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Full text of "comptesrendusheb1321901acad"

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HARVARD    UNIVERSITY. 


LIBRARY 


MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOÔLOGY. 


GIFT    OF 


ALEXANDER    AGASSLZ. 


JihulSO-,  Ël(ui/nilTi/L2iiU9ji 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 


DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


PARIS.    —    IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS,    QUAI    DES   GRANDS-AUGUSTINS,   55, 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 
PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  CEXT  TRENTE-DEUXIEME. 

JANVIER-JUIN  1931. 


^^PARIS, 

GAUTHIER-VILLAIIS.  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  CO.MPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'\C.VDÉ.MIK  DES  SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1901 


APft  âÛ  1901 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAii  nn.  tiKs  <>iECHériiitBM  pbhpétubl*!. 


TOME  CXXXII. 


N^  1  (7  Janvier  1901). 


^PAKIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPKIMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(^uai  des  Grands-Âugustios,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTK    DA^S    les  SEA^XFS   DES    fi3    JUIN    1 862    ET    2 '|    MAI    1870 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Noies 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume.  ; 

Il  V  a  deux  volumes  par  année.  \ 

Article  1".        Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parun  associéétrangerdel'Académiecompreunent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  ]\Iembre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pi>g6S  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus.,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
j émettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicieen  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs» aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l' Académie . 

'Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


ETAT  DE  l'ACADElIlE  DES  SCIENCES 

Al]  1"  JANVIER  lilUl. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

Sectioîj  I"".    —    Géométrie. 

Messieurs  : 

Hermite  (Charles)  (g.  o.  *). 

Jordan'  (Marie-Enneuiond-Camille)  (o.  ft). 

PoiNCARÉ  (Jules-Henri)  (o.  ft). 

Picard  (Charles-Emile)  (O.  *). 

Appell  (Paul-Émile)  (o.  *). 

PainlevÉ  (Paul). 

Section  II.    —  Mécuniqut. 

Levy  (Maurice)  ("O.  *). 

BOUSSINESQ  (Valentin-Joseph)  *. 

Deprez  (Marcel)  (o.  w). 

Sarrau  (Jacqucs-Rose-Ferdinand-Émile)  (c.  «). 

LÉAUTÉ  (Henry)  (O.  ft). 

Sebert  (Hippolyte)  (c.  *). 

Section  IU.  —  Astronomie. 

Faye  (Hervé-Auguste-Étienne-Albans)  (g.  C.  «). 

Janssen  (Pierre-Jiiles-César)  (c.  «). 

Lœwy  (Maurice)  (c.  ft). 

WOLF  (Charles-Joseph-Éticnne)  (o.  ft). 

Callandreau  (Pierre-Jean-Octave)  ft. 

Radau  (Jean-Charles-Rodolphe)  *. 

Section  IY.  —  Géographie  et  Navigation. 

Bouquet  de  la  Grye  (Jean-Jacques-Anatole)  (c.  ft). 

Grandidier'"( Alfred)  (o.  ft). 

BUSSY  (Marie-Anne-Louis  de)  (g.  O.  ft). 

Bassot  (Jean-Léon-Antonin)  (O.  ft). 

GUYOU  (Emile)  (o.  ft). 

Hatt  (Philippe-Eugène)  (o.  w). 


RTAT   DE    L  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 
Section  T.  —  Physique  générale. 

Messieurs  : 

Cornu  (Marie-Alfred)  (o.  *). 

Mascart  (Éleuthère-Élie-Nicolas)  (G.  O.  ;»). 

LiPPMANN  (Gabriel)  (c.  *). 

Becquerel  (Antoine-Henri)  (o.  *). 

Potier  (Alfred)  (o.  *). 

ViOLLE  (Louis-Jules-Gabriel)  (o.  «). 


SCIENCES  PHYSIQUES. 
'  Secmon  YI.  —  Chimie. 

Troost  (Louis-Joseph)  (c.  *). 
Gautier  (Émile-Justin-Armand)  (o.  «). 
MOISSAN  (Henri)  (c.  *). 
DiTTE  (Alfred)  (o.  ft). 
Lemoine  (Georges)  (o.  *). 
Haller  (Albin)  (o.  ft). 

Section  YII.  —  Minéralogie. 

FOUQUÉ  (Ferdinand-André)  (O.  *). 
GAUDRY.'(Jean-Albert)  (c.  *). 
Hautefeuille  (Paul-Gabriel)  (o.  ■it). 
Bertrand  (Marcel-Alexandre)    ». 
LÉVY  (Auguste-Michel)  (o.  «). 
Lapparent  (Albert-Auguste  de)  *. 

Section  YIII.  —   Botanique. 

Chatin  (Gaspard-Adolphe)  (o.  *). 

Van  Tieghem  (Philippe-Édouard-Léon)  (o.  *). 

Bornet  (Jean-Baptiste-Édouard)  (o.  *). 

GuiGNARD  (Jean-Louis-Léon)  «. 

Bonnier  (Gaston-Eugène-Marie)  ft. 

Prillieux  (Édouard-Ernest)  (o.  *). 


ETAT    DH    L  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


Sectio\  IX.  —  Économie  rurale . 

Mejsieurs  : 

SCHLŒSING  (Jean-Jacques-Théophile)  (c.  ft). 
Chauveau  (Jean-Baptiste-Aiiguste)  (:.  «). 
DehÉRAIN  (Pierre-Paul)  (o.  *). 
DUCLAUX  (Pierre-Emile)  (c.  ft). 
MUNTZ  (Charles-Achille)  (o.  *). 
Roux  (Pierre-Paul-Émile)  (c.  *). 


Sectio.x  X.  —  Analomie  d  Zoologie. 

Lacaze-Duthiers  (Félix-Joseph-Henri  DE)  (G.  O.  ft). 

Ranviek  (Loiiis-Aiiloiiie)  (o.  ft). 

Perrier  (Jean-Octave-Eclmond)  (o.  ft). 

FiLHOL  (Aiitonin-Pierre-Henri)  (o.  *). 

Chatin  (Joannès-Cliarles-Melchior)  ». 

GlARD  (Altred-Mathieii)  ft. 

Sectio.v  XI.  —  Méilecine  il  Chirurgie. 

Marey  (Étienne-Jules)  (c.  *). 
Bouchard  (Charles-Jacques)  (c.  »). 
GUYON  (Jean-Casimir-Félix)  (o.  ft). 
POTAlN  (Pierre-Carl-Édouard)  (c.  ft\ 
Arsonval  (Arsène  d')  (o.  «). 
LANNELONGUE  (Odilon-Marc)  (c.  ft). 


SECRETAIRES  PERPETUELS. 

Darboux  (Jean-Gaston)  (c.  ft),  pour  U^s  Sciences  mathéma- 
tiques. 

Berthelot  (Marcelin-Pierre-Eugène)  (g.  c.  ft),  pour  les  Sciences 
physiques. 


8  ÉTAT   DE    l'académie    DES    SCIENCES. 

ACADÉMICIENS  LIBRES. 

Messieurs  : 

Damour  (Augustin-Alexis)  (o.  «). 
Freycinet  (Charles-IfOuis  DE  Saulses  DE)  (o.  «). 
Hatonde  la  GoupilliÈRE  (Julien-Napoléon)  (G.  O.  *). 
Jonquières  (Vice-Amiral  Jean-Philippe-Ernest  DE  Fauque  DE) 

(g.  o."*). 
Cailletet  (Louis-Paul)  (o.  *). 
Bischoffsheim  (Rapkaël-Louis)  *. 
Brouardel  (Paul-Caibille-Hippolyte)  (g.  o.  «). 
LaussedAT  (Aimé)  (g.  o.  *). 
Carnot  (Marie-Adolphe)  (o.*). 
ROUCHÉ  (Eugène)  (o.  *). 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS. 

Kelvin  (Sir  William  Thomson,  Lord)  à  Glasgow  (g.  o.  *). 

Lister  (Lord),  à  Londres. 

NORDENSKIÔLD  (Nils-idolf-Erik,  baron)  (c.  *),  à  Stockholm. 

Newcomb  (Simon)  (o,  *),  à  Washington. 

ViRCHOW  (Rudolph-Ludvig-Carl)  (c.  *),  à  Berlin. 

Stokes  (Sir  George-Gabriel),  à  Cambridge. 

SUESS  (Edouard),  à  Vienne. 

HOOKER  (Sir  Joseph-Dalton),  à  Rew. 

CORRESPONDANTS  '. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Section  l".    —    Géométrie  (lo). 

Salmon  (George),  à  Dublin. 

FUCHS  (Immanuel-Lazarus),  à  Berlin. 

SCHWARZ  (Hermann-Amandus),  à  Griinewald,  près  Berlin. 

Klein  (Félix),  à  Gœttingue. 

(•)  Un  décret  du  :>\  juin  1899  a  porté  le  nombre  des  Correspondants,  tant  nationaux  qu'étrangers, 
de  cent  à  cent  seize. 

Le  règlement  du  i3  novembre  1899  a  (ixé  à  dix  le  nombre  des  Correspondants  de  chaque  Section,  à 
l'exception  de  la  Section  d'Astronomie  qui  conserve  seize  Correspondants. 


ÉTAT  DE  l'académie  DES  SCIENCES. 
Messieurs  : 

Cremona  (Louis),  à  Rome. 

MÉRAY  (Hugues-Charles-Roberl)  (o.  «),  à  Dijon. 
Zeuthen  (Hieronymiis-Georg),  à  Copenhague. 
MitTAG-LeffleR  (Magniis-Giislaf),  à  Stockholm. 
LiPSClliTZ  (RiKioIpli-Otto-Sigismond).  à  Bonn. 
Dedeki^d  (Richard),  à  Brunswick. 

Section  II.  —  Mécanique  (10). 

Sire  (Georges-Etienne)  *,  à  Besançon. 

Considère  (Armand-Gabriel)  (o.  *),  à  Quimper. 

Amsler  (Jacob),  à  Scliafllioiiso. 

Valmer  (Frédéric-Maric-Emmanuel),*!,  à  Rueil. 

GiBBS  (J.-Willard),  à  New-IIaven  (Connecticut). 

BOLTZMANN  (Louis),  à  Vienne. 

Dwrlshauvers-Dery  (Victor-Auguste-Ernesl)  ft,  à  Liège. 

Bazin  (Henry-Émile)  (o.  «),  à  Chenôve  (Côtc-d'Or). 

DUHEM  (Pierre),  à  Bordeaux. 

N 

Sectiox  m.  —  Astronomie  (r6). 

Struve  (Otlo-Willu'lm)  (g.  o.  #),  à  Carlsruho. 

LOCKYER  (Joseph-Xorman),  à  Londres. 

IIUGGINS  (William"),  à  Londres. 

Stepiian  (Jcan-Maric-lùlouard)  (o.  ft),  à  Marseille. 

Hall  (Asaph)  *,  à  Washington. 

SCHIAPARELLI  ( Jean-Virginus).  à  Mihin. 

T^ANGLEY  (.Samuel-Pierponl),  à  Washington. 

AL'WERS  (Arthur),  à  Berlin. 

Kayet  (Georges-Anloine-Pons)  (o.  e  ),  à  Bordeaux. 

Perrotin  (Ilenri-Joseph-Anastase)  «,  à  Nice. 

Backlund  (Oskar),  à  Poulkova. 

GiLL  (David),  an  Cap  de  Bonne-Espérance. 

Bakhuyzen  (Van  diî  Sande)  (o.  a),  à  Leyde. 

Christie  (Wdliam-Henry),  à  Gffenwich  (Angleterre). 

N ' 

N 

C.  K.,   1901.  I"  S-tmestre    (T    CXXXII     >■   l.i  2 


lO  ÉTAT  DE  l'académie  DES  SCIENCES. 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation  (lo). 

Messieurs  : 

Teffé  (le  baron  de),  à  Rio-de- Janeiro. 

Grimaldi  (Albert-Honoré-Charles)  (G.  c.  «),  prince  souverain  de 

Monaco,  à  Monaco. 
Nansen  (Fridtjof)  (c.  ^),  à  Bergen  (INforvège). 
Helmert  (Frédéric-Robert),  à  Potsdam. 
Colin  (le  R.  P.  Édoùard-Élie),  à  Tananarive. 
Gallieni  (Joseph-Simon)  (g.  o.  *•),  à  Saint-Ra[)haël  (Var). 
Bienaymé  (Arthur-François-Alphonse),  à  Toulon. 

N 1 

N 

N 


Section  V.  —  Physique  générale  (lo). 

Crova  (André-Prosper-Paul)  *,  à  Montpellier. 

Rayleigh  (John-William  Strutt,  Lord)  (o.  *),  àEssex. 

AmAGAT  (Émile-Hilaire)  «,  à  Bourg. 

Raoult  (François-Mirie)  (c.  *),  à  Grenoble. 

Rowland  (Henry-Aqgustin)  (o.  *),  à  Baltimore. 

BiCHAT  (Ernest-Adol|)he)  (o.  *),  à  Nancy. 

Blondlot  (René-Prosper)  *,  à  Nancy. 

HiTTORF  (Wilhem),  à  Munster  (Prusse). 

Van  der  Waals  (Johannes-Diderik),  à  Amsterdam. 

MiCHELSON  (Albert-A.),  à  Chicago. 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie  (lo). 

WiLLIAMSON  (Alexander-William),  à  Londres. 

Lecoq  DE  BoiSBAUDRAN  (Paul-Émile  dit  François)  «,  à  Cognac. 

Reboul  (Pierre-Edmond)  (o.  *),  à  Marseille. 

Baeyer  (Adolf  von),  à  Munich. 

ROSCOÉ  (Sir  Henry-Eiifield)  (o.  «),  à  Londres. 

CANNIZZARO  (Stanislas)  (o.  ft),  à  Rome. 

Ramsay  (William)  (o.  *),  à  Londres. 


ETAT   DE    L  ACADEMIE    DES   SCIENCES.  II 

Messieurs  : 

Mendeleef  (Dmitry-Iwanowitch),  à  Saint-Pétersbourg. 
Fischer  (Emile),  à  Berlin. 

N 

N 

Section  YII.   —  Mineralo<^ie  (lo). 

GosSELET  (Jules-Augiiste-Alexandre)  s,  à  Lille. 

Geikie  (Sir  Archibald),  à  Londres. 

RiCHTHOFEN  (Ferdinand,  baron  DE),  h  Berlin. 

TSCHERMAK  (Gustave),  à  Vienne. 

DepÉRET  (Ciiarles-Jean-Jidien),  à  Lyon. 

ROSENBUSCH  (Harry),  à  Ileidelbeig. 

Peron  (Pierre-Alphonse)  (c.  *),  à  Auxerre. 

ZiTTEL  (Karl  von),  à  Munich. 

OEhi,ert  (Daniel)  »,  à  fiavai. 

Klein  (Johann-Friedrich-Carl),  à  Berlin. 

Section  VIII.   -     Botanique  (lo). 

Clos  (Dominique)  *,  à  Toulouse. 

SiRODOT  (Simon)  (o.  *),  à  Rennes. 

Grand'Eury  (François-Cyrille)  ft,  à  Saint-Etienne, 

Agardh  (Jacob-Georg),  à  Lund. 

MiLLARDET  (Alexis)  «,  à  Bordeaux. 

Masters  (Maxwel-Tylden),  à  Loudres, 

Treub  (Melchior)  »,  à  Buitenzorg,  près  Batavia  (Java). 

SCUWEMDENI-R  (Simon),  à  Berlin. 

Pfei-FER  (Wilhelm-Friedrich-Philipp),  à  Leipzig. 

Strasburger  (Edouard),  à  Bonn. 

Section  IX.  —  Économie  rurale  (lo). 

Mares  (Henri-Pierre-Louis)  «,  à  Montpellier. 

Lawes    (Sir  Jolm-Bennct),    à   Rothanisted ,    Saint-Albans   station 

(llerfortshire). 
Gilbert    (Joseph-Henry),    à    Rothanisted,    Saint-Albans    station 

(llerfortshire). 
Lechartier  (Georges-Vital),  à  Rennes. 


12  ÉTAT   DE    l'académie    DES    SCIENCES. 

Messieurs  : 

HOUZEAU  (Auguste)  (o.  *),  à  Rouen. 
Akloing  (Saturnin)  (o.  *).  à  Lyon. 
Pagnoul  (Aimé),  à  Arras. 
Gayon  (Léonard-Ulysse),  à  Bordeaux. 

N.   .   .   .   .   

N 

Section  X.  |—  Analomie  et  Zoologie  (lo). 

AGASSIZ  (Alexandre)l(o.  *),  à  Cambridge  (États-Unis). 
Fabre  (Jean-Henri)  \,  à  Sérignan  (Vaucluse). 
KOWALEWSKI  (Alexandre),  à  Saint-Pétersbourg. 
Sabatier  (Armand)  (o.  *),  à  Montpellier. 
Retzius  (Gustave),  à  Stockholm. 
Bergh  (lAidwig-Rudolph-Sophus),  à  Copenhague. 
Lankester  (Edwiii-Riiy),  à  Londres. 
Lortet  (Louis)  (o.  *),  à  Lyon. 

N.   .    . 

N 


Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (lo). 

LÉPINE  (Jacques-RaplJaël)  (o.  ft),  à  Lyon. 

Herrgott  (FrançoisJoseph)  (o.  *),  ii  Nancy. 

Laveran  (Louis-Charles-Alphonse)  *,  à  Montjjellier. 

Engelmann  (Théodor^Wilhelm),  à  Berlin. 

Leyden  (ErnstVON),'à  Berlin. 

MOSSO  (Angelo),  à  Turin. 

Burdon-Sanderson  (Sir  John),  à  Oxford. 

Zambaco  (Démétrius-Alexandre)  (o.  *),  à  Constantinople. 

Czerny  (Vincent-Joseph),  à  Heidelberg. 

N 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SEA^CE   UU    LUNDI   7   JANVIER    1901 
PRÉSIDENCE  DE  M.  KOUQUÉ. 


KEiVOUVELLE^lEAT   ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  p;ii'  la  voie  du  scrutin,  à  la  numinaliou  d'un  Vice- 
Président  pour  l'année  1901,  lequel  doit  être  choisi  dans  l'une  des 
Sections  des  Sciences  niathémali(|ucs. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5G, 

M.  15ouquet  de  la  Grye  obtient 54  suflrages, 

M.  Mascart  »       1  suffrage. 

il  V  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Bouquet  de  i.a  (invi:,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  proclamé  élu. 


(  '4  ) 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  faire  partie  de  la  Commission  centrale  adminis- 
trative pendant  l'année  1901 . 

MM.  BoRNET  et  Maurice  Levy,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages, 
sont  élus  Membres  de  la  Commission  centrale  administrative. 


M.  Maurice  Levy,  Président  sortant,  fait  connaître  à  l'Académie  l'état 
où  se  trouve  l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie,  et  les  changements 
survenus  parmi  les  Membres  et  les  Correspondants  pendant  le  cours  de 
l'année  1900. 


État  de  l'impression  des  Recueils  de  l'Académie  au  \"  janvier  K^oi. 

Volumes  publiés. 

Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie.  —  Le  Tome  CXXVIII  (i'^''  se- 
mestre 1899)  et  le  Tome  CXXIX  (2*  semestre  1899)  ont  paru  avec  leurs 
Tables;  ainsi  que  le  Tome  IV  de  la  Table  générale,  comprenant  les  années 
1881  à  1895. 

Les  numéros  de  l'année  1900  ont  été  mis  en  distribution,  chaque 
semaine,  avec  la  régularité  habituelle. 

Mémoire  présente  :  Un  Mémoire  de  M.  L.  Tories,  intitulé  :  «  Machines 
à  calculer  «  (^Savants  étrangers,  t.  XXXII,  n"  9). 


Changements  survenus  parmi  les  Membres 
depuis  le  i^"  janvier  1900. 

Membres  décédés. 

Section  de  Chimie  :  M.  Grimaux,  décédé  le  2  mai  1900. 
Section  d' Analumie  et  Zoologie  :  M.  Blanchard,  décédé  le  1 1  février  1 900  ; 
M.  Miln'e-Edwards,  décédé  le  21  février  1900. 

Secrétaire  perpétuel  :  M.  Jusepu  SÎEarRAXD,  décédé  le  3  avril  1900. 


(  "  ) 

Membres  élus. 

Section  de  Géométrie  :  M.  Paixlevé,  élu  le  lo  décembre  1900,  en  rem- 
placement de  M.  Darboux,  élu  SecréLiire  perpétuel. 

Section  de  Chimie  :  M.  Haller,  élu  le  26  novembre  1900,  en  remplace- 
ment de  M.  Gri.mai'x,  décédé. 

Section  d' Anatomie  et  Zoologie  :  M.  Joaxxes  Ciiatix,  élu  le  21  mai  1900, 
en  remplacement  de  M.  Blaxciiaiid,  décédé;  M.  Giard,  élu  le  2,5  jmn  1900, 
en  rcmiilacement  de  M.  Milne-Eowards,  décédé. 

Secrétaire  perpétuel  :  M.  Darboux,  élu  le  21  mai  1900,  en  remplacement 
de  M.  Joseph  Bertrand,  décédé. 

Associés  étrangers  élus. 

Sir  George  Stokes,  à  Cambridge,  le  19  février  1900,  en  remplacement 
de  M.  Weierstrass,  décédé. 

M.  Skess,  à  Vienne,  le  3o  avril  1900,  en  remplacement  de  Sir  Edward 
Fraxkland,  décédé. 

Sir  Jostpii  UooKER,  à  Rew,  le  19  novembre  1900,  en  remplacement  de 
M.  Blxse.v,  décédé. 


Changement.<i   survenus  parmi  les   Correspondants 
depuis  le    \"  janvier   lyoo. 

Correspondants  décédés. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Reltrami,  à  Rome,  décédé  le  17  février  1900. 

Section  de  Géographie  et  de  Navigation  :  M.  Alexis  de  Tillo,  à  Saint- 
Pétersbourg,  décédé  le  1 1  janvier  1900;  M.  l'abbé  A.  David,  missionnaire 
en  Chine,  décédé  à  Paris,  le  10  novembre  1900;  M.  de  Sekpa  Pixto,  dé- 
cédé en  décembre  1900. 

Section  d' Anatomie  et  Zoologie  :  M.  Mariox,  à  Marseille,  décédé  le 
23  janvier  1900. 

Section  de  Médecine:  M.  Ollier,  à  Lyon,  décédé  le  26  novembre  1900 

Correspondants  élus. 

Section  de  Géométrie  :  M.  Zeutiiex,  à  Copenhague,  élu  le  22  janvier  1900, 
en  remplacement  de  M.    Sophus  Lie,   décédé;   M.   Mittau-Lefeler,  à 

Stockholm,  élu  le  29  juin  1900,  conformément  au  décret  du  24  juin  1899; 


(  i6  ) 
M.  LiPscHiTz,  à  Bonn,  élu  le  i6  juillet  1900,  en  vertu  du  même  décret; 
M.  Richard  Df.deki\d,  à  Brunswick,  élu  le  3i  décembre  1900,  en  vertu  du 
même  décret. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Gibbs,  à  New-Haven,  élu  le  21  mai  1900,  en  rem- 
placementdeM.Riggenbach,  décédé;  jM.Boi.tzm.wn,  à  Vienne,  élu  le  28  mai 
1900,  en  remplacement  de  M.  Beltrami,  décédé;  M.  Dwelshauvers-Deuy, 
à  Liège,  élu  le  18  juin  1900,  conformément  au  décret  du  24  juin  1899; 
M.  Bazin,  à  Chenôve,  élu  le  25  juin  1900,  conformément  an  même  décret; 
M.  DuiiEM,  à  Bordeaux,  élu  le  3o  juillet  1900,  conformément  au  même 
décret. 

Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Iîienaymé,  à  Toulon,  élu  le 
29  janvier  1900,  conformément  au  décret  du  24  juin  1899. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Hittorf,  à  Munster,  élu  le  26  mars 
1900,  en  remplacement  de  M.  Wiedemaiin,  décédé;  M.  Van  der  Waals, 
à  Amsterdam,  élu  le  2  avril  1900,  en  remplacement  de  Sir  George  Stokes, 
élu  associé  étranger;  M.  Miciielsojv,  à  Chicago,  élu  le  9  avril  1900,  confor- 
mément au  décret  (lu  24  juin  1899. 

Section  de  Chimie  :  M.  E.mile  Fischer,  à  Berlin,  élu  le  5  mars  1900,  con- 
formément au  décret  du  24  juin  1899. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Perox,  à  Auxerre,  élu  le  22  janvier  1900,  en 
remplacement  de  M.  Matheron,  décédé;  M.  Karl  von  Zittel,  à  Munich, 
élu  le  19  février  1900,  conformément  au  décret  du  24  juin  1899;  M.  OEhe- 
lert,  à  Laval,  élu  le  18  juin  1900,  en  remplacement  de  M.  Suess,  élu 
associé  étranger;  M.  Carl  Ki.ein,  élu  le  19  novembre  1900,  conformément 
au  décret  du  24  juin  1899.  j 

Section  de  Botanique  :  M.  Sciiwexdener,  à  Berlin,  élu  le  12  février  1900, 
en  remplacement  de  M.  le  baron  de  Mueller.  décédé;  M.  Pfeffer,  à 
Leipzig,  élu  le  19  février  1900,  en  remplacement  de  M.  Cobn,  décédé; 
M.  Edouakd  Strasburger,  à  Bonn,  élu  le  3i  décembre  1900,  en  rempla- 
cement de  Sir  Hooker,  élu  Associé  étranger. 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  Sir  Burdon-Saxuerson,  à  Oxford,  élu 
le  7  mai  1900,  en  remplacement  de  Sir  Paget,  décédé;  M.  Zambaco,  à 
Constantinople,  élu  le  2  juillet  1900,  conformément  au  décret  du  24  juin 
1899;  M.  Czerny,  à  Heidelberg,  élu  le  9  juillet  1900,  conformément  au 
même  décret. 

Correspondants  à  remplacer. 

Section  d'Astronomie:  M.  Gould,  à  Cambridge  (Etats-Unis),  décédé; 
M.  SouiLLART,  à  Lille,  décédé. 


(   17  ) 

Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  A.  de  Tillo,  à  Saint-Péters- 
bourg, décédé;  M.  l'abbé  A.  David,  en  Chine,  décédé;  M.  de  SerpaPixto, 
à  Lisbonne,  décédé. 

Section  de  Chimie  :  M.  Haller,  à  Paris,  élu  académicien  ordinaire. 

Section  d' Économie  rurale  :  ]M.  le  marquis  Menabrea,  à  Rome,  décédé; 
M.  Demo\tzey,  à  Aix,  décédé. 

Section  d' Analomie  et  Zoologie  :  M.  Flower,  à  Londres,  décédé;  M.  Ma- 
Biox,  à  Marseille,  décédé. 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Ollier,  à  Lyon,  décédé. 

Nota.  —  Une  place  de  Correspondant,  créée  par  le  Décret  du  ^2l^  juin 
189g,  est  encore  vacante  dans  la  Section  de  Mécanique. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  mort  de  M.  le  D''  Potain, 
Membre  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  s'exprime  comme  il 
suit  : 

«  Mes  chers  Confrères, 

«  Au  début  de  mes  fonctions  de  Président  de  l'Académie  des  Sciences 
pour  l'année  1901,  un  pénible  devoir  m'incombe.  J'ai  à  vous  annoncer 
officiellement  la  mort  de  notre  Confrère  le  Docteur  Potain. 

»  Quand  nous  l'avons  a|)pelé,  il  y  a  sept  ans,  à  siéger  parmi  nous,  nous 
avions  été  attirés  vers  lui  par  sa  science  profonde  et  sa  haute  honorabilité. 
Son  trop  court  séjour  dans  notre  Compagnie  a  justifié  pleinement  son 
excellent  renom,  et  tous  nous  avons  joui  de  son  humeur  affable  et  de  sa 
parfaite  aménité. 

»  En  dehors  de  notre  Académie,  sa  renommée  dans  le  monde  médical 
était  universelle.  A  une  époque  où  les  Sciences  se  divisent  et  se  subdivisent, 
où  chacun  s'enferme  presque  fatalement  dans  une  spécialité  restreinte  à 
laquelle  il  consacre  sa  vie,  et  où  la  médecine  particulièrement  s'est  ramifiée 
en  un  grand  nombre  de  branches  distinctes,  Potain  avait  su  conserver  une 
autorité  magistrale  sur  tout  l'ensemble  de  l'immense  domaine  des  Sciences 
qui  servent  de  base  à  l'art  de  guérir.  Son  savoir  étendu,  ses  habitudes 

G.  11.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXH,  N»  1.)  -^ 


(  IS  ) 

minulieuses  d'investigation  méthodique  donnaient  à  sa  pratique  nnédicale 
une  valeur  incomparable.  Tous  ceux  qui  ont  suivi  ses  cliniques  ont  admiré 
la  sûreté  de  ses  diagnostics  et  la  solidité  des  conclusions  qu'il  en  savait 
tirer.  Enfin  comme  couronnement  d'aussi  précieuses  qualités,  notre  Con- 
frère était  doué  d'une  modestie  sans  égale  et  d'une  inépuisable  bonté.  » 

La  séance  est  levée  en  signe  de  deuil,  après  dépouillement  de  la  Corres- 
pondance. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  de  diffère nlielle s  totales  de 
troisième  espèce  dans  la  théorie  des  fonctions  algébriques  de  deux  variables; 
par  M.  Emile  Picard. 

«  Dans  mes  recherches  antérieures  sur  la  théorie  des  fonctions  algé- 
briques de  deux  variables,  j'ai  établi  les  propriétés  fondamentales  des 
intégrales  de  différentielles  totales  de  première  et  de  seconde  espèce.  Il 
reste,  sans  doute,  encore  bien  des  points  à  élucider;  il  serait  notamment 
à  désirer  d'avoir  des  exemples  de  surfaces,  dont  la  connexion  linéaire  soit 
supérieure  à  l'unité,  plus  étendus  que  ceux  qui  ont  été  donnés  jusqu'ici. 
On  peut  aussi  se  demander  si,  comme  il  semble  bien  probable,  une  sur- 
face peut  posséder  des  intégrales  de  différentielles  totales  de  seconde 
espèce  sans  en  avoir  de  première  espèce;  pareillement,  si  j'ai  pu  établir 
une  relation  très  simple  entre  le  nombre  des  intégrales  distinctes  de 
seconde  espèce  et  le  nombre  de  leurs  périodes,  on  ne  connaît  par  contre 
rien  d'analogue  concernant  les  intégrales  de  première  espèce.  Ces  ques- 
tions difficiles  mériteraient,  je  crois,  de  solliciter  l'effort  des  chercheurs. 
Une  étude  de  nature  en  apparence  bien  différente,  celle  des  intégrales 
doubles  de  seconde  espèce,  a  depuis  longtemps  appelé  mon  attention  sur 
les  intégrales  de  différentielles  totales  de  troisième  espèce.  Je  me  propose 
d'énoncer  ici  à  leur  sujet  un  théorème  qui  semble  avoir  quelque  intérêt 
pour  la  théorie  des  surfaces  algébriques. 

))  Pour  éviter  certaines  difficultés,  et  sans  restreindre  d'ailleurs  au  fond 
la  généralité,  nous  envisageons  une  surface  n'ayant  d'autres  singularités 
qu'une  ligne  double  avec  points  triples.  Etant  considérée  la  surface 

f{œ,y,z)  =  o, 

une  intégrale  de  différentielle  totale  de  troisième  espèce 


Tp  dx  +  Q  dy, 


(  '9  ) 
où  P  et  Q  sont  rationnels  en  ^,  j  et  ^,  aura  un  certain  nombre  de  lignes 
logarithmiques  irréductibles,  ('eci  posé,  voici  l'énoncé  du  théorème  que 
j'ai  en  vue  ; 

»  On  peut,  sur  la  surface  f,  trouver  un  certain  nombre  A  de  courbes  algé- 
briques irréductibles,  telles  qu'il  n'existe  pas  d'intégrale  de  troisième  espèce 
ayant  seulement  comme  lignes  lognnlhniiques  toutes  ces  courbes  ou  quelques- 
unes  d'entre  elles,  mais  telles  qu'd  existe  une  intégrale  de  troisième  espèce 
n'ayant  d'autres  lignes  logarithmiques  qu'une  >.  +  i"''"*  courbe  irréductible 
prise  arbitrairement  sur  la  surface  et  la  totalité  ou  une  partie  des  1  premières. 

M  La  démonstration  de  ce  théorème  est  assez  longue;  elle  s'appuie  avec 
quelques  modifications  sur  les  principes  dont  je  me  suis  servi  dans  l'étude 
des  intégrales  de  seconde  espèce  (^Théorie  des  fonctions  algébriques  de  deux 
variables,  t.  I,  Chap.  IV  et  VI).  Le  nombre  1  présente  un  caractère  in- 
variant, au  moins  pour  les  transformations  birationnelles  entre  surfaces 
n'ayant  que  les  singularités  ordinaires  de  l'espèce  indiquée. 

»  La  proposition  précédente  joue  un  rôle  important  dans  l'évaluation 
du  nombre  des  intégrales  doub'es  distinctes  de  seconde  espèce,  dont  j'ai 
commencé  autrefois  l'étude  (loc  cit.,  t.  H,  Chap.  VII).   » 


CORRESPONDANCE. 

M.  E.  Strasburger,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Botanique, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

MM.  (lUixARU,  Lt'GEox,  MoixEYRAT  adressent  des  remercîments  à  l'Aca- 
démie pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  i^ooc  {Giacobini),  faites  à  t'obser- 
vatoire  d'Alger  (équatorial  coudé  de  o"',3i^  d'ouverture),  par  MM.  Ra.m- 


BAUD  et  Sy,  présentées  par  M.  Lœwy. 


Comète.  —  Étoile. 

Étoiles                                I  ~ — i^ Nombre 

Dates.                       de                                    .\scension  de 

1900.                   compar.    Grandeur.              droite.  Déclinaison.  compar.     Observ. 

ui        s  ,          , 

Décembre  26...       a               9                -ho.  10, 43  —1.    1,1  1-2:12         S 

a6...       a                »                -+-0.14,95  —I.   4,2  12:12         R 

27...        l,               8               -3.17,92  -1-7.46,6  12:14         R 

b                »                 —3.10,70  -^7.41,9  12:  ro          S 


2 


(    20   ) 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Asc.  droite 

Réduction 

Déclinaison 

Réduction 

Dates. 

1900. 

Étoiles. 

moyenne 

1900,0. 

au 
jour. 

moyenne 
1900,0. 

au 
jour. 

Autorités. 

Dec.  26. 

27- 

a 
b 

h       m       5 

23.  9.44,09 
23. 18.27.21 

+  3^,56 

+  3,57 

—  22.55.  l4,4 
—23.  9.27,4 

-t-i8;i 

-t-'7>9 

Gordoba  n°  202. 
Cordoba  n"  472. 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Temps  Ascension 

Dates.  moyen  droite  Log.   fact.  Déclinaison  Log.fact. 

1900.  d'Alger.  apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

hms  hms  '  ^  f^  '  ^     '  ,  o" 

Dec. 26 6.53.6  23.9.58,08  1,417  -22.55.57,4  0,8.39 

26 7.11.45  23.10.02,60  T,472  —22.56.   0,5  0,852 

27 6.3o.   2  23. i5. 12, 86  7,328  —23.    1.22,9  '''868 

27 6.59.12  23. i5. 20, 08  î,432  —23.    1.27,6  0,858 

»  La  comète  est  une  nébulosité  de  i'  à  2'  de  diamètre  avec  un  faible  noyau  central 
dont  l'éclat  est  comparable  à  celui  d'une  étoile  de  i3'=  grandeur  au  plus.  La  présence 
de  la  Lune  rendait  d'ailleurs  les  observations  difficiles  aux  dates  indiquées.   » 


ASTRONOMIE.  —   Observations  de  la   comète   1900c  (Giacobini),  faites    à 


l'équatorial  coudé  de  l'observatoire  de  Besançon.  Note  de  M. 
FARDET,  présentée  par  M.  Lœwy. 


1>.  Ciio- 


Comète  —  Étoile. 


Temps  sidéral 

- 

-                  

Nombre 

Dates. 

de 

Ascension 

Distance 

de 

1900. 

Étoiles. 

Besançon. 

droite. 

polaire. 

compar. 

écembre  25. . 

.      a 

hms 
0.17.    4,76 

ra        s 
+  1  .  10,17 

+4'-  2",  7 

12:    9 

25.. 

.     b 

0.48.48,63 

+  4.14,53 

+3.20,8 

9:    9 

25.. 

a 

0.48.48,63 

+  1  .23,09 

+4-  8,8 

9:   9 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 


Etoiles, 

a .  . 
b.. 


Autorités. 


Anon. rapp.  à  *  ^ 
Arg.-OEUzen,  22587 


Ascension 
droite 

Réduction 

Distance  polaire 

Réduction 

moyenne 

1900,0. 

au 
jour. 

moyenne 
1900,0. 

au 
jour. 

hms 

23.    1.41, 

22.58.49, 

34 
91 

+3' 54 
+  3,54 

11 2°.  45'.  29",  4 

112.46.17,4 

—  18",  3 
-18,3 

(    21    ) 

Positions  apparentes  de  la  comète  1900  c  (Giacobini). 

Temps  moyen  Ascension  Distance 

Dates.  .                      de                          droite  Log.  fact.  polaire  Log.  fact. 

1900.                     Besançon.  apparente.  parallaxe.  apparente.            parallaxe, 

h       m       s  II        m       s  _  »,         » 

Dec. 20....     6.    i..59,o         23.   3.   o,o5  i,i4o  ii2.49.<3,8         o,9i2„ 

25 6.33.37,7        23.   3.  7,98  7,287  n2.49-i9'9        0,906,, 

25 6.33.37,7         23.   3.   7,97  7,287  112.49.19,9         0,966,, 

»  La  comète,  observée  par  une  lune  de  quatre  jours,  a  l'aspect  d'une  nébulosité 
arrondie,  sans  queue,  avec  un  petit  noyau  stellaire  central  de  12°  grandeur.  Le  dia- 
mètre total  est  de  4o"  à  5o".  » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  convexes  fermées. 
Note  de  M.  H.  Mi.vkowski. 

«  On  sait  que,  parmi  tous  les  corps  de  volume  égal,  la  sphère  a  la  plus 
petite  surface.  C'est  ce  théorème  qui  m'a  conduit  aux  résultats  suivants, 
concernant  les  surfaces  convexes  fermées. 

»  Pour  plus  de  simplicité,  je  veux  me  restreindre  à  la  considération  de 
siu'faces  convexes  ayant  en  chaque  point  un  plan  tangent  déterminé  et 
des  rayons  de  courbure  principaux  finis  et  déterminés. 

<)  1.  Soient  £2  la  surface  de  la  sphère  de  rayon  i,  ayant  son  centre  à 
l'origine  O,  et  cos({/sinS,  sin^sinâ,  cosSles  coordonnées  d'un  point  quel- 
conque n  de  cette  surface  i2. 

»   Soient  K  un  corps  convexe  quelconque  et 

a-cos^j/sinS  -(- jKsin^j/sinSr  4-  s  cosâ  =  H 

l'équation  du  plan  tangent  à  la  surface  de  K,  ayant  la  direction  OlI  comme 
normale  extérieure.  Il  est  alors  une  fonction  uniforme  sur  la  surface  iî,  et 
en  assignant  cette  fonction  H(j,  ijy),  le  corps  K  est  déjà  parfaitement  dé- 
terminé. 


))  En  posant 


R:='^'" 


S  = 


0'::' 

+  II. 

I 

dm 

cosSr 

dll 

sinSr 

JSc/'} 

sin-& 

d<^' 

I       d--  H 
sin'à   di}*' 

+ 

cos2r 
sin  & 

dll 

d^  "" 

(    22    ) 

la  forme  binaire  quadratique  R ii^  -^2.Siw-h  Tv^  sera  toujours  positive.  On 
sait  que  R  -l-  T  est  la  somme,  RT  —  S"  le  produit  des  rayons  de  courbure 
principaux  au  point  où  ce  plan  t.nngent  touche  la  surface  de  K. 

j)  2.  Cebi  étant,  soient  R,,  R,,  R,  trois  corps  convexes  quelconques; 
nous  distinguerons  les  quantités  H,  R,  S,  T  relatives  à  ces  corps  par  l'ad- 
jonction des  indices  respectifs  i,  2,  3. 

»   Je  considère  alors  l'intégrale 

g  fE,(R,T-  2S2S3  +  T„R3)r/u  -=  A,,^,, 

étendue  à  tous  les  éléments  d(ù  =  sin&c?S</i{;  de  la  surface  £2. 

»  J'appelle  la  valeur  de  cette  intégrale  le  volume  /nixte  des  corps  R,, 
R„,  R3. 

«   Cette  intégrale  est  toujours  positive. 

»  La  valeur  de  celle  intégrale  n'est  pas  changée  en  permutant  d'une  ma- 
nière quelconque  l'ordre  des  trois  corps,  dont  elle  dépend.  De  plus,  cette  inté- 
grale reste  invariable  en  faisant  subir  des  translations  quelconques  à  ces 
corps. 

»  Si  les  trois  corps  sont  identiques,  l'intégrale  représentera  le  volume 
de  ce  corps  unique. 

M  3.  Nous  dirons  que  trois  corps  convexes  R,,  R,,  R3  sont  indépen- 
dants lorsque  entre  leurs  fonctions  H,,  IL,  Ho  il  n'existe  aucune  relation 
identique. 

M',  H,  -1-  ^^2^2  +  (V3H3  =  a7pCOSi]/  sin.^  +  y^  sinvJ/sinS-  +  z^co^?:, 

où  vi\,  w.,,  <V3,  a„,  jo»  ^0  sont  des  constantes  quelconques  indépendantes 
de  S  et  4'- 

»  R,,  Ro,  R3  étant  des  corps  convexes  quelconques,  auxquels  appar- 
tiennent les  fonctions  H,,  Ho,  H3,  et  w^,  w^,  w^  étant  des  constantes  quel- 
conques toutes  ^o,  mais  pas  toutes  égales  à  zéro,  la  fonction 

A  =  tv.  H,  +  H'2  Ho  +  «'3  H3 

déterminera  toujours  aussi  un  corps  convexe  R.  l^e  Aolume  de  ce  corps  est 
alors 

f{w, ,  W.,,  W^)  =  HiA,-  Aytt'/H'AUv        {i,  k,l=  1,1,  3), 

où  km  désigne  le  volume  mixte  de  R,,  R^,  R^.  Alors,  on  a  le  théorème 
suivant  : 


(23) 
»  La  surface 

où  (r,,  w.,.  w.^  sont  regardées  comme  des  coordonnées  recldignes,  est,  dans  le 
domaine  défini  par  w^^o,  «'2=0,  w^'to,  une  surjace  convexe  qui  tourne  sa 
convexité  du  côté  opposé  à  l'origine. 

))   De  plus.  S!  R , .  Kj ,  K:,  sont  indépendants,  cette  surface  ne  contient  jamais 
trois  points  en  ligne  droite.  Le  déterminant 


A,n 

A  n  ■-> 

An  :i 

A... 

A, 22 

A  12.1 

A(3, 

A„2 

A 

et  les  deux  déterminants  analogues,  où  le  premier  indire  est  remplacé  successi- 
vement par  les  indices  2  cl  3,  sont  alors  positifs.  En  outre, 

'^  1 2 1      ^^122 

et  tous  les  déterminants  correspondants  sont  négatifs. 

»   En  particulier  on  lire  de  là  : 

»  K,,  K3  étant  des  corps  convexes  quelconques,  qui  ne  sont  pas  homothe- 
tiques,  on  a  toujours  les  inégalités 

A I H  A 1 22  <C  A' ,  ^ ,         A , ,  2  A222  <C  A^ ...j . 

»  Ici  A,,(  est  le  volume  de  K,.  En  prenant  pour  K2  spécialement  une 
sphère  de  rayon  i,  la  qiiantilc  3 A, ,2  sera  Vaire  de  la  surface  de  R,,  et  en 
outre  3A,22  sera  la  courbure  moyenne  totale  de  celte  surface;  enfin  on  aura 

A222=  -X'  Ofï  est  ainsi  conduit  au  théorème  suivant  : 

»  Parmi  tous  les  corps  convexes  ayant  une  surface  de  même  grandeur,  la 
sphère  a  :  1°  le  plus  grand  produit  du  volume  et  de  la  courbure  moyenne,  et 
2°  la  plus  petite  courbure  moyenne,  d'où  résulte  qu'elle  a  enfin  le  plus  grand 
volume. 

»   Une  autre  conséquence  de  ces  dernières  inégalités  est  celle-ci  : 

»  Si  un  corps  convexe  de  volume  égal  à  i  n'est  pas  un  cube  avec  des  faces 
parallèles  aux  plans  des  coordonnées,  la  moyenne  arithmétique  des  aires  de 
ses  trois  projections  sur  les  trois  plans  des  coordonnées  est  toujours  ]>  i . 

»  4.  Soit  G  =  G(S',  ij»)  une  fonction  uniforme  et  continue  sur  la  surface 
de  la  sphère  Q,  ayant  en  chaque  point  de  cette  surface  une  valeur  positive 


(M  ) 

el  telle  que  les  trois  intégrales 

/cosJ/sinSr    ,            /*sint!/ sinS    ,  /"cosSr    , 
G '       /   G '       /  ~G~       ' 

étendues  sur  la  surface  Q.,  s'évanouissent  toutes.  Il  existe  alors  toujours  un 
corps  convexe  K  tel  quen  un  point  quelconque  de  sa  sur/ace,  oii  les  cosinus 
directeurs  de  la  normale  extérieure  sont  cos  i}/  sin  2r,  sin  ij;  sin  &,  cos  S,  la  cour- 
bure totale  est  égale  à  G  (&,  j*),  et  ce  corps  R  est  uniquement  déterminé  à  une 
translation  prés . 

»  En  effet,  parmi  tous  les  corps  convexes  de  volume  égal  à  i  on  peut  tou- 
jours déterminer  un  corps  tel  que,  pour  sa  fonction  H,  la  valeur  de  l'inté- 
grale 


/g-' 


1=    ".d> 


lu 


étendue  à  la  surface  £2  soit  la  plus  petite  possible.  Ce  corps  est  parfaitement 
déterminé  à  une  translation  près.  Si  pour  ce  corps  l'intégrale  I  a  la  va- 
leur (;.,  on  en  déduira,  par  une  dilatation  dans  le  rapport  \J[j.  ;  i,  le  corps 

cherché  R  pour  lequel  RT  —  S"  =  p-    » 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.   —   Sur  le  théorème  des  forces  vives. 
Note  de  M.  H.  Dcport,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Je  me  propose  de  donner,  dans  cette  Note,  une  conséquence  du 
théorème  des  forces  vives  qui  me  paraît  avoir  jusqu'ici  échappé  aux  inves- 
tigations des  mathématiciens. 

))  Je  vais  me  placer  dans  le  cas  le  plus  général  d'atomes  solides  agissant 
les  uns  sur  les  autres.  Les  actions  mutuelles  de  deux  atomes  seront  consi- 
dérées comme  dépendant  du  système  formé  par  les  positions  des  atomes, 
les  vitesses  de  leurs  centres  de  gravité  et  leurs  vitesses  de  rotation.  On 
sera  ainsi  dans  le  cas  le  |)lus  général. 

»  Soient  donc  deux  atomes,  m  et  m'  leurs  masses,  M  et  M'  leurs  centres 
de  gravité.  Soient  Ox,  Oy,  Oz  trois  axes  de  coordonnées  rectangulaires 
fixes;  x,y,  z  les  coordonnées  de  M;  x',y',  g' celles  de  M';  MX,  MY,  MZ  des 
axes  principaux  d'inertie  du  premier  atome;  A,  B,  C  les  moments  d'inertie 
correspondants;  M'X',  M'Y'.M'Z'  des  axes  principaux  d'inertie  du  second 
atome;  A',  B',  C  les  moments  d'inerlie  correspondants;  p,  q,  /les  projec- 


(    2.^    ) 

lions  sur  MX.  MY,  MZ  de  la  vitesse  de  rotation  du  premier  atome;  a,  b,  c 
les  projections  de  la  vitesse  de  M;  p' ,  q',  r'  les  projections  surM'X',  M'Y', 
]M'Z'  de  la  vitesse  de  rotation  du  second  atome;  «',  h',  c'  les  projections  de 
la  vitesse  de  M';  ç,  ij,  0  les  angles  d'Euler  délerminant  la  position  des  axes 
MX,  MY,  MZ  relativement  aux  axes  fixes;  ç',  A',  8' les  angles  d'Euler  déter- 
minant la  position  des  axes  M'X',  M'Y',  M'Z'  relativement  aux  axes  fixes. 

»  Les  forces  provenant  de  l'action  du  second  atome  sur  le  premier 
peuvent  être  considérées  comme  réduites  à  une  force  appliquée  en  M  et  à 
un  couple.  Soient  u,  c,  w  les  projections  de  la  force  sur  MX,  MY,  MZ;  P, 
Q,  R  celles  du  moment  du  couple. 

»  De  même  les  forces  provenant  de  l'action  du  premier  atome  sur  le 
second  peuvent  être  considérées  comme  réduites  à  une  force  appliquée 
au  point  M'  et  à  un  couple.  Soient  u' ,  v' ,  w'  les  projections  de  la  force  sur 
M'X',  M'Y',  M'Z';  P',  Q',  R'  celles  du  moment  du  couple. 

»  Je  ferai  usage  des  équations  employées  par  M.  Appell  dans  ses  beaux 
travaux  sur  le  roulement  : 

'"  ^=r/'-yc  +  ,..  A^  =.(B-C)<7r4-P, 

*^')         [m"^^   =pc-ra  +  v,  R  ^  =  (C  -  k)rp  +  Q. 

"'  ^  =ga-pb-hw,  ^'Tt=  (A  -  B)/77  +  R. 

m'^  =  r'f/  -  q-c'  +  u',  A'^  =  (B'-  C/)^'^'  +  P', 

(2)        {m''^=p'c'  -r'a'+  r',  V,'%  =  (C  -  A')r'/>' +  Q'. 

»  Écrivons  maintenant  qu'il  existe  une  fonction  0  des  quantités 
x,y,  z,    x',  y,  z',    a,  b,  c,    a',  b',  c',    p,  q,  r,    p',  q',  /',    ç,  J/,  9,    ç',  é' ,  0' 
dont  la  variation  est  celle  de  la  demi-force  vive  du  svstème.  On  a  une 
équation  que  j'écris  d'une  manière  abrégée 

■^rt/*  du:         f/'I>   d.r'         d'i>  rb  —  qc -\- u  rf*  r' b' —  q' c' -^  u' 

x^\  dx   dt         dx'   dt  da  m  da'  m' 

,o,     1  d^  (B  — C)y/  +P  rf'K   (B'— C')(7'/-'-l-P'        rf*  ^        ^^'1 

^    '    \  '^  dp  A  ^  dp'  A'  "^  do  dt  "•"  f/'f'  dl  J 

C.  R.,   igor,  1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N»  1.)  4 


(  2<>  ) 

»  Considérons  maintenant  un  troisième  atome.  L'action  de  cet  atome 
sur  le  premier  donne  lieu  à  une  force  appliquée  en  M  et  à  nn  couple. 
Soient  z/|3,  p,,,  «p,,,  les  projections  de  cette  force  sur  MX,  MY,  MZ;  P,^, 
Qi3,  R,3  celles  du  moment  du  couple. 

»  De  même,  l'action  du  troisième  atome  sur  le  second  donne  lieu  à  une 
force  appliquée  en  M'  et  à  un  couple.  Soient  ii.,3,  «'-s.  «^23  les  projections  de 
la  force  sur  M'X',  M'Y',  M'Z';  ?„,,  0^3,  R.,3  celles  du  moment  du  couple 

»  11  f-iut  alors  remplacer  dans  les  équations  (i) 

Mpar?/  +  M,3,      PparP  +  P|3. 

et  dans  les  équations  (2) 

«' par  m'-i- i<_>3,     P'parP'+Pj3,      .... 


))  Écrivons    que   la    variation   de    la  demi-force   vive    est^  égale   à    la 
1  <ï>  augmentée  de  la  somme  des  travaux  e 

dip  dji  d^  dx'         c?*  rb  —  qc.  -^  11  +  ?/,3 


variation  de  <ï>  augmentée  de  la  somme  des  travaux  extérieurs  ;  on  aura 


Zà  I  dx   dt 

(4) 


dx'    dt  da  m 

d<P   r'  b'  —  f)'  c'  +  a'  ~h  11,3         d^  (B— C)y7-  +  P+Pn 
da'  m'  dp 

f/*(B'-C')^'/-'-+-P'-hP,3 


!  dp'  A' 

'       =  y  ["«  +  u'a'  -hVp-h  P'p'  ] . 


d^  dw         d^   dvj  1 
Ihltt'^  1^'  ~dt\ 


»  ïn  tenant  compte  de  (3)  cette  équation  devient 


Zà\da 

lin 
m 

-+- 

d-P 
da' 

«23 

m' 

-+- 

d^ 
dp 

P,., 
A 

+ 

d-i> 
dp' 

P.3 

A' 

»  c'est  cette  équation  que  je  voulais  obtenir.  C'est  une  équation  fonc- 
tionnelle qui  est  de  nature  à  resserrer  danj  des  limites  étroites  les  actions 
mutuelles  des  atomes. 

»  Je  ne  puis  terminer  cette  Note  sans  dire  qu'elle  m'a  été,  en  partie, 
inspirée  par  le  désir  de  préciser  les  savantes  considérations  faites  par 
M.  Poincaré,  sur  le  principe  de  Meyer,  dans  la  Préface  de  son  Traité  de 
Thermodynamique.    » 


(  27  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  linéaires  à  points  (V in- 
détermination. Note  de  INI.  Ludwio  Sculesi\ger,  présentée  par 
M.  H.  Poincaré. 

«  Étant  donnée  une  équation  linéaire  à  coefficients  rationnels 

(A)  y*'  -1-  Pn  i  y"""  +  ...)-  />o  V  =  o 

n'appartenant  pas  à  la  classe  de  M.  Fuchs,  soient  a,  ....  o,,  co  les  points 
de  ramification  et  A,,  ....  A^  les  substitutions  qu'un  système  fondamenlii! 

y^,  ...,  Y„  subit  quand  la  variable  x  tourne  autour  des  points  a^, aa- 

Nous  supposons  que  ces  substitutions,  aussi  bien  que  Aç^,  =  A^'. . .  A~', 
soient  telles  que  toutes  les  racines  de  leurs  équations  tondamentales  aient 
pour  module  l'unité.  D'après  un  théorème  démontré  dans  une  Noie  que 
j'avais  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  7  mars  1898,  on  peut  con- 
struire un  système  de  fonctions  r,,  ...,  ^„,  qui  se  comportent  régulière- 
ment pour  toutes  les  valeurs  de  x,  excepté  les  points  a^.  et  =c,  qui  subissent 
les  substitutions  A^  quand  x  tourne  autour  des  points  a^,  et  qui  ne  de- 
viennent nulle  part  indéterminées.  Les  (=^.)  forment  donc  un  système  fon- 
damental d'une  équation 

(B)  =(*'+^„.,  ="'-<) +  ...  +  ^„r  =  o 

à  coefficients  rationnels  et  appartenant  à  la  classe  de  M.  Fuchs,  cogrcdienl 
avec  l'équation  (A),  c'est-à-dire  (cf.  mon  Handbuch,  t.  II,  §  1,  p.  ii"») 
qu'on  aura  une  relation 

les  /-/o  étant  des  fonctions  uniformes  (en  général  non  rationnelles)  de  x. 
»   En  différentiantla  relation  (Co)  et  en  tenant  compte  de  l'équiition  (B), 
on  déduit  les  relations  à  coefficients  uniformes 

(Cx)  r;t^'---^oxz*4-r,),-;-i----+'-«-<,x=r"     (>.  =  i,2,...,«  - 1)' 


(  -8  ) 

»  Si  l'on  suppose  que  le  groupe  de  raonoclromie  6  des  équations  (A)  et 
(B),  groupe  composé  des  A^  comme  substitutions  fondamentales,  soit 
irréductible  (primaire  dans  le  sens  de  M.  Joudan,  Cours  d'Analyse,  t.  III, 
p.  190),  l'équation  (B)  ne  peut  avoir  des  intégrales  communes  avec  une 
équation  d'ordre  inférieur  et  à  coefficients  uniformes;  on  déduit  donc 
des  équations  (C>)  et  (A)  le  système  suivant  d'équations  liuéaires  du  pre- 
mier ordre  et  à  coefficients  rationnels  pour  les  n-  quantités  r,x  : 


—  —  fi-  1  ,)>        +  ''«- 1  .X      Ci fi,t.+ 1  . 


r; 


■  I>n- 


(i=  o,  i,  ...,  n  —  i;  l  —  o,i,...,n—2;  /•_,_5^  =/•_,„_,  =  o). 

))   Nous  avons  donc  le  théorème  suivant  : 

»  Etant  donnée  une  équation  (A)  n'appartenant  pas  à  la  classe  de  M.  Fuchs, 
on  peut  trouver  une  équation  (B)  appartenant  à  celte  classe  et  liée  «  (A)  par 
la  relation  (C^),  dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  uniformes  en  x,  satis- 
faisant à  un  système  d' équations  différentielles  linéaires  homogènes,  à  coef- 
ficients rationnels. 

»  Soient  G,  H  les  groupes  de  transformations  des  équations  (A),  (B); 
alors,  H  étant  le  groupe  algébrique  le  plus  étroit  contenant  le  groupe  dé- 
nombrable  0  (cf.  Handhuch,  II,  1,  p.  10 1),  H  sera  contenu  dans  G  comme 
sous-groupe.  Soit  R(si,  ...,  «„)  une  expression  rationnelle  des  z,,  et  de 
leurs  dérivées,  admettant  les  transformations  de  H,  et  pas  d'autres;  cette 
expression  sera  une  fonction  rationnelle  de  a;;  en  substituant  dans  R  lesj'^i 
au  lieu  des  z,^,  l'expression  R(jK,,  . . . ,  j„)  ne  sera  plus  rationnelle,  mais  elle 
sera  encore  uniforme  en  x.  Adjoignons  cette  fonction  uniforme  au  domaine 
de  rationalité  de  l'équation  (A);  le  groupe  de  transformation  de  (A)  se 
réduira  à  II  (cf.  Vessiot,  Thèses,  V,  1);  toute  expression  rationnelle  des  y^ 
admettant  le  groupe  de  nionodromie  0  sera  donc  rationnellement  connue. 
L'expression  R(j,,  ...,  j„)  satisfait  à  une  équation  différentielle  à  coef- 
ficients rationnels  en  x  (Vessiot,  /.  c,  III,  4).  JNous  pouvons  donc  dire  : 

»  En  adjoignant  à  l'équation  (A)  une  certaine  fonction  uniforme  de  x, 
satisfaisant  à  une  équation  différentielle  à  coefficients  rationnels,  chaque 
expression  des  y^  et  de  leurs  dérivées  qui  est  fonction  unifoime  de  x  sera  ration- 
nellement connue;  l'équation  (A)  se  comporte  donc,  après  cette  adjonction, 
comme  une  équation  de  la  classe  de  M.  Fuchs.    » 


(29) 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des  équations  de  la  Phy 
sique  mathématique.  Note  de  M.  S.  Z.vkemba,  présentée  par  M.  H. 
Poincaré. 

M  Rapportons  l'espace  à  un  système  de  coordonnées  reclangulainesa?, 
y,  z  et  considérons/)  fonctions  réelles  /,,/2,  •  ••>  fp  des  variables  x,  y,  z 
admettant  des  dérivées  premières  continues  dans  toute  l'étendue  d'un 
domaine  (D)  limité  par  une  surface  fermée  (S).  Désignons  par  a, ,  a^ 

a^,  p  constantes,  posons 

/' 

/(x,y,  z)=  Va,/,, 
et  considérons  les  intégrales 

B=  fpds, 

où  dt  et  ds  représentent  respectivement  un  élément  de  volume  et  un  élé- 
ment de  surface  et  où  les  intéi^rations  doivent  être  étendues  à  tout  le  do- 
uiaine  (D)  et  à  toute  la  surlace  (S). 

»  M.  Leroy  a  démontré,  le  premier,  que  l'on  pouvait  disposer  des  con- 
stantes a,  de  façon  à  avoir 

où  L^est  un  nombre  qui  croît  indéfiniment  en  môme  temps  que  l'entier /j. 
Depuis,  M.  Stekloff  s'est  aussi  occupé  de  cette  proposition,  mais  il  ne 
semble  pas  que  l'on  ait  réussi  à  se  débarrasser  de  l'hypothèse  que  les 
diverses  nappes  dont  peut  se  composer  la  surface  (S)  soient  chacune 
analytique. 

»  Il  y  a  donc  intérêt  à  démontrer  que  ce  théorème,  si  riche  en  consé- 
quences, a  lieu  sous  l'unique  condition  que  la  surface  (S)  admette  en 
chacun  de  ses  points  des  rayons  de  courbure  principaux  parfaitement 
déterminés.  On  peut  y  arriver  conmie  il  suit  : 

»  Soit  m  un  nombre  positif  supérieur  à  un  certain  nombre  m^  ne  dépen- 
dant que  de  la  nature  de  la  surface  (S).  Il  est  aisé  de  conclure,  des  résul- 


(3o) 

lats  que  j'ai  établis  dans  mon  Mémoire  Sur  réquation  Au  -h  'c,a.  +/  =  o  et 
sur  les  /onctions  harmoniques  (Annales  de  l'École  Normale,  189g),  que  l'on 
aura,  quelles  que  soient  les  cr,, 


dt 

>>  cm. 


où  C  est  une  constante  ne  dépendant  que  de  la  surface  (S).  D'antre  part, 
M.  Poincaré  a  prouvé  qu'en  disposant  convenablement  des  constantes  a,, 
on  aura 

(;-5)  ""'-    - — —^ — ^—  -  -  >  Ey^ 

r-dt 

OÙ  E  est  une  constante  ne  dépendant  que  de  la  nature  de  la  surlace  (S)  et 
q  un  entier,  non  négatif,  vérifiant  l'inégalité 

nq^-r-  iSp, 

OÙ  n  est  un  entier  ne  dépendant  que  de  la  surface  (S). 

»   Si  le  nombre /?  est  assez  grand,  on  pourra  prendre  m  --.  q.  Les  inéga- 
lités (2)  et  (3)  donneront  alors 

j  f-  d"  '  +  g 

inégalité  qui  exprime  le  théorème  qu'il  s'agissait  de  démontrer.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  valeur  absolue  des  éléments  magné- 
tiques au  i^"  janvier  1901.  Note  de  M.  Th.  Moureaux,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  Les  observations  magnétiques  ont  été  continuées  régulièrement  et 
sans  lacunes,  pendant  l'année  1900,  dans  les  observatoires  du  Parc  Saint- 
Maur,  de  Perpignan  et  de  Nice.  Les  trois  stations  sont  pourvues  d'appa- 
reils identiques  :   un  magnétographe  de  M.  Mascart  et  des  boussoles  de 


(  3i  ) 

Briinner  pour  la  mesure  absolue  de  la  déclinaison,  de  l'inclinaison  et  de  la 
composante  horizontale.  Les  courbes  de  variations,  dont  les  repères  sont 
fréquemment  vérifies,  sont  dépouillées  pour  chaque  licnre  du  jour. 

»  Le  développement  récent  des  lii;ncs  de  tramways  électriques  dans  la 
banlieue  est  de  Paris,  a  rendu  très  difficile  le  dépouillement  des  courbes 
ma£;nétiques  à  l'observatoire  du  Parc  Saint-Maur,  le  champ  terrestre  étant 
troublé  par  les  courants  dérivés  dus  au  retour  du  courant  principal  par  la 
terre.  Préoccupé  de  cette  situation,  M.  Mascart  a  obtenu  la  concession  de 
la  propriété  domaniale  du  ValJoyeux,  située  à  Villepreux  (Seine-et-Oise), 
en  vue  d'y  continuer  les  études  de  magnétisme  terrestre  établies  en  1882 
au  Parc  Saint-Maur.  Un  pavillon  vient  d'èlre  construit  dans  cette  nouvelle 
station,  et  un  magnétographe  y  fonctionne  régulièrement  depuis  le 
26  décembre. 

))  Les  valeurs  des  éléments  magnétiques  au  i*'  janvier  igoi.pour  les 
quatre  stations,  sont  déduites  de  toutes  les  valeurs  horaires  relevées  le 
3i  décembre  1900  et  le  i"  janvier  1901,  rapportées  à  des  mesures  ab- 
solues faites  aux  dates  qui  précèdent  et  suivant  immédiatement  le 
i*""  janvier. 

»  Les  observations  de  Perpignan  continuent  d'être  faites  par  M.  Cœur- 
devache,  sous  la  direction  de  M.  le  D''  Fines,  et  celles  de  Nice  par  M.  Au- 
vergnon.  Au  Val  Joyeux,  elles  ont  été  confiées,  sous  ma  direction,  à 
M.  Itié,  aide-météorologiste,  attaché  depuis  dix  ans  au  service  magné- 
tique. 

Valeurs  absolues  des  éléments  magnétiques  au   i"  jam-ier  1901. 

Parc  Saint-Maur.       Val  .l^yrux.  Perpignan.  Nice. 

Longitude 0°  9'23"E       o"i9'23"0       o"32'4.5"E       4"57'48"E 

Latitude  nord 48»48'34"         48° 49' 16"  42°42'8"         44° 43' 17" 

Déclinaison  occidentale  .  .  i4''43'78  15014' 4°  j3''34'77  ii''r)7'9r) 

Inclinaison 64''5i'    9  r)4»59'    9  59''57'    5  60"   9'    o 

Composante  horizontale.  .  0,19750  0,19662  0,22400  0,22420 

Composante  verticale ...  .  0,42106  o,4.'i6i  0,38819  0,39077 

Composante  nord 0,19106  0,18971  0,21822  0,21938 

Composante  ouest o,o5o23  o,o5i68  0.05271  o,o465o 

Force  totale o, 465 10  o,4'^Ô20  0,44^44  o,45o54 

»  La  différence  de  longitude  entre  le  Val  Joyeux  et  le  Parc  Saint-Maur 
étant  de  29',  les  déclinaisons  devraient  différer  seulement  de  i3'  environ: 
l'écart  observé  est  de  3o'6.  D'autre  jnirt,  la  latitude  des  deux  stations  est 
sensiblement  la  même  et  leur  distance  est  faible  (SÔ""");  l'inclinaison  et  la 


(32) 

composante  horizontale  devraient  avoir  à  peu  près  la  même  valeur  dans 
les  deux  stations;  or,  au  A^al  Joyeux,  l'inclinaison  est  plus  grande  de  8' 
et  la  composante  horizontale  plus  faible  de  o,  00098  qu'au  Parc  Saint-Maur. 
Ces  écarts  tiennent  au  fait  que  le  nouvel  observatoire  est  situé  dans  la 
région  soumise  à  l'anomalie  magnétique  du  bassin  de  Paris. 

»  La  variation  séculaire  des  différents  cléments  résulte  de  la  comparai- 
son entre  les  valeurs  actuelles  et  celles  qui  ont  été  données  pour  le  i"  jan- 
vier igoo  ('  ). 

Variation  séculaire  des  éléments  magnétiques  en  1900. 

Parc  Saint-Maur.  Perpignan.  iNice. 

Déclinaison —  3',  78  —  5',  48  —  3',  48 

Inclinaison —  3',  3  —  2',o  —   i',4 

Composante  horizontale  ...  .  +  o,ooo44  -+-  0,00029  -h  0.00009 

Composante  verticale —  0,00011  ^  0,00002  • —  0,00022 

Composante  nord +  o,ooo48  H-  o,ooo36  -H  o,oooi4 

Composante  ouest —  0,00010  —  0,00028  —  o,oo023 

Force  totale +  0,00009  +  0,0001 3  —  0,0001. 5 

»  De  i883  à  1898,  d'une  manière  générale,  la  variation  séculaire  de  la 
déclinaison  était  plus  grande  et  celle  de  l'inclinaison  plus  faible  dans  le 
nord  que  dans  le  midi  de  la  France  :  c'est  le  contraire  depuis  deux 
années.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  nouveau  phosphure  de  tungstène.  Note  de 
M.  Ed.  Defacqz,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  une  Communication  précédente  (-),  nous  avons  démontré  que 
la  plu|)artdes  métaux  décomposaient  totalement  le  biphosphure  amorphe, 
TuP^;  l'action  du  pliosphure  de  cuivre  sur  ce  même  composé  nous  a  fait 
voir  que,  cette  fois,  la  décomposition  n'était  que  partielle  et  que,  de  plus, 
la  combinaison  ainsi  formée  éiait  soluble  dans  le  cuivre  phosphore;  l'acide 
azotique  l'isole  cristallisé. 

»  Nous  avons  alors  eu  l'idée,  pour  préparer  ce  phosphure  de  tungstène 
cristallisé,  d'appliquer  la  méthode  indiquée  par  M.  Lebeau  (')  pour  la 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  65  ;  1900. 

(^)  Ed.  Defacqz,  Comptes  rendus,    t.  CXXX,  p.  giS. 

(^)  Lebeau,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  933. 


(33) 

préparation  de  quelques  siliciures  métalliques  et  qui  a  donné  de  si  bon 
résultats  ù  INT.  Maronneau  (')  pour  obtenir  les  phosphures  de  fer,  de 
nickel,  de  cobalt,  de  chrome  :  le  procédé  consistait  à  faire  agir  au  four 
électrique  le  métal  du  phosphure  que  l'or)  désire  obtenir  avec  du  phos- 
phnre  (le  cuivre.  Mais,  pour  nous,  quel  que  soit  l'état  dans  lequel  le 
tungstène  est  employé  :  que  ce  soit  {]u  carbure  ou  du  métal  préalablement 
préparé  au  four  électrique  et  pulvérisé,  ou  du  métal  pulvérulent  prove- 
nant de  la  réduction  de  l'acide  tungstiqne  par  l'hydrogène,  on  n'obtient, 
en  attaquant  la  masse  fondue  provenant  du  four  électrique  par  l'acide 
azotique  dilué,  qu'une  poudre  métallique;  quelle  que  soit  la  durée  de  la 
chauffe,  le  résultat  est  identique.  Cette  poudre  ne  contient  pas  de  phos- 
phore. Le  phosphure  de  tungstène  cristallisé  n'est  donc  pas  stable  à  la 
température  d'ébullition  du  cuivre. 

»  Nous  avons  alors  répété  l'expérience  à  la  température  la  plus  haute 
que  puisse  nous  donner  un  bon  four  à  vent;  après  dissolution  du  cuivre 
phosphore  dans  l'acide  azotique  dilué,  il  nous  est  resté  ime  poudre  consti- 
tuée par  de  beaux  cristaux  prismatiques  et  une  matière  à  aspect  cristal- 
lin :  c'est  un  mélange  de  phosphure  de  tungstène  et  de  métal.  Il  existe 
donc  un  état  d'équilibre  entre  le  tungstène,  le  phosphure  de  tungstène,  le 
cuivre  et  le  |)hosphure  de  cuivre;  le  phosphure  se  dissocie,  sa  tempéra- 
ture de  décomposition  est  voisine  de  celle  de  sa  formation. 

»  Nous  avons  alors  repris  et  poursuivi  l'étude  de  l'action  du  phosphure 
de  cuivre  sur  le  phosphure  amorphe;  il  était  à  penser  que  le  phosphore 
libre  provenant  de  la  décomposition  du  phosphure  amorphe  romprait 
l'état  d'équilibre;  nous  avons  obtenu,  on  eflet,  un  composé  cristallisé 
ré[>ondant  à  la  formule  Tu  P. 

»  Préparation.  —  On  prend  : 

Phosphure  de  tungstène  amorphe i   partie 

Phosphure  de  cuivre ao  à  3o  parties 

»  Le  phospiuire  de  cuivre  est  pulvérisé  aussi  fin  que  possible  et  mélangé  avec  le 
phosphure  amorphe;  on  place  le  mélange  dans  un  creuset  de  porcelaine  muni  de  son 
couvercle,  il  est  introduit  dans  un  creuset  en  plombagine  et  entouré  de  noir  de  fumée 
ou  de  charbon  de  bois  finement  pulvérisé;  ce  creuset,  également  fermé,  est  alors  placé 
dans  un  troisième  en  terre  et  entouré  de  charbon;  le  dernier  creuset  est  fermé  et  son 
couvercle  hité;  c'est  le  dispositif  que  nous  avons  du  reste  employé  pour  étudier  l'ac- 

(')  Maronnbau,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  656. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  1.)  5 


(  34  ) 

lion  des  métaux  ou  des  combinaisons  métalliques  sur  les  phosphures  et  arséniures  de 
tungstène. 

»  On  place  le  tout  au  four  à  vent  et  l'on  chauflTe  pendant  4''  au  charbon  de  cornue. 
On  laisse  le  creuset  se  refroidir  dans  le  four  même  et  l'on  obtient  une  masse  d'aspect 
extérieur  cristallisé. 

n  On  traite  le  culot  par  l'acide  azotique  étendu;  il  se  sépare  de  beaux  cristaux  de 
phosphure;  le  rendement  est  bon,  mais  comme  on  ne  peut  opérer  que  sur  peu  de  sub- 
stance à  la  fois,  la  préparation  est  pénible.  De  plus,  comme  il  est  difficile  de  régler 
l'allure  du  four  et  la  durée  de  la  chauffe,  on  obtient  encore  assez  souvent  un  résidu 
cristallin  qui  semble  homogène,  mais  qui,  examiné  au  microscope,  contient  avec  les 
prismes  de  petits  noirs  de  métal. 

»  Propriétés.  —  C'est  un  corps  cristallisé,  de  forme  prismatique,  gris  à  reflet  mé- 
tallique. 

1)  Sa  densité  est  de  8,5. 

»  Il  est  inattaquable  à  l'air  à  la  température  ordinaire,  mais  se  transforme  au  rouge, 
sans  incandescence,  en  acide  tungstique  verdâtre  ;  quand  on  le  chauffe  dans  un  courant 
d'ox3'gène,  il  donne  alors  de  l'oxyde  bien  jaune. 

»  Le  chlore  l'attaque  vers  le  rouge,  il  y  a  formation  de  chlorure  de  phosphore  et 
d'hexachlorure  de  tungstène. 

»  L'hydrogène  n'a  pas  d'action  à  la  température  de  900°. 

»  Mélangé  à  du  cuivre  et  chauffé  vers  1200°,  avec  le  dispositif  dont  nous  avons 
parlé  précédemment,  il  se  décompose  pour  donner  du  cuivre  phosphore  et  du  tungstène 
métallique;  si  on  le  chauffe  dans  les  mêmes  conditions  avec  du  phosphure  de  cuivre  à 
la  température  la  plus  élevée  que  puisse  fournir  le  four  à  vent,  après  dissolution  du 
phosphure  de  cuivre  dans  l'acide  azotique  on  obtient  des  cristaux  de  phosphure  de 
tungstène  mélangés  de  métal. 

»  Ilest  inattaquable  par  l'acide  fluorhydrique  en  solution  et  par  l'acide  chlorhydrique 
en  solution  et  gazeux  ;  il  est  lentement  oxydé  par  l'acide  azotique  à  chaud,  le  mélange 
d'acide  fluorhydrique  et  azotique  le  dissout  rapidement  à  la  moindre  élévation  de  tem- 
pérature, de  même  que  l'eau  régale,  mais  pour  cette  dernière  i'ébullition  prolongée 
donne  un  précipité  d'acide  tungstique. 

»  La  potasse  ou  la  soude  employées  en  solulien  n'ont  aucune  action;  elles  le  trans- 
forment en  tungslale  et  phosphate  alcalins  quand  elles  sont  déshydratées  et  qu'elles  sont 
en  fusion  tranquille;  le  bisulfate  de  potassium  ne  l'attaque  que  lentement  ;  par  contre, 
les  mélanges  oxydants  d'azotate  et  de  carbonate  de  potassium  ont  une  action  très  ra- 
pide vers  leur  point  de  fusion. 

»  Analyse.  —  La  méthode  que  nous  avons  suivie  est  la  même  que  celle  que  nous 
avons  indiquée  pour  le  biphosphure  TuP^;  elle  nous  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

Trouvé. 

■ "■        ^ — — Calculé 

I.  II.  pour  Tu  P. 

Tu ).  86,07  85,58 

P '3,90  i3,7i  i/J,4i 

»   Eu  résumé,   le  phosphure  de  cuivre  fondu  avec  le  biphosphure  de 


(  35  ) 

tungstène  donne,  vers  1200°,  un  nouveau  phosphure  cristallisé  que  l'on 
peut  isoler  facilement  et  de  formule  Tu  P.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  quelques  propriétés  du  peroxyde  de  sodium.  Note 
de  M.  George-F.  Jaubert,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  On  trouve  dans  la  littérature  chimique  les  observations  les  plus  con- 
Iradictoires  sur  le  peroxyde  de  sodium.  Si  l'on  ouvre  le  Dictionnaire  de 
Wurlz  à  l'article  Sodium,  on  trouve,  tome  II,  page  i5i8,  au  paragraphe 
traitant  des  oxydes  de  ce  métal,  la  phrase  suivante  :  «  Ce  composé  (le 
»  peroxyde  de  sodium)  est  d'un  blanc  pur,  et  jaunit  momentanément 
«  sous  l'influence  de  la  chaleur.  Il  tombe  lentement  en  déliquescence  à 
»  l'air,  mais  se  solidifie  de  nouveau  après  s'être  transformé  en  carbonate.  » 
Cette  phrase  contient  de  nombreuses  inexactitudes  : 

»  \°  Le  bioxyde  de  sodium  n'est  pas  d'un  blanc  pur,  mais  il  est  franche- 
ment Jaune  clair.  J'ai  pu  m'en  convaincre  par  l'examen  d'un  grand  nombre 
d'échantillons  de  provenances  les  plus  diverses.  Les  échantillons  d'un 
blanc  pur  contenaient  tous  une  très  grande  proportion  d'hydrate  ou  de 
carbonate  et,  tout  naturellement,  avaient  une  teneur  en  oxygène  bien 
inférieure  à  celle  qu'exige  la  formule  Na'O'. 

»  J'ai  pré|)aré  du  pcroxvde  de  sodium  en  oxydant,  dans  un  courant 
d'oxygène  pur  et  sec,  du  sodium  métallique  refondu,  contenu  dans  une 
grande  nacelle  d'argent.  Le  peroxyde  de  sodium  qui  restait  dans  la  na- 
celle après  l'oxydation  se  présentait  sous  forme  d'une  [ioixdrc  Jaune,  il  en 
était  de  même  du  peroxvdc  de  sodium  subli[né  que  l'on  trouvait  à  la  fin 
de  l'opération  dans  les  |)arlies  froides  de  l'appareil. 

i>  L"e\périence  clait  l'aile  dans  un  tube  en  verre  peu  fusible,  de  ^J"""  de  diamètre 
intérieur  et  de  5o'"  de  longueur.  Le  tube  était  placé  dans  une  grille  à  analyse,  et  de 
l'oxygène  pur  et  sec  arrivait  à  une  extrémité  et  s'échappait  par  l'autre  en  traversant  une 
série  de  flacons  vides,  secs  et  refroidis,  destinés  à  condenser  les  fumées  et  à  retenir  le 
peroxyde  sublimé.  Pour  amorcer  l'oxjdalion  on  cliauflTe  le  sodium  jusqu'à  ce  qu'il 
commence  à  s'enflammer  dans  l'air  du  tube,  puis  on  éteint  les  becs  de  la  grille  et  l'on 
fait  arriver  l'oxygène  atec  précaution,  l'oxydation  étant  très  violente.  La  réaction  se 
continue  alors  d'elle-même.  La  nacelle  d'argent  est  forlemeot  attaquée. 

»  La  couleur  jaune  du  peroxyde  de  sodium  se  tonce  encore  sous  l'ac- 
lion  de  la  chaleur.  C'est  ainsi  que  du  peroxyde  de  sodium  chaulTé  sur  une 
lame  d'argent  devient  jaune,  puis  jaune  foncé,  puis  brun,  pour  redevenir 


(  36  ) 

jaune  clair  par  le  refroidissement.  Le  peroxyde  de  sodium  peut  être  facile- 
ment fondu  dans  un  creuset  d'argent;  on  obtient  ainsi  une  liqueur  de 
couleur  de  café  noir.  Le  creuset  est  fortement  oxydé,  et  si  l'on  pèse  le 
creuset  avant  et  après  l'opération,  on  trouve  pour  un  creuset  de  3o^',  par 
exemple,  une  perte  d'argent  qui  peut  atteindre  plusieurs  décigrammes. 

»  2°  Le  peroxyde  de  sodium  ne  tombe  pas  en  déliquescence  à  l'air  et,  par 
cela  même,  ne  peut  pas  se  solidifier  à  nouveau. 

»  Du  peroxyde  de  sodium  exposé  plusieurs  années  à  l'air  libre,  dans  mon 
laboratoire,  n'est  jamais  tombé  en  déliquescence.  De  jaune  paille  qu'il 
était  au  commencement,  il  devint  blanc  en  se  transformant  en  carbonate. 

»  J'ai  fait  de  nombreux  essais  en  contrôlanlpresque  jour  par  jour  cette  transforma- 
lion  au  moyen  de  la  balance.  Voici  le  compte  rendu  d'un  de  ces  essais  :  Le  24  fé- 
vrier 1899,  '0°"^  '^^  peroxyde  de  sodium  sont  placés  dans  une  capsule  tarée  à  l'air  libre 
du  laboratoire.  Le  peroxyde  ne  tarde  pas  à  s'hydrater  et  à  se  carbonater;  le  Tableau 
suivant  résume  les  faits  observés  : 

Date.  Poids  (lare  déduite). 

24  février  1899 10,00 

26            »             i4,25 

28            >«             1 8 ,  CD 

5  mars  1899 '9i55 

3o  »  2  1,25 

6  juillet  1899 21 ,95 

»  Le  produit  final  obtenu  ne  contient  plus  du  tout  d'oxygène  actif. 

»  Si  l'on  fait  cette  expérience  dans  des  conditions  telles  que  l'anhydride 
carbonique  de  l'air  n'intervienne  pas,  on  arrive  à  des  résultats  en  tous 
points  différents  sur  lesquels  j'aurai  l'honneur  de  revenir  dans  une  pro- 
chaine Note.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Composition  de  l'hydrure  et  de  Vazoture  de  thorium. 
Note  de  MM.  C.  Matig.xon  et  31.  Delépine. 

«  Chydenius  a  mis  en  évidence  l'existence  d'un  azoture  de  thorium,  en 
faisant  agir  l'ammoniaque  sur  le  chlorure  (').  M.  Moissan  a  obtenu  ce 
môme  corps,  par  l'action  de  l'ammoniaque  sur  le  carbure  (-).  L'un  de  nous 

(')  Jaliresbericht,  p.  194;  i863. 
(-)  Le  four  électrique,  p.  820. 


(37  ) 
a  établi  que  le  métal  se  combine  directement  à  l'azote  (').  Enfin  Winkler 
a  démontré  l'existence  d'un  hydrure  de  thorium  (-).  Nous  nous  sommes 
proposé  de  fixer  la  composition  de  ces  deux  combinaisons  du  thorium,  en 
les  préparant  à  partir  du  métal. 

»  Chlorure  de  thorium.  —  Pour  obtenir  le  thorium  à  partir  du  chlorure  par  la 
méthode  de  Chydenius,  le  chlorure  a  été  préparé  par  deux  méthodes  : 

»  I"  Par  l'action  simultanée  de  l'oxj'deile  carbure  et  du  chlore  bien  secs  sur  l'oxyde 
chauffe  dans  un  tube  de  porcelaine; 

»  2°  Par  l'action  du  tétrachlorure  de  carbone  sur  le  même  oxyde  maintenu  au  rouge 
dans  un  tube  de  verre  peu  fusible. 

»  Le  premier  j)rocédé  donne  lentement  un  produit  très  pur;  le  second  permet 
d'obtenir  rapidement  de  grandes  quantités  de  chlorure  contenant  encore  de  la  thorine 
sous  la  forme  d'oxychlorure  soluble. 

»  Le  thorium  préparé  à  partir  de  ce  dernier  chlorure,  par  l'action  du  sodium 
employé  en  quantité  théorique  ou  en  excès,  est  fortement  souillé  de  thorine,  irréduc- 
tible par  le  métal  alcalin.  Celui  qui  nous  a  servi  dans  nos  expériences  renfermait  seu- 
lement 74  pour  100  de  métal,  comme  riiidique  la  quantité  d'hydrogène  dégagé 
par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  concentré  (142"^'=, 8  par  gramme  au  lieu  de  192'^"^). 

»  Hydrure.  —  Le  thorium  chauffé  au  rouge  sombre  se  combine  à  l'hydrogène  avec 
incandescence,  en  donnant  un  corps  que  l'eau  ne  décompose  pas  ;  l'acide  chlorhydrique, 
surtout  à  chaud,  l'atlaciue  en  dégageant  de  l'hydrogène  ayant  un  volume  double  de 
celui  qui  serait  fourni  par  le  métal  avant  la  réaction.  H'  de  métal  brut  dégageant 
i42">8  a  donné  après  l'action  de  l'hydrogène,  dans  deux  expériences  distinctes, 
282",7  et  285'^'^, 6;  ce  qui  conduit  à  la  formule  Thll'  pour  l'hydrure. 

»  L'augmentation  de  poids  du  métal  conduit  au  même  résultat  :  i6'',63202  de 
thorium  à  74  pour  100,  renfermant,  par  conséquent,  i,2o63de  métal  pur,  ont  fixé 
o,02o4  d'hydrogène,  soit  une  augmentation  de  1,70  pour  100,  au  lieu  de  1,72 
pour  100  calculé  pour  Thll*. 

»  Enfin  un  dosage  d'hydrogène  efl'ectué  en  présence  d'oxyde  de  cuivre  a  donné  le 
résultat  suivant  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  ThU'. 

Pour  100 i4>5  i5,2 

»  L'hydrure  est  très  facilement  dissociable;  quand  on  le  chauffe  dans  un  petit  tube 
en  présence  de  l'air,  il  donne  lieu  régulièrement  à  une  explosion  qui  précède  toujours 
la  combustion  du  métal  (explosion  due  à  la  mise  en  liberté  de  l'hydrogène). 

»  Azoture.  —  Avec  l'azote,  il  est  nécessaire  de  chauffer  un  peu  plus  fort  pour  ob- 
tenir la  combinaison.  L'azoture  formé,  non  dissociable  au  rouge  comme  le  précédent. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  83-. 
(')  Berichte,  t.  XXIV,  p.  885. 


(,^8) 

correspond  à  la  formule  Tli^Az'.  L'augmentation  de  poids  par  suite  de  la  fixation  de 
Tazole  est  de  8,19  pour  100  (calculé  pour  Th'Az',  8,o4).  Enfin,  l'ammoniaque 
engendrée  par  l'action  successive  de  l'acide  chlorhjdrique  et  de  la  potasse  a  été  trouvée 
égale  à  7,o4  (calculé  7,46). 

»   L'eau  ne  décompose  l'azolure  que  lentement  à  froid,  plus  rapidement  à  chaud, 
d'après  l'équation 

Th'Az'  +  6H'-0  =  3ThO^-+-  4  AzH». 

»   Ces  deux  corps  brûlent  tous  deux  dans  l'oxjgène  sans  donner  la  vive  incandes- 
cence du  tliorium.    » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Nouvelles  réactions  des  dérives  organométalliques. 
Note  de  M.  E.-E.  Blaise,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  On  peut  admettre  que  les  dérivés  halogènes  des  corps  les  plus  divers, 
susceptibles  d'entrer  en  condensation  en  présence  d'un  élément  métallique, 
réagissent  en  tant  que  composés  organométalliques,  bien  que  ceux-ci  ne 
puissent  être  isolés,  en  général.  Le  terme  de  f/enVe  organomélallique  prend 
ainsi  un  sens  beaucoup  plus  large,  justifié  par  le  parallélisme  des  réactions 
observées. 

»  Les  condensations  actuellement  connues  des  dérivés  organométal- 
liques consistent,  en  général,  en  une  fixation  de  ces  dérivés  sur  une  double 
liaison  entre  le  carbone  et  l'oxygène;  c'est  ce  qui  a  lieu  pour  les  fonctions 
aldéhyde,  cétone,  éther  sel,  chlorure  d'acide.  Si  telle  était  l'économie  de 
la  réaction,  d'autres  fonctions  devaient  être  susceptibles  de  se  condenser 
avec  les  radicaux  organométalliques,  et  il  y  avait  lieu  d'étudier  à  ce  point 
de  vue  les  réactions  de  ces  dérivés  sur  les  fonctions  nitrile,  oîi  le  carbone 
s'unit  à  l'azote  par  trois  valences,  sur  les  fonctions  carbure  non  saturé,  et 
enfin  sur  les  éthers  isocyaniques  dans  lesquels  le  carbone  échange  simulta- 
nément deux  valences  avec  l'azote  et  l'oxygène. 

»  Ce  sont  ces  diverses  condensations  que  je  me  suis  proposé  de  réaliser 
et,  dans  cette  Note  préliminaire,  je  me  bornerai  à  indiquer  dans  leur  en- 
semble les  résultats  obtenus. 

»  Mes  premières  recherches  ont  toutes  été  effectuées  au  moyen  des  dé- 
rivés organométalliques  du  zinc,  mais  M.  Grignard  ayant  indiqué  récem- 
ment (Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i322)  qu'on  peut  remplacer  le  zinc  par 
le  magnésium,  j'ai  donné  la  préférence  à  cette  méthode,  extrêmement 
pratique,  chaque  fois  qu'il  s'est  agi  d'un  dérivé  halogène  alcoolique. 


(39) 

»  Cependant  j'ai  conservé  l'usage  du  z.inc  pour  toutes  les  condensations 
où  les  éthers  des  acides  gras  bromes  entrent  en  jeu. 

1)  La  réaction  des  dérivés  organométalliques  sur  les  nitriles  peut  s'ex- 
primer par  le  schéma  général  suivant  : 

R-C:^A.+  Br-Mg-R'=R-C^^^-^^-^-^'-. 

»  On  obtient  donc  un  dérivé  iminéqui,  décomposé  par  les  acides  étendus, 
fournit  un  corps  à  fonction  cétoniqiie 

R  -  CO  -  R'. 

»  En  condensant  les  nitriles  aromatiques  avec  les  iodures  alcooliques, 
en  présence  du  magnésium,  j'ai  préparé  quelques  cétones  nouvelles,  ainsi 
que  les  semi-carbazones  correspondantes.  Il  est  à  remarquer  que  les  ni- 
triles substitués  en  orlho  réagissent  plus  difficilement  que  ceux  dans  les- 
quels le  groupement  substituant  est  en  position  para. 

»  Comme  les  nitriles  aromatiques,  les  nitriles  de  la  série  grasse  fournis- 
sent des  cétones  lorsqu'on  les  traite  par  les  dérivés  organométalliques. 

»  Les  éthers  des  acides  gras  a.  bromes  réagissent  également  sur  les  ni- 
triles, en  présence  du  zinc,  et  l'on  obtient,  dans  ce  cas,  des  éthers  p-céto- 
niques 

R  =  eu  +  Z„  .-  K  -  CHB,.  -  COH-..,,.  =.  R  -  <*;~^^"_-^%  _  ^.„. 

--R  -  CO  -  Cri(R')  -  CO-CMI'. 

M  Cette  nouvelle  méthode  est  très  générale,  en  ce  qu'elle  permet  de  faire 
varier  à  volonté  les  deux  parties  de  la  molécule  séparées  par  la  fonction 
cétonique. 

»  Cependant,  elle  serait  encore  incomplète,  car  le  bromacétated'étliyle 
qui  conduirait  aux  éthers  ^-cétoniques  non  substitués  en  «  fournit  en  réa- 
lité des  produits  tle  condensation  plus  avancée.  On  peut  tourner  cette  dif- 
ficulté, car  ces  éthers  s'obtiennent  en  condensant  le  cyanacélate  d'éthvle 
avec  les  iodures  alcooliques,  en  présence  du  magnésium  : 

CO^  C^  H^  -  CH-  -  C  Az  +  C-  H  ■  -  iMg  —  I  =  CO''  C-  H=  -  CH=  -  C^^.!  ~  ^^  ~  ^ 

\C'  H  ' 

^  C0=  c-  H^  -  CH^  -  CO  -  C=  H=. 
»   Ce  procédé  présente  un  certain  intérêt,  car  au(  une  méthode  générale 


(  4o  ) 

ne  permettait,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  de  préparer  les  éthers  acidylacé- 
tiqties  de  la  -^érie  grasse.  Je  rappelle  cependant  que  M.  Bouveault  a  indiqué 
récemment  {Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  4^).  lenr  formation  par  décom- 
position des  élliors  acidylacétylacétiqiies.  Dans  la  série  aromatique,  outre 
le  procédé  classique  de  M.  Claisen,  M.  A.  Ilaller  (')  en  a  indiqué  un  qui 
permet  d'obtenir  certains  de  ces  corps  en  partant  des  composés  du  type 
cyanacétophénone.  Il  est  vraisemblable  que  la  condensation  des  iodures 
alcooliques  avec  le  cyanocarbonate  d'éthyle  fournira  de  même  les  acides 
a-cctoniques. 

»  Enfin,  j'ai  examiné  également,  parmi  les  dinitriles,  l'action  du  cyano- 
£;ène  sur  les  dérivés  organométalli(]ues.  La  condensation  s'effectue  aisé- 
ment, avec  les  iodures  alcooliques,  en  présence  du  magnésium,  et  donne 
naissance  à  une  cctone 

CAz  -  C  Az  +  I  -  Mg  -  C^H»  =  CAz  -  C.f^l~  ^^^ , 

CAz-c(^:-^''-"-^.I-Mg-C^H^  =  I-Mg-CAz^C^H^_c(f,!-f^-^ 

»  Elle  se  produit  également  avec  les  éthers  des  acides  gras  bromes  et 
fournit  des  dérivés  que  j'étudie  actuellement. 

»  De  même  que  les  nitriles,  les  éthers  isocyaniques  réagissent  facilement 
sur  les  dérivés  organomélalliques.  On  obtient  des  anilides,  lorsqu'on  opère 
avec  l'isocyanate  de  phényleet  les  iodures  alcooliques,  en  présence  du  ma- 
gnésium : 

C«H'  — Az  =  C  =  OH-ï-Mg-R  =  C^FP-  Az  =  C(^|J~ '^'^^ 
->  C/H^  -  Az  =  G:^^^->C/" H^  -  AzH  -  CO  -  R. 

»  Il  y  a  également  condensation  lorsqu'on  opère  avec  les  éthers  des 
acides  bromes  et  je  me  propose  d'étudier  celte  réaction  et  d'en  suivre  la 
marche  en  faisant  varier  la  position  de  l'élément  halogène  dans  la  molé- 
cule acide. 

»  Enfin,  j'ai  tenté  de  condenser  les  dérivés  organométalliques  avec  le 
caprylène,  l'hexylène  et  le  phénylacétylène;  mais,  dans  les  conditions  ha- 

(')  A,  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  1116. 


(  4i  ) 

biluelles,  je  n'ai  obtenu  aucun  résultai.  Il  est  possible  cependant  que  la 
réaction  s'effectue  à  température  élevée. 

»  On  voit,  en  somme,  que  les  recherches  précédentes  conduisent  à  de 
nouvelles  méthodes  de  synthèse  pour  les  célones,  les  éthers  [i-cétoniques 
et  les  acides,  et  peut-être  aussi  pour  les  acides  a-cétoniques  et  les  acides 
bibasiquqs. 

»  Je  me  réserve  d'ailleurs  l'éludé  des  différents  points  qui  ont  été  indi- 
qués dans  cette  Note.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  mélhylacélylacétone  et  de  V èlhylacèlyl- 
acélone  sur  les  chlorures  diazoïques.  Note  de  M.  G.  Favrel,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  anléri(Mire,  j'ai  montré  que  les  chlorures  bisdiazoKpies 
réagissaient  sur  l'acétylacétone,  en  solution  acétique  ou  alcaline,  pour 
fournir  des  corps  auxquels  il  convient  d'attribuer  des  formules  qui  les 
représentent  comme  des  hydrazoncs. 

»  Cette  constitution  est  d'autant  plus  vraisemblable  que  Claisen  et 
Beyer  ont  obtenu,  par  l'action  du  chlorure  de  diazobenzène  sur  l'acétyl- 
acétone, un  corps  cristallisé  ayant  la  composition  de  la  benzèneazoacétyl- 
acétone  et  qu'ils  ont  reconnu  plus  tard  être  de  la  phénylliydrazoneacétyl- 
acétone.  Ce  corps,  en  réagissant  sur  une  deuxième  molécule  de  chlorure 
de  diazobenzène,  donne  finalement  un  dérivé  formazylique. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  pouvait  espérer  que  les  alcoylacétylacétones 
réagiraient  sur  les  chlorures  diazoïques  et  donneraient  des  produits  dont 
la  comparaison  avec  ceux  que  l'on  peut  préparer  indirectement  |)er- 
meltrait  d'apporter  un  argument  nouveau  en  faveur  de  la  constitution 
indiquée  par  Claisen  et  15eyer.  C^est  dans  ce  but  que  j'ai  entrepris  cette 
étude. 

»  Après  avoir  diazolé  loo™  de  solution  normale  d'aniline  el  y  avoir  ajouté  de 
l'acélale  de  soude  en  excès,  on  y  verse  iiS'',4o  de  inélhylacéljlacétone.  Le  mélange, 
agité  vivement  et  maintenu  à  zéro,  ne  tarde  pas  à  se  troubler  et  laisse  déposer,  au 
bout  de  vingt-quatre  heures,  un  dépôt  cristallin  coloré. 

»  Après  essorage  et  cristallisation  dans  l'alcool  méthylique  froid,  on  obtient  des 
petits  cristaux  jaunes  friables  qui  offrent  la  composition  centésimale  de  la  phénjl- 

C.  H.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  1.)  t> 


(    42    ) 
hjdrazone  du  diacélyle  qui  se  |jioduirail  d'après  l'équation  suivante  : 


CO  —  CH3 


/H 


C^H^Az  :=  Az  -  OH  -H  CH  -  CHS _  CH^COOH  -h  C«H^ Az—  Az  =  C  —  CH' 
CO  -  CH3  CO  -  CH^ 

»  Celte  opinion  est  confirmée  parle  fait  que  le  point  de  fusion  :  iS/J"  de  ce  corps  est 
identique  à  celui  du  produit  obtenu  par  von  Pechmann,  d'une  part,  en  faisant  réagir 
la  phénjlhydrazine  sur  le  diacétyle,  et  par  Japp  et  Klingemann  en  faisant  agir  le 
chlorure  de  diazobenzène  sur  l'acide  méthjlacétoacétique. 

»  En  remplaçant  dans  la  préparation  précédente  la  méthjlacétylacétone  par  une 
quantité  équimoléculaire  d'éthylacétylacétone,  on  obtient,  après  cristallisation,  un  corps 
fondant  à  117°.  Ce  point  de  fusion  est  identique  à  celui  du  produit  obtenu  par  Japp  et 
Klingemann,  en  partant  du  chlorure  de  diazobenzène  et  de  l'acide  élhylacétoacétique. 

»  On  doit  dès  lors  lui  attribuer,  comme  au  précédent,  la  formule  d'une  liydrazonc 
qui  est  la  suivante  : 

C^  IP  Az  —  Az  =  C  —  CH^  —  CH^ 
CO-CH' 

»  Enfin,  en  remplaçant  le  chlorure  de  diazobenzène  par  les  chlorures  de  diazoortho- 
tolyl,  diazoparatolyl,  on  obtient  des  corps  fondant  respectivement  à  i3o°  d'une  part 
et  ii9"-i2o"  de  l'autre  et  présentant  la  composition  des  hydrazones  correspondantes 
du  diacétyle. 

»  Quant  aux.  chlorures  bisdiazoïques  dérivés  de  la  benzidine  et  homologues,  si  on 
les  met  en  présence  de  la  méthylacétylacétone  en  solution  acétique,  on  obtient,  après 
purification,  les  dihydrazones  du  diacétyle  et  avec  l'éthylacétylacélone  celles  du  propio- 
nylacétyle.  Ou  peut  ainsi  obtenir  : 

»   La  diphényidihydrazone  du  diacélyle  fondant  à  aSS-'-aSti"  ; 

»   La  diphényidihydrazone  du  propionylacétyle fondant  à  ■265"-i68''. 

»  En  résumé,  les  chlorures  dlazc/iques  réagissent  sur  la  inéthylacéLyl- 
acétone  ou  sur  l'élhylacétylacétone  avec  élimination  d'une  molécule 
d'acide  acétique  et  formation  d'une  hydrazone,  par  suite  de  l'union  du 
diazoïque  avec  ce  qui  reste  de  l'acétylacélone  et  transposition  moléculaire 
consécutive. 

»  Cette  réaction  est  à  rapprocher  de  celle  des  éthers  cyanacéliques  à 
radicaux  acides  substitués,  et  des  éthers  acétylacétiques  alcoylés  sur  les 
chlorures  diazoïipies. 

»  Dans  tous  les  cas  les  chlorures  diazoïques  se  comportent  à  l'égard  de 
ces  éthers  et  des  acclylacétones  substitués  comme  le  feraient  des  bases 
fortes  qui  en  enlèvent  le  groupe  acétyle.    » 


(43) 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'embryologie  du  T?enia  serrata. 
Note  de  M.  G.  Saixt-Remy,  présentée  par  M.  Edm.  Perrier. 

«  Après  le  développemenl  de  l'oeid  des  Anoplocephalinœ  (^Comptes 
rendus,  l.  CIXXX,  p.  ()3o),  j'étudie  maintenant  le  développement  embryon- 
naire du  Tœnia  serrata  Gœze,  de  la  sons-famille  des  Tœniinœ,  dont  les 
phénomènes  présenlcnt  quelques  dilïérences.  Ce  type  a  déjà  été  l'objet  de 
recherches  simultanément  de  la  part  dp  Moniez  (')  et  de  Ed'.  van 
Beneden  (^).  Les  premiers  stades,  qui  n'avaient  pas  été  complètement 
élucidés,  m'ont  fourni  les  résultats  les  plus  intéressants.  Je  crois  que  la 
description  donnée  par  van  Beneden  de  l'o-uf  jeune,  non  segmenté,  n'est 
pas  exacte  cl  se  ra|)porle  en  réalité  à  un  slade  un  peu  plus  avancé.  Ici  la 
coque  apparaît  assez  lard,  comme  l'a  vu  INIoniez;  aussi  ne  trouve-t-on  pas 
dans  son  intérieur  de  corpuscules  chromatiques  assimilables  à  des  globules 
polaires.  Cette  formation  tardive  de  la  coque  rend  plus  difficile,  dans  la 
dissociation  des  anneaux,  la  mise  en  liberté  des  œufs  non  segmentés,  et 
je  n'ai  pu  en  trouver  dans  mes  préparations.  Il  est  fort  vraisemblable  qu'ils 
offrent,  said"  la  coque,  la  même  constitution  que  les  œufs  des  Anoplocé- 
phales.  Le  stade  le  plus  jeune  que  j'aie  rencontré  représente  un  ensemble 
de  deux  éléments  très  dissemblables,  accolés  l'tni  à  l'autre  sans  être 
enfermes  dans  une  enveloppe  commune. 

»  L'un  est  une  petite  cellule  dont  le  protoplasma  renferme  des  granu- 
lations et  un  petit  noyau  riche  en  chromatine;  on  peut  la  distinguer  sous 
le  nom  de  cellule  embryonnaire  principale. 

»  L'autre  élément  est  une  cellule  sphcricpu*  très  vohnnincusc,  mais 
dont  le  proto|)lasma  se  réduit  à  une  couche  périphérique  renfermant  un 
petit  noyau  également  très  chromatique,  toute  la  partie  centrale  étant 
occupée  par  une  grosse  masse  globuleuse  de  vitellus  nutritif  :  je  désignerai 
ce  gros  élément  sous  le  nom  de  cellule  vilcllophage;  il  correspond  évidem- 
ment au  blaslomère  homogène  ou  globe  embr y o gène  de  van  Beneden.  Son 
rôle  est  de  détruire  le  vitellus,  en  s'en  nourrissant,  pour  le  mettre  sous 
une  forme  plus  assimilable,   probablement  liquide,  à  la  disposition  des 

(')  MoNiEZ,  Mémoire  sur  les  Cestodes  {Thèse  de  doctorat  es  sciences, Vd.vh,  i88(). 
(')  Ed.  van  Beneden,  Recherches  sur  le  développement  embryonnaire  de  quelques 
Ténias  {Archives  de  Biologie,  t.  II,  1881). 


(44  ) 

élémenls  embryonnaires  proprement  dits.  Ponr  cela  il  accroît  d'abord  le 
volume  de  son  protoplasma  aux  dépens  du  vitellus,  puis  son  noyau  se 
divise,  etfplus.  tard  le  protoplasma  à  son  tour;  celui-ci,  en  se  scindant, 
partage  en  deux  la  sphère  vitelline,  dont  la  présence,  mais  non  la  nature, 
avait  été  reconnue  par  van  Beneden  (corps  lenticulaire). 

»  L'une  des  deux  cellules  ainsi  formées  se  divise  encore.  Il  y  a  finale- 
ment en  tout  trois  cellules  vitellophages,  volumineuses,  avec  un  gros 
noyau  vésiculeux  et  une  lentille  vitelline  qui  diminue  progressivement  et 
enfin  disparaît.  On  y  remarque  aussi  une  autre  inclusion,  un  gros  globule, 
qui  se  forme  et  grossit  d'abord  pour  disparaître  ensuite  complètement, 
probablement  une  accumulation  temporaire  de  substance  vitelline  modi- 
fiée. Ces  trois  cellules  correspondent  aux  deux  éléments  qui,  chez  les 
Anoplocephala,  se  chargent  de  détruire  le  vitellus,  mais  en  pénétrant  dans 
sa  profondeur  et  y  envoyant  un  réseau  protoplasmique.  Ici  également, 
lorsque  leur  rôle  vitellophage  est  terminé,  leur  noyau  s'altère,  leur 
protoplasma  s'étale  sur  l'ensemble  des  autres  cellules  embryonnaires  et 
leur  forme  une  sorte  d'enveloppe  externe  destinée  à  se  détruire.  C'est 
l'homologue  de  l'enveloppe  externe  des  Anoplocéphalinès  et  des  Bothriocé- 
phaliens;  elle  ne  prend  aucune  part,  au  point  de  vue  anatomique,  à  la 
constitution  de  l'embryon. 

»  Pendant  ces  transformations,  la  cellule  embryonnaire  principale  s'est 
divisée  de  son  côté  dès  le  début.  L'une  des  cellules  filles  grossira  consi- 
dérablement en  se  chargeant  de  gouttelettes  réfringentes  de  plus  en  plus 
volumineuses,  solubles  dans  le  toluène  :  c'est  \a.  cellule  granuleuse  décrite 
par  van  Beneden;  son  rôle  reste  inconnu  et  semble  être  d'emmagasiner 
des  résidus  de  la  nutrition;  vers  la  fin  du  développement  de  l'œuf,  elle 
est  énorme,  mais  le  protoplasma  n'y  représente  qu'une  trame  insignifiante 
dans  laquelle  est  situé  le  noyau  très  petit.  Cette  cellule  granuleuse  n'entre 
pas  non  plus  dans  la  constitution  de  l'embryon.  Elle  n'est  |)as  représentée 
chez  les  Anoplocephala,  mais  là  il  s'accumule  des  gouttelettes  semblables 
dans  les  vieilles  cellules  vitellophages  (enveloppe  externe).  L'embryon 
hexacanthe  et  sa  coque  spéciale  se  développent  aux  dépens  de  l'autre 
cellule  fille,  c|ui  se  multiplie  abondamment  pour  former  un  amas  de  petites 
cellules  filles;  comme  l'a  fait  voir  van  Beneden,  il  se  détache  trois  élé- 
ments qui  s'étalent  à  la  surface  du  groupe,  fusionnant  leurs  protoplasmas 
et  grossissant  beaucoup  de  façon  à  constituer,  comme  chez  les  Anoplocé- 
phales,  une  enveloppe  épaisse  dans  laquelle  les  trois  noyaux  ne  tardent 
pas  à  se  détruire.  Elle  se  contracte  en  augmentant  sa  cavité  et  donne  nais- 


(  45  ) 
sance  à  la  coque  chitineuse  par  une  difTérenciation  qui  progresse  de  de- 
hors en  dedans  et  débute  par  l'apparition  d'une  assise  périphérique  de 
granulations  très  réfringentes. 

»  Celte  coque  acquiert  peu  à  peu  son  épaisseur  et  son  aspecl  bien 
connus.  Dans  sa  cavité  assez  vaste,  les  autres  ceUules  embryonnaires,  qui 
se  sont  multipliées  en  diminuant  de  volume,  constituent  l'embryon  dans 
lequel  apparaissent  les  trois  paires  de  crochets.  Les  trois  cellules  vitello- 
phages  et  la  cellule  granuleuse  se  détruisent,  ainsi  que  la  coque  de|, l'œuf, 
et  laissent  libre  l'embryon  dans  sa  coque  propre.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  découverte  d'une  racine  des  Préalpes  suisses. 
Note  de  M.  Maurice  Lugeon,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Les  Préalpes  suisses  et  celles  du  Chablais  ont  fait  l'objet,  dans  ces 
dernières  années,  de  plusieurs  travaux,  dans  lesquels  les  auteurs  essavaient 
de  déterminer  l'origine  de  cette  région  si  singulière  qui  avance  sur  l'en- 
semble de  la  chaîne  des  Alpes  et  qui  présente  des  particularités  straligra- 
phiques. 

»  Cette  zone  alpine  repose  partout  sur  des  terrains  plus  jeunes;  aussi 
a-t-on  émis  l'hypothèse  que  les  Préalpes  n'étaient  pas  en  place,  mais  qu'elles 
faisaient  partie  d'une  grande  nappe  de  charriage  descendue  de  l'intérieur 
des  Alpes  vers  la  région  mollassique.  D'autre  part,  l'ancienne  conception 
des  Préalpes  en  place  a  été  soutenue  avec  vigueur. 

«  Dans  mon  Ouvrage  Sur /«  région  de  la  Brèche 'du  Chablais,  j'ai  montré 
que  les  Préalpes  étaient  formées  par  quatre  zones  totalement  indépen- 
dantes. J'ai  essayé  de  prouver,  sans  cependant  arriver  alors  à  la  conviction 
absolue,  que  ces  zones  formaient  bien  différentes  masses  d'un  grand 
recouvrement.  Pour  l'une  de  ces  subdivisions  cependant,  celle  de  la 
Brèche  du  Chablais,  les  arguments"  fournis  |)ar  la  constitution  même  du 
massif  ne  permettaient  plus  de  la  concevoir  comme  ayant  une  origine  auto- 
chtone :  c'est  bien  une  masse  sans  racine.  Bien  que  la  conviction  soit  main- 
tenant absolue  pour  moi  pour  l'ensemble  des  Préalpes,  il  importe,  pour 
convaincre  la  grande  majorité  des  géologues,  d'apporter  des  faits  nou- 
veaux. 

»  L'élude  simultanée  du  massif  des  Wildslrubel,  au  sud  de  la  nappe  de 
charriage,  et  les  recherches  très  approfondies  faites  par  un  de  mes  élèves, 
AT.  Rœssinger,  dans  la  zone  intérieure,  dite  aussi  zone  des  cols  des  Préalpes, 


(46) 

me  permettent  d'apporter  une  contribution  considérable  en  faveur  de  la 
théorie  du  charriage. 

')  La  zone  interne,  de  Gsteig  à  !a  Lenk,  est  formée  par  trois  séries 
d'écaillés  implantées  dans  le  Flysch.  Celle  qui  recouvre  immédiatement  les 
hautes  Alpes  présente  des  faciès  analogues  à  celles-ci;  on  les  retrouve 
dans  le  flanc  droit  de  la  vallée  du  Rhône. 

»  Or,  sur  la  rive  droite  du  Rhône,  au-dessus  de  Sierre,  on  voit  monter 
plusieurs  plis  vers  le  nord,  dont  l'un  d'eux,  ])lus  considérable,  enapj)arence 
du  moins,  car  les  autres  sont  peut-être  en  partie  arasés,  s'avance  vers  les 
hauts  sommets,  sur  lesquels  il  s'égrène  en  lambeaux  de  recouvrement 
(Tubang,  Rohrbachstein,  Laufbodenhorn,  etc.)  conservés  dans  les  syncli- 
naux. 

»  Ces  lambeaux,  tous  jurassiques,  très  rapprochés  les  uns  des  autres,  et 
séparés  seulement  par  les  vallées  ou  bien  par  les  anticlinaux  des  plis  auto- 
chtones, permettent  de  rétablir  le  grand  pli  avec  certitude.  Ces  lambeaux 
se  conlinuent  dans  récaitlc  inférieure  de  la  zone  interne. 

»  V écaille  la  plus  profonde  de  la  zone  interne  est  donc  la  tête  anticlinale, 
extrêmement  laminée,  d' un  pli  qui  vient  de  la  vallée  du  Rhône.  Nous  connais- 
sons maintenant  la  racine  d'une  des  écailles  préalpines,  et  elle  vient  du 
sud.  Il  devient  évident  que  les  autres  écailles  de  la  zone  interne  ont  une 
origine  analogue.  Ce  sont  des  fragments  de  plis  supérieurs  ou  du  même  pli 
digité('). 

»  On  sait  qu'une  de  ces  écailles,  dans  les  Alpes  de  Bex,  est  formée  par 
du  Néocomien  à  céphalopodes,  dont  la  présence  au  nord  de  la  zone  à 
faciès  helvétique  paraissait,  sans  l'hypothèse  du  charriage,  comme  une 
étrange  anomalie.  Or,  dans  le  versant  sud  des  Wildstrubel,  on  voit  le 
Néocomien  prendre  un  faciès  uniforme  schisteux,  qui  s'étend  à  l'Urgonien. 
Ce  fait  confirme  l'hypothèse  du  géosynclinal  crétacique  qui  devait  exister 
à  l'emplacement  du  cœur  de  la  chaîne  alpine,  et  tl'oij  a  pu  provenir  l'écaillé 
en  question. 

»   Ces  faits  feront  faire  un  pas  important  à  la  théorie  des  nappes  de 


(')  J'avais  prévu,  dans  mon  Ouvrage  Sur  la  région  de  la  Brèche  du  Chablais  (p.  3oi), 
que  la  zone  interne  devait  avoir  l'origine  la  moins  lointaine,  avec  la  zone  bordiére, 
parmi  les  quatre  subdivisions  indépendantes  des  Préaipes.  Je  pensais  qu'elles  prove- 
naient de  la  continuation  sud-ouest  du  massif  du  Finsteraarhorn,  du  moins  pour  les 
Préaipes  suisses.  La  nouvelle  découverte  est  une  complète  confirmation  de  ce  qui  pou- 
vait paraître  à  beaucoup,  il  y  a  cinq  ans,  une  très  grande  témérité. 


(  47  ) 
charriage,  que  M.  Marcel  Bertrand  a  pressentie  déjà  en  i88'i  et  que  nous 
avons  essayé  d'établir,  M.   Schardt  et  moi,  pour  l'une  des   plus  vastes 
d'entre  elles,  les  Prcalpes  et  les  Klippes. 

»  Il  devient  évident  que  la  naissance  des  Alpes  a  donné  lieu  à  des  dépla- 
cements considérables,  vers  l'extérieur  de  la  chaîne,  d'énormes  niasses 
de  la  couverture  sédimentaire.    » 

La  séance  est  levée  à  [\  heures  un  quart. 

G.   \). 


BTI.I.ETIX    BIBLIOVRAPUIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  i.a  séance  du  7  janvier   1901. 

La  Chiffrocryplo graphie  à  transmutations  numériques  variables  ou  l'art  de 

s' écrire  en  secret  absolu  avec  des  chiffres ,  par  Emile  Delage.  Paris,  chez 

l'Auteur,  1900;  i  fasc.  in-i8.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  par  MM.  Bertiief.ot,  Mascart, 
Moissan;  '^"série,  janvier  1901,  tome  XXII.  Paris,  Masson  et  C'*,  1901; 
I  fasc.  in-8". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimi  ;  rédacteur  principal  :  M.  Ricue; 
92*  année.  G*  série,  I.  XTII.  n'*  1,  i"'  janvier  igoi.  Paris,  Octave  Doin; 
I  fasc.  in-8". 

La  Tribune  médicale,  revue  française  de  Médecine;  rédacteur  en  chef: 
J.-  V.  Laborde;  3^4*  année,  2' série,  n"l,  2  janvier  1901.  Paris,  G.  Maurin  ; 
I  fa.sc.  in-  8°. 

Gazette  des  hôpitaux  civils  et  militaires,  74*  année,  n"  i,  i"^'  cl  3  janvier 
1901.  Paris,  iinpr.  F.  Levé;  1  fasc.  in-(". 

Le  Progrès  médical,  3u'  année,  3*  série,  t.  XIII,  11"  1,  5  janvier  190 f. 
Paris,  G.  Maurin;  i  fasc.  in-'j". 

Revue  scientifique,  paraissant  le  samedi;  .^*  série,  l.  XV,  n°  1,  5  janvier 
Igor .  Paris,  Schleiclier  frèrc'^;  i  fasc.  in-4'\ 

La  Nalure,  revue  dts  Sciences  et  de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  i' Indus- 
trie, journal  hebdomadaire  illustré;  directeur  :  Henri  de  Parville  ;  ■2g'  année, 
n"  1441,  5  janvier  1901.  Paris,  Masson  et  L'*;  i  fasc.  in-^". 


(48  ) 

Le  Magasin  pittoresque  ;  directeurs  :  Cii.  Fromentin  et  Em.  Fouquet; 
69'=  année,  n"  1,  i*'"  janvier  1901.  Paris,  typ.  Chamerot  et  Renouard; 
I  fasc.  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique,  moniteur  des  comices,  des  propriétaires  et 
des  fermiers;  rédacteur  en  chef:  L.  Gr.vndeau;  65*  année,  t.  I,  n°  1,  3  jan- 
vier 1901.  Paris,  impr.  Maretheux;  i  fasc.  in-8°. 

Journal  des  Inventeurs,  organe  officiel  de  V Association  des  Inventeurs  et 
Artistes  industriels  ;  rédacteur  en  chef  :  Henry  de  Graffigny;  12'  année, 
n"  262,   i"'janvier  1901.  Paris,  E.  Bernard  et  G'*;  i  fasc.  gr.  in-S". 

Journal  de  V  Éclairage  au  gaz,  49' année,  n°  1,  5  janvier  1901.  Paris,  impr. 
A.  Fayolle;  i  fasc.  in-lf. 

Moniteur  industriel,  économique,  commercial,  financier,  Jules  de  Meens, 
directeur;  28*^  année,  n°  1,  samedi,  5  janvier  1901.  Paris-Berhn,  i  fasc. 
in-Zf. 

Die  Tychonischen  Instrumente  auf  dcr  Prager  Sternivarte,  von  Prof.  D"" 
L.  Weinek.  Prague,  V901  ;  i  fasc.  in-S". 

Reports  of  the  Malaria  Committee  of  the  Royal  Society ,  third  séries.  Londres, 
1900;  1  fasc.  in-S".  {A  suivre.) 


ERRATA. 

(Séance  du    10  décembre  1900.) 
Page  984,  ligne  2,  au  lieu  de  M.  Léopolu  Tejér,  lisez  M.  Léopold  Fejér. 

(Séance  du  24  décembre    1900.) 

Note  de  M.  OEchsner  de  Comnck,  Étude  du  nitrate  d'uranium  : 

Page  1219,  ligne  19,  densité  de  la  solution  aqueuse  à  6  pour  100,  au  'ieu  de  1 ,8281, 
lisez  1 ,  028 1 . 

Page  1220,  ligne  2,  au  lieu  de  dissout  les  traces,  lisez  dissout  des  traces. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTH  IliB-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  n°  55. 

<8S5  le*   COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  formenl,  à  la  ftn  de  l'année,  deux  Tolurao»  ln-4*.   Deui 
^''^"'rDn'  par'^ordre  alphabétique  de  raaUères,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  ooms  d'Auteurs,  lennineot  chaque   rohime.    L'abonnement  ««i  annuel 

part  dn  i'  janvipr,  te  prinle  t'abonneineni  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Pans  :   20  fr.  —   Deparieiiienis  ;  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


gen.. 


Iger. 


ngert... 

laronne.. 
esançon 


chei  Messieurs  : 
Ferrun  Irères. 

ÎChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Courtin-Hecquel. 
(  GermaiD  etGrassin. 
I  Gaslineau. 
Jérôme. 
Humilier. 
Feret. 


\ 


lordeaux Laurens. 

'  Muller  (G.)- 

lourges Renaud. 

Derrien. 

\  F.  Robert. 

j  Oblin. 

'  Uiel  frères. 

:uen Jouau. 

:iuimàerv Perrin. 

(  Henry. 


Lorient. . 

Lyon . 

UarieilU 

Montpelliei 

Moulins 


ireat. 


Cherbourg 

Ctermont-Ferr.. 


I  Marguerie. 
)  Juliot. 


Itouy. 

Nourry. 

!>7>"i ,  Ratel. 

'  Hey. 

I  Lauverjal. 

(  Degez. 

i  Dre»el. 

Grenoble !  ,,     .  .  ^,. 

(  Gratier  et  C" 

La  Rochelle Foucber. 

^  Bourdigoon. 

\  Donibre. 

,  Thorei. 


Oouai. 


Le  Havre . 


Nancy-  ■ 

Nantes  .    ■  ■ 

\Nice.... 

I  Nîmes  . . 
\  Orléans 

I  Poitiers. 

1  tiennes ... 

,  fioche/oi  t. 

I 
Rouen 

S'-Étienne 

Toulon 


Toulouse. 


LUU.. 


{  Quarré. 


Tours 

Valenciennes . 


chei  Messieurs  : 
)  Baumal. 
»  M»'  lexier. 

Bernnux  et  Cumin 
\  Georg. 
,  ICduntin. 
i  Savy. 
'  Vilte. 
Ruai. 
,  Valat. 

'  Coulel  et  fils. 
Martial  Place. 
,  Jarques. 

'  Grosjcan-Maupin. 
'  Sidot  frères. 
,  Guisl'hau. 
I  Veloppé. 
I  Barina. 
'  Api.v. 
.     Tliibaud. 
Luieray. 
,  Blanchier. 
I  Marche. 
Plihon  el  Hervé. 
Girard  (M"") 
,  Uanglois. 
'  Lestringant. 

Chevalier. 
,  Ponteil-Burles. 
i  Ruiiiébe. 
I  Giniel. 
■  (  Privai. 
Buisselier. 
Péricat. 
SuppligeoD. 
t  G  lard. 
'  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 

Athènes. . . 
Barcelone. 


Berlin 

Berne  ■ . 
Bologne. 

Bruxelles. 

Bûchai  est 

Budapest . 

Cambridge. 

Christiania.. 

Constantinople. 

Copenhague 

Florence. 

Gand. 

Gènes 

Genève . . 

La  Haye 
Lausanne. 


\ 


Leipzig 


Liège. 


chez  Messieurs  : 
i  Feikema    Caarelsen 
(      el  C". 

Beck. 

Verdaguer. 

,  Asher  et  C". 

1  Dames. 

1  Friedlander  et   fils. 

'  Mayer  et  MUller. 

Schmid  Francke. 

Zaniclielli. 

Lamcrtin. 

Mayolezet  Audiarte. 
'  Lebègue  el  C*. 
)  Solchek  et  C°. 
'  .Mcaluy. 

Kilian. 

Ucighton,  BelletC". 

Cainmcrineyer. 

Otto  Keil. 

HiJsl  et  nis. 

Seeber. 

Hoste. 

Beuf. 

Cherbuliez. 

*  Georg. 

'  Slapcimobr. 

BelinTanle  frères. 
y  Uenda. 

*  Payoi  cl  C". 
Barlh. 

V  Brockbaus. 

Lorentz. 
i  Max  RUbe. 

Twictmeyer. 

,  Desoer. 
'  (  Gnusè. 


chez  Messieurs  : 
I  Dulau. 

Londres Hachette  et  C". 

'Nuit. 


Luxembourg . 


V.  Buck. 
Ruiz  et  C". 


,,     .   .  .  I  Romo  y  Fussel. 

Madrid '  .    ^.„ 

j  Capaeville. 


Milan 

Moscou 

Naples 


'  F.  Fé. 

(  Bocca  frère». 


'  Hcepli. 
Tastevin 

^  Marghieri  di  Uius. 

(  Pellerano. 

;  Dyrsen  et  Pfciffcr. 
New- York  .  !  Slecherl. 

Lemckeet  Buechner 
Odessa.  Rousseau. 

Oxford.  Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  et  Mouii 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro .      .  .     Garnier. 

1  Bocca  frères. 
"°""  (LoescherelC". 

Botterdam Kramers  el  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallio 

I  Zinserling. 

(  Woirr. 

;  Bocca  frères. 
I  Brero. 

ICIausen. 
RosenbergeiSellicr 

Varsovie.     Gebethner  ei  Wolll 

Vérone Drucker. 

.  Frick. 
Vienne . 


S'-Petersbourg. 


Turin . 


\ 

I  Gerold  el  C- 


ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GENERALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome»  1"  ù  31.  —  (3- Août  i835  à  3i   Décembre  i«5o.  )  Volume  in-4*;  i853.  Prix 

Tomes  32  a  61.—  (i"  ianvier  i85i  a  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870  Prix.... 
Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  186Ù  a  3i  Décembre  i8(io.)  Volume  io-4';  1889.  Prix  ... . 
Toiufs  92  à  121.  —  (i"  janvier  iS»i  à  à  3i  docembic  i«95.)  Volume  in-4";  ".)""•  l'r'>>  • 


15  fr. 

16  fr. 
«5  fr. 
15  fr. 


SUPPLEMENT  ADX  COMPTES  RENDDS  DES  SEAhCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  :  ) 

,  .c^.U  PhvMoloE.edes^l.ues   DarMM    \    DtauÈs  et  A.-J.-J.  Solie».- Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu  éprouvenl/le» 


Comètes, , 

irjsses,  par    1.  Clacdi  Bernib».  Volume  in-4«,  avec  ii  planchés;  i8ô6. 


la  qufcslioD  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciei  ice. 

s  sfdi- 
naturu 

lai  fr 


»»i 


Ubrairif 


es  aèrnoue.  de  1  âcoemie  de.  icience».  el  le»  Mémoire,   présente»   yar  aivera  SaTant.  a  l'Académie  da.  SoUaces. 


N"  1. 


TABLE   DES   ARTICLES.    (Séance   du    7  janvier   1901. > 


Païes. 


État  de  l'Académie  des  Sciences  au  i"'  jan- 
vier  1901 

M.  Bouquet  df.  l\  Gryiï  est  élu  Vice-Prési- 
dent de  l'Académie  pour  l'année  1901.... 

MM.  BoRNET  cl  MAunicK  LÉVY  sont  nommés 
Membres  de  la  Commission  centrale  admi- 
nistrative, pour  l'année  1901 


M.  Mauiuck  Levy.  Président  sortant,  fait 
connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie 
et  les  changements  survenus  parmi  les 
Membres  et  les  Correspondants  pendant 
le  cours  de  l'année  1900 


Pages. 


'4 


MEMOIRES  ET  COMMUIVIGATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPOND.ANTS   DE  L'ACADËMIE. 


M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 
mort  de  M.Potain,  Membre  delà  Section 
de  Médecine  et  Chirurgie 

M.  Emile   Picard.         Sur  les  intégrales  de 


dilTérentielles  totales  de  troisième  espèce 
dans  la  théorie  des  fonctions  algébriques 
de  deux  variables i.S 


CORRESPONDANCE. 


M.  K.  Strasburger,  élu  Correspondant, 
adresse  ses  remerciments  à  l'Académie... 

MM.  GuiNARD,  LuGEON,  MouNEYRAT  adres- 
sent des  remerciments  à  l'Académie  pour 
les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 

MM.  Rameaud  et  Sy.  —  Observations  de  la 
comète  1900  c  (  Giacobini  ),  faites  à  l'obser- 
vatoire d'Alger 

M.  P.  Ciiofardet.  —  Observations  de  la 
comète  1900  c  (Giacobini),  faites  à  l'obser- 
vatoire de  Besançon 

M.  H.  MiNKOwsKi.  —  Sur  les  surfaces  con- 
vexes fermées 

M.  H.  DupORT.  —  Sur  le  théorème  des 
forces  vives 

M.  Ludwig  Schlesinger.  —  Sur  les  équa- 
tions linéaires  à  points  d'indétermina- 
tion   

M.  S.  Zaremba.  Sur  la  théorie  des  équa- 
tions de  la  Physique  mathématique 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


29 


M.  Th.  Moureaux.  —  Sur  la  valeur  absolue 
des  éléments  magnétiques  au  i"  jan- 
vier  1 90 1 

M.  Ed.  Defacqz.  -  Sur  un  nouveau  phos- 
phure  de  tungstène 

M.  Gf.orge-F.  Jaubert.  -  Sur  quelques 
propriétés  du  peroxyde  de  sodium 

MM.  C.  Matignon  el  H.  Delépine.  —  Com- 
position de  Ihydrure  et  de  l'azoture  de 
thorium 

M.  E.-E.  Blaise.  —  Nouvelles  réactions  des 
dérivés  organométalliques 

M.  G.  Favkel.  —  Action  de  la  mélhylacé- 
tylacétone  et  de  l'éthylacétylacétone  sur 
les  chlorures  diazoïques 

M.  G.  Saint-Remy.  —  Sur  l'embryologie  du 
Tœnia  scrrata 

M.  Maurice  Lugeon.  —  Sur  la  découverte 
d'une  racine  des  Prialpes  suisses 


35 


.W 


PARIS.    -IMPRIMERIE     GAUTH  I  E  R-VI  L  L  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   56. 


i.e  Gérant  •*  <'*dtbibb-Villars. 


APR3O1901.  |9Q( 

1    PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

l*AH   n.TI.   EiE!»  »ECUèr.%(KB9   PBHPÉTIJBL!». 


TOME  CXXXIl. 


N^  2  (14  Janvier  1901) 


^PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augustins,  55, 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  REDNUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  j  ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autan 


r Académie  se  composent  des  extraits  des  trlavaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savant    étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  ren du  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

T^es  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  an 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;' cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part,  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadéinie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  Tendus,  mais  les  Rap- 


que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  for 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ofl 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, I 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  temp: 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rené 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  n 

fioures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraiec 

autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compter 

pour  l'étendue  réglementaire 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 

teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  c 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fa 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apiT 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pn 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  iUémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivan 


AI -H  30  1001' 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI    14  JANVIER    1901. 

PHÉSIDKNCE  DE  M.  KOLQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE, 

M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  mort  de  M.  Ch.  Hermite, 
Membre  de  la  Section  de  Géométrie,  et  la  mort  de  M.  Ad.  Chalin,  Membre 
de  la  Section  de  Botanique,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  M.  Hermite,  doyen  de  la  Section  de  Géométrie,  Membre  de  l'Acadé- 
mie depuis  i856,  était  une  des  gloires  de  notre  Compagnie.  Tous  ceux  qui 
siègent  ici  comme  géomètres  s'honorent  d'avoir  été  ses  élèves;  tous  sont 
pénétrés  de  reconnaissance  pour  l'appui  généreux  qu'il  n'a  cessé  de  leur 
montrer.  Partout  où  la  Science  est  cultivée,  partout  le  nom  de  M.  Hermite 
était  prononcé  avec  vénération.  Sa  perte,  que  nous  déplorons,  sera  vive- 
ment ressentie  par  les  correspondants  si  nombreux  qu'il  avait  dans  le 
monde  entier  et  qui  ne  cessaient  de  faire  ap|)el  chaque  jour  à  ses  conseils, 

C.  R.,  1901,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  2.)  7 


(  5o  ) 

à  sa  bienveillance  inépuisable.  Tl  appartenait  à  presque  toutes  les  Sociétés 
savantes  dii  monde  entier.  Toutes,  comme  nous,  se  sentiront  diminuées 
par  sa  mort. 

»  Un  nouveau  deuil  vient  encore  s'ajouter  à  celui  qui  nous  a  attristés  la 
semaine  dernière.  Une  lettre  que  je  viens  de  recevoir  de  notre  Confrère 
M.  Joannès  Chatin  nous  apprend  la  mort  de  son  père,  décédé  dans  la 
journée  d'hier,  dans  sa  maison  de  campagne  des  Essarts-le-Roi. 

»  Il  y  a  longtemps  déjà  que  cet  événement  fatal  était  redouté  de  la 
famille  et  des  amis  du  défunt.  L'affaiblissement  graduel  dû  aux  progrès  de 
l'âge  a  fini  par  triompher  de  la  robuste  constitution  de  notre  regretté 
Confrère  et  des  soins  affectueux  dont  il  était  entouré. 

))  Aucune  vie  n'a  été  plus  heureuse  que  la  sienne.  Durant  tout  le  cours 
de  sa  longue  et  laborieuse  carrière,  il  a  aimé  et  cultivé  avec  ardeur  la 
Botanique,  la  plus  jolie  et  la  plus  délicate  de  toutes  les  sciences,  celle  qui 
procure  les  jouissances  esthétiques  les  plus  délicieuses  et  qui  ouvre  en 
même  temps  les  aperçus  les  plus  mystérieux  sur  le  développement  des 
organismes  vivants.  La  fortune  l'a  comblé  de  ses  faveurs  et  les  honneurs 
se  sont  accumulés  sur  sa  tête.  Le  plus  précieux  de  tous  les  biens,  l'élément 
essentiel  du  bonheur,  la  santé,  ne  lui  a  jamais  fait  défaut.  Enfin,  il  a  eu 
l'immense  satisfaction  de  voir  son  fils  occuper  une  chaire  à  la  Sorbonne  et 
ensuite  de  le  recevoir  à  ses  côtés  sur  les  bancs  de  notre  Académie.  Il  a 
conservé  presque  jusqu'au  dernier  moment  la  plénitude  de  son  intelligence 
et  s'est  éteint  doucement  au  milieu  des  siens,  sans  subir  les  angoisses  de 
l'agonie.    » 

La  séance  est  levée  en  signe  de  deuil,  après  le  dépouillement  de  la 
Correspondance. 


MÉCANIQUE  CÉLESTE,  —  Sur  la  théorie  de  la précession. 
Note  de  M.  H.  Poixcaré. 

«  Stockwell  a  cherché  à  déterminer  les  variations  séculaires  de  l'équa- 
teur  terrestre  qui  sont  la  conséquence  des  variations  séculaires  de  l'éclip- 
tique. 

»  Mais,  récemment,  M.  Backlund  (Bulletin  de  l'Académie  de  Saint- 
Pétersbourg,  mai  1900)  a  repris  ces  calculs  |)ar  la  méthode  de  Gyldén  et 
est  arrivé  à  des  résultats  entièrement  différents.  C'est  ainsi  que  le  coeffi- 


(  5»  ) 

cient  d'une  de  ces  inégalités  serait,  d'après  Stockwell,  2o/|38"  et  d'après 
notre  éminent  correspondant  568 1". 

»  Le  principe  de  la  méthode  employée  par  M.  Backliind  consiste  à  ne 
pas  supprimer  tout  de  suite  dans  ses  équations  les  termes  à  courte  pé- 
riode qui  produisent  la  nulatlon;  dans  les  équations  qu'on  obtient  après 
queltjues  transformations  figurent  certains  coefficients  périodiques  qui 
dépendent  de  ces  termes;  et  pour  l'intégration,  au  lieu  de  supprimer  [)u- 
rement  et  simplement  ces  coefficients  périodiques  comme  on  le  fait  d'ordi- 
naire, M.  Backlund  en  conserve  la  partie  constante  qu'il  a[)pelle  v^  et  ;x^. 

»  Pour  apprécier  la  légitimité  de  cette  analyse,  il  suffira  d'étudier 
l'équation  simple 

(i)  -^  =  a  s'in (nt -h  i>) -h  h  ii\n//t, 

considérée  par  M.  Backlund  (page  397).  Nous  supposerons  que  a  et  n  sont 
très  petits,  mais  que  b  el  p  soient  beaucoup  plus  petits  et  cela  de  telle 

façon  que  —  soit  notablement  plus  grand  que  —  >  et  que  /)*  soit  du  même 

ordre  de  grandeur  que  —  • 

»  Le  |)remiér  terme  du  second  membre  de  (i)  est  alors  un  terme  à 
courte  période  et  le  second  un  terme  séculaire.  Les  écpialious  de  la  pré- 
cession peuvent  être  ramenées  à  cette  forme,  avec  cette  différence  qu'il  y 
a  un  grand  nombre  de  termes  à  courte  période  et  un  grand  nombre  de 
termes  séculaires. 

»   Soit  alors 

(ibis)  -^  =  asin(///  + i„), 

une  équation  analogue  à  (i)  mais  où  l'on  a  fait  6  =  o,  et  posons 


»   Nous  aurons  alors  en  négligeant  î- 
(2)  -7-;  ^  aicoii(nt   ,    (•„)  -T-  bsin/jl. 

»  Si  l'on  appliquait  la  mélliode  de  Stockwell,  on  négligerait  le  premici 


(  52) 
terme  et  l'on  trouverait 


-j^  —  b  smpt,         £  =  _  z-  sinpt. 


»  M.  Backlund  trouve  d'abord  en  première  approximation 


^'„  =  —  ^sinnt, 
d'où 


cos(/î/  -h  vA  =  cosnt  -\ sin^n^ 

»  L'équation  (2)  devient 

d^^  l  a?-    ■    -1     \        1.    ■ 

-^  =  eI  flCOS/2^  -I — z^y^  rit\  +  bsmpt, 

ou,  en  conservant  la  valeur  moyenne  du  coefficient  de  t, 

dH         «2  . 

^  =  17^^  +  ^^^"/'^' 
d'où 

b  sinpt 


a' 
— i  +P 


»  Telles  sont  les  deux  analyses  entre  lesquelles  il  s'agit  de  décider;  la 
chose  est  d'autant  plus  facile  que  les  équations  (i  bis)  et  (a)  peuvent  s'in- 
tégrer rigoureusement. 
»  Posons,  en  effet, 

nt  -h  Vo=  2W, 
l'équation  (i  èw)  devient 

d'W 


dt- 

d'où 


=  a  sin  W  ces  W , 


—T-  =  i\lp{u)  —  e^,       sinW  = -|=\/»(m)  —  e,,        cosW  = -p  V/'C")  —  «3. 

cos(nl-h  Co)  =  -[2p{u)  +  e,  ], 

où  p(u)  est  la  fonction  doublement  périodique  de  Weierstrass  et  où  u  est 
égal  à  t  plus  une  constante  imaginaire. 


(  53  ) 
»  L'équation  (2),  qui  peut  alors  s'écrire 

(2  bis)  -^  =i[2p(u)  -h  et~\-h  bsinpt, 

a  ses  coefficients  périodiques. 

»   Nous  sommes  ainsi  amenés  à  envisager  des  équations  linéaires   à 
second  membre  de  la  forme 

(3)  £"-(p£  =  X, 

où  ç  est  périodique  en  /  (et  où  je  désigne  les  dérivées  par  des  lettres 
accentuées).  D'après  un  théorème  bien  connu,  l'équation  sans  second 

membre 

e"  —  Cpe  =  o 

admettra  deux  intégrales  de  la  forme  suivante  : 

(j/,  et  (J/j  étant  périodiques.  Je  pnis  toujours  supposer  que  l'on  a 

(4)  t\i.,  —  zU,  =  i, 

et  l'on  trouve  alors,  pour  l'intégrale  de  l'équation  (3), 

(5)  e  =  ?.e.  +  P,£u 
avec 

^,=JXi,dl;  p,=  - J'Xi,(/l. 

))  Nous  pouvons  d'ailleurs  traiter  séparément  chacun  des  termes  de  X.  ; 

prenons  alors 

X  =  e"". 

»  Soit  (en  supposant  que  l'unité  de  temps  ait  été  choisie  de  telle  façon 
que  la  période  de  la  fonction  cp  soit  égale  à  2ir) 

»  Dans  les  intégrales  ^,  et  p,,  les  seuls  termes  sensibles  sont  ceux  qui 
contiendront  un  petit  diviseur  (en  considérant  y»  et  a  comme  très  petits). 
Ces  termes  sont 

rOgi-a+ip)t  g   g(ix+ip  l 

'^'  — ■x -h  ip  '  "^^  a -h  ip 

»  Si  l'on  ne  conserve  dans  p,  et  Pj  que  ces  termes  à  petit  diviseur,  le 


(  54  ) 
terme  en  e'^'  dans  e  sera,  d'après  la  formule  (5), 

ofl  +  p"^ 

»  Dans  le  cas  où  la  fonction  ç  est  petite  (ce  qui  arrive  ici,  puisque  le 
facteur  a  est  petit),  les  termes  a^  et  c^  sont  notablement  plus  importants 
que  les  autres  termes  de  i}/,  et  ^^',  de  tous  les  termes  de  a,  le  j)lus  impor- 
tant est  le  terme  en  e'P'  que  je  viens  d'écrire;  enfin,  à  cause  de  la  rela- 
tion (4),  on  a  sensiblement 

2a„c„7.  =  I, 

de  sorte  qu'il  reste  sensiblement 

))  Dans  le  cas  où  a  s'annule,  il  y  a  une  dégénérescence  et  l'intégrale 
générale  de  l'équation  sans  second  membre  serait  de  la  forme 

C  étant  périodique  comme  4'ij  tandis  que  les  y  sont  les  constantes  d'inté- 
gration. Mais  à  la  limite,  la  formule  (6)  subsiste. 

»  Comparons  maintenant  cette  formule  (6)  avec  celles  de  Stockwell 
et  de  Backlund.  Nous  Aoyons  que,  pour  obtenir  celle  de  Stockwell,  il 
faut  faire  a,  ^  o,  et  pour  obtenir  celle  de  Backlund, 


n\j2 


»  Or  quelle  est  la  véritable  valeur  de  «.?  on  le  voit  tout  de  suite  :  l'équa- 
tion (2  èw),  quand  on  y  supprime  le  second  membre,  admet  pour  inté- 
grale 

qui  est  une  fonction  périodique.  Donc  a  est  nui  ;  donc  c'est  Stockwell  qui 
a  raison. 

M  II  faut  attribuer  aux  inégalités  en  question  les  coefficients  de  Stock- 
well, dont  quelques-uns  sont  4  fois  plus  forts  que  ceux  de  Backlund. 

»  La  critique  qui  précède  ne  saurait,  en  aucune  façon,  s'adresser  à 
notre  savant  correspondant,  puisqu'il  n'a  fait  qu'appliquer  une  méthode 
classique  que  tout  le  monde  croyait  correcte. 


(  'i.'ï  ) 

»  Mais  c'est  là  une  raison  de  plus  pour  que  j'aie  cru  devoir  mettre  ea 
évidence  le  vice  fondamenlal  de  la  méthode  de  Gyldèti,  dont  on  pourrait 
être  tenté  de  faire  d'autres  applications. 

»  Il  est  singulier  que  Gyldèn  soit  tombé  dans  cette  erreur,  puisqu'il 
avait  lui-même  intégré  les  équations  (i  bis)  et  (2).  <) 


THERMOCUIMIE.  —  Recherches  sur  la  formation  des  composés  organiques 
sulfurés;  par  jNI.  Bektiiei.ot. 

«  Le  cours  de  mes  recherches  sur  la  chaleur  de  formation  des  divers 
groupes  de  composés  organiques  m'a  conduit  à  l'étude  des  combinaisons 
sulfurées. 

»  J'ai  déjà  examiné  le  sulfure  de  carbone  ('),  le  thiophène  (^),  la  tau- 
rine ('),  l'isomérie  des  composés  sulfocyaniques  (');  mais  certains  corps 
fondamentaux,  tels  que  les  alcools  et  les  éthers  simples,  me  restaient 
à  aborder.  Il  s'agit  donc  aujourd'hui  des  alcools  sulfurés,  autrement  dits 
mercaplans. 

»   1.  Mebcaptan  ÉTQVLiyuE  (alcool  sulfuré,  sulfhydrale  d'élli^le)  C'H*S  =  62. 
»  Distillé  à  point  fixe  el  analysé. 
2  combustions,  avec  formation  de  CO'  gaa,  IPO  liquide,  SO'IP  étendu  : 

|f  à  volume  constant 83i3«',6 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante -(-    617'^»', 2 

Formation  par  les  eVemen/i  (étal  actuel)  :  C'-t- H'  + S  =  C^IfS  liq..       t-      19*^"', 5 

»  2.  ScLFLRE  d'éthyle  (éllier  sulfliydrique)  C*M"'S  =  90.  —  Distillé  à  point  fixe. 
Analysé.  4  combustions  : 

iS'  à  volume  constant 9191"', 5 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante -H  829*-"',6 

Formation  par  les  éléments  (état  actuel)  :  C*-f-  H'"-)-  S  =  C  W^S  liq.      -t-     33^"', 7 

(')   Thermochimie  :  Données  et  lois  numériques,  t.  II,  p.  i65. 

(')  Même  Ouvrage,  p.  5i6. 

(')  Id.,  p.  671. 

(')  Ann.  de  Ch.  et  de  Phys.,  7'  série,  t.  XX,  p.  197. 

Voir  aussi  les  Travaux  de  M.  Joannis,  sur  les  sulfocyanures  {Thermochimie  : 
Données  et  lois  numériques,  t.  II,  p.  174);  ceux  de  M.  Matignon,  sur  l'urée  sulfurée 
et  les  dérivés  uriques  (même  Ouvrage,  t.  II,  p.  658,  665). 


(  56  ) 

m 

i>  3.  Mekcaptan  AMYLIQUE  (siilfhjdrated'amyle)  C^H'-S  =rio/i.  —  Rectifié.  Analysé. 
2  combustions  : 

H'  à  volume  constant 95i3'^''',o 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante .      -+■  992'^''',o 

Formation  par  les  éléments  :  C=+  H'^H-  S  =  C^H'^S  liq -i-     34^=1,65 

»  k.  Sulfure  d'amyle  (étheramyisulfhydrique)  C'^H'-S  =  1-4. —  Rectifié.  Analysé. 
2  combustions  : 

is'  à  volume  constant ioi65"',o 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante 4-    1775'^"', 7 

Formation  par  les  éléments  :  C'»+  H"+  S  =  C'<>H"S  liq +       67C»',5 

»  5.  Sulfure  d'allyle  (essence  d'ail)  C^H'^S  =  1 14.  —  Rectifié.  —  Analysé.  2  com- 
bustions. 

I  gramme  à  volume  constant gS^S"^"',  3 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante. .  .      -t-ioôS*^^',  1 
Formation  par  les  éléments  :  C^U^'>-^-S=lOW>'S,\u\ —      i6c»i,i 

»  J'aurais  voulu  étudier  également  V acide  ihiacètique  et  le  sulfhydrate  de 
phényte.  Mais  je  n'ai  pas  réussi  à  obtenir  ces  composés  dans  un  état  de 
pureté  suffisante  pour  être  soumis  à  des  déterminations  calorimétriques. 

»   On  déduit  de  ces  expériences  les  relations  suivantes  : 

Substitution  du  soufre  par  l'oxygène. 

C^H^O-C^H^S +50,4  (liquide) 

C'H'oO  — C*H'»S -1-46,8         » 

C'H'20  — C^H'^S +56,9 

Moyenne -i-5iCai,3         » 

valeur  voisine  de 

H^'O-H^S H-54,3  (gaz) 

CO^-CS-^ +59,8x2  (gaz) 

»  Oxydes  —  Sulfures  métalliques  dissous  :  4-62;  dans  l'état  anhydre, 
grandes  variations  ('). 


(')   Thermochimie  :  Données  et  lois  numériques,  t.  I,  p.  3i3. 


(  57  ) 


))   Homologie 


Chaleur 
de  combustinn.  de  formation. 


Mercaptan  éthylique +  517,2  |    ,    ,   „  +i9i5     )     „     ^ 

Mercaptan  amylique -H  992,0  )     '  +i4,bo  ( 

Sulfure  d'éthyle +  829,6  |  +33,7     \  od  □ 

Sulfure  d'am^ le 4-1770,7  )  ^"^    '  -(-67,5     )        ' 

»   La  différence  des  chaleurs  de  combustion 


f.~  '. 


^  =  i58,3;        ^=159.2 

concorde  sensiblement  avec  la  valeur  moyenne  ordinaire  -l-  157, 5. 
»  De  même  la  différence  des  chaleurs  de  formation  homologue 

— 5 —  =  D,oJ        et        — T—  =o,o;        au  lieu  de  -1-  o,  j.  m 
o  0 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelles  recherches  sur  risomérie  des  e'thers 
sulfocyaniques ;  par  M.   Bertiielot. 

«  Sulfocyanure  de  phényle  C'H'AzS  =  i3;>.  —  On  sait  qu'd  existe  deux 
séries  isoniériquos  d'élhcrs  sulfocyaniques,  désignes  sous  les  noms  de 
sutfocyanures  normaux  et  isosuif ocyanures ,  ces  derniers  plus  stables  que 
les  autres.  J'ai  constaté  que  cette  différence  de  stabilité  s'explique  par  des 
relations  thermochimiqiies,  la  transformation  des  sulfocyanures  normaux 
en  isosulfocvanurcs  étant  accoin|)agnée  par  un  dégagement  de  chaleur, 
soit  -H  10^^',  5  pour  les  cthers  mcthvliqiios  et  +9^*',o  pour  les  éthers  éthy- 
liques  {Ann.  de  Chirn.  el  de  Phys.,  7*  série,  l.  XX,  |).  200-202).  Je  n'avais 
pas  étendu  mes  comparaisons  à  la  série  phénylique,  à  cause  de  la  transfor- 
mation spontanée  du  composé  normal  en  iso,  transformation  réputée  extrê- 
mement prompte.  ;\I.  le  prolesseiu'  Billeter,  de  l'Académie  de  Neuchàtel 
(Suisse),  a  bien  voulu  m'écrire  à  ce  sujet  que  le  sulfocyanure  de  phényle, 
dont  il  a  fait  une  étude  spéciale,  est  plus  stable  qu'on  ne  le  pense  en  gé- 
néral, et  il  a  eu  l'obligeance  de  m'envoyer  un  échantillon  de  ce  composé, 
préparé  à  mon  intention.  Nous  l'avons  brûlé  aussitôt  (2G  juillet  1900)  dans 
la  bombe  calorimétrique,  en  dosant  chaque  fois  le  soufre  transformé  par 
la  combustion  même  en  acide  sulfurique. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (ï.  CXWII,  N-  2.)  8 


(  58  ) 

»  Première  combustion  :  S  =  23 ,  4o  ; 
»  Deuxième  combustion  ;  S  =  23,  55  ; 
M    Théorie  ;  S  =  23  ,  70. 

Chaleur  de  combustion  à  volume  constant  pour  iS"' 7699,8  et  7652,0 

Moyenne 7675=^',  8 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante -+-1037'^^',  4 

Formation  par  les  éléments  :  C +W'-\- Pi.z  + S  =^C'Yi° P^zS. .      —     63<^^i,7 

»   Or  risosiilfocyaniire  de  phényle  (lococitato,  p.  2o3)  a  fourni  : 

Pour  sa  formation  par  les  éléments — 46''^'j  5 

D'où  il  résulte  que  la  transformation  de  l'élher  normal  en  iso  dégage.  .  .  .      +17^=' 


)  -^  ) 


ce  qui  concorde  avec  les  résultats  obtenus  pour  les  autres  élhers. 

»  Nous  avons  répété  la  combustion  du  même  échantillon  conservé  sans 
autre  traitement,  un  mois  plus  tard,  le  25  août  1900. 

))   Dosage  du  soufre  :  S  =  23,86. 

Chaleur  de  combustion  à  vol.  constant  pour  i?'' 7670"', 5 

»  D'où  il  résulte  : 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante +  1024'^"', 4 

Formation  par  les  éléments —      So'^'"',  7 

»  Le  1 1  septembre,  nouvelle  combustion  sur  le  produit  distillé  la  veille 
à  point  fixe  (232°). 

»   Dosage  du  soufre  :  S  =  23,  2. 

Chaleur  de  combustion  à  volume  constant  pour  is'' 7575"="'  ,4 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  pression  constante +  1026'^^', i 

Formation  par  les  éléments —       So'-^' 

»  Il  résulte  de  ces  chiflres  que  le  produit  avait  été  transformé  en  ma- 
jeure partie  en  isosulfocyanure,  dans  l'intervalle  d'un  mois  d'été.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —   Produits  gazeux  dégagés  par  la  chaleur  de  quelques 
roches  ig/iées.  Note  de  M.  Ar.maxd  Gautier. 

«  Il  peut  sembler  paradoxal  d'étudier  l'action  que  la  chaleur  exerce  sur 
des  roches  qui,  telles  que  le  granit,  le  porphyre,  les  basaltes,  lesophiles,etc., 
ont  cristallisé  par  fusion  ignée  et  sont  restées  soumises  durant  des 
siècles  à  l'action  d'une  température  assez  intense  pour  les  fondre.  Mes 


(59) 
observations  relatives  à  l'origine  de  l'hvdroo^ène  atmosphérique  et  les 
remarques  que  j'ai  failes  sur  la  constituliou  des  eaux  de  mer  en  profondeur 
m'ont  conduit  ce|)endant  à  cet  examen.  On  remarquera  d'ailleurs  que  les 
matériaux  de  ces  roches,  au  moment  où  ils  se  fixaient  dans  leur  état  actuel, 
supportaient  l'énorme  pression  due  aux  couches  superposées,  pression 
qui  a  suffi  pour  empêcher  les  dissociations  et  laisser  persister  des  corps 
en  apparence  incompatibles  à  ces  hautes  températures. 

»  J'ai  déjà  dit  que  les  acides  minéraux  vers  ioo°,  et  l'eau  pure  elle- 
même  vers  3oo°,  dégagent  du  granit  en  poudre  une  notable  proportion  de 
gaz  riches  en  hydrogène.  Ce  même  dégagement  s'est  produit  avec  toutes 
les  roches  ignées  que  j'ai  examinées.  La  quantité  et  la  composition  de  ces 
gaz  varient  pour  chaque  espèce,  et  même  pour  divers  échantillons  de  la 
même  roche,  ce  qui  m'a  paru  exclure  dés  l'abord  l'hvpolhèse  que  ces  gaz 
soient  inclus  ou  préexistants,  au  moins  pour  la  majeure  partie. 

»  Je  donnerai  comme  exemple  les  analyses  suivantes  :  looos''  de  granit  (de  Vire), 
pris  à  huit  mois  d'intervalle  dans  la  même  carrière,  furent  pulvérisés  au  mortier  de 
bronze  et  leur  poudre  chaulTée  dans  le  vide  vers  ioo°  avec  un  mélange  de  2  parties 
d'acîde  phosphorique  sirupeux  et  i  partie  d'eau.  On  obtint  585"  dans  un  cas,  56o" 
dans  l'autre,  de  gaz,  calculés  secs  à  0°  et  760°"",  dont  voici  la  composition  centésimale  : 

I.  II. 

H  Cl  ;  Si  FI* ., traces  traces 

H' S 0,21  4io6 

CO' 46, 61  42,34 

Hydrocarbures  absorbables  par  Br 2,11  0,94 

H  libre 91O7  34,  i4 

Az  (riche  en  argon) 4 ',20  i8,3o 

O 0,45  0,00 

99'65  99»78 

»  En  admettant  que,  dans  le  premier  de  ces  mélanges,  la  petite  quan- 
tité d'oxvgène  trouvée  soit  due  à  lui  peu  d'air  resté  adhérent  à  la  poudre, 
les  deux  analyses  ci-dessus  conduisent  aux  résultats  suivants,  calculés  à  o" 

et  760"""  pour  1000  grammes  de  roche  : 

I.  II. 

H  Cl  ;  Si  FI' trace  trace 

H^S ■ 1,33  22,7 

CO' 372,6  237,5 

Hydrocarbures  absorbables  par  Br. .  .        12, 3  5,3 

CH' trace  trace 

H 53, o5  191,48 

Azote  et  Argou 232, 5o  102,48 

572^,88  559",46  (') 

(')  Ces  deux  analyses  doivent  être  subsliluces  à  celle  publiée  aux  Comptes  rendus. 


(6o  ) 

»  On  remarquera  la  grande  analogie  de  ces  gaz  avec  ceux  des  volcans  : 
A  Santorin,  les  gaz  de  l'éruption  de  1866  contenaient,  d'après  les  analyses 
de  M.  Foiiqué,  en  même  temps  que  de  l'hydrogène  sulfuré,  de  l'acide  car- 
bonique, très  peu  d'oxygène  libre  et  d'azote,  depuis  des  traces  jusqu'à  3o 
pour  100  d'hydrogène  et  de  o,43  à  3  pour  100  de  méthane  ('). 

»   J'ai  dit  que  des  gaz  se  dégagent  déjà  du  granit  quand  on  en  chauffe  la 

poudre,  vers  3oo°,  simplement  avec  de  l'eau  pure.    Voici  deux  analyses 

de  ces  gaz  pour  looo^''  de  roche  : 

I.  II. 

ce  ce 

H'S 1,3  1,0 

C0=' 7,2  5,3 

H 46,0  i4,6 

Az  libre o,3  6,9 

»  En  même  temps,  il  apparaît  dans  la  liqueur  aqueuse  baignant  la 
poudre  de  granit  des  sulfures  solubles  qui  n'y  préexistaient  pas. 

»  Il  suit  de  là  qu'un  ensemble  de  gaz,  très  anologues  aux  gaz  volca- 
niques, tend  à  s'échapper  des  roches  ignées  profondes,  et  en  particulier 
des  granits,  partout  où  la  température  de  ces  roches  peut  s'élever  à  3oo° 
et  au-dessus,  pourvu  que  l'eau  intervienne. 

»  Pour  celle-ci,  l'hypothèse  qu'elle  provient  de  la  surface  n'est  nulle- 
ment nécessaire,  la  quantité  d'eau  préexistant  dans  les  roches  ignées  est  suf- 
fisante. J'ai  chauffé  du  granit,  du  porphyre,  del'ophite,  de  la  Iherzolite,  etc., 
de  i5°  à  25o°  durant  48  heures,  puis  de25o°à  1000",  et  recueilli  les  quanti- 
tés d'eau  suivantes,  déduction  faite  des  gaz  qui  se  dégagent  simultanément  : 

Perte  par  kilogramme  de  roche 
De  i5°  à  nbo°        De  aôc  à  looo"  : 
gr  gr 

Granit  (de  Vire) 2,29  7,35 

Porphyre  (de  l'Esterel) 5, 80  12, 4o 

Ophite  (de  Villefranque) »  i5,o6 

Lherzolile  (de  Lherz) »  16,80 

»  L'eau  existe  donc  en  quantité  très  sensible  dans  les  roches  ignées;  et, 
même  dans  le  vide,  la  majeure  partie  ne  s'en  dégage  qu'au  rouge  naissant. 
On  sait  depuis  longtemps  qu'elle  entre  dans  la  constitution  des  micas. 

»   Si  l'on  chauffe  au  rouge  les  roches  ignées,  réduites  en  poudre  sur  elles- 

l.  CXXXI,  p.  649,  oii  s'étaient  glissées  deux  erreurs  :  l'une  de  calcul  relative  à  H^S; 
l'autre  provenant  de  ce  qu'un  peu  de  fer  s'était  introduit  dans  la  poudre,  par  une 
meule  de  granit  garnie  de  fonte  (voir  l'observation  déjà  faite,  loc.  cit.,  p.  1276). 
M      Santorin  et  ses  éruptions,  par  M.  Fouqué,  in-4'' ;  Paris,  p.  226  et  suivantes, 


(6i   ) 

mêmes,  ou  broyées  au  mortier  de  bronze,  puis  séchées  à  25o°-3oo°,  on 
extrait,  ;i  la  pompe  à  vide,  des  quantités  de  gaz  variables  suivant  la  roche 
et  le  mode  lent  ou  rapide  d'application  tle  la  chaleur  ou  de  l'extraction. 

»  Pour  étudier  ces  gaz,  nous  avons  pris  des  roches  dites  acides,  à  excès 
de  silice,  (granits,  porphyres)  et  des  roches  basiques  (ophites,  Iherzolite). 

»  Granit.  —  Le  granit  (de  Vire)  pulvérisé  dans  le  bronze  a  donné  les  gaz  dont 
j'inscris  ici  les  quantités  et  la  composition  : 

I.  II.  III. 

Volume  total,  à  o°  61760""", 

pour  10005'' de  granit.  ..  .  2709"  4209"  2570'='^ 

Contenant  pour  100  volumes  de  gaz  : 

CO' i4,8o  8,98  14,42 

IPS trace  1,71                  0,69 

CO 4-93  5,12                 5,5o 

Cil* 2,24  1,09                 1,99 

H 77 , 3o  82 , 80  76 , 80 

Az  riche  en  argon.  o,83  0,42                 o,4o 

100,10  100,12  99,80 

»  En  rapportant  à  1000  grammes  de  roche  ces  gaz  calculés  secs  à  0°  et  760""",  on  a  : 

ce  ce  ce 

CO' 400,6  378,0  870,6 

II' s    Faible  proportion  7'  ,9  '8,7 

CO i33,4  2i5,2  i4i,3 

CH* 60,6  45,8  5i,i 

H 2092,5  3481,0  '977.7  (') 

Az 22,7  10,6  10,3 

2709,5  4209,5  2.569,7 

M  Donc  1000  grammes  de  ce  granit,  ou  876  centimètres  cubes  de  roche, 
dégagent  en  moyenne,  au  rouge,  3162*^*=  de  gaz,  calculé  sec,  à  o°et  760""'' 
(dont  23  17'^*  d'hydrogène),  soit  6,7  fois  le  volume  de  la  roche. 

»  Ces  gaz  sont  exempts  d'acétylène,  d'élhylène  et  d'oxysulfure  de  carbone;  on  y  a 
reconnu  une  trace  de  benzine,  de  pétrolènes  et,  chose  plus  inattendue,  de  sulfocyanure 
d'ammonium,  avec  léger  excès  d'ammoniaque,  ainsi  qu'une  matière  goudronneuse 
qui  rend  les  eaux  condensées  un  peu  opalescentes. 

»  Porphyre.  —  On  a  pris  comme  exemple  le  porphyre  bleu  granitoïde  de  l'Esterel 
(Alicrodiorite  guartzifère  de  M.  Michel  Levy).  C'est  une  roche  de  demi-profondeur 

(')  Moyenne  de  l'hydrogène  pour  10006''  de  granit  =  2517"^'.  Si  l'on  eût  pu  craindre 
que  le  broyage  dans  le  bronze  introduisît  une  trace  de  fer  ou  de  zinc  pouvant 
donner  de  l'hydrogène,  on  serait  rassuré  en  observant  que  cette  même  poudre,  traitée  à 
chaud  par  les  acides  concentrés,  n'a  pas  donné  au  delà  de  190'='=  d'hydrogène  par  kilo. 


(62) 

(Laccoh'te)  entièrement  cristRlline,  sillonnée  de  petits   grains  bruns  et  contenant  des 
cristaux   de  quartz,  d'andésine,  de  mica  noir,  d'amphilîole  et  de  pyroxène. 

»  L'échantillon  très  compact  et  très  frais  employé  venait  directement  de  la  carrière 
du  Dramont,  près  Agay.  Sa  densité  fut  trouvée  de  2,74.  On  pulvérisa  la  roche  dans 
le  bronze.  loooe''  ont  donné,  mesuré  sec  à  0°  et  760""",  2846  cent,  cubes  du  gaz  suivant  : 

H^S 0,00 

CO^ 59,25 

CO 4.20 

CH* 2,53 

H 3i  ,09 

Az 2,10 

CAzHS  et  corps  pyrogénés  rap- 
pelant les  queues  d'acétone.  .  traces 

99>i7 

»   On  n'a  pas  constaté  de  vapeur  de  benzine,  de  CAzH,  ni  d'ox3'sulfure  de  carbone. 

»   Pour  I  kilogramme  de  ce  porphyre,  on  a  donc,  à  0°  et  760" 


-.mm 


H' S 0,00 

CO- 1686,25 

CO 119,53 

CH' 72 ,  00 

H 884,82 

Az 59,77 

2822,37 

Ainsi  I  vol.  de  cette  roche  dégage,  au  rouge,  7^°', 6  de  gaz  dont  2'°', 4  de  H  et 
i2B'',6  d'eau. 

»  Ophite.  —  L'ophite  que  nous  avons  étudiée  venait  de  Villefranque,  près  Bayonne. 
Elle  est  essentiellement  formée  d'augite  diallagisant,  d'andésine,  avec  magnélite  et  fer 
titane.  On  ne  trouve  aucune  inclusion  dans  cette  roche.  On  l'avait  prise  en  pleine  car- 
rière. Elle  fut  pulvérisée  entre  une  aire  d'acier  et  une  roue  de  granit,  puis  on  enleva 
avec  un  aimant  les  faibles  quantités  de  fer  que  le  broyage  avait  pu  introduire. 

»  La  poudre  donne  au  rouge  le  gaz  dont  j'inscri.«  ici  le  volume  et  la  composition. 

I.  II.  III. 

Volume  total  pour  loooe''  de 

roche 2320"  »  2517" 

Contenant  pour  100  volumes  de  gaz  : 

CO2 28,10  3o,66  35,71 

H=S 3,44  5,56  0,45 

CO 3,91  4,45  4,85 

CH' i,4o  0,66  1,99 

H 63 , 28  58 , 90  56,29 

Az o,o5  0,1 3  0,68 

100,18  100, 36  99.97 


(63) 

Calculées  pour  loo^'"  de  roche,  les  analyses  I  et  III  conduisent  aux  résultats  suivants  : 

ce 

CO- 787,21 

H'S 47.90 

CO 108,10 

CH» 41,47 

H 1475.37 

Âz 9,01 

2469,06 

»  Un  volume  de  celte  ophile  dégage  donc  7^°', 6  de  gaz  dont  4""', 6  d'hydrogène. 

»  LherzoUte.  —  C'est,  comme  l'ophite,  une  roche  éruplive  basique,  agrégat  grani- 
toïde  d'enstalite,  de  péridol  incolore,  de  pyroxène  verdàlre,  et  de  fer  chromé  avec 
quelques  veines  de  serpentine.  Elle  ne  contient  ni  quartz,  ni  feldspath.  Densité  ^3, o. 
La  poudre,  préalablement  séchée  à  280°,  perd  ensuite  au  rouge  i6,8  pour  100  d'eau. 
1000  grammes  de  Iherzolile  pulvérisée  dans  le  bronze  ont  donné  545o"  des  gaz  sui- 
vants : 

H'S 11,83 

CO' 78,33 

CO 1 ,99 

n 7-34 

CH' 0,01 

Azote  et  trace  de  pétrolènes..     traces 

99.54    ') 
ou,  pour  1000  grammes  de  roche  : 

H'S 647?o 

co« 4277.9 

CO 108,6 

H 4oo,8 

CH» 0,5 

5438,4 

»  Cette  roche  doiiiic  donc  environ  i5,7  fois  son  volume  de  gaz  et  un 
peu  plus  que  .son  voluntie  d'hydrogène. 

»  Les  savants  qui  ont  examine  les  gaz  des  roches  ignées  n'en  ont  retiré, 
par  le  vide,  que  de  faibles  proportions  :  j'en  ai  extrait,  au  rouge, 
670  volumes  de  100^°'  de  granit,  7G0  volumes  de  l'ophite,  740  volumes  du 
por|)hyre.  Ces  gaz  ont  été  considérés  jusqu'ici  comme  préexistants.  On  ne 
saurait  méconnaître  qu'il  existe,  en  effet,  dans  quelques-unes  de  ces  roches, 
des  gaz  inclus  sous  une  pression  suffisante  pour  y  liquéfier  l'acide  carbo- 
nique. Mais  la  Iherzolile  et  les  ophites  n'ont  pas  d'inclusions.  Il  est  d'ail- 
leurs possible  d'établir  que  les  gaz  que  j'ai  rectieiUis  résultent  de  réactions 

(')  La  grande  quantité  de  CO*  tient  aux  inclusions  calcaires  qu'on  n'a  pu  séparer. 


(64) 

successives  se  produisant  au  rouge.  En  effet,  si  ces  gaz  étaient  simplement 
emmagasinés,  leur  composition  resterait  à  peu  près  la  même  du  commen- 
cement à  la  fin  de  l'extraction;  elle  variera,  au  contraire,  s'ils  dérivent  de 
substances  entrant  en  réaction  à  mesure  que  s'élève  la  température.  C'est 
cette  dernière  hypothèse  que  confirme  l'analyse  des  gaz  recueillis  succes- 
sivement. En  voici  deux  exemples  : 

Granit.  Ophite. 

I"  tiers.  2  derniers  tiers.  36o  cent.  c.  dégagés.         lo  derniers  cent.  c. 

GO'^ 20,19  6,i3  28,10  36,19 

H'S 1,28  o,4i  3,44  0,00 

CO 0,57  1,02  3,91  5,76 

CH' 2,o4  0,80  1 ,4o  3,79 

H 75,54  9i>64  63, 18  4o,oo 

Az o,3o  o,3o  o,o5  i4,25 

99,92  100, 3o  100,18  99,99 

))  En  présence  de  ces  dernières  analyses,  on  ne  peut  penser  que  les  gaz 
existent  tout  formés  dans  ces  roches.  Les  variations,  de  CO^,  H- S,  CH*, 
H,  Az,  du  commencement  à  la  fin  de  l'extraction,  sont  démonstratives. 

»  Il  nous  reste  à  montrer  comment  se  produisent  ces  gaz  lorsqu'on 
porte  ces  roches  à  une  température  bien  inférieure  à  celle  qu'elles  ont 
autrefois  subie.  Mais  ces  constatations  suffisent  déjà  à  éclairer  l'origine  des 
gaz  souterrains,  des  manifestations  volcaniques  et  des  eaux  thermo-miné- 
rales. Mettant  ici  de  côté  les  réactions  qui  se  produisent  dans  le  noyau 
fondu  du  globe,  si  nous  considérons  ce  qui  se  passe  pour  une  certaine 
masse  d'une  assise  déjà  solidifiée,  se  réchauffant  à  nouveau  jusqu'au  rouge 
par  le  fait  d'un  éboulement  interne,  ou  des  pressions  latérales  des  vous- 
soirs  faisant  remonter  vers  les  points  à  résistance  minimum  la  matière 
encore  fondue  du  noyau  terrestre,  on  voit  que,  lorsqu'elles  se  réchauffe- 
ront à  nouveau  au  contact  de  ces  masses  incandescentes,  les  roches  déjà 
formées  tendront  à  dégager,  par  toutes  les  issues,  les  gaz  et  vapeurs  que 
nous  venons  de  voir  se  produire.  D'après  mes  expériences,  un  litre  de 
granit  donne,  à  1000°  et  calculés  seulement  pour  celte  température, 
environ  20  litres  de  gaz  divers  et  89  litres  de  vapeur  d'eau,  c'est-à-dire 
plus  de  100  fois  son  volume  de  gaz.  On  comprend  la  force  explosive  qui 
naît  de  ces  réactions  et  l'inutilité  d'admettre  l'hypothèse  de  la  pénétra- 
tion des  eaux  superficielles  jusqu'aux  couches  ignées  comme  une  des 
conditions  néces.saires  des  phénomène»  volcaniques.    » 


(  ^■>  ) 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  La  production  du  travail  musculaire 
utilise-t-elle,  comme  potentiel  énergétique,  l'alcool  substitué  à  une  partie 
de  la  ration  aiimenlaire?  Note  de  M.  A.  Ciiacveau. 

«  Le  point  très  précis  signalé  dans  cette  question  n'a  pas  encore  été 
étudié  par  les  physiologistes  qui  se  sont  occupés  des  prétendues  propriétés 
nutritives  de  l'alcool.  Dans  cette  nouvelle  étude,  le  hut  expressément  visé, 
c'est  de  savoir,  non  si  ringcslion  de  l'alcool  est,  d'une  manière  vague  et 
générale,  de  quelque  proflt,  main  si  le  sujet  qui  travaille,  ayant  le  sang  sature 
de  cette  substance,  fait  fonctionner  ses  muscles  en  puisant  dans  sa  combustion 
Cénergie  nécessaire  à  ce  fonctionnement.  Il  j  a  là  une  haute  question  d'hy- 
giène et  d'économie  soudée  à  la  solution  d'un  important  problème  de 
physiologie  pure. 

M  Les  échanges  respiratoires  sont  aptes  à  tournir  pour  cette  solution  des 
documents  précieux.  On  peut,  en  effet,  en  quelques  circonstances  —  et  la 
circonstance  présente  est  du  nombre  —  être  renseigné  avec  une  certaine 
exactitude,  par  le  Inux  de  l'af^ide  carbonique  produit,  comparé  à  celui  de 
l'oxygène  absorbé,  dans  les  combustions  de  l'organisme,  sur  la  nature  des 
matières  qui  alimentent  ces  combustions.  Ainsi  l'on  sait  que  le  quotient 
de  combustion  des  hydrates  de  carbone  vaut  i.ooo.  tandis  que  celui  de 
l'alcool  atteint  seulement  o,G6(i.  La  différence  est  énorme  et  ne  saurait 
manquer  de  se  traduire  dans  les  quotients  respiratoires  des  sujets  auxquels 
on  donnerait,  pour  l'exécution  du  travail  musculaire,  des  hydrates  de  car- 
bone avec  ou  sans  substitution  partielle  d'alcool  éthylitjue.  Des  indications 
du  taux  des  échanges  on  apprendrait  si  les  deux  sortes  de  substances  sont 
emplovées  l'une  et  l'autre,  plus  ou  moins  directement,  à  fournir  par  leur 
combustion,  proportionuelleuient  à  leur  quantité,  l'énergie  dépensée  j)ar 
les  muscles  en  état  d'activité.  Le  fait  contraire  serait  révélé  de  même  par 
la  comparaison  des  quotients  respiratoires  : 

»  Cette  méttiode  a  été  appliquée  par  moi  au  cours  d'une  expérience  d'alimentation 
qui  n'a  pas  duré  moins  de  .SSg  jours  (du  7  août  1899  au  3i  août  1900).  Pendant  ce 
lonj;  laps  de  temps,  le  sujet  de  l'expérience,  un  chien  du  poids  moyen  de  ao's'",  a  été 
soumis  à  un  travail  journalier  de  courte  durée  :  une  heure  parfois,  le  plus  souvent 
deux  heures  de  course  au  trot  allongé  dans  la  caisse  discoïde  à  ce  destinée,  dont  la 
description  a  déjà  été  faite  ('). 

(')   Le  prolongement,  cliez  le  sujet  alimenté,  du  processus  de  dépense  énergé- 
C.  n.    1901.  1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N°  2.)  9 


(66) 

»  L'analyse  de  l'air  puisé  dans  cette  caisse  à  la  fin  du  travail  permettait  de  déter- 
miner avec  une  grande  précision  l'intensité  des  combustions  respiratoires,  par  le  taux 
de  l'acide  carbonique  produit  et  de  l'oxygène  absorbé. 

))  On  faisait,  du  reste,  la  même  détermination  pour  la  période  de  repos  diurne  après 
le  travail  et  pour  la  période  de  repos  nocturne. 

»  De  celte  manière,  on  pouvait  se  procurer  des  notions  suffisamment  précises  sur 
la  dépense  delà  journée,  d'après  l'ensemble  des  échanges  respiratoires. 

»  Peu  de  temps  avant  le  placement  dans  l'appareil,  pour  l'exécution  du  travail,  le 
cliien  recevait  une  ration  composée  de  Sgos'  de  viande  crue  et  de  25'2S''  de  sucre  de 
canne.  De  temps  en  temps  on  substituait  au  tiers  de  cette  dose  d'hydrate  de  carbone 
une  quantité  isodynanie  d'alcool,  soit  48s'' de  cette  substance  à  la  place  de  848'' de  sucre. 

»  Les  occasions  n'ont  donc  pas  manqué,  au  cours  de  cette  longue  succession  de 
journées  expérimentales,  d'étudier  les  modifications  que  la  substitution  de  l'alcool  au 
sucre  introduit  dans  les  échanges  respiratoires  pendant  le  travail  ('  ).  Je  résume  dans 
les  tableaux  suivants  les  résultats  des  expériences  spéciales,  au  nombre  de  onze,  qui 
ont  eu,  dans  l'année  1900,  cette  étude  pour  but  exclusif.  Quatre  de  ces  expériences  ont 
été  faites  pendant  l'alimentation  avec  la  ration  type.  Les  sept  autres  appartiennent 
aux  séries  pendant  lesquelles  l'alcool  a  été  partiellement  substitué  au  sucre. 


1 

N"  el  date. 

Parcours  elTectuc. 

Poids  du  sujet  : 

■  it.  initial. 

b.  araot  le  travail. 

c.  après  le  travail. 

(/.  nnal. 

Exp.  I  (3o  mars  ). . . 

Parc.  :  iS'", 620 

Poids  :  a.   i8''t,995.. 

)i         b.    iç)''»,  925.. 

»         c.    n/',5ti5.. 

»         (/.   19''',  100.. 

Exp.  II  (3i  mars). . 

Parc.  :  26'",  642 

Poids  ;  a.    ig''*,  100.. 

"         *■    >9''^92o.. 

»         c.    ig'»,  595.. 

»         (!.   iS'",  920.. 


I.  -  Exj 

oeriences  avec  la  r 

ation  viand 

e  et  sucre 

2 

3 

4 

Durée 

:  des  péri 

udC9. 

CD' 

exbalé 

0'  absorbé 

Temps, 
de 

Temps, 
passé 

— ^ — ~ 

dans  chaq 

ae  période. 

dans  cbaq 

ue  période. 

Pendant 

Pendant 

Périodes 

séjour 

hors 

la 

la 

de- 

dans 

de  la 

Durée 

A 

période 

A 

période 

l'expérience. 

la  caisse. 

caisse. 

totale. 

Ihcure. 

cumplète. 

l'heure. 

complète. 

\.  Trav. 

Il 
I  ,  l5o 

b 
1/ 

h 

1  . 1 5a 

lit 

54,695 

lit 
62,900 

54''087 

lit 

62,200 

B.  Repos  \ 
diurne i 

8.233 

1.433 

If 

o.85i 

io..5i6 

8,745 

91 ,962 

9,268 

95,095 

C.  Repos  ( 
nocturne.,   j 

I I . IG7 

If 

1.166 

j    12.334 

7,710 

97,402 

8,391 

io3,494 

Totaux. . . 

,     2o.55o 

3.450 

24.000 

A.  Trav. 

■J.217 

1/ 

2.217 

B.   Repos  j 
diurne | 

II 

7.900 

i.5i6  j 
0.634  ) 

1 

■    lo.oSo 

1 

C.  Repos  j 
nocturne..  ( 

I 0 . 85o 

( 
0.883  ! 

.■.733 

Totaux.., 

■  20.967 

3.033 

24.000 

252,324 


56,834      136,000 
8,417        84,590 

7,757        88,783 


260,789 


59,585      i32,ioo 
9,2i5        92,610 

8,691       101,971 


299.273 


326,681 


tique  de  l'état  cV inanUion,  d'après  les  échanges  respiratoires,  in  Cinquantenaire 
de  la  Société  de  Biologie. 

C)  Toutes  les  déterminations  d'échanges  respiratoires  ont  été  faites  avec  le  concours 
de  M.  J.  Tissot. 


(67  ) 

12  3  :                                          r, 

N*  et  date.  Ouroo  des  périodes.  CO*  exlialé                                <>'  absorbé 

Parcours  oITeclué.  '■■  ^- —      1 1           -~               dans  chaque  période.                dans  rliaquc  période. 

Poids  du  sujet  :  Temps         Temps ^ — - — -^ . ^ ~ — — n   ^ — 

ti.  initial.  de  passé                                                           Pendant                                    Pendant 

*.  avant  le  lra?all.                       Périodes  séjour  horj                                                               la                                                la 

r.  après  le  trarail.                             de  dans  de  la            Durée                     A               période                     A              période 

it.  llnal.                            l'expérience.  la  caisse,  caisse.          totale.                l'heure.        complète.              l'heure.         complète. 

h  h                       h                            lit                       lit                           lit                     lit 

Exp.  m  (i"  avril) |      .\.  Trav.  2.oS.'|  //              -2.084            52,255       108,900            54.175      112,900 

Parc.  :  2.H'=,  166 \      n    r           i  "  a.oâo  i 

Poids  :  a.   iS'SQJo '      «•  ««P"^  6.i33  "             8.733             8,6^2        75,470             .,,3io        8t.3o4 

,  '^                \    diurne ..     \  '                       1          y     1/                .» 

»         b.    19'», 770 j                         '  "  O.DDO   ,' 

»        c.    i9'«,38o /      C.  Repos  (  i2.a5o  "        )     ,     oi              ~      -           /  -oo              0.  or               ■> 

,     „.      ,.                                     1  o,       i3.i83  /,i73        04,388             8.367       110. 3i2 

»        (/.  i8''S9'p 1     noclurnc.  (  "  0.933  )                             >   ,          ai'                           / 

Totaux...  20.467  3.533      24.000                            278,968                            3o4,5o6 

ExP.  IV  (12  avril) j      A.  Trav.  2.100  //              2.100            57,238      120,200            61,666      129,500 

Parc.  :  25'",272 \      k    r          i  "  i-Sôoi 

Poids:  a.   i8'«,945 )     ,.  '      *"''°    ^  6.716  "        ;     9.i33              8,874        8i,o45             q,648        88. u5 

.           '     ,              \    diurne....   /  '  c^     \ 

»        b.    i9''S795 J                       '  "  0.567 

»        c.    iq''«,5io I     C.  Repos  i  12.167  "le                                                   o  ,e 

.      oL    o  -                        .1  r       .    '^-l"!  7i'Q<)        y'iOOt)             8,457       107,070 

»        d.   iS'^Sga '     nocturne..  (  "  o.Goo  1         '   '              "  ^^        j  w  »                -i   /          />j/ 

Totaux.    .  •<".ri«'!  3.107       24.000                              293,155                              32,î,585 

II.  —  Expériences  avec  substitution  partielle  d'alcool  au  sucre  dans  la  ration  (i*  série). 

h  k                    h                         lit                    lit                        lit                   lit 

Exp.  V  (3  avril) /      V.  Trav.  1.091  1.091            46,379        5o,6oo            48.396        .')2,8oo 

Parc.  :  9''", 2 10 I     n    r       -l  "  °-9'i'  1 

Poids:  a.   i8'=,8q5 1    _,.  '     "^P"*  8.317  "        '     9-Sa5              7,839        75,45o             9,126        87,836 

/         V                       {    d'urnc...   /  «     \  /       J         /    m                   J'                 1 

»        0.    19", 910 j                       '  "  0.067   ' 

»        c.    i9'«,735 '      C.  Repos  \  13.167  «        J            ,                                    .,                  „  .,„          ,  c  1 

X  ''              I                     .  I  i3.284  ■;,70':      102,370           8,643      114, 6i3 

»         d.   i8''f,870 '     norturnc..  (  "  1.-.H7  I             ^               '    '    '                 '''                     '             ^' 

Totaux...  20.983  2.525      24.000                            228,429                            255, 44o 

Exp.  VT  (4  avril) [      A.  Trav.  1.283  1.28.".            43.803        56, 200           46,921       .60,000 

Parc:  111^,766 1      R    n          l  "  0.733  . 

Poids  :  a.   i8'',870 \     ,.'     "^P*"  J  8.617  //        ;   io.oS3              7,909        8o,i5o              9,539        96,182 

.         I,      ,.             (    diurne i  ,.,  k 

»        b.    19'», gV') \                       '  "  o.7ij  ' 

»        c.    :9'«,70j 1     C.  Repos  (  i2.o5o  "        ;         ^,,                  ,^            ,  ,,                005              •i,'i 

i.^    L  -              I                         1  r«,   !    12.634  7>4d9        q4,3oo              8,8i3       m, 343 

»        d.  i8'«,8i.) I    nocturne..  (  "  0.584  (            *              /-i  a        si> 

Totaux...  21.960  2.o5o       ''(.nno                            23o,5oo                            267,625 

Exr.  VU  (6  a\Til) j      .\.  Trav.  2. 117  2.117           52,621       iii,4oo            58,242       i23,3oo 

Parc:  2i'",090 1      n    r           i  "  '-950  . 

Poids  :  a.   i8''«,770 1      •*•  "«P°s  5.867  "              8.G5o             7,.ioo        64,876              8,863        76,666 

,         1/0  -              ■    diurne....  „„ 

»        0.    ig'sSoo 1                       '  "  0.833  ' 

11        c.    i9'«,36o /     C.  Repos  l  12. 533  /'        j     ,     ,.,             ^  c/c        0      c-j                c/o               / 

,     ot      -               f                        <  i3.23J  6,646        87,953              7,648       101,147 

d.  i8''S700 I     nocturne..  /  "  o  700  (                             '  ^            '^                 ' 

Totaux...  20.617  3.483       a'i.ooo                              264,228                              3oi,ii2 


(  (>«  ) 


N"  et  date. 

Parcours  effeclaé. 

l'oids  du  bujel  : 

il.  initial. 

Durée 

dcspériud 

es. 

dans  chat 

exbalo 

ue  période- 

O'a 
dans  chat 

)Sorbé 

ue  période. 

Temps 
do 

Teiijps 
passé 

^ 

Pendant 

Pendant 

h.  avant  Je  travail. 

Périodes 

séjour 

liors 

la 

la 

c.  après  le  travail. 

de 

dans 

de  la 

Durée 

A 

période 

A 

période 

d.   ûnal. 

i'expcricDce. 

la  caisse. 

caisse. 

lulalc. 

rlieure. 

complète. 

l'Iieure. 

complète. 

E.'^r.  \m  (9  avril).. 

..     /      A.  Trav. 

Ié 
Li.oao 

Il 

U 
3.o5o 

-43,414 

lit 
89,000 

Ml. 

50,926 

lit 
104,400 

.     l 

6.583 

1 .700 
0.317 

\ 

S.65o 

7>B9o 

69jOi3 

9i29'> 

PoiJs:  a.    igS  385.. . 
u         b.    2o'':%35o... 

^      B.  Hepos  \ 

<    diurne / 

■      1                         ' 

80,410 

»         c.    i9''=,S90..  . 
«         d.  i9''5,24o... 

..     1      C.  Repos  ^ 
1     nocturne..   ( 

Totau.x. . 

2.584 

0.716 

i 

1 3 .  3oo 
•j  '1 .  000 

7,843 

io4,3i2 

8,725 

116,042 

.     11.217 

2. 788 

262,335 

3oo,852 

II  bis.  —  Expériences  avec  substitution  partielle  d'alcool  au  sucre  dans  la  ration  {2'  série,  temps  chaud). 

A.  Trav. 

B.  liepos  \ 


1)         d.  ig'"',  800. 


Exr.  X  (3o  aoùl).. 

Parc.  :  17'",  268 

Poids  :  a.  2o''s,93o. 
1)        b.    2i''s,g25. 

u  c.      2l''S,370. 

1;        d.  21 ''8, 000. 


Exp.  \1  (3i  aoiU). 
Parc:  i8'",774.... 
Poids  :  a.  2i'"',ooo. 

n         b.    22'*", 025. 

»        c.    21''',  40.. 

»        d.  20''-",  980. 


Exp.  l-V  (iS  juillet)....     I  A.  Trav.  2.075  «              2.073            42,554        89,000            44,000        91,300 

Parc.  :  16'"",  170 I  ni..  1  "  '  -4^5  1 

Poids:  a.  2o'«',5oo '  ,.  '  ,  7.533  //  '   lo.ô^i            10,487       105,280            12,080      121, 2q5 

,         .,'   .               '  diurne....  02  \ 

b.    2i''s,  5^0 1  '  //  1  .o83  1 

»         c.    2o''ï,76o (  C.  Repos  (  ic.85o  "  )         „   ,                ,     ,             ,   „                                      .      . 

'  ,  ]  .,.       JI-S84              6,253        74,3io              7,207        85,647 

nocturne..  (  "  o.o3i  1                                               '                         /'      /             '   t/ 


Totaux.    .     21.458       2.542       2:1.000 


U 


A.  Trav. 


Repos 
diurne 

C.  Repos 
nocturne.. 


A.  Trav. 

B.  Repos  \ 
diurne....  ) 

C.  Repos  ( 
nocturne..  ( 


2.042  "              2.042 

/'  2.075  \ 

5.800  "         '     8.642 

//  0.7G7   I 

'■•^•400  "             I         •    -    o 
,.    î     IJ.016 

"  0.910    ) 


Totau.v...     20.242      3.758       a '1.000 


2.066 


6.3o 


1,800 


0.567 


2.066 
S.  667 

i3.26-- 


268,590 


40,940   83, 600 
9,827    84,925 

7,621   101, 481 


270,006 


44,046   91,000 
10,000   86,670 

7,593   100,730 


Totaux...  20.416   3.584   24.000 


278,400 


298,242 


44,074  90,00(1 

"7?4i  97i'4â 

8,629  ii4,yo4 

3o2,o49 

47,821  98,800 

11,190  96,984 

8,63i  114,507 


310,291 


»  Dans  ces  lableaux,  les  chiffres  qui  nous  intéressent  le  plus,  pour  le 
moment,  sont  ceux  cjui  sont  imprimés  en  caractères  gras.  Ils  expriment  la 
dépense  horaire  d'énergie  en  CO^  exhalé  et  O"  absorbé  pendant  le  travail. 
En  les  tv>talisant  dans  chacune  des  deux  catégories  d'expériences,  on  obtient 


(69) 
pour  la  dépense  horaire  moyenne 

L  U  et  11  (bis). 

Bation  sans  Katioii  avec 

alcool  alcool 

(4  exp.).  (7  exp.). 

lit  lit 

CO-exIialé 55,^55  44,822 

O'absorbé 57,878  48,625 

ro- 

-Qî- 0,903  0,922 

»  Laissons  de  côté  provisoirement  la  valeur  absolue  de  ces  moyennes 
dans  les  deux  catégories  d'expériences  et  ne  nous  occupons  que  des  quo- 
tients respiratoires  que  l'on  en  tire.  Ils  sont  imprimés  en  vedette,  c'est-à-dire 
en  caractères  gras.  Celui  de  la  deuxième  colonne,  quotient  respiratoire  de 
la  période  de  travail  chez  le  sujet  dans  la  ration  duquel  48^'  d'alcool  ont 
été  substitués  à  84^""  de  saccharose,  se  trouve  sensiblement  plus  bas  que  le 
quotient  respiratoire  de  la  même  période,  chez  le  chien  nourri  exclusive- 
ment de  viande  et  de  sucre.  Mais  ce  quotient  de  la  période  à  l'alcool  est 
néanmoins  extrêmement  élevé,  beaucoup  plus  haut  en  tout  cas  que  ne  le 
comporte  une  participation  un  peu  active  de  la  combustion  de  l'alcool  à 
la  dépense  énergétique. 

»  En  effet,  l'alcool  de  la  ration  est  introduit  par  l'absorption  digestive 
avec  une  très  grande  rapidité  dans  l'appareil  circulatoire.  Admettons 
néanmoins  que  celte  substance  n'y  pénètre  et  ne  s'y  brûle  qu'en  quantité 
proportionnelle  à  sa  masse  totale  comparée  à  celle  de  l'hydrate  de  carbone  : 
ce  serait  le  quotient  o,'jG?)  qui  devrait  se  substituer  au  quotient  o,C)G3  des 
expériences  où  l'alcool  n'intervient  pas. 

»  H  est  facile  d'en  faire  le  calcul.  La  constitution  de  ce  dernier  quotient 
résulte  de  l'intervention  île  njz^'  de  sucre  dont  le  quotient  de  combustion 
est  égal  à  i  ,000.  Pour  savoir  quelle  est  la  valeur  théorique  du  quotient  ré- 
sultant de  riiilervenlion  île  168'''  d'hydrate  de  carbone  ayant  le  quotient 
de  combustion  1,000  et  de  48*"^  d'alcool  ayant  le  quotient  o,G(J,  il  suffit 
d'établir  la  proportion  suivante  : 

o ,  963    .(• 


202X1        (168  xi)-f- (48  X  0,66)=  199,68 

»   D'où 

100,68  X  o,q63  ,.„ 

X  =  -^i^ — Lii—  —  o ,  7b3. 


(  7o) 

»  Or  ce  n'est  pas  ce  quotient  respiratoire  de  0,763  que  nous  avons 
obtenu,  mnis  un  quotient  incomparablement  plus  élevé  :  0,922.  Nous 
sommes  donc  obligé  d'en  conclure  que  l'alcool  ingéré,  dont  l'organisme  s'im- 
prègne SI  rapidement,  ne  saurait  participer  que  pour  une  très  faible  part,  s'il 
y  participe,  aux  combustions  où  le  système  musculaire  puise  T énergie  nécessaire 
à  son  fonctionnement.  Cette  substance  n'est  pas  un  aliment  de  force  et  son  in- 
troduction dans  une  ration  de  travail  se  présente  avec  toutes  les  apparences 
d'un  contresens  physiologique. 

n  Du  reste,  même  en  dehors  du  temps  consacré  au  travail  musculaire, 
l'influence  de  la  combustion  de  l'alcool  substitué  ne  se  traduit  pas  mieux 
dans  le  quotient  respiratoire.  Le  Tableau  suivant,  tiré  de  la  somme  des 
résultats  de  toutes  les  expériences,  en  fait  foi  : 

I.  II.  III. 

Quotient  res- 
Quotient  res-         Quotient  res-        piraloire  d'après 
piratoire  de    la     piratoire  de  ta        la  somme  des 
période  de  période  de  échanges  de  la 

travail.  repos.  journée. 

Sucre  sans  substitution  d'alcool 0,968  0,904  0,921 

Sucre  avec  substi- l  (7. quotientcalculé.     0,768  0,71*6  0,780 

tution  d'alcool.     {  ^.quolientobtenu.     0,922  0,871  o,885 

»  L'énorme  déficit  que  ces  chiffres  révèlent,  en  toute  circonstance,  dans  la 
combustion  de  l'alcool  ingéré,  est  en  accord  avec  ce  que  l'on  sait  de  son  élimi- 
nation en  nature  par  les  émonctoires  extérieurs,  particulièrement  la  voie  pulmo- 
naire. Mais  ces  chiffres  ont  en  plus  l'avantage  de  nous  faire  savoir  que,  même 
quand  il  estjaturé  d'alcool,  l' organisme  ne  parait  pas  plus  apte  à  uliliser  cette 
substance,  comme  potentiel  énergétique,  pour  l' exécution  de  l'ensemble  des 
travaux  physiologiques  de  l'état  de  repos  que  pour  l' exécution  du  travail  des 
muscles  pendant  l'exercice.  Il  y  a  là,  tout  au  moins,  un  gros  point  d'interro- 
gation, auquel  la  complexité  du  métabolisme  de  la  nutrition  ne  permettra 
peut-être  pas  de  répondre  prochainement  d'une  manière  absolument 
scientifique.  Mais  on  verra  plus  tard  que  les  faits  empiriques  autorisent 
suffisamment  les  applications  pratiques  de  cette  première  donnée.  » 


(  V  ) 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  nouvelle  comète  Giacobini. 
Noie  de  M.  Pekkotin. 

«  .l'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  observations  de  la 
comète  que  M.  M.  Giacobini  a  découverte  le  20  décembre  dernier  à  l'ob- 
servatoire de  Nice,  à  l'aide  de  l'équatorial  coudé. 

Positions  apparentes  de  la  comète  ('). 

Dates. 

igoo  décembre  i\ .  .  .  . 
1900  décembre  2.j  .... 
1900  décembre  26  ...  . 


1901  janvier  i  i . 


Temps  moyen 

Observateurs 

de  Nice. 

a. 

D.  P. 

MM. 

h        ai       S 

7.38.23 

Il      m      s 
22.57.19,60 

I  12.42.12,3 

Javelle 

9.34.59 

23.     3.22,5o 

1  12.49.30,5 

Ferrolin 

7-49-38 

23.  9.28,06 

112.55.59,6 

Javelle 

6.36.13 

o.i3.  5,88 

ii3.  7.38,2 

Perrolin 

6.5i.   8 

0.40. 10, 4o 

I 12.40.53,2 

Javelle 

»  Ces  observations  ne  permettent  pas  encore  de  pousser  beaucoup  plus 
avant  la  connaissance  de  l'orbite  dont  les  éléments  paraboliques  ont  été 
tout  d'abord  calculés  par  MM.  Kreutz  et  Miiller,  de  Kiel,  puis,  plus  tard, 
par  M.  Campbell,  de  Monl-Hamilton  ;  mais,  après  les  troubles  atmosphé- 
riques de  ces  derniers  temjjs,  le  ciel  devenu  beau  \a  favoriser  la  reprise 
des  observations  qui  rendront  possibles  de  nouveaux  chIcuIs. 

»  La  distingué  directeur  des  Aslronomische  Nachrichten  pense  que  la 
comète  peut  présenter  un  très  réel  intérêt,  en  raison  de  son  mouvement 
direct  et  de  la  valeur  de  certains  de  ses  éléments,  qui  la  rapprochent  d'une 
classe  curieuse  de  comètes  dont  le  nombre  s'accroît  de  jour  en  jour. 

»  C'est  également  notre  avis;  nous  serons  d'ailleuis  bientôt  édifiés  sur 
ce  point,  si  l'astre  nouveau  dont  l'éclat  va  s'affaiblis.sant  peut  néanmoins 
être  suivi  assez  longtemps  pour  permettre  la  détermination  d'éléments 
ayant  pour  base  un  arc  de  courbe  de  quelipie  étendue. 

»  La  queue  de  la  comète  s'étend  en  forme  de  panache  dans  un  angle  de 
position  voisin  de  4-5"  et  mesure  de  deux  à  trois  minutes  d'arc  de  longueur 
dans  la  lunette  de  notre  grand  équatorial;  la  nébulosité  de  la  tête,  régu- 
lièrement arrondie,  entoure  un  noyau  bien  caractérisé,  de  onzième  gran- 
deur environ.  » 

(')  Corrigées  de  la  parallaxe. 


(  70 


CORRESPONDANCE. 


_  M.  R.  Dedekind,  nommé  Corresponrlant  pour  la  Section  de  Géométrie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


M.  E.-E.  Barjjabd  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie  ponr  la  dis- 
tinction accordée  à  ses  travaux. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —Sur  les  fondions  quadruplement  périodiques. 
Note  de  M.  Georges  Humbert,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  Dans  une  Note  antérieure,  j'ai  appelé  l'altenlion  sur  les  fonctions 
uniformes  de  deux  variables  u  et  v,  admettant  quatre  périodes  de  la  forme 
i,o;  o,i;  g  Ji;  h,  g',  lorsque  la  quantité  A;  —  ^^  ^î  (où  g^,  h,,  g\  désignent 
les  parties  imaginaires  de  g,  h,  g')  est  positive,  au  lieu  d'être  négative, 
comme  dans  le  cas  des  fonctions  abéliennes  ordinaires.  Ces  fonctions 
n'existent  que  si  les  périodes  sont  liées  par  une  relation  singulière,  c'est- 
à-dire  réductible,  par  une  transformation  ordinaire  du  premier  ordre,  au 
type 

(  I  )  ^-^  +  P  ^>  -+-  7g'  "~  o. 

a,  [3.  Y  étant  entiers.  Elles  s'expriment  alors  par  des  quotients  de  fonctions 
intermédiaires,  c'est-à-dire  de  fonctions  entières,  se  reproduisant  à  une 
exponentielle  e"""-""+/'  près,  quand  on  augmente  a  et  v  d'une  période. 

»  L'étude  des  fonctions  interméiHaires  générales  se  ramène,  par  un 
changement  de  variables  très  simple,  à  celie  des  fonctions  normales,  qui 
vérifient  les  relations 

Y{u  +  uv)=  F(^^  r  4-  i)  =  F(;/,  c), 

F(«  -f-  g,  V  +  h)  =  F(m,  (;)c--'^'r'"+T''("]-'"V«-+ïAA]^ 

F(//  +  h,  V  -f-  g')  =  F(a,  (.)e-="'t°'*"+('+P'')"J-'^'''f«'"^+('+P")s'], 

où  /et  k  sont  deux  entiers  que  j'appelle  les  indces  de  la  fonction. 

»  Les  fonctions  normales,  d'indices  /  et  k,  n'existent  que  si  la  quantité 
S  = /^+ P^7+ ayA-   est  négative,    et  si  k   a   un   signe  donné,  déterminé 


(  73) 
d'après  ceux  des  parties  imaginaires  des  périodes;  inversement,  ces  deux 
conditions,  si  elles  sont  satisfaites,  entraînent  l'existence  des  fonctions  : 
celles-ci  s'expriment  alors  en  fonction    linéaire  et  homogène  de  mod^ 
d'entre  elles. 

»  Je  trouve  aisément,  comme  dans  le  cas  des  fonctions  intermédiaires 
singulières  dérivant  de  périodes  abéliennes,  le  nombre  des  fonctions  nor- 
males, d'indices  lelk,  paires  ou  impaires,  ainsi  que  les  valeurs  des  demi- 
périodes  qui  annulent  simultanément  soit  les  fonctions  pjiires,  soit  les 
fonctions  impaires  :  mais  ces  résultats  ne  peuvent  plus  s'interpréter  géo- 
métriquement sur  la  surface  de  Rummer. 

)>  En  edet,  en  dehors  du  cas  où  Y  invariant,  ^^  —  4°'Y'  ^^^  ^^^  ^"®  ^^  forme 
quadratique  x- -\-  ^jry-l-ayj-  puisse  représenter  —  i,  il  n'existe  pas  de 
surface  de  Kummer  |)our  laquelle  les  coordonnées  d'un  point  soient  des 
fondions  quadruplement  périodiques  formées  avec  les  périodes  données. 

»  L'invariant  étant  essentiellement  positif,  et  non  carré  si  l'on  veut 
éviter  les  cas  elliptiques,  la  plus  petite  valeur  de  ^-— 4ay.  telle  que  la 
forme  quadratique  précédente  ne  puisse  représenter  —  i ,  est  douze;  en  ce 
cas,  on  peut  rattacher  aux  fonctions  correspondantes  une  intéressante 
surface  du  quatrième  ordre  à  quinze  points  doubles. 

»  La  relation  (i)  se  ramène  alors  au  type  g'—  3^  =  o;  les  valeurs  /=  o, 
k  =  1  sont  admissibles  pour  les  indices,  et  l'on  trouve  qu'il  y  a  huit  fonc- 
tions normales  paires,  d'indices  o,  i.  Parmi  elles,  quatre  admettent,  comme 
zéro  quadruple,  une  demi-période  donnée  :  la  surface  |iour  laquelle  les 
coordonnées  d'un  point  sont  proportionnelles  à  ces  quatre  fonctions  est 
du  quatrième  ordre  et  admet  quinze  points  doubles,  qui  répondent  aux  quinze 
autres  demi-périodes. 

»  Grâce  à  l'étude  de  courbes  remarquables  qu'on  peut  tracer  sur  cette 
surface,  et  qui  correspondent  à  l'évanouissement  de  fonctions  normales 
particulières,  j'ai  pu  obtenir  l'équation  de  la  surface,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  d'après  Cayley,  déterminer  la  coniqueCet  les  quatre  droites  D,, 
qui  forment  son  contour  apparent  sur  un  plan  à  partir  d'un  des  points 
doubles  :  c'est  là  le  premier  exemple  explicite  de  surface  d'ordre  quatre,  à 
quinze  points  doubles,  dont  les  coordonnées  s'ex|)rimeiit  en  fonction  uni- 
forme (quadruplement  périodique  de  deux  paramètres). 

»  Le    résultat  est   celui-ci.  La   conique  C  louche  doublement,  et  les 

quatre  droites  D  simplement,  une  même  conique  pour  laquelle  on  peut 

prendre  la  courbe  l\yz  —  x"^  ^  o;  les  quatre  droites  étant  z  =  o,  y  =  o, 

y  -\-  X  -\-  z  ^^o,  y  ->r  tnx  -h  rti'^z  :=  o,  et  la  conique  C  ayant  pour  équation 

c.  R.,  1901,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  2.)  lO 


(  74  ) 
4/^  —  .x-^-f- (>.j;  +  [i-j' 4- v;)- =  o,  on   a,  entre  1,  [j.,   v,  rti,   les  relations 
algébriques 

7/ZI7,  --1-  V  =  (1   —    0("^  "*"    0' 

p['X(/?2  —  i)-  +  m^  -t-  6m  H-  i] 

=  (>.  —  i)['X-(m  —  i)-  +  il^m  +  i)-  -h  m"  —  lom  -+-  i]. 

»   Sous  une  autre  forme,  on  peut  dire  qu'en  désignant  par  i  et  t'  deux 
paramètres  indépendants,  les  cinq  quantités 


«',     t-\~t',     \/(t-\-  i)(t'-\-i),     \l(l  +  m){t'-h  m), 


\J[tt'  -h  ?t  -^  ol'-h  {m  -t-  i)p  —  m],     \/[«'+ p^'-f- -7/ H- (m  +  i)p  —  m] 

s'expriment   en   fonction   quadruplement   périodique   uniforme  de   deux 
variables,  lorsque  les  constantes  m,  p  et  c  vérifient  l'équation 

[pT  —  (m  -4-  r)p  +  /n][c(w-l-  i)-  —  4'?^?]  =  ^mf('j  —  p)". 

»  On  peut  y  joindre  six  autres  fonctions  non  rationnelles  de  t  et  i', 
(le  forme  un  peu  plus  compliquée,  et  l'on  obtient  ainsi  les  irrationnalités 
fondamentales  attachées  à  la  nouvelle  surface  à  quinze  points  doubles.  » 


GÉOMÉTRIE.    —   Sur  les  systèmes  orthogonaux  admettant  un  groupe 
de  transformations  de  Combescure.  Note  de  M.  D.-Tii.  Egorov. 

«  Dans  une  Note  publiée  récemment  dans  les  Comptes  rendus  (22  octobre 
1900),  j'ai  exposé  succinctement  quelques  propriétés  des  systèmes  ortho- 
gonaux admettant  un  groupe  continu  de  transformations  de  Combescure. 
Comme,  depuis,  M.  Fouché  (')  a  bien  voulu  revenir  sur  le  même  sujet,  je 
me  propose,  de  mon  côté,  d'indiquer  quelques  remarques  que,  faute  de 
place,  je  n'avais  pas  insérées  dans  ma  Note  précédente. 

»  1.  Considérons  au  point  arbitraire  (.t,  jk,  :;)  les  trois  plans  osculateurs 
des  lignes  coordonnées  p^  d'un  système  orthogonal.  Ces  plans  sont  définis 
par  les  équations 

(0  P,vAa— p„A,=  o, 

A,=  o   étant  les  équations   normales   des   trois  plans   tangents  au  point 

(')  Comptes  rendus,  26  novembre  1900. 


