pour 100 d'hydrates de carbone sacchari-
fiables. A la fin de la floraison, la proportion centésimale de l'azote a diminué
dans les fruits, par suite de l'augmentation des matières ternaires (matières
grasses = 9,75 pour 100, hydrates de carbone saccharifiables = 22,65
pour 100). Ces derniers sont destinés sans doute, en passant transi-
toirement par l'état de sucres solubles, à fournir aux graines, pendant
la maturation, la majeure partie de leur matière grasse. Si nous exami-
nons ce qui se passe chez le Lupin, nous trouvons que, dans la feuille, la
proportion centésimale des hydrates de carbone saccharifiables diminue
d'une façon régulière comme chez le Sinapis. Toutefois, cette proportion
( ii33 )
centésimale est beaucoup plus forte que chez cette dernière plante. Au
début de la floraison, au moment de la maliiralion ensuite, la proportion
des lîvdrates de carbone snccharifiables est très élevée dans les inflores-
cences, puis dans les fruits (22,(13 et 22, 4^ pour 100). Ce dernier chiffre
est également atteint par les fiiiils du Sinapis. La maturation est plus lente
chez le Lupin que chez le Sinapis; ses feuilles persistent jusqu'à la fin, et
les différentes parties du végétal, racines, tiges, feuilles, pendant cette
période, conservent encore une notable quantité de principes albumi-
noïiles. La nutrition |)resque exclusive de celte plante aux dé])ens de
l'azote gazeux de l'air la différencie nettement du Sinapis.
» II. Vasculose. — Il est un produit intéressant à étudier qui reste après
épuisement de la matière végétale successivement par l'éther de pétrole,
l'alcool étendu, les acides dilués à chaud, le réactif de Schweizer. Si l'on
traite à froid ce résidu insoluble par un mélange d'acides sulfurique et
chlorhydriqiie (SO' H=' = 53'^ H-0 = 25*=", H Cl = 23'='^), lequel dissout bien
la cellulose, puis qu'après un contact de vingt-quatre heures on étende
d'eau et qu'on fiisse bouillir, on enlève encore un peu de ccllidose (|):ira-
cellulose de Frcmy?), que ce traitement convertit en sucre réducteur. J'ai
trouvé au résidu insoluble définitif, dans lequel il ne reste presque plus
d'azote, mais qui contient encore un |)eu de cendres, la composition cen-
tésimale suivante : C — 60, 28, H = 5, 80 pour 100. Frémy attribue au corps
nommé par lui vasculose la composition C = 59,34, H = 5,49- Les nom-
breuses analyses que j'ai efléctuées (burnissent des chiffres très voisins de
ceux dont je viens de parler. Parfois la teneur en carbone est un peu plus
élevée et le corps se rapproche de celui désigné par Frémy sous le nom de
vasculose deshyclraiée. Jusqu'à quel point cette matière dillère t-elie de celle
décrite ])ar Lange sous le nom de lignine {Zeits. physiol. Chemie, t. XIV,
p. i5, 1890)? C'est ce qu'il est dilficile de dire actuellement, et je laisse
provisoirement la question de côté. Vasculose ou lignine, ces deux sub-
stances sont évidemment des composés très complexes. La lignine de Lange
possède une teneur en carbone qui varie de 09 à 61 pour 100.
» Quoi qu'il en soit, les variations quantitatives de cette vasculose ont été les
suivantes chez le Sinapis. Elle est nulle ou à peu près dans les graines. Peu considé-
rable au début de la végétation, elle augmente ensuite progressivenienl dans toutes les
parties de la plante. Là où l'azote et, par conséquent, les albuminoïdes sont abondants,
elle est peu abondante, et inversement. Au début de la floraison, elle est maxima dans
la racine (i3,39 pour 100), minima dans la feuille. Dans la lige, elle représente, au
début de la floraison, 4,12 pour 100 et s'élève, en pleine floraison, à 15,97 pou'' 'OO-
A la fin de la floraison, elle atteint 20, 55. Les feuilles en contiennent peu, les fruits
( 'i3/, )
davantage, presque exclusivement dans leur enveloppe. Celle matière est, on le sait,
très résistante aux agents atmosphériques et microbiens. Après la mort du végétal,
c'est elle qui constitue, par suite de celte résistance, la majeure partie des produits
humiques du sol. D'ailleurs sa composition centésimale la rapproche beaucoup de
celle des matières humiques propiement dites': c'est une sorte de résidu de la vie
végétale; elle prend vraisemblablement naissance aux dépens des celluloses par perte
graduelle de gaz carbonique. Remarquons que, là où les hydrates de carbone sacchari-
fiables et la vasculose existent en faible quantité, les albuminoïdes sont, au contraire,
abondants. Les hydrates de carbone saccharifiables semblent servir principalement à la
production des albuminoïdes et non à la formation de la vasculose. Cette vasculose ou,
du moins, une substance très voisine se rencontre en fortes proportions dans les
bourgeons de marronnier non encore développés dont j'ai fait une étude antérieure
{Comptes rendus, t. CXXXI, p. 1223 ; 1900). Elle diminue sensiblement à mesure que
le bourgeon se développe; je reviendrai sur ces faits. »
ZOOLOGIE. — Sur f évolution des œufs immatures de Raiia fusca. Note
de M. E. Bataillon, présentée par M. H. de Lacaze-Duthiers.
« Mes expériences de cette année ayant été commencées de très bonne
heure ; il m'est arrivé de sacrifier des femelles dès le début de l'accouplement,
à une époque où beaucoup d'œufs étaient encore répandus dans la cavité
générale. Une partie seulement du matériel étaitdescendue dans les dilata-
tions utérines.
» Dans une première opération, ce matériel, correspondant aux \ envi-
ron du stock complet, fut fécondé.
» La segmentation montra quelques irrégularités ; mais, la plupart des ébauches
évoluant suivant le type normal, mon attention ne fut mise en éveil que vers l'éclosioii.
Certains œufs, en apparence non développés et dont le volume exagéré semblait cor-
respondre à une dilatation passive, exécutaient dans leur coque des mouvements
réguliers et très actifs.
» Un examen attentif me révéla une morphologie assez précise, quoique rudimen-
taire : le pôle supérieur est en quelque sorte froncé; à part ce détail, l'ébauche à peu
près sphérique porte simplement, vers la région du blastopore, un prolongement
cylindrique grêle, plus ou moins allongé suivant les cas. Ce prolongement a des mou-
vements propres. Quant à l'ensemble, il tourne régulièrement autour de l'axe ani-
mal-végétatif. J'ai pu suivre les variations de ces mouvements avec la température.
» L'étude analomique révèle une véritable ébauche ayant la structure blastulaire.
Le revêtement ectodermique est complet et s'étend sur le prolongement cylindrique.
Au-dessous d'une vaste cavité de segmentation, on aperçoit l'amoncellemeul des
cellules vitellines qui s'engage dans l'axe du prolongement. Pas trace d iin'agination.
Ces ébauches, mobiles au stade où les témoins développent leurs branchies externes,
( ii35 )
apparaissent au premier abord comme de véritables monstres articles (leur résistance
ne dépasse guère 4^'' après le début du mouvement).
» Celle expérience fut reprise avec des grenouilles où la masse des
œufs utérins représentait à peine la moitié du stock complet. Les résultats
furent plus curieux encore.
» Les apparences extérieures de segmentation sont nulles ou presque nulles ( traces
très irrégulières et très fugaces). Le pôle inférieur ne montre jamais le moindre
sillon. Du reste, celte fécondité ne donne pas une seule larve normale.
» Je fixe, le lendemain, des œufs en apparence indivis; j'en fixe encore au bout de
quatre jours, à l'âge où le mouvement était apparu chez les anides de ma première
opération. Aucun de ces œufs n'est mobile. On va voir que ce ne sont pas des œufs,
mais encore des ébauches.
» Celles de vingt-quatre heures présentent deux cas bien distincts ;
» Premier cas. — Segmentation limitée à l'hémisphère animal. Belle cavité
de segmentation. Au pâle inférieur, divisions nucléaires sans cloisonnements cellu-
laires {figures de karyokinèse régulières).
» Secoisn cas. — Les cloisonnements cellulaires font totalement défaut. Les
nuyau.c sont nombreux. Leurs divisions montrent des filaments chromatiijues épar-
pillés, quoique certains fuseaux apparaissent nettement. Autant qu'on en peut
Juger avec l'encombrement vitellin. il y a là des figures pluripolaires.
» Les éléments se cloisonnent-ils par la suite? C'est possible, lîn tout cas, voici ce
que montrent les œufs du quatrième jour.
» I^a segmentation reste limitée exclusivement au pôle supérieur, dont les
éléments sont devenus beaucoup plus petits. Le pôle végétatif est resté indivis.
» L'évolution va donc moins loin que dans ma première opération : pas
de mouvements, |)as de prolongement blastoporique. Mais le pcMe animal
est froncé, exactement comme chez les anides mobiles.
» Les œufs de la cavité générale et ceux de l'oviducte n'ayant rien fourni
de comparable, tenons-nous-en là pour les faits.
» Je considère ces évolutions troublées comme formant une série régulière.
La dilatation considérable des œufs ovariens jetés dans l'eau me portait
déjà, l'an dernier (^Arch.f. Enlwick. Mech., t. XL fasc. I), à leur attribuer
une pression osmolique supérieure à celle de l'œuf mûr. L'évolution des
œufs immatures révèle le même caractère, et ma deuxième série d'expé-
riences paraît surtout significative.
» Tous les biologistes (Loeb, Hertwig, Norman, Morgan, etc.) relèvent
comme action des solutions déshydratantes la division nucléaire se poursui-
vant sans cloisonnements cellulaires. Or, je trouve dans mon cas tous les in-
( ii36 )
termédiaires désirables. La segmentation extérieure n'apparaît pour ainsi
dire pas. Quand le cloisonnement se produit, il est tardif et limité au pôle
supérieur, le moins encombré de réserves; mais la karyokmèse se poursuit
seule au pôle végétatif. Les conditions extrêmes sont réalisées quand tout
cloisonnement tait défaut et quand on observe les karyokinèses anormales.
C'est l'application stricte du principe de Norman, pour qui l'action des solu-
tions est successive, portant sur le plasma d'abord, puis sur le novau et, en
dernier lieu, sur tes centres.
» Il est donc permis de supposer, dans la maturation de l'œuf, des oscil-
lations de pression osmotique, oscillations dont l'origine reste à préciser
dans un travail plus complet.
» Mais comment les anides mobiles rentrent-ils dans la même série?
» Ils répondent à la condition minima. L'obstacle physique ne se révèle
ici qu'à la gastrulation.
» Insuffisant pour troubler la marche de la segmentation, il s'oppose
aux plissements internes. Au lieu d'une invagination, nous avons une éva-
gination vers le blastopore. Il est intéressant de rappeler que les solutions
salines ont précisément fourni à Herlert le même résultat chez les Oin-sins.
Morphologiquement, les monstres arddes que j'ai décrits sont comparables aux
larves lithiques : ce sont des Exogastrulas. «
ZOOLOGIE. — Sur le développement de la Sole au laboratoire de Concarneau.
Note de MAL Fabre-Do.mergue et Eugè.ve: Iîiétkix.
« Le développement en aquarium des poissons marins, de l'œuf à la
forme adulte, n'a pu être obtenu jusqu'ici que pour un très |)etit nombre
d'espèces (^Hareng, Meyer. Cotte, Fabre-Doinergue et Biétrix. Plie, Dan-
nevig. Blennius, Garstang). Certaines de ces espèces avaient peu d'impor-
tance au point de vue pratique, et, parmi les plus intéressantes, la Sole
s'était toujours dérobée aux tentatives effectuées pour en assurer l'élevage.
Tous ceux, en eflet, qui se sont occupés de celte importante espèce n'ont
pu la conduire au delà du sixième ou du huitième jour après l'éclosion, ni,
par oonsécjuenl, lui faire (ranchir la période critique posllarvaire signalée
p;ir nous comme le principal écued de la |)isciculture marine.
)) Utilisant, d'une part, le princi|)e, mainleuaut bien établi, de la néces-
sité absolue d'une alimentation antérieure à la résorption du vitellus et.
( 11^7 )
d'autre part, la mélhode de l'agitation, heureusement mise eu pratique
par M. Garstang, nous sommes parvenus à obtenir pour la Sole ce qui'
avait élé réalisé pour les quatre espèces énumérées plus haut.
» N'ayant pas d'animaux reproducteurs à noire disposition, nous nous
sommes servis, pour nos études, d'œufs recueillis au moyen du filet péla-
gique et, bien que ceux-ci soient relativement rares, nous avons pu en
réunir cent cinquante environ, de mi-février <à fui mars. Une seule pêche
nous en a fourni jusqu'à cinquante-deux.
)' Mises, dès l'éclosioii, en présence d'une nourriture variée consistant, soit en orga-
nismes verts ('), soit en plankton, nos larves de Soles ont commencé à manger alors
i|ue leur réserve vilelline était loin d'être épuisée. Peu de jours après la disparition
de celle-ci, on a pu constater qu'elles recherchaient de préférence des proies d'un cer-
tain volume, telles que larves de Sprats, de Flets, de Targeurs, de Motelles, voire
même d'individus de leur propre espèce presque aussi volumineuv qu'elles-mêmes.
D'une vigueur très grande, d'une voracité extrême, les jeunes Soles chassent d'une
façon cojistante et ne restent jamais l'estomac vide. Elles se comportent ainsi pendant
toute la durée de la vie pélagi(^ue. Cette phase peut être évaluée, comme l'avait
pressenti M. Cunningham, à une durée de six à huit semaines, et, pendant tout ce temps,
l'alevin demeure parfaitement symétrique, bien que, par l'accroissement de sa taille,
par l'accentuation de ses caractères anatomiques et par le développement de sa pig-
mentation, il perde peu à peu son aspect primitif. On le voit alors, assez fortement
courbé en S, nager dans la masse de l'eau, faisant parfois tête au courant, mais tour-
nant le plus souvent aiitoui' d'une proie qu'il convoite et sur laquelle il se jette par
une sorte de mouvement de détente excessivement rapide. L'alevin de Sole atteint
ainsi une longueur de lo""" à ii""".
M La migration de l'œil constitue le jjhénomène le plus saillant de la uiétaînorphose
qu'il subit alors et s'accompagne de toutes les modifications qui donnent à l'individu
le caractère pleuronecte. Le phénomène a lieu rapidement et, en très peu de joui's, le
jeune poisson revêtant la forme de l'adulte en adopte aussi les mœurs. 11 quitte la
masse de l'eau pour gagner le fond ou les parois de son aquarium et, dès ce moment,
son alimentation change complètement. Cessant de donner la chasse aux poissons
larvaires, il s'attaque de préférence aux Copépodes et aux petites Annélides qu'il ren-
contre dans les sédiments oii il repose, sans dédaigner pour cela à l'occasion les fila-
ments de conferves et autres proies d'origine végétale.
» Dans ces conditions, et nonobstant le déchet résultant des prélève-
ments faits pour nos observations, aussi bien que des ravages exercés par
(') Ces organismes, llagellés verts d'espèce indéterminée, provenaient des marais
salants du Croisic où on les trouve parfois en grande abondance. Ils nous étaient
régulièrement expédiés par M. P. Bachelier que nous sommes heureux de remercier
ici de son aimable persévérance à nous venir en aide.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CWXII, N' 18) l47
( .138)
les alevins sur leurs propres congénères, nous avons obtenu une survie
d'un peu plus de 5o pour loo. Les individus provenant de ccl essai ont
atteint actuellement (i"mai) une taille niaxima de 35°"" et vivent dans
un aquarium à eau courante oij leur accroissement, favorisé par une nour-
riture abondante, s'effectue rapidement.
» Ces faits nous autorisent dès maintenant à envisager la possibilité
d'une culture industrielle de la Sole, soit en vue de l'exploitation privée,
soit pour le repeuplement des eaux libres. On sait, en effet, que la Sole
pond normalement en aquarium des œufs féconds (Butler) et qu'il suffit
de réunir un petit nombre de reproducteu'-s dans un espace relativement
restreint pour être sûr de récolter journellement une niasse d'œufs répon-
dant aux besoins de l'élevage le plus intensif. En suivant la méthode expé-
rimentée ci-dessus, on peut conduire les jeunes Soles à telle taille que l'on
désire, et leur accroissement ne se trouve plus subordonné qu'à Tabon-
dance de leur alimentation.
» Peut-être est-il permis d'espérer que quelques centaines de mille de
jeunes Soles ainsi poussées jusqu'à la forme pleuronecte, semées dans une
b:iie sablonneuse et bien défendues contre la barbare destruction de la
senne, contribueront plus à l'enrichissement d'une région de pêche que
(les millions de larves vouées à la mort par le seul fait de leur trop longue
stabulation en état de diète dans les appareils d'élevage. L'expérience est
désormais réalisable et donnera assez promptement la mesure des espé-
rances que l'on avait un peu prématurément fondées sur le repeuplement
des mers par la Pisciculture marine. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — L'assimilation chlorophyllienne réalisée en
dehors de Vorganisme vivant. Note de M. Jean Friedei., présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Tous les physiologistes admettent actuellement que trois conditions
sont nécessaires pour produire, dans le végétal, sous l'influence de la
chlorophylle, l'assimilation du carbone, qui se manifeste par l'absorption
de gaz carbonique et le dégagement d'oxygène.
M Ces trois conditions sont :
» 1° La présence de la chlorophylle dans l'organisme;
» 2" L'existence du protoplasma vivant au contact de la chlorophylle;
» 3° L'influence des radiations lumineuses.
» Les diverses tentatives qui ont été faites pour provoquer artificielle-
( n'^'J )
ment l'assimilalion cliloropliYUieniie n'ont donne jusqu'ici quelles résul-
tats négatifs.
» Je suis parvenu, de la manière suivante, à réaliser le phénomène en
dehors de l'organisme vivant. D'une part, j'extrais des feuilles les sub-
stances solubles dans l'eau glycérinée; d'autre part, j'obtiens une poudre
verte en portant les mêmes feuilles à une température supérieure à loo".
» Pris isolément, ni l'extrait de la feuille ni la poudre chlorophyllienne
ne produisent d'assimilation. Si, au contraire, on mélange intimement ces
deux substances et si l'on expose le tout à la lumière, on voit se manifester
nettement un dégagement d'oxygène et une absorption corrélative de gaz
carbonique, de telle sorte que le rapport des volumes des gaz échangés est
voisin de l'unité. Les échanges gazeux se produisent donc dans ces condi-
tions artificielles de synthèse exactement comme dans une feuille vivante.
» Des feuilles (l'iipiiiard ont été comprimées sous une presse avec de la glycérine.
Le liquide obtenu a d'abord été filtré sur papier pour enlever les débris de feuilles,
puis dans une bougie Charaberland neuve et recueilli ensuite asepliquement. Ce
liquide est très limpide, présente une couleur jaune et renferme, sans aucune trace de
cellules, ni même de débris proloplasmiques, les substances solubles de la feuille,
entre autres les diastases. Si le liquide est placé dans une éprouvetle retournée sur le
mercure et contenant de l'air enrichi de gaz carbonique, on ne constate jamais d'assi-
milation, ni à l'obscurité, ni à la lumière.
» Des feuilles de la même espèce ont été desséchées à plus de ioo° au four à ilam-
ber. J'ai obtenu ainsi une poudre verte dans laquelle la chlorophylle n'était pas dé-
composée et qui ne contenait ni matière vivante, ni diastases pouvant intervenir dans
le phénomène. Cette poudre verte, mise dans la glycérine, ne produit d'assimilation
ni à l'obscurité, ni à la lumière.
» Ainsi donc, ni le liquide seul, ni la poudre verte seule ne donnent
d'assimilation. Mais, si l'on réunit les deux substances et qu'on soumette
le mélange à l'influence des radiations lumineuses, il se produit une assimi-
la/ion manifeste.
» Voici quelques résultats numériques pour deux expériences faites
dans ces conditions :
lùlianges gazeux Happorl
provenant entre l'uxygène dégagé
lU' l'assiniilulion et le gaz carbonique
totale. absorbé.
27 mars. Durée : j^^"'. f O dégagé 3,22 o , 98
Lumière dilluse. \ CO^ absorbé 3, 29 »
3o mars. Durée : i''55'". i O dégagé 2,4' 1 ,08
Éclairement intense. ) CO* absorbé 2,89 »
( iilo )
» Ces chiiïres ont été obtenus en tenant compte des phénomènes accessoires de dis-
solution et autres que révèle l'expérience faite à l'obscurité avec le même liquide ad-
ditionné de la même poudre verte.
» Remarquons, d'ailleurs, qu'une solution alcoolique -de chlorophylle, exposée au
soleil, n'assimile pas; une partie du gaz carbonique se dissout, mais la dissolution est
sensiblement la même que dans l'alcool pur.
» J'ai pu rénliKer la syiilhèse de l'aclion chloro|ihyllienne, en dehors de
l'orgaiii.'^me, par un procédé un peu différent. Si l'on traite par l'alcool
l'exlrait glycérine dont j'ai parlé plus haut, on obtient un précipité qni,
repris par l'eau et additionné de chlorophylle, manifeste le phénomène
d'assimilation.
» Exemples :
Echanges
Ra
ipporl pnti'p
gazeux
l'oxygène dégagé
provenant
et le
de
gaz
carbonique
l'assimilation.
absorbé.
0 dégagé
CO' absorbé . .
. 6,72 1
■ .6-77 i
0.98
0 dégagé
CO* absorbé. .
3,3i \
. 3,i5 )
1 ,o5
2 avril. Durée : 5'' 40'".
Eciairement intense.
25 avril. Durée : l'iao"'.
Eciairement intense.
» Le liquide porté à l'ébullition ne donne plus aucune trace du phéno-
mène.
» Ces divers résultats conduisent à supposer que l'assimilation chloro-
phyllienne est accomplie sans intervention de la matière vivante, par une dia-
slase qui utilise l'énergie des rayons solaires, la chlorophylle fonctionnant
comme sensibilisateur. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les mouvcmenis du sol et la formation
des vallées en Valachie. Note de M. E. de Mautox.ve, présentée par-
M. de Lapparent.
« Dans une Note précédente sur l'Histoire de la vallée du Jiu (/| dé-
cembre 1899), j'ai appelé l'atlention sur une série de dépressions dites
dépressions suhkarpatiques q?ii longent le |)ie(l des Karpates en Valachie, et
sur leur rôle dans la formation des vallées transversales qui traversent la
chaîne de part en part. J'ai émis l'hypothèse que ces dépressions étnient
d'origine tectonique. Depuis j'ai pu observer des faits qui confirment cette
manière de voir.
( ii4> )
» L'étude f!e la dépression de Tismana m'a montré que le rebord nord
en est formé jiar les calcaires junissiqnes qui s'étendent en lambeaux de
plus en plus cohérents du Jiu jusqu'à Orsovit, et reposent ici sur le granité
en pendant vers le sud-est. Sur ce calcaire s'appuient des conglomérats
lorloniens pemlant vers IVst-sud-est à Sovarna et des marnes s;u'in:tliques.
Les mêmes marnes reparaissent sur le flanc sud de la dépression, où j'ai pu
observer leur pendage vers le nord-ouest. Elles forment le rebord mé-
ridional de toutes les dépressions subkarpaliques de l'Oltenie, et affleurent
partout où l'érosion a entaillé assez |)rofondément les terrasses, recou-
vertes de cailloutis probablement pliocéniqucs, qui les séparent. Au sud de
Novaci on les trouve plissées et pendant vers le nord.
» Les dépressions subkarpatiques sont surtout bien marquées à l'ouest
de l'Oltu. C'est là qu'elles sont le plus profondes, le plus larges et le plus
distinctes les unes des autres. On les retrouve à l'est de l'Oltu limitées au
sud par des crêtes élevées telles que Magura Fl.itiorului, où les couches
pendent vers le nord, de moins en moins profondes et de moins en moins
individualisées. A l'est de la Prahova elles disparaissent, et le bord des
Karpates est marqué par une série d'îlots tertiaires surgissant de la (errasse
dihiviale et |)robablemcnt d'origine tectonique. Enfin, à partir d'Urlatzi
les Karpates se terminent par un abrupt continu, formant falaise au-dessus
de la terrasse dihiviale.
» Si l'on considère les dépressions subkarpatiques comme dues aux
phénomènes de tassement dont hi péri|)hérie des grandes chaînes plissées
est généralement le théâtre après la période de soulèvement, les faits
ci-dessus exposés semblent montrer que l'affaissement aurait été, dans la
Vahïchie occidentale, localisé tout à fait au bord du massif cristallin des
Hautes Karpates, tandis que, dans la Valachie orientale, il aurait affecté
toute la bordure karpalique. Il semble que cet alfaissement ait atteint son
maximum le long d'un axe passant par Buzen etGalatz normalement à la
courbure des Karpates et coïncidant avec la principale région séismique
de la Roumanie.
>) Celte hypothèse explique et permet de grouper un grand nombre de
faits relatifs à la formation des vallées valaqiies et même de la vallée danu-
bienne. Elle explique le contraste de la a allée du Buzen avec les autres
vallées transversales, sa largeur, son fond qui semble un golfe de la terrasse
diluviale pénétrant à l'intérieur de la montagne et où le lit même de la
rivière n'entame la roche en place qu'en deux ou trois points. Elle rend
( II/|2 )
compte de l'hydrographie de la terrasse diluviale de Buzen-Jalomitza, oii
les vallées sont à peine entaillées de quelques mètres, où les lacs à fond
plat se multiplient, alignés souvent en chapelets au fond d'anciennes
vallées fluviales, tombées à la dernière décrépitude par suite d'un affaisse-
ment général qui paralyse l'érosion.
» Les lacs danubiens résultent en partie de c( t affaissement. Ces lacs
peuvent se diviser en deux catégories : les uns sont d'anciens bras morts,
présentant tous les stades de l'évolution de la j)ièce d'eau en fer à cheval
jusqu'à la lagune presque ronde et sans berges sensibles; les autres, le plus
souvent allongés presque perpendiculairement au cours du Danube et
s'effdant vers l'amont, ont une origine assez semblable à celle des limans,
ce qui pourrait leur faire donner le nom de limans Jluviatiles. Ils occupent
le débouché de vallées tombées en dégénérescence par suite de l'affais-
sement général et barrées par les alluvions du grand fleuve que l'érosion
d'une rivière en décrépitude est impuissante à balayer. Tels sont les lacs
Suhaia, Boiana, Ostrovu, OItina. Le lac de Calarasi a une origine mixte.
» Par rapport à cette région d'affaissement, la Yalachie occidentale
représente une région de soulèvement ou de stabilité relative. Plus on va
vers l'ouest, plus les grandes vallées se montrent entaillées profondément.
A Bucarest, la Dîmbovitza est encaissée de 40™ dans le diluvium, l'Oltu à
Platinade 100™, le Jiu à Craïova de 200"; enfin la vallée danubienne entre
Turnu Severinu et Calafat entaille de près de ioo"^ les couches tertiaires.
Dans cette partie de son cours, le Danube, au lieu de déposer comme dans
la Valachie orientale, déblaie et charrie. C'est un agent d'érosion en pleine
activité, et les îles qu'on y remarque ne sont que la trace d'un balancement
du courant principal se déplaçant d'une rive à l'autre de façon à creuser
une vallée aussi large que possible. Pour le moment le recul a lieu vers
l'ouest partout où, la rjvière faisant un coude, l'affouillement de la rive
concave fait s'ébouler les sables fins qui constituent le pied de la falaise,
reposant sur les argiles sarmatiquesqui affleurent au niveau des basses eaux.
Nulle part le fait n'est plus sensible qu'à Hinova.
» De Severiûu à Calai'al, on trouve tous les stades intermédiaires jusqu'au comble-
nienl du bras oriental et à son remplacement définitif par un bras situé plus à l'ouest.
J'ai même pu retrouver, à l'est de la vallée actuelle, les vestiges d'une ancienne
boucle à rajon de courbure plus grand que celui des boucles actuelles et correspon-
dant à une période où l'érosion du lleuve était encore plus active. La falaise de la live
concave, formée par les mêmes sables, est bien conservée, le pied en est longé par des
( 'i43 )
marécages en pnrtie drainés par la Blaknilza, et l'ancienne rive convexe est la plaine
de Flaminda, où les marécages alternent avec les dunes récentes. Un stade plus avancé
encore d'évolution est celui où le drainage de la région a été complètement régularisé,
une rivière suivant le pied de l'ancien escarpement de la rive concave; telle la Drincea,
en amont de Recea. Le point de départ de l'évolution est le même que pour les lacs
du bas Danube, mais d'un côté l'on est dans une région d'afTaissement où les dépôts
s'accumulent et les eaux s'étalent, de l'autre on est dans une région où l'érosion est
assez intense pour arriver à drainer et nettoyer le pavs.
» En résumé, on voit que les mouvements du sol en Valachie accusent
une tendance générale à l'alTaissement, comme dans le bassin Pannonique.
Mais cet affaissement atteint son maximimi d'amplitude et d'extension dans
la région limitrophe de la Moldavie, tandis qu'à l'ouest de l'Oltu il était
localisé à la bordure du massif cristallin et compensé probablement par
un soulèvement d'une partie de l'Oltenie tertiaire. Toute l'histoire du bas
Danube et des vallées valaques est en liaison intime avec ce processus, qui
se continue peut-être encore à l'heure actuelle. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — La toi de l'excitation électrique des nerfs. Note
de M. Georges Weiss, présentée par M. Marey.
« J'ai montré dans la Communication précédente que les excitations
électriques de même durée nécessitaient, pour arriver au seuil de l'exci-
tion, la mise en jeu de quantités d'électricité égales.
» Considérons maintenant des excitations de durée variable, la quantité
d'électricité nécessaire pour arriver au seuil de l'excitation est alors repré-
sentée par la formule Q = a + /v.
» Je ne citerai la série suivante que pour donner une idée du degré de
précision de cette loi.
(Quantité (iLlcrinince Quantité calculée
Durée de l'excitation. expérimentalement. par Q = 635 4- 4i /.
6 882 881
8 992 963
10 iioo 1045
'2 ii34 1127
i6 i3o4 1291
20 1460 1455
3o 1860 i865
4o 2280 2275
( ii44 )
» Tout se nasse comme si l'excitation nécessitait une quantité d'électri-
cilé déterminée n, et que pendant la décharge il se produise un phénomène
inverse, à combaltre d'une façon continue.
M En employant les expressions de Hering, on pourrait dire :
)) Pour produire la désassinu'a/ion nécessaire à F excitation, il faut dé-
penser une quantité déterminée d'électricité a, mais pendant celte opération
il se produit continuellement une assimilation qu'il faut neutraliser par une
dépense d'électricité égale à b par unité de temps.
)) J'ai encore cherché à vérifier cette loi en en tirant des conséquences
que je pouvais soumettre au contrôle de l'expérience.
» Ainsi je prends deux ondes égales successives, de longueur con-
stante m, séparées par un intervalle de longueur d que je ferai varier. Pour
que l'ensemble de ces deux ondes produise le même eiïet qn'iuie onde
unique de longueur im + d, la première combinaison doit mettre en jeu
la même quantité d'électricité que la seconde, d'après ma Communication
précédente. Donc, la résistance du circuit restant constante, les voltages
devront satisfaire à l'égalité
V X 2W — V ( -im ^- d)
ou
(i) :2m(V'- V) = V^/.
» Mais, d'ajjrès la Ini que je formule aujourd'hui, on doit avoir
V ( 2/« -t- c/) = a 4- l>(\>.m -+- d)
ou
{2m-\-d)
c'est-à-dire, en portant cette valeur de V dans le second membre de (i ),
2 m \
2111 -h d
» Cette formule permet de calculer les augmentations de voltage néces-
saires pour rester au seuil de l'excitation quand on écarte de plus en plus
l'une de l'autre deux ondes égales.
» J'ai comparé les résultats ainsi calculés à ceux que me donne l'expé-
rience.
( ii45 )
V — V mesuré.
Distance V — V ^ ^
des ondes d. calculé. r» Exp. 2" Exp.
O » » „
5 II 10 II
•O 20 i8 19
'5 27 25 24
I.:
» Enfin Hoorweg a donné une formule empirique à laquelle doivent satis-
faire le voltage, la capacité et la résistance pour que la décharge des divers
condensateurs produise l'excitalion minima suffisante. Cette formule est
a
V = ^ + PR. Or je prends ma formule générale Q = a -i- 6/. Dans le cas
des condensateurs on a Q = CV. Pour que la décharge soit terminée,
c'est-à-dire que le voltage soit tombé à une fraction donnée de sa valeur
primitive, il faut t = K.RC. En portant ces valeurs dans ma formule on a
CV = « + ^K.RC
ou
V = g-+-èR.R
qui est la formule empirique de Hoorweg.
» Il est donc démontré que la loi de l'excitation électrique des nerfs
peut se formuler de la façon suivante :
» Pour qu'une excitation électrique de durée t, portée sur un nerf, soit
suffisante, il faut et il suffit quelle mette en jeu une quantité d'électricité
donnée par la formule Q = a-\-bt, aetb étant deux coefficients dépendant
du nerf et de la distance des électrodes. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur l'injection de sang et
de sérum, néphrotoxiques au chien. Note de M. Bierry, présentée par
M. Roux.
« Lindemann (' ) injecte aux cobayes une émulsion de reins de lapin.
Le sérum des cobayes ainsi traités, injecté au lapin, produit une néphrite
caractérisée par le passage d'albumine dans l'urine et par des lésions du
(') Annales de l'Institut Pasteur, février 1900.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 18.) l48
( ii46 )
rein. Ces résultats ont été confirmés par Néfédieff (') dans le laboratoire
de M. Metchnikoir. Cette albuminurie, dans la plupart des cas, n'est que
légère et transitoire. Nous avons repris ces expériences au mois de
novembre 1900.
» Des reins de chien sont broyés asepliquement et injectés dans la cavité périto-
néale des lapins. Après injection, répétée cinq fois, nous recueillons du sang de
lapin qui est néphrotoxique pour le chien. L'étude de ce sang néphrotoxique jnous
a donné les résultats suivants : injecté à raison de 30"== à So'^'' à un chien de lo''? à i2''s
dans la saphène, ce sang difibriné amène une élimination intense de l'albumine par
les urines. Dans certaines expériences, le chien succombe au bout de quatre jours;
dans d'autres, l'animal survit, et l'étude de ses urines nous montre que : 1° les albu-
minoïdes (globuline et albumine) dosés par pesée atteignent Ss', 70 par litre au
. . ,~ . . . azote urée
dixième jour et 68"', 80 au quinzième; 2° le coefncient azotunque — . > qui
était de 0,87 avant l'injection, tombe à 0,80, puis à 0,75. La présence du sucre dans
l'urine ne put jamais être décelée ni par la liqueur de Fehiing, ni par l'acétate de
phénylhydrazine. A l'examen microscopique, la substance corticale se montrait
sillonnée de raies rouges. L'examen microscopique donnera lieu à une Communication
ultérieure.
» On sait que Lindemann (^) produisant une néphrite chez le chien par
injection de chromate de potassium a constaté que le sérum d'un de ces
chiens devient néplirotoxique pour un chien neuf. Nous nous sommes de-
mandé si le sang ou le sérum de nos chiens, rendus néphritiques par une
injection de sang néphrotoxique de lapin, pourrait, comme dans les expé-
riences de Lindemann, reproduire une néphrite chez un chien neuf. Les
expériences entreprises à ce sujet donnèrent un résultat positif.
» Un chien A est rendu néphritique par injection intraveineuse de sang néphro-
toxique de lapin. Le sang ou le sérum de ce chien A, injecté à un chien B, donne à
celui-ci de l'albuminurie. Le sang de ce chien B, injecté à son tour à un troisième C,
produit chez ce dernier les mêmes accidents. II semble donc qu'on puisse ainsi trans-
mettre les lésions rénales à une série de chiens neufs d'une manière indéfinie.
» L'action s'est manifestée de deux façons très différentes : ou bien elle
était instantanée, et l'albumine, considérable au début, allait en décroissant
sans pourtant disparaître tout à fait; ou bien elle se faisait sentir peu à peu
et l'on pouvait suivre la marche progressive de l'albumine jusqu'au
(') Annales de V Institut Pasteur, janvier 1901.
(') Centralblatt fiir allgemeine Pathologie, p. 3o8; 1900.
( ii47 )
dixième ou douzième jour oîi elle devenait dosable. Les bases xanthiques
et l'acide urique, qui augmentent après les injections, décroissent peu à
peu et tombent au-dessous de la normale.
» Le sang néphrotoxique de chien s'est toujours montré moins actif
que le sang néphrotoxique de lapin, si l'on en juge par les albuminoïdes
éliminés qui n'ont jamais dépassé 3^"' par litre. Nous avons voulu voir ce
qui se passait à cette température singulière de 55° ou 60°, à laquelle dispa-
raissent les diastases leucocytaires et où les globulines du sérum ou du
sang défdiriné ne se coagulent pas encore. Il n'a pas paru y avoir de modi-
fication dans l'action après un chauffage d'une demi-heure et même trois
quarts d'heure.
» Le sang de lapin normal et le sang de chien normal, chauffés ou non,
injectés aux mêmes doses, n'ont donné lieu qu'à une albuminurie passa-
gère disparaissant au plus tard au cinquième et sixième jour. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur la maladie des chiens.
Vaccination du chien contre Vinfection expérimentale. Note de M. C. Phi-
sALix, présentée par M. Cliauveau.
» Dans un précédent Travail, j'ai montré qu'une infection spontanée
du cobaye était due à un bacille dont les cultures sont aussi très virulentes
pour le chien. Le microbe, introduit par la voie veineuse, détermine sou-
vent, chez cet animal, une méningo-encéphalo-myélite dont les symptômes
et les lésions sont très caractéristiques. Mais, suivant la dose et la viru-
lence de la culture, la maladie peut évoluer d'une manière différente : ou
bien elle est suraiguë et entraîne la mort en huit à dix heures; ou bien elle
marche plus lentement et revêt une forme gastro-intestinale; j'ai même
observé des formes chroniques avec localisations tendineuses et articulaires.
» L'allure générale de cette maladie expérimentale ressemble, sous
beaucoup de rapports, à l'affection spontanée qu'on désigne sous le nom
de Maladie des chiens. Aussi ai-je fait de nombreuses tentatives pour décou-
vrir, chez les chiens morts de la maladie spontanée, un microbe ana-
logue possédant des caractères de spécificité. Les cultures, obtenues
par ensemencement du sang, des organes et des liquides pathologiques,
ont donné des microbes variés, en particulier des streptocoques, dont
l'inoculation au chien était sans résultat. J'en étais resté là quand parut
l'important travail de Lignières sur les septicémies hémorragiques. Cet
( ii48 )
auteur trouva, dans l'organisme du chien malade, un bacille assez long
qui pousse dans le bouillon de peptone sans le troubler et y forme de
petits grumeaux qui tombent au fond du tube. Ce n'est qu'après le ving-
tième passage par le cobaye que la culture présente un trouble uniforme,
comme cela s'observe avec les microbes du même genre.
» Étude du microbe pathogène. — Les caractères morphologiques et
biologiques du microbe décrit par Lignières étant identiques à ceux du
bacille que j'ai découvert sur le cobaye, je fis de nouvelles tentatives pour
le retrouver chez les chiens malades.
» Je dois au bienveillant concours de MM. Laurent et Saint- Yves
d'avoir pu étudier un nombre considérable de cas, et j'ai enfin réussi à
isoler le microbe spécifique. On l'obtient le plus facilement à l'état pur en
faisant des cultures du sang et des organes de chiens que l'on sacrifie
avant la période des infections secondaires; cependant, j'ai pu le séparer
quelquefois des bactéries accessoires par inoculation, dans le péritoine du
cobaye, de cultures du liquide céphalo-rachidien. Dans ce cas, le bacille
spécifique du chien pullule seul, et, si l'on ensemence l'épanchement péri-
tonéal dans du bouillon, il se produit un trouble uniforme dû à un microbe
possédant des caractères semblables à ceux du microbe spécifique du co-
baye; il ne s'en distingue que par sa faible virulence pour celui-ci. Il faut,
en effet, 3'='= à 4*^^^ de culture pour tuer un cobaye, en injection péritonéale.
Vis-à-vis du chien, les deux microbes possèdent la même action et déter-
minent des symptômes à peu près identiques. Inoculés dans les veines, ils
provoquent, suivant la dose et la virulence, une mort rapide en cinq à
dix heures, avec des signes d'empoisonnement bulbaire, ou une infection
qui évolue plus lentement et qui peut revêtir différentes formes cliniques.
» Dans les cas de mort foudroyante, en quatre ou cinq heures, c'est au
poison soluble qu'il faut attribuer les symptômes et les lésions; le microbe
n'a pas proliféré, et les cultures du sang sont souvent stériles.
» Ce poison soluble est difficilement séparable des microbes; il ne passe
pas à travers les filtres, et la chaleur le détruit. Le moyen qui, jusqu'à pré-
sent, m'a le mieux réussi est la stérilisation des cultures par l'éther. L'ino-
culation intraveineuse de ces cultures à la dose de i5'='^ à 20"^ provoque
des symptômes passagers d'empoisonnement identiques à ceux des cul-
tures vivantes : vomissements, diarrhée, élévation de température de 2"
à 3°. Des doses plus fortes ou répétées produisent un état cachectique
qui rappelle la maladie naturelle à évolution lente.
» Atténuation de la virulence. — Cultivé en bouillon de peptone, le
( ii49)
microbe du chien, de même que celui du cobaye, s'atténue progressive-
ment avec l'âge de la culture. L'atténuation se fait beaucoup plus vite
si, au lieu de bouillon ordinaire, on emploie du bouillon glycérine à
6 pour loo.
» En réensemençant le microbe au bout de temps variables dans du
bouillon ordinaire, on obtient des cultures à des degrés divers d'atté-
nuation. Pour rendre au microbe sa virulence première, il suffit de le faire
passer à nouveau par l'organisme du cobaye ou du chien.
» Vaccination du chien. — Depuis longtemps j'ai obtenu, avec le microbe
du cobaye, une vaccination parfaite de celui-ci et du chien. J'entretiens
depuis deux ans, au laboratoire de M. Chauveau, des cobayes fortement
vaccinés, dont le sang possède d'énergiques propriétés agglutinantes, en
même temps que préventives. J'ai renouvelé les mêmes expériences avec
le microbe provenant du chien, et j'ai obtenu le même succès.
» Dans mes premières expériences, j'ai employé comme substance vac-
cinante, et en injections intraveineuses, les cultures atténuées par l'éther;
mais cette méthode ne pouvant être aisément utilisée dans la pratique, j'y
ai renoncé. Le procédé le plus commode et le moins dangereux est l'ino-
culation sous-cutanée des cultures atténuées : à de jeunes chiens, ayant
encore leurs dents de lait, j'inocule sous la peau de la cuisse 2*=" à 3" d'une
culture atténuée. Le lendemain on constate, au point d'inoculation, une
tuméfaction douloureuse qui, au bout de quarante-huit heures, commence
à diminuer et ne laisse bientôt plus qu'une légère induration. On n'ob-
serve pas de symptômes généraux. Si la culture est plus virulente, on a de
l'œdème du membre, quelquefois un abcès; la température s'élève un peu,
mais il n'y a pas d'accidents graves, et l'animal guérit.
» Je commence par une culture très atténuée, dont l'action locale est
insignifiante : c'est le premier vaccin ; les inoculations consécutives se font
avec des cultures de virulence croissante et sont renouvelées trois ou quatre
fois. Les chiens ainsi préparés peuvent être éprouvés de deux manières :
soit par inocuhition intra-veineuse d'une culture virulente, soit par cohabi-
tation avec des animaux infectés. Les chiens que j'ai vaccinés ont vécu
depuis trois mois en contact journalier avec des chiens malades; plusieurs
même ont séjourné dans la même niche. Chez d'autres, j'ai badigeonné les
fosses nasales avec les mucosités pathologiques; aucun n'a été contaminé.
Mais, comme les témoins, dans ces conditions, ne prennent pas tous la
maladie, j'ai tenu à compléter ma démonstration parja première méthode.
( ii5o )
Si l'on éprouve, par inoculation intraveineuse, les chiens vaccinés, ils
résistent alors que les témoins meurent ou sont très malades.
» En résumé, les jeunes chiens qui ont reçu, à plusieurs reprises, des
inoculations de cultures atténuées résistent aussi bien à la contagion natu-
relle qu'à l'infection expérimentale. Ainsi se trouve résolu le problème de
la vaccination contre la maladie du jeune âge, et la méthode des inocula-
tions préventives, introduite dans la pratique, pourra rendre aux éleveurs
les plus grands services. «
TÉRATOLOGIE. — Caractères généraux des processus térato gènes, processus
primitif et processus consécutif. Note de M. Etienne Rabacd, présentée
par M. Alfred Giard.
« A diverses reprises, j'ai eu l'occasion d'insister sur ce fait, que la pro-
duction spontanée ou expérimentale des monstruosités ne dépendait pas
simplement de processus d'arrêt ou d'excès des phénomènes évolutifs
normaux ('). Il m'a été possible de montrer que la théorie d'Etienne
Geoffroy-Saint-Hilaire ne correspondait pas à la réalité, que la genèse des
monstres relevait d'un certain nombre de processus parmi lesquels l'arrêt
et l'excès, loin d'englober la généralité des types tératologiques, figuraient
simplement à titre de cas particuliers.
» Une analyse plus complète des phénomènes permet aujourd'hui de
séparer en deux groupes très distincts ces divers processus tératogènes; il
faut considérer, en effet, que certains d'entre eux sont extrêmement pré-
coces; certains autres plus ou moins tardifs.
» Les premiers déterminent le mode même d'apparition d'une ébauche,
quant à sa forme, son étendue, sa situation, l'ensemble même de son évo-
lution ; ils créent, en quelque sorte, l'organe embryonnaire et lui impriment
une allure caractéristique, diff"érente à des degrés divers de l'allure nor-
male. Ainsi, pour prendre un exemple, le système nerveux de la Cyclocé-
phalie ou du Spina hifida, après être né suivant une surface beaucoup plus
large que le système nerveux normal (^développement dif/'us), se transforme
(') Voir en particulier: Comptes rendus, i avril et 23 juillet 1900. — Fragments
de Tératologie générale : L arrêt et l'excès de développement {Bulletin scienti-
fique de A. Giard, 1900).
( ii5i )
en vésicule close par épibolie et non par embolie ('). Ce processus, et tous
ceux qui ont le même caractère général, ne sauraient en aucune façon
intervenir sur une ébauche en voie de formation, c'est-à-dire dégagée du
tissu originel. On ne comprendrait pas qu'un développement diffus, qu'un
développement massif, ou désorienté ou tout autre, pût se greffer sur un
bourgeon à contours nettement définis, dont la situation est acquise el
l'évolution commencée.
» Ces processus sont donc primitifs et, à ce titre, ils ont exactement la
même valeur que les processus normaux. Ils peuvent se substituer à ces
derniers ; ils ne les altèrent pas, ils ne se confondent pas avec eux.
» Le second groupe renferme les processus qui agissent, au contraire,
sur des ébauches envoie de formation, soit pour retarder, soit pour activer
la croissance, la différenciation ou le développement. Par eux-mêmes, les
processus ne procurent aucun caractère nouveau; ils sont simplement
capables de fixer un caractère transitoire ou de prolonger tout ou partie
d'un développement, sans en changer le sens. Ils peuvent intéresser une
ébauche, quel que soit le mode primitif qui la dirige, c'est-à-dire provoquer
l'arrêt ou l'excès aussi bien d'un bourgeon normal que d'un bourgeon
frappé par l'un ou l'autre des processus primitifs. Ils interviennent toujours
secondairement; ils sont consécutifs.
» Cette distinction, établie sur des faits précis, n'a pas simplement pour
importance de ramener à leur juste valeur les actions par défaut ou par
excès, qui sont restées jusqu'à ce jour le fondement même de la Tératologie;
ses conséquences ne se réduisent pas davantage à rendre possible une
classification naturelle des anomalies. Cette distinction est de nature, me
semble-t-il, à changer le point de vue d'une expérimentation méthodique
en tératogénie et à diriger cette expérimentation.
» En effet, sous l'influence de la conception saint-hilairienno, l'étude des
agents tératogènes et de leur mode d'action se réduit à savoir quel tissu
est influencé par tel agent dans des conditions données, son influence
étant nécessairement limitée à modifier la prolifération de ce tissu en plus
ou en moins. S'il est vrai, par exemple, que le chlorure de sodium agit
spécialement sur le tissu nerveux embryonnaire, comme cela semble
(') Etienne Rabaud : i° Evolution morphologique de l'encéphale des Cyclopes
{Soc. de Biol., 2 février 1901); 1° Genèse des Spina bifida {Archives générales de
Médecine, mars 1901).
( Il52 )
ressortir des expériences de Herlwig, nous devrons nous contenter de
savoir que le sel modifie la multiplication des neuroblastes, ceux-ci une
fois différenciés. En d'autres termes, tout noire pouvoir s'exerce sur des
ébauches dégagées du feuillet originel; nous sommes impuissants sur la
différenciation elle-même. Par suite, nous devrions renoncer à connaître
jamais d'une façon positive l'origine des tissus.
» En réalité, l'existence de processus tératogènes primitifs nous permet
d'espérer davantage. Ces processus ne peuvent se produire que grâce à
des différenciations effectuées hors de leur place héréditaire et qui seraient
inexplicables si l'on n'admettait l'action déterminante des incidents
externes. Observés chez les Vertébrés, on est en droit de penser que ces
processus primitifs se rencontrent également chez les divers Invertébrés.
Sans doute, il est possible que chez certains animaux la différenciation soit
extrêmement précoce et contenue en puissance, pour ainsi dire, dans les
blastomères des premiers stades; en déplaçant certains d'entre eux, on
déplace ipso facto tel et tel organe, et de ce fait il semble découler cette
conséquence que le développement normal de chaque ébauche prise à part
est le seul développement possible, quelle que soit la place occupée par
celte ébauche.
)) Il convient d'observer que ces déplacements sont d'ordre purement
mécanique, qu'ils sont provoqués dans le milieu même où la larve évolue
habituellement; que, de plus, les changements de situation imposés aux blas-
tomères ne modifient pas leurs rapports avec les milieux internes. Les blas-
tomères superficiels, par exemple, sont légèrement écartés de leur place
ordinaire, mais l'écart est peu considérable et ne modifie pas la situation
superficielle. On est en droit de penser que, si des œufs de telles espèces
animales se trouvaient dans certaines conditions tératogènes, ils se con-
duiraient tout différemment, que les différenciations potentielles seraient
remplacées par des différenciations nouvelles.
» De toutes façons, l'expérimentation ne doit pas se borner â rechercher
le pouvoir tératogène de telle ou telle substance — recherche vraiment
illusoire le plus souvent — ; ni même à déterminer quel degré d'arrêt ou
d'excès peuvent provoquer ces substances sur un tissu donné. Nous pou-
vons et nous devons faire plus, c'est-à-dire étudier les influences diverses
qui produisent les différenciations. Nous obtiendrons ce résultat en recher-
chant comment on peut modifier l'étendue, la situation des différenciations
normales, c'est-à-dire en s'efforçant de déterminer la cause prochaine des
( ii53 )
processus tératogènes primitifs. Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que les
expériences bien connues de Herbst, avec le lithium, sont un encourage-
ment dans cette voie, puisqu'elles nous montrent que l'on peut agir sur les
différenciations endodermiques. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les poussières atmosphériques observées à Tunis
le lo mars igoi. Note de M. E. Beutainchand, présentée par M. Carnot.
« I^a journée du lo mars 1901 a été caractérisée dans toute la Régence
et dans l'Europe méridionale par un phénomène météorologique assez
rare :
» Vers S*" du malin, par un ciel assez pur, on pouvait déjà constater un éclairage
anormal ; mais, à cette heure, il était encore difficile de se rendre un compte exact
du phénomène.
» Vers 6^, au lever du soleil, l'atmosphère était troublée par une sorte de nuage
de poussière impalpable. Le phénomène continua à s'accentuer; il atteignit son
maximum d'intensité vers i^ de l'après-midi, en donnant naissance à un brouillard
rouge d'une épaisseur telle qu'il interceptait les rayons du soleil.
» Tous les objets colorés prenaient la teinte complémentaire; les brûleurs à gaz
étaient particulièrement curieux à observer; ils donnaient une couleur verte.
» L'apparition et la persistance de ces poussières étaient d'autant plus surprenantes
qu'il régnait à ce moment un calme parfait; la vitesse du vent était à peu près nulle;
il venait du sud.
» Comment peut-on expliquer l'apparition de ces poussières?
» La solution du problème nous paraît pouvoir être donnée par l'exa-
men des courbes barométriques et par la nature chimique et minéralo-
gique des poussières. La pression avait été normale jusqu'au jeudi 7 mars,
saut les écarts dus aux variations diurnes; mais, le 7 mars, on put constater,
à g^ du soir, une baisse qui se continua assez rapidement et atteignit le
point minimum extrême le vendredi à midi; à partir de ce moment, la
pression se releva graduellement, pour reprendre une marche sensible-
ment normale, qui fut atteinte le samedi à g*" du matin.
» Nous avons observé les pressions suivantes :
mm
Jeudi, à g"" du soir y56
Vendredi, à midi y48
Samedi, à g^" du matin 757
» La courbe barométrique forme sur le graphique un V à branches
écartées, très nettement accentué.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N' 18.) 1%
( ii54 )
» La dépression a dû être occasionnée par un ouragan formé dans le
Sahara.
» C'est vraisemblablement à la puissance de transport des vents qu'il
faut attribuer l'apparition des poussières atmosphériques; soulevées vio-
lemment par lèvent, elles ont été portées dans les régions élevées, s'y sont
épanouies et se sont ensuite déposées par ordre de densité. Les éléments
les pliis lourds et les plus volumineux sont restés sur les lieux d'origine ou
à de faibles distances; les parties les plus fines sont restées en suspension
dans l'air et sont parvenues à Tunis environ trente-six heures après la
constatation de la dépression barométrique la plus accentuée. Évidem-
ment, le cheminement de ces poussières a été plus lent que l'onde atmo-
sphérique; c'est du reste là un phénomène normal.
» Lors de la fameuse explosion du Rrakatoa, dans le détroit de la Sonde,
en i883, l'onde barométrique déterminée par le phénomène a été signalée
longtemps avant l'apparition des poussières, dont le transport dans les
hautes régions de l'atmosphère a été la cause des illuminations crépuscu-
laires signalées pendant l'hiver i883-i884.
» Quand le nuage de sable est formé et qu'un orage vient à éclater dans
les hautes régions, la pluie entraine avec elle les particules fines, et, lorsque
ces poussières sont colorées en rouge, chaque goutte d'eau laisse une
empreinte colorée; c'est ce qui a fait donner à ce phénomène le nom de
pluie de sang.
» Ces poussière? sont d'une finesse excessive, comme on peut s'en
rendre compte par les chiffres suivants : loo parties du dépôt se classent
ainsi par ordre de finesse :
89,00 pour 100 passent au tamis de 120
9,95 » » 100
I , o5 » )) 80
» Ces poussières sont donc, en majeure partie, d'une ténuité plus grande
que les farines les mieux blutées. C'est ce qui explique la facilité avec
laquelle elles sont tenues en suspension dans l'air et parcourent de très
grandes distances, puisque le même phénomène a été observé en Italie, en
Suisse et jusqu'en Allemagne.
» Le nuage rouge persista jusqu'à 2''3o'", à Tunis; à ce moment, par
suite d'une saute de vent N.-W., d'ailleurs de peu de durée, la température
s'abaissa d'une façon notable; immédiatement, la condensation de ces
poussières se produisit, le ciel s'épura partiellement et le soleil fit une
( Ii55 )
apparition... timide en quelque sorte; car on pouvait le fixer sans malaise
et constater qu'il était d'une teinte bleue : c'était encore la lumière com-
plémentaire.
» L'analyse des poussières nous a donné la composition centésimale
suivante :
Eau 3 , 00
Matières organiques 6,5o
Sulfate de chaux 2,85
Carbonate de chaux 9)78
Phosphate de magnésie 0,29
Oxyde de fer 4) 10
Alumine 2, i3
Silice 70 , 95
Corps non dosés o,4o
Total 100, 00
» Ce produit est donc essentiellement siliceux.
» L'étude a été complétée par une analyse micrographique, faite par
M. Cayeux, répétiteur de Géologie à l'Institut agronomique de Paris,
En voici les résultats :
» Minéraux. — Quartz très prédominant en éléments de toutes dimensions se
répartissant en trois catégories :
» I" Grains parfaitement arrondis, usés, dépolis, très nombreux;
» 2° Grains de forme angulaire, à angles émoussés, très nombreux;
» 3° Esquilles de quartz très limpides, sans traces d'usure. Les particules de ce
troisième groupe sont incomparablement moins nombreuses que celles des deux pre-
miers.
» Grains de limonite clairsemés, résultant, selon toutes probabilités, de l'altération
de la glauconie.
» Minéraux rares. — Staurotide, tourmaline ( plusieurs variétés), rutile, zircon,
phosphate jaune amorphe, magnétite.
)> Organismes. — Diatomées (à signaler à titre de curiosité; elles sont très rares).
» Le dépôt est un sable siliceux dont la couleur est essentiellement due à l'exis-
tence d'une fine pellicule de limonite, qui encroûte la plupart des éléments de quartz. »
MÉTÉOROLOGIE. — Mouvement, en chaque jour synodique, de Vaxe instan-
tané de symétrie des écarts baroinélriques. Note de M. A. Poincarê, pré-
sentée par M. Mascart.
« Dans le mouvement rotatoire en sens contraire de Vende mensuelle
synodique et de sa symétrique l'onde quotidienne, la rencontre de deux demi-
( ii56 )
méridiens à mêmes écarts barométriques constitue un axe instantané de
symétrie des écarts sur l'hémisphère. La situation et les cotes de cet axe
changent constamment,
» Pendant la révolution synodique, les axes des 29 midis Greenwich se
représentent avec leurs cotes à des instants différents dans le mouvement
diurne. Laissons-leur le numéro du midi auquel ils correspondent et met-
tons ce numéro entre parenthèses quand on les retrouve par leur côté
opposé et que l'ordre des cotes est renversé (').
» Sur le cadran du transparent de l'onde quotidienne, où les heures
sont de 497. ajoutons la division du jour en 3o heures lunaires de 12°
ou 48'. Abandonnons le saut de midi provisoirement admis et faisons mou-
voir sur l'hémisphère ce transparent et celui de l'onde synodique avec
leurs vitesses moyennes réelles. Nous trouvons, pour la situation et le
numéro des cotes de l'axe de symétrie aux heures lunaires successives entre
deux midis Greenwich :
Heures
lunaires.
Numéros.
Axes de
Long. W.
symélric.
Long. \V.
Numéros.
0
0
1 du
jour 1
0
0
I
12
1
»
60
{16)
24
3
»
12
2
36
4
))
18
(•7)
182
12
»
66
(2.)
i44
i3
))
72
7
i56
i4
»
78
(22)
162
i5
»
84
8
Heures lunaires.
Long. W. Numéros.
180°
u
u
/
90
36o
348
336
324
228
216
2o4
192
du jour
3o
29
28
20
•9
18
'7
(23)
Axes de symétrie.
Long. W. Numéros.
180
.74
168
162
..4
108
102
96
(2)
16
(I)
i5
(29)
1 1
(25)
10
(24)
» Si, au 90* degré, on passe de l'autre côté de l'axe, on est, aux heures
17, 18, . . ., aux opposés 24, (10), ..., 2.
(') Voir Comptes rendus: 10 juillet 1899, p. 128, —7 mai 1900, p. 1279, Écarts ba-
romélriques sur le méridien du Soleil; — sur le parallèle, aux jours successifs de
la révolution synodique; 19 novembre 1900, p. 852, Emploi de transparents pour
combiner les effets de la révolution synodique avec ceux de la rotation terrestre;
24 décembre 1900, p. 1262, Variations des cotes barométriques simultanées au
cours de la révolution synodique.
Rappelons que les cotes d'écart inscrites de 10° en 10° sur les 29 demi-méridiens
(ii57)
» Après le jour i , on a ainsi
u 0 o o
o I du jour 2 0 2 36o i du jour 3 i8o (3)
i68 i5 84 9 192 17 96 (25)
o a (24) +10
180 16 90 ^^
o I du jour 29 o 29 36o 1 du jour i 180 (1)
» Supposons l'axe semi-méridien rigide, pivotant sur le pôle et prenant
successivement, d'un côté les cotes des n"^ i, 2, ..., de l'autre les cotes (i),
(2), .... Cet axe suit la route de l'aiguille des heures avec une vitesse moitié
moindre.
» En les 3o heures lunaires, d'un midi Greenwich à l'autre, il prend
successivement, soit par un côté, soit par l'autre, les numéros des 29 axes
I à 29, à l'exception des deux qui viennent se confondre sur le 90* méri-
dien et qui sont : au jour i, 9 et 23; au jour 2, 10 et 24; au jour 8, 16 et i;
au jour 29, 8 et 22.
» Pour avoir tous les axes, pris dans un sens ou dans l'autre, il faut
réunir 2 jours, qui ne soient pas à i4 jours de distance.
» Avant de les retrouver dans les mêmes situations et la même succes-
sion, il faut épuiser la période synodique.
» C'est en maintenant la nouvelle lune à midi et resserrant la révolution
synodique à 29 jours exacts que nous obtenons ainsi des variations
moyennes, complexes et régulières, revenant toutes à leur point de départ.
II ne faut pas oublier cependant que, la période synodique étant d'à peu
près 29 jours |, le contingent qu'elle apporte aux variations barométriques
pendant un mois donné est, généralement et dans l'ensemble, de jour ce
qu'il a été de nuit pendant le mois précédent. »
M. Lapeyre adresse un Mémoire ayant pour titre : « Opérations sur les
carrés; des excédents divisionnaires. »
appelés à coiistiluer les axes, ou à entrer dans le mélange des deux, oudes, atleignenl,
en plus et en moins, i™",5 dans les basses latitudes et 6"°" dans les hautes.
L'emploi des transparents est presque indispensable pour juger des eflFets d'en-
semble. Pour les faits particuliers, on peut se contenter de faire mouvoir les unes sur
les autres des bandes portant les divisions des cadrans, ou même de calculer les posi-
tions et les demi-distances.
( ii58 )
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i5 avril 1901.
( Suite.)
Trois articles Sur la langue internationale « Espéranto », par Ch. Méray,
(Extraits de l'Enseignement mathématique, i5 juillet 1900 et i5 janvier
1901, et des Nouvelles Annales de Mathématiqvs , \" janvier 1901.)
l! « Esperantisle » , Organe propagateur de la langue internationale Espé-
ranto. Organo propaganda de la lingvo miernacia « Ei,peranto », années
1 898-1 go I (mars). Épernay, 1898.
L' « Espéranto », seule vraie solution de la langue internationale, par L,
DE Beaufront. Épernay, i broch.
Pour la langue internationale, par L. Coutub^t. Coulommiers, imp.
P. Brodard, 1901 ; i broch.
Annales du Bureau Central Météorologique de France, publiées par M. E.
Mascart, Directeur du Bureau Central Météorologique; année 1898;
I. Mémoires, II. Observations, III. Pluies en France. Paris, Gauthier- Villars,
1900; 3 vol. in-4°. (Présentés par M. Mascart.)
Annales des Ponts et Chaussées, 2* partie, 71° année, 8'' série, i*'' Cahier,
janvier 1901 ; Paris, E. Bernard et C'*, 1 fasc. in-8°.
Annuaire de la Société Météorologique de France, publié sous la direction
de M. Léon Teisserenc de Bort; 4?* année, janvier-février-mars 1900.
Tours, s. d.; 1 fasc. in-S"^.
((Le Messager agricole », revue des associations et des intérêts agricoles du
Midi, publié sous la direction de M. le D'' Frédéric Cazalis; 42* année,
5^ série, t. II, n°' 1-2, janvier-févrierigoi. MontpeUier-Paris, 2 fasc. in-8''.
Ueberkaltungs-Erscheinungen bei schvi^immenden Nitrotoluol-Kïigelchen,
von Prot. P. Bachmetjew. Saint-Pétersbourg, 1900; i fasc. in-4°. (Hom-
mage de l'Auteur.)
( '1^9 )
Report of the Commissioner of Education for the year 1898-99, vol. II.
Washington, 1900.
Sitzimgsberichte dermathematisch-physikalischen Classe derk. b. Akademie
der Wissenschaflcn zu Mûnchen, 1901 ; Heft I. Mûnchen, 1901 ; i fasc. in-8°.
Revista trimestral de matemalicas , publicada por don José Rius y Casas;
Aiïo I. nùm 1, Saragosse, 1901 ; i fasc. in-8°.
Outrages beçus dans la séance du 22 avril 1901.
Annuaire statistique de la Ville de Paris, XIX* année, 1898. Paris, G.
Masson, 1900; i vol. in-8°.
La M ain-d œuvre en Afrique, par A. d'Almada Negreriros. Paris, 1900;
I fasc. in-8°.
La question du Calendrier au point de vue social, par le P. Ces. Tondini
DE QuARENGHi. Paris, 1901 ; I fasc. in-8"
Applications générales de V Electricité aux Sciences, aux Arts et à l'Indus-
trie, par G. Trolvé. Paris, s. d.; i fasc. in-S".
Comment d'exposant enthousiaste on arrive à ne plus exposer, par G.
Trouvé. Paris, s. d.; i fasc. in-S".
La Langue Bleue « Bolak », langue internationale pratique, par Léon
BoLLACK. (Quatorze Opuscules, in-8°.) (Hommage de l'Auteur.)
Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, publiées par les professeurs;
3* série t. II. Paris, Gauthier-Yillars, 1900; i vol. in-8''.
Bulletin de la Société de Zoologie de France, année 1900; t. XXV. Paris,
1900; I vol. in-8°.
Bulletin de la Société des Sciences de Nancy et de la Réunion Biologique de
Nancy; série ]II, t. II, fasc. 1. Paris, Berger-Levrault et C'*, 1901 ; i fasc.
in-8».
« Concordia », organe de la Société d'Etudes et de Correspondance inter-
nationales, directeur-fondateur : Emile Lomhard; 7* année, n" 77,
avril 1901. Paris, i fasc. in-8°.
Biologische Untersuchungen, von Prof. D'Gustaf Retzius, in Stockholm;
Neue Folge, Bd. I-IX, mit Tafeln. Stockholm, Samson et Wallin, 1890-
1900; 9 vol. in-l°. (Hommage de l'Auteur.)
An altempt to estimate the vitality of seeds by an electrical method,
by AuGusTus-D. Waller. (From the Proceedings of the Royal Society,
vol. LXVIII.) I fasc. in-S".
Landwirtschaftliche Statistik der Lânder der Ungarischen Krone. Bd. V.
( Tl6o )
Budapest, 1900; i vol. in-f". (Envoi de M. le Ministre de l'Agriculture du
Royaume de Hongrie.)
Individual observations of the Unes widened in sun-spot specira made at the
Solar physics Observatory South Kensington, during the period november 12"^,
1879, to december 3i'', 1897, under the direction of Sir Norman Lockyer.
Londres, 1900; i fasc. in-4''.
The procession of planets, by Franklin-H. Heald. S. 1., 1901; i fasc.
in-i6.
La risoluzione compléta del tetragono piano, Giuseppe Delitala. Sassari,
1901 ; I fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Nuevas escalas optometricas y cromo-fotometricas , por José Presas.
Madrid, igoi; i fasc. in-B".
Memoirs of the Geological Survey of India, vol. XXXIII, part I. Calcutta,
1901 ; I fasc. in-8°.
Oefversigt af kongl. Vetenskaps-Akademiensfôrhandlmgar; Arg. 58, n° 1,
1901. Stockholm, i fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 29 avril 1901.)
Note de M. de Séguier, Sur les équations de cerlains groupes
Page 1082, ligne n, au lieu de a, lisez a.
Même page, ligne 28, au lieu de < in, lisez := n.
Même page, ligne 34, au lieu de a^:^ cb, lisez rf=: cb.
N" 18.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 6 mai 1901.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le MlNISTBK DK L'iNSTnilOTION rUBLIQUIi
adresse l'aniplialion d» discret du Prési-
dent de la Hé|Uil)lic|iie approinaiU l'élee-
lioii lie M. Zeiller luHi
MM. LANNiaoNOUK, .\ciiAnri ci r.ui.LAnp.
Pages.
' Ue 1 Jiiniiencc de ralinientation, de la
Lcmpéraliire, du travail cl des poussières
sur l'évolution de la tuberculose 1081
M. Lœwy. -- Sur le quatrième Volume des
\nnalfs de l'Oliscrvaloire de Toulouse
(.S/,
NOMINATIONS.
M. Zeuner est élu Correspondant pour la
Seelion de .Mécanique niSli
.M. OuDKMANs est élu t'.orrespondant pour
la Section de Cléograpliic et Navigation
pour remplir la place laissée vacante par
le décès de IM. de Serpa-l'into io.'<(i
Commission chargée de juger le concours ^
du prix l'Iiilipeaux pour 1901 : iM.M. d'Aï-
soiH'ol, Marey, Chain'eati, iaii Tieg-
liem, Boucliard 1. '. . io8()
Commission chargée de juger le concours
du prix Lacazc (Physiologie) pour 1901 :
MM. Marcy, lioucltard. Guyon, Polain,
d'Arson'.'al. Lanncloniiite. Chauveaii ,
Van Tiegheni. Gt'ard io.sij
Commission chargée de juger le concours
du prix Mont) on (Arts insalubres) pour
1901 : MM. 7'roost, Gautier. Moissaii,
llaller. Schlcesing
Cnnimission chargée de juger le concours
ilu prix Wilde pour 1901 : MM. Cornu,
I.reivy, Fougue, Maurice Lévy, Ber-
tlielot
Conimission chargée de juger le concours
du prix Cahonrs pour 1901 : MM. Troost.
Gautier, Moissan, //aller, Ditte
Commission chargée de juger le concours
du prix Tihihalchcf pour 19111 : .MM . Grau-
ilidier, l'errier, Gaudry, Bouquet de la
Grye, Filliol
C'uimissiou chargée de juger le concours
du prix Jean Heynaud pour 1901 :
MM. Bouquet de la Grye, Gaudry,
Lannelongue. Cornu, Sarrau
loSfi
losr,
ciSfl
MEMOIRES PRESENTES.
M. .\.-r>. \VALLi:n. — Le dernier signe
vie; son appliealiou j\ l'homme
M. I''.-A. FoRix.
des eaux
La variation thermique
,,89
CORRESPONDANCE.
M. le SiccRi-TAinv: pi-iu'i itel signale ;
1° Trois Volumes publiés par l'Université
d'Aberdcen ayant pour litres : i"« UoU oC
alumni in .\its of the Univcrsity and
King's Collège in .Mierdcen n. par Peter
John Anderson ;■••' 0 Records of Old .\bcr-
deen (1 1J7-1X91) », par Alexander Mne-
donald Munro; 1" « Place Naines of West
.■\berdeenshire ", par James Macdonald :
1» Un levé à grande échelle du cours du
Congo et de rt")ubaugln, par il/. Chastrey.
M.lf.BAiLLAUD. — .\pplication du photomètre
à coin à la mesure des grandeurs photos
graphiques des étoiles
M. G. BlGOUUDAN. — iN'ébuleuses nouvelles,
091
découvertes à l'Observatoire de' P;iri>
(éc|ualorial de la tour de l'Ouest)
M. A. Ukmoulix. — Sur une classe particu-
lière de surfaces réglées
M. G. TïiTZEicA. — Sur la déformatiim
continue des surfaces
iM. L. DE.SA1NT. — Sur les séries de Taylor
cl les étoiles correspondantes
M. Ch.-Kd. GuiLLAUMi^. — Procédé pratique
pour la correction de l'erreur secondaire
des chronomètres
.M. V. CuEMiEU. — Sur l'existence des cou-
rants ouverts
M. G. Flvisin. — Sur l'osmose à travers la
mcndjrane de l'errocyanure de cui\rc ....
'"91
1 lUO
N° 18.
SUITE DR LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
:\1. LÉON GuiLLET. — Sur les alliages d'alu-
niininni. Combinaisons de raluniiiiiiini
el du tungstène 1112
M. Albert Grangiuî. — Sur un iodoanti-
moniurc de mercure iii5
M. Ad. Jouve. — Sur un échantillon de
chaux cristallisée 1 1 '7
M. V. Thomas. — Sur la chimie du métliy-
léue 11 18
RliM. Cil. MoUREU el R. DELA?iiiE. — Sur
l'hydratation de l'acide amylpropiolique;
acide caproylacélique 1 121
M. A. Wahl. -- Sur l'acide dimélhylpvru-
viquc 1124
M. R. Fosse. — Sur l'anhydride du pré-
tendu binaphtylène-glycol iia'j
M. Marcel DESCuné. — Action des chlo-
rures d'acides sur les éthers-oxydes en
présence du chlorure de zinc 1 129
M. G. André. — Sur la migration des ma-
tières ternaires dans les plantes annuelles. ii3i
M. E. Bataillon. — Sur l'évolution des
œufs immatures de liana fiisca ii34
M.M. Faere-Domergue et Eucène Biétuix.
— Sur le développement de la Sole au
laboratoire de Concarncau 1 136
Bulletin bibliographique
Errata
11 |j
Pages.
yi. Jean Friehel. -- L'assimilation chloro-
phyllienne réalisée en dehors de l'orga-
nisme vivant 1 13 8
M. E. DE Martonne. — Sur les mouvements
du soi et la formation des vallées en Vala-
chie 1 1 5
M. George.s Weiss. — La loi de l'excita-
tion électrique des nerfs ii'jS
M. BiERRY. — Recherches sur l'injection de
sang et de sérum néphrotoxiques au
chien
HL C. PiiisALix. — Recherches sur la maladie
des chiens. Vaccination du chien contre
l'infection expérimentale 1 14'7
M. Etienne R.abaud. — Caractères géné-
raux des processus tératogènes; processus
primitif et processus consécutif ii5o
M, E. Bertainchand. — Sur les poussières
atmosphériques observées à Tunis, le
10 mars 1901 u53
M. A. PoiNCARÉ. — Mouvement, en chaque
jour synodique, de l'axe instantané de
symétrie des écarts barométriques 1 lïï
M. Lapeyre adresse un Mémoire ayant
pour litre : « Opérations sur les carrés;
des excédents divisionnaires " ;. . . . 1 1 J7
Il 58
1 1 60
PARIS. — [\IPKl\IERIE GAUTKIER-VtLLARS,
Quai des Grands-Augustins, âS
• /.tf Gérant .* ('AtrrillKfi ViLL&RS.
^.^^ 1901
PREMIER SEftIESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
t*AH MU. liBi» SBCnÉr^IKESi PBHPÉTUBriS.
TOME CXXXII.
ÎVM9 (13 Mai 1901).
►jMiU >^
'PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de'
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associéétrangerderAcadémiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un, Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'.un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année. ^
Les Comptes rendus ne reproduisent j^as les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie;'cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'd en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Acadéune avant de les re-
mettre au Bureau. L'im[)ression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes, ou Mé-
moires sur Tobjet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimes dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance o
blique ne font pas partie des Comptes rendus. ^
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de I'a.
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foo
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rerais ;
l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, I'
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps
le titre seul duMémoire est inséré dans le Complenndu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu m
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni plancha
figures.
Dans -le cas exceptionnel où des figures seraW
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter:
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
^ Tous les six mois, la Commission administrativeBl'
un Rapport sur la situation des Comptes r-endus après'
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du 1^\
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM les Secrétaires perpétuels sont priés de lei
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES. SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 MAI 1901,
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
3IE3IOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTRICITÉ. — Sur un galvanomètre parfaitement astatique.
Note de M. Lippmann.
« Cet appareil se compose essentiellement d'une bobine fixe parcourue
par le courant à mesurer, et d'une aiguille aimantée mobile, suspendue
de manière à pouvoir se déplacer parallèlement à elle-même. L'aiguille est
porlée par un (il de cocon / qui lui permet de s'orienter dans le plan du
méridien magnétique; ce fd de cocon est attaché à l'extrémité d'un fléau
d'une petite balance de torsion constituée par un levier, porté lui-même
par un fdy^'. Un pôle de l'aiguille aimantée pénètre dans la bobine fixe;
le courant agit donc, non pour dévier l'aiguille, qui reste orientée vers le
nord magnétique, mais |)onr la déplacer parallèlement à elle-même. Or,
l'action de la terre ne tend pas à déplacer un aimant parallèlement à lui-
C. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 19.) I 5o
( Il62 )
même. Il s'ensuit que la terre n'exerce aucune force antagoniste de celle
produite par le courant; l'appareil est donc parfaitement asiatique.
1) Il est avantageux d'employer deux bobines, agissant chacune sur un
des pôles de l'aiguille. Pour installer le galvanomètre il faut l'orienter de
manière que l'axe des bobines soit dans le plan du méridien magnétique.
L'aiguille aimantée est alors dirigée suivant cet axe. Il faut en outre que,
aucun courant ne passant par l'appareil, le levier de paille s'arrête dans la
direction est-ouest. On satisfait à cette condition en faisant tourner un
tambour auquel est fixé le (i\ /' , afin de le détordre. Le galvanomètre est
alors prêt à fonctionner.
» La sensibilité de l'appareil est très grande, car elle n'est limitée que
par le petit couple naissant de la torsion des fils de cocon qui le sou-
tiennent. Il est facile d'écrire la condition d'équilibre : Soient i l'intensité du
courant, K une constante dépendant de la construction des bobines, [a le
magnétisme accumulé à chaque pôle. La force due à l'action du courant
est égale à KilÎ. Cette force agit sur un bras de levier égal àL, en désignant
par L la distance entre les fils / et /' ; lorsque la déviation de la paille
esta, ce bras de levier est égal à Lcosa. L'angle a demeurant très petit,
on peut admettre que cosa = i. Le couple dû â l'action du courant est
donc égal à K [a/L.
» D'autre [)art, la déviation étant a, la torsion des cocons / et /' varie
d'un angle oc; les couples résultant de cette torsion sont égaux à -r- et -j-r-
On a donc pour condition d'équilibre
(r) R[xLj = Ca(i
I I
Supposons, pour simplifier ('), que h = h'.
» L'équation (i) peut s'écrire
(2) a=-r^— l.
La sensibilité de l'appareil tient d'abord à l'absence de toute force direc-
trice due à la terre. En outre, on peut l'augmenter en disposant des fac-
(') Cette condition est, d'ailleurs, celle qui correspond au maximum de sensibilité,
car h -\r h' a une valeur maxima déterminée par la hauteur de la potence; donc
II
v -H T7 est minimum pour h = h'.
( ii63 )
leurs (/. et L; en fl'autres termes, il est avantageux d'accroître [j. en em-
ployant une aiguille fortement aimantée, et aussi grosse que le permet la
résistance à la rupt^ire du fil de suspension; de même, on peut disposer
du facteur L en allongeant le levier de paille.
» Le maniement de l'appareil paraît assez facile ; l'amortissement propre
est très considérable. Je rappellerai que Â.-C. Becquerel a construit jadis
une balance électromagnétique formée de deux aimants suspendus à une
balance ordinaire et attirés par deux bobines. Le principe est le même
que celui de l'appareil décrit plus haut, mais la substitution de la balance
de torsion à la balance ordinaire augmente considérablement la sensibilité
de l'appareil. »
MÉCANIQUE. — Sur les théorèmes d'Hugoniot, les lemmes de M. Hadamard
et la propagation des ondes dans les fluides visqueux. Note de M. P.
DuilE.M .
« L Supposons que S soit, à l'instant isolé /, une onde d'ordre /j pour
une certaine fonction U, et gardons les notations que nous avons em-
ployées dans une Note précédente (').
» M. Hadamard ("), systématisant les indications cinématiques conte-
nues dans les écrits d'Hugoniot, est parvenu au théorème suivant :
» On peut définir, en tout point de la surface S, (« -t- i) grandeurs U„,
U,, . . ., U„ au moyen desquelles s'expriment toutes les dérivées partielles
d'ordre n de la fonction V , en chaque point de cette surface. Les relations qui
donnent ces expressions sont
dt"
U„,
('> ijF^^-ïïSW^^'f^'^^^' (P + 9 + r = 0,
dxP dy^ dz''
= \P^j.iv'\J„ (p-hq-hr=n).
(') Sur le théorème d'Hugoniot et quelques théorèmes analogues {Com,ptes
rendus, l. CXXXI, p. 1171 ; 24 décembre 1900).
(^) Hadamard, Bulletin de la Société mathématique de France, l. XXX, p. 5o;
séance du 19 décembre 1900.
( ii64 )
» Nous nous proposons de donner des grandeurs Uo, U, U„, des
expressions qui mettent en évidence leur caractère invariant,
» 1° Cas où Vindice i est pair : i= y. — Les relations (i) donnent sans
peine
(2) |;5.A,v = (>^ + ,.^ + v=yu, = u,.
» 2° Cas où l'indice i est impair : i= ij ~\- i. — Dans ce cas les éga-
lités (i) donnent
et deux relations analogues qui nous permettent d'écrire
^^> [ai d<(«-" J ^ làf dl^"--^ \ là: <}«<«-') J
M II. M, Hadamard a encore démontré le théorème suivant :
» S'il y a propagation de l'onde S, on a, quel que soit i,
(4) (-a)'U,= U„.
Dès lors, dans le cas où i est pair (/ = y), les relations (i), (o.) et (4)
donnent
(5) «^^^^-V^V-
» Dans le cas où i est impair (j = 2/ -m), les relations (i), (3)e/(4)
donnent
» Des formules (5) et (6), il est aisé de tirer les formules que nous
avons données dans notre Note : Sur le théorème d'Hugoniot et quelques
théorèmes analogues.
» III. Les méthodes indiquées par M. Hadamard permettent de simpli-
fier et de compléter la théorie des ondes du second ordre par rapport aux
vitesses, au sein d'un fluide visqueux. Nous nous sommes déjà occupés de
cette théorie en deux Notes ( ') dont nous garderons ici les notations.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 898 et p. 607.
( ii65 )
» Selon le premier lemme de M. Hadamard, si, à l'instant t, la surface S
est une onde du second ordre pour les vitesses, il existe, en chaque point
de cette surface, trois vecteurs (>,„, [j.„, Vp), (1, ,[/,,, v,), (^2» P^2» ^:.')» tels que
l'on ait
d'U _ d'U _ i^_o à'-V _
"àï^-^"' â^dî""°'^" d^-'^^" dzdt~'^^''
(7) { à^ = ^^-^- ^ = P^=" ^=r^^'
et des relations analogues pour les dérivées de V et de W.
» Dès lors, l'équation
[>(p, T) + Kp, T)] I^ + ,a(p, T)AU = o,
qui sert de fondement aux notes précitées, devient la première des égalités
j [l(p, T) + ;x(p, T)]a(«X, + p;^^ + rO + t^(p. T)^^ = o,
(8) [!(?, T) + [y.(p, T)]p(a)., + ?.^., + yv,) + (^(p, T);.^ = o,
( [\(p, T) -t- i>.(?, T)]y(a>., + P;i.= + yv^) + îiL(p, T)v, = o.
» Multiplions respectivement ces égalités par a, ,8, y et ajoutons les
résultats membre à membre; nous trouvons
[•k(p, T) -+- 2fy.(p, T)](ocX. -h ^iL, 4- ^^.0 = o,
ou bien, comme [X(p, T) + 2[j.(p, T)] est essentiellement positif,
alo -h PfAj + -j-Vj = o.
» Si l'on reporte ce résultat dans les égalités (8), en observant que
[/.(p, T) est essentiellement positif, on trouve
(o) \., = 0, [1.2 = 0, V2=0.
» Le second lemme de M. Hadamiird nous apprend que, pour que l'onde
se propage, il faut que l'on ait
av,-t- vp = o,
«V» + V, = o.
al, + Ao = o.
«y-i -1- I'-o= o
al-i-hl, = o.
a[;.j4-[A, = o
(lo)
» Les égalités (g) donnent alors
■X, = o, [/., = o, V, = o,
7.0 = o, f^-o = <», ^0 = 0.
( ii66 )
» Les trois vecteurs de M. Hadamard sont donc nuls, en sorte qu'un
fluide visqueux ne peut propager aucune onde du second ordre par rapport
aux vitesses.
» Il suffit de différentier un certain nombre de fois les équations du
mouvement et de reprendre la même démonstration pour prouver que
cette impossibilité s'étend aux ondes d'ordre quelconque supérieur à 2.
)) IV. Une onde du premier ordre par rapport aux vitesses ne saurait
exister dans un Jluide visqueux. Dans ce cas, en efTet, il existerait en
chaque point de cette onde un vecteur (/, m, n) tel que
(") ^=''^' dy=P^' ^=Tr^' 5J = =^'"'----
» La surface serait une surface de discontinuité pour les six quantités
^xy ^y> ^s» '^x' "^j"» '^z'
f du âi' (J't'\ / rr^sàu
(12) { / 1 1 \
|.,= -,(,,T)(*+*>
>) Mais on démontre sans peine que les trois composantes de la pression
de viscosité doivent demeurer continues lorsqu'on traverse cette surface.
Moyennant les égalités (1 1) et (12), on obtient ainsi trois égalités, dont la
première est
(i3) (1 -h 2jj.)a(a/+ ^m -\-yn)-i- ij.[Pj(fJ — a.m) -hy(jl— an)] = o.
» Si l'on ajoute ces équations respectivement multipliées par a, p, y, en
observant que ['X(p, T) + 2[;.(p, T)] est positif, on trouve
(i4) a/+ pm -f- y« ^ o.
» Ce résultat, reporté dans les égalités (i3), où [i,(p,T) est essentielle-
ment positif, donne les égalités
P(p/— a.m) -+- y(y/ — ocn) = 0, ...,
qui peuvent s'écrire
/ — a(a/ + ,S/n -h yn) = O,
ou bien, en vertu de l'égalité (i4).
(i5) /=:o, m = o, n := o.
( '167 )
S'il y a propagation, on a
àt +«^=0'
dX
Ot
dt ^
Les égalités (i5) donnent
donc
('^) àt =
o,
ôt = °'
fAV
dt =«
+ a/i = o.
Les égalités (i i), (i5), (16) démontrent le théorème énoncé.
» Ainsi, quel que soit l'ordre d'une onde, elle ne peut se propager au sein
d' un fluide visqueux . »
IVOMIIV AXIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses
Commissions.
Le dépouillement des scrutins donne les résultats suivants :
Commission chargée de juger le concours du pnv Petit d'Ormoy (Sciences
mathématiques), pour 1901. — MM. Appel!, Picard, Poincaré, Darboux,
Maurice Levv.
Commission chargée de juger le concours du prix Petit d'Ormoy (Sciences
naturelles), pour 1901. — MM. Van Tieghem, Fouqué, Perrier, Giard, de
Lacaze-Duthiers.
Commission chargée de juger le concours du prix du Baron de Joest
pour 1901. — MM. Berthelot, Bouquet de la Grye, Darboux, Fouqué,
Maurice Levy.
Commission chargée de juger le concours du prix Saintour pour 1901. —
MM. Darboux, Berthelot, Poincaré, Bouquet de la Grve, Fouqué.
Commission chargée de juger le concours du prix Gegner pour i9or. —
MM. Darboux, Berthelot, Mascart, Fouqué, Poincaré.
Commission chargée de juger le concours du prix Trémont pour 1901. —
MM. Haton de la Goupillière, Sarrau, Berthelot, Maurice Levy, Léauté.
Commission chargée de présenter une question de Grand pnx des Sciences
physiques, pour l'année 1908. — MM. Van Tieghem, Fouqué, Duclaux,
Berthelot, Cornu.
( ii68 )
Commission chargée de présenter une question de prix Bordin (Sciences phy-
siques) pour l'année i^o'i. — MM. Mascart, Lippmann, Cornu, Becquerel,
Berthelot.
Commission chargée de présenter une question de prix Gay {Géographie
physique) pour l'année igoS. — MM. Grandidier, Bouquet de la Grye, de
Lapparent, Bassot, Hait.
Commission chargée de présenter une question de prix Pourrat (Physio-
logie) pour l'année igoS. — MM. Marey, d'Arsonval, Chauveau, Perrier,
Filhol.
Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron (^Méca-
nique) pour l'année igoS. — MM. Sarrau, Boussinesq, Maurice Levy,
Léauté, Sébert.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Barril soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : « Sécurité de la circulation des trains. Impulseur électrique ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Henry Rowland, Correspondant pour la
Section de Physique, décédé à Baltimore, le i6 avril 1901.
MM. Davidson, Oudemans, nommés Correspondants pour la Section
de Géographie et Navigation, et M. Zeuner, nommé Correspondant pour
la Section de Mécanique, adressent des remercîmenls à l'Académie.
MM. Charri.v, Corml, La\cereaux prient l'Académie de vouloir bien
les comprendre parmi les candidats à la place devenue vacante dans la
Section de Médecine et Chirurgie par le décès de M. Potain.
(Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.)
( "% )
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Un Ouvrage de M. Laitssedat intitulé : « Recherches sur les instru-
ments, les méthodes et le dessin topographique ». Tome II, Première Partie:
« Iconométrie et Métrophotographie ».
2° Un Ouvrage ayant pour titre : « The Norvegian north polar expé-
dition (1893-1896). Scientific resulls », edited by Fridljof Nansen, 2* Vo-
lume. (Présenté par le prince de Monaco.)
3" La deuxième série des « Matériaux d'étude topologique pour l'Algérie
et la Tunisie ». (Extrait des « Cahiers du Service géographique de l'Ar-
mée ».)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales réelles des équations différen-
tielles du premier ordre dans le voisinage d'un point singulier. Note de
M. Henri Dulac, présentée par M. Painlevé,
« Je me propose d'étudier, dans le domaine réel entourant le point
X =y= o, les caractéristiques de l'équation différentielle
où f désigne un polynôme en y' dont les coefficients sont des fonctions
lîolomorphes pour a- = y = o.
» On sait que par un point, pris au hasard dans le domaine considéré,
il ne passe que des intégrales algébroïdes. Il n'y a exception que pour cer-
tains points isolés. C'est à ces derniers points que, dans ce qui suit, je
réserve le nom de points singuliers. La méthode s'a|)plique aussi bien à
l'étude d'un point ordinaire qu'à l'étude d'un point présentant pour la
fonction j'(ic, j') une singularité quelconque : non-uniformité, indéter-
mination.
» Recherche d'une catégorie d'intégrales. — Je cherche les intégrales
pouvant être exprimées au moyen des formules
(2) a; = ç(=, f), y = <\,(z,^'),
çp et 1]/ étant des polynômes nuls pour z ^ o; v étant une fonction de z qui
tend vers o avec z et satisfait à une équation
(3) ^«|; = ,(,+...) + ,(^ +...),
C. K., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N- 19.) l5l
( i^7o )
où (X n'est pas nul. Je puis, sans restreindre le problème, assujettir (p et i{/à
contenir z en facteur; c'est ce que je ferai afin de pouvoir établir la notion
d'intégrale isolée. Le problème est encore indéterminé; on peut en profiter
pour donner à tp et (j/ des formes très simples. Je détermine, au moyen de
calculs algébriques, les polynômes 9 et <j> et ensuite autant de coefficients
que je veux de (3).
» Les intégrales d'une équation (3) autres que z — q fournissent des
intégrales de (i). Pour les étudier, je distingue différents cas :
» 1° n = o. — C'est un cas particulier. L'équation (3) fournit pour (i)
une infinité d'intégrales algébroïdes dépendant d'une constante;
» 1° n — \. — C'est le cas général. Si a est négatif, il y a une seule
intégrale. Si a est positif, il y a une infinité d'intégrales développées sui-
vant les puissances de z et Cs«, C étant une constante. Si a est un entier
ou l'inverse d'un entier, on peut toujours être ramené au cas où a est
entier; les intégrales sont développées suivant les puissances de z et
Cslogs;
» 3° « > I . — Il y a toujours une intégrale tendant vers o avec z. Il y
en a ou non une infinité d'autres suivant que as""' est positif on négatif.
Ce dernier résultat a déjà été donné par M. J. Bendixson. J'ajoute que
l'on peut trouver une courbe algébrique ayant avec les intégrales fournies
par (3) un contact d'ordre aussi élevé que l'on veut.
» Les intégrales dont il vient d'être question seront dites de première
catégorie. Je compterai parmi elles les intégrales singulières multiples, s'il
en existe, mais non les intégrales singulières ordinaires.
» Si une équation (3) ne fournit qu'une intégrale, celle-ci sera dite inté-
grale isolée, de même qu'une intégrale singulière multiple.
» Etude des autres intégrales. — Je vais étudier les intégrales correspon-
dant aux diverses déterminations de y'. Je considère, dans le pian réel
x,y, un cercle n'ayant à son intérieur d'autre point singulier que, peut-
être, l'origine.
y) l. La détermination dey' que Von considère est une fonction uniforme
tout le long de ce cercle. — i'' S'ily a des intégrales de première catégorie cor-
respondant à cette détermination, il n'y a pas d'autres intégrales passant par
l'origine. Les intégrales isolées divisent le voisinage de l'origine en régions.
Si l'une de ces régions ne contient pas d'intégrales de première catégorie,
les caractéristiques qui y passent présentent la disposition de branches de
courbes asymptotes aux intégrales isolées. Dans le cas contraire, toutes les
intégrales de la région passent par l'origine.
( "7^ )
» 2° // n'y fi pas d' intégrales de première catégorie, — Les caractéris-
tiques sont des spirales ou des cycles entourant l'origine. Pour qu'il y ait
des cycles, il faut qu'une infinité de conditions soient remplies, mais ces
conditions ne paraissent pas, en général, susceptibles d'être exprimées
algébriquement.
M II. La détermination de y' considérée n est pas uniforme . — Soit R(a7,j')=o
la condition qui doit être satisfaite pour que deux valeurs de y' soient
égales. La détermination y', considérée deviendra, pour un point de la
courbe R, égale à une autre détermination j)^,,, qui elle-même pourra devenir
égaleà r'j, etc. Nous aurons ainsi r valeurs dejj^'se permutant. Les caracté-
ristiques correspondant à ces déterminations pourront présenter différents
arcs séparés ou non par un point de rebroussement, suivant que la branche
delà courbe R = o qu'elles atteignent n'est pas ou est une intégrale singu-
lière.
)) 1° A ces déterminations de y' correspondent des intégrales de première
catégorie. — Si l'on suit une caractéristique, les r déterminations de y' ne
se permutent pas indéfiniment. Les caractéristiques, après avoir décrit
diflérents arcs autour de l'origine, finiront par être analogues aux intégrales
de L Les résultats de i" sont valables.
)) 2" // n'y a pas d' intégrales de première catégorie correspondant à ces
déterminations. — Les r déterminations se permutent indéfiniment. Les
caractéristiques sont composées d'arcs dirigés tantôt dans un sens, tantôt
dans l'autre. En général, si l'on parcourt une caractéristique dans un sens
convenable, on tend vers l'origine, mais il peut se faire qu'on revienne au
point de départ et qu'on ait un cycle. Suivant que r est impair ou pair, le
rayon vecteur qui va de l'origine aux points de la caractéristique parcourt
tout le plan ou n'en parcourt qu'un secteur.
» Il peut exister une branche de R tout le long de laquelle q détermi-
nations de y' deviennent égales et se permutent, dans le domaine com-
plexe. Si q est impair, une seule de ces déterminations étant réelle, on
peut la considérer comme une fonction uniforme dans le domaine réel
voisin de R. Si q est pair, on sera dans le cas IL
» Pour distinguer dans lequel des cas i" et i° de I et II on se trouve, je
pose X = pcosw, y = psinc»; l'équation (i) devient cp(p, to, p') = o, et je
construis la courbe (p(o, to, p'), co et p' étant regardées comme les coordon-
nées d'un point.
» Les résultats obtenus permettent d'étudier les caractéristiques de (i)
dans une région plus ou moins étendue du plan, lorsque f est, par
( i'72 )
exemple, un polynôme en x et y. En particulier, on peut, si l'une des
déterminations y' devient infinie pour a; =; o et y quelconque, décider si
une caractéristique correspondante tend ou non vers une limite lorsque x
tend vers zéro. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines relations involutives .
Note de M. Maurice Lelieuvre, présentée par M. Painlevé.
« Cette Note se rapporte aux relations entières et symétriques (ou invo-
lulives) par rapport à p variables x, y, ■■■, t, relations qui se rencontrent
dans certains problèmes de Géométrie et qui sont caractérisées par la pro-
priété d'être vérifiées par tout groupe de p quelconques des m racines
d'un polynôme entier /"(a;); j'appellerai ordre de la relation son degré par
rapport à chaque variable et je dirai que le po\y nome /(x^ y satisfait.
» I. Soit d'abord le cas simple d'une relation 'R(x,y) =^ o d'ordre q entre
deux racines x et y (q^m — i). On peut, en divisant R(x,y) successi-
vement par f(x) el f(y), remplacer la relation par une autre S(œ,y) = o,
d'ordre m — i ; soit alors a une racine quelconque dey"(a;) : les deux poly-
f(w)
nomes S(x,a) et -^ _ doivent avoir les mêmes racines et leur quo-
tient <f{a) est entier en a; alors les polynômes (^— j) S(a7, y) — y(a;) cp(j)
et f(y) ont, quel que soit x, les mêmes racines en y; en partant de là et
en tenant compte de la symétrie de Ii{x,y), on arrive immédiatement à la
formule
dans laquelle <f{x) est un polynôme entier de degré m — i . Si l'on revient
alors à R(x,y) = o, on voit qu'elle peut se mettre sous la forme
(2) ^^^^^^^/i^)'^(-,.r)-Ay)'^ii,-^),
X y
^(^x,j) étant un polynôme entier de degré q — m -\- i en x ei q -\- i eu y.
» Considérons particulièrement la lelation (i) et cherchons tous les
polynômes F(a;) de degré m qui y satisfont : si a est une racine d'un tel
polynôme, il peut s'écrire
¥ {x)^{x — a) ^{x, a)^f{x) (p(rt) —/(a)<f(x).
( «173 )
» Donc, il appartient au faisceau linéaire \f(oe) -+- [/. ç(^), et, récipro-
quement, il est manifeste que tout polynôme de ce faisceau satisfait à la
relation (i) : ainsi tous les polynômes de degré m qui satisfont à la relation (\)
sont en involution.
» On aperçoit immédiatement l'application de ce théorème aux poly-
gones de Poncelet : s'il existe un polygone proprement dit de m côtés
inscrit dans une conique C et circonscrit à une autre, un des sommets du
polygone détermine les m — i autres d'une manière unique : donc, entre
les paramètres fixant individuellement sur C deux sommets quelconques
doit exister une relation de la forme (i) : par suite, il y a une infinité de tels
polygones dont les sommets forment sur C une involution d'ordre m {' ).
» II. La recherche d'un polynome/(a;) de degré donné qui satisfait à
une relation involutive (2) dépend des équations qui lient les coefficients
du polynôme et ceux de la relation : elles résultent de l'élimination des
coefficients du polynôme ^(x,y) entre des équations qui les renferment
linéairement; la question, très simple dans le cas particulier de la
forme (i), est assez compliquée en général. Dans tous les cas, si l'on
désigne par A^, le coefficient du déterminant (x^y) dans le produit
(œ —y)R(x,y), les quantités T = A^^A^H- A^^Ap^H- A^pA,, jouent dans le
problème un rôle fondamental : elles sont toutes nulles dans le cas de la rela-
tion (1). Si cela a lieu pour la relation (2), elle prend la forme (i),
Q(x, y) se décomposant en un produit de deux fonctions entières, l'une
de œ, l'autre de y, et il y a une infinité de polynômes F(x) qui y satisfont et
qui sont les diviseurs de degré m des polynômes de degré q -+- 1 d'un faisceau
linéaire >,P(.r) + ['■Q(x) : c'est un cas étendu où une infinité de polynômes
de degré m satisfont à la relation, mais ce n'est pas toujours le seul.
» Par exemple, s'il existe un tétraèdre inscrit dans une cubique gauche T
et conjugué par rapport à une quadrique 9, il y en a une infinité dont les
sommets forment sur T une involution du quatrième ordre; il y a, en
général, seulement deux triangles inscrits dans T et conjugués par rapport
(') Par une méthode toute différente, M. Darboux. {Sur une classe remarquable
de courbes et de surfaces algébriques. Note II, Sur les polygones de Poncelet,
p. i83) est arrivé à la forme (i) de la relation entre les paramètres de deux sommets
(ou côtés) et en a déduit le théorème de Poncelet. Voir aussi une observation
de M. Humbert {Bull. Soc. math., p. 69; 1899) et des vérifications de MM. Bricard
{Bull. Soc. math., p. 96; 1898) et Lelieuvre {Enseignement mathématique,
mars 1901).
( 1174 )
à ip : en supposant irréductible la relation involutive correspondante, il n'y en
a une infinité que si cette relation prend la forme (i) : les triangles sont
alors les faces des tétraèdres précédents; l'équation aux paramètres sur la
cubique des sommets de chaque triangle dépend d'une arbitraire au troi-
sième degré. Pour qu'il existe un tétraèdre inscrit dans r et dont les arêtes
soient tangentes à cp, deux relations de condition sont nécessaires : il ne peut y
en avoir une infinité que si la relation involutive correspondante, supposée
toujours irréductible, est de la forme (i) : les sommets de chaque tétraèdre
appartiennent alors à une involulion du cinquième ordre tracée suri, et
l'équation aux paramètres de ces sommets dépend d'une arbitraire au qua-
trième degré : dans ce cas, il y aura une infinité de triangles inscrits dans F
et circonscrits à <p; mais cela peut arriver autrement, par exemple si «p est
un cône, auquel cas tout plan tangent à ce cône coupe Faux sommets d'un
triangle qui répond à la question.
» III. On peut étendre la méthode aux relations renfermant plus de
deux racines. Soit, par exemple, une relation d'ordre m — i entre trois
racines; par un raisonnement analogue à celui du paragraphe I, on arrive
à la forme suivante de la relation :
K(^,r, .) = _________
dans laquelle (p(a7, j') désigne une fonction symétrique Qx\\SkxQ à& x &\. y ,
d'ordre m — i.
» Les relations entre les coefficients d'un polynôme /(a?) satisfaisant à
la relation et les coefficients A^^^ des déterminants (x^yz'^') dans le pro-
duit {y — z)(s — ^)(- — J')R(^» J' ^) s'obtiennent à l'aide des coeffi-
cients B^^ des déterminants (aj^j^) dans le produit (a^ — r)(p(a7, j) : on
démontre qu'î7 ne peut y avoir une infinité de polynômes /{x) de degré m
satisfaisant à la relation que si ce produit est réductible à la forme alternée
'K^)5C(j') ~ '}'(j)x(^)' ^^'^^^ l^^ polynômes cherchés sont ceux d'un réseau
linéaire l/{x) -h \i.'\i(x) -*- vy(x).
» Par exemple, il y a généralement un seul tétraèdre inscrit dans une
cubique gauche et circonscrit à une quadrique; dès qu'il y en a plus d'un,
il y en a une infinité, dont les sommets forment sur la cubique une invo-
lution du quatrième ordre n deux varamètres, ou de seconde espèce. «
( "75 )
BALISTIQUE. — Sur un problème, de d'Alembert.
Note de M. F. Siacci.
« Pour que les équations du mouvement d'un projectile dans un milieu
résistant se ramèrtent aux quadratures, la résistance étant supposée direc-
tement contraire à la vitesse et fonction de la seule vitesse, il faut intégrer
l'équation
(i) ûfMCosO — ?/(p + sin6)c?9 = o,
où u est la vitesse, 9 l'angle qu'elle fait avec l'horizon, p le rapport de la
résistance au poids du projectile. D'Alembert chercha des formes de la
fonction p permettant cette intégration, et il en trouva quatre :
p = o + ha", p = a -h b \ogu,
p = au" -h R -H bw", p = a(loguy -\-R\ogu -+■ b,
avec deux ou trois constantes chacune, car dans les deux dernières for-
mules les quantités a, b, R, n et a, b, R sont respectivement liées par une
équation. Avant d'Alembert on ne connaissait que le seul cas p = au"
résolu par Jean Bernoulli. D'Alembert après avoir indiqué ces cas ajoute :
K Je ne prétends pas, au reste, qu'il n'y ait que ces seuls cas où la trajec-
» toire soit constructible; mais je laisse à ceux qui aiment ces sortes de
» calculs à pousser plus loin leurs recherches là-dessus ». (D'Alembert,
Traité de V équilibre et du mouvement des fluides, Paris, p. SSg ; i 744- )
» L'appel est resté sans réponse, que je sache. Le problème de d'Alem-
bert pourtant ne manque pas d'intérêt, même au point de vue pratique.
Si l'on connaissait bon nombre de fonctions p contenant plusieurs con-
stantes arbitraires et permettant l'intégration de (i), on pourrait espérer
d'y trouver une fonction p s'accordant avec la résistance donnée par les
expériences. La fonction a -t- bu, par exemple, qui rentre dans les cas de
d'Alembert, représente une loi de la résistance de l'air, signalée récem-
ment par M. le colonel Cbapel (^Comptes rendus du lO décembre 1894);
mais la loi de Cbapel ne vaut que pour les hautes vitesses. Le problème de
d'Alembert d'ailleurs fait abstraction des conditions pratiques, et comme
problème d'analyse, il pourrait bien appeler l'attention des géomètres.
» En attendant, je donne ici quelques nouveaux cas d'intégrabilité.
Trois des nouvelles fonctions p contiennent quatre constantes arbitraires,
et deux de ces fonctions dérivent de l'intégration d'une équation de Ric-
cati, un peu plus générale que l'ordinaire.
( "76 )
» Soit ij. = a fof/u — au sin^ — b f — ^» et multiplions(i)parei^(«cos6)~";
a, b, n sont des constantes. On trouve que ce multiplicateur est un facteur
intégrant de (i), si p vérifie l'équation
» Si l'on fait a = o, on a de suite les deux premières formules de
d'Alembert, suivant que n^\, oun = i. Dans le cas général, en posant
n^ -■> au^ — ) p ■= yx*~'', on a l'équation
(2)' ^-+-y^=x-'>-^^bqx'>--...,
un peu plus générale que l'équation ordinaire de Riccati (è = o), qu'on
sait intégrer au moyen de fonctions algébriques et exponentielles lorsque
q^o, ou- est un nombre impair positif ou négatif. Mais on peut aussi
intégrer l'équation (2) ou (2)', au moyen des mêmes fonctions, lorsque,
h et/: étant deux nombres entiers et positifs (zéro compris), on a è = A — k,
-= n — rh ( I -I- A + A-) ('). Posons
F(.,/.«) = i+>^ ,(.,_0(.-2). ..(.-/+.) (.auY
:1
{S -^ t) {s -\- t — i) . . .{s -\- t — i + i)
avec ces conditions : 1° que pour *4-/ = o, ainsi que pour 5 = 0, soit
F = I ; 2° que si 5 -t- / est entier et positif, s soit aussi entier et positif et,
dans ce cas, le développement de F s'arrête au terme où i = s. Cela posé,
l'intégrale de (2) s'obtient eu dérivant logarilhmiquement pir rapport à u
l'une ou l'autre des équations suivantes :
(I) e''^^'"'=e''"F(k, k, -u)-iCe-""F(k.k,u) (b = h- k,n= i + h+k);
(II) (a»)-"p«J"P'"' = e"" F(A, k, - w ) + Ce""" V{k, h, •<) {b = h - k, n =^- i - h - k) ;
C est une constante arbitrair*^-. Si h et k sont entiers et positifs, les fonc-
tions F sont des polynômes finis. Si b et n ne sont pas compatibles avec h
et k entiers et positifs (zéro compris), on aura des séries convergentes,
quel que soit m, en prenant (II) lorsque n est positif et en prenant (I)
lorsque n est négatif. De cette manière, h -\- k est toujours négatif, et le dé-
nominateur en F ne s'annule jamais.
(') Succi, Su lia inlegrazione di una equazione differenziale, e sulV equazione
di Hiccati {Rendiconti délia R. Accademia délie Scienze Fisiche e Matematiche di
Napoli, aprile 1901).
( II77 )
» On peut avoir d'autres cas d'intégrabilité en donnant d'autres formes
au facteur intégrant. Si l'on multiplie (i) par
M =(jfCose)-'(i + sine)-«(i - sin6)-P[>,(i + sine) + (;.(i — sinG)]^,
où a, p, p sont des constantes et >. et (a des fonctions inconnues de m, on
trouve que M est un facteur intégrant de (i), siX, [a, p vérifient ces équations
ud[{f-^ \)\P\ = i^\Pdu, ad[{^ — i)^P] = iolilP du,
"k — [j. = ku ^ ,
k étant une constante. Les deux intégrations s'exécuteut sans difficulté :
1° lorsque « = p = o; 2° lorsque /j = i et l'on annule la constante de la
première intégration ; 3° lorsque p = o, /? = a ; 4° lorsque « = o, /> ^ — p.
On trouve dans ces cas :
(III) « = a(p + .)'■•+ 6(0 — ly,
(IV) cM = (p + I + 2a)"(p- I - 2è)'[(a4-6 + 2)p + a — Z»],
c f ''?
(V) Cu = - r-^e'
^ ^ H-a(p — i)''
(VI) Cm
H-A(pH-l)'^
a, b, c, C étant des constantes arbitraires liées, ou non, avec les arbi-
traires a, p,/>, k.
» Si l'on donne au facteur intégrant l'une ou l'autre de ces formes
1 L
(/+^sin9-(- Asin-9)^ 1 ( f -^ g ûn^^
a cos9 a cosO \ i + A sinO
/, g, h étant des fonctions inconnues de 11, on trouve des équations diffé-
rentielles qui s'intègrent facilement. On détermine de cette manière/^ ^, A,
et l'on obtient pour p les équations suivantes :
(VU) (^ + (T^Tjî = "> + ^"'
(VIII) log A/r/p = '- f %—- - '- f ,fP ^ + C.
» La dernière formule donne u en fonction de p, avec un nombre fini
de termes lorsque c est rationnel, et contient quatre constantes arbitraires,
comme (I) et (II). Elle contient aussi, comme cas particuliers, les for-
mules (V) et (VI).
c. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 19.) l52
( '«78)
» On peut avoir encore un cas d'intégrabilité de (i) en prenant pour
facteur intégrant e^{u cosO)-' avec
(/.= la l ^du — au sinO)^ + la^ 1 udu{p- — i).
La fonction p s'obtient au moyen d'une équation du second ordre qu'on
intègre facilement. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur une expérience d' oscillation électrique.
Note de M. H. Pellat, présentée par M. Lippmann.
« J'ai l'honneur de signaler à l'Académie une expérience dont le résultat
paraît paradoxal au premier abord, mais qui s'explique très facilement par
les oscillations électriques.
» Deux condensateurs de capacité très inégale (une batterie de six
grandes jarres et une petite bouteille de Leyde, par exemple) ont leurs
armatures respectivement en communication par un inverseur qui permet
d'alterner les communications. Celui-ci est monté sur colonnes d'ébonite
de façon à pouvoir opérer avec des potentiels élevés. Toutes les armatures
des condensateurs, ou trois d'entre elles, au moins, sont isolées. Deux tiges
de décharges sont placées près du petit condensateur et permettent à l'étin-
celle d'éclater quand la différence de potentiel des armatures devient suffi-
sante.
» Si l'on vient à charger les condensateurs de façon à leur donner la
moitié seulement de la charge nécessaire à la production de l'étincelle, ou
même un peu moins, et qu'on vienne ensuite à intervertir les communi-
cations des armatures en faisant jouer l'inverseur, l'étincelle éclate entre
les tiges de décharges.
» Or remarquons que, si l'étincelle n'éclatait pas, après l'inversion et
l'état d'équilibre atteint, la différence de potentiel des armatures aurait
diminué, puisque l'inversion fait communiquer l'armature positive de l'un
des condensateurs avec l'armature négative de l'autre et vice versa. Malgré
cela, la différence de potentiel des armatures du petit condensateur a plus
que doublé à un certain moment, par suite des oscillations électriques,
puisque l'étincelle éclate.
)) La théorie classique des oscillations électriques rend compte parfai-
tement de toutes les particularités du phénomène. Les calculs, que je
( "79 )
publierai dans un prochain Mémoire, sont plus compliqués que dans la
décharge d'un condensateur, mais n'ofFrent pas de difficultés. On les abrège
en négligeant des quantités très petites qui ne donneraient que des termes
inobservables dans l'expérience.
» On trouve ainsi pour la différence de potentiel maximum Y„ pendant
l'oscillation, en appelant V^ la différence du potentiel avant l'inversion et
C et c les capacités du grand et du petit condensateur, la relation très
simple
» La différence de potentiel maximum W„, entre deux points du circuit
tels que, en passant de l'un à l'autre par le petit condensateur, le coefficient
de self-induction soit L', en appelant L le coefficient de self-induction de
tout le circuit, est donnée par
^^■^ \o ~C + c"^G4-cV L G ;■
» Sur les deux fils parallèles qui réunissent les armatures, il y a un nœud,
c'esl-à-dire qu'entre deux points particuliers se faisant face la différence
de potentiel reste constante pendant l'oscillation, étant de sens inverse
au même moment de part et d'autre du nœud. On a pour la position de
celui-ci
(3) r = c^c-
Le rapport des coefficients de self-induction L' et L étant sensiblement le
même que celui des distances au petit condensateur du nœud et du grand
condensateur, on voit que, si les capacités sont égales, le nœud est au
milieu, mais qu'il est plus près du grand condensateur si les capacités
sont inégales.
» La relation ( i ) montre que la différence de potentiel maximum entre
les armatures du petit condensateur tend vers 3 fois la différence de
potentiel initiale, quand le rapport des deux capacités tend vers zéro.
» J'ai vérifié expérimentalement l'exactitude de la relation (i).
» Les différences de potenliel étaient mesurées par un électromètre de MM. Bichat
et Blondlot ; on déterminait la différence de potentiel nécessaire pour avoir la décharge
sans inversion, puis la plus petite des différences qui amenaient l'explosion après
inversion. Les tiges de décharges étaient placées aussi près que possible des armatures
( .i8o )
du petit condensateur, de façon à avoir sensiblement l'explosion correspondant à la
différence de potentiel de celui-ci. J'ai trouvé ainsi pour le rapport -^^ le nombre 2,4
comme moyenne des expériences, tandis que la relation (i) donnait, d'après la
connaissance des capacités, le nombre 2,8. La concordance paraîtra très satisfaisante,
si l'on songe aux irrégularités des expériences où l'on mesure une différence de poten-
tiel explosive.
» La connaissance de ce phénomène n'est pas sans intérêt pratique,
car on voit que l'inversion des communications peut amener la rupture de
l'isolant du petit condensateur, ou produire des différences de potentiel
dangereuses. »
MAGNÉTISME. — PerméahiUlé des aciers au nickel dans des champs intenses.
Note de M. René Paillot, présentée par M. G. Lippmann.
« J'ai employé la méthode de l'isthme.
» Des pièces polaires tronconiques, ayant ôo^So' pour demi-angle d'ou-
verture, étaient adaptées aux deux branches de l'électro-aimant de M. du
Bois et donnaient un champ uniforme dans un entrefer de o'^'", 33 de lon-
gueur et o'='°,6 de diamètre.
» Les aciers au nickel étaient sous forme de barreaux de o'="',32 de diamètre; leurs
extrémités étaient soigneusement dressées, et leur longueur telle qu'ils entraient à
frottement dur entre les surfaces polaires. On enroulait autour de ces barreaux cinq
tours de fil de cuivre recouvert de soie et relié à un galvanomètre balistique. Les bar-
reaux étaient maintenus entre deux lames de laiton, réunies par des vis, présentant
deux trous en regard laissant passer les extrémités des barreaux et une petite cavité
où logeaient les spires du fil de cuivre.
» Une pièce de bronze formée de deux anneaux réunis par trois entreloises servait
à maintenir constante la distance des surfaces polaires en même temps qu'à guider la
double lame de laiton, de manière à introduire toujours le barreau à étudier au même
endroit du champ. On pouvait, en outre, avec ce dispositif, substituer facilement les
barreaux d'acier les uns aux autres.
» Ces barreaux étaient retirés brusquement hors du champ. Les inductions et les
champs magnétiques correspondants étaient comparés au champ créé à l'intérieur d'une
longue bobine de dimensions déterminées par un courant d'intensité connue.
» Le galvanomètre balistique était situé à une distance de 5o mètres de l'électro-
aimant. Un inverseur de courants permettait de faire les lectures de part et d'autre de
la position d'équilibre de l'image lumineuse de manière à se mettre à l'abri des varia-
tions possibles du zéro. J'ai pris, en général, la moyenne de quatre lectures.
» Des expériences préliminaires effectuées sur quelques échantillons de
( 'i8i )
fer doux et d'acier ordinaire m'ont donné des nombres très voisins de ceux
d'Ewing et Low ( ' ).
» Voici quelques-uns des résultats que j'ai obtenus avec des aciers au
nickel qui m'ont été obligeamment envoyés jjar M. Ch.-Éd. Guillaume :
» I. Acier irréversible contenant 24, i pour loo de nickel et o,3 pour loo
de carbone. (Température moyenne pendant l'expérience : iS".)
B.
H.
[i.
20462
20050
I ,020
27205
25910
i,o49
29809
28182
I ,o4o
30975
29471
I ,o5i
82597
80098
i,o83
» Ce tableau montre que la perméabilité augmente sensiblement dans
des champs intenses (').
» II. Aciers réversibles contenant l'un 26 pour 100, l'autre 27,2 pour 100
de nickel.
» La perméabilité atteint la valeur de 1,19 pour un champ voisin
de /(ooo unités C.G.S. Elle reste pratiquement constante jusqu'à
H = 3oooo unités C.G.S.
» in. Aciers renfermant, avec le nickel, de petites quantités de chrome
ou de manganèse.
» Les nombres obtenus montrent que la perméabilité diminue régu-
lièrement lorsque le champ augmente.
» Voici les valeurs de B, H et [j. poin- les champs minima et maxima que
j'ai employés :
B. H. [i.
8834 5356 i,6i
87766 80704 I ,28
10698 3427 3,12
40756, 80643 1,88
5 618 853o 1,59
40279 80748 1,81
( 4925 8220 1,52
I 88990 29992 i,3o
( 10166 8128 8,25
( 36 I i3 80094 I ,20
( 14964 8246 4)6i
( 59065 80446 I ,94
Acier à 27 ,2 p. 100 de nickel et i,48 p. 100 de chrome. .
Acier à 29, i p. 100 de nickel et 1,4 p- 100 de chrome. . .
Acier à 80, 4 p. 100 de nickel et i,3 p. 100 de chrome. . .
Acier à 4' ,7 p- 100 de nickel et i, 3 p. loo de manganèse
Acier à 29,6 p. 100 de nickel et 1,1 p. 100 de manganèse
Acier à 85 p. 100 de nickel et o,3 p. 100 de manganèse. .
(') EwiNG et Low, On the Magnetàation of Iron and other magnetic Metals in
very strong Fielc/s {Philos. Trans., p. 221 ; 1889).
(-) Ce résultai confirme les prévisions de M. Ch.-Ed. Guillaume.
( Il82 )
ACOUSTIQUE. — Sur les lois de r écoulement de l'air dans les instruments
de musique. Note de M. Firnin Larroque, présentée par M. A. Cornu.
« Les instruments de musique à embouchure rendent, suivant la pres-
sion du souffle de l'instrumentiste, des sons doux ou des sons éclatants,
cuivrés. Les graphiques vibratoires qui correspondent à ces deux sortes de
sons diffèrent, les sons cuivrés donnant lieu à des élongations périodiques
sur l'axe des abscisses, qui révèlent l'existence d'interruptions périodiques
du mouvement vibratoire et de l'écoulement. Pour expliquer ces pliéno-
mènes, il nous suffira de remarquer que, par sa mise en vibration dans le
tube de l'instrument, l'air acquiert une quasi-viscosite, et d'appliquer à son
écoulement les lois qui concernent les mouvements des liquides dans les
vases communiquants. Si le liquide est visqueux, il s'écoule lentement
sans oscillation; c'est, abstraction faite de la vibration sonore, ainsi que
s'écoule l'air pendant l'émission des sons doux. Si le liquide est fliiide, il
passe brusquement d'un vase dans l'autre, et, en vertu de la vitesse acquise,
il dépasse d'abord le niveau d'équilibre pour osciller ensuite de part et
d'autre de ce niveau; c'est précisément de semblable manière que s'écoule
l'air dans les instruments à embouchure lorsqu'ils émettent des sons cui-
vrés : la pression du souffle de l'instrumentiste est assez considérable pour
annuler en quelque sorte la viscosité de l'air due à l'état vibratoire, et
pour que l'oscillation précitée ait lieu. Cette oscillation se répercute sur
les lèvres de l'instrumentiste, ainsi qu'en font foi les graphiques vibra-
toires de ces organes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les composés organo-magnésiens aroifiatiques.
Note de MM. Tissier et Guignard, présentée par M. Moissan.
« Les composés organo-magnésiens produits par l'action du magné-
sium métallique sur les éthers halogènes des alcools, indiqués et réalisés
pour la première fois par l'un de nous (^Comptes rendus, t. CXXX), ont été
immédiatement, soit de notre part, soit de la part de divers savants, l'objet
d'un certain nombre de travaux présentés à l'Académie.
» Ils constituent, en effet, une méthode commode de synthèse en Chimie
organique.
» Nous avons essayé de généraliser cette méthode, appliquée jusqu'ici
exclusivement à la série grasse, et de préparer des composés dans lesquels
( ii83 )
le magnésium serait uni directement à un noyau aromatique simple ou
substitué.
M Les dérivés halogènes du benzène et de ses homologues réagissent
facilement sur le magnésium, avec formation de composés organo-métal-
liques analogues à ceux de la série grasse. Le mode opératoire reste le
même. En faisant tomber lentement sur le magnésium le benzène mono-
bromé et le toluène monobromé, additionnés d'un volume d'éther
anhydre, nous avons obtenu les dérivés organo-métalliques correspon-
dants CH' — Mg — Br et C«H*(CH') — Mg — Br. Ces composés cristal-
lisent déjà dans l'éther qui les baigne, à la température ordinaire, et, par
refroidissement à l'eau glacée, le tout se prend en masse cristalline. Au
début de l'opération, il est nécessaire de chauffer légèrement le ballon
dans lequel on effectue la préparation, ou encore d'y projeter une petite
parcelle d'iode pour amorcer la réaction, qui marche dès lors régulière-
ment.
» Les chlorures et les anhydrides d'acides, les éthers-sels, les aldéhydes
primaires et les aldéhydes secondaires réagissent sur le bromure de ma-
gnésium phényle et sur le bromure de magnésium tolyle avec autant
d'énergie que sur les composés organo-métalliques de la série grasse.
Nous avons pu ainsi faire la synthèse de toute une série de corps nouveaux
dont la détermination exacte, assez longue, fera l'objet d'un Mémoire plus
complet,
» Pour mettre en évidence le sens de ces réactions et montrer qu'elles
sont parallèles à celles déjà obtenues dans la série grasse, nous avons pré-
paré quelques corps connus, par l'action du bromure de magnésium phé-
nyle sur le chlorure d'acétyle, sur l'acétone et sur le benzoate de mélhyle.
» Benzoate de méthyle. — Le benzoate de méthyle, dilué dans réther, est versé
goutte à goutte sur le bromure de magnésium phényle. La réaction, d'abord très vive,
doit être ralentie en plaçant le ballon dans la glace; bientôt elle devient plus modé-
rée et l'on peut cesser de refroidir. 11 se sépare un magma cristallin peu soluble dans
l'éther. On termine l'opération et l'on abandonne le ballon à lui-même pendant quelque
temps, pour que la réaction s'achève. On jette enfin le tout dans l'eau glacée pour dé-
composer la combinaison organo-métallique.
» L'éther qui surnage, séparé et séché, abandonne par évaporation des cristaux
abondants de triphénylcarbinol (C'H^)'=COH, qu'une nouvelle cristallisation dans
l'alcool permet d'obtenir purs. Le triphénylcarbinol a été caractérisé par son point de
fusion, i58°-i59°, par l'analyse et par son poids moléculaire.
» Les rendements sont presque théoriques. 11 faut {molécule de benzoate pour une
molécule de composé organo-magnésien.
( ii84 )
» Acétone. — Avec l'acétone et en opérant delà même manière, le bromure de ma-
gnésium phénjle donne le diméthylphénylcarbinol p„3 /^GOH, fusible à 23°.
» Chlorure d'acétyle. — Le chlorure d'acétjle fournit, avec le bromure de ma-
gnésium phényle, non pas le carbinol correspondant, mais, par déshydratation, le di-
phényléthylène (C«H5)2=z G = CH^, liquide bouillant à 152° sous 14°'°' de pression.
» Les équations qui rendent compte des réactions sont identiques à
celles que nous avons indiquées pour la série grasse. Il suffit, pour s'en
convaincre, de comparer les résultats obtenus dans les deux cas. Si les
dérivés halogènes du benzène et de ses homologues réagissent facilement
sur le magnésium, il n'en est pas de même du naphtalène brome a ou §,
qui présente une résistance assez grande. La réaction ne s'effectue qu'avec
une extrême lenteur, même à la température d'ébullition de l'élher. En
résumé, les éthers halogènes de la série aromatique réagissent sur le
magnésium comme ceux de la série grasse, mais la vitesse de réaction va
en diminuant avec la complication du noyau. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Du dédoublement des albuminoides ou protoplasmides .
Note de M. A. Étard, présentée par M. Duclaux.
« Les os de bœuf décalcifiés, soumis à l'action de l'acide sulfurique
à 20 pour 100 pendant quarante-huit heures à la température d'ébullition,
se dissolvent aisément. Cette hydrolyse ressemble à celle d'un saccharide
condensé.
» Les liqueurs sulfuriques doivent être saturées par la craie afin d'éliminer sans
difficulté la presque totalité de l'acide, bien que le sulfate de calcium dissous dans les
eaux doive être chassé ultérieurement par la baryte.
» Les liqueurs organiques neutres et chargées de sulfate calcique dissous, ou de
chaux combinée, étant concentrées laissent déposer très peu de tyrosine et des matières
riches en glycocolle et leucine {Annales de ilnstiUit Pasteur, mai 1901).
» Ces matières bien connues sont purifiées, et les résidus s'ajoutent aux matériaux
incristaliisables dans ces milieux.
B A leur tour, les sirops incristaliisables doivent être traités.
» A cet effet, après addition d'eau, on les sature par un excès notable de baryte
qui enlève définitivement l'acide sulfurique, on filtre, puis on chasse la baryte excé-
dante par un courant prolongé de gaz carbonique qui fait disparaître la chaux en
même temps. Avec peu de baryte, tout le sulfate de chaux peut se séparer exactement,
et la substance organique est engagée seulement avec de la baryte si sa fonction est
acide. Il ne reste plus qu'à concentrer dans le vide à consistance de sirop.
( ii85 )
» Le sirop barytique est malaxé avec un excès d'alcool méthylique concentré; il se
forme une matière poisseuse qui, bientôt, prend de la consistance et présente en s'éti-
raiil un bel aspect chatoyant et fibreux, tandis que l'alcool mélhylique se charge
d'une substance brune assez fluorescente. Dans une nouvelle dose d'alcool méthylique
la matière se dessèche plus complètement et se résout en une poudre blanche, dure,
de nature cristalline. Pour achever la purification, on procède au lessivage métho-
dique par l'alcool mélhylique bouillant dans un appareil à déplacement, puis tous les
liquides colorés sont réunis. Dans ces conditions, la tyrosine, la leucine et le glyco-
colle qui pourraient rester sont dissous, ainsi qu'un peu de matière sirupeuse fluores-
cente.
» En résumé, les os décalcifiés se séparent à l'hydrolyse simple en trois
groupes de matières :
» 1° Glycocolle, leucine et un peu de tyrosine;
» 2° Une matière sirupeuse très soluble dans l'alcool mélhylique con-
centré;
» 3" Une matière tout à fait insoluble dans l'alcool méthylique con-
centré.
» Le premier groupe est, pour les os, le moins important.
» La masse, complètement insoluble dans l'alcool, est assez déliques-
cente, ne donne pas de réaction avec les réactifs des albuminoides ni des
alcaloïdes. Bien qu'elle puisse être un mélange de deux dérivés du même
groupe, isomères ou dilierenls, je donne son analyse comme aboutissant
d'un travail réel :
Théorie
pour C'»H"Az^02«Ba^
C 24,5 23,4
H 4,0 4,4
Az 7,4 7>6
Ba 34,5 34,7
0 29,4 29,7
» Nous sommes ici en présence d'un dérivé très chargé en baryte en
raison des circonstances de sa préparation. Si ce dérivé préparé en grandes
masses peut être obtenu plus pur, il n'en est pas moins bien caractérisé,
car sa solution aqueuse ne précipite plus par l'acide carbonique.
» Jusqu'à ce jour, la chaux ou la baryte des produits d'hydrolyse a été
chassée parce que ces bases étaient considérées comme liées à l'acide acé-
tique ou formant des cendres peu importantes; en agissant ainsi, on se
prive d'un des meilleurs modes de séparation que j'aie pu trouver quant à
présent et que je signale à l'attention des chimistes s'occupant de ces
questions.
c. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 19.) l53
( ii86 )
» Le srWcocolle, la leucine, la tyrosine se séparent, comme nous l'avons
vu, du dérivé barytique par l'alcool méthylique bouillant. Cependant, des
doutes pourraient subsister, et, de plus, il serait légitime de penser que la
matière en question n'est qu'un mélange d'un corps azoté et d'acétate de
bnryum ou d'autres sels analogues. Il faut donc remonter à la matière
organique exempte de baryte.
)) Dans ce but, le produit barytique a été traité par un petit excès d'acide sulfu-
rique étendu; après concentration à l'état de sirop, le résidu organique privé de ba-
ryte est précipité par de l'alcool méthylique et longtemps malaxé avec ce liquide. Il
est évident que, dans ces conditions, on dissoudrait non seulement le peu d'acide
sulfurique présent, mais encore l'acide acétique, s'il existait, et la plupart des acides
mono et bibasiques connus.
» Ce traitement provoque la dissolution d'une certaine quantité de matière non
étudiée et qui pouvait influer sur l'analyse brute du dérivé barytique donnée ci-dessus.
II reste à l'état insoluble, dans le milieu méthylique, une belle substance sablonneuse,
blanche, nettement cristalline au microscope, donnant la sensation d'un frottement
dur sous la baguette de verre et fort déliquescente à l'air.
» Analyse :
C 38,33
H 6,3i
Az 1 2 , 5 1
0 4i,79
» La déliquescence de la matière, à l'état de pureté où je la possède en ce moment,
rend les pesées très difficiles.
» Les corps de cette espèce pouvant être fort nombreux, je propose de
désigner ceux que je puis trouver en juxtaposant le nom de l'espèce natu-
relle à celui du tissu. Le corps que je viens de décrire sommairement
prendrait ainsi le nom de bos-ostéoplasmide .
» Qu'il existe ou non un carboxyle CO^ H dans cet ostéoplasmide, on
peut le titrer avec de l'eau de baryte et un indice colorant. On constate
ainsi la fixation de 2i,'7 pour loo de BaO, soit une molécule, alors que la
formule C'H'^Az^O'^BaO exige 21,4.
» Conclusions. — Ces corps, dérivés des albuminoïdes ou protoplas-
mides, doivent être considérés comme des saccharides azotés, dont un
exemple simple est donné par la chitosamine.
» Par des corps semblables doit s'établir une relation entre les divers
états de condensation des albumines et des sucres.
Théorie
pour
C'»H35Az»0
39,6
38,5
6,7
6,2
12,64
12,5
4i ,06
42,6
( ii«7 )
» Ce premier travail indique que les produits de dédoublement des
protoplasmides contiennent, à côté de quantités variables d'acides amidés,
des corps fortement oxygénés en masse prépondérante. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Différence de constitution de la bile suivant l'âge
et l'état d'engraissement des animaux. Note de M. R.-L. Cracicnu,
présentée par M. Armand Gautier.
« Notre but, en entreprenant ces recherches, était surtout de déter-
miner quelles sont les conditions qui concourent à la formation des calculs
biliaires. Ce but, s'il n'a pas été encore atteint, nous a du moins déjà
fourni quelques résultats intéressants que nous nous permettons de pré-
senter à l'Académie.
» Voici d'abord le mode opératoire que nous avons adopté pour l'ana-
lyse de la bile :
» La bile fraîche était extraite de la vésicule biliaire fort peu de temps après la
mort de l'animal ; l'on en prenait la densité à la balance de Mohr.
» Un volume déterminé est desséché à l'étuve à iio° jusqu'à poids constant : on
obtient ainsi l'eau et la totalité des matières solides. Le résidu pulvérisé est épuisé à
l'éther qui dissout la cholestérine, la lécilhine et les corps gras et qui laisse une
partie insoluble A. L'éther évaporé abandonne, par dessiccation à loo", un résidu que
l'on pèse (B). Ce résidu est saponifié au bain-marie par une solution alcoolique de
potasse; l'alcool étant évaporé, on reprend le tout par l'eau et l'éther qui dissout la
cholestérine, que l'on pèse; son poids retranché de B donne par différence les acides
gras et la lécilhine. D'autre part, la partie insoluble A est épuisée par l'alcool à 90°
bouillant; il reste de nouveau une partie insoluble que l'on sèche et pèse et qui
représente le mucus, un peu de matière colorante et les sels fixes de la bile; quant
aux corps dissous dans l'alcool on en trouve le poids après évaporation de ce dissolvant
et dessiccation : ce poids représente les taurocholates et le glycocholate de sodium,
» Cette méthode assez rapide nous a semblé d'une exactitude très suf-
fisante pour nos recherches.
» Nos expériences, qui ont porté sur la bile de dix-huit animaux,
forment deux séries distinctes : d'une part, celles ayant trait aux animaux
jeunes ou vieux et maigres ; de l'autre, celles qui se rapportent aux ani-
maux jeunes ou vieux, mais gras.
M Nous ne pouvons donner ici le Tableau de nos chiffres analytiques,
qui sont, d'ailleurs, très concordants dans leiir détail; nous nous conten-
( ii88 )
terons d'indiquer seulement les moyennes qu'ils nous ont fournies. Nos
chiffres répondent à loo de bile fraîche :
Résidu sec.
Animaux jeunes et maigres (de
3 semaines à 3 ans et demi). 10,5489
Animaux jeunes et gras 9,802/4
Animaux vieux et maigres (de
5 ans à 12 ans) 8,0716
Animaux vieux et gras 7i97i7
» De l'examen de ce Tableau il ressort que la bile des animaux jeunes,
qu'ils soient gras ou maigres, contient plus de matières concourant à for-
mer le résidu sec et, par conséquent, moins d'eau que la bile des animaux
vieux, gras ou maigres. La mucine, les sels fixes, la cholestérine, les tau-
rocholates et les glycocholates de soude sont plus abondants chez les ani-
maux jeunes; par contre, les corps gras et la lécilhine l'emportent chez
les animaux âgés.
» Si maintenant, au lieu de comparer la bile des animaux suivant leur âge,
nous la comparons suivant leur état d'engraissement, nous obtenons le
Tableau de moyennes suivant :
Mucine
Corps gras
Taurocliolate
et
et
et glycocholate
Eau.
sels fixes.
Cliolestérine.
lécilhine.
de sodium.
89,4511
0,5355
o,o853
0,3206
9,6i63
90,1976
0,3363
o,o85i
0,2774
8,9725
9ï>9284
0,298a.
0,0629
0,7043
7,i5o9
92,0283
0,2088
o,o324
0, 2852
7,4344
Mucine
Corps gras
Taurocholate
et
et
et glycocholate
Résidu sec.
Eau.
sels fixes.
Cholestérine.
lécilhine.
de sodium.
Animaux maigres
(jeunes ou vieux).
9,1726
90,8274
o,4o37
0,0742
o,5i25
8,2466
Animaux gras
(jeunes ou vieux).
8,7853
91,2147
0,2657
o,o558
0,2817
8,u8o
» On voit que les animaux maigres ont une bile plus riche en résidu sec
que les animaux gras et que, par conséquent, l'eau est en plus grande
quantité dans la bile de ces derniers; les animaux maigres éliminent plus
de mucine, de sels fixes, de cholestérine, de corps gras, de lécithine et de
taurocholate et glycocholate de sodium que les animaux gras.
)) Sans vouloir tirer une règle générale de ces expériences, nous croyons
pouvoir dire cependant que les déchets qui s'accumulent dans la bile sont
plus abondants dans la jeunesse et à l'état de maigreur que dans la vieil-
lesse et à l'état d'engraissement. Or, si l'on considère que l'excrétion delà
bile est fonction de l'activité vitale, ces résultats n'ont rien qui doive sur-
prendre. Pourtant, en ce qui concerne l'excrétion de la lécithine, il est eu-
( ii89)
rieux de voir qu'elle est maxima chez les animaux vieux, maigres ou gras,
comme si celte substance était ici un produit de déchet de l'organisme, ma-
nière de voir qui s'accorderait assez bien avec les récentes expériences de
M. Wildiers {La Cellule, t. XVII, p. 385).
» Nous nous pioposons, dans un prochain travail, de poursuivre l'étude
des causes qui président à la formation des calculs biliaires. «
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'acide phosp/iorù/ue des sols. Note de
M. Th. ScnLŒSi.xG fds, présentée par M. Duclaux.
« I. Acide phosphorique soluble à l'eau. — Malgré leurs proportions
toujours minimes, les phosphates dissous dans l'eau qui imprègne le sol
peuvent, je crois l'avoir montré {Comptes rendus, i8g8), normalement et
en dehors des additions de superphosphates, tenir une grande place dans
l'alimentation des plantes. L'importance qui s'y attache vient de ce qu'ils
se renouvellent dans l'eau à mesure (jue les racines les consomment. Elle
suppose dans le sol l'existence d'un certain approvisionnement de phos-
phates susceptibles d'être dissous par l'eau. J'ai voulu avoir une évaluation
de cet approvisionnement. Pour cela, j'ai cherché à retirer de la terre tout
l'acide phosphorique que l'eau pourrait lui prendre.
» En agitant SooS'' de terre avec i3oo" d'eau, suivant un procédé déjà décrit, décan-
tant ensuite i"' et le remplaçant par de l'eau neuve, puis recommençant ces opérations
un grand nombre de fois et analysant divers litres décantés, j'ai obtenu successi--
vemenl :
Décantations.
« 2 . y. 1". 2". 5°. 10". 19°. 21'. 22». 23*.
ffl i; -3 l ""^r Mgr ingr mgr mgr mçr mgr mgr
■o — -^ 1 Terre de Boulogne. . 3,2 3,2 2,7 i,5 » 0,46 » o,4i
O o .0 1 Terre de Joinville .. i,4 i,4 " 0)8 o,32 » 0,27 »
eu '-3 "^ [ Terre de Neaupiile. . 0,9 » » 0,6 0,17 » 0,31 »
» On voit nettement par ces chiffres l'enlèvement progressif de l'acide phospho-
rique. A l'aide de courbes qu'ils permettent de tracer, on obtient facilement le total
d'acide soustrait par l'eau à 3ooS'' de terre; on passe de là à l'hectare de 4ooo tonnes,
en restant d'ailleurs au-dessous du véritable approvisionnement cherché, car l'épuise-
ment de la terre n'a pas été achevé. Ce calcul donne :
Dans 3oo5' Pour
de terre. un hectare,
mgr kg
I Boulogne 33 44o
Joinville 16 210
Neauphle 10 i3o
( ' 190 )
)) Ainsi, il y a par hectare un stock d'acide phosphorique sohible à l'eau
qui, dans des terres de fertilité convenable, comme les précédentes, pour-
rait à lui seul subvenir aux besoins de cinq, dix ou vingt récoltes ; ce n'est
pas là une présomption, ainsi qu'il résultait de mes premières expé-
riences; c'est un fait. Et ce stock, dont nous pouvons estimer la valeur à
une époque donnée, s'entretient dans le temps par les engrais, par les ré-
sidus des récoltes, par la décomposition lente des débris de roches entrant
dans les sols.
» On pourrait penser (on a même dit) que, dans les conditions natu-
relles, une excessive quantité d'eau est, comme dans nos expériences,
nécessaire pour servir de véhicule aux phosphates solubles que la terre,
on vient de le constater, livre si difficilement. Ce serait, me semble-t-il,
une erreur. Si pour nos essais nous employons beaucoup d'eau relative-
ment au poids de terre, c'est que nous ne voyons pas d'autre moyen
d'abaisser le titre de nos liquides en acide phosphorique et de leur per-
mettre de dissoudre une suffisante quantité de ce corps. Mais dans les
terres en place il y a les racines. Celles-ci sont capables d'appauvrir inces-
samment les dissolutions par un procédé que nous n'imitons pas, et de
prolonger ainsi indéfiniment l'action dissolvante exercée sur le sol par
une même masse d'eau, fût-elle restreinte.
» Ces phosphates solubles et très rares des dissolutions souterraines
peuvent-ils être réellement utilisés par les plantes? La chose me paraît
établie par mes expériences antérieures. M. Artus vient d'arriver à des
résultats qui tendent à en donner une confirm;ition pratique (Ann. de la
Se. agr. franc, et étrang., 1901). Ayant étudié huit terres d'une même
région, il a trouvé qu'elles se classaient dans le même ordre d'après leur
teneur en acide phosphorique soluble à l'eau et d'après leurs rendements
en blé.
» II. Acide phosphorique soluble à l'acide azotique très dilué. — J'ai été
amené à reconnaître (^Comptes rendus, 189g) que l'on pouvait distinguer
dans un sol deux catégories de phosphates assez nettement séparées, l'une
soluble dans une liqueur azotique d'acidité finale atteignant au plus i
ou 2 dix-millièmes de Az-0^ libre, l'autre commençant seulement à se
dissoudre à partir d'une acidité voisine de i millième. J'avais constaté,
de plus, que la proportion de l'acide phosphorique soluble à l'eau suivait,
d'une terre à l'autre, celle des phosphates de la première catégorie; par
suite, ces phosphates devaient concourir d'une manière spéciale à la nutri-
tion des plantes.
( "9» )
» M. Alexius de Sigmond a exécuté sur ce sujet des expériences dignes d'attention
{Ann. de la Se. agr. franc, et élrang.. 1900). Opérant sur des terres de Hongrie de
natures diverses, il y a d'abord très généralement vérifié l'existence des deux catégo-
ries de phosphates qui viennent d'être rappelées. Il a eu, en outre, l'idée de cliercher
s'il existait une relation entre le taux de l'acide phosphorique de la première catégo-
rie, ainsi que de l'acide phosphorique total, et les besoins réels des terres en acide
phosphorique, ces besoins étant déterminés par des essais de culture. 11 a reconnu
que, tandis qu'il n'y avait pas, comme on l'a souvent remarqué, de lien bien constant
entre la teneur en acide phosphorique total et les exigences des terres en engrais
phosphatés, il y en avait un très étroit entre les mêmes exigences et la teneur en
acide phosphorique de la première catégorie défini plus haut. Dans les conditions où
il a expérimenté (aSs'' de terre agités avec i''' de liquide acide), il a indiqué le taux
de 0,075 pour 100 d'acide phosphorique de la première catégorie comme limite au-
dessus de laquelle les terres recevaient, sans profit pour les récoltes, des engrais phos-
phatés; le chiflfre de 0,07.5 n'est peut-être pas absolu et définitif.
» Ces résultats font ressortir l'utilité de la distinction des deux catégo-
ries de phosphates établie précédemment. Il est permis d'espérer que la
nouvelle méthode d'analyse fondée sur cette distniction résoudra, plus
sûrement que ses devancières, l'importante question de savoir si une terre
réclame ou non des engrais phosphatés. »
MINÉRALOGIE. — Sur la composition de l'ambfygonile.
Note de M. Henri Lasne.
« Depuis l'époque où Rammelsberg a fait l'analyse de ce minéral, des
progrès importants ont été réalisés dans les méthodes, et il m'a paru inté-
ressant de reprendre ce travail.
» Parmi de nombreux échantillons recueillis à Montebras (Creuse), j'ai
choisi deux individus très nets, représentant les deux types extrêmes.
» I. Échantillon à peine teinté de gris rose, un peu translucide. II. Échan-
tillon blanc opaque.
Action de la chaleur. — A l'étuve à 100°, ces deux échantillons pulvérisés
diminuent lentement et progressivement pendant plusieurs jours sans
atteindre la constance du poids. Cetle perte est due à une décomposition
partielle, car, sur l'acide sulfurique, à froid, on obtient rapidement un poids
constant. C'est donc sur la matière desséchée à l'exsiccaleur que l'analyse
a été pratiquée.
)) En chauffant faiblement au bunsen, la matière se fritte et bouillonne.
Mais la fusion n'est pas complète, même au chalumeau. Il y a perte de
( 'Ï92 )
poids variable suivant la manière dont le chauffage a été conduit, ce qui
démontre qu'il ne s'agit pas seulement du départ de l'eau combinée.
» V acide chlorhydriq lie ne produit qu'une attaque partielle et lente; cependant
on arrive ainsi à dissoudre la totalité du fer, et à reconnaître que ce métal se trouve à
l'état de protosel.
» h'acide siilfurique concentré et chaud permet une attaque complète. Pour l'ana-
lyse, on amène la matière à l'état de bouillie claire, et l'on maintient plusieurs heures
à une température voisine de l'ébullition de l'acide, dont on évapore la majeure partie.
Après refroidissement, on délaie dans l'eau, et l'on maintient vers ioo° jusqu'à hjdra-
talion et dissolution complètes. Il ne reste qu'un faible résidu qui résiste à un second
traitement semblable, à la fusion au bisulfate et à l'action de l'acide fluorhydrique.
Il ne contient ni étain ni titane. Je pense qu'il est constitué d'acide lantalique ou nio-
bique, mais sa trop faible quantité ne m'a pas permis de le vérifier.
« Sur la liqueur obtenue, Valiimine est dosée par la méthode que j'ai indiquée ici
même, à l'état de phosphate d'alumine.
» Pour la chaux, le fer, le manganèse, on traite de la même façon une plus grande
quantité, et l'on analyse, par les méthodes connues, le résidu insoluble dans la soude
caustique.
» Uacide phosphorique est dosé à l'état de pyrophosphate de magnésie, après fusion,
au carbonate de soude : il y a perle par volatilisation dans l'attaque sulfurique.
1) La séparation des alcalis en présence d'une grande quantité de phosphate d'alu-
mine présente une certaine difficulté. J'indiquerai ailleurs la méthode employée. Sur
la solution, ne contenant que les alcalis, on dose la lithine suivant les indications de
M. A-d. Carnot.
» he fluor est dosé par la méthode que j'ai décrite antérieurement : dégagement du
fluorure de silicium, et pesée à l'état de fluorure de calcium.
» Pour doser ïeau combinée, on calcine avec un poids connu de chaux vive. L'eau
combinée paraît jouer un rôle important dans la constitution du minéral.
» Voici les résultats obtenus. Je reproduis, à titre de comparaison,
l'analyse de Rammelsberg :
I. II. Rammelsberg.
Acide phosphorique 46 , 85 44,62 47 , 1 5
Fluor..... 8,5i 4,o8 8,ii
Eau combinée 3,oo 7>59 »
Alumine 34, oi 34,32 36,62
Lithine 8,5o 7,10 7,o3
Soude 1,00 2,81 3,29
Potasse 0,18 0,23 0,43
Chaux o,23 0,29 »
Protoxyde de fer 0,76 o,46 »
Protoxyde de manganèse 0,1 3 0,28 »
Résidu insoluble o,55 0,22 »
108,72 102,00 102, 63
Oxygène à déduire 3,5; 1,72 3 , 4 1
Total 100, i5 100,28 99,22
( "93 )
» Pour étudier le groupement, divisons chacun des dosages par l'équi-
valent de substitution respectif; nous trouvons :
I. II.
Acide phosphorique. . . (28,67)
Fluor ( 19,00)
Eau ( 9,01)
Alcalis »
Alcalinoterreux, etc. . . »
Alumine (17,04)
1^9793
0,4479
2,4372
o,333o
0,601 5 j
o,o33o 2,63i6
1.997' \
i,88o5
0,2147
0,5645
o,o3i I
2,oi53
2,0932
0,8424
2,6109
» Ce Tableau démontre qu'il faut, dans les deux cas, attribuer à l'eau
un double rôle, partie acide et partie basique : il existe simultanément un
phosphate acide et de l'hydrate d'alumine. Si l'on a égard à la généralité
du type fluophosphate, on est amené à la répartition suivante :
II.
Fluophosphate
alcalin.
Fluophosphate
acide
d'alumine.
P
— U , jn I I
3
F o,o634
p
I ,4082
F o,i565
H 0,0643
-5- 1 , 5oo4
F 0,2280
Fluorure et hydrate ] H 0,2687
d'alumrinium. 1 Al
T
0,6345
0,6345
1,5647
1,5647
0,4967
0,4967
o,536o
0,0596
1,3445
0,1494
o, 1634
i,33o5
o,oo57
0,6790
0,5956
0,5956
1,4939
1,4939
0,6847
0,6848
» Ce qui conduit à la formule générale
2 [(PO*)» F (Li. . ^yn -+- 5 [(PO*)' F(y • • h)' °1 + /nAl( F.OH)'.
» Les coefficients des deux premiers termes sont rigoureusement exacts
dans les deux cas ; mais le coelficient du troisième varie, de 5 pour l'échan-
tillon I à 8 pour l'échantillon II; en outre, dans ce dernier, ce terme ne
contient presque plus de fluor et est constitué d'hydrate d'alumine; enfin,
la proportion d'alumine remplacée par 1 hydrogène dans le fluophosphate
est beaucoup plus grande.
C. R., i9«i, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 19.) l54
( II94 )
» Sont-ce là deux espèces distinctes? On est tenté de voir dans ces mo-
difications les résultats plus ou moins avancés de l'action de l'eau sur une
même substance initiale. Il est à remarquer cependant, en faveur de
la première opinion, qu'en cas de mélange on reconnaît une séparation
nette et non diffuse entre les veines translucides et opaques. »
BOTANIQUE. — Recherches histologiques sur la sporulation des levures. Note
de M, A. GuiLLiERMOND, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans une précédente Note, nous avons fait connaître les résultats de
nos recherches siu' la structure des levures, et nous avons modifié l'inter-
prétation de Wager. Nous avons décrit chez les levures un noyau (nucléole
de Wager) possédant quelquefois une structure différenciée, et ordinai-
rement accolé à une vacuole, et nous avons fait voir, contrairement à
Wager, que cette vacuole était indépendante du noyau et que les granu-
lations qu'elle renferme, considérées par cet auteur comme de nature
chromatique, devaient être assimilées aux corps rouges de Biitschli.
)) Nous avons continué nos recherches et nous avons étudié les phé-
nomènes de sporulation.
» Malgré le grand intérêt qu'ils présentent soit par eux-mêmes, soit au
point de vue de la classification, les phénomènes protoplasmiques qui pré-
cèdent la sporulation sont restés jusqu'ici fort mal connus. Il n'y a guère
que Zolevvsky et Wager qui les aient suivis. Ce dernier observe une division
de la « vacuole nucléaire », qui aboutit à une vacuolisation complète du
protoplasma. Les granulations contenues dans cette vacuole vont se placer
autour du nucléole et disparaissent en grande partie, semblant être absor-
bées par le nucléole dans lequel s'est condensé tout le noyau. La division
de ce noyau paraît s'effectuer par une karyokmèse simplifiée, et le proto-
plasma se condense autour de chaque noyau pour constituer les spores.
Notre élu'le a porté sur un certain nombre de levures (S. cerevisiœ,
ellipsoideus, paslorianus, anomalus, membranifaciens) mais aucune ne nous
a présenté des phénomènes aussi nets que S. Ludwigii. Son développement
a été suivi en culture sur carotte, où il se multiplie abondamment et spo-
rifie très vite.
» Au début de son développement, cette levure présente un noyau assez petit, qui
ne laisse apercevoir aucun détail de structure et qui est accolé à une vacuole chargée
de grains rouges.
( iipS )
» On voit apparaître nn peu plus tard une ou, plus généralement, deux vacuoles
imprégnées de glycogène et occupant les deux pôles de la cellule. Dans les premières
phases de la sporulation, chacune de ces vacuoles se divise jusqu'à ce que le proto-
plasma apparaisse entièrement rempli de petites vacuoles séparées par des mailles très
fines de proloplasma. Les vacuoles conservent leur contenu, et l'on distingue donc des
vacuoles à glycogène et des vacuoles à grains rouges. Ces dernières sont ordinairement
placées vers le centre ou sur un des côtés de la cellule : elles sont au nombre de cinq
ou six, quelquefois plus; il peut même arriver qu'elles occupent presque toute la
cellule. Les vacuoles à glycogène sont très réfringentes et laissent difficilement aper-
cevoir leur contour, mais l'emploi des coupes à la |)araffine, indispensable pour l'inter-
prétation de ces phénomènes, permet de les distinguer d'une façon suffisamment
nette.
» Le noyau occupe un des côtés de la cellule; il est accolé à la membrane; excep-
tionnellement, il se trouve au centre; il paraît toujours en intime contact avec les
vacuoles à grains rouges, dont l'ensemble représente sans doute les granulations
signalées par Wager autour du noyau au début de la sporulation.
» A un certain moment, ces vacuoles changent d'aspect, les granules diminuent de
nombre et de taille; ils n'apparaissent plus guère que sous forme de petites ponctua-
tions localisées à la périphérie des vacuoles, qui alors prennent une coloration unifor-
mément rouge pâle avec toutes les matières colorantes qui donnent aux granules la
teinte rouge caractéristique (hémalun, hématoxyline, violet de gentiane). Les
meilleures préparations sont obtenues à l'aide du bleu de méthylène ou du bleu
polychrome : les mailles du proloplasma se colorent légèrement en bleu, le noyau se
laisse souvent apercevoir avec une teinte un peu plus foncée, et les vacuoles prennent
une coloration uniformément rouge pâle. Cette coloration des vacuoles, qui ne se ren-
contre à aucun autre stade du développement et qui correspond avec la diminution
de nombre des grains rouges, paraît ne pouvoir s'expliquer que par une dissolution
de ces granulations. La présence d'un contenu acide dans la vacuole ne pourrait, en
effet, rien expliquer, car elle serait incapable de faire virer au rouge le bleu de méthy-
lène. C'est à ce stade que le noyau commence sa première division : les deux noyaux
filles vont se porter aux deux extrémités de la cellule et se redivisent iramédialement
pour former quatre noyaux, deux à chaque pôle. C'est à ce nombre que s'arrête géné-
ralement la division. Cette division paraît, à certains égards, devoir être considérée
comme intermédiaire entre la division directe et la karyokinèse, bien qu'on ne puisse
s'en faire qu'une idée très incomplète. Les mailles du protoplasma s'épaississent soit
au centre, soit le long de la paroi, le protoplasma se condense, puis se divise en deux
portions qui se placent aux deux extrémités autour des noyaux pour constituer ordi-
nairement quatre spores.
» Les spores sont d'abord extrêmement petites : elles s'entourent d'une membrane
très mince qui reste quelque temps ouverte du côté opposé au noyau, et cette disposi-
tion pourrait peut-être rappeler les figures décrites par Harper pour les Ascomycètes
supérieurs, chez lesquels le kiuoplasma entoure la spore d'une fine membrane qui ne
se ferme que tardivement à son pôle opposé au noyau.
» Ces spores s'enveloppent peu a peu d'une membrane cellulosique, se gonflent et
refoulent le protoplasma non utilisé et les vacuoles qui les entourent, dont les gra-
( "9fi )
nules semblent parfois se grouper autour d'elles, pour leur constituer une sorte de
muraille. Mais cet épiplasma ne tarde pas à se désorganiser, les mailles protoplas-
miques disparaissent, et il ne subsiste plus qu'un liquide contenant en suspension une
forte proportion de glycogène et la substance qui se colore uniformément en rouge.
Ces substances diminuent à mesure que les spores se développent et, au moment de
leur maturité, celles-ci occupent toute la cellule, ayant presque totalement absoi-bé
l'épiplasma.
» La spore, une fois constituée, est formée d'un noyau accolé à la membrane, d'où
partent un certain nombre de fines radiations protoplasmiques qui délimitent autant de
petites vacuoles lemplies de gljcogène. Le proioplasma renferme un certain nombre
de grains rouges. La spore jeune se colore en bleu par le bleu polychrome, mais, une
fois mûre, elle prend une teinte légèrement violette, comme si elle s'était imprégnée
du contenu rouge de l'épiplasma.
» Les autres levures que nous avons observées présentent des phéno-
mènes analogues, avec quelques différences de détail.
» De même que Wager, nous n'avons trouvé dans aucune d'elles de
division de noyaux, suivie de refusion, précédant la sporulation, telle que
l'avaient observée Janssens et Leblanc. Nous nous proposons d'ailleurs de
revenir sur cette question.
» Il résulte donc de notre étude que, au moment de la sporulation, il
semble s'effectuer une sorte de dissolution des grains rouges contenus dans
les vacuoles et que ces corps paraissent se comj)orter comme des matières
de réserve. Déjà Raum et Ernst leur avaient attribué un grand rôle dans la
sporulation des levures et des bactéries, et un certain nombre d'auteurs
avaient été amenés à les considérer comme des produits de réserve. Nos
observations confirment ces faits. Enfin l'ensemble des phénomènes pa-
raît présenter une certaine analogie, tant par la formation des spores que
par la conslitution de l'épiplasma, avec ce que l'on a observé pour les As-
comycètes supérieurs. »
M. Desbourdieu adresse un projet d'expériences relatives aux courants
telluriques.
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
( II97 )
COMITE SECRET.
fja Section de Médecine et Chirurgie présente la liste suivante lie can
didats à la place laissée vacante par le décès de M. Potain :
,,,,,.( MM. ClIARKIN.
En première ligne, ex aequo, et par ordre alphabétique. \
En seconde ligne, ex aequo, et par ordre alphabétique.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures un quart.
Jaccoud.
MM. CORXIL.
FoURNIER.
IIayem.
Lancereacx.
Laveran.
RiCllET.
M. B.
BULLETIN RIBLiniiRAPHIgUB.
Outrages reçus dans la séance du 29 avril 1901.
Henri et Alphonse Milne-Edwards, par Edmond Perrier. (Extrait des Nou-
velles Archives du Muséum, 4^ série, t. II.) Paris, Masson et C'*; i fasc.
in-4''. (Hommage de l'Auteur.)
Paléontologie humaine. L'Homme quaternaire dans le bassin du Rhône,
étude géologique et anthropologique, par Ernest Chantre, avec ^4 figures
intercalées dans le texte. Paris. J.-B. Baillière et fils; twon, A. Rev, 1901 ;
1 vol. in-y°. (Présenté par M. Gaudrv. Hommage de l'Auteur.)
Recherches anatomiques sur les Camélidés, anatomie du chameau à deux
"bosses, différences entre les deux espèces de chameaux, différences entre les
chameaux et les lamas, par F.-X. Lesbre, Lyon, Henri Georg, 1900; i vol.
in-4°. (Présenté par M. Chauveau.)
Revue technique de l'Exposition universelle de 1900, par un comité d'ingé-
nieurs, d'architectes, de professeurs et de constructeurs; Directeur : Ch.
( '198 )
Jacomet, 4* partie: Génie civil, t. I. fasc. l et 2. Paris, E. Bernard et C'*,
1901 ; 2 fasc. in-8°. (Présenté par M. Maurice Léw.)
Société d' Agriculture, Sciences et Arts, centrale du département du Nord,
séant à Douai, fondée en 1799. Célébration de son Centenaire, juin-juillet
1899. Douai, impr. Delarra, 1899; i vol. in-S".
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de ta Section de
Médecine, 2* série, t. I. n" 4 : Hérédité, étude clinique, par MVT. Mairet et
Ardin-Delteil. Montpellier, 1900; i vol. in-8°.
Cartes publiées par le Service Géographique de l'Armée, six feuilles :
Hanoï; Oued Sedjenan ; Oued Zerga; OuedOkris; Mansourah; Saint-Donat.
Résultats des Campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert \",
Prince souverain de Monaco, publiés sous sa direction avec le concours de
M. Jules Richard; fasc. XVII, Céphalopodes provenant des campagnes de la
« Princesse Alice » (1891-1897), par Louis Joubin; fasc. XVIII, Hydraires
provenant des campagnes de l' « Hirondelle » 1886-1888, par Camille Pictet
et Maurice Bedot. Imprimerie de Monaco, 1900; 2 fasc. in-4°.
Noies de Géographie biologique marine. Communication faite au VIP Con-
grès international tle Géographie à Berlin en 1899 par S. A. S. Albert I",
Prince de Monaco. Berlin, Wilhelm Grève, igoo; i fasc. in-8''.
Exploration de la mer sur les côtes de Belgique en 1899, par Gustave
GiLSON. (Extrait des Mémoires du Musée Royal d' Histoire naturelle de Bel-
gique, t. I, année 1900.) Bruxelles, i fasc. in-4°.
La Flore wealdienne de Bernissart, par A.-C. Seward. (Extrait des Mé-
moires du Musée Royal d'Histoire naturelle de Belgique, t. I, année 1900.)
Bruxelles, i fasc. in-8°.
Die dreizehnte allgemeine Conferenz der internationale n Erdmessung in
Paris, 1900; von F.-R. Helmert. Stuttgart, Ronrad Wittwer, 1901 ; 1 fasc.
in-8°.
Der normale Theil der Schvperkraft im Meeresniveau, von F.-R. Helmert.
Berlin, 1901 ; i fasc. in-8. (Hommage de l'Auteur.)
Tablas para encontrar el valor intrinseco légal mexicano de cualquier can-
tidad de plata de cualquiera ley del sistema metrico décimal, par Luis-G.
Alvarez. Mexico, 1899; i vol. in-8 oblong. (Hommage de l' Auteur.)
OdVRAGES reçus dans la séance du 6 MAI igoi.
La Théorie des valences fractionnées, ses applications à l' atomicité absolue
des éléments, à la constitution chimique des corps et à la cohésion, par le D''
A. Frebault. Tours, impr. Paul Bousrez, 1900; i fasc. in-8°.
( II99 )
Hydrographie du Congo et de l' Oubanghi, de Brazzaville au Poste d'Abiras,
avec leurs affluents rive droite, d'après les travaux des diverses Missions de 1 883
à 1901 ; Carie dressée à l'échelle de g-jsVjT ''^ dessiaée par Henri Chastrey,
de juin 1900 à avril 1901; numérotée 24. S. 1.; 1 feuille double de format
hors rang. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. G. Darboux, E.
Picard et J. Tannerv, 2* série, t. KXV, janvier 1901; Paris, Gauthier-
Villars, i fasc. in-8°.
Annales de l'observatoire astronomique, magnétique et météorologique de
Toulouse, t. IV, renfermant une partie des travaux exécutés de 1891 à
1900, sous la direction de M. B. Baillaud, Directeur de l'observatoire.
Toulouse, E. Privât; Paris, Gauthier-Villars, 1901; i vol. in-4°. (Présenté
par M. Lœwy.)
Annales de la Société d' Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres
du département de la Loire, 2* série, l. XXI, année 1901; i'* livraison :
janvier, février, mars. Saint-Etienne, J. Thomas et G'*, i fasc. in-8°.
Sir Edvi^ard Frankland, \on Jouantes Wislicenus. Berlin, s. d.; i fasc.
in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Aberdeen University Studies : No. I. Roll of Alumni in Arts of University
and King's Collège of Aberdeen 1596-1860; edited by Peter John Anderson.
No. II. Records ofOld Aberdeen 11 57- 1891 ; edited by Alexander Macdonald
MuNRo, Volume I. No. [11. Place Names oj West Aberdeenshire, by ihe laie
James Macdonald Munro. Aberdeen, 1900; i vol. in-S". (Hommage de
l'Universilé d'Aberdeen.)
Sur la « myriotonie » comme unité dans les mesures osmotiques, par L.
Errera. Bruxelles, impr. Hayez, 1901 ; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'Auteur.)
Quatre opuscules relatifs à des questions de Zoologie par Carolo Berg
(Extr. de Communicaciones del Museo Ndcional de Buenos Aires). 4 fasc.
in-8°. (Hommage de l'AuLeur.)
Huit opuscules sur divers sujets et par divers auteurs, adressés par
l'Université de Pensylvanie. 8 fasc. in-8°.
Bibliography of the more important Contributions to american économie
Entomology. Part VII. The more important Writings published between de-
cember 3i, 1896, and january i, 1900; prepared under the direction of
the entomologist, by Nathan Banks. Washington, 1901; i fasc. in-8°.
Archivo bibliographico da Bibliotheca da Universidade de Coimbra; Vol. I.
Num. 2-4. Coïmbre, 1901 ; 3 fasc. in-4°.
Annual Report of the Board of régents of the Smithsonian Institution,
( I200 )
showing the opérations, expendilures. and condition of the Institution, for
theyear endmgjune'io, 1898. Washington, 1899; i vol. in-8".
Astronomical, magnctic and meteorological observations made during the
year 1891, at the United States Naval Observatory. Washington, 1899;
I vol. in-4''.
Transactions of the Edinburg geological Society; Vol. VIII. part I. Edim-
bourg, 1901 ; I vol. in-8°.
Sitzungsberichte der kônigl. bôhmischen Gesellschaft der Wissenschaften.
Mathematisch-Naturvi>issenschaftliche Classe, 1899 -1900. Prague, 1900-
1901 ; 2 vol. in-8°.
Jahresbericht der kônigl. bôhmischen Gtsellschaft der Wissenschaften fur
das Jahr 1899 u.fur das Jahr 1900, Prague, 1 900-1 901 ; 2 fasc. ia-8°.
Annales de la Société géologique de Belgique; t. XX V*", i'* livraison,
comprenant les feuilles i à 27 et les planches I à V. Liège, impr. H. Vail-
lant-Carmanne, 7 septembre 1900; in-4''.
Bulletin mensuel de l'observatoire météorologique de l'Université d'Upsal;
vol. XXXII, année 1900, par D'' H. Hildebrand Hildebrandsoin. Upsal,
Edv. Berliiig, 1900-1901 ; i fasc. in-4°.
Wiadomosci m.atematyczne, redaktor i wydawca S. Dickstein. Tom V,
zeszvt 1, 2, 3. Varsovie, 1901 ; i fasc. in-8°.
Memorias y revista de la Sociedad cientifica « Antonio Alzate », publicadas
bajo la direccion de R.vfael Aguilar y Santillan; t. XV (1900-1901),
num. 1 y 2. Mexico, 1900; i fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 6 mai 1901.)
Note de M. E. Bataillon, Sur l'évolution des œufs immatures de Rana
fusca :
Page II 34, ligne i5, titre, au lieu de immatures, lisez immatures.
Page ii35, ligne 8, au lieu de fécondité, lisez fécondation.
Même page, ligne 34, au lieu de immatures, lisez immatures.
Page II 36, ligne 18, au lieu de Herlert, lisez Herbst.
W 19,
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 15 mai 1901.)
RIEMOIRES ET GOMMUîVIC/VTIO\S
OES MEMBItRS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Lii'PH.VNN. - Sur un galvanomètre par-
faitement asiatique idii
M. Duuii-M. — Sur les lliéorcuies trilugoniot,
Pages,
les lemmes de M. Hadamard et la [iropaga-
tion des ondes dans les lUiides visqueux . . ii(i3
NOMIIVATIOIVS.
• Commission chargée de juger le concours
du prix Petit d'Ormoy (Sciences niatlié-
malii|ues) pour içyn : W\\ . Appel I , Picard ,
Poincarc, Darboux, Maurice Levy 1167
Commission cliargée de juger le concours
du prixPelitd'Ormi)> (Sciences naturelles)
pour tgoi : MM. Van Ticgltein^ Fouquc.