(75) 
{x,y,z).  Pour  les  systèmes  d'espèce  considérée,  l'on  a  P,a  =  ^a,;  par  consé- 
quent, les  trois  plans  osculaleurs  au  point  (^x,y,  z)  se  coupent  suivant  une 
même  droite.  On  reconnaît  aisément  que  cette  propriété  est  caractéristique 
pour  les  systèmes  considérés. 
»   2.   Soit 


(2) 


V 


la  suite  infinie  de  systèmes  orthogonau?f  mentionnée  dans  ma  Note  précé- 
dente (/oc.  cit.,  p.  670).  On  passera  du  système  2*  au  svstème  i^+t  de  la 
suite  (2)  au  moven  des  formules 

qui  se  déduisent  des  équations  (8)  de  ma  Note  précédente  (loc.  cit.,  P.G70), 
et  des  formules  générales  relatives  à  un  système  orthogonal.  La  significa- 
tion géométrique  des  formules  (3)  est  évidente. 

»  3.  Les  systèmes  de  la  suite (2)  ne  sont  pas  distincts  si  l'on  a 

x,  =  <:x,         j,  =  17V.         Zf^cz         ('î  =  const.). 

Le  système  2  admet  alors  un  groupe  de  transformations  homothétiques 
((oc.  cit.,  p.  070);  il  est  défini  par  les  équations 

(  a;  =  e"P;(p, -p,  p, -p),  y  =  r''p7)(p,  — p,  0,  -  p), 

que  l'on  obtient  aisément  en  introduisant  dans  les  équations  (3)  l'hvpo- 
thèse  que  nous  venons  de  faire.  Je  ne  réduis  pas  <t  à  l'unité  par  le  change- 
ment de  variable  cïp,  —  p,  indiqué  par  M.  Fouché  (Comptes  rendus,  26  no- 
vembre igoo,  p.  H74),  parce  qu'il  s'agit  de  déterminer  tous  les  systèmes 
homothétiques  correspondant  à  un  système  donne  des  quantités  p,;^,  tandis 
que  le  changement  de  variables  cité  fait  substituer  c^^  à  p,yi.  Ainsi,  il  existe 
oc*  de  systèmes  homothétiques  d'une  même  représentation  sphérique. 
Tous  les  systèmes  correspondant  à  une  valeur  déterminée  de  c  s'obtiennent 
par  composition  géométrique  de  trois  d'entre  eux,  car  les  ex])ressions  géné- 
rales de  X,  y,  z  dépendent  linéairement  des  trois  constantes  introduites 
par  l'intégration  de  l'équation  linéaire  du  troisième  ordre,  indiquée  dans 
ma  Note  précédente  (p.  67 1  ;  comparer  la  Note  citée  de  M.  Fouché,  p.  874). 


(5) 


(  76) 
))   4.   La  suite  (2)  est  périodique  si  l'on  a 

a7  =  e«.P^,(p,  -p,  P2-p)  +  e"^PHo(p,  -  p.  p,  -  p) -4 
+  e*«PE„(p,  -  p,  p,  -  p),      .  .  ., 


-1» 


(X2,  ...,  «n  étant  les  n  racines  d'une  équation  binôme  du  degré  n.  Le  sys- 
tème le  plus  général  de  cette  espèce  s'obtient  évidemment  par  composition 
géométrique  de  n  systèmes  homothétiques  correspondant  aux  valeurs  a,, 
a,,  ...  delà  constante  f7(éq.  /j).  Si«  =  2,  la  famille  delignes  p,  —  p==const., 
P2  —  p  =  const.  (trajectoires  du  groupe)  est  composée  exclusivement  de 
coniques. 

»  5.  La  famille  p,  —  p  =  const.,  p2  —  p  =  const.  des  trajectoires  du 
groupe  n'est  formée  de  droites  que  pour  les  systèmes  indiqués  par  M.  Petot, 
qui  admettent  un  groupe  de  transformations  homothétiques  ou  un 
groupe  de  translations.  Le  système  le  plus  général,  dont  les  trajectoires 
p,  —  p  =  const. ,  P2  —  p  =  const.  sont  des  lignes  planes,  peut  être  obtenu  par 
composition  géométrique  d'un  système  homothétique  S  et  d'un  système  S,, 
de  la  même  représentation  sphérique,  qui  donne  lieu  à  distinguer  lesjtrois 
cas  suivants  :  i°S,  est  un  système  horaothélique  corres])ondant  à  une  valeur 
de  la  constante  c  différente  de  celle  dont  dépendent  les  a;,  j>^,  z  relatives 
à  S;  2°  S,  est  un  système  admettant  un  groupe  de  translations;  3°  S,  est 
un  système  qu'on  obtient  en  différentiant  par  rapport  à  n  les  fonctions  x, 
y,  z  (4)  relatives  à  un  système  homothétique  correspondant  à  la  même  va- 
leur de  G  que  S. 

»  6.  Admettons  qu'on  ait  déterminé  tous  les  systèmes  homothétiques 
d'une  représentation  sphérique  donnée.  Soient  S  l'un  de  ces  systèmes, 
S'  le  système  homothétique  obtenu  par  l'inversion  de  S  (le  pôle  de  l'in- 
version étant  au  centre  d'homothétie)  et  S,  l'un  quelconque  des  systèmes 
homothétiques,  de  représentation  sphérique  donnée,  distinct  de  S.  On  ob- 
tient tous  les  systèmes  homothétiques  S',  ayant  la  même  représentation 
sphérique  que  S'  au  moyen  des  formules  telles  que 

(^)  ^'.=«^.-'^^(^^.+77.+—.)^' 

oxa  l'on  a  désigné  par  a?,  V,  :;,  a-,,  y,,  ^,,  a?', ,  j', ,s',  les  coordonnées  relatives 
aux  systèmes  S,  S,  et  S',  respectivement.  Les  équations  (6)  résultent  sans 
aucune  difficulté  des  équations  générales  de  M.  Darboux  (^Leçons  sur  la 
théorie  générale  des  surfaces,  t.  IV,  p.  295 ).  Soient  r  et  r,  les  rayons  vec- 
teurs des  systèmes  S  et  S,  aux  points  correspondants.  Projetons  r,  sur  r; 


(  77  ) 
le  rayon  vecteur  de  S',  est  évidemment  la  somme  géométrique  de  r,  et  du  vec- 
teur obtenu  en  modifiant  ta  projection   de  r,    dans    le   rapport    constant 
—  2c  :  i  +  t'  [n  et  t'  sont   les  valeurs  de  la  constante  «r  dans  les  équa- 
tions (4)  relatives  aux  systèmes  S  et  S,  respectivement]. 
7.   Pour  indiquer  au  moins  un  exemple  particulier,  soit 

(7)  5  +  |  =  -a)t.  +  /r(«^+/>^). 

une  famille  de  paraboloïdes  homothétiques.  Comme  les  lignes  ombilicales 
sont  des  droites  passant  par  l'origine  et  normales  à  tous  les  paraboloïdes, 
la  famille  (7)  est  une  famille  de  J.amé.  I.e  système  orthogonal  correspon- 
dant admet  évidemment  un  groupe  de  transformations  homothétiques. 
Les  équations  des  deux  familles  qui  complotent  le  système  sont  faciles  à 
former  explicitement.  Toutes  les  surfaces  du  système  sont  algébriques  si 
a-  :  b^  est  un  nombre  commensurable. 

»  Tous  ces  résultats  ont  été  communiqués  à  la  Société  mathématique  de 
Moscou  ;  ils  sont  contenus  dans  un  Travail  détaillé  (sous  presse  actuelle- 
ment) qui  va  jjaraitre  dans  les  Annales  de  l' Université  de  Moscou.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  corrélation  des  expériences  faites  à  Dijon  en  iSq^j 
pour  l'application  de  l'idée  de  retour  commun  pour  circuits  téléphoniques  cl 
les  expériences  faites  depuis  celte  date  de  1894  *"'"  ^0  téléphonie  sans  fd. 
Note  de  M.  Rheins. 

«  Les  expériences  faites  à  Dijon  en  i894-i8():)  pour  l'application  de 
l'idée  du  retour  commun,  mentionnées  dans  la  brochure  reçue  par  l'Aca- 
démie dans  sa  séance  du  i5  novembre  1900,  et  dans  l'article  du  25  juin 
189G  du  Journal  télégraphique  International,  ont  montré  que  les  mélanges 
de  conversation  produits  dans  des  circuits  appartenant  au  même  retour 
commun  sont  causés  par  de  mauvais  isolements,  c'est-à-dire  des  pertes  à 
la  terre. 

»  En  d'autres  termes,  le  courant  téléphonique  nuisible  passe  d'un  poste 
à  l'autre,  non  parle  conducteur  métallique  qui  les  unit,  mais  par  les  terres 
des  deux  postes.  Ceux-ci  communiquent  donc  entre  eux  par  leurs  terres, 
c'est-à-dire  sans  fil. 

»  Il  y  a  donc  corrélation  complète  entre  ces  expériences  et  celles  qui 
ont  été  faites  à  cette  même  date  de   1894  par  M.  Gavey,  reprises  en  1899 


(  78  ) 
par  sir  William  Preece,  et  actuellement  encore  par  Gavey  et  dont  sir  Wil- 
liam Preece  a  dernièrement  rendu  compte.  » 


CHIMIE.    —   Action  de  Vhydrogène  sur  le  protosulfure  de  bismuth  ('). 
Note  de  M.  H.  Pélabox,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Le  protosulfure  de  bismuth  BiS,  obtenu  en  fondant  du  bismuth  et  du 
soufre  en  proportions  convenables,  est  réduit  par  l'hvdrogène  quand  on  le 
chauffe  dans  un  courant  de  ce  gaz. 

))   Inversement,   le  bismuth  fondu  décompose  le  gaz  hydrogène  sulfuré. 

»  Si  l'on  fait  agir  les  corps  dans  un  espace  dont  tous  les  points  ont  la 
même  température,  les  deux  réactions  inverses  conduisent  à  un  équilibre 
chimique  que  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier. 

»  Deux  cas  sont  à  considérer  :  ou  bien  la  température  de  l'expérience 
est  comprise  entre  les  points  de  fusion  du  bismuth  et  de  son  sulfure,  ou 
bien  elle  est  supérieure  à  la  température  de  fusion  de  ce  dernier  corps. 
Dans  le  second  cas,  le  système  en  équilibre  se  compose  de  deux  parties 
séparément  homogènes  :  un  mélange  d'hydrogène  et  d'acide  sulfliydrique 
d'une  part,  un  mélange  de  bismuth  liquide  et  de  sulfure  liquide  d'autre 
part. 

»  Pour  étudier  comment  varie  la  composition  du  système  gazeux  avec 
celle  du  système  liquide,  nous  avons  fait  agir  l'hydrogène,  d'abord  sur  des 
masses  variables  de  sulfure  pur,  ensuite  sur  des  mélanges  en  proportions 
connues  de  sulfure  et  de  bismuth.  Nous  avons  complété  ces  recherches  par 
l'étude  de  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  des  masses  variables  de 
bismuth. 

»  1°  Action  de  Vhydrogène  sur  le  sulfure  de  bismuth.  —  Toutes  nos  expériences 
ont  été  faites  à  une  température  voisine  de  6io°.  Les  corps  ont  été  chaufTés  dans  des 
tubes  scellés  de  6"  environ  de  capacité;  la  pression  initiale  du  gaz  était  voisine  de  la 
pression  atmosphérique. 

»  Après  refroidissement  brusque  des  tubes,  on  déterminait  très  exactement,  d'une 
part,  le  volume  du  gaz  qu'ils  contenaient,  d'autre  part  le  volume  de  la  portion  de  ce 
gaz  non  absorbable  par  la  potasse;  on  pouvait  calculer  ainsi  la  valeur  du  rapport  o  de 
la  masse  d'hydrogène  sulfuré  à  la  masse  totale.  Connaissant  le  poids  de  sulfure  de 
bismuth  employé,  il  était  aussi  très  facile  de  calculer  le  rapport  R  du  poids  de  sulfure 
non  décomposé  au  poids  du  mélange  formé  par  ce  corps  et  le  bismuth  mis  en  liberté. 

(')  Institut  de  Chimie  de  Lille  (Laboratoire  de  Chimie  générale). 


(  79) 

)i  ^'oici  les  nombres  que  nous  avons  obtenus  pour  valeurs  des  rapports  p  et  R  en 
faisant  varier  la  masse  de  sulfure  de  bismuth  : 

Poids  de  Bis.  Valeurs  de  p.  Valeurs  de  R. 

o,i o,84o  o,5i4 

0,5 0,893  0,898 

I 0,898  o,94o 

2 0,890  0,976 

4 0,891  0,988 

8 0,895  0,992 

»  Ces  nombres  l'ont  voir  que,  quand  la  concentration  du  mélange  de  sulfure  de  bis- 
muth et  de  bismuth  croît  à  partir  de  R  in:  0,89  et  tend  vers  i,  le  rapport  p  demeure 
sensiblement  constant  et  tend  vers  une  limite  voisine  de  0,89.3. 

»  2°  Action  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  le  bismuth.  —  A  la  même  température,  la 
même  méthode  du  refroidissement  brusque  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Poids  de  Bi.  Valeurs  de  p.  Valeurs  de  K. 

«r 

I 0 ,  262  0 ,  089 

2 O,  168  0,025 

4 0,080  0,012 

»  Il  est  facile  de  voir  par  ces  résultats  que  le  rapport  p  tend  répulièremenl  vers  zéro 
quand  R  tend  lui-même  vers  zéro. 

»  Quand  le  poids  de  bismuth  est  supérieur  à  iS'',  p  est  sensiblement  proportionnel 
à  R, 

»  3°  Action  de  l'hydrogène  sur  le  mélange  de  sulfure  et  de  bismuth. 

»  Dans  ce  dernier  cas,  le  rapport  p  croît  très  régulièrement  quand  R  augmente, 
comme  on  peut  le  voir  sur  les  nombres  suivants  : 

Poids  Valeurs 

de  BiS.  de  Bi.  de  p.  de  R. 

0,2  I  o,5i5  0,143 

0,1  0,1  0,672  0,283 

0,3  0,3  0,785  0,429 

0,2  o , o j  0,84'  o , 595 

0,4  o,o5  0,878  0,782 

»  En  résumé,  la  proportion  d'hydrogène  sulfuré  croil  très  régulièrement 
à  partir  de  zéro  en  même  temps  que  la  proportion  de  sulfure  de  bismuth  et 
le  rapport  p  tend  vers  le  nombre  0,893  quand  R  tend  vers  i. 

))  Remarques.  —  A  la  température  de6io°  l'équilibre  chimique  est  ob- 
tenu au  bout  (l'un  temps  qui  ne  dépasse  pas  vingt  minutes. 

»  Le  bismuth  peut  être  placé  dans  les  tubes,  soit  au  voisinage  du  sul- 


(  8o  ) 
fure,  de  manière  que  les  deux  corps  liquides  puissent  se  mélanger,  ou  bien 
les  deux  corps  peuvent  être  disposés,  aux  deux  extrémités,  de  manière 
qu'ils  ne  puissent  se  mélanger  à  l'état  liquide;  on  trouve  dans  les  deux  cas 
le  même  résultat. 

»  Influence  de  ut  température.  —  Quand  la  température  est  comprise 
entre  les  points  de  fusion  des  deux  corps,  ceux-ci  restent  séparés.  On  n'ar- 
rive pas  à  la  même  valeur  du  rapport  p  pour  une  même  valeur  de  R,  selon 
que  l'on  part  d'un  système  qui  renferme  initialeuient  de  l'hydrogène  ou 
que  l'on  part  d'un  système  contenant  de  l'hydrogène  sulfuré. 

»  Dans  ce  dernier  cas  la  décomposition  du  gaz  sulfhydrique  est  arrêtée 
par  suite  de  la  formation  à  la  surface  du  bismuth  d'une  couche  protectrice 
de  sulfure;  on  a  donc,  quand  la  composition  du  mélange  gazeux  demeure 
invariable,  un  état  de  faux  équilibre  apparent.  Quand,  au  contraire,  c'est 
l'hydrogène  qui  réagit  sur  le  sulfure,  le  bismuth  mis  en  liberté  quitte  le 
morceau  de  sulfure  et  la  réduction  peut  se  continuer  jusqu'à  ce  qu'on  at- 
teigne le  véritable  équilibre.  Le  système  étudié  est  dans  ces  conditions  par- 
tiellement hétérogène  et  la  théorie  de  la  dissociation  indique  que  la  valeur 
de  p  doit  être  indépendante  des  masses  de  sulfure  et  de  bismuth. 

»  Cette  conséquence  se  vérifie  sensiblement,  on  a  trouvé  en  effet  à  44o° 
les  résultats  suivants  : 

Poids 

de  BiS.  de  Bi.  Valeurs  de  p. 

er  gr  gr 

0,2  0,2  0,618 

0,3  0,2  0,628 

0,5  0,0  o,6i3 

0,4  0,08  o,6o3 

»  [.a  réduction  du  sulfure  est  beaucoup  plus  lente  à44o°qu'à  610°.  Il 
faut,  en  effet  au  moins  quatre-vingt-dix  heures  pour  que  l'équilibre  soit 
établi  à  la  première  température.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Surles  chloTohromures  de  thallium  du  type  TlX^  3TlX. 
Note  de  M.  T.  Thomas,  présentée  par  M.  Moissan  ('  ). 

«  On  ne  sait  presque  rien  de  l'histoire  des  sels  mixtes  halogènes  du 
thallium  et  le  peu  qu'on  en  sait  est  encore  assez  obscur.  Je  me  propose 


(•)  Laboratoire  d'enseignement  pratique  de  Cliimie  appliquée. 


(8i  ) 

dans  cette  Note  de  rapporter  quelques  expériences  relatives  aux  composés 
du  type  TIX',  3T1X,  expériences  qui  tendent  à  démontrer  l'exislence 
d'un  seul  chlorobromure  Tl'CPBr'. 

»   Les  chlorobromures  du  type  T1X%  3  ïlX  peuvent  être  préparés  : 

»  I  "  Par  l'action  du  brome  sur  le  chlorure  thalleux  en  présence  de  F  eau.  — 
M.  Jos.  Mever  (')  a  obtenu  ainsi  un  composé  de  formule  brute  Tl'CP  Br-, 
représentant  vraisembablement,  d'a[)rès  lui,  un  mélange  deTiCl  avec  un 
nouveau  chlorobromure  Tl'Cl'Br'^ 

»  M.  CushmanC)  attribue  au  corps  formé  la  formule  Tl'Cl'Br-,  et  dans 
une  Note  récente  publiée  par  nousaux  Comptes  rendus^*),  nous  avons  pour 
ce  composé  établi  la  formule  Tl'Cl'Br'. 

>>  2"  Par  l'action  du  chlore  sur  le  bromure  thalleux  en  présence  de  ïeaa.  — 
M.  Jos.  Meyer  a  obtenu  un  composé  Tl'  Br'  CP,  décomposable  par  l'eau  en 
donnant  Tl'CPBr^ 

»  3°  Par  l'action  de  Tl  Cl  sur  Tl  Bi  '  en  solution.  —  M.  Jos.  Meyer  a  obtenu 
TPBr'Cl-;  M.  Cushman  :ÏIH:PBr\ 

M  4°  Par  l'action  de  Tl  Br  i«rTl  Cl'  en  solution.  —  D'après  M.  Jos.  Meyer, 
il  se  forme  TPC^Br^*;  d'après  M.  Cushman,  Tl'Cl'Br'  {'). 

»  5"  Par  décomposition  des  chlorobromures  du  type  TIX',  3  TlX  au  contact 
de  l'eau.  —  Le  chlorobromure  Tl'CU-Br'  obtenu  par  M.  Jos.  Meyer  se 
dédouble  au  contact  de  l'eau  bouillante  en  donnant  naissance  au  com- 
posé Tl'Cl'Br".  Le  chlorobromure  TI'Cl'Br*  se  détioublerait  d'une  façon 
toute  semblable. 

»  D'après  ces  travaux,  il  semblerait  donc  qu'il  existe  trois  chlorobro- 
mures du  tvpc  TlX^,  3TlX  corrcspoiulant  respectivement  aux  formules  : 

iPCPBr-,     ïPCl'Br^     TPCl-Br'. 

»  J'ai  repris  avec  beaucoup  de  soin  :  i°  l'élude  du  produit  lirul  provenant  de  la 
réaction  du  brome  sur  le  chlorure  llialleux;  2°  l'élude  des  produits  de  décomposition 
du  clilorobroHiure  TI^Cl'Br*. 

»  L'action  du  brome  sur  le  clilurure  thalleux  à  froid  et  au  contact  de  l'eau  donne 
une  poudre  jaune  (')  dont  la  composition  n'est  pas  constante  et  dépend  de  la  quantité 

(')  Zeit.f.  An.  Chemie,  2i,  p.  355  et  suiv.  ;  1900. 
(*)  Am.  Client.  Journ.,  24,  n°  3,  septembre  1900. 
(')   Comptes  rendus,  26  novembre  1900. 

(*)  Le  dérivé  Tl*CPBr'  ainsi  obtenu  est  isoniéri([ue  d'après  M.  Cushman  avec  celui 
formé  à  partir  de  Tl  Cl  -t-  Tl  Br'. 

(')   Voir  notre  Note  du  26  novembre  1900. 

C.  R.,  1901,    i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°   2.)  II 


(  «--  ) 

debromeajoutée.  Celle-ci  paraît  osciller  entre  les  compositions  limites  TIGl  et  Tl'Cl^Br'. 
Le  produit  brut  dissous  dans  l'eau  cristallise  en  lamelles  (ou  en  aiguilles)  et  les  pre- 
miers dépôts  ont  toujours  même  composition  Tl'Ci3Br^  Il  en  est  de  même  si  l'on 
ajoute  du  brome  à  une  dissolution  cliaude  et  concentrée  de  clilorure  thalleux.  Les  la- 
melles seproduisent  immédiatement  ou  par  refroidissement  et  correspondent  àTl^Gl'Br^. 

»  Il  nous  paraît  par  suite  tout  à  fait  probable  que  les  composés  signalés  par  M.  Jos. 
Meyer  et  par  M.  Gushman  ne  représentent  que  des  mélanges  plus  ou  moins  riches  du 
chlorobromure  Tl'CPBr'  avec  TlGl  ou  peut-être  TPCF. 

»  Pour  étudier  la  décomposition  du  composé  TPGl-'Br'  par  l'eau,  nous  avons  placé 
iSb-'  de  ce  corps  en  présence  de  5oos"'  d'eau  froide.  La  décomposition  se  produit  immé- 
diatement. Il  se  forme  une  poudre  jaune  tout  à  fait  comparable  à  celle  obtenue  à 
partir  de  TlGl-i-Br.  Afin  de  faciliter  la  décomposition  totale,  cette  poudre  est  tri- 
turée au  contact  de  l'eau  pendant  un  certain  temps,  après  quoi  on  la  recueille;  elle 
représente  en  poids  un  peu  plus  de  la  moitié  du  produit  dont  on  est  parti. 

»  Les  analyses  de  ce  corps  ont  donné  : 

Br i8,8o  19,1.5 

CI 9,80  10,47 

c'est-à-dire  des  nombres  tout  à  fait  analogues  à  ceux  fournis  par  le  produit  de  bro- 
muration  du  chlorure  thalleux. 

»  Si  l'on  dissout  ce  produit  brut  dans  l'eau  chaude,  il  se  sépare,  à  la  surface  du 
liquide,  une  très  légère  pellicule  blanchâtre  qui  paraît  constituée  en  grande  partie 
par  du  bromure  mélangé  avec  une  petite  quantité  de  chlorobromure.  Les  analyses 
donnent,  en  effet  : 

Pour  100.  Calculé  pour  Tl  Br. 

Br 23, o3  28,16 

Cl 4  )  76  o ,  00 

AgBr-i-AgCI 74,00  66,19 

»  La  solution  laisse  déposer  des  lamelles  hexagonales  (quelquefois  des  aiguilles 
groupées  en  forme  de  fougère)  colorées  fortement  en  rouge,  mais  au  fur  et  à  mesure 
que  la  température  de  la  solution  s'abaisse,  la  coloration  de  ces  cristaux  vire  à 
l'orange.  On  les  recueille  à  différentes  températures  et  on  les  sèche.  Après  un  certain 
espace  de  temps,  quelquefois  très  court,  la  coloration  est  nettement  orangée  et  l'on  ne 
saurait  distinguer  ce  corps  de  celui  obtenu  en  prenant  pour  point  de  départ  le  chlo- 
rure thalleux  et  le  brome.  Les  analyses  montrent  que  les  deux  produits  sont  iden- 
tiques : 

Calculé 
Premier  dépôt.  Second  dépôt.  pour  Tl'Cl'Br'. 

Br 20,33  20,44  20, 65 

Cl 9,35  9,11  9,  ,5 

»  La  présence  dans  le  dépôt  d'aiguilles  hexagonales  n'en  change  pas  la  composition. 
La  formule  de  décomposition  du  corps  TPGl^Br'  en  Tl'Gl^Br^  pouvait  donc  être 
représentée  par  l'équation 

2Tl'GPBr'=  Tl»C|3Br'+  [TP  +  G1+  Br']  en  solution. 


(  83  ) 

»  De  nos  recherches,  nous  concluons  que  si  les  chlorobromures  TPCl*Br^ 
etTl^Cl-Br*  existent,  ce  qui  nous  paraît  douteux,  ils  ne  sont  pas  stables 
et  se  dédoublent  par  cristallisation  en  donnant  TPCPBr'.  Ce  chloro- 
bromure  est,  par  suite,  celui  qui  se  forme  très  régiilicrenieut  lors  jiie,  en 
présence  d'une  quantité  d'eau  suffisante,  se  trouvent  en  même  temps  en 
solution,  sous  forme  de  sel  halogène,  du  chlore,  du  brome  et  du  thallium. 
Lorsque,  au  contraire,  la  solution  est  concentrée  et  suffisamment  riche 
en  composés  tlialliques,  les  chlorobromures  qui  se  forment  sont  différents 
et  paraissent  appartenir  au  tvpe  TlX''TlX.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  combinaisons  du  bromure  de  bore  avec  les 
chlorures  de  phosphore  {*).  Note  de  M.  Tauible,  présentée  par  M.  Henri 
Moissan. 

«  Nous  avons  antérieurement  indiqué  les  composés  résultant  de  l'action 
du  bromure  de  bore  sur  les  bromures  de  phosphore  (■).  Depuis,  nous 
avons  fait  réagir  le  bronuire  île  bore  sur  les  chlorinvs  de  phosphore  et  nous 
avons  obtenu  des  corj)s  nouveaux  que  nous  décrirons  dans  la  présente 
Note. 

»  Composé  PCP,  aBoBr'.  —  En  versant  du  bromure  de  bore  sur  du  iricldorure  de 
phosphore  contenu  dans  un  tube  à  essai,  nous  avons  constaté  la  formation  instantanée 
d'un  composé  blanc,  cristallin,  avec  un  notable  dégagement  de  chaleur. 

»  Afin  d'observer  dans  quelles  proportions  s'ell'ectuait  la  combinaison,  nous  avons 
fait  agir  dans  trois  ballons  parfaitement  sèches  des  quantités  de  bromure  et  de  tri- 
chlorure  bien  déterminées. 

»  Dans  l'un,  des  poids  proportionnels  correspondant  à  une  molécule  de  bromure  de 
bore  pour  une  molécule  de  trlchlorure  de  phosphore; 

»  Dans  l'autre,  des  poids  de  matières  représentant  deux  molécules  de  liichlorure 
pour  une  de  bromure; 

»  Et  dans  le  troisième,  des  poids  correspondant  à  deux  molécules  de  bromure  pour 
une  de  Irichlorure. 

»  Dans  les  deux  premières  expériences,  nous  avons  observé  une  élévation  notable 
de  température  et  la  formation  instantanée  d'un  ])iécipitè  nettement  cristallin. 

»  Dans  le  troisième  cas,  la  léaction  a  paru  plus  \  ive  encore  et,  par  refroidissement, 
le  tout  se  prit  en  masse  cristalline. 

»  Enfin,  un  quatrième  essai,  où  trois  molécules  de  bromure  de  bore  correspondaient 

(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Henri  Moissan. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXVl,  p.  i52i. 


Théorique 

pour 

2. 

3. 

4. 

PCF,  2BoBr 

4,89 

4,68 

4,53 

4,84 

'6,98 

17,02 

i6,  lo 

i6,66 

75,34 

75,42 

74,85 

75,06 

» 

» 

» 

3,44 

(84  ) 

à  une  de  trichlorure  de  phosphore,  donna  lieu  aux  mêmes  remarques  que  dans  le  cas 
précédent  avec,  en  plus,  la  présence  d'une  partie  liquide  absolument  incolore. 

»  Ces  observations  nous  faisant  entrevoir  la  possibilité  d'isoler  des  composés 
obtenus  dans  ces  diverses  expériences,  nous  avons  décanté  les  parties  liquides, 
essoré  les  cristaux  dont  nons  avons  complété  la  dessiccation  par  un  courant  de  gaz 
carbonique. 

»  Ces  cristaux,  recueillis  séparément  dans  des  ampoules  en  verre,  furent  soumis  à 
l'analyse,  qui  nous  fournit  les  chiffres  suivants  : 

Expériences.  1. 

Phosphore 4,96 

Chlore i6,o5 

Brome 74,27 

Bore  (  non  dosé j ....  » 

M  On  voit  que  ces  résultats  concordent  très  approximativement  avec  les  données 
théoriques  pour  PCP,2BoBr'. 

»  Le  composé  PCP,  2BoBr'  est  incolore,  cristallisé,  fondant  vers  58°,  se  sublimant 
à  partir  de  4o°  et  se  dissociant  avant  d'atteindre  la  température  d'ébullition. 

»  Il  est  soluble  dans  ses  deux  générateurs,  dans  le  sulfure  de  carbone  et  le  chloro- 
forme; insoluble  dans  l'huile  de  vaseline  et  l'éther  de  pétrole. 

»  Il  fume  à  l'air;  l'eau  le  décompose  rapidement  avec  dégagement  de  chaleur  et 
production  des  acides  phosphoreux,  borique,  bromhjdrique  et  chlorhydrique. 

»  Dans  un  courant  d'hydrogène,  il  se  sublime  vers  3o°  et  se  dissocie  partiellement 
au  delà  de  5o°. 

»  Il  est  attaqué  au  rouge  par  l'oxygène. 

»  Le  soufre  ne  réagit  pas  au-dessous  de  la  température  de  dissociation  de  ce  com- 
posé. 

11  Le  gaz  ammoniac  est  absorbé  avec  un  grand  dégagement  de  chaleur  et  donne  un 
composé  blanc  cristallin. 

)>  Les  composés  organiques,  carbures,  élhers,  alcools,  acides,  réagissent  énergi- 
quement  sur  PCI',  2BoBr^. 

»  Nous  avons  fait  cristalliser  ce  chlorobromure  dans  un  excès  de  bromure  de  bore, 
et  l'analyse  n'a  révélé  aucun  changement  dans  sa  composition. 

»  Dans  le  trichlorure  de  phosphore,  il  se  dissout  avec  facilité,  et,  quoique  les  cris- 
taux n'aient  plus  la  belle  apparence  qu'ils  présentent  dans  le  bromure  de  bore,  la 
formule  n'a  pas  changé. 

»  Ce  qui  nous  permet  de  conclure  que,  à  la  température  ordinaire,  BoBr'  et  PCP 
ne  forment  que  la  seule  combinaison  stable  PCP,  2BoBr^ 

»  Composé  PC\^,  2BoBr^.  —  Le  bromure  de  bore,  en  présence  du  penlachlorure  de 
phosphore,  ne  donne  lieu  à  aucune  réaction  à  la  température  ordinaire,  mais,  en  tube 
scellé  et  vers  i5o°,  on  constate  la  formation  de  cristaux  jaunes  d'apparence  plus  denses 
que  ceux  du  pentachlorure. 

»  Nous  avons  tenté  de  nouvelles  expériences  en  variant  les  proportions  comme  dans 


Théorique 

pour 

2. 

3. 

1 

PClSîBoBrl 

4,48 

5,19 

4,25 

4,36 

25,02 

24,72 

20,38 

24,98 

67,12 

66,99 

67,32 

67 ,  56 

» 

» 

» 

3,09 

(  85  ) 

le  cas  précédent.  Nous  avons  obtenu  un  nouveau  corps  d'une  stabilité  plus  grande  et, 
par  suite,  d'une  manipulation  plus  facile  que  le  précédent.  L'analyse  des  cristaux  nous 
a  donné  les  résultats  suivants  : 


Expériences.  1. 

Phosphore 4,23 

Chlore 25,71 

Brome 67,81 

Bore  (non  dosé).. .  » 

»  C'est  un  corps  cristallisé,  parfaitement  incolore;  la  coloration  jaune  pâle  observée 
au  moment  de  sa  formation  disparaît  lorsqu'on  le  fait  cristalliser  dans  le  bromure  de 
bore  et  est  probablement  due  à  des  traces  de  chlore  provenant  du  perchlorure  de 
phosphore. 

»  11  fond  vers  iSi"  avec  un  commencement  de  décomposition.  11  se  sublime  à  partir 
de  100°,  à  la  pression  normale.  Il  est  soluble  dans  le  bromure  de  bore,  le  sulfure  de 
carbone,  insoluble  dans  l'huile  de  vaseline  et  l'éllier  de  pétrole. 

»  11  fume  à  l'air  humide  et  est  rapidement  décomposé  par  l'eau  en  donnant  les 
acides  borique,  phosphorique,  chlorhydiique  et  bromhydrique. 

»  Dans  un  courant  d'hydrogène,  nous  n'avons  constaté  qu'un  entraînement  de  va- 
peurs, et,  si  l'on  élève  la  température,  le  corps  se  sublime  sans  décomposition. 

»  L'oxygène  ne  l'altère  qu'au  rouge. 

»  Le  soufre  est  sans  action  sur  PCl',2BoBr'  au-dessous  de  la  température  de  dis- 
sociation de  ce  corps. 

»  Le  gaz  ammoniac  est  absorbé  en  produisant  une  forte  élévation  de  température 
et  donnant  une  poudre  blanche  amorphe.  Les  composés  organiques  se  comportent 
envers  PCM,2BoBr'  comme  avec  PCP,2BoBr'. 

»  Une  nouvelle  cristallisation  de  ce  corps  dans  un  excès  de  bromure  de  bore  n'ayant 
apporté  aucun  changement  clans  sa  composition,  nous  en  avons  conclu  que,  dans  les 
conditions  où  nous  nous  sommes  placé,  le  bromure  de  bore  ne  donne  avec  le  penta- 
chlorure  de  phosphore  que  le  composé  stable  PCl',2HoBr'. 

M  En  résumé,  le  bromure  de  bore  en  présence  tles  chlorures  de  phos- 
phore réagit  «tvcc  la  plus  graiule  facilite  pour  donner  des  combinaisons 
doubles.  Les  corps  ainsi  obtenus  sont  parfaitement  cristallises  et  se  dé- 
composent à  froid  par  l'eau,  le  chlore  et  le  gaz  ammoniac.  Toutefois,  leurs 
formules  sont  ililTérentes  de  celles  qu'on  obtient  avec  les  bromures  de 
phosphore.   » 


(  86  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  préparation  des  hydrates  de 
peroxyde  de  sodium  et  leurs  propriétés.  Note  de  M.  George-F.  Jaubert, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Comme  on  le  sait,  le  peroxyde  de  sodium,  sous  l'aclion  de  peu  d'eau, 
se  décompose  violemment  en  donnant  un  dégagement  d'oxygène  et  un  ré- 
sidu qui  n'est  autre  chose  que  de  la  soude  caustique.  Un  dégagement  de 
chaleur  considérable  accompagne  cette  réaction  et,  suivant  les  conditions 
de  l'expérience,  la  température  peut  monter  bien  au-dessus  de  ioo°. 

»  L'équation  suivante  montre  qu'il  suffit  de  1 8  parties  d'eau  pour  dé- 
composer 78  parties  de  peroxyde  : 

Na='0^  +  H20  =  2NaOH  +  0. 

»  J'ai  trouvé  qu'une  réaction  tout  autre  prend  naissance,  si  l'on  expose 
simplement  le  peroxyde  de  sodium  à  l'action  de  l'air  humide  et  privé 
d'acide  carbonique  (').  Dans  ce  cas,  la  quantité  d'eau  absorbée  par  le 
peroxyde  de  sodium  peut  dépasser  de  beaucoup  la  quantité  théoriquement 
nécessaire  à  sa  décomposition.  Tandis  que  25e''  d'eau  versés  goutte  à  goutte 
sur  loo^^de  peroxyde  de  sodium  amènent  une  décomposition  à  peu  près  to- 
tale, on  i)eut  facilement,  en  employant  la  vapeur  d'eau,  à  froid,  dans  les 
conditions  indiquées  ci-dessous,  faire  absorbera  cette  même  quantité  de 
peroxyde  de  sodium  jusqu'à  200  et  nsême  225  parties  d'eau  sans  remar- 
quer aucune  décomposition,  c'est-à-dire  aucun  dégagement  appréciable 
d'oxygène  et  aucune  déliquescence. 

»  J'ai  fait  des  expériences  très  précises  en  mettapt  sons  cloche,  à  une  lempérature 
uniformémenl  constante  de  iS",  5,  deux  capsules,  l'une  contenant  de  l'eau,  l'autre  du 
peroxyde  de  sodium.  La  cloche,  qui  mesurait  3o62"",  était  en  communication  avec  un 
tube  gradué  en  centimètres  cubes  et  destiné  à  recueillir  les  gaz,  c'est-à-dire  l'oxygène, 
au  cas  où  il  s'en  dégagerait. 

»  Du  peroxyde  de  sodium  (oos"')  abandonné  pendant  plus  de  cent  heures  sous  cette 
cloche  ne  donna  lieu  à  aucun  dégagement  gazeux  ;  son  poids,  par  contre,  augmenta  de 
près  du  tiers  :  il  s'était  transformé  en  un  hydrate. 

»  Voici  le  compte  rendu  d'un  autre  essai  :  le  22  février  1899,  los"'  de  peroxyde  de 
sodium  sont  placés  dans  une  capsule  tarée,  cette  dernière  est  mise  dans  un  exsiccateur 


(')  GisoRGE-F.  Jaurert,  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  35. 


(  87  ) 

à  acide  sulfiiriqiie  rempli  d'eau,  et  imini  d'un  manomètre  de  façon  à  pouvoir  sur- 
veiller de  l'extérieur  l'augmentation  de  pression  qui  résulterait  de  la  décomposition 
du  peroxyde.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  la  pression  initiale  n'a  pas  varié,  mais 
le  peroxyde  pèse  iSs'.ôoo,  il  s'est  transformé  en  une  masse  d'un  blanc  pur,  friable  et 
ressemblant  à  de  la  neige. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  l'augmentation  de  poids  observée  : 

Date.  Augmentiition  de  poids. 

22.2  .1899 10,  oo 

23.2.     99 1 3 ,  6o 

25.2.     99 i6,3o 

26.2.       99 22,25 

27 . 2 .     99 25 ,  60 

28.2.     99 27,50 

5.3.     99 32,5o(') 

»  Comme  on  peut  arrêter  l'hydratation  à  un  moment  quelconque,  on  obtient  facile- 
ment par  ce  procédé,  avec  un  excellent  rendement  et  sans  passer  à  aucun  moment  par 
des  solutions,  les  hydrates  déjà  connus  :  Na'O'-i-  2H*0  et  Na'O'-i- 8H^0,  ainsi  que 
des  hydrates  intermédiaires  encore  inconnus. 

»  J'ai  étudié  particulièrement  l'hydrate  IVa'O'-l- 811*0,  qui  a  été  préparé  en 
grandes  quantités.  Il  se  présente  sous  forme  d'une  masse  neigeuse  d'un  blanc  pur 
tandis  que  Na'O'  anhydre  est  jaune. 

»  Il  se  dissout  très  facilement  dans  l'eau,  à  la  température  ordinaire  et  sans  donner 
lieu  à  aucun  dégagement  d'oxygène.  Il  est  moins  soluble  dans  l'eau  glacée.  On  peut 
utiliser  cette  propriété  pour  le  faire  cristalliser.  On  l'obtient  alors  en  paillettes  nacrées 
ressemblant  à  l'acide  borique  et  auxquelles  l'analyse  assigne  bien  la  composition 
Na'O'-hSIPO. 

»  L'hydrate  de  bioxyde  de  sodium  se  dissout  dans  l'eau  avec  un  grand  abaissement 
de  température  grâce  à  la  chaleur  de  fusion  de  ses  huit  molécules  d'eau  de  cristallisa- 
tion. Même  dans  les  acides  assez  concentrés,  il  se  dissout  sans  notable  élévation  de 
température  en  donnant  des  solutions  d'eau  oxygénée  d'une  stabilité  remarquable. 

»  L'hydrate  de  bioxyde  de  sodium  lui-même  est  très  stable  à  froid,  j'en 
ai  conservé  sans  altération  (sauf  une  très  légère  perle  d'oxygène)  pen- 
dant plus  de  six  mois,  mais  dès  que  la  température  s'élève,  déjà  entre  3o° 
et  40°.  i'  subit  une  décomposition  partielle  qui  se  traduit  par  un  dégage- 
ment d'oxygène  en  même  temps  que  l'hydrate  tombe  en  déliquescence. 
Vers  80°- 100°  la  décomposition  est  totale. 


(')  Le  chiffre  82, 5o  représente  une  augmentation  de  poids  de  plus  du  triple,  c'est- 
à-dire  environ  Na-0--(-  loIi'O,  mais  il  semble  qu'on  approche  de  la  limite  de  décom- 
position, l'hydrate  de  peroxyde  de  sodium  commençant  à  devenir  pâteux. 


(  H8  ) 
»  L'hydrate  fie  peroxyde  de  sodium,  que  chacun  peut  préparer  facile- 
ment au  laboratoire  avec  un  rendement  qui  peut  être  théorique,  permet  de 
préparer  instantanément  des  solutions  d'eau  oxygénée  chimiquement  pure 
et  de  toutes  concentrations  jusqu'à  3o  volunies-35  volumes.  Il  trouvera 
certainement  des  applications  dans  l'analyse  chimique  des  substances  miné- 
rales où  il  peut  remplacer  presque  partout  l'eau  oxygénée,  qu'il  est  diffi- 
cile de  se  procurer  à  l'état  chimiquement  pur.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Détermination  des  chaleurs  latentes  Je  vaporisation 
de  quelques  substances  de  la  Chimie  organique.  Note  de  M.  W.  Louguimne. 

«  Les  expériences  dont  je  donne  les  résultats  dans  cette  Note  forment 
la  continuation  de  recherches  sur  les  chaleurs  latentes  de  vaporisation 
que  j'ai  entreprises  il  y  a  quelques  années  déjà  et  dont  les  résultats  ont  été 
publiés  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (^"^  série,  t.  III  et  t.  XIII), 
ainsi  que  dans  les  Archives  des  Sciences  naturelles  de  Genève  (4*  période, 

t.  IX). 

»  Le  mode  de  purification  des  substances  étudiées,  la  méthode  d'expé- 
rimentation et  le  calcul  des  résultats  obtenus  sont  les  mêmes  que  ceux 
déjà  indiqués. 

»  J'ai  déterminé  les  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  le  calorimètre 
par  les  vapeurs  qui  s'y  condensaient  et  par  l'abaissement  de  température 
des  liquides  ainsi  formés  depuis  la  température  de  leur  condensation  jus- 
qu'à la  température  de  l'eau  du  calorimètre  (voisine  de  20°). 

»  J'ai  également  déterminé  la  chaleur  spécifique  des  substances  étudiées 
entre  des  températures  voisines  de  leur  point  d'ébullilion  et  la  température 
ambiante;  et  les  variations  des  températures  d'ébullition  des  substances 
étudiées  correspondant  aux  variations  des  pressions.  Ces  données  m'étaient 
indispensables  pour  les  calculs  des  chaleurs  latentes  de  vaporisation.  Je 
ne  donne  ici  que  les  valeurs  des  chaleurs  spécifiques  et  des  chaleurs 
latentes  de  vaporisation  calculées  à  l'aide  des  données  indiquées. 

A.   —  Chaleurs  spécifiques  des  substances  étudiées. 
(Expériences  faites  à  l'aide  de  mon  étiive  mobile.) 

»   1.   Aniline.  —  Chaleur  spécifique  prise  entre  176°,  5  et  20°,  5  à  peu  près  :  o,  5485. 
»   Moyenne  de  3  expériences,  dont  l'expérience  extrême  diffère  de  o,  16  pour  100. 
»  2.  Méthyléthylacétoxime.  —  Chaleur  spécifique  prise   entre  i5i°,5   à  peu   près 
et  21", 9  :  o,65o3. 

»  Moyenne  de  3  expériences,  dont  l'expérience  extrême  diflfère  de  o,3o  pour  100. 


»  La  valeur  tirée  de  la  formiile  Trouton  -;^  =  21 ,  19. 


(    89    ) 

»  3.   Anisol.  —  Clialeur  spécifique  prise  entre  i5i°,7  et  20°  à  peu  près;  0,4806. 
»   Moj'enne  de  deux  expériences  qui  dilTèrent  de  celte  moyenne  de  o,  12  pour  100. 
»  k.  Butyronitrile.  —   Clialeur  spécifique  prise  entre   ii3°,3   et  21°  à  peu  près  : 
0,5471. 

»  Moyenne  de  deux  expériences  qui  (lilTérent  de  cette  moyenne  de  o,o4  pour  100. 

B.  —  Chaleur  latente  de  vaporisation  des  substances  étudiées. 

»  1.  Aniline  :  lo'i,  17.  —  Moyenne  de  trois  expériences  dont  l'expérience  extrême 
diffère  de  0,59  pour  100. 

MS 
T 

»  On  peut  en  conclure  que  la  molécule  liquide  de  l'aniline  n'est  pas  sensiblement 
polymérisée. 

»  2.  Méthyléthylacétoxitne  :  11 5,73.  —  Moyenne  de  trois  expériences  dont  l'expé- 
rience extrême  dilTère  de  0,4'  pour  100. 

»  La  formule  Trouton  donne  pour  cette  substance  la  valeur  28,7,  considérablement 
supérieure  à  celle  trouvée  pour  les  substances  dont  la  molécule  a  été  reconnue  non 
polymérisée,  et  cela  comme  résultat  de  recherches  exécutées  au  moyen  de  différentes 
méthodes. 

»  Les  expériences  faites  jusqu'à  présent  sur  les  acides  et  les  alcools  indiquent 
que  la  présence  du  groupe  OH  correspond  à  une  polymérisation  de  la  molécule 
liquide.  Mes  recherches  faites  sur  la  chaleur  latente  de  vaporisation  du  mélhylélhylacé- 
toxinie  avaient  pour  but  de  voir  si  le  même  effet  se  produit  quand  Tovliydrile  est  uni 
à  l'azote;  elles  semblent  indiquer  que,  dans  ce  cas  également,  la  présence  de  OH 
amène  une  polymérisation  de  la  molécule  liquide  et  que  par  conséquent  la  présence 
de  ce  groupe  correspond  à  une  polymérisation  de  la  molécule  liquide,  quelle  que  soit 
la  manière  dont  il  y  entre. 

»  3.  Anisol  :  80, 3o.  —  Moyenne  de  trois  expériences  dont  l'expérience  extrême 
diffère  de  o,5o  pour  100. 

»  La  formule  Trouton  donne  20, 58. 

»  La  molécule  liquide  n'est  par  conséquent  pas  polymérisée,  ce  qui,  d'après  les 
résultats  obtenus  jusqu'à  présent,  était  à  prévoir,  l'anisol  ne  contenant  pas  le 
groupe  OH. 

h.  Butyronitrile  :  ii5,25.  —  Moyenne  de  deux  expériences  qui  dilfèrent  de  cette 
moyenne  de  o,45  pour  100. 

»  La  valeur  tirée  de  la  formule  Trouton  =:  20,37. 

»  D'après  les  données  déjà  obtenues,  je  suis  arrivé  à  la  conclusion  que  la  molécule 
liquide  de  cette  substance  n'est  pas  polymérisée.  Il  en  est  de  même,  d'après  mes 
recherches  précédentes,  pour  les  quatre  autres  nitiiles  que  j'ai  étudiés,  c'est-à-dire 
pour  l'acétonitriie,  le  propionitrile,  le  capronitrilc  et  le  benzonitrile.  » 


C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  C.WXII,  iN°    2)  '  ~ 


(90  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Élude  du  nitrate  d' uranium. 
Note  de  M.  OEchsxer  de  Cosixck  ('  ). 

«  J'ai  (léterminé  les  densités  de  quelques  solutions  du  nitrate  d'uranium 
dans  les  acides  azotique  et  sulfurique  étendus;  ensuite,  j'ai  mesuré  sa 
solubilité  dans  l'alcool  méthylique  tout  à  fait  ]Hir  (régénéré  de  l'oxalate  de 
mélhyle);  dans  l'élher  ordinaire;  dans  l'acétate  d'éthyle,  et  dans  l'acide 
foruiique  concentré. 

Densités  des  solutions  du   nitrate  d'uranium  dans  l'acide  azotique  ((i:=i,i53). 

Densité 

par  rapport       par  rapport 
à  l'acide.  à  l'eau. 


Quantité 

pour    100 

de 

Températures. 

sel  dissous. 

o 

+  11 

I 

+  11,8 

2 

+  11,3 

3 

+  12 

4 

+  11,6 

5 

I ,0043 

1,1 585 

I , 0068 

1 , i6i4 

I ,0110 

i,i663 

I ,0106 

1,1698 

I ,0212 

1,1751 

Densités  des  solutions  du  nitrate  d'uranium  dans  l'acide  sulfurique  {d  =^  i,i38). 

Densité 

par  rapport       par  rapport 
à  l'acide.  à  l'eau. 


Quantité 

pour    100 

de 

Températures. 

sel  dissous. 

0 

+11,2 

t 

+11,8 

2 

+10,7 

3 

+  12 

4 

+11,4 

5 

i,oo44         1,1427 

i,oo63  1,1 45o  » 

1,0117  I , 1 5 I I  » 

j ,oi4o  I , i54o  » 

1 ,0173  1 ,  1576  1) 

»  Solubilité  dans  l'alcool  méthylique  très  pur.  —  L'alcool  méthylique  emploj'é 
dans  ces  expériences  avait  été  régénéré  de  l'oxalate  de  méth^le.  Les  expériences  ont 
été  faites  aux  températures  de  +11°, 5.  +100,6,  +11°, 2;  j'ai  trouvé,  comme  résul- 
tat moyen  de  mes  trois  déterminations,  qu'une  partie  de  nitrate  d'uranium  se  dissout 
dans  23,5  parties  d'alcool  méthylique  parfaitement  pur. 


(')  Institut  do  Cliimie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier. 


(  91  ) 

»  Ce  résultat  explique  d'une  manière  satisfaisante  les  résultats  que  j'ai  obtenus 
en  mesurant  la  solubilité  du  nitrate  d'uranium  dans  les  alcools  méltivliques  du  com- 
merce (voyez  ma  précédente  Note)  ;  plus  un  alcool  méthylique  commercial  renfermera 
d'acétone,  moins  il  dissoudra  du  sel. 

»  Sohibililé  dans  l'éther  ordinaire.  —  Ici  encore,  les  résultats  varient  suivant  que 
les  échantillons  d'éther  ordinaire  employés  renferment  plus  ou  moins  d'alcool  et 
d'eau.  J'ai  fait  trois  expériences,  aux.  températures  de  -H  n°,9;  -I-  12°,  4;  +  I2°,7,  avec 
un  éther  qui  avait  été  déshydraté  pai'  un  excès  de  chaux  vive;  j'ai  trouvé  que  une 
partie  de  nitrate  d'uranium,  desséché  pendant  quatre  heures  vers  SS^-go",  se  dis- 
sout dans  16  parties  du  véhicule  ainsi   purifié. 

»  Solubilité  dans  l'acétate d'élliyle pur.  —  Les  expériences  ont  été  faites  à  -t-io°,3 
et  à  +  10°, 7;  1  partie  de  nitrate  d'uranium  se  dissout  dans  18, 4  parties  d'éther 'acé- 
tique pur. 

M  Solubilité  dans  l'acide  formiijuc  concentré.  —  Les  expériences  ont  été  exécutées 
à  -I-  i5'',4>  -f-  •5'',6  et  -f-  iS";  1  partie  de  niti-ate  d'uranium  se  dissout  dans  5,3  parties 
d'acide  formique  concentré. 

»   Je  continue  ces  recherches.  » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  De  l'action  oxydante  du  persulfalc  d'ammoniaque  sur 
quelques  principes  immédiats  de  torganisme.  Note  île  M.  L.  Higou.xexq, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

(t  Quand  1\I.  Berthelot  découvrit  l'acide  persuUurique,  il  fit  connaître 
les  propriétés  oxydantes  très  reniarquahles  de  ce  composé.  Depuis  quehpie 
temps,  plusieurs  persulfates  alcalins  .sont  devenus  des  |)roduits  commer- 
ciaux; ils  oflVent,  comme  sources  d'oxygène  actif,  certains  avantages. 
C'est  ce  qui  m'a  délerniiné  à  étudier  leur  action  sur  des  substances  d'ori- 
gine animale. 

»  I.  Acide  urique.  —  L'acide  urique  est  oxydé  à  froid  j)ar  le  persulfate 
d'ammoniaque. 

»  Si  l'on  met  en  présence  i  partie  d'acide  urique  et  4  parties  de  per- 
sulfate pour  12  parties  d'eau,  à  la  temj)étatiire  ordinaire,  et,  mieux  en- 
core, à  l'étuve  à  36",  l'acide  urique  disparait  complètement  au  bout  de 
sept  à  huit  jours.  Il  se  forme  de  l'acide  allanturique,  de  l'urée  et  du  glyco- 
colle. 

»  En  présence  d'un  excès  d'alcali,  l'action  oxydante  du  persulfate  est 
beaucoup  plus  énergiipie.  En  faisant  agir  peu  à  peu  20  j)arlies  de  ce  sel  sur 
G  parties  d'acide  urique  et  3o  parties  d'ammoniaque,  la  température  s'élève, 


(  92   ) 
une  vive  effervescence  se  produil,  le  liquide  jaunit  et  devient  limpide; 
tout  l'acide  urique  a  disparu.  De  la  liqueur  filtrée  on  peut  séparer  : 

))  1°  Une  petite  quantité  de  guanine  (i  à  3  pour  loo  environ  de  l'acide 
urique  employé).  La  guanine  a  été  caractérisée  par  toutes  ses  réactions  et 
par  le  dosage  de  l'azote  :  elle  préexistait  dans  les  échantillons  d'acide 
urique  que  j'ai  employés.  L'acide  urique  du  guano  retient  toujours  un  peu 
de  guanine  dont  il  est  très  difficile  de  le  débarrasser. 

»  2°  Un  sel  ammoniacal  blanc,  mal  cris-tallisé,  instable  et  que  l'analyse 
a  caractérisé  comme  étant  de  l'allanturate  d'ammoniaque. 

»  Dans  les  eaux  mères  de  ce  sel,  on  rencontre  également  une  petite 
quantité  d'oxalate  d'ammoniaque. 

»  3°  Après  séparation  de  la  majeure  partie  du  sulfate  d'ammoniaque, 
l'alcool  extrait  du  résidu  final  un  corps  en  gros  prismes  transparents 
solnbles,  que  toutes  ses  propriétés,  aussi  bien  que  sa  teneur  en  azote,  per- 
mettent d'identifier  avec  l'urée. 

»  Pour  loo  parties  d'acide  urique  attaqué,  on  obtient,  en  moyenne, 
42  parties  d'urée  et  27  ou  28  parties  d'allanturate  d'ammoniaque. 

»  En  résumé,  l'acide  persulfuriqiie,  en  milieu  alcalin,  oxyde  l'acide 
urique  à  la  façon  des  peroxydes  de  plomb,  de  manganèse,  du  perman- 
ganate et  du  ferricyanure  de  potassium,  de  l'ozone  :  il  se  forme  de  l'allan- 
toïne  qui  se  détruit  aussitôt,  en  donnant  de  l'urée  et  de  l'acide  allanturique  : 

C^H''Az^O'  -h  H='0  =  CH'Az-O  H-  C=H*Az-0^ 

Allantoïae.  Urée.  Ac.  allanturique. 

»  Si  l'on  diminue  la  proportion  de  persulfate,  afin  d'obtenir  l'allantoïne 
elle-même  et  non  ses  produits  de  destruction,  la  réaction  devient  diffi- 
cile :  la  majeure  partie  de  l'acide  urique  reste  inattaquée. 

»  IL  La  bilirubine  en  solution  alcaline  est  transformée  instantanément 
par  le  persulFate  d'ammoniaque  en  biliverdine,  et  c'est  même  là  le  procédé 
de  préparation  le  plus  simple  et  le  plus  commode  d'obtenir  ce  dernier 
pigment;  en  même  temps  qu'un  caractère  analytique  de  la  bilirubine. 

»  III.  h'/iémaline  en  solution  ammoniacale  est  attaquée  déjà  à  froid. 
Au  bout  de  deux  ou  trois  minutes  d'ébullition,  la  liqueur,  noire  à  l'origine, 
apparaît  incolore  et  abandonne  des  flocons  de  peroxyde  de  fer. 

»  Il  serait  très  facile  d'appliquer  celte  réaction  au  dosage  du  fer  dans 
l'hématine,  et  sans  doute  aussi  dans  l'hémoglobine  et  les  nucléines  ferru- 
gineuses. 


"  IV.  'Lp  sang,  dilué  ctadditioniio  d'un  excès  d'ammoniaque,  est  délruit 
el  décoloré  en  quelques  heures,  à  froid,  |)ar  le  persulfate  d'anunoniaque. 
On  obtient  une  liqueur  jaune  clairet  un  faible  dépôt  ocreux.  Ce  résultat 
est  réalisé  à  chaud  en  quelques  minutes,  les  albumines  forment  alors  un 
coagulum  incolore  surn.igeant  un  liquide  jaunâtre  peu  coloré. 

»  Je  me  propose  de  poursuivre  l'étude  des  produits  formés  dans  la  des- 
truction de  l'hématine  par  les  persulfiites  alcalins,  et  de  rechercher  le 
mode  d'action  de  ces  sels  sur  les  matières  alburainoides,  qu'ils  attaquent 
également.    » 


ANATOMIE  VÉGÉTALE.   —  Sur  la  Structure  des  plantes  vasculains.  Note  de 
M.  G.  CuAUvicAi'D,  présentée  par  M.  Ph.  Van  Tiegheni. 

»  Afin  d'interpréter  la  structure  des  plantes  vascuhiires,  prenons  pour 
point  de  départ  la  racine  en  ra|)pelant  comment  elle  se  constitue  : 

»  i"  Dans  le  parenchyme  fondamental  d'apparence  homogène  appa- 
raissent d'abord  les  premiers  tubes  criblés  disposés  suivant  des  arcs.  Entre 
ces  arcs  se  différencient  ensuite  un  premier  vaisseau  étroit,  puis  en  dedans 
de  lui  un  second  vaisseau  plus  large,  et  ainsi  de  suite;  l'ensemble  de  ces 
vaisseaux  à  développement  centripète  constitue  le  protoxylème,  qui  ciirac- 
lérisera  pour  nous  la  structure  primaire. 

»  2°  D'autres  tubes  criblés  se  forment  en  dedans  des  premiers;  d'autres 
vaisseaux  se  différencient  aux  dépens  de  cellules  déjà  existantes  et  cela  de 
part  et  d'autre  à  partir  des  derniers  vaisseaux  de  protoxvlème,  de  proche 
en  proche,  marchant  ensuite  à  la  rencontre  des  tubes  criblés  en  direction 
centrifuge.  Les  vaisseaux  ainsi  produits  constituent  le  raétaxylènie,  qui 
caractérisera  pour  nous  la  structure  intermédiaire. 

»  3"  Enfin  les  cellules  situées  entre  les  derniers  vaisseaux  de  métaxv- 
lème  et  les  derniers  tubes  criblés  deviennent  génératrices  et  produisent 
eu  dehors  de  nouveaux  tubes  criblés  à  développement  centripète,  en  de- 
dans de  nouveaux  vaisseaux  à  développement  centrifuge.  L'ensemble  de 
ces  éléments  constitue  les  formations  secondaires,  qui  caractérisei'ont  poui- 
nous  la  structure  secondaire. 

»  Passons  maintenant  à  la  feuille.  Choisissons  pour  exemple  une  plan- 
tule  de  Radis  et  suivons  le  développement  à  la  base  du  cotylédon. 

»    1°  Dans  le  parenchyme,  homogène  d'abord,  apparaissent  les  premiers 


(  9l  ) 
tubes  criblés  disposés  suivant  deux  arcs.  Entre  ces  arcs  se  différencient 
ensuite  un  premier  vaisseau  étroit,  puis,  en  dedans  de  lui,  un  second  plus 
large,  puis  un  troisième.  Ces  vaisseaux  sont  la  continuation  directe  du 
protoxvlème  de  la  racine  et,  comme  ils  oui  même  situation  et  même  mode 
de  develo|)pement,  ils  répondent  bien  à  la  définition  du  protoxyléme. 

»  2°  D'autres  tubes  criblés  se  forment  en  dedans  des  premiers,  puis 
d'autres  vaisseaux  se  différencient  aux  dépens  de  cellules  déjà  existantes 
et  cela  de  part  et  d'autre  à  partir  du  protoxvlème,  de  proche  en  proche, 
marchant  ensuite  à  la  rencontre  de's  tubes  criblés  en  direction  centrifuge. 
Ces  vaisseaux  représentent  là  le  mélaxylème. 

»  3°  Enfin,  entre  les  derniers  vaisseaux  de  métaxylème  et  les  derniers 
tubes  criblés,  les  cellules  deviennent  génératrices  et  produisent  en  dehors 
de  nouveaux  tubes  criblés  à  dévelopj)ement  centripète,  en  dedans  de  nou- 
veaux vaisseaux  à  développement  centrifuge,  dont  l'ensemble  constitue 
bien  les  formations  secondaires. 

»  Nous  trouvons  donc  à  la  base  de  ce  cotylédon  les  mêmes  formations 
que  dans  une  racine.  La  différence  consiste  en  une  réduction  du  protoxy- 
léme et  en  une  succession  plus  rapide  des  diverses  structures.  Celte 
différence  s'atténue  peu  à  peu  si  l'on  descend  du  cotylédon  à  travers  la 
tigelle,  et  l'on  arrive  sans  autre  changement  jusqu'à  la  racine.  Si  l'on  va, 
au  contraire,  de  la  base  du  cotylédon  vers  l'extrémité  du  limbe,  celte 
différence  s'accentue;  le  proloxylème  se  réduit  de  plus  en  plus  et  bientôt 
cesse  complètement  ;  le  métaxylème,  à  son  tour,  se  rétluit  et  les  formations 
secondaires  apparaissent  beaucoup  plus  tôt. 

»  Les  trois  structures  que  nous  venons  de  voir  superposées  dans  le 
cotylédon  du  Radis  se  rencontrent  rarement  dans  la  lige  et  surtout  dans 
la  feuille,  parce  que  l'arrêt  de  développement  du  proloxylème  se  fait  à  un 
niveau  plus  bas  dans  le  corps  de  la  plupart  des  piaules.  La  région  dans 
laquelle  s'eflectue  cet  arrêt  de  développement  coïncide  d'ordinaire  avec  ce 
que  l'on  appelle  la  région  Je  passage  de  la  racine  à  la  lige.  Au-dessus  de 
cette  région,  le  développement  dans  la  lige  ou  la  feuille  se  fait  de  la  ma- 
nière suivante  : 

»  Dans  le  parenchyme  fondamental,  d'apparence  homogène  d'abord, 
certaines  cellules  se  cloisonnent  activement,  formant  des  îlots  d'éléments 
plus  étroits.  Au  bord  externe  de  ces  îlots  apparaissent  les  premiers  tubes 
criblés;  au  bord  interne  se  différencient  un  premier  vaisseau  étroit,  |)uis 
un  second  vaisseau  plus  large,  situé  en  dehors  du  premier,  c'est-à-dire  en 


(  9^  ) 
direction  centrifuge  puisqu'il  s'agit  de  métaxylème  ou  de  formations 
secondaires.  De  nouveaux  tubes  criblés  se  forment  par  voie  centripète, 
de  nouveaux  vaisseaux  par  voie  centrifuge  et  hi  diderenciation  se  poursuit 
aux  dépens  des  formations  secondaires,  dont  l'apparition  peut  être  plus 
ou  moins  hàlive. 

»  Remarque.  —  Qu'ils  appartiennent  au  protoxylème,  au  métaxvlème 
ou  aux  formations  secondaires,  les  premiers  vaisseaux  différenciés  dans 
une  région  considérée  présentant  un  diamètre  croissant  de  l'un  à  l'autre 
dans  chaque  filo.  Cet  accroissement  de  diamètre  est  proportionnel  à  l'in- 
tensité lie  la  circidation.  Les  mômes  causes  ()hysiologiques  impriment  à  ces 
dilïérents  faisceaux  une  ressemblance  si  grande  qu'on  les  regardait  jus- 
qu'ici comme  des  formations  identiques.  Leur  orientation  inverse  s'expli- 
quait à  l'aide  d'une  rotation  dans  la  région  de  passage  de  la  racine  à  la 
tige.  » 

MINÉRALOGIE.   —   Sur  la  fluorine  odorante  à  fluor  libre  du  Reaujolais. 
Note  de  M.  Jclf.s  CHahmer,  présentée  par  i\L  de  La|)parent. 

«  Il  existe,  dans  le  canton  de  Beaujeu  (Rhône),  de  nombreux  filons  de 
spath  fluor.  Vers  1874»  nous  gravissions,  à  travers  champs,  le  flanc  sud 
de  la  montagne  dite  iV Avenas,  dont  la  crête,  à  peu  près  horizontale,  est  à 
700'"  environ  d'altitude  et  se  dirige  depuis  la  ville  de  Beaujeu,  à  l'ouest, 
jusqu'au  bourg  do  Villié,  à  l'est;  notre  attention  fut  attirée  par  l'afflein-e- 
meut  il'un  filon  eu  relief  sur  le  sol;  ce  filou  était  un  mélange  de  quartz,  de 
sulfate  de  baryte,  de  fluorine  ;  quelques  rares  grenats  en  petits  cristaux  s'y 
distinguaient  aussi  à  la  lou|)e  :  ce  filon  semblait  s'enfoncer  à  peu  près 
verticalement  dans  les  granits  et  les  amphibolites  de  la  contrée. 

»  La  fluorine  était  d'un  violet  très  foncé,  tirant  sur  le  bleu  sombre;  elle 
se  montrait  en  petits  cristaux  plus  ou  moins  rapprochés,  formant  parfois 
de  petites  zones  compactes;  ces  zones,  surtout,  avaient  la  curieuse  parti- 
cularité d'exhaler  une  odeur  toute  spéciale  assez  forte,  surtout  après 
frottement  sur  luie  pointe  d'acier;  celle  odeur  m'était  inconnue,  pourtant 
elle  se  rapprochait  pour  moi  de  celle  du  phosphore.  Au  .Muséum  de  Paris, 
ou  ne  put  me  renseigner  et  j'y  laissai  un  échantillon  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  poule,  comme  provenant  de  Quincié,  commune  limitrophe  que 
j'habitais;  c'est  ce  qui  exjjlique  l'erreur  d'origine  commise  jusqu'ici  par  les 
minéralogistes. 


(96) 
»  Quelques  années  plus  tard,  je  lus  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie que  M.  Moissan  avait  trouvé  du  fluor  libre  dans  une  fluorine;  je 
sus  ensuite  que  cette  fluorine  provenait  de  mon  échantillon  et  que  des 
recherches  avaient  été  faites,  mais  sans  succès,  dans  le  Beaujolais,  par  un 
savant,  pour  trouver  le  gisement  primitif.  J'ai  donc  pensé  intéressant  pour 
la  Science  de  repérer  exactement  ce  filon  à  fluor  libre  et  d'en  publier  la 
situation  exacte  :  ce  fdon  affleure  sur  la  commune  de  Lantignié,  au  nord 
de  deux  maisons  bien  connues,  celle  de  M.  Mitai  à  l'est  et  celle  de  M.  de 
Billy  à  l'ouest;  il  s'aligne  N.IN.O.-S.S.E.,  dans  la  direction  d'une  ligne 
passant  au  sud  par  la  tour  du  château  de  Thulon  et  le  clocher  du  village 
de  Cercié.    » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  le  Neomylodon  et  l'animal  mystérieux  de  la 
Patagonie.  Note  de  M.  André  Tournoujér,  présentée  par  M.  Albert 
Gaudry. 

«  On  a  beaucoup  discuté,  depuis  quelque  temps,  sur  le  Neomylodon  et 
sur  l'animal  mystérieux  de  la  Patagonie. 

»  J'ai  habité  plusieurs  années  la  République  Argentine  et,  à  deux 
reprises  différentes,  j'ai  fait  des  explorations  dans  l'intérieur  de  la  Pata- 
£;;onie  australe  pour  recueillir  des  Mammifères  fossiles  que  j'ai  donnés  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle.  Je  demanderai  prochainement  à  l'Académie 
la  permission  de  lui  présenter  une  Note  sur  ces  animaux  de  types  extraor- 
dinaires que  j'étudie  en  ce  moment  avec  mon  savant  maître  M.  Albert 
Gaudry. 

»  Mes  voyages  m'ont  permis  d'obtenir  auprès  des  Indiens  quelques 
renseignements  sur  le  fameux  Hymché  (le  Neomylodon,  pour  F.  Ame- 
ghino)  mais  la  terreur  superstitieuse  qu'il  leur  inspire  est  telle,  qu'il  est 
difficile  de  démêler  la  vérité  des  légendes  que  leur  imagination  a  créées. 
Je  ne  relaterai  ici  que  deux  faits,  qui  m'ont  convaincu  de  l'existence  d'un 
animal  nouveau  dans  ces  parages. 

»  Étant  un  soir  à  l'affût  sur  le  bord  d'un  rio  de  l'intérieur  auprès  duquel 
j'avais  établi  mon  campement,  j'ai  vu  émerger,  au  milieu  du  courant,  la 
tête  d'un  animal  de  la  grosseur  de  celle  d'un  grand  j)uma.  Je  lui  envoyai 
une  balle  ;  l'animal  plongea  et  ne  reparut  plus. 

»  Autant  que  j'ai  pu  le  distinguer  à  la  nuit  tombante,  sa  tête  ronde  avait 


(  97  ) 
le  pelage  brun  foncé;  les  yeux  étaient  entourés  de  poils  jaune  clair,  s'al- 
longeant  en  un  trait  fin  vers  l'oreille,  sans  pavillon  externe. 

1)  J'en  fis  la  description  à  l'Indien  qui  me  servait  de  guide;  il  sembla  très 
effrayé  et  m'assura  que  j'avais  vu  le  mystérieux  Uymchè. 

»  Je  fus  obligé  de  continuer  ma  route  ;  mais,  sur  un  banc  de  sable  de  la 
rivière,  à  quelques  kilomètres  plus  loin,  mon  Indien  me  montra  de  grandes 
empreintes  ressemblant  à  celles  d'un  félin  et  qu'il  m'assura  être  celles  du 
llymché.  " 

M.  A.  Br.eyde  adresse,  de  La  Hulpe  (Belgique),  une  Note  intitulée 
«   Explosion  à  distance  et  sans  fil  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Mascart,  Sebert.) 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  janvier  1901. 
(  Suite.) 

A  siimmary  of  chapter  XV of  u  The  Romance  of  theHeavens  »,  by  professor 
BiCKEnTON.  Londres,  s.  d.;  i  fasc.  in-iS". 

Dibliothcca  da  Universidade  de  Coimbra  :  Catalogo  methodico.  Coïmbre, 
typ.  F.-França  Amando,  1900;  1  fasc.  in-8°. 

Annuario  da  Universidade  de  Coimbra,  anno  lectivo  de  1  898-1 899.  Coïmbre, 
1899;  I  vol.  in-8°. 

Rapporta  annuate  dello  I.  R.  Osservatorio  astronomico-meteorologico  di 
Tricsle per  r anno  1897,  redatto  da  Edoaudo  Mazelle.  Trieste,  1900;  i  fasc. 
in-4°. 

Mémoires  de  l' Université  impériale  de  la  Nouvelle-Russie,  t.  LXXX.  Odessa, 
1900;  I  vol  in-8°.  (En  langue  russe.) 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  2.)  l3 


(98  ) 

Annalen  der  Schweizerischen  meteorologischen  Central- An st ait,  1898; 
35*"  Jahrgang.  Zïirich;  i  vol.  in-4''. 

Zeitschrift  fur  das  Landwirthschaftliche  Versuchswesen  in  Oesterreich; 
IV.  Jahrgang,  Heft  1,  janiiar  190  i.  Vienne-Pest-Leipzig,  A.  Harllebens, 
I  fasc.  in-8°. 

Wiener  klinische  Wochenschrift ,  Organ  der  k.  k.  Gesellschaft  der  Aertze 
in  tFiîm;  XIV.  Jahrg,,Nr.  1,  3  Jànner  1901.  Vienne,  Wilhelm  Braumueller; 
I  fasc.  in-4°. 

The  GeographicalJournal,  including  the  «  Proceedings  ofthe  Royal  Geo  gra- 
phical  Society  »  ;  vol.  XVII,  n"  1 ,  january  1901 .  Londres,  Edward  Stanford  ; 
I  fasc.  in-8°. 

Pharmaceiitical  Journal,  established  1  84 1 ,  a  weekly  record  of  Pharmacy 
and  allied Sciences ,  IV  séries,  vol.  XTI,  n°  1593,  5  january,  1901.  Londres, 
I  fasc.  in-Zj". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i4  janvier  1901. 

Archives  de  Médecine  et  de  Pharmacie  militaires,  publiées  par  ordre  du 
Ministre  de  la  Guerre;  L.  XXXVI.  Paris,  V^"  Rosier,  1900;  i  vol.  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques,  journal  destiné  à  recueillir  tous  les  docu- 
ments relatifs  à  l'aliénation  mentale,  aux  névroses  et  à  la  médecine  légale  des 
aliénés;  rédacteur  en  chef  :  D''  Ant.  Ritti;  8*  série,  t.  XIII,  Sg*  année; 
n°  i,  janvier-février  1901.  Paris,  Masson  et  C'*,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  laSociétéde  Biologie;  t.  LUI, 
11°  1,  janvier  1901.  Paris,  Masson  et  C'";  i  fasc.  in-8°. 

Marseille-médical;  directeur  :  Ch.  Livon  ;  38^  année,  n°  1,  i^"^  janvier 
1901.  Marseille,  i  fasc.  in-8''. 

Revue  biyologique,  bulletin  bimestriel  consacré  à  l'étude  des  Mousses  et  des 
Hépatiques;  28*  année,  n°  1,  1901.  Cahan,  par  Athis  (Orne);  i  fasc.  in-8°. 

Journal  du  Ciel,  bulletin  de  la  Société  d'Astronomie,  notions  populaires 
d' Astronomie  pratique  ;  directeur  :  J.  Vingt;  3*  série,  février  1901  ;  1  fasc. 
in-8''. 

Chronique  industrielle  et  l'Industriel  du  Nord  et  des  Ardennes;  rédacteur 
en  chef  :  Doumé  Casalonga;  24'  année,  n°  1,  i'^' janvier  1901.  Paris,  i  fasc. 
gr.  in-8°. 

Allas  geologiczny  Galicyi,  z.  VIII,  XII.  Cracovie,  1900;  texte,  2  fasc. 
in-8°,  et  Cartes,  2  fasc.  in-f°. 

Anales  de  la  Sociedad  espanola  de  Historia  natural,  t.  XXIX,  cuadernos  1" 
y  2°.  Madrid,  1900;  i  fasc.  in-8°. 


(99) 

BoLtlin  de  la  Comision  de  Parasitologia  agricola,  redacto  por  el  Professer 
A.-L.  Herrera;  t.  I,  n*'  2.  Mexico,  1900;  i  fasc.  in-S". 

Annuario da  Universidade  de  Coimbra,  anno  tectivo  de  1899-1900.  Coïmbre, 
1900;  1  Fasc.  in-8". 

Annalen  dcr  Physik,  herausgeg.  v.  Paul  Drude;  IV*  Folge,  Bel  4,  Heft  1, 
1901.  Leipzig.  I  fasc.  in-S". 

Weckly  wealher  Report,  issued  hy  the  Meleorological  Office;  vol.  XVIIl, 
11"  1,  january  5,  «901.  Londres,  i  fasc.  in-4°. 


Uoo) 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VITXARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

■  ^•î-  les  COMPTES  RENDUS  liebdomadaircs  paraissent  réguliôromeni  le  Dimanche,  lis  forment,  à  la  (in  do  l'année,  deux  volumes  in-4".  Doux 
ïaE'rùno  par  ordre  alphabétique  do  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Autours,  terminent  chatp.o  volume.  L'abonnement  est  annue 
et  part  du  i"  Janvier  ^^  ^^.^  ^^^  Vabonnement  est  fixé  ni/isi  qu'il  siii/  : 

Paris  :  20  l'r.  —  Départrments  ;  30  fr.  —  Union  poslalo  :  34  fr.  ' 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


Agen.  ■ 
Alger. 


chez  Messieurs 
Ferran  frères. 


Lorient.. 


Cbaix. 
Jourdan. 


<  Jourc 
I  Ruff. 


Amiem Courtin-Hecquet. 

1  Germain  etGrassin. 
Angers j  Gasiineau. 

Baronne Jérôme. 

Besançon RùSiiier. 

.  Feret. 
Bordeaux Laurens. 

I  Muller  (G.). 

Bourges Renaud. 

Derrien. 

\  F.  Robert. 
«'■"' j  Oblin. 

'  Uzel  frères 

Caen Jouan. 

Chamberv Perrin. 

(  Henry. 

\  Margucrie. 

^  Juliol. 
)  Bouy. 

INourry. 
Ratel. 
Rey. 

Lauverjal. 
Degez. 

i  Drevet. 

Grenoble ^     .■        ,  .... 

(  Gralier  ei  C'v 

La  Rochelle Foucher. 


j  Lyon. 


Cherbourg 

Clermont-Ferr... 


Douai. 


Le  Havre . 
LiUe 


t  Bourdignun. 
(  Dombrc. 


Thorez. 


I  Quarré. 


\  Marseille.. 
\  Uontpellier 


chez  Messieurs  : 
^  Baumal. 
I  M°"  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 
^Georg. 
^  Kllantin. 

Savy. 

Ville 

Ruai. 

,  Valal. 

'  Coulei  ei  iiU. 


Moulins Maniai  Place. 

I  Jacques. 
Nancy |  Grosjean-Mdupm. 

(  Sidot  frères. 

J  Guist'liau. 

(  Veloppè. 

I  Barma. 

'  Appy. 
Tliibaud. 
Luzeray. 

y  Blancbier. 

/  Marche. 

Bennes Plihon  el  Hervé. 

Rochefoi  ' .......     Girard  (  M""  ) 

Langlois 


Nantes  . 

Nice. . .  . 

Nîmes  . 
Orléans 

Poitiers. 


Rouen 

S'-Ètienne 

( 

'  Toulon . . . 

! 

Toulouse. 


'  Lestringanl. 

Chevalier. 
,  Ponteil-Burles. 
(  Ruiiicbe. 
I  Gmict. 
<  Privai. 

Boisselier. 


Tours )  Pérical. 

'  Suppligeon 

t  Giard. 
'  Lemallre. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam 


Athènes. . . 
Barcelone 


Berlin.  . 


Berne  .  . 
Bologne. 


Bruxelles. 

Bucharesi . 

Budapest 

Cambridge. . 
Christiania. . 
Constantinopte. 
Copenhague 

Florence 

Gand 

Gènes . 

Genève. . 

La  Haye. 
Lausanne 


Leipiig. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 

I  Feikenia    Caarelsen 

/      el  C". 

Beck. 

Verdaguer. 

Asher  el  C'v 
]  Dames. 

,  Friediander   el   lils 
'  Mayer  et  Mullci-. 

Schmid  Francke. 

Zanichelli. 
,  Lamertin. 
'  MayolezelAiidiarle. 
'  Lebcgiie  el  C". 
(  Solchek  el  C°. 
'  .\lcalay. 

Kilian. 

Deighlon,  BellelC". 

Cainmermcyer. 

Ollo  Kcil. 

Hiisl  et  fils. 

Seeber. 

Hosle. 

Beuf. 

Cberbuliez. 

Georg. 
'  Slapelmohr. 

Belinfanle  frère». 

Benda. 

Payol  .1  I.'  . 

Barlh. 
\  Bruckliaus. 

I.orenl/.. 
/  Max  Rube. 

Twiemieyer. 

,  Dcsoer. 
'  )  Gnusè. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
Londres Hachelle  et  C". 

'NuH. 
Luxembourg. .. .     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C*. 

,,     ,      ,  I  Romo  y  Fussel. 

Madrid '  ■' 

I  Capdeville. 

F.  Fé. 

)  Bocca  frères. 

>  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

if  Margbieri  di  Gius. 

'  Pellerano. 

.  Dyrsen  et  PfeiBfer. 

,  Slechert. 

Lemckeet  Buechner 

Rousseau. 

Parker  el  C* 

Reber. 

Porto Magalhaès  el  Muuiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

1  Bocca  frères. 

'  Loescber  et  C*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Sanison  et  Wallm. 

I  Zinserling. 

/  Wolff. 

Bocca  Irères. 

I  Brero. 

Clausen. 

Rosenberget  Sellier 

Varsovie Gebelliner  el  Wold. 

Vérone Urucker. 

(  Krick. 

''"""* IGeroldeiC". 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Milan . 


Naples. .  . 

A'e-v-  York 

Odessa. .  . 
Oxford.  . . 
Palerme. . 


I  S'-Petersbourg 


Turin . 


I 


15  Ir. 
15  l'r. 
15  fr. 
15  Ir. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.        (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i!S5o.  (Volume  in4"  ;  iSai.  l'rix. . ... 

Tomes  32  a  61         '  i"  Janvier  .85i  à  Ji  Déicmbre  i8G5.)  Volume  in-i";  iSj"-  l''iv 

Tomes  62  a  91.  -  >  i"  Janvier  i8(i6  à  3i  Décembre  i88o.)  Volume  in-4";  i88.).  Prix. 

Tomes  92  à  121.  -  i  i"  Janvier  i88i  à  il  Décombiv  iS;,",.  ,  Volume  in-.',";  iO"'>-  P'''^- 

SUPPLÉMENT  AUX   COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE^ACADÉMJEDES^IENCES:^^^      ^_^^ _  ^^^^^^^^  ^^^  ^^  ^^^^__  ^^^  ^ 

.J^^rutenScllèlës:;:;'^;:;.':;:^:."   M.:."^   ':-^  -.««^-s  .  L-  .«  .^du  su.  pancrèali^u.  dan.   .s  phè^omènesdigesl..,  pa,.ti..U.ren.ent^dan- 

,a  di,esti,.n  des  matières  grasses,  p«r  ^f^^-"l^^^'^-;'':^lZ^^'T^£'^::\:^::^  -  .8.,,  ,.a   r.Uaaçiuic  d. - 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers   mleslmaux,  pat    \I.   I   -  .       .  B^N^m-x  P  ,,i,tribuliou  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  d.flérents 

Sciences  pour  le  concours  de  .85.5,  el  puis  remise  pour  cclu.  de  .^.,b,  ^a^ou         t-tucier  les  lo  disparition  successive  ou  simultanée.  - 

,.  terrains  sèdimenta.res,  suivant  IWre  de  leur  superposition.  -Discuter   la  quesuon    ,1e  Icu     a,  par    K^^^  P  ^^^^^^^^^^  ._^ 

«Rechercher    la    nature    des    rapports    qui    existent   entre  Tètat   a.  u.el    du   ,..nc    or2a„„,nc    et    ,e.   états    ..ni.  iien,        ,    p 

avec  ■'■'  planrhes",   iSfJi 


A  la  .éme  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  e.  .  -  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  2. 

TABLE    DES    ARTICLES.  (Séance    du   14  janvier   1901.) 


MÉMOIRES  ET  GOMMUlVICATIOiVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

i\i.  le  Président  annonce  à  l'Acadcmic  la 
mortdc  M.  Cli-Her/nite.  Membrede  la  See- 
ti(in  de  Géométrie,  et  de  M.  Ad.  Cliatin. 
Membre  de  la  Section  de  Botanique 49 

M.  H.  PoiNCAKÉ.  —  Sur  la  théorie  de  la 
précession ''o 

1\I.  Bertiii;lot.  —  l!l:■cllercllc^  sur  hi  forma- 
tion des  composés  organiques  sulfurés...       .55 

M.  Bertuelot.  —  Nouvelles  recherclii-s  sur 
l'isomérie  des  élhers  sulfocyaniques 5; 


Pages . 

M.  Arm.wd  Gautier.  —  Produits  gazeux 
dégagés  par  la  chaleur  de  quelques  roches 
ignées .')8 

M.  A.  Chaeveau.  —  La  production  du  tra- 
vail musculaire  utilisc-t-elle,  comme 
potentiel  énergétique,  l'alcool  substitué 
à  une  partie  de  la  ration  alimentaire?...       'iï 

M.  'Perrotin.  —  Sur  la  nouvelle  comète 
Giacobini 71 


CORRESPOND  AIVCE . 


M.  R.  Dedkkind,  nommé  Correspondant 
pour  la  Section  de  Géométrie,  adresse  ses 
remcrcinienls  à  l'Académie 73 

M.  E.-E.  Barnaru  adresse  ses  remei-ci- 
ments  à  l'Académie  pour  la  distinction 
accordée  à  ses  travaux ",•■ 

AL  Georûes  Humbekt.  —  .Sur  les  fonctions 
quadruplement  périodiques 7  • 

M.  D.-Th.  Egorov.  —  Sur  les  systèmes 
orthogonaux  admettant  un  groupe  de 
transformations  de  Combescure 74 

M.  Rheixs.  —  Sur  la  corrélation  des  expé- 
riences faites  à  Dijon  en  1894  pour  l'appli- 
cation de  l'idée  de  retour  commun  pour 
circuits  téléphoniques  et  les  expériences 
faites    depuis   cette    date   de    i8r)4    sur   'a 

.    téléphonie  sans  fil 77 

M.  H.  Pelabon.  —  .\ction  de  l'hydrogène 
sur  le  protosulfure  de  bismuth 78 

M.  V.  Thomas.  —  Sur  les  clilorobromures 
de  ihallium  du  type  TI\,  :iTl\ 80 

M.  Tarible.  —  Sur  les  combinaisons  du 
bromure  de   bore  avec  les  chlorures  de 

Bulletin  bibliographique 


phosphore 83 

M.  George-F.  Jaubert.  —  Sur  un  nouveau 
mode  de  préparation  des  hydrates  de 
peroxyde  de  sodium  et  leurs  propriétés.. .       8li 

.VL  W.  LouGUiNiNE.  —  Détermination  des 
chaleurs  latentes  de  vaporisation  de 
quelques  substances  de  la  Chimie  orga- 
nique        88 

M.  CEoHSNER  DE  CoNiNCK.  —  Etude  du 
nitrate  d'uranium ,.  .       9" 

M.  L.  HuGOUNENQ.  —  De  l'action  oxydante 
du  persulfate  d'ammoniaque  sur  quelques 
principes  immédiats  de  l'organisme 91 

.M.  G.  Chauveaud.  —  Sur  la  structure  des 
plantes  vasculaires 9^ 

.M.  Jules  Garmeu.  —  Sur  la  fluorine  odo- 
rante à  fluor  libre  du  Beaujolais 96 

\|.  An'dre  Tournouer.  —  Sur  le  Néomylo- 
don  et  sur  l'animal  mystérieux  de  la  Pata- 
gonie 96 

M.  A.  Breyde  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Explosion  à  distance  et  sans  fil  )> 97 

97 


PARIS.   —  l.MPRIMERIE     GAOTH  [  E  R-Vl  L  L  A  R  S  , 
Quai  des  Graads-Augustins,   55. 

Le  Gérant  .' t>ACtrBtEB-ViLLARS. 


APR 

•4^ 

1901 

PUEMIER  SE3IESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

t*.%K   MTI.   liKM  »KCHér%I»K!*    PKHPÉTITGCi*!. 


TOME  CXXXII. 


IV^  3  (21  Janvier  1901). 


^ARIS, 


GAUTHIER-VILLARS,  LMPUkMblUR-LIBHAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augustins,   55. 

190J 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  REDNUS ! 

ADOPTÉ    DANS    LES  SÉANCES   DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    1875, 


Les  Comptes  rendus  /hebdomadaires  des  séances  de  1  ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qui 
/  Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de      que  l'Académie  l'aura  décidé. 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  tramua-  de  l'Académie. 
Les  extraits  desMémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennen  t 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

,      Un  Membre   de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  A&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanh 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnj 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de f 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'f 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoire! 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requl 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nol 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  il 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondancj 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3, 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  teniK 
le  titre  seul  duMémoire  estinsérédansle  Complereni 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendum 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier.  i 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraiei 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compter 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  1 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fail 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè^j 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  prc 
sent  Règlement. 


^éZ!rlTll''é^Zr.u2^^^^^  '^'^t  ^''''^'^^  '^^'^  ^'^-o--  p-  MM.  les  Secrétaire,  perpétuels  sont  priés  de  1. 

déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qu,  précède  la  séance,  avant  5  •.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant. 


APR  3U  mi 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE   DU   LUNDI   21    JANVIER    1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUfi. 


MEMOIRES  ET  C0MMU1\ICAT10.\S 

DES    MEMBRES    ET    DES    GORRESPONDA.NTS    DE    L'ACADÉMIE. 

Notice  sur  M.  Ch.  Hermile;  par  M.  C.  Jordax. 

«  L'École  mathématique  française  vient  de  perdre,  en  la  personne  de 
M.  Herniite,  son  chef  et  son  maitre. 

»  Il  serait  assurément  téméraire  de  vouloir  analyser  à  la  hâte  et  sous  le 
coup  de  la  première  émotion  la  longue  suite  de  ses  travaux,  qui  a  jeté  tant 
d'éclat  sur  toute  la  seconde  moitié  du  xix"  siècle.  Une  pareille  entreprise 
demande  plus  de  temps  et  un  esprit  plus  calme.  Nous  nous  bornerons  donc, 
en  adressant  à  notre  vénéré  Confrère  le  suprême  adieu  que  sa  mochistie 
nous  a  interdit  de  prononcer  sur  sa  tombe,  à  indicjuer  à  grands  traits, 
autant  que  notre  mémoire  nous  le  permettra,  quelques-unes  des  décou- 
vertes dont  nous  lui  sommes  redevables. 

c.  U.,   uj.ji,  1"  Semestre.  (T.  CWXII,  N-  3.)  '4 


(     I02    ) 

»  En  1843,  M.  Hermite,  âgé  de  vingt  ans,  venait  d'entrer  à  l'École  Poly- 
technique. Sur  le  conseil  de  Liouville,  il  écrivit  à  Jacobi  pour  lui  commu- 
niquer les  résultats  cju'il  venait  d'obtenir  pour  la  division  des  fonctions 
abéliennes,  alors  à  peine  connues.  L'illustre  géomètre  allemand,  qui  s'oc- 
cupait à  cette  époque  de  l'édition  de  ses  OEuvres,  n'hésita  pas  à  y  faire 
figurer,  à  côté  de  ses  propres  travaux,  la  lettre  de  son  jeune  corres- 
pondant. 

»  Il  lui  écrivait,  un  peu  plus  tard  :  «  Ne  soyez  pas  fâché,  Monsieur,  si 
"  quelques-unes  de  vos  découvertes  se  sont  rencontrées  avec  mes  an- 
»  ciennes  recherches.  Comme  vous  dûtes  commencer  par  oîi  je  finis,  il  y  a 
»  nécessairement  une  petite  sphère  de  contact.  Dans  la  suite,  si  vous 
)'   m'honorez  de  vos  communications,  je  n'aurai  qu'à  apprendre.  » 

»  La  prédiction  du  grand  géomètre  ne  devait  pas  tarder  à  se  vérifier. 

»  Dans  les  quatre  lettres  qui  suivent  et  que  Jacobi  nous  a  également 
conservées,  M.  Hermite  s'était  proposé  tout  d'abord  de  généraliser  la 
théorie  des  fonctions  continues;  mais  il  se  trouva  bientôt  amené  aux  pro- 
blèmes plus  vastes  de  la  théorie  arithmétique  des  formes,  où  il  ne  tarda  pas 
à  obtenir  d'admirables  résultats. 

»  Dès  le  début  de  ses  travaux,  il  indique  plusieurs  méthodes  pour 
réduire  les  formes  quadratiques  à  un  nombre  quelconque  d'indéterminées. 
Un  peu  plus  tard,  l'introduction  des  variables  continues  dans  la  théorie 
l'amène  à  découvrir  des  vérités  plus  cachées. 

»  Il  donne  la  solution  complète  du  problème  de  l'équivalence  arithmé- 
tique des  formes  quadratiques  générales  ou  des  formes  décomposables  en 
facteurs  linéaires;  il  détermine  les  transformations  de  ces  formes  en  elles- 
mêmes;  il  démontre,  par  une  voie  toute  nouvelle  et  purement  arithmé- 
tique, les  théorèmes  célèbres  de  Sturm  et  de  Cauchy  sur  la  séparation  des 
racines  des  équations  algébriques.  Il  introduit  la  notion  féconde  des 
formes  quadratiques  à  variables  conjuguées  et  déduit  de  leur  théorie  une 
nouvelle  démonstration  des  beaux  théoi'èraes  de  Jacobi  sur  le  nombre  des 
décompositions  d'un  nombre  en  quatre  carrés. 

»  Il  arrive  enfin  à  cette  merveilleuse  proposition  que  les  racines  des 
équations  algébriques  à  coelficients  entiers  et  d'un  même  discriminant 
s'expriment  par  un  nombre  limité  d'irrationnelles  distinctes. 

»  L'étude  algébrique  des  formes  est  également  l'objet  de  ses  méditations. 
La  notion  des  invariants  qui  domine  cette  théorie  était  restée  un  peu 
confuse,  jusqu'au  jour  où  M.  Cayley  la  mit  en  pleine  lumière  dans  un 
Mémoire  célèbre  daté  de  i845.  MM.  Cayley,  Sylvester  et  Hermite  se  par- 
tagèrent le  nouveau  domaine  qui  venait  de  leur  être  ouvert. 


(  io3  ) 

»  Leurs  travaux  sont  tellement  entrelacés  dans  cette  rivalité  fraternelle 
qu'il  serait  difficile  et  à  peine  désirable  de  préciser  exactement  la  part  de 
chacun  d'eux  dans  l'œuvre  commune.  Jl  semble  loulefois  que  l'on  puisse 
altribuer  spécialement  à  M.  Uermile  la  loi  de  réciprocité,  la  découverte 
des  covariants  associés,  celle  des  invariants  gauches,  et  la  formation  du 
système  complet  des  covariants  des  formes  cubiques  et  biquadratiquçs  et 
des  invariants  de  la  forme  du  cinquième  ordre. 

»  Ces  importantes  recherches  d'Arithmétique  et  d'Algèbre  ne  suffisaient 
pas  à  son  activité  ;  il  poursuivait  en  même  temps  ses  études  sur  les  transcen- 
dantes; dans  une  série  de  recherches  mémorables  il  résolvait  le  problème 
de  la  transformation  des  fonctions  hyperelliptiques,  et  des  développements 
en  série  des  fonctions  elliptiques  il  déiluisait  des  formules  importantes 
relatives  au  nombre  des  classes  des  formes  quadratiques. 

))  Il  posait  en  même  temps  les  bases  de  la  théorie  des  fonctions  modu- 
laires et  résolvait  jusque  dans  ses  détails  la  question  si  difficile  de  leur 
transformation,  donnant  ainsi  longtemps  d'avance  un  modèle  à  ceux  qui 
devaient  de  nos  jours  reprendre  et  généraliser  celte  théorie. 

»  L'impression  produite  sur  les  géomètres  par  l'ensemble  de  ces  tra- 
vaux se  résume  assez  bien  dans  ce  mot  pittoresque  que  nous  avons 
recueilli  jadis  de  la  bouche  de  M.  Lamé  :  «  En  lisant  les  Mémoires  d'IIermite, 
»  on  a  la  chair  de  poule.  » 

»  En  i85G,  il  l'âge  de  trente-quatre  ans,  M.  Heruiite  entrait  à  l'In- 
stitut; en  18G2  on  créait  pour  lui  une  chaire  à  l'Ecole  Normale:  peu 
après  il  devint  également  professeur  à  l'Ecole  Polytechnique  et  à  la 
Sorbonne. 

))  A  cette  époque,  l'enseignement  supérieur  était,  il  faut  bien  le  dire,  un 
peu  arriéré.  Les  grandes  découvertes  par  lesquelles  Gauss,  Abel,  Jacobi, 
Gauchy  avaient  transformé  la  Science  pendant  un  demi-siècle  étaient 
passées  sous  silence,  comme  si  elles  n'intéressaient  que  de  rares  initiés. 
M.  liermitc  les  jeta  hardiment  dans  le  domaine  public.  Cette  heureuse 
audace  a  porté  ses  fruits  :  témoin  notre  jeune  et  brillante  école  de  géo- 
mètres. Tous  lurent  des  élèves  d'IIermite  et  doivent  à  ses  leçons,  à  ses 
bienveillants  encouragements  une  grande  part  de  leurs  succès. 

»  Cette  royauté  pacifique  ne  s'arrêtait  pas  à  nos  frontières  :  M.  Hermile 
entretenait  des  correspuiulancesilans  toute  l'Europe  savante,  et  partout  les 
jeunes  talents  pouvaient  compter  sur  ses  conseils  et  sur  son  appui. 

»  Mais  ni  les  devoirs  de  son  enseignement,  ni  même  les  atteintes  de 
l'âge  ne   purent  porter  préjudice  à  la  fécondité  de  son  esprit.  De  cette 


(  'o4  ) 

seconde  période  datent  en  effet  un  grand  nombre  de  beaux  travaux  qui 
ne  le  cèdent  en  rien  aux  œuvres  de  sa  jeunesse. 

M  Une  évolution  sensible  se  produit  pourtant  dans  l'objet  de  ses 
recherches.  L'Arithmétique  et  l'Algèbre,  prédominantes  jusque-là,  vont 
céder  le  pas  au  Calcul  intégral. 

»  La  transition  se  fait  par  un  Mémoire  célèbre  sur  l'équation  du  cin- 
quième degré,  dont  il  donne  la  résolution  par  les  fonctions  elliptiques. 

))  Puis  viennent  les  recherches  sur  l'interpolation,  sur  de  nouveaux 
modes  de  développement  des  fonctions  en  séries  de  polynômes,  sur  les 
continuités  des  intégrales  définies  qui  dépendent  d'un  paramètre,  etc. 

»  Dans  la  théorie  des  fonctions  elliptiques,  M.  Hermite  découvre  une 
formule  fondamentale  qui  permet  de  les  décomposer  en  éléments  simples 
et,  par  suite,  de  les  intégrer.  Il  étudie,  le  premier,  les  fonctions  doublement 
périodiques  de  seconde  espèce. 

»  Nous  arrivons  enfin  au  Mémoire  sur  la  fonction  exponentielle,  digne 
couronnement  de  ses  longues  recherches  sur  les  développements  en  frac- 
tions continues.  Il  y  fait  voir  que  le  nombre  e  est  transcendant.  M.  Linde- 
mann  a  reconnu  depuis  que  le  nombre  tu  l'est  également.  Le  problème  de 
la  quadrature  du  cercle,  si  vainement  cherché  pendant  tant  de  siècles,  est 
donc  démontré  impossible. 

»  On  peut  légitimement  revendiquer  pour  M.  Hermite  une  part  dans 
ce  beau  résultat,  car  il  a  été  obtenu  en  imitant  la  marche  qu'il  avait  suivie 
pour  l'exponentielle.  Or,  on  se  ferait  une  idée  bien  incomplète  du  rôle  des 
grands  esprits  en  les  mesurant  exclusivement  sur  les  vérités  nouvelles 
qu'ils  ont  énoncées  explicitement.  Les  méthodes  qu'ils  ont  léguées  à  leurs 
successeurs,  en  leur  laissant  le  soin  de  les  appliquer  à  de  nouveaux  pro- 
blèmes qu'eux-mêmes  ne  prévoyaient  peut-être  pas,  constituent  une  autre 
part  de  leur  gloire  et  parfois  la  principale,  comme  le  montre  l'exemple  de 
Leibnitz. 

»  Depuis  bientôt  un  siècle  nous  travaillons  à  développer  les  germes 
féconds  que  Gauss  et  Cauchy  ont  semés  dans  leurs  écrits;  il  en  sera  de 
même  pour  Hermite.  Voici  deux  nouveaux  exemples  qui  le  prouvent  : 

»  Le  groupe  remarquable  de  substitutions  qu'il  a  rencontré  dans  ses 
recherches  sur  la  transformation  des  fonctions  abéliennes  sert  d'élément 
essentiel  à  la  solution  d'un  problème  tout  différent,  celui  de  la  résolution 
des  équations  par  radicaux.  Il  apparaît  encore  dans  la  discussion  de  la 
seconde  variation  des  intégrales  définies. 

»   Les  formes  quadratiques  à  variables  conjuguées  sont  le  fondement 


(  io5) 

indispensable  des  recherches  sur  la  réduction  des  formes  les  plus  générales, 
à  coetficients  réels  ou  complexes, 

»  M.  Hermile  aimait  la  Science  pour  elle-même  et  ne  se  préoccupait 
guère  des  applications;  elles  sont  venues  spontanément  et  par  surcroît. 
A  l'équation  de  Lamé,  dont  l'intégration  constitue  le  dernier  de  ses  grands 
travaux,  il  a  rattaché  toute  une  série  de  problèmes  de  Mécanique  :  rotation 
d'un  solide;  détermination  de  la  courbe  élastique;  oscillations  du  pendule 
conique. 

M  Pour  se  faire  une  idée  exacte  de  la  place  que  M.  Hermite  occupait 
dans  le  monde  mathématique,  il  faut  avoir  assisté  comme  nous  aux  fêtes 
inoubliables  de  son  jubilé  en  1892,  Tous  ses  amis,  ses  disciple»,  ses  admi- 
rateurs s'étaient  donné  rendez-vous  à  cette  touchante  cérémonie;  toutes 
les  Sociétés  savantes  de  l'Europe  avaient  envoyé  des  adresses  ou  des  délé- 
gués. 

»  La  même  année  a  vu  le  jubilé  de  Pasteur.  Aujourd'hui  Pasteur  et 
Hermite  ne  sont  plus;  il  ne  nous  reste  que  le  souvenir  de  leurs  exemples 
et  leurs  ouvrages,  mais  ceux-ci  sulhsent  à  éterniser  leur  mémoire. 

»  Que  l'on  nous  permette,  en  terminant,  d'exprimer  un  vœu  au  nom  de 
la  Section  de  Géométrie.  L'œuvre  d'Hermite  est  fort  éparpillée;  en  dehors 
des  principaux  Mémoires,  elle  contient  beaucoup  de  lettres  ou  notes  con- 
cises dispersées  rà  et  là,  mais  qui  portent  toutes  la  grille  du  lion.  L'Aca- 
démie s'honorerait  et  rendrait  un  grand  service  aux  Géomètres  en  entre- 
prenant la  publication  des  OEuvres  complètes  de  Charles  Hermite.  » 


Notice  sur  M.  Ailolphc  Chatin; 
par  M.  (iÎASTOx  Iîoxxier. 

«  Notre  Collègue  M.  Guignard,  qui  a  succédé  à  M.  Chatin  dans  la 
chaire  de  Botanique  de  l'Ecole  de  Pharmacie  et  qui  ensuite,  comme  lui,  a 
clé  appelé  à  la  direction  de  l'Ecole,  n  a  j)u  prendre  la  paiole  aujourd'hui, 
s'élant  trouvé  momentanément  souffrant.  J'ai  été  chargé  par  notre  Section 
(le  le  remplacer  pour  rappeler,  devant  l'Académie,  la  carrière  et  les  tra- 
vaux scientiliquos  de  notre  regretté  Confrère  etdoyen,  M.  Adolphe  Chatin. 

»  Gaspard-Adolphe  Chatin  est  né  à  l'Ile-Marianne-de-Saint-Quentin, 
près  de  Tidims  (Isère),  d'une  famille  peu  fortunée.  Après  avoir  fait  des 
études  primaires  très  insuffisantes  chez  les  maîtres  d'école  de  TuUins,  il 
apprit  les  premiers  éléments  du  latin  avec  l'abbé  Périer,  curé  du  canton. 


(  io6  ) 

En  i83o,  il  entra  chez  le  pharmacien  Lombard,  à  Saint-Marcellin.  Celui-ci 
remarqua  bien  vite  la  prodigieuse  puissance  de  travail  de  son  jeune  élève, 
et  facilita  en  i833  son  départ  pour  Paris.  Jl  fut  envoyé  chez  M.  Briant, 
pharmacien,  qui  l'admit  dans  sa  famille  et  lui  donna  une  chambre  dans  sa 
maison.  Là  il  reçut  un  accueil  paternel,  et  M.  Briant,  qui  sut  apprécierles 
aptitudes  remarquables  de  Chatin,  lui  conseilla  d'achever  ses  humanités  et 
de  suivre  un  enseignement  purement  scientifique  en  même  temps  que  les 
études  de  Pharmacie.  M.  Chatin  a  gardé  une  grande  reconnaissance  pour 
cet  excellent  homme  ;  il  conserva  pieusement  la  vieille  montre  de  M.  Briant, 
que  celui-ci  lui  avait  laissée  à  cette  époque  comme  souvenir. 

»  Les  conseils  de  j\L  Briant  ne  pouvaient  être  mieux  suivis.  En  effet, 
Adolphe  Chatin  passa  avec  succès  son  baccalauréat  es  Lettres,  son  bacca- 
lauréat es  Sciences,  et  fut  reçu  à  la  licence  es  Sciences.  En  i835,  il  était 
nommé  au  Concoursde  l'Internat  des  Hôpitaux;  en  1839,  il  soutenait  sa 
thèse  de  docteur  es  Sciences  devant  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  en 
i84o,  il  passait  sa  thèse  de  Pharmacie;  en  1841,  il  était  Agrégé  à  l'École 
de  Pharmacie  et  y  fut  chargé,  comme  suppléant,  du  Cours  de  Botanique, 
des  Herborisations  et  de  la  direction  du  Jardin.  En  même  temps,  dans  ses 
études  de  Pharmacie,  Adolphe  Chatin  remportait  six  premiers  prix  et  deux 
seconds  prix;  les  six  médailles  d'or  de  l'École  lui  étaient  décernées.  En 
i838,  il  avait  obtenu  aussi  le  premier  prix  au  Concours  entre  les  internes. 

»  N'ayant  eu  comme  base  première,  à  son  arrivée  à  Paris,  qu'une  instruc- 
tion secondaire  incomplète,  c'est  en  moins  de  huit  années  qu'Adolphe 
Chatin  avait  acquis  tous  ces  litres  et  remporté  tous  ces  succès.  De  plus, 
en  1844»  ii  était  reçu  docteur  en  Médecine. 

»  En  1848,  les  deux  chaires  de  Botanique  de  Guiart  et  de  Clarion 
devinrent  vacantes.  11  fut  alors  question  de  supprimer  l'enseignement  de 
la  Botanique  à  l'Ecole  de  Pharmacie.  C'était  l'effondrement  des  espérances 
du  jeune  agrégé  qui  avait  réorganisé  le  cours  de  Botanique  de  l'École. 
C'était  au^si  peut-ètra  la  ruine  de  la  carrière  île  Chatin  qui,  s'étant  marié 
quelques  années  avant,  voyait  avec  inquiétude  l'avenir  de  son  jeune 
ménage  compromis.  Fort  ému  par  ce  projet  de  suppression,  M.  Chatin  alla 
trouver  Hippolyte  Carnot,  alors  ministre  tle  l'Instruction  publique.  Il  fut 
reçu,  le  soir,  au  domicile  particulier  du  ministre.  La  jeune  madame  Chatin 
attenilait  dans  une  voiture  le  résultat  de  l'entrevue.  Son  mari  vint  bientôt 
la  rassurer  en  lui  a[)prenant  que  le  ministre  considérait  l'enseignement  de 
la  Botanique  à  l'Ecole  comme  indispensable. 

»  Toutefois,  les  tleux  chaires  de  Botanique  furent  fondues  en  une  seule. 


(    IU7  ) 

Présenté  en  seconde  ligne  par  l'École  de  Pharmacie,  qui  lui  préférait  Payer, 
Adolphe  Chalin  fut  présenté  en  première  ligne  par  l'Académie  des  Sciences 
qui,  à  cette  époque,  était  consultée  pour  les  nominations  à  l'École  de 
Pharmacie.  Cliatin  fut  nommé  Professeur  titulaire  de  Botanique, 

»  Déjà,  de  i845  à  1847,  Adolphe  Chatin  avait  été  chargé,  à  la  demande 
de  l'Ecole,  des  cours  d'Anatomie  comparée,  d'Anthropologie  et  de  Zoologie 
générale.  En  1848,  il  professa  des  cours  populaires  pour  les  ouvriers,  qu'il 
avait  organisés  lui-même  à  l'École  de  Pharmacie,  sur  la  Cosmographie,  la 
Géologie  et  la  Métallurgie.  C'est  à  celte  époque  troublée  qu'on  peut  citer 
la  courageuse  conduite  de  Chatin  comme  sous-lieutenant  de  la  i'*  légion, 
notamment  à  la  chaude  attaque  du  clos  Saint-Lazare,  où  son  sergent  fut 
tué  à  ses  côtés. 

»  Depuis  cette  époque,  le  Professeur  de  l'École  de  Pharmacie  put  déve- 
lopper son  enseignement,  réorganiser  le  Jardin  botanique,  et  il  dirigea, 
avec  l'entrain  que  l'on  sait,  de  nombreuses  excursions  non  seulement  aux 
environs  de  Paris,  mais  dans  les  parties  les  plus  diverses  de  la  France. 

»  En  i8y3,  Adolphe  Chatm  était  nommé  Directeur  de  l'École  de 
Pharmacie.  Il  j)renait  sa  retraite  en  188G  avec  le  titre  de  Directeur 
honoraire. 

»  En  1874.  il  avait  été  élu  Membre  de  l'Académie  des  Sciences  à  la 
place  laissée  vacante  par  Claude  Gav,  et  en  1897  il  devenait  Président  de 
l'Académie.  Chatin  avait  aussi  été  élu  Membre  de  l'Académie  de  Médecine, 
Membre  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  et  il  faisait  partie  du  Co- 
mité des  Travaux  historiques  au  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

»  Adolphe  Chalin  avait  conservé  une  grande  affection  pour  le  Dau- 
phiné.  Depuis  sa  retraite,  il  revenait  plus  souvent  le  visiter  et  la  région  de 
ïuUins  a  fréquemment  bénéficié  de  ses  libéralités.  Mais  il  retournait  aussi 
dans  les  belles  monla£;nes  des  environs  de  Grenoble  et  surtout  dans  le 
massif  du  Villard-de-Lans,  oii  il  relrouvait  ses  amis  d'enfance  dans  la  fa- 
mille Bertrand.  Il  revint  à  Grenoble  pour  la  dernière  fois  en  1897,  lors 
des  létes  données  en  l'honneur  du  Président  de  la  Republique. 

»  J'ai  eu  le  grand  plaisir  de  le  rencontrer  plusieurs  fois  dans  mes 
courses  à  travers  les  Alpes  dauphinoises,  et  je  recevais  de  lui  un  accueil 
bienveillant,  rempli  de  bonne  humeur  et  marqué  de  traits  d'esprit,  en 
même  temps  que  je  profilais  des  précieuses  indications  qu'il  voulait  bien 
me  donner  sur  certaines  particularités  de  la  végétation  alpine.  J'admi- 
rais aussi  .sa  vaillance,  sou  ardeur  toujours  jeune  pour  la  marche,  sa  cou- 


(  io8  ) 

viction  toujours  aussi  grande  pour  la   recherche  des   localités  de  telle 
et  telle  espèce  intéressante. 

»  Cette  constitution  robuste  de  «  vieil  Allobroge  »,  comme  il  le  disait 
lui-même,  devait  cependant  recevoir  à  la  fin  les  premières  atteintes  de  la 
maladie.  En  septembre  1898,  Adolphe  Chatin,  se  sentant  frappé,  ne  put 
retourner  à  Paris  ;  il  resta  dans  sa  propriété  des  Essarts-le-Roi,  près  de 
Rambouillet,  entouré  des  soins  les  plus  empressés  de  ses  enfants.  C'est 
là  qu'il  s'éteignit  petit  à  petit  et  sans  souffrances.  lient  encore  le  bonheur, 
pendant  cette  longue  maladie,  d'apprendre  le  succès  de'son  fils,  M.  Joanuès 
Chatin,  élu  Membre  de  l'Académie  des  Sciences.  Le  i3  janvier  J901,  à 
l'âge  même  qu'avait  atteint  son  père,  Adolphe  Chatin  exhalait  doucement 
son  dernier  soupir  entre  les  bras  de  ce  cher  fils  qui  avait  été  la  préoccupa- 
tion et  la  joie  de  toute  sa  vie. 

«  L'œuvre  d'Adolphe  Chatin  est  beaucoup  trop  considérable. pour  qu'il 
me  soit  possible  de  la  résumer  ici.  Son  premier  Mémoire  de  Botanique, 
relatif  à  la  Symétrie  de  structure  des  organes  des  végétaux,  date  de  iSSy, 
et  il  publiait  en  1897  la  dernière  partie  de  ses  Études  sur  la  Symétrie  des 
faisceaux  vasculaires  du  pétiole.  Avec  une  connaissance  bien  plus  appro- 
fondie des  faits,  Chatin  revenait  ainsi,  à  soixante  ans  de  distance,  aux  ques- 
tions d'Anatomie  qui  avaient  tout  d'abord  attiré  son  attention. 

»  On  peut  dire  qu'il  n'est  pas  une  seule  partie  de  la  Science  des  végé- 
taux qui  n'ait  été  abordée  par  le  savant  botaniste.  Morphologie  externe, 
Anatomie,  Physiologie,  Géographie  botanique,  Organogénie,  Classification, 
Cryptogamie,  autant  de  divisions  de  la  Botanique  dans  lesquelles  viennent 
se  ranger  d'importants  travaux  de  l'Auteur.  La  caractéristique  principale 
de  l'œuvre  de  Chatin  est  surtout  dans  la  production  d'idées  originales,  fer- 
tiles en  résultats,  dans  l'ouverture  de  voies  nouvelles  explorées  ensuite  avec 
succès  par  les  nombreux  savants  qui  ont  marché  sur  ses  traces. 

»  Je  citerai  d'abord  l'immense  Ouvrage  intitulé  Anatomie  comparée  des 
végétaux,  dont  la  publication,  restée  inachevée,  a  commencé  en  i856,  et 
oii  sont  examinées  successivement  les  plantes  aquatiques,  les  plantes 
aériennes,  les  plantes  parasites  et  les  plantes  terrestres.  A  travers  ces 
recherches  d'Anatomie  comparée,  on  rencontre  des  observations  péné- 
trantes sur  les  diverses  adaptations  des  végétaux  et  sur  les  modifications 
profondes  qu'éprouve  la  structure  des  êtres  sous  l'influence  du  milieu 
extérieur.  Ces  longues  recherches  ont  été  l'origine  première  de  cette  nou- 


(  I09  ) 
velle  branche  de  la  Science  qu'on  nomme  maintenant  YAnatomie  expéri- 
mentale. 

»  Les  changements  de  structure  dans  les  parties  aquatiques  ou  souter- 
raines des  plantes  sont  scrutes  d'une  façon  très  remarquable  dans  cette 
suite  de  Mémoires;  mais  c'est  surtout  l'étude  des  plantes  parasites  qui  en 
constitue  le  mérite  principal.  Chatin  met  en  évidence,  pour  les  espèces  les 
plus  diverses,  les  caractères  de  régression  dus  à  l'influence  du  parasitisme. 
Cette  question  des  plantes  parasites  a  d'ailleurs  toujours  occupé  Chatin,  et 
il  y  revenait  encore,  en  1891,  par  une  Note  aux  Comptes  rendus  où  il 
montre  le  premier  que  le  parasite  n'absorbe  pas  telles  quelles  les  sub- 
stances élaborées  par  l'hôte,  mais  en  laisse  de  côté  une  partie  pour  digérer 
et  transformer  le  reste. 

»  L'un  des  premiers  il  a  compris  que,  pour  prendre  toute  la  valeur 
scientifique  qu'elle  comporte,  la  classification  des  plantes  doit  être  fondée 
aussi  bien  sur  les  caractères  de  leur  structure  que  sur  ceux  de  la  forme 
extérieure.  Énoncée  déjà  par  Mirbel  au  commencement  du  siècle  dernier, 
cette  vérité  n'est  plus  aujourd'hui  contestée;  elle  est  pour  ainsi  dire  devenue 
banale.  Elle  ne  l'clait  pas,  tant  s'en  faut,  en  1839,  lorsque  Chatin  choisit 
ce  sujet  pour  sa  thèse  de  Doctorat  es  Sciences.  Depuis,  dans  les  Mémoires 
que  je  viens  de  citer  et  dans  d'autres  encore,  il  a  développé  tous  les  résul- 
tats acquis  successivement  par  lui  dans  cette  voie.  Aujourd'hui  que  l'étroit 
sentier  d'autrefois  est  devenu  une  large  grand'route,  il  est  juste  de  rendre 
hommage  à  ceux  qui  y  ont  planté  les  premiers  jalons. 

»  On  doit  encore  à  Adolphe  Chatin  un  important  Mémoire  sur  l'anthère, 
qui  a  provoqué  aussi  de  nombreux  travaux  sur  la  constitution  et  la  déhis- 
cence  de  l'étamine.  Dans  ces  derniers  temps,  le  savant  botaniste  a  fait  pa- 
raître une  série  de  recherches  sur  les  Champignons  du  groupe  des  Tubé- 
racées.  notamment  des  Truffes,  des  Terfézées  et  des  Tirmaniées.  Ces 
recherches  ont  été  réunies  en  un  Volume  qui  a  paru  en  1892. 

»  Parmi  les  travaux  de  Chatin  sur  des  sujets  choisis  en  dehors  de  sa 
Science  de  prédilection,  je  mentionnerai  seulement  ses  recherches  rela- 
tives à  la  présence  générale  de  l'iode  dans  l'atmosphère  et  dans  l'eau,  qui 
ont  paru  de  i85o  à  1860,  et  dont  le  travail  in  extenso  est  resté  à  l'état  de 
manuscrit  dans  les  Archives  de  l'Institut.  Tout  récemment,  notre  Collègue 
M.  Gautier  reprenait  cette  question  avec  les  méthodes  modernes  d'analyse. 
Tout  en  poussant  beaucoup  plus  loin  ses  investigations  et  en  précisant  la 
forme  sous  laquelle  l'iode  se  présente  à  l'état  naturel  dans  les  diverses 
circonstances,  M.  Gautier  confirmait  les  résultats  obtenus  par  Chatin. 

G.  R.,  1901,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  3.)  Ij 


(     IIO    ) 

»  En  somme,  si  l'on  veut  donner  une  idée  de  l'importance  de  l'œuvre 
d'Adolphe  Chatin,  on  peut  dire  qu'il  est  impossible  d'établir  la  bibliographie 
d'une  grande  question  de  Botanique  sans  avoir  à  prononcer  son  nom. 

»  Ce  matin  même,  par  exemple,  une  thèse  remarquable  a  été  soutenue 
par  M.  Mirande  devant  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  A  chacun  des 
Chapitres  de  ce  Mémoire,  un  nom  revient  toujours  dans  les  citations  :  c'est 
celui  d'Adolphe  Chatin.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Influence  de  la  substitution  de  l'alcool  au 
sucre  alimentaire,  en  quantité  isodyname,  sur  la  valeur  du  travail  muscu- 
laire accompli  par  le  sujet,  sur  son  entretien  et  sut  sa  déoense;  par  M.  A. 

CuAUVEAU. 

«  Si,  comme  le  prouvent  les  expériences  dont  il  a  été  question  dans  la 
dernière  Séance  ('),  l'alcool  ne  montre  qu'une  aptitude  extrêmement 
limitée  à  servir  de  potentiel  énergétique  à  la  contraction  musculaire,  les 
substitutions  alcooliques  qu'on  opère  dans  les  rations  Jie  peuvent  qu'être 
défavorables,  soit  à  la  production  du  travail  musculaire,  soit  à  l'entretien 
du  sujet,  soit  à  sa  dépense  énergétique. 

»  Dans  l'étude  des  échanges  respiratoires,  faite  précédemment,  on  trouve 
tous  les  éléments  nécessaires  pour  se  prononcer  sur  ce  dernier  point  : 
celui  de  la  dépense.  Mais  c'est  une  autre  partie  de  notre  expérience  de 
trois  cent  quatre-vingt-neuf  jours  qui  va  nous  renseigner  sur  la  produc- 
tion du  travail  musculaire  et  l'entretien  du  sujet.  Il  s'agit  de  la  partie  qui 
s'étend  du  i5  avril  au  3j  juillet  1900.  ('ommenrons  par  les  enseignements 
qu'elle  fournit. 

»  Production  du  travail  musculaire  et  entretien  du  sujet.  —  Des 
cent  huit  jours  qui  séparent  les  deux  dates  ci-dessus,  les  cinquante-quatre 
premiers  ont  été  consacrés  à  l'élude  des  effets  de  la  ration  tvpe,  SooS''  de 
viande  crue,  252^''  de  sucre  de  canne;  les  cinquante-quatre  derniers,  à 
l'étude  de  l'influence  de  la  ration  dans  laquelle  SoS""  d'alcool  à  96"  rem- 
placent 84^'  de  sucre. 

»  On  a,  bien  entendu,  cherché  à  réaliser  l'identité  de  toutes  les  autres 
conditions  expérimentales,  entre  autres  celle  de  la  durée  du  travail  jour- 
nalier, qui  a  été  presque  toujours  très  exactement  limitée  à  deux  heures. 

»  L'influence  des  deux  rations  a  été  appréciée  de  la  manière  à  la  fois  la 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  65. 


(   m   ) 
plus  simple  et  la  plus  sûre,    c'est-à-diro   par   la   longueur   des   parcours 
accomplis,  pendanl  la  période  de  travail  dans  la  roue,  et  par  l'entretien, 
dont  on  jugeait  d'après  le  poids. 

»  Première  série  {du  1 5  avril  au  ~  Juin  ).  —  A limentation  avec  doo?'  de  viande  crue 
et  202^  de  sucre.  —  Pendanl  les  cinquante-quatre  jours  de  celte  période,  le  sujet  n'a 
manifesté  aucun  signe  de  malaise.  Sa  santé  a  été  parfaite.  Il  a  toujours  accompli  son 
travail  avec  une  grande  régularité,  sans  avoir  besoin  d'être  excité  par  les  appels  de 
son  surveillant. 

»  Au  milieu  du  temps  consacré  à  cette  série,  c'est-à-dire  le  vingt-septième  jour,  le 
sujet  avait  effectué  un  parcours  total  de  649''",35o,  soit  chaque  jour,  en  deux  heures, 
une  moyenne  de  24''"',048.  Voilà  pour  le  travail  accompli  pendant  cette  première 
période. 

»  Voici  pour  l'entretien  :  au  commencement  du  premier  jour,  le  sujet  pesait 
I9''8,o70;  à  la  fin  du  vingt-septième  jour,  le  poids  atteignait  19^8,600.  Le  sujet  avait 
donc  gagné  58oS'". 

»  La  série  complète  terminée,  c'est-à-dire  à  la  fin  du  cinquante-quatrième  jour,  le 
chemin  total  parcouru  était  de  1291'"", 920,  c'est-à-dire  une  moyenne  journalière  de 
23''"",g24.  Quant  au  poids  du  sujet,  il  s'élevait  à  2o''5,3i5,  :  gain  total,  i''s,245, 
presque  le  quinzième  du  poids  de  début. 

»  Ainsi,  non  seulement  le  sujet  avait  trouvé  dans  sa  ration  l'énergie 
nécessaire  à  son  entretien  et  à  l'accomplissement  d'un  travail  musculaire 
de  grande  valeur,  mais  il  avait  pu  accumuler,  sous  forme  de  graisse,  une 
ré.serve  de  potentiel  qui  ne  représentait  pas  moins  de  11,763  calories  ou 
cincj  millions  de  kilogrammètres  environ. 

»  ÛECXIÈME  SÉRIE  {du  Sj'ui/i  au  Si  juillet).  —  Alimentation  avec  5ooS'"  de  viande, 
1686''  de  sucre,  do^''  d'alcool  à  96°  (3  du  sucre  de  la  première  ration  remplace  par 
une  quantitc  isody name  d'alcool  absolu).  —  La  première  partie  de  celte  série  a  élé 
conduite  dans  des  conditions  absolument  identiques  à  celles  de  la  série  précédente, 
sauf  pour  la  composition  de  la  ration.  Ainsi,  pendant  vingt-sept  jours,  du  8  juin 
au  4  juillet,  le  sujet  a  reçu  chaque  jour,  avant  le  travail,  la  ration  qui  doit  permettre 
d'étudier  les  efTets  de  la  substitution  de  l'alcool  au  sucre.  D'autre  part,  le  travail  mus- 
culaire demandé  au  sujet  a  consisté  dans  une  course  de  deux  heures  au  trot  allongé  à 
l'intérieur  de  la  roue  ad  hoc. 

»  Il  faut  dire  de  suite  que  les  résultats  ont  été  nettement  désavantageux. 

»  Malgré  les  excitations  et  les  appels  incessamment  réitérés  du  sur\'eillanl,  le  chien 
n'a  accompli,  au  bout  de  ses  vingt-sept  jours,  qu'un  parcours  de  504""", 018,  soit  une 
mojenne  journalière  de  i8'"",666  en  deux  heures  exactement.  Pendant  la  période 
correspondante  de  la  première  série,  cette  movenne  avait  été  de  24''°',o48.  Diffé- 
rence :  S*"",  382.  C'est  un  déficit  de  22  pour  100.  Il  est  considérable. 

»  D'un  autre  côté,  aucune  réserve  de  potentiel  n'a  été  faite  par  le  sujet.  Le  poids, 
le  premier  jour  de  l'expérience,  était  de  2o''8,3i5;  la  pesée  a  donné,  à  la  fin  du  vingt- 
septième  jour,  2o''s,  200.  L'entretien  s'est  donc  effectué  d'une  manière  à  peine,  suffi- 
sante. 


(     I>2    ) 

»  Ij'infériorité  de  l'alcool  sur  le  sucre  se  traduit  dans  ces  résultats  avec 
une  si  grosse  évidence  qu'on  s'est  demandé,  avant  de  poursuivre  l'expé- 
rience, si  l'intervention  de  quelque  cause  accidentelle,  étrangère  à  ses 
conditions  régulières,  n'aurait  pas  contribué  à  cette  infériorité.  En  tout 
cas,  une  telle  cause  ne  saurait  être  cherchée  dans  le  sujet  lui-même,  dont 
la  santé  continuait  à  être  absolument  parfaite,  malgré  l'état  de  légère 
ébriété  dans  lequel  il  s'était  trouvé  chaque  jour  pendant  quelques  heures. 
Mais  la  température  ambiante  s'était,  dans  les  derniers  temps,  notablement 
accrue.  Ne  serait-ce  pas  cette  condition  extérieure  au  sujet  qui  lui  aurait 
rendu  le  travail  musculaire  plus  difficile  et  plus  onéreux? 

»  Pour  s'en  assurer,  on  se  décide  à  faire  alterner  les  deux  régimes  semaine  par  se- 
maine, pendant  le  temps  qui  reste  à  courir  pour  compléter  les  cinquante-quatre  jours 
de  la  deuxième  série  expérimentale.  Les  choses  sont  disposées  de  manière  à  comparer 
la  première  semaine  (sucre  seul)  avec  la  deuxième  (sucre  et  alcool)  ;  puis  la  troisième 
semaine  (sucre  seul)  avec  la  quatrième  (sucre  et  alcool).  Pour  celte  dernière  compa- 
raison, la  chaleur  étant  devenue  très  forte,  on  a  réduit  le  nombre  des  heures  de  travail 
afin  d'éviter  d'avoir  à  compter  avec  les  malaises  qu'elle  aurait  pu  provoquer  chez  le 
sujet  d'expérience.  On  a  résumé,  dans  le  Tableau  suivant,  les  résultats  de  cette  double 
comparaison  : 

Raliuns  : 


Soo^'  de  viande. 
îSsï'  de  sucre, 

1'°  semaine 
(du  5  au  n  juillet). 

a.  Temps  consacré  au  travail  .  .  i^^  ,  ooo 

b.  Parcours   total    dans    la    se- 

maine   i52'"",436 

c.  Parcours  moyen  en  une  heure 

de  travail io'"",888 

d.  Poids  initial 2o''b,  200 

e.  Poids  final 2o''s,6oo 

f.  Différence  entre  d  eV  e Gain  ;   -|-o''e,  4oo 

3°  semaine 
(du  ly  au  20  juillet  ). 

a.  Temps  consacré  au  travail  . .  10''  ,  4  16 

b.  Parcours    total    dans    la    se- 

maine   Bii^'^jiBô 

c.  Parcours  moyen  en  une  heure 

de  travail 7'"", 794 

d.  Poids  initial ig''^,  800 

e.  Poids  final .  2o''8,58o 

/.   Différence  entre  c?  et  e Gain  :   -t-o"'?,  780 


5oo''  de  viande. 

i68e'   de   sucre. 

48s'  d'alcool. 

2'  semaine 

(  du  12  au  iS  juillet). 

I  4''  ;  000 


Observations. 


110' 


'""  ''44  )  Travail  beaucoup  plus 
'     avantageux    avec    le 


SUVtlll 
sucre  sans  alcool. 
2o'*s,6oo  )  Entretien      beaucoup 
ig'^SjSoo  >     plus  avantageux  avec 
Perte:   — o''s   800  )     le  sucre  sans  alcool. 


7^'",87^1 


4°  semaine 
(du  26  au  3i  juillet). 


61- 


Perte 


74''", 892  ]  Travail    plus    avanta- 

\     geux    avec   le    sucre 

sans  alcool. 

Entretien       beaucoup 

2o''8,  i55  \    plus  avantageux  avec 

— o''6,425  )     le  sucre  sans  alcool. 


,901 
,58o 


(  "3) 

»  Ces  résultats  sont  absolument  décisifs.  Ils  démontrent  avec  la  plus 
girande  évidence  qii'on  est  autorisé  à  accorder  toute  confiance  aux  conclu- 
sions tirées  de  la  longue  étude  faite  dans  la  première  série  des  présentes 
expériences  (cinquante-quatre  jours)  et  la  première  partie  de  la  deuxième 
série  (vingt-sept  jours),  pour  comparer  le  sucre  et  l'alcool  substitué  au 
sucre  comme  source  de  l'énergie  employée  à  l'exécution  du  travail  mus- 
culaire. 

»  Les  résultats  de  cette  comparaison  sont  des  plus  significatifs.  Ils 
montrent  que  la  substitution  de  l'alcool  au  sucre  est  une  opération  désavanta- 
geuse. Avec  cette  substitution,  la  valeur  du  travail  physiologique  des  muscles 
diminue  et  le  sujet  s'entretient  moins  bien. 

«  Dépense  du  sujet.  —  Répétons  que  c'est  la  série  des  expériences  où 
a  été  faite  la  détermination  des  échanges  respiratoires  qui  a  fourni  les 
documents  de  cette  étude  de  l'intluence  des  substitutions  alcooliques  sur  la 
dépense.  Ils  sont  exposés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Comparaison  de  la  dépense  énergétique  et  du  travail  musculaire,  dans  les  cas 
de  ration  viande  et  sucre  avec  ou  sans  substitution  partielle  d'alcool. 


A.   —  Dépense  horaire  moyenne  pendant  le  repos. 

I.  Ration  U.  Ration 

sans  alcool.  avec  alcool. 

III  lit 

CO»  exhalé 7,980  7,933 

0=  absorbé 8,828  9,111 

B.   —  Dépense  horaire  moyenne  pendant  te  travail. 

GO' exhalé 55,255  44,882 

O»  absorbé 07,378  48,625 

G.   —   Travail  moyen  à  l'heure. 

km  km 

Chemin  parcouru 11 ,766  8,958 

1).  _  liapport  de  la  dépense  horaire  moyenne,  effectuée  pendant  le  repos, 
au  parcours  qui  représente  la  valeur  du  travail  horaire  moyen. 

GO'exhalé 7,980  7,983 

-=0,678  —:=  0,885 

Ghemin  parcouru 11,766  8,958 

O- absorbé 8,828  9,111 

=  0,750  =11,017 

Ghemin  parcouru 11,766  8,953 


(  ii4  ) 

E.  —  Rapport  de  la  dépense  horaire  moyenne,  effectuée  pendant  le  travail  même 

des  muscles,  au  parcours  qui  représente  la  valeur  de  ce  travail. 

CO-  exlialé 55,23.5  44)882 

• ^  4  !  696  =  5 ,  oo4 

Chemin  parcouru 11,766  8,g58 

O-  absorbé 07  ,  878  48 ,  623 

-^^^=4,826  =5,428 

Chemin  parcouru 11,766  8,058 

F.  —  Valeur  proportionnelle  de  la  consommation  de  O-,  en  partant  de  1  pour 
la  valeur  du  rapport  de  l'oxygène  absorbé  au  chemin  parcouru,  pendant  le 
repos  avec  la  ration  sans  alcool. 

Consommation  (  «.  Pendant  repos 1,000  i,356 

de  O- i  b.   Pendant  travail 6,434  7  >237 

»  Ainsi  le  rapport  de  la  dépense  au  travail  est  plus  favorable  quand  il 
n'y  a  pas  substitution  d'alcool  dans  la  ration.  L'avantage  est  de  ^  pendant 
les  courtes  heures  de  travail  et  peut  s'élever  jusqu'au  tiers  quand  la  com- 
paraison porte  sur  la  dépense  des  longues  heures  de  la  période  de  repos. 

«  Conclusions.  —  La  substitution  partielle  de  l'alcool  au  sucre,  en  pro- 
portion isodyname,  dans  la  ration  alimentaire  d^un  sujet  qui  travaille,  ration 
administrée  peu  de  temps  avant  le  travail,  entraîne  pour  le  sujet  les  consé- 
quences suivantes  : 

V    1°  Diminution  de  la  valeur  absolue  du  travail  musculaire; 

»    2°  Stagnation  ou  amoindrissement  de  l'entretien; 

»  3"  Elévation  de  la  dépense  énergétique  par  rapport  à  la  valeur  du  travail 
accompli. 

»  En  somme,  les  résultats  de  la  substitution  se  montrent  à  tous  les  points  de 
vue  très  franchement  défavorables.    » 


PATHOLOGIE.  —  De  l'influence  du  climat  sur  l'évolution  de  la  Tuberculose 
pleuro-pulmonaue  expérimentale;  par  MM.  Laîuxelongue,  Aciiard  et 
Gaillard  ('). 

«  L'influence  des  conditions  climatériques  sur  l'évolution  du  processus 
tuberculeux  est  assez  mal  déterminée.  Assurément,  en  certaines  contrées 


(')  Une  partie  de  ces  recherches  a  été  communiquée  au  Congrès  de  Naples   contre 
la  tuberculose  (avril  1900)  et  insérée  dans  le  Bulletin  médical  du  2  mai   1900, 


(  ii5) 

la  tuberculose  est  relativement  rare;  mais  cette  rareté  paraît  tenir  moins  à 
leur  climat  qu'au  genre  de  vie  de  leurs  habitants,  à  l'absence  de  grandes 
aggloméralions  humaines,  et  surtout  de  fovers  importés. 

»  Sans  doute  encore,  en  séjournant  dans  certaines  stations  réputées  pour 
la  cure  de  la  phtisie,  des  sujets  atteints  de  cette  maladie  peuvent  voir  leur 
état  s'améliorer,  guérir  même;  mais,  là  non  plus,  l'influence  du  climat 
n'est  pas  seule  à  s'exercer  :  il  faut  compter  encore  avec  l'action  des  divers 
traitements  mis  en  œuvre,  avec  celle  du  changement  de  milieu,  d'hvgiène, 
d'alimentation.  D'ailleurs  on  ne  saurait  méconnaître  quelles  différences 
profondes  séparent,  sous  le  rapport  des  conditions  météorologiques,  les 
localités  auxquelles  on  attribue  ces  vertus  curatives,  puisqu'une  faveur  à 
peu  pn";s  égale  s'attache  aux  régions  élevées  et  froides  aussi  bien  qu'à  des 
lieux  situés  au  bortl  de  la  mer  et  jouissant  d'une  température  tloucc. 

»  L'observation  clinique  n'apportant  que  des  données  peu  précises  à  la 
solution  de  ce  problème,  nous  avons  tenté  de  l'aborder  par  le  côté  expé- 
rimental. 

»  Les  expériences  consistaient  à  inoculer  dans  la  plèvre,  en  même  temps 
et  de  la  même  façon,  trois  cents  cobayes  tous  mâles,  répartis  en  six  lots, 
avec  une  égale  quantité  d'une  émulsion  de  tuberculose  humaine  et  à 
soumettre  immédiatement  après  chaque  lot  à  des  influences  climatériques 
différentes,  les  autres  conditions  de  logement  commun  à  chaque  lot  et 
d'alimentation  restant  aussi  pareilles  que  possible.  (Voir,  pour  plus  de 
détails  et  de  renseignements  précis,  le  Bulletin  médical,  du  i  mai  1900, 
p.  407). 

»  Deux  séries  d'expériences  ont  été  faites.  Dans  une  première,  de  cent 
cinquante  cobaves  répartis  eu  trois  lots  d'un  poids  égal,  un  lot  avait  été 
conservé  au  laboratoire  de  Palholoi^ie  externe  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Paris,  un  autre  avait  été  envoyé  au  bord  de  la  mer,  aux  Grandes- 
Dalles,  entre  Fécamp  et  Saint-Valery,  et  le  troisième  à  la  campagne  dans 
les  terres,  à  Valmont,  également  près  de  Fécamp.  L'expérience  prit  Çu\  le 
\\  novembre  1900,  les  six  cobaves  survivants  du  lot  du  laboratoire  ayant 
été  tués  accidentellement  par  un  chien.  Il  restait  alors  trois  cobayes  au 
bord  de  la  mer  et  un  à  la  campagne;  ces  animaux  furent  alors  sacrifiés. 

»  L'examen  des  courbes  de  mortalité  montre  que  celle  du  lot  de  la  cam- 
pagne s'est,  dès  le  début,  maintenue  un  peu  plus  élevée  que  les  autres. 
Celles-ci  ont  gardé  plusieurs  mois  la  même  direction;  puis,  vers  le  mois  de 
décembre  1899,  celle  de  la  mer  a  déGnitivement  dépassé  celle  du  lal)o- 
ratoire. 


(   ii6  ) 

))  Dans  une  seconde  expérience,  commencée  le  22  juin  1899,  un  pre- 
mier lot  fut  conservé  au  laboratoire,  un  deuxième  fut  envoyé  dans  la  mon- 
tagne, au  Thiolent,  près  du  Puy,  et  le  troisième  dans  les  bois  de  l'Isle-Adam. 
Ce  dernier  lot  ayant  été  prématurément  détruit  ne  peut  entrer  ici  en  ligne 
de  compte.  Pour  les  deux  premiers  l'expérience  prit  fin  le  12  sep- 
tembre 1900,  pour  le  même  motif  que  précédemment.  Il  restait  alors 
onze  cobayes  au  laboratoire  et  quatre  au  Thiolent.  C'est  donc  au  lot  du  la- 
boratoire que  restait  encore  l'avantage.  De  plus,  l'examen  des  courbes  de 
mortalité  montre  que  celle  du  lot  de  la  montagne  s'était  maintenue  pendant 
le  premier  été  un  peu  au-dessus  de  celle  du  laboratoire;  aux  premiers 
froids,  en  octobre,  elle  l'avait  rapidement  dé|)assée,  s'en  tenant  assez 
éloignée  pendant  tout  l'hiver;  puis  elle  tendait  à  s'en  rapprocher  pendant 
le  second  été. 

»  En  somme,  dans  les  deux  expériences,  l'avantage  reste  aux  lots  du 
laboratoire,  malgré  les  conditions  en  apparence  défavorables  que  créaient 
l'exiguïté  de  l'espace,  le  peu  de  ventilation,  l'absence  de  lumière,  la  per- 
manence de  l'humidité,  l'abondance  des  vapeurs  ammoniacales.  Le  froid 
et  les  changements  de  température  paraissent  surtout  avoir  agi  défavora- 
blement, tandis  que  l'égalité  de  température,  l'immobilisation  plus  grande 
des  animaux  du  laboratoire  semblent  avoir  exercé  une  influence  salutaire. 

»  Un  autre  fait,  d'un  ordre  tout  différent,  se  dégage  encore  de  ces  ex- 
périences. Dans  chacun  des  lots,  tous  les  cobayes  ont  été  inoculés  le  même 
jour,  de  la  même  manière,  dans  la  plèvre,  avec  le  même  virus.  Or  chez  les 
animaux  d'un  même  lot,  l'évolution  de  la  tuberculose  a  présenté  de  très 
grandes  différences. 

»  Nous  ne  parlons  pas  seulement  ici  des  formes  anatomiques  de  l'infec- 
tion, ni  de  la  variété  des  lésions  dans  les  difïérents  organes.  Nous  nous 
proposons,  d'ailleurs,  de  revenir  ultérieurement  sur  les  plus  intéressantes 
de  ces  lésions.  Mais,  à  n'envisager  même  que  l'évolution  générale  du  pro- 
cessus tuberculeux,  nous  trouvons  parmi  les  animaux  de  chaque  lot  de 
grandes  dissemblances. 

»  Sans  doute,  dans  le  cours  d'une  infection  relativement  lente,  bien  des 
circonstances  accidentelles  peuvent  survenir  qui  en  précipitent  la  marche 
ou  qui  déterminent  la  mort  par  une  cause  tout  à  fait  indépendante.  Toute- 
fois, comme  les  conditions  extérieures  étaient  aussi  semblables  que  pos- 
sible pour  les  animaux  d'un  même  lot,  il  semble  bien  que  les  diiïérences 
dans  l'évolution  de  la  tuberculose  aient  été  dues  -surtout  à  des  causes  in- 
ternes, inhérentes  à  l'organisme,  en  d'autres  termes  au  terrain.  Tandis  que 


(II?  ) 

certains  cobayes  mouraient  [de  tuberculose  généralisée  au  bout  de  six  se- 
maines, au  contraire,  chez  quelques  autres,  au  bout  de  quinze  et  dix-huit 
mois,  les  lésions  n'étaient  que  minimes  et  étaient  restées  localisées  au 
thorax.  C'est  ainsi  qu'à  la  fin  des  expériences,  trois  cobayes  du  lot  de  la 
mer,  trois  du  lot  de  la  campagne  et  quatre  du  lot  du  laboratoire  n'avaient 
que  des  lésions  très  discrètes.  Et  il  en  était  de  même,  dans  la  seconde 
expérience,  ]iour  un  cobaye  du  lot  de  la  montagne  et  pour  trois  de  celui 
du  laboratoire. 

»  La  résistance  remarquable  que  certains  cobayes  ont  présentée  à  la 
généralisation  de  la  tuberculose  pouvait-elle  aller  jusqu'à  la  guérison 
complète  et  à  la  disparition  de  la  virulence?  Cela  reste  douteux  pour  un 
certain  nombre  d'animaux  qui  sont  morts  sans  présenter  de  lésions  macro- 
scopiques évidentes,  mais  dont  les  organes  n'ont  été  ni  inoculés  ni  exa- 
minés histologiquement.  Toutefois,  dans  la  première  expérience,  les 
organes  des  trois  derniers  animaux  de  chaque  lot  ont  été  inoc(dés  à  des 
cobayes  sains;  or  ces  inoculations  ont  fourni  des  résultats  négatifs  pour 
trois  cobayes  :  deux  d'entre  eux,  a|)partenant,  l'un  au  lot  du  labor,\loire, 
l'autre  au  lot  de  la  mer,  ne  présentaient  pas  de  lésions  macroscopiques;. le 
troisième,  appartenant  au  lot  de  la  campagne,  avait  dans  ses  poumons  de 
très  petits  tubercules  grisâtres.  Il  semble  donc  que,  pour  ces  trois  animaux 
au  moins,  l'infection  avait  avorté  ou  avait  spontanément  guéri. 

M  Ces  faits  expérimentaux  peuvent  être  rapprochés  de  ceux  qu'on 
observe  en  pathologie  humaine.  L'évolution  de  la  tuberculose  chez 
l'homme  est  éminemment  variable  suivant  les  sujets  et  des  formes  très 
diverses  de  la  maladie  se  rencontrent  indépendamment  du  climat  et  de 
l'altitude.  La  résistance  à  l'mfeclion  et  la  guérison  s'observent  seulement 
avec  une  fréquence  beaucoup  plus  grande  chez  l'homme  que  dans  nos 
expériences,  ce  qui  s'explique  suffisamment,  d'ailleurs,  par  la  réceptivité 
plus  considérable  du  cobaye  à  la  tuberculose  et  par  la  dose  relativement 
forte  de  virus  que  nous  inoculions  à  nos  animaux.   » 


MÉCANIQUE .  —  Sur  la  condition  supplémentaire  en  Hydrodynamique. 

Note  de  M.  P.  Duiiem. 

«  On  sait  que  les  équations  de  l'Hydrodynamique  prises,  par  exemple, 
sous  la  forme  d'Eiiler,  donnent  quatre  relations  entre  cinq  variables  :  la 
pression  n,  la  densité  s,  les  composantes  u,  r,  w  de  la  vitesse.  Si  le  fluide 

C.  R.,  .901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N*  3.)  16 


(  Il«  ) 

est  incompressible  (p  =  const.),  ces  variables  se  réduisent  à  quatre  et  le 
problème  est  mis  en  équations.  Dans  les  autres  cas,  l'énergétique  fournit 
une  cinquième  relation  que  nous  écrirons,  en  nous  servant  des  notations 
de  notre  Mémoire  sur  le  polenliel  thermodynamique  et  la  pression  hydro- 
statique ('), 

»  Elle  introduit  une  nouvelle  variable,  la  température  T,  ce  qui  exige, 
pour  que  le  problème  soit  mis  en  équations,  une  relation  supplémentaire . 
M.  Jouguet  (')  a  montré  récemment  que,  pour  que  les  théorèmes  sur  le 
mouvement  tourbillonnaire  fassent  exacts,  cette  relation  devait  être  établie 
de  telle  sorte  que  l'entropie  S(p,T)fl^/?i  de  la  masse  dm  devînt  une  fonc- 
tion tie  la  seule  variable  T;  la  relation  — 7^—  =  —  ES  permet  de  rem- 
placer cette  condition  par  une  condition  analogue  relative  à  la  fonction 

(H 

»  '       peut  être   une  fonction   de  la  température  seule  par  elle- 

même;  c'est  ce  qui  arrive  si  le  fluide  a  une  densité  invariable  (p  ;:=  const.), 
ou  bien  s'il  est  incompressible,  mais  dilatable  par  la  chaleur  [p  =y(T)]. 

»  — ^ —  peut  encore  devenir  fonction  de  la  seule  variable  T  dans  un 

autre  cas.  Supposons  que  le  fluide  soit  dénué  de  viscosités  que  les  modifi- 
cations de  chaque   élément  soient  adiabatiques;  elles  seront,   en   même 

temps,  isentropiques ;  y^,  i\ura,  pour  chaque  élément  dm,  une  valeur  indé- 

pendante  du  temps  t;  on  aura  — —^ —  —  yj', — —>  p^,  T„  étant  la  densité 

et  la  température  du  même  élément  dm  à  un  certain  instant  t^  du  mou- 
vement. 

»  Si,  par  exemple,  le  système  est  parti,  à  l'instant  /„,  d'un  état  oia  il 
était  en  équilibre  et  soumis  à  des  actions  appliquées  exclusivement  à  sa 
surface,    po,  T^,  ont  alors,  dans  tout  le  fluide,    des  valeurs  constantes; 


(')  Le  potentiel  thermodynamique  et  la  pression  hydrostatique  {Annales  de 
l'Ecole  ISorniale  supérieure,  3°  série,  t.  X,  p.  i83;  i8q3). 

(-)  JouGL'ET,  Le  théorème  des  tourbillons  en  Thermodynamique  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXI,  p.  1190;  2.4  décembre  1900). 


(  TI9  ) 
'  >-p       =  consl.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même,  en  générai,  dans  un  mouve- 
ment isentropique  quelconque.  Si,  par  exemple,  à  l'instant  /„,  le  fluide  était 
en  équilibre   sous  l'action  de  forces  appliquées  aux  divers  points  de  sa 
masse,  T,,  y  a  partout  la  même  valeur,  mais  p^  varie  d'un  élément  dm  à  un 

autre,  et  1  on  a  — '^—  =  /(  p„). 

»  Ces  remarques  ont  leur  importance  lorsque  l'on  veut  préciser  les  con- 
ditions dans  lesquelles  un  théorème  d'Hvdrodvnamiquc  est  exact. 

»  I.  Supposons  un  fluide  sans  viscosité,  soumis  à  des  actions  newto- 
niennes  ou  non,  Çî^  étant  le  potentiel  des  actions  extérieures  (supposées 
conservatrices)  et  V,  la  fonction  potentielle  des  actions  intérieures.  On  ob- 
tient sans  peine  V  équation  des  forces  vives 


dt 


i2<,  4-  ^  j  \  idm  -t-  /  'ii^,  '\)dm  -t-  ^-   f  (u-  -+-  »-  -j-  u--)  r/z/i  1 


/ 


— ^^l ,    dm  :=  o. 

d  \        (Il 


))  Cette  équation  lonruit  une  intégrale  première  des  équations  de  l'IIy- 
drodynamii|ue  :  i"  pour  un  fluide  incompressible,  dilatable  ou  non  parla 

chaleur:    p=/(T);    2"  pour     lui    mouvement    isothermique  :    -^  —  o; 

3"  pour  un  mouvemmt  isentropique  quelconque  :  r^  ne  dépend  pas  de  /. 

»  II.  Considérons,  pour  des  actions  ncwloniennes  ou  non,  avec  les  nola- 
tions  de  notre  Mémoire  sur  le  potentiel  thcrmo  lynamique  et  la  pression 
hydrostatique,  l'égalité,  facile  à  obtenir, 


et  deux  analogues. 

»  Les  seconds  membres  sont  les  trois  dérivées  partielles  d'une  même 
fonction  des  coordonnées  :  1"  pour  lui  fluide  incompressible,  dilatable  ou 
non  par  la  chaleur;  2°  pour  un  mouvement  où  la  température  est  à  chaque 
instant  uniforme  dans  toute  la  masse;  3°  pour  un  mouvement  isentropique 
à  partir  d'un  état  initial  où  la  densité  et  la  température  sont  les  mêmes  dans 
toute  la  masse. 

»  Ces  conditions  sont  celles  où  l'on  peut  démontrer  le  théorème  de  La- 
grange  et  les  théorèmes   sur  le  mouvement  tourbillonnaire,  comme  l'a 


(    I20    ) 

indiqué  M.  Jougnet;  ce  sont  aussi  celles  où  un  petit  mouvement  pendu- 
laire simple  admet  un  putentiel  des  vitesses. 

»  Ces  théorèmes  ne  peuvent  être  légitimement  employés  hors  des  con- 
ditions précitées;  ainsi,  ils  ne  sont  point  rigoureusement  exacts  pour  les 
mouvements  sonores  dans  une  atmosphère  soumise  à  l'action  de  la  pesan- 
teur. 

>>   m.  —  Pour  un  mouvement  isentropique  quelconque,  on  a 


p   d.r        "'  '  da:         dx 


L  ^Po<?T„    ■   ^      — 


^  0 

djc-     '  ôTl         dx 


»  Supposons  qu'au  point  (oc, y,  z).  à  l'instant  t,  passe  une  onde  du 
premier  ordre  pour  les  fonctions  m,  t',  «>,  II,  p,  T,  tandis  qu'à  l'instant  /„ 
ce  point  n'était  pas  sur  une  onde;  pour  les  deux  intégrales  qui,  à  l'instant  t, 

se  rencontrent  sur  cette  onde,  le  terme  f    — ,  '  ■   °    ~  -{ v"    "-  --5 

L    apo  o  i       ûx  (>T-         dx  J 

a  sur  cette  onde  la  même  valeur.  Dès  lors,  la  méthode  indiquée  par 
Hogoniot  s'applique  à  la  détermination  de  la  vitesse  de  propagation  d'une 
telle  onde.  En  particulier,  elle  permet  de  calculer  la  vitesse  d'une  onde 
sonore  dans  une  atmosphère  soumise  à  la  pesanteur.  Les  conditions  de 
l'application  de  la  méthode  d'Hiigoniot  sont  les  mêmes  que  les  conditions 
d'existence  de  l'intégrale  des  forces  vives. 

»  Hugoniot  avait  indiqué  (  '  )  que  les  équations  de  Lagrange  permettaient 
celte  extension  de  sa  méthode;  d'ailleurs,  dans  le  développement  des  cal- 
culs, il  avait  omis  les  termes  qui  eussent  justifié  cette  assertion;  contrai- 
rement à  ce  que  pensait  Hugoniot,  les  équations  d'Euler  se  prêtent  égale- 
ment à  cette  extension.  » 


CORRESPONDANCE. 

L'Ecole  Polytechnique  fédérale  de  Zurich,  I'Académie  royale  dei 
LixcEi,  la  Société  des  Naturalistes  de  Varsovie  adressent  à  l'Académie 
l'expression  de  leurs  profondes  sympathies  à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  Hermite. 

(')  H.    Hugoniot,   Mémoire  sur  la  propagation  du  mouvement  dans  un  fluide 
indéfini  (seconde  Partie)  {Journal  de  Mathématiques,  4°  série,  t.  IV,  p.  i53;  i888). 


(     121     ) 

M.  Mascart  annonce  à  l'Académie  la  mort  récente  de  M.  Zenobe 
Gramme,  dont  le  rôle  a  été  si  important  dans  le  développement  de  l'Indu- 
strie actuelle  de  l'électricité.  L'Académie  a  accueilli  les  premiers  travaux 
de  M.  Gramme  et  lui  a  décerné  ses  plus  hautes  récompenses;  elle  ne  peut 
que  s'associer  au  deuil  que  cause  à  la  Science  et  à  l'Industrie  la  disparition 
du  célèbre  inventeur. 


M.  le  Secrétaire  perpétcel  signale,  parmi  les  pièces  de  la  Correspon- 
dance : 

1°  Un  Volume  intitulé  «  Crania  suecica  antiqua  »  ;  par  M.  GuslafRelzius; 

2°  Un  Volume  de  M.  Frédéric  Houssay,  portant  pour  titre  :  «  La  Forme 
et  la  Vie  ;  essai  de  la  méthode  mécanique  en  Zoologie  »  ; 

3°  Les  Tomes  IV  et  V  des  «  Atuiales  de  l'observatoire  météorologique, 
physique  et  glaciaire  du  mont  Blanc  (altitude  4-^58'")  »,  publiées  par  M.  /. 
Va/lut,  fondateur  et  Directeur  de  l'observatoire.  (Présenté  par  M.  de  Lap- 
parent.); 

4°  Un  Volume  intitulé  :  «  Congrès  international  pour  l'étude  des  ques- 
tions d'Education  et  d'Assistance  des  sourds-muets,  tenu  les  6,  7  et  8  août 
I  yoo.  Compte  rendu  des  travaux,  par  IM.  le  l)''  Ladrcit  de  Laeharrière.  »  (Pré- 
senté par  M.  Alb.  Gaudry.) 

ASTRONOMIE.   —  Sur  les  planètes  télescopiques.  Note  de  M.  H.  du  Licovoès, 
présentée  par  M.  O.  Callandreau. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  la  séance  du  3o  avril  igoo,  M.  de  Freycinet 
a  semblé  révoquer  en  doute  l'influence  de  Jupiter  sur  la  génération  des 
planètes  télescopiques  et  sur  les  alternances  de  leur  répartition  autour  du 
Soleil.  Je  voudrais  essayer  de  faire  ressortir  cette  influence  et  de  l'expliquer 
d'après  l'hypothèse  cosmogonique  dont  j'ai  exposé  ici-même  les  grandes 
lignes.  A  cet  effet,  j'ai  tracé  un  graphique  destiné  à  donner  une  idée  de  la 
distribution  des  petites  planètes  supposées  placées  à  leur  distance  moyenne. 
Les  abscisses  représentent  les  distances  au  Soleil  fractionnées  en  centièmes 
du  rayon  de  l'orbite  terrestre,  et  les  ordonnées  sont  proportionnelles  au 
nombre  de  planètes  contenues  dans  chaque  fraction  (').  J'ai  indiqué  pour 

(')  Ces  planètes,  dont  les  éléments  ont  été  empruntés  à  V  Annuaire  du  Bureau  des 
Longitudes  pour  190 1,  sont  au  nombre  de  449- 


(     122    ) 

quelques  distances  les  durées  de  révolution  correspondantes,  rapportées 
à  celle  de  Jupiter. 


I.!0       2 


»  La  zone  de  circulation  des  planètes  télescopiques  qui  s'étend,  sur  près 
de  35o  millions  de  kilomètres,  depuis  la  distance  1,9^  jusqu'à  4.26,  est 
tellement  grande  que  l'on  doit  écarler  rhv|>othèse  de  la  formation  de  ces 
astéroïdes  par  la  rupture  d'un  ou  même  de  plusieurs  anneaux.  On  voit,  il 
est  vrai,  dans  la  répartition  des  orbites,  quelques  groupements  dont  le 
principal  est  à  hauteur  de  la  distance  2,76;  mais,  outre  que  dans  chaque 
groupement  la  densité  de  la  matière  est  tro[)  faible  pour  avoir  constitué  un 
anneau  continu,  les  planètes  qui  s'y  trouvent  ont  des  inclinaisons  variant 
quelquefois  deo°à  3o°  et  des  excentricités  allant  jusqu'à  près  de  o,  35.  On 
ne  s'explique  pas  comment  les  débris  d'un  anneau  circulaire,  à  peu  prés 
plat,  auraient  pu  subir  une  pareille  dispersion. 

»  Dans  notre  hypothèse  de  ia  génération  des  planètes  par  aggloméra- 
tions successives  de  matériaux  circulant  à  l'intérieur  de  la  nébuleuse  so- 
laire, sur  des  orbites  un  peu  obliques  à  son  équateur,  cette  répartition,  en 
apparence  désordonnée,  paraît  toute  naturelle.  La  réunion  en  un  seul 
globe  de  ces  amas  de  matière  a  pu  se  faire  pour  ceux  qui  n'ont  subi  dans 
leur  mouvement  circulaire  aucune  perturbation  sensible;  mais  elle  a  dû 
être  empêchée  pour  toutes  les  petites  agglomérations  situées  dans  la  sphère 
d'action  de  Jupiter,  la  plus  grosse  de  toutes  les  planètes.  La  pesanteur  in- 
terne étant  encore  très  faible  au  début  de  la  formation  des  planètes,  ces 
perturbations  ont  atteint  des  valeurs  considérables,  et  telles  ont  dû  se  faire 
sentir  principalement  aux  distances  qui  dounait-nt  des  durées  de  révolution 
en  rapport  simple  avec  celle  de  Jupiter  (périodes  r,,  j,  ',,•■■)•  Or,  pendant 
la  formation,  les  points  correspondant  à  ces  périodes  étaient  plus  rappro- 
chés du   centre,   et   ils   se  sont  avancés  graduellement  à  la  place   qu'ils 


(     123    ) 

occupent  aujourd'hui.  Aussi  voit-on  apparaître,  sur  le  graphique,  des  vides 
et  des  alternances  qui  donnent  l'impression  de  coups  de  hache  successifs 
portés  dans  la  matière  nébulaire.  Ces  inégalités  se  manifestent  surtout  en 
deçà  des  points  où  se  trouvent  actuellement  les  rapports  simples. 

»  La  comparaison  des  inclinaisons  et  des  excentricités  des  orbites  fera 
encore  mieux  ressortir  l'influence  variable  de  Jupiter. 

»   Voici  un  Tableau  qui  donne  la  distribution  des  petites  planètes  dont 

l'inclinaison  de  i'orblle  est  supérieure  à  20°. 

3,19 
3,. 8 

3 , 79  3,18 

2,77  3,i4 


3,09 

2,37 

3,33 

2,32 

■i,.U 

2.3l 

2,i0 

2. 


/  / 


3, .4 


2,75  3,11 

2,74  3,11 

1,94     .      .      .     2.3i     2,4o     2,5i     2,63     2,73     2,89     2,99     .     3,11      .     3,39 

JL  1  2  X 

*  a  5  j 

»  Ces  astéroïdes  sont  à  la  fois  numérotés  et  disposés  d'après  leur  distance 
au  Soleil.  On  voit  que  les  orbites  les  plus  inclinées  sont  groupées  en  deçà  des 
points  correspondant  aux  périodes  simples;  elles  ont,  pour  ainsi  dire, été 
rejclées  en  dehors  par  une  force  agissant  obliquement  sur  leur  plan  |)ri- 
mitif.  De  semblables  déviations  ne  peuvent  s'expliquer  que  dans  l'hypo- 
thèse d'une  obliquité  primordiale  de  l'orbite. 

»  Le  Tableau  suivant,  oii  sont  reportées  toutes  les  orbites  d'excentricité 

2,69 
2.68 
■î .  67 
2,67 
2,59    2,66    2.79 
2,57     2,66    2,79 
2,57     2,64     2,77 
3,35  2,56     3,64     2,76    2.86 

2.33     2,42     2,55     2,63    2,74    2,86  3,i4 

2,i5     .     2,32     2,40    2,51     2,60    2,71     2,83     3,91     3,o3     3,i3     .     3,39 


supérieure  à  o,25,   nous  montre  que  la  plupart  d'entre  elles  se  placent 


(     124    ) 

entre  2, 5 1  et  2,790.  Ce  gioupement  ne  paraît  pas  compatible  avec  l'hy- 
pothèse de  la  génération  des  petites  planètes  par  rupture  d'anneaux  prove- 
nant de  l'atmosphère  du  Soleil.  Dans  ce  cas,  les  orbites  les  plus  excen- 
triques seraient  les  plus  voisines  de  la  planète  troublante;  or,  c'est  à  peu 
près  le  contraire  qu'on  observe.  D'après  la  théorie  opposée,  de  la  généra- 
tion des  planètes  à  l'intérieur  même  de  la  nébuleuse  solaire,  on  peut  très 
bien  admettre  que  la  plupart  des  agglomérations  formées  au  début,  dans  le 
voisinage  rapproché  de  Jupiter,  ont  eu  leur  orbite  excentrée  an  point  de 
finir  par  s'incorporer  à  la  grosse  planète.  Les  comètes  de  la  famille 
de  Jupiter  sont  peut-être  des  résidus  échappés  à  cette  absorption.  Dans  la 
suite,  lorsque  l'attraction  centrale  est  devenue  prépondérante,  les  nou- 
velles agglomérations  formées  dans  les  mêmes  ])arages,  au  delà  de  2,70 
environ,  ont  pu  s'y  maintenir  en  subissant  toutefois,  dans  leur  orbite 
primitivement  à  peu  près  circulaire,  des  déformations  de  moins  en 
moins  importantes.  De  ce  nombre  est  la  planète  27g,  Thule,  à  la  distance 
de  4.26,  avec  une  faible  excentricité  de  0,080  et  une  légère  inclinaison 
de  2° 22'.   )) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  Une  généralisation  d'un  théorème 
de  M.  Picard.  Note  de  M.  S.  Kantor,  présentée  par  M.  Picard. 

«  On  sait  que  M.  Picard  a  énuméré  au  Vol.  100  du  Journal  de  Crelle  les 
surfaces  de  l'espace  R3,  dont  toutes  les  sections  planes  sont  unicursales 
algébriques.  La  recherche  des  types  des  complexes  de  courbes  rationnelles 
en  E;.,  dont  je  me  suis  occupé,  m'a  conduit  au  théorème  suivant  qui  est  la 
continuation  de  celui  de  M.  Picard  : 

»  Les  Mr_,  de  R^  qui  ont  toutes  les  courbes  planes  (^sections par  les  R2)  uni- 
cursales sont  : 

>.   i.  LesW;_^. 

»   2.  Les  M;._,,  qui  sont  composées  par  une  série  unicursale  de  Rr_2- 

»  3.  Les  M'^,,  qui  sont  des  cônes  projetant  d'un  R^^j  une  surface  biqiia- 
dratique  de  Steiner. 

»  De    l'existence    des    00' c^'    courbes    planes    unicursales   on    déduit 

(')  Les  chiffres  en   caractères  gras   s'appliquent   aux  planètes  dont  l'excentricité 
surpasse  o, 3. 


(    T25    ) 

d'abord  (  '  )  la  possibilité  (implicite  aii  moins)  de  représenter  la  M^.,,  point 
par  point  algébriquement  sur  le  Rr-i-  On  s'appuie  à  cet  effet  sur  le  lemme 
suivant  : 

»  Si  une  Mr_,  contient  un  complexe  oc'^  -  d'indice  i  de  courbes  unicur- 
sales  et  si  ce  complexe  en  lui-même  est  un  ensemble  unicursal,  la  M^  ,  est 
elle-même  unicursale. 

»  Pour  démontrer  ce  lemme,  je  transforme  la  M^_,  par  une  simple  con- 
struction géométrique  en  une  autre,  où  les  qo''~*  courbes  unicursales  sont 
contenues  dans  un  complexe  y:^''~'  de  courbes  rationnelles  remplissant  l'es- 
pace R^.  Cela  fait,  j'applique  le  principe  dit  de  la  conservation  du  nombre, 
pour  conclure  que  toutes  les  propriétés  de  genre,  tous  les  nombres,  ordres, 
rangs,  etc.,  qui  s'y  rapportent  ne  changent  pas,  si  les  diverses  variétés  de 
base  du  complexe  se  décomposent,  soit  jusqu'à  ce  qu'il  n'y  ait  que  des 
droites,  des  plans,  des  R,,  . . .,  R,,  . .  ,,  Rr_o  d'appui  pour  les  courbes  du 
com[)lexe  et,  par  suite,  pour  les  courbes  en  question  de  la  M^.,.  Une  M^., 
affectée  ainsi  se  transformera  simultanément  avec  le  complexe,  et  celui-ci 
ayant  des  transversales  uniponctuelles  et  pouvant  se  transformer  en  con- 
séquence en  un  complexe  -xf^*  de  droites  ou,  ce  qui  est  la  môme  chose,  en 
un  sysième  de  cc'"^'  droites  par  un  point  O,  la  M^.,  se  transformera  ainsi 
en  un  cône  rayonnant  de  sommet  O  et  unicursal,  parce  que  la  variété  des 
3c'~-  droites  qui  le  constituent  est  unicursale.  Ainsi  les  nombres  différents 
qui  sont  décisifs  pour  l'unicnrsalité  (et  il  y  en  a  toujours)  sont  les  mêmes 
pour  ce  cône  et  pour  la  M^^,  et  celle-ci  sera  unicursale  par  conséquent. 

»  Or  la  représentation  de  la  M^.,  devant  fournir  pour  les  images  des 
courbes  planes  un  complexe  de  courbes  rationnelles  engendrées  par  un 
système  qo''  de  variétés  M^-j  en  R^-i,  il  ne  reste  qu'à  chercher  les  types  de 
ces  complexes.  C'est  ce  que  j'ai  réussi  à  faire  et  de  là  résute  le  théorème 
énoncé  plus  haut.  Quant  au  lemme  qui  intervient  dans  cette  démonstra- 
tion, on  trouve,  au  Vol.  XLIX  des  Math.  Ann.,  que  M.  Enriques  dit 
qu'une  M3  est  rationnelle  lorsqu'elle  contient  une  congruence  linéaire 
de  coniques.  Mais  ce  qu'il  dit  à  la  page  17  de  ce  Mémoire  ne  me  paraît 
pas  concluant.  En  effet,  on  ne  peut  pas  éviter  que  la  détermination  des 
co'  courbes,  qui  sont  les  sécantes  uniponctuelles  de  Nother  {Math.  Ann., 
Bd  III)  sur  les  qo'  surfaces,  comporte  des  irrationalités  essentielles. 
L'existence  d'une  M^    qui  rencontre  toutes  les  coniques  en  des  points 

(')  La  démonstration  complète  du  théorème  est  contenue  dans  un  Mémoire,  qui  va 
être  publié  par  V American  Journ.  oj  Malhematics. 

G.  R.,  1901,  I"  Semettie.  (T.  CXXXII.  fi'  3.)  I7 


(     126    ) 

isolés  se  trouve  sous-entendue,  et  c'est  seulement  avec  une  telle  M^  que  la 
démonstration  peut  s'achever.  Mais  une  telle  M,  n'existe  pas  toujours, 
comme  par  exemple  pour  la  congruence  de  coniques,  qui  fut  étudiée  par 
M.  Montesano  et  que  signale  d'ailleurs  M.  Enriques.   » 


CALCUL  DES  PROBABILITÉS.  ~  Sur  un  théorème  du  Calcul  des  probabilités. 
Note  de  M.  A.  Liapounoff,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Le  théorème  dont  il  s'agit  ici  se  rapporte  à  la  formule  connue  de  La- 
place  et  Poisson,  qui  sert  à  l'évaluation  approchée  de  la  probabilité  pour 
que  la  somme  d'un  grand  nombre  de  variables  indépendantes,  soumises  au 
hasard,  soit  comprise  entre  certaines  limites.  D'après  le  théorème  en 
question,  cette  formule  doit  donner  la  limite  vers  laquelle  tend  la  proba- 
bilité, lorsque  le  nombre  des  variables  augmente  indéfiniment. 

»  On  sait  que  ce  théorème  fut  l'objet  d'un  grand  nombre  de  recherches. 
Mais,  jusqu'à  celles  de  Tchebychef,  on  n'en  avait  pas  de  démonstration 
suffisante,  sauf  quelques  cas  très  particuliers.  Tchebychef  eut  l'idée  ingé- 
nieuse d'y  appliquer  les  résultats  de  ses  recherches  sur  les  valeurs  limites 
des  intégrales  [Travaux  savants  (Zapiski)  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Saint-Pétersbourg,  t.  LV,  supplément  n°  6],  et,  plus  tard,  la  question  fut 
reprise  par  M.  Markoff,  qui  a  donné  à  la  méthode  de  Tchebychef  tout  le 
développement  qu'elle  exigeait  (^Bulletin  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Saint-Pétersbourg,  5^  série,  t.  IX).  De  cette  manière  le  théorème  fut  établi, 
dans  certaines  conditions,  en  toute  rigueur. 

»  Toutefois,  la  démonstration  ainsi  obtenue  était  trop  détournée.  D'ail- 
leurs les  conditions  mentionnées,  qui  étaient  imposées  par  la  méthode  et 
non  pas  par  la  nature  de  la  question,  ne  paraissaient  pas  aussi  générales 
que  possible.  Il  était  donc  désirable  d'examiner  la  question  de  nouveau, 
en  suivant  une  autre  voie,  pe  qui  m'engagea  à  entreprendre  son  étude.  Je 
me  suis  arrêté  à  une  des  anciennes  méthodes,  celle  du  facteur  discontinu, 
et  en  cherchant  à  la  rendre  rigoureuse,  j'y  ai  réussi  après  l'avoir  modifiée 
d'une  manière  convenable.  Ainsi,  je  suis  parvenu  à  un  résultat  bien  général 
que  je  me  propose  de  communiquer  dans  cette  Noie  (  '  ). 

(')  Je  dois  remarquer  que,  dans  une  autre  direction,  la  question  considérée  était 
aussi  l'objet  des  éludes  de  M.  NekrassotT,  qui  n'a  pas  encore  publié  ses  recherches, 
mais  qui  a  déjà  fait  connaître  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé.  Les  conditions  où 
s'est  placé  M.  NekrassofT  sont  d'une  tout  autre  nature  que  celles  qu'on  trouvera 
énoncées  dans  cette  Note. 


(  127  ) 
»   Soit 

une  suite  indéfinie  de  variables  indépendantes  qui,  dans  chaque  épreuve, 
doivent  recevoir  des  valeurs  déterminées  appartenant  à  des  ensembles 
donnés  de  nombres  réels.  On  suppose  que,  sans  connaître  ces  valeurs,  on 
sache  évaluer,  pour  chacune  des  variables,  la  probabilité  d'être  comprise 
entre  des  limites  données  quelconques,  et  l'on  désigne  par 

a,,     a,         (j  =  I,  2,  3,  . .  .> 
les  espérances  mathématiques  (valeurs  probables)  respectivement  de 

Xj,     x]         (j  =  r,  5,  3,  ...  V 

»  Alors,  si  l'on  pose 

g,  —  g»  +  a,  —  a|  -h .  ■  .  +  «n  —  «^  =  A 

H 

ce  qui  représente,  comme  on  sait,  une  quantité  essentiellement  positive, 
on  aura  la  proposition  suivante  : 

»   Étant  désignés  par  S  un  nombre  positif  ne  surpassant  pas  i  et  par  L-^* 
la  plus  grande  parmi  les  espérances  mathématicjues  des  n  quantités 

1^, r%  \oc,Y^' |a;,.r^; 

si,  pour  une  valeur  quelconque  fixe  de  S,  V  expression 

A 

tend  vers  zéro,  lorsque  n  croît  indéfiniment,  la  probabilité  P  des  inégalités 


3,  \l-2nk  <'  a;,  —  *,  ^-  iC:.  —  aj  +  . .  .-I-  a;„  —  a„<^  s,  \l2nk, 

quels  que  soient  les  nombres  donnés  z,  et  ;,>«,,  tendra,  pour  n  =  x,  vers 
la  limite 


et  cela  uniformément  pour  toutes  les  valeurs  de  z,  et  z.^. 

»  J'ajouterai  que  cette  pioposition  ne  suppose  point  l'existence  des 
espérances  mathématiques  des  quantités  a;*  pour  des  valeurs  de  k  qui  sur- 
passent 2  -4-  S,  et  que  le  nombre  S  peut  être  aussi  petit  qu'on  veut;  seule- 


(     128    ) 

ment  il  ne  peut  être  égal  à  zéro,  comme  cela  résulte  de  l'inégalité  A  <<  L^. 
»  Le  cas  le  plus  important  est  celui  où  l'on  peut  poser  ïî  =  i.  Pour  ce 
cas,  j'ai  développé  la  démonstration  dans  un  Mémoire  qui  vient  de  paraître 
dans  le  Bulletin  de  l' Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XlII. 
En  supposant  dès  le  début  S  =i,  j'y  ai  montré  comment  on  peut  obtenir, 
pour  la  valeur  absolue  de  la  différence 


«  ■  '-tJ. 


une  limite  supérieure,  dont  l'examen  conduise  immédiatement  à  la  pro- 
position énoncée,  et  par  la  discussion  de  cette  limite,  j'y  ai  fait  voir  qu'en 
posant 

I  5  I 

^n  ^  =  a-, 

l'ordre  de  l'expression  (i),  pour  n  infiniment  grand,  ne  sera  pas  moins 

élevé  que  celui  de  e'  log^- 

»   Pour  §-<•.  on  pourrait  démontrer  la  proposition  par  la  même  mé- 
thode. Dans  ce  cas,  en  posant 

on  parviendra  à  la  conclusion  que  l'ordre  de  l'expression  (i),  pour  n  infi- 
niment grand,  ne  sera  jamais  moins  élevé  que  celui  de  e^^^.  <> 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  liquéfaction  des  mélanges  gazeux.  Variation  des  concen- 
trations des  deux  phases  coexistantes  liquide  et  vapeur  le  long  des  isothermes. 
Note  de  M.  F.  Caubet  ('). 

»  Soit  un  mélange  de  gaz  carbonique  et  de  gaz  sulfureux  soumis  à  une 
compression  isothermique.  Entre  une  certaine  valeur  B,  de  la  pression  cor- 
respondant au  point  de  rosée,  etune  valeur  supérieure  Pj  correspondant  au 
point  d'ébullition  ou  au  second  point  de  rosée,  le  système  constitue  un  mé- 


(')  Travail  fail  au  laboratoire  de  physique  théorique  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux. 


(    129    ) 

lange  double  :  on  y  distingue  une  phase  homogène  liquide  C,  et  une  phase 
homogène  vapeur  c. 

»  Soient  M,  et  Mo  les  masses  respectives  des  fluides  CO"  et  SO-  contenues 
à  un  instant  donné  dans  la  phase  C.  La  concentration  actuelle  de  cette  phase 
est  par  définition  : 


S=       ^ 


M,  4- M 


on  a  de  même  s 


enfin  si  l'on  pose  3TI,  =  M,  -f-  m^,  OIL^  =  Mj  -t-  m^, 

est  la  concentration  du  mélange. 

»  Peut-on  à  chaque  époque  de  la  condensation  connaître  les  valeurs  S 
et  5?  Le  graphique  des  lignes  limites  (')  fournit  une  réponse  simple  et 
précise. 

»  Le  système  est  bivariant;  pour  de  tels  systèmes,  J.  Willard  Gibbs  a 
énoncé  le  théorème  suivant  : 

Il  Si  un  système  bivariant  est  en  équilibre  à  une  température  donnée, 
sous  une  pression  donnée,  la  composition  qu'affectent  au  moment  de 
l'équilibre  les  phases  en  lesquelles  il  est  partagé  est  déterminée  ;  elle  ne 
dépend  pas  des  masses  des  composants  indépendants  qui  servent  à  former 
le  système. 

M  M.  Duhem  y  a  joint  ce  deuxième  théorème  : 

»  Sil'on  se  donne  la  température,  la  pression  et  les  masses  des  composants 
indépendants  qui  forment  un  système  bivariant,  la  masse  de  chacune  des 
phases  au  moment  de  l'équilibre  est  en  général  déterminée. 

»  D'autre  part,  en  discutant  analytiquoment  les  conditions  d'équilibre 
d'un  mélange  double,  M.  Duhem  a  montre  que  la  surface  limite  était  la 
traduction  géométrique  de  ces  conditions. 

»  Considérons  le  graphique  des  lignes  limites  en  projection  sur  le 
plan  TOP,  Prenons  un  point  à  l'intérieur,  par  exemple  le  point 

T  =  66,3,  P-.  ^7,6. 

Ce  point  est  à  l'intersection  de  la  ligne  de  rosée  n°  3  et  de  la  ligne  d'ébul- 
lilion  n"  6. 

»  Si  nous  élevons,  en  ce  point,  une  perpendiculaire  au  plan  TOP,  celte 


C)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  t.  CXXX,  p.  167;  1900. 


(  i3o  ) 

droite  rencontre  la  surface  limite  en  deux  points,  le  premier  appartenant 
à  la  ligne  de  rosée  n°  3,  le  second  à  la  ligne  d'ébullition  n°  6. 


»  Le  premier  théorème  sur  les  systèmes  bivariants,  joint  à  la  signifi- 
cation de  la  surface  limite,  permet  d'énoncer  la  proposition  suivante  : 


(  i3i   ) 

»  Tout  mélange  deCO'  et  de  SO"  qui,  à  la  température  de  66",  3  et  sous 
la  pression  de  67,6  atmosphères,  est  susceptible  de  présenter  deux  phases 
coexistantes,  donnera  une  phase  liquide  de  concentration  S.^  =  0,70926  et 
une  phase  vapeur  de  concentration  X,  =  o,  33238. 

»  Les  mélanges  capables  de  présenter  dans  les  conditions  énoncées  de 
température  et  de  pression  deux  [)hases  coexistantes,  sont  ceux  qui  com- 
prennent le  point  considéré  à  l'intérieur  de  leur  ligne  limite.  Il  y  en  a  une 
infinité  dont  les  concentrations  moyennes  sont  comprises  entre  X,  etXj. 

«  D'après  le  deuxième  théorème,  chaque  mélange  sera  caractérisé  par 
la  masse  de  sa  phase  liquide  et  la  masse  de  sa  phase  vapeur. 

»  Si  l'on  se  déplace  sur  une  parallèle  à  OP  depuis  un  point  de  rosée  jus- 
qu'au point  d'ébullition  correspondant,  on  pourra  connaître  en  chaque 
point,  au  moyen  de  la  ligne  de  rosée  et  de  la  ligne  d'ébullition  qui  passent 
par  ce  point,  les  concentrations  respectives  des  deux  phases  coexistantes. 

»  La  figure  représente  la  variation  des  concentrations  le  long  de  cinq 
isothermes  relatives  à  la  ligne  limite  n*  4.  Trois  de  ces  isothermes  sont 
inférieures  à  l'isotherme  critique;  l'isotherme  89°,  6  est  une  isotherme  de 
condensation  rétrograde. 

«  Pour  l'isotherme  critique,  les  courbes  des  concentrations  du  liquide 
et  de  la  vapeur  se  rejoignent  au  point  critique  situé  sur  la  ligne  XX.  Elles 
ont,  en  ce  point,  une  tangente  commune  parallèle  à  OS,  résultat  exigé 
par  la  théorie  (').    » 


CBIMIE.  —  Sur  quelques propri'J tés  du  hioxyde  de  sodium. 
Note  de  ]\L  de  Forcraxd. 

«  Les  faits  signalés  par  M.  G. -F.  Jaubert  dans  les  derniers  Numéros  des 
Comptes  rendus  m'obligent  à  présenter  les  observations  suivantes  : 

1)  Le  26  décembre  1899,  j'ai  publié  dans  les  Comptes  rendus  de  V Aca- 
démie (t.  CXXIX,  p.  1246)  une  Note  intitulée  :  Sur  l'hydrate  de  bioxyde 
de  sodium  et  la  préparation  de  l'eau  oxygénée.  Ce  travail  aura  évidemment 
échappé  à  M.  Jaubert. 

»   J'ai  indiqué  notamment  : 

»  1°  La  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  Na^O*  anhydre,  -!-i4'^''',4io. 


(')   Voir  DuHE»,  Traité  de  Mécanique  chimique,  t.  IV,  Chap.  I\',  p.  1 1!\. 


(     l32     ) 

nombre  très  élevé,  comme  le  faisaient  déjà  prévoir  les  expériences  de 
Vernon-Harcourt  ; 

«  2^*  En  sens  inverse,  la  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  l'hydrate 
Na'^O-.SH-O,  qui  est  négative  et  essaie  à  —1.4'^^',  868,  et  j'ai  fait  remarquer 
que  la  différence  est  due  en  partie  à  la  grande  chaleur  de  formation  de 
l'hydrate  et  en  partie  à  la  chaleur  de  fusion  des  8H*0  ; 

)>  3°  La  chaleur  de  formation  de  cet  hydrate -+-34*^*', 081,  pour  SH^Oliq., 
et  j'ai  comparé  ce  nombre  à  celui  qui  correspond  à  l'hydrate  de  BaO^ 
lequel  est  beaucoup  plus  faible  ; 

»  4°  L'analogie  d'aspect  de  ces  cristaux  d'hydrate  Na^0^8H-0  avec 
l'acide  borique  ; 

»  5"  La  grande  stabilité  de  ces  cristaux  à  froid  ;  en  ajoutant  cependant 
qu'au-dessus  de  H- 3o°  ils  fondent  dans  leur  eau  de  cristallisation,  avec 
effervescence  d'oxygène.  C'est  là  un  résultat  prévu  par  la  Thermochimie. 
Eu  effet,  d'après  les  chiffres  précédents,  le  bioxyde  anhydre  doit  donner 
d'abord  l'hydrate  ;  puis  la  chaleur  dégagée  le  décompose  et  il  forme  de  la 
soude  qui  se  carbonate  peu  à  peu.  Finalement  la  transformation  deNa^O* 
en  Na-CO',  ioH-0  et  oxygène  libre  correspond  à  un  dégagement  de  cha- 
leur de  -f-24^'»',73  d'après  mes  expériences.  C'est  d'ailleurs  le  résultat 
auquel  j'étais  arrivé  en  faisant  la  même  expérience  que  M.  Jaubert,  mais 
en  agissant  sur  une  quantité  de  matière  bien  moindre  (oS^  i  à  i^''  de  Na^O" 
exposé  à  l'air).  Dans  ces  conditions,  i  partie  Na-Q-  se  transforme  en 
3,  5  parties  de  carbonate  de  soude  hydraté,  et  cela  en  très  peu  de  jours. 

»  Le  bioxyde  de  sodium  est  bien  déliquescent  à  l'air,  et  les  goutte- 
lettes liquides  formées  reprennent  ensuite  l'état  solide  en  se  carbonatant, 
comme  le  dit  le  Dictionnaire  de  Wurtz  (qui  ne  fait  d'ailleurs  que  citer 
Vernon-Harcourt). 

>)  Le  procédé  de  préparation  du  bioxyde  de  sodium  décrit  par  M.  Jaubert 
n'est  autre  que  le  procédé  donné  par  Vernon-Harcourt,  il  y  a  quarante 
ans('),  et  que  j'ai  suivi  moi-même  en  1898  (*),  à  cette  différence  près  qu'il 
vaut  beaucoup  mieux  opérer  la  combustion  du  sodium  directement  dans 
une  cornue  de  verre  et  éviter  la  nacelle  d'argent. 

»  J'ai  répété  plus   de  vingt  fois  cette   expérience    qui   m'a   toujours 


(  ')   Quarterly  Joiun.  of  the  Chem.  Soc,  l.  XV,  p.  276;  octobre  1861,  et  Répertoire 
de  Chimie  pure,  t.  IV,  p.  874;  1862. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  364  et  5i4,  et  t.  CXXIX,  p.  1246. 


(   i33  ) 

donné  un  corps  blanc  ou  à  peu  près  blanc  à  froid.  J'ai  signalé  la  très  faible 
coloration  jaunâtre  du  produit  dense  qui  reste  dans  la  cornue,  coloration 
à  peine  appréciable  pour  le  bioxyde  léger  (neige  sodée)  qui  se  sublime  et 
qui  me  semble  le  plus  pur.  H  me  paraît  impossible  de  dire  que  ce  corps  est 
jaune.  Peut-être  même  cette  très  légère  teinte  jaunâtre  est-elle  due  à  un 
peu  de  potassium,  car  le  peroxyde  de  potassium  est  d'un  beau  jaune  de 
chrome. 

»  Vernon-Harcourt  avait  déjà  annoncé  que  l'argent  est  oxydé  lorsque 
le  bioxyde  du  sodium  est  fondu  dans  une  nacelle  d'argent  et  prend  une 
teinte  brune  et  noire.  L'oxydation  de  l'argent  intervient  alors,  ainsi  qu'il 
l'a  expliqué. 

»  Dans  mon  Mémoire,  j'ai  indiqué  que  la  slabililé  de  cet  hydrate  fait 
quil  est  d'un  emploi  très  commode  pour  préparer  l'eau  oxygénée.  En  dissol- 
vant 23is>'  de  cristaux  de  composition  Na-0-.8,5H-0  dans  2  molécules 
d'acide  chlorhydrique  (36s'',5  =  200'='')  on  obtient  aussitôt,  et  sans  dégage- 
ment de  gaz,  de  l'eau  oxygénée  neutre  et  limpide  à  igvolumes  ou  20  volumes. 
Avec  de  l'acide  à  3Gk'",5  =  loo""  on  l'aurait  à  3o  volumes,  etc.  J'ajoute 
aujourd'hui  que  plusieurs  personnes  se  servent,  depuis  un  an,  de  ce  pro- 
cédé pour  avoir  immédiatement  une  petite  quantité  d'eau  oxygénée  pure 
assez  concentrée  et  neutre  et  s'en  trouvent  bien. 

»  Quant  au  procédé  de  préparation  de  l'hydrate  Na-O-.STI'O,  donné 
par  M.  Jaubert,  il  n'est  qu'une  conséquence  de  sa  chaleur  de  formation 
connue.  Il  a  l'inconvénient  de  laisser  dans  le  bioxyde  toutes  les  impu- 
retés que  ce  cor|)s  contient  à  l'état  anhydre.  Le  bioxyde  anhydre,  que 
l'industrie  fabrique  aujourd'hui  en  grandes  quantités,  retient  également 
un  peu  de  soude  et  de  carbonate  qui  resteraient  mélangés  à  l'hydrate 
]Na=0^8H=0. 

»  Si,  au  contraire,  on  suit  exactement  le  procédé  que  j'ai  décrit  dans  la 
Note  rappelée  plus  haut  :  dissoudre  une  partie  de  Na-O*  dans  quatre 
parties  d'eau  à  o",  sans  laisser  la  température  dépasser  4o°,  puis  refroidir 
rapidement  à  0°,  procédé  qui  demande  tout  au  plus  deux  heures,  on  obtient 
immédiatement  des  cristaux  nacrés  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  purifier 
par  cristallisation,  attendu  qu'ils  sont  absolument  purs  et  notamment 
exempts  de  soude  et  de  carbonate  retenus  par  "les  eaux  mères.  Je  m'en 
suis  assuré  encore  il  y  a  deux  mois,  en  préparant  quelques  centaines  de 
grammes  de  cet  hydrate  au  moyen  du  bioxyde  impur  du  commerce,  dans 
le  but  d'étudier  les  hydrates  inférieurs  dont  je  m'occupe  actuellement.   » 

C.  R.,  igoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  3.)  I" 


(  i34  ) 


CHIMIE   MINÉRALE.  —  Sur  les  combinaisons  du  gaz  ammoniac 
avec  le  chlorure  d'aluminium  (  '  ).  Note  de  M.  E.  Baud. 

«  Persoz  (^)  avait  déjà  préparé,  en  i83o,  une  combinaison  de  chlorure 
d'aluminium  anhydre  et  de  gaz  ammoniac  à  laquelle  il  attribuait  la  for- 
mule Al-Cl",6AzH',  d'après  le  volume  de  gaz  absorbé  à  la  température 
ordinaire.  Rose  (')  obtint,  en  i832,  un  produit  de  composition 

Al*Cl''  +  5,36AzH'. 

Il  reconnut  que  ce  composé  pouvait  être  distillé  sans  résidu,  en  donnant 
APCP  + 3,5i  AzH'.  En  opérant  celte  distillation  dans  une  atmosphère 
d'hydrogène,  il  obtenait  une  combinaison  moins  riche  en  AzH^  et  dont 
l'analyse  conduisait  à  la  formule  Al-Cl" -i- 2,35AzH=  (').  J'ai  repris  ces 
expériences  et  voici  les  résultEJts  assez  différents  que  j'ai  obtenus  : 

>,  I.  —  Lorsqu'on  dirige  un  coui'ant  de  gaz  ammoniac  sec  sur  du  chlorure  d'alumi- 
nium pur  placé  dans  un  ballon,  à  la  température  ordinaire,  le  gaz  est  absorbé  avec  un 
grand  dégagement  de  chaleur;  au  bout  de  quelques  minutes,  lorsqu'on  opère  sur  Ss' 
à  6s''  de  chlorure,  la  combinaison  ie  liquéfie. 

»  Puis,  la  chaleur  dégagée  dimmuant,  la  niasse  reprend  l'état  solide.  Continuant  à 
absorber  lentement  le  gaz,  elle  devient  de  plus  en  plus  poreuse  et  donne  finalement 
une  poudre  blanche  très  légère.  Les  dosages  du  chlore,  de  l'aluminium  et  de  l'ammo- 
niac, dans  cette  matière,  ainsi  que  l'augmentation  de  poids  du  ballon  contenant  le 
chlorure  et  préalablement  taré,  conduisent  à  la  formule  A1-CI%  12  AzH^  {'). 


(')  Ce  travail  a  été  fait  à  l'Institut  de  Chimie  de  l'Université  de  Montpellier. 
(-)  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  -2.^  série,  t.  XLIV,  p.  3 19. 
(3)   Ann.  de  Chim.  et  de  P/iys.,  2°  série,  t.  LI,  p.  28. 

(*)  Ces  formules  ont  été  calculées  d'après  les  nombres  donnés  par  Rose,  qui  dosait 
seulement  le  chlore  et  l'aluminium  et  déterminait  l'ammoniac  par  différence. 


II.  III.         Nombre  théorique. 


{')       Augmentation  de 
poids  pour  100  de  Al-Cl^ 

Moyennes  de 

trois  anal3'ses. 

Nombres  théoriques 

pour  Al-ClSi2AzlP. 


76,58 

76,30 

76,90 

76,40 

Cl. 

Al. 

AzH'. 

Total. 

43,00 

II,  40 

43,49 

99-89 

45,22 

11,46 

43,22 

100,00 

(  ,35  ) 

»   Cette  formule  correspond  à  celle  de  rh3drale  connu  de  chlorure  d'aluminium 

Al'aSi2H=0. 

»  II.  —  Comme  l'indique  sa  grande  chaleur  de  formation,  ce  composé  est  très 
stable.  Il  est  beaucoup  moins  hygroscopique  que  le  chlorure  d'aluminium  anhydre. 
Chauffé  progressivement,  il  perd  seulement  2AzII'  vers  i8o°,  en  donnant 

.\l=CISioAzlF  ('). 

Chauffé  au  bain  d'alliage  fusible,  dans  un  courant  d'Iij'drogène,  le  composé 

Al»CI\ioAzlH 

fond  vers  380°,  puis  bout  vers  400°.  Il  se  condense  une  poudre  blanche.  La  matière 
recueillie  dans  le  ballon  lubulé  a  la  même  composition  que  celle  du  col  de  la  cornue, 
qui  se  trouvait  à  une  température  plus  élevée.  Elle  a  pour  formule 

Al'CI',2AzII'('). 

»  Ce  composé  est  entièrement  soluble  dans  l'eau.  En  distillant  le  même  corps  sans 
employer  le  courant  d'hydrogène,  j'ai  obtenu  une  substance  répondant  à  la  formule 

APCI«-f-4,6iAzH'; 

mais  son   étude  thermique  montre   que  ce   n'est  qu'un   mélange  de  Al'Cl',2AzlP 

avec  Al=Cl%ioAzH». 

»  111.  —  Si  l'on  opère  à  une  température  inférieure  à  o°,  ou  bien  si  l'on  sature 
par  AzH'  le  composé  APCI*,i2AzH',  qui  est  assez  stable  vers  +  i5°,  on  obtient  à  — ao" 
ou  — 23°  une  nouvelle  fixation  de  gaz  ammoniac.  Il  se  forme  donc,  à  température  très 


Cl.  .\l.  AzH'.           •         Total 

(')  Moyennes  de  ;  oo     c  o 

.          ,                    48,03  12,. 38  38,70  c)Q,82 

trois  analyses.          \       '  '                          '  ''^ 

Nombres  théoriiiiies    )   ,„      ,  „„  „„ 

MT-16        A    113    M^'7  '2,36  38,90  100,00 
pour    Al-CP,  l0.^z^P.  \ 

Cl.  AI.  AzIP.  Total. 

(19,73  '7,70  i2,2r)  99,68 


Cl.  Al.  AzIP.  Total 

(')  Moyennes  de  / 


trois   analyses.  \ 

Nombres  théoriques    ; 

pour  AI'ClS2AzH'.  ■ 


17,94  ' ' ,29  100,00 


Le  dosage  de  AzH'  conduit  à  un  chiffre  un  peu  supérieur,  soit  2,2AzIP.  Ce  qui 
s'explique  aisément  en  admettant  que  le  produit,  en  se  condensant,  absorbe  une  petite 
quantité  de  A/.  IP  libre  provenant  de  la  dissociation.  Cette  quantité  est  faible,  car,  au 
moment  où  la  combinaison  distille,  la  plus  grande  partie  de  l'ammoniac  en  excès  a  été 
entraînée  par  l'hydrogène. 


(  i36  )  ^ 

basse,  au  moins  un  composé  plus  ammoniacal.  Plusieurs  analyses  en  ont  été  faites,  en 
laissant  le  ballon  se  récliauffer  lentement  jusqu'à  +i5°,  et  recueillant  et  dosant  AzH' 
dégagé.  On  ajoute  alors  la  quantité  d'ammoniac  ainsi  obtenue  à  la  formule 

Al=Cl%i2AzH3. 

Dans  ces  conditions,  j'ai  trouvé  Al^Cl'^-f-iy  à  iSAzHS  mais  il  est  probable  que  la 
combinaison  était  déjà  en  partie  dissociée,  et  l'on  ne  pourra  être  certain  de  sa  compo- 
sition qu'en  étudiant  les  tensions  de  dissociation  de  ce  corps  noyé  dans  un  excès  d'am- 
moniac liquide,  comme  l'a  fait  M.  Joannis  pour  certains  chlorures  ammoniacaux 
formés  à  très  basse  température,  et  comme  je  me  propose  de  le  faire. 

»  En  résumé,  il  est  dès  à  présent  établi  que  le  chlorure  d'aluminium 
forme  avec  l'ammoniac  au  moins  quatre  composés  : 

»  Al*Cl*,2AzH^,  corps  très  stable,  qui  distille  sans  décomposition 
vers  450°; 

»  Al-CK'.ioAzH',  très  stable  encore,  puisqu'il  se  dissocie,  sous  la  pres- 
sion atmosphérique,  vers  SSo"; 

»  APCl",i2AzH%  qui  se  dissocie,  sous  la  pression  atmosphérique, 
vers  180°; 

»  Enfin  un  composé  Al-Cl*  +  i8AzH'  environ,  beaucoup  plus  disso- 
ciable et  qu'on  ne  peut  obtenir  qu'aux  températures  voisines  de  celle  de 
la  liquéfaction  de  l'ammoniac.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  l'isolement  de  Vyttria,  de  Vytlerhine  et  de  la 
nouvelle  erbine.  Note  de  MM.  G.  et  E.  Urbain,  présentée  par 
M.  Haller. 

«  L'un  de  nous  a  décrit  un  nouveau  mode  de  fractionnement  des  terres 
yttriques  par  la  cristallisation  des  éthyisulfates.  Nous  avons  étudié  en 
commun  la  composition  des  parties  les  plus  solubles  par  des  précipitations 
fractionnées  des  nitrates  par  l'ammoniaque  en  dissolution  diluée,  et  nous 
avons  pu  y  reconnaître  la  présence  de  l'yttrium,  du  nouvel  erbium  et  de 
l'ytterbium.  Ces  fractions  ne  renferment  pas  trace  des  terres  du  groupe  du 
lanthane.  Nous  n'avons  pas  pu  y  déceler  la  présence  des  terres  du  groupe 
du  samarium  et  du  gadolinium  ;  ces  terres  étant  éliininées  par  le  fraction- 
nement des  éthylsulfates  bien  avant  les  terres  holmiques,  dysprosium  et 
nouvel  holmium,  dont  les  bandes  d'absorption  avaient  disparu  du  spectre 
de  notre  substance. 

»  Depuis  cette  époque,  nous  avons  préparé  de  grandes  quantités  de  ces 


(  i37  ) 
mélanges  et  nous  avons  étudié  les  moyens  d'en  séparer  les  composants.  La 
méthode  qui  nous  a  donné  les  meilleurs  résultats  est  encore  la  décompo- 
sition partielle  des  nitrates  par  la  chaleur.  Après  des  centaines  de  fusions 
consécutives,  Bahr  et  Bunsen,  par  cette  méthode,  n'ont  pu  obtenir  leurs 
termes  extrêmes  que  dans  un  état  très  relatif  de  pureté.  Leur  erbium  ren- 
fermait de  l'ytterbium  que  découvrit  Marignac  par  l'emploi  de  la  même 
méthode.  Ils  n'ont  obtenu  que  très  peu  d'yltrium.  Les  résultats  que  nous 
avons  obtenus  sont  tout  différents. 

»  Les  terres  rares  brutes  de  la  gadolinile  ont  été  transformées  en  élliyisulfates. 
Après  dix  cristallisations  seulement,  les  eaux  mères  ne  renfermaient  plus  que  les  trois 
éléments  :  jttrium,  erbium  et  ytterbium,  et  une  trace  de  thorium. 

»  Le  mélange  de  ces  substances  fut  transformé  en  nitrates  et  le  fractionnement  ne 
porta  pas  sur  plus  de  huit  fractions.  Après  vingt  séries  de  fusion,  nous  avons  obtenu, 
dans  les  parties  les  moins  basiques,  un  mélange  d'ytterbium  et  de  thorium.  Ces  deux 
substances  furent  séparées  par  la  méthode  de  MM.  Wyroubod  et  Verneuil. 

»  Le  thorium  se  trouvant  dans  la  gadolinite  en  quantité  extrêmement  faible  (nous 
en  avons  extrait  environ  iS''  après  avoir  traité  aS'''  de  gadolinite),  il  était  intéressant 
de  comparer  sa  radio-activité  à  celle  du  thorium  de  la  ihorite.  Elles  ont  été  trouvées 
sensiblement  identiques. 

»  Le  poids  atomique  de  l'jlterbiura  fut  trouvé  égal  à  172,6.  La  dissolution  de  cette 
substance  était  rigoureusement  exempte  de  bandes  d'absorption.  Les  fractions  centrales 
sont  d'un  rouge  intense  et  donnent,  au  spectroscope,  le  spectre  pur  du  néo-erbium  sans 
qu'on  puisse  observer  de  variations  d'intensité  relative  entre  les  bandes  des  spectres 
d'absorption  des  diverses  fractions.  Ce  fait,  et  un  grand  nombre  d'autres  du  même 
genre,  nous  semblent  de  nature  à  détruire  la  théorie  des  méta-éléments  de  Crookes, 
Kriiss  et  Nilson  qui,  pour  l'édifier,  n'ont  porté  leur  attention  que  sur  des  mélanges 
complexes.  Dans  les  dernières  fractions,  les  bandes  d'absorption  s'affaiblissent  gra- 
duellement et  l'on  obtient  finalement  de  l'yllrium  dont  le  poids  atomique  fut  trouvé 
égal  à  88,6. 

»  En  poursuivant  le  fractionnement,  nous  avons  constamment  extrait  de  notre  sub- 
stance de  l'ytterbine  et  de  l'yltria,  cette  dernière  en  proportions  considérables  par 
rapporta  la  première. 

»  Nous  avons  toujours  déterminé  les  poids  atomiques  des  portions  que 
nous  sortions  du  fractionnement,  et  les  |)etites  différences  ol)teniies  avec  les 
nombres  précédents  peuvent  être  attribuées  à  des  erreurs  d'analyse. 

»  Nous  avons  pu  réduire  les  portions  intermédiaires  à  des  proportions 
presque  négligeables,  mais  nous  poursuivons  ces  traitements  dans  le  but 
d'en  atteindre  les  extrêmes  limites. 

»  Ces  heureux  résultats  sont  dus  à  l'absence,  dans  notre  mélange,  des 
terres  du  groupe  du  gadolinium,  dont  M.  Demarcay  a  montré  dans  ces 
derniers  temps  toute  l'importance. 


(  i38) 

»  MM.  Muthmann  et  E.  Baur  ('),  qui  onl  examiné  un  échantillon  de 
notre  jttria,  n'y  ont  pas  trouvé  le  spectre  de  phosphorescence  qu'ils  attri- 
buent au  gadolinium,  quoique  ce  spectre  soit  présenté  par  tous  les  autres 
échantillons  d'yttria  qu'ils  ont  examinés. 

)»  Nous  profiterons  de  ce  que  nous  avons  obtenu  des  quantités  notables 
d'erbium,  d'yttrium  et  d'ytterbium  dans  un  état  déjà  grand  de  pureté  pour 
les  purifier  de  nouveau  et  déterminer  d'une  façon  plus  rigoureuse  encore 
leurs  poids  atomiques.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  an  arsèniure  et  un  chloro-arséhiure  de  tungstène. 
Note  de  M.  Ed.  Defacqz,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  1°  Arsèniure.  —  On  ne  connaît  jusqu'ici  aucun  composé  binaire  de 
l'arsenic  et  du  tungstène. 

»  L'hydrogène  phosphore  gazeux  réagissant  sur  l'hexachlorure  de 
tungstène  nous  avant  donné  un  composé  défini  (-),  nous  avons  entrepris 
l'étude  de  l'action  de  l'hydrure  d'arsenic  sur  ce  même  hexachlorure  :  nous 
avons  isolé  une  nouvelle  combinaison  qui  a  pour  formule  Tu  As^. 

»  Préparation.  —  On  place  dans  un  tube  de  verre  une  nacelle  contenant  l'hexa- 
chlorure; on  fait  passer  un  courant  d'hydrogène  arsénié  sec  que  l'on  obtient  par  la 
décomposition  de  l'arséniure  de  zinc  par  l'acide  sulfurique  étendu;  les  gaz,  après 
réaction,  passent  dans  des  sécheurs,  puis  dans  des  flacons  contenant  du  sulfate  de 
cuivre.  Quand  l'air  de  l'appareil  est  complètement  chassé,  on  chauffe  aussi  doucement 
que  possible  vers  i5o°-20o°,  on  maintient  celte  température  pendant  une  heure 
environ  et  on  l'élève  graduellement  jusqu'à  atteindre  au  plus  SSo";  quand  les  gaz  qui 
sortent  des  sécheurs  ne  rougissent  plus  le  papier  de  tournesol,  on  arrête  l'opération 
et  on  laisse  le  tube  se  refroidir  dans  un  courant  d'hydrogène  arsénié;  l'action  est  lente 
et  demande  longtemps  pour  être  complète.  Le  produit  est  noir,  brillant;  il  contient 
de  l'arsenic  libre;  pour  l'en  débarrasser,  on  le  chaufl'e  dans  un  courant  d'hydrogène 
sec,  au  bain  d'huile,  entre  3oo°  et  320°,  jusqu'à  poids  constant. 

»  Propriétés.  —  C'est  une  substance  noire,  à  aspect  cristallin,  qui  est  insoluble  dans 
l'eau  et  les  différents  dissolvants. 

»   Sa  densité  est  de  6,9  prise  à  18°. 

»  Il  est  inaltérable  à  l'air  à  la  température  ordinaire,  mais  il  s'oxyde  facilement  au 
rouo^e  sombre;  il  brûle  et  forme  de  l'acide  tungstique  et  de  l'anhydride  arsénieux. 

»  L'hydrogène  est    sans  action   jusqu'à    Sao";   mais  vers  4oo°-45o°,   la   réduction 


(•)  Berichte  der  deutschen  chem.  Gesell..  n°  11,  p.  ijSa;  25  juin  1900. 
(-)  Ed.  Defacqz,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  656. 


(  f39  ) 

devient  rapide,  il  se  forme  des  produits  qui  contiennent  de  moins  en  moins  d'arsenic 
et,  finalement,  du  métal;  le  chlore  l'attaque  facilement  bien  avant  le  rouge  sombre; 
on  obtient  du  chlorure  d'arsenic  et  de  l'hexachlorure  de  tungstène;  l'oxygène  le 
transforme  avec  incandescence  en  acide  lungstique;  le  soufre,  à  sa  température 
d'ébuUition,  donne  du  bisulfure;  le  phospliore,  du  phosphure. 

»  L'acide  fluorhydrique  et  l'acide  chlorhydrique  n'exercent  aucune  action  sur 
l'arséniure  de  tungstène,  même  à  l'ébullilion  ;  le  mélange  d'acide  lluorliydrique  et 
d'acide  azotique  le  dissout  complètement  à  froid;  l'eau  régale  chlorhydrif[ue  agit  de 
même  à  chaud,  mais,  après  quelques  minutes  d'ébuUition,  il  se  produit  un  précipité 
jaune  d'acide  tungslique. 

»  L'acide  azotique  l'oxyde  à  chaud  avec  énergie  :  il  se  précipite  de  l'acide  tung- 
slique; l'acide  sulfurique  est  réduit  avant  son  point  d'ébuUition  en  donnant  lieu  à  un 
dégagement  d'anhydride  sulfureux. 

»  La  potasse  ou  la  soude  en  solution  n'attaque  pas  l'arséniure,  mais,  lorsque  ces 
alcalis  sont  fondus,  la  réaction  est  très  vive;  la  masse  devient  d'abord  brune,  par  suite 
de  la  formation  de  bioxyde  de  tungstène,  puis,  à  fusion  tranquille,  elle  devient  inco- 
lore; il  s'est  formé  un  mélange  d'arséniate  et  de  lungstate  alcalins;  les  mélanges 
oxydants,  azotate  et  carbonate  de  potassium,  réagissent  vivement,  quelquefois  avec 
incandescence. 

»  L'arséniure  de  tungstène  mélangé  à  du  cuivre  et  chauffé  à  l'abri  de  l'air,  au  point 
de  fusion  de  ce  dernier,  est  complètement  décomposé  :  il  se  forme  du  cuivre  arsénié  et 
du  tungstène  métallique;  il  en  est  de  même  avec  l'arséniure  de  cuivre,  même  si  ce 
dernier  contient  20  pour  100  d'arsenic.  11  nous  a  été  impossible  d'obtenir,  comme 
nous  l'avons  fait  pour  le  phosphure  ('),  le  composé  moins  arsénié  et  cristallisé. 

»  Analyse.  —  Nous  avons  employé  la  même  méthode  que  celle  qui  nous  a  servi 
pour  l'analyse  des  pliosphures. 

»  Nous  avons  trouvé  les  chiffres  suivants  : 

Trouve. 


Tu. 

As. 


, 

11 

:. 

Cairulc. 
pour  TuAs- 

J4: 

,9» 

54, 

56 

55,09 

f    f 

,35 

45, 

28 

44,9- 

))  li"  Chloro-arsénmre.  —  Nous  avons  complété  l'étude  de  l'action  de 
l'hydrogène  arsénié  en  le  faisant  agir  liquide  sur  l'hexachlorure.  On 
obtient,  dans  ce  cas,  un  chloro-arséniure  Tu-AsCl". 

»  Préparation.  —  On  liquéfie  dans  un  tube,  sur  quelques  grammes  d'hexachlorure 
de  tungstène,  5"  à  -j"  d'hydrogène  arsénié;  le  tube,  fermé,  est  chauffé  pendant  deux 
heures  environ  entre  60°  et  yS".  Le  tube  refroidi  est  ouvert,  on  obtient  une  substance 
solide. 

»  Propriétés.  —  Ce  chloro-arséniure  est  noir  bleuté  formé  de  petits  cristaux  d'un 

(')  Ed.  Defacqz,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  82. 


(  i4o  ) 

aspect  semblable  à  l'hexachlorure,  dont  il  rappelle  la  couleur  ;  il  est  très  hygroscopique 
et  se  décompose  lentement  au  contact  de  l'air. 

»  L'eau  le  détruit  pour  donner  un  précipité  verdâtre  avec  mise  en  liberté  d'acide 
clilorliydrique. 

»  11  est  insoluble  dans  un  grand  nombre  de  liquides:  le  sulfure  de  carbone,  la  ben- 
zine, le  tétrachlorure  de  carbone,  l'essence  de  térébenthine,  l'alcool  absolu,  l'éther; 
ces  substances  doivent  être  employées  absolument  anhydres;  il  se  formerait,  sans 
cela,  avec  moins  d'intensité,  les  mêmes  phénomènes  qu'avec  l'eau. 

»  Les  acides  agissent  avec  énergie;  l'acide  azotique  en  particulier,  même  très 
étendu,  donne  à  froid  une  solution  incolore  et  un  précipité  jaune  franc  d'acide  tung- 
siique. 

»  La  potasse  ou  la  soude  en  solution  dissolvent  ce  chloro-arséniure  avec  facilité. 

»  Analyse.  —  Nous  avons  dosé  les  difTérents  éléments:  tungstène,  arsenic,  chlore, 
sur  deux  prises  d'essai  différentes,  le  tungstène  et  l'arsenic  sur  l'une,  le  chlore  sur 
l'autre. 

»  Pour  le  métal  et  l'arsenic,  nous  avons  attaqué  la  substance  par  l'acide  azotique 
étendu  de  son  \olume  d'eau  à  chaud,  puis,  l'oxydation  étant  complète,  l'acide  tung- 
stique  qui  s'était  précipité  est  mis  en  solution  en  ajoutant  de  l'ammoniaque;  les  deux 
éléments  sont  séparés  suivant  la  méthode  employée  pour  les  phosphures. 

»  Pour  avoir  le  chlore,  nous  avons  décomposé  la  substance  par  l'eau  en  présence 
d'une  petite  quantité  d'acide  azotique,  puis  nous  avons  dosé  le  chlore  à  l'étal  de  chlo- 
rure d'argent. 

»  Nous  avons  trouvé  les  chiffres  suivants  : 

Calculé 
Trouve  pour 

'  (moyenne).  Tu-4sCl'. 

Tu 47,36  48,28 

As 10,21  9)83 

Cl 4i,8o  41,89 

»  En  résumé,  de  même  que  le  phosphure  d'hydrogène  gazeux,  l'hydro- 
gène arsénié  également  gazeux  donne,  avec  l'hexachlorure  de  tungstène, 
le  biarséniure  TuAs-;  de  plus,  l'hydrogène  arsénié  liquéfié  nous  a  permis 
d'isoler  un  chloro-arséniure  de  formule  Tu-AsCl*.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  nittofur/urane  (').  Note  de  M.  R.  Marquis, 

présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  A  la  suite  de  tentatives  infructueuses  ayant  pour  but  de  préparer  la 
furfuranamine  C'H'O  —  AzH"  par  voie  indirecte,  j'ai  entrepris  de  nitrer 
le  furfurane,  afin  de  réduire  ultérieurement  le  dérivé  niLré. 

(')   Travail  fait  au  laboratoire   de  deuxième   année   d'enseignement  pratique  de 
Chimie  appliquée,  à  la  l'acullé  des  Sciences  de  Paris. 


(    '^4'    ) 
»   Après  lin   certain  nombre  d'insuccès  dont  la  grande  oxydabilité  du 
fiu-furane  est  une  des  causes,  j'ai  adopté  le  mode  opératoire  suivant,  qui  a 
conduit  à  des  résultats  intéressants  : 

»  los''  de  f'iirfurane  sont  dissous  dans  ^o?'  d'anhydride  acétique;  d'autre  part, 
SoS"'  d'acide  azotique  fumant  incolore  sont  dissous  dans  SoS'' d'anhydride  acétique.  Les 
deux  solutions  sont  refroidies  par  un  mélange  de  glace  et  de  sel,  et  la  solution  de  fur- 
furane  est  introduite  goutte  à  goutte  dans  celle  d'acide  azotique,  cette  dernière  étant 
constamment  agitée.  La  température  ne  doij  pas  dépasser  —  5"  pendant  toute  la 
durée  de  la  nitration. 

»  Dans  ces  conditions,  on  n'obserxe  presque  pas  de  vapeurs  nitreuses.  Tout  le  fur- 
furane  étant  introduit,  la  solution  est  \ersée  sur  de  la  glace.  On  laisse  le  tout  revenir 
à  la  température  ordinaire  et  l'on  épuise  à  l'éther  deux  ou  trois  fois.  La  solution 
éthérée  est  lavée  à  l'eau,  puis  additionnée  d'un  excès  de  pyridine  pour  neutraliser  les 
acides  acétique  ou  azotique  que  l'éther  a  pu  dissoudre,  lavée  encore  une  fois  et  enfin 
séchée  sur  du  sulfate  de  soude. 

»  L'éther  est  chassé  au  bain-marie,  et  le  liquide  restant  distillé  dans  le  vide  jusqu'à 
commencement  de  décomposition;  le  résidu  est  alors  entraîné  par  la  vapeur  d'eau;  il 
passe  un  liquide  qui  cristallise  dans  le  réfrigérant,  et  qui  constitue  le  nitrofurfurane. 

»  l'urifié  par  dissolution  dans  l'éther  de  pélrole  et  évaporation  spontanée  de  cette 
solution,  le  nitrofurfurane  forme  de  gros  cristaux  blanc  jaunâtre,  facilement  clivables 
suivant  une  direction;  examinée  en  lumière  [)olarisée  convergente,  une  lamelle  de 
clivage  laisse  apercevoir  deux  hyperboles. 

»  Ces  cristaux  fondent  à  28°;  ils  sont  facilement  solubles  dans  les  solvants  orga- 
niques, trè*  peu  dans  l'eau.  Leur  odeur  rappelle  celle  du  nitrotoluène. 

»  Le  nitrofurfurane  est  soluble  dans  les  alcalis;  la  solution  est  rouge  orangé. 

»  La  détermination  du  poids  moléculaire  par  cryoscopie  dans  le  bromure  d'élliy- 
léne  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Matière ie'',499i 

Dissolvant 626'', 64o 

Abaissement i'',io 

Poids  moléculaire.. .      112,4         Théorie ii3 

»  Les  résultats  analytiques  confirment  la  formule  C'II'O  — AzO-;  la 
position  du  groupe  AzO' 

CH  — Cil  CH-C  — AzO^ 

Il  II  II  II 

en  a  lie  C  — AzO^         ou  en  ?         HC  CH 

\   /  \  / 

O  O 

est  seule  indéterminée  encore. 

»  L'addition  de  pyridine,  au  cours  de  la  préparation  du  nitrofurfurane, 
a  pour  but,  comme  je  l'ai  dit,  de  saturer  les  acides  libres,  sans  faire  inter- 

C.  R.,   1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXMi,  N-  3.)  IQ 


(    l42    ) 

venir  d'alcalis  minéraux,  mais  j'ai   reconnu  depuis  qu'elle  a  encore  une 
autre  action  (jue  l'on  pouvait  prévoir  a  priori. 

M  Si,  en  effet,  on  distille  l'éther  sans  ajouter  de  pyridine,  on  recueille  un 
produit  liquide,  fort  altérable,  qui  se  décompose  déjà  à  la  température  du 
bain-marie  bouillant,  et  qui  ne  peut  être  entraîné  par  la  vapeur  d'eau  sans 
décomposition. 

»  Ce  produit,  déjà  entrevu  par  M.  Freundler  (')  dans  un  essai  de  nitra- 
tion  du  furfurane,  est  de  nature  évidemment aldéliydique. 

»  Il  réduit  instantanément  à  froid  l'azotate  d'argent  ammoniacal,  ainsi 
que  la  liquear  de  Feliling,  et  se  combine  immédiatement  à  la  phényl- 
hydrazine  en  donnant  un  corps  fusible  vers  240°.  Traité  par  l'eau  bouil- 
lante, il  laisse  dégager  des  vapeurs  nitreuses,  et  la  solution  aqueuse  con- 
tient alors  un  corps  également  réducteur  et  ilonnant  une  phénylhydrazone 
fusible  vers  280°. 

»  Enfin  ce  produit  liquide,  additionné  d'une  petite  quantité  de  pyridine, 
se  transforme  en  quelques  heures  en  nitrofurfurane  que  l'on  peut  alors 
entraîner  par  la  vapeur  d'eau  et  qui  cristallise  par  refroidissement. 

»  Inversement,  il  semble  que  l'on  puisse  transformer  le  nitrofurfurane 
dans  ce  corps  liquide  par  l'action  des  alcalis  ou  des  acides  étendus;  en 
effet,  la  solution  dans  l'ammoniaque  du  nitrofurfurane  ne  réduit  |jasà  froid 
l'azotate  d'argent  ammoniacal,  mais  la  réduction  a  lieu  à  l'ébullition.  De 
même,  la  phénylhyclraziiie  ne  réagit  pas  à  froid  sur  le  dérive  nitré,  mais 
réagit  en  chauffant  longtemps  en  solution  acétique. 

»  Je  me  propose  de  poursuivre  ces  recherches  et  d'élucider  entièrement 
la  question.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Spectres  d'absorption  des  indophénols  :  loi  des  grou- 
pements auxochromes  azotés  tertiaires  (^).  Note  de  M.  Paui.  Lemoult, 
présentée  par  M.  Moissau. 

«  Dans  une  Note  précédente  {Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  193)  et  son 
addition  (t.  CXXXI,  p.  100 1),  MM.  Camichel  et  Bayrac  s'attachent  à  dé- 
montrer \a./ixitéAQ  la  bande  rouge  observée  dans  les  spectres  d'absorption 
des  «  indophénols  ».  J'ai  réussi  à  obtenir  la  mobilité  à&  cette  bande  rouge 


(')   bullelin  de  la  Société  chimique,  3"  série,  t.  XVII,  p.  419. 
(-)   Travail  fait  ai:  Lalioraloire  de  Chimie  de  TÉcole  Normale, 


(   i43  ) 

dans  la  même  série  de  colorants  et  à  découvrir  les  causes  qui  provoquent 
son  déplacement. 

»  Les  échantillons  étudiés  par  MM.  Camichel  et  Bayrac  dérivent  tous 
d'un  phénol  et  de  la  p-amido-diméthylaniline;  ils  ont  donc  tous  un  azote 
tertiaire.  M.  Haller  ayant  bien  voulu  les  mettre  à  ma  disposition  ('),  je  me 
suis  servi  de  ceux  qui  dérivent  du  phénol  et  de  l'o-crésol  ;  je  les  ai  com- 
parés avec  les  colorants  obtenus  par  l'oxvdation  de  mélanges  de  p-phé- 
nylènediamine  et  de  phénol  ou  d'o-crésol  (-),  qui  appartiennent  à  la 
même  catégorie,  mais  qui  ont  un  azote  primaire,  au  lieu  d'un  azote  ter- 
tiaire. 

»  Les  premiers,  dont  la  solution  alcoolique  est  bleu  ciel,  observés  sous 
une  épaisseur  de  4'"™  ('  mol.  =  2000'"),  laissent  voir  une  bande  rouge 
peu  apparente  entre  les  divisions  3  et  12  (milieu  7,5);  les  autres,  dont  la 
solution  est  bleu  violet,  donnent  une  bande  rouge  bien  brillante,  de  posi- 
tion nettement  différente,  entre  les  divisions  8  et  24  (milieu  16).  La  fixité 
annoncée  par  MM.  Camichel  et  Bayrac  pour  les  indophénols  n'est  donc 
pas  absolue  et  la  règle  énoncée  par  eux  se  trouve  en  défaut;  il  ne  saurait 
plus  être  question  d'y  rattacher  mes  observations  sur  les  «  triphénylmé- 
thane  »  (^Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  889),  qui,  comme  les  précédentes, 
démontrent  la  mobilité  de  la  bande  rouge  et  établissent  les  causes  du  dé- 
placement. 

»  Ces  deux  groupes  de  résultats  présentent  la  plus  grande  analogie,  et 
mes  observations  sur  le  triphénylmcthane  m'ont  conduit  à  étudier  l'en- 
semble des  indophénols  au  même  point  de  vue,  et  j'aurais  eu  l'occasion  de 
rappeler  les  observations  dont  ces  corps  ont  été  l'objet;  mais  j'ai  dû  mo- 
mentanémenl  laisser  de  côté  les  indophénols  à  deux  groupes  azotés  (inda- 
mines)  et  à  deux  groupes  oxygénés. 

»  Si  l'on  se  reporte  à  la  théorie  des  colorants  de  Witt  (Berichte,  t.  IX, 
p.  522),  on  voit  que  les  colorants  qui  ont  la  même  bande  rouge  ont  tous 
les  mêmes  groupements  auxochromcs  azotés  tertiaires;  ils  ne  diffèrent 
entre  eux  que  par  des  substitutions  CFl',  C'IF,  AzO',  CO'-H,  SO'H,  .. ., 
fixées  directement  sur  les  noyaux  aromatiques  et  qu'on  sait  être  peu  signi- 


(')  Ils  ont  élé  déposés  par  M.  Bayrac  au  laboratoire  de  Chimie  organique  de  la 
Sorbonne. 

(^)  Ils  ont  été  préparés,  comme  tous  les  colorants  dont  je  me  suis  servi,  dans  les 
laboratoires  de  la  Société  anonyme  des  matières  colorantes  et  produits  chimiques  de 
Saint-Denis. 


(  i44  ) 

ficatives,  puisqu'elles  n'apportent  aucun  élément  nouveau  à  la  fonction 
colorant;  elles  compliquent  la  molécule  sans  la  modifier.  Les  colorants  de 
même  famille  qui  n'ont  pas  la  même  bande  rouge  diffèrent,  au  contraire, 
par  un  clément  essentiel,  la  nature  ou  le  nombre  de  leurs  groupes  auxo- 
chromes  azotés;  c'est  ce  point  que  j'ai  mis  en  évidence.  Les  faits  de  cette 
nature  peuvent  être  réunis,  pour  le  moment,  dans  l'énoncé  suivant  : 

»  Les  colorants  à  spectres  d'absorption  discontinus  présentent  une 
bande  rouge  dont  le  milieu  est  fixe  (pour  une  dilution  moléculaire  et  une 
épaisseur  invariables)  tant  que  la  molécule  ne  se  complique  que  de  sub- 
stitutions non  significatives  ('),  tandis  que  le  milieu  de  cette  bande  se  dé- 
|)lace  très  sensiblement  quand  on  modifie  le  nombre  des  groupements 
auxochromes  azotés  tertiaires.  C'est  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  loi  de 
groupements  auxochromes  azotés. 

i>  Naturellement,  j'ai  l'intention  de  donner  de  nouvelles  vérifications 
de  cette  loi  et  de  l'étendre  aux  auxochromes  oxygénés  (OH  et  ses 
dérivés). 

»  J'ajouterai  qu'au  lieu  d'opérer  à  dilution  moléculaire  et  à  épaisseur 
séparément  constantes,  on  peut  faire  varier  ces  deux  quantités  de  façon  à 

maintenir  leur   produit  constant  (^  =  const.  j-  J'ai   fait    plusieurs   séries 

d'observations  en  observant  cette  condition,  et  j'ai  constaté  qu'elles  se 
rangent  par  couples  de  deux  absolument  identiques  entre  elles,  à  savoir  :  di- 
lution -^,  épaisseur  E  d'une  part;  dilution  —^,  épaisseur  «E  d'autre  part. 

Et  cela  avec  le  violet  cristallisé,  par  exemple,  depuis  la  dilution  i""^'=4oo'" 
qui  donne  uniquement  une  bande  rouge  brillante  jusqu'à  la  dilu- 
tion i™°'=  4oo'"  X  (3, 2)',  où  la  solution  à  peine  colorée  donne  un  spectre 
ininterrompu  présentant  seulement  une  très  légère  bande  d'ombre  grisâtre. 
»  Ces  expériences  m'ont  permis  de  suivre  les  déformations  successives 
du  spectre  d'absorption  d'un  même  colorant  (résultat  observé  d'autre  part 
sur  les  colorants  de  la  garance  par  M.  Rosenstiehl  (')]avec  apparition 
d'une  discontinuité  et  d'une  bande  rouge,  et  m'ont  conduit  à  penser  que 
tous  les  colorants  artificiels  pourraient  présenter,  dans  les  conditions 
appropriées,  cette  particularité.  J'ai  vérifié  cette  supposition  pour  plusieurs 
séries  de  colorants,  et  je  me  propose  de  profiter  de  cette  circonstance  pour 

(')  Il  convient  de  rappeler  la  participation  de  MM.  Camicliel  et  Bayrac  à  la  dé- 
monstration de  celte  première  partie,  à  savoir  l'observation  des  indophénols  dérivés 
d'un  phénol  et  d'une  aminé  tertiaire. 


(  ï45) 
tenter  de  nouvelles  vérifications  de  la  loi  des  auxochromes  que  j'ai  établie 
jusqu'ici  pour  deux  familles  seulement  (').  » 


CHIMIE.  —  Sur  (le  nouveaux  composés  organomélalliques  de  mercure. 
Note  de  MM.  Auguste  Lumière,  Loiis  Lumière  et  Chevrotier,  pré- 
sentée par  M.  Armand  Gautier. 

«  Nous  avons  remart[ué  que,  lorsqu'on  traite  les  phénoldisulfonates 
alcalins  par  l'oxyde  de  mercure,  en  proportion  equimoléculaire,  on  obtient 
des  composés  organométaliiqiies  d'une  grande  solubilité,  dans  lesquels  les 
réactions  ordinaires  du  mercure  se  trouvent  masquées.  Ces  substances  pa- 
raissent présenter  un  certain  nombre  d'avantages  sur  les  couiposés  mer- 
curiels  utilisés  jusqu'ici.  Leur  étude  chimique  fera  l'objet  d'un  Mémoire 
spécial;  nous  nous  proposons  d'en  signaler  aujourd'hui,  d'une  manière 
très  succincte,  quelques-unes  des  principales  propriétés. 

»  Le  mercure-phénoldisulfonate  de  sodium,  obtenu  à  partir  du  sel  de 
sodium  de  l'acide  phénoldisulfonique,  se  présente  sous  la  forme  d'une 
poudre  blanche,  amorphe,  contenant  [\o  pour  loo  de  mercure  environ, 
très  soluble  dans  l'eau  (22  pour  100  à  la"). 

»  Les  solutions  de  ce  corps  ont  perdu  la  saveur  métallique  que  présentent 
les  composés  mercuricls;  elles  n'ont  que  la  saveur  salée  des  sels  de  sodium. 
Elles  ne  précipitent,  ni  |)ar  la  soude,  ni  par  l'acide  chlorhvdrique,  ni  par 
le  sulfhydrate  d'ammoniaque.  Leur  stabilité  est  suffisante  pour  que  l'on 
puisse  les  chauffer  à  l'autoclave  à  120°  pendant  vingt  minutes  sans  trace 
de  décomposition. 

»  Elles  ne  précipitent  pas  l'albumine  à  froid.  Elles  sont  dépourvues 
d'action  irritante  :  une  solution  à  4  pour  100  maintenue  pendant  plusieurs 
heures  en  contact  avec  la  peau,  au  moyen  d'un  pansement  humide,  ne 
détermine  aucune  réaction;  quelques  gouttes  de  la  même  solution  intro- 
duites dans  l'œil  d'un  lapin  ne  provoquent  aucune  rougeur  de  la  conjonc- 
tive. L'injection  sous  la  peau  ou  dans  le  tissu  musculaire  d!une  solution 
à  ^  est  absorbée  facilement  et  ne  détermine  ni  induration  ni  abcès. 

»  Cette  absence  d'action  irritante  est  d'autant  plus  curieuse  que  ces 
corps  paraissent  conserver  d'autre  part  les  propriétés  énergiques  des  com- 
posés hydrargyriques  dans  lesquels  le  mercure  n'est  pas  dissimulé. 

(')  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  p.  487  ;  juillet  1879. 


(  i4^3  ) 

»  En  étudiant  le  pouvoir  antivégétatif,  on  peut  constater  que  des  ballons 
de  bouillon  stérile,  additionnés  de  mercure-phénoldisulfonate  de  sodium 
dans  la  proportion  de  j^,,  et  ensemencés  avec  des  cultures  d'Eberth,  de 
bacille  pyocyanique,  de  staphylocoque,  de  sublilis,  de  laciis  el  misàl'étuve, 
restent  stériles.  A  ^^  et  -—^  la  végétation  est  notablement  retardée.  La 
dose  de  j~  suffit  pour  empêcher  la  putréfaction  du  sang,  du  bouillon,  de 
l'urine. 

»  D'une  manière  générale  le  contact  des  solutions  de  jf^  à  j^,  pendant 
cinq  minutes,  et  même  quelquefois  deux  minutes  dans  le  cas  de  certains 
micro-organismes,  suffît  pour  tuer  les  cultures  citées  plus  haut. 

»  Le  coefficient  de  toxicité,  déterminé  chez  le  lapin  par  injection  intraveineuse 
d'une  solution  à  i  pour  loo,  a  varié  entre  o«'',o32  et  oS'joSg  par  kilogramme 
d'animal. 

»  Par  voie  sous-cutanée,  chez  le  colsaye,  l'injection  de  o?'',25  par  kilogramme  tue  en 
quarante  heures  ;  la  survie  est  de  cinquante  iieures  pour  oS'',  20  el  de  quatre  jours  pour 
oS'',  10  :  le  coefficient  de  toxicité,  par  cette  voie  et  pour  cet  animal,  est  d'environ  o'i",  o5 
par  kilogramme  ;  la  mort  survient  alors  de  cinq  à  six  jours  après  l'injection. 

»  Par  ingestion,  la  dose  mortelle  chez  le  cobaye  est  de  0,20  par  kilogramme;  les 

phénomènes  toxiques  évoluent,  dans  ce  cas,  en  3  jours  environ. 

• 

»  Nous  nous  proposons,  da  ns  des  communications  ultérieures,  d'étudier 
plus  complètement  la  toxicité,  les  propriétés  antiseptiques  et  anlivégéta- 
tives  de  ces  substances,  leur  action  sur  les  grandes  fonctions,  sur  la  nutri- 
tion, sur  les  ferments  digestifs,  etc.  Nous  n'avons  voulu  pour  le  moment 
que  signaler  très  sommairement  l'intérêt  que  présentent  ces  corps  en  rai- 
sou  de  leur  pouvoir  antiseptique  élevé,  alors  qu'ils  sont  dépourvus  de 
toute  action  irritante,  même  en  solutions  concentrées. 

»  La  propriété  qu'ils  ont  de  ne  point  précipiter  les  substances  albumi- 
noïdes  permet  de  les  administrer  on  injection  souscutanée.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  des  actions  diastatiques. 
Note  de  M.  M.  Haxriot,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  Les  travaux  modernes  de  Biologie  nous  ont  montré  que  la  plupart 
des  réactions  qui  se  passent  dans  les  cellules  animales  ou  végétales  sont 
provoquées  par  des  diastases.  Si  le  mécanisme  même  de  ces  réactions  n'a 
pas  été  mis  en  lumière,  cela  tient  à  ce  que  les  pr-océdés  que  nous  avons 
l'habitude  d'utiliser  en  Chimie  ne  sont  pas  applicables  ici  :  les  diastases 


(  '47  ) 
n'ont  jamais  pu  êlre  obtenues  pures;  la  comparaison  de  leurs  différentes 
analyses  prouve  que  les  corps  décrits  comme  tels  étaient  surtout  des 
matières  albuminoïdes  entraînant  une  quantité  inconnue  de  ces  ferments; 
d'autre  part,  leurs  effets  étant,  par  définition  même,  indépendants  de  la 
quantité  de  diastase  employée,  ne  peuvent  non  plus  éclairer  sur  le  méca- 
nisme de  leur  action. 

»  Wurtz  ayant  montré  qu'un  flocon  de  fibrine  que  l'on  trempe  dans  une 
solution  de  papaïne,  puis  que  l'on  met,  après  lavage,  en  contact  avec  l'eau, 
se  peptonise,  en  conclut  que  la  papaïne  se  combinait  avec  la  fd^rine; 
M.  A.  Gautier  est  arrivé  à  des  conclusions  analogues  en  constatant  que  la 
pepsine  se  fixe  sur  une  floche  de  soie  et  peut  lui  être  enlevée  par  l'acide 
chlorhydrique  faible.  Bien  que  ces  expériences  rendent  vraisemblable 
riiypolhèse  de  la  combinaison,  on  pourrait  leur  objecter  que  beaucoup  de 
substances  colloïdales,  comme  sont  la  fibrine  et  la  soie,  ont  la  propriété  de 
fixer  les  ferments  sans  qu'il  s'agisse  là  d'une  véritable  combinaison.  Si  de 
tels  composés  existent,  ils  doivent  n'être  que,  transitoires,  puisque  le  fer- 
ment se  maintient  avec  la  même  activité  pendant  toute  la  durée  de  l'action  ; 
ils  doivent  donc  se  former  et  se  détruire  avec  la  plus  grande  facilité. 

»  J'ai  cberché  à  les  mettre  en  évidence  par  un  procédé  tout  à  fait  diffé- 
rent, et  je  me  suis  adressé  pour  cela  au  ferment  saponifiant  des  graisses, 
la  sérolipase,  à  cause  de  l'exactitude  de  son  dosage  et  de  la  facilité  avec 
laquelle  on  peut  se  débarrasser  des  produits  de  la  réaction.  Ceux-ci  sont 
formes  de  glycérine  et  d'acides  gras.  Or  j'ai  démontré  dans  des  Notes 
antérieures  que,  tandis  que  la  lipase  est  sans  action  sur  les  dérivés  alcoylés 
de  la  glycérine,  elle  dédouble  tous  les  éthers  des  acides  organiques,  quel 
que  soit  l'acide  qui  s'y  trouve.  Dans  l'hypothèse  précédente,  il  faut  donc 
admettre  que  la  lipase  se  combine  aux  acides  en  formant  une  combinaison 
que  l'eau  dédouble.  J'ai  cherché  à  le  vérifier  par  l'expérience. 

»  Action  de  l'acide  acétique  sur  la  lipase.  —  Toutes  les  expériences  ont  t'ié. 
conduites  de  la  façon  suivante  ;  i"'  de  sérum  était  additionné  d'un  certain  nombre  de 
gouttes  d'acide  nitrique  au  j^,  et  maintenu  quarante  minutes  à  17°;  puis  on  neutra- 
lisait et  l'on  dosait  dans  le  liquide  l'activité  de  la  lipase. 

Nombre  de  gouttes 

d'acide .        o       5 

Activité 14     i3,2 

»  On  voit  donc  que,  au  fur  et  à  mesure  que  l'on  augmente  la  dose  d'acide,  l'activité 
de  la  lipase  disparait,  comme  si  la  lipase  s'unissait  avec  l'acide  en  formant  une  combi- 


10 

15 

20 

25 

3o 

35 

4o 

45 

5o 

11,3 

•o,9 

6,7 

5,5 

1 

0 

0 

0 

0 

(  '48  ) 

liaison  inactive.  Il  est  à  remarquer  que  l'acide  acétique  précipite  le  sérum,  mais  le 
liquide  filtré  donne  les  mêmes  réactions  avec  une  énergie  presque  égale. 

»  Ce  premier  fait  de  diminution  de  l'énergie  par  les  acides  cadre  donc  bien  avec 
l'hypothèse  de  la  combinaison,  mais  il  faut  en  plus  que  celle-ci  se  dédouble  aisément. 
Pour  le  vérifier,  j'ai  fait  dans  le  même  sérum  acidifié  des  dosages  à  des  temps  va- 
riables après  la  neutralisation. 

»   Voici  les  résultats  obtenus  : 

Nombre  de  gouttes  de 
l'acide o       5         lo         i5         ao         20         3o     35         4»     45     5o 

Activité  immédiate- 
ment après  la  neu- 
tralisation       i4     '3,2     11,3     10,9       6,7       5,5       10  000 

1  heure  après i4      '3  i3  ii  9,3       G, 6       3       3.3       000 

2  heures  après i4     i3  i3       9,5  10         12  9     >o  6       5       2 

»  On  voit  donc  peu  à  peu  l'activité  de  la  lipase  reparaître  et  se  rapprocher  du  taux 
primitif,  mais  au  bout  d'un  temps  d'autant  plus  long  que  la  dose  d'acide  primiti- 
vement employé  a  été  plus  forte.  C'est,  je  crois,  le  premier  exemple  d'un  ferment 
qui,  après  avoir  été  atténué  ou  même  en  apparence  détruit  par  une  action  chimique, 
est  susceptible  de  se  régénérer  et  de  revenir  presque  à  son  énergie  primitive.  On  voit 
que  tous  ces  faits  sont  favorables  à  l'hypothèse  de  la  combinaison  avec  les  acides, 
combinaison  décomposable  après  neutralisation. 

»  J'ai  obtenu  du  reste  des  résultats  analogues,  mais  bien  moins  énergiques,  en  rem- 
plaçant la  neutralisation  de  la  solution  acide  par  sa  dilution  par  une  grande  masse 
d'eau,  mais  ici  les  résultats  sont  plus  complexes,  puisque  le  dosage  se  fait  en  solution 
étendue,  et  j'ai  montré  autrefois  que  la  dilution  influe  sur  ces  dosages. 

»  J'ai  dit  plus  haut  que  le  précipité  donné  par  l'acide  acétique  dans  le  sérum  était 
peu  actif;  il  le  devient  après  un  long  contact  avec  l'eau. 

»  Action  des  différents  acides  sur  la  lipase.  —  J'ai  montré  précédemment  que  les 
divers  éthers  éthyliques  étaient  attaqués  par  la  lipase,  mais  d'une  façon  très  inégale; 
les  éthers  minéraux  sont  à  peine  saponifiés,  tandis  que  les  éthers  organiques  le  sont 
tous.  Ceci  pourrait  se  concevoir  de  deux  façons  :  ou  bien  les  acides  minéraux  ne  sau- 
raient s'unir  avec  la  lipase,  ou  bien  la  combinaison  ne  serait  pas  dédoublable.  Pour 
vérifier  laquelle  de  ces  deux  hypothèses  est  la  vraie,  j'ai  fait  agir  sur  une  même 
quantité  de  sérum  des  quantités  équimoléculaires  d'acides  divers  pendant  le  même 
temps  (  trente  minutes),  puis  j'ai  dosé  :  1°  l'activité  du  ferment  immédiatement  après 
neutralisation;  2°  cette  activité  un  certain  temps  après  neutralisation  de  l'acide;  le 
Tableau  suivant  contient  les  résultats  : 

SO'H=.        HCI.      AzO'H.     C=H=0'.  CH-O^.  C=H>0-.  C'H»0=. 

Activité  immédiatement. .      1129  6,5             6              i4 

»         après  a'' 45" 121                9  i5               27              19 

»        après  3'' 4 5'" o            7             i              12  i5               25             18 

»  Ces  chiffres  prouvent  donc  que  la  lipase  se  combine   avec   tous   les  acides  en 


(   '49  ) 

donnanl  des  combinaisons  peu  actives;  celles-ci  se  dissocient  facilement  si  les  acides 
sont  organiques,  tandis  que  la  décomposition  n'a  lieu  qu'avec  une  extrême  lenteur 
pour  les  acides  minéraux.  On  conçoit  donc  que  la  lipase  ne  dédouble  pas  leurs 
éthers. 

»   En  résumé,  je  montre  dans  la  présente  Note  : 

»  1°  Qu'un  ferment,  atténué  par  une  action  chimique,  peut  se  régé- 
nérer et  revenir  à  son  activité  première; 

»  2"  Que  l'action  de  la  lipase  sur  les  acides  et  les  éthers  semble  être 
une  combinaison  chimique  régie  par  les  lois  de  la  dissociation. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  je  montrerai  les  conséquences  que  l'on 
peut  déduire  de  ce  dernier  énoncé  et  leur  vérification  expérimentale.   » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  pluralité  des  chlorophyllines  et  sur  les  méta- 
chlorophyllines.  Note  de  M.  M.  Tsvett,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Dans  une  précédente  Note  (')  nous  avons  donné  la  préparation  d'un 
pigment  chlorophyllien  bleu,  cristallisable,  la  chlorophyllinc  bleue.  Il  est 
certain  qiu^  ce  pigment  n'est  pas  seul  à  marier  sa  couleur  à  celle  des  pig- 
ments jaunes  pour  donner  le  vert  des  plantes.  A  côté  de  la  chlorophyllinc 
bleue  il  en  existe  d'autres  dont  la  préparation,  beaucoup  plus  malaisée, 
formera  l'oJjjet  de  nos  recherches  ultéiieures.  Mais  nous  pouvons  affirmer 
dès  aujourd'hui  que  la  bande  fondamentale  de  la  chloro[)hylle  est  double 
et  que  sa  partie  gauche,  tournée  vers  le  rouge,  appartient  à  la  chlorophyl- 
line  bleue,  le  segment  dextre,  beaucoup  plus  faible,  étant  dû  à  une  seconde 
chloroph\  Iline. 

»  Pour  rendre  évidente  cette  duplicalure  de  la  bande  fondamentale, 
on  n'a  qu'à  faire  usage  de  la  méthode  de  dissolution  différentielle  dans  un 
système  biphasé  (benzine-alcool  80  pour  100).  On  obtient  facilement  une 
solution  alcoolique  oii  la  chlorophylline  dextre  prédomine  et  où  la  bande 
fondamentale  apparaît  élégamment  scindée  en  deux.  On  sait  d'ailleurs  que 
dans  le  spectre  des  feuilles  vivantes  la  bande  fondamentale  se  trouve  éga- 
lement dédoublée  (  Wegscheider,  Mann,  Monteverde).  Hagenbach,  dans 
de  belles  recherches  sur  les  propriétés  optiques  de   la  chlorophylle,    a 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXXI,  p.  842. 

C.  K.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  3.)  20 


(     IJO    ) 

monlré  que  la  lumière  rouge  fluorescente  émise  par  cette  matière  peut  se 
résoudre  en  deux  bandes. 

»  La  duplicature  de  latande  fondamentale  et  l'existence  de  deux  com- 
posantes chlorophylliennes  fluorescentes  ont  été  signalées  depuis  longtemps 
par  Sorby  ('),  dont  les  travaux  sont  injustement  tombés  dans  l'oubli. 
Nous  avons  dit  d'ailleurs  que  la  méthode  du  savant  anglais  ne  conduit 
point  pratiquement  à  des  produits  purs.  MM.  Marchlewsky  et  Schunck(-), 
qui  ont  répété  les  expériences  de  Sorbv  en  suivant  sa  propre  méthode, 
confirment  en  partie  ses  résultats.  Mais  ces  auteurs  semblent  avoir  obtenu 
des  solutions  encore  moins  pures  que  celles  de  Sorby,  et  c'est  à  tort 
qu'ils  attribuent  aux  deux  chlorophylles  une  bande  située  enlre  F  et  G. 
Cette  bande  manque  certainement  à  la  chlorophylline  bleue. 

»  Chez  beaucoup  de  plantes,  les  chlorophyllines  subissent  au  contact  de 
substances  cellulaires  inconnues,  et  en  présence  d'alcool,  une  transforma- 
tion remarquable  :  si  l'on  broie  des  feuilles  de  tilleul,  de  sureau  ou  de  rose 
et  que  l'on  humecte  le  magma  avec  de  l'alcool  ou  encore  avec  de  l'élher, 
du  chloroforme  ou  du  benzol,  la  teinture  préparée  au  bout  de  quelque 
temps  en  extrayant  par  l'alcool  présente  des  propriétés  anormales.  Agitée 
avec  de  la  benzine,  elle  ne  lui  cède  presque  pas  de  chlorophyllines.  Cette 
transformation  est  parfois  très  rapide;  chez  le  tilleul,  nous  l'avons  trouvée 
complète  en  cinq  minutes. 

»  Nous  appellerons  mélachlorophyllines  les  chlorophyllines  ainsi  mo- 
difiées. 

»  A  un  degré  de  transformation  différent,  les  chlorophyllines  (ou  l'une 
d'elles)  ne  se  combinent  jilus  à  l'hypochlorine  dans  le  résidu  d'évapora- 
tion  de  l'alcoolature.  On  obtient  alors  de  beaux  cristaux  vert  foncé,  abso- 
lument insolubles  dans  la  benzine.  Ces  cristaux  ont  été  découverts  en  1881 
par  M.  Borodine  par  voie  microchimique,  et  l'éminent  botaniste  russe  les 
considérait  avec  raison  comme  un  dérivé  de  la  chlorophylle.  M.  Monte- 
verde,  plus  tard,  a  voulu  y  voir  la  chlorophylle  native  elle-même  et  lui  a 
donné  l'appellation  différentielle  impropre  de  chlorophylle  cristallisable. 
Nous  proposons  de  nommer  mélachlorophylline  [3  le  dérivé  cristallin  décou- 
vert par  M.  Borodine.  » 

(')  Proceed.  of  the  Boy.  Soc,  t.  XXI,  p.  442;  1877. 

(')  Journ.  0/  t/te  Cliem.  Soc,  t.  XXVII,  p.  1081;  septembre  1900. 


(  I''  ^ 


CHIMIE  VÉGÉTALK.  —  Sur  un  pseiulo-acùle  agariciquc. 
Note  de  MM.  Adriax  et  Trillat,  prcsenlée  par  Î\T.  Armand  Gautier. 

«  Il  existe  des  divergences  notables  au  sujet  de  la  composition  et  des 
propriétés  du  produit  retiré  de  l'agaric  blanc  et  désigné  sons  le  nom  iV acide 
agaricique.  Fleury  ('  )  lui  aUrihne  la  formule  C'H-'O*  et  un  point  de  fusion 
de  145°, 7.  D'après  Thaerner  (-),  laA'éritable  formule  serait  C"H"'0*  avec 
un  point  de  fusion  de  69", 5.  Ilofmeister  (')  lui  assigne  comme  point  de 
fusion  iSS-'etRorner  (*)  i/|i°-i42°. 

»  Nous  avons  entrepris  l'étude  du  produit  retiré  de  l'agaric  par  la  mé- 
thode suivante  : 


»  L'agniic  en  poudre  grossière  est  épuisé  par  10  parties  d'alcool  bouiilanl  à  cp  degrés. 
On  oltiienl  un  extrait  alcoolique  que  l'on  distille  et  que  l'on  épuise  de  nouveau 
par  de  la  benzine  à  chaud.  Par  refroidissement,  il  se  dépose  une  masse  qui,  après 
plusieurs  cristallisations  dans  l'alcool  bouillant,  constitue  notre  substance.  Nos  ana- 
lyses ont  donné  : 

I.  II. 

Carbone 74,77  74, 7^ 

Mvdrogène 9>83  9)99 

Oxygène  (  par  diflférencei '5,4o  i5,28 

100,00  100,00 

»  Hbiillioscnpie  (te  la  substance.  —  38',6294  de  substance  ont  été  dissous  dans 
606'',  5  d'acide  acétique.  L'élévation  du  point  d'ébullition  étant  de  b°,24  et  la  constante 
de  9.5,3,  on  a,  d'après  la  formule  connue  : 

,,       3,6204x100x25,3        .- 

M  — ^^ ?— F— ^  ~  632. 

0,24  X  00,5 

»  La  formule  C"H'°0°  donne  comme  poids  moléculaire  et  comme  composition 
centésimale 

C" 468         soit  75,00 

H" 60           »  9,62 

0« 96           ..  i5,38 

Total 624  100,00 


(')  Bulletin  de  la  Société  chimique,  l.  XIII,  p.  ig3;  1870. 
(-)  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  t.  III,  p.  4';  1881. 
(')  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  t.  XX.  p.  449!  1889. 
(*)   Pharmaceutische  Zeitung,  t.  XLI,  p.  637;  1896. 


(  i52  ) 
»  Constitution.   —  Nous  avons  essayé  d'établir  la  constitution  du  corps 
(]39jjooQe  pjjj,  Ij,  fusion  avec  la  potasse. 

»  Dans  la  partie  acide  du  produit  distillé  nous  avons  constaté  l'absence  d'acide  ben- 
zoïque,  phlalique,  etc.  La  reclierche  du  phénol,  de  la  résorcine,  de  la  pyrocatéchine 
et  de  la  phloroglucine  n'a  donné  que  des  résultats  négatifs. 

«  Mais  nous  avons  obtenu,  comme  dérivés  principaux  de  cette  distillation  sur  la 
potasse,  deux  produits  bien  distincts.  Le  premier  est  un  liquide  présentant  des  ana- 
logies avec  un  acide  gras  non  saturé  et  ayant  un  point  d'ébuUition  de  i8o"-i90'';  le 
deuxième  est  un  liquide  neutre  appartenant  à  la  série  aromatique  et  doué  d'une  odeur 
poivrée.  Traité  par  l'acide  azotique  fumant  en  solution  acétique,  il  donne  un  dérivé  nitré 
insoluble  dans  l'eau  qui  se  décompose  lentement  à  une  température  de  5o°.  En  le 
cbaufTant  rapidement  on  peut  cependant  avoir  son  point  de  fusion  qui  est  dans  le  voi- 
sinage de  100°. 

»  Ce  dérivé  nilré  est  insoluble  dans  les  alcalis  :  soude,  potasse,  carbonates 
alcalins,  etc.  11  se  laisse  réduire  et  diazoter.  En  copulanl  le  nitrodérivé  réduit  par  la 
méthode  habituelle  avec  le  sel  R,  on  obtient  une  matière  colorante  qui  teint  les  tissus 
enbrun  rougeâtre. 

»  Propriétés  du  principe  cristallisé  retiré  de  l'agaric.  —  Le  produit 
(^3!)  jLjnoQo  cristallise  en  aiguilles  dont  le  pointde  fusion, après  dessiccation, 
est  à  258"  (corr.);  après  une  exposition  de  plusieurs  jours  à  l'humidité,  ce 
point  de  fusion  s'abaisse  à  240°. 

»  Cette  substance  est  insoluble  dans  l'eau  froide  et  très  légèrement  soluble  dans 
l'acide  chlorhydrique  et  la  soude  à  chaud.  Elle  se  dissout  dans  la  plupart  des  dissol- 
vants organiques  bouillants.  Dans  l'acide  sulfurique  concentré,  elle  disparaît  en 
donnant  une  coloration  jaune;  une  addition  d'eau  la  reprécipite  sans  transformation. 
La  sblution  sulfurique  additionnée  d'une  trace  d'acide  azotique  donne  une  coloration 
pourpre  orangée. 

»  La  solution  acétique  ne  fixe  pas  le  brome  à  froid,  même  après  plusieurs  jours  de 
contact. 

»  Oxydation.  —  Nous  avons  étudié  le  produit  d'oxydation  obtenu  par  l'acide  chro- 
mique  en  solution  acétique.  Ce  sont  des  lamelles  blanches  très  peu  solubles  dans  l'eau 
bouillante,  insolnbles  dans  la  potasse,  solubles  dans  l'acide  sulfurique  concentré  sans 
altération.  Elles  se  ramollissent  à  une  température  de  175"  et  se  décomposent  com- 
plètement vers  185°.  La  combustioa  a  donné  :  carbone,  69,11  pour  100,  et  hydrogène 
8,47  pour  100. 

»  En  résumé,  le  corps  retiré  de  l'agaric  par  le  traitement  à  l'alcool  ne 
peut  être  désigné  sous  le  nom  à'acide.  Des  expériences  récemment  insti- 
tuées f)ar  M.  le  D"'  Bardet  viennent  d'établir  qu'il  n'était  doué  d'aucune 
propriéié  physiologique,  en  sorte  que  celles  qui  ont  été  attribuées  à  ce 
corps  par  les  auteurs  pourraient  bien  provenir  de  la  présence  de  résines 
qui  accompagnent  l'agaric.    » 


(  '53  ) 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Transformation  delà  crcatine en  créatinine pariin 
ferment  solublc  déshydratant  de  l' organisme  (').  Note  de  M.  E.  Gérard, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Voit  avait  déjà  pensé  que  la  créaline  de  l'organisme  était  transformée 
en  créatinine  très  vraisemblablement  dans  les  reins  (").  Le  but  de  nos  re- 
cherches a  été  desavoir  si  celte  déshydratation  de  la  créatine  pour  donner 
son  anhydride  interne,  la  créatinine,  n'était  pas  produite  par  un  ferment 
soluble  sécrété  par  le  rein,  et,  pour  cela,  nous  avons  essayé  de  déshydrater 
la  créatine  par  l'extrait  aqueux  de  rein  de  cheval.  Après  plusieurs  essais, 
nous  avons  acquis  la  certitude  que  la  recherche  de  la  créatinine  susceptible 
d'être  produite  n'était  possible  qu'en  opérant  avec  un  extrait  aqueux  d'un 
rein  lavé  par  une  injection  prolongée  d'eau  distillée  faite  par  les  vaisseaux 
de  l'organe  excisé. 

»  Les  extraits  aqueux  ont  été  obtenus  en  prenant  seulement  la  partie 
corticale  et  décolorée  du  rein  lavé  que  l'on  pulpe  et  que  l'on  met  en  ma- 
cération avec  son  poids  d'eau  distillée  additionnée  de  chloroforme  pour 
empêcher  l'envahissement  des  microorganismes.  La  macération  aqueuse 
de  rein  préparée  dans  ces  conditions  ne  se  colore  pas  en  rouge  par  le  ni- 
Iroprussiate  de  soude  et  la  soude  étendue  (réaction  de  Weyl  pour  la  créa- 
tinuie). 

»  La  créatine  qui  a  servi  à  nos  recherches  a  été  préparée  par  nous  ;  elle 
était  exempte  de  traces  de  créatinine.  Voici  les  faits  observés  : 

»  a.  5o"  d'extrait  aqueux  limpide  de  rein  lavé  sont  additionnés  de  oS'', 20  de  créa- 
tine et  de  2"  de  chloroforme. 

»  b.  5o"  du  même  extrait  sont  portés  à  rébullition  et  additionnés,  après  refroidis- 
sement, de  os'',20  de  créatine  et  de  3'^"  de  chloroforme. 

»  Les  deux  lots  sont  placés  à  l'étuve  chauffée  à  4o°.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures, 
les  liquides  sont  soumis  directement  à  la  recherche  de  la  créatinine  par  la  réaction  de 
Weyl.  Le  lot  a  donne  une  coloration  rouge  légèrement  rubis  passant  ensuite  au 
jaune,  tandis  que  le  lot  b  ne  donne  qu'une  coloration  jaune.  Après  quarante-huit 
heures  de  séjour  à  l'étuve,  la  réaction  du  lot  a  est  plus  intense,  le  liquide  b  donnant 
toujours  un  résultat  négatif. 


(')  Travail  du  laboratoire  de  Chimie  biologique  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Toulouse. 

C')  Zeitscli. /iir  Biologie,  t.  l\',  p.  177. 


(  i5/i  ) 

»  Ces  expériences  ont  été  plusieurs  fois  répétées  en  opérant  aussi  avec 
(les  proportions  de  créatine  plus  élevées;  les  résultats  ont  été  identiques 
aux  premiers. 

»  Mais  comme  la  réaction  de  Weyl  n'est  pas  absolument  caractéristique 
de  la  créatinine  ([.égal,  OEschner  de  Koninck).  nous  avons  séparé  celle-ci 
par  le  procédé  de  Wôrner  (')  en  prenant  toutes  les  précautions  possibles 
pour  ne  pas,  pendant  les  traitements,  transformer  la  créatine  en  créati- 
nine. 

»  Pour  cela,  les  extraits  aqueux  refroidis  à  o°  sont  acidifiés  par  de  l'acide  sulfurique 
dilué  et  précipités  par  l'acide  phosphotungstique.  Dans  ces  conditions,  la  créatinine 
seule  est  précipitée,  la  créatine  reste  en  solution.  Le  précipité,  lavé  à  l'eau  glacée,  est 
mis  à  bouillir  avec  de  l'eau  à  plusieurs  reprises  pour  dissoudre  le  phospliotungstate  de 
créatinine.  Les  solutions  obtenues  sont  additionnées  d'eau  de  baryte  jusqu'à  réaction 
alcaline.  On  filtre,  l'excès  de  baryte  est  séparé  par  un  courant  d'acide  carbonique.  I^e 
filtrat  est  évaporé  nu  bain-marie  et  le  résidu  est  soumis  à  la  réaction  de  Weyl. 

»  Le  produit  du  traitenaent  du  lot  a  donne,  d'une  façon  très  nette,  la  réaction  de 
Weyl,  tandis  que  celui  du  traitement  du  lot  b  ne  donne  qu'une  coloration  jaune  légè- 
rement rougeâtre. 

»  En  plus  de  la  réaction  de  Weyl,  nous  avons  aussi  obtenu,  avec  le  lot  a,  la  réaction 
de  Jaflfé,  c'est-à-dire  une  coloration  rouge  foncé  avec  l'acide  picrique  due  à  la  créa- 
tinine. L'extrait  aqueux  b  bouilli  ne  donne  rien  dans  ces  conditions. 

»  La  ]:>roportion  de  cré;itinine  ainsi  formée  dans  nos  expériences  est 
faible,  si  l'on  en  juge  par  l'intensité  de  la  réaction  de  Weyl,  bien  que  dans 
le  cas  par  tien  ber  d'un  rein  déjeune  cheval  cette  quantité  parût  plus  grande; 
inais  il  est  bien  démontré  qiie  l'extraitaqueux  de  rein  de  cheval  peut  trans- 
former la  créatine  en  créatinine. 

»   Cette  action  est  due  vraisemblablement  à  un  ferment  soluble. 

»  Nous  rencontrons  une  fois  de  plus  cette  action  déshydratante  des 
macérations  aqueuses  de  rein.  Récemment  MM.  Abelous  et  Ribaut  (-)  ont 
eu  effet  réalisé  la  synthèse  de  l'acide  hippurique  par  des  macérations 
aqueuses  fluorées  de  rein  de  cheval. 

»  En  plus  des  phénomènes  de  déshydratation  qui  s'accomplissent  dans 
le  tissu  rénal,  on  observe  aussi  des  phénomènes  d'hvdralalion,  et  l'on  sait 
que  Schmiedeberg  et  Minkowski  ont  signalé  dans  le  tissu  du  rein  de  porc 
et  de  chien  la  présence  d'un  ferment  soluble,  V hislozyme  de  Schmiedeberg, 


(')  Zeitsch.f.  Physiol.  Cliem.,  t.  XXVII,  p.  la. 

(-)  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  LU,  p.  543;  1900. 


(  i55  ) 

qui  décompose  l'acide  hippurique  en  acide  benzoïque  et  glycocolle.  En 
cuire,  dans  des  expériences  en  cours,  nous  avons  pu  voir  que  l'extrait  de 
rein  lavé  provenant  surtout  d'animaux  jeunes  hydrolise  certains  glu- 
cosides.  A  côté  d'une  réaction  d'un  ordre  déterminé  l'on  voit  très  souvent 
se  produire,  avec  des  macérations  d'organes,  le  phénomène  inverse.  A  cet 
égard,  nous  rappellerons  qu'avec  M.  E.  Abelous  nous  avons  montré  la 
coexistence  dans  le  sein  d'un  ferment  réducteuret  d'un  ferment  oxydant.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Modes  de  formation  et  préparation  du  propylbenzène. 
Note  de  M.  F.  Bodkoux,  présentée  par  M.  Troost. 

»  En  faisant  réagir  le  bromure  de  trimétbylène  sur  le  benzène  en  pré- 
sence du  chlorure  d'aluminium,  j'ai  obtenu,  en  même  temps  que  le  diphé- 
nvlpropane  symétrique,  du  propvlbenzène  en  quantité  notable.  Cet 
hydrocarbure  provient,  sans  aucun  doute,  de  la  décomposition  par  le  chlo- 
rure d'aluminium  d'une  partie  du  diphénylpropane  qui  prend  naissance 
dans  cette  réaction. 

))   Voici  le  mode  opératoire  employé: 

»  J'ai  placé  dans  un  ballon  25o8''de  benzène,  3o6'' de  chlorure  d'aluminium  et  908''  de 
bromure  de  trimélhylène.  A  froid,  il  n'y  a  pas  eu  de  réaction.  Après  trois  heures  de 
repos  il  s'est  formé  deux  couches  de  liquide,  le  chlorure  d'aluminium  étant  presque 
complètement  dissous  dans  la  couche  inférieure.  J'ai  alors  chaude  le  ballon  au  bain- 
marie,  après  y  avoir  adapté  un  réfrigérant  ascendant.  Vers  60°,  une  réaction  tumul- 
tueuse s'esl  déclarée  et  a  continué  pendant  un  certain  temps.  Lorsque  le  dégagement 
d'acide  bronihydrique  s'est  ralenti,  j'ai  élevé  la  température  progressivement  jusqu'à 
100°  et  je  l'ai  maintenue  jusqu'à  ce  que  la  quantité  théorique  d'IlBr  ait  été  recueillie 
dans  un  flacon  taré  rempli  d'eau. 

»  Le  liquide  du  ballon  a  été  alors  projeté,  par  petites  portions,  dans  l'eau  froide, 
puis  décanté  et  lavé  de  nouveau  :  enfin,  je  l'ai  recueilli  et  séché  sur  du  chlorure  de 
calcium.  Après  avoir  chassé  l'excès  de  benzène  par  distillation,  j'ai  rectifié  les  produits 
de  l'opération,  ce  qui  m'a  donné  : 

24"''  de  li(|uid(;  passant  entre   iSo"  et  aSo" 
26s''  »  »  250°  et  SoG" 

Un  résidu  goudronneux  est  resté  dans  le  ballon. 

»  La  portion  25o°-33o°a  été  soumise  à  une  série  de  rectifications  dans  un  ballon  de 
Wurtz.  J'ai  ainsi  obtenu  iSs"-  de  produit  passant  entre  290°  et  Sco".  Le  point  d'ébulli- 
tion  est  celui  du  diphénylpropane  symétrique 


(  i56) 

et  j'ai  vérifié  la  formule  de  constilution  de  cet  hydrocarbure  en  le  souiuellanl  à  l'ac- 
tion d'un  excès  de  brome  en  présence  du  bromure  d'aluminium.  Celte  opération  ne 
fournissant  pas  trace  d'hexabromobenzène,  aucun  des  no3aux  benzéniques  n'est  uni  à 
un  groupement  (CH)'". 

»  Le  liquide  recueilli  entre  iSo"  et  260°  a  été  rectifié  dans  un  appareil  à  colonne. 
  la  deuxième  distillation  il  passe  presque  tout  entier  entre  i57°  et  lôg". 

»  J'ai  obtenu  i8s''de  ce  liquide,  qui  constitue  un  propylbenzène  C*H^  —  C^H''. 

»   Pour  déterminer  sa  formule  de  constitution  je  l'ai  traité  par  un  excès  de  brome 

contenant  en  solution    i   pour  100  d'aluminium.   Au  bout  de  six  heures,  le  produit 

après  évaporation  a  été  traité  par  la  potasse,  puis  par  l'acide  chlorhydrique,  enfin  lavé 

à  l'eau  et  séché.  L'alcool  bouillant  le  dissout  et  par  refroidissement  laisse  déposer  de 

longues  aiguilles  blanches,  groupées  en  étoile,  fondant  à  96°  et  constituant  le  penta- 

bromopropxlbenzène 

C«Br5-CH2— CIP— CIP. 

)'  Cependant  l'alcool  laisse  un  faible  résidu  soluble  dans  le  benzène  bouillant  :  par 
refroidissement,  ce  dissolvant  abandonne  des  aiguilles  blanches  d'hexabromobenzène 
C^Br°  fusibles  sans  décomposition  à  3i6°. 

»  Or  le  brome  agissant  surle  propylbenzène  normal  en  présence  du  bromure  d'alumi- 
nium donne  du  pentabromopropylbenzène;  agissant  sur  l'isopropylbenzène,  il  fournil 
uniquement  du  benzène  hexabromé  (').  Par  conséquent,  le  carbure  passant  entre  i57° 
et  i59°  est  un  mélange  des  deux  isomères.  Pour  déterminer  la  proportion  de  cumène 
qu'il  contient,  j'ai  soumis  à  la  bromuration  3s''  de  ce  corps,  qui  m'ont  donné  iSs''  de 
bromures  d'où  j'ai  retiré  06'',  2  de  benzène  hexabromé,  ce  qui  correspond  à  oS'',o4 
d'isopropylbenzène.  La  proportion  de  ce  dernier  carbure  est  donc  de  i,3  pour  100. 

»  Par  conséquent,  on  peut  considérer  la  portion  i57°-i59°  comme  formée  de  pro- 
pylbenzène sensiblement  pur,  et  l'action  du  bromure  de  triméthylène  sur  le  benzène 
en  présence  du  chlorure  d'aluminium  pourra  permettre  de  préparer  rapidement  des 
quantités  notables  de  ce  corps. 

»  Le  brome  à  160°  réagit  sur  lui  en  fournissant  ledibromure  de  phénylallyle 

a-  tP  -  CH  Br  —  CH  Br  —  CH' 
fusible  à  66°.  C'est  là  une  nouvelle  vérification  de  sa  formule  de  constitution. 

»  Ce  résultat  obtenu,  j'ai  songé  à  examiner  le  carbure  C° H"  —  C^H'  qui 
prend  naissance  dans  l'action  du  bromure  de  propylène  sur  le  benzène,  en 
présence  du  chlorure  d'aluminium.  Silva  (-),  qui  a  étudié  sa  formation,  le 
considérait  d'abord  comme  formé  uniquement  de  cumène,  puis,  après  que 
MM.  Wispeck  et  Zuber  (^)  eurent  reconnu  que,  dans  l'action  de  l'iodure 


(')  F.  BoDROUX,  Thèse  de  Doctorat,  p.  19  et  33;  Paris,  1898. 
(^)  SiLVA,  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XLIll,  p.  3x8. 
(')  WispiiCK  el  Zuber,  Liebig's  Annalen  der  Chemie,  t.  CGXVllI,  p.  379. 


(  i57  ) 

d'allvle  sur  le  benzène,  il  y  avait  production  de  propylbenzène,  Silva  émit 
l'hypothèse  que  son  carbure  pourrait  bien  être  constitué  par  un  mélange 
des  deux  isomères. 

»  J'ai  constaté  avec  cet  hydrocarbure  : 

»  1°  Que  le  brome  à  i6o"  réagit  en  donnant  naissance  an  dibromo- 
phény lallyle  C  H  '  -  CH  Br  -  CH  JBr  —  CH'  ; 

M  2°  Que  le  brome,  en  présence  du  bromure  d'aluminium,  fournit  à 
froid  du  pentabromopropvlbenzène.  Ce  corps  est  accompagné  d'une  très 
petite  quantité  de  benzène  hexabromé. 

))  Par  conséquent,  comme  dans  le  cas  précédent,  l'hydrocarbure  con- 
sidéré est  formé  de  propylbenzène  renfermant  seulement  des  traces  de  son 
isomère;  mais,  à  poids  égaux,  le  bromure  de  trimélhylène  fournit  une 
quantité  de  ce  corps  beaucoup  plus  grande  que  le  bromure  de  |)ropyiène. 

»  En  soumettant  le  diphényl .  1.2.  pi-opane  à  l'action  décomposante  du  chlorure 
d'aluminium,  Silva  a  obtenu  un  hydrocarbure  C^H' —  C'H'  passant  entre  iSy"  et  iSg", 
qu'il  considère  comme  le  composé  normal.  Voulant  vérifier  l'exactitude  de  cette  ma- 
nière de  voir,  j'ai  distillé  une  certaine  quantité  de  ce  diphénylpropane  sur  le  quart 
de  son  poids  de  chlorure  d'aluminium  pulvérisé.  Une  vive  réaction  se  déclare  dans 
ces  conditions,  la  masse  noircit,  se  boursoullo  et  il  distille  d'abord  à  80°  du  benzène, 
puis  le  thermomètre  monte,  et  j'ai  recueilli  à  part  le  liquide  passant  au-dessus  de  iSo". 
En  le  rectifiant,  j'ai  obtenu  un  hydrocarbure  passant  entre  156°  et  109°. 

»  Traité  par  le  brome  en  présence  du  bromure  d'aluniiiiium,  ce  corps  m'a  fourni  des 
quantités  à  peu  prés  équivalentes  de  pentabromopropvlbenzène  et  de  benzène  hexa- 
bromé. Ce  résultat  montre  donc  que,  dans  les  conditions  de  l'expérience,  l'hydro- 
carbure qui  en  résulte  est  constitué  par  un  mélange,  en  quantités  égales,  de  propj'l- 
benzène  et  de  cuinène. 

»  La  formation  de  propvlbenzène  normal  dans  les  opérations  précé- 
dentes m'a  engagé  à  étudier  l'action  de  quelques  dérivés  bihaiogénés  d'hy- 
drocarbures gras  sur  le  benzène  en  présence  du  chlorure  d'aluminium. 
Je  me  propose  de  faire  connaître  à  l'Académie,  dans  une  prochaine  Com- 
munication, quelques-uns  des  résultats  obtenus.  » 


CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Épuration  de  Vair par  le  sol. 
Note  de  M.  Auguste  Gérardi.v,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  l'inspection  des  établissements  classés,  j'ai  reconnu  la  nécessité 
de  substituer  les  actions  chimiques  aux  impressions  fugaces  de  l'odorat,  et 
les  pesées  aux  mots  qui  manquent  pour  spécifier  les  odeurs. 

C.   R.,  1901.  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  3.)  21 


(  i58) 

»  J'ai  indiqué  ailleurs  (Concours  des  Arls  insalubres,  i8[)5)  les  dosages 
au  permanganate,  après  avoir  précipité  par  la  condensation  de  la  vapeur 
d'eau  les  poussières  et  les  vapeurs  organiques  de  l'air. 

»  Je  me  suis  assuré  qu'on  ne  peut  ni  dessécher  l'air,  ni  le  fdtrer  sans 
arrêter  en  môme  temps  une  partie  de  ses  vapeurs  organiques.  Le  chlorure 
de  calcium  fondu  et  l'acide  sulfurique,  par  exemple,  arrêtent  parfaitement 
If^s  vapeurs  odorantes  humides,  et  ils  les  dégagent,  le  premier  quand  on  le 
fait  refondre,  et  le  second  quand  on  le  fait  agir  sur  les  phosphates  minéraux. 

»  Pour  abréger,  j'appellerai  degré  ozoméirique  le  poids  en  milligrammes 
d'acide  oxalique  qui  produit  sur  le  permanganate  sulfurique  le  même  effet 
que  les  matières  organiques  de  i^''  d'air  non  desséché  et  non  filtré. 

)i  II  ne  suffit  pas  de  capter  les  odeurs,  il  faut  aussi  les  détruire.  La  terre 
est  tout  indiquée  pour  épurer  V  air,  car  elle  est  un  absorbant  désodorant  et 
elle  s'épure  elle-même  par  l'action  de  ses  ferments  minéralisateurs. 

»  La  terre  est  un  mélange  de  sable,  de  calcaire  et  d'argile. 

»  D'après  Orfila,  le  sable  et  le  calcaire  retardent  la  décomposition  des 
matières  organiques,  tandis  que  l'argile  la  hâte.  On  choisira  donc  une 
terre  un  peu  argileuse,  telle  que  la  terre  franche  des  jardins,  pour  y  in- 
suffler l'air  odorant  de  certains  établissements  classés. 

»  J'ai  dû  étudier  l'insufflation  de  l'air  dans  la  terre.  Au  Muséum,  j'ai  eu 
plusieurs  espèces  de  terre;  au  laboratoire  de  Physiologie  générale,  M.  Gré- 
bant  a  mis  à  ma  disposition  son  gazomètre  de  200'"  et  de  grandes  éprou- 
vettes.  J'ai  mesuré  sur  un  chronomètre  le  temps  nécessaire  pour  faire 
passer  lentement  iSo'"  d'air  à  travers  la  terre  contenue  dans  une  éprou- 
vette  de  o™,66  de  hauteur  et  de  o",  33  de  diamètre  quand  on  fait  varier 
soit  sa  composition,  soit  son  épaisseur,  soit  son  humidité. 

»   On  voit  ainsi  que  : 

»  L  La  terre  est  perméable  à  l'air,  et  sa  perméabilité  est  indépendante  de 
sa  composition  ; 

n  2.  La  résistance  de  la  terre  au  passage  de  l'air  est  proportionnelle  à 
l'épaisseur  de  la  couche  fdtrante  ; 

))  3.  La  résistance  de  la  terreau  vassage  de  l'air  est  proportionnelle  à  la 
quantité  d'eau  qui  l'humecte. 

>>   L'air  des  rues  de  Paris  marque  4°  ozométriques. 

»,  Jj'air  odorant  des  établissements  classés  est  supérieur  à  4°  ozomé- 
triques, s'il  n'y  a  pas  précipitation  par  la  vapeur  d'eau. 

»  L'air  de  la  terre  varie  de  3*  ozométriques,  si  elle  n'est  pas  cultivée, 
il  2°,  5  sous  une  pelouse  de  gazon  ou  de  Lycopodes  (Muséum). 


(  i59  ) 

»  J'ai  appliqué  ces  théories  à  Choisy-le-Roi  (Seine),  dans  la  maroqui- 
nerie de  M.  Petitpont,  avec  le  concours  de  M.  Roëmhild,  ingénieur  de 
l'usine. 

»  L'égout  qui  reçoit  les  eaux  usées  de  cet  établissement  dégageait  une 
odeur  incommode  qu'on  faisait  disparaître  pendant  le  travail  au  moyen 
d'un  ventilateur.  Cette  machine  chasse  dans  une  haute  cheminée  920°"^ 
d'air  à  l'heure,  avec  une  charge  deo^joSo  d'eau.  En  mai  1900,  on  lui 
emprunta  1 80°"^  d'air  odorant  à  l'heure,  pour  les  conduire  dans  un  drain 
recouvert  de  o'",()0  de  terre.  De  mai  à  octobre,  les  analyses  ozométriques 
de  l'air  de  l'égout  présentèrent  des  irrégularités,  signe  d'un  mauvais  fonc- 
tionnement. On  dut  se  décider  à  explorer  l'égout.  On  y  reconnut  et  l'on 
y  répara  la  cause  du  mal.  Aussitôt  le  drainage  fit  disparaître  l'odeur,  et  le 
titre  ozométrique  se  lixa  à  2°,  8  dans  la  terre  qui  recouvre  le  drain. 

»  Je  me  propose  de  l'ensemencer  avec  des  balayures  de  grenier  à  four- 
rage, pour  voir  quelles  seront  les  herbes  qui  profiteront  le  mieux  de 
['engrais  gazeux  d'une  maroquinerie.   » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  rôle  de  la  fonction  chlorophyllienne  dans  l'évo- 
lution des  composés  ierpéniques(').  Note  de  M.  Elg.  (Jhakaiiot,  présentée 
par  M.  Haller. 

«  Mes  recherches  sur  la  genèse  des  composés  terpéniques  dans  les 
végétaux,  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  les  résultats  à  l'Aca- 
démie (Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  CXXX,  CXXXI),  ont  établi  que  les 
élhers  d'alcools  terpéniques  prennent  naissance  dans  les  parties  vertes 
des  végétaux,  c'est-à-dire  dans  le  milieu  soumis  à  l'action  chlorophyl- 
lienne. J'ai  été  amené  à  conclure,  à  la  suite  de  ces  recherches,  que  les 
premières  modifications  subies  par  les  alcools  terpéniques  sont  dues  à  des 
phénomènes  de  déshydratation  (formation  d'éthers  sous  l'influence  des 
acides  ou  transformation  en  terpènes)  et  que  ces  déshydratations  sont  des 
conséquences  de  la  chlorovaporisation,  en  d'autres  termes  qu'elles  sont 
dues  à  l'influence  de  la  fonction  chlorophyllienne. 

»  Il  convenait  d'apporter  à  celte  manière  de  voir  une  vérification  di- 
recte. Dans  ce  but,  j'ai  entrepris  de  nouvelles  recherches  et  organisé  des 
essais  de  culture.  Je  ferai  connaître  plus  tard  les  résultats  de  ces  derniers 
essais. 


(')    Faculté  des  Sciences  de  Paris,  laboratoire  de  Chimie  organique. 


(  i6o  ) 
»  Dès  à  présent,  j'étudierai  l'influence  qu'exercent  sur  l'éthérification 
des  alcools  terpéniques  les  diverses  causes  susceptibles  de  modifier  l'é- 
nergie assimilalrice  d'une  plante.  Si  cette  influence  agit  dans  le  même  sens 
sur  les  deux  ordres  de  phénomènes,  j'aurai  là  une  contribution  à  la  vérifi- 
cation de  l'hypothèse  consistant  à  envisager  l'éthérification  des  alcools 
terpéniques  dans  la  plante  comme  une  conséquence  des  phénomènes  chlo- 
rophylliens. 

»  Influence  de  la  coloration  des  feuilles.  —  Certaines  piaules  possèdent  un  feuillage 
normalement  coloré  en  rouge,  violet,  brun  ou  jaune  orangé.  M.  Griflon  {Ann.  Se. 
nat.  Bot.,  8°  série,  t.  X,  p.  i),  au  cours  de  ses  intéressantes  recherches  sur  l'assimila- 
tion chlorophyllienne  et  la  coloration  des  plantes,  a  constaté  que,  généralement,  les 
feuilles  renfermant  de  l'anthocyanine  contiennent  des  chloroleucites  faiblement  co- 
lorés. En  d'autres  termes,  les  cellules  sont  pauvres  en  chlorophylle,  et,  assez  souvent, 
l'énergie  assimilalrice  des  feuilles  rouges  se  trouve  comprise  entre  la  moitié  et  les 
trois  quarts  de  celle  des  feuilles  vertes;  ce  rapport  peut  même  s'abaisser  jusqu'à  A. 

»  11  étail  donc  intéressant  de  voir  si  des  feuilles  colorées  en  rouge,  moins  riches  en 
chlorophylle  que  des  feuilles  vertes,  contiennent  une  huile  essentielle  plus  pauvre  en 
élhers  que  l'essence  élaborée  par  ces  dernières.  La  menthe  poivrée  se  prête  très  bien 
à  cette  élude.  Il  en  existe,  en  ellel,  deux  variétés  :  l'une  à  feuillage  vert,  l'autre  à 
feuilles  rouges.  Les  huiles  essentielles  extraites  de  plantes  des  deux  variétés  cultivées 
à  Grasse  ont  été  analysées.  Vessence  de  menthe  à  feuilles  vertes  contenait  :  9,8 
pour  100  d'élhers;  42,1  pour  100  de  menthol  total;  9,8  pour  100  de  menthone. 
Vessence  de  menthe  à  Jeuilles  rouges  renfermait  4,7  pou''  'oo  d'élhers;  48,3  pour 
100  de  menthol  total  ;  17,1  pour  100  de  menthone. 

))  On  voit  que  l'essence  élaborée  par  la  variété  la  moins  riche  en  chlorophylle  est 
aussi  celle  qui  renferme  le  moins  d'élhers;  mais,  par  contre,  elle  contient  une  pro- 
portion plus  notable  de  menthone.  11  en  résulte  que  la  plante  la  mieux  organisée  pour 
la  fonction  chlorophyllienne  est  aussi  celle  qui  élabore  le  plus  facilement  les  élhers  du 
menthol. 

»  Influence  de  la  nature  des  organes.  —  Les  fleurs  peuvent  jouer  un  rôle  au 
point  de  vue  de  l'assimilation  chlorophyllienne,  mais  ce  rôle  est  faible  et  la  respiration 
l'emporte  sur  l'assimilation.  J'ai  montré  antérieurement  que  les  alcools  terpéniques  ou 
leurs  élhers  s'y  modifiaient  par  oxydation,  les  élhers  prenant  naissance  notamment 
dans  les  organes  soumis  à  l'action  chlorophyllienne. 

»  En  étudiant  deux  essences  de  lavande  extraites,  l'une  de  plantes  débarrassées 
de  leurs  inflorescences,  l'autre  de  plantes  complètes  provenant  du  même  champ, 
j'ai  constaté  que  la  première  renfermait  89,2  pour  100  d'élhers,  tandis  que  la  seconde 
n'en  contenait  que  36,2  pour  100. 

»  Dans  ce  cas  encore,  les  plantes  privées  de  leurs  inflorescences  fournissent  une 
huile  essentielle  plus  riche  en  élhers  que  les  plantes  entières. 

»  Influences  simultanées  ou  séparées  de  la  lumière,  de  l'altitude,  de  l'état  hygro- 
métrique, de  la  température.  —  M.  Gaston  Bonnier  {Ann.  Se.  nat.,  Bot.,  7"  série 
t.  XX,  p.  17)  a   observé  qu'une  plante  de   plaine,  transportée   à    une  altitude  supé- 


(   i6i  ) 

rieure,  ncquiert,  sous  rinilueuce  du  climat  alpin,  un  certain  nombre  de  modifications 
(tissu  palissadique  plus  développé,  cellules  renfermant  des  chloroleucites,  plus  gros, 
jilus  verts  et  en  plus  grand  nombre)  qui  la  rende/H  apte  à  une  fonction  assimilairice 
plus  intense.  Il  est  donc  intéressant  de  rechercher  si,  à  cette  fonction  assimilatrice 
plus  intense,  correspond  la  formation  d'une  proportion  plus  notable  d'élhers  dans 
les  huiles  essentielles  des  plantes  adaptées  au  climat  alpin. 

»  Depuis  1894  j'analyse,  tous  les  ans,  plusieurs  centaines  d'échantillons  d'essences 
de  lavande  d'origines  diflërentes.  Des  résultats  de  ces  nombreuses  analyses  découle 
que,  d'une  manière  générale,  la  richesse  en  éthers  est  d'autant  plus  grande  que  l'al- 
titude à  laquelle  la  plante  a  vécu  est  plus  élevée.  Ce  fait  a  d'ailleurs  été  observé  éga- 
lement par  les  chimistes  de  MM.  Schimmel  et  C'^. 

»  Donc,  l'altitude  influe  dans  le  tnvine  sens,  d'une  part  sur  la  fonction  chloro- 
phyllienne, d'autre  part  sur  la  formation  des  éthens. 

n  Mais  l'influence  de  l'altitude  n'est  pas  une  influence  simple,  elle  dépend  de  plu- 
sieurs facteurs  qui  caractérisent  le  climat  de  montagne  :  1°  l'éclairement  plus  intense; 
2°  l'air  plus  sec;  3°  la  température  plus  basse.  Les  deux  premiers,  pris  isolément, 
agissent  dans  le  même  sens,  tandis  (]ue  l'influence  du  froid  dans  les  montagnes  paraît 
contrarier  leur  action. 

»  Examinons,  en  particulier,  l'influence  de  l'état  hygrométrique. 

»  M.  Gaston  Bonnier  a  constaté  que,  à  égalité  de  surface,  la  feuille  d'une  plante  qui 
s'est  développée  dans  un  air  sec  assimile  plus  que  la  feuille  de  la  même  espèce  qui 
s'est  développée  dans  un  air  saturé. 

»  En  1894,  189.5  et  1896,  j'ai  analysé  toute  une  série  d'essences  de  lavande  provenant 
des  cîmes  élevées  des  Alpes  et  du  Dauphiné.  Les  nombres  trouvés  pour  les  teneurs  en 
éthers  oscillaient  entre  35  et  45  pour  100. 

»  Pendant  l'année  1897,  une  sécheresse  exlrême  sévit  dans  le  midi  de  la  France,  des 
échantillons  préparés  dans  les  mêmes  régions  que  ceux  étudiés  les  années  précédentes 
présentèrent  des  teneurs  en  éthers  variant  entre  87  et  48  pour  100.  Pour  corroborer 
ces  résultats,  j'ai  comparé  les  produits  de  la  dernière  récolle,  au  cours  de  laquelle  la 
sécheresse  a  été  grande,  à  des  essences  de  même  origine  obtenues  en  1899.  J'ai  constaté 
une  augmentation  moyenne  de  i  ,5  pour  100  dans  la  richesse  en  éthers. 

»  La  difl'érence  est  plus  sensible  encore  si  l'on  compare  les  essences  de  montagne, 
dont  la  teneur  en  éthers  est  de  35  pour  100  environ,  à  une  essence  extraite  de  plantes 
des  environs  de  Paris  où  l'humidité  est  constamment  plus  grande.  Ici  intervient,  en 
eflTel,  en  ce  qui  concerne  la  lavande  des  environs  de  Paris,  non  seulement  l'humidité 
plus  grande,  mais  encore  la  lumière  moins  intense.  Nous  avons  jadis,  M.  Pilletetmoi, 
analysé  un  semblable  produit  et  trouvé  seulement  10  pour  100  d'éthers. 

>i  Ainsi,  il  ressort  nettement  de  cet  exposé  que  l'air  sec  fai'orise  la  formation  des 
éthers  en  même  temps  qu'il  rend  les  végétaux  plus  aptes  aux  fonctions  chloro- 
phylliennes. 

))  Conclusions.  —  Les  conclusions  qui  se  dégagent  de  ce  Iravail  peuvent 
se  résumer  ainsi  :  Les  influences  capables  de  modifier  les  plantes  de  façon  à 
les  rendre  plus  aptes  aux  fonctions  chlorophylliennes  favorisent  en  même  temps 
la  formation  des  éthers  d'alcools  lerpèniques.   » 


(     1«2    ) 


CHIMIE  VÉGÉTALE.    —  Sur  la  composition  chimique  du  café  de  la  Grande 
Comore.  Note  t!e  M.  Gabriel  Bertrand,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Quand  on  compare  entre  elles  certaines  espèces  végétales,  on  est 
quelquefois  surpris  d'y  trouver  des  différences  de  composition  chimique 
que  ne  laissaient  nullement  prévoir  leurs  caractères  extérieurs.  On  est  ainsi 
conduit  à  se  demander  s'il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  intervenir  ces  différences 
dans  la  détermination  des  espèces  et  à  concevoir,  tout  au  moins  dans 
l'avenir,  nn  système  de  classification  plus  en  rapport  avec  l'ensemble  des 
notions  biologiques,  système  qui  tiendrait  compte,  non  seulement  de  la 
forme  extérieure  et  de  l'anatomie  des  organes,  mais  encore  de  leur  fonc- 
tionnement physiologique. 

))  C'est  dans  l'intention  d'apporter  un  appui  à  cette  manière  de  voir  que 
je  présente  aujourd'hui  les  résultats  obtenus  en  soumettant  à  l'analyse 
chimique  les  graines  du  café  <le  la  Grande  Comore. 

»  Le  café  en  question  croît  spontanément  dans  l'île,  où  il  a  été  trouvé 
par  M.  Humblot.  Bâillon,  qui  l'a  examiné  tout  d'abord  au  point  de  vue 
botanique,  a  pensé  que  ce  pouvait  être  une  espèce  nouvelle  et  lui  a  donné 
provisoirement  le  nom  de  Coffea  Humblotiana  (  '  ).  Toutefois,  les  caractères 
sur  lesquels  était  basée  cette  détermination  ont  paru  si  minimes  à  Froehner 
que  celui-ci,  dans  sa  Monographie  du  genre  Coffea,  n'a  pas  hésité  à  admettre 
qu'il  s'agissait,  non  d'une  espèce  nouvelle,  mais  d'une  simple  variété  de 
Coffea  arabica  L.  (-). 

»  Je  ne  m'arrêterai  pas  ici  à  la  discussion  des  quantités  plus  ou  moins 
grandes  de  matières  grasses,  sucrées,  protéiques,  etc.,  qui  composent  le 
café  de  la  Grande  Comore;  je  veux  seulement  insister  sur  un  caractère 
d'ordre  qualitatif,  seul  intéressant  à  cause  de  sa  netteté  :  c'est  l'absence 
complète  de  caféine. 

«  Lorsqu'on  épuise  par  l'éther  des  graines  de  café  ordinaire,  provenant 
soit  du  Coffea  arabica  de  diverses  origines,  soit  du  Coffea  liberia,  on  ob- 
tient, après  évaporation  du  dissolvant,  un  extrait  formé  de  matières 
grasses  au   milieu  desquelles  nagent  de  petites  aiguilles  de  caféine,  inso- 


(')  Bull.  Soc.  Linnéeniie  de  Paris  (i885),  p.  5i3-5i4. 

(2)  Die  Gattung  Coffea  iiiid  ilire  Arten  [Botanische  Jahrbiicher,  von  A.  Engler), 
l.  XXV,  p.  233-295.  Leipzig,  1898. 


(    i63    ) 

lubies  dans  le  sulfure  de  carbone.  Avec  le  café  de  la  Grande  Comore,  au 
contraire,  l'extrait  éthéré  est  limpide,  amorphe  et  formé  exclusivement 
par  de  l'huile.  L'extraction,  continuée  avec  du  benzène  ou  du  chloro- 
forme, ne  fournit  pas  la  plus  petite  trace  de  caféine. 

»  Une  recherche  .particuhère,  sur  l'^^Je  grains,  a  d'ailleurs  confirmé 
pleinement  cette  absence  totale  de  l'alcaloïde.  Les  graines  ont  été  moulues 
et  soumises  à  un  épuisement  méthodique  par  l'eau  tiède.  On  a  obtenu 
ainsi  une  vingtaine  de  litres  de  liquide,  qu'on  a  déféqué  par  le  sous-acétate 
de  plomb  et  l'acide  sulfurique,  puis  ramené,  par  distillation  dans  le  vide, 
au  volume  de  aoo*^".  Cette  solution  concentrée,  rendue  acide  par  l'acide 
acétique,  a  été  agitée  à  plusieurs  re|irises  avec  du  chloroforme,  pour  extraire 
la  caféine.  Mais  j'évaporalion  du  dissolvant  n'a  laissé  qu'une  petite  quan- 
tité de  matière  résinoïde.  De  nouveaux  épuisements  au  chloroforme,  après 
saturation  de  l'acide  par  l'ammoniaque,  ont  été  sans  résultat. 

»  Si  l'on  songe  maintenant  que  le  Coffea  arabica,  transporté  et  cultivé 
en  des  pdiiits  très  différents  du  globe,  a  toujours  donné  de  la  caféine  (de 
gE""^  iQgrparkilogramme).  On  nepeuts'empècherd'altribuerà  lacomposition 
chimique  exceptionnelle  du  café  de  la  Grande  Comore  la  valeur  d'un  véri- 
table caractère  si^écifique,  venant  confirmer  la  diagnose  provisoire  de 
Bâillon. 

))  J'ai  tenu  cependant,  pour  donner  plus  de  force  à  cette  opinion,  à 
m'assurer  qn'il  n'y  avait  pas  là  une  influence  de  sol  ou  de  climat,  et  j'ai 
analysé  comparativement  des  graines  de  Coffea  arabica,  cultivé  dans  l'ile 
même  de  la  Grande  Comore.  Comme  on  peut  le  voir  dans  le  Tableau 
ci-dessous,  la  comparaison  est  aussi  démonstrative  que  possible. 

Coffea  Iliimblotiana.  Coffea  arabica. 

Kau 11,64  9!7'^ 

Extrait  ('•tlu'Té 10,68  5,76 

Extrait  alcoolique '......        8,42  12,10 

„  (  réducteur 0,80  0,20 

Suce                 .  ,      .  ,  ,   Q^ 

(   non  réducteur 4 1 20  4  !  00 

Azote  total 1  .  5o  ■  1 9^ 

Cendres 2,80  3,66 

Caféine 0,00  ':34 

»  Après  l'exemple  de  grands  groupes  de  végétaux  où  des  dillérences  de 
composition  chimique,  comme  celles  des  tissus  ligneux  chez  les  angio- 
spermes et  les  gymnospermes  ('  ),  corres])ondent  aux  différences  morplio- 

(')  Gabriel    Bertrand,    Sur    la    composition   chimique   du    tissu    ligneux    des 
plantes  gymnospermes  {Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  i025;  1899). 


(  i64  ) 

logiques,  après  ceux,  assez  fréquents  déjà,  où  des  différences  analogues  se 
rencontrent  entre  des  types  génériques  et  spécifiques  de  plus  en  plus  rap- 
prochés, voici  donc  un  cas  où  deux  espèces  presque  identiques  par  leurs 
organes  se  séparent  encore  très  nettement  par  leurs  fonctions  physiolo- 
giques. Il  est  vraisemblable  qu'on  trouvera  encore  beaucoup  d'exemples 
de  ce  genre  (')  et  qu'on  pourra  étendre  ainsi  aux  êtres  supérieurs  une 
méthode  de  diagnose  qui  a  rendu  de  si  grands  services  dans  l'étude  des 
levures  et  des  microbes.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.   —  Action  du  miicus  su7^  l'organisme.    Note 
de  MM.  CiiARRiN  et  3Ioussu,  présentée  par  M.  d'Arsouval  (^). 

«  Le  rôle  croissant  des  auto-intoxications  nous  a  conduit  à  rechercher 
l'action  du  mucus  introduit  dans  les  milieux  clos  de  l'organisme.  D'ailleurs, 
l'abondance  de  ce  produit  répandu  un  peu  partout  dans  l'économie,  son 
augmentation  au  cours  d'une  série  de  maladies,  son  apparition  dans  une 
foule  de  cultures  microbiennes  ('),  différentes  raisons  donnent  à  ces 
recherches  une  importance  aisée  à  comprendre. 

»  Pour  obtenir  ce  mucus  en  quantité  suffisante  et  à  l'état  relativement  pur,  nous 
recueillons,  à  l'aide  d'un  léger  raclage,  la  sécrétion  qui  recouvre  la  trachée  ou  les 
bronches  des  grands  animaux  (chevaux,  bœufs,  chiens  de  haute  taille,  etc.).  On  dilue 
en  agitant  avec  soin,  durant  dix  à  vingt  minutes,  ce  liquide  frais  dans  trente  ou  qua- 
rante fois  son  poids  d'eau  salée  à  8  pour  looo  ou  d'eau  contenant  un  millième  de  car- 
bonate de  soude;  on  filtre  ensuite  sur  du  papier,  puis  on  injecte  ce  mélange  d'ailleurs 
fluide,  limpide,  neutre  ou  alcalin,  dans  la  veine  marginale  de  l'oreille  du  lapin. 

»  Il  suffit  ordinairement  de  faire  pénétrer  oe^oS  à  os^iS  par  kilogramme,  pour  ame- 
ner la  mort  en  une  ou  deux  minutes;  on  enregistre  parfois  des  convulsions  légères,  du 
nystagmus,  un  peu  de  dyspnée,  etc.  —  A  l'autopsie  pratiquée  sans  retard,  on  note  des 
battements  cardiaques  en  général  moins  forts  que  ceux  qu'on  observe  dans  d'autres 
genres  de  mort;  d'autre  part,  il  est  exceptionnel,  en  dépit  de  la  hâte  de  l'examen,  de 
ne  pas  déceler,  dans  le  ventricule  droit,  des  caillots  naissants;  le  contenu  de  ce  ventri- 
cule, surtout  quand  on  use  de  fortes  doses  (o,45  à  0,80),  peut  être  coagulé  dans  sa 
totalité;  on  voit,  en  tout  cas,  même  arec  de  minimes  proportions,  la  coagulation  se 
réaliser  dans  son  ensemble  beaucoup  plus  promptement  qu'à  l'étal  normal. 


(')  Voir  notamment  les  caractères  chimiques  qui  séparent  Tricholoma  niiditm 
Pries  de  Tricholoma  personalum  Pries  [Gabriel  Bertrand  :  Les  oxydascs  {Agenda 
du  Chimiste,  p.  544-535;  1898)]. 

(')  Travail  du  laboratoire  de  Médecine  expérimentale  de  l'École  des  Hautes  Études 

(Collège  de  France). 

{')  Expériences  de  Desgrez  et  Cliarrin. 


(  i65  ) 

1)  Cette  accélération  est  telle  qu'on  est  amené  à  se  demander  si  elle  n'intervient  pas 
dans  le  mécanisme  de  la  mort,  —  On  est  tente  de  répondre  négativement  si,  dès  que  le 
réflexes  cornéens  ont  disparu,  on  reconnaît  que  le  cœur  bat,  que  le  contenu  vasculaire 
est  fluide.  Par  contre,  on  revient  à  l'opinion  opposée,  lorsque,  après  avoiF  constaté  que 
le  mucus  est  incapable  de  provoquer  la  coagulation  d'un  sang  maintenu  liquide  dans 
des  tubes  renfermant  quelques  gouttes  d'extrait  de  sangsue,  on  s'aperçoit  que  ce 
mucus  injecté  est  sans  elTet  chez  des  animaux  ayant  au  préalable  reçu  quelque  peu  de 
ce  même  extrait  (  '). 

»  En  présence  de  ces  faits,  on  est  autorisé  à  penser  que  des  obstructions 
vasculaires  se  produisent  dans  les  centres  nerveux,  de  préférence  dans  le 
bulbe,  grâce  à  des  tliromboses  nées  sur  place  on  à  des  embolies  venues 
de  diverses  régions  (-). 

M  Celui  qui  se  demande  quelle  est  la  nature  de  ce  principe  coagulant 
songe  naturellement  au  fibrin-ferment,  assimilation  cependant  difficilement 
acceptable.  On  sait,  en  effet,  que  la  chaleur  détruit  assez  facilement  ce 
princi|)e,  tandis  que  l'activité  coagulante  du  mucus,  en  particulier  si  l'on 
dilue  dans  l'eati  au  carbonate  de  soude,  supporte,  au  moins  durant  plu- 
sieurs minutes,  une  température  atteignant  loo",  parfois  davantage;  d'autri,^ 
part,  la  précipitation  par  l'alcool  (procédé  de  préparation  de  ce  fibrin-fer- 
ment) altère  l'action  de  ces  dilutions  de  mivcus  ('). 

»  On  peut  aussi  remarquer  que  ces  dilutions  sont  relativement  pauvres 
en  cellules,  spécialement  en  leucocytes;  si  on  laisse  déposer  ou  si  l'on  cen- 
trifuge ces  liquides,  ces  cellules  polymorphes  s'accumident  forcément  dans 
le  fond  des  tubes,  etcependant  la  partie  superficielle  de  ces  liquides,  à  peu 
près  dépourvue  d'éléments  figurés,  détermine  la  coagulation  presque  aussi 
vite  que  la  partie  profonde  ('). 

»  Ajoutons  que  ce  produit  coagulant  ne  dialyse  pas,  du  moins  difficile- 
ment, lentement,  incomplètement;  le  sulfate  d'ammoniaque  le  précipite; 

(')  L'effet  de  cet  extrait,  qui  se  transforme  ou  s'élimine,  est  passager.  —  In  vitro, 
l'oxalate  de  soude,  le  fluorure  de  sodium  donnent  des  résultats  analogues;  mais,  en 
raison  des  doses  nécessaires  et  de  leur  lovicité,  on  ne  peut  utiliser  ces  sels  chez 
l'animal.  D'un  autre  côté  jusqu'à  présent  les  peptones  (anti-coagulant  indirect),  peut- 
être  à  cause  de  leurs  impuretés,  ne  nous  ont  pas  fourni  de  résultats  satisfaisants. 

(-)  La  rapidité  de  la  coagulation  ne  permet  pas  d'examiner  les  centres  assez  vite  pour 
pouvoir  préciser  l'origine  des  caillots. 

(')  Quelques  réserves  sont  nécessaires,  parce  que  cette  action  de  la  température  sur 
les  ferments  varie  avec  l'état  de  ces  ferments. 

(*)  Cette  substance  coagulante  dérive  évidemment  des  cellules  ;  mais  elle  se  détache 
de  ces  cellules  plus  facilement  que  certaines  toxines  très  adhérentes  aux  bactéries. 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXMI,  N°  3.)  22 


(  •'■•(■'  ) 

certains  acides  le  détériorent  (' );  le  foie  ne  le  modifie  jaas  sensiblement, 
et,  pourtant,  à  la  suite  de  ces  injections  de  mucus  dans  la  veine  latérale  de 
l'oreille,  la,  coagulation  semble  particulièrement  hâtive  dans  le  territoire 
porto-hépatique. 

»  Malgré  celte  remarque,  l'action  si  évidente  de  ce  principe  in  vitro 
porte  à  le  ranger  parmi  les  coagulants  directs;  quelques  gouttes  de  l'une 
de  ces  dilutions  à  i  pour  20  ou  3o  suffisent  à  assurer,  au  bout  de  deux  ou 
quatre  minutes,  la  coagulation  du  sang  de  cheval,  qui,  normalenient,  dans 
les  tidies  récepteurs,  se  maintient  fluide  pendant  plus  d'un  quart  d'heure. 

»  A  cet  égard,  il  convient  de  reconnaître  qu'on  accélère  plus  ou  moins, 
toujours  in  vitro,  cette  coagulation  à  l'aide  de  principes  empruntés  à  diffé- 
rents tissus  (foie,  rate,  etc.)  et  préparés  de  semblable  façon.  Toutefois,  le 
chauffage  à  100°  annule  l'influence  de  ces  piiucipes  plus  vite  que  celle  du 
mucus;  d'un  autre  côté,  de  nombreux  auteurs  ont  injecté  des  extraits  or- 
ganiques variés  sans  signaler  cette  modification  du  contenu  vasculaire; 
nous  avons,  en  outre,  introduit  depuis  o^',  10  jusqu'à  i^''  et  plus  d'éléments 
hépatiques,  musculaires,  sans  engendrer  de  désordres  immédiats. 

»  Au  demeurant,  nous  ne  focalisons  pas  étroitement  (-)  dans  le  mucus 
des  voies  respiratoires  cette  action  nuisible  si  manifeste  (').  Du  reste,  l'in- 
tensité des  effets  observés,  l'abondance  à  l'état  normal  ou  pathologique  du 
produit  en  cause,  etc.,  commandent  des  recherches  aussi  multiples  que 
variées;  il  faut,  en  particulier,  élucider  la  nature  de  l'agent  actif,  le  méca- 
nisme du  phénomène  (^);  il  faut  encore  examiner  de  quelle  manière  de 
tels  attributs  intéressent  l'attaque  aussi  bien  que  la  défense  de  l'orga- 
nisme (^).  » 

(')  l^eut-être  la  mucine  joue-t-elJe  un  rôle  important  :  c'est  ce  que  nous  saurons 
prochainement. 

(")  Le  mucus  vésical,  le  mucus  intestinal  si  complexe,  etc.,  ont  paru  actifs.  —  A  ce 
sujet,  il  sera  intéressant  d'analyser  l'action  du  mucus  d'un  animal  donné  sur  un  ani- 
mal de  même  espèce. 

(^)  L  intervention  d'un  processus  mécanique  ne  permet  pas  de  qualifier  de  toxique 
le  phénomène  enregistré;  néanmoins,  il  existe  peut-être  aussi  un  processus  chimique. 

(*)  Il  sera  bon  de  savoir  s'il  s'agit  de  précipitation  ou  de  coagulation  vraie,  comme 
aussi  de  fixer  le  rôle  des  sels,  etc. 

(5)  Il  importe  de  comparer  les  effets  des  doses  massives  à  ceux  des  doses  progres- 
sives, de  rechercher  s'il  est  possible  d'immuniser,  de  créer  des  anti-corps,  de  déceler 
les  lésions  engendrées  à  la  longue  avec  du  mucus  anomal  ou  non,  de  voir  si  ces  élé- 
ments interviennent  dans  la  genèse  des  thromboses,  des  phlébites,  dans  l'arrêt  des 
hémorragies,  etc. 


(  ï67) 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Radiopelvigiaphie  et  Radiopelvimèlrie  à  longue 
portée.  Note  de  M.  le  D''  Henri  Yarxieu,  présentée  par  M.  ¥. 
Guyon. 

«  Il  est  possible  d'obtenir,  à  l'aide  d'un  simple  radiotvpe,  une  repré- 
sentation du  bassin  osseux  meilleure  qu'une  bonne  photographie  en  gran- 
deur égale  et  permettant  d'apprécier,  avec  une  exactitude  suffisante,  les 
diamètres  utiles  à  l'accoucheur,  qu'il  s'agisse  du  grand  bassin,  de  l'entrée 
ou  de  la  sortie  du  petit  bassin. 

»  Il  suffit  pour  cela  de  radiographier  le  bassin  en  pronation,  c'est-à-dire 
en  plaçant  le  sujet  sur  le  ventre,  à  l'aide  d'une  ampoule  placée  à  2",  5o 
de  la  plaque  sensible,  et  dont  la  cathode  se  trouve  perpendiculaire  à 
l'axe  prolongé  du  détroit  supérieur  d'un  bassin  normal  pris  comme  point 
de  mire. 

»  Les  expériences  faites  par  nous  sur  les  bassins  secs  et  sur  le  cadavre, 
et  dont  quelques  épreuves  sont  soumises  à  l'Académie,  établissent  que  les 
diamètres  agrandis  ne  le  sont  que  de  5"*"  au  maximum. 

»  Cette  méthotle  de  Kadiopelvigraphie  et  de  Radiopelvimétrie  à  longue 
portée  est  applicable,  des  radiotjpes  présentés  le  prouvent,  à  la  femme 
vivante  dont  le  bassin,  dans  le  décubitus  ventral,  porte  sur  la  plaque  sen- 
sible comme  le  bassin  sec  et  le  bassin  du  cadavre.  Nos  expériences  sur  les 
bassins  secs  et  sur  les  cadavres  montrent  «pien  plaçant  l'ampoule  plus 
loin  encore,  à  ")*"  de  la  plaque  sensible,  on  arrive  à  corriger  presque  entiè- 
rement l'écart  maximum  de  5"""  indiqué  ci-dessus. 

»  Au  cours  de  ces  expériences,  j'ai  été  amené  à  étudier  la  portée  des 
appareils  dont  nous  disposons  à  l'heure  actuelle  (ampoules  ordinaires  bi- 
anodiques,  bobines  de  a.^""  d'étincelle,  Ircmbleur  des  ingénieurs  Ducretet 
et  Lejeune),  xAvec  dix  minutes  de  pose  (10  ampères,  26  volts),  j'ai  pu  ob- 
tenir la  silhouette  d'un  bassin  sec  sur  une  plaque  photographique  placée 
à  la  distance  de  aS™  de  l'ampoule.  Avec  vingt  minutes  de  pose,  le  bassin 
se  voit  encore  sur  une  plaque  distante  de  So™,  une  spirale  de  plomb 
à  45°". 

»  Le  cadavre  peut  être  radiographié  à  5"".  La  main  vivante  l'est  aisé- 
ment à  celte  même  distance  en  neuf  minutes. 

»  Il  y  a  donc  lieu  d'espérer  qu'on  pourra,  avant  qu'il  soit  longtemps,  en 
opérant  à  5"°,  atténuer  encore,   j)our  le  bassin  de  la  femme  vivante,  la 


(  i68  ) 

légère  déformation  inhérente  à  la  Radiopelviniétrie  à  2™,5o.  Telle  qu'elle 
est,  cette  dernière  donne  dus  résultats  suffisants  pour  la  pratique  et  su- 
périeurs à  ceux  que  fournissent  les  procédés  de  Pelvimétrie  digitale, 
manuelle,  instrumentale,  voire  radiographique  employée  jusqu'à  ce 
jour  (').    » 


ZOOLOGIE.  —  Les  Spongiaires  de  l' expédition  antarctique  belge  et  la  hipola- 
rité  des  faunes.  Note  de  M.  E.  To;>se.nt,  présentée  par  M.  de  Lacaze- 
Dulhiers. 

«  Un  des  faits  généraux  qui  devait  découler  de  l'étude  des  animaux 
rapportés  de  l'Antarctique  par  la  Belgica  était  la  confirmation  ou  l'infirma- 
tion  de  la  théorie  de  la  bipolaritc  des  faunes. 

»  M.  Racovitza  a  déjà  déclaré  qu'il  n'existe  pas  d'oiseaux  bipolaires,  et 
M.  Kœhltr,  dans  une  Note  récente  à  l'Académie,  a  montré  combien  la 
comparaison  de  la  faune  des  Échinides  et  des  Ophiures  antarctiques  avec 
les  formes  arctiques  ébranle  la  théorie  en  question. 

»  Je  me  suis  livré  à  une  comparaison  semblable  au  sujet  des  Spongiaires 
que  la  commission  de  la  Belgica  a  bien  voulu  me  confier;  elle  m'a  conduit 
à  des  conclusions  identiques. 

M  Yingt-six  espèces  ont  été  recufillies  :  deux  Calcarea,  treize  Monaxo- 
nida,  une  Carnosa,  neuf  Hevactinellida  et  une  Halisarcida.  Treize  sont  nou- 
velles, dont  une  sert  de  type  à  un  genre  nouveau;  deux  représentent  des 
variétés  nouvelles  d'espèces  déjà  connues.  Toutes  proviennent  des  opéra- 
lions  effectuées  au  cours  de  la  dérive  du  navire,  entre  70°  et  71°  18'  de 
latitude  S  et  entre  Si*'  et  92°  de  longitude  O,  par  des  profondeurs,  assez 
uniformes,  de  400*"  à  Sôp"". 

»  D'après  leur  répartition  par  groupes,  on  constate  d'abord  que  les 
Monocératines  et  les  Tétractinellides  font  défaut. 

»  En  ce  qui  concerne  les  Monocératines,  rien  d'étonnant  d'après  ce 
qu'i'U  sait  depuis  longtemps  de  la  distribution  de  ces  Éponges.  La  faune 
arclique  n'en  paraît  elle-même  contenir  que  deux  :  Leiosella pulchella  Bow. 
et  Spongelia  fragilis  (IMont.)  var.  irrcgularis  Lend. 

(')  J'ai  poursuivi  celle  étude  au  laboratoire  de  Radiographie  que  mon  maître,  le 
professeur  Pinard  et  moi,  avons  créé,  il  y  a  quatre  ans,  à  la  clinique  Baudelocque,  en 
vue  des  applications  obstétricales  des  rayons  X. 


(  i69  ) 

»  n  n'en  va  pas  de  même  des  Télractinellides.  Sollas  a  fait  connaître 
neuf  Choristides  des  régions  siibantarctiques  et  l'on  pouvait  s'attendre  pour 
le  moins  à  retrouver  quelqu'une  de  ce.s  formes  dans  la  collection  de  la 
Belgica.  Leur  absence  ne  sert  cependant  pas  d'indication  suffisante  pour 
tirer  dès  maintenant  des  conclusionsà  leur  sujet.  On  doit  se  souvenir  que  les 
Éponges  de  ce  groupe  sont  plutôt  rares  dans  beaucoup  de  dragages,  sur- 
tout loin  des  cotes,  et  que,  des  huit  ou  neuf  espèces  attribuées  à  la  faune 
arctique,  plusieurs  ne  sont,  en  somme,  connues  que  par  un  nombre  exces- 
sivement restreint  d'échantillons. 

»  D'ailleurs,  Placina  trilopha  Schuize,  dont  je  fais  une  Carnosa,  est  com- 
prise par  divers  auteurs  parmi  les  Tétractinellides.  Sa  découverte  dans 
l'Antarctique  est  fort  intéressante  puisqu'on  ne  l'avait  encore  vue  que  dans 
la  Méditerranée. 

»  Pour  le  reste,  on  peut  dire  que  la  faune  des  Spongiaires  de  l'Anlarc- 
lique,  dans  la  région  explorée  par  la  Belgica,  diffère  bien  de  la  faune  arc- 
tique. En  fait  d'espèces  communes,  de  part  et  d'autre,  je  ne  vois  .à  citer  que 
Leiicosolenia  Lamarcki ,  Hahc/wndria  panicea  et  Dendoryx  incrustans  (par 
une  variété  nouvelle),  dont  le  cosmopolitisme  est,  d'ailleurs,  avéré.  Des 
sept  autres  espèces  déjà  décrites,  quatre  remontent  assez  haut  dans  l'Iiémi- 
s])hère  boréal  sans  toutefois,  autant  qu'on  le  sache,  pénétrer  dans  la  zone 
subarctique;  trois  semblent  actuellement  pro|)res  à  l'hémisphère  austral. 
La  proportion  des  espèces  nouvelles  apparaît,  en  outre,  considérable. 
Mais  surtout  la  faune  antarctique  se  trouve  caractérisée  par  sa  richesse  en 
Ilexaotinellides.  Alors  qu'on  n'a  réussi  qu'avec  peine,  jusqu'à  ce  jour,  à 
découvrir  dans  la  zone  arcti(pic  cinq  de  ces  Ei)onges,  une  à  l'est  du  Groen- 
land, une  autre  dans  la  mer  de  Baffiii  (Fristedt,  1887)  et  trois  au  nord  du 
Spitzberg  (Schuize,  1900),  les  fauberts  de  la  Belgica  nous  en  ont  fourni 
neuf:  cinq  nouvelles,  dont  l'iiue  nécessite  la  création  d'un  genre  nouveau, 
deux  intlétermiuables  en  raison  de  l'état  défectueux  des  spécimens,  deux 
enfin  déjà  connues,  /^a/rea  occa  Bowerbank  et  Balhydorus  spinosus  Schuize. 
Les  Bossellidœ  sont  fort  bien  représentées  dans  la  collection,  mais  celle-ci 
renferme  aussi  quatre  f/«ci/iafar«rt  et  peut-être  contient-elle,  en  outre,  une 
Asconématide  (Cau/ophacus?  sp.).  Non  seulement  les  Hexactinellides  ré- 
coltées conijjoseut  une  liste  relativement  longue,  mais  le  nombre  de  leurs 
spécimens  obtenus  n'est  généralement  pas  restreint  et  même,  en  té- 
moignage de  leur  réelle  fréquence,  quatre  d'entre  elles  se  sont  retrouvées 
dans  plusieurs  stations  différentes.    » 


(  17»  ) 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Origine  du  pigment  chez  les  Tiiniciers.  Transmission 
du  pigment  maternel  à  l'embryon.  Note  de  M.  Antoine  Pizon,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

K  Les  faits  que  j'expose  dans  la  précédente  Note  sur  la  pigmentation  des 
Tuniciers  se  rapportent  à  l'origine  encore  peu  connue  des  granules  pig- 
mentaires  et  à  leur  première  apparition  chez  l'embryon. 

»  Ceux  des  Tuniciers  tels  que  les  Distaplia,  les  Bolryllidés,  etc.,  qui  sont 
fortement  colorés  et  dont  les  générations  de  blastozoïdes  se  succèdent 
sans  interruption  dans  un  même  cormus,  constituent  d'excellents  maté- 
riaux pour  ce  genre  de  recherches  i)arce  que  les  éléments  des  individus 
morts  sont  englobés  dans  la  tunique  commune  ou  bien  se  répandent  dans 
les  lacunes  sanguines  des  survivants,  où  il  est  possible  d'en  suivre  les 
transformations  ultérieures. 

M  Des  nombreuses  observations  que  j'ai  faites  sur  ces  animaux,  il  ressort 
qu'une  partie  très  importante  de  leur  pigment,  peut-être  même  la  totalité, 
provient  de  la  destruction  des  tissus  pendant  les  phénomènes  d'histolyse 
dont  ces  animaux  sont  le  siège,  après  leur  mort,  dans  l'intérieur  du 
cormus. 

»  Toutes  les  espèces,  même  les  plus  fortement  colorées  à  l'état  adulte, 
telles  que  les  Distaplia  rosea,  Botrylloïdes  rubrum,  Bolryllus  violaceus,  etc., 
engendrent  des  larves  qui,  à  l'éclosion,  sont  toujours  à  peu  près  incolores; 
la  pigmentation  s'accentue  peu  à  peu  chez  les  générations  suivantes  à 
mesure  qu'augmente  la  somme  des  éléments  cellulaires  provenant  des 
individus  en  régression. 

')  Cette  pigmentation  est  due,  comme  je  l'ai  déjà  fait  connaître  ('),  à 
un  nombre  considérable  de  petites  granulations  différemment  colorées, 
ne  dépassant  pas  ii^  ou  2"^,  et  qui  sont,  les  unes  libres  dans  le  plasma  san- 
guin, les  autres  enfermées  dans  des  cellules  ou  chromocyles  en  voie  de 
régression  plus  ou  moins  avancée;  toutes  sont  animées  de  mouvements 
rapides,  quel  que  soit  leur  emplacement. 

»  Un  premier  point  très  important  que  j'ai  mis  en  évidence,  c'est  que  les  premiers 
granules  pigmentés  que  possède  la  larve  lui  viennent  de  l'organisme  maternel  par  voie 


('  )  A.  PizoN,  Sur  la  pigmentation  des  Tuniciers  et  la  mobilité  de  leurs  granules 
pig/nenlaires  {Comptes  rendus,  nov.  1899). 


(  171  ) 

migratrice.  Cette  transmission  s'observe  avec  la  plus  g;rande  netteté  chez  les  em- 
bryons des  Botryliidés  qui,  comme  on  le  sait,  subissent  leur  entier  développement 
dans  des  diverticules  des  lacunes  sanguines  maternelles;  ils  ne  sont  entourés  que  de 
trois  enveloppes  très  minces  formées  chacune  d'une  seule  assise  de  cellules  très 
aplaties,  les  deux  follicules  et  \a  paroi péribrancliiale  maternelle.  Entre  celle-ci  et 
le  follicule  externe  existe  un  petit  intervalle  où  circulent  des  globules  sanguins 
accompagnés  de  chromocvtes  et  de  granules  pigmentés  libre  dans  le  plasma.  Ces  con- 
ditions du  développement  se  prêtent  très  bien  à  l'étude  de  la  transmission  du  pigment 
de  la  mère  à  l'embryon  ;  elles  ont  en  outre  l'intérêt  de  se  rapprocher  lioaucouii  de  celles 
des  Mammifères. 

»  L'embryon  de  Botryllus  violaceus.  le  plus  jeune  dans  lequel  j'ai  constaté  la  pré- 
sence des  granules  pigmentaires,  était  au  stade  où  la  cavité  entérique  primitive  vient 
de  se  constituer  :  des  traînées  de  ces  g^ranules  s'étendaient  sans  interruption  de  la 
carilé  sanguine  maternelle  jusque  dans  les  cellules  eclodermiques  de  l'embryon, 
à  travers  les  enveloppes  larvaires. 

»  Cette  invasion  pigmentaire  se  fait  par  les  mouvements  propres  des  granules,  sans 
l'intermédiaire  de  leucocytes  qui  leur  serviraient  de  véliirtile.  On  peut  en  suivre  les 
progrès  en  examinant  des  embryons  à  des  stades  de  plus  en  plus  avancés.  De  l'ecto- 
derme  les  granules  pénètrent  dans  les  tissus  plus  profonds  et  se  répandent  un  peu  par- 
tout, principalement  dans  ceux  qui  ont  atteint  leur  diflerenciation  définitive;  on  en 
trouve  dans  des  globules  sanguins,  dans  des  cellules  de  la  chorde  et  dans  celles  qui 
limitent  les  stigmates  branchiaux;  la  jeune  tunique  en  renferme  des  traînées  qui  se 
continuent  dans  le  liquide  sanguin  maternel;  quelques  globules  sanguins  sont  même 
complètement  envahis  et  n'ont  plus  que  les  contours  de  leur  noyau  qui  soit  encore 
bien  délimité.  Les  éléments  larvaires  qui  subissent  rhistol\-se  au  moment  de  la  fixa- 
tion (vésicule  sensorielle,  chorde,  etc.)  se  pigmentent  également. 

))  Ces  granules  ne  sont  cei)endanl  pas  encore  en  assez  forte  proportion  pour  teinter 
les  larves  des  Botryllidés  d'une  façon  notable;  mais  la  pigmentation  des  générations 
suivantes  s'accuse  de  plus  en  plus  :  les  éléments  celluhiires  des  individus  morts  se 
désagrègent  et  se  répandent,  isolément  ou  par  petits  paquets,  dans  les  tubes  vascu- 
laires  coloniaux  et  dans  les  cavités  sanguines  des  individus  vivants,  où  ils  se  mêlent 
au  torrent  circulatoire. 

»  Des  granulations  pigmentées  apparaissent  alors  peu  à  peu  dans  les  éléments  et 
leur  nombre  va  en  augmentant  à  mesure  que  les  décompositions  internes  des  cellules 
deviennent  plus  profondes;  on  trouve  toutes  les  transitions  entre  la  cellule  à  peu  près 
intacte  et  ne  renfermant  que  (juelques  granules  pigmentaires  et  celle  qui  en  est  complè- 
tement envahie  et  ne  présente  plus  qu'une  très  mince  paroi  brillante  à  sa  périphérie. 

i>  Si  l'on  suit  assez  longtemps  au  microscope  quelques-uns  de  ces  globules  pig- 
mentés qui  ne  sont  plus  entourés  que  d'une  faible  membrane  externe  ,  on  les  voit 
changer  très  fréquemment  de  forme  sous  la  poussée  de  véritables  flots  de  gra- 
nules qui  se  précipitent  sur  la  jiaroi,  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre;  on  peut 
assister  à  une  disparition  locale  de  cette  paroi  et,  par  la  brèche  ainsi  produite,  des 
tiaînées  de  granulations  se  répandent  dans  le  plasma  sanguin,  tandis  que  d'autres  péné- 
trent peu  à  peu  dans  des  éléments  cellulaires,  globules  en  dégénérescence  ou  globules 
sanguins,  situés  au  voisinage. 


(  172  ) 

»  Les  granules  pigmentaires  sont  donc  le  résidu  final  de  la  destruction 
des  éléments  provenant  des  différentes  générations  d'ascidiozoïdes  qui 
meurent  dans  le  cormus.  Les  vieux  Ë;lobules  sanguins  ont  le  même  sort 
que  ces  éléments, 

»  Je  ne  puis  me  prononcer  encore  d'une  façon  précise  sur  la  vitalité 
réelle  ou  apparente  de  ces  granules.  Je  ne  saurais  dire  non  plus  pour  le 
n)oment  si  la  chromatine  du  noyaujoue  un  rôle  quelconque  dans  la  genèse 
du  pigment,  comme  Bataillon  l'a  décril  chez  les  Batraciens;  en  tout  cas  les 
processus  ne  seraient  pas  absolument  identiques.  Dans  les  éléments  en 
régression  des  Botrylles  et  des  Botrylloïdes,  les  noyaux  perdent  très  tôt 
leur  contenu,  tout  en  conservant  leur  paroi  1res  nette;  par  contre,  le  pro- 
toplasme se  teinte  alors  uniformément  en  rose  par  le  carmin,  et  c'est  dans 
son  intérieur  qu'apparaissent  les  premières  granulations  pigmentaires:  la 
cellule  peut  être  bourrée  de  ces  granules  et  présenter  encore  le  contour  de 
son  noyau  vide  de  chromatine. 

»  Ajoutons,  pour  terminer,  que  le  pigment  s'élimine  en  quantité  consi- 
dérable par  la  tunique,  en  particulier  chez  les  Diplosomidés  et  les  Distapha. 
Les  petites  masses  pigmentées  se  montrent  surtout  aulo\ir  des  oscules,  et 
le  long  de  l'endostyle  et  dans  les  lacunes  sanguines  de  la  région  viscérale; 
mais  beaucoup  d'entre  elles  émigrent  dans  la  tunique,  alors  même  que  les 
éléments  cellulaires  dont  elles  proviennent  sont  encore  à  un  degré  peu 
avancé  de  dégénérescence;  elles  s'y  fragmentent  en  se  rapprochant  |)eu  à 
peu  (le  la  surface  du  cormus;  leurs  granules  deviennent  même  libres  quand 
leur  destruction  est  complète,  et  ils  finissent  par  être  rejetés  au  dehors  par 
la  lente  desquamation  qui  se  produit  à  la  surface  de  la  tunique. 

»  J'ai  vu  celte  migration  se  produire  simultanément  sur  toute  l'étendue 
d'un  cormus  de  Diplosoma  Listeri  k  la  suite  de  régressions  d'ascidiozoïdes; 
et  la  colonie  prenait  alors  une  opacité  suffisante  pour  rendre  momentané- 
ment impossible  les  observations  par  transparence. 

M  Cette  excrétion  du  pigment  par  la  peau  est  d  ailleurs  un  phénomène 
très  général  chez  les  animaux  supérieurs;  elle  est  particulièrement  frap- 
pante chez  les  grenouilles,  dont  les  lambeaux  d'épiderme  exfolié  sont  tou- 
jours pétris  des  mêmes  granules  pigmentaires  que  ceux  qui  sont  accumulés 
dans  la  couche  muqueuse,  ou  qui  sont  situés  plus  profondément  dans  l'in- 
térieur des  muscles,  ainsi  que  le  long  des  nerfs  et  des  vaisseaux  san- 
guins.  » 


(  173  ) 


BIOLOGIE.  —  Théorie  nouvelle  de  l' adaptation  chromatique.  Note  de 
M.  Geougës  lioiiN,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  La  coloration  des  êtres  vivants  est  due,  le  plus  souvent,  à  la  présence 
dans  leurs  cellules  de  granules  colorés,  dits  granules pigmentaires. 

M  Carnola  montré  :  i°  que  ce  sont,  non  pas  des  précipitations  chimiques 
au  sein  du  proloplasma,  mais  des  granules  chromogênes,  constitués  par 
une  petite  masse  d'une  matière  complexe  imprégnée  de  la  matière  colorante 
qu'ils  produisent;  2"  que  ces  granules  présentent  des  teintes  d'intensité 
variable  et  deviennent  parfois  incolores;  3°  qu'ils  sont  doués  de  mouve- 
ments qu'arrête  le  chloroforme. 

»  De  plus,  ces  granules  sont  susceptibles  d'émigrer  dans  les  organismes, 
et  de  passer  même  d'organisme  à  organisme.  Miss  Newbigin  a  réuni,  dans 
un  ouvrage  important  sur  les  pigments  ('),  de  nombreux  faits  de  ce  genre. 
J'ai  observé  moi-même,  dès  1896,  des  faits  très  nets  de  contagion  pigmen- 
taire  (-)  :  les  Crustacés  parasites  des  Ascidiella  et  des  Botrylloides  sont 
envahis  progressivement  au  cours  de  leur  développement  par  les  granules 
pigmentaires  de  l'hôte.  Francotte  a  signalé,  en  1898,  des  faits  analogues  au 
sujet  des  Cycloporus,  parasites  des  Bolrylles. 

»  Enfin,  j'ai  constaté  des  faits  de  lutte  entre  granules  pigmentaires  de 
diverses  teintes.  Quand  on  examine  des  tissus  embryonnaires  (Crustacés 
Décapodes,  Amphibiens,  etc.),  on  constate  qu'une  même  cellule  peut 
contenir  plusieurs  espèces  de  granules,  chacune  sécrétant  un  pigment 
propre,  ou  même  plusieurs  pigments,  successivement  ou  simultanément,  à 
l'exemple  du  Bacille  pyocy unique  qui,  d'après  Charrin  et  de  Nittis,  peut 
sécréter  en  même  temps  des  pigments  noir,  bleu,  vert,  jaune.  Suivant  les 
phases  du  développement  et  suivant  les  régions  de  la  larve,  telle  ou  telle 
espèce  de  granules  semble  l'emporter,  comme  s'il  se  produisait  une  lutte 
intracellulaire  entre  les  granules  chroniogcnes  inégalement  ou  diversement 
colorés. 

»  Parmi  tous  ces  faits  positifs  (virages,  atténuations  et  exaltations,  mi- 
grations et  contagions,  luttes  pigmentaires),  les  derniers  seuls  me  sont  per- 

(  '  )  Newbigia  :  Colour  in  Nature;  London,  1898.  —  Introduced  Pigments,  p.  4o-4i  > 
140-146,  292-299,  etc. 
(^)  BoHN  :  L'éi'olutio/i  du  pigment  (Scientia),  1901. 

C.  li.,   lyui,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  3.)  23 


(  174  ) 
soiinels.  Je  ne  bais  pas  si  j'y  ajouterai  quelque  chose,  en  adoptant  une 
Itypothèse  quia  été  émise,  souvent,  il  est  vrai,  avec  crainte,  par  presque  tous 
ceux  qui  ont  étudié  le  pigment,  à  savoir  que  les  granules  pigmentaires  sont 
identiques  aux  chloroteuciles,  et  sont,  comme  eux,  c!es  plastiduies  vivants, 
car  le  mol  vie,  em])Ioyé  dans  tant  d'acceptions  ('),  n'a  plus  actuellemenl 
de  signification. 

»  Je  considérerai  donc  simplement  le  phénomène  de  lulte  pigmentaire 
pour  expliquer  d'une  façon  simple  celui  de  V adaptation  chromatique,  dans 
le  cas  où  celle-ci  ne  résulte  pas  de  mouvements  de  chromatoblastes. 

»  Supposons  une  cellule  pigmenlée  éclairée  par  des  rayons  solaires  ayant  traversé 
un  écran  chimique  :  couche  d'eau  plus  ou  moins  considérable,  feuille  d'une  plante.  ..  ; 
cet  écran  a  laissé  passer  les  radiations  lumineuses  de  longueur  d'onde  :  Xa,  X6,  'l.c. 
et  a  arrêté  les  radiations  :  >.a,  },S,  'k-j .  .  .;  au  sein  de  la  cellule,  on  trouve  des  granules  : 

ft        b         \    „  " 
\o 

de  trois  espèces  difl'éreutes  (la  troisième  présentant  deux  variétés),  et  capables  d'uti- 
liser respectivement  : 

,,1         „2         „'3         o''3 
O  O  O  Ô 

\a     'l.a      l.h      'hj 

H  II  est  évident  que  g^  et  g'^  seront  avantagés,  utilisant  les  radiations  "ka  et  kb, 
alors  que  g-  et  g"'^  ne  peuvent  utiliser  les  radiations  absentes. 

»  Ainsi,  avec  l'éclairement  considéré,  les  granules  g^  et  g''',  qui  possèdent  des  teintes 
appropriées  à  l'éclairement,  l'emportent  sur  les  granules  g-  et  g"''  dans  la  lutte  qu'ils 
soutiennent  entre  eux,  et  ce  sont  eux  qui  auront  toutes  les  chances  de  survivre  et  de 
se  perpétuer. 

»  Ces  considérations  permettent  de  se  rendre  compte  de  deux  sortes 
de  phénomènes  :  i"  île  certains  faits  d' homochrornie  entre  plantes  et  ani- 
maux; 2"  de  changements  de  la pigmetitation  survenant  au  cours  du  dévelop- 
pement d'un  animal. 

))  1°  Les  diverses  zones  marines  sont  caractérisées  par  la  teinte,  oti  verte, 
ou  brune,  ou  rouge,  que  prennent  simultanément  la  plupart  des  animaux 
et  des  algues  qui  y  vivent;  les  granules  chromogènes  dans  les  divers  êtres 
vivants  d'une  zone  donnée  devant  s'adapter  à  un  môme  éclairement  ont 
naturellement  tendance  à  prendre  la  même  teinte. 

))   2°  Il  arrive  qu'un  même  être  vivant,  au  cours  de  son  évolution,  change 


(')  M.  Duclaux  va  jusqu'à  attribuer  des  caractères  de  la  vie  à  certaines  substances 
chimiques,  comme  les  diastases. 


(  175  ) 
fie  milieu;  il  change  alors  de  teinte  par  le  même  mécanisme  :  ainsi  toute 
larve  est  d'abord  envahie  par  les  granules  jiigmentaires  provenant  de 
l'œuf,  granules  qui  se  sont  différenciés  au  sein  des  tissus  maternels,  et  qui 
ne  savent  pas  utiliser  la  lumière  solaire(comme  l'ont  montré  les  expériences 
de  Florentin  sur  les  œufs  de  Grenouille);  mais,  a  mesure  que  l'embryon 
évolue  dans  le  milieu  extérieur,  d'autres  granules,  mieux  appropriés  aux 
nouvelles  conditions  de  vie,  se  développent  dans  les  tissus  (observations 
de  Bedriaga  sur  les  Salamandres). 

»  Cette  nouvelle  théorie  de  l'adaptation  chromatique  semble  avoir 
quelque  analogieavec  les  théories  lamarckiennes  deCunningham,  d'Eimer, 
de  Simroth,  qui  considèrent  la  pigmentation  comme  étant  le  résultat  des 
«  influences  environnantes  »,  et  surtout  de  l'éclairement;  mais  elle  en 
diffère  profondément  :  i"  en  ce  que  j'attribue  la  formation  du  pigment 
beaucoup  plus  à  des  causes  chimiques  qu'à  la  lumière  (');  2°  en  ce  que 
je  ne  fais  intervenir  celle-ci  que  dans  la  lutte  que  soutiennent  entre  eux, 
dans  un  même  organe,  les  granules  pigmentaires  de  diverses  teintes.  Si  je 
fais  intervenir  la  sélection  naturelle,  il  faut  remarquer  que  celle-ci  ne 
s'exerce  pas  entre  les  êtres  colorés  par  le  pigment,  mais  entre  les  plasti- 
dules  chromogènes  eux-mêmes,  les  intérêts  des  uns  et  des  autres  n'étant 
pas  forcément  concordants.  » 


BOTANIQUE.  —  Recherches  sur  la  structure  de  quelques  champignons  injérieurs. 
Note  de  M.  Guilliekmoxd,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Malgré  les  nombreuses  observations  faites  dans  ces  dernières  années, 
l'étude  cylologique  des  moisissures  et  des  levures  reste  encore  très  con- 
fuse. Cependant  Wager,  dans  un  travail  très  précis,  a  récemment  apporté 
une  notion  nouvelle  à  la  question  si  complexe  du  noyau  des  levures.  Il 
décrit  un  nucléole  (novau  des  auteurs)  accolé  à  une  vacuole  chargée  de 
(îns  granules  possédant  une  grande  alfinité  pour  les  matières  colorantes  et 
qu'il  considère  comme  faisant  partie  du  noyau.  Wager  ayant  observe  une 
disposition  analogue  chez  une  Mucorinée,  pense  que  cette  structure  pour- 
rail  être  commune  à  beaucoup  de  moisissures. 

«   Nous  nous  sommes  proposé  de  rechercher  la   structure  décrite  par 


(')  Le  pigment  résulterait  d'émissions  nucléaires  qui  se  produisent  à  la  suite  d'in- 
loxications  variées  (par  CO'  en  particulier). 


(    '7G  ) 
Wager,  chez  un  ceriain  nombre  de  moisissures  et  de  levures.  Notre  élude 
a  porté  spécialement  sur   un  Dematium  trouvé  sur  du  bois  mort  et  que 
nous  n'avons  pas  encore  déterminé  de  façon  plus  précise. 

»  Ce  champignon  possède  une  richesse  exceplionnelle  de  granulations  qui  se 
colorent  facilement  et  d'une  manière  intense  par  les  dilTérentes  matières  colorantes.  Ces 
granulations  sont  disposées  soit  dans  le  protoplasma,  soit  plus  ordinairement  dans  l'in- 
lérieur  des  vacuoles.  I^es  plus  grosses  sont  animées  de  mouvements  browniens  et  sont 
visibles  à  l'état  frais  sous  forme  de  granules  réfringents  rappelant  les  globules  oléa- 
gineux, mais  ils  n'ont  aucune  des  propriétés  des  corps  gras.  L'hématoxyline,  l'héma- 
talun,  le  violet  de  gentiane,  la  fuchsine  les  colorent  en  rouge.  Avec  le  bleu  de 
méthvlène  et  le  vert  de  niélhyie  ils  prennent  une  coloration  bleue  intense  légèrement 
violette. 

»  Leur  naissance  semble  être  en  relation  avec  celle  des  vacuoles. 

»  Ils  apparaissent  dans  les  filaments  les  plus  jeunes  sous  la  forme  de  petites  masses 
finement  réticulées  ou  de  très  petites  granulations  dans  l'intérieur  de  petits  espaces 
hvalinsqui  sont  probablement  l'origine  des  vacuoles.  Ces  petites  vacuoles  grossissent, 
leur  contenu  s'accroît,  puis  elles  se  fusionnent  pour  constituer  de  grosses  vacuoles  qui, 
à  un  stade  plus  avancé,  occuperont  la  majeure  partie  des  filaments.  La  forme  de  ces 
granulations  devient  alors  très  variable,  un  certain  nombre  d'entre  elles  se  distinguent 
par  leur  forme  nettement  sphérique  et  leur  taille  plus  considérable,  mais  elles  se 
comportent  de  la  même  façon  vis-à-vis  des  matières  colorantes  et  des  réactifs  chi- 
miques, et  leur  nature  est  identique.  Très  souvent  ces  dernières  sont  entourées 
de  granulations  plus  petites  qui  s'accolent  à  leur  paroi,  et  il  semble  que  la  for- 
mation de  ces  corps  soit  le  résultat  de  la  fusion  des  fines  granulations  primitives.  Ces 
granulations  sont  disposées  d'une  façon  régulière  dans  chacune  des  vacuoles.  Cette 
disposition  apparaît  nettement  lorsqu'on  fait  usage  des  doubles  colorations  :  les  mé- 
langes de  fuchsine  et  de  vert  de  mélhj'le  donnent  de  bons  résultats,  de  même  que  le 
bleu  polychrome,  qui  colore  les  granules  en  rouge  vif  et  le  protoplasraa  en  bleu  clair. 

»  Les  plus  gros  de  ces  granules  semblent  constitués  d'une  paroi  fortement  colorée 
et  d'un  centre  plus  pâle.  Quelquefois  cette  membrane  est  interrompue  et  prend  l'as- 
pect d'un  croissant. 

»  Nous  n'avons  pas  pu  nous  renseigner  sur  la  nature  chimique  de  ces  granulations. 
Cependant  elles  résistent  à  la  pepsine  et  ne  paraissent  donc  pas  être  de  nature  pro- 
téique.  Les  dissolvants  de  la  nucléine  les  laissent  intacts  en  rendant  toutefois  très  dif- 
ficile leur  coloration,  ce  qui  a  pu  dans  bien  des  cas  être  une  source  d'erreur.  Ces 
granulations  très  abondantes,  même  dans  les  filaments  très  jeunes  et  lorsque  le  cham- 
pignon est  en  pleine  activité,  pourraient  peut-être  être  considérées  comme  des  pro- 
duits de  réserve.  Elles  possèdent  à  peu  près  les  mêmes  caractères  que  les  corpuscules 
métachromatiques  de  Babès  et  les  grains  rouges  de  Biitschli,  auxquels  on  doit  les 
assimiler.  Dans  la  dégénérescence,  on  observe  une  transformation  complète  du  proto- 
plasma en  globules  d'huile.  Ceux-ci  se  distinguent  des  grains  rouges  par  leurs  pro- 
priétés chimiques,  par  leur  inaptitude  à  fixer  les  colorants  nucléaires  et  par  une 
moindre  consistance.  Les  grains  rouges  diminuent  beaucoup  de  taille  et  de  nombre 
au  cours  de  la   dégénérescence,   mais  subsistent  cependant.  Une  double  coloration  à 


(  177  ) 

l'hémato\vline  et  à  l'acide  osmique  permet  de  différencier  ces  deux  sortes  de  cor- 
puscules. 

n  Ces  granulations  rouges  pénètrent  dans  les  jeunes  bourgeons  comme  le  novau. 
Une  étude  minutieuse  d'un  certain  nombre  de  levures  nous  a  permis  de  les  assimiler 
aux.  granulations  nucléaires  de  Wager.  Nos  observations  ne  permettent  pas  de  les 
considérer  comme  faisant  partie  du  noyau  et  comme  étant  de  nature  chromatique. 

»  Les  noyaux  se  distinguent  de  ces  granulations  par  leur  forme  et  leurs  dimensions 
toujours  à  peu  près  constantes.  Le  procédé  de  Heidenhain  permet  de  les  mettre  en 
évidence  avec  beaucoup  de  netteté.  L'hématalun  difTèrencie  très  bien  les  granulations 
vacuolaires,  qu'il  colore  en  rouge  vif,  des  noyaux  qui  apparaissent  en  bleu  avec  une 
teinte  plus  pâle.  Les  noyaux  sont  en  nombre  variable  dans  chaque  article.  Ils  sont  logés 
dans  les  espaces  protoplasmiques  qui  séparent  les  vacuoles.  Rarement  ils  sont  en  con- 
tact avec  les  vacuoles.  Les  bonnes  préparations  permettent  d'observer  leur  structure. 
Il  sont  constitués  d'un  nuclèoplasma  incolore  limité  par  une  membrane  et  d'un  corps 
sphérique  (probablement  nucléole)  placé  soit  au  centre,  soit  le  plus  souvent  à  la  péri- 
phérie. 

»  Nous  avons  pu  constater  que  cette  structure  était  commune  à  beaucoup  de  cham- 
pignons inférieurs  {Penicillum  glaucum,  Oidium  laclis).  Dans  V Aspergillus  varia- 
hilis  et  le  Sterigmatocystix  nigra.  le  novau  contient  deux  masses  colorées  accolées 
aux  deux  extrémités  de  la  membrane  et  dont  l'une  est  sphérique  et  l'autre  a  la  forme 
d'un  croissant. 

»  Dans  les  formes  levures  de  notre  Dematium.  nous  avons  trouvé  un  noyau  possé- 
dant la  même  structure.  Il  n'en  existe  typiquement  qu'un  seul  par  cellule,  mais 
fréquemment  on  en  compte  de  a  à  4-  Ces  noyaux  sont  ordinairement  situés  au  centre, 
les  deux  pôles  de  la  cellule  étant  occupés  par  deux  vacuoles  chargées  de  granulations. 

»  Nous  avons  retrouvé  une  structure  analogue  chez  beaucoup  de  moi- 
sissures, avec  toutefois  une  moindre  abondance  de  granulations.  Notons 
que  \e  Dematium  no  présente  jamais  de  glycogène  ;  d'autres  champignons, 
qui  en  contiennent  au  contraire  une  forte  |)roportion,  sont  généralement 
beaucoup  pUis  pauvres  en  granulations;  peut-être  y  aurait-il  compensation. 

»  Nous  avons  comparé  ces  résultats  avec  ceux  qu'a  obtenus  Wager,  et 
nous  nous  sommes  assure,  par  l'étude  d'un  certain  nombre  de  levures 
(S.  fastorianus,  S.  ellipsoideus,  Oidium  albicans)  et  notamment  du  Sacc/ia- 
romyces  cerevisiœ,  que  ces  granulations  correspondaient  bien  aux  granula- 
liojjs  décrites  par  cet  auteur.  Ce  dernier  a  décrit  une  structure  analogue 
avec  des  vacuoles  chargées  de  granulations  dont  les  unes,  très  fines, 
seraient  des  granulations  nucléaires,  et  les  autres,  plus  grosses,  devraient 
être  considérées  comme  des  grains  de  |)rotéine.  Nous  avons  fait  voir  que 
les  colorations  ne  laissaient  aucun  doute  sur  l'identité  de  ces  dernières 
avec  les  granulations  plus  fines. 

))   Comme  Wager,  nous  avons  observé  un  noyau  toujours  accolé  à  la 


(  178  ) 

vacuole,  mais,  conlraircmciil  à  cet  auLeui',  nous  avons  pu  y  reconnaître 
(au  moins  pour  le  5.  cerevisice)  une  structure  analogue  à  celle  que  nous 
avons  décrite  chez  certaines  moisissures.  Tl  est  formé  d'un  micléoplasma 
entouré  d'une  membrane,  dans  lequel  on  distingue  plusieurs  granulations 
dont  l'une,  plus  grosse  et  plus  régulière,  pourrait  èlrc  le  nucléole. 

»  Il  résulte  donc  de  nos  observations  qu'il  existe  une  grande  analogie 
entre  la  structure  des  moisissures  et  celle  des  levures.  Presque  tons  les 
champignons  inférieurs  possèdent  des  granules  de  forme  très  variable, 
dont  les  plus  gros  ont  été  souvent  confondus  avec  des  globules  d'huile.  Ces 
granulations  sont  très  souvent  disposées  autour  ou  dans  l'intérieur  des 
vacuoles.  Elles  sont  assimilables  aux  sjrains  rouircs  de  Bûtschli  et,  contrai- 
rement  à  l'opinion  de  Wager,  ne  font  pas  partie  du  noyau.  Enfin,  ce  dernier 
possède  une  structure  différenciée  qui  le  rapproche  des  noyaux  décrits 
chez  les  Ascomvcètes  supérieurs  (  Pezizes).    » 


MINÉRALOGIE.    —   De  la  Symétrie  apparente  dans  les  cristaux. 
Note  de  M.  Frkd.  Wallera\t,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Quand  le  réseau  et  la  particule  complexe  d'un  corps  cristallisé  pos- 
sèdent un  élément  de  symétrie  commun,  cet  élément  se  retrouve  dans 
les  formes  cristallines  et  dans  l'ellipsoïde  d'élasticité  optique,  et  le  plus  sou- 
vent la  réciproque  est  vraie.  Aussi,  sans  examen  approfondi  de  la  question, 
a-t-on  généralisé  cette  réciproque,  quoique  certains  faits  montrent  nette- 
ment qu'une  rangée  peut  se  présenter  comme  un  axe  dans  les  formes 
cristallines  et  dans  l'ellipsoïde  d'élasticité  optique,  sans  être  un  axe  de 
même  ordre  du  réseau. 

»  Considérons  l'iodargyrite  :  cette  substance  présente,  dans  ses  forr:'!cs 
cristallines,  une  symétrie  nettement  hexagonale,  et  l'on  admet,  par  suite, 
qu'elle  possède  un  axe  sénaire,  et  dans  son  léseau  et  dans  sa  particule 
complexe.  EnréaUté,  elle  est  sensiblement  cubique  :  elle  ne  possède  qu'un 
axe  ternaire  de  structure,  qui  est  binaire  par  symétrie  apparente. 

))   Un  premier  argument  est  tiré  de  ce  fait  que  le  paramètre  de  l'axe 

vertical  rapporté  à  l'axe  binaire  est  égal  à  i,229'i,  c'est-à-dire  très  sensi- 

1% 
blement  ^;  or,  dans  un  réseau  hexagonal,  il  n'existe  aucun  rapport  entre 

v/2 

l'axe  vertical  et  l'axe  binaire. 

»  Comme  second  argument  les  cristaux  se  maclent  suivant  la  face(ioT2) 


r  179  > 

faisant  avec  l'axe  ternaire  un  angle  de  54",  38;  ce  groupement  est 
inexplicable,  si  l'on  considère  le  cristal  comme  hexagonal;  au  contraire, 
dans  l'hypothèse  d'un  cristal  cubique,  cette  fiice  de  groupement  est  un 
plan  limite  coïncidant  avec  l'une  des  faces  du  rhombododécaèdre,  qui,  dans 
le  cube,  fait  avec  l'axe  ternaire  un  angle  de  54°, 44-  La  déformation  n'est 
donc  que  de  6'. 

»  Un  troisième  argument  est  tiré  de  la  belle  expérience  de  MM.  Mal- 
lard et  Le  Chatelier.  Quand  on  chauffe  l'iodargyrite,  elle  devient  cubique 
a.  la  température  de  146°  et  le  phénomène  est  réversible.  La  transforma- 
lion  s'effectuant  sans  jierte  de  transparence,  il  faut  bien  que  le  réseau, 
cubique  au-dessus  de  i46«,  soit  rhomboédrique  et  non  hexagonal  au-des- 
sous de  celle  température. 

»  Ou  voit  donc  qu'un  axe  ternaire  peut  prendre  Vapparence  d'un  axe 
sénaire.  Il  est  vrai  que  l'axe  ternaire  peut  devenir  un  axe  sénaire  par  suite 
du  groupement  de  deux  cristaux;  mais  ces  groupements,  quoique  fré- 
quents, n'existent  pas  forcément. 

»  Un  autre  exemple  plus  frappant  est  celui  du  rutile  et  d'autres  miné- 
raux considérés  comme  quadratiques,  et  qui,  en  réalité,  sont  monocli- 
niques. L'axe  quaternaire  n'est  qu'apparent  :  leurs  réseaux  et  leurs 
particules  complexes  ne  possèdent  pas  d'axe  quaternaire,  mais  un  axe 
quasi  ternaire  coïncidant  avec  l'un  des  axes  considéré  à  tort  comme  bi- 
naire et,  par  suite,  perpendiculaire  sur  le  soit-disant  axe  quaternaire,  qui 
coïncide  avec  la  grande  diagonale  de  la  maille  quasi  losangique  perpendi- 
culaire sur  l'axe  ternaire. 

»  La  véritable  structure  du  rutile  est  mise  en  évidence,  de  façon  indis- 
cutable, p.ir  ses  associations  avec  des  cristaux  ternaires  tels  que  le  fer  oii- 
giste,  le  mica,  la  chlorite,  etc.,  et,  en  outre,  par  la  nature  de  ses  groupe- 
ments. 

»  On  pourrait  citer  de  nombreux  cas  analogues  et  il  devient  par  suite 
nécessaire  d'introduire  en  cristallographie  une  notion  nouvelle  :  la  notion 
d'axe  de  symétrie  apparente.  Un  le!  axe  jouit  de  la  propriété  suivante  :  si 

l'on  fait  tourner  le  réseau  autour  de  lui  d'un  angle  égal  à  -^,  un  plan  réli- 
culaire  quelconque,  une  rangée  quelconque  viennenlcoïncideravec  un  autre 
plan  réticulaire,  avec  une  autre  rangée,  sans  que  le  réseau  se  retrouve  en 
coïncidence  avec  lui-même.  C'est  là,  bien  entendu,  une  condition  nécessaire 
mais  pas  suffisante.  Pour  qu'une  rangée  soit  un  axe  de  symétrie  apparente, 
il  faut  que  la  parlicuie   complexe  exerce  dans  des  directions  symétriques 


(  i«o  ) 
des  actions  égales  sur  les  milieux  extérieurs,  tels  que  milieu  crislallogène, 
éther.  Or  dans  l'état  actuel  de  la  Science,  il  n'est  pas  possible  de  trouver 
les  conditions  auxquelles  doit  satisfaire  la  particule  complexe,  pour  que 
cette  symétrie  mécanique  soit  réalisée,  à  moins  qu'elle  ne  résulte  directe- 
ment de  la  symétrie  géométrique.  On  peut  cependant  faire  faire  un  pas  à 
la  question,  en  s'appuyant  sur  ce  fait,  révélé  par  l'observation,  que  les  seuls 
axes  de  svmétrie  apparente  sont  précisément  les  rangées  qui,  dans  un 
cristal  cubique  holoédrique,  sont  des  axes  de  groupements.  Ces  axes  de 
groupements,  les  axes  ternaires  et  les  normales  aux  faces  du  trapé- 
zoédre(2i  i),  sont  donc  des  axes  limites  d'ordre  mécanique  et  non  d'ordre 
géométrique.  Or  dire  que  l'équilibre  est  à  peu  près  aussi  stable  quand  les 
particules  complexes  sont  symétriques  ou  parallèles,  cela  revient  à  dire 
qu'une  particule  exerce  des  actions  sensiblement  égales  dans  deux  posi- 
tions symétriques.  On  conçoit  donc  que,  par  suite  d'une  légère  déforma- 
tion de  la  particule  complexe,  ses  actions  dans  deux  orientations  symé- 
triques puissent  devenir  égales,  et  dans  ce  cas  l'axe  de  symétrie  mécanique 
se  comportera  comme  un  axe  de  symétrie  géométrique  et  se  retrouvera 
dans  les  formes  cristallines  et  l'ellipsoïde  d'élasticité  optique. 

»  Ces  faits  m'ont  paru  intéressants  à  signaler,  car  en  définitive  la  théorie 
de  Bravais  consiste  à  considérer  les  corps  cristallisés  comme  des  milieux 
géométriquement  symétriques;  de  cette  symétrie  géométrique  découle  la 
svmétrie  mécanique  |)ermettant  d'expliquer  les  propriétés  de  ces  corps. 
Or  les  faits  précédents  montrent  que  la  symétrie  mécanique  peut  être 
réalisée  en  dehors  de  la  symétrie  géométrique,  mais,  bien  entendu,  dans 
deux  cas  particuliers  qui  ne  portent  pas  atteinte  à  la  généralité  des  lois  de 
la  cristallographie.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  l'origine  de  l'or  de  Madagascar.  Note  de 
M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Fouqué. 

a  L'or  natif  se  rencontre  dans  les  alluvions  de  la  presque  totalité  de  la 
région  gneissique  de  Madagascar,  bien  que  les  gisements  jusqu'à  présent 
explorés  soient  surtout  concentrés  dans  le  massif  central  de  l'île. 

»  Les  filons  de  quartz,  qui,  dans  le  plus  grand  nombre  des  régions  auri- 
fères, sont  la  source  première  de  l'or  alluvionnaire,  n'ont  été  que  fort  peu 
étudiés  jusqu'à  présent  à  Madagascar,  et  sauf  trois  d'entre  eux,  exploités 
dans  les  environs  de  Suberbieville  avant  la  conquête,  nous  n'avons  guère 
sur  eux  de  renseignements  positifs. 


(  '?I  ) 

»  Je  me  propose  de  montrer  dans  cette  Note  que  l'origine  d'une  partie 
au  moins  de  l'or  alluvionnaire  de  la  grande  île  doit  être  recherchée  dans  un 
autre  «enre  de  gisement. 

»  Plusieurs  prospecteurs  ont  annoncé  que  de  l'or  avait  été  obtenu  par 
le  lavage  direct  de  la  terre  rouge  (^latérite)  qni,  à  Madagascar  comme  dans 
beaucoup  de  régions  chaudes,  résulte  de  la  décomposition  sur  place  des 
roches  feldspathiques  les  plus  diverses  (gneiss,  granité,  etc.). 

»  Les  plus  grosses  pépites  trouvées  à  Madagascar,  et  dont  quelques- 
unes,  exposées  en  1895  au  Muséum  par  M.  Suberbie,  atteignaient  45oS'', 
ont  été  recueillies  aux  environs  de  Suberbieville  dans  ces  terres  rouges, 
non  loin,  il  est  vrai,  des  filons  de  quartz  dont  il  est  parlé  plus  haut,  mais 
certainement  en  dehors  d'eux.  Elles  ne  sont  absolument  pas  roulées  et  il 
n'est  pas  douteux  qu'elles  aient  été  trouvées  dans  leur  gisement  originel. 

»  A  ces  renseignements,  je  puis  ajouter  quelques  observations  absolu- 
ment précises  résultant  de  l'étude  de  deux  échantillons  donnés  par 
M.  Suberbie  à  la  collection  minéralogique  du  Muséum.  Ils  proviennent 
tous  deux  du  Mandraty,  affluent  de  l'ikopa.  Le  premier  est  constitué  par 
l'un  de  ces  quarlzites  à  magnclite  si  répandus  dans  l'île  et  qui  y  sont  la 
source  principale  du  minerai  de  fer.  L'or  natif  y  est  régulièrement  distribué 
et  joue  le  même  rôle  que  la  magnétite,  c'est-à-dire  moule  les  grains  de 
quartz  ou  est  englobé  par  eux.  Le  métal  précieux  est  intimement  associé 
à  cette  magnétite,  et  il  est  sans  aucun  doute  l'un  des  éléments  primaires  de 
la  roche. 

»  Le  second  échantillon  est  plus  intéressant  encore;  il  est  constitué  par 
un  gneiss  dont  les  lits  sont  alternativement  riches  ou  pauvres  en  biotite. 
L'or  natif  y  est  très  abondamment  distribué  en  grenailles  ou  en  cristaux 
nets.  L'examen  microscopique  montre  cet  or  natif  inclus  dans  tous  les  élé- 
ments :  quartz,  feldspaths  (orthose  et  oligoclase)  et  même  biotite.  On  l'y 
trouve  non  seulement  en  particules  visibles  à  l'œil  nu,  mais  encore  en  my- 
riades de  petits  cristaux,  ayant  parfois  moins  d'un  a  et  disposés  suivant  des 
surfaces  planes  ou  courbes,  à  la  façon  des  inclusions  liquides  :  celles-ci  sont 
elles-mêmes  très  abondantes  dans  le  quartz  de  la  roche,  qui  ne  contient 
pas  trace  de  pyrite. 

»  De  ces  laits  il  résulte  la  conviction  que  l'or  natif  est  un  élément  nor- 
mal de  ce  gneiss.  C'est,  je  crois,  avec  l'observation  faite  par  M.  Orville 
Derby  dans  le  district  de  Campanha  (Minas  Geraès),  le  seul  exemple  d'or 
natif  jouant  le  rôle  de  minéral  primordial  dans  une  roche  gneissique.  On 
peut  chercher  à  expliquer  ce  ciuùeux  mode  de  gisement  à  l'aide  de  quel- 
ques faits  d'observation  connus  dans  d'autres  régions. 

C.  p..,   19U1,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  3.)  ^4 


(  I«2  ) 

L'or  natif  en  cristaux  anciens  a  été  signalé  par  M.  Merrill  dans  un  échan- 
tillon de  granité  de  la  Sonera,  par  M.  Jacquet  dans  le  granité  de  Broken 
Hill  (Australie). 

»  On  sait,  d'autre  part,  que  l'or  natif  existe  en  petite  quantité  dans 
quelques  fdons  slannifères  (notamment  dans  ceux  du  Limousin),  produits 
par  des  émanations  du  magma  granitique. 

»  La  collection  du  Muséum  possède  un  échantillon  de  gneiss  granuli- 
lique  des  environs  de  Nantes  renfermant  une  géode  tapissée  de  cristaux  de 
quartz,  d'apaliteet  de  lamelles  d'or  natif. 

M  Enfin,  M.  Faribault  a  signalé  dans  la  Nouvelle-Ecosse  des  filons  de 
pegmalite  dont  les  apophyses,  de  plus  en  plus  pauvres  en  mica  et  en  feld- 
spath, se  terminent  par  des  filonnets  de  quartz  aurifère. 

))  Il  est  donc  bien  établi  que  l'or  est  un  élément  possible,  quoique  rare, 
des  magmas  granitiques.  Il  n'est  pas  étonnant  dès  lors  de  le  voir  apparaître 
sous  une  forme  plus  abondante  dans  certains  schistes  cristallins  tels  que 
ceux  de  Madagascar,  au  milieu  desquels  l'influence  du  granité  éruptif  se 
fait  sentir  à  chaque  pas. 

»  On  peut  en  outre  se  demander  si  les  filons  quartzeux  aurifères  de 
l'île  ne  doivent  pas,  eux  aussi,  être  en  relation  avec  le  granité.  En  effet, 
ces  filons  renferment  parfois  des  parties  quartzeuses  limpides,  semblables 
à  ces  blocs  de  cristal  de  roche  que  l'on  rencontre  dans  la  plupart  des 
rivières  de  Madagascar.  Or  ces  derniers  sont  souvent  riches  en  inclusions 
de  tourmaline,  de  moscovite,  qui  ne  laissent  pas  de  doute  sur  leur  relation 
avec  les  pegmatites. 

»  L'intérêt  théorique  de  cette  question,  malgré  toute  son  importance, 
ne  doit  pas  faire  perdre  de  vue  son  côté  pratique;  il  est  probable  que  les 
faits  que  je  viens  de  décrire  dans  la  région  de  Suberbieville  ne  sont  pas 
isolés.  M.  G.  Grandidier  m'a  dit  avoir  vu  aux  environs  d'Ambositra  des 
paillettes  d'or  dans  un  bloc  de  gneiss  formant  la  pierre  principale  d'un 
tombeau  malgache.  Il  y  a  donc  lieu  d'appeler  l'attention  des  explorateurs 
de  Madagascar  sur  la  présence  de  l'or  dans  les  gneiss  et  mieux  encore 
dans  les  terres  rouges  (latérites)  provenant  de  leur  décomposition,  qui  se 
prêteront  plus  facilement  à  la  recherche  du  métal  précieux.    » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  rage  des  roches  éruptives  du  cap  d' Aggio  (^Alpes-Maritimes). 
Note  de  M.  Léon  Bertiiaxd,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Dans  une  Communication  récente  à  la  Société  géologique  de  France, 
M.  Guébhard  a  indiqué  que  les  tufs  cinéritiqueslabradoriques  de  Biot  sont 


(  «83  ) 

du  Miocène  supérieur,  ce  qui  rajeunit  notablement  Tàge  admis  générale- 
ment jusqu'ici  pour  les  éruptions  de  labradorites  dans  les  Alpes-Maritimes. 
Il  est  d'ailleurs  très  vraisemblable  que  ces  éruptions  ne  sont  pas  toutes 
contemporaines  et  que  certaines  d'entre  elles  datent  de  la  fin  du  Pliocène 
ou  même  du  Pléistocène  ('  ).  Il  me  paraît  démontré  actuellement  que  les 
éruptions  qui  ont  donné  naissance  aux  roches  analogues  du  cap  d'Aggio 
doivent  se  rapporter  à  une  date  très  récente. 

»  Il  n'existe  d'ailleurs  dans  ce  point,  à  ma  connaissance,  aucune  roche 
éruptive  en  place,  soit  en  coulée,  soit  en  produits  de  projection;  le  gise- 
ment du  cap  d'Aggio  est  manifestement  formé  de  produits  de  projection 
remaniés  et  stialifiés  par  les  eaux,  probablement  marines,  et  formant  seule- 
ment un  placage  contre  la  falaise  de  calcaires  jurassiques;  mon  éminent 
maître,  M.  Michel  Lévv,  que  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  conduire  à  ce 
gisement,  a  été  aussi  de  cet  avis.  Ce  gisement  se  trouve  au  niveau  actuel 
de  la  mer,  mais  il  en  existe  d'autres  dans  le  voisinage  à  une  altitude  plus 
élevée,  jusqu'à  loo"  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée. 

»  En  particulier,  la  gare  de  la  Turbie  (  Chemin  de  fer  P. -L. -M.),  siuioe  à  i''"'à 
l'ouest,  est  creusée  dans  un  dépôt  de  galets  de  plage,  situé  à  une  cinquantaine  de 
mètres  d'altitude  et  vraisemblablement  pléistocène  (ou  du  moins  du  I^liocènc  le  plus 
récent);  des  travaux  exécutés  l'an  dernier,  pour  la  construction  d'une  villa  au  bord 
du  chemin  qui  descend  de  la  route  de  la  Corniche  inférieure  à  la  gare,  m'ont  montré 
qu'à  un  niveau  notablement  supérieur  à  cette  dernière  se  retrouvent  encore  dans  ces 
formations  récentes  des  éléments  éruptil's  analogues  à  ceux  du  bord  de  la  mer. 

»  D'autre  part,  à  i*""  au  nord-est  du  cap  d'Aggio,  au  fond  de  la  seconde  baie  ren- 
contrée en  suivant  la  plage,  presque  en  vue  de  Monaco,  on  retrouve  au  bord  de  la 
mer  des  formations  identiques  à  celles  du  cap  d'Aggio,  c'est-à-dire  formées  unique- 
ment de  produits  éruplifs  stratifiés.  Lorsqu'on  monte  de  ce  point  à  la  route  de  la  Cor- 
niche, on  voit,  dans  une  tranchée  de  celle-ci,  les  mêmes  éléments  s'intercaler  au  mi- 
lieu d'une  puissante  formation  bréchoïde  à  éléments  calcaires,  qui  forme  un  placage 
au  pied  du  versant  sud  de  la  Tête  de  Chien;  cette  formation  me  paraît  devoir  être 
considérée  comme  d'un  âge  très  peu  différent  de  l'époque  à  laquelle  s'est  produit  le 
remplissage  des  fentes  du  calcaire  jurassique  supérieur  de  Monaco,  qui  a  donné  nais- 
sance à  la  brèche  ossifère  bien  connue  de  cette  localité. 

»  L'abondance  des  cultures  et  des  constructions  dans  cette  région  très 


(')  M.  Ambayrac  avait  déjà  signalé  en  deux  points  et,  en  particulier,  à  Sainte- 
Pétronille,  sur  la  route  de  Saint-Laurenl-du-Var  à  Gatlières.  où  j'ai  pu  vérifier  l'exac- 
titude de  celte  observation,  l'existence  de  roches  analogues  perçant  les  poudingues 
pliocènes. 


(  i84  ) 
habitée  ne  m'a  pas  permis  de  relever  de  coupes  nettes  montrant  les  rela- 
tions stratigraphiques  de  ces  divers  gisements;  mais  il  me  paraît  vraisem- 
blable qu'il  s'agit  d'éléments  provenant  d'éruptions  qui  auraient  eu  lieu 
par  une  ou  plusieurs  cheminées  situées  actuellement  sous  les  eaux  de  la  Mé- 
diterranée, mais  très  près  du  rivage  actuel.  D'autre  part,  ces  éléments 
éruplifs  sont  surtout  abondants  au  voisinage  immédiat  du  niveau  actuel  de 
la  mer,  où  ils  consSituent  à  eux  seuls  de  puissants  dépôts;  mais  l'absence 
de  coupes  nettes  ne  m'a  pas  permis  de  reconnaître  si  celte  situation  cor- 
respond aux  plus  récentes  ou  aux  plus  anciennes  de  ces  formations  cù- 
tières. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  me  paraît  néanmoins  bien  démontré  qu'il  y  a  eu, 
en  ce  point,  au  voisinage  immédiat  de  la  côte  actuelle,  et  probablement  en 
relation  avec  les  fractures  résultant  de  l'effondrement  qui  lui  a  donné 
naissance,  des  éruptions  d'âge  très  lècent,  datant  du  Pléistocéne,  ou,  au 
plus,  du  Pliocène  supérieur.  » 

GÉOLOGIE.  —  Les  dômes  de  Saint-Cyprien  (Dordogne),  Sauveterre  et  Fumet 
{Lot-et  Garonne) .  Note  de  M.  Ph.  Glangeaud,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

«  La  région  crétacée  du  nord  du  bassin  de  l'Aquitaine  est  intéressée  par 
un  groupe  de  trois  plis  anticlinaux  orientés  N.-O.,  S.-E.  et  séparés  par  des 
synclinaux,  que  j'ai  pu  suivre,  chacun  sur  plus  de  200''™.  D'une  manière 
générale  ces  plis  sont  parallèles  à  ceux  du  Jurassique  poitevin,  plis  paral- 
lèles eux-mêmes  ou  se  reliant  aux  plissements  hercyniens  du  massif  central 
et  du  sud  de  la  Bretagne. 

»  Des  études  récentes  me  permettent  de  préciser  leur  terminaison  orien- 
tale et  d'indiquer  leurs  rapports  avec  la  région  jurassique  du  Quercy. 

»  Dôme  de  Saint-Cyprien.  —  Au  pli  de  Périgueux  se  rattache,  au  sud-ouest,  le 
dôme  de  Saint-Cypi-ien,  de  plus  de  4»''™  de  long,  très  allongé  dans  la  direction  du  pli. 
Son  noyau,  constitué  par  le  Virgulien  et  le  Portlandien  assez  fortement  plissés  et 
disloqués,  s'étend  depuis  les  environs  de  Bugue  (Dordogne)  jusque  près  de  Gazais 
(Lot)  et  Bonzic  (Dordogne).  Il  se  relie  dans  cette  région  au  Jurassique  de  la  feuille  de 
Gourdon,  de  sorte  qu'il  n'offre  les  caractères  de  dôme  que  sur  |  environ  de  son 
pourtour. 

»  La  disposition  des  divers  étages  crétacés  formant  les  flancs  nord-ouest,  nord-est 
et  sud-ouest  est  très  différente.  Sur  le  flanc  nord-ouest,  les  couches  sont  peu  inclinées, 
tandis  qu'elles  sont  fortement  relevées  et  présentent  un  pendage  considérable  sur 
le  flanc  sud-ouest  (jusqu'à  70"  d'inclinaison).  Le  refoulement  qui  n  donné  naissance 


(  i«5  ) 

à  ce  pli  dissymétrique  a  été  si  intense  qu'il  s'est  jjrisé  près  de  la  clef  de  voûte  sur  plus 
de  3o''°\  Il  en  est  résulté  une  faille  faisant  buter  le  Jurassique  contre  les  divers  termes 
du  Crétacé  fortement  redressés  et  dénivelles  de  200™  en  moyenne. 

»  En  dehors  de  cette  grande  faille  qui  rappelle  singulièrement  comme  origine  et 
comme  allure  celle  du  Pays  de  Bray,  étudiée  par  M.  de  Lapparent,  il  existe  plusieurs 
failles  secondaires  découpant  le  dôme  en  compartiments  secondaires. 

»  Les  autres  particularités  du  dôme  de  Saint-Cyprien  sont  les  suivantes  : 

»  a.  Le  Crétacé  est  peu  disloqué  par  rapport  au  Jurassique  sur  lequel  il  repose  avec 
des  discordances  atteignant  45°; 

»  b.  C'est  tantôt  le  Cénomanien,  tantôt  le  Turonien  qui  recouvrent  le  Jurassique, 
à  des  dislances  parfois  très  faibles; 

»  c.  Le  Cénomanien,  presque  exclusivement  saumâtre  (faune  saumàtre,  ligniles 
exploités,  sel,  gypse),  est  logé  dans  de  petits  synclinaux  formés  à  la  fin  du  Portlandien, 
tandis  que  le  Turonien  s'étend  sur  les  anticlinaux  arrasés  du  Jurassique. 

))  Nous  verrons  plus  loin  les  conclusions  que  l'on  peut  tirer  de  ces  faits  : 

»  Si  l'on  examine  une  carte  géologique  de  France,  on  aperçoit  un  golfe  jurassique 
pénétrant  dans  la  région  crétacé  de  Fumel  et  de  Sauveterre,  golfe  que  l'on  croyait 
produit  par  un  pli  se  reliant  à  l'anticlinal  de  Jonzac  (Ile  d'Oléron).  Le  fait  n'est  pas 
exact.  On  a  là  en  réalité  deux  dômes  absolument  indépendants,  séparés  par  une  assez 
large  bande  crétacée. 

»  Le  dôme  de  Sauveterre  (Lot-et-Garonne),  de  forme  ellipsoïde,  a  8'^'"  de  long  sur 
4'^°"  de  large  et  présente  une  régularité  remarquable.  La  vallée  de  l'Alleniance,  ouverte 
suivant  son  grand  axe,  est  suivie  par  une  grande  route  et  par  la  ligne  de  chemin  de  fer 
de  Périgueux  à  Agen. 

»  Ce  dôme  constitue,  au  milieu  d'une  contrée  presque  exclusi\  ement  coniacienne, 
une  boutonnière,  ramenant  au  jour,  à  la  fois,  le  Turonien  (Angoumien,  Ligérien)  et 
le  Virgulien  (zones  à  Atn.  longispinus  et  Am.  Lallieriaiius).  De  même  que  dans 
le  dôme  de  Saint-Cyprien,  le  Jurassique  est  beaucoup  plus  plissé  que  le  Crétacé,  qui 
le  recouvre  avec  une  discordance  variable,  mais  il  n'y  a  pas  de  Cénomanien. 

»  Le  grand  axe  du  dôme  est  orienté  N.-E. -S. -O.,  il  se  continue  par  un  pli  de  même 
direction.  Une  particularité  importante  consiste  en  un  rebroussement  brusque  et  très 
accentué  des  assises  sur  tout  le  parcours.  En  maints  endroits,  il  y  a  même  verticalité 
du  Turonien, 

«  Le  rfoVne  rfe /^«»ie/ (Lot-et-Garonne),  comme  celui  de  Saint-Cyprien,  se  relie  à 
son  extrémité  sud-ouest  à  la  région  jurassique  du  Quercj-. 

»  Il  s'étend  dans  les  départements  du  Lot  et  du  Lot-et-Garoune,  où  il  forme  une 
région  jurassique,  entourée  au  nord  et  à  l'ouest  par  le  Crétacé  et  au  sud  par  le  Ter- 
tiaire. —  Le  Lot  a  entaillé  profondément  son  liane  nord  de  Puy-Lévèque  à  Fumel.  Le 
flanc  sud  se  prolonge  jusqu'auprès  de  Tournon.  Le  noyau  du  dôme  est  formé  parle 
Virgulien  {zones  k  A/n.  Lallierianus,  Am.  longispinus,  Am.  endoœus)e\.\e}?or\.- 
landien  (zones  oolitiques  à  Nérinéeset  à  ,1/».  porllandicus  et  zones  à  Aiyi.  roiundus). 
Ces  assises,  portées  à  l'altitude  de  284™  au  sommet  du  dôme,  affleurent  à  l'altitude  de 
85""  sur  le  pourtour.  Des  lambeaux  du  Turonien  se  montrent  à  Pech-Ausson  (ail.  232™). 

»  Le  dôme  de  Fumel  offre  des  particularités  très  intéressantes. 


(  i8G  ) 

»  Il  a  éto  esquissé  avant  le  dépôt  du  Crétacé,  comme  les  précédents,  mais  ici  l'éro- 
sion qui  a  suivi  le  plissement,  avant  le  dépôt  du  Turonien,  peut  être  calculée  :  elle 
atteint  plus  de  loo™. 

»  L'étude  des  dômes  de  Saint-Cyprien,  Sauveterre  et  Fumel  permet  de 
tirer  les  conci usions  suivantes  : 

»  Géologie.  —  Ces  trois  dômes  ont  un  noyau  virgulien  (zones  à  Am. 
orthocera,  Am.  Lallierianus ,  Am.  longispinus,  Am.  encloxus)  et  portlan- 
dicn  (zones  à  Am.  porllandicus  et  Am.  rotundus),  entouré  de  Cénomanien, 
de  Turonien  et  de  Sénonien  pour  le  premier;  de  Turonien  et  Sénonien 
seulement  pour  les  deux  autres. 

»  Tectonique  et  Paléogéographie .  —  Des  phénomènes  de  refoulement 
eurent  lieu  dans  l'Aquitaine  immédiatement  après  le  dépôt  du  Portlandien; 
ils  ébauchèrent  le  réseau  de  plis  indiqué  plus  haut  et  donnèrent  naissance 
aux  trois  dômes  de  Saint-Cyprien,  Sauveterre  et  Fumel.  L'érosion  les  déca- 
pita en  partie  avant  l'arrivée  de  la  mer  Cénomanienne.  Le  dôme  de  Saint- 
Cyprien  formait  une  île  couverte  de  végétation,  au  milieu  de  cette  mer. 
Sur  ses  bords  s'étendaient  des  lagunes  peuplées  de  formes  saumàtres,  et  il 
s'y  déposait  des  lignites  (exploités),  du  sel  et  du  gypse. 

»  Les  dômes  de  Sauveterre  et  de  Fumel  étaient  rattachés  à  la  terre  ferme, 
mais  devaient  être  peu  éloignés  des  rivages  de  la  mer  Cénomanienne. 

»  A  la  même  époque,  au  contraire,  les  autres  dômes  de  la  région  cré- 
tacée de  l'Aquitaine,  ceux  de  l'île  d'Oléron-Jonzac,  de  Mareuil  et  de 
Chapdeuil  (Dordogne),  esquissés  à  la  fin  du  Portlandien,  dômes  que  j'ai 
fait  connaître  récemment,  étaient  complètement  recouverts  par  les  eaux 
cénomaniennes. 

»  Au  Turonien,  les  dômes  de  Sauveterre  et  de  Fumel  furent  immergés 
à  leur  tour. 

»  A  l'époque  de  l'édification  de  la  chaîne  pyrénéenne  (oligocène),  tous 
ces  dômes,  et  plus  particulièrement  ceux  qui  font  l'objet  de  cette  Note, 
furent  comme  rajeunis,  et  le  refoulement  qui  les  érigea  en  collines  de  600"" 
de  haut  porta  le  Jurassique  à  une  altitude  de  plus  de  3oo'°.  Ces  collines 
situées  à  l'intérieur  du  bassin  de  l'Aquitaine  étaient  alors  plus  élevées  que 
la  Bretagne  et  qu'une  grande  partie  du  Massif  central  actuel. 

»  L'érosion  postoligocène  les  a  de  nouveau  ramenés  à  une  altitude  infé- 
rieure à  Soo",  et  au  niveau  des  vallées  du  Lot  et  de  la  Dordogne  elle  a 
dépassé  Soo". 

«  Géophysique.  —  Les  divers  étages  géologiques  influent  d'une  manière 
frappante  sur  le  paysage. 


(  '«7  ) 
»  Les  calcaires  marneux  du  Virgulien  sont  activement  exploités  pour 
la  fabrication  du  ciment  dans  plus  de  20  usines  (Saint-Cyprien,  Atlas, 
Sauveterre,  Fumel).  Partout  où  ils  affleurent,  il  existe  une  activité  indus- 
trielle qui  contraste  avec  le  calme  du  reste  de  la  région.  Les  calcaires 
supérieurs'du  Virgulien  et  ceux  du  Porllandien  (calcaires  sublithogra- 
phiques, calcaires  magnésiens)  forment  un  sol  ingrat,  aride,  rocailleux, 
semé  de  gouffres,  de  dissolution  de  digues,  de  mares;  des  contrées  dé- 
solées, rappelant  les  Causses,  où  la  végétation  est  des  plus  précaires 
(truffes)  et  l'eau  très  rare.  Cette  aridité  est  d'autant  plus  frappante  que  le 
Crétacé  et  le  tertiaire  entourant  le  Jurassique  sont  couverts  de  bois,  de 
vignes  et  de  céréales.    » 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart. 

G.  D. 


RITI.I.ETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  21  janvier  igoi. 

La  Forme  et  la  Vie,  essai  de  la  méthode  mécanique  en  Zoologie,  par  Frédéric 
HoussAY.  Paris,  Schleicher  frères,  1900;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Darboux.) 

Notice  sur  la  Géologie  de  la  Loire- Inférieure,  par  Louis  Bureau,  avec  Liste 
des  Végétaux  fossiles,  par  Edouard  Bureau.  Nantes,  E.  Grimaud  et  fils, 
1900;  I  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Foiiqué.) 

Annales  de  l'obsen'aloire  météorologique,  physique  et  glaciaire  du  mont 
Blanc,  publiées  sous  la  direction  de  M.  J.  Vallot;  t.  IV  et  t.  V  (planches 
du  t.  IV).  Paris,  G.  Sleiiiheil,  1900;  2  vol.  petit  in-4°.  (Présenté  par 
M.  de  Lapparent.) 

Congrès  international  pour  l'étude  des  questions  d' Education  et  d' Assis- 
tance des  sourds-muets,  tenu  les  G,  'j  et  '6  août  1900  au  Palais  des  Congrès 
de  l'Exposition.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  section  des  entendants .  Paris, 
1900;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Gaudry.) 


(   i«8  ) 

La  Revue  de  Physique  et  de  Chimie  et  de  leurs  applications  industrielles. 
Directeur  scientifique  :  Ch.  Latjth;  5«  année,  n"  1,  i5  janvier  1901.  Paris, 
Octave  Doin;  i  fasc.  in-S". 

Bulletin  international  du  Bureau  central  météorologique  de  France.  Direc- 
teur :  M.  E.  Mascart;  XLIII*  année,  n°^  1-9,   i^-'-g  janvier  1901.  Paris; 

9  feuilles  petit  in-/»"- 

Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France  et  Revue  mensuelle  d'Astro- 
nomie, de  Météorologie  et  de  Physique  du  Globe;  janvier  1901 .  Paris,  i  fasc. 

in-8°. 

La  Géographie.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  publié  tous  les  mois 
par  le  baron  Hulot  et  M.  Cn.  Rabot.  Paris,  Pvlasson  et  C'%  1901  ;  i  fasc. 


in-t 


Revue  o-énéralede  Chimie  pure  et  appliquée.  Directeur  :  George-F.  Jaubert. 
Paris,  1901;  I  fasc.  in-S". 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire,  publié  par  le  corps  enseignant  de  l'Ecole 
d'Alfort;  Vlir  série,  t.  Ylll,  n°  1,  i5  janvier  1901.  Paris,  Asselin  et 
Houzeau;  1  fasc.  in-S". 

Reçue  générale  des  Sciences  pures  et  appliquées.  Directeur  :  Louis  Olivier  ; 
12*^  année,  n°  1,  i5  janvier  1901.  Paris,   librairie  Armand  Colin;    i  fasc. 

gr.  in-8°. 

Journal  du  Gaz  et  de  VÉlectricité.  Directeur  :  P.  Thiercelin;  21^  année, 
n°  1,  1 5  janvier  1901.  Paris;  i  fasc.  in-4''. 

Crania  suecica  antiqua.  Eine  Darstellung  der  schwedischen  Menschen- 
Schàdel  aus  dern  Steinzeitalter ,  dem  Bronze zeitalter  und^dem  Eisenzeitalter, 
sowie  ein  Blick  auf  die  Forschungen  iiber  die  Basse ncharak ter  der  europai- 
schen  Vôlker,  von  Gustaf  Retzius.  SLockholm,  1900;  i  vol.  in-f°.  (Hom- 
mage de  l'Auteur.) 

Ricerche  di  Fisiologia  e  Scienze  affini,  dedicate  al  Prof.  Luigi  Luciani,  nel 
vinticinquesimo  anno  del  suo  insegnamento,  3  maggio  sgoo.  Milan,  1900; 
I  vol.  petit  in-4°.  (Hommage  de  M.  Luigi  Luciani.) 

Verslas  eener  botanische  dienstreis  door  de  Minahasa,  tevcns  eerste  ovcr- 
zicht  der  Flora  van  N.  0.  Celebes,  uit  een  ivetenschappelijk  en  praktisch  oog- 
punt,  met  lokaarten  en  3  platen,  door  D''  S.  H.  Koorders.  Batavia,  G. 
Kolff  et  C'*,  1898;  I  vol.  gr.  in-S".  (De  la  part  du  Jardin  botanique  de 
Buitenzorg.)  {A  suivre.) 


On  souscrit  à  Paris,  cliez  GAUTHIER-VH.LARS, 
Quai  (les  Graiuls-Aiigustins,  n"  5  ». 

[lepuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche,  lis  forment,  à  la  fin  de  lanuce,  deux  volumes  in-i°  Deux 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphal)étique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume,  L'abonnement  est  anniie 
et  part  du  i"  Janvier 

Lr  prix  i/r  l'itbniinewr///  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  .- 
Paris  :  20  fr.  —  Dcparlcnu^iils  -.  30  fr.  —  Union  posinlo  :  34  IV. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Meïtsieurs  : 
if  en Ferrun  Irères. 

I  Chaix. 
iiger ^Jourdan. 

'  Ruff. 

t  Anienj Courtin-Hecquel. 

1  Germain  eiGrassin. 
Angers 

Sayonne Jérôme. 

Suançon   Itcgiiicr. 

Feret. 

Bordeaux Laurcns. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

Uerrien. 

\  K.  Roberl. 

Brttt 

.  Oblin. 

Uiel  frères. 

Caen Jouaii. 

Chamberv Perrin. 

Clurbourg ;"•=">■ 

!  Marguerie. 

CUrmonl.Ferr...  »  i"'*"'' 
'  Bouj. 

Nourry. 

O'jon '  Ratel. 

'  Rey. 

Douai. .  Lauverjal 

Uegez. 

<ireru>bU '""'"^'- 

'  Gratier  ei  C". 

ta  Rochelle Koucher. 

Le  Havre J  Bourdignun. 

'  Dombre. 

LUU iThoreî. 

'  Quarré. 


Lorient 

i  Lyon . 

Marteille. .  ■ . 
\  Montpellier . 

j  Moulins  .  .    .. 

I  Nanc\ 

i 
Diaiiif 

fliice. 


Ntmes  . . 
Orléans 

Poitiers.. 


]  Bennes .... 
I  Boche/on . 

Bouen 

S'-Étienne 

Toulon .... 


Toulouse... 


Tours 


Valenctennes. 


chez  Messieurs  : 
,  Baunial. 
'  M""  Texier. 

Bernoux  el  Cumin 
\  Georg. 
(  Kllunlin. 
)  Savy. 
'  Ville 

Ruai. 
I  Valal. 
'  Coulel  el  (ils. 

Maniai  Place. 

Jacques. 

Grosjcan-Maupiii 

Sidol  frères. 
I  Ciui^t'liau. 
'  Veloppe. 
1  Banna. 
'  Appv. 

Tbibauil. 

Luzeray. 
)  Blancbier. 
'  Marclie. 

Plibun  el  Hervé. 

Girard  (M»"). 
I  Langluis. 
'  Leslringant. 

Cbevalier. 
1  Ponleil-Burles. 
'  Kuuièbe. 
,  Gimel. 
'  Privai. 

Boisselier. 

Pencal. 

Suppligeon 
I  Giard. 
'  Leiiiailre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Anisterdant . 


chez  Messieurs  : 

I  Keikeiiia    Caarelsen 


'      et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

,  Asher  el  G". 


Berlin.  . 


Bucharest . 


Dames. 

Friediander  el   fils. 
Mayer  el  Muller. 

Berne Scliiiiid  Francke. 

Bologne Zanicbelli. 

.  Laniertin. 
Brujcelles .Mayolezel  Audiarte. 

(  Lcbègue  el  C'v 

(  Solchek  et  0°. 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Dcigblon,  BellelC". 

Christiania Caiiimenneyer. 

Constantinople.  .     Ollo  Keil. 

Copenhague Hiisl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Oand Hosle. 

Gènes Beuf. 

Cherbuliez 

Georg. 

Slapelmohr. 

Belinfanle  frères. 
,  Benda. 
'  Payol  et  O'. 

Barlh. 
\  Brockhaus. 
Leipzig Lorenlz. 

Max  Rùbe. 

Twielmeyer. 

,  Uesoer. 
'-'"S' .Gnusé. 


Genève. . 

La   Haye. 
Lausanne. 


\ 


chez  Messieurs  ; 
Dulau. 
l-oodres    Hachelle  et  C'v 

'nuU. 
Luxembpurg. ...     V.  Buck. 

1  Kuiz  et  G". 

Madrid '  ^°^°  y  Fussel. 

I  Capdeville 
F.  Fé. 

Milan  t  ^°<='=»  frère». 

'  Hœpli. 

*foscou Tastevin. 

IVaples j  "arghieri  di  Giu». 

I  Pellerano. 

.  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
IVen'-rorlc Slechert. 

LemckeetBuechner 

Odessa.  Rousseau. 

Oxford.  Parker  el  G'- 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  eiMoni». 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

Borne 1'^'"^'=''  •■■•""■ 

f  Loescheret  C'. 

Botterdani    Kramers  et  (ils. 

Stockholm Sainson  et  Wallm. 

„,   „  .       .  1  Zinserling. 

S'-Petersbourg. .     ...  ,„       " 
*       /  Wolir. 

IBocca  frères. 
Brero. 
j  Clausen. 
'  RosenbergetSellier 

Varsovie Gebelhner  el  Wolfl 

Vérone Drucker. 

,,.  1  Frick. 

Vienne „ 

'  Gerold  el  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i.sjo.  (Volume  in4";  i85^.  Prix 15  lr. 

Tomes  32  à  61.        (  i"  Janvier  i85i  à  ji  Déccmlire  i8l)5.  )  Volume  in-i»;  1S70.  Prix.  .  15  fr. 

Tomes  62  .1  91.  —  (  1"  Janvier  i8(j(j  à  'Ji  Déeembro  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  IV. 

Tuiiics  92  à  121.  —  (  1"'  Janvier  1881  à  3i  Déccnilirc  1895.)  Volume  in-.'i";  1900.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I  :  .Mèmoiio  sur  quilqucs  pi'iiiU  lir  l.i  l'Iiv  siologie  ilrs  .^l(jiics.  |i.]i  .M.M.  \.  Deriiès  ri  A.  J.-J.  SoLii  H.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbiitions 
|uèprou>ent  les  Comclcs,  par  M.  li.vN!>EN.  -  .Mémoire  sur  le  Pancréas  et  .-ur  le  rùlc  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans 
'I  digestion  des  matières  grasses,  par  .M.  Claude  Bern.xeip.  Volume  in-4°,  iivoc  iî  planches;  i85G 15  fr- 

Tome  II  :  .Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  V.vn  Ueneden.  —  Kssai  d'une  réponse  à  la  (lucslion  de  Prix  proposée  en  i8jo  par  l'Académie  des 
HJcnces  pour  le  concours  de  i85:5,  et  puis  remise  pour  celui  de  iH.')t),  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 

terrains  sédimenlaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Disculcr   hi  question   de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  — 

Rechercher  la  nature  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn,  in-4"> 
vec  27  planches:   1861 15  fr. 

-A  hi  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  1  Académie  des  Sciences. 


W  3. 

TABLE    DES   ARTICLES.  (Séance   du  21  janvier    1901.) 


MÉMOIRES  ET  GOMMUrVlGA^TIO.\S 

DES   MEMlUiKS   ET    DES   COKRESPONDANTS    DE   L'ACADEMIE. 


Pases. 


M.-C.  JoRDAX.  —  Notice  sur  M.  Ch.Hcrmite. 

V[.  Gaston  Boxnier.  —  Notice  sur 
M.  Adolphe  Chatin • 

M.  A.  Chauvkau.  —  lufluencc  sur  la  sulisli- 
tulion  de  l'alcool  au  sucre  alimeiilaire, 
en  quantité  isodyname,  sur  la  valeur  du 
travail   musculaire  accompli   par  le  sujet, 


io5 


Pages, 
sur  son  entretien  et  sur  sa  dépense i  lo 

MM.  Lannelongue,  AcHARD  et  GaillaKd.  — ■ 
De  l'induence  durlimat  sur  l'évolution  de 
la  tuberculose  pulmonaire  expcrimenlalc.     ii  i 

M.  P.  DunEM.  —   Sur  la   condition   supplé- 
mentaire en  Hydrodynamique 117 


CORRESPONDANCE. 


I.'Écoi.E  PoLYTECUNiQUEFÉDF.R.vLE  DE  Zurich, 

l'ACADE.MIEDElLlNCEl,la  SOCIÉTÉ  DES  NATU- 
RALISTES DE  Varsovie  adressent  à  l'.Vra- 
démie  l'expression  de  leurs  profondes 
sympathies    à    l'occasion    de    la    mort    de 

iM .  Herni  ile 

M,  jMascaut  annonce  à  T.Vcadémie  la  mort 

de  M.  Zenobe  Gramme 

M.  le  Secrétaire  rKiirÉTrEL  signale,  parmi 
les  piécesimprimces  de  la  Correspondance, 
divers  Ouvrages  de  M.  Gustaf  lietzius. 
de  M.  Frédéric  Houssay.  de  M.  J.  V'nllot. 
et  un  Volume  relatif  au  Congrès  interna- 
tional, pour  l'étude  des  questions  d'éduca- 
tion et  d'assistance  des  sourds-muets.... 
M,  H.  Di;  LiGONDiis.  —  Sur  les  planètes  téles- 

copiques 

M.   S.    Kantor.    —   Sur  une    généralisation 

d'un  tliéorème  de  M.  Picard 

M.  A.  LiAPOt'NOFF.  —  Sur   un  tlièorcme  du 

Calcul  des  probabilités 

M.  F.  Caubet.  —  Su^  la  liquéfaction  des 
mélanges  gazeux.  Variation  des  concen- 
trations des  deux  phases  existantes  liquide 

et  vapeur  le  long  des  isothermes 

M.  DE  FoucRAND.  —  Sur  quelques  propriétés 

du  bioxyde  de  sodium 

M.  E.  Bauu.  —  Sur  les  condiinaisons  du  gaz 

ammoniac  avec  le  chlorure  d'aluminium. 

\I.M.  G.  et  E.  Urbain.  —  Sur  l'isolement  de 

l'yltria,  de  l'ytterbine  et  de  la   nouvelle 

orbine 

AI.  Ed.  Defacqz.  —  Sur  un  arséniure  et  un 

chloro-arséniurc  de  tungstène. ...    

M.  R.  M.iRQUis.  —  Sur  le  nitrofurfurane. . . 

M.  I'aul  Lemoult.  —  Spectres  d'absorption 

des    indophénols.     Loi    des    groupements 

auxochromes  azotés  tertiaires 

MM.  Auguste   Lumière,  Louis  Lujiii-iiE  et 
CiiEvnoTiER.    —   Sur   de   nouveaux    com- 
posés organo-métalliques  de  mercure.... 
M.  Hanriot.  —  Sur  le  mécanisme  des  actions 
Bulletin  bibliograi>iiiqui! 


124 

128 


i36 
i38 

i4o 


140 


diastasiqnes 

M.  M.  TsvhTT.  —  Sur  la  pluralité  des  chlo- 
rophyllines  et  sur  les  métachlorophyllines. 

MM.  A'drian  et  Trillat.  —  Sur  uji  pseudo- 
acide agaricique 

M.  E.  Gérard.  —  Transformation  de  la 
crealine  en  créatinine  par  un  ferment 
soluble  déshydratant  de  l'organisme 

M.  F.  BoDRou.x.  —  Modes  de  formation  et 
préparation  du  propylbenzéne 

M.  Auguste  Geraruin.  —  Epuration  de 
l'air  par  le  sol 

M.  EuG.  CiiARAiioT.  —  Sur  le  rôle  de  la 
fonction  chlorophyllienne  dans  l'évolution 
des  composés  terpéniques 

M.  Gabriel  Bertrand.  —  Sur  la  composi- 
tion chimique  ilu  café  de  la  Grande 
Comore 

MM.'  Charrin  et  Moussu.  —  Action  du 
mucus  sur  l'organisme.. 

M.  Henri  Vaknier.  —  Radiopelvigraphie  et 
radiopelvimétrie  à  longue   portée 

M.  E.  Toi'SENT.  —  Les  Spongiaires  de  l'expé- 
dition antarctique  belge  et  la  bipolarilé 
des  faunes : 

M.  Antoine  Pizon.  —  Origine  du  pigment 
chez  les  Tuniciers.  Transmission  ilu  pig- 
ment maternel  à  l'embryon 

M.  Georges  Bohn.  —  Théorie  nouvelle  de 
l'adaptation  chromatique 

M.  GuiLLiERMOND.  —  Recherches  sur  la 
structure  des  champignons  inférieurs.... 

M.  Fréd.  Wallerant.  —  De  la  symétrie 
apparente  dans  les  cristaux 

M.  A.  Lacroix.  —  Sur  l'origine  de  l'or  de 
Madagascar 

M.  Léon  Bertrand.  —  Sur  l'âge  des  roches 
érupLives  du  cap  d'.4ggio  (Alpes-Mari- 
times)  

M.  Ph.  Glangeaud.  —  Les  dômes  de  Saint- 
'Cyprien  (Dordogne),  Sauveterre  et  Fu- 
mel  (  Lot-et-Garonne) 


,41. 
■4>i 


i53 


1.19 

l6;> 
lli'l 

.1)8 

■7" 
■7^^ 


iKo 


■  84 
187 


PARIS.   —IMPRIMERIE     (i  A.  UT  H  t  li  R-V  [  L  L  A  K  S  , 


yuai  des  Graniis-Auïusiins.   .ii 


1^    6*era/l/  .* ''iUrMIBH-X  ll-LAR». 


APR  30  1901  .qrv  . 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

e.%K  nn.  vks  «BcaérAiKES  perpétubeiM. 


T03IE  CXXXII. 


N^  4  (28  Janvier  1901) 


PARIS, 

GAUTHIKR-VILLAUS,  IMPRIMKUR-LIBRAIRK 

DES   COMPTES    RHNDUS    DES    SÉANCKS    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

yiiai  des  Grands- Auguslins,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  REDNUS 

Adopté  dans  les  séances  i>es  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  nirnéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraitre-dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

-  Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  parnuméro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  iis  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  .de  ces  Notes  ne 
préjudicie  eu  rien  aux  droits  qulgnt  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Piogrammes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aùlânt 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance ju- 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus.       mk 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires^B 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requière 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3.  ^H| 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remSi 
l'Imprimerie  le  mercredi  i*u  soir,  ou,  au  plus  tard,  le  ' 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compterenk 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


:s5^ 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches^ 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient  I 

autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 

pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au-  ! 

teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aj 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  lAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


APR  30  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   rACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU    LUNDI   28  JANVIER    1901, 
PKÉSIDENCE  DE  M.  KOUQUÉ. 


MË3IOIIIES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE    [.'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Production  de  l'hydrogène  dans  les  roches 
Ignées.  —  Action  de  la  vapeur  d'eau  sur  les  sels  ferreux.  Note  de 
M.  Armasu  Cautier. 

«  Dans  un  précédent  Mémoire  (' )  j'ai  montré  que  les  roches  ignées 
dégagent,  lorsqu'on  les  porte  au  rouge,  un  volume  très  notable  de  gaz  qui 
n'y  préexistent  pas,  au  moins  pour  leur  majeure  partie.  Je  m'occuperai 
surtout,  dans  la  présente  Noie,  du  mécaiiisnie  qui  ilonne  naissance  au 
plus  important  d'entre  eux,  l'hydrogène. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  58  etô^- 

C.  R.,   igoi,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  4.)  2.1 


(  ïgo  ) 

)i   J'ai  trouvé  par  volume  de  roches  : 

Hydrogène   dégagé . 

Granit,   moyenne 6,7  volumes  (' ) 

Porphyre  Lieu  (de  l'Esterel) 2,4         » 

Ophite  (de  Villefranque) !i,6         » 

Lherzolite 1,2         » 

M  Cet  hydrogène  étant  toujours  accompagné  d'un  peu  d'ammoniaque, 
et  la  poudre  de  ces  roches  cédant,  même  à  froid,  à  l'eau  acidulée,  une 
petite  quantité  de  sels  ferreux,  j'ai  pensé  d'abord  qu'une  grande  partie 
de  cet  hydrogène  était  due  à  la  décomposition  par  l'eau  au  rouge  de  faibles 
quantités  d'azotureset  peut-être  d'hydrures  de  fer  préexistants.  J'ai  trouvé, 
en  effet,  dans  quelques-unes  de  ces  roches,  de  petites  proportions  d'azo- 
tures  et  dhydrures  ferreux,  et  j'y  reviendrai  ;  mais  leur  proportion  ne 
suffit  pas  à  expliquer  la  grande  quantité  d'hydrogène  qui  se  dégage  au 
rouge,  etje  me  suis  assuré  qu'après  avoir  été  traitées  à  l'électro-aimant 
les  poudres  de  granit,  d'ophite,  etc.,  dégagent  encore  de  l'hydrogène, 
quoiqu'en  quantité  moindre. 

»  L'hydrogène  se  forme  dans  ces  roches  seulement  à  chaud;  il  n'y  pré- 
existe pas  et  le  mécanisme  principal  qui  lui  donne  naissance,  quand  on  les 
porte  au  rouge,  est  très  simple. 

»  Lorsqu'on  chauffe  vers  ^So^à  800°  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau 
un  sel  ferreux  (chlorure,  sulfure,  carbonate,  silicate,  etc.)  dont  le  radical 
négatif  est,  à  celte  température,  volatil  ou  incapable  de  céder  son  oxy- 
gène, on  obtient  toujours  un  oxyde  de  fer,  généralement  de  l'oxyde  ma- 
gnétique, en  même  temps  qu'il  se  fait  de  l'hydrogène  libre. 

»  Dans  un  tube  de  porcelaine  contenant  deux  longues  nacelles  pleines 
de  sulfure  ferreux  Fe  S  bien  exempt  de  fer  métallique  (-),  j'ai  fait  passer 
au  rouge  un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée.  Il  sort  du  tube  un  mélange 


(  '  )  Je  dois  dire  que  mes  résultats  confirment,  en  général,  ceux  qu'avait  observés 
A.  Tilden  (1897)  et  que  je  n'ai  connus,  au  cours  de  ces  recherches,  que  par  l'extrait 
paru  au  Bull,  de  la  Soc.  chim.,  3'  série,  t.  XX,  p.  66,  extrait  sans  aucun  détail 
expérimental  et  très  incorrect,  attribuant  à  100  volumes  de  roche  ce  que  l'auteur  rap- 
porte à  I  volume  seulement.  Mais  Tilden  semble  ne  pas  avoir  distingué  entre  les  gaz 
occlus  et  ceux  qui  se  forment  au  rouge. 

(^)  iSoS"'  de  ce  sulfure  attaqués  par  l'acide  clilorhydrique  étendu  ne  donnèrent  pas 
trace  d'hydrogène  libre. 


(   19'    ) 
(riivdro^ène  sulfuré  et  d'hydrogène,  el  ccliii-ci  prédomine  d'autant  plus 
(pi'on  se  rapproche  du  rouge  vif  et  que  la  masse  de  sulfure  est  plus  grande. 
Au  rouge  cerise  j'ai  trouvé,  avec  les  nacelles,  pour  loo  volumes  de  gaz  : 

H'S 22  32 

H' 76  65 

Azote  de  l'air  :  le  complément. 

»  Si  l'on  remplit  le  tube  de  porcelaine  d'une  colonne  de  sulfure  gros- 
sièrement pulvérisé  et  si  la  température  est  suffisante,  l'hydrogène  sulfuré 
produit  se  dissocie  en  cédant  son  soufre  au  reste  du  sulfure  non  encore 
attaqué  et  de  l'hydrogène  presque  pur  se  dégage.  Voici,  dans  ce  cas,  l'une 
de  mes  analyses  rapportée  à  100  volumes  de  gaz  : 

II*S 1,06 

H= 98,94 

C0= Trace 

1)  Le  produit  obtenu  dans  le  premier  cas  est  de  l'oxyde  ferrosoferriquc 
Fe'  O',  oxyde  noir,  très  atlirable  à  l'aimant,  mélangé  peut-être,  là  où  l'oxy- 
gène extérieur  a  pu  pénétrer,  d'un  peu  d'oxyde  ferrique  Fe*  O' .  La  réaction 

est  la  suivante  : 

3I^eS +  411-0  -Fe^O*  +-31PS^-H^ 

»  On  remarquera  que  la  réaction  est  en  partie  réversible;  mais  dans 
notre  cas,  la  vapeur  d'eau  se  renouvelant  sans  cesse,  la  totalité  du  sulfure 
avait  disparu. 

»  Si  l'on  chauffe  de  la  sidérose  (ou  carbonate  ferreux  naturel)  à 
peine  rouge  naissant  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau,  il  se  dégage 
de  l'hvdrogène,  mêlé  dans  ce  cas  d'oxyde  de  carbone  et  d'acide  carbo- 
nique, et  il  se  fait  encore  de  l'oxyde  de  fer  magnétique  Fe'O'.  J'ai  obtenu, 
au  rouge  sombre,  les  gaz  suivants  : 

Dcl>iit  Pleine  réaction 

de  la  décomposition.  au  rouge.  Fin  de  la  réaction. 

CO' 48,7  4,4  j  g  3 

H- S 0,0  1,6  \ 

CO 36,4  0,3  0,0 

CH' 0,0  0,0  0,0 

H 6,9  67,1  38,8 

Az 7,8  26,6  55,3 

99,8  100,0  100,6 


(   '92  ) 

»  Ainsi  de  l'hydrogène  se  dégage  abondamment  lorsqne  la  vapeur  d'eau 
agit  au  rouge  sur  le  carbonate  ferreux  naturel  qui,  suivant  les  conditions 
de  température  et  la  masse  de  vapeur  réagissant,  se  transforme  en  un 
mélange  variable  d'oxyde  ferrosoferrique  et  d'oxyde  ferrique.  Celte 
décomposition  est,  dès  le  début,  accompagnée  d'oxyde  de  carbone  pro- 
venant de  la  réduction  de  CO-  du  minerai  par  le  protoxyde  FeO  qui  tend  à 
se  produire,  mais  qui  passe  aussitôt  à  l'état  ferrosoferrique  (').  Ici,  avec 
la  sidérose  que  nous  avons  employée,  nous  voyons  apparaître,  en  même 
temps,  une  dose  très  notable  d'azote  ou  d'un  gaz  analogue.  Il  est  dû  à  la 
décomposition  d'un  azoture  contenu  comme  impureté  dans  cette  roche 
dont  j'ai  pu  l'extraire  en  partie.  Quant  à  l'hydrogène  sulfuré,  il  provient 
des  cristaux  de  pyrite  qu'on  y  trouve  aussi  en  faible  proportion. 

»  Si  l'on  chauffe  au  rouge  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau  les  poudres 
de  silicates  ferreux  ou  ferrosoferriques  naturels,  tels  que  les  péridots  et 
pyroxènes  riches  en  oxydes  de  fer  (hyperslhèue,  hyalosidérite,  olivine, 
diallage,  etc.),  ou  les  silicates  de  fer  arlificielsque  j'ai  obtenus  en  chauffant 
à  haute  température  la  sidérose  avec  la  silice,  on  recueille  également 
des  gaz  où  domine  l'hydrogène.  Avec  les  silicates  de  fer  artificiellement 
préparés,  j'ai  recueilli  ainsi  des  gaz  contenant  jusqu'à  65  pour  loo  d'hydro- 
gène. Il  semble  se  produire  encore  dans  ce  cas  un  silicate  de  plus  en  plus 
riche  en  oxygène  et  peut-être  un  peu  de  silice  libre. 

»  Ces  expériences  démontrent  donc  que,  lorsqu'on  chauffe  des  roches 
ignées,  telles  que  les  granits,  porphyres,  ophites,  etc.,  contenant,  ainsi  que 
je  m'en  suis  assuré,  jusqu'à  i8  pour  looo  d'eau  de  constitution  qui  ne  peut 
s'échapper  avant  le  rouge,  la  vapeur  d'eau  fournie  à  cette  température  réagit 
sur  les  sels  ferreux,  et  particulièrement  sur  les  silicates  de  ces  roches, 
et  donne  naissance  à  de  l'hydrogène  libre.  C'est  ainsi  que  les  micas  et  la 
hornblende  des  granits,  le  pyroxène  et  la  biotite  du  porphyre  que  j'ai 
traité,  l'augite  de  l'ophite,  l'enstatite  et  le  pyroxène  de  la  Iherzolile,  etc., 
s'oxydent  en  donnant  des  silicates  ferrosoferriques  et,  quand  l'acide  car- 
bonique simultanément  formé  intervient  sous  très  forte  pression,  de  la 
silice  libre  et  de  l'oxyde  de  fer  magnétique  que  l'on  trouve  souvent  dans  ces 
roches,  ce  dernier  provenant  surtout  de  la  décomposition  par  l'eau,  au 
rouge,  du  sulfure  de  fer  primitif.  Mais  dans  les  profondeurs  des  couches 

(')  M.  Moissan  avait  déjà  vu  que  le  carbonate  ferreux  chauffé  au  rouge  dans  un 
courant  de  00^  donne  CO  et  Fe^O'  {Comptes  rendus,  t.  LXXXVI,  p.  6oo). 


(  '93) 
terrestres,  sous  des  pressions  où  la  vapeur  d'eau  ne  peut  s'échapper, 
riivdrogène  ainsi  produit  gi  àce  à  l'oxydation  des  silicates  ferreux  augmen- 
tant sans  cesse,  la  réaction  inverse  consistant'  dans  la  réduction  des  sels 
ferriques  qui  se  forment,  tend  à  son  tour  à  se  produire.  Entre  l'hydrogène 
formé  sur  place  ou  venu  des  profondeurs,  la  vapeur  d'eau,  les  silicates 
oxydés  ou  oxydables,  et  variant  suivant  les  températures,  il  se  fait  des 
échanges  incessants;  il  s'établit  ainsi  des  équilibres  mobiles  d'où  résultent 
les  silicates  ferreux  et  ferriques,  mélangés  en  proportions  variables,  mais 
où  les  premiers  prédominent  généralement.  Ce  sont  ces  silicates  mixtes 
que  nous  trouvons  le  plus  souvent  dans  les  micas,  pyroxènes,  diallage, 
hornblende,  augite,  etc.,  entrant  dans  la  constitution  de  ces  roches. 

M  Cet  échange  continu  de  gaz,  en  particulier  d'oxygène,  d'hydrogène  et 
de  vapeur  d'eau,  dès  que  sur  tel  ou  tel  point  se  modifient  les  conditions  de 
cet  équilibre,  soit  ])ar  issue  des  ga/  réducteurs  ou  île  la  va[)eur  d'eau,  soit 
en  raison  des  variations  de  température,  cet  échange  se  produit  partout 
où  la  chaleur  est  ou  redevient  suffisante  et  où  l'eau  peut  intervenir. 

»  En  voici  la  démonstration  expérimentale  :  iSoS""  d'ophite  de  Ville- 
franque  réduite  en  poudre  et  ne  donnant  plus  de  vapeur  d'eau  à  25o°, 
furent  portés  dans  le  vide  au  rouge.  On  obtint,  oulre  un  nouveau  dégagement 
de  2^',  25  d'eau  de  constitution,  87  i'*'  de  gaz,  dont  202"  d'hydrogène  et 
122"=*=  d'acide  carbonique.  Après  deux  heures  de  complet  épuisement  au 
rouge  à  la  trompe  à  mercure,  la  matière  ne  cédait  plus  que  de  loin  en  loin 
quelques  bulles  de  gaz  riche  en  acide  carbonique.  On  laissa  refroidir  dans 
le  vide  et  l'on  introduisit  cette  poudre  ainsi  épuisée  dans  un  tube  de  porce- 
laine où  l'on  ht  passer  au  rouge  un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée, 
entraînée  par  un  peu  d'acide  carbonique.  Sous  cette  influence,  les  silicates 
ferreux  restés  dans  la  roche  s'oxydèrent  de  nouveau,  et  de  ces  1  SoS""  d'ophite 
prcatablemenl  cpuisée  au  rouge  et  dans  le  vide,  il  sortit,  à  la  |)ression  ordinaire 
lie  l'atmosphère,  70  centimètres  cubes  nouveaux  d'un  gaz  brûlant  avec 
flamme  et  ayant  la  composition  suivante  (après  enlèvement  de  CQ-  par  les 

alcalis)  : 

CO 3,32 

CH' 6,08 

H 36 ,  20 

Azote  (avec  environ  10  pour  100  d'air 

resté  dans  la  poudre  ou  l'appareil).  .  54, 20 

99.80 
»  On  voit  une  fois  encore  ici,  que  les  gaz  ainsi  obtenus  ne  préexistent 


(  '94  ) 
pas  dans  ces  roches.  Leur  production  s'arrête  dès  qu'on  a  enlevé  la  totalité 
de  leur  eau  de  constitution;  elle  reprend  dès  qu'une  nouvelle  quantité 
de  vapeur  d'eau  introduite  peut  réagir  sur  les  sels  ferreux  grâce  au  méca- 
nisme que  nous  avons  démontré  plus  haut.  On  voit  aussi  que  ces  réactions 
sont  limitées  par  l'hydrogène  produit  si  ce  gaz  reste  présent;  que  s'il 
s'échappe,  au  contraire,  une  nouvelle  proportion  s'en  forme  lorsque  la 
vapeur  d'eau  intervient  encore. 

M  Mais  ce  n'est  pas  seulement  de  l'hydrogène  qui  se  dégage  ainsi  des 
roches  ignées  portées  au  rouge  :  on  a  dit  qu'il  se  fait  en  même  temps  de 
l'acide  carbonique,  de  l'oxyde  de  carbone,  un  peu  de  méthane,  de  l'azote 
mêlé  d'argon,  des  traces  d'hydrocarbures  aromatiques,  d'acide  sulfocyan- 
hydrique,  un  peu  d'ammoniaque,  etc. 

»  L'acide  carbonique  est  en  partie  dû  à  la  dissociation  des  carbonates 
que  l'on  rencontre  dans  les  roches  ignées,  comme  en  témoigne  l'action  des 
acides  sur  ces  roches  en  poudre.  loo^"^  de  granit  de  Vire  traités  par  l'acide 
phosphorique  étendu  m'ont  donné  27  et  24  cent,  cubes  d'acide  carbonique 
qui,  calculé  en  carbonate  de  chaux,  répondent  à  i^'',24  de  calcaire  par 
kilogramme.  Mais  ce  granit  contient  aussi  du  carbonate  ferreux;  car,  si 
l'on  épuise  au  préalable  la  poudre  par  l'électro-aimant,  l'acide  carbonique 
obtenu  diminue  de  près  de  moitié. 

)>  L'oxyde  de  carbone  qui  se  forme  aussi  au  rouge  s'explique  aisément 
par  l'action  des  sels  ferreux,  et  particulièrement  du  silicate,  sur  l'acide 
carbonique  que  ces  sels  réduisent  comme  je  l'ai  montré  plus  haut. 

»  Quant  à  l'hydrogène  sulfuré,  au  méthane,  aux  traces  d'hydrocarbures 
aromatiques,  à  l'azote,  à  l'ammoniaque,  aux  sulfocyanures,  etc.,  que  l'on 
rencontre  aussi,  quoiqu'en  moindre  proportion,  dans  les  gaz  issus  de 
roches  ignées,  ils  ont  une  origine  qui  mérite  quelques  éclaircissements. 
Leur  formation  se  rattache  à  l'existence,  dans  ces  roches,  de  produits  acces- 
soires intéressants  qui  feront  l'objet  d'une  prochaine  Communication.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  La  dépense  énergétique  qu  entraînent  res- 
pectivement le  travail  moteur  et  le  travail  résistant  de  r homme  qui  s'élève 
ou  descend  sur  la  roue  de  Hirn.  Évaluation  d'après  l'oxygène  absorbé 
dans  les  échanges  respiratoires,  par  M.  A.  Chauveau. 