Perrier, Giard, de Lacaze- Dutlders .... 1 iiî-
Coinmission cliargée de juger le concours
du prix du baron de Joesl pour igoi :
MM. Berthclot, Ilon/juet de la Grye,
Darboux, Fougue, Maurice Levy 1167
Commission chargée de juger le concuurs
du prix Saintour pour 1901 : M.M. Dar-
boux, Derthelot, Poiitcaré, Bouquet de
la Cryc, Fougue 1 1(17
Comnïission cliargét: île juger le concours
ilu prix (jegncr pour igoi : MM. Darboux,
fSertlielot, Mascart. Fougue. J'oincare.. 11O7
Commission chargée de juger le concours
du prix Trénionl pour 1901 : M.M. Ilaton
de la Ooupillière, Sarrau. Perihelot.
Maurice Levy, Leaute
Commission cliargée do présenter une ques-
tion de Crand prix des .Sciences physiques
pour l'année njo.'i : MM. Van Ticghem.
Fougue, Duclaux, lierthelot. Cornu....
Commission chargée de présenter une ques-
tion de prix liordin ( Sciences physiques)
pour l'année ujnj : MM. Mascart, Lipp-
ntcinn, Cornu, liecgucrel, Berthelol . . . .
Commission chargée de présenter une ques-
tion de prix Gay (Géographie physique)
pour l'annie igoS : MM. Grundidier.
Bouguct de la Grye, de Lapparent, Bas-
sot, llatt
Commission chargée de présenter une ques-
tion de prix Pourrat (Physiologie) pour
Tannée igo3 : MM. Marey, d'.lrsonval,
Chauveau, Perriei , Filliol
Commission chargée de présenter une ques-
tion de prix Kourneyron (Mécanique)
pour l'année irjo.l : MM. .Sarrau, Bous-
sinesg. Maurice Lesy, Léauté, Sebert..
1 1 (is
11H8
Il «S
MEMOIRES PRESENTES.
M. lÎAHRiL soumet au jugement de 1 '.Vcadé-
mie un .Mémoire ayant pour titre : " Sé-
curité de la circulalion des trains, [iiipul-
seur électrique » iiGS
CORRESPONDANCE.
.M. le Seciîétairk rEiiPÈTiiEL annonce à
r.'Vcadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Henry Rowland,
Correspondant pour la Section de Phy-
sique 1 i()S
MM. D.wiusoN, OuoEMANS, nommés Corres-
pondants pour la Section de Géographie
et Navigation, et M. ZiiiNKii, ncimmé Chc-
respondant pour la Section de Mécanique,
adressent des renierciriients à l'Acadéntie. ii^i^
MM. CiiARiiiN, CoBMi. et IjANCEiiEAUx prient
l'Académie de vouloir bien les comprendre
parmi les candidats à la place devenue
vacante dans la Section de Médecine et de
Chirurgie par le décès de .M. Potain iiliS
Al. le SECHETAiiiK. PERPÉTUEL Signale : i" Lin
Ouvrage de M. Laussedat intitulé :
« Recherches sur les inslrunieiils, les
méthodes et le dessin topograpliique ».
Tome II. Preniiére Partie : « Icnnouiétric
et Métrophotograpbie » ; i" Un Ouvrage
ayant pour titre : « The Norvegian nortli
polar expédition ( i Sy.j- 1 Stj'i ) . Scientific re-
sults», edited hy Fridtjof Nansen, i'- vo-
r 19.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
]ume; 3" Lu deuxième série des « Maté-
riaux d'éludé lopologique pour l'Algérie
et. la Tunisie >■ 1 169
M .Henri Dulac. — Sur les intégrales réelles
des équations différentielles du premier
ordre dans le voisinage d'un point singu-
lier ii6g
M. Mauiîice Lelieuvke. — Sur certaines
relations involutives 1172
M. F. SiAcci. — Sur un problème de d'Alem-
bert 1175
M. H. Pellat. — Sur une expérience d'oscil-
lation électrique 1178
M. lîENÉ I-'AILLOT. — Perméabilité des acicrs
au nickel dans des champs intenses 1180
M. FiRMiN Lauroque. — Sur les lois de
l'écoulement de l'air dans les instruments
Pages,
de musique ' 1^85
MM. TissiEK et GuiGNARD. — Sur les com-
posés organo-magnésiens aromatiqties. ... 1 18:1
M. A. Etakd. — Du dédoublement des albu-
minoïdes nu protoplasmides 1 18'|
M. R.-L. Craciunu. — iJitrérence de consti-
tution de la bile suivant l'âge et l'état
d'engraissement des animaux 1187
M. Tu. ScHLŒSiNG fils. — Sur l'acide phos-
phorique des sols 1189
M. Henri Lasne. — .Sur la composition de
l'amblygonite 1191
M. A. GuiLHERHioND. — Recherches liistolo-
giques sui^ la sporulation des levures.... 1194
M. Desbourdieu adresse un projet d'expé-
riences relatives aux courants telluriques. 1196
COMITE SECRET,
Liste de candidats pour la place laissée
vacante dans la Section de Médecine et
de Chirurgie par le décès de M. Potain :
Bulletin bibliographiqur
1° MM. Charrin, Jaccoud: •>." MM. Cor-
nil, Four/lier, Hayein, Lancereaux, La-
veran, Richet 1197
"97
Errata 1 200
PARIS. —IMPRIMERIE GAUTH I E R-VI L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins. 5i
Le Gérant .' (>*urHiEB-ViLL*RS.
^°n 1901
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAH MTI. IjB.>4 SBCaÉr^IKES PBHPfiTVfiljS.
TOME CXX^H.
N^ 20 (20 Mai 1901)
PAHIS,
GAUTHIER-VILLARS, LMPRLMliUR-LIBHAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADËvllB DKS SCIENCES,
y\iai (les Grands-Augùslins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
r Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Noies
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en irjo-\;jnne.
26 numéros cor^iposent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1«'. — Impression des tramud; de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais' ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chnque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pjiges par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposes par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais le.> Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aut
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance 1
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savanb
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persom,
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ai
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'iinr,
sunié qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires soi
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fiiit la présentation est toujours nomme;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai:
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foni
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie,
Article 3.
Le bon à tuer de chaque Membre doit être remis
rimprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, k
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tem|b,
le titre seul ilu Mémoire est inséré dans le Compterenéu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendusm
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tu-age à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement,
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chacpie volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
déprse?a7secrétarfan„'r,'tf 'r^i' .'"" h"""'"' *"'" P"""^"*''" '""" ■"'"""'«^ P" '"^ '«^ Secrétaires perpétuels sont priés de 1«
déposer au Sec.etar.at au plus tard le Samed. qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 MAI 1901.
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de la
Pentecôte, la séance du lundi 27 mai sera remise au mardi 28.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur l' éclipse totale du 18 courant.
Communication de M. J. Janssex.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Acatiémie le contenu d'une dépèche
chiffrée que m'envoie M. le comte de la Baume-Pluvinel, que M. le Ministre
de l'Instruction publique avait bien voulu, à ma demande, charger d'une
mission pour observer, à l'ile de Sumatra, la grande éclipse qui devait s'y
produire le 18 courant dans des circonstances de durée tout à fait excej;-
tioanelles.
G. R., 1901, ," Semestre. (T. CXXXII, N" 20.) l55
( I202 )
» D'après le programme arrêté entre M. de la Baume et moi, M. de la
Baume devait, indépendamment des photograj)hies de la couronne, porter
ses observations sur la question de la rotation de la couronne, sur celle de la
|)réseuce plus ou moins marquée des raies obscures fraïuihofériennes dans
la lumière coronale, et enfin sur la radiation calorifique de cette dernière.
» Or, d'après la traduction du chifTre que M. de la Baume m'a envoyé,
le temps, sauf quelques légers nuages, a favorisé ses observations et tout le
programme arrêté entre nous a pu être exécuté.
» On conçoit qu'il est indispensable d'attendre la présence de M. de la
Baume ou tout au moins un rapport détaillé pour avoir une idée précise
des résultats obtenus. Mais déjà, d'après le chiffre envoyé :
» La rotation de la couronne n'aurait pu être constatée;
» La présence des raies fraunhofériennes dans la lumière de la cou-
ronne n'aurait point été constatée, sans doute au moins comme très
marquée, ce qui s'accorde avec cette circonstance que nous sommes à une
époque de minima des taches, et comme j'ai eu occasion de le faire
remarquer, c'est aux époques des maxima que les vapeurs du globe
solaire s'élèvent davantage dans l'atmosphère coronale et y permettent
ces phénomènes de réflexion de la lumière j)hotosphérique accusée par la
présence des raies fraunhofériennes. C'est ainsi que je les ai reconnues
en 1871 et en i883.
» L'observation de M. de la Baume a donc un grand intérêt à cet égard.
» Il en est de même de la constatation par le même observateur d'une
chaleur sensible émise par la couronne.
» En résumé, on doit reconnaître que les observations de M. de la
Baume sont fort importantes, qu'elles contribuent à avancer nos connais-
sances sur ce grand phénomène de la couronne qui a été si longtemps une
énigme pour les astronomes, et dont la connaissance et les rapports avec
le Soleil ont une importance capitale.
» Qu'il me soit permis de rappeler ici que M. de la Baume a libéra-
lement fait les frais de ce grand voyage et que sous ce rapport, ainsi qu'en
raison des services qu'il a déjà rendus à la science, il mérite doublement la
bienveillance de l'Académie.
» Je n'ai point encore reçu de nouvelles du D"" Binot, chef de laboratoire
à l'Institut Pasteur, chargé, dans les mêmes conditions, d'une mission à l'île
de la Réunion. Ce fait s'explique du reste par l'absence de câble télégra-
phique entre la Réunion et Madagascar.
» Cependant, nous avons tout lieu d'espérer que le D"" Binot aura été
( i2o;i )
favorisé par le temj)s, car nous savons que des observations importantes
ont pu être faites par des missions anglaises à l'île Maurice, île très voisine
de celle de la Réunion. i
» /J.-S. — Je reçois à l'instant une dépêche de M. le D"' Binot chargé, à
ma deuiande, par M. le Ministre de l'Instijiction publique, d'une mission
à l'île de la Réunion, dans les mêmes conditions que celles de M. le comte
de la Baume-Pluvinel à Sumatra, une dépêche, dis-je, qui m'informe qu'il
a eu un temps superbe, d'où l'on peut inférer qu'il a pu exécuter dans les
meilleures conditions le programme dont il avait bien voulu se charger. »
CHIMIE AGRICOLE. — Recherches sur V état de T alumine
dans des terres végétales; par M. Th. Schlœsikg.
« Ayant besoin , pour certaines recherches, de terres très riches en oxyde
de fer, j'ai prié mon savant ami et confrère M. A. Mûnlz de m'en choisir
quelques-unes dans sa collection de plus de cinq cents terres de Mada-
gascar, dont il vient de faire, en collaboration avec M. Rousseaux, une
étude pratique de la plus haute importance pour notre colonie.
» Tous les chimistes qui ont traité de la terre végétale par l'acide chlor-
hydrique bouillant, en vue d'en extraire l'oKyde de fer, savent que l'acide
attaque les argiles, et que la dissolution obtenue contient, par suite, de
l'alumine. La proportion de cette alumine atteint souvent plusieurs cen-
tièmes du poids de la terre traitée; mais je ne l'avais pas encore vue
s'élever au point de déterminer la prise en masse de la dissolution pur du
chlorure d'aluminium cristallisé, ainsi (jue je l'ai observé en opérant sur
les terres que j'ai reçues de M. Muntz.
» Cette observation a ramené mon attention sur une question intéres-
sante qui a beaucoup occupé notre ancien correspondant, Patil de Gas-
parin, au cours de ses longues études sur la détermination des terres arables
dans le laboratoire, celle de savoir à quel état se trouve dans la terre l'alu-
mine qu'on en extrait par l'eau régale ou l'acide chlorhydrique bouillants.
Paul de Gasparin inclinait à penser qu'elle y est, en majeure partie, à l'état
de liberté, et qu'on doit l'envisager comme un agent de la ténacité des
sols.
» Je me suis proposé de reprendre l'étude de cette question.
» Il m'a semblé d'abord qu'une dissolution de potasse ou de soude rem-
placerait avantageusement l'acide chlorhydrique, pourvu qu'une dilution
( >20', )
suffisante la rendit à peu près inoffeiisive à réganl des argiles, sans lui
faire perdre la faculté de s'emparer de l'alumine libre. Un lel réactif de-
vait d'ailleurs offrir cet autre avantage de ne pas dissoudre d'oxyde de fer;
de là une notable simplification des anaivscs.
» Quelques tâtonnements m'ont conduit à essayer sur une argile très
grasse, celle de Vanves, et sur une autre très maigre, un kaolin, l'action
d'une dissolution alcaline contenant seulement 3^'', 5 Na-0 dans i'"; c'est
la quantité de soude contenue dans io"de la dissolution commerciale à
4o° B. J'ai opéré de la manière suivante :
» Après avoir délayé 5^'' d'argile sèche dans un demi-litre de dissolution,
j'ai fait bouillir celle-ci pendant line demi-heure; l'ébullition, très modé-
rée, ne vaporisait que quelques grammes d'eau, en sorte que le titre alcalin
du liquide variait à peine. Après fdtration et lavage, j'ai dosé l'alumine et
la silice dissoutes. Comme il éLiit possible que l'argile contînt l'une ou
l'autre de ces substances à l'état de liberté, j'ai soumis le même poids
d'argile à deux et même trois traitements successifs, dans les con'Iitions
que je viens d'indiquer, comptant sur le premier pour éliminer la silice ou
l'alumine libres, et sur les suivants pour mesurer l'attaque par la dissolu-
lion de l'argile purifiée. Voici les résultats que j'ai obtenus :
Kaolin : 5s^
Silice
Alumine
(calcinée).
( calcinée ).
Total.
Premier iraitemenl. . .
55"-8^
42"'S''
g^mgr
Second Irailement . . . .
Ga^s""
3q"s>-
loi "■S'-
» La similitude des résultats des deux traitements porte à croire que ce
kaolin ne contient ni silice ni alumine libres ; et si l'on restitue aux totaux
97'"^'' et ioi™sr l'eau existant dans le kaolin qu'ils représentent, on trouve
que les S^'' de kaolin traités ont perdu i lo™^'' dans le premier traitement,
ii5™5r(]ans le .second, soit 2,2 et 2,3 pour 100 de leur poids. L';ittaquc
par la dissolution alcaline a donc été assez faible.
Argile de Vaincs : ^0'.
.Silice Alumine
(calcinée). (calcinée). Total.
Premier Irailement ji"'?"- 42'"?'' ii3"'s''
Deuxième Uailemenl Analyse perdue.
Troisième traitement yô^s"- !^o"'i'^ ii6"S''
( I2o5 )
I) I^'nrcjilc (le Vanves no paraît pas non plus contenir de la silice ni de
l'alumine libres. Les totaux i i3"S'' et 1 1(5'"8>- représentent 128'"^"' et l'io.'"^''
d'argile naturelle, soil 2,5 et 2, G pour loo du poids traité.
» Ainsi, ma dissolution a décom|)osé des quiintités de kaolin et d'argile
grasse comprises entre 2 et 3 pour 100.
» D'autre part, malgré sa dilution, elle est très propre à dissoudre l'alu-
mine libre existant dans certaines terres. Par ekemple, une terre de Mada-
gascar m'a donné les nombres suivants :
DS"- de terre n" 12i./
Silice.
.\lumine.
Premier trailement. . . .
80 soit I ,6 pour loo de terre.
586 soit 11,7 pour 100
Deuxième Iraiteinenl .
1 3 1 1) 2 , 6 »
83 » 1,7 1)
Troisième traitement...
5 5 )) 2 , 2 1)
28 » 0,6 ))
» Il est évident que cette terre contient une forte proportion d'alumine
libre emportée parle premier traitement; on voit en même temps que -^-^j
ou i^'', -jj de Na'O contenu dans un demi-litre de ma dissolution, a dissous
qK'", 58G d'alumine, soit le tiers de son poids, d'où suit que cette dissolution
est trt's efficace pour extraire d'une terre l'alumine libre qui s'y trouve.
M Instruit suffisamment par ces essais préliminaires, j'ai procédé aux
recherches que j'avais en vue. J'ai opéré d'abord sur un assez grand
nombre de terres, pour la plupart françaises, dont les unes m'ont déjà
servi bien des fois à des recherches variées, dont les autres m'ont été gra-
cieusement données par M. Aubin, le savant directeur du Laboratoire de
la Société des Agriculteurs de France. J'ai appliqué ensuite le même mode
de recherches aux terres de Madagascar; les observations que ces dernières
m'ont fournies sont réservées pour une seconde Communication.
» Quand on présente des résultats d'analyse, il faut dire d'abord com-
ment ou les a obtenus. J'opère toujours sur 5^ de terre tamisée et .sèche,
que je mets à bouillir lentement pendant une demi-heure avec un demi-
litre de ma dissolution sodique. Celle-ci se charge d'une certaine quantité
de matière humique qu'il convient de détruire dès le début des opérations
analytiques. A cet effet, la dissolution filtrée ayant été additionnée d'acide
nitrique en léger excès et évaporée à sec, on chauffe le résidu jusqu'à
fusion dans une capsule de platine, ce qui détermine une combustion tran-
quille et complète de toute substance organique. On dissout ensinte la
masse saline dans le moins d'eau possible, on sature de nouveau par l'acide
( I2o6 )
nitrique, on ajoute environ i^f de nitrate d'ammoniaque pur, on évapore
à sec et l'on chauffe longtemps, pendant une heure et demie à deux heures,
sur le bain de sable, pour bien fritter la silice. On sait qu'en présence du
nitrate d'ammoniaque la silice reste sans action sur les nitrates alcalins et
ne peut redevenir ultérieurement soluble. On dissout encore dans peu d'eau
et l'on ajoute de l'ammoniaque pour précipiter l'alumine; on évapore et
sèche de nouveau afin que l'alumine perde son état gélatineux et devienne
pulvérulente. On reprend ensuite par l'eau froide additionnée d'une trace
d'ammoniaque; l'alumine et la silice, l'une et l'autre insolubles, sont sépa-
rées par fdlration et lavées; «lu filtre, on les fait tomber dans la capsule
de platine où l'alumine va être dissoute à chaud par l'acide nitrique;
puis le contenu de la capsul^ est reversé sur le filtre, qui ne retient que
la silice ; toute l'alumine est dans la dissolution nitrique.
» Dans le Tableau suivant, on trouvera, en regard de chaque terre, les
quantités de silice et d'alumine ainsi déterminées, rapportées à loo de
terre tamisée et sèche; on y verra aussi les rapports entre ces quantités.
J'y ai inscrit encore, quand cela m'a été possible, les proportions d'argile
fournies par l'analyse physique, afin qu'on pût leur comparer les quantités
respectives de silice et d'alumine extraites par la dissolution alcaline.
Dissolution sodique.
Argile
p' 100
N"" ' de terre.
1. Terre de Monlfrénoj, près la Fera (Aisne) ... 56
2. » de Beaulieupr. Marma^d6(Lot-el-Gar.). 2.5,4
3. •> d'Arpaillargues, près Lzès (Gard) i6,5
4. » de Limagne (très compacte) (Puy-d.-D.). »
5. » des environs d'Arles (Bouc. -dii-Rhône ). i5
G. » de Galande (Seine-et-Marne) i3
7. •' de Goupvray d" 12
8. » de Fontaine-le-Port (Seine-el-Mariie). . 8,5
9. 1) de Boiilogne-s.-Seine(liinon du fleuve). 12
10. '< de Neauphle (Seine-el-Oise) 11
11. » de Pierrefile-en-Auge (Calvados) »
12. )' de Rovat, près Rodez (Aveyron) 4;2
13. >' de Brussy par Génis ( Dordogne) 2,8
ik. » des environs de Pau (Basses-Pyrénces). »
15. " des environs d'Aurillac (Cantal) 6,6
IG. » de Boxol près Mèrida (Mexique) 46
17. » des environs de Porto-Rico 26 , 4
Rapport
Silice
Silice.
Alumine.
Alumine
2, 10
0,98
2,l4
1,68
0,94
'>7
1,29
0,65
.,8
3,59
0,66
5,4
1,08
0,54
2,0
1,01
0,64
2,4
1,45
0,55
2,6
'.«7
o,48
2,5
0,88
0,36
2,4
0,87
o,36
2,4
i,.4
0,32
3,5
0,92
o,56
1,6
.,23
0,53
2,3
1 , 10
0,54
2,0
I ,62
1,72
0,9
1 ,3o
0,87
.,5
•>94
0,68
2,8
( I207 )
» Ce Tableau donne lieu à plusieurs observations.
» Ou V voit d'abord que les proportions d'alumine extraite par la dis-
solution sodique ont toujours été inférieures à i pour loo du poids de la
terre, sauf dans un seul cas (terre n° 15, des environs d'Aiirillac). Elles
sont assurément moindres que celles qu'aurait fournies l'attaque par
l'acide chlorhydrique bouillant; aussi je n'hésite pas à attribuer à la dé-
composition des argiles la majeure partie deU'alumine extraite par cet
acide, contrairement à l'opinion de Paul de Gasparin.
M Bien que la décomposition des argiles soittrès atténuée par la substi-
tution de ma dissolution sodique à l'acide chlorhydrique, on en reconnaît
encore l'efilet quand on compare les quantités d'alumine dosées aux pro-
portions de l'argile dans les terres. C'est ainsi qu'on voit les terres numé-
rotées de 1 à 4, qui sont les plus argileuses, auxquelles on peut joindre
les terres 16 et 17 provenant du Mexique et de Porto-Rico, donner les
quantités d'alumine les plus élevées com[)rises entre o,66 et 0,98 poui" 100
de terre, tandis que, pour les autres terres, e^les se tiennent entre o,32
et 0,64. i
» Les quantités de silice, notablement supérieures à celles de l'alumine,
sont généralement comprises entre 1 et 2 pour 100, et le rapport entre les
quantités respectives des deux substances est presque toujours plus grand
qu'il ne l'est dans les argiles. C'est que presque! tous les sols contiennent
de la silice libre, ainsi qu'en témoigne sa présence dans les eaux de drai-
nage, et cette silice, légèrement soluble dans l'eau, l'est assurément davan-
tage dans une liqueur alcaline; elle s'ajoute aux produits de l'attaque des
argiles.
» Au reste, les acides noirs que l'on extrait d'une terre végétale en la
traitant successivement par une dissolution étendue d'acide chlorhydrique
et une autre d'ammoniaque contiennent, outre la silice qui leur est unie eu
assez grande proportion, de petites quantités d'alumine qui doit passer
dans la dissolution sodique avec les acides noirs qui la colorent.
» Ainsi l'alumine dosée dans mes expériences affecte divers états dans
les terres, l'état de combinaison avec la silice, l'état de combinaison avec
les acides noirs, peut-être l'état libre, mais serait-elle en totalité à ce der-
nier état qu'il serait encore permis de conclure qu'en général il y a peu
d'alumine libre dans nos sols. Il eu est autrement pour les terres de
Madagascar.
» Les échantillons, au nombre de six, que M. A. Miintz a bien voulu
mettre à ma disposition étaient des types de ces terres ocreuses qui cou-
( I2o8 )
vrent la réi^ion montagneuse de Madaçascar. Ils avaient été débarrassés des
pierres et graviers par le crible conventionnel de dix mailles par cenli-
mèlre. Je les ai traités exactement comme les terres de France étudiées
ci-dessus, avec celte différence qu'un même poids de terre a subi deux
et même trois traitements successifs, chaque fois par demi-litre de disso-
lution alcaline neuve. J'ai réuni dans le Tableau suivant quelques indi-
cations sur les terres que j'ai trouvées dans le Mémoire inséré par
MM. Mùulz et Rousseaux au Bulletin n" 5, 1900, du Ministère de l'Agri-
culture; la teneur des terres en azote déterminée par ces auteurs, sorte
de mesure assez grossière de la teneur en matière organique; la proportion
de sesquioxyde de fer; enfin les quantités de silice et d'alumine extraites
par chaque traitement, rapportées à 100 de terre tamisée et sèche.
Azote.
Pour Too de terre tamisOe.
0. fer. Silice. Alumine.
N" 124.
N° 129.
N° 29.
N» 1.
N° 12.
N» 209.
Province d'/mcri'na. Cercle d'Ankazobé.
Terre de couleur jaune i*^' irait,
clair, prise sur un pla- o,o.5- i7>7 2" »
teau peu fertile. 3"^ »
Même province. Même cercle.
Terre d'un rouge vif, 1'='' trait,
couverte de brousse 0,021 10,4
trèscompacte, pauvre. a"' »
Même province. Cercle de Bélafo.
Terre d'un rouge foncé, 1'^'" trait,
à flanc de coteau. Ait. 0,111 12,4 2° »
1820", assez fertile. 3' »
Même province. Cercle d'Arivonimano.
Sous-sol du Jardin d'es- i"'' trait,
sai. Terre d'un rouge 0,011 8,0 2' »
clair. 3e „
Province de Betsileo. Cercle de Fianaranlsoa.
Terredecouleurjaune vif. 0,07 20,6 i"'' trait.
Province de Vo/ieniar. District de Daraina.
Terre rouge, pauvre, 1" trait.
. . o,oOo 10,3
très compacte, 2*^ »
1 ,61
11,72
2,6a
1,66
1 , 10
o,.56
1,93
8,10
3,90
3,60
5,i5
6,59
5, iG
4,22
4,3i
3,oS
o,ai
3,85
0.94
5,4o
4,80
4,69
3,96
3, 10
11,40
perdu
3, 56
* ( 1209 )
» Ce Tableau met en évidence une différence frappante entre ces six
terres de Madae;ascar et nos terres de France. Pour celles-ci, la proportion
d'alumine extraite par la dissolution alcaline n'a pas dépassé i pour loo de
terre; chez celles-là, le seul premier traitement en enlève 11,7, 8,1, 6,59,
4,69, 11,40. Dans les terres 124, 129, 12, la majeure partie de l'alumine
extraite est libre ('), peut-être intimement mêlée à l'oxyde de fer, comme
dans la bauxite; mais elle n'est pas combinée à la silice, car, si elle affectait
ce mode de combinaison, on trouverait dans la dissolution une quantité de
silice correspondante de même ordre. Dans les terres 29, 1, 209, il semble
que l'alumine soit, en majeure partie, à l'état de silicate, à moins que la
silice et l'alumine ne coexistent à l'état libre, ce qui est moins probable;
et à voir les quantités des deux substances dissoutes par chaque traitement,
on doit croire que ce silicate présumé est beaucoup plus sensible au dis-
solvant alcalin que les argiles de nos champs.
» La présence dans les terres de Madagascar de fortes quantités d'alu-
mine libre, ou formant avec la silice un silicate très attaquable par une
dissolution étendue de soude, soulevait deux questions intéressantes :
» Premièrement, en quel état de division .le trouvent cette alumine et
ce silicate, et quelle est, par suite, leur influence sur les propriétés phy-
siques des sols?
» En second lieu, en voyant combien pauvre est la végétation spontanée
dans la plupart de ces terres ocreuses si répandues à Madagascar, on se
demande si l'alumine libre ou le silicate présumé ne seraient pas des
obstacles au développement des plantes.
» Pour résoudre la premièie question, il suffisait d'avoir recours à
l'analyse physique ; je l'ai appliquée aux deux terres n"' 124 et 12, où l'alu-
mine libre abonde, et à la terre n° 1, où le silicate supposé se trouve en
grande jiroportion.
(') Après avoir entendu ma Communication, mon éminent Confrère M. de Lappa-
renl m'a fait connaître que M. Max Bauer a publié, dans le deuxième Volume de
l'année 1898 du Neues Jahrbuchder Minéralogie de Stultgard, une Note sur la laté-
rite des Seychelles, dans laquelle il montre que des roches diverses peuvent laisser
comme résidus de leur décomposition la silice et l'alumine, libres l'une et l'autre, et
non plus combinées à l'état d'argile. Ce mode de décomposition serait grandement
facilité par la nature tropicale du climat. Ainsi l'existence de l'alumine libre dans les
terres de Madagascar est simplement une confirmation de faits observés antérieure-
ment par M. Max Bauer.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N« 20.) l56
( I210 )
Terre.
nM'ii. nM2.
Sable grossier 52,8 pour loo de terre 08,7
Sable (in 34,8 » 3o,6
Argile 8,6 » 5,i
Eau combinée et perle 3,8 » 5,6
I 00 , o » I 00 , o
» Les lots argileux se décomposent comme suit :
Sib'ce I , i5 pour 100 de terre o,64
Alumine i . . . 3,3i » 2,00
Oxyde de fer J. . . . 2,00 » ' 1 '7
Eau 2,1 4 » 1,29
. 8,60 5,10
» Ainsi, les deuK terres où l'on a dosé près de 12 pour 100 d'alumine
libre n'en contiennent que 3, 3i et 2 pour loo dans leurs éléments argi-
leux; le reste est à l'état sableux; et, en effet, des lots de sables fins j'ai
extrait 9,8 et 9,3 d'alumine pour 100 de terre.
» Des analyses semblables m'ont donné, pour la terre n" 1 :
Sable grossier (" ,9 pour 100 de terre
Sable fin 3 1 »
Argile 5,4 »
Eau el perle.
100,0
» Les j, 4 pour 100 d'argile se décomposent en
Silice 2,3
Alumine 2,0
Oxyde de fer 0,6
Eau 0,5
M
)) Or, si l'on additionne les quantités de silice et celles d'alumine extraites
de la terre n" 1 par les trois traitements, on trouve
Silice '4141 pour 100 de terre
Alumine 1 1 ,75 »
26, 16
» Soit un total de 26,16 représentant le silicate présumé. Que ses élé-
( '211 )
ments soient vraiment combinés ou libres tous deux, il est clair qu'ils
sont, en majeure partie, à l'état sableux.
» En définitive, ni l'akimine libre, ni le silicate n'affectent dans les terres
n"' 124, 12, 1, cet état de division extrême auquel les argiles de nos terres
doivent leurs propriétés physiques, en sorte que leur abondance n'influe
guère sur la ténacité des sols.
» C'est d'ailleurs ce que l'on peut constater directement, en pétrissant
ces terres avec de l'eau, et les laissant sécher|sous forme de petites boules.
Celles-ci se brisent entre les doigts sous une très légère pression. Mais ce
défaut de cohésion n'est pas lié à la présence de l'alumine libre, car la
terre n° 129 et surtout la terre n° 209, qui contiennent l'une de l'alumine
libre, l'autre du silicate, prennent par le corroyage avec l'eau et la dessic-
cation une grande dureté; il faut dire qu'on y trouve, après élimination
de l'alumine ou du silicate par les dissolutions sodiques, une assez grande
quantité de véritable argile.
» J'ai encore eu recours à l'obligeance de MM. Mïuilz et Rousseaux
pour résoudre la seconde question. Je leur ai demandé quelques échan-
tillons des terres de vallées connues pour leur fertilité. Si j'y trouvais en-
core l'alumine libre ou le silicate très attaquable en notables quantités, il
faudrait conclure que ni l'une ni l'autre n'ont emj)êché la végétation de
prendre possession de ces terres. J'ai examiné à ce point de vue huit échan-
tillons de terres riches, cités dans le Tableau suivant, avec les résultats des
analyses :
Pour 100 de terre tamisée.
Azote. Silice. Alumine.
Proiince fC/merina, cercle d'Ankazobé.
-. „„ ( Vallée à iSSo"" d'altitude, terre brune, ) „ ,
'>" »y 1 f. . ■ • 1 ,■ OjJo.) b.qo 0,62
( liiumtere, très riche ) ^
■vT ic^n ( Vallée à Sôo"" d'altitude, terre d'un brun ) ,,^ ,
N° 123 1 • . ■ f .-, 0,363 4,Q0 2,17
( clair, très fertile \ ^ =' ' '
i\- « ->o i Vallée à 875™ d'altitude, terre de couleur 1 „
l\° ri« 5 f .-1 o,K)3 3.38 1,7,5
( rouge brun, assez lertile ) '
Proi'ince d'Imerina, cercle de Bétafo.
», -,_ ( Vallée à 1 35o'" d'altitude, terre brune, )
IN" 27 j , . \ G 611 3,27 0,07
( humilere, très riche ) ' ' »' /
-, ... i N'allée à i3oo™ d'altitude, terre d'un rouge )
N" 64 ' " o,i55 2,56 6,45
brun, compacte, fertile
M m \ Vallée à i45o" d'altitude, terre brune, \
IN" 114 ', , -f. . . • , , o,4yi 4.06 Q,4
/ humiiere_ très riche \ ^ ^ -^j ■• ^
liuinifère, très riche \
( 1212 )
Pour 100 lie terre tamisée.
Azote. Silice. Alumine.
Province de Betsileo-Moramanga .
Mo DO j Terre prise à flanc de coteau, grise, végé- )
IN" »o < . , . \ o,ii4 o,5o 0,45
/ laiton spontanée vigoureuse )
^„ ggj Vallée à, ooo". d'altitude, .erre grtse, très j 3
/ fertile )
» Les trois premières terres ne se font point remarquer par l'abondance
de l'alumine; mais les cinq autres en contiennent assurément de notables
quantités à l'état libre, qui ne les empêchent nullement d'être d'excellentes
terres.
» En résumé, la plupart deséchantillonsde terres deMadagascarétudiées
dans cette Note contiennent, en proportions souvent considérables, soit de
l'alumine libre, soit un silicate de cette base très attaquable par une dis-
solution diluée de soude; cette alumine et ce silicate se trouvent, en
majeure partie, à l'état sableux, et ne sont pas des agents de ténacité dans
ces terres; enfin ils paraissent ne pas faire obstacle à la végétation. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre dans la Section de Médecine et Chirurgie, pour remplir la place
laissée vacante par le décès de M. Potain.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 65,
M. Laveran obtient i3 suffrages
M. Charrin » r 2 »
M. Richet » 12 »
M. Lancereaux » 8 »
M. Hayem » y «
M. Cornil » 6 »
M. Jaccoud 11 (3 »
M. Fournier » i »
Aucun candidat n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est
procédé à un second tour de scrutin.
( I2l3 )
Au second tour de scrutin, le nombre des votants étant GB,
M. Laveran obtient 22 suffrages
M. Richel « . . 17 "
M. Charrin > i3 »
M. Lancereaux > 8 «
M. Jaccoud » \ • • ^ "
M. Hayem » 1 • • ' "
Aucun candidat n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est
procédé à un scrutin de ballottage.
Le nombre des votants étant 66,
M. Laveran obtient 4o suffrages
M. Richet » 26 »
M. Laveran, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de deux Membres qui sera chargée de la vérification des
comptes pour l'année 1900.
MM. Mascart et Iîassot réunissent la majorité des suffrages.
CORRESPONDANCE.
M. le Sfxrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. Jules Garnier ayant pour titre : « Nouvelle-Calé-
donie (côte orientale) ». (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
1° Une Brochure de M. Fernand Delisle intitulée : « La Montagne Noire
et le col de Naurouze ». (Présentée par M. Bouquet de la Grve.)
( Ï2l/i )
ASTRONOMIE. — Sur l' éclipse du qualriihne salellile de Jupiter, observée à
Paris le 17 mai 1901. Note de M. G. Bigourdan, communiquée par
M. Lœwy.
« Les éclipses du quatrième satellite de Jupiter, fort importantes pour
sa théorie, ne se produisent qu'à des intervalles assez éloignés. Pour des
laisoiis bien connues, les plus importantes de ces éclipses sont celles
(pi'nn même observateur peut étudier complètement (disparition et réap-
parition) avec un même instrument. Mais ces ob^^ervations complètes sont
extrêmement rares, car, vers 1820, de Zach évaluait à quatre ou cinq seu-
lement celles qui avaient été obtenues dans l'espace de plus de deux
siècles.
» Ce phénomène vient d'être observable à Paris, dans la nuit du 17
au 18 mai, et il a été accompagné de quelques circonstances qui aug-
mentent son intérêt.
)) Voici d'abord les observations; je les ai faites avec les trois lunettes
suivantes : I, II, III (chercheurs de l'équatorial de la tour de l'Ouest et
lunette de cet instrument), dont voici les ouvertures, les distances focales
et les grossissements :
Lunette. Ouverture ulile. Distance focale. Grossissement employé.
m m
1 0,067 0)53 3i
II 0,087 ' >6o 59
III o,3o3 5,28 i54
M Dans la lunette III le satellite a été fortement aflaibli, mais il n'a
jamais disparu; même il a toujours été très facile à voir et l'on peut penser
qu'il aurait encore été vu constamment dans une lunette de o™, i5 à o™, 18
d'ouverture.
» Pour les lunettes I et II l'éclipsé a été complète, et voici les heures
notées :
Il m s
1. Disparition à. . . i3. 18.24 L '"• de Paris Nuages à la réapparition
II. » ... 1 3. 21 .46 »
II. Réapparition... 10.. 5 1.58 »
I) Comparés aux prévisions de la Connaissance des Temps ces nombres
( I2l5 )
tlonnent, dans le sens (obs. — calcul), les corrections suivantes pour cette
éphéméride :
m «
\ I -H q.3o
Disparition. < ,, i „
^ (Il I. . -+-12.52
I^éapparilion . II — 33.53
Opposition. 11 — i3.3i
ASTRONOMIE. — Observations d'éclals de la Nova Persce.
Note (le M. M. Luizet, présentée par M. Lœwy.
« Les observations ci-dessous de la Nova Persée font suite à celles pu-
bliées dans les Comptes rendus de la séance de l'Académie des Sciences
du 4 mars 1901.
» Ces observations ont été faites, soit à l'œil nu, soit à l'aide d'une
jumelle, par la méthode des degrés, et les étoiles de comparaisons, avec
la grandeur adoptée pour chacune d'elles, sont les suivantes :
« Persée 1,9
Y Cassiopte 2,2
Y Persée 3,o
ô Persée 3 , i
Y Persée 3,9
!T Persée 4>'^
l 5,1
FI. 3(i 5,3
FI. 3o 5,4
DM-+-43.818 5,7
» Les grandeurs obtenues pour la Nova sont :
Mar;
l'.KIl.
!..
6..
7..
8..
8.,
8..
16.
19.
23.
26.
28.
23.
Temps
Temps
Temps
moyen
moyen
moyen
[de Paris.
Grand.
l'JOl.
de Paris.
Grand.
l'JOl.
de Paris.
Grand.
h ui
Il m
h m
8.45
2, l5
M
ars
29. . . .
7.2a
4,8
Avril 16. . .
7.4o
5,5
1 1 .3o
3,3
Avril
1....
10.45
4,1
17...
7.4.3
5,2
9. 3o
3,2
6...
8. 0
4,4
18...
7 • 4o
4,2
6.5o
3,3
8...
7 . 35
4,5
18...
8.12
4,2
8. 30
3,0
y...
0
7.00
4,7
19...
7.45
5,4
9.i5
1
0,0
9...
9.10
4,6
19. . .
8.34
5,5
9.35
3,7
9...
9.5o
4,6
20...
7.5o
5,7
9.i5
5,3
10...
8. 0
5,5
23...
8. 5
4,4
7.25
3,8
10...
9-27
5,4
24. . .
9. 0
5,3
10. 5o
4,'
11...
7.45
5,7
29. . .
8.5o
5,5
9.10
5,1
lo...
. 7-4o
5,6
9.40
5,1
( 12l6 )
» Les variations rapides d'éclat de cette étoile, signalées en mars par
plusieurs observateurs, atteignent encore fin avril environ une grandeur,
mais il ne semble pas que leur périodicité soit régulière. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes réguliers d'ordre Jini.
Note de M. Léon Autoxne, présentée par M. Jordan.
« Conservant les définitions et notations de ma Communication du
I I mars 1901, employons aussi le calcul symbolique des formes bilinéaires
(Frobenius, Journal de Crelle, t. 84"). La même lettre A désignera à la fois
la forme bilinéaire A — k(x, y) = laj^VjOc^ et la substitution
X;
d.K
dy
A = [aj,]
La forme ou la substitution A'= [«Ay| sera la transposée de A. La forme
E = lœy
fournit la substitution unité. Enfin la forme
T =
y\ y 2 _ .7;. ,v,
est l'invariant absolu de définition pour toute régulière. D'ailleurs
T' + T = T- + E = o.
» Nommons g *i^ g deux, quantités imaginaires conjuguées. Posons
si A = [«;*]• Si A = A, A est réelle et s'écrira A^. Si A = — A, A est pure-
ment imaginaire et s'écrit A^. On sait, d'après les travaux récents de divers
auteurs (MM. Fuchs, Lœwy, Moore, Maschke, Taber, etc.), que tout
groupe linéaire d'ordre fini, n — aire, possède un invariant absolu H.
H est une forme d'Hermite
H = H {x, X ) — l^j;,Xj Xi,, %jii = H/,j = const . ,
toujours positive, sauf quand les x s'cvanouissenl.
( '217 )
» Ces préliminaires rappelés, revenons aux régulières U et aux groupes
réguliers G d'ordre fini.
» U peut se mettre régulièrement sous une des quatre formes canoniques
suivantes :
Uo — \XjbjXj\ = \b^, b.^, b,, b^],
où r + I = o et a et p désignent des arcs réels dont le rapport à la circon-
férence est commensurable : .
(I) l^'"' ^~'*» ^' ' ^ ' I 1 La régulière U sera de
(II) [ I, I, e'^, e~'^] r première, ... espèce, sui-
(III) [e'*, e-'", e'", e-'»] [ vaut que U„ est du type I,
(IV) [ I, I, -i,-i] ) "
» Admettons, ce qui est le cas général, que G possède au moins une U
de première espèce. Alors H peut régulièrement s'écrire
H — 'R(x,y) = Ihxy, h = const. positive ou nulle.
» L'hypothèse où le déterminant | H | = A, ^j A3 A^ de H s'évanouit, mène
à des G décomposables déjà construits dans mu Note du 1 1 mars dernier.
Si I H I ^ o, on peut régulièrement écrire
U{x, y) = a(x,y, -+- x.y.,) -+- b{x^y^ + x,y,).
» Le cas r/^i donne encore des G décomposables. Finalement il viendra
n{x,y)=lxy = E.
» Théorème I. — Toute M de G est donnée par les formules
\5 = k{x,y)-^i'R{x,y), U-' = A'-jB',
où, les formes réelles bilinéaires A ef B satisfont à
AA'+BB'=E, T-'AT = A,
AB'=BA', T-'BT=:-B'.
» Théorème II. — Toute \] de G peut s'écrire aussi
(i) ±U = (S^-<7TV'(S-cT),
où la forme bilinéaire symétrique S est
S=S(x,y) = ly'^^.ly'^,
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 20.) iSy
( I2I« )
F„ et F, étant des formes quadratiques réelles en Xj.
Yj^x) — ^\ ,{x\-\- x''^ -^yi^{x\ -^x''^^-'^._x,x^^ M„x^x^
» Le théorème II fournit explicitement U à l'aide de dix paramètres
réels, rapports des onze quantités réelles /,, . . ., l^. M,, . ., M^, m^, m^, a.
Ce théorème n'est pas applicable immédiatement à une U de quatrième
espèce, mais fournit une régulière V telle que U = V.
» L'équation caractéristique de U est
cp(r) = [— (i-r)S'+ (i-r)T| = o.
» Le problème relatif à la construction du système fondamental de U se
confond avec la recherche du système nodal [(Chapitre IX de mon Mé-
moire Sur la limitation du degré pour les intégrales algébriques de l'équation
différentielle du premier ordre {Journal de l'Ecole Polytechnique, 63" et
64' Cahiers)], sur la quadrique S(a;, x) = o.
» Théorème III. — PoM/'^we G iOjV ree/ (c'est-à-dire exclusivement com-
posé de régulières réelles 11^), il faut et il suffit qu'il soit orthogonal, c'est-
à-dire admette X = Ix^ pour invariant absolu.
» Théorème IV. — Tout groupe orthogonal G est décomposable et se
trouve construit par avance dans ma Note du ii mars 1901.
» Th écréme V . — Pour qu'une régulière soit purement imaginaire (U :=: U^) ,
il faut et il suffit qu'elle multiplie ^par — i .
» Théorème VI. — Tout groupe G exclusivement composé de U,. et de U^
s'obtient en combinant un groupe réel G^ avec une Up unique, à laquelle G^ est
peimutable. G^ contient la moitié des substitutions de G.
» Une Note ultérieure continuera I enumération des groupes G, régu-
liers, d'ordre fini. »
PHYSIQUE. — Sur les abaissements moléculaires de la température du maximum
de densité de Veau produits par la dissolution des chlorures, bromures et
iodures de potassium, sodium, rubidium, lithium et ammonuim; rapports
de ces abaissements entre eux. Note de M. L.-C. de Coppet ( ' ), présentée
par M. J. VioUe.
« Les résultats des expériences avec les bromures et iodures de po-
(') Voir les Notes précédentes {Comptes rendus, t. GXXVIII, p. iSSg; 1899;
t. CXXXJ, p. 178; 1900).
( 1219 )
tassium, sodium, rubidium et ammonium sont consignés dans le Tableau
suivant. Les températures sont celles du thermomètre à hydrogène.
m.
D.
D
Nature
Molécules-
n.
Abaissement
m
et
gramme
^i-
Nombre
de la
Abaissement
poids
du
corps
Température
du
de
valeurs
../"^^=
température
du
moléculaire
moléculaire
V^ /i(«-i)
de la
du
dissous
maximum
particulières
Erreur
maximum
température
corps
dans
de
trouvées
probable
au-dessous
du
dissous.
1
lOooK'' d'eau.
densité.
pour «,„.
de <„..
de 3»,9S2.
maximum.
Bromure
de potassium
KBrr= • '9, ' •
o,i497
0,2934
2,077
0,208
'9
21
0,009
0,019
1,905
■5,774
12,73
12,86
Bromure
de sodium
NaBr = io3,o.
0,1371
0,2187
.,982
0,823
22
'9
0,008
0,012
2,000
3,i59
14,59
14,45
Bromure
de rubidium
0 , 1 .5o3
2,006
22
0,009
',976
i3,l5
RbBr-^i65,4.
Bromure
d'ammonium
0,2707
1,621
18
0,008
2,36i
8,72
NH'Br = 98,o
lodure
)
0, 1672
i,4i5
i3
O,0l4
2,567
i5,35
de potassium
0,2488
0, 146
i3
o,oo3
3,836
(5,42
KI = i66,o.
)
0,2961
—0,606
18
0,021
4,588
ï5,49
lodure
de sodium
Nal = i49,9.
i
0, i43i
0,1829
1,563
0,87.
'9
18
0,002
0,012
2,419
3,111
16,90
17,01
lodure
l
de rubidium
o,i448
1,722
18
o,oo4
2,260
i5,6i
Rbl= 21 1 ,25.
\
lodure
1
d'ammonium
f
o,4oG3
—0,544
10
0,057
4,526
11, i4
NIl»l=i44,9-
(
» Comme pour les sels précédemment étudiés, l'abaissement de la tem-
pérature du maximum de densité de l'eau est proportionnel à la quantité de
substance dissoute (loi de Despretz); V abaissement moléculaire est à peu
près constant, et les différences observées peuvent être attribuées aux
erreurs d'expérience. Les sels de lithium, cependant, font exception. Leur
abaissement moléculaire croît avec la concentration de la solution ( ' ), et cet
( ' Voir les Notes précédentes.
( I220 )
abaissement est trop accentué pour pouvoir être attribué aux erreurs
d'expérience.
» Le Tableau suivant résume tous les résultais :
Abaissements moléculaires {moyens) de la température du maximum de densité
de Veau produits par :
Le chlorure : Le bromure ; L'iodure :
O l> o
De rubidium 11,7 i3,2 i5,6
De potassium 11,6 12,8 '5,4
De sodium i3,2 i/i,5 17,0
De lithium 6,0 7,0 8,3
D'ammonium 7,2 8,7 Hji
» Ce sont les sels de sodium qui abaissent le plus la température du
maximum de densité de l'eau. Viennent ensuite les sels de rubidium et de
potassium, pour lesquels les abaissements moléculaires sont à peu près
ée;aux. Les abaissements produits par les sels de lithium sont moitié moins
grands que les précédents. L'ammonium se place entre le potassium et le
lithium.
» Quel que soit le métal, le bromure abaisse toujours plus que le chlo-
rure (et l'iodure plus que le bromure) la température du maximum de
densité de l'eau; et, fait caractéristique, le rapport entre les abaissements
produits par le chlorure et le bromure (ou le bromure et l'iodure) d'un même
métal est sensiblement le même pour tous les métaux du groupe. C'est ce que
font voir les Tableaux suivants :
ii,7(RbCl) _ „ ii,6(KCI) _ i3.2(NaCl) __
i3,2(RbBr) — °'°9' i2,8(KBr) ~~°'9'' i4,5(JNaBr) ~ "' 9' '
6,o(LiCl) „ 7>2(NH^CI) .^
7,o(LiBr)"=°'*^^' 8,7(NH*Br)='''^^-
» De même
i3,2(RbBr) . i2,8(KBr) „„ i4,5(NaBr) „.
i5,6(Rbl) i3,4(Kl) i7,o(NaI) '
7>o(LiBr) _ 8,7(NH>Br) _ ^ ^q
8,3(Lil) -0'°'+' i,,,(NH*l) -"O'?»- »
( I22I )
CHIMIE ORGANIQUE. — Alcools et carbure de calcium.
Note de M. Pierre Lefebvre, présentée par M. A. Haller.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus (9 avril 1900), j'ai exposé
les résultats auxquels j'étais arrivé en faisant passer de la vapeur de chlo-
rure d'amyle sur du carbure de calcium chauffé au rouge naissant. Cette
étude était corrélative de celle que j'avais commencée et que j'ai pour-
suivie depuis sur la décomposition des alcools passant sur le carbure de
calcium chauffé vers 5oo°. Je me propose, dans cette Note, d'indiquer la
composition des gaz que j'ai obtenus dans cette réaction appliquée aux
quatre alcools primaires les plus faciles à se procurer.
» Les expériences ont été effectuées, les unes dans un tube de fer, les prises de gaz
étant faites au cours d'une action prolongée; les autres dans des tubes de verre d'Iéna,
tout le gaz étant recueilli de façon à permettre des mesures ultérieures, l'alcool et le
carbure étant placés dans le tube même. L'analyse des gaz a été faite au mojen
des absorbants ordinaires; des essais eudiométriques ont été faits concurremment.
» Voici les moyennes des résultats obtenus avec Y alcool amylique :
I. II. III.
Acétylène 2,.") 2,2 traces
Éthylène 4,9 2,7 3, 4
Oxyde de carbone 8,6 7,5 12,4
Anhydride carbonique 2,2 2,9 2,0
Carbures éthyléniques 8,6 6,9 i4.3
Éihane 8,0 11,9 4>2
Hydrogène 65,3 65,9 ^3,7
» Les expériences faites dans des tubes de verre ont leur moyenne en I; celles faites
dans un tube de fer, en II; la colonne III se rapporte à des expériences faites en rem-
plaçant le carbure de calcium par de la porcelaine.
» L'analyse eudiométrique et l'étude des composés bromes tendent à indiquer que
les carbures éthyléniques renferment de { à | de propylène, traces de butylène; il n'y
a pas de triméthylène; le reste est du triraéthylélhylène. La solubilité dans l'alcool
amylique tend à indiquer l'éthane de préférence aux autres carbures saturés.
» l.'alcool isobutylique a donné les résultats suivants :
I. II.
Acétylène 3,8 »
Éthylène 4,8 »
Oxyde de carbone 6,8 6,0
Butylène 7 ' ^ "
Éthane i3,4 "3,i
Hydrogène fi3,4 5g, 9
Anhydride carbonicjue " 1,9
( 1222 )
» Le point d'ébullilion du bromure (vers i5o°), les précipités jaune et orangé que
donne le gaz avec les réactifs de M. Denigès (') montrent nettement que les carbures
éthyléniques se réduisent presque exclusivement au méthvl-2-propène (isobutylène).
Même remarque que tout à l'heure relativement à l'élhane.
» Avec l'alcool éthylique j'ai obtenu les résultats moyens suivants (tube
de fer) :
Acétylène 3,6
Éthylène 9,1
Oxyde de carbone 4 > 5
Garbures éthyléniques o,3
^ Éthane 9,6
Hydrogène . 65 , 5
Anhydride carbonique 4,4
» Enfin \' alcool méthylique a donné par son passage sur le carbure le gaz
dont la composition suit :
A.cétylène i ,4
Éthylène 4,2
Oxyde de carbone 8,3
Carbures éthyléniques 2,5
Ethane i3,8
Hydrogène 68 , 5
Anhydride carbonique i ,3
» Des expériences complémentaires seront d'ailleurs nécessaires pour
préciser la nature, peut-être même affirmer l'existence de carbures éthylé-
niques autres que l'éthylène dans les produits de décomposition des alcools
éthylique et méthylique.
)) De ces diverses analyses de gaz ressort un excès considérable d'hydro-
gène libre ou combiné relativement aux proportions existantes dans les
alcools dont ils proviennent. Corrélativement, les produits liquides
présenteront un déficit d'hydrogène; parmi ces produits on trouve, en
effet, l'aldéhyde correspondant à l'alcool employé. (Je ferai toutefois une
restriction pour le cas de l'alcool méthylique.)
I) Pour moi, la formation de l'aldéhyde résulte d'une déshydrogénalion
lie l'alcool parla cha\eur , favorisée, dans mes expériences, en présence d'acé-
tylène naissant, par la combinaison de celui-ci avec l'hydrogène.
M Dans le cas de la décomposition de l'alcool éthylique par la chaleur,
(') Annales de Chimie et de Physique, 7"^ série, t. XVHl, p. 38.
( 1223 )
la production d'aldéhyde a été depuis longtemps signalée par M. Ber-
thelot (') (expériences faites au rouge vif dans un tube de porcelaine
contenant de la pierre ponce).
» Relativement au cas de la décomposition de l'alcool amylique par la
chaleur, j'ai reconnu la formation de valéral dans des expériences compa-
ratives faites sans carbure de calcium et restées sans publication officielle
(expériences faites en mai 1897 dans un tube de fer vide porlé au ronge
sombre, expérience faite le 22 juin 1900 dans un tube de verre vert conte-
nant des fragments de porcelaine également au rouge sombre).
» Dans des recherches relatives à la décomposition pyrogénée des
alcools en général, M. Ipatieff(-)a constaté qu'en faisant passer un alcool
primaire dans un tube (le plus souvent en fer) porté au rouge (660° à yoo"
suivant l'alcool) on obtenait des proportions considérables de l'aldéliyde
correspondant à l'alcool, les rendements pouvant aller à 3o et 5o pour r 00.
» Jamais je n'ai obtenu de pareils rendements en aldéhyde correspon-
dant à l'alcool dans mes recherches en présence du carbure de calcium
(10 pour 100 au maximum), mais il faut remarquer que la température y
est incomparablement moins élevée; c'est pourquoi je crois pouvoir
affirmer que la déshydrogénation des alcools q^X. favorisée par la présence
du carbure de calcium, ou plutôt de l'hydrogène naissant.
» Je poursuis en ce moment l'étude des produits liquides obtenus en
faisant passer les vapeurs des alcools sur le carbure de calcium à la tempé-
rature de 5oo° environ. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la condensation des carbures acélyléniques vrais
avec l'aldéhyde formique ; synthèse d'alcools primaires acétyléniques. Note
de MM. Ch. 3I0UREU et H. Desmots, présentée par M. H. Moissan.
« Pendant longtemps, le seul alcool acétylénique connu a été l'alcool
propiolique CHe^ C — CH-OH, préparé pour la première fois par Henry,
en traitant par la potasse l'alcool allylique brome (•'). Tout dernièrement,
le phénylacétylène a été combiné d'une part avec l'acétophénone et la
(') Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXXllI, p. 295, et 4° série,
t. XII, p. 48.
(^) Journal de la Sociélé phjsico-chiniir/ue russe, t. XXXIII, p. i43.
(') Ann. Scient, lirux.; 1878.
( 1224 )
benzophénone par M. Nef ('), et de l'autre avec l'acétone ordinaire par
MM. Favorsky et Skosarewsky (-) ; les composés ainsi obtenus doivent être
envisagés comme des alcools tertiaires acétyléniques.
» Nous avons trouvé, dans la condensation des carbures acétyléniques
vrais R — CssCH avec l'aldéhyde formique CH^O, une méthode de syn-
thèse très simple des alcools primaires acétyléniques
R -C = C - CH^OH.
1) Après une multitude d'essais infructueux pratiqués avec la solution
ordinaire de formol et les carbures à l'état libre, en présence d'agents de
condensation variés, nous avons été conduits à tenter de faire réagir sur
les carbures sodés le polymère solide (CH^O)" connu sous le nom de
trioxymethylêne. L'expérience a pleinement réussi ; voici le mode opéra-
toire le plus avantageux :
» On ajoute peu à peu, au carbure sodé en suspension dans l'élher absolu, un excès
de trioxymethylêne bien sec et préalablement réduit en poudre aussi fine que pos-
sible. La réaction ne tarde pas à se déclarer : l'élher entre en ébullition et la masse
se colore peu à peu en brun. Au bout d'environ vingt minutes, on verse le tout dans
de l'eau légèrement sulfurique, on décante la couche élhérée, on la lave à l'eau et on
la sèche; après évaporation de l'élher, le résidu est rectifié par distillation dans le
vide. Les rendements sont voisins de 3o pour loo.
» On obtient ainsi, en partant de l'oenanthylidène, carbure acyclique
CH' - (CH^)^ — CeesCH, un corps huileux incolore, passant à gS** sous
13""°; le liquide ne se solidifie pas à —23°, et a pour densité 0,8983 ào°. Sa
formule brute est C^H'^O. L'anhydride acétique l'élhérifie aisément;
l'éther correspondant distille à i i3°-i 14° sous 16°"".
» Avec le phénylacétylène, carbure cyclique G" H" — CesCH, on pré-
pare de même un alcool C^H'O qui passe à 139° sous 16°"°; c'est une huile
incolore, non solidifiable à —23°, de densité 1,0811 à 0°; l'éther acétique
distille à 146" sous 16""".
» Les deux alcools forment, comme la plupart des composés à triples
liaisons, des combinaisons cristallisées, blanches, avec le sublimé en solu-
tion aqueuse concentrée. Ils réduisent, lentement à froid et rapidement à
chaud, le nitrate d'argent ammoniacial, avec production d'un miroir mé-
tallique. La potasse en solution aqueuse ou alcoolique est, même à l'ébul-
(») Aim. Liebig, t. CCCVIII, p. 281.
(-) Joiirn. Soc. phys. chirn. russe, t. XXXIl, p. 652.
( 1225 )
lition, sans action sensible sur ces composés, contrairement à ce que l'on
observe clans le cas des acétones acét\léniques R — C^C — CO — R' et
des acides acétyléniques R — C^C— CO^H ('), et aussi dans celui de
l'acétone-phénylacélvlène (").
» Quant à leur constitution, elle découle immédiatement de cette obser-
vation qu'ils ne précipitent pas par les réactifs des carbures acétyléniques
vrais R — C^CH; le réactif de Béhal (nitrate d'argent en solution alcoo-
lique), par exemple, est sans action. Jj'hydrogène Ivpique des carbures
acétyléniques vrais dont on est parti a donc disparu ; il est forcé, dès lors,
qu'd ait été remplacé par le groupement fonctionnel alcoolique, lequel est
nécessairement primaire, vu sa position terminale. Par conséquent, la
formule de constitution des deux nouveaux alcools ne peut être que
CH'- (CH=')*- C = C - CH='OH
pour le premier, et
CH'-C^C— CH^OH
pour le second. Nous les appellerons respecùvemenl alcool amylpropiofique
et alcool phénylpropiolique.
» Il est maintenant aisé de se rendre compte du mécanisme de la réac-
tion génératrice de cps alcools : le trioxyméthylène se dé|)olymérise, et
l'aldéhyde formique qui en résulte s'unit au carbure sodé en donnant le
dérivé sodé de l'alcool acélylénique,
R — C = CNa-4-CH=0 = R- Cee-C - CH=ONa;
l'action ultérieure de l'eau décompose ensuite l'alcool sodé, en mettant en
liberté l'alcool et de la soude caustique.
» Nous devons ajouter que, dans la réaction productrice d'alcool amyl-
propiolique, une deuxième substance prend naissance qui bout à 178°
sous lô"". C'est une huile inodore, non solidifiable à —23", de densité
0,907 à 0° et 0,892 à 19°; son indice de réfraction à 19° est i, l\']l\. Comme
les deux alcools précédents, le corps, sans action sur les réactifs des car-
bures acétyléniques vrais, réagit, très lentement toutefois, sur la solution
aqueuse de sublimé; de même aussi il réduit à chaud le nitrate d'argent
ammoniacal, en donnant le miroir métallique. Les alcalis caustiques à
(') Cu. MotREU et R. Delange, Comptes rendus, 1900 et 1901.
(■) Favorskt et Skosarkwsky, loc. cit.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 20.) l58
( 1226 )
l'ébiillilion l'altèrent profondément : des produits de condensation élevés
prennent naissance, non distillables sans décomposition. Ce composé
paraît être un alcool di-amylpropiolique C"'H-''0, résultant de l'union de
deux molécules d'alcool amylpropiolique C* H'* O avec élimination d'une
molécule d'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des chlorures d'acides sur les éthers-oxydes
en présence du zinc. Note de M. P. Freundler, présentée par M. H.
Moissan.
« Le numéro du 6 mai des Comptes rendus renferme (p. 1 129) une Note
de M. Descudé, dans laquelle ce dernier indique que les chlorures d'acides
réfigissent sur les éthers-oxydes en présence de chlorure de zinc en don-
nant naissance à un éther-sel et à un chlorure alcoolique :
B.C0C1 + (C='H')*0 = R.C0*C2H' + C-H»CI.
» M. Descudé paraît n'avoir eu connaissance ni du travail déjà ancien
de M. Freund('), ni de la Communication que j'ai faite récemment à la
Société chimique de Paris (^).
» M. Freund a montré que, lorsqu'on fait agir le zinc sur une solution
de chlorure de butyryle dans Voxyde d'èlhyle, on obtient un mélange de
butyrate d'éthyle, de chlorure d'éthyle et d'un composé répondant à la for-
mule du dibutyryle, tandis qu'il se forme en même temps du chlorure
de zinc. D'après M. Freund, la réaction serait représentée exactement
par l'équation
4C'H'. COCl + Zn + 2(C*H*)^0
= 2C'H'.C0»C*H* + 2C='H»Cl + ZnCl- + C'H'.C0.C0.C=H'.
Poursuivant moi-même l'étude de l'action du couple zinc-cuivre sur les
chlorures d'acides, j'ai pu confirmer les résultats obtenus par M. Freund,
du moins en ce qui concerne la formation de l'éther-sel et du chlorure
alcoolique. Mes expériences, qui sont décrites en partie dans les Procès-
Verbaux cités plus haut et sur le détail desquelles je ne reviendrai pas ici,
(') Ann. Chein., t. CXVIII, p. 33.
(*) Procès-Verbaux des séances du 24 novembre 1900, t. XXIII, p. 899, et du i4 dé-
cembre 1900, t. XXV, p. 3.
( Ï227 )
ont porté sur les chlorures de butyryle, d'acétyle et d'isovaléryle et sur les
oxydes d'éthyle et de méthyle-isoamyle. Je rappellerai simplement que j'ai
établi avec certitude que la moitié du chlore disponible était transformée
en chlorure de zinc et l'autre moitié en chlorure d'élhyle, et qu'on pou-
vait, dans certaines conditions, obtenir plus de butyrate d'éthyle et moins
de produit supérieur que l'exigerait l'équation ci-dessus (' ).
» On voit donc qu'on se trouve, à un moment donné, aussi bien dans
les expériences de M. Freund que dans les miennes, dans des conditions
semblables à celles où M. Descudé s'est placé; on est en présence d'un
mélange de chlorure d'acide, de chlorure de zinc et d'éther-oxyde, qui se
transforme peu à peu en éther-sel et chlorure alcoolique. La seule diffé-
rence réside dans le fait que, dans le premier cas, la présence du zinc
donne lieu à une autre réaction qui s'effectue dans une proportion assez
variable.
» Il résulte de là que la réaction décrite par M. Descudé n'est pas abso-
lument nouvelle, bien que nous soyons redevables à ce chimiste d'avoir
démontré que les deux réactions signalées par M. Freund ne sont pas indis-
solublement liées l'une à l'autre.
» Cette Note n'a d'ailleurs pas pour objet une réclamation de priorité
que seul M. Freund aurait le droit de faire. Je désire simplement me ré-
server l'étude de trois cas particuliers qui peuvent conduire à l'obtention
de produits intéressants (action du cou[)le zinc-cuivre sur le chlorure de
succinyle en présence d'éther, et sur le chlorure d'acétyle en présence de
formai et d'éther orthoformique). (Lette étude, qui pourrait être faite plus
aisément par le procédé de M. Descudé, est commencée depuis un certain
temps dans mon laboratoire, et les résultats en seront publiés très pro-
chainement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation des alcools primaires par T action de contact .
Note de M. J.-A. Trillat, présentée par M. Duclaux.
« L'action calalytique et bien connue de la spirale de platine incan-
descente est loin de se limiter à l'oxydation des alcools mélhylique et
( ' ) L'une des équations du Procès-Verbal (t. XXV, p. 3) renferme, par suite d'une
erreur de transcription, tes termes Zn et ZnCl', qui ne doivent subsister que dans la
seconde équation.
( 1228 )
éthylique. J'ai entrepris une étude générale de ces phénomènes de contact
et cette Note a pour but de résumer mes premières observations et les
résultats obtenus sur les alcools primaires de la série grasse.
» La méthode a consisté à faire passer un mélange d'air et d'alcool sur une spirale
portée au rouge. Le dispositif est analogue à celui que j'ai déjà publié ('). J'y ai
cependant ajouté quelques modilications qui s-eronl décrites dans un Mémoire plus
complet. A côLé de cet appareil, j'en ai imaginé un second qui permet d'étudier l'oxy-
dation des alcools par le noir de platine. Il consiste en une série de tubes en U, garnis
de fragments de pierre ponce auxquels on a fait absorber du noir de platine. Les
vapeurs d'alcool traversaient ainsi le système de tubes et pouvaient être ultérieurement
condensées et analysées.
» Le point important sur lequel j'ai fixé mon attention est la délimitation
nette du premier terme d'oxydation pour chacun des alcools expérimentés,
en dehors de la formation de produits de dissociation. Si, en etîet, on fait
passer, par exemple, des vapeurs d'alcool amylique dans un tube de
cuivre porté au rouge, on obtiendra un mélange de produits pyrogénés :
ce n'est qu'exceptionnellement que l'on pourra trouver le premier terme
immédiat et normal de l'oxydation de cet alcool. Lorsqu'on oxyde l'alcool
niélhylique parla spirale de platine, on obtient non seulement de l'altlé-
hyde méthylique, mais du méthylal et une certaine quantité d'autres pro-
duits. Il y a donc lieu de distinguer les corps obtenus par ces procédés en
produits immédiats d'oxydation et produits de dissociation ou de désagré-
gation.
» Un certain nombre de facteurs exercent une action sur les produits
d'oxydation d'un mélange d'air et de va[)eur d'alcool ; j'ai pu établir la na-
ture de quelques-unes de ces variations par des appareils et des méthodes
qui seront exposés adleurs.
» Les deux premiers alcools de la série ont spécialement servi à ce
genre d'étude. Dans tous les essais on a constaté la présence du méthylal
dans le cas de l'alcool méthylique et de l'acélal dans celui de l'alcool éthy-
lique. La production de ces combmaisons a lieu surtout à température
rouge très sombre. Le rendement en aldéhyde augmente avec la tempéra-
ture, tandis que la proportion de méthylal ou d'acétal diminue. En élevant
la température il se forme des quantités considérables d'acide carbonique;
on se trouve, dés lors, en présence de produits de pyrogénation.
» La réaction concernant la formation des acétals est réversible : en
(') Voir WnKTZ, Deuxième supplément, fasc. .34, p. 275.
( i2?9 )
faisant passer des vapeurs de méthylal ou d'acétal sur la spirale, une partie
est régénérée à l'élat d'alcool et d'aldéhyde. La chaleur due à cette disso-
ciation maintient la spirale à l'état incandescent.
I) Contrairement à l'opinion de plusieurs chimistes, l'eau n'est pas un
obstacle à l'oxydation des vapeurs d'alcool par l'action catalytique de la
spirale de platine. Pour le prouver, j'ai déterminé l'incandescence d'une
spirale de plaline par des mélanges de vapeurs d'eau, d'alcool et d'air, à
des températures inférieures à 200".
» Comme certains alcools ont un point d'ébullition très élevé et sont
décomposables à cette température, j'ai utilisé cette propriété en les
entraînant par de la vapeur d'eau sur la spirale de platine.
I J'ai démontré aussi dans mes expériences ipie l'alcool éthylique,
même en l'absence d'air, était susceptible de donner de l'aldéhyde acé-
tique.
» L'élude de l'oxydation des alcools primaires par le noir de platine et
les corps poreux au lieu de la spirale de platine, a prouvé d'une manière
générale que ce genre de réaction se limitait de préférence à la formation
de l'acide correspondant.
» Outre les alcools méthylique et éthylique, j'ai appliqué la méthode
aux alcools suivants : alcool propylique normal, alcools butylique normal
et iso[)ropylique, alcool isoamylique, alcool heptylique normal et alcool
octylique primaire.
» J'ai pu constater, dans les produits d'oxydation de tous ces alcools, la
présence de l'aldéhvde correspondante, que j'ai chaque fois caractérisée
par ses constantes physiques.
» Les rendements ont varié de 1,8 à i5 pour 100; je fais observer que
l'alcool non transformé peut être régénéré en grande partie.
» lies conclusions qui se dégagent des expériences sont les suivantes :
» 1° Tous les alcools primaires de la série grasse sont oxydables sous
l'influence (le la spirale de platine: 2° on peut limiter l'oxydation à l'al-
déhyde correspondante à l'alcool ; 3° la présence d'eau n'est pas un obstacle
à l'oxydation, elle peut même la favoriser; 4° les corps poreux et le noir
de platine, d:ins les conditions sous lesquelles j'ai opéré, donnent par oxy-
dation les acides correspondants plutôt que les aldéhydes; 5° la formation
des acétals, sous l'influence catalytique, est constante au moins pour les
premiers termes de la série grasse : en outre la réaction est réversible. »
( I23o )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la substitution du blanc de zinc à la cêruse
dans la peinture à l'huile. Note de M. Ach. Livache, présentée par
M. Troost.
« Dès 1782, Guyton de Morveau publiait, dans les Mémoires de V Aca-
démie des Sciences, un travail très étendu exposant les résultats des
recherches qu'il avait effectuées en vue de perfectionner la peinture à l'huile,
et il espérait alors que le blanc de zinc pourrait remplacer la céruse « dans
» la peinture des appartements moins pour ajouter un nouveau luxe à
» ce genre d'ornement que pour le salut des ouvriers et peut-être de ceux
» qui habitent trop tôt des maisons ainsi ornées ». Mais c'est en vain qu'en
1786 et en 1802 il renouvela ses efforts pour arriver à cette substitution.
On peut encore signaler un rapport de Fourcroy, Berthollet et Vauquelin
en 1808, et, enfin, les beaux travaux de Chevreul en i85o, à la suite des
résultats obtenus par Leclaire, Depuis, la question a été souvent reprise,
mais elle n'a pas fait de progrès sensibles et, jusque dans ces derniers
temps, on semblait accepter l'emploi de la céruse comme imposé par les
conditions d'un travail satisfaisant et économique.
» En présence des dangers d'intoxication saturnine dont des enquêtes récentes ont
montré la gravité, j'ai pensé qu'il y avait lieu de faire une étude méthodique de la
question. A cet effet, j'ai suivi la marche suivante : j'ai fait préparer par un ouvrier
expérimenté les divers produits employés dans la peinture à l'huile, couleurs et
enduits, à base de céruse et à base d'oxyde de zinc, puis, prenant les premiers comme
types, j'ai recherché au laboratoire les causes qui rendaient inférieurs les produits à
base de zinc. Ces causes une fois déterminées, j'ai établi des formules qui, reprises
par l'ouvrier, lui ont donné des résultats identiques aux produits à base de céruse.
» Cette étude m'a conduit aux règles suivantes :
» Pour les couleurs à l'huile : 1° Pour des poids égaux de matières
solides, les quantités de l'huile totale (huile contenue dans le produit
broyé + huile ajoutée) doivent être dans le rapport inverse des densités
des matières solides employées, considérées à l'état sec.
» 1° L'emploi d'une dose modérée de siccatif, soit i pour 100 de l'huile
totale, fera sécher la couleur dans les limites de temps imposées par la pra-
tique. Ce résultat sera obtenu avec certitude, sans que la peinture subisse
aucun jaunissement, en employant un siccatif tel que le résinate de man-
ganèse, complètement soluble à froid dans l'huile et d'une énergie remar-
quable.
( I23l )
» 3" Avec les quantités de matières solides et d'huile indiquées, le pouvoir
couvrant d'une couleur à base d'oxyde de zinc sera le même que celui d'une
couleur à base de céruse; l'expérience et le calcul montrent, en effet, que
les poids des matières solides déposées seront en raison inverse des den-
sités de ces matières solides prises à l'état sec; elles occuperont donc un
même volume sur une surface donnée.
M J'ai également étudié les enduits formés d'huile, de blanc de Meudon,
de céruse ou d'oxyde de zinc, el additionnés, suivant les cas, d'essence de
térébenthine. Ces enduits sont destinés à donner un fond homogène et
uni et, surtout, à rendre la surface du plâtre ou du bois imperméable,
afin que la couleur à l'huile, lors de son application, ne subisse aucune
modification de composition résultant de l'absorption d'une partie de l'huile.
» Les enduits sont peut-être la cause principale des intoxications saturnines, soit
que la nécessité du travail les maintienne en contact prolongé avec la peau, soit que,
par le ponçage à sec, ils se dégagent à l'état de fines poussières.
» En comparant, comme pour les couleurs, les enduits à base d'oxyde de zinc aux
enduits à base de céruse préparés par un ouvrier suivant ses errements habituels, et
pris comme types, j'ai déduit les règles suivantes :
» 1° Pour les enduits gras, le rapport du poids de l'huile au poids de
l'ensemble des matières soliiles, chacune de celles-ci étant convertie comme
poids en blanc de Meudon, d'après le volume qu'elle occupe, est repré-
senté par une constante.
» 2° La bonne tenue d'im enduit résultera surtout de l'état de porosité
des substances solides qui entrent dans sa composition.
» 3° La céruse ou le blanc de zinc n'ont d'autre rôle que de servir
d'excipient pour l'huile que le blanc de Meudon ne peut complètement
retenir par suite de sa porosité insuffisante.
)) L'expérience montre, en effet, qu'à la limite le carbonate de chaux
précipité, qui est d'une finesse et d'une porosité extrêmes, donne, sans
addition de céruse ou d'oxyde de zinc, des enduits identiques, comme
tenue et application, aux enduits à base de céruse.
M 4" L'oxyde de zinc pourra, sans inconvénient, être substitué à la
céruse dans un enduit gras, pourvu qu'il y entre à une teneur suffisante,
dont il est facile de déterminer le minimum.
» 5° hes enduits maigres elles enduits pour moulures, ces derniers devant
être appliqués à la brosse, peuvent être regardés comme dérivant d'un
enduit gras, rendu plus fluide par addition d'une quantité déterminée
d'huile et d'essence de térébenthine.
( 1232 )
» Les objections de prix de revient et de durée moindre ne semblent
pas fondées; pour la durée, en particulier, elle devient sans doute identique,
même pour les travaux extérieurs, grâce à la teneur plus forte en huile,
qui donnera un produit plus élastique et, par suite, moins sensible aux
variations de température.
» Du reste, un Mémoire relatant toutes les expériences que j'ai exécutées
en collaboration avec un de mes amis, praticien distingué, M. L. Potain,
et qui paraîtra prochainement dans le Bulletin de la Société d'Encoujagement
pour l'Industrie nationale, donnera les compositions et les prix de revient
tie tous les [)roduits à base d'oxyde de zinc que nous avons obtenus et qui
ont été reconnus comme donnant entière satisfaction au point de vue de
la pratique, tout en présentant le double avantage d'être inoffensifs et
moins altérables. «
ZOOLOGIE. — Le cycle évolutif des Orthonectides . Note de MM. Maurice
Cacllery et Félix Mesnil, présentée par M. Alfred Giard.
« Nous avons, il y a deux ans, dans une Note préliminaire (Co/nyO^e*
rendus, i3 février 1899), fait connaître trois espèces nouvelles d'Ortho-
nectides : deux d'entre elles (Rhopalura Metchnikovi et Rh. Julini) sont
dioïques, avec dimorphisme sexuel; la troisième diffère notablement îles
précédentes par la forme très allongée du corps et aussi par son herma-
phrodisme. Nous avons créé pour elle un genre nouveau, Stœcharthrum .
» Durant les étés de 1899 et 1900 nous avons recueilli de nouveaux
matériaux. Nous avons revu de nombreux exemplaires de nos espèces nou-
velles et nous avons étudié, tant à Wimereux qu'au cap de la Hague, le
Rhopalura de X Amphiura squamala. Enfin, nous avons découvert un autre
hôte pour les Orthonectides. C'est un Némerlien du sable (voisin de Tetra-
stemma flavidum) qui vit côte à côte avec Spio Martinensis. Comme elle, et
dans la même zone, il est parasité par Rh. Metchnikovi; mais, en plus, il
renferme d'autres formes rappelant d'assez près (quoique aynnt des carac-
tères nettement distincts) les formes femelles de Rh. Metchnikovi, mais
hermaphrodites : la masse ovulaire (le nombre des ovules dépasse vingt,
alors que ce chiffre n'est jamais atteint chez Rh. Metchnikovi) porte latéra-
lement, vers le milieu de sa longueur, une plage spermatique.
» Nous en tirons un argument nouveau en faveur de l'idée que nous avons
déjà émise que, chez les Orthonectides, comme dans beaucoup d'autres
groupes du règne animal, l'hermaphrodisme se greffe sur le sexe femelle.
( 1233 )
» Nous insisterons sur tous ces faits de variété sexuelle dans un Mémoire
détaillé. Nous voulons aujourd'hui appeler l'attention sur la manière de
comprendre le cvcle évolutif des Orthonectides. Dans une seconde Note
de 1899 (^Comptes rendus, 20 février), nous avons déjà exposé nos idées
à cet égard. Mais elles reposaient surtout sur l'étude assez complète que
nous avions faite des sacs plasmodiaux de Slœcharthrum Giardi, espèce
aberrante dans le groupe; nous avons depuis cherché à étendre nos con-
statations aux autres formes que nous avons eues sous les yeux et en par-
ticulier à Rh. ophiocomœ. Le but de la présente Note est donc de tenter
une généralisation de nos premiers résultats.
» Toutes les formes sexuées d'Orlhoneclides sont toujours, chez l'animal parasité,
dans des masses pliirinucléées {sporocfstes deGIaid, Plasniodialschlaiic/ie de Metch-
nikoll), des plastnodes au sens précis du mot, capables de s'accroître, de se multi-
plier par fractionnement, de se mouvoir ('), en un mot doués d'une véritable auto-
nomie. Ce sont ces plasmodes qui propagent l'infection dans l'animal parasité. Ce
sont eux qui donnent naissance, par voie endogène, aux formes ciliées sexuées. A cet
égard, l'analogie avec les sporocystes des Trématodes, indiquée par Giard, est parfai-
tement fondée.
» Une couche mince de protoplasme s'individualise autour d'un noyau; une cellule-
germe, de très petite taille, est ainsi constituée. Tantôt (c'est le cas général), cette
cellule, sans accroissement préalable, se divise pour donner un embryon. Tantôt (/?A.
ophiocomœ) , avant toute division, il y a une période de croissance; la cellule-germe
rappelle alors, par sa taille, un ovule ; mais elle en diffère, non seulement par son ori-
gine, mais encore par la présence constante d'un gros nucléole qui manque aux
ovules mûrs.
.) La segmentation des cellules-germes, égale ou subégale, conduit à une morula
solide qui, par dclamination secondaire, donne une planula dont la couche in-
terne va constituer la masse génitale. Nos observations nous font penser que ce
processus, bien figuré par Melchnikoff en ce qui regarde Rh. Intoshi, est général.
Il existe en particulier pour le mâle de Rh. ophiocomœ {cf. Metchnikoff). Pour la
femelle, nous sommes d'accord avec Giard et Metchnikoff pour reconnaître, comme
stade de début, une blastula dont toutes les cellules, formant une couche unique,
s'orientent vers le centre où, quelquefois, existe une petite cavité. Nous n'avons
jamais observé d'épibolie.
» Les embryons de toutes les espèces, aux stades de segmentation, s'accroissent aux
dépens du plasraode qui les renferme; en règle, chaque cellule d'un de ces stades est,
à elle seule, aussi grosse que la cellule-germe du point de départ. Cet accroissement
s'arrête sans doute quand l'embryon, bien avant d'être adulte, acquiert des cils; alors
(') Nous avons observé nettement le mouvement pseudopodique des plasmodes de
Rh. Metchnikoi'i, chez Tetrastemma, confirmant ainsi les observations de Metch-
nikoff pour ceux de Rh. ophiocomœ.
C. li., 1901, 1" Semestre. (T. CXXMI, N" 30.) I ^^9
( '^3^ )
les liansl'orniations consistent en un étirement du corps et une maturation des pro-
duits génitaux.
» MetchnikofT a trouvé que certains plasmodes de N/i. Inloshi renferment à la
fois des mâles et des femelles; chez Hh. Metckniko^'i et probablement aussi chez
Rh. Julini, cet hermaphrodisme des plasmodes est la règle générale. On trouve aussi
des plasmodes hermaphrodiles chez RIi. ophiocomœ, comme Kœhler l'a signalé le
premier, et comme nous l'avons vérifié à la fois par l'examen à l'état frais et sur des
coupes sériées; mais ils sont très rares.
» Les formes sexuées ciliées ne dérivent donc pas directement des œufs des femelles
mûres. L'évolution de ces oeufs, en règle générale, ne doit pas se faire chez l'animal
parasité. Il est vraisemblable que les formes sexuées mûres s'échappent dans le milieu
extérieur et que c'est dans la mer qu'ont lieu la fécondation et le début de l'évolu-
tion de l'œuf fécondé. Puis, sous une forme encore inconnue, l'infection de nouveaux
hôtes a lieu, et elle se manifeste d'abord par les plasmodes qui s'étendent peu à peu
de proche en proche; au bout d'un certain temps, des embryons, puis des formes
ciliées apparaissent à leur intérieur, dans la région centrale d'abord.
» En résumé, le cycle évolutif des Orthonectides comprend au moins
deux termes bien liistincts, ayant chacun leur individualilé : les plasmodes,
les formes ciliées sexuées; il y a, si l'on veut, alternance de générations.
» Les deux espèces dioïques que nous avons fait connaître et la lih. Intoshi
de Metchnikoff n'ont qu'une seule sorte de femelles; la Rh. opluocomœ.
fait-elle exception à cette règle? Certainement, il existe un pléomor-
phisme des individus adultes ou paraissant tels; et l'on trouve des formes
qui, évidemment, se rapportent aux femelles cylindrique et aplatie de
Julin. Mais les différences entre ces deux sortes d'individus ne sont pas
aussi tranchées que l'indique Julin; en particulier, le bourrelet ectoder-
mique latéral du second anneau existe chez les uns comme chez les autres;
il y a, en plus, des intermédiaires entre ces deux foriïies cxtrêtiies.
» Mais, alors même qu'il y aurait dimorphisnie des femelles, nous ne
pensons pas que l'une soit pondeuse de mâles et l'autre de femelles. L'exis-
tence de plasmodes hermaphrodites et l'origine des cellules-germes s'op-
posent formellement, à notre sens, à l'acceptation de cette manière devoir.
» Et, par une intéressante coïncidence, la question du dimorphisme des
formes femelles de Dicyémides paraît aussi devoir être tranchée par la
négative à la suite des observations précises de Wheeler (/oo/og". Anzeiger,
avril 1899), qui ont paru peu après nos premières Notes.
» Avec les plasmodes hermaphrodites des Orthonectides et la cellule
axiale à hermaphrodisme successif des Dicyémides, le parallélisme entre
les cycles évolutifs des deux groupes reste aussi étroit qu'il semblait l'être
avec les conceptions anciennes. »
( 12^5 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur un glucoside caractérisant la période
germinative du Hêtre. INote de M. P. Tailleur, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Lorsqu'on écrase l'axe liypocotvlé d'un Hêtre en germination, on per-
çoit nettement l'odeur de l'essence de Winlergreen. Cette essence est
constituée presque en totalité par de l'élher méthylsalicylique. On sait que,
pour l'obtenir, on distille, en présence de l'eau, des tiges et des feuilles
du Gaultheria procumhens et que sa production est due à l'action d'une
diastase sur un glucoside.
» I^a présence d'un ferment soluble et d'un glucoside a été constatée
chez diverses autres plantes : dans la racine des Polygala vulgaris et cal-
carea, (\es Spirœa Ulmaria, S. Filipendula et >S. salicifolia; dans les pétales
et les feuilles de quelques Azalea. dans l'écorce du Betula lenta; enfin,
récemment dans le Monotropa Ilypopitys(').
» I^e fait que j'ai signalé plus haut chez le Hêtre, et qui n'avait pas
encore été constaté, rend probable l'existence de semblables corps dans
les plantules de celte espèce. L'origine de l'éther méthylsalicylique y serait
la même que chez les plantes déjà citées.
)) Pour rendre cette explication certaine, il est indispensable de mettre
en évidence l'existence d'un glucoside et d'une diastase et de caractériser
l'acide salicyliqiie.
» Pour isoler le glucoside d'une part et le ferment soluble d'autre part,
j'ai opéré de la façon suivante :
» J'ai fait deux lots des jeunes Hêtres recueillis. Pour le premier lot, je découpe,
sans les écraser, les axes hypocotylés en petits fragments que je fais tomber dans de
l'alcool très concentré, à gS" au moins, bouillant. Toute diastase susceptible de
dédoubler un glucoside est détruite. L'ébullition est prolongée pendant une vingtaine
de minutes, puis le tout est maintenu, pendant vingt-quatre heures, à une température
d'environ 5o° au bain-marie. L'alcool a pu ainsi bien pénétrer dans les tissus et
dissoudre complètement le glucoside. On filtre et l'on fait évaporer le liquide douce-
ment, à une température ne dépassant pas 60°. On obtient ainsi un glucoside brun
(') BouRQCHLOT, 1° Sur la présence de l'éther méthylsalicylique dans quelques
plantes indigènes {Journal de Pharmacie et de Chimie, 1891); 2° Sur la présence,
dans le Monotropa Ilypopitys, d'un glucoside de l'éther méthylsalicylique et sur te
ferment soluble hydrolysant de ce glucoside ( Id., 1896).
( 1236 )
rougeâlre, sirupeux, qui ne possède aucune odeur rappelant l'essence de Wintergreen
et qui contient le glucoside.
» Pour le second lot, je triuire les axes hypocotylés dans de l'alcool à 96° froid et
les y laisse macérer quelques heures. J'exprime le jus et je soumets le résidu à deux
nouveaux traitements identiques. Tout le glucoside a été enlevé par l'alcool et la
diastase reste dans la pulpe obtenue. Cette pulpe n'exhale aucune odeur caracté-
ristique.
)) Si, maintenant, je délaie dans quelques gouttes d'eau une petite quantité de
l'extrait sirupeux obtenu avec mon premier lot de plantes, et que j'y ajoute une
pincée du résidu fourni par le second lot, j'obtiens immédiatement l'odeur caracté-
ristique de l'essence de "Wintergreen, c'est-à-dire de l'éther méthylsalicylique.
» En outre, ce mélange contient du glucose, car il réduit très énergiquement la
liqueur de Fehling.
» Il n'est donc pas douteux que l'on est en présence d'un glucoside qui
a été dédoublé par une diatase. Ce glucoside est vraisemblablement le même
que celui du Gaultheria procumhens.
» Il est facile de déceler l'existence de l'acide salicylique dans la plan-
tule de Hêtre écrasée au contact de l'eau : on broie les axes hypocotylés avec
quelques gouttes d'eau, et on laisse macérer deux ou trois heures, puis on
ajoute une certaine quantité d'eau et l'on distille. Le produit obtenu émet
très nettement l'odeur du salicylate de méthyle.
» Pour mettre, chimiquement, ce produit en évidence, on ajoute à la liqueur dis-
tillée quelques gouttes d'une lessive de soude qui produit la saponification de l'éther.
>) Si l'on veut obtenir une saponification complète, il faut avoir soin de prolonger
l'action pendant au moins vingt-quatre heures à une température d'environ Se". On
ajoute ensuite, goutte à goutte, de l'acide sulfurique pour neutraliser la soude et rendre
la liqueur légèrement acide.
» L'acide salicylique étant ainsi mis en liberté, on traite alors quelques centimètres
cubes de cette liqueur par le perchlorure de fer; on voit apparaître une belle colora-
tion violette. Cette réaction est caractéristique de cet acide.
» D'autre part, la même liqueur, traitée par l'éther ordinaire, abandonne à cet étlier
tout l'acide salycilique. Par évaporation lente et spontanée de ce dissolvant, on obtient
l'acide sous forme cristalline. En dissolvant dans de l'eau une trace de ces cristaux et
faisant agir le perchlorure de fer, on reproduit la même coloration violette.
» Le glucoside du Hêtre se forme au début de la germination, car il
n'existe pas dans la graine, et il ne tarde pas à disparaître, dès la première
année, quand la plantule est arrivée à un certain développement. Il est
localisé dans l'axe hypocotylé et aussi un peu dans le sommet de la racine. Il
n'existe pas dans les cotylédons, pas plus que dans les tiges et les feuilles
ordinaires.
( 1237 )
» On peut donc dire que la présence de ce corps caractérise la période
£;ermi native du Hêtre.
M Or, on sait que pendant la germination les substances nutritives des
cotylédons se rendent dans l'axe hypocotvlé où elles sont transformées
avant de servir au développement de la plante. On sait aussi que le rapport
du volume d'acide carbonique émis au volume d'oxygène absorbé s'abaisse
beaucoup pendant la germination, de sorte qu'il y a oxydation.
» Ces faits, dans le cas particulier du Hêtre, semblent en corrélation,
d'une part avec la localisation du glucoside dans l'axe hypocotylé, d'autre
part avec l'existence de ce corps, limitée à la période germinative.
» En résumé, la plantule du Hêtre contient un glucoside et une diastase
qui, sous l'action de l'eau, donnent naissance à de l'ether niélhyisalicylique et
à du glucose assimilé par la plante.
» Cette réaction, localisée dans l'axe hypocotylé, ne se produit ni dans
la graine, ni dans la plantule âgée.
» La formation de l'èlher méthylsalicylique est donc caractéristique de la
période germinative du Uêtre. »
PÉTROGRAPHIE. — Sur la classification pétrographique des schistes de Casanna
et des Alpes valaisannes. Note de M. L. Dupahc, présentée par M. Fouqué.
« Les études que je poursuis depuis |)lusieurs années sur les schistes de
Casanna du Valais m'ont permis de distinguer un certain nombre de types
qui se retrouvent fréquemment dans la formation, et dont je résumerai
brièvement les caractères :
» 1. Micaschistes et gneiss à mica blanc. — Ces roclies, très cristallines, forte-
ment micacées, souvent miroitantes et satinées, sont généralement de couleur claire;
clans les variétés gneissiques, elles sont souvent glandulaires. Elles sont formées par
la réimion d'une miiscovite en lamelles plus ou moins larges, avec des grains de
quartz. Souvent les lamelles de mica sont uniformément réparties parmi les grains
quartzeux; d'autres fois, des lits quartzeux alternent avec d'autres micacés; d'autres
fois encore, quand le mica domine, le quartz grenu se dispose volontiers en lentilles.
Le développement d'orthose ou d'albite fait passer cette roche au gneiss, le feldspath
paraît alors s'être développé après les autres éléments qu'il empâte, il forme des glan-
dules qui enserrent les lamelles de mica.
» Le rutile, en fines aiguilles màclées et terminées, est disjjersé partout; la chlorite
figure fréquemment comme élément accessoire, de même que le grenat incolore, l'épi-
dote, la magnétite, et plus souvent le sphène et la hornblende. Ces roches, comme
( 1238 )
d'ailleurs loiiles celles de ladite formalioii, présentent toujours de très beaux plissot-
tements microscopiques.
» 2. CIdorito-schistes et gneiss chloriteux. — Ce sont des roches vertes, très
schisteuses, dont les éléments constitutifs sont généralement la chlorite, le quartz et
le spliène. Leur structure est assez variée. En général, la chlorite en lamelles vertes,
serrées, dessine une espèce de réseau qui emprisonne de petits grains de quartz,
tandis que le sj.hène est distribué dans toute Ja masse. D'autres fois, lorsqu'il y a
développement d'albite, les plages irrégulières et dentelées du feldspath sont encas-
trées dans une masse verte, formée exclusivement de chlorite avec développement de
quelques gros cristaux d'épidote ; le sphène manque alors ou est fort rare.
» 3. Schistes et gneiss chlorilo-micacés. — Ces roches, comme faciès, rappellent
beaucoup les micaschistes et y sont étroitement liées. La chlorite s'y développe en
abondance, et devient un élément constitutif aussi important que la muscovite. Elles
sont d'habitude largement cristallisées, et formées soit par des zones quartzeuses et
chlorito-micacées qui alternent, soit par une masse schisteuse, formée par la répartition
égale de ces divers minéraux.
» Quand i'orlhose ou l'albile s'y développent, c'est toujours sous forme de cristal
glandule, englobant à la fois la chlorite et la muscovite, et fréquemment surchargé de
petits grenats incolores. Le rutile en fines aiguilles affecte dans ces roches la même
disposition que dans les micaschistes.
» h. Schistes calcaréo-micacés et clilorileiix. — Ils se rattachent aux caté^^ories
qui précèdent, mais s'en distinguent par la présence de la calcite qui peut y devenir
exceptionnellement abondante. Ils se composent d'une réunion schisteuse de grains de
quartz, de calcite, de lamelles de muscovite et de chlorite, avec ou sans feldspalhs. La
calcite est disséminée régulièrement parmi les éléments, ou s'accumule sur certains
points. L'épidote n'est point rare, le sphène est abondant dans les variétés chlori-
teuses.
» 5. Schistes amphiholiques. — Ces derniers paraissent jusqu'à présent plutôt
rares dans la formation. Ils sont constitués par l'association de petits prismes de
hornblende vert bleuâtre très polychroïque, avec des grains d'épidote et un peu de
quartz. La hornblende est de beaucoup l'élément qui prédomine, le sphène n'est
point rare, le feldspath (orthose ou albile) s'y rencontre aussi en petits grains.
» G. Sc/nsles à glaucophane. — Ces belles roches se rencontrent fréquemment
dans le complexe si varié des schistes de Casanna, elles présentent des types pélro-
graphiques assez difTérenls. Le plus fréquent est une roche finement grenue ou mieux
fibreuse, grisâtre ou légèrement violacée par places, qui sous le microscope est formée
par l'association intime de glaucophane, d'épidote, de sphène, de muscovite et de cal-
cite. La glaucophane est exceptionnellement abondante dans cette variété et forme au
moins les 3o pour loo de la roche.
» Des zones riches en glaucophane alternent avec d'autres chargées d'épidote mêlée
à de la muscovite et de la chlorite; toute la masse schisteuse est zébrée de traînées
continues de produits ferrugineux opaques. Le sphène est concentré en lentilles sur
certains points.
» Un autre type moins fréquent montre la glaucophane associée à de la chlorite qui
forme le canevas de la roche. Les cristanx de glaucophane sont alors disséminés dans
( I^% )
la masse chloriteuse, en compagnie de gros grains de sphène, de prismes tréjjidole eL
de grandes plages d'albile empâtant les éléments précités.
» Un troisième type, enfin, montre la roche formée en majorité par de grands
prismes d'épidole réunis par du quartz. La glaucophane, rare dans ce type, se pré-
sente en longs prismes envelop[)és de cliloiite et de muscovite.
» 7. Schistes à chloriloide. — Ils paraissent assez rares et sont comme structure
très analogues aux micaschistes. Ils sont formés par une masse schisteuse et froissée
de grains de quartz, de lamelles de chlorite d'un vert foncé et de muscovite qui,
comme structure, rappelle absolument les schistes chlorito-niicacés. Le chloriloïde en
cristaux, màclés, très polychroïques, d'un vert bleuâtre, est disséminé partout. H n'est
point très abondant.
» Les ditïérenls types que je viens d'indiquer peuvent être considérés
comme principaux; ils sont accompagnés d'une foule de variétés ou de
formes transitoires moins importantes et surtout moins fréquentes. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur l'électrolyse des tissus animaux.
Note de MM. Bokdier et Gilet, présentée par M. d'Arsonval.
« Lorsqu'on a soumis un tissu vivant, par exemple une tumeur érectile,
à l'électrolyse pendant un certain temps, on voit apparaître, si l'on ren-
verse le courant, certains phénomènes qu'on ne rencontre pas, dans les
mêmes conditions, avec les électrolytes ordinaires.
» Ce sont ces phénomènes que nous étudions, et nous nous sommes
adressés tout d'ahord à des tissus morts. Nous avons employé successive-
ment les méthodes monopolaire et bij)olaire, en nous servant d'aiguilles de
(lifiérents métaux, les uns ne se laissant pas attaquer pendant l'électrolyse,
les autres au contraire se laissant ilissoudre.
» 1° Aiguilles en platine. — Dans une première série d'expériences on a utilisé un
courant de 5o railliampères pendant cinq minutes, soit une quantité d'électricité de
i5 coulombs.
» Au bout de ce temps, le courant était interrompu, la polarité des aiguilles était
ensuite renversée, puis le courant était fermé de nouveau, sans toucher au rhéostat.
Nous avons alors constaté, chaque fois, que l'intensité monte immédiatement à 5i ou
02 milliarapères, [tour descendre presque aussitôt et brusquement (en quatre à cinq
secondes) à i ou 2 milliampéres.
» En même temps, on note la disparition, au niveau des aiguilles, des bulles
gazeuses ([ui s'y formaient pendant le passage du courant primitif; à la place, on
remarque de nombreuses petites étincelles accompagnées de fumée ayant l'odeur de
viande grillée. Si l'on veut ensuite retirer les aiguilles, on trouve qu'elles sont adhé-
( I2/|0 )
renies au lisbu; une coupe faite dans un plan passant par la direction de cliaque
aiguille nionlie l'existence d'une ligne jaunâtre entourée d'une zone d'action chi-
mique, zone d'aspect variable suivant le pôle correspondant à l'aiguille, blanchâtre au
pôle positif, brunâtre et d'aspect colloïde au pôle négatif.
» En mesurant la force électromotrice de polarisation créée par le passage du cou-
rant primitif, nous l'avons trouvée égale à 0,0294 volt.
» 2" Aiguilles en mélaux attaquables (cuivre, fer, zinc). — Les résultats obtenus
différent des précédents : quand le courant a été renversé, on voit toujours disparaître
le liquide qui s'était formé pendant le passage du courant primitif autour de l'aiguille
positive.
» Dans certains cas, où l'intensité primitive était de 3.5 milliampères, on a constaté,
après le renversement, une intensité de 36 milliampères qui descendait à 11 milliam-
pères, puis remontait à 36 milliampères au bout de quelques minutes : dans ces cas-là,
le liquide formé autour de l'aiguille positive ne disparaissait pas complètement.
)i Nous avons alors repris nos expériences avec des aiguilles de platine et nous avons
placé, après le renversement du courant, une goutte d'eau autour de l'aiguille posi-
tive; aussitôt l'intensité remontait, puis retombait à 2 milliampères. Mais si l'eau
ajoutée est en plus grande quantité, le courant remonte à sa valeur primitive et s'y
maintient à peu près.
M Cette expérience pi'ouve que la condition nécessaire pour que le cou-
rant ne subisse pas une chute sensible après le renversement, c'est la
présence constante, au niveau des aiguilles, d'un électrolyte en quantité
suffisante pour imprégner les tissus. ><
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la formaùon de V urée par l'oxydation de l'albu-
mine à l'aide du persulfate d'ammoniaque. Note de M. L. Hugounexq,
présentée par M. Arm. Gautier.
« Eu poursuivant les recherches dont j'ai déjà entretenu l'Académie sur
l'oxydation par les persulfates alcalins de quelques principes immédiats de
l'organisme, j'ai été amené à étudier l'action de ces sels sur l'albumine de
l'œuf.
» A de l'albumine dissoute dans l'eau qu'on maintient ammoniacale pendant toute
la durée de l'opération, on ajoute peu à peu du persulfate d'ammoniaque, la tempéra-
ture du liquide ayant été portée à 90" environ. Dans une expérience on a fait réagir,
sur 78'' d'albumine, 100''' de persulfate, ce qui correspond, pour une molécule d'albu-
mine, aux 616 molécules d'oxygène nécessaires pour faire subir à l'albumine une
combustion complète en C0% H^O, Az, et SO*IP.
» Quand la réaction est terminée, on évapore et l'on ajoute au résidu un grand excès
d'alcool. Ce dernier, séparé par fillralion du sulfate d'ammoniaque puis distillé,
( 124. )
laisse un magma cristallin d'où l'on extrait l'urée par l'alcool étliéré. On purifie l'urée
en la transformant en nitrate qu'on décompose par la méthode habituelle pour régé-
nérer l'urée.
» L'urée ainsi obtenue a été caractérisée par ses propriétés physiques,
son point de fusion i3i°, ses réactifs ordinaires (hypobromite, azotate
mercurique, acides nitrique et oxalique), et par un dosage d'azote.
» Pour oS'',209i de matière, on a obtenu os',6-44 de platine du chloroplatinate,
soit, en centièmes :
Calculé
Trouvé. pour Cll'Az-0.
Az 46, 5 1 46,66
» La quantité d'urée obtenue varie avec les conditions de l'expérience et
principalement suivant les poids de ])ersulfate employé. J'ai pu isoler
jusqu'à 5 parties d'urée pour 100 d'albumine oxydée.
» La production d'urée par l'oxydation in vitro des matières protéiques
fut annoncée pour la première fois par Béchamp, en i856 ('); ce savant se
servait, comme source d'oxygène, du permanganate de potasse. Ses résul-
tats, d'abord contestés par de nombreux auteurs, furent pleinement con-
firmés par Ilofmeister qui, en 1896, mettait hors de doute la présence
d'une certaine quantité d'urée dans les produits de la réaction du perman-
ganate sur l'albumine. Je viens d'établir que les persulfates alcalins, eux
aussi, détruisent les albumines en donnant de l'urée.
» La formation de l'urée par oxydation in vitro des matières protéiques
est donc un fait définitivement acquis et, semble-t-il, d'ordre général. Bien
qu'on ne puisse pas conclure des actions brutales de nos réactifs à la bio-
chimie cellulaire, il est bien difficile de ne pas attribuer à l'oxydation une
part dans la genèse intra-organique de l'urée. Sans doute, il est démontré
aujourd'hui, depuis les travaux de M. Armand Gautier, que l'hydrolyse des
matières protéiques est un facteur de l'tu'éopoïèse; mais la production si
facile de l'urée par oxydation des albumines et, d'un autre côté, l'impor-
tance des procès oxydants dans l'économie autorisent à penser aussi qu'une
fraction non négligeable de l'urée physiologique doit son origine à l'action
de l'oxygène sur les albumines des aliments et des tissus. »
(') Anit. de Chim. et de Phys., t. XLVIII, p. 348; i856.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CWXII, N" 20.) itio
( 12/(2 )
PHYSIQUE DU GLOBE . — NoineUes observations sismologiques faites à Grenoble.
Note de M. W. Kilia\, présentée par M. Michel Lé\y.
« Les appareils sismogiaphiquesile la Faculté des Sciences de Grenoble
(sismographe avertisseur Kilian-Paulin et sismographe Angot) ont enre-
gistré, ces derniers temps, plusieurs secousses intéressantes à divers titres.
» T.a phis importante vient d'avoir lien dans les conditions suivantes :
» Le i3 mai 1901, à 8''3r"3o* du malin (lieure de Paris), se produisit un des
ébranlements les plus forts qui aient été enregistrés à Grenoble depuis une douzaine
d'années. Cette secousse actionna non seulement l'appareil avertisseur Kilian-Paulin,
mais aussi le sismographe Angot, dont les graphiques accusèrent une déviation brusque
de 9°"", 5 pour le pendule oscillant de l'est à l'ouest, déviation de 5"'"> pour le pendule
se déplaçant du sud au nord. D'après le sismographe Kilian-Paulin, la direction de
l'ébranlement était nettement S.O.-N.E. 11 n'y a pas eu d'oscillation verticale.
» La secousse a été ressentie par un certain nombre d'habitants de Gienoble,
notamment par M. Fournier, correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté de
Droit de l'Université, qui nous en a donné une attestation écrite. Les suspensions ont
oscillé d'une façon très sensible dans les appartements. Mais c'est dans le déjwr-
tement de la Drôme que ce séisme a été perçu avec le plus d'intensité. Le Lyon rcpu-
blicain et le Nouvelliste de Lyon du i/J mars rapportent que le tremblement de teire
du i3 mars a été vivement ressenti à Valence, Aousie, Crest, Saillans, IMontélimar.
Des rensein-nements particuliers nous apprennent qu'il en a été de même à Vesc et à
Dieulefit. Dans toutes ces localités, le phénomène a débuté entre Si" 20'" et 8'>25'" du
matin. D'après les habitants, sept ou huit oscillations ont été perçues; à Crest, les
maisons ont vacillé, les meubles se sont déplacés, les cloches de l'horloge munici-
pale ont tinté; à Saou.un rocher s'est effondré et a détruit six maisons; à Saillans, un
bruit sourd aurait été entendu et des tonneaux se sont mis à rouler sur le quai de la
«are. A Valence on aurait constaté, au moment où s'est produit le pliénoniène, une
brusque et notable élévation de température. D'après ce qui précède, l'épicentre de ce
séisme était situé sur le bord de la chaîne des Alpes, dans les environs de Crest et du
massif de la forêt de Saou; les secousses se seraient propagées jusqu'à Grenoble en
suivant la zone extérieure des Alpes (chaînes subalpines). Ce tremblement de terre
rentre par conséquent dans la catégorie des Iremblenienls de terre tectoniques (').
(M Les séismes locaux ont été depuis deux ans relativement fréquents dans les
Alpes françaises.
C'est ainsi que, le i" mars 1900, des secousses ont été ressenties dans les Basses-
Alpes et ont donné lieu aux observations suivantes : Le jeudi i-^'' mars 1900, à Sis-
teron (Basses-Alpes), on a ressenti deux secousses séismiques.
D'après M. Tardieu, pharmacien, le phénomène a suivi la marche suivante :
« Direction apparente des mouvements de la première secousse : N.O.-S.E.
( '243 )
» Indépendamment de ce séisme, qui paraît avoir été localisé dans la
région du Sud-Est ('), les appareils de notre Faculté ont enregistré cet
hiver des secousses lointaines à propagation rapide dont l'importance et la
signification paraissent plus générales. Je signalerai les suivantes :
» 1° Le 24 novembre 1900, à 8''3()"' ( lieiue de l'aris) du malin, le sismographe aver-
tisseur signalait une secousse de direction N.-S.
)) D'après une conimunication de la station sismologique de Strasbourg, ce même
ébranlement a été enregistré à Hambourg, à Laibach et dans plusieurs stations
d'Italie; en réduisant les indications horaires à l'heure de l'Europe centrale, la station
de Strasbourg a dressé le Tableau suivant pour le début du phénomène :
» Grenoble, 9'' 10'" (^ S'" 20'", heure de Paris); Laibach, q'mo'" enviion; Pola,
9''8'"3»; Casamicciola, gi-S'^'iS^; Batavia, 9''i5'"8'.
» 2° Le 35 décembre 1900, à 5''28™3o'' (heure de Paris) du matin, le sismographe
avertisseur Kilian-Paulin accusait une secousse dirigée N.E.-S.O.
)) D'après la station sismologique de Stiasbourg, ce même ébranlement a été enre-
(5''37"' du malin, heure de Paris). Quant à la deuxième secousse, deux à trois mi-
nutes plus tard, le mouvement paraissait venir de bas en haut, de l'intérieur de la
terre à la surface de la croûte terrestre. Il ne m'a pas paru, dit M. Tardieu, qu'il y eût
d'oscillations horizontales. Durée de la première secousse : environ cinq secondes. »
A Digne (Basses-Alpes), M. Ziircher, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
indique, le même jour, une première secousse à 5''5o"' du matin (heure de Paris), et
une deuxième, plus faible, trois ou quatre minutes après.
« Tout le monde, dit-il, a ressenti le mouvement à Digne, mais il n'y a pas eu de
dégâts; chez moi, les sonnettes n'ont pas retenti et quelques fissures de plafonds n'ont
pas joué; une tuile a laissé tomber quelques éclats.
» Les secousses ont été très nettement accompagnées d'un bruit analogue à celui
d'une rafale de tempête, .\utant que j'ai pu m'en rendre compte, l'ondulation était à
peu près dirigée suivant le méridien. »
Ces phénomènes ont été purement locaux, car le séismographe de la Faculté des
Sciences de Grenoble n'a enregistré, ce jour-là, aucune secousse.
Il s'agit là encore d'un tremblement de terre tectonique qui est demeuré localisé
très nettement au voisinage des lignes de contact anormal qui limitent les écailles
de refoulement décrites par MM. Haug et kilian entre Gap et Digne et qui, en dehors
de cette région disloquée, a été à peine sensible.
Le 26 décembre 1900, les journaux ont signalé, à Chambéry, une forte secousse
séismique accompagnée d'un brinl sourd qui n'a eu d'action ni sur le séismographe
de Grenoble ni sur celui de Genève. Celte secousse, de direction N.E.-S.O., aurait
eu lieu à n''i5"' du soir et aurait été observée par un grand nombre de personnes.
(') Il ne nous est pas encore parvenu de renseignements sur les observations qui
ont pu être faites dans les stations étrangères relalivemeut à la secousse du i3 mai.
( 1244 )
^islré à Holienlieitn, à Pola, a Laibach, à Casamicciola et dans loules les slalions
ilalieniies, ainsi qu'à Batavia, aux heures suivantes (début du phénomène) :
» Grenoble, G'Mg'^g'' (heure de l'Europe centrale) [=3 5''28'"3o* (heure de l'aris)];
HoluMihoim, 6''i6™49'; Pola, 6'^i6"'4''; Laibach, 6''i7"'i i'; Casamicciola, G''iG"'4o'';
Batavia, 6''i5"',o.
» 11 est facile, d'après ces données, de calculer la vitesse de propagation de ces
ondes séismiques.
» A rencontre des' séismes locaux et tectoniques susmentionnés, ces dernières
secousses n'ont été perçues par personne et n'ont été accompagnées d'aucun liruil.
» La station sismologiqiie de Grenoble est la seule en France qui enre-
gistre régulièrement, non seulement les ébranlements locaux, mais des
secousses lointaines. Il serait à désirer qu'elle soit pourvue des ressources
nécessaires à l'entretien et au développement de son outillage; la création
d'autres stations analogues en France permettra seule, du reste, de tirer
des indications qu'elle donne tout le parti possible, en fournissant le moyen
de calculer exactement la vitesse de propagation des ébranlements de la
croûte terrestre dans les différentes régions de notre territoire et en four-
nissant le moyen de distinguer d'une façon précise les séismes locaux à
épicentre limité des vibrations générales afTectant de grandes portions de
l'écorce du globe. »
M. S. Kaxtou, en réponse à une Communication de M. Enriqucs du
4 février dernier, adresse une courte Note dans laquelle il rappelle qu'il a
cité le Travail de M. Enriques dans un Mémoire paru au mois de janvier
dans V American Journal.
M. E. DuMESxiL adresse une Note sur « un procédé de détermination de
la densité des corps solides ».
M. A. Netter adresse une Note ayant pour titre : « Fonctionnement du
cerveau dans l'évolution de la parole intérieure ».
M. Frédéric ÏIessei.grex adresse un Mémoire sur la gamme musicale.
La séance est levée à 4 lieures trois quarts.
G. D.
( i24.'5 )
BCI.LETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages biîçls DA^s la séa:sce du i3 mai igoi.
Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographique, par
le Colonel A. Laussedat. Membre de l'Instilut ; l. II, I" Partie : Iconomd-
trie et Métrophoto graphie. Paris, Gauthier-Yillars, 1901; i vol. in-8".
(Hommage de l'Aiileur.)
Coup d'œil rétrospectif sur la lunetterie, précédé de recherches sur l'origine
du verre lenticulaire et sur les instruments servant à la vision, par Joseph
RouYER. 2* cdilion. Paris, chez l'Auteur, 1901 ; i vol. in-8°. (Présente par
M. Cornii.)
Matériaux d'étude topnlogique pour l'Algérie et la Tunisie, 2* série.
(Cahiers du Sen-ice géographique de l'Armée, n" 14.) Paris, impr. du Ser-
vice géographique de l'Armée, 1901; i fasc. in-S". (Présenté par le Géné-
ral Bassot. )
Mémoires de la Société zoologique de France, année 1900, t. XIII. Paris,
1900; I vol. iri-8".
Société de Médecine légale de France. Bulletin; t. XVI, F* Partie. Cler-
niont (Oise), impr. Daix frères, 1899; i vol. in-S".
Mémoires publiés par la Société nationale d'Agriculture de France,
». CXXXIX. Paris, Chamerot et Renouard, 1901; i vol. in-8°.
Société nationale d' Agriculture de France. Séance publique annuelle du
icf décembre 1900. Paris, Chamerot et Renouard, 1901 ; 1 fasc. in-8°.
Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et
Arts de Rouen, pendant l'année 1899-1900. Rouen, Cagniard; Paris, A.
Picard, 1901; i vol. in-S".
Journal du Pétrole et des industries qui s'y rattachent. Rédacteur en chef :
Henry Neuburger. i" année, n" 1, mai 1901. Paris; i fasc. in-4".
The norvegian nor-lli polar expédition, 1893- 1896. Scienti/ic resulls, edited
bv Fridtjof Nansen; vol. II. Christiania, London, Leipzig, 1901 ; i vol.
in-4''. (Présenté par S. A. le Prince de Monaco.)
The oyster reefs of North Carolina, a geological and économie sttidy, by
Caswell Grawe . (Exlr. de The Johns Uoplàns University Cirvulars, n° 151,
avril igoi. )
( 1246 )
Ouvrages reçus DA^s i,a séance du 20 mai 1901.
Inauguration du Monument de François Quesnay et Vie de Quesnay, ]);ii' F.
LoRiN. Versailles, impr. Aubert, 1900; i vol. iii-8°. (Présenté par M. J.
Chatin. Hommage de l'Aiitciir.)
De r Hypcrthermie dans la fièvre, essai de Calorimélrie clinique, |)ar le D"'E.
BoNNioT. Paris, G. Carré et C.Naud, 1900; i fasc. in-8°. (Pour le Concours
(lu prix Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Maladies des Femmes (avec 7 1 figures), par le D"' Pot.aillon. Paris, Octave
Doiu, iqoi ; i vol. in-8°. (Pour le Concours du prix Montyon, Médecine
et Chirurgie.) (Présenté par M. Lannelongue.)
Les Vins de 1900 et la Règle alcool-acide, par Rouault. Grenoble, impr.
G. Dupont, s. (!.; 1 fasc. in-i2.
Bulletin trimestriel de la Société de l'Industrie minérale, publié sous la
direction du CiOnseil d'Administration; 3* série, t. XV, l'^livraison, 1901.
Congrès international des Mines et de la Métallurgie; travaux du Congrès.
Saint-Étienne; 1 vol. in-8" et (atlas) i fasc. in-f".
Les variations de longueur des glaciers dans les régions arctiques et boréales,
par Charles Rabot, 2*^ partie; public sous les auspices du Ministère de
l'Instruction publique de France. Genève et Bàle, Georg et C'*, 1900;
I vol. iu-8°. (Envoi de M. le Ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts.)
Azimut e coordinate piane; appUcazione aile triangolazioni, prof. G.
Delitala. Turin, 1897; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Hatt. Hommage de
l'Auteur.)
Notes cliniques sur la fièvre quarte, par le D*" Emile Legrain. Gand, impr.
E. Van der Haeghen, 1901 ; i fasc. in-8°.
Cinq Opuscules relatifs à la Météorologie; par V. Alberti. (Extraits de
I\end. délia R. Accademia délie Scienze Fisiche e Malernatiche di Napoli.)
Neue Cassagebarung uiul Verrechnung im Transportdienste der Eisenbah-
nen, ein Vorschlag von Johann Scholle. Chrudim, 1901; i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
Sveriges offentliga hibliolek : Stokholm, Upsala, Lund, Gôteborg. Accessions-
katalog, iL\, 1899; utgifven af kongl. biblioteket genom Emil Havermann.
Stockholm. 1901; i vol. in-8°.
Rergens Muséum. Meeresfauna von Bergen, redigeret von D'' A. Appellof;
Heft I. Bergen, John Grieg, 1901 ; i fasc. in-8".
( 124? )
Eighteenth anniial Report of the Board of Trustées of the public Muséum oj
thecity of MUwaukee, seplember i'', 1^99, to ai/gust '5i'\ 1900. Milwaukee,
1900; I fuse. in-8°.
Verôffcntlichang fies kônigl. preussischen geodàlischen Institules, iieiie
Folge, 11° 5. Astronomiscli-geodàtische Arbeilen I. Ordnung : Bestiminungder
Làgeiidifferenz- Polsdam-liukarest, iin Jahre 1900. iîerlin, P. Slankiewicz,
I 90 I ; I fasc. in-4".
Rapport sur l' activité du Bureau central de l'Association géodésique interna-
tionale en \C)oo, avec le programme des travaux pour l'exercice 1901. Lei^le,
impr. E.-J. Brill, 1901 ; 1 f'asc. in-4°.
Monthly weather Review; vol. XXIX, n° 1 ; prof. Cleveland Abbe, edilor,
jaimarv, 1901 ; prepared iin-ler llie direction of Willis-L. Moore, Cliirt
U.-S. Wealher Bureau. Washington, 1901; i fasc. in-4".
Memorias de la Real Academia de Ciencias exactas, fisica y natwales de
Madrid; t. XIK, fasciculo 1. Obras malactUogicas de .T. -G. Hidalgo,
parle III : Descripciôn de las moluscos recogidos por la Comisiôn cientijica
enviada por el Gobierno Espahol a la America méridional. Madrid, 189'j-
1900; I vol. in-4".
Rendicunti del Circolo malematico di Palernv) ; \P XV, fasc" 1 e2, anno 190 1.
I^alerme; i fasc. in-8".
Memoric ddla Sociclà degli Spettroscopisli italiani, raccolle e pubblicate per
cura dei prof. I'. Tacchini ed A. Riccô; Vol. XXX, dispensa l*e2*. Calane,
1901 ; 2 fasc. in-4°-
Archives italiennes de Biologie, revues, résumés, reproductions des tra-
vaux scientifiques italiens, sous la direction de A. Mosso ; t. XXXV, fasc. I .
Turin, llerniann Loescher, 1901; 1 fasc. iii-8".
Bulletin delaSociété Vaudoise des Sciences nalurelles, 4* série, Vol. XXXVl,
n" 13S, el Vol. XXXVII, n" 139. Lausanne, F. Rouge, 1900-1901; 2 vol.
in-8".
Verhandluuge/} der k. k. zoologisch-bolanischen Gesellschaft ui Wien,
redigirl v. A. Handi.iksch; Bd H, ileft 1, Jahigang 1901. Vienne, 1901;
1 fasc. in-8".
Die Erdbebenwarte, Monatsschrifl, herausgegeb. v. Albin Bearl; zweite
Auflage, Jahrgang I, Nr. 1, April i9or. Laibacli, im SelbsLverlage des
Herausgebers; 1 fasc. in-8".
( i:'4B )
ERRATA.
(Séance du i3 mai 1901.)
Note de M. H. Pellat, Sur une expérience d'oscillation électrique :
Page 1179, ligne i4, au lieu de II — ^^ ■ ■ ■], lisez ( 1 — -jj ••• )•
Note de M. René Paillot, Perméabilité des aciers au nickel dans des
champs intenses :
Page 1181, ligne 33, colonne II, au lieu de 3220, lisez 8240.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VII.LÂRS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS liebdomadaires paraissent rogulièreineiU le Dwmnrlu-. Ils loiiiient, à la fin do l'année, deux volumes in-4''. Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre [lar ordre aliihabéiique de noms d'Autours, lorminenl chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" Janvier. . , „ ,
Le prix de l iibonncmcnl est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Dopai temenls . 30 fr. — Union poslalc : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chei Messieurs :
yigen Ferran Irères.
1 Chaix.
Atger ( Jourdan.
( Ruff.
Amiens Courtin-Hecquet.
I Germain etGrassiD.
*"«'" j Gastineau.
Bayonnt Jérôme.
Besançon Régnier.
, Feret.
Bordeaux j Laurens.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
j Derrien.
F. Robert.
Brest { „, ,.
Oblin.
' Uzel frère».
Caen Joiian.
Chambéry Perrin.
„i £ l Henry.
Cherbourg ,,
( Marguene.
( Juliot.
Clermont-Ferr... „
( Bouy.
I Nourry.
Di^on j Rate).
IRey.
„ ; Lauveriat.
Douai ! ■■
( Degez.
„ . , i Drevet.
Grenoble V,
( Gralier el C*.
La Rochelle Koucher.
. „ 1 Bourdienon.
Le Havre ' , "
( Dombre.
, ,, 1 Thorez.
Lille )
( Quarré.
chez Messieurs '
, I Bauinal.
Lorient
( M"' I ex 1er.
; Bernoux el Cumin.
\ Georg.
lyon ( Elïantin.
Savy.
Ville.
I Marseille . . Kual.
\ Valat.
\ Coulel el lils.
On souscrit, à l'Étranger,
Montpellier .
! Nantes
m ce. . .
Moulins Marlial Place.
i Jacques.
Nancy ! Grosjean -Maupin.
! Sidol frères.
I Guist'han.
i V'eloppé.
( Barnia.
' Appy.
Ntmes Tbibaud.
Orléans Luzeray.
i Blanchier.
Poitiers... ,, ,
( Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M"")-
I Langlols.
\ Lestringanl.
S'-Étienne Chevalier.
J l'onleil-Burles.
/ Kuiiièbe.
■( Gimct.
■ I Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
) Lemaltre.
Rouen.
S'-Étie
Toulon . . .
Toulouse.
Tours
Vatenciennes.
chez Messieurs :
, . ( Feikema Caarelsen
.imsterdam
( et C".
Ithènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
j iVsher et C".
„ ,. 1 Dames.
Rerim „ . .,
. Friedlander el fils.
f Mayer el Muller.
Berne Schuild Francke.
Bologne Zauiclielli.
iLamerlin.
MayolezetAudiarle.
Lebégue et C*.
l Sotchek et C°.
Bûchai est i I 1
( Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Dcighton, BellelC".
Christiania CaiiinierMieyer.
Constantiiiople. . Ollo Keil.
Copenhague Hosl el fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
, Chcrbuliez.
Genève Georg.
( Slapelmohr.
La Haye , Belinfanle frères.
i Benda.
Lausanne , „ . . „.,
' Payol el L".
Barlh.
\ Brockhaus.
Leipzig ( Lurent/..
I Max Kube.
, Twietmeyer.
, Desoer.
^'^^« iGnusé.
chez Messieurs :
iDulau.
Hachette et C".
Nutt.
Luxembourg . .. V. Biick.
/ Ruiz et G'-.
Madrid I R"""» y Fussel.
I Capdeville.
( F. Fé.
Milan !'^°'='=a f'""-
I Hœpli.
Moscou Tastevin.
Naples (Marghieridi G,u,.
\ Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
Ne>v-rork j Slechert.
( LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Reber.
Porto Magalhaès el Moiiii.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ l Bocca frères.
Rome ,
( Loescheret C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
„ . , 1 Zinserling.
S^^Petersbourg..^^^^^^
/ Bocca frères.
I Brero.
Tuiin (_ ,
j Clausen.
( RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et Wollf.
Vérone Drucker.
i Frick.
Vienne „ , , . „,
( Gerold et C'v
Ziirich Meyer el Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes l" a 31. ( J Août iS5") à li Décembre iSJo. ) Volume in-4" ; '8-ri. Prix. 15 fr.
Tomes 32 à 61. - ' i" Janvier i85i à Ji Décembre i865.) Volume in-j"; iBjo- Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i"' Janvier iSOG à :ii Décembre i88o.) Volume in-4"; iSSç). Piix 15 fr.
Tomes 92 a 121. — (, i" Janvier i88i à 3i Décembre iSgâ.) Volume in-4"; l'joo. Prix 15 Ir.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : , ^ , , j o , ,
Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. D.bués et A.-J.-J. Sou,,a. - ^'^'>'^:f';;:^^^'"^^^J^:^';;;:::
qu'éprouvent les Comeles, parAL H ansen. - Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du sue pancréat.que dans les phenou.eues d.gesUfs, paU.cuUexement^dans
la digestion des matières grasses, par M. Claude Bi;«naru. Volume in-4», avec 3a planches; i85G .■■■ ■■•„■.■■••■■;•:;■■■■■ 'g^''''.';,'^ "^^i^ig j
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par AL P.-J. Van Bi.^.u... - Essai d'une réponse à la quesl.on de ^Z''' P^°P^„ .^^'^^ 'i^ /,' „ '^^^Z^'^;; ;
sciences pour le concours de .83.3, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la d.slnbut.on des ^^^I^.^^TJ^^^^^^^^^^^
. terrains séd.menlaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur appar.t.on ou de leur d.spaut on "«c™ - s,m ta é
«Rechercher la nature des rapports qu. existent entre l'état actuel du régne organique et ses états ,„icneur,>., par M. le Professeur Bbo-.n. ^^ ,^^
avec 27 planches; iStii
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences^i^^^^TMé,^^ présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 20.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 mai 1901.)
AIË^lOIRES ET COMMUXICATIOXS
DKS MRMBIÎKS ET DES CORUESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
\1. le PliÉsiDKNT ;innoncc à l'Acailéiiiie que,
en raison des ft-tes de la Penlecùle. la
séance du lundi >7 mai sera remise au
mardi aS mn
Pages.
M. J. Janssex. Sur l'éclipsé totale du
1 8 courant l 'JOi
M. Tu. SuiiLŒSi.NU .,— Recherches sur l'état de
l'alumine dans des terres végétales i:!0.'i
NOMINATIONS.
.M. LwiîH.^Nest élu Membre dans la .Section de
Médecine et de Chirurgie pour remplir la
place laissée vacante par le décès de M. Po-
taiii
M.M. M.\sc.\HT et B.^ssOT sont élus Membres
de la Commission de vérification des
comptes pour l'année 1900 i2i.i
CORRESPONDANCE .
.M. le Si:i:Kiir Air.E l'ERfKlUiiL sii;nale : 1" Un
ouvrage de M. Ju/es Garnier : « Nou-
velle-Calédonie (côte orientale))); 3" Une
brochure de M. Fcrnand Delisle : " La
Montagne Noire et le col de Naurouzo •. .
M. G. rSifiouuD.ÎN. — Sur l'éclipsé du qua-
trième salellile de Jupiter, observée à Paris
le 17 mai 1901
M. M. LuiZET. — Observations d'éclats de la
Nova Pcrsée
M. Léon Autonxe. — Sur les groupes réi;u-
liers d'ordre fini
M. L.-C. DE COPPET. — Sur les abaissements
moléculaires de la température du maxi-
mum de densité de l'eau produits par ladis-
solution des chlorures, bromures et indurés
de potassium, sodium, rubidium, lithium
et ammonium; rapports de ces abaisse-
ments entre eux
M. PiEiuiE I.EFEViiE. — \lco<ds Cl Carbure
de calcium
MM. Cu. ■Mouiucu et II. Uksmots. — Sur la
condensation des carbures acétyléniques
vrais avec l'aldébyde forniiquc; sjnthé^e
d'alcools primaires acétyléniques
M. P. I'reundlek. — Action des chiurures
acides sur les élhers-oxydesen présence du
zinc
M. J.-A. Trillat. — Oxydation des alcools
primaires par l'action de contact
lill.l.liTI.N Dinl.lOGllM'lUOlIli
EuilATA
121")
i:>i6
•18
M. Acii. LivAcHE. — Sur la substitution du
blanc de zinc à la cérusedans la peinture
à l'huile i;!.3o
MAL Maurice Caullery et Félix Mesxil.
Le cycle évolutif des Orlhonectides. . . . i2'J2
M. P. Tailleur. — Sur un gUicoside carac-
térisant la période germinativc du Hètrc.. i îS'i
M. L. DuPAUo. — Sur la classification pétro-
graphique des schistes de Casanna et des
Alpes valaisannes l'S^
MM. BoRDiKR et Gilet. — Sur l'éleetrolyse
des tissus animaux i23(|
M. L. lIuGouxENQ.— Surlaformalionde l'urée
par oxydation de l'albumine à l'aide du
persulfale d'ammoniaque jî:jo
.M. \V. KiLiAN. — Nouvelles observatiops sis-
mol ogiques faites à Grenoble ji^t
.M. S, Kantor. en réponse à une Communica-
tion de I\L Knrifjues du 4 février dernier,
rappelle iju'il a cité le Travail de M. En-
riqucs dans un Mémoire de VAtnerican
Journal ujj'i
M. li. DuMESNiL adresse une Note sur u un
procédé de détermination de la densité des
corfis solides » ^'Vt
jM, A. Neiter adresse une Note ayant pour
titre : c< Konctionncment du cerveau dans
l'évolution de la parole intérieure d
M. FuEDiiRif: Hksselqren adresse un Mi
moire sur la gamme musicale
12 il
2-i8
PARIS.
— IMPKIMIÎKIE G\UTII(H:R-VILLARS,
Quai des Grands-Au;:uslin^, -ii
1^ Cerant .' *>*iiiHiBH-ViLL.hS-
^^N 22 1901
1901
PREMIER SEaiESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR Mil. IiBS SKORÉTAIRES PBRPÉTVEEiS.
TOME CXXXII.
N^ 21 (28 Mai 1901).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yiiai des Grands-Augustins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
■ r Académie, se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un voïume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*' . — Impression des tramux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parun associéétrangerdel'Académiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans 1
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
;-rt désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie eu rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta,
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance w
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des tramux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personni^
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'.Aci
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'unre
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres, qui présentent ces Mémoires sor
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nomme
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExtrai
autant qu'Us le jugent convenable, comme ils lefon
pour les articles ordinaires de la correspondance ofE
cielle de l'Académie.
Article 3.
- ^ Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,!'
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul duMémoire estinséré dans le Compterenéi
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue régleinentaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rap|)ort sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
1 if i-cue la séance, avant a . Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
fjCj AOUJ
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 28 MAI 1901.
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVSJ
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instructiox publique adresse l'ampliation du Décret
par lequel le Président de la République approuve l'élection faite par
l'Académie de M. Laveran, pour remplir la place laissée vacante dans la
Section de Médecine et Chirurgie par le décès de M. Potain.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Laveran prend place parmi ses
Confrères.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le Tome CXXX
des Comptes rendus de l' Académie des Sciences est en distribution au Secré-
tariat.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 21.) l6l
( I25o )
M. le Sec bêtaire perpétuel présente :
Les «Annales Célestes du dix-septième siècle » âeA.-G. Pingre, Ouvrage
publié sous les auspices de l'Académie des Sciences par M. G. Bigotirdan ;
Le Tome XII de la F* Série des « OEuvres complètes à' Augustin Cauchy » ,
publiées sous la direction scientifique de l'Académie des Sciences et sous
les auspices de M. le Ministre de l'Instruction publique. Le Tome XII
renferme une Table générale de la 1'^ Série.
ASTRONOMIE. — Sur la parallaxe du Soleil; par M. Bouquet de la Grte.
(Extrait.)
« Nous avons donné, le ii décembre 1899, la valeur (8", 80) de la
parallaxe du Soleil, obtenue au moyen des heures des contacts du disque
de Vénus avec celui du Soleil, enregistrés par les missions françaises
de 1882.
» L'approximation de ce chiffre a été de un centième de seconde d'arc,
résultat que l'on considérait comme désirable.
» Indépendamment de ces observations directes faites dans onze sta-
tions, cinq d'entre elles ont obtenu un grand nombre d'épreuves photo-
graphiques prises pendant la durée du phénomène, et l'on comptait utiliser
les données qui en pouvaient être tirées pour avoir un nouveau chiffre
offrant cet avantage de pouvoir être soumis ultérieurement à un contrôle
permanent.
» Au moment où commencèrent les mesures des plaques, on doutait de
l'exactitude de la méthode des contacts, les missions étrangères de 1882,
ainsi que celles de 1874, avaient donné des chiffres non concordants, et
l'emploi de la photographie paraissait être le seul moyen d'avoir avec
exactitude cette valeur de t;, base de notre système planétaire.
» J'ai donc dû apporter la plus grande précision dans les mesures des
plaques et, comme je l'ai indiqué antérieurement ('), le contour du Soleil
a été déterminé au moyen de 64 visées (faites à l'aide d'une machine de
Brunner donnant le micron) et celui de Vénus au moyen de 24 pointés.
)) Ces chiffres, corrigés de la déformation de l'appareil optique (qui
grandissait l'image du Soleil de manière à lui donner un diamètre de
120""°), de la réfraction, des corrections des échelles, etc., ont servi à
(') Comptes rendus, 3 novembre i884-
( I25l )
déterminer les équations des ellipses satisfaisant du mieux possible à tous
ces pointés.
» On a obtenu, par suite, les coordonnées des centres des deux astres,
d'où la possibilité d'avoir leur distance.
» La comparaison de ces distances mesurées et calculées dans les di-
verses stations devait fournir un nombre énorme de valeurs de la parallaxe
et, par suite, une moyenne très approchée de sa valeur.
» Les calculs relatifs à la station du Mexique, qui a fourni le plus grand
nombre de plaques utilement mesurables, étant terminés, nous avons pensé
qu'il serait intéressant de se servir de ces seules mesures pour avoir, par
la méthode de la parallaxe de hauteur, procédé qui, je crois, n'a pas en-
core été utilisé, une valeur de tz.
» M. Arago, notre collaborateur à Puebla, avait eu 34o épreuves photo-
graphiques sur lesquelles 278 ont été considérées comme satisfaisantes.
)) Chaque plaque a été l'objet de deux études faites par des observateurs
différents, et chaque mesure a été calculée deux fois, de sorte que la véri-
fication a été aussi complète que possible.
» Dans le Mémoire dont ceci est un résumé, j'indique les précautions
prises pour l'obtention des plaques, les durées des poses en millièmes de
seconde, la détermination exacte de l'heure, etc.
» Puis viennent des Tableaux pouvant servir à corriger les pointés de la
réfraction.
)) Le détail d'une mesure faite sur une plaque est ensuite donné, ainsi
que le procédé suivi pour avoir l'équation de l'ellipse la plus probable.
» Il faut ensuite faire entrer le résultat final, c'est-à-dire la distance
mesurée D„ entre les centres des deux astres, dans l'équation
S dr: -(- sini) d?> -+- cos5 dcc — dp dz d^' — -^ rfL = D„ — D,.,
dans laquelle S = AcosAcosL-f- BsinAsinL -i- CsinA, ainsi qu'il a été
indiqué par M. Puiseux dans les Connaissances des Temps de 1873 et de
1876. Des Tableaux ont été calculés, d'ailleurs, de minute en minute pen-
dant toute la durée du phénomène, donnant les valeurs de S, de sin3,
cos;), -j- et de D^, de manière à pouvoir, par une simple interpolation,
obtenir pour l'heure exacte de l'obtention de la plaque les valeurs corres-
pondantes à D„.
» On a pu ainsi former pour la station de Puebla 278 équations qui, ré-
( 1252 )
solues parla méthode de substitution de Cauchy, ont fourni pour la valeur
de ch le chiffre de — o",074.
» Comme on était parti pour tous les calculs d'une valeur de la pa-
rallaxe égale à 8", 86, celle ainsi déterminée à nouveau serait 8", 79.
» Ce résultat serait tout à fait remarquable si l'approximation était de
un centième de seconde d'arc, comme nous l'avons obtenue par la méthode
des contacts, mais elle n'est ici que de o",o45.
M Ce résultat ne peut donc rien ajouter à la valeur du premier, mais il
fait préjuger de l'approximation que l'on obtiendra en utilisant des plaques
prises au nord et au sud de l'équateur.
» Nous croyons intéressant de donner ici les valeurs moyennes des me-
sures faites sur le Soleil et sur Vénus pour la station de Puebla.
» Nous n'y avons pas compris les dimensions de Vénus lorsque la pla-
nète était engagée dans le disque du Soleil :
Nombre Soleil { ' ). Nombre Vénus (').
de ^ — * — .^ ^ de — ^ — — — — ^
Observateurs. plaques. a. a — b. cp. plaques. a. a — b. f.
uim \i. u mm \J. o
MM. Arago 5i 60,091 70 66,6 48 1,961 89 72,5
B. de la Grye.. 52 60,112 79 72,0 5i 2,002 36 68,5
Bernard H2 60,059 gS 72,6 io4 2,oo5 5i 69,6
Garbonnell. . . . 126 59,953 82 68,2 101 2,966 43 73,4
M-"» Cheval 23 60,084 91 70,5 26 1,979 55 65,9
M»"^ Boudet loi 69,934 107 78,6 76 2,o58 43 44,4
Mineau 42 ^9,999 86 72,3 3i 2,061 52 5o,i
Masson 32 60,002 76 74,9 20 2.011 5o 72,4
539 60,023 85 71,3 457 2,018 46 64,6
» Les différences entre les moyennes partielles résultent de l'acuité de
la vue de l'observateur et de ce qu'il est conduit à prendre comme limite
du bord estompé du Soleil et de Vénus.
M En ajoutant les valeurs moyennes des grands axes a et a', on obtient
66"'™,o4i avec une erreur probable de 8 microns.
» Si l'on voulait déduire des chiffres ci-dessus l'aplatissement des deux
astres, on trouverait des résultats supérieurs à ce que donne la théorie
pour le Soleil et la réalité pour les deux astres.
» En ce qui concerne le Soleil, le 8 décembre 1882, il était en pleine
(') « est le grand axe de l'ellipse, b le petit axe, 'f l'angle de la ligne des pôles avec
l'équateur terrestre.
( 1253 )
activité, des projections équatoriales étaient manifestées par de grandes
taches; son diamètre en était influencé.
» Pour Vénus, nous avons dit antérieurement (') qu'en prenant les
42 meilleures plaques de la série de Puebla, l'aplatissement moyen
éf^''^ ^6 3^3' chiffre qui rapprochait Vénus de la forme de la Terre.
» Nous reviendrons, du reste, sur ce sujet lorsque nous parlerons de
la forme de cette planète et de sa rotation.
» Les valeurs que nous avons données ci-dessus sont exprimées en
millimètres et fractions; pour passer de là à des secondes d'arc, il faut
multiplier chaque millimètre par 16", 25, ce qui donne
a. a — b.
Soleil 975,65 i",38
Vénus 32 , 80 o", 74
d'où
p moyen = 974", 96, p' moyen = Zi", 43.
» Le rayon du Soleil 974 "> 96 diffère bien peu de celui qui est donné
par les Tables de M. Le Verrier et de 975", o5 que nous avons adopté pour
la construction des Tables du passage .
» Quant au rayon de Vénus Su",^^, il est bien pius grand que celui
(3i", 49) que nous avons adopté pour la construction des Tables faites
pour l'observation directe des contacts.
» Sur les plaques on a peut-être été amené à pointer sur la limite exté-
rieure de la pénombre, mais nous ne pouvons employer un autre chiffre
pour avoir les contacts tangibles qui résultent des mesures photogra-
j)hiques.
» En interpolant ou extrapolant, selon les cas, pour avoir les valeurs
des contacts internes ou extérieurs de Vénus avec le bord du Soleil, nous
avons les chiffres suivants, que je mets en parallèle avec ceux obtenus
par M. Héraud et par moi à la station de Puebla :
DilT. Heures calculées. Diir.
2.12.28,6 — 2,7
— 15,3 2.33. 0,7 — 3,6
— 1,2 -.,59.17,3 4- 3,5
— 12,0 8.19.35,0 — 13,7
Les différences restent dans les limites des erreurs d'observation et
(') Comptes rendus, ^]m\\ 1884.
Contacts.
Plaques.
B.delaGije.
Diff.
Ilcraud.
T....
2. 12. 26.3
2. l2.3o,0
+ 3,7
11...
3.33. 4,3
2. 32 .53,0
-.1,3
2.32.49,.
111..
7.59.13,8
7.59.13,2
^ 0,6
7.59. 12,6
IV..
8.19.48,7
8.19.46,2
— 2,5
8. .9.36,7
( 1254 }
les heures des plaques, sauf pour le dernier contact, sont suffisamment
approchées de celles calculées.
)) Ces éléments serviront ultérieurement pour avoir la valeur de tï au
moyen des contacts photographiés. »
CHIMIR ORGANIQUE. — Hydrogénation de divers carbures aromatiques.
Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Senderens.
« [. Benzène et homologues. — Ainsi que nous l'avons fait connaître
récemment ('), le nicke! réduit permet très facilement à température peu
élevée de fixer directement l'hydrogène sur un grand nombre de sub-
stances organiques, et nous en avons déduit une méthode générale de
préparation du cyclohexane et des carbures homologues. En étudiant de
près les conditions de cette préparation, nous avons reconnu que, au-des-
sous de 25o°, l'hydrogénation a lieu sans aucune complication pour le
benzène et pour tous ses dérivés méthylés que nous avons essayés, toluène,
xylènes ortho, meta et para, mésitylène, pseudocumène : on obtient comme
produit unique le cyclohexane correspondant, d'une grande pureté, pou-
vant seulement contenir un peu du carbure primitif très facile à éliminer.
» Mais si l'on part des substitués de la benzine à branche longue, éthyle,
propyle, méthoéthyle, on observe toujours qu'à côté du produit principal
qui est le carbure cyclohexanique correspondant, il y a toujours formation
d'une dose plus ou moins importante des carbures qui résultent de l'émiet-
tementde la chaîne longue. Ainsi, l'éthylbenzène fournit, à côté de l'éthyl-
cyclohexane, une petite proportion de méthylcyclohexane, avec formation
corrélative de méthane. Le propylbenzène donne de même un peu de
méthyl- et d'éthylcyclohexane. La perturbation est plus sensible quand la
branche possède un chaînon secondaire , par exemple quand c'est un
méthoéthyle : avec le paracymène, le paraméthylméthoéthylcyclohexane
(bouillant à 169°-! 70°) ne forme que les trois quarts du produit : le reste
contient à peu près parties égales de paradiméthylcyclohexane (qui bout
à 120"), et de paraméthyléthylcyclohexane (bouillant à i5o°).
» La facilité d'obtenir très purs ces divers carbures, jusqu'à présent
fort difficiles à préparer directement ou à isoler exactement des pétroles
du Caucase, nous a permis de déterminer exactement leurs caractères
physiques.
(■) Comptes rendus, l. CXXXII, p. aïoet 566; 1901.
( 1255 )
» Le cyclohexane C*H'- est un liquide dont l'odeur rappelle celles du
chloroforme et de l'essence de roses; refroidi dans la glace, il se solidifie
aisément en cristaux mous, qui fondent à 6°, 5 (Sydney Young avait in-
diqué 4°. 5). Il bout à 8i°,o sous la pression de ySo"" (thermomètre dans
la vapi ur). Sa densité à i8°,7 est 0,7808.
» Nous donnons ci-dessous les points d'ébullition corrigés et les den-
sités à 0° (par rapport à l'eau à 4°) des carbures homologues du cy-
clohexane :
Point d'ébullition
(corr.). i/J.
o
Méthylcyclohexane ioo,i 0,7869
Orthodimélhylcycloliexaiie 126 0,8008
Métadimélhylcyclohexane 121 0,7874
Paradiméthylcyclohexane 120 0,7866
Etliylcjclohexane i3o o,8o25
Triméihylcyclohexane 1 .3.5 i37°-i39° 0,7884
Triméthylcyclobexane 1 .3.4 i43°-i44° 0,8062
Paraméthyléthylcyclohexane. i5o° o,8o4i
Propylcyclohexane i53°-i54° 0,8091
Paraméthyltnéthoéthylcyclohexane. . . i69°-i70'' o,8i32
» L'odeur du méthylcyclohexane diffère peu de celle du cyclohexane.
Celle de l'orthodiméthyl est un peu camphrée. Les dérivés para (diméthyl,
méthyléthyl, méthylméthoéthyl) ont tous une odeur analogue qui rappelle
celle du fenouil. Celle des dérivés meta (diméthyl, triméthyl i.3.5, et
même triméthyl 1.3.4) est la moins agréable de toutes et rappelle le
moisi.
>i En comparant les densités ci-dessus avec celles des carbures benzé-
niques qui leur correspondent, on trouve qu'elles sont toujours moindres :
la différence, qui est maxima pour le cyclohexane où elle est voisine de
0,100, est d'autant plus faible que la molécule est plus complexe et sur-
tout que les branches forméniques sont plus longues.
» IL Styrolène. — M. Berthelot a établi depuis longtemj)s que le
styrolène ou cinnamène doit être considéré comme du phényléthylène
CH^ CH = CH-. Le nickel réduit réalisant avec facilité l'hydrogénation
soit de l'éthylène, soit du noyau aromatique, on pouvait prévoir qu'il pro-
duirait l'hydrogénation totale du styrolène : nous avons vérifié qu'il en
est ainsi vers 160°. On obtient transformation totale en élhylcyclohexane
bouillant à i3o", dont le dédoublement partiel donne lieu, ainsi qu'il a été
dit plus haut, à une petite quantité de méthylcyclohexane (qui bout à 100").
( 1256 )
» Au contraire, nous avons trouvé antérieurement que le cuivre réduit
permet de fixer l'hydrogène sur l'éthylène au-dessus de i8o° ('), mais
qu'il est sans action appréciable sur les carbures aromatiques : on pouvait
donc penser que, dans le styrolène en présence du cuivre à i8o°, la
branche éthylénique serait seule hydrogénée. C'est en effet ce qui a lieu :
on obtient du premier coup transformation complète en éthylbenzène pur
bouillant à i35°.
" Avec le cobalt réduit, dont l'activité est intermédiaire entre le nickel
et le cuivre, l'hydrogénation conduit à un mélange d'éthylbenzène et
d'éthylcvclohexane.
M m. Terpènes. — Comme l'a indiqué M. Berthelot dès 1869, les ter-
pènes CH'" peuvent être classés en deux groupes, les terpènes quadriva-
lents, qui comprennent le limonène, le sylvestrène, le lerpinène, etc., et les
terpènes dU'alents, tels que le térébenlhène ou pinène, et le camphène. Les
réactions d'hydrogénation réalisées par l'intermédiaire du nickel vers 180°
nous ont fourni une vérification complète de cette distinction.
w Le /imonéne fixe très facilement H* en donnant l'hydrocymène (para-
niéthylméthoéthylcyclohexane) qui bout à lôg^-iyo" : ce dernier, comme
dans sa formation à partir du cymène, est accompagné d'une petite quan-
tité des produits de dédoublement, paradiméthyl et paraméthyléthylcvclo-
hexane.
» Le sylvestrène et le lerpinène ont donné exactement le même produit
d'hydrogénation que le limonène.
» Le menthène C'H" traité dans les mêmes conditions fixe H" en don-
nant les mêmes produits.
11 Au contraire, leyy;/?me( térébenlhène), en présence du nickel à 180",
fixe seulement H" et se change en un produit unique C'"!!" inattaquable
par le mélange nitrosulfurique; c'est im liquide d'odeur camphrée, qui
bout à 166° (corr. ); sa densité f/° est 0,862. Il est identique au carbure
obtenu autrefois par M. Berthelot par l'action de l'acitle iodhydrique. Il se
comporte, comme saturé, à la manière du chlorhydrate de pinène. Mais la
présence de liaisons internes un peu fragiles s'y manifeste par une oxyda-
tion assez facile : il brunit peu à peu au contact de l'air et s'oxyde assez
vite à froid au contact d'acide azotique.
» La vapeur de camphène (gauche) soumise à l'hydrogénation en pré-
sence du nickel se comporte comme le pinène; il y a fixation exclusive
(') Comptes rendus, t. CXXX, p. 1761; 1900.
( '257 )
de H- et formation (]'iin cnrbiire C'"H'^ isomère du précédent, mais non
identique, d'odeur pins ngréable : il hoiit à i64''-i65" (corr.); sa densité r/"
est 0,849. I' ^^'^ inaltaqiié à froid par le mélan£;e sulfonitritjiic; mais il
s'oxyde lentement au contact d'acide nitritpie et même à l'air, en brunissant
peu à pen : c'est l'hydrnre de camphène observé autrefois par M. Berthelot.
» IV. Naphtalène el Acènaphtène. — L'hydrogénation du naphtalène
C'^H* est réalisée directement pai- le nickel à 200° et fournit comme
unique produit nn tétrahydrure C'"!!'-. C'est un liquide d'odeur naphta-
lénique qui bout à 205" (corr.); sa densilé d\ est 0,9825. Il est identique
à l'un des bydrures de naphtaline oblenus par M. Berthelot au mo\en de
l'acide iodhydrique et retrouvés dans le goudron de houille. Il est très
facile à oxvder, et violemment attaqué par le mélange nitrosulfurique.
Dirigé avec de l'hvdrogène sur le nickel vers 200°, il ne se modifie pas.
» L'acénaphtène C'-H'", que l'on doit rattacher au naphtalène selon la
lormule C"'H°(' 1 , se comporte de la même façon : ses vapeurs entraînées
^CH"
par l'hydrogène sur le nickel réduit, s'y changent en tétrahydrure liquide
C'-Jl" bouillant à 254° (corr.) et sans doute identique à celui que Bam-
berger et Lodter avaient obtenu par l'acide iodhydrique. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Mares, Correspondant de la Section d'Eco-
nomie rurale, décédé à Montpellier le 9 mai 190t.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées <le la
Correspondance :
1" Le Compte rendu sommaire du IV Congrès international de Chimie
appliquée, pai- MM. Henri Moisson et François Dupont.
2" Un Volume intitulé : « Réunion du Comité international permanent
pour l'exécution de la Carte photographique du Ciel, tenue à l'Observatoire
de Paris en 1900 ».
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 21.)
162
( .258 )
ASTRONOMIE. — Observations Je la comète A(i90i), faites à l'observatoire
d'Aller {éqaatorial coudé de o'",3i.S d\)iwerture), par MM. Uamraiid et
ÎSy, présentées par M. Lœwy.
Étoile:^
Dates. de
1901. compar. Giaiulour.
Mai 17 a 8,5
18 b 8,7
18 b 8,7
.8 c 8,1
19 d 6,2
20 d 6,2
20 d. 6,2
Ciirnèle. — Etoile.
Ascension
droite.
m s
+ 1 . 1 1 ,5o
—0.48,80
— 0.47,85
-1.58,74
-,.42,78
+ 2.45, 10
+ 2.45,48
Déclinaison.
H- 5 . 34 , 5
— 6.59,5
— 6.58,7
— 5.40,7
— 23. 5i ,fl
— 5 . 59,6
— 6. 5,8
Nombre
de
compar.
3:2
9:6
8:2
6:4
9:«
Observ.
S
s
R
S
R
S
R
Positions des étoiles de comparaison.
Asc. d roi Le
Réduction
Déclinaison
Réduction
Dates.
moyenne
au
moyenne
au
1901.
Étoiles.
1901,0.
jour.
1901,0.
jour.
Autorités.
ai .7..
(/
Il )ll â
5.46.81 ,29
-t-0,82
+ 4- 19-55, 1
— 8',8
Albany n" 1928
18.
. b
5.53.45,09
-1-0, 85
+ 4-5i . 0,8
— 9,0
Albany n° 1961
18.
C
5.54.58,92
+0.85
-+- 4-49-29,9
- 9,0
Albany n" I976
'9-
. d
5.09.41 ,5o
+0,87
+ 5 .23. 3 1 , 1
-...j
AG. Leipzig
n" 2607.
20.
. d
»
+0,86
))
— 9,'
))
Positions apparentes de la comète.
Temps
Ascension
Dates.
moyen
droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact
1901.
d'Alger.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe
Mai 17 ... .
h m s
. 7.59.52
Il m &
5.47.43,61
1,676
+ 4°25'.2o'8
o,7'9
18....
. 8. 2.25
5.52.57, 14
7,676
-1- 4.43.52,3
o,7'9
18.. ..
. s. 6.33
5.52.58,09
ï , 676
+ 4.43.53,1
0,720
18... .
8.r3.57
•5.53. I , o3
7,676
-1- 4.43.40,2
0,721
19.. .
. 8.I2.30
5. 57. 59, .59
7,677
+ .5 . 1 . 3o , I
0,721
20. . . .
. 8. 8. 0
6. 2.27,46
7,677-
-1- 5.19.22,4
0,719
20. . . .
. 8.12.18
6. 2.27,84
7,676
+ 5.19.16,2
0,721
La comète, aillant qu'cm en peut juycr dans la liiniière du crépuscule, se pré-
( 12% )
sente sous la forme d'une nébulosité avec un noyau d'un éclat comparalile a celui
d'une étoile de 8" grandeur.
» Observations très difficiles, faites à 3 degrés environ de l'horizon. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le spectre de la couronne solaire photographie
à Elche {Espagne) pendant l' éclipse totale de Soleil du 28 nuii 1900.
Note de M. A. de la Baume-Pluvixel, présentée par M. Janssen.
« J'ai photographié le spectre de la couronne solaire pendant l'éclipsé
totale de soleil du 28 mai dernier, à l'aide de trois spectroscopes diffé-
rents :
» 1° Un spectroscope à fente très lumineux;
» 1° Un spectroscope à prisme objectif de grandes dimensions;
M 3° Un spectroscope à prisme objectif en spath et quartz.
» he spectroscope à fente ciini corahmè (\e n\i\mhre à donner une image
très intense du spectre continu de la couronne. J'ai obtenu ce résultat en
observant les pri.ncijjes suivants : dispersion faible, objectif formant l'image
du spectre très lumineux, condensateur d'ouverture quelconque, mais de
distance focale telle que le collimateur recueille bien toute la lumière
venant des divers points de l'image fournie par le condensateur. Dans mon
spectroscope, l'appareil dispersif consistait en un prisme unique en fliut
léger, et l'objectif formant l'image du spectre était un objectif photogra-
phique double à portrait dont le rapport de l'ouverture au foyer était |.
Les dimensions de toutes les parties optiques de l'appareil étaient calcu-
lées de manière que des faisceaux de rayons lumineux de o"',oG de dia-
mètre, émanés de points de la couronne situés à moins de 3o' du bord du
Soleil, fussent transmis intégralement jusqu'à la plaque photographique.
L'orientation de l'apjiareil était telle que la fente du spectroscope était
dirigée radialement suivant l'cqualeur solaire. L'ouverture de la fente
était de o""'',o4. Une seule plaque orlhochromatique Lumière, sensible au
jaune et au vert, a été exposée dans l'appareil pendant 1" 1 5% soit presque
toute la durée de la totalité. *
» Dans ces conditions, la couronne adonné un spectre continu pré-..ulaiit à peu jirès
la même étendue et la même intensité de chaque côté de l'équateur solaire. A cause
de l'orlhochromatisme spécial de la plaque, ce spectre oH're deux maxima : l'un, situé
dans l'orangé vers la longueur d'onde ). 5G5, où la hauteur du spectre continu atteint
( J26o )
5' eiivil'uli; l'uiilre, enlre les raies F et H, où le spectre s'étend jusqu'à i J' du Lord du
Soleil.
» Le spectre continu est sillonné d'un très grand nombre de raies brillantes. La
plupart de ces raies présentent les caractères des raies chroraosphériques; elles sont
intenses à leur base et s'affaiblissent rapidement en s'élevant dans l'atmosphère
coronale. De plus, ces raies sont beaucoup plus nuinljreuses et plus intenses au bord
ouest qu'au bord est du Soleil. Celle distribution inégale des raies n'est pas due,
comme on pourrait le croire, à une pose plus prolongée des parties basses de la cou-
ronne au bord ouest qu'au bord est. En effel, les observations ont été faites presque
sur la ligne centrale de l'éclipsé, el la pose, commencée deux secondes après le deuxième
contact, a été terminée deux secondes avant le troisième contact. Cette différence entre
l'intensité des raies aux deux bords du Soleil est donc bien réelle, el l'on peut en con-
clure que, tandis que la matière qui fournit le spectre continu était à peu près égale-
ment répartie le long de l'équaleur solaire, les gaz qui produisent les raies brillantes
étaienl beaucoup plus abondants au bord ouest qu'au bord est. Dans le premier cas,
il s'agissait de la matière coronale et, dans le second, des gaz cliromospliériques. Les
photographies directes de la couronne, d'une part, et les photographies monochro-
matiques de la chromosjjhère, d'autre part, montrent d'ailleurs que, tandis que la
couronne avait sensiblement la même intensité au bord ouest et au bord est du
Soleil, la chromosphère, au contraire, était beaucoup plus intense sur le premier bord
que sur le second.
» Les principales raies dont on constate la présence au bord ouest sont, dans l'ordre
de leur intensité, les suivantes : les raies II et K du calcium, qui s'étendent jusqu'à 5'
du bord du Soleil, aussi bien du côté de l'atmosphère solaire que du côté du disque
de la Lune; puis les raies de l'hydrogène F, G' et h, débordant aussi sur le disque
lunaire. 11 en est de même des raies de l'hélium X 587, 6(03), X447,2 et >,4o2,6. La
raie X4o7,9, attribuée au calcium, est aussi intense que les raies de l'hélium.
» La raie verte de la couronne, X53o,3, s'élève à une hauteur de 4' au-dessus du
bord du Soleil et présente sensiblement la même intensité dans toute sa hauteur. Une
autre raie, ^398,5, est la seule à présenter le même caractère. Elle est indubitable-
ment coronale, ainsi que nous le verrons plus loin. Par contre, la raie X 423, 1, que l'on
s'accorde à considérer comme coronale, est très faible et présente l'aspect des raies
chromosphériques.
» Dans l'ultra-violet, on compte 7 raies de l'indrogène qui atteignent une hauteur
de 3'. De chaque côté de la raie Hj3i se trouvent des raies plus faibles qui lui donnent
un aspect estompé.
» Les autres raies du spectre sont beaucoup plus faibles; j'en ai relevé les positions
et j'ai trouvé qu'elles s'accordaient, dans les limites des erreurs possibles, avec les
positions des principales raies chromosphériques indiquées dans les catalogues de
loung, Haie et Deslandres. Le nombre total des raies mesurées est 56.
). Le bord est du Soleil, ainsi que je l'ai dit, est beaucoup plus pauvre en raies
brillantes que le bord ouest. Les raies II et k y sont grêles et peu étendues. Il en est
de même des raies de l'hydrogène F, G' et h, qui débordent à peine sur le disque
lunaire. La raie D3 de l'hélium fait absolument défaut.
( I26l )
» Quant aux raies coroiiales, on doit s'attendre à les retrouver avec la même inten-
sité et la même étendue au bord est qu'au bord ouest du Soleil, car j'ai fait remarquer
que les photographies directes de la couronne et la photographie de son spectre con-
tinu montrent qu'elle présentait la même intensité sur tout l'équateur solaire. Or la
raie ÀSgSjS, que nous avons déjà trouvée au bord ouest avec tous les caractères d'une
raie coronale, présente bien la même intensité et la même étendue au bord est qu'au
bord ouest. l'ar contre, la raie verte de la couronne X 53o,i, généralement si intense,
fait absolument défaut sur le bord est du Soleil. (Jn peut donc conclure que la raie
XSgSjS est la seule qui présente bien nettement les caractères d'une raie coronale.
» Les raies noires du spectre solaii'e n'appaiaissenl jias sur mon spectre de la cou-
ronne. On doit donc admettre que la lumière de la couronne ne contenait qu'une faible
proportion de rayons solaires réfléchis. Les raies fraunhofériennes ont cependant été
plusieurs fois observées et pliotographiées dans l'atmosphère solaire. J'en ai compté
une vingtaine sur une photographie du spectre de la couronne de iSgS. En 1882,
M. Schuster a aussi photographié les raies fraunhofériennes, et, en 1S71, M. Janssen
les a observées oculairement. On remarquera que ces trois dates : 1871, 1882 et 1898 se
succèdent à onze ans d'intervalle et correspondent à des maxima de taches solaires.
Il semblerait donc qu'aux époques de maxima d'activité solaire, l'atmosphère coronale
contient en abondance des matières solides pouvant réfléchir la lumière du Soleil.
» Mon spectroscope à pnsme-ohjectif consislaïl en une lunelte photogra-
phique de G™, 10 d'ouverture et i'", 10 de foyer, au-devant de laquelle on
avait disposé un prisme en flint de 60", dont les faces mesuraient 0'°, 17
sur o'", 14.
» Le spectroscope à prisme-objeclif en spalh et quartz consistait aussi en
une lunette photographique munie d'tm objectif en quartz de o"',07 d'ou-
verture et o'",f)o de foyer au-devant duquel on avait fixé un prisme en
spath de Go" dont les faces mesuraient 64°"° sur 80""". Les obturateurs
de ces deux instruments étaient commandés par la même poire pneuma-
tique et fonctionnaient simultanément. Trois photographies ont été obte-
nues avec chaque appareil. Les ])iaques n" 1 ont été exposées pendant une
seconde environ, immédiatement après le deuxième contact. Les [)laques
n" 2 ont été exposées pendant presque toute la durée de la totalité, soit
environ 'j5*, et les plaques n° 3 ont été exposées instantanément, immé-
diatement après le troisième contact.
« Les plaques n" 1 donnent des images monochromatiques des croissants de la chro-
mosphère au nord est du Soleil. Comme sur le spectre obtenu avec le spectroscope à
fente, ce sont les radiations du calcium, de l'hydrogène et de l'hélium qui donnent
les images les plus intenses. Le nombre total des croissants dont j'ai relevé les posi-
tions sur la plaque n" l est de 189.
( 1262 )
» Les plaques n° 2 montrent l'aspect complet de la cliromosphère et permettent de
constater, ainsi que je l'ai déjà dit, que cette cliromosphère est bien plus intense au
bord ouest qu'au bord est du Soleil.
)i On peut étudier sur ces images cliromosphériques les formes et lintensité des
protubérances. On reconnaît, comme l'a déjà fait M. Meslin, que le rapport des inten-
sités des diverses protubérances n'est pas le même dans les images formées par la va-
peur de calcium que dans les images fournies par l'hydrogène.
Fiï
» Les radiations propres à la couronne, îi53o3 el >, 398.5, ne donnenl pas des images
coronales assez intenses pour pouvoir être distinguées sur le fond brillant du spectre
continu.
» Les photographies n° 3, obtenues un peu après le troisième contact, donnent le
spectre d'une partie de la photosphère et de la chromosphère qui l'enveloppe.
)) La partie de la chromosphère qui a donné son spectre étant un mince croissant,
on a obtenu des images monochromatiques de ce croissant, dont l'ensemble constitue
une bande lumineuse interrompue par des croissants obscurs correspondant aux raies
fraunhofériennes du spectre solaire. Au-dessus de ces croissants obscurs, dans le spectre
(Je la chromosphère, on remarque des croissants brillants. Mais les gaz incandescents
Fig. 2.
Prisme olijertif en llirit. — N» 2.
Fis. S.
Prisme objectif en spalli el i|iKUt/^. — \" 1.
Kig. 4-
Prisme ohji'Clif en ^^pjtli cl i|uartz. — .\- 2
Fis. 5.
Prisme iibjectif en spalli et i|n.irlz. — N" 3.
( Î264 )
qui donnent lieu à ces croissants brillants, étant situés au-dessus de la pliolosplière,
les croissants brillants ne se trouvent pas exactement dans le prolongement des crois-
sants obscurs : ils leur sont extérieurs. La mesure de la longueur des croissants bril-
lants donnerait un mojen précis de déterminer l'épaisseur des couches de vapeur qui
composent la cliromosplière.
» On a relevé sur l'un des clichés n° 3 les positions de (o5 croissants brillants
et de 57 croissants obscurs.
» D'une manière générale, on peut dire que le minimum d'activité solaire s'est fait
sentir sur les phénomènes de la couronne et de la chromosphère qui ont présenté fort
peu d'intensité pendant la dernière éclipse de Soleil.
)) Les divers spectroscopes que j'ai employés, ainsi que des lunettes
j)hotographiques destinées à obtenir l'image de la couronne solaire, étaient
montés sur le pied d'un équatorial de 6 pouces. Ce pied, appartenant au
matériel de l'observatoire de Meudon, avait été mis obligeamment à ma
disposition par M. Janssenqui a bien voidti m'aiderde ses précieux conseils
pour dresser le programme de mes observations. Je suis heureux de pouvoir
lui adresser ici mes sincères remercîments. "
PHYSIQUE. — Longueurs d'onde de qiirlques raies du fer.
Note de MM. Cii. Fabry et A. Perot, présentée par M. A. Cornu.
« Le spectre du fer est un de ceux qui ont été pris le plus souvent
comme spectres de comparaison dans les mesures de longueurs d'onde. Il
contient un grand nombre de raies, dont beaucoup sont assez fines pour
fournir de bons repères. Il y a donc intérêt à connaître exactement leurs
longueurs d'onde. Nous en avons mesuré un certain nombre par compa-
raison avec les radiations du cadmium mesurées en valeurs absolues par
M. Michelson. La méthode suivie par celte comparaison est celle qui a été
décrite en vue des mesures de longueurs d'onde des raies du spectre
solaire ( ' ).
)) La source employée est l'arc électrique jaillissant entre deux tiges verticales de
fer de o™,oi de diamètre, portées par un simple régulateur à main. La tension em-
ployée est de 120 volts et le courant de 8 ampères environ.
» Il faut, avant tout, isoler la radiation que l'on veut mesurer : au moyen d'un réseau
plan de Rowland et d'une lentille de o"',70 de loyer, on projette un spectre réel de la
source lumineuse sur une deuxième fente, à laquelle on donne la largeur voulue pour
(') CompLes rendus. \. C\XXI, p. 700; 29 octobre 1900.
( 1265 )
ne laisser passer que la lumière d'une seule raie. G'esl celle lumière que l'on va uli-
liser pour la mesure inlerférenlielle.
» L'appareil interfèrentiel est un élaliMi d'épaisseur, consistanl en Jeux surfaces
planes de verre argenté maintenues parallèles et à une distance invariable (aux dila-
tations près). Par un jeu de miroir on peut projeter, au même point de cet étalon,
soit l'image d'un tube à cadmium, soit l'image de la fente qui isole une raie du fer.
Dans chaque cas, on obtient, dans une lunette visant à l'infini, un système d'anneaux.
L'expérience consiste à mesurer, avec un oculaire micrométrique, le diamètre de l'un
des anneaux de chaque système. Lorsque les raies sont fines, cette mesure fixe la par-
tie fractionnaire de l'ordre d'interférence (') au centre à moins de ^hi ^^ frange sur
une mesure isolée. L'ne variation de o",oi sur la température de l'étalon de i'"' pro-
duit, par dilatation, une variation appréciable des diamètres d'anneaux.
» Il faut employer, pour avoir le maximum de précision, des épaisseurs d'étalons
proportionnées à la finesse des raies : plus une raie est fine, plus l'épaisseur peut être
grande, et plus la mesure est précise; dans tous les cas, c'est la finesse de la raie qui
seule limite la précision des mesures. Nous avons employé deux étalons, de 5""° et ro'""'.
11 n'eut pas été avantageux d'aller au delà, à cause du manque de finesse des raies. Pour
plusieurs, on a même dû se contenter de l'étalon de 5""°.
» Le Tableau suivant donne les longueurs d'onde obtenues. Elles sont
rapportées à la valeur trouvée par M. Michelson pour la raie verte du cad-
mium, 5o8, 58240. Les nombres .sont exacts, à quelques unités près du
dernier ordre :
649,4992 558,6775 508,3345
623,0733 550,6783 500,1887
606,5489 543,4525 485,9763
576,3023 53o,232i 473,6785
5()i,5657 523,2954 »
» Il eût été fort intéressant de pouvoir comparer ces nombres avec ceux
de l'échelle de Rowland. Malheureusement ces raies n'outété mesurées par
Rowland que dans le spectre solaire; entre les longueurs d'onde d'une
même raie prise dans le spectre solaire et dans l'arc électrique (-) il v a des
différences assez grandes pour rendre illusoire toute comparaison précise.