«   Outre^la  comparaison  indiquée  par  le  titre  de  la  présente  Noie,  on  y 
vise  celle  des  variations  de  la  dépense,  corrélatives  aux  variations  du  travail, 


(  195  ) 
suivant  que  celles-ci  dépendent  de  modificalions  apportées  à  Va  valeur  de 
la  charge  déplacée  ou  à  la  vitesse  de  son  déplacement. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  (')  à  l'air  libre  sur  un  lioiniiie  du  poids  de  5o''8, 
dont  on  recueillait  l'air  expiré  dans  le  gazomètre  spécial  destiné  à  cet  usage  au  labo- 
ratoire. Aux  deux  narines  du  sujet  était  adapté  l'appareil  respirateur  à  soupapes, 
relié  par  un  tube  de  caoutchouc  au  gazomètre.  Le  système  laissait  au  sujet  la  liberté 
complète  de  tous  ses  mouvements. 

»  Le  travail  ne  durait  que  huit  à  dix  minutes  et  la  cueillette  de  l'air  commençait 
toujours  au  même  moment,  trois  ou  quatre  minutes  après  le  début  du  travail,  quand 
la  ventilation  pulmonaire  était  à  peu  près  entrée  dans  sa  période  d'état. 

»  Du  reste,  sans  qu'il  soit  besoin  de  s'expliquer  plus  longuement  sur  ce  point,  les 
conditions  expérimentales  ont  été,  d'une  manière  générale,  tout  à  fait  identiques  dans 
tous  les  cas  :  même  état  d'abstinence  du  sujet,  même  repos  entre  les  expériences, 
symétrie  parfaite  des  mouvements  qui  opéraient  la  montée  et  la  descente,  etc.  Le 
fonctionnement  de  la  machine  qui  niellait  la  roue  en  mouvement  était  scrupuleu- 
sement surveillé.  On  a  pu  ainsi  déterminer  avec  la  plus  grande  exactitude  la  longueur 
des  chemins  parcourus  et  la  faire  rigoureusement  égale  pendant  les  deux  sortes  de 
travaux  positif  et  négatif.  Quanta  la  \aleur  de  la  charge  eu  mouvement,  on  la  moilifiail 
à  l'aide  de  poids  déposés  dans  une  hotte  fixée  aux  épaules  et  à  la  ceinture  du  sujet. 

»  Le  Tableau  suivant  permet  de  se  rendre  compte  des  détails  essentiels  de  la 
technique  des  expériences,  des  résultats  qu'elles  ont  donnés  et  des  conclusions  qu'elles 
comportent. 

SÉRIE.  —   Variations  de  la  valeur  du  travail  ntecanii/ue  par   variations  du   poids  de  la  charge  déplacée, 
c'est-à-dire  le  poids  du  sujet.  Même  chemin  parcouru  par  la  charge  dans  le  même  temps. 

i:.  Kapports  lie  la  cicpense 
et  da  traTail  mécanique. 


A.  Travail  uiccanigue. 

II 

Dépense  cnergél 

ique. 

I^;ner}île 

vni(Ul). 

1. 

11. 

III  ilxlli. 

IV. 

V. 

VI. 

Chemin 

Valoar 

Uèpense 

dépensée  par 

Kcntle- 

parcuuru 

Valeur 

du  travail 

Con&uui- 

Dépon&e 

horaire 

kilopramtuèlrc 

ment 

par  la  ctiari^e 

do  la 

'  uiocaiiiquc 

maliuii 

hurairc 

en 

de  travail 

mécanique 

en 

charge 

accompli  en 

horaire 

en 

kilugraoï- 

mécanique 

de  la 

une  beurc. 

déplaeée. 

une  heure. 

do  0'. 

calories  it>. 

mètres. 

elToiiuc. 

dépense. 

m 

^■i 

ktful 

lit 

Cal 

kgiu 

Lgin 

Travail 

1   a.    43 1 

5o 

21  552 

53,70 

247 

104975 

4,87. 

O,2o5 

moteur 

b.  43. 

60 

25862 

63,55 

292 

124 100 

4.798 

0,208 

(monlco  ). 

(  c.   43> 

70 

3o  173 

,     82,65 

38o 

1 6 1  5oo 

5,352 

0,187 

Travail 

;   a.  43 1 

5o 

21 552 

21,85 

128 

54447 

.!,52G 

0,396 

résistant 

b.  43 1 

(io 

25862 

3i,3o 

■44 

61  lyj 

.■,366 

0,422 

(descente). 

c.  43. 

70 

30173 

44, 5o 

203 

86216 

.■,807 

0,352 

(')  Eu  égard  aux  conditions  diététiques  du  sujet  cl  en  raison  de  la  reconstitution  incessante  du 
glycogène  musculaire,  pendant  la  contraction,  par  oxydation  des  réserves  adipeuses,  l'évaluation 
énergétique  de  la  dépense  est  faite  d'après  le  nombre  de  calories  (4,6)  produites  par  i''"  de  O- engagé 
dans  la  combustion  de  la  graisse. 


(')  Avec  la  collaboration  de  M.  J.  TissOT. 


(  196  ) 


2'  SÉRIE.  —   Variations  de  la  valeur  du  travail  mécanique  par  variations  de  la  longueur  du  chemin 
parcouru  dans  le  même  temps  par  la  même  charge. 

C.  Rapports  de  la  dépense 
et  du  traTail  mécanique. 


A.  Travail  raécan 

igue. 
Illllxlll. 

B. 
IV. 

Dépense  énergétique. 

Énergie 

-"(^)- 

,. 

II. 

V. 

VI. 

Chemin 

Valeur 

Dépense 

dépensée  par 

Kende- 

parcouru 

Valeur 

du  traTail 

Consom- 

Dépense 

horaire 

kilogrammètre 

ment 

par  la  charge 

de  la 

mécanique 

mation 

horaire 

en 

de  traTail 

niécQDique 

en 

charge 

accompli  en 

horaire 

en 

kilogram- 

mécanique 

de  la 

une  heure. 

déplacée. 

une  heure. 

doO'. 

calories. 

mèlres. 

elTeclué. 

dépense. 

m 

lig 

kgiu 

lit 

Cal 

kgfu 

kgm 

Travail 

;    a.    3o2 

30 

i5o87 

44.90 

206,5 

86071 

5,705 

0, 175 

moteur 

b.  43i 

5o 

21  552 

53,40 

245 

104292 

4,84> 

0,206 

(montée). 

(  c.   554 

5o 

27720 

60, 3o 

-'77 

11S691 

4,245 

0,235 

Travail 

/  a.  3o2 

5û 

15087 

25,4" 

"7 

49557 

3,284 

o,3o4 

résistant 

*.   43i 

5o 

21  552 

28,55 

i3i,5 

558i5 

2,590 

o,385 

(descente). 

'   c.   55^ 

5o 

27720 

3i  ,20 

143,5 

60996 

2,200 

0,454 

3'  Série. 


Variations  de  la  valeur  du  travail  mécanique  par   variations  de  la  longueur  du  chemin 
parcouru  dans  le  même  temps  par  la  même  charge  {Travail  négatif  seul). 


N"  1 


c.  Rapports 

de  la  dépease 

et  do  traTai 

il  mécanique. 

A.  T] 

i-aTail  mécanique. 

B. 

Dépense  éucrgétiq 

ue. 

Énergie 

-'(^)- 

1. 

II. 

llKIxlli. 

IV. 

V. 

VI. 

Cbemin 

Valeur 

Dépense 

dépensée  par 

Bendc- 

parcouru 

Valeur 

du  travail 

Consom- 

Dépense 

horaire 

kilogrammètic         nieni 

par  la  charge 

de  la 

mécanique 

mation 

horaire 

en 

de  traTail 

mécanique 

en 

charge 

accompli  en 

horaire 

en 

kilogram- 

mécanique 

de  la 

uue  beure. 

déplacée. 

une  heure. 

de  0'. 

calories. 

mètres. 

efTectoé. 

dépense. 

m 

kg 

keui 

lit 

Cal 

kem 

kgm 

a.  3io 

5o 

i55i6 

23,60 

108,6 

461 38 

^,973 

0,336 

1. 

6.  427 

5o 

ai  336 

25,35 

116,6 

49559 

3,322 

o,43o 

(  c.   548 

5o 

27  4o5 

27,50 

126,5 

53762 

1,962 

0,509 

/  a.  006 

5o 

i53o3 

26,70 

122,8 

52198 

3,4ii 

0,293 

2. 

!  à.  4oi 

5o 

20043 

28,70 

l32 

5Gio8 

2,799 

0,357 

(  c.   496 

5o 

24786 

3i,3o 

'44 

6t  191 

2,468 

o,4o5 

Les  expériences  n"  2  ont  été  faites  le  même  jour  et  sur  le  mt-me  sujet  que  les  expériences  n°  1.  Mais  les 
conditions  physiologiques  du  sujet  (fatigue,  heures  de  la  journée)  n'étaient  pas  les  mêmes.  D'où  les  différences 
entre  les  valeurs  de  la  dépense. 

»  Il  convient  maintenant  de  résumer  les  divers  enseignements  contenus 
dans  les  Tableaux  ci-devant. 

»  A.  Rapports  de  l'énergie  dépensée  au  tr.vvail  extérieur  produit. 
—  Ces  rapports  sont  exprimés,  dans  les  deux  dernières  colonnes  des  Ta- 
bleaux, avec  une  telle  netteté  qu'il  serait  inutile  de  s'y  arrêter  s'il  n'y 
avait  nécessité  à  faire  ressortir  les  particularités  des  résultats  propres  à 
chacune  des  conditions  qu'on  a  fait  intervenir  pour  modifier  la  valeur  du 
travail  extérieur. 


(  197  ) 
»    1°  Cas  de  la  variation  de  la  valeur  du  Irmail  crte/ieur  par  varia/ions 
de  la  valeur  de  la  charge  déplacée.  —  Les  faits  constatés  au  cours  des  expé- 
riences consacrées  à  l'étude  de  ce  cas  sont  résumés  dans  les  propositions 
suivantes  : 

)>  a.  Quanti  la  valeur  du  travail  niccaiiique  vario,  sa  durée  restant  la 
même,  par  le  fait  d'une  variation  de  la  valeur  de  la  charge  déplacée,  la  dé- 
pense corrélative  d'énergii»  varie  dans  le  même  sens  que  le  travail  et,  selon 
toute  apparence,  })roportionnellement  à  la  valeur  de  ce  travail. 

»  h.  Cette  proposition  s'apj)Iique  aussi  bien  au  travail  résistant  ayx  aw 
travail  moteur.  Les  chiffres  des  colonnes  [V,  V  et  VI,  comparés  à  ceux  de 
la  colonne  [If,  montrent,  en  effet,  très  bien,  dans  les  deux  cas,  la  progres- 
sion à  peu  près  parallèle  de  la  dépense  et  du  travail  extérieur. 

»  c.  (]e  parallélisme  impli(|ue  que  le  rapport  de  la  dépense  au  travail 
reste  sensiblement  le  même  avec  toutes  les  valeurs  de  ce  dernier.  Et  de 
fait,  les  chiffres  des  colonnes  VII  et  VIII,  consacrées  à  la  notation  de  ce 
rapport,  tendent  vers  l'égalité.  A  peine  conslale-t-on  une  légère  infériorité 
du  rendement  mécanique  de  la  dépense,  avec  la  charge  la  plus  forte,  qui 
était  de  nature  à  engendrer  la  fatigue  et  à  laquelle  le  sujet  n'était  pas 
habitué. 

»  d.  f.a  valeur  absolue  du  rendement  mécanique  de  la  dépense  atteint, 
eu  moYL'tmc,  0,200  pour  le  travail  moteur  et  0,889  po'""  '^  travail  résis- 
tant. La  traduction  de  la  dépense  de  O"  eu  valeur  kilogrammétrlque 
montre,  en  effet  (colonne  VII),  que  le  sujet  d'expérience,  avec  son  coeffi- 
cient personnel  et  dans  les  conditions  où  il  agissait,  faisait,  par  kilo- 
grammètre  de  travail  extérieur  elfeclué,  une  dépense  énergétique  de  5''^'" 
avec  le  travail  moteur  et  de  2'''"''",58o  seulement  avec  le  travail  résistant. 
»  e.  Mais  cette  inégalité  de  rendement  de  la  dépense  n  altère  en  rien  la 
symétrie  complète  qui  est  l'apanage  des  caractères  de  la  dépense  énergétique 
dans  les  deux  sortes  de  travaux. 

»  2°  Cas  de  la  variation  de  la  valeur  du  travail  extérieur  par  variation  delà 
longueur  du  chemin  que  la  charge  parcourt  dans  l'unité  de  temps.  —  Les  ré- 
sultats des  expériences  faites  avec  introduction  de  cette  condition  diffèrent 
des  précédents  en  plusieurs  points  importants  : 

»  a.  Quand  la  valeur  du  travail  mécanique  varie,  sa  durée  restant  la 
même,  par  le  fait  d'une  variation  de  la  longueur  du  chemin  que  parcourt  la 
charge,  la  dépense  varie  toujours  dans  le  même  sens  que  le  travail,  mais 
jamais  proportionnellement  à  sa  valeur.  Lu  croissance  de  la  dépense  est 
constamment  plus  faible  que  celle  du  travail  extérieur. 

c.  R.,   1901,  .•■  Semestre.  (T.  CXXXU,  >i°  4.)  26 


(   198  ) 

»  b.  Cette  proposition  s'applique  aussi  bien  au  travail  résistant  c\i\  2t\x  tra- 
vail moteur,  en  raison  de  la  symétrie  parfaite  qui  se  manifeste  également  ici 
dans  les  caractères  de  la  dépense  des  deux  sortes  de  travaux. 

»  c.  Donc,  clans  les  deux  circonstances,  la  valeur  du  rapport  de  la  dé- 
pense énergétique  au  travail  mécanique  accompli  décroît  à  mesure  que  ce 
travail  augmente.  C'est  indiqué  de  la  manière  la  plus  saisissante  par  les 
chiffres  de  la  colonne  VII.  Ceux  de  la  colonne  VIII  montrent  tout  aussi  bien 
l'augmentation  de  rendement  qui  est  la  conséquence  forcée  de  ce  défaut 
de  parallélisme  entre  l'accroissement  du  travail  et  celui  de  la  dépense. 

»  d.  D'une  manière  générale,  il  résulte  des  chiffres  de  ces  deux  co- 
lonnes que  le  travail  mécanique  rapide,  moteur  ou  résistant,  s'accomplit  plus 
économiquement  que  le  travail  mécanique  lent. 

»  B.  Différence  de  dépense  entre  le  travail  moteur  et  le  travail 
RÉSISTANT.  —  Il  est  toujours  dépensé  plus  d'énergie  pour  l'accomplissement 
du  travail  moteur  que  pour  l'accomplissemenl  du  travail  résistant  corres- 
pondant; c'est  pourquoi  le  rendement  mécanique  de  l'énergie  dépensée  est 
toujours  plus  avantageux  avec  ce  dernier  travail  qu'avec  le  premier.  Mais 
ici  encore  la  nature  des  conditions  qui  interviennent  pour  modifier  la  valeur 
du  travail  extérieur  exerce  sur  les  caractères  différentiels  de  la  dépense 
une  influence  qu'il  importe  de  faire  ressortir. 

»  a.  Avec  les  changements  de  cAar^e  ( première  série),  l'écart  entre  les 
deux  dépenses  représente,  comme  celui  qui  existe  entre  les  valeurs  des 
deux  rendements  mécaniques,  une  différence  à  peu  près  constante.  Cette 
différence  est,  du  reste,  considérable.  D'après  les  documents  du  Tableau, 
en  effet,  avec  la  vitesse  adoptée  pour  les  déplacements  du  sujet  sur  la 
roue,  le  travail  moteur  dépense  uniformément  presque  le  double  de  ce 
que  dépense  le  travail  résistant. 

»  b.  Avec  les  changements  de  longueur  du  chemin  parcouru  par  la  charge 
(deuxième  série),  les  caractères  dell'écart  entre  les  deux  dépenses  sont  un 
peu  plus  complexes.  La  valeur  de  cet  écart  n'esl  plus  constante.  Elle  varie 
avec  la  vitesse  du  déplacement  de  la  charge.  En  prenant  dans  l'ordre  décrois- 
sant les  trois  vitesses  de  la  série  expérimentale,  les  écarts  de  la  dépense 

décroissent  de  la  manière  suivante  :  c  tt-t —  =  i,q3o;  b      ' ^^  =  1,870; 

3i',2o  -^  28', 5d  ' 

a    .^,    =  1,767.  Il  est  facile  de  s'imaginer  les  résultats  du  prolongement 

de  la  décroissance  du  chemin  parcouru  dans  l'unité  de  temps  :  l'écart  des 
dépenses  ne  disparaîtrait  pas,  mais  celle  du  travail  résistant  ne  tarderait 
pas  à  égaler  presque  celle  du  travail  moteur. 


(  199  ) 
»   C.   Les  facteurs  dont  l'intervention  est  nécessaire  pour  impuimer  a 

LA  DÉPENSE  ÉNERGÉTIQUE  LES   CARACTÈRES  SPÉCIAUX    SIGNALÉS  DANS  LE  RÉSUMÉ 

CI-DESSUS.  —  Le  but  de  l'analyse  qui  vient  d'être  faite,  et  qui  est  à  pour- 
suivre jusque  dans  les  moindres  détails,  n'était  pas  seulement  de  mettre 
empiriquement  en  évidence  les  caractères  de  la  dépense  énergétique  du 
travail  moteur  et  du  travail  résistant,  chez  l'homme  qui  monte  ou  descend 
son  propre  poids.  Dans  cette  analyse,  on  a,  de  plus,  procédé  au  groupe- 
ment et  à  la  coordination  des  faits,  de  manière  à  en  tirer,  pour  ainsi  dire 
naturellement,  l'indication  des  interventions  qui  les  créent  ou  qui  les  ex- 
pliquent. Celait  le  meilleur  moyen  de  se  procurer  les  éléments  d'une  for- 
mule capable  d'exprimer  à  la  fois  ces  faits  et  les  lois  qui  les  régissent. 

»  Or,  les  faits  absolument  fondamentaux,  qui  appellent  le  plus  forte- 
ment l'attention,  ce  sont  les  particularités  attachées  à  la  manifestation  de 
l'écart  existant  entre  les  deux  dépenses  excitées  par  l'exécution  du  travail 
moteur  et  du  travail  résistant. 

»  De  l'ensemble  de  ces  faits,  il  ressort  qu'ils  ne  sauraient  être  attribués 
qu'à  un  seul  et  même  facteur,  intervenant  symélriquemenl,  en  plus  avec  le 
travail  moteur,  en  moins  avec  le  travail  résistant. 

»  Et  ce  facteur  ne  peut  être  cherché  du  côté  du  travail  extérieur  du  sys- 
tème musculaire.  Positif  ou  négatif,  ce  travail  extérieur  entraîne  nécessai- 
rement dans  les  deux  cas,  au  sein  du  système  musculaire,  une  dépense 
égale  d'énergie  spécialement  consacrée  au  déplacement  de  la  charge,  soit  à  la 
montée  pour  le  soulèvement  de  cette  charge,  soit  à  la  descente  pour  le 
refrènemcnt  de  sa  chute,  dépense  toujours  proportionnelle  au  travail 
mécanique  effectué. 

»  C'est  donc  dans  la  dépense  propre  attachée  à  l'exécution  du  travail 
intérieur  du  muscle  que  réside  l'origine  de  l'écart  en  question.  Et  l'on  est 
confirmé  dans  cette  conclusion  par  les  faits  antérieurement  établis.  Je 
veux  parler  des  faits  qui  concernent  la  manifestation  physique  de  ce  tra- 
vail intérieur,  c'est-à-dire  l'élasticité  acquise  par  le  muscle  en  contraction 
statique  pour  le  soutien  fixe  d'une  charge,  les  lois  de  la  variation  du  coeffi- 
cient de  celle  élasticité  acquise  et  celles  de  la  dépense  attachée  à  la  création 
dudit  travail  intérieur. 

»  Lorsque  le  muscle,  préalablement  mis  en  état  de  contraction  statique, 
entre  en  contraction  dynamique,  son  coefficient  d'élasticité,  par  conséquent 
son  travail  intérieur,  avec  la  dépense  correspondante,  augmente  ou  diminue 
suivant  que  la  contraction  dynamique  vit  positive  ou  négative. 

»    Ajoutons  ([ue  tous  les  faits  s'accordent  pour  établir  que   ces  deux 


(     200    ) 

influences,  divergentes  ou  inverses,  agissent  proporhonnellement  au  pro- 
duit de  la  charge  par  la  vitesse  aveclaquelle  celle-ci  est  entraînée,  quand  le 
muscle  se  raccourcit  ou  s'allonge  pour  soulever  cette  charge  ou  la  mettre 
en  chute. 

»  Il  ne  parait  pas  qu'on  puisse  expliquer  autrement  les  caractères  du 
rappoit  tantôt  fixe,  tantôt  variable  des  dépenses  entraînées  respectivement 
par  le  travail  moteur  et  par  le  travail  résistant  correspondant.  En  tout  cas, 
cette  explication  permet  une  superposition  suffisamment  concordunte  des 
modifications  imprimées  par  les  variations  expérimentales  aux  travaux 
intérieurs  et  extérieurs  des  muscles,  d'une  part,  et  des  modifications  con- 
comitantes de  la  dépense  énergétique,  d'autre  part. 

»  Il  y  a  donc  lieu  de  penser  que  la  formule  à  employer  pour  exprimer 
la  loi  générale  de  la  dépense  énergétique,  dans  le  travail  des  moteurs 
animés,  doit  contenir  comme  éléments  fondamentaux  : 

»  i"  L'expression  de  la  dépense  attachée  à  l'exécution  du  travail  intérieur 
qui  équilibre  la  charge  dans  la  contraction  statique,  point  de  départ  néces- 
saire de  la  contraction  dynamique; 

»  i"  L'expression  de  l'augmentation  ou  de  la  diminution  imprimées  à  ce 
travail  intérieur,  en  fonction  de  la  valeur  de  la  charge  et  de  la  vitesse  de 
déplacement  de  la  masse  qu'elle  représente,  quand  la  contraction  statique 
se  transforme  en  contraction  dynamique  pour  opérer  le  soulèvement  ou 
l'abaissement  de  cette  masse  ; 

»  3°  L'expression  delà  dépense  consacrée  à  l'exécution  même  du /racaj/ 
extérieur,  positif  ou  négatif,  c'est-à-dire  à  la  création  ou  à  l'extinction  de 
la  force  vive,  à  l'état  d'énergie  potentielle  ou  d'énergie  actuelle,  acquise 
ou  perdue  par  la  charge  dans  son  ascension  ou  le  refrènement  de  sa 
chute  ('). 


(')  Je  liens  à  faire  remarquer  que  les  conclusions  auxquelles  j'arrive,  à  la  suite  de 
celte  étude,  sur  la  dépense  énergélique  de  l'homme  qui  élève  ou  descend  sa  propre 
masse,  laisse  subsister  celles  que  j'ai  tirées  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  767)  de 
mon  étude  de  l'élasticité  du  muscle  en  contraction  dj'namique,  à  la  condition  de  con- 
sidérer ces  dernières  conclusions  comme  s'appliquant  exclusivement  au  travail  inté- 
rieur du  muscle  (création  de  l'éiasticité  fonctionnelle).  Mais  l'expression  de  ces  con- 
clusions sur  le  travail  intérieur  doit  être  modifiée  et,  si  on  l'applique  à  la  dépense 
énergétique  concomitante,  complétée  par  l'adjonction  de  l'énergie  dépensée  en  pro- 
pre pour  le  travail  extérieur. 

Du  reste,  grâce  à  celte  adjonction,  nécessaire,  on  peut  se  débarrasser  de  toutes  les 
hypoliièses  que  j'ai  développées  dans  le  Journal  de  la  Physiologie  et  de  la  Pallio- 


(     20I     ) 

»  Mais  je  ne  saurais  faire  de  proposilions  pour  la  forme  à  donner  à  ces 
expressions  qu'après  avoir  achevé  les  expériences  à  l'aide  desquelles 
j'espère  pouvoir  me  procurer  les  documents  empiriques  propres  à  établir 
une  comparaison  détaillée,  suffisamment  précise,  de  la  dépense  d'énergie 
qu'entraîne  l'exécution  du  travail  extérieur,  moteur  ou  résist;mt,  dans 
les  machines  inanimées  et  les  moteurs  animés.   » 


CORRESI»0\l>ANCË. 

M.  le  SE«;nKT.\iRE  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  i\I.  J.-G.  Agardh,  Correspondant  pour  la  Sec- 
tion de  Botanique,  décédé  le  17  janvier  1901. 


M.  SiKDLECKi  adresse  des  remercîments  à  l'Académie,  |)0Mr  la  distinc- 
tion .Kcordéc  à  ses  travaux. 


M.  Gaston  Eio.wiEii  présente  à  l'Académie  le  j)remier  fascicule  d'un 
«  Cours  de  Botanique  »  rédigé  par  lui  en  collaboration  avec  M.  Leclerc  du 
Sablon.  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse. 

«  Dans  cet  Ouvrage  sont  décrits  successivement  les  princip^iux  groupes 
de  végétaux,  en  y  comprenant  leur  classification.  La  description  et  l'ana- 
tomie  des  oi'ganes  sont  Iraitces  d'après  un  certain  nombre  île  types 
choisis  parmi  les  plantes  les  plus  répandues.  De  plus,  l'historique  des 
découvertes  botaniques  a  été,  de  la  part  des  Auteurs,  l'objet  de  recherches 
spéciales  qui  sont  résumées  à  la  suite  des  principales  jxirties  de  l'Ouvrage, 
avec  des  gravures  reproduites  d'après  les  anciens  auteurs. 

»  Ce  premier  fascicule  renferme,  après  les  Préliminaires  et  après  l'Élude 
de  la  cellule  et  des  tissus  végétaux,  les  Chapitres  relatifs  à  la  lige,  à  la 
feuille  et  (en  partie)  à  la  racine  des  Phanérogames  Angiospermes.  Il  com- 


logie  générales,  sur  l'existence  d'un  travail  neuro-musculaire,  indépendant  du  propre 
travail  intérieur  du  muscle,  dans  le  but  de  mettre  la  théorie  de  la  dépense  de  la  con- 
traction dynamique  en  harmonie  avec  tous  les  faits  observés. 

L'étude  actuelle,  en  complétant  et  en  précisant  ces  faits,  permet  maintenant  de  les 
expliquer  tous,  sans  recourir  à  aucune  supposition  plus  ou  moins  arbitraire. 


(    202    ) 

prend  384  pages  et  contient  553  figures,  toutes  originales,  la  plupart  des- 
sinées d'après  nature.  » 

M.  RouciiÉ,  en  présentant  à  l'Académie  le  premier  Volume  d'ua 
Ouvrage  intitulé  :  «  Analyse  infinitésimale,  à  l'usage  des  ingénieurs  »,  par 
MM.  Eugène  Roitchè  et  Lucien  Lévy,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Ce  Traité  fait  jiartie  de  V Encyclopédie  industrielle  de  M.  Lechalas,  et 
le  fait  d'appartenir  à  ce  Recueil  indique  suffisamment  l'esprit  dans  lequel 
notre  Travail  a  été  conçu.  Nous  n'avons  jamais  perdu  de  vue  que  nous 
nous  adressions  surtout  aux  jeunes  ingénieurs  et  nous  pensons  n'avoir  rien 
omis  de  ce  qui  leur  est  nécessaire  pour  leurs  recherches  techniques.    » 

RÉSISTANCE  DES  MATÉRIAUX.  —  Positions  diverses  de  la  fibre  neutre 
dans  les  corps  rompus  par  flexion;  raison  de  la  fragilité.  Note  de 
M.  Cil.  Frémont,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  On  sait  que  la  fibre  neutre  dans  un  corps  fléchi  en  deçà  de  la  limite 
élastique  dépend  des  rapports  des  coefficients  de  la  matière  à  la  traction 
et  à  la  compression, 

M  J'ai  constaté,  en  poussant  les  essais  de  pliage  jusqu'à  la  rupture,  que 
la  position  de  la  fibre  neutre  dépend  du  rapport  de  la  limite  élastique  à  la 
compression  et  de  la  limite  élastique  à  la  traction. 

»  J'ai,  en  outre,  été  conduit  par  les  résultats  de  mes  expériences  à  cette 
conclusion,  qui  me  paraît  d'un  grand  intérêt  pour  les  usages  industriels  de 
l'acier,  à  savoir  qu'un  acier  est  fragile  (c'est-à-dire  se  rompt  brusquement 
au  pliage  en  dépensant  une  faible  quantité  de  travail)  on  non  fragile  (c'est- 
à-dire  se  rompt  progressivement  en  dépensant  une  quantité  de  travail  pro- 
portionnelle à  celle  qu'exige  la  rupture  par  la  traction),  suivant  que  le 
rapport  de  la  limite  élastique  à  la  traction  à  la  limite  élastique  à  la  com- 
pression est  plus  petit  ou  plus  grand  que  l'unité. 

»  Ces  propositions  résultent  de  plusieurs  expériences  que  j'ai  effectuées 
et  elles  sont  confirmées  par  les  expériences  de  M.  Hadfield  sur  la  série  des 
alliages  fer  et  nickel,  expériences  que  M.  Osmond  m'a  signalées  comme 
venant  à  l'appui  de  mes  conclusions. 

»  Il  est  vraisemblable  que  le  rapport  des  coefficients  d'élasticité  à  la 
traction  et  à  la  compression  varie  dans  le  même  sens  que  celui  des  limites 
élastiques  à  la  traction  et  à  la  compression. 


très  fragiles. 


(    203  ) 

»  Je  me  réserve  de  conduire  mes  expériences  en  vue  de  vérifier  l'exac- 
titude  de  cette  induction. 

Essais  mécaniques  de  M.  Hadfield  sur  les  alliages  fer-nickel  ('). 

Limite  Essais  de  traclion. 

Composition  chimique.                élastique                 — —  i»" 

1           — ^ à  la  Limite  Mlongement 

C.               Mn.                Ni.         compression.  éiastii^ue.      Rupture.  pour  loo. 

A 0.19        0,79          0,27              22  19              3i  35  > 

B o,i4        0,75          o,5i              22  20              3o  Soi 

C o,i3         0,72           0,95              20  23              33  3i  ^         non  fragiles. 

D o,i4        0,72           1,92              27  26              34  33 

E 0,19        o,65          3,82              28  28              37  3o 

F 0,18        0,65          5,81              40  28              4i  27 

G 0,17        0,68          7,65             40  31             49  26 

H 0,16        0,86          9,5i              70  42              85  9 

1 0,18        0,93         11,39            100  6.5              94  12 

J o,23        0,93         i5,48              80  55              94  3 

K 0,19        0,93         19,64              80  47              71  7* 

L 0,16         1,00        24, 5 1              50  32              77  i3  ,' 

M o,i4         0,86         29,07              20  25              38  33            non  fragile. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  propagation  des  ondes  hertziennes  dans  la  télé- 
graphie sans  /ils.  Note  de  M.  E.  L.vgraxge. 

«  Bru.\elles,  j6  janvier  kjoi. 

«  Si  l'application  des  ondes  hertziennes  à  la  télégraphie  sans  fils  a  atteint 
dès  maintenant  un  caractère  pratique  et  industriel,  la  théorie  des  phéno- 
mènes en  eux-mêmes  est  loin  d'être  faite.  Les  rôles  de  la  terre  et  de  l'an- 
tenne émeltrice,  par  exemple,  ne  sont  pas  encore  bien  définis.  Si  on  laisse 
de  côté  l'influence  que  la  terre  joue  sur  la  nature  même  des  ondes 
produites,  il  semble  que  son  rôle  se  borne  à  guider,  comme  le  ferait 
un  conducteur,  les  ondes  émises  par  l'antenne,  et  qu'elle  ne  joue  en  rien  le 
rôle  d'un  diélectrique. 

»  Four  vérifier  ce  point,  nous  avons  examiné  si  Taction  des  ondes  se  ferait  sentir 
sur  un  cohéreur  enfoui  dans  le  sol,  à  o°',3ode  profondeur.  Une  cavité  convenable 
avait  été  creusée  à  une  centaine  de  mètres  du  radiateur,  alimenté  par  une  bobine 
donnant  o'",25  d'étincelle,  et  munie  d'une  antenne  de  2"°.  Dans  une  caisse  en  bois  se 


(')  Proceedings  of  the  Institution  of  Civil  Engineers,  vol.  CXXXVIII,  Londres, 

1898-1899. 


(    30',    ) 

trouvaient  les  appnrfils  récepteurs  ordinaires;  le  morse  était  remplacé  par  une 
cartouche  de  dynamite,  placée  à  distance  convenable  et  reliée  par  conducteurs  souter- 
rains au  relai.  Dans  ces  conditions,  la  fosse  n'étant  pas  refermée,  la  mine  détonait  avec 
la  plus  grande  facilité.  Mais,  lorsque  la  terre  eut  été  rejetce,  ue  manière  qu'une 
couche  de  o'",3o  recouvrît  la  caisse  en  bois,  il  fut  impossible  d'agir  sur  le  cohéreur. 
Un  conducteur  isolé  et  enterré  avait  été  au  préalable  connecté  au  cohéreur;  en  le  dé- 
terrant et  le  reliant  à  une  antenne,  on  obtint  aussitôt  la  déllagration. 

»  Il  faut  en  conclure  que  les  ondes  ne  pénètrent  point  à  l'intérieur  du 
sol,  et  qu'il  y  a  probablement  absorption  et  réflexion  des  ondes  émises  par 
l'antenne.  An  point  de  vue  militaire,  ces  expériences  montrent  aussi  dans 
quelles  conditions  la  mise  à  feu  des  mines  pourrait  avoir  lieu  à  distance.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Étude  du  nitrate  d'uranium.  Note  de  M.  OEchsnku  de 

CoNiNCK.  (Extrait.) 

«  ....  L'étude  de  l'action  de  la  chaleur  sur  le  nitrate  d'uranium  m'a 
conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

))  1"  La  calcination  brusque  du  nitrate  d'uranium  cristallisé  fournit  une 
modification  rouge  du  sesquioxyde  d'uranium,  qui  paraît  être  le  polymère 
delà  modification  orange; 

»  -i"  Celte  modification  rouge,  calcinée  pendant  quarante  heures  au 
rouge  sombre,  dans  une  capsule  de  platine,  se  transforme  partiellement 
en  un  oxvde  brun.  Calcinée  pendant  le  même  tt-mps,  au  rouge  vif,  dans 
un  creuset  de  platine  fermé,  elle  ne  s'est  pas  transformée  en  oxyde  vert,  mais 
a  fourni  une  très  petite  quantité  de  l'oxvde  brun; 

»  3"  La  modification  orange  du  sesquioxyde  d'uranium,  qui  prend  nais- 
sance dans  la  calcination  ménagée  du  nitrate  d'uranium,  chaulfée  pendant 
vingt-six  heures  au  rouge  sombre,  s'est  partiellement  transformée  en  mo- 
dification rouge. 

M  Je  continue  ces  recherches.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  bromure  de  bore  sur  les  iodures  de  phosphore 
et  sur  les  composés  halogènes  de  l'arsenic  et  de  l'antimoine  (').  Note  de 
M.  Tarible,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«   L   Action  du  bromure  de  bore  sur  les  iodures  de  phosphore.  —  Les  ioclures 
de  phosphore  ont  donné  lieu,  avec  le  bromure  de  bore,  à  des  réactions  du 

(')  Ce  Travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Henri  Moissan. 


(   2o5  ) 

même  ordre  que  celles  que  nous  avons  observées  avec  les  chlorures  et  les 
bromures  de  ce  métalloùle  et  que  nous  avons  décrites  antérieurement  ('). 

»  Bromure  de  bore  et  bi-iodure  de  phosphore.  —  Le  bromure  de  bore,  versé  dans 
une  solution  suli'o-carbonique  de  bi-ioilure  de  phosphore,  fournit  un  corps  jaune 
cristallin  eu  même  temps  que  le  liquide  devient  rouge  sombre.  Le  même  composé  ap- 
paraît lorsque  l'on  fait  réagir  le  bromure  de  bore  et  le  bi-iodure  de  phosphore  en  tube 
scellé. 

»  Nous  avons  fait  varier  les  proportions  des  substances  réagissantes  ;  dans  tous  les  cas, 
nous  avons  obtenu  un  corps  d'aspect  et  de  formule  identiques  ainsi  que  le  montrent 
les  analyses  ci-dessous  faites  sur  des  échantillons  provenant  de  mélanges  de  proportions 

différentes  : 

Théorie 
Kxpcrienccs.  1.  2.  3.  pour  PU',  aBoBr". 


.1 


'/'■ 


Phosphore ''t^^  5) '7  ^l'Q 

Brome N.oo  44,73  44,63  44,77 

Iode 'i7,79  47>64  47,^'  47 ,38 

Bore  (non  dosé) »                      »                      «  2,oô 

»  Le  bromo-iodure  F-l',  2BoBr'  est  on  crislau.N.  jaune  d'or;  avant  de  fondre,  il 
émet  des  vapeurs  d'iode  vers  i3o",  puis  entre  en  fusion  vers  i45°,  mais,  à  cette  tem- 
pérature, il  a  déjà  subi  une  décomposition  partielle. 

»  Il  est  soluble  dans  le  bromure  de  bore,  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme,  et 
il  est  insoluble  dans  l'huile  de  vaseline  et  l'éther  de  pétrole. 

»  Il  est  très  rapidement  décomposé  par  l'air  humide,  plus  rapidement  encore  par 
l'eau,  en  acide  borique,  acide  phosi>horeux  et  en  acides  bromhydrique  et  iodhydrique. 
11  peut  être  sublimé  dans  un  courant  dhydrogéne  sans  altération. 

»  Il  brûle  dans  l'oxygène  lors(|u'on  élève  la  température,  en  donuantdes  anhydrides 
borique  et  phosphorique:  l'iode  et  le  brome  sont  mis  en  liberté.  Le  soufre  à  l'état  de 
vapeur  détermine  la  formation  d'un  iodure  de  soufre.  Le  chlore  réagit  en  donnant  des 
composés  doubles  chlorés.  Il  absorbe  le  gaz  ammoniac  avec  élévation  de  température 
en  donnant  naissance  à  une  poudre  blanche  amorphe.  P'I',  aBoBr'  réagit  sur  les 
composés  organiques  comme  d'ailleurs  ses  constituants  permettaient  de  le  prévoir. 

»  Bromure  de  bore  et  tri-iodurc  de  phosphore.  —  La  réaction  ne  se  produit  pas  à 
la  température  ordinaire;  mais,  si  l'on  chaulTe  un  mélange  de  ces  deux,  corps  en  tube 
scellé,  on  obtient  par  refroidissement  un  mélange  de  larges  cristaux  d'iode  et  décris- 
taux  jaunes  semblables  à  ceux  de  l'expérience  précédente,  le  tout  baignant  dans  un 
liquide  très  coloré. 

«  Ainsi,  le  bromure  de  bore  réagi',  sur  le  Iri-iodure  de  phosphore  en  donnant  le 
même  composé  qu'avec  le  bi-iodure,  mais  avec  mise  en  liberté  d'iode,  conformément 
à  l'équation  suivante  : 

2pPH-2BoBr3=Pn',2BoBr3-+-2l. 


(')  Taiuble,  Comptes  rendus,  t.  CXVI,  p.  i52i  et  t.  GXXXII,  p.  83. 

C.  H.,  lyui,  I"  Semestre,  (T.  C.\.\X1I,  N"  4.)  27 


(    206    ) 

»  Les  iodures  de  phosphore  ne  fournissent  donc  avec  le  bromure  de  bore  qu'un  seul 
el  même  composé,  le  tri-iodure  de  phosphore  étant  détruit  dans  la  réaction  et  amené 
à  l'état  de  bi-iodure. 

»  IL  Action  du  bromure  de  bore  sur  le  chlorure,  le  bromure  et  les  iodures 
d^ arsenic.  —  Il  nous  a  paru  intéressant,  pour  compléter  ce  travail,  d'étendre 
l'action  du  bromure  de  bore  aux  composés  halogènes  de  l'arsenic  et  de 
l'antimoine. 

»  Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»  Bromure  de  bore  et  chlorure  d'arsenic,  —  lorsque,  dans  un  tube  à  essai  conte- 
nant déjà  du  chlorure  d'arsenic,  nous  avons  ajouté  le  bromure  de  bore,  il  s'est  produit 
un  dégagement  gazeux  abondant  accompagné  d'une  élévation  notable  de  température, 
et,  le  liquide  restant,  incolore,  s'est  pris  en  une  masse  cristalline  entre  18°  et  20°. 

»  Nous  avons  renouvelé  cette  expérience  avec  des  quantités  de  matières  el  dans  des 
conditions  telles  qu'il  nous  a  été  possible  de  connaître  les  poids  respectifs  des  corps 
mis  en  présence,  le  poids  du  gaz  dégagé,  le  poids  du  résidu,  et  d'en  déduire  les  quan- 
tités des  corps  entrés  en  réaction. 

»  Des  diverses  données  ainsi  obtenues  nous  avons  dû  conclure  à  un  simple  échange 
d'éléments  entre  le  bromure  de  bore  et  le  chlorure  d'arsenic,  représenté  par  l'équation 
suivante  : 

AsCP-H  BoBr3=:  AsBr^+  BoCF. 

»  Bromure  de  bore  el  bromure  d'arsenic.  —  Au  moment  du  mélange  de  ces  deux 
corps,  on  n'observe  qu'un  abaissement  très  sensible  de  la  température  et  l'apparition, 
vers  i8°,  de  cristaux  rappelant  par  leur  aspect  ceux  du  bromure  d'arsenic. 

»  Dans  une  nouvelle  expérience,  nous  avons  opéré  sur  des  poids  connus  des  deux 
bromures.  En  abaissant  la  température  au-dessous  de  18",  nous  avons  pu  séparer  la 
partie  liquide  de  la  partie  cristallisée.  Le  poids  de  cette  dernière  fut  trouvé  sensible- 
ment égal  à  celui  du  bromure  d'arsenic  employé.  En  même  temps,  nous  avons  pu  nous 
assurer  que  la  partie  liquide  n'était  autre  que  du  bromure  de  bore. 

»  Le  bromure  d'arsenic  s'était  donc  simplement  dissous  dans  le  bromure  de  bore. 

»  Bromure  de  bore  et  iodures  d'arsenic.  —  Le  tri-iodure  et  le  penta-iodure  d'ar- 
senic se  dissolvent  dans  le  bromure  de  bore  en  tube  scellé  entre  180°  et  200",  mais  ne 
donnent  lieu  à  aucun  phénomène  d'addition  ni  de  décomposition. 

»  III.  Action  du  bromure  de  bore  sur  les  composés  halogènes  de  l'anti- 
moine. —  Les  réactions  que  le  bromure  de  bore  donne  avec  ces  divers 
corps  sont  en  tous  points  comparables  à  celles  que  nous  avons  observées 
sur  les  composés  halogènes  de  l'arsenic. 

))  Avec  lès  chlorures  il  y  a  échange  d'éléments  et  forte  élévation  de 
température.  Ces  réactions  sont  représentées  par  les  deux  équations  sui- 


(    2()7    ) 

vantes  : 

SbCl'  +  BoBr'  =  BoCP  -t-  SbBr', 

3SbCl'  +  5BoBr'  =  5BoCP  -+-  3SbBr'+  6Br. 

»  Le  bromure  et  l'iodiire  d'antimoine  se  dissolvent  dans  le  bromure  de 
bore  sans  qu'il  en  résulte  d'allération  dans  leurs  propriétés. 

M  Conclusions.  —  Les  recherches  que  nous  avons  faites  concernant 
l'action  du  bromure  de  bore  sur  les  composés  halogènes  du  phosphore,  de 
l'arsenic  et  de  l'antimoine,  nous  ont  conduit  aux  résultats  que  nous  pou- 
vons résumer  dans  le  Tableau  comparatif  suivant  : 

Corps  mis  en  présence  de  BoRr\  Réactions  produites. 

PCI» Composé  PCP,  a  BoBr^ 

PCP »         PClSaBoBr' 

PBr' »         PBr',BoBr' 

PBr'' »         PBrSBoBr' 

pqi »         P-I',  aBoBr' 

PP »    .    P^P,  2BoBr^+I 

As  Cl' Double  décomposilioa 

AsBr' I 

AsP '    Solution 

AsP \ 

SbCP Double  décomposition 

SbCP » 

SbBi' )    c  I   >• 

SbP i    ^°'"^"" 

»  Ces  réactions  sont  d'ailleurs  en  complet  accord  avec  les  données 
thermochimiques  déterminées  par  différents  observateurs. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  V alcool  œnanthyliqiie  sur  son  dérivé  sodé  ; 
nouvelle  méthode  de  synthèse  des  alcools.  Note  de  M.  Marcel  («ueubet, 
présentée  par  M.  Henri  Moi^san.  ^ 

«  On  ne  connaît  actuellement  qu'un  assez  petit  nombre  de  méthodes 
conduisant  à  la  synthèse  des  alcools  monoatomiques  :  les  alcools  d'atomi- 
cité élevée,  en  particulier,  n'ont  pu  jusqu'ici  être  obtenus  synthétiquement 
qu'en  passant  par  les  aldéhydes  correspondants.  La  méthode  que  j'ai 
l'honneur  d'exposer  à  l'Acaflémie  permet  d'obtenir  facilement  certains 
d'entre  eux  au  moyen  d'autres  alcools  moins  condensés. 


(    208    ) 

»  Dans  deux  précédentes  Communications  (  '  ).  j'ai  montré  qn'en  chauf- 
fant à  iSo^-iGo"  l'alcool  amylique  inaclif  avec  son  dérivé  sodé  l'on  obtient 
surtout  de  Talcool  diamylique  et  de  l'acide  isovalérique,  suivant  la 
réaction 

2C/H''^0  +  C'H"NaO  =  C-H-Q  -hCMl^NaO"  +4  H. 

»  La  formation  de  l'alcool  diamylique  résulte,  en  somme,  de  la  conden- 
sation de  deux  molécules  d'alcool  amylique  avec  départ  d'une  molécule 

d'eau 

2C'H'  =  0=  C'IP-O-i-  H-0. 

»  J'ai  tenté  la  même  réaction  sur  l'alcool  œnanthylique;  elle  réussit 
encore  et  peut  être  formulée 

aC'H'oO  +  C^H'^NaO  =  (;"'H^"0  +  C  H"  NnO=  +  4FI. 

»  Les  produits  principaux  sont,  en  effet,  de  l'acide  œnanthvlique 
C'H'^0"  et  un  alcool  de  formule  (>'''H"'0,  provenant  de  la  condensation 
de  deux  molécules  d'alcool  œnanthylique.  Il  se  forme  en  même  temps, 
comme  nous  verrons  dans  la  suite,  l'acide  correspondant  C'^H-^O^  et  un 
peu  d'un  alcool  de  formule  C  H^'O  provenant  de  la  condensation  de  trois 
molécules  œnanthyliques. 

»  L'alcool  œnanthvlique  emplové  provenait  de  la  réduction  de  l'œnan- 
thol  par  l'amalgame  de  sodium  en  liqueur  acétique  et  bouillait  à  i'j[f-i']îi°. 

«  Dans  une  bouteille  en  cuivre  munie  d'un  réfrigérant  à  reflux,  on  chaufl'e  peu  à 
peu  4ooS''  de  cet  alcool  avec  SoS''  de  sodium  jusqu'à  220°,  température  que  l'on  main- 
tient pendant  douze  heures.  On  observe  un  dégagement  d'hydrogène,  d'abord  très 
rapide  par  suite  de  la  réaction  du  sodium  sur  l'alcool,  puis  beaucoup  plus  lent,  mais 
très  régulier;  il  est  alors  produit  par  la  réaction  formulée  plus  haut.  Enfin,  après  douze 
heures,  le  dégagement  cesse  à  peu  près  complètement;  la  réaction  est  terminée. 

»  On  reprend  par  l'eau  le  mélange  refroidi  et  on  l'additionne  d'une  quantité  d'acide 
sulfurique  telle  que  la  solution  aqueuse  reste  franchement  alcaline;  on  achève  alors 
la  saturation  par  un  courant  d'acide  carbonique  et  on  laisse  déposer  le  mélange  qui  se 
sépare  en  deux  couches  :  une  couche  aqueuse,  une  couche  huileuse  qui  surnage. 

»  La  solution  aqueuse  est  alors  lavée  plusieurs  fois  avec  de  l'élher,  puis  addi- 
tionnée d'un  excès  d'acide  sulfurique  qui  en  précipite  des  acides  huileux  que  l'on 
sèche  et  que  l'on  soumet  à  la  distillation  fractionnée.  Les  243s''  de  produit  brut 
donnent  ainsi  i5o8''de  produit  bouillant  à  222°-225"  sous  la  pression  normale;  c'est  de 
l'acide    œnanthylique;    puis    5oS''    de   produit   distillant   de    igC-ig^"    sous    iS"""   de 

(')   Compter  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  5ii  et  1002. 


(    209    ) 

pression.  Cette  dernière  fraction  est  rectifiée  de  nouveau  :  elle  distille  presque 
entièrement  entre  190"  et  191°.  L'analvse  et  nn  titrage  acidimétrique  lui  assignent 
In  formule  CH'^'O'  (C  trouvé  78,21,  calculé  73,68;  H  trouvé  12, 3i,  calculé  12,28). 
Sa  densité  à  iS"  est  0,8860.  Refroidi  à  — lo",  cet  acide  cristallise  et  ses  cristaux, 
fondent  à  +  4°-  ^  est  donc  diflfèrent  des  deux  acides  de  même  formule  déjà  connus  : 
l'acide  mvristique  qui  fond  à  53". 8.  l'acide  dio^nanthvlique  de  Perkin,  qui  reste 
liquide  à  —10°;  je  le  nommerai  acidi^  dia-nanthylique  [î,  pour  le  distinguer  de  ce 
dernier  acide. 

»  La  couche  huileuse,  séparée  comme  il  a  été  dit,  renferme  les  alcools,  en  partie 
libres,  en  partie  à  l'état  d'éthers  œnaiitlivliques.  On  la  fait  donc  bouillir  avec  la  po- 
tasse alcoolique  pour  saponifier  ceux-ci,  puis  on  distille  le  produit  sous  pression  ré- 
duite. Il  passe  d'abord  de  l'alcool  œnanthylique  qui  n'a  pas  pris  part  à  la  réaction, 
puis  deux  fractions  principales  qui,  après  six  rectifications  sous  13"""'  de  pression, 
donnent  72B'-  d'un  alcool  bouillant  à  i.")i°,5-i52°,5  et  Ss""  d'un  autre  alcool  bouillant  à 

202°-206''. 

»  Le  premier  répond  à  la  formule  CH^^O  (C  trouvé  78,72,  calculé  78,00; 
H  trouvé  i4>".  calculé  i4,02);  je  le  nommerai  alcool  diœnanthylique  p.  C'est  un 
liquide  incolore,  d'odeur  faible,  ne  se  solidifiant  pas  à  —  ao".  Il  bout  à  286"-289'' 
sons  la  pression  normale,  le  thermomètre  étant  entièrement  plongé  dans  la  vapeur  et 
à  i5i»,5-i52°,5  sous  i3"""  de  pression.  Sa  densité  à  i5"  est  o,84oi5. 

»  Le  second  a  pour  formulée*' 11**0  (C  trouvé  80,87,  calculé  80,77  ;  'I  l'oi'vé  i4,i5, 
calculé  14. 'o);  c'est  l'alcool  triœnanthylique.  11  est  liquide,  incolore,  à  peu  près 
inodore,  bout  à  202<'-2o6''  sous  i3'""'  de  pression  et  a  pour  densité  à  i5"  o,8447- 

»  En  résumé,  on  voit  qii  il  s'est  formé,  dans  l'action  de  l'alcool  cenan- 
thvliqiie  sur  son  dérivé  sodé  :  de  l'acide  œnanthylique,  de  l'alcool  diœnan- 
thylique, de  l'alcool  triœnanthylique  et  l'acide  correspondant. 

»  Les  deux  premiers  composés  ont  pris  naissance  dans  la  réaction  déjà 
formulée;  quanta  l'alcool  Iriœnanlhyliqiic,  il  est  dû  vraisemblablement  à 
l'action  ultérieure  de  l'alcool  diœnanthvlique  déjà  formé  sur  le  dérivé  sodé 
de  l'alcool  œnanthylique  encore  présent  dans  le  mélange 

2C"H^"0  4-(/H"\aO  =  C='ir'0-f-C"H='NaO--f-/,H. 

»  Os  réactions  sont  tout  à  fait  analogues  à  celle  observée  déjà  avec 
l'alcool  amvlique  inaclif  {loc.  cit.);  celle,  en  particulier,  qui  donne  nais- 
sance à  l'alcool  triœnanthylique  montre  que  l'on  peut  sans  doute  généra- 
liser, au  moins  pour  les  alcools  supérieurs  à  l'alcool  butylique,  et  dire 
qu'en  chauiï'ant  un  alcool  primaire  avec  le  dérivé  sodé  d'un  autre  alcool 
primaire,  on  obtient  la  réaction  : 


(    2IO    ) 

»  Je  me   propose  d'en  confirmer  la  généralité  par  de  nouvelles  re- 
cherches.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Hydrogénations  directes  réalisées  en  présence  du  nicket 
réduit  :  préparation  de  l' hexahydrohenzène .  Note  de  MM.  Paul  Sabatier 
et  J.-B.  Senderexs. 

«  Dans  des  travaux  antérieurs  {Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  p.  i358; 
1897,  et  t.  CXXVIII,  p.  1173;  1899),  nous  avons  indiqué  que  le  nickel 
récemment  réduit  de  son  oxyde  est  capable  de  réaliser,  dès  la  température 
ordinaire,  la  combinaison  directe  de  l'hydrogène  avec  l'éthylène  ou  l'acé- 
tylène. La  réaction  conduit  normalement  à  l'éthane,  accompagné  d'une 
proportion  plus  ou  moins  forte  de  carbures  forméniques  supérieurs. 

»  Depuis  lors,  dans  des  recherches  nouvelles  que  nous  poursuivons, 
nous  avons  reconnu  que  le  nickel  réduit  est  un  agent  très  actif  qui  permet 
de  réaliser  facilement,  à  température  peu  élevée,  soit  des  hydrogénations 
directes,  soit  des  dédoidjlements  moléculaires. 

»  Le  métal  intervient  par  une  action  de  présence,  de  durée  à  peu  près 
indéfinie,  qui  est  due  certainement  à  la  formation  de  produits  temporaires, 
tels  qu'un  hydrure  instable,  et  il  provoque  de  la  sorte  un  grand  nombre  de 
réactions  exothermiques  qui  ne  peuvent  être  habituellement  réalisées  que 
par  le  secours  de  températures  élevées,  défavorables  à  la  stabilité  des  pro- 
duits, ou  par  des  conditions  expérimentales  d'un  usage  laborieux. 

»  Mode  opératoire.  —  Sur  le  nickel  récemment  réduit  et  disposé  en  couche  mince 
dans  le  tube  même  de  réduction,  on  dirige  les  vapeurs  du  corps  à  hydrogéner,  en- 
traînées par  un  excès  d'hydrogène  (').  Si  le  corps  est  un  liquide  assez  volatil  possé- 
dant à  la  température  ordinaire  une  tension  de  vapeur  notable,  il  suffit  de  faire  bar- 
boter l'hydrogène  dans  un  laveur  rempli  de  ce  liquide.  Si  ce  dernier  est  peu  volatil  à 
froid,  on  le  fait  arriver  continuellement  dans  l'intérieur  du  tube  déjà  chauffé,  par  un 
tube  capillaire  de  longueur  et  de  diamètre  convenablement  choisis. 

»  Le  nickel  étant  maintenu  à  une  température  suffisante,  l'hydrogénation  est  habi- 
tuellement indiquée  par  une  diminution  plus  ou  moins  grande  de  la  vitesse  de  l'iiydro- 
gène  qui  sort  du  tube  :  les  produits  liquides  qui  en  résultent  sont  aisément  condensés 
dans  un  tube  refroidi. 

»  Le  métal  conserve  longtemps  son  activité;  mais,  avec  divers  composés  organiques, 
il   arrive  que   celle-ci  va  en  s'aflaiblissant  quand,  des  réactions  de  dédoublement  se 

(')  Il  faut  éviter  avec  le  plus  grand  soin  toute  introduction  d'air. 


(    2H    ) 

superposant  à  l'iiydrogénation,  il  se  produit  sur  le  nickel  un  dépôt  notable  de 
charbon. 

»  Hydrogénation  du  benzène.  —  Le  procédé  qui  vient  d'être  décrit  permet  de 
réaliser  aisément  au-dessous  de  Soo"  l'hydrogénation  directe  du  benzène  et  de  ses 
homologues. 

»  Nous  avons  opéré  sur  du  benzène  cristallisable  très  pur,  absolument  privé  de 
thiophène. 

»  Quand  on  dirige  sur  le  nickel  réduit  l'hydrogène  saturé  à  froid  de  vapeurs  de 
benzène,  la  réaction  se  manifeste  nettement  dès  iSo"  :  à  i8o°  elle  est  très  rapide. 
Avec  une  traînée  de  métal  occupant  dans  le  tube  une  longueur  d'environ  So"^"  et  une 
vitesse  initiale  de  l'hydrogène  d'environ  60"  par  minute,  l'hydrogénation  du  benzène 
se  produit  totalement  conformément  à  l'équation  : 

C'>H«+1I«=  C'-Il'-'. 

»  Le  volume  du  gaz  diminue  notablement  :  par  suite,  le  gaz  qui  sort  est  sursaturé 
de  vapeurs,  et  les  parois  du  tube  abducteur,  absolument  sèches  au  début  de  l'expé- 
rience, ruissellent  de  liquide.  En  faisant  arriver  le  gaz  dans  un  tube  refroidi  à  o",  ou 
condense  la  plus  grande  partie  du  composé,  sous  l'orme  d'un  lii[uide  incolore  qui  est 
de  V hexahydiobenzène  {cyc\ohe,\Av\6,  hexanaphtène)  absolument  pur.  Il  possède  une 
odeur  éthérée  agréable,  bout  à  81",  et  se  congèle  facilement  en  un  solide  hyalin  qui 
fond  à  4",  5. 

«  Cet  hexahydrobenzéne  ne  contient  aucune  proportion  appréciable  de  benzène  : 
car  il  ne  fournit  absolument  aucune  réaction  au  contact  prolongé  du  mélange  à 
volumes  égaux  d'acide  sulfuriquc  et  d'acide  nitrique  fumant. 

»  Il  ne  renferme  pas  non  plus  de  produits  inférieurs  d'hydrogénation  (cyclohexènes, 
cyclohexadiènes),  car  l'addition  d'acide  sulfurique  concentré  ne  développe  aucune 
coloration. 

»  L'appareil,  une  fois  installé,  peut  fonctionner  presque  sans  surveillance  pendant 
de  longues  heures  :  c'est  donc  une  préparation  commode  et  sûre  de  l'Iiexaliydro- 
benzène. 

»  La  réaction  est  la  même  lorsque,  dans  le  mélange  soumis  à  l'influence 
du  métal  vers  1 80°- 200°,  il  y  a  un  excès  de  benzène,  ce  qu'on  peut  réaliser 
facilement  par  l'emploi  du  dispositif  à  tube  capillaire. 

»  Dans  ce  cas,  le  volume  de  l'hydrogène  est  fortement  diminué  par  le  fait  de  la 
combinaison;  dans  une  de  nos  expériences,  un  courant  de  40"  par  minute  fut  réduit 
à  4".  Le  liquide  condensé  est  alors  un  mélange  d'hexahydrobenzène  et  de  benzène, 
sans  aucune  trace  de  produits  intermédiaires  :  le  cyclohexane  peut  en  être  retiré  par 
l'emploi  du  mélange  d'acide  nitrique  et  d'acide  sulfurique,  qui  attaque  seulement  le 
benzène. 

»  En  opérant,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  sur  de  l'hydrogène  saturé,  à  froid,  de 
benzène,  la  réaction  est  complète  à  aoo".  Mais,  si  la  température  du  métal  sur- 
passe Soc",  ou  observe  que  le  ruissellement  cesse  dans  le  tube,  et  l'on  ne  condense 


(     2.-^    ) 

plus  rien  dans  le  tube  refroidi,  bien  que  le  volume  du  gaz  qui  sort  de  l'appareil  sou 
encore  devenu  un  peu  plus  faible. 

»  C'est  que,  comme  nous  l'avons  vérifié  par  des  e'ipériences  directes,  l'hex-aliydrure 
de  benzène,  chauffé  seul  au  contact  du  nickel  au-dessus  de  3oo°,  se  détruit  avec  dépôt 
de  cfaarbori,  en  dégageant  uu  gaz  qui  a  sensiblement  la  composition  du  formène  ('). 
On  peut  l'expliquer  facilement  en  admettant  que,  sous  l'aclion  du  nickel,  l'hexaliydro- 
benzèue  se  dédouble  d'abord  eu  trois  molécules  d'éthylène  : 

»  Nous  avons  montré,  en  1897,  que  l'éthylène  en  présence  du  nickel  au-dessus 
de  3oo°  se  dédouble  en  charbon  et  carbures  forméniques,  la  réaction  finale  dominante 
étant 

3CMi*=3C-H3ClP.  , 

1)  Kn  présence  d'un  excès  d'hydrogène,  l'hexahydrure  formé  par  l'hydrogénation 
directe  du  benzène  doit  être  de  même  détruit  au-dessus  de  300°  en  présence  du 
nickel  ;  mais  l'éthylène  formé  est  hydrogéné  de  suite,  au  lieu  d'être  détruit,  et  l'on 
obtiendrait  de  l'éthane  pur  si  celui-ci  n'était  lui-môme  atteint  par  le  métal  à  la  tem- 
])érature  de  la  réaction,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  le  Travail  déjà  cité.  Si  l'on 
négligeait  ce  dernier  effet,  la  réaction  de  l'hydrogène  sur  le  benzène  en  présence 
du  nickel  au-dessus  de  3oo°  serait 

C'H«-f-H'2=3C2H8. 

»  Nous  avons  pu,  comme  pour  le  benzène,  obtenir  l'hydrogénation  régu- 
lière (lu  toluène,  des  xylènes,  du  cymène,  etc.,  ainsi  que  de  composés  très 
différents,  tels  que  le  nitrobenzène,  qui  est  facilement  transformé  en  ani- 
line. Nous  nous  proposons  défaire  connaître  ces  résultats  dans  une  pro- 
chaine Communication.  » 


CHIMIE    PHYSIOLOGIQUE.   —   Sur  le   mécanisme   des   actions   diastasiques. 
Note  de  M.  H.vnsuot,  présentée  [jar  M.  Arman  1  Gautier. 

»  Dans  ma  Note  précédente,  j'ai  montré  que  la  saponification  deséthers 
par  la  lipase  peut  s'interpréter  en  supposant  que  celle-ci  forme  avec  les 
acides  une  combinaison  facilement  dissociable,  de  façon  que  le  ferment, 
sans  cesse  régénéré,  disparaît  dans  le  phénomène  final  dont  il  ne  fait 
qu'augmenter  la  vitesse.  J'apporte  aujourd'hui  de  nouvelles  preuves  à 
l'appui  de  cette  explication. 


(')  Nous  avons  vérifié  qu'à  3oo°  et  même  35o°  le  benzène  ne  subit,  en  présence 
du  nickel  réduit,  aucune  destruction  appréciable. 


(  2'3  ) 

»  On  sait  que  la  saponification  des  éthers  par  l'eau  est  limitée,  comme 
elle  l'est  en  présence  de  la  lipase,  et  que  la  limite  de  la  saponification  est 
abaissée  par  la  présence  de  l'un  des  produits  du  dédoublement.  Or,  j'ai 
montré  autrefois  que,  tandis  qu'un  excès  d'acide  arrête  con)j)lètement  la 
fermentation  lipasique,  la  glycérine  est  à  peu  près  sans  action  sur  la  sapo- 
nification par  le  ferment  :  ce  qui  est  bien  d'accord  avec  l'hypothèse  que  la 
li|)asese  combine  avec  l'acide  et  non  avec  la  glycérine. 

»  Toute  action  limitée  par  les  produits  mêmes  qui  se  forment  peut  se 
concevoir  comme  résultant  île  deux  réactions  :  l'une  directe,  l'autre  inverse, 
se  contrebalançant  partiellement.  Ainsi,  dans  le  cas  présent,  le  tait  que  la 
lipase  a  son  action  décomposante  arrêtée  dès  qu'une  certaine  quantité 
d'acide  gras  est  mise  en  liberté  fait  supposer  que,  si  l'on  met  la  lipase  en 
présence  de  glycérine  et  d'un  excès  d'acide,  elle  doit  pouvoir  les  recom- 
biner, de  façon  à  réaliser  toujours  le  même  rapport  ei^trc  les  quantités 
d'acide  et  d'élheren  présence. 

»  Voici  comment  j'ai  conduit  l'expérience.  J'introduis  i"^"  de  séru[ii,  jiréalablement 
neutralisé,  dans  un  mélange  do  iC''  d'eau  et  lO  gouttes  ('2J  au  centimètre  cube)  d'une 
solulion  renfermant  : 

Glycérine  :  js^;         Acide  isobutyrique  :  26';  Eau  :  laSs'. 

Jechaulfe  pendant  un  temps  variable  à  37°  et  je  dose  l'acidité  (')  :  1"  dans  le  sérum  S; 
2°  dans  le  mélange  acide  A  sans  sérum,  maintenus  l'un  et  l'autre  à  la  même  tempéra- 
ture ;  3°  dans  le  mélange  d'acide  et  de  sérum  (A  ■+-  S).  La  perte  d'acidité  de  ce  dernier 
ne   peut  provenir  que  de   la  combinaison   de  la   glycérine  et  de  l'acide.    Voici   les 

résultats  : 

1  heure.  i  lieure.  1  i  heure. 

S 2  5  5 

A -'17  46  48 

A  +  S 34  3o  24 

Acidité  disparue i5  2i  29 

Acidité  disparue  pour  100  primitive..  .  .  3o  44  54 

1)  Ainsi,  dans  cette  expérience,  54  pour  100  de  l'acide  butyrique  introduit  peut  être 
combiné  à  la  glycérine  en  |)résence  de  lipase  dans  des  conditions  de  temps  et  de  tem- 
pérature où  la  combinaison  directe  serait  à  peu  près  nulle  en  l'absence  de  ce  ferment. 

»  Je  me  suis  en  outre  assuré  par  de  nombreuses  expériences  que  le  sérum  porté  à 

(')  L'acidité,  dans  toutes  ces  expériences,  est  indiquée  par  le  nombre  de  gouttes 
d'une  solution  de  carbonate  de  soude  à  5?''  par  litre  nécessaires  pour  amener  la  neutra- 
lité, la  plitaléine  servant  d'indicateur. 

C.  R.,  lyoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII.  N>  4)  28 


(    2l4    ) 
rébiillition,  ou  mis  en  présence  de  la  même  solution  acide,  maïs  sans  glycérine,  ne 
produisait  aucune  action. 

»  J'ai  alors  fait  varier  les  quantités  d'acide  en  laissant  constants  à  la  fin  le  terap' 
(trente  minutes)  et  les  proportions  de  glycérine  et  de  sérum  : 

Acidité  totale ■?.■).         29         36         48     5o         67         64         72         79     86     98 

Acidité  disparue..  .        8,4     11,6     11,8     i5     11,2      i4,4     12,6      i5,8       6       5       4 
Pour  100 4o         39         32         34     22         25         20         22  8       6       4 

»  Ces  nombres  montrent  que  la  lipase  n'exerce  son  action  synthétique 
qu'entre  des  limites  bien  déterminées;  il  est,  d'autre  part,  remarquable  de 
voir  que  la  quantité  pour  100  d'acide  combiné  dans  un  même  temps 
diminue  à  mesure  que  la  quantité  d'acide  augmente.  Ces  deux  faits  sont 
dus  cà  l'influence  fâcheuse  qu'exerce  l'acide  libre  sur  le  ferment,  ainsi  que 
je  l'ai  montré  dans  ma  précédente  Note. 

»  J'ai  cherché  à  séparer  le  corps  formé  dans  la  réaction.  J'ai  pris  24  litres  d'eau, 
additionnés  de  128'' d'acide  butyrique,  24^''  de  glycérine  et  2  litres  de  sérum  de  cheval, 
et  j'ai  chauffé  à  37°.  Au  bout  de  quatre  heures,  l'acidité  était  tombée  à  moitié.  J'ai 
alors  ajouté  6s"'  d'acide  butyrique,  de  façon  à  maintenir  l'acidité  constante,  puis,  au 
bout  de  quelques  heures,  j'ai  épuisé  par  de  l'éther,  et,  après  avoir  lavé  celui-ci  avec 
de  la  potasse  j'ai  distillé.  Le  résidu  m'a  donné  environ  Ss'  d'un  liquide  bouillant  entre 
170°  et  200°  et  à  peine  acide,  el  un  résida  non  distillable,  pesant  environ  le  même  poids. 
J'en  ai  eu  trop  peu  pour  pouvoir  le  fractionner,  mais,  el  c'est  le  point  important,  j'ai  pu 
constater  que  ces  deux  corps,  dissous  dans  l'eau  et  traités  en  solution  neutre  par  la 
lipase,  se  dédoublaient  comme  fait  la  bulyrine.  Donc  le  corps  qui  se  forme  par  l'action 
de  la  lipase  en  solution  acide,  est  détruit  par  elle  en  solution  neutre.  Je  m'occupe  actuel- 
lement d'en  préparer  une  grande  quantité  pour  pouvoir  le  fractionner  et  l'identifier. 

»  J'ai  constaté  que  cette  réversion  de  l'action  de  la  lipase  est  générale 
et  s'étend  même  |aux  acides  minéraux. 

SO'H=. 

Acidité  totale 85 

Acidité  disparue 35 

»  pour  100. ...     4i 

»  Si  l'on  rapproche  ces  nombres  de  ceux  que  j'ai  donnés  précédem- 
ment pour  la  décomposition  des  éthers,  on  remarquera  que,  pour  les 
acides  gras,  la  facilité  de  combinaison  augmente  avec  le  poids  tnoleculaire, 
tandis  que,  pour  les  éthers,  la  facdité  de  décomposition  par  la  lipase  est 
d'ordre  inverse. 

»   On  voit  donc  que  la  théorie  que  j'ai  proposée  pour  expliquer  l'action 


;0'H. 

HCl. 

C-0'H=. 

CH-0'. 

C=H'0-. 

C<H*0 

70 

67 

60 

67 

72 

60 

25 

26 

20 

'7 

33 

3o 

36 

38 

33 

26 

46 

5o 

(     2l5    ) 

de  la  lipase  sur  les  éthers  permettait  de  prévoir  la  réversibilité  du  phéno- 
mène, ce  que  l'expérience  a  confirmé. 

»  Celle  réversibilité  n'est  pas  un  fait  isolé  ;  Hill  l'a  déjà  indiquée  dans 
l'action  de  la  maltase  sur  le  glucose;  on  peut  prévoir  qu'elle  deviendra 
un  fait  général  pour  tous  les  ferments  dont  l'action  est  entravée  par  les 
produits  de  la  réaction. 

))  Cette  réversibilité  doit  modifier  nos  idées  sur  le  rôle  des  ferments  in- 
ternes dans  l'organisme;  ceux-ci  n'auraient  plus  qu'une  action  régulatrice 
destinée  à  maintenir  constante  la  proportion  de  certaines  substances.  Ainsi, 
au  moment  de  la  digestion,  k's  acides  gras  arrivant  en  abondance  dans  le 
sang,  la  lipase  les  combine  et  les  fixe  à  l'état  de  graisses.  Pendant  le 
jeûne,  les  acides  gras  diminuant  dans  le  sang  par  suite  de  leur  combus- 
tion, la  même  lipase  reprend  la  graisse  qu'elle  avait  déposée  et  la  solubi- 
lise, en  sorte  que  son  rôle  est  de  maintenir  constante  la  proportion  d'acides 
gras  contcMius  tians  le  sang. 

»  Nous  savons  ainsi  qu'un  certain  nombre  de  nos  organes  sont  capables 
d'effectuer  des  actions  inverses  l'une  de  l'autre;  il  est  vraisemblable  qu'elles 
sont  dues  à  un  seul  et  même  ferment.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  sur  la  fihrinolyse. 
Note  de  M.  L.  Ca-mus,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Les  conditions  de  la  production  de  la  fibrinolyse  et  la  démonstration 
de  l'existence  môme  de  la  solubilisalion  de  la  fibrine  ne  sont  pas,  ce  me 
semble,  nettement  établies.  L'étude  de  ce  mécanisme,  que  j'ai  entreprise, 
se  rattache,  d'une  part,  à  l'étude  de  la  coagulation;  d'autre  part,  elle 
touche  à  la  question  de  l'histolyse. 

»  En  me  plaçant  à  ce  dernier  point  de  vue,  j'ai  abordé  celte  étude  par 
la  recherche  d'un  sérum  fibrinolytiq^ie.  La  question  si  complexe  de  l'his- 
tolyse se  poserait  avec  plus  île  sim|)iicilé,  si  l'on  pouvait  isoler  une  sub- 
stance simple  et  définie  du  proloplasma,  et  si  l'on  pouvait  préparer  un 
sérum  Usinant  pour  celle  substance.  La  fibrine  et  le  sérum  fibrinolylique 
m'ont  paru  présenter  des  conditions  analogues  de  simplicité.  Dans  le  but 
d'obtenir  un  sérum  fibrinolylique,  j'ai  injecté,  à  des  animaux  d'espèces  diffé- 
rentes, de  la  fibrine  préparée  aussi  pure  que  possible  et  de  façon  aseptique. 

»  J"ai  employé  la  fibrine  du  sang  de  chien,  obtenue  en  partant  du  plasma  oxalalé. 
Les  conditions  dans  lesquelles  je  me  suis  placé  m'ont  permis  d'avoir  la  fibrine  sous 
forme  de  très  petits  flocons,  et  j'ai  pu  ainsi  la  laver  très  complètement. 


(     2l6    ) 

»  Est-ce  à  dire  que  cette  fibrine  soit  entièrement  exempte  des  autres  matières  al- 
buminoïdes  du  sérum?  Théoriquement  cela  est  impossible  à  réaliser,  pratiquement 
elle  n'en  présente  que  des  traces  que  je  n'ai  pu  déceler.  Cette  fibrine,  desséchée  dans 
le  vide  à  basse  température,  a  été  pulvérisée,  relavée  aseptiquement,  puis  redesséchée. 
C'est  cette  fibrine,  finement  pulvérisée  et  mise  en  suspension  dans  l'eau  salée 
à  8  pour  looo,  que  j'ai  injectée  soit  à  des  lapins,  dans  le  sang,  soit  à  des  canards, 
dans  la  cavité  péritonéale.  Les  lapins  ont  été  injectés  tous  les  deux  jours;  la  dose 
totale  de  poudre  injectée  a  varié  de  os^aoà  oS"',  60.  Ces  animaux  n'ont  jamais  présenté 
de  troubles  particuliers,  sauf  quelquefois  une  dyspnée  passagère,  et  la  courbe  de  leur 
poids  est  restée  normale. 

»  Le  sérum  des  animaux  immunisés  a  été  essayé  in  vitro,  soit  sur  le  sang  de  chien 
en  nature,  soit  sur  ce  sang  fortement  dilué,  ce  qui  permettait  d'avoir  un  très  léger 
caillot  en  sac,  soit  enfin  sur  du  plasma  étendu  d'eau  salée  et  centrifugé.  Dans  aucun 
cas,  je  n'ai  obtenu  de  solubilisation  des  caillots,  soit  en  opérant  à  87°,  soit  en  opérant 
à  la  température  du  laboratoire.  Si  les  caillots,  une  fois  formés,  ne  sont  pas  modifiés 
par  le  sérum  d'un  animal  immunisé,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  formation  des  cail- 
lots quand  l'addition  de  ce  sérum  précède  la  coagulation.  Quand  on  ajoute,  à  du  plasma 
étendu  d'eau  salée,  des  quantités  croissantes  de  sérum  d'animal  immunisé,  on  voit 
apparaître  un  précipité  de  plus  en  plus  abondant;  pour  une  certaine  valeur  du  pré- 
cipité, la  formation  du  caillot  n'a  plus  lieu.  Ces  résultats  m'ont  amené  à  essayer  l'action 
du  sérum  de  l'animal  immunisé  sur  la  solution  de  fibrine  et  ici  encore  j'ai  observé  la 
formation  d'un  précipité.  Il  était  donc  inutile  de  poursuivre  la  recherche  d'un  sérum 
fibrinolytique  par  ce  procédé,  puisque  la  solution  de  fibrine  est  elle-même  précipitée 
par  le  sérum  de  l'animal  immunisé. 

)'  Rapprochant  les  propriétés  de  ce  sérum  de  celles  du  sérum  d'un  animal  immunisé 
par  des  injections  de  sérum,  j'ai  reconnu  que  le  sérum  de  l'animal  immunisé  avec  la 
fibrine  précipite  le  sérum  de  l'espèce  animale  qui  a  fourni  la  fibrine  et  qu'il  précipite 
aussi  les  solutions  de  fibrin-feiment  de  la  même  espèce.  Le  sérum  chauffé  est  précipité 
comme  le  sérum  non  chauffé;  les  solutions  de  fibrin-ferment,  portées  quinze  minutes 
à  100°,  sont  également  précipitées  comme  les  solutions  non  chauffées.  Le  sérum  d'im- 
munisé est  spécifique  pour  l'ensemble  des  matières  albuminoïdes  du  plasma  sanguin 
de  l'espèce  animale  qui  a  fourni  la  fibrine. 

»  La  chaleur,  qui  n'agit  pas  sur  les  substances  précipitées,  agit  sur  le  sérum  de 
l'animal  immunisé  et  peut  lui  faire  perdre  son  pouvoir  précipitant.  Un  chauffage  de 
dix  minutes  à  65°  ne  lui  fait  pas  perdre  sa  propriété,  mais  un  chauffage  d'une  heure  à 
cette  même  température  l'abolit  à  j)eu  près  complètement. 

»  Le  sérum  de  l'animal  immunisé  précipite  aux  mêmes  températures  et  en  appa- 
rence dans  la  même  proportion  que  le  sérum  d'un  animal  témoin. 

»  J'ai  aussi  immunisé  des  animaux  par  des  injections  de  sérum,  el  j  ai 
constaté  que  le  sérum  de  ces  animaux  immunisés  précipite  les  solutions  de 
fibrine  de  l'espèce  animale  qui  a  fourni  le  sérum  injecté. 

»  Je  crois  important  d'attirer  l'attention  sur  la  façon  de  faire  la  réaction,  car  on 
pourrait  dans  certaines  conditions  méconnaître  complètement  une  réaction  positive. 


(  217  ) 
Il  esl  toujours  avantageux  de  mettre  en  contact  une  grande  quantité  de  sérum  de 
l'animal  immunisé  avec  une  petite  quantité  du  liquide  à  étudier;  j'emploie  liabituelle- 
ment  1'''=  de  sérum  d'animal  immunisé  pour  o^joS  de  solution  de  fibrine  ou  de  sérum 
normal.  Avec  le  sérum  normal  la  réaction  est  rapide  et  très  apparente;  avec  la  solu- 
tion de  fibrine  elle  esl  lente  et  très  légère  :  il  esl,  dans  ce  dernier  cas,  quelquefois 
iiidi-pcjisable  d'observer  minutieusement  le  fond  du  tube  après  vinj^l-quatre  heures 
avant  de  se  prononcer  sur  le  résultat  de  la  réaction. 

»  Si,  au  lieu  d'opérer  comme  je  viens  de  i'iMili(|uer,  on  renverse  les  projiortions, 
c'est-à-dire  si  l'on  prend  i"'  de  sérum  de  cliicn  et  o'''^,o5  de  sérum  d'ininuinisé,  on 
n'observe  pas  le  plus  léger  louche  même  après  vingt-quatre  heures.  L'explication  de  ce 
résultat  réside  dans  ce  fait  que  le  précipité  est  soluble  dans  un  excès  de  sérum  normal; 
si,  en  efl'et,  après  avoir  obtenu  un  abondant  |)iécipilé  en  ajoutant  o'^'^,o5  de  sérum  de 
chien  à  i"'  de  sérum  de  lapin  immunisé  puis  centrifugé  après  dix  minutes  de  contact, 
et  si,  après  avoir  décanté,  on  remplace  le  sérum  de  lapin  par  r*'  de  sérum  normal  de 
chien,  on  voit,  après  agitation,  le  li(]uiile  séclaircir  peu  à  peu  et  redevenir  presque 
complètement  limjjide. 

»  Nous  voilà  donc  revenus  sinon  à  la  fibrinolvse,  du  moins  à  un  phénomène  ana- 
logue, à  savoir  :  la  solubilisation  in  riiro,  ])ar  un  sérum,  d'une  matièie  albuminoïde 
précipitée. 

»  En  résumé:  1"  On  pctiL  imiininiser  011  inji^ctanl  clans  les  vaisseaux 
(les  siihslanccs  (')  en  suspension  dans  l'eau  salée  à  8  pour  1000. 

')  2°  Les  injections  de  fibrine  ne  délerminent  |)as  la  produclion  d'un  sé- 
rum fdM-inolyli  jue. 

M  'i"  Les  globidines  (-)  du  sang  d'une  même  espèce  animale  ne  semblent 
pas  spécififpies  au  point  de  viie  de  rit)imiinisalion.  Le  sérum  de  l'animal 
immunisé  par  des  injections  de  fibrine  précipite  non  seidement  les  solu- 
tions de  fibrine,  mais  aussi  le  sérum  et  les  solutions  de  fibrin-ferment  de 
l'espèce  animale  qui  a  foin  ni  la  fibrine;  réci|)ro.piement,  un  animal  immu- 
nisé par  des  injections  de  sérnm  donne  un  sérum  qui  précipite  le  sérum 
avec  lequel  a  été  faite  l'imniunisiLion  el  aussi  les  solutions  de  fibrine  cor- 
respondantes. 

»  4°  Enfin  le  sérum  normal  peut  redissoudre  le  précipité  provoqué  par 
le  séruiTi  de  l'animal  immunisé. 

»  Au  |)ointde  vue  de  la  cytolyse,  ces  expériences,  pas  plus  que  celles 

(')  J'ai  aussi  injecté  à  des  lapins  de  la  poudre  de  caséum  de  vache  et  j'ai  obtenu 
un  sérum  spécifique.  Le  sérum  de  ces  lapins  ne  précipite  ni  le  lait  de  femme,  ni  le  lait 
de  lapine,  ni  le  lait  de  chienne. 

(')  Je  dis  globuliites,  car  je  n'ai  pas  encore  étudié  l'action  isolée  de  la  serine,  et  si 
l'on  s'en  rapporte  aux  expériences  de  Nolf  ce  sont  les  globulines  seules  qui  seraient  en 
cause  dans  ces  expériences. 


(  2iB  ) 
sur  le  sérum  d'anguille,  ne  mettent  en  évidence  un  phénomèue  de  solubi- 
lisation  m  vitro;  au  contraire,  nous  obtenons  ici  un  phénomène  de  préci- 
pitation, de  coagulation  analogue,  pour  une  matière  relativement  simple, 
à  ce  que  Metchnikoff  a  obtenu  pour  un  élément  cellulaire  complexe,  le 
spermatozoïde.  On  peut  donc  |)enser  que,  dans  un  certain  nombre  de  cas 
au  moins,  la  toxicité  des  sérums  cyloloxiques  est  due,  non  à  une  action 
Usinante,  mais  à  une  réaction  de  précipitation  ou  co:igulation  amenant  la 
mort  de  l'élément  cellulaire  ou  du  tissu.    » 


ZOOLOGIK.  —  Sur  les  rapports  des  Giégarines  et  de  l'epithélitim  intestinal. 
Note  de  M.  Michel  Sikdlecki,  jjrésentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Dans  un  Travail  [précédent  {^Bulletin  intern.  Ac.  Sciences  Cracovie, 
déc,  1899),  nous  avons  fait  connaître  le  développement  sporogonique 
d'une  Grégarine  (Monocystis  ascidiœ  R.  Lank.)  :  accolement  de  deux  indi- 
vidus adultes,  enkystement,  formation  des  sporoblastes;  leur  conjugaison 
isogamique  aboutissant  aux  sporocystes  ;  maturation  de  ces  derniers.  Nous 
voulons  aujourd'hui  résumer  brièvement  les  faits  que  nous  avons  observés 
relativement  aux  rapports  des  Grégarines  avec  l'épithélium  intestinal.  La 
question  est  d'actualité  puisque,  tout  récemment,  Léger  et  Duboscq  ont 
mis  en  doute,  sinon  l'existence  de  Grégarines  à  stades  complètement 
intracellulaires,  du  moins  la  généralité  d'un  tel  processus,  et  I^averan  et 
Mesnd  ont  fait  connaître  le  premier  exemple  |)récis  d'une  action  hypertro- 
phianle  exercée  par  une  Grégarine  sur  la  cellule-hôte. 

»  La  Monocystis  ascidiœ  Lank.  passe  la  plus  grande  partie  de  sa  période 
de  croissance  tout  entière  dans  une  cellule  de  lépithélium  intestinal  d'un 
Tunicier,  Ciona  intestinalis.  Dès  les  stades  les  plus  jeunes,  la  Grégarine  a 
les  caractères  de  l'animal  adulte  que  nous  avons  fait  connaître  dans  notre 
Travail  précité;  elle  croit  donc  en  restant  semblable  à  elle-même.  Nous 
voulons  surtout  insister  sur  l'action  qu'elle  exerce  sur  la  cellule-hôte. 

»  On  constate  d'abord  un  léger  élargissement  de  la  cellule  et  une  liyperlrophic  très 
nette  du  noyau  qui  devient  vacuolaire;  presque  toute  sa  clironiatine  se  condense  en 
un  gros  grain  central.  A  mesure  que  la  Grégarine  grossit,  l'hypertrophie  de  la  cellule 
s'accentue  ;  son  protoplasme  n'a  plus  la  densité  ni  l'homogénéité  de  celui  des  cellules 
normales;  il  est  parsemé  de  vacuoles  claires.  Le  noyau  est  rejeté  dans  un  coin  de  la 
cellule  et  il  prend  la  forme  d'un  croissant  en  restant  hypertrophié.  Aux  stades  suivants, 
la  cellule  acquiert  des  dimensions  considérables;  sa  largeur  est  dix  à  vingt  fois  celle 
d'une  cellule  normale;  le  novau  est  maintenant  en  voie  d'atrophie;  on  a  un  croissant 


(    219    ) 

de  plus  en  plus  mince,  très  chromatique.  Alors  la  Grégarine  occupe  la  majeure  partie 
de  la  cellule;  son  grand  axe  est  dirigé  dans  le  sens  transversal  de  la  cellule  et  elle  se 
trouve  située  au  voisinage  de  la  membrane  basilaire  qui  sépare  l'épithélium  intes- 
tinal du  sinus  sanguin  environnant.  A  l'hypertrophie  de  la  cellule  succède  donc 
l'atrophie.  Plus  tard,  les  cellules  épithéliales  voisines  de  celle  contaminée  viennent 
se  rejoindre  par  leurs  plateaux.  Le  parasite  se  trouve  refoulé  en  arrière  et,  poussant 
devant  lui  la  membrane  basilaire,  il  vient  se  loger  dans  une  poche  limitée  par  cette 
membrane  et  qui  fait  hernie  dans  le  svstème  sanguin.  Là,  il  continue  à  croître,  et  la 
plaie  qu'il  a  occasionnée  se  referme  d'elle-même.  AccidenteUement.  la  membrane  basi- 
laire peut  se  rompre  et  le  parasite  tombe  dans  le  système  circulatoire;  nous  en  avons 
observé  dans  le  cœur  d'une  jeune  Ciona  parfaitement  transparente.  Normalement, 
le  parasite  adulte  se  fraie  un  chemin  entre  les  cellules  intestinales  et  vient  tomber 
dans  la  lumière  de  l'intestin.  Là,  secondairement,  il  se  met  en  contact  avec  une 
cellule;  grâce  à  son  pseudopode  antérieur,  il  s'accole,  comme  par  une  ventouse,  au 
plateau  de  la  cellule;  il  est  alors  complètement  exlracellulaire.  A  ce  stade,  il  n'exerce 
aucune  action  hypertrophiante  ;  nous  avons  simplement  noté  que  la  cellule-hôte 
paraissait  plus  mince,  son  protoplasme  plus  condensé. 

»  C'est  seulement  ce  dernier  starle,  où  le  parasite  est  tout  entier  extra- 
celliilaire,  que  nous  avons  observé  chez  tin  Pterocephalus  des  Scolopendres 
d'Italie,  voisin  de  l'espèce  que  Léger  a  récemment  fait  connaître  sons  le 
nom  de  P.  Giardi.  Son  c|)imcrile  est  composé  de  nombrenx  filamenls 
renflés  à  la  base,  qui  s'insinuent  toujours  entre  les  cellules  épitliéliales. 
Comme  l'a  fort  bien  fait  remarquer  Léger,  le  parasite  paraît  en  relation 
avec  l'épithélium  par  une  quantité  de  radicelles;  on  se  rend  bien  compte, 
sur  les  coupes  tangentielles  de  l'épithélium  intestinal,  de  la  position  inter- 
cellulaire de  ces  fdamenls.  'Ils  paraissent  formés  de  protoplasme  très 
condensé  et  non  de  chitine,  comme  le  pense  Léger  ;  le  renflement  basilaire 
est  cannelé.  Le  Pterocephalus ,  ainsi  attaché  à  l'épithélium  intestinal, 
n'exerce  pas  d'action  particulière  sur  les  cellules;  mais  par  l'ensemble  de 
ses  fdaments  il  exerce  une  sorte  de  traction  sur  elles  et  fait  converger  les 
jjarties  tournées  vers  la  lumière  de  l'intestin. 

»  Comment  agit  le  parasite  sur  la  ccUule-hôle?  Nous  ne  pensons  pas 
que  l'hypertrophie  de  cette  cellule  soit  due  à  une  action  mécanique  du 
parasite,  comme  le  pense  Schaudinn;  et  nous  en  voyons  la  raison  en  ce 
que:  i°  le  noyau  s'hypertrophie  le  premier;  2°  dans  le  cas  décrit  par  Laveran 
et  Mesnil,  il  y  a  seulement  une  très  faible  portion  de  la  Grégarine  intracel- 
lulaire. L'action  nous  parait  plutôt  d'ordre  chimique;  les  produits  d'ex- 
crétion du  parasite  passent  dans  la  cellule-hôte  et  déterminent  une  irrita- 
tion de  cette  cellule.  Ni  toutes  les  Coccidies,  ni  toutes  les  Grégarines 
n'exercent  une  action  hvpertrophiante.  Cela  tient,  sans  doute,  à  ce  qu'un 


(    P.'iO     ) 

second  facteur  entre  en  jeu,  la  sensibilité  de  la  cellule  parasitée  aux  pro- 
duits irritants  (venimeux,  si  l'on  veut)  excrétés  par  le  parasite.  Il  n'y  a 
action  hypertrophiante  que  si  ces  produits  sont  capables  de  modifier  les 
éclian2:es  normaux  de  la  cellule. 

»  Quand  l'action  est  faible,  seule  la  cellule  parasitée  réagit  ;  mais  si  elle  est 
plus  consi<lérable,  il  peut  y  avoir  réaction  des  cellules  voisines  et  proliféra- 
tion de  l'épithélium,  et  cette  prolifération  peut  être  assez  intense  pour  en- 
traîner celle  du  tissu  conjonctiF environnant.  On  arrive  alors  à  la  produc- 
tion de  tumeurs,  telles  que  l'adénome  du  foie  du  Lapin.  Nous  avons  donc 
un  enchaînement  de  phénomènes  tels  que  l'un  d'eux  est  la  cause  immé- 
diate du  suivant.  Et  il  peut  arriver  que,  si  l'on  s'adresse  à  un  stade  assez 
avancé,  les  premiers  chaînons  semblent  manquer;  qu'on  peut,  par  exemple, 
ne  pas  trouver  le  parasite  dans  la  tumeur,  et  pourtant  c'est  lui  qui  a  été  la 
cause  première,  effacée  maintenant,  du  phénomène  que  l'on  a  sous  les 
yeux.  » 

ZOOLOGIE.  —  Le  parasitisme  intracellulaire  et  la  multiplication  asexuée  des 
Grègarines.  INote  de  MM.  RIauiuoe  Caui^lery  et  Feux  Mesml,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  recherches  de  ces  dernières  années  ont  Çi\ë  d'une  façon  précis:' 
le  cycle  évolutif  des  (loccidies:  multiplication  asexuée  intracellidaire  (^cAi- 
zogonie,  stades  à  mérozoïtes);  croissance  etdilïérenciation  'les  gamètes  mâles 
et  femelles;  conjugaison  hé térogami que  conàuh&n\.  à  la  formation  de  sporo- 
blastes,  puis  de  sporocystes  à  sporozoïtes  Çsporogonie).  Toute  la  période  de 
croissance  des  éléments  asexués  et  des  gamètes  est  intracellulaire.  Il  était 
indiqué  de  chercher  les  mêmes  termes  dans  l'évolution  des  Grègarines. 
Siedlecki  a  montré  récemment  que  le  processus  sexué ,  au  cours  de  la  sporc- 
gonie,  a  lieu  seulement  au  stade  de  sporoblastes  et  qu'il  y  a  isogamie.  Quant  à 
la  schizogonie,  nous  en  avons  signalé  le  premier  exemple  (^Comptes  rendus 
I  7  janvier  iHc)8)  chez  une  Grégarine  coelomique  d'une  Annélide  marine  ;  elle 
est  intracellulaire.  Tout  dernièrement  (^Comptes  rendus,  27  octobre  1900), 
Léger  a  décrit  une  Grégarine  à  schizogonie  extracellulaire.  La  question  de 
la  schizogonie  se  lattache  à  celle  de  l'existence  el  de  la  durée  des  stades 
complètement  inlra-cellidaires  dans  l'évolution  des  Grégariîies.  Nous  les 
examinerons  simultanément. 

»   En  associant  les  faits  publiés  jusqu'à  ce  jour  avec  ceux  que  nous  ont 


(     22  1     ) 

fournis  nos  éludes  sur  les  Grégarines  des  Annélides,  nous  croyous  pouvoir 
établir  les  catégories  suivantes  : 

»  I.  Certaines  Grégarines  u'onl  aucun  stade  intracellulaire  (Léger  et  Duboscq, 
Comptes  rendus,  l\  \\nn  1900).  S'il  s'agit  d'une  Grégarine  cœlomique,  le  sporozoïte 
«  traverse  sans  s'y  arrêter  »  l'épithéliuni  intestinal  (DiplocYslis  major  du  Gryllus 
doineslicus).  Dans  le  cas  d'une  Grégarine  intestinale  {Pyxinia  31obuszi  de  la  larve 
iVAnthrenus  museortim),  le  sporozoïte  se  fixe  à  une  cellule  épithéliale  seulement  par 
une  pointe  qui,  en  grossissant,  devient  i'épimérite  (seule  portion  comprise  dans  la 
cellule).  Léger  et  Duboscq  pensent  «  qu'un  stade  intracellulaiie  est  plutôt  excep- 
»  lionnel  chez  les  Grégarines  ».  C'est  là,  suivant  nous,  une  conclusion  trop  étendue, 
et,  en  tout  cas,  inapplicable  aux  Grégarines  des  Annélides. 

»  II.  D'autres  Grégarines,  sans  avoir  aucun  stade  entièrement  intracellulaire,  ont, 
au  début  de  leur  croissance,  une  grande  paitie  de  leur  corps  dans  la  cellule-hôte. 
C'est  dans  cette  portion  intérieure  que  se  trouve  d'abord  le  noyau;  il  passe  ensuite 
dans  la  portion  exlracellulaire  qui  grossit  de  plus  en  plus  et  la  partie  intracellulaire 
devient  I'épimérite.  C'est  le  cas  étudié  par  Biitschli  chez  Clcpsiclrina  blattarum. 
Nous  le  retrouvons  dans  une  Grégarine  intestinale  de  Scolelepis  fuliginosa  (')  Clpd. 
(Annélide  de  la  famille  des  Spioiiidiens),  appartenant  au  genre  DoliocystisLégev  :  les 
stades  jeunes  n'ont  que  le  tiers  ou  le  quart  de  leur  corps  hors  de  la  cellule-hôte. 

»  m.  Chez  un  troisième  groupe,  pendant  une  période  de  croissance  assez  courte, 
le  parasite  est  tout  à  fait  intracellulaire,  puis  perce  le  plateau  de  la  cellule-hôte,  fait 
hernie,  et  ne  reste  plus  attaché  à  elle  que  par  son  épimérite.  C'est  le  cas  décrit  |)ar 
Aimé  Schneider  dès  1882  et  devenu  classique.  Nous  l'avons  retrouvé  dans  un  Selcni- 
dium  de  Cirrutuius  cirratus  (^),  à  épimérite  gros  et  sphérique.  Laveran  et  Mesnil 
(Comptes  reiiÂiis  de  la  Société  de  Biologie,  9  juin  1900)  en  ont  fait  connaître  un 
nouvel  exemple  chez  Pyxinia  Frenzeli.  Kn  somme,  ce  tjpe  diffère  peu  du  précédent, 
chez  lequel  il  y  a  peut-être  un  stade  complètement  intracellulaire,  mais  très  fugace  et 
qui  aurait  échappé  à  robseivalioii. 

1'  IV.  Les  Grégarines  telles  que  la  Monocystis  ascidiœ,  dont  Siediecki  trace 
l'histoire  intracellulaire  dans  la  Note  qui  précède,  se  comportent  diU'éremment.  Il  y  a 
chez  elle  une  phase  intracellulaire  très  longue,  puis  la  Grégarine,  tout  entière  et  sans 
transition,  (piitle  la  ci  Ihile.  C'est  ce  que  nous  montre  aussi  un  Selenidiiini  de  Scole- 
lepis  fuliginosa  qui  croît  jiresque  jusqu'à  l'étal  adulte  dans  les  cellules  épithéliales 
de  l'inteslin,  où  on  le  reconnaît  facilement  par  la  structure  de  son  noyau,  de  son 
protoplasme  et  de  ses  myonèmes  nombreux,  puis  tombe  dans  la  lumière  du   tube 


(')  Cette  Annélide  nous  a  fourni  diverses  Grégarines  dont  il  est  question  ici  : 
1"  le  Doliocystis  du  paragraphe  11  ;  2°  un  Selenidium  à  myonèmes  nombreux  (i6-3o), 
à  section  cll!pti(|ue  (voir  paragr.  W);  3"  un  Selenidium  très  aplati,  avec  un  gros 
myonéine  s'arrêlant,  chez  les  formes  adultes,  au  milieu  de  la  longueur,  et  donnant  à 
la  section  transversale  une  forme  légèrement  eu  T  (voir  paragr.  V). 

(-)  CArLLERY  et  Mesml,  in  Miscellanées  biologiques,  dédiées  au  professeur  Giard 
{Trav.  Lab.  Wimereux.  t.  VU;  1899). 

C.  K.,  Kjoi,  1"  Semestre.  (T.  C.VXXIl,  .N»  4.)  29 


(    222    ) 

digestif.  Une  espèce  très  voisine,  le  Selenidium  de  Spio  Marlinensis,  se  comporte 
de  la  même  façon. 

»  V.  Enfin,  dans  une  dernière  catégorie,  les  phénomènes  précédents  se  compliquent 
de  schizogonie.  La  Grégarine  est  d'abord  intracellulaire  et  petite;  son  noyau  se  mul- 
tiplie, elle  se  partage  en  un  certain  nombre  de  niérozoïtes  qui  sortent  de  la  cellule 
hôte  comme  dans  le  §  IV.  C'est  ce  qui  arrive  dans  Gonospora  longissima,  Grégarine 
cœlomique,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  décrit.  Nous  signalons  aujourd'hui  un  nouvel 
exemple  chez  une  Grégarine  intestinale,  ni\  Selenidium  aplati  et  à  un  seul  gros  myo- 
nème  que  nous  rencontrons  chez  Scolelepis  fuliginosa.  Le  parasite  intracellulaire, 
d'abord  en  forme  de  croissant,  prend  peu  à  peu  la  forme  sphérique;  en  même  temps, 
son  noyau  se  multiplie,  la  sphère  se  résout  en  un  barillet  schématique  de  ^H-  à  Si'-  de 
hauteur  et  composé  d'une  douzaine  d'éléments  avec  un  petit  reliquat  polaire.  Les  mé- 
rozoïtes  ainsi  formés  se  séparent,  tombent  dans  la  lumière  de  l'intestin,  s'accolent  par 
leur  pointe  aux  cellules  intestinales  et  croissent  en  restant  extracellulaires.  Mous  avons 
suivi  cette  évolution  en  détail  et  sans  lacunes.  Cette  observation  confirme  l'existence 
de  la  schizogonie  intracellulaire  dans  le  groupe  des  Grégarines. 

»  Ce  qui  ressort  le  plus  clairement  de  l'exposé  précédent,  c'est  l'extrême 
variélé  des  rapports  entre  les  Grégarines  et  l'épilhéliimi  intestinal.  On  a  tous 
les  degrés  depuis  le  dévelopi^ement  entièrement  extracellulaire  (l)  jusqu'à 
la  croissance  presque  coinplètement  intracellulaire  (IV,  Monocystis  asci- 
dies, etc.),  avec  schizogonie  intracellulaire  possible  (V).  Ces  étapes  con- 
duisent aux  Coccidies,  où  la  croissance  est  tout  entière  intracellulaire  et  la 
schizogonie  générale,  mais  oia  V hétérogamie  -a  remplacé  V isogamie. 

»  Notons  que  des  espèces  très  voisines  par  leur  habitus  adulte  peuvent 
différer  notablement  au  point  de  vue  de  leurs  rapports  avec  l'épithélium  intes- 
tinal. Tels  sont,  par  exemple,  les  Selenidium  (Voir  §§  III,  IV,  V);  Pyxinia 
Môbaszi  renlre  dans  la  catégorie  I  (Léger  et  Duboscq),  P.  Frenzeli  dans  la 
troisième  (Laveran  et  Mesnil). 

»  La  schizogonie,  quand  elle  existe,  n'a  pas  davantage  un  siège  fixe. 
Elle  est  intracellulaire  (^Gonospora  longissima,  etc.,  §  V)  ou  extracellulaire 
{Sckizocystis gregarinoïdes,  Ophyocystis  Léger). 

»  Comme  certaines  Coccidies  et  beaucoup  d'autres  Sporozoaires,  les  Gré- 
garines sont  capables  de  déterminer  une  hypertrophie  delà  cellnle-hôte. 
Laveran  et  Mesnil  en  ont  fait  connaître  un  exemple  {Comples  rendus  Société 
de  Biologie,  9  juin  T900).  Siedlecki  en  signale  un  second.  \^^  Selenidium  à 
épimérile  sphérique  de  Cirraiulus  cirralus  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
en  fournit  un  troisième.  Contrairement,  en  effet,  à  ce  que  nous  avons  cru, 
cet  épimérite  dont  le  diamètre  atteint  5o!^',  reste  intracellulaire.  La  cellule 
qui  l'héberge  et  qui  a  5^^  à  &■  de  largciir  à  l'état  normal  se  distend  considé- 
rablement et  prend  la  forme  d'un  cône  dont  le  sommet  est  sur  la  meuibrane 


(  "3  ) 

basilaire  de  l'épilhéliiim.  T>e  protoplasme  devient  clair  et  vaciiolaire;  le 
noyau  grossit,  sa  chromatine  se  condense  presque  entièrement  en  un  gros 
grain  central;  il  prend  souvent  la  forme  d'un  croissant  qui  coiffe  la  Gréga- 
rine. 

»  Les  autres  Grégarines  étudiées  par  nous  ont  une  action  moins  nette  et 
surtout  moins  constante. 

»  L'étude  des  rapports  des  Grégarines  avec  i'épithélium  intestinal,  très 
négligée  depiiisles  travaux  déjà  anciens  de  Biitschli  et  de  Aimé  Schneider, 
mérite  donc  d'attirer  l'attention.  Elle  constituera  un  chapitre  très  intéres- 
sant de  parasitisme  intracellulaire.  » 


TÉRATOLOGIE.  —  De  l' inversion  du  cœur  chez  un  des  sujets  composants  d'un 
monstre  double  autositaire  vivant,  de  la  famille  des  Pages.  Note  de 
M.  Ciiapot-Prévost,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

«  Les  sœurs  Maria-Rosalina,  nées  au  Brésil  (Espirito-Santo)  le  21  avril 
1893,  étaient  réunies  l'une  à  l'autre  [)ar  la  région  antérieure  de  leurs 
corps,  depuis  la  cin(|uième  cote  Jusqu'à  la  cicatrice  ombilicale.  Elles  con- 
stituaient donc  un  monstre  double  monomphalien  autositaire,  de  la  famille 
des  Pages. 

»  Le  3o  mai  dernier,  à  Rio-de-.Taneiro,  nous  avons  séparé  les  deux 
sujets  composants  de  ce  monstre;  l'une  des  fillettes  (Maria)  est  morte 
d'une  pleurésie  le  sixième  jour  après  l'opération;  l'autre  (Rosalina)  ayant 
survécu,  nous  l'avons  amenée  ici  à  Paris,  nous  l'avons  fait  radiographier  et 
nous  avons  pu  constater  chez  cette  enfant  une  inversion  du  cœur  que  nous 
avions  cru  apercevoir  à  loccasion  de  l'opération.  La  petite  fdie  qui  est 
morte  avait  le  cœur  normalement  placé,  comme  on  a  pu  le  noter  lors  de 
l'autopsie. 

»  L'hélérotaxie  cardiaque,  chez  un  des  sujets  composants  de  ce  monstre, 
est  confirmative  des  idées  de  Dareste  sur  l'importance  de  ce  phénomène 
en  Tératologie.  Elle  vient  à  l'appui  de  la  division  de  l'ancien  type  Xipho- 
page,  d'Isitlore  Geoffroy  Saint-Ililaire,  en  deux  genres  :  1°  les  Thoraco- 
pages;  2°  les  Xiphopages  vrais. 

»  La  dextrocardie,  désormais  facile  à  démontrer  chez  Rosalina  par 
la  radiographie  aussi  bien  que  par  la  radioscopie,  est  suffisante  pour 
lever  tous  les  doutes  qui  auraient  pu  subsister  sur  la  classification  de  ce 


(    224    ) 

monstre  qui  doit  être  considéré,  selon  Dareste,  comme  un  Thoracopage. 

»  Comme  beaucoup  de  Thoracopages  ont  cependant  les  cœurs  plus  ou 
moins  unis  et  plus  ou  moins  normalement  constitués,  il  y  a  intérêt  à  les 
diviser  au  point  de  vue  anatomique,  mais  surtout  au  point  de  vue  chirur- 
gical en  deux  sous-genres  :  i°  les  Thoracopages  à  cœurs  libres  ou  Thoraco- 
xiphopages,  parfaitement  opérables  comme  le  montre  notre  cas,  et  ceux  à 
cœurs  plus  ou  moins  fusionnés  et  presque  tous  inopérables  que  l'on  peut 
encore  appeler  Thoracosternopages . 

M  La  survie  de  l'une  des  fdlettes  (l'inversée)  vient  confirmer  l'idée 
émise  devant  cette  Compagnie  par  M.  Marcel  Baudouin,  en  1892,  sur 
l'opérabilité  de  ces  monstres. 

L'intervention  chirurgicale  dans  un  cas  semblable  doit  être  aussi  précoce 
que  possible,  pour  éviter  que  la  mort  de  l'un  des  sujets,  ici  bien  plus  inti- 
mement unis  que  chez  les  simples  Xiphopages,  la  rende  impossible  ou  tout 
au  moins  inutile  pour  le  survivant. 

»  L'absence  d'inversion  du  cœur  chez  les  Xiphopages  vrais  de  Dareste 
nous  démontre  que  l'hétérotaxie  cardiaque  n'estpas  la  cause  déterminante 
de  la  production  de  ce  genre  de  monstruosités,  mais  plutôt  la  résultante 
de  celles-ci  dans  certains  cas. 

»  Quant  à  l'union  des  cœurs,  le  cas  de  Maria-Rosalina  prouve  qu'elle 
n'est  pas  une  conséquence  fatale  de  l'inversion  de  ce  viscère  chez  l'un  des 
sujets  composants,  puisque  celle-ci  peut  exister  sans  que  celle-là  se  pro- 
duise. 

»  Dans  la  formation  de  ces  monstres  doubles,  la  position  des  deux 
lignes  primitives  par  rapport  l'une  à  l'autre  à  la  surface  de  l'œuf  peut 
produire  quatre  groupements  différents  :  i"^  Xiphopagie  vraie  de  Dareste, 
c'est-à-dire  absence  d'inversion,  quand  l'écartement  des  deux  lignes  pri- 
mitives permet  l'évolution  normale  de  l'anse  cardiaque  des  deux  sujets; 
2°  Si  cet  écartement  diminue  de  façon  à  gêner  à  peine  cette  évolution  d'un 
côté,  il  y  a  inversion,  mais  la  soudure  des  deux  cœurs  peut  ne  pas  se  faire, 
c'est  alors  la  Thoracopagie  inférieure  ou  Thoraco-xiphopagie  qui  se  produit, 
il  y  a  quelquefois  dans  ces  cas  une  comnuuiication  des  péricardes; 
3°  Quand  il  y  a  un  rapprochement  des  lignes  primitives,  capable  de  gêner 
non  seulement  l'évolution  normale  des  anses  cardiaques,  mais  encore 
d'empêcher  la  formation  régulière  de  leurs  parois,  il  y  a  inversion  et  sou- 
dure des  deux  cœurs,  mais  les  cavités  de  l'un  peuvent  ne  pas  communiquer 
avec  celles  de  l'autre,  c'est  la  Thoracopagie  supérieure  ou  Thoraco-sterno- 


(     225     ) 

pagie  (');  4"  Finalement,  s'il  y  a  un  trop  grand  rapprochement  des  lignes 
primitives,  il  se  fait  une  liision  plus  ou  moins  complète  des  deux  cœurs  en 
un  seul,  d'où  il  résulte  toujours  une  communication  plus  ou  moins  large 
des  cavités  de  l'un  avec  celles  de  l'autre,  le  sang  pouvant  passer  direc- 
tement du  cœur  d'un  sujet  à  celui  de  l'autre;  on  trouve  très  souvent  dans 
ces  cas  un  seul  cœur  pour  les  deux  sujets,  c'est  la  Slernopagie. 

»  Signalons  encore  la  possibilité  de  l'indépendance  des  deux  tubes 
digestifs  dans  les  cas  de  Thoraco-xipliopagie,  comme  il  arrivait  pour  Maria- 
Rosalina  et  même  chez  certains  sterno[)ages.  comme  nous  en  avons  vu  un 
à  la  clinique  de  M.  le  D''  Porak.  » 

M.  Laxxei.oxoi'e  ajoute  : 

«  La  Note  de  M.  le  D'  Chapot-Prévost  éveille  l'idée  de  la  nécessité  de 
recourir  à  la  Radiographie  pour  établir,  avant  toute  opération,  cpi'il  existe 
bien  deux  cœurs  distincts  et  séparés,  la  fusion  constituant  une  contre- 
indication  opératoire  absolue. 

»  A  l'occasion  de  cette  monstruosité,  je  suis  heureux  de  pouvoir  dire  à 
l'Académie  qu'en  1888  je  lui  ai  présenté  un  enfant  nouveau-né  atteint 
d'une  variété  d'anomalies  qu'on  croyait  incompatibles  avec  la  vie.  Le  sujet 
était  atteint  d'une  ectocardie  complète;  le  cœur  était  à  nu  au-devant  du 
thorax,  d'où  il  sortait  à  travers  un  anneau.  On  pouvait  le  prendre  avec  la 
main,  constater  son  insensibilité;  il  a  été  l'objet  de  graphiques  importants 
par  MM.  Marey  et  Richel.  Je  fus  assez  heureux  alors  pour  pouvoir  remettre 
cet  organe  en  place  et  l'y  maintenir  par  une  autoplastie  suivie  d'un  succès 
immédiat.  J'ai  revu  l'enfant  il  y  a  quinze  jours,  elle  va  très  bien.    » 


CHIMIE  VÉGÉTALK.  —  Sur  la  manne  de  i Olivier.  Note  de  M.  Trabut, 
présentée  par  M.  Guignard. 

«  Dans  la  région  de  Bibans,  au  village  de  Mansourah,  il  existe  un  assez 
grand  nombre  d'oliviers  laissant  exsuder,  en  été,  une  très  grande  quantité 
de  manne  que  les  indigènes  appellent  le  rniel  de  l'Olivier,  «  Assal  ziloitn  ». 


(')  Tout  récemment,  M.  le  Professeur   BareUe  vient  de  présenter  un  monstre  de 
ce  genre  à  l'Académie  de  Médecine. 


(    226   ) 

»   Cette  manne  paraît  absolument  identique  à  la  manne  rlu  frêne. 
»   M.  Ballandier,  qui  a  bien  voulu  en  faire  TanaUse,  a  trouvé  sur  des 
échantillons  récoltés  en  décembre  après  des  pluies  fréquentes  : 

Mannite Sa 

Sucre  réducteur  évalué  en  glucose 7,8 

Matières  précipitables  par  l'alcool 9,3 

Débris  d'insectes,  bûchettes,  elc 12,2 

Perte 5,2 

Eau i3,5 

»  Les  arbres  d'où  découle  la  manne  sont  évidemment  malades.  La 
région  qui  laisse  exsuder  ce  produit  est  limitée  sur  le  tronc  ou  sur  les 
grosses  branches,  et  le  liber  est  complètement  liquéfié  par  un  agent  de 
décomposition  qui  paraît  être  une  bactérie.  Il  se  forme  ainsi  de  vastes 
chancres,  montrant  le  bois  à  nu.  Le  bois  noircit.  Les  plaies  se  réparent  et 
le  mal  se  porte  sur  une  autre  partie  de  l'arbre.  Les  arbres  ainsi  attaqués 
donnent  des  fruits,  restent  assez  vigoureux;  mais,  quand  on  les  coupe,  on 
trouve  un  bois  dense  très  veiné  de  noir  et  pouvant  avantageusement  être 
employé  pour  la  confection  de  menus  objets  sculptés. 

»  Après  une  étude  sommaire,  il  m'a  paru  que  la  manne  de  l'Olivier 
provenait  de  l'inoculation  par  des  insectes,  cigales  probablement,  d'une 
bactérie  capable  de  vivre  dans  le  cambiimi,  de  provoquer  la  désorganisa- 
tion du  liber  et  l'abondant  exsudât  sucré  qui  n'est  pas  différent  de  la 
manne  du  frêne,  laquelle  doit  avoir  une  origine  analogue.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  pression  osmotique  du  milieu 
sur  la  forme  et  la  structure  des  végétaux.  Note  de  M.  J.  Beauvkrie, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Un  certain  nombre  d'expériences  conduites  dans  le  but  de  constater 
l'influence  de  la  concentration  du  milieu  sur  la  forme  et  la  structiu-e  des 
Champignons  inférieurs,  tels  quedesMucorinées,  ou  déformes  conidiennes 
de  Champignons  supérieurs,  telles  que  des  Aspergillus,  Sterigmalocystis, 
Pénicillium,  Clonostarhys,  etc.,  toutes  formes  facdes  à  cultiver,  nous  ont  per- 
mis de  constater  que  l'accroissement  de  la  puissance  osmotique  du  milieu  : 
1°  amène  la  réduction  en  hauteur  de  l'appareil  aérien  du  champignon  et 
la    dilatation  latérale   des   cellules  constituant  cette  partie   de  la  plante; 


(    227    ) 

2°  provoque,  par  contre,  la  prédominance  de  la  partie  submergée  de  l'ap- 
pareil végétiilif  sur  la  partie  aérienne. 

»  Dans  un  certain  nombre  de  cas,  une  forte  concentration  du  milieu  dé- 
termine même  rimmersioii  complète  de  la  plnile  qui  poursuit  son  déve- 
loppement dans  ces  conditions  nouvelles.  Mais  il  se  manifeste  alors  une 
profondé  altération  de  la  forme  des  a[)p;ireils  reproducteurs,  qui  demeurent 
le  plus  souvent  stériles.  De  plus,  dans  tous  les  cas,  la  concentration  favo- 
rise d'une  façon  remarquable  le  cloisonnement  et  entraîne,  dans  certains 
milieux,  un  gigantisme  très  net  résultant  du  passage  dans  l'intérieur  de  la 
cellule  de  substances  capables  d'assurer  un  excès  de  force  osmotique  vis- 
à-vis  de  la  solution  ambiante. 

»  La  constatation  de  cette  influence,  très  curieuse,  de  la  concentration 
sur  la  forme  et  la  structure  des  Champignons,  nous  a  conduit  à  rechercher 
l'effet  que  ce  facteur  pourrait  avoir  siu"  le  développement  des  végétaux 
supérieurs,  et  nous  avons  institue  dans  ce  but  une  série  trcxpériences 
dont  nous  donnons  aujourd'hui  les  premiers  résultats. 

)i  Ces  expériences  ont  porté  sur  quelques  espèces  communes  des  genres 
Phascohis,  Pisum,  Litpinus,  Zea  el  Triticum. 

»  Nous  observions  comjiaraliveiiieiU  el  siimiltanémenl  des  cultures  de  même  âge, 
faites,  les  unes  dans  de  l'eau  ordinaire,  les  autres  dans  la  solution  de  Ivnop  pure  el  la 
solution  de  Knop  additionnée  de  doses  régulièrement  croissantes  de  chlorure  de 
sodium,  jusqu'à  ce  que  cette  solution  contienne  une  dose  niaximade  i  ,5o  pour  loo  de 
sel.  Celte  dernière  opération  était  précisément  laile  dans  l'intenlion  d'accroître 
la  force  osmotique  de  la  solution  nutritive,  car,  pour  nous,  le  chlorure  de  sodium  n'in- 
tervient dans  la  végétation  qu'en  augmentant  la  puissance  osmotique  du  milieu,  et  rien 
ne  nous  fait  supposer  qu'il  possède  une  action  toxique  spécifique.  Son  iniluence  nui- 
sible à  certaines  doses  doit  être  attribuée  à  sa  force  plasmol} santé.  Celte  action 
est  d'autant  plus  marquée  que  ce  sel  a  une  valeur  nutritive  nulle  ou  insignifiante,  et 
c'est  même  là  la  raison  qui  a  motivé  notre  choix  de  celle  substance  comme  agent  de 
concentration. 

»  Nos  cultures  étaient  faites  dans  une  étuve  marquant  26°-27°  et  abritées  sous  de 
grandes  cloches  où  l'air  se  maintenait  fort  humide,  conditions  particulièrement  favo- 
rables, puisqu'une  haute  température  et  la  transpiration  gênée  (agissant  concurrem- 
ment avec  la  forte  concentration  de  la  solution  )  créent  un  milieu  dont  l'eflet  vient 
accroître  celui  de  la  force  osmotique  du  liquide  ambiant. 

»  Dans  l'eau  ordinaire,  la  plupart  de  nos  sujets  ont  manifesté  un  hydrotropisme 
qui  fut  très  nel  pour  les  Phaseolus,  Pisum  et  Lupinus,  moins  net  pour  le  Zea,  nul 
pour  le  Triticum.  Les  racines  des  I^égumineuses  se  courbaient  à  90°  au  contact  du 
li(|uide,  continuant  à  croître  et  à  se  ramifier  dans  un  plan  supérieur  à  l'eau  ou  à  peine 
immergé.  Lorsque  plusieurs  de  ces  plantes  sont  côte  à  côte,  elles  enchevêtrent  leurs 


(  2:^«    ) 
racines  qui  se  maintiennent  toujours  dans  la  situation  indiquée,  et  )a  culture  en  prend 
un  aspect  très  particulier. 

»  L'eau  constitue  donc  pour  ces  racines  un  milieu  assez  défavorable  pour  que  le 
géotropisme  soit  contrebalancé  et  que  les  racines  fuient  ce  milieu.  Cela  résulte  de  la 
grande  différence  de  pression  osmotique  existant  entre  l'eau  et  les  liquides  cellu- 
laires. 

»  Lorsque  la  concentration  augmente  faiblement,  par  exemple,  si  l'on  expérimente 
avec  une  solution  de  Knop  additionnée  de  son  volume  d'eau,  les  racines  s'enfoncent 
déjà  sensiblement  dans  le  liquide.  (Cependant  l'h^-drotropisme  négatif  se  manifeste 
encore,  imprimant  au  système  radical  de  curieuses  déformations  :  l'extrémité  de  la 
racine  principale  et  tontes  les  racines  latérales  (le  fait  est  particulièrement  marqué 
chez  le  Haricot  et  le  Pois)  se  dirigent  vers  le  haut,  tout  en  se  recourbant  en  spirale 
ou  en  crosse.  Ce  fait  est  encore  sensible  avec  la  solution  pure  de  Knop. 

»  Dans  des  solutions  fortement  concentrées  obtenues  en  additionnant  une  même 
solution  de  Knop,  de  deux  jours  en  deux  jours,  de  o,25  pour  loo  de  chlorure  de 
sodium,  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  titre  1,26  et  i ,  5o  pour  100  de  ce  sel,  nous  consta- 
tions la  disparition  de  ces  phénomènes  et  les  racines  s'enfonçaient  directement  et  pro- 
fondément dans  le  liquide  en  y  donnant  une  ramification  régulière. 

»  En  somme,  plus  la  concentration  augmente,  plus  les  racines  des  plantes  mises  en 
expériences  (sauf  le  Blé  cependant)  s'enfoncent  profondément  dans  la  solution.  La 
partie  aérienne  se  modifie  de  son  côté,  mais  en  sens  inverse.  Elle  se  réduit  beaucoup 
en  hauteur,  les  axes  hypocotj  lés  se  renflent  considérablement  et  la  plante  reste  courte 
et  trapue. -Il  n'y  a  pas  seulement  retard  dans  la  croissance,  comme  le  fait  a  été  maintes 
fois  constaté,  mais  modification  de  la  taille  ainsi  que  de  la  forme. 

»  La  végétation  n'est  point  empêchée  par  le  fait  d'une  forte  concentration  (en  deçà 
d'une  certaine  limite),  mais  elle  se  fait  d'une  façon  spéciale. 

»  Les  moclificalions  extérieures  que  nous  venons  de  signaler  s'accom- 
pagnent de  variations  dans  la  structure  histologique  et  anatomique  Les 
cellules,  en  réagissant  contre  le  milieu  pour  assurer  l'excès  osmotique  né- 
cessaire au  maintien  de  leur  intégrité,  absorbent  plus  particulièrement  cer- 
tains éléments  capables  de  retenir  l'eau  dans  leur  intérieur,  d'où  résulte 
une  modification  dans  la  nutrition  de  la  plante  entraînant  des  changements 
de  forme  et  de  structure  ;  puis,  si  la  pression  osmotique  s'accroît  encore, 
la  plante  cherche  à  se  défendre  et  à  se  protéger;  d'où  un  agencement 
spécial  des  tissus. 

»  Nous  signalerons  seulement  aujourd'hui  les  particularités  observées 
chez  les  racines  de  Phaseolus.  Dans  la  solution  très  concentrée  dont  nous 
avons  parlé,  ces  racines  ne  possèdent  plus  de  moelle;  la  différenciation  du 
tissu  ligneux  se  fait  jusqu'au  centre.  Il  se  produit  en  outre,  de  très  bonne 
heure,  un  abondant  suber  péricyclique  dont  le  rôle  protecteur  vis-à-vis  du 


(    229    ) 

cylindre  central  est  évident.  Dans  une  racine  de  même  âge  obligée  à 
pousser  dans  l'eau,  on  constate,  au  contraire,  l'existence  d'une  moelle  vo- 
lumineuse, et  il  ne  se  développe  point  de  suber  hâtif.  Nous  reviendrons 
bientôt  sur  ce  sujet,  pour  décrire  des  adaptations,  également  très  nettes, 
observées  chez  d'autres  plantes.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  du  genre  Caprina  dans  l'Urgonien. 
Note  de  M.  V.  Paquier,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  J'ai  précédemment  fait  connaître  (')  les  principaux  tvpes  urgoniens, 
précurseurs  des  Caprines,  des  Caprinules  et  des  Caprolines.  En  continuant 
mes  recherches  sur  cette  faune,  il  m'a  été  possible  d'établir  d'une  façon 
indubitable  la  présence  du  genre  Caprina  dans  l'Urgonien  supérieur 
(Aptien  inférieur)  du  Rimet  (Isère),  localité  dans  laquelle  s'observe  de  bas 
en  haut  la  succession  suivante  : 

»  Calcaires  urgoniens  supérieurs  à  Toucasia  carinala;  l'un  des  derniers  bancs, 
très  fossilifère,  renferme  de  nombreuses  Caprina.  associées  aux  formes  voisines, 
dépourvues  de  canaux  dans  la  région  anléricurc  de  la  valve  supérieure  el  fréquentes 
à  ce  niveau  à  Châteauneuf-du-Rliône.  Vient  ensuite  l'assise  jaunâtre  grumeleuse  à  Ma- 
theronia  Virginiœ,  assez  mince  el  qui  passe  aux  marnes  à  Orbitolines  (zone  supé- 
rieure) à  faune  de  Céphalopodes  intermédiaire  entre  les  deux  zones  de  l' Aptien, 
{Acanthoceras  StohiescAi,  Macroscapliiles  striatisulcalus).  L'âge  aptien  de  la  couche 
sous-jacente,  à  Caprina,  n'est  donc  pas  douteux. 

»  Ces  Caprines  sont  des  formes  de  petite  taille;  leur  valve  supérieure  se 
montre  uniformément  pourvue  ile  canaux  séparés  par  des  lames  radiantes, 
généralement  simples;  néanmoins,  de  loin  en  loin,  il  s'observe,  sur  cer- 
tains individus,  des  cas  de  bifurcation  fréquents. 

»  Des  canaux  plus  larges  et  de  section  polygonale  se  montrent  dans  le 
voisinage  de  l'impression  musculaire  antérieure,  i.a  fosse  cardinale  et  la 
cavité  qui  l'accompagne  à  l'avant  ne  sont  pas  séparées  par  une  cloison, 
comme  chez  Caprina  adversa;  c'est  là  un  caractère  primitif  qui  se  retrouve 
chez  C.  Choffali  Douvillé,  «le  l'Albien,  avec  la  rareté  relative  des  lames 
bifurquées,  tandis  que,  chez  C.  adversa,  cette  subdivision  des  lames 
radiantes  est  la  règle.  La  A^alve  inférieure  ne  présente  de  canaux  que  dans 
le  voisinage  de  la  lame  myophore  postérieure,  où  ils  sont  circulaires  et  de 

(')  Comptes  rendus,  26  mai  et  i5  juin  1896. 

C.  R.,   1901,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  4.)  3o 


(   23o    ) 

petite  taille  ;  l'aspect  général  est  tout  à  fait  celui  d'une  valve  homologue  de 
Caprine. 

»  Ainsi  le  genre  Caprino,  qui  jusqu'ici  n'était  pas  signalé  avant  l'Albien 
supérieur,  existait  déjà  à  la  fin  de  C Aptien.  inférieur. 

»  En  i8g6,  j'avais  signalé  (/oc.  cil.)  dans  l'Urgonien  la  présence  de 
Caprolinés  primitifs  ayant  de  manifestes  analogies  avec  les  Sellœa  de  Sicile 
et  en  représentant  vraisemblablement  un  type  archaïque. 

»  Piclet  en  avait  fait  connaître  une  espèce,  sous  le  nom  de  Sphœriditcs 
paradoxa  ('),  qui  est  devenue  pour  moi  le  type  du  nouveau  genre  Pachy- 
tra^a  (-). 

»  A  l'aide  de  matériaux  plus  nombreux  et  mieux  conservés,  je  puis  main- 
tenant confirmer  mon  hypothèse  et  formuler  quelques  données  sur  l'évo- 
lution des  Caprotinés. 

»  La  principale  différence  entre  la  valve  inférieure  des  Sellœa  et  des 
Pachylraga  résulte  dans  la  présence,  chez  les  premières,  de  canaux  accom- 
pagnant à  l'extérieur  l'impression  myophore  anlérieiire. 

»  Or,  parmi  les  deux  espèces  de  Pachylraga  urgoniennes  on  remarque 
sur  certains  individus  seulement,  et  à  litre  de  variation  individuelle  sans 
retentissement  sur  les  autres  caractères,  un  groupe  de  canaux  correspon- 
dant tout  à  fait,  comme  forme  et  comme  situation,  à  ceux  des  Sellœa,  sauf 
de  moindres  proportions. 

»  La  valve  supérieure  de  Pachylraga  et  celle  de  Sellœa  diffèrent  surtout 
par  l'absence,  chez  la  première,  de  la  cavité  accessoire  accompagnant  la 
crête  myophore  postérieure,  caractère  archaïque  assez  remarquable;  mais, 
comme  ménageant  la  transition  entre  ces  deux  types,  on  observe  le  rudi- 
ment très  reconnaissable  de  cette  même  cavité  chez  quelques  Pachylraga 
àçées. 

»   La  filiation  des  Sellœa  paraît  donc  assez  clairement  établie. 

»  Bien  que  déjà  fréquentes  dans  le  Barrémien  supérieur,  les  Pachylraga 
persistent  jusque  dans  le  Cénomanien  en  n'éprouvant  que  de  très  légères 
modifications,  ainsi  qu'en  font  foi  des  échantillons  de  l'ouest  de  la  France 
qui  m'ont  été  fort  obligeamment  communiqués  par  M.  Douvillé.  Dès  lors, 
la  forme  souche  des  Caprotinés  paraît  avoir  été  le  genre  Pachylraga,  don- 
nant ensuite  naissance,  durant  l'Aptien,  à  l'important  rameau  des  Sellœa 
qui  ont  pullulé  dans  le  Cénomanien  de  Sicile.  Le  genre  Elhra,  dont  la 


(')  Mat.  pour  la  Paléontologie  suisse,  S"  Partie,  pi.  CL. 

(-)  Recli.  géol.  dans  le  Diois  et  les  Baronnics  orientales,  p.  199. 


(    23l     ) 

valve  siipérioure  ruppelle  tout  à  fait  celle  des  Pachytraga,  avait  dû  se  dé- 
tacher plus  tôt,  mais  sa  fortune  a  été  à  tous  les  points  de  vue  plus  modeste, 
|iiiisqu'il  n'a  donné  que  quel(|ues  formes  de  petite  taille  localisées  dans 
certains  gisements  du  sud-est  de  la  France.  Avec  le  Cénomanien.  les  Ca- 
protines  proprement  dites  prennent  une  extension  considérable,  et  à  côté 
d'elles  se  retrouve,  presque  sans  avoir  évolué,  le  genre  Pachytraga,  qui 
offre  ainsi  un  exemple  du  fait,  déjà  connu  d'ailleurs,  de  la  persistance  des 
formes  primitives  au  milieu  de  types  plus  récents.  » 

PHYSIQUE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  les  chaleurs  spécifiques  de  la  soie,  de  la  laine 
et  du  coton.  Note  de  M.  Testenoire. 

«  Le  Compte  rendu  de  la  séance  du  12  février  1900  contient  une  Commu- 
nication de  M.  G.  Fleury,  sur  les  chaleurs  spécifiques  des  principales 
matières  employées  pour  les  vêtements  de  l'homme  :  cellulose,  laine, 
cuir.  Or,  dès  le  commencement  de  l'année  1899,  le  laboratoire  d'études 
de  la  soie,  de  la  Condition  des  soies  de  Lvon,  |)ubliait,  dans  le  Compte 
rendu  de  ses  travaux  pendant  les  années  1897  et  1898,  une  élude  faite  en 
avril  1898  sur  la  même  question  :  «  Chaleurs  spécifiques  de  la  soie,  de  la 
laine  et  du  coton  ».  Les  résultats  publiés  par  M.  Fleury,  qui  ont  d'ailleurs 
été  obtenus  d'après  les  mêmes  méthodes  expérimentales,  .sont  identiques  à 
ceux  qui  avaient  été  indiqués,  un  an  auparavant,  dans  la  publication  du 
Laboratoire  d'études  de  la  soie  de  Lvon.   » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  21  janvier  1901. 
(  Suite.) 

Royal  meteorological  Institute  ofthe  Netherlands.  Comparison  of  ihc  instru- 
ments for  absolute  magnetic  measurements  al  différent  ohservatories,  by  D"" 
Van  Rijckevorsel.  Amsterdam,  H. -G.  Bom,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

1901,  Atmospheric  tendencies  meanvelocity  and  probable  weather,  by  D. 
Dewar.  Glascow;  i  fasc.  in-12. 


(    232    ) 

Le  Mais  et  où  il  se  cultive.  Chicago,  111.,  1900;  i  fasc.  in-12.  (Expédié 
par  le  clé|>artemcnl  f!e  trafic  de  la  Chicago  and  North-Western  Railway.) 

R.  Vniversila  Romana.  Scuola  d' applicazione  per  gl'  ingeneri.  Annuario 
perl'anno  scolastico  1 900- r 901.  Rome,  1900;  i  fasc.  in-i8. 

Fifty-fifth  annual  Report  of  the  director  of  the  Aslronomical  Observatory  ot 
Harvard  Collège,  for  the  year  ending  september  3o,  1900,  by  Edward-C. 
PiCKERiNG.  Cambridge,  Mass.,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Annual  Report  of  the  assistant  in  charge  of  the  Muséum  of  comparative 
Zoôlogy  at  Harvard  Collège,  ta  the  Président  and  Fellows  of  Harvard  Collège, 
for  1899-1900.  Cambridge,  U.  S.  A.,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Report  of  the  Secrelary  of  Agriculture,  1900.  Washington,  1900;  i  fasc. 
in-8°. 

Resultados  del  Observatorio  nacional  Argentino  Zonas  de  exploracion, 
hrillantez  y  posicion  de  todas  las  estrellas  fijas  hasta  la  décima  magnitud 
com.prendidas  en  la  faja  del  cielo  entre  ^\'2  y  5i  grados  de  declinacion  sud. 
JuAN-M.  Thome,  Director;  vol.  XVIII.  Catalogo  de  las  Zonas  de  exploracion, 
Entrega  III,  43"  a  5'2°.  Buenos-Ayres,  1900;  i  vol.  in-4°.       {A  suivre.) 


ERRA  TA . 


(Séance  du  7  janvier  1901.) 

Note  de  MM.  Matignon  et  Delépine,    Composition   de  l'hydrure  et  de 
l'azoture  de  thorium  : 

Page  87,  ligne  33,  au  lieu  de  Pour  100,  lisez  Eau  pour  100. 


(Séance  du  21  janvier    1901.) 

Noie  de  M.  Hanriot,  Sur  le  mécanisme  des  actions  diastasiques  : 

Page  i47,  ligne  7  en  remonlant,  au  lieu  de  acide  nitrique  maintenu   à   17°,  Usez 
acide  acétique  maintenu  à  37°. 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER- VIF.LARS, 
Quai  (les  Grands-iugustins,  n"  55. 

iiis  .835  les  COMPTES  RENDUS  hebdoraaJaircs  paraissent  rcgulièicmeiil  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4".  Deux 
ables,  l'une  par'^oidre  alphabétique  de  maticrcs,  l'autre  par  ordre  alphalunique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annue 

:1  part  a»   1       a  ^^  ^^_^^  ^^^,  i-'„l,n,incnir/il  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  l'r.  —  Départcmciil^  .  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les   Départements, 


chei  Messieurs  : 
^lt„ Ferran  frères. 

.  Chaix. 
^Igt, (  Jourdan. 

)  RufT. 
^muni ■      Courtin-Hecquet. 

1  Germain  etGrassin. 

^"f"' I  Gastineau. 

Hayonne Jérôme. 

Huançon     Régnier. 

Feret. 
Hordeaux Laurens. 

'  Muller  (G.). 
lour/pw Renaud. 

,  Derrien. 

)  F.  Robert. 
*"" lOblin, 

'  Uiel  frères. 

Caen Jouan. 

Chamberv Perrin. 

.     .  l  Henry. 

dterbourg ., 

"  f  Marguerie. 

i  Juliut. 
Ciernwni-f-eri .. .  l  ,^ 

I  Bouy. 

Nourry. 

D/on Ralel. 

'  Rey. 

;  Lauverjat. 

ûoual ^ 

'  Degez. 

,        . ,  i  Drevet. 

(trenoblt 1  _  „ 

I  Gratier  el  C'v 

Li  Hochelle Foucher. 

,  1  BourdigDon. 

<■'  Haoïe ,^       ,    " 

(  Uombre. 

,    •  1  Thorez. 

Li"t ■  .  !  „ 

(  Quarre. 


Lortent. 


I.yon. 


i  lUarseilte. . 

!  Montpellier 

i 

I  Moulins. 


chez  Messieurs  : 
^  Bauniai. 
i  M"*  leiier. 

Bernoui  el  Cumin 
^Georg. 

Kdanlin 
J  Savy. 
'  Ville 

Ruât 

I  Valat. 

'  Coulel  el  fils. 

Martial  Place. 
Jacques. 


Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidol  frères. 
(  Guist'hau. 

I  ^°"'" (  Veloppé. 

I  ^  Ban» a. 

I'^'" (App.v. 

I  Amies  Tliibaud. 

i  Orléans  Luzeray. 

;  ^  Blanchier. 

\Po''i^" !M.'>vl>e. 

\  Rennes Plihon  et  Hervé 

\Bocliefort..  Girard  (M""). 

!  I  I.anglois. 

'l*ouen ,  l.cstringanl. 

,S'-Ktienne  .      ■■       Chevalier. 

(  Ponteil-Burles. 
Toulon IRumèbe. 

,  Gimet. 
Toulouse  (Pnvat. 

Boisselier. 
i  Tours  )  Pèrical. 

'  Suppligeun 

I  Giard. 
^  Valenaennes..        ,  Lemallre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 

Athènes. . . 
Barcelone. 


Berlin.  . . 

Berne  .  . 

Bologne 

Bruûoelles. 

Bucharest . 

Budapest 

Cambridge. 

Christiania. 

Conslantinopte. 

Copenhague.. 

Florence 

G and. . 

Gènes .      . 

Genève. . 

La  Haye. 
Lausanne 


Leipzig 


chez  Messieurs  : 

4  Feiketiia    Caarelsen 

I      el  C". 

Beck. 

Verdaguer. 

,  Asher  et  C'V 

I  Dames. 

,  Friediander   el   fils. 

'  Mayer  el  Millier. 

Schniid  Francke. 

Zanichelli. 

Lanierlin. 

MayolezetAudiarle. 
'  Lebègue  et  C". 
,  Sotchek  et  C°. 
'  Mcalay. 

Kilian. 

Dcighlon,  BellelC". 

Caiiimerineycr. 

Ollo   Keil. 

Host  et  RU. 

Seeber. 

Ilosle. 

Beuf. 

Chei'buliez. 
'  Georg. 
'  Slapcimohr. 

Belicifante  frères 

,  Beiida. 

'  Payoi  et  ('.". 

Barlh. 
l  Brockhau». 

Lorentz. 
i  Max  Rube 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
Londres Hachette  et  C'v 

'  Nutt. 
Luxembourg.    ..     V.  BUck. 

/  Ruiz  et  C'v 

,.     .      .  I  Ronio  y  Fusse!. 

Madrid (  ■' 

I  Capdcville 

'  F.  Fé. 
,,  ,  .  1  Bocca  frères. 

/  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

.,      ,  (  Marghieri  di  Gius 

IVaples „  ,, 

(  Pelleranu. 

,  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
n/e>v-  york ,  Slechert. 

'  Lcmckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  el  C- 

Païenne Reber. 

Porto Magalhaès  el  Mouiz. 

Prague.. .    Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

(  Bocca  frères. 

\  Loescher  et  C*. 
Rotterdam Krainers  et  fils. 


Stockholm 

,  S'-Petersbourg. 


Liège. 


Twielineyer. 

,  Desoer. 
/  Gnusè. 


Turin. 


Samson  et  Wallio 
^  Zinserling. 
\  WolIT. 
Bocca  frères. 
Brero. 
\  Clausen. 
'  Rosenberg jtSellier 

Varsovie Gebethner  et  Wold , 

Vérone Drucker. 

,  Frick. 

►''■«'"'« •  ioeroldetCv 

Ziirich Meyer  el  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

ïomos  1"  a  31.  -  (  o  Août  iS.iJ  à  ;f  i  Décembre  iSJo.  ^  Volume  in',"  ;  iSi  !.  l>nx 15  T. 

Tomes  32  a  61.  -  i  ."  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i805.  )  Volume  in-l";  rS;»-  Pnx l|  i- 

Tomes  62  a  91.  —  (  i"  Janvier  iSl.ti  à  Ji  Décembre  i88o.)  Volume  in-.i";  i88<j.  Prix "   i  • 

I  Tomes  92  à  121.  -  (i^'  Janvier  iS8i  à  3i  Décembre  1893.)  Volume  in-4";  l'joo.  Prix lt>  n- 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  LACADEMIE  DES  SCIENCES  :  _  ^^^^^^^  ^^^  ^^  ^^^^^^   _^^  Pei.urbatio,. 

T..e  I  :  Mémoire  ..r  .-elqi^s  poinU  do  ^^^^^^f^^J^^^  Z  ^lhi^^7^:^rU,n^  clans   les  phénomènes  digestifs,  particu.ièrement^dan. 

qu'eprouvenl  les  Conutes,  par  M.  Hanses.  —  Jlcmoire  sur  ic  1  ancreas  Li  .11.  1^  K,.,-  15  fr- 

..■  digestion  des  maliuies  grasses,  par  M.  Claude  Bebn.vhd.  Volume  in-4',  ■'vcc  32  planches;  ■*'',^- ;•;  •■••;;•••:••■  ;,'' "p^;^  ■;;,,p„3ée  en  iS.5o  par  l'Académie  de. 

Tome  II  :  .Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Va.  Ur...o.s.  -  Essai  d  une  réponse  sU,  1  r  ^p  ^^^^.,^/^^^^  ,^^  j.„,,^.^„^^ 
Sciences  pour  le  concours  de  .833,  et  puis  remise  pour  celai  de  iSÔCi  savon  :  «  Etudier  les  '""''^ ''''';^  7,  "V^;  dispari  ion  successive  ou  simultanée.  - 
.  terrains  sédmjenuires,  suivant  Tordre  de  leur  superposition.  -Discuter  ^^  '1"'^''°'^  ^'^  ''"^^'l^"  Z^J^ ,  '  M.  le  Professeur  Bao...  in-4», 
«Rechercher   la    nature   des    rapports   qui   existent  entre  l'état  actuel   du   rogne   organique    et    se.  états  antuieurs     ,    p ^^  ^^ 

avec  27  planches;   iS'Ji 

A,la..n.e  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  ic  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  I  Académie  des  Sciences. 


K  4. 


^/* 


TABLE   DES  ARTICLES.  (Séance   du  28  janvier   1901.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIO\S 

DES  MEMBUES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  AiiJiAND  G.\UT1F.R.  '  Production  de 
riiydrogène  dans  les  roches  ignées.  — 
Action  de  la  vapeur  d'eau  sur  les  sels 
l'erreux '^9 

M.  A,  Chauveau.       La  dépense  énergétique 


Pages, 
qu'entraînent  respectivement  le  travail 
moteur  et  le  travail  résistant  de  rhomnie 
qui  s'élève  ou  descend  sur  la  roue  de  Hirn. 
Évaluation  d'après  l'oxygène  absorbé  dans 
les  cclianges  respiratoires ui'i 


CORRESPOIVDAIVCE. 


M.  le  Skckktaibe  l'iîurKTLKi.  annonce  à 
l'Académie  la  mort  de  M.  J.-G.  Agardli. 
Correspondant  pour  la  Section  de  Bota- 
nique  

M.  SiEDLECKi  adresse  des  remercimenls  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  accordée 
à  ses  travaux 

M.  Gaston  Bonxier  présente  à  l'Académie 
le  premier  fascicule  d'un  nCotirs  de  Bota- 
nique )i  rédigé  par  lui  en  commun  avec 
M.  Lcclerc  du  Sablon 

M.  RoucttÉ  présente  à  l'Académie  le  pre- 
mier Volume  d'un  Ouvrage  intitule  : 
«  Analyse  infinitésimale,  à  l'usage  des 
Ingénieui-s  »,  par  MM.  Eugène  liouc/ic 
et  Lucien  Le'vy 

M.  Ch.  Frémont.  —  Positions  diverses  de 
la  fibre  neutre  dans  les  corps  rompus  par 
flexion  ;  raison  tle  la  fragilité 

M.  E.  L.4GRANGE.  —  Sur  la  propagation  des 
ondes  hertziennes  dans  la  télégraphie  sans 
fils 

M.  OEcuSNEU  DE  CoNiN'CK.  —  lîluile  du  ni- 
trate d'uranium. . . .    

M.  Tarible.  —  Action  du  bromure  de  bore 
sur  les  iodures  de  phosphore  et  sur  les 
composés  halogènes  de  l'arsenic  et  de 
l'antimoine ■ 

M.  Marcel  Guereet.  Action  de  l'alcool 
œnanlhylique  sur  son  dérivé  sodé;  nou- 
velle méthode  de  synthèse  des  alcools-  .  . 

BuLi.irrix  bibliographique  ; 

Errata  


20l| 


MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Sendebens.  — 
Hydrogénations  directes  réalisées  en  pré- 
sence du  nickel  réduit  :  préparation  de 
riiexahydrobenzène jio 

M.  Hanriot.  —  Sur  le  mécanisme  des 
actions  diastasiques ji:' 

M.  L.  Camus.  Recherches  sur  la  fibrino- 
lyse 3 1 5 

M.  Michel  Siedlecki.  —  Sur  les  rapports 
des  Grégarines  et  de  l'épithélium  intes- 
tinal         9.1>i 

MM.  M.\URicE  Caui.lery  et  Félix  Mesnil. 
—  Le  parasitisme  intracellulaire  et  la 
multiplication  asexuée  des  Grégarines...      j 'u 

M.   Ciiapot-Prèvost.   —   De   l'inversion   du  ' 
cœur  chez  un  des  sujets  composants  d'un 
monstre  double  autositaire  vivant,   de   la 
famille  des  Pages j .^i 

M.  Lannelongue.  —  Observations,  à  pro- 
pos de  la  Note  de  M.  Chajmt-Prevost.  sur 
nue  opération  frcctocardie,  faite  en  i88K 
et  suivie  de  succès , >2'i 

M.  Trabut. —  Sur  la  manne  de  l'Olivier..  .      22'i 

M.  J.  Beauverie.  —  Influence  de  la  pression 
osmotique  du  milieu  sur  la  forme  et  la 
structure  des   végétaux ut] 

M.  V.  Paquier.  —  âur  la  présence  du  genre 
Caprina  dans  l'Urgonien ajg 

M.  Testen'oire.  —  Sur  les  chaleurs  spéci- 
fiques de  la  soie,  de  la  laine  et  du  coton.      >3i 


2.il 
■23-î 


y 


PARIS.   —  IMPIUMERIE     G  AUT  H  I  E  R-V  t  L  L  A  KS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   56 

l'f    6'eVrtn/  .*  *.*UTHIKR-VlLL»RS. 


APR  30  I9l'l  ■ 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAU   un.   liBS  ABCRÉTAIKB9   PBRPÉTlJtlI^S. 


TOME  CXXXII. 


N^  5  (4  Février  1901). 


PARIS, 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 
'  Quai  des  Grands-Augustios,  55, 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  REDNUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  om  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  G  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 
/  Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  Ae  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicieeu  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Progranunes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  élre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rerais  à 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compterendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


I 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  m 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativefail 
un  Rapport  sur  la  situatioo  clés  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


^r  n    o»y   xav 


COMPTES  RENDUS 

DES   SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 


»«4»«-e 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  FÉVRIER    1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 
Notice  sur  M.  J.  Agardh;  par  M.  Iîor.net. 

«  La  Section  de  Botanique,  instruite  trop  tard  de  la  mort  de  son  émi- 
nent  Correspondant  M.  J.  Agardh,  demande  à  l'Académie  la  permission 
d'ajouter  aujourd'hui  quelques  mots  à  l'annonce  que  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel a  faite  lundi  dernier. 

»  Dans  la  même  semaine,  la  Section  de  Botanique  a  perdu  son  doyen, 
M.  Chatin,  et  l'un  de  ses  Correspondants,  M.  Jacob-Georg  Agardh.  Nés  l'un 
et  l'autre  à  la  fin  de  l'année  i8i3,  ils  se  sont  éteints  doucement,  à  quatre 
jours  d'intervalle,  après  avoir  dépassé  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans.  Tous 
deux  ont  conservé,  presque  jusqu'au  dernier  jour,  leur  puissance  de 
travail.  Il  y  a  moins  de  deux  années,  en  1899,  M.  J.  Agaidh  publiait  le 
cinquième  Supplément  à  ses  Analecta  algologica,  qui  forme  un  fascicule  de 
160  pages  in-4''. 

C.  R.,  1901,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  5.)  3l 


(  234  ) 

»  Fils  de  Karl-Adolf  Agardh,  qui  fut  un  des  promoteurs  de  l'étude  des 
Algues  pendant  le  premier  tiers  du  siècle  dernier,  M.  J.-G.  Agardh  suivit  la 
tradition  paternelle.  Il  fut,  comme  son  père,  professeur  à  l'Université  de 
Lund  et,  pendant  soixante-cinq  ans,  n'a  cessé  de  consacrer  aux  Algues  la 
plus  grande  part  de  son  activité  scientifique. 

))  Ses  livres  sont  la  base  solide  de  la  connaissance  que  nous  possédons 
sur  la  structure,  la  description  et  la  classification  des  Algues  marines.  Les 
Floridées  surtout  ont  été  l'objet  de  sa  prédilection.  Il  en  a  décrit  un 
nombre  considérable  d'espèces  nouvelles  et  les  a  rangées  méthodiquement 
d'après  les  caractères  fournis  par  la  disposition  des  spores  dans  le  fruit 
complètement  développé.  Cette  classification  fut  suivie  par  tous  les  algo- 
logues  jusqu'à  l'époque  récente  où  Fr.  Schmitz  prit  pour  point  de  départ 
d'une  nouvelle  distribution  la  structure  et  le  développement  de  l'appareil 
femelle.  Mais  telle  était  la  justesse  avec  laquelle  M.  J.  Agardh  appréciait 
les  af6nités  réelles  des  plantes,  malgré  des  apparences  décevantes  et  le 
manque  fréquent  de  matériaux  complets,  que  presque  tous  les  groupes 
établis  dans  le  Species,  Gênera  et  Ordines  Algarum  et  dans  l'Jï/^/cmw  ont 
passé  dans  la  nouvelle  classification  sans  que  leurs  limites  aient  été  beau- 
coup modifiées.  L'ordre  seul  en  a  été  changé. 

))  En  raison  de  la  connaissance  si  étendue  qu'il  avait  des  Algues,  M.  J. 
Agardh  jouissait  d'une  autorité  sans  rivale.  C'était  à  lui  que  les  botanistes 
recouraient  en  dernier  ressort  lorsqu'il  s'agissait  de  déterminations  incer- 
taines. Aussi  les  plantes  affluaient-elles  chez  lui  de  toutes  les  parties  du 
monde.  Ses  collections,  qui,  avec  celles  de  son  père,  représentent  les 
apports  d'un  siècle  tout  entier,  sont  les  plus  riches  qui  existent.  Ce  sont 
aussi  les  plus  précieuses,  puisqu'elles  renferment  les  types  originaux  des 
nombreuses  espèces  décrites  par  les  deux  Agardh.  Nous  en  avons  apprécié 
l'importance  lorsque  M.  Flahault,  M.  Gomont  et  moi  avons  entrepris  de 
mettre  en  ordre  le  chaos  des  Algues  du  groupe  des  Nostocacées  filamen- 
teuses. M.  J.  Agardh  mit  spontanément  à  notre  disposition  une  longue 
série  d'échantillons  authentiques  qui  nous  ont  été  extrêmement  utiles  et 
que  nous  n'aurions  pu  trouver  ailleurs.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  les  origines  de  la  combinaison  chimique  : 
États  allotropiques  de  l'argent;  par  M.  Bertbelot. 

«  L'allotropie,  c'est-à-dire  l'isomérie  des  corps  simples,  offre  un  intérêt 
particulier  en  Chimie,  car  elle  joue  un  rôle  essentiel  dans  une  multitude 


(  235  ) 

de  circonstances,  en  raison  des  relations  qu'elle  présente  avec  les  phéno- 
mènes de  combinaison  et  de  décomposition  :  soit  pour  les  déterminer,  soit 
pour  en  régler  les  limites.  J'ai  déjà  eu  occasion  d'examiner  à  ce  point  de 
vue  les  états  multiples  du  carbone,  du  soufre,  du  sélénium,  du  tellure,  du 
platine,  de  l'arsenic,  de  mesurer  la  chaleur  de  transformation  d'un  état  en 
un  autre,  pour  un  même  élément,  et  de  montrer  comment  cette  quantité 
de  chaleur  intervient,  notamment  pour  changer  une  combinaison  endo- 
thermique  en  une  combinaison  exothermique,  ou  bien,  plus  simplement, 
pour  faire  varier  la  grandeur  de  la  chaleur  de  la  combinaison  sans  en  mo- 
difier le  signe;  toutes  conditions  fondamentales  dans  l'étude  des  combi- 
naisons directes,  des  substitutions,  des  doubles  décompositions,  de  l'élec- 
trolyse  et  des  équilibres  chimiques. 

»  Mes  dernières  recherches  sur  les  débuts  de  la  combinaison  entre 
l'argent  et  l'oxygène  (')  m'ont  conduit  à  soumettre  à  une  investigation 
spéciale  les  états  allotropiques  de  l'argent. 

I.  —  Méthode  employée. 

»  La  méthode  que  j'ai  employée  consiste  à  mesurer  la  chaleur  mise  en 
jeu  lorsque  l'on  dissout  le  métal,  pris  sous  ses  différents  états,  dans  un 
poids  toujours  identique  de  mercure,  employé  comme  liquide  calorimé- 
trique, à  la  température  ordinaire  :  la  différence  entre  les  quantités  de 
chaleur  ainsi  observées  est  égale  à  la  chaleur  de  transformation  des  états 
expérimentés.  Cette  méthode  est  simple  et  rapide,  et  elle  aboutit  immé- 
diatement à  un  état  final  identique  des  systèmes  que  l'on  veut  comparer. 

»  Observons  que,  d'après  les  faits  connus,  il  serait  extrêmement  diffi- 
cile de  réaliser  directement,  entre  l'argent  et  les  éléments  simples,  tels  que 
l'oxygène,  le  soufre,  le  chlore,  etc.,  des  combinaisons  définies,  accomplies 
à  froid,  dans  des  conditions  calorimétriques  rigoureuses. 

»  Tout  au  plus  pourrait-on  réussir  à  obtenir,  dans  de  telles  conditions, 
certains  composés  complexes  de  l'argent  :  par  exemple,  en  dissolvant  ce 
métal  dans  l'acide  azotique,  ou  bien  dans  le  bromure  de  potassium  bro- 
mure, ou  bien  en  le  changeant  en  un  iodure,  que  l'on  dissoudrait  ensuite 
dans  le  cyanure  de  potassium,  tous  artifices  employés  dans  des  cas  ana- 
logues; sauf  à  déterminer  séparément  les  données  auxiliaires,  nécessaires 
pour  établir  des  cycles  convenables  de  métamorphoses.  La   chaleur  de 

(')  Ce  Recueil,  t.  CXXXI,  p.  iiSg;  24  décembre  1900. 


(  236  ) 

transformation  allotropique  du  corps  étudié  n'intervient  alors  que  comme 
une  inconnue,  calculable  à  l'aide  de  données  multiples  et  dont  la  grandeur 
est  beaucoup  plus  considérable. 

»  La  méthode  que  j'emploie  est  plus  sûre.  C'est  d'ailleurs  une  méthode 
applicable  non  seulement  à  l'argent,  mais  aux  nombreux  métaux  suscep- 
tibles de  se  dissoudre  dans  le  mercure,  tels  que  l'or,  le  cuivre,  le  plomb, 
l'étain,  le  bismuth,  le  zinc,  etc.,  et  à  l'étude  de  leurs  états  allotropiques. 
La  même  méthode  convient  aussi  pour  l'étude  des  alliages  de  ces  différents 
métaux  et  pour  la  mesure  de  la  chaleur  dégagée  dans  leur  formation. 

f>  Les  seules  conditions  essentielles  sont  d'employer  un  métal  (ou  un 
alliage)  suffisamment  divisé  pour  pouvoir  être  dissous  rapidement  au  sein 
du  mercure,  et  d'opérer  sur  des  poids  de  mercure  convenables,  afin  de  réa- 
liser l'identité  des  états  initial  et  final  des  systèmes  ;  il  convient  surtout  de 
placer  dans  le  calorimètre  un  poids  de  mercure  assez  grand  pour  que  la 
dissolution  du  métal  solide  soit  prompte  et  complète.  Le  mercure  est 
contenu  dans  un  calorimètre  de  verre  :  on  l'agite  vivement  en  tous  sens, 
en  employant  le  thermomètre  même  comme  agitateur. 

II.  —  États  allotropiques  de  l'argent. 

»  Les  étals  de  l'argent  sur  lesquels  ont  porté  mes  expériences  sont  les 
suivants  : 

»    1°  Argent  battu,  en  feuilles  minces; 

»  2°  Argent  produit  par  la  transformation  du  métal  précédent,  maintenu 
dans  un  courant  d'oxygène,  pendant  vingt  heures,  vers  Soo"  à  SSo"; 

»  3°  Argent  cristallisé,  en  aiguilles,  préparé  par  l'électrolyse  lente  de 
Tazolate  d'argent  dissous  dans  lo  parties  d'eau; 

»  4°  Argent  précipité  par  une  lame  de  cuivre,  au  moyen  de  l'azotate 
d'argent  en  dissolution  étendue;  puis  lavé  et  séché,  d'une  part  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  d'autre  part  à  i20°; 

1)    5°  Argent  précédent,  chauffé  vers  le  rouge  sombre. 

»  Voici  les  conditions  des  mesures  calorimétriques  :  Le  poids  du  mercure 
employé  comme  dissolvant  dans  tous  les  essais  a  varié  seulement  entre 
i'^s^3i25  et  i''s,3r35  :  il  occupait  un  volume  un  peu  inférieur  à  loo*^*^.  Ce 
métal  était  pur. 

»  La  température  initiale  a  été  comprise  entre  9°  et  i^°;  ses  varia- 
tions, par  l'effet  de  la  réaction,  ont  atteint  0°,  75.  Les  expériences  ont 
duré  de  dix  à  quinze  minutes  au  plus.  Chaque  mesure  a  été  répétée  au 


(  -^37  ) 

moins  deux  fois,  chaque  fois  sur  2^'  d'argent.  Dans  tous  les  cas  j'ai  observé 
un  dégagement  de  chaleur. 

»   En  somme,  l'état  final  est  identique  dans  toutes  les  expériences. 

»  i"  Argent  battu,  en  feuilles  minces. |Pureté  vérifiée.  Pour  Ag  =  108^^', 
j'ai  trouvé  :  -f-  2^"',  o3. 

»  2"  Argent  produit  par  la  transformation  et  désagrégation  du  précé- 
dent dans  l'oxygène  vers  55o°.  On  en  a  séparé  minutieusement  à  la  pince 
les  fragments  de  feuilles  non  altérées.  La  transformation  était  d'ailleurs 
presque  complète.  Pour  Ag  =  108^''  :  +  o^''',47- 

M  3"  Argent  cristallisé  en  belles  aiguilles  brillantes,  et  séparé  par  élec- 
trolyse.  Pour  Ag  ^^^  108^'"  :  -+-  o^''',io. 

»  4°  Argent  précipité  de  l'azotate  par  une  lame  de  cuivre,  lavé, 
séché  à  la  température  ordinaire,  dans  le  vide,  sur  l'acide  sulfurique. 
Pour  Ag  =  loSB"-  :  4-  1^»',  iq. 

»  4°  l^is-  Métal  d'une  autre  préparation,  lavé,  séché  à  une  température 
plus  élevée,  à  1 20°.  Pour  Ag  =  loS^""  :  -+-  o*-*',  76. 

»  Cet  argent  présente  une  teinte  grisâtre.  Lorsqu'on  le  chauffe  au  rouge 
sombre,  il  devient  blanc  et  brillant,  en  ne  perdant  d'ailleurs  que  des 
traces  de  matière.  En  effet,  iB'',3222  précipité  gris,  séché  à  froid  dans 
le  vide  avant  la  pesée,  puis  chauffé  au  rouge  sombre,  ont  perdu  seulement 
un  milligramme. 

»  De  même,  2K', 3i85  d'argent  précipité  gris,  desséché  à  120°,  avant 
la  pesée,  puis  chaulîé,  ont  fourni  2S'',3i8i  d'argent  pur,  brillant,  exempt 
de  toute  trace  d'un  autre  métal.  Ces  résultats  prouvent  la  pureté  à  peu 
près  absolue  de  l'argent  précipité  (  '  ). 

»  5°  Argent  transformé  durant  l'opération  précédente.  Pour  Agr=io8^'' 
j'ai  trouvé  :  -i-o^"',o8. 

M  Tels  sont  les  faits  observés.  Ils  établissent  d'abord  l'existence  de  plu- 
sieurs états  allotropiques  de  l'argent,  quatre  au  moins.  Les  états  n°  3  et  5 
(argent  cristallisé,  argent  précipité  par  le  cuivre  puis  chauffé  au  rouge 
sombre)  paraissent  identiques;  ou,  plus  exactement,  ils  sont  transformables 
l'un  dans  l'autre  sans  eftet  thermique  bien  appréciable. 

»  Trois  des  états  examinés,  les  n°*  1,  2,  5  (argent  ordinaire  obtenu  par 
fusion,  argent  désagrégé  dans  l'oxygène,  argent  précipité  par  le  cuivre, 

(')  La  perle   très   légère  que   produit  la  chaleur  rouge  paraît  attribuable  à  une 
trace  d'oxygène,  dont  la  présence  ternit  l'éclat  de  la  surface  du  métal. 


(  238  ) 

puis  chauffé),  représentent  des  états  stables  à  la  température  du  rouge 
sombre.  Cependant  ils  ne  sont  pas  identiques.  En  effet  : 

»  (I)  L'argent  fondu  et  solidifié,  c'est-à-dire  l'argent  ordinaire,  battu, 
d'apparence  amorphe,  n'est  identique  ni  à  l'argent  cristallisé,  ni  à  l'argent 
sortant  de  ses  combinaisons. 

»  (II)  L'état  de  ce  dernier  varie  suivant  le  procédé  employé  pour  le 
mettre  en  liberté. 

»  Entre  l'argent  cristallisé  séparable  par  électrolyse  lente  (-}-o^''',io), 
l'argent  précipité  à  froid  par  le  cuivre  (-l-i*^*',i  i),  l'argent  séparé  par  dis- 
sociation lente  de  sa  combinaison  oxygénée  vers  55o°  (4-0'^"',  47)»  il  existe 
des  différences  notables  d'état  moléculaire.  Ces  différences  sont  plus 
considérables  encore  pour  l'argent  usuel,  battu,  de  structure  amorphe 
(h-2C^',o3). 

>)  L'écart  entre  les  deux  échantillons  d'argent  précipité  par  le  cuivre, 
selon  que  cet  argent  a  été  séché  à  froid  (-t-i*""',!!),  ou  à  120°  (-f-o^*',  76), 
semble  accuser  un  commencement  de  transformation  de  ce  métal  à  120"; 
sans  doute  la  même  qui  devient  complète  à  55o°. 

»  La  différence  la  plus  grande  est  celle  qui  distingue  l'état  amorphe  et 
l'état  cristallisé  de  l'argent  :  ce  qui  est  conforme  à  mes  expériences  (  '  )  sur 
la  formation  des  précipités  qui  passent  d'un  état  à  l'autre.  Celte  différence 
traduit  le  travail  accompli  sur  l'état  amorphe,  par  exemple  sur  le  carbone 
amorphe  comparé  au  graphite  et  au  diamant,  etc.,  travail  réalisé  dans 
l'arrangement  intérieur  des  particules  d'un  corps  qui  cristallise. 

»  Au  point  de  vue  purement  chimique,  je  relèverai  l'inégalité  d'énergie 
qui  se  manifeste  ici  entre  les  différents  états  d'un  même  corps,  simple  ou 
composé,  au  moment  où  il  sort  de  différentes  combinaisons,  diversité  que 
j'ai  mise  en  évidence  et  mesurée  pour  le  soufre,  le  sélénium,  le  tellure; 
pour  le  carbone  (carbone  amorphe  dérivé  des  combinaisons  hydrogénées, 
et  graphite  dérivé  des  combinaisons  avec  le  soufre,  les  éléments  halo- 
gènes, etc.);  pour  l'oxygène  (mesure  de  l'énergie  spéciale  de  l'ozone); 
pour  les  oxydes  métalliques  précipités  et  pour  l'iodure  d'argent,  depuis  les 
premiers  instants  de  leur  séparation  par  double  décomposition,  etc. 

»  Ainsi  un  élément,  ou  un  corps  composé,  qui  est  entré  en  combinaison 
sous  un  certain  état,  en  sort  fréquemment  sous  un  état  différent  et  doué 
d'une  énergie  spéciale. 

(')  Essai  de  Mécanique  chimiejue,  t.  I,  p.  53;  I.  Il,  p.  i83,  t85. 


(  239) 

»  De  telles  inégalités  d'énergie  étant  ainsi  établies  par  l'expérience, 
même  pour  les  métaux,  il  est  clair  que  l'on  ne  saurait  appliquer  avec 
certitude  et  d'une  façon  immédiate  aux  métaux  ordinaires,  ni  plus  géné- 
ralement aux  éléments,  dans  la  discussion  de  leurs  réactions,  les  valeurs 
thermochimiques  obtenues  en  partant  d'états  différents  :  par  exemple  en 
partant  de  leur  état  actuel  et  commun,  lorsque  la  détermination  a  lieu 
par  voie  de  synthèse;  ou  bien  en  aboutissant  à  l'état  que  les  métaux  affec- 
tent au  moment  où  ils  sortent  de  combinaisons,  lorsque  cette  détermina- 
tion a  lieu  par  analyse. 

»  Certains  de  ces  effets  ont  été  expliqués  par  les  mots  confus  et  mal 
définis  «  état  naissant  ■»,  lesquels  ont  été  appliqués  à  la  fois  à  des  phéno- 
mènes relatifs  à  un  élément  réel,  mais  de  signification  diverse,  quoique 
confondus  sous  une  même  désignation;  et  à  des  phénomènes  tout  diffé- 
rents, dans  lesquels  intervient  non  plus  l'élément  prétendu  naissant, 
mais  en  réalité  l'énergie  des  éléments  étrangers  et  des  réactions  concomitantes  : 
par  exemple  dans  les  réductions  attribuées  à  ce  que  l'on  a  appelé  \'/iy- 
dro^éne  naissant,  tandis  qu'elles  sont  opérées  en  vertu  de  l'énergie  propre 
des  métaux  et  autres  corps  oxydables  mis  en  expérience.  Mais  ce  n'est  pas 
ici  le  lieu  de  nous  étendre  sur  cette  question. 

»  Pour  le  cas  de  l'argent,  que  j'étudie  en  ce  moment,  la  différence 
thermochimique  des  états  de  cet  élément,  concourant  à  une  même  réac- 
tion, peut  s'élever  pour  un  atome  d'argent  à  2^^',  comme  il  vient  d'être  dit, 
ce  qui  fait  pour  la  formation  de  l'oxyde  avec  deux  atomes  d'argent 

Ag2  -i-  0  =  Ag'^  O un  ccarl  de     -+-  4'^"' 

et  pour  le  sous-oxyde 

Ag*  -!-  O  —  Ag*  O un  écart  de     ~\-  8*^^' 

»  Observons  dès  lors  que  les  états  de  l'argent  que  j'ai  étudiés,  sauf  un, 
ne  répondent  pas  au  chiffre  -1-7'^"',  o  pour  la  chaleur  de  formation  de 
l'oxyde  Ag'^0,  chiffre  qui  figure  dans  les  Traités  de  Thermochimie. 

»  En  effet,  ce  dernier  chiffre  serait  inexact  pour  l'état  actuel  de  l'argent 
ordinaire,  attendu  qu'il  a  été  obtenu  en  précipitant  l'argent  de  son  azotate 
par  le  cuivre  métallique.  Or,  l'argent  ordinaire  dégageant  H-  i*^"'  de  plus 
par  atome,  la  formation  de  l'oxyde  Ag-0  avec  cet  état  du  métal  déga- 
gerait en  tout  -t-9^^'. 

»  Au    contraire,  avec  l'argent  cristallisé,  on  aurait  en  moins  1^^'  par 


(    240    )      ■ 

atome,  ce  qui  fait  pour  Ag=0  :  -t- 5^^'.  C'est  cette  dernière  valeur  qui 
répond  à  la  formation  électrolytique  de  l'argent  cristallisé  en  aiguilles. 

»  Aucun  de  ces  nombres  enfin,  pour  revenir  au  point  de  départ  de  mes 
expériences,  n'est  applicable  à  l'étude  de  la  dissociation  des  oxydes  d'ar- 
gent par  la  chaleur.  En  premier  lieu,  le  chiffre  qui  répond  à  l'argent  ainsi 
mis  à  nu  à  55o°  par  désagrégation,  s'il  était  évalué  vers  o",  serait  inférieur 
de  o^^*',  73  au  chiffre  qui  répond  à  l'argent  précipité  par  le  cuivre  :  ce  qui 
réduirait  la  chaleur  de  formalion'^de  l'oxyde  Ag'O,  pour  cet  argent  désa- 
grégé, à  -+-  5*"'^',  5. 

»  Mais  ce  nombre  se  rapporte  à  la  température  ordinaire.  Si  on  voulait 
le  faire  intervenir  dans  un  calcul  de  dissociation,  il  faudrait  le  rapporter  à 
la  température  de  cette  dernière.  Il  suffit,  pour  cela,  de  calculer  la  varia- 
tion de  la  chaleur  de  combinaison  correspondant  à  la  différence  des  tem- 
pératures, d'après  l'inégalité  entre  la  somme  des  chaleurs  spécifiques  des 
éléments  et  la  chaleur  spécifique  du  composé.  Cette  dernière  n'a  pas  été 
mesurée  ;  mais,  d'après  les  relations  connues  ('  ),  elle  peut  être  évaluée  à 
une  valeur  qui  surpasse  de  4  —  3,4  =  0,6  unité  celle  des  éléments.  Pour 
un  intervalle  de  200°,  qui  répond  aux  débuts  de  la  dissociation,  cela  fait 
o^^',i2  à  retrancher  de  la  chaleur  de  combinaison  calculée  vers  zéro. 

Pour  un  intervalle  de  55o",  on  aura —  o'^^'iSS 

Ce  qui  réduira  Ag^O  à +  S*^"',  2 

»  Ajoutons  encore  que,  dans  les  calculs  de  dissociation  progressive,  il 
conviendrait  de  faire  intervenir,  non  pas  un  seul  oxyde,  tel  que  Ag-0  ou 
Ag'  O,  mais  les  différents  oxydes  susceptibles  de  se  succéder  et  de  coexister 
pendant  les  périodes  successives  de  la  dissociation. 

»  Toutes  ces  remarques  sont  essentielles  pour  les  études  de  Mécanique 
chimique. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  les  observations  précédentes  portent  sur  des  va- 
leurs relatives;  mais  le  chiffre  absolu,  tel  que  ']^^\o,  même  pour  l'état  spécial 
auquel  il  correspond,  aurait  besoin  d'être  revisé.  En  effet,  il  a  été  déterminé 
en  précipitant  l'argent  de  son  azotate  par  le  cuivre  ordinaire,  c'est-à-dire 
d'après  la  chaleur  de  formation  de  l'azotate  de  cuivre.  Or  cette  dernière  a 
été  mesurée  elle-même  en  précipitant  le  cuivre  de  ses  sels  par  le  fer  mé- 
tallique. L'état  du  cuivre  ainsi  précipité  est-il  identique  avec  celui  du 


[')   Thermocliimic  :  Données  et  lois  numcriques,  t.  1,  p.  126  el  i35. 


(    2/41    ) 

cuivre  ordinaire?  C'est  ce  qui  est  douteux  et  qu'il  conviendrait  de  vérifier 
par  une  discussion  et  des  expériences  rigoureuses,  semblables  à  celles  que  je 
viens  d'établir  pour  les  états  multiples  de  l'argent. 

»  Cela  fait,  le  même  problème  se  poserait  encore  pour  le  fer  employé  à 
précipiter  le  cuivre  de  ses  dissociations,  dans  les  mesures  calorimétriques. 

»  Cette  fois,  à  la  vérité,  on  prend  l'élément,  le  fer  métallique,  comme  point 
de  départ;  mais  on  sait  que  ce  métal  se  distingue  particulièrement  par  la 
multiplicité  de  ses  états  allotropiques  ;  ils  varient  beaucoup,  comme  les  phy- 
siciens l'ont  constaté  par  l'étude  de  ses  chaleurs  spécifiques,  à  différentes 
températures.  Or  ces  variations  d'état  subsistent  jusqu'à  une  certain  point 
dans  le  métal  ramené  à  la  température  ordinaire  :  elles  jouent  un  rôle 
important  dans  les  applications  industrielles  du  fer.  Jusqu'à  quel  point  se 
retrouveront-elles  dans  les  déterminations  thermochimiques  de  la  chaleur 
d'oxydation  et  des  autres  combinaisons  du  fer? 

»  On  voit  quel  intérêt  présentent  les  états  allotropiques  des  métaux  et  les 
modifications  qu'ils  éprouvent,  toutes  les  fois  qu'ils  sortent  de  combinai- 
sons, ou  qu'ils  y  entrent,  et  l'on  conçoit  par  là  même  combien  il  est  essentiel 
de  fixer  rigoureusement  leur  état  initial  et  leur  état  final,  dans  l'étude  des 
réactions  auxquelles  ils  concourent,  aussi  bien  que  dans  l'étude  des  forces 
électromotrices  dites  de  polarisation.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  — A'/Hf/ej  sur  les  combinaisons  de  l'argent  avec  le  mercure; 

par  M.  Bertuelot, 

«  L'étude  des  états  allotro])iques  de  l'argent  m'a  conduit  à  examiner  la 
chaleur  de  formation  de  divers  amalgames  de  ce  métal,  les  uns  cristallisés, 
obtenus  en  précipitant  l'argent  de  son  azotate  au  moyen  du  mercure,  les 
autres  préparés  en  triturant  les  deux  métaux  ensemble  dans  un  mortier. 
L'amalgame  une  fois  préparé,  on  le  dissout  à  froid,  au  sein  d'un  calori- 
mètre, dans  une  grande  quantité  de  mercure,  employé  lui-même  comme 
liquide  calorimétrique;  soit,  pour  2^""  d'argent  renfermés  dans  l'amalgame, 
i3i3s''  de  mercure  dans  le  calorimètre. 

»  Des  phénomènes  divers  se  manifestent  alors.  Tantôt  l'amalgame  se 
dissout  simplement  avec  absorption  de  chaleur;  tantôt  il  se  dissout  avec 
dégagement  de  chaleur;  tantôt  enfin,  après  une  dissolution  préalable,  il 
se  sépare  sur  quelques  points  sous  forme  de  grumeaux  cristallins,  résultant 
d'une  combinaison  localisée,  dont  la  redissolution  dans  l'ensemble  est 

C.  R.,  1901.  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  5.)  32 


(    2/,  2     ) 

lente  et  difficile  et  exige  une  agitation  et  un  broyage  continués  pendant  un 
certain  temps.  Ces  derniers  phénomènes  se  produisent  particulièrement 
lorsqu'on  dissout  dans  la  masse  du  mercure  les  variétés  d'argent  dont  la 
dissolution  a  lieu  avec  un  très  petit  dégagement  de  chaleur,  c'est-à-dire 
en  vertu  d'une  faible  affinité.  Dans  tous  les  cas,  il  faut  avoir  soin  de  rendre 
la  dissolution  bien  homogène;  ce  qui  est  difficile,  en  raison  de  son  état 
pâteux,  et  de  cet  incident  que  l'amalgame  vient  flotter  à  la  surface,  d'oii 
résultent  beaucoup  d'efforts  nécessaires  pour  disséminer  uniformément 
l'argent  dans  toutes  les  couches. 

»  Voici  les  résultats  observés  : 

»  I.  HgAg  (par  trituration  de  l'argent  en  feuilles  minces  avec  le  mer- 
cure, sous  des  poids  connus).  —  On  a  opéré  chaque  fois  sur  un  amalgame 
formé  de  28''  d'argent  et  S»"",  802  de  mercure  et  préparé  depuis  deux  ou 
trois  jours. 

Résultat  total 

pour 
Ag  =  io8«'. 
Premier  effet,  transitoire  :  absorption  de  chaleur. ..  .    )  ^.^^   .,„ 

Deuxième  effet  :  Dégagement  de  chaleur ) 

)>  II.  Hg-Ag  (par  trituration).  —  On  a  opéré  chaque  fois  sur  un  amal- 
game formé  de  2^''  d'argent  et  7^'',4o8  de  mercure. 

»  L'amalgame  se  dissout,  en  donnant  lieu  uniquement  à  un  abaissement 
de  température, 

Chaleur  absorbée  pour  Ag  =  loS?'' — o'^''',5o 

»  III.  Amalgame  cristallisé  (arbre  de  Diane),  en  grandes  aiguilles,  ren- 
fermant sur  100  parties,  d'après  analyse  : 

Ag  =  3i,9 
Hg  =  68,  1 

Ce  sont  les  rapports  bruts  Hg'  Ag°. 

»  On  a  trouvé,  en  opérant  avec  i'*^,3i3  de  mercure  et  8^'',  27  d'amalgame 
(agi- Ag  combinés  à  ôs'',  27  de  mercure)  et  en  rapportant  les  résultats  à 
108^'' d'argent,  une  absorption  de  chaleur  égale  à  —  o,  ^)8. 

»  En  ajoutant  dans  la  dissolution  même  un  poids  d'amalgame  égal  au 
premier,  le  thermomètre  a  remonté,  avec  dégagement  de  ■+-  o^^',3o  (rap- 
porté à  108^''  de  l'argent  contenu  dans  l'amalgame  additionnel).  La  résul- 
tante, applicable  à  la  totalité  de  l'argent  dissous,  serait  4-0^^',  i4  pour  loS^'' 
d'argent  réellement  combiné. 


(  243   ;  - 

»  Pour  déduire  de  ces  nombres  la  chaleur  dégagée  par  la  combinaison 
du  mercure  et  de  l'argent,  il  convient  de  rapporter  cette  combinaison  à  un 
état  défini  de  l'argent.  Avec  l'argent  ordinaire  en  feuilles,  on  aura  : 

Avec 
l'argent  cristallisé. 
Cal 

Hg-(-Ag -h  2,36  -f-0,23 

Hg2+Ag -1-1,53  —  o,4o 

Ilg  »-HAg -1-2,17  -f-0,24 

1)  La  chaleur  dégagée  croît  avec  la  proportion  d'argent  (  '  )  : 

Hg'-i- Ag  dégage H-i,53 

IIg'-l-Ag2      »       -1-4,73 

"  Si  l'on  rapporte  les  combinaisons  à  un  même  état  pour  tous  les  corps 
réagissants,  ce  qui  revient  à  envisager  le  mercure  comme  solide,  il  convient 
de  retranc  lier  de  ces  chiffres  la  chaleur  de  fusion  du  mercure  (rapportée  à 
la  température  de  4-10°),  c'est-à-dire  de  retranciier  o^'"',  55  par  atome  de 
mercure.  Tous  les  chiffres  demeurent  positifs  pour  l'argent  ordinaire; 
tandis  qu'ils  deviennent  tous  négatifs  pour  l'argent  cristallisé  Ç- ). 

»  L'argent  cristallisé  n'aurait  donc  pour  ainsi  dire  pas  d'affinité  chi- 
mique pour  le  mercure. 

»  En  somme,  l'affinité  chimique  de  l'argent  pour  le  mercure  est  peu 
considérable  dans  tous  les  cas;  ainsi  qu'on  pouvait  le  prévoir  d'ailleurs 
d'après  ce  fail,  constaté  par  Joule  (')  :  que  l'on  obtient  toute  une  série 
d'amalgames  cristallisés,  en  faisant  varier  les  proportions  relatives  des 
deux  métaux,  pour  i  seul  atome  de  mercure,  depuis  i  atome  d'argent 
jusqu'à  5o  atomes  de  ce  dernier  métal.  Les  cristaux  de  ces  amalgames 
semblent  se  former  ici,  comme  il  arrive  pour  un  mélange  de  sels  iso- 
morphes, qui  cristallisent  ensemble  en  toutes  proportions.  » 


(  ')  Pour  l'amalgame  crislallisé  cité  plus  haut  : 

Hg'-f- Ag5  dégage H-i3<^"',02 

(-)  J'ai  déjà  signalé  une  opposition  du  même  genre  pour  certains  sels  doubles  dé- 
rivés de  l'iodure  d'argent,  suivant  qu'on  les  rapporte  à  l'état  initial  de  cet  iodure  pré- 
cipité, ou  à  son  état  final  crislallisé.  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5"  série, 
t.  XXIX,  p.  243,  246  et  276;  i883.) 

(')  Cheni.  Soc.  Journal,  2"  série,  t.  I,  p.  378;  i863. 


(  24  i  ) 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  stabilité  isentropiqiœ  d'un  fluide. 
Note  de  M.  P,  Ddhem. 

«  Supposons  qu'un  fluide  soit  soumis,  en  tout  point  de  sa  surface  libre, 
à  une  pression  uniforme  et  constante  P;  soient  "C(p,T)û?/n  le  potentiel 
interne  de  la  masse  élémentaire  dm,  V^  la  fonction  potentielle  des  forces 
extérieures,  V,la  fonction  potentielle  des  forces  intérieures;  ces  fonctions 
potentielles  sont  de  la  forme  générale  supposée  en  notre  Mémoire  sur  le 
potentiel  thermodynamique  et  la  pression  hydrostatique  (  '  ). 

»   Si  le  fluide  est  sans  viscosité,  on  a,  dans  le  temps  dt. 


(■) 


+  -  f/  I  (  u-  -+-  v-  -{-  w'- )dm)=  o. 


Si  les  mouvements  du  fluide  sont  assujettis  à  être  isothenniques,  -3-  =  o  et 


l'égalité 

(0 

devient 

(2) 

d  ^ 

'        2 

«/("=+- 

4-»^-) 

dm  =  0, 

(3) 

%■- 

-/[? 

+  v,+  iv. 

,+  ^(p 

,  T)l  dm. 

Le  raisonnement  de  Lejeune-Dirichlet  montre  que  le  système  est  alors  en 
équilibre  stable  si  <ï>j.  est  minimum  pour  toutes  les  variations  isothermiques. 
Si  l'on  désigne  par  \  une  variation  isothermique,  les  conditions  qui 
assurent  l'existence  d'un  tel  état  d'équilibre  sont 

(4)  ()j,(I)^=0,  â^^T^'t). 

Elles  ne  supposent  pas  que  tous  les  éléments  du  fluide  soient  à  la  même 
température. 

»  Si  les  mouvements  du  fluide  sont  assujettis  à  être  adiahatiques,  partant 
isentropiques,    et  si  l'on    désigne  par  S (p(,,T„ )<-//«   l'entropie  initiale   de 


(')  Annales  de  l'Ecole  A'orniale  supérieure,  3=  séiie,  t.  \,  p.  i83;  1898. 


(  245  ) 
l'élément  dm,  on  a  sans  cesse 

(5)  ^-%I^  =  -ES(f„,T„). 

L'égalité  (  i)  devient 

(7)  *,-/[^-V.+  V,+  ^(p.T)  +  ETS(p„,T„) 


dm. 


«  Le  raisonnement  de  Lejeune-Diriclilet  montre  que  le  système  est  en 
état  d'équilibre  stable  si  (l^,  est  minimum  pour  les  déplacements  isenlro- 
piques.  Si  l'on  désigne  par  (5^  une  variation  assujettie  à  l'égalité  (  j),  les 
conditions  de  l'équilibre  isentropique  stable  sont 

(8^  ?>(j*Q=o,      ^;:,<i'q>o. 

»   La  comparaison  des  égalités  (3)  et  (7)  donne 

K%  =  ^T^T  +/ [  ^%^^  +  ES(p„,  T„)]  n dm, 
ou,  selon  l'égalité  (5), 

(9)  s„a.„=?5,o,. 

»  Celte  égalité  nous  donne  ensuite 

»  D'ailleurs,  selon  l'égalité  (3), 

\<^^  =  ^^^p^-i-J^Ml^  ST  dm. 

»  Ces  deux  égalités  donnent 

K  %  =  ^T  %  ^f'^-^^jP  ^T  Sp  dm. 
»  Mais,  selon  l'égalité  (5), 


(  246  ) 

et 

d'-':(p,T)  _  _  Ec(p,T) 
dT»      ~  T       ' 

c(p,T)  étant  la  chaleur  spécifique  à  densité  constante. 
»  On  a  donc  : 


■'r-i^]\. 


»  Selon  une  hypothèse  fondamentale  de  la  Thermodynamique  (Postulai 
de  Ileltnholtz)  on  a  toujours  l'inégalité 

c('p,T)>o. 
>)   L'égalité  (  r  o)  donne  alors  l'inégalité 

»  Selon  l'égalité  (9)  et  l'inégalité  (u),  les  comiitions  (4)  entraînent  les 
conditions  (8).  Si  l'on  admet  le  postulat  de  Helinholtz,  tout  état  d'équilibre 
stable  d'un  système  assujetti  à  n  éprouver  que  des  modifications  isothermiques 
demeure  état  d'équilibre  stable  si  l'on  assujettit  le  systèmtà  n  éprouver  que  des 
modifications  isentropiques. 

1)  Nous  avions  déjà  démontré  (')  ce  théorème  pour  un  système  dépen- 
dant l'un  nombre  limité  de  paramètres  et  ayant  en  tout  point  la  mêaie 
température.  » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Appareil  très  simple  pour  l'application  de  la  méthode 
photothérapiqiie  de  Finsen.  Note  de  MM.  Lortet  el  Genoud. 

«  Quand  on  se  sert  de  l'arc  électrique  comme  source  lumineuse,  le  dis- 
positif employé  pour  l'application  de  la  méthode  de  Finsen  est  assez  com- 
pliqué et  nécessite  une  véritable  installation  qui,  excellente  assurément 
quand  il  s'agit  d'un  institut  photothérapique  spécialisé,  est  loin  d'être  à  la 
portée  de  tout  le  monde. 

»  L'appareil  dont  nous  proposons  l'emploi  est  des  plus  simples.  Avec 
quelques  modifications  de  détail  pour  l'adapter  à  cet  usage  nouveau,  c'est 

(')   Traité  élémentaire  de  Mécanique  chimique,  t.  I,  p.  i65. 


(  ^■^l  ) 

le  condensateur  à  ballon  du  cinématographe  Auguste  et  Louis  Lumière.  Le 
schéma  ci-joint  en  fera  saisir  le  principe  et  le  fonctionnement  pour  le  cas 
qui  nous  intéresse. 


»  Dans  une  lanterne  AAAA,  un  arc  électrique  à  courant  continu  est  disposé  de  ma- 
nière à  projeter  en  entier  son  faisceau  lumineux  sur  un  ballon  B  rempli  d'eau  et  main- 
tenu par  la  boîte  métallique  EEFF  contre  la  lanterne,  au  moyen  des  boulons  VV. 

»  Dans  ce  système,  les  rayons  divergents  de  l'arc  électrique  deviennent  convergents 
dans  leur  passage  à  travers  le  ballon.  Leur  point  maximum  de  concentration  peut  être 
obtenu  plus  ou  moins  loin  de  l'extrémité  FI'',  suivant  que  l'onéloigne  ou  rapproche 
plus  ou  moins  du  ballon  la  source  lumineuse  elle-même. 

»  L'eau  contenue  dans  le  ballon  ayant  la  propriété  d'absorber  la  plupart  des  radia- 
tions calorifiques,  nous  avons  au  point  C  un  faisceau  lumineux  contenant  à  leur  maxi- 
mum de  concentration  les  seules  radiations  chimiques  et  visibles,  les  quelques  radia- 
tions calorifiques  qui  n'ont  pas  été  absorbées  ayant  leur  efiet  neutralisé  par  le 
compresseur  C,  que  l'on  applique  sur  la  région  à  exposer  à  l'action  photochimique, 
compresseur  dans  lequel  circule  constamment  un  courant  d'eau  froide. 

»  Le  système  figuré  sur  le  schéma  permet  à  l'eau  contenue  dans  le  ballon  B  de  se 
renouveler  et  d'éviter  ainsi  réchauffement. 

»  L'appareil  est  de  dimensions  très  restreintes  et  peut  être  monté  n'importe  où. 
L'arc  électrique  employé  consomme  à  peine  lo  à  12  ampères,  alors  que,  dans  le  dis- 
positif Finsen,  il  faut  un  arc  de  70  à  80  ampères. 

»  Des  expériences  photométriques  nombreuses,  et  surtout  l'élude 
expérimentale  sur  les  malades,  nous  ont  montré  que  nous  disposons 
ainsi  d'une  intensité  photochimique  égale  à  celle  obtenue  par  l'emploi 
des  condensateurs  de  Finsen. 

»  Actuellement,  dans  notre  laboratoire  oîi  nous  poursuivons  nos  études 
cliniques,  nous  nous  servons,  avec  le  plus  grand  succès,  de  l'appareil 
que  nous  venons  de  décrire.  » 


(  a48  ) 


CORRESPONDANCE. 

La  Société  mathématique  de  Kharkov  adresse  à  l'Académie  l'expres- 
sion de  sa  profonde  condoléance  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Hermile. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Une  brochure  de  M.  L.-E.  Berlin,  intitulée  :  «  Les  marines  de  guerre 
à  l'Exposition  universelle  de  1900  ». 

2"  Le  recueil  des  travaux  offerts  par  les  auteurs  à  M.  A.  Lorenlz,  profes- 
seur de  Physique  à  l'Université  de  Leiden  à  l'occasion  du  vingt-cinquième 
anniversaire  de  son  doctorat  {Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et 
naturelles,  2*  série,  t.  V). 


GÉOMÉTRIE.  —  Remarque  au  sujet  d'une  Note  de  M.  S.  Rantor. 
Note  de  M.  F.  Enriques,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Dans  une  Note  publiée  dans  les  Comptes  rendus  du  21  janvier  1901, 
M.  S.  Kantor  vient  de  donner  une  généralisation  du  théorème  de  M.  Picard, 
concernant  les  surfaces  algébriques  dont  les  sections  planes  sont  des 
courbes  unicursales.  Qu'il  me  soit  permis  de  remarquer  que  la  généralisa- 
tion s'effectue  d'une  manière  beaucoup  plus  simple,  ainsi  que  je  l'ai  montré 
dans  une  Note  insérée  dans  les  Rendiconli  deW Accademia  dei  Liiicei, 
3  décembre  1893  (voir  aussi  Mat/iematische  Annalen,  Bd  XL VI,  p.  190).  A  la 
vérité,  je  me  suis  borné  aux  variétés  M,  à  trois  dimensions;  mais  on  passe 
de  la  même  manière  aux  M^_,,  à  r  — i  dimensions  (r>4)-  H  n'est  pas  dou- 
teux d'ailleurs  que  M.  Rantor  n'a  pas  eu  connaissance  de  mon  travail,  dont 
le  titre  ne  se  rapporte  pas  au  résultat  que  je  viens  de  citer. 

»  Quant  aux  reproches  que  M.  Kantor  adresse  à  quelques  passages  de 
mon  article  des  i>/a/Ae/naZwc^eyl/i«a/en(BdXLIX),je  demande  la  permission 
de  déclarer  qu'ils  ont  leur  origine  dans  un  malentendu.  J'ai  cité  au  n"  i5 
(p.  20)  la  congruence  de  coniques  de  M.  Montesano,  pour  montrer  qu'il 
n'est  pas  toujours  possible  de  transformer  une  variété  Mr_,,  contenant  une 
série  d'indice  i  de  courbes  unicursales,  en  un  cône  dont  les  droites  corres- 


(  249  ) 
pondent  à  ces  courbes.  M.  Ranlor  fait  également  la  même  remarque  clans 
sa  Note  publiée  par  les  Comptes  rendus  du  12  novembre  1900.  D'ailleurs  il 
a  aperçu  le  passage  cilé  de  mon  article,  auquel  il  fait  allusion  dans  la  IVote 
du  11  janvier.  Mais  je  n'ai  malheureusement  pas  été  compris  par  lui;  en 
effet,  il  croit  que  j'ai  affirmé  le  contraire  de  ce  que  j'ai  dit,  et  il  m'attribue 
un  lemme  qui  ne  se  trouve  ni  à  la  page  17,  ni  ailleurs  dans  mon  Mémoire; 
au  surplus  il  eût  été  singulier  que  j'eusse  cherché  chez  M.  Montesaiio  un 
exemple,  pour  en  tirer  des  conséquences  tout  à  fait  contradictoires. 

»  Le  malentendu  ne  peut  donner  heureusement  naissance  à  aucun 
doute,  quant  au  fond  de  la  question,  puisque  les  remarques  que  M.  Rantor 
développe  à  la  fin  de  sa  Note  sont  parfaitement  justes.  Les  mêmes 
remarques  et  l'exemple  cité  ui'avaient  amené  à  la  même  conclusion 
(p.  19  et  20).  » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.    —   Sur  les  réseaux  qui,   par  la  méthode  de 
Laplace,  se  transforment  des  deux  côtés  en  réseaux  oH/iogonaux.  Note  de 

M.  C.  GviCHARD. 

«   Soit  une  équation  de  M.  Moutard  : 

(I)  -^=M0, 

^   ^  ou  c/r 

qui  admet  cinq  solutions  E,,  c,.,,  E,,  E,,  Ç-,  satisfaisant  aux  conditions 

(3)  i  (©'="•  i  (*)'="■ 


»  Considérons,  dans  l'espace  à  cinq  dimensions,  la  congruence  (M) 
décrite  par  une  droite  M  ayant  pour  cosinus  directeurs  ^, ,  . . . ,  ^^  ;  soient 
(S)  et  (T)  les  congruences  transformées  de  (M)  par  la  méthode  de  Laplace. 

Les  cosinus  directeurs  de  la  droite  (S)  sont  les  quantités  —-;  ceux  de  la 

droite  (T),  les  quantités  -r-'-  Il  résulte  des  relations  (3)  que  ces  congruences 

(S)  et  (T)  sont  des  congruences  I. 

c.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  5.)  33 


(    230    ) 

»  Interprétons  maintenint  ces  résultats  dans  l'espace  à  trois  dimen- 
sions. A  la  congruence  (M)  correspond  une  congruence  de  sphères  (M); 
chaque  droite  Al  correspoml  une  sphère  M  ayant  pour  coordonnées  E,, 
c.y,  E3,  Çj^,  ^5;  le  centre  m  de  cette  sphère  décrit  un  réseau  (m);  soient  (s) 
et  (y)  les  réseaux  qui  en  dérivent  par  la  méthode  de  Laplace.  Aux  droites 
S  et  T  de  l'espace  à  cinq  dimensions  correspondent  des  sphères  S  et  T  ayant 
pour  centres  les  points  s  et  t.  Comme  les  sphères  S  et  T  sont  des  s|)hères 
points,  les  réseaux  (s)  et  (t)  sont  des  réseaux  formés  de  lignes  de  courbure. 

»  La  sphère  M  a  un  rayon  égal  ams  ou  k  mt;  ses  cercles  focaux  sont  à 
l'intersection  de  la  sphère  M  avec  ses  plans  tangents  en  ^  et  Z;  ce  sont  des 
cercles  points. 

»  On  voit  que  le  réseau  (m)  est  un  des  réseaux  cherchés;  on  démontre 
facilement  que  tous  les  réseaux  satisfaisants  sont  parallèles  à  des  ré- 
seaux (m).  Il  en  résulte  qu'au  point  de  vue  de  la  direction  des  éléments, 
tout  revient  à  trouver  cinq  fonctions  ^,,  ...,  c^  satisfaisant  aux  équa- 
tions (i),  (2),  (3).  Le  problème  est  du  quatrième  ordre. 

))  Les  sphères  (M)  forment  un  système  plusieurs  fois  C  ;  toutes  les  trans- 
formations du  cas  général  sont  évidemment  applicables  ici.  Je  vais  indiquer 
rapidement  les  propriétés  principales  qui  se  présentent  dans  ce  cas  parti- 
culier des  systèmes  plusieurs  fois  C. 

»  Il  y  a  une  infinité  de  réseaux  O,  30  harmoniques  à  la  congruence  (M); 
les  transformés  de  ces  réseaux  sont  harmoniques  aux  congruences  (S)  et 
(T);  ils  sont,  par  conséquent,  2I.  Ainsi  les  systèmes  O,  30  du  cas  général 
possèdent  ici  la  propriété  de  se  transformer  des  deux  côtés  en  systèmes  2I. 
Il  y  correspond  dans  l'espace  à  trois  dimensions  des  réseaux  C,  3C  qui  se 
transforment  des  deux  côtés  en  réseaux  2O. 

»  Les  congruences  I,  SI  conjuguées  aux  réseaux  O,  3  O,  ont  pour  trans- 
formées des  congruences  conjuguées  à  des  réseaux  2I:  ces  transformées 
seront  2O.  Il  y  correspond  dans  l'espace  à  trois  dimensions  des  réseaux 
O,  50  qui  se  transforment  des  deux  côtés  en  réseaux  2C. 

»  On  voit  tout  de  suite  une  solution  particulière  de  notre  problème; 
c'est  le  cas  où  E5  est  nul.  Le  problème  est  du  deuxième  ordre,  il  se  ramène 
à  la  déterniinalion  des  surfaces  à  courbure  totale  constante. 

»  Dans  ce  cas,  la  sphère  (M)  est  normale  à  une  sphère  fixe  1  ;  les  poin  Is  s 
et  l  sont  situés  sur  1  et  décrivent  des  réseaux  orthogonaux  sur  cette  sphère. 
Le  pôle  m'  du  plan  msi  par  rapport  à  1  décrit  un  réseau  analo2;ue  au  ré- 
seau (m);  les  tangentes  au  réseau  m'  sont  m' s  et  m' t.  Les  tangentes  du  ré- 


(    25  I    ) 

seau  (s)  sont  sm  et  sm'.  Si  l'on  considère  un  réseau  parallèle  à  (s),  il  se 
transformera,  ilans  les  deux  sens,  après  deux  transformations  de  Laplace, 


en  réseaux  de  lignes  de  courbure. 


»  J'ai  étudié  ce  cas  parLicnlier,  en  délai!,  dans  un  Mémoire  inséré  en 
1 896  dans  les  Annales  de  l'École  Normale  (^Siir  les  sur/aces  minima  non  eucli- 
diennes ) .    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  densité  des  zéros  et  le  module  maximum 
d'une  fonction  entière.  Note  de  M.  Pierre  Boutroux,  présentée  par 
M.  Poincaré. 

«  Soient  G(z)  un  produit  de  facteurs  primaires,  M (/;  le  maximum  de 
son  module  pour  |sl  -—  r,  r„  le  module  de  son  /ï""""'  zéro.  Un  théorème  de 
M.  Hadamard  permet  de  trouver  une  limite  inférieure  de  /„,  si  l'on  connaît 
une  limite  supérieure  de  M(r„).   Mais  jusqu'ici  l'on   n'est  pas  parvenu 

pour  la  réciproque  à  une  proposition  aussi  complète.   Si,  par  exemple, 

1 

0(2)  est  de  genre  fini,  M.  Borel  a  montré  que  l'inégalité  /"„^  n"  (c  réel  et 
positif)  entraîne  M(/  j<^e'^'.  Mais  n'est-il  pas  possible  d'aller  plus  loin,  si 
l'on  connaît  la  croissance  de  r„  avec  plus  d'exactitude?  M.  Borel  semble 
en  douter  (Leçons  sur  les  /onctions  entières,   p.  99).  Il  signale,  en  effet, 

les  deux  fonctions  sin  ""  et  — -  dont  les  zéros  ont  mêmes  modules  et  dont 

les  modules  maxima  sont  cependant  respectivement  proportionnels  à  e^ 
et  à  /'. 

»  Je  vais  montrer  que,  cependant,  il  est,  en  général,  facile  de  compléter 
les  résultats  de  M.  Borel. 

»  Soit  Gi^sj  un  produit  de  genre  fini  p.  Je  suppose  que  pour  n  ^  m  on 
a  r„>-'|i(/i),  '^/Çn)  étant  une  fonction  continue  positive  et  croissante 
['\t{n)<hnP'^'].  Je  veux  trouver  une  limite  supérieure  deM(r). 

))  Soit  r  =  ri-\(i),  i  étant  un  entier  plus  grand  que  m,  et  r,  un  nombre 
fini.  Un  mode  de  démonstration  déjà  employé  montre  que  l'on  a 

l  logM(r)  <^arP-^  2r  I    [']>{n)\-'  dn  +  '—  f  [^{n)\--dn  -F  . . . 

1       +  '1  l'\^{n)\-Pdn'^brP^'  f    [i^{n)]-P'-Wln 

(a  et  6  finis;  on  suppose  i{/(/n)^  i  et  la  dernière  intégrale  convergente). 


(    252    ) 


.le  supposerai  que  l'on   a  <\i(/7)  -■-  nP  <l>,[n)  (p=^o)   et  que   pour   n^j>m 
la  fonction  s  log«  —  log^j/,  (n)  est  positive  et  croissante,  si  e)^  -<   i  — 
i)   p  est  l'ordre  de  0(3);  '\i,{n)  sera  par  exemple  de  la  forme 

(log«)^>(loglog/i/" 

M  Cela  posé,  si  >.  :^  p,  des  intégrations  par  parties  successives  donneront 


f    n    P  [tj/,  («)]-■*•  û?«<<:'x(t  +  oc 

7W 


■••) 


t       P 


^  -^  [i  (0]"'('  +  a  +  oc=  +  ...)-  f  +  «•      P  [|,(.-)]-^=.  c  + 


i.   — : 


puisque  nous  avons  posé  r  —  ri'\i(i)  (a<<  i,  c  et  5  constantes). 

»    Si    X  =  p,    posons  (jy,  («)  =  (log«y  <|/2(«)  et  supposons  que,  pour 
n'^;>m,  la  fonction  eloglogn  —  \o^i/.^{n)  est  positive  et  croissante,  lorsque 

s).  ^  I •  On  constate  alors  que 


f'n-\\ogn)   \^,(n)]-^dn<^c-hs{\ogi)    '*  [|,(/)]-^  =  c  +  ^./-'«logi. 

»  Lorsque  1  =  z,  on  retombe  sur  un  cas  exceptionnel  que  l'on  traite  de 
la  même  manière  et  ainsi  de  suite. 

»   On  étudie  l'intégrale   /     [|(«)i~^~' 6?«  de  la  même  manière. 

■-'i+l 

»  Portons  maintenant  les  limites  obtenues  dans  l'inégalité  (i)  et  sup- 
posons d'abord  p  non  entier.  On  trouve,  en  désignant  par  (p(;)  la  fonction 
inverse  de  ({/(«) , 

(2)  M(r)<p'^^\ 

k  eln  étant  des  nombres  finis. 

»  Au  contraire,  si  p  est  entier,  >.  est  égal  à  p  pour  l'une  des  intégrales 
de(i),  et  l'on  obtient  seulement,  en  supposant  t  différent  de  i,  2,  .  .,p  -h  1, 

(3)  M(r)<e<^""^'^^^'^^""'. 

n  II  est  aisé  de  constater  que,  si  p  est  entier,  M(r)  peut  effectivement 
s'approcher  beaucoup  de  la  limite  (J)  ou,  au  contraire,  rester  très  voisin 
de  la  limite  (2).  Nous  avons  vu  un  exemple  de  ce  fuit  lorsque  p  =/>.  Soit 


(  253  ) 

maintenant  p  —  /?  -f  i .  On  peut  évidemment  disposer  de  i  et  des  arguments 
des  zéros  de  façon  que,  pour  un  certain  argument  de  s,  le  produit  des 
{i —  i)  premiers  facteurs  primaires  soit  supérieur  à  i  et  chaque  facteur 

restant  supérieur  à  e  '  ■  .  Supposons  alors,  par  exemple,  ^  =  o, 
/•„  :=  n(logn)-.  On  aura 

i 

Au  contraire,  on  peut  s'arranger  de  façon  que  chaque  facteur  primaire  à 

partir  du  (i-+-  î)"'™*  soit  inférieur  à  e  '"  .  On  remplace  alors  la  dernière 
intégrale  de  (i)  par  une  autre  où  >.  7^  p. 

»  Ces  exemples  montrent  que  si  p  est  entier,  on  ne  peut  pas  espérer 
résoudre  complètement  le  problème  de  la  délermination  du  genre  d'une 
fontion  entière  dont  on  connaît  le  module  maximum.  Mais  les  résidtats 
énoncés  plus  haut  nous  apprennent  entre  quelles  limites  on  pourra  le  faire. 

»  Soit,  par  exemple,  à  trouver  le  genre  de  la  somme  de  deux  produits  de 
facteurs  primaires  d'ordre  entier  p.  G,  (2)  q\.G.,{z).  Soit  F(s)  -  G(3)p'"=', 
cette  somme.  Nous  pouvons  déterminer  le  geiu-e  de  F  (s)  dans  des  cas 
étendus  correspondant  aux  divers  critères  qui  renseignent  sur  la  conver- 
gence ou  la  divergence  de  la  série  Tl  — •  Ainsi  : 

»   Si,  G ,  et  Ga  étant  de  genre  p  —  i ,  G,  est  tel  que  pour  n^m  on  ait 

/■P>;7.n(log«)-^% 

la  somme  i"\:;j  est  de  genre  p  -  i.  En  effet  H  (s)  est  au  plus  de  degré  p  —  i, 
car  la  limite  supérieure  de  |  F  (s)  |  est  inférieure  à  ^'"'^. 

»  De  plus,  pour  0(3),  la  série  —  est  convergente;  donc  G(z)  est  de 

genre  p    -  x . 

»  De  même  si,  G,  et  G,  étant  de  genre  p,  G,  est  tel  que  pour  une  infi- 
nité de  valeurs  de  n  indéfiniment  croissantes,  on  ait 

A-?<[^.n(log/i)  % 

on  en  déduit  que  la  série  -~  diverge  et  que  F(zj  est  de  genre  p. 

»  Chacun  des  critères  de  convergence  et  de  divergence  indiqués  par 
M.  Bertrand  fournit  une  règle  semblable.  Mais,  en  dehors  de  ces  cas  et 


(   25  t   ) 

ri'aiilres  analogues,  la  considération  des  modules  maxima  ne  semble  pas 
pouvoir  nous  renseigner  sur  le  genre  de  F('). 