Ce sont les raies solaires qui ont servi de base fondamentale dans l'établis-
sement de l'échelle de Rowland; la façon rationnelle de contrôler cette
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. 700; 29 octobre 1900.
C) On aurait pu obtenir des raies plus fines en produisant l'arc dans le vide au
moyen de notre tremhleiir : mais les longueurs d'onde auraient été un peu différentes
de celles que donne l'arc dans l'air, et c'est de cette dernière source que les spectro-
scopistes ont l'habitude de se servir.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 21.) l63
( ijGC) )
échelle consistera à mesurer un certain nombre de ces raies par les mé-
thorles interférentielles. Nous avons déjà décrit la méthode que nous
comptons suivre pour an iver à ce résultat; nous espérons pouvoir l'appli-
quer dès que la saison permettra des observations suivies sur le Soleil. »
PHYSIQUE. — Sur /a densité des alliages. Note de M. Edm. van Aubel,
|)résentée par M. Lippmann.
» I.'allias^e d'aluminium et d'antimoine, répondant à la formule AlSb,
a pour point de fusion loyS^-ioSo" ('), alors que l'aluminium et l'anti-
moine fondent respectivement à 660" (-) et à 63o" (^).
» Il m'a paru intéressant d'examiner si ce curieux alliage se formait
avec une variation du volume.
)) Un chimiste consciencieux, M. Maurice Duyck, a bien voulu faire les analyses
nécessaires pour connaître la composition de l'alliage, obtenu par fusion, et pour en
vérifier l'homogénéité. Qu'il me soit permis de lui adresser ici mes remercîments.
» Des prises d'essai faites en divers endroits sur deux morceaux, dans lesquels
(') Edm. van Aubbl, Jour uni de Physique, 3= série, t. VU, p. 228; 1898.
Dans ce travail, j'ai rendu compte des expériences de W. Chandler Roberts-
Austen, d'après l'ouvrage de Joseph- W. Richards, sur l'aluminium; mais une faute
d'impression d'ailleurs non signalée existe dans ce livre, à propos de ces expériences.
Il faudra donc lire, dans mon travail, 10 pour 100 au lieu de i pour 100 d'aluminium,
comme on peut s'en assurer en recourant au Mémoire original de W. Chandler
Roberts-Auslen {Proceedings of tiie Royal Institution of (îreal Britain, Vol. XIII,
Part III, p. 5i6; 1893).
A propos de la fusibilité des alliages d'aluminium et d'antimoine, il convient de
mentionner un très intéressant Mémoire de Henri Gautier (Comptes remlus, t. CXXIII,
p. m et lia; 1896).
(-) L. HoLBOHiN et A. Day {Drude's Annalen der PliysiL, t. 11, p. 534; 1900) ont
trouvé 657°, 3 pour le point de fusion de l'aluminium, tandis (]n& V'\c\.6i {Comptes
rendus, t. LXXXVIII, p. i3i7; 1879) lui avait assigné 600".
{') Dans presque tous les ouvrages de Chimie, le point de fusion de l'antimoine
est indiqué comme voisin de 440", mais des mesures récentes faites au moyen de deux
procédés dillérents, par C.-T. lleycock et F. -H. iXeville {Journal of the cliemical So-
ciety : Transactions, Vol. LXN'II, p. 186; London, iSgS), par Henri Gautier (Co/«/)/e5
rendus, t. CXXIII, p. 112; 1896) et enfin par L. Holborn et A. Day {Drude's Anna-
len der P/iysi/,-, t. II, p. 534; 1900) ont donné pour point de fusion de l'antimoine
respectivement 629", 54-632° et 63o°, 5.
( '2<^7 )
l'aluminium el l'aïuinioine ont été dosés, ont montré que l'alliage pouvait être consi-
déré comme iiomogène et avait la composition suivante :
Aluminium 18 .87
Antimoine 81 , i3
Comme cet alliage s'altère à l'air humide et surtout dans l'eau, les deu\ morceaux à
étudier ont été recouverts d'une couche de vernis ordinaire pour métaux.
» Les déterminations des poids spécifiques ont été faites par la méthode
de la balance hydrostatique. La movenne des résultats obtenus a donné
pour la densité de l'alliage, rapportée à l'eau à 4° et au vide, la valeur 4,21 yG,
pour la température de i6°C.
» Le poids spécifique que cet alliage devrait avoir, dans l'hypotlièsc où
aucune variation de volume n'aurait lieu, est 5,2246, en adoptant pour
poids spécifique de l'aluminium et de l'antimoine respectivement 2,67
et 6,72.
» La densité observée est considérablement plus petite que la densité
théorique, et l'écart ne saurait être attribué aux erreurs inévitables dans ce
genre de recherches. Il se produit ilonc une énorme augmentai ion du
volume dans la formation de cet alliage. C'est une exception, à la règle
formulée par Malthiessen ('), assez marquante pour qu'il soit utile de la
signaler.
» On peut exprimer ce résultat d'une façon plus saisissanle, en disant
que 7™, 07 d'aluminium -H 1 2*^", 07 d'antimoine fournissent 23*^', 7 i d'alliage
AlSb. .)
ÉLECTRICITÉ. — Sur une balanee très sensible pouvant senir de gahanomètre.
d' éleelrodynamomctre et d'éleclromctre absolu. Note de AL V. Crémieu,
présentée |)ar M. Lip|)niaiin.
« Le galvanomètre asiatique que i\L lu l'rofesseur Lipjjmann a récem-
ment publié (-) m'a amené à construire l'appareil suivant, basé sur le
même principe.
» Entre les deux branches CC d'une chappe de laiton {Jii,-. 1), on a fixé, sur deux
tiges B/, un fil de cocon //'/'/ i[^>i supporte une plaquette d'aluminium aa.
(') Ad. Wullner, Lehrbuch der ExperimeiUalphysik, ô' édition, t. II, p. 48; 1896.
(*) Comptes rendus, t. CXXXU, p. ii6i-; 1901.
( t268 )
» Sur celle plaquelle se liouve un lube cralumiuiuni TVT {fis- 2) porlanl un écrou
mobile E, el fixé perpendiculairemenl au plan des brins du fil de cocon.
Fis.
n
)) Ce dispositif conitiUie un fléau de balance sans couleau. Il est d'une 1res grande
légèreté (oe^ 8). L'écrou E permet d'en régler la sensibilité el le miroir M d'en suivre
les déplacements sur une échelle verticale.
» Aux e.Ktréraités TT, on a suspendu verlicalement, par des fils de cocon, deux
aimants cylindriques NS, de 6''"" de longueur et 2"™ de diamètre; ils peuvent se dé-
placer dans l'axe des bobines BB, de 6"" de longueur, et dont le noyau, en cuivre
rouge, présente une ouverture cylindrique de 4™" de diamètre.
» Ces bobines portent chacune 3oooo tours de fil, présentant une résistance de
5ooo ohms par bobine.
» On règle l'appareil de façon que le pôle inférieur des aimants soit un peu au-
dessus du centre des bobines.
)) L'appareil ainsi constitué n'est en somme qu'une morlification de la
balance de A. -C. Becquerel ('). Mais il est susceptible d'une sensibilité
considérable.
» Pour une période d'oscillation de 8 secondes, il donne, à i" de dis-
tance, une déviation de 12™"" pour un courant de io~' ampère circulant
dans les bobines, ce qui correspond à une sensibilité de 3,7 X 10* (Koiil-
raush).
» La force motrice correspondante qui agit sur le fléau est de 3 X lo"''
dyne. On a donc une balance sensible au cent-millième de milligramme.
» D'ailleurs, l'appareil est, par suite de ses dispositions, à la fois très
amorti et parfaitement astatique.
(') Mémoires de i Académie des Sciences, l. XXIII, p. 338; i85o.
( >269 )
» Si l'on remplace les aimants NS par des bobines de mêmes dimen-
sions, auxquelles le fil de suspension peut facilement amener le courant,
on a, sans autre changement, un électrodynamomètre sensible.
» D'autre part, suspendons à une des extrémités T, et par un fil un peu
long, un aimant tel que N'S', mais de telle façon que son pôle supérieur
soit un peu en dessous de la face inférieure de la bobine B correspon-
dante. Si le courant circule en BB de façon que les pôles voisins de la
bobine et de l'aimant soient de même nom, ils se repousseront.
» I^a force de répulsion sera de la forme
f. j nii
m étant le pôle de l'aimant, i l'intensité du courant dans la bobine, r la
distance des deux pôles, l'our une variation dr de cette distance, on aura
df ikini
» C'est une expression de même forme que celle exprimant la variation
d'al traction entre les deux plateaux d'un électromèlre absolu Thomson,
lorsque leur distance varie.
» J'ai pensé qu'il serait avantageux d'opposer la répulsion électroma-
gnétique à l'attraction électrostatique.
» Il a suffi pour cela de suspendre à l'autre extrérailé du fléau un plateau circulaire
en aluminium, de 8'^""i de surface et de même poids que l'aimant antagoniste. Un
anneau de garde et un plateau fixe complètent le dispositif.
» On étalonne l'appareil à l'aide de poids marqués placés sur ce plateau
et qu'on équilibre avec des courants d'intensité connue envoyés dans la
bobine.
» On a alors un électroinétre absolu, permettant d'opérer par une
méthode de zéro correspondant à une position d'équilibre que l'on rend
aussi stable qu'on le veut; il est en ellet très facile de construire la bobine
et l'aimant de telle sorte que, pour une surface donnée du plateau, le
-j- du système électromagnétique soit plus grand que celui du système
électrostatique.
» Cette condition est aussi celle d'un bon amortissement.
» La pesée éleclrométrique, toujours difficile et longue, se trouve rem-
( '270 )
placée ici par le maniement à distance d'une boite de résistance et d'un
commutaleiir.
» Enfin, on voit qu'en remplaçant dans cet électromètre l'aimanl mobile
par une bobine mobile, on sera dans d'excellentes conditions pour mesurer
la valeur du rapport des unités électriques par la méthode de Maxwell. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la réduction du chlorure d'argent par l'hydrogène
et réaction inverse. Équilibres véritables. Note de M. Jouniaux, jjrésentée
par M. ïroost.
« On sait que si l'on chauffe, pendant des temps progressivement crois-
sants, des tubes scellés contenant soit de l'argent fin et de l'acide chlor-
hydrique sec, soit du chlorure d'argent fondu et de l'hydrogène pur, la
proportion centésimale d'acide chlorhydrique contenu dans le mélange
gazeux tend vers une limite fixe qui dépend de la température de l'expé-
rience ( ').
» Pour toutes les températures inférieures à 5oo°, les limites des deux
réactions inverses sont bien distinctes, l'écart observé étant d'autant plus
grand que la température considérée est plus basse.
» Au delà de 600°, on arrive à une limite commune aux deux systèmes,
et l'expérience montre que la proportion centésimale d'acide chlorhy-
drique, restant ou formé, croît avec la température. C'est ainsi qu'elle
atteint successivement les valeurs 92,80, 98,80 et 95,00 aux températures
de (300°, 65o" et 700°. Or, d'après les déterminations de M. Berllielot, la
réduction du chlorure d'argent par l'hydrogène est accompagnée, à la
température de 1 5" centigrades, d'une absorption de chaleur de 7000 calo-
ries. Si l'on admet que cette réduction est encore endothermique aux
températures de nos exj)ériences, la loi du déplacement de l'équilibre par
des variations de température se trouve être vérifiée.
» En second lieu, nous avons étudié l'influence qu'exerce la pression
interne sur la formation de l'acide chlorhydrique; on observe que la valeur
de p est d'autant plus forte que la pression du mélange gazeux est plus
faible. C'est ce que mettent d'ailleurs en évidence les résultats suivants
obtenus vers 54o° :
(') Comptes rendus, >- novembre 1899.
( i27t )
Valeurs de p,
pour des pressions, évaluées en millimètres de mercure-,
de l'hydrogène inlroduil, égales à environ
Temps ^ — ^ — ^
de chaulTe. 380°"». .WO'""'. GOO"-. 700"-.
5 minutes » 46,36 54,07 54,43
10 » 69,50 74,71 80,57 82,35
i5 >i 84,74 82,08 86,42 82,07
3o >i 89,19 90,92 9'' '57 94,60
1 heure 91, 55 91,66 93,79 94;6i
2 heures 9'>75 92,4' 94, 18 94>68
6 » 9 ',84 92,31 94, '2 95,00
» D'autres expériences faites vers 6\o" conduisent à la même conclu-
sion. L'équation
AgCl + H = HCl -H \g
montre que, si l'on effectue la réduction du chlorure d'argent par l'hydro-
gène dans une enceinte soumise à une pression invariable, le volume
occupé par les gaz augmente, à telle enseigne qu'il atteindrait le double de
sa valeur initiale si la réaction était intégrale. Les résultats expérimentaux
observés sont donc en harmonie avec la loi du déplacement de l'équilibre
par des variations de pression.
» Enfin, la théorie thermodynamique des phénomènes de double décom-
position conduit à cette conclusion que, si l'on attribue à l'hydrogène et à
l'acide chlorlivdri(]ue les propriétés des gaz parfaits, la condition d'équi-
libre du système étudié peut, sous une même pression initiale et pour une
même température initiale de l'hydrogène, se mettre sous la forme
_ f'i (21', + l'a) a , . „
Log^^— i^ — ^ = = +/^LogT + c,
expression dans laquelle l'j et r, désignent les volumes respectifs occupés
par l'acide cldorhvdrique et l'hvdrogène dans un système porté à la tempé-
rature absolue T. Le svmbole Log désigne un logarithme népérien, a, h
et c sont trois constantes qu'il nous e.st facile de calculer. De nombreuses
déterminations expérimentales faites à trois températures différentes
permettent de fixer avec une certaine précision les valeurs du rapport
'i(2ti-+- taj ^^^ températures choisies. Par exemple :
^ . ■ 1 11 l'i ( 2 c, -1- Tj) ,. ,
» A .i2D° centigrades ou 799 absolus, -^ — 0,1 luii;
)) A 6o5" centigrades ou 878" absolus, '' "^''^ — — = 0,08912;
( 1^72 )
» A 7.oj° centigrades ou 978" absolus, ——71 — — " 0,0^)7^8.
» En reportant ces résultats dans l'expression précédente, on aura trois
équations analogues d'où il sera facile de déduire numériquement les trois
constantes a, b et c. On trouve ainsi
a = — 10998,33,
A=- 14,4783,
c = -+- 108,076.
» D'autre part, il existe entre :
» La chaleur de formation I.j de l'unité de masse du chlorure d'argent;
la chaleur de formation L, de l'unité de masse d'acide chlorhydrique; les
poids moléculaires ra^ elra., du chlornred'argent et de l'acide chlorhydrique;
les constantes a et b qui viennent d'être déterminées et la température
absolue T de l'expérience, la relation suivante
^3!., — CToLj = p (« — />T);
^ ' est une constante qu'il est aisé de calculer. On trouve
2E
rojcr^R lo333 X 29,32
0,99389.
2E 2 X 4^5 X 273
» A I 5" centigrades, on aura donc, d'après ces résultats,
^^ (a -bT) = 0,99389 (- 10998, 33 + 14.4783 X 288) = - 6790-'.
» Or, d'après les déterminations de M. Berthelot,
CT^L^ = 22000'"', rjoLo = 29000''"'.
» Donc
rô-iL, — rjjLo— — 7000™'.
» La concordance entre ces deux valeurs est remarquable, étant donné
que, par extrapolation, nous avons calculé, à 1 5" centigrades, la valeur de
l'expression ^^ ''i. (a — bl) à l'aide de résultats expérimentaux obtenus
entre SaS" et 700°. »
( >273 )
Observations relatives à la Note précédente sur la réduction du chlorure
d'argent par l'hydrogène; par M. Berthelot.
« Je demande la permission de rappeler ici la désagrégation lente et les
changements isomériques que l'argent éprouve lorsqu'il est chaufFé vers
55o° dans une atmosphère d'hydrogène, ou d'oxygène, désagrégation indi-
catrice de la formation des composés spéciaux, tels qu'un hydrure et un
oxyde d'argent, formés et dissociés à cette température.
» On ne saurait refuser, à mon a\is, un certain rôle à un semblable
hydrure et à ces états isomériques dans le mécanisme des équilibres qui
président à la réaction de l'hydrogène sur le chlorure d'argent ('), la
jjlupart des équilibres de substitution et de double décomposition ayant
pour pivot la formation directe et la dissociation inverse d'une combinai-
son binaire ou analogue. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'oxyde mercurique sur les solutions aqueuses
des sels métalliques. Note de M. A. Mailue.
« Dans un Travail publié en iSSg (-) H. Rose indique que l'oxyde mer-
curique déplace les bases fortes des solutions de leurs chlorures, mais ne
peut les chasser des solutions de leurs sels oxygénés.
» Ayant repris l'étude attentive de ces déplacements, j'ai obtenu des
résultats fort diflérents de ceux annoncés par Rose.
» Sels de zinc. — D'après Hose, le chlorure de zinc est précipité par l'oxyde de
mercure à l'état d'oxyde de zinc avec formation d'oxychlorure de mercure. En réalité
lorsqu'on met de l'oxyde de mercure en présence d'une solution de chlorure de zinc,
on obtient précipitation d'une poudre blanche cristalline, formée de très petites la-
melles hexagonales, qui, si l'on a pris soin d'établir le contact assez longtemps, ne
contient pas d'oxyde de mercure, mais est formé par un oxychlorure de zinc de for-
mule
ZnCl%3ZnO, SH^O.
» Cet oxyclilorure a été trouvé déjà par Kane et André, par des méthodes diffé-
rentes.
» L'allure est fort dilTérente avec le bromure. En mettant de Voxyde mercurique
(') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 627.
(-) Poggendorff Annalen, t. CVII, n" 6, p. 298; iSSg.
C. R., 1901, ■•' Semestre. (T. CXXXII, N" 21.) I 6/j
( 12n4 )
en présence d'une solution de bromure fie zinc, on voit disparaître progressivement
l'oxyde de mercure pendant qu'il se précipite une poudre cristalline formée de longs
prismes clinorhorabiques blancs. C'est un sel bien défini qui a la composition d'un
sel double basique zinco-mercurique de formule
HgBrSZnO,8H'0.
» Lorsqu'on met de l'oxyde de mercure au contact d'une solution très concentrée
àe sulfate de zinc, on n'obtient aucun changement, ainsi que Rose l'avait vérifié. Mais
si l'on prend une solution très concentrée à'azotate de zinc, on voit disparaître tota-
lement l'oxyde de mercure pendant qu'il s'est formé un précipité blanc qui apparaît
au microscope sous la forme de paillettes cristallines ou de fines aiguilles. Séchées,
elles présentent à l'analyse la composition d'un nitrate basique zinco-mercurique de
formule
(AzO^)^Hg,ZnO, H^O (').
» Ce sel est facilement décomposable par l'eau avec précipitation d'oxyde de mer-
cure. C'est ce qui explique la nécessité d'opérer le déplacement dans des solutions
d'azotate de zinc très concentrées, et aussi les résiiltats négatifs obtenus soit avec le
sulfate, soit avec l'acétate de zinc, que l'on ne peut obtenir en solutions assez sèches.
» Le même sel basique zinco-mercurique se produit soit avec l'oxyde jaune sec ou
récemment précipité, soit avec l'oxyde mercurique rouge.
» Sels de nickel. — D'après Rose, le chlorure de nickel est précipité complètement
par l'oxyde de mercure, à l'état d'oxyde. En réalité, il se forme un oxychlorure vert
de formule
HgCP.NiClS yNiO, loFPO.
» L'oxyde de mercure mis en présence de sulfate de nickel ne donne lieu à aucune
réaction; mais, au contact d'une solution assez concentrée A^azotale de nickel, on
voit à la longue, au bout de plusieurs mois, qu'un précipité vert a remplacé l'oxjde
jaune. Ce sont de petites lamelles hexagonales microscopiques qui présentent à l'ana-
lyse la composition d'un nitrate nickelo-mercurique de formule
2(Az03rHg,3NiO, 8H=0.
» Sels de cobalt. — Au sein d'une solution de chlorure de cobalt, l'oxyde de mer-
cure disparaît peu à peu et est remplacé par une poudre verte formée par des lames
quadrangulaires. Le déplacement total de l'oxyde de cobalt n'a pas lieu. Même au
bout de plusieurs mois, la liqueur renferme du cobalt manifesté par sa coloration légè-
rement rose.
Il La poudre verte cristalline "n'est pas un oxyde, comme l'a cru Rose, mais un
chlorure mixte basique de cobalt et de mercure de composition
HgClSSCoO, 'H^O.
(') L'analyse de l'azote a été faite soit par le procédé Dumas : dosage de l'azote
nitrique, soit par le procédé H. Henriet {Comptes rendus, n° 16, t. CXXXll, p. 966;
1901), procédé qui a donné des résultats satisfaisants.
( Ï275 )
» Même après plusieurs mois de contact, l'oxyde de mercure n'éprouve aucuu
cliangement dans une dissolution de sulfate de cobalt. Mais, dans une solution con-
centrée à^ azotate de cobalt, il est remplacé peu à peu par un précipité rouge cristal-
lisé en petits prismes clinorhorabiques ayant la composition d'un nitrate basique
cobalto-mercurique de formule
(AzO')'Hg,CoO,3H'0.
» Sels de cuiyre. — L'action de l'oxyde mercurique sur les sels de cuivre présente
beaucoup d'analogies avec l'action sur les sels de zinc.
» L'oxyde mercurique placé dans une solution de chlorure cuivrique s'y change
très rapidement en une poudre amorphe bleue ayant la composition d'un sel basique
tétracuivrique de formule
CuCl%3GuO,4H20.
» Si l'on met l'oxyde de mercure au contact d'une solution de bromure ciiifrique,
on a formation d'un précipité vert cristallisé en petites lames quadrangulaires. C'est
un bromure basique cupro-mercurique
HgBrSCuO, 3H«0.
» Le sulfate de cuivre mis au contact d'oxyde mercurique a subi une légère alté-
ration au bout de six mois, mais la quantité d'oxyde transformée a été trop petite pour
être analysée.
« h'azotate de cuivre en solution très concentrée a donné, avec l'oxyde de mercure
jaune soit sec, soit récemment précipité, et avec l'oxyde rouge, un précipité bleu formé
de prismes quadrangulaires très facilement décomposables par l'eau avec mise en liberté
d'oxyde de mercure. Ce précipité est un nitrate basique cupro-mercurique de formule
(AzO')Mlg, CuO, 4H'0. »
M. C. DcpRAT, à la Guadeloupe, écrit qu'il a observé, le 9 mai 1901,
vers 7'' du soir, une comète (c'est la comète 1901 a) comparable pour
l'écliit à une étoile de /(* grandeur, à queue rectiligne; la tête était placée
près des étoiles -^ et tc" d'Orion; l'extrémité de la queue atteignait
l'étoile 2 de l'épée d'Orion.
M. P. GuYON adresse, de Vannes, la description et le dessin d'un « Nou-
veau moteur à vent ».
M. Ch. Joly adresse un Mémoire sur « Le grisou >■.
{ 1276 )
M. RiDEY adresse une Note « Sur un matériel de sauvetage et d'extinc-
tion dans les incendies ».
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 mai igoi.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
t. CXXX, janvier-juin 1900. Paris, Gauthier-Villars, 1900; i vol. {11-4".
OEiwres complètes d' Augustin Cauchy, publiées sous la direction scienti-
fique de l'Académie des Sciences et sous les auspices de M. le Ministre de
l'Instruction publique; I"^^ série, t. XII, avec une Table générale de
la F® série. Paris, Gauthier-Villars, 1900; i vol. in-4°.
Institut de France. Académie des Sciences. Réunion du Comité international
permanent pour l' exécution de la Carte photographique du Ciel, tenue à l'Obser-
vatoire de Paris en igoo. Paris, Gauthier-Villars, 1900; i vol. in-4''.
Annales célestes du dix-septième siècle, par A. -G. Pingré, Ouvrage publié
sous les auspices de l'Académie des Sciences, par M. G. Bigourdan. Paris,
Gauthier-Villars, 1901; i vol. in-4''.
Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes. Exposition
internationale de igoo. Direction générale de l'exploitation. IV^ Congrès inter-
national de Chimie appliquée. Compte rendu sommaire , parM. Henri Moissan,
président du Congrès, et François Dupont, secrétaire général. Paris.
Imprimerie Nationale, 1901.
P. Chrjsologue de Gy, capucin, géographe et astronome (1728-1808),
avec une carte insérée dans le texte, par le P. Ubald d'Alençon. Angers,
J. Siraudeau, 1901 ; i fasc. iii-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Die Erdbebenwarte, Monatsschrilt herausgegeben von Albin Belar;
Jahrgang I, Nr. 2. Laibach, KJeinmayr et Fed. Bamberg, igoi ; i fasc. in-8°.
La propaganda cientifica, ^ahiiCAcion mensual; ano I, nuni.G. Guate-
mala, igoo; I fasc. in-H".
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai dos Grands-Auonstiiis, n° 55.
Depuis i835 les COMPTL»
Tables, l'une par ordre alphabéliq
et part du i" Janvier.
■'idoraadaircs paraissent r('-ulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin do l'année, deux volumes in-4°.
aères, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est a
Deux
annuel
Le prix <tr Vabnnnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — ricpariements : 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Ferran Irères.
i Chaix.
Alger < Jourdan.
( Ruff.
Amiens Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
Angers • „
( Gaslineau.
Baronne Jérôme.
Besançon Régnier.
/ Feret.
Bordeaux Laurens.
( Muller (G.).
Bourges Renaud.
/ Derrien.
-, F. Robert.
Brest « ^, ,.
i Oblin.
I Uzel frères.
Caen Jouan.
Chambcry Perrin.
_. . ( Henry.
Cherbourg I , •'
( Marguerie.
,,, , ^ i Juliot.
Liermont-Ferr .. .
f Bouy.
Nourry.
D{ on Ralel.
( Rey.
_ i Lauverjal.
Douai , ■■
t Uegez.
„ ,, i Drevet.
Grenoble „
( Gratier et G".
La Rochelle Foucher.
, ,, i Bourdignon.
Le Havre ^
{ Dombre.
, ... 1 Thorez.
l-^le
( Quarre.
Lorient.
chez Messieurs ;
Baunial.
M"* Tenier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
I Lyon ^' Ellanlin.
I Savy.
' Vitte.
Marseille Kuat.
) Valat.
I Goulet cl fils.
Martial Place.
! Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
^ Guist'lian.
i Veloppé.
I Barnia.
' Appy.
iVimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . i Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Roche/on Girard (M"").
Langlois.
Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
( Ponteil-Burles.
( Itunièbe.
Montpellier .
Moulins . . ..
Kantey
. A ice . . .
Rouen.
Toulon . .
Toulouse
f Giiiict.
I Privât.
Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
{ Lenialtre.
Valenciennes .
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
chez Messieurs :
I Feikema Caarelsen
i et G-.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et G''.
Dames.
Friedlander et lils.
I Mayer et Muller.
Berne Schniid Francke.
Bologne Zaniclielli.
I Lainertin.
Bruxelles Mayolezet.\udiarte.
( Lebègue et G'*.
„ , 1 Sotchek et C°.
Bûchai es'. . , ,
( Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et G
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. , Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
; Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
Beiida.
Payot et C'".
Barth.
1 Brockliaus.
Leipzig Lorentz.
Max Kiibe.
Twietmeyer.
( Desoer.
'-'^'S^ iGnusé.
Genève. .
La Haye.
Lausanne.
chez Messieurs :
1 Dulau.
^''"'''■" Hachette et G'..
' Nutt.
Luxembourg. . . V. Buck.
iRuiz et G'V
Romo y Fussel.
Capdeville.
F. Fé.
Milan (Bocca frères.
■' I Hœpli.
l^oscou Tastevin.
Naples j Marghieri di Glus.
( Pellerano.
1 Dyrsen et Pfeiffer.
IVe'v-Vork ! Stechert.
( LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G"
Palerme Reber.
Porto Magalhaès el Monii.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Rome j Bocca frères.
( Loescheret G'*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin. ~
„, „ , , i Zinserling.
S'-Petersbourg..^^^^^^
I Bocca frères.
Brero.
Clausen.
RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et Wolfl.
Vérone Drucker.
l Frick.
Vienne ! „ , ,
( Gerold et G''.
Ziirich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" à 31. — (3 AoiU i835 à '3i Décembre i85o. ) Volume in-4° ; i853. Prix 15 Ir.
Tomes 32 à 61. — (, i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) VoUimc in-j"; 1S70. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i"'' Janvier iSGO à ji Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
Tomes 92 à 121. — ( i"' Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume in-4"; "joo- l'i'ix 15 Ir.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I : iMémoire sur quelques points de la Physioloslc des Alyurj. p<ir MM. A. Drni.Es et \.-J.-J. Solilh. - Méirioire sur le Calcul des Pertui-bations
qu'éprouvent les Comètes, par M. Hansen. — Mémoire sur h- Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans
la digestion des matières grasses, par M. Claude Bern.vru. Volume in-V, avec 32 planches; iS56 • 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V.4N Biîsti.ix. - Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des
Sciences pour le concours de iS53, et puis remise pour celui de iS.W, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents
« terrains sédimentaircs, suivant l'ordre de leur superposition. - Dtsculer la question -de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. -
« Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état aetuel du règne organique et ses étals antérieurs », par M. le Professeur Iîiionn, in-\'
15 fr
avec 3-; planches; i8Gi
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 21. '
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 28 mai 1901.)
MEMOIRES ET COMMUIVIGATIOrVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Ministre dk i.'Insthuctioîj publique
adresse ramplialion du décret par lequel
le Président de la République approuve
l'éleclion de M. Laveraii pour remplir la .
place laissée vacante dans la section de
Médecine cl Cliirurgie par le décès de
M. Potain 1^49
M. le Secrétaire rEiîPÉTUEL annonce àTAca-
dcniic que le Tome CXXX des « Comptes
rendus de l'Académie des Sciences •■ est
en distribution au Secrétariat 1249
M. le Secrétaire terpétuel présente les
(I Annales Célestes du dix-septième siècle ■■
de A.-G. Pingre. Ouvrage publié sous
les auspices de l'Académie des Sciences.
Pages,
par M. G. Bigourdan, et le Tome XII
de la I" Série des « OEuvres complètes «
d'Augustin Cauchy , publiées sous la
direction scientifique de l'Académie des
Sciences i25o
M. Bouquet de la Grye. — Sur la paral-
laxe du Soleil 1230
MM. Paul Sabatier et J.-B. Senderens.—
Hydrogénation de divers carbures arpma-
liqucs laS'i
M. le S'ECRÉTAIRE PERPÉTUEL annonce à l'Aca-
démie la perte qu'elle vient de faire dans
la personne de M. Mares, Correspondant
de la Section d'Economie ruiale, décédé
à Montpellier le 9 mai 1901 1257
CORRESPONDANCE.
-AI. le Secrétaire perpétuel signale : 1° Le
Compte rendu sommaire du IV" Congrès
de CIjimie appliquée, par MM. flenri Mois-
son et François Dujmnt ; 1" un volume
intitulé : « Réunion du Comité interna-
tional permanent pour l'exécution de la
Carte photographique du Ciel, tenue à
l'Observatoire de Paris en 1900. « i'ih-j
.MM. Rambaud et Sy. — Observations de la
comète A ( 1901 ), faites à l'Observatoire
d'Alger (ét]uatorial coudé de 0'", 348 d'ou-
verture ) 1 25s
M. A. DE LA Baume-Pluvinel. — Sur le spec-
tre de la couronne solaire photographié à
Elche (Espagne) pendant l'éclipsé totale
de Soleil du 28 mai igoo 1259
.MM. Ch. Tabry et .\. Perot. — Longueurs
d'onde de quelques raies du fer 1264
AL Ei)M. v.\N AuBEL. — Sur la densité des
alliages 1^66
M. V. Crémieu.- — Sur une balance très
sensible jiouvant servir de galvanomètre.
Bulletin bibliographique
d'électrodynamomètre et d'éleclromètre
absolu
M. J0UNIAUX. — Sur la réduction du chlo-
' rure d'argent par l'hydrogène et réaction
inverse. Équilibres véritables
M. Berthelot. — Observations relatives à
la Note précédente sur la réduction du
chlorure d'argent par l'hydrogène
M. A. Mailiie. — Action de l'oxyde mercu-
rique sur les solutions aqueuses des sels
métalliques
M. Duprat, à la Guadeloupe, écrit qu'il a
observé une comète, le 9 mai 1901, vers
-'' du soir. (C'est la comète 1901 a.).,.,
M. P. GuYON adresse la description et le
dessin d'un « Nouveau moteur à vent >'..
M. Ch. Joly adresse un Mémoire sur u le
Grisou >'
M. RiDEY adresse une Note « Sur un maté-
riel de sauvetage et d'extinction dans les
incendies »
I26-;
[27.3
127.3
127J
127")
127,'i
1276
127(1
PARIS. — [ M P R I M lî R I E G A U T H I K R - V I L L A R S ,
Quai des Grands-Auguslins, Si
l.e Gérant .* '■.uraiBR-VtLLARS.
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
P%H lin. EiES SBCRBTAinE» PBRPÉTUEIiS).
TOME CXXXII.
N^ 22 (5 Juin 1901).
PARIS,
GAUTHIIÎR-VILLARS, IMPRIMIiUR-LIBlUIRK
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai des Grands-Auguslios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances
DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l Académie se composent des extraits des travaux ,1e
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentes par des savants étrangers à l'Académie
Chaque cah.er ou numéro des Comptes rendus a
4» pages on 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1-. -_ Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparunassociéétrangerdel'Académiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pa^i^es par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d une personne étrangère ne pourra paraître dans
e Compte rendu de la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordn^aires sont soumis à la même
l.m.te que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de J2 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis
eussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A^
cadenj.e; cependant, si les Membres qui y ont pris
part desu-ent qu'il en so.t fait mention, ifs doive
rechger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
Ils donnent lecture à l'Académie avant de i;s rë
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne'
prejudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
l-re, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont impnmés dans les Comptes) endul, ..... les ^p-
porls relatifs aux prix décernésne le sontquW
que l'Académie l'aura décidé. *
Les Notices ou Discours prononcés en séance*
bl.que ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Savam.
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person„
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'„„,
sume qui ne dépasse pas 3 pa^es
Les Membres qui présentent ces Mémoires so-
tenus de les réduire au nombre de pages reauis I
m, ,5 les Secrétaires ont le droil ,1e réd„ire eelEa»
amant qu ,1s le jugent convenable, comme il, lef,
cieiie (le 1 Académie. ^
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
I imprimerie le mercredi au soir, ou, au plustard.i,
jeudi a lo heures .lu matin ; faute d'être remis à temps
le itre seu duMemoire est inséré dans le ComptereL
actuel, et 1 extrait est renvoyé au Compte rendu se
vant et mis a la fin du cahier. ^
Article 4. _ Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches
figures.
m
Dans le cas exceptionnel où des fioures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour i étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais desai^
eurs; ,1 n y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fail
un Rapport sur la situation des Cor,iptes rendus après
1 impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à r Académie qui désirant f, '■ '
déposer au Secrétariat a„ p.ns tard le Samedi ,ui ^X::Z 'ivaL^t tî^^ ^ 7 '" ^^^^^'^'^^ ^-P^'-'^ -"* Pri^^ <>« '-
eance, avant 5 . Autrement la présentation sera remise à la séance suivant..
JUN 33 1901
COMPTES RENDIS
DES SÉANCES
DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 3 JUIN 1901.
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
ME3I01RES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelles recherches sur la neutralisation de l'acide
phosphorique; par M. Bertiielot.
« En poursuivant des recherches de chimie physiologique sur l'acidité
des liquides de l'économie, tels que l'urine et le suc gastrique, j'ai été con-
duit à reprendre l'étude de la neulralisalion des acides à fonction multiple,
organiques et minéraux, et notamment celle de l'acide phosphorique, qui
m'a déjà occupé à plusieurs reprises ('). Je rappellerai que j'ai reconnu à
cet acide trois fonctions distinctes : celle d'un acide monobasique, compa-
rable aux acides minéraux les plus énergiques, fonction à laquelle s'ajoute
(') Ann. de Cliim. et de Phys., 5° série, t. IX, p. 33, 1876; 6* série, t. VI, p. 5o6,
i885; 7" série, t. XI, p. 355, 1887.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, M" 22.) I<35
• i^7« )
une acidité équivalente à celle d'un acide plus faible, de l'ordre de l'acide
acétique, puis une troisième acidité de l'ordre de celle des alcools. Ces
trois acidités répondent à la formation des phosphates monobasiques,
bibasiques, tribasiques. Elles se traduisent tant par l'inégalité des dégage-
ments de chaleur de neutralisation, qui caractérisent chacune d'elles, que
parla diversité de teinte de certains colorants tels que le mélhylorange,
accusateur de la monobasicité, la phénolphtaléine, accusatrice des deux
premières basicités, et le bleu C^P, accusateur spécial mais un peu incer-
tain de la troisième basicité.
» Mes nouvelles recherches ont porté surtout sur l'étude des doubles
décompositions entre les chlorures de calcium, de baryum, de magnésium'
et l'azotate d'argent, opposés en proportions diverses à l'acide phospho-
rique libre et aux phosphates monosodique, bisodique et trisodique, tiinsi
qu'aux phosphates monoammonique, biammonique et triammonique; le
tout dans le but de déterminer les variations de titre acide correspondantes.
Avant de présenter le Tableau de ces expériences, dont le nombre s'élève
à plusieurs centaines, je crois devoir revenir sur l'étude de la neutralisa-
tion directe de l'acide phosphorique par la chaux et par la baryte.
)) Les nouveaux résultats que j'ai obtenus confirment et développent
mes anciens, en y ajoutant certains phénomènes qui paraissent de quelque
intérêt pour les problèmes généraux de la neutralisation. Voici les faits :
» 1 . Versons peu à peu , avec une burette graduée, une solution de chaux,
renfermant par exemple iS'', 2 à I*^^4 a» litre (GaO = 4»"' à 5o"*), dans
une solution d'acide phosphorique (PO*H^ — 8'"): il ne se produit d'abord
aucun précipité; mais le méthylorange accuse la neutralisation lorsqu'on
a atteint un équivalent d'alcali pour une molécule d'acide, précisément
comme avec la soude et avec la baryte; soitPO^H' -h NaOH pour la soude;
2 PO* H' -h BaO et 2 PO' H' + CaO pour la chaux et la baryte (bases biva-
lentes). Si l'on continue à ajouter rapidement la solution de chaux, l'acide
commence à se précipiter sous la forme de phosphate bibasique, PO'CaH
ou P-0% 2CaO, H-0; la précipitation étant à peu près complète avec
deux équivalents de chaux (une molécule).
M Cependant, la réaction ne s'arrête pas à ce terme, une nouvelle pro-
portion de chaux s'attachant au précipité, au fur et à mesure que l'on ajoute
la dissolution alcaline. Or, circonstance remarquable, l'accroissement de
chaux dans le précipité n'est pas instantané, mais progressif; il se fait peu
aj)rès et ne se complète que très lentement, même lorsque l'acide est mis de
suite en présence d'un excès de chaux considérable, tel que4CaO et même
( 1279 ^
loCaO (8 ou 20 équivalents). C'est ce que l'on constate, par exemple, en
laissant reposer un instant la liqueur qui, dans les premiers moments,
s'éclaircit assez vite, ou bien en la filtrant. Si l'on attend plus longtemps,
le précipité change de nature et cette matière, remise en suspension par
l'agitation, ne se dépose plus qu'avec une extrême lenteur, demeurant
émulsionnée à la façon d'un corps colloïdal. En opérant dès le début, on
peut isoler une fraction déterminée du volume initial ( ' ") et y déterminer
le titre alcalin, par l'emploi de l'acide chlorliydrique normal, par exemple,
et d'un colorant. Le méthylorange a été employé de préférence. Dès que
tout l'acide phosphorique a été précipité, ce qui est réalisé par une pro-
portion de chaux un peu supérieure à i équivalents (CaO pour PO' H'),
la liqueur claire ne renferme plus que de la chaux et les indications des
trois colorants : méthylorange, phénolphtaléine et tournesol, répondent
sensiblement à la même limite. Cette limite fait connaître la dose de chaux
libre dans la dissolution et, par différence, la dose précipitée par l'acide
phosphorique.
» 2. En versant ainsi peu à peu l'eau de la chaux dans l'acide phospho-
rique, le méthylorange vire, comme je viens de le dire, vers le terme
P^O^ : CaO (phosphate monobasique sohibh ).
» En opérant en sens inverse, c'est-à-dire en versant peu à peu l'acide
phosphorique dans l'eau de chaux, ce virage a eu lieu vers le terme
P-O^ : 2 CaO ; c'est-à-dire lors de la formation du phosphate bibasique inso-
luble, laquelle soustrait 2 équivalents de base soluble à l'action alcali-
métrique.
» Avec la phénolphtaléine, cette première limite est moins nette; elle a
paru voisine de i ,4 CaO.
)) 3. Pour mieux observer la fixation progressive de la chaux sur le
phosphate bibasique précipité en premier lieu
(PO'CaH ou P-O', 2CaO, H=0)
(') En raison de la grande dilution des liqueurs, leur volume par l'effet de la for-
mation du précipité n'éprouve que des variations insensibles, du moins pour le degré
de précision des expériences alcalimétriques. Les filtres employés étaient formés avec
le papier blanc employé pour les analyses chimiques. Ce papier ne relient que des
doses d'alcali insignifiantes, c'est-à-dire comprises au-dessous des limites d'erreur;
comme on le constate en comparant les liqueurs filtrées avec les liqueurs isolées par
décantation. Les liqueurs doivent être préparées et conservées en vases clos, à l'abri
du contact de l'air.
( I28o )
j'ai opéré d'un seul coup le mélange de la dissolution PO^H* avec un
volume d'eau de chaux renfermant 4CaO et loCaO ( 8 et 20 équivalents).
On a observé ainsi, et en opérant le dosage avec le méthylorange, les
doses de chaux fixées sur PO^ H' que voici :
Avec 4CaO Avec loCaO
Aussitôt 1,34 1,77
Le i" jour (janvier"! 1,82 1,93
Le 2" jour t , 89 »
Le 3' jour 1,93 1,96
Le 4° jour i , 97 »
» Les derniers chiffres se confondent à peu près avec la formule d'un
phosphate quadribasique.
» Les dosages, exécutés simultanément avec trois colorants, ont été
trouvés sensiblement les mêmes; soit dans deux essais distincts :
Méthylorange 1 ,77 i ,90
Phénolphtaléine 1,80 2,02
Tournesol i ,77 i ,96
» Lorsqu'on agite, le précipité rentre en suspension, et la liqueur émul-
sionnée ne s'éclaircit plus guère, même après plusieurs semaines de
repos. Mais, si l'on y ajoute quelques centièmes de son volume d'une dis-
solution saturée de chlorure de sodium, le précipité se coagule et se sépare.
D'après le titrage de la liqueur claire ainsi obtenue, le précipité renferme,
pour PO* H': 1,99 CaO.
» On peut aussi éclaircir la liqueur en la maintenant à 60°, en vase clos,
pendant six heures. Le lendemain, le dosage par le méthylorange a indi-
qué, pour PO'' H', les proportions de chaux précipitée : 2,1 CaO.
» Le léger excès 0,1 peut être attribué à la précipitation de l'eau de chaux
observable par l'action de la chaleur. En effet, le titre de la même eau de
chaux, chauffée simultanément dans le même bain, a baissé de i^', 16
à i^"', 12 par litre.
» D'après ces faits, qui concordent avec mes observations de 1876, en les
précisant davantage, le terme de 3 équivalents ne représente pas le terme
de la saturation de l'acide phosphorique pnr la chaux; pas plus d'ailleurs
que par la soude, laquelle continue à dégager un peu de chaleur, même au
delà de la proportion PO^H'+ iNaOH. De même la baryte.
)) Un composé calcique quadrivalent (Lsoklas) a même été observé
dans la nature (Gmelin, (. H, p. 364; 188G). Ce composé répondrait.
( I28l '^
d'après les analogies, à l'oxychloriire de calcium, CaCl-,3CaO, et à
l'azotate de chaux basique, Az-O'Ca.CaO.
» 4. La baryte donne lieu à des observations parallèles. Lorsqu'on verse
peu à peu l'eau de baryte dans l'acide phosphorique, le virage du méthYl-
orange répond au sel monobasique soluble, P-0',Ba O, 2H-O, comme
avec la soude et la chaux.
» En opérant en sens inverse, on a observé une fixation progressive
d'alcali sur le sel bibasique, PO'BaH.
Premier effet i,33 BaO fixé en loui.
Puis 1,45
24 heures 1 ,725
Après quelques jours. . 1,91
n Je n'ai pas réussi à dépasser ce terme. Mais il se rapproche bien ilu
phosphate quadribasique.
» Quand on précipite le phosphate Iribasique, P^O*, 3BaO,par double
décomposition, il est d'abord amorphe, puis cristallise en dégageant -+- 1 't*^"',
d'après mes anciennes observations.
» 5. Lorsqu'on précipite par double décomposition les phosphates de
chaux ou de baryte, j'ai observé que le sel précipité varie, suivant la con-
stitution du phosphate alcalin soluble initial, ses proportions relatives et
diverses autres circonstances, dans son degré de saturation. On peut
obtenir :
» Soit un sel bivaleni, tel que PO'Callou PO'BaH;
>. Soit un sel trivalent, tel que P^0=, 3CaO ou P-0^ 3BaO;
» Soit un sel de saturation intermédiaire, tels que ceux observés par
lierzélius ;
» Soit un sel double, tel que P-O*, 2BaO, 2NaOH, etles composésaiia-
logues obtenus par le regretté Joly.
» Enfin, si l'on opère avec un excès de potasse ou de soude, comme ou a
proposé de le faire dans les recherches relatives à la neutralité de l'urine,
on peut obtenir des phosphates quadribasiques, ou leur mélange avec les
phosphates tribasiques.
» En raison de ces faits, dont j'ai fait une étude approfondie, les chan-
gements dans le degré de neutralité des liqueurs décantées ou filtrées sont
très divers suivant les circonstances et ils ne répondent pas, dans la plupart
des cas, aux formules admises par hypothèse par les physiologistes. Je
reviendrai sur cette question. »
( 1282 )
CHIMIE. — Nouvelles recherches sur les alliages d'or et (V argent et diverses
autres matières provenant des tombeaux égyptiens ; par M. Bertiielot.
« En poursuivant mes études sur les métaux de l'antiquité, j'ai été
conduit à faire un examen spécial des échantillons d'or pur, ou allié, pro-
venant des tombeaux égyptiens, et particulièrement des feuilles minces
employées à la dorure des momies et autres objets. J'ai recherché s'il était
possible d'établir quelques relations probables entre la composition chi-
mique de ces feuilles et la date et les procédés de leur fabrication, dans
les cas où cette date est établie d'une façon rigoureuse par les archéo-
logues; de façon à pouvoir, au besoin, remonter en sens inverse, dans
d'autres cas, de la composition révélée par l'analyse chimique, soit à la
date inconnue de la fabrication, soit à l'origine minéralogique des échan-
tillons. Mais, pour arrivera des conclusions de quelque valeur, il convient
de multiplier les déterminations.
» J'ai déjà publié un certain nombre de résultats précis à cet égard dans
mes études sur les fouilles de Dahchour (^Annales de Chimie et de Physique,
']" série, t. IV, p. 572; i8g5) et sur des échantillons fournis par notre
(Confrère, M. Maspéro, directeur du Service des antiquités en Egypte
(même Recueil, ^^^ série, t. XXI, p. 202; 1901; Comptes rendus, t. CXXXI,
p. 461; 1900). Il a eu l'obligeance de m'envoyer divers échantillons nou-
veaux, au mois d'avril 1901, et ces échantillons m'ont été remis il y a une
douzaine de jours par M. Cogordan.
» Je vais donner les résultats de mon examen.
A. — I. Petit fragment d'or, provenant du cercueil du roi Horus
DE Dahchour, xiii= dynastie.
» Cet échantillon pèse o^^,oo%i.
» C'est une feuille métallique battue (épaisse d'environ un millième de
millimètre). La teinte des deux surfaces est notablement différente, l'une
d'elles étant d'un jaune d'or pur, l'autre rougeàtre et même presque sombre
par places. Cette dernière teinte est répartie inégalement. Elle ne paraît
pas attribuable au métal lui-même, mais à un enduit extrêmement mince
de matière organique, provenant sans doute du contact de la momie, et
dont le poids n'est pas appréciable sur un aussi petit échantillon. Cette
( 1283
nialiére brûle lorsque l'or est porté au rouge, et le métal reprend sa cou-
leur normale.
» L'analyse a fourni sur loo parties .
^'' 92,7
Argent /,,g
Autres matières •2^[^
B. — Deux petits paquets de feuilles métalliques, désignées sous les noms d'oh,
d'argent, ou D'ÉLECTItUM, PROVENANT d'LN TOMBEAU DE LA Xl° OU XU" DYNASTIE (XII" PRO-
BABLEMENT), DÉCOUVERT A HeRCUÈU ET APPARTENANT A UN CERTAIN TaHOUTINAKIIOUIT.
)) J'ai partagé ces feuilles, d'après leur apparence, en quatre groupes
poiu' les analyses.
II. — Argent du pcnjuct n" 1.
» Lamelle épaisse de o'""',oo2 en moyenne. -- Epaisseur variable de
o«"",ooi à o""",ooi5 et o""",oo25.
Ag 74,52
A-" ^94
Patine et autres matières 10, 54
III. — Or jaune du paquet n° 1.
Au 80, I
Ag 20,3
100,4
IV. - Or rouge du paquet n" 1.
» Lamelle épaisse de o""°,ooi environ dans les parties les plus minces.
'^" 78-7
Ag 20,9
99.6
V. — Or jaune du paquet n" 'i.
» Lamelle épaisse de o^^jooi environ.
^" 77,3
Ag 22,2
99'5
( I28/| ^
VI. - Or rouge plus foncé du paquet II" i.
» L'or est terni d'un côté par une matière organique, telle que celle
de réclianlillon I, qui lui donne l'apparence d'un doublé. Cette matière
est détruite lorsqu'on chauffe la feuille d'or an rouge. Épaisseur : o'""',ooi
environ dans les parties minces.
Au , 78,2
Ag ^-i-'
99'3
» On remarquera que les feuilles d'or ont toutes une épaisseur voisine
de I à 2 millièmes de millimètre, sans être cependant absolument régu-
lière. — Les échantillons IH, IV, V, A'I ont sensiblement la même compo-
sition, étant constitués par un alliage artificiel ou par un minéral naturel,
qui renferme 4 parties d'or et i partie d'argent. La différence de teinte qui
avait fait supposer l'existence distincte d'or et d'électrum est attribuable ;i
un mince enduit, produit par le contact ou les émanations de la momie.
» L'échantillon II est formé par de l'argent mêlé d'un cinquième d'or,
alliage artificiel ou plutôt minerai naturel.
» Aucun de ces échantillons n'est constitué par de l'or pur, pas plus
que ceux du trésor de Dahchour que j'ai déjà analysés {Ann., 7* série,
t. IV, p. 572) où le rapport de l'or à l'argent était celui de 5 à i, et les
feuilles d'or de la VP et de la XIP dynastie (Ann., 7* série, t. XXI, p. 202)
qui contenaient seulement 3,2 à 4,5 centièmes d'argent : chiffres analogues
à ceux de l'échantillon I provenant du tombeau d'Horus, ce qui confirme
les remarques précédentes sur la composition de l'or égyptien.
C. — Objkts divers.
» Voici maintenant les résultats observés sur quelques autres objets
provenant du même tombeau :
VIL — Matière solide, réputée parfum.
» C'est une résine fragile, d'un jaune brunâtre, compacte, à cassure
conchoïdale. Chauffée, elle se comporte comme de la colophane (résine
des pins), avec une odeur semblable.
11 VIII. Deux boules rondes, blanchâtres, ayant l'apparence d'une
matière pétrie, puis agglomérée par dessiccation. Le tombeau en renfer-
mait une trentaine. — Diamètre : 22""'.
( 1285 )
» Ces boules avaient été regardées par les personnes qui les ont
trouvées comme des parfums. J'ai constaté qu'elles ne contenaient pns
de matière organique. Elles sont constituées en réalité par des fragments
de verre pilé, non porplivrisé, riche en silice, associé à un peu de carbo-
nate de chaux qui a dû. servir de ciment. La densité de cette matière a été
trouvée égale à 2,60 environ. Il est difficile de comprendre les motifs qui
ont conduit à placer une substance semblable dans un tombeau.
» IX. M. Maspéro avait joint à son envoi une petite lamelle métal-
.lique rouge, longue de 60™" environ, large de 6 à y""" suivant les points,
épaisse de o™™,66 et recouverte par places d'une patine vert-de-grisée. —
J'y ai trouvé sur 100 parties :
Cuivre 87 ,7.
Étain Trace.
Patine oxydée 12, 3 environ.
» J'ignore à quel objet cette lamelle avait appartenu autrefois.
M X. En examinant les feuilles d'or, allié d'un quart d'argent, désignées
plus haut en B, j'y ai trouvé trois petits anneaux parfaitement réguliers et
semblables, qui ont attiré mon attention. J'ai pesé l'un de ces anneaux,
soit iS™^''', 9. Il constituait un tore régulier. Son diamètre extérieur était
égal à 3'"°',o5; le diamètre du tore était o™'",75 et, par conséquent, le
diamètre delà circonférence intérieure : i""",55.
» Cet anneau était constitué par du verre dévitrifié, exempt d'étain ou
d'autre métal dans sa masse intérieure, mais recouvert d'une mince
patine verdàtre, renfermant une trace de cuivre.
» L'existence de semblables objets soulève de nouveaux problèmes. En
effet, ces petits anneaux devaient dépendre de quelque objet d'art ou de
parure, tel qu'un collier de perles de verre, car ils n'ont pas été assem-
blés par soudure, mais enfiles sur un fil de lin ou de métal. Leur fabrica-
tion même a dû offrir quelque difficulté, en raison de la minceur des
anneaux (o""^,']^-<) comparée à leur diamètre (3""", o5 V
« Je joindrai aux analyses précédentes celle d'un échantillon de métal
chaldéen, remis par M. Heuzey . Il s'agit de la statuette du roi Rim-Sin, datée
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 22.) l66
( 1286 )
vers 2 200 avant notre ère. La poussière détachée à la lime renfermait ;
Cuivre 92;9
Sable 0,2
Potasse oxydée 8,9
(sans autre métal).
» C'est du cuivre à peu près pur, comme les statuettes plus anciennes
de Goudéah (') et du palais du roi Onr-Nina ("). »
PHYSIQUE . — Sur r analyse magnétique des rayons du radium et du rayonne
ment secondaire provoqué parées layons. Note de M. Henri Becquerel.
« Dans une Note récente ('), j'ai décrit une disposition expérimentale
qui m'avait déjà servi antérieurement à analyser le rayonnement du
radium ; quelques modifications à cette disposition m'ont permis de cons-
tater ou de vérifier avec plus de précision plusieurs propriétés impor-
tantes, soit du rayonnement direct, soit du rayonnement secondaire émis
par les corps qui sont frappés par les rayons du radium.
M La disposition consiste à placer la matière active dans un champ ma-
gnétique uniforme, à isoler un mince faisceau plan parallèle au champ,
puis à recevoir sur une plaque photographique normale au champ, et sous
une incidence presque rasante, le rayonnement du faisceau dont une
partie est déviée par le champ magnétique. Dans ces conditions, si la source
est linéaire, normale à la plaque el de très petite longueur, l'impression
représente une section faite normalement au champ dans le faisceau dévié;
chaque faisceau correspondant à une vitesse de translation déterminée
donne une impression sensiblement circulaire, comme si la trajectoire tout
entière de ce faisceau était marquée sur la plaque. Si sur la face de cette
plaque, et en contact avec elle, on dispose divers écrans, on arrête ou
on limite le rayonnement. Lorsque ces écrans sont percés de trous, on
observe que par chacun d'eux et par la source il passe une infinité de
cercles formant en dehors de l'écran un faisceau épanoui qui constitue
une sorte de spectre pur. Si au delà du premier écran percé de trous on
(' ) Intioduclion à la Chimie des anciens et du moyen âge, p. 224.
(-) Histoire de la Chimie au moyen âge, t. I, p. Sgi.
(') Comptes rendus, t. CXXXll, p. 784.
{ 1287 )
en dispose un second également percé de trous, on constate que par ces
derniers il sort, soit un faisceau unique et bien défini, soit, si les faisceaux
du premier écran se réunissent partiellement, une série de faisceaux dis-
tincts correspondant à des circonférences définies par le trou considéré,
par la source, et par un troisième trou appartenant à l'écran intermédiaire.
» Les épreuves photographiques permettent de relever avec une grande
exactitude ces pseudo-trajectoires, et d'isoler ainsi des rayons presque
complètement purs, c'est-à-dire correspondant chacun à une valeur unique
du produit — ç' qui, dans la théorie balistique, est proportionnelle au rayon
de courbure de la trajectoire; ni étant la masse fictive entraînée, e la
charge qu'elle transporte avec une vitesse v. .
» A côté de ces rayons déviés, on voit la trace rectiligne donnée par
les rayons non déviables, comme dans l'expérience fondamentale de
M. Villard.
» Dans un champ magnétique de 3oo unités C.G.S. environ, j'ai réalisé
sur une cinquantaine de clichés les dispositions les plus diverses avec des
écrans en plomb, en étain ou en cuivre, affectant souvent une forme cir-
culaire que les rayons non déviables traversaient suivant leur diamètre.
Ces écrans étaient percés de fentes fines ou larges, normales à la plaque
photographique et en contact avec celle-ci. Ces écrans avaient i"™ ou 2°""
d'épaisseur, et environ 9°"" de hauteur; pour protéger plus complètement
certaines parties de la plaque, on faisait usage de blocs métalliques de
plusieurs centimètres d'épaisseur.
» La matière active était placée dans une rainure pratiquée dans un
bloc de plomb ; un grand nombre d'expériences ont été faites en plaçant
la matière au fond d'une rainure ayant 12""" de profondeur et moins de
jinni jg largeur. Lorsque la matière était enfermée dans un tube de verre,
on éliminait la partie non déviable et très absorbable pour ne conserver
que la partie non déviable et très pénétrante, ainsi que la partie déviable
du rayonnement. Dans tous les cas, la cuve était couverte d'une très mince
feuille d'aluminium pour arrêter les rayons lumineux; la plaque photogra-
phique pouvait alors n'être pas enveloppée, à la condition de faire dans
l'obscurité les diverses manipulations de la |)ose.
» Enfin, dans la plupart des expériences, en dehors de l'écran extérieur
percé de trous, on a disposé parallèlement et à quelques millimètres de
distance, une lame d'aluminium de o'""", i d'épaisseur, qui touchait la
plaque photographique.
( 1288 )
» Dans ces conditions, on a constaté les effets suivants : les rayons non
déviables émis au travers du verre, ainsi que les rayons les moins déviés,
traversent l'aluminium comme si celui-ci n'existait pas, et provoquent à
peine des rayons secondaires.
M Les rayons déviables, partiellement absorbés, traversent l'aluminium
sans que la trajectoire soit modifiée. On en conclut que le rayonnement
qui sort de l'aluminium a la même valeur du produit — v qu'avant de tra-
' verser le métal ; j'avais déjà obtenu cette conclusion par une autre méthode.
>) Les rayons partiellement absorbés provoquent sur les deux faces de
l'écran d'aluminium des rayons secondaires intenses. Ces derniers forment,
à l'extérieur de l'écran, un faisceau un peu diifus qui se superpose au fais-
ceau transmis, sur la même trajectoire. La disposition permet de recon-
naître très simplement, dans les faisceaux épanouis définis par la source et
une seule ouverture, les limites d'absorption de divers écrans.
)) L'analyse des rayons secondaires émis par les écrans métalliques a
donné des effets moins nets. Dans un grand nombre de cas, des faisceaux
de rayons secondaires sortent par les ouvertures en formant soit un fais-
ceau diffus symétrique, soit une gerbe épanouie dans les deux sens, soit un
faisceau épanoui en sens contraire du faisceau déviable incident. Ces der-
niers effets paraissent produits par les rayons qu'émettent les parois des
ouvertures.
» Si l'on forme avec des écrans épais des espaces protégés contre le
rayonnement venant directement de la source, mais présentant des ouver-
tures du côté d'écrans recevant le rayonnement, ces espaces sont le lieu
d'impressions photographiques, intenses du côté de l'entraînement des
rayons par le champ, montrant ainsi que le rayonnement secondaire com-
prend une partie déviable. Le rayonnement secondaire provoque sur les
écrans qu'il frappe un rayonnement tertiaire, qui lui-même peut à son tour
provoquer des rayonnements d'un ordre plus élevé. L'expérience est très
nette avec les rayons secondaires du plomb, en laissant entrer ceux-ci, par
un canal étroit, dans l'espace protégé; au sortir de ce canal, le rayonne-
ment secondaire présente une déviation évidente par le champ magnétique,
dans le même sens que la déviation des rayons incidents et avec une cour-
bure moyenne qui ne paraît pas différer sensiblement de celle des rayons
excitateurs. Cette dernière conclusion n'est qu'approximative et demande
à être confirmée par des mesures plus précises.
» Les divers clichés que je soumets aujourd'hui à l'Académie, et que je
( 1289 )
me propose de publier ultérieurement, montrent la précision que l'on peut
atteindre par cette méthode d'observation. »
PHYSIOLOGIE. Action physiologique des rayons du radium.
Note de MM. Henri Becquerel et P. Curie.
« Les rayons du radium agissent énergiquement sur la peau; l'effet
produit est analogue à celui qui résulte de l'action des rayons de Rôntgen.
» On doit à MM. Walkoff et Giesel les premières observations de cette
action (').
» M. Giesel a placé sur son bras, pendant deux heures, du bromure de
baryum radifére enveloppé dans une feuille de celluloïd. Les rayons
agissant au travers du celluloïd ont provoqué sur la peau une légère
rougeur. Deux ou trois semaines plus tard, la rougeur augmenta, il se
produisit une inflammation et la peau finit par tomber.
)) M. Curie a reproduit sur lui-même l'expérience de M. Giesel en
faisant agir sur son bras, au travers d'une feuille mince de gutta-percha,
et pendant dix heures, du chlorure de baryum radifére, d'activité relati-
vement faible (l'activité était 5ooo fois celle de l'uranium métallique).
Après l'action des rayons, la peau est devenue rouge sur une surface
de G'^™'!; l'apparence est celle d'une brûlure, mais la peau n'est pas ou est
à peine douloureuse. Au bout de quelques jours, la rougeur, sans s'étendre,
se mit à augmenter d'intensité; le vingtième jour, il se forma des croûtes,
puis une plaie que l'on a soignée par des pansements ;, le quarante-deuxième
jour, l'épiderme a commencé à se reformer sur les bords, gagnant le
centre, et, cinquante-deux jours après l'action des rayons, il reste encore
à l'état de plaie une surface de i""'' qui prend un aspect grisâtre indiquant
une mortification plus profonde.
» M. H. Becquerel, en transportant un petit tube scellé contenant
quelques décigrammes de chlorure de baryum radifére très actif [activité
800000 fois celle de l'uranium (^)], a subi des actions du même ordre. La
(') Walkoff, Photogr. Rundschau, octobre 1900. — Giesel, Berichte der deul-
schen chemischen Gesellschaft, t. XXXIII, p. SSôg.
(-) Les activités que nous citons sont celles que donne l'appareil de mesure de
M. Curie. Elles permettent de classer et de caractériser les produits, mais le rayon-
nement du radium est si complexe que ces nombres n'ont pas de valeur absolue.
Avec un autre dispositif expérimental on obtiendrait des nombres différents.
( I2()0 )
matière était enfermée dans un tube de verre scellé et occupait un volume
cylindrique ayant environ lo™" à i5™" de hauteur sur 3™™ de diamètre;
le tube, enveloppé de papier, était contenu dans une petite boîte de carton.
Le 3 et le 4 avril, cette boîte a été placée à plusieurs reprises dans un
coin d'une poche de gilet pendant un temps dont la durée totale peut
être évaluée à six heures. Le i3 avril, on s'aperçut que le rayonnement,
au travers du tube, de la boîte et des vêtements, avait produit sur la peau
une tache rouge qui devint plus foncée les jours suivants, marquant en
rouge la forme oblongue du tube et affectant une forme ovale de 6*^"" de
long sur 4*^"" de large. Le i[\ avril, la peau tombait, puis la partie la plus
attaquée se creusa en se mettant à suppurer; la plaie fut soignée pendant
un mois avec des pansements au Uniment oléo-calcaire, les tissus mortifiés
furent éliminés, et le ii mai, c'est-à-dire quarante-neuf jours après l'action
des rayons, la plaie se ferma, laissant une cicatrice dans la région qui
marquait la place du tube.
» Pendant que l'on donnait des soins à cette brûlure, on vit apparaître,
vers le i5 mai, une seconde tache rouge, oblongue, en regard de l'autre
coin de la poche du gilet où avait été placée la matière active. L'action
remontait, soit à la même date que plus haut, soit vraisemblablement
au II avril, mais elle avait été de très courte durée, une heure au plus.
L'érythème apparaissait donc trente-quatre jours au moins après l'action
excitatrice; l'inflammation se développa, présentant l'aspect d'une brûlure
superficielle; le 26 mai la peau commençait à tomber; soignée comme
la première, cette brûlure paraît en voie de guérison plus rapide.
)) Dans l'intervalle de ces observations, les 10, 1 1 et 12 avril, le même
tube de matière active, enfermé dans un tube de plomb dont les parois
avaient environ 5°"° d'épaisseur, a été conservé pendant quarante heures
dans une autre poche de gilet et n'a produit jusqu'ici aucune action.
» Ajoutons encore que M™* Curie, en transportant dans un petit tube
scellé quelques centigrammes de la même matière très active qui a donné les
effets décrits ci-dessus, a eu des brûlures analogues, bien que le petit tube fût
enfermé dans une boîte métallique mince. En particulier, une action ayant
duré moins d'une demi-heure a produit au bout de quinze jours une tache
rouge qui donna une ampoule semblable à celle d'une brûlure superfi-
cielle et mit ensuite quinze jours à guérir.
» Ces faits montrent que la durée de l'évolution des altérations varie
avec l'intensité des rayons actifs et avec la durée de l'action excitatrice.
» En dehors de ces actions vives, nous avons eu sur les mains, pendant
( '291 )
les recherches faites avec les produits très actifs, des actions diverses. Les
mains ont une tendance générale à la desquamation; les extrémités des
doigts qui ont tenu les tubes ou capsules renfermant des produits très actifs
deviennent dures et parfois très douloureuses; pour l'un de nous, l'inflam-
mation des extrémités des doigts a duré une quinzaine de jours et s'est
terminée par la chute de la peau, mais la sensibilité douloureuse n'a pas
encore complètement disparu au bout de deux mois. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE.— Changements de direction et de vitesse d'un
courant d'air qui rencontre des corps de formes diverses. Note de
M. 3Iarey.
« Depuis la Communication que j'ai eu l'honneur de faire devant l'Aca-
dcniie, le 27 mai iqoo, j'ai reconnu que mes appareils devaient être entiè-
rement reconstruits dans des conditions plus parfaites, mais les ressources
de mon laboratoire ne me permettaient pas cette coûteuse réfection. Notre
savant Correspondant M. Langley, qui veut bien s'intéresser à ces éludes,
obtint de la Smithsoniam Institution, dont il est Secrétaire, un subside qui
me permit de reprendre mes expériences et d'obtenir des résultats beau-
coui) plus précis. Pour présenter à l'Académie ces nouveaux résultats,
j'ai attendu que M. le Professeur Hele-Schaw ait exposé lui-jnème ses re-
marquables expériences. Il m'a semblé utde de rapprocher deux genres
de recherches qui ont un caractère commun : celui de fixer, en des images
permanentes, des phénomènes qui échappent à l'observation directe.
» En outre, depuis ma dernière Note j'ai eu connaissance des travaux de
M. L. Mach, travaux qui ont, avec les miens, des relations assez étroites
et qu'il est nécessaire de signaler pour retracer l'évolution d'une méthode
à peine naissante mais qui semble destinée à de nombreuses applications.
» C'est le 1 1 mars 1893 que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie
mes premières études, faites au moyen de la Clironophotographie, sur les
ondes liquides, sur les mouvements des molécules à l'intérieur de ces
ondes, enfin sur les changements de vitesse et de direction des courants
qui rencontrent des corps de formes diverses.
M Bientôt après M. L. Mach (') signalait ses expériences sur la façon
(') Academischen Anzeichner, iSgS.
( I2r)2 )
donl se comporte un courant d'air dans des circonstances analogues; il a
donné plus de développements à ce travail dans une Communication ulté-
rieure ( ' ). Au moyen d'une turbine aspirante, l'auteur faisait passer un cou-
rant d'air continu dans un tuyau prismatique quadrangulaire d'une section
de î8'^'° X 24*^™. La face de ce tuyau tournée vers l'observateur était for-
mée d'une glace transparente; la face opposée, noircie, formait un champ
obscur; enfin une lampe à arc projetait sa lumière à l'intérieur du tuyau.
» M. Mach plaçait dans le courant d'air des corps de différentes formes
faits de substances transparentes. Il recourait à divers moyens pour rendre
visibles les mouvements de l'air qui se produisaient au voisinage de
ces corps; tantôt il projetait dans le courant d'air de légers morceaux
de papier de soie, tantôt il y lançait de fines poussières, y insufflait des
fumées, ou y suspendait des fils de soie flexibles qu'entraînait le courant.
Parfois il explorait la direction du mouvement de l'air au moyen de petites
flammes de gaz qu'il portait en divers points de la surface des corps plongés
dans le tuyau.
» Mais la méthode qui a donné à M. Mach les meilleurs résultats fut
celle de Schlieren (^), qui consiste à rendre visibles les mouvements de
certains filets d'air en changeant leur indice de réfraction. On y parvient en
envoyant un courant d'air chaud dans de l'air plus froid. Les filets échauffés
apparaissent alors, soit plus clairs, soit plus foncés que l'air environnant; un
éclair de poudre de magnésium permet de photographier l'aspect du phé-
nomène.
» Or les expériences de M. Mach ont donné des apparences tout à fait
comparables à celles que j'avais obtenues pour les mouvements des liquides
dans des circonstances semblables. Ainsi, en rencontrant des corps fusi-
formes, le courant d'air se divise, puis se reforme derrière eux en produi-
sant peu de tourbillons. Les plans inclinés sous divers angles, les soli;les
de formes variées agissent sur l'air comme sur l'eau.
)) Enfin M. Mach mesurait la vitesse de ses courants d'air au moyen d'un
anémomètre; il contrôla même les indications de cet instrument par une
méthode acoustique imaginée par son père, le Professeur E. Mach. Une
flamme vibrante de Kœnig, introduite dans le courant d'air, y donne
(') Revue de l'Aéronautique et de la Physique de l'atmosphère, iS" année,
6' livraison, juin 1896.
{'^) Voir Recueil des trai'aux scientifiques de Léon FoiiCAW-x. Paris, 1878,
( 1293 )
l'apparence d'un chapelet de petits nuages qui se transportent en gardant
leurs distances respectives; celles-ci, correspondant à des intervalles de
temps connus, permettent de mesurer la vitesse du courant.
» M. Mach signale un défaut de fixité dans la direction des filets d'air
qui présentaient des oscillations continuelles; l'auteur attribue ces mou-
vements à des changements dans la pression aérodynamique.
» Ces études m'étaient inconnues lorsque je présentai à l'Académie le
résultat d'expériences où j'avais soumis à l'action de corps de diverses
formes un courant d'air placé dans des conditions identiques à celles où
j'avais étudié les courants de liquides. Pour suivre les mouvements de
l'air, je me servais de filets de fumée qui, aspirés comme l'air lui-
même par l'action d'un ventilateur, pénétraient, sans vitesse propre,
dans le tube à parois de glaces. Air et fumée étaient filtrés à travers
des toiles à mailles fines et cheminaient parallèlement à l'intérieur
du tuyau, tant que le courant ne rencontrait pas d'obstacle. Ces expé-
riences, comme celles de M. Mach, ont montré qu'aux vitesses em-
ployées l'air et les liquides se comportent sensiblement de la même
manière.
» A ce moment M. Berlin, ingénieur de la Marine, me mit en relations
avec son collègue de Liverpool, M. Hele-Shaw, qui depuis plusieurs années
poursuivait des expériences sur le mouvement des liquides dans des espaces
clos. Les images si nettes et si régulières que donne la photographie de
filets de givcérine colorés montrent comment l'incompressibilité des
liquides supprime les remous quand le mouvement se produit dans un
espace inextensible, tandis que des remous ont toujours lieu, à des degrés
divers, en aval des corps immergés dans un courant d'air, et même dans
un liquide, s'il circule dans un canal ouvert.
» Dans la construction de mon nouvel appareil, la section du tuyau à
air fut portée de o'",20 à o"',5o, le nombre des filets de fumée de 20
à 58; les toiles filtrantes furent remplacées par des gazes de soie à
mailles très égales; enfin j'introduisis dans mes expériences un système de
chronogra[)hie qui permet de mesurer, sur chacun des fdels de fumée, sa
vitesse aux diverses phases de son parcours.
)) A cet efiet, la série de petits tubes qui amène sur la gaze filtrante les
filets de fumée qui vont être aspirés est soumise à un ébranlement latéral
qui se répète dix fois par seconde. Un trembleur électrique réglé à cette
fréquence entrelient ce mouvement vibratoire. Sous cette influence, les
G. R., 1901, I" 5?TOeitre. (T. CXXXII, N" 22.) 167
( 1294 )
fumées ne forment plus des lignes droites parallèles, mais des courbes
sinusoïdales dont les inflexions se conservent pendant tout leur parcours.
D'autre part, à l'intérieur du tuyau à air, une réglette de o™, 20 de lon-
gueur, située exactement dans le même plan que les filets de fumée, sert
d'échelle pour mesurer l'espace parcouru par les molécules d'air en
chaque dixième de seconde.
» Quelques exemples des résultats obtenus permettront d'apprécier les
progrès réalises dans la construction nouvelle.
» Lorsque nul obstacle n'entrave le courant d'air, les filets de fumée
qui traversent le tube restent rectiligues et parallèles entre eux (^fig. i).
Fi^
« Si Ton place dans le courant un plan incliné, les fdets de fumée s'élar-
gissent en le rencontrant (Z?^. 2), ce qui montre déjà qu'ils perdent de leur
vitesse; ils suivent ensuite des directions opposées : les uns remontent
vers le bord supérieur du plan, les autres glissent les uns sur les autres
sans se mélanger entre eux et s'écoulent par le bord inférieur.
M De chaque côté de l'obstacle, ces filets de fumée continuent à cheminer,
très serrés les uns contre les autres, et laissent derrière le plan incliné un
vaste espace où l'air est immobile et ne présente qu'un nuage confus do
( 1295 )
fumée. Cet espace où se font des remous ou tourbillons est d'autant plus
large que l'obstacle au courant d'air est plus large lui-même.
» Pour connaître la vitesse du courant d'air aux divers points de son
parcours, on répète l'expérience en imprimant aux tubesà fumée les vibra-
tions dont nous avons parlé. Dès lors les fdels, au lieu d'être rectilignes,
présentent {fig. 3) une série d'inflexions latérales qui se conservent pen-
dant toute la durée de leur parcours. Ces inflexions resteraient équidis-
tantes si la vitesse du courant était la même en tous les points; mais, dans
les régions oii le courant se ralentit, les inflexions se montrent plus
serrées : elles s'écartent, au contraire, les unes des autres quand le cou-
Kiï. 3.
^B^^^^^^^^^^Bt '
5;HïïiTiTÏÏ!(î|
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^^TiTUlTsî^N ■
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•. 't^BH
^^^^R
rant est rapide. Les espaces parcourus en un temps donné se mesurent
au moyen de l'échelle métrique.
» Les figures qu'on vient de voir ont été obtenues à la lueur d'un éclair
raagnésique, c'est-à-dire en un temps si court que chaque filet de fumée
apparaît comme s'il était immobile.
» Si l'éclairement durait plus longtemps, l'aspect de la figure changerait
et donnerait l'état moyen du courant d'air : c'est ce qu'on voit fig. f\, où
l'éclairage, produit par la combustion prolongée d'un fil de magnésium, a
duré sept secondes environ.
1296 )
» On ne saurait énumérer les diverses applications de cette mé-
thode, car on peut varier à l'infini la forme et les dimensions des corps
plongés dans le courant d'air, augmenter ou diminuer la vitesse du cou-
rant.
» Dans aucun cas je n'ai constaté les soubresauts observés par M. L.
Mach et qui déviaient alternativement le courant d'un côté ou de l'autre.
Ces soubresauts tenaient peut-être à l'inégale répartition de la tempéra-
ture dans l'air en mouvement.
)) On considérera, je pense, comme une preuve de la précision de ma
méthode ce fait que, si l'on répète deux fois de suite une expérience, en
conservant les mêmes conditions, les images obtenues sont identiques et
superposables entre elles pour tous les points qui ne sont pas situés dans
la région des remous.
» Je crois pouvoir ajouter que cette méthode donnera la solution expé-
rimentale de divers problèmes relatifs aux appareils propulseurs dans les
fluides, aux questions de ventilation, etc. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur l'érvsion régressive dans la chaîne des Andes.
Note de M. de Lapparent.
(( Parmi les notions relativement nouvelles, dont la Géographie physique
s'est enrichie, il n'en est pas de mieux établie que celle deVérosion régres-
sive, c'est-à-dire de la régularisation qui s'opère, de l'aval à l'amont, dans
le profil d'équilibre des cours d'eau, sous la protection d'un niveau de base
suffisamment fixe.
)> En vertu du principe de la moindre action, cette courbe d'équilibre
doit être tangente à l'horizontale du niveau de base et dessiner une ligne,
concave vers le ciel, dont la courbure ne doit devenir sensible, pour un
cours d'eau important, que dans le voisinage même de ses sources. Si donc
le relief général de la contrée est prononcé dès la côte maritime, les rivières
devront, de toute nécessité, y entailler des gorges profondes et le travail de
régularisation du profil pourra les entraîner à creuser leur lit beaucoup
au delà de la principale crête orographique.
» Nulle part cette loi ne rencontre une application plus remarquable
que dans la traversée de la partie méridionale des Andes, entre le Chili et la
République Argentine. La chaîne des Andes se dressant tout contre la côte
chilienne, jusqu'à des hauteurs de 200o'"à3ooo'", et les précipitations atmo-
( Ï297 )
sphériques étant exLrémement abondantes sur cette partie du versant occi-
dental, les cours d'eau aboutissant au Pacifique disposent d'une puissance
d'érosion considérable, qui leur permet d'arriver, plus rapidement que
d'autres, à la conquête de leur profd d'équilibre. Aussi, plusieurs d'entre
eux, dans ce travail, ont-ils notablement dépassé la crête andine, conqué-
rant au profit du Pacifique de grands espaces situés sur le versant atlan-
tique. C'est ainsi qu'à 1 est de la principale crête, on observe une série de
lacs, qui tous, à l'origine, étaient des vallées tributaires de l'Atlantique, et
dont plusieurs sont aujourd'hui, en totalité ou en partie, conquis au ver-
sant pacifique.
» La belle Publication faite par M. Moreno, au nom de la Commission
argentine de délimitation des frontières ( ' ), fait ressortir un grand nombre
de ces exemples et établit, entre autres, des faits de capture très curieux,
dont certains cours d'eau ont été récemment affectés. Il en est un qui me
semble devoir être ici l'objet d'une mention particulière; car il prouve à
quel point peut devenir insignifiant le rôle de ces lignes de partage, que
leur constante migration vers l'est a forcées de s'établir, sur le versant
patagonien, au milieu de plaines sans relief, composées de matériaux gla-
ciaires et d'alluvions, autrefois descendus de la grande chaîne.
» Tout près de la rivière Deseado, tributaire de l'Atlantique, coule une
petite rivière appelée Fénix, laquelle, après s'être approchée dii Deseado,
tourne brusquement dans une direction opposée, pour aller se jeter dans
le lac Buenos-Ayres (-). Or, après avoir constaté que, au delà du coude,
un espace marécageux, trace évidente d'un ancien lit, prolonge le cours
supérieur du Fénix, M. Moreno a pu, en 1898, ramener cette rivière dans
le lit abandonné. Il a suffi d'employer, pendant huit jours, une équipe de
six terrassiers et de lein* faire creuser une tranchée de moins de iSoo"", à
travers les éboulements de matières meubles qui avaient entraA'é le Fénix
et facilité sa capture au profit du lac. Deux mois après l'achèvement de ce
travail, les eaux du Fénix étaient définitivement reconquises au profit de
l'Atlantique.
» La ligne de partage entre cet Océan et le Pacifique, telle qu'elle existe
(') Argentine-Chilian-Boundary, London, 1900.
(■) Ces indications peuvent être l'acilement suivies sur la belle Carte de l'Amérique
du Sud que les Annales de Géographie viennent de publier, dans leur numéro du
i5 mai 1901, à l'occasion de l'article où M. L. Gallois a résumé les découvertes de la
mission dont M. Francisco Moreno était le chef.
( i29« )
aujourd'hui, ne conslilue donc plus un trait géographique proprement dit.
Essentiellement indécise et instable, elle serpente, sur plus de huit degrés
de latitude, en pavs souvent plat, à l'est de la crête andine, dont elle s'écarte
parfois de plus de 200"*™, établissant ainsi une véritable contradiction entre
les bassins hydrographiques et les divisions fondées sur l'orographie. »
MINÉRALOGIE. — Sur les iellunires d'or et d'argent de la région de Kalgoorlie
{Australie occidentale). Note de M. Ad. Carxot.
« On a beaucoup remarqué, à l'Exposition universelle de 1900, les
riches minerais d'or et, en particulier, les magnifiques spécimens de tellu-
rures, que la Commission de l'Australie occidentale a présentés dans son
pavillon du Trocadéro.
)i Ces minerais tellurés ont été fournis principalement par les champs
d'or (Gold/ields) de Coolgardie-Est ou Kalgoorlie, situés dans le district de
l'Est de la Western Australia.
» M. Holrovd, représentant de la Commission, a eu l'obhgeance de
m'offrir, pour le musée de l'École supérieure des Mines, quelques échan-
tillons de ces telhirures, en me priant de lui en donner une analyse
détaillée. -Je m'v suis prêté avec plaisir, d'autant plus que je n'avais eu
jusqu'ici aucune occasion d'analyser de semblables minerais.
» Le district aurifère de Kalgoorlie a été découvert en iSgS; maison
n'a reconnu tout d'abord que des placers superficiels; plus tard, on a
trouvé les tellurures et c'est surtout en 1899 que les mines ont pris un
grand- développement. Elles ont été décrites dans deux Mémoires publiés
dans les Annales des Mines en 1899 (' ) et 1901 (^).
» Les minerais tellurés paraissent former des filons presque verticaux,
à remplissage quartzeux, d'orientation nord-ouest, dans une bande de
terrain large de aSo" à 3oo". Ces veines sont interstratifiées dans des
amphibolites schisteuses, auxquelles dans le pays on donne communément
le nom de diorites. Les minerais sont très altérés dans les niveaux supé-
rieurs et le métal précieux s'y trouve, en général, à l'état d'or libre,
tandis que, lorsqu'on descend jusqu'au niveau hydrostatique, les épontes
sont plus nettes et les métaux sont à l'état de tellurures non décomposés.
(') M. Gascuel. Notes sur les champs d'or de Coolgardie.
('-) M. Kuss, L'industrie minière de l'Australie occidentale.
( 1299 )
« Ce sont ces telliirures qui constituent la collection offerte par M. Hol-
royd. Ils m'ont été remis clans six petits tubes de verre, numérotés de 1
à 6. Les fragments contenus dans le tube n" 1 viennent de la mine Lake
View Consols ; les autres sont tous marqués comme extraits de la mine Greal
Boulder Proprietary; mines qui sont, l'une et l'autre, situées dans le voisi-
nage de la ville de Ralgoorlie. J'ignore si les fragments réunis sous un
même numéro proviennent d'un seul et même endroit ou de gîtes dif-
férents; mais j'ai remarqué que, dans un même tube, ils n'avaient pas tous
le même aspect et la même couleur. Aussi ai-je cru devoir prendre la pré-
caution d'analyser séparément les fragments d'apparence différente, lorsque
la quantité de matière le permettait. Je fus ainsi conduit à faire neuf ana-
lyses distinctes, dont voici les résultats.
N- 2. N" 3.
N"l. (77 (i). ~ (a)7 "li).
Te 60,45 56,55 53,70 32,33 33, 00
Au ■■'-9,85 23, i5 •*7'75 24,16 28,42
A g 9>i^ i6,65 i3,6o 41,22 4 ',27
Hg Il 3,10 3,70 2,00 2,26
Cil o,i5 0,10 0,25 0,10 0,16
Ni 0,10 » >> » n
Fe )) traces Iraces » „
Sb » 0,20 o, i5 » »
99)73 99-75 99''5 99,81 100, 2t
N« 6.
.N" i. N" 0. {a ). (b).
Tfc 60,00 5i,i3 3i,58 4', 11
Au 33,90 37,06 23,58 26,10
Ag 4,82 4,71 43, 3 1 3o,43
Hg u 3,70 0,88 0,70
Cu 0,63 0,88 0,20 0,60
Fe •. li'uces 0,90 Iraces o,4o
Sb « 1,20 o , 3o 0,80
99'65 99,58 99,85 100, i4
)) N" 1. - I-e premier loi de tellurures élait fort exigu ; j'ai dû procédei-
avec un extrême ménagement pour en conserver i^' environ, destiné à
servir de type. Ce tellurure se dislingue de tous les autres par un clivage
net et brillant et une cassure inégale dans la même direction; la structure
est un peu fibreuse et concboidale dans les autres sens. Le clivage a un
( i3oo )
éclat métallique et une couleur blanc d'argent, tandis qu'ailleurs elle est
plutôt gris d'acier.
)i D'après l'analyse, le rapport moléculaire du tellure aux métaux est
de 4» 72 pour 2,38. La composition moléculaire est donc exprimée très
exactement par la formule
(Au,Ag;Te=.
Or cette formule est celle adoptée pour la Syli'am'le d'OlTenhany a. Les pro-
portions relatives d'or et d'argent sont sensiblement les mêmes que dans
le tellurure de Transylvanie.
» N" 2. — Les fragments du deuxième lot ne montrent que par excep-
tion des indices de clivages plans; la cassure est presque partout con-
choïdale. La couleur est, suivant les morceaux, gris de fer ou gris jaune
tirant sur le bronze. Cette diversité même m'a décidé à faire séparément
l'analvse de deux fragments; mais les résultats se sont trouvés peu diffé-
rents, comme on peut le voir au Tableau ci-dessus.
M II y a seulement substitution entre des proportions correspondantes d'or
et d'argent, d'où paraissent résulter les différences de coloration observées.
Quant au rapport du tellure à l'ensemble des métaux, il reste à peu près
constant (4'i9 6t 4>4i pour 2,85 et 2,87). La composition moléculaire
répond donc à la formule
(Au.Ag, Hg)^Te\
)) Cette composition ne semble pas avoir été observée jusqu'ici dans
d'autres tellurures. Les échantillons de Great Boulder constituent donc une
espèce nouvelle, caractérisée par la formule d'un sesquitellurure en même
temps que par la présence des trois métaux : or, argent, mercure.
» Je propose de donner à cette espèce, à raison de son origine, le nom
de Coolgardite.
» N° 3. — Les fragments compris sous le n° 3 sont tous d'apparence
semblable : ils ne sont pas cristallisés et n'ont aucun clivage plan, mais
des cassures largement conchoïdales. La couleur est gris d'acier foncé,
passant au noir de fer après un certain temps. Le minéral se brise et se
pulvérise très aisément.
» L'analyse faite sur deux fragments a donné des résultats à peu près
identiques. Les rapports moléculaires ont été trouvés de 2,53 et 2,58 de
tellure pour 5 ,i5 et 5,i3 des trois métaux réunis (or, argent et mercure).
La formule de composition est donc
(Au,Ag,Hgj=Te.
( i3or )
» La Petzite, depuis longtemps connue, répond à la même formule, sauf
que ni les analyses de Petz et de Genth sur les échantillons de Transylvanie
et du Colorado, ni celles de Rickard sur ceux de l'Australie n'ont men-
tionné la présence du mercure.
» Pittmann ('), au contraire, a indiqué (d'après une analyse de Min-
gaye) io,86 pour loo de mercure dans un échantillon venant de Kalgoorlie
et a donné à ce minéral le nom de Kalgoorlite, en lui attribuant la formule
de composition
Au^Ag'HgTe».
Mes analyses ont nettement établi la présence du mercure, mais dans une
proportion beaucoup moindre. Néanmoins, pour ne pas multiplier inutile-
ment les variétés minérales, je crois pouvoir attribuer le nom de Kalgoorlite
au minéral que j'ai analysé.
« N° 4. — Le minéral est gris légèrement jaunâtre avec quelques por-
tions plus foncées, d'un gris noirâtre. La cassure est conchoïdale et, en
même temps, un peu inégale, mais sans clivage proprement dit. D'après
l'analyse, la composition moléculaire est bien représentée par la formule
(Au,Ag)Te^
qui est celle de la Sylvanite; mais la proportion d'argent est beaucoup
moindre ilans ces échantillons que dans ceux d'Offenbanya et de Lake
View Consols, tandis qu'ils contiennent, au contraire, plus d'or et un peu
de cuivre. On peut assimiler ce minéral à la variété gris jaune ou jaune de
bronze, sans structure cristalline, trouvée à Calaveras Co., analysée par
Genlh et nommée Calavérile, variété qui présente la même formule mo-
léculaire: (Au,Ag)Te-.
» N" 5. — Les fragments compris sous ce numéro sont d'un gris jau-
Hre, avec cassure conchoïdale, montrant comme des feuillets courbes.
La composition chimique est celle d'un tellurure complexe où l'on re-
marque la présence simultanée du mercure et de l'antimoine en quantités
assez notables. La composition moléculaire correspond à
(Au, Ag, Hg, Cu, Fe, Sb)-Te^ ou, plus simplement (Au, Ag, Hg)*Te'.
Elle se rapproche donc de celle du sesquilellurure que nous avons déjà
(' ) Records Geol. Survey New South Wales, V, p. 2o3; 1898.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CWXII, ^' 22.) I 68
( l302 )
rencontré sous le n" 2 et que nous avons appelé Coolgardite ; mais l'argent
yest en proportion beaucoup moindre ; il v a plus d'or et de métaux divers.
» N° 6. — Les échantillons du n° 6 sont d'une teinte gris noir. Ils sont
beaucoup plus volumineux, en général, que les précédents, mais ressem-
blent à un agrégat de petits éléments, sans faces, ni cassures conclioïdales
un peu étendues. Leur éclat métalloïde et leur cassure inégale et con-
choïdale en petit rappellent l'aspect de certaines anthracites. Les fragments
ont d'ailleurs souvent l'apparence d'un agrégat confus.
» Les deux échantillons soumis à l'essai et dont l'analyse figure au
Tableau général ont fourni des résultats sensiblement différents, qui cor-
respondent, pour l'un (a) à la formule (Au,Ag)^Te, pour l'autre {b) à la
formule (Au,Ag)'Te'.
» Le premier paraît se rapporter au type de la Kalgoorlile. Le second
semble devoir être considéré comme un mélange de variétés diverses, ce qui
n'a pas lieu de surprendre pour un minéral d'aspect confus et qui ne
possède aucun caractère cristallin.
» L'analyse permet d'y voir un agrégat des deux variétés de tellurures,
que j'ai désignées plus haut sous les noms de Kalgoorlile (n° 3) et de
Coolgardite ( n"* 2 et 5).
» En résumé, les échantillons de tellurures de l'Australie occidentale,
dont j'ai donné plus haut les analyses, se rapportent aux variétés suivantes :
» La Sylvanile, bitellurure d'or et d'argent (Au, Ag)Te-, à texture cris-
talline (échantillon n° 1);
» La Calavérite, bitellurure analogue au précédent, mais beaucoup
moins cristallin et contenant une moindre proportion d'argent (échan-
tdlon n° 4):
» La Coolgardite on sesquitellurure d'or, argent et mercure
(Au,Ag. Hg)^Te\
avec proportions variables de l'or et de l'argent, qui se substituent l'un à
l'autre dans une large mesure [échantillons n° 2 (a et i) et n° 5];
» La Kalgoorlile (Au, Ag, Hg)-Te, où les proportions relatives des
métaux sont également variables [échantillons n" 3 (a et b) et n° 6 (a)].
L'échantillon 6 (è) paraît être un agrégat des deux dernières variétés, la
Kalgoorlile et la Coolgardite. »
( i3o3 )
MÉCANIQUE. — Sur les ondes longitudinales et transversales
dans les fluides parfaits . Note de M. P. Duhem.
« En étudiant les petits mouvements soit des solides isotropes, soit des
fluides, Poisson et Cauchy ont prouvé que ces corps ne pouvaient propager
que des ondes exclusivement longitudinales ou que des ondes exclu-
sivement transversales; les deux vitesses de propagation sont d'ailleurs
différentes; dans les fluides, la vitesse de propagation des ondes trans-
versales est nulle. Ces propositions s'étendent-elles aux mouvements
finis? M. Hadamard (') a prouvé qu'elles ne s'étendaient pas aux mou-
vements finis des solides isotropes; nous allons prouver, au contraire,
qu'elles sont toujours vraies pour les fluides parfaits, et cela sans sup-
poser que les actions sont nentoniennes et sans faire aucune restriction rela-
tive à la loi de compressibililé ou à la relation supplémentaire. L'analyse qui
nous conduira à ce résultat est celle d'Hiigoniol, convenablement inter-
prétée et complétée ; on peut prendre pour point de départ soit les équa-
tions d'Euler, soit les équations de Lagrange; ici, nous prendrons les pre-
mières.
» I. Un lemme nous sera utile. Soit S une onde de premier ordre pour
une fonction /, dont/,, /, sont les deux déterminations; soient a, (3, y les
cosinus de la normale menée vers le côté 2; posons F =y, —f-^; s'il y a
propagation avec la vitesse a, il existe une grandeur i telle que, sur l'onde,
<^') ;te=^'^' J7=^^' -0^=^^^ ^+^^ = o-
» L'égalité
dV dF dY dV dY
dt di O.v Or Oz
devient, sur l'onde,
dF
(2) -^ =^ (xM-H Pt'-hyiv — «)#.
» H. Soient u, v, w, p, n, T, les variables d'Euler. Pour ces variables,
les quantités analogues à F et # seront désignées par
U, V, W, R, P, T,
t), ■<?, ^SP. ^, •£, E,
(') Hadamard, Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXIX, 1901.
( i3o'i )
en sorte que l'on aura, sur l'onde,
(3) 0 = aO + Pv'' -f-yv?>.
» Sur l'onde, l'équation de continuité donne
(4) 177 + ?® = '''
et les équations du mouvement donnent
» Moyennant le lemme (i) et l'égaillé (2), les égalités (4) et (5) de-
viennent
(4 bis) (ai/ + pt' + Y»' — a)A -)-p(at) + pv^ + y»??') = o,
I <SoL -+- p(xu -f- Ç,v -+- Y"' — «)t) = o,
(5 bis) i $p + p(a" + (it' + y IV — a)K> — o,
( 'i'ï + pC^'" + P*' + T^*' " ^)'^ ~ *^-
» Les équations (5 iw) donnent
(6) $ + p(a?/ + [ir + yn^ — a)(all)H- St,') + y»^) = o,
(7) ^(atD + p\'> + y\^') ■+- ?(«" + Pc + y"' — «)(o-+ V'- + «'=) = o.
» III. Supposons, en premier lien, que l'on ait
dB.
(8) 177 = ^''
ce qui aura forcément lieu si le fluide est incompressible; (3) et (4)
donneront
(9) ao + P'v? + y\^' = o.
L'onde sera transversale; (G) donnera
(10) « = 0.
Si (au + P<' + y(v — a) n'était pas nul, (4 bis) et (7) donneraient
, A = o, 13 = 0, ■C' = O, ^J." = o.
» Il n'y aurait pas d'onde; on ne peut donc voir une onde transversale
se propager dans le fluide, à moins que l'on ait
(11) a;/ + P(^ 4- yM- — a = o.
( i3o5 )
Les points matériels qui, à an instant donné, sont sur le front\de l'onde, y
demeurent sans cesse.
» IV. Réciproquement, les ondes transversales sont les seules qui
jouissent de cette propriété, car, en vertu de l'égalité (4&w). l'égalité (ii)
entraîne l'égalité (9).
» V. Supposons maintenant que les égalités (8), (9) et (11), dont
chacune entraîne les trois autres, n'aient pas lieu; on ne peut avoir à la
fois 0 = 0, \? = o, tg) = o, car l'égalité (9) serait vérifiée. L'égalité (7)
donne donc Ç^o et les égalités (5 bis) donnent les égalités
7- p =
■ ï
qui caractérisent les ondes longitudinales.
» Si une onde propagée par un Jluide parfait ri est pas transversale, elle est
longitudinale; dansée cas, sa vitesse ne peut pas être donnée par l' égalité (^i 1).
» VI. Les égalités (4 bis) et (6) donnent
'f — (aM + f4c + ^w — rt)-A = o
ou bien, pour les ondes longitudinales, qui ne sauraient vérifier l'éga-
lité (11).
(12) ^ -(x« + [i<^-+-Y(v-a)--^ =0.
D'autre part, en gardant les notations que nous avons employées
ailleurs ('), l'équation de compressibilité et de dilatation donne
, ON dV ,rfR a<^'^(P,T) d-. _
('3) dï-^^t-^ ^ilTl-t-""-
» Les égalités (12) et (i3) donnent
/ ,s r/ r \" ^\d^ ., (;^r(?,T) dz
(i4) [(o'" + ?" + ï^-«)--JJrfF-p--^^W-rfi=^-
» VII. Si le coefficient de conductibilité n'est pas nul, on démontre sans
peine qu'une onde du premier ordre pour les fonctions u, v, w. II, p, ne
peut être qu'onde du second ordre pour la température T. On a donc.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 292.
( i3o6 )
dans ce cas, -7^ = o et l'égalité (i4) donne la relation
(i5) (v.u -i- <^v -h yw]— a)-, — J = o,
que l'on restreint habituellement aux mouvements isothermiques.
» VIII. Si le coejjicient de conductihilitè est nul, le mouvement de chaque
élément est isentropique; on a alors
on
^ — _ <^?^T clK
dt~ ôK' ~di
(16) {i.u + pt- + y»' - a)- — J -H p- ^,^ - = Q.
» IX. La comparaison des égalités (i5) et (16) aux relations que nous
avons établies ailleurs (' ) donne la relation
^ (2// + 8 c -t- Yir — (7); C
'^ (a;/ + pr H- -fir — «); c
qui généralise une proposition célèbre de Laplace.
» Toutes ces considérations s'étendent sans peine aux ondes dont
l'ordre surpasse l'unité. »
MEMOIRES LUS
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Contribution à l'étude théorique et expérimentale
des veines liquides déformées par des obstacles et à la détermination des
lignes d' induction d'un champ magnétique. Note de M. H. -S. Hele-Shaw.
« En présentant à l'Académie des Sciences mes travaux de ces dernières
années, j'ai l'honneur d'offrir à la Station physiologique et au Conserva-
toire des Arts et Métiers des spécimens des appareils placés sur cette
table. En les utilisant pour quelques expériences, je pourrai en faire l'his-
torique et en montrer l'utilité dans le triple domaine de l'Hydraulique, du
Magnétisme et de l'ÉlecIricité.
C) Comptes rendus, t. CXXXIl, p. 292.
( ï3o7 )
» L'analyse a permis de calculer, pour un fluide non visqueux, la forme
des veines du courant lorsqu'il rencontre un corps immergé, mais on n'avait
jamais cru possible de vérifier expérimentalement les résultats théoriques,
car on ne connaît pas de fluide non visqueux incompressible. De même, on
n'aurait guère pensé qu'il serait possible de pouvoir faire la projection
optique des lignes de force d'un champ magnétique où l'on place des
corps paramagnétiques ou diamagnétiques et encore moins de suivre dans
l'intérieur de ces corps la position, la direction et la trajectoire du courant
électrique.
» Grâce aux appareils que voici, je vais démontrer qu'on peut utiliser
pour toutes ces expériences des liquides visqueux et que les photographies
des veines liquides corroborent, pour les courants maintenus dans un
canal à deux dimensions, la justesse des déductions théoriques. De plus,
ces expériences font connaître la forme des veines fluides dans un grand
nombre de cas qui échappent au calcul.
» Mes expériences sur le mouvement des fluides dans des conduites de
différentes formes se partagent en trois étapes successives. En 1897, j'ai
commencé par l'étude du mouvement des fluides, notamment de l'eau
circulant entre deux lames de verre et rencontrant dans son trajet des
obstacles de formes variées.
» J'ai remarqué tout à fait accidentellement qu'un mélange d'air et
d'eau permet, par la division de l'air en une multitude de sphères très
petites, de suivre assez exactement le mouvement des différentes veines
liquides constituant le mouvement aqueux, surtout lorsque le mouvement
de l'eau est assez rapide et tumultueux. La photographie d'une de ces expé-
riences a démontré la loi générale suivante : C'est que, dans tous les cas,
4e contour des obstacles présente, malgré la violence du courant, une
ligne d'eau transparente et exempte de globules d'air.
» J'ai utilisé, pour obtenir cette photographie, les remarquables procédés
de votre éminent confrère, M. Marey, qui avait cherché cette solution par
de petites sphères entraînées par le courant.
» Cette première observation m'a conduit directement à faire l'étude
du courant liquide entre deux lames de verre parallèles, ce qui permet de
préciser avec plus de netteté la direction que prennent les différents filets
liquides.
» La deuxième phase de mes expériences a consisté à remplacer le mou-
vement turbulent et rapide de l'eau par celui, beaucoup plus lent, d'un
liquide visqueux obligé de circuler entre deux lames de verre planes très
( i3o8 )
rapprochées. Dans l'instrument que j'ai construit spécialement pour cela,
je fais sortir le courant liquide par une série de petits trous très fins et très
rapprochés. Je colore le même liquide en rouge ou en bleu et je fais sortir,
par tous les trous portant un numéro d'ordre pair, le liquide incolore,
et par tous les trous de rangs impairs le liquide coloré.
» Les deux liquides, coloré et clair, sont soumis à la même pression
due à la compression d'une certaine masse d'air dans deux siphons, où ils
sont placés. Les traits rouges et blancs équidistanls représentent avec une
grande précision les filets liquides, la couleur ne modifiant pas la viscosité.
» En introduisant entre ces deux lames de verre des corps de différentes
formes, on peut comparer, pour un courant astreint à cheminer dans un
canal à deux dimensions, les résultats de l'analyse à ceux de l'expérience.
» J'ai commencé par contrôler le résultat des formules approxima-
tives d'un courant obligé de rencontrer, dans sa marche entre deux bords
parallèles, un cylindre.
» IjA Jig. I représente l'ensemble des filets liquides tels qu'ils sont tracés
comme expression de la formule hydrodynamique.
Fis. 2.
» La fig. 2 représente la photographie^des filets liquides tels qu'ils se
présentent dans l'expérience.
( i3o9 )
» L'accord est complet. En calculant et en mesurant la position respec-
tive (le chaque filet liquide, on ne relève luirune différence appréciable.
» Une intéressante expérience, qui corrobore pleinement ce que je viens
de dire, a été une reproduction d'un cas pris dans l'hydrodynamique de
Lamb (iSgS).
» Dans ce cas, la photographie du phénomène expérimental a montré
d'une façon étonnante la vérité des déductions théoriques.
» Dans la fig. 3, j'ai utilisé celte méthode pour calculer la poussée de l'eau
contre un gouvernail compensé pendant que le bateau chemine à diiïé-
FiR. 3.
rentes vitesses et sousdifférenis changements de l'angle de marche. Aucune
méthode d'analyse mathématique n'aurait permis la solution de ce pro-
blème, qui consiste à déterminer exactement ilans chaque cas la position
du centre de pression de l'eau sur le gouvernail.
» La troisième phase de mes expériences a consisté à rapprocher, théori-
quement et expérimentalement, les phénomènes du magnétisme avec le
mouvement tles fluides.
)) La photographie du diagramme permet de démontrer expérimenta-
C. K., 11,01, 1" Hemesiie. (T. CXX.XII, N' 22 ) • 1^9
( i3io )
lement les lignes de force que Clerk Maxwell avait depuis plusieurs années
déjà tracées par le calcul.
» Il est, en effet, évident que si, dans l'espace très mince, on introduit
un corps étranger transparent plus mince encore que l'espace qui sépare
les deux lames de verre parallèles, on forcera les filets liquides à suivre
des directions nouvelles et qui représentent les courants dérivés du cou-
rant principal; celles-ci peuvent être fixées par la j)hotographie.
)) La possibilité d'obtenir ainsi des champs magnétiques susceptibles
d'être photographiés m'a paru d'une telle importance que j'ai immédiate-
ment cherché à reproduire les phénomènes de la perméabilité magnétique
des corps par l'étude des veines liquides forcées de traverser des canaux
très petits parallèles au courant principal et représentant, en fait, les per-
méabilités que rencontrent les courants électriques.
» Il est clair que, si nous creusons, dans ces corps étrangers introduits
dans le courant, des cavités de formes variées, la section de ces canaux de-
venant plus grande, la résistance du courant diminuera ; nous aurons donc,
suivant les cas, tantôt un champ moins conducteur, tantôt un champ plus
conducteur, et la direction des veines liquides dans ces différents cas nous
renseignera sur les lignes de plus grande conductibilité.
» Lors de mes premières recherches, la ressemblance entre les lignes de
force et la direction des courants dérivés était surprenante; mais il a fallu
deux ans de travail pour me permettre, avec la collaboration de mon col-
lègue Alfred Hay, de démontrer que cette coïncidence n'était point acci-
dentelle, mais théoriquement obligatoire.
» Il était nécessaire de déterminer la viscosité relative des fluides que
nous emplovions. Nos expériences furent faites sur la glycérine et l'eau;
la glycérine est d'une plus grande viscosité que l'eau.
» Une autre difficulté consistait à trouver différents corps translucides
permettant de créer les formes dans le courant, tout en mesurant la visco-
sité spéciale de ces corps par rapport au liquide dont on se servait.
» Les corps que nous avons trouvés comme remplissant le mieux les
conditions du problème ont été le celluloïd et le verre en lamelles telles
qu'elles servent pour les préparations microscopiques; nous avons usé
plus tard de la paraffine; enfin nous aAons taillé avec une machine spéciale
des formes en paraffine très mince, selon les conditions géométriques né-
cessaires.
» Nous avons ainsi fabriqué toute une série de cylindres elliptiques pour
étudier, sur une très large échelle, les cas les plus variés des différentes
( '^^'I )
perméabilités. Les cylindres elliptiques étaient creusés dans les lamelles de
paraffine pour la recherche des lignes de force dans les corps paramagné-
tiques.
» Grâce à ces procédés expérimentaux, nous avons eu le bonheur de
démontrer, de la façon la plus absolue et la plus concluante, la parfaite
concordance entre les lignes de force magnétiques et les courants dérivés
des veines liquides.
» Un des cas les plus frappants par lequel nous avons pu démontrer
Texaclitude de nos conclusions expérimentales est celui d'un cylindre ellip-
tique placé dans un champ magnétique.
» Les deux axes du cylindre étaient dans le rapport 3 : i , et la perméa-
bilité de ce cylindre comparée avec celle du plan magnétique général
élait dans le rapport de loo à i. J'ai les images, dont l'une est théo-
rique et l'autre la photographie de l'expérience; elles semblent calquées
l'une sur l'autre. Dans le cas des cylindres on voit, aussi bien dans le
diagramme théorique que dans celui qui provient de l'expérience, que
la ligne centrale est noire et qu'il est impossible de suivre dans la partie
opaque toutes les lignes qui se continuent exactement dans leur ordre et
leur direction après leur rentrée dans le cb:imp magnétique.
)) Les deux autres cas, qui ont été représentés par des diagrammes, con-
cernaient, l'un un cylindre elliptique dont l'axe était incliné de 4t>" sur la
direction du courant. Dans l'autre, on voyait que les lignes magnétiques
contournent les pôles absolument comme dans un électro-aimant.
» Je dois remarquer à ce sujet cpie si l'on peut, au moyen du galvano-
mètre balistique et de l'aiguille aiuiantée, explorer un champ magnétique
pour en déterminer les lignes de force, il n'y a pas de méthode comme
pour déterminer ces lignes dans l'intérieur des corps solides magnétiques.
» Je me suis aussi servi de ma méthode d'investigation pour l'étude des
lignes de force dans les corps diamagnétiques.
M Cette partie expérimentale de mes recherches n'est pas encore termi-
née, faute de temps; je compte utiliser aussi ces méthoiles pour la
recherche des lignes que suivent les effluves calorifiques au travers de corps
de différentes conductibilités.
» A ce sujet, il me paraît intéressant de vous présenter une photogra-
phie très agrandie d'une expérience faite par ma méthode et qui corrobore
la théorie mathématique du D'' C.-H. Lees, laquelle représente l'effluve
calorifique au travei's de plusieurs rectangles métalliques placés côte à
( l3,2 )
côte. J.es deux sections des rectangles représentent des métaux qui ont
une plus faible conductibilité que le reste du métal.
» Le dernier dragramme que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
représente la disposition générale des instruments qui ont servi à toutes
ces expériences et qui, j'espère, seront utiles pour l'enseignement aussi
bien que pour les investigations scientifiques. »
MÉMOIRES PIIESEATES.
M. Paul Henstrom soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
« Sur l'origine des éléments )>.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
CORRESPONDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Un Ouvrage de M. G. Bigourdan. ayant ])our titre : « Le Système mé-
trique, son établissement et sa propagation graduelle, avec l'histoire des
opérations qui ont servi à déterminer le mèlre et le kilogramme. » (Pré-
senté par M. WoU. )
GÉOMÉTRIE. — Bèlerminalion des surfaces qui sont à la fois des surfaces
de Joachimsthal et des surfaces de Weingarten. Note de M. L. Raffv.
« Enneper a déterminé les surfaces à courbure totale constante, qui
admettent pour lignes de courbure une famille de courbes planes dont les
plans passent par une droite et qui sont, à ce titre, des surfaces de
.Toachimsthal. On peut aller plus loin et obtenir par de simples quadratures
toutes les surfaces de Joachimsthal dont les rayons de courbure principaux
sont fonctions l'un de l'autre (surfaces de Weingarten).
» Si l'on prend pour axe des z la droite par laquelle passent les plans
des lignes de courbure planes (0 = const.^ et si c — const. est l'équation
( i3i3 )
d'une des lignes de courbure sphériques, on peut représenter toute surface
de Joachimstlial par les formules
, , ./■ _ >• _ . 1 Sll(H + V)
''■ ^^ ^ ïmô ^ V'Cli(e-h V)' " ~ " ~ V'Ch(w+ \ )'
où les Si) el Ch sont des sinus et cosinus hyperboliques; 0 est une fonction
arbitraire de 9, V une fonction arbitraire de c, V sa dérivée.
» Avec ces notations, les rayons principaux R, et R., qui correspondent
respectivement aux lignes planes 0 = const. et aux lignes sphériques
t' = const. ont pour expressions
K. = ,/Wfsh-^Ch), R.= -y/Ç(sh_IpCh
— (
nous sous-entendons l'argument 0 + Vdes fonctionshyperboliques et nous
posons
w=:^_, w=-^^, ^ = rrïï^' [^ = m)' ^=^'
ce qui revient à prendre pour variables © et Y. On n'exclut ainsi que les
surfaces de révolution. On voit que, si l'on parvient à déterminer T en
fonction de w et W en fonction de V, on obtiendra séparément i> et 0, c'est-
à-dire les coordonnées de la surface, au moyen de deux quadratures.
» Il est aisé d'établir que les rayons R, et R», pour dépendre l'un
de l'autre, doivent être des fonctions de 0,, + V„, H„ étant une fonction de 6
et Vo une fonction de V. En exprimant cette double propriété, on obtient
deux équations qui déterminent, à certaines constantes près, les quatre
fonctions inconnues T, W, Q„ et V„.
» La discussion complète dont nous allons donner les résultats comporte
deux cas distincts. Dans les formules qui suivront, nous avons posé ^ = e-®,
•/) = e~^^; toutes les autres lettres désigneront des constantes arbitraires,
» Premier cas. — Les fonctions cherchées sont ainsi définies
dT _ ?-— {m-j--()i -+■ {c + my) rf?
T" ~ ï'-(w-V)?-(c-Hmv) r
/W r,2-)-(,„-t-
Y)ï, -h{c -hin-;} di
t)'i — (c + m-^) T,
de,
"^ r,^-(m-
T)^i — (c-4- '«1')
» On voit qu'il n'y aura que deux quadratures distinctes à effectuer
pour obtenir les quatre fonctions, car on aura toujours
( i3.4 )
» Si l'on ne suppose rien sur les constantes, la relation entre les cour-
bures principales est fort compliquée; l'hypothèse c -h my = o conduit à
des résultats assez simples.
» Second cas. — Les fonctions T et W sont ainsi déterminées :
S- —
» Par l'emploi des formules (3) on déduit de là
)) Quant aux rayons de courbure, les formules (2) deviennent
i_ ^
» La relation entre R, et Do est donc algébrique e.i de genre zéro pour
toute valeur entière ou fractionnaire de c. Il faut remarquer qu'elle est
indépendante de t, qui figure, au contraire, dans les expressions des coor-
données de la surface. Donc, à chaque forme de cette relation correspondent
une infinité de surfaces.
)) Les j)liis remarquables sont celles qu'on obtient en faisant / = o.
Cette hypothèse simplifie beaucoup les résultats et donne
cos)-0=/.e-^®, q='}e>' 1^-=T^)'
d'oii les formules finales
X y _ qe'-'''
71 ' ^'\ ~ ■ /i .,.i\ ~ Ch(0 + V)'
cos I ^ arc coipc.-''^ J sin I - arc coipe '•"-' j
^— CR^V)l^'H« + V;-XSh^.. + V)j.
» En conséquence, pour toute valeur entière ou fractionnaire de >., la
surface est algébrique; elle est même unicursale quand Tv est l'inverse d'un
entier. Les hgnes de courbure des deux systèmes sont d'ailleurs algé-
briques en même temps que la surface.
» U existe doue, une classe de surfaces algébriques qui sont à la fois des
( ,3.5 )
surfaces de Joachimslhal et des surfiices de Wcingarlen. Ces surfaces, on
au moins les jjIiis simples d'entre elles, sembleraient mériter une étude
détaillée.
» l'armi les surfaces que nous venons de déterminer figurent celles
d'Enneper (R,Ro = const); on les obtient en faisant, dans le premier cas.
m +y = o et, dans le second, c = i .
» Il est presque superflu de faire observer que les surfaces parallèles à
celles qui font le sujet de cette élude sont aussi des surfaces de VVeingarten
à lignes de courbure planes dans un système. »
ÉLECTRICITÉ. — Ohsenations de la rcsonance èlectritine dans l'air raréfié.
Note de M. Albert Turp.\in, présentée par M. Mascart.
« Dans les précédentes communications (') j'ai indiqué les résultats
auxquels conduit la méthode d'observation qui consiste à entourer un
résonateur électrique filiforme d'une gaine d'air convenablement raréfié.
La luminescence de l'air raréfié indique la distribution électrique le long
du résonateur.
» On peut se proposer d'étudier par la même méthode, non seulement
l'état électrique des diverses régions il'un résonateur en activité, mais l'état
électrique des fils de concentration du champ hertzien et même celui de
la région avoisinant les fils de concentration et le résonateur. — La diffi-
culté que présente cette recherche expérimentale réside dans l'extrême
fragilité des vases, de volumes assez notables (3'" à 4'"). lorsque l'air
contenu à leur intérieur doit être très raréfié. Four permettre une disposi-
tion facile, à leur intérieur, du dispositif constituant le résonateur et du
dispositif de concentration du champ hertzien, ces vases doivent être for-
cément constitués de deux parties adaptées l'une à l'autre par un masticage
convenable. Après un certain nombre d'essais infructueux, j'ai adopté le
dispositif suivant qui réalise en même temps le plus de sécurité et le plus
de commodité.
» Une clocfie à vide ^' {fg- 0 est percée de irons t dans lesquels on mastique des
lubes de verre qui servent de guides aux. fils de concentration / {fig i). Ces tubes
permettent de déplacer la cloche le long des fils et empêchent la luminescence qui se
produirait si les tils étaient en contact avec l'air raréfié.
(I) Comptes reiir/iis, 'i et i i juin igoo.
( i3i6 )
» Le résonateur R esl formé d'iiu fil craluininiuin courbé en forme de circonférence
de i5'™ environ de diamètre et dont les extrémités présentent en c un écartemenjL de
quelques millimètres, hajig. i représente le résonateur R suspendu au crochet c, de
manière que son plan soit perpendiculaire à la direction des fils de concentration.
Kig.
^=^
Fis
Lajig. 2 représente le résonateur R supporté par les tubes t, l. de telle sorte que son
plan soit parallèle au plan des fils de concentration. On peut aisément faire passer le
résonateur de la première position à la seconde sans être obligé d"ou\ rir la cloche. H
suffit d'imprimer des mouvements convenables.! tout le dispositif. On peut également
amener le résonateur à reposer sur le plan de verre et le soustraire ainsi à l'action du
champ. On obtient ainsi avec une seule cloche des effets qui nécessiteraient la prépa-
ration préalable de deux ou de trois cloches. Il est alors facile d'observer les diffé-
rences que présentent les aspects de la luminescence à l'intérieur de la même cloche
pour ces trois positions du résonateur.
» Les phénomènes observés avec des résonateurs ainsi disposés con-
firment les observations précédemment faites (') avec les résonateurs
enfermés dans des tubes à air raréfié.
» Les mesures de longueur d'onde, faites par déplacement d'un pont.
(') Comptes rendus, à juin et ii juin 1900.
( i3i7 ) ^
ont montré que la demi-longueur d'onde des oscillations qui excitent uu
résonateur donné est très sensiblement égale à la longueur du résonateur.
Un résonateur de 42'^'" de longueur a été excité par des oscillations dont
la demi-longueur d'onde a été trouvée égale à 4 •""•5 (moyenne de trois
mesures qui ont donné : 41*^"'; 4'""'>5; 42''™)-
» La perturbation micrométrique observée au cours des mesures faites
dans l'air doit donc être rapportée à la présence de l'air.
» Dans les mesures faites dans l'air (' ), c'est en comparant la différence
entre les demi-longueurs d'onde relatives à deux résonateurs à la différence
des longueurs de ces résonateurs que l'on trouve une vérification de la loi
suivante indiquée par M. H. Poincaré (-) : La longueur d'onde des oscilla-
tions qui excitent un résonateur donné est égale à deux fois la longueur du
résonateur.
» Les mesures faites au moyen du dispositif actuel vérifient directement
celte loi théorique sans qu'il v ait à éliminer la perturbation micrométrique.
» Ce résultat est confirmé par la comparaison des mesures faites à l'aide
d'tin résonateur à coupure et à micromètre, disposé dans une cloche à air
raréfié, dont le micromètre peut être dans deux expériences successives
maintenu dans l'air, puis dans l'air convenablement raréfié.
» A cel effet les deux extrémités qui forment les pôles du micromètre m {fig. 1) sont
mastiquées dans un petit morceau de tube de verre u. Dans une première expérience
on effectue le masticage de manière à emprisonner l'air dans le tube u. Dans une se-
conde expérience, le masticage du micromètre est percé d'un trou qui permet l'extrac-
tion de l'air du tube u en même temps qu'on fait le vide dans la cloche.
» Le déplacement du pont indique une longueur d'onde notablement
plus grande dans la première expérience (60'''") que dans la seconde (42*^").
» L'application de cette méthode d'observation de la résonance élec-
trique dans l'air raréfié est susceptible de fournir, en offrant une sorte de
spectre du champ hertzien, d'autres renseignements intéressants qu'une
étude ultérieure permettra de préciser. »
(') A. TiRPAiN, Recherches expérimentales sur les oscillations '(Hectriques, p. 94
(Paris, A. Hermann, 1899).
-) H. PoixcARÉ, Les oscillations électriques, p. 287 (Paris, G. C^arré, 1894).
C. U., ujoi, i" Semestre. (T. CXXXII, ^- 22.) ^JO
( i3i8 )
ÉLECTRICITÉ. — Influence de la tempcralurr sur la force électro-
motrice d' aimantation. Note de M. René Paii-lot, présentée par
M. G. Lippmann.
« J'ai employé la méthode et le dispositif expérimental indiqués dans
ma précédente Note ( ' ).
>' ^es éleclrodes du métal à étudier sont introduites dans les deux branches ver-
ticales d'un tube deux fois recourbé, dont lune des branches est placée dans un
champ magnétique. Ce tube plonge dans une cuve rectangulaire plate en laiton d'une
capacité de i''',5o environ. Dans cette cuve circule un courant d'eau à température
constante, obtenu de la manière suivante : L'eau provenant d'un réservoir placé à 2'"
de hauteur s'échauffe par son passage dans un serpentin de cuivre, chauffé par un bec
Bunsen, dont la flamme est réglée par un régulateur à mercure plongeant dans la
cuve plate. Après avoir circulé dans cette cuve, l'eau se déverse dans un réservoir in-
férieur d'où une petite pompe rotative mue par un moteur électrique de faible puis-
sance la fait remonter dans le réservoir supérieur.
» J'ai pu ainsi obtenir, pendant plus d'une heure, une température constante à jL
de degré près.
» Voici quelques résultats :
» I. Électrodes en fer doux de o'^^'",o5 de diamètre, préparées à la Wol-
laston, plongeant dans l'eau acidulée par l'acide acétique (deux gouttes
dans 100'^'' d'eau distillée et bouillie) et normales au champ.
» Les champs sont évalués en unités C. G. S. et les forces électromotrices
en volts :
H.
/! = J2°,-2.
i-oo
3 100
0000
8800
i356o
i535o
20970
235oo
2555o
3oioo
li.
0,0042
0,0074
0,01 10
0,0170
0,0219
0,0254
o,o3o8
o,o32i
o,o333
o,o332
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. 1194 et i326 (errata); 1900.
( '3,9 )
11.
E.
1700
0,0042
3 100
0,0076
0000
o,oii3
8800
0,017g
Oî». o /
i256o
i58oo
0,0282
-^ ' 1
0,0270
21000
o,o33o
2555o
o,o358
_
3oioo
o,o357
1700
o,oo44
0 1 00
0,0078
5 000
0,0122
880.)
0,0196
/i1«,5 i
j I 25ûO
i55oo
0,0261
^-| » ' '
0 , o3 I 0
2 1 000
0,0878
23900
^ 3 0000
o,o4io
o,o4io
' 1750
3 100
o,oo48
0,0082
ÔOOO
0,0127
66"
8800
0,0206
liaoD
0,0282
21000
0,0422
20oo()
o,o46o
3oioo
0 , 0462
M On peut tirer de ces nombres les principales conclusions suivantes :
» 1° La force électromotrice cl' aimantai ion du fer doux augmente avec
la température :
» 2" La rarialion de la force éleclromolrice d'aimantation du fer doux
avec la température est d'autant plus grande que le champ est plus intense.
)i II. Électrodes en bismuth (obtenues en aspirant le métal fondu dans
des tubes en verre effdé) plongeant dans l'eau acidulée par l'acide acé-
tique.
» Le bismuth aimanté est toujours négatif par rapport au bismuth non
aimanté.
» La force électromotrice d'aimantation du hismulh diminue quand lu
température s'élève.
» La variation de la force électromotrice d'aimantation du bismuth avec
la température est d'ailleurs très faible. Elle n'est sensible que pour des
( l320 )
champs voisins de 3oooo gauss. Voici, par exemple, dans un tel champ, la
moyenne de cinq expériences répétées à plusieurs jours d'intervalle :
t K
12° •O'jOOIO
48° o^.oooS.
ÉLECTRICITÉ. — Del' action des rayons X sui les conducteurs et sur les isolants.
Noie de M. .1. Semenow, présentée par M. Lippmann.
« Une des propriétés fondamentales des rayons X est que les conduc-
teurs chargés d'électricité se déchargent sous l'influence de ces rayons.
Les travaux de plusieurs savants, notamment ceux de Rontgen, de Righi,
de Villari, de J.-J. Thomson, de Perrin et de Sagnac, ont démontré que
cette décharge est due à l'ionisation de l'air traversé par les ravons X. La
vitesse de la décharge varie avec la pression du gaz (^ BenoistetHurmusescu).
En outre, M. M. Lennan a trouvé que, dans les gaz raréfiés, les conduc-
teurs chargés d'électricité positive se déchargent complètement sous l'in-
fluence des ravons cathodiques, tandis que la perte delà charge négative
a une limite qui monte avec le degré du vide.
» Si la décharge des conducteurs était causée seulement par l'ionisation
du gaz que traversent les rayons X ou les rayons cathodiques, la raréfac-
tion de ce gaz devrait exercer la même influence sur les pertes en électri-
cité positive ou négative. Or, les recherches ci-dessus mentionnées de
M. Me. Lennan prouvent le contraire.
» Ce fait laisse supposer que l'ionisation du gaz par les rayons sortant
du tube de Crookes n'est pas la cause unique delà décharge des conduc-
teurs. Pour m'en convaincre, j'ai construit un appareil dans lequel le con-
ducteur soumis à l'action des ravons X se trouve soustrait à l'influence du
» C'est un éleclroscope dont la cage hermétiquement close est protégée contre
l'aclion des rayons X et de leurs dérivés par plusieurs écrans en plomb assez épais.
A travers un orifice pratiqué dans le couvercle de la cage passe un tube en verre à
parois minces, fermé à ses deux extrémités et rempli de mercure puridé et bouilli. Un
fil de platine soudé à l'extrémité inférieure du tube met le mercure en communication
métallique avec les feuilles d'or de l'électroscope. De cette façon, l'air traversé par les
rayons X n'étant nulle part en contact avec des parties métalliques reliées aux feuilles
d'or de l'éleclroscope, la décharge, si elle se produit, doit être attribuée à une cause
( l32. )
autre que l'ionisation de l'air. Le tube à mercure est recouvert d'un cvlindreen cuivre,
nuini d'une fenêtre que ferme une mince lame d'aluminium.
» En expérimentant de la sorte, j'ai pu constater deux ordres de faits :
» 1° L'électroscope, chargé avant l'expérience, perd sa charge jusqu'à
une certaine limite sous l'influence des rayons X ;
» 2° Les feuilles d'or de l'électroscope, qui se trouvent en repos avant
l'expérience, s'écartent sous l'influence des rayons X.
» Dans l'un comme dans l'autre cas. l'électroscope se décharge com-
plètement lors(jiie, l'expérience une fois terminée, on touche avec le doigt
les parois du tube à mercure. Le contact d'un fil métallique, tenu à la
main n'enlève qu'une faible partie <le la charge. Lorsqu'on promène ce
fil sur toute la surface du tube, l'électroscope se décharge complètement.
» Il en résulte : i" que l'ionisation de l'air par les rayons de Rontgen
n'est pas la cause unique de la décharge des conducteurs chargés ; 2" que
le verre se polarise sous l'influence des rnyons X.
» Pour vérifier la seconde de ces conclusions, j'ai fait les expériences
suivantes : dans une boite en plomb, complètement fermée et en commu-
nication avec le sol, je plaçais une caisse en verre ou en ébonile. Les
rayons tombaient sur cette plaque à travers une fenêtre pratiquée dans le
couvercle de la boîte extérieure et fermée avec une mince lame d'alumi-
nium.
» Après cinq minutes d'exposition aux ravons, la lame se polarisait.
Examinée avec un plan d'épreuves et un électroscope sensible, elle ne
présentait à sa surface aucune charge libre, mais était polarisée dans
toute son étendue. L'électricité positive se portait du côté de la source
des rayons.
» Le même phénomène se manifeste sur des lames d'ébonite.
» Je dois signaler toutefois que les lames de verre, ainsi que celles de
l'ébonite, devaient subir à plusieurs reprises l'action des rayons X pour
acquérir la propriété de se polariser sous leur influence et qu'elles per-
daient cette faculté au bout d'un certain laps de temps.
)i Je me propose de faire ultérieurement l'étude complète de ce phéno-
mène auquel je ne m'attendais pas au début; mes expériences ne visaient
d'abord que la question de savoir si la décharge par les rayons X des
conducteurs chargés d'électricité est due uniquement ou non aux gaz
ionisés par ces rayons.
» Les considérations dont j'ai déjà parlé et mes expériences avec
l'électroscope à mercure m'ont amené à conclure que la décharge se fait
( l322 )
non seulement par rintermédiaire des gaz ionisés, mais aussi sous l'in-
fluence d'une autre cause.
» On sait qu'une perte d'énergie se produit ou par contact, ou par
rayonnement. Tout contact avec l'air ionisé ayant été éliminé dans mes
expériences, il faut attribuer la déchargea ce que les corps chargés d'élec-
tricité et soumis à l'action des rayons X deviennent des foyers d'émission
électrique.
» M. M. Lennan a constaté que les conducteurs chargés négativement,
placés dans des gaz raréfiés et soumis à l'action des rayons cathodiques,
se déchargent jusqu'à une certaine limite, c'est-à-dire que la perte par
émission est contre-balancée par un apport provenant de l'extérieur.
Puisque cet apport d'électricité négative coïncide avec l'action des
rayons X, commençant et finissant avec elle, il ne saurait être dû qu'à
ces rayons, qui seraient ainsi des rayons d'électricité négative. Nous
savons, en outre, que les conducteurs frappés par les rayons X devien-
nent des fovers de ravons secondaires, tertiaires, etc., découverts par
M. Sagnac, rayons absolument analogues aux rayons primaires. Ces con-
ducteurs deviennent donc des foyers d'émission d'électricité négative.
Ainsi se trouve expliquée la perte d'électricité négative en cas de charge
négative. Quant à la charge positive, il y a lieu d'admettre qu'elle est neu-
tralisée par l'électricité négative des rayons X.
» Cette hypothèse explique également la polarisation des isolants; la
lame soumise à l'action des rayons X reçoit une charge négative qui la
polarise en attirant l'électricité positive et en repoussant l'électricité
négative; la charge elle-même se dissipe sous forme de rayons secon-
daires. »
CHIMIE MINERALE . — Sur les alliages fV aluminium . Combinaisons de
l'aluminium et du molybdène. Note de M. Léon Guii-let, présentée par
M. Ditte.
« Dans une note présentée à l'Académie, le 6 mai dernier, j'ai indiqué
la méthode que j'ai employée pour l'étude des alliages d'aluminium, pour
les combinaisons du tungstène et de l'aluminium en particulier.
)) J'ai l'honneur d'indiquer aujourd'hui les résultats obtenus dans la
réduction de l'acide molybdique par un excès plus ou moins grand d'alu-
minium dans les conditions que j'ai indiquées précédemment. On est limité
( i323 )
d'un côté par la réaction correspondant à la production du métal et d'un
autre côté par la limite d'inflammation qui a lieu pour la réaction donnant
théoriquement Al" Mo.
» Ces expériences sont aussi dangereuses qu'avec l'acide tungstique; il
y a toujours des pertes abondantes; elles se font ici sous forme d'oxyde
bleu.
» Si l'on opère avec l'acide molybdique sur des quantités inférieures
à i''^, on n'obtient que des cristallisations rares; si l'on emploie un alumi-
nium très fin, comme celui que M. Goldschmidt utilise pour fiiire le
mélange oxyde de fer-aluminium, qu'il désigne sous le nom de ihermile, on
n'obtient que des culots métalliques sans cristaux. Je dois ajouter que l'on
peut parer à l'inconvénient de l'emploi de grandes quantités (j'ai toujours
opéré sur 3"^^ de matière ), en chauffant au préalable le mélange à 800° ou
1000", tlans un four Peirot, |)ar exem|)le, et même en utilisant des artifices
pour élever la température, après l'inflammation du mélange; je citerai
notamment un jet d'oxygène projeté à la surface; ce moyen m'a donné
d'excellents résultats dans des circonstances sur lesquelles j'aurai à reve-
nir.
» I" Toutes les expériences avec l'acide molybdique correspondantes
aux proportions comprises entre celles qui donnent théoriquement Al Mo'-'
et Al»Mo, permettent d'obtenir des culots parfaitement formés.
» 2" Dans les expériences correspondant aux proportions comprises
entre celles qui donnent théoriquement AlMo' et APMo, on obtient des
cristaux lamellaires superbes, atteignant souvent i*^'' de surface. Il arrive
fréquemment, notamment pour les expériences correspondant à la forma-
tion théorique de Al'Mo, AlMo et AlMo-, que le culot obtenu n'est formé
que d'un enchevêtrement de cristaux lamellaires de toute beauté;
M 3" Dans les expériences précédentes, j'ai souvent remarqué la pré-
sence d'alvéoles tapissées de cristaux filiformes; j'ai pu en isoler des quan-
tités suffisantes pour çn faire l'analyse;
)) 4" Dans les expériences où l'on emploie un très grand excès d'alumi-
nium, notamment celle qui correspond théoriquement à la formation du
composé Al" Mo, on voit se former à la surface du culot des rognons abon-
dants et très volumineux.
» Ces rognons sont formés par des agglomérats de cristaux filiformes
très nets.
» Tous les cristaux obtenus dans ces expériences sont généralement
( 1^2^4 )
purs, tandis que ceux iraliiminium-tungstène sont toujours recouverts
d'une mince couche d'aluminium. Si, par précaution, on lave les cristaux
aluminium-molybdène avec HCl étendu, il faut opérer leur dessiccation
dans une atmosphère de CO- ; dans l'air, il y aurait oxydation rapide.
» J'ai étudié la composition et le meilleur mode d'obtention de ces
cristaux :
» i" Les cristaux lamellaires correspondent à la formule Al* Mo; ils
sont obtenus en très grandes quantités dans l'expérience correspondant
au composé Al Mo.
i> La métliode analytique adoptée, laquelle a été suivie également pour les autres
combinaisons, consiste dans l'attaque des cristaux par l'acide azotique. On reprend,
en dissolution très diluée, par l'ammoniaque étendue et froide, qui dissout l'acide
moljbdique formé et précipite l'alumine; on fait bouillir pour chasser l'ammoniaque
en excès, puis on filtre et on lave à l'eau chaude. On reprend ensuite le précipité
d'alumine parla soude bouillante; on remarque qu'il reste un résidu brua de bioxyde
de molybdène (je me propose d'étudier spécialement ce fait) qui est dosé à part sous
forme d'acide molybdique, par oxydation avec l'acide azotique. La liqueur filtrée est
traitée par l'acide azotique, puis par l'ammoniaque qui précipite l'alumine; puis on fait
bouillir pour chasser l'excès de réactif et l'on filtre. La liqueur est jointe à celle que
l'on a obtenue après la première filtralion, et le molybdène est dosé sous la (orme de
molybdate de plomb, au moyen de l'acétate de plomb, en prenant les précautions
indiquées par MM. Hotson et Brearley (' )•
» Les résultats obtenus sont :
Piemiére
analyse.
Molybdène 47 > 56
Aluminium .52, 06
99
,62
Deuxième
analyse.
Calculé.
47,5/1
47,06
53,23
52,94
100,77
1 00 , 00 •
» -2° Les cristaux fdiformes correspondent à la formule Al Mo; on les
trouve dans quelques alvéoles formés dans les culots.
» Leur analyse donne :
Trouvé. Calculé.
Molybdène 77,93 78,06
Aluminium 22,16 21,95
100, Il 100,00
(') Chemical A/ews, t. LXXVIU, p. 2o3.
)euxième
analyse.
Calculé.
33,^7
33,69
66, 4o
66, 3i
( i325 )
» 3" Les cristaux constituant les rognons, obtenus comme il a été dit
plus haut, correspondent à l'alliage Al' Mo ; leur analyse a donné :
Première
analyse.
Molybdène 33 , aS
Aluminium 66,67
99.82 99,57 100,00
» Tous ces cristaux .sont attaqués par les acides concentrés; ils ne
semblent pas attaqués par l'eau bouillante; je me réserve d'étudier ulté-
rieurement leurs propriétés.
» Quant aux culots métalliques obtenus dans ces expériences, traités
par l'eau régale étendue, ils laissent des résidus très bien cristallisés et de
compositions différentes. Je poursuis en ce moment leur étude. »
CHIMIE. — Sur les alliages d'aluminium et de magnésium.
Note de M. Boudouard, présentée par M. Troost.
« Dès 186G, Woehler (') avait essayé de préparer les alliages d'alumi-
nium et de magnésium en fondant les deux métaux sous le chlorure de
sodium ; il avait ainsi obtenu des mélanges renfermant une combinaison
définie insoluble dans le chlorliydrate d'ammoniaque et la soude froide,
et se présentant sous la forme d'une poudre métallique blanc d'étain,
très brillante; mais il n'avait pu y reconnaître une cristallisation bien
nette.
» Parkinson (^) a obtenu un produit renfermant25 pour 100 de magné-
sium en fondant les métaux dans un creuset brasqué avec de la magnésie
pure et fraîche. D'une façon générale, l'introduction du magnésium dans
un alliage a pour résultat une extrême fragilité.
» Plus récemment, M. Mach a préparé un alliage d'aluminium con-
tenant 10 à 12 pour 100 de magnésium, plus léger que l'aluminium, d'une
couleur semblable à celle de l'argent, pouvant être tourné, percé, taraudé.
« Je me suis proposé d'étudier les alliages d'aluminium et de magné-
sium, en utilisant les nouvelles méthodes d'investigation scientifique intro-
(') Annalen Cli. Pharm., l. CXXXVIII, p. 253.
('■') Chemical Society, (2), t. V, p. n-.
C. K., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N* 22.) I7I
( i326 )
(luites dans la science pour déterminer la constitution chimique des
alliages. Parmi les propriétés physiques qui semblent devoir conduire à
des résultats précis sur cette constitution chimique des alliages, les prin-
cipales sont la structure cristalline, la conductibilité, la force électromo-
trice de dissolution, la fusibilité. C'est l'étude de la fusibilité des alliages
d'aluminium et de magnésium qui fait l'objet de cette Note.
» Avant de donner les résultats de ces recherches, je décrirai sommaire-
ment la méthode expérimentale suivie pour la détermination des tempé-
ratures de solidification.
I) Les points de fusion de raluminiuni el du magnésium étant relativement peu
élevés, tous les essais ont été faits dans des tubes de verre vert, en présence de gaz
d'éclairao^e, ou mieux d!hydrogène, afin d'éviter l'altération des métaux. Chaque essai
portait sur los' de matière. La mesure des températures s'elTectuait au moyen du
couple ihermo-électrique de M. Le Chatelier. Pour protéger le couple contre l'action
destructive des métaux fondus, on l'introduit dans un tube de verre de quelques milli-
mètres de diamètre fermé d'un bout, après avoir isolé les fds de platine et de platine
rliodié d'une façon convenable à l'aide d'un fil d'amiante. Le galvanomètre employé
était le galvanomètre à microscope, modèle Garpentier.
» Pour déterminer la température exacte de solidification, on amène le mélange des
deux métaux à une température supérieure à celle de fusion, puis on laisse refroidir :
on suit le déplacement du réticule au moyen d'un compteur à secondes, en notant le
temps mis par ce réticule pour passer d'une division à celle immédiatement inférieure ;
dans le Tableau ainsi établi, on cherche la division du micromètre correspondant au
plus grand intervalle de temps.
» Voici les résultats obtenus :
Al pour 100
Mg pour ion.
(en poids).
(en poids).
Tonipératures,
100
»
65o"
90
10
585
80
20
53o
70
3o
432
60
4o
45o
5o
5o
462
45
55
445
ko
60
45o
35
65
455
3o
70
424
5..5
75
356
20
80
432
i5
85
432
10
90
437,5
U
95
59a
i>
lOO
635
( i327 )
1) Si l'on construit hi courbe, en portant en abscisses les proportions en
poids d'aluminium et en ordonnées les températures, on remarque que
celle courbe présente deux maxima (455° et 462") et trois miniina (356°,
445° et 432°); entre les proportions de 10 et 20 pour 100 d'aluminium, la
portion de courbe est sensiblement parallèle à l'axe des abscisses. Les
deux points maxima mettent en évidence l'existence de deux combinaisons
définies d'aluminium et de magnésium : Al Mg- et Al Mg. Je poursuis l'étude
de ces combinaisons définies.
» Au cours de cette étude de la fusibilité des alliages d'aluminium et de
magnésium, j'ai recueilli des données sur leurs propriétés mécaniques. Au
point de vue de la malléabilité, les alliages contenant, dans des proportions
variant de o à i5 pour 100, soit de l'aluminium, soit du magnésium, pour-
raient seuls devenir intéressants. Si nous partons de l'aluminium pur et si
nous y introduisons des quantités croissantes de magnésium, la fragilité
augmente progressivement pour devenir maxima pour les proportions sui-
vantes : 5oAl, 5oMg; cet alliage se brise entre les doigts et peut être pul-
vérisé au mortier de porcelaine. Puis, si nous augmentons la proportion de
magnésium introduit jusqu'à revenir au magnésium pur, la fragilité
diminue elle-même progressivement. Ces données s'accordent avec l'ob-
servation générale donnée par Parkinson. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la structure cellulaire de quelques métaux.
Note de M. G. Cartaud, présentée par M. H. Moissan.
« Ce n'est pas la première fois que l'on parle de la structure cellulaire
des corps minéraux. MM. Osmond et Werth (') ont appelé cellules les
grains polyédriques qui résultent dans les métaux, et notamment dans le
fer, de la limitation mutuelle des individus cristallins développés à partir
de certains centres indépendants de cristallisation.
» Les cellules sur lesquelles je me propose d'appeler l'atlenlion sont
d'un ordre diflérent. On les met facUement en évidence en coulant des
métaux fondus sur une plaque de verre inclinée, de manière qu'ils se
refroidissent et se solidifient brusquement en lames de faible épaisseur. Les
expériences ont porté sur les métaux facilement fusibles : plomb, étain,
(') Osmond et Werth, Théorie cellulaire des propriétés de l'acier {Annales des
Mines, juillet i883).
( i328 )
zinc, cadmium, bismuth. Dans ces conditions, la surface libre de ces
métaux ne se montre pas unie. Examinée à un grossissement de 200 dia-
mètres environ, elle se montre déjà franchement cristalline dans le bis-
muth; mais dans tous les autres elle est recouverte d'un réseau continu de
cellules délimitées par des contours jwlygonaux en creux. De semblables
cellules se rencontrent aussi quelquefois dans les soufflures ménagées
entre le mêlai et la plaque de verre.
» Ces cellules sont de formes 1res variées sur la surface d'une même coulée : hexa-
gonales el régulières dans certaines parties, elles sont dans d'autres irrégulières, pen-
lagonales, quadrangulaires et même triangulaires, ou bien encore elles semblent étirées
dans certaines directions. Fréquemment aussi, comme à la suite d'une sorte de diffé-
renciation du tissu cellulaire, on peut les voir, à partir de certains centres, s'organiser
en cristallites, d'autant plus nombreux et développés que le métal a été coulé en lame
plus épaisse. Toujours ces cristallites se montrent constitués par la soudure de cellules
tantôt peu différentes de celles qui forment le tissu qui les entoure; tantôt, au con-
traire, allongées en longs articles ou finement dentelées. On rencontre enfin quelque-
fois des groupements de cellules d'un autre ordre. De longs chapelets de cellules
partent en divergeant d'un point ou d'un axe et dessinent des figures assez gracieuses
qui ressemblent à des spectres tourbillonnaires. Le fait a été très marqué sur une
goutte de zinc fondu écrasée dans sa chute sur une plaque de verre.
» L'aspect des cellules rappelle à beaucoup d'égards celui des tourbillons
cellulaires observés par M. Bénard ( ' ) dans les nappes liquides. Cependant
leur ordre de grandeur et leurs irrégularités de forme et de distribution
les rapprochent davantage des cellules des tissus organisés. L'analogie se
poursuit même, au moins en apparence, jusque dans leur mode de déve-
loppement qui rappelle celui que la nature met en œuvre dans les êtres
inférieurs. La solidification brusque permet, en effet, de surprendre les cel-
lules dans leurs phases de croissance et de prendre sur le fait les phéno-
mènes de scissiparité que M. Bénard à pu suivre d'une manière continue
dans les liquides. On voit dans certaines cellules des ainorces de cloisons
partant de deux bords opposés et tendant à se rejoindre en laissant entre
elles un canal plus ou moins étroit. On rencontre enfin dans le zinc des
cellules possédant un gros noyau en relief qui semble prendre part à la
division de la cellule en s'étranglant pour se couper en deux novaux, tan-
gents l'un et l'autre à la cloison nouvelle.
» La surface polie d'une plaque d'acier recuite à température élevée
(') Les tourbillons cellulaires dans une nappe liquide {Revue générale des
Sciences, décembre 1900).
( i329 )
enregistre avec fidélité tous les changements de structure survenus dans
le cours du chauffage et des refroidissements subséquents. Les réseaux
correspondant à ces diff^érentes organisations restent gravés dans la surface,
ce qui permet d'en étudier les relations mutuelles (' ). De même, la surface
libre d'un métal fondu, refroidi brusquement, doit pouvoir enregistrer
tous les stades d'organisation résultant du passage de la structure liquide
à la structure grenue et cristalline qu'on lui connaît à l'état solide. A côté
du réseau cellulaire déjà décrit, on peut en eff"et observer un réseau à
mailles beaucoup plus larges, formé par les joints des cristaux, limités les
uns par les autres dans leur développement. D'autre part, on peut
remarquer que, malgré leur désordre apparent, les cellules sont groupées
en plages dans l'intérieur desquelles elles présentent toutes des caractères
communs de ressemblance. Il se trouve que précisément ces plages sont
délimitées par les contours des grains cristallins. Le fait se montre d'autant
mieux que les cellules sont moins planes. Dans le cas du plomb, entre
autres, il se présente des régions où chaque cellule contient une sorte de
trémie cubique saillante; on constate que, dans chaque gram ou cellule de
premier ordre de MM. Osmond et Werth, les arêtes des trémies sont
toutes parallèles à deux directions communes, d'une orientation différente
d'un grain au grain voisin. Il y a ainsi une liaison évidente entre la struc-
ture cristalline représentée par les grains, et la structure amorphe repré-
sentée par les cellules. Cependant un examen attentif montre que le réseau
cristallin coupe fréquemment les cellules, de sorte que les deux portions
d'une même cellule peuvent appartenir à deux grains différents. L'inter-
dépendance des deux réseaux n'est donc pas absolue et paraît plutôt
résulter, en fait, d'une sorte d'accommodation plus ou moins parfaite.
)> La structure cellulaire parait être la structure normale des corps
amorphes. Mise en évidence dans les liquides par M. Bénard, nous l'avons
rencontrée dans la gélatine molle traitée par l'alcool absolu, et dans le
verre attaqué par l'acide fluorhydrique ou dépoli par chaufFage dans la
flamme du chalumeau à gaz. Dans les corps cristallisés, elle se combine,
comme on vient de le voir, à la structure cristalline et peut même lui être
superposée; môme dans de gros cristaux cubiques de fer, l'attaque par
l'acide azotique met en évidence des cellules sur les faces du cube. »
(') Osmond et Cartaud, Sur la crislallo^naphie du fer {Annales des Mines, août
1900).
( i33o )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Acidimdlric de l'acide pliosphorique par la baryte,
la strontiane et lachaiix. Note de M. J. Cavalier, présentée par M. Troost.
« On sait que, si l'on titre une solution d'acide phosphôrique par une
liqueur alcaline quelconque en employant comme indicateurs colorés le
méthvlorange et la phtaléine, en général le virage du premier réactif cor-
respond à la saturation d'un atome d'hydrogène de PO* H', le virage du
second à la saturation de deux atomes.
» Il en est ainsi avec les alcalis (potasse et soude) : le virage du mé-
thylorange est bon; celui de la phtaléine ('), imparfait par suite de l'hy-
drolyse du sel dimétallique, suffit cependant dans la plupart des titrages.
» Avec les bases alcalinoterreuses, les résultats sont très variables non
seulement avec la dilution, mais encore avec la façon dont la saturation
est conduite et surtout avec la nature de la base.
» J'ai cherché dans quelles conditions précises il faut se placer pour
utiliser les alcalinoterreux au titrage de l'acide phosphôrique libre, et s'il
est possible d'observer un virage correspondant à la saturation totale de
ses trois acidités.
» J'indiquerai succinctement les résultats obtenus en versant des solu-
tions de baryte, strontiane et chaux dont la concentration varie de ^ à
^ de molécule par litre, dans une solution d'acide phosphôrique
(imol. = i'").
» 1. Le virage du méthylorange (au jaune franc) correspond très exactement
à l'addition de | molécule de base pour i molécule PO' H'; il s'observe assez facile-
ment surtout en solution de dilution moyenne (Jj).
» Lebaryte(,^) donne, un peu avant, un précipité gélatineux qu'il faut redissoudre
par l'agitation dans la liqueur acide. En solution encore plus concentrée, celte disso-
lution complète ne se fait plus; on n'obtient pas une liqueur à la fois limpide et
neutre, et le titrage n'est pas possible.
» Le méthylorange peut être remplacé par le paranitropliéhol (Joly, Note citée) (-).
La liqueur incolore prend, au moment de la saturation, une teinte jaune très pâle
dont l'intensité augmente si l'on continue l'addition d'eau de baryte.
» l^e virage est plus facile à observer sans pratique particulière que celui du méthyl-
orange, mais il a moins de sensibilité.
(') JoLï, Comptes rendus, t. Cil, p. Siy.
(-) Spiegel, Berichte, t. XXXIII, p.364o.
( .331 )
» 2. Si l'on continue l'adclitioii d'eau de baryle assez lentement pour que le
précipité gélatineux trlbarylique qui se forme tout d'abord ail le temps de se trans-
former totalement en bibarylique cristallisé, le virage de la plitaléine est remarqua-
blement net; il se produit très e.raclemenl pour l'addition d'une molécule de base et
permet un titrage précis.
)) Ce virage net peut être obtenu avec des dilutions quelconques, soit à froid, soit
à chaud. En liqueur concentrée, il est préférable de chauffer la liqueur neutre au
méthyloi'ange jusqu'à apparition de précipité et de continuer la saturation dans la
solution chaude: la cristallisation du précipité est ainsi beaucoup plus rapide.
» 3. La strontiane concentrée (yL niol. = i litre) se comporte comme la baryte :
elle peut donner un virage très net en opérant soit à froid, soit à chaud.
» Avec les solutions plus étendues la formation du précipité cristallisé est plus
lente; le titrage net et précis est encore possible, mais seulement à froid, et il exige
plusieurs heures.
1) 4. La chaux, peut donner le même virage net avec formation de PO*Ca H cristal-
lisé, mais plus difficilement encore : il faut que la dilution n'atteigne pas y|^ de mo-
lécule par litre, que la saturation se fasse à froid et avec une très grande lenteur. Ces
coiidiiioiis, .-.urlout la dernière, ne permettent pas de remplacer la baryte par la chaux
dans le titrage précédent.
» 5. Lorsque, dans la saturation par une des trois bases, le précipité n'est pas entiè-
rement cristallisé au moment du virage de la phtaléine, celui-ci est toujours médiocre
et incertain; la teinte rose pâle obtenue une première fois disparaît en général peu
après ('), et il faut ajouter quelques gouttes d'alcali pour qu'elle reparaisse persistante
pendant quelques minutes. L'addition brusque d'un excès de base et le retour avec
un acide titré donnent une décoloration de la phtaléine présentant le même caractère
d'incertitude que le virage direct.
» 6. Avec la baryte ce virage exige l'addition de quantités de base très variables,
comprises, pour les dilutions employées, entre i^^'joS et i""'',25. Le nombre trouvé
est d'autant plus voisin de i que l'agitation est plus complète, la durée de l'opération
plus grande ou la liqueur plus étendue; toutes ces circonstances sont précisément
celles qui facilitent la formation du précipité cristallisé.
11 La strontiane donne des résultats plus élevés et plus constants que les précédents :
ils sont compris entre (""'jSoet i """',40.
)i 7. Avec la chaux les quantités nécessaires sont encore plus grandes et comprises
entre i°"'',4oet i"'"',52. Les nombres les plus élevés et les plus réguliers sont donnés
par la solution la plus étendue. Leur constance est suffisante pour permettre le titrage
de l'acide phosphorique par l'eau de chaux étendue ( J-j mol.:z= i lit.) ajoutée sans
précaution particulière en présence de phtaléine, lorsqu'on pourra se contenter d'une
précision médiocre. Le virage correspond sensiblement à la saturation des trois
atomes d'hydrogène de PO'IP. »
(') Ceci doit être rapproché du fait signalé par Blarez {Comptes rendus, t. ClII,
p. 205) que, en présence d'un excès notable de base, la quantité de baryte fixée sur
l'acide phosphorique croît avec le temps.
( i332 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l' alumine contenue dans les eaux minérales.
Note de F. Parmentier, présentée par M. Troosl.
« Dans une précédente Communication (Comptes rendus, t. CXV, p. laS)
nous avons montré que la plupart des eaux minérales de la région du
Centre renfermaient de l'alumine en quantités très notables. Nous avons
insisté sur ce fait que ne pas signaler la présence de ce corps dans les
eaux qui le renferment pouvait avoir des conséquences fâcheuses. C'est
ce qui vient d'arriver pour les eaux de Vichy. Dans aucune analyse de ces
eaux que nous connaissions, même dans une analyse d'ensemble faite au
commencement de cette année, l'alumine n'est signalée. Cependant, pour
ne parler que de deux de ces sources, j'ai trouvé par le procédé de
H. Sainte-Claire Deville, comme teneur en alumine, pour
Puits Chomel os',oi 17 par litre
Grande Grille o8"-,oo75
). Nous avons été amené à reprendre cette étude sur les indications de
M. Genreau, Ingénieur en chef des Mines, qui se préoccupait de la pré-
sence, lui paraissant d'ailleurs accidentelle, de particules blanches ou
ocracées en suspension en quantités variables dans les eaux des deux
sources citées. Ces particules ont été observées depuis le commencement
de cette année et, d'après des essais sommaires, elles lui semblaient devou-
être attribuées soit à des déperditions d'acide carbonique, soit à des infd-
trations d'eaux chargées de chaux provenant de l'action des intempéries de
l'hiver (pluies, neiges, etc.) sur des bétonnages de grande étendue faits
récemment au voisinage de ces sources, soit à ces deux causes simul-
tanément.
» M. Genreau m'a demandé d'étudier à fond, en dehors de lui, cette
question qu'il était important d'élucider.
» Si on laisse perdre spontanément à ces eaux leur acide carbonique, on voit se
former à la surface de l'eau une pellicule flottante formée de cristaux de spaths qui
s'accolent en partie. Par l'agitation, ces cristaux tombent au fond du liquide. Quand
on fait partir l'acide carbonique par l'agitation, il se produit encore du carbonate de
chaux, de la dolomie, etc., en cristaux très petits qui tombent au fond de l'eau. Quand
presque tout l'acide carbonique libre a disparu, il se produit un dépôt d'alumine en-
traînant une plus ou moins grande quantité de sesquioxyde de fer.
» Si, au contraire, on laisse tomber goutte à goutte de l'eau de chaux dans ces
( j333 )
<:aii\. on voit se produire des nuages blancs qui peu ii peu se dissipent partiellemenl.
Les nuages sont dus à la production de carbonate de chaux, de carbonate de magné-
sie, de magnésie et d"ahimine. L'excès d'acide carbonique contenu dans ]es eaux re-
produit la redissolution des carbonates et de la magnésie, mais l'alumine, une fois
précipitée et polymérisée, ne se redissout plus. Produites en particules très petites,
on voit ces particules s'accrocher les unes aux autres et finalement produire de petits
filaments assez semblables, comme aspect, aux mycéliums de certains champignons.
En même temps, cette alumine enrobe des particules de carbonate de chaux, de car-
bonate de magnésie et de magnésie que l'acide carbonique libre n'atteint plus que
difficilement.
» Les caractères de l'alumine contenue dans les bouteilles qui nous ont été remises
et de celle obtenue dans notre laboratoire avec l'eau de chaux ont été nettement éta-
blis soit par les réactifs chimiques, soit au chalumeau.
» Ce n'est donc pns senlement à des pertes d'acide carbonique, mais
aussi à des infiltrations d'eaux chargées de chaux et dues à des bétonnages
récents qu'il faut attribuer la présence des particules qui se sont montrées
en suspension, de la manière la plus irrégulière, dans les eaux qui nous
ont été soumises.
» La présence de l'alumine dans ces eaux aurait pu être indiquée d'après
le seul examen des dépôts produits par ces eaux. Il suffit de mettre des
fragments de ces dépôts au fond d'un verre d'eau distillée assez grand et
d'ajouter de petites quantités d'acide chlorhydrique pour voir se détacher
de la masse des filaments d'alumine qui s'élèvent jusqu'à la surface de
l'eau, emportés par des bulles d'acide carbonique. Pendant leur trajet, ces
filaments se soudent les uns aux autres, puis retombent au fond de
l'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du bromure (iisobutyléiic sur le benzène en
présence du chlorure d'aluminium. Note de M. F. Bodkoux, présentée par
M. F. Troost.
« Dans une Communication précédente, j'ai montré que l'hydrocarbure
C*H'^ — C'^H' qui prend naissance dans l'action du bromure de propylène
sur le benzène en présence du chlorure d'aluminium est formé presque
entièrement de propylbenzène normal.
» Ce corps dérive du diphénvipropane
CH'-CH-'-CH-CH'
C. K., 1901, 1- Hemeslre. (T. CXXXII, N" 22.) I72
( i334 )
qui se forme d'abord et sur lequel le chlorure d'aluminium exerce une
action décomposante qui, dans les conditions de l'expérience, porte presque
uniquement sur ]e(C"H^y uni à l'atome de carbone tertiaire. Pour vérifier
la généralité de ce mode de décomposition j'ai songé à faire agir sur le
benzène, en présence du chlorure d'aluminium, le bromure d'isobutylène
CH = Br — CHBr(
\CfP
et à déterminer la constitution de l'hydrocarbure à une chaîne latérale
prenant naissance dans cette réaction.
» J'ai opéré de la manière suivante :
» 75s'' de bromure d'isobutylène ont été dissous dans i5o8''de benzène, et j"ai ajouté
en une seule fois loS' de chlorure d'aluminium. La réaction a commencé à froid. Au
bout d'une heure et demie, j'ai chauffé au bain-marie jusqu'à ce qu'il n'y ail plus eu
de dégagement d'IIBr. Le produit décomposé par l'eau a été lavé, décanté, séché sur
CaCl*. Puis, l'excès de benzène ayant été chassé, j'ai soumis le résidu à une série de
rectifications.
» J'ai ainsi obtenu pour deux opérations :
A. IIS'' de liquide passant entre 171° et 173°
B. 3IB"' » 284° et 287°
» Les portions supérieures sont gommeuses, sans point d'ébullition fixe; abandon-
nées à elles-mêmes, elles se sont solidifiées partiellement. Par filtration, j'ai séparé un
corps solide cristallisant dans l'alcool en prismes incolores. Ce composé qui fond sans
décomposition à 128° a été obtenu en trop petite quantité pour que je puisse avec
succès en poursuivre l'étude.
» A. Cet hydrocarbure est un liquide incolore, d'une odeur agréable,
passant à 171°- 173° sous la pression de 750""°.
» L'analyse montre que ce corps est un butylbenzène, CH'^
» Le brome en excès agissant à froid sur cet hydrocarbure en présence
du bromure d'aluminium le transforme en nonabromoisobutylbenzène
CBr^ — C*H'Br\ Il y a également production, dans cette réaction, d'une
faible quantité de benzène hexabroiné.
» Or l'hydrocarbure
C"H'-CH-- CH - CH=
CH'
traité par le brome en présence du bromure d'aluminium fournit unique-
( i335 )
ment le composé C'Br' . C^H^Br" fusible à ii6°-2i']°, tandis que l'hydro-
carbure
/-CH'
Cil ■-C-CH'
dans les mêmes conditions ne donne que l'hexabromobenzène, fusible
à SiG". Par conséquent, le composé A est constitué presque entièrement
p&r\ephényle i méthyle 2 propane.
» B. Cet hydrocarbure est un liquide légèrement jaunâtre, doué d'une
fluorescence bleue; il bout entre 284" et 287'' sous la pression de ^So""";
sa densité à i5° est 0,984.
» Refroidi par un mélange de glace pdée et de sel marin, il devient siru-
peux, mais il ne se solidifie pas.
)) L'analyse lui assigne la formule C'^H'*.
» D'après son mode de génération, sa fainiiile de constitution doit être
la suivante :
CH'
CMP-CH-' — C-C''H\
CH'
ce qui en fait le phényle i diinéthyle 2 éthane phényte.
» Si cette constitution est exacte, cet hydrocarbure renferme dans sa
molécule un noyau benzénique uni à un carbone quaternaire. Par consé-
quent, en faisant agir sur ce corps un excès de brome en présence de
AlBr', il doit y avoir scission de la molécule à cet atome de carbone, for-
mation de benzène hexabromé et d'un dérivé brome de l'isobutylbenzène,
c'est-à-dire d'abord
CH^ CH^
CH'' CH=-C-C«H»-l-22Br = C''Br''-+- roHBr-f-C Br''- CH' - C Br,
CH^ CH'
puis, comme dans l'isobutylbenzène, l'action bromurante porte en partie
sur la chaîne
CH»
CBi
CH'
. CBr' -CH^ -CBr4-GBr = 3HBr + C«Br^ - CH' Br
( i336 )
de sorte que la réaction totale doit être
CM'
C''H^-CH^-C-C«?F+28Br= i3H Br + C^Br" + C Br^ - C H^Br\
» J'ai donc effectué la bromuration, et, après en avoir soumis le produit
aux opérations ordinaires, j'ai séparé par cristallisation fractionnée dans
le benzène deux composés différents.
» Le premier, purifié par de nouvelles cristallisations dans le chloro-
forme, se présente sous la forme de prismes courts incolores, fondant à
2i6°-2i7°en sedéposanteten laissant dégagerdu brome. C'est le composé
CJBr' - C*H^Br\
» Le deuxième se dépose de sa solution benzénique en aiguilles
blanches, longues et soyeuses, fusibles à 3iG". C'est le benzène hexa-
bromé.
» Le résultat de l'expérience est conforme à celui prévu par la théorie.
L'hydrocarbure C"*li** obtenu est donc bien le phényle i diméthyle 2
élhane phényle, et c'est ce corps qui, se détruisant partiellement sous l'in-
fluence de Al Cl', donne naissance à l'isobutylbenzcne recueilli d'abord.
Cette action décomposante s'exerce dans le même sens que sur le dipliè-
nyle i-i propane ; elle a principalement pour résultat de détacher le noyau
benzénique uni à un carbone quaternaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des élhet s alcoylmaloniques sur les chlorures
diazoïcjues. Note de M. G. Favkel, présentée par M. A. Haller.
« L'action des éthers maloniques sur les chlorures diazoïques a déjà
été étudiée par un certain nombre d'auteurs ('), et leurs travaux ont
montré que les corps résultant de cette réaction sont des hydrazones.
» Les élhers alcoylmaloniques n'ayant plus qu'un atome remplaçable
par un radical monovalent, on pouvait se demander ^i ces corps seraient
capables de réagir sur les chlorures diazoïques.
)> 100='^ de solution uorniale d'aniline, à trois molécules d'acide chlorhydrique par
(') Meyek, 1'.. D. cl,. .-., t. XXn , p. 1241 ; et von Fixiiiiann, IJ.D. cIi. G., t. XXV,
p. ii-'t.
( '^.^7 )
litre, sont diazotés par afldilion d'un égal volume de liqueur normale de nitrile de
soude. Dans le chlorure de diazobenzène produit, on verse alors une solution de
456'' d'acétate de soude dans loo" d'eau, puis 178"', 4o de méthylmalonate d'éthyle
dissous dans i5o"^ d'alcool.
» Le liquide, maintenu à zéro pendant quelques heures, et soumis à de fréquentes
agitations, abandonne une huile jaune qui ne cristallise pas et ne peut être distillée
sans décomposition. Agitée avec de la soude étendue, elle se solidifie partiellement,
et si l'on jette alors le tout sur une plaque poreuse, on parvient à isoler la partie solide.
Celle-ci, dissoute dans l'alcool chaud, s'en précipite par refroidissement, sous forme
de cristaux jaunes qui constituent la phénylhvdrazone-a-pyruvate d'éthyle ou phé-
nyl-a-azopropionate d'éthyle ('), ainsi que le démontrent l'analyse et le point de
fusion I i7°-r 18°.
» Sa formation peut s'expliquer par la réaction
CO-C-H-'
C H^\z = Az - OH + CH - CH^
.H CO-C-îl^
= C^H^Az - Az = ('; + CO-'-t- C-H\ OH.
CH
» Il est à noter que, pendant l'action du méthylmalonate d'éthyle sur le
chorure de diazobenzène en solution acétique, il se dégage de l'acide
carbonique, ce qui confirme l'équation précédente.
M En remplaçant dans l'opération précédente le chlorure d(^ diazoben-
zène par celui de diazoparatoluène, on obtient :
» La paratoluidhydrazone-a-pyruvate d'éthyle ou paratoluil-oc-azopro-
pionate d'éthyle, fondant à io6°-i07".
» Si l'on fait réagir, dans les mêmes conditions, le chlorure de diazo-
benzène sur l'élhvlmalonate d'éthyle, ou obtient une huile jaune entière-
ment soluble dans la soude étendue.
» L'acide chlorydrique précipite de cette solution des flocons jaunes.
En les dissolvant dans l'alcool, on obtient, par évaporatiuu, des cristaux
fondant à iSi^-iàs", constitués par la phénylhydrazone-a.-acide-butyrique
ou phényl-a-azo acide butyrique (").
(') Fischer et Jordan^ fl. D. cli. G., 1. \\1, p. aa^i; et Fi!A>f;is Japf et Klinge-
MANN, t. XX, p. 29^2.
(■) Francis Japi' et îvli.ngema.n.n. A'. L>. cli. (i.. i. \X, ji. itj^i.
( i338 )
» Le chlorure de diazoorlhotoluène fournit de même l'orthotoliiilhydra-
zone-a-acide butyrique fondant à i48''-i49''-
» En résumé, les étliers alcoylmaloniques réagissent sur les chlorures
diazoïques comme les éthers cyanacétiques substitués, mais, tandis que
les derniers fournissent les hydrazones nitriles pyruviques, les premiers
donnent les acides correspondants ou leurs éthers. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau mode de décomposition des dérivés
hisulfiliques. Note de MM. P. Freuxdler et L. Buxel, présentée par
M. Henri Moissan.
« Les seuls agents dont on se soit servi pour régénérer les aldéhydes
et les cétones de leurs combinaisons bisulfitiques sont, à notre connais-
sance, les acides, les alcalis et les carbonates alcalins. Toutefois Berta-
gnini (') a indiqué que le brome et l'iode sont également susceptibles de
dédoubler ces combinaisons.
» Nous avons constaté que les azotites alcalins étaient doués de la même
propriété et qu'ils pouvaient, dans certains cas, être substitués aux carbo-
nates.
» 11 suffit, par exemple, de chaufTer la combinaison bisulfitique de l'aldéhyde isn-
valérique avec une solution diluée d'azotite de sodium pour mettre l'aldéhyde en
liberté. La réaction s'effectue entre 70° et 80°; elle est accompagnée d'un faible déga-
gement gazeux (protox3-de d'azote), mais il ne se forme pas de vapeurs nitreuses; la
liqueur prend une réaction alcaline qui persiste si l'on a soin d'éviter une ébullition
prolongée. La tension de vapeur de l'aldéhyde est d'ailleurs si forte, qu'en chaulTant
quelques minutes à 100° on parvient à distiller la totalité du produit.