»  Écartons  maintenant  les  cas  exceptionnels.  On  peut  dire  alors,  en 
lenant  compte  des  résidtats  de  M.  Hadamiird,  que  ta  manière  dont  se  com- 
porte à  V infini  le  module  maximum  d'un  produit  de  facteurs  primaires  de 
genre  fini  G{z)  est  déterminée  par  la  croissance  de  r„,  autrement  dit  parle 
nombre  des  zéros  de  G(:;)  que  contient  un  cercle  de  rayon  indéfiniment  crois- 
sant, abstraction  faite  des  arguments  de  ces  zéros.    » 


MÉTÉOROLOGIE .  —  Sur  la  relation  de  l'activité  solaire  avec  la  variation  diurne 
de  la  déclinaison  magnétique.  Note  de  M.  Alfred  Angot,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  On  sait  qu'il  existe  une  relation  bien  nette  entre  les  variations  du 
magnétisme  terrestre  et  l'activité  du  Soleil;  R.  Wolf  a  même  donné  une 
formule  qui  donne  approximativement  l'amplitude  moyenne  annuelle  de 
la  variation  diurne  de  la  déclinaison  à  Vienne,  en  fonction  du  nombre  re- 
toî/ des  taches  solaires.  Mais,  pour  déterminer  la  loi  du  phénomène,  on 
ne  peut  se  bornera  considérer  ni  la  moyenne  annuelle,  ni  l'amplitude  totale 
de  la  variation  :  en  effet,  dans  la  combinaison  d'ondes  d'amplitudes  et  de 
phases  différentes,  l'amplitude  totale  delà  variation  résultante  ne  présente 
pas  de  relation  simple  avec  les  amplitudes  des  ondes  composantes. 

»  L'emploi  de  la  série  de  Fourier  permet  de  résoudre  le  problème. 

»  En  désignant  par  tie  temps  compté  en  angles  à  partir  de  minuit,  à  raison  de  36o° 
pour  la  journée  entière,  toute  variation  périodique  diurne  peut  être  représentée  par 
la  série 

Aj  cosl  -+-  Bi  sin<  ■+-  Aj  cosa^  +  B,  sin2  <  -H  .  .  . , 

et,  si  la  variation  résulte  de  la  superposition  d'ondes  d'origines  diverses,  les  coeffi- 
cients Al,  B,,  A2  .  .  .  de  la  variation  totale  sont  la  somme  algébrique  des  coefficients 
correspondants  des  ondes  composantes. 

»  Pour  déterminer  l'influence  des  taches  solaires,  on  considérera  la  variation  ob- 
servée comme  produite  par  la  superposition  de  deux  ondes  :  l'onde  normale,  corres- 
pondant aux.  moments  où  le  Soleil  est  complètement  dépourvu  de  taches,  et  l'onde 
perturbatrice,  fonction  des  taches,  et  que  l'on  peut,  comme  première  approximation, 
supposer  proportionnelle  au  nombre  ;•  des  taclies.  On  aura  donc 

(1)  A,  — A,'h- fl-iT,         Bi=r  B,'-f- 6,/-,         Aj— Aj'-i- a,'- ■  •; 

A,',  Bj',  Aj...  étant  les  coefficients  relatifs  à  l'onde  normale;  a,,  b^,  a.,.  ..  ceux  de 
l'onde  perturbatrice. 


(  255  ) 

"  Comme  l'onde  normale  el  l'onde  pertiM-batrice  dépendent  toutes  deux  de  la  posi- 
tion du  Soleil,  on  devra  les  déterminer  non  pas  sur  des  moyennes  annuelles,  mais  au 
moins  sur  des  moyennes  mensuelles. 

»  J'ai  commencé  par  l'étude  de  la  variation  diurne  de  la  déclinaison  et 
j'ai  discuté  d'abord  les  observations  recueillies  par  M.  Moureaux,  au  Parc 
Saint-Maur,  pendant  les  dix-sept  années  1 883- 1899.  Les  coeFficients  de  la 
série  de  Fourier  ont  été  calculés,  pour  chaque  mois  individuellement, 
jusqu'aux  termes  en  l\t.  On  les  a  rapprochés  ensuite  du  nombre  relatif  des 
taches  solaires,  tel  qu'il  a  été  donné  pour  chaque  mois  par  R.  Wolf  et, 
depuis  1894,  par  son  continuateur,  M.  Wolfer.  Tous  les  mois  de  même 
nom  ont  fourni  ainsi  pour  chaque  groupe,  le!  que  A'|«,,  dix-sept  équations 
de  condition,  d'où  l'on  a  tiré  les  valeurs  les  plus  probables  de  ces  coeffi- 
cients. Nous  ne  nous  occuperons  pour  le  marnent  que  de  l'onde  pertur- 
batrice. 

)i  En  posant  c,,—  ^««4-  bl,  tang(p„--=^  ^-;  l'onde  perturbatrice  est  mise 
sous  la  forme 

P  ::=  c,  sin(<  -F-  (p,)   f-  c'o  sin(2/  -1-  Ça)  -^  c.,  sin(3/  -t-  ^3)  ^-  .  .  ., 

qui  se  prête  mieux  à  la  discussion;  on  obtient  ainsi  une  formule  em|)i- 
rique  qui  donne  à  chaque  instant  les  valeurs  approchées  de  la  fonction  P, 
dont  l'expression  analytique  exiacte  n'est  pas  connue. 

»   On  trouve  que  les  douze  valeurs  mensuelles  des  coefficients  c,,  c , 

9,,  (p.,   montrent,  en  général,  une  variation  annuelle  bien  régulière 

et  peuvent  être  exprimées,  en  fonction  de  la  longitude  /  du  Soleil,  par  une 
expression  telle  que 

m  +  nsin/-i-/)cos2/; 

le  coefficient  m,  de  beaucoup  le  plus  important,  est  obtenu  avec  une 
grande  exactitude;  les  deux  autres  m  et  n,  plus  petits,  sont,  par  suite, 
moins  bien  déterminés. 

)i  Les  mêmes  calculs  ont  été  recommencés  pour  les  observations  de 
Greenwich.  Les  résultats  concordent  avec  ceux  de  Saint-Maur  d'une  ma- 
nière remarquable,  si  l'on  songe  à  la  petitesse  du  phénomène  et  à  sa  com- 
plexité. 

»  Toutes  les  données  numériques  et  leur  discussion  complète  seront 
publiées  dans  un  Mémoire  actuellement  sous  presse;  j'indiquerai  seule- 
ment ici  les  conclusions  principales  : 

»    1°  Les  dix-sept  équations  de  condition  (i),  (pii  déterminent  chaque 


(  256  ) 

groupe  d'inconnues,  tel  que  A',,  a,,  présentent  en  général  des  erreurs 
résiduelles  faibles,  surtout  pour  les  valeurs  extrêmes  de  r;  l'influence  des 
taches  du  Soleil  est  doiic  très  nette  et  déterminée  avec  précision.  Les 
quelques  écarts  qui  se  présentent  doivent  être  dus  surtout  à  deux  causes  : 
d'une  part,  on  admet  la  constance  de  l'onde  normale,  ce  qui  n'est  pas  pro- 
bable, au  moins  pour  une  période  un  peu  longue;  d'autre  part,  les  varia- 
tions de  l'activité  solaire  ne  sont  pas  mesurées  exactement  par  le  nombre 
relatif  des  taches.  Cependant  la  concordance  des  résultats  montre  que  les 
erreurs  qui  résultent  de  cette  dernière  hypothèse  sont  faibles,  sauf  peut- 
être  dans  quelques  mois  exceptionnels. 

»  2"  Le  terme  diurne  de  l'onde  perturbatrice  a  une  phase  y,  qui,  rap- 
portée au  temps  vrai,  peut  être  considérée  comme  constante  pendant  toute 
l'année  :  21 1°,  2  pour  Saint-Maur,  210°,  2  pour  Greenwich,  nombres  iden- 
tiques dans  la  mesure  de  iaj  précision  obtenue.  Les  amplitudes  «,,  en 
fonction  de  la  longitude  /  du  Soleil,  et  ramenées  à  sa  moyenne  distance, 

sont  : 

Saint-Maur aj=  i',  87  -h  o',i7  sin^M-  o',22  cosa/, 

Greenwicli i    a,==;  i',48  4-  o',i5  sin  /  +  o',24  cosa/. 

1 

))  5°  Le  terme  semi-diurne  a  les  valeurs  suivantes  : 

Sainl-Maui- 0^=^  o' ,82  -h  (^,io  sin  l  -{-  o' ,20  C0S2I         02=  28°,  5  +  24",  2  sini 

Greenwich a,^  o',83  H-  c/,  35  sin  l  -i-  o',i8  cos2  /         92^=  27°,  7  -+-  3i°,  5  sin  / 

Les  valeurs  sont  encore  tout  à  fait  comparables  dans  les  deux  stations, 
même  pour  les  phases  où  une  différence  de  1°  ne  correspond  ici  qu'à  deux 
minutes  de  temps. 

))   4°  Les  amplitudes  du  terme  tiers-diurne  sont  : 

Saint-Maur «3=  o',  5i  +  o',  23  cos2  Z 

Greenwich «3=  o',4i  -H  o',  26  cos2/ 

Les  phases  sont  constantes  dans  toute  l'année  :  201°  à  Saint-Maur,  219"  à 
Greenwich,  nombres  dont  la  différence,  qui  correspond  à  vingt-quatre 
minutes  de  temps,  est  dans  la  limite  des  erreurs  probables. 

»  Les  observations  de  Batavia  ont  donné  des  lois  analogues  pour  les 
deux  premiers  termes,  les  seuls  qui  aient  été  calculés,  mais  avec  des  valeurs 
absolues  différentes  pour  les  coefficients.  En  traitant  de  même  les  obser- 
vations d'un  assez  grand  nombre  de  stations  on  pourrait  dégager  les  lois 
qui  lient  les  divers  coefficients  à  la  situation  géographique  et  à  la  valeur  du 
champ  magnétique  en  chaque  point  et  voir,  notamment,  si  ces  lois  sont 
compatibles  avec  l'existence  d'un  champ  magnétique  émané  du  Soleil. 


(  257  .' 
»  Je  me  propose  d'indiquer  ultérieurement  les  particularités  que  pré- 
sente la  variation  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  A'onde  normale.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.      -  Sur  les  borates  de  magnésie  et  des  métaux  alcalino- 
terreux.  Note  de  M.  L.  Ouvrard,  présentée  par  M.  Troost. 

'(  Dans  deux  Notes  précédentes  ('),  j'ai  indiqué  par  quelle  série  de 
recherches  j'avais  été  amené  à  préparer  les  borates  tribasiques  d'un  certain 
nombre  de  métaux. 

»  Depuis,  j'ai  cherché  à  appliquer  la  même  méthode  au  magnésium  et 
aux  métaux  alcalino-terreux  qui  paraissent  se  prêter  moins  facilement  que 
les  précédents  à  l'obtention  de  corps  cristallisés. 

M  On  sait  que  la  magnésie  se  dissout  aisément  dans  l'anhydride  borique 
fondu,  et  c'est  ainsi  qu'Ebelmen  (')  a  préparé  les  borates  B*0',  3MgO  et 
B-0',2MgO,  reproduits  par  M.  l.e  Chatelier  (^),  tandis  qu'en  présence 
d'un  grand  excès  d'anhydride  borique  M.  Ditle  a  obtenu  le  borate  acide 
4B^0%  3MgO,  en  masses  cristallines,  à  structure  rayonnéo  (  *). 

»  Si  l'on  ajoute  un  léger  excès  de  magnésie  à  un  mélange  équimoléculaire  d'anhy- 
dride borique  et  de  fluorhydrale  de  fluorure  de  potassium,  et  que  l'on  porte  le  tout  au 
rouge  dans  un  creuset  de  platine,  on  obtient  une  masse  qui,  soumise  à  un  refroidisse- 
ment lent,  laisse  distinguer  nettement  des  aiguilles  cristallines.  Le  culot  étant  repris 
par  l'eau  bouillante  abandonne  un  feutrage  de  fines  aiguilles  qui,  lavées  à  l'acide  acé- 
tique étendu,  présentent  au  microscope  une  apparence  très  homogène  et  répondent  à 
la  formule  B'O',  3MgO  ('). 

»  Ce  sont  des  prismes  transparents,  à  extinctions  longitudinales,  inaltérables  par 
l'eau  bouillante,  sensiblement  inattaquables  par  l'acide  acétique  dilué,  facilement  so- 
lubles  dans  les  acides  minéraux. 

»  Avec  des  quantités  insuffisantes  de  magnésie,  on  n'obtient  pas  de  produit  homo- 
gène; il  se  forme  probablement  des  mélanges  de  borates  moins  basiques,  dont  nous 
n'avons  pu  retirer  aucun  produit  défini. 

»  L'addition  de  chlorure  de  magnésium  au  mélange,  au  lieu  et  place  de  magnésie, 
donne  naissance  à  de  la  boracite,  facilement  reconnaissable  à  sa  forme  tétraédrique 
et  à  son  insolubilité  dans  l'acide  chlorhjdrique  concentré  et  froid. 


(  '  )  L.  OcvRARD,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  172  et  335. 
(^)  Ebelmen,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  XXXIII,  p.  5o. 
{^)  Le  CnATELiER,  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  io34. 
(•)  DiTTE,  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  893. 

(5)  B^O'  :  calculé,  36,82;    trouvé,  86,90    et   36, 11.  MgO  :  calculé,  63, i8;  trouvé, 
63,27  et  62,76. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  5.)  34 


(  258  ) 

»  T.a  chaux,  ou  son  carbonate,  se  dissolvent  également  bien,  à  la  tem- 
pérature du  rouge,  dans  le  mélange  d'anhydride  borique  et  de  fluorhv- 
drate  de  fluorure  de  potassium;  mais  on  n'oblient  de  produit  bien  défini 
qu'en  employant  trois  molécules  de  chaux  pour  une  de  chacun  des  autres 
composants.  | 

»  Après  lavage  prolongé  à  l'eau  froide,  puis  à  l'acide  acétique  très  dilué,  il  reste 
des  prismes  agissant  sur  la  lumière  polarisée,  mais  altérables  par  l'eau  chaude,  qui  les 
rend  opaques,  très  solubles  dans, les  acides  étendus,  et  correspondant  à  la  formule 

B=0%3CaO(').  1 

i>  La  substitution  du  chlorure  de  calcium,  en  tout  ou  en  partie,  à  la  chau\,  dans  la 
réaction  précédente,  tend  à  donner  des  produits  chlorés,  différents  d'ailleurs  des  bo- 
racites,  sur  lesquels  nous  reviendijons  plus  tard,  et  parmi  lesquels  nous  signalerons 
seulement  Je  borate  B'O',  SCaOjt^aCl^  décrit  par  M.  Le  Chatelier  (^). 

»  La  strontiane  et  la  baryte  se  comportent  à  peu  près  comme  la  chaux 
vis-à-vis  du  mélange  d'anhydride  borique  et  de  fluorhvdrate  de  fluorure 
de  potassium.  Par  leur  addition  en  quantité  convenable,  on  obtient  par 
refroidissement  lent  les  borates  B-0%  3SrO  (')  et  B^O',  3BaO  ('),  en  cris- 
taux dentelés,  ou  en  feuilles  de  fougère,  agissant  sur  la  lumière  polarisée, 
moins  facilement  altérables  par  l'eau  chaude  que  le  sel  correspondant  de 
chaux,  peu  attaquables  par  l'acide  acétique  étendu,  très  solubles  dans  les 
acides  minéraux. 

))  De  même  que  dans  le  cas  de  la  chaux  et  de  la  magnésie,  l'emploi  de 
proportions  insuffisantes  de  strontiane  ou  de  baryte  ne  donne  naissance 
qu'à  des  mélanges  de  borates  moins  basiques  et  correspondant  probable- 
ment aux  formules  de  ceux  qui  ont  été  décrits  par  quelques  auteurs  et  en 
particulier  par  M.  Ditte  et  M.  Le  Chatelier. 

)>  L'analyse  de  ces  différents  composés  ne  présente  aucune  difficulté 
spéciale,  et  nous  avons  pu  la  réaliser  par  l'une  des  deux  méthodes  que 
nous  avions  indiquées  précédemment. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  nous  nous  proposons  de  faire 
connaître  quelques-uns  des  composés  chlorés  qui  se  forment  quand  on 
~-^-^- — — 


(')  B^O' :  calculé,  29,41;  trouvé,  28,76  et  29,10.  CaO  :  calculé,  70,  Sg  ;  trouvé, 
70,67  et  70, 18. 

(-)  Le  Chatelier,  Comptes  rendus,  t.  XCIX,  p.  276. 

(■)  B-0' ;  calculé,  18,42;  trouvé,  18,086117,9.5.  SrO  :  calculé,  81 ,58  ;  trouvé, 
81 ,o4  et  8i ,  19. 

(■')  B-0^  :  calculé,  I  3, 23;  trouvé,  12,866112,90.  BaO  :  calculé,  86,77  ;  t>'ouvé, 
85,71  et  86,20. 


'  2.59  ; 
reni|)lace  dans  les  réactions  précédentes  les  oxydes,  en  tout  ou  en  partie, 
par  les  chlorures  correspondants.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'èlectroljse  des  oxyacides.  Préparation  de  l'acide 
^.-amyloxypropionique  et  de  la  diamyline  du  butanediol  1.4.  Note  de 
M.  l'abbé  J.  H.vMoxEr,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

«  Je  me  suis  proposé  d'appliquer  à  la  préparation  de  quelques  glycols 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  leurs  cthcrs,  la  décomposition  des  sels 
alcalins  des  oxyacides  par  le  courant  électrique.  Ma  première  préoccu|)a- 
lion  a  été  d'obtenir  des  produits  insolubles,  afin  de  les  soustraire  autant 
que  possible  aux  réactions  secondaires,  qui  rendent  si  complexes,  si  diffi- 
ciles à  étudier  les  résultats  de  l'électrolyse.  C'est  pourquoi  j'ai  remplacé  le 
groupe  alcool  par  le  groupe  éther-oxyde.  Je  pouvais  espérer  que  la  décom- 
position se  ferait  suivant  l'équation 

rO        2ROC«H™CO-Iv  =  K-  h2C0='  +  (ROC«H"'  -  C«H"'OR  V 

Mes  prévisions  ne  se  sont  réalisées  qu'en  partie  et  j'ai  dû  laisser  de  côté 
les  a  oxyacides.  En  elïet,  la  position  du  groupe  éther-oxyde  dans  la  molécule 
a  une  très  grande  influence  sur  les  résultats  de  l'expérience.  Si  ce  groupe 
est  en  p,  la  décomposition  se  fait  en  proportion  très  convenable  suivant 
l'équation  (  1  );  mais  si  ce  groupe  est  en  a,  une  très  grande  partie  de  l'éther 
s'hydrolysc  : 

(2)       RCH(OC'H*')CO-H  -hH='0  .  =  (RCHOHCO-H  )  4- C*H"  OH 

et  c'est  à  peu  prés  exclusivement  sur  l'acidc-alcool  régénéré  que  se  porte 
l'action  du  courant  électrique.  Il  se  forme  alors  de  l'aldéhyde  et  des  pro- 
duits acétaliques.  Ainsi  l'acide  amylglycolique  C'H"OCH-  -CO-H  et 
l'acide  amyllactique  CH'CH(OC'H")CO- H  ne  m'ont  donné  ni  la  diamy- 
line  du  glycol  de  Wurlz,  ni  celle  du  butanediol  2.3  que  je  pouvais 
espérer. 

»  Je  ne  parlerai  donc  que  de  l'électrolyse  des  acides  p. -alcooliques  et 
d'abord  de  celle  de  l'acide  p.-amyloxypropionique. 

»  Préparation  de  l'acide  ^.-amyloxypropionique  C*H"  OCH-CH^CO*H. 
—  J'essayai  d'abord  d'opérer  comme  je  l'avais  fait  pour  l'acide  amylglyco- 
lique,  c'est-à-dire  de  faire  réagir  deux  molécules  d'amylale  de  sodium  sur 


(    260    ) 

une  molécule  d'acide  p.-chloropropionique.  Mais  on  n'obtient  que  très  peu 
de  l'acide  cherché  et  beaucoup  d'acide  acrylique,  si  l'on  verse  dans  l'amy- 
late  l'acide  p.-chloropropionique  dissous  dans  l'alcool  amylique,  et  rien 
que  de  l'acide  acrylique,  si  l'on  verse  l'amylate  dans  l'acide.  C'était  un 
résultat  que  me  faisait  trop  prévoir  l'instabilité  bien  connue  des  sels  de 
l'acide  p.-chloropropionique,  qui  d'eux-mêmes  se  décomposent  en  chlorure 
métallique  et  acide  acrylique. 

»  Antérieurement,  j'avais  tenté  de  préparer  l'acide  butyropropionique 
par  l'action  du  butyrate  de  sodium  sur  l'acide  p.-chloropropionique;  cette 
fois  encore,  il  s'était  fait  beaucoup  d'acide  amylique  et  peu  de  l'acide 
cherché.  i 

>i  Je  songeai,  alors,  que  peut-être  l'éther  de  l'acide  p.-chloropropionique 
serait  plus  stable  que  l'acide  lui-même. 

»  Pour  préparer  le  p.-chloropropionate  d'aniyle,  on  peut  saturer  de  H  Cl  le  mé- 
lange d'alcool  et  d'acide;  mieux  vaut  cependant,  comme  l'a  fait  M.  Simon  pour  le 
pyruvate  d'amyle,  chauffer  quelque  temps  au  bain-marie  ce  mélange  d'acide  et  d'al- 
cool, et  enlever  ensuite,  par  distillation  dans  le  vide,  l'eau  qui  se  forme  peu  à  peu.  Le 
rendement  est  presque  théorique.  Le  ^.-chloropropionate  d'amyle  est  un  liquide 
incolore,  à  odeur  de  fruits;  il  bout  à  109°-!  10°  sous  la  pression  de  21™™  :  densité  à 
i8''=i,o24.  , 

»  Ce  corps  a  été  ensuite  transformé  facilement  en  ^ .-amyloxypropionate 
d'amyle,  CH^'OCH^CH"  —  CO-C=H",  par  addition  d'araylate  de  sodium 
dissous  dans  l'alcool  amylique. 

»  Il  convient  de  verser  peu  à  peu  l'amylate  dans  le  chloropropionate,  afin  d'éviter 
l'élévation  de  température  et,  par  suite,  la  saponification  du  groupe  éther-sel.  Une 
première  fois,  j'ai  isolé  l'éther  <^.-ainyloxypropionate  d'amyle.  C'est  un  liquide 
bouillant  à  \!\o°  sous  la  pression  de  20™™,  et  à  259''-26o''  sous  celle  de  750"™  :  densité 
à  18°=  0,901.  Dans  la  suite,  j'ai  saponifié  immédiatement  le  groupe  éther-sel  et  j'ai 
séparé  par  l'eau  l'amyloxypropionate  de  sodium  de  l'alcool  amylique.  La  solution 
aqueuse,  convenablement  concentrée,  a  été  traitée  par  SO'H-  et  l'acide  ^.-amylojcy- 
propionique  s'est  rassemblé  à  la  surface.  C'est  un  liquide  incolore,  faiblement  odorant, 
peu  soluble  dans  l'eau.  Il  bout  à  i45''-i46°  sous  la  pression  de  i5™",  et  à  25i''-252'' 
sous  celle  de  ySo™"  :  densité  à  i8°=  i,o5i  ('  ). 

»   Electrolyse  du  ^ .-amyloxypropionate  de  potassium.  —  La  solution  de 


(')  C'est  en   1898  que  j'ai  obtenu  cet  acide,  comme  en   témoigne  un   pli  cacheté 
déposé  à  la  Société  chimique,  le  28  juin  1898. 


(    26l     ) 

ce  sel,  d'une  densité  de  i,o8,  a  été  soumise  à  l'action  d'un  courant  de 
2  ampères. 

»  On  a  fait  varier  la  surface  de  l'anode  de  6'i  à  igS^i,  de  telle  sorte  que  la  densité 
du  courant  variait  ainsi  de  o''""p,33o  à  o^^PjOio  par  centimètre  carré,  sans  que  la 
quantité  ou  la  composition  du  liquide  huileux  obtenu  changeât  sensiblement.  Ce 
liquide,  qui  se  rassemble  très  bien  à  la  surface,  représente  un  peu  plus  de  la  moitié  de 
l'acide  employé.  Il  se  compose  de  produits  aldéliydiques,  sur  lesquels  je  reviendrai 
dans  la  suite,  d'alcool  amylique  provenant  encore  de  l'hydrolyse  d'une  partie  du 
groupe  éther-oxyde,  d'un  liquide  bouillant  à  i4o''-i4i°  sous  la  pression  de  lo"""  et  à 
26o''-26i°  sous  celle  de  jSo™™,  et  d'un  résidu  qui  n'a  pas  encore  été  étudié. 

»  Le  liquide  bouillant  à  26o"-26i''  est  une  huile  faiblement  odorante,  insoluble  dans 
l'eau  :  densité  à  i8°r~  0,849- 

»  L'analyse  de  ce  corps  correspond  parfaitement  à  la  diamyline  du  bulanediol.  Que 
les  groupes  éthers  soient  placés  en  1.4,  c'est  ce  que  je  démontrerai  par  les  dérivés,  que 
j'en  ai  obtenus  :  acide  succinique,  acide  adipique.  On  peut  donc  représenter  la  décom- 
position éleclrolytique  par  léquation  suivante  : 

(  (3C»H"OCH2CH"-CO-K) 
^    ^  I       =K»-+-2CO«-i-(G«H'»OCH»-CH'-CH*CH«OC5H"). 

»  Le  rendement  a  été  de  5o  pour  100  de  la  quantité  théorique. 

«  Quoique  les  étapes  à  parcourir  pour  passer  de  la  glycérine  à  cet  éther 
du  butanediol  ou  à  ses  dérivés  soient,  il  faut  l'avouer,  longues  et  nom- 
breuses, je  crois  cependant  que  cette  méthode  est  la  seule  pratique  et 
même  la  seule  sûre  qui  ait  été  donnée  jusqu'ici. 

»  Je  me  propose  d'appliquer  ce  procédé  à  la  décomposition  d'autres  p. 
ou  y.-oxyacides.    « 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  l'action  saccharifianle  des  germes  de  blé  et  sur 
l'emploi  de  ces  germes  en  distillerie.  Note  de  M.  Lindet,  présentée  par 
M.  Duclaux. 

«  Les  nouveaux  procédés  de  mouture  permettent  au  meunier  d'extraire, 
au  début  de  son  travail,  le  germe  du  blé  dans  un  grand  état  de  pureté.  Le 
premier  broyeur  de  la  série  des  moulins  à  cylindres,  fendant  le  grain  et 
séparant  les  deux  lobes,  fait  sauter  le  geriiie;  d'autres  appareils  (déger- 
meur  Rose,  fendeuse  Schweizer,  semouleur  Danvin  et  Gibory,  broyeur 
Record  Rose,  etc.)  produisent  le  même  travail.  Les  germes,  ainsi  dégagés, 
sont  d'ordinaire  passés  entre  cylindres  lisses,  pour  les  débarrasser  de  la 


(     202     ) 

farine  encore  adhérente,  et  les  sons  de  ces  germes  sont  vendus  aux  nour- 
risseurs  au  même  prix  que  les  sons  ordinaires. 

»  Le  germe  ne  se  trouve  pas,  du  fiut  tle  ces  opérations,  séparé  de  son 
scutellum;  or,  Brown  et  Morris  ont  démontré  que  les  diastases,  et  spécia- 
lement celle  qui  pendant  la  germination  dissout  l'amidon,  sont  sécrétées 
dans  cette  partie  du  grain.  L'expérience  m'a  permis  de  constater  que  les 
sons  de  germes,  riches  en  débris  de  scutellum,  renferment  de  grandes 
quantités  de  diastase  saccharifiante,  et  qu'ils  peuvent  remplacer,  à  un  mo- 
ment donné  du  travail  de  la  distillerie,  le  malt  d'orge,  dont  le  prix  est 
deux  fois  plus  élevé. 

»  On  sait  qu'il  convient  de  distinguer  dans  la  saccharification  diastasique 
de  l'amidon  deux  actions  superposées  :  l'une  qui  s'exerce  spécialement 
à  70"  et  même  80°,  et  qui  aboutit  à  la  liquéfaction  de  l'amidon  et  à  une 
production  presque  exclusive  de  dextriue,  l'autre  qui  se  développe  à  63" 
et  au-dessous  et  qui  a  pour  effet  de  transformer  la  dextrine  en  maltose.  On 
tend  même  à  admettre  l'existence  de  deux  diastases,  l'une  plus  résistante 
que  l'autre  à  la  chaleur  :  Vamylase,  qui  liquéfie  et  dextrinise ;  l'autre  :  la 
dextrinase,  qui  saccharifte . 

»  Je  pense  que  la  diastase  saccharifiante  des  germes  de  blé  existe  sous 
ces  deux  états;  mais  je  n'ai  pu  mettre  en  évidence  jusqu'ici  son  action 
liquéfiante;  les  germes  renferment  en  effet  une  grande  proportion  de  ma- 
tières albuminoïdes  solubles;  en  présence  de  l'eau,  celles-ci  se  coagulent 
à  partir  de  So"  C,  et  quand  la  température  atteint  65°-70°,  la  quantité  de 
matière  précipitée  est  telle  que  le  liquide  s'en  trouve  épaissi  et  que  la  dias- 
tase, probablement  retenue  dans  le  réseau  des  albuminoïdes,  est  dés  lors 
incapable  de  liquéfier  et  de  saccharifier.  Mais  si  son  action  liquéfiante  nous 
échappe,  son  action  saccharifiante  ne  saurait  être  mise  en  doute.  Quand  on 
opère  sur  un  empois  préalablement  liquéfié  au  mail,  et  quand  on  main- 
tient la  température  au-dessous  de  5o°-55°,  c'est-à-dire  la  température 
inférieure  à  celle  de  la  coagulation  des  albuminoïdes,  on  détermine  la 
saccharification  de  la  dextrine. 

»  J'ai  comparé  l'action  saccharifiante  du  mail  d'orge  et  du  son  de  germes  de  blé, 
en  introduisant,  aux  températures  de  35°,  45°,  55°,  65°,  un  même  poids  de  chacune 
de  ces  substances,  dans  une  même  solution  d'empois  dextrinise,  et  en  prolongeant  le 
chauffage,  dans  chaque  cas,  pendant  le  même  temps.  Les  résultats  ci-dessous  expriment 
les  quantités  de  dextrine,  transformée  pour  loo  de  dextrine  préexistante  : 

35".  ij".  ôj".  (J5°. 

Avec  les  sons  de  germes 38,5  46,2  45,  i  8,7 

Avec  le  malt  d'orge 36,6  4^,9  45,8  17,0 


(  2r,3  ) 

»  J'ai  appliqué  le  procédé  de  sacchaiificalion  par  les  sons  de  germes, 
soit  à  des  moûts  de  maïs  cuit,  soit  à  des  moûts  de  pommes  de  terre  et  j'ai, 
dans  les  deux  cas,  retiré  des  liquides  fermentes  une  quantité  d'alcool  cor- 
respondant à  la  somme  du  maltose  et  de  la  dextrine,  dosés  avant  fermen- 
tation. La  diastase  du  germe  de  blé  est  donc,  comme  celle  du  malt  d'orge, 
capable  de  saccharifier  la  dextrine  au  cours  de  la  fermentation  alcoolique. 

»  La  dépense  que  l'adoption  de  celle  méthode  occasionne  est  réduite  à 
son  minimum;  il  suffit,  en  efiel,  quand  on  traite  du  maïs,  de  faire  inter- 
venir une  quantité  de  malt,  qui  représente  2  pour  100  et  une  quantité  de 
sons  de  germes  qui  représente  10  pour  100  du  poids  des  grains  mis  en 
œuvre.  Ces  quantités  peuvent  être  réduites  de  moitié,  quand  on  s'adresse 
à  la  pomme  de  terre. 

»  L'introduction  des  germes  dans  la  drèche  de  distillerie  ne  peut  qu'en 
augmenter  la  valeur  nutritive.  Ceux  qui  ont  servi  à  mes  expériences  et  qui 
provenaient  du  moulin  des  hospices  et  hôpitaux  de  Paris,  renfermaient 
23,5  pour  100  de  matières  azotées,  8,4  pour  100  de  matières  grasses  et 
2,4  pour  100  de  matières  minérales. 

»  L'emploi  des  sons  de  germes,  que  jusqu'ici  la  meunerie  abandonnait 
à  la  nourriture  du  bétail,  peut  donc  trouver  place  dans  la  distillerie  de 
grains  ou  île  pommes  de  terre  et  créer  une  communauté  d'intérêts  entre 
ces  deux  industries  agricoles.    » 


HISTOIRE  DES  SCIENCES.  --  La  légende  du  Lepas  anatifera,  la  Vallisneria 
spiralis  et  le  Poulpe.  Note  de  M.  Frédéric  Houssay,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier.  (^Extrait.) 

0  T^e  Lepas  anatifera,  crustacé  fixé  bien  connu  des  zoologistes,  a  donné 
lieu  à  de  curieuses  légendes,  familières  à  tous  ceux  que  l'histoire  des 
sciences  intéresse.  Ces  légendes,  dans  leurs  traits  essentiels,  se  résument  à 
ceci  :  l'animal  s'organise  aux  dépens  du  bois  ou  des  troncs  d'arbres  flot- 
tants sur  lesquels  on  le  trouve,  d'autres  disent  sur  une  plante  qui  croît  au 
fond  de  la  mer,  puis  lui-même  se  transforme  ou  donne  naissance  à  un 
oiseau,  Voie  bernache  ou  oie  du  coquillage,  en  souvenir  de  laquelle  Linné  a 
gardé  dans  sa  nomenclature  le  nom  ^V Anser  bemicula. 

))  La  Vallisneria  spiralis  est  une  plante  aquatique  dioïque  dont  la  fécon- 
dation fut  décrite  d'une  façon  scientifique  par  Micheli  en  1729,  mais,  à  mon 
avis,  le  fait  était  banalement  connu  à  une  époque  antérieure.  Je  rappelle 


(     264     ) 

que  la  fleur  femelle  monte  à  la  surface  de  l'eau,  que  l'inflorescence  mâle 
en  fait  autant,  que  les  fleurettes  dont  elle  est  composée  se  détachent, 
fécondent  la  fleur  femelle,  et  que  celle-ci  refermant  son  périanthe  des- 
cend au  fond  de  l'eau,  entraînée  par  sa  hampe  qui  se  contourne  en  spirale. 

»  Examinant  en  1891  les  décors  exclusivement  animaux  et  végétaux 
figurés  sur  des  vases  appartenant  à  l'art  dit  mycénien,  j'y  crus  voir  repré- 
sentés le  phénomène  vrai  de  la  fécondation  de  la  Vallisnérie  et  le  phéno- 
mène légendaire  de  la  naissance  des  oiseaux  sur  des  plantes  marines, 
c'est-à-dire  la  légende  de  l'anatife. 

))  Mais  quand  je  voulus  faire  partager  ma  conviction  je  me  trouvai  fort 
embarrassé.  Je  l'essayai  néanmoins  en  deux  articles  que  publia  la  Revue 
archéologique  (  '  ). 

»  Je  veux  aujourd'hui  apporter  quelques  faits  nouveaux  comme  contri- 
bution à  ces  études. 

»  Sur  le  portail  occidental  de  l'église  de  Moissac  (xu''  siècl  ■)  dont  le  moulage  est 
au  Trocadéro,  je  trouve  quatre  groupes  d'animaux  dont  il  serait  trop  long  de  préciser 
la  disposition  architecturale. 

»  1°  Des  mammifères,  des  chiens  peut-être,  dressés  face  à  face  par  couples  :  un  or- 
gane sexuel  net  caractérise  le  mâle,  la  femelle  féconde  a  des  mamelles  turgescentes; 
les  queues  de  ces  animaux  s'enlacent,  celle  du  mâle  se  termine  par  un  ornement 
{a.,Jig,  1)  où  l'on  peut  reconnaître, imieux  même  que  sur  notre  dessin,  V inflorescence 
mâle  de  la  Vallisnérie;  celle  de  la  femelle  se  termine  {^,ftg.  \)  par  \ïi  fleur  femelle 

Fig.   I. 


fécondée  de  la  Vallisnérie.  C'est  l'évocation,  la  comparaison  et  la  généralisation  des 
idées  de  sexualité  et  de  fécondité  chez  les  animaux  et  chez  les  végétaux. 


(  '  )  Frédéric  Houssay,  Les  Théories  de  la  genèse  à  Mycènes  et  le  sens  zoologique 
de  certains  symboles  du  culte  d' Aphrodite  {Rev.  archéoL,  1895).  —  Nouvelles  re- 
cherches sur  la  faune  et  la  flore  des  vases  peints  de  l'époque  mycénienne  et  sur  la 
philosophie  pré-ionienne  {Ibid.,  1897). 


(  265  ) 

»  2"  Deu\  files  contenant  28  iiniinaiix,  dont  i  est  fort  effacé  et  dont  les  autres  sont  : 
7  poissons  purs,  |3  poissons  à  tètes  d'oiseaux,  tels  que  canard,  coq,  chouette,  etc., 
(A,  B,  Jïff.  i),  enfin  7  poissons  à  tètes  de  mammifères  (A',  B',Jig.  1).  C'est  l'évoca- 
tion et  la  figuration  de  la  métamorphose  présumée  des  animaux  aquatiques  en  animaux, 
terrestres. 

I)  3"  Une  file  de  mammifères  et  une  file  d'oiseaux  dont  la  continuité  est  indiquée 
avec  une  troisième  file  d'ornements  innommables,  à  moins  d'employer  le  mot  conven- 
tionnel de  pa/nu'ttes  {\, /ig.  2). 

Fig.  2. 


A 


»  Si  nous  comparons  cette  théorie  figurée  à  la  légende  écrite  de  l'anatife,  et  cela 
n'a  rien  d'aventureux  puisque  nous  en  sommes  très  rapprochés  dans  l'espace  et  le 
temps,  nous  constatons  d'abord  qu'elles  appartiennent  à  la  même  famille  d'idées 
et  qu'elles  ont  trait  toutes  deux  à  la  genèse  aquatique  et  aux  métamorphoses  des  vi- 
vants. Elles  deviennent  même  identiques  si  l'on  admet  que  la  palmette  tient  dans  l'une 
la  même  place  que  l'anatife  dans  l'autre,  si  l'on  admet  qu'elle  le  repreie/ife.  Dès  main- 
tenant je  remarque  que  ces  palmetles  sont  fort  analogues  aux  feuilles  de  la  plante  que 
sur  un  ossuaire  de  Crète  j'ai  défini  m  l'arbre  producteur  des  oiseaux  aquatiques   ». 

»  4°  La  lile  des  mammifères  dont  j'ai  parlé  plus  haut  se  poursuit  dans  l'ogive  du 
portail  par  un  décor  qui  paraît  d'abord  un  simple  fouillis  de  feuillage,  composé  par 
un  même  motif  qui  se  répète  en  file.  En  dessinant  avec  précision  un  de  ces  motifs,  on 
y  reconnaît  un  poulpe  dont  les  bras  se  terminent  à  droite  dans  une  touffe  de  plantes 
marines  analogues  à  un  fucus  et  à  gauche  dans  une  palmette  (B,  /iff.  2).  Or  le  poulpe 
est  le  plus  caractérisé,  le  plus  fréquent  et  le  plus  original  des  animaux  représentés  par 
les  vieux  peintres  égéens. 

»   Je  me  borne  aujourd'hui  à  constater  le  rapprochement,  me  réservant 
d'en  tirer  parti  pour  d'autres  études.   » 

C.  K.,    lyoi,  i"  Semestre.  (T.  CX.WII,  N"  5.)  3o 


(  266  ) 


BOTANIQUE .  —  Sur  le  Ramy  de  Madagascar. 
Note  de  M.  H.  Jacob  de  Cordemoy,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Depuis  quelques  années,  il  a  été  signalé,  à  maintes  reprises,  une  résine 
(!es  plus  intéressantes  provenant  de  Madagascar  :  c'est  la  résine  de  Ramy. 
Cette  substance  exsude,  en  effet,  d'un  arbre  que  les  indigènes  nomment 
le  Ramy,  et  qui  est  encore  appelé  quelquefois  par  les  colons  Colophanier 
de  Madagascar. 

»  Mais,  jusqu'à  présent,  aucune  détermination  exacte  de  ce  végétal  n'a  été, 
que  je  sache,  publiée.  Dans  un  Travail  récent  sur  les  résines  exotiques  ('), 
je  me  suis  moi-même  borné  à  émettre,  à  cet  égard,  une  hypothèse,  en 
disant  qu'on  «  devait  se  demander  si  la  résine  en  question  ne  découlerait 
))  pas  à  la  fois  d'un  ou  plusieurs  Canarium,  confondus  sous  le  nom  in- 
»  digène  de  Ramy  ».  Je  n'avais  pas,  à  ce  moment,  les  matériaux  néces- 
saires pour  préciser  davantage  mes  indications. 

»  Or,  ayant  reçu  tout  dernièrement  de  Madagascar  un  échantillon  bota- 
nique complet  du  Ramy  {^),  j'ai  pu  m'assurer  que  cette  plante  est  bien 
une  Burséracée  du  genre  Canarium  :  c'est  le  C.  mullijlorum  d'Engler  ('  ). 

))   Voici  donc  la  diagnose  de  cette  espèce  : 

»  C'est  un  bel  arbre  atteignant  jusqu'à  35™  de  hauteur;  il  a  le  port  d'un 
grand  Chêne.  Les  rameaux  et  les  pétioles  des  feuilles  sont,  dans  le  jeune 
âge,  recouverts  d'un  fin  duvet.  La  feuille  est  composée  pennée;  elle  a 
o™,20  de  long  environ,  et  comprend  quatre  ou  cinq  paires  de  folioles, 
plus  une  foliole  terminale.  Ces  folioles  sont  pétiolulées;  leur  limbe  glabre, 
luisant  à  la  surface  supérieure,  est  asymétrique,  sauf  le  plus  souvent  pour 
la  foliole  impaire. 

»  La  plante   fleurit  en    octobre.  L'inflorescence  est  une  panicule  mulliflore   aussi 


(')  IL-J.  DE  CoBDEMOY,  Goitimes  et  résines  d'origine  exotique  (Paris,  Challamel; 
1900). 

(-)  Cet  éclianlillon  est  dû  à  l'obligeance  de  M,  Perrier  de  la  Bàtliie,  qui  l'a 
recueilli  à  Belambo,  sur  la  rive  gauclie  de  l'Ikopa. 

(')  Engler,  in  Monographiœ  Phanerogamarinn  Prodromi,  vol.  IV,  p.  128.  Je  ne 
parle  ici  que  du  /?(7/?iy  de  la  partie  occidentale  de  Madagascar.  Comme  il  existe,  dans 
celle  îlOj  d'autres  espèces  de  Ganarium,  il  se  pourrait  que  celles-ci  fussenl  aussi 
appelées  Ramy  par  les  indigènes. 


(  267  ) 

longue  que  la  feuille.  Les  fleurs  sont  polygames.  La  fleur  mâle  odre  les  caractères 
suivants  :  le  calice  gamosépale  est  profondément  divisé  en  trois  lobes  pubérulents  à 
l'extérieur;  la  corolle,  une  fois  et  demie  plus  longue  que  le  calice,  est  formée  de  trois 
pétales  libres,  coriaces,  ovales,  tronqués  inférieurement  et  dont  la  face  externe  est 
recouverte  d'un  fin  duvet  soyeux.  L'androcée  comprend  six  étamines  libres  dont  les 
filets  s'insèrent  en  deliors  et  à  la  base  du  disque  hypogyne  charnu  qui,  dans  la  fleur 
mâle,  entoure  l'ovaire  atrophié  et  rudimentaire.  Ces  filets,  dressés,  laissent  des  em- 
preintes profondes  sur  le  disque  contre  lequel  ils  sont  appliqués.  Les  anthères  qui  les 
surmontent  sont  fixées  par  la  base  de  leur  face  dorsale;  elles  sont  oblimgues,  Inlrorses, 
et  présentent  quatre  facettes  nettement  limitées  par  quatre  angles  qui  se  prolongent 
en  autant  d'ailes  membraneuses  longitudinales. 

»  Je  n'ai  pas  observé  la  fleur  femelle.  Le  fruit  est  une  drupe  ovoïde,  d'un  blanc 
grisâtre  à  la  maturité,  à  mésocarpe  résineux  :  ses  deux  plus  grand»  diamètres  sont 
respectivement  de  3""  et  2''". 

»  J'ai  recherché,  dans  le  rameau  de  cet  arbre,  la  disposition  des  éléments  sécré- 
teurs. La  structura  de  ce  rameau  est,  d'ailleurs,  assez  singulière  :  en  dedans  de  la 
zone  libéro-Iigneuse  secondaire  normale,  et  dans  le  conjonctif  central,  on  observe  un 
grand  nombre  de  faisceaux  libéro-ligneux  diversement  orientés,  isolés  ou  réunis  par 
petits  groupes.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  canaux  sécréteurs  sont  rares  dans  l'écorce  et  le 
conjonctif  central.  Ils  abondent,  au  contraire,  dans  tout  le  tissu  libérien  (').  Ceux  du 
liber  normal  externe  sont  protégés  par  des  arcs  fibreux  péricycliques;  d'autre  part, 
tous  les  faisceaux  centraux  contiennent,  dans  leur  partie  libérienne,  un  ou  plusieurs 
de  ces  larges  canaux  sécréteurs. 

»  Le  Raniy  sécrète  de  la  résine  dans  toutes  ses  parties;  mais  ce  produit  découle 
surtout  de  la  base  du  tronc  et  des  énormes  racines  par  lesquelles  le  végétal  s'attache 
au  sol. 

»  Cette  résine  est  jaune  verdàtre,  à  odeur  de  citron,  très  abondante;  elle  pourrait 
sans  doute  recevoir  des  applications  industrielles. 

))  En  résumé  :  i"  I/arbre  réainit'ère  connu  sous  le  nom  indigène  de 
Rcuny,  sur  la  côte  occidentale  de  Madagascar,  est  le  Canarium  multijlorum 
Engier;  2°  Cet  arbre  laisse  exsuder  une  résine  jaune  verdàtre  qui,  dans  la 
tige,  se  forme  dans  des  canaux  résineux  développés  surtout  dans  le  tissu 
libérien.    » 


(')  Cette  localisation  de  canaux  sécréteurs  paraît  être  un  fait  anatomique  général 
parmi  les  Burséracées,  d'après  les  observations  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  chez 
d'autres  espèces,  notamment  chez  les  Protium. 


(  2BH 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  un  nouveau  genre  de  tige  fossile. 
Note  de  M.  B.  Renault,  présentée  par  M.  Ph.  Van  ïieghem. 

«  Il  s'agit  d'un  fragment  de  tige  conservé  par  la  silice,  fendu  par  la 
moitié  longitudinalement,  trouvé  sous  un  dolmen  de  la  Haute-Alsace  et 
provenant  peut-être  du  culm  de  la  région  ('). 

»  Suivant  sa  plus  grande  longueur  il  mesure  loS"";  la  moitié  trouvée  sous  le  dol- 
men renferme  heureusement  Taxe  de  la  tige;  le  diamètre  de  la  base  est  de  58™"*,  celui 
du  sommet  de  38'"™;  la  tige  est  iionc  cylindro-conique. 

»  La  surface  de  l'écliantillon  porte  des  mamelons  fusiformes,  mesurant  à  la  partie 
inférieure  i3™™  à  i4™™  de  hauteur  sur  5'"""  à  6'"™  en  largeur;  ceux  de  la  partie  supé- 
rieure, plus  allongés,  atteignent  22'""'  à  28™™;  leur  surface  est  arrondie,  lisse  et  ne 
présente  aucun  ornement;  tous  sont  munis,  à  leur  extrémité  supérieure,  d'une  cicatri- 
cule  unique  placée  au  fond  dune  petite  dépression  elliptique  ;  cette  cicatricule  cor- 
respond à  un  faisceau  vasculaire  et  détermine  un  léger  relief  poncliforme. 

»  Les  mamelons  peuvent  être  compris  sur  deux  lignes  spirales  entourant  la  tige  de 
droite  à  gauche  et  de  gauche  à  droite,  faisant  entre  elles  un  angle  moyen  de  50°. 

»  L'ensemble  des  mamelons  possède  à  première  vue  un  aspect  knorri- 
forme,  mais  que  ne  soutient  pas  un  examen  plus  approfondi  ;  il  est  compa- 
rable aussi  à  la  surface  de  certaines  tiges  de  Lépidodendrons  décortiqués, 
ou  même  à  celles  de  stipes  de  Fougères  arborescentes. 

»  Structure  de  la  tige.  —  Une  coupe  transversale  montre,  au  centre,  un  espace  cir- 
culaire, occupé  autrefois  par  un  tissu  maintenant  détruit,  dont  le  microscope  ne  montre 
que  quelques  débris  de  membranes  cellulaires;  il  est  parcouru  seulement  par  des  fais- 
ceaux vasculaires  indépendants  ne  se  rattachant,  en  apparence,  à  aucun  axe  vasculaire 
central. 

»  En  dehors  de  cette  région,  se  trouve  une  assise  représentant  Técorce  moyenne  de 
couleur  brune,  formée  de  cellules  sclérifiées  à  sections  rectangulaires  et  rangées  en 
lignes  rayonnantes  du  côté  de  l'axe,  mais  composée,  au  contraire,  du  côté  externe,  de 
cellules  rameuses  constituant  une  sorte  de  tissu  lacuneux.  Celte  portion  de  Técorceest 
parcourue  sur  son  bord  interne  par  des  faisceaux  vasculaires  qui  s'élèvent  vertica- 
lement et  forment  une  sorte  d'élui  cylindrique,  puis  se  dirigent  en  se  recourbant  vers 
les  appendices. 


(')  M.  .Jutier,  ingénieur  en  chef  des  mines,  me  l'avait  communiqué  il  y  a  vingt- 
cinq  ans,  mais  ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps  que  j'ai  pu  en  achever  l'étude, 
grâce  à  l'obligeance  de  M.  Fliche,  professeur  à  l'Ecole  forestière  de  Nancy,  à  qui 
j'adresse  mes  remercîments. 


(     26r) 

»  L'assise  la  plus  externe  de  l'écovce  est  composée  d'un  tissu  cellulaire  moti,  d'une 
destruction  facile  ;  les  cellules  ne  sont  siui-re  représentées  que  par  leurs  membranes 
moyennes  couvertes  de  Bactériacées  ;  malgré  le  peu  de  résistance  de  cette  région,  elle 
ne  présente  aucun  écrasement,  et  la  surface  porte  les  mamelons  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut.  On  ne  trouve  aucune  trace  d'iivpodernie  ni  d'épiderme,  mais  seulement,  dans 
les  sillons  existant  entre  les  mamelons,  des  traces  d'une  couche  de  liège  qui  a  été 
vraisemblablement  enlevée  dans  les  autres  parties  plus  exposées  à  l'usure. 

«  Sur  cinq  coupes  transversales  prises  à  des  niveaux  différents,  les  faisceaux  vas- 
culaires  se  sont  montrés,  dans  la  région  centrale,  indépendants  et  ne  se  rattachant 
à  aucun  axe  vasculaire.  Chacun  d'eux  se  divise,  dans  le  court  trajet  allant  du  centre 
à  l'écorce  moyenne,  d'abord  en  deux,  puis  en  cinq  cordons  libéro-ligneux  distincts, 
chacun  muni  d'un  endoderme;  ils  sont  disposés  en  V;  celui  qui  en  occupe  la  pointe 
tournée  vers  l'extérieur  est  plus  petit  que  les  autres;  autant  qu'on  en  peut  juger,  ils 
sont  collatéraux;  l'ensemble  est  entouré  d'une  gaine  commune;  ils  restent  tels  jusqu'à 
leur  entrée  dans  les  appendices  ;  cependant  en  pénétrant  dans  l'écorce  moyenne  ils 
s'augmentent  sur  le  côté  externe  d'une  bande  (]e paric/inox,  formée  de  cellules  allongées 
à  minces  parois,  à  sections  rectangulaires;  le  centre  de  la  bande  est  souvent  déchiré  ou 
détruit,  quelquefois  occupé  par  des  cellules  arrondies  qui  paraissent  remplies  d'un 
produit  de  sécrétion. 

i>  Deux  faisceaux  voisins  forment  entre  eux,  à  leur  sortie,  un  angle  de  iSS"  environ, 
ce  qui  donne  pour  l'ordre  phyllotaxique  la  fraction  l-  La  région  la  plus  curieuse  des 
faisceaux  vasculaires  est  leur  extrémité  tournée  vers  l'axe;  les  cinq  cordons  libéro- 
Ilgneux,  après  s'être  réunis  en  un  seul  en  confondant  leurs  éléments  vasculaires^  s'atté- 
nuent rapidement;  les  vaisseaux  rayés  diminuent  de  longueur  et  se  continuent  en 
cellules  vasiformes  rayées  et  réticulées,  ellipsoïdales,  mesurant  suivant  le  grand  axe 
SSf-  à  î)3v-  et  suivant  le  petit  181^  à  26!'-.  Toutes  les  extrémités  des  faisceaux  se  terminant 
de  la  même  manière,  il  est  admissible  qu'ils  étaient  réunis  par  celte  sorte  de  tissu  qui 
formait  ainsi  un  axe  central  monostélique,  dont  les  éléments  ont  été  dissociés  par  un 
travail  bactérien  évident. 

)'  La  complexité  des  fiiisceaiix  libéro-ligneux  cloio;ne  cette  tige  fies  Lepi- 
dodendron,  Lomatophloios  et  autres  Lycopodiacées  houillères;  peut-être  la 
rapprocherait-elle  de  certaines  Fougères,  mais  dans  les  Fougères  arbores- 
centes les  racines  se  montrent  de  bonne  heure  et  parlent  presque  du 
sommet  de  la  tige.  Il  n'v  en  a  pas  de  trace  dans  notre  échantillon.  De  pins, 
les  mamelons  superficiels  .sont  plus  longs  à  la  base  de  la  tige  qu'au  sommet 
chez  les  Fougères:  c'est  l'inverse  dans  la  tige  fossile.  Nous  ne  connaissons 
aucun  axe  ligneux  construit  sur  le  type  que  nous  venons  de  décrire. 

»  En  l'absence  de  documents  plus  complets,  nous  le  considérons  comme 
une  forme  nouvelle,  à  laquelle  nous  donnons  le  nom  de  Adelophyton 
Jutieri  Q\  » 

(')  De  'AoT|Xo;,  iniparfaiteuient  connu;  •ijriv,  plante. 


(  270  ) 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  d'un  gisement  d'anthracite  dèvonien  au 
Koui-tcheou  {Chine).  Note  de  M.  G. -H.  Monod,  présentée  par  M.  Marcel 
Bertrand. 

«  L'examen  des  fossiles  que  nous  avons  rapportés  des  provinces  méri- 
dionales de  la  Chine  a  été  fait  sous  la  direction  et  avec  l'aide  de  notre 
Maître,  M.  G.  Vasseur,  directeur  du  laboratoire  de  Géologie  de  l'Indo- 
Chine. 

»  Nos  recherches  ont  montré  qu'il  y  a,  en  plusieurs  points  situés  dans 
les  provinces  du  Yun-nan  et  du  Koui-tcheou,  des  schistes  dévoniens  très 
fossilifères,  comme  l'a  déjà  montré  M.  Douvillé  {Comptes  rendus,  26  fé- 
vrier 1900).  Les  genres  les  plus  abondamment  représentés  dans  ces  gise- 
ments sont  :  Streplorhynchus,  Orlhis,  Rhynchonella,  Pentamerella,  Penta- 
merus,  Cyrtia,  Atrypa,  Athyris,  etc.,  avec  des  Triiobites  et  des  débris  de 
Poissons. 

»  Le  village  de  Lan-mou-tchang,  dans  le  Koui-tcheou,  est  situé  à  peu 
près  à  moitié  route  entre  les  préfectures  de  Hing-i  et  de  Gan-chuen.  On  y 
observe  un  gisement  de  charbon  exploité  par  les  Chinois.  Les  couches  de 
combustible  sont  situées  dans  un  mamelon  composé  de  schistes  dont  le  ton 
varie  du  gris  clair  au  gris  presque  noir.  Les  schistes  sont  surmontés  par 
une  formation  calcaire. 

»  Les  lits  de  charbon  se  trouvent  intercalés  dans  les  schistes;  leur  pen- 
dage  est  d'environ  20°  vers  le  Nord-Est.  La  roche  encaissante  est  très  riche 


N.  E. 


AB.  Direclion  de  la  coupe. 


1.  Calcaires;  épaisseur  =  iS". 

2.  Schistes;  épaisseur  au-dessus  de  la  plaine  —  aS" 

(Épaisseur  totale  indéterminée). 
G.  Couches  de  charbon. 


en  débris  organiques.  Les  fossiles  se  montrent  identiques  au  muret  au  toit 


(  271  ) 
des  couches  charbonneuses.  Ce  sont  principalement  des  Brachyopodes  du 
genre  Streptorhynchus ;  ce  genre  est  représenté  par  une  assez  grande 
variété  d'espèces,  qui  paraissent  être  en  grande  partie  spéciales.  On  y 
trouve  aussi  quelques  Trilobites,  et  il  convient  d'insister  tout  particuliè- 
rement sur  le  genre  Phacops,  qui,  joint  aux  autres  fossiles  du  gisement, 
indique  d'une  façon  indubitable  le  niveau  qn'il  faut  assigner  aux  sédiments 
qui  le  renferment  et,  par  suite,  aux  couches  de  charbon  interstratifiées 
dans  ces  formations  (  '  ). 

»  Comme  Ton  doit  s'y  aUendre,  étant  donné  l'âge  du  gisement,  le  charbon  de 
Lan-raou-tchang  est  un  anlliracite.  Voici,  d'ailleurs,  l'analyse  de  ce  combustible. 
Nous  la  devons  à  M.  Albert  Monod,  directeur  de  la  maison  Worms  à  Marseille. 
L'analyse  a  été  faite  par  M.  Estienne,  ingénieur  chimiste  de  la  maison  : 

Humidité o,5o 

Matières  volatiles 8,75 

Cendres 1  o ,  4o 

Carbone  fixe 80 ,  35 

100,00 

»  On  voit  que  la  teneur  en  cendres  est  assez  élevée.  Gela  tient  sans  doute  à  la 
présence  d'une  certaine  quantité  de  soufre;  ce  minéral  existe,  en  efifet,  au  voisinage 
du  gisement.  On  trouve  dans  les  schistes  des  cubes  de  pyrite  de  fer,  et  dans  les 
assises  calcaires  qui  surmontent  le  schiste,  on  observe  une  petite  fente  tapissée  de 
cinabre,  qui  a  été  exploitée  par  les  Chinois. 

»  L'im.portance  du  gisement  d'anthracite  est  assez  grande.  L'extraction  se  fait  au 
moyen  de  trois  galeries  très  étroites,  dont  l'une  atteignait,  au  moment  de  notre  pas- 
sage, une  profondeur  de  3  li,  c'est-à-dire  environ  i'"",5oo. 

»  Jjan-mou-tchang  est  le  seul  point  où  nous  avons  trouvé  des  fossiles 
nettement  dévoniens  au  contact  même  des  charbons.  Mais  rien  ne  prouve 
que  des  gisements  du  même  âge  n'existent  pas  ailleurs.  Plusieurs  gîtes  de 
combustible  se  présentent  dans  des  conditions  stratigraphiques  paraissant 
absolument  semblables  à  celles  que  nous  venons  de  décrire.  Toutefois, 
nous  n'émettrons  pas  d'hypothèse  que  la  paléontologie  ne  nous  permette  de 
confirmer  sûrement,  et  nous  nous  contenterons  de  signaler  qu'il  existe,  au 
moins  en  un  point,  un  gisement  de  charbon  incontestablement  dévonien. 

»  M.  Zeiller,  Ingénieur  en  chef  au  corps  des  Mines,  a  montré  déjà, 
d'après  les  échantillons  rapportés  par  M.  l'Ingénieur  en  chef  au  corps  des 


(')  M.  Douvillé,  dans  la  Note  citée  plus  haut,  attribue  les  scliistes  de  Lan-mou- 
tchang  au  Carbonifère. 


(    272    ) 

Mines  Leclère  et  par  nous-même,  que  «  la  Chine  renferme  de  nombreux 
Il  gîtes  (le  charbon,  d'importance  inégale,  appartenant  les  uns  au  terrain 
»  houiller,  les  autres  à  la  portion  inférieure  et  moyenne  du  terrain  juras- 
"   sique  »  (  '  ). 

')  I.e  gisement  de  Lan-mou-tchang  prouve  que  l'extension  verticale  des 
charbons  est  plus  grande  qu'on  ne  le  croyait.  Cette  extension  doit  être 
augmentée  encore,  si  l'on  veut  tenir  compte  des  lignites  tertiaires  que  nous 
avons  trouvés  à  Ma-pé-kai,  dans  l'Est  du  Yun-nan.  Ces  lignites  sont 
accompagnés  par  toute  une  faune  de  Gastropodes  lacustres,  parmi  lesquels 
dominent  les  Planoibes.  On  sait  d'ailleurs,  d'après  les  travaux  de 
M.  Zeiller,  que  des  lignites,  probablement  pliocènes,  existent  aussi  au 
Tonkin,  dans  la  région  d'Yen-Bay,  où  ils  sont  comj)ris  dans  des  schistes 
argilo-gréseux  à  Tulotomes  et  à  végétaux  dicotylédones. 

»  Ou  voit  donc  ([ue  les  charbons  se  sont  formés,  en  Chine,  aux  époques 
dévonienne  et  carbonifère,  pendant  une  partie  des  temps  jurassiques,  et 
dans  certaines  lagunes  tertiaires.  » 


PISCICULTURE.  —  Culture  et  reproduction  du  Saumon  (Salmo  Salar)  en 
eau  douce.  Note  de  M.  Jousset  de  Bëllesme,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  La  question  de  savoir  si  l'on  doit  regarder  le  Saumon  comme  un 
poisson  de  mer  ou  d'eau  douce  a  été  souvent  agitée,  et,  bien  que  ses  affi- 
nités zoologiques  le  rattachent  étroitement  à  une  famille  dont  presque 
tous  les  représentants  ont  une  existence  fluviale,  néanmoins  le  fait  de  ne 
pouvoir  pondre  sans  aller  à  la  mer  a  pu  inciter  quelques-uns  à  croire  que 
ce  pouvait  être  un  poisson  de  mer  ayant  pris  des  habitudes  d'eau  douce, 
ou  un  Salmonide  véritable  s'étant  progressivement  habitué  à  l'eau  de  mer. 

»  J'ai  entrepris  d'élucider  expérimentalement,  au  moyen  d'un  élevage 
artificiel,  dans  les  bassins  de  l'Aquarium  du  Trocadéro,  la  question  de 
savoir  si  l'opinion  généralement  admise,  que  le  Saumon  ne  peut  repro- 
duire sans  aller  à  la  mer,  est  absolument  exacte.  Quelques  auteurs  ont 
émis  des  doutes  à  ce  sujet,  mais  les  rares  faits  allégués  n'offrent  j)as  un 
caractère  de  certitude  expérimentale  bien  établie. 


(')   Sur  quelques  plantes  fossiles  de   la   Chine  méridionale  {Comptes    rendus, 
22  janvier  igoo). 


(  273  ) 

»  Le  24  novembre  1890,  je  me  procurai  un  millier  d'œufs  de  Salmo  Salar  bien 
embryonnés.  Ces  œufs  mis  en  incubation  à  l'Aquarium  du  Trocadéro  donnèrent  nais- 
sance, le  7  et  le  8  décembre,  à  637  alevins  qui  furent  élevés  à  part  avec  beaucoup  de  soin. 

»  Ils  prospérèrent  rapidement,  très  distincts  de  nos  autres  Salmonidés  par  leur 
grande  nageoire  dorsale  arrondie. 

»  Le  1'"' juin  i8qi,  les  plus  gros  mesuraient  de  8'^"  à  9''™.  Ils  étaient  de  taille  très 
inégale  et  une  centaine  des  plus  chétifs  avaient  succombé,  de  sorte  qu'à  la  fin 
de  1891  il  n'en  restait  plus  qu'environ  .5oo,  très  vigoureux. 

»  L'élevage  se  poursuivit  régulièrement,  sans  incidents  notables,  mais  avecunedimi- 
nution  de  nomI)re  marquée.  En  décembre  1892  ils  atteignaient  en  moyenne  la  taille 
deo™,4o.  Il  n'en  existait  plus  qu'une  cinquantaine.  Ils  étaient  très  allongés  et  souvent 
portaient  de  larges  ulcérations  tapissées  de  Saprolcgnia.  soit  sur  la  tête,  soit  sur  le 
dos,  accident  qui  provenait  de  ce  qu'ils  sautaient  constamment  dans  la  chute  d'eau  et 
se  blessaient  au  bec  du  déversoir.  On  dut,  pour  les  protéger,  adapter  un  filet  en  avant 
du  déversoir. 

»  A  partir  de  cette  époque  leur  taille  resta  stalionnaire,  malgré  une  alimentation 
abondante,  et  beaucoup  commencèrent  à  s'effiler  et  à  dépérir. 

»  Pendant  les  deux  années  suivantes  ils  moururent  peu  à  peu  sans  qu'aucun 
symptôme  de  reproduction  se  montrât,  et  en  décembre  1894  il  n'en  restait  plus  aucun. 

))  Cet  échec  ne  me  découragea  pas,  et  je  songeai  à  recommencer  l'expé- 
rience en  modifiant  les  conditions  preinières,  principalement  en  ce  qui 
concernait  l'alimentation. 

»  Au  mois  de  janvier  iSgS,  je  fis  venir  de  Bâle  mille  œufs.  L'incubation,  l'éclosion, 
l'alevinage  se  firent  avec  la  même  facilité  que  la  première  fois,  et  vers  la  seconde 
année  le  même  arrêt  dans  le  développement  se  produisit,  lorsque  ces  poissons  arri- 
vèrent à  la  taille  d'une  quarantaine  de  centimètres.  La  mortalité  fut  grande  et 
continue. 

»  En  novembre  1898,  trois  ans  après,  il  ne  subsistait  plus  que  six  individus,  deux 
mâles  et  quatre  femelles.  Or,  vers  cette  époque,  j'observai  sur  les  deux  mâles  et  sur 
deux  des  femelles  une  modification  dans  la  pigrmmtation  du  tégument  qui  me  fit 
penser  que  la  reproduction  si  longtemps  attendue  allait  enfin  se  produire. 

»  En  eflet,  le  mois  suivant,  les  autres  signes  du  frai  ne  laissant  pas  de  doutes,  il  fut 
procédé  à  la  ponte  et  à  la  fécondation  des  œufs.  J'obtins  de  ces  deux  femelles  près  de 
deux  mille  œufs,  mais  la  moitié  resta  non  fécondable. 

»  Mille  se  fécondèrent  très  bien;  ils  et  lient  tout  à  fait  incolores,  un  peu  petits.  Mis 
en  incubation,  ils  se  développèrent  et  donnèrent  naissance  à  de  beaux  alevins. 

»  Les  femelles  survécurent  à  la  ponte  pendant  plusieurs  mois,  puis  moururent  dans 
le  cours  de  l'année  1899. 

»  En  décîmbre  1899,   les   diu\.   femelles  qui    n'avaient  pas  encore   donné  d'œufs 
oOTrirent  les  mêmes  symptômes  que  les  premières  et  pondirent.  On  les  laissa  pondre 
librement  dans  leur  bassia,  parce  que  nous  tenions  à  conserver  les  poissons  vivants  en 
vue  de  l'Exposition  de  1900  où,  en  effet,  ils  ont  figuré,  ainsi  que  les  deux  mâles,  et  ont 
été  fort  remarqués  par  les  pisciculteurs  étrangers. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CX.XXII,  N"  5.)  36 


(  ^74  ) 

)>  Les  alevins  nés  en  décembre  1898  ont  aujourd'hui  une  trentaine  de  centimètres. 
Ils  sont  au  nombre  d'une  centaine,  très  bien  portants,  et  l'on  n'observe  pas  chez  eux 
de  mortalité. 

»  Cette  expérience,  qui  modifie  profondément  les  idées  couramment 
admises  sur  la  reproduction  du  Salmo  Salar,  et  qui  n'a  pas  demandé  moins 
de  dix  années  d'efforts,  va  être  poursuivie;  je  ne  doute  pas  qu'en  dé- 
cembre 1902,  ou,  au  plus  tard,  en  igoS,  nous  n'obtenions  une  troisième 
génération  de  Saumons  qui  deviendra  le  point  de  départ  d'un  élevage  ré- 
gulier de  ces  poissons  en  eau  douce. 

»  Il  sera  intéressant  de  voir  si,  après  quelques  générations,  la  taille  de 
ces  poissons,  qui  est  restée  jusqu'ici  celle  du  Grilse,  c'est-à-dire  40*^"  à  45'^'", 
n'augmentera  pas  au  fur  et  à  mesure  que  le  besoin  d'aller  à  la  mer  sera 
moins  vif. 

))  En  tout  cas,  nos  expériences  démontrent  péremptoirement  que  la 
culture  et  la  reproduction  du  Salmo  Salar  en  eau  douce  exclusivement  sont 
possibles,  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que,  si  l'habitude  prise  par  cette 
espèce  d'aller  à  la  mer  est  favorable  à  son  développement,  elle  n'est  ni 
très  ancienne  ni  absolument  nécessaire  à  sa  reproduction.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  constitution  du  sol  des  grands/onds  océaniques. 

Note  de  M.  J.  Thoulet. 

«  Les  soixante  fonds  analysés  qui  servent  de  base  aux  présentes  con- 
clusions ont  été  recueillis  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  pendant  ses 
campagnes  océanographiques  autour  des  Açores  et  dans  la  partie  de 
l'Atlantique  septentrional  comprise  entre  ces  îles,  le  cap  Finistère,  la 
France,  l'Espagne  et  le  Portugal,  le  Maroc  et  Madère.  Ils  proviennent  de 
profondeurs  variant  entre  690™  et  5530™. 

»  Ils  ont  été  dosés  mécaniquement,  c'est-à-dire  triés  aux  tamis  3o,  60 
100  et  200,  selon  la  méthode  que  j'ai  précédemment  indiquée,  et  partagés 
en  sable  gros,  moyen,  fin,  très  fin  et  vase;  ils  ont  été  ensuite  attaqués  par 
l'acide  chlorhydrique  étendu,  et  tamisés  de  nouveau. 

Les  analyses,  terminées  et  réduites  à  100  de  matière,  ont  servi  d'abord  à 
dénommer  les  fonds  d'après  la  nomenclature  établie  par  moi.  Les  résultats 
étant  disposés  en  forme  de  Tableaux,  lorsqu'on  a  voulu  vérifier  sur  eux  une 
loi  quelconque  de  distribution,  il  a  suffi  de  les  grouper  d'une  manière 
convenable  et  de  prendre  les  moyennes  des  données  numériques  suscep- 


(  275  ) 

tibles  de  mettre  en  lumière  la  loi  soupçonnée,  soit  par  une  affirmation,  soit 
par  une  négation,  grâce  à  l'application  d'une  véritable  méthode  statistique. 

»  C'est  ainsi  que,  dans  les  limites  de  généralisation  résultant  du  nombre 
des  échantillons  analysés,  savoir  :  4  compris  entre  6go™et  looo"*,  23  entre 
looo™  et  2000"",  i3  entre  2000™  et  Sooo"",  9  entre  3ooo™  et  /jooo'",  6  entre 
4000"  et  5ooo"  et  5  entre  5ooo™  et  6000™,  les  lois  suivantes  ont  été  véri- 
fiées. Elles  complètent  et  précisent  celles  que  j'ai  déjà  énoncées  à  propos 
de  mes  analyses  antérieures  des  fonds  recueillis  par  moi  au  nombre  de  21 
en  189,5  dans  le  golfe  de  Gascogne  et  de  43  en  1897  dans  l'Iroise. 

»  Dans  les  petits  fonds  inférieurs  à  loo™  de  l'Iroise;  le  gravier  existe  à 
peu  près  partout,  les  grains  de  sable  de  diverses  grosseurs  sont  très  irré- 
gulièrement distribués  et  la  vase  est  extrêmement  rare.  Les  sables  fins  et 
très  fins  sont  les  plus  abondants. 

»  Dans  les  grands  fonds,  il  n'y  a  pas  de  gravier  ;  les  grains  gros,  moyens  et 
fins  sont  peu  abondants,  les  (rés  fins  plus  abondants  et  la  vase  prédomina. 

>i  Nulle  part  on  ne  constate  de  relation  entre  la  proportion  des  grains 
ou  de  la  vase  et  la  profondeur. 

»  Les  grains  minéraux  non  calcaires,  gros,  moyens  ou  fins,  provenant 
des  continents  s'éloignent  peu  des  rivages.  A  l'état  de  grains  très  fins  et 
surtout  de  fins-fins,  c'est-à-dire  d'un  diamètre  au-dessous  de  o""",i,  ils  sont 
distribués  uniformément  sur  le  lit  océanique  tout  entier.  L'abrasion  méca- 
nique par  l'action  des  vagues  s'effectue  le  long  de  la  côte,  où  la  mer  est  peu 
profonde,  et  les  fines  parcelles  qui  en  résultent  sont  immédiatement  en- 
levées et  emportées  au  loin. 

»  La  teneur  en  calcaire  décroît  à  mesure  que  le  sable  augmente  de 
finesse,  dans  les  petits  fonds.  Dans  les  grands  fonds,  elle  est  à  peu  près 
uniforme  dans  les  sables  gros,  moyens  et  fins;  elle  diminue  ensuite  dans 
les  très  fins  et  est  minimum  dans  la  vase.  Mais  plus  la  vase  est  profonde, 
plus  elle  est  riche  en  calcaire. 

»  En  s'en  tenant  aux  échantillons  analysés,  la  proportion  totale  de  cal- 
caire croît  avec  la  profondeur;  il  est  probable  que  cette  augmentation  n'est 
qu'apparente  et  que  la  répartition  du  calcaire  tient  à  d'autres  causes. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  chiffres  trouvés  s'accordent  mal  avec  l'hypothèse  si 
souvent  formulée  d'une  disparition  du  calcaire  à  partir  d'une  certaine  pro- 
fondeur. 

1  Dans  certains  cas  assez  rares,  il  semble  que  les  grains  minéraux  soient 
enveloppés  par  du  calcaire,  de  telle  sorte  que  le  degré  de  finesse  des 
grains  d'un  dépôt  augmente  après  qu'on  a  traité  celui-ci  par  un  acide. 

La  proportion  de  calcaire  contenue  dans  un  échantillon  n'ayant  de  rela- 


(  276  ) 
tion  ni  avec  la  profondeur  ni,  d'une  manière  générale,  avec  la  distance  à 
la  terre,  il  en  résulte  que  ce  calcaire  n'est  point  d'origine  détritique,  mais 
chimique  et  surtout  organique.  La  constitution  du  sol  sous-marin  est  donc 
en  relation  avec  les  phénomènes  superficiels.  On  se  trouve  ainsi  amené  à 
constater  que,  pour  l'hydrosphère,  de  même  que  pour  la  lithosphère  et 
l'atmosphère,  la  zone  de  variabilité  et  d'activité  est  restreinte  aune 
calotte  d'épaisseur  plus  ou  moins  grande,  selon  les  localités,  quoique  rela- 
tivement faible  et  comprenant  la  surface  entière  du  sphéroïde  terrestre. 
Au  delà  d'une  certaine  limite,  les  variations  de  tout  genre  s'atténuent  de 
plus  en  plus  et  finissent  par  s'anéantir,  de  sorte  qu'un  équilibre  perma- 
nent s'établit.  » 


CHIMIE.  —  Sur  un  petit  four  de  laboratoire.  Note  de  M.  Albert  Bruno, 
présentée  par  M.  Schlœsing. 

«  Quand  on  chauffe  un  creuset  de  laboratoire  avec  la  flamme  d'un  bec 
Bunsen,  on  peut  élever  beaucoup  la  température  atteinte,  en  entourant  le 


creuset  d'une  enveloppe  peu  conductrice.  Divers  dispositifs  ont  été  employés 
dans  ce  but.  Il  est  possible  d'y  arriver  d'une  manière  extrêmement  simple 
en  faisant  usage  de  deux  cônes  de  tôle  mince,  juxtaposés  par  leurs  grande 


(  277  ) 
bases  et  renfermant  le  creuset  dans  l'espace  qu'ils  comprennent,  si  l'on  a 
soin  (le  revêtir  intérieurement  la  tôle  d'une  épaisseur  de  carton  d'amiante 
de  quelques  millimètres. 

»  L'appareil  devient  alors  d'une  simplicité  telle  qu'il  est  facile  de  le 
construire  dans  tout  laboratoire. 

»  D'après  les  essais  que  j'ai  faits,  il  a  en  outre  l'avantage  de  fournir  en 
quelques  instants  une  température  plus  élevée  que  les  enveloppes  de  terre 
réfract:iire. 

«  En  dix  minutes,  lo^''  de  carbonate  de  chaux  sont  intégralement  trans- 
formés en  chaux  vive,  et  cela  sans  le  secours  d'une  soufflerie.   » 


M.  Tu.  ToMMASiNA  adresse,  par  l'entremise  de  M,  Cornu,  un  Travail 
intitulé  :  «  Contribution  à  la  théorie  de  la  cohérence.  » 

D'après  les  résultats  d'expériences  faites  avec  des  cohéreurs  particu- 
liers, l'auteur  arrive  à  la  conclusion  suivante  :  «  ....  La  cause  de  l'équi- 
libre instable  est  donc  l'intervention  de  particules  polarisées  d'oxyde, 
s'interposant  entre  les  contacts  métalli(jues  et  formant  des  points  moins 
bons  conducteurs  sous  l'action  des  ondes  hertziennes.  » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  21  janvier  1901. 
(  Suite.) 

Meteorological  observations  made  at  the  Adélaïde  Observatory,  and  olher 
places  in  Soulh  Âustralia  and  the  Northern  Territory  during  ihe year  1897, 
under  tlie  direction  of  Charles  TooD.  Adélaïde,  1900;  i  vol.  [)et.  in-f". 

Publications  of  the  Astronomical  Laboratory  at  Groningen,  edited  by  Prof. 
J.-C.  Kapteyn;  n°*  1,  2,  3.  Groningue,  1900;  2  fasc.  in-4°. 

Nederlandsch  kruidkundig  Archief;  3  ser.,  deel  II,  st.  1.  Nimègue,  1900; 
1  vol.  in-8°. 


(  278  ) 

Bulletin  mensuel  du  Magnétisme  terrestre  de  l'Observatoire  royal  de  Bel- 
gique; Avril-Octobre  rgoo.  Bruxelles,  1900;  8  fasc.  in-i8. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  janvier  1901. 

Analyse  infinitésimale  à  l'usage  des  Ingénieurs,  par  Eugène  Rouché, 
Membre  de  l'Institut,  et  Lucien  Lévy;  t.  I.  Calcul  différentiel.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1900;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  des  Auteurs.) 

Cours  de  Botanique,  par  MM.  Gaston  Bonnier,  Membre  de  l'Institut,  et 
Leclerc  du  Sablon,  à  l'usage  des  Elèves  des  Universités,  des  Ecoles  de 
Médecine  et  de  Pharmacie,  et  des  Écoles  d' Agriculture;  t.  I,  fasc.  1.  Paris, 
Paul  Dupont,  1901  ;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  des  Auteurs.  ) 

Flore  de  France  ou  description  des  plantes  qui  croissent  spontanément  en 
France,  en  Corse  et  en  Alsace-Lorraine,  par  G.  Rouy  et  J.  Foucaud  (t.  T-lIl), 
continuée  :  t.  V,  par  G.  Rouy,  et  t.  VI,  par  G.  Rouy  et  E.-G.  Camus. 
Asnières-Paris,  1899-1900;  2  vol.  in-8°.  (^Présenté  par  M.  Guignard.) 

Bulletin  de  l'Académie  de  Médecine,  publié  par  MM.  J.  Bergeron  et  E. 
Vallin;  n°^  1-3,  8-22  janvier  1901.  Paris,  MassonetC'*;  3  fasc.  in-8°. 

Annales  des  Maladies  de  l'Oreille,  du  Larynx,  du  Nez  et  du  Pharynx, 
publiées  par  A.  Gougenheim  et  M.  Lermoyez;  t.  XXVII,  n°l,  janvier  1901. 
Paris,  Masson  et  C'*;  i  fasc.  in-8°. 

Journal  de  la  Société  contre  l'Abus  du  Tabac,  aS*  année,  n°  1,  janvier 
1901.  Paris;  i  fasc.  in-8''. 

Annales  agronomiques,  publiées  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Agricul- 
ture, par  M.  P.-P.  Dehérain,  Membre  de  l'Institut;  t.  XXVII,  n"  1.  Paris, 
Masson  et  C'%  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Belles-lettres  et  Arts  d'Or- 
léans; 2'  série,  t.  XXXVIII,  n°  i.  Orléans,  G.  Michau  et  C'*,  1900;  i  fasc. 
in-8°. 

Société  nationale  d' Horticulture  de  France.  Congrès  d' Horticulture  de  1901 
à  Paris.  Paris,  impr.  L.  Maretheux;  j  feuillet  in-8°. 

Correspondence.  In  the  mattcr  of  the  Society  of  Arts  and  Henry  Wilde,  D. 
Se,  F.  R.  S.,  on  the  avi^ard  to  him  of  the  Albert  Medal  1900,  and  on  the 
invention  of  the  dynamo-electric  machine.  Manchester,  1900;  i  fasc.  petit 
in-8°.  (Hommage  du  D'  Henry  Wilde.) 

Royal  Institution  of  Great  Britain.  List  of  the  Members  Officers  and  Prof  es- 
sors 1900.  Londres,  1900;  1  fasc.  in-8°. 

Report  of  the  Superintendent  of  the  United  States  Naval  Observatory  for  the 
fiscal  y  car  endingjune  io,  1900.  Washington.  1900;  i  fasc,  in-8°. 


(  ^79  ,• 

Electrical  Re<,'iew ;  vol.  XXXYIII,  n"  2.  Historical  Number,  january  12, 
1 901.  New- York;  i  fasc.in-4*'. 

Publications  oftheEarthquake  investigation  Commilte  inforeing  languages  ; 
n°^  3,  4.  Tokyo,  1900;  2  fasc.  in-S". 

Total  solar  Eclipse  of  ic^oo,  may  28;  Preliminary  Reports  on  the  British 
Govemment  expéditions.  (Monlhly  Notices  of  the  Royal  Astroaoïnical 
Society;  appendix  to  vol.  LX.)  Londres,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Royal  Institution  of  Great  Britain;  vol.  XVI,  part  I, 
n°  93.  Londres,   1900;  i  vol.  in-8". 

Tlie  Journal  of  the  Franklin  Institute  dévoled  to  Science  and  the  mechanic 
Arts;  vol.  CLL  n°  1,  january  1901.  Philadelphie;  i  fasc.  in-8°. 

The  Astrological Magazine,  edited.  by  B.  Suryan.vrian  Row;  vol.  V,  n°  1, 
january  1901.  Madras;  i  fasc.  in-8°. 

Bibliothèque  Universelle.  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles; 
106' année,  4*"  période,  t.  XI,  n°  1,  i5  janvier  1901.  Genève,  Lausanne, 
Paris;  i  fasc.  in-8°. 

R.  Universita  Roinana.  Scuola  d'applicazione  per  gl'Ingeneri  :  Programmi 
d'insegnamento  pel  quinquenno  scolastico  1900-1901  a  1904-1905  (agosto, 
1900).  Rome,  1900;   I  fasc.  in-8". 

Revue  des  Questions  scientifiques,  publiée  par  la  Société  scientifique  de 
Bruxelles;  2*  série,  t.  XIX,  20  janvier  1901,  Louvaln,  1901;  1  fasc.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  février  1901. 

Les  Marines  de  guerre  à  l' Exposition  universelle  de  1900,  par  L.-E.  Bertin. 
Paris,  E.  Bernard  et  C'%  1901;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Darboux. 
Hommage  de  r.\uteur.  ) 

Stabilité  d'un  paquebot  après  un  abordage  en  mer,  dispositions  propres  à 
prévenir  le  chavirement,  par  M.  Bertin.  Paris,  impr.  Gauthier- Villars,  1900; 
1  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Disposition  d'équilibre  des  navires  sur  la  houle,  par  M.  Bertin.  (Extr.  du 
Bull,  de  l'Association  technique  maritime,  n°  8;  session  de  1897.)  Paris, 
impr.  Gauthier- Villars;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Traité  sur  le  Phylloxéra,  ses  causes  et  son  remède,  etc.,  par  A.  Goyat. 
Charolles,  P.  Ponçon,  1887,  et  Mâcon,  impr.  Romand,  1891  ;  2  fasc.  in-12. 

Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  Centre  de  la  France,  publiée  sous  la 
direction  de  M.  Ernest  Olivier;  i4*  année,  n°  157,  janvier  1901.  Moulins, 
impr.  Etienne  Auclaire,  1901  ;  i  fasc.  in-12. 


(  28o  ) 

Hardened plaies  and  broken  projectiles,  by  M.  L.-E.  Bertin;  read  at  ihe 
International  Congressof  Naval  Architects  and  Marine  Engineers,  at  the 
Impérial  Institiile,  julv  6,  1897.  Londres,  1897;  i  fasc.  petit  in-4°. 

Publicationen  des  aslrophysikalischen  Observa toriums  zii  Polsdani,  heraus- 
geg.  V.  Director  H.-C.  Vogel.  Photo graphische  Hunmelskarte,  Bd  II. 
Potsdam,  1901;  i  fasc.  in-4°. 

Duty  of  water  in  the  Gallatin  Valley,  by  Samuel  Fortier.  (Reprinted 
from  U.  S.  Department  of  Agriculture,  Office  of  Expcriment  Stations, 
Bull.  86  :  The  use  waler  irrigation.)  S.  1.  n.  d. 

Observations  météorologiques  suédoises,  publiées  par  l' Académie  Royale  des 
Sciences  de  Suéde,  exécutées  et  rédigées  sous  la  direction  de  l'Institut  Central 
de  Météorologie,  vol.  37;  2"  série,  vol.  23.  189^,  Stockholm,   1900;  i  fasc. 


n>4°. 


Atti  délia  Reale  Accademia  deiLincei,  anno  CGXCIII,  1901  ;  série  V.  Rendi- 
conti  :  Classe  di  Scienze  Jîsiche,  matematiche  e  nalurali;  vol.  X,  (asc.  1, 
i"  semestre.  Rome,  1901.  i  fasc.  in-8''.  {A  suivre.) 


ERRATA. 

(Séance  du   i4  janvier   1901.) 
Page  97,  ligne  9,  au  lieu  de  M.  A.  Breyde,  lisez  M.  A.  Breydel. 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VUXARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régullèroineiit  le  Dimanche.  Us  forment,  à  la  (lu  do  l'année,  deux  volumes  in-4".  Deux 

Tables  l'une  par  ordre  alphabétique  do  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Aiilenrs,  terminent  cliaqnc  volume,  L'abonnement  est  nnnue 

et  part  du  i"  Janvier 

Le  prix  de  l'tibofinenierit  e.tt  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  ;  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
^jen Ferran  trères. 

>  Chaix. 
Alger Jourdan. 

(  Ruff. 
imiens Courtin-Hecquet. 

I  Germain  etGrassin. 

*"!'" JGastineau.     . 

Bafonne Jérôme. 

SMonçon Régnier. 

I  Feret. 
Bordeaux 1  Laurens. 

I  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Chamberv Perrin. 

..     .  (  Henry. 

Cherbourg .,      ■' 

(  Marguene. 

Ki  r.  i  Juliot. 

Cltrmont-Ferr...     „ 

I  uouy. 

INourry. 
Ratel. 
Bey. 

Oouo. jLauverjal. 

(  Dcgez. 

Grenoble '  ^"'.'='-       ^ 

(  Gratier  et  C". 

ta  Rochelle Foucher . 

UHane |  Bourdignon. 

(  Dombre. 

LUI, (Thorez. 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

{  Baumal. 

Lorient !  „ 

'  M"'  lexier. 

Bernoux  et  Cumin 

\  Georg. 
Lyon <  KHaïUiii. 

I  Savy. 

'  Vitte. 

Marseille Ruât. 

(  Valat. 
«ontpelUer j  Coulel  cl  fils. 

Moulins Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 

j  Guist'hau. 

Nantes 1  „  , 

(  Veloppe. 

I  Barnia. 

Nice . 

!  Appy. 

Nîmes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

.  .  i  Blanchier. 

Poitiers ,,       , 

(  Marche. 

Rennes Pllhon  el  Hervé. 

Rochejori Girard  (  M»"  ). 

1  Langluis. 

Rouen , 

(  Lestnngant. 

S'-É  tienne Chevalier. 

i  Ponlcil-Burles. 

Toulon )  ,,       . . 

(  Humebe. 

1  Gimet. 

Toulouse ,  _  .     . 

/  Privât. 

,  Boisselier. 

Tours Péricat. 

'  Suppligeon. 

I  Giard. 

Valenciennes ,  , 

'  Lentaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

,  ,  I  Feikenia    Caarelsen 

Amsterdam 

\      et  C-. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

L  Asher  et  C". 

_     ,.  1  Dames. 

Berlin „  .    ,, 

,  Friedlander   et   hls. 

f  Mayer  et  Miiller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

/  Lamerlin. 
Bruxelles..    !  MayolezetAudiarte. 

!  Lebègue  et  C'v 

(  Sotchek  et  C'. 

Bucharest ,  , ,     . 

'  .Mcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BelletC". 

Christiania Cammermeyer. 

Conslantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hiisl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Cand Hoste. 

Gènes Beuf. 

:  Cberbuliez. 
Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye ..     Belinfante  frères. 

.  Benda. 

Lausanne ,  „       .     .  ,.. 

'  Payol  et  (.". 

Barth. 

\  Brockhaus. 

Leipzig I  Lorenlz. 

Max  Kiibe. 

Twietnieyer. 

(  Desoer. 
'-'^S" (Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

1  Dulau. 
l-ondres Hachette  et  C". 

(Nutt. 
Luxembourg . .  .  .     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C'V 
Madrid Komoy  Fusse!. 

j  Capdevillç. 

'  F.  Fé. 

Milan I'^""''  f''""- 

(  Hœpli. 

Moscou.  '. Tastevin. 

Naptes jMarghieri  di  Giu». 

I  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Netv-rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau.   , 

Oxford Parker  et  C» 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  el  Mouii. 

Prague RIvnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  (  Bocca  frères. 

Rome , 

(  Loescheret  C*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallio. 

„.  „  ,  i  Zinserling. 

S-Petersbourg..^^^^^^ 

I  Bocca  frères. 
Brero. 
j  Clausen. 
1  RosenbergelSellier 

Varsovie Gebelhner  et  Wolfl, 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

Vienne 1  „       ,  .    .  „, 

(  Gerold  et  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  f'"  à  31.  —  (o  Août  i83j  à  :ii  Décembre  i8  Jo.  (  VuUimo  in/,"  ;  i85:i.  Prix , 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  i  i"  Janvier  i85i  ù  3i  Décembre  i8G5.  i  Volume  in-.}";  1870.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  1"  Janvier  18G6  à  ii  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  i88<j.  Prix 15  fr. 

Tomes  92  à  121.  —  1 1"  Janvier  1S81  à  3i  Décembre  18g).  )  Volume  in-4";  lO"»-  Pr'^ *^  ''• 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  ; 

Tome  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Dehrès  et  A.  J.rJ.  SoLitii.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations 
'l»'éprou\cnt  les  Comclcs,  par  M.  II.\nsen.  —  .Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rùle  du  suc  pancréali(|ue  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans 
l'i  digestion  des  matières  grasses,  par  M.  Claude  Behnaud.  Volume  in-4°,  avec  Sa  planches  ;  i85(i 15  'r. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  V.\n  Bf..neden.  -  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iS.)0  par  l'Académie  des 
S'iences  pour  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  .le  i8.5(i,  savoir  :  >c  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 
"  terrains  sédimentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  — 
«  Rechercher  la  nature  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rei^ne  organique  et  ses  états  antérieurs  «,  par  -M.  le  Professeur  Brosn,  in-4"' 
"CC   2-  planches;    i^'h ^^  ^■■• 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  ks  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


No         IV 

TABLE    DES  ARTICLES.     Séance   du   4  février   1901, 


MEMOIRES  ET  G<>!WMUIVIGATIO.\S 

DRS  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  BoRNET.  —  Noiicc  sur  M.  ./.  Agardli..     233 
M.    Bertiifi.ot.      -    Sur   les    origines    de   la 
conihinaisoii    chimique    :    Étals    allotro- 
piques de  l'argent 234 

]M.  Bertuelot.  —  Eludes  sur  les  couiliinai- 
sons  de  l'argent  avec  le  mercure a4' 


Pages. 
.   P.   DuiiEM.         Sur  la   stabilité    isenlro- 

pique  d'un  fluide 244 

MM.  LoRTET  et  Genoud.  —  Appareil  très 
simple  pour  l'application  de  la  méthode 
photothérapique  de  Finsen 246 


CORRESPOIVDA^CE. 


La  Société  mathématique  de  Kharkov 
adresse  à  l'Aradéniie  l'expression  de  sa 
profonde  condoléance  à  l'occasion  de  la 
mort  de  M.  Hermite 

AL  le  Secrétaihe  perpétuel  signale  une 
brochure  de  M.  L.-E.  Bertin.  et  un 
Recueil  des  travaux  ofl'erts  par  les  auteurs 
à  M.  A.  Lorcntz,  professeur  de  Physiqiie 
à  l'Université  de  Leiden,  pour  le  vingt- 
cinquième  anniversaire  de  son  doc- 
torat   

M.  F.  Enriques.  —  Bemarqueau  sujet  d'une 
Note  de  M.  S.  Kantor 

M.  C.  GuiCHARD.  —  Sur  les  réseaux  qui, 
par  la  méthode,  de  Laplace,  se  transfor- 
ment des  deux  côtés  en  réseaux  orthogo- 
naux  

M.  Pierre  Ijoutroux.  —  Sur  la  densité  des 
zéros  et  le  module  maximum  d'une  fonc- 
tion entière 

M.  Alfred  Angot.  —  Sur  la  relation  de 
l'activité  solaire  avec  la  variation  diurne 
de  la  déclinaison  magnétique 

M.  L.  OuvRARD.  —  Sur  les  borales  de 
magnésie  et  des  métaux  alcalino-terreux. 

M.   l'abbé  J.  IIamonet.    —  Sur   l'électrolyse 

Bulletin  bibliographique: 

EUIUTA 


2(i8 


248 
248 

249 


254 
267 


des  oxyacides.  Préparation  de  l'acide 
p.amyloxypropionique  et  de  la  diamy- 
line   du    butanediol    1.4 

M.  Lix'riET.  —  Sur  l'action  saccharifianle  des 
germes  de  blé  et  sur  l'emploi  de  ces 
germes  en  distillerie 

M.  Frédéric  Houssay.  —  La  légende  du 
'      Lepas  anatifera,  la   Vallisneria  spif-alis 

'     et  le  Poulpe 

JM.  II.  .Iaooe  de  Corde.moy.  —  Sur  le  Ramy 
'     de  Madagascar 

M.  B.  Renault.  —  Sur  un  nouveau  genre 
de  tige  fossile 

M.  G. -H.  Monod.  —  Sur  la  présence  d'un 
gisement  d'anthracite  dévonien  au  t'îoui- 
tcheou  (Chine ) 

M.  JoussET  DE  Bellesme.  —  Culturc  et 
reproduction  du  Saumon  (Salmo  Salar) 
en   eau  douce 

M.  J.  ïhoulet.  —  Sur  la  constitution  du 
sol  des  grands  fonds  océaniques 

M.  Albert  Bruno.  —  Sur  un  petit  four  de 
laboratoire 

M.  Th.  Tommasina  adresse  un  Travail  inti- 
tulé :  «  Contribution  à  la  théorie  de  la 
cohérence  » 


259 
361 


263 
266 
268 

270 

272 

274 

27() 

277 

277 
280 


PARIS. 


IMPRIMERIE     GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,   56 

/.«  Ocrant  .*  *>aotnibr-Vill*kb. 


APR  30  1901  |gQ( 

PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR    TITI.    liEii  SKCnÉTAtKBS   PKHPfiTUEti!^. 


TOME  CXXXII. 


IV^  6  (H  Février  1901) 


^PARIS. 

GAUTHIER-VILLAUS,  IMPIUMEUR-LIBRAIRE 

UKS   COMPTES    RENDUS    DES   SÉANCES   DE  L'ACADÉMIE    DBS    SCIENCES 

Quai  des  Grands-AuguBvins,   5i. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  aS  jlmn  1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
V Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  annér. 

Article  1*''.  —  Impression  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parunassociéétrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  àe.  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P'iges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Acadéune  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  l'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu  autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

ARTicbE  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l' Académie . 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ofu  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  lendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Listructions  demandes  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


,,0  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  li   FÉVRIER   1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  (a  génération  (h'n  liydrocarhures  par  les  carbures 

niélalliques.  Noie  de  M.  Bertiielot. 
« 

«  Les  carbures  mclalliquos  appartiennent  à  plusieurs  tvpes,  et  leur 
décomposition  par  l'eau  ou  les  acides  cLendiis  engendre  divers  carbures 
d'hydrogène,  tels  que  l'acétylène,  l'élhylcne,  le  formène,  et  des  carbures 
liquides  moins  bien  connus.  La  connaissance  de  ces  carbures  métalliques 
et  de  leur  transformation  en  hydrocarbures  a  été  fort  approfondie  par  ma 
découverte  des  acétylures,  préparés  au  Uioyen  de  l'acéLvlène,  et  par  les 
belles  recherches  de  M.  iNIoissan  sur  la  production  des  carbures  métal- 
liques dans  le  four  électrique.  Je  me  propose  aujourd'hui  de  jeter  quelque 
lumière  nouvelle  sur  les  conditions  thermochimiques  qui  président  à  ce 
mode  de  génération  des  carbures  d'hydrogène. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  i\°  6.)  3^ 


(    282    ) 

))  I.  Le  type  le  pins  simple  des  carbures  métalliques  est  celui  des 
acétylures,  dérivés  de  l'acétylène,  soit  par  la  substitution  à  deux  atomes 
d'hydrogène  de  deux  atomes  d'un  métal  monovalent,  tels  que  ceux  de 
potassium  C'K-,  de  sodium  C-Na%  de  lithium  C-Li%  d'argent  C^  Ag^,  etc.; 
soit  par  la  substitution  d'un  atome  bivalent,  tel  que  ceux  de  calcium  C-Ca, 
de  baryum  C'Ba,  etc. 

»  1°  Parmi  ces  acétylures,  les  uns  décomposent  l'eau  eu  régénérant 
l'acétylène  :  nécessairement  avec  un  dégagement  de  chaleur,  déterminé 
par  cette  circonstance  que  la  chaleur  résultant  de  la  métamorphose  de 
l'acétylure  en  oxyde,  aux  dépens  de  l'eau,  surpasse  la  chaleur  absorbée  dans 
la  formation  de  l'acétylène  par  les  éléments.  En  voici  le  calcul  : 

C^-t-Na-^=C2 Ma- absorbe.     —     8,8         C'^-t- H2=  CMP —  58,i 

2(H'-^0)  =  oH=0dégage.     4-i38,o         2(Na  +  O  +  H)=:  2NaOH  diss. .     +225, o 

-t-129,2  -1-169,9 

»   On  a  bien  225  —  129,2  —  58, i  ou  166,9  —  1  29,2  ==  +  37,7  >  o. 
»   La  condition  générale  pour  qu'un  acétyhire  traité  par  l'eau  se  change 
en  acétylène  est  donc  la  suivante  : 

))   q  étant  la  chaleur  de  formation  de  l'acétylure  par  les  éléments; 
»   r  celle  de  l'oxyde  métallique  (hydraté), 

r  -9>i96,i  ('). 


(')  Cette  limite  serait  abaissée  si  la  réaction  produisait  du  formène,  au  lieu  d'acé- 
tylène, C^H*  étant  remplacé  par  |GH*+^C;  c'est-à-dire  en  remplaçant  — SS*-"',! 
par +9*^"',  45  ;  d'où/- — (7  >  128,55  seulement.  Mais  dans  cette  hypothèse,  non  seu- 
lement le  type  acétylure  serait  changé,  c'est-à-dire  qu'il  n'y  aurait  plus  double  dé- 
composition régulière;  mais  il  y  aurait  en  outre  séparation  de  carbone  libre,  circon- 
stance extrêmement  rare,  si  même  elle  a  jamais  été  constatée  dans  les  réactions 
opérées  par  voie  humide  à  la  température  ordinaire. 

Tout  au  plus  pourrait-on  obtenir  avec  certains  acétylures  des  carbures  polymères, 
au  lieu  de  l'acétylène  lui-même;  par  exemple  la  benzine,  ^C'FP.  Pour  cette  dernière, 
il  suffit  d'avoir  /■  —  q  >i42.  Certains  acétylures  métalliques  fournissent,  en  eflTet,  des 
carbures  condensés,  liquides  ou  même  solides. 

Dans  le  cas  où  le  carbure  métallique  contient  un  excès  de  métal  libre  ou  combiné, 
la  décomposition  de  l'eau  fournit  un  excès  d'hydrogène,  susceptible  de  donner  nais- 
sance à  des  carbures  plus  hydrogénés  que  l'acétylène,  tels  que  l'élhylène,  l'éthane,  voire 
même  le  formène;  ce  qui  a  lieu  en  raison  de  l'équivalence  des  formules  et  de  l'excès 
d'énergie,  résultant  à  la  fois  de  la  décomposition  de  l'eau  par  le  métal  et  de  la  conibi- 


(  283  ) 

»  Il  est  facile  de  constater  que  cette  relation  est  vérifiée  pour  les  car- 
bures de  lithium,  de  calcium,  etc. 

»   Mais  elle  ne  l'est  pas  pour  l'acétvlure  d'argent 

C--t-  Ag-=  G*Ag-=  9,  c'esl-à-dire  — 87,  lô 
Ag2-(- il '-1-0=  =  Ag-^  0  +  11=0  = /•  »  -H76 

/•  —  '/  =  -f- 1 63 ,  1 5 

»  Aussi  l'eau  n'est-elle  pas  en  état  de  décomposer  cet  acétylure  à  la 
température  ordinaire.  Mais  si  l'on  fait  intervenir  l'acide  chlorhydrique 
étendu,  la  réaction  devient  possible,  la  formation  de  2  molécules  de  chlo- 
rure d'argent,  2AgCl,  accroissant  le  nombre  précédent  de  +41*^"',  2;  ce  qui 
le  porte  à  H- 204*^*', 35. 

»  Avant  de  discuter  les  réactions  observées  avec  les  autres  carbures 
métalliques,  je  rappellerai  encore  quelques  autres  observations. 

»  2°  Si  l'acétylure  alcalin  renferme  un  excès  de  métal  (libre  ou  com- 
biné), cet  excès  décompose  une  proportion  d'eau  supérieure  aux  deux 
molécules  qui  interviennent  dans  la  réaction  fondamentale;  il  en  dégage  de 
l'hvdrogène,  lequel  s'unit  avec  une  partie  de  l'acétylène,  pour  le  changer  en 
éthylène  C-H\  et  en  éthaneC-'H".  Ces  deux  réactions  sont  déterminées 
par  une  double  circonstance,  la  chaleur  dégagée  par  la  décomposition  de 
l'eau  qu'effectue  le  sodium  (-1-43.4)  *^'  ':>  chaleur  dégagée  par  l'union  de 
l'hydrogène  libre  avec  l'acétylène  pour  constituer  soit  l'clhylène  (-1-43,5), 
soit  l'éthane  (  -+-  89,4).  Les  deux  énergies  s'ajoutent  pour  concourir  au  phé- 
nomène. De  là  résulte  un  mélange  d'acétylène,  d'éthylène,  d'éthane,  dont 
la  proportion  relative  dépend  des  conditions  locales  de  l'attaque  du  car- 
bure par  l'eau. 

»  Quant  aux  acétylures  attaquables  par  les  acides,  ou  les  alcalis,  avec 
dégagement  de  chaleur,  tels  que  l'acétvlure  cuivreux,  dans  le  cas  où  l'on 
fait  intervenir  pour  celte  attaque  un  métal  susceptible  de  fournir  de  i'hy- 
drogène  avec  dégagement  de  chaleur,  le  zinc,  par  exemple,  on  sait  que 
l'éthylène  se  régénère  au  lieu  d'acétylène  :  c'est  même  ainsi  que  j'ai  effec- 
tué la  synthèse  de  l'éthylène.  Elle  résulte  également  d'un  concours  d'éner- 
gies thermochimiques. 

naison  de  cet  excès  d'hydrogène  avec  les  éléments  de  l'acétylène.  Ces  cas  seront  exa- 
minés plus  loin,  en  parlant  des  carbures  d'aluminium  et  de  manganèse. 

On  examinera  aussi  le  cas  où  l'hydrogénation  résulte  d'un  défaut  d'équivalence 
entre  la  formule  du  carbure  métallique  et  celle  de  l'oxyde  qui  prend  naissance. 


(  ^H  ) 

»  3°  Enfin,  certains  oxydes  métalliques,  susceptibles  de  décomposer 
l'eau  avec  dégagement  de  chaleur  sous  de  faibles  influences,  opèrent  à 
froid  la  transformation  de  l'acétylène  en  étliylène.  Ainsi,  j'ai  observé  que 
les  sels  chromeux  dissous  dans  l'ammoniaque  absorbent  l'acétylène,  puis 
donnent  lieu  presque  immédiatement  à  une  production  d'éthylène  pur; 
les  deux  phénomènes  étant  accompagnés  par  un  dégagement  de  chaleur. 

»  Si  j'ai  rappelé  ces  diverses  réactions  des  acétylures  précédemment 
étudiés,  c'est  afin  d'en  montrer  l'application  aux  réactions  des  autres  car- 
bures métalliques. 

»  Les  uns  de  ces  carbures,  tels  que  ceux  du  groupe  du  cérium, 
répondent  encore  an  type  des  acétylures;  les  autres,  tels  que  les  carbures 
d'aluminium,  d'uranium,  de  manganèse  (déjà  connus  par  les  travaux  de 
MM.  Troost  et  Hautefeuille),  ont  des  formules  d'un  autre  type.  Or  la 
décomposition  de  ces  carbures  par  l'eau,  ou  par  les  acides  étendus,  donne, 
d'après  M.  Moissan,  des  produits  différents  de  ceux  du  premier  groupe. 

»  Avec  le  carbure  d'aluminium,  par  exemple,  la  décomposition  à  froid 
est  lente  et  fournit  uniquement  du  formène,  CH*,  au  lieu  d'acétylène. 

»  Avec  le  carbure  de  manganèse  et  l'eau,  on  obtient  un  mélange  de 
formène  et  d'hydrogène. 

»  Avec  le  carbure  de  cérium  et  analogues,  il  se  dégage  un  mélange 
d'acétylène  (entre  les  deux  tiers  et  les  trois  quarts  du  volume  gazeux),  de 
formène  (un  quart  à  un  cinquième),  mêlés  à  une  petite  quantité  d'éthy- 
lène et  à  quelques  centièmes  de  carbures  liquides.  Avec  le  carbure  d'iira- 
nium,  le  formène  domine,  mêlé  d'hydrogène,  avec  un  peu  d'éthylène, 
une  trace  d'acétylène;  les  deux  tiers  du  carbone  constituant  des  carbures 
liquides  et  solides. 

»  Or  pour  essayer  de  se  rendre  compte  de  la  diversité  de  ces  résultats,  il 
convient  de  faire  intervenir  à  la  fois  celle  des  formules  et  celle  des  quan- 
tités de  chaleur  mises  en  jeu  dans  les  transformations,  comme  je  l'ai  établi 
précédemment  pour  les  acétylures  alcalins  et  l'acétylure  d'argent. 

»  II.  Commençons  par  les  carbures  qui  produisent  du  formène,  au  lieu 
d'acétylène.  Le  carbure  d'aluminium  en  est  le  type.  Il  répond  à  la  formule 
C^Al%  dans  laquelle  les  valences  saturées  du  carbone  et  de  l'aluminium 

sont  dans  le  rapport  CAP;  aussi  la  réaction  sur  l'eau  s'exprime-t-elle  par 
l'équation  suivante 

G'A1*  +  6H=0  =  3CI1''  +  2A1=0'. 


(  285  ) 

La  chaleur  dégagée  dans  cette  réaction  ne  peut  être  mesurée  directement, 
parce  que  la  réaction  est  trop  lente,  môme  avec  le  concor.rs  de  l'acide  chlor- 
hydriqiie.  C'est  pourquoi  j'ai  cru  devoir  la  déduire  de  la  chaleur  de  formation 
du  carbure  d'aluminium.  J'ai  opéré  sur  un  échantillon  de  ce  composé,  de 
bonne  apparence,  fourni  par  la  maison  Poulenc.  Ce  produit,  en  se  dissol- 
vant peu  à  peu  dans  l'acide  chlorhydrique  chauffé,  laisse  un  résidu  de 
carbone  non  combiné,  analogue  au  graphite  ('),  et  dont  le  poids  s'élevait 
à  4.74  centièmes  sur  un  échantillon.  J'ai  mesuré  la  chaleur  de  combustion 
de  ce  composé  dans  l'oxygène  comprimé,  en  amorçant  la  réaction  au  moyen 
d'une  petite  quantité  de  camphre.  Il  est,  d'ailleurs,  assez  difficile  d'opérer 
ainsi  une  combustion  totale,  le  carbure  d'aluminium  étant  doué  d'une 
grande  cohésion  qui  en  rend  l'inflammation  irrégulière  :  le  plus  souvent, 
il  reste  des  produits  incomplètement  brûlés  dans  la  capsule  qui  contient  le 
carbure.  Voici  les  résultats  les  plus  exacts,  je  veux  dire  ceux  obtenus  dans 
des  conditions  de  combustion  totale.  On  a  tenu  compte  du  carbone  libre, 
en  en  déduisant  la  chaleur  de  combustion  d'après  celle  du  graphite 
(  +  94,8  pour  C°:=i2S'').  18''  de  carbure  d'aluminium  mélangé  de  car- 
bone a  fourni  57i2'^''',o  et  5']63''"\/^  :  moyenne  0738'^''',  7. 

»  En  déduisant  la  chaleur  de  combustion  du  carbone  libre  et  tenant 
compte  de  quelques  impuretés,  il  est  resté  5362'-""',  2  pour  oi>''',9375  de  car- 
bure d'aluminium  réel,  et  par  conséquent  pour 

C'Al*=i4/isr +824':"', 

ce  corps  étant  brûlé  avec  formation  d'acide  carbonique  gazeux  et  d'alu- 
mine anhydre,  laquelle  se  présente  à  l'état  fondu,  inattaquable  par  l'acide 
chlorhydrique. 
»   D'autre  part, 

3C  (diamant)  brûlés  donnenl 94,3  X  a  =-    282,9 

4AI  changés  en  Al^O^  (hydrate  précipité).     893,0x2=    786,0 

I 068 , 9 

»  Cependant  l'aluminium,  se  changeant  en  alumine  anhydre,  dégage 
une  quantité  de  chaleur  un  peu  différente  de  celle  qui  résulte  de  la  forma- 
tion de  l'hydrate  d'alumine.  Soit  2  s  l'excès  po.sitif  ou  négatif  pour  AFO'  ; 
£  ne  correspondant  pas  à  un  chiffre  très  élevé,  suivant  les  analogies;  d'après 

(')  Mais  ne  fournissant  pas  d'oxyde  graptiitique  dans  mes  expériences. 


(  286  ) 
quelques  essais   que   j'ai   faits   sur  la  combustion   vive   de  l'aluminium, 
2£  serait  voisin  de  —  i3^''',5  ('  ). 
»   En  réstimé  : 


La  combustion  des  éléments  (opérée  à  haute  température) 


Cal 


dégagera +1068,9  —  2e 


-t5"b 


en  retranchant  la  chaleur  de  combustion  du  carbure  ....      —  824 


on  voit  que  C'  -h  Al'  =  C^\l*  dégagent -+-244,9  —  22 

»  Ce  chiffre  est  considérable;  il  explique  la  grande  stabilité  du  carbure 
d'aluminium  et  la  difficulté  que  l'on  rencontre  pour  le  brûler,  ou  le  décom- 
poser. Rapporté  à  i  atome  d'aluminium,  il  fournit  pour  la  combinaison  du 

carbone  avec  ce  métal  : 

+  61,2; 

valeur  bien  inférieure  à  la  chaleur  d'oxydation  d'un  atome  du  même  métal  : 

+  196,5  ; 

mais  qui  approche  de  sa  combinaison  avec  l'iode  :  +70,3,   et  avec  le 
soufre  :  +63,2. 

»   Si  on  le  rapporte  à  un  atome  de  carbone,  on  trouve 

+  8i,6, 

valeur  qui   n'est  que  de  peu  inférieure  à  la  chaleur  d'oxydation  de  cet 
élément  (sous  forme  de  diamant)  lorsqu'il  produit  l'acide   carbonique: 

+  94 , 3. 

Elle  approche  de  la  chaleur  de  combinaison  d'un  atome  avec  le  chlore 
(+75,4,  CClMiquide). 

»  Au  contraire,  elle  surpasse  de  beaucoup  la  chaleur  de  combinaison 

(')  L'aluminium  employé  a  fourni  à  l'analyse  Al  =199,5  et  99,6. 

La  combustion  de  ce  corps  est  très  difficile.  On  ne  Ta  réussie,  même  dans  l'oxygène 
comprimé,  qu'en  l'associant  avec  un  poids  de  carbure  d'aluminium  voisin  de  celui  du 
métal  libre.  Deux  bonnes  expériences  ont  fourni  pour  54"''  du  métal  libre  changé  en 
alumine  fondue 

376  et  383,  en  moyenu'' 379*^»', 5; 

au  lieu  de  393'^'''  répondant  à  son  changement  en  alumine  précipitée  et  hydratée. 


(  -^1  ) 

d'un  atome  de  carbone  avec  l'hydrogène  (-1-  18,9  au  maximum  dans  le 
formène). 

»   Comparons  encore  l'oxygène  et  le  rarbone,  dans  leurs  combinaisons 
équivalentes  avec  l'aluminium  d'uni;  jiart,  avec  l'hydrogène  d'autre  part  : 

Diirér. 

(    H-    j  1'  11^0  gaz  dégage.     -+-    58,  i   1 

O  saturé  par  '        ;>   >  en  formant  \        •>  ]&'>.,() 

(   AP  1  (  Al^O  solide  ....     H-  i3i  ,0  ) 

j    H*    )  j  C H' gaz  dégage.     +    iSl,9  ) 

C  saturé  par  [        4   !  en  formant  ]  4  !  62,7 


\P  )  (  CAP  solide 4-    Si, 6 

A  un  même  nombre  d'atomes  d'oxygène  et  de  carbone,  par  exemple,  un 
atome  d'oxygène  étant  pris  comme  ternie  de  comparaison,  l'écart  théo- 
ii<[ue  rapporté  à  un  atome  de  carbone  est,  on  le  voit,  sensiblement  le  même. 

M  Mais,  si  on  le  compare  au  même  nombre  d'atomes  d'hydrogène  (ou 
d'aluminium)  de  part  et  d'autre,  l'écart  sera  moitié  moindre  pour  le  car- 
bone que  pour  l'oxygène. 

»  Quoiqu'd  en  soit  de  ces  rapprocliements,  les  valeurs  thermiques  sont 
telles  qu'elles  rendent  aisément  compte  de  la  production  du  formène  par 
l'action  de  l'eau  sur  le  carbure  d'aluminium.  En  effet, 

C^\l'-f-  6H=0  =r  3CH*-+-  2  APO'  hydratée  dégage -h  178,8  +  2£. 

-[(244,9  -  2^ +  4>4)  =  663,9 -20]-+- [(3X18,9  =  56,7) +786  =  842,7]. 

»   S'il  s'était  formé  de  l'acétylène  mêlé  d'hydrogène 

|C-H-  +  V  W' 

on  aurait  dégagé  seulement  -H  35  -)-  2e. 

»   S'il  s'était  formé  de  l'élhylène  mêlé  d'hydrogène  : 

\C-W+\U.^  :  +100+  11. 

Avec  la  benzine  gazeuse 

IC^n^+'-j-W:  +  120  + 2s. 

»  Ainsi,  la  production  du  formène,  dans  la  réaction  de  l'eau  sur  le  car- 
bure d'aluminium,  répond  au  maximum  thermique.  On  conçoit  dès  lors 
qu'il  prenne  naissance  d'une  façon  exclusive,  attendu  que  le  formène  ré- 
sulte à  la  lois  du  dégagement  de  chaleur  maximum,  vers  lequel  tend  le  sys- 
tème, et  de  la  conservation  du  type  moléculaire,  résultant  d'une  substitu- 
tion à  valences  égales.  C'est  en  ellet  le  dernier  genre  de  Iranstormations 
qui  se  réalise  en  général  dans  les  produits  initiaux  des  réactions. 


(  288  ) 

))  J'ai  insisté  à  diverses  reprises  sur  ce  point,  c'est-à-dire  sur  cette  double 
tendance  :  d'une  part,  conservation  initiale  du  type  moléculaire  dans  les 
doubles  décompositions  ('),  mécanisme  qui  préside  à  la  préparation  de  la 
plupart  des  combinaisons  endothermiques;  d'autre  part,  tendance  finale 
des  systèmes  vers  le  dégagement  de  chaleur  maximum.  Quand  ces  deux 
tendances  sont  satisfaites  à  la  fois,  en  engendrant  des  corps  suffisamment 
stables  dans  les  conditions  des  expériences,  la  réaction  prend  un  caractère 
de  nécessité  (-). 

»  Le  carbure  de  glucinium  fournit  également  du  formène  pur,  proba- 
blement par  les  mêmes  raisons  que  le  carbure  d'aluminium;  mais  l'étude 
thermochimique  n'en  a  pas  été  faite. 

»  III.  Avec  le  carbure  de  manganèse,  agissant  sur  l'eau  à  la  température 
ordinaire,  on  obtient  non  seulement  du  forméne,  mais  un  volume  égal 
d'hydrogène  libre  (^  ).  Or  les  relations  atomiques  et  les  relations  thermo- 
chimiques concourent  pour  faire  prévoir  ces  phénomènes.  En  effet,  voici 
la  formule  de  la  réaction  : 

CMn'  +  6R-0  =  3(MnO.H=0)  +  CH'  -t-  IF. 

»  Elle  montre  que  l'excès  d'hydrogène  résulte  du  défaut  d'équivalence 
entre  le  carbure  et  l'oxyde,  le  premier  contenant  un  excès  de  manganèse 
qui  décompose  l'eau  pour  son  propre  compte. 

î)  L'étude  thermocliimique  de  la  réaction  rend  compte  de  ces  résultats. 
En  effet  la  chaleur  de  formation  du  carbure  de  manganèse,  d'après  les 
données  de  M.  Le  Chatelier  (*), 

Mn3+  C  =  Mn5C  dégage +9'^"', 9 

d'où  résulte  la  chaleur,  Q,  dégagée  dans  la  réaction  de  l'eau  : 

C  +  Mn= -f-     9,9         3(Mn  +  0-Heau).     +95,1x3—     285,3 

6(H--i-0^) -f-4i4,o         3(H^-+-0) +207,0 

C  +  H'* +   18,9 

+^23, 9  +5ll,2 

Q  ==  5ii  ,2  —  423,9 +87,3 


(  ')  Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  469  et  436.  —  Cf.  Élats  successifs  de  l'io- 
dure  d'argent  {Ann.  de  Chini.  et  de  Phys.,  5"  série,  t.  XXIX,  p.  242,  248;  i8S3. 

(*)  La  difTérence  d'entropie  étant  supposée  faible,  comme  il  arrive  dans  la  plupart 
des  réactions  énergiques. 

(')  MoisSAN,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7"  série,  l.  IX,  p.  372. 

(*)   Thcrmochiinie  :  Données  et  lois  numériques,  t.  Il,  p.  270. 


(  289  ) 
»   La  production  de  l'acélvlène,  celle  de  l'éthylène,  celli^  de  l'élhane 
donneraient  lieu  à  des  dégagements  de  chaleur  bien  moindres,  comme  il  a 
été  dit  plus  haut.  En  efifet,  di'puis  les  mêmes  éléments, 

Ol 

i(CMP+  3H2)  répondrait  à —29,8 

A(OH'+2H^)(')       »  -  7,3 

i(C2H«+2tP)  »  -+-ii,6 

CM»  »  +'S,9 

1)  On  ne  connaît  pas  la  chaleur  de  formation  des  autres  carbures  métal- 
liques, susceptibles  de  décomposer  l'eau  à  la  température  ordinaire. 

»  IV.  Signalons  maintenant  le  carbure  de  cérium  et  ses  analogues,  car- 
bures de  lanthane,  d'yttrium,  etc.,  dont  la  formule  est  pareille. 

»  Soitle  carbure  decérium,  C'Ce.  Ce  carbure  décompose  l'eau,  en  four- 
nissant un  mélange  d'acétylène  qui  prédomine  (^5  à  80  centièmes  du 
volume  total  des  gaz),  de  formène  (20  centièmes  environ),  avec  quelques 
centièmes  d'éthylène  et  de  carbures  liquides. 

»  Ces  phénomènes  sont  évidemment  atlribuabies  à  la  complexité  de  la 
réaction,  complexité  attestée  parla  producliun  d'un  excès  d'hydrogène  sur 
la  dose  contenue  dans  l'acétvlène.  En  efiet,  cette  dernière  seule  est  corré- 
lative d'une  tiécomposilion  de  l'eau,  susceptible  de  céder  tout  son  oxygène 
au  cérium  en  formant  du  proloxyde.  Il  résulte  de  la  production  d'un  excès 
d'hydrogène  que  l'oxyde  de  cérium,  qui  prend  naissance  dans  la  réaction. 


(')  La  formation  de  carbures  d'hydrogène  liquides,  c'est-à-dire  de  composés  con- 
densés ou  polymères,  a  été  signalée  en  proportion  parfois  considérable  dansl'allaque 
de  certains  carbures  métalliques  (uranium,  fer,  etc.)  par  l'eau  ou  par  les  acides.  Pour 
donner  une  idée  de  leur  rôle  tlieimocliiniique  dans  la  réaction,  je  rappellerai  que  la 
formation  des  carbures  homologues  par  addition  des  éléments  C  H-  H^  à  un  carbure  plus 
simple,  dégage  en  moyenne  environ  6'^'K  Soit  donc  un  carbure  C'"  H-p,  formé  depuis  les 
éléments  avec  un  dégagement  de  chaleur  Q;  la  formation  d'un  homologue,  C"'"^"H^'/'"*'"*, 
dégage  environ  Q  -t-  6n.  Si  n  est  très  grand,  celte  quantité  tendra  à  se  réduire  à  6n. 
Appliquons  celle  relation  à  la  formation  des  carbures  polymères  de  l'éthylène,  les  seuls 
qui  ne  modifient  pas  la  dose  de  l'hydrogène  mis  en  jeu  dans  la  réaction  de  l'eau  ou  des 

acides  pour  former  l'éthylène,  la  substitution  de  —  C^"H'"  à  C'H*  lend  à  remplacer, 
pour  n  suffisamment  ^rand,  la  chaleur  de  formation  — 14'"')  6  de  l'éthylène  parla  valeur 
limite  -H  12;  ce  qui  ramène  la  formation  du  système — G^"H'"-(-2H^  depuis  les  élé- 
ments vers  le  chiffre  H-  6. 

La  formation  des  polymères  ou  carbures  condensés  de  l'éthylène  accroît  donc  la 
chaleur  dégagée,  mais  sans  atteindre  celle  du  formène. 

C.  K.,   .901.   1"  Semestre    (T.  CXXXII,  N«  6.)  38 


(  290  ) 

est  constitué  par  nn  mélange  de  proloxyile,  CeO,  et  d'oxydes  supérieurs. 
En  effet,  s'il  )■  avait  uni(;|uement  formation  deprotoxyde,  on  devrait  obtenir 
de  l'acétylène  pur 

C*  Ce  -1-  H= O  =  C=  H^  -4-  Ce  O  hydraté  ; 

mais  dès  qu'il  se  forme  un  oxyde  supérieur,  tel  que  Ce^O',  ou  plutôt  une 
combinaison  de  ce  corps  avec  le  protoxyde,  il  en  résulte  de  l'hydrogène 
excédent,  qui  se  combine  à  une  portion  des  éléments  de  l'acélyiène  pour 
fournir  surtout  du  foruiène  et,  simultanément,  quelque  dose  d'autres 
carbures  moins  hydrogénés,  composes  spéciaux  dont  la  formation  est  sans 
doute  corrélative  de  la  condensation  moléculaire  de  ces  oxydes  inter- 
médiaires. 

»  Arrêtons-nous  à  ces  résultats,  qui  montrent  comment  les  produits  se 
compliquent,  dès  que  les  carbures  métalliques  ne  fournissent  plus,  en 
étant  décomposés  par  l'eau,  des  oxydes  de  composition  correspondant  à 
celle  des  carbures;  a  fortiori,  si  ces  carbures  eux-mêmes  constituent  des 
mélanges,  ou  des  composés  polymérisés.  Il  suffira  d'avoir  établi  la  corré- 
lation existant  entre  les  propriétés  chimiques  et  ihermochimiques  et  la 
formation  de  l'acétylène,  ou  duformène,  pour  les  carbures  métalliques  qui 
ont  été  l'objet  d'une  étude  approfondie  et  qui  donnent  lieu  à  des  réactions 
simples.  » 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  sur  la  dissolution  des  métaux  solides  dans 
le  mercure  et  plus  généralement  dans  les  autres  métaux  fondus  ;  par 
M.  Bertiielot. 

«  Les  physiciens  ont  souvent  remarqué  que  le  mot  dissolution,  appliqué  à 
la  répartition  uniforme  d'un  métal  solide  dans  un  métal  liquide,  le  mercure 
par  exemple,  n'était  pas  strictement  assimilable  à  la  dissolution,  telle  qu'on 
l'entend  d'ordinaire  pour  les  sels  ou  autres  corps  composés  dissous  dans 
l'eau.  Les  propriétés  éleclrolyliques,  notamment,  sont  tout  à  fait  différentes. 
C'est  plutôt  une  sorte  de  désagrégation  moléculaire,  subie  par  le  métal 
solide,  qui  se  délaye  et  se  dissémine  au  sein  du  métal  liquide,  en  contrac- 
tant d'ailleurs  avec  lui  certains  alliages  ou  combinaisons  définies,  parfois 
cristallisables. 

»  De  lit  résulte  une  sorte  d'état  mixte  du  métal  ou  de  l'alliage,  réputé 
dissous  :  il  constitue  en  réalité  une  sorte  de  mélange,  demi-liquide, 
demi-solide,  disséminé  d'une  façon  uniforme  au  sein  de  la  masse  métal- 
lique principale,  à  la  façon  d'une  émulsion.  Il  arrive  même  parfois  qu'un 


(    291     ) 

amalgame  tout  formé,  après  s'êlre  redissous  dans  le  mercure,  s'en  sépare  à 
la  longue,  à  la  façon  d'un  corps  coaguhible.  La  solidification  spontanée  de 
certains  amalgames  pâteux,  employée  par  les  dentistes  et  qui  durcissent 
au  bout  de  quelque  temps,  peut  être  rapprochée  également  des  phéno- 
mènes de  coagulation. 

»  L'action  d'une  petite  quantité  de  mercure,  pour  pénétrer  peu  à  peu 
l'or,  l'argent,  le  cuivre,  le  zinc,  etc.,  les  amollir,  les  gonfler,  les  désagré- 
ger et  les  rendre  fragiles,  ne  représente  pas  davantage  un  phénomène  de 
dissolution  pro[)rement  dite.  Bref,  parmi  les  effets -observés  dans  la  réac- 
tion d'un  métal  fondu,  tel  que  le  mercure,  sur  les  autres  métaux,  il  en 
existe  une  multitude  qui  se  rapprochent  tant  de  la  réaction  de  l'eau  sur 
les  corps  colloidaux,  organiques  ou  minéraux,  que  des  caractères  des 
émulsious,  et  qui  ne  répondent  pas  davantage  à  la  notion  d'un  coefficient 
défini  de  solubilité. 

»  La  façon  dont  le  mercure  est  éteint,  amorti,  par  son  mélange  avec 
un  grand  nombre  de  corps,  offre  aussi  quelque  chose  de  particulier.  On 
observe  dans  toutes  ces  circonstances  «les  modes  multi|)les  d'association 
entre  un  solide  et  un  liquide,  accompagnés  de  modifications  plus  ou  moins 
considérables  dans  les  tensions  superficielles  et  les  actions  ca|)illaires. 

»  Si  j'ai  cru  utile  de  préciser  ces  circonstances,  c'est  afin  de  rapjjelcr 
que  les  données  lliermochimiques  de  mes  expériences  sur  les  chaleurs  de 
transformation  des  états  allotropiques  de  l'argent,  et  sur  les  chaleurs  de 
formation  des  amalgames  d'argent,  sont  indépendantes  de  toute  définition 
relative  à  la  constitution  des  prétendues  dissolutions  mélallicjues.  En  effet, 
toutes  mes  expériences  ont  été  exécutées  en  mettant  un  poids  constantd'ar- 
gent  (2^')  en  présence  d'un  poids  considérable,  mais  également  constant, 
de  mercure  (iSii^''),  et  en  établissant  avec  le  plus  grand  soin  une  dissémi- 
nation uniforme  et  homogène  de  l'argent,  dissous  ou  combiné  au  sein  delà 
masse  mercurielie.  Dans  ces  conditions,  il  est  essentiel  d'observer  que, 
l'état  final  étant  absolument  identic|ue  pour  tous  les  systèmes,  la  chaleur 
dégagée  exprime  rigoureusement  les  différences  d'énergie  entre  les  états 
initiaux  des  divers  corps  mis  en  expérience.  » 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  la  précession.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  O.  iÎACKLUxD  à  M.  Poincaré. 

«   Je   vous   suis   très  reconnaissant  pour  avoir  a|)pelé  l'attention  sur 
l'erreur  commise   dans  ma  Note  sur  la  précession.  En  effet,  il  m'avait 


(    292    ) 

échappé  que,  par  des  approximations  successive-:,  le  SHCond   terme   du 
membre  droit  dans 

—~  =  as\n{at  +  e)  +  a(f,  +  <>„  )  cos(a/  +  i)  —  aVfV^  sin(a^  -)-  e)  . . . 

donne  naissance  à  un  terme 

-f-  aVf  t'o  sin(a/  +  a), 

ce  qui  réduit  v^  à  zéro  (au  moins  aux  quantités  d'ordre  supérieur). 
»   Cette  erreur  élémentaire  m'appartient  exclusivement. 
»  Dans  votre  Note  vous  considérez  l'équation 

—  =  aecos(rti -H  r„)  +  o sin/;/. 

Gyldén  considère  au  début  des  approximations  l'équation 

j-r  =  ai cos{nt  +  l'o) ««*  siu(«/  -+-  f„  j  —  7^^^  cos(nf  -+-  v^)  -+-  b s\npt, 

et  parvient  à  déterminer  v^^  dans 

h 

»  T>a  valeur  de  p^  ainsi  déterminée  est  évidemment  beaucoup  plus  petite 

a' 
que  — r- 

»  Gyldén  dit  expressément  qu'il  est  même  inutile,  pour  la  détermination 
de  Pj,  de  partir  de  l'équation,  où  l'on  a  négligé  la  deuxième  et  la  troisième 
puissance  de  i.  C'est  justement  ce  que  vous  avez  démontré. 

M  Je  serais  très  reconnaissant,  si  vous  vouliez  bien  faire  insérer  ces  lignes 
dans  les  Comptes  rendus.  Je  le  dois  à  la  mémoire  de  Gyldén.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  chaleurs  spécifiques  des  fluides  dont  les  éléments 
sont  soumis  à  leurs  actions  mutuelles.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Considérons  nn  fluide  dont  les  divers  éléments  sont  soumis  aux  actions 
très  générales  définies  dans  notre  Mémoire  Sur  le  potentiel  thermodyna- 


(=•93) 
mique  et  la  pression  hydroHatique  (').    Cnmme  dans   nos  Notes   précé- 
dentes (*),  gardons  les  iiot;itions  de  ce  Mémoire. 

»  L'entropie  S(p,  T)  dm  d'un  élémentde  masse  dm  est  déterminée  par  la 
formule 

(t)  esCp.ï)^-^!-^ 

La  chaleur  dégagée  dans  une  modification  quelconque  par  l'élément  dm 
est,  en  supposant  nulle  la  viscosité. 

(2)  dq^-  TdS=U^h?  +  Ç:M)^lrn. 


E\dzdT^    '    àT- 
n  La  chaleur  spécifique  à  densité  constante  est  donc 

(3)  c(p.T)  =  -,,— ^-. 

Si  nous  adoptons   le  postulat  de  Helmholtz,  cette  chaleur  spécifique  est 
positive,  en  sorte  que  nous  avons  l'inégalité 

(4)  Ij,     <  o. 

»  Isolons  l'élément  dm.  Supprimons  les  masses,  directement  en  contact 
avec  lui,  qui  lui  imposent  des  liaisons;  mais,  au  moyen  de  corps  non  coa- 
ligus  à  l'élément  dm,  restituons  sa  valeur  primitive  à  l'action  A(p)dm  qui 
s'exerce  sur  cet  élément.  Pour  conserver  à  cet  élément  son  état  de  repos 
ou  de  mouvement,  il  faudra  le  soumettre  à  une  pression  normale  et  uni- 
forme n,  donnée  par  l'égalité 

(5)  11  +  p^[a(p)-^]=o. 

»  Maintenons  la  température  T  constante  et  faisons  croître  11  de  Sn  ; 
p  croît  fJe  (^  )  ^n.  Si  nous  posons 


(6)  J  =  p[.|-.A  +  p( 


à?'-         d? 


(')  Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  3°  série,  l.  X,  p.  i83;  1898. 
(')   Comptes  rendus,  séances  du  21  janvier  et  du  4  février  1901. 


(  294  ) 
nous  aurons 

«  Mais  pour  que  le  fluide  puisse  être  en  équilibre  stable,  il  faut  que  l'on 

ait(<) 

(8)  .I>u 

et,  par  conséquent, 

(â),>- 

»  Maintenons  la  pression  n  constante  et  faisons  croître  la  température  T 
(le  ST;  p  croît  de  ( -^  )  ^T.  Si  l'on  observe  que  A  ne  dépend  pas  deT, 
l'égalité  (i)  donne 

y^>  \dT)n  ~        J   0?ô'Y' 

»  Dans  ces  conditions,  le  système  dégage  une  quantité  de  chaleur  que 
l'on  obtient  en  remplaçant,  dans  l'égalité  (2),  Sp  par  (  "tj  )  '^T.  On  a 
donc 

rfQ^-CâT./m     avec     t)  =  "  |[^f  (^T)n+ ^J 

ou  bien,  en  vertu  des  égalités  (3)  et  (9), 

('o)  C  =  c^p,  1)^Ë  j[    ^p^T     J- 

Celle  chaleur  spécifique  sous  pression  constante  C  n'est  pas  une  simple  fonc- 
tion de  p  et  (le  T;  par  l'intermédiaire  de  J,  qui  dépend  de  l'action  A,  elle 
dépend  de  la  nature,  de  la  densilé,  de  la  disposition  des  diverses  parties  du 
fluide  qui  sollicitent  l'élément  dm. 
»  L'inégalité  (8)  entraîne  celle-ci 

(u)  C>c(p,  T). 


(')  Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  5'  série,  t.  III,  p.  174,  con- 
ditioQ  (63). 


(  29&  ) 
En  tout  point  d' un  fluide  en  équilibre  stable,  la  chahur  spécifique  sous  pression 
constante  est  supérieure  à  la  chaleur  spécifique  à  densité  constante. 

»   En  vertu  de  l'égalité  (2),  une  modification  adiabatique  est  en  même 
temps  isenlropique.  En  une  telle  modification  T,  H,  p,  varient  de  ST.  Sn, 

et,  selon  (5), 

Ces  égalités  donnent,  en  premier  lieu, 

dT-       J  UpdlV 
on  bien,  selon  (3),  (7)  et  (10), 

»   Cette  relation  est  l'extension  du  théorème  de  Reech  au  cas  qui  nous 

occupe;  elle  démontre  que  (^ê)  est  une  quantité  positive. 

»  Les  égalités  (3),  (9),  (12)  et  (i3)  donnent,  en  toute  modification 
adiabalique, 

Le  rapport  de  l'accroissement  de  température  à  l'accroissement  de  pression 

est  de  signe  contraire  ^  (  3^^  )    •  Cette  relation  est  l'extension,  au  cas  qui 

nous  occupe,  d'une  relation  de  Joule. 

»  Ainsi  toutes  les  lois  que  l'on  démontre,  en  Thermodynamique  élé- 
mentaire, pour  un  fluide  soumis  à  une  pression  normale  et  uniforme, 
s'étendent  à  un  fluide  dont  les  éléments  exercent  les  uns  sur  les  autres  des 
actions  quelconques,  newtoniennes  ou  non.    » 


(  296  ) 


CORRESPO^ÎDANCE. 

La  Société  italienne  des  Sciences  (dite  des  XL),  I'Académie  pontifi- 
cale DE!  Ni'ovi  LixcEi,  I'Académie  royale  des  Sciences  physiques  et 
mathématiques  de  Naples  adressent  à  l'Académie  leurs  profondes  condo- 
léances à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Uermite. 

M.  le  Seckétaike  perpétuel  signale,  |>armi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  Volume  intitulé  :  «  Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire; 
Lettres  d'Egypte  »,  publiées  par  M.  £".-7.  Hamy.  (Présenté  par  M.  Albert 
Gaudry.) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sitr  la  photographie  de  la  couronne  solaire 
dans  les  éclipses  totales.  Note  de  M.  H.  Deslandres,  présentée  par 
M.  Janssen. 

«  Cette  Note  décrit  les  observations  sur  la  pholographie  de  la  couronne 
solaire  dans  l'écIipse  tolale  du  28  mai  1900,  faites  à  Argamasilla  (Espagne), 
et  complète  sur  ce  point  une  Note  précédente  (Comptes  rendus,  juin  1900) 
qui  relate  les  résultats  généraux  obtenus  dans  diverses  directions.  De  plus 
elle  présente  quelques  idées  nouvelles  sur  les  moyens  d'avoir  le  mieux 
possilile  les  détails  faibles  de  la  couronne,  tels  que  les  grands  rayons 
caractéristiques. 

»  Les  pbolograpbies  de  la  cour<inne  peuvent  se  diviser  en  éjireuves  à 
petite  et  à  grande  écbelle.  Les  premières  donnent  la  structure  générale, 
mais  sont  relativement  peu  utiles,  puisque  cette  structure  est  maintenant 
connue  à  l'avance.  Les  grandes  épreuves  sont  plus  intéressantes,  car  elles 
montrent  les  divisions  de  la  couronne  et  se  prêtent  à  l'étude  des  relations 
encore  indéterminées  entre  les  jets  coronaux  et  les  détails  de  la  surlace 
même  du  Soleil. 

»  Cependant  l'observatoire  de  Meudon  n'avait  pu  mettre  à  ma  disposi- 
tion les  gratuls  objectifs  de  sa  collection.  J'ai  dû  me  contenter  de  trois 
petits  objectifs,  à  savoir  :  1°  un  objectif  de  i"',io  de  dislance  focale  et 
de  i™,io  d'ouverture  (rapport  d'ouverture  j'-),  de  bonne  qualité  optique, 
dû  à  M.  Mailhal;  2°  un  objectif  de  o™,4o  de  distance  focale  et  de  o™,o4 


(  ^97  ) 
de  diamètre  (rapport  d'ouverture  y^);  3"  un  objectif  de  o"',3o  de  distance 
focale  et  de  o",o6  de  diamètre  (rapport  d'ouverture  |). 

»  Pour  avoir  les  détails  de  la  couronne  et  les  faibles  rayons  coronaux, 
j'ai  pris  les  dispositions  spéciales  suivantes  :  («)  Les  objectifs  emplovés 
sont  tous  à  deux  verres  seulement,  les  objectifs  à  quatre  verres  de  la  pho- 
tographie ordinaire  avant  été  a  priori  mis  de  côté.  (/>)  J'ai  évité  de  même 
à  dessein  l'emploi,  si  commode  à  certains  égards,  du  miroir  auxiliaire  des 
sidérostals  et  cœlostats.  et  aussi  l'emploi  des  objectifs  d'agrandissement, 
bien  qu'il  fùl  tentant  d'aue;menter  le  diamètre  très  petit  des  images,  (c)  Les 
objectifs  ont  reçu  directement  la  lumière  du  ciel,  et  j'ai  placé  au  foyer 
même  de  l'objectif  les  plaques  qui  étaient,  il  est  vrai,  des  plaques 
lentes  à  graia  fin  susceptibles  de  subir  ultérieurement  un  fort  agrandis- 
sement. 

»  Avec  l'objectif  Mailhat  de  i'",  lo,  on  a  emplové  quatre  plaques  succes- 
sives avec  les  poses  croissantes  de  une  seconde,  quatre  secondes,  huit 
secondes,  trente  secondes.  Les  plaques  étaient  des  plaques  Illford  à  pro- 
jection (tons  noirs),  donc  très  lentes;  mais  l'élévation  de  la  station  et  la 
pureté  de  l'air  le  jour  de  l'éclipsé  diminuaient  l'inconvénient  de  leur  faible 
sensibilité. 

»  Avec  la  chambre  de  o",4o,  la  plaque  a  été  recouverte  d'un  verre 
jaune  foncé,  qui  laisse  passer  surtout  les  rayons  jauiies  et  verts.  Pose  : 
soixante-dix  secondes,  soit  pendant  la  totalité  presque  entière.  Plaque 
isochroniatique  Edwards.  La  chanibre  deo",3o  avait  été  traitée  de  la 
même  façon,  avec  la  difierence  que  le  verre  jaune  était  remplacé  |)ar  un 
verre  rouge.  Ce  dernier  absorbait  les  rayons  les  plus  actifs,  mais  la  grande 
concentration  de  lumière  de  l'objectif  devait  y  suppléer. 

»  Bref,  les  trois  objectifs  donnaient  trois  séries  d'images,  la  première 
formée  par  les  rayons  ultra-violets,  violets  et  bleus,  la  seconde  par  les 
rayons  jaunes  et  veris,  et  la  troisième  par  les  rayons  rouges. 

»  Les  résultats  obtenus,  avec  l'aide  de  M.  Burson,  assistant  astronome, 
sont  les  suivants  : 

»  Les  quatre  épreuves  de  l'objectif  de  i^.io  avec  plaques  de  projection 
sont  très  nettes.  La  première,  obtenue  un  peu  après  le  deuxième  contact, 
offre  bien  dégagés  le  croissant  chromospbérique  à  l'est  et  les  protubérances 
du  sud-ouest.  Les  trois  suivantes  montrent  des  couronnes  de  hauteurs 
croissantes,  avec  les  divisions  des  jets  depuis  la  couronne  intérieure.  Sur  la 
dernière  certains  jels  atteignent  la  longueur  de  deux  diamètres  solaires. 
Ces  épreuves,  d'ailleurs,  peuvent  être  agrandies  au  moins  trois  fois  plus 

C.  K.,   iç,oi,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  6.)  3g 


(  298  ) 
que  les  épreuves  sur  plaques  rapides,  adoptées  en  général  par  les  observa- 
teurs d'éclipsé. 

»  La  plaque  de  l'objeclif  de  o'",/io  à  verre  jaune  donne  une  image  qui 
rappelle,  njieux  que  les  précédentes,  l'aspect  de  la  couronne  vue  à  l'œil 
nu;  elle  présente  des  jets  plus  longs  que  les  épreuves  de  l'appareil  précé- 
dent. Quant  à  la  plaque  avec  verre  rouge,  elle  a  été  manquée,  le  verre 
rouge  avant  été  cassé  un  peu  avant  l'éclipsé;  mais  j'ai  des  raisons  de  croire 
que,  avec  une  pose  suffisante,  elle  aurait  donné  des  jets  encore  plus  éten- 
dus que  toutes  les  autres  épreuves. 

»  Les  résultats  .sont,  d'une  manière  générale,  satisfaisants.  Or  les  idées 
qui  m'ont  conduit  à  ces  dispositions  spéciales  sont  générales,  applicables 
à  toutes  les  éclipses,  et  nouvelles  sur  certains  points.  Je  les  résume  briève- 
ment : 

»   La  couronne  offre  à  la  fois  des  parties  très  intenses  près  du  bord 
•solaire  et  des  parties  très  faibles  du  côté  opposé,  en  particulier  dans  les 
jets  caractéristiques.  A  priori  donc,  il   est  bon  d'employer  des  plaques 
lentes  qui  ont  l'avantage  d'avoir  une  écbelle  étendue  de  tons  et  de  se  prê- 
ter aux  nuances  délicates. 

»  Les  parties  les  plus  faibles  sont  peut-être  les  plus  intéressantes.  Or 
elles  ont  à  lutter  contre  un  ennemi  que  l'on  rencontre  plus  ou  moins  fort 
dans  tous  les  appareils  d'optique,  et  qui  est  la  lumière  diifuse  de  l'appa- 
reil. C'est  pour  diminuer  cette  lumière  diffuse  qu'on  a  évité  les  miroirs 
auxiliaires,  les  objectifs  à  quatre  verres,  les  objectifs  d'agrandissement  ('). 

»  Enfin  une  autre  sorte  de  lumière  diffuse  intervient  :  c'est  la  lumière 
diffuse  du  ciel,  souvent  notable,  en  particulier  dans  les  éclipses  qui, 
comme  celle-ci,  ont  une  faible  durée.  Elle  a  pour  origine  la  diffusion  de  la 
lumière  coronale  dans  les  couches  d'air  au-dessus  de  l'observateur,  et  en 
plus  la  diffusion  de  la  lumière  du  disque  central  dans  les  points  élevés  et 
éloignés  de  l'atmosphère  au  nord  et  au  sud  de  la  zone  de  totalité. 

»■  Or  cette  lumière  diffusée  est  relativement  très  intense  dans  l'ullra- 
violel,  et  diminue  rapidement  lorsqu'on  remonte  vers  le  jaune,  le  rouge 
et  l'inlra-rouge.  On  peut  ainsi  expliquer  pourquoi  les  jets  coronaux 
observés  à  l'œil  sont  plus  longs  que  sur  les  plaques.  C'est  pourquoi  j'ai  été 
amené  à  placer  devant  les  plaques  des  écrans  jaunes  et  rouges;  j'ai  voulu 
ainsi  diminuer  la  lumière  du  ciel,  et  faire  mieux  ressortir  les  rayons  coro- 

(')  Ces  précaulions  n'ont  plus  la  même  importance  pour  les  détails  de  la  chromo- 
sphère  et  de  la  couronne  intérieure. 


(  299  ) 
naux.   Dans  cet  ordre  d'idées,  une  plaque  impressionnée  par  les  rayons 
infra-rouges  seuls  serait  encore  plus  avanlageuse  ('  ). 

»  Les  dispositions  précédentes  sont  donc  à  recommander  dans  les 
éclipses  prochaines.  En  terminant,  je  remarque  que  les  règles  exposées 
récemment  pour  la  reconnaissance  de  la  couronne  en  dehors  des  éclipses 
s'appliqnent  aussi,  pour  les  mêmes  causes,  à  la  photographie  de  la  cou- 
ronne dans  les  éclipses.    » 


ASTRONOMIE.   —  Sur  la  théorie  des  satellites  de  Jupiter.  Note 
de  M.  J.-J.  Landerer,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  la  suite  de  mes  observations 
poursuivies  depuis  plusieurs  années  dans  le  but  de  connaître  jusqu'à  quel 
point  la  Théorie  du  regretté  Sonillart  s'accorde  avec  les  faits.  La  plupart  de 
ces  observations  ont  été  faites  par  des  circonstances  atmosphériques  irré- 
prochables, condition  essentielle  surtout  lorsqu'il  s'agit  des  passages  des 
ombres,  qui  réclament  des  images  tranquilles  pour  bien  saisir  leur  contact 
intérieur  avec  le  bord  de  la  planète.  J'ajoute  maintenant  quelques  obser- 
vations se  rapportant  à  une  époque  antérieure  à  celle  de  la  présente  série, 
et  qui,  sans  entraîner  le  degré  d'exactitude  que  leurs  congénères,  peuvent 
néanmoins  être  assez  utiles,  l'incertitude  dont  sont  entachées  les  demi- 
durées  qui  en  découlent  n'atteignant  jamais  deux  minutes. 

»  L'accord  entre  l'observation  et  le  calcul  continue  à  être  assez  satisfai- 
sant, ainsi  que  le  montre  le  Tableau  qui  termine  ce  travail,  et  il  le  serait 
davantage  encore  si  l'on  eût  pu  modifier  un  peu  les  nombres  t,  s",  i"  (no- 
tation de  Souillart);  malheureusement,  cola  n'est  pas  chose  facile,  et,  tant 
qu'on  n'aura  pas  obtenu  des  valeurs  nouvelles  des  éléments  elliptiques,  il 
faudra  prendre  ces  chiffres  tels  qu'ils  résultent  des  données  de  Damoiseau. 


(')  On  a  émis  l'opinion  que  la  couronne  avait  un  faible  rayonnement  infra-rouge, 
en  se  basant  sur  certaines  ressemblances  avec  les  étincelles  électriques  et  sur  la  faible 
émission  de  chaleur  des  tubes  de  Gessler.  A  mon  avis,  ce  rapprochement  est  juste 
pour  la  chromosphère,  mais  non  pour  la  couronne.  La  chromosphère  a  le  spectre  d'un 
gaz,  à  savoir  des  raies  fines  intenses  et  un  spectre  continu  faible.  Dans  la  couronne, 
c'est  l'inverse;  le  spectre  continu  est  intense  et  les  raies  gazeuses  faibles.  On  a  le 
spectre  de  particules  liquides  ou  solides,  lequel,  en  général,  est  riche  eu  rayons  infra- 
rouges. Même  le  rayon  le  plus  intense  peut  être  infra-rouge,  auquel  cas  la  photogra- 
phie avec  les  rayons  infra-rouges  seuls  a  des  avantages  encore  plus  marqués. 


(  3oo  ) 

»  An  sujet  de  chaque  satellite  en  particulier,  quelques  remarques  sont 
ici  nécessaires.  Relnlivemenl  au  premier,  l'accord  dont  il  est  question  ne 
l.'Hsse  presque  rien  à  désirer.  Il  devient  moins  frappant  pour  le  deuxième, 
ce  qui  tient  non  seulement  à  la  théorie  elle-même,  mais  bien  plus  à  l'appa- 
rence douteuse  que  son  ombre  présente  quand  elle  se  projette  sur  le  fond 
brunâtre  des  bandes  équatoriales.  C'est  aussi  à  cette  cause  qu'il  faut  attri- 
buer le  nombre  très  limité  des  observations  utiles  concernant  ce  petit 
corps.  Quant  au  troisième,  il  est  aisé  de  voir  que  la  différence  à  allure  sys- 
tématique que  j'avais  signalée  dans  une  Note  précédente  (')  se  dessine  de 
plus  en  plus,  et  tout  porte  à  croire  qu'elle  deviendra  surtout  sensible 
vers  xgoS,  par  suite  de  la  proximité  du  maximum  d'inclinaison  de  l'orbite 
du  satellite. 

»  Bien  qu'en  faible  mesure  seulement,  les  divergences  qui  ont  rap- 
port aux  éclipses  peuvent  encore  procéder  d'une  cause  physique.  Je  veux 
parler  de  l'action  absorbante  de  l'atmosphère  entourant  la  planète  et  dont 
l'effet  est  si  apparent  vers  les  bords,  car  il  se  peut  que,  en  vertu  de  la  pré- 
sence d'un  tel  milieu,  tout  ne  soit  pas  exclusivement  géométrique  dans  ce 
monde  lointain.  Tant  que  l'action  de  ce  milieu  restera  inconnue,  on  ne 
pourra  donc  songer  à  établir  sur  des  bases  rationnelles  l'accord  parfait  que 
l'on  poursuit. 

»  Dans  la  liste  suivante,  les  demi-durées  se  comptent  en  minutes  et  se- 
condes et  sont  inscrites  par  ordre  de  latitude  croissante.  Je  dois  faire  re- 
marquer en  terminant  que  dans  leur  calcul  il  m'a  fallu  revenir  à  la  valeur 
de  3 14''46' 1 6" assignée  à  la  constante  y,  de  SouiUarl,  au  lieu  de  Si/jViô'io" 
que  j'avais  autrefois  adoptée  en  vue  de  rendre  plus  complet  l'accord  de 
mes  observations  précédentes.  I^e  poids  de  la  nouvelle  série  en  résulte 
ainsi  légèrement  modifié,  mais  en  revanche  on  fait  ressortir  sous  un  nouvel 
aspect  l'influence  de  cette  constante  sur  les  résultats  théoriques  obtenus. 

»  Le  quatrième  satellite  semble,  au  premier  abord,  défier  toute  ct)ncor- 
dance,  mais  en  examinant  les  choses  de  plus  près,  on  conviendra  sans  peine 
que  les  nombres  déduits  de  l'observation  approchent  beaucoup  de  ceux  qui 
se  plieraient  sans  difficulté  aux  résultats  théoriques,  pourvu  que  l'on  ait 
égard  au  degré  de  précision  qu'entraîne  le  calcul  de  la  latitude,  et  au  rôle 
prépondérant  que  cet  élément  joue  dans  les  demi-durées  observées  loin  des 
nœuds  ou  par  des  circonstances  astronomiques  aussi  rares  que  celles  où 
eut  lieu  le  passage  de  l'ombre  le  25  janvier  1895  (-).  On  remarquera,  en 


(")   Comptes  rendus,  t.  CXVIII,  p.  280. 
C)  Comptes  rendus,  t.  CXX,  p.  248. 


(  3oT   ) 

outre,  que  les  écarts  qui  se  rapportent  aux  phénomènes  rie  ce  genre  sont 
(le  signe  contraire  à  cenx  des  éclipses,  ce  qui  [îroAient,  au  moins  en  jiartie, 
d'une  variation  du  rayon  vecteur  qui  mériterait  une  étude  particulière. 


Passages  des  ombres. 
Demi-durée. 


Connaissance 

Différences 

Satellite. 

Date. 

Calculée. 

Observée. 

(les  temps. 

cale.  obs. 

I. 

1895  nov. 

6. 

m       s 

66.35 

m      s 

6S.   0 

m      s 
69.30 

m       s 
—     1.25 

1. 

1883  mars 

29. 

66.45 

<-.   0 

-  0..5 

I. 

1893   mars 

23. 

65.46 

tjG .  07 

68. 3o 

—  0.  II 

I. 

1893  janv. 

20. 

65.43 

6,") .  3o 

68 

-+-  o.i3 

I. 

1894  duc. 

'9- 

65. 4 1 

65.24 

68 

-1-  0. 17 

I. 

189i  nov. 

to. 

65. 10 

65.20 

68 

—  0. 10 

I. 

1899  avril 

3o. 

63.17 

64.12 

66 

—  0.55 

II. 

1896  avril 

1 . 

84.27 

86.40 

88 

—   i.i3 

II. 

189.Ï  févr. 

3. 

76.   5 

75.47 

80 

-h  0.18 

II. 

1899  avril 

29. 

70.  4 

66.56 

70 

-4-  3.   8 

III. 

1897  janv. 

3. 

I 02 . 56 

io5.5o 

109 

-  2.54 

III. 

1897  févr. 

8. 

102. 23 

104.26 

loS 

-  2.   3 

III. 

1893  mars 

16. 

88.45 

88.  6 

92 

+  0.39 

m. 

188C  fùvr. 

27 

84.    . 

84.35 

—  0.34 

m. 

1891  duc. 

27. 

82.37 

82.25 

85. 3o 

-+-  0.12 

III. 

1886  avril 

1 1 

81.18 

81.10 

H-  0.    8 

m. 

189'».  nov. 

21. 

79.22 

79-  8 

82.30 

4-   0.  i4 

m. 

1886   mai 

'7' 

77-56 

78.12 

—   0.  16 

III. 

19(10  juin. 

'7- 

57.46 

59-  7 

63 .  3o 

—    1.21 

III. 

1899  févr. 

23 

50.34 

54.14 

58 

—   3.40 

III. 

1S99  mars 

3i 

44.39 

49.  5 

56 

—   4.26 

IV. 

1886  avril 

0 

3o.  6 

26.18 

+  3.48 

IV. 

1893  janv. 

2.5, 

27-  9 

21 .3o 

34. 3o 

■+-  5.39 

Éclipses. 

lletni-durée 

Connaissance 

DilTérences 

Satellite. 

Date. 

Calculée. 

Ob-icivée. 

des  temps. 

cale.  obs. 

II. 

1894  sept. 

'9 

m      s 

72.59 

m      s 
74  .  23 

m     s 
73.41 

m      s 

-  1.24 

III. 

1896  mai 

1 

io5.47 

106.20 

106.22 

—  0.33 

III. 

1893  févr. 

26 

86.17 

85.16 

86.   5 

+  I .  I 

III. 

1894  oct. 

27 

75.25 

75.   3 

75.30 

-H   0.22 

III. 

1898  mai 

9 

71.19 

.73.42 

7«-i9 

—    2.23 

III. 

189!»  juin. 

i3 

4o  18 

42.47 

43.33 

—    2.29 

IV. 

1896  avril 

0 
10 

137.32 

i39.3o 

135.59 

-   1.58 

IV. 

1893  nov. 

122.21 

127.   5 

126.  4 

-  4.44 

(    302    ) 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Une  classe  nouvelle  de  surfaces  algébriques 
qui  aibm  tient  une  déformation  continue  en  restant  algébriques.  Note  de 
M.  D.-Th.  Egorov. 

«  1°  Considérons  une  surface  lélraédrale  du  dix-huitième  ordre  pour 
laquelle  les  coordonnées  cartésiennes  x,  y,  z  sont  définies  en  fonction  de 
deux  variables  u,  v  par  les  expressions  suivantes  : 


x  =  k^{u  —  s,)-{<.'  —  s,)-, 

I  ^  1 

'  z  =  A^iu  —  s^yÇc  —  S:,)-. 

n   L'élimination  des  paramètres  u,  v  conduit  à  l'équation  bien  connue 

2  2 

»  Les  courbes  u  =  const.,  c  =  const.  tracent  sur  la  surface  considérée 
un  système  conjugué,  car  les  trois  coordonnées  x,  y,  z  satisfont  à  une 
même  équation  linéaire  (') 

...  .  .     d'f)         3  dO        3  de 

V    ''  ''  du  av         1  du         2   di' 

»  En  différentiant  li\s  formules  (i),  on  obtient  aisément  l'expression 
suivante  de  l'élément  linéaire 

I  r/5-=  |[(«s'''  —  3a,  r-  +  "ia^v  —  a-:^)u  —  a,  r^  +  "ia.v-  —  jrtsC  -i-  «J  (/«- 
(4)     I  +  Y"  [a„  a-  V-  —  2  rt ,  Hc  (h  h-  ^')  +  ûfo  («^  +  4  uv  +  c'-  )  —  ■2a^{u  +  v)-ira^  du  dv 

I  4-  i'[(a„u'  —  3rt,jr  -+-  3^2"  —  «3  V  —  «,;<'+  SrtoU^  —  'Sa~^u  +  a,J  r/^-^, 

où  l'on  a  posé 

(5)     2A^  =  a„,        2A:5,  =  «,,       2A^5;  =  a,.        I\;^;  =  a3.        iA;5;  =  «,. 

»  Réciproquement  supposons  l'éléineut  linéaire  défini  par  la  formule  (4) 
(les  constantes  a,-  ayant  des  valeurs  fixes  quelconques)  et  proposons-nous 
de  déterminer  toutes  les  surfaces  lélraédrales  définies  par  des  formules 


(')  Cf.  Darboux,  Leçons  sur  la  théorie  générale  des  surfaces,  t.  1,  p.  142. 


(  3o3  ) 

telles  que  (i)  et  admettant  l'élément  linéaire  donné.  Le  problème  posé  se 
ramène,  en  définitive,  à  la  détermination  des  six  quantités  A,,  *,  vérifiant 
les  équations  (5).  Comme  ces  équations  sont  au  nombre  de  cinq,  on  obtient 
évidemment  une  famille  simplement  infinie  de  surfaces  tètraèdrales  ajiplicables 
les  unes  sur  les  autres  avec  conservation  du  système  conjugué  u  ■=  cowsi., 
('zziconsl.  Toutes  les  surfaces  de  la  famille  s'obtiennent  par  une  défor- 
mation continue  de  l'une  quelconque  d'entre  elles. 

»  I.a  détermination  de  ces  surfaces  peut  être  ramenée  à  la  résolution 
d'une  équation  cubique  dont  les  coefficients  dépendent  linéairement  d'un 
paramètre  arbitraire.  Posons,  en  elfet, 

(6)  {s  —  s,) (s  —  s..)(s  —  s^)  =  (p(5)  =  s^  -h  b , s-  -+■  b^s  ■+-  b.j. 

En  prenant  la  somme  des  quatre  premières  équations  (5)  multipliées  res- 
pectivement par  63.  62.  b,,  I  et  en  opérant  de  même  sur  les  quatre  der- 
nières, il  viendra 

(7)  a^b.^  +  n,b.^  +  a.,b,-h  03  =  0,  a,b^-h  a.,b.,-\- a^b, -h  a^  =  o. 

Désignons  par  B,,  Bo,  B3  un  système  quelconque  de  valeurs  des  quan- 
tités è,,  b.,,  b.^  vétifianl  les  équations  (7);  les  solutions  générales  de  ces 
équations  seront  de  la  forme 

(8)     b,=h,-+a(a„a,  —  a'i),         b.,  =  \i.,+ r,[a^a„  — a^a^),        b^  =  ]i^-\-r,(^a,a,,  —  ài), 

où  l'on  a  désigné  par  a  un  paramètre  arbitraire.  Les  quantités  5,  sont  les 
racines  de  l'équation  cubique  (p(i)  =  o  dont  les  coefficients  dépendent 
linéairement  du  |)aramètre  a.  Cette  étpialion  étant  résolue,  on  tire  les 
quantités  A,-  du  système  (5),  cpii  est  linéaire  par  rapport  aux  carrés  A',  et 
le  problème  s'achève  sans  aucune  difficulté. 

»  2°  Revenons  à  l'équation  (2).  La  surface  correspondante  étant  sup- 
posée connue,  les  six  quantités  A,-,  5,  ne  sont  pas  complet einent  déter- 
minées. En  approfondissant  cette  observation,  on  reconn:iîlra  aisément 
que  sur  chaque  surface  tétraedrale  (2)  il  existe  une  infinité  (00')  de  sys- 
tèmes conjugués  différents  correspondant  à  des  formules  de  la  forme  (i). 
En  comparant  ce  résultat  au  résultat  obtenu  précédemment,  il  viendra 
qu'««e  surface  tétraedrale  du  dix-huitième  ordre  (2)  est  applicable  sur  une 
infinité  de  surfaces  de  la  même  espèce  depeniant  de  deux  constantes  arbitraires. 

M   3°  D'après  un  beau  théorème  de  M.  R.  Peterson  ('),  on  peut  déduire 

(')  Recueil  Mathématique  de  Moscou,  t.  I. 


(  3o4  ) 

d'une  fimiille  quelconque  de  surfaces  applicables  les  unes  sur  les  autres 
avec  conservation  d'un  syslème  conjugué  une  infinité  de  familles  nou- 
velles de  la  même  espèce.  Appliquons  ce  théoième  à  la  famille  de  surfaces 
tétraédrales  signalée  au  numéro  i".  En  désignant  par  x,  y,  z  les  expres- 
sions (i)  des  coordonnées  relatives  à  cette  famille  (et  par  suite  dépendant 
du  paramètre  arbitraire  c),  posons  conformément  au  théorème  cité  : 


(9) 


d.x^  dx  6)>',  dy  d:-t  à: 

-—^=m^-,  —!-=rn-/->  -^=m^, 

du  du  ou  du  au  du 

dx,  dx  dy,  _  „  ày  dz,  _  ^  àz 

dv  ov  dv  ai'  oi'  «(' 


»  L'élimination  de  a-,,  y,,  z,  conduit  à  une  même  équation  de  I^aplace 
pour  les  trois  coordonnées  x,  y,  z,  et  comme  cette  équation  ne  peut  pas 
être  distincte  de  l'équation  (3),  il  viendra 

,      .  .  -.  dm         ,  ^dn         2>  ,  ^ 

(lo)  (u  -  v)^  =  („  _  p)_  =  -Jm  -  n). 

»   Le  syslème  (lo)  est  équivalent  au  système  suivant 

V      /  du  di'       ^  '  dudv        2  du        2  di' 

et  l'on  est  ramené  à  l'intégration  de  l'équation  bien  connue  E(  ->  -)  d'Euler. 


Ch;ique  solution  particulière  de  cette  équation  conduit  à  une  famille  dé- 
terminée de  surfaces  a p|>licables;  les  coor.lonnéeso;,,  y, ,  :;,  relatives  à  celte 
famille  s'obtiennent  par  des  quadratures  en  vertu  des  équations  (9).  En 
désignant  par  C,  §,  CJ  les  coefficients  de  l'élément  linéaire  (4).  on  aura 
évidemment 

(12)  dx\  +  dy\  4-  (lz\  =  wi-  ^'  dii'^  -\-'2  mn  3?  du  dv  4-  «^  (|  dv- . 

»   L'équation  E(-) -)  admet  une  infinité  de  solutions  entières  (').  Les 


familles  de  surfaces  applicables  correspondant  à  ces  solutions  particulières  sont 
composées  exclusivement  de  surfaces  algébriques.   » 


(')  Cf.  Dakboux,  Leçons  sur  la  théorie  générale  des  surfaces,  t.  II,  p.  57. 


(  3o5  ) 

ANALYSE   INFINITÉSIMALE.   —  Sur  ce/ laines  transformations  de  Bàcklund. 

Note  de  M.  Clairik. 

«  Je  me  propose  d'abonl  de  compléter  un  résultat  que  j'ai  indiqué  dans 
une  Noie  antérieure  (')  et  que  je  rappelle  :  étant  donnée,  avec  les  nota- 
tions ordinaires,  une  équation  aux  dérivées  partielles  tin  second  ordre 
Y(x,  y,  z, p,  q,  r,  s,  i )  =  o,  admettant  un  système  (C)  de  caractéristiques 
du  premier  ordre,  il  existe  une  infinité  de  transformations  définies  par 
c|ualre  équations  de  la  forme  suivante  : 

^'  ^/.C^'J'  z,p,q;z'),         y  =f.i{x,  y,  z,p,q;z'). 


(T   )  '    P'^/aC'^'^' -'/''?'-')'  9'=/t(^'7'-'/''y'^')' 


et  telles  que  l'équation  proposée  dérive  de  l'une  quelconque  de  ces  trans- 
formations. Nous  dirons  que  ces  transformations  sont  déduites  du  système 
de  caractéristiques  (C). 

»  Cela  posé,  soit  (Tj)  une  seconde  transformation,  déduite  du  sys- 
tème (C),  qui  ne  se  ramène  pas  à  (T,)  par  une  transformation  de  con- 
tact : 

^  x"=':^,{x,y,z,p,q;z"),         y"  =  <f.,(x,  y,  z,p,  q;  z"), 
'   p"=03{x,y,z,p,q;z"),  q"  =<f^(x,  y,  z,p,  q;  z"), 

il  est  aisé  devoir  que  les  coordonnées  (x  ,  y,  z',p',q' ),  (^x" ,  y" ,  z"  ,p"  ,q") 
de  deux  éléments  correspondants  satisfont  à  quatre  relations 

TA.,{x',y,z,p,q'\  x",y',z",p",q")  =  o, 

.qx  ;   ^i{x',y,z',p',q';  x",y,z",p%q"):^o, 

'   H, (a-', y,  z',p',  q';  X",  v",  z",p",  q")  =  o, 

HjCa?', y,  z',p',q'  ;  x" ,y" ,z", p" ,q")  =  o. 

»    En  particulier,  si  (T,)  et  (T,)  sont  des  transformations  de  Bàcklund, 
(0)  csl  également  une  trunbloimalion  de  Bàcklund. 

»  Je  considère   maintenant  les  transformations  de  Bàcklund  qui   font 


(')    Comptes  rendus,  5  février  1900. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre    (T.  CXXXII,  >°    6.)  4o 


(  3o6  ) 

correspondre  une  à  une  les  intégrales  des  deux  équations  transformées  : 
j'ap|)ellerai  ces  transformations,  transformations  de  Bâcklund  de  première 
espèce,  ou,  plus  simplement,  transformations  (B,).  Je  ne  m'occuperai  ici 
que  des  équations  qui  possèdent  deux  systèmes  distincts  de  caracté- 
ristiques. 
»   Soit 

(e)  V{x,  Y,z,p,q,r,s,l)  =  o, 

une  équation  du  second  ordre  qui  admet  deux  systèmes  de  caractéris- 
tiques (C)  et  (r),  soit 

{i)  ,  Y'(x',y,z',p',q',r',s',t')  =  o, 

une  équation  qui  correspond  à  (e)  par  une  transformation  (B,),  soient 
enfin  (C)  et  (T')  les  deux  systèmes  de  caractéristiques  de  (s"),  (C)  cor- 
respondant à  (C)  et  (r')  à  (r). 

»  Si,  relativement  à  (e),  la  transformation  est  déduite  du  système  (C), 
relativement  à  (e')  elle  sera  déduite  du  système  (F'). 

»  A  tout  invariant  d'ordre  A(^^  2)  du  système  (r)  correspond  un  inva- 
riant d'ordre  k  —  i  du  système  (F');  à  tout  invariant  d'ordre  /(/>2)du 
système  (C)  correspond  un  invariant  d'ordre  /+■  i  du  système  (C). 

»  Si  (C)  admet  un  invariant  du  premier  ordre,  r  =  const.,  cet  invariant 
se  transformera  en  un  invariant  du  second  ordre  de  (C),  à  moins  que  (s) 
n,e  soit  de  la  forme 

(i)  s  +  qg{x,y,  z,p,  r)  -h  h(x,y,  z.,p,r)  =  o\ 

si  (r)  possède  un  invariant  du  premier  ordre,  (e)  est  une  équation  de 
Monge-Âmpère 

(2)  r  -\-ms  -\-M  =^  o, 

et  l'invariant  j'  =  const.  se  change  en  un  invariant  du  premier  ordre.  J'ai 
déjà  étudié  les  transformations  des  équations  (i)  et  (2)  ('  ). 

»   On  démontre  encore  sans  difficulté  les  deux  théorèmes  suivants  : 
»   Si  deux  équations  (e)  et  (e')  se  correspondent  par  une  transforma- 
tion (B,),  les  équations  que  l'on  iléduitde  (e')  par  une  transformation  de 
contact,  d'ailleurs  quelconque,  sont  les  seules  qui  correspondent  à  (e)  par 
une  transformation  (B,). 

(')   Comptes  rendus,  9  avril  1900. 


(  -^"7  ) 
M   Si  deux  équations  se  correspondent  j3ar  une  transformation  (B,)  elles 
admettent  le  même  nombre  de  transformations  de  contact.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  ihèorèine  (VHugoniot  et  la  théorie  des 
surfaces  caractéristiques.  Note  de  M.  J.  Coulox,  présentée  par  M.  C. 
Jordan. 

«  Dans  une  Note  publiée  dans  les  Comptes  rendus  (^^ ) ,  nous  avons  rat- 
taché la  construction  de  la  surface  d'onde  connue  sous  le  nom  de  principe 
d'HuYgens  à  la  théorie  des  surfiices  caractéristiques.  Eu  partant  du  niènic 
point  de  vue,  nous  nous  proposons  de  retrouver  les  formules  d'Hugoniot  (^) 
relatives  à  la  propagation  des  ondes  dans  un  fluide  en  mouvement.  Nous 
établirons  tout  d'abord  le  théorème  général  suivant  qui  contient  ces  résul- 
tats comme  cas  particuliers  : 

I)  Soit  un  système  d'équations  aux  dèri<,ées  partielles  d' ordre  quelconque  et  à 
un  nombre  quelconque  de  variables  indépendantes,  définissant  un  mouvement. 
On  peut,  sans  aucune  intégration,  déterminer  les  vitesses  de  propagation  des 
ondes  pour  une  direction  déterminée. 

»  Four  simplifior  l'exposition,  nous  considérerons  un  système  de  deux 
équations  aux  dérivées  partielles  définissant  deux  fonctions  des  variables 
X, y  et  t.  Désignons  \ràrf(x,y,  t)  une  surface  caractéristique.  Cette  fonc- 
tion satisfait  à  une  équation  homogène  par  rapport  à  ses  dérivées  partielles, 
du  premier  ordre  et  de  degré  m  par  exemple, 

/   \  l  àf    df    ôf\ 

»  Considérons  une  ligne  dans  l'esjjace  E(a;,  y,  t),  par  celte  ligne  d 
passera  en  général  m  surfaces  caractéristiques  satisfaisant  à  (i).  En  un 
point  particulier  A(xg,yç,,  /„)  les  normales  à  ces  surfaces  sont  situées  sur 
le  cône 

(N)  9„.(X,  Y,T): 

et  les  plans  tangents  touchent  le  cône  réciproque  de  (N),  soit  le  cône  (T) 

(T)  <Ï.(X,  Y,  ï). 


(')  Comptes  rendus,  p.  io64;  17  avril  igoo. 

(')  Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  4°  série,  t.  III,  p.  477,  et  t.  IV, 
p.  i53. 


(  3o8  ) 

Ces  points  rappelés,  examinons  la  section  de  ces  surfares  parle  plan  T=/,. 
On  obtiendra  dans  ce  plan  m  lis^nes  correspondant  à  m  fronts  d'ondes. 
D'après  Hngoniot,  les  dérivées  suivant  les  normales  à  ces  lignes,  prises  en 
snpposant  t^  =  const.,  représentent  les  vitesses  de  propagalion  de  chaque 
onde. 

»  Pour  les  obtenir  au  point  A(^„,  y„,  z„)  considérons  simultanément  les 
cônes  (N)  et  (T)  dont  les  sommets  sont  en  ce  point  et  les  sections  de  ces 
cônes  par  T  =  /,. 

»  Soit  a  la  projection  de  A  sur  ce  plan,  et  AM  une  génératrice  de  (N) 
correspondant  à  la  normale  d'une  surface  caractéristique  particulière.  Le 
plan  tangent  à  cette  surface  est  normal  à  AM  ;  il  est  coupé  par  le  plan 
T  ^  <(  suivant  une  droite  A  tangente  à  la  section  de  (T)  par  ce  même  plan. 
Si  M  désigne  l'intersection  de  AM  avec  le  plan  T  =  /,  la  droite aM  est  per- 
pendiculaire à  A  en  m,  le  Iriangle  /«AM  est  rectangle  en  A  et  a  A  est  la  hau- 
teur relative  à  l'hvpoténuse.  Or,  la  vitesse  en  A  d'après  Hugoniot  est  égale, 
pour  la  surface  considérée,  à  la  tangente  de  l'angle  akm  et  par  suite  à  la 
cotangente  de  l'angle  aAM.  On  peut  donc  poser 

V-  ^. 

~  «M 

»  Soient  «  et  p  les  cosinus  directeurs  de  aM  dans  le  plan  T  =  /,,  et 
posons  /•:=  flM.  Les  coordonnées  de  M  seront,  en  supposant  l'origine  en  A', 

T  =  ^,  X  =  ra,  Y=:/|3. 

Substituons  dans  l'équation  de(N),  on  a 

ç,„(/-a,  /f,  /,), 

ou  bien  en  divisant  par  r™  et  remarquant  que  -f  =  V, 

(2)  q),(x,    P,   V)   =    O. 

Celte  équation  en  V  donne  pour  la  direction  (ot,  p)  les  vitesses  relatives 
aux  m  surlaces.  La  discussion  de  cette  équation  conduit  à  des  renseigne- 
ments intéressants  sur  la  naiure  des  solutions  du  problème.  Nous  les  déve- 
lopperons dans  un  Travail  ultérieur. 

»  Appliquons  ce  théorème  aux  équations  de  l'Hydrodynamique,  nous 
retrouverons  les  formules  d'Hugoniot.  Prenons  d'abord  les  équations  sous 
la  forme  d'Euler.  Soient  «,  c,  w  les  vitesses  fonctions  de  x,  y,  z,  t,  et  tt  la 


(  3o9  ) 
pression   et   p  la   densité;   la  relation   supplémentaire   est   par   exemple 
T.  =/(p).  On  a  pour  l'équalion  du  cône  (iN) 

(^Y  +  u\  +  v\  +  wZy  -  ^(\»  +  Y'^  +  Zn  =  o. 

»   Par  suite,  on  aura 

(  V  H-  «a  +  r;i  +  M'Y)-  —  ^  =  *^' 


(I  ou 


(„^+,,riH-„,y)±^Jj^     (M. 


»  Avec  la  forme  de  Las;ran"P,  nous  dési^merons  par  a,  b,  c  les  coordon- 
nées  à  /„  et  par  x,  y,  z  les  connionnées  à  /,  ce  sont  des  fonctions  de  a,  b,  c 
et  de  t. 

»   Nous  poserons 

^-D{a,b,cy  ^    -  ]T-\ll){b,c)\    ^|(D)6,c)J   ^lD(b,c)}    \ 

D(  .',  :)  D(y,:}  ^  D(J,.t)  D(z,j:)  ___  D{x,y)  D{a-,y)l 

D(c,a)   D(a,  b)]' 


î  -—  — 


D(c,  a)  D(ff,  b)  ^  D(c,  a)  D(a,  6) 
L'équation  du  cône  (N)  devient 

T=-^(2Â*X-+2iL^'YZ)  =  o. 
Par  suite, 


dp 


/d7 


c'est  la  formule  donnée  par  Hugoniot,  aux  notations  prè'^  {Journal  de  Ma- 
ihêmatiques,  p.  i63;  1888). 

)»  Les  élégantes  formules  données  récemment  par  M.  Duheni  (-)  sont 
également  des  conséquences  du  théorème  que  jious  avons  démontré. 

»  En  appliquant  des  raisonnements  analogues  aux  équations  de  Lamé, 
on  retrouve  la  surface  d'onde  de  Fresnel  et  les  résultats  relatifs  à  cette 
surface.  Les  équations  de  l'élasticité  conduis -nt  également  à  des  considé- 
rations intéressantes. 

(')  Journal  de  Mathématiques,  1886,  p.  489- 

(-)  Comptes  rendus,  séances  du  21  janvier  el  du  4  février  1901. 


(3io)         , 

»  C'est  ce  qui  a  déjà  été  signalé  dans  une  Communication  à  la  Société 
des  Sciences  phvsiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  à  la  séance  du  22  fé- 
vrier 1900.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équations  aux  dèrwées  partielles 
du  second  ordre.  Note  de  M.  R.  d'Adué.mar,  présentée  par  M.  Picard. 

«  1°  Dans  le  cas  de  deux  variables,  les  équations  linéaires  du  second 
ordre  se  ramènent  immédiatement  à  trois  formes  canoniques.  Il  n'en 
est  plus  de  même  lorsque  Ton  prend  plus  de  deux  variables.  Une  première 
classe  d'équations  à  étudier  est  celle-ci  : 

(}■  Il       v^  a-  Il 


H(«  I     :  >  — :,  —  >  -— ^  =  !•    a-,  y  ). 
V  ^  Ojii       ^  (Jri  '-    '  -  ■ 

1  1 


»  Elle  a  fait  l'objet  d'une  Note  de  M.  Coulon  (Comptes  rendus,  19  mars 
1900). 

»  M.  Volterr.i  (')  avait  fait  antérieurement  une  très  belle  étude  de 
l'équation  la  plus  simple  de  la  classe 

.   ,       ^  (]-  Il  à-  Il  à- Il  .,  .  , 

»  J'ai  cherclié  d'abord  à  présenter  l'analvse  d'une  manière  plus  simple, 
puis  à  donner  quelques  résultats  nouveaux.  Je  ne  parlerai  pas  ici  des 
généralisations  immédiates  relatives  à  H(«). 

»   Voici  d'abord  une  formule  analogue  à  celle  de  Green  : 

(G)  ffj]uA{.)^,A^u)]d.^fJ\u^  -  .^)rfco, 

(Wi  (S) 

«  et  c  sont  des  fonctions  admettant  des  dérivées  des  deux  premiers  ordres. 

»  W  est  un  volume,  1  la  surface  frontière  de  ce  volume.  Enfin  la  nor- 
male extérieure  n  à  1  ayant  pour  cosinus  a,  [3,  y,  la  direction  N  a  pour 
cosinus  :  a,  [î,  (—y).  La  direction  N,  symétrique  de  n  par  rapport  à  un 
plan  parallèle  au  plan  des  (x,y),  sera  dite  la  conormale. 

»   M.    Volterra  met  en  évidence  le  rôle  considérable  que  jouent   les 


(';   Acla  inathemalica.  t.  XVIII;  1894. 


(  3m  ) 
cônes  parallèles  aii  cône 

(A)  .r^-^Y^-z-  =  o; 

ces  cônes  font  partie  des  Multiplicités  caractéristiques  ^e.  M.  Beiulon  (voir 
le  Bulletin  de  la  Société  mathématique,  en  1897).  Cette  connexité  entre  le 
problème  fie  Cauchv  et  ceUii  qui  nous  occupe  est  très  intéressaute. 

»  On  reconnaît  de  suite  que  la  conormale  en  un  point  est  In  génératrice 
de  ce  point.  Si  donc  une  fonction  v(^x,  y,  z)  est  constante  sur  (a),  sa  co- 
normale est  nulle  sur  (A).  Celte  remarque  nous  permet  d'éviter  de  longs 
calculs. 

»  2"  Faisons  l'intégration  eiïective  de  A(m)  =  F,  pour  des  données  in- 
térieures à  un  cône  (A")  de  sommet  (^x„,y„,  z^). 

»   Soit  S  la  surface   portant  les  données  :   w,  -tv!  S   étant  limité  au 

cône  (A"). 

»  On  obtient  «(a-o,  y„,  z,,')  par  l'emploi  d'une  fonction  v  telle  que 
k{v)  ^=  o,  nulle  sur  (A"),  ayani  pour  singularité  l'axe  du  cône  (A").  On  a 
ainsi  : 

(,)      u{.r„,y,,z,)  =  ±,J^^[fffv¥rh+ff(u^-/£^)do>'\, 

(Wi  (S)      ^  '  " 

OÎl 

z'=.z-  z„  n={.v-  ,r„  Y  -f-  (y  - .v„  f . 

»  J'ajoute  une  remarque  importante.  L'emploi  de  la  conormale  me 
donne  intuitivement  un  résultat  que  l'on  [)ourrait  sans  doute,  après  quelques 
calculs,  déduire  de  la  forme  que  M.  Vol  terra  adonnée  pour  la  solution  (i). 

»  Si  la  surface  S  devient  un  cône  (A*  ),  de  sommet  intérieur  au  cône  (A°). 

le  fait  de  donner  u  sur  (A')  sii^t  pour  déterminer  l'intégrale,  puisque  -^, 

étant  la  dérivée  de  u  dans  la  direction  même  de  la  génératrice,  se  déduit 
des  données. 

»  Ceci  peut  être  regardé  comme  la  généralisation  du  résultat  bien  connu 
relatif  à  deux  variables,  que  l'intégrale  de  l'équation 

â*u        d^-u       „.  , 

^-^=F(^,  y) 


(    3l2    ) 

est  déterminée  quand  on  donne  les  valeurs  de  n  seulement  sur  les  bissec- 
trices des  axes  qui  sont  des  Ciiracléristiques. 

»  3"  On  peut  ensuite  se  proposer  d'intégrer  A(m)  =  F,  les  données 
étant  relatives  à  une  surface  S  qui  tourne  autour  de  l'axe  du  cône  (A"), 
limitée  au  cône  et  restant  tout  entière  à  l'extérieur  du  cône  (A°).  Ce  cas 
est  tout  différent  du  précédent.  En  considérant  séparément  deux  régions, 
dans  le  volume  W  d'intégration,  la  région  située  au-dessus  du  plan  hori- 
zontal du  sommet  de  (A°)  et  la  rég  on  située  au-dessous,  en  prenant  une 
fonction  auxiliaire  v'  dans  la  première  région  et  une  autre  fonction  v"  dans 
la  seconde,  par  une  combinaison  très  ingénieuse,  M.  Volterra  obtient  une 
condition  de  possibilité.  Il  est  peut-être  plus  simple  de  procéder  de  la 
manière  suivante  :  Prenons  une  fonction  v  nulle  sur  le  cône  (A°)  et  n'ayant 
pas  de  singularité  dans  le  champ  (  W)  extérieur  au  cône,  l'application  de 
la  formule  (G)  donne  une  couilition,  savoir  : 

(c)         ///..Frf.+/7-(,4_„^i)rf„=,, 

si  l'on  pose 

r.  -  z^=z\  r-={x  -CL-^)-+[y  -  Y„Y, 

avec 


-(v/'-S)- 


V  ^  —  '1  arc  sm 

»  Cette  condition  se  présente  ainsi  sous  une  forme  très  symétrique  et 
très  simple. 

»  Je  me  réserve  de  revenir  sur  ces  questions,  en  particulier  sur  l'inté- 
gration, par  la  méthode  des  approximations  successives  de  M.  Picard,  d'  s 
équations  : 

d'^  u         d^  u        à^ii  du        ,  du  du         ,  .■ 

ox^         av         ():■-  àx  dy  d:  •' 

où  a,  h,  c,  d,  f  sont  des  fonctions  de  x,  y,  z. 

»  Il  semble  que  l'intégrale  sera  déterminée  dans  les  mêmes  régions  que 
précédemment  et  que  les  cônes  (A')  seront  encore  les  surfaces  exception- 
nelles pour  lesquelles  la  donnée  de  u  est  nécessaire  et  suffisante.  » 


(3,3) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  foimes  linéaires  aux  dérivées  partielles 
d'une  intégrale  d'un  système  d'équations  différentielles  simultanées  qui 
sont  aussi  des  intégrales  de  ce  système.  Note  de  M.  A.  Buhl,  présentée 
par  M.  P.  Appell. 

«  Le  théorème  de  Poisson,  d'après  lequel  la  forme  aux  dérivées  par- 
tielles représentée  symboliquement  par  (a,  p)  est  une  intégrale  d'un 
système  d'équations  canoniques  si  a  et  p  sont  deux  intégrales  de  ce  sys- 
tème, malgré  les  nombreux  cas  discutés,  notamment  par  Joseph  Bertrand 
[Mémoire  sur  l'intégration  des  équations  différentielles  de  la  Mécanique 
(Journal  de  Mathématiques,  p.  SgS;  1 832)],  où  ledit  théorème  ne  fournit 
qu'une  constante  ou  une  fonction  d'intégrales  déjà  connues,  reste  pourtant 
l'un  des  plus  beaux  du  Calcul  inlégral. 

»  Il  n'est  pas  impossible  d'imaginer  qu'il  serve  tel  qu'il  est,  quoique 
indirectement,  pour  les  systèmes  autres  que  les  systèmes  canoniques, 
ceux-ci  pouvant  toujours  se  ramener  à  la  forme  canonique,  comme  cela  a 
été  établi  par  Liouville  et  récemment,  à  l'aide  d'une  méthode  beaucoup 
plus  profonde  d'ailleurs,  par  M.  G.  Rœnigs  (Comptes  rendus,  p.  8^5;  1895^. 

»  M'étant  proposé  une  recherche  inverse,  j'établirai  d'abord  ce 
théorème  : 

M  Étant  donné  un  système  d'équations  simultanées,  tel  que 

où  les  X  sont  des-fonctions  quelconques  des  x,  il  existe  r  fonctions  Y, ,  Y,,  ....  Y^ 
des  variables  x  telles  que  si  <t>  est  une  intégrale  du  système  en  question,  la 
forme  linéaire 

y  Y,  ^  =.  Y.  -f-  +  Y.|î  +  . . .  +  Y.^, 
/=i 

en  est  une  autre. 

»  En  effet,  on  doit  alors  avoir  les  deux  égalités 

/=1  1=1  \/=l 

»   Dérivant  la   première  de  ces  égalités  par  rapport  à  ar,,   multipliant 

G.  R.,  1901,    I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  6.)  4l 


(  3i4  ) 
par  Y,  et  additionnant  les  égalités  ainsi  obtenues  pour  toutes  les  valeurs 
de  i,  il  vient 

V  vVy  ^-  ^  ^  y  X  -i:*-^  -  o 

et  retranchant  cette  dernière  de  la  seconde  (2)  développée,  il  vient 


iiiK-.a-^.Sf)-. 


i=i y=i 


ou 


;  =  '• 


■^^  axj  \      oxi  oxi  -  ox«  -  ox^  ox,.  dx,.  J 

»  On  voit  que  si  l'on  pose  le  système  des  /•équations  aux  dérivées  par- 
tielles 

(x  ^^:  +  X,^+...  +  X  ^  =  Y  ^^Y,^  +  .      -hY^ 
{  (y=i,2,  ...,r). 

il  définit,  d'une  façon  complètement  indépendante  du  choix  de  l'intégrale  $, 
les  r  fonctions  Y  dont  j'ai  parlé  et  que  j'appelle  les  fonctions  adjointes  des 
fonctions  X. 

))  L'intégration  du  système  (3)  est  un  problème  connu,  assez  simple 
d'ailleurs,  mais  qui  exige  l'intégration  préliminaire  du  système  (i).  A  ce 
point  de  vue,  il  semble  que  la  considération  des  fonctions  adjointes  ne  soit 
d'aucun  secours  pour  l'intégration  d'un  système  donné  à  l'avance,  mais  il 
n'est  pas  utile  en  général  de  connaîlre  les  fonctions  adjointes  les  plus  gé- 
nérales. De  simples  solutions  particulières  du  système  (3)  peuvent  servir. 
Tel  est,  par  exemple,  le  cas  des  équations  canoniques,  dont  un  système  de 
fonctions  adjointes  dépend  de  la  connaissance  d'une  seule  intégrale.  On 
retrouve  ainsi  le  théorème  de  Poisson. 

»  C'est  encore  le  cas  pour  certaines  éc[a3i\\on^ pseudo-canoniques  qui  se 
rencontrent  fréquemment  en  Mécanique  célcale  et  que  j'appelle  ainsi 
à  cause  de  leur  analogie  de  forme  avec  les  équations  canoniques. 

»  Mais  il  y  a  plus.  D'après  la  symétrie  du  système  (3)  on  voit  que  :  si  les  Y 
sont  des  fondions  adjointes  des  X,  réciproquement  les  X  sont  des  fonctions 
adjointes  des  Y.  Donc,  si  un  système  tel  que  (i)  est  intégré  et  que  l'on 


(  3.5) 
forme  ses  fonctions  adjointes,  on  aura  un  système 

dxi  dx,  dxy 

yT  ~  y;  =  y7 

tel  que  si  <I)  en  est  une  intégrale,  l'expression 

'  dxi  ^  dxi  '  '  ''  dx,- 

en  est  une  autre. 

»  Je  me  propose  de  développer  prochainement  ces  résultats,  ainsi  que  les 
applications  qui  en  découlent,  dans  un  Mémoire  plus  étendu.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  voûtes  en  arc  de  cercle  encastrées  aux  naissances. 
Note  de  M.  Ribière,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Soit  un  cylindre  à  section  annulaire  de  rayons To  etr, ,  que  je  suppose, 
pour  réduire  le  problème  à  deux  dimensions,  de  longueur  indéfinie,  et 
dont  la  section  est  divisée  en  parties  aliquotes,  d'ouverture  2(p,,  toutes 
soumises  aux  mêmes  efforts  extérieurs,  distribués  dans  chacune  d'elles 
symétriquement  par  rapport  au  plan  méridien  moyen.  Sous  l'effet  de  ces 
charges,  il  se  produit  dans  la  section  droite,  à  la  fois  quant  aux  déplace- 
ments et  aux  efforts  élastiques,  des  ondulations  de  période  2(p, .  Ces  dépla- 
cements et  efforts  sont  représentés,  avec  les  notations  de  Lamé,  par  les 
séries  suivantes,  données  dans  ma  Note  insérée  au  n°  Il  des  Comptes 
rendus  de  1889  : 

(3)     R  =  ^Vr-«^i^r"M-3^^4l+^^^^^^'"-^-rf^^^^-i-lcosmç 

(5)     T  =  p.yr     «     ^    r-'  +  b     ^     JL_e'ii^^'«-=_^!!ilti_i__l3i„^„ 

en  donnant  km  les  valeurs  — >  j  étant  égal  aux  nombres  entiers  successifs 

fi  ' 


(  3i6  ) 
et  à  c  et  c?  les  valeurs 


a—n  —  b 


2E»  2(m  — i)e  /--J""-" 

d=a    ^    "\    ^   rT-^^+b'^rl 

qui  annulent  R  et  T  en  tous  les  points  de  la  surface  libre  intérieure. 

))  Ces  formules  donnent  la  solution  complète  dii  problème  de  l'équi- 
libre d'élasticité  dans  certains  cas  d'un  intérêt  pratique,  tels  que  ceux  des 
cylindres  ou  rouleaux  pleins  ou  creux  chargés  extérieurement.  En  ce  qui 
concerne  les  voûtes,  le  seul  cas  dans  lequel  on  puisse  chercher  à  les  assi- 
miler à  la  portion  20,  du  cylindre  est  celui  où  elles  sont  encastrées  aux 
naissances.  Mais  il  ne  suffit  pas,  dans  ce  cas,  de  choisira  et  b,  qui  sont 
indéterminés,  de  façon  que  les  valeurs  de  R  et  T  soient  identiques,  pour 
r=/',,  aux  séries  de  Fourier  représentant  les  efforts  extérieurs  donnés. 
Car,  si  les  formules  ci-dessus  donnent  bien  V  =  o  et  T  =  o  pour  <p  =  it  tp, , 
elles  donnent  en  même  temps  une  valeur  de  U  différente  de  zéro,  les  sec- 
tions extrêmes  se  déplaçant  dans  leur  plan  par  suite  des  déformations  du 
cylindre.  Il  en  résulte  que  la  corde  de  l'arc  change  et  que,  par  suite,  les 
conditions  de  l'encastrement  ne  sont  pas  exactement  reproduites. 

»  Pour  rendre  admissible  l'assimilation  dont  il  s'agit,  j'ai  cherché  quelle 
charge  normale  doit  être  appliquée  à  l'extérieur  du  cylindre,  sur  une 
faible  largeur  donnée  d'avance  de  part  et  d'autre  des  limites  des  zones  29, , 
pour  y  produire  un  déplacement  égal  et  contraire  à  celui  résultant  des 
efforts  extérieurs  donnés.  Dans  ce  cas,  les  ondulations  du  cylindre  sont 
telles  que  les  points  de  division  de  la  circonférence  extérieure  sont  fixes, 
en  même  temps  que  les  efforts  tangentiels  et  les  déplacements  perpendi- 
culaires au  rayon  sont  nuls  dans  toute  l'étendue  des  sections  correspon- 
dantes. La  charge  additionnelle  ainsi  calculée,  combinée  avec  les  efforts 
élastiques  qui  s'exercent  sur  ces  sections,  peut  alors  être  considérée  comme 
équivalant  à  l'ensemble  des  réactions  des  appuis  d'une  voûte  encastrée. 

»  Prenons  en  particulier  le  cas  où  la  voûle  ne  supporte  que  des  efforts 
normaux  à  l'extrados  représentés  par  la  série  IM,  cosmcp.  Portant  les  va- 
leurs de  a  et  i  qui  en  résultent  dans  l'expression  de  U  et  adoptant  les 
indices  i  ou  zéro,  selon  qu'il  s'agit  des  surfaces  /•=/•,,  ou  r=  /„,  on  a 


TT         V       M,  fi  H 


(3i7  ) 
en  posant 


m  /,  r\         m  \ri/  m  \r, 


m"' — I  m   i\         m- — i  /•}         (»t  —  i)m(mH-i)  \>\j 

(l  +  £)/»—£  />iY<"'-" 

(m  —  i)m(/?i  +  i)  V'"o/ 
»  Une  charge  additionnelle  P'  par  unité  de  surface,  régnant  aux  nais- 
sances de  —  ^,  à  —  9,  et  de  ç,  à  o, ,  est  représentée  par  une  série 


aP'    .    iT. 


dont  le  terme  général  est  ( — i)'-^ — sin— cosmç.  En  remplaçant  M,   par 

-  2  P'  ITZ 

(—  i)'^~  '''"  "T"'  ""  obtient  une  valeur  U',  que  l'on  rend,  pour  ç  =  ±  ç,, 

égale  et  contraire  à  U,  en  choisissant  convenablement  P'.  Il  n'y  a  plus 
ensuite  qu'à  introduire  dans  les  formules  la  somme  des  deux  charges.  Par 
exemple,  pour  les  efforts  tp,  qui  sont  les  plus  importants,  on  a 

v^  F 

<ï>,  =    >    —  M  p  COSTWÇ, 

4>o=^       M^cosmç; 

en  posant     Y  —  m ^^ ••  -|+m-?i —  h —  , 

r  m  r\  /•;         m  \rj  m   V''o/ 

»  J'ai  fait  des  applications  de  ces  formules  pour  M,  =  4— sin  — >  cas 

d'une  charge   P  par  unité  de  surface  placée  au  sommet  de  la  voûte  et 

régnant  de  —  —  à  +  —  •  A  la  clef,  les  résultats  ne  sont  pas  très  éloignés 

de  ceux  que  donne  la  théorie  ordinaire  de  la  résistance  des  matériaux . 
Mais,  aux  naissances,  les  différences  sont  importantes.    » 


MÉTÉOROLOGIE.    —  Sur  la  variation  diurne  de  la  déclinaison  magnétique . 
Note  de  M.  Alfred  Angot,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  J'ai  montré  précédemment  (môme  Tome,  p.  204)  que  la  variation 
diurne  de  la  déclinaison  magnétique  doit  être  considérée  comme  résultant 


(  3ib  ; 

de  la  superposition  de  deux  ondes  distinctes  :  Vonde  normale,  corres- 
pondant aux  époques  de  calme  du  Soleil,  elV  onde  perturbatrice,  qui  dépend 
des  variations  de  l'activité  solaire  et  est  sensiblement  proportionnelle  au 
nombre  relatif  des  taches.  J'ai  indiqué,  pour  Paris  et  Greenwich,  les  lois 
numériques  de  l'onde  perturbatrice;  sa  forme  est  très  simple  :  minimum 
environ  deux  heures  après  le  lever  du  Soleil,  elle  croît  ensuite  rapidement, 
passe  par  un  maximum  vers  i4''  et  décroît,  assez  vite  d'abord,  puis  de 
plus  en  plus  lentement.  L'amplitude  totale  de  cette  onde,  pour  un  nombre 
relatif  de  taches  égal  à  loo,  est  environ  de  2' 5  au  solstice  d'hiver,  de  4'  -tu 
solstice  d'été  et  6'  aux  équinoxes. 

»  Il  est  très  vraisemblable  que  l'influence  du  Soleil  ne  s'annule  pas 
qnand  cet  astre  est  dépourvu  de  taches.  L'onde  normale  est  donc  elle- 
même  complexe  :  une  partie  est  d'origine  solaire,  l'autre  d'origine  terrestre. 
Peut-être  sera-t-il  possible  de  séparer  ces  deux  parties  en  comparant  les 
observations  faites  dans  un  grand  nombre  de  stations  et  s'appuyant  sur  ce 
fait  que  la  partie  d'origine  solaire  doit  avoir  la  même  forme  que  l'onde 
perturbatrice. 

»  Sans  chercher,  pour  le  moment,  à  faire  celte  séparation,  j'ai  repré- 
senté l'onde  normale  par  la  série  harmonique 

c,sin(/  -+-  (p,)  +  C2sin(2/  -{-  Çj)  +■  •  •' 

qui  a  été  calculée  jusqu'aux  termes  en  4^  inclusivement.  Les  coefficients 
c,,  C2,  ...,  9,,  Ç2>  ■  -j  ont  une  variation  bien  nette  dans  le  courant  de 
l'année  et  peuvent  être  exprimés  en  fonction  de  l'époque  m,  comptée  à 
partir  du  i*^  janvier,  minuit.  Comme  exemples,  je  donnerai  seulement 
ici,  pour  Saint-Maur,  Greenwich  et  Batavia,  l'expression  des  amplitudes 
des  deux  premiers  termes,  qui  sont  de  beaucoup  les  plus  importants  : 

Variation  annuelle  du  coefficient  Ci  {terme  diurne). 

Saint-Maur. . .  Ci=  2,28  -h  o, 80  si n  ( m  h-  279)  -t-  o,  11  s\n{im  -+-  284) 
Greenwich  ...  c,=  2,33  -H  0,77  sin  (m  -|-  278)  4-  o,  10  sin(2/«  +  3o4) 
Batavia 0,=:  0,67  H- 0,67  sin(7?i -H    97) 

Variation  annuelle  du  coefficient  c.  {terme  semi-diurne). 

Saint-Maur. . .  '  c,=  i'.55  -t-  o,65  sin(w  -H  278)  4-  o.  10  sin(27«  +  3o4  ) 
Greenwich...  C2=  i  ,45 -t- 0,61  sin(m  4-  80) -H  0,28  sin(2«j -f- 258) 
Batavia c.2=  0,71  -1- o,  19  sin(/7i -t-    l\2) 


(  3i9  ) 

M  Les  termes  en  c,  et  c,  montrent  une  variation  bien  nette  avec  la  lati- 
tude; mais,  dans  l'ensemble,  les  résultats  de  Saint-Maur  et  de  Greenwich 
présentent  une  concordance  d'autant  plus  remarquable  que  les  instruments 
employés  ne  sont  pas  du  même  modèle;  de  plus,  à  Saint-Maur  on  a  utilisé 
toutes  les  journées  d'observation  sans  exception,  tandis  qu'à  Greenwich 
on  a  supprimé  les  jours  de  fortes  perturbations. 

))  Si  l'on  compare  ces  résultats  avec  ceux  que  j'ai  donnés  précédemment 
pour  l'onde  perturbatrice,  on  voit  que  l'onde  normale  est  la  plus  impor- 
tante, et  ne  suit  pas  les  mêmes  lois  dans  sa  variation  annuelle.  Le  terme 
annuel  (en  sinm)  est,  dans  l'onde  normale,  beaucoup  plus  grand  que  le 
terme  semi-annuel  (en  sin2/w);  dans  l'onde  perturbatrice,  au  contraire, 
les  deux  termes  sont  du  même  ordre  de  grandeur;  le  second  l'emporte 
même  parfois.  On  doit  en  conclure  que  la  partie  de  l'onde  normale  qui  est 
d'origine  solaire  est  petite  par  rapport  à  celle  qui  est  d'origine  terrestre. 
Cette  dernière  |)résente  une  variation  annuelle  très  prononcée,  avec 
maximum  en  été  et  minimum  en  hiver.  Enfin,  en  passant  de  l'hémisphère 
nord  à  l'hémisphère  sud,  la  phase  du  terme  annuel  de  c,  change  exacte- 
ment de  1 80°  (Saint-Maur,  279°;  Greenwich,  278°;  Batavia,  97°),  comme 
cela  a  lieu  pour  la  plupart  des  phénomènes  météorologiques,  notamment 
pour  la  température. 

»  L'onde  perturbatrice,  d'origine  purement  solaire,  et  l'onde  normale, 
d'origine  complexe,  mais  dans  laquelle  prédominent  les  causes  terrestres, 
suivent  donc  des  lois  nettement  différentes. 

»  Pour  pousser  plus  loin  ces  recherches,  il  ne  suffirait  pas  d'étudier  les 
variations  de  la  déclinaison.  Ces  variations  dépendent,  en  effet,  de  Irop  de 
causes,  par  exemple  de  la  direction  et  de  l'intensité  du  champ,  quantités 
qui  sont  à  la  fois  fonctions  de  la  position  géographique  et  du  temps.  Il  fau- 
drait traiter  directement,  d'une  manière  an;ilogue,  les  variations  d'intensité 
du  champ  terrestre.  M.  Ad.  Schmidt  (Acad.  des  Sciences  de  Vienne, 
Vol.  XCVn,  1888)  a  tenté  un  premier  essai  dans  ce  sens  en  discutant, 
pour  quatre  mois  seulement,  sept  années  d'observations  de  Vienne  et 
quatre  de  Batavia;  mais  la  période  était  trop  courte  pour  permettre  de  for- 
muler la  loi  du  phénomène.  Je  me  propose  de  continuer  cette  étude  pour 
l'intensité,  comme  je  l'ai  fait  pour  la  déclinaison. 

M  Le  principal  obstacle  à  ces  recherches  est  la  longueur  des  calculs  pré- 
liminaires (détermination  pour  chaque  mois,  individuellement,  des  coeffi- 
cients de  la  série  de  Fourier),  dès  qu'il  s'agit  de  discuter  une  série  de 
quelque  durée.  Deux  observatoires  seulement,  ceux  de  Greenwich  et  de 


(    320    ) 

Batavia,  publient  régulièrement  chaque  année,  depuis  i883,  avec  les  résu- 
més mensuels  de  leurs  observations,  les  coefficients  des  séries  harmoniques 
qui  les  représentent.  Il  serait  très  désirable  que  cet  exemple  fût  suivi  par 
les  principaux  observatoires  magnétiques.    » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Calcul  (le  la  formule  définitive  donnant  la  loi  de  la 
distribution  régulière  de  la  composante  horizontale  du  magnétisme  terrestre 
en  France  au  i"  janvier  1896.  Note  de  M.  E.  3Iathias,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  J'ai  montré,  dans  une  Note  antérieure  ('),  que  les  mesures  de  com- 
posante horizontale,  faites  par  M.  Moureaux  pour  la  Carte  magnétique  de 
la  France  et  ramenées  par  lui  à  l'époque  uniforme  du  i"janvier  1896,  sont 
représentées,  abstraction  faite  des  anomalies,  par  la  formule 

(i)  AH  =  -  i,26(Along.)  -  7,42  (A  lat.), 

dans  laquelle  AH  est  la  différence  (X  —  Toulouse)  pour  le  1"  janvier  1896, 
exprimée  en  unités  du  cinquième  ordre  décimal,  (A  long.)  et  (A  lat.) 
étant  exprimés  en  minutes  d'arc.  L;»  formule  (1)  donne  la  valeur  calculée 
de  AH,  la  valeur  observée  étant  donnée  par 

(2)  AH  =  IO^H,,,, -21780,' 

où  H_i.,9G  est  la  composante  horizontale  delà  station  X  au  i^""  janvier  i8g6, 
donnée  par  M.  Moureaux  (-)  et  21780  la  composante  horizontale  à  l'obser- 
vatoire de  Toulouse  pour  la  même  date  ( '). 