» Le rendement n'a pas été déterminé d'une façon absolue, car, si d'une part l'al-
déhyde isovalérique est un peu soluble dans les solutions salines, elle retient d'autre
part toujours une petite quantité d'eau dont on ne peut la débarrasser par dessiccation
sans perdre en même temps du produit. Nous nous sommes donc bornés à peser
l'aldéhyde à l'état humide, à vérifier qu'elle ne renfermait ni acides ni polymères, et à
comparer les rendements fournis par la méthode à l'azotite avec ceux que donne la
méthode an carbonate dans les mêmes conditions de température et de dilution.
» L'appareil employé dans toutes nos expériences était constitué simplement par
un ballon à distiller qu'on chauffait au bain d'huile, et à la tubulure duquel était
adapté un réfrigérant descendant. Deux thermomètres, placés l'un à l'intérieur du
ballon, l'autre à l'extérieur, ont permis d'opérer à une température absolument con-
stante.
(I) Ann. C/ieni.. t. LWXV, p. 289.
( i339 )
» La matière première a été préparée en parlant d'une aldéhyde purifiée elle-même
par l'intermédiaire de sa combinaison bisulfitique. Sa pureté a d'ailleurs été contrôlée
par un dosage de sodium (calculé pour NaHSO'.C°H'»0.{H^O : sodium pour loo,
1 1 ,56; trouvé ii ,3).
» ioqS"" de cette combinaison bisulfitique (i mol.) ont été chaufîés avec une solution
de iSb"' d'azotite de soude (j mol.) dans 25o'^'= d'eau. On a récupéré SgS"' d'aldéhyde au
lieu de 43'"', soit 90 pour 100 du rendement théorique.
» loos"' de la même combinaison, traités dans les mêmes conditions par une solution
de carbonate de potasse, ont fourni SjS'' d'aldéhyde.
» Des expériences comparatives nous ont montré que les meilleurs rendements sont
obtenus lorsqu'on emploie | molécule d'azotite pour i molécule de bisulfitique. Avec
i molécule, la décomposition est incomplète, et si l'on rajoute du nitrite après la
première distillation, une nouvelle quantité d'aldéhyde est mise en liberté.
» Il résulte de ce qui précède que la décomposition du bisulfitique par les
azoliles fournil des rendements au moins égauv à ceux que Von obtient en em-
ployant les carbonates.
» Cette décomposition par les azotites n'est pas provoquée simplement
par l'alcalinité de ces derniers. En efFet, d'autres sels à réaction alcaline,
tels que l'acétate ou le benzoale de soude, se sont montrés à peu près
inactifs. La réaction est analogue à celle d'un azotite sur unpvrosulfite; du
moins avons-nous pu caractériser l'un des produits de cette réaction, V acide
nilrilosulf unique , Az(SO^H)' [^acide sulfammonique de Frémy ('), acide tri-
suif animonique t\e Clans (-)]. Il suffit pour cela de traiter le résidu de la dis-
tillation par une solution concentrée de chlorure de potassium; le nitrilo-
sulfonate de potassium se dépose par refroidissement sous la forme de fines
aiguilles presque insolubles dans l'eau froide, qui possèdent toutes les
propriétés décrites par M. Raschig (').
» Un dosage de potassium a d'ailleurs fourni les chiffres suivants :
Calculé pour
Trouve. \z(S0'K)2, 2H = 0.
Iv pour 100 28,69 28,7.5
» Nous nous proposons de rechercher les autres produits (oximido-
sulfonales, amidosulfonates, etc.), qui prennent naissance dans cette
réaction, et d'appliquer celle-ci à d'autres dérivés bisulfitiques.
» Des essais préliminaires effectués avec la combinaison bisulfitique
(') Ann. de Chiin. et de Pliys., 3" série, t. XV, p. 4i8-
(2) Ann. Chenu, t. CLVIII, p. 85 et 194.
(') Ann. Cheni., t. CCXLl, p. 280.
( '3'io )
normale du ciiral. nous onl montré qu'il est impossible de régénérer com-
plètement le cili'ai de cette combinaison au moyen des azoliles. Ces ré-
sultats sont d'ailleurs conformes aux prévisions que Ton peut tirer de la
lecture des Mémoires de Tiemann (') d'une part, et de ceux de MM. Divers
et Ha^a (^) d'autre part. Ils seront décrits ultérieurement avec plus de
détails. »
CHIMTE ORGANIQUE. — Sur les produits secondaires formés dans l'action de
l'acide sul/uriquc sur le charbon de bois. Note de M. A. Verxeuii-, pré-
sentée par M. Moissan.
« 1. Les acides que i on isole le plus aisément du résidu de l'attaque
du charbon de bois par l'acide sulfurique sont, ainsi que je l'ai montré il y
a quelques années, l'acide raellique et l'acide benzènepentacarbonique; le
premier se sépare facilement à l'état de mellate d'ammonium, le second
s'extrait des premières portions cristallines précipitées lors du fractionne-
ment de la liqueur à l'aide de la baryte (^).
)> TtJacide benzène pcnlacarhonique ainsi isolé par cristallisation présente
une très vIac phosphorescence dont l'intensité et la couleur jaune verdàtre
sont presque identiques à celles de la blende phosphorescente; la durée de
l'émission lumineuse atteint six secondes envii'on.
» Cette phosphorescence n'appartient pas à l'acide pur, qui peut prendre
place, comme un nouvel exemple, dans le groupe des corps déjà nombreux
qui doivent, ainsi que les sulfures alcalino-terreux, leur luminescence à la
présence d'une impureté. En effet, lorsqu'on purifie l'acide benzènepenta-
carbonique par deux passages à l'état de sel de plomb, suivis de régéné-
rations par l'hydrogène sulfuré, les cristaux perdent leur teinte jaunâtre,
deviennent tout à fait incolores et ne présentent plus qu'une trace de phos-
phorescence. Ce n'est qu'après au moins trois purifications semblables que
la phosphorescence est complètement annulée.
» Je n ai pu jusqu'ici parvenir à déceler la nature du corps étranger qui
rend phosphorescent l'acide phènepentaméthyloïque; car je n'ai pu retirer
soit de l'eau de lavage du précipité plombique, soit du sulfure de plomb, la
(') D. chem. G., t. XXXI, p. 33i2.
(2) Chem. Soc, t. LXXVII, p. 671.
(*) Comptes rendus, t. CXVIII, p. igS.
( i34i )
matière qui, en y demeurant fixée, fait cesser la phosphorescence; je puis
(lire seulement que la cristallisation de cet acide pur en présence de quan-
tités variables d'acide mellique, d'acide pyromeliique, ou du résidu brun
très complexe qui forme les dernières eaux mères de la purification de
l'acide pentamélhyloïque luminescent, ne le rend pas phosphorescent.
Friedel et Crafts (') avaient trouvé que la perte d'eau, sur l'acide sulfu-
rique, pour des cristaux essorés dans du papier, s'élevait à 27,10 pour 100,
ce qui correspond à la formule C''H(C0"H)',6H-0.
» J'avais moi-même obtenu, sur des cristaux formés par refroidis>e-
ment et essorés à la trompe, une perte de 27,36 pour 100 et admis égale-
ment G H^O de cristallisation.
» J'ai repris depuis cette détermination et reconnu que cet acide, qu'il
soit phosphorescent ou non, ne s'effleurit que dans l'air extrêmement sec
et que la perte d'eau trouvée par Friedel et Crafts, puis par moi, est trop
élevée et que les fines aiguilles de ce corps, même très bien essorées,
retiennent quelques centièmes d'eau qu'on doit laisser s'évaporer sans
craindre l'efflorescence.
)) En déshydratant des cristaux obtenus depuis plusieurs années, ou en
laissant les cristaux essorés prendre leur poids fixe dans l'air ambiant, on
trouve toujours très exactement une perte de 23, 18 pour 100 d'eau à 1 1 5°,
ce qui correspond rigoureusement à la formule C"H(C0-H)%5H^0.
» Les déterminations de M. WyroubofF classent l'acide benzènepenta-
carbonique dans le système orthorhombique, ainsi que l'indiquent les
constantes suivantes :
» Mesuré : mm r= 112° 8', »?«' = 1 14" i4', «''^' = i2o°4', e'/n = 78°3o'.
» Calculé: ma'^ — M [i^ii^', a^p=ibo''2', e'e' = i37°36', e'OT=:78''2i', e'a' = i43°52'.
a : b : cm 0,6728 : I : 0,3889.
» Clivage imparfait suivant/». Le plan des axes optiques est parallèle à ^' ; la bis-
sextrice aiguë négative est perpendiculaire à p.
>i La biréfringence est extrêmement forte et la dispersion assez notable avec
p < (^ et 2 E := 57"'4o'.
» II. Les trois précipités amorphes obtenus dans le fractionnement
par la baryte, après la formation des précipités cristallins d'où j'ai extrait
l'acide benzènepentacarbonique, possèdent à peu près la même composi-
tion ; je les ai réunis et examinés ensemble.
(') Ann. de Chim. et de Phys., 6' série, t. I, p. 47^; 1884.
o
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 32.) I7->
( i342 )
» Il est facile d'extraire, par crislallisalion, l'acirle pyromellique que
renferment les acides de ces sels bary tiques; le rendement atteint 2 pour 100
environ de la quantité du charbon de bois allaqué. Cet acide se sépare
aisément, en raison de sa faible solubilité dans l'eau froide, de l'acide ben-
zènepentacarbonique qui l'accompagne, en lui communiquant une phos-
phorescence notable.
» L'acide pyromellique retient énergiquement une matière colorante
jaune, et je n'ai pu l'obtenir incolore qu'après un passage à l'état de sel de
plomb.
» Ainsi préparé il répond à la formule (' )
C''H='(C0-H)*,2H=0.
M. Wyrouboff a bien voulu mesurer ces cristaux qui appartiennent au sys-
tème triclinique et a trouvé des valeurs identiques à celles obtenues par
Naumann (").
» Pour isoler l'acide benzènepentacarbonique, dont le sirop séparé de
l'acide pyromellique renferme encore i5 à 20 pour 100, il faut traiter ce
iuélange desséché par une petite quantité d'acide acétique crislallisable qui
laisse l'acide benzènepentacarbonique brut à l'état insoluble en se char-
geant des acides incristallisables.
)) De ces derniers, en dehors d'une petite quantité d'acide mellique qu'on
peut encore extraire à l'état de mellate d'ammonium, je n'ai pu isoler aucun
produit défini, soit par éthérificalion, soit par saturation à l'aide des princi-
paux oxydes, qui ne fournissent que des produits amorphes que je n'ai pu
convenablement jjurifier.
» I>e charbon de bois employé dans ces recherches présentait la compo-
sition suivante après dessiccation à iSo** : C = 87,62, H = 2,55, O = 8,38,
cendres = i,43. On \oit d'après cela que l'excès d'hydrogène qu'il ren-
ferme, sur le rapport qui constitue l'eau, s'élève encore à i,5i pour 100.
Cette valeur suttit largement pour expliquer la formation delà quantité des
acides benzènecarboniques que j'ai signalée, puisque la quantité d'hydro-
gène contenue dans l'acide mellique ne s'élève qu'à 1,75 pour 100. C'est
(') Trouvé pour l'acide desséciié à 1 10° : C =: 46,90 — 47i03, H = 2,3o — 2,89,
0 = 5o,8o — 5o,58. Calculé: € = 47,27, H = 2,36, O := 50,39. Perte à 110°= 12,59
pour 100. Calculé := 12, 4i. Soude nécessaire à la saturation de l'acide séché à
1 io°= 62,25. Calculé 62,95.
r) Jouni. fur Prakt. Clteinie, t. LU, p. 482; j85i.
( i343 )
donc le produit de la pyrogénation incomplète de la matière organique qui
a formé le charbon de bois qui donne naissance aux divers produits trouvés
dans le résidu de l'attaque par l'acide sulfurique. En effet, si, au lieu
d'opérer avec du charbon de bois ordinaire, on fait agir le môme acide
sur du charbon de bois calcine au rouge blanc, l'attaque est beaucoup plus
lente et plus difficile; le liquide ne se colore pas; le charbon, au lieu de
se désagréger et de se transformer en une masse noire pâteuse, conserve sa
forme primitive, et le résidu repris par l'eau ne laisse, après l'élimination de
l'acide sulfurique, qu'une quantité négligeable d'un résidu jaune ne ren-
fermant ni acide mellique ni acide phènepenlaméthyloïque.
» J'espère pouvoir compléter ce travail par l'étude des produits secon-
daires engendrés dans l'action de l'acide sulfurique sur les divers combus-
tibles minéraux. »
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle Grégarine parasite des Pinnothéres des Moules.
Note de M. Louis Léger, présentée par M. Alfred Giard.
« Les Pinnothéres pisum Penn., que l'on trouve si fréquemment dans
les Moules {Mytilus edulis L. ) des côtes de la Manche, sont très souvent
infestés par une Grégarine qui, par l'ensemble de ses caractères, appar-
tient au £;enre Aggregala Frenzel. On sait que ce genre a été créé |)ar
Frenzel pour une Grégarine trouvée par lui dans l'intestin de Portunus
arcuatus Leach et de Carcinus maenas L., et caractérisée surtout par ce lait
que ses sporozoïtes se forment directement à l'intérieur du kyste sans qu'il
apparaisse de sporocystes.
» L'espèce parasite des Pinnothéres présente également celte particula-
rité, mais, tandis que chez A. Portunidarum Fr. les kystes mûrs se ren-
contrent dans l'intestin postérieur des Crabes; ici je n'ai jamais rencontré
ces stades que dans la cavité générale de l'hôte. Pour celte raison je l'ap-
pellerai Agg. cœlomica. Les kystes cœlomiques se monlrent comme de
petits grains blancs, sphériques, de iSoi^ en moyenne, à paroi mince,
appendus à l'intestin ou enfouis dans le tissu conjonctif péri-intestinal
tassé autour d'eux sans réaction inflammatoire. Ils renferment un grand
nombre de sporozoïtes groupés en bouquets autour de reliquats granuleux
sphériijues ou allongés. Par leur situation, leur forme et leur contenu, ils
rappellent d'une façon étonnante les %ares données par les auteurs
récents de l'ookyste mîii- du parasite de la fièvre palustre dans V Anophèles
( i344 )
(voir la figure). Les sporozoïles, toutefois plus larges que dans ce dernier
parasite, mesurent i5^ de long et montrent une extrémité atténuée en
pointe, tandis que l'autre est arrondie et renferme un noyau ovoïde ou
étranglé en biscuit et formé d'un réseau chromatique très dense. A l'in-
térieur du kyste, ils sont immobiles et ils ne montrent d'ailleurs que des
mouvements très faibles lorsqu'on les met en liberté dans le sang de l'hôte
ou dans l'eau de mer, car on ne les rencontre jamais libres dans la cavité
générale du Pinnothère.
Coupe transversale de l'intestin du Pinnothère au niveau d'un kyste cœlomique.
Grossissement : i8o diam.
l, lumière intestinale.
e, épithélium intestinal.
A', kyste cœlomique.
«, sporozoïtes disposés radiairement autour des reliquats.
M Malgré l'examen de nombreuses coupes sériées, je n'ai pas réussi à
observer les états très jeunes du parasite et, par conséquent, à suivre
complètement son évolution. Toutefois mes observations montrent que
celle-ci présente d'intéressantes particularités et que la Grégarine possède
une structure remarquable.
» Les parasites, en effet, se rencontrent, dans l'hôte infesté, en trois
régions bien différentes : a, dans la lumière intestinale; b, sous l'épithc-
lium intestinal; c, dans la cavité générale.
» a. Formes intestinales. — Presque toujours de grande taille, elles sont libres
dans l'intestin ou les cœcums, isolées ou réunies par couples. C'est la forme adulte
de la Grégarine, trapue, à peine trois fois plus large que longue et d'environ iSoH- de
longueur. Le deutomérite est comme tronqué à son extrémité postérieure. Le proto-
mérite, très mobile, est creusé à son sommet d'une dépression à bords très contrac-
tiles, comme une ventouse. Du fond de cette dépression s'élève un mamelon cylindro-
conique terminé par une petite pointe en rapport avec un organe qui n'a pas été
jusqu'ici signalé chez les Grégarines. Cet organe consiste en une vacuole à contours
( i345 )
nets, sphérique ou piriforme, située dans rentoc3te du deutomérite, à une faible
distance du septum. De cette vacuole part un canal, rectiligne ou ondulé (suivant
l'état d'extension ou de contraction de l'animal), qui traverse le septum et remonte,
dans l'axe du protomérile, jusqu'au fond de la ventouse pour venir aboutir au mame-
lon, dans lequel il se continue jusqu'au sommet. Malheureusement je ne puis dire si
ce canal s'ouvre au sommet du mamelon, ou bien s'il se termine en cul-de-sac dans
celui-ci. Dans le premier cas, plus probable, on aurait affaire soit à un appareil
excréteur, peut-être venimeux, soit à un système aspirateur avec rudiment du tube
digestif; dans le second cas, ce serait un organe fouisseur, une sorte de trompe érec-
tile. La vacuole n'est pas douée de contractions rythmiques, bien que sa forme puisse
varier faiblement avec les mouvements de l'animal. Elle renferme un liquide clair,
parfois finement granuleux. L'iode ne la colore pas, tandis qu'il colore au contraire
vivement les granulations entocytiques. Il existe en outre, souvent, une petite vacuole
accessoire, soit à côté de la première, soit dans le protomérite et venant déboucher
dans le canal central. Un tel organe ne doit pas être spécial à notre espèce et se
retrouve sans doute chez les Aggregata des Crabes et peut-être chez les autres Gré-
garines des Crustacés. Je n'ai pas réussi à l'observer jusqu'ici chez les Clepsidrinides
que j'ai examinées à ce point de vue.
» Le sort de ces Grégarines intestinales m'est inconnu ; je ne les ai jamais observées
à l'état de kystes, ce qui est peut-être dû à la saison (hiver) où j'ai fait mes observa-
lions. Frenzel a signalé ainsi une certaine périodicité évolutive chez d'autres Gréga-
rines des Crustacés marins.
» b. Formes sous-épithéliales. — On rencontre également les Grégarines sous
l'épithélium de l'intestin et des caîcums, entre la basale et les cellules épithéliales, qui
sont alors soulevées et désorientées par le parasite. Mais il est à noter qu'on n'observe
à ce niveau que peu ou point de réaction indammatoire et de prolifération cellulaire.
» La taille des formes sous-épithéliales est très variée. Il y en a de petites sans
septum différencié, mais beaucoup ont une taille adulte. Elles sont tantôt isolées,
tantôt réunies en amas, sans orientation bien définie, sous les cellules qu'elles refoulent
vers la lumière et écartent pour tomber finalement dans l'intestin. Peut-être quelques-
unes d'entre elles gagnent-elles plus tard le cœlome par effraction de la basale, pour
donner les kystes cœlomiques. Toutefois, j'inclinerais plus volontiers à croire que ces
derniers proviennent des sporozoïtes qui, comme Duboscq et moi l'avons montré chez
la Grégarine du Grillon domestique, franchissent de suite l'épithélium.
» o. Formes cœlomiques. — Dans le cœlome, les parasites se rencontrent le plus sou-
vent sous la forme de kystes mûrs décrits plus haut. On en voit rarement plus de
quatre ou cinq dans un même hôte, mais beaucoup d'autres paraissent avoir dégénéré
au cours de leur développement. Je n'ai pas observé les premiers stades de la sporula-
tion, ni aucune figure rappelant le phénomène de la conjugaison.
» Il ne me paraît pas douteux que ces kystes à sporozoïtes nus, absolument sem-
blables à ceux de VAggregata intestinale de Frenzel, représentent une forme évolu-
tive cœlomique de la Grégarine intestinale également si voisine de celte dernière par
sa forme et son habitat.
)) Peut-être ces formes cœlomiques sont-elles les seules susceptibles de reproduire
le parasite. S'il en est ainsi, la mon de l'hôte est nécessaire pour que les sporozoïtes
( i3/,6 )
puissent infester de nouveaux individus. Il n'est pas impossible, d'ailleurs, que ces
germes nus effectuent les premières phases de leur développement chez un autre
animal se nourrissant de Moules hébergeant les Pinnolhères infestés. Cette hypothèse,
toute gratuite, il est vrai, et déjà émise par Frenzel au sujet de son Aggregata, per-
mettrait d'établir un nouveau et curieux rapprochement entre l'évolution de V Aggre-
gata cœlomica et celle du Sporozoaire du paludisme. »
ZOOLOGIE . — Sur les cils des Cténophores et les insertions ciliaires en général.
Note de M. P. Vigxox, adressée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Il était essentiel d'étendre aux Cténophores, dont les cils, tant vibra-
tiles qu'immobiles, sont développés d'une façon si remarquable, la critique
que j'ai entreprise au sujet des granulations basilaires. Je croirai avoir
ainsi, dans la série des Notes que j'aurai présentées, réuni des éléments
suffisants pour la réfutation d'une théorie que certains auteurs soutiennent
encore énergiquement (').
» Les cils des palettes des Cténophores sont dépourvus d'insertions
chromatiques. Mes observations ont porté sur des Pleurobranchœarhodopis,
des Callianira hialata et des Beroë ovala, qui m'ont été envoyés, soit du
laboratoire de Banyuls, soit de celui de Naples, fixés par des procédés
variés. Les résultats de mes observations dilfèrent de ceux de Chun et de
ceux de Samassa qui, l'un et l'autre, ont opéré sur des tissus trop macérés
et mal colorés. Sur mes coupes, et cela d'une façon constante (tandis que
Samassa n'avait rien vu d'analogue chez Beroë), chaque cellule porte un
article cylindrique, concave latéralement; la base distale convexe est net-
tement distincte du faisceau ciliaire homogène qui lui correspond et qui
parfois se montre décollé de la cellule. Chaque faisceau ciliaire est chro-
matique dans toute sa longueur. A sa base, il retient encore plus énergi-
quement la couleur, le ton se renforçant progressivement jusqu'au con-
dyle d'insertion. Quant à l'article cylindrique basai, que Samassa n'a vu
que dissocié en une bordure en brosse, compliquée de plusieurs couches
de granulations, il reste, en réalité, entièrement incolore. (Certains cils,
chez la larve de Chironomus, m'ont offert des exemples analogues d'une
(') Je mentionnerai en outre ici que, pour ce qui est des cellules collantes, je m'en
tiens à la description de Chun, contre celle de Samassa. 11 n'}- a pas trace de filament
axile. La belle granulation qu'on voit au centre de la concavité de l'hémisphère glan-
dulaire donne insertion au fdament spiral.
( i347 )
interversion complète dans la chroraaticité normale du cil, par rapport à
son insertion cytoplasmiqiie.)
» Remarquons qu'il suifit de penser aux palettes des Cténophores
pour ne pas soutenir, comme le font encore des auteurs récents, et
Benda. cette année même, que les cils, inertes et passifs, sont mus méca-
niquement de l'intérieur de la cellule. Dans un autre ordre d'idées,
les palettes des Cténophores sont loin de fournir un point d'appui
à une théorie du mouvement ciliaire, fondée sur le métachronisme et des-
tinée à rendre inutile l'action régulatrice du système nerveux, théorie que
Verworn a proposée; elles fournissent au contraire un argument immédiat
et décisif contre toute théorie de ce genre : Ici, dans chaque palette, les
vibrations sont obligatoirement synchrones. Nulle part, d'ailleurs, le méta-
chronisme n'est une condition essentielle du mouvement vibratile.
» Dans les autres régions des Cténophores se réalisent les diverses dis-
positions que peuvent revêtir les granulations ou plaques ectoplasmiques,
lorsqu'elles sont rigoureusement superficielles. Les cils de l'épithéliuni
nerveux, dans l'organe apical, ainsi que les cils immobiles des ressorts ou
de la cloche, possèdent chacun leur granulation. Pour les cils des champs
polaires, les granulations sont réunies en une plaque continue qui s'étend
sur toute la cellule, même quand les cils paraissent insérés uniquement au
centre du plateau. Ici encore, ceuxqyi n'ont pas de répugnance à recouvrir
une cellule d'un complexe centrosomatique pourraient se maintenir à la
rigueur sur le terrain de la théorie que je combats. Cette théorie est mise au
contraire nettement en défaut quand nous examinons les cellules lamel-
laires, à membranelles en forme de sabre, que Chun a très exactement dé-
crites à l'origine de l'estomac, chez Deroë. Nous les retrouvons chez Pleuro-
hranchœa et Callianira, parfaitement typiques. Les cils s'insèrent sur une zone
restreinte d'une longue plaque ectoplasmique, très colorable, en forme de
lancette, et dont les extrémités aiguës se recourbent sur les côtés étroits de
la cellule. On observe encore, disséminés sur l'ectoderme du Cténophore,
des cirrhes coniques rigides, très chromatiques. Ils s'insèrent eux aussi,
par une base nettement limitée, sur une longue plaque étroite, rectan-
gulaire, recourbée à angle droit à ses deux bouts. Quelle homologation
est-il possible de tenter entre ces plaques cellulaires et un complexe cen-
trosomatique qui serait organisé en vue de l'appareil ciliaire?
)) Yoici une liste des diverses insertions ciliaires, telles qu'on les observe
dans la série. 11 n'y a pas lieu, dans cette li^te, de tenir le moindre compte
de la vibratilité du cil. Il n'v sera fait mention, ni des cas où les cils per-
( i348 )
forent une cuticule, surajoutée, ni des cas où ils se prolongent en des
racines intracytoplasmiques, inconstantes. Cette liste constitue à elle seule
une critique de la théorie des granulations basilaires, et pourrait peut-être
même servir à la critique du centrosome, en tant qu'organe noble.
» Cils insérés sur des centrosomes fonctionnels; sur des centrosomes présumés, dans
des cellules quiescenles; sur le noyau, ou sur un cjloplasma spécial qui renferme le
noyau, et, dans l'un et l'autre de ces deux cas, avec ou sans granulation superficielle.
Chez des Prolistes, cils insérés, seuls ou par paire, sur une granulation plus ou moins
voisine de la surface (à rapprocher du corpuscule central des Héliozoaires, sur lequel
s'insèrent les prolongements axiles des pseudopodes). Chez les Métazoaires, cils insé-
rés sur des granulations placées, sans doute, à la limite inférieure de l'ectoplasma ; puis,
différenciation de l'ectoplasma en une bordure en brosse, avec une granulation sou-
vent à chaque extrémité des bâtonnets ( à rapprocher des bordures en brosse non ciliées,
toutes pareilles, aux cils près; ainsi que des bordures en brosse chromatiques, ciliées
ou non, et des brosses non ciliées à différenciations basilaires chromatiques spéciales).
Sur les cellules sans bordure en brosse, toutes les sortes d'ectoplasmas chromatiques,
mentionnées par moi à propos des Tuniciers ou des Cténophores. Enfin, cils sans
insertions décelables par un réactif aussi constant que l'hématoxyline ferrique, lorsque
celle-ci agit sur des tissus fixés par l'immersion directe dans le sublimé acétique ou
le liquide de Zenker.
» Sans doute on renoncera tôt ou lard à charger le centrosome (d'allure
si tranquille dans les cellules quiescentes, en admettant qu'il s'y trouve
vraiment) d'envoyer un de ses représentants au pied de chaque expansion
ciliaire, vibratile ou non, pour y jouer un rôle impossible à préciser. Il
semble que cette hypothèse aurait, de suite, été condamnée au point de vue
mécanique, si l'on s'était rappelé que, dans un cil, ce n'est pas une géné-
ratrice prédéterminée qui est excitable, mais toutes, au gré des circon-
stances. Citons simplement les membranelles du Stentor, capables de vibrer
soitmétachroniquementverslabouche, soit, synchroniquement, dans l'une
ou l'autre des deux directions rectangulaires. »
ZOOLOGIE. — Becherches expérimentales sur la respiration des Annélides.
Élude du Spirographis Spallanzanii. Note de M. Bocnuiol, présentée
par M. Perrier.
« Nos recherches sur la respiration des Annélides ont été commencées
sur le Spirographis Spallanzanii qu'on peut se procurer à Alger en abon-
dance. Dans une eau non renouvelée, cet animal au bout de dix à douze
heures commence à quitter ensuite son tube, jusqu'à s'en dépouiller com-
( i349 )
plètement dix ou quinze heures après, comme s'il voulait rendre sa respi-
ration cutanée plus active.
» Dans une eau fréquemment renouvelée ou très aérée, l'animal vit.
pour ainsi dire, indéfiniment; il se contracte vivement an moindre choc et
aussi sans cause appréciable. Il reste alors enfermé dans son tube pendant
un temps très variable, souvent très long, sans utiliser sa branchie. Ceci
permet déjà de supposer que l'animal possède une respiration mixte, à
la fois cutanée et branchiale, et aussi que, pour une période de temps
courte, cette respiration n'est point une fonction simple du temps, l'animal
n'utilisant sa branchie que d'une façon tout à fait irrégulière. Nous avons
longuement étudié cette respiration, et nous avons essayé : i° de la rendre
visible; 2" de la mesurer; 3° d'évaluer approximativement, dans la respi-
ration totale, la part de la peau et celle de la branchie; 4° d'étudier les
variations de l'activité respiratoire avec les diverses conditions physiques
et biologiques. Un dispositif simple nous a permis de mettre en évidence
l'existence de celte double respiration.
» Un tube de verre, de dimensions égales à celle du tube naturel habité par l'animal,
et percé de nombreux, trous latéraux sur toute sa hauteur, est surmonté d'une am-
poule de verre pouvant contenir la branchie épanouie. Il est en outre entouré d'un
manchon de verre clos dont la capacité est sensiblement égale à celle de l'ampoule
supérieure. L'ampoule et le manchon étant remplis d'eau de mer légèrement colorée
en rose par quelques gouttes de phlaléate de sodium, on y introduit l'animal. Celui-ci
intercepte la communication entre l'ampoule et le manciion, dont le liquide alimente
exclusivement la respiration cutanée de l'animal, le liquide de l'ampoule n'étant utilisé
que par sa branchie. On observe, dans ces conditions, la décoloration des deux étages
de l'appareil, le manchon étant plus rapidement décoloré que l'ampoule. Les volumes
de ces deux récipients étant, d'ailleurs, égaux, ceci permet de penser déjà que la res-
piration cutanée est plus active que la respiration branchiale.
» Nous avons pris, comme mesure de la respiration du Spirographis, la
quantité d'anhydride carbonique produite dans l'unité de temps. Cette
quantité, calculée sur des périodes de temps très longues et ramenée
à is"" d'animal, nous a permis de comparer les divers résultats obtenus.
» Le dispositif qui nous a donné les résultats les plus constants peut se ramener
schématiquement à ceci: Un bocal de volume et de section convenables contient de
l'eau de mer avec le ou les animaux en expérience. Un courant d'air, aspiré par une
trompe à eau et puisé au dehors, traverse cette eau de mer avec une vitesse également
convenable. 11 se charge par dillusion d'une certaine quantité de CO-, se dessèche
ensuite dans des tubes en U, abandonne plus loin son anhydride carbonique dans des
tubes tarés à potasse et à cristaux humides de baryte — méthode du professeur
G. R., 1901. I" Semestre. (T. CXXXU, N° 22.) 174
( i35o )
A. Gautier — et restitue l'eau entraînée dans les tubes précédents à d'autres tubes
desséchants également tarés.
» Plus de quatre-vingts déterminations ont été faites de novembre à mai; leur durée
a varié de huit heures à quatre-vingt-dix-sept heures et plus. Elles nous ont permis de
formuler les résultats généraux suivants :
» a. Pour chaque aniiBal oti gioiipe d'animaux, il existe, avec un débit
gazeux compatible avec une absorption chimique complète (de 80 à no
bulles par minute environ), un volume d'eau de mer et une surface diffu-
sante au delà desquels la quantité de CO" produite dans l'unité de temjjs
demeure indéfiniment constante. La surface diffusante est représentée à
chaque instant par la surface libre de l'eau dans le bocal augmentée de la
somme des surfaces des bulles gazeuses qui traversent celte eau. Nous
avons admis que ces conditions expérimentales réalisaient très approxi-
mativement les conditions biologiques normales.
» h. Au-dessus de ces limites minima, il s'établit cependant un régime
permanent, caractérisé par la constance du poids de CO^ produit, ce poids
étant inférieur en valeur absolue à celui recueilli dans les conditions dé-
finies ci-dessus. Le Spirographe présente, à ce point de vue, une plasticité
remarquable. Le coefficient d'activité respiratoire, c'est-à-dire le poids de
GO" dégagé par gramine-heure, a pu varier, suivant les conditions expéri-
mentales et sans dommage pour l'animal, entre o'^^'SiS et i'"S'',o4- H y
avait entre deux adaptations successives une courte période de transition
(huit à dix heures) après laquelle le coefficient respiratoire prenait une
nouvelle valeur constante.
» c. L'animal s'accommode d'une atmosphère liquide chimiquement va-
riable. Le coefficient respiratoire de l'animal étant calculé dans les condi-
tions que nous avons considérées comme normales, ce coefficient n'a pas
varié par la substitution progressive d'eau de plus en plus saimiâtre à l'eau
salée primitive, le volume liquide restant le même. La proportion d'eau
douce substituée était chaque fois de ~, et aucune perturbation ne s'est
manifestée jusqu'à la proportion énorme de ~ d'eau douce. Lorsque le
chiffre de ~ a été atteint, l'animal, toujours très vigoureux, est partiel-
lement sorti de son tube et a fini par se séparer de sa branchie.
» d. La simple observation de l'animal nous avait fait pressentir que sa
respiration ne serait point proportionnelle au temps, pour des périodes
courtes. L'expérience a vérifié cette prévision. La raison de ce phénomène
se trouve visiblement dans l'existence du tube où vit l'animal, et nous
avons vérifié qu'un animal nu acquiert un coefficient d'activité respiratoire
( i35i )
exactement proportionnel au temps et égal, d'ailleurs, à celui calculé sur
le même animal revêtu de son tube. Des pesées effectuées de deux heures
en deux heures n'ont point donné de variations appréciables.
» e. IjCs petits Spirographes res^^\re.nl, à poids égal, beaucoup plus acti-
vement que les gros. Ceci s'explique si l'on songe qu'à poids égal la surface
des petits est beaucoup plus grande. Nous ne sommes pas encore arrivé à
dégager nettement la loi de variation de l'activité respiratoire avec la taille.
» f. J;a part relative de la branchie et de la peau dans la respiration
totale a été évaluée de la façon suivante : Un animal dont le coefficient
respiratoire a été préalablement déterminé dans les conditions normales,
est privé de sa branchie et remis en expérience. Au bout de douze heures,
ce coefficient se trouve diminué d'un quart environ, et quinze heures après
il est remonté au chiffre normal et s'y maintient. Un autre animal, de coef-
ficient respiratoire également connu, eit extrait de son tube, essoré et co-
pieusement vaseline, puis réintégré dans son tube. Au bout de dix heures
son coefficient a baissé de plus des trois quarts et vingt-trois heures plus
tard il est revenu à sa valeur normale.
» Dans les deux cas, l'animal revient donc, après une courte période de
perturbation, au taux respiratoire normal, par une sorte de compensation
organique rapide. Mais l'animal qui ne respirait qu'avec sa peau respirait
mieux que celui qui ne respirait qu'avec sa branchie, et nous sommes
arrivé à cette conclusion intéressante et quasi paradoxale : le Spirographe,
vivant dans un tube et pourvu d'une branchie très hautement différenciée,
respire, pour les trois quarts au moins, avec sa peau. Ainsi se trouve con-
firmée l'interprétation de notre expérience calorimétrique et qualitative du
début.
» g. Entre des limites de température assez restreintes (la^-ss"), l'acti-
vité respiratoire nous a paru augmenter légèrement avec la température.
Peut-être y avait-il là une simple accélération delà dissociation spontanée
des bicarbonates de l'eau de mer.
» h. I^a lumière n'a point d'action non plus. Les lumières colorées n'ont
pas d'action particulière. Les bocaux colorés en jaune, rouge, vert, bleu,
n'ont pas modifié les résultats.
» i. L'influence de la pression n'a pas pu être étudiée.
» j. De novembre à mai, nous n'avons pas rencontré d'animaux privés
de produits génitaux et n'avons pu par conséquent étudier les relations de
l'activité respiratoire avec la maturité sexuelle et la stérilité. »
( i352 )
ZOOLOGIE. — Les glandes déjensives ou odorantes des Blattes. Noie de
M. L. Bordas, présentée par M. Edmond Perrier.
« On trouve, à la région postéro-abdominale des Blattes mâles (Peri-
planeta orientalis L. et Peripl. americana L.), une glande volumineuse,
composée, arborescente, reposant sur la face inférieure de l'abdomen et
formée d'une série de tubes ramifiés dichotomiquement, que quelques
rares auteurs (') ont, à tort, considérée comme une dépendance de l'ap-
pareil génital mâle. Cet organe, dépourvu de réservoir collecteur, dé-
bouche, par un orifice ovale, sur un arceau chitineux situé au-dessous du
tube pénial et n'est autre chose qu'une glande défensive ou odorante, de
même nature que celles que nous avons décrites chez les Coléoptères.
» La glande sécrète un liquide volatil, à odeur forte, nauséabonde, par-
fois acre et alliacée, rappelant l'odeur de souris ou celle du vieux fromage
en décomposition.
» La sécrétion s'effectue d'une façon continue; parfois cependant elle
s'accélère, surtout quand l'animal est en danger, qu'il est poursuivi ou
saisi par un ennemi quelconque. D'autre part, la nature de ce produit est
nettement alcaline, ainsi que le prouvent les réactifs suivants : papier de
tournesol et phtaléine.
» La glande odorante ou défensive des Blattes est très apparente, quand on a
débarrassé l'abdomen du tube digestif et des organes reproducteurs mâles. Elle pré-
sente la forme d'un sac obliquement allongé d'arrière en avant et aplati horizontale-
ment. Son diamètre s'élargit progressivement au fur et à mesure qu'on s'approche de
son extrémité antérieure qui est mousse et légèrement arrondie. Sa coloration est d'un
blanc mat, tirant sur le jaune et tranche nettement sur la teinte, beaucoup plus claire,
des organes environnants. Située sur le côté droit de l'abdomen, elle repose sur les
muscles sterno-longitudinaux et mesure de ii'"™à 1 3™'" de long sur 2™™ à 2™™, 5 dans
sa plus grande largeur.
» L'extrémité antérieure de la glande s'étend jusqu'au cinquième sternite abdo-
minal.
» Elle oblique ensuite vers la gauche et passe sous le double cordon nerveux, un
peu en arrière du cinquième ganglion. La chaîne nerveuse et les deux gros tubes tra-
chéens qui l'accompagnent latéralement la recouvrent alors d'une façon complète.
Arrivée au-dessous du dernier ganglion de l'abdomen, elle continue sa marche en
(') La bibliographie complète de la question, fort courte du reste, sera faite ulté-
rieurement, au moment de la publication de notre Mémoire.
( i353 )
arrière et passe sous le conduit éjaculateur, dont elle n'est séparée que par un espace
assez étroit. L'organe se rétrécit ensuite, s'aplatit transversalement et est limité, de
chaque côté, par deux f!;ros faisceaux musculaires.
» Il est alors constitué par un tube cylindrique portant de nombreuses ramifica-
tions, sur les parois desquelles se détachent de courts rameaux terminés en caecums
arrondis. Peu à peu les branches latérales diminuent de longueur et disparaissent
totalement, ne laissant que le conduit excréteur, tube à peu près cylindrique, à parois
minces, transparentes et recouvertes intérieurement d'un manchon chitineux {intima).
Ce dernier est hérissé de petites soies, disposées en lignes parallèles, dont le nombre
et la taille augmentent progressivement à mesure qu'on s'approche de l'orifice ter-
minal.
I) Ce dernier, situé au-dessous du pore génital, est placé sur un arceau chitineux
dont les deux branches antérieures sont recourbées, et la postérieure, plus large que
les précédentes, se termine en pointe mousse.
» Il n'y a pas de réceptacle glandulaire, et c'est la partie terminale du conduit efFé-
rent qui en tient lieu.
» La glande est formée d'une série dé tubes sécréteurs cylindriques, ramifiés dicho-
toraiquement et terminés en cjpcum à leur extrémité distale. Les ramifications sont
parfois très courtes et n'apparaissent souvent que comme de petits tubercules placés
latéralement. Les divers tubes arborescents sont étroitement unis entre eux et forment
un massif assez compact, entouré d'une très mince membrane péritonéale.
» La structure histologique de ces tubes rappelle celle des acini des glandes défen-
sives des Carabides, avec cette différence toutefois que, chez ces derniers, la partie
sécrétante est uniquement localisée dans les acini et non dans les canalicules efférents,
tandis que, chez les Blattes, tous les tubes sont entourés d'une couche épithéliale ou
plutôt d'une assise de glandules monocellulaires et sont par conséquent sécréteurs
dans toute leur étendue. Aussi, pourrait-on peut-être faire à ce sujet quelque rappro-
chement avec ce qu'on observe dans les glandes des Dytiscides.
» La disposition générale de l'organe est donc celle d'une glande tubuleuse, arbo-
rescente, très ramifiée. Le lumen de chaque tube sécréteur est irrégulièrement cylin-
drique et présente, de dislance en distance, de petites sinuosités, sortes de protubé-
rances latérales coniques très courtes. Il est entouré d'une membrane chitineuse interne
ou intima, contre laquelle sont appliqués çà et là de petits noyaux à grand axe
transversal. L'intima présente de nombreuses perforations qui sont les orifices de
petits canalicules intracellulaires. Ces pores sont surtout abondants et disposés régu-
lièrement aux extrémités lubulaires arrondies, donnant à ces dernières l'apparence de
pommes d'arrosoir ou d'écumoire.
» Tous les tubes glandulaires présentent la même structure histologique. Il en est
de même du tronc principal, placé dorsalement, dont le diamètre est supérieur à celui
de ses congénères et qui, dans sa partie postérieure élargie, peut jouer le rôle de
réservoir collecteur. Chaque tube étant glandulaire dans toute son étendue, peut être
considéré comme un acinus démesurément allongé.
» Une section de l'un quelconque de ces tubes, faite perpendiculairement à son axe,
nous présente à considérer, en partant de l'extérieur :
» 1° Une membrane péritonéale très ténue, caractérisée par une lamelle circulaire
( i35/i )
transparente et pnr quelques rares nojaux localisés çà et là contre les bords externes
de deux cellules adjacentes épilhéliales.
» 2° Une assise de cellules sécrétantes, disposées au nombre de huit à douze autour
du lumen central. Chaque élément, de forme trapézoïdale, renferme un gros noj'au
externe et une vésicule intracellulaire suivie d'un canalicule efférent hyalin et filamen-
teux, également intracellulaire, qui va déboucher dans le canal central, après avoir
traversé l'intima chitineuse. L'ensemble constitue donc un groupement de glandules
monocellulaires.
» 3° Une intima chitineuse ou limitante interne, présentant de légers plissements
et criblée de petits pores qui sont les orifices des canalicules excréteurs des cellules
glandulaires périphériques. Contre la face externe de l'intima se trouvent appliqués
des noj'aux, de forme ovale, irrégulièrement espacés et qui appartiennent à l'assise
des cellules chitinogènes internes.
>) Quant au liquide sécrété, dont nous avons signalé au début l'odeur si spéciale, il
est de nature franchement alcaline »
BOTANIQUE. — Sur f existence de latici/e'resà contenu spécial dans les
Fusains. Note de M. Col, présentée par M. Guignard.
« I/écorce des Fusains renferme dans sa région libérienne des cellules
spéciales, qui n'ont pas été signalées chez ces plantes, et qui sont rem-
plies d'une substance élastique possédant de nombreux caractères com-
muns avec le caoutchouc et surtout avec la gutta-percha.
» IJ Evonymus japonicus Thimb., espèce si répandue dans les parcs et les
jardins, permet de les étudier facilement, car elles y sont très nombreuses
dans le liber secondaire de la tige et de la racine.
» Ce sont des cellules rectilignes, d'une longueur relativement considérable, variant
de o™'",.5 à 2"" sur lot^ à i5l^- de diamètre; elles se terminent en pointe plus ou
moins aiguë. Leur paroi, mince et cellulosique, n'offre ni épaississement particulier,
ni différenciation spéciale.
» Leur contenu est opaque, granuleux et en obture complètement la cavité. Inso-
luble dans l'eau, l'alcool absolu, l'éther, les acides, il se dissout complètement et
instantanément dans le chloroforme et le sulfure de carbone; ces solutions évaporées
dans une capsule laissent une mince pellicule blanchâtre, flexible, se détachant faci-
lement et oflVant une faible élasticité. Soluble dans les carbures neutres, il se dissout
moins rapidement dans la benzine, le xjlène, le toluène et, a\ec une extrême lenteur,
dans l'essence de térébenthine, tandis que sa solution dans la paraffine fondue est
immédiate. Comme la gutta-percha, il est également soluble dans l'éther de pétrole
ou le pétrole bouillant, qui l'abandonne ensuite en se refroidissant.
» Ce contenu présente un caractère qui n'a pas encore été signalé chez les latici-
fères : il s'éclaire fortement en lumière polarisée, niçois croisés. Nous avons con-
( i355 )
slalé que celle propriété esl bien due au conlenu el non à la membrane cellulaire. En
oulre, il se colore par l'orcauette acélique et la plupart des réactifs des latex..
» La substance qui remplit les cellules sécrétrices du Fusain se rapproche donc par
son aspect et ses propriétés physiques du conlenu de certains lalicifères ; sa dissolution
intégrale dans les divers dissolvants constitue un caractère assez remarquable (').
» Elle est résistante et élastique, de telle sorte que, si l'on brise une écorce sèche
qui en renferme, les morceaux restent unis par des filaments d'un blanc sojeux écla-
tant, dont l'élasticité augmente par la chaleur; c'est là un caractère des plantes
à caoutchouc. Cette substance difiere cependant des fils élastiques retirés du latex de
certains Ficus, qui restent sombres en lumière polarisée et se désagrègent tout de suite
par l'essence de térébenthine; elle se rapproche davantage du contenu des laticifères
de VEucommia ulnioïdes, qui se comporte comme elle par rapport à la lumièie pola-
risée et au térébenthène.
» Ces cellules sécrétrices sont donc des laticifères; l'étude chimique de
leur contenu, dont M. Gabriel Bertrand a bien voulu se charger, fera
l'objet d'une Communication ultérieure.
» I.a différenciation de ces éléments est tardive dans la tige. Chez
V Evonymiis japonicus, on ne les aperçoit, aux extrémités des rameaux, que
dans les tissus secondaires; c'est en vain qu'on les recherche dans les
rameaux de l'année mesurant jusqu'à o'",i5 de long; il n'y en a même pas
toujours dans ceux qui sont âgés de deux ans.
» On les trouve peu abondants et répartis sans ordre dans le liber
secondaire ; mais, à partir de la huitième année environ, le cambium donne
une épaisse couche annuelle de laticifères, t-éparés de ceux de l'année pré-
cédente par une couche plus mince d'éléments à parois cellulosiques
épaisses, ondulées, écrasées l'une contre l'autre et à reflet nacré; leur
contenu, qui ne renferme d'abord que des granulations isolées, prend
rapidement l'aspect compact définitif. Les laticifères nettement différenciés,
avec leurs dimensions à peu près définitives, ne sont parfois séparés du
bois que par une ou deux assises cambiales.
» Plus précoces dans la racine, les laticifères y apparaissent dès le début
des formations secondaires. L'embiyon n'offre pas de laticifères.
» J. Moelltr (-) avait aperçu et figuré ces organes sécréteurs dans le
liber d'Evonymus obovatus Nutt. {E. americanus L.); mais il s'était complè-
(') La substance, voisine de la gutta, que l'on extrait à l'aide de ces solvants, con-
stitue à elle seule le conlenu des laticifères, et le rendement en est important, puisque
SoS'" d'écorces sèches en ont donné 5s''.
(-) J. MoELLER, Ànatoniie der Baumrindcn, p. 28a, Jiff. io3; i88'2.
( i356 )
tement mépris sur leur nature, car il les considérait comme des fibres en
voie de transformation pectique.
» Nous avons constaté que les tiges des Evonymus fimbriattis Wall., E.
radicans Sieb et Zucc, E. manus Bieb., se rapprochent beaucoup de \'E.
laponicus pour la répartition des laticifères.
)) L'apparition des laticifères est également tardive et leur disposition
très irrégulière, dans les tiges des E. europœus L., E. lalifolius L., E. aine-
ricanus L., E. verrucosus Scop.; enfin, dans V Evonymus alatusThunh., il n'y
en a que dans les tiges très âgées.
» Au contraire, dans les racines, tout au moins dans celles des E. lali-
folius L., E. verrucosus Scop. et E. europœus L., les laticifères existent
nombreux aux extrémités mêmes des radicelles, dans le liber primaire.
» L'écorce officinale de la racine de V Evonyriius atropurpureus Jacq.
renferme également ces mêmes laticifères, et c'est là que nous les avons
vus pour la première fois; les coupes transversersales, en effet, montrent
leur contenu sous forme de filaments étirés par le rasoir, et sortant de
certaines cellules du liber.
» Ainsi tous les Fusains examinés ont des laticifères dont l'apparition
est plus ou moins tardive ('). Jamais il n'y en a dans la feuille, \e pétiole,
la moelle ou le parenchyme cortical.
)) De nombreuses Célastracées sont dépourvues de laticifères. Chez les
Hippocrale'acées et (\ans le genre TF//?2mma (Célastracées), les laticifères,
sur la nature desquels on n'était pas encore fixé, sont identiques comme
forme à ceux des Evonymus, mais leur répartition est variable; c'est une
élude qui est presque achevée et que nous nous réservons de publier ul-
térieurement. »
BOTANIQUE. — Sur la structure des rejets chez les végétaux ligneux. Note
de M. Marcel Dubard, présentée par M. Gaston Bonnier.
« La plupart des arbres et des arbustes sont capables de donner des
rejets qui se forment, suivant les espèces, lorsque l'arbre est en pleine
vigueur, ou bien lorsque sa vitalité diminue, ou bien seulement après sec-
tion du tronc au ras du sol. Les rejets sont issus soit des racines (Populus,
(') Dans les rameaux des plantes adultes, car, chezVEçonyniiis Japoiiicus. nous en
avons trouvé dans les plantules âgées d'environ trois mois.
( 1^57 )
Ulmus, Corylus, Lyciitm, etc.), soit des bourgeons dormants des souches
(Quercu.). soit de la zone cambiale lorsqu'il y a eu sectionnement ( Quer-
cus, Populus nigra).
» Les tiges formant rejets, quelle que soit leur origine, se trouvent
placées dans des conditions particulières de nutrition, notablement diffé-
rentes de celles des branches normales. C'est ainsi, par exemple, que leur
relation plus directe avec les racines leur procure une plus grande quantité
d'eau. Il en résulte généralement une croissance rapide et une structure
simplifiée, car on sait que la turgescence active la rapidité du déve-
loppement et retarde, au contraire, la différenciation des tissus.
» ,1e me propose de préciser dans la présente Note les caractères de
structure des rejets, en comparant un rejet d'un an à la pousse normale de
l'année, chez la même espèce.
» Prenons comme type le Popultix nigra dont les rejets sont fournis surtout par les
racines :
» Les échantillons ont cité recueillis au mois d'octobre au Laboratoire de Biologie
végétale de Fontainebleau dirigé par M. Gaston Bonnier, où ces recherches ont été
faites.
» La branche présente ciiKj côtes très saillantes, correspondant aux lignes d'inser-
tion des feuilles, un bourgeon terminal bien protégé, tandis que la pousse sur racine
a une tige presque arrondie et un bourgeon terminal dissocié; le diamètre de la lige
est, en outre, plus grand dans la pousse que dans la branche.
n Au point de vue anatomique, les caractères les plus saillants de la pousse sur
racine par rapport à la branche sont les suivants :
» 1° Tige. — Les cellules de l'épiderme sont plus grandes, mais à parois et à cuti-
cule moins épaisses. Les cellules du liège, au lieu d'être d'abord isodiamétriques,
sont aplaties tangentiellement dès leur formation. Le liège est partout sous-épider-
mique, au lieu que, dans la branche, il est profond dans la région des côtes où se
trouve un sclérenchjme qui manque dans la pousse sur racine.
» Le collenchyme, extérieur au parenchyme lacuneux profond de l'écorce, est
moins développé, à cellules plus grandes et à parois plus minces; il y manque les
cellules scléreuses dont ce tissu est parsemé dans la branche. Quant au parenchyme
interne, il est très développé et contient peu de raacles d'oxalale de calcium, très
abondantes au contraire dans le parenchyme similaire de la branche. Il en résulte un
mode dilTérent de formation des lacunes : dans la pousse sur racine, les lacunes se
forment surtout par décollement des cellules, tandis que, dans la branche, elles
résultent surtout de la destruction des membranes (').
» Dans la pousse sur racine, les fibres péricycliques sont disposées en longs arcs
(') Ces différents modes ont été signalés par Eberhardt {Comptes rendus,
i3 février 1899).
C. K., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 22.) I?^
( i358 )
continus et non en îlots volumineux. Le liber est moins développé par rapport au
bois; l'épaisseur de la couche ligneuse, souvent plus considérable dans les entre-
nœuds inférieurs, décroît beaucoup plus rapidement que dans la branche. En somme,
dans la pousse sur racine l'assise génératrice fonctionne très activement, mais forme
surtout du bois à lignification tardive; enfin la partie interne lignifiée du bois pré-
sente les caractères d'un mauvais aoùtement (').
» 2° Feuille, — La feuille fournit des caractères particulièrement nets; les feuilles
tantôt plus grandes, tantôt plus petites que celles de la branche, sont toujours plus
arrondies, en cœur à la base, et la pointe qui termine la feuille normale est au moins
très atténuée; les stipules sont beaucoup plus développées, parfois même foliacées et
persistent assez longtemps; le pétiole est plus court et beaucoup moins aplati que
celui des feuilles normales ; les difierences signalées pour les divers tissus chez les deux
tiges, se retrouvent dans les tissus correspondants des pétioles; enfin la marche des
faisceaux, si compliquée dans le pétiole normal, est considérablement simplifiée dans le
pétiole de la pousse sur racine. Une coupe faite au sommet du pétiole nous montre le
système libéroligneux réduit à deux ellipses superposées dans ce dernier pétiole, alors
qu'il ne comprend pas moins de quatre ellipses dans le pétiole normal. Le limbe est
moins épais, à tissu palissadique bien moins développé, à tissu lacuneux moins dense
et moins chlorophyllien.
» Je termine en signalant une observation que j'ai faite sur les trois
espèces de peupliers indigènes les plus répandues (Populus nigra, P. alba,
P. tremula) qui toutes donnent des pousses sgr racines; les feuilles de ces
pousses sont beaucoup plus comparables entre elles, au point de vue de la
forme du limbe et de la structure du pétiole, que celles des branches; en
particulier la marche des faisceaux est sensiblement la mêniechezles trois
espèces et les coupes faites au sommet du pétiole offrent à peu près le
même aspect. Il y a là comme une atténuation des caractères spécifiques
et retour à une forme commune.
» En résumé : i° Les rejets tendent à prendre des caractères déplantes
herbacées : Croissance rapide, entre-nœuds allongés, stipules développées
et persistant longtemps, bourgeons dissociés; différenciation moindre des
tissus, en particulier des tissus de protection et de soutien ; production
peu abondante de liber par rapport au bois, mauvais aoùtement ; tissu
assimilateur peu développé; excrétion d'oxalate de calcium beaucoup
moindre.
» 2° Dans un même genre, il semble que les rejets présentent chez les
diverses espèces une ressemblance plus grande avec atténuation des carac-
tères spécifiques. »
(') KovESSi, Recherches biologiques sur l'aoûtement des sarments de la Vigne
{Revue générale de Botanique, 1901).
( '359 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la proportion de l'eau comparée à l'aoû-
tement des végétaux ligneux. Note de M. F. Kovessi, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Dans une Communication précédente ( ' ), j'ai exposé que la produc-
tion des fruits chez les végétaux ligneux est soumise aux circonstances cli-
matologiques de deux années consécutives. J'ai démontré que l'année qui
suit une année sèche fournit des rendements abondants et que l'année qui
suit une année humide se fait remarquer par une faible production. J'ai
fait voir, d'autre part, que les rendements en fruits sont liés au degré
d'aoùtement des rameaux qui portent des bourgeons florifères. Une des
causes qui jouent un rôle capital dans l'aoïitement des branches est la
quantité d'eau qui leur parvient.
» Cette quantité d'eau produit deux autres effets très importants : i° elle
influe sur la répartition des branches à fruits sur la plante; 2° elle con-
tribue à former l'architecture du végétal.
» 1° On observe que, chez les végétaux, à partir d'un certain âge, les
rameaux florifères se présentent d'abord sur la tige principale, à une dis-
tance relativement faible des racines. Plus tard, l'endroit où naissent les
ramifications florifères n'est pas le même; il peut encore naître dans les
mêmes régions des ramifications, mais ces dernières ne portent plus de
fleurs. Celles qui en possèdent naissent dans une autre région du végétal
successivement sur les branches primaires, puis secondaires, puis ter-
tiaires, etc., de sorte que la distance qui les sépare de la base du tronc va
en augmentant progressivement avec le développement de la plante et
avec l'épaississement du tronc.
M 2° En outre, il n'est pas difficile de constater, quand on suit le déve-
loppement d'un arbre, que certaines branches nées sur le tronc dispa-
raissent au bout de quelques années, de telle sorte que ce tronc est com-
plètement dénudé jusqu'à une assez grande hauteur. Les branches de
première, de deuxième, de troisième ordre voient également disparaître
des ramifications qu'elles ont portées à un moment donné.
» Si les branches nouvelles nées dans les régions basses d'un arbre ne
donnent plus naissance à des fleurs, c'est qu'elles sont anatomiquement
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. gaS; i5 avril 1901.
( i36o )
très différentes de celles qui, quelques années avant, naissaient aux mêmes
endroits et étaient florifères : elles sont beaucoup moins bien aoùtées. C'est
un fait que met complètement en lumière l'étude anatomique de ces rami-
fications.
M De même, la chute de certaines ramifications, nées soit sur le tronc
principal, soit sur des branches de premier, deuxième, troisième ordre,
est liée au degré d'aoùtement des couches annuelles fournies les dernières
années. Ces assises sont beaucoup moins bien aoùtées soit que celles qui
se formaient les années précédentes, soit que les assises de la même année
des branches florifères; on le constate par des mesures micrométriques
portant sur la dimension des cellules et les épaisseurs relatives de leurs
parois.
» Ces faits s'expUquentpar les quantités d'eau variables qui arrivent aux
rameaux que nous étudions. On sait, en effet, qu'une plante enfonce
annuellement des racines dans des couches du sol de plus en plus pro-
fondes, dans lesquelles la quantité d'eau est en général plus considérable
que dans des couches superficielles. La racine met ainsi une plus grande
quantité d'eau à la disposition de la plante, augmentant chaque année.
» Or, la partie conductrice de la tige de la plante peut être considérée
comme formée d'ime multitude de tubes capillaires. La quantité d'eau qui
est à la disposition d'une région déterminée du végétal est proportionnelle
au nombre de ces tubes; d'après ces données, il est évident que la quan-
tité d'eau qui arrive aux mêmes rameaux placés sur le tronc est chaque
année de plus en plus considérable et que, par suite, l'aoùtement des
couches annuelles formées successivement est de plus en plus imparfait.
Ces branches finissent, une année déterminée, par ne plus être dans les
conditions nécessaires pour former des fleurs.
», Pour une raison analogue, les branches nées sur le tronc reçoivent
chaque année des quantités d'eau croissantes et sont, par suite, de moins
en moins bien aoùtées. Au moment où les conditions biologiques ne leur
permettent plus d'avoir assez de résistance pour lutter contre la rigueur
du froid de l'hiver dans les régions tempérées, ou bien contre la sécheresse
dans les régions chaudes, contre les diverses maladies, etc., les branches
périssent et tombent. C'est ainsi que le tronc finit par être dépouillé, sur
une hauteur de plus en plus grande, des branches qu'il a portées les
années précédentes. Les mêmes faits s'observent successivement sur les
grosses ramifications de premier, deuxième, troisième ordre, etc., et l'on se
les explique de la même manière.
( i36i )
» Si l'on observe les végétaux ligneux, on se rend compte facilement de l'existence
de ce fait. La chose est surtout remarquable chez les arbres fruitiers cultivés en éven-
tail, en espalier ou en candélabre, car, dans ce cas, l'inlluence de la chaleur et de la
lumière sur l'aoûtement n'est pas modifiée par l'ombre due aux branches de la cou-
ronne. J'ai eu l'occasion de faire des observations à cet égard pendant plusieurs an-
nées en plusieurs contrées de l'Europe, et celte année encore aux environs de Paris,
pendant mon séjour au laboratoire de Botanique de la Sorbonne et au laboratoire de
Biologie végétale de Fontainebleau. Les branches llorifères sont toujours placées con-
formément aux règles que j'ai exposées plus haut. Elles sont plus nombreuses sur les
branches éloignées de la tige, qui ont des conduits d'eau plus longs, et, par cette rai-
son, moins d'eau; et elles sont en plus grand nombre si la branche est en même temps
verticale, là où l'action de la pesanteur tend à diminuer l'excès d'eau. On voit, en
outre, que les grosses branches qui sont parvenues à un certain diamètre ont perdu les
ramifications qu'elles ont portées antérieurement. Les vignes cultivées en cordon pré-
sentent un phénomène semblable. Ces phénomènes se passent de la même manière,
bien qu'ils soient moins faciles à constater, dans les arbres ou dans une vigne présen-
tant une taille quelconque.
» En résumé : i" la forme d'un arbre ainsi que remplacement de ses
branches florifères sont, en majeure partie, déterminés par des conditions re-
latives à l'aoûtement; i° le degré d'aoûtement des branches et, par suite, le
nombre des fleurs et des fruits de l'année suivante est plus grand quand la
quantité d'eau que reçoit la plante est moins considérable.
» C^es faits nous donnent des renseignements précieux stir la taille ra-
tionnelle des arbres et de la vigne; ce ([u'il importe de régler, c'est la
quantité d'eau que recevra la plante. Il faut connaître la quantité et la
disposition des racines dans les diverses couches du sol où elles exercent
leurs fonctions, et les propriétés de ces couches au point de vue de leur
contenu en eau. Dans certains cas, la taille des racines elle-même est pos-
sible, et l'on devra la pratiquer de façon à atteindre le but que l'on se pro-
pose. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur V électrolyse des tissus animaux. Note de
M. Edouard Braxly.
« Le phénomène décrit par MM. Bordier et Gilet dans leur Communi-
cation du 20 mai dernier m'avait été montré [tar Apostoli il y a quelques
années. Il l'avait observé fréquemment dans sa pratique electrothéra-
pique. Voici comment il le produisait pour la démonstration.
( i362 )
» Deux aiguilles d'or ou de platine étaient plongées dans un bloc de viande fraîche,
à une dislance de 2'^" environ l'une de l'autre et enfoncées perpendiculairement d'à
peu près 1'"^. Ces aiguilles étaient reliées aux deux pôles d'un tableau de Gaiflfe à cou-
rant continu et le réducteur de potentiel était tourné de telle façon que le courant
circulant dans le tissu animal fût de 5o à 80 miiiiampères; dans le premier passage
l'intensité variait très peu. Après deux minutes, par la clef d'inversion, on renversait
brusquement le courant, l'intensité tombait rapidement à quelques miiiiampères et y
restait. Après deux minutes encore, on revenait au sens primitif, l'intensité remontait
vers sa valeur initiale 5o à 80 et variait peu ensuite. Nouveau renversement après
deux minutes, dans lequel l'intensité retombait rapidement à quelques miiiiampères.
n J'ai en l'occasion de reproduire cette expérience sous diverses formes
avec Apostoli et le D' Albert Laquerrière à la fin de 1899 et au commen-
cement de 1900, par la méthode monopolaire et la méthode bipolaire,
soit avec des aiguilles d'or et de platine, soit avec des aiguilles oxydables.
La mort d'Apostoli a interrompu nos recherches et les résultats n'ont pas
été publiés.
» Étant parvenu à réaliser le même phénomène avec des éleclrolyies
visqueux, en l'absence de tout tissu, j'ai pensé qu'il y avait intérêt à faire
connaître mes essais.
)) Après diverses tentatives, je me suis arrêté à des solutions de gomme
arabique dans l'eau de la Vanne et je les ai électrolysées soit par la
méthode monopolaire, soit par la méthode bipolaire. Ces solutions
offraient au passage du courant une résistance assez comparable à la
résistance de la viande fraîche des expériences rappelées plus haut. J'ai
fixé les circonstances qui devaient être choisies (concentration de la solu-
tion, intensité et voltage du courant, écartement et enfoncement des élec-
trodes) pour obtenir dans les mêmes conditions de temps le phénomène
observé dans l'électrolyse des tissus.
)) Méthode m.onopolaire . — La solution de gomme était versée dans une
capsule de platine qui était reliée à l'un des pôles du tableau, la seconde
électrode était une aiguille de platine flambée, enfoncée d'environ i*^™
dans la solution et distante aussi d'environ 1'=" du fond de la capsule.
» L'aiguille étant négative, l'intensité du courant était amenée par la
rotation du réducteur de potentiel à une certaine valeur et elle variait
peu, en montant en général. Dans la suite on ne touchait plus au réduc-
teur. Après deux minutes, on renversait brusquement le courant, ce qui
rendait l'aiguille positive, l'intensité baissait alors rapidement et restait
très faible. L'aiguille étant rendue négative après deux minutes, l'intensité
( i363 )
remontait comme dans la première phase. Par un nouveau renversement
après deux minutes, elle redevenait positive et retombait. Voici un
exemple.
>) Solution renfermant 35?'' de gomme; volume total, 120'=". i" Aiguille négative :
100 milliampères au début et 28 volts au voltmètre. Lentement l'intensité va à i3o volts
et atteint \!\?t volts après deux minutes (quand la déviation augmente à l'ampèremètre,
elle diminue au voltmètre). 2° Renversement brusque à la fin des deux minutes, ai-
guille positi\,'e. De 145 l'intensité tombe lentement, puis rapidement et s'est abaissée
à 2 milliampères en dix-sept secondes, puis ne varie plus. 3° Renversement brusque
à la fin des deux minutes du second passage, aiguille négalire, ascension rapide à i45,
puis lente à i58. 4° Renversement brusque à la fin des deux minutes du troisième
passage, aiguille positive, chute à 2 milliampères en vingt secondes, et l'intensité ne
varie plus.
» Dans la méthode monopolaire, c'est lorsque l'aiguille est positive qne
l'intensité s'abaisse rapidement à une très petite valeur; le passage du cou-
rant est, au contraire, facile quand l'aigiiille est négative. Ce résultat est
le même que pour la viande électrolysée par la méthode monopolaire.
» Pour un même poids de gomme dans une solution et un voltage taible
au voltmètre, l'intensité est peu différente quand l'aiguille est positive ou
négative ; elle est toutefois plus faible avec une aiguille positive. Pour un
voltage suffisant, on a le phénomène pris comme type avec la viande. Le
voltage s'élevant encore, une chute assez rapide se produit aussi avec une
aiguille négative.
» Méthode bipolaire. — La solution gommeuse était versée dans un petit
cristallisoir en verre où plongeaient deux aiguilles de platine distantes de
12™" et enfoncées d'environ i*^™. J'ai dû opérer dans des conditions de
concentration et de voltage plus étroites que par la méthode monopolaire.
Il m'a été avantageux d'ajouter à la solution i^' ou oS'',5o de sel marin
pour augmenter la conductibilité.
» L'exemple suivant se rapporte aux conditions moyennes de la réalisa-
tion du phénomène.
» Solution gommeuse renfermant ^o^'' de gomme arabique pour 120" de solution
et is"' de sel marin. Aiguilles enfoncées de 8™"* dans la solution. Première phase :
128 milliampères au début, 22 volts au voltmètre, l'intensité monte lentement à i32.
Deuxième phase : Renversement brusque du courant à la fin des deux minutes
du premier passage; chute en dix secondes à 2 milliampères, puis oscillations de 2 à
5 milliampères. Troisième phase : Renversement brusque après les deux minutes de
la deuxième phase; ascension rapide à 60, chute à ao, ascension en oscillant jus-
( i364 )
qu'à iio, i>uis constance. Quatrième phase : Renversemenl brusque après \es deux
minuLes du troisième passage, chute à 3 milliampères, pas de variation marquée.
» Ici encore, pour un trop petit voltage, l'intensité est peu tlifFércnte
clans deux passages de sens contraires, tout en étant plus faible aux phases
paires et plus forte aux phases impaires. Pour des voltages que j'appellerai
moyens, la chute est (rès accentuée pour les phases paires. Avec des vol-
tages trop élevés, il y a une très forte chute pour les deux sens du courant.
» Après le passage du courant pendant deux minutes, les deux aiguilles
sont enveloppées sur leurs parties mouillées par la gomme d'une gaine vis-
(jueuse et mousseuse. Si l'on plonge les deux aiguilles dans l'eau pure, la
négative se débarrasse rapidement de sa gaine, en trente secondes par
exemple, la positive reste plus longtemps entourée d'un manchon adhérent
de bulles gazeuses et de liquide gommeux, surtout vers la pointe, el il faut
souvent plus de cinq minutes pour que les bulles se détachent complète-
ment. Les caractères de la gaine positive, sa production et sa disparition à
l'une, puis à l'autre des électrodes, rendent assez bien compte des phéno-
mènes que j'ai décrits et de ceux beaucoup plus complexes que l'on observe
quand on augmente la durée des passages du courant. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Les origines de V iode de l' organisme. Cycle biologique
de ce métalloïde. I^ote de M. P. Bourcet, présentée par M. Armand
Gautier.
« Après avoir donné une méthode de recherche et de dosage des traces
d'iode contenues dans les matières organiques (') j'ai présenté à l'Aca-
démie une série de Notes sur l'iode normal des organismes vivants. J'ai dé-
montré que, chez l'animal, l'iode se trouve non seulement dans la glande
thyroïde, comme le pensait Baumann, mais encore dans le sang (")et dans
presque tous les organes; qu'il s'élimine par la peau et ses annexes (poils,
sueur, ongles, etc.) chez l'homme, alors que, chez la femme, cette élimi-
nation s'effectue non seulement par la peau et ses annexes, mais aussi par
le sang menstruel; constatation parallèle à celle qui avait été laite par
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 1120.
(^) Comptes rendus, t. CXXX, p. 1721.
( i365 )
M. Armand Gniitier relativement à l'élimination de l'arsenic normal <1.
l'économie (' ).
» Je me propose d'étudier dans la présente Note quelles sont les ori-
gines de l'iode de l'organisme.
» Pour résoudre ce problème, j'ai recherché successivement l'iode dans
l'air, l'eau, le sol, les plantes marines et d'eaux douces, les matières ali-
mentaires et végétales qui pouvaient fournir cet élément.
» On sait, depuis les travaux de M. A. Gautier (1898), que l'iode existe sous forme
organique et organisée dans l'air, dans l'eau de mer et les eaux de rivières ou de
sources. Chalin, Bussy, Marchand, Van Ankum avaient trouvé dans l'eau de pluie, la
neige, les eaux des fleuves, des rivières et des lacs, des traces d'iode qu'ils croyaient y
exister uniquement sous forme d'iodures. M. Cliatin l'a signalé aussi dans un grand
nombre de terrains et a même cru remarquer qu'il augmente en même temps que le
fer. J'ai établi, pour ma part, la présence presque constante de l'iode dans les terres
arables.
» Les piaules marines coiUiennent beaucoup d'iode ; il en est de même des végé-
taux d'eau douce. Muller, Bussy, Chatin, Macadam, Hepp, Tarphati et Yuiestra ont
publié à ce sujet plusieurs centaines de dosages probants. Enfin, en 1899, M. A. Gautier
a établi la présence constante de l'iode dans la grande famille des Algues.
» Mais l'existence de l'iode dans les plantes terrestres n'avait guère été constatée
que par Chatin, et dans quelques espèces seulement. J'ai repris cette étude, et de plus
d'un millier d'analyses des plantes les plus diverses ( = ), alimentaires ou non, j'ai pu
tirer les conclusions suivantes :
» Les fruits d'arbres et les matières fortement amylacées ne contiennent pas ou du
moins très peu d'iode; les fruits des arbustes et des arbrisseaux en contiennent davan-
tao-e; les espèces végétales les plus riches sont celles qui fournissent à l'alimentation
des racines, des pivots, des tubercules non amylacés, ou encore des feuilles ou des
liges herbacées.
» Les vins français peuvent se classer suivant leurs teneurs décroissantes en iode :
ceux du Maçonnais, du Beaujolais, des Pyrénées-Orientales et de l'Aude tiennent
la tête; viennent ensuite les vins de Gironde et ceux provenant des terrains juras-
siques fortement ferrugineux; la liste est close par les vins de Champagne, qui ne con-
tiennent pas d'iode. Remarquons toutefois que cette classification ne reposant que sur
54 dosages ne saurait être absolue.
)> Étant donné que non seulement la glande thyroïde contient de l'iode, mais qu'il
s'en trouve encore dans le sang et dans presque tous nos organes, on devait s'attendre
à renconlrerce métalloïde dans la plupart des matières alimentaires d'origine animale,
(1) Comptes rendus du Congrès international de Médecine. Section de Physio-
logie. Paris, juillet 1900.
(-) Viode normal de l'organisme : ses origines, son rôle, son élimination.
Paris, 1900.
C. R. .901, I- Semestre. (T. CXXXII, N- 22.) J76
( i366 )
» Les résultats d'environ i3oo dosages permettent de dire que la rliair de tous les
poissons et mollusques d'eau de mer el d'eau douce contient de l'iode; il semble que
le poisson conservé est plus riche en iode que le même poisson mariné, et que tous
deux en contiennent sensiblement moins qu'à l'élat frais.
» La viande de boucherie est très pauvre en iode; la plus iodée semble être celle du
porc, puis viennent les viandes de mouton, de bœuf, de cheval, de veau et d'âne.
» La charcuterie, à poids égal, contient encore moins d'iode que la viande de bou-
cherie : le lard el la graisse n'en contiennent que des traces infîmes.
» Les salaisons sont légèrement plus iodées que les parties fraîches dont elles pro-
viennent. Le gibier d'eau est plus riche en iode que la volaille de basse-cour.
» Kn règle générale, le lait contient de l'iode, mais sa teneur varie dans de grandes
proportions suivant l'alimentation des animaux qui le produisent. 11 en est de même
pour les œufs; j'ai trouvé que l'iode y était au maximum en été et au minimum en
hiver.
» En résumé, on comprend sans peine que, croissant sur des terrains et
arrosées par des eaux qui contiennent tle l'iode, les plantes doivent, après
l'avoir assimilé, apporter cet élément à l'organisme des animaux herbi-
vores qui, à leur tour, le repassent aux animaux carnivores.
» L'homme étant omnivore doit disposer d'une assez forte proportion
d'iode pour cette raison que les végétaux qui forment la base de son alimen-
tation sont généralement beaucoup plus riches en ce métalloïde que les
tissus animaux dont il se nourrit également.
» Tel est le processus par lequel l'iode pénètre dans l'économie. J'ai dé-
montré d'autre part comment se fait l'élimination de ce métalloïde lorsqu'il
est en excès dans l'organisme humain; le cycle complet de l'iode biolo-
gique, but que je m'étais imposé, est donc ainsi complètement déterminé. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Procédé de préparation de levures basses de
brasserie fennenlanl à haute température. Mémoire de M. Georges
Jacqcemin. (Extrait par l'auteur.)
« Les meilleures conditions d'existence des levures de bière à fermen-
tation basse sont habituellement obtenues en les faisant évoluer dans le
moût houblonné presque neutre, à une température inférieure à io° cen-
tigrades. Mais j'ai constaté que si, dans des cultures pures successives d'une
race quelconque de levure de bière à fermentation basse, on substitue peu
à peu à une partie du itioùt nourricier une quantité égale d'un même moijt
additionné d'un acide organique, on peut arriver, après une vingtaine
( i367 )
d'opérations, à cultiver la levure uniquement dans un milieu nutritif ayant
une acidité équivalente en acide tartrique à 'j^^ par litre.
» Si, pendant ces cultures successives, on a soin d'élever progressi-
vement la température en même temps qu'on augmente l'acidité du milieu,
on arrive, après un graud nombre de générations, à obtenir un ferment
qui évolue facilement en moût acide à une température supérieure à 25°.
)) Ce caractère de fermentation à haute température se trouve alors
fixé, même si l'on pratique un certain nombre de générations en moût
neutre, et les autres propriétés de la race de Saccharomyces ne sont pas
modifiées : la levure reste basse quand on l'emploie à la fermentation d'un
moût de brasserie préparé par les méthodes ordinaires, mais non réfrigéré
au-dessous de 20° à 25°.
)) La bière ainsi obtenue sans glace possède toutes les qualités organo-
leptiques des bières préparées à basse température, et peut sans inconvé-
nient être conservée et supporter les transports à un degré de chaleur
égal à celui qui a présidé à sa fermentation. Il résulte donc de mes recher-
ches qu'un S'acc7mrowyre5 à caractères neltement déterminés peut, lorsqu'on
le fait évoluer dans des conditions de milieu et de température entièrement
différentes, changer de nature au point de vue de certaines de ses pro-
priétés, tout en conservant d'autres caractères de race. »
PHYSIOLOGIE. — Les otoUlhes et Vaudidon. Note de M. Pierue Bonmer,
présentée par M. Alfred Giard.
<( Dans une récente Communication à l'Académie ('), M. Marage, rap-
pelant la composition des milieux liquides de l'oreille interne, admet que
la grande densité que le mélange de sels calcaires prête aux liquides laby-
rinthiques en fait un admirable conducteur du son et que la fonction des
otolithes est de maintenir aussi constante que possible la conductibilité
acoustique de ce milieu.
» J'ai montré à plusieurs reprises depuis dix ans (-) que ni les oto-
(' ) 29 avril 1901.
{-) Sur les fonctions otolilhiijues {Soc. du Biologie, i8fév. 1898). -Sur l'inertie
des milieux auriculaires {Soc. de Biologie, 2 fév. iSgS). — L'oreille, vol. II el lit,
Coll. Léauté; 1896.
( i368 )
lilhes, ni la conductibilité acoustique, n'avaient aucun rapport direct avec
l'audition. En effet :
» 1° Dans l'oreille de l'homme, par exemple, les masses calcaires se
trouvent dans des parties du labyrinthe qui ne sont nullement auditives
(utricule, saccule) et manquent dans le département le plus manifeste-
ment auditif de l'oreille interne : le limaçon.
)) 2" Dans la série animale, les formations otolithiques présentent leur
maximum d'importance morphologique et fonctionnelle chez les Inverté-
brés qui n'entendent pas et chez les premiers Vertébrés encore dépourvus
d'audition ('). Ce n'est qu'après les Amphibiens que nous voyons simulta-
nément diminuer l'importance des ololithes et se développer l'audition.
» 3° Dans le développement ontogénique des Vertébrés entendants, les
liquides labyrinthiques sont très riches en sels calcaires pendant la vie
fœtale, avant l'aptitude auditive, et perdent rapidement cette richesse dès
la naissance, quand l'oreille commence à entendre.
» Il y a donc, dans les domaines de l'anatomie humaine, de la phylo-
génie et de l'ontogénie, une opposition évidente entre les conditions qui
favorisent la conductibilité acoustique et celles que réclame l'exercice de
l'audition.
» 4° La clinique est encore plus formelle. Tout ce qui tend à augmenter
la densité des liquides labyrinthiques et la conductibilité acoustique nuit
immédiatement à l'aptitude auditive. L'épreuve des pressions centripètes
de Gellé a pour effet de diminuer la capacité du récipient labyrinthique
par enfoncement de l'étrier, de tenir le liquide sous pression et de le
rendre meilleur conducteur. Elle a égdement pour effet d'éteindre l'audi-
tion. D'autre part, les exsudais albumineux, fibrineux, inflammatoires, les
effusions hémorragiques, les processus de calcification, sans compter la
sclérose des tympans membraneux de l'oreille interne, tout ce qui aug-
mente la densité et la conductibilité acoustique des milieux auriculaires
a pour résultat infaillible d'altérer et de supprimer l'audition. Plus une
oreille devient bonne conductrice du son, moins elle entend.
» 5" La Physiologie doit aujourd'hui reconnaître que la conduction
acoustique, c'est-à-dire la transmission moléculaire de l'ébranlement so-
nore, n'a aucune action directe sur l'audition. J'ai montré que l'audition
est liée à la liberté d'inertie des milieux suspendus de l'oreille, suscep-
(') L'niidùion chez les Im'ertéhrés {Revue scientifique, 27 décembre 1890).
( '369 )
tibles de mise en oscillation totale. Toute gêne apportée à cette liberté
d'oscillation totale, molaire et non moléculaire, est une entrave à l'audi-
tion ; et l'audition, en un mot, varie en raison directe de la liberté d'oscil-
lation molaire des miTieux suspendus de l'oreille, et en raison inverse de
la conductibilité moléculaire et acoustique. Les phénomènes auditifs ne
sont pas d'ordre acoustique, mais sont liés aux phénomènes hydrodyna-
miques de l'oreille interne. Les otolithes et la conductibilité acoustique
n'ont rien à v voir. »
MÉDECINF. — Un cas de trichosporie (piedra nostras) observé en France.
Note de Paul Vcillemin, présentée par M. Bouchard.
« Nous avons observé récemment à Nancy, sur la moustache d'un
homme de trente-six ans, des poils enveloppés, dans leur portion moyenne,
d'une gaine dure, irrégulière, parfois mince, parfois saillante comme le
chaton d'une bague. La gaine ne commençait guère qu'à i*^™ de la racine
et s'étendait sur une longueur de i*^™ à i'''",5, avec ou sans interruptions.
Sa couleur sombre, un peu verdàtre, tranchait peu sur la moustache noire.
Le poil, avec son revêtement, atteint un tiers de millimètre d'épaisseur,
soit trois fois environ le calibre des parties nues. Celles-ci sont parfaite-
ment normales, ainsi que la portion folliculaire.
» L'enduit qui revêt les poils de moustache se coDQjDose de cellules végétales à
paroi épaisse, incrustées dans une substance fondamentale. La plupart des cellules
parasites sont rondes, et leur dimension, bien qu'assez inégale, oscille en général
entre 7.V-, 5 et 4'^, 5.
» Par son aspect extérieur comme par les premières indications de l'examen mi-
croscopique, la gaine parasitaire répond au Champignon des chignons, observé à
Londres par Beigel, rapporté successivement aux Algues {Pleurococcus Beigelii
Kïichenmeister et Rabenhorst, 1867), aux Champignons {Sclerotiiim Beigelianum
Hallier, 1868), puis à divers genres de Bactéries [Zoolœa Eberlh, 1878; Hyalococcus
Schrœter, 1886; Chlamydatomus ïrevisan, 1889; Micrococcus Beigelii Migula,
1900). Le même parasite est signalé à Brcslau par Schrœter, d'après le D' Caro. On
l'a rencontré sur les chevelures vivantes ou coupées.
» Notre espèce a de grandes analogies avec l'agent de TafTection connue en Colombie
sous le nom de piedro,en France sous le nom de Irichomycose noueuse ou nodulaire
de Juhel-Iiénoj, qu'il ne faut pas confondre avec la trichoniycosis nodosa àe Palteson.
Deux cas de piedra nostras ont été signalés en Allemagne sur la moustache par Beh-
rend et par Unna; le parasite de ces affections européennes, comme le Champignon
( i37o )
de Colombie, avait des élémsnls volumineux qui l'opposent au Champignon de Beigel
comme à notre parasite.
» L'enduit parasitaire est d'une consistance ferme; la résistance qu'il opposait au
peigne a fait remarquer sa présence à notre patient; toutefois il n'avait pas cette
dureté de pierre qui ébrèche le rasoir et qui a fait donner à l'alTection son nom espa-
gnol de piedra. Les Européens qui ont reçu des cheveux piédriques de Colombie
n'ont d'ailleurs pas réussi à vérifier ce caractère. Nous n'avons pas non plus constaté
la viscosité superficielle qui provoque l'adhérence et l'enchevêtrement des poils dans
les chevelures abondantes. Mais les conditions ne sont pas identiques dans une mous-
tache bien soignée et dans une chevelure en désordre. Notre cas vient donc se placer,
à la suite de ceux de Behrend et Unna, dans la catégorie de la piedra nostras, tout en
étant l'œuvre d'un parasite spécifiquement distinct. Cette a(Tection étant jusqu'ici
inconnue en France, il nous a semblé utile de la signaler avec quelque détail.
» Le parasite de la piedra a toujours été considéré comme extérieur au
poil. Dans notre cas, il ne pénètre pas dans l'écorce; cependant il contracte
avec l'épidermicule des connexions plus étroites qu'on ne l'a dit. L'épider-
micule du poil est plus adhérent au parasite qu'à l'écorce, et, si l'on détache
mécaniquement l'enduit superficiel, opération que l'on ne réalise pas, à
sec, sans quelque effort, l'épidermicule vientavec lui et tapisse la face con-
cave des débris arrachés. L'acide formique a raison de l'adhérence de
l'enduit; après son action, une simple compression du poil entre une
plaque et une lamelle de verre détache de grands lambeaux cryptogamiques
encore tapissés par l'épidermicule.
» Une coupe transversale, pratiquée dans le poil malade au niveau d'une
nodosité piédrique, explique cette adhérence. Les écailles épidermiques,
soulevées, rebroussées par le parasite, pénètrent comme des crampons
entre ses cellules; par places les éléments cryptogamiques arrivent au-
dessous d'ellesjusqu'au contact de l'écorce.
» L'examen attentif du parasite en place démontre que ce n'est pas une
bactérie, m;us un champignon.
» Ses plaslides sont de vraies cellules, munies d'un noyau. En effet, les réactifs de
la chromatine colorent, dans chacun d'eux, un granule bien arrondi de o!^,3 à o^ 5.
Ces cellules ne sont point, primitivement, plongées sans ordre dans une masse hyaline
comme les Coccus d'une zooglée. Sur les bords encore minces d'un enduit en crois-
sance, nous distinguons des séries tortueuses et ramifiées de cellules légèrement unies
entre elles, comme on en observe chez d'autres Dermalophytes. Les cellules extrêmes
des séries appliquées au poil sont parfois allongées et vidées de leur contenu; elles
semblent sacrifiées au rôle fixateur, tandis que des rameaux vivants procèdent des
articles précédents et contribuent à épaissir l'enduit. Sur des coupes pratiquées per-
( ^^7^ )
pendiculairemenl à la surface du poil dans des nouûres épaisses, on retrouve la dis
position radiée sur de longues séries de cellules, tandis que l'examen superficiel donnait
l'impression d'une simple mosaïque ou d'un amas désordonné.
» Le mucilage inlercellulaire, résultant de la confluence des lamelles superficielles
de la membrane, prend, à la surface delà masse, un aspect granuleux, irrégulier.
» Ces détails de structure, qui n'ont pas été cherchés dans les casante-
rieurs, ne sauraient ojjposer notre parasite à ceux de Juhel-Rénoy, Behrend,
Unna ; nous le rangeons dans le même genre Trichosporum. Les cultures
que nous décrivons ailleurs confirment ce rapprochement. D'a[)rès les
diraensionsdes cellules et l'aspect de l'ensemble, il ne diffère pas du Cham-
pignon des chignons de Beigel; nous proposons, en conséquence, de le
nommer Trichosporum ^^«^^/«(Rabenhorst).
» Pour désigner ce groupe d'affections, le terme de trichosporie est pré-
férable à celui de /?/e<^ra qui invoque un symptôme inconstant, et même
inconnu dans les formes européennes. Il est plus précis que celui de tri-
chomycose nodulaire, également appliqué à des affections bactériennes.
» L'affection décrite dans cette Note a cédé rapidement à l'emploi de
lavages fréquents avec une solution aqueuse de sublimé à 2 pour 1000.
Quatre jours après le début du traitement, les poils et les fragments d'en-
duit, transportés sur des milieux nutritifs, sont restés stériles. En brossant
énergiquement sa moustache avec la solution de sublimé, le patient a réussi
à faire disparaître les enduits parasitaires en quatre semaines. Malgré la
suppression de l'épidermicole aux points envahis, la moustache offre au-
jourd'hui un aspect parfaitement sain. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'orage du 29 mai 190 1. Note de Joseph Jaubert,
présentée par M. Mascarl.
» L'orage qui a éclaté sur Paris dans la journée du 29 mai 1901 a été
d'une intensité exceptionnelle; il a duré une heure et demie, et pendant ce
temps il a plu presque continuellement; l'averse a été souvent torrentielle,
et parfois mêlée de grêlons.
» Les premiers éclairs ont été observés (de Montsouris) à i''3o™ et a partir de2''6"'
jusqu'à la fin de l'orage ils ont été suivis de coups de tonnerre et se sont rapidement
succédé. On distinguait principalement trois foyers orageux qui semblaient planer
au-dessus des quartiers nord et centre de Paris et sur ceux du sud-est (ce fojer de
beaucoup plus important); le troisième foyer était constaté au-dessus de la banlieue
( i372 )
Sud. La carte de répartition de la pluie monlre en elTel que ce sont ces points où l'on
a recueilli la plus forte quantité d*eau.
E^rfotQEU, Qjj^
B^:^""
Orage du 29 mai 1901.
Répartition de la pluie sur Paris et la banlieue Sud
(Les hachures indiquent la zone couverte par la grêle).
» La grêle a été souvent mêlée à la pluie, mais de Si" 5™ à 3'' 10™ elle est tombée seule;
pendant cette chute les grêlons étaient si serrés et si abondants que pendant un instant
ils ont déterminé un véritable obscurcissement du ciel. Leurs grosseurs et formes
étaient très variables : à Montsouris, ceux recueillis avaient en grand nombre de aS'""
à 35™"' de diamètre et quelques-uns atteignaient même 4o™™; à la Tour Saint-Jacques
il en est tombé qui avaient la forme d'un parallélépipède très accusé.
» Au début de la pluie les premières gouttes (à 2''20™) étaient énormes; on en a
mesuré qui laissaient sur le sol une trace de 3'™ à 5'™ de diamètre. Sur Paris les
averses ont commencé de ai'aS"' à 2''35"' pour ne prendre fin que de 3''35™ à 3'' 45™, et
à certains moments elles revêlaient un caractère tout à fait torrentiel. On a recueilli
sur Paris 30"'™ d'eau à la Villette, 22™"' au cimetière de Belleville, 2^"™ aux. Buttes-
Cliaumont, 26""™ au pont de l'Aima (Bureau central météorologique), 28™™ à Mont-
martre, 33">"»' à l'hôpital Saint-Louis et dans le square Saint-Jacques, 53'"™ à Moût-
souris (dont 52™™, 7 en Sa™), 60™™ au Panthéon et enfin 80™™ au réservoir Saint-Vic-
tor, rue Linné, près le Jardin des Plantes. Ce dernier nombre est le plus élevé que nous
connaissions authentiquement observé à Paris, les averses les plus fortes enregistrées
jusqu'à présent n'ayant guère dépassé 5o""> à 60™°^ ( '). Sur les XV" et XVI" arrondis-
sements les pluviomètres n'ont accusé que de 12™™ à i5™™.
(') Des averses ayant donné plus de 5o™™ ont été observées à Paris : 9 septembre
( "373 )
» Dans la banlieue Sud la pluie a été également très forte, les pluviomètres ont enre-
gistré : 30"" à Fresnes, Bagneux et Ghâtillon, 22"" à Villejuif, Chalais-Meudon,
25mm à Fontenay et 3o"" au Petit-Bicètre. Il est donc tombé de 20"" à So"" d'eau sur
les versants de la Bièvre et de ses petits affluents, ce qui a déterminé une élévation
très rapide et anormale du niveau de cette rivière.
» Les observations météorologiques ont permis de suivre les différentes
phases de la formation et du développement de cet orage de chaleur.
» Le 29 mai, pendant la nuit, le ciel a été très beau, et c'est seulement un
peu après 8*" qne se formait à l'horizon une grande bande de cumulus et en
même temps naissaient sin- tout le ciel des alto-cumulus à ondulations paral-
lèles. A 9'', la nappe d'alto-cumulus en petits moutons serrés tendait à dis-
paraître vers le Nord-Est; on distinguait ensuite à l'Ouest-Nord-Ouest un
massif de cumulo-nimbus qui se développa très rapidement et dont le
sommet était barré d'alto-cimiulns gris. A midi on observait au Sud un
cumulo-nimbus sombre et un gros cumulus à capuchon dont les parties
mamelonnées supérieures s'élevaient très rapidement. Enfin, quelques
minutes avant l'orage, les nuages étaient presque immobiles, de direction
générale Sud-Ouest, et l'on voyait flotter épais quelques fracto-nimbiis
ayant un mouvement Nord-Est.
» A Montsouris, l'observation des nuages avait indiqué des vitesses extrê-
mement faibles :
Ilaulcur
Direclion.
évaluée.
Vitesse.
h m
9. i5 alto-cumulus. . . .
W. 4o°S.
m
35oo
m
5 par
' seconde
10. i5 fracto-cumuhis. .
W. 5N.
I 5oo
3
))
» . .
W. 35S.
i5oo
3
»
1 1 .45 faux cirrus
S. 35 N.
3 000
2
»
» La vitesse du vent mesurée à terre était sensiblement la même que
celle des couches supérieures; toutefois, pendant la chute de la grêle, il
s'est produit im coup de vent qui a atteint de 1 1™ à 12'" et qui a été constaté
avec la même intensité et presque au môme instant à Montsouris, à la Tour
Saint-Jacques et à la Tour Eiffel. Au Bureau central météorologique, le phé-
nomène s'est manifesté au même moment, mais il a été de force moindre.
i865 : 52""" de midi 45'" à 3'" (Observatoire); — 20 septembre 1867 : 56'"'" en trente
minutes (Parc Monceau); —27 juillet 1872 : 35'""> à So"" de 7''3o" à 8''3o'" (suivant
les quartiers); — 10 septembre 1896 : 35'"" à So"" de midi à 2''3o'" (suivant les
quartiers).
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 22) 177
( 1^74 )
Pendant l'orage, on a constaté une hausse barométrique très rapide
(à 3''5'°) de 3°"" à Montsouris; à la Tour Saint-Jacques, le même mouve-
ment n'a eu qu'une amplitude de i™™,5. Enfin, indépendamment du
refroidissement progressif déterminé par cet orage, il y a eu une baisse
thermique de 8°, 5 en trente minutes; après la fin de la pluie, la tempéra-
ture est redevenue normale. »
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
I,a séance est levée à 5 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUYBAGKS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 3 JUIN 1 90 1 .
Le Système métrique des Poids et Mesures; son établissement et sa propaga-
tion graduelle, avec l'histoire des opérations qui ont servi à déterminer le mètre
et le kilogramme, par M. Bigourdan. Paris, Gauthier-Villars, igoi.- i vol.
in-8°. (Présenté par M. Wolf.)
Les plantes tinctoriales et leurs principes colorants, par V. Thomas. Paris,
Gauthier-Villars et Masson et C'% s. d.; i vol. in- 12. (présenté par
M. Moissan.)
Premières récoltes, par Alph. Matiiev. (Extr. de la Revue des Eaux et
Forêts des i5 mars, i" avril, i" mai 1901.) Poitiers, impr. Biais et Roy;
I fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Hepaticœ Galliœ. Herbier des Hépatiques de France, fasc. IX (n°' 201-231).
Cahan par Athis (Orne), T. Husnot, s. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de
M. T. Husnot.)
Argentine-Chilian boundary in the Cordillera de los Andes. Argentine évi-
dence. Inlroductory statement and chapter I to XXX, and appendix.
London, printed for the governement of the Argentine Republic, bv
William Clowes et fils, 1900; 4 vol. in-Zj". (Présenté par M. deLapparent.)
Projils géologiques transversaux de la Cordillère Argentino-Chilienne, stra-
tigraphie et techtonite, par le D'' CarlBurckhardt. Première partie du rapport
( '375 )
définitif sur une expédition géologique exécutée par le If Léo Wehrli et
le jy Carl Burckhardt, avec 82 Planches. (^Anales del Museo de La Plata.
Seccion geologica y mineralogica, II.) La Plala, 1900; i vol. pet. in-f". (Pré-
senté par M. de Lapparent.)
^4 binai y canon, showing residues of powers of 2 Jor divisors under 1000,
and indices to residues, compiled by Lt.-Col. Alla.n Cunningnam, under
tlie auspices of a British Association Committee. Londres 1900; i vol. in-4°.
The Journal of the Collège of Science, impérial Universityof Tokyo, Japan.
Vol, XV, Part. I. Tokvo, 1901 ; i vol. pet. in-4°.
Astronomische Beobachtungen an der k. k. Slernwarte zu Prag, in den Jahren
189.2-1899, nehst ZeicJinungcn und Studien der Mondoberfidche nach pholo-
graphischen Aufnahmen. Aut ôffentliche Rosten herausgegeben von pro-
fesser D'' L. Weineic, director der k. k. Sternwarte in Prag. Prague, 1901 ;
I vol. in-4°.
Sitzungsberichle der Kôniglich preussischen Akademie der Wissenschaflen
zu Berlin; I-XXIl, 10 januar-25 april 1901. Berlin; i4 fasc, in-8°.
Abhandlungen der Kônigl. Akademie der Wissenschaflen zu Berlin, 1899-
1900. Berlin, Georg Reimer, 1900; i vol. in-4°.
N" 22.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du .-; juin 1901.)
MEMOIRES ET COMMUNIGATIOMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Bei(tiiei.ot. — iNiiuvelles reclierclius sur
la neutralisation de l'acide pliospliorique.
M. Bkrtiulot. — Nouvelles recherches sur
les alliages d'or et d'argent el diverses
autres matières provenant des loinheaux
égyptiens
\l. IIkmu LiEf:QUF.ni:i.. — Sur l'analyse rua-
giiétii|uedes ravonsdu radiunieldu rayon-
nement secondaire provoqué par ces
rayons
MM. lliiNlu BECUUliREL et 1'. CuiuE. — Action
physiologique des rayons du radium
M. Marev. — Changements de direction et
de vitesse d'un courant d'air qui rencontre
des corps de formes diverses i j(|i
M. DE Laitarent. — Sur l'érosion ré(;ressive
dans la chaîne des Andes r!i|li
M. Ad. Carnot. — Sur les lellurures d'or cl
d'argent de la région de Kalgoorlie
(Australie occidentale). i ujS
M. P. DuiiEM. — Sur les ondes longitudi-
nales et transversales dans les fluides pur-
faits [ So.-l
ME3IOIRES LUS.
M. II. -S. IIele-Suaw. — Contribution à
l'étude théorique el expériment|ale îles
veines liquides déformées par des obstacles
el à la détermination des lignes d'induc-
tion d'un champ magnétique i;îo(i
MEMOIRES PRESENTES.
\1. l'Mi. IIenstrom soumet au jugement de
r.Vcadéuiie un .Mémoire " Sur les origines
des éléments ».
CORRESPONDANCE.
\l. le Secrétaire rERi'ETUEi. signale un
Ouvrage de .M. </'. Iligouidan ayant pour
titre : « Le système métri(|ue, son élu- .
blisseuienl et sa propagation graduelle ». i.'^ia
M. L. lÎAEEV. — Hélerniination des surfaces
qui sonl à la fois des surfaces de .loa-
chimslhal el des surfaces de Wcingarlen. \ii\
i\L .\lbeht TuRrAtN. — Observations de la
résonance éleclri<|ue dans l'air rarélié.... i.ii >
M. He.ne Pailloi'. ~ Inlluencc de la tempé-
rature sur la force électromotricc d'aiman-
tation i3i8
M. J. Semenow. — De l'action des rayons X
sur les conducteurs et sur les isolants-.. iSao
\L Leon Oeillet. — Sur les alliages d'alu-
minium. Combinaisons de l'aluminium cl
du molybdène i.Ja:!
,M. lîoUDOEARD. — Sur les alliages d'alumi-
nium el de magnésium i JaS
M. G. l^ARTALD. — Sur la structure cellu-
laire de quelques métaux li'"]
M. J. Cavalier. — .\cidimétrie de l'acide
phosphorique par la baryte, la strontiane
el la chaux , i.i.lo
M. K. Parmentier. - Sur l'alumine con-
tenue dans les" eaux minérales i33j
.M. F. HoDROUx. — .\ction du bromure d'iso-
butyléne sur le hen/.éne eu présence du
clilorure d'aluminium i.io.'i
M. G. Favuel. — .Vction des éthers alcoyl-
maloniques sur les chlorures diazoïques.. iS.Tlj
MM. P. Kreijndleu et L. Iîunel. — Sur
un nouveau mode de décomposition des
dérivés bisuirnii|ues l'iAx
M. A. Verneuil. — Sur les produits secon-
daires formés dans l'action de l'acide
snll'uriquc sur le charbon de bois i'i'|o
M. Louis Léger. — Sur une nouvelle Gré-
garine parasitedesPinnothéres desMoules. i'i\?>
M. P. ViONON. — Sur les cils des Cténo-
phores et les insertions ciliaires en géné-
ral .' 1 i '|(j
M. Bounuiol. — Kccherches expérimentales
sur la respiration des Annélides. Élude du
^IHiographis Spallanzanii i3'|!S
M. L. Bordas. — Les glandes défensives ou
odorantes des Blattes i35!
M. Col. — Sur l'existence de lalicifères
à contenu spécial dans les Fusains i3ô4
M. .Marcel.Dubard. — Sur la structure des
rejels chez les végétaux ligneux i35li
M. F. KÔVESSI. — Sur la proportion de l'eau
comparée à i'aoùtemenl des végétaux
ligneux i3.5(|
IN° 22.
SDITE nii LA TABLE DES ARTICLES.
Pages. , Pages.
M. Edouarii Biî.\NLY. — Siii l'ékctrolyse des | fcrmeiilanl à liante leiiipi-raturc \'.W<
tissus animaux .' l'i'ii - M. Pierhe liONXiER. — Les oLulithes et l'au-
M. P. lîorBr:ET. — Les origines de l'iode de ' dilion i3ij-
I
l'organisme. Cycle liiologique de ce me- j M. P.\ul Vuillemin. — Un cas de iricliu-
talloïde i364 ■ sporle (piedra nostras) observé en France, loli;)
M. Georges J.\couemix. — Procédé de pré- M. .Iosei'ii Jaubekt. — Sur l'orage du 29 mai
paration de levures basses de brassci-ic . ii|oi i3-i
lîULLETlN DIBLIOGRAPIIIQLE l'J74
PARIS. — IMPIUVIIÎRIE GAUTHimi-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, 5»
l^ Gérant .' ^AurBiBB-VlLLARi.
Ml 9 1801
1901
PREMIER SE3IESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK Yiri. KiBS SBOaérAIRBS PBHPfiTVEIiS.
TOME CXXXII.
IV" 23 (10 Juin 1901).
""paris,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustios, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDul
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. flj
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Noies
présentes par des savants étrano^crs à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne,
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparunassociéétrangerderAcadémiecomprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o payes par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendude la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rap|)orts ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, iis doivent
rédiger, séance tenante, des Noies sommaires, dont
ds donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au;
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Savani
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person,
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de Iji
demie peuvent èlre l'objet d'une analyse ou d'im,
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires ^o
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomir
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetExlr.
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilslefo
pour les articles ordinaires de la correspondance ol
cielle de l'Académie.
Article 3.
^ Le bon à tirer de chaque Membre doit être r^iis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à leni|ii
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Complereiu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte renduia
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,»
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraien
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux Irais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour lesRapporUf
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative w
un Rapport sur la situation des Comptes rendus a,.r
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du 1
sent Règlement.
dép::efrs\^r1urt"u'^^"a^T;:stedf;r' f^^^^^ Mémoires^ar MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de -
plus le Samedi qu, précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance smvan^
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 JUIN 1901
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Études sur la neutralisation. — Sur le titrage à l'aide des colorants
des acides et des alcalis à fonction complexe, par M. Berthelot.
« On sait que les fonctions complexes des acides et des alcalis peuvent
être discernées et même dosées, dans une certaine mesure, par divers
colorants. La différence qui existe à cet égard entre le tournesol, la phé-
nolphlaléine et le méthylorange a été l'objet de travaux approfondis, desti-
nés à distinguer les acides forts des acides faibles, et les fonctions multiples,
spécialement celles de l'acide phosphorique. J'ai montré l'application des
mêmes procédés au dosage des alcalis à fonction complexe, tels que les
diamines ('), et j'ai donné la théorie therraochimique de ces effets
(') Ann. de Chim. et de Phys., 7" série, t. XX, p. 180; 1900.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N- 23 ) I78
( i378 )
{Thermochimie : Données et lois numériques, t. I, p. 356). Des applications
pratiques fort intéressantes tle ces notions ont été faites à l'étude de l'acidité
des liquides organiques, tels que l'urine et le suc gastrique. Mais il s'agit
alors (le mélanges fort compliqués, dont l'étude donne lieu à des hypothèses
et à des discussions délicates. C'est pourquoi il me paraît utile déconsigner
ici quelques résultats observés sur des composés organiques purs, bien
définis, et susceptibles de fournir à cette diagnose des fondements certains.
» Le nombre des colorants aptes à virer par l'action des acides ou
des alcalis étant considérable, et le terme des virages variant pour
chacun d'eux, suivant les conditions des équilibres que déterminent les
fonctions propres des acides ou des alcalis qui produisent le virage, je
me limiterai aux colorants suivants :
» Le tournesol, le mieux connu et le plus usité, qui vire également,
quoique avec des teintes différentes, par les acides et par les alcalis,
même en présence de Tammoniaque;
» Le méthyloran ge , qui vire au rouge par les acides forts minéraux, de
même en présence de l'ammoniaque; il doit être employé à froid;
» La phénolphtaléine, incolore en solution acide, même avec les acides
faibles, mais colorable en rouge par les alcalis; elle ne réussit pas en
présence de l'ammoniaque.
» Le bleu Poirrier C^B rougit par les alcalis libres; bleuit parles acides
les plus faibles.
» Je rappellerai encore que les matières colorantes sont susceptibles
d'être entraînées par les précipités que forment, par exemple, les sels de
chaux ou de baryte : ce qui modifie les conditions des virages, soit immé-
diatement, soit au bout de quelque temps; à la fois par les réactions con-
sécutives plus ou moins lentes qu'éprouvent les précipités, et par la
fixation des laques colorées sur ces derniers.
» J'ai expérimenté les corps suivants, choisis à dessein parmi les types
des composés constitutifs des liquides de l'économie :
» Acides-alcalis, dérivés des acides-alcools, tels que l'acide oxyacéta-
mique, autrement dit amidoacétique, ou glycocolle, ou oxyacétamine ;
l'oxycaproamine, ou acide oxycaproamique, ou acide amidocaproïque,
autrement dit leucine;
» Les trois acides isomères oxybenzamiques, autrement dit oxybenza-
mines, ou amidobenzoïques, appartenant aux types ortho, meta, para.
» L'acide hippurique, dérivé amide normal de l'oxyacétamine et de
l'acide benzoïque; la taurine, acide-alcali dérivé d'un acide sulfoné;
( ï379 )
l'acide aspartique, acide alcool-alcali dérivé de l'acide maliqiie; enfin
l'acide uriqiie, dérivé complexe de l'urée.
» 1. Glycocolle (oxyacétamine ou acide amidoacétique)
C='H=AzO^ = 75.
Ce corps dérive de l'acide oxyacétiqtie C-H^(H^O)0- par substitution,
dans la fonction alcoolique, de AzH' à H-0; ou, ce qui revient au même,
de AzH* à H dans l'acide arétique C-H^O". On opère sur le corps cristal-
lisé. 3^^^, 700 + eau = 3oo'^'^; c'est-à-dire i molécule de glycocolle = 4"'-
» Phtaléine. — Réaction acide. 5o'='^ exigent iS'''^ NaOH décime
(^i^r ^^ l'it^ pour la neutralisation. Virage progressif.
» Cela fait, pour 4'" = i molécule du composé : 1 200" de NaOH (i mo-
lécule monovalente = 20'"). Soit NaOH + 16, 7 C'H" AzO^
» Méthylorange. — Réaction alcaline. 5o"' exigent iS"*^ de SO^H^
(2S'-,45 = i'''), I molécule bivalente = 40"'. Soit iSO^H^ + 16, 7C-H=AzO=.
» Tournesol. — Très légèrement acide. 5o" exigent i'^'',7 de NaOH
(26>-= i'"), soit NaOH + i5oC=H^\zO- environ.
» BleuC^h. — Réaction acide. Pour NaOH, décoloration progressive,
sans limite définissable.
» On voit par ces nombres que l'équilibre de dissociation déterminé par
l'eau : — soit entre la combinaison sulfurique du glycocolle, envisagé
comme base (oxyacétamine), et ses composants; soit entre la combinaison
sodique du glycocolle, envisagé comme acide (acide oxyacétamique), et
ses composants, — représente un système presque entièrement dissocié.
» C'est ce que montre également la Thermochimie : la formation de la
combinaison chlorhydrique dissoute (par HCl pour i molécule) dégageant
-+- i^*', et la formation de la combinaison sodique dissoute (par NaOH),
_l_ ^cai (^Therrnochimie : Données et lois numériques, t. H, p. 669). Ces équi-
libres varient d'ailleurs avec la proportion du dissolvant.
» 2. Leucine : C''H"AzO-= i3i. — Même fonction que le corps pré-
cédent. Dissolution : i molécule = 40'".
M Pliénolphtaléine. — Légèrement acide. Virage progressif par NaOH
(2S'' = ii«): environ NaOH -h )4 C''H"AzO^
» Méthylorange. — Légèrement alcalin. Virage par SO^ H-(2e'', 45 = 1 "') :
environ iSO' H- + 70 CH^.AzO-.
» Tournesol. — Sensiblement neutre.
» Bleu C^B. — Réaction acide. Le virage, mal défini d'ailleurs, sem-
( i38o )
Lierait indiquer le rapport CH^'AzO" -H NaOH ; ce qui répondrait aune
combinaison de l'ordre des alcoolates alcalins.
» 3. Acides benzamiques ou oxybenzamiques; Oxybenzamines :
C'H'AzO=' = 137. Dissolution i8%37-l-Eau = aoo'^S soit i molécule = 20"'.
Acide ortho. Acide meta. Acide Para.
Méthylorange. — Liquide à rétat de virage impossible à titrer.
Phtaléine : 1 mol. exige NaOH. . i mol. = NaOH 1 mol. NaOH
Tournesol : 1 mol. = NaOH d" d"
Bleu C^B : 1 mol. = Tia OH d" d°
» Ces trois acides ont une fonction acide bien caractérisée, à un degré
plus net que les dérivés de l'acide acétique ou caproïque; contraste qui
se retrouve en général lorsque l'on compare les dérivés phénylés aux
dérivés méthylés de constitution semblable. Il s'accorde avec ce fait que
la fonction alcaline n'est accusée par aucun des colorants précédents. Le
méthylorange ne fonctionne pas mieux qu'avec l'acide acétique et les
analogues.
» Rappelons que les trois acides oxybenzamiques dissous dégagent
avec la soude, NaOH, des quantités de chaleur de l'ordre de celles des
acides faibles proprement dits, soit pour i mol. :
tandis qu'avec l'acide chlorhydrique HCl on a seulement +2,7 (meta).
» 4. Acide aspartique (malamine ou acide malamique) C^H'AzO*
dissolution : o^'', 3oo + Eau = 5oo".
» Réaction acide. Dosage par colorants incertain.
» 5. Acide hippurique (amide régulier dérivé de l'acide benzoïque et
du glycocoUe) C*N*AzO'=: 179. Dissolution : 2S%ooo + Eau = Soo'^'^.
» Réaction acide à tous les colorants signalés dans la présente Note.
» Tournesol, i mol., sature 1 mol. NaOH exactement.
» Phtaléine, de même.
» Méthylorange. Réaction nettement acide. Virage progressif, se termi-
nant approximativement vers NaOH.
» BleuCn^. Virage mal défini, mais se terminant au voisinage de NaOH.
M Tous les colorants essayés indiquent la monobasicité.
» D'ailleurs la chaleur de neutralisation de l'acide hippurique dissous,
soit + 13'^"', 8 par mol., répond à une fonction franchement acide.
( i38i )
» 6. Taurine : C'H'AzSO^ (aminé de l'acide iséthionique). Dissolution
jgr _l_ Eau = Soo'^'^. Neutre aux trois teintures (tournesol, phtaléine,
méthylorange).
» 7. Acide urique : G*H*Az'0' = i68. — La faible solubilité de cet
acide ne permet guère de mesures précises. Aussi les chiffres qui suivent
sont-ils indiqués seulement à titre de renseignements.
» J'ai opéré sur une solution renfermant 0^,0093 de cet acide, à la
température de 4o°.
» Tournesol, réaction acide, neutralisation apparente avec environ
2 mol. d'acide pour i moi. NaOH.
» Phtaléine, réaction acide, neutralisation apparente avec environ
I mol. 5 d'acide pour NaOH.
» Méthylorange, réaction alcaline. Virage progressif incertain.
» Bleu C^B, réaction acide. Virage incertain.
» Voici maintenant quelques essais relatifs au partage des bases entre
l'acide phosphorique et les acides hippurique et oxyacétamique (glyco-
colle), acides susceptibles de se rencontrer avec les phosphates dans diffé-
rents liquides de l'économie animale, tels que l'urine.
» 8. Acide hippurique et phosphates :
,0 jmoi rtc. /a/j/jwrtyae -t-i™"' PO*NaH-.
Méthylorange. — Titre acide : i^'i environ.
Phtaléine. — Titre acide : 2«i.
1"'°' ac. hippurique + 2P0'NaH''.
i«'i environ : un peu incertain.
3"i.
» L'acide hippurique est titré à peu près comme seul par le méthyl-
orange, vis-à-vis duquel le phosphate monosodique est neutre.
» Vis-à-vis de la phtaléine, l'acidité de ce sel s'ajoute à celle de l'acide
hippurique.
» 1" 1'°°^ acide hippurique -h i'""^ VO'Hiii^il.
)) Méthylorange : plutôt alcalin; titrage par H Cl incertain.
» Phtaléine: titre acide : i'^'',oi.
M Ainsi, l'acide hippurique prend sensiblement le second équivalent
de soude à l'acide phosphorique; ce qui offre de l'intérêt dans les études
relatives à l'acidité de l'urine, où les deux acides coexistent.
» 3" i'^"^ acide hippurique -h i'""^ PO' Nai\
» Méthylorange: liqueur alcaline, titrage par HCl incertain.
» Phtaléine : liqueur neutre; une seule goutte de HCl décolore.
» Ainsi l'acide hippurique a pris nettement le troisième équivalent
d'alcali à l'acide phosphorique.
( i382 )
» 9. Glycocolle et phosphates. — On a opéré seulement avec le
phosphate bisodiqae : C=H^AzO^ + PO*Na=H.
» Méthvlorange. Réaction alcaline. La liqueur exige i équivalent HCl
pour la neutralisation.
» Phtaléine. Réaction acide. La liqueur exige, pour être neutralisée,
une quantité de soude très faible et sensiblement la même que celle
qu'exige la même dose de glycocolle pur, c'est-à-dire sans phosphate.
» Le glycocolle n'enlève donc pas sensiblement d'alcali au phosphate
bibasique, et les deux corps dissous se comportent vis-à-vis des indica-
teurs comme s'ils étaient seuls. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Màe en équation des phénomènes de convection
calorifique et aperçu sur le pouvoir refroidissant des fluides ; par M. J.
BOUSSINESQ.
« L Le problème le plus simple relatif aux phénomènes de convection
calorifique me paraît être celui des courants permanents que produit dans
un liquide pesant, de grande étendue en tous sens et (primitivement) au
zéro choisi de température, un solide fixe immergé, que l'on maintient
chauffé à une certaine température a. Nous désignerons par p la densité du
liquide, par 6, u, v, w, P, fonctions de x, y, z à déterminer, sa tempéra-
ture, devenue invariable eu chaque point {x,y,z) de l'espace, les trois
composantes de sa vitesse et la partie non hydrostatique de sa pression,
quantités s'annulant toutes, asymptoliquement, aux dislances infinies d<'
l'origine, autour de laquelle restent localisées les perturbations qu'en-
traîne réchauffement du solide.
» A6n d'atteindre le maximum de simplicité, tout en laissant subsister
le caractère essentiel du phénomène, nous supposerons la ddatabilité du
liquide par la chaleur assez faible et, par contre, la pesanteur g assez
forte, pour que la réduction de poids de l'unité de volume liquide,
qu'opère réchauffement 9, soit sensible, mais non le changement relatif
des volumes liquides dans les termes où il n'est pas multiplié par g. Bref,
réchauffement 6 est censé ne modifier notablement que le poids de l'unité
de volume. Appelons py la réduction qu'il y produit par degré centigrade,
ou pyô la réduction effective; et, l'axe des s étant supposé vertical, dirigé
vers le haut, les quatre équations indéfinies ordinaires de la dynamique
( i383 )
des liquides deviendront
. s du dv dw \ dV , 1 dP , i dP .
(l) T l-j--t-j- = 0' - TT- — — "^ ' - ZT = — *' . - ZJ- = Y^ — ^'^^ •
^ ^ dx dy dz p dx p dy p dz '
u', v' , w' y désignent les accélérations du fluide suivant les axes.
» Pour former l'équation indéfinie en ô, considérons, à l'époque /, un
volume liquide élémentaire dts. Comme dans une particule solide isotrope
et athermane, c'est le mode actuel de distribution des températures, dans
les couches de matière contiguës à sa superficie, qui règle les flux calori-
fiques y entrant ou en sortant pendant un instante^/; et, par suite, la conduc-
tibilité lui procure, durunt cet instant <//, une quantité de chaleur exprimée
par (KA.^f))du5 dl, K étant le coefficient de conductibilité intérieure du
liquide. Si donc on appelle 9' la dérivée de la température par rapport au
temps, dans la particule matérielle du, etCla capacité calorifique du fluide
par unité de volume, la chaleur C^dus de la particule s'accroîtra, durant
l'instant di, d'une différentielle, C^' dtdxs, égale à (KA2 6)c?nyc/^; et l'équa-
tion cherchée sera
Mais la dérivée 0' s'obtiendra, conime les dérivées u', v' , w' des vitesses, en
faisant, dans l'expression de 0, croître a?, j, z de udt, vdt, wdt; de sorte
qu'on aura la (|uadruple formule
(3) (a',r,^.',6') = "-^-^:r — + ^' — -d-y — -^^~-ir^-
» Aux cinq équations indéfinies (i) et (2), il faudra joindre évidemment
les sept relations définies suivantes, dans l'une desquelles >., [j., v désignent
les trois cosinus directeurs de la normale menée de l'intérieur du fluide à
un élément quelconque d<i de la surface du corps :
(à la surface du solide) \u -\- \)X -^^w ^ o et 0 = a,
(aux distances infinies de l'origine) (P, u, c, w, 9) = o.
En effet, à la surface du solide, le fluide en contact prend instantanément
la température a de celui-ci et la composante normale \u -\- \j.v -i- viv de la
vitesse est nulle.
» II. Tâchons de remplacer tant les variables indépendantes x, y, z
que les fonctions 0, u, v, w, P, par d'autres, \, vi, C, 0, U, V, W, II, qui soient
respectivement proportionnelles à chacune d'elles, mais avec coefficients
de proportionnalité choisis de manière à éliminer les paramètres a, y, p, p.
(4)
( 1384 )
On reconnaît aisément qu'il convient de poser, pour cela,
(5)
5=(^)'- -(^)V. ï=(-^)'-.
i = ae, « = (^
Et les équations indéfinies (i), (2) deviennent
dV dV cTW _
dl '^ d-n '^ dl ~ °'
, rfn _ rfn ^n _ _ _, o?=0 rf-e c?'0
(6){^~~ ' d^ ' rf^~®""^' ^ -W '^ d^^ W
où
^ ' ' ' ^ rf? C?T) 6?Ç
» Donnons-nous, d'ailleurs, l'équation du solide sous la forme
(') /[C-^)'-(°#)V.(^f^]--
ce qui reviendra, si le coefficient/ — ^^ 1 change, à considérer, au lieu du
solide proposé, des corps qui lui soient semblables, mais de dimensions
inversement proportionnelles à ce coefficient, ou d'un volume en raison
directe de — j=^- Alors les cosinus directeurs X, p., v de la normale resteront
les mêmes aux points homologues; et les conditions (4) aux limites
deviendront
/ (à la surface/(^, r,,'C) = o), >,U + i-»- V + v W = o et 0 = i,
(8') j \
( (aux distances y/^- + •/i^ + C' infinies) (II, U, V, W, 0) = o.
» Le système d'équations (6) et (8) devant déterminer U, "V, W, 0, H en
fonction de E, yi, *(, il suffira de substituer dans ses intégrales, à ces huit
nouvelles variables, leurs expressions tirées de (5), pour avoir cinq rela-
tions de la forme
[0 («^^ P -1
= des fonctions définies de (^^^^-j x, [-^7-) y< [~~]^^^) ^'
( i385 )
» On voit que, si l'excédent a de température des corps considérés reçoit
différentes valeurs, les vitesses u, v, w du fluide seront, aux points homo-
logues de l'espace entourant ces corps, proportionnelles à la racine
cubique, a', de cet excédent, et qu'une même fraction 0 de celui-ci sera
prise, en ces points homologues, par le fluide y effectuant son passage.
» III. Le flux F de chaleiu- fourni dans l'unité de temps par l'unité
d'aire d'un quelconque des corps, égal à celui que la couche liquide con-
tiguë communique au fluide plus intérieur, aura, comme on sait, l'expres-
sion K(>. -; — h 7.^7 — h V '7- )• En V introduisant les nouvelles variables et
V dx ' (// dz)
fonction ç, ri. 'C, 6, on aura donc
(■o) F=(KC-y)'a»(^^+;.^H-v^).
u Aux points homologues des surfaces /"(E, •/;, C) = o limitant les corps
considérés, les cosinus directeurs X, a, v et les dérivées -779 r: f*nt
mêmes valeurs respectivement. Donc le flux de chaleur fourni par l'unilè
d'aire des corps semblables dont il s'agit est proportionnel, en ces points homo-
■1
logues, à la puissance \, a^ ou a''"", de l'excédent de température de chaque
corps sur la masse du fluide; et il dépend des autres propriétés physiques
de celui-ci par le facteur (RC-y)', croissant avec sa conductibilité inté-
rieure R, avec la capjicitè calorifique C de son unité de volume, enfui,
avec le produit, y, de la gravité g par l'accroissement de cette unité de
volume pour un degré d'élévation de la température.
» Si, l'excédent « venant à croître, le solide, au lieu de se contracter
en volume dans un rapport inverse de a, gardait ses dimensions, l'unité
d'aire de sa surface serait moins courbe et, par conséquent, moins con-
vexe, que ne le suppose la formule (10) quand ^, r„ ( y conservent leurs
valeurs. Or, on conçoit que, toutes choses égales d'ailleurs, une forme
moins convexe de l'unité de surface restreigne dans une légère mesure
les rapports du solide avec le fluide ambiant, rapports qu'une forme
concave réduirait évidemment : ainsi, il est vraisemblable qu'une moindre
convexité atténue la quantité de chaleur emportée par le fluide. Donc le
flux F doit, en réalité, quand l'excédent a augmente chez un même corps,
croître un peu moins vite que la puissance à" ou a'''"; et l'on s'explique
que les expériences de Dulong et Petit aient indiqué des flux calorifiques
c. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N° 23.) I79
( i386 )
de convection sensiblement proportionnels à a''-'\ on aient conduit à
adopter un exposant de a inférieur à ^ de o,i environ.
» Ces expériences, il est vrai, concernaient le pouvoir refroidissant des
çaz et non des liquides. Mais si les variations de volume du fluide à tem-
pérature constante, alors un peu sensibles, devaient y compliquer les
phénomènes de convection, rien ne dit qu'elles en changeassent notable-
ment les traits principaux; car la cause de ces phénomènes est toujours
dans la réduction, à pression constante, du poids de l'unité de volume par
réchauffement.
» Dans l'hypothèse où il en serait ainsi, c'est-à-dire où nos formules
pourraient être approximativement appliquées même aux gaz, la diminu-
tion de 0,1 effectuée sur l'exposant^ de a, dans (10), constituerait donc
une correction empirique de la variation produite sur le facteur trinôme
1-7=- H- fj.-, — hv-— ! par un agrandissement des dimensions de la surface
dl, ' rfr, al ^ °
1
type f(^,r,,'Ç)^ o dans le rapport de i à a% agrandissement qui, par
conséquent, aurait à peu près, comme effet, sur le trinôme, de diviser sa
valeur par a"' := \a'^ )"'''. Alors l'agrandissement analogue dont il faudrait
pouvoir évaluer l'effet réducteur sur le même trinôme, si l'on fait varier
indifféremment a, y, C ou R sans modifier les dimensions du corps, sera,
1
(a V C^ \ '
-^T~ ) >
et, vu que la fonction 0 définiepar le système d'équations (6) et (8) change
de la même manière à raison de cet agrandissement, quelle qu'en soit
la cause, le trinôme se trouverait alors, dans (10), divisé à peu près par
—~- j • Ainsi, \e, pouvoir refroidissant des divers fluides , sur un même corps,
K-
serait, d'après (10), proportionnel au produit
(RC^yf a^ï ^^V'" = y"'"-^ R»'"' G"''" «'-=";
il serait, d'ailleurs, indépendant de la nature du corps et de l'état physique
de sa surface, conformément à ce qu'a montré l'expérience.
» IV. Il semble qu'on peut encore, simplement, dégager des équations
précédentes un résultat intéressant, du moins quand le corps est plus
étendu suivant le sens vertical que dans les sens horizontaux, ou même
quand c'est un plateau large, mais beaucoup moins épais que haut, sus-
pendu verticalement, de manière à avoir, par exemple, ses deux faces
( i387 )
perpenciiculaires à l'axe des x. Alors les courants peuvent être principale-
ment verticaux et, emportant la chaleur dans le sens des z positifs, ne
laisser l'échauflement du fluide se produire d'une manière sensible qu'à
des dislances horizontales du corps bien moindres que sa hauteur,
M Cela étant, s'il s'agit, par exemple, du plateau normal aux x, tirons
des deux équations (i) qui contiennent «' et w , la condition d'intégrabililé
deP,
» Multiplions-la par dx et intégrons, du côté du plateau où x est, par
exemple, positif, depuis x = -y^, où 6, (v , ii! s'annulent, jusqu'à une valeur
de X quelconque. Il viendra, en transposant — w' ,
,-f) = (V — / , ax.
r^-^^-f dz
» Or, ici, le dernier terme est bien moindre qu'il ne serait si l'on y
remplaçait la dérivée en :; de u' par sa dérivée en x, supposée notablement
plus forte; ce qui donnerait à ce terme, comme valeur, — u' , c'est-à-dire
une fraction encore minime du terme précédent w' . Ainsi l'on a, sauf
erreur négligeable,
(il) M^'^ye.
» Autrement dit, l' accélération ascendante du fluide est partout proportion-
nelle à son échauffement actuel 9. Donc les courants de convection accrois-
sent sans cesse leur vitesse verticale, à mesuçe qu'ils s'élèvent non seule-
ment à côté du corps, mais même au-dessus de lui, ou après l'avoir dépassé,
jusqu'à ce qu'ils se soient, tout en montant, assez étendus latéralement
pour avoir acquis des dimensions horizontales comparables à la hauteur
totale parcourue et avoir mis ainsi en défaut, avec notre raisonnemeni, la
formule même (i i).
» On voit que ces courants naissent à de petites distances au-dessous du
corps, là où commence à se faire sentir sa chaleur, qu'ils s'accélèrent et,
par suite, s'effdent ou s'aplatissent de plus en plus, contre le corps, en
s'adjoignant sur leur côté extérieur le fluide latéral qu'ds échauffent en
chemin ; après quoi ils s'étendent très loin au-dessus du corps, en s'y conti-
nuant, à raison de leur vitesse acquise, même après s'être presque entière-
ment refroidis. »
( i388 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la série de Bernoulli.
Note de M. G. HJittag-Leffler.
« Jean Bernoulli a donné déjà en l'année 1694, vingt et un ans avant
que Brook Taylor publiât la série qui porte son nom, la formule suivante :
/(„) _/(o) =/'(«).«-/"(«) :^ +/'"(«) 7:^3 -■• ••
» Le fameux théorème de Cauchy (Cours d'Analyse, p. 286) nous donne
le moven de fixer le domaine de convergence de la série de Taylor. Il est
donc naturel de se demander : Existe-t-il un domaine de convergence de
la série de Bernoulli, c'est-à-dire un domaine E tel que la série soit tou-
jours uniformément convergente pour chafjue domaine situé à l'intérieur
de E, mais divergente pour chaque point à l'extérieur de E ? Quel est dans
ce cas le domaine E ?
» Cette question, tout en restant très élémentaire, a un certain intérêt
par son rapport avec les recherches nouvelles qui ont été entreprises par
moi-même et d'autres sur la représentation analytique d'une branche uni-
forme d'une fonction monogène.
» Écrivons la série de Bernoulli sous une forme qui fait mieux ressortir
son rapport avec la série de Taylor.
« Mettons d'abord /"(«) = F(^ -4- u) et changeons après :; -f- m en x\ Nous
obtiendrons alors
F(.) - F(œ) = F'(^)(= - ^0 + F"(^0 ^^— +r"'(^)^^ +• • •.
série qui est celle de Taylor, x étant regardé comme constante et z va-
riable, et qui devient la série de Bernoulli quand, au contraire, z est re-
gardé comme constante et a; variable.
)) La méthode suivie par Bernoulli pour obtenir cette série reste encore,
en y apportant la rigueur moderne, la plus directe et la plus élégante. Il
écrit l'identité
F'(^) - v'(.v) +:f"(^)(^ - =) - F"(^-) 0^- - =) - f""(^) ^-^7^
et il obtient sa série en intégrant par rapport à jc.
( i389 )
» Je suppose maintenant que les constantes Fl^s), F'{z), F"(s), ...
soient assujetties à la condition de Cauchy, c'est-à-dire que la limite
supérieure des valeurs limites de \\/~ — ;F<'''(:;) soit finie (voir ma
Note Acta math., t. XXIII, p. 23). Je construis l'étoile principale A
de centre z appartenant à ces constantes (voir ma Note Acta math.,
t. XXIII, p. l\S, ainsi que Acta math., t. XXIV, p. 200).
» Ecrivons la série de BernouUi sous la forme que voici :
Y[z + x- z-{x-z)\= V{z + .1: -z)^ V'{z +.r - z)
^V\z-^.v-z)^-^-'^
(^■-;)
1 . 2
F-(c + a^-.)^- ;"- = >!
1.2.3
» En s'appuyant sur les considérations que j'ai employées (^Acla math.,
t. XXIV, p. 1 91-192), on voit sans peine que cette série possède une
étoile de convergence qui est la même que celle de la série
F[- -^ ■x{x - =)J = F(= + a- - ;) -+- F'(- +x- z) — — '
+ F"(:;-4-a--s)^:^^-^=^
V"\z+x-z)
-\ (■^■
1.23
et qui s'obtient de la manière suivante. Fixons un vecteur L issu du
point :;. En désignant par r une quantité positive suffisamment petite et
en limitant le vecteur à la longueur r, il arrivera que le cercle de rayon r
décrit de l'extrémité de ce vecteur limité, comme centre, fera partie
de A. Désignons par p la limite supérieure de r. Faisons faire au vecteur L
un tour entier autour du point [z, en lui donnant en chaque position la
longueur du p correspondant. L'étoile E, qu'on obtient de cette manière,
est l'étoile de convergence de la série de Bernoulli.
» On voit que l'étoile de convergence E de la série de Bernoulli
F(a.)= F(.) + F'(*-)('^- - ^) - t^'X^O ^"^—f^ + l-""(^) ^^^ri^ +• • •
iliffère essentiellement du cercle de convergence C de la série de Taylor
F(a;) = F(:^) + F'(=)(x--=) + F"( = )^^^ + F"'(^)^-^^f^+....
( «390 )
>) Mettons, pour avoir un exemple,
F(j7) = log (1 +a;); :; = o.
M Le développement de Taylor nous donne
M Le cercle de convergence ayant le point j; = o pour centre passe par
le point singulier a: = — i . Le développement de BernouUi nous donne
f' ■ ■' ^mk '1. -t- I \ I -1- œ )
pL= n
» L'étoile de convergence E, tout en ayant a; = o pour centre, consiste
dans la partie du plan des x qui est située à droite d'une perpendiculaire
à l'axe réel passant par le point a; = — ^.
» Nous avons vu que la série
Y\z. + i{x — z)\ = Y{z ^x-z)^Y'{z^x- z){x - z)
+ F"(:: + X - z) L^l-^-^- -4- \'"'(z -+-X- z) ^-^ '/ + . . .
^ 1.2 ^ '^1.2.0
possède la même étoile de convergence E que la série de Bernoulli.
» En mettant ^(x — z) au lieu de a; — :^. on obtient
M Si l'on suppose toujours z constante et x variable, l'étoile de conver-
gence C de cette nouvelle série se déduit évidemment de l'étoile de con-
vergence E de la série de Bernoulli, en donnant au vecteur L, dans chaque
j)Osition différente, la longueur 2p au lieu de p.
M 11 mérite d'être remarqué que cette étoile C, comme M. Phragméii
vient de le démontrer, est en même temps l'étoile de convergence de l'ex-
pression deLaplace
^ ^ / ^ i . 2 . . . V I . 3 ... V
*- 0
qui a fait dans les dernières années le sujet des recherches si variées,
d'abord de M. Poincaré et puis de M. Borel.
( i39i )
» On peut écrire la série de Bernoiilli-Taylor sous forme d'une expres-
sion limite
F(.) - F(ar) = lim 2F'^'(^)T:iT^-
v = l
» Nous avons vu qu'en choisissant l'une des deux quantités x, z pour
constante et l'autre pour variable on obtient toujours une étoile de conver-
gence, mais que celte étoile est fort différente dans les deux cas.
» Cette même circonstance a lieu pour les autres expressions limites
embrassant la série de Bernoulli-Taylor comme cas spécial, que j'ai données
dans des travaux antérieurs. Mais j'ai formé aussi d'autres expressions
limites
F{z.) - F{.x) = \ims^{z, x),
d'une nature plus générale et valables dans une étoileque j'ai désignée par
la lettre A ('). Si dans ces expressions on regarde la quantité x comme
constante, l'expression est valable dans l'étoile A de centre x. Si, au con-
traire, on regarde 5 comme constante, l'expression est valable dans l'étoile A
de centre z. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales eulêriennes incomplètes de
deuxième espèce et les intégrales indéfinies des fonctions précédentes. Note
de M. E. Vallier.
« Les intégrales eulêriennes incomplètes île deuxième espèce ont été à
peine étudiées par Legendre, par Hocevar et par Prym.
» Ces fonctions semblent appelées à jouer un rôle dans les études de
balistique intérieure et, pour cette raison, on va en résumer ci-dessous les
propriétés déjà connues ou celles que l'on a pu reconnaître. Le même
travail, et pour le même motif, est fait pour les intégrales indéfinies de ces
fonctions elles-mêmes.
» On appelle intégrale eulérienne incomplète de deuxième espèce la
fonction
y(«,.r)=|"^«-'e-
(') J'ai donné, dans chacune de mes trois premières Notes dans les AcCa math., une
expression limite différente.
( (392 )
qui, pour ic infini, se confond avec l'intégrale complète
T(n)= f x"-' e-"- dx.
» Op désignera par la notation u(n, j:) et l'on étudiera parallèlement la
fonction
u(n,x)= y(n,x)dx.
» On distinguera trois cas dans cette étude : celui oii n est entier; celui
où n est égal à un entier augmenté de -> c'est-à-dire de la forme —^
k étant entier, et enfin celui où n est quelconque.
1) I. Cas de n entier. — L'intégration par parties donne immédiatement
y( /? -H I , a?) = « v(«, x) — x"e~'',
d'où, par substitutions successives
^ -^ I —n\ — \.x-" + /ix"'-\-/i(n—j)v"~--h...-+-nin—i)...2x-i-nl]e'.
» En intégrant à son tour celte expression de o à x, on écrira
( u(n + i,x)
( 2 )
( =n\x—[y{ii-\'i,x)-hny(n,x)-\-n(n—\)';{n'-},x)-h...]e'\
et, remplaçant dans cette relation les y par leurs valeurs, on trouvera sans
difficulté
i ii(n-\-t,x) — nl(x—n— ])-\-\x"-h -^nx"'' -i-'in{n — i)x"~-
» Les relations (2) ou (2 bis) seront utilisées pour le calcul de
//(n + I , x), selon que l'on aura ou non calculé les y au préalable.
» IL Cas où n est quelconque. — Dans ce cas, les développements qui
précèdent ne sont plus finis et les séries qu'ils forment ne sont plus
convergentes; il faut donc recourir à une autre méthode.
» Reprenant à cet effet la formule d'intégration par parties, on écrira
'.-(n, x) = - [y(n -+- \,x') -+ x"e -^j,
et, par substitutions successives à n des valeurs « + 1, n -h -i, etc., on
obtiendra
( i393 )
ou encore
( j ) y( 'i + I » *■ ) = r( « + I ) ^ 1 = — I — -,
» De même que précédemment, on en déduira u{n ^i,x) sous la
forme
ou, en remplaçant les y par leurs valeurs
et l'on vérifie aisément que ces développements sont convergents.
') On peut encore obtenir une autre expression en procédant comme il
suit :
M En reprenant la série d'intégrations par parties suivant les valeurs
décroissantes de n, on voit que l'on a
y(« -+■ \,x) = — œ"e'' -*- ny(n, x)
ou
Y(n -+- i,x) = — (x" -\- n.x"~')e-''-h n(n — i)y(/< — i, a;)
ou plus généralement
y(« -i- i,x) = — [x" 4- nx"-' -+- n(n — i )x"-- -h . . .
-hn(n — i)...(n — k -\- [)ic"-*]e-'^
-+- n (« — I ). . .(« — k) y (« — k, X ).
» Soil maintenant k le plus grand entier compris dans n, de telle sorte
que l'on ait n — k—- i^= -■, le dernier terme de la valeur de y(/i -\- \, x)
devient
n{n — i). . .(rt — X-) / x'-^er'' dx,
ou, en posant x ^ y^
n(n — (). . .(n — k) f le-^'dy
d'oii enfin
I y(rt + I, 0?) = — [.r"+ «a;"-' + ... + «(« — i)...(n — k+ iVr"-*]?-''
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N» 23.) 180
((i)
( i394 )
» Quant à l'expression de ii(n -h i , x), on l'obtiendra de la manière
uialogue, en écrivant
u(n -+- i,a:) = — e~^[y(n -h i,x) -+- ny(/i,jr) -h . . .
■+- ri(n — i).. .(n — k ■+- i)y(« — A- + i , x)]
-h n(it — \). . \n — k) I dx f le~'^' (Lr .
» Pour évaluer le dernier terme, reprenant la notation x =.r'^, on aura
sous les signes /
r Ky'-'dy f Ic-y^dy
ou, en intégrant par parties,
y'^ f \e-y' dy - f \y'>' e-y'' dy = (y' — \) f Xi--'' dy + ye-^'-
et, remplaçant dans l'équation (6) chacun des termes y par sa valeur dé-
duite de l'équation ( >),
j u{n + i,x^ — e~^\x" ^ 2nx"~' -4- 3n(n — i)x"''-
\ -+- \n(n — i)(n ~ 2)x"~'' -f- . . .
(^bis) < ^(^k-hi)n(n — i)...(n—^--hi)x"-'']
n(
n-i)(n- k) Th/ - {-k- i) jT' e-y' dy +ye-A .
« Sous cette nouvelle forme, on voit que les deux fonctions peuvent se
calculer à l'aide d'un nombre limité de termes, si l'on dispose de Tables de
la transcendante / c^'ày.
» Ce cas se présente pour la valeur! = 2, c'esl-à-dire lorsque n est de
la forme k -+- i.
» III. Cas où n est de la forme k ■+- v. — Lorsque n est de la forme k -+- ^,
l'intégrale / e~''dy n'est autre que la fonction employée dans le calcul
des probabilités, et l'on a dressé les Tables de
» En introduisant cette notation dans les formules de y(n + i, a) et de
( iSgS )
u(n -h i, a) données plus haut, on écrira
l y(n -h 1 , X ) ~ n(n — i) (n — ■2) . . .(n — k) s,lv:His/x-)
( 7 ) - e-' [x" + nx"-' + ,j (,?,_, ) x"-- + . . .
( -hn{n— i) . . . (n — k -h i)x"-''\,
ou encore, pour n'avoir que des puissances entières de x entre crochets,
j y(« -i-i,x) = r(N -+- i)n(v'I-)
(7*") j -x^e-^[x'-i-nx'-'-r-n{n-i)x''---h. ..
[ -h n(n — i){n —k-hï)],
et de même
1 u(n ■+- I, x) — (x — n ~ i)T{n + i)n{\Jx)
i -^ kn{n — i) .. .{n — k -\-i)x
\ + 2{n^ i)n{n — \) . . .{n ^k)\.
» On remarquera que dans cette valeur de u{n +1, x) le dernier
terme de la parenthèse, lequel est indépendant de x, ne comporte pas la
môme formation que les précédents. Cela lient à ce qu'il provient de l'ad-
jonction, au terme de formation normale, d'un terme provenant de l'inté-
gration de la transcendante n, comme il est exposé en détail plus haut.
On peut encore écrire la série de termes entre crochets sous la forme
\x-
Js
3n{n — I ) a"*~- + . . .
+ (^--t- i)n(n — i) . . .{n — k)x''-'' -h (k -h i)n(n — i). . .« — k)],
où le terme complémentaire est mis en évidence. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la (]am-
luission chargée de décerner le prix Leconte.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
MM. Fouqué, Bouquet de la Grye, Darboux, Berthelot, Bouchard,
Janssen, Poincaré, Grandidier, Laussedat, Roux, Moissan.
( '396 )
CORRESPOND AN(JE .
M. le Secrétaire perpétuel présente le compte rendu de la première
Assemblée générale de l'Association internationale des Académies, « pre-
mière Assemblée générale tenue à Paris du i6 au 20 avril 1901, sous la
direction de l'Académie des Sciences de l'Institut de France ».
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i** Un Ouvrage intitulé : « Annals of the astrophysical Observatory of
the Smithsonian Institution ; I*"^ Volume par M. Langley. F'= Partie : The
Absorption lines in the infra-red spectrum of the Sun; IP Partie : Snbsi-
diary researches ».
2° J.e cinquième fascicule de l'Atlas photographique de la Lune, pubhé
par l'Observatoire de Paris, exécuté par MM. M. Lœwyel P. Puiseux.
3° Un Ouvrage de M. ^4. Aupetit intitulé : « Essai sur la théorie géné-
rale de la Monnaie. » (Présenté par M. Poincaré.)
La Société des Amis des Sciences physiques et mathématiques de
Poltava invite l'Académie à s'associer à la célébration du centenaire de la
naissance de Michel Os Irogradsky, qui aura lieu à Poltava le 12/25 sep-
tembre 1901.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — SiiT le domaine de convergence de l'intégrale
infinie 1 F (ax)e-" da. Note de M. E. Phragmën, présentée par
M. Appell.
« Parmi les expressions analytiques propres à représenter des fonctions
monogènes, l'intégrale de Laplace
(i) f Y{ax)e-''da
i/o
est une des plus intéressantes.
( i397 )
» C'est surtout à M. Borel qu'on doit une étude approfondie de la con-
vergence de cette formule de représentation. Mais M. Borel ne s'est occupé
que de la convergence absolue, et la question du domaine de convergence
simple n'a pas été disculée, à ce qu'il semble ( ' ). Celte question est cepen-
dant d'une grande simplicité, et peut être traitée en deux mots.
» On démontre facilement, en effet, que le domaine de convergence de
cette intégrale (i ) possède toujours l'une des deux propriétés qui, d'après
la définition de M. Miltag-Leffler, caractérisent une étoile. Cette propriété
peut s'exprimer par le théorème suivant :
» Théorème I. — Si .t,, est l'affixe d'un point de convergence pour l'inté-
grale ( I ), tout point dont l'affixe peut s'écrire
oc = fix„,
avec la condition
o<9=r,
en aussi un point de convergence.
» Voici la démonstration de ce théorème fondamental.
» D'après l'hypothèse, l'intégrale (i) converge pour x =z x^. Posons
F(a.r„) = (?(«) -f- jJ;(a),
(p(«) et ']'(«) étant réels. Les deux intégrales
f ^(a)e'"da, f ^(a)<r"da
convergent, et il s'agit de démontrer que les intégrales
f ff(Oa)e-"da, f ']^((ia)e~'' da
convergent de même pour o-<9;;i. Considérons par exemple la pre-
(') Il faut toutefois rappeler les recherches relatives à la formule célèbre de Rie-
manu
logÇ(5)
-/■-
r) .r"*"' dx
et aux. formules analogues, ainsi que celles qui ont rapport aux séries de Diriclilel-
Dedekind I,\a\k}\
( '398 )
mièi e. On a
= -/ e ^'^ >o(a)e~"da= — r / ''j(a)cr"da.
a désignant une certaine valeur entre a, et a,. C'est une application du
second théorème de la moyenne pour les intégrales définies.
» Il s'ensuit immédiatement que l'intégrale / {p(8«>~"rfa converge
pour o<^95i, et même qu'elle converge uniformément, pour h^(i<i,
S étant positif.
» Dans le même ordre d'idées, on démontre facilement plusieurs autres
théorèmes; mais l'espace restreint ne me permet que d'énoncer quelques-
uns des plus simples.
)) Théorème II. — La /onction que représente, d'après le théorème I, l'in-
tégrale (i) sur le rayon OV formé des points a; = 6a;o(o << 9 < i ), est égale à
une fonction monogène, régulière à l'intérieur d'un cercle décrit sur OP comme
diamètre.
» Théorème III. — Dans le cas où la série
possède un rayon de convergence différent de zéro, le domaine de convergence
de l'intégrale ( i ), où l'on a fait
T^/ \ '^•"^ iax)-
Y(ax)=^c^-^c^Y -^-'^s— 1^ -f-...,
est une étoile et coïncide avec le domaine de la convergence absolue (^polygone
de sommabilité) déterminé par M. Borel, abstraction faite, bien entendu, des
points situés à la limite.
n Théorème IV. — Puisqu'on a identiquement, dans le cas indiqué au
théorème llf.
d
da
^"'2^]I ^^^ + c, ^ + c.x-- ^-. . . + cx., a?'-' )
'(c.
iaa-Y
( i399 )
V expression
( 2 ) lim (-■"" yi >■ 7^ < c„ + c, a; + c„ -t-'- 4- . . . + '•>,_, i
e^f absolument identique à l'intégrale ( i ) où l'on a fait
F(aa;) = e„ + f, "î^ + r:, i^ + . . .
et le domaine de convergence de cette expression (2) est par conséquent aussi
déterminé par le théorème 111. »
MÉCANIQUE. — Sur un invariant remarquable de certaines transformations
réalisées par des appareils enregistreurs. Noie de M. Rabut, présentée
par M. Haton de la Goupillière.
« Dans le problème de l'enregistrement d'un mouvement oscillatoire,
la principale difficulté réside souvent dans les réactions de la transmission
qui se traduisent, suivant le cas, par un amortissement ou, au contraire,
par une exagération des écarts du mobile. En principe, on obtient toujours,
au lieu du diagramme strictement exact, une figure qui en dérive (ou
dont il dérive) suivant une certaine loi de transformation. Souvent l'ex-
pression analytique de cette transformation n'est pas difficile à établir,
mais il ne s'ensuit pas qu'on puisse facilement corriger le diagramme
recueilli, de manière à en tirer le diagramme exact. Nous avons montré
[^Renseignements pratiques pour l'étude expérimentale des ponts métalliques
{Annales des Ponts et Chaussées, septembre 1897)] l'impossibilité de cette
correction dans le cas de l'enregislremeut des flècbes de ponts, et plus
généralement des déplacements linéaires, au moyen d'une transmission
funiculaire à poids tenseur.
)) Il peut arriver, néanmoins, qu'eu égard à la loi de transformation,
certaines quantités très utiles à connaître, en relation avec celle qu'on
étudie, puissent se déduire, avec une exactitude rigoureuse, du diagramme
recueilli, dont toutes les ordonnées sont cependant inexactes. Il suffît pour
cela que ces quantités soient des invariants de la transformation considérée.
Nous allons en donner deux exemples, particulièrement intéressants
en ce que l'invariant dont il s'agit n'est autre chose que la valeur moyenne
de la quantité étudiée, moyenne prise entre deux instants faciles à définir.
( i4oo )
Dans l'un des exemples, la transmission du mouvement comporte d'ail-
leurs un amortissement, dans l'autre elle provoque une exagération
d'écarts.
» Le premier cas que nous envisagerons est relatif à l'enregistrement du
niveau d'un liquide, lorsque la chambre d'observation communique avec
le bassin étudié par un diaphragme poreux. C'est ce qui a lieu dans l'in-
strument auquel M. Lallemand, son inventeur, a donné le nom de mèdima-
rémèlre. Ainsi que l'a remarqué cet Ingénieur, si Z et s sont les alti-
tudes respectives de l'eau dans le bassin et dans la chambre à Tinstant t,
on a, en vertu de la loi de Darcy, tn étant une constante propre à l'in-
strument :
» De cette équation linéaire du i*'" ordre en z, M. Lallemand a cherché,
par intégration, à déduire z quand Z est supposé connu en fonction du
temps. Proposons-nous le problème inverse, qui est celui qu'on a réel-
lement à résoudre dans les applications de l'enregistrement mécanique,
savoir : de reconstituer la fonction à étudier Z, lorsque la fonction z est
fournie graphiquement par le diagramme d'un appareil enregistreur.
Mettant la relation ci-dessus sous la forme
„ I dz
Z ==s H -=-,
m cit
nous voyons déjà que le diagramme cherché se déduit du diagramme
recueilli par une transformation particulière consistant à augmenter chaque
ordonnée d'une longueur proportionnelle au coefficient angulaire.
» De plus, si l'on intègre entre deux instants ?„, t^, on trouve
f'zdl= f'zd(^-{z, -z,).
ce qui permet de déduire rigoureusement la valeur moyenne de Z, entre
ces deux instants, de celle de z, supposée connue, sans faire une seconde
quadrature. Enfin, on voit que si la moyenne est prise entre deux instants
où le niveau se trouve le même dans la chambre, cette moyenne sera la
même pour Z et z et constitue un invariant de la transformation, qui est
même indépendant du coefficient d'amortissement m.
» Le second exemple annoncé se rapporte au cas, signalé ci-dessus, de
l'enregistrement d'une flèche de pont avec une transmission funiculaire à
( i4oi )
poids tenseur. Nous avons établi, pour ce cas (Annales des Ponts et
Chaussées, 1897, t. Il) la relation
d- z
analogue à la précédente et que nous écrirons semblablement :
Si l'on intègre entre deux retours du coefficient angulaire-^ à la même
valeur, on trouve qu'entre ces deux instants, cette nouvelle transformation
possède le même invariant que ci-dessus
= fzdt.
f^'"=f
» En particulier, il est loisible d'opérer l'intégration entre deux maxi-
mums ou deux minimums successifs de z.
M On peut donc, ici encore, déduire d'un diagramme infidèle une valeur
moyenne absolument rigoureuse de la fonction étudiée.
)i Dans l'un ou l'autre de ces exemples, si l'ai^pareil enregistreur est
pourvu d'un dispositif totalisateur ou intégraphe, les indications totalisées
sont exactes à la condition d'être relevées entre deux points où le dia-
gramme possède, dans le premier cas, des ordonnées égales, et, dans le
second, des tangentes parallèles. »
PHYSIQUE. - Lois de Gay-Lussac et dissociation des composés gazeux.
Note de M. A. Ponsot, présentée par M. Lippmann.
« On admet généralement que les lois de Gay-Lussac relatives aux com-
binaisons chimiques effectuées à l'état gazeux sont des lois limites, vraies
pour des pressions très faibles, et que, dans cette condition de raréfaction
extrême, les volumes moléculaires de tous les gaz sont rigoureusement
égaux. Je me propose de démontrer, par un exemple se rapportant à l'une
d'elles, que ces lois sont seulement approchées, quelle que soit la gran-
deur de la pression, et cela par la considération du phénomène de la dis-
sociation.
» Soit un composé gazeux, tel que HIo, dont on considère la molécule
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 23.) 181
( l402 ")
comme formée par la combinaison d'un atome de H et d'un atome de I,,,
et dont la dissociation a été bien étudiée par M. Lemoine. m étant le
nombre de molécules de HI„ dissociées, dans un mélange qui en compre- ,
nait primitivement N, M. Lemoine a trouvé que m croît avec T, ou quand P
diminue. De ce dernier résultat et de la relation -, = — t — 5- -ttt- on doit
d\
conclure que -y— (accroissement de volume dans la dissociation d'une mo-
lécule de HI„ à pression et à température constantes) est positif. Mais ce
résultat a été tenu ensuite pour douteux. àcMusede la faible variation de m
comparée à celle de P et de la difficulté des mesures. Je vais montrer qu'il
est cependant une conséquence d'un résultat accepté : y^ positif.
, „• 1, d\' . . dm . ./. .
» 1" Si 1 on suppose -7— ^ o en même temps que -™- positir, on est
conduit à une conséquence inacceptable. En effet, dans un mélange homo-
gène où des réactions chimiques conduisent à un équilibre indépendant
de la pression, -t— est négatif quand la réaction chimique spontanée
accroît m ; -j— est positif dans le cas contraire. Quand le mélange est en
équilibre chimique, si T croît, m doit croître, alors -1— devient négatif;
c/V
si T décroît, -j— devient positif et croît, alors que V tend vers zéro!
„ fl!V . dm
» 2" -7— = o entrame -r^^ =^ o.
dm o Ti.
» En effet, je considère une modification m — Am de l'équilibre, au lieu
de laisser la réaction chimique s'accomplir irréversiblement, P et T con-
stants : I, je la produis réversiblement; II, je détends ou je comprime jus-
qu'à une pression^; III, je reproduis la modification /n — A/?z;IV,je ramène
à la pression initiale. La somme des travaux extérieurs est nulle; de même
celle des variations de l'énergie interne, U.
» Deuxième cycle. — A P, dans le mélange en équilibre : 1° je produis
réversiblement la modification m -+- Am; 2° je détends àp; 3° je ramène
réversiblement à l'équilibre ; 4° je ramène à la pression initiale. Les travaux
de ce cycle sont égaux et de signes contraires aux précédents en I et 1",
III et 3", II et 4", et par suite en 0.° et l\ ; les cycles sont superposables.
Quant à la variation de l'énergie interne, elle est égale et de signes con-
traires en II et 4°. et par suite dans chacune des trois autres parties des
deux cycles, d'où -j— change de signe à l'équilibre et -j^ = o (Note du
( i4o:i )
, u , dB d cM' d-'iy dm ,, , dm dm
32 octobre 1900 ), ^ = - ^ ^t;;; = ^„^. ^ , <1 ou ^^ = o, et ^ = o.
» 3" On peut démontrer aussi que si ~t^ = o, — = o.
'■ail, dm
» Lorsque l'équilibre est indépendant de la pression, il l'est aussi de la tem-
pérature et réciproquement. Lorsque l'équilibre est déplacé par des variations
de température, il l'est aussi par des variations de pression, et réciproquement.
» Dans ce dernier cas, qu'advient-il lorsque V ou T tend vers l'infini?
Par exemple, quand V tend vers l'infini, peut-on supposer que ^— tende
vers zéro? Ce serait admettre qu'il tend à s'établir un équilibre indépen-
dant de V, et par suite de T. Cela exigerait l'existence au zéro absolu d'un
équilibre chimique, non seulement pour V infini, mais encore pour V quel-
conque, quel que soit l'état de la matière à cette température, ce qui,
d'abord, est contraire à ce fait expérimental que, sous un volume fini,
m tend vers zéro quand T décroît. De plus, cela exigerait que, T croissant
indéfiniment, P étant fini et constant, la dissociation fût incomplète,
l'équilibre tendant à devenir indépendant de T, et par suite de P, et
devant être par suite le même qu'au zéro absolu : c'est inadmissible; donc :
Vun des deux systèmes tend à remplacer entièrement l'autre quand V tend vers
l'infini, et par suite aussi quand T tend vers l'in^ni.
» C'est le même système qui tend à exister seul quand V et T crois-
sent indéfiniment, ensemble ou séparément; d'où — positif entraîne
^positif et ^negatd.
» La dissociation tend à être entière pour V ou T infini.
» Non seulement -^ est positif à l'équilibre; il est encore positif dans
toutes les modifications élémentaires réelles et virtuelles par lesquelles
passerait un composé pour être dissocié entièremenl ; d'où :
» Le volume d'un composé gazeux dissociable est plus petit que le volume
du mélange de ses composants séparés par la dissociation .
n Acceptant les idées reçues, dans une Note précédentej'ai considéré le
cas de composés formés sans condensation : c'était inutile. V„ étant le
volume moléculaire d'un composé, V,„ celui du mélange des produits de la
dissociation complète d'une molécule, sous une pression P quelconque,
V,„>V„.
M En admettant la continuité dans la propriété élastique des gaz, la loi
( i4o4 )
de Mariette devient une loi limite, -\rr-^ tend vers zéro quand V croît indé-
finiment ; PV„ tend vers ^RT ; PV„, vers i,„RT ; \,„ - V„ = (/,„ - i,) RT : P.
Lorsque F tend vers zéio, il suffit que ?",„ — ?„ tende vers une valeur finie
pour que V„, — V„ soit infini. Le calcul montre alors que -jp négatif croît
en valeur absolue et tend vers une valeur finie : c'est en accord avec les
résullals expérimentaux de M. Lemoine sur HI,,.
» En prenant ce corps comme exemple, on a encore
limPV„, = Jlim/J^'-+ ^ lim/y(''> limPV„;
ç' el i>' étant les volumes moléculaires de lo et H sous les pressions d'équi-
libre osmotique p et p' ; on conclut que la loi d' Açogadro n'est pas une loi
limite.
» Remarque. — On sait que la densité de vapeur de !„ décroît quand on
élève la température; ce fait, quelle qu'en soit la cause, vient appuyer les
conclusions qui précèdent. »
ÉLECTRICITÉ. — Vibrations produites dans un fil à {aide d'une machine
à influence. Note de M. D. JVegreano, présentée par M. Lippmann.
« i. Si l'on réunit direclemeat l'un des pôles de l'excitateur d'une
machine Whimshurst à un bout d'un fil métallique tendu, isolé et contenu
dans un tube, l'autre pôle de la machine étant au sol, le fil métallique
effectue des vibrations transversales. Si l'on reerarde le fil vibrant dans
l'obscurité, on voit des parties alternativement lumineuses et obscures.
Si le fil est attaché au pôle positif de la machine, on voit des lignes
brillantes équidistantes plus larges vers le milieu et amincies aux bords.
Dans le cas où le fil serait attaché au pôle négatif, on voit des points lumi-
neux équidislants tout le long du fil.
» L'expérience a été réalisée avec un tube en verre de 2™,5o de lon-
gueur et 60 millimètres de diamètre, le diamètre du fil métallique étant
a""", 5.
» Des expériences analogues, mais avec des dispositifs différents, ont été
réalisées par MM. Bezold, Tommasina et plus récemment par Viol. Sui-
vant ce dernier, ce phénomène serait dû aux vibrations mécaniques pro-
( i4o5 )
duites dans le fil, les parties lumineuses correspondant aux nœuds des
vibrations.
» 2. Si l'on réunit, dans l'air, deux fils métalliques de même longueur
tendus parallèlement aux deux pôles de la machine, les deux autres bouts
des fils étant libres, les fils entrent en vibration. Dans l'obscurité, sur le fil
attaché au pôle négatif, on voit une série des points lumineux équidistants ;
sur le fil positif, une série des lignes lumineuses, dont les milieux corres-
pondent aux points lumineux du premier fil.
» L'expérience est très brillante si les deux fils sont soudés aux extré-
mités d'un tube en verre : les lignes et les points lumineux apparaissent
très réguliers. Si les deux fils sont suffisamment rapprochés, l'expérience
réussit également en attachant l'un des fils à l'un des pôles de la machine,
tandis que l'autre fil est réuni au sol. On pourrait, dans ce dernier cas,
considérer les deux fils comme les deux armatures d'un condensateur. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un voltamètre disjoncteur des courants . Note
de M. Ch. Pollak, présentée par M. Lippmann.
« Dans la suite de mes recherches sur les plaques d'aluminium (') em-
ployées comme redresseurs des courants, ou comme condensateurs, j'ai
réussi à former des plaques d'aluminium pour 200 volts. J'emploie à cet
effet comme électrolyte une solution légèrement acide de phosphate de
j)olasse, dans laquelle je fais passer un courant continu.
» Pureté des plaques d'aluminium. — I.a première opération consiste à
faiie macérer plus ou moins longtemps les plaques dans une dissolution
faiblement concentrée de soude caustique, afin d'enlever les impuretés.
» Pendant la formation, la plaque purifiée devient irisée tandis que les
impuretés, si elles sont de peu d'étendue, se trouvent recouvertes complè-
tement par des espèces de croûtes d'aspect terne formées par des com-
posés d'aluminium.
» Une plaque formée pour 200 volts, mis dans un circuit, même d'une
faible tension, dégage un peu de gaz : un courant faible, mais ininter-
rompu, passe dans l'appareil. Par suite de l'action purement chimique de
l'éleclrolyte sur la couche diélectrique, elle se réduit lentement.
(') Voir ma Noie Sur un nouveau condensateur électrolytique de grande
capacité et sur un redresseur électrolytique de courants, du 2 juin 1897.
( i4o6 )
)> Par conséquenl, un certain courant est nécessaire pour récompenser
par la voie électrolytique ce qui est décomposé par l'action chimique et
pour établir ainsi et maintenir l'équilibre entre ces deux actions.
» Perle à vide. — T/intensité du courant nécessaire au maintien de cet
équilibre dépend surtout de la pureté des plaques; la partie du courant
servant à cet effet constitue ici ]a perte à vide de l'appareil.
» Rendement de l'appareil. — Elle est l'élément principal de la valein-
du rendement de l'appareil, qui est de ']5 pour loo à 80 pour 100 pour un
ensemble de quatre éléments faits avec des plaques d'aluminium purifiées
à un débit normal et une fréquence de 4o cycles par seconde.
)) Conservation des plaques d'aluminium. — Les plaques d'aluminium
laissées dans l'électrolyte pendant le repos de l'appareil perdent peu à peu
leur couche diélectrique et doivent être formées avant chaque nouvel
emploi. Il est facile de parer à cet inconvénient en faisant écouler l'élec-
trolyte après chaque opération; à sec les plaques d'aluminium conservent
sans altération leur couche diélectrique.
» Injluence de la température. — H y a un autre moment d'importance
capitale qui détermine, règle et limite, pour ainsi dire, les conditions de
l'emploi de cet appareil comme redresseur, c'est-à-dire avec des plaques
d'aluminium et de plomb ; c'est le dégagement de la chaleur pendant son
fonctionnement. En effet, quel que soit l'électrolyte employé, la tempé-
rature monte assez rapidement, des points lumineux apparaissent sur les
plaques, le rendement baisse et les plaques laissent passer une grande
partie du courant, enfin elles commencent à se dissoudre.
» Ea température au-dessous de laquelle les appareils fonctionnent
d'une façon satisfaisante est de 40° C.
» Il s'ensuit que, pour un travail prolongé, les appareils doivent être
refroidis. Cependant, il est désirable d'éviter le refroidissement par l'eau.
» Comment obvier à l' inconvénient du réchauffement du liquide. — Dans
l'appareil qui m'a servi à mes expériences au Laboratoire des Recherches
physiques de M. Lippmann à la Sorbonne, j'ai paré à cet inconvénient eu
ayant eu recours à la construction suivante : j'emploie des récipients tels
que la hauteur de la colonne de l'électrolyte soit égale à plusieurs fois cellt'
des plaques elles-mêmes. L'augmentation de la quantité de l'électrolyte a
pour effet de retarder l'apparition du moment de la température critique :
cette quantité de liquide dépendra de la durée pendant laquelle on voudra
que l'appareil fonctionne sans atteindre la température critique.
» Lorsqu'on augmente les dimensions de l'appareil, le refroidissement
( i4o7 )
par rayonnement vient ajouter son action à celle du refroidissement par la
masse du liquide.
» Résultats obtenus et phénomènes observés dans mon appareil à la Sor-
bonne. - Pour une colonne d'électrolyte trois fois plus haute que celle des
plaques, et pour un débit normal, c'est-à-dire i ampère par D décim. de
la surface des plaques d'aluminium, la durée de travail de l'appareil, comme
redresseur, est de 4''. avant que la température monte à 4o°C.
Température
Densité
en degrés
de
leures.
centigrades.
l'électrolyte.
Ampères.
Volls.
Il
2 . l5
-¥- i5,6
i,o49
4,5
.43,5
3 3o
-H 20,5
1,0475
4
145,3
3.5o
-H 22,6
I ,0455
5
.49
A.So
+ 27
1,045
5
i5o,5
5
4-28,8
1,044
5,5
i54
5.i5
+ 29,7
1 ,043
5,2
i52,5
5.3o
+ 3i
i,o43
5.3
i53
5.45
-+-3i,8
I ,042J
5,5
i54
6
H- 32,6
1,042
5,8
i56
6.i5
+ 33
1,042
5,9
137
» Iva Table ci-dessus donne des résultats des mesures faites au Labora-
toire des Recherches physiques à la Sorbonne, avec un appareil composé
de quatre éléments : il a servi à charger une batterie de 70 accumulateurs.
I.e courant alternatif de iio volts et de [\o périodes par seconde prove-
nait du secteur de la Rive gauche.
» I^a tension du courant alternatif n'a pas été vérifiée souvent pendant
les expériences. Les variations irrégulières de l'intensité et de la tension
dans le circuit du courant redressé résultent des variations correspondantes
de la tension à l'usine centrale.
» On pouvait percevoir très distinctement dans l'appareil la marche des
machines de l'usine centrale.
» Usure et durée des plaques. — L'usure de l'appareil se manifeste d'une
part dans l'électrolyte, qui devient de plus en plus alcalin, et dans les
plaques, qui sont sillonnées des stries et des raies produites mécanique-
ment par les bulles d'hydrogène, qui en se dégageant entraînent des par-
celles d'oxydes de la couche diélectrique, lesquelles sont remplacées à
mesure par des nouvelles couches formées aux dépensdu noyau de la plaque.
Ainsi une plaque au bout de cinq cents à huit cents heures de travail nor-
( i4o8 )
mal est creusée par des sillons profonds el tombe finalement en fragments.
)) l! n'est pas passible de disposer plusieurs éléments d'aluminium en
séries, ni comme redresseurs, ni comme condensateurs : au bout de peu
de temps la tension baisse dans quelques-uns des éléments, pour s'élever
d'autant dans d'autres, jusqu'à ce que la tension devienne trop haute dans
un ou plusieurs éléments et que le courant passe dans les deux sens.
)i Ce phénomène résulte de ce qu'il est impossible de former des éléments
rigoureusement semblables entre eux.
» Condensateurs. — Les plaques d'aluminium comme condensateurs,
autant que j'ai pu juger jusqu'à ce jour, ne peuvent servir que pour les
courants alternatifs, car elles ne conservent leur charge que pendant des
fractions de seconde : cela tient évidemuieul à la réaction chimique exer-
cée par l'électrolyte sur la couche diélectrique des oxydes. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Siirun grisoumètre électrique. Note de M. G. Léoiv,
présentée par M. Michel Lévy.
« Les indicateurs de grisou en usage sont basés sur les auréoles don-
nées par les flammes dans les atmosphères grisouteuses ; les lampes de
sûreté ordinaires à huile ne permettent d'apprécier que des teneurs de
grisou supérieures à 2 pour 100 ; un ingénieur autrichien, M. Pieler, eu
recourant à la flamme plus volumineuse de l'alcool, a abaissé celte limite
à deux millièmes et demi ; M. l'Ingénieur des Mines Chesneau, en dissol-
vant dans l'alcool employé de l'azotate de cuivre et du bichlorure d'élhy-
lène (liqueur des Hollandais) et en produisant ainsi dans la flamme du
chlorure cuivreux qui la colore en bleu, a augmenté la précision de la
lampe Pieler et lui a permis de déceler un millième de grisou (' ).