»  Dans  le  but  de  déterminer  les  corrections  à  apporter  aux  coefficients 
de  (A  long.)  et  de  (A  lat.),  corrections  qui  sont  positives,  ainsi  que  je  l'ai 
montré  dans  ma  précédente  Note,  j'ai  suivi  la  marche  inverse  de  celle  qui 
m'a  donné  la  formule  (i).  Il  s'agissait  de  résoudre  par  les  moindres  carrés 
un  système  d'équations  fournies  exclusivement  par  les  stations  régulières,  et 


(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  GXXXI,  p.  554;  i"  octobre  1900. 

(■■)  Tii.  Moureaux,  Réseau  magnétique  de  la  France  au  i"  Janvier  1896  {Annales 
du  Bureau  central  météorologique  pour  1898). 

(')  Obtenue  en  ajoutant  à  o,  19600,  composante  horizontale  du  Parc  Saint-Maur 
au  !'"•  janvier  1896,  le  nombre  0,02180,  qui  est  la  différence  (Toulouse-Parc)  pour 
le  commencement  de  1896  déduite  des  observations  absolues  faites  à  l'observatoire  de 
Toulouse. 


(    321     ) 

qui  sont  de  la  forme 

(3)  AU  =  ^(Along.) +j(Alat.), 

v  et  j  étant  les  constantes  de  la  formule  définitive  et  AH  ayant  la  valeur 
observée  donnée  par  l;i  relation  (2).  Pour  diminuer  la  longueur  des  calculs 
j'ai  posé 

(4)  a;  =  — 1,26 -h  a,         Y~  —  '],^'2-h  b, 

a  et  b  élant  les  corrections  à  apporter  aux  coefficients  de  la  formule  (i) 
que  l'on  sait  être  très  approchée.  Les  nouvelles  équations  de  condition 
prennent  alors  la  forme  suivante 

(5)  «(A  long.)  -+-  b(^  lat.)  =  -  (ATI  cale.  -  AH  obs.). 

Le  second  membre,  changé  de  signe,  n'est  autre  que  le  résultat  de  la  com- 
paraison des  formules  (r)  et  (2),  lequel  pour  des  stations  régulières  est  in- 
lérieur  en  valeur  absolue  à  4o  unités  (du  cinqnièmp  ordre).  Les  mesures 
de  M.  Moureaiix  et  les  miennes  ui'onL  ain-,i  fourni  38i  équations  de  con- 
dition. Une  étude  atlenlive  de  celles-ci  m'a  montré  qu'on  diminuait  consi- 
dérablement la  valeur  absolue  des  seconds  membres,  dans  la  majorité  des 
cas,  en  posant 

(6)  a  =  o,  I -f- z,  b  =  o,i-h^. 

Le  second  membre  des  équations  en  «  et  p  doit  être,  pour  les  stations  vrai- 
ment régulières,  une  eireur  d'observation,  par  suite  inférieur  en  valeur 
absolue  à  4o  unités  (du  cinquième  ordre).  Celte  manière  de  voir  conduit 
à  utiliser  71  anciennes  anomalies  qui  redeviennent  légulières  et  à  rejeter 
comme  anomales  26  stations  dont  25  étaient  d'abord  consitlérées  comme 
régulières  ('). 

»  Les  426  équations  en  a  et  p  ainsi  obtenues  ont  été  résolues  par  la 
méthode  des  moindres  carrés  par  le  service  des  calculateurs  de  l'observa- 
toire de  Toulouse  que  M .  B.  Baillaud  a  continué  de  mettre  à  ma  disposition 
avec  une  bienveillance  dont  je  lui  exprime  toute  ma  reconnaissance.  On  a 
obtenu  ainsi 

(7)  œ.  =  H- 0,006,  P  =  + 0,0001. 

(')  La  composante  horizontale  d'Aubusson,  d'après  la  comparaison  des  formules  (1) 
et  (2),  correspondait  à  une  anomalie  très  faible,  de  44  unités  en  valeur  absolue;  je 
l'avais  admise,  cependant,  dans  le  système  des  38i  équations,  et  j'ai  dû  la  rejeter  déii- 
nilivement  après  le  changement  de  variables  (6). 

G.  K.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  iV  6.)  '  42 


(    3.2    ) 

On  peut  considérer  les  corrections  a  et  [5  comme  pratiquement  nulles,  de 
sorte  que  la  formule  définitive  cherchée  est 

(8)  AH  =  —  I ,  i6 (A  long.)  —  7,32  (A  lat.). 

Si  l'on  appelle  presque  entièrement  régulier  un  département  qui  ne  présente 
(qu'une  anomalie  sur  une  moyenne  de  5  à  6  stations  par  département,  la 
formule  (8)  démontre  l'existence  de  25  départements  entièrement  régu- 
liers (')  et  de  25  départements  presque  entièrement  réguliers.  Parmi  ces 
5o  départements  se  trouve  la  grande  majorité  des  départements  frontières 
ou  côtiers;  de  plus,  une  bonne  partie  du  Finistère,  du  Cotentin,  de  la 
Seine-Inférieure,  du  bassin  de  Paris  sont  réguliers.  On  peut  donc  affirmer 
que  la  formule  (8)  donne  bien  la  distribution  régulière  de  la  composante 
horizontale  en  France  à  l'époque  du  i"  janvier  1896. 

»  En  réalité,  l'aire  d'application  de  cette  formule  est  beaucoup  plus 
considérable,  et  j'ai  constaté  qu'elle  donne  (-)  la  composante  horizontale 
des  stations  suivantes  qui  sont  régulières  : 

»  En  Suisse  :  Airolo,  Arth-Goldau,  Bellinzona,  Bodio,  Brieg,  Brûgg, 
Genève,  Ijucerne,  Lugano,  Neuchatel,  Saint-Golhard,  Sion; 

))  En  Italie  :  Aoste,  Chiasso,  Civita-Vecchia,  Cunéo,  Florence,  Gênes, 
Livourne,  Oneglia,  Ortebello,  Pise,  Pontremoli,  Saint-Remy,  Sestri-Le- 
vante,  la  Spezzia,  Torre-Pellice,  Zinola; 

»  En  Espagne  :  Barcelone;  en  Autriche  :  Vienne;  en  Allemagne  :  Pots- 
dam. 

»  La  formule  (8)  permet  donc  le  triage  des  stations  régulières  et  des 
stations  anomales,  ainsi  que  la  fixation  en  grandeur  et  en  signe  du  quan- 
tum des  anomdlies  dans  une  aire  qui  est  au  moins  triple  de  celle  de  la 
France. 

»  Si  l'Académie  veut  bien  le  permettre,  j'aurai  occasion  de  revenir  ulté- 
rieurement sur  cette  question.   » 


(')  On  peut  faire  des  réserves  sur  l'entière  régularité  de  l'Ardèche,  dont  M.  Mou- 
reaux  n'a  visité  que  le  chef-lieu,  Privas. 

(')  Toujours  pour  la  date  du  i"  janvier  1896. 


(  323  ) 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Anémomètre  électrique  à  indications  à  distance. 
Note  de  M.  Emmanuel  Legrand,  présentée  par  M.  Mascart. 

K  On  connaît  les  difficultés  que  l'on  recontre  dans  la  transmission  à 
distance  des  indications  d'un  anémomètre  à  système  centrifuge.  L'appareil 
que  j'ai  combiné  et  construit  évite  ces  inconvénients. 

»  L'arbre  du  panéinone  porte  un  petit  anneau  Gramme,  qui  tourne  entre 
les  é[)anouissements  polaires  d'un  fort  aimant  permanent.  La  force  élec- 
tromotrice produite  est  proportionnelle  à  la  vitesse  de  rotation. 

»  L'ap[)areil  est  relié  à  un  voltmètre  formé  par  un  galvanomètre  Deprez 
d'Arsonval  appro|)rié  à  cet  usage.  Le  galvanomètre  étant  fermé  sur  une 
faible  résistance  (celle  de  l'induit  |)lus  celle  de  la  ligne)  est  amorti  :  l'ai- 
guille prend  sa  position  d'équdibre  sans  oscillations.  Pour  éliminer  l'in- 
fluence de  la  température,  le  circuit  est  composé  de  fd  de  manganine. 

»  On  grailue  l'appareil  empiriquement,  ou  par  comparaison.   » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Communications  téléphoniques,  au  m,oyen  de  fils  étendus 
sur  la  neige.  Extrait  d'une  I^ettre  de  M.  A.  Ricco  à  M.  Janssen. 

«  Catane,  6  février  1901. 

»  J'ai  le  grand  plaisir  de  vous  faire  savoir  que  l'expérience  de  la  com- 
munication téléphonique  entre  l'observatoire  de  l'Etna  et  Nicolosi,  avec 
une  partie  du  fil  simplement  posé  sur  la  neige,  a  parfaitement  réussi. 

»  On  a  étendu  le  fil  sur  la  neige  depuis  l'observatoire  jusqu'au  bord  du 
plateau,  nommé  Piano  del  Lago ;  les  transmissions  téléphoniques  entre 
l'observatoire  et  la  Canloniera  et  île  l'observatoire  à  Nicolosi  sont  excel- 
lentes. 

»  Le  gardien,  qui  connaît  le  grand  avantage  de  l'opération  qu'il  a  exé- 
cutée, m'écrit  au  sujet  de  la  réussite  avec  le  plus  grand  enthousiasme. 

»  Quant  à  moi,  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  nos  remercîments  les 
plus  vifs,  pour  m'avoir  conseillé  cette  expérience  si  utile  et  intéressante.   » 

Remarques  sur  la  Communication  précédente  ;  par  M.  Janssex. 

«  Je  vois  avec  grande  satisfaction  la  réussite  de  la  disposition  très 
simple  que  j'avais  conseillée  à  M.  Ricco  et  qui  consiste  à  ùter  le  fil  télé- 
graphique ou  téléphonique  de  ses  poteaux,  à  le  descendre  et  à  le  placer 


(  324  ) 

tout  simplement  sur  la  neige,  dès  que  celle-ci  a  atteint  une  épaisseur  de 
quelques  centimètres. 

))  D'après  les  expériences  exécutées  au  mont  Blanc,  sous  ma  direction, 
par  MM.  Lespieau  et  Gauro,  nous  as'ons  constaté,  en  effet,  que  la  neige  ou 
la  glace  sont  des  isolants  presque  parfaits,  et  qui  permettent  des  transmis- 
sions excellentes. 

»  On  sait  que  ces  expériences  avaient  été  faites  à  la  demande  et  avec 
le  concours  matériel  de  l'Administration  des  Télégraphes,  expériences  aux- 
quelles elle  attachait  une  importance  toute  particulière. 

»  La  réussite  de  l'expérience  rapportée  par  M-  Ricco  présente  donc  un 
grand  intérêt. 

»  Désormais  les  communications  entre  Catane  et  l'observatoire  de 
l'Etna  ne  seront  jamais  interrom|)ues. 

u  On  comprend  toute  rim|)ortance  de  ce  résultat  à  l'égard  des  lignes 
placées  dans  des  conditions  semblables,  pour  la  continuité  de  leur  fonc- 
tionnement en  hiver.  C'est  un  nouveau  service  que  l'observatoire  du 
mont  Blanc  aura  rendu  à  la  Science.  » 


PHYSIQUE .    —   Lois  de  transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X  (  '  ) . 
Note  de  M.  Louis  Bexoist,  présentée  [)ar  M.  Lippmann. 

«  Après  avoir  établi,  dès  nos  premières  recherches  sur  les  rayons  X  (-), 
l'hétérogénéité  des  rayons  X  et  l'absorption  sélective  exercée  sur  eux  par 
les  corps  qu'ils  traversent,  j'ai  étudié,  pour  un  certain  nombre  de  corps, 
l'influence  de  leur  densité  et  de  leur  nature  sur  celte  absorption  (^);  j'ai 
montré  que,  en  dehors  de  quelques  cas  |)articuliers,  la  transparence  aux 
ravons  X  n'est  pas  uniquement  fonction  de  la  niasse,  mais  que  le  pouvoir 
absorbant  oa  opacité  spécifique  augmente  en  général  assez  vite  avec  la  den- 
sité. J'ai  constaté  enfin  que  les  corps  possèdent  une  propriété  que  l'on 
peut  appeler  leui'  radiochrolsme,  car  elle  est  comparable  à  la  coloration  des 
substances  transparentes  à  la  lumière,  et  en  vertu  de  laquelle  le  rapport  des 
opacités  de  deux  corps  change  avec  la  masse  traversée  et  avec  la  qualité 
des  rayons  X  employés,  le  changement  le  plus  rapide  se  produisant  du  côté 
du  corps  le  plus  dense. 


(')  Laboratoire  des  Rechercties  physiques,  à  la  Sorbonne. 

(')  L.  Benoist  et  D.  IIurmijzescu,  Comptes  rendus,  17  février  1896. 

{'')  L.  Benoist,  Coniples  rendus,  18  janvier  1897. 


(  325  ) 

»  Continuant  ces  recherches,  je  me  suis  proposé  de  les  étendre  au  plus 
grand  nombre  de  corps  possible,  et  aux  conditions  les  jjIus  variées  d'ép;iis- 
seiirs  traversées  et  de  ravons  X  employés.  L'élude  d'environ  120  corps 
simples  ou  composés  m'a,  dès  à  présent,  fourni  des  résidlats  assez  impor- 
tants et  généraux  pour  que  l'on  puisse  en  déduire  les  principales  lois  de 
transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X. 

»  Indépendamment  de  notre  méthode  électrométrique,  seule  capable  de  donner  des 
valeurs  absolues,  j'ai  employé  les  méthodes  radiosco[)ique  et  radiographique,  pour 
lesquelles  j'ai  établi  un  dispositif  donnant  les  valeurs  relatives  d'une  façon  suffisam- 
ment rapide  et  précise,  quels  que  soient  l'étal  physique  et  l'épaisseur  des  corps  étu- 
diés; ce  dispositif  comporte  en  particulier  les  précautions  nécessaires  pour  éviter 
toute  intervention  appréciable  des  rayons  secondaires  ou  S,  quelle  que  soit  leur  pro- 
venance. 

»  Appelons  équivalent  de  transparence  d'un  corps  la  masse,  évaluée  en  déci- 
grammes,  d'un  prisme  de  ce  corps  ayant  i"»'i  de  base,  et  produisant  sur  les  rayons  X 
de  qualité  déterminée,  qui  le  traversent  parallèlement  à  son  axe,  une  absorption  déter- 
minée, la  même  pour  tous  les  corps,  par  exemple  celle  que  produit  un  prisme  de  paraf- 
fine de  75"""  de  hauteur  choisi  comme  étalon  de  transparence.  Cet  équivalent  définit 
et  permet  de  calculer  l'opacité  spécifique  moyenne  du  corps  considéré  pour  l'épaisseur 
particulière  qui  correspond  à  l'étalon  choisi,  et  pour  la  qualité  particulière  de  rayons  X 
employés. 

»  La  mesure  des  équivalents  ainsi  définis  fournit  un  certain  nombre  de 
résultats  intéressants  dont  voici  les  principaux  : 

»  1°  L'opacité  spécifique  d'un  corps  (pour  des  conditions  déterminées  comme 
il  a  été  dit  plus  haut)  paraît  indépendante  de  son  état  physique;  elle  est  la 
même,  par  exemple,  pour  l'eau  et  la  glace,  etc.;  elle  est  indépeiulante  de  la 
température,  etc. 

»  2"  L'opacité  spécifique  paraît  indépendante  du  mode  de  groupement  ato- 
mique, c'est-à-dire  des  formes  cristallines,  des  états  allotropiques,  des 
conilensations  moléculaires,  aux  différences  de  pureté  chimique  luès,  bien 
entendu  :  elle  est  la  même,  par  exemple,  pour  l'alumine  anhydre  et  le 
corindon,  pour  les  diverses  formes  de  carbone  soit  cristallisé,  soit  amorphe, 
pour  le  phosphore  jaune  et  le  phosphore  rouge,  etc.;  enfin  pour  des  corps 
isomères,  tels  que 

L'aldéhyde  benzylique,  C'H'O,  qui  donne E:=6ie'' 

Et  pour  la  benzoïne,  G'*H'^0^,  qui  donne E  ^  ôoS',  5 

»  3"  L'opacité  spécifique  paraît  indépendante  de  l'état  de  liberté  ou  de 
combinaison  des  atomes,  et  l'équivalent  de  transparence  d'un  mélange  ou 


(  326  ) 

d'une  combinaison  peut  se  calculer  au  moven  des  équivalents  de  leurs  élé- 
ments constitutifs,  sauf  à  tenir  compte,  s'il  y  a  lieu,  de  la  différence  de 
qualité  dans  l'absorption  sélective,  c'est-à-dire  du  radiochroïsme  particulier 
de  ces  éléments.  Il  en  est  de  même  pour  le  calcul  inverse.  Exemples: 

Silicium   (mesuré  ) E=:i5,7)      ,,  l  calculé  .  .      E  =:    24 

r»        •        /              ■\  c        //    K         "^O"     quartz  •■  ■  •  I?  / 

Oxygène  (mesure) Ii=:44i5  1  (   mesure.,      b,  =    24,1 

Lithine  caustique  (mesuré).  St       1      ,,         ,.  ,  .  (  calculé..  ii3,8 

_         ,        ,        ^    ,,  ,,   ^  }     d  où     lithium...  ,  „ 

Oxygène  (mesure) 44j5  )  (  mesure..  lia 

»  En  un  mol,  l'opacité  spécifique,  rapportée  à  des  conditions  bien  dé- 
terminées, constitue  une  nouvelle  propriété  addilive  des  corps,  comme  la 
masse,  lepoidsatomique,  la capacitécalorifique  atomique,  etc.,  avec  l'avan- 
tage d'être  indépendante  de  toutes  les  causes  qui  font  varier  cette  dernière. 

»  Cette  propriété,  paraissant  dépendre  uniquement  de  la  nature  des  atomes,  con- 
duit à  rechercher  une  relation  entre  les  poids  atomiques  des  dilFérents  corps  simples 
et  leurs  équivalents  de  transparence  pris  dans  certaines  conditions  déterminées.  Por- 
tant les  poids  atomiques  en  abscisses  et  les  équivalents  en  ordonnées,  j'ai  pu  réunir  tous 
les  points  obtenus  par  une  courbe  régulière,  d'allure  hyperbolique,  ne  laissant  subsis- 
ter que  de  petits  écarts  qu'il  est  possible  d'expliquer  soit  par  un  défaut  de  pureté 
absolue  des  échantillons  étudiés,  soitpar  de  légères  variations  de  qualité  des  rajons  X 
employés.  En  même  temps,  j'ai  tracé  l'hyperbole  équilatère  passant  par  l'un  des  points 
extrêmes,  celui  du  lithium,  et  qui  a  pour  asymptotes  l'axe  des  poids  atomiques  et  celui 
des  équivalents.  Les  deux  courbes,  sensiblement  confondues  pour  les  poids  atomiques 
les  plus  faibles,  s'écartent  ensuite  notablement  l'une  de  l'autre,  mais  avec  un  maximum 
d'écart  dans  la  région  des  poids  atomiques  4o  à  5o,  où  se  trouve  le  sommet  de  la 
courbe. 

»  La  courbe  obtenue  représente  une  loi  générale  de  transparence  de  la 
matière  pour  des  conditions  déterminées  d'épaisseur  et  de  rayons  X,  dans  les- 
quelles l'opacité  spécifique  est  liée  au  poids  atomique  par  une  relation  gé- 
néralement plus  complexe  que  la  simple  proportionnalité. 

»   Mais  on  peut  passer  de  ces  conditions  à  d'autres  par  trois  procédés  principaux  : 

»  En  modifiant  l'état  du  tube  radiogène,  le  ramollissant  ou  le  durcissant  par 
chauffage,  osmorégulalion,  etc.; 

»  En  modifiant  l'épaisseur  étalon,  ce  qui  entraîne  pour  les  corps  étudiés  une  varia- 
tion correspondante  de  masse,  et  par  suile  une  sélection  plus  ou  moins  complète  des 
rayons  X  qui  les  traversent; 

»  En  interposant  entre  le  tul)e  radiogène  et  les  corps  étudiés  des  écrans  plus  ou 
moins  radiochroïques  {plomh,  soufre,  etc.)  et  plus  ou  moins  épais. 

»  On  voit  alors  les  équivalents  de  transparence  augmenter  ou  diminuer  ensemble, 
mais  non  de  quantités  proportionnelles,  ce  qui  correspond  à  une  déformation  progrès- 


(  327) 

sive  de  la  combe  initiale.  En  d'autres  termes,  on  obtient  un  faisceau  de  courbes  d'iso- 
transparence  dont  chacune  représente  une  loi  particulière  de  transparence  de  la  ma- 
tière; les  unes  s'éloignent  de  l'hyperbole  éi|uilatère,  elles  correspondent  à  des  rayons  X 
très  mous  et  peu  pénétrants;  les  autres  s'en  rapprochent  au  contraire  et  la  comprennent 
même  quand  les  rayons  X  deviennent  plus  durs  et  plus  pénétrants,  ou  quand  on  in- 
terpose des  écrans  plus  radiochroïques  et  plus  épais. 

»   On  peut  (lonr  formuler  une  quatrième  conclusion  : 
»   4°  L'opacité  spécifique  des  corps  simples,  mesurée  dans  des  conditions  bien 
définies ,  est  une  fonction  déterminée  et  croissante  de  leur  poids  atomique, 
affectant  la  forme  d'une  proportionnalité  directe,  pour  des  rayons  X  suffi- 
samment pénétrants  et  suffisamment  homogènes.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  convection  électrique  (  '  ).  Nt)te  de 
M.  V.  Crémieu,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Dans  une  précédente  Note  (-),  j'ai  exposé  comment  j'avais  repris  les 
expériences  de  M.  Rowland  et  de  M.  Himstedt,  et  montre  rpie  les  dévia- 
tions obtenues  par  ces  savants  semblaient  être  dues  à  d'antres  causes  que 
l'effet  magnétique  de  la  convection  électrique. 

»  Dans  tous  ces  essais,  on  étudiait  l'effet,  sur  une  aiçiiille  aimantée,  d'un 
disque  électrisé  tournant  entre  des  armatures  fixes  reliées  au  sol  et  inter- 
posées entre  le  disque  et  l'aiguille. 

»  Le  rôle  joué  par  ces  armatures  n'est  pas  facile  à  déterminer;  on  a 
objecté  qu'il  pourrait  suffire  à  expliquer  à  la  fois  le  résultat  positif  de 
M.  Rowland  et  le  résultai  négatif  de  mes  essais,  tout  en  laissant  entière  la 
question  de  l'existence  de  l'effet  magnétique  delà  convection. 

))  J'ai  alors  entrepris  une  nouvelle  expérience  dans  laquelle  aucune 
couche  métallique  ne  se  trouve  interposée  entre  l'aiguille  et  le  disque 
tournant. 

»  Un  disque  en  ébonile  D  {fig.  i)  tourne  sur  un  moyeu  M  autour  d'un  axe  fixe  AA. 
Il  est  doré  suivant  tiois  secteurs  SS  (fig-  2);  chaque  secteur  communique  par  une 
bande  dorée  avec  un  plot/?  placé  sur  le  moyeu  M  dans  un  anneau  d'ébonite.  J^es  sec- 
teurs sont  très  soigneusement  isolés  les  uns  des  autres.  Chacun  d'eux  est  en  outre 
divisé,  par  de  petits  traits  radiaux  tt  de  2"°"  de  large,  en  une  série  de  petits  secteurs 


(')  Travail  effectué  au  Laboratoire  de  Recherches  physiques,  à  la  Sorbonne. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  797;  1900. 


(  328  ) 

communiquant  seulement  par  leur  partie  interne,  ainsi  que  le  montre  une  partie  du 
secteur  SjSi  {fig.  i). 


Fis. 


B    *  a  B 
D 


Fig.  2. 


C    O 


»  La  moitié  inférieure  du  disque  est  comprise  entre  deux  plateaux  de  verre  CC 
recouverts,  sur  leurs  faces  externes,  de  papier  d'étain  relié  au  sol.  Les  dimensions 
sont  telles  que  la  capacité  électrostatique  C.G.S.  d'un  secteur  SS  compris  entre  ces 
deux  plateaux  est  sensiblement  égale  à  i4o. 

»  La  moitié  supérieure  du  disque  est  comprise  entre  deux  plateaux  d'ébonile  BB, 
recouverts  d'étain  sur  leurs  faces  extérieures,  et  distants  du  disque  de  lo™™,  de  façon 
à  pouvoir  placer  un  système  asiatique  au  voisinage  immédiat  du  disque  et  plus  près 
de  celui-ci  que  des  plateaux  fixes. 

»  De  plus,  le  papier  d'étain  qui  recouvre  ces  plateaux  a  été  enlevé  suivant  un  sec- 
teur de  60"  RRR,  dont  la  bissectrice  correspond  à  la  région  qu'on  veut  étudier  avec  le 
système  asiatique . 

»  Un  balai  E  permet  de  charger  les  secteurs;  il  est  disposé  de  telle  façon  que 
chaque  secteur  se  charge  au  moment  où  il  est  compris  entre  les  plateaux  i  nférieurs  CG. 
Il  s'isole  ensuite  et  vient  agir  sur  le  système  asiatique.  Les  sillons  II  sont  destinés  à 
limiter  les  courants  de  conduction  qui  se  produisent  dans  chaque  secteur  par  suite  du 
passage  de  la  grande  capacité  CG  à  la  faible  capacité  BB . 

»  J'ai  essa3'é  plusieurs  formes  de  S3siènies  asiatiques  protégés  seulement  des  cou- 
rants d'air  par  un  écran  diélectrique.  Mais,  dans  ces  conditions,  il  est  impossible  de 
supprimer,  par  syrnéiiie  seule,  les  effets  électrostatiques  directs. 

»  J'ai  alors  opéré  avec  un  système  asiatique  constitué  par  des  aiguilles  fixées  sur 


(  ^29  ) 

une   feuille  de  mica,   protégé   par  des   écrans  électriques  en  papier  graphité,  ou  en 
papier  d'étain,  ou,  enfin,  en  cuivre  rouge  de  ^  de  millimètre  d'épaisseur. 

»  Le  système  a  été  placé  d'abord  dans  le  plan  du  disque  tournant,  l'aiguille  infé- 
rieure à  12°"°  au-dessus  du  bord  supérieur  du  disque,  puis  je  l'ai  déplacé  en  avant  du 
disque  en  le  rapprochant  peu  à  peu  du  centre. 

»  Les  données  des  expériences  étaient  les  mêmes  que  dans  la  série  pré- 
cédente ('). 

»  f  ai  constaté  ainsi  (jite  le  disque  tournant  chargé  ne  produit  aucun  effet 
magnétique. 

»  Mais  j'ai  trouvé  en  même  temps  qu'il  est  très  facile  d'obtenir  des  dé- 
viations présentant  tous  les  caractères  de  réversibilité  attendus  des  effets  de 
la  convection,  et  s'accordant  même  avec  ceux-ci  comme  ordre  de  grandeur. 

»  Seulement  ces  déviations  sont  toujours  d'origine  électrostatique  ou 
causées  par  des  étincelles  ou  des  aigrettes. 

»  On  les  observera  chaque  fois  que  le  système  suspendu  n'aura  pas  été 
très  soigneusement  déséleclrisé  et  ne  sera  pas  protégé  par  un  écran  élec- 
trique très  bon  conducteur.  Un  tube  de  papier  graphité,  qui  constitue  pour 
des  corps  au  repos  un  écran  électrique  partait,  est  tout  à  fait  insuffisant 
lorsque  ces  corps  se  déplacent  très  rapidement. 

»  D'ailleurs,  j'ai  vérifié  par  toute  une  série  de  recherches  que  les  dévia- 
tions obtenues  restaient  les  mômes  si  l'on  supprimait  sur  la  lame  de  mica 
les  aiguilles  aimantées;  quant  à  leur  ordre  de  grandeur,  on  le  fait  varier  à 
volonté  en  changeant  plus  ou  moins  la  charge  électrique  de  la  lame  de  mica. 

»  En  remplaçant  le  mica  par  de  l'aluminium,  on  a  encore  des  phéno- 
mènes analogues,  mais  réversibles  seulement  avec  le  signe  de  la  charge 
et  plus  avec  le  sens  de  la  rot.ition.  La  polarisation  du  mica  doit  donc  in- 
tervenir. 

»  La  direction  des  courants  d'air  électrisés  provenant  de  la  rotation  du 
disque  joue  aussi  un  rôle,  mais  il  est  très  difficile  de  le  définir  exactement. 

»  Enfin,  toutes  les  fois  que  le  système  suspendu,  quel  qu'il  soit,  est  pro- 
tégé par  un  écran  électrique  très  conducteur,  on  ne  peut  obtenir  aucune 
déviation  de  cette  nature. 

»  De  plus,  il  arrive  souvent  qu'au  momeut  où  l'on  change  le  signe  de  la 
charge  du  disque,  une  étincelle,  ou  même  une  sorte  de  pinceau  de  décharge 
à  peine  lumineux,  se  produit  entre  le  disque  et  les  plateaux  fixes. 

»   Ceci  cause,  sur  l'aiguille  aimantée,   des  impulsions  réversibles  à  la 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  797;  1900. 

C.  R.    1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  6.)  4^ 


(  33o  ) 

fois  avec  le  signe  de  la  charge  et  le  sens  de  la  rotation  ;  le  peu  de  stabi- 
lité du  zéro  de  systèmes  aussi  sensibles  fait  qu'il  peut  résulter  de  ces 
impulsions  des  déviations  permanentes  faibles. 

»  D'ailleurs,  la  disposition  même  de  ces  expériences,  dans  lesquelles  un 
appareil  d'observation  extrêmement  délicat  et  sensible  se  trouve  placé 
dans  une  région  qui  est  le  siège  de  perturbations  de  toute  nature,  rend 
très  difficile  l'élimination  des  causes  d'erreur.  Les  bonnes  séries  de  lec- 
tures sont  rares.  Il  est  très  explicable  qu'on  ait  pu  se  tromper. 

»  Avec  la  méthode  que  j'ai  employée  auparavant  (')  et  où  j'observais 
les  effets  d'induction  de  la  convection  électrique,  les  résultats  étaient 
beaucoup  plus  nels,  simplement  parce  que  l'appareil  de  mesure,  un  gal- 
vanomètre, pouvait  être  placé  aussi  loin  qu'on  voulait  de  l'appareil 
d'expérience. 

»  Mais  le  résultat  final  demeure  le  même,  et  il  paraît  bien  établi  que, 
dans  les  conditions  des  expériences  de  MM.  Rowtand  et  Ilimstedt,  et  dans  les 
miennes,  la  convection  électrique  ne  produit  pas  d'effet  magnétique.   » 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  impressions  musicales  (phvsico  et  psjchophysiologiey 
Note  de  M.  Firihin  Larroque,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Le  phénomène  de  synchronisation  des  éléments  de  l'accord  musical 
sur  lequel  est  basée  ma  théorie  de  Vimpression  globale  hannonique  résul- 
tant de  réactions  intervibratoires  qui  ne  peuvent  s'exercer  qu'au  moment 
et  au  point  d'émission,  il  s'ensuit  que,  lorsque  la  synchronisation  n'a  pas 
lieu,  l'impression  perçue  ne  peut  être  que  polyphonique. 

»  Lorsque  l'émission  des  composants  d'un  accord  n'est  pas  synchrone, 
ce  ne  peut  être  que  par  un  phénomène  de  mnésie  que  l'auditeur  croit  per- 
cevoir Vimpression  harmonique  globale  concurremment  avec  V impression 
polyphonique,  qui  seule  est  réelle. 

»  J'ai  montré  comment  on  est  conduit  à  admettre  l'existence  de  trois 
types  de  vibration  nerveuse,  caractérisés  par  la  forme  de  l'amortissement, 
et  à  supposer  que  le  phénomène  dénommé  inbration  nerveuse  est  con- 
stitué physiquement  par  un  ensemble  vibratoire  divisible  en  trois  phases  : 
phase  d'amplitude  croissante,  phase  d'amplitude  stationnaire,  phase  d'a- 
mortissement. L'expérience  confirme  cette  manière  de  voir. 

(')  Comptes  rendus,  l.  GXXX,  p.  i544;  1900. 


(  33i  ) 

M  Si,  par  exemple,  on  recherche  quel  est  le  régime  de  courant  électrique 
le  mieux  approprié  à  la  production  de  contractions  musculaires  au  nombre 
de  lo  par  seconde,  la  question  se  présente  de  la  façon  suivante  :  la  décharge 
du  condensateur,  qui  n'est  au  fond  que  lamortissemeiit  d'une  impulsion 
unique  de  courant,  ne  peut  être  utilisée;  le  courant  sera  de  force  électro- 
motrice aussi  peu  élevée  que  possible,  et  astreint  à  a  arier  d'intensité,  en 
moins  de  jj  de  seconde,  continûment  ou  par  ondulation,  de  zéro  à  un 
maximum;  il  peut  encore  être  alternatif. 

»  Les  expériences  que  j'ai  faites  sur  moi-même  ont  établi  que  le  courant 
alternatif  devait  être  éliminé  et  que  le  courant  croissant  ondiilatoirement 
était  le  plus  favorable  à  la  production  de  la  contraction  périodique.  La 
corrélation  existant  entre  le  régime  du  courant  d'excitation  et  celui  de  la 
vibration  nerveuse  est  évidente. 

»  Une  autre  confirmation  de  mes  idées  théoriques  m'a  été  fournie  par 
les  impressions  visuelles.  Au  moyen  d'écrans  appropriés,  j'ai  fait  varier 
l'éclairement  d'une  page  imprimée,  de  façon  que  pendant  la  durée  d'une 
émission  (d  y  en  avait  lo  par  seconde)  il  restât  uniforme  ou  bien  crût  con- 
tinûment ou  ondulatoiicmeut.  J'ai  trouvé  que  l'éclairement  ondulatoire- 
ment  croissant  (avec  petit  stade  final  de  luminosité  maximum)  est  le  plus 
favorable  à  la  netteté  de  la  vision.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  formation  et  la  décomposition  des  acétals. 
Note  de  M.  Marcel  Deléi>i.\k. 

«  Dans  mes  précédentes  recherches  thermochimiques  sur  les  acétals 
d'alcools  monavalents  et  plurivalents  {Comptes  rendus,  t.  CXXXL  p.  684 
et  74Ô;  1900),  j'ai  indiqué  que  la  réaction  génératrice  devait  être  limitée 
par  la  réaction  inverse  de  l'eau  sur  l'acétal  formé;  soit 

R  -  CHO  +  2R'(OH)^R  -  CH(OR')--f-  FPO. 

»  Cette  notion  de  limite  ne  me  paraît  pas  avoir  été  jusqu'ici  exprimée  et 
je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'exposer  quelques  résultats; 
les  détails  des  expériences  paraîtront  ailleurs  et  les  faits  antérieurement 
découverts  par  d'autres  auteurs  y  seront  en  môme  temps  signalés. 

»  Le  point  dominant  est  que  les  lois  qui  régissent  la  formation  et  la 
décomposition  des  acétals  se  rapprochent  singulièrement  de  celles  de 
l'éthérification  et  de  la  saponification  :  on  ne  saurait  mieux  dire  que  les 


(  332  ) 

acétals  sont  des  éthers  de  l'aldéhyde  fonctionnant  comme  une  sorte 
d'acide  bibasique.  Si  l'on  fait  abstraclion  de  leur  stabilité  vis-à-vis  de  l'eau 
ou  des  alcalis,  qui  les  fait  ressembler  aux  étliers-oxydes,  leurs  autres  pro- 
priétés les  rendent  assimilables  aux  éthers-sels. 

»  Les  expériences  ont  surlout  porté  sur  le  méthylal,  qui  peut  être  ici  pris  pour  type, 
comme  l'éther  acétique  l'est  pour  les  éthers-sels,  mais  j'ai  aussi  étudié  sommairement 
d'autres  formais,  comme  ceux  des  alcools  éthylique,  propylique,  ceux  du  glycol, 
de  l'érythrite,  de  la  mannite,  et  même  aussi  l'acétal  de  ce  dernier  polyalcool.  L'avan- 
tage des  formais  réside  en  ce  que  l'aldéhyde  formique  peut  se  doser,  soit  par  la  mé- 
thode de  Romijin  (par  1  en  sol.  alcaline),  soit  par  celle  de  MM.  Brochet  et  Cambier 
(action  du  chlorhydrate  d'hydroxylamine).  ^'oici  les  principaux  résultats,  accom- 
pagnés de  quelques  exemples  destinés  à  les  éclaircir. 

»  La  réaction  est  limitée  et  la  limite  est  la  même,  que  l'on  parte  des  composants  ou 
de  l'acétal  et  de  l'eau.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  le  système  CH^0  +  2CH*0 
a  fourni  0,76  du  méthylal  possible,  après  quelques  heures  à  100°,  tandis  que  le  sys- 
tème inverse  CH-(OCH^)-  +  H'O  a  cessé  de  se  décomposer  lorsque  0,22  du  méthylal 
furent  dédoublés;  de  même,  le  système  CH-0-|-4CH'0  a  fourni  0,916  de  méthylal 
alors  que  le  système  réciproque  CH''(OCH^)  -+-  2  GH'O  +  H^O  a  laissé  subsister  0,918 
de  méthylal.  II  en  est  encore  ainsi,  même  s'il  y  a  primitivement  de  l'eau  ;  les  systèmes 
réciproques  de  l'érythrite,  par  exemple, 

2C:H=0-t- OH«(OH)*+8H20         et         C'H<'0*(CH'-)2-h  loH^O 

ont  cessé  de  réagir  lorsque  0,576  du  diformal  de  l'érythrite  furent  formés,  d'une  part, 
et  lorsqu'il  resta  0,578  de  ce  même  diformal,  d'autre  part.  La  mannite,  le  glycol  don- 
nèrent des  résultats  analogues  ;  enfin,  le  triacélal  de  la  mannite  en  présence  de 
3  X  i6,H'P  laissa  subsister  o,33  de  l'acétal  primitif. 

»  La  présence  de  l'eau  abaisse  la  limite.  C'est  ce  que  montre  le  Tableau  écourté 
suivant,  tiré  indifféremment  des  réactions  directes  ou  inverses  : 


Limite. 

Liinite. 

Méthylal 

-r         H^O... 

0,78 

Diformal  de  l'érythrite     -t-  2  x 

IPO.. 

•      0,89 

» 

H-     4H=0... 

o,58    ■ 

»                                2  X 

5H'-0.. 

•      0,57 

» 

H-i28H^O... 

0,02 

»                                2  X 

i6H-0.. 

.      0,42 

Formai  dipi 

ropyl. 

-+-       IPO... 

0.785 

Triformal  de  la  mannite  +  8  x 

5H=0.. 

•  .   0,75 

» 

H-  641PO... 

0,06 

»                        -1-3  XI 

28IPO.. 

.        0,32 

Si  ce  Tableau  était  complet,  on  y  remarquerait  assez  nettement  que  les  limites  les 
plus  élevées  en  présence  d'une  même  dose  d'eau  appartiennent  aux  formais  d'alcools 
polyatomiques  que  j'ai  signalés  comme  dégageant  d'autant  plus  de  chaleur  (à  partir  du 
système  :  aldéhyde  -t-  alcool)  que  l'atomicité  était  plus  élevée.  On  y  verrait  aussi  que  les 
formais  du  méthar.ol,  de  l'élhanol,  du  jiropanol  et  du  glycol  ont  pour  limite  environ 
0,76-0,78,  quand  il  n'y  a  pas  d'eau  à  l'origine  de  la  réaction  formatrice,  tandis  que 
j)Our  l'érythrite  cette  limite  est  0,89  et  qu'elle  est  vraisemblablement  plus  élevée  en- 
core pour  la  mannite.  Mais  ici,  les  conditions  physiques  de  solubilité  paraissent  inter- 


(  333  ) 

venir  trop  efficacement  pour  que  la  discussion  de  ces  résultats  puisse  être  engagée 
avec  certitude,  et  ces  mêmes  conditions  contribuent  puissamment  à  donner  à  chaque 
acétal  un  caractère  propre  qui  manque  davantage  aux  élhers-sels. 

»  La  présence  d'un  excès  d'alcool  ou  d'aldéhyde  élève  la  limite,  mais  inégale- 
ment (')  ;  cela  résulte  des  valeurs  suivantes  : 

CH20-H2CIPO...     limiizo,78  CIP0  4-2CH*0-i-i5PP0...     Iim  =  o,3o3 

ch20h-4ch»o...  0,91         ciPO  +  4CH'0-f-i5n^o...        =0,545 

2CH°-0H-2CH>0-M5ir-0...  =0,36 

»  La  température  active  les  réactions;  c'est  là  une  observation  qui  n'a  rien  de 
spécial.  Il  est  inutile  de  dépasser  100°,  s'il  y  a  en  présence  un  agent  auxiliaire. 

»  La  présence  des  acides  est  extrêmement  efficace  comme  agent  auxiliaire  et  peut- 
être  est-elle  nécessaire  pour  la  décomposition.  A  cet  égard,  je  citerai  les  expériences 
suivantes  :  le  système  CH2(  OCII')^-t- 16II-O  n'a  pas  donné  d'indice  de  décomposi- 
tion après  quarante  heures  à  100°,  en  l'absence  d'acide,  et  tout  au  plus  1  pour  100 
après  deux  cent  seize  heures;  alors  qu'avec  de  l'eau  contenant  2  pour  100  d'HCl  la 
réaction  est  complète  après  quelques  heures  et  probablement  même  en  moins  d'une. 
A  la  température  ordinaire,  la  réaction  devient  assez  lente  pour  qu'on  puisse  suivre 

les    progrès    de    la    réaction    en    présence   d'eau    acidulée,  au    titre   IICIN,   IICI— , 

2 
N 
SO*H^— ,   ••••    Sans  donner  le  détail  des  nombreuses  déterminations  faites  sur  la 

marche  de  la  décomposition,  je  rappellerai  seulement  que  la  vitesse  de  cette  décompo- 

N        . 
sition  est  plus  rapide  avec  HCIN  qu'avec  HCl— 5  qui  surpasse  lui-même  de  beaucoup 

N  N       .  .  .  N 

HCl -3:  enfin,  SO*H'—  active  près  de  2,5  fois  moins  que  IICI—  et  l'acide  acétinue 
it)  2  2  ^ 

a  une  action  extrêmement  faible.  Ces  résultats  viennent  se  ranger  à  côté  de  tous  ceux 

que  l'on  connaît,  soit  sur  la  saponification,  soit  sur  l'interversion. 

»  Il  y  a  avantage  à  employer  un  excès  d'alcool  plutôt  que  l'excès  correspondant 
d'aldéhyde. 

»  La  formation  peut  avoir  lieu  en  l'absence  d'acides,  mais  elle  est  singulièrement 
favorisée  par  leur  présence;  faits  encore  essentiellement  analogues  à  ceux  que  l'on 
observe  dans  l'éthérification  (M.  Bertoelot,  A/ui.  de  Chimie  et  de  Phys.,  5"  série, 
t.  XV,  p.  220;  1878). 

»  Enfin,  la  décomposition  et  la  formation  des  systèmes  agissant  en  présence  de  IICI 
peut  se  représenter  en  fonction  du  temps  par  des  logarithmiques,  courbes  ordinaires 
de  ce  genre  de  réactions. 

))  Bien  entendu,  la  nature  de  l'acide  et  sa  concentration,  si  elle  n'est  pas  trop  grande, 
ne  changent  rien  à  la  limite.  Celle-ci  paraît  seulement  diminuer  un  peu  par  l'élévation 
de  température. 

»  Tels  sont  les  faits  principaux  qui  mettent  la  limite  hors  de  doute.  Une 
dernière  question  se  pose.  Certains  corps  réputés  être  des  acétals,  les  sac- 
charoses ou  bioses,  par  exemple,   onl-ils  une  limite  de  dédoublement  ? 


(  334  ) 
A  priori,  il  semble  que  non  ;  mais  il  faut  réfléchir  que  l'on  fait  toujours  in- 
tervenir beaucoup  d'eau,  et  que  parties  égales  de  biose  et  d'eau  constituent 
déjà  un  système  de  20  molécules  d'eau  pour  i  molécule  de  biose.  Or, 
M.  Wohl  nous  a  appris  qu'en  solution  concentrée  il  y  a  réellement  des 
phénomènes  de  retour,  de  réversion;  ceux-ci  attestent  évidemment  l'exis- 
tence d'une  limite  analogue  à  celle  des  acétals.  Mais  ce  n'est  pas  tout,  le  but 
est  souvent  dépassé;  le  biose  formé  peut  réagir  en  vertu  de  réactions  ana- 
logues qui  se  poursuivent,  et  ainsi  naissent  les  substances  dextriniformes 
qui  peuvent  masquer  le  produit  primordial  de  la  réversion  et  en  rendre 
l'extraction  très  pénible.  Il  suffira  de  rappeler  l'histoire  de  l'isomaltose  de 
M.  Ém.  Fischer.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l' élimination  du  méthane  dans  l'atmosphère. 
Note  de  M.  V.  Urbain,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  La  composition  de  l'air  atmosphérique  a  été  l'objet  dans  ces  dernières 
années  de  remarquables  travaux.  Mais  il  est  un  point  qui,  depuis  les 
recherches  des  premiers  chimistes  du  siècle,  paraît  avoir  été  négligé  : 
c'est  le  mécanisme  de  l'élimination  du  méthane. 

»  Ce  gaz  se  dégage  en  abondance  à  la  surface  de  la  terre  :  indépendam- 
ment des  sources  de  ce  gaz  qui  existent  dans  beaucoup  de  pays,  ce  carbure 
est  un  produit  constant  de  la  fermentation  des  matières  cellulosiques. 
Popoff  a  démontré  qu'à  l'abri  de  l'air,  les  substances  hydrocarbonées  se 
décomposent  en  acide  carbonique,  eau  et  méthane,  ce  dernier  gaz  présen- 
tant un  volume  sensiblement  double  du  premier. 

»  Cependant  les  résultats  des  analyses,  faites  en  1884  par  MM.  Mûntz  et 
Aubin  et,  en  1900,  par  M.  Arm.  Gautier,  comparés  à  ceux  obtenus  par 
Boussingault,  montrent  que  la  proportion  du  méthane  dans  l'air  atmo- 
sphérique n'a  pas  augmenté.  Ce  gaz,  comme  l'acide  carbonique,  doit  donc 
être  éliminé  au  fur  et  à  mesure  qu'il  se  produit. 

»  Abandonnant  l'ancienne  hvpothèse  de  Volta  qui  pensait  que  le 
méthane  devait  être  brûlé  par  l'oxygène  de  l'air  sous  l'influence  de  la 
foudre  et  que  cette  combustion  était  la  cause  des  aurores  polaires,  Davy 
ayant  démontré  qu'un  volume  de  méthane,  dilué  de  17  volumes  d'air,  ne 
s'enflamme  plus,  et  supposant  que  le  formène  pouvait  être  lentement 
oxydé  par  l'ozone  atmosphérique,  j'ai  fait  passer  dans  l'ozoniseur  de 
M.  Berlhelot  un  très  lent  courant  d'air  contenant  1  pour  100  de  méthane. 
Voici  les  résultats  de  l'expérience  : 


(  335  ) 

»  2'"  d'air  contenant  ao'*^  de  méthane  ont  traversé  l'ozoniseur.  Durée 
de  l'expérience  :  cinq  heures.  Retrouvé  dans  le  gaz  fortement  ozone  sor- 
tant de  l'appareil  iS*^",  7  de  méthane. 

»  Ainsi,  dans  ces  conditions  éminemment  plus  favorables  que  celles  qui 
peuvent  exister  dans  l'atmosphère,  le  tiers  à  peine  du  gaz  carburé  a  été 
brûlé.  Il  est  donc  bien  difficile  d'admettre  que  l'ozone  fut  l'unique  cause 
de  l'élimination  du  méthane  atmosphérique. 

»  J'ai  supposé  alors  que  les  plantes  pouvaient  jouer  vis-à-vis  du  méthane 
le  rôle  qu'elles  jouent  vis-à-vis  de  l'anhvdride  carbonique.  Pour  justifier 
celte  hypothèse,  j'ai  enfermé  hermétiquement  des  plantes  dans  des  vases 
de  verre  contenant  environ  iSgo*^*^  d'air  additionné  d'un  volume  connu 
de  méthane.  Les  racines  des  plantes  plongeaient  dans  une  couche  de  sable 
humide.  Pour  doser  le  méthane  à  la  fin  de  l'expérience,  je  déplaçais  les 
gaz  remplissant  le  vase  par  de  l'eau  et  je  les  faisais  passer  d'abord  dans  des 
tubes  à  potasse  caustique  et  à  ponce  sulfurique,  puis  sur  une  colonne 
d'oxyde  de  cuivre  de  o™,8o  de  longueur,  chauffé  au  rouge,  pour  brûlerie 
carbure  d'hvdrogène,  et  enfin  dans  de  nouveaux  tubes  à  ponce  sulfurique 
et  à  potasse.  Voici  quelques  résultats  d'expériences  (' )  : 

Volume  Proportion  Volume  du  méthane 

de                   du  Durée                       — ^ — ^- ^ 

Dates                    méthane        méthane  de  l'expé-  retrouvé 

des  expériences.         introduit,  dans  l'air.  rience.  disparu.      dans  l'appareil, 

oc  jours  co  ce 

Juin    1895 5o                  À  ^  38  12 

Juin    189.5 100  -jV  »  80,5  '9)5 

Août   1895 100  -pj  II  78)7  a  1,3 

Septembre   1895....  loo  -^  10  82  18 

Septembre  1897....  24  -^  7  24  o 

Septembre   1897  ....  100  -^  10  74  26 

Octobre   1897 24  Vo  '"  ^"^  4 

Septembre   1900  .  .  .  .  4t>  3V  7  2'  '9 

»  Pour  apprécier  les  causes  d'erreur  que  comportait  cette  méthode  expé- 


(')  Ces  expériences  datent  de  plusieurs  années;  je  ne  les  avais  pas  publiées,  par 
suite  des  nombres  souvent  peu  concordants  que  j'avais  obtenus  pour  le  carbone  et 
l'hydrogène  dans  le  dosage  du  méthane.  Les  recherches  récentes  de  M.  Arm.  Gautier 
expliquent  ces  discordances.  J'ai  calculé  le  volume  du  méthane  non  absorbé  dans  ces 
expériences  par  la  quantité  de  l'hydrogène  brûlé  par  l'oxyde  de  cuivre. 


(  336  ) 

rimentale,  notamment  la  solubilité  du  méthane  clans  l'eau  servant  au 
déplacement  du  gaz,  j'ai  fait  quelques  expériences  sans  mettre  de  plantes 
dans  l'appareil  : 

ce  jours  cr^  on^'r 

Juillet  1895 ^o  Jj  8  i,a  38,5 

Juillet  1895 24  Jj-  »  1,2  22,8 

»  Les  quantités  de  méthane  absorbées  par  les  plantes  dans  ces  condi- 
tions ont  donc  varié  de  20'''=  à  Sî».*^*^. 

))  Ces  résultats  semblent  démontrer  que  ce  sont  les  végétaux  qui,  en 
absorbant  le  méthane,  s'opposent  à  son  accumulation  dans  l'atmosphère  et 
justifient  une  fois  de  plus  le  rôle  qu'on  leur  attribue  généralement  de  puri- 
ficateurs de  l'air.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  ct/iers  d' acides  gras  monobasiques  sur  les 
combinaisons  organomagnésiennes  mixtes.  Note  de  M.  Y.  Grigivard, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  signalé  récemment  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i322)  la  forma- 
tion des  combinaisons  organomagnésiennes  de  la  forme  RMgl  ou  RMgBr 
et  j'ai  indiqué  leur  action  sur  les  aldéhydes  et  les  cétones.  Les  synthèses 
que  j'ai  réalisées  dans  cette  voie,  et  qui  seront  prochainement  publiées  en 
détail,  me  permettent  d'affirmer  que  cette  nouvelle  méthode,  outre  ses 
avantages  particuliers  de  simplicité,  de  rapidité  et  de  rendement,  est 
beaucoup  plus  générale  que  celle  de  Wagner-Saztzeff. 

»  Poursuivant  mes  recherches,  j'ai  étudié  l'action  de  ces  combinaisons 
sur  les  éthers  d'acides  gras  monobasiques  et  particulièrement  sur  les 
éthers  formique  et  acétique. 

»  On  sait  en  effet  que  les  composés  organozinciques,  en  dehors  du  zinc 
allyle,  ne  réagissent  que  sur  les  éthers  formiques,  et  encore  avec  de  mé- 
diocres rendements.  J'ai  reconnu  que  l'emploi  des  combinaisons  organo- 
magnésiennes permettait,  comme  dans  les  cas  précédemment  étudiés,  de 
généraliser  la  méthode. 

»  I.  Pour  étudier  la  réaction,  j'ai  fait  réagir  réllijl-bronuire  de  magnésium  sur  le 
formiale  d'éthyle  et  j'ai  reproduit  ainsi  le  diétliylcarbinol  avec  un  rendement 
de  73  pour  100.  La  réaction  se  passe  vraisemblablement  en  deux  phases  comme  avec 


(  337   ' 

les  composés  organozinciques  : 

/OMgBr 
1°  HCO''G2H5  +  C2H5MgBi=HC-OC^H=; 

/OMgBr  --OMgBi- 

a»  HC-OC^H=  +C2H=MgBi— HC-G^H*      +G^H=OMgBi. 

»  Le  produit  de  la  première  phase  reste  dissous  dans  l'éther,  celui  de  la  deuxième 
se  sépare  au  bout  de  quelques  heures  sous  forme  d'un  liquide  visqueux  qu'on  décom- 
pose par  l'eau. 

»  Mais  avec  les  termes  plus  élevés  la  réaction  est  différente  et  conduit  à  des  résul- 
tats particulièrement  intéressants. 

»  Par  l'action  de  risoaraylbromure  de  magnésium  sur  le  formiate  d'éthjle,  on 
obtient,  en  eflet,  un  liquide  incolore  mobile,  d'odeur  faible,  agréable,  bouillant 
à  iGOO-ioi»  sous  S"'"  et  qui  n'est  pas,  comme  on  devrait  s'y  attendre,  le  diisoamylcar- 
binol,  mais  le  formiate  de  cet  alcool  (  '  ) 

»  Saponifié  par  la  potasse  alcoolique,  il  se  transforme  intégralement  en  formiate  de 
potassium  et  d'isoamylcarbinol,  liquide  incolore,  peu  mobile,  d'odeur  fraîche  et 
agréable^  bouillant  à  io5°  sous  9""". 

Trouvé G  =  76,44         H=i4,22 

PourG"H»0 G  =  76,74        H  =  18,95 

»  Une  autre  particularité  du  corps  obtenu  mérite  d'être  signalée.  La  réfraction  molé- 
culaire déterminée  sur  deux  échantillons  bien  purifiés  a  été  trouvée  égale  à  60, 171  et 
59,94,  tandis  que  la  réfraction  moléculaire  serait  pour  le  formiate  de  diisoamylcar- 
binol  59,044  (incréments  de  Gonrady).  Mais  les  nombres  trouvés  correspondent  très 
nettement  à  la  formule  isomère  GMI"G(0I1)  =  G(OH )  —  GHl"  (59,98.0)  avec 
laquelle  on  peut  encore  aisément  expliquer  l'action  de  la  potasse. 

»  Les  différentes  expériences  que  j'ai  faites  pour  vérifier  cette  constitution  ne  m'ont 
donné  jusqu'à  présent  que  des  résultats  négatifs. 

»  L'isobutylbromure  de  magnésium  semble  former  le  terme  de  passage  entre  les 
réactions  normales  et  les  réactions  anormales. 

»  Il  conduit  en  effet  à  un  mélange  de  diisobutylcarbinol  et  de  son  formiate  bouil- 
lant à  1730-175°  sous  750"""  et  dont  la  saponification  fournit  le  diisobutylcarbinol, 
liquide  incolore,  peu  mobile,  d'odeur  forte,  bouillant  à  i72''-i74°  sous  752"'"  ('). 

»  Je  l'ai  d'ailleurs  identifié  avec  celui  que  j'ai  préparé  par  l'action  du  v..léral  sur 
l'isobutylbromure  de  magnésium. 


(')  Trouvé G=:7i,97  Hi=i2,i 

PourG'  =  H"02 G  =  72,oo  H  =  i2,oo 

(")  Trouvé G  =:  75,04  H  =18,90 

PourG-^H"0 G  =  75,00  H  =18,89 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  6.)  44 


('  338  ) 

»   II.  Avec  l'élher  acéti([ue,  la  réaclion  paraît  être  normale  dans  toute  la  série. 

»  La  première  phase  fournit  un  liquide  visqueux  qui  se  sépare  de  l'éther  pendant 
Topération  et  qui  ne  larde  pas  à  se  transformer  en  une  masse  bien  cristallisée. 

))  Par  l'acùon  du  mélliyliodure  de  magnésium  sur  l'acétate  de  méllivle,  j'ai  repro- 
duit le  triméthylcarbinol  cristallisable  de  Boutlerow  avec  un  rendement  de  82  pour 
100. 

»  Avec  l'isoamjlbromure  de  magnésium  on  obtient  le  méthyldiisoamylcarbinol, 
liquide  incolore,  légèrement  visqueux,  dont  l'odeur  rappelle  beaucoup  celle  du  beurre 
frais,  bouillant  à  io8"-io9°  sous  10™'"  (  '  ). 

»  On  peut  (Jonc  présumer,  d'après  les  résultais  déjà  acquis,  que  l'em- 
ploi des  combinaisons  organomagnésiennes  mixtes  penneltra  de  simplifier 
et  de  généraliser  la  pluj)arl  des  méthodes  de  synthèse  pour  lesquelles  on  a 
utilisé  jusqu'ici  les  composés  organozinciques,  mais  encore  d'en  instituer 
de  nouvelles  prévues  par  la  théorie,  mais  pratiquement  irréalisables  au 
moyen  du  zinc.  C'est  dans  ces  deux  voies  que  je  poursuis  mes  recherches.  » 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'absorption  de  la  lumière  par  les  indophenols. 
Note  de  MM.  P.  Bayrac  et  C  Gamicuel,  j)résentée  par  M.  Haller. 

u  Les  indophénols  à  azote  tertiaire,  que  l'un  de  nous  a  préparés  Ç- )  et 
que  nous  avons  étudiés  (Comptes rendus, l.  CXXII)  présentent  tous  dans  un 
même  dissolvant  (alcool,  par  exemple)  un  spectre  analogue,  ils  possèilent 
tous  une  bande  rouge  qui  semble  caractéristique  de  ces  indophénols. 

)i  Tel  est  le  fait  qui  a  été  énoncé  par  nous  et  que  personne  n'a  con- 
tredit. 

»  M.  Lemoult  a  étudié  la  série  d'indophénols  obtenus  par  l'oxydation 
de  mélanges  de  ^-|)liénylènediamine  et  de  phénol  ou  d'o-crésol  qui  ont 
en  position  para,  par  rapport  à  l'azote  qui  relie  les  deux  noyaux,  un  azote 
primaire  au  lieu  d'un  azote  tertiaire,  et  a  trouvé  que  celte  série  de  corps, 
dont  nous  n'avons  pas  encore  achevé  la  préparation  (  ')  présente  une 
bande  rouge  déplacée  par  rapport  ii  celle  que  donnent  les  premiers  indo- 
phénols. 

(')  Trouvé 0^=77,26  H  =.14,09 

PourC^H^O C=  77,42        H  =  i3,95 

{'^ )  Bayuac,  Thèse,  1895.  Gaulliier-Villars. 

(^)  U  nous  semble  nécessaire  d'obtenir  les  corps  que  nous  étudions  à  l'état  cristal- 
lisé; les  produits  industriels  présentant  beaucoup  d'impuretés  qui  peuvcut  fausser  les 
résultats.  En  voici  un  exemple  :  on  forme  une  bande  d'absorption  (par  exemple,  indo- 
liiiénol)  ;  l'u  regardant  celle  Ijande  à  truNcrs  un  \erre  \eit,  cfltc  bande  jjaraîlse  déj)lacer 


(  ■'139  ) 

»  Nous  ne  contestons  pas  ce  déplacement  de  la  bande  roiie^e  sous  l'in- 
fluence de  l'azote.  Il  existe  peut-être,  en  tout  cas  il  nVst  nullement  démon- 
tré par  les  expériences  de  M.  Lemoult,  ou  plutôt  ce  déplacement  n  a  aucun 
sens  précis. 

»  M.  Lemoult  définit  la  position  des  bandes  d'absorption  en  prenant  la 
moyenne  entre  les  divisions  du  micromètre,  qui  correspondent  aux  extré- 
mités apparentes  de  la  bande.  Il  paraît  n'avoir  pas  remarqué  que  l'une  de 
ces  extrémités  (au  moins  dans  les  indophcnols  à  azote  tertiaire)  est  non  la 
fin  delà  bande,  mais  la  limile  des  radiations  visibles,  limite  par  conséquent 
variable  avec  l'éclat  tlu  spectre. 

»   C'est  ce  que  nous  allons  démontrer. 

»  Dansun  speolroscope  très  dispersif  (4  prismes  de  flinl  lourd)  la  partie  supérieure 
de  la  fente  est  éclairée  par  un  faisceau  lumineux,  qu'on  peut  atténuer  dans  un  rapport 
constamment  connu,  la  partie  inférieure  de  la  fente  est  éclairée  par  un  faisceau  lumi- 
neux sur  le  trajet  duquel  on  place  la  dissolution  d'indophénol.  Les  deux  spectres  sont 
amenés  à  l'égalité  avant  l'interposition  de  la  dissolution.  Cette  égalité  a  lieu  simulta- 
nément pour  toutes  les  radiations  des  deux  spectres,  les  deux  sources  étant  identiques  ; 
on  interpose  la  dissolution  d'indophénol,  on  amène  régaiité  à  l'extrémité  la  plus 
réfrangible  de  la  bande;  l'égalité  n'a  pas  lieu  pour  les  autres  portions  de  la  bande  et 
l'on  voit  immédiatement  que  la  dissolution  d'indophénol  laisse  passer  d'autant  plus  de 
lumière  qu'on  s'approche  davantage  de  l'infra-rouge. 

»  Voici  un  exemple  :  indophénol  du  thymol 

0{        \c  =  Az-C=H-    Âz(CH^)  = 

Ces  valeurs  du  coefficient  K  par  lequel  il  faut  multiplier  l'intensité  incidente  pour  avoir 
l'intensité  émergente  augmentent  de  plus  en  plus  quand  on  se  rapproche  de  l'infra- 
rouge. 

Nombre  de  tours 

He  la  vis  micrométrique 

qui  déplace 

la  lunette 

astronomique. 

G K  r=  0,424         extrémité  du  spectre  visible 

3 K  =  o,  i46 

6 Kz:ro,o46 

9 K  =0,010         cette  radiation  correspond  à  X  =  of^, 666. 


vers  le  jaune,  car  les  rayons  situés  du  côté  de  l'infra-rouge  sont  plus  affaiblis  que  les 
rayons  situés  de  l'autre  côté  de  la  bande;  une  impureté  verte  produirait  donc  un  dépla- 
cement dans  ce  sens. 


(  34o  ) 

.1  La  conclusion  est  la  même  pour  tous  les  indophénols  examinés  : 
.1  Indophénoh  du  phénol,  orlhocrésylol,  métacrésylol,  paraxylenol,  orthoéthyl- 
phénol,  isopropylphénol,  carvacrol,  thymol. 

»  Dans  aucune  expérience  nous  n'avons  pu  limiter  la  bande  rouge  du 
côté  de  l' injr a-rouge,  ni  même  observer  le  point  culminant  de  la  courbe  (le 
moment  où  la  transparence  de  la  solution  cesse  d'augmenter). 

)i  Nous  avons  cherché  aussi  à  définir  les  extrémités  de  la  bande  par  la 
condition  que  le  coefficient  R  ait  la  même  valeur  très  faible  pour  ces  deux 
extrémités. 

))   Toutes  ces  tentatives  ont  été  vaines. 

»  Nous  avons  d'ailleurs  vérifié  directement  ce  que  nous  avançons,  par 
le  dispositif  suivant  : 

»  On  éclaire  la  fente  du  spectroscope  avec  le  soleil.  Dans  ces  conditions  le  spectre 
obtenu  paraît  s'arrêter  à  la  raie  A;  on  interpose  la  dissolution  d'indophénol,  et  l'on 
voit  immédiatement  la  raie  A  apparaître.  L'éclat  du  spectre  n'aveugle  plus  l'œil,  et  la 
transparence  de  l'indophénol  pour  les  radiations  comprises  entre  A  et  B  se  mani- 
feste. 

»  Le  déplacement  de  la  bande  sous  l'influence  de  la  concentration  ou  de  l'épaisseur 
est  très  facile  à  expliquer.  Les  coefficients  d'absorption  étant  très  différents  pour  les 
deux  extrémités  apparentes  de  la  bande,  quand  la  concentration  ou  l'épaisseur  aug- 
mente, la  bande  paraît  se  déplacer  du  côté  où  l'absorption  est  la  plus  faible,  c'est- 
à-dire  du  côté  de  l'infra-rouge. 

»  Nous  nous  proposons  d'envisager  dans  une  prochaine  Note  les  indo- 
phénols à  azote  primaire  f  '  ) .    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  des  combinaisons  acides  et  alcooliques  de  la  phé- 
nylcarbazide  ou  urée  de  la  phénylhydrazme.  Note  de  M.  P.  Cazeneuve, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  La  diphénylcarbazide  ou  urée  de  la  phénvlhydrazine,  qui  ne  peut 
être  envisagée  comme  une  base  car  elle  ne  contracte  pas  d'ailleurs  de  com- 
binaisons avec  les  acides  sulfurique,  chlorhydrique  et  azotique,  .se  soude 
molécule  à  molécule  avec  les  acides  organiques  et  les  alcools  pour  donner 
des  corps  de  la  forme 

C«H^HAz  =  AzH  -  CO-  AzH  =  AzH    -  CHMM, 

M  désignant  une  molécule  d'acide  ou  d'alcool. 


(•)  Nous  remercions  tout  particulièrement  M.   Jouanne,  préparateur  à   la  Faculté 
des  Sciences  de  Toulouse,  qui  nous  a  aidés  dans  ce  travail. 


(   3/41    ) 

)i  I.  Nous  avons  réalisé  ces  combinaisons  successivement  avec  les  acides 
(U-  la  série  grasse  CH-Q-,  C-H^O%  C^H''0^  C"H''0%  CH'^O^  La  réac- 
tion a  été  faite  avec  les  acides  propionique  et  butyrique  normaux  et  l'acide 
valérianique  de  la  valériane.  Nous  avons  également  combiné  cette  urée 
avec  l'acide  oxalique.  Sans  nul  doute  un  1res  grand  nombre  d'acides  orga- 
niques doivent  s'unir  ainsi  avec  l'urée  de  la  phénylhvdrazine. 

»  Les  combinaisons  avec  les  acides  de  la  sorie  grasse  s'efTectuent  en  dissolvant  à 
chaud  cette  urée  dans  un  excès  d'acide.  Par  refroidissement,  la  combinaison  cristal- 
lise ;  elle  est  essorée  et  sécliée  dans  le  vide  sur  la  chaux  sodée  et  l'acide  sulfurique. 
Pour  les  acides  formique,  acétique  et  propionique,  la  dissolution  à  chaud  dans  ces 
acides  étendus  de  leur  volume  d'eau  donne  un  résultat  plus  favorable.  La  combinaison 
est  obtenue  d'emblée  parfaileineiit  incolore. 

»  La  combinaison  oxali(iue  s'elTectue  en  dissolvant  à  cliaud  l'urée  de  la  phénjlhv- 
drazine  dans  une  solution  saturée  à  froid  d'acide  oxalique  au  sein  de  l'alcool  méthy- 
lique  ou  éthylique;  elle  cristallise  par  refroidissement;  on  la  fait  recristalliser  dans 
l'alcool  à  chaud. 

»  Cette  méthode  permettra  d'obtenir  d'autres  combinaisons  de  cette  urée  avec  des 
acides  organiques  solides. 

»  Les  analyses  de  ces  combinaisons  acides,  faites  soit  en  dosant  l'azote,  soit  en 
chassant  la  molécule  acide  par  la  clialeur,  correspondent  à  une  combinaison  équi- 
moléculaire.  L'acide  oxalique  bibasique  se  soude  à  deux  molécules  d'urée. 

»  Les  termes  formique  et  oxalique  se  présentent  sous  forme  de  petits  cristaux 
étoiles.  Les  combinaisons  acétique,  propionique,  etc.  sont  tantôt  en  aiguilles,  tantôt 
sous  forme  de  paillettes  brillantes.  Stables  dans  le  vide,  ces  combinaisons  se  disso- 
cient par  la  chaleur  un  peu  au-dessous  de  loo";  chauffées  brusquement  vers  98",  elles 
se  liquéfient  et  perdent  leur  acide.  Peu  à  peu  le  corps  se  solidifie  à  nouveau  et  donne 
le  point  de  fusion  de  la  phénylhydrazine  {160°).  Le  dédoublement  se  produit  en  pro- 
jetant les  cristaux  sur  l'eau  bouillante;  la  liquéfaction  est  immédiate,  avec  phéno- 
mènes giratoires  dus  à  la  dissociation  du  corps,  dissolution  de  l'acide  dans  l'eau  et 
modification  de  la  tension  superficielle.  La  diphénylcarbazide  mise  en  liberté  se  soli- 
difie bientôt  dans  cette  eau  bouillante.  Au  sein  des  alcools  méthylique  et  éthylique 
à  93°,  ces  combinaisons  acides  sont  assez  stables,  en  raison  du  point  d'ébullition  peu 
élevé  de  ces  alcools. 

»  II.  Cristallisée  dans  les  alcools  en  excès,  l'urée  de  la  phénylhydrazine 
donne  également  des  combinaisons  alcooliques,  moins  stables  cependant 
que  les  combinaisons  acides.  Non  seulement  la  chaleur  et  l'eau  bouillante 
les  décomposent,  mais  quelques-unes  s'efflorissent  à  l'air. 

»  Les  combinaisons  méthyliques  et  éthyliques  subissent  cette  altération  avec  le 
temps;  les  combinaisons  amylique  et  benzylique  sont  toutefois  moins  dissociables. 

))  Elles  ne  se  décomposent  pas  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  et  perdent  leur 
molécule  alcoolique  seulement  vers  100°. 


(  342   ) 

«  Nous  avons  réalisé  ces  combinaisons  avec  les  alcools  méthylique,  éthylique,  iso- 
propylique,  amyliqiie,  benzylique.  Les  corps  obtenus  sont  solides,  cristallisés  en 
longues  aiguilles  blanches.  Le  composé  amylique  se  présente  sous  forme  de  petits 
cristaux  étoiles  brillants.  L'analyse  faite  en  chassant  l'alcool  par  la  chaleur  donne  des 
résultats  théoriques. 

n  Toutes  ces  combinaisons  sont  décomposables  par  l'eau.  Elles  sont  sans 
aucun  doute  générales  avec  les  alcools. 

»  III.  Les  phénols  et  les  aldéhydes  donnent  des  combinaisons  molécu- 
laires semblables  dont  nous  poursuivons  l'étude.  Les  aldéhydes  forment 
également,  suivant  la  température  de  la  réaction,  des  produits  de  conden- 
sation que  nous  décrirons  bientôt. 

))  La  tendance  à  la  pentavalence  d'un  des  azotes  terminaux  explique  ces 
combinaisons  multiples  toutes  comparables.  Sans  doute  la  molécule  R.OH, 
acide,  alcoolique  ou  phénolique  se  scinde  momentanément  pour  donner 
un  corps  de  la  forme 

H 

!  D 

CH'-HAz  -  AzH       CO.AzH.Azr'     T,. 

1        OH 

»  Il  est  à  remarquer  que  l'urée  ordinaire  contracte  aussi  plusieurs  com- 
binaisons analogues;  elles  sont  toutefois  moins  nombreuses  et  moins  gé- 
nérales que  celles  que  forme  l'urée  de  la  phénylhydrazine.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    -  Cétones  de  l'huile  de  bois,  diméthylcyclohexénone . 
Note  de  M.  A.  Béhal,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  J'ai  montré  dans  des  Notes  précédentes  {Comptes  rendus,  t.  CXXV, 
p.  io36)  que  l'on  pouvait  extraire  au  moyen  de  l'acide  chlorhydrique,  des 
huiles  neutres  retirées  du  goudron  de  bois,  une  série  de  cétones,  et  j'ai 
établi,  au  moyen  de  l'oxydation,  la  formule  de  l'une  d'elles  qui  répond  à 
la  formule  d'une  méthylcyclohexénone  [Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  46); 
depuis,  j'ai  entrepris  d'élucider  la  constitution  d'une  autre  de  ces  cétones. 
Elle  bout  à  194°.  son  oxime  fond  à  102°,  5  et  elle  donne  un  dérivé  ben- 
zoylé  fusible  à  129°.  L'analyse  lui  assigne  la  formule  C*H'-0.  Pour  en 
déterminer  la  structure  j'ai  procédé  par  oxydation.  La  cétone  pure  a  été 
oxydée  au  moyen   du   permanganate   en   solution  à  5  pour  100,   on  en 


(    343   ; 

emploie  la  quantité  théorique  nécessaire  pour  fournir  O'.  Le  produit 
d'oxydation  est  composé  d'acide  acétique  et  d'un  second  acide  qui  répond 
il  la  formule  C°  H'"0'.  Il  bout  à  i6o°  sous  3o°""  et  possède  l'odeur  atténuée 
de  l'acide  lévulique.  Le  corps  ainsi  obtenu  est  un  acide  cétonique.  Il  est 
acide,  car  il  rougit  le  tournesol  et  décompose  les  carbonates;  il  est  céto- 
nique, car  il  fournit  immédiatement  à  froid  avec  la  semi-carbazideunesemi- 
carbazone  très  peu  soiuble  dans  l'alcool,  même  bouillant,  et  qui  fond  au 
bloc  Maquenne,  en  une  seconde,  à  191°- 192°.  Il  renferme  un  groupement 
CH'.CO;  en  effet,  traité  en  liqueur  alcaline  par  le  brome,  il  donne  du 
bromoforme.  Il  se  forme  en  même  temps  un  acide  bibasique  soiuble  dans 
l'eau,  très  peu  soiuble  dans  le  benzène  bouillant,  dont  le  point  de  fusion 
est  situé  vers  i  lo*^  :  c'est  de  l'acide  pyrotartrique. 

»   D'aprèî  cela,  la  formule  de  l'acide  primitif  ne  pouvait  être  représentée 
que  par  un  des  deux  schémas  suivants  : 

(I) 


(ïi; 


qui  sont  les  formules  des  acides  x  et  p-méthyllévuliques. 

»  En  ellet,  les  corps  ainsi  constitués  auraient  tous  deux  fourni,  j)ar 
l'action  du  brome  en  liqueur  alcaline,  du  bromoforme  et  de  l'acide  pyro- 
tartrique. 

»  Pour  savoir  laquelle  de  ces  deux  formules  il  fallait  attribuer  à  l'acide 
obtenu  dans  rox\ dation,  j'ai  procédé  par  comparaison.  J'ai  préparé 
l'acide  a-métbyllévulique;  quant  à  l'acide  p,  il  a  été  étudié,  dans  ces  der- 
niers temps,  par  M.  Biaise  qui  a  bien  voulu  me  donner  un  peu  de  la  semi- 
carbazone  préparée  avec  cet  acide. 

»  Pour  préparer  l'acide  a-inéthyllévulique,  j'ai  opéré  en  suivant  la  méthode  de 
Bischotf  (  Liebig's  Annalen,  t.  CCM,  p.  Sig),  c'est-à-dire  en  saponifiant  par  l'acide 
clilorhydrique  l'éllier  luéthjlacéljlsuccinique  : 

GO«C»H=--  CH  —  CH  -  C02C*H=. 
CH^— CO      CH' 

>i  L'opération  a  marché  très  bien,  mais  l'auteur  dit  que  son  acide  bout  à247°-248''; 
or,  j'ai  observé  qu'il  n'était  pas  distillable  à  la  pression  ordinaire  sans  perdre  de  l'eau. 
11  se  forme  dans  ces  conditions  une  lactone  non  saturée,  d'odeur  douce,  bouillant  à 
2o5''-2o6°  et  ayant  pour  densité  à  o"  =  i,o58S. 


CH'-- 

CO-^ 

GH- 
CH' 

CIP- 

-CO-H, 

CH'- 

-GO- 

-GH^ 

-CH- 
CH' 

-  CO'H, 

(  344  ) 

»  Elle  est.  assez  soluble  dans  l'eau. 

»  Elle  régénère  facilement,  par  l'action  des  alcalis  en  liqueur  aqueuse,  l'acide  céto- 
nique  correspondant.  Celui-ci  bout  à  i65°  sous  45°"",  mais,  distillé,  même  dans  le 
vide,  il  fournit  une  petite  quantité  de  lactone.  Quoi  qu'il  en  soit,  cet  acide  réagit  sur 
la  semi-carbazide  à  peu  près  instantanément  en  donnant  une  semi-carbazone  fusible 
en  une  seconde  à  igi^-igs". 

»  Les  caractères  de  l'acide  produit  dans  l'oxydation  de  l'acétone  sont 
identiques;  par  conséquent,  il  répond  à  la  formule 

CH^  -  CO  -  CH-- -  CH  -  CO*H 

CH» 
qui  est  l'acide  a-lévulique 

»  L'acide  p-méthyllévuliqne  CH'  -  CO  -  CH  -  CH-  -  CO=H 

CH' 

donne  bien  une  semi-carbazone,  mais  celle-ci  se  forme  difficilement  et  fond 

à  197"  (Blaise,  Bulletin  (le  la  Société  chimique ,  t.  XXHL  p.  918). 

»   La  formation  des  acides  acétique  et  a-méthyllévulique,  seuls  produits 

formés  dans  l'oxydation,  conduit  à  attribuer  à  la  cétoneC'H'^0  la  formule 

suivante  : 

CO 

^     CH  — CH' 


H^C 
HC 


CH'- 


CH3 

qui  en  fait  une  diméthylcyclohexénone. 

»  Cette  formule  rend  bien  compte  de  son  oxydation,  de  sa  stabilité,  de 
son  caractère  non  saturé,  et  cadre  avec  son  point  d'ébuUition  élevé.  Ce 
travail  me  conduit  à  modifier  la  formule  que  j'avais  donnée  pour  la  méthyl- 
cyclohexénone,  dont  la  constitution  a  été  établie  d'après  ses  produits  d'oxy- 
dation. 

»  Je  mets  en  regard  la  formule  ancienne  et  la  formule  nouvelle  ; 


H^C 


I:h^ 


c 
l'ùrniule  ancienne.  Formule   nouvelle. 


(  345  ^ 

»  Ces  deux  formules  rendent  bien  compte  toutes  deux  de  la  formation 
par  oxydation  de  l'acide  lévulique  et  de  l'acide  acétique.  Mais  si  l'on  sup- 
pose qu'il  peut  y  avoir  un  rapport  de  constitution  entre  les  différents  pro- 
duits contenus  dans  le  mélange  d'où  l'on  a  extrait  ces  cétones,  c'est  la 
seconrle  formule  qu'il  faut  adopter. 

»  Cette  mélhylcyclohexénone  se  condense  avec  l'acétone  ordinaire  en 
présence  d'alcoolate  de  sodium  pour  donner  un  produit  bien  cristallisé 
fondant  à  73°,  bouillant  à  160"  sous  25™™,  entraînable  par  la  vapeur  et 
possédant  une  odcnr  de  menthe.  C'est  un  dérivé  monoacétonique;  il  peut 
répondre  à  la  formule  de  constitution  suivante  G^H"'  =  CH  -  CO  —  CH' 
à  moins  que  ce  ne  soit  l'atome  d'oxygène  de  la  propanone  (jui  se  soit  éliminé 
avec  les  deux  atones  d'hvdrogène  d'un  des  groupements  CH^  voisin  de  la 


3 


fonction  cétonique  C'H'O  =  C(  ,  ce  qui  est  le  cas  général  observé 

jusqu'ici  dans  les  condensations  avec  les  aldéhydes,  par  exemple  dans  la 
condensation  du  camphre  (Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  22).  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Sur  le  butane  dibromé  et  le  butane  diiodé  (i.4)  : 
nouvelle  synthèse  de  l'acide  adipique.  Note  de  M.  l'abbé  J.  Hamonet  ('), 
présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

«  Dans  la  série  du  butane,  on  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  de  dérivés 
biprimaires,  et  encore  quelques-uns  de  ceux  que  l'on  cite  ont  été  obtenus 
par  une  méthode  difficile  et  peu  sûre.  Depuis  fort  longtemps  et  de  bien 
des  manières,  avant  de  recourir  à  l'électrolyse  du  p-amyloxypropionate  de 
potassium  (voir  Comptes  rendus,  4  février  1901),  j'avais  cherché  à  préparer 
le  butane  dichloré  ou  les  éthers  qui  lui  correspondenl,  en  vue  d'essayer 
la  synthèse  du  tétraméthylène.  C'est  ainsi  que  j'avais  fait  réagir  des  mé- 
taux tels  que  le  sodium,  le  magnésiuu),  le  zinc,  l'argent,  le  mercure  sur 
léthane  chloré  et  iodé  (1.2),  C1CH-CH='I,  et  sur  le  brométhoxybenzène 
BrCH-CtPOCH'. 

»  J'espérais  que  l'iode  ou  le  brome  seraient  seuls  enlevés  par  le  métal, 
et  que  les  deux  résidus  s'uniraient  pour  donner,  dans  le  premier  cas,  le 
butane  dichloré  (1.4),  CH-Cl  CH=  CH^  CH-  Cl,  et  dans  le  second  la  diphény- 
line  du  butanediol  (1.4),  (CH^OCH^CH-CH^CH-OCH^).  xMais,  bienque 


(')  Laboratoire  de  Chimie  de  l'Inslilut  catholique. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  6.)  45 


(346  ) 

In  réaclion  du  mercure  sur  l'élhane  chloré  et  iodé  fût  particulièremenL 
facile  et  se  produisît  même  à  la  temjîérature  du  laboratoire,  dans  toutes 
ces  expériences,  c'est  toujours  l'éthylène  qui  a  été  régénéré. 

)  L'électrolyse  du  p-cliloropropionale  de  potassium  Cl CH'CH^CO^K  ne 
m'a  pas  non  plus  donné  le  butane  dichloré  (i.4),ClCH-CH-CH-CIl-Cl,  que 
pouvait  faire  espérer  la  réaclion  classique.  Je  n'obtins  que  de  l'acétylène, 
de  l'éthylène  chloré,  des  produits  aldéhydiques  et  quelques  centimètres 
cubes  d'un  liquide  chloré,  plus  dense  que  l'eau,  bouillant  de  iio"  à  220°, 
qu'il  me  fut  impossible  d'identifier  avec  le  butane  dichloré.  C'est  à  la  suite 
de  tous  ces  insuccès  que  j'ai  préparé  par  éleclrolyse  la  diamvline  du  bu- 
lanediol  (i.4)t  et  c'est  de  ce  composé  biprimaire  que  j'ai  tiré  tous  les 
dérivés  dont  je  vais  maintenant  parler. 

»  Préparation  du  butane  dibromé  et  du  butane  diiodé  (i.4)- — Si  l'on  fait  passer 
un  courant  d'acide  bromhydrique  dans  la  diamyline  du  butanediol  (i .  4)  chaulTée  au 
bain-marie,  ou  si  l'on  sature  ce  corps  à  froid  d'acide  iodhydrique,  il  se  forme  deux 
molécules  d'eau,  deux  molécules  de  bromure  ou  d'iodure  d'amj'le  et  une  molécule  de 
dibromobutane  (i .  4)  ou  de  diiodobutane  (i .  4)  ■ 

C'Hi'OCH^CH'CH^CH^OC^H»'  4- 4HI  =  aH^O -^  2C5H>'1  +  ICH^CH^CH^CH^I. 

Par  distillation  fractionnée  dans  le  vide,  on  sépare  très  facilement  les  produits  de  la 
réaction.  Le  rendement  est  bon  avec  l'acide  bromhydrique,  presque  théorique  avec 
l'acide  iodhydrique.  L'analyse  du  butane  dibromé  et  celle  du  butane  diiodé  ont  fourni 
des  nombres  satisfaisants. 

»  Le  butane  dibromé  [i.li)  est  un  liquide  incolore,  qui  bout  à  i96''-i97°  sous  la 
pression  ordinaire,  mais  en  se  décomposant  assez  notablement,  et  à  85°  sous  la  pres- 
sion de  i5™™  avec  une  très  faible  décomposition.  Densité  à  i8°r=  1,79. 

»  Le  butane  diiodé  est  un  liquide,  qu'on  ne  peut  conserver  incolore.  Il  bout, 
en  se  décomposant  très  légèrement,  à  i25°-i26°  sous  la  pression  de  i5""".  Densité 
à  18°=:  2,807. 

»  Dans  ces  composés  les  halogènes  sont  bien  en  position  1.4;  il  est  facile  de  le 
démontrer. 

»  J'ai  fait  agir  le  cyanure  de  potassium  sur  le  butane  diiodé  additionné  d'alcool 
élhylique,  de  manière  à  former  Vhexane  dinitrile  : 

ICH2GH'CH2CH2I  +  2KCAz=:2Kl4-AzCCH2CH2CH=CH'iCAz. 

)>  Celui-ci,  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  en  présence  de  l'alcool,  a 
donné  d'abord  de  l'adipate  d'éthyle,  et,  après  saponification,  de  l'acide  adipique 
CO^H  —  CH^—  CH»—  CH^—  CH=^  CO^H,  qui  fond  bien  à  iSo". 

»  Cette  expérience  nous  fournit,  en  même  temps  qu'une  preuve  de  la 
constitution  indiquée  plus  haut,  une  nouvelle  synthèse  de  l'acide  adipique. 


(  347  ) 
On  doit  tout  naturellement  de  cette  constitution  du  diiodobutane  (1.4  )  dé- 
duire celle  du  dibromure  et  celle  de  la  diamyline  du  butanediol.  D'ailleurs 
le  procédé  employé  pour  préparer  ce  dernier  corps  faisait  prévoir  et 
espérer  cette  constitution.  Les  résultats  de  l'action  des  métaux  sur  le 
butane  dibromé  et  sur  le  butane  diiodé,  que  je  publierai  prochainement, 
viendront  encore  confirmer  ces  conclusions. 

»  Ainsi,  pour  résumer  tout  ce  Travail,  je  suis  arrivé  à  préparer  les 
dérivés  biprimaires  du  butane  :  diamyline  du  butanediol  (1.4)-  diiodobu- 
tane (i.4j  etdibromobutane  (r.4  ).  en  partant  de  la  glycérine  et  en  passant 
successivement  par  : 

»   L'acroléine  CH-  =  CH  -  CH  O  ; 

»   L'aldéhyde  p-chloropropylique  CII-Cl    -  CH'    -  CHO; 

>)   L'acide  p-chloropropionique  CH^'Cl  —  CH"—  CO-H; 

')   Le  p-chloropropionate  d'amyle  CFFCl  —  CH^  —  CO'^C^H"  ; 

»  Le  p-amyloxypropionate  d'amyle  C* H". OCH- —  CH=  -CO-.C=H" 
et  le  p-amyloxypropionate  de  potassium  C'H".OCH-  — CH^     CO-K.    > 


PHYSIOLOGIE.  —  Le  globule  rouge  nucléé  se  comporte  autrement  que  le  globule 
rouge  anucleé,  au  point  de  vue  de  l'osmose,  vis-à-vis  de  l'urée  en  solution('). 
Note  (le  M.  R.  Quinton,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  1.  La  loi  résultant  des  travaux  d'Hamburger,  Gryns  :  «  Au  point  de 
»  vue  osmotique,  la  molécule  d'urée,  dans  une  solution,  se  comporte  vis- 
»  à-vis  du  globule  rouge  comme  si  elle  n'existait  pas  »,  ne  vaut  que  pour 
le  globule  rouge  anucléé.  Elle  ne  vaut  pas  pour  le  globule  rouge  nucléé. 
L'urée  en  solution  fait  équilibre  à  ce  dernier  et  s'oppose  à  la  sortie  de  sa 
matière  colorante. 

»  2.  Toutefois,  ce  phénomène  d'équilibre  est  limité  dans  la  durée. 
Après  des  temps  variables  selon  les  concentrations,  l'hématolyse  se 
produit. 

)'  Historique.  —Hamburger  (1886,  Arc/i.  Anal,  und  Physiol.,  p.  48' )>  opt^iant 
sur  le  sang  de  bœuf  (héma lie  anucléée),  observe  que  l'urée  fait  exception  aux  lois  pli\- 
siologiques  de  rosmose.  Une  solution  d'urée,  quelle  que  soit  sa  concentration,  laisse 
sortir  l'hémoglobine.   Gryns  {irch.  gesamin.  Physiol.,  t.  LXIII,  p.  8G;  '89G)  étudie 


(')  Travail  de  la  Station  zoologique  d'Arcaclion   et  du  Laboratoire  particulier  de 
M.  Halliou. 


(  348  ) 

spécialement  le  phénomène.  Il  montre  que  :  i°  toute  solution  d'urée,  quelle  que  soit 
sa  concentration,  se  comporte,  vis-à-vis  du  globule  rouge,  comme  l'eau  distillée  :  le 
globule  rouge  s'y  gonfle,  puis  héraatolyse;  i°  deux,  séries  de  solutions  deNaCI,  à 
divers  titres,  étant  effectuées,  l'une  dans  l'eau  distillée,  l'autre  dans  une  solution 
d'urée,  l'hématolyse  se  produit  dans  les  deux  séries  pour  le  même  titre  de  chlorures. 
Gryns  attribue  ces  résultats  au  fait  que  l'urée  pénètre  librement  la  cellule,  pénétration 
qu'il  démontre.  11  ne  spécifie  pas  le  sang  sur  lequel  il  opère,  mais  comme,  au  cours  de 
son  travail,  il  emploie  indifféremment  le  sang  de  Mammifère  et  celui  d'Oiseau,  et  le  plus 
souvent  même  ce  dernier  (à  hématie  nucléée),  comme  plus  facile  à  se  procurer,  ses  ré- 
sultats paraissent  valoir  pour  les  deux  sortes  de  sang,  entre  lesquels  il  ne  signale  pas 
de  différence.  Hedin  (Arch.  gesamm.  PhysioL,  t.  LXVIII,  p.  229;  1897),  opérant  uni- 
quement sur  le  sang  de  Bœuf,  confirme  d'une  façon  presque  complète,  par  une  autre 
méthode,  le  travail  de  Gryns. 

»  I.  Les  expériences  qui  suivent  montrent  la  différence  qu'il  faut  faire 
entre  les  deux  sortes  d'hématies,  au  point  de  vue  de  l'osmose,  vis-à-vis  de 
l'urée  en  solution.  Ces  expériences  ont  porté  sur  le  sang  de  :  Cobaye,  Lapin, 
Veau,  Bœuf,  embryon  de  Brebis  (déjà  âgé),  Mouton,  pour  les  sangs  à  hé- 
matie anucléée,  —  et  de  Scyllium  catulus,  Toq)edo  marmorata,  Galeus canis 
(Poissons  Sélaciens),  Grenouille  (Batraciens),  Poulet  (Oiseaux),  pour  les 
sangs  à  hématie  nucléée. 

»  Technique.  —  Hauteur  des  tubes  à  essai  pour  hématolyse  :  55"".  Volume  de  solu- 
tion dans  chaque  tube  :  3'^'^.  Quantité  de  sang  ajoutée  :  i  goutte  ou  2  gouttes,  suivant 
les  séries,  mais  un  nombre  de  gouttes  toujours  identique  dans  une  même  série.  Sang 
toujours  défîbriné,  parfois  total,  parfois  débarrassé  de  son  sérum  par  cenlrifugation. 
Le  sang  ajouté  est  mélangé  à  la  solution,  par  agitation.  On  place  aussitôt  à  la  glacière, 
et  on  laisse  déposer,  sans  agiter  de  nouveau.  Pour  les  deux  premières  séries  d'expé- 
riences, l'observation  est  faite  au  bout  de  6  à  10  heures, 

»  Première  série  d'expériences.  -  Deux  séries  de  solutions  de  NaCl,  à  titre  décrois- 
sant, sont  effectuées,  l'une  dans  l'eau  distillée,  l'autre  dans  une  solution  d'urée.  (Type 
de  l'expérience  de  Gryns.)  —  Pour  le  globule  rouge  anucléé,  l'hématolyse  se  produit 
dans  les  deux  séries  en  face  d'un  même  titre  de  chlorures.  Pour  le  globule  rouge  nu- 
cléé,  l'hématolyse  est  toujours  retardée  dans  la  série  à  urée,  et  d'autant  plus  retardée 
que  le  taux  de  l'urée  est  élevé.  (Taux  de  l'urée  dans  ces  expériences  :  10  à  80  pour  1000.) 

»  Deuxième  série.  —  Une  série  de  tubes  est  ainsi  constituée  :  quatre  premiers  tubes 
(1,  2,  3,  4)  contenant  des  solutions  de  NaCI,  à  titre  décroissant,  effecluées  dans  l'eau 
distillée;  cinq  autres  tubes  (5,  6,  7,  8,  9)  contenant  la  même  solution  deNaCl  que  le 
tube  n''4i  mais,  en  outre,  des  doses  d'urée  croissantes  du  tube  5  au  tube  9.  La  pro- 
portion du  NaCI,  dans  les  tubes  1,  2,3,4,  est  réglée  de  façon  à  encadrer  l'hématolyse. 
—  Avec  le  globule  rouge  anucléé,  les  tubes  4,  5,  6,  7,  8,  9  présentent  toujours  une 
hématolyse  identique.  Avec  le  globule  rouge  nucléé,  l'hématolyse  témoin  du  tube  4  va 
toujours  décroissant  du  tube  5  au  tube  9,  et  peut  disparaître  entièrement,  selon  les 


concentrations  d'urée 
Scyllium  calulus;  — 


des  tubes 

Taux 

Taux 

N" 

de 

en 

en 

de 

chaque 

NaCI 

urée 

l'expé- 

expé- 

pour 

pour 

rience. 

rience. 

1000. 

1000. 

Hématolyse. 

I. 

1 

12, G 

Nulle. 

2 

9'3 

Très  nette. 

3 

8, G 

Accentuée. 

k 

6,6 

er 

Très  accentuée. 

5^ 

6,6 

5 

Egale  à  tube  3. 

6* 

6,6 

10 

Égale  à  tube  2. 

7 

6,6 

i5 

Inférieure  à  tube  2 

8 

6,6 

20 

Nulle. 

9 

6,6 

25 

Nulle. 

II. 

2 

3, G 

Nulle. 

3 

2,5 

Très  légère. 

k 

2, G 

Déjà  accentuée. 

8 

2, G 

90 

Nulle. 

III. 

2 

5,3 

Nulle. 

3 

4,6 

Très  légère. 

k 

4,0 

Accentuée. 

U 

4, G 

3o 

Inférieure  à  tube  4, 

8 

4,o 

6g 

Inférieure  à  tube  3 

9 

4.0 

90 

Nulle. 

(  349  ) 

employées.  ■—  Voir  le  Tableau  suivant  :  Expérience  I,  sang  de 
II,  de  Grenouille;  —  III,  de  Poulet. 

Observation 

microfcopique. 

Nombre  lelatif  des 


Dépôt. 

Abondant,  rouge. 

Mou,  déjà  blanchâtre. 

Réduit,  blanchâtre. 

Très  réduit,  très  biancli. 

Semblable  à  tube  2. 

Abondant,  rouge. 

Id. 

Id. 

Id. 

Tassé,  à  arèle  vive. 

Id. 

Mou. 

Tassé,  à  arête  vive. 

Tassé,  à  arête  vive. 

Id. 

Très  réduit. 

Tassé. 

Tassé,  à  arête  vive. 

Id. 


globules 

rouges 

noyaux 

colorés. 

libres. 

84 

16 

5o 

5o 

3g 

70 

2 

98 

3o 

70 

66 

34 

82 

18 

84 

16 

84 

16 

)} 

» 

» 

» 

99 
96 
3g 

85 

97 
98 


I 

4 

70 

i5 

3 

2 


»  Troisièmr  série.  -  Si  l'on  ajoute  une  goutte  de  sang  anucléé  à  un  tube  contenant 
soit  de  l'eau  distillée,  soit  une  solution  d'urée  à  un  litre  quelconque,  et  qu'on  mélange 
par  agitation,  le  tube,  d'abord  louche,  passe  rapidement  au  clair  limpide;  le  laquage 
complet  s'effectue  en  dix  ou  vingt  secondes  (quarante-cinq  et  quatre-vingt-dix  secondes 
pour  le  Mouton  et  le  Veau  dans  l'urée  à  36o  pour  looo).  Le  sang  nucléé  se  comporte  de 
même  dans  l'eau  distillée  (sauf  une  légère  différence  de  teinte,  à  signaler),  mais  dans 
une  solution  d'urée  suffisamment  concentrée,  il  maintient  son  louche,  au  contraire, 
exactement  comme  dans  une  solution  de  NaCI.  Au  bout  de  dix  à  trente  minutes  le 
dépôt  commence  à  s'effectuer,  et  la  partie  supérieure  du  liquide  apparaît  transparente, 
sans  hématolyse  (  '  ).  L'examen  microscopique  confirme  l'observation  :  pas  une  hématie 
anucléée  conservée,  après  une  ou  deux  minutes,  dans  la  solution  d'urée  à  toute  concen- 


(')  Avec  la  Grenouille,  les  résultats  sont  inconstants.  Des  causes  non  élucidées  al- 
tèrent souvent  le  phénomène,  très  net  au  contraire  dans  certains  cas. 


(  35o  ) 

tration  ;  hématies  nucléées  conservées,  au  contraire,  au  bout  de  temps  variables,  selon 
l'espèce  animale  et  le  titre  de  la  concentration. 

»  La  molécule  d'urée,  incapable  de  faire  équilibre  au  globule  rouge 
anucléé,  fait  donc  équilibre  an  globule  rouge  nucléé. 

»  II.  Toutefois,  elle  ne  lui  fait  pas  équilibre  à  la  façon  d'une  molécule 
saline,  dont  l'action  est  en  quelque  sorte  indéfinie,  ainsi  que  je  me  propose 
de  l'établir  dans  une  prochaine  Note.  » 


ZOOLOGIE.  —  Les  blastodermes  sans  embryon.  Note  de  M.  Gustave  Loisel, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

<(  Tous  les  embryologistes  qui  ont  eu  l'occasion  d'ouvrir  un  très  grand 
nombre  d'oeufs  de  poule  aux  premiers  jours  de  l'incubation  ont  certaine- 
ment rencontré  plusieurs  fois  des  blastodermes  sans  embryon.  C.-Fr.Wolff, 
en  1768,  est  probablement  le  premier  auteur  qui  ait  signalé  l'existence  de 
ces  blastodermes;  plus  tard,  Panum  puis  Broca  en  ont  parlé  dans  leurs 
Mémoires;  enfin  Dareste  lésa  décrits  et  figurés  dans  son  Ouvrage  magistral 
Sur  la  production  artificielle  des  monstruosités  ;  malheureusement,  il  n'a  pas 
poursuivi  leur  étude,  car,  de  même  que  Broca,  il  considérait  ces  formations 
comme  étant  le  dernier  terme  de  l'épuisement  de  la  vitalité  du  germe, 
épuisement  provenant  du  fait  d'une  incubation  tardive. 

»  La  lecture  de  ces  auteurs,  mais  surtout  les  observations  personnelles 
que  nous  avons  faites  sur  ce  sujet,  depuis  plusieurs  années,  nous  ont  permis 
de  distinguer  deux  sortes  de  ces  blastodermes  :  i"  les  blastodermes  inem- 
bryonnés  faux,  c'est-à-dire  ceux  qui  ont  renfermé  ou  qui  renferment 
encore  des  traces  de  formation  embryonnaire;  2°  les  blastodermes  inem- 
bryonnés  vrais,  c'est-à-dire  ceux  qui,  à  aucim  moment  de  leur  existence, 
n'ont  jamais  eu  d'embryon. 

»  Cette  distinction,  qui  avait  déjà  été  fuite  implicitement  par  Dareste, 
a  une  importance  qui  dépasse  de  beaucoup  la  question  morphologique, 
comme  nous  allons  le  voir. 

»  1°  Les  faux  blastodermes  sans  embryon  rentrent  dans  la  catégorie  des 
monstruosités  simples  de  Dareste  (anomalies  des  annexes  de  l'embryon  ;. 
Ils  proviennent  de  développements  qui  ont  commencé  d'abord  normale- 
ment, c'est-à-dire  avec  la  formation  d'un  embryon,  mais  ce  dernier  étant 
mort  de  très  bonne  heure,  son  corps  s'est  désorganisé  et  a  disparu  plus  ou 
moins  complètement  alors  que  son  blastoderme  a  contintié  à  se  développer 


(  35 1  •) 

pendant  quelque  temps.  Ce  premier  groupe  de  blastodermes  se  reconnaît 
à  ce  que  la  partie  centrale  de  chaque  formation  présente  encore  généra- 
lement des  restes  de  l'embryon,  ou  bien,  comme  l'ont  vu  Agassiz  et  D;i- 
reste,  à  ce  que  la  partie  de  l'albumen  correspondant  à  la  région  embryon- 
naire a  été  résorbée,  laissant,  en  cet  endroit,  un  petit  espace  circulaire 
vide. 

»  2°  Les  vrais  blastodermes  sans  embryon  se  développent  toujours 
seuls,  sans  présenter  jamais,  en  aucune  région  de  leur  étendue,  aucune 
espèce  de  formation  embryonnaire. 

»  Mais  alors  que  l'on  peut  concevoir  les  premiers,  en  partie  du  moins, 
comme  une  extension  de  l'aire  germinative,  ceux-ci  se  développent  indé- 
pendamment du  germe  et  en  dehors  de  lui.  Ils  se  forment  donc  quand  le 
pronuciéus  femelle  n'a  pas  reçu  l'imprégnation  d'un  spermattizoïde. 

»  S'ils  débutent  dans  le  voisinage  de  la  cicatricule,  ils  envahissent 
bientôt  la  région  germinative  en  absorbant  le  germe,  et  alors  il  peut  être 
assez  difficile  de  les  distinguer  des  précédents.  S'ils  apparaissent,  au 
contraire,  loin  de  la  cicatricule,  dans  la  région  équatoriale  du  jaune, 
ils  se  développent  bien  également  en  allant  vers  le  germe,  c'esl-cà-dire 
vers  les  régions  de  plus  en  plus  riches  en  protoplasma,  mais  on  a  beaucoup 
plus  de  chances,  alors,  de  rencontrer  ces  blastodermes  avant  qu'ils  aient 
atteint  le  germe. 

»  C'est  un  des  cas  des  plus  nets,  en  même  temps  que  des  plus  rares,  que 
nous  avons  observé  il  y  a  quelques  jours,  chez  un  œuf  de  poule  qui  était 
en  incubation  normale  depuis  deux  jours.  Sur  le  jaune  de  cet  œuf,  la  cica- 
tricule présentait  les  caractères  bien  connus  d'une  cicatricule  inféconde. 
Elle  formait  ime  tache  blanche  circulaire,  plus  petite  que  la  cicatricule 
féconde;  ses  contours  étaient  réguliers,  mais  son  contenu  était  grumeleux. 
Loin  d'elle,  à  une  distance  de  lo™",  se  trouvait  une  bande  blastoder- 
mique,  large  de  5°"°;  cette  bande  faisait  tout  le  tour  du  jaune,  un  peu 
au-dessus  de  l'équateur.  Ses  deux  bords  n'étaient  pas  semblables  :  Le  bord 
supérieur,  celui  qui  était  tourné  vers  la  cicatricule,  formait  un  bourrelet 
saillant,  complètement  isolé  du  jaune  et  libre  de  toute  adhérence  avec 
la  membrane  vitelline.  Le  bord  inférieur,  au  contraire,  était  très  mince  et 
adhérait  assez  fortement  au  jaune,  mais  surtout  à  la  membrane  vitelline. 

»  Débitée  en  coupes,  après  fixation  dans  le  liquide  de  Rleinenberg, 
cette  bande  zonale  blastodermique  nous  a  montré,  à  la  surface,  une  couche 
continue  de  protoplasma  contenant  des  noyaux  tassés  les  uns  contre  les 
autres;  au-dessous  de  ce  feuillet  superficiel,  et  adhérente  à  lui,  était  une 


(  352  ) 

épaisse  couche  de  grains  vitellins  parsemés  de  cellules  à  aspect  mésenchy- 
mateux  disposés  sans  aucun  ordre  régulier.  Le  long  du  bord  supérieur, 
cependant,  on  ne  trouvait  que  des  cellules  et  pas  de  grains  vitellins;  là, 
ces  cellules  étaient  beaucoup  plus  nombreuses  qu'autre  part  et  formaient 
par  leur  présence  le  bourrelet  signalé  plus  haut.  Dans  ce  bourrelet  les 
cellules  étaient  lâchement  unies  entre  elles;  de  place  en  place  cependant, 
elles  formaient  des  amas  cellulaires  tout  à  fait  semblables  à  ceux  qui  consti- 
tuent les  germes  vasculaires. 

))  En  résumé,  cette  étude  histologique  nous  montre  que  le  bord  inférieur 
de  notre  blastoderme  correspondait  à  la  région  où  il  avait  pris  naissance; 
son  bord  supérieur,  au  contraire,  répondait  à  la  région  de  prolifération, 
celle  par  où  se  faisait  l'envahissement  du  jaune.  Le  développement  de 
cette  formation  blastodermique  se  faisait  donc  de  l'équateur  vers  le  pôle 
germinatif,  c'est-à-dire  en  sens  inverse  de  ce  qui  existe  dans  le  développe- 
ment normal. 

»  Cette  observation,  que  nous  croyons  unique,  vient  apporter  une 
contribution  très  intéressante  à  l'étude  des  noyaux  vitellins  ou  noyaux  de 
mérocytes.  Dans  la  région  du  jaune  où  il  se  trouvait,  notre  blastoderme 
n'a  pu  provenir,  en  effet,  que  de  la  pullulation  de  noyaux  vitellins;  or  ces 
noyaux  ne  peuvent  être  considérés,  ici,  comme  des  éléments  dérivés  du 
germe,  puisque  celui-ci  ne  s'était  pas  développé.  D'un  autre  côté,  il  n'existe 
pas  de  noyaux  vitellins  clans  l'oeuf  non  fécondé,  surtout  dans  la  région 
équatoriale  du  jaune.  Il  ne  reste  donc,  jusqu'à  maintenant,  qu'une  seule 
origine  admissible  pour  ce  blastoderme  zonal;  c'est  celle  de  spermato- 
zoïdes aberrants  qui  seraient  venus  se  loger  et  auraient  proliféré  dans  cette 
partie  de  l'ovule,  alors  que  la  région  du  pronucléus  femelle  aurait  été  épar- 
gnée par  eux. 

»  Notre  observation  vient,  par  là  môme,  appuyer  très  fortement  l'idée 
de  la  parthénogenèse  de  la  microgamète  (spermatozoïde)  soutenue  par 
Giard  et  celle  de  la  polyspermie  physiologique  défendue  par  Riickert,  Born, 
Fick,  Oppel,  Nicolas,  etc.  Elle  nous  montre,  en  même  temps,  que  la  féconda- 
tion pourrait  présenter,  chez  les  animaux,  quelque  chose  d'analogue  à  ce 
que  Guignard  a  vu  chez  les  plantes. 

•>  Dans  les  œufs  à  grosses  réserves  nutritives,  il  pourrait  y  avoir  au  même 
moment  ou  à  des  intervalles  courts  :  i"  un  acte  de  fécondation  proprement 
dite,  par  le(juel  un  spermatozoïde  iraits'unir  au  noyau  de  l'œuf;  i"  unacte 
de  parthénogenèse  mâle  |îar  lequel  d'autres  spermatozoïdes  se  développe- 
raient aux  dépens  des  réserves  de  l'œuf.  El  ainsi  pourraient  se  concevoir 


(  353  ) 

des  mélanges  d'influences  paternelles  qui  auraient  naturellement  leur  reten- 
tissement dans  la  formation  des  caractères  individuels.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Action  de  la  pression  totale  sur  l'assimilation 
chlorophyllienne  (').  Note  de  M.  Jeaiï  Friedel,  présentée  par  M.  Gaston 
Bon  nier. 

«  Une  première  série  d'expériences,  qui  a  fait  l'objet  d'une  Note  précé- 
dente (-),  a  montré  qu'une  certaine  diminution  de  pression  amène  une 
diminution  de  l'assimilation  suivant  une  loi  régulière  chez  un  certain 
nombre  de  végétaux:  Ligustrum  japonicuni,  Evonymus  japonicus,  Ruscus 
aculeatas,  etc. 

»  Si  l'on  diminue  davantage  la  pression,  le  phénomène  devient  plus 
complexe.  Soient  A^'^  l'assimilation  d'une  feuille  maintenue  à  la  pression 
normale  dans  une  atmos]>lière  confinée,  contenant  n  pour  loo  de  gaz  car- 

bonique  (environ   lo  pour  loo),  A^  l'assimilation  d'une  feuille  identique 

placée  dans  les  mômes  conditions,  mais  à  une  pression  -  différente,  on  a 
les  résultats  suivants  : 

»  Soil  a  =:  -~.  Pour  des  pressions  coQiprises  entre  i  et  g  d'atmosphère,  2  prend  les 
valeurs  indiquées  dans  le  Tableau  suivant  : 


Ligustrum .  . . .      1       0,74         »  o,5         0,45       0,47       0,7 


)) 

0,5 

0,45 

0,47 

0,45 

o,fi4 

0,75 

o,84 

» 

0,73 

» 

» 

Evonymus  ....      1       0,7c 
(  Ruscus I       0,67         »  0,73  >>  »  2,2        1,1       0,53 

»  Ces  chiffres  montrent  que,  chez  les  trois  plantes  considérées,  le  phénomène  a  une 
allure  très  analogue,  bien  que  les  valeurs  numèiiques  soient  difTérentes.  L'assimi- 
lation diminue  avec  la  pression,  passe  par  un  minimum,  puis  augmente.  Lorsqu'on 
peut  pousser  la  raréfaction  de  l'air  assez  loin,  elle  diminue  de  nouveau  quand  la  pres- 
sion relative  du  gaz  carbonique  devient  très  faible.  Cette  marche  assez  compliquée 
résulte  vraisemblablement  de  la  superposition  de  deux  ou  de  plusieurs  actions  dilfè- 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  el  au  labo- 
ratoire de  Botanique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  dirigés  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

("^)   Comptes  rendus,  27  août  1900. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII.  N°  6.)  46 


(  354  ) 

rentes.  Je  me  suis  proposé  de  séparer  Taction  de  la  pression  totale  de  celle  de  la  pres- 
sion relative  du  gaz  carbonique. 

»   1°  Action  de  la  pression  relative  du  gaz  carbonique.  —  Les  résultats  obtenus 
sont  très  semblables  à   ceux  de  M.  Godlewski  et  de  M.  Kreusler,  qui  ont  opéré  sur 

a;,      _ 

d'autres  végétaux.  Je  me  bornerai  à  donner  ici  les  rapports  a  =  -r-j  qui  interviennent 
seuls  dans  la  séparation  des  deux  actions  considérées. 

„  (  Valeurs  de  a i,58       o,35       d,43     o,45     0,23       »  » 

tn-onymus.  \  .„  k~      r   /a      ■-   -xr 

(  leneur  moyenne  en  OU^.      10,76     12,70     10, 5o     6,4"     0,6b       »  » 

_  (  Valeurs  de  a 1,26       0,71       o,58     o,54     o,45     o,43     0,27 

jxilSCllS  t  \  - 

(  Teneur  moyenne  en  C0-.     28,0       i3,5         8,54     6,8       4)65     3,o       1,0 

M  2°  Action  de   la  pression   totale  seule.  —   Pour  étudier  l'action  de  la  pression 

totale  seule,  je  prends  le  rapport  entre  l'assimilation  A,^  d'une  feuille  placée  dans  de 
l'air  contenant  n  pour  100  de  gaz  carbonique,  à  une  pression  d'une  demi-atmosphère, 

et    l'assimilation    A,',  d'une  feuille  semblable  maintenue  à  la  pression  normale  dans  de 

2 

l'air  contenant  —  pour   100   de  gaz   carbonique.  Ainsi,  la  pression   totale  seule  est 

1 
A^ 
changée,  la  pression  du  gaz  carbonique  restant  la  même.  Soit 


A 

(     Val^iti'C    An    n  III  in 

Evonvtnu 


Valeurs  de  a 1,11  1,9  '  ,  37 

Teneur  moyenne  en  CO^. .  .      i4>45  8;27  Ij75 


»  Si  l'action  de  la  pression   totale  et  celle  de  la  pression  relative  du  gaz  carbonique 
se  superposent  en  agissant  comme  si  elles  étaient  seules,  on  doit  avoir  : 


X  A  1  1 

A  2  "-n  \2 

fV  __|   f^v» 

2 


C'est,  en  effet,  ce  qui  se  vérifie  avec  une  assez  grande  exactitude,  par  exemple  : 

I    1 , 1 1  X  0,69  =:  0,76  pour  i4)45  pour  100. 
Evonynms.  <    1,9    ><o,4    =0,76  pour    8,27         » 


1,37x0,45=0,72  pour    6,75         » 

I 

Or  la  détermination  directe  de  —  donne  une  valeur  de  0,75. 

Il 
»  Autre  exemple  : 

i  A' 
A  2  " 

/i«xc(«  .•«  =  8,54  pour  100  ^r=i,i5  -r-|=:o,58, 

A„  A„ 

2 

'    A  1 
A  -       " 


Or  l'expérience  directe  donne 


(  355  ) 


A  2 

AT  =0.67. 


»  De  ces  divers  résultats  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

M  1°  La  diminution  de  pression  totale  seule  tend  à  favoriser  l'assimi- 
lation ; 

»  2"  L'action  isolée  de  la  pression  du  gaz  carbonique  et  l'action  isolée 
de  la  pression  totale  sont  toutes  deux  modifiées,  et  d'une  façon  différente, 
par  la  teneur  de  l'atmosphère  en  gaz  carbonique.  Mais  ces  modifications 
sont  de  telle  nature  que  le  phénomène  résultant  suit  la  même  loi  dans 
d'assez  larges  limites; 

»  3°  Lorsqu'on  raréfie  simplement  de  l'air  contenant  du  gaz  carbonique, 
on  voit  l'assimilation  passer  d'abord  par  un  minimum,  puis  par  un  maxi- 
mum. » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  tuberculisation  de  la  Pomme  de  terre.  Note  de  M.  Noël 
Ber.vard,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Diverses  considérationsdeBiologie  comparée,  dont  j'ai  exposésommai- 
rement  quelques-unes  dans  une  Note  précédente  ('),  m'ont  amené  à  croire 
que,  chez  certaines  plantes,  la  tuberculisation  de  bourgeons  est  la  consé- 
quence et  le  symptôme  de  l'infection  des  racines  par  des  champignons  endo- 
phytes.  La  Pomme  de  terre  paraît  être  dans  ce  cas. 

»  On  sait  que  les  tubercules  de  cette  plante  se  forment  sur  des  stolons 
partant  de  la  base  de  la  tige;  les  bourgeons  terminaux  de  ces  stolons  sont 
arrêtés  dans  leur  différenciation,  tandis  que  de  l'amidon  s'accumule  dans 
leur  moelle  hypertrophiée.  J'ai  signalé  déjà  d'autre  pari  la  présence  cons- 
tante d'un  endophyte  dans  les  racines  des  pieds  tuberculisés. 

»  Ce  champignon  endophyte  est  identique  au  Fusarium  Solaiii  qu'on  trouve  fré- 
quemment végétant  en  saprophyte  sur  des  tubercules  de  Pommes  de  terre  atteints  de 
maladies  diverses.  J'ai  pu  constater  par  des  expériences  préliminaires  qu'il  existe 
normalement  à  la  surface  des  tubercules  sains.  Le  parenchyme  de  ces  tubercules 
n'est  pas  infesté,  mais  leurs  assises  subéreuses  externes  de  cellules  mortes  et  pleines 
d'air  renferment  constamment  des  champignons  à  l'état  de  filaments  ou  de  spores.  La 


(')  Sur   les   tuberculisations  précoces  chez    les    végétaux    {Comptes    rendus, 
i5  octobre  1900). 


(  35i;  ) 

présence  du  Fiisariiini  Sola/ii  y  est  constante.  Un  essai  a  porté  sur  5o  luberculesde  la 
variété  Marjolin  abandonnés  en  milieu  stéiile  et  humide  après  des  lavages  au  sublimé; 
sur  tous  les  tubercules  on  obtient  un  développement  de  mycélium.  En  sus  du  Fusarium 
Solani  on  n'y  trouve  avec  quelque  fréquence  qu'une  espèce  voisine  :  le  Spicaria  So- 
lani.  La  présence  normale  de  ce  Fusarium  sur  les  tubercules  sains  explique  la  fré- 
quence de  son  développement  sur  les  tubercules  malades  et  aussi  la  régulière  contami- 
nation des  sols  où  l'on  cultive  la  Pomme  de  terre. 

»  Si  l'envahissement  des  racines  par  ce  chimipignon  est  bien  la  cause  de 
la  tnbercnlisation,  on  doit  pouvoir,  en  évitant  nu  en  limitant  V  infection,  suppri- 
mer ou  restreindre  la  tuberculisation.  La  culture  des  Pommes  de  terre  pou- 
vant se  faire  à  partir  de  tiiberctiles  ou  de  graines,  des  expériences  peinent 
être  tentées  de  l'une  ou  de  l'autre  manière. 

I)  Ne  connaissant  pas  de  moyen  praticable  et  sûr  pour  détruire  les  germes  que  tout 
tubercule  entraîne,  sans  endommager  gravement  ses  bourgeons,  j'ai  cherché  à  réaliser 
la  culture,  à  partir  de  tubercules,  dans  un  milieu  aussi  peu  favorable  que  possible  à  la 
propagation  du  mycélium.  Une  expérience  a  été  faite  sur  16  tubercules  de  la  variété 
Marjolin  plantés  isolément  dans  des  pots  remplis  de  fin  sable  silicieux.  Ces  pots  ont 
été  placés  dans  une  serre  tempérée  et  répartis  en  deux  lots.  Pour  les  8  tubercules  du 
premier  lot,  j'ai  enterré  près  des  bourgeons,  à  l'endroit  où  devaient  se  développer  les 
premières  racines,  quelques  menus  fragments  de  Pomme  de  terre  stérilisée  sur  lesquels 
j'avais  ensemencé  d'avance  le  Fusarium  Solani(\Vi\  s'y  était  abondamment  développé. 
Dans  ces  conditions  l'infection  doit  être  certaine,  précoce  et  constante  pour  les  racines 
des  plantes  de  ce  premier  lot,  tandis  qu'elle  ne  doit  se  produire  que  tardivement  pour 
le  second  lot,  ou  accidentellement  pour  les  racines  qui  viendraient  à  toucher  un  point 
contaminé  du  tubercule  pris  comme  semence. 

»  Au  bout  de  soixante  jours  j'ai  interrompu  l'expérience  pour  constater  l'état  des 
stolons  axillaires  souterrains.  Trois  pieds  dans  chaque  lot  ont  eu  un  développement 
très  lent  et  n'ont  donné  que  de  courtes  tiges  aériennes,  n'ayant  aucun  stolon  à  leur 
base;  ils  ne  donnent  donc  de  renseignement  dans  aucun  sens.  Les  cinq  autres  pieds 
de  chaque  lot,  sur  lesquels  la  comparaison  porte,  ont  développé  des  tiges  aériennes 
ayant  de  So"^""  à  So"^"  de  haut  qui  portent  presque  toutes  des  bourgeons  floraux.  Ces 
tiges  développent  à  leur  base  des  stolons  qui  présentent  d'un  lot  à  l'autre  les  différences 
frappantes  que  j'indique  ici  : 

»  Premier  lot  (plantes  infestées  expérimentalement).  —  Les  stolons  ont  dès  le 
début,  de  leur  développement  donné  des  tubercules  qui  sont  généralement  appliqués 
contre  la  tige.  Le  plus  gros  de  ces  tubercules  a  55"""  de  long.  A  part  trois  stolons 
courts  dont  l'état  est  douteux,  la  différenciation  en  tubercules  ne  peut  être  contestée. 
Tous  les  pieds  portent  des  tubercules. 

»  Deuxième  lot  (plantes  non  infestées  expérimentalement).  —  Les  stolons  sont 
généralement  développés  en  tiges  grêles  ayant  jusqu'à  la  longueur  maximum  de  lo'^'" 
et  ne  présentant  pas  trace  de  tuberculisation.  Les  tubercules  sont  très  rcires,  trois 
pieds  sur  cinq  en   sont   complètement   dépourvus;    leur  taille  ne  dépasse  pas  1=",  ils 


(  357  ^ 

sont  portés  à  l'extrétnité  de  stolons  grêles  de  .'(''"'  à  5""  «le  long  (tubercules  pédicules); 
leur  dilTérenciation  a  donc  été  manifestement  tardive. 

»  Je  donne  ici  la  statistique  de  cette  expérience  seulement  pour  montrer  plus  exac- 
tement la  fréquence  relative  des  deux  modes  d'évolution  des  bourgeons  : 

Premier  lot.  Deuxionio  lot. 

Nombre  total  de  stolons  luberculisés aS  4 

Nombre  total  de  stolons  non  luberculisés 3  21 

»  Une  seconde  expérience  faite  dans  des  conditions  analogues  et  ayant  duré  cent-un 
jours  a  donné  des  résultats  très  nettement  dans  le  même  sens. 

»  La  culture  expérimentale  à  partir  de  graines  pourrait  permettre  des  expériences 
plus  précises.  Les  graines  ne  sont  pas  infestées  :  j'en  ai  obtenu  des  germinations  en 
milieux  stériles.  Le  développement  est  malheureusement  très  lent  et  les  plautules 
qu'on  infeste  tôt  succombent  sans  présenter  de  réaction  facilement  appréciable. 

»  La  propagation  par  graines  donne  lieu,  à  un  autre  point  de  vue,  à  des  remarques 
suggestives.  Les  cultivateurs  qui  obtiennent  des  Pommes  de  terre  de  semis  constatent 
qu'elles  se  tuberculisent  généralement  dans  la  première  année,  sans  avoir  lleuri,  et 
n'accomplissent  ainsi  qu'en  deux  ou  trois  ans  leur  évolution  complète. 

I)  J'interprète  ce  résultat  par  le  fait  que  la  culture  de  la  Pomme  de  terre  étant 
aujourd'hui  partout  répandue,  le  Fusariam  solani  est  devenu  une  espèce  commune  de 
microorganismes  du  sol.  Il  n'en  était  sans  doute  pas  ainsi  aux  premiers  temps  de  l'in- 
troduction de  la  Pomme  de  terre  en  Europe.  Un  remarquable  passage  du  Rarloruin 
plantai  urn  Historia  de  De  l'EscIuse  (1601)  établit  qu'à  cette  époque  les  germinations 
de  graines  donnaient  des  résultats  diflérents  (').  Ce  botaniste  qui,  comme  on  sait, 
propagea  la  Pomme  de  terre  dans  l'Europe  centrale  bien  avant  qu'elle  n'ait  été  intro- 
duite en  France,  conclut,  en  eflTet,  de  l'étude  qu'il  en  a  faite,  qu'on  ne  doit  compter 
pour  la  propagation  de  l'espace  que  sur  les  tubercules.  Il  fonde  celte  opinion 
sur  le  fait  que  les  graines  envoyées  par  lui  à  diverses  personnes  ont  donné  des  pieds 
qui  ont  fleuri  dans  l'année  du  semis  sans  s'être  luberculisés. 

»  11  est  intéressant  de  constater  que  la  Pomme  de  terre  a  été  répandue  par  ses 
tubercules,  qui  sont,  comme  je  l'ai  montré,  contaminés  extérieurement.  Ce  n'est  que 
beaucoup  pins  tard  (1786)  que  Parmentier  pouvait,  à  une  époque  où  la  culture  était 
largement  répandue,  même  en  France,  conseiller  l'essai  des  semis.  Ces  semis  don- 
nent, du  reste,  encore  de  nos  jours,   très   généralement  des  variétés  tardives. 

»  Les  faits  que  j'iti  exposés  ici  confirment  la  conclusion  à  laquelle  j'avais 
été  amené  précédemment.  Si  cette  conclusion  est  exacte,  il  ne  semble  pas 
illégitime  d'espérer  qu'on  pourra,  par  une  culture  rationnelle  des  Pommes 
de  terre,  tenant  compte  de  la  condition  que  j'indique,  régulariser  le  ren- 
dement en  lubercides  et  augiuenter  leur  précocité.    » 


(')  E.  RozE  {Histoire  de  la  Pomme  de  terre,  Paris,  iSg8)  signale  et  cite  intégra- 
lement ce  passage  curieux. 


(  358  ) 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  un  nouveau  groupe  de  roches  très  basiques  ('  ). 
Note  fie  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Michel-Lévy. 

«  Les  Iherzolites  des  Pyrénées  et  particulièrement  celles  de  l'Ariège 
(Etang  de  Lherz,  vallée  de  Suc,  Prades)  renferment,  sous  forme  de  traînées 
ou  de  fdons  distincts,  toute  une  série  de  roches  holocristallines,  grenues, 
essentiellement  constituées  par  un  ou  plusieurs  pyroxènes  (diopside,  dial- 
lage,  bronzite)  et  du  spinelle  vert  foncé.  Elles  peuvent  en  outre  contenir 
du  grenat  pyrope  (calcique  et  ferreux)  et  enfin  de  la  hornblende  brune, 
ferrifére,  qui  devient  parfois  assez  abondante  pour  faire  disparaître  les  py- 
roxènes; elle  est  alors  accompagnée  d'un  peu  debiotite.  L'olivine  n'existe 
qu'accidentellement  et  toujours  en  petite  quantité;  il  en  est  de  même  pour 
des  traces  d'un  feldspath  (andésine  ou  anorthite)  qui  est  localisé  dans 
les  zones  kélyphitiques  entourant  le  grenat  ou  dans  de  petites  plages  enve- 
loppant des  grains  corrodés  de  spinelle  et  de  grenat;  ce  feldspath  paraît 
d'origine  secondaire. 

M  Les  analyses  suivantes  ont  été  faites  par  M.  Pisani  sur  les  principales 
combinaisons  minéralogiques  que  j'ai  observées  dans  ces  roches. 

»   a.  Elang  de  Lherz  :  diallage,  bronzite,  spinelle. 

»  b.  Escourgeat  :  même  roche,  avec  en  outre  hornblende  et  un  peu  d'olivine  ser- 
pentinisée. 

»  d.   Etang  de  Lherz  :  hornblende  et  grenat,  un  peu  de  biotite  et  d'olivine. 

»   e.   Etang  de  Lherz  :  diopside,  grenat,  spinelle. 

»  /.  Étang  de  Lherz  :  Diallage,  bronzite,  hornblende,  olivine  (serpentinisée  et 
calcifiée). 

»  g.   Etang  de  Lherz  :  même  roche  que  /avec  en  outre  très  peu  d'andésine. 

»   Je  donne  par  comparaison,  en  II,  la  composition  de  la  Iherzolite  de  Lherz. 

a.  b.  c.  d.  e.  f.  g.  h. 

SiO^ 47,09       47,29       42,68       38,58       44,38       38. gS       42,324     4,64 

APO' 16,99       16,93       18, 36       20,42       17,60       19,80       i5,4i       5,85 

Cr^O' »  »  »  »  »  »  »  0,20  env. 

Fe^O^ 1,62  1,58         5,27  7,60  1,42  3,01  2,69  2,85 

FeO 3,60  2,67         7,02  5,91  3,91  4,54  5,96  4,5o 

MgO 19,92  21,01  12,89  '2,93  i5,i4  16,42  19.25  38,76 

Ca  0 9,20  8,56  10, o5  9,43  i6,o3  i2,o5  11,97  2,47 

Na^  O o,5o  1,17         1,69  2,29  0,78  0,89  1,04  » 

K-0 0,25  0,39  o,5i  1,39  0,1 5  0,37  0,24  « 

Perte  au  feu  o,83  0,29  2,5o  i,25  0,59  3,36  i,23  o,3o 

100,00       99,89     100,97       99,80     100,00       99,39     100,11      99,57 
(')  A.  Lacroix,  Comptes  rendus,  t.  CXX,  p.  752;  1895. 


-   (  359  ) 

»  La  comparaison  de  ces  analyses  montre  que  pyroxéniques  et  amphi- 
boliques,  malj;ré  leur  diversité  de  composition  minéralogique,  ces  roches 
présentent  un  air  de  famille  remarquable;  leur  teneur  en  silice  est  peu 
différente  de  celle  de  la  Iherzolite  ou  est  identique.  Elles  se  différencient 
de  cette  roche  par  une  teneur  beaucoup  plus  grande  en  alumine  et  en 
chaux,  compensée  par  une  richesse  beaucoup  moindre  en  magnésie;  il 
existe  en  outre  un  peu  d'alcalis  atteignant  leur  maximum  dans  les  types 
riches  en  amphibole  et  en  biotite.  Nos  roches  diffèrent  des  pyroxénolites 
connues  dans  d'autres  régions;  celles-ci,  en  effet,  ne  sont  guère  plus  alu- 
mineuses  que  la  Iherzolite  et  ont  de  5o  à  55  pour  loo  de  silice. 

»  Les  véritables  affinités  chimiques  des  roches  qui  nous  occupent  sont 
avec  les  gabbros  dont  elles  possèdent  la  haute  teneur  en  alumine,  en 
chaux  et  en  magnésie;  elles  en  constituent  le  type  ultra-magnésien, 
offrant  de  la  façon  la  plus  nette  le  caractère  lamprophyrique.  Leur  carac- 
téristique réside  donc  dans  une  composition  minéralogique  excluant  les 
feldspaths  et  une  composition  chimique  qui,  «/jn'orî,  pouvait  faire  supposer 
que  ces  minéraux  jouaient  un  rùle  important  dans  leur  constitution. 

»  Ces  considérations  m'ont  conduit  à  entreprendre  sur  ces  roches  toute 
une  série  d'expériences  synthétiques  par  la  voie  purement  ignée. 

»  Les  spinelles  ne  se  produisant  en  quantité  notable  dans  les  magmas  fondus  sili- 
cates que  lorsque  ceux-ci  sont  sursaturés  d'alumine,  il  m'a  |)aru,  en  effet,  possible 
d'obtenir  aux  dépens  de  ces  roclies,  qui  ne  sont  pas  dans  ce  cas,  des  produits  cristal- 
lisés différents  de  ceux  qui  les  constituent  naturellement.  J'ai  fondu  dans  des  creusets 
de  platine  les  échantillons  dont  les  analyses  ont  été  données  plus  haut.  Ils  ont  été  trans- 
formés ainsi  en  des  verres  homogènes  qui  ont  été  ensuite  recuits  pendant  environ  douze 
heures.  Ils  cristallisent  très  facilement,  trop  facilement  même,  car  ils  ont  une  grande 
tendance  à  laisser  déposer  des  cristallites  de  péridot  par  suite  d'une  cristallisation 
incomplète.  Quand  le  recuit  a  été  bien  conduit,  j'ai  obtenu,  et  particulièrement  avec 
les  échantillons  dont  l'anah'se  est  donnée  en  b  et  e,  des  roches  constituées  par  des 
microlites  d'augite  englobés  par  des  cristaux  plus  grands  de  bylovvnite. 

»  Ces  résultats  ont  un  vif  intérêt  théorique,  en  montrant  la  signification 
exacte  de  nos  roches  qui  sont  à  la  limite  des  groupes  des  gabbros,  des 
pyroxénites,  et  des  péridotites  et  dont  la  composition  chimique  permet  la 
production  de  roches  minéralogiquement  différentes,  suivant  les  con- 
ditions qui  président  à  la  consohdation  du  magma  dont  elles  proviennent. 
Leur  forme  d'épanchement  serait  des  labradorites  ou  des  basaltes  extrê- 
mement pyroxéniques.  Elles  doivent  à  une  cristallisation  intratellurique 
leur  composition   minéralogique   spéciale  (abondance  du  spinelle  et  du 


(  36o  ) 

grenat  associés  :  des  pyroxènes  et  de  l'amphibole),  instable  dans  les  con- 
ditions qui  président  à  la  cristallisation  des  roches  superficielles  par  fusion 
purement  ignée.  Il  est  donc  possible  de  donner  ainsi  une  démonstration 
expénnientale  du  mode  de  consolidation,  non  seulement  de  ces  roches 
spéciales,  mais  encore  des  Iherzolites  qu'elles  accompagnent  et  de  con- 
firmer ainsi  les  déductions  que  j'ai  tirées  à  cet  égard  de  VobsenaUon  sur  le 
terrain  des  si  remarquables  phénomènes  de  contact  de  la  Iherzolite. 

»  Pour  toutes  ces  raisons,  il  n'est  plus  possible  de  considérer  ces  roches 
comme  de  simples  pyroxénolites;  il  est  nécessaire  d'en  faire  dans  les  clas- 
sifications un  sous-groupe  distinct  établissant  le  passage  des  pyroxénolites 
aux  gabbros  (');  je  les  désigne  sous  le  nom  à'ariégiles,  [)our  rappeler  la 
région  où  elles  sont  particulièrement  abontlantes.    » 


GÉoroGlE.  —  Nouvelles  observations  sur  la  période  glaciaire  dans  les  Kar- 
pates méridionales.  Note  de  M.  E.  de  Martonse,  présentée  par  M.  de 
Lapparent. 

«  Dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie  an  mois  de  novembre  1899, 
j'iii  exposé  les  premiers  résultats  de  recherches  sur  les  traces  de  la  période 
glaciaire  dans  les  Karpates  méridionales,  particulièrement  dans  le  massif 
du  Paringu  et  les  monts  de  Fogarash.  J'ai  établi  que  ces  montagnes  avaient 
subi  une  glaciation  du  tvpe  pyrénéen,  qui  s'était  ATaisemblablement  répétée 
deux  fois  et  avait  affecté  tous  les  principaux  sommets.  Pendant  l'été 
de  1900  j'ai  exploré  les  monts  de  la  Cerna,  les  monts  du  Lotru,  la  partie 
occidentale  des  Fogarash  (Jeseru),  et  le  massif  du  Csukas.  Les  faits 
observésp  ermettent  de  préciser  et  d'étendre  mes  conclusions. 

»   I^e  massif  du  Csukas,  constitué  par  les  conglomérats  cénomaniens  qui 


(')  M.   Lœwinson-Lessing  a  établi  une   classification   chimique  des   roches  en   se 
basant  en  particulier  sur  la  considération  des  rapports  moléculaires 

(I^O  +  R-0):R-0^:SiO-; 

il  est  intéressant,  à  ce  point  de  vue,  de  faire  remarquer  que  la  caractéristique  des 
ariégites  rèi\Ae  dans  ce  que  les  proportions  moléculaires  des  oxydes  (RO  +  R'O) 
sont  sensiblement  égales  à  celles  de  SiO-;  on  a,  en  elTet,  pour  les  diflérentes  analyses 
données  plus  haut,  les  rapports  suivants  :  (RO  -t-  R^O)  :  R-0'  :  SiO'=  (a)  4, 1  :  t  :  "^,4; 
(6)  4,4  :  I  :  4,5;  (c)  3,3  :  i  :3,6;  {d)  2,5:  i  :  2,6:  (e)  3,i  :  i  :3,i;  (/)  3,2  :  1  :3,i; 
(»"')4,8:  I  :4,i. 


(  36i   ) 

forment  la  base  du  flysch,  est  entaillé  p;ir  des  ravins  dominés  d'escarpe- 
ments sauvages,  mais  sans  traces  de  cirques  ni  de  roches  moutonnées.  Le 
point  culminant  n'atteint,  en  effet,  l'altitude  de  igSS^que  sous'la  forme 
d'une  pyramide  dominant  de  200""  le  reste  du  massif.  En  admettant  pour 
cette  région  une  limite  des  neiges  éternelles  légèrement  supérieure  à  celle 
que  nous  avons  fixée  pour  lesFogarash  (1900™),  on  comprend  qu'il  n'y  ait 
pu  y  avoir  formation  de  glaciers. 

))  Le  massif  de  Jeseru,  dont  l'exploration  géologique  reste  encore 
presque  entièrement  à  faire,  s'élève  à  l'extrémité  orientale  des  monts  de 
Fogarash,  au  point  oi!i  les  deux  chaînes  qui  constituent  ce  bourrelet  mon- 
tagneux (chaîne  du  Negoiu  et  chaîne  du  Cozia)  viennent  se  raccorder  par 
une  inflexion  vers  le  nord  de  la  chaîne  méridionale.  La  crête  principale 
court  du  N.-E.  au  S.-O.,  de  même  que  l'anticlinal  de  gneiss  qui  forme  le 
cœur  du  massif.  Elle  reste  constamment  à  une  altitude  voisine  de  2200"", 
atteignant  2400"'  à  Fapusa  et  Jeseru  mare,  et  est  découpée  comme  à  l'em- 
porte-pièce  sur  ses  deux  versants  par  des  cirques  aussi  typiques  que  ceux 
du  Paringu.  Les  plus  nombreux  et  les  plus  beaux  sont  ceux  duTcrsant  N. 
J'ai  pu  faire  une  topographie  sommaire  des  deux  cirques  d'Oticu,  tournés 
vers  l'ouest  et  le  nord,  et  j'ai  levé  à  i  :  5ooo*,  avec  la  règle  à  éclimètre,  les 
deux  paliers  supérieurs  du  cirque  de  Jeseru  mare.  Ces  cirques  renferment 
des  lacs  entourés  de  roches  moutonnées  ou  cerclés  de  remparts  d'éboulis 
ressemblant  à  des  moraines.  Le  calcul  de  l'altitude  moyenne  des  paliers 
inférieurs  des  cirques  et  des  roches  moutonnées  me  conduit,  en  adoptant 
la  méthode  que  j'ai  appliquée  au  Paringu,  à  admettre  que  la  limite  des 
neiges  éternelles  devait  être  légèrement  supérieure  à  1900*". 

»  Les  monts  du  Lotru  sont  moins  élevés  que  ceux  du  Fogarash.  Le  point 
culminant  de  la  chaîne  méridionale  (Balota)  atteint  2o55'",  mais  la  crête 
reste  longtemps  à  une  altitude  voisine  de  2000".  Cependant  je  n'y  ai 
observé  qu'un  seul  cirque  bien  formé,  celui  de  Groupa  Mâlâi,  tourné  vers 
l'est,  et  dont  le  palier  inférieur  descend  à  iSSo™.  Cette  constatation  ne 
peut  surprendre,  si  l'on  admet  une  limite  des  neiges  éternelles  voisine  de 
1900™,  et  si  l'on  songe  à  la  raideur  des  pentes"du  versant  N.  dans  cette 
chaîne. 

»  L'exploration  des  monts  de  la  Cerna  est  celle  qui  a  fourni  les  résul- 
tats les  plus  importants  et  les  plus  inattendus.  La  chaîne  cristalline  qui, 
depuis  la  source  de  la  Cerna,  domine  à  l'ouest  le  cours  de'cette  rivière, 
marqué  par  toute  une  traînée  de  récifs  calcaires  dont  jle  mont  Oslia  est  le 
point  culminant,  n'est  que  l'extrémité  du  grand  massif  cristallin  étudié 

C.  K.,  lyoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  6  )  4? 


(  362  } 

dans  le  Banat  par  M.  Schafarzik.  La  crête,  formée  par  la  partie  supérieure 
du  Cristallin,  fortement  injeclée  de  pegmatites  et,  localement,  de  diabases, 
ne  dépasse  pas  2300"",  mais  reste  constamment  supérieure  à  2000""  et  est 
entaillée  profondément  sur  ses  deux  versants  par  un  grand  nombre  de 
cirques,  quelques-uns  rappelant,  par  leur  complexité  et  les  cirques  laté- 
raux qu'ils  présentent,  les  plus  beaux  cirques  du  Paringu.  Partout  on 
trouve  des  lacs;  les  plus  grands  sont  ceux  de  Godeanu  (iSgS™)  et  Cracu 
Mainese  (1777")  dont  j'ai  pu  faire  un  levé.  Les  roches  moutonnées 
semblent  manquer  presque  complètement;  mais  le  fond  des  cirques  est 
couvert  d'ébouiis  qui  prennent  parfois  sur  les  bords  l'aspect  de  moraines 
latérales,  et  l'extrémité  des  paliers  inférieurs  présente  des  terrasses  ana- 
logues de  tout  point  aux  terrasses  pseudomorainiques  du  Paringu. 

»  L'une  d'elles,  celle  du  cirque  de  Soarbele,  est  incontestablement  une 
moraine  terminale.  Elle  en  a  conservé  la  forme  topographique  (muraille 
en  fer  à  cheval)  et  n'offre  que  des  blocs  de  schistes  cristallins  identiques  à 
ceux  qui  affleurent  dans  le  fond  du  cirque,  alors  que  les  escarpements 
voisins  sont  constitués  par  les  calcaires  de  la  Cerna.  Des  raisons  analogues 
me  font  considérer  comme  une  moraine  le  bourrelet  qui  barre  l'extrémité 
inférieure  du  grand; cirque  de  Màcusa,  près  de  la  Stina.  Les  cirques  du 
versant  nord  de  la  chaîne  présentent  également  des  murailles  en  fer  à 
cheval  d'apparence  morainique. 

»  La  moraine  de  Soarbele,  dont  l'allitude  est  seulement  de  i437™,  va 
se  raccorder  par  une  pente  de  iS"  à  20°  avec  une  terrasse  formée  des 
mêmes  éléments.  C'est  donc  un  complexe  fluvioglaciaire  en  petit.  MuUe 
part  ailleurs  je  n'ai  trouvé  de  traces  glaciaires  aussi  basses,  mais  on  doit  se 
rappeler  que  récemment  M.  Schafarzik  trouvait  dans  le  massif  voisin  du 
Sarko  une  moraine  terminale  par  1700'"  environ.  Pour  la  chaîne  du 
Godeanu  on  arrive,  en  employant  la  même  méthode  que  pour  Jeseru,  à 
une  limite  des  neiges  éternelles  d'environ  1600"". 

»  Deux  conclusions  nous  semblent  se  dégager  de  ces  faits,  rapprochés 
de  ceux  que  nos  études  précédentes  ont  révélés.  C'est  d'abord  le  rapide 
abaissement  de  la  limite  des  neiges  éternelles  vers  l'ouest,  en  partant  du 
Csukas  où  elle  dépassait  igoo™  pour  arriver  à  l'autre  extrémité  de  la 
Valachie  où,  dans  les  monts  de  la  Cerna,  elle  descendait  à  1600"*.  Ce  fait 
semble  général  dans  toute  l'Europe,  et  a  été  récemment  mis  en  lumière 
dans  la  péninsule  des  Balkans  (Cvijic-Penck).  —  D'autre  part,  on  doit 
remarquer  que  dans  les  massifs  où  les  glaciers  sont  descendus  le  plus  bas 
(monts  d(;  la  Cerna),  les  appareils  morainiques  sont  encore  bien  conservés, 


(   363    ) 

tandis  que  dans  ceux  où  los  glaciers  se  sont  arrêtés  plus  haut  les  moraines 
ont  été  la  proie  de  l'érosion;  par  contre  c'est  dans  les  montagnes  où  la 
recherche  des  moraines  est  le  plus  problématique  qu'on  trouve  les  pl'.is 
belles  régions  de  roches  moutonnées  (^Paringti),  tandis  qu'ailleurs  on  a 
peine  à  en  trouver  quelques-unes  sous  les  débris  glaciaires.  Il  y  a  là  une 
indication  sur  la  marche  que  suit  l'érosion  dans  son  travail  d'effacement 
progressif  des  traces  d'une  glaciation  restreinte.  » 


GÉOLOGIE.  —  f^es  transgressions  et  les  régressions  des  mers  secondaires  dans 
le  bassin  de  l'Aquitaine,  ^'ote  de  M.  Pu.  Glangeacd,  présentée  par 
M.  Albert  Gaudry. 

«  L'étude  du  Jurassique  et  du  (Irétacé  du  bassin  de  l'Aquitaine  me 
conduit  à  établir  des  conclusions  générales  sur  les  transgressions  et  les  ré- 
gressions marines  dans  ce  bassin  et  me  permet  de  montrer  leurs  rapports 
avec  les mom'ements  du  sol  (oscillations  verticales  et  refoulements  latéraux) 
et  la  distribution  des  faciès. 

»  A  la  fin  de  la  période  Iriasique,  la  mer  longeait  le  bord  sud-ouest  du 
Massif  central,  jusqu'aux  environs  de  Brive.  Dès  le  début  du  Lias,  la  dé- 
pression dans  laquelle  elle  est  logée  s'accentue  et  se  prolonge,  vers  le 
nord-ouest,  dans  la  direction  des  plis  du  sud-ouest  de  ce  massif.  Les  eaux 
marines  suivent  le  mouvement  de  descente  des  masses  continentales,  assez 
accentué  à  VHetlangien,  pour  permettre  la  communication  des  bassins  de 
Paris  et  de  l'Aquitaine,  par  le  détroit  poitevin. 

»  Désormais,  la  sédimcnlaiion  va  suivre,  dans  ce  dernier  bassin,  la 
marche  de  i approfondissement;  elle  sera  d'autant  plus  grande  que  celle-ci 
sera  plus  accentuée.  Toutefois  la  région  correspondant  au  Quercy  et^u 
Sarladais  formera,  durant  tout  le  Jurassique,  une  cuvette  synclinale  dans 
laquelle,  l'enfoncement  étant  plus  rapide,  l'accumulation  des  sédiments 
deviendra  énorme  (i5oo™  au  lieu  de  3'"  à  joo"  dans  le  nord). 

)>  Jja  transgression  marine  s'accentue  au  Lias  supérieur  et  an  Bajocien 
inférieur.  Elle  est  telle,  à  cette  époque,  que  la  Vendée  est  complètement 
immergée  et  qu'il  s'établit  une  communication  temporaire  de  l'Aquitaine 
avec  le  golfe  des  Causses,  ce  qui  explique  le  passage  des  formes  méridio- 
nales (Lytoceras,  Phylloceras^  de  la  deuxième  région  dans  la  première. 

))  Avec  le  Bajocien  sup.  commence  une  régression  marine  atteignant  son 
maximum  au  Bathonien  inf.  et  correspondant  à  un  exhaussement  vertical 


(  364  ) 
du  Massif  central  et,  par  places,  à  des  mouvements  horizontaux  (discor- 
dance). Cette  régression  a  été  constatée  sur  tout  le  parcours  du  Massif  cen- 
tral, qui,  très  réduit,  comme  île,  au  Bajocicn,  fut  si  largement  exondé  au  Ra- 
thonien  inf.,  que  des  lagunes  saumâtres  s'établirent  au  N.-O,  à  l'O.  et  au  S. 
sur  plus  de  ooo'^™.  Par  contre,  la  mer  continuait  de  couvrir  une  partie  de  la 
Vendée,  jusque  vers  l'embouchure  de  la  Loire. 

»  Une  nouvelle  transgression  marine  débute  au  Callovien  et  se  poursuit 
jusqu'à  la  fin  du  Rimmeridgien.  L'enfoncement  du  bassin  se  fait  régulière- 
ment, mais  il  est  toujours  plus  accentué  dans  le  Quercy. 

»  Des  mouvements  du  sol,  dont  les  effets  sont  faciles  à  constater,  ont 
lieu  au  Portlandien  inf.  La  Bretagne  et  le  Massif  central  s'exondent,  s'on- 
dulent et  ainsi  cesse  la  communication  des  mers  par  le  détroit  du  Poitou. 
Puis  le  mouvement  se  propage  {Purbeckien)  au  bassin  lui-même,  dans  lequel 
se  sont  accumulés  les  dépôts  jurassiques.  Il  émerge  peu  à  peu,  à  son  tour, 
tandis  que  sur  son  emplacement,  surplus  de  3oo'"°,  s'étendent  des  lagunes 
saumâtres.  Bassin  et  masses  continentales  sont  définitivement  émergés  à  la 
fin  du  Purbeckien  et  la  mer  rejetée  au  S.-O.  (Pyrénées).  Les  refouiemenls 
latéraux  se  manifestent  durant  tout  V infra-crétacé .  Ils  ont  pour  résultat 
A' esquisser  un  système  de  plis  de  direction  N.-O.  et  de  dômes,  isolés  (Quercy), 
ou  rattachés  à  ces  plis  [dômes  de  Mareuil,  Chapdeuil,  Saint-Cyprien  (Dor- 
dogne),  Jonzac,  île  d'Oléron  (Charente)]. 

»  Sur  la  région  jurassique  ondulée,  puis  aplanie  par  l'érosion,  à  la  fin  de 
r infra-crétacé,  viennent  s'étendre  les  eaux  de  la  mer  Cénomanienne,  dont 
l'arrivée  coïncide  avec  un  nouveau  mouvement  de  descente  du  bassin.  Les 
sédiments  crétacés  recouvrent,  en  effet,  en  transgressivilé,  tous  les  étages 
jurassiques,  avec,  par  places,  une  discordance  atteignant  45°.  Toutefois  les 
mers  crétacées  eurent  une  moins  grande  extension  que  les  mers  juras- 
siques, car  une  notable  partie  du  Quercy  resta  émergée. 

»  Au  Cénomanien,  le  dôme  de  Saint-Cyprien  (Cf.  Comptes  rendus, 
21  janvier  1901)  forme  encore  une  île  bordée  de  lagunes  saumâtres  sur 
plus  de  So*"".  Les  dômes  de  Sauveterre  et  de  Fumel  (Lot-et-Garonne) 
restent  rattachés  à  la  terre  ferme,  tandis  que  ceux  de  Mareuil,  de  Chap- 
deuil, de  l'île  d'Oléron  sont  complètement  recouverts  par  les  eaux. 
Mais  dès  le  Turonien  inf.,  la  transgression  marine  qui  se  produit  amène 
l'immersion  de  tous  ces  dômes.  Ce  mouvement  ne  dure  que  jusqu'au  Turo- 
nien sup.,  époque  à  laquelle  a  lieu  une  nouvelle  régression  marine  ame- 
nant la  formation  de  barres  récifalesà  rudistes,  dans  le  nord,  et  le  dépôt  de 
grès,  de  sables  et  de  lignites  dans  le  sud-ouest. 


(  365  ) 

»  Avec  le  Sénonien  se  produit  un  mouvement  inverse;  la  mer  accumule 
sur  son  fond  une  épaisseur  considérable  de  sédiments  détritiques  à  Ostracées. 
Puis  l'émersion  de  toute  la  région  secondaire  reprend  au  Maëstrichtien,  et 
elle  se  fait  si  rapidement  qu'elle  est  achevée  avant  la  fin  du  Crétacé. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  la  série  des  principaux  phénomènes  des 
temps  secondaires  dans  le  bassin  de  l'Aquitaine  : 


Transgressions 
marines. 

Hettangien. .  .  . 

Lias  sup 

Bajocien  inf. .  . 


Jurassique  sup. 

Infra-crétacé.  .  . 

Cénomanien  .  .  . 
Turonien  inf. .  . 

Sénonien 


Régressions 
marines. 


Bajocien  sup. 

Bathonien  inf. 

» 
Portlandien. 

Purbeckien. 


Turonien  sup. 

» 
MaësU'ichlien. 


Nature  des  dépôts. 


Marnes  et  cale. 

Cale,  coralliens. 

5oo''"'  de  lagunes 

saumàtres.  Lignites. 

Marnes  et  cale. 

» 
Soo'^'"  de  lagunes 
saumàtres  (sel,  gypse). 


I  Marins  au  \. 

\        Saumàtres  au  S. -E. 

Cale,  marneux. 

Récifs  à  rudistes. 

Sables  et  lignites  au  S.-E 

Cale,  détritiques. 


>[ouvemonts  dii  sol. 

Ouverture  du  détroit  poitevin. 
\  Communication    de    l'Aquitaine 
(       avec  le  golfe  des  Causses. 

» 
(  Le  Massif  central  est  exondé.  La 
(      Vendée  est  immergée. 

Discordance  au  S.-E. 

Fermeture  du  détroit  poitevin. 
(  La  mer  est  de  plus  en  plus  rejetée 
\  vers  les  Pyrénées, 
l  Esquisse  du  réseau  de  plis  N.-O. 
(  et  de  dômes.  Leur  ablation. 
1  Discordance  atteignant  45°.  Le 
'  Querc}'  reste  émergé.  Certains 
(       dômes  forment  des  îles. 

Immersion  de  tous  les  dômes. 


Discordance  par  places. 
Emersion  de  tout  le  bassin. 


HYDROLOGIE.  —  Contribution  à  V étude  des  eaux  souterraines.  Courbes  iso- 
chronochromatiques  (').  Note  de  M.  Félix  Marboutix,  présentée  par 
M.  Maurice  Levy. 

«  La  nécessité  de  connaître  les  origines  de  l'eau  arrivant  aux  émer- 
gences des  sources  destinées  à  l'alimentation  a  été  tout  dernièrement  mise 
en  évidence  par  les  travaux  de  la  Commission  scientifique  de  l'observatoire 
municipal  de  Montsouris.  Au  cours  des  études  faites  dans  la  région  alimen- 
tant la  ville  de  Paris  pour  «  tracer  la  Carte  de  la  circulation  souterraine  », 


(')  Travail  exécuté  au  Service  chimique  de  l'Observatoire  de  Montsouris. 


(  366  ) 

suivant  l'expression  de  M.  Diiclaux,  nons  avons  fait  des  expériences  de 
coloration  des  eaux  au  moyen  de  la  fluorescéine,  en  ayant  soin  d'examiner 
tous  les  puits  de  la  région  où  nous  opérions. 

»  L'expérience  nous  ayant  montré  qu'un  très  grand  nombre  de  ])uits 
présentent  des  traces  de  coloration  au  bout  de  temps  plus  ou  moins 
variables,  nous  avons  eu  l'idée  de  tracer  les  courbes  lieux  des  points  où  les 
molécules  d'eau  colorée  arrivent  au  bout  du  même  temps.  Ces  courbes, 
que  nous  avons  d'abord  appelées  isochrones  el  que  M.  Janet  nous  a  proposé 
d'appeler  isochronochromatiques ,  permettent  de  se  rendre  compte  de  la 
manière  dont  les  eaux  se  propagent  dans  le  sous-sol.  Elles  mettent  en 
évidence  des  régions  tranquilles,  où  l'eau  est  presque  stagnante,  et  des 
lignes  de  plus  grande  propagation,  qui  ont  une  importance  particulière  au 
point  de  vue  de  l'hygiène  publique.  Voici  comment  nous  opérons  : 

»  Nous  versons  en  un  point  de  la  nappe  souterraine  à  étudier  une  cer- 
taine quantité  d'une  solution  de  fluorescéine,  en  même  temps  qu'un  volume 
d'eau  suffisant  pour  créer  un  déplacement  de  la  fluorescéine  dans  la  nappe, 
en  augmentant  artificiellement  la  hauteur  du  niveau  piézométriqueau  point 
où  se  fait  le  jet.  Cette  augmentation  doit  durer  un  temps  suffisant  pour 
que  la  dilution  de  la  fluorescéine  dans  la  nappe  acjuifère  soit  assez  pro- 
noncée. L'expérience  nous  a  montré  qu'une  heure  ou  deux  suffisaient.  Les 
molécules  colorées  vont  rejoindre  les  exutoires  naturels  de  la  nappe, 
sources  ou  puits,  en  suivant  les  trajectoires  les  plus  diverses.  En  faisant 
exécuter  des  prélèvements  d'heure  en  heure  et  dans  des  zones  concen- 
triques à  partir  du  point  où  a  eu  lieu  le  jet  de. la  fluorescéine,  on  peut  con- 
naître, à  moins  d'une  heure  près,  l'époque  où  les  molécules,  passant  par 
le  point  considéré,  rejoignent  les  puits  ou  les  sources. 

)>  Ces  heures,  portées  sur  une  carte  de  la  région  à  l'emplacement  de 
chaque  puits,  permettent  de  tracer  des  courbes  de  propagation  des  molé- 
cules d'eau,  par  une  méthode  analogue  à  celle  qui  est  utilisée  pour  le  tracé 
des  courbes  employées  en  météorologie. 

»  La  coloration  des  eaux  des  puits  et  sources  d'une  même  région  pour- 
rait causer  une  vive  émotion  dans  le  pays  si  elle  était  visible  à  l'œil  nu. 
Nous  avons  soin  de  n'employer  que  des  quantités  de  fluorescéine  assez 
fjubles  :  400^'' à  ■joo^'',  suivant  l'importance  de  la  nappe  aquifère. 

»  La  coloration  des  eaux  n'est  alors  plus  visible  à  l'œil  nu  dans  les  con- 
ditions ordinaires,  mais  elle  l'e^l  encore  au  fluoroscope,  dont  M.  Trillat(') 


(')   Comptes  rendus.  1899. 


(367) 

a  donné  le  principe  et  que  nous  avons  perfectionné  en  collaboration  avec 
M.  Molinié,  chimiste  à  l'observatoire  municipal  de  Montsouris. 

»  Notre  fluoroscope  se  compose  de  douze  tubes  en  cristal  très  blanc, 
venus  d'une  même  coulée;  ces  tubes  sont  bouchés  à  une  extrémité  pur  un 
bouchon  en  caoutchouc  rouge  noirci  avec  de  la  plombagine.  La  boîte  ser- 
vant au  transport  des  tubes  contient  des  montants  qui  se  fixent  sur  les 
côtés  de  celle-ci  en  maintenant  une  traverse  percée  de  trous  qui  sert  de 
support  aux  tubes. 

»  Les  tubes  étant  remplis  d'eau  et  placés  verticalement  l'un  à  côté  de 
l'autre  dans  l'ordre  des  heures  de  prélèvement,  on  reconnaic  immédiate- 
ment la  présence  de  la  fluorescéine  à  l'apparition  d'un  reflet  verdàtre  qui 
se  projette  sur  le  fond  noir  formé  par  le  bouchon. 

M  II  faut  se  mettre  en  garde  contre  la  coloration  propre  des  eaux;  il  est 
souvent  commode  de  prendre  un  tube  témoin  ;  c'est  ce  que  nous  avons  fait 
au  début  de  nos  expériences,  en  mars  lyoo.  et  ce  que  nous  faisons  tou- 
jours lorsque  nous  avons  un  aide  peu  expérimenté. 

»  Nous  sommes  arrivés,  M.  Molinié  et  moi,  à  reculer  la  limite  de  visi- 
bilité au  dix-milliardiême.  Mais  cette  limite  dépend  beaucoup  de  la  nature 
de  la  fluorescéine  que  l'on  emploie. 

»  Nous  donnons  ci-dessous  le  Tableau  des  limites  de  visibilité  au  fluoro- 
scope pour  neuf  échantillons  que  nous  avons  étudiés;  ils  proviennent  de 
matières  colorantes,  produites  dans  des  usines  différentes,  désignées  dans 
le  commerce  sous  le  nom  générique  de  Jluorescéme. 

m 

Dilution  des  solutions. 
Coloration  visible 

Nom  au  Iluoroscope 

commercial  à  l'œil  — -. 

Numéro  du  i  i  i  i  5  x  lo' 

d'ordre.       produit.  Aspect.  Couleur.  lo"  5  x  lo'*  lo'  2  x  lo'  i 

1.     Fluorescéine    Masse  amorphe     Kouge  br.     Nette  Nette  Limite  o 


10 


10 


o  o 

o  o  o 

o  o  o  o 


2.  Jaune  4!^  II  Poudre  Vermillon     Nette  Nette  Limite 

3.  Uranine  A.  Poudre  Vermillon     Faible  Limite 

4.  Uranine  B.  Masse  amorphe  Brun              Nette  Nette                o                  o  o  o 

5.  JauneDtlsoi.  Poudre  Brun              Nette  Nette                o                  o  o  o 
().  JauneDHins.  Poudre  Jaune  r.        Tr. faible           o                  o                  o  o  o 

'7.  1^'luorescéine  Poudre  Brun  rouge  Tr. nette  ïr. nette  Tr.  nette  Limite  o  o 

8.  Fluoresc.III  Poudre  Brun  rouge  Faible                o                  o                  o  o  o 

9.  Fluorescéine  Masse  amorphe  Brun  rouge  Tr.  nette  Tr.  nette  Tr.  nette  Tr.  nette  Nette  Limite 


(  368  ) 

»   L'eau  qui  a  servi  à  faire  les  solutions  est  l'eau  de  la  source  du  Miroir 
(à  Theil-sur-Vanne);  elle  était  1res  légèrement  opaline  sur  i™  d'épaisseur.  » 

M.  E.  GuARiNi  adresse  un  complément  à  ses  expériences  sur  la  télégra- 
phie sans  fil. 

M.  A.-L.  Herkera  adresse,  de  Mexico,  une  Note  «  Sur  les  vacuoles 
contractiles  de  l'oléate  d'ammoniaque  en  formation.  » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


M.  B. 


ERRATA. 


(Séance  du    19  novembre   1900.) 


Note  de  M.  M.  Tsvell,  Sur  la  chlorophylliiie  bleue  : 
Page  843,  ligne  24,  au  lieu  de  à  la  ligne  F,  lisez  vers  la  ligne  G. 


K  6. 

TABLE   DES  ARTICLES.  (Séance   du  11    féviiei  1901.) 


aiÉMOIRES  ET  COMMUrVICATIOXS 

DES  MEMBUIÎS   ET    DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


f'ages. 

M.  Bkhïiii:i.ot.  —  Sur  la  géncralion  des 
liyilrocai'bures  par  les  carbures  mctal- 
iitjues '■ '^' 

M.  liEiiTiiELOT.  —  Observations  sur  la  dis- 
solution des  mctaux  solides  dans  le  nier- 
riire  et  plus  gi'néraleuicnt  dans  les  autres 


Pages. 

niélaiix  Condus ■).<)'> 

M.  O.  B.\CKLUND.  —  Sur  la  précession -.syi 

M.  P.  DUIIE.M.  —  Sur  les  chaleurs  spéci» 
fiques  des  fluides  dont  les  éléments  sont 
soumis  à  leurs  actions  iiuiluellcs .!<) ! 


CORRESPONDANCE. 


3,|(i 


atjli 
29b 


■^99 


l.a  Sor.iKTi-:  italienni-:    des   SciExeEs  (ditk 

DES  M,),  l'.VCADK.MIl-:  roNTll'ICALK  DEI 
NUOVl       LlNCEI,      r.XcADEMlE      IIÛYAI.E      DES 

Sciences  physioues  et  matuk.matiuces  de 
Napi.es  adressent  à  r.\cadémie  leurs  pro- 
fondes condoléances  à  l'occasion  de  la  mort 
de  i\(.  Ilerinite 

M.  le  SECiiETAinK  peutetuel  signale  un  Vo- 
lume intitulé  :  «  Etienne  GeoIVroj  Saiiit- 
Uilairc;  Lettres  d'Egypte  »  publiées  par 
.M.  K.-T.  llamy 

M.  H.  Ueslandres.  —  Sur  la  photographie 
de  la  couronne  solaire  dans  les  éclipses 
totales 

M.  J.-J.  Landekeh.  —  Sur  la  théorie  des 
satellites  de  Jupiter ' 

M.  l).-Tii.  lÎGOiiuv.  —  Une  classe  nouvelle 
de  surfaces  algébrii|ucs  (|iil  admettent  une 
déformation  continue  en  restant  algé- 
briqui's '•">- 

M.  Ci.AliUN.  —  Sur  certaines  transforma- 
tions de  Backlund  . . .  .• •'>o5 

M.  .1.  Cot;LON.  —  Sur  le  théorème  d'IIugo- 
niot  et  la  théorie  des  surfaces  caractéris- 
li(|ues ,  307 

M.  U.  ii'.XniiÉMAR.  —  Sur  une  classe  d'équa- 
tions aux  dérivées  partielles  du  second 
ordre î'o 

M.  BuiiL.  —  Sur  les  formes  linéaires  aux 
dérivées  partielles  d'une  intégrale  d'un 
système  d'équations  dillércnticllcs  simul- 
tanées qui  sont  aussi  des  intégrales  de  ce 
système i'3 

M.  RiDiiciîE.  —  Sur  les  voùles  en  arc  de 
ccwje  encastrées  aux  naissances 3ij 

W.  Alfred  Angot.  —  Sur  la  variation  diurne 
de  la  déclinaison  magnétique W; 

M.  li.  .M.wniA.s.  —  Calcul  de  la  formule 
délinilive  donnant  la  loi  de  la  distribu- 
tion régulière  de  la  composante  horizon- 
tale du  magnétisme  terrestre  en  Fiance 
au  1"  janvier  iSg6 3^o 

M.     L.MMAXUEL    LEGR.iXD.     —    Anémomètre 


électrique  à  indications  ii  tlislance 3i3 

M.  A.  Ricpo.  —  Communications  télépho- 
niques, au  moyen  de  lils  étendus  sur  la 
neige 3;>3 

,\L  Janssen.  —  Hemarques  sur  la  commu- 
nication précéilente  de  M.  /licco 3j3 

.\1.  Inouïs  Bknoist.  —  Lois  de  transparence 
de  la  matière  pour  les  rayons  X i3\ 

M.  V.  Cnic.MiEU.  —  Nouvelles  recherches  sur 
la  convectiuu  électrique 3.>- 

M.  Kin.MiN  Larroque.  —  Sur  les  impres- 
sions musicales  (physico  et  psychophysio- 
log  ie  ) 33o 

iM.  Marcel  Delêpixe.  —  Sur  la  formation 
et  1.1  décomposition  des  acétals '.(1 

M.  V.  Uhbaln.  —  De  l'élimination  du  mé- 
thane dans  l'atmosphère 33'| 

.\[.  V.  IjUIGNaud.  .  —  .\ction  des  élliers 
d'acides  gras  monobasi(|UPS  sur  les  com- 
binaisons organomagnésiennes  mixtes....     3  l'i 

MM.  P.  Bayuac  et  C.  Camiciiel.  —  Sur 
l'absorption  de  la  lumière  par  les  indo- 
pliériols 338 

M.  P.  Cazeneuve.  —  Sur  des  combinaisons 
acides  et  alcooliques  de  l'urée  de  la  plié- 
nylhydrazine 3'|0 

-M.  .\.  Beiial.  —  Cétones  de  lliuile  de  bois, 
diniétiiylcyclohexénone 3'|  > 

M.  J.  IIa.monet.  —  Sur  le  butane  dibromi- 
et  le  butagc  diiodé(i.'i)  :  Nouvelle  syn- 
thèse de  l'acide  adipique )'|J 

.M.  l\.  QuiNlON.  .—  Le  globule  rouge  nucléé 
se  comporte  autrement  que  le  globule 
rouge  anuclée,  au  point  de  vue  de  l'os- 
mose, vis-à-vis  de  l'urée  en  solution 5\- 

M.  Gust.U'e  Loisel.  —  Les  blastodermes 
sans  embryon 35o 

M.  Jean  Friedel.'  —  .\ctioii  de  la  |irissioii 
totale  sur  l'assimilation  chlorophyllienne.     353 

.M.  Noël  Bernard.  —  Sur  la  tuberculisa- 
tiou  de  la  Pomme  de  terre 3.5.3 

.M.  A.  Lacroix.  —  Sur  un  nouveau  groupe 
de  roches  très  basiques 35S 


N°  6. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 

M.  E.  DE  .M.iRTONNE.  —  IVouvelIcs  observa- 
tions sur  la  période  glaciaire  dans  les 
Karpates  méridionales 36o 

M.  Ph.  Glangeaud.  —  Les  transgressions  et 
les  régressions  des  mers  secondaires  dans 
le  bassin  de  l'Aquitaine 363 

M.    Félix   Marboutin.    —    Contribution    à 

Errata 


l'étude  des  eaux  souterraines.  Courbes 
isocbronocbroniatiqucs 

M.  E.  Gu.iRiNi  adresse  un  complément  à  ses 
expériences  sur  la  télégraphie  sans  fil  ... 

M.  .'\.-L.  Herreha  adresse  une  .Note  «  Sur 
les  vacuoles  contractiles  de  Toléate 
d'ammoniaque  en  formation  « 


Pages. 


36,5 
36S 

368 
3G8 


P  A  K  t  S  .    —  l  VI  P  lU  VI  B  U  I  E     G  A.  U  T  H  f  E  K  -  V I  L  L  A  K  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  5i. 

t.r    Cëfeinl  •  ^'AUrHIKH- V  ILLAKS. 


APR3O1901  iQQ^ 

PRE3IIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

P4li    UTI.    tiKS  SECBÉr.%IHESI   PEHPÉTITEKiS. 


TOME  CXXXII. 


N°  7  (18  Février  1901) 


PAIUS, 

GAUTHIER-VILLARS.  I.MI'RI.MIiUll-LIBKAIRE 

DliS    COMPTES    KliiNDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

yuai  (les  Graiids-Au{;usUas,   55. 

1901 


RÈULEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dai\s  les  séances  des  a3  juin  1862  et  24  mai  1873 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
V Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennen  t 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  ée.  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  jjas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'd  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droils  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu  autan 
que  l'Académie  l'aurajécidé.  JH 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanc™ 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aci 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analysé  ou  d'un  re 
sumé  qui  no  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sot 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.!. 
Membre  qui  fait  la  présentatix)n  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ofli 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

1 
Le  lion  à  tuer  de  chaque  Membre  doit  être  remisa 

l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.lf 

jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 

le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Complerené 

actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  mi 

vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planchi 


I 


fieures 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera! 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  aVticles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Riipports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemei 

Article  5 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fâiil 
un  Rajjport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  i>fTei 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  lAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM   les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  Us 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5' .  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  saivanM 


APR  30  1901  ' 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  18  FÉVRIER   1901, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  RATIONNELLE.    —  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations 
de  la  Mécanique.  Note  de  M.  H.  Poincarê. 

«  Ayant  eu  l'occasion  de  m'occuper  du  mouvement  de  rotation  d'un 
corps  solide  creux,  dont  la  cavité  est  remplie  de  liquide,  j'ai  été  conduit 
à  mettre  les  équations  générales  de  la  Mécanique  sous  une  forme  que  je 
crois  nouvelle  et  qu'il  peut  être  intéressant  de  faire  connaître, 

M  Supposons  qu'il  y  ait  n  degrés  de  liberté  et  désignons  par  a?,,  x.,,  ..,x,^ 
les  variables  qui  définissent  l'état  du  système.  Soient  T  et  U  l'énergie  ciné- 
tique et  l'énergie  potentielle. 

»  Envisageons  un  groupe  transitif  continu  quelconque.  SoitX,(/)  une 
substitution  infinitésimale  quelconque  de  ce  groupe,  telle  que 

X^(/)  =  ^'^  +  ^?£^--'  +  ^"^- 

C.  R.,  irjoi,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  7.)  4^ 


(  370  ) 

>>   Ces  substitutions  formant  un  groupe,  on  devra  avoir 

»  Nous  pourrons  poser  (puisque  le  groupe  est  transitif  ) 

œl  =  '-^  =  r„  X^  +  -^^ X^  +- . . .  ~h  -o.Xi', 

de  telle  façon  qu'on  puisse  passer  de  l'état  (a?,,  a^j,  •  •  • ,  a;„)  du  système  à 
l'état  infiniment  voisin  (x,-+-  x\dt,  ....  a;„+a7^û?/)  par  la   substitution 

infinitésimale  du  groupe  Vr„c?/X,(y). 

»  T,  au  lieu  de  s'exprimer  en  fonction  des  x'  et  des  x,  pourra  s'exprimer 
en  fonction  des  yi  et  des  x.  Si  nous  donnons  aux  -n  et  aux  x  des  accroisse- 
ments virtuels  S-zi  et  tx,  il  en  résultera  pour  T  et  U  des  accroissements 

»  Le  groupe  étant  transitif,  je  pourrai  poser 

^x^,  =  co,  x^  +  co,  x|t  -f- . . .  ^  10, X';: 

de  telle  façon  que  l'on  puisse  passer  de  l'état  .r,  du  système  à  l'état  infini- 
ment voisin  :r,+  Sx,- par  la  substitution  infinitésimale  du  groupe 


Je  poserai  ensuite 

Soit  alors  l'intégrale  de  Hamilton 

J=  |'(T-U)f//, 


on  aura 


*'-/(2:s*'^.+2".-)'"- 


>;   Or  on  trouve  aisément 

~  HT  '^  j^ 


(  371  ) 
»  Le  principe  de  moindre  action  nous  donne  alors 


))   Les  équations  (i)  comprennent  comme  cas  particuliers  : 

»  1°  Les  équations  de  Lagrange,  quand  le  groupe  se  réduit  aux  substi- 
tutions, toutes  permutables  entre  elles,  qui  augmentent  une  des  variables  o^ 
d'une  constante  infiniment  petite. 

»  2°  Les  équations  d'Euler  pour  la  rotation  des  corps  solides,  où  le  rôle 
des  •/!,  est  joué  par  les  composantes/?,  q,  r  de  la  rotation,  et  celui  de  £2^.  par 
les  couples  dus  aux  forces  extérieures. 

»  Elles  sont  surtout  intéressantes  dans  le  cas  où  U  étant  nul,  T  ne  dé- 
pend que  des  Y).  » 


PHYSIQUE.    —  Sur  la  radio-activite  secondaire  des  métaux. 
Note  de  M.  Henki  Becquerel. 

«  Au  cours  de  mes  expériences  sur  les  propriétés  du  rayonnement  du 
radium,  et  après  avoir  signalé  la  variation  de  l'absorption  du  rayonnement 
déviable  par  un  même  écran  suivant  la  distance  de  celui-ci  à  la  source 
radiante,  j'ai  appelé  l'attention  sur  la  pénétration  extraordinaire  d'une 
partie  du  rayonnement  traversant  le  fond  d'une  petite  cuve  en  plomb  en 
contact  avec  la  matière  active  (').  Quelque  temps  après,  M.  Yillard  (^)  a 
reconnu  dans  la  partie  non  déviable  du  rayonnement  du  même  corps,  des 
rayons  très  pénétrants  se  superposant  aux  rayons  très  absorba  blés  observés 
par  M.  et  M""*  Curie. 

»  En  poursuivant  l'étude  de  ce  rayonnement  très  pénétrant,  j'ai  obtenu 
quelques  résultats  intéressants. 

»  Le  27  mars  1900,  en  vue  d'expériences  sur  la  déviation  électrostatique, 
j'avais  placé  une  petite  quantité  de  sel  de  radium  très  actif,  dans  une  rai- 
nure de  1°""  de  large  environ,  pratiquée  au  milieu  de  la  face  supérieure 
d'un  petit  parallélépipède  en  plomb  de  34""",  5  de  long,  sur  21™'",  2  de 
large  et  7™™,  5  de  haut.  La  rainure,  parallèle  au  grand  côté,  avait  environ 
20™™  de  long,  i™°»,6  de  profondeur  et  contenait  la  matière  active  en  son 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  874;  12  février  1900. 
(*)  Ibid.,  p.  1010;  9  avril  1900. 


(  372  ) 
milieu,  sur  lo™™  de  long  environ  et   i°""  d'épaisseur.  Ce  petit  bloc  de 
plomb  contenant  la  matière  active  depuis  près  de  onze  mois,  a  servi  aux 
expériences  suivantes  : 

M  Si  l'on  pose  le  bloc  sur  une  plaque  photographique  enveloppée  de 
papier  noir,  et  si  l'on  développe  la  plaque  au  bout  de  quarante-huit  heures, 
on  observe  sur  celle-ci  une  impression  très  intense.  Cette  action  s'est  pro- 
duite non  seulement  au  travers  du  fond  qui  a  6"™  d'épaisseur,  mais  encore 
par  les  parois  latérales  d'où  il  est  sorti  un  rayonnement  qui  a  impressionné  la 
plaque  à  plusieurs  centimètres  de  distance  de  la  source.  Ce  rayonnement 
semble  émaner  de  la  matière  active  de  la  rainure  au  travers  des  faces  du 
bloc  dont  les  angles  projettent  des  ombres  divergentes.  Si  ce  rayonnement 
latéral  provient,  sans  transformation,  de  la  substance  active,  il  a  traversé 
des  épaisseurs  de  plomb  de  12™"  à  20™'". 

»  Ce  rayonnement,  ainsi  fdtré  par  une  grande  épaisseur  de  plomb,  est 
extraordinairement  pénétrant  et  donne  naissance  à  des  phénomènes  d'émis- 
sion particuliers.  Il  traverse  facilement  deux  plaques  photographiques  super- 
posées et  va  impressionner  la  couche  sensible  d'une  troisième,  mais  dans 
ce  trajet  la  diffusion  est  très  grande  et  l'impression  nuageuse  qui  couvre 
la  troisième  plaque  n'a  qu'une  analogie  lointaine  avec  la  silhouette  de 
l'impression  faite  sur  la  première. 

»  A  cette  impression  sur  la  première  plaque  se  superpose  un  autre  phé- 
nomène inattendu  :  la  trace  du  bloc  est  marquée  par  un  rectangle  unifor- 
mément impressionné;  cette  impression  uniforme  rectangulaire  se  super- 
pose à  un  rayonnement  identique  à  celui  des  faces  latérales  émis  au 
travers  du  fond,  et  dans  lequel  on  retrouve  la  silhouette  diffusée  de  la 
source  radiante. 

»  Les  mêmes  apparences  se  reproduisent  lorsqu'on  couvre  par  une 
mince  feuille  de  mica  la  plaque  enveloppée  de  papier  noir,  le  phénomène 
n'est  donc  pas  dû  à  des  vapeurs  ordinaires  de  plomb. 

»  Si,  au  lieu  de  poser  directement  le  bloc  sur  le  mica  qui  recouvre 
le  pa|)ier  enveloppant  la  plaque  photographique,  on  le  fait  reposer  sur 
une  lame  de  plomb  de  1°""  d'épaisseur,  de  forme  quelconque,  dépassant 
de  plusieurs  centimètres  les  contours  du  bloc  actif,  et  si  l'on  dispose  sur  la 
plaque  d'autres  fragments  de  lames  métalliques,  on  observe,  au  bout  du 
même  temps  de  pose,  qu'à  plusieurs  centimètres  de  distance,  toutes  les 
parties  métalliques  atteintes  par  le  rayonnement  ont  donné  sur  la  plaque 
une  impression  plus  forte  que  celle  qu'aurait  produite  le  rayonnement 
direct.  Il  n'est  pas  nécessaire  que  le  métal  soit  en  contact  avec  le  bloc. 


(  373  ) 

»  Une  lame  métallique,  de  plomb  ou  d'aluminium,  posée  sur  la  plaque 
photographique  daos  les  conditions  indiquées  ci-dessus,  au  lieu  de  paraître 
agir  comme  écran  pour  arrêter  le  rayonnement  de  la  source,  donne  au  con- 
traire une  impression  plus  forte;  cette  impression  est  sensiblement  uni- 
forme sur  quelques  centimètres  carrés  de  surface  ;  elle  va  en  diminuant  avec 
l'augmentation  de  la  distance,  et  de  l'épaisseur  du  métal  traversé  oblique- 
ment par  le  rayonnement  incident. 

»  Sur  les  bords  des  lames  disposées  sur  la  plaque,  on  observe  deux  sortes 
d  efiets  :  du  côté  exposé  au  rayonnement,  une  émission  secondaire  très 
intense  que  j'ai  déjà  signalée  il  y  a  deux  ans  (');  du  côté  opposé,  une  ombre 
projetée,  semblable  à  celles  que  j'ai  obtenues  dans  mes  premières  épreuves 
avec  l'uranium  il  y  a  cinq  ans.  Lorsque  ces  ombres  se  projettent  sur  d'autres 
parties  métalliques,  elles  semblent  les  traverser,  ce  qui  montre  que  les 
parties  métalliques  protégées  contre  le  rayonnement  direct  n'émettent  pas 
de  rayonnement  secondaire  et  que  ce  dernier  rayonnement  ne  se  propage 
qu  à  une  petite  distance  des  points  directement  excités. 

»  Une  seconde  plaque  photographique,  jilacée  au-dessous  de  la  première 
dans  l'expérience  qui  précède,  montre  avec  une  grande  intensité  le  rayon- 
nement direct;  le  rayonnement  secondaire  des  morceaux  de  plomb  répartis 
sur  la  première  plaque  traverse  plus  difficilement  le  verre  de  celle-ci,  et  la 
seconde  épreuve  donne  une  faible  indication  de  ce  rayonnement  secon- 
daire, au  milieu  des  ombres  plus  intenses  produites  par  les  rayons  directs. 

»  J'ajouterai  que  des  lames  de  plomb  avant  donné  des  impressions  très 
fortes  dans  les  conditions  précédentes,  et  placées  isolément  à  l'abri  du 
rayonnement  excitateur  sur  des  plaques  photographiques,  enveloppées  de 
papier  noir,  n'ont  produit  aucune  action. 

»  Le  phénomène  dont  il  vient  d'être  question  semble  donc  être  un 
rayonnement  secondaire,  produit  par  une  excitation  du  rayonnement  in- 
cident qui  est  absorbé,  mais  moins  pénétrant  que  celui-ci,  et  il  apparaît 
comme  un  phénomène  correspondant  à  ce  qu'est  la  phosphorescence  ou 
la  fluorescence  par  rapport  à  la  lumière.  La  pénétrabilité  du  rayonnement 
secondaire,  plus  faible  que  celle  du  rayonnement  excitateur,  est  analogue 
à  la  même  propriété  des  rayons  secondaires  qui  dérivent  des  rayons  de 
Ronlgen  et  qui  ont  été  découverts  par  M.  Sagnac.   » 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIU,  p.  774;  1899- 


(374  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.    —  Sur  un  nouveau  compose  gazeux,  le  fluorure 
de  sulfuryle  SO-F^  Note  de  MM.  H.  Moissan  et  P.  Lebeau. 

a  En  faisant  réagir  un  excès  de  fluor  sur  le  soufre  dans  un  appareil  de 
cuivre,  nous  avons  démontré  précédemment  qu'il  se  formait  un  perfluorure 
ou  hexafluorure  de  soufre,  de  formule  SF"  (').  Ce  gaz  très  lourd  était 
remarquable  par  sa  grande  stabilité,  puisqu'il  était  inattaquable  par  la 
potasse  fondue  ou  par  le  sodium  à  son  point  d'ébullition.  Nous  avons  fait 
remarquer  que,  si  cette  préparation  était  faite  dans  un  vase  de  verre,  la 
réaction  était  plus  compliquée  et  que,  en  même  temps  que  l'hexafluorure, 
il  se  produisait  des  oxyfluorures  parmi  lesquels  se  trouvait  le  fluorure 
de  thionyle  SOF^,  que  nous  avions  étudié  ensuite  et  qui  a  été  préparé 
complètement  pur  (-).  Nous  avons  poursuivi  l'étude  des  oxyfluorures  qui 
se  forment  dans  ces  conditions,  et  nous  avons  établi,  dans  des  expériences 
préliminaires,  que  le  rendement  en  oxyfluorures  augmen(ait  lorsque  l'ap- 
pareil contenait  une  petite  quantité  d'humidité  susceptible  de  fournir  de 
l'oxygène.  D'autre  part,  nous  avons  remarqué  que  la  préparation  de  l'hexa- 
fluorure de  soufi'e,  lorsqu'elle  était  faite  dans  un  appareil  de  verre,  pouvait 
nous  donner  de  20  à  3o  pour  100  de  gaz  absorbable  par  une  solution 
aqueuse  de  potasse. 

»  Nous  ajouterons  enfin  que  des  proportions  plus  ou  moins  grandes  de 
gaz  fluorés,  absorbables  par  une  solution  alcaline,  se  produisaient  encore, 
mais  d'une  façon  variable,  dans  l'action  exercée  par  le  fluor  sur  le  chlorure 
de  thionyle,  sur  le  chlorure  de  sulfuryle,  et  sur  l'hydrogène  sulfuré  en 
présence  de  l'humidité  ou  du  verre. 

»  Si  l'on  considère  l'hexafluorure  de  soufre  SF",  on  reconnaît  de  suite 
que,  théoriquement,  il  peut  donner  naissance  à  deux  oxyfluorures  de  for- 
mule SOF'"  et  SO^F*.  Le  premier  de  ces  composés  paraît  se  former  lorsque 
l'on  fait  réagir  le  fluor  sur  le  fluorure  de  thionyle  dans  une  éprouvette  de 


(')  H.  Moissan  et  P.  Lebeau,  Sur  un  nouveau  corps  gazeux,  le  perfluorure  de 
soufre  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  2  et  9  avril  1900). 

C)  H.  Moissan  et  P.  Lebeau,  Préparation,  propriétés  et  analyse  du  fluorure  de 
thionyle  {Comptes  rendus,  i.  CXXX,  28  mai  1900). 


(  375) 

verre 

F2+-S0F-^S0F\ 

2  vol.  +  2  vol.  =  2  vol. 

»  La  réaction  se  produit,  en  effet,  à  la  température  ordinaire  et  le 
fluorure  de  thionyle  donne,  dans  ces  conditions,  son  propre  volume  d'un 
nouveau  gaz  non  absorbable  par  l'eau  et  absorbable  lentement  par  une 
solution  alcaline. 

»  Nous  indiquons,  dans  le  présent  Travail,  les  procédés  de  préparation 
et  les  propriétés  de  l'autre  oxyfluorure  de  la  même  série  répondant  à  la 
formule  SO^F^. 

»  Préparation.  —  ï°  Nous  avons  utilisé  pour  obtenir  ce  nouveau  com- 
posé la  réaction  que  fournit  le  fluor  en  présence  d'anhydride  sulfureux 
dans  un  appareil  de  verre. 

»  L'action  du  fluor  sur  le  gaz  sulfureux  est  assez  différente  suivant  les 
conditions  de  l'expérience.  Lorsque  l'on  fait  arriver  quelques  bulles 
d'anhydride  sulfureux  dans  une  éprouvette  de  verre  remplie  de  fluor,  la 
combinaison  est  violente;  elle  se  produit  avec  explosion  et  une  grande 
partie  du  gaz  est  rejetée  hors  de  l'éprouvette.  Dans  ces  conditions  il  se 
forme  un  mélange  de  fluorure  de  thionyle,  d'oxygène  et  d'une  petite  quan- 
tité d'un  oxyfluorure  non  absorbable  par  l'eau  et  décomposablc  par  une 
solution  alcaline.  Au  contraire,  si  nous  faisons  arriver  un  courant  de  fluor 
dans  une  atmosphère  de  gaz  sulfureux,  il  ne  se  produit  pas  de  réaction 
immédiate,  mais,  dès  que  la  teneur  en  fluor  atteint  dans  le  mélange  une 
certaine  limite,  il  se  fait  une  explosion  violente  et  l'appareil  est  brisé.  Si 
l'on  détermine,  en  élevant  la  température,  la  combinaison  continue 
du  fluor  et  de  l'acide  sulfureux  la  réaction  se  poursuit  tranquillement  et 
l'on  obtient  surtout  le  composé  SO^F^. 

»  L'appareil  était  formé  de  deux  ballons  de  aSo""  placés  à  la  suite  l'un 
de  l'autre  et  mis  en  communication  avec  deux  flacons  de  verre  de  même 
capacité.  Les  différentes  parties  de  l'appareil  portaient  deux  tubes  de 
verre  recourbés  à  angle  droit  et  donnant  passage  au  courant  gazeux.  Le 
premier  ballon  possédait  en  outre  un  troisième  tube  destiné  à  l'arrivée 
du  fluor  et,  à  l'extrémité  de  ce  tube,  nous  avions  disposé  un  fd  de  platine 
porté  à  l'incandescence  par  un  faible  courant  électrique.  Cet  artifice  nous 
permettait  d'amorcer  la  réaction  dès  le  début  du  dégagement  du  fluor. 
Lorsque  l'appareil  était  bien  sec,  on  déplaçait  l'air  qui  le  remplissait  par 


(  376  ) 
un  courant  d'anhydride  sultureux,  pendant  environ  deux  heures.  Enfin, 
on  faisait  arriver  par  le  tube  de  verre  un  courant  continu  de  fluor.  Ce 
dernier  gaz  prenait  feu  dans  l'atmosphère  d'acide  sulfureux,  grâce  au  fil  de 
platine  porté  au  rouge,  et  la  réaction  se  poursuivait  ensuite,  le  fluor 
brillant  alors  dans  l'acide  sulfureux  avec  une  flamme  blafarde. 

»  En  même  temps  une  matière  blanche  facilement  fusible  se  déposait 
sur  les  parois  du  ballon  en  gouttelettes  huileuses.  Lorsque  la  prépara- 
tion étail  terminée,  on  scellait  de  suite  les  trois  tubes  abducteurs  du 
premier  ballon.  On  portait  ce  dernier  sur  la  cuve  à  mercure  et  le  gaz 
était  recueilli  dans  une  éprouvette  de  verre.  L'opération  se  poursuivait 
ensuite  au  moveu  du  second  ballon,  les  deux  flacons  qui  suivent  les  ballons 
de  verre  ne  servant  qu'à  empêcher  tout  contact  des  gaz  réagissant  avec 
l'air  atmosphérique. 

»  On  réunit  enfin  le  gaz  du  deuxième  ballon  à  celui  du  premier,  et  l'on 
obtient  ainsi,  dans  chaque  opération,  environ  5oo'='=  de  gaz  qui  contiennent 
de  25o'^''à3oo"  d'oxyfluorure  absorbable  par  la  potasse.  Le  mélange  gazeux 
ainsi  préparé  est  abandonné  pendant  douze  heures  en  présence  de  lo*^*^ 
d'eau  bouillie  qui  élimine  une  petite  quantité  de  fluorure  de  thionyle  et 
l'excès  d'anhydride  sulfureux.  On  lave  ensuite  à  l'eau  bouillie  et  le  gaz 
restant  doit  être  complètement  inodore.  Il  renferme  une  certaine  quantité 
d'oxygène  qui  provient,  d'une  part  de  la  formation  de  fluorure  de  thionyle 
et  d'autre  j)art  de  la  décomposition  par  la  chaleur  d'un  petit  volume  de 
gaz  sulfureux. 

»  Le  gaz  est  ensuite  séché  par  du  fluorure  de  potassium  fondu,  puis 
liquéfié  à  —  80°  dans  un  appareil  de  verre  relié  à  une  pompe  à  mercure 
pour  le  séparer  de  l'oxygène  qui  reste  gazeux. 

»  Lorsque  la  liquéfaction  est  complète,  on  fait  un  vide  partiel  dans 
l'appareil,  puis  on  laisse  la  température  s'élever  et  l'on  recueille  un  gaz 
entièrement  absorbable  dans  une  solution  aqueuse  de  potasse  et  bouillant 
à  une  température  constante  de  —  52°. 

»  2°  On  peut  encore  préparer  cet  oxyfluorure  en  faisant  arriver  un 
courant  de  gaz  fluor  dans  une  atmosphère  d'Iiydrogène  sulfuré  humide.  Le 
fluor  prend  feu  de  suite  dans  l'hydrogène  sulfuré  sans  qu'on  ait  besoin 
d'employer  l'artifice  du  fil  de  platine  porté  au  rouge.  Il  se  produit  une 
flamme  bleue  très  chaude,  et  l'on  recueille  après  l'expérience  un  mélange 
complexe  d'hydrogène  sulfuré,  de  fluorure  de  silicium,  d'hexafluorure  de 
soufre,  de  fluorure  de  thionyle  et  du  nouvel  oxyfluorure.  Ce  dernier  gaz 


(377) 
est  séparé  par  des  lavages  à  l'eau,  par  un  traitement  avec  une  solution  de 
sulfate  de  cuivre,  puis,  après  dessiccation,  il  est  séché  liquéfié  à  —  80"  et 
enfin  fractionné  dans  le  vide. 

»  3°  Le  même  mélange  gazeux  peut  s'obtenir  en  décomposant  l'hydro- 
gène sulfuré  sec  par  le  fluor  dans  un  aj^pareil  de  Aerre.  L'oxygène  de 
l'oxyfluorure  est  fourni  dans  ce  cas  par  l'eau  qui  résulte  de  l'action  de 
l'acide  fluorhydrique  sur  le  verre. 

»  Propriétés  du  fluorure  de  sulfuryle.  —  Le  fluorure  de  sulfuryle  est  un 
gaz  incolore,  inodore,  se  liquéfiant  à  la  température  de  —  52°  et  se  solidi- 
fiant dans  l'oxygène  liquide.  Son  point  de  fusion  est  de  —  120°. 

»  A  cette  température  sa  tension  est  de  65""  et  à — 80°  elle  égale  241""'. 
La  détermination  de  sa  densité,  à  la  température  de  i5°,  nous  a  donné  les 
chiffres  suivants  : 

Thi5orie 
1.  2.  3.  h.  5.  pourSO'F^ 

3,54  3,53  3,57  3,56  3,55  3,53 

w  Ce  gaz  est  sans  action  chimique  sur  l'eau  même  en  tube  scellé  à  la 
température  de  +  i5o°.  L'eau  en  dissout  environ  un  dixième  de  son 
volume  à  +9".  L'alcool  à  la  même  température  en  dissout  environ  trois 
volumes.  Il  est  insoluble  dans  l'acide  sulfurique  à  66°.  Ce  gaz  appartient 
bien  à  la  série  de  l'hexafluorure  de  soufre,  car  il  possède,  comme  lui, 
une  grande  stabilité.  Non  décomposable  par  l'eau  à  la  température  ordi- 
naire, il  est  lentement  absorbable  par  une  solution  aqueuse  et  plus  rapide- 
ment par  une  solution  alcoolique  de  potasse.  Il  est  très  lentement  absorbé 
par  l'eau  de  chaux  et  l'eau  de  baryte. 

»  La  potasse  aqueuse  ou  alcoolique  décompose  ce  gaz  d'après  la  réac- 
tion suivante  : 

S0=F-+4K0H  =  S0'K-+2RF4-2H=0. 

Cette  réaction  a  été  vérifiée  par  l'analyse. 

M  Chauffé  dans  une  cloche  courbe  en  verre  de  Bohême,  il  ne  produit 
aucune  réaction  avant  la  température  du  rouge  sombre.  Si  l'on  chauffe 
davantage,  le  verre  s'attaque  lentement,  et  enfin,  au  point  de  r.imollisse- 
ment  du  verre  de  Bohême,  la  réaction  devient  plus  nette,  le  volume  dimi- 
nue, il  se  produit  du  fluorure  de  silicium  et,  grâce  à  l'oxygène  du  verre, 
de  l'anhydride  sulfurique  : 

2SO^F=  +  SiO-=:  SiF'+  iSO\ 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  7.)  49 


(  378  ) 

»  Nous  ajouterons  que  cette  réaction  est  complexe,  et  qu'il  se  produit 
en  même  temps  une  petite  quantité  d'anhydride  sulfureux. 

»  Action  de  l'hydrogène.  —  En  présence  d'un  excès  d'hydrogène,  le 
fluorure  de  sulfuryle,  chauffé  dans  une  cloche  courbe,  attaque  le  verre  et 
fournit,  dès  le  rouge  sombre,  un  corps  solide,  blanc,  qui  a  donné  au  con- 
tact de  l'eau  les  réactions  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'acide  fliiorhy- 
drique.  La  réaction  est  identique  avec  l'étincelle  d'induction. 

M  Action  du  fluor.  —  Nous  avons  fait  réagir  sur  le  fluorure  de  sulfuryle 
du  fluor  bien  exempt  d'acide  fluorhydrique  qui  n'attaquait  p^s  le  verre  à 
la  température  ordinaire.  Après  deux  heures  de  contact  sur  la  cuve  à  mer- 
cure, le  volume  n'avait  pas  changé,  et  les  propriétés  du  fluorure  de  sulfu- 
ryle étaient  restées  constantes.  Nous  avons  pris  alors  un  volume  déter- 
miné de  2'='=,  75  de  fluorure  de  sulfurvle  que  nous  avons  placé  dans  une 
cloche  courbe  de  verre  de  Bohême,  et  que  nous  avons  additionné  de  12" 
de  gaz  fluor.  On  a  chauffé  ensuite  lentement,  jusqu'à  la  température  de 
200°,  la  partie  courbe  de  la  cloche,  et  l'on  s'est  arrêté  dès  qu'une  légère 
irisation  s'est  produite  à  la  surface  intérieure  du  verre.  En  agitant  ensuite, 
après  refroidissement  avec  du  mercure,  le  fluor  a  été  absorbé,  et  il  nous 
est  resté  2"'^,']^  d'un  gaz  présentant  toutes  les  propriétés  du  fluorure  de 
sulfuryle.  Le  fluor  est  donc  sans  action  sur  ce  nouveau  composé. 

))  Action  de  l'oxygène.  —  Il  ne  se  produit  aucune  réaction  entre  le 
fluorure  de  sulfuryle  et  l'oxygène  à  la  température  de  ramollissement  du 
verre.  Si  l'on  fait  passer  pendant  une  heure  des  étincelles  d'induction  dans 
un  mélange  de  un  volume  de  fluorure  de  sulfuryle  et  de  deux  volumes 
d'oxygène,  il  ne  se  fait  qu'une  très  légère  décomposition  avec  production 
d'une  très  petite  quantité  de  fluorure  de  silicium.  La  plus  grande  partie  du 
gaz  reste  inaltérée.  Sur  4'^'^^>9t  après  une  heure  et  demie  d'expérience,  il 
n'y  a  eu  fie  décon)posé  que  Go'^'^,  de  gaz  fluorure  de  suliuryle. 

»  Action  du  soufre.  —  Le  soufre  réagit  sur  le  fluorure  de  sulfuryle  au 
rouge  naissant.  L'expérience  a  été  faite  dans  une  cloche  courbe,  et,  après 
une  demi-heure  de  chauffe,  on  constate  que  le  volume  a  augmenté.  Il  reste 
après  l'expérience  un  mélange  de  gaz  fluorure  de  silicium  et  anhydride 
sulfureux.  En  partant  d'un  volume  de  3*"=,  2,  nous  avons  trouvé  4°"»  6 
d'acide  sulfureux  et  l'^'jô  de  fluorure  de  silicium. 

»   D'après  la  réaction  suivante, 

2SO-F^  +  SiO-  +S  =  3S0-  -H  SiF*, 


(379  ) 
nous  aurions  dû  trouver  théoriquement  :  acide  sulfureux,  4*^",  8  et  fluorure 
de  silicium,  i'''',6. 

»  Ces  chiffres  sont  assez  voisins  pour  vérifier  en  volume  la  formule 
SO'-F^  du  fluorure  de  sulfuryle. 

»  Sélénium.  —  La  décomposition  du  fluorure  de  sulfuryle  se  produit  à 
une  température  plus  basse  que  la  précédente;  elle  vérifie  de  même  la 
composition  du  fluorure  de  sulfuryle  par  la  réaction  suivante 

2S0='F-+Si0-+Se  =  Se0-+  2S0=4-SiF\ 

))  Phosphore  et  arsenic.  —  Le  phosphore  et  l'arsenic  peuvent  être  dis- 
tillés dans  le  i;az  fluorure  de  sulfurvle  sans  produire  aucuue  réaction. 

Silicium.  —  Ce  métalloïde  réagit  lentement  au  rouge  somhro  sur  le  fluo- 
rure de  sidfuryle.  Il  se  produit  du  fluorure  de  silicium  et  de  l'anhydride 
sulfureux.  Après  une  heure  de  chaufl^e,  la  réaction  est  incomplète. 

»  Bore,  carbone.  —  Ces  corj)S  simples,  au  rouge  sombre,  ne  décom- 
posent pas  le  fluorure  de  sulfuryle. 

))  Action  des  métaux.  —  Le  sodium  peut  être  fondu  dans  le  gaz  fluorure 
de  sulfuryle  sans  produire  aucune  réaction.  Mais,  pour  peu  qu'on  élève  la 
température,  une  absorption  totale  se  produit.  Nous  avons  utilisé  cette 
réaction  pour  dosor  le  soufre  et  le  fluor  dans  ce  nouveau  corps  gazeux. 

»  Le  calcium  chauffé  au-dessous  du  rouge  se  combine  au  fluorure  de 
sulfuryle  avec  incandescence;  il  se  forme  une  masse  grise  contenant  du 
sulfure  de  calcium,  et  un  résidu  insoluble  dans  l'eau  renfermant  tout  à  la 
fois  du  fluor,  du  soufre  et  du  calcium. 

»  Lorsque  l'on  chaufle  du  magnésium  pur  dans  une  cloche  courbe  de 
verre  de  Bohème  remplie  de  fluorure  de  sulfuryle,  la  réduction  du  verre 
par  le  magnésium  se  produit  avant  l'attaque  du  fluorure. 

))   IjC  fer  n'a  pas  d'action  au  rouge  sombre. 

))  Action  de  quelques  comp.ysés  gazeux.  —  Au  rouge  souibre,  le  gaz  acide 
chlorhydrique  est  sans  action  sur  le  fluorure  de  sulfuryle.  Au  contraire, 
l'hydrogène  sulfuré  réngit  assez  rapidement  à  la  même  température,  en 
produisant  un  dépôt  de  soufre  et  une  diminution  du  volume  total. 

»  Le  gaz  ammoiu'ac,  qui  ne  se  combine  pas  à  l'hexafluorure  de  soufre, 
se  combine  au  contraire  lentement,  à  la  température  ordinaire,  au  fluorure 
de  sulfuryle.  Il  se  produit  une  matière  blanche,  solide,  soluble  dans  l'eau, 
dont  la  formule,  d'après  le  volume  de  gaz  absorbé,  serait 

SO-F^.SAzH^         (T.  ij"-H.  760). 

»   Analyse  du  fluorure  de  sulfuryle.  —  Pour  faire  l'analyse  de  ce  nouveau 


(  38o  ) 

corps  gazeux,  nous  avons  utilisé  la  propriété  que  possède  la  vapeur  de 
sodium  de  décomposer  cet  oxyfluonire  en  donnant  un  mélange  solide  de 
sulfure  et  de  fluorure  alcalins. 

w  Un  volume  déterminé  de  gaz  est  introduit  dans  une  cloche  courbe  en 
verre  de  Bohême  dont  la  grande  branche  mesure  o",  80.  On  fait  arriver 
ensuite  un  morceau  de  sodium  dans  la  partie  courbée,  et  l'on  chauffe  jus- 
qu'à ce  que  l'absorption  du  gaz  soit  complète. 

»  On  laisse  refroidir,  on  constate  alors  que  la  hauteur  du  mercure  dans 
la  grande  branche  de  la  cloche  courbe  est  sensiblement  égale  à  la  pres- 
sion atmosphérique,  ce  qui  démontre  que  l'absorption  du  gaz  a  été  totale. 
On  laisse  alors  rentrer  l'air  avec  précaution  et  il  ne  reste  plus  ensuite 
qu'à  doser  le  soufre  et  le  fluor,  dans  le  produit  foudu,  mélangé  d'un  excès 
de  sodium  qui  reste  dans  la  partie  couibe  de  la  cloche. 

»  L'extrémité  du  lube  renfermaut  ce  mélange  est  coupée  et  l'on  pro- 
jette les  fragments  dans  une  solution  aqueuse  de  nitrate  d'argent.  Il  se 
produit  aussitôt  un  précipité  de  sulfure  d'argent  et  d'oxyde  d'argent,  en 
même  temps  que  des  fluorures  d'argent  et  de  sodium  entrent  en  solution. 

»  On  fdtre.  La  partie  liquide  sert  à  doser  le  fluor;  le  précipité  permet 
de  déterminer  le  soufre. 

»  Dosage  du  soufre.  —  Le  précipité  (mélange  d'oxyde  et  de  sulfure)  est 
traité  par  un  excès  d'eau  de  brome  afin  d'oxyder  le  soufre  et  d'amener 
l'argent  à  l'état  de  bromure  insoluble.  On  filtre  et  l'on  dose  le  soufre  à 
l'état  de  sulfate  de  baryum. 

»  Dosage  du  fluor.  —  Le  fluor  est  dosé  à  l'état  de  fluorure  de  calcium 
dans  le  liquide  filtré  obtenu  précédemment. 

»  Pour  cela,  ou  précipite  l'argent  par  l'acide  chlorhydrique,  puis  on 
ajoute  dans  la  liqueur  filtrée  du  carbonate  de  soude  en  léger  excès  et  du 
chlorure  de  calcium;  il  se  produit  un  précipité  de  fluorure  de  calcium  et 
l'on  termine  le  dosage  comme  à  l'ordinaire. 

»  Dans  les  eaux  de  filtration,  on  constate  presque  toujours  la  présence 
d'une  très  petite  quantité  de  soufre  provenant  de  l'oxydation  superficielle 
du  sulfure  de  sodium  pendant  la  première  partie  de  l'analyse. 

))  On  précipite  ce  soufre  à  l'état  de  sulfate  de  baryum,  et  l'on  ajoute  ce 
nouveau  poids  à  celui  qui  a  été  trouvé  précédemment. 

Tliéorie 
1,  2.  pour  SO^F^. 

Soufre 31,73  30,96  31,37 

Fluor 36,87  »  37,26 

Oxygène »  »  3i  ,37 


(  38i   ) 

»  Ainsi  que  nous  venons  de  l'expliquer,  nous  avons  donné  tout  d'abord 
la  préférence  à  cette  décomposition  au  ronge  du  fluorure  de  sulfuryle  ])ar 
la  vapeur  de  sodium,  afin  d'éviter  la  formation  de  composés  fluosulfurcs 
qui  auraient  pu  ne  pas  nous  donner  tout  le  soufre  sous  forme  d'acide 
sulfurique. 

M  Mais  ces  premiers  résultats  ont  été  vérifiés  par  une  autre  méthode. 
Nous  absorbons  un  volume  déterminé  de  fluorure  de  sulfuryle  par  une 
solution  alcoolique  de  potasse.  Après  avoir  chassé  l'alcool,  on  précipitait 
le  soufre  à  l'état  de  sulfate  de  baryte  en  liqueur  acide.  Le  fluor  était  dosé 
par  le  procédé  précédent  dans  le  liquide  filtré.  On  s'assurait  ensuite  que 
le  précipité  de  sulfate  de  baryum  ne  renfermait  pas  de  fluor. 

»   Nous  avons  trouvé  ainsi  les  chiffres  suivants  : 

Théorie 
1.  2.  pour  SO'F=. 

Soufre 3 1,86  3i,6o  31,87 

Fluor 37,42  36,98  37,26 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  nous  avons  obtenu  un  nouveau  corps 
gazeux  appartenant  à  la  série  de  l'hexafluorure  de  soufre.  Il  en  possède  la 
i^rande  stabilité  et,  par  son  peu  d'affinité,  il  peut  lui  être  comparé.  Sa  fur- 
mule  déduite  de  sa  densité,  de  son  analyse  et  de  ses  réactions  est  SO-F^. 
On  peut  donc  le  considérer  comme  l'hexafluorure  SF"  dans  lequel  le  fluor 
est  remplacé  par  île  l'oxygène.  Par  sa  formule  il  semble  correspondre  au 
composé  déjà  connu,  le  chlorure  de  sulfuryle.  En  réalité,  le  groupement 
sulfuryle,  s'il  existe  dans  ce  nouveau  gaz,  fait  partie  d'une  molécule  beau- 
coup plus  stable  dans  laquelle  les  réactions  ne  permettent  pas  de  le  mettre 
en  évidence. 

»  Une  fois  de  plus,  ces  expériences  démontrent  que  si  le  fluor  est  bien 
incontestablement  en  tête  de  la  iamille  des  halogènes,  il  est  un  peu  en 
retrait,  avec  des  propriétés  spéciales  et  caractéristiques  qui  l'éloignent 
légèrement  du  chlore  et  en  même  temps  le  rapprochent  de  l'oxygène.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE .  —  Sur  les  èlhers  alcoylcyanomaloniques  et  les 
acides  alcoytcyanacéliques  qui  en  dérivent.  Note  de  MM.  A.  Haller 
et  G.  Blaxc. 

«  Les  éthers  cyanomaloniques,  dont  l'un  de  nous  a  donné  la  prépara- 
tion ('),  il  y  a  quelques  années,  sont  les  analogues  au  point  de  vue  fonc- 

(')  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  1/12;  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6=  série, 
t.  XVI,  p.  4o3-432. 


(  382  ) 
tionnel  des  élhers  alcoylrvanacétiques,  également  découverts  et  préparés 
par  l'un  de  nous  et  ses  élèves  (  '  ).  Les  deux  séries  d'élhers  décomposent  les 
carbonates,  pour  former  des  sels  bien  cristallisés,  et  c'est  pour  cette  raison 
que  nous  leur  avons  donné  le  nom  d'acides  mélhiniques  {^),  parce  que, 
d'après  leur  mode  de  synthèse,  ils  renferment  le  groupement  méthine  CH. 

CAz  CAz 

R'CO.CH-CO=R,         CH  =  (CO^R)-. 

»  Toutefois,  ainsi  que  nous  l'avons  montré  dans  deux  Communications 
présentées  à  l'Académie  ('),  les  premières  de  ces  molécules,  malgré  l'un 
de  leurs  modes  de  formation  (action  des  chlorures  d'acides  sur  les  éthers  cya- 
nacétiques  sodés),  se  comportent  dans  quelques-unes  de  leurs  réactions, 
non  comme  des  corps  céloiiiques,  mais  prennent  la  forme  tautomère,  c'est- 
à-dire  la  forme  énolique  : 

CAz 

/ 
R'.COH  =C-CO='R. 

»  Nous  avons,  en  effet,  mis  en  évidence  ce  fait  que,  lorsqu'on  traite  leurs 
sels  d'argent  par  des  iodures  alcooliques,  on  obtient  des  combinaisons  de 

la  formule  (I) 

CAz 
/ 

(I)  R'-COR"=G  — CO^R, 

CAz 

/ 

(II)  R'-CO- CR"  — CO^R, 

combinaisons  qui  sont  isomères  avec  celles  (II)  obtenues  jadis  par  M.  A. 
Held  en  traitant  les  éthers  acétoalcoylacétiques  sodés  par  du  chlorure  de 
cyanogène.  Des  essais  tentés  pour  préparer  les  éthers  alcoylcyanomalo- 
niques,  en  partant  des  éthers  alcoylmaloniques  sodés  et  du  chlorure  de 
cyanogène,  n'ayant  donné  aucun  résultat,  nous  avons  appliqué  à  la  pré- 
paration de  ces  corps  la  même  méthode  que  celle  qui  nous  avait  servi  à 


(•)  A.  Haller  el  A.  Held,  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  235;  Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  &'  série,  t.  XVII,  p.  222  ;  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CI;  p.  1270,  etc. 

(=i)  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXX,  p.  iigS. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  142;  Annales  de  Chimie  el  de  Physique,  6»  série, 
t.  XVI,  p.  4o3-432. 


(  383  ) 

produire  les  éthers  de  la  forme 

CAz 

/ 
R'.COR"=C-CO=R(*). 

»  De  l'éther  cyanomalonique  sodé  a  été  traité  par  une  solution  aqueuse 
d'azotate  d'argent,  et  le  précipité  grisâtre,  constitué  par  de  l'éther  cvauo- 
nialonique  argentique,  après  avoir  été  lavé,  séché  et  bien  divisé,  fut  mis  en 
suspension  dans  l'éther  et  chauffé  dans  un  appareil  à  reflux  avec  l'iodure 
alcoolique.  Au  bout  de  quelques  heures,  le  précipité  prend  la  couleur 
jaune  de  l'iodure  d'argent  et  la  réaction  est  terminée.  On  filtre,  on  chasse 
l'étherpar  distillation  et  l'on  rectifie.  On  obtient  ainsi  avec  un  rendement 
pour  ainsi  dire  quantitatif  : 

M   L'éther  méthylcyanomalonique  CAz-CC'  disliliantài35° 

sous  28""". 

»  L'éther  éthylcyanomalonique  CAz. C^.  bouillant  à   142°- 

145°  sous  3o""". 

/C^H' 
»   L'éther  n-propylcyanomalonique    C:Az.C<^  distillant  à 

i55°-i57°  sur  28""". 

»  Ces  éthers  constituent  des  liquides  mobiles  à  odeur  faible  et  com- 
plètement neutres. 

»  Quand  on  les  chauffe  pendant  vingt-quatre  heures  à  l'ébullition  avec  de 
l'acide  chlorhydriqne  concentré,  ou  les  saponifie  en  même  temps  qu'il  y 
a  dé|)art  d'acide  carbonique  et  formation  de  chlorhydrate  d'ammoniaque, 
et  l'on  obtient  respectivement  les  acides  propionique,  butyrique  et  valé- 
rianique  normal.  Ces  acides  ont  été  isolés  par  entraînement  avec  la  vapeur 
d'eau  et  caractérisés  par  leurs  sels  d'argent  dont  on  a  fait  l'analyse. 

/CN 

^•^\(co^c-H^y"^^*^'"^^^^'^'"^-^^'"^^'"^'^''^o' 

-h  AzH'Cl  4-  2C-H50H. 

»  Un  excès  d'une  solution  de  potasse  à  3o  pour  loo,  ajouté  à  ces 
éthers,  provoque  un  échauffement  considérable,  au  point  que  le  mélange 
entre  en  ébullition.   Si  l'on  acidulé  alors  la  liqueur  qui  est  devenue  com- 


(')  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1 221  ;  A.  Haller  et  G.  Blanc,  Comptes 
rendus,  t.  CXXX,  p.  876. 


(  384  ) 

plètement  homogène  par  de  l'acide  sulfiirique  ou  de  l'acide  chlorhydriqne, 
et  qu'on  épuise  le  liquide  par  de  l'éther,  on  obtient  par  évaporation  du 
dissolvant  respectivement  les  acides  «-cyanopropionique,  a-cyanobutyrique 
et  a-cyanovalérionique  à  l'état  huileux. 

»  Pour  caractériser  ces  acides  qui  jusqu'alors  n'ont  été  décrits  que  sous 
la  forme  de  leurs  éthers  éthyliques,  on  les  a  transformés  en  leurs  sels  de 
chaux  en  les  neutralisant  par  du  carbonate  de  calcium. 

))  Ces  sels  cristallisent  difficilement  même  au  sein  de  l'alcool,  sont  très 
solubles  dans  l'eau,  moins  dans  l'alcool.  L'analyse  a  été  faite  sur  des  pro- 
duits préalablement  séchés  à  100°,  puis  portés  à  120". 

»  Pour  achever  la  caractérisation  de  ces  acides  on  les  a  transformés  en 
outre  en  leurs  anilides,  par  la  méthode  décrite  par  l'un  de  nous  (')  et  em- 
ployée à  préparer  la  cyanacétanilide  et  d'autres  combinaisons  de  ce  genre. 
Cette  méthode  consiste  à  chauffer  les  acides  cyanés,  bien  exempts  d'eau, 
avec  la  quanliîé  théorique  d'isocyanate  de  phényle  jusqu'à  ce  qu'on  ne 
perçoive  plus  l'odeur  du  carbanile,  puis  à  purifier  l'anilide  obtenue  par 
une  série  de  cristallisations  dans  l'alcool  et  dans  l'eau  bouillante,  d'oîi  elles 
cristallisent  en  paillettes  blanches. 

CAz  CAz 

R.CHCOOH  +  Az(^^^    ==R.CH-    COAzHC'fP  +  CO-. 

»  Ces  anilides  sont  très  peu  solubles  dans  l'eau,  l'éther  de  pétrole,  très 
solubles  dans  l'alcool. 

/CH' 
))   L'a-cvanopropionanilide  CAz  —  CH^  ^^  ,    xt^«..«  fond  à  loi^-io".". 

\COAzHC  H* 

/C'H'' 
»   L'ot-cyanobutyroanilide  CAz  —  CH  unavs  ^^"^  ^  86''-87°, 

))   L'oc-cvanovaléroanilide    normale     CAz  —  CH  C  fond 

•^  XCOAzHCMI'^ 

à  88''-89''. 

»  L'ensemble  de  ces  recherches  montre,  en  résumé,  que  l'éther  cyano- 
malonique  renferme  bien  un  groupe  méthinique  CH,  et  que  la  substitution 
des  radicaux  alcooliques  se  porte  sur  cet  atome  d'hydrogène,  puisque 
clans  tous  les  dérivés  qu'on  obtient,  en  partant  des  éthers  alcoylcyanoma- 
loniques,  les  radicaux  sont  soudés  à  l'atome  de  carbone  du  groupe  CH.  » 

(')  A.  HALtER,  Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  189. 


(  385  ) 


EMBRYOLOGIE.—  Note  SUT  une  fistule  congénitale  lacrymo-pharyngo- faciale, 
ouverte  au-dessous  de  la  narine  droite;  par  M.  Lannelongue. 

«  Le  développement  de  l'embryon  humain  n'est  pas  absolument  6xé  sur 
tous  les  points,  tant  s'en  faut.  Il  y  a  encore  de  nombreuses  lacunes  qui  ne 
seront  comblées  qu'avec  de  longues  et  patientes  recherches,  mais  qui,  en 
attendant,  sont  l'origine  de  théories  plus  ou  moins  satisfaisantes.  De  temps 
en  temps,  toutefois,  il  arrive  qu'il  persiste,  sous  forme  d'anomalie,  un  état 
organique  qui  ne  devait  être  que  transitoire  et  que  l'on  n'avait  pour  ainsi 
dire  ni  saisi,  ni  compris,  dans  l'étude  normale  du  développement.  Ce 
trouble,  tantôt  simple,  tantôt  compliqué,  projelte  alors  ime  lumière  nou- 
velle sur  un  point  obscur;  il  devient  un  fait  anatomique  précieux  d'une 
valeur  indiscutable,  permettant  de  rectifier  les  interprétations  purement 
théoriques. 

»  A  l'appui  de  cette  opinion,  je  citerai  l'observation  suivante,  que  je  crois 
unique  d'ailleurs,  et  qui  me  paraît  apporter  des  arguments  nouveaux  pour 
l'étude  du  développement  de  la  narine  et  de  la  lèvre  supérieure.  L'intérêt 
qui  s'y  attache  est  d'autant  plus  grand  que  la  question  est  l'objet  de  diver- 
gences d'opinions  très  marquées.  J'ajouterai,  en  outre,  qu'à  l'aide  d'un 
procédé  opératoire  simple,  j'ai  pu  obtenir  la  cure  parfaite  d'une  anomalie 
disgracieuse  consistant  dans  la  présence  de  deux  narines  ou  plutôt  d'une 
narine  et  d'une  fistule,  l'une  au-dessus  de  l'autre  sur  le  côté  droit  de  la 
figure,  et  d'une  déviation  du  nez. 

»  Voici  d'abord  le  fait  en  lui-même  : 

»  Le  7  décembre  1899  on  nous  présente,  à  l'Hôpital  des  Enfants-Malades,  une  petite 
fille  de  deux  ans,  très  bien  portante  d'ailleurs,  sur  la  figure  de  laquelle  se  trouve,  au- 
dessous  de  la  narine  droite,  un  orifice  arrondi,  ouvert,  ayant  plus  du  tiers  des  dimen- 
sions de  l'orifice  externe  de  la  narine.  Il  est  séparé  de  celui  de  la  narine  par  un  pont 
cutané  et  cartilagineux  en  continuité  parfaite  avec  l'aile  de  la  narine,  ce  qui  veut  dire 
que  l'aile  de  la  narine,  très  bien  dessinée  et  complète,  va  rejoindre  le  lobule  médian  du 
nez  en  bas  en  passant  au-dessus  de  l'orifice  anormal.  Cette  aile  du  nez  est  simplement 
remontée,  ainsi  que  l'orifice  de  la  narine,  qui  a  pris  une  forme  arrondie.  Le  nez  est  asy- 
métrique d'après  cela  ;  il  est  plus  élargi  à  droite  et  remonté  de  ce  côté. 

»  L'orifice  anormal,  qu'on  ne  saurait  mieux  comparer  qu'à  celui  d'une  grosse  fistule 
osseuse,  est  cutané.  11  est  le  point  de  départ  d'un  trajet  horizontal  antéro-postérieur, 
légèrement  oblique  en  dehors,  parallèle  au  plancher  des  fosses  nasales,  au-dessous  du- 
quel il  est  situé,  et  aboutissant  au  pharynx.  Un  stylet  le  parcourt  aisément  en  passant 
au-dessus  de  la  voûte  palatine  et  va  buter  contre  la  paroi  postérieure  du  pharynx;  il  a 
C.  R.,  1901,  I"  Seme$tr*.  (T.  CXXXII,  N*  7.)  5o 


(  386  ) 

environ  6""°  à  7""  de  diamètre.  On  injecte  du  lait  dans  ce  trajet  et  le  lait  revient  en 
partie  par  la  bouche.  On  injecte  ensuite  la  fosse  nasale  correspondante,  on  la  remplit 
de  lait  et  rien  ne  parvient  dans  le  pharynx  ni  ne  ressort  par  le  trajet  anormal. 

»  Donc  le  trajet  est  indépendant  de  la  fosse  nasale  et  celle-ci  est  bouchée  en  arrière  ; 
un  stylet  qui  la  parcourt  n'arrive  pas  non  plus  dans  le  pharynx.  Il  était  indispensable 
de  savoir  où  se  déversaient  les  larmes;  or,  une  injection  de  lait  par  le  point  lacrymal 
ressort  par  le  trajet  anormal,  qui  donne  aussi  passage  à  l'air,  servant  ainsi  à  la 
respiration.  Toutefois  la  vraie  fosse  nasale  a  conservé,  malgré  son  obstruction,  sa 
sensibilité  spéciale,  ainsi  qu'en  témoignent  quelques  expériences  faites  avec  des  sub- 
stances odorantes  qui  déterminent  des  réflexes  démonstratifs. 

»  Avant  de  chercher  à  interpréter  le  cas,  je  terminerai  l'observation  par  la  courte 
description  de  l'opération  que  je  tentai  pour  faire  disparaître  l'anomalie  extérieure  et 
qui  fut  suivie  d'un  plein  succès.  Le  plan  opératoire  fut  celui-ci  :  reporter  la  partie 
antérieure  du  trajet  anormal  dans  la  fosse  nasale  vraie  en  suturant  son  orifice  cutané  à 
la  muqueuse  nasale,  de  manière  que  rien  extérieurement  ne  décelât  la  fistule.  Pour 
cela,  je  détachai  de  la  sous-cloison  du  nez  la  partie  de  l'aile  de  la  narine  qui  vient 
s'y  insérer  et  je  la  portai  en  dehors  en  la  séparant  de  la  muqueuse  nasale  en  arrière, 
tandis  qu'en  avant  l'incision  passait  sur  la  peau  immédiatement  au-dessus  de  l'orifice 
de  la  fistule.  Dans  un  second  temps,  je  disséquai  le  trajet  fistuleux  dans  une  étendue 
de  i*^™  au  moins  d'avant  en  arrière  en  laissant  une  couche  de  partie  molle  de  2""° 
environ  autour  de  lui.  Lorsqu'il  fut  ainsi  dégagé,  je  le  reportai  en  arrière  dans  la  fosse 
nasale  en  le  suturant  à  la  muqueuse  nasale  et  au  bord  postérieur  du  pont  de  l'aile  in- 
terne de  la  narine  primitivement  détachée  de  la  paroi  nasale.  Cette  aile  fut  alors 
rabattue  et  recousue  à  la  sous-cloison. 

»  L'orifice  fistuleux  était  ainsi  remonté  et  reporté  en  arrière  dans  la  vraie 
fosse  nasale.  Du  même  coup,  l'aile  du  nez  se  trouvait  avoir  pris  la  place  de  la  fistule 
et,  par  conséquent,  être  descendue;  ce  qui  la  mettait  sur  le  même  plan  que  celle  de 
l'autre  côté,  en  même  temps  que  le  nez  reprenait  sa  forme  symétrique. 

»  En  quelques  jours  la  guérison  était  obtenue,  et  l'on  ne  pouvait  découvrir  de  traces 
de  cette  anomalie;  le  cours  des  larmes  n'avait  subi  aucune  atteinte,  et  la  respiration 
se  faisait  par  la  fosse  nasale. 

»  Tel  est  le  fait  en  lui-même.  Voyons  maintenant  comment  il  cadre  avec 
les  notions  que  l'on  possède  sur  l'embryogénie  de  cette  région. 

»  Deux  théories  sont  en  présence  au  sujet  de  la  formation  de  la  narine 
et  de  la  lèvre  supérieure. 

»  A.  La  plupart  des  embryologistes  et  notamment  His,  Biondi  ('), 
admettent  que  le  bourgeon  médian  àii frontal,  ou  nasal  interne,  forme  la 
partie  interne  de  la  narine  primitivement  appelée yè/i^e  olfactive,  que  le 
bourgeon  nasal  externe  en  constitue  la  partie  externe,  mais  s'arrête  au 
niveau  de  l'aile  du  nez,  tandis  que  c'est  au  maxillaire  supérieur  qu'on  doit 

(')  Biondi,  Arch.  fur path.  An.  und  Plu;  Berlin,  1888. 


(387  ) 
le  développement  de  la  partie  inférieure  du  contour  de  la  narine,  ce  der- 
nier bourgeon  venant  se  réunir  successivement  à  l'extrémité  inférieure  du 
nasal  externe  et  au  nasal  interne,  complétant  ainsi  en  bas  l'orifice  olfactif. 

»  B.  Contrairement  à  cette  opinion,  Albrecht  (Arch.  fur  klin.  Chirurg.; 
i885)  a  soutenu  que,  de  même  que  le  bourgeon  nasal  interne  ou  frontal 
continuait  à  descendre  jusqu'au  bord  inférieur  de  la  lèvre  supérieure,  le 
bourgeon  nasal  externe,  après  avoir  formé  la  partie  externe  de  l'aile  du 
nez,  descendait,  lui  aussi,  en  constituant  une  partie  de  la  lèvre  supérieure, 
jusqu'au  bord  libre  de  cette  lèvre  et  que  le  pourlour  inférieur  de  la  narine 
était  constitué  par  la  réunion  du  bourgeon  nasal  interne  et  du  bourgeon 
nasal  externe. 

»  D'après  cette  théorie,  le  bourgeon  maxillaire  supérieur  ne  prenait 
aucune  part  à  la  formation  de  la  narine  et  de  la  lèvre  supérieure. 

))  D'autre  part,  tous  les  embrjologistes  sont  d'accord  pour  considérer 
que  la  ligne  de  soudure  entre  le  bourgeon  nasal  externe  et  le  bourgeon 
maxillaire  supérieur  ménage  entre  ses  parois  une  fente  qui  est  le  canal 
lacrymal. 

»  Chez  la  petite  malade  dont  il  s'agit  il  existe  deux  faits  importants 
qu'il  faut  d'abord  mettre  en  relief  : 

)>  1°  La  fistule  est  au-dessous  de  la  narine,  qui  est  bien  constituée  et  qui 
présente  un  bord  posléro-interne,  formé  par  la  peau  et  le  cartilage,  pas- 
sant comme  un  pont  au-dessus  de  l'ouverture  de  la  fistule  pour  aller  s'in- 
sérer à  la  sous-cloison. 

»   2°  Le  canal  lacrymal  s'ouvre  dans  la  fistule. 

»  La  fistule,  étant  congénitale,  est  due  à  une  absence  de  coalescence 
entre  les  bourgeons  faciaux.  Et  comme  elle  est  sur  le  prolongement  du 
canal  lacrymal,  sa  paroi  supérieure  provient  du  bourgeon  nasal  externe  et 
sa  paroi  inférieure  du  bourgeon  maxillaire  supérieur.  Chez  cette  enfant  il 
est  donc  évident  : 

»  1°  Que  le  bourgeon  nasal  externe  s'est  réuni  au  bourgeon  nasal  in- 
terne en  formant  le  bord  inférieur  de  ce  qui  semble  être  la  narine; 

»  1°  Que  le  bourgeon  maxillaire  supérieur  a  formé  la  lèvre  supérieure 
avec  le  bourgeon  nasal  interne  et  sans  l'aide  du  nasal  externe. 

»   Ce  cas  est  donc  inexplicable  avec  la  théorie  d'Albrecht. 

»  Il  montre  au  contraire  que  si  par  hasard  la  coalescence  au-dessous  de 
la  narine  des  bourgeons  nasal  externe  et  frontal  a  lieu,  elle  s'accompagne 
de  la  persistance  d'une  fistule  antéro-postérieure,  reste  de  la  fente  lacry- 
male et  nécessaire  en  quelque  sorte  à  l'écoulement  des  larmes. 


(  388  ) 

»  Le  fait  clinique  que  je  rapporte  demande  aussi  à  être  envisagé  au 
point  de  vue  des  déductions  qu'il  peut  fournir  à  l'égard  du  siège  de  la  fis- 
sure dans  les  cas  de  becs-de-lièvre  complexes. 

»  En  effet  Albrecht  a  encore  soutenu  que  la  fissure  des  becs-de-lièvre 
complexes  passait  non  pas  entre  l'os  incisif  et  le  maxillaire  supérieur, 
mais  entre  deux  parties  de  l'os  incisif  distinguées  dans  ce  but  en  os  inter- 
maxillaires interne  et  externe.  La  plupart  des  auteurs  récents  admettent 
en  effet  l'existence  de  deux  os  incisifs  ou  intermaxillaires  de  chaque  côté.  Il 
se  peut  que,  habituellement,  ce  soit  dans  leur  intervalle  que  passe  la  fissure 
des  becs-de-lièvre  complexes;  mais  ce  que  le  cas  cité  plus  haut  démontre, 
c'est  que  chez  cette  enfant  le  bourgeon  nasal  externe  s'arrêtait  immédia- 
tement au-dessous  de  la  narine,  c'est-à-dire  au-dessus  de  la  fistule,  et  que 
par  conséquent  il  ne  prenait  aucune  part,  comme  le  croit  Albrecht,  à  la 
formation  des  os  incisifs  ni  de  la  lèvre  supérieure. 

»  Eu  admettant  avec  les  auteurs  récents  qu'il  y  a  bien  réellement  deux 
os  incisifs  de  chaque  côté,  le  plus  externe  ne  saurait  provenir  du  bourgeon 
nasal  externe. 

»  Dans  ces  conditions  la  fissure  du  bec-de-lièvre  doit  passer,  au  niveau 
de  la  lèvre  supérieure,  soit  entre  deux  os  provenant  d'un  même  bourgeon, 
le  nasal  interne,  soit  entre  deux  os  appartenant  à  des  bourgeons  différents, 
au  bourgeon  frontal  d'un  côté,  au  maxillaire  supérieur  de  l'autre.    » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  découverte  d'un  Oursin  d'âge  crétacé  dans 
le  Sahara  oriental.  Note  de  M.  de  Lapparent. 

«  Jusqu'à  présent,  tous  les  essais  de  reconstitution  de  la  Paléogéo- 
graphie africaine  se  sont  bornés  à  admettre  qu'à  l'époque  crétacée,  et  sans 
doute  depuis  le  cénomanien  jusqu'au  sénonien  supérieur,  la  Méditerranée 
envoyait  un  grand  golfe  dans  la  région  du  désert  libyque.  Ce  golfe,  limité 
du  côté  de  l'est  par  le  long  massif  archéen  au  milieu  duquel  la  fosse  de  la 
mer  Rouge  s'est  tardivement  ouverte,  s'étendait  en  Nubie  jusqu'à  l'em- 
placement actuel  de  Khartoum.  Quant  à  son  extension  vers  l'ouest,  on  ne 
supposait  pas  qu'elle  eût  dépassé  le  pied  de  la  chaîne  de  hauteurs  du  Tibesli. 

»  Sur  la  Carte  géologique  de  l'Afrique,  exécutée  sous  la  direction  de 
M.  R.  von  Zittel  et  publiée  dans  V Atlas  physique  de  Berghaus,  le  Tibesti 
est  figuré  comme  une  barrière  de  terrains  archéens  et  primaires,  cou- 
ronnée par  quelques  cônes  volcaniques  récents,  et  séparant  complètement 


(389  ) 

le  désert  libyque  du  Sahara;  et  les  quelques  indications  données  sur  l'in- 
tervalle compris  entre  le  Tibesti  et  le  lac  Tchad  ne  mettent  en  évidence 
que  ces  mêmes  formations  archéennes  ou  paléozoïques. 

»  Cependant  on  sait  depuis  longtemps  que  l'oasis  de  Bilma,  située  par 
environ  19"  de  latitude  nord,  sur  la  route  du  Tchad  à  Tripoli,  contient  un 
important  gisement  de  sel  gemme,  précieuse  ressource  pour  les  Touareg 
du  Sahara  oriental.  De  plus,  dans  la  relation  de  son  voyage,  Rohifs  (')  a 
indiqué  que  si,  jusqu'à  Bilma,  le  grés  est  la  roche  dominante,  «  on  voit 
appaniUre  parfois,  dans  la  plaine  de  Mafaras,  du  gvpse,  du  marbre  et 
des  bancs  crayeux  ».  Il  ajoutait  que  «  au  sud  de  Bilma  le  grès  est  riche  en 
fossiles,  notamment  en  empreintes  d'ammonites  »;  q u 'a irx  rochers  dits  de 
Tjigrin,  qui  bordent  à  l'ouest  la  route  des  caravanes,  des  fossiles  tout  par- 
ticuliers se  montrent  dans  une  roche  grise  d'apparence  vitreuse;  enfin, 
qu'immédiatement  avant  Agadem,  c'est-à-dire  sur  le  bord  méridional  du 
Sahara,  où  Nachtigal  avait  signalé  la  présence  de  calcaires  diversement 
colorés,  sortant  de  dessous  le  grès  ferrugineux,  on  remarque  de  véritables 
«  accumulations  de  fossiles  »,  notamment  de  mollusques. 

»  Malgré  ces  indications  si  formelles,  M.  von  Ziltel  a  cru  devoir  arrêter 
le  tracé  des  mers  crétacées  au  nord-est  du  Tibesti,  et  il  n'a  reproduit,  dans 
son  Ouvrage  sur  le  Désert  libyque,  l'assertion  relative  aux  ammonites, 
qu'en  la  faisant  suivre  d'un  point  d'interrogation.  En  revanche,  sur  la 
Carte  d'Afrique  publiée  par  le  Service  géographique  de  l'Armée  (Carte  de 
Lannoy  de  Bissy),  on  a  tenu  fidèlement  compte  du  croquis  joint  à  la  rela- 
tion de  Rohifs  dans  les  Peterrnanns  Mitteilungen,  et  le  mot  Fossiles  y  figure 
à  deux  places  entre  Bilma  et  Agadem. 

»  Sachant  que  la  route  du  Tchad  à  Bilma  avait  été  suivie  en  1892  par  le 
colonel  Monleil,  j'ai  profité  d'une  rencontre  avec  l'éminent  explorateur 
pour  l'entretenir  de  ce  problème,  si  déconcertant  pour  les  géologues,  par 
suite  de  la  fatalité  qui  semble  avoir  empêché  l'arrivée  en  Europe  de  tout 
échantillon  propre  à  justifier  les  affirmations  pourtant  si  claires  des 
voyageurs.  Comme  je  lui  demandais  si  rien  d'analogue  n'avait  frappé  ses 
regards,  M.  Monteil  voulut  bien  me  dire  qu'il  avait  ramassé,  près  de  Bilma, 
une  seule  pierre  paraissant  offrir  une  empreinte;  et  dès  le  lendemain  il 
me  l'envoyait  obligeamment  en  communication,  avec  une  Note  sur  les  cir- 
constances de  sa  trouvaille. 

»  Le  II  septembre  1892,  après  quatre  heures  d'une  marche  de  nuit,  la 

(')  Petermann^s  Mitteilungen,  Erganzungsheft,  n"  V. 


(  390  ) 

caravane  du  colonel,  en  route  vers  Bilma,  s'arrêtait  à  G*"  du  matin  à  Zau 
Saghaïr,  par  environ  1 8°  23'o8"  de  latitude  nord,  pour  le  salam  traditionnel 
du  lever  de  l'aurore.  M.  Monleil  étant  descendu  de  cheval,  son  pied  porta 
contre  une  pierre  arrondie  qui  éveilla  son  attention  par  sa  forme  et  par 
l'empreinte  visible  d'un  rayonné  sur  sa  surface.  Il  eut  l'heureuse  idée  de  la 
garder  comme  souvenir,  et  c'est  de  ce  fossile  que  je  viens  entretenir 
l'Académie. 

»  Ou  y  reconnaît  sans  peine,  malgré  l'usure  que  le  sable  du  désert  lui 
a  infligée,  un  gros  Oursin  de  la  famille  des  Regulare.s.  fossilisé  dans  un 
calcaire  compact  jaune  qui,  par  places,  fait  feu  à  la  pointe  d'acier.  Par  ses 
dimensions  (i  i'^'"  de  diamètre),  cet  Oursin  dépasse  tous  les  fossiles  connus 
de  la  même  famille,  et  il  n'existe  aucun  type  européen  ni  même  algérien 
auquel  il  puisse  être  comparé. 

»  Cependant,  M.  Victor  Gauthier,  dont  la  compétence  en  matière 
d'Echinides  est  depuis  longtemps  établie,  y  a  reconnu  de  suite  un  genre 
créé  en  1897  par  M.  Noetling  pour  un  Oursin  du  Baloutchistan,  recueilli 
dans  les  couches  supérieures  du  Crétacé  de  cette  contrée,  sur  l'horizon  de 
la  craie  de  Maéstricht  (sous-étage  macslrichtien  ou  aturien  supérieur). 

»  Il  est  ainsi  prouvé  que,  vers  la  fin  de  l'époque  crétacée,  à  l'heure  où, 
dans  nos  contrées  européennes,  la  mer  subissait  une  régression  si  marquée, 
non  seulement  elle  persistait  sur  le  désert  libvque,  mais  elle  s'avançait 
jusqu'au  voisinage  du  Tchad,  en  manifestant,  par  sa  faune,  des  affinités 
avec  la  région  indienne. 

M  Des  affinités  semblables  ont  d'ailleurs  été  constatées,  en  ce  qui  con- 
cerne la  même  période  maëstrichlienne,  dans  la  Basse-Egypte  et  jusqu'en 
Tunisie,  où  se  recueillent  à  ce  niveau  des  ammonites  alliées  à  celles  de 
l'Inde  méridionale. 

»  La  voie  par  laquelle  pouvait  se  faire  cet  échange  est  tout  indiquée, 
au  nord  du  massif  ancien  du  Sinaï  et  de  la  mer  Rouge;  car  le  Crétacé  supé- 
rieur de  la  Palestine  contient  des  Céphalopodes,  tels  que  Bacidites  syriacus, 
qui  se  retrouvent  dans  le  désert  égyptien  ('),  et  les  recherches  de  M.  de 
Morgan  ont  prouvé  que  la  mer  Aturienne  passait  en  Perse,  d'où  elle  rejoi- 
gnait le  Baloutchistan. 

»  Le  golfe  crétacé  du  Sahara  oriental  avait-il  d'autres  communications 
plus  méridionales  avec  les  mers  de  l'époque?  Aucun  fait  ne  permet  de 

(')  Blanckenhorn,  Zeilsclirift  der  deuLschen  geologischen  Gesellschaft,  p.  33; 
1900. 


(  391  ) 

l'affirmer;  mais  il  serait  également  téméraire  de  le  nier,  vu  l'absence  com- 
plète de  toute  donnée  géologique  sur  l'espace  compris  entre  le  Tchad  et  le 
Congo,  joint  au  fait  qu'à  Libreville  il  existe  des  dépôts  du  même  âge  que 
ceux  de  Bilma.  En  outre,  dans  la  direction  opposée,  au  pays  des  Gallas, 
M.  Neumann  (')  a  récemment  observé  un  lambeau  de  Crétacé  supérieur  à 
actéonelles,  en  même  temps  qu'à  Socotra  M.  Rossmat  (-)  a  relevé  une 
série  crétacée  complète,  concordante  avec  le  tertiaire. 

M  Quoi  qu'il  en  soit,  la  détermination  précise  de  l'Oursin  rapporté  par 
le  colonel  ATonteil  entraîne  une  niodillcation  assez  sérieuse  des  vues  jus- 
qu'ici professées  à  l'égard  du  continent  africain.  I/immunité  presque  totale 
dont  il  semblait  avoir  joui,  depuis  les  temps  primaires,  contre  les  incur- 
sions marines,  doit  être  notablement  restreinte,  au  moins  en  ce  qui  con- 
cerne la  partie  située  au  nord  de  l'équateur. 

»  On  pouvait  d'ailleurs  pressentir  que  la  mer  Crétacée  ne  s'était  pas 
arrêtée  au  Tibesti;  car,  selon  la  relation  de  Nachtigal,  les  indigènes  de  ce 
pays  habitent  des  cavernes  (lesquelles,  on  le  sait,  ne  se  trouvent  guère 
qu'en  pays  calcaire),  et  le  même  auteur  a  signalé,  dans  le  massif,  des 
«  formations  crayeuses  ». 

»  En  tout  cas,  la  constatation  qui  vient  d'être  faite  donne  un  intérêt 
tout  particulier  à  l'exploration  des  points  où  Rohlfs  déclare  avoir  vu  des 
empreintes  d'ammonites.  Il  serait  tout  à  fait  intéressant  d'y  retrouver  les 
types  indiens  déjà  observés  en  Tunisie  et  en  Egypte.  Soidiaitons  aussi  que 
l'attention  des  chercheurs  veuille  enfin  se  porter  sur  le  gisement  voisin 
d'Agadem,  où  abondent  les  coquilles  de  mollusques. 

»  Si  aucun  échantillon  de  ces  fossiles  n'est  encore  parvenu  en  Europe, 
c'est  que  l'utilité  qu'il  y  avait  à  les  recueillir  n'a  été  signalée  à  personne. 
Ajoutons  que  l'extrême  chaleur  détermine  les  caravanes  du  Sahara  oriental 
à  voyager  surtout  la  nuit,  ce  qui  fait  que  bien  des  choses  échappent  aux 
regards.  Mais  aujourd'hui  que  l'mfluence  française  s'est  établie  à  l'est  du 
Tchad,  il  suffira,  pensons-nous,  d'avoir  montré  l'opportunité  de  ces 
recherches  pour  qu'un  de  nos  vaillants  pionniers  du  désert  s'y  dévoue, 
et  nous  apporte  ainsi  la  solution  définitive  de  l'un  des  problèmes  les  plus 
importants  de  la  Géologie  africaine. 

»  Je  produis  à  la  suite  de  cette  Note  les  indications  qu'a  bien  voulu  me 
fournir  M.  Gauthier  sur  l'Oursin  du  Sahara  : 


(')    Verhandlungen  der  Gesellschaft  fiir  Erdkunde  zu  Berlin,  p.  479;  iQOo. 
(-)  Sitzungsberichte  der  Akademie  der  Wissenschaften,  Wien,  1899. 


(  392) 

»  Il  appartient  à  un  genre  que  Noetiing  a  établi  en  1897  dans  les  Memoirs  of  the 
geological  Survey  of  India  [Fauna  of  Balulchistan  of  the  upper  crelaceous 
{maestrichtian)  beds],  séries  XVI,  Vol.  I,  Part  III,  p.  i4,  PI-  /et///.  Noetiing  a  nommé 
son  Oursin,  qui  ne  paraît  pas  mieuxconservé  que  celui  du  colonel  Monle'û, Protechinus 
paucituberculatus.  M.  Lambert  a  fait  observer  {Revue  critique  de  Paléozoologie, 
1'  année,  n°  3,  p.  126,  juillet  1898)  que  le  nom  générique  de  Protechinus  avait  déjà 
été  employé  par  Austin  pour  un  autre  Echinide  et  a  proposé  de  le  remplacer  par 
Noetlingia . 

»  ....  Voici  la  diagnose  du  genre  :  Oursin  régulier  atteignant  une  grande  taille 
(celui  de  Noetiing  ne  mesure  pas  moins  de  gS™""  de  diamètre  et  celui  du  colonel  Mon- 
teil  plus  de  1 10™"  ).  Appareil  apical  presque  entièrement  intercalaire  ;  du  moins  quatre 
des  plaques  ocellaires,  I,  II,  IV  et  V,  s'intercalent  entre  les  plaques  génitales  pour 
former  le  circuit  du  périprocte;  l'ocellaire  antérieure  III  me  paraît  rejetée  en  dehors  ; 
je  n'en  suis  pas  certain,  l'appareil  étant  médiocrement  conservé  sur  l'exemplaire  afri- 
cain, et  encore  plus  usé  sur  celui  du  Baloutchistan. 

»  Aires  ambulacraires  larges,  égalant  presque  la  moitié  des  interambulacraires; 
zones  porifères  très  étroites,  superficielles,  ou  très  légèrement  déprimées,  allant  en 
ligne  droite  du  sommet  au  péristome;  elles  sont  oligopores  :  c'est-à-dire  qu'il  n'y  a 
que  trois  paires  de  pores  par  plaque  majeure;  deux,  de  ces  paires  sont  régulièrement 
alignées  le  long  de  la  suture,  un  peu  obliquement,  sur  deux  plaquettes  entières  et 
égales;  la  troisième  paire  est  portée  par  une  très  petite  plaquette  placée  à  l'extrémité 
interne  des  deux  autres,  et  les  pores  sont  sensiblement  plus  petits.  Cette  disposition 
qui  n'existe,  à  ma  connaissance,  chez  aucun  autre  Oursin,  fait  que  les  pores  forment 
deux  rangées  verticales,  une  externe,  composée  des  grandes  paires  régulières,  et  une 
interne,  dessinée  par  les  petites  plaques  et  les  petites  paires  dont  j'ai  parlé. 

»  Entre  les  zones  porifères  s'étendent  plusieurs  rangées  verticales  de  tubercules,  de 
dimension  médiocre,  sans  crénelures  ni  perforation,  d'après  Noetiing,  notre  exemplaire 
étant  trop  usé  pour  que  je  puisse  constater  ce  détail;  deux  de  ces  rangées  portent  des 
tubercules  un  peu  plus  développés  que  les  autres  et  montent  seules  jusqu'au  sommet. 

»  Les  aires  interambulacraires  portent  également  un  grand  nombre  de  rangées  ver- 
ticales de  tubercules  semblables,  au  moins  dix-huit  à  l'ambitus,  dont  la  troisième  de 
chaque  côté  est  la  principale.  Ces  mêmes  tubercules  forment  en  même  temps  des 
rangées  horizontales  plus  ou  moins  régulières.  Le  milieu  de  l'aire  n'est  pas  nu;  mais 
il  est  moins  garni  que  les  deux  côtés. 

»  La  face  inférieure  manquant  chez  notre  Oursin,  nous  ne  connaissons  pas  le  péri- 
stome; il  en  est  de  même  pour  l'exemplaire  de  Noetiing.  Le  périprocte,  compris  entre 
les  plaques  apicales,  est  ovale  et  de  médiocre  étçndue  pour  la  taille  de  l'Oursin. 

»  L'exemplaire  saharien  est  très  voisin  de  l'exemplaire  indien;  la  forme  est  plus 
hémisphérique,  et  surtout  le  milieu  des  aires  interambulacraires  est  moins  nu  que 
chez  le  N.  paucituberculata.  Ce  n'est  pas  la  même  espèce,  et  je  propose  de  l'appeler 
Noetlingia  Monteili.   » 


(393) 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  De  la  propagation  des  ondes 
dans  les  fluides  visqueux.  Note  de  M..P.  Duhem. 

«  I.  Si  l'on  désigne  par  p  la  densité  en  un  point  d'un  fluide  visqueux  en 
mouvement,  par  T  la  température,  par  u,  c,  w^  les  trois  composantes  de  la 
vitesse,  par  Xdm,  Y  dm,  Ldni  les  composantes  de  la  force,  tant  intérieure 
qu'extérieure,  qui  sollicite  l'élément  dm,  par  H  la  pression,  enfin, 
par  X(p,  T),  y,(p,  T)  deux  fonctions  de  p  et  de  T  qui  vérifient  les  inégalités 

(i)  [;.(p,T)>o,         3>.(p,T)+2[..(p,T)>o, 

on  a,  en  tout  point  du  fluide,  trois  équations  dont  la  première  est  : 
i  dW  ^r  I  Ou  du  du  du\        ,.  ^  d^  . 

1  n  <JX  au  di>.         /'Ou        Oi'\Oi'-        / On'        Ou\OiJ.  __ 

f  Or  d-r  Ox        \0y        Ox )  Oy        \rfj-        ôz  )  Oz 

»  Dans  celte  équation,  0  désigne,  à  l'ordinaire,  la  somme 


(^) 


Ou        (9f        Ow 
Ox        Oy        Oz 

»  Peut-il  arriver  que,  de  part  et  d'autre  d'une  certaine  surface  S,  les 
équations  du  mouvement  du  fluide  visqueux  admettent  deux  intégrales 
analytiquement  différentes  et  cela,  de  telle  sorte  que,  sur  la  surface  S, 
les  quantités  II,  p,  T,  u,  v,  w  et  leurs  dérivées  partielles  du  premier  ordre, 
aient  la  même  valeur  dans  les  deux  intégrales? 

»  Si  u^,v^,^v^  sont  Ics  composantes  de  la  vitesse  en  un  point  et  à  un 
instant,  selon  la  première  intégrale,  tandis  que  Ui,v^,w^  sont  les  compo- 
santes de  la  vitesse  au  même  point  et  au  même  instant,  selon  la  seconde 
intégrale,  nous  posons 

u^—u.,=  \J,  r,  —  t',  =  V,  w,  —  w.i.  —  Yf,  6,-92  =  0. 

»  Les  égalités  (2)  fournissent  alors,  en  tout  point  de  la  surface  S,  trois 
égalités  dont  la  première  est 

(3)  [l(p,T)  +  Kp-T)]g  +  Kp,T)AU  =  o. 


G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  7.) 


5i 


(  394  ) 

»  Selon  la  dénomination  introduite  dans  notre  Noie  Sur  le  théorème 
d'Hugoniot  et  quelques  théorèmes  analogues  ('),  la  surface  S  est  une  onde 
du  premier  ordre  pour  les  dérivées  partielles  du  premier  ordre  de  U,  V,  W 
et,  partant,  pour  la  fonction  0.  Gardons  les  notations  de  cette  Note,  en 
substituant  seulement  à  \,  ]).,  v,  pour  éviter  toute  confusion,  les  sym- 
boles a,  !?,  y. 

»  Sila  vitesse  de  propagation,  désignée  par  a  dans  cette  Note,  était  finie, 
l'équation  (3)  de  la  présente  Note  demeurerait  exacte  après multipliration 
par  a;  alors  les  inégalités  (3)  de  la  Note  Sur  le  théorème  d'Hugoniot  la 
transformeraient  en 

[X(p,T)  +  Kp.T)]^x  +  |.(p,T)(^^^^a+^^^P  +  ^j)  =  o. 

»  D'ailleurs,  les  inégalités  (i)  de  la  même  Note  donnent 

dydt'^~  dxdt^'         dzât^' ~  dx dt^' 
»  L'égalité  précédente  deviendrait  donc  la  première  des  égalités 

(4)  |[Hp,T)-f-Kp.T)]^P^  +  ^a(p,T)^=o, 

[Hp.T)  +  Kp.T)]^f  +  Kp.T)|^^=o. 
»  En  ajoutant  celles-ci  membre  à  membre,  nous  trouvons 
[Hp,T)  +  2f.(p,T)]^'^  =  o. 
Selon  les  inégalités  (i),  cette  égalité  entraîne  celle  autre  : 


(5)  -^  =  o. 


de 
àt 


L'onde  considérée  ne  pourrait  donc  se  propager  avec  une  vitesse  finie  que 
si  l'égalité  (5)  était  vérifiée  en  tout  point  de  l'onde;  cette  condition  ne 
sera  évidemment  pas  remplie,  en  général;  elle  le  serait,  toutefois,  si  les 
mouvements  considérés  laissaient  inaltérée  la  densité  de  chaque  élément 
fluide,  car  on  aurait  sans  cesse  0,  =  o,  Oj  =  o. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p,  1171;  24  décembre  1900. 


(  395  ) 
»   Mais,  si  cette  ég^alité  (5)  était  vérifiée  en  tout  point  de  la  surface  S, 
les  égalités  (4),  jointes  à  la  première  inégalité  (i),  donneraient,  en  tout 
point  rie  cette  surface,  les  égalités 

qui  n'y  sauraient  être  séparément  vérifiées,  en  général. 

»  Ainsi,  en  général,  il  ne  peut  se  produire,  dans  unjluide  visqueux,  aucune 
onde,  du  second  ordre  par  rapport  aux  fondions  H,  p,  T,  u,  v,  w,  qui  se  pro- 
page avec  une  vitesse  finie. 

»  II.  Cette  conclusion  peut  s'établir  d'une  manière  un  peu  différente 
lorsqu'il  s'agit  des  petits  mouvements  d'un  fluide  visqueux,  pourvu  que  l'on 
suppose  ces  petits  mouvements  soiL  adiabaliques  à  partir  d'un  état  initial 
homogène,  soil  isothermiques  à  partir  d'un  tel  état.  On  a  alors 

n  =  F(p), 

la  fonction  F  étant  une  fonction  croissante  de  p,  qui  est  la  même  pour  tous 
les  points  du  fluide.  Désignons  par  R^  la  constante  positive  — -j^'  par  "k^, 

"po 

(A,,,  les  expressions  X(po,  T„),  [i.(p„,  T„). 

»  Le  petit  mouvement  peut  être  regardé  (')  comme  résultant  de  la 
superposition  d'un  petit  mouvement  sans  dilatation  et  d'un  petit  mou- 
vement sans  rotation. 

»  Dans  le  petit  mouvement  sans  dilatation,  chacune  des  composantes 
de  la  vitesse  vérifie  l'équation  aux  rotations 

du 

^-f;.„Ai2  =  o. 

de  même  forme  que  l'équation  de  la  propagation  de  la  chaleur;  cette  équa- 
tion est  incompatible  avec  l'existence,  pour  la  fonction  £î,  d'une  onde  du 
second  ordre  se  propageant  avec  une  vitesse  finie;  le  théorème  d'Hugoniot 
le  démontre  sans  peine. 

M  Dans  le  petit  mouvement  sans  rotation,  les  trois  composantes  de  la 
vitesse  sont  les  trois  dérivées  par  rapport  à  x,  y,  z,  d'une  fonction  9  véri- 


(')  Sur  la  généralisation  d'un  théorème  de  Clebsch  {Journal de  Mathématiques 
pures  et  appliquées,  5=  série,  t.  VI,  p.  254-256;  1900). 


(  396  ) 
fiant  l'équation  aux  dilatations. 

(7)  ^  -  K^A0  -  (^„+  2[x„)^^A0  =  o. 

Une  onde  du  second  ordre  pour  les  fonctions  u,  v,  w  serait  du  troisième 

ordre  pour  la  fonction  0,  ou  du  second  ordre  pour  la  fonction  -r-  =  0'.  Mais, 

selon  l'égalité  (7),  et  le  théorème  d'Hugoniot  relatif  à  la  propagation  des 
ondes  du  second  ordre,  l'existence  d'une  telle  onde  est  impossible,  comme 
nous  l'avions  déjà  signalé  ('). 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  nous  étudierons,  si  l'Académie 
veut  bien  le  permettre,  l'influence  que  la  viscosité  exerce  sur  la  propagation 
des  discontinuités.   » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Le  Volume  X  de  la  publication  «  Le  Opère  di  Galileo  Galilei,  edizione 
nazionale  sotlo  gli  auspicii  di  Sua  Maeslà  il  Re  d'italia  »  ; 

2°  Un  Volume  intitulé  :  «  Physique  biologique  :  osmose,  tonométrie, 
cryoscopie;  par  M.  A.  Dastre.  »  (Présenté  par  M.  d'Arsonval.) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  sur  la  variabilité  delà  planète  (S)  Éros,  faites 
à  l' observatoire  de  Toulouse,  à  l'équatorial  Brunner  de  o™,23  d'ouverture. 
Note  de  M.  F.  Rossard,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  M.  le  D''  E.  von  Oppolzer  ayant  signalé  la  variabilité  probable  d'Éros, 
cette  planète  a  été  observée  pendant  trois  jours  consécutifs,  les  l'i,  i5  et 
16  février,  et  son  éclat  par  rapport  à  des  étoiles  de  comparaison  noté  à  des 
intervalles  de  temps  assez  rapprochés. 

»  On  a  constaté  des  variations  rapides  d'éclal  et  estimé  que  la  diffé- 
rence d'éclat  entre  un  maximum  et  un  minimum  dépasse  une  grandeur,  et 


(  '  )  Sur  la  théorie  électrodynamique  de  Helmholtz  et  la  théorie  électromagné- 
tique de  la  lumière  (Archii'es  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles. 
2"  série,  t.  V,  p.  280;  1900). 


(  397  ) 
que  la  planète  qui  semble  être  à  son  maximum  de  grandeur  9,3,  descend 
jusque  vers  la  1 1*  environ. 

»   De  plus,  on  a  remarqué,  pendant  tontes  ces  variations,  une  scintilla- 
tion brusque  faisant  varier  par  moments  l'éclat  de  la  planète. 

»  Le  Tableau  ci-dessous  indique  les  étoiles  de  comparaison  employées. 

Grandeur 
Désignation  d'après 

Dates.  de  l'étoile.  Argelandcr. 

1901.  Février  i4 749  BD  +19"         9,5 

i5 766  BD  H-I9  9,5 

16 692  BD  4-i8         9,2 

M  Voici,  d'autre  part,  en  temps  moyen  de  Toulouse,  les  heures  observées 
de  maximum  et  de  minimum  de  la  planète  : 


.   Février  14... 

h       m 

.     943 

Min. 

1901. 

Février 

16... 

h       m 

7.34     Max. 

.4... 

.     I0.48 

Max. 

16... 

8.56     Min. 

i5... 

8.10 

Max. 

16... 

10.   3     Max. 

i5... 

.       9.32 

Min. 

16... 

II. 3o     Min. 

i5... 

.     10.44 

Max. 

»  La  comparaison  des  miiiima  et  maxima  successifs  montre  que  la  varia- 
tion d'éclat  oUre  un  peu  plus  de  10  périodes  en  un  jour,  que  la  durée  de 
la  période  est  voisine  de  2'' 22™;  la  demi-période  de  croissance,  plus  courte 
d'un  quart  d'heure  que  l'intervalle  entre  le  maximum  et  le  minimum  sui- 
vant.  » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  kl  variabilité  lumineuse  d'Éros.  Note  de  M.  Ch.  André, 

présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Nos  observations  confirment  les  indications  de  la  Note  du  D""  E.  von 
Oppolzer  (Circular  n°  38  der  Centralstelle)  relativement  à  la  variabilité 
d'éclat  de  la  planète  Éros. 

»  Quoique  l'état  du  Ciel  ne  nous  ait  |)as  permis  d'avoir  encore  une 
courbe  de  lumière  complète,  il  semble  certain  que  la  variation  totale  de 
près  d'une  grandeur  dans  l'éclat  de  la  planète  Éros  se  fait  en  six  heures 
suivant  une  marche  très  analogue  à  celle  de  U  Pégase,  mais  avec  une  por- 
tion de  constance  peut-être  un  peu  plus  étendue;  la  planète  Éros  est  donc 
actuellement  une  variable  photométrique. 


(  398  ) 

»  Elle  constitue  un  système  double  formé  He  deux  astéroïdes  dont  les 
diamètres  sont  à  peu  près  dans  le  rapport  de  trois  à  deux,  et  dont  le  plan 
orbital  passe  actuellement  par  la  Terre. 

»  Comme  notre  distance  actuelle  à  Éros  est  environ  les  deux  tiers  de 
celle  qui  nous  sépare  du  Soleil,  l'inclinaison  de  la  ligne  de  visée  sur  le 
plan  de  l'orbite  change  assez  rapidement  et  d'une  façon  continue;  le  phé- 
nomène de  variabilité  périodique  d'Éros  ne  sera  que  temporaire  et  variera 
d'aspect  pendant  ce  temps.  Mais,  son  étude  attentive  a  une  grande  impor- 
tance en  ce  qu'elle  nous  donnera  une  série  graduée  de  courbes  de  lumière, 
oîi  la  seule  variable  sera  l'inclinaison  de  la  ligne  de  visée  sur  le  plan  de 
l'orbite  du  satellite,  série  qui  facilitera  considérablement  la  discussion 
des  formes  si  diverses  que  présentent  les  courbes  de  lumière  des  étoiles 
doubles  photométriques.    » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  déformation  du  paraboloïde 
quelconque.  Note  de  M.  C.  Guichard. 

»  Pour  faciliter  la  lecture  de  celte  Note,  j'exposerai  les  résultats  qui  v 
sont  contenus  sans  m'appuyer  sur  mes  Notes  antérieures.  Je  rappelle  la 
définition  suivante  : 

»  Un  point  P  décrit  un  réseau  dans  l'espace  à  x  dimensions,  si  les  coor- 
données Xf,  a^ij. . .  Xn  du  point  P  sont  des  fonctions  de  a  et  v  satisfaisant  à 
une  équation  de  la  forme 

<?'e        .de      „  (}6 

A  -; h  K 


(lu  dv  Ou  (tv 

A  et  B  étant  des  fonctions  de  m  et  v.  Cette  équation  est  l'équation  du  réseau. 
))   Sur  le  paraboloïde,  je  ferai  les  deux  remarques  stiivantes  : 
»   I.  Si  l'équation  d'un  réseau  P(x,,X2,  Xj)  admet  la  relation  a? ,  +  mx':,, 

il  y  a  un  réseau  Q  (j, ,  J'o»  Ja)  parallèle  au  réseau  P,  situé  sur  le  paraboloïde 

dont  l'équation  est 

»  Pour  déterminer  Q  quand  P  est  donné,  il  suffit  d'établir  entre  le  para- 
boloïde et  la  surface  (P)  une  correspondance  par  parallélisme  des  plans 
tangents. 

»  It.  Si  le  réseau  P  est  applicable  sur  un  réseau  P'  on  pourra,  à  l'aide  de 
quadratures,  trouver  un  réseau  Q'  applicable  sur  le  réseau  Q. 


(  399  ) 

»  Ces  deux  remarques,  bien  simples,  permettent  d'établir  le  résultat 
suivant  :  Si  Von  connaît  une  déformée  du  paraboloïde ,  on  peut  en  déduire 
trois  autres. 

»  Supposons,  en  effet,  le  paraboloïde  el  sa  déformée  rapportés  à  leur 
système  conjugué  commun,  on  aura  deux  réseaux  (r,, y,, y,),  (zf,Z2,z,) 
applicables,  le  premier  étnnt  sur  le  paraboloïde.  L'équation  des  deux  ré- 
seaux étant  la  même  (.'M.  Kœnigs),  les  systèmes  (v,»  Vo)  ^t  (s,,  z^,  -3,  ?v.,) 
forment  des  réseaux  applicables.  Effectuant  sur  les  dernières  coordonnées 
une  subslilution  orthogonale,  le  réseau  devient  (Z,,  Zj,  Z3,  Z,)  ;  les  deux 
réseaux  (y,.  Y-,,  'Z,),  (Z,,  Z^,  Z3)  sont  applicables;  le  premier  satisfait  à  la 
condition  I;  on  pourra  donc,  à  l'aide  de  quadratures,  trouver  de  nouvelles 
déformées  du  paraboloïde. 

»  Si  l'équation  d'un  réseau  P(j;, ,  .2..,,  x.,)  admet  la  solution 

ax'^  -+-  bxt  -+-  ceci 

on  pourra  lui  appliquer  les  remarques  I  et  II  en  remplaçant  le  paraboloïde 
par  la  quadrique 

bcrt 


ax. 


ex. 


»   Considérons   maintenant  un   déterminant  orthogonal   du   troisième 
ordre 


D=     P.     h     P., 

T'  Ï!         Ï3 

où  les  éléments  satisfont  aux  conditions 


on  devra  avoir 

(2) 


du  '^^ 


dA. 

de 
dB 
du 


=  AN, 


m 


dî^ 

d7i 


dv 


AB 


=  -B«,-Np,, 


Les  conditions  (2)  seront  satisfaites  si 


coscp. 


B 


sm 


?' 


àif 


M  =  - 


dv' 


df 
dû' 


(3) 


d^o        d\ 

^  +^+sin?cos(p  =  o. 


(  4oo  ) 
))  Le  déterminant  D  est    celui  qui  intervient   dans  la  représentation 
sphérique  des  surfaces  à  courbure  totale  constante. 

»   Prenons,  de  même,  un  déterminant  orthogonal  du  4'  ordre 

X,     or.,     x.^     ac,,, 


(4) 


avec  les  conditions 


dxi 


àyi  _ 


dzi 


on  devra  avoir 


«r„ 


ày\i 


(5) 


^  hm. 


da 
dv 

db 

-Y-  =  an, 

au 


de 

dv 

du 


\=M^ 


=  en. 


dv 


dm         du  ,  /• 

-5 \-  -. — Y-  ah  +  e   —o. 

de         du 


^  =  —  bXi—  fji—  nii. 


»  Ces  conditions  sont  satisfaites  pour  les  valeurs  particulières 
a  =^  p  coscp, 


d'j> 
e  =      lysmcp,  m  =  — -T^j 


:/j.smo. 


f=  —  l'y  coscp. 


/(.  =  4- 


d» 
d^i' 


cp  étant  une  solution  de  l'équation  {5),  p  et  çr  des  constantes  dont  la  somme 
des  carrés  est  é^ale  à  l'unité. 


»   Posons  maintenant 


v/7^=7 


»   Les  quantités  J7,,  a:'2,  x^,  x^\  s,,  z.,,  z^,  z^  sont  solutions  de  l'équa- 
tion 


(6) 

et  l'on  a 


(}20         d  ,  de        d  ^       .      d^ 

-. — ^-  =:  -r- Log  COS  CB  ^i h  ^3- Lo"  SUl  O -r- > 

du  di>        dv       °         '  du        du       '^        '  dv 


Si  p  est  une  relation  quelconque  de  l'équation  (6)  et  si  l'on  pose 


z,=  f. 


o. 


Z,4-iZ,  =  I 


(  401    ) 

les  points  P(X|,  .  .  .,  X,)  etP'(Z,,  .  .  .,  Z,.)  décrivent  des  réseauxappli- 
cables  et  l'on  a 

Faisons  en  particulier 

p  =  s,  -h-  iz.j         ou 

On  aura  deux  réseaux  applicables  (X,,  .  .  .,  X^)  et  (Z^,  Z,)  ou  encore 
(X,,  Xo,  X3)  et  (Z3,  Z^,  iX^).  Pour  ce  dernier  réseau  Q,  on  a 

^'  +  Z;  -  ^  =  -  (Z;-^Z;)--=-(Z,  +jZ,)(Z,-tZ,)  =  — (Z,--iZ,). 

ce  qui  montre  que  l'équation  du  réseau  Q  admet  la  relation 

Z;h-Z;-  ^  =  Z;-^rZ-\(i - 

ce  qui  permet  de  déformer  le  paraboloïde 


(7) 


y: 


iy:^y>' 


Donc,  au  point  de  vue  analytique  : 

»  Pour  déformer  le  paraboloïde  quelconque  (  7  ),  il  suffira  d'effectuer  les 
deux  opérations  suivantes  : 

»  1°  Trouver  les  éléments  du  délerminanl  D,  ce  qui  revient  à  la  recherche 
des  surfaces  à  courbure  totale  constante  ; 

n  2°  Intégrer  le  système  complet  (4)- 

»  On  retrouve  les  mêmes  opérations  poui-  déformer  la  quadrique  de 
révolution 


X'-hX'-i- 


—  P- 


^\.   » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  le  problème  des  isopérimètres.  Note  de  M.  A.  Hurwitz, 

présentée  par  M.  Picard. 

I'   Le  problème  classique  : 

»   Déterminer  parmi  les  courbes  fermées  de  périmètre  donné  celle  qui  en- 
ferme une  aire  maximum, 

peut  être  résolu  d'une  manière  très  simple  par  l'emploi  des  séries  de 
Fourier.  C'est  ce  que  je  vais  montrer  dans  les  quelques  lignes  qui 
suivent. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  IN-  7.)  52 


(    402     ) 

»  Soient  C  une  courbe  fermée,  s  ia  longueur  de  l'arc  compté  à  partir 
d'un  point  arbitrairement  fixé  sur  la  courbe.  Choisissons  l'unité  de  longueur 
de  manière  que  la  longueur  totale  de  C  soit  égale  à  2tc,  c'est-à-dire  égale  à 
la  circonférence  du  cercle  de  rayon  i. 

»  Ceci  posé,  les  coordonnées  x,  y  d'un  point  variable  sur  C  seront  des 
fonctions  continues  de  l'arc  s  ayant  la  période  ir:.  Supposons  que  ces  fonc- 
tions, ainsi  que  leurs  dérivées  par  rapport  à  s,  soient  développables  en  sé- 
ries trigonométriques  et  posons 

1  a;  :=  «0  +  V  (a„cos/î5  +  a'„  sin«\), 

(1)  !"=' 

\  y  -—  b^  -\-'^  {b„  cos,n$-h-  l^n  &inns). 

\  n  =1 

»  L'aire  F  de  la  courbe  C  étant  donnée  par  l'intégrale 
F=Jxdy  =  f^     x^^ch, 
on  trouve,  en  employant  les  développements  (i), 

0  )  F  =  ^2  ^'  ^-  ^'"  *«  ~  "■'"  ''•'»  )  • 

))  De  même,  en  intégrant  l'identité 
entre  les  limites  o  et  2-,  il  vient 

c'est-à-dire 

(3)  ^r.^-^n'{a^,  +  à;;+bl  +  f^). 

»  Des  équations  (2)|et  (3)  on  tire 

(  ^n[(\a,-b:,y  +  {à„  +  b,y\\. 


(  4o3  ) 

»  Tous  les  termes  de  la  dernière  somme  étant  essentiellement  positifs, 
on  voit  que  l'aire  F  de  la  courbe  C  ne  peut  pas  surpasser  l'aire  z:  du  cercle 
de  rayon  i . 

»   En  outre,  l'égalité  F  =:  n;  entraîne  évidemment 

a,  =  è',,        a\^--b,     et     a„=  a,,^  b„  =  b'„  =  o     pour     n>i. 

M  Par  conséquent,  si  l'on  suppose  F  =  -,  les  équations  (  i  )  de  la  courbe  C 
prennent  la  forme 

a;  =  a„  +  a,  cos*  +  a\  sin*,         y  =  b^  ~  a\  coss  -+-  a,  sins, 

de  sorte  que  la  courbe  C  est  un  cercle. 

»  Donc,  parmi  toutes  les  courbes  de  même  périmètre,  le  cercle,  et  le 
cercle  seul,  enferme  l'aire  maximum.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  des  fonctions  de  deux  variables  analogues 
aux  fonctions  modulaires.  Note  de  M.  R.  Alezais,  présentée  par 
M.  É.  Picard. 

K  M.  Picard,  dans  le  second  Volume  des  i4c/a  mathemalica,  a  fait  con- 
naître des  fonctions  de  deux  variables  qui  présentent  la  plus  grande  ana- 
logie avec  les  fonctions  modulaires  elliptiques.  Partant  de  la  relation 

z'==t{l-  i)(t  —  x)(l-y), 

a  laquelle  appartiennent  les  trois  intégrales  de  première  espèce 

^'dt  ^        r'dt       I  .,        r'tdt 


W 


■r^'  -x^'  '=0 


il  a  montré  que,  si  l'on  déduit  de  ces  intégrales  un  système  d'intégrales 
normales,  les  périodes  de  seconde  espèce  de  ces  intégrales  ne  dépendent 
que  de  deux  paramètres  u  et  c,  ou,  si  l'on  veut,  de  trois  paramètres  homo- 
gènes M,  V,  w,  enfin,  il  a  établi  que  x  et  y  considérés  comme  fonctions  de 

-  et  de  —  sont  des  fonctions  unitormesqui  se  reproduisent  quand  on  rem- 

place  «,  c,  w  par  certaines  fonctions  linéaires  de  ces  quantités  dont  les 
coefficients  sont  des  entiers  complexes  de  la  forme  a  -i-  bl,  où 

À  = • 


(  4o4  ) 

M.  Picard  a  fait  connaître  {Acta  math.,  t.  V,  p.  i8i)  les  substitutions  fon- 
damentales de  ce  groupe  de  sobstitutions  que  j'appellerai  le  groupe  S,  il  a 
montré  qu'elles  transforment  en  elle-même  la  forme  F  =  uu^  -+-  vWi  -'-  v^  w 
(m,,  Vt,  w^  étant  les  quantités  conjuguées  de  u,  v,  w),  et  que  les  fonctions .r 
et  y  ne  sont  définies  que  pour  les  systèmes  de  valeurs  de  u,  v,  w  qui  ren- 
dent cette  forme  négative. 

»  Si  l'analogie  avec  la  fonction  modulaire  se  poursuit,  le  groupe  S  ne 
doit  être  qu'un  sous-groupe  du  groupe  qui  transforme  F  en  elle-même.  Sur 
les  indications  de  M.  Picard,  je  suis  arrivé  à  établir  qu'il  en  est  ainsi;  j'ai 
pris  la  courbe  initiale  sous  la  forme 

z''  =  (/'  -  Gc)  {f  -  ^)  (f  -  y)  (t'  -  S;, 

qui  est  reliée  à  la  forme  primitive  par  les  relations 


z  =  (^-^y 


1=0.^(^-0.)/', 


=  X, 


p- 


.7' 


et  j'ai  construit  la  surface  de  Riemann  relative  à  cette  courbe;  a,  p,y,  S  en 
sont  les  points  critiques  à  distance  finie.  On  obtient  les  substitutions  S  en 
faisant  décrire  aux  points  a,  p,  y,  S  les  uns  autour  des  autres  des  courbes 
fermées;  on  obtient  un  nouveau  groupe  contenant  S  comme  sous-groupe  et 
transformant  F  en  elle-même,  en  échangeant  entre  eux  les  points  a,  [î,  y,  S. 
Un  Tableau  tel  que 


M. 

P. 

R. 

Mj 

P2 

R2 

M, 

Pn 

R., 

représentant  la  substitution 

w'  =  M,  M-'  4-  P,  (' 

on  trouve  que  des  trois  substitutions 

I   I      o       o 
T,  —     o      I        o      ,  T,  — 

o     o      —"k 


Rfii, 


u'  =  M3  iV 


P,^ 


R,M. 


I 

0 

0 

1^ 

I 

1 

I 

0 

— 

o 

r- 

o 


o 
o 


o 
o 

1 


la  première , échange  fi  et  y;  la  deuxième,  y  et  8;  la  troisième,  8  et  a.  En 
combinant  ces  trois  transformations,  on  peut,  de  la  permutation  apyS, 
passer  à  une  quelconque  des  autres;  on  peut  donc  considérer  ces  trois 
substitutions  comme  engendrant  tout  le  groupe  relatif  à  ces  échanges.  Je 


(  4o5  ) 

l'appellerai  le  groupe  T.  En  combinant  ces  trois  substitutions,  il  est  facile 
aussi  de  retrouver  les  substitutions  fondamentales  du  groupe  S. 

»  L'analogie  avec  la  fonction  modulaire  se  vérifie  encore  dans  les  points 
suivants.  Le  groupe  S  est  un  sous-groupe  à  congruences  et,  par  suite,  un 
sous-groupe  invariant  du  groupe  T.  Toute  substitution  S  est  congrue  à  la 
substitution  unité  selon  le  module  i  —  X. 

>)  On  peut  donc  décomposer  le  groupe  T  en  classes  de  substitutions 
incongrues  selon  ce  module.  Le  nombre  des  classes  de  nombres  incongrus 
(mod.  I  —  'X)  étant  3  =  norme(i  —  X),  il  y  a  en  tout  3"  classes  de  substi- 
tutions incongrues  entre  elles  (mod.  i — \);  mais  vingt-quatre  seulement 
appartiennent  au  groupe  T;  elles  correspondent  aux  vingt-quatre  permu- 
tations des  quatre  lettres»,  p,y,  î^;  on  voit,  en  effet,  que  deux  substitutions 
effectuant  la  même  permutation  sont  congrues  entre  elles.  D'autre  part,  si 
l'on  cherche  directement  quelles  sont  celles  de  ces  classes  qui  contiennent 
des  substitutions  transformant  F  en  elle-même,  on  trouve  qu'il  en  existe 
quarante-huit  :  les  vingt-quatre  du  groupe  T  et  celles  qui  s'en  déduisent  en 
changeant  tous  les  signes.  En  définitive,  le  groupe  total  des  substitutions  qui 
transforment  F  en  elle-même  admet  comme  sous- f^roupe  invariant  d'indice  deux 
le  groupe  T,  qui  admet  lui-même  le  groupe  S  comme  sous-gruupe  invariant 
d'indice  vingt-quatre. 

M  Les  substitutions  du  groupe  T  font  subir  Axely  des  transformations 
linéaires;  on  peut  trouver  une  fonction  invariapte  au  groupe  T  analogue  à 
la  fonction  J  elliptique:  c'est  la  fonction 

oîi  Jx,pi  est  la  fonction  elliptique  écrite  sous  forme  homogène.  Les  substitu- 
tions T, ,  To,  0  permutent  ces  quatre  fonctions  de  la  même  manière  qu'elles 
permutent  les  quatre  lettres  a,  p,  y,  ^.    » 


OPTIQUE.  —  Nouveau  modèle  d'oculaire  à  glace  micrométrique  ('  ). 
Note  de  M.  L.  Malassez. 

«  Les  oculaires  à  glace  micrométrique  dont  on  se  sert  habituellement  en 
Microscopie  présentent,  à  côté  de  réels  avantages,  un  certain  nombre 
d'inconvénients  assez  sérieux  que  j'ai  cherché  à  faire  disparaître.  Dans 


(')  Travail  du  laboratoire  d'Histologie  du  Collège  de  Frapce. 


(  4o6  ) 

ce  but,  j'ai  imaginé,  essayé  plusieurs  nouveaux  modèles  divers  ('  ).  L'un 
d'eux,  que  j'ai  déjà  fait  connaître,  mais  que  j'ai  encore  perfectionné  de- 
puis, me  pariât  digne  d'être  plus  spécialement  recommandé. 

»  Il  ne  diffère  des  oculaires  ordinaires  de  Huygens  que  par  les  particu- 
larités suivantes  : 


»  A  la  face  supérieure  de  la  bonnette  m  se  trouve  un  petit  boulon  aplati  b  faisant 
une  légère  saillie  au  dehors';  en  sorte  qu'il  est  facile  de  le  faire  tourner  avec  le  doigt, 


soit  dans  un  sens,  soit  dans  l'autre,  pendant  qu'on  regarde  dans  le  microscope.  A  son 
pourtour  est  une  graduation  décimale  et,  à  côté,  un  index  fixe  i,  afin  de  pouvoir 
déterminer  et  retrouver  très  exactement  telle  ou  telle  position  qui  lui  aurait  été  précé- 
demment donnée.  Un  petit  ressort  rb,  qui  se  place  à  volonté  sur  sa  partie  saillante, 
permet  de  le  fixer  solidement  dans  la  position  voulue. 


(')  J'ai  indiqué,  dans  les  Archives  d'Anatomie  microscopique  {p.  liig;  1900),  les 
inconvénients  des  modèles  courants  d'oculaire  à  glace  micrométrique,  puis  décrit  et 
figuré  quelques-uns  de  mes  nouveaux  modèles.  Ils  avaient  été  présentés  à  la  Société 
de  Biologie  (Séance  du  28  juillet  1900)  et  exposés  à  l'Exposition  universelle  à  la 
Classe  III  :  Enseignement  supérieur,  vitrine  de  notre  laboratoire. 


»  Ce  bouton  est  fixé  sur  une  tige  t  qui  traverse  à  frottement  doux  la  bonnette 
et  descend  verticalement  à  l'intérieur  de  l'oculaire  le  long  du  tube  to. 

»  Cette  tige  est  creuse  et  munie  à  l'intérieur  d'un  pas  de  vis  de  i""".  Il  y  pénètre 
une  vis  v  dont  1'ex.trémité  inférieure  est  fixée  à  la  périphérie  d'un  diaphragme  d,  des- 
tiné à  recevoir  la  glace  microraélrique.  Il  résulte  de  ce  dispositif  que,  si  l'on  tourne 
le  bouton,  le  tube  tourne  de  la  même  façon  ;  mais  la  vis,  ne  pouvant  suivre  ce  mouve- 
ment, s'enfonce  dans  le  tube  ou  en  sort  plus  ou  moins,  et  le  diaphragme  qu'elle  porte 
monte  ou  descend  à  l'intérieur  de  l'oculaire  ( ').  Il  suffit  donc  détourner  plus  ou  moins 
le  bouton  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  pour  mettre  au  point. 

»  La  vis  qui  porte  le  diaphragme  est  aplatie  d'un  côté,  et  sur  ce  côté  se  trouve  une 
échelle  millimétrique  g.  Grâce  à  cette  échelle  et  à  la  graduation  du  bouton,  il  est 
facile  de  déterminer  et  de  retrouver  très  exactement  la  position  de  mise  au  point. 

»  La  glace  micrométrique  se  place  à  la  face  supérieure  du  diaphragme,  sous  deux 
petits  ressorts  rs  en  forme  de  valets. 

»  La  face  inférieure  du  diaphrame  présente  également  deux  ressorts  qui  permettent 
d'y  placer  des  diaphragmes  d' ,  d"  ayant  des  ouvertures  plus  ou  moins  grandes,  et 
d'obtenir  ainsi  des  champs  microscopiques  plus  ou  moins  étendus.  On  arriverait  au 
même  résultat  avec  un  diaphragme  iris  placé  à  ce  niveau. 

»  Ce  nouveau  modèle  d'oculaire  à  glace  micromélrique  présente  sur  les 
modèles  courants  les  avantages  suivants.  Dans  la  mise  au  point,  les  len- 
tilles restant  à  la  même  distance  l'une  de  l'antre,  la  combinaison  optique 
de  l'oculaire  n'est  pas  modifiée.  Cette  mise  au  point  s'obtient  facilement. 
Elle  peut  être  repérée  et  relrouvée  très  exaclenient,  en  sorte  que  l'évalua- 
tion des  divisions  micrométriques  n'a  besoin  dfêtre  faite  qu'une  première 
fois  pour  toutes  et  que  plusieurs  observateuifs  de  vues  très  différentes 
peuvent  se  servir  du  même  oculaire.  Cette  iniseï  au  point  peut,  de  plus,  être 
fixée,  et  de  façon  telle  qu'on  ne  risque  pas  de  la  perdre. 

»  Cet  ocidaire  ne  fait  au-dessus  du  tube  du  microscope  pas  plus  de 
saillie  qu'un  oculaire  ordinaire  et  ne  gène  en  rien  la  mise  en  place 
des  appareils  que  l'on  peut  avoir  à  poser  à  ce|niveau.  Tl  est,  d'autre  part, 
très  facile  d'enlever  la  glace  micrométrique  et  de  la  remettre  en  place;  en 
sorte  qu'il  peutservir  à  tous  les  mêmes  usages  qu'un  oculaire  ordinaire;  il 
a  même  sur  eux  cet  avantage  que  l'on  peut  modifier  à  volonté  l'ouverture 
diaphragmatique. 


{^)  Dans  un  des  appareils  que  j'ai  fait  construire,  le  diaphragme  porte-glace  est 
guidé  dans  ses  mouvements  de  montée  et  de  descente,  non  plus  par  les  parois  mêmes 
du  tube  oculaire,  mais  par  deux  petites  tiges  implantées  à  la  face  inférieure  de  la 
bonnette  et  passant  à  sa  périphérie,  de  chaque  côté  de  la  vis.  C'est  plus  précis  de  jeu, 
mais  de  construction  un  peu  moins  simple. 


(  /io8  ^ 

11  Ce  n'est  pas  tout  :  à  la  place  de  la  glace  micrométrique  on  peut 
mettre,  non  seulement  d'autres  glaces,  des  glaces  quadrillées,  mais  encore 
de  ces  diaphragmes  mobiles  à  index  d.i  ou  à  fil  fixe  d.J,  ou  à  fil  mobile  que 
j'ai  déjà  fait  connaître  ('),  lesquels  permettent  de  transformer  l'oculaire, 
soit  en  oculaire  indicateur,  soit  en  oculaire  à  fil.  Ainsi  transformé,  il  est 
aussi  commode,  sinon  plus,  que  les  oculaires  spéciaux  correspondants. 

»  J'ajouterai  qu'il  peut  être  construit  sans  grande  difficulté,  avec  les 
modèles  courants  d'oculaire  de  Huygens.   » 


PHYSIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Sur  V absorption  spécifique  des  rayons  X par  les 
sels  métalliques.  Note  de  MM.  Alexandre  Hébert  et  Georges  Reynaud, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Dans  la  dernière  séance  de  l'Académie,  M.  Louis  Benoist  a  présenté 
une  Note  sur  les  lois  de  transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X.  Sur 
plusieurs  points  il  arrive,  dans  son  étude,  à  des  conclusions  que  nous 
avions  déjà  formulées,  plus  ou  moins  directement,  dans  un  Mémoire 
publié  antérieurement  au  Bulletin  de  la  Société  Chimique  (-),  Mémoire  que 
nous  croyons  devoir  rappeler  ici  pour  réserver  notre  priorité. 

»  Pour  faire  les  comparaisons  des  difTérents  sels  métalliques  au  point  de  vue  de 
leur  absorption  spécifique  pour  les  rayons  X,  nous  avons  imaginé  un  appareil  ana- 
logue au  colorimèlre  de  Duboscq  modifié,  dans  lequel  les  cuves,  terminées  par  deux 
disques  de  carton  recouvert  de  gulta  perméables  aux  rayons  X,  recevaient  directe- 
ment les  radiations  d'un  tube  de  Crookes.  La  description  complète  de  l'appareil  se 
trouve  dans  le  Mémoire  précité. 

»  Un  grand  nombre  de  solutions  salines  moléculaires-grammes  par  litre  ont  été 
examinées  avec  cet  instrument;  ces  solutions  étaient  comparées  à  une  même  hauteur 
d'eau  de  4 '""",5;  la  différence  entre  les  deux  lectures  correspondait  à  l'absorption  par 
le  corps  dissous. 

»  Parmi  les  sels  que  nous  avons  ainsi  observés,  nous  noterons  les  chlorures,  bro- 
mures, iodures,  sulfates,  des  métaux  suivants  (en  tant  que  sels  solubles)  : 

Ammonium.  Cuivre.  Potassium. 

Baryum.  Lithium.  Sodium. 

Cadmium.  Magnésium.  Strontium. 

Calcium.  Manganèse.  Zinc. 

Cobalt.  Nickel. 


(')  Archives  d'Anatomie  microscopique,  p.  4^9  et  suiv.,  et  p.  4^2;  1900. 
(')  3°  série,  t.  XXI,  p.  892  et  894;  1899. 


(  4o9  ) 

»  Nous  donnons  notamment  ci-dessous  les  chiflFres  obtenus  par  notre  méthode  pour 
la  série  des  nitrates  : 

Absorption  Absorption 

Nom  Poids  spécifique  Nom  Poids  spécifique 

des  métaux.  atomique.  relative.         des  métjux.  atomique.  relative. 

Lithium 7  4)^             Niciie]    Sg  33,6 

Ammonium  ....  i8  'i>7             Cobalt 5g  3t,2 

Sodium 23  12,7             Cuivre 63  32,9 

Magnésium 24  11,2             Zinc 65  33,3 

Potassium 39  18, 5             Strontium 87  35,6 

Calcium 4o  20,7             Cadmium 112  35,6 

Manganèse 55  29,4             Baryum 137  38, o 

»  On  voit  que,  d'une  façon  générale,  l'absorption  dos  rayons  X  par  les 
nitrates  est  d'autant  plus  forte  que  le  poids  atomique  du  métal  combine  est 
plus  élevé.  On  remarque  la  même  marche  pour  les  chlorures.  Les  bro- 
mures, les  iodures  et  les  sulfates  ne  permettent  pas,  dans  les  conditions 
dans  lesquelles  nous  observions,  de  déduire  des  conclusions  aussi  nettes; 
l'influence  du  radical  électro-négatif  est,  en  effet,  très  grande  quand  ce 
radical  possède  un  poids  moléculaire  élevé,  ce  qui  est  le  cas  pour  ces 
genres  de  sels. 

»  En  considérant  les  chiffres  relatifs  aux  autres  acides  dont  il  n'existe 
qu'un  très  petit  nombre  de  sels  solubles,  on  constate  que  l'absorption 
s'accroît  avec  le  poids  atomique  du  métal. 

»  On  peut  du  reste  facilement  construire  la  courbe  de  l'absorption  spé- 
cifique en  fonction  des  poids  atomiques  au  moyen  des  chiffres  que  nous 
avons  donnés;  cette  courbe  se  rapproche  sensiblement  d'une  hyperbole 
équilatère. 

»  Si,  maintenant,  on  compare  l'absorption  spécifique  des  divers  acides 
combinés  avec  un  même  métal,  on  remarque  aussi  que  l'absorption 
semble  croître  avec  le  poids  moléculaire  des  acides,  au  moins  d'une  façon 
approchée. 

»  Nous  avons  pu  ainsi  confirmer,  avec  plus  de  certitude  et  de  généralité 
qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  ce  fait  que  le  pouvoir  absorbant  des  corps 
pour  les  rayons  X  croît  avec  le  poids  moléculaire. 

M  Dans  un  composé,  c'est  l'élément  dont  le  poids  atomique  est  le  plus 
élevé  qui  imprime  surtout  au  composé  ses  propriétés  absorbantes,  cet 
élément  pouvant  être,  d'ailleurs,  électro-positif  ou  électro-négatif.  » 


C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  7.) 


53 


(  4io  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'hjdrocinchomne.  Note  de  MM.  E.  Ju.vgfleisch 

et  E.  Léger. 

«  En  oxydant  à  froid  la  cinchonine  par  le  permanganate  de  potassium, 
MM.  Caventou  et  Willm  ont  découvert  l'hydrocinchonine;  ils  ont  pensé 
que  celle-ci  préexiste  dans  la  cinchonine  et  résiste  à  l'oxydation  (Comptes 
rendus,  t.  LXIX,  p.  284;  1869).  Plus  lard,  M.  Skraup  a  admis  cette  préexis- 
tence, tandis  que  M.  Hesse  et  MM.  Forst  et  Bœhringer  ont  attribué  la  for- 
mation de  l'hydrocinchonine  à  la  réaction  destructrice  de  la  cinchonine. 
Que  l'hydrocinchonine  soit  un  produit  naturel  ou  artificiel,  on  l'a  toujours 
considérée  comme  rare. 

»  Dans  l'action  de  l'acide  ^sulfurique  aqueux  sur  la  cinchonine,  nous 
avons  obtenu,  avec  d'autres  alcalis,  une  base  présentant  des  analogies  en 
même  temps  que  des  différences  avec  l'hydrocinchonine,  dont  la  des- 
cription était,  il  est  vrai,  restée  assez  incomplète.  Nous  l'avons  décrite 
sous  le  nom  de  cinchonifine  et  envisagée  comme  un  isomère  de  la  cincho- 
nine. Si  les  chiffres  d'analyse  concordaient  mieux  avec  l'hydrocinchonine, 
nous  tenions  compte  de  la  faiblesse  des  différences  à  apprécier  dans  des 
combustions  dont  les  difficultés  spéciales  sont  bien  connues.  Nous  avons 
indiqué,  il  y  a  longtemps  déjà  (Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  944X  les  raisons 
qui  nous  ont  portés  à  différencier  ces  deux  bases;  au  premier  rang  était 
citée  la  contradiction  entre  la  rareté  de  l'hydrocinchonine  dans  la  cin- 
chonine et  l'abondance  de  la  cinchonifine  fournie  par  des  cinchonines 
présentant  les  propriétés  assignées  à  la  cinchonine  pure;  or  la  nature 
oxydante  de  notre  réaction  ne  permettait  pas  de  lui  attribuer  la  formation 
d'un  dérivé  d'hydrogénation. 

»  M.  Pum  ayant  annoncé  plus  récemment  que  la  cinchonine  contient 
plus  d'hydrocinchonine  qu'on  ne  l'avait  admis  jusqu'alors,  l'argument  pré- 
cédent perdait  sa  valeur.  Nous  avons  cru  dès  lors  devoir  comparer  la  cin- 
chonifine avec  l'hydrocinchonine  obtenue  en  oxydant  la  cinchonine.  De 
la  comparaison  faite,  nous  rapporterons  ici  les  points  décisifs. 

»  Les  apparences  des  deux  bases  sont  semblables,  f^es  points  de  fusion 
sont  identiques  pour  les  deux  corps  purs  :  278*^  (corr.). 

>)  Le  pouvoir  rolatoire  de  l'hydrocinchonine  a  été  indiqué  seulement  comme  plus 
faible  que  celui  de  la  cinchonine  dans  le  rapport  de  -t-  10°,  55  à  -)-ii",48,  pour  des 
conditions  identiques,    non  spécifiées.    Nous   rapprocherons   les   chiffres   qu'il  nous  a 


'  4"  ) 

fournis  de  ceux  donnés  par  la  cinchonifine  dans  des  conditions  identiques.  En  disso- 
lution dans  l'alcool  absolu  (/>  :i^  o8'",625,  i'=-ioo,  1=^1^°),  ap  =r -;- ig8°,6  pour  l'h}'- 
drocinchonine,  et  a^  r^ -i- 199°,  5  pour  la  cinchonifine.  En  dissolution  dans  l'eau  con- 
tenant 2SO'H2  par  molécule  de  base  (p  :=z  i,  p  r:r  100,  f=r  17°),  a,,  =  -{-  226",  2  pour 
l'iij'drocinclionine,  etap^tH-  220°, 2  pour  la  cinchonifine.  En  dissolution  dans  l'eau 
contenant  4  H  Cl  par  molécule  de  base  (p  t^i,  (1=  100,  t  =  17°),  «d  =  H-  227°,  7  pour 
l'hydrocinchonine,  et  aj)  =; -(- 226",  i  pour  la  cinchonifine.  Les  écarts  sont  du  même 
ordre  de  grandeur  que  ceux  qui  correspondent  à  une  division  du  vernier  du  polari- 
raélre.  11  y  a  donc  identité. 

»  La  première  propriété  chimique  signalée  par  l'hydrocinchonine  a 
été  son  inoxydabilité  par  le  permanganate.  Or,  nous  avons  observé  que 
la  cinchonifine  réduit  ce  sel  dés  la  température  ordinaire.  En  réalité,  l'hy- 
drocinchonine réduit  moins  activement  le  permanganate  que  la  cincho- 
nine  ou  ses  isomères;  elle  le  réduit  toujours  cependant,  des  écarts  de 
température  faibles  modifiant  beaucoup  son  activité;  la  réduction  ne 
devient  lente  que  dans  le  voisinage  de  0°,  sans  cesser,  même  alors,  d'être 
manifeste.  Les  deux  bases  se  conduisent  pareillement  dans  des  conditions 
identiques. 

»  Une  dilTérence  importante  porte  sur  les  sulfates  basiques.  MM.  Caventou  et  Willm 
ont  attribué  3II-0de  cristallisation  au  sulfate  d'hydrocinchonine.  Plus  tard,  M.  Skraup 
a  indiqué  une  teneur  de  12H-O,  mais  avec  un  point  de  doute.  MM.  Forst  et  Bœhrin- 
ger  enfin  ont  contesté  l'existence  du  sel  à  3H^0  poOr  n'admettre  que  celle  du  sullate 
à  12H-O,  celui-ci  se  formant  indilTéremment  dans  l^au  et  dans  l'alcool.  D'autre  part, 
nous  avons  décrit  le  sulfate  de  cinchonifine  à  2  H^O,  cristallisé  sous  une  forme  qui  ne 
répond  pas  aux  descriptions  des  sels  précédents.  Nous  avons  donc  cherché  à  obtenir 
ce  sulfate  de  cinchonifine  en  cristaux  d'hydratatior^  variées;  suivant  la  température 
à  laquelle  il  se  dépose,  le  sel  cristallise  dans  l'eau  sous  deux  foruîes  au  moins.  En 
liqueur  concentrée,  la  cristallisation  commençant  k  chaud,  il  se  sépare  de  longues 
aiguilles  prismatiques  à2H-0;  c'est  le  sel  que  nçus  avons  décrit.  Eu  liqueur  plus 
étendue,  la  cristallisation  commençant  dans  une  dissolution  refroidie,  il  se  dépose  des 
cristaux  plus  volumineux  que  les  peécédents  et  contenant  beaucoup  plus  d'eau  de 
cristallisation.  F^n  liqueur  froide,  les  premiers  cristaux  se  transforment  peu  à  peu 
dans  les  seconds. 

»  Le  sulfate  le  plus  hydraté,  en  cristaux  limpidefe,  essuyés  à  leur  surface  au  sortir 
de  l'eau  mère,  non  effleuris,  par  conséquent,  subit 'à  loc'-iio"  des  pertes  d'eau  qui 
n'ont  jamais  dépassé  de  beaucoup  22  pour  100;  cela' correspond  tout  au  plus  à  iiH^O 
(théorie  pour  la  cinchonine  22, 4o,  pour  l'hydrocinchonine  22  ,3o).  Un  sel  à  12II-O 
perdrait  28,84  pour  100.  Malgré  ces  écarts  des  résultats  analytiques,  portant  sur  un 
corps  exceptionnellement  hygroscopique,  l'identité  de  ce  sulfate  de  cinchonifine  avec 
le  sulfate  d'hydrocinchonine  ne  nous  semble  pas  douteuse  :  les  deux  sels  ont  la  même 
solubilité  à  i2°-i3°  (i  partie  dans  3o  parties  d'eau);  secs,  ils  fondent  à  194°,  8  et  195°; 
les  cristaux  de  sulfate  de  cinchonifine  à  1 1  H^  O,  examinés  et  mesurés  par  M.  WyrouboiT, 


(    4l2    ) 

ont  été  trouvés  de  même  forme  que  ceux  du  sulfate  d'hydrocinchonine  décrits  anté- 
rieurement, sans  mesures  d'angles,  par  MM.  Forst  et  Bœhringer;  ils  jjrésenlent  le 
pouvoir  rotatoire  à  l'étal  solide. 

»  Au  surplus,  ayant  préparé  le  cblorozincate  d'hydrocinchonine,  nous  l'avons  trouvé 
identique  au  chlorozincate  de  cinchonifine.  M.WyroubofF,  qui  a  antérieurement  étudié 
ce  dernier,  a  eu  l'obligeance  de  comparer  les  deux  chlorozincates  ;  il  a  trouvé  leurs 
formes  cristallines  identiques. 

»  En  résumé,  la  comparaison  effectuée  établit  l'identité  des  deux  bases. 
Les  difïérences  relevées  d'abord  ont  disparu  par  une  étude  plus  appro- 
fondie de  l'hydrocinchonine. 

»  Il  résulte  de  là  que,  pour  se  procurer  l'hydrocinchonine,  il  suffit  d'ap- 
pliquer à  la  cinchonine  le  traiteiïient  que  nous  avons  indiqué  antérieure- 
ment. Il  nous  a  conduits  à  reconnaître  dans  toutes  les  cinchonines  des 
proportions  fort  élevées  d'hydrocinchonine;  celle-ci  n'est  pas  sans  modi- 
fier notablement  les  propriétés  de  la  cinchonine  elle-même.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.   -    \Sur  la  diphénylcarbodiazine.  Note  de 
M.  P.  Cazeiveuve,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

1'  J'ai  montré  précédemment  la  transformation  de  l'urée  de  la  phényl- 
hydrazine  (diphénylcarbazide)  en  diphénylcarbazone  sous  l'influence  du 
sodium,  ou  bien  du  toluène,  ou  sous  l'influence  de  la  soude  alcoolique  {  '  '). 

C^H'HAz^    AzH  -  CO  -  AzH-  AzH— C^H" 

devient 

CH^HAz-    AzNa  -  CO- Az  =  Az- C»H% 

dérivé  sodique  que  l'on  décompose  par  un  acide. 

»  Dans  cette  réaction,  l'hydrogène  dégagé  donne  de  la  diphénylsemi- 
carbazide  et  de  l'aniline,  aux  dépens  d'une  autre  molécule  d'urée. 

»  J'ai  reconnu  que  la  diphénylcarbazone  elle-même  peut  perdre  encore 
deux  atomes  d'hydrogène  sous  une  influence  oxydante  très  simple  pour 
donner  la  diphénylcarbodiazine,  encore  inconnue.  E.  Fischer  n'a  décrit 
que  la  sulfocarbodiazine  CH' Az  —  Az  —  CS  —  Az  ;=  AzCH'. 

»  Pour  préparer  la  diphénylcarbodiazine  j'ai  eu  recours  très  avantageu- 
sement à  l'action  de  l'acétate  d'argent  sur  l'urée  de  la  phénylhydrazine  ou 
sur  la  diphénylcarbazone. 


(')  \o\r  Comptes  rendus,  1900. 


(  4i3  } 

»  On  dissout  dans  aSo""  d'alcool  à  gS",  à  chaud,  6s''  d'urée  de  la  phénylhydrazine, 
qu'on  verse  peu  à  peu  dans  une  solution  aqueuse  bouillante  de  i6s''  d'acétate  d'argent. 
Ces  proportions  correspondent  à  i  molécule  de  dipliénylcarbazide  ou  urée  pour  4  mo- 
lécules de  sel  argenlique.  Il  est  bon  de  dissoudre  l'acétate  d'argent  dans  2^'' d'eau  dis- 
tillée environ.  Il  se  dépose  aussitôt  de  l'argent  métallique.  Après  quelques  minutes 
d'ébullition,  on  filtre  et  l'on  évapore  à  siccité  au  bain-marie  le  liquide  à  peine  jau- 
nâtre. On  reprend  par  l'alcool  méthylique  qu'on  additionne  d'éther.  La  diphénylcar- 
bodiazine  se  précipite  aussitôt  cristallisée  et  incolore.  Elle  se  forme  d'après  l'équation 

OH'HAz  —  AzH  —  GO-  AzH  —  AzH  -  C^H^-f-  4C-H'AgO' 
=  C«H«Az  =  Az  -  GO  —  Az  =  Az  -  C^H*  -f-  4Ag  -1-  4C^H'0^ 

»  Gette  dipliènylcarbodiazine  est  soluble  dans  l'eau  bouillante,  d'où  elle  cristallise 
par  refroidissement.  Elle  se  dissout  dans  les  alcools  méthylique  et  élhylique,  qui  l'aban- 
donnent sous  forme  de  paillettes  aciculées  brillantes.  Précipitée  par  l'éther  de  ses 
solutions  alcooliques,  elle  constitue  un  amas  de  petites  aiguilles  blanches  enche- 
vêtrées. 

»  La  diphénylcarbodiazine  ne  fond  pas.  Sorte  de  tétrazoïque  de  la  série  grasse  et 
de  la  série  aromatique,  elle  se  décompose  par  la  chaleur  avec  vivacité  comme  les 
diazoïques,  et  cela  au-dessous  de  100°.  L'azote  dosé  par  le  procédé  Kjedhal  a  donné 
23,64  pour  100;  la  théorie  exige  23,53.  Sa  solution  alcoolique  n'a  aucune  action 
sur  les  sels  métalliques,  cuivre  et  mercure,  caractère  dislinctif  du  corps  originaire, 
la  diphénylcarbazide.  Mais,  bouillie  avec  la  potasse  ou  la  soude  alcoolique,  elle  prend 
une  belle  teinte  orangée  et  passe  à  l'état  de  diphénylcarbazone,  potassique  ou  so- 
dique,  suivant  l'équation  1 

G«  H»  Az  r-T  Az .  GO .  Az  :=  Az .  G"  H^ -h  KOH 
—  C«H=AzH.AzK.C0.Az=AzJC»H5i-)-0. 

»  L'oxygène  qui  paraît  dans  celte  équation  donne,  en  réalité,  avec  l'alcool,  soit 
méthylique,  soit  éthylique,  du  formiate  ou  de  l'acétate  potassique  ou  sodique. 

))  Les  acides  de  la  série  grasse  se  combinent  facilement  avec  la  diphényl- 
carbodiazine. Les  acides  formique,  acétique,  propioniqne  dissolvent  à 
froid  la  diphénylcarbodiazine,  puis  la  solution  se  prend  rapidement  en 
masse  avec  formation  d'une  combinaison  équimoléculaire,  explicable  par 
la  pentavalence  d'un  des  azotes  terminaux  de  la  chaîne.  L'acide  formique 
donne  ainsi 

C^  H»  Az  ^  Az .  CO .  Az  =  AzC'^^  •  ^^^. 

I    \H 

G"  H' 
»  Ces  combinaisons  rappellent   celles  de   la  diphénylcarbazide  elle- 


(  4i4  ) 

même,  que  j'ai  précédemment  décrites  (').  Elles  se  dissocient  par   la 
chaleur. 

»  Le  brome  attaque  directement  la  dyphénylcarbodiazine  avec  élévation  de  tempé- 
rature. On  chasse  l'excès  de  brome  par  évaporation  au  bain-marie;  on  reprend  par 
l'alcool  tiède  qu'on  additionne  d'éther;  de  petits  cristaux  à  peine  colorés  en  jaune  se 
précipitent.  Les  chiffres  d'analyse  concordent  avec  un  dérivé  dibromé  de  la  formule, 
sans  aucun  doute, 

'AzBr.  AzBr.C«H= 
'XAz^Âz.C^H^       ' 


coc; 


corps  qui,  sous  l'influence  de  la  potasse  alcoolique  à  l'ébullition,  donne  facilement  de 
la  diphénylcarbazone  et  du  bromure  de  potassium. 

»  Ce  dérivé  dibromé  ne  fond  pas  sans  décomposition.  Vers  60°  il  noircit.  Il  est  inso- 
luble dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  insoluble  dans  l'éther.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouvel  alcool  dérivé  du  limonéne. 
Note  de  M.  P.  Genvresse. 

i 
I 

«  Nous  avons  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  918)  que,  dans 
l'action  du  peroxyde  d'azote  sur  le  pinène,  il  se  forme  un  nouvel  alcool 
terpénique,  le  pinénol.  En  indiquant  pour  ce  corps  une  formule  de  consti- 
tution possible  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7*  série,  t.  XX,  p.  394), 
nous  avons  ajouté  que  le  limonéne,  traité  de  la  même  manière,  donne 
un  alcool  doué  de  propriétés  différentes.  Nous  l'avons  appelé  limonénol. 

»  Limonénol  C^'^WO.  —  Ce  corps  est  encore  plus  difficile  à  préparer 
que  son  isomère,  l'action  du  peroxyde  d'azote  sur  le  limonéne  étant  beau- 
coup plus  énergique  que  sur  le  pinène. 

»  Pour  préparer  le  limonénol,  nous  plaçons  2008''  de  limonéne  dans  une  fiole  à  fond 
plat,  entourée  d'un  mélange  de  glace  et  de  sel,  et  nous  y  faisons  arriver  le  produit  de 
la  décomposition  de  SoS''  de  nitrate  de  plomb  bien  desséché. 

»  Dans  ces  conditions,  beaucoup  de  limonéne  reste  inaltéré.  Nous  opérons  ensuite, 
comme  nous  l'avons  fait  dans  la  préparation  du  phénol,  en  entraînant  le  produit  de  la 
réaction  additionné  d'une  solution  concentrée  de  carbonate  de  sodium,  jusqu'à  réaction 
alcaline,  par  un  courant  de  vapeur  d'eau  ;  le  limonéne  passe  d'abord,  et  ensuite  l'alcool 
souillé  de  produits  azotés.  Le  rendement  en  produit  brut  est  d'environ  4  pour  100. 

»  Pour  purifier  ce  corps,  nous  avons  mis  à  profil  une  propriété  curieuse  de  la  solu- 
tion concentrée  de  salicylale  de  sodium,  propriété  découverte  par  M.  Duyk.  Une  telle 

(')   Comptes  rendus,  11  février  1901. 


solution  dissout  les  alcools  terpéniques  et  nullement  les  terpènes.  Nous  avons  donc 
traité  le  produit  brut  précédent  par  une  solution  concentrée  de  salicylale  de  sodium, 
décanté  la  solution  de  l'alcool  ainsi  obtenue,  et  traité  cette  dernière  par  un  courant  de 
vapeur  d'eau.  L'alcool  a  été  entraîné,  séché  sur  du  chlorure  de  calcium  et  distillé  sous 
pression  réduite. 

»  Le  limonénol  est  un  liquide  incolore,  d'une  odeur  agréable,  ne  rappelant  nulle- 
ment celle  du  limonène,  did'érant  également  de  celle  du  pinénol;  il  bout  à  i35°,  sous 
une  pression  de  id""™,  sans  décomposition  sensible;  il  dévie  à  droite  le  plan  de  pola- 
risation, sa  déviation  pour  la  raie  D  est  a^  t=  h  19°, 21'  à  la  température  de  17'^;  le 
limonène  dont  nous  sommes  partis  est  également  dextrogyre;  chez  lui  a,,  = -i- 43", 52 
à  la  température  de  11°. 

«    La  densité  du  limonénol  est,  à  18°,  de  0,9669;  son  indice  de  réfraction  /(n-"  1,497. 

»  Ce  corps  possède  dans  sa  molécule  deux  doubles  liaisons.  En  efTet,  si  avec  les 
nombres  précédents  nous  calculons  sa  réfraction  moléculaire,  nous  trouvons  le 
nombre  45,99  et  sa  réfraction  moléculaire  tliéorique,  d'après  les  nombres  donnés  par 
M.  Briihl,  en  admettant  l'existence  de  deux  doubles  liaisons,  est  46,5. 

»  D'un  autre  côté,  si  l'on  dissout  le  corps  précédent  dans  le  chloroforme  ou  dans  le 
benzène,  et  si  l'on  y  ajoute  ensuite  du  brome  goutte  à  goutte  jusqu'à  ce  que  la  colora- 
tion de  ce  dernier  persiste  dans  la  solution,  on  constate  qu'il  n'y  a  point  de  dégage- 
ment d'acide  bromhydrique  et  que  le  poids  de  brome  ainsi  ajouté  est  sensiblement  le 
même  que  celui  qui  serait  calculé  dans  l'hypothèse  de  deux  doubles  liaisons. 

»  Le  limonénol  est  un  alcool  secondaire,  de  même  que  le  pinénol;  en 
effet,  traité  par  leméhingechromique,  il  donne  nnecétone,  la  limonènone. 

»  Z,j/wone'«orte  CH'^O.  —  Pour  préparer  ce  corps,  nous  avons  employé  la  méthode 
ordinaire  et  nous  avons  ensuite  entraîné  le  produit  de  la  réaction  par  l'eau.  La  limo- 
nènone est  un  liquide  incolore,  d'odeur  agréable.  Comme  l'alcool  qui  lui  a  donné  nais- 
sance, elle  dévie  à  droite  le  plan  de  polarisation  :  ai,  = -h  16°,  4'  à  la  température  de 
20°;  à  la  même  température,  sa  densité  est  0,9606  et  son  indice  de  réfraction  pour  la 
raie  D  est  «1,=  1,487. 

»  Ici  encore  nous  trouvons  deux  doubles  liaisons;  en  effet,  la  réfraction  moléculaire 
du  corps  précédent  est  44,858,  et  si  on  la  calcule  d'après  les  nombres  de  M.  Briihl,  on 
trouve  45,16.  Dans  l'oxydation  par  l'acide  chromique  les  deux  doubles  liaisons  du 
limonène  ont  encore  été  respectées. 

»  Le  corps  précédent  est  bien  une  cétone;  en  effet,  traité  par  le  chlorhydrate  d'hy- 
droxj'lamine,  il  se  transforme  en  oxime. 

»  Limonénoxime  C'"'H'*AzOH.  —  .Xous  avons  obtenu  ce  corps  en  suivant  la  marche 
que  M.  Wallach  a  employée  pour  transformer  la  carvone  en  carvoxime,  c'est-à-dire  en 
•  traitant  la  cétone  précédente  dissoute  dans  l'alcool  par  deux  solutions  chaudes,  l'une 
de  chlorhydrate  d'hydroxylamine,  l'autre  de  potasse.  Après  refroidissement,  le  tout 
est  versé  dans  l'eau  froide;  une  huile  ne  tarde  pas  à  se  séparer,  on  l'entraîne  par  un 
courant  de  vapeur  d'eau  et  elle  cristallise. 

»   La  limonénoxime  fond    à  85°,  5;  mais  si  après  l'avoir  laissée  se  solidifier  on  fond 


(  4i6  ^ 

de  nouveau  ce  corps,  on  voit  que  le  point  de  fusion  s'est  abaissé  à  72°,  température 
qui  est  celle  de  fusion  de  la  carvoxime  active. 

»  Les  expériences  qui  suivent  ont  eu  pour  but  d'identifier  le  corps  précédent  avec 
la  carvoxime  en  même  temps  que  de  faire  son  élude. 

»  Nous  avons  trouvé  pour  son  pouvoir  rotatoire  at== — ^9°^^'  à  la  température 
de  20°.  M.  Wallach  a  trouvé  pour  la  carvoxime  gauche  «d  =^ —  39''34'. 

))  Comme  la  carvoxime  active,  la  cétoxime  précédente  se  combine  avec  le  chlorure 
de  benzoïle  dans  les  mêmes  conditions;  le  produit  obtenu  est  le  même  dans  les  trois 
cas  et  a  même  point  de  fusion,  gS",  et  mêmes  propriétés. 

»  Il  en  est  de  même  pour  la  combinaison  avec  l'isocyanate  de  phényle;  ici  encore  le 
point  de  fusion  sera  de  iSS". 

»  Il  y  a  donc  identité  de  la  cétoxime  précédente  avec  la  carvoxime;  seul  le  point  de 
fusion  diflère,  et  encore  seulement  quand  il  n'y  a  pas  eu  de  fusion  préalable. 

»  La  limonénoxime  se  forme  également,  mais  en  petite  quantité,  dans  l'action  du 
peroxyde  d'azote  sur  le  limonène.  Nous  avions  du  reste  obtenu  une  réaction  analogue 
en  traitant  le  pinène  dans  les  mêmes  conditions. 

»  La  formule  de  constitution  du  limonénol  se  déduit  aisément  de  celle  du  limonène 
et  de  la  carvoxime.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  (le  l'acide diméthylacrylique  en  acide 
dimèthylpyrmique .  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  A.  Wahl,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  précédente  Note,  nous  avons  montré  que  le  nitrodiméthyl- 
acrylate  d'éthyle  a.  est  réduit,  au  moyen  de  l'amalgame  d'aluminiuin,  en 
l'aminé  correspondante,  l'a-aminodiméthylacrylate  d'éthyle 

CHV  ,        ^^^'**- 

AzH= 

»  Ce  composé,  qui  jouit  de  propriétés  alcalines  très  nettes,  se  dissout 
sans  altération  dans  les  acides  étendus  et  froids;  mais  vient-on  à  chauffer 
à  100°  sa  solution  chlorhydrique,  elle  laisse  surnager  une  couche  huileuse  : 
par  refroidissement  la  couche  aqueuse  abandonne  des  cristaux  de  chlor- 
hydrate d'ammoniaque.  La  décomposition  se  fait  intégralement  suivant 
l'équation 

C'H*'AzO-  +  HCl  r-  H^O  =  AzH^Cl  +  C'H«  =  0\ 
»   Le   nouveau   composé  est  obtenu   par  distillation   dans  le   vide  de 


(417  ) 
l'huile  surnageant  après  lavage  à  l'eau.  Il  bouta  ôS^-ôg",  sous  iS™'",  possède 
une  oileuréthérée  assez  agréable;  sa  densité  D°  =  i,o3i.  L'analyse  nous  a 
fait  voir  que  ce  composé  possède  bien,  en  effet,  la  formule  que  lui  attribue 
l'équation  précédente. 

»  Le  troisième  atome  d'oxygène  de  ce  corps  s'y  rencontre  sous  forme  de 
carbonyle,  car  il  se  combine  aisément  à  l'hydroxylamine  et  à  la  semi- 
carbazide. 

»  Son  oxime,  qui  prend  naissance  à  froid,  forme  de  magnifiques  aiguilles 
incolores  fondant  à  55°.  Elle  est  très  soluble  dans  tous  les  dissolvants 
neutres,  sauf  l'eau  et  la  ligroïne. 

»  L:i  semi-carbazone  s'obtient  sans  difficulté  [)ar  le  mélange  avec  une 
solution  hydroalcoolique  d'acétate  de  semi-carbazide.  Elle  se  dépose  d'un 
mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  sous  forme  de  prismes  incolores 
fondant  à  95°-96''. 

»  Etant  donné  que  cet  élher  dérive  du  dimcthylacrylate  d'élhyle  par 
une  suite  de  réactions  très  simples  qui  toutes  se  font  à  température  peu 
élevée,  étant  donné  aussi  qu'il  contient  un  carbonyle  acétonique,  il  ne 
peut  être  constitué  que  par  le  diméthylpyruvate  d'élhyle 

i 

»  L'hydratation  a  dû  donner  de  l'ammoniaque  et  le  composé  inter- 
médiaire 

^^.)c  =  C_COOC.H=, 

OH 

qui  s'est  transformé  aussitôt,  comme  l'alcool  vinylique,  en  aldéhyde 

CH-  =  CHOH  =  CH'  -  CHO. 

»  Le  dédoublement  de  l'amino-diméthylacrylate  d'éthyle  est  à  rapprocher 
de  celui  du  p-aminocétonate  d'éthyle,  qui  fournit  de  l'éther  acétylacétique. 

))  Les  homologues  de  l'acide  pyruvique  dans  la  série  grasse  sont  pour 
ainsi  dire  circonscrits  ;  il  nous  a  donc  semblé  utde  d'étudier  celui  que  nous 
avons  entre  les  mains. 

»  On  oblienl  l'acide  diméthylpyrui'ique  en  chauflant  l'éther  précédent  avec  de  l'eau 
en  tube  scellé  à  i4o''-i5o<'  pendant  quelques  heures.  Le  contenu  des  tubes,  qui  est  de- 
venu homogène  et  qui  ne  s'est  même  pas  coloré,  est  distillé  sur  pression  réduite.  Il 
passe  d'abord  de  l'alcool,  puis  de  l'eau  entraînant  quelques  gouttes  d'éther  inaltéré,  et 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  7.)  54 


(  4i8  ) 

enfin  l'acide  lui-même  qui  bout  à  ôS^-ôy"  sur  lo™"".  C'est  un  liquide  incolore  qui  cris- 
tallise aussitôt  dans  le  récipient  jusqu'à  la  dernière  goutte.  Cet  acide  fonda  Si";  il  est 
très  soluble  dans  l'eau,  à  laquelle  il  communique  une  réaction  très  acide,  très  soluble 
également  dans  l'alcool  et  dans  l'éther. 

»  Cet  acide  n'a  jamais  jusqu'ici  été  préparé  à  l'état  de  pureté.  Moritz  {Chem.  Soc, 
p.  i3;  1880)  l'a  obtenu  mélangé  à  de  l'acide  isobutyrique  à  la  suite  de  la  réaction  du 
chlorure  d'isobutyrile  sur  le  cyanure  d'argent.  K.  Brunner  (Monatschrift,  t.  XV,  p.  761) 
a  préparé  un  sel  d'argent  et  un  phénylhydrazone  fondant  avec  décomposition  à  129°. 
L.  Kolin  {Monat.,  t.  XIX,  p.  622),  en  oxydant  par  le  permanganate  un  produit  de  con- 
densation de  l'aldéhyde  isobutylique,  a  obtenu  un  acide  qu'il  suppose  être  l'acide 
diméthylpyruvique  et  qu'il  a  caractérisé  par  son  oxime  fondant  à  102°  et  sa  phénylhy- 
drazone fondant  à  187°. 

»  Il  nous  semble  peu  probable  que  l'acide  de  Kohn  soit  identique 
au  nôtre,  car  Voximeque  nous  avons  préparée  forme,  après  cristallisation 
dans  l'éther,  de  belles  paillettes  blanches  qui  fondent  à  i63°-i65°  avec 
dégagement  gazeux. 

»  La  phénylhydrazone  s'obtient  en  ajoutant  une  solution  acétique  de 
phénylhydrazine  à  la  solution  aqueuse  de  l'acide;  elle  se  précipite  immé- 
diatement sous  forme  d'un  magma  cristallin  jaune  clair  :  l'alcool  l'aban- 
donne en  longues  aiguilles  d'un  jaune  de  soufre,  fondant  sans  décomposi- 
tion à  iSô^-iSy". 

»  Les  expériences  que  nous  venons  d'exposer  tendent  à  faire  croire  que 
l'éther  et  l'acide  que  nous  avons  obtenus  sont  bien  l'éther  et  l'acide  dimé- 
thylpyruviques,  mais  elles  n'en  donnent  pas  la  preuve  absolue. 

»  En  présence  des  divergences  constatées  par  nous  entre  les  constantes 
physiques  de  nos  composés  et  celles  des  dérivés  correspondants  de  l'acide 
diméthylpyruvique  obtenus  par  nos  devanciers,  nous  avons  cherché  à 
démontrer  d'une  manière  évidente  la  constitution  de  notre  acide  en  le  dé- 
doublant en  acide  carbonique  et  aldéhyde  isobutyrique.  Une  tentative 
opérée  avec  l'aniline  au  moyen  du  procédé  qui  a  donné  d'excellents  résul- 
tats avec  les  acides  glyoxyliques  de  la  série  aromatique  a  échoué  complète- 
ment. Nous  espérons  être  plus  heureux  prochainement.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  acides  monohalogénès  de  la  série  grasse 
sur  la pyridine et  la  quinoléine.  Note  de  MM.  L.-J.  Simon  et  L.  Ddbreuil, 
présentée  par  M.  Haller. 

«  L   On  doit  à  Martin  Kruger  un  important  travail  relatif  à  l'action  de 
l'acide  monochloracétique  et  de  son  éther  éthylique  sur  la  pyridine  et  ses 


(  4i9  ) 
homologues  (/.  /.  prakt.  Ch.,  t.  XI.III,  p.  271  et  364,  et  \.  XLTV,  p.  i3o; 
1891).  En  outre,  von  Gerichten  et  Rhoiissopoulos  ont  brièvement  décrit 
l'action  des  mêmes  agents  sur  la  quinoléine  (Z).  ch.  G.,  t.  XV,  p.  laSi, 
2006;  1882). 

»  Ces  recherches  ont  conduit  à  des  bétaïnes  pyridiques  et  quinoléiques 
par  l'intermédiaire  des  chlorhvdrates  neutre  et  basique. 

»  Nous  avons  repris  ces  recherches  et  nous  les  avons  étendues  à  d'autres 
acides  halogènes,  en  particulier  aux  acides  monobromés. 

M  D'une  manière  générale,  le  cours  de  la  réaction  dépend  des  propor- 
tions relatives  de  l'acide  et  de  la  base.  Si  celle-ci  est  en  excès,  et,  pour 
préciser,  si  l'on  emploie  deux  molécules  de  base  pour  une  d'acide,  la  réac- 
tion conduit  au  chlorhydrate  basique,  et  cela  presque  quantitativement 
d'après  l'équation 

2(R-CHBr-CO-H)  +  3R'Az-f-H20 

TR  -CH-C01  = 
=  1  I  HBr.H-0  +  R'Az.HBr. 

[R'-Az  -O   J 

»  Si  la  proportion  de  base  tertiaire  diminue,  si,  par  exemple,  on 
emploie  des  proportions  équimoléculaires  de  base  et  d'acide,  la  quantité 
de  bromhydrate  basique  diminue  en  même  temps  qu'apparaît  d'une  façon 
prépondérante  le  bromhydrate  neutre  dont  les  constantes  de  solubilité  sont 
toutes  différentes. 

»  II.  Soit  comme  exemple  de  préparation  le  cas  de  l'acide  bromacétique 
et  de  la  pyridine.  Si  l'on  dissout  dans  un  tube  à  essai  quelques  cristaux 
d'acide  bromacétique  dans  la  pyridine,  la  dissolution  s'échaufFe,  jaunit, 
puis  brusquement  la  réaction  devient  très  vive  et  il  se  produit  des  vapeurs 
bromées.  Il  peut  même  y  avoir  projection  de  matière.  On  modère  la 
réaction  en  opérant  en  solution  alcoolique. 

»  On  dissout  l'acide  (aSs"')  dans  l'alcool  (6oB"')  et  l'on  verse  la  pyridine  (28K'')  :  la 
masse  s'échauffe  légèrement.  On  continue  à  chaulTer  d'abord  au  bain-marie,  puis  à 
feu  nu  en  agitant.  Au  bout  de  quelque  temps,  il  se  forme  sur  les  parois  du  ballon  une 
traînée  de  cristaux  blancs  qui  envahissent  rapidement  toute  la  masse  du  liquide.  En 
reprenant  dans  le  ballon  même  par  l'alcool  (aoos"'),  on  dissout  le  tout  à  l'ébullition,  et 
par  refroidissement  se  déposent  de  jolis  cristaux  blancs  aciculaires  directement  purs 
pour  l'analyse. 

»  La  réaction  peut  se  produire  à  froid  tout  aussi  bien,  mais  alors  elle  demande  un 
temps  plus  considérable. 

»  D'après  le  dosage  de  l'eau  et  des  éléments  :  carbone,  hydrogène,  azote  et  brome, 


(    420    ) 

la  composition  de  ce  corps  est  celle  du  bromliydrale  basique  de  pyridine  bétaïne. 

CH-^-CO" 

I  I 

=  Az   — O 


r       ( 

(C'H'AzO'-)'HBr.IPO     on 


2 

HBr.H'O. 


»  La  quinoléine  se  comporte  de  même,   quoique   moins  vivement,  et 

fournit  également  un  produit  bien  cristallisé,  blanc  quand  il  est  pur,  et 

qui,  d'après  les  analyses,  a  la  composition  d'un  bromhydrate  basique  de 

quinoléine  bétaïne 

(C'*H»AzO=)='HBr.H=0. 

»   Les  dérivés  chlorés  correspondants 

(C^H''AzO=)=HCl.H-0     et     (C"H»AzO=)=HCI.H=0 

ont  été  également  préparés  de  la  même  manière  à  chaud  et  à  froid  et 
analysés  complètement. 

»  IIL  Les  choses  se  passent  à  peu  près  de  même  avec  les  acides 
a-bromopropionique  et  a-bromobutyrique;  mais  l'énergie  de  la  réaction 
diminue  notablement  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  la  série.  On  a  isolé,  par 
exemple,  avec  la  pyridine  les  bromhydrates  basiques  des  bélaïnes  corres- 
pondantes aux  formules 

CH'   —  CH  -  CO         CH'  —  CH-    -  CH  -  CO 
C'H'  — Az   -O,  C=H=-Az   -  O. 

»  Ces  bétaïnes  sont,  comme  on  le  voit,  des  isomères  de  la  picoline 
bétaïne  de  Rriiger  et  de  son  homologue  supérieur. 

»  Il  est  bon  de  faire  remarquer  que,  dans  un  travail  déjà  ancien  de 
Duvilliers  relatif  à'^l'action  de  la  triéthylamine  sur  les  acides  et  les  éthers 
a-bromopropionique  et  a-bromobutyrique,  ce  savant  était  arrivé  à  la  con- 
clusion que  «  la  triéthvlamine  agissant  sur  les  éthers  monochlorés  et  mo- 
))  nobromés  ne  fournit  facilement  une  bétaïne  qu'avec  l'élher  monochlo- 
»  racétique;  avec  l'éther  bromopropionique,  il  ne  se  forme  qu'une  trace 
»   de  bétaïne  et  avec  l'éther  bromobutyrique  il  ne  s'en  forme  pas  trace  ». 

)»  IV.  Enfin,  l'acide  monobromosuccinique  soumis  à  l'action  de  la  py- 
ridine et  de  la  quinoléine  se  comporte  tout  autrement. 

»  Les  produits  obtenus  ne  renferment  plus  de  brome.  Il  se  forme  alors, 
par  départ  d'acide  bromhydrique,  l'acide  non  saturé  correspondant,  ou 
plutôt  ses  sels. 

»   Avec  la  quinoléine,  par  exemple,  on  obtient  un  sel  bien  cristallisé 


(  \^-^  ) 

dont  la  composition  est  celle  du  fumarate  monoquinoléique.  Traité  par 
l'azotate  d'argent,  on  obtient  un  sel  blanc  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
dans  l'acide  azotique,  dont  les  caractères  analytiques  sont  ceux  du  fuma- 
rate  d'argent.  L'un  de  nous  (Dnbreuil)  se  réserve  de  poursuivre  ultérieu- 
rement ces  recherches  sans  sortir  du  domaine  des  bases  pyridiques  et  qui- 
noléiques.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  acides pyrogallolsulfoniques.  Note  de 
M.  Marcel  Delage,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  indiqué  la  préparation  de 
l'acide  pyrogallolmonosulfonique.  Tj'acide  pyrogalloldisulfonique  s'obtient 
en  faisant  réagir  l'acide  sulfurique  fumant  sur  le  pyrogallol. 

»  Préparation  de  l'acide  pyrogalloldisulfonique.  —  25e''  de  pyrogallol  bien  pur  et 
exempt  de  matières  empyreumatiques  sont  broyés  dans  une  capsule  avec  i5"'=  d'acide 
sulfurique  ordinaire  {d  =  i  ,84).  La  masse  jaunâtre  est  placée  au  bain-marie.  Comme 
pour  la  préparation  de  l'acide  monosulfonique,  mais  quelques  instants  avant  la  prise 
en  masse,  on  retire  la  capsule  du  feu  et  l'on  mélange  au  liquide,  en  remuant  constam- 
ment, 3oP'  d'acide  pyrosulfurique  cristallisé.  Le  produit  s'échaufTe  beaucoup  et  se 
prend  au  bout  de  quelques  minutes  en  une  masse  dure,  d'un  blanc  grisâtre.  Celle-ci 
est  reprise  par  un  peu  d'eau  et  abandonnée  dans  le  vide  sec;  les  premiers  cristaux  se 
font  attendre  fort  longtemps,  mais  quand  on  ajoute  un  cristal  au  liquide  parvenu  à  la 
concentration  voulue,  on  obtient  facilement  l'acide  cristallisé  sous  forme  de  prismes 
allongés,  transparents,  à  peine  violacés,  et  assez  volumineux.  On  fait  écouler  l'eau 
mère  chargée  d'acide  sulfurique  et,  pour  débarrasser  les  cristaux  ainsi  obtenus  de  la 
petite  quantité  d'acide  sulfurique  qu'ils  contiennent  encore,  le  procédé  le  plus  com- 
mode consiste  à  abandonner  à  l'air  libre  le  cristallisoir  incliné.  L'humidité  absorbée 
s'écoule  en  entraînant  l'acide  sulfurique  en  excès;  il  est  à  peine  besoin  de  faire  recris- 
lalliser  une  seconde  fois. 

»  Il  est  à  remarquer  qu'à  mesure  qu'on  les  débarrasse  de  l'acide  sulfurique,  les 
cristaux  tendent  à  devenir  plus  petits  et  à  prendre  la  forme  d'aiguilles  feutrées.  Pur, 
l'acide  est  encore  assez  fortement  hygroscopique  et  très  soluble  dans  l'eau.  Les  cristaux 
séparés  récemment  de  l'eau  mère  et  ressuyés  quelques  heures  entre  des  feuilles  de 
papier  buvard  contiennent  l\  molécules  d'eau  de  cristallisation  qui  n'a  pu  être  dosée 
directement,  car  le  produit  noircit  et  se  décompose  à  l'étuve,  même  à  60°.  Les  cristaux 
abandonnés  sous  une  cloche,  sur  de  l'acide  sulfurique  concentré,  s'effleurissent  en 
donnant  une  poudre  blanche,  mais  ils  ne  perdent  pas  ainsi  toute  leur  eau  :  au  bout 
d'un  mois,  la  teneur  en  soufre,  20,2,  correspondait  encore  à  un  acide  à  2H-O. 


(')  Comptes  rendus,  20  août  1900. 


(    422    ) 

»  La  teneur  en  soufre  de  l'acide  pyrogalloldisulfonique  correspond  à  la 
formule 

/OH 
-OH 
C'H-OH      4-4H=0, 
-SO'H 
\S0'H 

ce  qui,  rapproché  des  analyses  de  ses  sels,  établit  sa  composition. 

»  Set  de  baryum.  —  La  masse  dure,  préparée  comme  il  est  dit  plus  haut,  est  reprise 
par  l'eau  et  saturée  à  froid  par  CO^Ba  jusqu'à  cessation  de  l'effervescence,  puis  le 
liquide,  séparé  rapidement  à  la  trompe  du  sulfate  de  baryte  et  du  carbonate  en  excès, 
est  évaporé  dans  le  vide.  Toutes  ces  opérations  doivent  se  faire  aussi  rapidement  que 
possible,  car  le  liquide  en  présence  du  carbonate  en  excès  se  colore  rapidement  à  l'air 
en  jaune,  puis  en  bleu.  Lorsque  la  liqueur  est  assez  concentrée  et  bien  avant  qu'elle  soit 
devenue  sirupeuse,  il  se  sépare  une  poudre  cristalline,  lourde,  sableuse,  colorée  en 
jaune  clair.  Par  une  nouvelle  concentration  ou  par  refroidissement  on  fait  cristalliser 
une  nouvelle  quantité  de  sel  barytique;  ce  sel  déjà  très  pur  peut  être  soumis  à  une 
nouvelle  cristallisation  dans  l'eau.  Si  celle-ci  a  lieu  lentement  à  froid,  on  obtient  des 
croûtes  jaune  clair  composées  de  cristaux  petits,  mais  bien  définis. 

»  Les  nombres  fournis  par  l'analyse  correspondent  à  la  formule  : 

yon 

-OH 
CH-OH  +iH='0. 

,  ;Ba 

\S0'/ 

»  Sel  de  calcium.  —  On  opère  exactement  comme  pour  obtenir  le  sel  de  baryum, 
mais  en  remplaçant  CO'Ba  par  CO'Ca.  Le  sel  commence  à  se  séparer  quand  la  con- 
centration est  suffisante.  Il  est  préférable  de  terminer  la  concentration  à  froid. 

»  Le  sel  se  présente  alors  sous  forme  de  masses  jaunâtres  grimpant  le  long  des 
bords  des  récipients  et  présentant  beaucoup  moins  la  structure  cristalline  que  le  sel 
de  baryte.  On  l'essore  et  on  le  lave  avec  un  peu  d'eau.  Sec,  il  se  présente  sous  forme 
d'une  poudre  fine,  blanc  jaunâtre  et  se  colorant  peu  à  peu  en  jaune  au  contact  de 
l'air.  11  n'est  pas  avantageux  de  soumettre  le  produit  à  de  nombreuses  cristallisations, 
car  il  est  moins  stable  que  le  composé  barytique;  à  chaque  redissolution,  surtout  lors- 
qu'on opère  à  chaud,  il  abandonne,  en  s'altérant,  une  minime  quantité  de  sulfate  de 
chaux  et  tend  plutôt  à  se  colorer  qu'à  se  décolorer,  même  lorsqu'on  opère  toutes  les 
évaporations  à  froid. 

»   Le  sel  calcique  cristallise  avec  quatre  molécules  d'eau  qu'il  perd  en  partie  par 


(  423  ) 

exposition  à  l'air;  il  correspond  à  la  formule  • 

/OH 
-OH 
C«H— OH  4-/1U2  0. 

-S0^\ 
\S0^/^ 

»  La  comparaison  des  solubilités  des  sels,  des  acides  mono  et  disidfo- 
niqnes  et  de  l'acide  sidfurique  permet  de  les  ranger  dans  l'ordre  suivant 
de  solubilité  décroissante  : 

Monosujfonate  de  Ca,  Monosulfonale  de  Ba  ; 

Disulfonale  de  Ca,  Disulfonate  de  Ba  ; 

Sulfate  de  Ca,  Sulfate  de  Ba; 

ce  qui  montre  que  la  solubilité  s'abaisse  à  mesure  que  le  rapport  enire  la 
matière  organique  et  la  quantité  il'acide  sulfurique  diminue  dans  la  molé- 
cule. D'une  façon  absolue,  les  sulfonates  de  chaux  sont  plus  solubles  que 
les  sulfonates  de  baryte,  ce  qui  a  lieu  aussi  pour  les  sulfates.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  De  V hydrate  de  carbone  de  réserve  dans  les  tubercules 
de  l'Avoine  à  chapelets.  Note  de  M.  V.  Uarlay,  présentée  par  M.  L. 
Guignard. 

«  Il  existe  une  variété  de  V Arrhenatherum  elatius  M.  et  K.  dont  la  tige  a 
ses  entre-nœuds  inférieurs  renflés  en  une  série  de  tubercules;  cette  variété, 
A.  bulbosum  Gaud.,  Avoine  à  chapelets,  croît  dans  les  terrains  sablonneux; 
elle  est  bien  connue  des  cultivateurs,  qui  n'ont  que  trop  de  peine  à  la  dé- 
truire. 

»  Il  était  à  présumer  que  les  tubercules  de  cette  plante  devaient  renfer- 
mer une  matière  de  réserve,  et  que,  très  vraisemblablement,  cette  matière 
devait  être  un  hydrate  de  carbone  analogue  à  ceux  qui  ont  été  étudiés  dans 
plusieurs  Graminées  par  Ekstrand  et  Johanson  (  '  ).  Le  procédé  que  j'ai  em- 
ployé pour  obtenir  cette  substance  se  rapproche  des  procédés  indiqués  par 
ces  auteurs  pour  l'obtention  de  la  phléine  et  de  la  graminine,  et  aussi  de 

(')  Ber,  d.  deutsclu  chein.  GeselL,  l.  XX,  p.  33io,  1887  ;  t.  XXI,  p.  694,  1888. 


(    42/1    ) 

celui  employé  par  M.  Mûnlz,  puis  par  MM.  Bourquelot  etHérissey  (')  pour 
la  préparation  de  la  mannogalactane  des  graines  de  Luzerne. 

»  25oS'' de  tubercules,  récoltés  en  décembre,  sont  broyés,  misa  macérer 
dans  300"="  d'une  solution  au  4^  d'acétate  neutre  de  plomb.  Après  dix-huit 
heures  de  contact,  on  passe,  on  presse,  on  laisse  reposer.  Au  bout  d'un  jour, 
on  filtre,  on  élimine  le  plomb  par  l'acide  oxaliqut%  celui-ci  parle  carbonate 
de  chaux,  et,  après  filtration,  on  précipite  par  six  volumes  d'alcool  à  90". 
Le  précipité,  d'abord  visqueux,  se  réunit  à  la  partie  inférieure  du  vase  en 
un  gâteau  solide.  Celui-ci  est  fragmenté,  desséché  dans  le  vide  sulfurique, 
pulvérisé,  puis  lavé  à  l'alcool  et  desséché  de  nouveau.  Le  rendement  est 
de  4.80  pour  100  parties  de  tubercules  frais. 

»  Ce  produit  est  une  poudre  blanche,  sohilile  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'alcool  fort. 
11  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehling,  mais  réduit  à  chaud  le  nitrate  d'argent  ammo- 
niacal. Il  ne  bleuit  pas  par  l'iode.  Ses  solutions  aqueuses  précipitent  par  l'eau  de 
baryte,  ne  donnent  aucun  précipité  par  l'eau  de  chaux  ni  le  sous-acétate  de  plomb. 
Le  pouvoir  rotatoire  est  ai)  =  — 44°)7  (cendres  et  humidité  déduites).  La  substance 
fond  à  112°  en  noircissant  et  en  se  boursouflant.  Hjdroiysée  par  l'acide  sulfurique 
très  dilué,  par  un  séjour  de  quinze  minutes  à  la  température  de  100°,  elle  donne  un 
sucre  réducteur;  le  dosage  du  sucre  à  la  liqueur  de  Fehling  et  l'examen  polarimé- 
trique  indiquent  comme  pouvoir  rotatoire  du  sucre  formé  a:=  —  90''{t  =  iS").  Le  sucre 
d'hydrolyse,  comme  le  produit  lui-même,  donne,  à  chaud,  avec  l'acide  chlorhydrique 
dilué  au  ^  et  la  résorcine,  la  réaction  de  Séliwanoff  (coloration  rouge  feu)  caractéris- 
tique du  lévulose  et  de  ses  éthers.  Le  sucre  donne  avec  l'acétate  de  phénjlhjdrazine,  à 
chaud,  un  précipité  jaune  cristallin,  fondant  en  même  temps  qu'un  échantillon  de 
phénylglucosazone  dérivée  du  glucose.  Ses  solutions,  agitées  à  33°  avec  la  chaux,  aban- 
donnent, par  refroidissement  à  0°,  une  combinaison  cristalline  peu  soluble  dans  l'eau, 
d'où  l'on  peut  obtenir,  après  décomposition  par  l'acide  oxalique,  de  la  phénylglucosa- 
zone. Le  sucre  est  donc  du  lévulose.  Quanta  la  substance  non  hydroljsée,  elle  se  com- 
porte comme  un  polysaccharide  dérivé  du  lévulose  (le  rajjport  de  la  substance  au  sucre 
formé  par  hydrol3'se  étant  très  voisin  de -j-JJ).  Maintenue  en  solution  neutre  pendant 
huit  heures  à  100°,  la  substance  n'a  subi  qu'une  altération  à  peine  appréciable  au 
poiarimètre  et  à  la  liqueur  cupropotassique;  au  bout  de  quatre  heures,  l'hydrolyse 
semble  nulle. 

»  Cette  substance  existe  dans  les  tubercules  à  l'état  de  solution  dans  le  suc  cellu- 
laire, et  peut  être  précipitée,  par  macération  des  tubercules  dans  l'alcool,  en  sortes  de 
sphéro-cristaux  très  réfringents,  disparaissant  dès  qu'on  fait  arriver  sur  la  préparation 
une  goutte  d'eau. 

»  Cette  substance  est  donc,  par  toutes  ses  propriétés,  très  voisine  de  la 
phléine  et  de  la  graminine,  elles-inêmes  très  voisines,  sinon  identiques. 


(')  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  6°  série,  t.  XI,  p.  SSg;   1900. 


(  /l^S  ) 

Aussi,  quoique  son  point  de  fusion  et  son  pouvoir  rotatoire  soient  intermé- 
diaires entre  ceux  donnés  par  Ekstrand  et  Johanson  pour  ces  deux  sub- 
stances, on  peut  lui  conserver  le  nom  de  graminine,  ces  auteurs  indiquant 
que  la  graminine  qu'ils  ont  étudiée  dans  le  Trisetum  alpestre  semble  exister 
aussi  dans  beaucoup  d'autres  Graminées  {Calamagrostis,  Fesluca,  Agrostis, 
Avena,  sans  désignation  d'espèces). 

Graminine  du  Trisetum  alpestre..  . 

Graminine  de  1'^.  bulbostim 

Phléine  du  Phleurn  pratense 


T/=  aog 

«1,=  -  38,89 

212 

-44,7 

2ID 

-48,12 

»  Elle  se  difïérencie,  d'autre  part,  de  l'inidine  par  sa  plus  grande  solu- 
bilité et  son  plus  grand  pouvoir  rotatoire. 

»  J'ai  étudié  plus  spécialement  l'action  de  divers  agents  hydrolysants 
sur  la  graminine  de  i'.4.  bulbosum,  et  j'ai  pu  constater  que  les  solutions  de 
graminine  restaient  inaltérées  en  présence  de  salive  et  de  diastase  (').  La 
solution  des  ferments  sécrétés  par  Y Aspergillus  niger,  qui,  comme  on  sait, 
hydrolyse  l'inuline  (^),  hydrolyse  aussi  la  graminine.  Après  vingt  heures 
de  contact  à  la  température  de  i^°-\'j°,  -^  environ  de  la  quantité  de  gra- 
minine mise  en  jeu  se  trouvait  transformée  en  sucre. 

»  La  grnminine  est-elle  une  substance  de  réserve?  Le  fait  était  probable 
dès  l'abord;  mais  il  fallait  démontrer  que  l'hydrolyse  de  la  graminine  peut 
se  produire  dans  certaines  parties  de  la  plante.  Dans  ce  but,  je  m'adressai 
aux  parties  vertes,  aériennes,  des  jeunes  pousses  (janvier).  Le  suc  dilué 
de  ces  parties  vertes  se  montra  sans  action  sur  la  graminine;  par  contre, 
il  avait  une  action  manifeste,  quoique  peu  intense,  sur  l'amidon  cuit.  Le 
suc  des  parties  souterraines,  blanches,  des  jeunes  pousses,  au  contraire, 
produisit  une  hydrolyse  comparable  à  celle  obtenue  avec  le  liquide  d' Asper- 
gillus. Le  rôle  de  la  graminine  est  donc  bien  celui  d'une  substance  de 
réserve. 

»  Cette  substance  se  trouve  en  assez  forte  proportion  dans  les  tuber- 
cules de  1'^.  bulbosum  (j, 5  pour  100  des  tubercules  frais  contenant  70  d'eau 
et  17  de  matériaux  insolubles  dans  l'eau  et  l'alcool).  Elle  est  accompagnée 
de  1,60  de  sucre  réducteur,  donnant  de  la  phényiglucosazone,  lévogyre, 


(')  La  salive  et  la  diastase  étaient  reconnues  très  actives  sur  l'amidon  cuit.  Toutes 
ces  expériences  ont  été  faites  avec  témoins  ayant  reçu  la  même  quantité  des  liquides 
fermentaires  maintenus  au  préalable  dix  minutes  à  l'ébullition. 

(»)  Em.  Bourquelot,  Journ.  Pharm.  et  Chim.,  5»  série,  t.  XXVIII,  p.  5;  1898. 
C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  7.)  55 


(  426  ) 

produisant  la  réaction  de  Séliwanoff.  C'est  donc  vraisemblablement  du 
lévulose;  mais  ce  lévulose  est  accompagné  d'une  matière  réductrice, 
dextrogyre  (peut-être  de  glucose);  car  les  dosages  par  réduction  ont  tou- 
jours donné  des  chiffres  nettement  plus  élevés  que  l'évaluation  du  lévulose 
par  le  polarimètre.   m 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Transmission  nerveuse  d'une  excitation  électrique 
instantanée.  Note  de  M.  Acg.  GharpeiVTIer,  présentée  par  M.  d'Ar- 
sonval. 

«  Dans  une  série  de  travaux  antérieurs,  et  notamment  dans  trois  Notes 
présentées  à  l'Académie  en  1899  (')'  J'^i  démontré  que  l'excitation  élec- 
trique brève  mettait  le  nerf  dans  un  état  oscillatoire  spécial,  se  propageant 
à  distance  dans  cet  organe  avec  une  vitesse  que  j'ai  pu  mesurer,  et  qui  est 
la  vitesse  même  de  l'agent  nerveux.  J'ai  déterminé  aussi  la  fréquence  de 
ces  oscillations  nerveuses  et  leur  longueur  d'onde. 

M  Dans  la  dernière  des  Notes  précitées,  je  considérais  comme  très  pro- 
bable l'idée  que  ce  phénomène  physiologique  remarquable  éCait  en  même 
temps  un  phénomène  électrique,  en  ce  sens  que  ce  qui  était  ainsi  propagé 
le  long  du  nerf  dans  les  mêmes  conditions  que  l'influx  nerveux  consistait 
dans  une  série  d'oscillations  électriques.  Ce  point,  qui  me  semblait  découler 
de  toutes  mes  expériences  (et  notamment  de  celles  sur  l'induction  fara- 
dique  unipolaire  publiées  de  1898  à  1896),  j'ai  cherché  à  le  rendre  évident, 
et  j'ai  réussi  dernièrement  à  en  donner  la  preuve  expérimentale. 

»  De  ces  nouvelles  recherches  il  résulte  qu'une  excitation  électrique 
brève  donne  lieu  à  une  double  transmission  de  la  part  du  nerf:  1"  une 
partie  est  transmise  à  peu  près  instantanément  comme  par  un  conducteur 
ordinaire,  c'est-à-dire  avec  une  vitesse  non  mesurée,  mais  très  grande,  de 
l'ordre  de  la  conduction  électrique  proprement  dite;  2°  une  autre  partie  de 
l'excitation  (accrue  ou  non  par  une  réaction  du  nerf)  se  transmet,  élec- 
triquement toujours,  mais  avec  la  vitesse  très  modérée  de  l'influx  nerveux, 
soit  de  20"  à  So™  par  seconde. 

»  Cette  seconde  partie  de  l'excitation,  évidemment  modifiée  physiolo- 
giquement  par  le  nerf,  est  encore  de  nature  électrique,  car  elle  peut  être 
conduite  à  distancerai  un  fil  métallique  et  provoquer  chez  un  autre  animal 


(')  Comptes  rendus,  12,  26  juin  et  i3  juillet  1899. 


(427) 
(aussi  bien  que  sur  une  autre  partie  du  même  animal)  une  contraction 
musculaire  par  l'intermédiaire  du  nerf  moteur. 

»  Ce  n'est  pas  tout:  au  bout  de  i,  2,  3,  ...  périodes  isochrones  très 
petites  consécutives  à  l' excitation  originelle,  le  même  fil  métallique  amène 
au  second  nerf  une  1",  une  3*^,  une  4*,  . . .  excitation.  Par  conséquent,  non 
seulement  le  nerf  excité  a  fourni  au  conducteur  métallique  de  l'électricité 
directe,  puis  de  l'électricité  modifiée  par  lui,  mais  cette  seconde  portion  a 
pris  un  caractère  oscillatoire  que  n'avait  pas  l'excitation  primitive,  et  a 
donné  lieu  à  une  répétition  apparente,  à  une  récurrence  périodique  de 
cette  excitation. 

»  Tous  ces  faits  ont  été  facilement  mis  en  évidence  à  l'aide  d'un  dispo- 
sitif expérimental  très  analogue  ii  celui  qui  a  été  décrit  dans  ma  Note  du 
26  juin  1899  et  qui  m'avait  servi  à  étudier  les  interférences  dans  l'exci- 
tation d'un  seul  et  même  nerf. 

))  Voici  le  principe  de  la  méthode  qui  m'a  servi.  Toutes  les  expériences 
ont  été  faites  sur  la  grenouille. 

»  Une  excitation  unipolaire  brève  produite  par  la  fermeture  d'un  courant  de  pile 
pendant  deux  ou  trois  dix-millièmes  de  seconde  est  fournie  à  un  point  A  du  nerf.  Un 
autre  point  B  du  nerf,  séparé  du  premier  par  une  distance  connue  AB,  est  mis  en 
relation  avec  un  conducteur  métallique,  à  des  moments  variables  à  partir  de  l'exci- 
tation, c'est-à-dire  soit  en  même  temps  qu'elle,  soit  à  des  intervalles  plus  ou  moins 
tardifs  après  qu'elle  a  pris  lin.  Ce  conducteur  métallique  aboutit  à  un  nerf  moteur 
soit  chez  le  même  animai,  soit  sur  un  autre  animal  dont  le  corps  est  relié  à  la  terre. 

»  Or  on  constate  une  contraction  des  muscles  commandés  par  ce  second  nerf,  quand 
la  communication  est  établie  :  1°  au  moment  même  de  l'excitation;  1"  un  temps  défini 
après  cette  excitation,  temps  proportionnel  à  la  distance  des  points  A  et  B  du  premier 
nerf;  3°  à  des  intervalles  définis  après  ces  deux  premières  contractions,  intervalles 
sensiblement  isochrones,  indépendants  du  précédent,  et  ne  variant  pas  avec  la  dis- 
tance AB  parcourue  par  l'excitation  sur  le  premier  nerf.  A  tout  autre  moment,  le 
muscle  reste  inexcité. 

»  Du  premier  intervalle  et  de  la  distance  AB  l'on  déduit  la  vitesse  de  propagation 
propre  au  nerf;  des  suivants  on  déduit  la  fréquence  des  oscillations  subséquentes.  On 
retombe  sur  les  chiffres  déjà  obtenus  dans  les  expériences  d'interférence  nerveuse  ou 
sur  des  chiffres  tout  à  fait  analogues. 

»  Il  nous  reste  à  faire  une  étude  électrique  plus  complète  du  phéno- 
mène.  » 


(    428    ) 


PHYSIOLOGIE.   —  Action  physiologique  du  vin.  Note  de  M.  L.  Roos, 
présentée  par  M.  Mûntz. 

«  J'ai  entrepris  de  vérifier,  par  une  expérience  sur  l'animal,  si  l'ingestion 
quotidienne  de  vin  exerce  une  action  défavorable,  indifférente  ou  favo- 
rable sur  l'organisme.  Dans  ce  but,  j'ai  soumis  au  régime  du  vin  un 
certain  nombre  de  cobayes,  en  conservant  des  témoins  de  même  espèce 
recevant  la  même  alimentation,  vin  excepté. 

»  Six  couples  ont  été  placés  dans  des  conditions  de  vie  rigoureusement  identiques; 
quatre  de  ces  couples  recevaient  quotidiennement  du  vin,  tandis  que  les  deux  autres 
n'en  avaient  pas. 

»  Le  vin  a  été  donné  au  commencement  de  l'expérience  au  moj'en  d'une  seringue 
graduée  à  pointe  mousse,  que  l'on  introduisait  dans  la  bouche  de  l'animal  immobilisé. 

»  Les  doses  étaient  calculées  d'après  le  poids  des  animaux  pour  qu'elles  équivalent 
à  une  consommation  rapportée  à  un  homme  du  poids  de  70''?. 

De  1       par  jour  pour  le  premier  couple, 
»    1,5  »  deuxième  couple, 

»    2  »  troisième  couple, 

»    3  »  quatrième  couple. 

»  J'ai  employé  du  vin  rouge  à  9  pour  100  d'alcool,  donné  non  étendu  d'eau. 

i>  Cette  méthode  fut  appliquée  pendant  trois  mois.  Sauf  un  seul,  tous  les  cobayes 
prenaient  leur  vin  avec  facilité,  certains  même  le  recherchaient. 

»  Celui  qui  n'absorbait  pas  facilement  le  vin  fut  étouffé  après  trois  mois  de  régime, 
par  suite  d'un  accident.  Je  résolus  alors  de  donner  le  vin  mélangé  à  du  son  de  blé 
ordinaire,  en  le  distribuant  le  matin  après  le  jeûne  de  la  nuit  pour  obtenir  une  inge.s- 
tion  rapide. 

»  N'ayant  relevé  aucune  différence  sensible  dans  l'état  des  divers  couples  soumis  au 
régime  du  vin,  j'ai  uniformisé  la  quantité  donnée  à  So'''^  par  kilogramme  de  matière 
vivante,  ce  qui  représente  un  peu  plus  de  2"'  pour  un  homme  pesant  7o''e. 

»  L'expérience,  commencée  le  9  avril  1900,  dure  encore  à  l'heure  actuelle.  Tous  les 
cobaj'es  ont  été  pesés  régulièrement  depuis  le  début. 

»  Le  poids  moyen  des  animaux  était,  le  9  avril  1900  : 

Cobayes  au  régime  du  vin 8706'' 

»         témoins 3688'' 

c'est-à-dire  aussi  semblables  que  possible. 

I)  Après  trois  mois  de  régime,  le  9  juillet  1900,  les  poids  étaient  devenus  : 

Cobayes  au  régime  du  vin ()[\0i' 

»  témoins 606"' 


(  4-^9  ) 

»  La  différence  en  faveur  de  ceux  qui  recevaient  du  vin  était  de  5, 60  pour  100. 
»  Au  point  de  vue  de  la  reproduction,  après  ces  mêmes  trois  mois,  le  nombre  des 
descendants  était  : 

Pour  les  cobayes  au  régime  du  vin 10         soit,  par  couple 2,5 

»  témoins 4  "  2,0 

»  A  la  même  époque,  le  poids  moyen  global  d'un  couple  avec  sa  descendance 
vivante  était  : 

Pour  un  couple  au  régime  du  vin 1675»'' 

»  témoin 1422?'' 

»  Le  10  juillet  arriva  l'accident  signalé  plus  haut.  Il  s'agissait  de  la  femelle  du 
couple  2.  Je  dois  donc,  pour  continuer  à  donner  des  résultats  comparatifs,  éliminer 
ce  couple  et  sa  descendance. 

»  Au  10  septembre  1900,  le  poids  moyen  d'une  unité  était  devenu  : 

Cobayes  au  régime  du  vin 762B' 

»  témoins 67  5s'' 

»  Ici  la  différence  en  faveur  de  ceux  ajant  reçu  du  vin  est  de  12,87  pour  loo. 
1)  Le  poids  moyen  d'un  couple,  descendance   vivante  comprise,  était,  à  la   même 
date  : 

Couples  au  régime  du  vin 26578'' 

»         témoins 23i3s' 

soit  une  différence  de  i^jS?  pour  100. 

»  Le  22  septembre,  un  màie  témoin  T,  est  mort,  après  une  quinzaine  de  jours  de 
maladie,  pendant  lesquels  son  poids  est  passé  de  663s''  à  5o4s''.  Le  17  octobre,  le  second 
mâle  témoin  T,  est  mort  dans  des  conditions  analogues.  Son  poids  était  de  6878''  au 
1"''  octobre  et  de  5756''  au  i5  du  même  mois,  dernière  pesée  effectuée.  A  l'autopsie,  je 
n'ai  trouvé,  dans  les  deux  cas,  qu'une  lésion  de  l'estomac  caractérisée  par  de  petites 
taches  noires  semblant  altérer  profondément  le  tissu,  car  l'estomac  se  perçoit  sous  le 
moindre  contact  au  niveau  des  taches. 

»  Privé  des  deux  couples  témoins  j'en  ai  constitué  de  nouveaux,  mais  je  ne  puis 
plus,  à  partir  de  cette  date,  donner  de  résultats  comparatifs. 

»  Après  neuf  mois  d'expérience,  la  mortalité  a  été  de  12, 5  pour  100  pour  les 
cobayes  au  vin  et  de  5o  pour  100  pour  les  témoins;  je  me  borne  à  le  constater  sans 
en  faire  un  argument  en  faveur  de  l'ingestion  du  vin. 

»  Si  nous  examinons  les  résultats  généraux  au  3i  décembre,  sans  tenir 
compte  des  morts  des  ascendants,  nous  obtenons  les  chiffres  suivants  : 
quatre  couples  au  régime  du  vin  ont  donné  3o  produits,  soit  7,5  par  couple; 
deux  couples  témoins  ont  donné  9  produits,  soit  4,5  par  couple.  Sur  les 
descendants  des  premiers  il  y  a  eu  sept  morts;  on  en  compte  deux  sur  les 
autres.  Cela  établit  une  mortalité  de  23,2  pour  100  dans  le  premier  cas  et 
22,2  dans  le  second. 


(  43o  ) 

))  A  cette  même  époque,  le  poids  moyen  des  ascendants  recevant  du  vin 
était  de  841^'',  25,  c'est  dire  qu'ils  étaient  à  cette  date  en  très  bonne  forme. 

»  J'ai  voulu  essayer  de  déterminer  comparativement  la  force  musculaire 
des  animaux  de  chaque  série,  en  l'appréciant  par  le  temps  de  résistance  à 
une  même  fatigue  pour  un  même  poids  du  corps. 

»  Pour  cela  les  animaux,  placés  sur  un  plan  incliné  garni  d'une  toile  métallique 
pour  empêcher  le  glissement,  étaient  sollicités  en  arrière  par  un  poids  égal  au  leur. 
On  notait  le  temps  pendant  lequel  ils  résistaient.  Les  cobayes  étaient  placés  de  telle 
sorte  qu'ils  ne  pussent  pas  tourner  la  tête,  ni  voir  à  droite  ou  à  gauche.  Un  collier, 
relié  à  un  système  de  traits  roulant  sur  une  petite  poulie  et  supportant  le  poids, 
déterminait  la  traction. 

»  Sous  cet  effort  les  animaux  résistaient  autant  qu'ils  le  pouvaient;  la  résistance 
cessait  d'ailleurs  brusquement,  car  au  lieu  de  reculer  progressivement  ils  cabriolaient 
en  arrière  d'un  seul  coup. 

»  Dans  les  premières  séries  d'essais  que  j'ai  pu  faire,  tous  les  cobajes  au  régime  du 
vin  se  sont  montrés  plus  résistants  que  les  autres,  tenant  des  temps  allant  jusqu'au 
quintuple  de  ce  que  me  donnaient  les  témoins. 

»  Les  essais  de  ce  genre  ne  peuvent  pas  se  continuer  longtemps,  car  les 
animaux  savent  très  vite  qu'ils  ne  se  font  aucun  mal  et  préfèrent  céder 
tout  de  suite. 

»  En  variant  les  conditions  du  travail  pour  les  dérouter,  on  obtient  des 
résultats  du  même  ordre,  mais  toujours  dans  les  premiers  essais  seulement. 
Après  trois  ou  quatre  séances  les  uns  ou  les  autres  ne  veulent  plus  travailler. 

»  Je  n'attache  donc  pas  une  très  grande  importance  aux  déterminations 
de  ce  genre,  cependant  je  note  les  résultats,  très  nettement  favorables  au 
régime  du  vin,  obtenus  dans  les  quelques  essais  que  j'ai  pu  faire. 

»  J'ai  enfin  cherché  à  savoir  si  le  vin  avait  par  lui-même  une  valeur 
alimentaire  notable. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  soumis  pendant  un  mois  deux  cobayes  non  adultes 
à  un  régime  insuffisant  pour  assurer  leur  développement  normal. 

»  L'un  recevait  2  fois  par  jour  5s''  de  son  de  blé  mouillé  de  10'^'  d'eau,  l'autre  une 
ration  identique,  mais  mouillée  de  5'^'^  de  vin  rouge  à  9  pour  100  d'alcool  et  de  5'" 
d'eau. 

»  Pendant  la  durée  de  l'expérience,  le  cobaye  recevant  du  vin  paraissait  moins  mal 
portant  que  l'autre.  Il  avait  d'ailleurs  augmenté  de  17s''  au  bout  d'un  mois  de  régime, 
tandis  que  l'augmentation  de  poids  de  l'autre  n'avait  été  que  de  gs''. 

»  Le  cobaye  au  régime  de  l'eau  n'a  pas  pu  résister  à  ce  jeune  relatif;  il  est  mort  4 
ou  5  jours  après  la  fin  de  l'expérience.  L'autre  vil  encore  à  l'heure  actuelle  ;  il  s'est  par- 
faitement remis. 

»  Si  les  résultats  de  ces  expériences  ne  permettent  que  de  présumer 


(  43i  ) 

l'utilité  du  vin  pour  l'organisme  animal,  ils  sont  du  moins  suffisants  pour 
affirmer  que  l'usage  quotidien  du  vin,  même  à  dose  relativement  forte,  n'est 
pas  défavorable.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Luminescence  obtenue 
ai'ec  certains  composés  organiques.  Note  de  M.  Raphaël  Dcbois. 

«  C'est  à  Callaud,  pharmacien  à  Annecy,  que  revient  le  mérite  d'avoir, 
en  1821,  constaté  le  premier  la  luminescence  du  sulfate  de  quinine  qui  a 
été  chauffe.  Pelletier  ('),  en  1821,  a  répété  les  expériences  de  Callaud,  en 
les  complétant,  et  a  observé  que  le  sulfate  de  cinchonine  jouissait  de  la 
même  propriété.  C'est  en  s'inspirant  des  expériences  de  Callaud  et  de 
Pelletier  que  Radzizewski,  ainsi  qu'il  l'a  lui-même  déclaré,  arriva  à  pro- 
voquer la  luminescence  de  certains  corps  organiques  en  les  chauffant  avec 
la  potasse  alcoolique.  Il  put  même  produire  la  luminescence  à  froid,  avec 
la  lophine. 

»  J'ai  reconnu  moi-même  qu'un  grand  nombre  de  composés  organiques, 
appartenant  à  des  familles  chimiques  différentes,  mais  non  signalés  par 
Radzizewski,  deviennent  lumineux,  à  chaud,  en  présence  de  la  potasse 
alcoolique  :  la  liste  en  sera  donnée  d'autre  part. 

»  J'ai  pu,  en  outre,  obtenir  la  luminescence,  à  froid,  avec  quelques 
produits  organiques  non  connus  comme  photogènes. 

»  Tels  sont  entre  autres  :  les  essences  de  camomille,  de  romarin,  de  cumin,  à'illi- 
ctuni  anisatum.  L'essence  de  rose  (roséol)  brille  aussi  à  froid  avec  la  potasse  alcoo- 
lique, ce  qui  permet  de  la  distinguer  de  l'essence  de  géranium  et  de  celle  de  pélargo- 
nium.  On  pourrait  peut-être  ainsi  arriver  à  distinguer  certaines  falsifications  fréquentes, 
par  un  essai  photomélrique.  Toutefois,  il  faudrait  se  mettre  en  garde  contre  quelques 
causes  d'erreur;  ainsi,  l'essence  de  térébenthine,  qui  ne  brille  pas  à  froid  avec  la 
potasse  alcoolique,  donne  une  luminescence  faible  et  fugitive  quand  elle  est  très 
ancienne,  déjà  partiellement  oxydée.  Enfin,  il  faut,  pour  obtenir  l'optimum  de  lumi- 
nescence, des  concentrations  variées  de  la  solution  alcoolique  d'alcali  caustique.  Il 
faut  aussi  être  bien  certain  de  la  qualité  du  corps  essayé  ('). 


(')  Journal  de  Pharmacie,  n°  7,  p.  679;  1821. 

(')  C'est  à  l'obligeance  de  M.  Florence,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  et  de 
Pharmacie  de  Lyon,  que  je  dois  d'avoir  pu  opérer  sur  une  quantité  considérable  de 
principes  immédiats  bien  définis;  je  lui  adresse  ici  tous  mes  remercîments. 


(  432  ) 

»  Mais,  de  tous  les  corps  essayés,  il  n'en  est  aucun  qui  m'ait  donné  de 
plus  beaux  résultats  que  l'esculine,  qui  pourtant  ne  rentre  pas  dans  la 
catégorie  des  corps  étudiés  par  Radzi/.ewski.  Ce  gliicoside  fournit  avec  la 
potasse  alcoolique  une  luminescence  aussi  belle  que  celle  du  mucus  de  la 
pholade  dactyle  ;  mais,  tandis  que  la  luminescence  de  ce  dernier  est  immé- 
diatement éteinte  par  l'alcool  fort  et  activée  par  l'eau,  la  lumière  de  la 
liqueur  alcoolicopotassique  d'esculine  est  instantanément  supprimée  par 
l'addition  d'eau. 

»  Les  corps  fluorescents  sont  très  rares  chez  les  animaux  et  les  végétaux  ; 
or,  il  est  intéressant  de  faire  remarquer  que  l'esculine  jouit,  en  même 
temps,  fie  la  fluorescenceet  de  la  luminescence  par  oxydation,  et  de  rappro- 
cher ce  fait  de  cet  autre,  à  savoir  que  j'ai,  en  1886,  signalé  dans  les  organes 
lumineux  du  pyrophore  noctikique  une  substance  fluorescente  que  j'ai 
appelée  la  pyrophorine  (M  et  dont  la  fluorescence  est  éteinte  par  l'acide 
acétique  et  ranimée  par  l'ammoniaque.  Une  solution  alcoolicopotassique 
d'esculine  peut  donner  pendant  toute  une  nuit  une  belle  luminescence, 
qui  s'accroît  beaucoup  quand  on  l'agite  au  contact  de  l'air.  Son  intensité 
éclairante  varie  avec  la  pureté  du  produit  employé  et,  encore  ici,  l'essai 
photométrique  pourrait  permettre  d'évaluer  la  qualité  de  l'esculine. 

»  Ces  résultats  sont  curieux  au  point  de  vue  scientifique,  mais  pour  la 
production  pratique  de  l'éclairage  par  la  lumière  froide,  ils  sont  inférieurs, 
et  de  beaucoup,  à  ceux  que  j'ai  obtenus  avec  les  bouillons  liquides  de 
photobactéries  marines.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  Le  globule  jauge  nucléè  se  comporte  à  la  façon  de  la  cellule 
végétale,  au  point  de  vue  de  l'osmose,  vis-à-vis  de  l'urée  en  solution.  Note 
de  M.  R.  Qdi.vtox,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  1.  Le  globule  rouge  anucléé  n'offre  aucune  résistance  à  la  pénétration 
de  l'urée  dans  son  protoplasma;  il  lui  est  immédiatement  perméable.  Le 
globule  rouge  nucléé  résiste  à  cette  pénétration,  à  laquelle  il  ne  cède  que 
peu  à  peu. 

»   2.  Or,  la  cellule  végétale  (H.  de  Vries,  Overlon)  et,  très  probable- 

(')  Voir  Les  Elatér ides  lumineux  {Bull,  de  la  Soc.  zool.  de  France,  p.  217,  1886) 
et  Leçons  de  Physiologie  générale  et  comparée,  p.  36i,  Paris,  Carré  et  Naud,  1898. 


(  433  ) 
ment,  la  Lactérie  (Massait)  présentent  cette  même  résistance  à  la  pénétra- 
tion de  l'urée.  Au  point  de  vue  de  la  perméabilité  du  protoplasma  à  la  mo- 
lécule d'urée  en  solution,  le  globule  rouge  nucléé  s'éloigne  donc  d'une 
façon  imprévue  du  globule  rouge  anucléé,  pour  se  rapprocher,  au  contraire, 
d'éléments  très  éloignés  :  cellule  végétale  et,  sans  doute,  bactéries.  —  La 
vitalité  cellulaire,  marquée  par  la  présence  du  noyau,  serait-elle  en  jeu  dans 
le  phénomène? 

»  I.  Dans  une  Note  précédente  de  ce  Volume,  p.  347,  j'ai  établi  que  la 
molécule  d'urée,  incapable  de  faire  équilibre  au  globule  rouge  anucléé, 
faisait  équilibre  au  globule  rouge  nucléé.  Toutefois,  elle  ne  lui  fait  pas 
équilibre  à  la  façon  d'une  molécule  saline,  dont  l'action  est  en  quelque 
sorte  indéfinie,  ainsi  que  les  expériences  suivantes  l'établissent. 

»  Première  série  d'expériences.  —  Soit  un  tube  à  solution  d'urée  pure,  dans  leque 
du  sang  nucléé,  mélangé  une  première  fois  à  la  solution  par  agitation,  aura  complète- 
ment déposé  sans  hématolyse.  Agité  de  nouveau,  le  tube  déposera,  en  donnant  une 
hématolyse  souvent  totale. 

»  Decxiëme  série  d'expériences.  —  Soient  des  tubes  d'une  hauteur  suffisante  pour  que 
la  chute  des  globules,  jusqu'à  l'exlrémité  inférieure  du  tube,  demande  un  temps  assez 
long  pour  s'accomplir.  On  remplit  les  tubes  de  solutions  d'urée  pure  à  différents  titres  ; 
on  ajoute  une  ou  deux  gouttes  de  sang  nucléé  et  l'on  mélange  par  agitation.  L'observa- 
tion montre,  au  bout  de  quelques  heures,  chaque  tube  divisé  nettement  en  deux  par- 
lies  :  la  partie  supérieure  (celle  occupée  le  moins  longtemps  par  les  globules),  incolore, 
sans  trace  d'hématolyse;  la  partie  inférieure,  rouge,  hématolysée.  —  Exemple,  sang 

de  Galeux  canis  : 

Taux  Epaisseur 

Numéros  en  urée  de  la  couche 

des  tubes.  pour  looo.  incolore  supérieure. 

gi'  mm 

1 .  .  !\o  8  environ 

2 56  i3          .. 

3 72  20         » 

4 88  3o         » 

5 io4  45         » 

G 120  DO  » 

»  Aux  concentrations  de  180  à  36o  pour  1000,  l'urée  est  rapidement  hématolysante. 

1)  L'examen  microscopique  confirme  l'observation  :  dans  une  solution  d'urée  pure, 
hématies  nucléées  d'abord  intactes,  ou  presque,  s'altérant  peu  à  peu,  abandonnant 
enfin  leur  hémoglobine  au  bout  de  temps  variables,  selon  l'espèce  animale  et  le  taux 
de  la  concentration. 

»  Troisième  série  d'expériences.  —  Soient  des  tubes  contenant  des  solutions  d'urée 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N'  7.)  56 


(  434  ) 

pure  à  différents  titres.  On  ajoute  une  ou  deux  gouttes  de  sang  nucléé,  on  agite,  puis 
on  centrifuge  chaque  tube  au  bout  de  temps  divers.  Le  dépôt  par  centrifugation 
s'effectue  d'abord  sans  liématolyse,  puis,  au  bout  de  temps  croissants,  pour  un  tilre 
égal  d'urée,  avec  une  légère,  puis  une  phi  s  forte  liématolyse.  — Temps  maxima  observés, 
sans  liématolyse,  pour  le  sang  d'oiseau,  pour  des  concentrations  respectives  d'urée  de 
10,  4'^>  9O1  '80  pour  1000  :  I,  i5,  60,  4o  minutes.  Aux  concentrations  de  n^o,  36o 
pour  1000,  liématolyse  rapide.  (Centrifugation  à  2800  tours  à  la  minute;  durée  de  la 
centrifugation  3  à  6  minutes.) 

»  Ainsi,  l'urée  ne  fait  équilibre  an  globule  rouge  nucléé  que  pendant  un 
temps  déterminé.  Comme  nous  savons  par  les  travaux  déjà  cités  de  Gryns 
et  d'Hedin  que  le  pouvoir  d'équilibre  d'un  corps  en  solution  vis-à-vis  d'une 
cellule  est  lié  à  la  perméabilité  ou  à  la  non-perméabilité  de  la  cellule  pour 
ce  corps,  il  résulte  de  toutes  les  expériences  qui  précèdent  (tant  de  cette 
Note  que  de  la  précédente)  :  «  Le  globule  rouge  anucléé  n'offre  aucune 
»  résistance  à  la  pénétration  de  l'urée,  il  lui  est  immédiatement  per- 
»  méable  ;  le  globule  rouge  nucléé  résiste  à  cette  pénétration,  à  laquelle  il 
))    ne  cède  que  peu  à  peu.  » 

»  II.  Or,  cette  propriété  du  globule  rouge  nucléé  vis-à-vis  de  l'urée  est 
exactement  celle  de  la  cellule  végétale  vis-à-vis  de  la  même  substance 
(Hugo  de  Vries,  1889,  Bolan.  Zeit.,  t.  XLVII,  p.  3o9-3i5,  325-334;  Over- 
TON,  1895,  cité  par  Hedin,  Arch.  gesamm.  PhysioL,  1897,  t.  LXVIII, 
p.  334-336);  une  solution  d'urée  suffisamment  concentrée  détermine 
d'abord,  sur  la  cellule  végétale,  une  plasmolyse,  qui  rétrograde  ensuite  et 
s'efface  peu  à  peu.  Massart (1889,  Arch.  de  BioL.  t.  IX,  p.  5i5)paraît  avoir 
observé  sur  les  bactéries  un  phénomène  analogue  :  l'urée  repousse  celles-ci, 
non  pas  à  la  concentration  prévuepar  le  calcul  (si  l'on  applique  à  l'urée  les 
calculs  valables  pour  les  sels),  mais  à  des  concentrations  toujours  supé- 
rieures et  très  variables. 

»  Ainsi,  le  globule  rouge  nucléé  s'éloigne  d'une  façon  imprévue  du  glo- 
bule rouge  anucléé,  pour  se  rapprocher  d'éléments  tout  à  fait  éloignés  : 
cellule  végétale  et,  sans  doute,  bactéries.  Comme  entre  ces  trois  éléments 
disparates,  la  présence  du  noyau  est  le  seul  caractère  qui  paraisse  coiinnun, 
une  (piestioii  se  pose  d'elle-même  :  «  La  vitalité  cellulaire,  marquée  par  la 
»  présence  du  noyau,  serait-elle  en  jeu  dans  le  phénomène?  La  résistance 
»  de  la  cellule  aux  actions  physiques  extérieures  ne  relèverait-elle  pas 
))   pour  une  part  de  sa  vitalité?  » 


(  435  ) 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l' absorption  du  phosphate  rnonocalciquc  par  la 
terre  arable  et  l'humus.  Note  de  M.  J.  Dimoxt,  prébentée  par  M.  P. -P. 
Dehérain. 

«  Tous  les  sols  ne  possèdent  pas  à  un  égal  degré  la  propriété  de  fixer 
les  phosphates  solubles.  C'est  ce  qui  ressort  nettement  des  essais  que  j'ai 
eiïectués. 

1-  —  Absorption  du  phosphate  inonocalcùjuu  pur  la  lurra  arable  ('). 

Terre  fine  et  sèche 5o=' 

Acide  pliosphorique  introduit o",SiJ 

Acide  pliuâ[)riurii|ue  absurbé  i  en  I"0^,  ajirès  ; 

Doax  Un  Doux  Trois  (Jualru  Cinq  Huit  Quinze 

Udsignallun  des  lorrcs.  heures.        jour.  jours.         Jours.         jours.        jours.         jours.  jours. 

Tourbe  de  Palluel  (Nord  ) 0,387  o,43o  0,492  0,626  o,588  0,600  o,f31o  o,G(5o 

Tourbe  de  Brunémoiit  (  Nord) 0,409  o,483  o,535  0,542  0,553  o,56ô  o,(i23  0,620 

Tourbe  d'Abbevillc  (Somme) 0,378  o,465  0,676  0,623  0,640  o,658  o,6J8  0,660 

Compost  phosphaté o.iyq  0,247  0.299  o.3o8  0,325  o,352  o,355  o,44o 

Terre  de  bruyères  (Creuse) 0,190  0,273  0,342  o,345  0,378  o,43o  0,455  0,460 

Terre  franche  (Nord) 0,080  o,o83  o,o85  0,087  «.'o^  o,i33  0,178  0,187 

»  Ainsi,  des  sols  humifères  inégalement  riches  en  carbonate  de  chaux 
absorbent,  dans  les  mêmes  conditions  d'expérience,  une  quantité  de  phos- 
phate notablement  supérieure  à  celle  qui  peut  être  fixée  par  les  sols  ordi- 
naires. 

»  Pour  bien  mettre  en  évidence  le  rôle  absorbant  de  l'humus,  j'ai  étudié 
comparativement  la  fixation  de  l'acide  phosphorique  par  les  mêmes  sols 
calcinés  et  par  l'humus  fraîchement  précipité.  Voici  d'abord  les  résultats 
obtenus  en  opérant  sur  les  cendres  provenant  de  l'incinération  de  Bo^^  de 
tourbe  sèche  et  tamisée  : 


(')  J'ai  opéré  sur  ôoS''  de  terre  sèclie,  passée  au  tamis  de  1""".  J'ai  ajiouté  ensuite 
35o'='=  d'une  solution  de  phosphate  monocalcique  contenant  oS',  8i5  d'anhydride  phos- 
phorique. Après  agitation  et  repos,  les  dosages  ont  été  effectués  sur  20='  de  liquide. 
L'acide  phosphorique,  précipité  à  l'état  de  phosphate  ammoniaco-magnésien,  a  été 
dosé  ensuite  par  la  méthode  volumétrique  de  Joulie  avec  une  liqueur  titrée  d'urane. 
On  a  opéré  dans  tous  les  cas  sur  un  volume  total  de  70'^'^  et  l'on  a  fait  les  corrections 
après  lecture. 


(  436  ) 

11.   —   Absorption  du  phosphate  monocalcique  par  la  terre  calcinée. 

Acide  phosphorique  introduit  :  os'',8i5. 

Acide  phosphorique  absorbé  après  : 

Désignation  des  terres.  i  heures,     ijour.     2  jours.     3  jours.     4joi"'5-     5  jours.    8  jours. 

gr  gr  gr  gr  gi-  gr  gr 

Tourbe  de  Brunémont 0,274     o,34o     0,554     o,6o4     0,708     0,716     o,Si3 

Tourbe  d'Abbeville 0,166     0,494     0,678     0,726     0,770     0,788     o,8i4 

Terre  de  bruyères 0,180     0,264     0,344     0,894     o,43o     0,470         » 

»  On  remarquera  que  l'absorption  du  phosphate,  après  deux  heures, 
diffère  sensiblement  pour  les  terres  calcinées  et  non  calcinées.  Dans  tous 
les  cas,  la  disparition  de  l'humus  abaisse  considérablement  le  coefficient 
d' absorption  : 

Pour  la  tourbe  de  Brunémonl,  il  descend  dans  le  rapport  de     50  à  33; 

d'Abbeville,  »  »  46  à  20; 

Pour  la  terre  de  bruyères,  »  »  24  a  22. 

»  Avec  la  terre  de  bruyères,  la  différence  n'est  pas  très  grande,  en  raison 
de  la  faible  proportion  d'humus  que  ce  sol  contient. 

»  Il  convient  de  remarquer,  en  outre,  qu'après  un  contact  prolongé  le 
phénomène  change  de  sens  :  l'absorption  est  plus  considérable  avec  les 
tourbes  calcinées  ;  la  rétrogradation  y  estcomplète,  en  effet,  au  bout  de  huit 
jours.  Il  semble  donc  que  la  présence  des  matières  organiques  ait  pour  con- 
séquence de  ralentir,  d'atténuer  cet  important  phénomène. 

»  Dans  quelle  limite  interviennent  le  calcaire  et  l'humus?  L'analyse  des 
terres  donne  : 

Tourbe  Tourbe  Terre 

de  de  Tourbe  de  Terre 

Pallucl.     Brunémont.  d'.\bbeville.  bruyères,     franche. 

Matières  organiques  pour  100...      04,92         70,48         82,80         18, 46         6,2 
Carbonate  de  cbaux  »         ...      17,07  12,46  8,36         traces        8,98 

»  Visiblement,  si  l'humus  agissait  seul,  c'est  la  tourbe  d'Abbeville,  la 
plus  riche  en  matières  organiques,  qui  absorberait  le  maximum  d'acide 
phosphorique;  en  réalité,  c'est  celle  de  Brunémont  qui  vient  en  première 
ligne.  Il  en  résulte  que  le  coefficient  d'absorption  de  ces  sortes  de  sols  ne 
dépend  pas  exclusivement  des  doses  respectives  d'humus  ou  de  calcaire, 
mais  plutôt  du  rapport  suivant  lequel  ces  éléments  sont  associés.  On  trouve 
en  effet  : 


(437) 

Rapport  de  l'acide  phosphorique  absorbé 
à  l'acide  phosphorique  total. 

Rapport  de  l'huniub  Terre  Terre 

au  calcaire.  normale.  calcinée.  Différences. 

Tourbe  de  Palluel -^  4i,35  82, 5o  8,85 

Tourbe  de  Brunémonl. .  '  5o,i8  33,02  r6,56 

Tourbe  d'Abbeville ...  .         — —  45,70  20, 4o  25, 3o 

»  Avec  l'hunius  fraîchement  précipité,  l'absorption,  pour  être  moins 
grande,  est  encore  assez  sensible. 

III.  —  Absorption  du  phosphate  monocalcique  par  V humus  fraicheinent  précipité. 

Acide  phosphorique  absorbé 

Poids  d'humus. 

Kl" 
0,960 

I  ,o3o 
1,110 

1 ,2l5 
I  ,320 

1 ,  800 

»  Le  coefficient  d'absorption,  relativement  élevé  dès  le  début,  ne  parait 
pas  augmenter  sensiblement  avec  le  temps  de  contact.  Il  varie,  suivant 
le  poids  de  matière  employée,  de  10  à  28  pour  100.  Avec  le  calcaire  pur 
(5s''  pour  So*^*^  de  solution  de  phosphate  contenant  o^', 200  d'anhydride 
phosphorique)  il  est,  après  deux  heures,  de  3o  pour  100  environ. 

»  Il  ressort  de  ces  différents  essais  : 

»  1°  Que,  dans  les  sols  humiféres,  la  fixation  de  l'acide  phosphorique 
n'est  pas  due  exclusivement  à  la  rétrogradation; 

M  2°  Que  la  proportion  de  phosphate  absorbé  n'est  pas  proportionnelle 
à  la  richesse  en  calcaire,  mais  à  la  grandeur  du  rapport  de  l'humus  au  cal- 
caire; 

»  3°  Que  les  terres  de  bruyères,  malgré  leur  pauvreté  en  chaux,  fixent 
des  quantités  notables  d'acide  phosphorique; 

»  4°  Qli«  l'abondance  de  l'humus  atténue  sensiblement  la  rétrogra- 
dation.   » 


par  l'humus. 

à  1 

par  rapport 
l'acide  phosphorique  total 

0,021 

10,5 

pour  100 

0,025 

12,5 

» 

0,000 

i5,o 

» 

o,o32 

16,0 

» 

o,o36 

17,0 

» 

0,057 

28,5 

)) 

(  438  ) 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Observations  relatives  à  la  propagation  dans  les 
pommeraies  du  Nectria  ditissima.  Noie  de  M.  Descours-Desacues,  pré- 
sentée par  M.  Prillieux.  (Extrait.) 

«  Les  analogies  relevées  entre  le  mal  du  cancer  chez  l'animal  et  la  ma- 
ladie  du  chancre  sur  l'arbre,  la  similitude  annoncée  entre  le  parasite  du 
cancer  humain  et  le  champignon  du  chancre  de  certains  arbres,  pom- 
miers, etc.,  permettent  de  dire  que  le  mode  de  transmission  du  chancre 
du  Nectria  ditissima  intéresse  tout  à  la  fois  la  physiologie  végétale  et  la  phy- 
siologie animale. 

»  Les  observations  suivantes,  qui  portent  toutes  sur  le  chancre  du  Malus 
cummunis,  ont  été  faites  dans  une  pépinière  contenant  près  de  cent  mille 
sujets  et  pendant  une  longue  période;  elles  offrent  une  garantie  particulière 
de  contrôle.  Ces  observations  confirment  les  travaux  scientifiques  déjà  pu- 
bliés sur  le  Nectria  ditissima  et  les  complètent  peut-être  sur  quelques 
points. 

»  A.  —  1.  L'apparition  du  chancre  du  Nectria  ditissima  sur  un  arbre 
sain  est  le  plus  souvent  précédée  de  1  apparition  du  puceron  lanigère,  Apkts 
Lachnus-Erisconia,  sur  les  branches  ou  sur  les  racines  du  sujet. 

»  2.  La  présence  du  puceron  lanigère,  qui  est  presque  toujours  suivie, 
sur  un  sujet,  de  l'apparition  du  chancre  quand  il  existe  des  chancres  sur 
les  arbres  environnants,  n'est  pas,  au  contraire,  suivie  de  cette  apparition, 
s'il  n'existe  pas  de  pommiers  chancreux  dans  les  environs. 

»  3.  L'ajiparition  du  chancre,  à  la  suite  de  l'apparition  du  puceron  lani- 
gère, semble  infaillible  si  le  sujet  envahi  par  le  puceron  est  porteur  d'une 
plaie  et  s'il  se  trouve  dans  un  quartier  contaminé. 

))  4,  Tous  les  chancres  examinés  par  nous  sur  le  Malus  communis  étaient 
infectés  de  Nectria  ditissima. 

»   5.   Ces  observations  ont  donné  lieu  à  différentes  expériences  : 

»  Une  colonie  de  pucerons  lanigères,  provenant  d'un  arbre  chancreux, 
a  été  amenée  sur  un  sujet  sain  dans  un  quartier  non  contaminé  ;  la  colonie, 
établie  au  voisinage  de  plaies  inteutionnelles,  s'est  portée,  en  partie,  sur 
ces  plaies.  Les  plaies  sont  devenues  c/iancreuscs. 

»  Une  colonie  provenant  d'un  arbre  s;iin  dans  un  quartier  sain  a  été 
amenée  en  contact  avec  des  plaies  intentionnelles  sur  un  sujet  sain  dans  un 


(  439  ) 
quartier  sain.  Les  plaies  en  s^énéral  na  sont  pas  devenues  chancreuses. 

»   Ces  expériences  ont  été  renouvelées. 

»  Le  puceron  lanigère,  qui  est  un  agent  actif  de  transmission  du  chancre 
sur  le  pommier,  semble  donc  ne  pas  préparer  seulement  sa  voie  au  Nectria 
dilissima,  mais  bien  ensemencer  lui-même,  par  V apport  de  mycélium  ou  de 
spores  de  Nectria,  les  plaiesfaitespar  lui  ou  la  plaie  accidentelle  sur  laquelle 
il  s'est  établi. 

»  B.  —  Il  paraît  intéressant  de  retenir  ici,  à  propos  du  traitement  du 
chancre,  que  : 

»  La  nicotine,  le  tannin  et  l'acide  tannique  ont  été  les  remèdes  le  plus 
efficacement  employés  par  nous.  I^a  solution  était  employée  après  ablation 
complète  de  la  partie  malade;  un  |)anspment  maintenait  la  plaie  fraîche  à 
l'abri  de  tout  contact.  L'emploi  de  l'acide  tannique  a  donné  des  résultats 
particulièrement  intéressants.  » 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  province  pétro graphique  du  nord-ouest 
de  Madagascar.  Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Dans  une  Communication  antérieure,  en  décrivant  des  granités  et 
des  syénites  (à  aegyrine  et  riebeckite).  et  des  teschénites,  provenant  de 
la  baie  de  Passindava,  sur  la  côte  nord-ouest  de  Madagascar,  j'ai  fait 
remarquer  (')  que  ces  roches  semblaient  indiquer  l'existence,  dans  cette 
région,  d'une  province  pétrographique  tout  à  fait  remarquable. 

»  M.  Villiaume  a  bien  voulu  me  communiquer  une  nouvelle  collection 
de  roches  que,  sur  ma  demande,  il  vient  d'v  recueillir  méthodiquement. 
Les  roches  laisant  l'objet  de  cette  Note  proviennent  de  la  pointe  de  Loliobé 
(au  sud  de  Nossi-Bé),  de  l'île  de  Nossi-Coniba  et  de  nombreux  affleu- 
rements dominant  la  côte  orientale  et  méridionale  de  la  baie  de  Passin- 
daA'a.  Elles  se  trouvent  au  milieu  de  formations  gréseuses  et  calcaires 
appartenant  au  lias  supérieur,  qu'elles  métamorphisent,  les  transformant 
en  cornéennes  à  anorlhite,  pyroxène,  woilastonite  et  sphène  et  en  cor- 
néennes  rubanées  dont  les  grains  de  quartz  élastique  sont  enveloppés  de 
pyroxène  néogène.  Les  nombreux  Ivpes  pétrographiques  qui  vont  être 
rapidement  passés  en  revue  appartiennent  aux  granités,  syénites.  syénites 
népliéliniques,   teschénites,  gabbros,  augilUes;  ils  présentent  tous,  comme 


(')   Comptes  rendus,  ~  mai  1900. 


(  ^^o  ) 

caractéristique  commune,    une  amphibole  brune  alumineuse  et  sodique 
du  groupe  de  la  harkévic.ile . 

•fi  Le  granité  à  barké^'icite  (Lokobé)  possède  une  structure  miarolitique;  ses 
feldspaths  sont  constitués  par  de  l'orthose  sodique  et  de  l'anorthose,  avec  microper- 
thite  d'albite;  le  quartz  est  en  partie  sous  forme  pegmatique,  il  existe  un  peu  d'andé- 
sine  et  de  biotite. 

»  Les  syénites  et  les  syéniles  néphéli niques  constituent  deux  séries  parallèles  et 
passant  l'une  à  l'autre;  elles  présentent  toutes  deux  l'anorthose  comme  feldspath 
dominant,  mais  diffèrent  l'une  de  l'autre  par  la  présence  ou  l'absence  de  la  néphéline 
et  de  la  sodalite,  ainsi  que  par  leur  structure;  celle-ci  est  franchement  grenue  dans  la 
syénite,  alors  que  dans  la  syénite  néphélinique  les  feldspaths  sont  aplatis  suivant  g^ . 
Toutes  deux  offrent  un  t\'pe  pauvre  en  barkévicite  et  un  autre,  au  contraire,  très  am- 
phibolique  et  riche  en  apatite.  Le  terme  basique  de  la  syénite  (type  umptekite)  con- 
tient parfois  un  peu  de  biotite,  d'augite  verte,  et  enfin  de  plagioclases  atteignant  l'an- 
désine  basique.  Dans  la  syénile  néphélinique  normale,  le  pj'roxène  et  les  plagioclases 
ne  se  trouvent  (par  endomorphisme)  qu'au  voisinage  de  petites  enclaves  de  cornéennes 
à  pyroxène,  grossulaire,  idocrase  et  plagioclases  très  zones  (anorlhite  au  centre,  types 
acides  sur  les  bords). 

»  Les  syéniles  néphéliniques  renferment  de  nombreuses  enclaves  homéogènes;  les 
unes  sont  des  syénites  néphéliniques  pegmatoïdes,  riches  en  graTids  cristaux  de  barké- 
vicite, d'augite  et  d'apatite  (les  Deux-Sœurs).  Les  autres  sont  au  contraire  à  éléments 
plus  fins;  leurs  feldspaths,  ayant  la  forni'e  de  très  gros  microlites,  sont  constitués  par 
de  l'orthose  ou  de  l'oligloclase-albile;  ils  sont  moulés  par  de  la  néphéline  et  de  la 
sodalite;  la  barkévicite  accompagnée  d'un  peu  de  biotite  et  de  pyroxène  constitue  près 
de  la  moitié  de  la  masse.  Enfin,  il  existe  çà  et  là  de  grands  cristaux  de  by tovinite  et  de 
petites  taches  globuleuses,  rappelant  les  cristaux  de  pseudoleucite  des  syénites  leuci- 
tiques  de  l'Arkansas;  elles  sont  constituées  par  des  lames  d'anorthose  englobées  ophi- 
tiquement  par  un  grand  cristal  de  néphéline  ou  de  sodalite.  Ces  roches  sont  à  rapprocher 
des  malignités  et  des  shonkinites,  sans  leur  être  identiques. 

)>  Les  teschénites  de  l'ouest  de  la  Zongoa  ne  se  distinguent  pas  extérieurement  des 
types  mélanocraliques  des  syénites,  elles  en  diffèrent  par  leur  richesse  en  augiteetpar 
la  prédominance  des  plagioclases  basiques  qui  remplacent  peu  à  peu  les  feldspaths 
alcalins.  De  plus,  la  structure  se  rapproche  de  celle  des  diabases,  et  il  est  probable  qu'il 
existe  des  variétés  franchement  microlitiques  de  ces  roches.  Les  teschénites  n'évoluent 
cependant  pas  toutes  dans  cette  direction.  A  Nossi-Comba,  en  effet,  se  trouvent  des 
teschénites  extrêmement  riches  en  néphéline  et  en  sodalite;  leur  structure  est  au  plus 
haut  point  grenue.  Les  éléments  colorés  (barkévicite,  augite,  biotite,  associées  pœci- 
litiquement)  dominent;  il  n'existe  plus  que  rarement  des  feldspaths  alcalins.  Les 
feldspaths  sont  basiques,  très  zones  (bylownite  à  oligoclase)  ;  ils  sontcà  et  là  englobés 
ophitiquement  par  d'énormes  plages  de  barkévicite.  La  disparition  progressive,  mais 
généralement  totale,  de  la  néphéline  et  de  la  sodalite  conduit  à  des  gabbrosà  barké- 
i'icite  du  type  essexile  qui  peuvent  être  riches  en  olivine.  Enfin,  çà  et  là  ces  roches 
renferment  des  enclaves  de  cornéennes  à  pyroxène. 


(  44'  ) 

»  Peut-êlre  faut-il  considérer  comme  forme  microlitique  de  ces  gabbros,  les  labra- 
dorites  aiigiiiques,  amphiboliques  et  micacées  {camptonites?),  dont  les  filons  minces 
abondent  entre  la  Zoangoa  et  Ambodimadiro. 

»  Enfin,  le  dernier  terme  de  cette  série  est  une  augitite  amphibolique  à  analcirae 
{nionchiquite)  (entre  Ankaramy  et  les  Deux-Sœurs). 

»  Cet  exposé  montre  combien  est  net  l'air  de  famille  de  la  série  conti- 
nue de  roches  qui  constitue  la  province  pétrographiqtie  de  Nossi-Bé- 
Passindava;  elle  est  caractérisée  par  les  types  les  plus  variés  de  roches 
grenues,  riches  en  alcalis;  celte  conclusion  se  précise  encore  quand  on 
considère  en  outre  les  roches  microliliques  qui  les  accompagnent.  Des 
trachyles  sodiques  à  anorthose  et  des  phonolites  néphéliniques,  en  elFet, 
existent  au  nord  d'Ankaramv  (fdons?);  parmi  les  roches  volcaniques 
récentes  de  Nossi-Bé,  on  rencontre  bien  quelques  basaltes  feldspalhiques, 
mais  les  types  dominants  paraissent  être  des  néphelinites  et  des  léphrites  à 
olivine;  des  leucitites  à  olivine  existent  dans  la  partie  occidentale  de  l'île  et 
sur  la  grande  terre,  au  sud  d'Anibato. 

»  Il  reste  à  déterminer  les  relations  mutuelles  des  différentes  roches 
qui  viennent  d'être  passées  en  revue  et  à  délimiter  l'extension  de  cette 
nouvelle  province  pétrographique  à  roches  riches  en  alcalis,  qui  doit 
prendre  place  parmi  les  plus  remarquables  de  celles  qui,  depuis  quelques 
années,  attirent  l'attention  despétrographes.  Il  est  probable  qu'elle  se  pro- 
longe plus  à  l'Ouest  (une  plionolite  nènhélinique  à  œgyrine  et  amphibole 
se  trouve  dans  l'île  d'Antsao,  près  de  Bavatobé),  plus  au  Sud  (M.  Baron  a 
.signalé  une  syénite  nèphélinique  et  une  phonnlàe  dans  la  région  du  mont 
Bezavona,  au  >ud-ouest  d'Ankaramv).  et  eniiu  |)lus  au  Nord-Est  (j'ai  entre 
les  mains  âef> phonulites  très  aegyriniques,  du  type  tinguaite,  provenant  des 
environs  de  Diégo-Suarez).  » 


GÉOLOGIE  COMPARÉE.    —  Sur  une  masse  de  fer  mélallirpie  qu'on  dit  être 
tombée  du  ciel,  au  Soudan,  le  iS  juin  1900.  Note  de  M.  Stanislas  Meumkr. 

«  Au  mois  de  novembre  dernier,  M.  H.  Minod  m'adressa,  de  Genève,  des 
fragments  d'une  substance  métallique  qui  lui  était  parvenue  comme  météo- 
rite. Il  les  avait  détachés  d'une  masse  de  'i']^^,'j^o,  dont  il  a  bien  voulu 
m'adresser  le  moulage  et  d'excellentes  photographies.  D'après  les  docu- 
ments recueillis,  ce  bloc  .serait  tombé  du  ciel  le  i5  juin  1900,  en  creusant 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  i\°  7)  5"] 


(  442  ) 

dans  le  sol  desséché  un  trou  de  plus  de  i""  de  profondeur,  à  N'Goureyma, 
province  de  Macina,  au  Soudan  ('). 

»  La  forme  extérieure  de  la  masse  métallique  est  celle  d'une  plaque  très  ii-régulière 
de  58'="'  de  longueur  maxima  et  dont  la  largeur  est  très  variable,  depuis  4"^"  à  une 
extrémité,  jusqu'à  29'=™  vers  les  f  de  la  longueur.  L'épaisseur  est  de  5™"^  à  l'extrémité 
la  plus  étroite  et  elle  atteint  iC™  dans  la  région  la  plus  large.  Les  deux  faces  de  cette 
plaque  difTèrenl  beaucoup  l'une  de  l'autre.  Celle  qui  est  de  beaucoup  la  plus  accidentée 
se  divise,  au  premier  coup  d'œil,  en  deux  régions  juxtaposées  :  une  calotte  représentant 
un  peu  moins  d'un  quart  de  sphère  assez  régulière,  et  une  partie  couverte  de  bosselures. 
La  calotte  est  chargée  de  stries  rayonnant  d'un  point  situé  sur  l'un  de  ses  bords,  juste 
au  maximum  d'épaisseur  du  bloc.  Les  stries  divergentes  rappellent  très  exactement 
celles  que  l'on  voit  sur  la  face  d'avant  ou  aveis  de  beaucoup  de  météorites;  elles 
militeraient,  par  conséquent,  en  faveur  de  l'origine  cosmique  de  la  masse.  Ces  sillons 
sont  dus  au  rapide  passage  des  filets  d'air  chargé  de  poussière,  contre  la  face  du  pro- 
jectile durant  son  trajet  atmosphérique;  on  peut  les  imiter  en  plongeant  des  fragments 
de  craie  dans  l'acide  chlorhydrique  :  l'efTervescence  violente  donne  lieu  à  des  filets 
qui  laissent  très  rapidement  leur  trace  sous  la  forme  de  sillons  dont  la  ressemblance 
avec  ceux  qui  nous  occupent  est  des  plus  instructives.  Pour  le  bloc  de  N'Goureyma, 
il  faut  ajouter  que  des  sillons  pareils  à  ceux  de  la  partie  sphéroïde  se  montrent  sur  les 
diverses  régions  de  la  partie  bossuée  de  la  même  face,  et  que  ces  stries  irradient  du 
même  pôle  que  celles  de  la  calotte.  Nous  devons  en  conclure  que  ce  point  de  diver- 
gence commune  était  bien  l'avant  du  projectile  durant  son  trajet  :  il  est  certain  toute- 
fois qu'on  obtiendrait  la  même  disposition  en  dégageant  des  gaz  érosifs  en  un  point 
d'une  surface  métallique,  comme  par  l'explosion  d'une  cartouche  de  dynamite;  à  cet 
égard,  il  faut  ajouter  que  le  ret'ers  du  bloc  étudié  présente  des  stries  beaucoup  moins 
nombreuses  et  moins  régulièrement  coordonnées.  Si  l'on  suspend  à  un  fil  un  morceau 
de  craie  pour  le  plonger  dans  l'acide,  on  trouve  que,  si  sa  surface  inférieure  prend  les 
caractères  de  notre  avers,  la  face  supérieure,  au  contraire,  oii  les  tourbillonnements 
du  liquide  sont  très  différents  des  courants  simplement  ascendants,  est  ressemblante  à 
notre  revers.  Quant  aux  cupules  à  formes  arrondies  qui  se  présentent  sur  les  deux 
faces  du  bloc,  sauf  dans  la  région  sphéroïde,  on  voit  une  fois  de  plus  et  par  comparai- 
son avec  ce  que  donne  la  craie,  qu'elles  représentent  le  simple  émoussement  de  cas- 
sures primitivement  anguleuses:  en  deux  points,  ces  cupules  sont  assez  profondes 
pour  avoir  déterminé  la  perforation  du  bloc. 

»  Malgré  son  étrangeté,  la  plaque  de  N'Goureyma  n'est  pas  sans  ana- 
logie parmi  les  météorites  :  on  la  rapproche  naturellement  de  la  masse  en 
bouclier,  tombée  le  27  mars  1886,  à  Cabin  Creek  (Arkansas). 

»  En  plusieurs  points  de  la  surface  du  fer  de  N'Goureyma,  on  voit  des 

(')  N'Goureyma  est  situé  à  l'ouest  de  Djenné,  à  26'"'"  delà  rive  gauche  du  Niger  et 
un  peu  au  nord  de  Kaakourou,  qui  est  le  port  de  Djenné. 


(  143  ) 

restes  d'un  enduit  noir  et  brillant,  ressemblant  à  l'écorre  dont  toutes  les 
météorites  sont  enveloppées.  Non  seulement  on  peut  reconnaître  cette 
croûte  sur  les  photographies,  mais  plusieurs  des  fra£;mentsqui  me  sont  par- 
venus en  portent  des  lambeaux  très  évidents,  et  j'ai  pu  l'examiner  de 
très  près.  Elle  est  constituée  en  majeure  partie  par  de  l'oxvde  de  fer  magné- 
tique et  elle  ne  diffère  par  aucun  caractère  sensible  de  la  croule  du  farde 
Braunau,  à  laquelle,  en  ayant  sous  la  main,  je  l'ai  soigneusement  comparée. 

»  Le  fer  constituant  le  bloc  est  très  compacte  et  bien  malléable.  La  cas- 
sure produite  par  arrachement  est  fd^reiise,  presque  schisteuse;  elle  a  un 
éclat  spécial,  rappelant  celui  de  certaines  fontes  truitées.  Le  métal,  qui  se 
raye  aisément  au  canif,  prend  un  beau  poli  et  l'on  constate  alors  qu'il  con- 
tient des  substances  étrangères  sous  la  forme  d'inclusions  noires,  dont  les 
sections  sont  contournées  à  la  fiiçon  de  caractères  arabes. 

»  La  densité  d'un  fragment  très  propre  pesant  4^'^.i3o  et  portant  un 
très  petit  lambeau  de  croûte  sur  l'une  de  ses  faces,  a  été  trouvée  égale 
à  7,3i. 

))  Le  métal  est  remarquable  par  sa  faible  solubilité  dans  les  acides.  A  froid,  la  so- 
lution dans  l'acide  chlorhydrique  se  fait  avec  une  extrême  lenteur;  après  plus  de 
dix-huit  heures,  le  fragment  de  4°'"ii3o  avait  encore  conservé  sa  forme  et  son  volume 
primitif;  à  l'ébullition,  la  dissolution  s'est  faite  en  une  demi-houre. 

»  Sous  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  une  surface  polie  s'est  ternie  lentement, 
des  bulles  d'hydrogène  se  sont  dégagées  et  le  liquide  s'est  chargé  de  fer,  mais  je  n'ai 
pas  vu  se  dessiner  de  figures  de  Widmannstaetten.  Il  serait  intéressant  de  rechercher 
si,  dans  sa  partie  épaisse,  le  bloc  n'a  pas  une  structure  dilTérente  de  celle  de  sa  partie 
mince,  seuleétudiée  jusqu'ici. 

»  L'analyse  a  été  réalisée  sur  le  petit  fragment  de  4^'",i3o,  déjà  employé  pour  la 
mesure  de  la  densité;  les  résultats  ont  été  vérifiés  sur  différentes  prises,  qui  ont  été 
traitées  de  façons  diverses  suivant  les  cas.  J'ai  commencé  par  rechercher  les  sub- 
stances insolubles  et  j'ai  constaté  qu'elles  représentent  0,169  pour  100  du  poids  total. 
Ces  matières  sont  surtout  constituées  par  du  graphite  en  petites  lamelles  et  en  petites 
fibres  réunies  en  paquets.  Au  microscope,  on  y  reconnaît  en  outre  d'assez  nombreux 
grains  lithoïdes  incolores,  dont  beaucoup  sont  très  actifs  sur  la  lumière  polarisée  et  se 
colorent  très  brillamment  entre  les  niçois  croisés.  L'ne  petite  quantité  de  la  matière 
charbonneuse  a  été  spécialement  traitée  pour  la  recherche  du  phosphore,  dont  la  ren- 
contre conduit  à  supposer  la  présence  de  la  schreibersite  ou  d'un  phospliure  ana- 
logue. 

»  Pendant  la  dissolution,  on  a  constaté  très  nettement  le  dégagement  de  l'hydro- 
gène sulfuré,  et  un  petit  fragment  dissous  spécialement  dans  l'eau  régale  a  donné  un 
précipité  de  sulfate  de  baryte  correspondant  à  o,o52  pour  100  de  protosulfure  de  fer. 

»  La  recherche  et  le  dosage  du  nickel  ont  donné  dans  une  première  analyse  6,81  pour 


(  4^i4  ) 

loo  de  ce  métal  et  dans  une  seconde  7,00  pour  too;  soit  en  moyenne  7,1 5  pour  100, 
les  variations  pouvant  s'expliquer  par  une  certaine  hétérogénéité  de  la  masse.  J'ai  re- 
connu des  traces  de  cobalt  et  j'ai  constaté  l'absence  du  cuivre  et  de  l'étain. 
»  En  résumé,  la  composition  du  fer  de  N'Goureyma  peut  s'exprimer  ainsi  : 

Fer 9i>9S8 

Nickel 7,  i5o 

Cobalt Traces  très  sensibles 

Sulfure  de  fer o,o52 

Phosphure  de  fer 1 

Grains  silicates >                  o,  1G9 

Graphite  prépondérant ) 

»  Il  serait  prématuré,  tant  qu'une  large  section  ne  sera  pas  faite  dans  le 
bloc,  de  chercher  à  déterminer  le  type  lithologique  dont  il  dépend.  » 


GÉOLOGIE.  —  A  propos  des  gisements  de  minerais  de  fer  oolilhiqnes  de  Lor- 
raine et  de  leur  mode  de  formation.  Note  de  M.  Georges  IIolland,  pré- 
sentée par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Dans  une  Communication  du  17  janvier  1898,  j'ai  décrit  les  traits 
caractéristiques  des  remarquables  gisements  de  minerais  de  fer  oolilhiques 
de  l'arrondissement  (ie  Briey  (Meurthe-et-Moselle).  J'y  avais  joint  une  pre- 
mière Carte  delà  topographie  souterraine  de  ces  gisements  (').  Je  rappelle 
qu'ils  se  placent  en  haut  du  Lias  supérieur  et  comprennent  plusieurs  couches 
de  minerais,  dont  la  principale  et  la  plus  régulière  est  la  couche  grise. 

M  Je  voudrais  aujourd'hui  examiner  brièvement  le  mode  de  formation 
des  minerais  de  fer  oolilhiques  en  question  et  des  minerais  analogues. 

»  M.  F.  Villain,  ingénieur  des  mines  à  Nancy,  au  cours  d'une  conférence  très  docu- 
mentée (27  juin  1900)  devant  la  Société  industrielle  de  l'Est,  a  cherché  à  l'expliquer 
par  la  théorie  des  failles  nourricières.  Prenant  comme  exemple  la  couche  grise,  il 
admet  que  le  relief  du  fond  delà  mer  liasique,  au  moment  de  son  dépôt,  affectait  déjà 
une  configuration  se  rapprochant  sensiblement  de  celle  que  nous  trouvons  actuelle- 
ment au  mur  de  cette  couche.  Il  suppose  que  des  sources  ferrugineuses  débouchaient 
dans  le  fond  de  la  mer  en  certains  points  des  failles  qui  sillonnent  la  contrée,  etc.  D'où 


(')  Réduction  de  celle  que  je  préparais  pour  la  Carte  géologique  de  France  et  qui 
vient  de  paraître  sur  les  feuilles  de  Metz  et  de  Longwy. 


GdseineTïîs  des  TniTierais  de  fer-  oolitlriques 

DU  BASSrN  DE  BRIEY 

ToT)ooTaphie  souterraine  et  Essai  sTtrlarépaj-titioii<lela  riclesse  en  fer 

par  MT  Georges  Rolland. 


(  44^  ) 

formnlion  de  dépôts  ferrugineux,  d'allure  lenticulaire,  sur  les  parties  déclives  ou 
situées  en  contre-bas  des  points  d'émission,  etc. 

»  Mais  cette  théorie  ne  cadre  guère  avec  les  idées  régnantes  en  Géologie,  où  le  mode 
de  formation  geysérienne  est  peu  en  faveur  pour  de  semblables  gisements  ferrugineux, 
surtout  depuis  les  observations  de  M.  Munier-Chalmas  sur  les  bords  du  Plateau  Central. 
Les  minerais  de  fer  oolitliiques  sont  considérés  comme  sédimentaires  et  contemporains 
des  couches  qui  les  renferment,  comme  des  formations  littorales  dont  les  divers  maté- 
riaux étaient  apportés  par  des  eaux  continentales  dans  des  estuaires  maritimes;  leurs 
oolilhes  ferrugineuses  ont  dû  être  formées  (à  la  manière  des  oolithes  calcaires)  par  la 
précipitation  du  carbonate  de  fer  en  dissolution  dans  les  eaux  marines;  les  sels  qui 
leur  ont  donné  naissance  provenaient  des  continents  voisins  et  résultaient  soit  de  la 
décomposition  de  pyrites  de  fer,  soii  de  la  décalcification  de  calcaires  ferrugineux. 

»  Il  est  invraisemblable  que  la  topographie  actuelle  de  ces  couches  souterraines 
représente  les  reliefs  du  fond  de  la  mer  contemporaine  de  leur  dépôt;  elles  doivent 
plutôt  s'être  déposées  horizontalement  ou  à  peu  près,  leurs  variations  d'épaisseurs  s'ex- 
pliquant  par  des  aflfaissements  locaux,  par  des  mouvements  de  descente  plus  rapide  en 
certains  points  du  bassin,  ainsi  que  M.  Munier-Chalmas  l'a  montré  pour  le  bassin  de 
Paris  (^Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  955).  Les  plissements  synclinaux  et  anticlinaux 
à  faible  courbure  que  présente  actuellement  l'ensemble  de  la  formation  sont  dus  à  des 
modifications  d'équilibre  bien  postérieures.  Les  failles  qui  affectent  les  minerais,  en 
même  temps  que  le  Bajocien  et  le  Bathonien  superposés,  sont  d'âge  sans  doute  ter- 
tiaire et  en  tout  cas  post-jurassique;  elles  peuvent  avoir  joué  à  des  époques  succes- 
sives, mais  jamais  l'on  n'a  démontré  stratigraphiquement  leur  préexistence. 

»  A  l'appui  de  sa  thèse,  cependant,  M.Villain  donne  une  série  d'arguments  basés  sur 
la  répartition  des  minerais;  mais  sa  démonstration  est  loin  d'être  générale.  De  mon 
côté,  je  me  suis  proposé,  sur  le  conseil  de  M.  Marcel  Bertrand,  d'étudier  méthodique- 
ment leur  mode  de  distribution,  afin  de  voir  s'il  s'en  dégage  vraiment  un  semblant  de 
loi.  J'ai  considéré  aussi  une  phase  déterminée,  savoir  celle  qui  correspond  au  dépôt  de 
la  couche  grise.  Avec  les  renseignements  que  M.  Villain  lui-même  a  eu  l'obligeance 
de  me  communiquer,  j'ai  tenu  compte,  à  chaque  sondage,  de  son  épaisseur  et  de  sa 
teneur  movenne  en  fer,  et  j'ai  pu  tracer  les  courbes  approximatives  d'égales  épais- 
seurs, d'égales  teneurs  et  d'égales  richesses  totales;  puis  j'ai  appliqué  successivement 
ces  trois  genres  de  courbes  sur  la  Carte  où  figuraient  déjà  les  courbes  d^altitudes  du 
mur  de  la  couche,  ainsi  que  ]es  failles. 