» Un ingénieur anglais, M. Liveing, a imaginé un appareil fondé sur un
principe tout différent; en observant la différence d'éclat de deux fils de
platine portés au rouge par le même courant électrique et placés, l'un dans
l'air pur, l'autre dans l'air grisouleux, M. Liveing est arrivé à doser le grisou
à {_ pour 100 près.
» Nous avons obtenu récemment des résultats fort encourageants en
(") G. Chesneau, Annales des Mines, 9" série, t. II, p. 2o3; 1892; ibid.. 9" série,
t. III, p. Sog; 1893. — Compte rendu du IP Congrès international de Chimie
appliquée, t. III, p. îjaS; 1896.
( »4o9 )
observant, non pas la différence d'éclat ou la différence de longueur, mais
la différence de résistance électrique de deux fils de platine chauffés vers
1000° par le même courant et placés l'un dans le grisou, l'autre dans
l'air pur.
» Deas. fils de platine de ^^ de millimètre de diamètre sont recouverts de cuivre élec-
trolytique, sauf en leur milieu sur une longueur de lo™"" réservée à la gutta ; après que
la gutta a été dissoute à l'aide du sulfure de carbone, ces fils, convenablement montés
et placés, l'un dans une enveloppe étanche de verre, l'autre sous une double toile métal-
lique, forment les deux branches d'un pont de Wheatsone dont les deux branches, en
constantan, ont chacune une résistance d'environ i,3ohm. Les accumulateurs (4 volts)
d'une lampe électrique de mine Neu Gatrice, obligeamment mise à notre disposition
par MM. Neu Gatrice, et renfermés dans une caisse mesurant o",io, o",io, o™,i5,
lancent, quand on appuie sur un contact, un courant de 2 ampères environ dans l'appa-
reil {0,68 dans les fils de platine, i,36amp. dans les bobines de constantan). Un
galvanomètre apériodique à pivot, type Ghauvin et Arnoux, de o'", 10 de diamètre,
dont le cadre mobile présente une résistance de 0,6 ohm et dont l'aiguillage dévie de
100 divisions pour 5o milliampères, est intercalé dans la diagonale du pont. Les
résistances sont ajustées, en tenant compte des dlfiférences inévitables des fils de pla-
tine, pour que l'aiguille reste au zéro quand l'instrument est dans l'air pur; quand
l'atmosphère contient du grisou, l'aiguille dévie de i milliampère environ (2 divisions)
par millième de grisou.
1) Les déviations de l'aiguille sont très sensiblement proportionnelles aux teneurs
en gaz combustible; c'est ainsi que dans deux tournées souterraines, le 25 avril 1901,
avec un grisoumèlre un peu différent du grisoumètre ci-dessus décrit, nous avons
constaté les déviations suivantes :
Lampe Chesneau. Grisoumètre.
Retour général de la fosse Saint-Saulve.
(C'° des mines de Marly) 7-8 millièmes 19 divisions
Fosse Hérin (G'" des mines d'Anzin).
Retour de la veine Taffin, levant 8,5 » 17 »
Veine Hyacinthe, levant 5 » 10 «
Moyenne veine, couchant 5 » 10 »
Grande veine, levant 2 » 4 »
Grande veine, couchant 8,5 » ig »
» Gelte proportionnalité s'est maintenue, dans nos essais de laboratoire, avec des te-
neurs de gaz d'éclairage croissant jusqu'à 5 pour loo, et nous croyons qu'elle se
maintiendra avec le grisou jusqu'au voisinage de la teneur explosive.
» Les déviations de l'aiguille varient d'autre part très rapidement avec le courant
fourni par les piles; à titre de première approximation nous pouvons indiquer qu'elles
sont proportionnelles à la puissance 3° ou 4° de l'intensité du courant. G'est ainsi que
les déviations mesurées ont doublé quand dans un de nos essais l'intensité dans les
fils de platine a passé de 0,64 à 0,70, l'intensité dans la seconde branche du pont de
0,32 à 0,45. Si, comme nous le croyons, le courant peut être maintenu constant à
G. H., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 23.) 182
( i4io )
■j'j près, la teneur sera connue avec une précision supérieure au -Jj ; précision inconnue
actuellement, pour les faibles teneurs tout au moins, et bien suffisante. Une résistance
de o,oi5 ohm intercalée dans le circuit des piles, et dont les extrémités peuvent, par
un commutateur de réglage, être mises en relation par les bornes du galvanomètre,
permettra d'ailleurs de vérifier cette constance et au besoin d'apporter aux lectures la
légère correction nécessaire.
« Un écran mobile garantit, au moment de la mesure, le fil de platine contre tout
courant d'air. L'écran et le bouton contact sont disposés de telle sorte qu'on ne puisse
lancer le courant qu'après avoir refermé l'écran.
n L'espace compris sous les toiles métalliques est tellement restreint qu'une explo-
sion, arrivant à se produire sous les toiles, ne pourrait prendre assez d'élan pour fran-
chir la barrière qui lui serait opposée et se propager au dehors; il sera vraisembla-
blement inutile d'ajouter à l'appareil un coupe-circuit automatique fonctionnant à
une teneur déterminée.
» Dan.s l'examen de certaines cloches au toit des galeries ou des chantiers
souterrains, une petite difficulté peut se présenter. Le grisoumètre élec-
trique ne donne, en effet, aucune déviation dans l'air pur; il ne doit en
donner aucune dans le grisou pur; la déviation passe donc par un maxi-
mum pour une teneur voisine de lo pour loo, et à toute lecture corres-
pondent deux teneurs, l'une au-dessous, l'autre au-dessus de lo pour loo.
Il suffit, pour écarter cette difficulté, ou de consulter la lainpe de sûreté
ordinaire (notre appareil, comme les indicateurs à alcool, est grisoumé-
trique et non éclairant), ou de faire rentrer progressivement l'air pur dans
l'appareil; si la déviation de l'aiguille diminue dès l'abord, c'est que la
teneurdela cloche examinée est inférieure à lo pour loo; si elle augmente
dans les premiers instants, la teneur est supérieure à lo pour loo.
» Le grisoumètre électrique, pour peu qu'on donne aux fils de platine et
aux bobines de constantan des résistances convenables, permet de con-
naître, à tout moment, la teneur en grisou du retour général d'une mine
ou de certains retours particulièrement intéressants. La création de véri-
tables observatoires grisoumétriques est ainsi rendue possible; résultat
intéressant pour l'étude scientifique des dégagements grisouteux et aussi
peut-être pour la sécurité.
» L'appareil se prête au dosage de tous les gaz combustibles, notamment
de l'hydrogène, dont la température d'inflammation est bien inférieure à
celle du formène pur, et de l'oxyde de carbone. »
( '4'i )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la vérification expérimentale d'une loi
de mécanique chimique. Noie de M. H. Pêlabon, présentée
par M. Troost.
« L'action cie l'hydrogène sur le sulfure de mercure et la réaction inverse
du gaz sulfhydrique sur le mercure conduisant à l'élude d'un système qui
renferme quatre corps volatils.
■n Si l'on écrit l'équation de la réaction
HgS-i-H- = H^S t-Hg,
12 3 4
en affectant des indices i, 2, 3, 4 respectivement les quatre corps qui
réagissent, on voit facilement que la relation générale qui existe entre les
pressions partielles des gaz et vapeurs contenus dans le système prend la
forme
(0 log|i;^; = F(T).
aV est le volume occupé par toutes les molécules des corps composés et
des corps simples; le symbole Log désigne un logarithme népérien.
» Si aucune des pressions n'est nulle, on peut écrire plus simplement
(2) iilf^=./(T).
» Nous nous sommes proposé de soumettre cette formule au contrôle de
l'expérience; pour cela, nous avons fait réagir d'une part l'hydrogène sur le
sulfure de mercure, soit seul, soit en présence de mercure en excès; nous
avons fait réagir d'autre part l'hydrogène sulfuré sur le mercure.
» I" Dans la réaction de V hydrogène sur le sulfure de mercure seul, la
pression^, de ce corps est égale à la tension de sa vapeur saturante
Z'. = ?(T).
)) De plus, l'équation de la réaction montre que l'on a à chaque instant
» La relation (2) devient, avec ces conditions,
(3) ^-^(T).
Fi
( I4l2 )
)) La discussion de celte formule montre que la proportion de gaz hydro-
gène sulfuré dans le mélange croît quand la pression totale diminue; la
pression partielle de ce gaz et la pression totale II doivent en outre vérifier
les égalités suivantes, qui se déduisent de (3) en posant n =/>o+/?3 ;
» Nous avons déterminé directement par l'expérience, pour plusieurs
valeurs différentes de H, les valeurs correspondantes du rapport p, de la
pression partielle de l'hydrogène sulfuré à la pression totale ; nous donnons
ci-dessous les valeurs de ce rapport exprimé en centièmes et celles que
les égalités (4) permettent de calculer
Pression du gaz n, ('). p, observé. p, calculé.
758
90,65
»
386
94,36
94,73
187
96,67
96,84
» Les nombres calculés sont toujours un peu supérieurs à ceux que
donne l'expérience; malgré cela, la concordance est assez satisfaisante.
» 2° Si en même temps que le sulfure le système renferme du mercure en excès.
Pi devient égal à F, tension de vapeur saturée du mercure; la relation (2)
s'écrit alors
(5) &=X(T)
et l'on a
P2^
IO0P3
'2+1^3 i + XiT)
11 p ne dépend donc que de la température et l'expérience montre en
effet que, quelle que soit la pression, on a, à 44o°> p = ^5, 26.
» Dans ce cas parliculier, l'équation (3) prend la forme
(3') ï?i? = ^(T);
on en déduit
Pî ,_ Pi
P3F pl'
(') n, est la pression du gaz liydrogène introduit dans le tube et ramenée à 0°, en
soile que 11 = n,(i + aT).
( i4i3 )
F est donné par les tables des tensions de vapeur; il est égal à 2934"""à44o°;
^ peut se calculer au moyen des nombres obtenus dans l'étude précé-
dente; on trouve alors
p
P2= loop 'p =85,6i,
nombre voisin de celui que donne l'expérience.
» 3° Quand on fait agir r hydrogêne sulfuré sur le mercure en excès, on a
l'équation (-2) s'écrit alors :
» CT.j ne peut être égal à la tension de vapeur saturée du sulfure de mer-
cure ; sans quoi l'on retrouverait les résultats de l'étude précédente, ce qui
n'a pas lieu. On a donc nécessairement
d'où
^3 ^ P3
CTj -H ^3 Pj ~t" P3
» La pression du gaz bydrogène sulfuré étant, à o", voisine de yôo""",
on trouve, à 44o°,
p., = 1 00 5 — = 80, 46.
Il La valeur de p, est donc bien nettement inférieure à p,.
» Les nombres que nous avons obtenus en faisant varier la pression du
gaz sulfhydrique introduit dans les tubes montrent que p, diminue en
même temps que la pression, comme cela est indiqué par la discussion de
la formule (6).
» Pour différentes valeurs H, H', ... de la pression, on doit avoir les re-
lations suivantes qui se déduisent facilement de l'équation (6) :
(7) (£z:^ = Œ:^Z^=...^,(T).
» L'expérience ne vérifie pas très exactement ces dernières relations;
les valeurs de pj calculées sont toujours un peu inférieures à celles que l'on
obtient directement. Ces écarts semblent explicables par la décomposition
partielle que subit l'hydrogène sulfuré au moment où l'on scelle les tubes. »
( i4'4 )
CHIMIE MINÉRALE. — Action d' un hydrate métallique sur les solutions des sels
des autres métaux. Sels basiques à deux métaux. Note de M. A. Recoura.
'( C'est im jjhénomène assez fréquent que, lorsqu'on met un oxyde ou
un hydrate métallique en contact avec une dissolution d'un sel du même
métal, il y a combinaison et formation d'un sel basique, soluble ou inso-
luble. Mais on n'avait pas jusqu'ici, à ma connaissance, cherché à combiner
de même un hydrate métallique avec des sels d'autres métaux. J'ai reconnu
qu'un certain nombre d'hydrates métalliques, mis en contact avec des
dissolutions de sels d'autres métaux, se combinent très facilement avec
eux en donnant naissance à des sels basiques à deux métaux. Ayant lu
dans le dernier numéro des Comptes rendus une Note de M. Mailhe rentrant
dans cet ordre d'idées (combinaison de l'oxyde mercurique avec les sels
métalliques), je suis ainsi conduit à communiquer, dès maintenant, les
premiers résultats du travail que j'ai entrepris depuis un an sur cette
question.
» Je décrirai dans cette Note les composés que j'ai obtenus en faisant
agir l'hydrate cuivrique sur les sulfates métalliques.
a Action de l'hydrate cuivrique sur une solution de sulfate de zinc, — De l'hy-
drate cuivrique qui vient d'être préparé est mis en contact avec une solution de
sulfate de zinc. On chaude progressivement en agitant jusqu'à l'ébullition. Brus-
quement, entre 70° et 75°, l'hydrate qui était bleu vif devient vert bleuâtre pâle. On
laisse bouillir quelques minutes. L'analyse de la liqueur, faite alors, montre qu'elle
ne renferme pas de cuivre, mais uniquement du sulfate de zinc, et qu'une certaine
quantité du sulfate de zinc primitif a disparu, quantité toujours la même, quelle que
soit la durée de l'ébullition au contact de l'hydrate cuivrique. L'analyse de la matière
vert bleuâtre soigneusement lavée montre que sa composition brute est
3CuO,ZnO,SO^-i- Aq;
ainsi donc 3 molécules d'hydrate de cuivre ont fixé, en quelques minutes, à 75°,
I molécule de sulfate de zinc.
» Cette substance n'étant pas cristallisée et ayant la consistance floconneuse de l'hy-
drate cuivrique, on peut se demander si l'on se trouve bien en présence d'une combi-
naison définie, ou d'un simple mélange de sulfates basiques de cuivre et de zinc. Il est
facile de s'assurer que ce n'est pas un mélange, de la façon suivante : Les sulfates
basiques de cuivre ou de zinc sont presque immédiatement détruits quand on les
chaufle avec une dissolution de carbonate de soude. Or, la substance 3 Cu O, Zn O, SO^
portée à l'ébullition pendant dix minutes avec une quantité de carbonate de soude
équivalente ne lui a cédé qu'une quantité très faible d'acide sulfurique. Ce n'est donc
( i4i5 )
pas lin mélange de deux sulfates basiques, mais une combinaison beaucoup plus
intime.
» Action de l'hydrate cuivrique sur d'autres sulfates métalliques. — J'ai préparé
et étudié dans des conditions analogues des combinaisons de l'hydrate cuivrique avec
plusieurs autres sulfates. J'en donne plus loin la composition. Pour quelques-uns, la
combinaison n"est pas aussi rapide que pour le sulfate de zinc et exige parfois, pour
être complète, une ou deux heures d'ébuliition.
» Action de l'hydrate cuivrique sur les suif ates métalliques à froid. — J'ai essavé
de même de combiner l'hydrate cuivrique avec les sulfates métalliques à la tempéra-
ture ordinaire. La combinaisonse produit également très bien, mais elle est beaucoup
moins rapide et elle donne un résultat dilTérent. Il faut généralement plusieurs heures,
quelquefois plusieurs jours de contact, avec agitation continuelle, pour que la combi-
naison soit complète. Pour chaque sulfate, l'analyse du composé a été faite sur plu-
sieurs échantillons préparés dans des conditions très différentes.
» Résultats généraux. — Xes résultats sont résumés dans le Tableau
suivant.
» Comme il m'a paru résulter, non seulement de ces expériences, mais
aussi de celles que je publierai bientôt sur les chlorures métalliques, que
dans ces réactions intervient le groupe 4CuO, que l'on rencontre si fré-
quemment dans l'histoire des composés du cuivre, j'ai comparé entre elles
dans ce Tableau les difTérentcs quantités des divers sidfates qui se com-
binent avec 4CuO. C'est la seule commune mesure qui donne des résul-
tats simples. Ces composés n'étant pas cristallisés, j'ai jugé inutile de dé-
terminer l'eau de combinaison.
ZnO,SO»
CdO,SO^
MnO,SO'
CoO,SO'
NiO,SO'
CuO.SO'
I -V-
I -h
Nombre
de molécules
de sulfate
combinées
avec 4CaO.
à chaud i -+-
à froid
l àchaud
( à froid
t àchaud
( à froid
I àchaud
/ à froid
l à chaud
( à froid
( à chaud|
) etàfroidi
I
Calculé. Trouve.
1,333 1,337
1,166 l,l64
1,333
1 ,20
1,333
0, 166
1 , 333
o, 166
I ,25
0,20
1,333
1,326
1,21
.,32
0,167
1,334
o, 166
1,247
0,20
Formule
la plus simple.
3CuO(ZnO, SO')
24CuO,7(ZnO,SO^)
3GuO(CdO, SO^')
2oCuO, 6(CdO,SO^)
3CuO(MnO, S0=)
24CuO(MnO, SO')
3CuO(CoO, SO')
24CuO(CoO,SO^)
rôCuO, 5(NiO,SO')
2oGuO(NiO,SO')
Couleur,
vert bleuâtre pâle
bleu pâle
bleu pâle
bleu vif
vert gris
vert
verdâtre pâle
bleu
bleu vert pâle
bleu vif
i.,33 3CuO(CuO,SO=') vert pâle
( -416 )
» L'examen de ce Tableau provoque les remarques suivantes :
» A l'ébullition, l'hydrate cuivrique se combine avec la même quantité
de tous les sulfates étudiés, le sulfate de nickel excepté, pour donner des
composés 3CuO, (MO.SO^), correspondant au sulfateSCuO (CuO, SO')
qui, ainsi que je l'ai reconnu, se produit dans les mêmes circonstances en
mettant en contact l'hydrate de cuivre avec une dissolution de sulfate de
cuivre. Mais il n'y a pas de conséquenceà tirer de cette uniformité de com-
position, car, comme je le montrerai prochainement, on ne la retrouve
pas chez les chlorures basiques doubles correspondants.
» Les sels basiques doubles préparés à froid ont toujours une composi-
tion différente de celle du sel préparé à chaud. Le sel est plus basique,
c'est-à-dire que l'hydrate de cuivre se combine à froid avec une quantité
moins grande de sulfate métallique.
» Dans une prochaine Note, j'étudierai les combinaisons de l'hydrate
cuivrique avec les chlorures métalliques. »
CHIMIE ORGANIQUE . - Sur les éthers imidodithiocarboniques R Az — C ( S R' )- .
Note de M. Marcel Delépine.
« Il y a quelques années, j'ai montré que l'on pouvait préparer des car-
bothialdines substituées, dérivées de l'aldéhyde formique, en faisant réagir
le sulfure de carbone sur les combinaisons méthyléniques des aminés
primaires ('); cette réaction, jointe à ce fait, que j'ai observé depuis, que
l'aldéhyde formique s'unit aux thiosulfocarbamates en donnant les mêmes
corps, conduit à adopter les formules de réaction et de constitution pro-
posées à cette époque.
/S.AzÇcH^
Exemple : S =: C: ^CH^ (Diméihylformocqrbolhialdine).
>) De plus, j'ai indiqué que l'iodure de mélliyle réagit, en présence
d'alcool, sur la diméthylformocarbotliialdine avec production de formai
diéthylique, d'iodhydrate de méthylamine, et enfin d'un iodhydrate cristal-
(*) Thèse de Pharmacie, Gauthier- Villars ; Bail. Soc. Chim., (3), l. XV, p. 891,
899; '89^-
( '4i7 )
lise d'une base CH'AzS^, dont la constitution, d'après ses dédoublements
par HCl et AzH', répondait au schéma CH'Az = C(' crus' c'est-à-dire à
un mélhylimidodithiocarbonate diméthylique. Les équations suivantes
exprimaient ces transformations :
(A)
(B)
"^^^Az^CH^
/SAzH'CH3 /SCH^ lAzH^CH»
^-^\AzHCH^ +2L.H 1 s ^\AzHCH»'^(ouCH^AzHSHI)
CH=i 1
, CH'\^ ^/SCH
3
Enfin, à son tour, le composé "^^ ')S = C{ ^'^"..rTi» se transformait
' 1/ \Az — GH'^
H/
par permutation de variation des valences du soufre et de l'azote en
CH' s — C^ , c'est-à-dire en l'iodhydrate trouvé dans la réaction .
» Je puis aujourd'hui apporter de nouvelles preuves de ces transforma-
tions et surtout indiquer un moyen plus simple de préparer les élhers en
question, qui étaient inconnus avant mes recherches.
» Tout d'abord, la diéthyl et la diisobutylformocarbothialdine, opposées
à l'iodure de méthyle, ont conduit aux composés prévus,
C-H'Az = C(SCH')- il G^H»Az = C(SCH')^
la diméthylformocarbothialdine et l'iodure d'éthyle, au composé égale-
ment prévu CH' Az = C(SC-H'')-. Ces réalisations constituent à elles
seules une démonstration de l'exactitude du processus de la réaction.
» Mais le fait suivant est plus convaincant encore : en effet, si l'équa-
tion B est exacte, il est inutile de passer par l'intermédiaire des carbo-
thialdines et l'on doit pouvoir obtenir d'emblée les iodhydrates des élhers
imidodithiocarboniques en faisant réagir un iodure alcoolique sur la com-
binaison sulfocarbonique d'une aminé primaire, c'est-à-dire sur le thiosul-
/SAzH^'R
focarbamate SC(^ ^,„ • On peut admettre que l'iodure réagit d'abord
\AzHK
sur ce carbamate comme sur un sel quelconque :
S=: c/^^tT^^ +- II^'= S : <f ', +I(AzH^K) (ou RAzIIS IH);
\AzHR \AzHR
C. R., 1901, I" Semestre. (F. CXXXII, N" 23.)
i83
( i4i^ )
ensuite, le radical R' d'une deuxième molécule d'iodure se fixe sur le soufre
du S = C, pendant que I se combine à l'K du groupe AzHR, pour former
de l'acide iodhydrique
/SR' _ . „/SR'
R'J:; w^ -'"''" %A.R, m-
\H
)) C'est là une explication un peu plus détaillée de l'équation R, mais
qui revient absolument au même et qui trouve sa légitimité dans la facilité
avec laquelle on prépare parce procédé les élhers imidodithiocarboniques
substitués. Il suffit, en gros, de faire réagir le sulfure de carbone, puis un
iodure sur une aminé primaire (métliyl-, élhyl-, allyl-, amylamine, etc.).
» Enfin, parmi les nouvelles réactions de dédoublement propres à
établir la constitution de ces bases, je puis signaler les suivantes :
n L'oxydation nitrique les transforme, sans engendrer d'acide sulfiirique, en
acides sulfonlques et aminé, pendant que le carbone central disparaît. Ainsi les com-
posés CIP, Cni', C*H9, C»lI"Az = C(SCH3)2 ont fourni tous de l'acide mélhane-
sulfonique, d'un côté, et les aminés respectives, métliylique, étlijlique, butylique,
amylique, de l'autre; alors que CH^Az i= C(SC'H^)2 a engendré l'acide élhane-
sulfonique et la méthylamine. Ces réactions se lisent sur les formules de constitution.
)) L'hydrogénation de l'élher CIP Az = C(SCH')- par Na en milieu alcoolique, m'a
conduit à la diméthylamine et au mercaptide de sodium, suivant une réaction où le
carbone central est entré en jeu :
CH'Az = C(SCH')-(-2H2+2Na=iCIP.AzH.CH3-l-2NaSCtP.
» Enfin, les sels de mercure, de platine, d'argent fournissent des réactions, soit d'ad-
dition, soit de dédoublement, si le contact est prolongé. Il se forme, par exemple, avec
l'azotate d'argent, du mercaptide d'argent et un composé à odeur vive, sans doute un
isocyanate. Exemple :
CH3Az = C(SCH^)'^:^CH^Az : GO H- aAgSCH'.
+ OAga.
)) Tous ces résultats confirment dès lors largement les formules et les
réactions antérieurement admises. Les détails d'analyse sur lesquels ils sont
appuyés seront publiés en même temps que l'étude individuelle des éthers
en (piestion. Grâce à la méthode nouvelle de préparation qui les fournit
abondamment, j'espère pouvoir continuer facilement cette étude et
l'étendre aux dérivés des thiosulfocarbamates d'aminés secondaires qui
réagissent également avec une grande facilité sur les iodures alcooliques,
ainsi que je m'en suis assuré avec quelques aminés grasses et la pipe-
ridine. »
( i4i9 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les érythriles actives . Note de MM. L. Maquexne
el G. Bertrand, présentée par M. Duclaux.
« Dans deux Notes précédentes nous avons fait connaître, isolément,
l'existence des deux tétrites actives prévues par la théorie, ainsi que leurs
principaux caractères distinctifs.
» Les formules de structure que nous leur avons assignées n'avaient
pu alors être établies, faute d'une quantité suffisante de matière, que
d'une façon indirecte : l'une d'elles, dérivant du xylose ou pentanetétrolal
2 il
-j- 5, devait avoir une configuration dissymétrique inverse à celle de l'acide
lartrique dextrogyre, nous l'avons appelée /. érythrite ('); l'autre, en con-
séquence et par exclusion, ne pouvait qu'appartenir à la série droite, on
l'a désignée sous le nom de d. érythrite (■).
» Une étude plus approfontiie de ces deux corps nous a permis, en
complétant leur histoire chimique, de vérifiernos prévisions de la première
heure; ce sont ces nouveaux résultats que nous nous proposons d'exposer
aujourd'hui en commun.
» Forme cristalline. — L'étude cristallographique de nos produits a été faite par
M. ^^'yroubof^', à qui nous sommes heureux d'exprimer ici nos plus sincères remer-
ciements.
)i II en résulte qu'il y a identité de forme entre les deux érythrites actives; l'une et
l'autre appartiennent au système rhomboédrique, montrant les faces du prisme hexa-
gonal e^ et celles du rhomboèdre primitif/», sans trace d'hémiédrie; elles sont toutes
deux uniaxes négatives.
Erythrite droite i ; o,48oo5 ppr= iZo°2o' />e*=r 1 1904'
Érythrite gauche 1:0,(47820 /)/> = iScSo' /je'=:ii9<'
» On s'explique ainsi pourquoi l'on peut faire cesser la surfusion de l'une quelconque
d'entre elles par amorçage avec un cristal de son inverse optique.
» Pouvoir rolaloire. — Chacune des deux érythrites actives montre un pouvoir
rotatoire inverse, suivant qu'on l'observe dans l'eau ou dans l'alcool.
» En solution aqueuse, le produit gauche a donné [a],, = -(- 4°, 33 {p =^ 6 pour 100)
et 4°) 20 (jD ;= 20 pour 100), tandis qu'en solution dans l'alcool à 90"
[oi]p = — io'',5o (/> =: 5 pour 100)
et, dans l'alcool à gS", [ajn =z -^ 1 i°5o (p = 5 pour 100).
(') Maquenne, Comptes rendus, t. CXXX, p. i4o2.
(') Bertrand, id., t. CXXX, p. 1472.
( l420 )
» Avec le produit droit on a trouvé, dans l'eau, [a]j, = — 4°>4o {p —- o et lo
pour loo), dans l'alcool à 90° (/s = 5 pour 100), [a]„ r= -t- 10°, 10 et, dans l'alcool à go"
(même concentration), [a][, = -f- 1 i°,io.
» La concordance entre tous ces nombres est, comme on le voit, aussi
satisfaisante que possible.
» Tétracétines C'H'(C^H'O^)'. — Pour les obtenir, on porte à l'ébullition un mé-
lange d'érythrite active et d'anhydride acétique, avec une trace de chlorure de zinc,
on laisse refroidir, on neutralise exactement avec une lessive de potasse et l'on extrait
l'acétine formée par le chloroforme.
» Les deux acétylérj'thrites sont sirupeuses et incristallisables, un peu solubles
dans l'eau, très solubles dans l'alcool, l'éther et le chloroforme, qui les enlève à leur
solution aqueuse; elles possèdent une saveur amère.
» En solution chloroformique, elles ont donné [a]i, = 4- 21", 6 (/? = 29 pour 100)
dans le cas de l'érythrite gauche et [a]p=r — 19°, 28 {p ^ 5 pour 100) dans le cas de
l'érythrite droite.
» Par saponification on y a dosé 32,36 (produit gauche) et 32,74 (produit droit)
pour 100 de carbone acétique, la théorie exigeant 33, 10.
» Acétals dibenzoïques ^^©^(C'IP)^. — On les obtient en traitant par l'aldé-
hyde benzoïque une solution fortement acide (sulfurique ou chlorhydrique) d'éry-
thrite active; la réaction est instantanée, comme avec l'érythrite ordinaire, et le ren-
dement presque théorique.
» Les deux acétals cristallisent dans l'alcool sous la forme d'aiguilles blanches, fines
et soyeuses, d'une extraordinaire légèreté; ils fondent l'un et l'autre à 23i° et se su-
bliment lentement, déjà au voisinage de 200°.
» Complètement insolubles dans l'eau, ils se dissolvent dans 4oo fois environ leur
poids d'alcool à gS" bouillant.
» L'acide sulfurique étendu les dédouble à chaud, en présence d'un grand excès
d'aldéhyde benzoïque ou mieux d'alcool, en leurs composants; i4'^'^>5 de produit droit
ont ainsi donné 55'', 85 d'érythrite régénérée, ce qui correspond à 98,6 pour 100 du ren-
dement calculé.
» Ces composés sont caractéristiques.
» Acétals divalériques C*H*0'(C^H'<')-. — Ces corps se forment lorsque Ton agite
une solution d'érythrite active dans l'acide sulfurique à 5o pour 100 avec is'',5 d'aldé-
hyde isovalérique ; on les purifie par cristallisation dans l'alcool. Le rendement total
est d'environ go pour 100, par rapport à la théorie.
» Les acétals divalériques de l'érythrite active se présentent sous la forme de belles
paillettes nacrées qui ressemblent à la cholestérine et fondent à io5-io6°.
» Très peu solubles dans l'eau, ils se dissolvent avec facilité dans l'alcool et s'hydro-
lysent rapidement quand on les chauffe avec un acide minéral étendu; dans le vide ils
se dissocient d'une manière sensible, même à froid.
» Oxydation. — Pour oxyder régulièrement l'érythrite active, on l'a chauffée à l'air
libre, sur le bain-marie, par portions d'un gramme à la fois, avec trois parties d'acide
azotique (D =: i , 2 ), jusqu'à ce que le mélange commence à devenir sirupeux ; le résidu.
( 1^2 1 )
neutralisé par la potasse, puis additionné d'acide acétique et d'alcool, a laissé déposer
des cristaux qui présentaient tous les caractères d'un bitartrate de potassium actif.
i8' d'érythrite en donne dans ces conditions O"'', i5, en moyenne.
» Le produit ainsi obtenu avec l'érythrite droite possédait un pouvoir rotatoire
[ocJd = + 23°, o et par conséquent était identique avec la crème de tartre ordinaire;
celui qui dérive de l'érythrite gauche a donné le nombre inverse, — 220,9.
» Ces résultats montrent que nos produits représentent bien, ainsi que
nous l'avons supposé dès le début de nos recherches, les antipodes opti-
ques de l'érythrite active ; celui qui se forme dans l'hydrogénation de l'éry-
thrulose répond à l'acide tarlriqne ordinaire et doit être rangé dans la
série droite ; l'autre est en relation avec l'acide tartrique lévogvre et en
conséquence doit prendre place à côté de lui dans la série gauche.
» Tous les corps dont nous venons de parler donnent naissance à des
racémiques lorsqu'on les mélange à poids égaux; l'étude de ces nouveaux
composés fera l'objet d'une prochaine Communication. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. - Étude d'un de nsimêtre destiné à la détermination
de la valeur boulangère des farines de blé.
Note de M. E. Fleurent, présentée par M. Schlœsing.
« An courant des études que j'ai poursuivies dans ces dernières années
et dont j'ai entretenu l'Académie à diverses reprises, j'ai montré l'influence
que joue, sur la valeur boulangère des farines de blé tendre, les variations
de proportions des deux principes constituants du gluten, gliadine etglu-
ténine.
» Les idées que j'ai répandues à ce sujet ont fait un chemin rapide dans
le monde meunier de France et des pays étrangers, notamment d'Alle-
magne, d'Angleterre et des Etats-Unis. Mais, pour que ces idées puissent
recevoir leur application pratique, il était nécessaire de modifier la méthode
d'analyse quantitative que j'ai fait connaître en même temps. En effet, si
cette méthode se prête bien aux conditions d'établissement du laboratoire
scientifique, elle ne permet pas, à cause du temps nécessaire et des soins
particuliers qu'elle exige, soit le contrôle régulier du travail de l'usine, soit
l'examen rapide du blé allant à la mouture.
» Pour répondre aux exigences légitimes de l'industrie meunière, j'ai
dû rechercher une méthode plus simple et plus rapide, capable, en même
temps, de donner les résultats possédant l'exactitude désirable dans ce
( l422 )
genre d'opérations. Or, ici, cette exactitude n'a pas besoin d'être absolu-
ment rigoureuse : la pratique montre, en effet, qu'il faut atteindre i,5 à
2 pour loo de différence dans les proportions de gliadine contenue dans
le gluten, pour que l'œil de l'expert puisse nettement apprécier lu diffé-
rence qui se manifeste dans la tenue du pain terminé.
» J'ai pensé que la solution de cette question pourrait être donnée p;ir
la mesure de la variation de densité que font subir, à une liqueur
alcoolique de degré convenable, des proportions différentes de gliadine
dissoute.
» Cette dissolution devant être opérée, pour aller plus vite, non plus
sur le gluten extrait, mais sur la farine elle-même, il y avait lieu, avant tout,
de se rendre compte de l'influence que peuvent exercer, sur la valeur des
cliiffres obtenus, certaines causes qu'il est facile de prévoir.
» Parmi ces causes apparaît, en premier lieu, la varialion de la densité même de la
gliadine, suivant les diverses variétés de blé dont on l'extrait. Je me suis assuré que
cette densité, prise dans l'alcool à o", variant de i,36o à i ,38o, ne pouvait, dans les
conditions où je me suis placé, apporter dans les cas extrêmes que des variations de
poids comprises entre deux et quatre dixièmes de milligramme par centimètre cube
de liqueur, c'est-à-dire insensibles à l'appareil densimétrique.
1) Une autre cause réside dans les substances étrangères dissoutes en même temps que
la gliadine : ces substances sont les sucres et les matières minérales. Or, l'expérience
montre que loo"^"- d'alcool à 70°, mis en présence des quantités extrêmes (206'' à 5oS'')
de farine blanche nécessaires au dosage, dissolvent le même poids de matières miné-
rales, soit 3o"S; d'autre part, les analyses faites sur un grand nombre de variétés de
blé prouvent que les proportions de glucose et de saccharose contenues dans les
farines oscillent autour de i,5 pour 100; ce n'est qu'exceptionnellement qu'on les
voit descendre à i pour 100 ou <itteiiidre 2 pour 100. Il suit de là que, les proportions
de matières dissoutes en même temps que la gliadine étant sensiblement constantes,
il ne saurait, de leur fait, s'introduire des causes d'erreur sensible dans la prise de la
densité.
» Il y a également lieu de tenir compte de la congluline, i pour 100 environ, qui,
pesée en même temps que la gliadine dans l'ancienne méthode, ne l'est pas lorsqu'on
emploie l'alcool sans alcali, dans lequel elle est insoluble.
» L'erreur la plus sensible est celle qu'apportent les variations d'humidité de la
farine; mais il est facile d'y remédier en établiisant l'appareil densimétrique pour un
degré moyen d'humidité, soit i4 pour 100; dans ces conditions, les farines les plus
humides (i6 pour 100) étant celles qui, parce qu'elles sont généralement moins riches
en gluten, apportent la cause d'erreur la plus grande, celle-ci, néanmoins, ne dépasse
jamais 0,6 pour des chiffres variant de 55 à 85 pour 100.
» Ce qui précède étant établi, je me suis rapidement rendu compte que
la solution à employer correspond à la mise en contact avec l'alcool d'une
( i423 )
quantité de farine correspondant à S^'' de gluten sec pour i5o" de liquide.
Puis, à l'aide des formules connues et en opérant avec des solutions de
gliadine de titre déterminé, j'ai calculé les dimensions d'un aéromètre à
poids constant, que j'ai gradué ensuite par comparaison en employant, pour
le dosage de la gliadine, la méthode pondérale anciennement décrite.
» L'appareil, dit gliadimèlre, est gradué à la température de 20°. Il
porte deux séries de divisions partant d'un zéro commun. Celle qui
remonte vers la partie supérieure de la tige sert à la préparation de l'alcool,
qui doit marquer 74°G.-L. à 2o°C. (div. 3,7 de l'appareil); celle qui
redescend vers le bas sert à la prise de densité de la solution de gliadine.
Cette solution est obtenue en agitant pendant deux heures et demie à trois
heures la quantité de farine qui correspond à 5°'' de gluten sec avec
i5o'"= de l'alcool au titre indiqué ci-dessus. Une table, jointe à l'appareil et
qui porte des corrections pour les températures variant de 18° à 22°, donne
directement la quantité de gliadine contenue dans 100 parties de gluten
sec de la f^u'ine mise à l'essai.
» Cet appareil est utilisé, depuis un an, dans une cinquantaine de mino-
teries françaises et étrangères, ainsi qu'au laboratoire d'essais créé par
l'Association des meuniers allemands à l'Université de Berlin, et il a donné
partout des résultats excellents. »
MINÉRALOGIE. — Analyse de quelques travertins du bassin de Vichy. Note
de MM. C. Girard et F. Iîordas, présentée par M. Sebert.
« La forte teneur en sels des eaux dites minérales provient de ce que, au
lieu de jaillir au point de rencontre des deux couches, l'une perméable,
l'autre imperméable, elles nous parviennent par des fentes traversant
l'écorce terrestre en s'enfonrant plus ou moins loin dans le globe.
» En raison de leur température élevée, ces eaux se chargent de prin-
cipes minéraux, d'autant plus que le gaz carbonique sous pression, en
contact duquel elles se trouvent parfois, intervient puissamment pour
augmenter cette action en les aidant à dissoudre les carbonates et à décom-
poser les silicates et les feldspalhs pour s'emparer de leurs bases.
M Sous l'influence des variations de température, de la perte au contact
de l'air d'une portion de l'acide carbonique qui maintenait en dissolution
certains carbonates à l'état de bicarbonates, et de l'évaporation spontanée,
( I/iî/i )
toutes les eaux déposent ou peuvent déposer des substances minérales
insolubles.
» L'instabilité du bicarbonate de chaux est la caTise principale de ce
phénomène. Ce sel en se précipitant entraîne avec lui d'autres composés,
tels que les arséniates, les phosphates, etc., qui sembleraient devoir, dans
ces conditions, rester en dissolution.
» Les travertins que nous avons analysés provenaient des vasques de la
Grande-Grille, Hôpital et Chomel de Vichy. Ces concrétions présentaient
l'aspect suivant :
Grande-Grille. Masse jaune salé, compacte, à couches alternativement ocreuse et
jaune.
Hôpital Même aspect que la précédente.
Chomel Sédiment ocreux, de même couleur dans toute la masse.
» Sur cent parties de l'échanlilloii séché à iio°, l'analyse a fourni les
résultats suivants :
Grande-Grille.
Perte au rouge sombre 0,621
Silice hydratée 0,079
Silice combinée 0,456
Sable l Sesquioxyde de fer 0,027
Alumine o,o64
Soufre 0,012
Sulfate de baryte et de strontiane. traces
Acide arsénique (As'^O^) 0,027
Acide phosphorique (P-0^) o,o49
Sesquioxyde de fer o,55i
Alumine o, iSg
Oxyde de manganèse 0,080
Chaux 53 , 436
Magnésie o , 773
Potassium 0,074
Sodium o,3i3
Lithium traces
Acide suliurique, SO*H- 0,819
Chlore traces
Cuivre traces
Baryum traces
Rubidium, ca;siuni, lluor, iode, \
brome, acides crénique et apo- néant
crénique ^
Hôpital.
Chomel.
0,786
1,869
0,069
0,482
0,078
0,776
0,007
0,007
0,022
0,175
0,008
o,oo5
traces
traces
traces
0,202
0,027
0,096
0,390
1,280
0,093
0,286
0,078
o,o83
54,4i3
5i,357
0,52I
0,999
o,o38
o,oi4
0, 172
0,084
traces
traces
o,35i
0,244
traces
traces
traces
traces
traces
traces
néant
néant
( i425 )
» Le groupement de ces éléments donne à chacun des dépôts la compo-
sition suivante :
Pour luo parues de matière sèoho. Grande-Grille. Hôpital. Chomel.
Carbonate de chaux 95,421 97,169 91,709
» de magnésie 1,628 1,008 2,098
» de soude 0,647 0,355 0,049
» dépotasse o,i3i 0,067 o,025
i> manganeux 0,101 0,098 o,io5
11 ferreux o,644 0,472 'j^??
Phosphate disodique 0,097 o,o53 0,190
Sulfate d'alumine 0,429 o,36i 0,328
Sulfate de magnésie néant 0,124 néant
Arséniate ferrique o,o46 traces 0,342
Alumine libre ou combinée, SiO-. o,o48 néant 0,201
Silice o,oi4 o,oo5 o, 170
Partie insoluble dans H Cl o,658 o,i84 'i'97
Perte au rouge sombre (mat. ord.). 0,621 0,786 1)897
Cuivre, baryum, lithium, chlore. . traces traces traces
100,460 100,682 99,958
... , . ,1 trouvé.. 42,986 43,875 42,054
Acide carbonique total , ,. ,, ,„ ' , '
^ j calcule.. 43,838 43,094 4'!86i
)) Tous les éléments de l'eau se retrouvent dans le résidu salin; les pro-
portions sont seules changées.
» Les différences d'actions constatées par bien des médecins, entre les
eaux minérales administrées d'une part à la source et celles consommées
loin du lieu de production, nous permettent d'espérer que, si les mêmes
eaux chargées de tous les principes qu'elles possèdent à leur émergence
et qu'elles perdent en partie en se rendant aux vasques d'où elles sont dis-
tribuées pouvaient être absorbées par les malades telles qu'elles sortent
du griffon, ces eaux agiraient probablement d'une façon plus efficace.
» Si les quelques atomes d'arsenic, les doses infinitésimales de fer, de
manganèse, de phosphates qu'on y trouve suffisent pour améliorer l'état
général des malades qui ont recours à certaines eaux minérales, il est pro-
bable qu'une plus grande quantité de ces éléments, dans les mêmes pro-
portions relatives, aurait une action plus utile, plus prompte encore.
» Il serait intéressant d'examiner si, par un procédé à trouver, ii y au-
rait ])ossibilité d'embouteiller les eaux minérales au griffon même, afin de
se placer dans les meilleures conditions possibles.
» Nous avons fait, en outre, de nombreuses analyses bactériologiques
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 23.) 184
( l426 )
des eaux des sources suivantes: Grande-Grille, Chomel, Hôpital, Céles-
tins, Haulerive. Toutes ces eaux, puisées directement au griffon, n'ont
fourni aucune culture. Elles sont donc absolument privées de germes. »
MINÉRALOGIE. — Sur le gahbro à olwine du Kosswinsky-Kamen (Oural).
Note de MM. L. Duparc et F. Pearce, présentée par M. Michel Lévy.
n Dans une Note précédente nous avons montré que le Roswinsky-
Kamen est formé par une péridotite curieuse que nous avons appelée
Koswite; celle-ci affleure en boutonnière au milieu de gabbros de constitu-
tion j)étrographique variée. Les gabbros à olivine notamment, dont il sera
question dans la présente Communication, constituent en grande parlie
deux arêtes assez continues, qui flanquent et cerclent en quelque sorte le
dôme de Koswite sur ses flancs Ouest, Sud-Ouest el Sud. Ces deux arêtes,
dont la hauteur maxima ne dépasse pas 900", sont séparées du môle cen-
tral par une dépression dans laquelle une barre transversale fait naître une
ligne de ])arlage des eaux, qui se réunissent d'une part dans la rivière
Tilaï, de l'autre dans la Rosswa.
» A l'exception de quelques pitons rocheux qui se voient d'assez loin, ces
deux arêtes sont couvertes d'épaisses forêts. Les gabbros qui les consti-
tuent sont des roches mélanocrales noirâtres, très peu feldspathiques, qui
semblent litées, et plongent régulièrement vers l'Est sous un angle qui
varie d'ailleurs. Cette disposition contraste avec celle si franchement mas-
sive de la Koswite; le contai t entre les deux roches est masqué par la végé-
tation; il se fait probablement dans l'axe de la dépression indiquée; ces
gabbros alternent d'ailleurs localement avec des variétés sans feldspaths
qui passent aux péridotites.
» Au point (le vue pétrographique, la liaison de ces gabbros avec la
Koswite est étroite.
.) Le diallage est l'élément le plus répandu; il est légèrenienl verdàlre et ren-
ferme souvent d'abondantes inclusions lamellaires brunes, alignées sur deux directions
conjuguées. Il présente les clivages 7?i r= iio, les plans de séparation y>'= 100 sont
très rares; rallongement prismatique e.-l à peine marqué. Quelques macles, selon
p =x (001), s'observent dans certaines coupes. Les 2:)ropriélés optiques sont normales;
l'angle d'extinction a := 43° à 45°, la bissectrice aiguë z= ng, l'angle 2 V r= 53"; la biré-
fringence ng — np =^ 0,022.
» Volci'ine est généralement réduite relativemenl au jiyroxène. Elle est de conso-
lidation antérieure à ce dernier, qui en renferme fréquemment de nombreuses et
( i427 )
grosses inclusions. Elle se présente en grains arrondis, craquelés, à fissures parfois
légèrement serpentinisées. Incolore, signe optique positif, dispersion p > V, biréfrin-
gence normale.
» La magnétite se trouve tout d'abord en inclusions quasi octaédriques toujours
rares, dans le pyroxène et aussi dans l'ollvine. Elle forme, de plus, des plages sidé-
roniliques absolument analogues à celles du même minéral dnns la Koswite, mais
beaucoup moins nombreuses. Ces plages sonl accompagnées de spinelles chromi/ères,
puis d'un mica rouge qui joue dans les gabbros un rôle correspondant à celui de la
hornblende dans la Koswite.
» Ce mica n'est jamais abondant, il frange les plages de magnétite et reste, en tout
cas, étroitement lié à ce minéral. Il est uniaxe négatif, l'extinction se fait à o du cli-
vage /) = ooi, le polychroïsme très intense donne: «^ = rouge brun très foncé,
np =:jaune brunâtre presque incolore.
» la' apatile a été rencontrée quelquefois en prismes assez gros; elle est rare.
« Les feldspal/is sont souvent complètementkaolinisés, d'autres fois très frais, mais
toujours en petite <[uanlité. Us sont maclés selon l'albite et le péricline plus rarement
selon Karisbad. De nombreuses déterminations faites par des méthodes fort diffé-
rentes ont montré généralement des variétés comprises entre Ab3Anv et An; le
labrador Ab,An, a été cependant rencontré.
» La structure des gabbros est fort particulière. Les cristaux de pyroxèue
et d'olivine directement en contact ou, dans la plupart des cas, réunis
localement par des plages sidéronitiques de magnétite, laissent çà et là
des vides en forme de cryptes, dans lesquels les feldspaths ont cristallisé.
Il y a donc, en quelque sorte, deux stades successifs de consolidation, l'un
représenté par la magnétite ayant cimenté par places les éléments ferro-
magnésiens, l'autre par les feldspaths qui ont cristallisé dans les vides nés
de cette première cimentation.
» Les gabbros à olivine présentent généralement des phénomènes dyna-
miques intenses; la roche est souvent broyée ou laminée, et réduite à
l'état de brèche microscopique. Les feldspaths sont ployés, les lamelles
hémitropes parfois courbées en demi-cercle, les extinctions tellement
onduleuses qu'une détermination précise de l'espèce n'est alors plus pos-
sible.
» Il est à remarquer que dans ces roches l'olivine se comporte vis-à-vis
de la pression comme le quartz dans les granits. Elle est souvent complè-
tement broyée et réduite en esquilles, alors que le diallage est à peine
déformé. Cet écrasement de l'olivine est souvent accompagné d'un com-
mencement de serpentinisation.
» La composition chimique de ces gabbros rappelle beaucoup celle de
la Koswite, la faible proportion d'alcalis montre la rareté du felilspath.
( i428 )
N» 23. N» 22
SiO^ 46,56 46,56
Al-0^ 9,70 9,24
Fe'O' 2,83 3,92
Cr^ O* traces traces
FeO... 9,61 8,69
Mn O traces traces
MgO i3,3o i3,85
CaO i5,65 16,09
K^O 0,94 0,93
Na^O 1,82 1,52
Perte au feu 0,47 o,36
100,88 101,16
N° 23 j Gabbros à olivine méianocrates, pris à une centaine de mètres
N" 22 j sur un même profil.
» Chaque analyse est la moyenne de deux déterminations concor-
dantes.
n Ces analyses ont été faites par MM. Wassmer et Pintza. »
GÉOLOGIE. — Sur le rôle des oscillations eustatiques du niveau de base dans
la formation des systèmes de terrasses de quelques vallées. Note de
M. DE Lamothe, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Dans le Mémoire que j'ai publié en 1899, Sur les anciennes plages et
terrasses du bassin de Visser (' ), j'ai démontré qu'il existait dans cette région
six niveaux très nets de cailloutis, formant pour la plupart des terrasses
élagées. Leurs altitudes par rapport au thalweg sont, en commençant par
les plus anciens, de 20o™-2o5°', iSo'^-iSo"', gS^-ioo", 55'"-57'°, 28'"-3o"',
iS^-ië™. A chacun de ces niveaux correspondent des plages généndement
bien conservées. Les deux plus anciens niveaux appartiennent vraisembla-
blement au pliocène supérieur; les autres, au pleistocène. Il y a des traces
de plages plus élevées, presque vers 4oo™.
» Le liea entre les plages et les nappes de cailloutis, l'épaisseur des
terrasses à l'embouchure, l'absence de stratification inclinée, la manifesta-
(') De Lamothe, Note sur les anciennes plages et terrasses du bassin de l'Isser
(département d'Alger) (Bull. Soc. géol. de France, 3° série, t. XXVIl).
( l'^l^p )
tion de phénomènes analogues sur une partie notable de la côte algé-
rienne, tout concourt à prouver que la formation des plages et des nappes,
et subséquemment des terrasses, ne peut s'expliquer que par des oscilla-
tions verticales du niveau de base et, par conséquent, de la Méditerranée.
Il paraît bien difficile de l'expliquer par des mouvements propres de la
lithosplière.
» Ces oscillations ne pouvant être que des mouvements eustatiques, j'ai
été amené à rechercher si, dans d'autres régions du globe, on ne retrou-
verait pas des preuves analogues de leur action.
» En raison de la pénurie et de l'insuffisance des documents, j'ai dû, dans ce pre-
mier essai, limiter mes recherches aux systèmes de terrasses de la Moselle, du Rhin
près de Bàle et du Rhône près de Valence.
» Vallée de la Moselle. — Dans la haute Moselle en dehors des Vosges, j'ai reconnu
l'existence de trois niveaux de terrasses à 20'", 27'"-3o™, 54"'-6o'° au-dessus du thalweg et
d'un niveau de cailloutis à 100"' environ. Il y a en outre des traces d'anciennes nappes
alluviales jusqu'à près de 200"» que l'on peut, avec une grande probabilité, considérer
comme représentant dans la haute Moselle les deux niveaux de iSc^-iSo"» et 200"
signalés par Grèbe près de Trêves.
» Vallée du Rhin à Bâlc. — Dans les environs de Bàle, les travaux de Du Pasquier
et de M. Gutzwiller indiquent cinq niveaux de cailloutis, à i5™-2o'", Si"" (basse ter-
rasse), 56™-6o'" (gradin inférieur de la haute terrasse), gg^-ioi"" ( haute terrasse) iSo™-
iSo"» (jungerer Deckenschotler de Rheinfelden, Mônchenstein) ; et, en outre, dans le
Sundgau, un niveau (oberelsassischer Deckenschotler), qui est l'équivalent des cail-
loutis de l'est de la Suisse et semble correspondre à une époque où le Rhin coulait à
20o"'-23o°' au-dessus de son lit actuel.
» Vallée du Rhône à Valence. — Près de Valence, on trouve également dans les
mêmes limites d'altitude six niveaux ([ui sont respectivement de 7™-8"', 21'» (terrasse de
Valence), 46°" (terrasse du Séminaire), 88" (terrasse de FouUouse), i38"' (niveau du
Télégraphe). Un ô"» niveau de 200"° et au delà a été signalé par M. Depéret dans le
nord et le nord-est de la feuille de Valence.
» La comparaison de ces résultats avec ceux obtenus dans l'Isser dé-
montre l'existence dans les quatre vallées considérées et dans une même zone
de 20o'"-23o'" au plus au-dessus des thalwegs actuels de six niveaux de cail-
loutis : quatre d'entre eux sont compris entre o" et 100".
» Pour l'Isser, la Moselle et le Rhin à Bàle, les cinq niveaux inférieurs
concordent d'une façon remarquable. Dans la vallée du Rhône, les cjuaLre
niveaux inférieurs présentent exactement les mêmes intervalles que ceux
de l'Isser, mais leurs altitudes sont uniformément plus basses de 9™ à 10".
L'examen du profil longitudinal du Rhône montre que cette anomalie est
due à ce fait que le fleuve n'a pas, malgré la faiblesse de sa pente, com-
( i/i3o )
ploiement acquis son profil d'équilibre, et que ce profil offre à Valence
un bombement marqué, dû très probablement en majeure partie aux
apports des affluents tels que l'Isère et la Drôme. Si ce bombement dispa-
raissait, si la continuité des pentes se réalisait, les altitudes relatives des
terrasses des environs de Valence seraient toutes augmentées de 9'" à io'°,
et la série du Rhône deviendrait entièrement comparable à celle de Tisser.
» Le niveau le plus élevé présente seul, dans toutes les vallées, des
écarts d'altitude cjui s'expliquent naturellement par la dénudation et l'état
peu avancé du profil d'équilibre à l'époque où il s'est formé.
» On doit conclure de ce qui précède que les systèmes de terrasses de
l'Iiser, de la Moselle, du Rhin à Bàle, et du Rhône à Valence, sont entiè-
rement comparables et même superposables. Celte concordance ne peiil
s'expliquer qu'en admettant qu'une seule et même cause, agissant simulta-
nément et de la même façon dans ces quatre vallées, a déterminé la forma-
tion des nappes alluviales, et cette cause doit être, par suite, celle qui a agi
à l'embouchure de l'Isser.
» Ainsi, cette formation doit être attribuée, dans les quatre bassins pré-
cités, à une succession de mouvements eustatujues alternativement positifs
et négatifs, mais dont la résultante a été négative, et cpii ont abaissé pro-
gressivement le niveau de base de Taltitude voisine de 200" qu'il possédait
pendant le pliocène supérieur jusqu'au niveau actuel. Ces mouvements
alternatifs ont déterminé dans les vallées des phases successives d'érosion
et de remblai, l'érosion correspondant aux mouvements négatifs, le rem-
blai aux mouvements positifs. Ce sont ces phases qui ont peu à peu amené
les vallées à leur état actuel,
» Divers indices autorisent à supposer que les mouvements positifs ont
été très lents, et que les mouvements négatifs n'ont été ni instantanés, ni
même très rapides.
» On peut considérer en outre comme très probable que les quatre
bassins étudiés ont fait partie d'une zone de la lithosphère qui est restée
relativement fixe pendant le pliocène supérieur et le pleistocène. Cette
conclusion n'exclut d'ailleui's nullement la possibilité de mouvemeals
propres sur certaines portions de cette zo:ie, situées en dehors des régions
où l'on observe les terrasses ré-ndières. »
( i43i )
ZOOLOGIE. — Sur la morphologie des éléments sexuels chez les Grégarnies
Stylorhynchides . Noie de M. Louis Léger, présentée par M. Alfred
Giard.
« Dans son remarquable Travail sur la reproduction sexuée du Mono-
cystis ascidiœ R. L. , Siedlecki se demande quel est le mode de locomotion
qui amène les sporoblastes en contact pour se coujiiguer ensuite deux à
deux, l'auteur n'ayant pas réussi à démontrer l'existence d'un oro:ane loco-
moteur quelconque chez ces çamctes. En raison des difficultés d'observ.i-
tion signalées chez les sporoblastes du Monocyslis ascidiœ, j'ai pensé qu'en
m'adressant à d( s espèces dont les sporoblastes, au lieu d'avoir une forme
massive, présentent une forme allongée, sont relativement transparents
et montrent des mouvements très vifs au moment de la conjugaison, il se-
rait possible de se rendre compte de la nature de ces mouvements. A cet
effet, j'ai étudié la sporulation chez différentes espèces de Stylorhynchides
(Slylor-hynchus longicollis A. Schn. de YAsida, Slyl. oblongatus A. Sclin. de
ÏOpatram, Slyl. Sj>. du Scaurus) qui montrent, comme on le sait, au cours
de la maturation du kysle, le curieux phénomène auquel A. Schneider,
qui l'a découvert, a donné le nom expressif de danse des sporoblastes.
» En été, au bout de cinq à six heures après leur é\acualion, les k\stes de ces dif-
férentes espèces montrent déjà à leur périphérie le fourmillement intense qui carac-
térise la danse des sporoblastes. Si, à ce moment, on fait éclater un de ces kystes
dans une goutte de liquide physiologique légèrement albuminé, on voit les sporo-
blastes comme des corps fusiformes de i3!^ de long (chez Styl. de VAsida, par
exemple), légèrement aphitis, granuleux, avec une partie que j'iippellerai antérieure,
rétrécie en bec, au niveau de laquelle le protoplasma est réfringent et sans granula-
tions. Ce bec se termine par deux petites poijiles ou cornes divergentes, b {fig. i),
dont une seule est visible lorsque le gamète est \u de profil (fig. 3). A l'extrémité op-
posée ou postérieure se voit un long fiagellum de 27^- à 281^ environ, dont la partie
proxiraale, celle qui se rattache insensiblement au corps, est relativement grosse et
légèrement arquée et se continue ensuite par un fouet très mobile et très délié qui
va en s'atLénuant jusqu'à son extrémité.
» Outre les mouvements très vifs d'ondulation et de flexion du (lagellum au moyen
desquels les sporoblastes se déplacent très rapidement dans le kyste, semblant courir
les uns après les autres, le corps du gamète montre quelques mouvements en arc et
de torsion observés déjà par A. Schneider. C'est cet ensemble de mouvements du corps
et du flagellum, joint au déplacement rapide des gamètes, qui produit le grouillement
si caractéristique qu'on observe dans le kyste lorsque la danse bat son plein.
( i43t )
» Sur des préparations fraîches, tout mouvement cesse rapidement après
la rupture du kyste et les sporoblastes meurent vite en se déformant. Mais
si l'on étudie ces éléments après fixation au sublimé et coloration à l'héma-
toxyline ferrique, on observera certains caractères importants concernant
1. Gamète de Stylorhyncltus dessiné vivant, vu de face; b, bec. — 2. Gamète vu de face après
fixation et coloration à l'hématox. ferr.; n, noyau; c, centrosome. — 3 et 4. Gamètes vus de profil,
montrant deux positions différentes du fiagellum (Gross. 1700 D. environ).
leur structure. Le corps du sporoblaste est nu. Le protoplasma compris
entre les ejranulations incolores est légèrement coloré en bleu et dessine
des alvéoles à larges mailles. Le noyau à contour circulaire, vu de face, est
sans paroi et situé à l'extrémité antérieure du corps, immédiatement au-
dessous des deux cornes oui se colorent faiblement. Il est composé d'un
suc nucléaire dans lequel baignent des corps chromatiques en forme de
bâtonnets occupant surtout la périphérie n (//o-. 2). Enfin le fiagellum, qui
s'insère à l'extrémité opposée, se continue à l'intérieur du corps du sporo-
blaste sous la forme d'un filament axile qui vient aboutir à un petit grain
vivement coloré situé immédiatement au-dessous du noydn c(Jig. 2, 3 et 4).
Ce grain est à rapprocher du corps basilaire du fiagellum des Trvjiano-
somes, du Geisselwurzel de Wasielewski et Senn, que ces auteurs consi-
dèrent comme un centre locomoteur et comme un blépharoplaste et que
I.,averan et Mesnil ont désigné par ce dernier nom. Mais il me paraît égale-
ment rationnel de l'assimiler à un véritable centrosome comparable à
celui des spermatozoïdes typiques, lequel, placé comme on le sait dans le
bouton terminal de la pièce intermédiaire, est également regardé comme le
centre moteur de l'élément sexuel. Durant la formation des sporoblastes,
on voit, en effet, des centrosomes très apparents présider à la multiplica-
( «433 )
lion des noyaux; finalement, chaque sporoblastecloit donc en posséder un,
et celui-ci est vraisemblablement représenté par le grain basilaire du cil ( ' ).
Il sera dès lors intéressant de rechercher le rôle joué par ce centrosome
dans une conjugaison isogame, où par conséquent les deux gamètes sont
pourvus d'un centrosome semblable an moment de l'acte sexuel.
» L'accolement des deux gamètes s'effectue avec une grande rapidité,
mais les deux noyaux restent encore quelque temps distincts. Les fouets
disparaissent et la copula prend une forme ovoïde aplatie (-). Je ferai
connaître ultérieurement les phases de ce processus qui conduit à la for-
mation des longues chaînes de sporocystes évacuées par le kyste à sa
maturité. »
ZOOLOGIE. — Sur la présence constante d'un stade gré garinif orme dans le
cycle évolutif de i hématozoaire du paludisme. Note de M. A. Billet, pré-
sentée par M. Alfred Giard.
« J'ai fréquemment observé, en suivant pas à pas le cycle évolutif de
l'hématozoaire de Laveran ('), un stade que, en raison de son aspect mor-
phologique spécial, je propose de désigner sous le \.&Tn-i& (Xq stade gréga-
riniforme.
» Ce stade se rencontre uniquement dans le cours du processus de
multiplication de l'hématozoaire par voie endogène ou asexuée. Il est in-
termédiaire entre le stade du début, représenté par un petit corps arrondi
ovalaire, non pigmenté, de i^^ à 2^^ de diamètre, à cytoplasma annulaire
muni d'un noyau vacuolaire et d'un karyosome punctiforme (1) et le stade
(') Dans une Note récente {Soc. de Biologie, 29 mars 1901), Laveran etMesnilont
également comparé le blépharoplaste des Trypanosomes au centrosome des sperma-
tozoïdes et se prononcent pour la nature centrosomienne de ce corpuscule. Je ne puis
que me ranger complètement à leur avis.
(') Ce processus rappelle beaucoup celui que Schaudinn nous a fait connaître chez
Trichosphaerium Sieboldi Schn.
(') C'est principalement chez les malades atteints de fièvre tierce simple et pen-
dant les rechutes de la saison hiberno-vernale (qui s'étend en Algérie du milieu du
mois de décembre au milieu du mois de juin) que l'on rencontre ce stade particulier.
A Constantine, je l'ai surtout observé chez les militaires employés, dans les péni-
tenciers, aux travaux de terrassement (roules, mines, etc.) et dont le sang fourmille
d'hématozoaires pendant la période fébrile (10 à »5 par champ du microscope).
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 23.) lB5
( 1434 )
final ou adulte représenté par un corps sphérique, volumineux, fortement
pigmenté (7), qui précède lui-même la formation du sporocyste.
^
Stade grégariniforme de l'hématozoaire du paludisme.
La ligne pointillée indique la circonférence des globules sanguins; n, noyau; k, karyosome: cyt,
cytoplasma; pm, pigment mélanique. (Objectif à immersion ,', et oculaire compensateur n° 12
Stiassnie.)
Coloration par la méthode de M. Laveran (bleu Borrel, éosine, tannin).
» Il constitue la forme la plus constante et la plus fréquente de toutes
celles qui ont été décrites jusqu'ici sous le nom de corps amiboïdes du para-
site.
» Sous sa forme la plus rudimentaire, il consiste en un corps amiboïde, à contours
plus ou moins irréguliers, occupant le centre du globule sanguin. La périphérie com-
mence à émettre de courts prolongements pseudopodiques, à la base desquels se dis-
tinguent déjà quelques grains de mélanine. Le noyau augmente de volume, ainsi que
le karyosome (2).
» Bientôt, le parasite s'incurve d'une façon manifeste. Les pseudopodes, quoique
toujours assez épais, se développent et s'allongent de plus en plus. Le noyau et le
karyosome sont devenus volumineux. Le pigment est également plus abondant et les
globules commencent à se déformer, à s'hypertropliier et à se décolorer (3).
» On arrive ainsi à la forme grégariniforme complète (4 et 5). Le parasite occupe
les trois quarts du globule. Il présente deux parties bien distinctes, séparées l'une de
l'autre par une troisième plus ou moins rétrécie. La première, arrondie ovaiaire, no/i
amiboïde et non déformable, est presque entièrement constituée par le noyau et son
karyosome. Elle est entourée d'une mince couche de protoplasma. La seconde est formée
par la presque totalité du cytoplasma. De forme plus ou moins effilée, très fortement
incurvée, elle est munie de nombreux pseudopodes très déliés, ara né if or mes, qui
s'étendent jusqu'à la circonférence du globule. Les grains de pigment mélanique sont
très abondants. Le globule est notablement augmenté de volume, et presque entière-
ment décoloré.
» A ce moment, l'hématozoaire présente des mouvements très actifs, et les grains de
pigment eux-mêmes sont constamment déplacés à l'intérieur du cytoplasma.
» Bien que les pseudopodes soient très mobiles et essentiellement variables, la
forme générale est toujours nettement incurvée. A cerlnins moments même, lorsque
( i435 )
les pseudopodes sont peu apparents, l'aspect du parasite rappelle celui àes Hœmogre-
garina.
» Enfin, lorsque le développement se rapproche du stade final, représenté par un
corps spliérique volumineux et immobile (7), les pseudopodes se rétractent insensible-
ment, les deux extrémités se rapprochent l'une de l'autre, puis se fusionnent et finale-
ment donnent à l'ensemble un aspect presque sphérique, mais à contours encore très
irréguliers (6). Les grains de pigment, jusqu'alors disposés à la périphérie du cyto-
plasma, envahissent le centre de celui-ci. Le globule est hypertrophié au maximum et
ses limites ne sont presque plus visibles.
» Le stade grégariniforme, tel que je viens de le décrire, s'observe prin-
cipalement pendant la période d'apyrexie qui sépare deux accès de type
tierce simple, et plus spécialement au début de cette période apyrétique.
Je l'ai constaté dans plus de la moitié des accès dont j'ai pu suivre l'évolu-
tion complète.
» C'est, en somme, un des stades les plus importants du cycle évolutif
de l'hématozoaire humain, puisqu'il représente la piiase vraiment active du
parasite, phase pendant laquelle il se développe aux dépens du globule
sanguin, en déterminant au sein de ce dernier des lésions profondes (hyper-
trophie, déformation et décoloration) ( ' ).
» Au point de vue ontogénique, il est des plus caractéristiques, en
raison de la constance et de la régularité de sa forme; il donne ainsi un
cachet particulier à celte phase du développement désignée jusqu'ici sous
le terme imprécis à' état amiboïde.
» Enfin, au point de vue phylogénique, il suffira de rappeler ses rela-
tions, d'une part avec les Hœmogregarina, décrits dans le sang des Batra-
ciens, des Sauriens et des Ophidiens, et d'autre part avec les Grégarines
proprement dites, parasites ordinaires des Arthropodes. »
(') Une autre alléralioÈi globulaire, due à la présence de rhémalozoaire, est une
altération granuleuse spéciale que seules les méthodes de coloration de Romanowsky
et de M. Laveran mettent en évidence. Décrite pour la première fois par Schuffner
{Deulsch. ArchiK' f. Idin. Med., t. LXIV), puis par Maurer {Centralbl. /. Bakt.,
t. XXVIII, nos k et 5), elle vient d'être l'objet d'une étude approfondie de la part
de M. Leishman {Bril. med. Journ., p. 635; igoi). Sa véritable signification n'est
cependant pas encore élucidée. Cette altération granuleuse est particulièrement nette
pendant toute la durée du stade grégariniforme. Je ne l'ai pas figurée pour ne pas
charger les croquis de la figure ci-dessus. Elle parait jouer un rôle important dans
l'élaboration du pigment niélanique.
( i436 )
ZOOLOGIE. — Nouvelles observations sur la parthénogenèse des Oursins.
Noie de M. C. Vigbier, présentée par M. Perrier.
« J'ai publié le 2 juillet ïgoo,dans\es Comptes rendus, une Note signalant
l'hermaphroà\lisme accidentel du Sphœrechinus granularis, et la parthéno-
genèse, è^Aernenl accidentelle, mais plus fréquente, du Sphœrechinus gra-
nularis, du Toxopneustes lividus, et de \' Arbacia pustulosa.
» Le 9 juillet, une seconde Note, tenant compte de ces faits, critiquait
la théorie proposée par Lœb (^Am. J. of Phys., cet. 1899).
» Ces Notes n'étaient qu'une prise de date pour un travail détaillé. Ce
Mémoire intitulé : Fécondation chimique ou Parthénogenèse, n'a été livré
aux Annales des Sciences naturelles que le 5 décembre dernier.
» Mais les nécessités de la publication des Annales ont retardé l'appari-
tion de ce Mémoire, dont les premières pages sont seules publiées à l'heure
actuelle.
)> Si, par suite de ces circonstances, il ne peut encore être connu, les
Notes préliminaires ont été l'objet de critiques dont quelques-unes sont
discutées dans mon Mémoire, et de deux autres dont il m'était impossible
d'apprécier la valeur en dehors de la saison de reproduction. Ces deux der-
nières sont : 1° le risque d'une fécondation intra-ovarique, et 2° celui d'une
fécondation due à l'apport de spermatozoïdes par de l'eau insuffisamment
filtrée.
» Mes premières cultures de 1900 ayant été faites avec de l'eau filtrée au
papier, en attendant l'installation de mes filtres Pasteur (qui du reste me
donnèrent des résultats tout à fait semblables), il y avait lieu d'estimer
pour chacun de ces deux cas le risque maximum, bien que les dévelop-
pements obtenus en 1900 ne me parussent pas pouvoir s'expliquer ainsi.
» J'ai limité mes observations au Toxopneustes et à V Arbacia, le Sphœre-
chinus n'ayant pas été vu par mes contradicteurs; et je me suis arrêté dés
que j'ai pu confirmer pleinement mes observations précédentes. Comme en
1900, j'ai fait des cultures complexes qui demandent à l'observateur beau-
coup de prudence dans l'appréciation des développements relatifs; mais
qui, seules, permettent à un travailleur isolé d'expérimenter sur un grand
nombre de sujets.
» J'avais commencé le 24 avril, quand un régime de vents d'Est s'est
établi, tenant la température relativement basse, et gênant les expériences
( 1437 )
jusqu'au 25 mai. C'esL à cette cause qu'ilfaut, je pense, attribuer la lenteur
du développement (des parthénogénétiques et des fécondés) et l'arrêt des
parthénogénéliques au stade de l'invagination gastrulaire.
» 1° Fécondation intra-ovarique.— Les Toxopneustes, rarement, mais très souvent
les Arbacia, tenus en grand nombre dans des vases de faible capacité, et dont on ne
renouvelle pas l'eau, abandonnent leurs produits sexuels (les cf d'abord).
» L'eau peut donc être considérée comme oflVanl le risque maximum d'infection.
Cependant, si l'on prend les 9, et si, après les avoir brossées et lavées à l'eau stérilisée,
on abandonne leurs œufs dans celte eau, on ne constate d'ordinaire aucun développe-
ment. J'ai fait 7 observations de cette nature : 3 sur les Toxopneustes, 4 sur les
Arbacia, avec des lots de 8 9 à chaque culture. Le résultat ayant été constamment
négatif, je crois être en droit de considérer comme pratiquement nul le risque de
fécondation intra-ovarique ;
,) 2° Fécondation par des spermatozoïdes apportés par Veau des expériences. — Ce
risque existe bien certainement, puisqu'ainsi s'effectue ordinairement la fécondation;
mais, bien qu'on ne doive tenir compte que des résultats obtenus dans Veau stéri-
lisée, la quantité d'eau employée dans les cultures ne me paraissait pouvoir contenir
que de quoi féconder un très petit nombre des œufs mis en observation, et l'expérience
l'a prouvé.
» Dans la plupart de mes cultures de cette année, j'ai remis dans de l'eau non filtrée
une partie des œufs recueillis dans l'eau stérilisée.
» Pour les Toxopneustes y AÏ traité ainsi, en cinq cultures, un total de 60 9 . Je n'ai
vu de développement dans l'eau non filtrée que dans une seule; mais il y eut aussi,
dans l'eau stérilisée de cette culture, des larves évidemment parthénogénétiques, les
seules obtenues en 1901 pour celle espèce, et qui eurent exactement la même évolu-
tion, s'arrêtant au stade de l'invagination gastrulaire, tandis que des œufs fécondés du
même lot ( de 8 9 ) se développaient des plulei normaux.
» Pour les Arbacia, '^^\ traité de la sorte, en six cultures, un total de 101 9 . Dans
deux seulement ( i4 9 et 28 9 ) il y eut des larves, en fort petit nombre du reste,
dans l'eau non filtrée, tandis qu'il n'y en avait pas dans l'eau stérilisée. Encore, pour
l'une d'elles, observait-on dans l'eau stérilisée, non des larves, mais des débuts de
segmentation (stade 2) au milieu de beaucoup de segmentations irrégulières, et d'œufs
sans aucune trace de développement.
» Dans un lot de 23 9 compris dans le total ci-dessus, se sont montrées des larves
nombreuses, observées seulement à l'état de blastulas ; et dans un lot de 28 9 , non
compris dans le total, de nombreuses blastulas, et des œufs arrêtés au stade à 2 blasto-
mères, où j'ai pu, comme sur les autres, constater l'absence de la membrane, d'environ
3 (A, que l'on voit facilement sur les œufs fécondés. Je tenais beaucoup à constater ce
caractère auquel Lœb attache une grande importance. La membrane fait également
défaut sur tous les œufs non fécondés, intacts ou en segmentation irrégulière. Elle ne
peut être confondue avec l'enveloppe transparente que rendent seuls visibles les sper-
matozoïdes qui s'y arrêtent, et qui a 7 à 8 ;;..
» Sur 129 9 d'^rèactaje n'ai donc observé que deux fois la parthénogenèse vraie, et
les larves se sont arrêtées, comme celles des Toxopneustes, au stade d'invagination
gastrulaire, tandis que les œufs fécondés des mêmes lots donnaient des plutei nor-
( "/i38 )
miuix. Je n'ai donc pu constater de nouveau lo dimorphisrae des plulei; mais je dois
signaler que, bien que l'angle au sommet des fécondés soit en moyenne de 87° à 38"
et puisse se réduire à 32", j'ai observé celte année, parmi des milliers, 3 sujets où
l'angle était plus ouvert; — sur l'un il atteignait 70°. Si mes observations de l'an dernier
se confirment, ce serait donc une forme, tout à fait exceptionnelle chez les fécondés,
qui serait de règle chez les parthénogénétiques.
» Allribuant à la différence de température la différence entre mes résul-
tats de 1900 et de ceux de 1901, j'ai essayé de mettre à l'étuve mes der-
nières cultures, 2 de Toxopneustes et l\ à'Arbacia. J'ai constaté qu'une
différence de 7" (de 17" à 24°) accélérait consiiérablement le développe-
ment des œufs fécondés, des parthénogénétiques et la putréfaction des
autres (*). Mais elle ne déterminait pas la parthénogenèse, quand celle-ci
ne se montrait pas dans les œufs du mênae lot laissés comme témoins
hors de l'étuve. Si, comme il est probable, la température joue un rôle
dans le déterminisme parthénogénétique de l'œuf, c'est, comme on pou-
vait s'y attendre, pendant la maturation de l'œuf, ai>ant qu'il soit pondu,
et non après. Maintenant, pourquoi m'en suis-je tenu à mes procédés opé-
ratoires de 1900, au lieu de suivre ceux indiqués par Lœb, c'est ce que
j'expliquerai dans une prochaine INote. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'emploi de l'acide sUicotungstique comme réaclif
des alcaloïdes de l'urine. Variations de l'azo/e-alcaloidujue. Note de
M. H. GuiLLEMAUD, présentée par M. Armand Gautier.
« Si, à de l'urine normale, débarrassée de substances albuminoïdes et
additionnée de 3 pour 100 d'acide chlorhydrique, on ajoute une solution
aqueuse d'acide silicotungstique à 5 pour 100, il se forme immédiatement
un précipité volumineux très dense, qui se sépare aisément; lavé avec
soin à l'eau chlorhydrique à 3 pour 100 et séché à la trompe, il se présente
sous forme d'une poudre amorphe, colorée en rose.
» Ce précipité, dont on peut régénérer aisément les bases par les alcalis
faibles, contient, à l'état de silicotungstates, la créatinine, les bases xan-
thiques, une matière colorante alcaloïdique en ;;rains jaunes amorphes,
une substance incristallisable qui semble former la ])artie basique non dia-
lysable de l'urine, enfin une substance volatile à 80° d'odeur urineuse,
formant un chloroplatinate soluble cristallisé (^).
(') C'est sans doute cette action secondaire et non la seule élévation de température
qui s'est montrée nuisible à mes dernières cultures de 1900.
(-) Pour les détails, voir Thèse de la FacuUé de Médecine de Paris, 2 mai igoi.
( ^439 )
» Je me suis proposé d'étudier dans ce travail, sous le nom de rapport
azote-alcaloïdique , le rapport qui existe entre l'azote contenu à l'état d'al-
caloïdes dans un certain volume d'urine et le poids de l'azote total. Pour
plus de facilité j'ai rapporté le poids cl' azote-alcaloïdique À loo d'azote
total. Ce rapport exprime donc la quantité d'azote basique pour loo
d'azote urinaire.
» L'azole total se dose par le procédé de Kjeldahl. Pour doser l'azole alcaloïdique
on prend Sc'^ d'urine, on porte à l'ébullilion après addition de quelques gouttes d'acide
acétique, on filtre, on lave le filtre, on laisse refroidir, on ajoute 2" d'acide chlorhydrique
et 10'^'^ d'une solution d'acide silicotungslique à 5 pour 100; le précipité est alors lavé
à l'eau faiblement chlorhydrique, puis dissous dans une petite quantité de lessive de
soude faible; on obtient ainsi une liqueur fortement colorée, dans laquelle on dose
l'azote total par le procédé ordinaire.
» J'ai examiné : I. Y urine normale. II. X'urine de sujets atteints d'affections
aiguës fébriles, III. Y urine de sujets atteints d' affections apyrétiques .
» I. Sujet normal; influence du régime alimentaire.
Azote
Azote-
Azote
Azote-
total
alcaloïdique
Rapport
total
alcaloïdique
Rapport
des
des
azote-
des
des
azott-
Régime.
24 heures.
24 heures.
alcaloïdique.
Régime.
24 heures.
24 heures.
alcaloldique
Mixte
II, 600
o,385
3,4o5
Carné
.. i3,ii9
0,789
6,017
Lacté ....
... 17,355
0,270
1,549
Végétal. . .
io,83o
o,3oi
2,779
» Ainsi le régime lait varier, non seulement les quantités absolues des
matériaux azotés et des alcaloïdes éliminés, mais aussi leur proportion
relative.
» II. Urine de malades atteints d'affections fébriles.
Azote
Azote-
total
alcaloïdique
Rapport
des
des
azote-
Maladies.
24 heures.
24 heures, a
Icaloïdique.
Typhoïde (40"). . . .
37,668
47436
I t ,780
(39M)..
20,3r2
1,852
9,120
» (38°, 6)..
25,oo5
1,607
6.43o
» . (38°,9). .
8,320
0,445
5,348
Pneumonie (39'',8).
39,342
4,8o3
I2,2l5
(39",3).
20,640
I ,o32
5,oo4
Maladies.
Grippe (390,6). ...
» (39°,8)....
Tuberculose (38°, 2).
Pleurésie (39°, 3) . .
Variole (4o°,i). . . .
Fièvre herpél.(38°).
Scarlatine (38°, 2). .
Azote
total
des
24 heures.
40^867
4i ,oo3
24,61 3
22 ,3io
39,874
22,5l4
40,119
Azote-
alcaloïdique
des
Rapport
azote-
24 heures, alcaloïdique.
er
3,973
2,362
2,364
■,443
3,019
2 ,021
1 ,233
9,58.
5,761
9,2o3
6,472
10, 112
8,983
3,073
» Tous ces malades étaient au régime lacté absolu. On conclut de ces
( i44o )
chiffres que, dans les maladies fébriles, il y a généralement augmentation
considérable de la quantité absolue et relative des alcaloïdes éliminés.
» La majeure partie des bases ainsi excrétées appartient, même à l'état
pathologique, à la famille des leucomaïnes créatiniques et xanthiques.
M. A. Gautier a fait voir que ces bases, produites d'abord, même à l'état
normal, au cours de la phase de dissociation anaérobie des albuminoïdes
protoplasmiques, disparaissent ensuite partiellement à l'état normal en
donnant de l'urée.
» III. Parmi les affections chroniques, la maladie de Bright a surtout fixé
mon attention; il était intéressant de rechercher comment se comporte,
dans ce cas, l'élimination des alcaloïdes :
Maladie de Biieht.
Id.
Id.
Azote
Azote-
total
alcaloïdique
Rapport
des
des
azote-
Maladie de Bright.
24 heures.
24 heures, a
caloïdique
Régime mixte
28,607
0,808
I ,3o5
Id.
14,981
o,j82
I ,2l3
Régime laclé
10,062
0,928
9.224
Azote
Azote-
total
alcaloïdique
Rapport
des
des
azote-
24 heures.
24 heures.
alcaloïdique.
gr
sr
9,106
0, 162
1,784
10,449
0,198
1,853
i3,35i
0,207
1,563
» Les deux premières observations montrent que le brightique mis au
régime mixte est loin d'éliminer par le rein la proportion d'azote-alcaloï-
dique que rejette, dans les mêmes conditions, l'adulte bien portant. La
troisième observation nous fait assister, dès le début du régime lacté, à
une sorte de débâcle alcaloïdique. Enfin les trois dernières nous montrent
que le brightique mis au régime lacté continu se comporte comme un sujet
en bonne santé.
» Parmi les autres affections chroniques, je dois mentionner encore le
diabète, qui m'a toujours fourni un chiffre très faible pour le rapport
azote-alcaloïdique (1,623 à 1,772), tandis que dans la plupart des affec-
tions du système nerveux il y a élévation sensible de ce rapport : 8,47^
et 9, i3o dans deux cas d'hémiplégie; 7,682 dans un cas d'hystérie; 6,3i5
dans un cas de chorée. La plupart des autres maladies chroniques : der-
matoses, syphilis, rhumatisme chronique, lésions compensées du cœur,
chlorose, etc., ne m'ont permis de relever que des oscillations peu impor-
tantes autour des chiffres normaux.
» Je suis heureux de remercier ici M. A. Gautier ("dans le laboratoire
duquel ce travail a été fait. »
( i44r )
PHYSIOLOGIE. — Sur les otolithes de la grenouille. Noie de M. Marage,
présentée par M. Moissan.
« Dans la Note que j'ai présentée à l'Académie le 29 avril dernier sur les
otolithes de la grenouille, je m'en étais tenu aux résultats expérimentaux
en faisant remarquer simplement :
» a. Qu'un liquide de densité 2,18 est un très bon conducteur du son ; cela est cer-
tain : les expériences de Wertheini le prouvent.
» b. Qu'un des rôles des otolithes était de maintenir aussi constante que possible
la conductibilité acoustique; cela n'est pas moins certain.
)) J'avais eu soin de ne pas conclure de la grenouille à l'homme,
mes expériences sur les oiseaux et les mammifères n'étant pas encore assez
avancées; mais une Note de M. Bonnier me force à revenir sur cette
question.
» Je réponds point par point à ses objections :
" 1. Que les otolithes se trouvent en un point ou un autre du liquide
de l'oreille interne, cela n'a aucune importance au point de vue de la dis-
solution saline.
» 2. Les expériences que j'ai faites depuis sur les oiseaux m'ont prouvé
que la densité du liquide de l'oreille interne était, chez ces animaux, voi-
sine de i,o45; les otolithes existent en faible quantité, mais il m'a été
impossible jusqu'ici de recneûWr an liquide pur e,n quantité suffisante pour
faire l'analyse.
» De ce que la densité du liquide va en augmentant quand on s'abaisse
dans l'échelle animale, on peut simplement conclure que le liquide de
l'oreille interne devient d'autant meilleur conducteur du son que le
système nerveux est moins parfait.
» 3. A ma connaissance, des analyses «jrMart/iVaitW* n'ont jamais été faites
sur le liquide de l'oreille interne, soit pendant la vie fœtale, soit après la
naissance.
» 4. Au point de vue clinique, l'expérience de Gellé ne prouve nulle-
ment que, si l'on augmente la densité du liquide labyrinthique, il devient
moins bon conducteur du son; la pression exercée est beaucoup trop
faible pour changer en quoi que ce soit la densité et par conséquent la
conductibilité acoustique.
Semestre. (T. CXXXU, iN" 23.) l86
( i442 )
» 5. On ne sait rien de certain sur ce qui se passe dans l'oreille interne
pendant l'audition : a-t-on affaire à des vibrations, à des transports de
liquide en totalité, ou simplement à des différences de pressions, aucun
fait n'est encore absolument démonstratif. Malgré leur intérêt, les théo-
ries de M. Bonnier ne sont que des théories : il est possible qu'elles ne
soient pas exactes.
» Jusqu'ici l'on a fait sur l'audition beaucoup plus de raisonnements
philosophiques que d'expériences; cela est insuffisant au point de vue
physiologique.
» Pour cette raison, j'ai tenu dans ma Note précédente à ne présenter
que des faits expérimentaux; ces faits subsistent toujours. »
MÉDECINE. — Sur une méthode de recherche du bacille typhique.
Note de M. R. Cambier, présentée par M. Roux.
« Au cours d'une étude que je poursuis, avec la collaboration de
M. A. Girauld, sur l'influence réciproque qu'exercent les cultures micro-
biennes séparées par des cloisons poreuses permettant la dialyse des
produits de sécrétion solubles, j'ai remarqué que certaines de ces cloisons
se laissent aisément traverser par les bactéries, dans les conditions que je
vais préciser :
» On dépose dans un large tube de verre fermé à une extrémité une bougie de por-
celaine suffisamment poreuse; tube et bougie sont à demi remplis de bouillon et
stérilisés à iio°. Si l'on ensemence avec précaution le bouillon contenu à l'intérieur de
la bougie au moyen d'une culture typhique pure, on peut constater déjà, après quelques
heures d'étuve à 87°, que le bouillon entourant la bougie, qui était d'abord parfaite-
ment limpide, présente maintenant un louche manifeste, traduisant le passage du
bacille à travers les pores de la bougie de biscuit.
» Tous les échantillons de bacille typhique se sont comportés de la
même façon, à la rapidité du passage près. Les bacilles les plus mobiles
sont ceux qui passent le plus vite à travers le fdtre; certains le traversent
en moins de dix heures, d'autres en deux ou trois jours. Un bacille,
conservé depuis 1896 par des repiquages fréquents sur agar, et ayant
perdu toute mobilité, n'a passé qu'après huit jours.
» Les bougies Chamberland, marque B, et les bougies tfamiante de
M. Garros, ne sont pas traversées dans ces conditions. Il est question ici
de culture à travers des parois poreuses, et non pas de filtration : en effet,
( 1443 )
dans le cas de filtration, le bacille lyphiqne est arrêté par la même bougie,
qui est traversée par lui dans les circonstances indiquées plus haut.
» D'autres espèces microbiennes sont capables de traverser les parois
des bougies que nous utilisons; cependant, de toutes les espèces banales
que nous avons examinées jusqu'ici, aucune ne passe aussi vite que le
bacdle typhique.
)) Cette curieuse propriété du bacille typhique m'a suggéré l'idée de le
rechercher dans l'eau de la façon suivante :
« On sème une certaine quantité de Tean à éprouver dans l'intérieur de la bougie,
placée comme il vient d'être dit dans un litre de bouillon à 38°. Dès qu'un louche se
manifeste dans le bouillon extérieur, à l'aide d'une pipette effilée on en prélève une
partie qu'on ensemence sur les milieux de diflférenciation habituels, lait, milieux
lactoses, pomme de terre, etc., et qu'on soumet à l'examen microscopique et à la
réaction d'agglutination.
» Parfois le passage du bacille typhique est si net qu'on trouve dans le
bouillon extérieur une culture pure de ce bacille. Parfois il passe mélangé
d'une espèce étrangère dont on peut essayer de le séparer par une nou-
velle culture en bougie ou par la culture sur plaques.
» Dans de l'eau de Vanne renfermant du colibacille et artificiellement
infectée de bacille d'Eberlh, j'ai pu retrouver ce bacille soit immédia-
tement, soit après i8 jours de conservation dans une armoire obscure du
laboratoire. J'ai pu isoler facilement, par ce nouveau procédé, des bacilles
typhiques de l'eau de Seine et de Marne, ainsi que de l'eau de certaines
sources.
» L'isolement du bacille des selles typhiques est actuellement à l'étude.
Dans les cas les plus favorables, on peut en 1 8 ou 20 heures être fixé sur
la présence du bacille typhique dans im échantillon d'eau; seules, les
méthodes de différenciation qu'il faudra toujours appliquer aux bacilles
isolés par la culture en bougie retarderont de 2 ou 3 jours le diagnostic.
» Eu terminant cette Note préliminaire, je dois insister sur ce fait que
les bacilles tvphiques que nous avons ainsi séparés des eaux et des selles
n'étaient agglutinés que par d'a.ssez fortes doses de sérum spécifique
( I : 5o environ) d'un sérum très actif (i :3ooo) sur le bacille typhique de
rate. On ne saurait, à mon avis, se baser sur ce fait pour leur contester leur
nature typhique. Je démontrerai en effet, prochainement, qu'un bacille
typhique extrait de la rate et très agglutiné par i : 3ooo de sérum spéci-
fique n'est plus agglutiné que par une dose beaucoup plus élevée du
même sérum quand il a végété au contact du colibacille. En même temps,
( i444 )
ce colibacille acquiert de son côlé la propriété d'être nettement agigliitiné
à un taux compris entre i : 5o et i; loo par le sérum typhique expéri-
mental, propriété qu'il ne possédait pas auparavant. »
MÉTÉOROLOGIE. — Six mois <ï observations météorologiques à Quito.
Note de M. F. Gonnessiat, présentée par M. Bassot.
« Mon premier soin, en prenant la direction de l'Observatoire de Quito,
a été de réorganiser le service météorologique. L'Académie voudra
bien me permettre de lui communiquer dès maintenant un résumé des
données recueillies au cours du premier semestre d'observations, du
i*^ septembre 1900 au 28 février 1901 : d'autant plus que les éléments
climatologiques de Quito ont été jusqu'ici mal déterminés, et que c'est la
première fois que les plus importants de ces éléments sont tirés du
dépouillement des courbes d'enregistreurs.
)) L'Observatoire dispose, en effet, en dehors des instruments normaux,
d'un excellent barographe-balance Sprung-Fuess, d'un thermographe et
d'un hygrographe Richard, d'un anémographe Sprung-Fuess, tous relevés
d'heure en heure, et enfin d'un pluviographe Holtinger, relevé de 4 en
4 heures.
» Les résultats sont condensés dans le Tableau suivant :
Sept. Cet. Nov. Dec. Janv. Fév.
^ • I Moyenne 540""" -1-7,54 7,20 6,98 6,87 7,04 7,73
S 0 I Moy. diurne la plus haute.. . 8, 3 7, 7 7, 7 8,3 8, i 8, 8
fc ^ I ' .) la plus basse .. . 7, o 6, 5 6, i 5,6 6, i 6, 3
o o o o o o
Moyenne 12, 8 12, 6 12, 6 i3,2 i3, i 12, 9
Moy. diurne la plus haute. . . i4, 3 i4, 7 i3, 7 i4,8 14, 2 i4, 7
Bu.} » la plus basse. .. 11, 5 10, 8 11,0 11, 3 12,0 ii,4
' g / Moyenne des raaximas 11, 3 20, 7 20, 3 21,6 21, i 20, 2
g ;_ J Moyenne des minimas 6,7 7,0 7,8 7,1 7,6 7,6
H '" I ^ . (Maxima 24,5 23,3 22,0 28,7 24,3 23,3
' Extrêmes. <,.. . / o/oc a. /™„«
( Minima '... 2, 3 4, 8 5, o 3,i 4, 7 2, 9
Maxima, boule (Moyenne.. 48, 8 47, ' 47 , 3 47,9 47, ' 46, 4
noiredanslevide. i Laplush'=. 53, o 53, 7 5i, 7 52, i Sa, 8 52, 6
g 1 ] Minima à alcool ( Moyenne... 4, 7 5, 8 6, 3 5,i 5, 9 6, i
^ '^ { ào",i du gazon. (Laplusb'».. — i, 6 -I-2, 3 -1-2, 9 -1-0,7 — o, 3 -1-0, 4
■£ «'(Moyenne 71 77 81 72 75 77
I ■■=) Moy. diurne la plus haute.. . 84 89 88 84 86 92
S "3 I „ la plus basse .. . 54 65 75 55 53 58
à.:e
Semestre.
7,
21
8,
8
5,
6
c
12,
87
i4.
8
10,
8
20,
9
7,
4
24,
, 5
2,
, 3
48,
, 5
53,
■ 7
0,
. 7
— I .
, 6
75
92
53
Évapora tion à l'ombre (large surface),
quantité totale en millimètres. . . .
. i Quantité totale en raillim
■3 < Nombre de ( quant' >o"'",i.
&" f jourspluvieux. j qu. inappréc. .
fejo
ce
o
K, \ Nombre de ( tonnerre
jours avec j éclairs lointains ,
(
1445 )
Sept.
Oct.
Nov.
85
65
52
5S
117
n6
i3
20
17
5
1
4
10
18
i4
S o" o l 7'' du matin
£ S •« J 2'' du soir.
a a ^ ( g"" du soir. .
c
.2 «
« %
o ■-
■" '-S
a T3
Nombre d'heures. ■,
Matin
Soir . .
4
7
(3
3, 8
'. 9
o
7
7
3, 6
I- 9
7
8
3, 7
., 8
Fraction diurne
max.)
10,9 au
Dec.
80
73
6
3
6
6
4, 7
3, I
0,52 0,49 0,49 0,69
» Voici, d'autre pari, le Tableau des variations diurnes :
Janv.
73
i5
/
7
3, 7
2, o
o,5i
Fév.
100
i3
7
6
3, 7
2, o
o,5i
4l2
536
S4
18
61
47
4
' 7
6
- 9
6
. 7
3
. 9
» H, pression barométrique; 6, température à l'ombre; /(, humidité relative;
f, tension de la vapeur d'eau calculée en fonction de 0 et A; v, vitesse du vent en hec-
tomètres par heure; P, quantité totale de pluie en millimètres.
0,53
t
H— 540.
e
h
/
('
t..
H
540.
h .
/■
(' .
P.
0-.
l^
2^
P.
4''.
s»".
6^
7".
8K
9^
10''.
11''.
7.9'
7,53
7,16
6,95
6,94
7,12
7,39
7,8.
8,09
8, .4
8,00
7,64
9.7
9,5
9>'
8,7
8,3
8,1
7,9
9,9
12,7
i5,4
'7-'
18,5
9'
9'
9'
9'
9'
9'
90
83
70
61
57
52
8,2
8,0
7,8
7>6
7,4
7,3
7,1
7,5
7,7
7,8
8,2
8,2
35
35 39
89
40
38
_|^
;>2
57
5i
58
69
83
10
I
l'2^
13\
l4^
VaK
16''.
17''.
18^
igi".
20''.
21\
22'-.
■23\
7,>4
6,54
5,99
5,70
5,71
5,97
6,45
6,97
7,54
7,98
8,20
S, 18
19.4
IQ,4
18,6
•7-9
16,4
i4,8
i3,.
i',9
..,3
10,8
10,4
10,1
49
48
5i
55
60
68
76
84
88
9'
9'
91
8,1
8,0
8,1
8,3
8,4
8,5
8,7
8,8
8,7
8,5
8,4
8,2
86
99
io3
IIO
99
79
4i
34
29
28
3o
3o
i58
'99
79
I) La variation diurne barométrique se laisse exactement représenter par
a formule
SH = o,63cos i5(^ — 3,5) + o,9r cos3o(^ — 9,6).
» Les vents terrestres soufflent en général du NE ou du SW, c'est-à-dire
( i446 )
à peu près dans la direction de la vallée. Autour de ces deux rhnmbs. In
fréquence est sensiblement la même de 6"" à la*" et de iS** à 24''; de 0*" à 6^,
les vents du SW prédominent; le contraire a lieu de 12^ à 18''.
» Les cirrus ne s'écartent presque pas de la direction E-W. En temps
d'orage, les nuages bas s'entre-croisent dar)s tous les sens.
» C'est à l'E qu'apparaissent toujours les mouvements orageux.
» Les observations seront intégralement publiées et commentées dans
un Bulletin annuel. »
M. A. NoDON adresse la description d'un « Trieur de phases électroly-
tique pour courants alternatifs ».
M. Marcelun Langlois adresse un Mémoire ayant pour titre : « Re-
cherches sur la constitution des atomes, le glucinium. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 10 juin 1901.
Association internationale des Académies. Première Assemblée générale
tenue à Paris du 16 au 2.0 avril 1901, sous la direction de l'Académie des
Sciences de l'Institut de France. Compte rendu. Procès-verbaux des Séances.
Paris, Gauthier- Villars, 1901. (Présenté par M. Darboux, Président de
l'Association.)
Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris,
exécuté parM. M. Lœwy, Directeur de l'Observatoire, et M. P. Puiseux;
5* fascicule comprenant : 1° Etudes sur la topographie et la constitution de
l'écorce lunaire (suite). 2° Planche e. Image obtenue au foyer du grand équato-
rialcoudé. 3° PlanchesXXVIàXXIX. Héliogravures d' après les agrandissements
sur verre de cinq clichés des années 1894, 1897, 1898, 1899. Imprimerie
( «447 )
Nationale, 1900; texte i fasc. in-4" et atlas i fasc. in-f". (Envoi de
M. le Ministre île l'Instruction publique.)
Essai sur la théorie générale de la Monnaie, par Albert Aupetit. Paris,
Guillaumin et C'*, 1901; i vol. in-8°. (Présenté par M. Poincaré.)
Nouvelle théorie céleste, par A.-A. Humbert. Marseille, inipr. Achard et G'*,
1889; I fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Mécanisme et Dynamisme, loi fonctionnelle de la Création, par L.-C.-E. Vial,
1"^^ el 2* parties. Paris, chez l'Auteur, 1901; 2 fasc. in-S". (Hommage de
l'Auteur.)
Commission météorologique delà Gironde. Observations pluviométriques et
thermométriques faites dans le département de la Gironde de juin 1899 à mai
1900. Note de M. G. Rayet. Bordeaux, impr. G. Gounouilliou, 1900;
I fasc. in-8°.
Département de l'Eure. Rapports du Conseil central et des Conseils d'arron-
dissement d'Hygiène publique et de Salubrité, année 1900. Evreux, impr.
Charles Hérissey, 1901 ; i fasc. in-S". (Envoi de M. le Préfet de l'Eure.)
Royat-les-Bains. Revue de Clinique thermale, par le D'' H. Laussedat.
Paris, 1901; 1 fasc. in-12.
L'Anthropologie, rédacteurs en chef: MM. Boule et Verneau; t. XH,
n°' 1, 2; janvier-avril, 1901. Paris, Masson et C''^; i vol. in-8°.
Procés-verbaux des Séances de la Société des Sciences physiques el naturelles
de Bordeaux, années 1899-1900. Paris-Bordeaux; 1 fasc. in-8°.
Omis. Bulletin du Comité ornithologique international, I. XI (i 900-1 901),
n° 1. Paris, Masson et G'*; i fasc. in-»''.
Bulletin de la Société industrielle d' Amiens, t. XXXIX, u° 1, janvier-février,
1901. Amiens, impr. T. Jeunet; i fasc. in-S".
Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 29* année, u" 1, juivier-février,
1901. Rouen; i fasc. iu-S".
Compagnie des Chemins de fer du Midi. Assemblées générales ordinaire et
extraordinaire des actionnaires du 27 avril iç)0i, présidence de M. Léon Aucoc.
Rapports du Conseil d' Administration. Résolutions de l' Assemblée. Paris; i fasc.
peî. in-4°.
Annals of the aslrophysical Observatory of the Smithsonian Institution;
vol. I, by S. P. Langley, director, aided by G. G. Abbot. Washington,
1900; I vol. ia-4°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de M. S. P.
Langley.)
Wissenschaftliche Ergebnisse der Reisen in Madagascar und Ostafrica in
denJahren 1889-95, von D'' A. Voeltzkgay; Bd II, Heft 3, mit i3 Tafeln
( 1448 )
und i4 Textfiguren. Frankfort-s.-M,, Morilz Diestervveg, 1901; i fasc.
in-4". (Présenté par M. Grandidier. Hommage de l'Atiteur.)
Publications of the United States naval Observatory; second séries, vol. I,
Washington, 1900; i vol. in-4°.
Pacific Coast. Coast pilol of California, Oregon and Washington, by
George Davidson, fourlh édition. Washington, 1889; i vol. in-8°.
U. S. Commission of Fishand Fisheries, George M. Bowers, comniissioner,
part XXV. Report of the Commissioner for the year ending june 3o, 1899.
Washington, 1900; i vol. in-S".
Anniial Report of the Smithsonian Institution, 1898, U. S. National
Muséum. Washington, 1900; i vol. in-8°. {A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 28 mai 1901.)
Note de M. Bouquet de la Grye, Sur la parallaxe du Soleil :
Page 1262, ligne 5 en remontant, au lieu de 66""",o4i, Usez 62"'",o4i.
(Séance du 3 juin 1901.)
Note de M. L. Raffy, Détermination des surfaces qui sont à la fois des
surfaces de Joachimstal et des surfaces de Weingarten :
Page i3i3, en tète de la ligne 9, lisez (2).
Même page, en tête de la ligne 12, lisez (3).
Même page, ligne 26, au lieu de
lisez
dT^ _ ^-— (»t4-Y)^ + (c + wy) d^
T - ■^-(ni--!)i-(c-hm'!) T
dT _ i-^ — (/» -i-Y)t-Kc_j_,„.,) d^
ï ~ ?- + (?«-+- Y)^ — {c-t-wf) ^'
I^age i3i4, ligne 7, au lieu de i- = — i. . -, Usez c = — — / • • ••
Même page, ligne 10, au lieu o?e R, et D,, lisez R, et Rj.
Même page, ligne 17, au lieu f/ecosX0, lisez cosX6; au lieu de q = ..., lisez c:
r 23.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 10 juin 190L)
»IEM01IIES ET C0MMlJi\lCAT10.\S
DES MEMBIIIÎS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. G. MiTTAti-LiiFi'LEii. — Sur la série de
Bernoiilli ^ i3ss
l'ages.
M. liERTHELoT. — Sur le lilr.Tye ù Taide des
colorants des acides et des alcalis à fonc-
lion complexe uî;- M. li. Vallier. — Sur les intégrales eulé-
\l. J. BoussrNESu. — Mise en équation des riennes ineomplùlos de deuxième espèce
pliénomènes de convection calurilli|ue et et les intégrales indélinies des fondions
aperçu sur le pouvoir refrnitlissant des précédentes eIÎ'
fluides i:tN? i
IVOMINATIONS.
Commission chargée tie juger le concours du
prix Leconte pour ir/oi : MM. Fougue.
Bouijuet de ta Grye, Darboux, llerllie-
hit, /ifiitc/iarct, Ja/i.sse/f, /^oincure, Ot'd/t-
didier, Laussedat. /ion.r, A/oissan liii).')
CORRESPONDANCE.
M. le SiiCRÉTAiitr; l'EnrÉTUEL présenle le
compte rendu de la première Assemblée
générale de l'Association internationale
des Académies, tenue A Paris du i(i au
20 avril igoi i H)li
M. le Seofietaihe I'ERPf.ïuel signale: i° Le
premier Volume d'une publication de
M. Langley ayant pour titre : « Vnnals
of tlie astropliysieal Ohservatory of tlu'
Smillisonian Institution » ; 2' Le cin-
quième fascicule de l'.Mlas pliologra-
phique de la Lune, publié par l'Obser-
vatoire de Paris, exécuté par MM. M.
I.œwy cl P. Huiseux: i- Ui> Ouvrage de
M. Auj)etit intitulé : « Essai sur la théorie
générale de la Monnaie » ■(!)'!
La SOCIETE nES Amis des Sciences i-hy-
SIQUES ET MATllEM.VriQUES DE PoLTAVA
invite l'Vcadémie à s'associera la célébra-
tion du centenaire de la naissance de
Michel Ostrugiadsky, qa\ aura li«u A Pol-
tava le 12-23 septembre igot 1 )i|(i
M. E. PimAGMÈN. — Sur le domaine de
convergence de l'intégrale infinie
/ V{ax)e'" da iMi'i
*- i>
M. Uaiîut. — Sur nn invariant remar-
quable de certaines transloriiiations réali-
sées par des appareils enregistreurs 1-^99
M, A..P0NS0T. - LoisdeGay-Lussac et dis-
sociation des composés gazeux i'|Oi
M. U. Neuueano. — Vibrations produites
dans un lil à l'aide d'une machine à in-
lUience ''l'i'i
M. On. PoLLAK. •- Sur un voltamètre dis-
, joncteur des courants 1 'i"5
I INL C Ltox. - Sur un grisoumélre élec-
I trique i4oS
I M. H Pelabon. — Sur la vérification expé-
rimentale d'une joi lU- mécanique chi-
mique i-4ii
.\L /V. llKcouiiA. - Action d'un hydrate mé-
tallique sur les solutions des sels des
autres métaux. • Sels basiques à deux
métaux i/ji 't
M. Maucei, DeléI'INE. — Sur les étbcrs imi-
dodilhiocarboniques R.\z= C( SH')- . . . . i^i'i
MM. L. MAyuENNE et G. Bertkand. — Sur
les érylhriles actives j-Ih)
M. E. l'LEUUENr. — Etude d'un densimélrc
destiné A la détermination de la valeur
boulangéie des farines de blé 1421
MM. C. GiiiAUD et V. Boudas. — Analyse de
quelques travertins du bassin de Vich)..- ' '(2.i
MM. L. IluPAuc et K. PiAiiCE. — Sur le
gabbro à olivine de Knsswinsky-Kamen
( Oural ) - I '1 ■''
M. DE La.mothe. — Sur le rôle des oscilla-
lions eustatiqucs du niveau de base dans
la forEualion des systèmes de terrasses de
linéiques vallées i.'i'^S
M. Louis Leoeh. — Sur la morphologie des
éléments sexuels chez les Grégarines sty-
lorhynchides r'(.''
M. A. Billet. — Sur la présence constante
d'un stade grégarinifornie dans le cycle
évolutif de l'hématozoaire du paludisme.. i4''i3
M. C. ViGUiEii. Nouvelles observations sur
la parthi-niigenése des Oursins i43'i
M. H. GuiLLEMARD. - Sur l'emploi de
l'acide silicotungstique comroe réactif des
alcaloïdes de l'urine. Variations de l'azolc
alcaloïdique i4'^''^
. r 23.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages. I ^ Pages.
M. jMAnAGE. — Sur les ololithes de la gre- | M. \. Nodon adresse la description d'un
nouille i'l4i ' « trieur de phases électrolytique pour
1\I. H. Cambiiîh. — Sur une mélhode de couranls alternatifs» I^'|h
recherche du bacille typbique \\\î ! M. Marcellin Langlois adresse un Mémoire
M. F. GONNESSIAT. — Six mois d'observa- 1 ayant pour litre ; « Recherches sur la
lions niéléorolosiques il Quito 1^44 I constiUitioii des alnmes, le gluciniuni ».. i44t>
Bulletin bibliogkm'iiiqlk '446
Ehrata ' 'l'î^
PARIS. —IMPRIMERIE G A UT H [ E R-V I L L A R S ,
Quai des Grands-Augustias, 5ï.
Le Gérant .*i>&DTBiBH-ViLLARt.
-^«xy 1901
PREMIËK SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
e.4.U un. liBS SBOHÉT4inES PBKPÉTVBEiS.
TOME GXXXII.
N^ 24 (17 Juin 1901).
^PARiS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1901
RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
r Académie se composent des extrails des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
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vant et mis à la fin du cahier.
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Article 5.
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Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
dép^serTsIcrérarfaTau ZTSW t T'""' '''"' P'"^"*^'" '^"" ^''^°''''' ^'' ""« ^^ Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
C'A. y i^^^
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 17 JUIN 1901
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Recherches sur les équilibres chimiques. — Formation des phosphates
insolubles par double décomposition : Phosphate de soude bibasique et
azotate d' argent ; par M. Berthelot.
« Le changement de neutralité des dissolutions salines, par l'effet des
doubles décompositions avec formation de sels insolubles, est surtout frap-
pant lorsqu'on opère avec les phosphates, spécialement avec le phosphate
de soude bibasique à réaction alcaline, dont le mélange aux sels neutres,
terreux et métalliques, donne naissance à des liqueurs acides. Cette
variation de neutralité a été constatée depuis trois quarts de siècle environ,
et ses conséquences physiologiques ont été particulièrement signalées par
Liebig; elles sont fort importantes en urologie. Mais les réactions suscep-
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 24.) 187
( i45o )
liblcs de produire une semblable variation offrent une complexité qui
n'avait pas été soupçonnée tout d'abord et dont l'étude présente un grand
intérêt pour la théorie des équilibres chimiques. Il importe à cet égard de
préciser rigoureusement et par expérience certains cas individuels bien
définis, au lieu de demeurer dans la généralité vague des équations algé-
briques.
» J'ai déjà mis en évidence l'influence des degrés de saturation
multiples que peut affecter l'acide phosphorique dans les phosphates inso-
lubles, dont la composition varie depuis la bibasicité jusqu'à la quadri-
basicité.
» L'influence des sels doubles n'est pas moins importante, comme le
prouvent les changements successifs des phosphates barytiques et analo-
gues, depuis l'état de phosphates à une seule base, amorphes ou cristallisés,
jusqu'à celui des phosphates à deux bases, barytosodiques, étudiés par
M. Joly, et qui représentent dans certaines conditions le degré ultime de
la transformation, conformément au principe du travail maximum (').
» Je me propose de montrer aujourd'hui qu'il existe des complications
du même ordre, quoique d'un caractère un peu différent, dans la double
décomposition, réputée typique jusqu'à présent, entre le phosphate biso-
dique et l'azotate d'argent.
» Le phosphate monosodique ne donne point naissance à un précipité;
tandis que le phosphate trisodique précipite régulièrement du phosphate
triargentique : il n'y a donc pas lieu de les examiner.
» J'ai opéré avec trois systèmes, dans lesquels les proportions relative
étaient les suivantes :
» Pour 1 molécule de phosphate bibasique (PO*Na'-H -- 8'"); i, i et
S molécules d'azotate d'argent (AzO'Ag = 4''*)-
1° PO^Na^H-4-AzO'Ag.
» La précipitation a été faite à froid et le mélange aussi rapide que
possible.
» La liqueur filtrée est acide à la phénolphtaléine. Elle exige jNaOH
(un tiers d'équivalent) pour être neutralisée, opération qui ne donne
lieu à aucun précipité permanent.
(') Ann. de Chim. et de Phys., 6» série, t. XI, p. 355 et 356; 1887.
( i45i )
» La même liqueur filtrée est alcaline au mélhylorange et au tournesol.
Elle exige |HC1, ou plus exactement o, 34 H Cl pour être neutralisée en
présence du méthylorange, nouvelle opération qui ne donne pas lieu
davantage à aucun précipité.
» Avec le tournesol, le virage est incertain.
» Rappelons que le phosphate bisodique est neutre à la phtaléine et
basique (un seul équivalent) au méthylorange. La liqueur filtrée a donc
gagné I d'équivalent acitle, estimé par le méthylorange; tandis qu'elle a
perdu au contraire | d'équivalent alcalin, estimé par la phlaléine.
» Ces résultats s'accordent sensiblement avec l'équation
3AzO-Ag + 3P0^Na-H = 3 AzO'Na + PO^Ag' + PO^Na^H + PO*NaH= ;
équation d'après laquelle, en opérant avec une molécule dudit phosphate,
la liqueur filtrée doit exiger un tiers d'équivalent alcalin (soude) pour être
neutralisée vis-à-vis de la phtaléine : le point neutre répondrait alors à
PO'Na'-'H. La liqueur exigerait au contraire, d'après la même équation,
un tiers d'équivalent acide (HCl) pour être neutralisée vis-à-vis du méthyl-
orange : le point neutre répondant cette fois à PO^'NaH-.
n La précipitation totale de l'argent, telle qu'elle a été observée, est
également conforme.
)) Cependant, malgré ces contrôles apparents, l'équation n'est qu'ap-
proximative. En effet, en poussant plus loin les vérifications, j'ai constaté
que le précipité n'est pas constitué par du phosphate d'argent tribasique
pur; mais il renferme en outre une petite quantité de phosphate de soude
monobasique excédante, entraîné ou combiné avec le phosj>hate triargen-
tique.
» L Ce précipité ayant été recueilli, lavé et bien égoutlé à froid, a
présenté la composition suivante :
Ag 76>i2
P 7,68
Na 0,20
Excès (O 4- H'- O) i5,95
» Aucune trace d'acide azotique n'existait dans le précipité, d'après un
essai spécial.
» IL Dans l'opération précédente, les lavages ont été prolongés seule-
ment jusqu'à un terme où le phosphate commençait à s'émulsionner et à
( i452 )
passer à travers le filtre. L'absence d'azotate dans le précipité prouve
d'ailleurs qu'ils avaient été suffisants, dans les conditions de nos essais.
» Cependant on a cru devoir répéter l'expérience, en prolongeant les
lavages et recueillant dans un vase à précipité le liquide émulsionné,
contenant un peu de phosphate argentique.
» On l'a laissé reposer pendant 24 heures : ce qui a permis de séparer
par décantation le sel émulsionné et de le recueillir sur un second filtre.
» Les poids respectifs du précipité lavé, retenu sur le premier filtre,
et de la matière émulsionnée, récoltée sur le second filtre, ont été trouvés,
dans deux essais :
1 o8%6i55 et o,o468
2 os^ôSoa et 0,0876
» On a analysé séparément le précipité du premier filtre (a), soit 0,61 55
et o,63o2, et le précipité (è) du second filtre (émulsion), soit o,o468 et
0,0376, ce qui a donné :
(a) (6)
A^S 76,07 76,6
P 7,69 7>5
Na o,r8
» Absence complète d'acide azotique dans les deux précipités (a) et (h).
» On voit que le précipité (a) a fourni les mêmes résultats sensible-
ment que dans la première opération. Quant au précipité (6), son poids,
beaucoup plus faible que celui du précipité (a), permet d'alfirmer seule-
ment que sa composition n'en diffère pas au delà des limites d'erreur.
» Or, circonstance remarquable, ces résultats analytiques ne répondent
pas exactement à un phosphate triargentique, PO*Ag% lequel exigerait
Ag 77,33
P 7.39
0 15,28
sans aucune trace de sodium.
» En comparant ces nombres, on voit que le phosphore est en excès
atomique sensible par rapport à l'argent, et cependant on a constaté que
l'argent mis en réaction avait été complètement précipité : d'où résulte
cette conséquence nécessaire que le précipité contient une certaine dose
d'acide phosphorique excédant, conséquence confirmée par la présence
d'une certaine dose de sodium.
( 1453 )
» D'après les doses observées du phosphore, de l'argent et du sodium,
les rapports atomiques répondant aux analyses sont les suivants :
PO*Ag-'*'Na''°^H''''»,
soit
Ag 76, i6
P 7,68
Na 0,28
0 + H i5,88
c'est-à-dire, en tenant compte de la précipitation totale de l'argent, les
rapports empiriques
igPO'Ag' + PO'NaH»;
ou plutôt, d'après ce fait que la limite de saturation a été définie par la
phtaléine, c'est-à-dire par la bibasicité de l'acide phosphorique,
i8P0*Ag'-^ PO*Ag=H + PO*NaAgH.
» Remarquons d'ailleurs que la dose de phosphate de soude observée
dans le précipité surpasse de beaucoup celle qui aurait pu répondre à
quelque trace d'eau mère retenue dans ce précipité, même lors de la
séparation du produit analysé d'abord; et, a fortiori, dans le cas du pro-
duit qui a subi des lavages beaucoup plus prolongés.
» D'ailleurs, si la soude avait été simplement fournie par une eau mère
retenue, elle aurait dû renfermer une dose sensible d'azotate de soude,
composé dont une recherche soignée n'a révélé aucune trace.
» L'existence de semblables sels accessoires, dans la plupart des pré-
cipités, est bien connue des chimistes : c'est l'une des difficultés que l'on
rencontre au cours des analyses très exactes. On l'attribuait autrefois à
ce que l'on appelait les affinités capillaires. Mais elle paraît résulter en
réalité de la formation de certains sels doubles et composés secondaires,
dissociables par l'action de l'eau et qui servent de pivots aux équilibres,
surtout aux phénomènes désignés autrefois sous le nom de calalytiqaes.
Leur rôle n'est pas douteux; mais la proportion en est assez faible, d'ail-
leurs, pour ne guère être sensible aux essais alcalimétriques.
» Ces sels doubles, déjà dissociés partiellement par l'eau froide, le sont
plus facilement encore sous l'influence de la chaleur. C'est ce que j'ai vé-
rifié par l'analyse suivante, exécutée sur un précipité obtenu dans une
( -454 )
liqueur chaude, maintenu ensuite pendant deux heures au bain-marie en
présence de son eau mère, lavé enfin à l'eau chaude. Dans ce cas, il n'y a
pas éraulsion, et l'on a trouvé :
Ag 77'2i
P 7>59
Na 0,08
O-hH i5,i2
Pas d'azotate.
» Ces nombres sont beaucoup plus voisins de ceux du phosphate triar-
gentique pur. Cependant il y a encore im léger excès de phosphore et une
dose sensible de sodium. Le sel double n'était donc pas complètement
dissocié, même dans ces conditions.
2° PO^Na^H + aAzO'Ag
1) Précipitation à froid.
» La liqueur filtrée est acide à la phtaléine et au méthylorange. Estimé
par la soude, le titre acide, avec le méthylorange, répond à jNaOH;
» Avec la phtaléine, à I Na OH.
» Si l'on envisageait uniquement ces deux déterminations, il en résul-
terait que la liqueur se comporterait comme contenant^ de molécule PO^ H^
d'acide phosphorique libre (ou un mélange équivalent de cet acide avec
l'acide azotique, se faisant équilibre vis-à-vis de l'alcali); ce qui répondrait
à l'équation suivante :
2AzO»Ag+PO*Na^H ^: ^AzO'Na -+--; PO*Ag' + iPO*H',
c'est-à-dire
ôAzO'Ag -h aPO^Na^îH == ÔAzO'Na + 2PO\\g' -f- PO*H';
la perte d'acidité éprouvée par le phosphate de soude étant de deux unités
équivalentes sur trois, vis-à-vis du méthylorange, et de deux unités sur six,
vis-à-vis de la phtaléine.
» Cette perte d'acidité est réelle; mais l'interprétation donnée par la
formule ci-dessus n'est pas exacte, attendu que le phosphate d'argent
exprimé par la formule ne se retrouve pas entièrement dans le précipité.
» En réalité, l'argent est partagé entre le précipité et la liqueur, une
( i455 )
jjortion existant dans cette dernière à l'état de phosphate acide d'argent.
En effet, lorsqu'on verse dans la liqueur de la soude jusqu'à la limite
indiquée par le virage de la phtaléine, cet alcali donne lieu à un nouveau
précipité de phosphate, qui contient le reste de l'argent.
» On peut ainsi doser l'argent resté dissous. Mais, pour plus de rigueur,
j'ai préféré précipiter cet argent sous forme de chlorure que l'on a pesé ;
ce que l'on réalise par l'addition d'unedose connue d'acide clilorhydrique.
On a titré ensuite par les colorants la liqueur filtrée, de façon à y déter-
miner l'acide phosphorique. En opérant ainsi, à partir du système initial
PO*Na-H + aAzO'Ag, et en ajoutant après la première filtration i équi-
valent de HCl, on a trouvé: Ag resté dissous, o^'i.Sy.
» Puis la liqueur filtrée une seconde fois, titrée par la soude, a donné
Titre acide : Estimé au méthylorange i""*!, 12
» Estimé à la phtaléine i''^,5y
» La différence de ces deux chiffres indique o™°',45 PO' H' dans cette
dernière liqueur.
» Ce résultat a été contrôlé en dosant à l'état de pyrophosphate
magnésien l'acide phosphorique resté dans la liqueur finale. On a trouvé
ainsi un poids correspondant à 0"^°', 46 PO* H'.
» D'après ces données, l'équation de la réaction rectifiée sera
2 AzO' Ag -H PO* Na= H = 2 AzO 'Nn 4- o, 543 PO\\g' précipité
-F-o,37PO*AgH^ + o,o87PO*H'
» Après précipitation par un équivalent HCl, le titre acide aurait dû
être
DifTérence
Au méthylorange 0,46-1-0,63=1,09 ) ,^p^„,
A la phtaléine 0,92 -f- o,63 = i,55 \°''i'^*^^^
ce qui concorde suffisamment, étant données les limites d'erreur du
dosage par les colorants dans des systèmes complexes.
» L'acide azotique a été supposé ici entièrement neutralisé. Il serait
plus exact d'admettre une équation dérivée de la précédente, en repré-
sentant l'équilibre entre l'acide azotique et l'acide phosphorique, regardés
tous deux comme monovalents, et opposés dans la liqueur aux deux
bases présentes, la soude et l'oxyde d'argent.
» Cependant le phénomène est en réalité plus compliqué que ne l'indi-
quent les données déduites des virages de colorants. Pour en prendre une
( 1456 )
idée exacte, il est nécessaire de faire l'analvse des précipités obtenus dans
les deux périodes successives de l'opération, c'est-à-dire après le simple
mélange de dissolutions et après l'addition de la soude dans la liqueur
filtrée.
Premier précipité. Second précipité.
Ag 76,51 75,55
P 7,56 7,60
Na 0,19 o,4o
Oh-H i5,74 16,45
» On voit que dans ce cas, comme dans le précédent, les précipitations
étant opérées à froid, le précipité retient de la soude, et que le phosphore
est en excès par rapport à l'argent.
1) Les rapports atomiques calculés d'après les chiffres des analyses, sont
les suivants :
Premier précipité. Second précipité.
PO* Ag-'<" Na^'^H"'»", PO' Ag-''^" Na".»' H»'»'.
Calculé. Calculé.
Ag 76,63 75,63
p 7>57 7.79
Na o, 17 o,4o
i5,63 16, 58
c'est-à-dire
PO'Ag'+jS-POiNalI'; PO»Ag'-(- /^PO'NaH'i
ou plutôt pour le premier précipité :
36 PO* Ag^H- PO' Ag-II + PO' Ag Na H
ou plutôt pour le second précipité :
i3 PO' Ag2 -H PO'Ag^H -H PO'Na Ag H.
3° P0*Na=H-h3 AzO'Ag.
» Précipitation à froid.
)) La liqueur filtrée est acide aux colorants, méthylorange et phtaléine.
Par la soude, elle fournit avec les deux le même litre acide, soit un équi-
valent; ce qui indique qu'il y reste uniquement des acides jouant un rtMe
monovalent. La formule simple qui se présente à première vue est la sui-
vante :
PO^Na^H + 3AzO'Ag= PO'Ag' -h 2AzO'Na + AzO'H.
( 1457 )
» Mais, de même que ci-dessus, cette formule est inexacte, la soude don-
nant lieu dans la liqueur à un précipité jaune de phosphate d'argent. Il s'agit
donc en réalité, pour une fraction de l'acide phosphorique initial, d'un
certain équilibre entre les deux acides azotique et phosphorique, opposés
aux deux bases, soude et argent.
» Pour doser l'argent dissous, on a repris la liqueur filtrée, aussitôt
après le mélange, on y a ajouté deux équivalents d'acide chlorhydrique
2 H Cl; on a filtré de nouveau, puis titré la liqueur. Celle-ci a indiqué, par
la soude.
Différence.
Avec le méthylorange 2*1, 24 acide
Avec la phlaléine 2*1, 63 acide
0,39.
» La différence représente 0™°', 39 d'acide phosphorique PO' H', contenu
dans la liqueur. Ce chiffre a été contrôlé par un dosage direct par pesées
de pyrophosphate magnésien, lequel a fourni en effet la valeur
o'"°',39PO*H\
» D'aulre part, le poids de l'argent précipité, au moment (ki mélange
avec 2 H Cl, répond à 1^^1,19. La première précipitation a donc séparé
i,8iAg, c'est-à-dire o,6o3PO*Ag^. Il restait, par conséquent, à l'état
dissous : 0,397 PO^ H'; ce qui concorde avec les dosages précédents, indi-
quant 0,39.
» De là résulte l'équation rectifiée
AzOUg+ PO*Na=H
= aAzO'Na + o,779AzO'Ag
-t- o,22iAzO'H + o,6o3PO*Ag' précipité + 0,397 PO* AgH^,
ou plus exactement une équation dérivée de celle-là et représentant l'équi-
libre entre les deux acides opposés aux deux bases dans la liqueur.
» Si l'on ajoute dans cette même liqueur 2HCI, cela précipite, d'après
l'équation : i,i8Ag, en laissant o,82HCl libre. Le titre acide résultant
Mesuré au méthylorange, représente 2"^i,23 1
, , . 1 o,4oPO*li^.
Mesuré à la phtaleine, représente 2'"i,62 )
» Entre les trois cas examinés dans le présent Mémoire, le cas actuel est
le seul où nous soyons obligés d'admettre l'existence d'une certaine dose
d'acide azotique libre, même en dehors de l'existence, peu contestable
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N° 34.) 188
( i458 )
d'ailleurs en toute circonstance, d'un certain partage des bases entre les
deux acides.
» Mais il convient d'approfondir davantage et d'examiner la composi-
tion réelle des deux précipités formés, tant au moment du mélange pri-
mitif que lors de l'addition de la soude, jusqu'à virage de la plitaléine, à la
première liqueur filtrée.
» On a trouvé :
Premier précipité. Second précipité.
Ag 77'io 77)05
P 7,46 7,46
Na o,o4 o,o3
i5,4o i5,46
» il n'y a pas trace d'azotate dans aucun des deux.
» Après la seconde précipitation, la liqueur ne contenait plus trace
d'acide j)hosphorique.
)) Les deux chiffres observés sont très voisins du phosphate triargen-
tique par, lequel exige :
Ag 77-33
P 7,39
Na o,oo
i5,28
» Cependant il y a encore ici une trace de sel double argentosoclique
dans les précipités. Mais la dose en est si faible et l'écart avec le phosphate
triargentique si minime qu'il ne paraît pas utile d'en faire l'objet d'un
calcul particulier. Je me borne ici à dire que les poids réunis des deux
précipités ont été déterminés dans une expérience : ils s'élevaient à 2S'',o84;
le calcul indiquait 2, o65. Il y avait donc réellement un léger excès, attri-
buableà la précipitation des phosphates sodiqueet argentiquebibasiques.
» En résumé, en opérant à froid, la précipitation totale de l'argent sous
forme de phosphate, dans la réaction du phosphate bisodique sur l'azotate
d'argent, a eu lieu seulement lorsque les deux sels ont réagi à molécules
égales, les deux tiers de l'acide phosphorique demeurant dissous sous
forme de sels mono et bibasique.
» La précipitation totale de l'acide phosphorique sous la forme de phos-
( "ISP )
phate argentique a eu lieu seulement lorsque l'on a employé 3 naolécules
d'azotale d'argent pour i molécule de phosphate bisodique, avec addition
finale de soude, en dose équivalente à la neutralisation appréciée par la
phtaléine.
» Dans tous les cas, le mélange initial donne lieu à des phénomènes
d'équilibre entre les deux acides : d'où résulte, sauf dans le premier cas,
la formation d'une certaine dose de phosphate argentique soluble.
» Enfin les précipités formés en présence d'un excès de phosphate con-
tiennent, à côté du phosphate biargentique prédominant, une certaine
dose de phosjthates biargentique et argenticosodique, c'est-à-dire de
sels doubles, caractéristiques de l'étal final du système, comme il arrive
dans la grande majorité des phénomènes d'équilibre chimique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouvelles synthèses effectuées au moyen des
molécules renfermant le groupe méthylène associé à un ou deux radicaux
négatifs. Action de l' épichlorhydrine et de V épihromhydrine sur les éthers
benzoytacétiques sodés. Note de M. A. Hailer.
« Le but de ces recherches était de préparer toute une série de nouvelles
combinaisons à fonction alcoolique mixte, en fiiisant agir des molécules
renfermant le groupement oxvde d'éthvlène R.CH — CHR'surles dérivés
sodés des corps de la forme CH-^' ; comme les éthers maloniques,
cvanacétiques, acétoacétiques, benzoylacétiques, l'acétylacétone, etc.
MM. W. Traube et E. Lehmann (' ) ayant publié, au cours de notre travail,
une étude inspirée par la même idée, et consistant à condenser l'oxyde
d'éthvlène et l'épichlorhydrine avec les éthers malonique et acétoacétique
sodés, nous nous bornons pour le moment, après entente avec ces savants,
à poursuivre l'action de l'épichlorhydrine et de l'épibromhydrine sur
quelques autres molécules, et en particulier sur les dérivés sodés des éthers
benzoylacétiques, cyanacétiques et acétonedicarboniques, et sur quelques
dicétones p. Quand on traite à froid une solution d'une molécule de ben-
zoylacétate d'éthvle sodé dans l'alcool absolu, par une molécule d'épichlor-
hydrine. et quon abandonne le mélange à lui-même, il se produit une
(') Ber. deut. citcm. Ges., t. XXXIII, p. 720; 1899.
( i46o )
condensation avec dégagement de chaleur, et le liquide se prend peu à
])eu en une masse blanche et cristalline. I>a réaction est terminée au bout
de trois ou quatre jours. Ce produit de condensation, sans doute constitué
par un dérivé sodé d'un éther complexe n'est pas susceptible d'être isolé
à l'état pur pour l'analyse. On le dissout dans l'eau, et on traite la solution
par de l'acide chlorhydrique. Le précipité huileux qui se forme au début
ne tarde pas à se solidifier. On le recueille, on le lave et le purifie par une
série de cristallisations dans l'alcool bouillant. On obtient ainsi de fines
aiguilles fondant à loS^-ioô" ('), insolubles dans l'eau, très peu solubles
dans l'éther et l'éther de pétrole,
» L'analyse de ce corps conduit à la formule C'-H"C10'. La détermi-
nation de son poids moléculaire par la cryoscopie donne le chiffre 228, au
lieu de 238,5 qu'exige le poids moléculaire calculé.
» Son mode de formation, sa solubilité dans les alcalis, l'étude de ses
propriétés, nous font attribuer à ce composé la formule d'une cétolactone
nouvelle, qui prend naissance à la suite des réactions suivantes :
I CH^CO.CHNa.COOC^Hs+CH^— CH-CH^Cl
(.) ) ""
= CH'.CO.CNa — COOC^H^
I
\ CH^— CHOH.CH^Cl
C6H^C0.CNa.C00C^H=-i-H=0
I
CH^CH0II.CH2C1
=:C«H^CO.CH.COONa
1 4-CMPOH
CH^.CHOH.CH^Cl
/ C'H^CO.CH.COONa
l I -hHCl
] CH2.CH0H.CH=C1
(3) j =:C«H5.C0-CH.C0
{ ^O +NaCl4-H'0
CH^.CH-CH^CI
)> Si cette interprétation est exacte, on doit pouvoir obtenir le même
composé en partant du benzoylacétate de méthyle. L'expérience a justifié
{■i)
(*) Dans une très courte note préliminaire publiée dans le Bulletin de la Société
Chimique, 3= série, t. XXI (1899), p. 564, le point de fusion de ce corps est donné
par erreur à 85".
( i46i )
ces prévisions. Les aiguilles isolées avaient même composition et même
point de fusion que celles préparées avec le benzoylacétate d'éthyle.
» Nous avons enfin apporté une autre vérification à notre manière de
voir, en substituant à l'épichlorhydrine le dérivé brome correspondant.
La réaction s'est effectuée de la même façon et a donné lieu à la formation
du composé brome C'^H"BrO', qui cristallise en aiguilles fondant à 92°-
93". Ce dérivé se forme qu'on parte du benzoylacétate d'éthyle ou de son
homologue méthvle.
» Les deux cétolactones
C'H^CO.CH— CO
C'H'.CO.CH — CO
1 >
1 >v
CH'.CH — CH-CI
CH=-CH-CH^Br
peuvent donc être considérées comme des -i-benzoyl.^-valérolactoncs.
S-chlorée ou S-bromée. La phénylhydrazone de la lactone chlorée, obtenue
en chauffant le produit avec du chlorhydrate de phénylhydrazine et de
l'acétate de soude fondu, a pour formule C'*H'°ClAz=0- et fond entre
148° et iSo'".
» Action des alcalis sur la lactone chlorée. — La potasse étendue et froide
dissout la lactone en donnant vraisemblablement le sel de l'oxyacide;
mais, quoi qu'on fasse, l'action de la base se porte sur le groupement
chloré, car on constate la formation de chlorure alcalin. Aussi a-t-il été
impossible de préparer le sel d'argent de l'oxyacide chloré.
» La solution alcaline, chauffée pendant quelques jours, puis acidulée
par de l'acide chlorhydrique, donne lieu à un dégagement d'acide carbo-
nique en même temps qu'il se précipite une huile qu'on extrait à l'éther.
Cette liqueur, après avoir été débarrassée de l'éther, est soumise à l'action
de la vapeur d'eau, qui entraîne une notable quantité d'acide benzoïque,
qu'on a caractérisé par son point de fusion. La partie non volatile est
traitée par l'eau bouillante, qui enlève une cétone-alcool qui cristallise par
refroidissement en donnant un corps fondant à go^-gi". Ce corps fournit
avec la semi-carbazide une semi-carbazone dont le point de fusion est situé
entre i53° et 154°. Le résidu, insoluble dans l'eau bouillante, est épuisé
par l'éther, puis évaporé à sec et enfin traité à plusieurs reprises par
l'alcool.
» La solution alcoolique abandonne par évaporation un sirop qu'on
reprend de nouveau par de l'eau. La liqueur aqueuse, après avoir été
lavée à plusieurs reprises avec de l'éther pour enlever des produits résineux,
( i462 )
est finalement saturée par de l'hydrate de baryte. Il se forme, dans ces
conditions, un sel de baryte gommeux qu'il n'a pas été possible d'obtenir
jusqu'à présent dans un étal de pureté suffisante pour en faire l'analyse.
Ce sel est sans doute du dioxyvalérate de baryte. Nous y reviendrons.
» L'ensemble des réactions dont il vient d'être question peut se tra-
duire par les équations suivantes :
C»IP.CO.CH — CO
(I) l 1 ^O -f-KHO = C»H^CO.CH-COOK
(-0
(3)
CfP.CH — CH=C1
' C^H^CO.CH.COOK
I
CIP.CHOH.CH^Cl
= OH»C0 CH-^
/ +GO-'K--f-KCl
CH^CHOH.CH^OH
CH'.CO.GH.COOK
I +2KHO
CFP.CHOH.CH'-Cl
= G» H5 . CO^ K H- CH-^ - GO OK
I
GH^CHOH.GH^OH
GH^GH^OH.GIPGI,
2KHO
» Ces différentes équations montrent que, dans les conditions où l'on
opère, l'acide cétone-alcool-chloré, tout en étant transformé en glycol,
subit, et le dédoublement acide, et le dédoublement cétonique, comme le
font tous les acides p-cétoniques qui sont à notre connaissance.
» La présence du cétoneglycol et de l'acide carbonique d'une part, celle
de l'acide benzoïque et d'un acide gommeux d'autre part, justifient ample-
ment cette manière de voir.
» Le cétoneglycol C"H'''0^ qui a été analysé ne peut avoir que la for-
mule :
C"H' CO. CH-. CH-CHOH. CH-OH,
ce qui en fait un 4 benzoyl i . 2 biilanediol.
» Sa semi-carbazone, dont il a été question et qui a été égalementanalysée,
aurait la formule
C H'. C - CH-. CH-. CHOH. CH-OH.
Il
Az. AzH. CO. AzH-.
( i463 )
» Quant à l'acide glycol, il ne peut avoir que la formule représentée dans
l'équation (3). Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'y revenir.
)) En résumé, ces premières expériences montrent :
» i" Que les molécules qui renferment le groupement oxyde d'éthylène,
comme l'épichlorhydrine ou l'épibromhydrine, s'additionnent directement,
/R
et à froid, avec les dérivés sodés des corps en CH-n — , , R et R' étant des
radicaux négatifs, et probablement aussi aux corps renfermant les com-
plexes — CHNaCO — ou les complexes tautomères — CH = CONa — ;
» 2° Que dans le cas où l'on emploie les étliers p-cétoniques on obtient
d'abord des céto-oxyacides halogènes qui, mis en liberté de leur sel de
soude, se transforment en oétolactones halogénées de la forme
R. CO. CH - CO
I >o
CH-. CH-CH-CI;
» 3" Que ces oétolactones halogénées sont susceptibles de donner nais-
sance, sous l'influence des alcalis, à des cétoneglycols dont on ne connaît
guère de représentants jusqu'alors, lesquels fourniront très aisément de
nouvelles glycérines par réduction;
» 4° Que, dans ces mêmes conditions, les oétolactones peuvent aussi se
dédoubler en un acide monobasique (acide benzoïque dans notre cas) et
en un acide qui ne peut être qu'un acide glycol.
» Nous nous proposons de continuer l'étude de ces différents produits
de condensation et de dédoublement, et de généraliser les réactions obser-
vées dans les limites oîi le champ d'étude que se sont réservé MM. Traube
et Lehmann nous le permet.
» Des essais entrepris sur des corps renfermant les complexes CH — R' ou
\R"
I y i~^ \
CR'f comme le benzoylcyanacétale d'éthyle et le camphre cyané,
n'ont pas conduit à des résultats jusqu'à présent, mais nous nous propo-
sons de modifier les conditions de la condensation et espérons aussi
réussir avec les cétones sodées, comme le camphre, la menlhone, etc.,
sodés. »
( i464 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant dans la Section d'Anatomie et Zoologie, pour remplir la place
laissée vacante par le décès de M. Manon.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 87,
M. Maupas obtient 3o suffrages
M. Sauvage » 4
»
M. Pérez » 2 »
Il y a un bulletin blanc.
M. Macpas, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Alfred Rasix adresse un résumé de ses différents Mémoires sur les
aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. HosDEN adresse un Mémoire relatif à la direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie un Ouvrage de
M. Piero Gïacosa, de Turin, avec Atlas in-folio, Ouvrage ayant pour titre :
Magistri Sakrnilani nondum ecliti. Aux Publications déjà connues des maîtres
de ï École de Sale/ ne, cet Ouvrage ajoute plusieurs Traités jusqu'ici inédits
de divers auteurs salernitains, Ferrarius, Salernus, Johanues et quelques
anonymes des xi* et xii' siècles dont les écrits sont antérieurs ou contem-
porains du moine Constantin l'Airicain, traducteur des Arabes.
( i465 )
L'Atlas reproduit en fac-similé plusieurs manuscrits, frontispices, dessins,
opérations médico-chirurgicales, instruments, objets votifs, amulettes, etc.
ASTRONOMIE. — Nébuleuses nouvelles, découvertes à l'Observatoire de Paris ( ' )
(^équalorial de la tour de l'Ouest). Note de M. G. Bigouhdan, commu-
niquée par M. Lœwy.
Ascension
droite. Déclinaison.
1900,0
Numéros. ■ __— Dales rie la découverte, (le la description. — Remarques.
h m s .1 /
372. i.58.i6 4-3o.2o 1897 déc. 24. — Gr. i3,3. Assez slcllaire, 10" env. d'étendue,
formée par une condensation demi-diduse, un peu granu-
leuse, de 5" de diamètre, entourée d'un peu de nébulosité.
373. 2.23.39 4-3o..58 1897 déc. 22. — Gr. |3,5. Objet de aS" environ d'étendue,
granuleux, qui est probablement un amas.
374. 3.i>.ii +\\ ■ o 1884 nov. \!\. — Petit amas d'étoiles très faibles, parmi les-
quelles il y a peut-être des traces de nébulosité.
375. 3.i3.i8 +41.11 1884 oc(. 22. — Gr. i3,3-i3, 4. Néb. de 20" de diamètre, avec
petit noyau stellaire de gr. i3,4.
37G. 3.59.12 — 11.27 1897 déc. 16. — Gr. i3,2-i3,3. Stellaire et de 5" à 10"
d'étendue.
377. 4.23.57 -\- 7.29 1S99 janv. 8. — Gr. i3,3-i3,4. Env. 20" d'étendue et dans
l:u|uelle ou distingue plusieurs étoiles; pourrait être un
simple amas.
378. 4.26.55 — 4-54 1898 déc. 9. — Gr. i3,4-i3,5. Très dilFuse, parfois assez
stellaire; [\o" env. d'étendue.
379. 4-42.32 — 2.54 '897 déc. 20. — Gr. 13,"^. Objet un peu nébuleux, assez
fortement stellaire.
380. 4-46. 18 — 5. o 1897 déc. 17. — Gr. i3,3. Assez stellaire, arrondie, 12" envi-
ron de diamètre.
381. 4-32-55 -1-8.5 1899 déc. 25, et 1900 mars i. ^ Gr. i3,2-i3,3. Petit amas
arrondi de 3o" environ de diamètre.
382. 4-53.53 — 0.28 i885 janv. 16, et 1898 déc. 7. — Gr. i3,3. Etoile autour de
laquelle on a soupçonné quelques traces de nébulosité.
383. 4-53.56 — 0.28 i885janv. 16, et 1898 déc. 7. — Gr. i3,2-r3, 3. Etoile autour
de laquelle on a soupçonné un peu de nébulosité.
384. 5.3o.i3 —23.36 1887 déc. 16, etc. — Gr. 13,4-13,5. Néb. de 3o" environ de
diamètre dans laquelle on entrevoit deu\ étoiles distantes
de 25" à 3o".
(') Celte liste fait suite à celle de la page 1094 de ce Volume.
G. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, iN» 24.) I 89
( i460 )
Ascension
droite. Déclinaison.
Dates de la découverte, de la description. — Remarques.
1891 (léc. 22, elc. — Gr. i3,9.-i3,3. Néb. d'environ i',5 de
diamètre; une étoile voisine i3,i, située à /> = i63°,
c/=:o','j, gêne pour apercevoir cette nébuleuse.
386. 6. 3.56 +20.26 1890 févr. it. — Grande nébuleuse diffuse de 6' à 7' de
diamètre.
387. 6.26.29 +44.46 1892 janv. i. — Amas de i' de diamètre, d'aspect un peu
nébideux, mais dans lequel on distingue assez nettement les
étoiles.
388. 6.26.48 -+-44.47 'S92 Js"^- '' et 1899 mars 5. — Gr. i3,5. Néb. de 3o"
d'étendue, assez granuleuse; une étoile i3,3 est vers
p =: 2.50°, r/= o',8.
389. 6.44.13 +33.34 '884 déc. 21, i885 janv. 10, et 1897 mars 28. — Gr. i3,4.
Étoile nébuleuse voisine de 2288 N.G.C. ; une étoile 12 est
vers p =: 340°, (7=1 1' environ.
390. 7.18.50 +72.10 1900 jauv. 24. — Gr. i3,3-i3,4. Néb. de 20" d'étendue, un
peu stellaire, assez granuleuse.
391. 7.48.50 +56.57 1900 janv. 24. — Gr. i3,4. Objet demi-nébuleux, demi-
stellaire; une étoile 12,8 précède de 8' et est jibis boréale
de i'.
392. 7.53.33 +25.11 1899 mars i3. — Paraît être un amas de 3o" d'étendue,
formé d'étoiles |)eu serrées.
Rectifications et remarques.
Correction de N.G.C. Coordonnées pour 1900,0.
N G C. &■ Décl. S. Déol. Dates des observations.
1890 mars 9.
1891 mars 3.
1891 déc. 22.
1891 janv. 9.
i885 nov. i5.
i885 nov. i5.
i885 nov. i5.
1894 mai 26.
1887 juin 17.
1887 juin 12.
1887 juin 12.
1899 mai j3.
1896 mai i3.
1887 juin 12.- ---
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i4. 2.59
+5i.i4
5
i4. 3. .58
+55.34
6
i4. 9-23
+ 7.53
))
14. 8.43
+50.49
( i^i67 )
Corrcrlinii de N.G.C. Courdonncr^ liniii' ii|oo,o.
N.G.C. M- l'écl. JCi. nécl. Dalcs des obsci\ation!;.
Il m & 0
li.io. 3 +i5.36 1887 mai 23.
» 1/4. 10. 14 +36.52 1886 mai 3i.
» i4.23. 3 -t-52. 5 iS8g mai 3o.
14.2544 4-i4-28 1887 mai 20.
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+ 3 14.26.13 -t-i4.25 1887 mai 23.
» 14.27.49 -f-io.2i 1894 mai 9.
14.26. i3 +70. 8 1887 juin 27.
14.43.55 +12. 5o 1893 mai 21.
14.44.10 -1-12.53 1892 mai 21.
14.46. 4 +47-45 1898 juin 14.
14.49.55 +19. 3 1890 mai 19.
j-\o 14. 5i. 9 +12. i5 1894 mai 3i.
-i3 14.53.29 —16.28 1896 mai 1 3.
14.53.47 +73.27 1884 août 21.
14.54. 4 +73.32 1896 juillet II.
» 14.57.24 +72. 4 1884 août i4-
14.59.56 -1-74 .17 r884 août 18.
ASTRONOMIE. — Sur fc/uplui du stéréoscope en. Astionoime.
Note (le M. 3Iaurh:e Hamy, pré.sentée par M. Lœwy.
« L'illusion de relief que donne le stéréoscope provient, comme on sait,
des petites différences existant entre les deux épreuves photographiques
soumises à l'examen, différences qui accusent le déplacement relatif des
objets dans le sens du rayon visuel, quand on change de position norma-
lement à sa direction. L'effet stéréoscopique cesse d'être perceptible pour
les objets dont la distance à la chambre est relativement grande par rapport
à celle des deux positions successives qu'on lui fait occuper, ou par rap|)ort
il la dislance des deux objectifs, si l'appareil est construit pour prendre
deux épreuves simultanées (-). Mais, en donnant à cet écarlement une
(') Doit être identiiiue à m 645 ==5649 N.G.C.
(2) Appelons a récarlement qui sépare les deux positions occupoes par l'appareil
photographique, F son fojer, D la distance de la chambre à un point éloigné, D, la
distance à un second point éloigné situé dans une direction voisine du premier.
( i468 )
valeur suffisante, il est possible de réaliser une reproduction des objets
situés à une distance quelconque, avec leur relief général, et c'est là un
moven que l'on peut mettre à profit, dans les pays accidentés, pour déter-
miner la forme d'un massif éloigné (').
» Ces considérations s'ap|)liquent, en principe, à l'étude du ciel; mais,
dans l'application, on se heurte à une grosse difficulté, parce que l'écar-
lement à donner aux deux positions de la chambre photographique, pour
obtenir un relief sensible, dépasse, en général, les limites que la nature
nous impose.
» La difficulté, dans le cas de la lune, peut être éludée en se fondant
sur cette remarque que le changement produit, dans l'aspect d'un corps
éloigné, par le déplacement de l'observateur perpendiculairement aux
rayons visuels, équivaut à celui qui se manifeste lorsque, l'observateur
restant en place, on tait tourner ce corps d'un certain angle autour d'un
axe convenable. Or cette rotation, que nous ne sommes pas maître de
réaliser dans le cas de la lune, se produit d'elle-même et constitue le
phénomène de la libration. Aussi deux épreuves photographiques de notre
satellite, prises à des époques correspondant à une même phase et à des
libralions très différentes, regardées stéréoscopiquement, fournissent-elles
des données sur le relief de notre satellite. L'expérience, faite par M. Ju-
lius Franz, a parfaitement réussi.
» Le grand axe de l'orbite terrestre, malgré son immensité, est exces-
sivement petit j)ar rapport aux distances qui nous séparent des étoiles, et ce
fait se traduit par l'extrême faiblesse de la majorité des parallaxes annuelles
de ces astres. Deux photographies d'une même région du Ciel, prises à six
/le foyer du stéréoscope. Pour que ces deux points se voient à travers le stéréoscope,
dans des plans différents, il faut que
,1 i_\ 1* I
3600
eu valeur absolue, en admettant que l'œil cesse de séparer deux points qui s'aper-
çoivent sous un angle inférieur à 1' et en supposant le foyer/ assez grand pour ne pas
faire apparaître le grain de la gélatine.
(') Deux épreuves faites au sommet du Buet ou du mont Fleuri, avec un écar-
tement de i5o à 200 mètres, fourniraient une belle représentation en relief du massif
du mont Blanc.
Un procédé analogue pourrait servir à étudier la forme des nuages.
( '469 )
mois d'intervalle, sont, en conséquence, si peu différentes pour la plupart
des étoiles que, regardées au stéréoscope, les images paraîtront se trouver,
on général, dans le même plan. Cependant, si les épreuves ont été faites
avec un instrument à très long foyer et s'il y figure des étoiles à forte
parallaxe ou à fort mouvement propre annuel, leurs images se verront en
dehors du plan des autres dans le stéréoscope, et leur présence sera immé-
diatement accusée. Ce moyen de reclierche offre d'ailleurs une certaine
analogie avec celui qui a été imaginé récemment par M. Kapleyn.
» Dans le domaine de la speclroscopie, le stéréoscope peut conduire à
(les applications d'un tout autre genre, en se fondant sur le principe
Doppler-Fizeau.
» Imaginons que l'on obtienne deux photographies d'une image mono-
chromatique d'un astre |)réseiilant des détails bien nets, avec deux
appareils dispersifs identiques mais disposés de manière que le sens de
la dispersion, pour l'une et l'autre épreuve, diffère de 180°. En vertu
du principe Doppler-Fizeau, les points de l'astre, mobiles sur la ligne
de visée, seront déplacés par la dispersion et leurs images déviées
en sens contraire sur les deux épreuves. Regardées au stéréoscope, ces
épreuves procureront donc l'illusion d'un relief dont la surface donnera
une représentation géométrique des grandeurs relatives des vitesses, dans
le sens du rayon visuel, aux différents points de l'astre.
n t)ans l'application, il y aura lieu de tenir compte des déformations des images
pioiluites par les appareils dispersifs. On les éliminera facilement, en tirant les
épreuves positives à travers ces appareils eux-mêmes, après avoir disposé les clichés
à la place même qu'ils occupaient pendant la pose et en les éclairant avec de la lumière
de même longueur d'onde que celle de l'image monochromatique de l'astre.
I) 11 faudra d'ailleurs, pour donner à la méthode toute sa sensibilité, recouvrir les
deux images de fins quadrillages transpaients et identiques, disposés convenablement,
afin de fournir aux yeux des points de comparaison. Le plan de ce quadrillage, vu
dans le stéréoscope, servira pour ainsi dire de plan de coordonnée par rapport auquel
on évaluera les cotes des différents points de la surface des vitesses.
i> Application dur éclipses de soleil. — Four l'étude des mouvements internes de
la chroniosphère et de la couronne intérieure, l'emploi de deux lunettes semblables, à
!ong foyer, armées chacune d'un prisme objectif, est recomniandable.
» L'étude de la couronne extérieure exigerait l'emploi de lunettes à grand pouvoir
lumineux, condition qui impose un court foyer et, par suite, des trains de prismes très
dispersifs pour avoir une dispersion suffisante.
» Un dispositif analogue conviendrait, en principe, puur l'étude des mouvements
internes des nébuleuses gazeuses.
( i470 )
» Étude des inou\emc/ils de l'atmosphère solaire en dehors des éclipses. — La
découverte que les raies H et K sont toujours renversées dans les facules a permis
d'obtenir non seulement fies photographies de la chroniosphère et des protubérances,
mais encore des épreuves des flammes projetées sur le disque et d'enregistrer leurs
vitesses dans le sens du rayon visuel ( ' ). L'étude d'ensemble de ces vitesses se ferait
aisément, en examinant au stéréoscope deux épreuves obtenues simultanément, avec
deux spectrographes à deux fentes à grande dispersion, analogues à celui de NL Des-
landres, mais dans lesquels la dispersion agirait en sens opposé.
» Ayant surtout en vue de [H'endre date, je me bornerai, pour le mo-
ment, à ces indications générales, concernant l'application du stéréoscope
à l'Astronomie, me réservant de revenir sur ce sujet lorsque je disposerai
des moyens de réalisation.
» En terminant, j'ajouterai que le déplacement des raies solaires par
rapport aux raies lelluriqucs qui se manifeste (-)aux deux bords de l'équa-
leur solaire, déjà utilisé par M. Cornu pour la découverte des raies tellu-
riques, pourrait servir de point de départ à une nouvelle méthode de
recherche de ces raies, en employant le stéréoscope. »
GÉOMÉTRIE. — Equations el propriétés fondainenlales des figures aulopolaircs
réciproques dans le plan et dans l'espace. Note de M. Rabut, présentée
par M. Halon de la Goupillière.
« J'ai établi {^Inlennèdiaire des Mathématiciens, janvier 1895, p. 32) les
équations générales des figures invariantes d'une transformation homo-
graphique quelconque, dans le plan et dans l'espace.
» Je me propose ici la déLermiuation de l'équation générale des figures
invariantes d'une transformation par polaires réciproques.
» Soient, d'abord, dans le plan,
/(>,r) = <)
l'équation d'une conique directrice, (^x,y) un point d'une courbe c et
(x^, y^) le point de contact de la polaire de ce point avec son enveloppe r, .
(') Deslandres, Ilale.
(-') Thollon.
( i47t )
On a les relations svmétriques connues :
» Si donc réqualion île c est mise sous la forme différentielle
(3) FI
'I'- /: !
(ce qu'on reconnaît aisément être toujours possible), l'équation de c^ n'est
autre que
» Pour que ces deux équations soient identiques, il faut et il suffît que
la relation (3) soit symétrique par rapport à ses deux arguments. Sous
cette unique condition, elle constitue l'équation générale cherchée.
» Cette équation, toujours intégrable si l'on spécifie la fonction F, ne
l'est pas sous sa forme générale, bien qu'on la rende facilement homogène
par une substitution linéaire.
)) Si l'on rapporte la conique directrice à ses asymptotes {xy = A-) ou à
deux diamètres conjugués (a* dz y- = a- ), on obtient les formes
d'où cet énoncé :
» Les lignes planes autopolaires sont définies par une relation symétrique
entre l'abscisse (ou l'ordonnée) et la sous-tangente.
» En supposant que la directrice est un cercle ou une hyperbole équi-
latère, on trouve des lignes définies, en coordonnées polaires, par une
relation symétrique entre le rayon vecteur et la normale polaire ou entre
le rayon vecteur et la tangente, et qui fournissent, par projection, toutes
les autopolaires planes.
» Posons-nous maintenant le même problème dans l'espace, et cher-
chons d'abord les surfaces autopolaires par rapport â la quadrique direc-
trice
/(x,y,z.) = o;
appelant x, y, z les coordonnées d'un point de la surface s et ^,,!X,.^^,
dz,
A
dxi
■A
ds
dx
A,
àz,
S'y
dz
/'y.
dy
/--,
( i'i72 )
celles du point de contact du plan polaire de ce point avec son enveloppe s,
on a les relations
(5)
(6) •
(7)
(8)
» Si donc l'équation de s est mise (ce qui est toujours possible) sous la
forme
(9) ^t,^'^' ~Â fJ'
celle de s^ peut s'écrire
„ / f'r f'y àz, dZf \
et pour que les deux équations soient identiques, il faut et il suffit que
l'équation (9) soit symétrique par rapport à ses deux couples d'arguments,
... Oz
c'est-à-dire qu'elle ne change pas quand on y remplace smniltanement ^
et — par — -f et — ^- Sous celte seule condition, l'équation aux dérivées
ày ^ f'z f z
partielles du premier ordre (9) est l'équation générale des surfaces auto-
polaires,
» Deux équations simultanées de ce type,
F = o, J — u,
où l'on remplacera d par r/, représentent toutes les lignes autopolaires de
l'espace.
» Ces résultats se prêtent à des énoncés analogues à ceux qu'on vient de
donner pour le cas du plan ( ' ). »
(') MM. d'Ocagne et Fouret ont étudié la détermination des figures homologiques
à leurs polaires réciproques, mais en faisant cette hypothèse, très restrictive, que ces
figures se correspondent point par point : on ne trouve ainsi que des figures du second
ordre bitangentes à la directrice.
( '473 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de Fourier. Note
de M. A. HuRwiTz, présentée par M. Picard.
« Dans la Communication sur le problème des isopérimètres que j'ai
eu l'honneur de faire à l'Académie, le i8 février dernier, j'ai applicpié
une formule, d'ailleurs très connue, concernant l'intégration du produit de
deux séries trigonométriques.
» En étudiant les conditions sous lesquelles cette formule est exacte, j'ai
trouvé le théorème suivant, qui me semble être remarquable par sa géné-
ralité et qui donne un complément important à ma Note du i8 février.
» Soient /(^x) et cp(^) deux fonctions assujetties aux seules conditions
d'être bornées et intégrables dans l'intervalle o^ic^air.
» Formons les séries de Fourier
^«0 H- -(«« cosnx -\- n\^ %innx),
i^o H- 2(6„ cosraa; -h h\^ sin nx),
appartenant à ces fonctions f (^x^ et <p(a;) respectivement [sans nous préoccu-
per de la convergence ou de la divergence de ces séries).
» Alors la série
est convergente et l'on a
dx.
» Parmi les applications de ce théorème je signale les suivantes :
» 1. Désignons par Xg, x, deux arguments satisfaisant aux inégalités
0 = ^0 <^ ^1 = 2-
et définissons la fonction «p(x) en posant
<p(a;) = o, 9(37) ^TT, (^(x) = o,
selon que o'^x^x^, ou x^^<::^x <Cx,, ou enfin x,^x^2.t:.
» Alors notre théorème se particularise évidemment comme il suit :
» Si la fonction f{x) est bornée et intégrable dans l'intervalle o^x'Sit:.
si de plus a„, a'^^ désignent les coefficients dans la série de Fourier appartenant
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 24.) 190
( i474 )
à /(x), on a
f f{x)dx
= -a,(x, -x,) + 2é [''- —i - «« -Jz '
» Autrement dit : si l'on intègre la série de Fourier appartenant à/Çx)
terme à terme, on obtient toujours une série convergente représentant l'inté-
grale de f{x').
» Ce théorème est à rapprocher des recherches de M. Dubois-Reymond
sur l'intégration des séries de Fourier {Mathem. Annalen, Vol. XXII,
p. 260).
» 2. Remplaçons, dans notre théorème, '^(x), soit par r^(x)cosmx,
soit par r^(x) sinmx, où m désigne un nombre entier.
» En tenant compte de l'équation
I r^"
- / tf(x)cosmxcosnx dx
= — / (f(x)[cos(m — n)x -h cos(m -h n)x}dx,
et des équations analogues, on voit que notre théorème permet d'exprimer
les intégrales
-j f(x) (f(x)cosmxdx et - j /(x) (^(x) sinmx dx
parles coefficients a„, a'^, b„, b'^. Ainsi, sous la seule hypothèse que les
fonctions f{x) et 9(3?) soient bornées et intégrables, on peut former
la série de Fourier relative au produit /(a;) (p(a;) lorsqu'on connaît les
séries de Fourier appartenant aux facteurs /(a;) et 9(3?).
» C'est, au fond, le résultat auquel est parvenu M. C. Bourlet dans une
Note très intéressante insérée au Bulletin des Sciences mathématiques,
2* série, t. XIII; 1889. Mais, si je ne me trompe, les considérations de
M. Bourlet ne sont pas tout à fait générales, parce que l'équation de
Dirichlet
)™rr(j)^rfj = =F(o)
exige des conditions spéciales pour la fonction F(/), même si l'on suppose
( 1473 )
que cette fonction est continue. C'est précisément cette circonstance qui
rend la démonstration de notre théorème assez délicate, et c'est seulement
en m'appuyant sur les recherches de Harnack et de Dubois-Reymond que
j'ai obtenu une démonstration que je crois tout à fait rigoureuse. »
MÉCANIQUE . — Sur l'application de la théorie de l'élasticité au calcul des pièces
rectangulaires fléchies. Noie de M. Mesnager, présentée par M. Maurice
Lévy.
<( M. Maurice Lévy a montré, en 1898, que les équations différentielles
des tensions dans les problèmes d'élasticité à deux dimensions sont indé-
pendantes des coefficients d'élasticité. Soient n^ et ny les tensions normales
parallèles à ox et oy, t les efforts tangentiels; on a
fL fi. fi ti
(i) A2(«j.-l- /jj) = G. (2) -—-^z:zz-—-f, (3) conditions aux limites.
» Forme générale des polynômes entiers en x et en y qui satisfont aux
équations (i) et (2). — L'équation (i) donne
(^> r '" , ^, ^
\ H- P„[.ay"--^^"-'^;3"-^^a.'-y + ■■■]+....
» En l'identifiant avec des polynômes satisfaisant à (2), on trouve
«^ = . . . + a^x" - (2a„ + a,) \ ' x"-^y^ + . . .
(5)
) , ' 77-1 / ' nisllin l)(« 2) „ , ,
( -h a„nx"-y -- (o«^^ + a„)^ — ^-^^3 >x"-'y'-h. . ..
» Les termes de chaque groupe ont des signes alternés, le module des
coefficients augmente à chaque terme de a„ -h a", dans le premier groupe,
de a',, -+- a™ dans le second.
" « . " ( " 1 ) 7J_2 1
jy = . . .-h a„x" + a„ — ^ x" ■'y^
(6) ] -(2a„+«:r(— ■\(:-y("-^."-y + ...
.2.3.4
"' ni , n{n — i)(n — 2 ) „ , ,
+ a„ nx"-y 4- a„ ^ ^-^^^ ^ Y '
( t476 )
)) Formation analogue à partir du second terme. D'autre part :
t=...-~ a,X - «„ ,3 ^ -y- + (2a„ + «„) ,_^\3^ ^" y
(8)
(9)
„ , / m^nin — i)(rt — 2) „ , 1
- a^nx"~'y + (2a„ + a,,)^ ^-^-^ ^a;«-3j3 _. . ..
» Les premiers termes de chaque groupe ont le signe — . A partir du
second ils ont des signes alternés et le module du coefficient augmente
de a,', + à^ dans le premier groupe, de a„ + à'^^ dans le second.
» Application à la flexion des poutres rectangulaires minces. — Posons
t=zo pour a; = ± A. On obtient les deux séries d'équations
a"'~ — a'^h- + (aa', + a™) h' — {'ia'^ + idl) A" + . . .
— a., — /r + ( 2 a, -I- a, ) 5—7- «' — . . .
■'1.2 ^ * =-^1.2.0.4
a.
(/i + l) («H-2) ,, , ,„ . (« +1) . . . (« +4) 74
!„ = - ««.2 rr^ — - ^- + ( 2 a,,^, + a„^, ) ^ j^^^-y-^ ^ A* -
Les signes sont alternés, le coefficient entre parenthèse s'obtient en
ajoutant a' -4- a'" au précédent sans indice et en augmentant les indices de
deux unités à chaque terme, les coefficients numériques sont ceux des
termes de rang pair du binôme. Avec une loi analogue :
ia,h = (2 «3 H-a'j) A-' — (3^5 + aa^) A'^- . . .
(10)
j 7 / , » N « ( /i -H I ) { " + 2 ) , „
( a„nh = {ia„^, + «„,,) -^ ^-^^3 'h' -...
» Eu annulant tous les coefficients arbitraires dans 9 et 10, sauf un,
a[^ ou aj, , et portant les valeurs trouvées dans 5, 6 et 8, on a des solutions
distinctes, qu'on peut combiner par addition.
» Premier degré.
[ t = 0, / / = 0, .
('0 Nx=« + «',r, (12) }n^=o,
'«>.= o. [ ny = a"-ha",x.
» Solution connue : Les bases opposées supportent aux points homo-
logues des efforts égaux et de sens contraires; ces efforts sont linéaires.
( '477 )
» Deuxième degré.
(i3) \ n^=a\ixy, (') (i4) ) «x=-<r'
/i^. = o. ) \ n^^a.,x-
» Troisième degré.
(i5) < n^=a^y(3x- -2y-), (i6) j «^ = o;.r (A- - 3 y=).
' "r = «i J( j' - ^^^«' )' ' "y = K ^' •
■ » Les équations (i5) correspondent à \a flexion sous charge uniformé-
ment répartie el appliquée moitié à la base supérieure, moitié à la base in-
férieure. Eu ajoutant par apjplication des équations (12) une compression
verticale égale à la charge sur la bnse inférieure, on rentre dans le cas des
la charge uniformément répartie sur la base supérieure.
» Poutre posée sur deux appuis (loin de ceux-ci). — On annide le moment
sur les appuis avec des efforts horizontaux tirés de l'équation (i3)
p charge par unité
de longueur.
. . , /^ /c o ox 'ip fh' t-\ A demi-hauteur de
(^7) {«.-^j(3^--^>'-)-^ïr/.Hy-8J^ la poutre.
P^
a
» L'effort tranchant se répartit dans une section comme dans la for-
mule (i5).
» La fibre neutre est au milieu de la hauteur, «j,= o pour j^ o; mais
les efforts horizontaux ne suivent plus une loi linéaire dans une même
section verticale.
» L'effort maximum horizontal se produit au point x — o, y = ±Lh et
est «x= ^P\~ + ~Kn)'' ^^ "® diffère que par ^ de la formule usuelle.
» Quatrième degré :
t = a\(h^-Y^)('6x---if'-i/i^). ( t=--a\/ixy(y--h^),
n^ = a\xy(lix^-8y^), (19) nx = <(2A^^^ - ôa^y + 2^ - 4Ay),
n^=^d,xy(^y--i2h^), ( n^ = d,(2hy -h x" -y').
l-^%3x(h^-
-r)>
«.-4^.J(3^--
-■^-f-)
n -* ** / 1^2
^A2^ _
(') Poulie jUchie sous moment constant (Problème de Saint-Venant).
( 1478 )
» Les équations (i8) donnent la charge suivant une loi linéaire, etc.
" En combinant les solutions par additions on aurait des charges et des
réactions quelconques exprimables par des fonctions algébriques entières
de X. On retrouverait notamment la solution donnée par M. Maurice
Lévy, en 1898, pour le barrage à profd rectangulaire.
» Ces formules sont applicables sans erreur sensible aux poutres rectan-
gulaires épaisses. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les forces électromotrices de contact et la théorie des
ions. Note de M. E. Rothé, présentée par M. Lippmann.
« Ij'électromètre capillaire de M. Lippmann permet de déterminer
aisément la force électromotrice de contact entre le mercure et le liquide
qui le baigne, si on admet qu'au moment où la tension superficielle
capillaire atteint son maximum, la couche double est nulle à la surface de
séparation du liquide et du mercure capillaire. Je me suis proposé d'étudier
comment varie cette force électromotrice avec la concentration des
solutions.
)) L'appareil qui m'a servi ne diffère de l'électromètre ordinaire de
M. Lippmann que par la forme de la cuvette : des dispositifs particuliers
permettent de laver facilement la pointe capillaire et de changer les
liquides. Dans toutes mes expériences, j'ai recouvert le large mercure
d'un sel de mercure peu soluble, contenant le même anion que le liquide :
l'expérience m'a montré en effet que, sans celte précaution, la force élec-
tromotrice du compensateur correspondant au maximum n'est pas bien
déterminée; elle croît lentement pendant plusieurs mois avant d'atteindre
une valeur limite jusqu'à ce que le liquide soit saturé de sel mercureux.
Cette limite est au contraire obtenue immédiatement quand on recouvre
le mercure d'une couche de sel mercureux. Ces sels sont d'ailleurs assez
peu solubles pour que le mercure capillaire soit encore parfaitement
polarisable. Les liquides que nous avons étudiés sont donc des solutions très
étendues de sulfate mercureux dans l'acide sulfurique et de chlorure mer-
cureux dans l'acide chlorhydrique de différentes concentrations. Pour la
préparation des solutions étendues, il était nécessaire d'employer de l'eau
distillée, exempte de matières organiques aussi bien que de sels miné-
raux : l'eau du commerce a été distillée d'abord sur le permanganate de
potasse, redistillée et purifiée ensuite par congélation fractionnée.
» Pour chacun des liquides nous avons déterminé à la façon habituelle
( ï479 )
la courbe de graduation de l'électromètre, en portant en ordonnées les
hauteurs de mercure, et en abscisses les forces électromotrices, et évalué
la force électromotrice correspondant au maximum par la méthode du dia-
mètre rectiligne.
)) Les courbes ainsi obtenues permettent d'énoncer les résultats suivants :
» La force électromotrice du compensateur correspondant au maximum
de tension superficielle augmente avec la concentration.
» Les hauteurs de mercure soutenues, soit au maximum, soit quand les
deux mercures sont en communication, diminuent quand la concentration
augmente.
» Les courbes sont d'autant moins inclinées sur l'axe des abscisses que
la concentration est plus grande.
» Les variations de la force électromotrice sont indiquées ci-dessous :
Acide sulfurique.
Nombre de gr. de
SO'H^arlitre. gs'- gs^gi i6s>- 326^5 9is'',4 998^,3 i846'',6 igSe'-.a 3i5 4588',8
(dccinormnloi (nonualo) (binorniale)
Densité à 1 5° i ,oo55 1,0062 1,010 1,021 1,0.59 1,0629 '-uô i,i23 ijigS 1,273
Force électromo-
irice du com-
pensateur cor-
respondant au
maximum o',874 0^,876 o%877 ^,885 o%9o3 o%9io o%926 o%94o 0^,985 i%o435
Acide chlorliydrique.
Nombre de gr. de HCl par litre.... 5e%4 i6e' 37S'',i5 43s%3 ji^^' I02S%4 i42S' ig3ss5
Densité à i5° 1,0019 1,007 i>oi7 1,0206 i,o34 ',0479 i,o655 i,o884
< norumle)
Force éleclromotrice du compensa-
teur correspondant au maximum. o'',555 0^,557 o",568 o',573 o'',583 0^,600 CjôiS o',638
» La théorie des ions permet de prévoir le sens de ces variations : soit,
en effet, E la force électromotrice d'une pile de concentration formée de
deux électrodes de mercure et de deux solutions L,, L2, d'un sel de mer-
cure, différemment concentrées et très étendues,
E^Hg|L, -t-L,|L, + L,|Hg
(0 HglL,-Hg|L,= E-L, |L,.
On peut, en s'appuyant uniquement sur la notion de pression osmotique
des ions et sur les principes de la thermodynamique, comme l'a fait, par
exemple, M. Couette ( ' ) dans une élégante démonstration, calculer la force
(') Couette, Théorie osmotique des piles {Jour a. de Phys., i' série, t. IX).
( i48o )
électromoti'ice E. En désignant par ri , n" les valences du cathion et de l'anion,
h le coefficient de transport de Hittorf, R la constante des gaz parfaits,
T la température absolue, A la quantité d'électricité transportée par un ion
gramme monovalent, — le rapport des pressions osmotiques des ions mer-
cure dans les solutions Lj et L,, on a,
» D'autre part, la force électromotrice au contact des liquides L, et L^
a pour expression
» En combinant les égalités (i), (2) et (3), on obtient
(4) . Hg|L,-Hg|U = ^L^;.
Si l'on admet la notion de pression de dissolution, due à M. Nernst, on
arrive à la même formule beaucoup plus rapidement.
» Supposons que les liquides L,, Lo soient des solutions d'un sel mer-
cureux à saturation en présence d'un excès de sel solide, dans un acide ou
un sel contenant le même anion; la quantité de sel non dissocié peut être
considérée comme constante, et l'on établit aisément que — = -^ où c,
et C2 sont les concentrations moléculaires, S,, S„, les degrés de dissocia-
tion de la solution acide ou saline considérée.
» On peut donc transformer la formule (4) et écrire
(5) HglL.-Hg|L. = ^Lgi.
» 1° Cette formule indique que, pour des solutions également concen-
trées et dissociées contenant le même anion, on doit avoir Hg|L, = Hg|Lo.
C'est ce que j'ai vérifié expérimentalement en prenant pour liquide de
l'électromètre capillaire une solution normale de NaCl, puis de KCl, le
large mercure recouvert de cathion ('). Je reviendrai bientôt avec plus de
détails sur le rôle du cathion dans les solutions de même anion.
» 2" La formule (5) indique aussi, comme le vérifient les expériences
précédentes, que la force électromotrice correspondant au maximum croît
(') RoTHÉ, Différences de potentiel au contact entre le mercure et les chlorures
{Journ. de Phys., t. IX, p. 543).
( i48i )
en même temps que la concentration. La connaissance des conductibilités
électriques permet de calculer le rapport -^; j'ai fait le calcul pour des
solutions d'acide sulfurique et chiorhydrique dont la conductibilité a été
mesurée à 18" par MM. Bouty ou Rohlrausch, et comparé les résultats
fournis par la formule (5) à ceux de l'expérience. L'accord est très satisfai-
sant pour les solutions étendues, auxquelles seules s'applique la théorie
des ions; les plus grands écarts sont inférieurs à o^"",oi. La divergence
n'est vraiment notable qu'à partir des .solutions binormales. «
PHYSICO-CHIMIE. — Constantes capillaires de liquides organiques. Note
de MM. Ph.-A. Guye et A. Baud, présentée par M. A. Haller.
<c Nous avons mesuré par la méthode de MM. Ramsay et Shields ( ' ) les
constantes capillaires de quelques liquides organiques, en vue de fixer
leur degré de polymérisation à diverses températures.
» Nous transcrivons dans le Tableau suivant les résultats obtenus pour
un premier groupe de composés; pour chacun d'eux on trouvera : i" les
températures d'expériences, les valeurs de la densité (d), de la tension
superficielle (y), de la tension superficielle moléculaire [y(M<')''J, ces
deux dernières quantités exprimées en dynes par centimètres; 2° les va-
2 1
leurs du coefficient K donne par 1 expression : K. = 1 — t '
/2 121 \^
3° les valeurs du coefficient de polymérisation : x= ( ' j ; ces deux
coefficients étant toujours calculés entre la température la plus basse et
celle de l'observation en regard de laquelle sont inscrites les valeurs de
R et X.
t". d. y. Y(Mv)^ K. X.
G«H=.OC»H
5 Phénélol. M =
122.
19.2
0,9672
82,60
8'9>9'
»
»
63,6
0,9249
27,20
706,1
2,563
o,7D
108,7
0,8818
22,0
607,2
2,376
0,84
132,4
o,838o
18,22
5o4,22
2,370
0,94
(') Ramsav et Shields, Zeitschrift f.phys. Chem., 1. XII, p. 433.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, ^" 24.) 191
( i482 )
t'. d. T- r(Mv)î. K.
C^H'.OCH' Anisc
./. M = I
08.
9
54,6
98,8
'52,9
I .0022
0,9610
0,9178
0,8622
35,48
3o,36
24,8
19,28
8o3,45
695,90
595,5
482,56
»
2,358
2,3i5
2,229
»
o,85
0,87
0,92
CH'CO'C'H^
Acétate d'éthyle.
M = 88.
9,5
55,6
77
0,9137
o,8566
0,8286
24,71
18,82
16, 63
Siq, 16
4.3
373
2,302
2,i65
0,88
0,96
C«H^NO=
Nitrobenz
■.ène. M r
= 123.
9,4
55,5
99,8
i53
1,209
I , 1680
I , 1240
1,0625
43,8
38, 4i
33,26
27,4
954,5
856,54
760,9
65o,8
»
2,124
2, i65
2,It4
0,99
0,96
1 ,01
ÇfW.QM
Benzonitrile. M =:
io3.
8
54,9
99-1
l52,4
1,0157
0,9726
0,9388
o,8848
39,61
33,82
29,30
23,53
861,4
757,0
673,9
56i ,0
))
2,226
2,068
2,080
»
0,93
.,o4
1 ,02
OH,C''H».CH' Métacrésol. M
= 108.
9
55,4
98,7
i53,i
1,0702
I ,oo52
0,9695
0,9217
38,78
32,98
29,29
24,02
84o,6
745,3
678,1
575,1
»
2,o53
I.8II
.,842
»
1 ,o5
1 ,26
1,23
» On peut dégager des chiffres qui précèdent des conclusions qui nous
paraissent dignes d'être notées.
» 1. Les valeurs numériques des coefficients R ne sont pas absolument
constantes pour un même corps ; il en résulte que les courbes représentant
les variations de la tension superficielle moléculaire en fonction de la tem-
pérature ne sont pas rigoureusement des droites ; il est cependant aisé de
se rendre compte, par des constructions graphiques, que ces courbes
s'écartent peu de tracés linéaires.
( 1483 )
» 2. Si l'on ne considère que les valeurs moyennes des coefficients K,
on peut en dresser le Tableau suivant :
K
Phénélol 2,43
Anisol 2 , 3o
Acétate d'éthyle 2,28
Nitrobenzène 2 , i3
Benzonitrile 2,12
Métacrésol i , 90
Ces valeurs dépassent (sauf pour le métacrésol) le nombre 2,121 admis par
MM. Ramsay et Sliields pour les liquides non polymérisés, fait dont
MM. Dutoit et Friederich (') ont déjà signalé des exemples.
» En raison du caractère à peu près linéaire des courbes relatives aux
cinq premiers corps, on peut cependant regarder ceux-ci comme non poly-
mérisés à l'état liquide.
» 3. Lorsqu'on examine de plus près les valeurs fournies par le méta-
crésol, celles-ci indiquent que la tension superficielle moléculaire varie
linéairement avec la température entre 9° et 55°, 4> ainsi qu'entre 98^*, 7 et
iSS",!, avec une anomalie entre 55", 4 et 98°, 7, les deux parties droites de
la courbe n'étant pas dans le prolongement l'une de l'autre.
Intervalles. K. x.
o o
9,0 à 55,4 2,o5 i,o5
55,4 à 98,7 1,55 1,65
98,7 à i53,i 1,89 1,18
» Ces chiflfres établissent un changement de polymérisation entre 55" et
100° : le métacrésol se comporte comme un liquide dépolymérisé entre 9"
et 55°, et comme un liquide partiellement polymérisé entre 100° et 150°.
Entre 55° et 100°, le tracé graphique n'est plus linéaire; les valeurs de
R et a; n'ont plus de signification précise.
» Une anomalie de ce genre n'a pas encore été signalée à notre connais-
sance; le métacrésol est le premier exemple d'un corps dont le degré de
polymérisation augmente avec une élévation de température. Peut-être
est-il en relation avec un phénomène de tautomérie.
» On sait, en effet, que les phénols réagissent généralement avec les
propriétés de la fonction ^C(OH) et parfois aussi, bien que plus rare-
(') DuTOiT et Friederich, Arch. Se. ph. nul. Genève. l\' série, t. XIV, p. io5.
( i484 )
ment, avec celles de la fonction =C:=0; si le métacrésol liquide est
constitué par un mélange des deux formes taulomériques, on pourrait
peut-être admettre que l'anomalie qui le caractérise résulte du fait que les
proportions dans lesquelles entrent ces deux constituants varient elles-
mêmes avec la température et que l'un d'eux se polymérise plus facilement
que l'autre. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouvel élément, Veuropium. Note de
M. EuG. Demarçay, présentée par M. Henri Moissan.
« En i885, M. Cvookes, {Phil. Tram., t. CLXXVI, p. 691), dans ses belles
recherches sur les fluorescences électriques dans le vide, signala une bande
qu'il attribua au samarium et que, en raison de sa disparition en pré-
sence de la chaux et de quelques autres particularités, il appela la raie
anomale. Plus tard (') il la distingua avec un assez grand nombre d'autres
bandes comme caractérisant vraisemblablement chacune un méta-élément
spécial. Il appela Sg le méta-élément hypothétique correspondant à la raie
anomale. M. Lecoq de Boisbaudran, au cours de ses importantes recherches
sur les phosphorescences, confirma les données de M. Crookes sur la raie
anomale.
» En 1892, M. de Boisbaudran (-) décrivit un spectre de trois lignes
bleues brillantes, découvert dans le spectre d'étincelle du samarium. Ces
trois lignes pouvaient être renforcées par un fractionnement convenable.
Il en conclut qu'elles correspondaient à un élément particulier Z^. Vers la
même époque, il attira aussi l'attention (') sur une bande particulière du
spectre de renversement du samarium qui paraissait correspondre à la raie
anomale et se renforçait considérablement en solution nitrique. M. de Bois-
baudran, sans s'arrêter à des conclusions bien précises, inclinait à la croire
caractéristique d'un élément particulier Zç.
)i En 1896 (*), j'ai annoncé la présence d'un élément intermédiaire
entre le gadolinium et le samarium, caractérisé par diverses fortes raies
( ') Voir surtout à ce sujet Joiirn. of the Chetn. Soc, 1889, adresse de M. Crookes,
Président de la Société.
(') Comptes rendus, 1892, i"' semestre, p. 675.
(') Comptes rendus, 1898, i"^"' semestre, p. 671-6741 et 2" semestre, p. 199.
(') Comptes rendus, t. CXXII, p. 728
( 1485 )
violettes et ullra-violettes. En 1900 (' ), j'ai montré que ce nouvel élément
était identique au Zj de M. Lecoq de Boisbaudran, que c'était vraisembla-
blement à sa présence qu'étaient dus la bande anomale de M. Crookes, la
raie de renversement Z;;, diverses autres raies de renversement non encore
décrites et, en outre, un spectre d'absorption spécial inconnu jusqu'à ce
jour. J'ajoutai qu'il ne m'avait pas été possible de pousser assez loin les
fractionnements pour affirmer absolument que toutes ces propriétés répon-
daient à un même corps. Depuis, j'ai pu, à la suite de séries considérables
de fractionnements de l'azotate magnésien, accumuler une quantité plus
notable de cet élément si peu abondant, le fractionner à son tour et con-
stater enfin que ces caractères divers : spectres de ligne, de renversement,
d'absorption, de fluorescence électrique du sulfate dans le vide (raie ano-
male) avec le sulfate de calcium, ou de gadolinium, s'accompagnaient très
constamment, restaient sensiblement proportionnels et qu'ils caracté-
risaient évidemment un même élément.
» La pureté des quelques grammes du nouvel oxyde était assez grande pour
qu'aucun des spectres du samarium ne fût visible et que des raies mêmes du gadoli-
nium on ait à peine quelques traces des plus fortes dans le spectre électrique. Sur ce
produit j'ai constaté que, ajouté en traces à du sulfate de calcium, il donnait un bril-
lant spectre de (luorescence où dominait la raie anomale. Ce spectre comprend trois
bandes principales :
}. r= 609 environ, très forte, X ^ SgS environ, forte, très large.
X =z 576 environ, notable, large.
» Le degré de calcination du sulfate mixte fait beaucoup varier l'aspect et la lar-
geur des bandes. La plus forte notamment semble se convertir en une double raie
lorsque la calcination est très forte. Le spectre du samarium ( notamment la raie
rouge) était tout à fait invisible.
1) Dans le sulfate de gadolinium, les raies, de même très brillantes, forment un sys-
tème analogue, mais plus compliqué. Avec l'alumine fortement calcinée, le spectre est
formé de raies étroites très brillantes. Je n'ai pas achevé la mesure de ces spectres.
» Les résultats en apparence contradictoires de MM. Crookes et de Bois-
baudran sont dus, je pense, à la faible proportion de i — Z^ contenu dans
leur matière et à ce que le calcium et le gadolinium renforcent plus le spectre
du samarium que l'autre.
» Je propose pour le nouvel élément le nom d'europium, avec le sym-
bole eu = i5i (environ).
(') Comptes rendus, t. GXXX, p. 1469.
( i486 )
» Voici la liste des raies électriques les plus fortes de l'europium comprises entre
X 5oo et X 35o. Les plus fortes sont dans la liste des raies du samarium de MM. Exner
et Haschek. Elles y sont toutefois notées avec des intensités bien plus faibles que les
miennes. Je répète que dans mon spectre les raies du samarium étaient absolument
absentes et les plus fortes du gadolinium sont juste visibles.
r.
Force.
X.
Force.
4662,6
13
38i9,5
i5
4627,8
i3
38i5,2
5
4594,5
l4
3817,4
5
4435,8
16
3781,1
5
4355,5
7
3741,0
5
42o5,4
16
3724,5
i3
4.73,2
5
3688,3
1 1
4i3o,o
i5,5
3629,9
7
4062,3
5
3623,5
5
4o57,8
6
36i6, I
5
4017,6
6
3570,0
6
4oi2,7
5
3549,7
7 Voisine d'une
4on,8
7
forte raie plus ré-
3988,4
6 Large.
frangible de Gd.
3972,0
i5
3547,6
5
3943,2
7
3543,9
9
3930,7
i5
3541 ,2
5
8907,2
i4
353o,8
6
3877,4
5
3520,6
12
386i,3
6
35o4,8
5
3854,7
5
» Outre les raies ci-dessus mentionnées, que je pense appartenir certai-
nement à l'europium, on en voit un très grand nombre de plus faibles,
surtout d'extrêmement faibles. Il subsiste naturellement les plus grands
doutes sur l'attribution de ces raies, qui disparaissent néanmoins du spectre
dès que l'europium n'est plus très pur. On peut avec vraisemblance les lui
attribuer. On pourrait aussi supposer qu'elles proviennent d'un élément
inconnu très peu abondant |même relativement à l'europium, déjà si rare.
Des études ultérieures sont nécessaires sur ce point.
» Pour les raies des spectres de renversement et d'absorption des sels
d'europium, je renvoie à ma Communication antérieure déjà citée. »
( '487 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les chîorohromiires de thallium. Note
de M. V. Thomas, présentée par M. H. Moissan.
« Dans des Notes successives parues aux Comptes rendus ('), j'ai montré
que l'action du brome sur le chlorure thalieux, en présence d'eau, donnait
naissance à des chlorobromures qui, pour un atome de thallium, renfer-
maient moins d'un atome de chlore.
» Pour expliquer la formation de tels composés, deux hypothèses
sont vraisemblables : i° production de chlorobromures du type TlClX",
instables au contact de l'eau et, par suite, dédoublables en d'autres chloro-
bromures, les uns plus riches en chlore, les autres plus riches eu brome ;
2° fixation du brome et déplacement partiel du chlore par ce métalloïde.
» Quoique la première hypothèse paraisse bien mieux d'accord avec le
résultat de mes expériences antérieures, j'ai tenu à la vérifier en étudiant
la bromuration du chlorure thalieux en présence des différents solvants,
et la fixation du brome par le chlorure thalieux par voie sèche. Je résu-
merai ici les résultats auxquels je suis arrivé (-) :
» Action du brome sur le chlorure thalieux en présence de chloroforme. —
4«'',8 de chlorure tlialleii\ ont été abandonnés pendant longtemps en présence d'une
solution renfermant 4o*'' de chloroforme et ^^',% de brome. Dans ces conditions, il ne se
forme pas de chlorobromure du type TIX'. Le produit qu'on obtient se présente sous
forme d'une poudrejaune, pour laquelle la formule Tl'CPBr* ne saurait être mise en
doute, quoique les analyses conduisent à un léger excès de chlore, par suite de la
difficulté qu'on a pour efTecluer la transformation totale {'').
)> Action du brome sur le chlorure thalieux en présence de sulfure de carbone.
— La réaction est complexe. Deux phénomènes se produisent en même temps :
1° bromuration et mise en liberté du chlore du chlorure thalieux ; 2° action des halo-
gènes sur le sulfure de carbone. En opérant convenablement, on peut ainsi transformer
le chlorure thalieux, et cela complètement, en bromure TlBr'^ En présence d'une
grande quantité de solvant, la transformation, quoique totale, est cependant pénible.
(') Comptes rendus, 26 novembre et 2^ décembre 1900; i4 janvier 1901.
(*) Le détail des expériences sera publié ultérieurement dans le Bulletin de la
Société chimique.
(^) Analyse :
Trouvé Cl : 7,80 Br : 80,98
Calculé Cl : 7,07 Br : 81,90
( i488 )
» Pendant la bromuration, on perçoit une odeur intense d'halogénure de soufre, et
même la liqueur se sillonne, dans des circonstances appropriées, de longues aiguilles
incolores. Celles-ci représentent très vraisemblablement des combinaisons analogues à
celles mentionnées par Hell et Urech ('), et pour lesquelles ces chimistes ont proposé
les formules
CS^Br', C^Br'S^ et C'Br'S'-l- 2H2O.
» Les combinaisons de ce genre sont du reste très peu connues. Elles peuvent être
obtenues avec une extrême facilité à partir de TlCl, Br et CS^ Je suis actuellement
ocsupé à élucider leur histoire.
» Action du brome sur le chlorure thalleux en présence de têlraclilorure de car-
bone. — Même en présence d'un excès de brome, on n'arrive pas au chlorobromure
thallique. Comme dans le cas de la bromuration en présence de chloroforme, il se
forme le chlorobromure TPCl'Br*.
» Toutefois, si le tétrachlorure de carbone renferme de très petites quantités de
sulfure de carbone, comme cela arrive fréquemment, la réaction se passe comme en
présence de ce dernier solvant. On tend à la formation du bibromure (-).
» Il s'ensuit que les différents solvants se comportent ici absolument comme l'eau,
exception faite, bien entendu, des solvants susceptibles d'entrer en réaction. Lorsqu'on
emploie, en particulier, le sulfure de carbone, le chlorure thalleux se conduit comme
un porteur d'halogène. C'est un fait connu depuis bien longtemps; mais, ce qui est
digne de remarque et paraît résulter des expériences précédentes, étant donnée la for-
mation du bibromure TlBr- et non celle du chlorobromure TPCl^Br*, c'est l'entrée
en jeu dans la réaction du chlorure thalleux. Celui-ci est susceptible d'échanger com-
plètement son chlore contre du brome.
» Il se rapproche ainsi du chlorure ferrique, qui permet, comme je l'ai démontré ('),
même dans la série aromatique, d'effectuer la substitution du chlore au brome ou à
l'iode.
B Action du brome sur le chlorure thalleux par voie sèche. — Si l'on opère par
voie sèche, en faisant passer un courant de vapeurs de brome sur du chlorure thalleux,
l'absorption se fait d'abord d'une façon très rapide, et devient de plus en plus lente.
Que l'on opère à froid ou à chaud, le produit résultant est toujours le même; c'est le
chlorobromure d'addition TIClBr (').
(') Berichte, t. XV, p. 990, et t. XVI, p. i i44.
(-) Analyse :
Trouvé Br: 39,81 89,69 Cl: 2,1 3 2,10
Calculé Br:43,9
(') Comptes rendus, 18 juillet 1898.
(') Analyse :
Trouvé... Br (valeurs limites) : 25, 5o 24,86 Cl: 10,61 11,06
Calculé ... Br : 25 , o3 11,11
( i489 )
» Pour préparer facilement ce nouveau composé, le mieux est d'opérer soit à froid,
soit en tube scellé en présence d'un excès de brome, à température peu élevée (ioo°-
120° par exemple).
)) Si l'on opère à température de fusion du chlorure, la masse fondue n'absorbe le
brome que très lentement, si bien que la saturation exige un temps considérable, sur-
tout si l'on opère sur plusieurs grammes de matières (iSs'" à 208'' par exemple).
» Ce composé partage les propriétés des chlorure et bromure correspondaats. Il
est d'un jaune plus foncé que le chlorure. Comme lui, il fonce rapidement de couleur
lorsqu'on le chauft'e et reprend sa teinte primitive par refroidissement. L'eau le décom-
pose rapidement avec formation de chlorobromure du type Tl-X'.
» En résumé, il est bien établi par cette Note que :
» 1" Le brome en excès réagit sur le chlorure thalleux, en présence de
solvants non susceptibles d'entrer en réaction en donnant le chlorobro-
mure TPCl=Br\
» 2° En présence de solvants, tels que le sulfure de carbone susceptible
de se combiner aux halogènes, le chlorure thalleux tend à se transformer
en bibromure TlBi -. La transformation est totale pour une quantité suffi-
sante de brome.
» 3° Par voie sèche, on obtient des produits d'addition normaux du
chlorure thalleux. En présence d'un excès de brome, c'est le chlorobro-
mure TlClBr qui prend naissance.
» 4° Le déplacement apparent du chlore par le brome doit être attribué
à la formation de composés intermédiaires peu stables susceptibles d'entrer
ensuite en réaction avec le solvanl.
» La production d'un chlorobromure thalhque semble, par suite, ne
devoir être tentée avec succès que par voie humide.
» L'étude de ces chlorobromures se poursuit régulièrement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Des réactions de l'acétylène avec le chlorure cuivreux
dissous dans une solution neutre de chlorure de potassium. Note de M. R.
Chavastelon.
« Dans de précédentes Communications ( ' ), j'ai décrit les combinaisons
cristallisées que forme l'acétylène avec le chlorure cuivreux et le chlorure
de potassium, au sein d'une solution acidulée avec de l'acide chlorhydrique.
(') Comptes rendus, 4 juillet 1898, ii et 25 juin 1900, 2 juillet 1900.
0. R., 1901, i" Semestre. (T. CXXXII, N» 24.) '92
( '490 )
J'ai établi !es reliitions existant entre ces derniers composés et celui, plus
simple,
C=H^Cll = Cl-.
» En étudiant l'action, sur les cristaux de chaque espèce, des solutions
neutres de chlorure cuivreux dans le chlorure de potassium, à divers
degrés de concentration, j'ai pu expliquer la fréquente apparition, au sein
des solutions neutres soumises à l'action de l'acétylène, du composé violet
pourpre
C^H-Cu^Cl^Cn^O.
» 1° Une solution neutre et. saturée de chlorure cuivreux dans le chlo-
rure de potassium à 20 pour 100 transforme en cristaux de couleur jaune
de chrome
C-H='[(Cu^Cl^)-RCl]^
les cristaux incolores
C-H^Cu-Cl^
et
C-U- (Cm- Cl' y KC\,
sans formation du composé violet pourpre.
» 2° La même solution, étendue de | environ d'eau, peut encore dis-
soudre le composé jaune et ramener à l'état de composé jaune des cris-
taux de
cni-(CuH]\'yKc\,
mais elle dissocie partiellement le composé
C^HvCu-Cl-.
)i Le composé violet pourpre prend naissance el la liqueur devient acide.
Or, si l'on soumet à l'action d'un courant d'acétylène, dont le débit est
de 5'" à l'heure, la solution saturée et neutre de chlorure cuivreux dans le
chlorure de potassium et la même solution étendue de | d'eau, en faisant
varier seulement le degré d'agitation de la liqueur, on observe les phéno-
mènes suivants :
)> SoluUon saturée. — A. La liqueur est au repos; le tube abducteur de gaz
débouche au-dessus du niveau du liquide et à une faible distance de la surface.
» Immédiatement apparaît le précipité violet pourpre, d'abord sur les parois encore
mouillées par la solution, puis à la surface de la liqueur. Au bout de pou de temps il
constitue une bouillie homogène.
n La liqueur renferme de l'acide chlorhydrique libre.
( i49t )
» B. Le tube abducteur débouche à i"'^ enviion au-dessous de la surface du liquide
et le passage du gaz provoque une certaine agitation de la liqueur.
» Le précipité violet pourpre apparaît encore sur les parois, hors du liquide, puis
à la surface de la liqueur dans la zone la plus éloignée du centre d'agitation. En
même temps, la liqueur, devenue acide, jaunit ; le précipité violet pourpre n'augmente
plus que faiblement et se trouve bientôt mélangé de cristaux jaunes.
» C. Tandis que barbote le gaz comme dans B, on agite latéralement, alternative-
ment dans un sens et dans l'autre, de manière à renouveler constamment les points de
contact du gaz et du liquide.
» Il n'y a pas formation de précipité violet pourpre, et au sein de la liqueur restée
neutre, devenue rapidement jaune, se déposent des cristaux jaunes.
» Solution étendue. — Qu'elle soit agitée ou au repos, elle ne fournit que le com-
posé violet pourpre.
i> J'ajouterai qu'avec une telle solution le résultat reste le même avec un déJjiL de
gaz de i''' à l'heure.
» L'apparition du précipité violet pourpre sur les parois du vase et à la
surface de la liqueur au repos résulte de la formation immédiate du com-
posé le plus riche en acétylène
C- FF. Cu- Ci-
el de sa dissociation rapide.
» En effet, la couche mince de liquide dans laquelle il prend naissance
au contact d'un excès d'acétylène est, par suite, dépouillée d'une partie du
chlorure cuivreux dissous.
» Le liquide non renouvelé qui la constitue, appauvri en chlorure cui-
vreux, agit sur ce composé ainsi qu'une solution faible de chlorure cui-
vreux dans la même proportion de chlorure de potassium. La transfor-
mation
C='H^Cu-Cl--h3Cu=CI--}-2KCl = C-H=^[(C'.^Cl-)'iiCl]-
ne peut avoir lieu, et la dissociation se produit comme au contact d'une
solution de chlorure de potassium ou de l'eau pure d'après l'équation
(C-H*Cu-C!-)--i-H-0 = C-H- + C-H-.Cu-(:l-,Cu-0 4-2H(;l.
» La proportion d'acide chlorhydrique est insuffisante pour donner lieu,
à la température ordinaire, à la réaction inverse et le précipité violet
pourpre se dépose au fur et à mesure de sa formation.
» Les mêmes transformations ont lieu progressivement dans les tranches
successives de la solution au repos.
)) L'agitation a pour effet d'amener constamment an contact du premier
composé formé une quantité suffisante de chlorure cuivreux et en même
( '492 )
temps de chlorure de potassium pour que, à leurs dépens, puisse se con-
stituer immédiatement le composé jaune
C=H=[(Cu=Cl-)-KCl]^
stable dans ce milieu. Ce dernier absorbe à son tour de l'acétylène pour
devenir
C-H=(Cii-C!=)-KCl.
» En résumé, l'action de l'acétylène sur une solution saturée et neutre
de chlorure cuivreux dans le chlorure de potassium conduit à des résul-
tats identiques, que cette solution soit acide ou neutre. Dans le cas d'une
solution neutre, et quelle que soit la vitesse du courant gazeux, une agi-
tation active est nécessaire. «
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation du cobalt et du nickel par la voie
électroly tique . Note de M. Dimitry Balachowsky, présentée par
M. Moissan.
« D'une façon générale, pour séparer ces deux métaux l'un de l'autre,
il n'existe qu'une méthode parement chimique assez longue et assez déli-
cate. Jusqu'à présent nous ne connaissions aucune méthode électrolytique
pour obtenir cette séparation : nous n'a\ ions même aucun principe nous
permettant de concevoir par quelle voie nous pourrions v parvenir, à l'ex-
ception toutefois de cette remarque de Le Blanc que, à son avis, le procédé
de Vélectrosténolyse ( ' ) pourrait être employé à isoler le cobalt en présence
du nickel.
» On sait que toute la difficulté du problème tient à l'identité de la
plupart des propriétés chimiques et physiques de ces deux métaux. Elec-
triquement, dans toutes les méthodes, on dépose toujours le cobalt et le
nickel sur la cathode, au moyeu d'une solution alcaline et dans les mêmes
conditions, par les mêmes voltage et ampérage (3™"* et i^™'' ND,oo)- Ce
résultat se trouve, d'ailleurs, en parfait accord avec la théorie : car la
différence de potentiel, qui est nécessaire pour déposer un métal (-)
RT , p
- = — ^ In ^ •
(') Z.f. Eleclr. Cliem., t. IV, p. 5oi ; 1898.
(■^) Le Blanc, Frecdenberg, Z.f.ph. Ch., t. XII; iSgS. — Le BlaNC, Ibid., t. \'III,
p. 299; 1891. — BoDLANDER, Z.f.ph, Cil., t. XXVII, p. 56; iSgS.
( i493 )
» Dans la formule précédente,
RT ==: les constantes des gaz (le travail osmolique);
/ij=r valence; F:z=la quantité d'électricité;
jo = la pression osmotique.
Ces valeurs sont identiques pour les deux métaux.
» Dans cette formule ('), il ne reste que P, pression de la solubilité,
qui dilifère un peu poiu* les deux métaux; mais cette différence est égale
à o'"™,6, ce qui donne une différence entre les deux potentiels, pour Co
et Ni, de o™", i .
M Par exemple : pour Co, dans CoSO\
77 = 1 ™", 92 ; T;„i = 2^""% 09 ; A (différence) = o™", 1 7 ;
pour Co, dans NiCP,
A = o^"",o3.
» Or comme, pendant l'électrolyse, on opère au début avec une solution
d'une concentration de ^ et pour déposer les dernières traces de métal on
doit opérer à la fin avec une solution de 0,000001 (normale), on voit
qu'il faut dans ce cas augmenter le voltage pour les métaux bi-équivalents
en moyenne de o™'S i5; et toute différence disparaît.
» Méthode (1 ). — Notre méthode de séparation électrolytique du nickel et
du cobalt consiste dans l'emploi d'une solution acétique de ces deux mé-
taux. A cette solution nous ajoutons pour o»'', 3 du métal, 3s' de sulfocyanate
d'ammoniaque, i^'' d'uice et i"^ à 2'^'' d'ammoniaque, pour neutraliser
l'excès d'acide acétitjue, nous devons avoir au total loo'^'-' de liquide dans
la capsule de Classen. Le voltage avec lequel nous opérons doit atteindre
au maximum un voit; Vampérage o'""p,S pour J^D^^^^ minimum, la tempéra-
ture étant de yo" à 80°. Le temps nécessaire est de une heure et demie.
» Il faut abioluiuciil avoir de o'""[',8 à i"'"p ND,„o. Nous avons remarqué, en elTel,
qu'avec un petit ampérage (avec o=""i',.'i à o""H',5) nous obtenions la précipitation
de Co avec Ni; et c'est seulement avec o^™i',8 qu'on obtient la séparation de Co de
Ni. Ainsi les plus petites quantités de Fe, Mn, Lti, entraînent avec elles une quan-
tité notable de Co, d'où la nécessité d'une plus grande pureté des vases et des
réactifs.
» Il nous a été donné d'observer ce rôle important de l'ampérage dans beaucoup de
cas. El nous pensons que c'est seulement avec o""'p, 8-i'™p que les ions Co restent'
dans un état de complexité tel qu'un courant de P"'^ ne peut les entraîner sur
(') Neumann, Z./.p/i. C/i., t. XIX, p. 229; 1894.
( i494 )
l'électrode. En abaissant l'ampérage (o="'p, 2-o»™r.6), même avec 0"°'', 8, on obtient
donc le dépôt du cobalt.
» En employant celte méthode on recueille sur la cathode, le nickel,
qui contient le soufre, et nous pouvons même, en nous appuyant sur les
résultats obtenus, conclure que Ni et Co se précipitent à l'état de sul-
fures : l'un, de nickel, sous le courant de i™"; l'autre, de cobalt, au-dessus
de r°", 2. Nous poursuivons nos recherches afin d'obtenir des sulfures
de nickel et de cobalt avant une composition bien définie, ce qui, pensons-
nous, permettra de déduire le poids atomique du cobalt et du nickel.
» Le nickel étant ainsi séparé à l'état de sulfure, nous le dépolarisons,
ou bien nous le dissolvons dans Zj*^*^ fu 5'='' d'acide azotique; nous nous
débarrassons du soufre par filtration, puis nous évaporons jusqu'à 100'^'^,
et nous neutralisons la solution avec de l'ammoniaque,
>) Enfin, nous l'électrolysons par la méthode de M. Classen (') (pour
oS'',4 du métal, 4s'' à 5e'' d'oxalate d'ammonium; o^^i'.S à r'"°i'ND,„„; 60"
à 70°, i'',5 à a*"), ou par notre méthode, qui consiste à employer : pour
oÊ'^,3 (lu métal (cobalt ou nickel) dans une solution acétique et neutralisée
par l'ammoniaque, i^'' d'acide succinique et i^'', 5 d'urée. On électrolyse
dans les conditions suivantes : 70° à 80"; 3'^°"% 5 ; o^^'^S à i"™? ND,oo> ^n
deux ou trois heures pour le cobalt et quatre heures pour le nickel. La
réaction doit être toujours acidulée. Notre méthode est intéressante à ce
point de vue qu'elle est la seule, de toutes celles que nous connaissons,
qui donne le dépôt du cobalt et du nickel dans une solution acidulée; la
possibilité d'une telle méthode avait été contestée par Fresenius et Berg-
mann (-).
» On évapore enfin au bain-marie la solution qui contient le cobalt
après qu'on a précipité tout le nickel, en ajoutant 5'^'= d'acide azotique;
on évapore à 100*^'^; on se débarrasse du soufre par filtration ; on neutralise
avec du carbonate d'ammoniaque et l'on électrolyse soit d'après la méthode
de M. Classen, soit d'après la nôtre.
» Nous avons commencé par doser par la méthode de Classen et la nôtre
le poids de nickel et celui de cobalt contenus dans des solutions étendues
titrées de ces sels.
» 10"^"^ d'acétate de chaque solution renfermaient : Ni, oS'', 3oi5; Co, oS"', 2700.
» Voici un Tableau de quelques-unes de nos analyses d'après notre
(') D'A. Classen, QualilalU'e Analyse du rc/t L'icclrolyse, IV Auflage; 1897.
(2) Z.f. an. Cil., t. XIX, p. 3i5.
C 1495 )
méthode (I), c'esL-à-dire : pour oS'',3 de nickel on de cobalt en prenant
1^"' d'iiiée; 3s''de sulfocyanate d'ammoniaque et i centimètre cube d'ammo-
niaque; V-^i™"; oo^P.S-i'"»'' deND,oo; «"^yS^-So".
Quantités Nickel et cobalt
de avec Nickel et cobalt
sels prises. soufre. métal.
oc
I 10 d'acétate de Ni o,365o o,3o23 )
I ^' . ■ , > I '*
I 10 d'acétate de Co 0,8127 0,2725 )
I 10 d'acétate de Ni .. 0,8675 0,806 )
2". l > 2°
/ 10 d'acétate de Co ....... o,3ioo 0,272 (
„ i 10 d'acétate de Ni o,36/lo o,3o5 I „
j 10 d'acélate de Co 0,81 52 0,2-5 (
( 20 d'acétate de Ni 0,7294 0,601^ ) ,„ ,,
) 10 d'acétate de Co 0,82 17 o, 2780 \ "*
1 10 d'acétate de Ni 0,8742 0,8048 I ,
5°. { ' / ^ ; 5°
i 1 5 d'acétate de Co 0,8190 0,272: (
» La méthode avec le sulfocyanure d'ammoniaque ci-dessus décrite nous
a donné des résultats concordants, surtout pour la séparation du fer et du
manganèse, séparation qui fera l'objet d'une de nos prochaines Communi-
cations. M
CHIMIE ORGANIQUE. — Elude de l'action dp contact sur les alcools secon-
daires et tertiaires. Note de M. A. Trillat, présentée par M. Duclaux.
« Dans une Note antérieure (-), j'ai indiqué que, sous l'influence de
l'action de contact d'une spirale fie platine, les alcools primaires de la
série grasse étaient partiellement transformés en aldéhydes correspon-
dantes. Il était intéressant de savoir comment se comporteraient les alcools
secondaires et tertiaires, et dans ce but je les ai soumis au même traite-
ment avec le même appareil.
» J'ai opéré sur les alcools secontlaires suivants : alcools isopropylique,
bulylique, amylique et octylique.
» Alcool isopropylujite : CH'. CttOH.CtP. — L'alcool isopropylique du commerce
contient souvent de l'acétone comme impureté : il doit faire l'objet d'une purifica-
tion soignée. 87*', 5 d'alcool ont pu être entraînés par un courant d'air sur la spirale
(') Temps employé, 2''5'".
(^) Comptes rendus, 20 mai 1901.
( i496 )
de platine préalablement chauffée. Après quelques instants, on peut supprimer le
chau(rage;la spirale se maintient au rouge sombre sous l'inlluence de l'oxydation.
Sur les S-s^S d'alcool, on a recueilli 25''" de liquide, le restant ayant été entraîné par
l'aspiration. Ce liquide, neutre aux indicateurs, a fourni par addition d'éther et de
bisulfite de sodium un abondant précipité cristallin d'où l'on a pu extraire de l'acétone
dimétliylique ])ar la méthode habituelle. Le rendement a été de i6pourioo; le restant
du liquide était de l'alcool isopropylique non transformé.
» L'oxydation de l'alcool isopropylique par l'action de contact à chaud se fait avec
une facilité égale à celle de l'alcool éthylique : c'est le meilleur exemple à signaler
parmi les alcools secondaires.
» Alcool butyligue secondaire .• CIPCIIOU. CH-CH\— L'alcool butylique employé
ne donnait aucune trace de réduction avec les réactifs. On a opéré comme précédem-
ment; les produits liquides condensés ont été rectifiés, puis traités à l'éther et au
bisulfite de sodium, La combinaison bisulfitique non cristallisée a été décomposée par
du carbonate de sodium. Par distillation, on a obtenu 28'', 5 d'un liquide qui a été
caractérisé comme étant de la méthyléthylcétone :
» Alcool amylique secondaire : (C-H*)^. CH. OH. — L'alcool qui a servi aux essais
a été préparé en faisant agir du zinc sur un mélange de formiate et d'iodure d'éthyle.
Par o.xydation, on a obtenu une très petite quantité de liquide qui a fourni les pro-
priétés d'une cétone et non celles d'une aldéhyde. Oxydé par le bichromate de potasse,
il a donné lieu à un dégagement d'acide acétique. Le peu de malièredont on disposait
n'a pas permis de faire une identification plus complète.
» Alcool octyliri lie secondaire (méthyihexylcarbinoi) : CIP.CH.OH.CH". — Étant
donne le point d'ébuUition élevé de cet alcool, l'entraînement de ses vapeurs s'est fait
dans le voisinage de loo". Les couches huileuses provenant des flacons condenseurs
ont donné avec le bisulfite de sodium un précipité gélatineux soluble dans l'eau qui,
chaufi'é en présence du carbonate de soude, a fourni un liquide distillant à i7i°-i72°,
ne réduisant pas la solution d'argent ammoniacale. Traité par l'hydroxylamine, il a
donné une oxime bouillant vers 221°. Le produit obtenu est donc bien la mélhylhexyl-
célone :
et la fonction célonique de l'alcool caprylique est démontrée une fois de plus.
» Pour étudier l'action de contact sur les alcools tertiaires, je me suis
adressé à l'alcool bulyliqite et à Talcool amylique.
» Il était particulièrement intéressant de se rendre compte des résultats
que pouvaient fournir ces alcools qui, théoriquement, par oxydation, ne
peuvent pas donner naissance à l'aldéhyde correspondante. On sait, en
elfet, que dans ce cas le radical hydrocarboné le plus simple reste gêné-
( '497 )
ralement uni au groupe COH pour former un acide, tandis que les autres
groupes s'oxydent de leur côté. C'est ainsi que le diméthyléthylcarbinol
donne de l'acide acétique et de l'acide carbonique. On peut donc prévoir
aussi dans l'action de contact une désagrégation de la molécule.
» Alcool butylique tertiaire : (CH')'C.OH. — Cet alcool est facilement entraî-
nable. Après quelques tninutes de passage sur la spirale de platine, on constate que
celle-ci se maintient à l'élat incandescent sous l'induence de l'action chimique. Ce
fait est remarquable, car on se trouve en présence d'une réaction différente des pré-
cédentes. L'analvse des produits oxydés a porté sur la recherche des dérivés aldéhy-
diques et cétoniques, ainsi que sur celle des acides. L'acidité totale était à peine
sensible; j'ai reconnu qu'il s'était formé des quantités notables d'acétone et d'une
aldéhyde que j'ai facilement caractérisée comme étant l'aldéliyde formique, à l'exclu-
sion d'autres aldéhydes de la série grasse. Pour me rendre compte de ce résultat
j'ai oxydé de l'acétone par la spirale de platine, et j'ai obtenu de l'aldéhvde formique.
Ce corps provient donc en partie de la transformation ultérieure de l'acétone et pro-
bablement aussi de l'oxydation directe du troisième groupement métliylique de
l'alcool, suivant le schéma :
/ CH' CH3
COH - CtP -<- 2 0 = c'o -+- Cli^ O -+- H^ O.
\CH3 c'h'
L'alcool amylique tertiaire (diméthyléthylcarbinol) (CH^)-. CUl^C.Oil a donné
des résultats tout à fait analogues : formation d'acétone et d'aldéhyde formique (').
» On voit donc, d'après ces expériences, que l'action de la spirale de
platine se manifeste non seulement sur les alcools primaires, mais aussi
sur les alcools secondaires et tertiaires, pour fournir soit des cétones seules,
soit des cétones et de la formaldéhyde. Dans tous ces cas, la chaleur dé-
gagée par la réaction chimique est suffisante pour maintenir la spirale de
platine à l'état incandescent. »
BOTANIQUE. — Sur l' or gano génie florale des Disciflores. Note
de M. L. Beille, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Nos connaissances sur le développement de la fleur sont encore très
imparfaites; il est nécessaire de reprendre la plupart des observations anté-
(') Ces résultats confirment ceux qui viennent d'être récemment publiés par
MM. MuUiken, Brown et French {Amer. Journ., t. XXV, p. m).
G. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXll, N" 24.) 193
( '49» )
heures, d'iililiser dans ces recherches la dissection, sous la loupe, de fleurs
1res jeunes et la méthode des coupes sériées, et de décrire dans chaque
cas l'évolution externe des organes floraux, la distribution des faisceaux
vasculaires et l'histogenèse.
» Ces procédés de recherches appliqués aux Disciflores nous ont permis
d'établir plusieurs faits généraux relatifs au développement floral et à
l'importance de l'androcée pour la division systématique de ce groupe, où
les botanistes modernes rangent, avec Drude, l<^s classes des Tricocceœ, des
Terebenthineœ. des ^sciiteœ et des Franguleœ.
» Le bom'geon floral est constitué comme un point végétatif par trois
couches superposées (dermatogène, périblème, plérome); il se différencie
bientôt en deux portions dont la supérieure forme le réceptacle, l'infé-
rieure le pédicelle; dans certains cas, l'accroissement de ce dernier s'ef-
fectue en deux périodes distinctes et la place du mérislème qui a produit
cet allongement secondaire est indiquée par un rétrécissement qu'on a
appelé articulation (fleurs mâles des Euphorbia, Ricinus, fleurs hermaphro-
dites des Evonymus et des Kœlreuteria, etc.).
» Les sépales apparaissent les premiers et dans l'ordre successif; ils s'accroissent
très vite et recouvrent ))ii>iUôt tout le réceptacle floral, les autres verlicilles se
montrent d'autant plus tardivement qu'ils sont plus rapprochés du sommet et les
pièces d'un même rang apparaissent toutes à la fois.
» Les sépales, les pétales et les feuilles carpellaires naissent de la même manière
par l'accroissement et la division tangentielle des cellules d'une même file du péri-
blème suivis de la multiplication des éléments les plus voisins; les cellules procam-
biales se différencient aux dépens de cette rangée axiale et à la base de ces appendices,
elles se prolongent en dehors dans le mamelon nouvellement formé et vont rejoindre
en dedans les faisceaux du pédicelle.
» L'androcée des Discillores se présente sous les types isoslémone, polystémone ou
diplostémone; dans ce dernier cas, les étamines externes peuvent être placées devant
les sépales {eudiplostémones); mais parfois elles sont en face des pétales, les fleurs ne
semblent plus obéir à la loi de l'alternance, elles sont dites obdiplustémones.
» Les jeunes mamelons staminaux se forment surtout aux dépens du périblème; ils
sont indiqués sur les coupes par des massifs en forme de V à sommet interne, dans
lesquels les cellules s'allongent et se cloisonnent transversalement. Dans les fleurs
obdiplostémones, les mamelons alternes avec les sépales sont doubles; ils renferment
à la fois les éléments d'un pétale et d'une étamine; ces deux parties s'accroissent
d'abord simultanément, puis elles se séparent et donnent deux organes distincts. Ce
mode de formation, autrefois observé par Pfeiflèr dans les Anipéiidées, se retrouve
dans les Rutacées, Diosmées, Zygophyllées, Aurantiées, Simarubées, Rhamnées et
dans trois genres d'Eupliorbiacécs à fleurs pétalées (Cliiytia, Julropha, Codiœuni).
L'obdiplostémonie ne peut pas être envisagée comme une simple uiodiiicaLiou de la
( '499 )
diplostémonie; elle est caractérisée par l'origine et la position externe des étamines
épipétales et par ce fait que, si des variations interviennent (dédoublement, avorle-
ment partiel ou total), elles affectent à la fois et de la même manière toutes les éta-
mines d'un même rang. Dans la plupart des fleurs obdiplostémones, les carpelles sont
épipétales, mais ils peuvent occuper une situation inverse.
» Dans les Disciûores eudiplostémones, les étamines externes soûl épisépales, les
autres apparaissent plus tard et dans leur intervalle; l'avortement se manifeste à la
fois et indistinctement sur les étamines des deux groupes; dans ce cas la distribution
des faisceaux vasculaires permet de retrouver la place des étamines disparues (Sapin-
dacées, Acérinées, Hippocastanées).
» La formation du gynécée est semblable dans toutes les Discidores, la position des
placentas est très variable, mais l'axe ne dépasse pas le niveau d'insertion des feuilles
carpellaires ; dans les Euphorbiacées et les Rutacées, on trouve au centre de l'ovaire un
prolongement (columelle) que Payer et Bâillon croyaient axile, mais dont la nature
appendiculaire est démontrée par la mélliode anatomique et l'histogenèse.
I) Quelles que soient sa forme et la position qu'il occupe sur le réceptacle floral, le
disque naît toujours de la même manière, apiès la formation des verticilles floraux et
à la suite de la division répétée des cellules sous-épidermiques. Ces renflements ré-
ceptaculaires sont constitués par des éléments cellulaires plus petits que tous les
autres, à parois très minces, à contenu très granuleux et riche en matières sucrées;
ils renferment parfois des laticifères {Codiœum) ou des faisceaux fibro-vasculaires
localisés à leur base et incomplètement différenciés; les réserves sucrées de la fleur
qui peuvent, ainsi que l'a démontré M. G. Bonnier, se localiser dans tous les organes
appeiidiculaires, s'accumulent surtout dans ces émergences.
» Le mode (le développement et la disposition de l'androcée permettent
de distinguer trois séries principales dans les Disciflores :
» 1° Los Eupliorbiacées, oîi l'on trouve des genres à androcée isosté-
nione, diplostémone, polystémone et des genres .)ù l'obdiplostémonie est
déjà bien indiquée;
)) 2" \.ç.f, Discijlores ohdiplostèmones, où le type complet se trouve réalisé
dans les Kulacées, Diosmées, Zygophyllées, Aurantiées, Anacardices, et
qui se simplifient par la disparition de l'un des deux verticilles dans les
Rhamnées, Ampélidées, Célastrinées, Stapliyléacées, Ilicinées;
» 3" Les Disciflores eudiplostémones, dont le type complet se retrouve
dans les Méliacées et les Coriariées, et dont les types, simplifiés par avor-
tement, sont représentés par les Sapindacées, Hippocastanées, Acéri-
nées, etc.
« Cette classification correspond à peu près à celles que Drude et Rad-
kofer ont établies d'après les caractères floraux seuls ou d'après l'ensemble
des caractères floraux et des caractères végétatifs. »
( i5oo )
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Diffusion dans la gélatine.
Note de M. S. Leduc, présentée par M. d'Arsonval.
« Les gouttes de liquide déposées sur une couche gélatineuse répan-
due sur une plaque de verre diffusent régulièrement.
» La vitesse de diffusion diminue rapidement lorsque augmente la con-
centration de la solution de gélatine, ce qui infirme l'opinion que la
diffusion se fait dans les substances gélatineuses comme dans l'eau pure.
» Lorsqu'on fait diffuser, près les unes des autres, des gouttes symétri-
quement placées de liquides précipitant au contact, on obtient, tracées
par les lignes de contact, des figures géométriques.
» Par des centres de diffusion multiples, on peut reproduire les formes
Cellules produiles par la dillusion d'une solution
de ferrocyanure de potassium dans la gélatine.
Figure résultant de la dilïusion de gouttes de solutions
de sulfate de cuivre et de ferrocyanure de potassium.
des cellules des tissus vivants, avec la membrane d'enveloppe polyédrique,
le plasma intérieur et le noyau. Il n'est nullement nécessaire d'employer
à cet effet des solutions différentes. Les gouttes d'une même solution
(ferrocyanure de potassium), lorsqu'elles se rencontrent avec une tension
osmotique convenable, ne se pénètrent point, mais forment des cellules
( i5oi )
polyédriques régulières, accolées les unes aux autres par leurs membranes
d'enveloppe, contenant un plasma séparé de la membrane, et un noyau
formé par la goutte, centre de diffusion.
» La différenciation d'où résultent les cellules produites avec une
même solution paraît attribuable aux différences de vitesse des ions. Le
procédé semble donner la démonstration directe de l'indépendance des
ions dans la diffusion. Une goutte de sulfate de cuivre laisse au centre une
tache jaune de cuivre métallique, entourée d'une couronne translucide,
probablement de gélatine modifiée par le radical acide. Une goutte de
solution de chlorure de calcium sur de la gélatine colorée par une solution
alcaline de phtaléine du phénol forme un cercle avec augmentation de la
coloration attribuable à l'ion calcium, entouré d'une couronne décolorée
par l'ion chlore.
M I^e diamètre des gouttes d'un même liquide, diffusées dans des temps
égaux, varie comme la concentration de la solution. Les lignes de rencontre
des gouttes diffusées sont droites lorsque les solutions sont isotoniques;
elles sont d'autant plus courbes que la différence de tension osmoiique des
liquides est plus grande. La convexité se trouve du côté de la solution
hypertonique, la concavité du côté du liquide hypotonique.
» Une solution de fèrrocyanure de potassium, diffusant dans de la géla-
tine contenant une très petite quantité de sulfate de fer, donne des anneaux
concentriques, alternativement bleus et transparent-;, visibles à la loupe et
même à l'œil nu. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur 1(1 présence de l'oxyde de carbone dans le sang
du nouveau-né. Note de M. Maurice IVicloux, présentée par M. Armand
Gautier.
(( Le fait que le sang des animaux de laboratoire contient des gaz com-
bustibles, de l'hvdrogène en particulier, a été démontré, il y a déjà plu-
sieurs années, par M. Gréhant(').
» A la suite d'un travail que nous avons publié en collaboration,
M. Desgrez et moi, sur la décomposition partielle du chloroforme dans
(') N. Gkéha.m', Les gaz du sang. p. 119. (Encyclopédie des Aide-AJémoire de
Léauté.)
( l5o2 )
l'organisme avec production d'oxyde de carbone ('), M. de Saint-Mar-
tin (-), reprenant nos expériences, confirmait la présence de l'oxyde de
carbone dans le sang des animaux anesthésiés et le signalait, en outre,
dans les gaz extraits du sang de chien normal ('), A cette époque, cet
auteur émettait l'hvpolhèse que ce gaz ne préexiste pas dans le sang, mais
qu'il provient de l'action de l'acide organique employé pour l'extraction
(acide tartrique) sur une substance organique contenue dans le sang.
» Tel ne fut pas notre avis, pour les raisons toutes théoriques, il est
vrai, que nous avons développées dans nos publications (''), et sans formu-
ler aucune hypothèse sur son origine, nous avons été conduits à admettre
l'existence normale de l'oxyde de carbone dans le sang des chiens vivant
à Paris.
)) D'ailleurs, postérieurement et après de nouvelles expériences, M. de
Saint-Martin (^) abandonnait son hypothèse de l'action des réactifs sur
le sang.
)) Enfin, pour compléter ce rapide exposé, dans deux Communications
faites à l'Académie des Sciences (") j'ai donné, d'après^une moyenne de
dix-sept dosages d'oxyde de carbone dans le sang de chien vivant a Paris,
le chiffre de 0""=, i45 pour 100*='' de sang, et d'une série d'expériences, qui
toutefois ne tranchent pas la question d'une façon définitive, j'ai cru pou-
(' ) A. Desgbez et M. Nicloux, Sur la ({(^composition du cldoroformc dans ror na-
nisme {Comptes rendus, t. CXXV, p. 973; 1897).
(2) L. DE Saim-Martin, Les inhalations de chloroforme déterminent-elles la pro-
duction d'oxyde de carbone dans le sang? (Comptes rendus, t. CXXVI, p. 533;
,898).
(') Gela ne peut infirmer en rien le (ail de la décomposition partielle du chloro-
forme dans l'organisme avec produclion d'oxyde de carbone; car, au moment de
l'aneslliésie, la proportion de ce gaz dans le sang est deux, trois, quatre et même
cinq fois ce qu'elle est dans le sang normal.
(*) A. Descrrz et M. NiCLOVX, Becherches sur un mode de décomposition partielle
du chloroforme dans l'organisme [Comptes rendus, t. CVXVl, p. 7.58; 1898; ,1/-^
chives de Physiologie, 5" série, t. X, p. 377-385; 1898).
(") L. DE Saint-Martin, Sur le dosage de petites quantités d'oxyde de carbone
dans l'air et dans le sang normal {Comptes rendus, t. CXXVI, p. io36; 1898).
■ (") Sur l'oxyde de carbone contenu normalement dans le sang (Comptes rendus,
l. CXXVI, p. i5.<6; 1S98). — Influence de l'asphyxie sur la teneur du sang en oxyde
de carbone. Production d'oxyde de carbone dans l'organisme (Comptes rendus,
t. CXXVI, p. 1095 ; 1898, et Archives de Physiologie, W' série, t. X, p. 434-443; 1898).
( i5o?> )
voir conclure que l'oxyde de carbone peut être considéré comme un pro-
duit élaboré normalement dans l'organisme.
» Les recherches que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Aca-
démie sont la continuation des travaux précédents; elles n'apportent pas
encore la solution définitive de la question de savoir si le gaz oxyde de
carbone provient de l'air (on sait que M. Armand Gautier a signalé, dans
celui de Paris, une trace d'oxyde de carbone), ou bien si l'on doit consi-
dérer ce gaz comme un produit normal de l'organisme. Mais ces recherches
démontrent un fait intéressant, à savoir : la présence constante de l'oxyde
de carbone dans le sang des nouveau-nés, à Paris.
» Pour le démontrer, au inomenl de la naissance, on sectionne le cordon ; il s'écoule
un certain volume de sang fœtal, lequel est immédiatement défibriné. Les gaz du sang
(20"^' au minimum) sont extraits dans le vide par la pompe à mercure en présence
d'acide phospliorique en volume égal à celui du sang. Le résidu, après absorption de
l'acide carbonique, est additionné de 200'='= d'air et mis à circuler dans mon petit appa-
reil à acide iodique ('). L'oxyde de carbone réduit l'acide iodique, l'iode est dégagé,
recueilli dans une lessive alcaline et dosé (^).
» Dix dosages d'oxyde de carbone dans le sang de nouveau-nés, à Paris (^),
clinique Tarnier, rue d'Assas, m'ont donné les résultats suivants. Pour loo*^""
de sang : CO = o" , 1 o ; o" , 1 2 ; o'' , i 3 ; o'' , 1 1 ; o' " , 1 4 ; o" , 08 ; o"', 1 o ; o'' , 1 o ;
o"',ii; o'^'=,i3, dont la moyenne est o"^,i I.
» Nous venons d'admettre implicitement que le gaz extrait du sang dans
le vide, gaz réduisant l'acide iodique à la température de i5o" est de
l'oxyde de carbone. Ceci est parfaitement légitime, car ni l'hydrogène ni
le méthane, seuls autres gaz combustibles signalés jusqu'ici dans le sang.
ne provoquent la réduction de l'acide iodique. Toutefois, j'ai |)ensé qu'il
était utile d'en faire la démonstration complète, afin de lever toute espèce
de doute à ce sujet. J'ai opéré ainsi qu'il suit :
» Les gaz furent extraits de 49^" de sang fœtal. L'acide carbonique fut absorbé par
(' ) Je rappelle encore que c'est M. Armand Gautier qui, le premier, appliqua la
réaction de l'oxyde de carbone sur l'acide iodique au dosage de ce gaz dans l'air.
(■) Voir tous les détailsdu dosage dans mon Mémoire : Dosage de petites quantités
d'oxyde de carbone dans l'air {Annales de Chimie et de Physique, 7° série, t. XIV,
p. 565-574; 1898) et le dessin de l'appareil dans les Archives de Physiologie, 5' série,
t. X, p. 382; 1898).
(') Je ne saurais trop remercier ici M. le professeur Budin de la bienveillance avec
laquelle il a mis son service à ma disposition.
( «504 )
la potasse, l'oxygène par l'hydrosulfite de soude ('). Du résidu final occupant un
volume de i5'^'^, i5 on préleva i'"'', i5 pour lequel la quantité de gaz réduisant l'acide
iodique comptée comme oxyde de carbone est de o'"'',o37. Les 14'"'^ restants furent agités
pendant cinq minutes avec 6"^ de sang réduit (') oljlenu par l'action du vide à ^o". Le
volume devint i3'^'=,5. Ces i3'^'',5 remis à circuler dans mon appareil donnèrent une
quantité d'iode infinitésimale. Quant aux 6'^'' de sang, traités par le vide et l'acide
phospliorique, ils fournirent un gaz réduisant l'acide iodique; la quantité d'iode mise
en liberté était abondante, elle correspondait à o", 48 d'oxyde de carbone à o" et à 760,
soit pour les iS'"'", i5 provenant de 4g')"' de sang : o'^'",52.
» Ainsi donc le gaz extrait du sang dans les conditions précédentes :
» 1° Réduit l'acide iodique;
» 2° Est absorbable totalement par l'hémoglobine;
» 3° Dégagé de sa combinaison avec l'hémoglobine par le vide et l'acide
phospliorique, il fournit de nouveau un gaz réduisant l'acide iodique.
)) Ces réactions caractérisent l'oxyde de carbone et la quantité de ce
gaz, tout calcul fait, correspond à o'=<^, io5 pour 100" de sang.
» C'est l'identité presque absolue avec le chiffre moyen obtenu plus
haut par analyse directe.
» Conclusions. — Le gaz oxyde de carbone se rencontre, à Paris, dans
le sang des nouveau-nés.
» Sa quantité est en moyenne de 0'='^, 1 1 pour 100'^'= de sang. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur une diffère ncialion biochimique des deux
principaux ferments du vinaigre. Note de MM. Gab. Bertrand et R.
Sazerac, présentée par M. Duclaux.
(( Tandis qu'au temps oîi Pasteur étudiait la fabrication du vinaigre on
ne connaissait guère qu'une seule espèce de microbe capable de trans-
former l'alcool en acide acétique, aujourd'hui, grâce aux recherches de
Hansen, de Brown, de Henneberg, de Beijerinck, etc., il est hors de doute
qu'il existe plusieurs espèces de ferments acétiques.
» Malheureusement les recherches publiées sur ces petits êtres n'ont
(') L'absorption de l'oxygène par le pyrogallate de potasse détermine une pro-
duction d'oxyde de carbone dont la proportion est loin d'être négligeable. [Voir Ber-
THELOT (M.), Comptes rendus, t. GXXVI, 1898, p. 1066-1072.]
(^) .)'ai eu le soin de vérifier que ce petit volume de sang fœtal n'apporte avec lui
qu'une trace infinitésimale d'oxyde de carbone, o'''^,oo6 environ.
( I 3o5 )
pas été conduites suivant un plan unique, et l'on se trouve dans l'impossi-
bilité de classer sûrement les espèces décrites. La bactérie du sorbose,
étudiée par l'un de nous, se confond sans doute avec le Bacterium xylinum
de Brown ( ' ) ; mais où ranger, par exemple, le ferment gluconique de Bou-
Iroux, la bactérie acétifiante signalée par Duclaux? Ces deux microbes
représentent-ils des espèces particulières, ou doit-on les rattacher à quel-
ques-unes des formes décrites jjar les auteurs énumérés plus haut ?
(Jes questions, et d'autres analogues que l'on pourrait aisément se
poser, sont d'autant plus difficiles à résoudre que l'on connaît à peine les
fonctions physiologiques des microbes acétifiants, et, d'autre part, que ces
êtres présentent, comme il ressort de diverses observations, notamment
de celles publiées par Wermischeff (-), la plus grande variabilité d'aspect
suivant les cultures.
Aussi croyons-nous intéressant de signaler un caractère différentiel par-
ticulièrement net que nous avons eu l'occasion d'observer en comparant
entre elles, au point de vue physiologique, deux espèces de ferments acé-
tiques bien connues chez nous : le mycoderme du vinaigre, ou Mycodernia
rtce^i Pasteur, emplové jusqu'ici d'une manière à peu près exclusive parles
industriels, et la bactérie du sorbose, ou Baclerium aylinum Brown ('), uti-
lisée dans les ménages sous le nom de mère du vinaigre.
» La première espèce est le feimeut ivpe ùtudié par Pasteur. Nous en avons exa-
miné deux races, provenant l'une d'une fabrique d'Orléans, l'autre d'une rabri(|ue de
i^aris.
» Dans les deux, cas, des copeaux, récoltés avec toutes les précautions nécessaires,
ont été transportés au laboratoire en flacons stérilisés. Là, à l'aide d'un mélange
convenable de vin, de vinaigre et d'eau, filtré à la bougie Chamberland, on a procédé
à plusieurs séries de culture, d'après la mélliode des gouttes fractionnées. Et, pour
être tout à fait sûr d'avoir aflaire, chaque fois, à une espèce unique, on a préparé,
avec ces cultures purifiées, des plaques de gélatine à l'alcool. Les semences étaient
alors extraites de colonies isolées et mises de nouveau eu culture dans le mélange de
vin et de vinaigre. Le milieu, dit minéral, de Pasteur, se prête très bien aussi au
développement de ces microbes.
» Les deux races de mycoderme acétique que nous avons ainsi obtenues dillèronl
(') Gab. Bertrand, Bulletin des Sciences pharmacologiqiies, t. I, p. 2.5-; 1900.
(2) Annales de l'Institut Pasteur, p. 2i3; 1893.
(') En 1886, lirown [Journ. of tlie chemic. Soc, 1886) a isolé de la bière une
espèce de ferment acétique qu'il a étudié sous le nom de Bacterium accti llansen.
D'après Beijerinck (Centralbl. /. Bakl., t. IV, 2" partie, p. 211; 1898), ce ferment ne
serait pas le véritable My coder ma aceti, mais une variété de Bacterium rancens Beij.
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N» 24.) ^9^
( i5o6 )
très peu l'une de l'autre; celle d'Orléans est seulement un peu plus active. Ainsi, on
a ensemencé avec chacune d'elles des matras coniques renfermant 5o" de bouillon
de levure à o,5 pour loo d'extrait et environ 2'^'=, 5 d'alcool. A la température de 28°,
l'épaisseur du liquide étant de 1"^ environ, on a trouvé, en acide acétique :
Après six jours. Après dix jours. Après dix-sept jours.
Avec le microbe d'Orléans is^SS as^Si 28'', 4^
» i> de Paris i»'',43 25'', 35 28'', 52
» La seconde espèce, la bactérie du sorbose, provenait d'une culture spontanée sur
jus de sorbier, isolée en 1896, et entretenue depuis avec soin. Nous rappellerons que
cette espèce jouit, en dehors de son pouvoir acétifiant, de la propriété très remar-
quable de transformer la glycérine en un sucre particulier, réduisant à froid la liqueur
de Fehling, sucre qui n'est autre chose que la dioxyacétone ou propanediolone. Il
suffit d'ensemencer cette bactérie sur un liquide nutritif (eau de levure, bouillon
peptoné, etc.) additionné de glycérine pour obtenir, déjà après deux à trois jours,
un liquide précipitant le réactif cupro-alcalin en vert, puis en jaune, en jaune orangé
et finalement en rouge, et ceci eji l'espace de quelques secondes, quelques minutes
tout au plus. Ce dernier cas se présente quand l'aclion du microbe est peu avancée
et, par suite, la quantité de dioxyacétone peu abondante.
» Avec le Mycoderma aceti, au contraire, aucune trace de corps réducteur n'appa-
raît aux dépens de la glycérine. L'expérience a été faite de la manière suivante : une
trentaine de matras coniques, d'environ 25o'='= de capacité, ont reçu 5o"=' de bouillon
de levure à o,5 pour loo d'extrait, bouillon auquel on avait ajouté deux cen-
tièmes et demi environ de glycérine pure. Après stérilisation, une partie des matras a
été ensemencée avec le microbe d'Orléans, une autre avec celui de Paris; enfin,
quelques matras ont été conservés comme témoins.
» On a examiné, d'iibord tous les jours, à la fin toutes les semaines, le contenu de
ces matras, laissés dans une étuve à + 28°. L'acidité, très faible au début ('), a dis-
paru peu à peu; jamais, même après deux et trois mois d'attente, le liquide de cul-
ture n'a présenté la moindre action sur le réactif cupro-potassique.
» L'expérience, reproduite deux fois, avec de nouveaux bouillons de levure, a tou-
jours donné le même résultat. Dans l'une d'elles on a comparé quantitativement la
composition du liquide de culture au commencement et à la fin. On a trouvé :
Acidité
II mars 24 mai Extrait total Glycérine (')
(début) (fin) 24 mai 24 mai
Avec le mycod. d'Orléans 0,02 nulle i8'",6o i^%3ii
» » de Paris » » isi^jÔd iS'',33
Dans le bouillon témoin » 0,02 i"'')67 iS'',63
(') Le bouillon de levure avait été clarifié au blanc d'œuf avec addition d'une
petite quantité d'acide acétique, nécessaire à la coagulation.
(^) Dans les dosages d'extrait total et de glycérine, il faut tenir compte de ce que
la glycérine, simplement desséchée dans le vide sur l'acide sulfurique, retenait environ
i5 pour 100 d'eau. Ici, la correction n'a pas été faite.
( i5o7 )
» Ainsi, tandis que la bactérie du sorbose oxyde rapidement la glycérine et la
transforme en dioxyacétone, le mjcoderme du vinaigre attaque à peine cette substance
sans donner, d'ailleurs, d'autres produits que ceux qui correspondent à une combustion
complète.
» En dehors de leur intérêt théorique, nous pensons que ces faits sont
susceptibles de quelques applications. Nous avons l'intention de les
étendre à la diagnose des ferments acétiques en général (') et, prochai-
nement, nous les utiliserons à propos de la composition et de l'analyse
de certains vinaie^res. »
PHYSIOLOGIE . — Sur les courants électrotoniques extrapolaires dans les nerfs
sans myéline. Note de M. Mendelssohx, présentée par M. d'Arsonval.
« Les données relatives à l'électrotonus du nerf sans myéline sont encore
peu nombreuses et pour la plupart contradictoires. On est plus ou moins
d'accord sur les modifications clectrotoniquesde l'excitabilité dans un nerf
amyélinique, mais la question des phénomènes électromoteurs extrapo-
laires produits par le passage d'un courant constant à travers ce nerf est
encore très controversée. D'après Biedermann, le nerf amyélinique ne pré-
sente que la phase anélectrotonique. Les recherches de Bornthau semblent
plutôt plaider en faveur d'une analogie complète entre l'électrotonus d'un
nerf à myéline et celui d'un nerf sans myéline. Enfin V. Netkuhl nie toute
existence des phénomènes électromoteurs extrapolaires dans un nerf
dépourvu de myéline.
» Vu la divergence d'opinions de ces trois expérimentateurs (et ce sont
les seuls qui se sont occupés du sujet en question) et vu le grand intérêt
que l'étude des manifestations électroioniques extrapolaires du nerf sans
myéline présente pour la théorie de l'électrotonus et par conséquent
pour la théorie du processus de l'excitation des nerfs en général, j'ai
(') Le Bactcrium rancens Beij., d'après des recherches de Brown {loc. cit.),
oxyde complètement la glycérine. Les Bacteriuni Pasteurianum Hansen et Kiilsin-
gianum Hansen, d'après celles de Seifert (Ceritralbl. f. Bakt., t. III, 2" partie; 1897),
au contraire, n'auraient aucune action sur cet alcool. Aucun de ces auteurs n'a recher-
ché si, à un moment quelconque, il y avait de la dioxyacétone dans les cultures.
Celte substance, dont la production biochimique n'était d'ailleurs pas encore connue,
aurait très bien pu apparaître comme produit intermédiaire dans les expériences de
Brown, être dosée comme glycérine dans celles de Seifert.
( i5o8 )
cru iilile de reprendre celle question et de l'étudier sur on grand
nombre des nerfs sans myéline chez différents animaux invertébrés et
particulièrement chez les Mollusques (Céphalopodes, Gastéropodes, Acé-
phales) et chez quelques Crustacés, f.a station zoologique d'Arcachon, où
ces recherches ont été effectuées, présente, par le riche matériel que l'on
Y trouve, des conditions particulièrement favorables à ce genre d'expé-
riences.
» La disposition de l'expérience fut celle qui est généralement usitée dans les
recherches sur l'électrotonus. Un galvanomètre de Thompson très sensible servait de
révélateur des courants recueillis sur le nerf au moyen des tubes dérivateurs impola-
risables de du Bois-Reymond ; quatre à six éléments de Daniell de dimension moyenne
fournissaient le courant polarisaleur pour le nerf en expérience. Les deux points de la
surface longitudinale du nerf dérivés au galvanomètre étaient toujours autant que
possible équipotenliels ou présentaient peut-être une très faible différence de poten-
tiel qui ne produisait pas du reste de déviation de l'aiguille galvanomélrique avant la
fermeture du courant polarisaleur.
» Il résulte de mes recherches que le passage d'un courant polarisaleur
à travers un nerf sans myéline produit, dans les parties extrapolaires de ce
nerf, des phénomènes électromoteurs dont la quantité et la qualité varient
chez les différents animaux et dans les différents nerfs chez le même ani-
mal. Dans la majorité des cas, les nerfs sans myéline volumineux pré-
sonlcnt des courants éiectroloniques aussi bien dans la zone anodique que
dans iazouc cathodique, mais les courants anélectrotoniques sont toujours
beaucoup plus prr^uoncés que les courants catélectrotoniques, et la frac-
tion — , qui exprime ce rapport, est, d'une manière générale, beaucoup
[)lus grande dans les nerfs sans myéline que dans les nerfs à myéline.
» Dans certains ncifs, poiu' la plupart très minces, la phase catélectro-
tonique peut faire complètement défaut; les courants anélectrotoniques
constituent alors la seule manifestation de l'électrotonus, ils occupent toute
la zone anodique et s'étendent souvent jusqu'à la proximité presque immé-
diate de la zone cathodique. Dans aucun cas je u'ai observé l'absence coin-
|)lèle des phénomènes éiectroloniques extrapolaires dans un ueif sans
myéline. Il existe donc à cet ésard une srande analogie entre le nerf mvéli-
nique et le nerf amyélinique. La différence entre ces deux espèces de nerfs
consiste exclusivement dans la répartition polaire de deux phases électro-
Ioniques. La ]»h;iseauélectrotonique est plus grande et la phase catélectro-
tonique plus pelile dans un nerf sans myéline.
( i5o9 )
» T/intensitc des courants électrotoniques et surtout celle des courants
anélectrotoni(|ues(lans un nerf dépourvu de myélino varie suivant la force
du courant polarisateur, la longueur de la partie intrapolaire du nerf par-
couru par le courant polarisaleiir et la longueur du trajet compris entre la
partie polarisée et les poinis du nerf dérivés. Sons ce rapport l'analogie
entre le nerf à myéline et le nerf sans myéline est complète.
» Pour ce qui concerne les effets consécutifs qui précèdent d'ordinaire la
disposition de l'électrotoniis après l'ouverture du courant polarisateur, je
ne les ai observés dans un nerf sans myéline que dans sa partie anodique.
Les courants anélectrotoniques changent de direction avanlde disparaître,
tandis que les courants catélectrotoniques disparaissent plus vite sans
inversion préalable de leur sens. »
PHYSIOLOGIE. — Sur le temps de réaction suivant les races ou les conditions
sociales. Note de M. Louis Lapicque, présentée par iVl. Alfred Giard.
« Lors du voyage que j'ai fait sur le yacht Séiniraniis (à M'"* Jules
Lebaudv), en iSgS, je m'étais proposé de déterminer le tem])s de réaction
sur des races d'hommes <liverses. J'avais emporté dans ce but le chrono-
graphe de d'Arsonval.
» Ces expériences exigent des conditions qui ne sont pas facilement
réalisées en voyage. En fait, je n'ai pu prendre des temps de réaction sur
des populations exotiques qu'aux îles Andaman.
1) Les indigènes appartiennent à la race des Négritos, race qui est consiilérée comme
une des plus anciennes du globe; les Andamanais en représentent le type pur et sont
restés dans létat de civilisation le plus primitif; ce sont àes sauvages tjpiques.
» Depuis un demi-siècle, on a établi dans cet archipel un pénitencier pour l'empire
des Indes; les naturels ont été soigneusement protégés par l'administration anglaise.
Une petite tribu s'est trouvée enclavée dans le pénitencier, à Iladdo, près de Porl-
Klair; elle a conser\é ses mœurs, mais ne s'elTarouche plus à l'approche du blanc; ces
sauvages sont dans la situation de chevreuils familiers dans un parc. J'ai pu ainsi
opérer sur eux dans de bonnes conditions.
» J'ai profité aussi du pénitencier et de la bienveillance des autorités anglaises pour
examiner quelques Hindous. Je n'ai pas besoin d'insister sur la notion de race assez
confuse que représente ce mol. Pour des raisons de commodité, et sans penser alors
que cela pût avoir une importance, j'ai opéré sur des convicts qui étaient à l'hôpital
pour des alTections chirurgicales légères, entorse ou ulcères des jambes, par exemple.
» Enfin, pour avoir un terme de comparaison directe, éliminant à la fois l'influence
du climat et la tare instrumentale, j'ai pris également le temps de divers Européens,
fonctionnaires anglais et leurs femmes, qui voulurent bien se prêter à l'expérience.
( i5io )
» Voici les résultats numériques pour ces trois catégories de sujets;
chaque chiffre représente en centièmes de seconde la moyenne d'un
sujet (').
Andamanais
Hommes.
Femmes
s
s
0,22
0,18
0, ;5
0,22
0,20
0,20
o,i4
0,18
0,20
0,18
0,27
0,22
0,17
o,i8
0,19
0,20
0,19
0,18
in clous.
Européens.
s
0,24
'S
s
0,
i4
0,19
0,
i5
0,21
0,
16
0,23
0,
i5
0,20
0,
i5
0,25
0,
>4
0,22
0,
i4
»
0,
• 4
»
n
0,
0,
•7
0,22
i5
Moyenne. 0,19 0,19
» C'est-à-dire que les Négritos niellent à répondre, en moyenne, j^ de seconde de
plus que les Européens, et les Hindous, -^^ encore déplus.
» Ces écarts sont notables ; les séries ne sont pas très nombreuses, mais l'examen
détaillé des chiffres confirme la valeur des moyennes, car dans chaque série les écarts
individuels sont faibles ; seule, la série des hommes andamanais présente des chiffres
individuels très divergents; mais la moyenne de cette série esl contrôlée par la série
des femmes de la même race, qui donne la même moyenne au millième près.
» On est ainsi porté à voir dans ces différences un caractère ethnique.
» Mais alors il est difficile de comprendre comment les Négritos peuvent
se placer entre les Hindous et les Européens.
» La moyenne de o, i5 trouvée pour les Européens concorde avec les
valeurs généralement observées dans les très nombreuses expériences qui
ont été faites en Europe; mais tous les chiffres d'Européens se rapportent
à des sujets des classes cultivées. J'ai voulu voir ce qu'est le temps de réac-
tion dans d'autres classes sociales.
» 3 ouvrières parisiennes donnèrent les valeurs suivantes: 0,18, 0,16, 0,18.
Moj'enne, 0,17 fort.
(') Tous les chiffres de la présente Noie se rapportent à la réaction simple, l'exci-
tation consistant en une excitation tactile de la main gauche, réponse par la main
droite.
J'ai pris sur tous ces sujets des temps de réaction avec choix ; les résultats donnent
lieu aux mêmes observations que la réaction simple.
( »5ii )
» 5 étudiants, examinés coin nie expérience de contrôle, donnèrent: o,i5,o,i6, o,i3,
G, i6, o,i5. Soit encore la moyenne de o,i5.
» Enfin je crus trouver un bon matériel d'études pour déterminer le temps de
réaction du peuple de Paris, en allant faire des expériences dans les chaufloirs installés
par la municipalité ; la clientèle de ces établissements se composait en elTet pour la
plus grande part d'ouvriers sans travail. 12 sujets, choisis comme exempts des causes
d'erreur suivantes : maladie, inanition, fatigue, alcoolisme, et tous ouvriers en
chômage, donnèrent les moyennes suivantes : o, 28, 0,21, 0,20, 0,18, 0,18, o, 19, 0,19,
o, i3, 0,18, o,i8, o,i5. Soit comme moyenne générale, 0,18 fort.
» Ainsi, il y aurait un écart de y^ entre la classe cultivée et les travail-
leurs manuels; le peuple de Paris serait à ce point de vue très voisin des
Négritos; et plusieurs Parisiens observés dans les chauffoirs donnent un
chiffre du même ordre que les convicts hindous de l'hôpital de Port-Blair.
» Sous l'empire de cette conception a priori, que la rapidité de réaclion
devait traduire la supériorité de l'organisation nerveuse (conception
conforme, je pense, aux idées courantes), ces résultats me parurent
inintelligibles, et j'abandonnai ces recherches.
» Aujourd'hui, à la suite d'études toutes différentes sur l'évolution du
système nerveux, je suis arrivé à me rendre compte clairement que le
temps de réaction ne peut pas être conditionné par un facteur proprement
anthropologique, tel que le développement plus ou moins considérable
de l'encéphale. Le perfectionnement de l'organe permet des processus
de plus en plus complexes, qui exigent des temps de plus en plus longs
pour s'accomplir; mais il n'y a aucune raison pour que le temps des
processus simples (tels que la réaction simple ou la réaction avec choix)
en soit modifié. Un animal quelconque, tme grenouille, si l'on veut, réa-
gira aussi vite, peut-être plus vite qu'un homme, par exemple, à un bruit
signalant une proie ou un ennemi. Ce qui fait varier le temps de réaction,
c'est l'élat fonctionnel, dynamique, du système nerveux, état variable,
comme on sait, suivant l'ensemble des conditions biologiques.
» La question, telle que je me l'étais posée, à savoir l'influence de la race
sur le temps de réaction, est donc illusoire.
» Néanmoins, l'expérience donne pour des groupes ethniques divers
des valeurs différentes : ce qui s'explique très bien si l'on songe que les
individus de chacun de ces groupes sont soumis à des conditions plus ou
moins semblables. Et il ne reste rien de paradoxal dans les résultats que je
viens d'exposer, a
( l5l2 )
PHYSIOLOGIE. — Influence des lècithines de l' œuf sur les échanges nutritifs.
Note de MM. A. Desgrez et A. Zaky, présentée par M. Ch. Bouchard.
« Le rôle important du phosphore dans la cellule vivante, dans le tissu
nerveux eu particulier, assigne à cet élément une place prépondérante
parmi les substances minérales de notre économie. Les recherches com-
mencées en France par Gobley, poursuivies, en Allemagne surtout, par
Miescher, Rossel et leurs élèves, nous ont fait connaître la localisation, la
nature chimique, les réactions fondamentales des composés organiques du
phosphore : lècithines, nucléoalbamines, etc. Ce qui nous est moins connu,
bien que non moins important, c'est le rôle dévolu à ces substances dans
l'organisme animal. Ce n'est pas que la recherche de l'action sur l'économie
des mieux connues d'entre elles, les lècithines, n'ait déjà tenté quelques
physiologistes. Danilewsky et Serono avaient affirmé leur influence favo-
rable sur la croissance des plantes et des animaux, lorsque nous avons
publié, l'année dernière, une première Note (') relative aux modifications
avantageuses que ces substances impriment aux échanges nutritifs. E. Wil-
diers (^), a^ant répété, depuis lors, les expériences de Danilewsky, a été
amené à en contester formellement les conclusions. Les critiques de ce
chercheur atteignent indirectement nos propres résultats, de même que
ceux, d'ailleurs confirmatifs des nôtres, publiés depuis par Gilbert et Four-
nier C). Comme les recherches de Danilewsky ont été communiquées à
l'Académie des Sciences (^), nous avons cru devoir présenter à la même
Société les résultats des travaux que nous poursuivons depuis plus d'un
an, sur cette question, au laboratoire de M. le professeur Bouchard.
» Nous avons utilisé la lécithine de l'œuf de poule, mélange des combi-
naisons oléique et stéarique de l'acide glycérophosphorique avec la cho-
line. Préparée et purifiée par les procédés classiques, elle donnait à
l'analyse :
I. II. I. II.
pour itxj pour loo pour loo pour um
Azote 1,98 1,79 Acide pliosphorique . . 8,62 8,89
(') Desghez el Zakv, Bulletin de la Société de Biologie, t. LU, p. 79^.
(^) WiLUiEKs, La Cellule, t. XMI, 2= fascicule, p. 385.
(^) Gilbert et FolriMeii, Bulletin de la Société de Biologie, t. LUI, p. i^o.
(') Danilewsky, Comptes rendus, t. CXXI, p. 1167.
( i5i:5 )
» Nos expériences ont porté sur les deux groupes d'animaux omnivores
les plus communs, le cobaye et le chien.
» Première expérience. — Elle a porté sur trois lots de trois cobayes chacun.
Animaux mâles, sensiblement de même poids. Les variations d'ordre individuel se
trouvaient compensées par ce fait que les animaux étaient pesés par lot, l'analyse
quotidienne portant sur les urines réunies d'un même lot. Comme alimentation, ces
cobayes recevaient un mélange de pain, de son et de clioux, suivant les proportions
fixées par M. A. Gautier dans son travail sur les dérivés de la viande (').
I. Influence sur le poids des animaux.
Voie
sous-culanée
(OB', 062 de lécilhine,
Stomacale
Animaux
tous les 2 jours,
(oS', 06 de lécilhine
témoins.
dans 2" d'huile).
en a pilules).
1°'' iour
. . . . II 20
I 100
I i3o
1980
43^ jour
. . 1600
1770
670
Différences. . . .
. ... 480
85o
» L'accroissement du poids initial, en quarante-trois jours, a donc été de 43 pour 100
pour les témoins, de 60 pour 100 pour les injectés, enfin de 76 pour 100 pour les
animaux recevant la lécitliine par voie stomacale.
» IL Influence sur la composition des urines. — Nous donnons les moyennes de
six jours consécutifs, pris en cours d'expérience.
Élimination Voie
par Animaux ~>— ■
kilogramme d'animal. témoins. sous-cutanée, stomacale.
Urée . . 0,87
Azote total o,46
Acide phosphorique 0,059
Coefficient d'utilisation azotée 0,88
» Deuxième expérience. — Deux cobayes frères, nés le même jour, ont été mis en
expérience le 2 janvier 1901. L'un servant de témoin, on injectait, tous les deux jours,
à l'autre 2'=" d'huile contenant oS',o3i de lécithine par centimètre cube. L'urine de
chacun de ces animaux étant insuffisante pour l'analyse, on s'est contenté de prendre
leur poids journellement :
Témoin. Injecté.
2 janvier aSo 220
I" février 35o 460
Différences 1 20 240
gr
?r
1,12
0,97
0,57
0,52
o,o5i
o,o34
0.92
0,90
(') A. G.*.uTiER, Bull, de l'Acad. de Méd., t. XLIII, p. 259.
n
c. K., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 24.) 193
( i5i4 )
» En un mois, raccroissement de poids a donc été de 52 pour loo pour le témoin,
de 109 pour 100 pour l'animal injecté. Bien que les injections n'aient pas été conti-
nuées au delà du i'^'' février, nous avons conservé ces deux animaux, afin de savoir si
la substance injectée n'exercerait pas encore, sur la nutrition, une influence éloignée,
favorable ou non. Le i5 juin 1901, le coba3'e témoin pesait ôySs'', le poids de l'animal
injecté étant de 755s'' : c'est donc encore une avance de SoS"' au profit de ce der-
nier.
« Troisième expérience. — Trois chiens mâles, frères, nés le 19 décembre 1900,
ont été mis en expérience le \l^ février 1901, l'un servant de témoin; le deuxième
recevant, tous les deux jours, 2"''^ d'huile léciihinée à oS'',o5 par centimètre cube; le
troisième ingérant, aux mêmes intervalles, os', 10 de lécithine en deux pilules.
1. Influence sur le poids des animaux.
Voie
Animal ■ — -^ ■
témoin. sous-cutanée, stomacale,
sr gr sr
l'^jour 2220 2170 2100
27" jour 3700 4220 4200
Différences i48o 2o5o 2100
» En vingt-sept jours, l'augmentation de poids a donc été de 66 pour 100 pour le
témoin, de 9^ pour 100 pour l'animal injecté, de 100 pour 100 pour celui qui ingérait
la lécithine.
II. Influence sur la composition des urines.
Élimination moyenne Voie
kilogramme d'animal. témoin. sous-cutanée, stomacale.
Br sr gr
Urée 0,44 0,78 0,84
Azote total 0,28 o,4i o,43
Acide phosphorique o,i3 o,o43 o,o83
Coefficient d'utilisation azotée 0,73 0,86 0,90
» Conclusions. — Les lécithines de l'œuf de poule augmentent l'appétit
des animaux qui les reçoivent par voie sous-cutanée ou par voie stomacale.
Il en résulte, conformément aux recherches de Danilewsky, un accroisse-
ment rapide du poids de ces animaux. L'urée, l'azote urinaire total, le
coefficient d'utilisation azotée se trouvent augmentés, d'une façon
constante, par l'administration de ces substances. On observe simultané-
ment une diminution de l'acide phosphorique éliminé par les urines. Nous
continuons ces recherches. »
( i;m5 )
HYGIÈNE. — Sur l'usage de la levure de bière pour déceler les communications
des nappes d'eau entre elles. Note de M. P. Miquel.
« Pour démontrer l'absence du pouvoir épurateur du sol à l'égard des
eaux, j'emploie depuis dix-huit mois la levure de bière pressée, qu'il est
aisé de se procurer dans un état de pureté satisfaisant. Elle peut aussi
être utilisée pour établir la réalité des communications des eaux superfi-
cielles ou souterraines avec les eaux de source destinées à être captées.
» La levure délayée, sur les lieux de l'expérience, dans lo à 20 fois son volume
d'eau, est jetée sur les surfaces absorbantes, dans les cours d'eau, les puits, les gouffres
qu'on suppose en communication directe avec les nappes d'eau souterraines alimen-
tant telle ou telle source.
» Les prélèvements des eaux qu'on pense contaminées sont toujours précédés
d'expériences témoins tendant à démontrer que le Saccharomyces cerevisiœ ne pré-
existait pas dans les échantillons qui vont être soumis à l'analyse; ils sont effectués
toutes les trois ou quatre heures durant une période que, suivant les cas, on fait varier
de quinze jours à un mois et même davantage.
I) Pour retrouver la levuie, on répartit, dans le plus bref délai possible, les eaux
recueillies dans des matras de bouillon de peptone sucré et acidifié de façon que
le liquide résultant de ce mélange contienne environ par litre aooS'' de saccharose,
1'='' d'acide tartrique et, à peu près, autant de bilartrate de potasse, puis ces matras
sont exposés à l'étuve portée vers 20°.
» Quand la levure a pénétré dans l'eau recueillie, on voit se produire au bout de
vingt-quatre à quarante-huit heures, au fond du matras, des taches ou colonies formées
par le Saccharomyces cerevisiœ ; bientôt une fermentation alcoolique énergique se
déclare, avant que les bactéries, surtout celles des fermentations lactiques, qui sont le
plus à redouter, aient pu envahir puissamment le milieu sucré.
» Parce procédé nous avons pu établir la communication de certains
cours d'eau, puits, bétoires, puisards ou gouffres avec des sources captées
à plus de lo'"™ à iS*"" du lieu d'expérimentation.
» La levure ne perd pas sensiblement de sa vitalité après de longs par-
cours souterrains, et l'on peut la rencontrer encore pleine de vie à l'extré-
mité d'aqueducs de plus de loo'^'" de longueur et après un séjour de plus de
deux mois, soit dans l'intérieur du sol, soit dans ces aqueducs.
» Ordinairement, ces expériences se pratiquent en employant i o''^, 20''»,
40"^^ de levure et davantage suivant les circonstances. »
( i5i6 )
A 4 heures et demie l'Acadéinie se forme en Corailé secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
M. B.
ERRATA.
(Séance du 3 juin 190 t.)
Page i3i2, ligne 7, au lieu de M. Paul Henstrôm, lisez M. Paul Hellstrôm.
Ou souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai (les Grands-Augustins, n° 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-i". Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent ciiaquo volume. L'abonnement est annuel
(-1 part du ."Janvier. • , „ , ' ^ . . . , , .
Le prix (le l abonnement est fixe ninxt qii il suit ;
Paris : 20 fr. — Dépai tcracnts ; 30 fr. — Union postale : 34 fr.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
ifen Ferran Irères.
( Chaix.
Alger ( Jourdan.
I Ruff.
Amiens Courlin-Hecquel.
( Germain etGrassin.
^■"f"'' I Gaslineau.
Ba\onne Jérôme.
Betanfon Kcgnier.
. Feret.
Bordeaux Laurens.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
1 Derrien.
\ F. Robert.
Br'tt ■ ,^1 ,
1 Oblin.
' Uzcl frères.
Caon Jouan.
Ckambéry Perrin.
„. 1 l Henry.
Cherbourg ,,
" ( Marguerie.
„ iJuliot.
CUrmont-Ferr... ; „
I liouy.
Nourry.
0,on Ratel.
( Rey.
i Lauveriat.
Oouai ^
( Degez.
1 Drevet.
Grenoble ! _ _,
( Gralier et C".
La Rochelle Foucher.
, , 1 Bourdignon.
Le Havre ! _ , "
( Dombre.
1 Thorez.
LMe
( Quarré.
chez Messieurs :
( Bail ma t.
Lorient ' , ,,
( M°" lexier.
Bernoux et Cuaiin
y Georg.
I yon < ElVantin,
j Savy.
1 Vitte.
Marseille Ruât.
1 Valat.
Montpellier > Coulel et liU.
Moulins Martial Place.
t Jacques.
Nancy ! Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
^ Guisl lian.
Nantes ■ 1 ,,.i„„„ •
( Veloppe.
\ Barnia.
"'" »Appy.
Mmes Thibaud.
Orléans Luzcray.
1 Blancliier.
''<"■"■«" iMarcbe.
Rennes Plihon et Her\é.
Rochefort Girard (M"").
) Langlois.
'*°'"'" I Lestringant.
S'-Étienne Clievalier.
j Pontcil-Burles.
^°"'°" (Rumèbc.
I Gimet.
Toulouse jp^i^^^
. Boisselier.
Tours Pérical.
' Suppligeon.
( Giard.
yatenciennes , Lemaltre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
chez Messieurs :
i Feikema Caarelsen
I et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C*.
Berlin.
Bûchai est.
Dames.
Friediander et fils.
Mayer et Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne...: Zaniclielli.
/ Lamertin.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
( Lebègue' et G'".
t Sotchek et G".
\ Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deightori, BellelC".
Christiania Cammermeyer.
Constantiiiople. . Otto Keil.
Copenhague Hbst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfaute frères.
I Benda.
I Payot et C".
Barth.
l Brockhaus.
Lorentz.
Max Kiibe.
Twielmeyer.
( Desoer.
( Gnusé.
Genève..
La Haye. •
Lauianne. .
Leipzig. ...
Liège
chez Messieurs :
I Dulau.
I-ondies Hachette et C".
( Nutl.
Luxembourg . ... V. Biick.
/ Ruiz et C".
Madrid jRomo y Fussel.
I Capdeville.
l F. Fé.
Milan [^"^"^ f""'"-
( Hœpll.
Moscou Tastevin.
/Vaples (Marghieri di Gius.
( Pellerano.
/ Dyrsen et Pfeiffer.
Ne<^•-^'ork | Stechert.
( Lemckeet Buechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G'*
Palerme Reber.
Porto Magalhaès et Mouix.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
( Bocca frère».
1 Loescher et C'*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
( Zinserling.
S'-Petersbourg. . j ^^,^
I Bocca frères.
Brero.
1 U.I III. V ni
I Clausen.
I RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et WolB.
Vérone Drucker.
( Frick.
'''■«""* I Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tomes 1" a 31 - (3 Août i833 à U Uocembro iS5o. ) Volume in-4" ; i85J. Prix 15 ir.
Tomes 32 a 61. - ( i" Janvier i85i à Si Décembre .865. ) Volume in-^ ; 1870. Prix 15 Ir.
Tomes 62 a 91 - ( 1"' Janvier 18O6 à 3i Décembre .880. ) Volume in-4° ; «889. Prix ■ 15 r.
Tomes 92 à 121. - (i"' Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume in-4''; 1900. Prix 15 Ir.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES «^ ^-ACADÉMIE ^^S SCIENCES : ^^^^ _^ ^^_^^_ ^^^^ ^^^^^^^^^^^^^
Tome I : Mèmonc sur quelques po.nts de ^^^^;^^^^^]XJ^l le Ole du suc pa^Lituiue dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans
qu'éprouvent les Comclcs, par M. llANSENi - Menioue bui le lancieas et sui j- ^^ ^^
la digestion des matières grasses, par M. C.co. B.^.ao. Vo^-^n^ ^.vec ^^^^f^ _^ ;_^;; -, 'y '-^ ^;^ p,;,p;oposie 'en .85o par l'Académie des
Tome II : Mémoire sur les vers 7-^'-'-; PJ"' '^^ J;,;^: ]^,^\,,oW : .< Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents
Sciences pour le concours de .80 ,et P"^' ^'^Z'^'^ ^^l'f^l - Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. -
«terrains sédimenlaircs, suivant l'ordre de leur supeipos.l.on. uiscuie. ' et 'ses étals antérieurs «, par M. le Professeur BaoNN, in-4°
« Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états •'"^'^"^"■- ' V ^^ ^_
avec 27 planches ; i86i
... , c ■ -„„ oi i,.c Mpmnirpiî nrésentés nar divers Savants à l'Académie des Sciences.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences et k. Mémoires présentes par aive
N" 24.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 17 juin 1901,
H1É»Î0IRES ET COMMUrVICATIOIVS
DES MIÎMHHHS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE.
Pages,
M. Bertiiflot. — Recherches sur les équi-
libres chimiques. Formation des phos-
phates insfilubles par ilouhie décomposi-
tion. Pliosphate de soude bibasique et
azotate d'argent l'i'ig
M. A. H.\LLER. — Sur de nouvelles syn-
Pages,
thèses effectuées au moyen des molécules
renfermant le groupe méthylène associé à
un ou deux radicaux négatifs. Action de
l'épichlorhydrine et de l'épibromhydrine
sur les élhers benzoylacétiques sodés. . . . i-'i^g
IV03IÏIVATI0]\S.
M. Maut.vs csl élu Correspondant dans la
Section d'Anatomieet Zoologie pour rem-
plir la place laissée vacante par le décès
de M . Marion i!\^(k
iMEMOIUES PRESENTES.
M. Alfred Basin adresse un résumé de ses ! M. Hosden adresse un Mémoire relatif à la
difTérents Mémoires sur les aérostats i464 ' direction des aérostats i4t>4
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel présente un
Ouvrage de^M. l'iero Giacosa, de Turin,
avec Allas in-folio, ayant pour titre :
i< Magistri Salernitani nonduni edili »... i464
M. G. BiGOURDAN. — Nébuleuses nouvelles,
découvertes à l'Observatoire de Paris
( équaturial de la tour de l'Ouest ; i465
M. Maurice Ha.my. — Sur l'emploi du sté-'
réfiscope en Astronomie i4'J7
M. Habut. — Equalions et pi-opriétés fon-
damentales des figures autopolaires réci-
proques dans le plan et dans l'espace.... 1470
M. A. HURWiïZ. — Sur les séries de Fourier. 1478
M. Mesnager. — Sur l'application de la
théorie de l'élasticité au calcul des pièces
rectangulaires fléchies 1475
M. E, RoTHÉ. — Sur les forces électromo-
Irices de contact et la théorie des ions... 1478
MM. Pu. -A. GuYE et A. Iîaud. — Constantes
capillaires de liquides organiques 1481
M. liuG. Demarçay. — Sur un nouvel élé-
ment, l'europium i4s4
M. V. TH0MA8. - Sur les chlorobromures de
lliallium ,/,8^
M. R. CuAVASiELON. — Dcs réactions de
l'acétylène avec le chlorure cuivreux dis-
sous dans une solution neutre de chlorure
de potassium ,,jgq
Ebu.vta
M. DiMiTRY Balachowsky. — Séparation du
cobalt et du nickel par la voie électroly-
tique 1^92
M. A. Trillat. — Étude de l'action de con-
tact sur les alcools secondaires et ter-
tiaires 1490
M. L. Beille. — Sur l'organogénie floi-ale
des Discillores 1497
M. S. Leduc. — Diffusion dans la gélatine. i5oo
M. Maurice Nicloux. — Sur la présence de
l'oxyde de carbone dans le sang du nou-
veau-né i5oi
MM. Gab. Bertrand et R. Sazerac. — Sur
une différenciation biochimique des deux
principaux ferments du vinaigre i5o4
M. Mei^delssoiin. — Sur les courants élec-
trotoniques extrapolaires dans les nerfs
sans myéline 1007
M. Louis Lapicque. — Sur le temps de
réaction suivant les races ou les condi-
tions sociales '5o9
MM. A. Dksorez cl A. Zaky.— Influence des
lécithines de l'a-uf sur les échanges nutri-
tifs l5l2
M. P. MiQUEL. — Sur l'usage de la levure
de bière pour déceler les communications
des nappes d'eau entre elles i5i5
i5i6
PARIS. - l ,VI p lu M |.; K I E G .\ U T II I H R - V ( L L A R S ,
Quai des Grands-Augustins, ââ.
Le Gérant : Gautbibb-Villarb
1901
PUE^IIEll SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
H4H Tlfl. liKM MRCHé'r.%IHB!« PRRf*GT|TKt,<«.
TOME CXXXIÏ.
N" 25 (24 Juin 1901).
Va lus.
GAUTHIER-VILLAUS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES KENDUS DKS SÉANCES DE L'AGADÉilIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55. *
1901
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 18G2 et 24 mai 1875,
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extrails des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un associé étranger de l'Académie comprennen t
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages |)ar année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Académie
ou d'une personne étrangère ne pourra paraître dans
le Compte rendu àe la semaine que si elle a été remise
le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la môme
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les rapports et Listructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'A-
cadémie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit lait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
brc, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Aca.lém.e
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent èlre l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à'
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, ni
figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent fairp „
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui nrér h V^®"'^"" "" Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
P ceae la séance, avant S"-. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI '24 JUIN 1901
PRÉSIDENCE DE M. FOUQUÉ.
31EMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Equilibres chimiques. Réactions de deux bases mises simuUanément
en présence de l'acide pliospJtorique; par M. Bertiielot.
« Examinons les réactions de deux bases mises simultanément en pré-
sence de l'acide phosphorique. Trois cas fondamentaux peuvent être dis-
tingués, suivant le rapport entre la somme des valences des bases qui
tendent à s'unir avec une molécule d'acide : cette somme pouvant être
égale à une valence R, soit PO'RH-; à deux valences R^, soit PO*R^H;
ou bien à trois valences R', soit PO' R'.
» J'envisagerai seulement le cas où l'une des deux bases, telles que
la soude ou l'ammoniaque, envisagée isolément, forme des phosphates
solubles, tandis que l'autre base, monovalente (oxyde d'argent), ou biva-
lente (chaux, baryte, magnésie, etc.), forme des phosphates insolubles.
C. R. 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N' 25.) I 96
( i5i8 )
Le rapport PO'RH- (phosphates monovalents, diis phosphates acides), cor-
respondant seulement à des phosphates solubles, ne fait pas varier l'aci-
dité ou l'alcalinité an regard des colorants; il ne rentre pas dès lors dans
l'ordre des études dont je m'occupe en ce moment.
» Soit d'abord le rapport de la saturation normale des phosphates,
c'est-à-dire PO^R^ J'ai envisagé les bases suivantes : soude et baryte,
soude et chaux.
» I. Faisons agir sur une molécule d'acide phosphorique, PO*H% deux
équivalents de soude, 2NaOH, et un équivalent de chaux, c'est-à-dire une
demi-molécule, ^GaO, cette dernière base étant bivalente,
» PO'H' + aNaOH -+- |CaO, ou, pour n'avoir que des nombres entiers,
2PO^H'-i-4NaOH-f-CaÔ (').
» Ce sont ces dernières valeurs qui ont été employées dans le cas pré-
sent.
» 1. Le mélange des trois liqueurs étant fait aussi rapidement que pos-
sible, il se produit un précipité; on filtre aussitôt et l'on détermine le titre,
à l'aide de l'acide chlorhydrique en pr-ésence du méthylorange et en pré-
sence de la phtaléine.
» 2. Une portion de la liqueur filtrée a été abandonnée à elle-même
pendant quarante-huit heures; il s'est produit un nouveau précipité, peu
abondant d'ailleurs. On a filtré et titré de nouveau.
» 3. Un mélange pareil au système initial a été abandonné à lui-même,
sans filtration au début, pendant quarante-huit heures; puis on a filtré et
titré la liqueur.
» Dans tous les cas, les liqueurs sont alcalines aux deux colorants.
Elles ont exigé, pour être neutralisées, les fractions d'équivalent de H Cl
que voici :
1. 2. 3.
Méthylorange i«i,33 i"i,32 i^-i.Si
Phtaléine 0*1,59 0^1, Sg o\ Sg
» Rappelons que le méthylorange est neutre pour la composition
PO*RH' et la phtaléine pour PO'R=H.
) La liqueur 1 contenait donc 0^1,59 de PO'R^ soluble,
(') Composition des liqueurs : P0*H^=8'''
NaOH = 2o'i'
CaO =45"S
H Cl =20'"
( i5i9)
» Dose capable de saturer 0,69 x 2 = i"^'', i8 vis-à-vis du méthyl-
orange.
» L'excès 1,33 — 1,18 — i^'',i5 représente dès lors la proportion
de PO' R" H soluble.
» Nous avons ainsi o, 39 -h o, i5 = o^o'j^^^ PO*H'' demeuré en disso-
lution, sous forme de sels bi et tribasiques ; absence de sels monobasiques;
» Et par conséquent i"'°',26 PO* H' précipité tout d'abord, à un degré
de saturation qui va être précisé.
» D'autre part ;
0,59x3= ',77R (phosphate trivalenl)
o, i5 X 2 =r o,3oR (phosphate bivalent)
Total . . . 2,07 R
1) Telle est la valence alcaline de la liqueur.
» Or nous avons employé 4NaOH -+- CaO, somme équivalente à6R.
» L'équivalence des bases contenues dans le précipité initial est dès
lors 6 — 2,07 = 3,93 R.
» Ce nombre divisé par 1,26, soit -^ = 3,i2.
» C'est le rapport équivalent des bases à l'acide phosphoriqne dans le
précipité. Il est fort voisin du rapport normal PO'R^ ; sauf un léger excès,
peut-être attribuable aux erreurs d'expérience.
» Observons enfin que l'équivalence des bases dans le précipité, soit
3,q3, est presque double de l'équivalence 2, qui répond à la molécule
initiale de chaux, CaO, avant concouru à la précipitation. Le précipité
renferme donc au moins 2 équivalents de soude 2NaOH, pour une molé-
cule de chaux, CaO. Ce précipité étant sensiblement tribasique (3,r2 au
lieu de 3), il en résulte qu'il répondrait sensiblement aux rapports
PO''Ca*Na% si l'on admettait que toute la chaux s'y trouvât contenue.
Cette hypothèse, d'ailleurs, n'est pas rigoureusement exacte, attendu que
la liqueur filtrée a perdu o*"',©! d'alcali, contenu dans le second précipité.
Par suite d'un contact prolongé entre la liqueur et le précipité initial, la
perte s'élève même à 0*1,02 d'alcali; ce qui réduit la proportion de
PO'R-H à 0*='!, i3, et relève la proportion de PO'H' précipité à i^^^aS.
La dose de phosphate soluble n'étant plus alors que 2,o3 R, l'équivalence
des bases dans le précipité devenait 3,97R, dont le quotient par i, 28
^ = 3,,.
( l520 )
» Le litre alcalin des composants initiaux, estimé au méthylorange, était
6 — 2 = 4; il 6St tombé à i,33 : variation, 2,67. Estimé à la phtaléiiie,
6 — 4=2; tombé à 0,59 : variation, i,4i- L'écart de ces deux nombres
répondrait à i,26PO*H^ précipité.
» L'équation de la réaction, au bout de quelque temps, serait dès lors
la suivante :
2P0*H' -h CaO -+- 4NaOH
= 1,28 PO* R^'O' insoluble + 0,1 3 PO" R=Hsoluble + o.SgPO' R^'soluble.
» En admettant que toute la chaux soit contenue dans le précipité, on
aurait sensiblement, après quarante-huit heures,
3 3
1,28 PO* Ca'Na' précipité + o, i3P0"Na^H + o,59PO*Na^
» Au début, il y aurait un peu moins de chaux dans le précipité,
o,02PO*H' étant combiné à une portion de cet alcali demeuré en dissolu-
tion.
» En définitive, la proportion de PO' H' éliminé par précipitation est
presque double de celle que l'on aurait pu prévoir, d'après la dose de chaux
mise en œuvre, soit : i™°',28 au lieu de 6°'°^,6'j.
» IL Remplaçons la chaux par la baryte, pour les mêmes proportions
équivalentes. Soit(')
P0*H' + ^Ba0 + 2Na0H, ou 2P0*H' + BaO + 4NaOH.
En opérant exactement de même, nous avons
3. Mélange initial
1. Liqueur 2. Liqueur filtré après
filtrée conservée quarante-huit heures
immédiatement. quarante-huit heures. seulement.
Méthylorange ri, 36 i'i,36 ii^ijOe
Phtaléine 0*1,69 û'ijôS 0*1, 45
Ainsi la liqueur 1 contenait o*'i,69 de PO^R' soluble, dose capable de
saturer i^'',38 d'acide vis-à-vis du méthylorange.
» L'excès 1,38 — i,38 étant nul, il n'y a pas à ce moment de PO^R-H
soluble. Nous avons dès lors
(jmoi gg de PO* H' demeuré en dissolution,
et par conséquent
i'"°',3i de PO* H' précipité d'abord.
(•) BaO = i2'.
( l52I )
D'autre part,
0,69 X 3 = 2,07 R (phosphate trivalent)
représente la valence alcaline initiale de la liqueur filtrée, valence qui est
la même que celle de la chaux dans l'essai précédent; mais cette identité
parait accidentelle. En effet, l'équivalence des bases contenues dans le
précipité était dès lors 3,g3, le quotient -^ = 2,81 est inférieur au
rapport normal 3 et montre que le précipité est formé dans le cas présent
par un mélange de phosphates tri et bibasiques.
» En outre, l'équivalence 3,93 étant presque double de l'équivalence 2
qui répond à la molécule initiale de baryte, BaO, il en résulte, comme
plus haut, que ce précipité renferme au moins la moitié équivalente de ses
bases sous forme de soude, dans l'hypothèse où il contiendrait toute la
baryte; ou davantage, à proportion de la baryte demeurée dans la disso-
lution.
M Une fois le précipité immédiat séparé, ces proportions ne varient
guère dans la liqueur, les titres respectifs estimés au méthylorange et à la
phtaléine demeurant sensiblement les mêmes.
M Mais il en est autrement si l'on maintient le précipité en contact avec
son eau mère (n" 3). Au bout de quarante-huit heures, le titre estimé à la
phtaléine a diminué d'un tiers; estimé au méthylorange, de près d'un
quart. Voici ce que signifient ces diminutions.
» La liqueur 3 ne renferme plus (pie o'"i,45 de PO'R' soluble, dose
capable de saturer o'''i,90 d'acide vis-à-vis du méthylorange.
» L'excès 1,06 — 0,90 = o*'', 16 représente PO*R*H soluble. Dès lors
o"«',45 + o, 16 = 0,61 de PO* H'
est resté en dissolution, et par conséquent i™"', 39 PO' H' a été précipitée,
dose supérieure à celle que la chaux avait précipitée plus haut.
» D'autre part,
0,45 X 3 = 1,35
o, 16 X 2 =0,32
Tolal i,67R
telle est la valence alcaline finale de l'eau mère.
» Or nous avons employé 4NaO -+- BaO, somme équivalente à 6R.
» L'équivalence des bases contenues dans le précipité final est dès lors
6 — 1 ,67 = 4 )33
( l522 )
D'ailleurs,
4,33 , .
5- =3,13.
Ce chiffre exprime le rapport des bases à l'acide phosphorique dans le
précipité.
)) Ici, comme dans le cas de la chaux, il y a un excès, excès même plus
marqué par comparaison avec le rapport normal PO*R'.
» En outre, l'équivalence des bases dans le précipité final, soit 4.33,
est plus que double de l'équivalence 2, qui répondrait à la molécule
initiale de baryte précipitante; c'est-à-dire que la dose relative de soude
entraînée dans le précipité est supérieure à la dose équivalente de baryte
que ce précipité doit contenir, même dans l'hypothèse où il ne resterait
pas de baryte solid^le dans l'eau mère.
» Le titre alcalin des composants initiaux, estimé au méthylorange, était
6-2=^4;
il est tombé aussitôt à
1,36 (variation 2,64)
et après quarante-huit heures à
1,06 (^variation 2,94).
)> Estimé à la phtaléine
0 — 4 = 2;
il est tombé aussitôt à
0,69 (variation 1 ,3 1)
et après quarante-huit heures à
0,45 ( /ariation 1,55).
Or
2,94 — 1,55 = 1,39 PO* H' précipité.
» L'équation de la réaction serait dès lors la suivante, au début :
2P0'H' -f-BaO + 4NaOH
= 1 ,3iPO*R^'*' insoluble + o,69PO*R' soluble + o,25ROH soluble :
et après quarante-huit heures
1, 3yPO*R=. "insoluble + o,i6P0*R=Hsoluble+ o,6iPO*R'soluble.
( '52:3 )
M Eli admettant que toute la baryte soit contenue dans le préci|)ité, les
R'''= de ce précipité se décomposeraient sensiblement en Ba"''-'*-Na''".
» En définitive, la proportion de PO* H' éliminé par précipitation est
plus que double de celle que l'on aurait pu prévoir, d'après la dose de
baryte mise en œuvre : soit i™°',39 au lieu de o™°',67.
» Etudions maintenant le rapport entre l'acide phosphorique et les
bases, qui correspond aux phosphates bibasiques,
» 111. POMi'-+-iCaO -^ NaOH ou 2P0*H' + CaO -I- uNaOH, - On
opère exactement de même.
2. Cette liqueur 3. Mélange initial
1. Liiiueur filtrée après 4^'' filtré
immédiatement. léger précipité. après 48''.
éq é)| cq
Mélliylorange, réaction alcaline. o,48 llCl o,4oIICl o,3gHCl
Phlaléine, réaction aciile o,25 NaOH o,25NaOH 0,29 NaOH
» La liqueur fdtrée, dans tous les cas, est acide à un colorant et alcaline
à l'autre.
M Elle contient dans la liqueur 1
0,48 PO ' R- H soluble + o,25 PO* RIl^
+ i,27PO*H^ précipité sous la forme R' et R-il.
» Le phosphate bibasique soluble diminue d'abord : ce qui porl
à 1,35 PO* H- précipité.
» Mais par l'effet d'un contact prolongé entre le précipité et la liqueur,
ces rapports sont devenus après quarante-huit heures
0,39 PO* R= II soluble -h 0,29 PO* RH- soluble -h i,32PO*H' précipité.
» Au début, l'équivalence des bases solubles était
o , 48 X 2 — o , 96
0,2.5 =rO,25
1,21
leur valence initiale étant égale à 4-
» Il en résulte que leur valence dans le précipité est 2,79, dont le
quotient par i ,27 égale 2, 20.
» Après quarante-huit heures, l'équivalence des bases solubles étant
0,78 + 0,29 = 1,07,
leur valence dans le précipité est devenue 3,93, dont le quotient par i,32
égale 2,22.
( '524 )
» La quantité de phosphate précipité s'est un peu accrue; le rapport
des bases étant notablement supérieur à la bibasicité.
» Le titre des composés initiaux, estimé au méthylorange, était
4—2 = 2;
il est tombé aussitôt à
0,48 (variation i,52);
après quarante-huit heures, à
0,39 (variation 1, 61).
» Estimé à la phtaléine
4 — 4 = o,
il a changé de signe, soit
— o,25 et — 0,2g (variation o,25 et 0,29).
» D'où résulte
PO* H' ^i""', 32
finalement.
» La proportion de PO^H' précipité est double à peu près de celle qui
répondrait à la chaux employée à former du phosphate tribasique : soit
0,67 PO^H^ pour CaO. Elle est supérieure de o™°',90 à la chaux employée
à former un phosphate, suivant le rapport équivalent 2,22. Il y a donc de
la soude dans le précipité.
)) IV. PO'H^ + iBaO + NaOH ou 2P0*H'-t-Ba0 + 2NaOH. - Mêmes
opérations :
2. Liqueur 3. Mélange filtré
!. Liqueur filtrée après après
immédiatement. 4^ heures. 48 heures.
Méthylorange alcalin o'''!, 52 H Cl o,52 o,5i
Phtaléine acide o''i,o5 NaOH o,o8 o,o5
» Ici, il n'y a guère de différence entre les trois liqueurs. On a obtenu
o, 52 PO* R= H soluble + o, o5 PO ' RH-
+ i,43PO^H' précipité sous forme R' et R^H.
» L'équivalence des bases solubles étant
0,52 X 2 -= I ,o4
o,o5
1109
( i525 )
» La valence initiale étant 4.
» La valence des bases dans le précipité est 2.91, dont le quotient
par 1,43 est 2,o3.
» Le précipité est donc sensiblement bibasique.
» Le litre alcalin des composés initiaux, estimé au méthyloranf>o,
était 2; il est tombé à
0,52 (variation 1,48)
estimé à la phtaléine o, il a changé de signe
(variation o,o5)
d'où
POn4^=i,43.
» La proportion de PO' H' précipité, soil i,43, est double de celle qui
répondrait à la baryte, supposée changée en phosphate tribasique, soit
0,67 PO' H* par BaO.
» Elle est su|)érieure de o,43 à celle qui répondrait à toute la baryte
changée en phosphate bibasique; c'est-à-dire qu'une partie de la soude a
été précipitée simultanément;
» Tous résultats concordant avec les précédents.
» Le fait de la séparation sous forme insoluble d'une traction de soude
aussi considérable dans toutes ces réactions, opérées avec deux bases
simultanément, mérite une attention particulière, au point de vue des
méthodes générales employées dans l'analyse pour séparer les alcalis pro-
prement dits des terres alcalines. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les radicaux acétylomélathques ;
par M. lÎERTiiRr.OT.
« J'ai repris, en 1899, dans un travail exécuté en commun avec M. De-
lépine('), l'étude des dérivés métalliques de l'acétylène, qui m'avaient
d'abord occupé d'une manière générale, il y a une trentaine d'années, à une
époque oîi l'acétylène était une substance rare, d'une préparation pénible;
nous avons montré que cette étude confirme la vue première, en vertu
de laquelle j'avais envisagé ces dérivés comme correspondant aux dérivés
(') Ann. de Chim. et de Phys., 7* série, l. XIX, p. 5; 1900.
G. R., njo,. 1" Semestre. (T. CXXXII, N" 25.) I97
( i526 )
métalliques de Tammoniaque et de l'hydrogène sulfuré, c'est-à-dire aux
sulfures SM' et SMH et aux azotures AzM', AzM-H et AzMH'.
» Ces composés correspondent aux acétylures C-M^ et C^MH, tandis
que les ammoniums composés du type AzR^ correspondent à des radicaux
acétyliques du type C*R', dans lequel R' représente une certaine somme
d'hydrogène et de métal.
» Tels sont, d'après nos analyses, les dérivés de l'argentacétyle C^ Ag^ :
azotate, sulfates simples et doubles; chlorures et iodures simples et
doubles; ainsi que les dérivés du cuprosacétyle (trisubstitué) C^Cii' : par
exemple l'iodure double (C^Cu')I.CuI.
» Peut-être ne sera-t-il pas inutile de montrer comment les analyses
intéressantes que M. Chavastelon a publiées dans ces derniers temps sur
divers composés acétylocuivreux peuvent être interprétées par la même
théorie.
» 1. Tel est un composé nouveau, qu'il a obtenu au moyen du chlorure
cuivreux en solution chlorhydrique, lequel répond à la formule brute
CH^.Cu-'Cl^
» Cette formule peut être écrite d'une autre façon, savoir :
(C=H^Cu)Cl.CuCl (•);
c'est un chlorure double de cuprosacétyle (monosubstitué), correspondant à
l'iodure double d'argentacétyle
(C''Ag')Cl.AgCI
et à l'iodure double de cuprosacétyle (trisubstitué)
(C=Cu')I.CuI,
composés que nous avons préparés et analysés.
» Si l'on regarde la molécule de chlorure cuivreux comme renfermant
2 atomes de chlore,
c: j Cl-.
les composés précédents répondent aux formules dérivées
Cu 1 "^^ • Gu P •
(') Ou bien C-'HGii-GI. IIGI, clilorhydrale de cuprosacétyle disubstitué.
( i527 )
» L'accumulation du cuivre dans le second composé correspond au carac-
tère plus foncé de sa coloration.
» 2. Le chlorure double précédent, traité par l'eau, se décompose en
fournissant un autre composé, susceptible également d'être préparé au
moyen des solutions de chlorure cuivreux dans le chlorure de potassium.
C'est un corps pourpre, que j'ai découvert en 1866, et désigné sous le nom
de chlorure de cuprosacélyle. M. Chavastelon représente ses analyses par la
formule brute
CMi^Cu-Cl».Cu-0.
» Cette formule peut être écrite autrement
(C'CiiMCl.CuCl + H-O ou ^'^"\U:r-.H-().
)> Il s'agit donc d'un chlorure double de cuprosacélyle (trisubstilué), cor-
respondant précisément à notre iodure de cuprosacélyle, rappelé plus
haut.
» J'avais également signalé l'existence de certains sels doubles, chlo-
rures doubles de cuprosacétyle et de potassium .
» Deux de ces sels ont été analysés par M. Chavastelon; l'un est ex-
primé par la formule brute
C-H»(Cu-Cl-)-K.CI,
l'autre par
C-H=[(Cu='Cl = )-RCl]^
» La première répond évidemment à la constitution suivante :
(C-H^Cu)Cl.CuCl -t- Cu^'CP.KCl,
et la seconde à
(C-ll-Cu)Cl.CuCl4- 2(Cu='Cl-.RCl).
» Les réactions de ces divers copiposés sont d'ailleurs conformes à la
constitution que je leur attribue. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse d\(n colorant dcrivé du diphcnylènephényl-
mèthane. Note de MM. A. Haller et A. Guyot.
« Les recherches qui font l'objet de cette Note ont eu pour but de
résoudre le problème suivant : étant donné un colorant dérivé du triphé-
( i528 )
nylraéthane, comme le violet cristallisé par exemple, quelles modifications
subit-il dans ses propriétés lorsqu'on le transforme, par soudure, enortho
de deux noyaux phényliques, en un colorant dérivé du phénylfluorène?
» Bien que le phénvlfluorène soit connu depuis longtemps et qu'on
puisse l'obtenir facilement par différentes méthodes, on n'a pas encore
préparé de colorant dérivé de ce carbure. C'est à peine si l'on peut men-
tionner que M. Schwarz {Ber. deulsche chem. Ges., t. XIV, p. i5ii) et
MM. R. Meyer et Paul {Ber. deutsche chem. Ges., t. XXV, p. 3587) ont
observé une coloration violette, d'ailleurs très peu intense, par nitration
et réduction du diphénylènephénylmétliane, et une coloration bleu vert,
d'une certaine intensité, en additionnant d'ammoniaque une solution
alcoolique du produit brut de nitration du carbure.
» Nous nous sommes proposé de préparer ces colorants en soumettant
à la diazotation certains dérivés ortboamidés du triphénylméthane, procédé
qui nous a été suggéré : 1° par les recherches de MM. O. Fischer et
H. Schmidt {Ber. deutsche chem. Ges., t. XXVII, p. 2786) qui, en diazotant
l'orthoamidodiphénylméthane, l'ont transformé en fluorène; 2" par les
essais de M. Staeder {Ber. deutsche chem. Ges., t. XXVII, p. 3363), qui a
réussi à préparer le fluorénone et l'oxyfluorénone en diazotant l'ortho-
amidobenzophénone et le diorthoamidobenzophénone; 3° par les résultais
de MM. Grœbe et Ullmann {Ber. deutsche chem. Ges., t. XXIX, p. 1876)
qui obtiennent uniquement de l'oxyde de biphénylène par diazotation de
l'oxyde de biphényle orthoamidé.
» Nos premières recherches ont porté sur la diazotation de l'hexanié-
thyltriamidotriphénylméthane orthoamidé ou ieucobasedu violet cristallisé
orthoamidé,
(LH ) AzC H ^H^^,.,j^3^^^^jj3^,_
\AzH-
base qui s'obtient facilement, soit en condensant l'hydrol de Michler avec
la uiéta-amidodiméthylaniline, soit en nitrant et réduisant la leucobase du
violet cristallisé.
» I ° Diazotation de la hase en milieu chlorhydrique. — Bien que nous ayons
fait varier de toutes les façons posbibles les conditions de la diazotation,
nous n'avons jamais réussi à obtenir le dérivé fluorénique cherciié. En
milieu très dilué et faiblement acide, le produit de la réaction est presque
uniquement constitué par de Vhexaméthyltriamidotriphénylméthane o.-hy-
( 1^29 )
C»H*Az(CH')'
droxylé (CE')-. \z.C' H ■.Cli-C H' (^^"l ^ ■ Ce composé, qui n'a pas
encore été décrit, et qu'on obtiendrait probablement avec plus de facilité
en condensant l'hydrol île Michler ou tétraniéthyldiamidobenzhvdrolavecle
méta-amidophcnol, cristallise dans l'alcool en fines aiguilles fondant à 170",
insolubles dans la potasse aqueuse, mais solublesdans lapotassealcoolique.
Oxydé en milieu alcoolique par le chloranile, il donne un violet.
» Au fur et à mesure qu'on augmente la richesse en acide cblorhydrique
du milieu dans lequel s'eflectue la diazotation, on observe la formation de
quantités croissantes d'un composé que nous avons identifié avec le pro-
duit de condensation de l'hydrol de Michler avec la métachloroilimcthyla-
niline; ce composé est donc la leucobase du violet cristallisé orthochloré.
I^orsqu'on opère en milieu cblorhydrique concentré, même en l'absence
de chlorure cuivreux et de cuivre métallique, cette leucobase se forme
avec un rendement presque théorique et constitue le produit unique de la
réaction.
» Ce dérivé chloré (CH' j'AzCH'Cl .CH.[C*H'Az(CH')^]= ne figure
point dans la littérature chimique. Il cristallise en fines aiguilles blanches
fondant à 97°, très peu solubles dans l'alcool bouillant, mais très solubles
dans le benzène et le chloroforme. Oxydé au moyen du bioxyde de plomb
et de l'acide acétique, il donne un colorant bien cristallisé qui teint la laine
en bain neutre en un bleu pur ne présentant aucune particularité intéres-
sante.
» 2" Diazotation en milieu sulfurique. — En étudiant systématiquement
les difierents facteurs de la diazotation, nous avons réussi à déterminer les
conditions dans lesquelles on obtient le meilleur rendement eu dérivé
fluorénique, rendement qui ne dépasse cependant pas 35 pour 100 de la
théorie.
» En milieu sulfurique fortement étendu d'eau, on n'obtient que de
rhexaméthyltriamidotrij)hénylméthane ortho-hydroxylé décrit plus haut.
Mais au fur et à mesure qu'on opère dans des milieux plus riches en acide
sulfurique, on constate que le diazoïque formé est de plus en plus stable,
c'est-à-dire ne se décompose qu'à des températures de plus en plus élevées,
puis, à partir d'une certaine richesse en acide sulfurique qui correspond
approximativement à parties égales d'eau et d'acide concentré, on constate
la formation d'un produit secondaire qui est le dérivé fluorénique cherché.
( i53o )
Les meilleures conditions pour obtenir de notables quantités de ce dérivé
sont les suivantes :
» On dissout 19^', 4 (.ys ^^ molécule de leucobase orthoamidée dans
5o"'^ d'acide sulfurique concentré et 30"=*^ d'eau, et, à la solution refroidie
vers 0°, on ajoute 3^', 45 d'azotite de soude pur et 5o'''= d'acide sulfurique
concentré.
» On laisse reposer pendant une demi-heure, puis on chauffe le mélange
au bain-marie bouillant jusqu'à décomposition complète du diazoïque. On
étend d'eau, on ajoute quelques centimètres cubes d'éther et l'on neutra-
lise par du carbonate de soude. Le précipité cristallisé qui se forme est
constitué par un mélange d'hexaméthyltriamidotriphénylméthane ortho-
hydroxylé et d'iiexaméthyltriamidophénylfluorèiie qu'on traite par une
solution alcoolique de potasse dans laquelle seul le dérivé hydroxylé est
soluble. Après séparation et lavage à l'eau bouillante, le composé fluoré-
nique est purifié par des cristallisations dans le benzène bouillant.
X Uhexaméthyltriamidophényljluorène se présente sous la forme de fines
aiguilles blanches, très solubles dans l'alcool, peu dans la benzine froide,
mais assez solubles dans la benzine bouillante et fondant à 214"- Oxydé
par le chloranile en solution alcoolique, il donne une coloration vert bleu
qui vire au bleu violacé par addition d'eau. L'analyse conduit à la formule
C^H-^Az'.
» Ce corps formé aux dépens de l'hexaméthyltriamidotriphénylméthane
orthoamidé suivant la réaction :
[(CH')2G«n*]SCH.G«H3^'^^Jj^*^')VAzO^Na-t-2SO*H2
\Azri
\Az = AzSO'll
(CH')"-AzCqi'-CH-CMi'/'t^^*^'ï''^' ,„
^ \Az = AzSO'H
G«H»-Az(CIP)=
= SO* H^ -t- Az"- + . . /
(GH3)-^Az/ /CH^'
^Az(GH')2
\ ^Az(GIP)=
est donc bien un dérivé du phénylfluorène.
» Si l'on considère que ce composé fluorénique ne prend naissance que
par diazotation eu milieu sullurique presque concentré et qu'il est toujours
( i53i )
accompagné d'hexaméthvltriamidotriphénylmélhane-o.-hydroxylé, on est
tenté d'expliquer sa formation par une action secondaire et déshydratante
de l'acide sulfurique sur le dérivé hydroxylé primitivement formé :
X >A.(CH
3).
(CH3)Az( )ch( ;«h!
\( )Az(CH3)^
/
/\
z=H'0 + (CH3)=Az(' y^^K
\/
\
,Az(CH')2
^Az(CH'r-.
» Pour vérifier s'il en est ainsi, nous avons chauffé le dérivé hydroxylé
dans les conditions les plus diverses avec de l'acide sulfurique concentré
sans jamais réussir à opérer la condensation fluorénique.
» Bleu Jluorê nique : C^'H-" Az'Cl + 2,5H^O. — L'hexamélhyltriamido-
phénvlfluorène est une leucobase au même titre que l'hexaméthyltri-
amidotriphénylméthane, et fournit par oxydation, au moyen de la quantité
théorique de bioxyde de plomb, un colorant dont le chlorhydrate cristal-
lise avec une extrême facilité en aiguilles ou en feuillets à reflets fortement
cuivrés, assez solubles dans l'eau à chaud, mais complètement insolubles
dans l'eau additionnée de chlorure de sodium. Le colorant présente cette
particularité de se dissoudre dans l'eau et dans l'alcool avec des colora-
tions bien différentes; ses solutions aqueuses sont bleu verdàtre.
» Ces dernières, additionnées d'éther, laissent déposer le colorant en
longues aiguilles à reflets métalliques, renfermant deux molécules et demie
d'eau de cristallisation. Il ressort de la comparaison que nous avons faite
de ce nouveau colorant avec le violet cristallisé, que l'introduction d'une
liaison fluorénique dans ce violet pousse la nuance vers le bleu, comme le
fait d'ailleurs toute substitution en ortho dans cette molécule, sans provo-
quer aucune modification essentielle dans les propriétés tinctoriales. La
nouvelle matière colorante est aussi sensible aux acides et aux alcalis que
le violet hexamélhylé et un peu plus solide à la lumière; elle présente une
moindre affinité pour les fibres animales et une légère substantivité vis-
à-vis des fibres végétales. Elle possède sensiblement la même intensité que
le violet cristallisé et ne manifeste aucune fluorescence. »
( i532 )
PHYSIOLOGIE APPLIQUÉE. — Outillage très simple et très sûr, d'application
aussi rapide que facile, pour rendre inoffensifs le séjour et le travail de
l'homme dans les atmosphères irrespirables contaminées par des gaz
délétères; par M. A. Chauveac, avec la collaboration de M. J. Tissot.
« L'outillage en question a pour organe essentiel un appareil à sépa-
ration des courants d'air inspiré et expiré, appareil qui est employé
depuis trente ans dans les divers laboratoires de physiologie normale ou
pathologique par où j'ai passé, soit à l'École vétérinaire et à la Faculté
de Médecine de Lyon, soit au Muséum d'histoire naturelle. Le modèle
que je présente ici, le plus perfectionné, a été spécialement construit en
vue de mes éludes d'énergétique biologique. La description s'en trouve
dans le Tome I" du Traité de Physique biologique, page ySo.
» Cet appareil répond aux indications suivantes qu'imposent rigoureuse-
ment les études sur les échanges respiratoires dans les diverses conditions
de repos et de travail :
» 1° S'adapter aux voies normales et habituelles du courant d'air inspiré
ou expiré, c'est-à-dire aux cavités nasales et non à la cavité buccale ;
M 2° Rapprocher le plus possible de la porte d'entrée de l'air dans l'or-
ganisme le système des soupapes destinées à opérer la séparation des deux
courants : cela dans le but d'éviter d'allonger le canal commun et d'ac-
croître la quantité d'air vicié entraînée de nouveau dans le poumon à
chaque inspiration ;
» 3° Donner aux soupapes la plus grande mobilité possible et les
construire de manière à prévenir toute adhérence avec les contours des
orifices qu'elles sont chargées d'ouvrir et de fermer alternativement ;
)i 4° Réduire le volume et le poids de l'appareil au point d'en rendre la
présence indifférente au sujet et fixer cet appareil assez solidement pour
qu'il ne soit exposé à aucun déplacement intempestif pendant les mouve-
ments du sujet.
» Il suffit de voir l'appareil en place, en train de fonctionner, pour
constater que ces diverses indications sont parfaitement réalisées.
» Des embouts de verre s'introduisent à frottement dans les narines et
sont reliés par des raccords en caoutchouc mince au reste de l'appareil.
» Celui-ci se compose d'un tube transversal, qui porte au milieu les
( i533 )
courts branchements raccordés avec les embouts respirateurs. A l'inté-
rieur de ce tube formé de plusieurs parties démontables, pour faciliter
l'ajustage et le nettoyage, existent les deux systèmes de soupapes : minces
disques d'aluminium lâchement articulés, s'appliquant exactement sur les
bords tranchants d'orifices qui sont taillés en biseau et ne collant jamais,
en raison de la faible étendue des surfaces de contact et malgré l'humidité
abondante qui baigne constamment ces orifices, tout au moins celui qui
sert au passage de l'air expiré. Il est impossible d'imaginer une plus grande
mobilité pour des soupapes respiratoires. L'espace compris entre les deux
systèmes est si restreint et si rapproché des narines qu'on peut consi-
dérer comme étant absolument négligeable la quantité d'air déjà respiré
que l'air inspiré est exposé à entraîner avec lui au moment où il traverse
cet espace.
» Enfin le poids total et le volume de cet appareil sont également négli-
geables. Fixé au devant de la bouche et du menton qui lui sert de point
d'appui, il est relié par des cordons d'attache à une calotte en cuir
appliquée sur le sommet de la tête. Cet appareil est si peu gênant que les
sujets employés dans mes expériences de travail, sur la roue de Hirn, l'ont
porté pendant de longues suites d'heures sans avoir jamais été le moins
du monde incommodés et sans que l'appareil ait été exposé au moindre
dérangement ou déplacement.
» Ces expériences portaient sur l'énergétique musculaire. On avait à
recueillir fréquemment l'air expiré dans la cloche spirométrique ad hoc.
Alors, il (allait avoir recours à un tube intermédiaire reliant cette cloche
à l'appareil respirateur. Quoique ce tube intermédiaire n'ait pas moins
de 4 mètres, avec un diamètre variant entre i5™™ et iS"" seulement, le
sujet n'éprouvait aucune gêne.
» Cela nous suggéra l'idée d'essayer s'il en serait de même à l'inspira-
tion. Le résultat fut excellent. On fit inspirer le sujet à travers un tube
de lo mètres de longueur et de i8""" de diamètre. Les muscles inspira-
teurs s'adaptèrent si vite à cet appendice qu'au bout de quelques instants
le sujet n'avait plus conscience de l'accroissement de résistance qui était
apporté au passage de l'air. On ajouta ensuite un tube de lo mètres de
longueur et 25"" de diamètre, sans que le sujet perçût le moindre chan-
gement. En somme, il était démontré que le sujet porteur de notre appareil
pouvait, sans gêne aucune, prendre à une très grande distance de sa per-
sonne l'air nécessaire à la fonction respiratoire. Et il apparaissait que cette
distance pût être accrue en quelque sorte indéfiniment, à la condition d'ac-
C. R., igoi, 1" Semestre. (T. CXXXU, N» 26.) I98
( i534 )
croître la section des tubes proportionnellement à l'accroissement de leur
longueur.
» En tout cas, on peut voir, par l'exemple mis sous les yeux de l'Aca-
démie, l'absolue confiance que mérite ce mode de respiration. Le sujet qui
fournit cet exemple prend l'air à 20 mètres, à travers un tube de 25""^ de
diamètre. L'aisance respiratoire est si grande qu'on pourrait probablement
doubler la longueur du tube sans introduire une gène sensible dans l'appel
de l'air inspiré.
» Examinons maintenant l'utilisation possible de ce dispositif pour les
secours à porter dans les caves, puits, fosses d'aisances, égouls ou autres
locaux envahis par des gaz irrespirables ou délétères.
» Notre outillage est, pour cet objet, particulièrement précieux, en ce
qu'il est très peu encombrant, très léger, facilement transportnble et qu'il
peut être appliqué au sujet sauveteur en moins d'une minute.
)) Un seul point restait indéterminé, à savoir si les sujets plongés dans
une atmosphère délétère ne sont pas susceptible de s'intoxiquer par la
peau et les muqueuses extérieures. D'un autre côté, il fallait s'assurer pra-
tiquement que le fonctionnement des soupapes de l'appareil nasal est
assez parfait pour garantir contre toute intoxication accidentelle. C'est à
quoi l'on s'est appliqué dans les expériences suivantes :
» Expérience I {sur le chien). — Deux, sujets de même taille, attachés chacun sur
une planchette, sont introduits dans un espace confiné (caisse de 35o litres de capacité
destinée à l'étude des échanges respiratoires). L'un des sujets ne subit aucune prépa-
ration. Il servira de témoin. L'autre est trachéotomisé et l'appareil à soupapes, fixé
à côté de lui, sur un pied, est relié au tube trachéal. Grâce à un raccord en caout-
chouc qui unit l'extrémité aspirante de l'appareil à une des tubulures qui traversent
les parois de la caisse, le sujet respire l'air de la pièce où l'on opère, tandis que le
sujet témoin est obligé de respirer l'air intérieur de la caisse.
» Â cet air on substitue rapidement le gaz d'éclairage, à l'aide d'une large prise
qu'on fait communiquer avec une tubulure de la partie supérieure de la caisse, une
tubulure de la partie inférieure restant ouverte.
» Au bout de quelques minutes, l'air qui s'échappe par cette dernière tubulure a
franchement l'odeur du gaz d'éclairage. On observe alors les sujets à travers la vitre
qui éclaire l'intérieur de la caisse. Le sujet témoin ne respire plus, tandis que l'autre
paraît plein dévie. Le courant du gaz d'éclairage à travers la caisse est continué
pendant deux heures. N'était l'air rejeté par le survivant à chaque expiration dans
la caisse, on pourrait affirmer que son corps est resté tout ce temps plongé dans une
atmosphère de gaz d'éclairage. Toutefois, le bruit des soupapes indique que le sujet
continue à respirer avec la plus grande régulaiilé. On arrête alors l'expéiience, parce
que le gaz, malgré les fenêtres ouvertes, commence à indisposer les assistants et pour-
( i535 )
rail aussi indisposer le patient en s'introduisant dans l'ouverture destinée à l'entrée
de l'air inspiré.
.) Le couvercle de la caisse enlevé, on constate que l'animal, à côté du cadavre de
son camarade, a conservé toute sa vivacité. Ce résultat heureux était bien le fait de
l'appareil à soupapes, car, l'appareil supprimé et la caisse refermée, un nouvel enva-
hissement de celle-ci par le gaz d'éclairage tue le sujet en quelques minutes.
» Expérience II (sur l'homme : M. Tissot). — C'est une expérience d'essai, dans
un milieu irrespirable, mais d'une toxicité faible ou douteuse. On s'adresse, en effet,
à l'acide carbonique. L'enceinte adoptée pour cette expérience a 585o''' de capacité.
Elle appartient au grand calorimètre à rayonnement du laboratoire et avait été dis-
posée pour l'étude du travail musculaire de l'homme sur la roue de Hirn. Obligé de
suspendre temporairement les expériences coûteuses pour lesquelles cet appareil a
été installé, j'ai été heureux de pouvoir l'utiliser dans la présente circonstance.
» Le sujet s'introduit dans cette enceinte par le trou d'homme, avec un chien té-
moin attaché sur une planche. Celui-ci est placé sur un tabouret et le sujet s'assied
sur un autre, un peu plus bas, après avoir relié le système respirateur fixé aux
narines à deux des tubulures qui traversent les parois de l'enceinte.
» A io''i5'° commence l'écoulement de l'acide carbonique dans la partie inférieure
de l'enceinte. Ce gaz arrive à io''4o"' à la hauteur du chien, qui se montre très ma-
lade. A io''45, celui-ci succombe. Toute la provision d'acide carbonique réservée à
cette expérience est passée dans l'enceinte à 1 1"" lo™. Une ventilation énergique opère
alors le mélange du gaz irrespirable avec l'air restant et le sujet demeure encore un
quart d'heure dans ce milieu. Il sort de l'enceinte à ii''25"'.
» Le séjour dans l'atmosphère carbonique a donc duré une heure dix minutes. Pen-
dant ce laps de temps, la circulation et la respiration du sujet n'ont éprouvé aucun
trouble. Mais l'effet irritant du gaz substitué à l'air s'est exercé d'une manière
vive sur les conjonctives, surtout avant le jeu du ventilateur, ce qui prouve que le
sujet était alors plongé dans une atmosphère d'acide carbonique presque pure. L'ac-
tion irritante de ce gaz se faisait aussi sentir sur la langue quand elle était tirée hors
de la bouche ou que le sujet parlait aux assistants qui entouraient le calorimètre.
Mais jamais cet effet irritant ne s'est exercé sur la pituitaire ou la muqueuse
laryngienne, pourtant si impressionnables, ce qui montre bien le parfait fonction-
nement des jeux de soupapes de l'appareil nasal.
» A noter l'efTel d'une inspiration profonde l'aile intentionnellement par la bouche :
il en est résulté un vertige subit qui a disparu de suite sous l'influence de l'air amené
par les voies nasales dans le poumon.
» L'analyse du milieu gazeux recueilli vers la fin de l'expérience a démontré que
ce milieu contenait Sa pour loo de gaz carbonique.
» Expérience III {sur l'homme : M. Tissot). — On emploie cette fois, comme
milieu irrespirable, le gaz d'éclairage, qui est toujours toxique, surtout par l'oxyde
de carbone mêlé aux carbures d'hydrogène.
» Entrée dans l'enceinte à S"". Deux branchements, ouverts à plein calibre, y amènent
le gaz par le haut. L'air atmosphérique, graduellement chassé, s'échappe par les ori-
fices ménagés à la partie inférieure de l'enceinte.
( i536 )
» Le sujet reste debout. A 3''20"', un cobaye, introduit en même temps que lui et
placé sur un tabouret, est soulevé par le sujet à la hauteur de sa poitrine. Ce cobaye
tombe instantanément sur le côté. Descendu au niveau des genoux, il revient à lui très
rapidement.
» A 3''3o", le cobaye, laissé à cette même place, est atteint par le gaz, qui continue
à descendre. L'animal s'affaisse de nouveau et ne se relève plus.
» Un nouveau cobaye est passé au sujet par le trou d'homme à 4''3o°'. Ce deuxième
témoin, placé à la hauteur des genoux du sujet, tombe immédiatement sur le côté et
succombe en moins d'une minute.
» L'expérience se termine à 4''45"- Elle a donc duré une heure trois quarts. Les dé-
tails de cette expérience démontrent que le corps du sujet a baigné tout entier dans
une atmosphère de gaz irrespirable et délétère pendant une heure au minimum. Il n'en
est résulté pour lui que le malaise causé par la quasi-immobilité en station debout pro-
longée, dans une position incommode. La circulation et la respiration sont restées
absolument normales. Aucune sensation différente de celles qu'on éprouve dans l'air
ordinaire n'a été perçue par le sujet. Il ne se serait pas aperçu, s'il ne l'avait su, qu'il
vivait dans une atmosphère délétère.
» L'analyse a démontré que les éléments du gaz d'éclairage formaient les -^ de
celte atmosphère.
» Il est intéressant de faire savoir que le premier cobaye tenu pour mort et, comme
tel, rejeté hors de l'enceinte, par le trou d'homme, a pu être rappelé à la vie, grâce
à la respiration artificielle et quelques autres manœuvres.
» Expérience \Y {sur l'homme : M. Chauveau). — Dans les expériences précédentes,
l'inspiration de l'air extérieur, à l'aide de l'appareil à soupapes, s'est effectuée avec
des tubes intermédiaires courts n'offrant, par conséquent, qu'une résistance insigni-
fiante au passage du gaz aspiré. Le jeu des soupapes aurait-il aussi bien assuré la non-
pénétration, dans le poumon, du milieu gazeux où le sujet était plongé, si le tube
d'inspiration de l'air extérieur avait présenté une certaine résistance au passage de
cet air extérieur? Il n'y avait pas lieu d'en douter. Toutefois, on crut bon de s'en
assurer directement. On profila pour cela d'une tentative de simplification des condi-
tions expérimentales.
» Sur le sujet assis entre deux tables de même hauteur, on renversa une caisse à
respiration (capacité, 35o''') formant cloche. Les bords de la cloche s'appuyant sur
les tables, la tète du sujet occupait la partie tout à fait supérieure de cette petite
enceinte. On y fit arriver le gaz d'éclairage en flots abondants, qui eurent bientôt
chassé tout l'air atmosphérique primitivement contenu dans la caisse. La tête et une
partie du tronc du sujet baignent alors dans le gaz d'éclairage, auquel s'ajoute seule-
ment une quantité relativement très petite des gaz de la respiration. La toxicité de
ce milieu était aussi élevée que possible, car un fort cobaye introduit dans la cloche
et élevé à la hauteur du visage du sujet a succombé très rapidement.
» Quant au sujet lui-même, il est resté vingt minutes dans cette cloche et n'y a pas
éprouvé le moindre malaise, si ce n'est un très léger picotement sur les conjonctives.
Il faut ajouter qu'à aucun moment il n'a perçu l'odeur du gaz d'éclairage, même
quand il faisait de grandes inspirations. Or, l'air était amené à l'appareil nasal par un
( ^537 >
tube de iS"™ seulement de diamètre et 8" de longueur, et la capacité respiratoire du
sujet est très grande. L'appareil nasal fonctionnait donc aussi bien dans ces conditions
qu'en l'absence de toute résistance à l'arrivée de l'air inspiré.
» Le sujet, comme le précédent, pouvait s'entretenir avec les assistants en utilisant
la provision d'air d'une large inspiration. C'est seulement alors qu'il arrivait au sujet
de sentir l'odeur du gaz où il était plongé. Il est probable que les soupapes devenaient
à ce moment assez flottantes pour donner passage à une faible partie du gaz ambiant.
D'où l'indication d'être ménager de ses paroles quand on opère dans un milieu
méphitique.
» Conclusions. — i° L'appareil nasal à séparation du courant d'air
expiré et du courant d'air inspiré permet de prendre ce dernier à une
grande distance du sujet, à l'aide d'un tube dont il suffit de proportionner
la longueur à la section pour obtenir des résultats parfaits ;
» 2° Les sujets munis de cet appareil peuvent séjourner et agir sans
aucun danger dans des atmosphères irrespirables contaminées par des gaz
délétères, tels que l'oxyde de carbone;
» 3° ].a démonstration de cette innocuité absolue est faite directement
pour un séjour d'une heure de durée;
» 4° Le système se prête donc à toutes les opérations de sauvetage
qu'on peut avoir à réaliser dans les locaux envahis par des gaz délétères;
» 5° Il s'y prête d'autant mieux que l'outillage est des plus simples, des
plus faciles à transporter et qu'il suffit de quelques instants pour l'ap-
pliquer à l'agent sauveteur;
» 6° Au point de vue physiologique, il n'y a lieu de faire aucune réserve
sur nos conclusions relatives au jieu d'aptitude que la peau a manifestée
pour l'absorption des poisons gazeux. Toutefois, nous attendrons, pour
nous prononcer à l'égard des émanations suifhydriques, d'en avoir éprouvé
directement l'action dans les conditions de nos expériences actuelles. Ce
sera très simple et très facile. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un éclair en boule. Note de M. J. Viom.e.
M Le dimanche 9 juin igoi,à i''3o™p. m., vers la fin d'un orage assez
violent passant au-dessus de Fixin, près Gevrey-Chambertin (Côte-d'Or),
j'ai observé un éclair en boule dans les conditions suivantes :
» J'étais à un balcon faisant face à l'est, et de là je contemplais l'orage,
qui se traduisait devant moi par des éclairs se succédant, à intervalles
assez rapprochés, sous la forme de traits de feu à peine sinueux et presque
< i538 )
verticaux, généralement redoublés, à S""" environ devant moi. Puis, après
un repos de quelques minutes, je vis une boule de feu paraissant tomber
du ciel, à la façon d'une pierre, dans la même place où s'étaient succédé
les éclairs rectilignes et de la même hauteur. Après un nouvel intervalle,
la région considérée fut encore illuminée à plusieurs reprises par des
éclairs en effluve , sous forme de décharges diffuses localisées en un
espace restreint.
» Je ne crois pas possible d'attribuer à une erreur d'optique le phéno-
mène que j'ai vu et qui a été vu en même temps, de façon identique, par
une personne placée à côté de moi et à laquelle il arracha une exclama-
tion immédiate.
» Je me suis assuré, d'ailleurs, qu'il ne s'était produit alors aucune
chute d'aérolithe, bien que l'aspect du phénomène ne laissât aucun doute
sur sa nature électrique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action d'un oxyde ou d'un hydrate métallique sur les
solutions des sels des autres métaux : sels basiques mixtes. Note de M. Paul
Sabatier.
n Dans une Noie récemment insérée aux Comptes rendus (même Tome,
p. i4i4)» M. Recoura annonce qu'il a obtenu directement, par contact de
l'hydrate cuivrique avec divers sels métalliques, des sels basiques mixtes,
et il décrit un certain nombre de ces composés. Celte intéressante publica-
tion m'oblige à rappeler que j'ai moi-même, depuis longtemps, entrepris
des recherches sur les actions que les oxydes ou hydrates métalliques
produisent dans les solutions salines, et c^\nt j'ai préparé toute une série de
sels basiques nieo-te* analogues à ceux que vient d'isoler M. Recoura.
» Les hydrates métalliques, ainsi que beaucoup des sels basiques qui
peuvent prendre naissance, étant à peu près insolubles, les états d'équi-
libre ne sont atteints que très lentement dans un grand nombre de cas, si
l'on opère à froid: c'est la raison qui m'a conduit à diflérer assez long-
temps la publication définitive des résultats obtenus. A la suite de coai-
municalions préliminaires faites au Congrès de l'Association Française
(Pau, t. I, p. i85, 1892; Bordeaux, 1. 1, p. 248, iSgS), ainsi qu'au Congrès
des Sociétés Savantes tenu à la Sorbonne en 1895 {Journal officiel du
t8 avril, 2190), j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie en 1897 et 1899
plusieurs Notes sur ces questions.
( '539 )
» Les actions exercées par l'oxyde ou l'hydrate d'un métal sur une solu-
tion d'un sel issu d'un autre métal peuvent être rattachées à six types
distincts :
» 1° Il n'y a aucune action : c'est ce qui a lien pour l'hydrate ferrique
introduit dans les solutions cuivriques, argenliques, etc.
» 2" Il V a déplacement pur et simple de l'hydrate du sel dissous : par
exemple quand on met de l'oxvde d'argent ou de l'hydrate de nickel dans
une solution de sel ferrique, on aluminique.
» 3° Il y a déplacement partiel avec précipitation d'un .sel basique inso-
luble issu de l'un des deux métaux antagonistes. Ainsi, j'ai trouvé (Comptes
rendus, t.CXXV, p. 176) qu'une petite quantité d'oxyde d'argent, introduite
dans une solution de nitrate cuivrique, fournit un dépôt de nitrate tétra-
cuivrique insoluble. Au contraire, l'oxyde mercurique placé dans une solu-
tion de sulfate ferrique y précipite exclusivement du sulfate trimercuriqiic
(trouvé récemment par M. Mailhe).
» 4° Il y a oxydation du sel dissous par l'oxyde ou l'hydrate facilement
réductibles, ou inversement, il y a suroxydalion de l'oxyde par le sel
dissous, le phénomène étant suivi dans chacun de ces cas par l'action
ultérieure réciproque des produits formés, action d'où résidtera fréquem-
ment un sel basique. Un exemple du premier cas est offert par l'oxyde
mercurique dans une solution de sulfate ferreux : il y a mise en liberté
de mercure métallique, avec production simultanée de sulfate raercureux
et de sulfate basique ferrique (Mailhe). Le second cas se rencontre dans
l'action de l'oxvde cuivreux sur l'azotate d'argent : j'ai montré ([u'il y a
dépôt d'argent métallique et de nitrate tétracuivrique (^Comptes rendus,
t. CXXIV.V- 363).
» 5° 11 y a formation d'un oxyde mixte, accom|)agné ou non d'un sel
basique. Ce genre de réaction, signalé jadis par H. Rose, se produit assez
souvent quand l'un des oxydes antagonistes est l'oxyde d'argent. Ainsi,
dans les solutions des sels de cobalt, l'oxyde d'argent précipite l'oxyde noir
Co(OAg)° ; dans les solutions de sels de plomb, j'ai trouvé qu'il se produit
un plombite noir Pb (OAg)* en même temps que des cristaux de nitrate
diplombique. Je me propose de revenir prochainement sur cette dernière
réaction.
» 6° Il y a production d'un sel basique mixte issu des deux métaux. J'ai
observé que ce cas est assez fréquent. Ainsi j'ai indiqué (Comptes rendus,
t. CXXV, p. 173; 1897, et t. CXXIX, p. 21 1 ; 1899) que l'hydrate cuivrique
abandonné à iroid dans les solutions aqueuses de divers sels d'argent
( i54o )
(nitrale, sulfate, chlorate, hyposulfate) s'y change lentement en sel basique
cm^a//i5e argentocuivrique, dont la composition peut changer avec la con-
centration des liqueurs. On peut arriver moins commodément aux mêmes
sels mixtes en partant du système inverse, oxyde d'argent dans le sel de
cuivre.
» M. André avait en 1888 préparé un sel de cette espèce
MnCP, 3Cu(0H)%
en faisant bouillir une solution de chlorure manganeux avec de l'oxyde cui-
vrique.
» J'ai observé moi-même beaucoup d'autres formations similaires, et
notamment celle de sels basiques mixtes cristallisés dans l'action de l'hydrate
cuivrique bleu ou de l'hydrate tétracuivrique sur diverses solutions sa-
lines, nitrate de cobalt, nitrate ou sulfate de nickel, etc. Sur mes conseils,
l'un de mes élèves, M. Mailhe, a continué cette étude spécialement pour
l'hydrate cuivrique, et pour l'oxyde mercurique, avec lequel il a déjà obtenu
de nombreux sels mixtes basiques cristallisés qu'il a décrits (^Comptes
rendus, mai et juin 1901).
» Quant à l'importance que le groupement tétracuivrique paraît manifes-
ter dans les résultats de M. Recoura, elle résulte de la grande stabilité de
ce groupement qui, ainsi que je l'ai montré antérieurement (Comptes rendus,
t. CXXV, p. loi et3oi ), donne lieu très facilement à toute une série de
sels cristallisés tétracuivriques, qui se développe parallèlement à la série
des sels monocuivriques. Cette tendance à donner des oxydes polymétal-
liques se rencontre chez d'autres métaux; et, pour eux comme pour le
cuivre, elle conduit à des séries régulières de sels bien définis et cristal-
lisés : tels sont les groupements tétrazincique, di, tri et tétramercuriques,
di, tri et tétraplombiques.
» C'est à ces divers types que se rapportent la plupart des sels basiques
mixtes où interviennent ces divers métaux. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
resjjondant dans la Section d'Anatomie et Zoologie, pour remplir la place
laissée vacante par le décès de M. Flower.
( i54i )
An premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 3g,
M. Van Beneden obtient 38 suffrages
M. Waldeyer » i »
M. Edouard Van Bengdeiv, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est élu Correspondant de l'Académie.
MEMOIRES PRESENTES.
GÉOMÉTRIE. — Théorie des sur/aces du troisième ordre. Mémoire
de M. DcMONT, présenté par M. Appell.
(Commissaires : MM. Appell et Humbert.)
« Ce Mémoire est un exposé détaillé des principales propriétés des sur-
faces du troisième ordre traitées par les méthodes de la Géométrie projec-
tive. Une première Partie est relative à la Géométrie du troisième ordre sur
une droite ou autour d'un point et au rappel des propriétés des cubiques
planes. La deuxième Partie est consacrée aux surfaces du troisicuie ordre,
à leurs principaux modes de génération, à leurs singularités, à leur classi-
fication et à leur représentation sur le plan. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Trois fascicules des « Résultats des campagnes scientifiques accomplies
sur son yacht par Albert f'', prince souverain de Monaco, publiés sous sa
direction, avec le concours de M. Jules Ric haï d. »
Fascicule XVII : Céptialopodes provenant des campagnes de la Princesse-. Alice
(1891-1897), par Louis Joiibin.
Fascicule XVIII : H\draires provenant des campagnes de V Hirondelle (1886-1888),
par Catnille Pictet el Maurice Bedot.
Fascicule XIX : Etude de fonds marins provenant du voisinage des Açores et de la
portion orientale de l'Atlantique nord, par /. Thoulet.
C. R., 1901, I" Semestre. (ï. CXXXII, N" 25 ) I99
( i542 )
2" Le numéro de mai 1901 du Bulletin mensuel de la Station géo-
physique d'Uccle, par M. E. Lagrange (présenté par M. de Lapparent).
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Troisième série d'observations de la nouvelle
étoile de Persée. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. .Tanssen.
« Cette note fait suite à deux notes précédentes sur la nouvelle étoile
qui peuvent être ainsi résumées:
» 1° Observations du 26 février au 3 mars: La nouvelle de Persée est
reconnue semblable à l'étoile nouvelle précédente du Cocher; elle offre,
comme cette dernière, les raies des protubérances solaires, très brillantes
et larges, divisées en plusieurs parties, fortement déplacées vers le rouge
et accolées à de larges raies noires. Le phénomène peut s'expliquer à la
rigueur par un seul astre qui serait le siège d'éruptions gigantesques.
» 2° Observations du 3 mars au 17 mars: Les larges raies noires ont
aussi des divisions très nettes, fortement déplacées vers le violet. Un seul
astre ne peut suffire à l'explication. Il semble nécessaire d'admettre au
moins deux astres qui se rapprochent l'un de l'autre avec une énorme
vitesse.
» Cependant, deux étoiles nouvelles antérieures, après avoir montré au
début le spectre des protubérances solaires, ont oflert à la fin un spectre
très simple qui est exactement celui des nébuleuses. Ce résultat singulier
offre un intérêt de premier ordre.
» Aussi j'ai poursuivi l'étude spectrale de l'étoile avec le concours de
M. Millochau, aide astronome, et de M. Burson, assistant, en portant prin-
cipalement mon attention sur la présence ou l'absence des trois raies vertes
caractéristiques des nébuleuses (à savoir, >. Soo,^, la plus intense, >. 495.9
et 'k 486,4, due à l'hydrogène).
» De là une troisième série d'observations (du 17 mars au i4 mai),
poursuivie dans des conditions difficiles. Le temps a été généralement
mauvais, et l'étoile, de laquelle le Soleil se rapprochait, a été observable à
l'horizon seulement, dans les lueurs du crépuscule.
« Dans cette période, l'étoile, tout en diminuant lentement, d'une
manière générale, a présenté des variations d'éclat à peu près périodiques,
déjà décrites par plusieurs auteurs. L'éclat a varié de la quatrième à la
septième grandeur au moins, l'amplitude des oscillations étant de une
grandeur environ.
( i54H ^
» Mais, dans ces conditions nouvelles, le grand spectrograplie à deux prismes des
premières observations, qui était, en mars dernier, le seul pouvant être fixé à la
grande lunette de Meudon, avait une dispersion trop forte. Il a fallu organiser rapide-
ment plusieurs appareils nouveaux : i° pour la photographie, {a) une chambre nou-
velle destinée au spectrographe jjrécédent, deux fois plus courte, et donc donnant un
spectre quatre fois plus intense, {b) un petit spectrographe à un seul prisme, (e) un
spectrograplie du type dit oculaire, sans fente et sans lentilles auxiliaires, assurant
la photographie des spectres très faibles; 2" pour l'observation oculaire, («) la
substitution d'un oculaire à micromètre à la chambre photographique dans les appa-
reils précédents, {b) un petit speclroscope oculaire à vision directe.
i> Les appareils précédents peuvent être fixés, soit à la grande lunette de o'",84, soit
à la lunette photographique de o'",6o. En général, la photographie du vert jaune et
l'observation oculaire ont été faites avec la grande lunette de o",84, et la photo-
graphie du bleu avec l'autre lunette. Parfois on ii pu photographier le spectre avec
les deux lunettes à la fois.
» Jt^ résume ici les principaux résultats : Dans les deux premières séries
d'observation l'étoile a présenté, dans le vert, non les raies des nébuleuses,
mais les raies du parhélium (X492 et l5oi,,j) très voisines des précédentes.
» Cne épreuve du 3 mars dans le vert jaune montre trois raies larges de
l'étoile juxtaposées aux trois raies fines X486, X492et5oi,5 de l'hydrogène
et du parhélium dans le spectre terrestre de comparaison. Les deux raies
larges du parhélium dans l'étoile soûl déplacées vers le rouge, mais de la
même quantité que la raie de l'hydrogène. L'aspect est le même sur d'autres
épreuves postérieures.
» Or une épreuve de la troisième série, du 17 avril, dans le vert jaune,
donne un résultat différent. Le spectre de comparaison comprend toujours
ces trois mêmes raies de l'hydrogène et de l'hélium. Mais, dans l'étoile, la
raie du milieu (>. 392) manque; la raie de l'hydrogène est assez intense et
déplacée vers le rouge ; enfin, la troisième raie est nette, quoique faible, et
est déplacée vers le rouge beaucoup moins que la précédente. Toutes ces
raies larges de l'étoile ont un maximum assez net du côté du violet. Si l'on
mesure les positions de ces maximum, on trouve que la troisième raie a
pour longueur d'onde non 5oi,5, mais 5oo,8.
» En résume, le 17 avril, la nouvelle étoile présentait très probablement
la raie caractéristique des nébuleuses. On ne peut être plus affirmatif, car la
grande largeur des raies est un obstacle à la précision.
» Le 17, l'étoile avait la grandeur 5 et était voisine d'un minimum.
» Les observations ultérieures de la région verte ont été faites avec
( i544 )
l'œil, caries plaques photographiques du commerce sont peu sensibles dans
le vert. Mais ces observations ont une valeur moindre, d'autant que les
vibrations de la grande lunette apportent alors une gêne sérieuse.
)> 23 avril : on trouve 1 5oi,4 pour la raie verte principale. Grandeur
de l'étoile 4, 20.
» 24 avril : on a 1 5oi,2; mesure douteuse.
» i4 mai : la raie verte de l'étoile voisine de X5oi,5 est notablement
plus forte que la raie de l'hydrogène; sa longueur d'onde mesurée est
■X5oo,65. De plus, on aperçoit entre les deux raies précédentes une raie
faible qui occupe à peu près la place de la raie des nébuleuses 7^495,9.
Mais la faiblesse de la raie ne permet pas une mesure précise. Grandeur
de l'étoile inférieure à 7.
» Bref, il est très probable que, ce jour-là, l'étoile offrait le spectre com-
plet des nébuleuses (').
» Ces résultats sont à rapprocher de ceux de M. de Gothard, qui a re-
connu dans l'étoile en avril la présence de la raie ultra-violette 1 386 des
nébuleuses, à l'époque des minimums d'éclat (Aslronomische Nachfichten,
nM7).
» L'étoile, dans sa phase de décroissance, paraît soumise à des varia-
tions qui tantôt font prévaloir la lumière des protubérances solaires, la-
quelle correspond à son état initial et à ses maximums d'éclat, et tantôt
laissent apparaître ou même prédominer la lumière spéciale des nébu-
leuses qui, d'après les analogies, doit constituer son état final.
» Il est regrettable que les conditions très défavorables de l'observation
ne permettent pas de suivre facilement les transformations curieuses de la
nouvelle étoile, w
(') Le spectre complet des nébuleuses n'était pas seul, mais était superposé au
spectre des protubérances solaires. D'ailleurs, dans celte troisième série d'observations,
les nombreuses épreuves faites avec la lunette photographique et le spectrographe (c),
sans fente et sans lentilles, montrent que les raies des protubérances solaires, tout en
s'afTaiblissant dans l'étoile, conservent le même aspect général que dans les première
el deuxième séries.
( "545 )
GÉOMÉTRIE. — Sur la déformation continue des surfaces.
Vote de M. D.-Th. Egorov.
« Dans une Note publiée dernièrement (Comptes rendus, p. iioo;
6 mai 1901), M. Tzitzeica a bien voulu faire allusion à l'une de mes Notes
récentes (Comptes rendus, p. 802; 11 février 1901), en rappelant qu'il
avait déjà communiqué antérieurement (Comptes rendus, p. 1276;
23 mai 1890) une partie de mes résultats. Je m'empresse de réparer
ma faute en signalant qu'il s'agit du résultat suivant, appartenant a
M. Tzitzeica : il existe une famille simplement infinie de surfaces tétra-
édrales
X
(0 \y:
A(fl4-M)-(a-t- v)'.
B(b
+ uy(b
3
C(c
-^uy(c
+ .f.
applicables les unes sur les autres, le système «=:const., p» =^ const.
étant le système conjugué commun.
» Je me propose maintenant d'indiquer quelques remarques relatives
au sujet traité dans la Note récente de M. Tzitzeica.
» Il s'agit du problème suivant : Trouver toutes les sur/aces qui admettent
un réseau conjugué invariable dans une déformation continue. M. Tzitzeica
s'est placé dans un cas particulier, qu'il croit d'ailleurs être le cas général
(loc. cit., p. 1 100). Qu'il me soit permis de faire observer que, contraire-
ment à l'opinion exprimée par M. Tzitzeica, il n'en est pas ainsi. En effet,
l'analyse de M. Tzitzeica conduit seulement aux surfaces que j'avais si-
gnalées dans ma Note citée et qui se déduisent des surfaces tétraédrales(i)
à l'aide des transformations de Peterson ('). Quant au problème général,
on en connaît des solutions particulières distinctes de la solution que je
viens de rappeler. Il suffit de nommer les résultats obtenus par J\IM. Bour,
Bonnet (déformation des surfaces de révolution et des surfaces moulures).
Blanchi (surfaces de translation), Voss (surfaces admettant un système
conjugué formé de géodésiques), Peterson (-).
(') Consulter la Noie citée de M. Tzitzeica, p. iioi, 1102.
(*) Recueil mathématique de Moscou, t. 1.
( 1.546 )
» D'apiès les recherches de MM. Guichard, Blanchi, Cosserat, la déter-
mination des surfaces qui admettent un réseau conjugué invariable dans
une déformation continue revient, en définitive, à la recherche des équa-
tions de Laplace à invariants égaux de la forme
dont trois solutions quelconques 0,, 60, 0., vérifient une relation de la forme
(3) 0; + 0^ H- e;; = ©(«) + K'O-
» En supposant A- = o, on parvient à la plus grande partie des résultats
connus; les surfaces étudiées dans la Note de M. Tzitzeica et dans la
mienne correspondent à l'équation d'Euler E(-j- Du reste, voici un
résultat qui paraît être nouveau.
» Considérons l'équation
(4)
et ses trois solutions
TT
U'.
(5) P= = ^7r^-u',.
où l'on a désigné par U, U, et V des fonctions de u et de v respectivement,
vérifiant les relations
d^e
=
■i
du di>
(« +
r)^
6, =
2
U
w-l- r
—
6,=
2
U,
u + l'
— "
f),=
2
V
(6)
V- = flot'' — rt, V- 4- a.A> — a.i.
» On s'aperçoit aisément que les trois solutions (5) vérifient une rela-
tion de la forme (3). La surface la plus générale admettant un système
conjugué invariable dans une déformation continue et correspondant à
l'équation (4) est l'enveloppe du plan
(7) 9,a- -t-eaj'-H QjZ + w = o,
où l'on a désigné par w la solution générale de l'équation (4). On par-
viendrait aisément à ce même résultat en considérant la surface associée
( 1^7 )
correspondante que l'on déduit du conoïde droit en lui appliquant la trans-
formation indiquée par M. Bianchi dans l'un de ses Mémoires insérés dans
les Annah fli Matematica {j." série, t. WIII). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Théorie des groupes fineaires dans lin domaine
arbitraire de rationalité. Note de M. L.-E. Dickso\, présentée par
M. Jordan.
« On peut faire une corrélation entre les théories spéciales des groupes
analytiques par l'étude des groupes de transformations dans un domaine
général.
» J'ai démontré (') qu'il existe quatre systèmes infinis de groupes
de transformations qui sont simples dans un domaine arbitraire de ratio-
nalité (-). Ce sont les systèmes (i), (2), (3), (4), indiqués ci-dessous,
l'our If domaine C des nombres complexes, ces groupes sont les groupes
continus de Sophus ]Ae, qui sont tous les systèmes de groupes simples et
continus d'un nombre fini de paramètres.
» 1. Le groupe de toutes les transformations linéaires et homogènes de
déterminant unité sur m variables, les coefficients appartenant à un
domaine F, a un sous-groupe invariant maximum formé des transforma-
tions
E;=[aE,. L!^-"' = iJ («■ -I,2,...,7h).
» Ainsi le groupe de transformations linéaires fractionnaires de déter-
minant unité sur m — i variables est simple pour tout domaine F.
» 2. Le groupe abélien linéaire (d'après la définition de M. Jordan),
dans un domaine quelconque F, a pour sous-groupe invariant maximum
le groupe formé par l'identilé et la transtormalion T qui multiplie chaque
variable par — i .
» 3. Le groupe linéaire et homogène le plus général dans F, qui laisse
invariante la forme quadratique
^0 + '< ^1 "*~ ^2'^3 + . . . + ;„,-/■„„,
C) Transactions 0/ l/ie American Matlieniatical Society, octobre 1901.
(^) Pour le domaine de l'ordre fini />", les valeurs p''^zi, 3 sont souvent excep-
tionnelles. Voir mon Traité Linear Groups (Leipzig, 1901).
( i548 )
est composé des transformations A, k{l^r,„,), AT„,, et kl,„^^(l,„r„„), où les
transformations A forment un groupe simple (si m r 2), et T,„ ,, est une des
transformations
OÙ (' n'équivaut à aucune quantité carrée du domaine F.
» 4. Le groupe linéaire et homogène qui laisse invariante
a un sous-groupe [de transformations A comme pour le groupe (3)] qui
est simple, ou a le sous-groupe invariant maximum composé de l'identité
et de T.
» J'ai trouvé deux autres systèmes infinis de groupes simples dans un
domaine arbitraire ('). Sauf pour le domaine continu C, ces groupes ne
sont pas isomorphes aux groupes précédents.
■» 5. Le groupe linéaire et homogène qui laisse invariante
où V n'est pas le carré d'une quantité du domaine F.
» 6. Soit Q le domaine qui résulte après l'extension de F par l'adjonc-
tion d'une racine de l'équation 3?^=:; v. Soit j la quantité conjuguée à y
dans Q. Les transformations sur les variables ç,, -/),(< = 1, ..., m), avec
coefficients en Q de déterminant unité, qui laissent invariante la fonction
m
•2 = 1
forment le groupe hyperabélien. Le sous-groupe invariant maximum est
composé des transformations
l\ = X li, r,\ = x-Y„-, [x-'" = I , a7.r = I j (« = [ m).
» Ainsi le groupe hyperabélien de transformations linéaires fraction-
naires est simple dans tout domaine. »
(') Jai communiqué ces déuionstiations à la Société de Mathématiques de Londres.
( t549 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' intégration de i équation
^w — a-tv = o.
Note de M. S. Zaremba, présentée par M. Poincaré.
« L'espace étant rapporté à un système de coordonnées rectangulaires
Xy y, z, désignons par r la dislance des points (rij, z) et (^x' , y', z'), par [j.
un nombre réel non négatif, et par e, suivant l'usage, la base des loga-
ritlimes népériens. La fonction — — sera, comme on sait, une intégrale
particulière de l'équation aux dérivées partielles
, , d-iv d^w d'^w .,
» Substituons, dans l'expression d'un potentiel newtonien de simple
couche et dans celle d'un potentiel de double couche, la fonction — ~ à la
fonction - •
/■
» Nous obtiendrons de nouvelles intégrales de l'équation (i), intégrales
que nous appellerons potentiel généralisé de simple couche et potentiel géné-
ralisé de double couche ayant le nombre y. jiour nombre caractéristique.
» Soient (S) une surface fermée et s{x,y,z) une fonction quelconque.
Nous aurons à considérer les éléments suivants : i° la valeur limite de la
fonction S pour le côté intérieur do la surface (S); i° la dérivée do la
fonction 3? suivant la normale à la surface, pour le côté intérieur; 3" les
quantités analogues pour le côté extérieur de la surface (S). Nous repré-
senterons ces quantités par les symboles
(•*).. (•').• {&). - (.4);
» Supposons que la surface fermée (S), pouvant se composer d'un
nombre quelconque de nappes, admette, en chacun de ses points, un plan
tangent déterminé et que l'angle aigu, formé par deux normales, soit
inférieur au produit d'une constante par la dislance des pieds de ces nor-
males; supposons en outre que la portion (S') de la surface (S), située à
G. R., igoi, I" Semestre. (T. CXXXU, N» 25.) 200
( i55o )
l'intérieur d'une sphère de rayon fixe, mais assez petit, ayant pour centre
un point quelconque O pris sur la surface, n'ait jamais plus d'un seul point
commun avec une parallèle à la normale en O. Cela posé, soit 9 une fonc-
tion continue donnée définie sur la surface (S) et 1 un paramètre variable.
On peut, en s'appuyant sur les belles métholes introduites par M. Poin-
caré dans la théorie des équations de la Physique, établir les propositions
suivantes :
» Il existera un potentiel généralisé de simple couche «, fonction ana-
lytique du paramètre 'X, vérifiant l'équation
et ayant pour nombre caractéristique un nombre donné u, réel et non
négatif II existera aussi un potentiel généralisé de double couche i>, fonc-
tion analytique du paramètre 1 et ayant aussi le nombre a pour nombre
caractéristique, tel que l'on ait
( 0< -(*').= >-[(0:+ (Oc] +'-^?-
» Les fonctions u et i', en tant que fonctions de 1, seront des fonctions
analytiques, n'admettant, à distance finie, dans le plan de la variable 1,
d'autres points singuliers que des pôles simples; ces pôles seront tous réels
et feront partie d'un ensemble dénombrable ne dépendant que de la sur-
face (S) et du nombre jj.; enfin les résidus polaires des fonctions u et v
seront exprimables par des combinaisons linéaires et homogènes, à coef-
ficients constants, de fonctions qui, pour m = o, se réduisent aux fonctions
fondamentales ( ' ) de M. Poincaré et qui forment un ensemble dénombrable,
ne dépendant que de la surface (S) et du nombre [j..
)) Les propositions précédentes conduisent à une démonstration géné-
rale des méthodes de Neumann et de Robin ; elles sont une généralisation
et un complément de celles que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie des Sciences de Cracovie le 4 mars 1901 . «
(') Poincaré, La méthode de Neumann et le problème de Dirichlet {Acla mathe-
matica, 1896).
( i55i )
PHYSICO-CHIMIE. — Actions chimiques dans les systèmes dissous nu gazeux.
Tension de vapeur. Hypothèse d'Avogadro. Note de M. Ponsot, présentée
par M. Lippmann.
« J'ai déjà considéré les actions chimiques qui, se produisant entre deux
systèmes de corps, sont limitées quelle que soit la grandeur de la dilution
ou raréfaction, l'équilibre étant indépendant de cette dilution ou raré-
faction (19 et 26 mars 1900).
» Le dissolvant ne prenant pas part à la réaction chimique, je suppose
qu'à une dilution infinie (P et T constants), l'un des deux systèmes tende
à remplacer l'autre entièrement; l'équilibre est alors variable avec la di-
lution; si l'on diminue la masse e du dissolvant, l'un des deux systèmes,
1 par exemple, s'accroît; si l'on augmente e, le système 2 s'accroît en
même temps que m, nombre de molécules d'un de ses composants.
» Partant d'une solution non en équilibre chimique, si le système 2 doit
s'y accroître, -3— est négatif; on établira l'équilibre
dm '
<) d'\>
en diminuant e; d'où ^ — r- est négatif. Si, au contraire, dans une réaction
(le dm "
spontanée, le système 2 doit diminuer, -j— est positif; on établira l'équilibre
avec un accroissement de ^'' y zr- ^st encore négatif. Or
à d^ _ j{_d^ _ dfç_
de. dm dm de dm
f^ étant la tension de vapeur du dissolvant et v le volume spécifique cor-
respondant, d'oii :
» La formation réelle ou virtuelle du système qui tend à exister seul à une di-
lution infinie et qui décroît quand on enlève du dissolvant, diminue la tension
de vapeur de ce dissolvant ; celle du système antagoniste accroît cette tension
de vapeur.
» Le dissolvant étant enlevé entièrement, le système i n'a pas entière-
ment disparu; il décroîtra encore si la pression tend vers l'infini. A re-
( i552 )
marquer que le système pourra devenir hétérogène et que, pour e infini,
v-r- tend vers zéro.
dm
» Pression osmolique. — La solution est maintenant soumise à une pres-
sion variable P qui la met en équilibre avec le dissolvant, sous une pression
invariable/?; d'P est la différentielle de la pression osmotique II = P — p.
Partant d'une solution en équilibre chimique, si P croît, le système 1 aug-
mente; si P décroît, le système 2 croît ainsi que la masse m d'un de ses
composants
d d^ d\
ou
dP dnipt dm
est positif.
» V étant le volume de la solution, supposons que les systèmes 1 et 2
soient en proportions équivalentes, si V, est le volume de la solution où
le système 1 serait entièrement formé, Vj le volume correspondant pour
le système. 2 sous la pression osmotique H, n(Vo — V,) est positif, quel que
soit n.
» Systèmes gazeux. — La pression P exercée sur le mélange gazeux
remplace ici la pression osmotique; la conclusion précédente se retrouve
facilement. P(V2 — V,) est positif, quel que soit P.
» PVo et PV, tendent chacun vers une valeur limite, il en est de même
de leur différence.
0 Conséquence. — Considérons l'équilibre chimique représenté p;ir
l'équation suivante entre les corps A, B, M, N,
« , A + ^2 B :j!: «3 M + n , N,
^1) ''2. ^^3' '^1 étant le nombre de molécules réagissantes pour chacun des
corps, la masse moléculaire choisie pour chaque corps étant celle qui sa-
tisfait le mieux à l'hypothèse d'Avogadro.
)> On a
limite PV, = lim/i,/), (•', + n.,p.,V2,
limite PV^ = limWj/^aV'j-f- n^p^v^,
posant, en général, Vimpv = jRT, on a
et, dans les réactions chimiques limitées dont l'équilibre varie avec la tem-
(
i553
)
péra
ture
et
avec
la pi
ression,
si
n.
-h n, :
= n,
-f-/î..
on
encore
n^ = n,, ^= n , ::= n„,
comme dans l'équilibre
CO=-+-H-- C0-' H=0.
étudié par M. Boudoiiard; il faut que les valeurs de i soient inégales, ce qui
exige que l'hypothèse d' Avogadro ne soit pas regardée comme rigoureuse.
» Même conclusion relativement aux systèmes dissous.
» Remarque. — L'expérience apprend que, lorsqu'on élève la tempé-
rature des cor[)s composés, ces corps se décomposent, se dissocient en
d'autres corps qui peuvent provoquer de nouvelles réactions chimiques.
De même, certains corps simples subissent des transformations chimiques
quand on élève leur température.
» Lorsque nous considérons un équilibre chimique, nous le représer-
tons généralement par une équation chimique simple; cela n'est conforme
à l'expérience que si chaque corps, figurant dans l'équation, se trouve
réellement dans le mélange sans trace de décomposition. On ne peu!
l'admettre que dans certains cas et dans certaines limites de lempératur<>
et de pression. Lorsqu'un corps entrant dans l'équation chimique d'î
l'équilibre subit une décomposition limitée, il en résulte que !e voluni!'
moléculaire de ce corps, considéré seul, n'est plus une grandeur réelle. »
PHYSICO-CHIMIE. — Constantes capillaires de liquides organiques. Note
de MM. Ph.-A. Give et A. Baid, présentée par M. A. Haller.
« Nous avons effectué une seconde série de déterminations de constantes
capillaires relatives à des liquides organiques; nous en transcrivons les
détails dans le Tableau suivant, établi de la même façon que celui repro-
duit dans notre précédente Communication (').
f.
d.
V,
Y(Mv)a.
K.
■T.
CMI'.CH;
;N,
.OH
Valéroxime.
M
= lOI.
l6,2
0,8958
27,28
636,66
»
)>
55,4
0,8608
23,58
565 , I 2
I ,825
.,25
io6,4
o,8i44
«9.4o
482,44
•-709
1,39
l52,2
0,771.5
i5,58 401,70
1,727
1 , 35
.Ir
(') Voir GuTB et Bacd, Comptes rendus, l. CXXXII, p. 1481.
( i554 )
t'.
d. y. v(Mv)3.
K.
.T.
. ^.C:N.OH Méthyléthylcéloxime.
Mrr:87.
i3,8
0,9263 29,30 6o5,4o
1)
)>
i5o,4
0,7963 16, o5 366, 81
1,746
1,33
C H= . 0 . CO . NH^ Phényluréthane.
M = 137.
63,8
1,0780 34,17 807,09
»
))
108,8
i,o388 3o,68 794,9°
1,382
1,90
i52,8
0,9990 26,17 695, 9
1 ,810
r ,26
GH' . 0 . CO . Nl-P Méthyluréthane.
M=r75.
55,9
i,i358 37,49 612,47
»
»
101,2
1,0872 32, 2 541, 6
1,564
1,57
i5o,9
I ,o334 26,70 464,55
1,557
1,58
C^H^ 0 . CO . NH2 Éthyluréthane.
M = 89.
65, 1
1,0395 3o,26 587,81
»
))
107,6
1,0006 26, 3o 524,06
1 , 5oo
1,68
i52,6
0,9509 22,00 453, 3o
1,537
1,62
C H' . 0 . CO . NH2 Isopropyliiréthane.
M = io3
65,5
0,9951 27,67 610,00
»
»
107,3
0,9552 24,18 547,80
1,488
1,701
.52,4
0,9097 20, 56 481,16
1,494
1,691
» L'examen des valeurs numériques de K et a; obtenues conduit à for-
muler les conclusions suivantes :
» 1. Tous les corps mentionnés plus haut sont polymérisés à l'état
liquide; les uréthaues de la série grasse et le valéroxime conservent
chacun le même degré de polymérisation dans tout l'intervalle de tempé-
rature dans lequel ils ont été étudiés; le phényluréthane, formé de molé-
cules doubles à basse température, se décompose en molécules plus simples
il température élevée.
» Alix groupes chimiques déjà connus, comme caractérisés par la polv-
mérisalion à l'état liquide (eau, alcools, acides, cétones, nitriles alipha-
tiques), il faut donc ajouter le groupe des oximes et celui des uréthanes.
» 2. Le groupe des uréthanes aliphatiques donne lieu à une observation
tout à fait nouvelle : à l'inverse de ce que l'on observe chez tous les groupes
( 1555 )
de liquides anormaux, le dérivé méthylé est moins polymérisé que le dérivé
éthylé, et celui-ci, moins que le composé propylé.
» 3. Si l'on rapproche nos résultats de ceux de nos devanciers, on est
amené à conclure que les phénomènes de polymérisation des liquides sont
en relation étroite avec la fonction chimique. En effet, on les observe
jusqu'à présent avec les fonctions : OH alcoolique, OH acide, CO des
cétones et aldéhydes, GN des nitriles, NH- des aminés aromatiques, fonc-
tions que nous appellerons, pour abréger, fonctions polyméri santés.
» Il est aisé de constater que lorsqu'un corps présente deux de ces
fonctions, la polymérisation est, en général, plus accentuée, à complexité
moléculaire égale, que lorsqu'une seule entre en jeu.
» Exemples : Les acides gras, avec les deux fonctions polymérisantes
CO et OH, sont plus pohmérisés que les alcools ou cétones du même
nombre d'atomes de carbone (voir les mesures de MM. Ramsay et Sliields
et de MM. Dutoit et Friederich); de même les urélhanes, avec les deux
fonctions polymérisantes NH" et CO, sont plus polymérisés que les aminés
ou cétones de même complexité moléculaire :
K.
Aniline C'H'.NH^ i,6oà2,o5
Acélophéiione CH^CO.C'H^ 2,1^
Phénj'IurétI.anu CMl^OCONH^ i,38ài,8i
» Ces faits nous paraissent confirmer l'opinion émise dès 1892 par l'un
de nous (') que la polymérisation des Jicpiides, telle qu'elle est révélée
par la méthode des ascensions capillaires et d'autres propriétés physiques,
doit être considérée comme d'ordre essentiellement chimique, analogue à .
celle de l'aldéhyde dans la paraldéhyde ou à celle du cyanogène dans les
dérivés du tricyanogène et, par conséquent, toute différente d'une associa-
tion physique de molécules chimiques simples.
» Nous ne croyons pas inutile de rappeler à ce propos que cette concep-
tion est confirmée par la mise en évidence de deux pouvoirs rota-
toires (x)„ différents (-) pour les molécules simples et complexes, qui
constituent l'alcool amylique actif et l'acide valérique actif. »
(') Pii.-A. GuYK, Ann, Ch. Ph., 6° série, l. XIII, p. 242. — Arcli, Se. pli. nat.
Genève, 3° série, l. XXIII, p. 281, et 3« série, t. XXXI, p. 38 et 164.
(') GuïE et Aston, Comptes rendus, t. CXXV, p. 819, et t. CXXX, p. 585.
( i556 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation de l'oxyde phosphoreux.
Note de M. A. Besson, présentée par M. Troost.
« J'ai eu l'honneur, en l'année 1897, de présenter à l'Académie deux
Notes (*) sur les modes de formation et les principales propriétés d'un
nouvel oxyde du phosphore, l'oxyde phosphoreux P-O que j'avais obtenu
par trois procédés différents :
Ml" Action de l'hydrogène phosphore gazeux sur le chlorure de phos-
phoryleen présence d'acide bromhydriqueàune température de 5o°-ioo";
» 2° Action du trichlorure de phosphore sur l'acide phosphoreux, les
deux substances étant chauflées au bain-marie à 100° dans un appareil a
reflux et dans un courant de gaz inerte (CO") ;
» 3° Oxydation du phosphore en solution chlorocarbonique par de l'air
sec et à une douce chaleur.
» A la suite de la production du même corps à composition définie dans
ces différentes réactions, j'avais été amené à faire l'hypothèse que les
différents sous-oxydes de phosphore précédemment signalés (oxydes jaune
ou rouge de Leverrier, Gautier, etc.) devaient être formés d'oxyde phos-
phoreux impur :
» Dans cette hypothèse, l'oxyde rouge de Leverrier eût été de l'oxyde
phosphoreux renfermant du phosphore P'O = P='0 4- P'; l'oxyde jaune
de Gautier, obtenu avec les mêmes produits, mais dans des circonstances
un peu différentes du procédé (2°), de l'oxyde phosphoreux associé à du
phosphure solide d'hydrogène P*OH = P-0 4- P'H, etc.
» Or, depuis lors, Michaelis, d'abord en collaboration avec Pitsch, puis
avec Arend, a repris l'étude des oxydes inférieurs du phosphore dans deux
Mémoires publiés dans les Annales de Liebig, t. CCCX. p. 45, et t. CCCXIV,
p. 259.
» Ce travail, qui fait le plus grand honneur aux deux chimistes qui en
sont les auteurs, conduit à admettre définitivement l'existence du sous-
oxyde de phosphure P'O, connu sous le nom à' oxyde de Leverrier, qui s'ob-
tient notamment à l'état de pureté, d'après les auteurs du travail que je
(') Sur un noui-el oxyde du phosphore, l'oxyde phosphoreux P'O {Comptes
rendus, t. CXXIV, p. 768); Sur l'oxyde phosphoreux {Comptes rendus, t. CXXIV,
p. 1082).
( IS'i? )
viens de citer, en précipitant par un acide dilué une solution de phosphore
dans la potasse alcoolique.
» La similitude de l'aspect et des propriétés physiques attribuées à ce
corps par les chimistes allemands avec ceux de l'oxyde phosphoreux, ainsi
qu'un certain doute sur l'existence de ce corps que semblent émettre ces
chimistes, m'ont décidé à reprendre mon travail antérieur.
» J'ai préparé de l'oxyde phosphoreux par le procédé fondamental, en dissolvant
du gaz bronihydriqiie à froid dans du chlorure de phosphoryle pur, puis faisant passer
un courant de gaz PH^ ; la formation de bromure de phosphonium à froid est accom-
pagnée du dépôt dès cette température d'une petite quantité de corps solide jaunâtre,
mais ce n'est qu'en portant la température au-dessus de Jo° que sa formation devient
régulière. En maintenant quelques heures au bain-marie bouillant, on constate la
formation d'un dépôt volumineux jaune orangé, qu'on sépare par fillration sur de
l'aniiante.
» Ce corps retient énergiquemenl de petites quantités d'éléments halogènes, qu'un
épuisement prolongé par différents liquides anhydres (CCI*, CS^, éther) a été inca-
pable de faire disparaître. Il a fallu recourir à un chauffage à ioo°, en tube scellé avec
de l'eau, pendant quelques heures; l'atmosphère du tube renferme, à l'ouverture,
un peu d'hydrogène phosphore spontanément inflammable. Le précipité orangé retenu
par un filtre est desséché dans le vide, d'abord à froid, puis à loo".
» 11 ne renferme plus trace d'élément halogène; le phosphore y a été dosé, pour
suivre le même mode opératoire que les chimistes allemands, en dissolvant la substance
dans l'eau de brome et précipitant à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien.
» Les résultats de trois analyses sont les suivants :
Théorie
Théorie
II.
III.
pour P-0.
pour P*0,
79,%
79,85
79,49
88,57
I.
P pour loo 80,09
» D'autre part, je possédais encore un échantillon obtenu autrefois par
le procédé (2"^), action de l'acide phosphoreux sur le trichlorure de phos-
phore. Analvsé dans des conditions semblables, il adonné pour résultat :
P pour 100 = 80, o3.
» Il ressort de là qu'aucun doute ne peut subsister au sujet de l'existence
de l'oxyde phosphoreux P-O que j'ai précédemment décrit. »
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N" 25.) 20I
( i558 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l' action des radiations solaires sur le chlorure
d'argent en présence d'hydrogène. Note de M. Jouniaus, présentée par
M. Troost.
« Lorsque, dans une atmosphère limitée d'hydrogène pur, on expose du
chlorure d'ai'gent pulvérulent à la lumière solaire, il ne tarde pas à perdre
sa couleur blanche pour noircir après avoir passé par une série de teintes
intermédiaires. Il se forme, dans ces conditions, de l'argent métallique, au
moins à la surface des particules du chlorure, et l'on constate que de l'acide
chlorhydrique gazeux prend naissance :
Durée Proportion centésimale
de l'insolation. d'hydracide formé.
8 jours 1 1 ,40
i5 jours 16, 85
5 semaines 37,12
2 mois 4i ) 44
3 mois 43 , 88
4 mois 30,09
5 mois 52,08
6 mois 59)59
18 mois 67,24
» Remarquons combien la réaction est lente, puisque même au bout de
dix-huit mois d'exposition à la lumière les f seulement du mélange gazeux
que renferme le système sont occupés par l'acide chlorhydrique.
» En second lieu, l'expérience montre que la quantité d'hydracide
formé est, toutes choses égales d'ailleurs, proportionnelle à la surface
du chlorure d'argent qui reçoit l'impression lumineuse.
» Si, en effet, nous exposons à la lumière solaire, côle à côte et pendant le même
temps, des tubes scellés renfermant de l'hydrogène et un même poids (iS') de chlo-
rure d'argent, en morceaux de plus en plus volumineux que des tamisations fraction-
nées permettent aisément de préparer, on obtient des nombres bien différents :
Durée Proportion centésimale
de l'insolation. d'hydracide forme.
6 mois 59,91
» 42, 3 1
» 35, 10
» 26 , 69
» 16,98
( '559 )
On voil ici l'inHuence très nelle de la surface du chlorure d'argent insolé
sur la formation du gaz acide chlorhydri([ue.
» Nous avons d'ailleurs fait varier, dans des limites assez larges, la
masse du chlorure d'argent pulvérulent introduit dans les tubes scellés
dont les volumes étaient comme précédemment sensiblement constants.
)' Le Tableau suivanl indique les résultats liouvés :
riuiéc Pnids du chlorure d'argent Proportion centésimale
de l'insolation. en expérience. d'hjdracide l'oriiié/
b mois 0,20 a4,34
» o,5o 33,63
» I 59 , 59
» 5 90 , 23
18 mois 0,20 3i ,78
» o,3o 33,24
» I 67 , 24
•' 5 98,99
» Ce dernier résultat est très important. Il montre qu'après une expo-
sition au soleil suffisamment prolongée, et avec une quantité convenable
de chlorure d'argent, tout l'hydrogène est transformé en acide chlorhv-
drique.
» L'étude de l'action de l'acide chlorhydrique sec sur l'argent, à la tem-
pérature ordinaire et à la lumière, nous a tl'ailleurs fourni une vérification
de ce fait intéressant.
» Si, en effet, on expose aux radiations solaires des tubes scellés renfermant inliia-
lemenl de l'argent pur et de l'acide chlorhydrique sec, on ne trouve jamais à l'analyse
la moindre trace d'hydrogène, même après dix-neuf mois d'insolation. Le gaz que ren-
fermaient alors les tubes expérimentés était toujours de l'acide chlorhydrique pur,
complètement absorbable par l'eau. Ajoutons que l'aspect de l'argent n'a jamais été
modifié pendant rexjiérience : il a constamment conservé sa teinte blanche primitive.
La réaction
Ag-hHClr^AgClH-H
n'a donc pas lieu à la température ordinaire et au soleil.
» Dans une Note que nous avons eu l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie ('), nous avons montré que la réduction du chlorure d'argent par
(') Sur l'action de l'acide chlorhydrique sec sur l'argent et réaction inverse
{Comptes rendus, 27 novembre 1899).
( »56o )
l'hydrogène ne commençait à devenir appréciable qu'à aSo". A toutes les
températures inférieures à 200", cette réduction n'a pas lieu. En sorte que,
à la température ordinaire el dans l'obscurité, un système renfermant du
chlorure d'argent et de l'hydrogène est en équilibre, mais cet état d'équi-
libre cesse brusquement si l'on fait tomber sur ce système un faisceau de
radiations solaires. Lorsqu'on se place dans certaines conditions expé-
rimentales déterminées, on peut aller jusqu'à transformer tout l'hydrogène
en acide chlorhydrique, réaction que les seules actions calorifiques ne
réussissent pas à rendre totale, dans les limites de température où il nous
a été possible d'opérer. »
CHIMIE MINÉRALE. — Aclion de l'oxyde mercurique sur les solutions aqueuses
des sels métalliques. Note de M. A. Mailhe.
V Dans une précédente Communication {Comptes rendus, t. CXXII;
mai 1901), j'ai fait connaître l'action que l'oxyde mercurique exerce sur
les solutions aqueuses de divers sels métalliques de zinc, de nickel, de
cobalt, de cuivre. Nous indiquerons aujourd'hui les résultats obtenus avec
quelques autres classes de sels.
» I. Sels de manganèse. — Lorsqu'on ajoute de l'oxyde de mercure récemmenl
précipité à une solution de clilorure de manganèse, on a d'abord formation d'un
précipité blanc d'hydrate manganeux qui ne tarde pas à brunirpar suite d'une suroxy-
dation, faisant place à un précipité gélatineux formé, ainsi que Rose l'avait indiqué,
par un oxychlorure de manganèse mêlé d'oxyde manganoso-manganique.
B Au sein d'une solution de sulfate manganeux, l'oxyde mercurique ne produit
aucun déplacement, même après plusieurs mois de contact.
» Dans une solution concentrée à' azotate de manganèse, l'oxyde jaune de mercure
est remplacé par un précipité blanc cristallin qui se présente au microscope sous la
forme de prismes hexagonaux bipyramidés ayant la composition d'un nitrate basique
mixte manganoso-mercurique de formule
(.\zO')^HgMnO,3H2 0.
)) Ces cristaux blancs noircissent peu à peu à la surface sans que leur composition
soit sensiblement modifiée.
» L'oxyde rouge mercurique donne lieu à la même formation.
» IL Sels de cadmium. — L'oxyde mercurique, ajouté à une solution de chlorure
de cadmium, en précipite rapidement une poudre blanche amorphe d'aspect gélati-
neux, constituée par un oxychlorure de cadmium de formule
CdCPCdO,7H^O.
( i56i )
» Un précipité d'oxvbromure de cadmium se produit dans les mêmes circonstances
par action de l'oxj'de de mercure dans une solution de bromure de cadmium.
« Dans une solution de sulfate de cadmium,, l'oxyde jaune ne donne lieu à aucun
déplacement; mais dans une solution A'' azotate de cadmium, il y a formation d'un
précipité blanc constitué par des prismes ou des lames clinorhombiques ayant la
composition d'un nitrate basique double de cadmium et de mercure
(AzO')2H2:.CdO, SH^O.
» III. Sels de plomb. — Au sein d'une solution de chlorure de plomb, l'oxyde de
mercure récemment précipité disparaît peu à peu et est remplacé par une poudre
blanche constituée par un chlorure basique double de plomb et de mercure de com-
position
HgCP.aPbO, 2H-O.
» ^.i^ azotate de plomb n'a donné lieu, au contact de l'oxyde de mercure, à aucun
déplacement.
» IV. Sels ferreux. — L'action de l'oxyde mercurique sur les sels de fer est parti-
culièrement intéressante.
» Si à du chlorure ferreux, préparé soigneusement à l'abri de l'air, on ajoute à la
fois une assez grande quantité d'oxyde mercurique récemment précipité, on a forma-
tion d'une poudre noire qui presque instantanément prend une couleur jaune brun.
Cette poudre lavée et sécliée semble présenter une composition homogène. En efl'el,
l'eau bouillante ne la décompose pas, tandis que l'acide azotique ou l'acide chlorh)-
drique en séparent à chaud une poudre blanche amorphe constituée par du chlorure
mercureux (60 pour 100) et dissolvent un chlorure ferrique très basique formé,
pour 100 parties, de 3,3 de chlore pour 16, 5 de fer.
» Mais si, au lieu d'ajouter brusquement l'oxyde de mercure à la solution de cido-
rure ferreux, on l'ajoute peu à peu, en se plaçant toujours à l'abri de l'air, cet oxyde
devient d'abord noir, puis jaune brun et finalement blanc. En opérant ainsi l'on obtient
une poudre blanche amorjjhe insoluble dans l'acide azotique à froid, constituée uni-
quement par du chlorure mercureux, en même temps que la liqueur se charge de
chlorure ferrique.
» Dans une solution de sulfate ferreux privée de sulfate ferrique, et à l'abri de
l'air, l'oxyde mercurique se change instantanément en une poudre noire, en même
temps qu'il y a précipitation du fer sous forme de sulfate ferrique basique. Mais si le
contact est assez prolongé, la poudre noire disparaît et laisse la place à une poudre
jaune amorphe où l'on constate la présence de mercure métallique et qui peut être
considérée comme formée par un mélange de sulfate mercureux et d'un sulfate
basique de fer de formule
» La liqueur provenant de l'action de l'oxyde de mercure sur le sulfate ferreux a
une coloration rouge, elle ne contient pas de mercure.
» Y . Sels ferriques. — En présence d'une solution de chlorure ferrique. l'oxyde de
m«rcure est dissous, puis laisse déposer un précipité rouge gélatineux d'oxychlorure.
( i56a )
» Si à une solution de sulfate ferrique on ajoute de l'oN-yde de mercure, il se
dépose une poudre amorphe jaune cirlron constituée par un sulfate basique de mer-
cure qui présente la composition du turbith minéral : *
SO*Hg. 2HgO.
» L'oxyde mercurique ajouté à une solution A' azotate ferrique se dissout peu à peu,
puis quand la saturation est complète il se dépose une poudre cristalline formée de
tables hexagonales irrégulières paraissant appartenir au système monoclinique. Ces
tables séchées ne peuvent être privées totalement de leur eau mère qui leur commu-
nique une teinte jaune due au sel ferrique entraîné (la proportion de fer ainsi fixé
est de 4 pour loo). Ces cristaux présentent la composition d'un azotate basique de
mercure déjà connu :
(AzO=)2Hg.HgO,H20.
« Ces résultats, ainsi que ceux que nous avons indiqués antérieurement,
montrent que l'oxyde de mercure, contrairement à ce qu'avait annoncé
Rose, déplace à froid les oxydes, non seulement des solutions de leurs chlo-
rures, mais aussi des solutions de la plupart des sels oxygénés, en particu-
lier des azotates. L'action négative obtenue avec les solutions des sulfates
métalliques tient sans doute à la faible concentration de ces solutions.
» L'action de l'oxyde de mercure sur les dissolutions des azotates et
des chlorures ne précipite pas simplement un oxyde, mais un sel basique
simple ou un sel basique mixte.
» Cette formation d'un sel basique mixte avec les azotates est plus
rapide à chaud. Chaque fois qu'on traite une solution d'un azotate métal-
lique par l'oxyde mercurique, il y a dissolution de l'oxyde, puis, par refroi-
dissement, dépôt d'un azotate basique mixte cristallisé. Ces azotates
basiques cristallisés présentent, à la quantité d'eau près, la même compo-
sition, mais une cristallisation différente des azotates mixtes obtenus à
froid :
(AzO^/Hg.ZnO,H-0.
2(AzO=')-Hg.3NiO,8H-0.
(AzO^)-Hg.NiO,2H-0.
(A.zO')^Hg.CoO,4H-0.
(AzO^)-Hg.CuO,2H^O.
(AzO')='Hg.MnO,2H-0.
(AzO=')^Hg.CdO,2H-0.
» M. Recoura a pubhé récemment {Comptes rendus, 1 7 juin ) une Note sur
( r563 )
les sels mixtes qu'il obtient par action de l'hydrate cuivrique sur divers sels
métalliques. J'ai moi-même entrepris, parallèlement à ceux de l'oxyde de
mercure, des travaux sur ce point. J'ai obtenu ainsi particulièrement avec
le chlorure et le bromure de zinc, le chlorure de cobalt, le bromure de
nickel, les azotates de Ni, deClo, etc., des composés cristallisés bien définis
que j'aurai l'honneur de décrire prochainement. »
CHIMIE MINÉRALE. — Obsenalioiis sur les sels basiques renfermant plusieurs
oxydes métalliques. Note de M. G. André.
« A propos des Notes communiquées tout récemment à l'Académie par
MM. Mailhe (ce Volume, p. 1273) et Recoura (ce Volume, p. i4i4)> je
me permets de rappeler que j'ai déjà décrit, il y a plusieurs années ('),
des oxychlorures complexes constituant des sels basiques à deux métaux,
et notamment les corps que l'on obtient en combinant les chlorures de
calcium, de baryum, de strontium avec les oxydes de plomb et de mercure,
le chlorure de zinc avec les oxydes de plomb, de mercure et de cuivre, le
chlorure de manganèse avec l'oxyde de cuivre. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Action des hases et des acides sur les sels d'aminés.
Note de M. Albert Coi.sox, présentée par M. H. Moissan.
« I. J'ai établi que la pipéridine au contact des sels ammoniacaux donne
lieu à une réaction limitée par la tension du gaz ammoniac (^). Je vais
indiquer quelques mesures de tensions et montrer que la réversibilité de
la réaction présente des particularités analogues à celles que j'ai signalées
à propos de la dissociation du carbonate d'argent.
» Plaçons du chlorhydrate de pipéridine sec dans du gaz ammoniacal
séché sur de la baryte potassée. A la température de la glace fondante,
l'absorption commence quand la pression de l'ammoniaque équivaut à
une colonne niercurielle verticale de i255"°\ Dès que l'on dépasse cette
pression, elle se rétablit lentement, et j'ai dit ailleurs que, si l'on opère
dans un tube incliné, on constate un écoulement de pipéridine qui dénote
(') Comptes rendus, t. CIV, p. 869 et 13i; 1887; t. CVI, p. 854 ; 1888.
(*) Comptes rendus, t. GXXIV, p. 5o2 ; 1897.
( i564 )
un déplacement de cette base conforme à l'équation
(i) P, HCI4- AzH''= AzH%HCl+P.
mm
Donc à la température de 0° le déplacement exige une pression r]o. iiSb
A 6°, 7 on constate que le déplacement se fait sous pression de .... iSgS
A 8° , 3 » » ). ... 1 698
» Si, après avoir absorbé une certaine masse d'ammoniaque à tempéra-
ture fixe, on abaisse la pression au-dessous de la tension, celle-ci ne se
rétablit que pour de faibles variations de la pression.
» Cela tient à la formation des sels polyainmoniés AzH^Cl,nAzH' dé-
couverts par M. Troost. Nous produisons, en effet, du chlorhvdrate d'am-
moniaque naissant à l'aide d'un excès d'ammoniaque, c'est-à-dire que nous
réalisons les conditions de préparation des composés de M. Troost, et leur
tension propre de dissociation peut apparaître à la suite d'une trop grande
dépression du gaz ammoniac.
» Cependant la réversibilité de la réaction (i) reste établie par ce fait
que, si l'on verse une molécule de pipéridine sèche sur i molécule de
chlorhydrate d'ammoniaque sec, la réaction est immédiate et donne une
tension qui à 0° est sensiblement celle que nous avons observée dans
l'expérience directe.
)) Toutefois la réaction se ralentit considérablement si les corps en pré-
sence sont rigoureusement secs, et plus encore si, au lieu d'opérer en
atmosphère ammoniacale, on opère dans un tube rempli d'air sec. Le
retard apporté à la réaction est alors tel qu'au bout de deux jours la pres-
sion manométrique ne change pas; ce n'est qu'en chauffant le mélange à
So" qu'une tension se manifeste; à 100° la réaction s'amorce aussitôt et
continue à la température ordinaire. Une trace d'eau produit le même
effet qu'une surélévation de température : la réaction, lente au début,
devient bientôt sensible, de sorte qu'en l'absence d'eau ou, plus générale-
ment, d'un dissolvant, l'air sec empêche ou du moins ralentit considérable-
ment l'action d'un liquide, la pipéridine, sur un solide, tel que le chlorhy-
drate d'ammoniaque.
» Il semble que le liquide agisse initialement par la très faible tension
de sa vapeur; dans l'air sec, l'émission des vapeurs est lente, il est donc
naturel que la réaction et même l'amorçage se ressentent de cette lenteur,
tandis que l'attaque reprend si, par élévation de température ou par ioni-
sation, on développe la tension ou la vitesse d'émission.
( i565 )
» II. Polj chlorhydrates d'alcaloïdes. — D'après mes expériences, le
chlorhydrate neutre de pipéridine et celui d'isobutylamine absorbent le
gaz chlorhydrique sec en donnant des sels acides liquides à 20°. La ten-
sion de l'acide chlorhvdrique dans ces composés est notablement inférieure
à celle de l'acide sulfureux liquide; par exemple, la tension du bichlor-
hydrate de di-isobutylamine est de 1*"" à la température de 34°. De sorte
que la formation de ces polychlorhydrates constitue un procédé de liqué-
faction indirect, utilisable pour le transport des gaz difficilement liqué-
fiables, tels que l'acide chlorhydrique.
» J'ai cherché si l'absorption de l'acide gazeux en excès tenait à l'énergie
chimique de la base ou bien à sa constitution chimique. L'ammoniaque,
par ses constantes thermiques, est une base intermédiaire entre la pipéri-
dine et la di-isobutylamine. Si l'absorption de l'acide en excès dépend de
l'énergie basique, l'ammoniaque doit alors fournir des polychlorhydrates;
sinon cette propriété n'est pas indépendante de la présence des radicaux
hydrocarboncs qui entrent dans la constitution de la pipéridine et dans
celle de la bulylamine. Or, en comprimant un mélange de chlorhydrate
d'ammoniiique et de gaz chlorhydrique sous une pression de 3154""" de
mercure, je n'ai pas constaté d'absor|3tioii, même en refroidissant à — 21".
Il semble donc que le radical hydrocarboné, fixé à l'amidogène dans les
alcaloïdes, attire l'acide chlorhydrique comme le font les hydrocarbures
non saturés. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur VêrythrUe racémique.
Note de MM. L. Maquenne et Gab. Bertrand, présentée par M. Duclaux.
« Dans un remarquable Travail qui date aujourd'hui de huit ans ('),
M. Griner réussit à transformer les dibromures stéréoisomères du croto-
nylène en deux tétrites inactives qui répondent à la même formule brute
CH'^O*. L'une d'elles se trouvant identique à l'érythrite ordinaire,
l'autre ne pouvait être que son isomère racémique prévu par la théorie ;
c'est, en elVet, sous ce nom que M. Griner l'a décrite, sans parvenir d'ail-
leurs à la dédoubler en ses composants, qui restaient, par suite, encore
inconnus.
» En possession des deux érylhrites inverses, dont nous avons fait con-
(') Comptes rendus, t. CXVI, p. 723, et t. CXVII, p. 553.
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, N- 25.) 203
( i566 )
naître récemment les propriétés ('), il nous a été facile de reproduire le
corps inactif de M. Griner et de compléter sur différents points les indica-
tions fournies par cet auteur.
» L'érjthrite racéinique prend naissance lorsqu'on mélange à poids égaux les deux
érythrites actives; on obtient ainsi une solution qui n'agit plus sur la lumière pola-
risée et cristallise lentement dans le dessiccateur à acide sulfurique.
» Les cristaux enchevêtrés et, par suite, assez indistincts, n'ont pu être déterminés,
mais il est vraisemblable qu'ils appartiennent au même système que ceux de l'éry-
thrite active, car on peut faire cesser la surfusion du produit racémique par ensemen-
cement avec l'un ou l'autre de ses composants actifs, alors que l'érythrite ordinaire
n'agit pas.
» Cette circonstance porte à croire qu'il n'y a pas ici de véritable racémisation, au
moins à la température ordinaire; l'érythrite dite /'flceV/Hï/Me ne serait alors qu'un
simple mélange, inactif par compensation.
» Plus soluble encore que ses composants, aussi bien dans l'alcool que dans l'eau,
l'érythrite racémique est déliquescente et ne tarde pas à se liquéfier au contact de
l'air; cette propriété contraste avec la stabilité des érythrites actives, qui sont inalté-
rables dans les mêmes conditions.
» L'érythrite racémique fond à 4-72°, ainsi que M. Griner l'a autrefois indiqué;
comme ses isomères, elle est volatile et possède une saveur franchement sucrée.
» Tétracélinc : C*H^(C-IPO-)'. — Ce corps a déjà été préparé par M. Griner en
acétylant l'érythrite racémique par la méthode de M. Franchimont; on l'obtient plus
aisément en mélangeant les deux acélines actives en proportion équimoléculaire : le
produit sirupeux se solidifie de lui-même après quelques instants; il ne reste plus
alors qu'à le faire recristalliser dans l'alcool.
» La tétracétine de la /-érythrile se présente sous la forme de petits cristaux bril-
lants, ce qui la dislingue de ses isomères actifs incristallisables; elle est peu soluble
dans l'eau et très soluble dans l'alcool.
» Son point de fusion, un peu indécis, nous a paru voisin de -i-5o°-5i°, un peu
plus bas, par conséquent, que celui qui a été donné pour l'acétine de synthèse (+ 53°);
cependant nous avons pu, grâce à l'obligeance de M. Griner, comparer directement
les deux corps et constater qu'ils se ramollissent et fondent ensemble sur le bloc, à la
même température. Ils sont donc, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, rigoureusement
identiques.
» Le dosage du carbone acétique, par saponification alcaline, a donné 33,<Si pour loo,
le nombre théorique étant 33, 10.
» ActHal dibenzoiquc : C'H' 0*(C"H°)-. — On le prépare, comme ses isomères,
en traitant par l'aldéhyde benzoïque une solution alcoolique d'érythrite racémique
saturée de gaz chlorhydrique à froid.
» Ce coi-ps ressemble aux acétals actifs, mais fonda une température un peu plus
basse, à -+- 220°. Il est caractéristique.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 1419; 1901.
( '567 )
M L'érjthrite racéraique de synthèse, préparée par M. Griner, donne le même pro-
duit, avec le même point de fusion.
» Acétal dkalérique : C*II''0'(C'H"')^ — Ce composé prend naissance dans les
mêmes conditions que les acétals valériques de l'érjthrite active; la précipitation
est seulement plus lente et le rendement moins avantageux. Il cristallise sous la forme
de lamelles blanches, plus petites que celles des acétals actifs, et fond, avec quelque
indécision, vers -I- 72°-73'>.
» L'acétal divalérique de l'érythrite inactive, qui n'a pas encore été décrit, est li-
quide à la température ordinaire. Il se dissocie à l'air en abandonnant des cristaux
d'éryllirite.
» En résumé, ces recherches confiriiîent l'exactilude des résultats an-
noncés en 1893 par M. Griner et achèvent de faire connaître les pro-
priétés spécifiques de l'érythrite inaclive par compensation.
» Nous terminerons en donnant, sous forme de Tableau, les points de
fusion des quatre érylhrites stéréoisomères. ainsi que ceux de leurs déri-
vés caractéristiques
Act
■tais
Tétritcs
libres.
Tctra-acétine.
valL'riques.
benzoïques.
Erythrite inactive
. -H 1 20°
+85'
liquide
-+-202
Érythrite racémique.. .
. 4- 72
-t-5o-5i
+ 72- 73
-1-220
Erythrites actives
. + 88
liquides
+ io5-io6
-l-23l
» La famille des tétrites .se trouve ainsi, comme celles des pentites, dé-
finie dans tous ses termes théoriquement possibles. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des chlorures d'acides sur les aldéhydes,
en présence du chlorure de zinc. Note de M. Marcel Descudë.
« On sait, depuis Maxwell Simpson ('), que le chlorure d'acétyle chauffé
en tube scellé avec l'aldéhyde éthylique s'y combine, molécule à molécule,
pour donner le composé
CH' - COO — CH-CI - CH'.
» Franchimont (^) a étudié l'action du chlorure d'acétyle sur la paral-
dchyde et a obtenu le corps précédent.
(') Comptes rendus, t. XL^'II, p. 874.
(-) fiecueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. 1.
( i568 )
» Cette combinaison s'efTectiie avec une énergie et une rapidité surpre-
nantes, si l'on opère en présence d'une trace de chlorure de zinc anhydre.
Si l'on met, en effet, un tout petit fragment de chlorure de zinc dans un
mélange, molécule à molécule, de paraldéhyde et de chlorure d'acétyle,
il se produit, en quelques secondes, un vif dégagement de chaleur au point
où se trouve le chlorure de zinc, et, presque aussitôt, une ébuUition
tumultueuse se produit. Ou la laisse se calmer et, vers la fin, il se dépose
un corps solide blanc, ayant l'aspect du lait caillé. Si l'on filtre et qu'on
distille, on recueille presque tout de ioo° à i25°. Après plusieurs rectifica-
tions, la plus grande partie de ce liquide passe à 1 19"-! 20°, sous la pression
de 740°"".
» Le produit ainsi obtenu a la composition et les propriétés de la com-
binaison citée plus haut.
» L'action des chlorures d'acides sur l'aldéhyde formique n'ayant pas
été étudiée, à ma connaissance, j'ai entrepris cette étude en opérant tou-
jours en présence du chlorure de zinc, bien que les réactions que je vais
décrire se produisent, mais péniblement, sans l'intervention de cet agent.
» Je ne mentionnerai aujourd'hui que deux de ces réactions.
» 1° Action du chlorure d'acétyle sur le trioxy méthylène. — Si, à un mélange
de chlorure d'acétyle (Sos') et de trioxymétliylène (4os"'), on ajoute quelques grammes
de chlorure de zinc anhydre pulvérisé et qu'on agite, la masse ne tarde pas à
s'échauffer, et une vive réaction se produit. Lorsqu'elle est calmée, le trioxymélhylène
a disparu et il reste le chlorure de zinc inaltéré. Le produit, après filtration, étant
rectifié, on obtient environ 80 grammes d'un produit passant à iio^-iia", en se
décomposant légèrement.
» C'est un liquide incolore, d'odeur agréable puis piquante, fumant à l'air. Il est
plus lourd que l'eau qui le décompose lentement en acide acétique, acide chlorhy-
drlque et aldéhyde formique.
» Il possède donc toutes les propriétés de l'acétochlorhydrine de méthylène
(CH3— COO — CH^Cl),
obtenue par Henry ('), en faisant réagir le chlore sur l'acétate de méthyle, et ayant
la composition du corps qui résulterait de l'union, molécule à molécule, de l'aldéhyde
formique avec le chlorure d'acétyle :
GH^O + CH^-COCl.
» Il jouit encore de la propriété signalée par M. Grimaux {^), à propos de l'acé-
(') Deut. chem. Ges. Ber. vi, p. 739.
(*) Comptes rendus, t. XCIII, p. 217.
( i569 )
lochlorhjdrine de méthylène, de se combiner avec divers alcaloïdes pour donner des
bases qui se dissolvent dans l'acide sulfurique concentré avec une coloration
pourpre.
» Néanmoins, sa composition diffère sensiblement de celle de ce produit, et l'on doit
lui attribuer la formule
CH» — COO — CH= Cl 4- - HCl.
2
» 2° Action du chlorure de benzoyle sur le trioxy méthylène. — En opérant comme
précédemment, mais chauffant un peu pour amorcer la réaction, on ne tarde pas à voir
le liquide entrer en ébullition, et, si l'on a adapté un réfrigérant ascendant au ballon
dans lequel on opère, il distille une petite quantité d'un liquide plus lourd que l'eau;
c'est un produit chloré distillant au-dessous de ioo°. N'en ayant pas suffisamment pour
le purifier, je n'ai pas encore pu le soumettre à l'analyse. Quant au produit liquide
resté dans le ballon, si on le filtre pour le séparer du chlorure de zinc, et qu'on cherche
à le distiller, il passe du trioxyméthylène qui se condense dans le réfrigérant et em-
pêche toute distillation. Le produit, abandonné à lui-même, ne tarde pas à se prendre
en une masse cristalline qui, essorée et reprise par l'alcool bouillant, se dépose sous la
forme de beaux cristaux incolores que l'on peut avoir d'une limpidité parfaite et en
gros prismes orthorhombiques, en laissant évaporer lentement une solution faite dans
l'éther à chaud.
» Ces cristaux sont complètement insolubles dans l'eau. Ils se dissolvent dans les
dissolvants organiques, mais pas en très fortes proportions.
» A l'analyse, il se présente comme un isomère de l'acide benzoïque.
244.
n • I 1- I • j.. • . 1 ■ ( i"'" expérience : 2^2
Foids moléculaire détermine par la cryoscopie \ ^ Z
J r ^2" » : 20O j
» La formule que l'on doit attribuer à ce corps est la suivante :
(C'H'O')'.
» Dans une Communicalion ultérieure, je reviendrai sur cette réaction
pour en indiquer le mécanisme et l'étendre à d'autres produits homo-
logues. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nitration fies élhers acétylacétiques et de leurs dérivés
acidylés. Note de MM. L. Couveault et A. Bongert, présentée par
M. A. Haller.
« Dans une précédente Note (^Comptes rendus, t. CXXXII, p. 701), nous
avons décrit la préparation des deux butyrylacétylacétates de méthvle,
ainsi que leurs dédoublements sous l'influence de l'eau et des alcalis.
( i57o )
)) Nous avons eu l'idée de les soumettre l'un et l'autre à l'action de
l'acide nitrique fumant.
» On opère la nitration sans précautions spéciales, en ayant soin seulement que la
température ne dépasse pas ^o". Le mélange, versé dans l'eau froide, n'abandonnant
qu'inie très faible quantité d'iuiile, est épuisé à l'étlier. Ce dissolvant abandonne un
résidu très acide qu'on additionne d'eau; il se sépare une huile dense qu'on sépare et
qu'on soumet à la distillation dans le vide. Les premières portions contiennent un
mélange d'acides acétique et butyrique; la portion principale bout très nettement dès
la seconde distillation à i5i° sous ro""".
)> On obtient ainsi un liquide un peu épais, de couleur à peine ambrée, d'une odeur
particulière; c?° ^ 1,429. Sa composition répond à la formule C H' AzO^, que la déter-
mination de son poids moléculaire par crvoscopie dans le benzène a conduit à
doubler.
)) Le nouveau composé est un étlier méthylique; l'ammoniaque aqueuse le trans-
forme à froid en une amide peu soluble dans l'eau, insoluble dans les dissolvants orga-
niques neutres, même bouillants, cristallisant dans l'eau par refroidissement en cris-
taux très nets, fusibles à 253° avec décomposition et bouillonnement,
» Cette amide a pour formule (CHAzO)"; sa faible solubilité ne se prête pas à
l'emploi de la méthode cryoscopique; mais sa formule, qui est C*lI'Az*0*, ne laisse
pas de doute, car la seule équation qui puisse représenter sa formation est la sui-
C^H''Az=0»+ 2AzH'=: 2CH*0 -H C'H'Az'O'.
)) L'o-butyrjlacélylacétale de méthyle fournil le même éther et la même amide.
» Un échantillon de c-diacétylacétate d'éthyle soumis aussi à l'action nitrante se
comporte comme les corps précédents, avec cette différence que le produit obtenu est
un élhcr ét/iylique qui bout à 161° sous 10™" et a pour composition C'H"'Az^O'' et
pour densité dj^ 1,296. Cet éther fournit avec l'ammoniaque la même amide fusible
à 253°.
» Nous apprenons par ces expériences que les deux séries de dérivés
acidylés isomères se comportent de même à la nitration, que leurs groupe-
ments acidylés sont indifférents dans la réaction et se retrouvent à l'état
d'acides quand elle est terminée. Ceci nous laissait prévoir que la nitration
iHire et simple des éthers acétylacétiques fournirait les mêmes produits que
celle de leurs dérivés acidylés. C'est, en effet, ce que nous avons constaté :
l'acétylacétate de mélhyle nous a fourni l'éther C°H°Az- 0% l'acétylacétate
d'éthyle, l'éther C'H"'Az-0% l'un et l'autre avec un bon rendement, l'un
et l'autre transformables en l'amide fusible à 253°.
» La nitration de l'acétylacétate d'éthyle a été réalisée dès i883 par
M. Prôpper {Lieb. Ann., t. CCXXII, p. 46): nous ne doutons pas qu'il ait
eu entre les mains l'éther C'H'° Az-0°, mais il ne sut pas le purifier et en
méconnut la formule et les propriétés.
( i57i )
» La formalioii des deux nouveaux élhers se formule par les deux
équations :
2(CH'-CO-Cir-COOCH')+ oAzO'H
= 2 C" IP O- -h- -2 H- O 4- C H« Az- 0%
2(CH' -C0-CH'-C00C=H=')-+-2Az0»H
= 2C-H*0^+2H-0 4-C«H"'Az-0'.
» Elle s'explique en admettant la formation transitoire d'un dérivé
nitré.
CH' - CO - CH - CO OCH'
ÀzO-
se dédoublant aussitôt par hydrolyse en acide acétique et éther nitroacé-
tique. Ce dernier, instable en présence d'acide nitrique, se déshydraterait
et se polvmériserait à la fois, suivant l'équation
2CH=-C00CH'= 2H-0 + C''H«Az-0»
AzO^"
» Une dernière expérience est venue donner beaucoup de vraisemblance
à celte explication :
» On olilient le nilroacétale d'élliyle pur, comme l'un de nous l'a montré avec
M. Walil {Comptes rendus, t. CXXXI, p. 748), en décomposant son sel ammoniacal
par l'acide chlorhydrique étendu ; l'huile qui se sépare est ensuite distillée dans le
vide. Nous avons ainsi obtenu, outre le nitroacétale d'éthyle, qui bout à 9.3" sous lo"'"',
des portions supérieures qui avaient d'abord été mises de côté; elles ont été examinées
récemment : une portion très importante passe aux environs de 160° sous lo""", pos-
sède une composition très voisine de C'H"'Az-0'^ ; elle est formée presque exclusive-
ment de létlier précédemment décrit, car, agitée avec de l'ammoniaque, elle fournit
abondamment l'amide cristallisée et fusible à 253°.
» Ce produit a donc pris naissance par l'action de l'acide cldorliydri([ue étendu sur
le nitroacétate d'éthyle ; il n'est pas étonnant que l'acide nitrique ait provoqué cette
transformation d'une manière intégrale.
» M. Cramer (B. ch. G., t. XXV, p. 716) a oblenu aussi un cor[)s
CU'^Az^O' dans l'oxydation nitrique de l'oximidoacétate d'éthyle : mais,
comme il ne donne de ce corps aucune constante physique et qu'il n'en
décrit aucun dérivé, nous n'avons pu les comparer. D'un autre côté,
M. Scholl, dans son tout récent Travail (D. ch. G., t. XXXIV, p. 870), a
décrit aussi un liquide CH'^Az^O", dont le point d'ébuUition est voisin
de celui que nous avons observé; mais les dérivés cristallisés qu'il fournit
( 1^72 )
sont tout à fait différents de ceux que nous avons entre les mains. Une
prochaine Note donnera les résultats définitifs dé la conaparaison de ces
divers corps. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la valeur acidimélrlque de V acide parasulfanibque .
Note de M. G. Massol,
« Cet acide m'a paru intéressant à étudier à cause du rapprochement de
la fonction aminé aromatique d'un groupement acide minéral.
» L'acide que j'ai employé est blanc, bien cristallisé, se volatilise sans
fondre. L'essai acidimétrique à la phénolphtaléine a donné ioo,5pour loo,
calculé pour CH*. AzH-. SO'Il; le produit est donc anhydre.
» A. Chaleur de dissolulion. — J'ai pu dissoudre facilement dans le calorimètre, à
la température de 20° C, i molécule d'acide (173s'') dans 17''' d'eau; il s'est produit
une absorption de chaleur : — 3"\84.
» B. Chaleur de neutralisation. — La chaleur de dissolulion de i molécule d'acide
solide dans la soude {1 molécule dans 4''') a produit un dégagement de chaleur:
+ 5™', 20. En ajoutant à ce nombre la chaleur absorbée par la dissolution de l'acide
dans l'eau ( — 3<^'>',84), on obtient H- 9™', 07, nombre qui représente la chaleur de neu-
tralisation de l'acide par la base, tous les corps étant dissous.
» C. Sulfanilate monosodique. ■ — La dissolution aqueuse donne par évaporation
de beaux cristaux, appartenant au système clinorhombique et renfermant 2 molécules
d'eau de cristallisation. Ce sel hydraté se dissout dans l'eau avec absorption de cha-
leur : — 7"^"', 84 pour I molécule pesant aSiS"" dissoute dans 4"' d'eau à + 12° C.
» Pulvérisé et longuement desséché à 100°, il devient anhydre et se dissout dans
l'eau avec une légère absorption de chaleur — 1'^^', 64 (i™°'= igSs"' dans 4'" d'eau à 13°).
» La chaleur d'hydratation du sel est
C«H',AzHSSO'Nasol. -!-H-^Osol. = G'=HSAzH2,SO'Na,H20sol. +3"i,34.
» D. Chaleur de formation du sel solide. — Les données ci-dessus permettent de
calculer la chaleur de formation du sel solide à partir de l'acide et de la base solides.
C«H» AzH^S03H sol. -+- NaOH sol. = C=H*, AzPP,S03Na sol. + H^O sol. + 18"', 08.
» E. Valeur acidimétrique comparée de l'acide parasulfanilique. — La compa-
raison des chaleurs de neutralisation par la soude des acides sulfureux, phényl-
sulfureux et sulfanilique (phénylamidosuifureux) permet de montrer l'influence
successive des groupements CH*" et AzH-, qui affaiblissent l'acidité de l'acide
sulfureux :
cal
Acide sulfureux récemment dissous +16,6 (B)
Acide phénylsulfureux -f-i3,6 (B)
Acide phénylaminosuifureux -+- 9,07 (M)
( '573 )
» L'influence du noyau aromatique se traduit par un abaissement de 3"^"' et celle de
AztP en position para par une nouvelle diminution de 4"', 53, ce qui est considérable,
étant donné son éloignemeot de l'hydrogène acide.
» Celte diminution est supérieure à celle que l'on observe par la comparaison des
chaleurs de neutralisation des acides benzoïques et para-amidobenzoïques :
OH'.CO^Hdiss.H- NaOH diss -+- i3">,5 (B)
C«H5.AzH2COMldiss.+ NaOHdiss.... -i-ia"', i3 (A. et W.)
Dans ce cas AzII-, également en position para, ne diminue l'acidité que de i''"',37.
)> Il en résulte qu'à l'état dissous l'acidité de l'acide para-amidobenzoïque est supé-
rieure à celle de l'acide parasult'anilitjue :
C«lI*.AzIP.COMI diss. H- NaOHdiss.. +12"', 12 (A. et W.)
C^H^.AzJPSO'Hdiss. -h NaOHdiss.. . +9"',07 (M.),
bien que l'acide sulfureux, récemment dissous ail une chaleur de neutralisation de
beaucoup supérieure à celle de l'acide carbonique en dissolution :
SO' récemment diss. 4- Na OH diss.. + i6'^''',6.
CO'- diss. + NaOHdiss ■+- ii"',i-
Mais il n'en est plus de même si l'on ramène tous les corps à l'état solide; c'est alors
l'acide parasulfaniliijue (|ui dégage plus de chaleur que l'acide para-amidobenzoïque ;
G» H* Az H'^ SO^ H sol. -t- Na OH sol.
= CMPAzlI^SO»Nasol.-+-H-^OsoI. -h i8'=i,o8(M.).
OH'Az H'-CO'H sol. + NaOH sol.
= C«H«>AzH*CO»Nasol.-t-H»Osol. + 16-'', 18 (A. et W.).
ce qui montre l'influence des réactions secondaires qui se produisent à l'état dissous. »
CHIMIE CRISTALLOGRAPHIQUE. — Sur le racémisme. Note de MM. J. AIixguin
et E. GnÉGOiRE DE BoLLEMONT, présentée par M. A. Haller.
« liBs idées émises jusqu'à présent sur le racémisme et, en particulier,
celui des molécules complexes, sont confuses, sotivent discutées, et les très
nombreux Travaux publiés sur cette question n'ont pas encore permis de
définir nettement la nature d'un racémique. La solution de ce problème
réside certainement dans l'étude d'un très grand nombre de nouveaux
dérivés; aussi, pour ajouterquelques données à celles déjà acquises, nous
avons préparé un certain nombre de composés du camphre, actifs et racé-
niiques, d'après le processus indiqué tantôt par M. Haller, tantôt par
C. K., 1901, I" Semestre. (T. CXXXII, N° 25.) 2o3
( i574 )
MM. Haller et Minguin ('). Le Tableau ci-dessous résume les propriétés de
ces dérivés racémiques et des actifs qui ont servi à les former.
Noms des composés.
Benzylidéne-
camphre.
Benzylidène-
camphrc brome.
Réduction du ben-
zylidénecamphre
brome.
Succinate neutre
de bornéol.
Campbolate
de chloral.
Campbolate
de bromal.
Formule.
/C = CH.CnP
C'H"< I
Constitution inconnue
C''H"BrO
Constitution inconnue
C''H=»0
CH=.CO=C'»H"
I
CH=.CO=C'»H"
G.Br .GH^Qjj
Point de fasion.
Actif
et
Racé- racé-
Aclif. inique, uiiquc.
XizîCH.C'H'.OCH^
Anisalcamphre. C*H'\ I
\C0
Benzylcamphre
brome.
,G.Br.CH=C«FP
C«H"/ I
\go
9»
[28
9'l
78
56
68 43
8.'? 82
48 48
109 82
99
37
81
Actif.
droit 1.132
gauche i,i38
,428
droit
droit
Sauche
I,.'|2I
1 , 134
droit
>,374
Race-
iiiiqne.
1 ,i3g
I , i35
1,425
ii4i9
I ,i53
1 ,106
1,108
I , I2i
gauche 1,2-6 ',204
gauche ' '
(1,872 1,-27
droit 1,868
gauclie 1,160 i,i43
1,432
i,,^33
Cryoscopie.
Poids
Racé- molé-
nilqiie. culaire.
droit
( 226 222
( 222 223
( 357 356
2?J0
, ... 3oo 01 3 ,
droit , 3i9
Û07 3o5
droit ! """ 222 240
( 227
, ( 368 371
gauche ; „, „;,. 390
// //
gauche 255 252 270
droit 298 296 021
» Certains de ces composés sont d'une netteté parfaite et les cristaux
obtenus atteignent facilement i*^^" à 2'="' de côté; leur étude crislallogra-
phique a montré qu'en général la forme cristalline du racémique est bien
différente de celle des composés actifs (-). Il y a exception cependant
pour les benzylidènecamphre brome et anisalcamphre racémiques, dont la
forme cristalline est identique à celle de leurs composants actifs.
» Benzylidènecamphre brome actif. ■ — Obtenu en faisant réagir une molécule
de brome sur une molécule de benzylidènecamphre (^). Grands prismes ortho-
rhombiques de ii8°,3o', pour Z> = iooo, /î^686,7; les faces observées sont
/;,, e.i, m, ^^i,g3, quelquefois a^.
» Benzylidènecamplire brome racémique. — Obtenu par cristallisation dans un
mélange d'alcool et d'éther, de poids égaux des dérivés droit et gauche. Grands prismes
orthorhombiques de 118°; les faces observées sont : e^, m,g^,g:^\ la face b^ n'a jamais
(') Voir dilFérentes Notes parues aux Comptes rendus et au Bulletin de la Société
chimique (1888. . . 1900).
(^) Comptes rendus, t. CXXII, p. i546.
(^) Bull. Soc. chim., t. XV, p. 988.
( '575 )
été observée, mais ej existe toujours. L'extrémité du cristal, seule, se trouve donc
légèrement modifiée par l'absence de certaines faces.
» Anisalcamphre actif. — Grands prismes orthorhombiques de ii4°,45'; pour
b = looo, h =: 297,4 ; les faces observées sont : «i, ^,, ^3, «,, e,, e,, 6, .
2 2
» Anisalcamphre racémique. — Obtenu par cristallisation dans l'éther de quan-
tités égales des dérivés droit et: gauche. Grands prismes de 1 14°, i5'; les faces observées
sont m, fft, ffj. Les dômes sont peu nets; on a pu constater cependant les faces a,
et e, ; ici encore l'extrémité du cristal est légèrement modifiée par l'absence de quel-
ques faces.
» Points de fusion. — Pour six dérivés étudiés, les racémiques, dont le
point de fusion est inférieur à celui des actifs correspondants, jouissent de
la propriété de se dissoudre plus facilement que ces derniers dans l'alcool,
l'éther, la benzine et le toluène; l'inverse a lieu pour le benzylcamphre
brome racémique, dont le point de fusion est supérieur à celui de ses com-
posants.
» Considérons ensuite les points de fusion des mélanges à parties sensi-
blement égales de dérivés racémique et actif. Un tel mélange, s'il est con-
stitué par un coinposc actif et par un racémique affectant une forme cris-
talline différente de celle de l'actif, a un point de/usion commençant inférieur
au point de fusion de celui des deux corps qui fond le plus bas. D'autre
part, un mélange de composés actif et racémique affectant tuas deux la
même forme cristalline ^ un point de fusion commençant ini peu plus élevé
que le point de fusion de celui îles deux corps qui fond le plus bas.
» On peut donc, eu égard à cette différence dans la fusion, diviser ces
racémiques en deux catégories bien distinctes suivant que leur forme cris-
talline est différente ou identique à celle des actifs correspondants. Les
j)remiers, d'après ce qui précède, semblent constituer une véritable indi-
vidualité, tandis que les autres paraissent se comporter comme un mélange
isomorphe. Jusqu'à un certain point nous pouvons rapprocher ces faits du
racémisme vrai et du pseudoracémisme définis par Ripping et Pope (').
Le benzylidènecamphre, le succinate de bornéol, les campholates de chlo-
ral et de bromal, le benzylcamphre monobromé seraient de véritables
racémiques, taudis que le benzylidènecamphre brome et l'anisalcamphre,
qui, comme nous l'avons vu, sont à peu près identiques au point de vue
cristallographique, constitueraient de simples mélanges isomorphes en
quantités égales des dérivés droit et gauche.
(') Cliem. Soc, t. LXXI-LXXII, p. 989-1000.
( i576 )
» D'ailleurs, l'un de nous a déjà mis en évidence, par la méthode des
figures (le corrosion, cet isomorphisme des corps actifs (' ).
» Densités. — Les densités de ces dérivés ont été déterminées par la
méthode du flacon et sont rapportées à l'eau à o".
» Le benzylcamphre brome seul suit la loi de Liebisch (-). La densité
du racémique est plus grande que celle de ses constituants. Les densités des
succinate neutre de bornéol, anisalcamphre, campholates de chloral et de
bromal actifs sont plus grandes que celles desracémiques correspondants.
Pour les autres dérivés étudiés, la densité est sensiblement la même pour
le racémique que pour les dérivés actifs.
« Cryoscopie. — La méthode cryoscopique a montré pour tous ces
dérivés, sans exception, que le poids moléculaire des combinaisons racé-
miques pris dans la benzine à une concentration de ^^ de molécule
dans 1000'='', et même en solution aussi concentrée que possible, est iden-
tique à celui des constituants actifs. On peut en conclure que, dans ces
conditions de concentration, la molécule est simple.
» Nous nous proposons d'étudier dans le même sens d'autres racé-
miques de la série du camphre. »
MINÉRALOGIE. — Synthèse de la boronatrocalcite (ulexite). Note de
M. A. DE ScnuLTE\, présentée par M. Fouqué.
« Pour préparer ce minéral artificiellement, on ajoute une solution de
chlorure de calcium à une solution de borax saturée à froid et employée
en grand excès, et on laisse reposer la liqueur dans un ballon bouché
pendant i5 à 3o jours. Au bout de ce temps le précipité amorphe, qui s'est
formé par le mélange des deux solutions, s'est transformé entièrement en
petits cristaux. On lave les cristaux rapidement avec une petite quantité
d'eau froide, on les presse entre des papiers à filtrer et on les dessèche à
l'air.
» La composition des cristaux correspond à la formule Na-0, 2 CaO,
SB'^O', 16H-O, qui est celle qu'on attribue généralement à la boronatro-
calcite, ainsi que le montrent les nombres suivants donnés par l'analyse :
(*) Comptes rendus, t. CXXX, p. 5io.
(2) Annalen, t. CGLWXVl, p. i4o; 1895.
( '577 )
Trouvé. Calculé.
Na'0 7,63 7,65
Ca O i4,o6 i3,79
B«0' 42,68 43,10
Hi'0 35,38 35,46 M
99,74 100,00
» L'acide borique a été déterminé par la méthode iodométriqiie due à
M. L.-C. Jones. Deux déterminations de ce corps ont donné des résultats
concordants.
» CliaufFés légèrement, les cristaux perdent leur eau ; au rouge, ils
entrent en fusion. Laissés au contact de l'eau froide, les cristaux se dis-
solvent peu à peu entièrement.
» La boronatrocalcite artificielle, comme le minéral naturel, se présente
en aiguilles tellement fines qu'il est impossible d'étudier leurs propriétés
optiques et cristallographiques. L'épaisseur des cristaux atteint rarement
o""",oo5. Même en opérant avec de grandes quantités de matière et en
laissant séjourner les aiguilles fort longtemps au contact de la solution de
borax, je ne suis pas parvenu à obtenir des cristaux plus épais.
» La densité de la boronatrocalcite artificielle est de 1,955 à i5"; celle
du minéral naturel, qui est toujours impur, a été trouvée égale à i,65 par
M. How('). »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les débuts de. la germination et sur l'évolution
du soufre et du phosphore pendant cette période . Note de M. G. André.
« L Lorsqu'on examine la fijçon dont une graine évolue normalement
dans le sol, on constate le fait général suivant bien connu : la £;raiiie
diminue de poids sec pendant quelques jours d'une manière constante, sa
perte pouvant atteindre iS et même 33 pour 100 du poids de la graine
initiale supposée sèche. En réalité, si la matière organique diminue, la
graine emprunte au sol des matières minérales (silice et chaux) dès le
début de son gonflement, ainsi que je l'ai étudié antérieurement; l'absorp-
tion de l'acide phospborique et de la potasse n'ayant lieu que plus tard.
Aussi faut-il retrancher le poids des cendres du poids total de la matière
(') Dana, System of Mineralogy.
( IM )
sèche pour connaître exactement les variations de la matière organique
seule. On obtient ainsi les résultats consignés clans le Tableau qui suit,
emjîrunté à une des nombreuses séries d'expériences que j'ai exécutées
sur le Haricot d'Espagne.
I. II. III. IV. V. VI. VII. Mil.
Graines. — — — — — — — —
—
.) jours.
7 jours.
9 jours.
1 1 jours.
10 jours.
i5 jours.
17 jours
29 mai 1900.
3 juin.
5 juin.
7 ju'"-
9 juin.
n juin.
10 juin.
1 5 j u i n .
Poids de loo graines
ou planlules sèches.
io5, 5o
102,74
96,61
92T68
sr
88, 3i
80,74
86,99
98733
Cendres totales
4,66
4,78
5,28
6,08
8,90
7,53
12, l3
12,97
Matière organique.. . .
100,84
97.96
91 ,33
86,60
79.41
73,21
74,86
85,36
Perte pour lOO du
poids sec
»
2,62
8,43
12,16
16, 3o
23,47
17,55
6,80
» Il résulte de l'examen de ce Tableau que la fin apparente de la germination est
le moment où le poids sec de la matière organique est minimum, soit, ici, à la
cinquième prise d'échantillon, dans laquelle il s'élève- à 'jZf',11 pour 100 plantules
sèches. Lorsque la graine a atteint le minimum de poids, ses cendres pèsent i ,6 fois
plus que celles de la graine ; celte proportion est très sensiblement la même dans toutes
les séries que j'ai étudiées. Puis, à partir de cet instant, le poids de la matière orga-
nique se relève rapidement. Pendant les treize premiers jours, la plantule avait perdu
23 47 pour 100 de son poids; dans les sept jours qui suivent, non seulement elle a re-
trouvé le poids initial de sa graine, mais elle l'a dépassé de 21,39 pour 100. L'absorption
saline augmente aussi beaucoup et la nature de cette absorption change bientôt : ce
sont les phosphates et les sels de potasse, facteurs essentiels de la production des albu-
minoïdes et de la migration des hydrates de carbone, qui montent dans la plante
concurremment avec la silice et la chaux.
» Si la perte respiratoire est très forte au début de la germination,
à quel moment cependant cette perte commence-t-elle à être atténuée
par l'exercice de la fonction chlorophyllienne naissante? En effet, au
moment de la perte maxima, à laquelle nous avons fait allusion, la plan-
tule dresse déjà dans l'air une lige de o™,io de hauteur, garnie générale-
ment de quatre feuilles bien vertes, et il est évident que la fonction
d'assimilation s'exerce depuis quelques jours. On ne peut rien dire de
précis à cet égard, puisque, d'autre part, les cotylédons, non encore com-
plètement vidés, contribuent, pendant un temps variable, à la nutrition du
végétal.
1) IL L'étude des variations du soufre et du phosphore se relie naturel-
lement à celle des transformations germinatives. Les variations du soufre
total et celles du soufre existant à l'état de sulfates, c'est-à-dire du soufre
oxydé, sont intéressantes à suivre.
( i579 )
» E. Schulze (') a donné à cet égard des indications précises en examinant la façon
dont s'oxyde progressivement le soufre des albuminoïdes^ au fur et à mesure de la
destruction de ceux-ci, chez une graine (Lupin) se développant dans l'eau seule el à
l'abri de la lumière. J'ai observé que, dans la germination normale de la graine dans
le sol, le soufre total — comprenant à la fois le soufre des albuminoïdes, celui des
composés organiques sulfurés et le soufre déjà oxydé à l'état de sulfates — augmente
régulièrement depuis le commencement de la germination et, au moment où la plan-
tule a retrouvé le poids de sa graine, ce soufre est environ deux fois et demie plus fort
qu'au début. Or, une certaine quantité d'alburainoïdes s'est transformée en composés
amidés et, par conséquent, le soufre devenu disponible s'oxyde dès qu'il sort de leur
molécule. Mais, dans une germination normale, cette décomposition des albuminoïdes
est suivie de très près par la reconstitution de ceux-ci, en sorte que le soufre oxydé
est vraisemblablement réemployé de nouveau à cette synthèse. Le soufre total, dont
l'augmentation est progressive, pourrait servir soit à la formation de composés sulfurés
neutres autres que les albuminoïdes, soit à la régénération des albuminoïdes nouveaux,
en supposant que le soufre primitivement oxydé ne fût pas employé à ce but. Quant
au soufre des sulfates, son accroissement depuis le début de la germination est dû en
grande partie au dépôt dans la jdante, et par simple évaporation, du sulfate de chaux
venant du sol. Ce soufre sera utilisé ultérieurement.
» III. Si l'on compare le phosphore lotal que l'on obtient en brillant la
matière dans l'oxygène en présence de carbonate de soude chauiré au
rouge au phosphore des phosphates préexistants obtenus par simple macé-
ration dans l'eau acidulée, on trouve que ce dernier augmente avec les
progrès de la germination, alors que le phosphore total reste stationnaire,
rt n'augmente que lorsque l'azote lui-même s'accroît.
» Or, si l'on dose les lécithines par le procédé de Schulze et Steiger {Zeilsclir.
physiol. Chemie, t. XIII, p. 365), on observe que celles-ci diminuent progressi-
vement; il est vraisemblable que leur destruction met en liberté une certaine dose de
phosphore qui s'oxyde et que ce soit là la cause, non unique certainement, de l'ac-
croissement du phospliore oxydé. En effet, la quantité de phosphore ainsi oxydé serait
beaucoup trop faible pour expliquer l'augmentation des phosphates. On peut expli-
quer celle-ci par les considérations suivantes. On sait que, dans les graines, les tuber-
cules, les bulbes, il 3- a union intime des phosphates avec la matière albuminoïde.
Pendant la germination, la déconiposition des albuminoïdes doit mettre en liberté
une certaine quantité de ces piK)S|)hates : telle serait la raison de laugruentalion pro-
gressive de ceux-ci, et il y auraij donc parallélisme, dû à la même cause, celle de la
destruction des albuminoïdes, entre l'accroissement des sulfates et celui des phosj)hates
pendant la germination. »
(') lleber Schwefelsaure-Bildung in Keimpflanzen {Landw. Vers. S (a t. t. XIX,
p. 172; 1876).
( i58o )
ZOOLOGIE. — Morphologie de l'appareil digestif des Dytiscides {*). Note de
M. L. Bordas, présenlée par M. Edmond Perrier.
« Le tuhe digestif des Dytiscides peut être divisé, comme celui de tons
les insectes, en trois régions : l'intestin antérieur, l'intestin moyen et l'in-
testin postérieur ou terminal. Chacune de ces parties comprend toujours
plusieurs subdivisions, différentes par leur forme et leurs fonctions.
» Chez les Dytiscides, le gésier et Vampoule rectale sont des formations
caractérisées par leur structure et leurs usages tout particuliers. Le pre-
mier, par la présence de dents ou aires séligères ihternes, doit jouer un
rôle dans la trituration ultime des aliments. Quant à l'ampoule rectale, elle
a une triple fonction : c'est à la fois un appareil hydrostatique, un organe
défensif quand l'animal est hors de l'eau, et un réceptacle excrémentitiel
dans sa région médiane et son extrémité postérieure.
» Bien que les Dytiscides {Dytiscus marginalish., Cybister Rœselii Fahr. ,
Agabus chalconotus Panz., Acilius sulcatus L., etc.) soient essentiellement
carnassiers, la longueur de leur tube digestif est cependant fort considé-
rable et atteint jusqu'à quatre fois la longueur du corps de l'insecte.
» L'intestin antérieur comprend quatre parties : le pharynx, l'œsophage,
le jabot et le gésier.
» Le jabot a la forme d'un sac, plus ou moins vaste suivant son étal de vacuité ou
de réplétion. Il sert à emmagasiner provisoirement les matières alimentaires et les
déverse ensuite dans le gésier, où les gros éléments sont soumis à une mastication
complémentaire avant de passer dans l'intestin moyen.
» Le gésier, ou appareil masticateur supplémentaire, est très court et ne mesure
que 2'"" à 3"" de longueur. 11 affecte une forme conique, à large base tournée en
avant, et est séparé du jabot par une légère dépression circulaire. C'est à la suite de
cette dernière qu'il s'élargit et présente un bourrelet annulaire suivi d'une constric-
tion qui se continue par une partie terminale, presque hémisphérique, soudée à l'in-
testin moyen. Chez V Acilius, cet organe présente la forme de deux troncs de cône
réunis par leur base.
» L'extrémité antérieure du gésier débute par une expansion corolliforme circu-
laire, qui fait hernie dans la cavité postérieure du jabot, et dont l'ensemble présente
(') L'historique de la question sera donné au moment de la publication de notre
Mémoire : Appareil digestif et tubes de Malpighi des Coléoptères (Anatomie, Histo-
logie et Physiologie).
( i58i )
une ressemblance frappante avec une corolle de liseron. Les bords de cette expan-
sion sont parcourus par huit bandelettes rayonnantes chitineuses, portant de longues
soies très serrées et de couleur jaune foncé. Au centre du bourrelet infundibuliforme
existe un étroit orifice établissant une communication entre le jabot et le gésier. Cet
orifice est irrégulier et présente un enlre-croisement de soies cornées provenant surtout
des bandelettes séparatrices et jouant le rôle de filtre ou de passoire.
» L'intérieur du gésier est surtout caractéristique et présente huit épaississements
chitineux et sétigères que nous avons désignés, d'après leurs dimensions et leurs
formes, sous les noms de dents et de denlicules. Ce sont les prolongements antérieurs
de ces bourrelets qui constituent l'expansion campanuliforme située au fond du jabot.
» Les formes des dents et des denticules, ainsi que la disposition des soies chiti-
neuses, sont variables d'une espèce à l'autre; aussi n'allons-nous décrire sommaire-
ment que l'armature interne du gésier de YAcilius, chez lequel dents et denlicules
atteignent leur maximum de complexité.
» Les dents, ou plages sétigères principales, présentent une forme triangulaire et
se terminent par une pointe conique ou légèrement arrondie. Leurs bords latéraux
sont échancrés et recouverts de soies longues et épaisses, dirigées en arrière, leur
donnant ainsi l'apparence de baguettes pariétales cornées et de couleur sombre. La
face dorsale est aplatie et porte, en arrière, des pointes chitineuses coniques, à som-
met arrondi, à large base et imbriquées comme les tuiles d'un toit. Latéralement
existent deux bandelettes formées par de longues soies noirâtres, recourbées en
arrière et disposées en brosse. En avant de chaque dent se trouve une plage sétigère
lancéolée, suivie d'un bourrelet longitudinal qui s'étend jusqu'à l'orifice de l'intestin
moyen.
» Les denticules ont une forme rectangulaire et sont recouvertes dorsalement de
soies longues et grêles, dirigées obliquement vers la région médiane. Elles sont,
comme les dents, suivies par une courte plage sétigère lancéolée, continuée elle-même
par un bourrelet qui se poursuit jusqu'à l'extrémité postérieure du gésier.
» ïJintestin moyen est la partie la plus importante et la plus caracté-
ristique du canal intestinal.
» Il comprend deux régions fort distinctes par leur diamètre, leur forme et leur
structure histologique. La première partie, large, légèrement incurvée en arc, a une
apparence sacciforme. Elle -est recouverte de nombreuses papilles glandulaires,
longues, cylindriques, digitiformes, donnant à l'organe l'apparence d'une brosse à
bouteille. La seconde partie, plus étroite que la première, est hérissée de petits tuber-
cules courts, coniques ou hémisphériques. Papilles et tubercules sont des évaginations
glandulaires de la cavité intestinale.
)) A l'extrémité postérieure de l'intestin moyen se trouve un bourrelet circulaire
qui marque l'origine de Vinlestin terminal et sur lequel viennent déboucher les
quatre tubes de Malpighi.
» Vintestin terminal eslXon^, ires Sinueux (sauf chez l'ylci/iw*), étroile-
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. CXXXII, ^■■ 25.) 20^
( i582 )
ment enlacé par les tubes urinaires, et va déboucher dans la poche ou
ampoule rectale.
» Au point de vue de l'union de l'intestin postérieur et de l'ampoule
rectale, on trouve, chez les Dytiscides, trois formes bien tranchées :
» i" Chez les Agabus, l'embouchure a lieu vers l'extrémité antérieure
de l'ampoule et la partie cœcale est rudimentaire; 2" chez les Dydscus et
les Cybisler, la fusion se fait vers le milieu de l'ampoule, et 3° chez les Aci-
lius elle a lieu, au contraire, vers l'extrémité terminale, laissant ainsi, en
avant, un long appendice cîecal. L'ampoule et son caecum présentent de
nombreux plissements transversaux. Sa cavité interne a une structure
différente de celle de l'intestin terminal. Elle est tapissée d'une intima
chitineuse portant de fines soies cornées. Les fonctions physiologiques de
cet organe sont triples, ainsi que nous l'avons dit au début.
» L'étude histologique de l'appareil digestif des Dytiscides et des Luca-
nides et les phénomènes de génération de l'épilhélium de l'intestin moyen
feront l'objet d'une prochaine Note. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la sensibilité des végétaux supérieurs à
l'action utile des sels de potassium. Note de M. Henri Coupin, présentée
par M. Gaston Bonnier.
« Dans des recherches précédentes, MM. Dehérain et Demoussy (')
d'une part, moi-même (-) d'autre part, nous avons démontré que les ger-
minations des végétaux supérieurs sont des réactifs remarquables pour
apprécier des doses infinitésimales de matières toxiques. Il était intéressant
de savoir si une sensibilité analogue se manifeste pour les substances
utiles. C'est le travail que j'ai entrepris en prenant pour exemple les sels
de potassium, dont les bons effets pour le développement des plantes sont
bien connus.
» Dans ce but, j'ai fait croître de jeunes germinations de Blé de Bordeaux dans une
longue série de solutions de plus en plus diluées d'un composé potassique déterminé,
et, comparativement, dans de l'eau distillée. On arrête l'expérience cinq ou six jours
(') Comptes rendus, t. CXXXI; 1901.
(') Comptes rendus, t. GXXXl; 1901. Association française pour l'avancement
des Sciences (Congrès de Paris, 1900).
( i583 )
après que les plantules de l'eau distillée ont épanoui leur deuxième feuille et ont
permis, par suite, à leur troisième feuille de prendre un certain développement. Si, à
ce moment, on mesure la longueur de cette troisième feuille (') dans les autres cul-
tures et que l'on en trace la courbe, on constate que celle-ci s'abaisse assez régulière-
ment depuis les doses les plus élevées (^) jusqu'à une certaine dose I à partir de
laquelle elle devient sensiblement parallèle à la ligne des abscisses et passe par le
point correspondant à Feau distillée. Il est manifeste que, depuis la première dose
jusqu'à I, la substance dissoute a été favorable au développement de la plantule,
tandis que la dose I et les doses inférieures ont été trop faibles pour provoquer la
croissance dans des proportions notables, autrement dit sont indifférentes. Le pro-
blème que je me suis posé consistait donc à trouver cette dose I; un grand nombre de
cultures m'ont permis d'y parvenir avec suffisamment d'approximation.
1) A titre d'exemple, voici le détail d'une expérience :
Plante en expérience : Blé de Bordeaux.
Durée : du 25 mai au i5 juin 1901.
a = solution initiale à o,ooo5 de phosphate de potassium.
Numéro Longueur
de de la 3» feuille
la culture. Solution. (en centimètres).
cm
1 a 12,5
2 a/2 10
3 «/4 10
4 «/8 9,5
5 a/ 16 9
6 a/32 8
7 a/64 6
8 a/128 5,5
9 rt/256 5
10 a/5i2 4
11 rt/1024 2,3
12 a/2o48 1,4
13 a/4096 1 , 6
14. Eau distillée i , 5
» On peut considérer que, à partir de la culture n° 12, le phosphate de potassium est
(') Les première et deuxième feuilles donnent des renseignements moins exacts
parce qu'elles paraissent se nourrir surtout aux dépens des matières de réserve des
semences et, comme celles-ci, présentent d'assez grandes variations individuelles.
(^) A moins, bien entendu, que ces doses ne soient toxiques.
( i584 )
devenu indifférent. Dans ce flacon la solution était à 0,000 ooo244j soit, en arron-
dissant les chiffres, 0,000000 25.
» En procédant de la même façon pour d'autres composés du po-
tassium ('), j'ai reconnu que ces composés ne deviennent indifférents
qu'aux doses indiquées ci-dessous :
Carbonate de potassium o , 000 000 1
Phosphate » 0,00000026
Sulfate » 0,0000008
Chlorure » o,ooooo3o
Azotate » o,ooooo4o
» Ces chiffres montrent que les végétaux supérieurs jouissent d'une
sensibilité merveilleuse à l'action utile des sels de potassium et permettent
d'apprécier la mesure de ceux-ci, même quand ils sont en proportion
infime. »
BOTANIQUE. — Sur la constitution de la graine de Hernandia rapprochée de
celle de Ravensara. Note de M. Edouard Heckel, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Le genre Ravensara, particulier à Madagascar, présente dans la consti-
tution de son fruit et de sa graine une organisation spéciale considérée
comme exceptionnelle et qui semble avoir été bien élucidée par Bâillon
(Adansonia, t. IX, p. 199). Le fait principal établi par cet auteur est que
les six compartiments à peu près égaux qui constituent la graine de Raven-
sara sont réalisés par des cloisons lignifiées nées, non du péricarpe, mais
du réceptacle lui-même, de telle sorte que la partie supérieure de ce péri-
carpe, celle de la graine et de l'embryon, demeurent indivises.
» Ce fait n'est pas isolé dans la famille des Laurinées. Nous allons
montrer, par l'examen des graines de Hernandia sonora L. et H. cordigera
Vieillard, que le même phénomène essentiel, c'est-à-dire le partage des
cotylédons en lobes plus ou moins nombreux, s'y trouve réalisé par un
procédé plus simple mais non moins intéressant, et que de cette façon sont
rapprochés, par le même processus, deux genres de Laurinées considérés
(') Toutes les cultures étaient faites dans des flacons contenant 100" de liquide, et
avec les mêmes plantes (Blé de Bordeaux) prises au même étal de développement.
( i585 )
comme appartenant à des séries bien distinctes et dont l'un, le genre Tler-
nandia, a même été érigé en type dominant d'une famille, celle des Her-
nandiacées, par M. Pax (Engler et Prantl, Naturliche PJIanzenfamUien,
lIITheil, 2 Abth., p. 126).
» On sait que les Hernandia donnent des fruits à péricarpe dur et enveloppés à la
maturité par une cupule qui ne se soude à aucun degré avec ce péricarpe. Une coupe
longitudinale et transversale à travers ces fruits, pris à différents âges, montre que
l'embryon à radicule et gemmule supérieures et à cotylédons inférieurs, est pénétré,
dans sa partie cotylédonaire très développée, en différents sens par des cloisons
d'épaisseurs dissemblables mais peu résistantes et toutes formées par le spermoderme.
Bâillon {Histoire des Plantes, t. II, p. 449j 486) a bien indiqué que les cotylédonss ont
ruminés et sphériques, mais le trait dominant de cette condition lui a échappé, comme
nous allons voir.
» En réalité, les cotylédons sont sphériques dans H. sonora comme le fruit lui-
même; ils sont au contraire lenticulaires biconvex.es, comme le fruit lui-même, dans
H. cordigera : de plus, l'ensemble de l'embryon dans ces deux espèces n'est pas
charnu comme l'affirme Bâillon; il est très richement gras (4i pour 100 d'huile) et
féculent tout à la fois, comme c'est la règle dominante dans les Laurinées. Si l'on
examine l'orientation des cloisons spermodermiques qui pénètrent dans l'embryon, on
voit tout d'abord que les unes s'arrêtent, après s'être divisées ou non, peu au delà de
la péripliérie des cotylédons et ne pénètrent pas jusqu'au centre de l'embryon. Je les
appellerai cloisons secondaires : elles sont les plus nombreuses et constituées par une
ou deux couches de cellules jaunes. Les autres, au nombre de [\ à 8, atteignent, après
de nombreuses divisions, le centre des cotylédons, en laissant libre la partie supé-
rieure de la graine, qui est surtout formée par la radicule et la gemmule : je les
appelle cloisons primaires. Ces cloisons sont plus épaisses et formées de 5 à 6 rangées
de cellules de couleur jaune clair : elles se différencient comme les secondaires par
leur coloration et par leur absence de contenu figuré, alors que le tissu cotylédonaire
est incolore, rempli de sphérules huileuses à grains d'aleurone et d'abondants petits
grains d'amidon. Il résulte de cette disposition que les graines A' Hernandia ont la
partie supérieure de leur embryon indivise comme les Ravensara et aussi leurs coty-
lédons partagés en 4 à 9 segments parfaitement séparables, par des cloisons non pas
lignifiées, non pas d'origine réceptaculaire, comme cela semble se produire dans
Raiensara, mais membraneuses et spermodermiques.
» En somme, c'est le même résultat obtenu par des procédés difFérents.
Il est à remarquer en outre que dans Ravensara, rapprochement de plus
avec Hernandia, l'embryon est non pas charnu, comme le dit Bâillon, mais
huileux et féculent à la fois et que, d'après les dessins mêmes de Bâillon,
les lobes de ces cotylédons séparés des cloisons ligneuses portent, comme
dans Hernandia, des cloisons membraneuses d'origine spermodermique,
( i586 )
mais très courtes. Les cloisons ligneuses des Ravensara correspondraient
donc aux cloisons primaires que nous avons décrites dans Hernandia,
avec cette différence qu'elles sont rectilignes et d'origine réceplaculaire,
selon Bâillon; les secondaires seraient identiques de part et d'autre
et d'origine sperniodermique. En ce qui touche aux cotylédons, ils
sont gras et féculents dans les deux genres, mais ceux à' Hernandia
s'éloignent de ceux de Ravensara en ce qu'ils sont dépourvus des cryptes
à huile essentielle abondantes dans Ravensara.
» Il serait intéressant de voir si cette disposition des Hernandia et des
Ravensara ne se retrouve pas dans certaines sections du groupe des Cryp-
tocaryéas, auquel appartient le genre typique de Madagascar. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Emploi du résonateur Oudin pour la production
des rayons X. Note de M. R. Demerliac, présentée par M. d'Arsonval.
« Il arrive souvent que l'effluve partant des tubes à vide de Rontgen,
placés trop près des sujets et actionnés par de puissantes bobines, pro-
voque des érythèmes. Avec les machines statiques, cet accident n'est pas
à craindre, mais la puissance des tubes est diminuée, et ces appareils sen-
sibles à l'humidité refusent souvent de fonctionner. D'ailleurs, il n'est pas
toujours possible d'employer des bobines ayant un pôle à la terre. Il
est donc intéressant de pouvoir produire des rayons X à volonté dans
toutes les conditions et sans crainte d'accidents.
» Or l'effluve que donnent les appareils à courants alternatifs de haute
fréquence et de haute tension ne produit jamais d'érythème; même cet
effluve possède, au contraire, des propriétés curatives utilisées en élec-
trothérapie; les remarquables expériences de MM. d'Arsonval, Oudin,
Doumer, etc., nous renseignent à cet égard.
» J'ai donc cherché à utiliser le résonateur Oudin, si répandu aujourd'hui,
si pratique et si facilement réglable, pour produire ces rayons et j'ai reconnu
qu'en prenant certaines précautions on pouvait avec lui actionner les
tubes à vide.
» Tous ces tubes s'illuminent par le passage de la décharge du résonateur quand
on les fait communiquer par un conducteur avec la boule supérieure de l'appareil;
mais ce sont les tubes ayant une large cathode concave et une anode très réduite qui
donnent les meilleurs résultats. J'ai employé des tubes bianodiques, des tubes à anode
( i587 )
annulaire, des tubes divers construits par M. Chabaud. Ces derniers sont les meilleurs,
notamment le modèle connu sous le nom de Golardeau-Chabaud, avec électrode en
palladium. Ce dernier à o'°,25 illumine parfaitement sur toute son étendue un écran
au platinocjanure 24 X 3o et l'observation des ombres se fait facilement, le scintil-
lement étant relativement faible, quoique plus marqué qu'avec les tubes actionnés
par les machines statiques. Il m'a servi à faire des radiographies d'une grande net-
teté, aussi fines que celles obtenues au moyen de la bobine.
» Le tube est réuni au résonateur par le côté cathodique, et l'on peut soit mettre
au sol l'autre électrode, soit la laisser libre; le résultat est le même, mais dans le pre-
mier cas on peut toucher le tube, le mettre au contact d'une muqueuse et, par suite,
l'introduire dans une cavité naturelle sans ressentir aucun efl'et. On peut donc
employer une bobine quelconque, et aucun danger n'est à redouter, vu l'innocuité
absolue des courants de haute fréquence sur l'organisme.
» Il paraît évident que le tube fonctionne mieux quand la décharge le traverse dans
un seul sens; de là la nécessité d'une anode petite et d'une large cathode. Peut-être
une soupape cathodique de M. Villard faciliterait-elle beaucoup la marche.
» Le tube Colardeau-Chabaud, dont j'ai fait usage, fonctionnait couramment avec
une bobine donnant o™, i5 d'étincelle, permettant alors de lire le chiffre 3 au poso-
mètre de Brandt à la dislance de o^jSo. Quand il marche avec le résonateur actionné
par la bobine de o^jSS d'étincelle (mais réglée pour n'en donner que 25 en prenant
3 ampères dans le primaire), il permet encore la lecture du chiflVe 3 du posomètre à
la distance de o"", 25. Il rend donc un peu moins, mais il a l'avantage de ne pas chauffer
en marche et de pouvoir fonctionner plus longtemps avec la même puissance.
D'ailleurs, cette diminution du rendement est peu importante, puisque, l'effluve n'étant
plus à craindre, on peut se rapprocher du tube; la netteté de l'image radiographique
reste la même, vu la faible surface de la source des rayons.
» Il est probable qu'il serait facile de créer des tubes spéciaux qui, en
fonctionnant de cette manière, donneraient des rendements supérieurs et
tout comparables à ceux donnés par les tubes actuels actionnés par les
puissantes bobines. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence el la localisation de l'iode dans les
leucocytes du sang normal. Note de MM. Stassano et P. Bourcet, pré-
sentée par M. Armand Gautier.
« La présence normale de traces d'iode dans le sang a été établie par
M Gley et l'un de nous ('). L'objet du présent Travail a été de rechercher
OGLEYelBouRCET, Présence de l' iode dans le sang (^Comptes rendus, 18 juin 1900).
( i588 )
si les leucocytes du sang ne seraient pas les éléments qui contiendraient
ce mélalloïde. Le fait que dans le caillot sanguin on ne décèle pas d'iode,
et que cette substance, que les auteurs précités ont trouvée dans le plasma
surnageant le caillot, ne passe pas à la dialyse montre que l'iode n'est pas
un élément des hématies et qu'il existe dans le plasma sous forme d'une
combinaison très complexe. D'autre part, le rôle que les leucocytes jouent
dans l'élimination, et qui fera l'objet d'une prochaine Communication de
l'un de nous, nous faisait présumer que, durant la vie, l'iode devait se
trouver fixé aux leucocytes dont les produits de désagrégation, après
l'extravasation du sang, passent dans le plasma.
» Dans trois expériences difTérentes exécutées l'an dernier, nous pûmes constater la
présence de l'iode soit dans la couclie des leucocytes séparés des autres éléments du
sang, soit dans les nucléo-albumines du sérum, qui constituent l'élément principal de
désagrégation des leucocytes lors de la coagulation, soit enfin dans les nucléo-albu-
mines du plasma sanguin obtenu par cenlrifugation du sang défibriné qui contient
également les produits de la désagrégation provoquée artificiellement par le battage.
» Ces premiers résidtats concordants nous ont engagés à reprendre
notre démonstration et à la rendre complète par une expérience définitive.
» Un cliien de forte taille, non narcotisé, fut saigné à blanc aussi rapidement que
possible pour réduire les causes d'iiypoleucocytose, c'est-à-dire de désagrégation des
leucocytes à l'intérieur des vaisseaux ('); on obtint ainsi près de 2''' de sang. Le pre-
mier litre, environ, fut rendu incoagulable par addition de j^ d'oxalate de soude et
centrifugé; le reste fut défibriné et centrifugé. Après deux heures de cenlrifugation,
on retira du premier lot de sang ^oos'' de plasma, 36o8'" de globules rouges et les pel-
licules des leucocytes mélangées à quelques grammes de plasma et d'hématies.
» Du second lot de sang, on retira 2808' de plasma et 36oS'' de globules rouges (').
Nous avons ensuite étendu chacun de ces plasmas de 5 à 6 volumes d'eau et nous en
avons séparé les nucléo-albumines respectives par addition d'acide acétique, après
avoir rendu la liqueur très légèrement acide au tournesol; il est nécessaire d'attendre
vingt-quatre heures, à basse température, pour recueillir les nucléo-albumines pré-
cipitées.
» Puis nous avons reclierché l'iode dans chaque partie séparée, en regard desquelles
nous consisfnons les résultats obtenus :
(') Stassano, Comptes rendus, 16 octobre 1899.
(') Le battage, d'après Schmidt, détruit les leucocytes dans la proportion de
60 pour 100. Nos observations personnelles nous portent à croire que celte destruc-
tion atteint la presque totalité des leucocytes, car sur les préparations fixées et colorées
de sang défibriné nous n'avons retrouvé que quelques petits mononucléaires.
( i589 )
Sang oxalaté.
mgi-
Pellicules de leucocytes 0,020 d'iode
Globules rouges (contenant en-
core beaucoup de leucocytes). o,o3o »
Nucléo-albumines du plasma ... o »
.\ulres éléments du plasma. ... o »
Sang défibriné par battage.
_,, , , [ Traces d'iode
Globules rouées { . , , ,
° ( indosable
Nucléo-albumines du plasma. o™s'',oi5
Autres éléments du plasma.. . o
» Ces chiffres prouvent que l'iode contenu clans le sang étudié existait
exclusivement dans les leucocytes.
» En effet, les pellicules de leucocytes du premier lot (pellicules de
i''* de sang n'ayant qu'un poids très faible) contiennent une quantité très
appréciable d'iode, alors que cet élément ne peut être franchement décelé
sur le sang total qu'à la condition d'opérer sur un litre environ. La teneur
assez élevée d'iode constatée dans la totalité des couches de stroma rouge
du sang oxalaté est due à la présence, parmi les hématies, d'une quantité
encore considérable de leucocytes dont on ne parvient à se débarrasser
que par plusieurs centrifugations successives au sein de solutions physio-
logicjues.
» Le second lot de sang, à son tour, par la présence d'iode en quantité
appréciable dans la faible cjuantité de nucléo-albumines précipitées du
plasma et son absence des autres parties de cette liqueur, prouve juscpi'à
l'évidence l'origine leucocytaire de cet élément minéral du sang. »
MÉDECINE. — Sur l'anesthésie locale en chirurgie dentaire à l'aide des cou-
rants de haute fréquence et de haute intensité. Note tle MM. L.-U. Reg.mer
et G. DiDSBURv, présentée par M. d'Arsonval.
« Depuis trois mois nous avons entrepris, avec l'appareil de M. le pro-
fesseur d'Arsonval et des électrodes spéciales, des recherches dans le but
de savoir s'il était possible de provoquer l'anesthésie locale à l'aide des
courants de haute fréquence et de haute intensité, conformément aux faits
signalés pour la première fois par M. le professeur d'Arsonval. Les résul-
tats de nos expériences sont les suivants :
» Extractions d'incisu-es. — Fresque toujours absolument indolores.
» Extractions de canines. — Presque toujours absolument indolores.
» Extractions de molaires. — Résultats variables; les premières molaires sont
généralement bien anesthésiées; les dernières moins bien. Une tentative de curettage
C. R., ..|0i, I" Semestre. (T. C.XXXH, N» 25.) 2o5
( iSgo )
de la dentine malade et une d'enlèvement du nerf dentaire n'ont pas donné de résul-
tats probants. Ce jour-là M. Régnier a constaté que l'appareil ne donnait pas son ren-
dement habituel.
» L'intensité employée est de loo à i5o milliampères. La durée d'application de
cinq minutes. L'électrisation ne provoque aucune sensation désagréable; aucune réac-
tion secondaire.
» Il résulte de cette pretnière série d'expériences :
» 1° Que les incisives et les canines sont les dents les plus faciles à
anesthésier; les molaires et les racines décoiironnées le sont moins;
» 2° Les dents à périostite donnent des résultats variables ;
» 3° L'électrisation ne provoque aucune réaction fâcheuse.
» Dans une Note ultérieure, nous donnerons les résultats obtenus
dans d'autres applications de ce procédé d'anesthésie locale sur d'autres
régions. »
HYGIÈNE. — Sur la conservation des eaux minérales. Note de M. F. Par-
MENTiER, présentée par M. Troost.
« Dans un travail récent sur les eaux de Yichy (Comptes rendus,
t. CXXXII, p. i423), MM. C. Girard et F. Bordas font remarquer combien
il serait plus profitable aux malades, au lieu de boire des eaux plus ou moins
altérées par les différentes manipulations qu'on leur fait subir à partir de
leur lieu d'origine, de pouvoir les prendre telles qu'elles sortent des grif-
fons. Ils posent le problème de trouver un procédé permettant d'embou-
teiller les eaux minérales de façon qu'elles restent identiques à ce qu'elles
sont à la source.
» Un pareil procédé, nous l'avons trouvé il y a déjà plusieurs années et
nous l'avons décrit dans une Note parue aux Comptes rendus du 7 juin
1892. Il exige des soins de propreté rigoureux, des installations spéciales
et une main-d'œuvre plus longue et plus délicate que celle en usage pour
l'embouteillage ordinaire.
» Nous avons essayé de le faire adopter par bien des propriétaires ou administra-
teurs de sources. Nous n'avons réussi à le voir appliquer, au moins à notre connais-
sance, qu'à la source Jeanne d'Arc à Pougues-les-Eaux.
» La source Jeanne d'Arc est très riche en bicarbonate de fer et en bicarbonate de
chaux, de sorte que par l'embouteillage ordinaire on n'obtenait qu'une eau ocreuse
nullement acceptable comme boisson. L'emploi de bassins de décantation ne donnait
( i59i )
qu'une eau fade, désagréable même à boire. Avec les appareils que nous avons fait
inslaller et les précautions que nous avons indiquées, on a obtenu, et à peu de frais,
une eau d'une limpidité parfaite, identique, même après son transport, comme goût
et comme composition, à l'eau prise à la source. Nous en avons conservé pendant plu-
sieurs années sans pouvoir constater la moindre altération. Nous étions du reste déjà
arrivé au même résultat avec beaucoup d'autres eaux..
» MM. C. Girard et F. Bordas signalent également ce fait que les eaux
de Vichy prises aux griffons sont stériles. Dans les nombreuses recherches
bactériologiques que nous avons faites sur les eaux de la région du Centre,
nous n'avons jamais trouvé de inicroorganismes quand nous avons fait nos
prélèvements aux griffons, en prenant les i)récautions li'asepsie exigées
pour de j)areilles recherches. Malheureusement, il n'en est plus de même
quand ou tait arriver ces eaux par des canalisations plus ou moins défec-
tueuses dans des vasques largement ouvertes, exposées à recevoir les
poussières de l'atmosphère, celles apportées par les malades ou par les
vases souvent contaminés qu'on plonge dans les vasques pour les remplir.
En mettant ces eaux en culture, on trouve les microorganismes les plus
variés et même des bacilles nocifs.
» A notre avis, toutes les sources minérales devraient avoir des captages
et des canalisations parfaits et être protégées complètement contre l'air
qui altère leur composition chimique, mais surtout contre tout apport de
germes de microorganismes. Les mêmes précautions devraient être prises
pour l'embouteillage. »
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
G. D.
BULLKTIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance uu lo juin igoi.
( Suite.)
Taylor's gênerai Catalogue of stars for ihe equinox i8.35,o, Jrom observa-
tions made at the Madras Ohseivatory during theyears 18 3i /o 1842, revised
( '592 )
and edited by A. M. W. Downing, superintendent of the A^a«/ica//l/wa/iac.
Edimbourg, 1901 ; i vol. in-Zj".
Report ofthe Astronomer royal to the Board of visitors oj the Royal Ohser-
vatory, Greenwich; rend at the annual visitation ofthe Royal Observatory,
1901, june I, by W. R. M. Ciiristie. i fasc. in-4''.
Obsen'anons sur le régime des sources minérales intermittentes, au moyen
d'un appareil enregistreur, par F. -F. Moldenh.vuer. Tiflis, 190 1; i fasc.
in-8°. (En langue russe.) (Hommage de l'Auteur.)
Notas crilicas referentes a las « Conlribuciones al estudio de Aves chilenas »
de Federico Albert, por Carlos Berg. Buenos-Ayres, 1901 ; i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
Explanation of an Indian Map, by George Davidson. (Reprinted from
Mazama. April, 1901.) 1 fasc. in-8°.
Les glandes pugidiennes des Coléoptères. Second Mémoire : Carabides
{Bombardiers, etc.), Paussidies, Cicindélides, Staphylinides, par Fr. Dierckx.
Lierre, Louvain, s. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Der Formaldehyd, seine Darstelhing und Eigenschaften, seine Anwendung
in der Technik und Medicin, bearbeitet von D'' L. Vanino, unterMitwirkung
von D"" E. Seitter. Vienne, Pest, Leipzig, A. Hartleben, s. d.; i fasc. in-i6.
(Envoi de l'Éditeur.)
Critica medica de nueslra obslelrica légal en cuanto a los parlas précoces y
tardios, por el D' Antonio de Gordon y de Acosta. La Havane, impr.
J. Huquet, 1900; i fasc. in-12.
The Canadian patent office record and regisler of copyrights and trade
marks; vol. XXVHI, 1900. Annual index. Ottawa, 1901 ; i fasc. in-S".
Stad Antwerpen. Paedologisch jaarboek, onder redactie van prof. M.-C.
Schuyten; tweede jaargang. Antwerpen, Paris, Leipzig, 1901 ; i vol. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
The Institution of mechanical engineers . Proceedings, 1901 ; n° 1. Londres ;
I vol. in-80.
The Institution of mechanical engineers. List ofmembers, february 1901.
Articles and by-laws. Londres; i vol. in-8°.
Ophiura brevispina, by Caswell Grave. Baltimore, 1900; i fasc. in-8°.
Johns Hopkins University circulars, published witb the approbation of the
Board of Trustées; vol. XLX, n' 144-147; vol. XX, n^ 148, 149. Baltimore,
1900; 6 fasc. in-4°.
American chemical Journal, edited by Ira Hemsen, proi. of Chemistry in
the Johns Hopkins University; vol. XXIIL n^ 6, 6; vol. XXIV, it 1-5;
vol. XXV, n* 1-4 and 6. Baltimore, 1900; 12 fasc. in-S".
( i593 )
American Journal of Mathemalics, editecl by Simon Newcomb; vol. XXII,
n'2-4; vol. XXIII, n'- 1. Baltimore; 4 fasc. m-\\
California Academy of Sciences. Proceedings, S"""* séries : Zoology, vol. H,
n' 1-6; Botany, vol. I, n' 10; vol. II, n'' 1, 2; Geology, vol. I, n' 7-9;
Math.-Phys., vol. I, n'^ 5-7; Occasional Papers, vol. VII. San-Francisco,
1900; i5 fasc. in-8°.
Forms of images in slellar Pholography, by Edward S. Ring. (Annals of
Hanard Collège Obsen-alory; vol. XLI, n^ 6.) i fasc. in-4''.
Annals of the astronomical observalory of Harvard Collège; vol. XLV.
Cambridge, U. S., rgoi ; i vol. in-4''.
Outrages reçus dans la séance du 17 juin 1901.
Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol. LV, 6* série, t. V. Bor-
deaux, .7. Durand, 1900; i vol. in-8".
Société Linnéenne de Bordeaux. Catalogue de la Bibliothèque; fasc. II.
Bordeaux, J. Durand, igoi ; 1 fasc. in-S".
Mémoires de la Société académique d' Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du déparlement de l'Aube, t. LXIV de la collection; 3* série,
t. XXXVII; année 1900. Troves, P. Noncl; i vol. in-8°.
Magistri salcrnitani nonduni edili. Catalogo ragionato délia Esposizione di
Sloria délia Medicina aperta in Torino nel i8g8, Piero Giacosa. Turin,
Fratelli Broca, 1901 ; Texte, i vol. in-S", el Allas, i fasc. in-f".
Sopra la pioggia melmosa (pioggia di sangue) caduta in Firenze la sera
del 10 marzo 1901, prof. N. Passerini e prof. G. d'Achiardi. Florence,
typ. M. Ricci, 1901; i fasc. in-8°.
Der Kampf um Wohlfahrt, von D'' Karl Paeuer; zweite Ausgabe. Leipzig,
H.-W. Theodor Dicter, 1901; i fasc. in-8°.
El Instructor, publicacion mensual, cientifica, Uteraria y de filologia;
ano XVIII, n"' 1, 2. Auguasealientes, Ricardo Rodriguez Ronio, 1901;
2 fasc. in-S".
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
direction du prof. D''M. MENZBiERetdeA. Croneberg; année 1900, n°'l, 2.
Moscou, J.-N. Kouclinereff et C'*; i fasc. in-8°.
Bulletin international de l' Académie des Sciences de Cracovie, classe des
Sciences Mathématiques et Naturelles, janvier, février, mars, 1901 ; n°' 1, 2, 3.
Cracovie, impr. de l'Université; 3 fasc. in-8°.
Preisliste, n° 12, II Theil : Physikalische Apparate, Max Rohl. Chemnitz;
1 vol. in-4°-
( i594 )
Ouvrages reçus dans la séance du 24 juin tgoi.
Histoire de V Ahrolonum. — Signification de la désinence « ex » de quelques
noms déplantes, par le D' Saint-Lager. Paris, J.-B. Baillière, 1900; i fasc.
in-8°.
Service géographique de l'Armée. Rapport sur les travaux exécutés en 1900;
Paris, 1901; I fasc. in-u°.
Annales des Ponts et Chaussées, 71* année, 8^ série, IP Partie, Cahiers 1-3,
janvier-mars 1901. Paris, E. Bernard el C'*'; 3 fasc. in-B".
Résultats des Campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par
Albert I", jirince souverain de Monaco, publiés sous sa direction avec le
concours de M. Jules Richard. Fasc. XIX : Étude de fonds marins prove-
nant du voisinage des Açorcs et de la portion orientale de l'Atlantique nord,
par J. Thoulet. Imprimerie de Monaco, 1901; i fasc. in-4''. (Présenté en
hommage par S. A. le Prince de Monaco. )
Preliminary table of solar spectrurn wave-lengths, by Henry-A. Rowland.
Chicago, 1896; I vol. in-8°.
Results of meteorological observations made at the Radcliffe observatory,
Oxford, in the eigth years 1892- 1899, edited by Arthur-A. Rambaut,
vol. XLVIII. Oxford, James Parker et C'% 1901; i vol. in-B".
Nova Acta Regice Societatis Scientiarum upsaliensis, Ser. III, vol. XIX;
1901. Upsal; I vol. in-4°.
Yearbook of the United States Department of Agriculture, 1900, Washing-
ton, 1901; I vol. in-8°.
Observations faites à l'observatoue météorologique de l'Université impériale
de Moscou, septembre 1899, février 1901. 18 fasc. in-8°.
Report of the New-York meteorological observatory of the Department of
Parks, Central Park, New-York City, for the year 1901, Daniel Draper,
Director, New- York, 1901 ; i fasc. in-4°.
Bulletin Mensuel de la Station géophysique d'Uccle, mai 1901. Bruxelles;
1 fasc. in-4°. (Hommage de M. Lagrange. Présenté par M. de Lapparent.)
( iSpS )
ERRATA.
(Séance du ij juin 1901.)
Note de M. Berlhelot, Recherches sur les équilibres chimiques, etc. :
Page 1457, ligne 22, au lieu de AzO^Ag-+- PO'Na-H, lisez 3 AzO' Ag + PO' Na^H.
Page 1459, ligne 9, au lieu c?e phosphate biargentique prédominant, lisez phosphate
Iriargentique prédominant.
FIN DU TOME CENT TRENTE-DEUXIEME.
iT 25. .
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 24 iuin lOOl.)
aiEMOlUES ET coMMurvicvnoxs
ORS MKMItltKS RT DES COIUiRSPONOANTS DR L'ACADP.MIE.
Pages.
M. lÎF.HTiiELoT. - équilibres cliiiniques.
Kiiactioiis de deux hases mises siiiiiika-
iiémciU en présence de l'acide phosplio-
licHic 1J17
\l. lîKiiTiiKi.oT. — Sur les radicau\ aictylo-
iuetallic|ues ... ibi3
MM. \. Il ALLEU el A. GUYOT. Svntliise
il'iiii ruloraiil dérive du dipliéiiyléne-
plienvlmétliane i5'-!7
.M.VI. .\. CiiAUVK.Ml et J. TissDT. --Dutillaee
Pages,
très simple el 1res sur, d'application aussi
rapide que facile, pnur rendre inoll'ensifs
le séjour elle Iravail de l'Iinmiiie dtins les
almosplières irrespirables contariiinécs par
des gaz délélères i.');) 2
M. J. V10LI.E. — Sur un éclair en lioule... iV'î-j
M. Pail Saiîatik». — Action d'un oxyde ou
d'un hydrate métallique sur les soluliuns
des sels des autres métaux : sels basiques
mixtes i.i.'iN
î\03IIIVATIOIVS.
.\1. Knou.MUi Van Beneoen est éln Corres-
pondant dans la Section d'.Vuatomie et
( ZooloRic pour remplir la place laissée
1 vacante par le décès de M. Ftower i.V|0
MEMOIRES PRESENTES.
M. UL:^lo^i jhU'Csso un Mt-nioiie iiUiltiIi-
! Iii'orie îles siirlaccs du troisiriiic ouin
i.)|i
COUUESPOi\DAXCE.
M. le Secuetaihe l'Eiii'KTiiEi. présente :
1' les lasciculcs WII, Wlll et \I\ des
» Késullals des campagnes scientili(|ues
accomplies sur son yacht, par Albert /".
prince souverain de Monaco *>, publiés sous
sa ilircclion a\ec le concours de .M. Jules
/tir/tord: " le numéro dr mai n)oi du
Hiilletin mensuel de la shition gcup/ij-
si//ue d'O'ccle, par .M . li. Lagrange
.M. II. Deslandkes. — Troisième série d'ob-
servations de la nouvelle étoile de l'ersée.
M. II. -Tu. KciOiiov. - Sur la déformation
continue des surfaces
M. L.-E. Dickson. — Théorie des groupes
linéaires dans un domaine arbitraire de
rationalité
M. S. Zaue.mda. — Sur l'intégration de
l'équation
A iv - |x- iv 0.
M. PoNSoT. — .\clions chiniic|ues dans les
systèmes dissous ou ga/.eux. Tension de
vapeur. Hypothèse d'Avogadio
MM. Pu. -A. OuvE et \. Baud. — Constantes
capillaires de liquides organiques
.M. .V. IJessoN. Sur la prèparutioii de
iJiji
■ 5'|i
i5,'|.')
■J'iT
l'oxyde phosphoreux l'ijli
M. Jou.NiAi;x. — Sur l'action des radiations
solaires sur le chlorure d'argent en pré-
sence d'hydrogène i.i.'iS
.\l. A. Mailiie. — Action de l'o\ydc mercu-
ri(|ue sur les solutions aqueuses des sels
niélalliques ijfio
.M. G. Andue. — Observations sur les sels
basiques renfermant plusieurs ovydes
métalliques i563
M. .\i.BKKT CoLso.N. — Vclioii des bases et
des acides sur les sels d'aminés i5(i;i
M.M. \j. iMaouenne et Gau. Ueutiiaxd. — Sur
l'cryllirite racéiiiiquc lôfi.)
.M. Makcel Desclde. - .action des chlo-
rures d'acides sur les aldéhydes, en pré-
sence tlu chlorure de zinc idG"
M.M. L. liouvEAULT et V. lioNGEur. — iNitra-
lion des élhers acétj lacéliques et de leurs
dérivés aeidylés i56y
M. G. Massol. — Sur la valeuracidiinétrique
de l'acide parasulfanilique 1072
MM. J. MiMiLîiN et E. GiiEuoiuE de Bolle-
.MoNï. — Sur le racéniisnie 157.J
M. A. DE SciiULTEN. — Synthèse de la boro-
natrocalcite ( ulexite ) 1 '7''
N° 25.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. G. Andke. — Sur les tlcluus île la gcr-
îninalion et sur révolulioii du soufre et
du pliosphorc pendant celte périnde .... 1077
M. L. lîORD.is. — Morphologie de l'appareil
digestif des Dytiscides i58o
IM. IlENiu CouriN. - Sur la sensibilité des
végétaux supérieurs à l'aelion utile des sels
de potassium i582
II. Édouahd Hkckki.. — Sur la eonstitutiou
de la graine de Hernandin rapprochée de
celle de liavensara i58'|
BULLKTIN BIBLIOGRAPHIQUE
lillRATV
Pages.
M. \\. Demeuliac. — Emploi duTésonateur
Oudin pour la production des rayons X.. lôSfj
MM. Stassano cl P. BouBCET. — Sur la
présence et la localisalicjn de l'iode dans
les leucocytes du sang normal 1 js-;
MM. L.-R. Hegnier et G. Oiusdury. — Sur
l'aneslliésie locale on cliirurjjie dentaire à
l'aide des courants de hante fréquence et
de haute intensité 1.JS9
M. K. Parmentier. — Sur la conservation
des eaux minéiales 1 ôii"
I )i) I
I ji)')
PARIS. — IMPIUMKKfE G A. OT H 1 K R -V 1 L I, A K S ,
Quai des Grands-Augustins, 5S
I-e Ceran/ .* G lUraiBR-ViLLiRS
DEC 2^
-^û^^
TABLES
DES COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUEMIEU SEMESTRE 1901
TOME CXXXII
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES
JANVIKR — JUIN 1901.
TABLE DES MATIERES DU TOME CXXXII.
Pages.
Académie. — Étal de l'Acadcmic des
Sciences au i" janvier 1901 J
— M. Jioiujuet (l<: la Grye est élu Vice-
Président pour l'année 1901 vi.
— M. Maurice l.évy\ Présiilenl sortant,
fait connaître à l'Académie l'étal où
se trouve l'impression des Recueils
qu'elle publie et les chanjiements sur-
venus parmi les Membres et les (lorres-
pondanls pendant l'aiinée 1900 i4
— M. \ç Sccrclairc i>tipcmcl Û'2XiA\r',A^\w
projets qui doivent élre présenlés à
l'Association internationale des Aca-
démies ''(JS
— M. le Prfsidvnt souhaite la bienvenue
aux Membres des Académies étran-
gères qui ont été délégués à l'.^ssem-
blée générale de l'Association interna-
tionale des Académies 897
— M. le Secrétaire perpétuel présente le
compte rendu de la prendère Assern-
bléo générale de l'Associalion inter-
nationale dos Académies, tenue à Paris
r.. R., içioi, \" Semestre. (T. CXXXII
du 16 au 20 avril rgoi
AciiTALS. — Sur la formation et la décom-
position desacétals; par M. Marcel
Delépine
— La chaleur de formation des acétals,
comparée à celle des composés iso-
mères ; par M. Marcel Delépine. . . .
— Action de divers alcools sur quelques
acétals d'alcools monovalents; par
M . Marcel Delépine
Acétones. — Action de la mélhylacétyl-
acétone et de l'éthylacétylacétone
sur les chlorures diazoïques; par
M. V. Favrel
Acétylène. — Des réactions do l'acéty-
lène avec le chlorure cuivreux dissous
dans une solution neutre de chlorure
de potassium; par M. A". Cliava.iteton .
Acides organiques. — Sur l'électrolyse
des oxacides. Préparation de l'acide p-
amylopropionique et de la diamylin(!
du butanediol 1.4; par iM. l'abbé /.
Hamonet
206
' '9'>
Î3r
9f)8
41
1489
239
( '598 )
Pages.
345
3Si
— Nouvelle synthèse de l'acide adipique;
par M. J . Hamonet
— Sur les étheis alcoylcyanomaloniques
et les acides aicolycyanacéliques qui
en dérivent; par MM. A. Huilerai
G . Blanc
— Transformation de l'acide dimétylacri-
lique en acide dimétliylpyruvique;
par MM. L. BouvenuU et A. fFahl. 416
— Action des acides monohalogénés de la
série grasse sur la pyridine et la
quinoléine; par MM. L.-J. Simon et
L. Dubreuil 4 ' ^
— Sur les acides pyrogallosulfoniques ;
par M. Marcel Delagc 4*1
— Action de la poudre de zinc sur les
acides gras saturés; par M. Alex.
Hébert 633
— Sur l'acide paraoxyhydratropique ; par
M. J. Boiigimlt 976
— Sur l'hydratation de l'acide araylpro-
piolique ; acide caproyiacétique; par
MM. Cil. Mourcu et R. Delange 1 lai
— Sur l'acido diméthylpvruvique ; par
M. A. Wolli " wxlx
— Sur deux nouveaux acides acétyléni-
qiies. Synthèse des acides caprylique
et pélargonique; par MM. Ch.Moureu
et R. Delange 988
,\ciDi.MÉTRiE. — Sur la valeur acidimé-
triquo des acides benzoïques mono-
substitués ; par M. G. Massol 780
— Acidimétrie de l'acide phosphorique par
la baryte, la strontiane et la chaux;
par M. /. Cavalier i33o
— Sur la valeur acidimétrique de l'acide
parasulfanilique; par M. G. Massol. 1572
Acoustique. — Sur les impressions musi-
cales ( physico et psychophysiologie);
p:ir M. Firinin Larroquc 33o
— M. i^.i«r/-oi7«e adresse le résuméd'une
étude psycho-acoustique sur le timbre. 5o3
— Études de psycho-acoustique; par
M. F. Larroque in
— Sur les lois de l'écoulement de l'air
dans les instruments de musique; par
M . F. Larroque 1182
— Les otolithes et l'audition; par M.Picn-e
Bonnicr . 1 367
— M. Frédéric Hesselgren adresse un
Mémoire sur la gamme musicale. . . . 1245
Albuminoïdes. — Du dédoublement des
albuminoïdes ou protoplasmides ; par
M. A. Étard ." 1184
Pages.
.\lcaloïdes. — De la recherche des alca-
loïdes par voie raicrochimique; par
M . E. Pozzi-Escot 920
— Sur trois nouveaux alcaloïdes du tabac;
par M.M. Amé Pictet et A. Rotsr/iy.. 971
— Contribution à la recherche micro-
chimique des alcaloïdes; par M. M.-E.
Pozz'-E.scot 1 062
— Sur l'emploi de l'acide silicotungslique
comme réactif des alcaloïdes de l'urine.
Variations de l'azote alcaloïdique; par
M. H. Gidllemard 1 438
Alcools. — Action de l'alcool œnanthy-
lique sur son dérivé sodé; nouvelle
méthode de synthèse des alcools. . . . 207
— Sur un nouvel alcool dérivé du limo-
nène ; par M. P. Genvresse 4 1 4
— Synthèses d'alcools tertiaires de la
série grasse; par M. Henri Massnn . . ^i'i
— Un nouveau glycol biprimaire, le buta-
nediol 2.4 ou glycol tétraméthylénique
et sa diacétine; par M. l'abbé J. Ha-
monet 63 1
— Action de l'alcool caprylique sur son
dérivé sodé ; synthèse des alcools
dicaprylique et tricaprylique; par
M. Marcel Guerhet 685
— Sur le prétendu binaphlylène-alcool ;
par. M. R. Fos.^e 695
— Sur le penlydride du prétendu binaph-
tylène-glycol ; par M. R. Fosse 1 127
— Action de divers alcools sur quelques
acétals d'alcools monovalents ; par
M. Marcel Delépine 968
— Sur le myrcénol et sa constitution; par
M. Ph. Barbier io48
— Alcools et carbure de calcium; par
M . Pierre Lefèvre 1221
— Synthèse d'alcools primaires acétylé-
niques ; par MM. Ch. Moureii et H.
Desmots 1223
— Oxydation des alcools primaires par
l'action de contact; par M. J.-J.
Trillat 1 227
— Étude de l'action de contact sur les
alcools secondaires et tertiaires; par
M. J. Trillat 1495
Aldéhyoks. — Action des chlorures d'aci-
des sur les aldéhydes, en présence du
chlorure de zinc; par M. Marcel
Desciidé 1 567
Alimentaires (M.\tières). — Calcul de
l'écrémage et du mouillage dans les
analyses du lait; par MM. Louise et
( i599 )
Pages .
Riqiiicr gc)'>.
— Sur le Voandzou; par M. Balland. . . roOi
— Étude d'un densimètie destiné à la dé-
termination de la valeur boulangère
des farines de blé; par M. E. Fleu-
rent 1 42 1
Aluminium. — Sur les combinaisons du
gaz ammoniac avec le chlorure d'alu-
minium ; par M. E. Biuid 1 34
— Étude thermique des chlorures d'alu-
minium ammoniacaux; par iM. !..
Baud ijj
— Dissociation et étude thermique du
composé Al-Cl'i, i8AzH'; par M. L.
Baud 690
— Propriétés réductrices du magnésium
otde l'aluminium; par M. A.Duboiu. 82G
— Sur les alliages d'aluminium. Combi-
naisons de l'aluminium et du tung-
stène ; par M. Lt-ori Gudlct 1112
— Sur les alliages d'aluminium. Combi-
naisons de l'aluminium et du molyb-
dène; par M. Léon (Util le t iSai
— Sur les alliages d'aluminium et do
magnésium; par M. Boudnuard iSa")
Aminés. — Action des bases et des acides
sur les sels d'aminés; par M. Adiert
Colsnn , . 1 563
.\.M.MoxiAC (Gaz). — Sur les combinaisons
du gaz ammoniac avec le chlorure
d'aluminium; [lar M. E. Baud i34
Ammomi!us. — Sur la préparation et les
propriétés du sulfammonium ; par
iM. Henri Moixsan 5 10
Analyse m.vthém vtiquiî. — Sur les inté-
grales de (lillërenlielles totales de
troisième espèce dans la théorie des
fonctions algébriques de deux varia-
bles; par M. Emile Picard 18
— Sur les équations linéaires à points
d'indétermination; par M. Liidn'ig
Sc/ilesinger 27
— Sur la tiiéorie des équations de la
Physique mathématique; par il. .S'.
Zareiiiba 29
— Sur les fonctions quadruplement pério-
diques; par M. Gecrges Hiiinbrrt.. . . 72
— Sur une généralisation d'un théorème
de M. Picard; par M". .S'. Kantor 124
— Sur la densité des zéros et le module
maximum d'une fonction entière; par
M. Pierre Boulroux aJ 1
— Sur certaines transformations de Back-
lund ; par .M. Clairin Soi
Pages.
— Sur une classe d'équations aux déri-
vées partielles du second ordre; par
iM. R. d'Adhénwr 3io
— Sur les formes linéaires aux dérivées
partielles d'une intégrale d'un système
d'équations différentielles simultanées
qui sont aussi des inlégrales de ce
système ; par M. Buld 3i3
— Sur des fonctions de deux variables
analogues aux fonctions modulaires ;
par M. /?. Aleznis 4o3
— Sur une certaine catégorie de fonc-
tions transcendantes; Ç9v^\. Edmond
Maillet 460
— Sur les systèmes complets d'équations
aux dérivées partielles; par M. Ed-
mond Maillet 54 o
— Sur une certaine catégorie de fonc-
tions transcendantes; par M. Edmond
Maillet 622
— Sur les groupes quaternaires réguliers
d'ordre fini; par M. Léon Autnnne. 624
— Sur les zéros des fonctions entières de n
variables; par M. P. Cousin 667
— Note au sujet d'une précédente Com-
munication; par M. de Jonquières . . . 75o
— Sur une formule de M. Fredholm; par
M. Mittag-LeJ/ler 761
— Sur rexpre.«sion générale de la fraction
rationnelle approchée de ( i -t- .r)"' ;
par M. H. Padé 754
— Sur la puissance représentative d'une
portion finie de courbe continue; par
M. G. Lippmtinn 904
-- Sur la décomposition des fonctions
méromorphes en éléments simples;
par M. Emile Borel 906
— Sur les racines desé<piatioiis transcen-
dantes ; par M. Edmond Maillet. . . . 90S
— Sur la fraction continue de Stielljes;
par M. H. Padé 911
— Sur les groupes d'opérations; par
M. G.-A. Miller 912
— Sur les résidus et les périodes des in-
tégrales doubles de fonctions ration-
nelles; par M. Emile Picard 929
— Sur les fonctions entières de plusieurs
variables et les modes de croissance ;
par M. Emile Borel 930
— Sur une généralisation de l'intégrale
définie ; par M. H. Lebeif^i/e 102J
— Sur les intégrales analytiques des équa-
tions différentielles du premier ordre
dans le voisinage do conditions ini-
Payes,
tinles singulières; par M. Hfnri
Ditliic 1 0-28 et I r 69
— Sur les équations de certains groupes;
par M. <l>' Séf;iiicr io3o
— Sur les séries de Taylor et les étoiles
correfpondanles ; par M. L. Desaint. 1102
— Sur certaines relations involutives; par
AI. Miiiiricc Lrlii'ui're , . 1172
— Sur les groupes réguliers d'oidre fini ;
par M. Léon Autonnc i2iG
— Sur la série de Bernoulli: par M. G.
Miltiig-Lel/hr i388
— Sur les intégrales eulériennes incom-
plètes de deuxième espèce elles inté-
grales indéfinies des fonctions précé-
dentes; par M. E. Fnllicr iSgi
— Sur le domaine de convergence de l'in-
tégrale infinie / ?{nx)c-" d(i\Y>diV
"-'0
M. E. Pliragmén 1 896
— Sur les séries de Fourler ; par M. J.
Hunvitz '473
— Théorie des groupes linéaires dans un
domaine arbitraire de rationalilé: par
M. L.-E. Dickson 1 54"
— Sur l'intégration de l'équation
A«' — |ji2«» = o; par M. Zaremba.. i549
— M. Rouelle présente à l'Académie le
premier Volume d'un Ouvrage inti-
tulé : (1 Analyse infinitésimale, à l'u-
sage des Ingénieurs », par MM. Eu-
gène Houché et Lucien Le'vy 202
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume de M. Emile Bord, intitulé :
<c Leçons sur les séries divergentes ». 754
— M. Emile Piciird fait hommage à l'Aca-
démie de la seconde éilition du Tome I
de son o Traité d'Analyse » et de la
Leçon qu'il a faite à la Sorbonne sur
« l'Œuvre scientifique d»" Charles Her-
mite » 81 3
— M. Lnpeyre &ATes&Q un Mémoire ayant
pour titre : « Opérations sur les
carrés; des excédents divisionnaires». iiSy
Voir aussi Géométrie, Méciini(iue, Mé-
cnni(jue céleste, Pliysijue mitliéma-
lique, Probabilités (Calcul ries) .
AN4T0A1IK ANIMALE. — Sur l'histologie de
la branchie et du tube digestif, chez
les Ascidies; par M. P. Fignon 714
— Sur l'origine des parasomes ou pyré-
nosomes dans les cellules de la glande
digestive de l'Écrevisse: par M. P.
Visier 853
( 1600 )
Pa(;es.
— Quelques remarques sur les ololithes de
la grenouille; par M. 3/rtmç(>. 1072 et i44'
— Sur la morphologie des éléments sexuels
chez les Grégarines stylorhynchides ;
pur AL Louis Léger 1 4 3 1
— Morphologie de l'appareil digestif des
Dytiscides ; par M. L. Bordas i58o
Anatomie végétale. — Sur la structure
des plantes vasculaires; par M. G.
Cliaui'caud 98
— Recherches sur la structure des cham-
pignons inférieurs; par M. Ginller-
mnnt 17J
- Recherches anatomiques sur l'aoùte-
ment des sarments de vigne; par
M. Kôi'rssi C47
— Anatomie comparée des organes foliaires
chez les Acacias; par M. P. Lrdoux. ■^■i.'i
— Étude comparative de la zoospore et du
spermatozoïde; ^àv^l. J. Dangeard. 859
— Nouvelles recherches cytologiques sur
les Hyraénomycètes; par M. René
Maire 861
— Sur l'existence de laticifères à contenu
spécial dans les Fusains; par il. Col. i354
— Sur la structure des rejets chez les
végétaux ligneux; p.ir M. Marcel
Dubard 1 3 J6
Anéthol. — Sur un isomère de l'anéthol
et sur la constitution de ce dernier ;
par MM. Béhal et Tijfeneau 56 1
Aniline. — Une nouvelle synthèse de
l'aniline; par M. George-F. Jaubert. 84r
Argent. — Sur les origines de la combi-
naison chimique : Etats allotropiques
de l'argent; par M. Berthelot 234
— Etudes sur les combinaisons de l'ar-
gent avec le mercure: par M. Ber-
tlielot 24 I
— Sur les relations élect'ro-chimiques
des états allotropiques des métaux
et de l'argent en particulier; par
W. Bertlielot 782
— Nouvelles recherches relatives à l'ac-
tion de l'eau oxygénée sur l'oxyde
d'argent ; par M. Berthelot 897
— Sur la réduction du chlorure d'argent
par l'hydrogène, et réaction inverse;
équilibres véritables; par M. Jou-
uiaux 1270
— Observations au sujet de cette Note
de M. Jouniaux; par M. Berthelot.. . 1273
— Nouvelles recherches sur les alliages
d'or et d'argent et diverses autres
( i6oi
Pages
malières provenant des tombeaux
égyptiens; par M. Brrlheht 1282
— Sur l'action des radiations solaires sur
le chlorure d'argent en présence
d'hydrogène: par M. /oHw'ffax i558
ARsiiMC ET SES COMPOSÉS. — Acllon de
l'hydrogène sur le réalgar, et réac-
tion inverse. Influence de la pression
et de la température; par M. H. Pe-
labnn . 774
AsTiiONOMiE. — Mire méridienne à miroir
cylindrique; par M. G. Lipi>iiuiiiii. . m-
— Sur un appareil destiné à entraîner
la plaque photographique qui reçoit
l'image fournie par un sidérostat; par
M. G. Lippinrinn 98 1
— Sur la com()ensation mécanique de la
rotation du cham[) optique fourni par
le sidérostat et l'héliostat; par M. ^.
)
Pages.
Cornu ioi'3
Sur la parallaxe du Soleil ; par M. Bnu-
qiict lie ta Gr/f d/jo
■ Sur l'emploi du siéréoscope en Astro-
nomie ; par M. Mmirice Hainy 1 407
- M. le Secrétiiire perpêtufl présente
les « Annales Célestes du dix-sep-
tième siècle » de A.- G. Pingié,
Ouvrage publié sous les auspices
de r Vcadémie des Sciences, par M.
G . tiii^iiuntan 1 2 'x)
- Un Volume intitulé : « Réunion du
Comité international permanent pour
l'exécution de la Carte photographique
du Ciel, tenue à l'Observatoire de
Paris en tgoo » 1257
^oir aussi Comètes, Eclipses, Etoiles,
Ncbuteuses, Planètes, Soleil, Obser-
vatoire, Mécanujue céleste.
B
Baryum. — Sur l'hydrure de baryum ;
par M. Gùntz 968
Bknzènr. — Modes de formation et pré-
parations du pro|iylben7.ène; par M.
/•". Bodroux 155
— Hydrogénations directes réalisées en
présence du nickel réduit : prépara-
tion de l'hexahydrobenzène; par MM.
Paul Sabatier et J .-B. Si/iilrrciis. . . 210
— Action du bromure d'isobutylène sur
le benzène en présence du chlorure
d'aluminium; par M. F. Bndron.r . . . rî33
liis.Muru. — Action de l'hydrogène sur le
protosulfure de bismuth; par M. //.
Pélahon 78
BoLiuKS. — Position et vitesse approchées
d'un bolide; par M. Jean Mascart . . 864
Bore et ses composés. — Sur les borates
de magnésie et des métaux alcalino-
lerreux ; par M. L. Ouvrard 207
BoTANlQL'H. — M. Gaston Bunnier pré-
sente à l'Académie le premier fasci-
cule d'un « Cours de Botanique »
rédigé par lui en commun avec M.
Leclerc du Sahlon 20 1
— Sur le Ramr de Madagascar; par M.
H.-Jacnb de Cordenioy 266
— Sur le géotropisme des racines de la
vigne; par .M. J.-M. Gidtlon 089
— Sur une forme conidienne du champi-
gnon du Black- rot \Guignardia Bul-
wclUi (Ellis) Viala et RavazJ; par
M. G. Delacroix 863
— Sur la flore des Mousses des cavernes;
par MM. Géiicau de Lamnrlière et
y. Malien 1)2 1
— Sur la taille rationnelle des végétaux
ligneux; par M. F. AOressi 923
— Recherches histologiques sur la sporu-
lation des levures; par M. J. Gnil-
leriiiond 1 1 9 '1
— Sur l'organogénie florale des Disci-
llores ; par M. L. Beille '. 1 497
— Sur la constitution de la graine de
Hcrntindia, rapprochée de celle de
Ravensara ; [)i\r M. Edouard Heckel. 1 J84
f-'oir aussi Anatomie végétale. Chimie
végétale, P/ijsiolo/^ie véj^étale, Pa-
tltoloj^ie végétale et Botanique fos-
sile.
Botanique fossile. — Sur un nouveau
genre de tige fossile; par M. />. Re-
nault 2G8
— Sur la découverte d'une flore glosso-
ptérienne dans les dépôts permiens
supérieurs du nord de la Russie; par
M. .-linalitzk)- 5cji
Bromures. — Sur les combinaisons du
bromure de bore avec les chlorures
de phosphore; par M. Tarible 83
— .Action du bromuri' de bore sur les
iodures de phosphore et sur les com-
( i6o2 ;
posés halogènes de l'arsenic et de
l'antimoine: par M. Twihlc ,
BULIETINS BIBLIOGRAPHIQUES, 47> 97, 187,
23i, 277, 447> 5o4, 655, 727. 810,
866, ion, 1077, ii58, 1197, i245,
âges
204
Pa^es.
I.Î76, 1874, i446., iSgi
Butanes. — Sur le butane dibromé et le
butane diiodé (1 -4) '• Nouvelle syn-
thèse de l'acide adipique; par M. /.
Hanioiiet 34 5
Cafés. — Sur la composition chimique
du café de la Grande Comore ; par M.
Gabriel Bertrand 1 6.1
Candidatures. — MM. Chnrrin, Corail et
Lancercaux |)i'ient l'Aradémie de les
comprendre parmi les candidats à une
place vacante dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie n68
Carbonates. — Sur l'action des acides
sur les carbonates alcalino-terreux
en présence de l'alcool; par M. C.
Vallée 677
Carbures. — Sur la génération des hydro-
carbures par les carbures métalli-
ques ; par M. Berthelnt 281
— Sur la synthèse de l'acétylpropyléne
et des carbures terpiléniques; par M.
Berthelot , 699
— Sur la condensation des carbures acé-
tyléniques vrais avec l'aldéhyde for-
mique : synthèse d'alcools primaires
acétyléniques; par MM. Ch. Mou-
reii et H. Desinnts 1223
— Hydrogénation de divers carEures aro-
matiques; par MM. Paul Sabatier et
J .-B. Senderens . 12 34
Cétones. — Cétones de l'huile de bois,
diméthylcyclohexénone; par M. J.
Béhal 342
Chemins de fer. — M. Barril adresse
un Mémoire ayant pour titre : « Sé-
curité de la circulation des trains.
Impulseur électrique » 1 168
Chimie agricole. — Sur l'absorption du
phosphate monocalcique par la terre
arable et l'humus; par M. /. Dumont. 435
— Sur certaines causes de variation- de
la richesse en gluten des blés; par
MM. Léo Vi^'ion et F. Couturier. . . 791
— Sur l'acide phos|)horique des sols; par
M. r/i. Schlcestà^ fils 1 189
— Recherches sur l'étal de* l'alumine
dans les terres végétales; par M, Th.
Schlcesing i2o3
'Voir aussi Economif rurale.
Chimie ammale. — Transformation de la
créaline en créatinine par un ferment
soluble déshydratant de l'organisnie;
par M. E. Gérard i53
— Action du mucus sur l'organisme; par
MM- Cliarrin et àjuiissu 164 et 578
— Recherches sur la fibrinolyse; par
M . Z. Caniu.'i , 2 1 5
— Production d'acétylméthylcarbinol par
le Bacillas tartrit(i.<: ; par M. L.
Griniberl 706
— Sur le mécanisme des réactions lipo-
lytiques; par M. H. Haariot 842
— Sur l'origine indoxylique de certaines
matières colorantes rouges des urines
(indirubine); par M. L. Maillard. . . 990
— Différence de constitution de la bile
suivant l'âge et l'état d'engraissement
des animaux ; par M. R.-L. Craciiuiu. 1 187
— Sur l'électrolyse des tissus animaux;
par MM. Bordier et Gillct 1239
— Sur l'électrolyse des tissus animaux;
par M. Ed. Branly i36i
— Sur la présence de l'oxyde de carbone
dans le sang du nouveau-né; par
M. Maurice Nicloux i5oi
— Sur la présence et la localisation de
l'iode dans les leucocytes du sang
normal; par MM. Slassano et P.
Bonnet i J87
Voir aussi Albuminoïde.'i. Urée.
Chimie gé.nérvle. — Sur certaines con-
ditions de réversibilité; par M. Albert
Colson 467
— Compressibilité des dissolutions; par
M. GuinchatU 469
— Généralisation de la loi de Trouton ;
par M. de Forcra/id 879
— Sur la réduction du chlorure d'argent
par l'hydrogène, et réaction inverse.
Équilibres véritables; par M. Joii-
inaii.i: , 1270
— Observations de M. Berthelot relatives
à la Note précédente, sur la réduction
du chlorure d'argent par l'hydrogène. 1273
( î6o3 )
Pages.
— Sur le titrage à l'aide des colorants des
acides et des alcalis à fonction com-
plexe; par M. Bcrthelot 1877
— Sur la vérification expérimenlaie d'une
loi lie mécanique chimique ; par M. H.
Pélnbnn 1 4 1 1
— Action d'un hydrate métallique sur les
solutions des sels des autres métaux.
— Sels basiques à deux métaux; par
M. v/. Recouru 1 4 1 i
— Sur un nouvel élément, l'europium;
par M. Eiij;. Diinarray l4!:S4
— Recherches sur les équilibres chi-
miques. Formation des phosphates
insolubles par double décomposition.
Phosphate de soude bibasique et azo-
tate d'argent; par M. Berthclot 1449
— Équilibres chimiques. Réaction de deux
bases mises simultanément en pré-
sence de l'acide phosphorique; par
M. Bi'rlhclot 1 5 1 7
— Action d'un oxyde ou d'un hydrate
métallique sur les solutions des sels
des autres métaux : sels basiques
mixtes; par M. Paul Sahalier 1 538
— Observation sur les sels basiques ren-
fermant plusieurs oxydes métalliques;
par M. G. André. 1 563
— M. Md/cetlin Langhis adresse une
Note iutitidée : « Unité thermonhi-
niique fondamentale, atomicité, etc. n. SgS
— M. Marcetlin Langloix adresse un Mé-
moire ayant pour litre : « Recherches
sur la constitution des atomes, le
gluciniuBi 1) 1446
Voir aussi 'J'Iwrmochimie.
CtiiMiic INDUSTRIELLE. — Sur Ics chalcurs
spécifiques de la soie, de la laine et du
coton ; par M. Tcstcnnire ÏU
— Sur l'action saccharifiante des germes
de blé et sur l'emploi de ces germes
en distillerie; par M. Lindet 2(11
— Sur les constituants des ferrosiliciums
industriels; par M. P. I.cbcaii 681
— Sur la substitution du blanc de zinc à
la céruse, dans la peinture à l'huile;
par M. Ach. Liviiclie ia3o
— Procédé de préparation de levures
basses de brasserie fermentant à haute
température; par M. Georges Jacque-
niin 1 366
Voir aussi : Alimentaires (^Matières),
Cafés, Lait.
Chimie uinérale. — Produits gazeux déga-
Pages.
gés par la chaleur de quelques roches
ignées; par M. Armand Gtiiitier.. . . 58
— Production de l'hydrogène dans les
roches ignées. — Action de la vapeur
d'eau sur les sels ferreux ; par M.
Armand Gautier 189
— Sur la structure cellulaire de quelques
métaux; par M. G. Cnrtaiid 1327
— Sur un polit fourdc laboratoire; parM.
Albert Bruno 276
Voir aussi les articles spéciaux : Alumi-
nium, Ammoniums, Argent. Arsenic,
Baryum, Bismuth, Bore. Carbonates,
Carbures, Cobalt. Cœsium, Iridium,
Iode, Mercure. Or, 3Iolybdène. Nic-
kel, Pliosphore, Sodium, T/udlium,
Thorium, Tungstène, Uranium.
Chimie organique. — Recherches sur la
formation des composés organiques
sulfurés; par M. Berthclot 55
— Nouvelles recherches sur l'isomérie des
étherssulfocyaniques; par .M. Bcrthe-
lot 57
— ■ De l'action oxydante du persulfate d'am-
moniaque sur queliiucs principes im-
médiats de l'organisme; par M. L.
Hugounenr/ , 91
— Sur le nitrofurfurane; par M. if. Mar-
quis 1 40
— .Modes de formation et préparation du
propylbenzène; parM. Z''. Bodrou.r.. i55
— Surl'électrolysedesoxyacides. Prépara-
tion de l'acide j3-amyloxypropionique
et de la diamyliiie du butanediol i .4 ;
par M. l'abbé /. Hamonet 269
— Sur une nouvelle préparation du terpi-
néol; par M. P. Genvres.se 687
— Sur la nitralion directe dans la série
grasse ; par M. A. Wahl G93
— Sur le ^p-diacétylpropionale d'éthyle;
par M. F. March 697
— Propriétés des produits de substitution
alcoylés de l'acétonedicarbonate d'é-
thyle monocyané. .\ction du chlorure
de cyanogène sur l'acétone dicarbonate
de mélhyle; par M. Juwrinl Dcromc. 699
— Action du chlorure de biilyryle sur le
sodacétyl-acétatedeniélhyle; par MM.
L. Boaveault et A. Bongert 70J
— Sur de nouveaux dérivés de l'acide di-
méthyl-amrdobenzoylbenzoïque ; par
MM. A. Haller et A. Guyot 746
— Passage de l'anéthol à l'acide anisique
par cinq oxydations successives; par
( i6o/l )
Pages.
M. ./. Boui^aull 782
— ■ Sur la loi des auxochromes ; parM. Paul
Lemniilt ■. 784
— Sur le naphtylol-naphtyl-oxy-naphtyl-
mélliane; par M. R. Fosse 787
— Sur quelques osmil-oxalates; par.M.Z.
Tf'intrebert .- 824
— Sur la réaction des benzopliénones
amidées substituées et des aminés
aromatiques en milieu sulfurique ; par
M. Paul Lemoult 885
— Réduction des matières colorantes azoï-
ques nitrées; par M. A. Rnsenstieht . 980
— Sur un nouveau mode de décomposition
des dérivés bisulfitiques; par MM. F.
Freundlcr et L. Biinel i338
— Sur les produits secondaires formés
dans l'action de l'acide sulfurique sur
le charbon de bois; par M. A. ï'er-
neuil 1 340
— Sur de nouvelles synthèses effectuées
au moyen des molécules renfermant le
groupe méthylène associé à un ou
deux radicaux négatifs. Action de l'épi-
chlorliydrine et de l'épibromhydrine
sur les ôthers benzoyiacétiques sodés;
par M. A. Hnllt-r 1459
— Synthèse d'un colorant dérivé du diphé-
nylènephénylméthane; par MM. A.
Haller et A. Guyot 1 527
— Constantes capillaires de liquides orga-
niques; par MM. Ph.-A. Guye et A.
Biiud 1481 et i553
Voir aussi les articles spéciaux : Acéinls,
Acétones, Acides orgiiniiiues, Albu-
minnïdes. Alcaloïdes, Alcools, Aldé-
hydes, Aminés, Anéthane, Aniline,
Benzène, Buthanes, Carbures, Cé-
tones, Cinchonine, Diastases, Ery-
thritcs, El/iers, Ethyles, Glycols,
Indophénols, Mélhylène, Naphlènes,
Phénols, Pliénylliydrazinc, Saccha-
rine, Sucres, Tannin, Organo-niétal-
tiques [Compose's).
Chimie VÉGÉTALE. — Sur la pluralité des
chloropliyllines et sur les métachlo-
rophyliines; par M. M. Tsi>etl 149
— Sur un pseudo-acide agaricique; par
MM. Adnan et Trillat 1 5 j
— Sur le rôle de la fonction chlorophyl-
lienne dans l'évolution des. composés
terpéniques; par M. Eug. Charabol. 139
— Sur la manne de l'Olivier; par M. Tra-
but 225
Pa(;cs.
— De l'hydrale de carbone de réservedans
les tubercules de l'Avoine à chapelets;
par M. F. Harlar 423
— Sur la germination dans l'eau distillée;
parMM./*.-/*. DchéraimiDrmoussy. 523
— Sur la migration des matières ternaires
dans les plantes annuelles; par M. G.
André , 1 3 r
— Sur un glucosidecaraotérisantlapériode
germinative du Hêtre; par M. P.
Tailleur i235
— M. B. Dupuy adresse une réclamation
de priorité, concernant la découverte
de l'alcaloïde et du glucoside de l'éry-
simum 054
Chronomètrks. — Procédé pratique pour
la correction de l'erreur secondaire
des chronomètres; par M. Ch.-Ëcl.
Guillaume i io5
CiNCMOMNE. — Sur l'hydrocinchonine; par
MM. E. Jangflcisch et E. Léger 410
— Sur la cinchonine; par MM. E.Jung-
fleiscli et E. Léger 828
Cobalt. — Sur un nouveau siliciure de
cobalt; par M. Paul Lebeau 5'i6
— Séparation du cobalt et du nickel par
la voie électroly tique; par M. Dimilry
Balacltoivshy '492
CoEsiUM. — Sur quelques conjposés du
cœsium; par M. C. Cliabrié 678
C0.MÉTES — Observations de la comète
igoo c (Giacobini), faites à l'Obser-
vatoire d'Alger; par MM. Rumbaud
et .Vr 19
— Observations de la comète 1900 c
(Giacobini), faites à l'Observatoire de
Besançon ; par M. P. Chofardet. ... 20
— Sur la nouvelle comète Giacobini; par
M. Perrolin 71
-- Observations de la comète A ( 1901),
faites à l'Observatoire d'Alger; par
MM. Rambaud et Sy 1238
— M. Duprat, à la Guadeloupe, écrit
qu'il a observé une comète, le 9 mai
1901, vers 7''dusoir. (C'est la comète
1901 a.) 1275
Commissions spéciales. — MM. Bornct
et Mimrice Lévy sont nommés Mem-
bres de la Commission centrale admi-
nistrative, pour l'année 1901 14
— MM. Miiscarl et Bassot sont élus
Membres de la Commission de vérifi-
cation des comptes pour l'année 1900. 121 3
— Commission chargée de juger le con-
( i6o5 )
Pages,
cours du prix Francœur pour 1901,. 8t3
• Du prix Poncelet 8i4
• Du prix extraordinaire de six mille
francs 814
• Du prix Montyon (Mécanique) 8i4
■ Du prix Pluniey 905
-Du prix Fourneyron 9o5
• Du prix Pierre Guzman goS
■ Du prix Lalande goS
Du prix Valz go6
Du prix La Gaze ( Physique) 90G
Du prix Gaston Planté go6
Du prix Kaslner-Boursault 906
• Du prix Montyon (Statistique) 906
Du prix Jecker go6
I>u prix La Gaze ( Chimie) g4G
Du prix Delesse g47
Du prix Gay 947
Du prix Bordin (Sciences physiques). 947
Du prix Desmazières 947
Du prix Montagne 947
Du prix Tliore g47
Du prix de La Fons-Mélicocq 947
Du grand prix des Sciences physiques. 947
Du prix Savigiiv 947
Du prix Montyon (Médecine et Ghi-
rurgie) 1024
Du prix Barbier 1024
Du prix Bréant 1024
Du prix Godard 1024
Du prix Bellion 1024
Du prix Mège 1024
Du prix Lallemand r 024
Du prix du baron Larrey 1024
Du prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale) 1094
Pages.
— Du prix Pourat 1025
— Du prix Philipeaux 1086
— Du prix La Gaze (Physiologie) 1086
— Du prix Montyon (.iris insalubresl . . . ioS6
— Dn prix Wilde 1089
— Du prix Galiours 1086
— Du prix Tchihatchef 1086
— Du prix Jean Reynaud io8f>
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma-
thématiques ) ' 1 167
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) 1167
— Du prix du baron de Joest . 1 157
— Du prix Saintour 1 167
— Du prix Gegner 1 167
— Du prix TrémoRt 11 67
— Du prix Leconte i3g5
— Goramission chargée de présenter une
question de Grand prix des Sciences
physiques pour l'année igoS 1 1O7
— Une question de prix Bordin (Sciences
physiques) pour l'année 1903 [1G8
— Une question de prix Gay (Géographie
physique) pour l'année igoS 1168
— Une question de prix Pourat (Physio-
logie) pour l'année igo3 1168
— Une question do prix Fourneyron (Mé-
canique) pour l'année igoS 11C8
CiiiSTALLOGRAPMiE. — De la Symétrie
apparente dans les cristaux; par M.
Fred. WnUiTant 178
— Sur le racémisme; par MM. /. Mln-
guin et E. Grégoiip de Jintlemotit . . 1573
(^uYoscopiE. — Recherches cryoscopiques ;
par M. Paid Chnmstclioff. gOS
D
DÉCÈS DE Membres et Gorrespondants
DE l'Académie. — M. le Président
annonce la mort de M. Potam, Membre
de la Section de Médecine et Chirurgie. 1 7
— M. le P/ésidenC annonce la mort de
M. C/i. Hermile, Membre de la Sec-
lion de Géométrie, et do iM. Jd.
C/ititiri, Membre de la Section de Bo-
tanique 49
— Notice sur M. C/i. Hermite ; fâr M. C.
Jordan 101
— Notice sur M. Adolphe C/ialin; par M.
Gaston Bonnier i o5
— Condoléances adressées à l'Académie
C. R., 1901, I" Semestre. (T. CXXXIL)
par diverses Sociétés, à l'occasion de
la mort de M. Ch. Hcrndte, 120,
248, 296, 52g '. go6
M. Masciirt annonce à l'Académie la
mort de M. Zémibe Gnimnie 121
M. le Secrétaire perpétuel aimonce la
mort de M. J.-G. A-^ardli. Corres-
pondant pour la Section de Botanique. 201
Notice sur M. J. Agardli ; par M.
Bornet 233
Notice sur la vie et les travaux de
M. Th. Moutard; par .M. Gaston Dar-
boux G 1 4
M. le Secrétaire perpétuel annoBce la
207
( i6o6 )
mort de M. Raoult, Correspondant
pour la Section de Pliysique 878
— M. le Sfcn-iiiirc j/crpctucl annonce la
mort de M. Henry Rowland, Corres-
pondant pour la Section de Physique. 116S
— M. le Sccrétdire perpétuit annonce la
mort de M. Mares, Correspondant
pour la Section d'Économie rurale.. . 125-
DÉCRETS. — M. le Ministre de l'Instruc-
tion pnbli/jue et des Beaux-Arts
adresse l'ampliation du décret ap-
prouvant l'élection de M. Hund/ert. . 729
— Du décret approuvant l'élection de
M. ZeUlcr loS I
— Du décret approuvant l'élection de M.
Laveran 1249
Densités. — Sur les abaissements molé-
culaires de la température du maxi-
mum de densité de l'eau produits par
la dissolution des chlorures, bro-
mures et iodures de potassium, so-
Pages.
dium, rubidium, lithium et ammo-
nium; rapports de ces abaissements
entreeux: par .M. L.-C. de Coppct. . 1218
— Sur la densité des alliages; \iar M. Ed//i.
van Aubid 1 26G
^ M. E. Dumcsnil adresse une Note sur
« un procédé de détermination de la
densité des corps solides » 1244
Di.vsTASES. — Sur le mécanisme des ac-
tions diastasiques; par M. Hanriot .
i46et 212
— Les actions diastasiques du platine
colloïdal et d'autres métaux; par M.
G. Bredig 4go
• — Analogies entre les actions diasta-
siques du platine colloïdal et celles
des diastases organiques; par M. G.
Bredig 576
Diffusion. — Diffusion dans la gélatine ;
par M. S. Leduc 1 5oo
E
— Eaux naturelles. — Méthode de
dosage des sulfures, sulfhydrates,
polysullïires et hyposulfites pouvant
coexister en solution, en particulier
dans les eaux minérales sulfureuses;
par M. Armand Gautier 5i8
— Origine des eaux thermales sulfu-
reuses. Sulfosilicates et oxysulfures
dérivés des silicates naturels; par M.
Armaïul Gautier 740
— Dosage de l'azote nitrique dans les
eaux, au moyen du chlorure slan-
neux ; par M. H. Henriet 966
— Sur la variation de composition des
eaux minérales et des eaux de source,
décelée à l'aide de la conductibilité
électrique; par M. P. -Th. Muller.. . 1046
— La variation thermique des eaux; par
M. F.-A. Forel 1089
— Sur l'alumine contenue dans les eaux
minérales; par M. F. Parmentier. . . i332
— Sur la conservation des eaux miné-
rales; par M. F. Parmentier iSijo
Voir aussi Hydrologie.
Éclipses. — Sur l'édipse totale du 18 mai
1901 ; par I\L /. Jnnssen 1201
— Sur l'éclipsé du quatrième satellite de
Jupiter, observée à Paris le 17 mai
1901; par M. G. Bigourdan 12 1 4
Économie rurale. — Études sur la valeur
agricole des terres de Madagascar;
par JLM. A. Muntz et E. Housseaux. 451
— Valeur alimentaireetculturede l'ajonc ;
par M. A. -Cil. Girard 498
Voir aussi Chinùe agricole, Fins, Viti-
culture.
Électricité. — Nouvelles recherches sur
la convection électrique; par M. V.
Crémicu 327
— Sur la propagation des oscillations
hertziennes dans l'eau; par M. C.
Gutton 54s
— Sur un éleclro-radiophone à sons très
intenses et sur la cause qui les pro-
duit; par M. Th. Tonimasina G27
— Théorie de la machine de Wimshurst
sans secteurs; par M. Bordier 761
— Décharge disruptive dans les électro-
lytes ; par MM. André Broca et
Turckini 915
— Sur les étincelles oscillantes ; par M. G.-
A. Hemsalech 917
— Sur un nouveau système d'ampère-
mètres et de voltmètres, indépendants
de l'intensité de leur aimant perma-
nent; par M. Pierre Weiss 9J7
— Sur l'influeuce de self-induction sur
les spectres d'étincelle; par M. G. -A.
( 1607
Pages.
Hemsidecli 959
— Oscillations périodiques produites par
la superposition d'un courant alter-
natif au courant continu dans un arc
électrique; par M. E. Kœnig 962
— Sur le spectre de bandes de l'azoto
dans l'étincelle oscillante; par M. G.-
A. Hcmsaleih.. ;. io4o
— Sur la mesure de la période des oscil-
lations électriques par le miroir tour-
nant; par M. L. De'cnmhc io37
— Sur l'existence des courants ouverts ;
par M. V. Crémieu 1 108
— Sur une expérience d'oscillation élec-
' trique ; par M. H. Pcllat 1178
— Observations de la résonance élec-
trique dans l'air raréfié; par M. Albert
Tiirpnirt i3i5
— Influence de la température sur la
force électroniolrice d'aimantation ;
par M. René Paillnt i3i8
— Vibrations produites dans un fil à l'aide
d'une machine à influence; par M. D.
Negrcd/io I jo I
-:- Sur un voltamètre disjoncteur des cou-
rants; par M. C/i. Pollak i |o3
— Sur les forces électroniotrices de con-
tact et la théorie des ions; par M. E.
Hoilié 1 478
— Surunéclair en boule; parM./. /^/o//c. 1537
— Jl. A. Rrcyde ailresso une Note inti-
tulée : « Explosion à distance et sans
fil » 97
— M. Th. Tamniasinn adresse un Travail
intitulé : « Contribution à la théorie
de la cohérence » 277
— M. Dexboiirfiirii adresse un projet d'ex-
périences relatives aux courants tellu-
riques 1 igG
— M. A. Nodon adresse la description
d'un (I trieur de phases éleclrolytique
pour courants alternatifs » i416
Voir aussi Télégraphie et Téléphonie.
Électug-capillarité. — Sur les propriétés
électrocapillaires de quelques compo-
sés organiques en solutions aqueuses:
par M. Gouf S?.-),
EsiBRYOï.oGiiî. — Sur l'embryologie du
Tœnia serrata ; par M. G. Hainl-
Remy 43
— Origine du pigment chez les Tuniciers;
transmission du pigment maternel à
l'embryon ; par M. Ant. Piznn 170
— Les blastodermes sans enibrvon ; par
)
Pages.
M. Giistnfe Lnisel 35o
-Sur une fistule congénitale pliaryngo-
lacrymo-faciale, ouverte au-dessous
de la narine droite; par M. Lanne-
longtw 385
- Sur les diverses cellules de l'ovaire
qui interviennent dans la formation
de l'œuf des insectes; par M- A.
Lécaillon 586
- Sur l'évolution des feuillets blastcder-
miques chez les Nématodes; par M.^.
Conte 1 064
- Snr l'évolution des œufs immatures de
Rann fitsca; par M. E. Btitaillon. . . 1 134
RRATA, 48, 232, 280, 368, 448, 596,
812, 896, 1012, 1080, ri6o, 1200,
1248, 1448, i5iG, it)t)').
RYTiiRiTKS. — Sur Ics érythrites actives ;
parMM. L. Mnqiirniievl G. Birlrniid. 1419
- Sur l'érythrite racémique; par MM. L.
.Maquenne et Gnb. Bertrand 1 565
TiiicRS. — Nouvelles recherches sur l'iso-
mérie des éthers sulfocyaniques ; par
M. Bcrthelot 57
- Sur les éthers alcoylcyanomaloniques
et les acides alcoylcyanacétiques qui
en dérivent; par MiVI. A. Haller et
6'. niane 38i
- Quelques isothermes de l'éther entre
100" et 206°; par M. Edouard Mack. 952
- Isochores de l'éther de i" à ii^^SS;
par M. Edouard Miick io35
- Action des éthers alcoylcyanacétiques
sur les chlorures diazo'i'ques ; par
M. G. Favrel 983
- Action des éthers alcoylmaloniques
sur les chlorures dia/.o'i'ques ; par
M. G. Favrel i336
- Préparation des éthers nitrobenzoylcya-
nacétiques isomériques ortho, meta
et para, et du chlorure d'ortlnmitro-
benzoyle cristallisé; par M. Mufro-
jnnins Io54
- Action des chlorures d'acides sur les
éthers-oxydes en pré.-ence du chlo-
rure (le zinc ; par M. Marcel Dcscudé. 1 1 29
- Action des chlorures acides sur les
éthers-oxydes en présence du zinc;
par M. /'. Freundler 1226
- Sur les éthers imidodithiocarboniques
RAz = C(SR')2; par M. Marcel De-
lépine i4 16
- Nitration des éthers acétylacétiques et
de leurs dérivés acidylés; par MM. L.
( i6o8 )
Pajîcs.
Bouveault et J. Bongert i56g
Étoiles. — Apparition d'une étoile nou-
velle dans la constellation de Persée;
par M. Lœwy 449
— Sur l'apparition d'une étoile nouvelle
dans la constellation de Persée; par
M. Flammarion ... 457
— Sur la nouvelle étoile apparue récem-
ment dans la constellation de Persée;
par M. /. Jans.sen 5o5
— Sur la nouvelle étoile de Persée; par
M. M. Luizct 535
— Observations de l'étoile nouvelle de
Persée; par M. H. Deslandrcs 535
Pages.
— Détails complémentaires sur la nou-
velle étoile de Persée ; par M. H. Des-
landres 619
— Application du photomètre à coin à la
mesure des sjrandeurs photographi-
ques; par M. B. Baillaud 1091
— Observations d'éclats de la Nova Per-
sée; par M. M. Lnizet '. 1 2i5
— Troisième série d'observations de la
nouvelle étoile de Persée; par M. H.
Deslandres i542
Éthyle. — Sur le nitroacétate d'élhyle;
par M. yé . Wald io5o
Ferments. — Sur une différenciation bio-
chimique des deux principaux fer-
ments du vinaigre; par MM. Gab.
Bertrand et R. Sazerac i5o4
Fluor et ses composés. — Sur un nou-
veau corps gazeux, le fluorure de sul-
furyle SO^F-; par MM. Moisson et
P. Lebeau 374
G
Galvanomètres. — Sur un galvanomètre
parfaitement astatique; par M. Lipp-
inann 1161
— Sur une balance très sensible pouvant
servir de galvanomètre, d'éleclrody-
namomètre et d'électromètre absolu;
par M. V. Crémieu 1267
Gaz. — Sur la liquéfaction des mélanges
gazeux. Variation des concentrations
des deux phases existantes liquide et
vapeur le long des isothermes; par
M. F. Caitbet 1 28
— Chaleur spécifique d'un mélange gazeux
de corps en équilibre chimique; par
M. ^. Ponsot 759
— Lois de Gay-Lussac et dissociation des
composés gazeux; par M. J. Pon-
sot 1 4" I
— Actions chimiques dans les systèmes
dissous ou gazeux. Tension de va-
peur. Hypothèse d'Avogadro: par M.
Ponsot 1 5 5 1
— Quelques isothermes de l'éthcr entre
100° et 106°; par M. Ed. Mnrck. . . . g'i2
— Isochores de l'éther de 1" à i",85;
par M. Ed. Marck io35
GÉODÉSIE. — Utilisation des points de
CoUins pour la détermination d'un
quadrilatère ; par M. Hatt 597
— M. /. Dditala adresse un Mémoire de
Géodésie, ayant pour litre : « Déter-
mination .simultanée de deux stations
inconnues » loio
GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'une
racine des Préalpes suisses; par M.
Maurice Lu^eon 45
— Sur l'âge des roches éruplives du cap
d'Aggio (Alpes-Maritimes); par M.
Léon Bertrand 182
— Les dômes de Saint-Cyprien (Dordo-
gne), Sau\eterre et Fumel (Lot-et-
Garonne); par M. Pli. Glangeaud.. . 184
— Les transgressions et les régressions
des mers secondaires dans le bassin
de l'Aquitaine; par M. Ph. Glan-
geaud 363
— Sur la présence d'un gisement d'an-
thracite dévonien au Kouitcheou
(Chine); par M. G.-H. Monod 270
— Nouvelles observations sur la période
glaciaire dans les Karpates méridio-
nales; par M. E. de Marianne 36o
— A propos des gisements de minerais
de fer oolithiques de Lorraine et de
leur mode de formation ; par M. Geor-
ges Rolland 444
( ^6o9 )
Pages.
— Les formations tertiaires et quater-
naires de la vallée do Bellegarde;
par M.'^. Ddiixaml SgS
— Sur l'érosion régressive dans la chaîne
des Andes; par M. tic Lnpparent. . . 1296
— Sur le rôle des oscillations eustatiques
du niveau de base dans la formation
des systèmes de terrasses de quelques
vallées ; par M. de Ltimothe 1428
Voir aussi Paléontologie, Pétrographie,
Physique (lu globe.
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces convexes
fermées; par M. H. Minkowski 21
— Sur les systèmes on hogonau.K admet-
tant un groupe de transformations de
Combescure; par. M. D.-Th. Egorov. 74
— Remarque au sujet d'une Note de M.
S. Kantor; par M. E. Enriques 248
— Sur les réseaux qui, parla méthode de
Laplace, se transforment des deux
côtés en réseaux orthogonaux ; par
M. C. Gnichard 249
— Une classe nouvelle de surfaces algé-
briques qui admettent une déforma-
tion continue en restant algébriques;
par M. D.-Th. Egorov 3o2
— Sur le théorème d'Hugoniol et la théo-
rie des surfaces caractéristiques; par
M . /. Coulon 307
— Sur la déformation du paraboloïde
quelconque; par M. C. Guichnrd. . . 898
— Sur la déformation du paraboloïde gé-
néral ; par M. Servant 816
— Sur le problème des isopérimèlres; par
M. A. Hitrwilz 4o i
— Sur une certaine surface du troisième
Pages.
ordre; par M. D.-Th. Egorov 538
— Sur la somme des angles d'un poly-
gone h connexion multiple; par M.
M. d'Ocagne. ..: 818
— Sur une question relative au déplace-
ment d'une figure de grandeur inva-
riable; par M. R. Bricard 947
— Sur une class? particulière de surfaces
réglées; par M. A. Demoidin 1097
— Sur la déformation continue des sur-
faces ; par M. G. Tzitzeicn 1 100
— Détermination des surfaces qui sont à
la fois des surfaces de Joachimsthal
et des surfaces de Weingarten ; par
M. L.Raify i3i2
— Equations et propriétés fondamentales
des figures autopolaires réciproques
dans le plan et dans l'espace; par M.
Rabat 1470
— Sur la déformation continue des sur-
faces; par M. D.-Th. Egorov i545
— M. Diimont adresse un Mémoire inti-
tulé : « Théorie des surfaces du troi-
sième ordre » i54 1
Glycols. — Chaleur spécifique et chaleur
de fusion du glycol éthylénique; par
M. de Forcrand 569
— Vaporisation et hydratation du glycol
éthylénique; par M. de Forcrand.. . 688
— Sur l'anhydride du prétendu binaph-
tylcne-glycol ; par M. R. Fu.we 1127
Grisou. — M. Ch. Joly adresse un Mé-
moire sur « le Grisou » 1275
— Sur un grisoumètre électrique; par
M. G. Léon 1408
H
Histoire dks Sciencks. — La légende du
Lepas analijera, la yullisneria .ipi-
rali.f et le Poulpe; par RL Frédéric
Hous-iay 263
— Sur les inétjux égyptiens : Présence
du platine |)armi les caractères d'une
inscription hiéroglyphique; par M.
Berthelot 729
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume intitulé : « Etienne Geoffroy
Saint-llilaire ; Lettres d'Egypte » pu-
bliées par .M. E.-T. Hamy 296
— M. le Secrétaire perjjétuel signale le
Volume X de la publication « Le
Opère di Galileo Galilei, edizione na-
zionale sotto gli auspicii di Sua Maeslà
il Re d'italia « 396
M. le Secrétaire perpétuel signale une
brochure de M. Edmond Perrier :
« Henri et Alphonse Milne-Edwardsu . io25
M. le Secrétaire perpétuel signale le
Tome XII de la i'" série des « Œu-
vres complètes d'Augustin Cauchy,
publiées sous la direction de l'Aca-
démie des Sciences » j25o
M. le Secrétaire perpétuel présente un
Ouvrage de M. Plero Giacosa, ayant
pour litre : « Magistri Salernitani
( i6io )
Pages,
nondum editi » 1 464
Histologie. — Sur une réaction histochi-
mique différencielle des leucocytes et
sur la production expérimentale et la
nature des granulations chromato-
philes de ces cellules; par M. Hunri
Slns.tnno 58i
Hydraulique. — Sur les lois des montées
de Belgrand et les formules du débit
d'un cours d'eau ; par M. Edmond
Maillet io33
Hydrographie. — M. Bouquet île ta Gry-e
appelle l'attention de l'Académie sur
Pages .
un Volume relatif à l'hydrographie du
haut Yang-tse, par le P. C//ei'alicr . . 664
Hydrologie. — Contribution à l'étude des
eaux souterraines. Courbes isochro-
nochromaliques; par M. Félix Mar-
bniitin 365
— Sur l'usage de la levure de bière pour
déceler les communications des nappes
d'eau entre elles; par M. P.Miquel. i5i5
T'nir aussi Eaux naturelles.
Hygiène porlique. — Épuration de l'air
par le sol; par M. Auguste Gérar-
din 1 57
Incendies. — M. Ridey adresse une
Note « Sur un matériel de sauvetage
et d'extinction dans les incendies». 1276
Tndihm. — Contribution à l'étude de l'in-
dium; par MM. C. ChabriéeXE. Ren-
gnde 472
Indophénols. — Spectres d'absoption
des indophénols. Loi des groupements
auxochromes azotés tertiaires; par
M. Paul Lcmoult 142
— Sur l'absorption de la lumière par les
indophénols ; par MM . P. Bayrac el
C. Camichcl 338
— Sur les spectres d'absorption des indo-
phénols et des colorants du triphényl-
méthane; par MM. C. Camichel et
P. Bayrac 485
— Nouvelle méthode permettant de ca-
ractériser les matières colorantes.
Application aux indophénols ; par
MM. C. Camichel et P. Bayrac 882
Iode. — Des origines de l'iode de l'orga-
nisme. Cycle biologique de ce métal-
loïde ; par M . P. Bourcet . . .' 1 364
L
Lait. — Calcul de l'écrémage et du mouil-
lage dans les analyses du lait; par
MM. Louise et Riquier 993
Langue internationale. — Sur l'utilité
scientifique d'une langue auxiliaire
internationale; par M. H . Sebert . . . . 869
— Sur les services que peut rendre auï
sciences la langue auxiliaire interna-
tionale de M. le D'' Zamenhof, connue
sous le nom à" Espéranto; par M.
Ch. Mérny S74
Luminescence. — Luminescence obtenue
avec certains composés organiques;
par M. Raphaël Dubois 43 1
M
Magnésium. — Sur les propriétés réduc-
trices du magnésium et de l'alumi-
nium; par M. A. Duboin 826
Magnétisme. — Perméabilité des aciers
au nickel, dans des champs intenses;
par M. René Pailiot 1180
— Contribution à l'étude théorique et ex-
périmentale des veines liquides défor-
mées par des obstacles et à la déter-
mination des lignes d'induction d'un
champ magnétique ; par M. H. -S.
Hele-Shaw i3o6
— Influence de la température sur la
force électromotrice d'aimantation ;
par M. René Pailiot 1 3 1 8
Magnétisme terrestre. — Sur la valeur
absolue des éléments magnétiques
au i"' janvier 1901 : par M. Th. Mou-
reaux 3o
— Sur la relation de l'activité solaire
( i6
Pages.
avec la variation diurne de la décli-
naison magnétique; par M. Alfred
Aiigot 254
— Sur la variiilion diurne de la déclinai-
son magnéti([uo ; par M. Alfred
Angut 017
— Calcul de la formule définitive donnant
la loi de la distribution régulière de
la composante horizontale du magné-
tisme terrestre en France au i""' jan-
vier iSgG; par iM. /f. Mal/iiat 3iO
MÉcvNiQLE. — Sur le théorème des forces
vives ; par M . H. Duport 24
— Sur les conditions supplémentaires en
Hydrodynamique; par M. P. Duhem. 117
— Sur la stabilité isentropique d'un
fluide; par M. P. Duhem i44
— Sur une forme nouvelle des équations
de la Mécanique; par M. H. Poin-
caré. 366
— Sur la propagation des discontinuités
dans les fluides; par M. E. Jouguet. 673
— Sur un problème de d'Alembert ; par
M. F. Siiicci 1 175
— Sur un invariant remarquable de cer-
taines transformations réalisées par
appareils enregistreurs; par .M./{«i«;. 1399
l'oir aussi Physir/iie mathéiii<iti<iue.
MÉCANIQUE AE'l'LIQlÉE. — PositionS di-
verses de la fibre neutre dans les
corps rompus p;ir la flexion; raison
delà fragilité; par M. C/i. Frémont. 202
— Sur les voûtes en arc de cercle, en-
castrées aux naissances; par M. Ri-
bière 3 1 5
— Sur les vibrations des poutres encas-
trées; par M. Ribière 668
— Traces superlicielles laissées par les
outils dans le travail du sciage des
métaux ; par M. Vosteur 462
— Changements de direction et de vitesse
d'un courant d'air qui rencontre des
corps de formes diverses; par M.
Marey 1 291
— Sur ra|)plicaliondc la théorie de l'élas-
ticité au calcul des pièces rectangu-
laires fléchies; parM. Mcsnager. . . . i^yS
— M. Z. /^nn/ adresse une Note relative
à une nouvelle roue à r/iit mobile. . . 726
— M. P. Guyon adresse la description
et le dessin d'un « Nouveau moteur
à vent » 1275
Mécanique céleste. — Sur la théorie de
la précession ; par M. H. Poincaré. . Jo
" )
Pages.
— Sur la précession ; par M. O. Bachlund. 291
— Sur la théorie des satellites de Jupiter;
par M. J .-J. Landtrer 299
— Sur les variations en grandeur et en
position des satellites, ré\élanl l'exi-
stence d'une atmosphère cosmique;
par dont Lniney 458
— Sur la loi de l'attraction universelle ;
par M. H. Duport 662
Mercure. — Sur de nouveaux composés
organo-métalliques de mercure; par
llA'Sl. Auguste Lumière, Louis Lumière
et Chevrotier i\i
— Action de l'oxyde de mercure sur quel-
ques corps organiques; par MM. A.
Lumière, L. Lumière et F. Perri/i. 635
— Observations sur la dissolution des
métaux solides dans le mercure et
plus généralement dans les autres
métaux fondus; par M. Brrllielot. . . . 290
— Sur un iodoantimoniurc de mercure;
par M. Albert Graiiger 1 1 1 5
— Action de l'oxyde mercurique sur les
solutions aqueuses des sels raétalli-
liques; par M. A. Mailhe. 1273 et i56o
Météorites. — Sur une masse de fer mé-
tallique qu'on dit être tombée du ciel
au Soudan, lo i5 juin 1900; par M.
Stanislas Meunier 44 1
— ExHmen d'une météorite tombée dans
l'île de Geyian, le i3 avril 179J; par
M . Stanislas Meunier 5oi
Météorologie. — Anémomètre électrique
à indications à distance; par M. Em-
mariuel Legraitd 323
— Sur les périodes de l'aurore australe;
par M. Henryk Arctowski 6ii
— Mouvement, en chaque jour synodique,
do l'axe instantané de symétrie des
écarts barométriques; par M. A.
Poincaré 1 1 55
— Sur l'orage du 29 mai 1901; par M.
Joseph Jaubert 1 3 7 1
— Six mois d'observations météorolo-
giques à Quito; par M. F. Gonnes-
sint 1444
Voir aussi Physiipic du globe.
MÉTHYLÈNE. — Actiou du ziiic sur le di-
broraure et le diiodure de lélraraéthy-
lène ; par M. J . Hamonet 789
— Sur la chimie du méthylène ; par M. V.
Thomas 1118
MÉTRIQUE (Système). — M. le Secrétaire
perpétuel signale un Ouvrage de
( l6l2 )
l3l2
80
Pages
M. G. Bigourdan ayant pour titre :
« Le Système métrique, son établisse-
ment et sa propagation graduelle »..
Minéralogie. — Sur la lliiorine odorante
à fluor libre du Beaujolais; par M.
Jules Gnrilier 9^
— Sur l'origine de l'or de Madagascar;
par M. J. Lacroix
— Sur l'origine et le mode de formation
du minerai de fer oolilhique de Lor-
raine; par M. Stanislas Meunier 1008
— Sur un échantillon de chaux cristal-
lisée ; par M. J<i. Jouve 1 1 1 7
— Sur la composition de l'amblygonile;
par M. Henri Lasne 1 191
— Sur les tellurures d'or et d'argent de
Kalgoorlie (Australie occidentale) ; par
Pages.
M. Ad. Carnnt 1298
— Analyse de quelques travertins du
bassin de Vichy; par MNL C . Girard
et F. Bordas i^iZ
— Sur le gabbro à olivine de Kosswinsky-
Karaen (Oural); par MM. L. Dupnrc
et F. Pearce 1426
— Synthèse delà boronatrocalci te (ulexite) ;
par M. A. de Schidlzen 1 676
Voir aussi Cristallographie, Pétrogra-
phie.
Molybdène. — Sur un nouveau sulfate de
molybdène cristallisé; par M. Bail-
lache 475
— Sur la réduction de l'acide molybdo-
sulfurique par l'alcool; par M. E.
Péchnrd (J28
Naphtènes. — Méthode générale de syn-
thèse des naphtènes; par MM. Paul
Sabalier et J.-B. Senderens 566
Navigation. — Sur l'emploi des circum-
méridiennes à la mer ; par JL E.
Guyoïi 667
— M. A. Averous adresse un Mémoire
relatif à un nouveau mode de propul-
sion des navires 878
Navigation AÉRIENNE. — M. Al. Bar-
thès demande l'ouverture d'un pli
cacheté contenant la description d'une
machine aérienne dirigeable 695
— M. Cil. SibiUot adresse une Note rela-
tive à un aérostat dirigeable 878
— Sur l'emploi de l'o.xygène dans les
ascensions à grandes hauteurs; par,
M. L. Cailletet 1017
— M. Alfred Basin adresse un résumé
de ses différents Mémoires sur les
aérostiits 1464
— M. Hosden adresse un Mémoire relatif
à la direction des aérostats 1464
NÉBULEUSES. — Nébuleuses nouvelles dé-
couvertes à l'Observatoire de Paris
(équatorial delà tour de l'Ouest); par
M. G. Bigourdan i"94 et i465
Nickel. — Séparation du cobalt et du
nickel par la voie électrolytique ; par
M. Dimitry Balachowshy 1492
No.MINATIONS DES Me.MBRES ET CORRES-
PONDANTS DE l'Académie. — M. A..
Normand est élu Correspondant pour
la Seclion de Géographie et Naviga-
tion 61 3
— M. Hiinibert est élu Membre de la Sec-
tion de Géométrie 662
— M. Piad Sahatiereil élu Correspon-
dant pour la Section de Chimie 753
— M. D'ividson est élu Correspondant
pour la Section de Géographie et Na-
gation "54
— M . Zeiller est élu Membre de la Sec-
tion de Botanique 1024
— M. Zeunere&l élu Correspondant pour
la Section de Mécanique 1086
— M. Oudemans est élu Correspondant
pour la Section de Géographie et
Navigation 1086
— M. Laveran est élu Membre de la Sec-
lion de Médecine et Chirurgie 1212
— M. Maapast'i\.k\vi Correspondant pour
la Section d'Analomie et Zoologie... 1464
— M. Edouard Van Beneden est élu
Correspondant pour la Section d'Ana-
lomie et Zoologie 1 54o
( i6i3 )
O
Pages.
Observatoires. — Sur le quatrième Vo-
lume des « Annales de l'Observatoire
de Toulouse » ; par M. Lœwy 1084
— M. le Secrétaire perpélucl signale :
1° Le premier Volume d'une publica-
tion de M. Lanolcy ayant pour litre :
« Annalsof tlie astrnphysical Observa-
tory of ihe Smittisonian Institution » ;
2" Le cinquième fascicule de l'Atlas
pliotographiquo de la Lune, publié
par l'Observatoire de Paris, exécuté
par iM.\L M. Lœwy eX P. Puistitx.. iSgG
Optique. — Nouveau modèle d'oculaires
à glace micromélriquo; par ^^. T..
Malassez 4o5
— Pour obtenir des rayons de comtes
longueurs d'onde, on peut utiliser
l'ililuve électrique, source inlense de
rayons violets et ultra-violets; par M.
S. Leduc 542
— Sur un appareil qui limite les effets des
fontaines lumineuses; par M. G.
TriMi'é 963
yoir aussi Fision.
Or. —Sur l'origine dn l'or de Madagascar ;
par M . A. Lncroix i8o
— Sur les alliages d'or et d'argent prove-
nant des tombeaux égyptiens; par M.
Brrihetot .' ." 1282
— Sur les tellurures d'or et d'argent de la
ré;ion de Kalgoorlie (Australie occi-
dentale); (lar M. Ad. Ciirnot 1298
Organo-siktai.ijques (C.omposés) . —
Nouvelles réactions des dérivés or-
gano-métalliques ; par M. E.-E.
Biaise 38
— Sur do nouveaux composés orgnno-
mélalliques de mercure ; par MM.
Pagi's.
j^ugtiste Lumière, Louis Lumière et
Cliei'rotier 145
— Action des éthers d'acides gras sur les
combinaisons organo -magnésiennes
mixtes; par M. V. Gri»nrird 336
- Nouvelles réactions des dérivésor;,'ano-
métalliques. (II). Éthers et alcoyl-
p-cétoniques; par M. E.-E. Biaise. 478
— Action des dérivés organo-métalliqucs
sur les éthers-sels; par M. A . Belud. 480
— Sur les combinaisons orgarioniagné-
siennes mixtes; par M. t'. Grignnrd. 558
— Action des chlorures d'acides et des
anhydrides d'acides sur les com-
posés organo-métalliques du magné-
sium; par MM. Tifsier el Grij^ntird. 683
— Action des éthers d'acides bibasiques
sur les composés organo-métalli(|iies ;
par M. Aiiiand P'alrur 833
— Sur les composés organo-métalliqucs
du magnésium; par M.\I. Tissirr eX
Grignnrd 835
— Nouvelles réactions des composés or-
gano-magnésiens; par M. Ch. Moureu. 837
— Sur les dérivés étliéro-oiganomagné-
siens; par M. £.-£. BUdsc 83g
— Nouvelles réactions '.'esdérivés organo-
métalliqui's. (111). l'Uliers Pcétoniques
non substitués; par M. E.-E. HUdsc. 978
— Sur les composés organo-magnésiens
aromatiques ; par MM. Tissicr et
Grigmird 1 1 82
— Sur les radicaux acétylométalliques;
par M. Bcrlhcloi iSaâ
Osmose. — Sur l'osmose à travers la
membrane de ferrocyanure de cuivre;
par M. G. Flusin 1 1 10
Paléontologie. — Sur le Néomylodon et
sur l'animal mystérieux de la Pata-
gonic ; |iar M. André Tnurmnu-r 96
— Sur la présence du genre Caprina
dans rUrgonien ; par M. V. Pa-
t/uier 229
— Sur la découverte d'un Oursin d'âge
crétacé dans le Sahara oriental ; par
C. R., 1901, 1" Semestre. (T. OLXXII.)
M. de Lappnrent 388
Sur la découverte, dans les dépôts
permiens supérieurs ilu nord de la
Russie, d'une flore glossoplérienne
et de reptiles Pnreinsnurus et Dicy-
nodon; par M. Anuditzky 69 1
Sur un insecte fossile trouvé dans le
Trias de Lorraine; par M. P. Flirhe. 65o
208
( '614 )
Pages.
Pathologie végétale. — Observations
relatives à la propagation dans les
pommeraies du Neciria ditissima; par
M. Descours-Desncres 438
PÉTROGRAPHIE. — Sur UH nouveau groupe
de roches très basiques; par M. A.
Lacroix 358
— Sur la province pétrographique du
nord-ouest de Madagascar; par M. J.
Lacroix 439
— Sur l'âge de la teschénite; par M. Faut
Choffat 807
— Sur la kostvite, une nouvelle pyroxé-
nite de l'Oural; par MM. L. Duparc
et F. Pearce 892
— Sur l'existence d'azotures, argonures,
arséniures et iodures dans les roches
cristalliniennes ; par M. Jrnmnd
Gautier 93»
— Sur la classification pétrographique des
■ schistes de Casanna et des Alpes
valàisannes; par M. X. Duparc laS?
Phénols. — Sur quelques dérivés iodés du
phénol ; par M. P . Brenans 83 1
Pbénylhïdrazine et ses dérivés. — Sur
des combinaisons acides et alcooliques
de l'urée de la phényihydrazine; par
M. P. Cazericuve 34o
— Sur la diphénylcarbodiazine ; par M.
P. Cazeneuve 4 ' 2
— Sur les phénylhydiazones duf/-glucose
et leur muitirotation ; par MM. L-
J. Simon et H. Bénarii 564
— Action de la phényihydrazine et del'hy-
drazine sur les deux butyrylacéty-
lacétates de méthyle isomères; par
M. Bongert 973
Phosphates. — Équilibres chimiques.
Formation des phosphates insolubles
par double décomposition. Phos-
phate de soude bibasique et azotate
d'argent; par M. Berthelot 14^9
Phosphoreux (Oxyde). — Sur la prépara-
ration de l'oxyde phosphoreux; par
M. ^. Besson 1 556
Phosphorique (Acide). — Sur l'acide
phosphorique des sols; par M. Th.
Sc/ilœsing fils 1189
— Nouvelles recherches sur la neutrali-
sation de l'acide phosphorique ; par
M. Berthelot 1277
— Réactions de deux bases mises simul-
tanément en présence de l'acide
phosphorique ; par M. Berthelot. ... i5i7
Pages.
Photothérapie. — Appareil très simple
pour l'application de la méthode pho-
tothérapique de Finsen ; par MM.
Lortct et Genotid 246
— Appareil photothérapique sans conden-
sateur; par MM. Lortet et Genoud. . 527
Physiologie animale. — La production
du travail musculaire utilise-t-elle,
comme potentiel énergétique, l'alcool
substitué à une partie de la ration
alimentaire; par M. A. Chatweati.. . G5
— Influence de la substitution de l'alcool
au sucre alimentaire, en quantité iso-
dyname, sur la valeur du travail
musculaire accompli par le sujet, sur
son entretien et sur sa dépense; par
M. A. Chaiweau 1 10
— La dépense énergétique qu'entraînent
respectivement le travail moteur et
le travail résistant de l'homme qui
s'élève ou descend sur la roue de
Hirn. Évaluation d'après l'oxygène
absorbé dans les échanges respira-
toires ; par M. A. Chaiweau 194
— Analyse de la dépense du tra^'ail mo-
teur de la machine qui soulève le
poids de l'homme occupé à faire du
travail résistant sur la roue de Hirn.
Comparaison avec la dépense qu'en-
traîne ce même travail moteur accom-
pli par l'homme en soulevant lui-
même son poids sur la roue; par
M. A. Chauveau 938
— Le globule rouge nucléé se comporte
autrement que le globule rouge anu-
cléé, au point de vue de l'osmose,
vis-à-vis de l'urée en solution; par
M. R. Qiiinton 347
— Le globule rouge nucléé se comporte
à la façon de la cellule végétale, au
point de vue de l'osmose, vis-à-vis
de l'urée en solution ; par M. R.
Quinton 432
— Transmission nerveuse d'une exci-
tation électrique instantanée; par
M. Aiig. Charpentier 426
— Nouveaux caractères de l'excitation
électrique brève transmise par le
nerf; par M. Aug. Charpentier 639
— Conduction lente du nerf et variation
négative; par M. Aug. Charpentier. 711
— Conduction nerveuse et conduction
musculaire des excitations électri-
ques ; par M. Aug. Charpentier 794
( i6i5 )
Rôle des canaux péritonéaiix ; par M. S.
Jourdain
Action pliysiologique du vin; par RI.
L. JRoos
Action de l'alcool sur la sécrétion gas-
trique; par MM. .-tlhert Frouin et
M. Moliriier
De l'action du chloroforme sur le pou-
voir réducteur du sang; parMM.Zww-
bert et GnrnuT
Contribulion à l'étude psycho-physio-
logique des actes vitaux en l'absence
totale du cerveau chez un enfant;
par MM. Vascldde et Cl. Vtirpas . . .
Excitation des nerlset des muscles par
des ondes de très courte durée; par
M. G. fFeiss
Recherches sur les constantes phy-
siques qui interviennent dans l'exci-
tation électrique du nerf; par M.
Georgex ff^eisx
La loi de l'excitation électrique des
nerfs; par M. Gcarges Weiss
Mesure directe de la longueur d'onde
dans le nerf à la suite d'excitations
électriques brèves; par M. -■/",?.
Charpentier
Sur le mécanisme de la propulsion de
la langue chez les Amphibiens anou-
res; par M. Mardis Hartng
Sur des phénomènes d'histolyse et
d'histogenèse accompagnant le déve-
loppement des Trématodes endopara-
sites de Mollusques terrestres; par
MM. C. Faner et A. Conte
Influence do la stérilisation des milieux
habités, de l'air respiré et des ali-
ments ingérés, sur l'organisme ani-
mal; par MM. Cliarrin et Guilleino-
nal
Le dernier signe de vie ; son appli-
cation à l'homme; par M. A.-D.
Waller
Les otolithes et l'audition; par M.
Pierre Bonnier
Sur le temps de réaction suivant les
races ou les conditions sociales: par
M. Louis Lapicque
Outillage très simple et très sûr, d'ap-
plication aussi rapide que facile, pour
rendre inoiïeusifs le séjour et le tra-
vail de I homme dans les atmosphères
irrespirables contaminées par des gaz
délétères; par MM. A. Chauveau et
âges.
492
428
1001
64 ï
999
1068
1143
588
1062
1074
1087
1367
1 )09
1147
i348
1289
Pages,
y. Tissnl , 532
— Recherches sur l'injection de sang et
de sérum néphrotoxiques au chien;
par M. Bierry 1145
— Recherches sur la maladie des chiens.
Vaccination du chien contre l'infec-
tion expérimentale; par M. C. Phi-
sali.v
— Recherches expérimentales sur la res-
piration des Annélides. Étude du Spi-
rographis Spallanzanii; par M. Boun-
hiol
— Sur l'électrolyse des tissus animaux;
par M. M. Bordier et Gilet
— Sur l'électrolyse des tissus animaux;
par M. Edouard Brnnly 1 36i
— Sur les courants électrotoniques extra-
polaires dans les nerfs sans myéline;
par M. Mendelssohn 1507
— Sur l'anesthésie locale en chirurgie
dentaire à l'aide des courants de
haute fréquence et de haute inten-
sité; par MM. L.-R. Régnier et G.
Didsbury ,589
-- Influence des lécilhines de l'œuf sur
les échanges nutritifs; par MM. A.
Desgrez et A. Zahy 1 5 1 2
PiivsioLOGiE PATHOLOGIQUE. — Traite-
ment par l'oxygène, à la pression
atmosphérique, de l'hommo em|)oi-
sonné par l'oxyde de carbone; par
M. iV. Gréhant. 674
- Propriétés coagulantes du mucus : ori-
gines et conséquences ; par MM. Char-
rin et Moussu 578
— Maltosurie chez certains diabétiques;
par MM. R. Lépine et Boulad 610
— Courbes d'ascension thermométrique;
par M . .S'. Leduc 798
— Sur un parasite observé chez les syphi-
litiques; par M. H. Stassano 800
— La résistance des moutons algériens à
la clavelée est-elle héréditaire? par
M. P. Pourquier 890
— Un cas de trichosporie ( piedra nos-
tras) observé en France; par M. Paul
Vuillemin 1 369
^o/r aussi Virulentes (Maladies), Tu-
berculose,
Physiologie végétale. — Influence de la
pression osmotique du milieu sur la
forme et la structure des végétaux ;
par M. /. Beauverie 226
— De l'élimination du méthane dans l'at-
( i6i6 )
Pages,
mosphère ; par M. V. Urbain 334
— Action de la pression totale sur l'assi-
mihition chlorophyllienne; par M. /ea«
Frlcdel 353
— Sur la tuberculisalion de la PonKne de
terre; par M. Nnèl Bernard 355
— Sur l'identité des modifications de
structure produites dans les cellules
végétales par le gel, la plasmolyse et
la fan.iison; par MM. L. Matruclwt
et M. MoUiard 495
— Sur la sensibilité des végétaux supé-
rieurs à des doses très faibles de sub-
stances toxiques; par M. Henri Cou-
pin C45
— Sur la sensibilité des végétaux supé-
rieurs à l'iiitiun utile des sels de po-
tassium ; par M. Bcnrl Coii/Jin. ..... 1382
— De l'absorption des poisons métalli-
ques très dilués par les cellules végé-
ta les ; pa r M . Ilinri Devnux 717
— Influence de l'obscurité sur le déve-
loppement des ûeurs; par M. L. Beu-
loy^'ie 720
— Sur la migration des matières azotées
et des matières ternaires dans les
plantes annuelles; par M. G. André. io58
— L'assimilation cliloroiihyllienne réalisée
en dehors de l'organisme vivant; par
M. Jean Friedcl 1 138
— Sur la [iroportion de l'eau comparée à
l'aoûtemeiit des végétaux ligneux ;
par M. F. Kovessi iSSg
— Sur les débuts de la germination et sur
l'évolution du soufre et du phosphore
pendant cette période; par M. G.
André ■ 277
Voir aussi Cliinne végéitde.
Physique du globe. — Sur la constitu-
tion du sol des grands fonds océa-
niques ; par M. /. Tlioulet 274
— Note relative à un AtldS lithologique
et balhymétrique des côtes de Fi ance ;
par M . /. Thoulet 653
— Sur les icebergs tabulaires des régions
antarctiques; par M. Henryk Arc-
towsky 725
— Sur les nodales de sable ou de pous-
sière; par M. C. Matlézos 727
- Sur la ptide de sang observée à Pa-
lerme dans la nuit du 9 au 10 mars
igoi ; par M. Stanislas Meunier. . . . S94
— Sur les poussières atmosphériques ob-
servées ù Tunis, le 10 mars 1901 ;
Pages,
par M. £. Bertainchand 1 153
— Sur l'existence probable d'une mer
récente dans la région de Tombouc-
tou ; par M. Aug. Chevalier 926
— Sur les mouvements du sol et la for-
mation des vallées en Valachie; par
M. E. de Marianne 1 i4o
— Nouvelles observations sismologiques
faites à Grenoble; par M. W. Kilian. 12(2
— Sur un éclair en boule; par M. /.
Viotle 1537
Voir aussi Météorologie , Magnétisme
terrestre .
Physique mathématique. — Sur la théo-
rie des équations de la Physique ma-
thénuitique ; par M. S. Zaremba 29
— Sur les conilitioas supplémentaires en
Hydrodynamique; par M. P. Duliein. wj
— Sur la stabilité isentropique d'un
fluide; par M. P. Dultein 244
— Sur les chaleurs spécifiques des fluides
dont les éléments sont souiuisà leurs
actions mutuelles; par M. P. Duhem. 292
— De la propagation des ondes dans les
fluides visqueux; par M. P. Duhcm.. 3g3
— Sur les ondes du second ordre par
rapport aux vitesses, que peut pré-
senter un Uuide visqu3ux ; par M. P.
Didieoi C07
— De la propagation des discontinuités
dans un fluide visqueux; par M. P.
Duliem 658
— Sur la propagation des discontinuités
dans les fluides; par M. E. Jnugact. 673
- De la propagation des discontinuités
dans un fluide visqueux. Extension
de la loi d'Hugoniot; par M. P. Du-
hem 944
— Sur la stabilité d'un système animé
d'un mouvement de rotation; par M.
P. Duhem 1021
— Sur les théorèmes d'Hugoniot, les lem-
mes de M. Hadamard et la propa-
gation des ondes dans les fluides
visqueux ; par M. P. Duhem 1 163
— Sur les ondes longitudinales et trans-
versides dans les fluides parfaits; par
M. P. Duhem i3o3
— Mise en équation des phénomènes de
convection calorifique et aperçu sur le
pouvoir refroidissant des fluides; par
M. /. Boussinesq 1 382
Voir aussi Thermodynamique et Gaz.
Pisciculture. — Culture et reproduction
( '6
Pases
272
II 36
du Saumon {.Salmn Salai ) en eau
douce; par M. Jousset de BcUesme. .
— Sur le développement de la Sole au
laboratoire de Concarneau; par MM.
Fabre-Doumert^iie et Eiig. Biétrijr. .
Pla>ètes. — Sur les planètes lélescopi-
ques; par M. R. du Li^ondi-s 121
— Observations sur la vari;ibililé de la
planète (m) Éros, faite? à l'obser-
vatoire de Toulouse; par M. F. Ros-
sard
— Sur la variabilité lumineuse d'Éros:
par M. Cil. André 3gj
— Observations des variations d'éclat de
la planète Éios, faites à l'observa-
toire de Lyon; par MM. Guillaume,
Le Cadet et Luizet 53o
— Sur les époques tropiriues de la période
de variation d'éclat de la planète
Éros ; par M . Luizet 53 1
— Variations d'éclat de la planète Éros;
par M. Badlaud 532
396
■1 )
Pages.
— Éléments du système formé parla pla-
nète double Éros; par M. Cli. An-
dré 533
— Sur la période de variabdité d'éclat de
la planète Éros, d'après les détermi-
nations faites à l'observatoire de Tou-
louse; par M. L. Montani^erand.. . . 533
— Sur la variabilité de la planète Éros,
d'après des clichés obtenus à l'ob-
servatoire de Toulouse; par M. L.
Montant, vand 6 1 G
— Note relative à la Communication de
M. Montangerand; par M. Baillaud. . 619
— Véritable, valeur de la période de va-
riation lumineuse d'Éros; par MM. Ch.
André et M . Luizet 665
Probabilités (Calcul des). — Sur un
lliéoiéme du Calcul des probabilités;
par M. A. Linpoun i(f. 126
— Une proposition générale du Caicid
des probabilités; par M. A. Linpou-
noff 814
R
Radio-activité. — Sur la radio-activité
secondaire des métaux ; par M. Henri
Becqueret 371
— Sur la radio-activité induite provoquée
par les sels de radium; par MM. P.
Curie et A. Debieriie 5 jS
— Sur la radio-activité secondaire; par
M. Henri Becquerel 732
— Sur la radio-activité induite et les gaz
activés par le radium; par MM. i*.
Curie et --/. Debiernc 768
Action des rayons du radium sur le
sélénium ; par M. F.u^cnc Bloch . . . 914
— Sur l'analyse magnétique des rayons
du radium et du rayonnement secon-
daire provoqué par ces rayons; par
M. Henri Berr/uerel 1286
— Action physiologique des rayons du
radium ; par M. M. Henri Becquerel
et P. Curie 1 289
Rayons X, ou Rayons Rcintgen. — Ka-
diopelvigraphle et radiopelvimétrie a
longue portée; par M. Henri Var-
nier 1 67
Lois de Iranspareni'e de la matière
pour les rayons X; par M. Louis
Benoist 324 et 545
Méthode de détermination des poids
atomiques, fondée sur les lois de
transparence de la matière pour les
rayons X; poids atomique de l'in-
dium; par M. Louis Benoist 772
Sur rabsor()tion spécifique des
rayons X par les sels métalliques; par
iL\L Alexandre Hébert et Geor<^es
lieynaiid 4o8
Production directe des rayons X dans
l'air; par M. A. Nodon 770
Appareil de mensuration exacte du
squelette et des organes donnant une
image nette en radiographie; par M.
G. Conirenioulins 1006
De l'action des rayons X sur les con-
ducteurs et sur les isolants; par M. 7.
Senwnoix' 1 320
Emploi du résonateur Oudin pour la
production des rayons X ; par M. R.
Denierliac 1 586
( i6i8 )
Pages.
SACCHAniNE. — Nouvelle réaclion de la
saccharine (sulfimide benzoïque); par
M. Alex. Leys io56
Sections de l'Académie. — Liste de can-
didats présentés par la Section de
Géométrie pour la place lais.sée vacante
par le décès de M. Ch. Hermite. . . . G54
— Liste de candidats pour la place laissée
vacante, dans la Section de Botanique,
par le décès de M. Jdolplie Clmlin. loio
— Liste de candidats pour la place laissée
vacante, dans la Section de Médecine
et Chirurgie, par le décès de M. Po-
tain 1 1 97
Sodium. — Sur quelques propriétés du
peroxyde de sodium ; par M . Gcorf;e-
F. Jauhert 35
— Sur un nouveau mode de préparation
des hydrates de peroxyde de sodium
et leurs propriétés; par M. George-
F. Jauhert 86
— Sur quelques propriétés du bioxyde do
sodium; par M. de Forcraml i3i
Soleil. — Sur la photographie de la cou-
ronne solaire dans les éclipses totales ;
par M. H. Dc.slandres 9.96
— Observations du Soleil, faites à l'obser-
Pages.
vatoire de Lyon pendant le quatrième
trimestre de 1900; par M. J. Guil-
laume 69. 1
— Sur le spectre de la couronne solaire,
photographié à Elche (Espagne) pen-
dant l'éclipsé totale de Soleil du
28 mai 1900 ; par M. A. de la Baume-
Pluvinel 1259
SoURDS-MUETS. — M. le Secrétaire per-
pétuel signale un Volume relatif au
Congrès international pour l'étude
des questions d'éducation et d'assis-
tance des sourds-muets 121
Spectroscopie. — Longueurs d'onde de
quelques raies du fer; par MM. Ch.
Fabry et A . Perot 1 264
Voir aussi Soleil.
Si:cRES. — Sur la constitution du glucose;
par M. L.-J. Simon 487
— Sur la constitution du gentianose ; par
iMM. Em. Bourquelot et H. Héris.sey. 071
— Sur une nouvelle base dérivée du glu-
cose; par MM. L. Maquenne et E.
Roux. 980
Sulfures. — M. Gay-Lartccnnin adresse
une Note «Sur l'oxydation du proto-
sulfure de fer » 896
Tannin. — Sur la constitution du gallo-
tannin; par M. Henri Pottenn 704
Télégraphie. — Sur la propagation des
ondes hertziennes dans la télégraphie
sans fil ; par M . E. La^range 2o3
— M. E. Guarini adresse un complément
à ses expériences sur la télégraphie
sans fil 368
— Sur la mesure de la période des ondes
utilisées dans la télégraphie sans fil;
par M. C. Tiasot 763
— Téldutographe Ritchie ; par M. Brauer. 760
— M. Maurice Meunier soumet au juge-
ment de l'Académie un travail inti-
tulé : « Note sur un projet d'appareil
télégraphique » 45(i
TÉLÉPHONIE. — Sur la corrélation des
expériences faites à Dijon en 1894
pour l'application de l'idée de retour
commun pour circuits téléphoniques,
et les expériences sur la téléphonie
sans fil ; par M. Rheins 77
— Communications téléphoniques, au
moyen de lils étendus sur la neige;
par M. A . Ricco 323
— Remarques de M. Janssen sur la com-
munication précédente de M. Ricco. 323
— Sur les propriétés isolantes de la neige;
par M. Bernard Brunîtes 465
— Remarques relatives aux lignes télé-
graphiques ou téléphoniques établies
sur la neige au mont Blanc; parM. /.
Janssen 606
Tension supiîrficiklle. — Mesure rapide
des tensions superficielles; par MM.
Ph.-A. Guye et L. Pcrrot io43
TÉRATOLOGIE. — De l'inversion du cœur
chez un des sujets composants d'un
( >6i9 )
Pages,
monstre double aulosilaire vivant, de
la famille des Pages; par M. Cha/mt-
Préi'ost 223
— Observations à propos de la Note de
M. Chapot-Prévot, sur une opération
d'ectocardie, faite en 1888 et suivie
de succès ; par M. Limnelnna^ui' 225
— Sur la valeur comparée des solutions
salines ou sucrées en téralogenèse
expérimentale; par M. E. Bataillon.. 852
— Caractères généraux des processus
tératogènes ; processus primitif et
processus consécutif; par M. Etienne
Rabnud 1 1 5o
Thallium. — Sur les chlorobromures de
thallium du type TIX, 3T1X; par
M. F. Thomas 80
— Sur les chlorobromures de thallium;
par M. 1^. Thoma< 1487
Thebmochimie. — Détermination des cha-
leurs latentes de vaporisation de
quelques substances de la Chimie or-
ganique; par M. W. Ln'jgiiininc. . . . 88
— Etude thermique des chlorures d'alu-
minium ammoniacaux ; par M. L.
Baud 553
— Dissociation et étude thermique du com-
poséA|2Cl^ i8AzH';parM..ff. /?«W. 690
— Chaleur spécifique et chaleur de fusion
duglycol éthyléniquo; par M. de Fnr-
Pages.
cra/id 569
— La chaleur de formation des acétals
comparée à celle des composés iso-
mères ; par M. Marcel Delépirie... 777
— M. Marcellin Lariolois adresse un
second Mémoire sur les unités ther-
mochimiques 754
Thermodynamique. — Sur le diagramme
entropique ; par M. E. Marchis 671
T'oir aussi Gnz.
Thorium. — Composition de l'hydrure et
de l'azoture de thorium; par MM. C.
Matignon et H. Delépine 36
Tuberculose. — De l'influence du climat
sur l'évolution de la tuberculose pul-
monaire expérimentale ; par MM.
Lanrnlongtw, Acliard el Gadlard . . . Ii4
— Les conditions du terrain et le dia-
gnostic de la tuberculose; par MM.
Albert Robin et Maurice Binet 709
— De l'inlluence de l'alimentation, de la
température, du travail et des pous-
sières sur l'évolution de la tubercu-
lose : par MM. Lannelongiie, Jchanl
et Gaillard 1 08 1
Tungstène. — Sur un nouveau phosphure
de tungstène; par M. Ed. Defacqz.. 32
— Sur un arséniure et un chloro-arsé-
niure de tungstène: par AL Ed. De-
jarqz 1 38
u
Ubamcm. — Étude du nitrate d'uranium;
par M. OEchsncr de Coninck. 90 et 204
— M. Œchsncr de Coninck adresse une
Note intitulée : « Quelques données
sur le nitrate d'uranium. « 4 l7
— Sur une méthode nouvelle de détermi-
nation du poids atomique de l'ura-
nium; par M. J . Jloy 55i
Urée. — Sur les combinaisons acides et
alcooliques de l'urée de la pliénylhy-
drazine ; par M. P. Cazeneuve. ..... 340
— Sur la formation de l'urée par oxyda-
dation de l'albumine à l'aide du per-
sulfate d'ammoniaque; par M. L. Hii-
gouncnq 1240
Vins. — Action physiologique du vin ; par
M. L. Roos 428
— Sur la seconde fermentation ou prise de
mousse des vins de Champagne; par
M. E. Monceau i oo3
Vision. — Sur les opacités du corps vitré
et la rigidité de ce milieu de l'œil ;
par M. A. Imbert 7'2
— Variation de l'acuité visuelle avec
l'éclairage et l'adaptation. Mesure de
la migration du pigment rétinien ; par
M. André Broca 796
— Angle de limite de numération des
objets et mouvements des yeux; par
MM . André Broca et D. S'idzcr 888
Viticulture. — Recherches anatomiques
sur l'aoûtement des sarments de l.t
vigne; par M. F. Kôvessi 647
( l620 )
Pages.
Influence (les conditions climatologiques
sur la végétation des sarments de la
vigne ; par M. F. Kovessi 867
■ Les effets de la foudre et de la gélivure;
par iMM. L. Rnmz et J. Bonnet 8o5
■ M. Pirrre Caries adresse une Noie
ayant pour titre : « La pourriture
Pages.
grise du raisin aurait-elle quelque
rapport avec la présence des morilles
dans les vignes? » 1077
Virulentes (Maladies). — Sur une mé-
thode de recherche du bacille typhi-
que ; par M. A'. Cnnibier 1442
Voir aussi Tuberculose .
Yttria. — Sur l'isolement de l'yttria, de
l'ytterbine et de la nouvelle erbine;
par MM. G. et E. Urbain i36
Zinc. — Action de la poudre de zinc sur les
acides gras saturés; par M. Alexan-
dre Hébert 633
Zoologie. — Les Spongiaires de l'expédi-
dition antarctique belge et la bipola-
rité des faunes; par M. E. Topscnt. . 168
— Origine du pigment chez les Tnniciers.
Transmission du pigment malernel à
l'embryon; par M. Antoine Pizon. . . 170
— Théorie nouvelle de l'adaplalion chro-
matique ; par M. Georges Colin 178
— Sur les rapporis des Grégarines et de
l'épilhélium intestinal; par M. Michel
Siedleeki ;>.i 8
— Le parasitisme intracelluUiire et la mul-
tiplication asexuée des Grégarines;
par MM. Maurice Caiillrry et Félix
Mesnil 220
— Observations nouvelles sur l'organisa-
tion des Pleurotomaires; par MM.
E.-L. Bouvier et H. Fischer 583
— Observations nouvelles sur les Bathy-
nomus, Isopodes gigantesques des
grands fonds; par M. £.-£. bouvier. 643
— Sur l'organisation interne du Pleuroto-
marin Beyrirhii Hilg.; par MM. E.-
L. Bouiueret H. Fischer 845
— Le grand Acridien migialeur améri-
cain {Schistocerca nmericana Di ury) :
migrations et aire de distribution
géographique; par M. /. Kuncl.el
d'Herculais 802
— La variation sexuelle chez les mâles de
certains Coléoptères appartenant à la
famille des Boslrychides ; la pœcilan-
drie périodique ; par M. P. Lesne.. 847
■ Sur la ponte des Troques; par M. A.
Robert 85o
■ La segmentation dans le genre Trochus:
par M. A. Robert 995
- Action des solutions isotoniques de
chlorures et de sucre sur les œufs de
Rnna fuscn; pa r M'"" Rondeau- Luzenu. 997
- Sur une nouvelle sous-famille d'Hémi-
ptères marins, les Herniatobalinœ;
par MAL H. Coutière et J. Martin. 10(16
- Le cycle évolutif des Orthonectides;
par MAL Maurice Caullerr et Félix
Mesnil 1232
- Sur ,une nouvelle Grégarine parasite
des Pinnothères des Moules; par M.
Louis Léger 1 343
- Sur les cils desCténophores et les in-
sertions ciliaires en général; par M.
P. Fignon 1 346
- Les glandes défensives ou odorantes des
Blattes; par M. L. bordas i352
- Sur la présence constante d'un stade
grégariniforme dans le cycle évolutif
de l'hématozoaire du paludisme; par
M. A. Bdlet 1433
- Nouvelles observations sur la parthé-
nogenèse des Oursins ; par M. C.
Figuier 1 436
- M. Edmond Perrier présente à l'Aca-
démie le sixième Volume des « Expé-
ditions scientifiques du Travailleur
et du Talisman » 6i3
Voir aussi Anatoinie animale. Embryo-
logie, Histologie, Paléontologie, Piiy-
siotnoie animale. Tératologie, Pisci-
eult(a-e.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pajes.
.\CHARD. — De l'influence du climat sur
l'évolution de la tuberculose pulmo-
naire expérimentale. ( En commun
avec MM. Lnniicliini^ut' eX Gnillnrcl.) i\'\
— De l'inQuence de l'alimentation, de la
température, du travail et des pous-
sières surlévolutiondela tuberculose.
(En commun avec MM. Lannelongue
et Gailliid. ) io8 1
ADHÉMAK (R. d'). — Sur une classe
d'équations aux dérivées partielles du
second ord re 3 1 o
.4DRIAN. — Sur un pseudo-acide aiiari-
cique. (En commun avec M. Trillnt.) i5i
.AGARDH (J.-G.). — Sa mort est annoncée
à l'Académie 201
— Notice sur M. J. Agardh; par M. Bor-
ne! 233
ALEZAIS (R.). — Sur des fonctions de
deux variables analogues aux fonc-
tions modulaires 4o3
ALOY (J.). — Sur une méthode nouvelle
de détermination du poids atomique
rie l'uranium 55i
A.MAl.lTZKY. — Sur la découverte, dans
les dépôts permiens supérieurs du
nord do la Russie, d'une Uore glos-
soptérienne et de reptiles Pareia-
smiriis et Dicrnodo/i agi
ANDRÉ (Cm.). — Sur la variabilité lumi-
neuse d'tros 397
— Éléments du système formé parla pla-
nète double Éros 533
— Véritable valeur de la période de varia-
tion lumineuse d'Éros. (En commun
avec M. Luizrt.) 6(55
ANDRÉ (G. ). — Sur la migration des ma-
tières azotées et des matières ter-
C. R., 1901, i" Semestre, i/ï. CWWl.')
MM. Pages.
naires dans les plantes annuelles io)8
— Observations sur les sels basiques ren-
fermant plusieurs oxydes métalliques. i563
— Sur les débuts de l<i germination, et sur
l'évolution du soufre et du phosphore
pendant cette période 1377
ANGOT (Alfred). — Sur la relation de
l'activité solaire avec la variation
diurne de la déclinaison magnétique. 254
— Sur la variation diurne de la décli-
naison magnétique 3iy
APPELL (P.) est élu membre de la Com-
mission du prix Francœur 8i3
— El de la Commission du prix Poncelet. 8i3
— Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences mathém:iliques).. 1167
ARÇTOVVSKI (Henhvk). — Sur les pé-
riodes de l'aurore australe 65i
— Sur les icebergs tabulaires des ré-
gions antarctiques 725
ARSONVAL (d') est élu membre de la Com-
mission du prix La Caze ( Physique ) . . 906
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1024
— El de la Commission du prix Harbier . 1024
— El de la Commi.ssion du prix Bréant. . 1024
— Et de la Commission du prix Godard.. 1024
— Et de la Commission du prix Bellion. . 1024
— Et do la Commission du prix Mège . . . 1024
— Et de la Commission du prix Lallemand. 1024
— Et de la Commission du prix du baron
Larrey 1024
— Et de la Commission du prix Alontyon
(Physiologie expérimentale) 1024
— Et delà Commission du prix Pourat.. . 1024
— Et de laCommissiondu prix Philipeaux. 1086
— Et de la Commission du prix La Caze
(Physiologie) 1086
209
( l622 )
MM. P-Ases.
— Et de la Commission du prix Pourat
(Physiologie) pour 1903 1168
AUTONNE (LÉON). — Sur les groupes
quaternaires réguliers d'ordre fini. . . 624
MM. Pages.
— Sur les groupes réguliers d'ordre fini. 1216
AVÉROUS(A.) adresse un Mémoire relatif
à un nouveau mode de propulsion
des navires 878
B
BACKLUND (0.). — Sur la précession. . 291
BAILHACHE. — Sur un nouveau sulfate
de molybdène cristallisé 475
BAILLAUD.— Variations d'éclat de la pla-
nète Éros 532
— Note relative à une Communication de
M. Monlangridiid 619
■ — Application du photomèlre à coin à
la mesure des grandeurs photogra-
phiques des étoiles 1091
BALACH0VV6KI (Dimitry).— Séparation
du cobalt et du nickel par la voie
électroly tique 1492
BALLAND. — Sur le Voandzou 1061
BAKBIRR (Ph.). — Sur le myrcénol et sa
constitution 1048
BARNARD (E.-E.) adresse ses remerci-
ments à l'Académie pour la distinction
accordée à ses travaux 72
BARRIL soumet au jugement de l'Aca-
démie un Mémoire ayant pour titre :
« Sécurité de la circulation des trains.
Impulsour électrique » 1 168
BARTHÈS ( Al. ) demande l'ouverture d'un
pli cacheté contenant la description
d'une machine aérienne dirigeable. . . 595
BASIN (Alfred) adresse un résumé de
ses Mémoires sur les aérostats 1464
BASSOT est élu membre de la Commission
de vérification des comptes pour
l'année 1900 I2i3
— Et de la Commission du prix Gay
(Géographie physique) pour igoS... 11 68
BATAILLON (E.). — Sur la valeur com-
parée des solutions salines ou sucrées
en tératngenèse expérimentale 852
— Sur l'évolution des œufs immatures de
Rima fuscn 1 1 34
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication 1200
BADD. — Sur les combinaisons du gaz
ammoniac avec le chlorure d'alumi-
nium 134
— Étude thermique des chlorures d'alu-
minium ammoniacaux 553
— Dissociation et étude thermique du com-
posé AI^Cl", 18 AzH' 690
— Constantes capillaires de liquides orga-
niques. (En commun avec M. Ph.-A.
Giiyr.) i48i et i553
BAUiME-PLUVINEL(A. de la). — Sur
le spectre de la couronne solaire pho-
tographié à Elche (Espagne) pendant
l'éclipsé totaledeSoleildu28mai 1900. lîSg
BAYRAC (P.). - Sur l'absorption de la .
lumière par les indophénols. (En
commun avec M. C. Cumiclwl. ] 338
-- Sur les spectres d'absorption des indo-
phénols et des colorants du triphé-
nylméthane. (En commun avec M. C.
Camicliel.) 485
— Nouvelle méthode permettant de carac-
tériser les matières colorantes. Appli-
cation aux indophénols. (En commun
avec M. C. Camiclicl. ) 882
BEAUVER)E(J.). - Influence de la pres-
sion osmotiquedu milieu sur la forme
et la structure des végétaux 22G
BECQUEREL (HE^•RI). -' Sur la radio-
activité secondaire des métaux 871
— Sur la radio-activité secondaire 732
— Sur l'analyse magnétique des rayons
du radium et du rayonnement secon- ■
daire provoqué par ces rayons 1286
— Action physiologique des rayons du ra-
dium. (EncommunavecM.P.CHWe. ) 1289
— ■ Est élu membre de la Commission du
prix La Gaze ( Physique) 906
■ - Et de la Commission du prix Gaston
Planté go6
~ Et de la Commission du prix Kastner-
Boursault 90G
— Et de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) pour 1903 1168
BKF1AL(A.). — Cétones de l'huile de bois,
diméthylcyclohexénone 342
— Action des dérivés organométalliques
sur les éthors-sels 480
— Sur un isomère de l'anéthol et sur la
constitution de ce dernier. (En com-
mun avec AL Tiffeneau. ) 56i
Bi<"ILLE (L.). — Sur l'organogénie florale
( i623 )
545
727
68
MM. Pai^i's.
des Disciflores i497
BÉNARD (H.)-— Sur les phénylhydra-
zones du (/-glucose et leur multirola-
lion. (En commun avec M. L.-J. Sr-
nion. ) 564
BENOIST (Louis). — Lois de transparence
de la matière pour les rayons X. 3.44
— Méthode de détermination des poids
atomiques, fondée sur les lois de
transparence de la matière pour les
rayons X ; poids atomique de l'in-
dium
BEHNARI) (NoEL). — Sur la tuberculisa-
tion de la Pomme de terre 355
BERTAINCHAND (E.). — Sur les pous-
sières atmosphériques observées à
Tunis, le 10 mars 190T ii53
BERTHELOT. — M. \o Srcrétnire perpé-
tuel annonce à l'Académie la mort de
M. J.-G. A^ardh 201
— Annonce à l'Académie la mort de JL
Raoïilc 878
— Annonce à l'Académie la mort de M.
Henry Rowtnml
— Signale un Volume intitulé : « Etienne
Geoffroy Saint - Hilaire ; Lettres
d'Egypte, publiées par M. E.-T.
tiamy », 296. — Divers Volumes de
M. E. Gnutrelet, de M. A. Guépin,
et le Tome V des « Travaux du labo-
ratoire de Géologie de la Faculté des
Sciences de Grenoble, 1899-1900 »,
614. — Un Volume de M. Emile
Boret, intitulé : « Leçons sur les sé-
ries divergentes », 754. — Un grand
Ouvrage de M. lietzius, intitulé :
« Biologische Untersuchungen; neue
Folge », 917. — I" Une brochure de
M. Edmond Perrier : « Henri et Al-
phonse Milne- Edwards » ; 1° Un
Ouvrage de M. Clinntre : « L'homme
quaternaire dans le bassin du Rhône » ;
3" La quatrième Partie de la « Revue
technique de l'Exposition universelle
de 1900 », loiS. — 1° Un Ouvrage de
M. Laiissedal, intitulé : « Recherches
sur les instruments, les méthodes et
le dessein topographiques ». Tome IL
Première Partie : « Iconométrie et
Métrophotogriiphie » ; 2° Un Ouvrage
ayant pour litre : <■ The Norvegian
north polar (•x|)odition (1893-1896) » ;
3' La deuxième série des « Matériaux
d'étude topologique pour l'Algérie et
MM. Pages,
la Tunisie » 1 169
— Présente un Ouvrage de M. Pieirn Gia-
rosa : « Magistri Salernilani nondum
editi » 14S4
— Recherches sur la formation des com-
posés organiques sulfurés 55
— Nouvelles recherches sur l'isomérie
des élhers sulfocyaniques 57
— Sur 11 s origines de la combinaison chi-
mique: États allotropiques de l'argent. 234
— Etudes sur les combinaisons de l'ar-
gent avec le mercure 24 1
— Sur la génération des hydrocarbures
par les carbures métalliques 281
— Observations sur la dissolution des
métaux solides dans le mercure et
plus généralement dans les autres
métaux fondus '.90
— Sur la synthèse de l'acétylpropylène et
des carbures terpiléniques 599
— Sur les métaux égyptiens : Présence
du platine parmi les caractères d'une
inscription hiéroglyphique 72g
— Sur les relations éleclrochimiques dos
agents allotropiques des métaux et
de l'argent en particulier 732
— Nouvelles recherches relatives à l'ac-
tion de l'eau oxvgénée sur l'oxyile
d'argent. . . , 897
— Observations relatives à ime Note de
M. Jouniaux sur la réduction du
chlorure d'argent par l'hydrogène.. . 1273
— Nouvelles recherches sur la neutrali-
sation de l'acide phosphorique 1277
— Nouvelles recherches sur les alliages
d'or et d'argent, et diverses autres
matières provenant des tombeaux
égyptiens 1 282
— Sur le titrage, à l'aide des colorants, des
acides et des alcalis à fonction com-
plexe 1377
— Recherches sur les équilibres chi-
miques. Formation des phosphates
insolubles par double décomposition.
Phosphate de soude bibasique et azo-
tate d'argent i449
— Errntn se rapportant à cette Commu-
nication 1595
— Équilibres chimiques. Réactions de
deux bases mises simultanément en
présence de l'acide phosphorique .... 1 5 1 7
— Sur les radicaux acétylométalliques . . i525
— Est élu membre de la Commission du
prix La Caze (Physique) 906
( i6:
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix La Caze
(Chimie) 946
— Et de la Commission du prix Wilde. . 1086
— Et de la Commission du prix du baron
de Joest 1167
— Et de la Commission du prix Saintour. 1 iGy
— Et de la Commission du prix Gegner. 111)7
— Et de la Commission du prix Trémont. [ 167
— Et de la Commission du Grand prix
des Sciences physiques pour igoS. . . 1 167
— Et de la Commission du prix Bordin
pour igr^j 1 168
— Et de la Commission du prix Leconte. iSgS
BERT^RAND (Gabriel). — Sur la compo-
sition chimique du café de la Grande-
Comore 1C2
— Sur une diiïérencialion biochimique
des deux princi[)aux ferments flu
vinaigre. (En commun avec M. 11.
Snzcriic. ) I o54
— Sur les érythriles actives. (En commun
avec M. L. MiKjiieniie.) ~ i4i9
— Sur l'érythrite racémique. (En commun
avec M . L. Maquenne. ) 1 56 j
BERTRAND (LÉo.\). — Sur l'âge des
roches éruptives du cap d'Aggiy
(Alpes-Maritimes) i8i
BERTRAND (Mabcrl) est élu membre de
la Commission du prix Delesse 947
BESSON (A.).— Sur la préparation de
l'oxyde phosphoreux 1 556
BEULAYGUE (L.). — Influence de l'obs-
curité sur le développement des
fleurs 720
BIERKY. — Becherches sur l'injection de
sang et de sérum néphrotoxiques au
chien 1 1 45
BIÉTRIX (EiGÈNE). — Sur le dévelop-
pement de la sole au laboratoire
de Coticarneau. (En commun avec
M. Fabre-Dnmergui;.') 1 1 36
BIGOURDAN (G.). — Nébuleuses nou-
velles, découvertes à l'Observatoire
de Paris (équatorial de la tour de
l'Ouest) 1094
— Sur l'éclipsé du quatrième satellite de
Jupiter, observée à Paris le 17 mai
1901 1214
— Nébuleuses nouvelles, découvertes à
l'Observatoire de Paris (équatorial
de la tour de l'Ouest) 1465
BILLET (A.). — Sur la présence constante
d'un stade grégariniforme dans le
cycle évolutif de l'hématozoaire du
^4)
MM. Pages.
paludisme '433
BINET (Maurice). — Les conditions du
terrain et le diagnostic de la tuber-
culose. (En commun avec M. Albert
Robin.) 709
RLÂISE (E.-E.). — Nouvelles réactions
des dérivés organométalliques 38
— Nouvelles réactions dos dérivés or-
gano-métalliques (II.). Éthers et al-
coyl-^-cétoniques 4/8
— Sur les dérivés éthéro-organomagné-
siens Sîg
— Nouvelles réactions des dérivés organo-
métalliques (III.). Éthers p-céto-
niques non substitués 978
BLANC (G.). — Sur les éthers alcoylcya-
nomaloniques et les acides alcoylcya-
nacétiques qui en dérivent. (En cora-
niuii avec M. J. Haller.) 38i
BLOCH (Eugène). — Action des rayons
du radium sur le sélénium 914
BODROUX. (F.). — Modes de formation
et préparation du propylbenzène i55
— Action du bromure d'isobutylène sur
le benzène en présence du chlorure
d'aluminium i333
BOHN (Georges). — Théorie nouvelle de
l'adaptation chromatique 178
BOLLEMONT (E. -Grégoire de). — Sur
le racémisme. (En commun avec M. /.
Mins;uin. ) 1 573
BONGERT (A.).— Action du chlorure de
butyryle sur le sodacétylacétale de
mélhyle. (En commun avec M. Bon-
venult .) 70 1
— Action de la phényihydrazine et de
l'hydrazine sur les deux butyrylacé-
lylacétates de méthyle isomères 973
— Nitration des éthers acéiylacéliques et
de leurs dérivés acidylés. (En com-
mun avec M. Bouveauk.) 1569
BONNET (A.) — Les effets de la foudre
et la gélivure. (En commun avec
M . i. Bafaz. ) 8o5
BONNIER (Gaston). — Notice sur
M . Jdolphe Chat in i o5
— Présente à l'Académie le premier fas-
cicule d'un « Cours de Botanique »
rédigé par lui en commun avec
M. Leclcrc du Sablon 201
— Est élu Membre de la Commission du
prix Gay.) 947
— Et de la Commission du prix Bordin
( Sciences physiques) 947
( i625 )
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix Desma-
zières 947
— Et de la Commission du prix Montagne. 947
— Et de la Commission du prix Tliore.. . 947
— Et de la Commission du prix La Fons-
Mi'licocq 947
BONNIER (Pierre). — Les ololilhes et
l'audition 1367
BORDAS (F.). — Analyse de quelques
travertins du bassin de Vichy. (En
commun avec M. C. Girard.) i^ïi
BORDAS (L.). — Les glandes défensives
ou odorantes des Blattes i3J2
— Morphologie de l'appareil digestif de.s
Dysticides i58o
BORDIER. — Théorie de la machine do
VVimshurst sans secteurs.
7<"
— Sur l'électrolyse des tissus animaux.
(En commun avec i\I. Gilet.) i-^Sg
BOREL (Emile) est présenté par la Sec-
tion de Géométrie, comme candi-
dat à la place vacante par le décès de
M. Hermite 654
— Sur la décom[iosilion des fonctions mé-
romorphos en éléments simples 90G
— Sur les fonctions entières de plusieurs
variables et les modes de croissance.. g5o
BORNET est élu membre de la Commission
centrale adniinislralive 14
— Notice sur AL /. Agnrtlli 233
— Est élu membre de la Commission du
prix Gay 947
— El de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) 947
— El de la Commission du prix Desma-
zières 947
— Et de la Commission du prix Montagne. 947
— Et de la Commission du prix Tliore. . . 947
— Et do la Commission du prix La Fons-
Mélii'ocq 947
BOUCHAKD est élu membre de la Com-
mission du prix Monlyon (Médecine
et Chirurgie) 1024
— Et de la Commission du prix Barbier.. 1024
— Et de la Commission du prix Bréant. . 1024
— Et de la Conmiission du prix Uodart. . 1024
— Et de la Commission du prix Bellion. . 1024
— Et de la Commission du prix Mège . . . 1024
— Et de la Commission du [irix Lalleniand. 1024
— Et de la Commission du prix du baron
Larrey 1024
— Et de la Commission du prix Montyon
(Physiologie expérimentale) 1024
— Et de la Commission du prix Pourat.. 1025
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix Phili-
peaux 1086
— Et de la Commission du prix La Gaze
(Physiologie) 1086
— Et de la Commission du prixLeconle.. ijgS
BOUDOUARD. — Sur les alliages d'alumi-
nium et de magnésium i325
BOUGAULT (J.).— Passage de l'anéthol
à l'acide anisique par cinq oxydations
successives 782
— Sur l'acide paraoxyhydratropique .... 976
BOULUD. — Maltosurie chez certains dia-
bétiques. (En commun avec M. Lé-
pine.) 610
BOUNHIOL. — Recherches expérimen-
tales sur la respiration des Annélides.
Élude du Spiingriipliis Spnlliinznnii . i348
BOUQUET DE LA GUYE est élu Vice-Prési-
dent de l'Académie pour l'année 1901. 12
— Appelle l'attention de l'Académie sur
un Volume relatif à l'hydrographie
du haut Yang-tse, par le P. Cluva-
licr 6(34
— Sur la parallaxe du Soleil '. . i25o
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1448
— Est élu membre de la Commission du
prix extraordinaire desix mille francs. S14
— Et de la Commission du prix Tchihat-
chef 1086
— Et de la Commission du prix Jean Rey-
naud.. 1086
— Et de la Commission du prix du baron
de Joest 1 1 67
— Et de la Commission du prix Sainlour. 1167
— Et de la Commission du prix Gay
(Géographie physique) 1 168
— Et de la Commission du prix Leconte. 1395
I30URCET (P.). - Les origines de l'iode
de l'organisme. Cycle biologique de
ce métallo'ide 1 364
— Sur la présence et la localisation de
l'iode dans les leucocytes du sang
normal. (En commun avec M. Stas-
sano .) 1587
BOURQUELOT (Ém.). — Sur la constitu-
tion du genlianose. (En commun avec
M. H. Hérissey.) 671
BOUSSINESQ (J.). — Mise en équation des
phénomènes de convection calorifique
et aperçu sur le pouvoir refroidissant
des fluides i382
— Est élu membre do la Commission du
prix Montyon (Mécanique) 8(4
( 1626 )
MM.
— Et de la Commission du prix Four-
neyron 9o5
— Et de la Commission du pris Four-
npyron (Mécanique) pour igoS ii63
BOUTROUX (Pierre). — Sur la densité
des zéros et le module maximum
d'une fonction entière 25 1
BODVEAULT(L.). — Transformation de
l'acide dimélhylacrylique en acide
diméthylpyruvique. (En commun avec
M. A. 'Wahl.) 416
— Action du chlorure de butyryle sur le
sodacétylacélate de méthyle. (En com-
mun avec M. A. Bon^erl.') 701
— Nitration des éthers acétylacéliques
et de leurs dérivés acidylés. (En com-
mun avec M. J. Bongert.) iSGg
BOUVIER (E.-L.). —Observations nou-
velles sur l'organisation des Pleuroto-
maires. (En commun avec M. H. Fis-
cher.) 583
— Observations nouvelles sur les Baihy-
nnmiis, Isopodes gigantesques des
grands fonds 643
— Sur l'organisation interne du Pleuro-
tomarUi Bcyrichil Hilg (En commun
avec M. H. Fischer.) 845
BRANLY (Edouard). — Sur i'électrolyse
des tissus animaux i36i
BR,\UER. — Télautographe Ritchie 766
BREDIG (G.). — Les actions diastasiques
du platine colloïdal etd'autresmétaux. 490
— Analogies entre les actions diastasiques
du platine colloïdal et celles des dia-
stases organiques 576
BRENANS (P.) — Sur quelques dérivés
iodés du phénol 83 1
BREYDE (A.) adresse une Note intitulée :
MM. Pages.
(I Explosion à distance et sans fil ».. . 97
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 280
BRIC.AHD (R.). — Sur une question rela-
tive au déplacement d'une figure de
grandeur invariable 947
BROCA (André). — Variation de l'acuité
visuelle avec l'éclairage et l'adapta-
tion. Mesure de la migration du pig-
ment rétinien 795
— Angle limite de numération des objets
et mouvements des yeux. (En commun
avec M. D. Sulzer.) 888
— Décharge disruptive dans les électro-
lytes. (En commun avec M. Tiirchini.). giS
BROUARDEL est élu membre de la Com-
mission du prix Montyon (Statis-
tique) 906
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1024
BRUNHES (Bernard). — Sur les proprié-
tés isolantes de la neige 465
BRUNO (Albert). — Sur un jietit four
de laboratoire 276
BUHL. — Sur les formes linéaires aux dé-
rivées partielles d'une intégrale d'un
système d'équations diflérenlielles si-
multanées qui sont aussi des inté-
grales de ce système 3 1 3
BUREAU est présenté par la Section de
Botanique, comme candidat à la place
de M. Adolphe Chalin loio
BUSSY est élu membre de la Commission
du prix extraordinaire de six mille
francs 81 4
— El de la Commission du prix Plumey
pour 1901 goS
CAILLETET (L.) est élu membre de la
Commission du prix La Caze (Phy-
sique) ' go6
— Sur l'emploi de l'oxygène dans les
ascensions à grandes hauteurs 1017
CALLANDREAU est élu membre de la Com-
mission du prix Pierre Guzman go5
— Et de la Commission du prix Lalande. . go5
— Et de la Commission du prix Valz. . . . go6
CAMBIER (R.). — Sur une méthode de
recherche du bacille typhique 1442
CAMICHEL (C). — Sur l'absorption de la
lumière par les indophénols. (En
commun avec M. P. Bajrac.) 338
— Sur les spectres d'absorption des indo-
phénols et des colorants du triphé-
nylméthane. (En commun avec M. P.
Bayrac.) 485
— Nouvelle méthode permettant de ca-
ractériser les matières colorantes.
Application aux indophénols. (En com-
mun avec M. P. Bayrac.) 882
CAMUS (L.). — Recherches sur la fibri-
nolyse 2i5
( i6
MM. Pages.
CARLES (Pierre) adresse une Note ayant
pour titre : « La pourriture grise du
raisin aurait-elle quelque rapport
avec la présence des morilles dans les
vignes"? » 1077
CARNOT (Adolphe). — Sur les tellurures
d'or et d'argent de la région de Kal-
goorlie (Australie occidentale) 1298
CARTAUD (G.).— Sur la structure cellu-
laire de quelques métaux 1327
CAUBET (F.). — Sur la liquéfaction des
mélanges gazeu.x. Variation des con-
centrations des deux phases existantes
liquide et vapeur le long des iso-
thermes 128
CAULLERY (Maurice). — Le parasitisme
intracellulaire et la multiplication
asexuée des Grégarines. (En commun
avec M. Félix Mcsnil.) 220
— Le cycle évolutif des Orthonectides.
(En commun avec M. Fclix Mesnil. ). 1232
CAVALIER (J.) — Acidimétrie de l'acide
phosphoriqiie par la baryte, la slron-
tiane et la chaux i33o
CAZENEUVE (P.). — Sur des combinai-
sons acides et alcooliques do l'urée de
la phénylhydrazine 34o
— Sur la diphénylcarbodiazine 4i2
CHARRIÉ (C.).— Contribution à l'étude
de l'indium. (En commun avec M. E.
Rnng/idi-.) 472
— Sur quelques composés du coesium. . . 678
CHAPOT-PRÉVOST. — De l'inversion du
cœur chez un des sujets composants
d'un monstre double autosilaire vi-
vant, de la famille des Pages 223
CHARABOT(EuG.).— Sur le rôle de la
fonction chlorophyllienne dans révo-
lution des composés lerpéniques. ... iSg
CHARBON.NIER. — Adresse ses remerci-
menls à l'Académie pour la distinc-
tion accordée à ses travaux 8i4
CHARPENTIER (Aug.). — Transmission
nerveuse d'une excitation électrique
instantanée 4^6
— Nouviaux caractères de l'excitation
électrique brève transmise par le nerf. 639
— Conduction lente du nerf et variation
négative 712
— Conduction nerveuse et conduction
musculaire des excitations électriques. 794
— Mesure directe de la longueur d'onde
dans le nerf à la suite d'excitations
électriaues brèves 1 070
27 )
MM. Pages.
CHARRIN. — Action du mucus sur l'orga-
nisme. (En commun avec M. Hloussu). 164
— Proiiriétés coagulantes du mucus : ori-
gines et conséquences. (En commun
avec M. Moussu.) 378
— Influence de la stérilisation des milieux
habités, de l'air respiré et des ali-
ments ingérés, sur l'organisme ani-
mal. (En commun avec M. Guitlemo-
lat.) 1074
— Prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats désignés pour
remplacer M. Potain 1 ifig
— Ejt présenté par la Section de Méde-
cine et Chirurgie comme candidat
à cette place 1197
CHATIN (Ad.). — Sa mort est annoncée
à l'Académie 49
— Notice sur M. Ad. Chatin; par M. Gns-
tiin Bonnier io5
CHATIN (.Ioannès) est élu membre de
la Commission du grand prix des
Sciences physiques 947
— Et de la Commission du prix Savigny. g47
CHAUVEAU ( A .). — La production du tra-
vail musculaire utilise-t-elle, comme
potentiel énergétique, l'alcool substi-
tué à une partie de la ration alimen-
taire?, 65
— Intluence de la substitution de l'alcool
au sucre alimentaire, en quantité iso-
dyname, sur la valeur du travail mus-
culaire accompli parle sujet, sur son
entretien et sur sa dépense 110
— La dé[)ense énergétique qu'entraînent
effectivement le travail moteur et le
travail résistant de l'homme qui s'é-
lève ou descend sur la roue de Hirn .
Évaluation d'après l'oxygène absorbé
dans les échanges respiratoires 194
— Analyse de la dépense du travail nintnir
de la machine qui soulève le poids de
l'homme occupé à faire du travail
résistant sur la roue de Hirn. Com-
paraison avec la dépense qu'entraîne
ce même travail mo^cHr accompli par
l'homme en soulevant lui-môme son
poids sur la roue 938
— Outillage très simple et très sûr, d'ap-
plication aussi rapide que facile, pour
rendre inoffensifs le séjour et le tra-
vail de l'homme dans les atmosphères
irrespirables contaminées par des gaz
délétères. (En commun avec M. /.
( 1628 )
MM.
'ânes.
Tissai.)
— Est élu membre de la Commission du
prix Montyon( Médecine et Chirurgie.) 1024
— EtdelaCornmissiondu prixPliilipeaux. 1086
Et de la Commission du prix La Caze
(Physiologie) 1086
— Et de la Commission du prix Pourat
(Physiologie) pour igoS 1168
CHAUVEAUD (G.). — Sur la structure des
plantes vasculaires gS
CHAVASTELON (R.)-— Des réactions de
l'acétylène avec le chlorure cuivreux
dissous dans une solution neutre de
chlorure de potassium 1489
CHEVALIEll (AuG.). — Sur l'existence
prob.ible d'une mer récente dans la
région de Tombouclou 926
CHEVROTIER. — Sur de nouveaux com-
posés organo-métalliques de mercure.
(En commun avec MM. Auguste et
Louis Lumière.)^' r45
CHOFARDET(P.). — Observations de la
comète 1900 c (Giacobini), faites à
l'observatoire de Besançon 20
CHOFFAT (Paul). — Sur l'âge de la tes-
chénile 807
CLAIRIN. — Sur certaines transformations
do BackUind 3o5
COL. — Sur l'existence de laticifères à
contenu spécial dans les Fusains. . . . i354
COLSON (Albert). — Sur certaines con-
ditions de réversibilité 467
— Action des bases et des acides sur les
sels d'aminés i563
CONTE (A.). — Sur des phénomènes d'his-
tolyse et d'histogenèse accompagnant
le développement desTrématodes en-
doparasites de Mollusques terrestres.
(En commun avecM. C. Vaney.).... 1069,
— Sur l'évolution des feuillets blastoder-
miques chez les Nématodes 1064
CONTREMOULLNS (G). — Appareil de
mensuration exa x-. du squelette et
des organes doni .;iu une image nette
en radiographie 1006
COPPET (L.-C. de). — Sur les abaisse-
menis moléculaires de la température
du maximum de densité de l'eau pro-
duits parla dissolution des chlorures,
bromures et iodures de potassium,
sodium, rubidium, lithium et ammo-
nium; rapports de ces abaissements
entre eux 121 8
CORDEMOY (H. -Jacob de). — Sur le
MM. Pages
Ramv de Madagascar 266
CORNIL prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats désignés pour
la place de M. Pniain 1 16S
— Est présenté par la Section de Méde-
cine et de Chirurgie comme candidat
à cette place 1 197
CORNU (A.) est élu membre de la Commis-
sion du prix La Caze (Physique) .... 906
— Et de la Commission du prix Gaston
Planté. . ; 906
— Et de la Commission du prix Kastiier-
Boursault 906
— Et delà Commission du prix Wilde. . . 1086
— Et de la Commission du prix Jean Rey-
naud 1086
— Et de la Commission du Grand prix des
Sciences physiques pour 1903 1167
— El de la Commission du prix Bordin
pour 1 903 1 1 68
— Sur la compensation mécanique de la
rotation du champ optique fourni par
le sidérostat et l'héliostat ioi3
COSTANTLN' est présenté par la Sec-
tion de Botanique comme candidat à
la place de M. Addphe Chalin 1010
COULON (J.). — Sur le théorème d'Hugo-
niot et la théorie des surfaces carac-
téristiques 307
COUPIN (Henri). — Sur la sensibilité des
végétaux supérieurs à l'action utile des
sels de potassium 1 382
— Sur la sensibilité des végétaux supé-
rieurs à des doses très faibles de
substances toxiques G4'5
COUSIN (P.). — Sur les zéros des fonc-
ions entières de « variables 6G7
COUilÈRE (H.). — Sur une nouvelle
sous-famille d'Hémiptères marins, les
Hcrmalobatince . (En commun avec
M. y. Martin.) 10G6
COUTURIER (F.). — Sur certaines causes
de variation de la richesse en gluten
des blés. (En commun avec M. Léo
Vi»nnn .) 791
CRÉMIEU (V.). — Nouvelles recherches
sur la convection électrique 827
— Sur l'existence des courants ouverts. . 1 108
— Sur une balance très sensible pouvant
servir de galvanomètre, d'électrody-
namomètre et délectromètre absolu. 1267
CHROUSTCHOFF (Paul). — Recherches
cryoscopiques 955
CRACIUNU ( R.-L.). — Différence de con-
( 1^29 )
MM. Paces.
stitution de la bile suivant lïige et
l'état d'engraissement des animaux... 1187
CURIE (P.).— Sur la radio-activité induite
provoquée par les sels de radium. (En .
commun avec M. A. Dcbiemc.) .... 5^8
— Sur la radio-activité induite et les gaz
MM. Pages.
activés par le radium. (En commun
avec M. A . Debierne.) 768
— Action physiologique des rayons du
radium. (En commun avec M. Henri
Becquerel. ) 1 289
D
DANGE.\RD (A.). — Étude comparative
de lazoospore et du spermatozoïde.. 85i)
DARBOUX (Gaston). —Notice sur la vie
et les travaux de M. H. Moutard. . . 61 4
— Est élu membre de la Commission du
prix Petit d'Ormoy (Sciences matlié-
mati(iues) 1 ifi;
— Eldo la Commission du prix Saintour. ii()7
— Et de la Commission du prix Gegner. . 1167
— Et de la Commission du prix i.econte. iSgS
— M. luSecrét/iirc prr/ifUiii /fi\'^n»\o, parmi
les pièces im[irimées de la Correspon-
dance, di\ers Ouvrages de .M. Gti\lnf
Jifiziiix, do .M. Frédéric Hniisfûj; de
M. y. Vnlhl, et un Volume relatif au
Congrès international pour l'étude
des (piestions d'éducation el d'assis-
tance des sourds-muets, \'j:\. — Une
brocliure do M. L.-E. Berlin, et un
Recueil des travaux olTeris par les
auteurs à M. A. Lorentz, pour lo
vingt-cinquième anniversaire de son
doctorat, 248. — Le Volume X de
la publication « Le Opère di Galileo
Galilei, edizione nazionale sotto gli
auspicii di Sua .Maestà il Re d'Ilalia » ;
et un Volume de M. .-J . Dastre, 3ij6.
— Un « Traité théorique et praticpie
d'électromctallurgie « , par ^X.Ailotplie
Minci, 329. — Deux projels qui doi-
vent être présentés à l'Association
internationale des Académies, 0('i:{. —
1° Trois Volumes publiés par lUni-
versilé d'Aberdeen , ayant pour litres :
1° « Roll of alumni in Arts of Ihe
Universily and King's Collège in Aber-
deen », par Peter John Andcrsnn;
2° « Records of Old Aberdeen (1 137-
i8gi) », par Atcxander Mttcdonidil
Miinro; 3° « Place Names ol' West
Aberdeen>hire », par Janiex AJ/icdo-
nald; 2° Un levé à grande échelle du
cours du Congo et de l'Oubanghi, par
M. Chastrer, 1091. — 1° Un Ouvrage
C. R., ijoi, I" Semestre. (T. liXXXII.)
de M. Jidei Gnrnier : « Nouvelle-
Calédonie (côte orientale) »; 1" Une
brof hure de M. Fernand Dctisle: « La
Montagne Noire et le Col de Nau-
rouze », r2i3. — 1" Le Compte rendu
sommaire du IV Congrès de Chimie
appliipiée, par MM. Henri Moisuin
el Français Dupont; 2" un Volume
intitulé : « Réuidon du Comité inter-
national permanent pour l'exécution
de la Carte photogra|ihi(pie du Ciel,
tenue à l'Observatoire de Paris en
1900 », 1257. — Un Ouvrage de M. G.
Bi^oiirdan ayant pour titre : « Le
système métrique, son établissement
et sa propagation graduelle », i3i2.
— 1° Le premier Volume d'une publi-
cation de .M. /,«//"'/<•)• ayant pour litre :
« Annals of the astrophysical Obser-
vatory of the Smithsoniaii Institu-
tion »; 2" Le cinqiiième fascicule de
l'Atlas photographique de la Lune,
publié par l'Observatoire de Paris,
exécuté par UM. M. LoewfelP. Pid-
.leiu:; 3" Un Ouvrage de M. Aupetit
intitulé : « Essai sur la théorie géné-
rale de la Monnaie », rSgG. — Pré-
sente : 1" les fascicules XVII, XVIII
et XIX des « Résultats des campagnes
scientiliques accomplies sur son yacht
par Albert /"', prince souverain de
Monaco », publiés sous sa direction
avec le concours de M. Jules Riclutrd;
2° le numéro de mai 1901 du « liulletin
mensuel de la station géophysique
d'Uccle », par M. E. Lagrangc, i54i.
— Les i( Annales Célestes du dix-
septième siècle » de A. -G. Pingre,
Ouvrage publié sous les auspices de
l'Académie des Sciences, par M. G.
Bignurdrin, et le Tome XII de la pre-
mière série des « Œuvres complètes »
d'Augustin Cauchr, publiées sous la
direction scientifique de l'Académie
210
( i63
MM. lages.
des Sciences, i25o. — Le comple
rendu de la première Assemblée gé-
nérale de l'Association internationale
des Académies, i39ij. — Annonce à
l'Académie que le Tome CXXX des
« C!>m[iles rendus » est en distribu-
tion au Secrétariat i'2.i9
— Annonce à l'Académie la mort de ^
M. Mfirè\ 1 257
DAVIDSON est élu Correspondant pour
la Section de Géographie el Navi-
gation '. 754
— Adiesse ses rcinerciments à i'Aca-
démii» 1 '(^S
DEBlEHiNE (A.)- — Sur la radio-activité
induite provoquée par les sels de ra-
dium.(lin Ciimniunavi'C W.P. Curie.). 548
— Sur la r.idio-activité induite et les gaz
activés par le radium. (En commun
a\ec M. P. Curie.) 768
DÉCOMBE (L.). — Sur la me.sure de la
péiiode des oscillations electriciucs
par le miroir tournant 1087
DEDEK.C\D, nommé Correspondant pour la
Section de Géométrie, adres:>e ses
remercîments à l'Académie 72
DEFACQZ (Ed.). — Sur un nouveau plius-
pliure de tungstène 32
— Sur un arséiuure et un chloro-arséniure
de tungstène i38
DEHÉRAIN (P. -P.). — Sur la germination
dans l'eau distillée. (En commun avec
M. Drnioiissy.) ^13
— Est élu membre de la Commission du
prix La Cazo (Cliimie) 946
DELACKOIX (G.). — Sur une forme c(jni-
dieiuie du champignon du Bluck-rot
[Cuii;tif/r(litt J3itlu'el/ii (Ellis) Viala
el BavazJ 863
DELAGli ( .M.vucel). — Sur les acides pyro-
gallosuU'oniques /fii
DE LA.MOTUii. — Sur le rôle des oscilla-
tions eustatiques du niveau de base
dans la formation di'ssyslèmesde ter-
ras-es de quelques vallées 1428
DELANGLE. — Sur l'hydratation de l'acide
ainylpropiolique; acide caproylacé-
tique. ( En commun avec M. C/i. Muu-
reu .) 1121
DELÉPINE (H.). — Composilion de l'hy-
drureel de l'azoture de thorium. (En
commua avec M. C. Matignon.). . . 36
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 232
MIU. Pages.
DELÉPINE (Marcel). — Sur la formation
et la décomposition des acél.ils 33 1
— La chaleur de formation des acétals
comparée à celle des composés iso-
mères 777
— Action de divers alcools sur quelques
acétals d'alcools monovalents 968
— Sur les éihers imidodithiocarboniques
H Az = C ( SR' )2 1416
DELITALA(J.) adresse un Mémoire de
Géodésie, ayant pour titre : « Déter-
minaiion simultanée de deux stations
inconnues » ioto
DEMAUÇAY(Ei;g.). — Sur un nouvel élé-
m.-nl, l'europium i484
DEMERLIAC (R.). — Emploi du résona-
teur Ouiiin pour la production des
rayons X i586
DEAIOULIN (A.)— Sur une classe parti-
culière de surfaces réglées 1097
DE.MOUSSY. — Sur la germination dans
l'eau distillée. (En commun avec
]M. Di-liéniLii.) 5^3
DERO.ME (Juvéxal). — Propriétés des
produits de sub.-.titution alcoylés de
l'acétonedicarbonale d'éthyle mono-
cyané. Aciion du chlorure de cyano-
gène sur l'acétunedicarbonate de
méthyle 699
DESAINT (L.). — Sur les séries de Taylor
et les étoiles correspondantes 1 102
DESBOURDIEU adresse un projet d'expé-
riences relatives aux courants tellu-
riques 1 196
DESCOURS-DEsACRES. — Observations
reiati\es à la propagation dans les
pommeraies du Ncctria dttis.'.iina . . . 438
DESCUDÉ (.Marcelj. — Aciion des chlo-
rures d'acides sur h'S éihers-oxydesen
présence du chlorure de zinc. 1129, 1^67
DESGREZ ( A.). — Influence des lécithines
de l'œuf sur les échanges nutritifs (En
commun avec M. A. 7,aky.) i5i2
DESLANDRES(H.). — Sur la photographie
de la couronne solaire dansles éclipses
tottdes 296
— Observations de l'étoile nouvelle de
Pei sée 535
— Détails complémentaire» sur la nouvelle
étoile de Perséi' 619
— Troisième série d'observations de la
nouvelle étoile de Pertée i542
DESMOTS (H.). — Sur la condensation
des carbures acétyléniques vrais avec
( i63i )
MM. Pages. |
l'aldéhydo formique; synihèso d'al- '
cools primaires aciUy ioniques. (En !
commun avec M. Cli. M nirrn.) iiiZ
DEVAUX (IlExni). — De l'absorption des !
poisons méliilliques 1res dilués par les !
cellules \égétales 717
DICKSON (E.-L.). — Tli(5orie des .eroupes
linéaires dans un domaine arliitiaire
de rationalité i5.i7
DIDSBUUV (C). - Sur l'aneslliésie locale
en chinir^'ie dentaire îi l'aide des cou-
rants de haute fréquence et de haute
intensité. (En commun avec M. L.-R.
Rro;;iicr ) 1 58g
DITTE est élu membre de la Commission
du [)rix Jecker 90G
— Et de la Commission du prix La Caze
(Chimie) 946
— Et de la Commission du prix Cahours. 1089
DOUXA.MI (II.). - Les form;itions ter-
tiaires et quaternaires de la vallée de
Belle.iiarde SgS
DUBARD (MxRCKL). — Sur la structure
des rejel.s chez les végétaux lij;neux. i35G
DUBOIN(A.). — Sur les propriétés lédur-
Irices du magnésium et do l'alumi-
nium %■}%
DUBOIS (RAPini;!,). — Luminescence
. obtenue a\ec certains composés orga-
niques 43 1
DUBIŒUIL (L.). — Action des acides
moi\ohaliigén6s de la série grasse sur
la pyi'idine et la quinoléine. (En com-
mun avec .M. L.-J . Siimm.) j 18
DUCLALJX (!st élu membre delà Conim-s-
sion du Grand prix des Sciences phy-
siques pour 1903 1 167
DUIIK.M (T.). — Sur la condition sujuilé-
mcniaire en Hydrodynamique 117
— Sur la stabilité isenlnqiique d'un fluide. 9,44
— Sur les chaleurs fpécifi(iues des fluides
dont les éléments sont soumis à leurs
actions mutuelles )<)i
— De la propagation des ondes dans les
fluides visqueux SgS
— Sur les ondes du second ordre par
rappoi t aux vitesses, que peut pré-
senter un fluide visqueux 607
MM. Pages.
— De la propagation des discontinuités
dans un fluide visqueux 608
— Sur les ondes longitudinales et trans-
versales dans les fluides parfdils. . . . i3o3
— Sur les théorèmes d'Hugoniot, les
lemmes de M. Hadamard et la propa-
gation des ondes dans les fluides vi.s-
queux 1 163
— Sur la stabilité d'un système animé
d'\in mouvement de roliilion 1021
— De la propagation des discnntinuiU's
dans un fluide visqueux. Extension de
la loi d'Hugoniot 94i
DULAC (Henri). — Sur les intégrales
analvtiques ries équations difleren-
tielles du premier ordre dans le voisi-
nage de conditions iidtiales singulières. I09.8
— Sur les intégrales réelles des équations
dilTérentielles du premier ordre dans
le voisinage d'un point singulier 1 l'ig
DUME^NIL( E.) adresse une Note sur « un
procédé de détermination de la den-
sité des corps solides » u i4
DUMON T. — Théorie des surfaces du troi-
sième ordre 1 54 1
DUMONT (.1.). — Sur l'absorption du
phosphate monocalcique par la terre
arable et l'humus 435
DUPAUC(L.). — Sur la ko.wiic, une
nouvelle pyroxéiiite de l'Oural. (En
commun avec M. F. Priircr. ) 892
— Surle gabbroà olivinede Kosswinsky-
Kaiiien (Oural). (En commun avec
iM . /''. l'earce .) 1 42G
— Sur la classification péirographique des
schistes de Casauna et dfs Alpes
valaisannes 1237
DUP0IIT(H.). — Sur le théorème des
forces vives 24
- Sur la loi de l'attraction universelle. . C62
DUPRAT, à la Gua.leloupe, écrit qu'il a
observé une comète, le 9 mai 1901,
vers 7'' du soir. (C'est la co-
mète 1901 a .) 1275
DUPUV adresse une réclamation de prio-
rité, concernant la découverte de l'al-
caloïde elduglucosidedel'érysimum. 634
EGOROV (D.-Tn.). — Sur les systèmes
orthogonaux admettant un groupe de
E
transformation de Combescure
Une classe nouvelle de surfaces algc-
74
( i632 )
MM. Pages,
briques qui admettent une déforma lion
continue en rcsUint algébriques 3o2
— S ur une cerlaiiio surface du tioisième
ordre 538
— Sur la déformation continue des sur-
MM. Pages.
faces 1545
ENRIQUES (F.). — Remarque au sujet
d'une Noie de M. .V. Kaiitnr 248
ETAllD (A.)- — Du dédoublement des
albuminoïdes ou protoplasmides 1 184
F
ABRE-DOMERGUE. — Sur le dévelop-
pement de la Sole au laboratoire de
Concarneau . ( En commun avec W. Eu-
gène Bictrlx .) 1 1 36
FABUY (Ch.). — Longueurs d'onde de
quelques raies du fer. (En commun
avec -M. A. Perat.). 1264
FAVIîEL (G.). — Action de la métiiylacé-
tylacétone et de l'élhylacétylacétone
sur les chlorures diazoïques 4 1
— Action des étiiets alcoylcyunacéliques
sur les chlorures diazoïques 983
— Action des éthersalcoyimaloniques sur
les chlorures diazoïques i336
FAYE. — Est élu membre de la Comniis-
sion du prix Pierre Guzman goS
— El de la Cunmiission du prix Lalande. goâ
— El de la Commission du prix Valz. . . . 906
FILHOL. — Est élu membre de la Com-
mission du Grand prix des Sciences
physiques 947
— Et de la Commission du prix Savigny. . 949
— El de la Commission du prix Tchilial-
clief 108G
— Et de la Commission du prix Poural
(Physiologie) pour igoS 1 1C8
FISCIIEU (H.). - Observations nouvelles
sur l'organisation des Pleurolomaires.
(En commun avec M. E.-L. Bou-
vier. ) 583
FLAMMARION. —Sur l'apparition d'une
éloile nouvelle dans la conslellaiion
de Persée 457
FLEURENT (E.). — Élude d'un densi-
mètre destiné à la délerminalion de la
valeur boulangère des farines de blé. 1421
FLICHE (P.). —"sur un insecte fossde
trouvé dans le Trias de Lorraine.. . . 65o
FLUSIN (G.). — Sur l'osmose à travers
la membrane du fenocyanure de
cuivre 1110
FORCRANU (de). — Sur quelques pro-
priétés du bioxyde de sodium 1 3 1
— Chaleur spécihque et chaleur de fusion
du glycul élhyiénique Sôg
— Vaporisation et liydralalion du glycol
élhyiénique 688
— Errata se ra[>porlant à celle Commu-
nication 8(2
— Généralisation de la loi de Trouloa. . . 879
FOREL (F. -A.). — La variation ll;(r-
mique des eaux 1 o8g
FOSSE (R.). — Sur le prétendu binaphty-
lène alcool 6g5
— Sur le naphlylol-naphtyloxy-naphtyl-
méthane 787
— Sur l'anhydride du prétendu binaphty-
lène-glycol 1127
FOUQUÉ (F.). — M. le Président annonce
à l'Académie la mort de M. Potain. 17
— Annonce à l'Académie la mort de M. Ch.
Hermilc et la mort de M. Ad. Cluriiii. 49
— Souhaite la bienvenue à MM. les Mem-
bres des Académies étrangères qui
assistent à la séance et qui ont été
délégués à l'Assemblée générale de
l'Association internationale des Aca-
démies 897
— Est élu membre de la Commission du
prix Delesso 947
— El de lu Commission du prix Wilde. 1086
— El de la Commission du prix Petit
dOrmoy (Sciences naturelles) 1167
— El de la Commission du prix du baron
de Joesl 1 167
— Et (le la Commission du prix Sainlour. 1 167
— Et de la Commission du prix Gegner. 1167
— Et de la Commission du Grand prix
des Sciences physiques pour igo3.. 1167
— Et de la Commission du prix Leconte. i3g5
FOLRNIER est présenté par la Section de
Médecine et Chirurgie comme can-
didat à la place de M. Pataui iig7
FRÉMONT (Ch.). — Positions diverses de
la Cbre neutre dans les corps rompus
par flexion; raison de la fragilité.. . . 202
FREUNDLER (F.). — Action des chlo-
rure.-, acides sur les éihers-oxydes en
présence du zinc 1226
— Sur un nouveau mode de décomposi-
MM. Pages.
tion des dérivés bisulfiliqiies. (En
commun avec M. lirurirl.) i338
FREYCliNET (de) est élu membre de la
Cummission du prix Monlyon (Stati-
stique) 906
FRIEDEL(Jean).— .\cli()n de la pression
totale sur l'assirailalion chlorophyl-
( i633 )
MM.
Pages,
iienne 353
— L'assimilationchlorophyllienne réalisée
en dehors de l'organi.-me vivant.... ii38
FROUIN (Albert). — Action de l'alcool
sur la sécrétion gastrique. (En com-
mun avec M. Molinier. ) 1 00 1
GACHE (Samuel) adresse ses remerci-
menls à l'Académie pour la distinction
accordée à ses Travaux 4^7
GAILLARD. — De l'inlluence du climat
sur l'évolution de la tuberculose pul-
monaire expérimentale. (En commun
icvec. iMM. Liiiincliii^ue et Acliord.). \y'\
— De l'influence de l'aliniontation, de la
lem|iéralure, du travail et des pous-
sières sur l'évolution de la tubercu-
lose. (En commun avec M.M. Ltinne-
Inn'^ite et Atluird. ) 1081
GARNIKR (Jules). — Sur la fluorine odo-
ranle à fluor libre du Beaujolais gS
GARNIEU cL.). — De l'action du chloro-
forme sur le pouvoir réducteur du
sang. (En commun avec M. Lambert.). 49^
GAUDRY (Aluekt) est élu membre de la
Comuiission du prix Delesse 947
— Et de la Commission du prix Tchihat-
chof 108C
— Et do la Commission du prix Jean
Reynaud 1086
GAUTIER (Ar.«\M)). — Produits gazeu.x
dégagés [>ar la chaleur de quelques
roches ignées 58
— Production de l'hydrogène dans les
roches ignées. — Action de la va-
peur d'eau sur les sels l'en eux 189
— Méthode de dosage des sulfures, sulf-
hydrales, polysullurcs et hvpusul-
fites pouvant coexister en solution,
en particulier dans les eau.x minérales
sulfureuses 5 18
— Origine deseau.x thermales sulfureuses.
Sulfosilicales et oxysulfures dérivés
des silicates naturels 7io
— Sur l'oxistonce d'a/.otures, argonures,
arséniures et iodures dans les roches
cri-talliniennes 932
— Est élu .Membre de la Cummission du
prix Jecker 906
— Et de la Comndssion du prix La Caze
(Chimie) 946
— Et de la Commission du prix Moityon
(Arts insalubres) 1086
— Et de la Commission du prix Cahours. 1086
GAY-LANCER.MIN adresse une Note 0 Sur
l'oxydation du protosulfure de fer ». 896
GENEAU DE LAMAULIÈKE. ~ Sur la
flore des Mousses des cavernes. (En
commun avec M. Mnlicii .) 9U
GENOUD. — A(i|iiireil très simple pour
l'application de la méthode photo-
thérapique de Finsen. (En commun
avec M. Lortet.) a46
GENVRESSE. — Sur un nouvel alcool
dérivé du limonène 4 '4
— Sur une nouvelle préparation du ler-
pinéol C37
GÉRARD (E.). — Transformation de la
créaline en créalinine par un ferment
soluble déshydratant de l'organisme. i53
GÉRARDIN (Auguste). — Épuration de
l'air piir le sol 167
GIARl) (Alfred) estélu membre de la Com-
mission du Giand prix des Sciences
physiques 947
— Et de la Commission du prix Savigny. 947
— Et de la Commission du prix La Caze
(Physiologie) 1086
— Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles; 1 1O7
GILET. — Sur l'électrulyse des tissus
animaux. (En commun avec M. Jior-
ilier. ) 1 239
GIRARD (A.-Ch.;. — Valeur alimentaire
et culture de l'ajonc 498
— Analyse de quelques travertins du
bassin de Vichy. ( En commun avec
M. Bordas. ) 1 4a3
GLANGEAUD (Pu.). — Les dômes de
Saint- Cyprien (Durdogni') , Sauve-
terre et Fumel (Lot-et-Garonne) 184
— Les transgressions et les régressions
des mers secondaires dans le bassin
( i63/, )
MM. P
de l'Aquilaine
GONESSIAT (F.). — Six mois d'obser-
vnlions moléorologiqiies à O"ilo
GOURSAT (ÉDOinBD) est présenté par la
Section de Géométrie comme candidat
à la place de M. Hrrnnte
GOUY. — Sur les propriétés électrocapil-
laires de quelques composés orga-
niques en solutions a(]upuses
GRAMME (Zénobe). — Samort est annon-
cée à l'Académie
GRANDIDIER (Alfred) est élu membre
de la Commission du prix Tcliihatchef.
— Et de la Commission diiprixGay (Géo-
graphie physique) pour igoS
— Et de la Commission du prix Leconte.
GRANGER (Albert). — Sur un iodoanti-
moniure de mercure
GRÉHANT (N.). — Traitement par l'oxy-
gène, à la pression atmosphérique, de
l'homme empoisonné par l'oxyde de
carbone
GRIGNÂRD ( V.). — Action des éthers d'a-
cides gras monobasiques sur les com-
binaisons organomagnésiennes mixtes.
— Sur les combinaisons organomagné-
siennes mixtes
— Action des chlorures d'acides et des
anhydrides d'acides sur les composés
organométalliqnesdu magnésium. (En
commun avec M. Ti.tsicr.)
— Sur les composés organomélalliqucsdu
magnésium. (En commun avec M.
Tisstcr .)
GRIMBERT (L.). — Production d'acétyl-
méthylearbinol par le Bnrilliix trir-
tricus
GUARINI (E.) adress^un complément à
ses expériences sur la télégraphie
sans fil
GUERBET (Marcel). - Action de l'al-
cool œnanthylique sur son dérivé
sodé: nouvelle méthode de .synthèse
des alcools
— Action de l'alcool cuprylique sur son
dérivé sodé : nouvelle méthode de
synthèse des alcools dicapryli(]ue et
tricaprylique
GUICHARD (C). — Sur les réseaux qui,
par la méthode de Laplace, se trans-
forment des deux côtés en réseaux
orthogonaux
— Sur la déformation du parabolo'i'de
quelconque
âges.
363
i444
654
S2-2
1086
I168
1395
II i5
^7-1
336
683
835
706
368
207
685
249
39S
MIM. Pages.
GUIGNARD est élu membre de la Com-
mission du prix Gay 947
— Et de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) 947
— Et de la Commission du prix Desnia-
zières 947
— Et de la Commission du prix Mon-
ta.?ne 947
— Et de la Commission du prix Thore . . 947
— Et de la Commission du prix La Fons-
Mélicocq 947
— Et de la Commission du prix Barbier. . io'24
GUILLAUME (Ch.-Ed.). — Procédé pra-
tique pour la correction de l'erreur
secondaire des chronomètres i io3
GUILLAUME (J.). — Observations des
variations d'éclat de la planète Èros,
faites à l'observatoire de Lyon. (En
commun avec MM. Le Cadet et Lni-
zrt.) 53o
— ■ Observations du Solril, faites à l'obser-
vatoire de Lyon pendant le quatrième
trimestre de 1900 621
GUILLE.MAKD (H.). — Sur l'emploi de
l'acide silicotungslique comme réactif
des alcalo'i" Jes de l'urine. Variations
de l'azote alcaloïdique i438
GUILLEMONAT. — Influence de la stéri-
lisation des milieux habités, de l'air
respiré et des aliments ingérés sur
l'organisme animal. (En coinmun avec
M. Clirirrin.) 1074
GUILLET (LÉON). - Sur les alliages d'alu-
minium. Combinaisons de l'aluminium
et du tungstène 1112
— Sur les alliages d'aluminium. Combi-
naison de l'aluminium et du molyb-
dène 1 322
GUILLIEBMOND (A.). - Recherches sur
la structure des champignons infé-
rieurs 175
— Recherches histologiques sur la sporu-
lation des levures 1 194
GUILLO.N (.I.-M.). — Sur le géotropisme
des racines de la vigne 689
GUINARD adresse des remerciments à
l'Académie pour la distinction accor-
dée à ses travaux 19
GUINCHANT. — Compressibilité des dis-
solirtions 469
GUNTZ. ^ Sur l'hydrure de baryum... 963
GUTTON(C.). — Sur la propagalion des
oscillations hertziennes dans l'eau. . . 543
GUYE (Ph.-A.). — Mesure rapide des
( I
MM. Pages,
tensions superûcielle». (En commun
avec M. L. Pcrml.) io43
— Constantes capillaires de liquides or,^a-
niques. (li^n commun avec M. A.
Biiiid.) i48t et i553
GUVON est élu membre d(! ia Commission
du pri.\ llonlyon (Médecine et {;lii-
luryie) 1024
— Et de la Commission du prix Barbier. 1024
— Et de la Cominissiiindu piix Bréant. . I0i4
— Et de la Commi^sioll du prix Godard. 1024
— Et de la Commission du prix Bi'lliun.. 1024
— El de la Commission du prix Mé.t;e.. 1024
— Et de la Commission du [)nx du baron
Larrey 1024
— Et de td Commission du prix Montyon
635 )
MM. Pages.
(Physiologie expérimentale) 1024
— Et de la Commission du prix Poural. . io25
— Et de la Commission du prix La Caze
(Phy.siologie) 1086
GUYON (P.) adresse la description et le
dessin d'un « Nouveau moteur à
vent )) 1275
GUYOT. — Synthèse (l'un colorant dérivé
du di]iliénylènephénylméthane. (En
commun avec M. A. Halter.) lâay
GUYOU (E.). — Sur l'emploi des circuni-
méridiennes à la mer 657
— Est élu membre de la Commission du
prixextriiordinairedo six mille fr.mcs. 814
— El de la Commission du prix Plumey. 905
H
HADAMARD (Jacquks) est présenté par
la Section de Géométrie comme can-
didat à la place de .\1. Hmiiitc GJ4
HALLER (A.). — Sur les ctliers alcoyl-
cyanomaloniqucs et lesacidrs alcoyl-
cyanacéliques qui en dérivent. (En
commun avec .\I. 6'. Blanc.) j8i
— Sur de nouveaux dérivés de l'acidtJ di-
méthylamidcibi'nzoylben/.oïi|ue. (En
commun avec .M. ,-1. Guyut.) 74G
— Sur de nouvelles sytillièses effectuées
au moyen des molécules renfermant
le groupe méthylène associé à un ou
deux radicaux négatifs. .Action de
l'épichlorliydrine et de l'épibromliy-
drine sur les élhcrs benzoylucéliques
sodés 1459
— Synthèse d'un colorant dérivé du di-
phénylènephénylmélhane. (En com-
mun avec .M. --i. Giiyoe.) ii>27
— Est élu membre de la Commission du
prix Jecker 90G
— Et de la Commission du prix La Cazo
(Chimie) 940
— Et de la Commission du prix .Montyon
(Arts insalubres) 108G
— El de la Commission du prix Cahoiirs. . 1086
HAMUNET (l'abbé J.). — Sur l'électrolyse
des oxyacides. Préparation de l'acide
p.amyloxypropionique et de ladiamy-
line du butanediol 1.4 209
— Sur le butane dibromé et le butane
diiodé(i.4): Nouvelle synthèse de
l'acide adipique 343
— Un nouveau glycol biprimaire, le buta-
nediol 2.4 ou glycol tétraniélhylé-
nique et sa diacétine 63 1
— Action du zinc sur le dibromure et le
diiudure de tôlraméthylène 78g
HAMY (Mauricb). — Sur l'emploi du sté-
réoscope en Astronomie 1467
IIANHIOT. - Sur le mécanisme des ac-
lions diasia.^iques 146 et 212
— Erraici se rapportant à cette Communi-
cation 232
— Sur le mécanisme des réactions lipo-
lytiques 842
IIAULAY ( V. ). — De l'hydrate de carbone
de réserve dans les tubercules do
l'Avoine à chapelets 4*3
HARÏOG (Makcl's). — Sur le mécanisme
de la (iropulsion de la langue chez les
Amphibiens anoures 588
H.ATON DE LA GUUPILLIËUE e^l élu
.Membre de la Commission du prix
Montyon (Statistique) 906
— Et de la Commission du prixTrémont. 1167
HATT. — Utilisation des points de Collins
pour la détermination d'un quadrila-
tère 597
— Est élu meuibre de la Commission du
prix extraordinaire de six mille francs. 814
— Et de la Commission du prix Gay (Géo-
graphie physiqui') 1 168
HAUTEEECILLË est élu membre de la
Commission du prix La Cazc (Chimie). 946
HAYE.M est présenté par la Section de
Médecine ut de Chirurgie, comme
( i636 )
MM. P
cindiclat à la placo do M. Potain
HÉBEUT (Alexvndre). — Sur l'absorp-
ti(in spécifique des rayons X par les
sels mélalliques. (En commun avec
M. Gmrj^es Reynaiid.)
— Action de la poudre de zinc sur les
acides gras salures
HECKEL (Édouabd). — Sur la constitu-
tion de la graine de Hemandia, rap-
prochée lie celle de Wircnsarn
HELE-SHAW (H.-S.). — Contribution à
l'élude lhéori(iue et expérimentale des
veines liquides déformées par des
obstacles et à la détermination des
lignes d'induction d'un champ magné-
tique
HELLSTRÔM (Paul) (imprimé par erreur
Henslrnni) soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire « Sur les
origines des éléments »
HEMSALECH (G.-A. ). — Sur les étincelles
oscillantes
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication
— Sur l'influence de self-induction sur les
spectres d'étincelle
— Sur le spectre de bandes de l'azote
dans l'étincelle oscillante
HEiNRlET (H.). — Dosage de l'acide ni-
trique dans les eaux, au moyen du
chlorure slanneux
HÉRISSEY (H.).— Sur la constitution du
gentianose. (En commun avec M. Ein.
Bourrjitelot.)
âges.
197
408
633
1J84
[3o6
l3l2
9'7
9^9
1040
966
571
MM. Pages.
HERMITE (Ch. ). — Sa mort est annoncée
à l'Académie 49
— Notice sur M. Ch. Hermite; par M. C.
Jnrdan ■ • i o I
— Condoléances adressées à l'Académie..
120, 248, 296 et 529
HERRERA(A.-L.) adresse une Note «Sur
les vacuoles contractiles de l'oléate
d'ammoniaque en formation » 368
HESSELGREN ( Frédéric) adresse un Mé-
moire sur la gamme musicale i245
HOSDEN adresse un Mémoire relatif à la
direction îles aérostats i4C4
HOUSSAY (Frédéric). — La légende du
Li'pas aiuitijera, la VaUisncria spi-
irdix et le Poulpe 263
HUGOUNENQ (L.). — De l'aclion oxy-
dante du per=ulfale d'ammoniaque sur
quelques principes immédiats de l'or-
ganisme 9'
— Sur la formation de l'urée par oxyda-
tion de l'albumine à l'aide du persul-
fale d'ammoniaque '240
IIUMBERT (Georges). — Sur les fonc-
tions quadruplement périodiques. ... 72
— Est présenté par la Section de Géomé-
trie comme candidat à la place de
M. Hermite 654
— Est élu Membre de la Section de Géo-
métrie, en remplacement de M. Ch.
Hermite 662
HURWITZ (A.). — Sur le problème des
isopérimètres 4oi
— Sur les séries de Fourier 1473
IMBERT (A.). — Sur les opacités du corps
vitré et la rigidité de ce milieu de
l'œil
ISTVANFFI (de) adresse ses remercîments
JACCOUD est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie, comme
candidat à la-place de M. Potain .... 1 197
JACQUEMIN (Georges). — Procédé de
préparation de levures basses de bras-
serie fermentant à haute température. i366
JANSSEN (J.). — Remarques sur une
à l'Académie pour la distinction ac-
cordée à ses travaux 663
IZART(L.) adresse une Note relative à
une nouvelle roue à rail mobile 726
Communication de M. Ricco. ....... 323
— Sur la nouvelle étoile apparue récem-
ment dans la constellation de Persée. .5o5
— Remarques sur sa Communication rela-
tive aux lignes télégraphiques ou té-
léphoniques étabhes sur la neige au
mont Blanc 606
MM. Panos.
— Sur l'éclipsé totale du i8 mai 1901 . . . i^oi
— Est élu membre de la Conimisslon
du prix Pierre Guzman goS
— El do la Commission du prix Lalande. 903
— Et de la Commission du prix Valz. . . . 906
— Et de la Commission du prix Leconte. iScjâ
JAUBEKT (Geoi\ge-F.)- — Sur quelques
propriétés du peroxyde de sodium . .
— Sur un nouveau mode de préparation
des iiydrati's de peroxyde de sodium
et leurs propriétés
— Une nouvelle synthèse de l'aniline. . . .
JAUBERT (Joseph). — Sur l'orage du
■29 mai
JOLY (Cii.) adresse un Mémoire sur « le
Grisou » i-iyi
JON'UUIÈKES (ne). — Note au sujet d'une
précé lente Communication 750
— Est élu Membre de la Commission du
prix extraordinaire de six mille francs.
— Et de la Conuuission du prix .Montyon
f Siatisti<[ue)
JORDAN (Camille). — Notice sur M. C/i.
Hcrmile 101
( 1637 )
MM.
35
86
84 1
1371
814
906
Pages.
— Est élu membre de la Commission du
prix b'rancœur 814
— Et de la Commission du prix Poncelet. 814
JOUGUET (E.). — Sur la propagation des
disfontiiiuités dans les fluides 673
JOUMAUX. — Sur la réduction du chlo-
rure d'argent par l'hydrogène et réac-
l'on inverse. É(iuilibres véritables. . . 1270
— Sur l'action des radiations solaires sur
le chlorure d'argent en présence
d'hydrogène 1 558
JtWRDAIN (S.). — Rôle des canaux péri-
lonéaux 492
JÛUSSET DE BELLESME. — Culture et
reproduction du Saumon {Sti/iiio Sa-
Iftr) en eau douce 272
JOUVE. — Sur un échantillon de chaux
cristallisée 1 1 17
JUNGFLElSCll (E.). - Sur Thydrocin-
chonine. (En commun avec M. £.
Léger.) 410
— Sur la cinchonine. (En commun, avec
M. £. Loger.) 828
K
KANTOR (S.). — Sur une généralisalion
d'un théorème de M. Picard 124
— En réponse à une Communication do
M. Eiiriqucs du 4 février 1901,
rappelle qu'il a cilé le Travad de
M. Enriques dans un Mémoire do
V Amtricciii Journal 124)
KILIAN (W.). — Nouvelles observations
sismologiques faites à Grenoble 1242
KCENIG (E.). — Oscillations périodiques
produites par la superposition d'un
courant alternatif au courjut continu
dans un arc électrique 96'2
KOVESSl (F. ). — Recherches anatomiques
sur l'aoùtement des sarments do
vigne 647
— Influence des conditions climatolo-
gicpies sur la végétation des sarments
de la vigne 837
— Sur la taille rationnelle des végétaux
ligneux 923
— Sur la proportion de l'eau comparée à
l'iioùtcment des végétaux ligneux... i359
KUNCKEL D'ilERCULÀlS (J.). — Le
grand Acridien migrateur américain
{Schhtmercn ami-r'unna Drury) :
migrations et aire de distribution géo-
graphique 803
L.4CAZE-DUTHIERS (de) est élu membre
de la Commission du Grand prix des
Sciences physiques 947
— Et de la Commission du prix Savigny . 947
— Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles) 1167
LACROIX (A.). — Sur l'origine de l'or de
Madagascar 180
C. r.., 1901, \" SemtsUe. (r. C.WXII.)
— Sur un nouveau groupe do roches très
basiques 358
— Sur la province pétrographique du
nord-ouest de Madagascar 439
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication 4i8
LAGRANGE (E.). — Sur la propagation
des ondes hertziennes dans la télé-
21 I
( i638 )
MM. Pages,
graphie sans fils 2o3
LAMBERT. — De l'action du chloroforme
sur le pouvoir réducteur du sang. (En
commun avec M. Guniier.) 49^
LAMEY (dom). — Sur les variations en
grandeur et en position des satellites
révélant l'existence d'une atmosphère
cosmique 458
LANCEREAUX prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats désignés
pour remplacer M. Poudn 1 168
— Est présenté par la Section de Méde-
cine et de Chirurgie, comme candidat
à cette place 1197
LANDERER (J.-J.). — Sur la théorie des
satellites de Jupiter 299
LANGLOIS (Marcellin) adresse une Note
intitulée : « Unité therniochimique
fondamentale; atomicité; unité d'ori-
gine et de constitution de la matière
atomique » SgS
— Adresse un second Mémoire sur les
unités thermochimiques 734
— Adresse un Mémoire ayant pour titre:
« Recherches sur la constitution des
atomes, le glucinium » i446
LANNELONGUE. - De linnuence du cli-
mat sur l'évolution de la tuberculose
pulmonaire expérimentale. (En com-
mun avec MM. Achard et Gaillnrd.). 1 14
— Observations, à propos d'une Note de
M. Cluipot-Prémxt, sur une opération
ri'ectocardie, suivie de succès 110
— Sur une fistule congénitale pharyngo-
lacrymo-faciale, ouverte au-dessous
de la narine droite 38'3
— De l'inlluence de l'alimentation, de la
température, du travail et des pous-
sières sur l'évolution de la tubercu-
lose. (En commun avec MM. Achard
et Gaillard. ) 1 08 1
— Est élu membre de la Commission du
prix Montyon (Médecine et Chirurgie). 1024
— Et de la Commission du prix Barbier. 1024
— Et de la Commission du prix Bréant. 1024
— Et de la Commission du prix Godard. 1024
— Et de la Commission du prixBellion.. 102!
— Et de la Commission du prix Mège. . . 1024
— Et de la Commission du prix Lalle-
mand 1024
— Et de la Commission du prix du baron
Larrey 1024
— Et de la Commission du prix Montyon
(Physiologie expérimentale) 1024
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix Pourat. . ioîS
— Et de la Commission du prix La Caze
( Physiologie ) 1086
— Et de la Commission du prix Jean
Reynaud 1086
LAPEYRE adresse un Mémoire ayant pour
titre : « Opérations sur les carrés ; des
excédents divisionnaires » 1 157
LAPICQUE (Louis). — Sur le temps de
réaction suivant les races ou les con-
ditions sociales iSog
LAPPARENT (de). — Sur la découverte
d'un oursin d'âge crétacé dans le
Sahara oriental 388
— Sur l'érosion régressive dans la chaîne
des Andes 1 296
— Est élu membre de la Commission du
prix Delesse 947
— El de la Commission du prix Gay (Géo-
graphie physique) pour igoB 1 168
LARROQUE (Firmin). — Sur les im-
pressions musicales (Physico- et Psy-
chophysiologie) 33o
— Adresse le résumé d'une étude psycho-
acoustique sur le timbre 5o3
— Etudes de Psycho-acoustique 822
— Sur les lois de l'écoulement de l'air
dans les instruments de musique.. . 1182
LASNE (Henri). — Sur la composition
de l'amblygonite 1191
LAUSSEDAT est élu membre de la Com-
mission du prix Montynn (Statistique). 906
— Et de la Commission du prix Leconte. 139Ï
LAVERAN est présenté par la Section de
Méderine et de Chirurgie, comme
candidate la place de M. Pntain... 1197
— Est élu Membre de la Section de Méde-
cine et de Chirurgie, en remplacement
de M. Pntain 1212
LÉAUTÉ est élu Membre de la Commis-
sion du prix Montyon (Mécanique).. 814
— Et de la Commission du prix Plumey. 905
— Et de la Commission du prix Tréniont. 1167
— Et de la Commission du prix Fourney-
ron (Mécanique) 1168
LEBEAU (P.). — Sur un nouveau corps
gazeux, le fluorure de sulfuryle
S0'-F2. (En commun avec M. Mois-
'""■) 374,
— Sur un nouveau siliciure de cobalt... 556
— Sur les constituants des ferrosiliciums
industriels 681
LEBESGUE (11.). — Surune généralisation
de l'intégrale définie 1025
( 1^39 )
MM.
LE CADET. — Observations des variations
d'éclat de la planète Éros, faites à
l'Observatoire de Lyon
LÉCAILLON (A). — Sii'r les diverses cel-
lules de l'ovaire qui interviennent
dans la formation de l'œuf des In-
sectes
LEDOUX (P.). — Analomie comparée des
organes foliaires chez les Acacias...
LEDUC (S.). — Pour obtenir des rayons
de courtes longueurs d'onde, on peut
utiliser l'effluve électrique, source
intense de rayons violets et ultra-
violets
— Courbes d'ascension thermométrique. .
— Diffusion dans la gélatine
LEFEVRE ( Pierre). — Alcools et carbure
de calcium
LÉGER (E.). — Sur l'hydrocinchonine.
(En commun avec AL E.Jun^ki.icli.)
LEGER (Louis). — Sur une nouvelle Gré-
garine, parasite des Pinnollières des
Moules
— Sur la morphologie des éléments se.\uels
chez les Grégarines stylorhyncliides .
LEGRAND (Em.man'iel). — Anémomètre
électricpie à indications à distance...
LELIEUVRE (Mairice). — Sur certaines
relations involutives
LEMOINE (Gkorges) est élu membre de
la Commission du prix Jecker
— Et de la Commission du prix La Caze
(Chimie)
LEMOULT (Paul). — Spectres d'absorp-
tion des indophénols. Loi des groupe-
ments auxochromes azotés tertiaires.
— Sur la loi des auxochromes
— Sur la réaction des benzophénones
amidées substituées et des aminés aro-
matii|ues en milieu sulfurique
LÉON (G.). — Sur un grisouraètre élec-
trique
LÉPLNE (R.). — Maltosurie chez cer-
tains diabétiques. (En commun avec
iM. Boiiliul.)
LESNE ( P. ). — La variation sexuelle chez
les mâles de certains Coléoptères
appartenant à la famille des Bostry-
chides; la pœcilandrie périodique...
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication
LÉVY (Maurice) est nommé membre de
la Commission centrale administra-
tive, pour l'année 1901 ,
Payes.
.")3o
586
542
798
r 5oo
410
1343
i4?l
323
1 179.
1906
946
142
784
885
I io8
610
8^7
896
14
MM.
— Président sortant, fait connaître à l'Aca'
demie l'état où se trouve l'impression
des Recueils qu'elle publie et les
changementssiirvenus parmi les Mem-
bres et les Correspondants pendant le
cours de l'année 1900
— Est élu membre de la Commission du
prix Francœur
— Et de la Commission du prix Poncelet.
— Et de la Commission du prix Montyon
( Mécanique )
— Et de la Commission du prix Plumey.
— Et de la Commission du prix Fourney-
ron
— Et de la Commission du prix Wilde. .
— Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences mathématiipies)..
— El de la Commission du prix du baron
de .loest
— Et de la Commission du prix Trémont.
— Et de la Commission du prix Fourney-
ron (Mécanique)
LÉVY (Michkl) est élu membre de la
Commission du prix Delesse
LEYS(Alex.). — Nouvelle réaction de la
saccharine (sulfimide benzo'i'que). . .
I.IAPOUNOFF (A.). — Sur un théorème
du calcul des probabilités
— Une proposition générale du calcul des
probabililés
LIGONDÈS(U. DU). — Sur les planètes
télescopiques
LINDET. — Sur l'action saccharifiante
des germes de blé et sur l'emploi de
ces germes en distillerie
LIPPMANN (G.). — Mire méridienne à
miroir cylindrique
— Sur la puissance représentative d'une
portion finie de courbe continue
— Sur un a|)pareil destiné à entraîner la
plaque photoiirapliique qui reçoit
l'image fournie par un sidérostat. . . .
— Sur un galvanomètre parfaitement asta-
tique
— Est élu membre de la Commission du
prix La Caze (Physique)
— Et de la Commission du prix Gaston
Planté
— Et de la Commission du prix Kastner-
Boursault
— Et de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) pour 1903....
LIVACHE (Acii.). — Sur la substitution
du blanc de zinc à la céruse dans la
Pages.
14
81 3
8.4
814
905
goS
1086
1167
1 167
1167
1168
947
io56
126
81 i
121
261
904
921
1161
906
906
90G
I168
( i64o )
MM. P^Res.
peinture à l'huilp laSo
LOEWY. — Apparition d'une étoile nou-
velle dans la consipl!alion de Perses. 449
— Sur le quatrième Volume des J/'/ialrs
de l'Ohscrfalobe de Tmdntixe 1084
— Est élu Membre de la Commission du
prix Pierre Guzman goS
— Et de la Commission du prix Lalande. goâ
— Et de la Commission du prix Valz. . . . 906
— Et de la Commission du prix Wilde. . loSfi
LOISEL (Gustave). — Les blastodermes
sans embryon 35o
LORTET. — Appareil très simple pour
l'application de la méthode pliolothé-
rapiqr.e de Finsen. (En commun avec
M. Gcnniid.) ■>t\&
— Appareil photolhérapique sans conden-
sateur. (Eu commun avec M. Ge/ioiid). 627
LOUGUININE (W.). — Détermination
des chaleurs latentes de vapoiisation
de quelques substances de la Chimie
organique 88
LOUISE. — Calcul do l'écrémage et du
mouillage dans les analyses du lait.
(En commun avec M. Rii/uier.). . . . 992
LUGEON (Maurice) adresse des remer-
cîments à l'Académie pour la dislinc-
tion accordée à ses travaux 19
MM. Pages.
— Sur la découverte d'une racine des
Préalpes suisses 45
LU!ZET(M.). — Observations des varia-
tions d'éclat de la planète Éros, faites à
l'observ.itoire de Lyon 898
— Sur les époques tropiques de la période
de Vciriation d'éclat de la planète
Éros 53i
— Sur la nouvelle étoile de Persée 535
— Véritable valeur de la période de va-
riation lumineuse d'Éros. (En commun
avec M. C/i. André.) 665
— Observations d'éclaisdela Nova Persée. 121 5
LUMIÈRE (Auguste).— Sur de nouveaux
composés organométalliques de mer-
cure. (En commun avec MM. Lnuia
Lumière et Chcvrolier.) i45
— Action de l'oxyde de mercure sur quel-
ques corps organiques. (En commun
avecMM. Louis Lumière elF.Perri/i.) 635
LUMIÈRE (Louis). — Sur de nouveaux
composés organométalliques de mer-
cure. (En commun avec MM. Augux/r
Lumière et C/tevrotirr.) i45
— Action de l'oxyde de mercure sur quel-
ques corps organiques. (En commun
avec MM.^. Lumière el F. Perriti.). 635
M
MACK ( Edouard). — Quelques isothermes
de l'éther entre 100° et 206° 952
— Isochores de l'éther de 1" à i",85. . . . io35
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1080
MAHEU (.1.). — Sur la flore des mousses
des cavernes. (En commun avec
M. Geneau de Lnmnrlère .) 92 1
MAILHE ( A. ). — Action de l'oxyde mercu- j
rique sur les solutions aqueuses des !
sels métalliques 1273 et i56o j
MAILLAliD (L.). — Sur l'origine indoxy-
liquede certaines matières colorantes
rongas des urines (indirubine) 990
MAILLET (En.MOND). — Sur vine certaine
catégorie de fonctions transcendantes. 46o
— Sur les systèmes complets d'équations
aux dérivées partielles 540
— Sur une certaine catégorie de fonc-
tions transcendantes 622
— Sur les racines des équations transcen-
dantes 908
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1012
— Sur les lois des montées de Belgrand
el les formules du débit d'un cours
d'eau io33
MAIRE (René). — Nouvelles recherches
cytologiques sur les Hyménomycètes. 861
VIALASSEZ (L.). — Nouveau modèle
d'oculaire à glace micrométrique. . . . 4o5
MALTÉZOS (C). — Sur les nodales de
sable ou de poussière 737
MANCEAU (E. ). — Sur la seconde fer-
mentation ou prise de mousse des
vins de Champagne ioo3
MANGIN (Louis) est présenté par la Sec-
tion de Botanique, comme candidat à
la place de M. Adolphe Chatin. .... 1010
MAQUENNE (L.). — Sur une nouvelle
base dérivée du glucose. (En com-
mun avec M. E. Roux.) 980
— Sur les éryihrites actives. (En com-
mun avec M. G. Bertrand.) 1419
MM.
— Sur l'érythrile racémique. (En com
nnui avec M. Gah. Piertrand.)
MARAGE. — Quelques remarques sur les
otdiitlies de la grenouille
— Sur les otolillies de la grenouille ....
MARBOUTIN (Félix). - Conlrihulion à
l'élude des eaux souterraines. Courbes
isoclironociiromatiques
MARCH(F.). — Sur le p!3-diacétylpro-
pionate d'élhyle
MARCHIS (E. ). — Sur le diagramme eu-
Iropique
MARES. — Sa mort est annoncée à l'Aca-
démie
MAREY. — Cliangements de direction el
de vitesse d'un eouraTit d'air (|ui ren-
contre des cor(is de formes diverses.
— Est élu membre de la Commission du
prix Montyon (M.'decineelCIiirurgie).
— Et de la Commission du prix Bréant. .
— Et de la Commission du prix Godard. .
— Et de la Commission du prix Bellion. .
— Et do la Commission du prix Mège. . .
— Et de la Commission du prix Lalle-
mand
-- Et do la Commission du prix du baron
Larrey
— Et de la Commission du |irix .Montyon
(Physiologie expérimentale)
— Et de In Commission du prix Pourat.
— El de la Commission du prix Pliili-
peaiix
— Et de la Commission du prix F.a Caze
(Physiologie)
— Et de la Commission du prix Pourat
(Physiologie)
MARQUIS (R.). — Sur le nitrofurfurane.
MARTIN ( J. ). — Sur une nouvelle sous-
f.imilie d liémi|)téres marins, les lirr-
ni'itnbdtiiiœ. (Iji cnmmun avec IM.
H. Cotilièr. •.)
MARTONNE (K. dk). — Nouvelles obser-
vations sur la période glaciaire dans
les Karpates méridionales
— Sur les mouvements du sol et la for-
mation des vallées en Valachie
MASCART annonce à l'Académie la mort
de -M. Zc'iohc Grniiinie
— Est élu nie'iibre de la Commission du
prix La Ca/e ( Physique)
— Et de la Commission du prix Gaston
Planté
— Et de la Commission du prix Kastner-
Boursault
( i64i )
Pages. MM. Pa|;es.
— Et de la Commission du prix Gegner. 1167
i5G5 — Et de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) pour ioo3 1168
■ 07-2 — Et de la Commission de vérification des
4i' comptes pour l'année 1900 i2i3
MASCART (Jean). — Position el vitesse
approchées d'un bolide 864
305 M.\SSOL (G.). — Sur la valeur acidimé-
trique des acides benzoïqties numo-
<)97 substitués 780
- Sur la valeur acidiniétriquo de l'acide
G71 païasulfaniiique 1572
.MASSON (IlENKi). — Synthèses d'alcools
tertiaires de la série urasse 4^3
MATHIAS (E.). - Calcul de la formule
définitive donnant la loi de la dislri-
391 bution régulière de la composante
horizontale du magnétisme terrestre
109.4 en France au i" janvier 1896 3?.o
1024 MATIGNON (C). — Composition de Ihy-
io>.4 drure et de l'azoture de thorium. (En
1024 commun avec M. H. Dflc//i/ir.). ... 36
1024 — Errata se rapportant à cette Coni'mu-
niealion 232
1024 M.VTRUCllOT (L.). — Sur l'identité des
modifiiations de structure produites
1024 dans les cellules végétales par le gel,
la p'asmolyse et la fanaison. (En
102 1 commun avec M. Mnlluird. ) 49^
i()2") M.\UPAS est élu Correspondant dans la
.section d'Anatomie et Zoologie 1464
io8(') .M.AURAIN (le Capitaine) adresse, do Quito,
des remercîmeiits à l'Académie [)our
1086 la dislinclion accordée à ses travaux. 906
MAVROJANNIS.— Préparation des éthers
1168 nitrobenzoylcyanacétii|ues isoméri-
i4o ques ortlio, meta et para el du chlo-
rure d'orthonitrobenznvle cristallisé. io54
MENDELSSOHN. — Sur les "courants élec-
lrotoni(|ues extrapolairesdanslesneifs
1066 I sans myéline 1067
MÉRAY (Cn.). — Sur les services que
peut rendre aux Sciences la langue
36o auxiliaire internationale de M. le
D' Zamenhof, connue sous le nom
I r.j 1 k\ Espéranto 874
MESNAGER. — Sur l'application de la
121 I théorie de l'élaslicilô au calcul des
pièces rectangulaires fléchies 147J
906 MESNIL (Félix;. — Le parasitisme intra-
cellulaire et la multiplication asexuée
90G ; des Grégarines. (En commun avec
M. Maurice Caullery. ) 220
906 I — Le cycle évolutif des Orthonectides.( En
( i64
MM. Pages,
commun avec M. Maitrire CaiiUery.) 123-2
MEUNIER (Maurice) soumet au jugement
de l'Acddémie un travail intitulé :
« Note sur nn projet d'appareil télé-
graphique » 4^6
MEUNIER (Stanislas).— Sur une mas.se
de fer métallique qu'on dit être tom-
bée du ciel, au Soudan, le i5 juin
1900 44 1
— Examen d'une météorite tombée dans
l'ile de Ceylan, le i3 avril 1795 5oi
— Sur la pluie de snng observée à Pa-
lerme dans la nuit du 9 au 10 mars
1901 894
— Sur l'origine et le mode de formation
du minerai de fer oolithique de Lor-
raine 1008
MILLER ( G.-A .). — Sur les groupes d'opé-
rations 912
MINGUIN (J.). — Sur le racémisme. (En
commun avec M. E. Grégoire de Bol-
lemnnt.). 1578
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET DES BE.\UX-ARTS (Le) adresse
l'ampliation du Décret approuvant
l'élection de M. Humbert 729
— Adresse l'ampliation du Décret du Pré-
sident de la République approuvant
l'élection de SI. Zciller loSi
— Adresse l'ampliation du Décret approu-
vant l'élection de M. Liwemn 1219
MINKOVVSKl (H.). — Sur les surfaces
convexes fermées 21
MIQUEL (P.). — Sur l'usage de la levure
de bièie pour déceler les communica-
tions des nappes d'eau entre elles i5i5
MITTAG-LEFFLER. — Sur une formule
de M. Fredliolm 76 1
— Sur la série de Bernoulli i388
MOISSAN (Henri). — Sur un nouveau
corps gazeux, le fluorure de sulfuryle
SO^F^. (En commun avec M. P. Le-
beait. ) 374
— Sur la préparation et les propriétés du
sulfammoiiium 5io
— Est élu membre de la Commission du
prix Jecker 906
— Et de la Commission du prix La Gaze
(Chimie ) 946
— Et de la Commission du prix Montyon
(Arts insalubres) 1086
— Et de la Commission du prix Cahours. io86
MM. PaKes.
— El de la Commission du prix Leconte. iSgS
MOLINIER. — Action de l'alcool sur la
sécrétion gastrique. (En commun avec
M. Frnuin. ) looi
MOLLIARD (Marin). — Sur lidenlité des
modifications de structure produites
dans les cellules végétales par le gel,
la plasmolyse et la fanaison. (En com-
mun avec M,. L. Malrachot. ) 495
MONOD (G. -H.). — Sur la présence d'un
gisement d'anthracite dévonien au
Kouiicheou (Chine; 270
MONTANGERÂND (L.).- Sur la période
de variabilité d'éclat de la planète
Éros, d'après des déterminations faites
à l'observatoire de Toulouse 533
— Sur la variabilité de la planète Éros,
d'après des clichés obtenus à l'obser-
vatoire de Toulouse 6i6
MOUNEYRAT adresse des remerciments à
l'Académie pour la distinction accor-
dée à ses travaux 19
MOUREAUX (Th.). — Sur la valeur abso-
lue des éléments magnétiques au
i" janvier 1901 3o
MOUREU (Ch.). — Nouvelles réactions
des composés organomagnésiens. . . . 837
— Sur deux nouveaux acides acétylé-
niques. Synthèse des acides capry-
lique et pélargonique. (En commun
avec M . R. Delange. ) 988
— Sur l'hydratation de l'acide amylpro-
piolique; acide caproylacétique. (En
commun avec M. R. Deinngc.) 1 121
— Sur la condensatioTi des carbures acé-
tyléniques vrais avec l'aldéhyde for-
mique; synthèse d'alcools primaires
acétyléniques. (En commun avec M. H.
Desniols. ) I2a3
MOUSSU. — Action du mucus sur l'orga-
nisme. (En commun avec M. Cluir-
rin.) 164
— Propriétés coagulantes du mucus : ori-
gines et conséquences. (En commun
avec M . Charrin. ) 678
MULLER (P.-Th.).— Sur la variation de
composition des eaux minérales et
des eaux de source, décelée à l'aide
delà conductibililé électrique 1046
MUNTZ (.A.).— Études sur la valeur agri-
cole des terres de Madagascar. (En
commun avec M. E. Rousseaux.). . . 45t
( i643 )
N
MM. PaRes.
NEGREANO (D.). — Vibrations produites
dans lin fil à l'aide d'une macliine à
influence 1 4o4
NETTER (A. ) adresse une Note ayant pour
litre : « Fonctionnement du cerveau
dans l'évolution de la parole inté-
rieure » 124 i
NICLOUX (Maurice). — Sur la présence
de l'oxyde de carbone dans le sang
du nouveau-né i5oi
MM. Pages.
NODON (A.). — Production directe des
rayons X dans l'air 770
— Adresse la description d'un 0 trieur de
phases électrolytique pour courants
alternatifs» 14 jG
NORiMAND (A.) est élu Correspondant
pour la Section de Géographie et
Navigation 6 1 3
— Adresse ses remercîments à l'Aca-
démie 663
o
OCAGNE (Mairice d"). — Sur la somme
des angles d'un polygone à connexion
multiple 818
CECIISNER DE COMNCK. — Étude du
nitrate d'uranium 90 et 204
— Adresse une Note intitulée : « Quel-
ques données sur le nitrate d'ura-
nium » 447
OUDEMANS est élu Correspondant pour la
Section de Géo'^raphie et Navigation. 1086
— Adresse ses remercîments à l'Acadi'-
mie i[68
OUVRARD (L.). — Sur les borates de
magnésie et des métaux alcalino-ter-
reux i5j
PADÉ(H.). — Sur l'expression générale
de la fraction rationnelle approchée
de ( I -i- j-)'" 734
— Sur la fraction continue de Slielijes. . . 91 1
PAILLOT (René). — Perméabilité des
aciers au nickel dans des champs
intenses 1 180
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication I .!48
— Inlluencedela température sur la force
électroaiotrice d'aimantation i3i8
PAQUIEK ( V. ). — Sur la présence du genre
Copriiia dans l'Urgonien 226
PARMENTIER (P.). — Sur l'alumine con-
tenue dans les eaux minérales i332
— Sur la conservation des eaux miné-
rales iSgi
PEARCE (P.). — Sur le gabbro à olivine
de Kosswinski-Kamen (Oural). (En
commun avec M. Duparc.) 1426
PÉCllARD (E.). — Sur la réduction de
l'acide molybdo.-ulfurique par l'alcool. 628
PÉLAfiON (H.).— Action de l'hydrogène
sur le protosulfure de bismuth 78 I
— Action de l'hydrogène sur le réalgar et
réaction inverse. Intluence de la pres-
sion et de la température 774
— Sur la vérification ex[iérinientalo d'une
loi de mécanique chimique i4ii
PELL.\T (H.). — Sur une expéiience d'os-
cillation électrique 1178
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1248
PEROl' (A.). — Longueurs d'onile de
quelques raies du fer. (En commun
avec M. Cli. Fabry.) 1264
PERRIER (E1J.MOND) présente à l'Acadé-
mie le sixième 'Volume des « Expédi-
tions scientifiques du Travailleur et
d u Talisman « 6 1 3
— Est élu meinbre de la Commission du
Grand prix des Sciences physiques. 947
— Et de la Commission du prix Savigny. 947
— Et de la Commission du prix Tchihat-
chef 1086
— Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles) 1 167
— Et de la Commission du prix Poural
( i644 )
MM. P
(Physiologie)
PERRIN (F.). — Action de l'oxyde de
mercure sur qiiel(|ues corps orga-
niques. (En commun avec MM. A.
el L. Lumière.)
PERROT (L.)-— Mesure rapide des ten-
sions superficielles. (En commun avec
M. Pli.-J. G(iyc.)
PERROTIN. - Sur la nouvelle comète
Giacobini
PHISALIX (C). — Recherches sur la ma-
ladie des chiens. Vaccinalion du chien
contre l'infection expérimenlale
PHliAGMEN (E:). — Sur le domaine de
convergence de l'intégrale infinie
/ V{ax)e-'^da
•A
PICARD (EMILE). — Sur les intégrales de
différenlielles tolales de troisième
espèce dans la théorie des fonctions
algébriques de deux variables
— Fait hommage à l'Académie de la se-
conde édition duTome 1 deson «Traité
d'Anulyse» et de la Leçon qu'il a
faite à la Sorbonne sur « l'ÔEuvre
scientifique de Charles Hermite »...
— Sur les résidus et les périodes des inté-
grales doubles de fonctions ration-
nelles ■
— Est élu membre de la Commission du
prix Francœur
— Et de la Commission du prix Poncelet.
— Et de la Commission du prix Petit d'Or-
nioy (Sciences mathématiques)
PICTET (Amé). — Sur trois nouveaux al-
caloïdes du tabac. (En commun avec
M. -4. Rdtschf.)
PIZON (Antoine). — Origine du pigment
chez les Tuniciers. Transmission du
pigment maternel à l'embryon
POINCARÉ (A.). — Mouvement, en chaque
jour synodique, de l'axe instantané
de symétrie des écarts barométriques.
POINCARÉ (11.). — Sur la théorie de la
âges.
ii68
035
043
1147
396
iS
8i3
929
8i3
814
1 167
97 >
ii55
MM. Pages,
précession 5o
— Sur une forme nouvelle des équations
de la Mécanique 366
— Est élu membre de la Commission du
prix Francœur 8 1 4
— Et de la Commission du prix Poncelet. 8i4
— Et de la Commission du prix Petit d'Or-
moy (Sciences mathématiques) 1 167
— Et de la Commission du prix Samtour. 1 167
— Et de la Commission du prix Gegner.. 1167
— Et de la Commission du prix Leconte. 1395
POLLAK (Cii.). — Sur un voltanièlre dis-
joncteur des courants i4o5
PONSÛT (A.). — Chaleur spécifique d'un
mélange gazeux de corps en équilibre
chimique 769
— Lois de Gay-Lussac et dissociation des
composés gazeux 1401
— Aciicms chimiques dans les systèmes
dissous ou g.izeux. Tension de vapeur.
Hypothèse d'Avogadro i55i
POTAIN. — Sa mort est annoncée à l'Aca-
démie 17
POTIER est élu membre de la Commis-
sion du prix La Caze (Physique;. . . . 906
POTTEVIN (Henri). — Sur la constitu-
tion du gallotannin 704
POURQUIER (P.).— La résistance des
moutons algériens à la clavelée est-elle
héréditaire'? 8qo
POZZl-ESCOT (E.). — De la recherche
des alcaloïdes par voie microchimique. 920
— Contribution à la recherche microchi-
mique des alcakjïdes 1062
PRILLIEUX est élu membre de la Com-
mission du prix Gay 947
— Et de la Commission du prix Bordm
(Sciences physiques) 947
— Et de la Commission du prix Desma-
zières 947
— Et de la Commission du prix iMontagne. 947
— Et de la Commission du prix Thore.. . 947
— Et de la Commission du prix La Fons-
Mélicocq 947
QUINTON (R.). — Le globule rouge nu-
cléé se comporte autrement que le
globule rouge anucléé, au point de
vue de l'osmose, vis-à-vis de l'urée
en solution 347
^ Le globule rouge nucléé se comporte à
la fciçon de la cellule végétale, au
point de vue de l'osmose, vis-à-vis de
l'urée en solution 43i
( i64.T
R
MM. P^çes.
KABAUI) (Etienne). - Orailères géné-
raux (les proce?sus lératos;ènes; pro-
cessus primitif et processus consé-
cutif I i5o
RABUT. — Sur un invariant remarquable
(lo certaines transformations réali.sées
par des appareils enrei^istreur- iSgg
- Équations et propriétés fondamentales
des figures autopolaires réciproques
dans le plan et dans l'espace 1470
RAFFY ( L. ) — Détermination des surfaces
qui sont à la fois des surfaces de Joa-
chimsthal et des surfaces de VVein-
garten i3i2
- El rata se rapportant à cette Commu-
nication 1.(48
BA.MBAUD. -- Observations de la comète
igoo c (Giacobini), faites à l'observa-
toire d'Alger. ( En commun avec
M.. Ç.. )...'. 19
- Observations do la comète A (19011,
faites à l'observatoire d'Alger (équa-
torial coudé de o'",348 d'ouverture).
(En commun avec M. Sy. 12 58
RANVIER est élu membre de la Commis-
sion du prix Montyon (Médecine et
Chirurgie) ioï4
— Et de la Commission du prix Lallemand. 1024
liAOULT. — Sa mort est annoncée à l'Aca-
démie 878
R\VAZ ( L. ). — Leselléts de la foudre et
la gélivuie. (En commun avec M. A.
Bonnet. ) 8o5
RECOURA (A.). - .Action d'un hydrate
métallique sur les solutions des sels
des autres métaux. — Sels basiques
à deux métaux 1 4 14
REGNIER (L.-R.). - Sur l'aneslhésie lo-
cale en chirurgie dentaire, à l'aide de.-;
courants de haute fré(Hicnce et de
haute intensité. (En conmiun avec
'\\ . G . Didsbury .) 1689
RENAULT ( Bern.vrd). — Sur un nouveau
genre de fossile 268
— Est i)résenté par la Section de Bota-
nique, comme candidat à la place de
iM. Ailotj>li(' Chdlin 1010
RENGADE (E.). - Contribution ii l'étude
del'indium. (En commun avec M. Clici-
bri)'.) 472
C. R., looi. I" Semestre. (T. C.VXXII )
MM. Paccf.
REYNAUD (Georges). — Sur l'absorption
spécifique des rayons X par les sels
métalliques. (En commun avec M.
Alexandre Hébert.) 4o8
RHEINS. — Sur la corrélation des expé-
riences faites à Dijon en 1894 pour
l'application de l'idée de retour com-
mun |)oiir circuits téléphoniques ot
les expériences faites depuis celle,
date sur la téléphonie sans Cl 77
RIBIÈRE. — Sur les voûtes en arc de
cercle encastrées aux naissances. ... 3i 5
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 448
- Sur les vibrations des poutres encas-
trées 668
RICCO (A.). - Communications léléplio-
niqiies, au moyen do fils étendus sur
la neige 323
RICHET (Cii.) est présenté par la Sectiun
de Médecine et Chirurgie, comme
candidat à la place de M. l'otnin. ... 1 197
RIDEY adresse une Note « Sur un matériel
de sauvetage et d'extinction dans les
incendies ■> 1276
KIQUIER. — Calcul de l'écrémago et du
mouillage du lait. (En commun avec
.M. Louise. \ 992
nOBERT (A.). — Sur la ponte des Troques. 8Jo
- La segmentation dans le genre Tro-
ehus 995
ROBIN (Albkrt). — Les conditions du
terrain et le diagnostic de la tubercu-
lose. (En commun avec M. Maurice
Binet.^ 709
R0LL.4ND (Georges). — A propos des
gisemenls de minerais do fer ooli-
thiques do Lorraine et de leur mode
do formation 444
RONDEAU-LUZEAU (M'"). — Action des
solutions isoioniques de chlorures et
de sucre sur les œufs de Ranafusca. 997
ROOS (L.). Action pliysiologi(pie du
vin 428
ROSENSTIEHL (A.). - Réduction des
matières colorantes azoïques nitrées.. 98.Î
ROSSARD (F.). — Observations sur la
variabilité de la planète ^433" Éros,
faites à l'observatoire de Toulouse. . 396
212
( i*i46 )
MM. Pages.
ROTHÉ (E.). — Sur les forces électro-
motrices de contact et la théorie des
ions 1478
ROTSCHY (A.). — Sur trois nouveaux
alcaloïdes du tabac. (En commun avec
M. Amé Piclct.) 971
ROUCHÉ présente à l'Académie le pre-
mier Volume d'un Ouvrage intitulé :
« Analyse infiiiilésimale, à l'usage des
Ingénieurs », par MM. EugèneKouché
et Lucien Levy 202
— Est élu membre de la Commission du
prix Montyon (Statistique» 90H
MM. Pages
ROUSSEAUX (E.)— Études sur la valeur
agricole des terres de Madagascar.
(En commun avec M. A. Mitniz.).. 45i
ROUX est élu membre de la Commission
du prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie) 1 024
— Et de la Commission du prix Leconte. iSgS
ROUX (E.). — Sur une nouvelle base
dérivée du glucose. (En commun
avec M. L. Mufjitrnne.) 980
ROWLAND (Henry). — Sa mort est an-
noncée à l'Académie 1 168
SABATIER ( Paul). - Hydrogénations di-
rectes réalisées en présence du nickel
réduit : pré|iaration de l'hexahydro-
benzène. (En commun avec M. J.-B.
Sendercns . ) 210
— Méthode générale de synthèse des
naphtèncs.(En commun avecM.7.-jÇ.
Senderens .) 506
— Hydrogénation de divers carbures aro-
matiques. (En commun avec M. J.-B.
Senderens.) 1254
— Action d'un oxyde ou d'un hydrate
métallique sur les solutions des sels
des autres mclaux : sels basiques
mixtes i538
— Est élu Correspondant pour la Section
de Chimie 753
— Adresse ses remcrcîments à l'Acadé-
mie 814
SAINT-REMY. — Sur l'embryologie du
Tœnia s errât a 43
S.\RRAU est élu membre de la Commission
du prix Montyon (Mécanique) 814
— Et de la Commission du prix Fourney-
ron 9o5
— Et de la Commission du prix Jean
Reynaud 1086
— Et de la Commission du prix Trémont. 1167
— Et de la Commission du prix Four-
npyron 1 168
SAZERAC (R). — Sur une différenciation
biochimique des deux principaux fer-
ments du vinaigre. (En communavec
M. Gab. Berlrnnd. ) 1 5o4
SCHLESINGER(LuDwiG). — bur les équa-
tions linéaires à points d'indétermina-
tion 27
SCHLŒSING (Th.). — Recherches sur
l'étal de l'alumine dans des terres
végélales 1 2o3
- Est élu membre de la Commission du
prix Montyon (Arts insalubres) 1086
SCHLŒSING fils (Th.).- Sur l'acide plios-
phorique des sel-- 1 1 89
SCHULTEN (A. de). — Synthèse de la
boronatrocalcite (ulexite) 1 J76
SEBERT (H.) — Sur l'ulililé scientifique
d'une langue auxiliaire internationale. 869
— Est élu membre de la Commission du
prix Plumey go5
— Et de la Commission du prix Four-
neyron goî
— Et de la Commission du prix Fourney-
ron (Mécanique) pour igoS 1 168
SÉGUIER (de). — Sur les équations de
certains groupes io3o
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1 160
SEMENOW (J.). — ne l'action des
rayons X sur les conducteurs et sur
les isolants 1 32o
SENDERENS (J.-B.). - Hydrogénations
directes réalisées en présence du nic-
kel réduit : préparation de l'hcxaliy-
drobenzène. (EncommunavecM. Paul
Sdbaticr.) 210
— Méthode générale de synthèse des
naphlènes. (En commun avccM. Paul
Sabntier.) 1 254
SERVANT. — Sur la défoi malien du para-
boloïde général 816
SI.\CCI (M.-F.). — Sur un problème de
d'Alemben 1175
SIBILLO T ( Ch . ) adresse une Note relative
( '647 )
MM. Pages,
à un aérostat dirigeable 87S
SIEDLECKI adresse des remercîments ;i
l'Académie pour In distinction accor-
dée à ses travaux ? 201
SIEDLECKI (Michel). — Sur les rapports
des Grégarines et de l'épitliélium in-
testinal ii8
SI.MON (L.-J.). — Action des acides rao-
nohalogénés de la série grasse sur la
pyridine et la quinoléine. ( En commun
avec M. L. Dithrruil.) 418
— Sur la constitution du glucose 487
— Ernitn se rapportant à celte Commu-
nication 596
— Sur les phényihydrazonesdu (/-glucose
cl leur multirotation. (En commun
avec M . H. Bénard. ) SCj
ST.ASSANO (He.nri). — Sur une réaction
liistochimique diirérenlielle des leu-
cocytes cl sur kl production expéri-
MM. Pages,
mentale et la nature des granulations
ehromatophiles de ces cellules 58i
— Le parasite de la syphilis 800
— Sur la présence et la localisation de
l'iode dans les loiicocytos du sang nor-
mal. (En commun avec M. Bourcet.) 1,587
STRASBURGER. — Élu Correspondant,
adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 19
SULZER (D.). — Angle limite de numé-
ration des objets et mouvements des
yeux. (En commun a\ ee M. A. Bioca.) 888
SY. — Observations de la comète 1900 c
(Giacobini) faites à l'Observatoire
d'Alger. (En commun avec M. Ram-
batul.) 19
Observations de la comète A (1901),
faites à l'Observatoire d'Alger. (En
commun avec M. RambandA 12J8
TAILLEUR (P.). — Sur un glucoside ca-
ractérisant la période germinative du
hùtre \iii
TARIDE. — Sur les combinaisons du bro-
mure de bore avec les chlorures de
phosphore 83
— Action du bromure de bore sur les
iodures de phosphore et sur les com-
posés halogènes de l'arsenic el de
l'antimoine 204
TESTENOIRE. — Sur les chaleurs spéci-
fiques de la soie, do la laine el du
cot(m 23i
THOMAS (V.). — Sur les chlorobro-
murcs de thalliiimdu typoTlX, 3TIX. 80
— Sur la chimie du méthylène 1 1 18
— Sur les chlorobromures de thalliuin... 1/(87
THOULET. — Sur la constitution du sol
des grands fonds océanique? 27 1
— Note relative à un Atlas lithologiquc
et bathymétrique des côtes de France. 653
TIFFENEAU. — Sur un isomère de l'a-
néthol et sur la constitution de ce der-
nier. (En commun avec M. Bchal.). iOi
TISSIER.— Action des chlorures d'acides
et des anhydridesd'acidessur les com-
posés organométalliques du magné-
sium. (En commun avec M. Grignard.) 683
— Sur les composés organométalliques
du magnésium. (En commun avec
AL Grignard.) 835
TISSOT (C). — Sur la mesure de la
période des ondes utilisées dans la
télégraphie sans fd 7C3
TOMiMASINA (Th.) adresse un Travail
intitulé : n Contribution à la théorie
de la cohérence » 277
— Sur un électro-radiophone à sons très
intenses elsurla cause qui les produit. 627
TOPSENT (E.). — Les Spongiaires de
l'expédition antarctique belge el la
bipolarité des faunes 1C8
TOURNOUER (Andrk). — SurleNéomy-
lodonetsur l'animal mystérieux de la
Patagonie 96
TRABUT. — Sur la manne de l'olivier. . . 225
TRILLAT. — Sur un pseudo-acido agari-
cique. (En commun avecM. Adrian.) i5i
TRILLAT (J.-A.). — Oxydation des
alcools primaires par l'action de con-
tact 1227
— Élude de l'action de contact sur les
alcools secondaires et tertiaires i495
TROOST (Louis) est élu membre de la
Commission du prix Jecker 906
— Et de la Commission du prix La Caze
(Chimie) 946
— Et de la Commission du prix Montyon
(Arts insalubres) 1086
— Et de la Commission du prix Cahours. . 1086
MM.
TROUVÉ (G.)- - Surun appareil quiimile
les effets ries fontaines luminenses. . .
TSVETT (M.). — Sur la piuralilé des
chloropliyllines et sur les méfachloro-
|:)hvllines
TURCIUNI. Décharge disruplive dans
les élecU-olyles. (En commun avec
( 1648
Pages,
^
149
MM.
l'agea.
M. André Broca. ) 91 5
TURPAIN (Albert). — Observations de
la résonance électrique dans l'air
raréfii''
TZrrZEICA (G.).— Sur la déformation con-
tinue ries surfaces. .
i3iî
URBAIN (E.) Sur l'isolement del'yttria,
derytterbine et delà nouvelle erbine.
(En commun avec M. G. Urbain. 1. .
URBAIN (G .) . - Sur l'isolement de l'y ttna,
U
I de l'y tterbine et de la nouvelle erbine.
I (En commun iivec M. E. Urbain.). .
i3G URBAIN (V.). — De l'éliminalion du m'-
Ihane dans l'atmosphère
i36
334
VALEUR (Amand). — Action des éthers
d'acides bibasiques sur les composés
organométalliques 833
VALLÉE (C). — Sur l'action des acides
sur les carbonates alcalino-terreux en
présence de l'alcool C77
VALLIER (E.). — Sur les intégrales culé-
riennes incomplètes de deuxième
espèce et les intégrales indéfinies des
fonctions précédentes rSgi
VAN AUBEL (Ed.). - Sur la densité des
alliages ia66
VAN BENEDEN (Edouard) est élu Corres-
pondant dans la Section d'Anatomie et
Zoologie i54o
VANEY (C. ). — Sur des phénomènes d'his-
tolyse et d'histogenèse accompagnant
le développement des Trématodes en-
doparasites de Mollusques terrestres.
(En commun avec M. J. Conte.).. io6a
VAN TIEGHEM est élu membre de la
Commission du prix Gay 947
— Et de la Commission du pris Bordin
( Sciences physiques) 947
— Et de la Commission du prix Desma-
zières 947
— Et de la Commission du prix Mon-
tagne 947
— Et de la Commission du prix Thore. . . 947
— Et de la Commission du prix La Fons-
Mélicocq 947
— Et de la Commission du prix Phili-
peaux 1086
— Et de la Commission du prix La Caze
(Physiologie) 1086
- Et de la Commission du prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles) 1167
- - Et de la Commission du Grand prix des
Sciences physiques pour igoS 1167
V.\RNIER (Hknri). — Radiopelvigrapliie
et radiopelvimctrie à longue portée.. 167
VASCHIDE. — Contribution à l'étude p-y-
cho-|)hysiologique des actes vitaux en
l'absence totale du cerveau chez un
enfant. (En commun avec M. Ch.
Vurpas.^ 64 1
VASSEUR. — Traces superficielles laissées
par les outils dans le travail du sciage
des métaux 462
VERNEUIL (A.). — Sur le:, produits se-
condaires formés dans l'action de
l'acide sulfurique sur le charbon de
bois i34o
VIGIER (P. ;. — Sur lorigine des para-
somes ou pyrénosomes dans les cel-
lules de la glande digestive de l'écre-
visse 855
VIGNON (Léo). — Sur certaines causes
de variation de la richesse en gluten
des blés. (En commun avec M. F.
Couturier .) 79 1
VIGNON (P.). — Sur l'histologie de la
branchée et du tube digestif chez les
Ascidies 714
Errata se rapportant à cette Communi-
cation 812
- Sur les cils des Cténophores et les in-
sertions ciliaires en général i346
VIGUIER (C). — Nouvelles observations
sur la parthénogenèse des Oursins. . . i436
( ï649 )
MM. Pages.
VIOLLE (Jules) est élu membre de la Com-
mission du prix La Caze (Physique). 906
- Et de la Commission du prix Gaston
Planté 906
— Et de la Commission du prix Kastner-
Boursault 906
-- Sur un éclair en boule 1537
VUILLEMIN ( P.iiiL). - Un cas de triclio-
MM. Pages.
sporie {Piedra nostras) observé en
France 1 869
VURPAS (Cl.). — Contribution à l'étude
psycho-physiologique des actes vitaux
en l'absence totale du cerveau chez un
enfant. (En commun avec M. f"as-
chide . ^ 64 1
w
WAHL (A.). — Transformation de l'acide
dimélhylacrylique en acide dimétyl-
pyruvique 4'6
— Sur la nitration directe dans la série
grasse 693
— Sur le nitroacétate d'éthyle io5o
— Sur l'acide dimélhylpyruviquo 1 124
WALLER (A.-D.i. — Le dernier signe
de vie; son application à l'homme. . . 1087
WALLERANT(Fréd.). - De la symétrie
apparente dans les cristaux 178
WEISS (G.I. — Excitation des nerfs et des
muscles par des ondes de très courte
durée 999
— Recherches sur les constantes phy-
siques qui interviennent dans l'exci-
tation électrique du nerf 1068
- La loi de l'excitation électrique des
nerf? 11 43
WEISS (PiiiBRE). — Sur un nouveau sys-
tème d'ampèremètresetde voltmètres,
indépendants de l'intensité de leur ai-
mant permanrnt 967
WINTRFBERT (L.). - Sur quelques
osmyloxalatos 824
VVOLF (Cu.) est élu membre de la Com-
mission du prix Pierre Guzman 905
— El de la Commission du prix Lalande. goS
Et de la Commission du prix Valz. . . . 906
ZAKY (A.). — Influence des lécithines de
l'œuf sur les échanges nutritifs. (En
commun avec M. A. Desgrez. ) i5i2
ZAREMBA(S.). - Sur la théorie dos
équations de la Physique malhéma-
tique 29
— Sur l'intégration de l'équation
A w - (i' «• = o 1 549
ZEILLER est présenté par la Section de
Botanique, comme candidat à la place
de M. Adolplw Cliatiii 10 10
— Est élu Membre de la Seciion de Bota-
niqi;-, en remplacement de M. .4(/o//Me
Chiitin 1024
ZEUNEK est élu Correspondant pour la
Section de Mécanique 1086
- Adresse ses reraerciments à r Académie. 1168
OAuiHltu-VlLLAUSi, IMFRlMliUU-LIBHAlRE DKS COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES.
Paris. - Quai des Grands-Auguslius, 55.
29722
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