•»  Or,  à  l'inspection  de  ces  cartes  comparatives,  on  ne  voit  pas  que  ni 
l'épaisseur,  ni  l:i  répartition  du  fer  offrent  aucune  relation  générale,  régu- 
lière, ni  avec  la  lo])ograpbie  souterraine,  ni  avec  l'emplacement  des  failles. 
Les  variations  d'épaisseur  montrent  que,  pendant  le  dépôt  des  minerais,  il 
s'est  formé  de  petites  cuvettes  svnclinales  aux  endroits  où  la  descente  du 
bassin  était  plus  rapide,  et  il  résulte  de  la  superposition  des  courbes  que  la 
topographie  ancienne  était  complètement  dilférente  de  la  topograjihie 
actuelle.  D'autre  part,  les  zones  de  plus  grandes  richesses  semblent,  règle 
générale,  indépendantes  des  failles.   A  mon  sens,   les  failles    recoupent 


(  447  ) 
d'une  manière  quelconque  les  gisements  ferrugineux  (soit  dit  sans  con- 
tester que  certaines  puissent  se  placer  en  bordure  de  bassins  locaux  de 
plus  grande  épaisseur);  les  couches  de  minerais,  quand  elles  sont  recoupées 
par  une  faille  avec  dénivellation,  doivent,  en  principe,  se  correspondre 
sur  les  deux  lèvres  de  la  cassure  (sauf  phénomènes  d'enrichissement  du 
côté  abaissé,  sous  l'influence  de  la  circulation  des  eaux  souterraines). 

»  Que  si  l'on  compare  les  courbes  d'épaisseur  et  de  teneur  en  fer,  on 
trouve  entre  elles  une  concordance  grossière,  permettant  de  dire  que  le 
plus  souvent  l'épaisseur  et  la  teneur  varient  dans  le  même  sens  d'une 
région  à  l'autre.  Mais  parfois  on  observe  l'inverse,  et  il  n'y  a  plus  de  rela- 
tion quand  on  entre  dans  les  détails;  en  effet,  les  oolithes  ferrugineuses 
ayant  dû  être  distribuées  par  des  courants  marins,  on  comprend  que  de 
légères  variations  dans  l'mtensilé  de  ceux-ci  aient  amené  par  place  une  plus 
grande  quantité  de  matières  stériles,  ou  inversement. 

»  Ma  conclusion  générale  est  que  ces  minerais  de  fer  oolithicjues  sont 
bien  de  nature  sédimentaire  et  d'origine  continentale.  » 

M.  OEciisxER  DE  Co\i\CK  adrcsse  une  Note  intitulée  :  «  Quelques  don- 
nées sur  le  nitrate  d'uranium.  » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


BULLETIN     BIBLIOURAPUIQUË. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  février  1901. 
(  Suite.) 

Giornale  dei  Telegrajîsti,  revista  mensile  illustrala;  nnno  i,  n°  i,  gennaio 
igoi.  Milan;  i  fasc.  in-4''. 

Annuaire  de  l' Académie  Royace  des  Sciences,  aes  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique,  1901.  77*  année.  Bruxelles,  Hayez;  i  vol.  in-12. 

Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles,  pub.  par  la  Société 


(  448  ) 

hollandaise  des  Sciences  à  Harlem  et  rédigées  par  J.  Bosscha;  série  II, 
Tome  V.  La  Haye,  1900;  i  vol.  in-8°. 

Berichte  der  deulschen  chemischen  Gesellschaft;  .Tahrgang  XXXIV  (1901), 
n°  1.  Berlin,  1901;   i  fasc.  in-8°. 

Sitzungsberichte  (1er  kôniglich  preussischen  Akademie  der  Wissenschaftcn 
zii  Berlin;  XXXIX-I.III.  Berlin,  1900;  9  fasc.  in-8°. 

lova  Geological  Survey,  vol.  X.  Annual  Report  1899,  with  accompanyng 
papers.  Des-Moines,  1900;  [  vol.  petit  in-4''. 

Anna/s  nf  the  New  York  Academy  of  Sciences  ;  vol.  XII,  parts  II  and  III. 
Lancastre,  Pa.,  i  vol.  in-B". 

Transactions  oi  the  Academy  of  Science  of  S'  Louis;  vol.  IX,  n"'  6,  8,  9; 
vol.  X,  n°^  1-8.  Saint-Louis,  1900;  11  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Academy  of  Natural  Sciences  of  Philadelphia,  1900; 
part  II,  Philadelphie,  1900;   1  vol.  in-8". 

Journal  of  the  Academy  of  Natural  Sciences  of  Philadelphia.  Ser.  II,  vol.  XI, 
part  III.  Philadelphie,  1900;  i  fasc.  gr.  m-l^". 


E  RUAT  A. 


(Séance  (l;i    11    février   1901.) 

Note  de  M.  Ribière,  Sur  les  voûtes  en  arc  de  cercle  encastrées  aux  nais- 
sances : 

Page  3i5,  ligne  1  en  reraontaiil,  au  lieu  de  —  ,  lisez  — ■ 

93  ?i 


Note  de  M.  A.  Lacroix,  Sur  un  nouveau  gioupe  de  roches  très  basiques  : 

Page  359,  lignes  i  el  2,  supprimer  pyioxéniques  et  ampliiboliques  cl  les  rappor- 
ter à  la  ligne  2  : 

—  CCS  roches  pyioxéniques  el  amphiboliques  présentent  .    .. 
Page  36o,  ligne  i,  au  lieu  de  :  lises  à. 


On  souscrit  à  Paris,  cIk/.  GAUTHlER-VlfXARS, 
Quai  des  Grands-Aiigustins,  i>°  55. 

Depuis ^ 835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  lo  Di.nnnchr.  Ils  forment,  à  la  fin  .le  l'innce   .lonv  v,.l,„..    ■     -   n 

Ar  ;D//.i-  ,/,•  Valmiimmint  est  fixe  niiisi  i/nil  suit  : 
Paris  :  20  Ir.  —  Déparlome.)i>  :  30-fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
ifen Fermii  Irèrcs. 

I  Chaix. 
Àl/tr (  Jourdan. 

f  Ruff. 
Amunt CourtJD-Hecquel. 

I  Germain  etGrassin. 
"  '  (  Gastineau. 

Savonne Jérdme. 

Saançon   Régnier. 

Ferel. 

Sordeaux Laurens. 


Lorienl. 


chez  Messieurs 
(  BaiiNial. 


'  M—  Te»ier. 

Bernnux  el  Cunim 
\  Georg. 
' .y->n ,  KHiintin. 


Angert. 


I  UarseUte.. 
i  Montpellier 


j  Savy. 

'  Ville. 

Kual. 

,  Valat. 


'  Muller  (G.). 
Kenaud. 
Uerrien. 
I  K.  Kobeit. 
Oblin. 
Uzel  frères. 
C"»" Jouai). 


Scurget 


tint. 


I 


Naiiiet 


Chambi  rt 

Clurbourg 

Cltrmon  (■  h'err. 

"'  on-  ■ 


Perrio. 
I  Henrj. 
'  Margucne. 
I  Juiiol. 
'  Hou  y. 

.Nourry. 
'  Katel. 
'  Kc). 


hmi  '  Lauverjal. 
'  Degez. 

Srinoble '  "■"""• 

'  Gratier  el  C". 

'■aHochelle Kouclier. 

'4  Havre '  Bourdignoo. 

(  Dontbre. 


'  Coulel  cl  (ils. 
Moulins Marliai  Place. 

I  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidol  frères. 

1  Gui>l'.haii. 

(  Veloppé. 

.  .  1  Barnia. 

A'ce . 

'  Appy. 

Mmei Thihaud. 

Orléans    Luzeray. 

\  Ulaiit'hier. 

'  Marche. 

\  Rennes.  l'Iihon  et  Hervé. 

i  Hochejoi  i Girard  (  .\l""  ). 

„  I  haiiglois. 

Houen '  " 

»  '  Lerilriug.int. 

\S'-Étienne Chevalier 

I 


Poitiers 


I  msterJam . 

Athènes 

liarcelone... . 


Hertin. 


lierne  . . . 
Hologne. 


m.. 


I  Thurez. 
\  Quarré. 


\  Ponleil-Burles. 
'  Kunièbe. 
,  Giniet. 
'  Privai. 
Buisselier. 

Tours Pèricat. 

Suppligeon. 
1  Giard. 
\  Lemallre. 


Toulon . . . 
Toulouse 


Vatenciennes. 


Bruxelles. 


Iiuchaics\ 


Hudapest 

Cambridge 

Christiania 

Constantinopte. 
Copenhague... . 

Florence 

Gand 

Gènes 


Genève . 


La  Haye. 
Lausanne.. 


Leipzig. 


chez  Messieurs  : 
I  Feikema    Caarelsen 
■  \      el  C". 

Beck . 

Verdaguer. 
;  Asher  el  G'". 
'  Darnes. 

.  Friedlandcr   el   (ils. 
'  Mayer  el  Muller. 

Schmid  Francke. 

Zaoichclli. 
.  Laiiicrtin. 

MayulezelAudiarte. 
!  Lebègue  el  G". 
I  Sotchek  et  C». 
'  Alcalay. 

Killan. 

Oeighlun,  BellclC". 

Canimcniicyer. 

Ollo  Keil. 

Ilusi  et  (ils. 

Seeher. 

Hosle. 

Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 
'  Slapeliiiuhr. 

Belinfante  frères. 
,  lieiida 
I  Payol  .1  (. '. 
:  Barlh. 
\  Brockhaus. 

Lorenlz. 
I  Max  Kubc. 

Twieliiieycr. 
)  Desoer. 
'  Gnusè. 


Londres    

Luxembourg . 
Madrid 


Milan .... 
Moscou. . . . 

tapies. .  . . 

IS'eiv-  loi k 


Odessa 

Oxford 

Palernie 

Porto 

Prague...    . . 
Rio-Janeiro . 


Rome . 


Rotterdam 
Stockholm.. 


S'-Petersbourg. . 


Turin. 


Varsovie. 
Vérone . . . 


Vienne . 
ZUrich. 


chez   Messieurs  : 
I  Uulau. 
•  j  HacheUe  el  C'v 

'Null. 
.      V.  Buck. 
lîuiz  el  G'*. 
I  Ronio  y  Fussel. 
I  Capdcville 
'  F.  Fè. 

(  Bocra   frères. 
I  Hœpli. 

Tastcviu. 

Marghieri  di  Gius 

Pcllerano. 
1  Dyrsen  el  Pfeiffer. 
!  Slechert. 
'  LeinckeelBuechner 

Koiisseau. 

Parker  el  G'- 

Hebcr. 

Magalhaés  ei  M. mu 

Riviiac. 

Garnier. 

Bocca  frère». 

Loesclier  et  G'". 

Kramers  et  (ils. 

Sainson  el  Wallin 
Zinserling. 

Woinr. 

Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

KosenbergelSellier. 

Gebethiier  et  Wolfl. 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  el  G". 

Meyer  el  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

ioMios  i"  ,1  31.  —  (,  i  Août  lîsr.  ù  Ji  Décembre  i>i3o.  )  Volume  in-i  ■  ;  i85j.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  a  6i.  —  (  i"  Janvier  i85i  à  Ji  Décembre  isOS.  )  Volume  in-j";  iSjo.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  j  91.  —  (  i"  Janvier  iSC.C  à  ji  Décembre  iSSo.)  Volume  in-i";  i88<).  l'ri.x 15  fj-. 

Tumcs  92  à  121.  —  i  i"  Janvirr  iS8i  i  3i  Décembre  1S95.  )  Volume  in-,',";  1900.  Prl.\ 15  IV. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Jomel  :  Mèmouo   sur   quelques  points  de   la    Physiologie   des  Algues,   par   m\,  A.    Derbès^  et   A.-J.-J.   So...ek.    -   Mémoire  sur  le   Calcul  .les   Perturbalions 
P  ou,nu   es  Com.lcs,  par  M.  1I.vn.sen.  -  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréali,,u,-  dans   l.s  pliénon.ènes  digeslifs,  particulièrcmeiu  <lan. 

^  ,e,iioii  ,ies  matières    grasses,  par  .M.  Clacde  Ber.mrd.  Volume  in-'i",  avec  32  planches;  i85(i 15  jv. 

,il?!"  ■  •^'f'"°''''=  -"""  ''*  ^'«""^    'nleslinaui,  par  .\t.    P.-J.  V.vm  Bexeden.  -   Essai   d'une  réponse   à   la  qucsliou  .1,;   Prix  proposée  en   i85o  par  l'Académie  de-. 
„„     P»"""  '«  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i8.j(i,  savoir  ;  .«  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 
^^rains  sedimenlaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter   l.i  c|iiestion   de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  — 
c  «cher    la-  nalurc    des    rapports    qui    existent   entre   l'état   actuel    du   ic;;n.;    organique    et    ses  états   antérieurs   -.,    par    .M.     le    Professeur    Bron.v,     in-4 
"     "planches;   isi.i 15  fi- 

1  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  el  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  1  Académie  des  Sciences 


K  7. 

TABli:    DES   A IITICLES."  (Séance    du  18   février  1901.) 


MÉ>H)1UES  ET  COMMUA ICATlO\S 

DKS   MKMUUI.:S    KT    DES   OHIUESPONDANTS    DE   L'ACADEMIE. 


l'ages. 
Al.  11.  PiiiNC.iRÉ.  —  Sur  une  furiiic  nouvr-lle 

dci^  ci|iiiilions  de  lu  Mécanique- "'•'< 

M.  llENiu  Lii'XQUEUEi..  —  Sur  la   radia-acli- 

vité    secondaire  des  méuuix 171 

M.M.  MoisSAX  cl  I'.  Li;bk.\l-.   -  Sur  un  nnu- 

\cau  corps  gazeux,  le   (luorure  de   sullu- 

ryle  SO-I'-^ ^-'i 

MM.   A.   ll.iLl.K»    et    C.   liL.ixc.  -     Sur   les 

éllicrs  alcoyle_vanoinalouii|ucscl  les  acides 


Pages. 


alriiylcvanaLCli(|ue5  qui  on  di-riveut.  .  . 

M.  lj.\NM:LONur'i;.  —  Sur  une  fistule  eongé- 
nilale  ph.iryngo-lacrymo-faciale,  ouverle 
au  dessous  de  la  narine  droile 3is,ï 

M.  DE  L.\rcAiii:NT.  —  Sur  la  décuiverle 
d'un  Oursin  d'âge  crétacé  dans  le  Saliara 
oriental ''^S 

M.  P.  DuuEM.  —  I>e  la  propagaliou  des 
ondes  dans  les  lluides  visqueu.\ •'59.') 


COKUESPOXDAACE. 


M.  le  Secuetaiue  PEurËTUEL  signale  le  Vo- 
lume \  de  la  publication  «  Le  Opère  di 
Galilco  Galilei,  cdizione  na/.ionale  s.<tlo 
gli  auspicii  di  Sua  Maestà  il  lie  d'Ilalia  >•  ; 
e!  un  Volume  de  i\l.  jl.  Dastre 

M.  1'.  liossAnD.  —  Observations  sur  la 
variabilité  de  la  idauètê  (i"'i)  Éros,  (ailes 
à  l'observatoire  de  Toulouse 

M.  Cm.  .André.  —  Sur  la  variabilité  lumi- 
neuse d'Éros 

M.  G.  GuiCHAiiD.  —  Sur  la  déformation  du 
paraboloïdc  C)uelconi|uc 

M.  .\.  lliKVVnz.  —  Sur  le  problème  des 
isopèrim.Hrcs 

M.  1!.  Alezai.s.  —  Sur  îles  fonctions  de 
deux  variables  analogues  aux  fonctions 
modulaires 

M.  L.  Malassez.  —  Nouveau  modèle  d'ocu- 
laire à  glace  inicrouiélrii|nc 

.M.M.  Alexaxuue  IIebeut  cl  Geoiu.es 
liiiYNAL'ii.  —  Sur  l'absorption  spé-iliciue 
des  rayons  X  par  les  sels  mé(alll>ju( >  ... 

M.M  K.  JiNGi'LEi.soii  et  lî.  Legeu.  —  Sur 
riiydi'i.icincbonine 

iM.  i".  CAZEXiavE.  —  Sur  la  dipliénylcarbo- 
diaziue 

.M.  P.  Uexvhesse.  —  Sur  un  nouvel  alcool 
dérivé  du  linionéne 

MM.  L.  liOEVKAUi.T  cl  A.  Waiil.  —  Trans- 
foru),ilion  de  l'acide  diniélliylacrylique  en 
acide. dimélliy  Ipyruv  iquc 

M.M.  L.-J.  Si.Mox  [t  L.  IJuiiiiEuiL.  —  .\ctiun 
des    acides    nioiiidialogénés    de    la     m'iÏi' 

lill.l.KlIX    IllllI.IOGKVIMIIOUi; 

Iinii.\T.\ 


l'T 


400 

4o5 


H  10 


grasse  sur  la  pyridine  et  la  quinoléinc. . . 

M.  Madcei,  Dei.age.  —  Sur  les  acides  jiyro- 
gallolsulfoniques 

M.  V.  Haislay.  —  lie  l'Iiydrale  de  carbone 
de  réserve  dans  les  tubercules  de  l'Avoine 
ù   cbapcicts 

M.  AuG.  CnAUi'KNTiEU. —  Transmission  ner- 
veuse d'une  excitation  électrique  instan- 
tanée  

M.  L.  Hoos.  —  \ction  pb\sio|ogi(|ue  du  vin. 

M.  Hai'IIAEl  'Diuiois.  —  Luminescence 
obtenue  avec  certains  composés  orga- 
niijucs 

M.  R.  QuiNTôx.  —  Le  globule  rouge  nucléé 
se  comporle  à  la  façon  de  la  cellule  végé- 
tale, au  |joinl  de  vue  de  l'osmose,  vis- 
à-vis  de  l'urée  en  solution 

M.  J.  Du.vioNï.  —  Sur  rabsor]ili(jn  du  i)lios- 
phale  monocalcique  parla  terre  arable  et 
l'iiumus 

.M.  Descours-Desaciies.  —  Oliservalions 
relatives  à  la  propagation  dans  les  pom- 
meraies du  A'ectiia  elilissima 

M.  A  Lacroix.  —  Sur  la  province  pétro- 
grapbiqnc  du  nord-ouest  de  Madagascar. 

M.  Sr.ixiSLAs  Mëunur.  —  Sur  une  masse 
de  fer  métallique  qu'on  dit  i'tre  tombée 
du  ciel,  au  Soudan,  le  ij  juin  1900.....". 

M.  Georges  Poli-axd.- —  .V  propos  des  gise- 
ments de  minerais  de  fer  oolilhiques  de 
Lorraine  et  de  leur  mode  de  formation  .. 

M.  OEcrsner  de  CoNiNCK  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  Quelques  données  sui-  le  ni- 
trate d'uranium.  » 


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.',i(i 
.',-.8 


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I  1/ 

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P  \  K  I  .•,  . 


l  M  l' iî  I  M  K  l<  l  K     G  \  ^)  T  II  I  K  l<  -  V  l  L  L  A  K  S  , 

i-r    ^'C'  -rn/   .■  l.ÀUIHIKK    V1LLAH8. 


APR  30  1901  ^'^"^ 

^ôQ^^     PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR   un.   EiEM  9BCBÉT4IKBH    PBRPÉTITEIiS. 


TOME  CXXXII. 


N^  8    25  Février  4  901 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRLMHUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Âugustios,  55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1" .  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  il'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  île  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

TjCs  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  niais  I    ,  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu  autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordiq^aires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  ii 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compterendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compteri 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  p;irt  des  articles  est  aux  frais  des  ai 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fail 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè> 
l'impression  de  chaque  volume.  , 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Rciïlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5'>.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante- 


APR  30  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  2o  FEVRIER   1901, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUXICATIOXS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDA.NTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Apparition  d'une  étoile  nouvelle  dans  la  constellation 
de  Pcrse'e.  Noie  de  M.  Lcewy. 

«  J'ai  riionneur  de  signaler  à  l'Académie  la  découverte,  dans  la  constel- 
lation de  Persée,  d'une  nouvelle  étoile  très  brillante,  de  couleur  bleuâtre, 
dont  l'éclat  s'est  accru  d'une  manière  notable  dans  l'intervalle  de  deux 
jours. 

M  Elle  a  été  aperçue,  la  première  fois,  de  grandeur  2,7,  par  M.  Ander- 
son,  auteur  de  nombreuses  découvertes  d'étoiles  variables,  à  Edimbourg, 
le  2 1  février.  Dans  la  soirée  du  23  février,  elle  a  été  estimée  par  M.  Robert, 
membre  de  la  Société  astronomique  de  France,  à  Saint-Jean-d'Angély, 
comme  étant  de  première  grandeur,  supérieure  à  Rigel  et  inférieure  à 
Sirius,  et  par  M.  Rossart,  à  l'observatoire  de  Toulouse,  d'un  éclat  un  peu 
supérieur  à  celui  de  la  Cbevre. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N»  S.)  58 


(  45o) 

»  Il  résulte  donc  de  ces  deux  observations  concordantes,  faites  le  23  fé- 
vrier, que  l'éclat  du  nouvel  astre  est  bien  supérieur  à  celui  d'une  étoile 
de  pren:iière  grandeur. 

»   Sa  position  approchée  pour  1901 ,  o  est  la  suivante  : 

^  =  3''24-25%         D  =  +  43°34'- 

»  Les  variations  de  l'intensité  lumineuse  des  astres  et  des  causes  qui  les 
produisent  constituent  un  des  problèmes  les  plus  intéressants  de  l'Astro- 
nomie contemporaine.  Il  existe  plusieurs  centaines  de  corps  célestes  dont 
l'éclat  subit  de  grandes  variations  dont  la  période  est  tout  à  fait  déterminée 
actuellement. 

»  Pourtant,  le  nombre  des  astres  qui  ont  brillé  d'un  éclat  exceptionnel 
et  qui  n'ont  conservé  depuis  qu'un  éclat  très  faible  ou  même  sont  devenus 
tout  à  fait  invisibles  est  très  restreint. 

»  C'est  à  un  phénomène  de  cette  catégorie  que  nous  devons  peut-être 
le  premier  Catalogue  de  grandeurs  d'étoiles.  En  effet,  dans  le  courant  de 
l'an  1 34  avant  notre  ère,  Hipparque  fut  surpris  par  la  présence,  dans  la 
constellation  du  Scorpion,  d'une  étoile  brillante  qu'il  n'y  avait  jamais  vue. 
D'après  Pline,  ce  phénomène  le  décida  à  faire  le  dénombrement  des 
étoiles  visibles. 

»  Les  deux  faits  les  plus  remarquables  notés  dans  les  annales  de  l'As- 
tronomie ont  été  déjà  signalés  à  l'Académie  dans  une  autre  circonstance  ; 
ils  se  rapportent  aux  apparitions  temporaires  de  deux  étoiles,  l'une  vue 
par  Tycho-Brahé  en  1S72  et  l'autre  par  Kepler  en  i6o4,  et  qui,  toutes  les 
deux,  après  avoir  brillé  d'un  éclat  supérieur  à  celui  de  Jupiter,  ont  fini 
par  devenir  tellement  faibles  qu'il  n'y  a  pas  moyen  aujourd'hui  de  les  iden- 
tifier. 

»  Une  trace  plus  durable  nous  est  restée  de  l'étoile  découverte  en  1866 
par  MM.  Barker  et  Courbebaisse,  dans  la  constellation  de  la  Couronne; 
elle  demeure  visible  encore  aujourd'hui  comme  un  astre  de  grandeur  9,0. 

»  Une  dépêche  de  M.  Rayet,  arrivée  au  dernier  moment,  donne  les  ren- 
seignements sur  le  spectre  de  la  nouvelle  étoile  : 

«  Spectre  donne  lignes  brillantes,  en  particulier  de  l'hydrogène,  et  à  grand  écart 
dans  le  vert  et  le  bleu.   » 

»  A  Paris,  le  ciel  couvert  n'a  permis  aucune  observation.  Le  26  février, 
observée  à  travers  nuages,  elle  était  bien  inférieure  en  éclat  à  a.  Coohn  (la 
Chèvre)  et  tout  au  plus  de  première  grandeur. 

«   Février  19,  invisible,  plus  faible  qu'une  étoile  de  onzième  grandeur.     Pickering.   » 


(45i  ) 


AGRONOMIE.  —  Études  sur  la  valeur  agricole  des  terres' de  Madagascar, 
par  MM.  A.  Mu.vrz  et  E.  Rousseaux. 

«  Aujourd'hui  que  la  pacification  de  Madagascar  est  à  peu  près  com- 
plète et  que  presque  toutes  les  régions  sont  accessibles  au  colon  européen, 
il  importe  de  connaître  la  com|)osition  des  terres  de  la  Grande  Ile,  afin  de 
diriger  les  efforts  de  la  colonisation  vers  les  points  qui  sont  susceptibles 
d'être  exploités.  L'appréciation  de  l'avenir  agricole  d'un  pays  neuf 
repose  sur  des  données  complexes;  les  conditions climatériques  et  surtout 
le  régime  des  eaux,  la  facilité  des  communications,  le  prix  de  la  main- 
d'œuvre,  etc.,  jouent  un  grand  rôle.  Mais  un  des  facteurs  les  plus  impor- 
tants de  la  prospérité  d'une  région  est  la  composition  du  sol,  qui  doit 
fournir  les  éléments  nutritifs  nécessaires  à  la  production  des  récoltes.  Les 
sols  qui  ne  contiennent  pas  ces  éléments  en  quantité  suffisante  ont  peu  de 
fertilité.  On  |)eut  les  exploiter  dans  les  pays  à  civilisation  agricole  avancée, 
où  les  voies  de  communication  sont  nombreuses  et  oii  des  engrais  peuvent 
leur  être  donnés.  Mais  dans  les  pavs  neufs,  c'est  aux  ressources  existant 
dans  le  sol  que  l'agriculteur  doit  demander  les  principes  fertilisants  indis- 
pensables à  la  prospérité  d'une  exploitation,  et  le  colon  doit  rechercher 
plus  la  richesse  de  la  terre  que  l'étendue  de  la  concession. 

»  L'étude  que  nous  avons  faite  de  plus  de  5oo  échantillons  de  terre 
prélevés  dans  les  diverses  régions  de  lile,  apportera,  à  la  détermina- 
tion de  sa  valeur  agricole,  son  contingent  de  données  positives.  Elle  a 
été  entreprise  à  la  demande  du  général  Gallièni,  à  (|ui  revient  une  si  large 
part  dans  l'impulsion  donnée  à  l'organisation  de  la  Grande  Ile  et  à  la 
recherche  des  ressources  qu'elle  offre  à  la  colonisation. 

»  Lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  le  fonds  de  fertilité  d'une  région,  c'est 
aux  terres  vierges,  à  celles  qui  n'ont  pas  été  modifiées  par  la  culture,  qu'il 
faut  s'adresser,  car  ce  sont  elles  qui  représentent  le  ty[)e  des  terrains  et 
qui  doivent  servir  de  base  aux  appréciations  générales. 

»  Cela  est  particulièrement  vrai  pour  un  pays  où  les  terres  incultes 
occupent  les  plus  grandes  surfaces,  comme  c'est  le  cas  de  Madagascar. 
Aussi  avons-nous  principalement  tenu  compte,  dans  nos  appréciations, 
des  terres  prises  dans  leur  état  naturel. 

))  D'après  les  observations  faites  en  Europe,  et  principalement  en  France, 
on  sait,  dans  ime  certaine  mesure,  à  quelle  fertilité  relative  correspond 


(  452  ) 

une  teneur  déterminée  du  sol  en  azote,  acide  phosphorique,  potasse, 
chaux,  etc.  Les  mêmes  règles  s'appliquent-elles  à  des  climats  différents? 
Nous  avons  fréquemment  observé  qu'il  n'en  est  pas  tout  à  fait  ainsi,  et 
qu'à  égalité  de  richesse  en  éléments  nutritifs,  les  terres  des  régions  tropi- 
cales sont  plus  fertiles  que  celles  des  régions  tempérées,  en  d'autres 
termes,  qu'on  ne  peut  pas  appliquer  le  même  coefficient  de  fertilité  à  des 
terres  de  même  composition,  prises  dans  des  situations  de  climat  diffé- 
rentes. Aussi  avons-nous  interprété  les  résultats  de  l'analyse  des  sols  de 
Madagascar  avec  moins  de  sévérité  que  s'il  s'était  agi  des  sols  de  la  France. 
Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'abondance  ou  la  pénurie  des  principes 
indispensables  à  la  vie  des  plantes  permet  d'établir  une  classification  des 
terrains,  en  rapport  avec  leur  degré  de  fertilité. 

»  A  côté  de  l'analyse  chimique,  l'expérimentation  culturale  est  un 
moyen  d'investigation  utile;  mais  elle  conduit  quelquefois  à  des  conclu- 
sions erronées,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  terres  vierges,  comme  c'est  ici 
le  cas.  Même  quand  celles-ci  sont  très  pauvres,  elles  donnent  presque 
toujours,  après  un  défrichement,  une  végétation  abondante.  Mais  cette 
ferliUté  apparente  ne  se  soutient  pas,  quand  les  réserves  du  sol  sont  trop 
faibles.  La  détermination  quantitative  de  ces  réserves  est  donc  une  base 
d'appréciation  plus  solide  pour  juger  de  l'avenir  agricole  d'un  pavs. 

»  Le  Massif  Central,  très  étendu,  est  constitué  par  un  amoncellement 
de  montagnes,  ou  plutôt  de  mamelons,  dont  les  ramifications  s'étendent 
dans  toutes  les  directions  vers  le  littoral  et  qui  sont  séparées  par  des  val- 
lons le  plus  souvent  étroits.  Ces  mamelons  sont  constitués  par  une  terre 
rouge,  provenant  ordinairement  de  la  décomposition  des  gneiss  et  où 
l'oxyde  de  fer  hydraté  est  en  forte  proportion  (quelquefois  plus  de 
3o  pour  loo).  Cette  nature  du  sol  donne  à  l'ensemble  de  l'île  son  aspect 
particulier. 

»  Les  résultats  obtenus  pour  l'imérina,  de  même  que  pour  le  Betsileo  et 
le  cercle  d'Anjozorobé,  montrent  que  le  sol  de  ce  vaste  massif  est,  en 
général,  très  pauvre,  surtout  celui  des  mamelons  et  des  coteaux,  qui 
occupent  la  surface  de  beaucoup  la  plus  considérable.  L'azote  dépasse 
rarement  o,5  pour  looo;  l'acide  phosphorique,  o,3;  la  potasse,  0,2;  la 
chaux  n'existe  qu'à  l'état  de  traces.  La  pénurie  de  la  chaux  et  de  la  potasse 
est  particulièrement  frappante.  Il  n'y  a  pas,  dans  la  majeure  partie  de  ces 
terres,  desréservcsde  fertilité  suifisantes  pour  qu'une  colonisation  agricole 
intensive  puisse  y  prospérer.  Elles  sont,  en  outre,  d'une  nature  argileuse, 
compactes  et  imperméables,  d'un  travail  difficile. 


(  453  ) 

»  On  a  souvent  parlé  de  les  améliorer  par  des  chaulages;  mais  ce  serait 
là  une  opération  coûteuse  et  d'ailleurs  peu  efficace,  car  nous  avons  remar- 
qué qu'elles  ne  sont  pas  modifiées  quand  on  y  introduit  les  petites  quan- 
tités de  chaux  qui,  dans  les  terres  argileuses  ordinnires,  amènent  Tameu- 
blissement.  I/élément  plastique  de  ces  terres,  en  grande  partie  formé  par 
de  l'oxvde  de  fer  et  du  silicate  d'alumine,  est  différent  de  celui  des  argiles 
que  l'on  rencontre  habituellement,  et  qui  sont  à  base  de  silicate  double 
d'alumine  et  de  potasse. 

»  Ces  terres  rouges  sont,  au  contraire,  ameublies  par  l'humus  ;  c'est  le 
cas  de  celles  qui  occupent  les  fonds  de  vallées,  ou  qui  sont  cultivées  depuis 
longtemps;  la  matière  organique  s'y  est  alors  accumulée  et  en  a  fait  des 
terres  meubles  d'un  travail  facile.  Cette  observation  montre  qu'une  longue 
suite  d'améliorations  peut  amener  leur  transformation  en  terre  aralde. 
Mais  c'est  là  l'œuvre  des  siècles  et  la  génération  qui  voudrait  entreprendre 
ces  modifications  s'y  userait  sans  profit. 

»  Si  le  vaste  Massif  Central  présente  surtout  des  mamelons  aux  terres 
ingrates,  qui  ne  constituent  en  réalité  qu'une  place  au  soleil,  on  y  trouve 
aussi  des  vallées  et  des  bas-fonds  qui  occupent  des  surfaces  d'une  certaine 
importance,  et  dont  les  terres,  quoique  de  constitution  fondamentale  iden- 
tique, se  présentent  dans  de  meilleures  conditions  d'utilisation  agricole. 
En  effet,  les  résidus  des  végétations  antérieures  v  ont  formé  de  l'humus,  et 
les  matériaux  fertilisants  des  terrains  avoisinants  s'v  sont  concentrés.  Aussi, 
ces  terres  contiennent-elles  pour  looo  environ  i,o  d'azote,  0,6  d'acide 
phosphorique,  0,4  de  potasse;  elles  sont  donc  beaucoup  plus  riches  que 
les  précédentes.  Souvent  on  peut  les  arroser. 

))  C'est  sur  les  vallées  que  le  colon  doit  porter  ses  efforts.  Mais  elles  sont 
le  plus  souvent  étroites  et  conviennent  particulièrement  à  la  petite 
culture. 

»  Il  a  été  quelquefois  question  de  boiser  les  terres  dénudées  du  Massif 
Central,  ou  plutôt  de  les  reboiser,  dans  la  pensée  que  ces  terrains  étaient 
autrefois  couverts  de  forêts.  Nous  croyons,  avec  M.  Alf.  Grandidier, 
que  les  sacrifices  que  l'on  ferait  dans  ce  but  seraient  stériles.  J/étude  que 
nous  avons  faite  du  sol  de  cette  région  nous  fait  croire  qu'elle  n'a  pas  été 
boisée  dans  la  période  géologique  actuelle,  car  le  sol  particidièrement  im- 
perméable qui  la  forme,  se  j)rêtant  difficilement  à  la  combustion  des  ma- 
tériaux organiques,  eût  gardé,  à  l'état  d'Iiumus,  les  restes  d'une  végéta- 
tion ancienne. 


(  454  ) 

>)  Les  cercles  de  Moramanga  et  d'Ambatondrazaka,  quoique  apparte- 
nant à  la  même  formation  géologique,  offrent  en  quelques  points  des 
terres  d'une  grande  richesse,  constituées  par  des  dépôts  d'anciens  lacs. 
L'azote  atteint  ordinairement  un  millième;  l'acide  phosphorique  esl  sou- 
vent supérieur  à  deux  millièmes  et  atteint  quelquefois  douze  à  quinze 
millièmes.  Il  y  a  dans  ces  parties  privilégiées  de  grandes  ressources  pour 
la  colonisation. 

i>  A  l'Ouest  du  Massif  Central,  s'étend  le  Betsiriry,  région  relativement 
plate  et  formée  de  terrains  sédimenlaires;  l'argile  devient  plus  rare;  le 
calcaire  apparaît  et  souvent  prédomiue;  les  terres  sont  meubles  et  per- 
méables. Quoique  leur  richesse  ne  soit  pas  très  grande  (environ  0,6  d'azote, 
0,5  d'acide  phosphorique,  1,0  de  potasse),  leur  nature  physique  peut 
engager  les  colons  à  en  tirer  parti. 

»  La  zone  littorale  présente  un  grand  développement  comme  longueur, 
mais  sa  largeur  est  quelquefois  extrêmement  restreinte,  les  derniers 
contreforts  de  la  partie  montagneuse  s'étendant  souvent  jusqu'à  la  mer. 
Elle  est  principalement  formée  par  des  terres  alluviales  de  constitutions 
très  variables. 

»  La  partie  Nord  de  l'île,  comprenant  la  province  de  Diégo-Suarez,  se 
fait  remarquer  par  des  terres  humifères,  perméables  et  faciles  à  travailler, 
d'une  grande  richesse,  soit  environ  i,5  pour  1000  d'azote,  2  à  3  d'acide 
phosphorique,  o,4  de  potasse,  avec  peu  de  calcaire.  Le  voisinage  d'an- 
ciens volcans  a  dû  influer  favorablement  sur  leur  composition. 

»  La  partie  Sud,  comprenant  le  cercle  de  Fort-Dauphin,  se  trouve  dans 
des  conditions  presque  analogues.  Là  aussi  les  terres  ocreuses  ont  disparu 
et  sont  remplacées  par  des  terres  meubles,  riches  en  éléments  fertilisants 
et  constituées  par  des  alluvions  dont  la  composition  a  été  heureusement 
modifiée  par  les  débris  de  roches  volcaniques.  Elles  contiennent  pour  1000 
environ  2  d'azote,  i  à  2  d'acide  phosphorique,  o,5  de  potasse,  très  peu 
de  calcaire. 

»  Entre  ces  deux  points  extrêmes,  distants  d'environ  i  ,000*"",  on  trouve 
sur  la  côte  Est  : 

»  La  province  de  Vohémar,  constituée  par  des  terres  rouges  ingrates, 
sauf  dans  quelques  parties  voisines  du  littoral.  Elles  ne  renferment  ordi- 
nairement qu'envirou  o,5  pour  1000  d'azote,  0,2  d'acide  phosphorique  et 
0,3  de  potasse,  et  des  traces  de  calcaire; 

»   La  province  de  Maroantsetra,  dont  les  terres  sont  en  général  mieux 


(  455  ) 

pourvues  que  les  précédentes,  tenant  environ  i  pour  looo  d'azote  et 
d'acide  phosphorique,  0,2  de  potasse  et  des  traces  de  calcaire; 

»  Les  provinces  de  Tamalave,  d'Andévorante,  de  Farafangana  et  de 
Mananjarv,  avec  des  terres  tantôt  analogues  à  celles  du  massif  central, 
bien  qu'un  peu  plus  riclies  (azote  pour  1000,  o,'^,  acide  phos[)horique  o.G, 
potasse  0,4),  tantôt  ameublies  par  l'humus,  avec  près  de  deux  millièmes 
d'azote,  d'acide  phosphorique  et  de  potasse;  le  calcaire  fait  défaut. 

«  La  côte  Ouest,  avec  les  cercles  de  Tuléaret  de  Mnjunga,  est  consti- 
tuée par  des  terrains  sédimentaires,  souvent  franchement  calcaires,  ayant 
les  caractères  des  terres  arables.  Elles  ont  un  certain  fonds  de  fertilité, 
puisqu'elles  contiennent  le  plus  souvent  près  de  i  pour  100  d'azote  et 
d'acide  phosphorique,  0,4  de  potasse.  Cette  région  offre  donc  des  res- 
sources sérieuses  à  la  colonisation. 

»  Les  terres  du  cercle  de  Alaintirano  sont  moins  riches  (o,5  d'azote, 
0,3  d'acide  phosphorique  et  0,2  de  potasse). 

»  En  résumé,  la  zone  littorale  se  présente  dans  des  conditions  de  ferti- 
lité satisfaisantes,  mais  les  terres  ocreuses  du  Massif  Central  sont  pauvres 
et  peu  propres  à  la  culture,  sauf  dans  les  fonds  de  vallées.  L'île,  considé- 
rée dans  son  ensemble,  est  faiblement  pourvue  des  matériaux  nécessaires 
à  la  production  des  récolles,  et  il  ne  semble  pas  qu'elle  puisse  être  amenée 
à  suffire  aux  besoins  d'une  population  très  dense.  M.  Alfr.  Grandidier 
avait  rapporté  de  ce  pays  la  même  impression  générale,  et  ses  observations 
se  trouvent  confirmées  par  nos  étude;^. 

»  En  présence  de  la  pauvreté  d'une  grande  partie  des  terres  de  Mada- 
gascar, la  pensée  de  recourir  aux  engrais  et  aux  amendements  pour  en 
augmenter  la  fertilité  vient  à  l'esprit.  On  sait  quels  heureux  résultats  cette 
pratique  produit  en  Europe.  Mais  ici,  les  conditions  économiques  sont 
différentes.  La  difficulté  des  communications,  la  grandeur  des  distances, 
qui  rendent  les  transports  coûteux,  ne  permettraient  d'amener  ces  maté- 
riaux fertilisants  qu'à  un  prix  de  revient  hors  de  proportion  avec  la  plus- 
value  des  récoltes.  Ce  n'est  que  dans  les  points  d'un  accès  facile,  ou  pour 
des  cultures  spéciales  d'un  grand  rapport,  que  l'on  pourrait  recourir  à  des 
engrais  importés.  Le  reste  de  l'île  a  plus  d'intérêt  à  utiliser  exclusivement 
les  ressources  qui  sont  à  portée  :  fumiers,  résidus  de  la  vie  humaine, 
cendres  végétales,  calcaires,  phosphates. 

»  Parmi  les  ressources  naturelles  propres  à  augmenter  la  fertilité,  il  en 
est  une  sur  laquelle  on  ne  saurait  trop  appeler  l'attention.  C'est  l'eau  des 
rivières  et  des  torrents,  si  abondamment  distribuée  dans  presque  toutes  les 


(  456  ) 

parties  de  l'île,  et  qui  peut  être  employée  à  l'arrosage.  Non  seulement  elle 
agit  comme  excitatrice  de  la  végétation,  mais  elle  apporte  encore  en  solu- 
tion ou  en  suspension  des  éléments  nutritifs.  Dans  les  localités  où  l'arro- 
sage peut  être  pratiqué,  il  y  a  moins  à  s'inquiéter  de  la  composition  du  sol, 
qui  sert  alors  de  support  plus  que  d'aliment.  En  effet,  un  sol  pauvre, 
convenablement  irrigué,  est  susceptible  de  produire  des  récoltes  plus 
abondantes  qu'un  sol  riche  auquel  l'eau  fait  défaut. 

»  Là  où  les  conditions  climalériques  le  permettent,  il  y  a  lieu  de  s'adon- 
ner de  préférence  à  la  culture  de  plantes  peu  épuisantes,  qui  est  souvent 
très  rémunératrice  et  peut  faire  l'objet  d'une  exportation.  La  production 
des  récoltes  destinées  à  l'alimentation  de  l'homme  et  des  animaux  domes- 
tiques, et  qui  enlèvent  au  sol  de  fortes  quantités  d'éléments  fertilisants, 
semble  moins  indiquée  et  devoir  se  borner  aux  besoins  de  la  consommation 
intérieure. 

»  Les  terres  de  qualité  très  inférieure  peuvent  être  laissées  dans  la 
période  pastorale  et  forestière,  où  l'homme  ne  tire  parti  que  de  la  végéta- 
tion spontanée  ;  les  fumiers  produits  par  les  troupeaux  qui  y  trouvent  leur 
nourriture  serviront  ;i  l'enrichissement  des  ])arties  cultivées. 

))  Dans  les  cas  où  l'on  voudra  recourir  à  l'emploi  des  engrais  importés, 
il  sera  préférable  de  s'adresser  aux  plus  concentrés,  afin  d'éviter  le  trans- 
port de  matières  inertes.  Les  engrais  phosphatés  et  potassiques  paraissent 
les  plus  indiqués.  I/emploi  de  ces  produits  se  bornera  nécessairement  aux 
exploitations  situées  à  proximité  des  ports  et  sur  le  parcours  des  rivières  et 
des  voies  ferrées. 

»  Madagascar  offre  une  superficie  notablement  supérieure  à  celle  de  la 
France  et  qu'on  ne  peut  pas  penser  à  mettre  entièrement  en  valeur.  En 
choisissant  les  points  privilégiés  sous  le  rapport  du  climat,  de  la  nature  des 
terres  et  du  régime  des  eaux,  en  y  concentrant  ses  efforts,  en  y  développant 
des  cultures  spéciales,  on  pourra  arriver  à  donner  à  la  colonisation  agricole 
une  certaine  prospérité.  » 


MEMOIRES  PRESEi\TES. 

M.  Maurice  Mecmek  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  travail  inti- 
tulé :  «  Note  sur  un  projet  d'appareil  télégraphique   ». 

(Commissaires  :  MM.  Cornu,  Mascart,  Maurice  Levy). 


(  457  ) 


CORRSSPONPANCK . 

M.  Samuel  Gaciig  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie  pour  la  dis- 
tinction accordée  à  ses  Travaux. 


ASTRONOMllî.   —  Sur  l'apparition  d'une  étoile  nouvelle  dans  la  constellation 
de  Perse'e.  Lettre  de  M.  Flammakiov  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

Cl  Paris,  lundi   iri  fthricr  1901. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  plusieurs  dépêches  qui  m'ont  été 
adressées  par  divers  membres  de  la  Société  Astronomique  de  France,  rela- 
tivement à  l'apparition  d'une  étoile  nouvelle  dans  la  constellation  de 
Perséo.  L'estimation  de  l'éclat  est  intéressante  pour  l'histoire  de  celte 
étoile  temporaire  ('). 

«  Montpellier,  23  février. 

»  J'observais  ce  soir  la  planùle  Mercure  à  l'œil  nu,  lorsque  vers  6''3o'"  j'aperçus  vers 
le  zénith  une  étoile  magnifique,  que  je  n'avais  jamais  vue. 

»  De  première  grandeur,  son  éclat  surpasse  môme  Capella  et  Rigel.  Elle  est  blanche 
el  assez  scintillante.  Elle  est  voisine  de  v  Fersée,  à  peu  prés  au  milieu  de  la  distance 
de  5  à  .\lgol.  Lucien  Bosc.   » 

«  Saint-Jcan-d'Angcly,  a3  février. 

»  l)]toile  nouvelle,  vue  ce  soir  dans  Persée.  l'remière  grandeur.  Bleuâtre.  Supé- 
rieure en  éclata  liigel.  Inférieure  à  Sirius.  Située  environ  par  3''24"'  d'ascension 
tlroile  el  43°  de  déclinaison  boréale.  André  Kobert.   » 

«  Sainl-Georges-d'Olcron,  2^  février. 

»  Ce  soir  samedi,  à  8'',  j'ai  constaté  l'apparition  d'une  étoile  nouvelle,  de  première 
grandeur,  dans  Persée.  Elle  forme  un  Liiangle  isoscèle  avec  Algol  el  la  brillante  Alpha. 

D''  Lotte.  » 

i<  Luxor,  via  Malte,  î/}  février. 

11    Rtniarqué  dans  Persée  une    nouvelle  éloile,  très  brillante. 

IN'atalie  P>rinton.    » 

(')  Gr.  ■=  2,7  le  21,  jour  de  la  ciécouverle  par  M.  Anderson,  à  Edimbourg,  >i,o 
le  23. 

C.   B.,  1901,   1"  Semestre.  (T.  CWXII,  N°  8  )  ^9 


(  458  ) 

c<  Montpellier,  24  février. 
»  Observation  de  M.  Bosc  confirmée.  Étoile  temporaire  très  brillante  dans  Persée. 

BrUGUIÈRE.     1' 


ASTRONOMIE.  —  Sur  les  v^arialions  en  grandeur  et  en  position  des  satellites 
de  Jupiter,  révélant  l'existence  d'une  atmosphère  cosmique.  Note  de 
DoM  Lamey,  présentée  par  M.  Wolf. 

(c  La  question,  si  importante  pour  la  théorie  et  la  réduction  des  obser- 
vations, de  savoir  si  les  satellites  de  Jupiter  circulent  dans  un  milieu  ré- 
frine;ent,  peut  dès  maintenant  être  considérée  comme  résolue,  ce  me 
semble,  par  Y  ensemble  concordant  des  constatations  que  je  vais  rappeler 
ici. 

»  I.  En  1886,  j'ai  fait  connaître  les  résultats  auxquels  j'étais  parvenu 
en  observant  l'année  précédente  les  variations  de  grandeur  dans  les  dia- 
mètres apparents  des  satellites  de  Jupiter.  Ces  variations  ont  été  telles  que 
parfois  l'un  ou  l'autre  des  satellites  les  plus  petits  en  moyenne  surpassait 
les  dimensions  angulaires  de  l'un  des  plus  gros,  ces  écarts  croissant  pro- 
gressivement du  plus  rapproché  au  plus  éloigné  de  la  planète  (  *  ). 

»  II.  Quelques  mois  plus  tard,  notre  regretté  confrère  Dom  Et.  Siffert 
reprenait,  à  ma  prière,  la  discussion  par  le  calcul  de  ces  observations  et 
arrivait  à  une  triple  conclusion  que  je  ne  prévoyais  certes  pas  aussi  con- 
cluante qu'elle  l'a  été.  Je  la  ferai  ressortir  en  l'énonçant  ainsi  : 

»  1°  En  général,  les  grandeurs  de  chaque  satellite,  comparées  dans  les 
diverses  longitudes,  paraissent  plus  accentuées  pour  nous  à  l'apogée  qu'au 
périgée. 

)i  2°  J^a  différence  entre  leurs  grandeurs  extrêmes  va  croissant  du  pre- 
mier au  quatrième  satellite  dans  les  proportions  suivantes  :  Pour  I,  lo,  cette 
diHérence  est  de  0,46;  pour  H,  Europe,  elle  est  de  0,77;  pour  III,  Gany- 
mède,  de  i,i5,  et  pour  IV,  Callisto,  elle  est  de  i  ,89.  Ces  différences,  variant 
graduellement  de  lo  à  Callisto,  décèlent  l'existence  d'une  atmosphère, 
sans  doute  très  vaste  et  elliptique  et  s'étendant  depuis  l'astre  central  au 
moins  jusqu'à  l'orbite  du  satellite  le  plus  éloigné.  Ceci  fait  comprendre 
pourquoi  ce  dernier  varie  si  fortement  dans  ses  iliaiensions  angulaires, 


(')  Comptes  rendus,  t.  Cil,  p.  i365.  Ces  observations  ont  été  données  plus  au  long 
dans  noire  Bullelin  intitulé  Proslogium,  t.  I,  p.  9-12. 


(  459  ) 

puisqu'il  traverse,  diamétralement  à  son  apogée,  toute  ou  presque  toute  la 
susdite  atmosphère  en  envoyant  son  image  à  l'observateur  terrestre. 

)'  3°  Le  rapport  entre  le  ravoii  de  l'orbite  et  la  variation  en  grandeur 
est  presque  constant  pour  les  quatre  satellites.  On  a  pour  I,  lo.  12,89; 
\)o»r\i,  Europe,  I2,25;  pour  III,  G'a«j/ne'(/e,  13,09;  pour IV,  Ca//wto,  i4,oi. 
La  moyenne  est  i3,o6  ('). 

»  III.  Or,  les  observations  des  passages  des  ombres  des  satellites  sur 
le  disque  de  la  planète,  comparées  aux  valeurs  théoriques  fournies  par  le 
travail  de  M.  Souillarl,  ont  donné  à  M.  J.-J.  Landerer  l'occasion  de 
résumer  ainsi  les  points  saillants  de  son  étude  (-). 

«  Relativement  au  premier,  dit-il,  l'accord.  .  .  ne  laisse  presque  rien  à  désirer.  Il 
devient  moins  frappant  pour  le  deuxième.  .  ..  Quant  au  troisième,  il  est  aisé  de  voir 
que  la  difTérence  à  allure  systématique.  .  .  se  dessine  de  plus  en  plus.. ..  Le  quatrième 
satellite  semble,  au  premier  abord,  délier  toute  concordance.  » 

»  IV.  Il  faut  donc  admettre  une  atmosphère  en  forme  d'anneau,  s'éten- 
dant,  bien  au  delà  de  celle  propre  à  Jupiter,  jusqu'à  l'orbite  du  dernier 
satellite,  composée  d'une  matière  trop  subtile  pour  se  condenser,  mais 
assez  dense  toutefois  pour  modifier  par  réfraction  les  images  des  astres  la 
traversant  selon  le  plan  équatorial.  Il  est  clair  qu'alors  un  même  satellite, 
dans  ses  diverses  positions  en  longitude,  pourra  passer  par  un  maximum  et 
un  minimum  de  réfraction,  pour  le  rayon  visuel  de  l'observateur.  Ces 
écarts  pourront  atteindre  ime  accentuation  beaucoup  plus  grande  pour  le 
quatrième  satellite,  le  plus  éloigné  :  aussi  est-ce  pour  ce  dernier  surtout 
que  les  divergences  entre  la  théorie  et  l'observation  sont  considérables. 

»  Delambre  rapporte  que  la  différence  des  longitudes  entre  Paris  et 
Greenwich  n'a  jamais  pu  être  obtenue  qu'à  10' près  par  l'observation  des 
éclipses  des  satellites  et  qu'elle  a  été  pour  le  quatrième  jusqu'à  12™  ('). 
Et  de  nos  jours  encore,  INI.   J.-J.  Landerer,  qui  s'efforce  de  trouver  un 


(  '  )  Sur  une  condition  de  variabilité  dans  les  grandeurs  apparentes  des  satellites 
de  Jupiter  {Proslogium,  t.  I,  p.  21-22). 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  3oo.  —  Depuis  nombre  d'années  déjà,  M.  Lan- 
derer s'occupe  de  cette  question,  fort  avancée  par  lui.  Dans  cette  dernière  Communi- 
cation, il  déclare  que,  tant  que  le  milieu  atmosphérique  traversé  par  les  images  des 
satellites  ne  révélera  pas  son  action,  on  ne  jiourra  songer  à  établir  sur  des  bases 
rationnelle*  l'accord  pai-fail  que  l'on  poursuit. 

(')  D'après  M.  Obreclit  dans  sa  Thèse  intitulée  :  Etude  sur  les  éclipses  des  satel- 
lites de  Jupiter.  Paris,  1884,  in-4",  p.  I. 


(  46o  ) 

accord  entre  ses  obs'.^rvalions  du  passage  des  ombres  et  les  données  nu- 
mériques fournies  par  la  théorie  de  M.  Souillart,  est  contraint  d'avouer 
que,  pour  saisir  une  concordance  avec  le  quatrième  satellite,  il  faut  avoir 
«  égard  au  degré  de  précision  qu'entraîne  le  calcul  de  la  latitude,  et  au 
»  rôle  prépondérant  que  cet  élément  joue  dans  les  demi-durées  observées 
))   loin  des  nœuds  ». 

»  V.  C'est  parce  qu'on  n'a  pas  tenu  compte  de  l'influence  d'une  atmo- 
sphère de  ce  genre  que  la  théorie  est  encore  en  défaut  quand  il  s'agit,  par 
exemple,  de  faire  concorder  les  positions  fournies  par  l'observation  des 
éclipses  et  les  passages  des  ombres.  M.  J.-J.  Landerer  remarque  que  dans 
la  théorie  de  M.  Souillart  ces  ilerniers  phénomènes  sont  de  signe  contraire 
à  ceux  des  éclipses,  et  il  conclut  que  cet  antagonisme  provient,  au  moins  en 
partie,  d'une  variation  du  rayon  vecteur.  Assurément  cette  conclusion 
s'impose,  si  l'on  n'admet  pas  l'existence  d'une  atmosphère  s'éteiidant 
jusqu'aux  orbites;  mais  n'est-il  pas  plus  légitime  de  conclure,  non  à  une 
variation  réelle,  mais  apparente,  due  à  une  réfraction?  Très  différente 
quand  le  satellite  passe  devant  ou  derrière  la  planète,  n'est-il  pas  clair  que 
le  grand  axe,  calculé  d'après  des  données  si  disparates,  ne  pourra  con- 
duire à  une  concordance  des  durées?  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  certaine  catégorie  de  fonctions 
transcendantes.  iNote  de  M.  Ëdmo.xu  Maillet,  présentée  par  M.  C. 
Jordan. 

«  Théorème].  —  Soit  la  fonction 

où  6„  est  quelconque,  et  tin  une  fonction  croissante  qui  peut  être  négative 
pour  les  valeurs  de  n  inférieures  à  une  limite  finie,  mais  qui  est  telle  que 

~^~^ croisse  indelmmient  avec  n  : 

»   I.  (p  ne  peut  être  une  fonction  algébrique  de  x. 

•»  il.  «p  ne  peut  être  solution  d'une  équation  différentielle  du  premier 
ordre,  raîiounelle  eu  x,  y  et  y'. 

)i  111.  cp  ne  peut  être  solution  des  équations  différentielles  rationnelles 
en  X  et_7,  et  linéaires  par  rapport  aux  autres  dérivées  de  y. 


(  46i  ) 

»  IV.  ç  ne  peut  être  solulioii  des  équations  diffcreiitielles  rationnelles 
d'ordre  k  complètes  par  rapport  à  celles  des  dérivées  de  y  qui  y  entrent, 
c'est-à-dire  dont  le  jjreniier  nieniure  forme  un  polvnonie  complet  de  même 
degré  séparément  par  ra[)port  à  celles  des  quantités  y',  y",  ....  y'*'  qui  y 
enlrenl. 

»  Y.  (p  ne  peut  être  solution  des  équatious  différentielles  rationnelles 
en  X  ety  d'ordre  k,  dont  le  premier  membre  forme  un  polynôme  de  degré 
total  A  par  rapport  à  celles  des  quantités  y',  y",  ....  j'*'  qui  y  entrent,  si 
ce  polynôme  comprend  tous  les  termes  possibles  de  la  forme 

G  étant  un  polynôme  entier  en  x  et  j. 
»  TiiÉOHÈME  H.  —  Soit  la  fonction 

où  i{/rt  est  une  fonction  croissante  de  n,  qui  peut  être  négative  pour  les 
valeurs  de  n  inférieures  à  une  limite  liuie,  i(«  -+-  i)  —  i}//i  croissant  indéfi- 
niment avec  n. 
»  Soit  encore 

(0        n^.-v.Ê ^^)"2Awy...(0)"^o 

une   équation  différentielle  rationnelle  en  x,y  et  ses  dérivées,  les  A(a^') 
étant  des  polynômes  entiers  en  x. 

»  Si  ■/  /i  est  une  certaine  fonction  croissante  de  n,  qui  dépend  de  <\in,  et 
si  l'on  a 


(2)  |0„..|< 


I     0„ 


/.(«) 


quelle  que  soit  la  constante  V  ; 

»  I.  (p  ne  peut  être  fonction  algébrique,  ni  fonction  abélienne,  ni  une 
intéi^rale  d'une  fonction  abélienne. 

»  II.  <p  ne  peut  être  solution  des  équations  différentielles  rationnelles 
du  premier  ordre  en  x,y,y'. 

»  111.  cp  ne  peut  être  solution  des  équations  différentielles  rationnelles 
en  X  Gly,  et  linéaires  par  rapport  aux  autres  dérivées  de  y. 

»  IV.  çp  ne  peut  être  solution  des  équations  différentielles  rationnelles  (1) 
d'ordre  X:  complètes  par  rapport  a  celles  des  quantités  j',  y',  .  .  .,  y*'  qui 


(    462    ) 

y  entrent,  c'est-à-tlire  dont  le  premier  membre  forme  un  polynôme  com- 
plet de  même  degré  séparément  par  rapport  à  celles  des  quantités  j,  j',  ..., 
y(*)  qui  y  entrent. 

»  V.  o  ne  peut  être  solution  des  équations  différentielles  rationnelles 
d'ordre  k  dont  le  premier  membre  forme  un  polynôme  de  degré  total  X  en 
y,  y',  ... ,  y'*',  si  ce  polynôme  comprend  tous  les  termes  possibles  de  la 
forme 

Gj""7'"' . .  .jr''*"*,  a„  +  a,  +  ...+«,  :^  ^, 

G  étant  un  polynôme  entier  en  x  et  y. 

»  Quand  9„  =  C"' ((^  >- i)  et  que  A(n')  =  «"' (m  >i),  la  condition  (2) 
est  toujours  satisfaite. 

»  Les  propriétés  I  et  IV  restent  vraies  quand  i|/(«  -I-  i)  —  ^{n)  est  fini 
et  ^i .  Ainsi,  elles  sont  applicables  à  la  fonction  cp  quand  0„  ^^  "C"  • 

»   Théorème  III.  —  Soit  la  fonction  (  ') 


P 


0 


P, 


où  P,  est  un  polvnome  entier  en  x  de  degré  //«,0>  o.  Si  9  est  une  fonction 
algébrique  de  degré  \;  quand  x  e\.n  sont  suffisamment  grands,  on  a 

V„<aq\-'x"''^''-''', 

a  étant  une  quantité  finie,  et  q„  le  dénominateur  de  la  «""■"*  réduite 
de  (p(/7„  =  i,  y„=  o, /),  =  Po,  <7,  =  i). 

»  Corollaire.  —  Si  P„^  aq''^^,  quelle  que  soit  la  constante  ;;-,  <p  n'est  pas 
une  fonction  algébrique.  C'est  le  cas,  en  particulier,  quand  m„  =  nl  dès 
que  n  est  suffisamment  grand. 

»   Nous  espérons  compléter  ces  résultats  ultérieurement.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Traces  superficielles  laissées  par  les  outils  dans 
le  travail  du  sciage  des  métaux.  Note  de  M.  Yasseur,  présentée  jiar 
M.  Mnurice  Levy. 

«   Dans  une  Note  qu'il  a  présentée  à  l'Académie  (numéro  du  12  novembre 
1900),  M.  Ch.   Frémont  signale  l'apparition  tie  lignes,  lorsque  l'on  scie 


(')   Conip.  BoREL,  Leçons  sur  la  théorie  des  fondions,  p.  26  et  suivantes. 


(  463    ) 

des  métaux;  ces  lignes,  différentes  de  celles  qui  sont  occasionnées  par  le 
trait  de  scie,  ayant  parfois  un  relief  sensible  au  toucher,  sont  parallèles 
aux  profds  des  deux  bords  opposés  traversés  par  la  scie.  L'auteur  admet 
que  ces  lignes  semblent  représenter  des  ondes,  résultat  d'un  mouvement 
vibratoire. 

»  L'intérêt  qu'aurait  la  connaissance  de  ces  mouvements  vibratoires 
dans  le  travail  à  froid  des  métaux  a  conduit  à  rechercher  systématiquement 
les  conditions  dans  lesquelles  ces  lignes  se  produisent. 

»  Bien  que  l'auteur  de  la  Note  citée  n'ait  pas  indiqué  le  genre  d'outils 
dont  il  se  servait,  ni  les  conditions  du  travail,  les  photographies  jointes  à 
la  Communication  permettaient  de  voir  que  les  échantillons  présentés 
avaient  été  obtenus  par  sciage  à  la  scie  à  main  ou  à  la  scie  à  ruban.  Les 
premiers  essais  n'ont  donné  que  des  lignes  peu  nettes  ne  s'apercevant  que 
par  lumière  très  oblique.  Mais  un  morceau  de  bronze,  scié  avec  une  scie  à 
ruban  neuve,  a  présenté  des  sillons  très  nets  et  d'une  saillie  sensible  au 
toucher. 

)>  La  netteté  du  résultat  a  permis  de  constater  que  la  largeur  des  sillons 
était  précisément  égale  à  l'intervalle  de  (leur  dents  successives  de  la  scie 
employée;  de  plus,  l'apparition  des  lignes,  si  manifestement  provoquée 
par  l'échange  de  l'outil,  a  amené  à  penser  que  l'état  d'usure  de  la  scie 
influençait  les  résultats;  la  scie  neuve  avait  en  elïet  encore  toute  la  voie 
donnée  par  le  fabricant. 

»  De  ces  résultats  il  semble  que  l'on  peut  donner  l'explication  suivante 
à  la  production  des  lignes  observées  : 

»  Examinons  de  champ  une  scie  à  ruban  marchant  dans  le  sens  AB 
{f'o-  0  ^^  considérons  le  moment  où  une  dent  déversée  à  droite  d^  est  en 
train  de  creuser  son  sillon,  les  dents  déversées  à  gauche  se  trouvant,  celle 
qui  la  précède,  déjà  dans  le  métal,  celle  qui  la  suit,  sur  le  [)oint  d'atteindre 
la  surface. 

»  La  réaction  du  métal  sur  la  dent  a  une  composante  horizontale^qui 
tend  à  rejeter  vers  la  gauche  la  lame  de  la  scie,  et  l'extrémité  de  la  dent</, 
est  plus  à  gauche  que  sa  position  normale. 

»  Au  moment  où  la  dent  ".,  va  entrer  en  prise,  elle  subira,  de  la  part  du 
métal,  une  réaction  dont  la  composante  horizontale  y  tendra  à  ramener 
vers  la  droite  la  lame  de  scie,  et,  par  suite,  la  dent  d^  creusera,  à  partir  de 
ce  moment,  un  sillon  S3S,,  à  droite  du  prolongement  de  l'élément  précé- 
dent S,  S^;  jîour  la  même  l'aison,  la  dent  ^,  travaillera  à  droite  du  sillon  yjv^ 
qu'elle  vient  de  faire. 


(  464  ) 
»  Le  mouvement  de  balnncenienl  aliernatif'n  droite  et  à  gauche  se  con- 
tinuera ainsi  régulièrement  au  moment  de  l'entrée  en  p»-ise  des  dents  suc- 
cessives de  la  scie.  Ce  mouvement,  avant  son  origine  à  la  surface  CD, 
tandis  que  la  scie  subit  un  effort  de  traction  du  côté  de  B,  ira  en  diminuant 
d'amplitude  à  mesure  que  l'outil  pénétrera  dans  le  métal,  et  les  sillons 
produits  auront  une  profondeur  de  moins  en  moins  grande. 

Fis.   ,.  Fie.  s. 


M  A  la  sortie  {Jïg.  2),  le  mouvement  inverse  se  produira;  au  moment 
où  la  dent  dn  quittera  le  métal,  la  réaction  qu'elle  subissait  de  la  part  de 
la  matière  venant  à  cesser,  la  lame  se  reportera  vers  la  droite,  et  la 
dent  gn  -\-  i  creusera  un  sillon  à  droite  de  l'élément  qu'elle  creusait 
auparavant. 

»  En  résumé,  le  travail  de  la  scie  produira  deux  séries  de  sillons  dont  la 
largeur  sera  égale  à  l'intervalle  de  deux  dents  et  qui  auront  pour  limites 
des  lignes  qui  seront  respectivement  les  copies  des  profils  d'entrée  et  de 
sortie  de  la  scie  dans  la  pièce  travaillée;  ces  deux  séries  de  lignes  sont  in- 
dépendantes l'une  de  l'autre,  elles  peuvent  se  croiser,  leur  netteté  va  en 
diminuant  depuis  les  bords  vers  le  centre  de  la  pièce. 

»  Elles  paraissent  de  même  nature  que  celles  dont  les  images  sont  don- 
nées dans  la  Note  de  M.  Frémont. 

»   Il  paraît  donc  que  les  lignes  signalées  n'ont  aucun  rapport  avec  les 


I 


(  165  ) 

courbes  de  distribution  des  déformations  dans  les  métaux,  qui  ont  fait 
l'objet  des  Communications  des  mois  de  mars  et  avril  1894  ('). 

»  Elles  paraissent  tout  au  pbis  pouvoir  donner  une  indication  sur  la  na- 
ture et  l'état  d'usure  des  scies  employées.  » 


ÉLECTRICITÉ.  — Sur  les  propriétés  isolantes  de  la  neige.  Note  de  M.  Bernard 
Brunhes,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Les  expériences  entreprises  au  mont  Blanc,  en  1898,  par  MM.  Les- 
pieauetCauro,  les  essais  qui  viennent  d'être  faits  à  l'observatoire  de  l'Etna 
par  M.  Ricco,  et  que  M.  Janssen  a  communiqués  à  l'Académie  dans  la 
séance  du  11  février  1901,  établissent  que  la  neige  est  pratiquement  iso- 
lante pour  le  courant  électrique,  et  qu'un  câble  de  fil  nu,  posé  sur  la  neige, 
continue  à  transmettre  les  communications  télégraphiques  et  télépho- 
niques. 

»  J'ai  eu,  pour  la  première  fois  cet  hiver,  l'occasion  dem'occuper  d'une 
ligne  télégraphique  de  montagne  et  d'observer  par  moi-même  un  fait  qui 
est  bien  connu  du  personnel  de  l'observatoire  du  puy  de  Dôme. 

»  La  double  ligne  qui  relie  la  station  du  sommet  du  puy  de  Dôme  à  la 
station  de  Rnbanesse  et  au  bureau  télégraphique  de  Clermont  est  trop  sou- 
vent rompue  pendant  la  mauvaise  saison.  La  rupture  est  due,  en  général, 
à  ce  que  dans  la  montagne  les  fds,  recouverts  d'une  gaine  dégivre  qui  peut 
atteindre  jusqu'à  o™,5o  de  diamètre,  donnent  prise,  par  une  large  surface, 
aux  vents  exceptionnellement  violents  qui  soufflent  ici.  Lorsque  la  rupture 
s'est  produite  au  voisinage  immédiat  de  l'observatoire  du  sommet,  il  est 
arrivé  souvent  au  gardien  et  au  météorologiste  de  service  de  raccordera  la 
ligne,  au  delà  de  l'interruption,  un  fil  de  fer  qu'ils  posaient  simplement 
sur  la  neige  et  qu'ils  conduisaient  jusqu'au  bureau  télégraphique  de  l'ob- 
servatoire. En  ce  moment,  le  fil  traîne  ainsi  sur  la  neige,  sur  plusieurs 
dizaines  de  mètres  de  longueur,  à  travers  les  ruines  du  temple  de  Mer- 
cure. 

»  Lorsque  l'interruption  est  sur  la  pente  de  la  montagne,  trop  loin  du 
sommet,  l'on  fait  appel  à  des  employés  du  service  télégraphique  spéciale- 
ment exercés  à  ce  travail.  Il  leur  arrive  souvent  de  juger  impossible  ou  inu- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXVIII,  n"  10  (5  mars  1894),  p.  620,  et  n"  14  (2  avril  1894), 
p.  738. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  8.)  6o 


(  466) 
tile  d'atteindre  aux  godets  isolants  des  poteaux  et  d'accrocher  simplement 
le  fil  nouveau,  sur  une  certaine  longueur,  à  une  hauteur  de  i"  à  i",5o, 
sans  l'intermédiaire  d'aucun  isolateur. 

»  Lors  même,  d'ailleurs,  que  le  fil  est  suspendu  d'une  façon  normale, 
il  arrive,  comme  j'ai  eu  l'occasion  de  l'observer  clans  mes  deux  dernières 
ascensions,  et  notamment  le  8  février  dernier,  que  la  gaine  épaisse  de 
givre  et  de  neige  qui  transforme  les  poteaux  en  colonnes  massives  de  près 
de  i"  d'épaisseur  emprisonne  totalement  à  son  intérieur  les  godets  de 
porcelaine,  et  se  raccorde  sur  une  large  surface  avec  la  gaine  horizontale 
dont  le  fil  occupe  l'axe.  Dès  lors,  il  y  a,  sur  une  longueur  d'au  moins  i""", 
communication  du  fil  avec  le  sol  par  un  large  cylindre  de  givre  et  de  neige 
à  chaque  poteau. 

»  Dans  aucun  de  ces  cas,  fréquemment  réalisés  durant  l'hiver,  les  com- 
munications télégraphiques  ou  téléphoniques  ne  sont  gênées. 

»  Si  l'on  n'a  pas  songé,  ici,  à  tendre  à  demeure  un  fil  nu  sur  la  neige, 
c'est  d'abord  que  ce  fil  ne  servirait  que  durant  l'hiver,  et  nȐme,  pendant 
cette  saison,  il  arrive  que  certains  points  du  flanc  de  la  montagne  sont  ba- 
layés par  le  vent  et  complètement  débarrassés  de  neige,  sans  parler  des 
périodes  où  la  température  se  relève  assez  pour  que  la  neige  fonde.  Un  fil 
posé  sur  le  sol  aurait  donc  presque  autant  de  chances  de  se  rompre  que  le 
fil  porté  sur  poteau,  et  il  serait  moins  aisé  de  trouver  les  points  de  rupture. 
On  se  trouve,  au  point  de  vue  de  la  conservation  de  la  ligne,  dans  les  con- 
ditions climatériques  les  plus  défavorables  qu'il  soit  possible. 

»  Il  sera  peut-être  intéressant  de  signaler  ces  pratiques,  en  usage  ici  de- 
puis plus  de  vingt  ans,  qui  consistent  à  raccrocher  les  fils  sans  isolateurs, 
ou  même  à  les  laisser  traîner  sur  la  neige  sur  une  grande  longueur  :  elles 
montrent  que  les  personnes  attachées  à  l'observatoire  et  les  ouvriers  télé- 
graphistes chargés  de  la  réparation  des  lignes  de  montagne,  aussi  bien,  du 
reste,  dans  la  région  du  mont  Dore  qu'au  puy  de  Dôme,  ont  toujours  traité 
la  neige  et  le  givre  comme  des  isolants .  Ces  observations  eussent-elles  été, 
d'ailleurs,  plus  généralement  connues  qu'elles  n'auraient  pas  suffi  à  faire 
préjuger  le  succès  d'expériences  comme  celles  du  mont  Blanc,  où  le  fil 
conducteur  a  été  rais  en  contact  avec  la  neige  sur  plusieurs  kilomètres  de 
longueur.    » 


(467) 


CHIMIE.  —  Sur  certaines  conditions  de  réversibilité. 
Note  de  M.  Albert  Colson,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Les  réactions  hétérogènes  réversibles  ont,  pour  la  première  fois, 
rattaché  la  Chimie  à  la  Thermodynamique;  il  est  donc  utile  d'établir  que, 
dans  certains  cas  peut-être  fréquents,  la  réversibilité  est  déterminée  par 
des  causes  accessoires  d'ordre  chimique.  Il  me  parait  certain,  par  exemple, 
que  la  chaux  obtenue  par  M.  Moissan  au  four  électrique  ne  se  combinerait 
pas  avec  l'acide  carbonique  entre  700°  et  900",  parce  que  celte  chaux,  qui 
ne  s'éteint  plus  par  l'eau,  est  dans  un  état  chimique  différent  de  celle  qui 
prend  naissance  dans  les  expériences  faites  par  Debray  à  ces  tempéra- 
tures ('). 

»  Mais  il  y  a  plus  :  la  reconstitution  d'un  corps  dont  les  éléments  restent 
dans  un  état  initial  ou  final  identique  peut  dépendre  d'une  cause  acciden- 
telle. Exemple:  Joulin  a  constaté  que  le  carbonate  d'argent  donne  lieu  à 
une  dissociation  réversible  entre  certaines  limites,  quand  on  opère  sur 
25'"  ou  36''  de  matière,  mais  que  la  réversibilité  cesse  dès  que  l'on  opère  sur 
i6^(-).  J'ai  constaté  qu'en  réalité  si  l'on  opère  sur  des  corps  bien  secs, 
dans  un  tube  manométrique  en  contact  avec  de  l'anhydride  phosphorique, 
on  observe,  quelle  que  soit  la  quantité  de  carbonate  d'argent,  une  tension 
fixe  à  une  température  donnée,  mais  sans  réversibilité,  c'est-à-dire  sans 
reconstitution  du  carbonate  suivant  le  sens 

CO»  +  Ag-0  =  CO'Ag^ 

»  Pour  déterminer  cette  action  inverse,  il  m'a  toujours  suffi  de  faire 
arriver  un  peu  de  vapeur  d'eau  sur  l'oxyde  d'argent. 

»  Nous  voyons  donc  ici  la  réversibilité  déterminée  par  la  présence 
d'une  petite  quantité  d'eau.  Voici  quelques  tensions  trouvées  dans  ce  cas, 


(')  Déjà  la  chaux  des  calcaires  compacts  de  l'Isère  diffère  notablement  de  la  chaux 
de  craie  :  elle  s'éteint  moins  facilement  et  donne  de  fréquentes  prises  en  masse  dans 
l'appareil  Weldon,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  il  y  a  vingt  ans  dans  les  usines  de  la 
Compagnie  Saint-Gobain. 

(*)  Joulin,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  série,  t.  XXX,  p.  282  ;  1878. 


(  468  ) 
indépendamment  des  quantités  de  gaz  carbonique  enlevées  par  dégage- 
ment à  240° : 

Tensions  fixes 

au  contact 
de  l'eau,  à  sec. 

0  Dm  Q>ui 

A  182       Alcool  amylique  bouillant. ..  .  21  4 

167                             >)                       ....  1 10  ? 

182,5  Aniline  bouillante i83  174 

210                      »                   559  548 

218       Naphtaline  bouillante 768  » 

))  La  courbe  des  tensions  irréversibles  (à  sec)  se  confond  sensiblement 
avec  l'autre,  si  l'on  tient  compte  de  la  tension  maxima  de  la  Tapeur  d'eau 
à  la  température  16"  à  18"  de  l'expérience,  correction  qui  n'a  pas  été  faite 
dans  le  Tableau  précédent.  Toutefois,  l'eau  en  trop  grande  abondance  est 
susceptible  d'apporter  d'assez  grandes  perturbations;  c'est  ainsi  qu'en 
forçant  la  dose  de  l'eau,  je  suis  arrivé  à  observer  à  218°  une  tension  de 
8o3"""  au  lieu  de  763"'". 

»  Action  de  V oxyde  de  carbone  sur  les  oxydes.  —  J'ai  été  conduit  à 
refaire  l'étude  de  la  dissociation  du  carbonate  d'argent,  en  cherchant  si 
l'oxyde  de  carbone  se  comporte  comme  l'hydrogène  vis-à-vis  de  l'oxyde 
d'argent. 

»  Le  dosage  de  l'hydrogène  par  l'oxyde  d'argent  donne  lieu,  à  112° 
aussi  bien  qu'à  0°,  à  une  volatilisation  d'argent,  et  je  voulais  voir  si  ce 
transport  est  dû  à  la  formation  d'un  hydrure  d'argent  ou  bien  à  une  sorte 
de  pression  négative  résultant  de  l'action  chimique  de  l'hydrogène  sur 
Ag^O.  En  remplaçant  H  par  CO,  j'ai  encore  obtenu  un  transport  d'argent, 
mais  d'une  manière  si  irrégulière  que  je  ne  puis  encore  trancher  la  ques- 
tion. Vers  10°,  la  réduction  de  l'oxyde  métallique  par  CO  est,  en  effet, 
extrêmement  vive  avec  mise  en  liberté  d'argent  blanc.  Dans  le  chlorure 
de  méthyle,  vers  — 21°,  la  réduction  est  peu  sensible  :  parfois  le  gaz  CO 
est  absorbé  totalement,  mais,  le  plus  souvent,  il  est  en  grande  partie 
remplacé  par  une  quantité  correspondante  de  gaz  carbonique.  Dans  le 
premier  cas,  il  se  forme  évidemment  du  carbonate  d'argent  sur  lequel 
j'avais  constaté  des  phénomènes  de  dissociation  qui  m'ont  conduit  à 
reprendre  l'étude  ci-dessus  exposée  du  carbonate  d'argent. 

»  A  la  suite  des  publications  de  M.  Berthelot  touchant  l'action  des  gaz 
sur  les  métaux  libres,  j'ai  en  vain  recherché  la  présence  des  composés 


(469) 
argenteux  dans  les  corps  solides  transformés;  l'oxyde  d'argent  en  excès 
s'oppose  vraisemblablement  à  leur  naissance. 

»  L'oxyde  raercuriqiie  se  comporte  différemment  vis-à-vis  de  l'oxyde 
de  carbone,  suivant  que  l'on  s'adresse  à  la  variété  rouge  ou  à  la  variété 
jaune.  Dans  l'obscurité,  l'oxyde  rouge  ne  s'attaque  pas  sensiblement, 
même  au  bout  de  six  semaines  de  contact,  tandis  que  la  variété  jaune 
transforme  rapidement  l'oxyde  de  carbone  en  gaz  carbonique  :  loo*^*^  de 
gaz  CO  au  contact  de  S^""  d'oxyde  jaune  HgO  fournissent  25*^*^  de  gaz  car- 
bonique CO-  en  vingt-quatre  heures,  la  transformation  se  ralentit  quand 
la  pression  de  l'oxyde  de  carbone  diminue. 

»  A  la  lumière,  l'oxyde  rouge  noircit  lentement  en  même  temps  que 
l'on  observe  une  formation  d'acide  carbonique  (7  pour  100  de  la  masse 
gazeuse  en  six  semaines).  Au  contraire,  l'oxyde  jaune  absorbe  directement 
l'oxyde  de  carbone,  provoquant  simultanément  une  diminution  de  pression 
et  une  formation  d'acide  carbonique.  Celte  réaction  rappelle  l'action  de 
l'oxyde  de  carbone  sur  l'oxyde  d'argent  refroidi;  j'en  poursuis  l'étude.    » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  CompressibiUlé  des  dissolutions.  Note  de  M.  Guinchant, 

présentée  par  M.  Haller. 

«  La  compressibilité  des  dissolutions  salines  dans  l'eau  a  donné  lieu  à 
un  grand  nombre  de  recherches  qui  ont  abouti  à  des  formules  empiriques 
très  variées.  On  sait  aujourd'hui  combien  les  phénomènes  de  dissociation 
électrolytique  et  d'hydrolyse  compliquent  l'étude  de  ce  genre  de  dissolu- 
tions, et  il  était  à  prévoir  que  les  dissolutions  moins  complexes,  celles  des 
composés  organiques  dans  l'eau,  par  exemple,  conduiraient  à  des  lois  plus 
simples  et  plus  générales. 

»  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  comment  varie  avec  la  pression  ce 
que  M.  Traube  appelle  le  volume  du  corps  dissous,  c'est-à-dire  la  différence 
entre  le  volume  de  dissolution  et  le  volume  du  dissolvant.  Soient  V  le  volume 
du  dissolvant,  V  le  volume  de  la  dissolution  sous  une  pression  nulle; 
l'accroissement  de  volumea  éièv  =  V —  V.  Opérons  la  dissolution  sousune 
pression  de  i  atmosphère;  en  appelant  y  et  y'  les  coefficients  de  compres- 
sibilité du  dissolvant  et  de  la  dissolution,  le  volume  du  dissolvant  sera 
V(i  — y)  et  le  volume  de  la  dissolution  V'(i  — y');  l'accroissement  de 
volume  a  été  c  —  V'y'  -h  Vy.  Posons  V'y'  —Yy  =  xv(x  étant  ce  que  nous 
pouvons   appeler  par  analogie  le  coefficient  de  compressibilité  du    corps 


(  470) 


dissous);  il  vient 


V'ï'-Vy  v      ,  ,. 

°^=    V'-V         °"       ï-*=  vzzvw"^-*- 

^7 — =^se  déduit  de  la  composition  en  poids  des  dissolutions  et  de  la  densité 
de  la  dissolution  par  rapport  au  dissolvant.  On  a 

(P-Hp)D  P+p 


P(D  — D')+/>D        V{\  —  d)-\-p 

en  désignant  par  p  le  poids  de  corps  dissous  dans  un  poids  P  de  dissolvant, 
par  d  la  densité  relative. 

»  D'autre  part,  si  les  compressibilités  sont  mesurées  dans  les  mêmes 
récipients  ou  dans  des  récipients  de  même  matière,  la  différence  y  —  y' 
entre  les  coefficients  de  compressibilité  absolue  est  égale  à  la  différence 
y,  —  y',  entre  les  coefficients  de  compressibilité  apparente.  On  a  donc  fi- 
nalement 


'?{l  —  d)-\-p 


»  Il  n'entre  dans  le  second  membre  que  des  quantités  fournies  directe- 
ment par  l'expérience.  Dans  les  mesures  que  je  vais  décrire,  y,  —  y',  a 
varié  entre  1,7.10"'  et  i  i,8.io~°;  la  valeur  calculée  pour  y  —  a  est  restée 
comprise  sensiblement  entre  46  et47-io~''.  La  moyenne  46,0.1  o"' est  la 
valeur  trouvée  par  Regnault  pour  la  compressibilité  absolue  y  de  l'eau;  il 
en  résulte  que  a  =  o. 

»  Ainsi,  le  volume  du  corps  dissous  est  indépendant  de  la  pression,  au  moins 
jusqu'à  la  pression  de  4  atmosphères  à  laquelle  ont  été  faites  ces  mesures. 
Il  y  a  donc  tout  lieu  d'admettre  que  la  variation  de  volume  qui  accompagne 
la  dissolution  simple  d'un  corps  dans  l'eau  est  due  à  une  variation  dans 
l'état  d'agrégation  du  dissolvant  plutôt  qu'au  volume  occupé  par  les  mo- 
lécules dissoutes;  dans  cette  dernière  hypothèse,  on  serait  conduit  à  re- 
garder la  variation  de  volume,  indépendante  de  la  pression,  comme  repré- 
sentant le  covolume  du  corps  dissous,  ce  qui  est  inadmissible. 

»  La  méthode  dont  je  me  suis  servi  est  une  méthode  de  comparaison  analogue  à 
celle  de  Schneider  (').  J'ai  employé  5  piézomètres  tous  faits  avec  le  même  verre;  ils 
étaient  formés  d'un  tube  de  cristal  de  19™™  de  diamètre  et  environ  33'^"  de  longueur, 
représentant  un  volume  d'environ  75™.  L'une  des  extrémités  était  étirée  en  tube  fin  ; 


(')  RôNTGEN  et  Schneider,  Wied.  Annal.,  t.  XXIX,  p.  i65. 


(  47»  ) 
à  l'autre  extrémité  était  soudé  un  tube  capillaire  préalablement  jaugé  au  mercure;  ce 
tube  était  coudé  presque  à  la  soudure  pour  se  redresser  le  long  du  réservoir  piézo- 
métrique. 

»  Le  réservoir  était  pesé  vide,  puis  rempli  de  dissolution  par  refoulement;  après 
remplissage,  le  tube  fin  était  fermé  à  la  lampe  et  une  légère  élévation  de  température 
suffisait  à  faire  sortir  par  le  tube  capillaire  la  bulle  d'air  restée  dans  le  tube  opposé. 
Une  nouvelle  pesée  faisait  connaître  le  poids  de  dissolution  introduite  et  permettait 
de  calculer  son  volume  après  avoir  déterminé  son  poids  spécifique. 

»  Pour  la  mesure  des  compressibililés  apparentes,  deux,  piézomètres  semblables, 
contenant  l'un  de  l'eau  pure,  l'autre  la  dissolution,  étaient  placés  côte  à  côte  dans  le 
cylindre  de  verre  à  compression  immergé  dans  une  cuve  à  faces  de  verre  où  circulait 
un  courant  d'eau  à  température  constante  (12°, 9  à  i3°,5).  Les  extrémités  des  tubes 
capillaires  étaient  coiffées  d'un  long  tube  fermé,  en  sorte  que  la  pression  était  trans- 
mise par  l'air.  La  pression  était  portée  lentement  jusqu'à  4  atmosphères,  et  à  divers 
intervalles  on  relevait,  après  un  repos  de  cinq  à  six  minutes,  les  niveaux  des  liquides 
dans  les  tubes  capillaires.  Soient  n,  n'  les  nombres  de  divisions  dont  avaient  varié  les 
niveaux,  c,  c'  les  volumes  d'une  division  de  chaque  tube  capillaire;  V,  V  les  volumes 
de  liquides;  on  calculait 


rt'i" 


ïi  —  _:_ 

Y,  nv 

V 


— d, 

nv    cT 


n  et  tu'  étant  les  poids  de  liquide  contenus  dans  les  deux  piézomètres. 

»  Des  mesures  directes  sur  le  piézomètre  à  eau  avaient  fourni  Yi  =  43,5.  io~' ;  on 
en  déduisait  la  valeur  de  Yi —  Yi- 

»  La  détermination  de  la  densité  était  faite  par  la  méthode  ordinaire  du  flacon  en 
même  temps,  et  dans  la  même  cuve,  que  la  mesure  de  compressibilité,  par  conséquent 
à  la  même  température. 

»  Les  expériences  ont  fourni  les  nombres  suivants  : 

Nombre 
de  molécules 

Corps  dissous.                    par  litre.  Densité.             Yi — Ti-  T  —  "• 

Alcool 1  0,9851  4i2l.i0-*  46,2.10"" 

»       I  0,9920  2,3i.io~'  45,8. I0~* 

Acide  acétique 2  1,0181  4i84.io"'  46,4- 'O"" 

»             I  1,0071  2,5o.io~''  46,8.10"' 

Alcool  isobutylique i  0,9900  3,73.10-''  47,2.  io~' 

»                  0,5  0,9949  1,72.10"*  46,6.10—' 

Acétone i  0,9948  2,94.10"'  46,5.  lo"' 

Sucre I  1,1 320  11,8   .10"'  46,1.10-' 

Résorcine i  1,0228  3,63.  lo"'  45,9.  lO"' 

Urée I  i,oi83  3,53. 10-'  46,3. 10-' 


(472  ) 

»  Les  solutions  étaient  préparées  en  plaçant  dans  un  ballon  de  200"  le  poids  p  de 
corps  à  dissoudre  pour  obtenir  les  concentrations  moléculaires  en  volume  indiquées 
précédemment;  on  remplissait  le  ballon  jusqu'au  trait  à  la  température  ambiante  (18° 
à  23°)  et  pesait  à  nouveau  pour  avoir  le  poids  P  du  dissolvant.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Contribution  à  l'étude  de  l'indium. 
Note  de  MM.  C.  Chabrié  et  E.  Rengade,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  une  Communication  précédente  ('),  nous  avons  examiné  les 
raisons  qui  tendent  à  faire  adopter  pour  le  poids  atomique  de  l'indium  les 
nombres  voisins  de  i  i3,4etàfaire  rejeter  ceux  qui  se  rapprochent  de  75,6. 
La  formation  des  aluns  d'indium  et  des  métaux  alcalins  nous  a  paru 
être  jusqu'ici  la  meilleure  raison  pour  rapprocher  l'indium  des  métaux 
capables  de  donner  des  sesquioxydes. 

»  Rœssler,  qui  a  fait  l'alun  d'indium  et  d'ammonium,  a  observé  que  ce 
composé,  chauffé  en  dissolution  aqueuse,  produit  un  trouble.  Nous  avons 
observé  le  même  fait  avec  les  aluns  d'indium  et  des  métaux  alcalins, 
cœsium  et  rubidium,  préparés  par  nous. 

»  Action  de  la  chaleur  sur  la  solution  d'alun  d'indium  et  de  cœsium.  —  Nous 
avons  dissous  de  l'alun  d'indium  et  de  caesium,  is'',597'^  dans  370'^'=  d'eau,  soit  une 
quantité  d'eau  cinq  fois  supérieure  à  celle  nécessaire  pour  avoir  une  solution  saturée 
à  -t-iS".  Nous  avons  soumis  le  liquide  à  l'ébuUilion  pendant  cinq  heures  en  renouve- 
lant l'eau  disparue  par  évaporation.  Le  précipité  formé  a  été  lavé  à  l'eau  froide  et 
séché  à  110°.  Nous  y  avons  dosé  l'indium  :  l'oxyde,  après  calcination,  pesait  oS'',  1877, 
correspondant  à  un  poids  d'indium  égal  à  os'",i538.  Le  précipité  ne  contenait  ni  cœsium. 
ni  acide  sulfuriqiie.  Le  poids  d'alun  étudié  renfermant  o»'',  2772  d'indium,  l'expé- 
rience nous  montre  donc  que  sa  solution  abandonne  par  l'ébuUilion  un  précipité 
formé  uniquement  d'oxyde  d'indium  et  correspondant  à  plus  de  la  moitié  de  la  quan- 
tité de  cet  élément  contenue  dans  l'alun  étudié. 

»  Action  de  la  chaleur  sur  la  solution  d'alun  d'indium  et  de  rubidium.  —  Nous 
avons  dissous  oS'',66o2  de  cet  alun  dans  iio"^"  d'eau,  ce  qui  correspond  à  la  même  con- 
centration que  dans  le  cas  précédent  (mais  non  aux  mêmes  conditions  par  rapport 
au  coefficient  de  solubilité;  d'ailleurs,  dans  les  mêmes  conditions  de  solubilité  nous 
nous  sommes  assurés  que  les  résultats  étaient  analogues). 

»  Après  ébuUilion,  nous  avons  recueilli  le  précipité  de  la  même  manière  que  dans 
l'expérience  citée  plus  haut. 

(')  Comptes  rendus',  t.  CXXXI,  p.  i3oo. 


(    173  ) 

Nous  avons  trouvé  : 


gr 


Oxyde  d'indiutn o,  1256 

Sulfate  de  baryte o,  i  i5o 

Sulfate  de  rubidium 0,0273 

ce  qui  correspond  à  : 

Indium o,  io36 

SO* 0,0474 

Rubidium 0,0176 

»   Les  quantités  correspondantes  contenues  dans  l'alun  étaient  : 

In o, 1235 

80' 0,2088 

Rb 0,0927 

»  Donc,  ici,  presque  tout  l'indiuiii  a  passé  dans  le  précipité,  et  chose  plus  impor- 
tante, ce  précipité  renferme  de  l'acide  sulfurique  et  du  rubidium.  Nous  ne  croyons 
pas  opportun  de  proposer  une  formule  dans  ce  cas. 

»  Nous  avons  donné  les  résultats  de  nos  analyses  relativement  à  l'alun  d'indium 
et  de  caesium  (').  Nous  crojons  utile  de  publier  ceux  qui  se  rapportent  au  sel  de 
rubidium.  Nous  avons  trouvé  : 

gr 

I.  Poids  de  matière 0,587  ln*0' o,i223 

II.   Poids  de  matière o,4o46  H'O o,i466 

III.  Poids  de  matière o,3i24  SO*Ba 0,0969 

IV.  Poids  de  matière o,4953  SO*Rb- o,  1090 

ce  qui  fait  en  centièmes  : 

Théorie  pour 
I.  II.  III.  IV.         SO*Rb=+(SO')"In'-+-24H20. 

In i8>79  "  "  "  i8j7i 

H-0 .  .         »  36, 02  »  »  35,60 

80*.  ..         »  »  3i,o3  »  3i,64 

Rb ....  »  »  »  i4i08  i4)04 

»  Cet  alun,  beaucoup  plus  soluble  que  celui  d'indium  et  de  cœsium  dont  nous  avons 
aussi  déterminé  la  solubilité,  se  dissout  dans  la  proportion  de  44,28  de  sel  dans  100 
d'eau  à  +  i5°. 

»  Nous  avons  dit  que  l'acétylacétonate  d'indium  que  nous  avons  obtenu 
n'était  pas  volatil  sans  décomposition.  Pour  déterminer  l'atomicité  de 
l'indium,  il  nous  a  été  nécessaire  de  recourir  à  l'ébullioscopie. 

(*)  Des  cristaux  de  ce  sel  paraissent  avoir  été  obtenus  dans  une  préparation  micro- 
scopique par  Huysse  {Nederlansch  Tijdschrift  voor  Pharmacie,  Chimie  en  Toxico- 
logie, 1899). 

G.  R.,    1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  8.)  61 


(  474  ) 

»  L'ébullioscopie  de  l'acétylacétonate  d'indium  dans  le  bromure  d'élhy- 
lène  a  donné  le  poids  moléculaire  4o5  correspondant  à  la  formule 

[(CH^-CO)==CH]'In 

(la  théorie  exigerait  4io),  ce  qui  prouve  que  dans  les  conditions  de  l'expé- 
rience l'indium  est  trivalent.  C'est  d'ailleurs  la  conclusion  à  laquelle  sont 
arrivés  MM. V.  etC.  MeyerOen  prenant  la  densité  de  vapeur  du  chlorure 
d'indium.  Mais  nous  ne  partageons  pas  leur  manière  de  conclure  que,  par 
là,  ce  métal  s'éloigne  du  fer  et  de  l'aluminium  qui  sont  tétravalents  aux 
basses  températures,  parce  que  nous  avons  déterminé  par  l'ébullioscopie 
l'atomicité  du  fer  et  de  l'aluminium  au  moyen  de  leurs  acétylacétonates 
en  solution  dans  le  bromure  d'éthylène  et  que  nous  avons  trouvé  les 
nombres  343  pour  le  fer,  la  théorie  exigerait  353,  et  348  pour  le  chrome, 
la  théorie  demanderait  349,  pour  les  formules  [(CH^  —  CO)^  ^  CHj'Fe 
et  [(CH'  —  C0)°=  CH]'Cr.  Nous  concluons,  au  contraire,  que  les  déter- 
minations de  l'atomicité  rapprochent  l'indium  des  métaux  à  sesquioxydes 
et  surtout  de  l'aluminium  qui,  d'après  les  recherches  de  MM.  Friedel  et 
Crafts  (^),  possède  une  densité  de  vapeur  lui  donnant  la  formule  APCl' 
aux  basses  températures  et  AlCP  à  des  températures  plus  élevées. 

M  De  plus,  on  sait,  d'après  les  recherches  de  MM.  Urbain  et  Debierne  ('), 
que  la  cryoscopie  assigne  aux  acétylacétonates  des  métaux  capables  de 
donner  des  sesquioxydes  des  formules  dans  lesquelles  le  métal  est  tri- 
valent, la  densité  de  vapeur  de  l'acétylacétonate  d'aluminium  déterminée 
par  A.  Combes  (*)  correspondant  aussi  au  métal  trivalent.  Nous  pensons 
donc  avec  Dammer  (*)  que  la  densité  de  vapeur  qui  correspond  à  InCl' 
pour  le  chlorure  à  haute  température  indique  que  la  formule  doit  être 
In^Cl"  à  température  ordinaire. 

»  Il  est  tout  à  fait  curieux  que  dans  sa  façon  de  se  comporter  avec  le 
mercure  l'indium  se  rapproche  du  zinc  comme  le  prétendait  Berzélius,  en 
se  fondant  sur  d'autres  réactions. 

»  Ainsi,  nous  avons  obtenu  facilement  un  amalgame  d'indium,  par 
combinaison  directe  des  deux  métaux. 


C)  Ber.  D.  ch.  Gesells.,  t.  XII,  p.  6ii. 
C)  Comptes  rendus,  l.  CVI,  p.  1764. 
(')   Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  3o2. 
(*)  Comptes  rendus,  t.  GVIII,  p.  4o5. 
(»)  Handb.  d.  an.  Chem.,  t.  III,  p.  227. 


I 


(475) 
»  On  sait  que  M.  Moi'ssan  a  dû  recourir  à  des  réactions  plus  délicates 
pour  réaliser  la  synthèse  des  amalgames  de  fer  et  des  métaux  chimi- 
quement analogues  (  '  ).    » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  nouveau  sulfate  de  molybdène  cristallisé. 
Note  de  M.  Bailiiache,  présentée  par  M.  Haller. 

«  L'acide  suifurique  dissout  l'acide  molybdique  à  chaud  et  forme  avec 
lui  un  sulfate  molybdique  MoO'SO'  connu  depuis  longtemps.  Ce  composé 
se  présente  en  cristaux  incolores  très  solublesdans  l'eau  et  déliquescents. 
Si  la  solution  sulfurique  est  soumise  à  une  action  réductrice,  elle  se  colore 
en  bleu,  mais  on  n'en  avait  retiré,  à  ma  connaissance,  aucun  autre  corps 
cristallisé. 

»  Cependant  on  peut  dans  certaines  conditions  obtenir  avec  une  grande 
facilité  un  composé  nouveau  dérivant  par  réduction  de  l'anhydride  double 
MoO'SO'  et  parfaitement  cristallisé.  C'est  le  sujet  du  présent  Mémoire. 

»  J'observai  d'abord  la  formation  de  ce  corps  dans  l'action  du  soufre 
sur  la  liqueur  sulfurique,  et  je  pensai  pouvoir  facilement  l'obtenir  au 
moyen  de  l'acide  sulfureux,  mais  ce  gaz  ne  produit  pas  de  réduction  sen- 
sible dans  ces  conditions;  on  obtient,  par  contre,  très  aisément  le  résultat 
cherché  avec  l'acide  sulfhydriqiie.  Voici  comme  il  convient  d'opérer  : 

))  On  dissout  l'acide  molybdique  dans  six  fois  son  poids  d'acide  sulfu- 
rique et  dans  le  liquide  bouillant  on  fait  passer  un  courant  rapide  d'hydro- 
gène sulfuré.  La  liqueur  se  colore  en  bleu,  puis  en  vert,  et  il  se  forme  un 
amas  cristallin  qui  vient  souvent  obstruer  le  tube  à  dégagement.  On  laisse 
refroidir  tout  en  prolongeant  le  courant  gazeux,  et  l'on  trouve  le  vase,  dans 
lequel  on  opère,  tapissé  d'une  couche  de  cristaux  qui  paraissent  noirs,  et 
que  l'on  isole  du  soufre  formé  qui  se  rassemble  aisément  en  gros  globules 
fondus  à  la  surface  du  liquide.  On  les  lave  rapidement  à  l'eau  distillée,  on 
achève  par  un  lavage  à  l'alcool  et  l'on  dessèche  sous  la  machine  pneuma- 
tique. 

>)  Ainsi  préparé,  ce  composé  se  présente  sous  l'aspect  d'un  sable  cris- 
tallin, d'une  couleur  très  foncée,  que  l'on  reconnaît  au  microscope  formé 
de  prismes  isolés  très  nets,  d'un  vert  olivâtre. 

»  Ce  corps  est  formé  des  mêmes  éléments  que  l'anhydride  double 
MoO'.SO%  mais  le  molybdène  s'y  trouve  à  un   degré   inférieur  d'oxy- 


{')  H.  MoissÀN,  Comptes  rendus,  t.  LXXXVIII,  p.  i8o. 


(  476  ) 
dation.  On  y  a  dosé  le  molybdène  à  l'état  de  bioxvde,  et  l'acide  sulfuriqiie 
à  l'état  de  sulfate  de  baryte,  après  fusion  préalable  de  la  matière  avec  du 
carbonate  de  soude.  Par  oxydation  au  moven  d'une  solution  de  bichromate 
de  potasse  additionnée  d'acide  sulfurique,  on  a  déterminé  la  quantité  d'oxy- 
gène nécessaire  pour  transformer  tout  le  molybdène  en  acide  molybdique. 

»  De  ces  différents  dosages  il  résulte  que  sa  composition  se  rapporte  à 
un  sulfate  de  molybdène  de  la  formule  brute  jMo-0'.  2SO'. 

»  En  effet,  on  a 

Trouvé.  Calculé. 

Mo^O' 62,42  62,963 

2SO' 87,60  87,087 

99,92  100,000 

))  Enfin,  l'oxygène  nécessaire  pour  faire  passer  dans  ce  sel  tout  le  mo- 
lybdène à  l'état  d'acide  molybdique  est  : 

Trouvé 3,780  poui-  100  Calculé 8,708  pour  100 

M  Ce  sel  paraît,  au  premier  examen,  insoluble  dans  l'eau  ;  cependant  il  s  y 
dissout  complètement  au  bout  d'un  temps  très  long  à  froid,  en  quelques 
heures  à  l'ébuUition;  il  attire  môme  l'humidité  de  l'air  et  shumecte  spon- 
tanément s'il  est  conservé  dans  un  flacon  imparfaitement  bouché.  La 
solution  faite  à  l'abri  de  l'air  est  brune  comme  une  infusion  de  café;  à  l'air 
elle  se  colore  rapidement,  d'abord  en  vert,  puis  en  bleu,  en  se  transfor- 
mant en  oxyde  bleu  de  molybdène.  Evaporée  à  sec  au  bain-marie  dans 
un  gaz  inerte,  elle  donne  un  vernis  noir  se  détachant  en  écailles  non 
cristallines,  solubles  dans  l'eau  et  dans  l'alcool.  La  solution  alcoolique 
évaporée  sous  la  machine  pneumatique  donne  également  un  vernis  qui 
contient  encore  au  moins  i4  pour  100  d'eau,  souvent  plus,  selon  qu'il  a 
séjourné  plus  ou  moins  longtemps  dans  le  vide.  Après  plusieurs  heures  de 
dessiccalion  à  l'étuve  à  -t-ioo"-!  10",  ce  chiffre  est  ramené  à  7,6  ou  8 
pour  100,  Il  faut  porter  la  température  jusqu'au  delà  de  +200"  pour  le 
déshydrater,  et  même  alors  retient-il  encore  quelques  traces  d'eau.  Ce 
corps  n'est  plus  immédiatement  soluble  ni  dans  l'eau  ni  dans  l'alcool  et, 
sauf  qu'il  est  amorphe,  il  présente  toutes  les  propriétés  du  sel  cristallisé. 

»  La  solution  brune  est  décolorée  avec  la  plus  grande  facilité  par  tous 
les  oxydants  :  acide  azotique,  acide  chromique,  permanganate,  hypochlo- 
rile,  en  se  transformant  en  acide  molybdique.  Elle  donne  par  double 
décomposition  avec  les  .sels  de  baryte  solubles  (azotate,  chlorure)  des 
solutions  brunes  dont  aucune  n'a  abandonné  par  évaporation  de  sel  cris- 


(  hll  ) 

tallisé.  Elle  se  colore  en  bleu  quand  on  l'arlrlitionne  d'un  molybdate  alcalin, 
en  (lonnanL  naissance  à  de  l'oxyde  bleu  de  molybdène.  Traitée  par  les 
alcalis,  elle  se  dédouble  en  un  molybdate  qui  reste  en  solution  avec  le 
sulfate  qui  a  pris  naissance  et  en  hydrate  de  bioxyde  de  molybdène  qui  se 
précipite;  enfin  elle  donne,  avec  le  phosphate  et  l'arséniate  de  soude,  des 
solutions  brunes  d'une  nuance  très  foncée.  La  solution  alcoolique  traitée 
par  le  sulfocyanure  de  potassium  donne  un  précipité  de  sulfate  de  potasse 
et  une  magnifique  coloration  pourpre. 

»  Chauffé  seul  dans  un  tube,  le  sel  anhvdre  et  cristallisé  se  transforme 
en  acide  molybdique  et  en  anhydrides  sidfureux  et  sulfiirique  qui  se  dé- 
gagent. Il  est  oxydé  à  chaud  par  l'acide  sulfurique  et  donne  le  composé 
MoO'SO';  c'est  ce  qui  se  produit  dans  sa  préparation,  si  le  courant  d'acide 
suif  hydrique  vient  à  être  interrompu.  L'hydrogène  le  transforme  au  rouge 
en  bioxyde  de  molybdène  avec  perte  de  tout  l'acide  sulfurique.  Il  n'ab- 
sorbe pas  le  gaz  ammoniaque  bien  desséché,  mais  il  est  réduit  par  lui  au 
rouge  sombre  en  bioxyde  de  molybdène  qui  retient  i  pour  loo  d'azote. 

»  Mélangé  intimement  avec  du  chlorure  et  du  bromure  de  sodium  et 
cliaufié  dans  un  tube  à  boules  dans  un  courant  d'acide  carbonique,  il  donne 
naissance  à  l'oxychlorure  ou  à  l'oxybromure  de  molybdène  MoO^Ci^  ou 
MoO^Br^  et  il  reste  du  bioxyde  de  molybdène 

Mo=0=2S0'  ^  2NaCl  =  MoO-Cl-  +  Na^S^O'  ^  MoO-. 

»  Si  l'on  continue  à  chauffer,  le  bioxyde  de  molybdène  réai^it  sur  le 
disullate  de  sodium,  il  se  dégage  de  l'acide  sulfureux  et  il  reste  du  di- 
molybdate  de  sodium  fondu 

2M0O-+  Na-S-0'  =  2SO='-f-Na=Mo2  0'. 

»  En  réalité,  les  deux  réactions  chevauchent  l'une  sur  l'autre,  le  bioxvde 
commençant  à  réagir  sur  le  disulfate  à  mesure  qu'il  se  produit;  ce|)endant 
en  chauffant  modérément  on  peut  obtenir  le  départ  de  tout  l'oxychlorure 
avant  la  décomposition  totale  du  bioxyde,  que  l'on  peut  alors  isoler  facile- 
ment par  lavage. 

«  L'oxychlorure  que  l'on  obtient  dans  ces  conditions  est  en  superbes 
paillettes  cristallines  d'un  blanc  légèrement  jaunâtre. 

))  Je  cro.is  qu'un  supplément  d'étude  est  nécessaire  pour  établir  la  con- 
stitution de  ce  nouveau  composé,  je  me  suis  contenté  d'admettre  qu'il 
renfermait  de  l'anhvdride  sidfurique  parce  qu'il  dérive  de  l'anhvdride 
double  MoO'SO^  et  je  ne  l'appelle  sulfate  que  pour  la  commodité  du  lan- 
gage- 


(  47»  ) 

»  C'est  en  vain  que  j'ai  tenté  d'obtenir  le  composé  correspondant  avec 
le  tungstène. 

»  Dans  les  mêmes  conditions  l'acide  tiingstique  se  réduit  bien  un  peu, 
mais  l'oxyde  formé  ne  paraît  pas  se  combiner  à  l'acide  sulfurique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelles  réactions  des  dérivés organo-métalliques  (II). 
—  Élhers  x-alcoyl-^-cétoniqiies  (').  Note  de  M.  E.  E.  Dlaise,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  précédente  Communication,  j'ai  montré  que  les  dérivés 
organométalliques  réagissent  sur  les  corps  à  fonction  nitrile  pour  fournir 
des  combinaisons  qui,  décomposées  par  l'eau,  donnent  naissance  à  des 
dérivés  cétoniques.  La  présente  Note  est  relative  aux  éthers  p-cétoniques, 
mono  ou  dialcoylés  en  a  que  cette  méthode  permet  d'obtenir. 

»  Ces  éthers  se  produisent  lorsqu'on  condense  les  nitriles  avec  les 
éthers  a  bromes  des  acides  homologues  de  l'acide  acétique,  en  présence 
du  zinc,  et  qu'on  décompose  par  l'eau  les  corps  qui  résultent  de  cette  con- 
densation 

R-  C  =  Az-f-(R,R,)CBr-  CO=C*H'  4- Zn 
_  /Az  -  Zn  Br 

~  \C(R,Ro)  — CO=C=H\ 

/^Az  — ZnBr  ,    /u>r»  a    u3 

'^  -  ^\c(R.R,)  -  cœc=H^  +  ^'^"^  =  ^^^" 

+  Zn  (OH)-  +  Zn  Br-  -+-  2R  -  CO  -  C(R,  R^).  C0^cn^^ 

»  La  réaction  s'effectue  aisément  avec  les  nitriles  acycliques  et  les  éthers 
bromes  des  acides  gras;  elle  se  produit  également  avec  ces  mêmes  éthers 
et  les  benzonitriles  ou  les  nitriles  cycliques  substitués  en  para.  Par  contre, 
les  nitriles  cycliques  substitués  en  ortho  ne  donnent  que  des  traces 
d'éthers  P-cétoniques.  Enfin,  les  nitriles  cycliques  dont  le  groupement 
fonctionnel  est  fixé  sur  une  chaîne  latérale,  tels  que  le  cyanure  de  benzyle, 
se  prêtent  facilement  à  la  condensation;  cette  réaction  a  été  appliquée  aux 
éthers  bromopropionique,bromo-isobutyrique  et bromo-isovalérique d'une 
part  et,  d'autre  part,  aux  nitriles  acétique,  propionique,  butyrique,  isoca- 
proïque,  benzoïque,  paraloluique  et  phénylacétique.  Elle  est  donc  très 
générale  et  présente  sur  les  méthodes  connues  l'avantage  de  permettre  de 

(')  Faculté  des  Sciences  de  Lille. 


I 


(  479  ) 
faire  varier   à   volonté,    dans  la  molécule  des  étliers  fi-cétoniques,   les 
radicaux  R,R,  et  R,.  Cette  généralité  s'étend  évidemment  aux  cétones  qui 
résultent  du  dédoublement  des  éthers  p-cétoniques. 

»  Le  dédoublement  célonique  de  ces  éthers,  au  moyen  des  acides 
étendus,  devient  de  plus  en  plus  difficile  à  mesure  que  leurs  poids  molé- 
culaires augmentent;  il  est  préférable  de  l'effectuer  à  l'aide  des  alcalis  en 
solution  aqueuse,  à  3o  pour  loo,  et  à  i'ébuUilion. 

»  Enfin,  tandis  que  les  dérivés  monoalcoylés  de  l'élher  acétylacétique 
donnent,  en  général,  des  réactions  colorées  avec  le  perchlorure  de  fer, 
les  dérivés  correspondants  des  éthers  acidylacétiques  homologues  ne  se 
colorent  plus  par  ce  réactif;  ces  corps  ne  semblent  donc  plus  susceptibles 
de  prendre  la  forme  lautomére  énolique  ou,  tout  au  moins,  n'existent  à 
l'état  libre  que  sous  la  forme  cétonique. 

»  La  condensation  peut  être  effectuée  en  l'absence  de  tout  dissolvant, 
mais  il  est  préférable  d'opérer  en  présence  du  benzène;  le  rendement  est 
accru  et  l'on  évite  la  polymérisation  de  certains  nitriles.  Le  mode  opéra- 
toire détaillé  sera  publié  au  Bulletin  de  la  Société  chimique,  et  je  me  bor- 
nerai à  indiquer  ici  que  le  rendement  obtenu  varie  suivant  les  cas  de  25  à 
5o  pour  1  oo. 

»  Après  avoir  vérifié  la  méthode  par  la  préparation  des  éthers  uiéthyl- 
acétylacétique,  diméthylacétylacétique  et  mcthylbenzoylacétique,  je  l'ai 
généralisée  en  préparant  quelques  nouveaux  éthers  ainsi  que  les  cétones 
correspondantes.  Celles-ci  ont  été  caractérisées  à  l'état  de  semi-carba- 
zones. 

»  Isopropylpropionylacétate  d'élhyle  : 

CH'-  CH'-  CO  -  CH  (-  CHC^^^J],)  -  CO^C'H^ 

—  Ce  corps,  obtenu  en  condensant  l'étlier  bromo-isovalérique  et  le  propionitrile. 
bout  à  io8°-io9°  sous  21""".  La  cétone  correspondante  est  connue. 

»  Dutyrylisobutyrate  d'élhyle:  CH^— CH'  — Cil'-  — CO  —  C(CIP)='  — GO^C^tP. 

—  On  obtient  cet  éther  au  moyen  du  btilyronitrile  et  du  bromo-isobutyrate  d'élhyle; 
il  bout  à  loSo-iio"  sous  29™".  hdi  propylisopropylcélone,  qu'il  donne  par  saponifica- 
tion, bout  à  i29''-i3o''  et  fournit  une  semicarbazone,  fusible  à  ii7''-ii8°. 

^^Isocaproylisobutyrated'éthyle:^^^CVi.-CVi^-CW-CO—C{C\Vf-(ZO^CmK 

—  On  prépare  ce  corps  comme  le  précédent,  mais  en  partant  du  nitrile  isocaproïque  ; 
il  bout  à  I2i''-i24°  sous  20™°'-22'""  et  donne,  par  saponification,  Visopropylisoamyl- 
célonc.  Celle-ci  bout  à  \-^i°-\'^i°-.  sa  semicarbazone  fond  à  gS^-gg". 

»  Le  paraColuylisobutyrate  d'élhyle:  CH^  — Cni»- GO— C(GH')-  — CO^C'H^ 


(  48o  ) 

obtenu  à  l'aide  du  nilrile  paratoluique  et  de  l'éther  bromo-isobulyrique,  bouta  169°- 
172°  sous  25"°'. 

)>  Le  phenacétylisobatyrate  d'élhyle  :  C'^H'^— CH^— CO  — G(CH')^— C0-— C^HS 
préparé  en  condensant  le  cyanure  de  benzjle  et  le  bromo-isobutyrate  d'éthyle,  bout  à 
i6l4°-i65°  sous  16"";  refroidi,  il  se  prend  en  une  masse  cristalline.  La  benzylisopro- 
pylcétone  qui  lui  correspond  bout  à  234°-235''  et  donne  une  semicarbazone  fusible  à 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  dérivés  organomélalliques sur  les  éthers sels. 
Note  de  M.  A.  IÎêiial,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Une  Note  de  M.  Grig;nard,  parue  dans  le  dernier  numéro  des  Comptes 
rendus  (t.  CXXXIT,  p.  336),  m'oblige  à  présenter  aujourd'hui  l'ensemble 
d'un  travail  relatif  à  l'action  des  dérivés  organométalliques  sur  les  éthers 
sels  de  la  série  cyclique  et  acyclique. 

»  M.  Masson  a  étudié,  sous  ma  direction,  l'action  de  ces  (Urivés  sur  les 
éthers  sels  de  la  série  acyclique,  et  M.  Valeur  a  commencé  l'étude  de  la 
même  réaction  sur  les  éthers  des  acides  bibasiques.  Dans  la  série  cyclique, 
les  réactions  sont  plus  complexes  et  j'ai  eflectué  un  grand  nombre  de 
recherches,  tantôt  seul,  tantôt  avec  MM.  Tiffeneau  et  Sommelet.  En  voici 
les  principaux  ré-sultats  : 

»  Les  dérivés  alcoylohalogénés  du  magnésium  réagissent  sur  les  éthers 
sels  delà  série  cvclique  et  leur  action  jieut  être  décomposée  en  trois  phases  : 

»  Dans  la  première,  il  y  aurait  fixation  d'une  molécule  du  dérivé  organo- 
métallique  halogène  sur  l'éther  sel  : 

CH» 

I.  R  -C-  0-C^H'-+-I-Mg-CH'  =  R-C-0-C^H=. 

Il  I 

O  O  -  Mg  -  I 

»  Dans  la  seconde,  une  seconde  molécule  du  dérivé  organométallique 
se  fixe  et  élimine  une  molécule  d'iodoalcoylate  de  magnésium  : 

CH'  CH' 

II.  H-C-0-C2H»-Hl-Mg-CH'=R-C-CH^  +  I-Mg-0-C=H^ 

O-Mg-1  O-Mg-I 

»  Enfin,  dans  la  troisième  phase,  il  y  a  formation  d'un  carbure  à  fonc- 


(  48i   ) 
lion  éthyléniqiie  : 

lU.  R_G_CH'       =H-0-Mg-I  +  R-C=-CH^ 

O  -  Mg  -  I 

»  Il  est  possible  qu'il  se  forme  transitoirement  l'alcool  tertiaire  corres- 
pondant. Cependant,  dans  tous  les  cas,  on  a  obtenu  le  carbure  élhyléiiique 
à  part  le  méthylsalicylate  de  méthyle  qui  a  fourni  l'alcool. 

»  Les  fonctions  phénol  libres  ou  élhérifiées  ne  s'opposent  pas  à  celte 
réaction. 

»  Les  corps  ainsi  obtenus  se  polymérisent  avec  une  grande  facilité  et 
donnent  naissance  pour  la  plupart  à  des  dimères  bien  cristallisés. 

»  Ces  dimères  se  forment  dans  la  réaction  qui  donne  naissance  aux  mo- 
nomères et  parfois  leur  proportion  est  dominante.  Ils  dislillent  dans  le 
vide  sans  altération.  L'union  des  deux  molécules  s'est  faite  par  la  fonc- 
tion éthvlénique;  en  effet,  les  corps  qui  possèdent  des  fonctions  phéno- 
liques  libres  restent  solubles  dans  les  alcalis  et,  de  plus,  ne  fixent  pas  le 
brome  par  addition. 

»  Théoriquement,  il  peut  se  former  deux  isomères  dans  cette  réaction  : 

CH'  CH' 

R  -  C    -  CH'         et         R  -  C    -  CH^ 

Il  II 

R-C-CH-  CH=-C-R 

CH»  CH' 

>)   Je  n'ai  pas  pu  jusqu'ici  isoler  les  deux  isomères. 

»  Les  dimères,  chauffés  à  la  pression  ordinaire,  se  scindent  lentement 
en  deux  molécules  de  monomères.  Il  ne  se  forme  que  peu  de  produits 
acces-soires  provenant  de  la  décomposition  d'une  partie  de  la  molécule; 
du  reste,  si  l'on  emploie  un  ballon  à  col  |)eu  élevé,  on  peut  les  distiller  à 
la  pression  ordinaire  sans  altération  très  notable. 

»  Les  corps  à  chaîne  pseudopropylénique  s'oxydent  sous  l'influence  du 
permanganate  ou  du  mélange  chromique  employés  en  proportion  ménagée 
en  donnant  des  méthylcétones  : 

R  _  C^^îî'-.-  O'  =  R  -  CO  -  CH'  -r  CH=0^ 
»  Traités  par  l'iode  et  l'oxyde  de  mercure  en  présence  de  l'alcool  comme 

c.  K.,  lyoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  S)  62 


(  482  ) 

l'a  indiqué  M.  Bougault,  ils  donnent  des  corps  se  combinant  au  bisulfite 
de  sodium.  On  pourrait  penser  que  les  dérivés  ainsi  obtenus  sont  des 
aldéhydes  et  ont  été  engendrés  dans  la  réaction  représentée  par  le  schéma 
suivant  : 

PTT.  /CH='OH  /CHO 

R-Cf  H-IOH=-R-CI  r=R-CH         -hUl. 

\i-H  \CH»  \CH' 

»  Il  n'en  est  rien.  Ces  corps  donnent  bien  des  combinaisons  bisulfi- 
tiques,  mais  celles-ci  sont  décomposables  par  l'eau.  Ils  fournissent  des 
oximes,  mais  celles-ci  sont  différentes  de  celles  obtenues  avec  les  aldé- 
hydes découverts  par  M.  Bougault,  et  qui  répondent  au  schéma  indiqué 
plus  haut.  Ils  donnent,  sous  l'influence  du  brome,  du  bromoforme;  leur 
point  d'ébullition  est  plus  élevé  que  celui  des  aldéhydes.  Ils  ne  reco- 
lorent pas  la  fuchsine  décolorée  par  l'acide  sulfureux.  Tous  ces  caractères 
conduisent  à  les  considérer  comme  des  méthvlcétones  à  chaîne  normale, 
il  y  a  donc  eu  transposition  moléculaire  dans  leur  genèse  et  l'on  peut 
représenter  la  réaction  qui  leur  a  donné  naissance  par  l'équation  sui- 
vante : 

,  CH-OH 
R  —  CI  =  HI  4-  R  -  CH^  -  CO  -  CH'. 

sCH^  Méthylcétone. 

lodhydrine. 

»  La  chaîne  pseudopropylénique  s'est  donc  changée  en  une  chaîne  pro- 
pylique.  C'est  là  une  transformation  très  intéressante  et  dont  on  n"a  pas 
encore  d'exemple.  La  transformation  inverse,  au  contraire,  est  connue  :  il 
suffit  de  rappeler  la  formation  de  la  pinacoline  à  partir  de  la  pinacone, 
celle  de  l'aldéhyde  diphénylacétique  au  moyen  de  l'hydrobenzoïne  (Breuer 
etZiNCKE,  Z.  A.,  t.  CXCVIII,  p.  182),  celle  de  l'acide  diphénylglycolique 
à  partir  du  benzile. 

»  Je  me  propose  de  montrer  prochainement,  dans  un  travail  fait  en 
collaboration  avec  M.  Tiffeneau,  que  si  les  aldéhydes  découverts  par 
M.  Bougault  possèdent  une  chaîne  pseudopropylénique,  celle-ci  provient 
de  la  transformation  de  la  chaîne  propylénique  des  corps  mis  en  œuvre  et 
non  d'une  chaîne  triméthylénique,  comme  l'a  supposé  M.  Bougault,  en 
faisant  d'ailleurs  des  réserves.    » 


(  4B3  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Synthèses  d'alcools  tertiaires  de  la  série  grasse.  Note 
(le  M.  Henri  Masson,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Sur  les  conseils  de  M.  Bélial,  j'ai  étudié  l'action  des  dérivés  organo- 
niélalliques  sur  les  éthers  dérivés  des  acides  monobasiques  de  la  série 
grasse.  Je  me  suis  servi,  pour  faire  cette  étude,  au  début,  des  dérives  or- 
ganométalliqucs  du  zinc;  j'ai  ensuite  utilisé  les  dérivés  organométalliques 
du  magnésiinu,  qui  sont  plus  maniables  que  ceux  du  zinc  et  avec  les- 
quels la  réaction  est  plus  nette.  Dans  tous  les  cas,  j'ai  obtenu  des  alcools 
tertiaires. 

)>  En  faisant  agir  sur  un  élher-sel  l'iodure  de  magnésium  méthvle  ou 
étlîvle,   on  détermine   la    transformation   du   groupement   X  — CO-C-H^ 

,  R 
en  X  — C  — OH,    la   nature  des   radicaux   K    -  R'  et  X   dépendant  d'une 

\R' 
part   de  l'iodure  alcoolique  employé,  d'autre  part  de  l'éther-sel  mis  en 
œuvre. 

»  J'ai  étudié  cette  réaction  seulement  dans  le  cas  des  iodures  de  méthvle 
et  d'éthvle,  c'est-à-dire  quand  R  r=  R';  je  me  propose  d'étudier  le  cas  où  R 
est  différent  de  R'  en  faisant  un  mélange  équimoléculaire  de  deux  iodures 
alcooliques  pour  préparer  le  dérivé  organométallique. 

»  Voici  comment  il  convient  d'opérer  pour  obtenir  de  bons  rendements. 

»  On  prépare  une  solution  élhérée  de  dérivé  organométallique  (2  molécules) 
comme  l'indique  M.  Grignard,  et  l'on  y  laisse  tomber  goutte  h  goutte  l'éther-sel 
(i  molécule).  Quand  tout  est  ajouté,  on  chauflTe  pendant  quatre  ou  cinq  heures  au 
bain-marie  et  on  laisse  en  contact  environ  douze  heures.  On  décompose  alors  par 
l'eau  acidulée  par  l'acide  acétique;  on  décante  l'éther  surnageant  et  on  le  traite  par 
une  solution  de  bicarbonate  alcalin  pour  enlever  l'excès  d'acide  acétique.  On  distille 
cet  éther  au  bain-marie,  et  le  résidu  est  chauffé  avec  de  la  potasse  alcoolique  pour 
saponifier  le  reste  d'éther-sel  qui  n'aurait  pas  réagi.  On  distille  l'alcool  au  bain-marie, 
on  ajoute  de  l'eau  au  résidu  pour  dissoudre  le  sel  de  potasse.  La  couche  surnageante 
est  décantée,  lavée  à  l'eau  plusieurs  fois,  séchée  sur  le  sulfate  de  soude  anhydre  et 
rectifiée. 

»  Avec  les  élhers-sels  des  acides  élevés  de  la  série  il  est  préférable,  après  saponifi- 
cation, d'entraîner  l'alcool  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau. 

»  Avec  ceUe  méthode  on  obtient  des  rendements  de  80  à  85  poui-  100  en  alcool 
tertiaire,  avec  environ  i  pour  100  de  carbure  éthylénique  correspondant. 


(  484  ) 

»  Voici  la  liste  des  alcools  tertiaires  nouveaux  obtenus  jusqu'ici  : 

Point 
d'cbullition . 

/CH3 

Méthyl  2-pentanol  2  (dimélhylpropylcarbinol) C'H'  —  COH  124 

\CH' 

Éthyl  3-hexanol  3  (diéthylpropylcarbinol) C'H^  ^  COH  iSg 

Méthyl  5-éthyl  3-hexanol  3  (diélhylisobutylcarbinol) G'  H'  —  CO  H  172 

/CH= 

Méthyl  2-heptanol  2  (dimélhylamylcarbinol) C^H"— COH  162 

\CH' 
/C-H= 

Éthyl  3-octanol  3  (diéthylamylcarbinol) C^H"— COH  199 

XC^H^ 

/CH' 

Méthyl  2-octanol  2  (dimétliyIhe\ylcarbinol) C"H"—  COH  178 

XCH' 

/C=H= 

Éthyl  3-undécanol  3  (diéthyloctylcarbinol) C^H"—  COH  25o 

XC=H= 

n  Ces  alcools  sont  liquides,  plus  légers  que  l'eau,  distillent  sans  décomposition  à  la 
pression  ordinaire  et  sont  entraînables  par  la  vapeur  d'eau. 

»  Directement,  ces  alcools  ne  donnent  pas  de  combinaisons  avec  le 
réactif  de  Denigès,  mais  j'ai  trouvé  qu'en  ajoutant  un  peu  d'alcool  ordi- 
naire il  y  avait  précipitation  immédiate. 

»  Traités  par  le  phosphore  et  l'iode,  ils  donnent  des  dérivés  iodés. 
Ceux-ci  ne  distillent  pas  sjins  décomposition  à  la  pression  ordinaire,  mais 
s'entraînent  à  la  vapeur  d'eau.  Traités  par  la  potasse  alcoolique,  ils  donnent 
le  carbure  éthylénique  correspondant. 

»  La  meilleure  préparation  du  carbure  éthylénique  est  de  chauffer 
Talcool  terliaiie  avec  la  quantité  théorique  d'anhvdride  acétique,  en  pré- 
sence d'un  peu  de  chlorure  de  zinc,  pendant  environ  trois  heures. 

»  J'ai  commencé  l'étude  de  ces  carbures  éthyléniques.  En  partant  de 
l'éthyl  3-hexanol  3,  j'ai  obtenu  un  carbure  élhvlénique  qui  bout  à  i  19°- 
)  20°. 


(  485  ) 

')  A  l'aspect  de  la  formule 

/CW  -  CH' 
CH'-CH^    -CH--COH 

\CH--CH' 

on  voit  que  la  déshydratation  peut  se  faire  de  deux  manières  différentes; 
on  peut  avoir  l'un  des  deux  carbures  isomères  suivants  : 

CH'  -  CIi=  —  ce  =  ^'Çç^,  __  J^jJ,         CH'~-  CH^  -  C.H=  -  C/^^^ 


,CH 


3 


M   Pour  trancher  la  question  je  me  suis  adressé  à  l'oxydation,  et  j'ai  em- 
ployé le  mélange  chromique. 

»  J'ai  obtenu  ainsi,  d'une  part,  une  cétone 

CH'-  CH=.CH=.CO  -  CH  =  .CH' 

hexanone-3  que  j'ai  caractérisée  par  son  point  d'ébullition  ([22°-i24°),  par 
son  analyse  et  par  l'analyse  de  sa  semi-carbazone  qui  fond  à  1 18°;  d'autre 
part,  de  l'acide  acétique  qui  a  été  caractérisé  par  l'analyse  de  son  sel  d'ar- 
çent.  Il  se  forme  en  même  temps  un  peu  d'acide  butyrique  provenant  de 
l'oxydation  ultérieure  de  l'hexanone. 

»  Le  carbure  élhylénique  est  donc  réthyl-2-hexène-2 

CH»-CfP--CH=-  C(^  "- 

\CH'.  .. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  spectres  d'absorption  des  indophénols  et  des  colo- 
rants du  triphénylmélhane .  Note  de  MM.  C  Gamiciiki.  et  P.  Daybac, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  récente  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  n"  6),  nous  avons 
montré  que  la  loi  des  auxochromes,  énoncée  [lar  M.  Lemouit,  ne  s'appli- 
quait pas  aux  iiidophénols,  et  nous  avons  expliqué  l'erreur  qui  avait  été 
commise  dans  les  expériences  qui  paraissaient  avoir  établi  cette  loi.  Notre 
conclusion  était  la  suivante  :  les  indophéuols  à  azote  tertiaire  (c'est-à-dire 
dérivés  de  la  /).-amidodimetliylaniline)  présentent  une  bande  rouge  qui 
commence  dans  le  spectre  visible  et  se  termine  dans  l'infra-rouge;  la  posi- 


(  486  ) 

tion  de  cette  bande  ne  peut  être  définie  par  ses  extrémités  apparentes. 
Nous  nous  proposons  aujourd'hiu  de  généraliser  cette  conclusion. 

»  a.  Nous  avons  étudié  trois  indophénols  à  azote  primaire  (c'esl-à-dire  de  la/). -phé- 
nylènediamine)  ;  nos  expériences  ont  porté  sur  : 

L'indophénol  du  thymol, 

»  de  l'orthocrésylol, 

»  du  phénol. 

»  Le  premier  et  le  dernier  de  ces  corps  ont  été  préparés  cristallisés  par  l'un  de 
nous  ;  le  deuxième  provient  de  la  Société  des  matières  colorantes  de  Saint-Denis. 

»  Les  conclusions  ont  été  les  mêmes  que  pour  les  indophénols  à  azote  tertiaire. 

«  Voici  quelques  nombres  indiquant,  pour  une  solution  A  d'indophénol  du  phénol 
ordinaire  à  azote  tertiaire,  et  pour  une  dissolution  B  d'indophénol  du  phénol  ordi- 
naire à  azote  primaire,  quelques  valeurs  du  coefficient  k  par  lequel  il  faut  multiplier 
l'intensité  incidente  dans  la  solution  pour  avoir  l'intensité  émergente  ;  les  longueurs 
d'onde  correspondant  aux  diverses  valeurs  de  A  sont  marquées  en  regard.  Les  solu- 
tions A  et  B  sont  faites  avec  des  teneurs  du  corps  dissous  proportionnelles  aux  poids 
moléculaires,  c'est-à-dire  à  226  et  198. 

k. 

>>.  A.  B. 

H- 

0,720 o,3o5  0,773 

0,700 o,  i35  0,543 

0,686 o,o3o  0,363 

0,671 "  0,206 

o ,  660 »  o ,  1 1 5 

11  B  est  la  solution  de  l'indophénol  du  phénol  ordinaire  à  azote  primaire,  préparé 
par  la  Société  de  Saint-Denis. 

»  On  voit  que  l'indophénol  à  azote  tertiaire  est  beaucoup  plus  absorbant  que  l'autre  ; 
c'est  ce  qui  explique  l'aspect  des  deux  spectres  de  A  et  B.  La  bande  rouge  donnée 
par  B  paraît  déplacée  vers  les  radiations  plus  réfrangibles.  Les  nombres  précédents 
montrent  aussi  avec  quelle  rapidité  la  courbe  représentative  de  k  monte  au  voisinage 
de  l'infra-rouge. 

«  Nous  avons  pensé  que  les  colorants  du  triphénylméthane,  mentionnés  dans  la 
Note  de  M.  Lemoult  {Comptes  rendus,  t.  CXXXl,  n°21),  qui  donnent,  eux  aussi,  une 
bande  rouge,  présentaient  la  même  particularité  que  les  indophénols. 

11  Les  corps  que  nous  avons  pu  étudier  sont  :  le  vert  malachite,  le  vert  sulfo-J,  le 
violet  cristallisé  (hexaméthylé),  le  vert  de  méthyle. 

))  Le  résultat  a  toujours  été  le  même  :  bande  rouge  dont  une  extrémité  seulement 
est  dans  le  spectre  visible. 

»  Nous  pouvons  conclure  des  expériences  précédentes  que  la  loi  des 
auxochromes  n'existe  pas  davantage  pour  les  composés  du  triphénylmé- 


(  4«7  ) 
thane  que  pour  les  indophénols.  Le  remplacement  d'un  azote  tertiaire  par 
un  azote  primaire,  le  nombre  des  azotes  tertiaires  sont  des  facteurs  ayant 
une  grande  influence  sur  l'absorption  de  la  lumière  [on  voit,  par  exemple, 
que  le  remplacement  de  (CH')-  par  H-  dans  l'indophénol  du  phénol  rend 
le  corps  moins  absorbant].  Mais  la  loi  véritable  du  phénomène  reste  à 
trouver. 

»  Nous  avons  étudié  l'influence  de  la  concentration  sur  les  solutions 
alcooliques  d'indophénols  et  sur  les  solutions  aqueuses  des  colorants  du 
triphénylmétliane;  jusqu'à  présent,  nous  avons  toujours  vérifié  que  le 
coefficient  d'absorption  est  proportionnel  à  la  concentralion.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  constitution  du  glucose  (i).  Note 
de  M.  L.-.î.  Simon,  présentée  par  M.  Haller. 

»   I-es  propriétés  aldéhydiques  du    glucose  sont  représentées  par    la 
formule  linéaire  de  Berthelot,  FiLlig,  Riliani  : 

CH=OH  -  CHOH  -  CHOH  -  CHOH  -  CHOH   -  CHO. 

Cette  formule  est  d'accord  avec  les  processus  de  réduction  et  d'oxydation, 
avec  la  fixation  d'acide  cyanhydrique  réalisée  par  Riliani  et  enfin  elle  en- 
cadre bien  les  recherches  stéréochimiques  de  Fischer. 

»  Par  contre,  cette  formule  laisse  inexpliqués  certains  points  intéres- 
sants : 

»  1°  La  stabilité  des  sucres  réducteurs  à  l'état  libre;  la  disparition  des  caractères 
de  la  fonction  aldéhydique  dans  les  pentacétates  (l^ranchiniont,  Erwig  et  Kônigs,  Tan- 
ret),  dans  le  peiitabenzoate  (Skraup),  dans  les  glucosides  syntliétiqnes  (Fischer), 
ainsi  que  dans  certains  glucosides  naturels  (Marchlewski). 

1)  2"  L'apparition  d'une  nouvelle  isomérie  pour  les  phénylliydrazones  (Skraup), 
les  oximes  (Wolil),  les  pentacétates  (Francliimonl,  Tanret),  les  penlauilrales  (Will 
et  Lenze),  les  chloraloses  (Heffter,  Hanriot)  et  surtout  pour  les  glucosides  (Fischer); 

)i  La  découverte  des  modifications  particulières  du  glucose,  du  galactose  et  des 
autres  aldoses  qui  a  permis  à  Tanret  de  donner  l'explication  décisive  du  pliénoujène 
de  la  multirotation. 

»   J'ai  été  amené  à  cette  manière  de  voir  par  le  raisonnement  suivant  : 
»   L'isomérie  particulière  que  présentent  certains  dérivés  du  glucose 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  ('Ecole  Xormale  supérieure. 


(  4«8  ) 

(pentacétates,  phéiiylhyclrazones,  chloraloses,  glucosides)  et  les  modifi- 
cations 7-  et  y  du  glucose  lui-même,  n'a  pas  le  même  caractère  que  l'iso- 
mérie  que  présentent  entre  eux  les  différents  hexoses  (glucose,  mannose, 
galactose,  etc.). 

»  Des  deux  pentacétates,  on  a  pu  repasser  au  glucose  qui  leur  corres- 
pond, au  dextrose  et  non  pas  à  un  autre,  tel  que  le  mannose;  des  deux 
niéthvlglucosides,  Fischer  est  revenu  au  dextrose  sans  retomber  sur  un  de 
ses  isomères.  De  chacune  des  modifications  a,  p,  y  de  Tanrot,  on  peut 
repasser  aux  autres  sans  jamais  franchir  le  fossé  qui  semble  les  séparer  du 
mannose,  du  galactose  ou  des  autres. 

»  Il  ne  peut  donc  être  question  ici  que  d'une  isomérie  en  quelque  sorte 
surnuméraire,  greffée  superficiellement  sur  la  première.  A  cette  isomérie 
surnuméraire  correspondraient  des  formes  d'équilibre  secondaire,  stables 
dans  certaines  conditions,  instables  dans  d'autres. 

)i  li'action  de  l'eau  serait  l'une  de  ces  circonstances  défavorables;  au 
sein  de  l'eau,  cette  isomérie  surnuméraire  disparaîtrait  et  ne  laisserait  sub- 
sister que  la  forme  aldéhydique. 

»  Vérificalwns.  —  \°  Dans  ces  conditions,  il  fallait  donc  s'attendre  à 
voir  les  pouvoirs  rotatoires  des  deux  isomères  surnuméraires  oxydiques 
comprendre  entre  eux  celui  de  l'isomère  aldéhydique.  C'est,  en  effet,  ce 
qui  résulte  des  faits  : 

Pouvoir  rotatoire.  a.  --.  i     '  p. 

Glucose io6  22,5  64,25                  52,5 

Galactose i35  53  94  81,6 

Arabiiiose 170  <;75,5  i25  io4,io5 

Rhamiiose — 6,5  i5,8  4j65                    10,1 

Lactose 88  <32  60                         56 

))  Le  poiwoir  rotatoire  de  la  modification  [i  est  toujours  compris  entre  les 
pouvoirs  rotatoires  des  modifications  oLCt  -^  et  à  peu  prés  à  égale  distance  de 
chacun  cVeiix. 

«  On  rend  compte  actuellement  de  la  plupart  de  ces  manifestations 
expérimentales  en  admettant  pour  le  glucose  deux  i'ormules  lautomères, 
l'une  aldéhydique  qui  n'est  autre  que  la  formule  de  Berthelot  écrite  plus 
haut,  et  l'autre  qui  renferme  une  liaison  oxydique  et  dont  il  faut  faire 
remonter  la  première  idée  précise  à  Tollens. 

CH^OH  -  CHOH  -  CH  -  CHOH  ~  CHOH  -  CHOH. 

L O I 


(  489  ) 

»  Il  est  clair  que  l'on  peut  aisément  passer  de  l'une  à  l'autre  par  une 
hydratation  et  une  déshydratation  successives. 

»  La  liaison  oxydique  fait  apparaître  dans  la  formule  un  nouvel  atome 
de  carbone  asymétrique  (le  dernier);  aux  deux  configurations  qu'il  permet 
de  concevoir  correspondront  donc  deux  isomères.  En  sorte  que  nous  dis 
poserons, ^of//"  un  glucose  déterminé,  de  trois  formes  distinctes:  une  aldé- 
hydique  et  deux  oxydiques. 

))  Dès  que  Tanret  eut  isolé  à  l'état  libre  les  trois  modifications  du 
glucose  qu'il  a  désignées  sous  les  symboles  (a,  p,  y,),  Lobry  de  Bruyn  et 
van  Ekeustein  d'une  part,  O.  von  Lippmann  d'autre  part,  les  ont  fait 
correspondre  aux  trois  formules  schématiques.  Leurs  hypothèses  sont  dis- 
tinctes. Ces  deux  hvpothèses  distinctes  ont  cependant  ceci  de  commun 
que  ces  deux  savants  attribuent  au  glucose  p,  celui  qui  ne  présente  pas  de 
multirotalion,  une  formule  oxydique. 

»   C'est  à  l'hypothèse  opposée  que  je  me  suis  arrêté. 

)i  La  forme  p  du  glucose,  celle  dont  le  pouvoir  rotatoire  prend  immédiate- 
ment sa  valeur  limite,  correspond  à  la  formule  aldéhydique. 

1)  Les  formes  y.  et  y  qui  possèdent  la  multirotation,  c  est-à-dirc  qui  prennent 
en  solution  aqueuse  des  pouvoirs  rotatnircs  immédiats  variables,  tendant  en 
sens  inverse  l'un  de  l'autre  vers  le  pouvoir  de  p,  correspondent  aux  deux 
configurations  stéréochimiques  de  la  formule  oxydique. 

»  1°  Les  méthylglucosidesde  Fischer  ne  diffèrent  des  glucoses  que  par 
la  substitution  de  CtP  à  H,  ce  qui  ne  doit  pas  modifier  profondément  les 
relations  de  ce  genre.  Cela  résulte  encore  des  données  numériques. 

a  +  c  Modif.  p 

a.  c.  2  (le  Tanret. 

Mélh^'lglucoside i55,5  — 3i,85  62  52 

Mélhylgalactosicle 178,8  i-s  89,4  ^0°,[\ 

Mélhjlxyloside 162,2  —65,8  43°  19°, 2 

Le  pouvoir  rotatoire  delà  modification  p  est  encore  compris  entre  les  pou- 
voirs rotatoires  des  deux  mélhylglucosides  correspondants  et  à  peu  prés  à  la 
même  distance  de  chacun  d'eux. 

»  Les  élhylglucosides  ne  sont  connus  que  sous  la  modification  a;  on  ne 
peut  donc,  à  leur  égard,  conclure  de  la  même  manière  d'une  façon  cer- 
taine. Cependant,  comme  les  valeurs  des  pouvoirs  rotatoires  varient  très 
peu  lorsqu'on  passe  d'un  niéthylglucoside  à  l'éthylglucoside  correspon- 
dant, il  y  a  toute  vraisemblance  pour  qu'il  en  soit  de  même  dans  ce  cas. 

c.  R.,  1901,    1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°   8.)  63 


(  490  ) 
»  3°  Dans  la  manière  de  voir  actuelle,  les  hydrazones,  les  oximes,  etc., 
seraient  représentées  par  la  formule  oxydique  :  leur  isomérie  serait  sur- 
numéraire. Et  comme,  pour  ces  dérivés,  rien  ne  s'oppose  en  outre  à 
l'existence  d'une  modification  déduite  de  la  formule  aldéhydique,  ils  de- 
vront posséder  la  multirolatioa  et  se  conduire  à  cet  égard  comme  le  glu- 
cose lui-même.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Les  actions  diastasiques  du  platine  colloïdal  el  d' autres 
métaux  (').  Note  de  M.  G.  Bredig,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Berzélius  avait  signalé  l'analogie  entre  l'action  de  contact  du  platine 
dans  la  décomposition  de  l'eau  oxygénée  et  l'action  des  ferments  solubles. 
Schônbein  montra  qu'un  grand  nombre  d'enzymes  exerçaient  sur  l'eau 
oxygénée  la  même  action  accélératrice  ou  catalylique  que  le  platine. 
L'étude  de  ces  actions  catalytiques  a  été  reprise  dans  ces  dernières  années; 
le  nombre  de  ces  actions  est  extrêmement  grand  et  leur  importance,  mise 
en  lumière  surtout  par  Ostwald,  est  très  grande  aussi  bien  pour  la  Science 
que  pour  les  applications  techniques.  Je  rappelle  ici  l'action  catalylique 
des  ions  H  des  acides  dans  la  transformation  de  l'amidon  en  sucre,  dans 
l'inversion  du  saccharose,  dans  la  saponification  des  élhers,  et  parallèlement 
les  actions  de  Tamylase,  de  1  invertine  et  de  la  lipase.  Rapprochons  encore 
l'action  sur  les  corps  albuminoïdes  des  ions  H  d'une  part,  de  la  pepsine 
et  delatrypsine  de  l'autre;  la  fermentation  alcoolique  par  le  zymase  deBuch- 
ner,  la  théorie  de  von  Bayer  sur  la  formation  des  hydrates  de  carbone  par  la 
réduction  de  l'acide  carbonique  en  aldéhyde  dans  l'assimilation  des  plantes, 
et  la  même  action  réductrice  produite  par  le  palladium  hydrogéné  d'après 
Bach;  la  décomposition  du  foruiiale  de  chaux  par  l'iridium  d'une  part  et 
par  certaines  bactéries  de  l'autre.  Enfin,  de  même  que  la  mousse  de  pla- 
tine, un  grand  nombre  de  diastases  (celles  du  pancréas,  émulsine,  inver- 
tine, myrosine,  abrine,  ricine,  etc.),  d'extraits  d'organes  végétaux  ou 
animaux,  certaines  toxines  (par  exemple,  la  toxine  diphtérique  d'après 
Ruppel)  et  le  liquide  organique  le  plus  important,  le  sang,  accélèrent  la 
décomposition  de  l'eau  oxygénée.  Cette  action  sur  l'eau  oxygénée  peut 
disparaître  par  l'élévation  de  la  température  ou  par  l'addition  de  certaines 
substances,  sans  que  l'action  spécifique  de  ces  diastases  disparaisse.  On 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  physique  de  l'Universilé  de  Leipzig. 


(  491  ; 
pourrait  donc  admettre  que  la  catalyse  de  l'eau  oxygénée  est  due  à  une 
diastase  spéciale  mêlée  aux  diaslases  spécifiques  précédentes.  Cette  con- 
clusion résulte  de  ces  fails  que  le  sulfate  d'ammonium  précipite  cette 
diastase  comme  tous  les  colloïdes,  que  des  quantités  extrêmement  faibles 
de  diastase  suffisent  pour  décomposer  de  grandes  quantités  d'eau  oxy- 
génée, et  que  cette  action  catalytique  disparaît  par  l'addition  de  traces 
d'électrolytes,  d'acide  cyanhydrique,  d'hydroxylamine,  etc. 

»  L'étude  approfondie  de  l'action  des  catalysateurs  inorganiques,  sur- 
tout des  ions  H  des  acides  et  des  ions  OH  des  bases,  a  été  faite  un  grand 
nombre  de  fois  :  leur  action  est  soumise  aux  lois  de  la  Cinétique  chimique 
(Guldberg  et  Waage,  Van'tHofF,  Ostwald,  Arrhenius,  etc.).  Il  ne  manque 
pas  d'essais  faits  pour  soumettre  l'action  des  diastases  organiques  aux 
mêmes  lois  :je  rappelle  ici  les  belles  recherches  deDuclaux('),  Tamman, 
Medwedew,  O' Sullivan,  etc.  Mais  dans  toutes  ces  recherches  apparaît  une 
différence  fondamentale  entre  l'action  des  diaslases  et  celle  des  catalysa- 
teurs inorganiques  :  tandis  que  ces  derniers  (par  exemple,  dans  l'action 
des  acides  sur  le  saccharose)  exercent  leur  action  en  milieu  homogène,  les 
diastases  organiques  sont  toutes  des  colloïdes  ;  or  les  recherches  de  Linder, 
Picton,  van  Bemmelen,  Barus,  Bredig,  etc.,  montrent  que  ces  solutions 
colloïdales  sont  des  suspensions  de  particules  extrêmement  petites,  dont 
la  grandeur  est  inférieure  à  la  longueur  d'onde  lumineuse  ;  ce  sont  donc 
des  milieux  hétérogènes.  On  peut  donc  dire  que  les  acides  sont  des  cataly- 
sateurs homogènes,  et  les  diastases  organiques  des  catalysateurs  hétéro- 
gènes. On  ne  doit  donc  pas  être  surpris  de  trouver  des  différences  entre 
les  actions  de  ces  deux  tvpes  de  catalysateurs. 

»  Comme  la  composition  des  diastases  organiques  est  extrêmement 
complexe  et  encore  inconnue,  il  était  important  de  pouvoir  étudier  l'ac- 
tion de  catalysateurs  inorganiques  hétérogènes.  Cette  étude  a  été  rendue 
possible  par  l'emploi  de  solutions  colloïdales  de  métaux,  surtout  du  pla- 
tine. Par  une  méthode  que  j'ai  décrite  en  i8g8  dans  le  Zeilschr.f.  angew. 
Chemie,  en  faisant  éclater  l'arc  voltaïque  dans  l'eau  distillée  entre  deux  fils 
de  platine,  on  obtient  une  solution  très  sombre  (brun  noir),  traversant  les 
filtres,  qui  polarise  la  lumière,  qui  peut  être  considérée  comme  une  solu- 
tion colloïdale  du  platine,  et  qui  possède  des  actions  catalytiques  intenses 
que  j'ai  étudiées  en  collaboration  avec  MM.  MùUer  vonBerneck,  R.  Ikeda 
et  R.  Ernst. 

(')  DucLAUx,  Microbiologie,  Vol.  II. 


(  492  ) 

»  Le  premier  fait  est  la  quantité  extrêmement  faible  de  platine  qui  suffit 
pour  produire  la  catalyse  de  grandes  quantités  de  substances.  Ainsi,  par 
exemple,  dans  une  expérience  de  M.  Ernst,  25'='',  5  de  ma  solution  de 
platine  contenant  o"'^'',!']  de  Pt  produisirent,  en  deux  semaines,  la  combi- 
naison de  io'"du  mélange  explosif  oxygène  +  hydrogène,  et,  après  cette 
action,  l'activité  de  la  solution  s'est  plutôt  accrue.  Une  trace  d'acide 
cyanhydrique,  d'iode  ou  d'acide  sull hydrique  diminue  considérablement 
cette  activité.  (Faraday  avait  déjà  signalé  l'action  inhibilrice  de  H'S  pour 
le  platine  métallique.)  De  même,  M.  Mûller  von  Berneck  trouva  qu'une 
solution  colloïdale  de  platine  contenant  i^"^  de  Pt  dans  3oo  millions  de 
grammes  d'eau  accélère,  d'une  manière  sensible,  la  décomposition  de  l'eau 
oxygénée.  L'or  colloïdal  exerce  en  milieu  alcalin  une  action  presque  aussi 
intense  que  le  platine,  comme  l'ont  montré  des  expériences  que  j'ai  faites 
avec  M.  Reinders.  Ces  actions  intenses  rappellent  les  actions  aussi  intenses 
produites  par  certaines  diastases,  par  les  toxines  et  les  poisons. 

»  De  même  que  les  diastases  sont,  en  général,  précipitées  par  les  élec- 
trolytes,  le  platine  colloïdal  l'est  aussi. 

»  L'action  des  diastases  organiques  augmente  avec  la  température  jus- 
qu'à une  température  optimum  et,  après  avoir  passé  par  un  maximum, 
leur  action  diminue;  cette  propriété  avait  été  considérée  comme  une  carac- 
téristique spécifique  de  l'action  des  diastases  organiques.  M.  Ernst  a  trouvé 
que  le  même  optimum  de  température  existe  pour  l'action  catalytique  du 
platine  colloïdal  dans  la  combinaison  du  mélange  oxyhydrique.  A  une 
température  supérieure,  l'activité  du  platine  colloïdal  va  en  diminuant. 

«  De  même  que  beaucoup  de  diastases  et  le  sang,  le  platine  colloïdal 
colore  en  bleu  la  teinture  de  gaïac  et  rougit  l'aloïne;  et  celte  action  est 
empêchée  pour  le  platine  colloïdal,  comme  pour  les  diastases,  après  addi- 
tion d'acide  cyanhydrique  ou  de  H- S.  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.    —   Rôle  fies   canaux  pe'rilonéaux.   Note    de 
M.  S.  JocRDAiîî,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Chez  tous  les  Vertébrés  femelles,  il  existe  une  ouverture  établissant 
une  communication  entre  la  cavité  splanchnique  et  l'extérieur.  Cette  ouver- 
ture consiste  primordialement  en  une  solution  de  continuité  des  parois 
ventrales,  par  laquelle  l'œuf  est  expulsé  au  dehors.  L'œuf  détaché  de 
l'ovaire  tombe  dans  la  cavité  splanchnique  et,  soit  par  le  jeu  de  cils  vibra  tiles, 


(493) 
soit  par  les  contractions  des  parois  de  celte  cavité,  est  poussé  vers  le  pore 
abdominal,  point  de  moindre  résistance,  qui  lui  livre  passage.  Par  suite 
d'un  perfectionnement,  ce  pore  se  prolonge  à  l'intérieur  sous  forme  d'une 
tubulure,  l'oviducte,  qui  assure  d'une  manière  plus  régulière  la  sortie  du 
produit  femelle. 

»  Divers  Yerlébrés  aquatiques  possèdent  un  autre  orifice,  établissant 
une  communication  entre  la  cavité  abdominale  et  l'extérieur.  Ces  orifices, 
connus  sous  le  nom  de  canaux  périlonèaux ,  se  rencontrent  chez  les  Séla- 
ciens et  certains  Reptiles  (Crocodiliens,  Chéloniens). 

»  Ils  ne  paraissent  pas  devoir  être  considérés  comme  homologues  des 
pores  abdominaux  et  |)hysiologiquement  ils  en  diffèrent. 

»  Chez  les  Sélaciens,  on  pourrait  les  nommer  canaux  péritonèo-péricar- 
cliques,  puisqu'ils  mettent  non  seulement  la  cavité  abdominale,  mais  encore 
le  péricarde,  en  communication  avec  l'extérieur. 

M  Ils  perdent  de  leur  importance  chez  les  Chéloniens,  où  ils  sont  réduits 
chacun  à  un  cul-de-sac  diverliculaire  de  la  cavité  péritonéale.  Il  n'existe 
donc  plus  de  communication  effective  du  sac  périlonéal  avec  l'extérieur. 

»  Jamais  ces  conduits  ne  livrent  passage  aux  produits  de  la  génération. 
Dans  les  animaux  où  on  les  rencontre,  il  existe  toujours  un  oviducte  ca- 
nalisé. 

»  Quel  est  l'usage  de  ces  canaux  péritonéaux?  J'ai  pu  m'assurer  que, 
chez  les  Sélaciens,  ils  servent  à  lester  l'animal  par  l'introduction  d'une  cer- 
taine quantité  du  liquide  ambiant  dans  la  cavité  péritonéo-péricardique  et 
à  le  délester  par  l'expulsion  du  liquide  introduit.  Ils  jouent  donc  le  même 
rôle  que  les  caisses  à  eau  ou  ballasts  de  nos  bateaux  jjlongeurs.  Ils  agissent 
à  l'inverse  de  la  vessie  natatoire,  qui  transforme  les  poissons  qui  en  pos- 
sèdent en  aéronautes  aquatiques. 

»  Chez  plusieurs  Invertébrés,  il  existe,  en  dehors  des  organes  segmen- 
menlaires,  une  communication  facile  entre  la  cavité  générale  et  l'eau  am- 
biante. J'ai  signalé  jadis  une  disposition  de  cette  nalure  chez  le  Sipunculus 
gigas,  dont  l'extrémité  postérieure  du  corps  s'ouvre  à  l'extérieur  par  un 
orifice  muni  d'un  sphincter.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  De  l'aclion  du  chloroforme  sur  le  pouvoir 
réducteur  du  sang.  Noie  de  MM.  M.  Lambert  et  L.  Garmer,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

«  L'apparition  de  la  propriété  réductrice  dans  l'urine  après  chlorofor- 
misalion,  maintes  fois  signalée,  a  été  expliquée  de  différentes  façons.  On 


(  494  )     ^ 
l'a  tour  à  tour  attribuée  à  de  la  glycose,  à  du  chloroforme  en  nature  et  à 
une  substance  réductrice  dérivée  du  chloroforme.  I/expérience  suivante 
montre  que  le  pouvoir  réducteur  du  sang  défibriné  augmente  sensiblement 
sous  l'rtction  de  vapeurs  chloroformiques  : 

»  Deux  litres  de  sang  défibriné  provenant  d'un  animal,  cheval  ou  bœuf, 
récemment  sacrifié  sont  placés,  par  parties  égales,  dans  deux  vases  iden- 
tiques. Au  fond  de  chaque  vase  est  amené  par  un  tube  de  verre  un  courant 
d'air  provenant  d'une  trompe.  I.es  courants  d'air  des  deux  vases,  branchés 
sur  la  même  conduite  au  moyen  d'un  tube  en  Y,  ont  la  même  intensité.  Ils 
passent,  avant  de  parvenir  au  sang,  tlans  un  flacon  laveur  contenant  pour 
l'un  des  appareils  quelques  cenlimèlres  cubes  d'eau  (de  manière  à  appré- 
cier le  courant  d'air),  et  pour  l'autre  la  même  quantité  de  chloroforme. 
Un  flacon  garni  de  coton  fait  suite  au  premier,  de  manière  à  arrêter  les 
parcelles  de  liquide  qui  pourraient  être  mécaniquement  entraînées.  Le 
sang  est  placé  en  même  temps  dans  les  deux  vases  laissés  à  la  température 
du  laboratoire,  et  l'on  y  prélève  au  bout  de  cinq  minutes  et  après  une  heure 
des  échantillons  de  3o^''  de  sang  dans  lesquels  on  dose  le  pouvoir  réduc- 
teur. La  méthode  d'analyse  est  celle  que  nous  avons  employée  antérieure- 
ment (^Journal  de  Physiologie  et  de  Pathologie  générale,  novembre  1900). 
Elle  consiste  à  précipiter  et  à  épuiser  le  sang  par  l'alcool  à  g5°.  L'extrait 
alcoolique  évaporé,  dégraissé  et  repris  par  l'eau,  est  rais  au  contact  d'un 
excès  de  liqueur  cuprojjotassique  bouillante.  Le  pouvoir  réducteur  est 
déterminé  par  le  dosage  volumétrique  du  cuivre  précipité  dans  cette 
réduction. 

»  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  de  six  expériences.  Les  chiffres 
expriment  en  glucose  le  pouvoir  réducteur  rapporté  à  100^''  de  sang  : 

Sang  aéré  Sang  chloroformé 

après  après 

au  début,     une  heure.  au  début,     une  heure. 

Clieval o,o53  0,089  o,o35  o,o36 

Bœuf 0,067  0,007  0,021  0;048 

»     0,043  o,o35  0,00g  0,067 

»     0,007  0,059  0,059  0,074 

»     0,076  0,078  o,o63  0,107 

»     0,062  0,067  0,064  0,086 

»  On  voit  que  la  glycolyse,  dont  l'intensité  est  d'ailleurs  variable  sui- 
vant les  expériences,  paraît  parfois  suractivée  au  début  sous  l'influence 
des  vapeurs  chloroformiques.  Mais,  d'une  manière  constante,  le  pouvoir 


{ 


(  495  ,) 
réducteur  du  sang  chloroformé  est  notablement  augmente  au  bout  d'une 
heure. 

«  Ce  fait  ne  peut  pas  tenir  à  la  présence  de  chloroforme  dans  le  liquide 
réducteur,  étant  donné  le  procédé  d'épuisement  employé. 

»  Il  faut  donc  admettre,  ou  qu'il  se  forme  aux  dépens  du  chloroforme 
une  substance  réductrice  (acide  formique,  acide  trichlorométhylglycuro- 
nique?),  ou  que  le  chloroforme  met  en  liberté  un  sucre  réducteur  ré- 
sultant de  la  dissociation  d'une  molécule  protéique. 

»  Il  y  a  lieu  de  se  demander  si  le  chloroforme  n'exerce  pas  une  influence 
semblable  quand  il  est  administré  à  l'animal  vivant.  Dans  des  recherches 
récemment  publiées  {loc.  cit.)  nous  avons  vérifié  que  le  pouvoir  réduc- 
teur du  sang  augmente  après  l'anesthésie  chloroformique  et  que,  suivant  la 
doctrine  de  Cl.  Bernard,  ce  phénomène  coïncide  avec  une  diminution 
du  glvcogène  hépatique.  En  pratiquant  des  circulations  artificielles  dans 
deux  lobes  d'un  foie  récemment  extirpé  avec  du  sang  défibriné,  dans  l'un 
d'eux,  avec  le  même  sang  saturé  de  chloroforme,  dans  l'autre,  on  constata 
que  la  disparition  du  glycogène  se  fait  plus  rapidement  dans  le  second.  En 
même  temps  le  pouvoir  réducteur  du  sang  servant  à  la  circulation  aug- 
mente davantage  pour  celui  qui  est  chloroformé,  mais  dans  des  propor- 
tions plus  considérables  que  ne  pourrait  le  faire  pi'ésumer  l'excès  de  gly- 
cogène disparu.  C'est  l'observation  de  ce  dernier  fait  qui  a  servi  de  point 
de  départ  aux  recherches  que  nous  rapportons  ici.  Elles  montrent  que 
l'augmentation  de  pouvoir  réducteur  du  sang  chez  les  animaux  chloro- 
formés pourrait  ne  pas  tenir  uniquement  à  une  formation  plus  active  de 
sucre  et  à  une  diminution  dans  sa  consommation.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  ridentité  des  modijicalions  de  structure  produites  dans 
les  cellules  végétales  par  le  gel,  la  plasmolyse  et  la  fanaison  (').  Note  de 
MM.  L.  JIatruchot  et  M.  Molliard,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

n  Dans  une  Note  précédente  (-),  nous  avons  décrit  les  modifications 
de  structure  qu'on  observe  dans  cerlaines  cellules  végétales  soumises  à 
l'action  du  iroid. 


(')  Travail  fail  au  laboratoire  de  Botanique  de  la  Sorboniie,  dirigé  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

(-)  Matruchot  et  Molluru,  Sur  certains  phénomènes  présentés  par  les  noyau.r 
sous  l'action  du  froid  [Comptes  rendus    t.  CXXX,  p.  788;  19  mars  1900). 


(  496  ) 

»  Nous  avons  montré  en  particulier  que,  dans  le  parencliynoe  des  feuilles  de  Narcisse, 
certains  noyaux  présentent  des  déformations  très  constantes.  La  matière  chromatique 
s'y  dispose  en  un  réseau  à  mailles  larges,  avec  tendance  à  être  rejelée  à  la  périphérie; 
dans  les  cas  de  déformation  extrême,  la  chromatine  se  condense  sous  forme  d'une 
calotte  ou  d'un  anneau  équatorial,  et  le  noyau  prend  une  structure  unipolaire  ou  bi- 
polaire tout  à  fait  caractéristique. 

»  Nous  avons  observé  aussi  que  l'orientation  déterminée  dans  les  éléments  nucléaires 
est  en  relation  évidente  avec  la  position  respective  du  noyau  et  du  suc  cellulaire, 
ainsi  qu'avec  l'épaisseur  de  la  couche  protoplasmique  qui  sépare  ces  deux  éléments. 

»  Enfin,  nous  avons  tenté  d'expliquer  ces  diverses  structures  en  imaginant  que,  par 
l'action  du  gel,  il  se  produit  entre  le  noyau  et  le  reste  de  la  cellule  des  phénomènes 
de  diffusion  particuliers  :  il  se  produirait,  à  l'intérieur  du  noyau,  une,  deux  ou  plu- 
sieurs vésicules  qui,  augmentant  de  volume  et  refoulant  devant  elles  le  réseau  chro- 
matique en  le  comprimant,  finiraient  par  déterminer  les  principales  structures 
observées. 

»  Nos  recherches  ultérieures,  outre  qu'elles  nous  ont  montré  la  géné- 
ralité de  ces  modifications  morphologiques,  nous  ont  confirmé  dans  notre 
manière  d'interpréter  les  faits  et  nous  ont  permis  de  pénétrer  plus  avant 
dans  le  mécanisme  du  phénomène.  Nous  avons  été  amenés  à  penser  qu'il 
s'agit  là  d'une  simple  exosmose  de  l'eau  de  constitution  du  noyau,  se  tra- 
duisant d'ailleurs  par  une  diminution  de  volume  de  celui-ci.  Sous  l'action 
du  gel,  il  se  ferait  à  l'intérieur  du  noyau  une  séparation  entre  deux  sub- 
stances :  le  nucléoplasma  et  l'eau  de  constitution.  I.e  nucléoplasma, 
devenant  moins  liquide  et  plus  chromatique,  prendrait  la  forme  d'un 
réseau  à  mailles  larges  et  à  filaments  épais.  L'eau  de  constitution,  se 
séparant  du  reste  du  noyau,  s'assemblerait  en  vésicules  de  plus  en  plus 
volumineuses,  susceptibles  même  de  faire  éclater  le  noyau  en  se  déversant 
au  dehors. 

»  Cette  manière  de  voir  est  en  complet  accord  avec  ce  que  l'on  sait  sur 
la  mort  des  tissus  par  le  gel.  A  la  suite  des  recherches  de  divers  expérimen- 
tateurs, en  particulier  de  MuUer  Thurgau,  qui  avait  montré  que  les  tissus 
gelés  sont  appauvris  en  eau,  Moliscli  a  développé  une  théorie  de  la  mort 
par  le  gel  d'après  laquelle  la  matière  vivante  ne  meurt  que  parce  que  la 
congélation,  déterminant  un  appel  d'eau  au  dehors  de  la  cellule,  abaisse 
la  teneur  en  eau  du  protoplasma  à  im  degré  incompatible  avec  sa  vie. 

»  Nos  expériences  apportent,  nous  semble-t-il,  une  confirmation  directe 
de  celte  théorie.  En  effet,  au  lieu  d'observer  l'exosmose  de  l'eau  dans  du 
cytoplasma,  où  ce  phénomène  n'accuse  pas  de  caractères  morphologiques 
bien  particuliers,  nous  observons  la  sortie  de  l'eau  hors  d'un  noyau,  dans 


(  497  ) 
(les  conditions  où  le  processus  du  phénomène  est  bien  défini  et  où  l'on  en 
peut  facilement  distinguer  les  divers  stades. 

»  Cette  particularité  est  due  à  la  nature  des  cellules  étudiées.  Dans  le 
parenchyme  de  Narcisse,  en  particulier,  ce  sont  des  cellules  à  large  va- 
cuole cytoplasmique,  dans  lesquelles  le  protoplasma  est  réduit  à  de  minces 
Lunes  dont  l'une  englobe  le  noyau.  L'appel  d'eau  dû  à  la  congélation  se 
fait  sentir,  en  ce  cas,  presque  directement  sur  le  noyau  et  y  provoque  une 
exosmose  rapide  de  l'eau;  on  comprend  dès  lors  que  les  Irouliles  méca- 
niques ainsi  apportés  dans  la  texture  du  novau  délerminenl  luie  orienta- 
tion des  éléments  nucléaires  vers  le  point  ou  les  points  de  diffusion  maxima. 
De  là  l'origine  de  cette  structure  générah^ment  uni-  ou  bipolaire  que  pré- 
sentent les  noyaux  des  cellules  gelées  :  les  [)ôles  sont  les  points  de  facile 
sortie  de  l'eau,  là  où  le  noyau  n'est  séparé  du  suc  cellulaire  que  par  une 
mince  couche  protoplasmique. 

»  Si  cette  manière  d'inter|)réter  les  faits  est  bien  exacte,  si  c'est  bien 
une  sortie  d'eau  qui,  par  l'action  du  gel,  se  fait  dans  ces  noyaux  suivant 
un  processus  déterminé,  on  doit  arriver  à  observer  les  mêmes  phénomènes 
niorj)Iu)logiques  en  privant  d'eau  des  cellules  similaires  de  la  même  plante 
par  d'autres  procédés, 

»  C'est,  en  effet,  ce  que  l'expérimentation  démontre,  pour  la  dessicca- 
tion par  plasrnolyse  et  pour  \a  fanaison. 

»  1°  Plasrnolyse.  —  En  plasniolysanl  ces  cellules  particulières  du  parenchyme  de 
Narcisse  à  l'aide  de  glycérine  à  lo  pour  loo  additionnée  d'un  peu  d'éosine,  nous  avons 
pu  suivre,  dans  le  champ  du  micioscope,  la  formation  de  vésicules  à  l'intérieur  du 
novau,  leur  extension  en  volume,  leur  fusionnement  deux  à  deux,  leur  éclatement  au 
dehors;  nous  avons  retrouvé,  à  diverses  reprises,  les  stades  correspondant  à  l'anneau 
équalorial  si  caractéristique  des  noyaux  gelés,  lîn  un  mot,  avec  des  difFérences  qui  no 
sont  que  de  second  ordre,  nous  avons  déterminé  dans  les  noyaux,  par  une  exosmose 
d'eau  due  à  la  plasrnolyse,  les  mèines  phénomènes  morphologiques  que  par  l'action  du 

»  2°  Fanaison.  —  Des  feuilles  de  Narcisse  coupées  ont  été  abandonnées  à  la  dessic- 
cation naturelle  (fanaison  lente)  ou  soumise  à  une  prompte  dessiccation,  à  la  tempé- 
rature ordinaire,  dans  une  atmosphère  raréfiée  et  constamment  desséchée  (fanaison 
rapide).  Dans  l'un  et  l'autre  cas  nous  avons  retrouvé  dans  le  protoplasma  et  le  noyau 
les  mêmes  apparences  que  ci-dessus.  Bien  que  l'exosmose  de  l'eau  se  fasse  toujours 
ici  plus  lentement,  elle  détermine  la  même  vacuolisation  du  cyloplasma  et  du  noyau, 
et  les  figures  nucléaires  chromatiques  sont  tout  à  fait  analogues  à  celles  que  nous 
avons  décrites  plus  haut. 

0   En  résumé,  les  faits  qui  viennent  d'être  énumérés  établissent  que  le 

C.  R.,  lyoi,  I"  Semestre.  (ï.  CXXXU,  N»  8.)  64 


(  49^  ) 
gel,  la  plasmolvse  el  la  fanaison  lente  ou  rapide  déterminent  dans  certaines 
cellules  des  phénomènes  entièrement  parallèles.  En  particulier  le  noyau 
s'y  montre  comme  étant  le  siège  d'une  exosmose  d'eau  s'effeclnant  par  un 
processus  identique.  Nous  avons  ainsi  établi  à  l'aide  d'arguments  tirés  de 
l'étude  cytologique  que  la  mort  des  cellules  par  congélation  correspond 
bien  à  un  abaissement  considérable  de  la  teneur  en  eau,  et  qu'en  réalité 
la  mort  par  gel  est  une  mort  par  dessiccation.  » 


ÉCONOMIE  RURALE.   — ■   Valeur  alimentaire  el  culture  de  V ajonc. 
Note  de  M.  A.-Ch.  Giiiard,  présentée  par  M.  P. -P.  Dehérain. 

«  Dans  plusieurs  régions  de  la  France,  particulièrement  dans  les  terrains 
primitifs,  l'ajonc  épineux  couvre  de  vastes  surfaces  appelées  landes;  dans 
un  travail  d'ensemble  ('),  nous  avons  montré  que  cette  légumineuse  peut 
jouer  là  un  rôle  très  important  comme  engrais,  comme  litière,  comme 
fourrage.  C'est  ce  dernier  point  de  vue,  le  plus  intéressant  et  le  plus  con- 
troversé, que  nous  nous  bornerons  à  envisager  ici, 

»  L'analyse  d'un  grand  nombre  d'échantillons  de  provenances  très  diverses  nous  a 
appris  que  l'ajonc,  venant  dans  des  sols  à  peu  près  identiques,  empruntant  son  azote 
à  l'air  libre,  soustrait  à  l'action  des  pratiques  culturales,  a  une  composition  assez 
uniforme;  elle  est  en  moyenne  la  suivante  : 

Eau 52,67 

Cendres i ,  57 

Matières  grasses 0,90 

Matières  azotées 4  >  55 

Extraclifs  non  azotés 26,99 

Cellulose  brute t4j32 

»  Le  taux  d'humidité  est  très  faible  pour  une  plante  verte;  celui  de  la  cellulose  est 
élevé;  les  matières  azotées  sont  presque  toutes  à  l'état  d'albuminoïdes;  enfin  les 
matières  ternaires,  désignées  sous  le  nom  vague  à^extractifs  non  azotes,  introduit  par 
la  science  allemande,  comprennent  une  faible  quantité  de  matières  sucrées  et  de  corps 
pectiques,  une  proportion  de  pentosanes  variant  de  8  à  10  pour  100,  des  acides  orga- 
niques et  de  la  vasculose. 

i>  L'ajonc  est  constitué  par  deux,  parties  distinctes,  les  tiges  et  les  piquants;  l'ana- 
lyse de  nombreux,  échantillons  nous  a  permis  de  déterminer  leur  proportion  et  leur 
composition  respectives  : 

(')   Annales  agronomiques,  t.  XXVII,  p.  5. 


(  499  ) 

Tiges.  Piquants. 

Proportion  ceutésimale 82,09  ^7'9' 

Eau 53, i3  ^7,29 

Cendres 0,88  i  ,^J 

Matières  grasses OjQ'  0,9^ 

Matières  azotées 2)24  4 1 98 

Extractifs  non  azotés 24,  1 4  22,99 

Cellulose 18,70  12,33 

»  Les  piquants,  qui  apportent  une  si  grande  gêne  dans  l'utilisation  de  la  plante,  en 
constituent  cependant  la  partie  la  plus  importante  comme  poids  et  comme  richesse 
en  principes  alimentaires;  on  y  trouve  deux  foii  plus  de  matières  azotées  que  dans 
la  tige,  un  tiers  en  moins  de  cellulose;  c'est  donc  un  fourrage  plus  tendre  et  plus 
concentré.  Il  y  a  entre  le  piquant,  feuille  de  forme  particulière,  et  la  tige,  les  mêmes 
relations  que  nous  avons  nous-niême  constatées  entre  la  feuille  darbre  et  le  pétiole, 
entre  la  feuille  et  la  branchette. 

»  En  cherchant  à  améliorer  l'ajonc,  au  point  de  vue  fourrager,  on  irait 
au  rebours  de  la  logique,  si  l'on  s'efforçait  de  produire  lane  plante  sans 
épines;  ce  qu'il  faut  tâcher  de  réaliser,  c'est  d'émousser  les  piquants  tout 
en  en  nuiltipliant  le  nombre. 

»  Mais  le  seul  exainen  de  la  composition  chimique  ne  peut  suffire  à  fixer 
la  valeur  d'un  fourrage  et  conduit  à  des  erreurs  graves,  dont  la  théorie  des 
équivalents  nutritifs  nous  offre  de  nombreux  exemples.  Il  faut,  par  des  expé- 
riences directes  sur  les  animaux,  déterminer  dans  quelles  proportions  les 
divers  éléments  révélés  par  l'analyse  sont  utilisés  par  l'organisme,  établir 
ce  qu'on  appelle  les  coefficients  de  digesùbilité . 

»  Ces  ex|)ériences  faites  sur  le  chevalet  sur  le  mouton  nous  ont  conduit  aux  résul- 
tats suivants  : 

Sucres  et        Curps      Ensemble  des 

Matières  corps  saccha-        cxlraclifs 

azotées.       Cellulose.    pecLiques.  riliables.     non  azotés. 
Coefficients  de  digestibilité  pour  le  cheval..  .      56, o           42,8           100  54,7  54,6 

«  1)  mouton..      5 1,8  33, 1  100  65,8  53,8 

M  Le  taux  pour  100  des  principes  digérés  est  peu  élevé,  comme  on  voit.  Mais  ces 
chiffres  prendront  une  signification  plus  grande,  si  on  les  compare  à  ceux  que,  par  les 
mêmes  procédés  d'analyse  et  d'expérimentation,  nous  avons  obtenus  dans  des 
recherches,  effectuées  en  collaboration  avec  notre  maître  M.  A.  Muntz,  sur  les  foins 
et  les  luzernes.  Le  Tableau  suivant  en  donne  le  résumé,  en  ne  tenant  compte  que  des 
éléments  digestibles  qui  seuls  interviennent  dans  ralimenlatioii  : 


(  5oo  ) 


Matières 

Ensemble  des 

oo''s 

d'ajoncs  frais 

contiennent  .  . 

azotées 
digestibles, 
ks 

9. ,  55o 

matières  ternaires 

digestibles. 

kï 

21 ,220 

)) 

de  luzerne  verte 

))            .  . 

3 ,  200 

i2,.53o 

)> 

»           sèche 

»            ,  . 

.       7,85o 

38,i3o 

» 

de  foin  de  prairies 

»            .  . 

4,810 

.52,620 

»  On  voit  que  rajonc  frais  contient  :  ^  en  moins  de  matières  azotées  eL  près  de  2  fois 
plus  de  matières  ternaires  digestibles  que  la  luzerne  verte;  3  fois  moins  de  matières 
azotées  et  presque  2  fois  moins  de  matières  ternaires  que  le  foin  de  luzerne;  2  fois 
moins  de  matières  azotées  et  2,5  fois  moins  de  matières  ternaires  que  \e  foin  de  prai- 
ries. 

))  Coordonnant  toutes  le.s  données  de  nos  expériences,  quantités  de 
fourrages  consommés,  poids  des  animaux,  composition  chitnique  et  coefll- 
cienls  de  digeslil)ilité,  nous  pouvons  résumer  ainsi  nos  conclusions  :  loo'"-'' 
d'un  mélange  à  poids  égaux  de  foin  de  prairies  naturelles  et  de  foin  de  prai- 
ries artificielles  seraient  à  peu  près  exactement  remplacés  par  25o''^  d^ ajoncs 
frais,  en  raisonnant  sur  des  produits  de  qualité  moyenne. 

»  Ceux  qui  dénigrent  systématiquement  l'ajonc  et  ceux  qui  le  vantent 
à  l'égal  des  meilleurs  fourrages  commettent  une  exagération.  Même  réduite 
à  sa  juste  valeur,  cette  plante  ne  mérite  pas  moins  l'attention  des  agri- 
culteurs; il  serait  désirable  que  son  emploi,  dans  l'alimentation  du  bétail, 
se  généralisât  dans  les  pavs  où  elle  vient  en  abondance. 

»  Cette  légumineuse  peut  se  cultiver  comme  une  véritable  prairie  arti- 
ficielle ;  si  alors  on  rapproche  les  conditions  de  sa  j)roduction  des  faits  que 
nous  venons  de  résumer,  elle  va  nous  apparaître  comme  une  plante  mer- 
veilleuse. 

»  Après  avoir  établi  que  les  exigences  en  principes  fertilisants  d'une 
culture  d'ajoncs  sont  aussi  élevées  que  celles  de  la  plupart  de  nos  cultures, 
nous  avons  étudié  les  types  de  terres  de  landes  où  l'ajonc  vient,  soit  spon- 
tanément, soit  après  seinis;  nous  les  avons  trouvées  ordin;n'rement  assez 
riches  en  potasse,  mais  d'une  pauvreté  extrême  en  acide  phosphorique  et 
en  chaux;  l'azote,  qui  est  souvent  abondant,  n'y  est  pus  susceptible  de 
nitrifier.  De  pareils  sols  semblent  frappés  de  stérilité;  qu'on  y  sème  des 
céréales,  des  prairies  naturelles,  des  légumineuses,  des  racines,  des  tuber- 
cules, on  n'obtiendra  rien,  si  ce  n'est  de  chélives  récoltes  de  sarrasin  ou 
de  seigle.  Qu'on  y  sème,  au  contraire,  de  l'ajonc,  et  sans  engrais,  sans 
soins,  en  laissant  agir  la  nature,  celte  légumineuse,  fixatrice  d'azote,  admi- 
rablement constituée  pour  exploiter  h  sol  et  l'atmosphère,  louriùra,  pen- 


(  5oi  ) 

(lant  une  série  d'années,  des  rendements  que  nos  déterminations  directes 
nous  permettent  d'évaluer  à  un  minimum  de  20000**^  [lar  hectare  et  par  an. 

»  Rapprochant  nos  données  cultiiralcs  de  nos  expériences  d'alimenta- 
tion, nous  arrivons  à  cette  conchision  frappante  que  l' ajonc  peut  fournir  une 
lècolle  correspondant,  par  hectare,  à  8000''^  de  foin;  c  est-à-dire  que  la  pro- 
duction d'une  ajonnière,  dans  les  sols  les  plus  médiocres,  vaut,  surface  pour 
surface,  la  production  fourragère  des  terres  les  plus  fertiles. 

»  Connaissant  dès  lors  les  multiples  services  que  l'on  peut  tirer  de  l'ajonc 
comme  engrais,  comme  litière,  et  surtout  comme  fourrage,  connaissant  sa 
rusticité,  la  simplicité  de  sa  culture,  ses  reudemeiils  élevés,  nous  nous 
refusons  à  considérer  comme  aussi  déshérités  qu'on  le  pense  les  pays  de 
landes.  Nous  pensons  au  contraire  qu'il  y  a  là  un  champ  admirable  ouvert 
à  l'initiative  et  aux  capitaux  des  agriculteurs,  ([ui  sauront  prendre  cette 
ressource  naturelle  comme  base  de  leur  exploitation. 

»  Si  les  agronomes  allemands  ont  donné  au  lupin  le  nom  de  plante  d'or 
des  terrains  sableux,  nous  pouvons,  sans  exagération,  attribuer  à  Ictjonc 
celui  de  plante  d'or  des  terrains  primitifs.    » 


GÉOLOGIE  COMPARÉE.   —  Examen  d'une  metéorile  tombée  dans  l'île 
de  Ceylan,  te  i3  avril  i']g5.  Note  de  M.  îSïamislas  Melmkr.  (Extrait.) 

«  La  collection  des  météorites  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  vient 
de  s'enrichir  d'un  échantillon  précieux  au  point  de  vue  historique,  et 
j'accomplis  un  agréable  devoir  en  adressant  mes  vifs  remercîmenls  à 
M.  Emile  Nève,  à  la  générosité  duquel  nous  en  sommes  redevables. 

»  Il  s'agit  d'une  pierre  tombée  le  i  3  avril  1795,  vers  8''  du  malin,  à  l'île 
de  Ceylan  et  qui  ne  figure  jusqu'ici  d;.ns  aucun  Catalogue.  La  chute  a  été 
décrite  en  détail,  dès  l'année  1800,  par  Heurich-Julius  Le  Bek,  qui  était 
directeur  de  la  Monnaie  de  Batavia  (').  Chladni,  à  la  page  262  de  son 
célèbre  Ouvrage  intitulé  Feuermeteore ,  publié  en  1816,  a  repris  le  récit  de 
I^e  Bek,  d'où  il  résidte  qu'à  la  date  indiquée,  «  on  entendit  dans  la  province 
))  de  Carna\velpattu,  à  4 'îiilles  de  Mulletiwa,  un  bruit  resseiublant  à  une 
»   canonade,  pendant  laquelle  lurent  précipitées  sur  le  sol  beaucoup  de 


(')  Benierliungen  iiber  einige  Ceilonisclie  Fossilien  und  ilire  Sclileif  Méthode 
(Der  Naturforscher,  29=  cahier,  p.  242  à  252,  Halle,  in-8°).  —  Voir  aussi  Moll's 
Aanalen  der  Bcrg-uiid  Hiitlenliunde,  \oI.  H,  p.  97;  iSo3. 


(  5o2  ) 

11  pierres  brûlantes  qui,  une  fois  refroidies,  furenl  recueillies  el  apporlées 
"  au  Gouverneur  )>.  «  Une  de  ces  pierres,  ajonle  Chladni,  doiiL  Le  Bek 
»  |jossédait  le  quart,  pesait  7  onces;  cet  auteur  la  décrit  comme  un 
)■  trass  ou  brèche  de  lave,  consistant  en  un  mélange  de  terre  à  porcelaine 
»  d'un  gris  de  perle  et  d'un  mortier  jaunâtre  avec  des  parties  finement 
»  grenues,  des  grains  cristallins  de  fer  sulfuré,  avec  une  épaisse  croûte 
»  ferrugineuse  noire,  une  densité  assez  forte,  etc.  (')  ». 

M    J'ai  scié  la  pierre  suivant  son  plan  de  symétrie  et  la  surface  obtenue 

a  été  polie.  On  ^  reconnaît  les  caractères  d'un  très  grand  nombre  de  mé- 
téorites, de  celles  qui  étaient  surtout  connues  du  tem[)s  de  Chiadni,  dont 
l'appréciation  finale  se  trouve  ainsi  pleinement  justifiée.  C'est  une  roche 
d'un  gris  très  clair,  sur  le  fond  de  laquelle  se  détachent  par  leur  éclat  de 
nombreuses  granules  métalliques,  très  branchues  et  de  grandeur  très  iné- 
gale. Elles  consistent  en  fer  nickelé.  Presque  toutes  sont  environnées  d'une 
auréole  où  la  roche  ambiante  est  ocracée,  et  il  est  manifeste  que  la  cause 
en  est  dans  quelque  principe  très  oxvdable,  renfermé  originellement  dans 
les  grenailles  ou  placé  à  leur  voisinage.  Ce  princi[)e  consiste  effectivement, 
pour  une  bonne  part,  en  sulfure  de  fer,  dont  il  a  été  très  aisé  de  mettre  la 
présence  en  évidence;  il  y  a  aussi  du  chlorure  de  fer,  et  l'eau  dans  laquelle 
avait  bouilli  un  peu  de  poussière  de  la  météorite  précipitait  nettement  par 
le  nitrate  d'argent.  Sur  la  surface  polie,  on  voit  aussi  des  globules  pierreux 
de  diverses  grosseurs  et  de  diverses  couleurs,  de])uis  le  gris  très  clair  à 
peine  bleuté  jusqu'au  gris  noirâtre  :  il  en  résulte  une  ressemblance  avec 
les  parties  terrestres  dites  oo//M/yMe5.  Cette  observation,  de  même  que  les 
résultats  d'un  examen  plus  minutieux,  conduisent  à  placer  la  météorite  de 
Ceylan  dans  le  type  lithologique  appelé  montrésite,  si  fréquemment  repro- 
duite par  les  pierres  tombées  du  ciel. 

»  A  cette  occasion,  il  faut  rappeler  que  toutes  les  montrésites  ne  sont 
pas  rigoureusement  identiques  entre  elles,  attendu  que  les  globules 
ou  chondres  peuvent  y  être  plus  ou  moins  rapprochés  les  uns  des  autres, 
c'est-à-dire  réunis  par  un  ciment  jilus  ou  moins  abondant  et  que,  d'un 
autre  côté,  elles  peuvent  être  plus  ou  moins  friables.  La  variété  qui  nous 
occupe  est  à  ciment  abondant,  ou,  si  l'on  veut,  à  chondres  relativement 
écartés  et  à  cohésion  notable  :  la  pierre  de  Ceylan  est  tout  à  fait  semblable 
à  la  météorite  tombée  à  Utrecht  le  2  juin  184^  et  à  celle  qui  est  tombée  à 


(  '  )  Dans  sa  Dissertation  inaugurale  publiée  en  1  SSg,  Harris  Iraduil  parliellement  le 
passage  de  Cliladni. 


(  5o3  ) 

Pnompehn  (Cambodge),  en  juin  1868,  qui  peuvent  nous  procurer  d'excel- 
lents termes  de  comparaison. 

))  LVxamen  microscopique  d'une  lame  mince  taillée  dans  la  météorite  de 
Ceyian  confirme  et  complète  l'étude  de  la  surface  polie.  Elle  montre  la 
coexistence,  dans  la  masse,  de  l'olivine,  de  l'enstatite,  d'un  pyroxène 
magnésien  et  d'une  substance  vitreuse  très  peu  abondante,  interposée 
entre  les  minéraux  précédents,  f/olivine  et  la  bronzite  constituent  parfois 
des  chondres  admirablement  constitués  et  dont  l'apparence  est  très  diverse 
selon  le  sens  de  la  section  qui  les  traverse.  Les  granules  de  fer  nickelés  se 
produisent  par  des  apophyses  plus  ou  moins  grêles  qui  se  logent  dans  les 
interstices  et  jusque  dans  les  plans  de  clivage  des  minéraux  silicates.  De 
très  petits  grains  d'un  noir  profond  paraissent  formés  de  fer  chromé. 

»  L'analyse  chimique  a  permis  de  séparer  17  ,  25  pour  100  de  fer  nickelé,  à  8  pour  loo 
de  nickel  ;  on  a  ensuite  constaté  la  présence  de  4'  i23  pour  100  de  silicates  attaquables 
à  l'acide  chlorhydrir|ue  et  formés  pour  la  majeure  partie  d'oliviue,  avec  un  peu  de 
composés  alumiiieux  vraisemblnblement  feldspa thiques,  ainsi  que  de  82,27  pour  100 
de  silicates  insolubles,  de  nature  pyroxénique.  On  a  trouvé  ro.ii  pour  100  de  sulfate 
de  fer,  d'après  la  proportion  d'acide  sulfurique  produit  par  l'attaque  de  la  roche  à 
l'acide  azotique  fumant. 

»  La  densité  de  la  météorite  de  Ceyian  est  égale  à  3,677.    » 

M.  FiRMiN  Larroque  adresse,  par  l'intermédiaire  de  M.  A.  Cornu,  le 
résumé  d'une  étude  psycho-acoustique  dont  la  conclusion  est  lu  suivante  : 
Contrairement  à  l'opinion  émise  par  von  Heimbolz,  «  le.  timbre  n  est  pas 
indépendant  des  différences  de  phases  et  d'intensité  relative  des  sons  par- 
tiels  )i . 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

\a  séance  est  levée  à  f\  heures  et  demie. 

M.  B. 


(  5o4  ) 


BDLLETIK    BIBMOtiR APillQUB. 


Ouvrages  reços  dans  la  séance  du   ii   février   1901. 

Etienne  Geoffroy  Sainl-Hilaire.  Lettres  écrites  d'Egypte  à  Cuvier,  Jussieu, 
Lacépède,  Mange,  Desgenettes,  Redouté  jeune,  Norry,  etc.,  aux  professeurs 
du  Muséum  et  à  sa  famille,  recueillies  et  publiées  avec  «ne  Préface  et  des 
Notes  par  le  D'' E.-T.  Hamy,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  Hachette  et  C'*, 
1901;  I  vol.  in-i2   (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 

Manuel  d' Histologie  pathologique,  par  V.  Cornil  et  L.  Ranvier,  Membre 
de  l'Institut,  avec  la  collaboration  de  MM.  A.  Brault  et  M.  Letulle; 
3'  édition;  t.  ï.  Paris,  Félix  Alcan,  1901;  1  vol  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Lannelongue.) 

Chirurgie  de  l'intestin,  par  M.  Jeannel;  2*  édition,  revue  et  considéra- 
blement augmentée.  Paris,  igot  ;  i  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Guyon  ; 
pour  le  concours  du  Prix  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Le  Phylloxéra,  sa  destruction  par  le  Lysol,  par  G.  Cantin.  Paris,  1900; 
I  fasc.  in-8°. 

Service  géographique  de  l'Armée.  Guclt  es  Slel  :  Algérie,  au  ^„„'„„„,  feuille 
n°  35;  Kef  Abbeb  et  Medjez  el  Bah  :  Tunisie,  au  7777^,  feuilles  1  et  27  ; 
Djebibina  :  Tunisie,  au  777^^00'  feu'He  2G;  Berbera  :  Afrique  (Région  orien- 
tale), au  .,^,)*^„^ ,  feuille  30;  Bénin  et  Moukdicha  :  Afrique  (Région  équa- 
toriale),  au  ^^7777777777,  feuilles  33  et  38;  Kagoshima  et  îles  Hokoubou  :  Asie, 
au  TJTT^TT^.  feuilles  32-132  et  28-132;  Bassin  inférieur  du  Yang-Tse  Kiang  : 
■'^sie,  au  77777^777777-  (Envoi  du  Sous-Chcf  d'Elat-Major  général  de  l'Armée.^ 

V Enseignement  mathématique.  Revue  internationale  paraissant  tous  les 
deux  mois;  directeurs  :  C.-A.  Laisa>t  et  ÎI.  Fehr;  3^  aimée,  n°  1,  i5  jan- 
vier 1901.  Paris,  G.  Carré  et  C.  Naïui  ;   i  fasc.  in-8°. 

Revue  de  Mécanique,  Revue  mensuelle,  publiée  sous  le  patronage  et  la 
direction  technique  d'un  Comité  de  rédaction  composé  de  MM.  Haton 
DE  LA  GoupiLLiÉRE,  Membre  de  l'Institut,,...  T.  VIII,  n°  1,  3i  janvier 
1901.  Paris,  V^"  Ch.  Dunod,  rgoi  ;  i  fasc.  iti-4''. 

L'Eleclrochimie.  Revue  mensuelle  des  Sciences  et  de  l'Industrie  : 
l'Aluminium  et  ses  alliages;  directeur  :  Adolphe  Minet;  7*^  année,  n"  1, 
janvier  1901.  Paris;  i  fasc.  in-4°.  {A  suivre.) 


On  souscrit  à  Paris,  cl:  z  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Gramls-Augustins,  n°  55. 

el  part  du  ,«  Janvier .  ^  "'^'"'1"^  ^®  "°™«  <^  Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

Le  prix  ,t,-  l'abonnement  est  fixe  ainsi  qu'il  suit 
. •'^'■'^  ^  20  h.  -  Dépaitcments  :  30  fr.  -  Union  postale  :  34  f,-. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Agen. . 

Alger.. 

Amiem 
Angers. 


t  , 


Bayonne 

Seiançon       .  . 


Bordeaua: 
Bourges  . . 


Brest. 


Caen 

Chambcr\ 


Cherbourg 

CUrmont-Ferr. 

Di^on 

Douai. .     j 

lirenobte j 

^Hochette 


t«  Havre . 


Mte.. 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frères. 
Chaix. 
Jourdan. 

'Ruff. 

Courtin-Hecquet. 
,  Germain  etGrassin 
'  Gastineau. 
Jérôme. 
Régnier. 
I  Feret. 
;  Laurens. 
'  Muller  (G.). 
Renaud. 
Derrien. 
I  F.  Robert. 
I  Oblin. 
Uzel  frères. 
Jouan. 
Perrin. 
Kfenrj. 
Marguerie. 
Juliot. 
Bouy. 

Nourry. 

Ratel. 

Rey. 

Lauverjat. 
Degez. 
Drevet. 
Gratier  et  C*. 
Foucher. 

Bourdignon. 
Dombre. 
Thorez. 
Quarré. 


I  Lorien  ' 


L  y  on . 


Marseille.. 
I  Afontpelliei 
Moulins . .    . 


Nancy .  .  . 

Nantes  . 

\Mce 

I  Aimes.. . 
!  Orléan.! 

Poitiers. 

Bennes . . . 
Rochefoi  I 

Rouen. . 

S'-Étien.. 

Toulon . .  . 


Toulouse 


Tours. 


Vaienciennes . 


chez  Messieurs 
I  Baumal. 
'  M"'  'Jexier. 

Bernoux  el  Cumi 

Georg. 

Eiranlin. 

Sa\'y. 

Vitte. 

Ruât. 
(  Valat. 

i  Coulel  et  (ils. 
Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
(  Guist'han. 
'  Veloppé. 
1  Barma. 
\  Appy. 
Tbibaud. 
Luzeray. 
\  Biancfaier. 
!  Marche. 
Plihon  et  Her\c 
Girard  (M"") 
\  Langlois. 
'  Lestringant. 

Chevalier. 
\  Ponleil-Burits 
(  Rumébi. 
{  Gimet. 
I  Privai. 
.  Boisselier. 


\Amsterdani . 


Athènes. . . 
Barcelone. 


Berlin. . . 


Berne  . . . . 
Bologne. 

Bruxelk- 
Buchares 


Pèricat. 


SuppligcDo. 
i  Giard. 
[  I.eiiiailre. 


Budapest 

Cambridge 

Christiania. . . 
Constantinop  U . 
Copenhague  .   . 
Florence. . . . 

Gand 

Gènes 

Genève 

La  Haye 

Lausanne 


Leipzig. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 
1  Feikema    Caarelsen 
'  ■  '      et  C". 
Beck. 

Verdaguer. 
1  Asher  el  C'. 
'  Dames. 

.  Friediander   et   fils. 
Mayer  et  Muller. 
Schmid  Francke. 
Zanicbelli. 
1  Lamerlin.V 
.     MayolezetAudiarte. 
!  Lebègue  et  C'V 
)  Sotchek  et  C°. 
'  Alcalay. 
Kilian. 

Deighlon,  BeJlelC». 
Cammermeyer. 
.     OUo   Keil. 
Host  et  fils. 
Sécher. 
Hosle. 
Beuf. 

Cherbuliez 
j  Georg. 

Stapeiraohr. 

Belinfante   frères 
I  Benda. 
'  Payoi  et  C". 

Banh. 
I  Brockhaus. 

Lorentz. 
\  Max  Rube 

Twietmeyer. 
,  Desoer. 
'  Gnusè. 


chez  Messieurs  : 
,        .  ,  Dulau. 

Londres  '  ,,     , 

,  Hachetle  et  C'«. 

IMutl. 
Luxembourg 


V.  BUck. 
Ruiz  et  C. 
Madrid  .  .  Romo  y  Fussel. 

(  Capdeville 
F.  Fé. 

Milan )  Bocca  frères. 

!  Hœpli. 

Moscou. .  .  T.>„. 

laatevin. 

Naples \  Marghieri  di  Gius. 

I  Pellerano. 

^       ^     ,  \  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

^^-fork Stechert. 

LemckeetBuechner 

^''«"« Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

^'"'''' Magalhaès  ei  Moui» 

P'"gue Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

Home j  ^"«^«a  frères. 

(  Loescheret  C*. 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

S'-Petersbourg . 


1  Zinserling. 

I  Woifr. 


Bocca  frères. 
I  Brero. 
1  Clauseï». 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebelhner  et  Wolff. 

Vérone Drucker. 

Vienne >'*'•■''=''■ 

'  Gerold  et  C". 
ZUrich Meyer  et  Zeller. 


Turin . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉiMIE  DES  SCIENCES. 

fomes  1-^^  a  31.  -  (J  Août  i83i  ù  U  Décembre  iSio.  )  Volume  in-4";  i853    Prix  15  |,. 

(  1"  Janvier  i85i  à  U  Décembre  i865.  )  Volume  in-4°;  ,870-.  Pri.x 15 


Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


( 


Tomes  92  à  121. 


Janvier  iSGG  à  3i  Déceii 


fr. 


sur  le  Calcul  des  Perturbations 


mbre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix  15  fr 

„„„„    .  (■"'  •'^"^'^'"  '*'«•  à  3i  Décembre  1S93.)  Volume  liW;  .900.  Prix 15  fr' 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  ■ 
^^^1^<!^^^:ZX!X'^:^'''  i^  Pl-ysiologie  des  Algues,  par  MM.  A.   D.n.s  et  A.-J.-J.  Sou..   -  Mémoire  sur  le  C.„. „„„„... 

li^estion  des  matières  'g'asse s"  tr^ ir cruo'  Bcr,r'\  >  ".'  ''  "'"  '  'T  ","  ^"'  Pa-réatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particnliérement  dans 
''onielI-Mém   '      -       ,'  "^  '^'"'*'"'-  ^"'""'^ '"-4-  avec  3  >  planches;  i856 15^^ 

'ences  pour  le  conco^uYs  de  llll  l?'nn'i'°!r'  '""  '^''  ^'^^'  l'^''  '^^''"■E'"^'<-  -  ^ssai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'.^cadémie  des 
'-rains'  sédilTtares  suivant  VordredlT^sr''  "  ,"  n'  ""'''  ^  "  "'"''"  '"  '°'^  '^  '=■  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 
Rechercher  la  nature  des  rann  7"''  ""^ ''"'  superposition.  -  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  - 
^=  ^7  planches  fs"?  ''  *""  '  '"""'  "'"'  ^""''  '"  ''''"'  '"=°='"'^T"'=  "  ^«=  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bao...  i„-4o 
15  fr. 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  rAcadémie  des  Sciences  et  les  Mémoires  irésentés  par  divers  Savants  àj  Académie  des  Sciences 


N"  8. 

TABLE   DES   ARTICLES.    (Séance   du  2a   févii^i  1901.) 


MÉMOIRES  ET  GOMMUIVlGATIOrVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADËMIE, 


Pages. 
M.  Lœwy.  —   Apparition   d'une  étoile  nou- 
velle dans  la  constellation  de  Persce  ...     449 
MM.  A.  MuNTZ  et  E.  Rousseaux.  —  1^  ndes 


Pages, 
sur  la  valeur  agricole  des  terres  de  Mada- 
gascar       45 1 


MÉMOIRES  PRÉSEIVTES. 


M.  jM.^URiOE  Meunier  soumet  au  jugement 
de  l'Académie  un  travail  intitulé  :  "  Note 
/ 


sur  un  projet  d'appareil  télégraphique.  ».     456 


CORFESPOIVDATVCE. 


M.  Samuel  Gâche  adresse  ses  renit-rcîmenls 
à  r.\cadémie  pour  la  distinction  accordée 
à  ses  Travaux 45; 

M.  Flammahion.  —  Sur  l'apparition  d'une 
étoile  nouvelle  dans  la  constellation  de 
Persée 45? 

DOH  Lamey.  —  Sur  les  variations  en  gran- 
deur et  en  position  des  satellites  révélant 
l'existence  d'une  atmosphère  cosmique...     458 

M.  Edmond  Maillet.  —  Sur  une  certaine 
catégorie  de  fonctions  transcendantes. .    .     460 

M.  Vasseur.  — Traces  superlicielles  laissées 
par  les  outils  dans  le  travail  du  sciage 
des  métaux l\(si 

M.  Bernard  Bruniies.  —  Sur  les  propriétés 
isolantes  de  la  neige 4'^5 

M.  Albert  Colson.  —  Sur  certijines  condi- 
tions de  réversibilité 4^7 

M.  GuiN'ciiANT.  —  Comprcssibilité  des  dis- 
solutions       4('9 

MM.  G.  Chabrié  ci  E.  Hengade.  —  Contri- 
bution à  l'étude  de  l'indium 472 

M.  Bailhaciie.  --  Sur  un  nouveau  sultatc 
de  molybdène  cristallisé 475 

M.  E.-E.  Claise.  —  Nouvelles  réactions  des 
déri-vés  organo-métalliques  (H).  Étlicrs 
et  alcoyl-p-cétoniques 4.^8 

BUI.IJÎTIN    BIBLIOGIlAPlIIOlili 


M.  A.  Béhal.  —  .\ction  des  dérivés  organo- 
raétalliques  sur  les  éthers-sels 

M.  Henri  Masson.  —  Synthèses  d'alcools 
tertiaires  de  la  série  grasse 

MM.  G.  Gamiciiel  et  P.  Bayrac.  —  Sur  les 
spectres  d'absorption  des  indophénols  et 
des  colorants  du  Iriphénylméthanc 

M.  L.-J.  Simon.  —  Sur  la  constitution  du 
glucose 

M.  G.  Brediu.  —  Les  actions  diastasiques 
du  platine  colloïdal  et  d'autres  métaux.. 

M.  S.  JoURD.\iN.  —  Rôle  des  canaux  périto- 
néauTiL 

MM.  Lambert  et  Garnier.  —  De  l'action 
du  chloroforme  sur  le  pouvoir  réducteur 
du  sang 

MM.  L.  M.VTRUOHOT  et  M.  Molliard.  —  Sur 
l'identité  des  modifications  de  structure 
produites  dans  les  cellules  végétales  par 
le  gel,  la   plasmolyse  et  la  fanaison 

M.  A.-Gh.  Girard.  —  Valeur  alimentaire  et 
culture  de  l'ajonc 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Examen  d'une 
météorite  tombée  dans  l'ile  de  Ceyian,  le 
i3  avril  179.5 

M.  FiRMiN  Larroûue  adresse  le  résumé  d'une 
étude  psycho-acoustique  sur  le  timbre..  . 


4  80 
483 

485 
487 
49" 

492 
493 

49J 

498 

5oi 

5o3 

5  04 


PARIS.    —  lMPlU\iKK[B     G  A  UTH  I  K  R-V  1  L  L  A  K  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   55. 

/wj  Gérant  .*  <i*urHlBR-ViLLARa. 


'^«^1       1901 

PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDLS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  MU.   EiES  SECRÉTAIRESI  PERPÉTIJECi§. 


TOME  CXXXII. 


N^  9  (4  Mars  1901). 


^PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1873, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
V Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentésfar  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  'î  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i" .  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés' par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  (l'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P'^ge^  P'""  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'd  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu  auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance offi 
cielle  de  l'Académie.  ! 

Article  3.  t(|p" 

Le  bon  à  tuer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  i 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compterendii 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sot- 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


I 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  fii^ures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  .Tu- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  eli 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  r-endus  après 
l'impression  de  chaque  volume.  j 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  prei 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  delà! 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant»- 


A|î 


K  ou  x'Jiii 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI  4  MARS   1901. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


AIEMOIRES  ET  GOMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 

ASTRONOMIE.   —  Sur  la  nouvelle  étoile  apparue  récemment  dans 
la  constellation  de  Persée.  Note  de  M.  J.  Ja\sse\. 

«  L'appatilion  toute  récente  d'une  nouvelle  étoile  dans  la  constellation 
de  Persée,  et  les  phases  si  rapides  de  changement  d'éclat  qu'elle  présente 
depuis  qu'on  l'observe,  ont  rappelé  l'attention  des  astronomes  et  même  du 
public  sur  les  causes  qui  peuvent  produire  ces  grands  phénomènes. 

»  Ces  causes  nous  sont  encore  inconnues,  et  il  faudra  sans  doute  encore 
de  longues  études  avant  qu'elles  puissent  être  reconnues  et  expliquées  avec 
une  entière  certitude. 

»  Sans  avoir  la  prétention  de  proposer  et  encore  moins  de  donner  une 
théorie  de  ces  phénomènes,  je  voudrais  ici  émettre  quelques  idées  qui, 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  9.)  65 


(  5o6  ) 

dans  l'avenir,  pourront  sans  doute  concourir  aux  explications  que  la 
Science  a  pour  devoir  de  chercher. 

»  Ces  idées  découlent  en  quelque  sorte  des  recherches  que  j'ai  faites 
sur  la  constitution  du  gaz  oxygène  et  à  son  absence  apparente  dans  les 
enveloppes  gazeuses  qui  surmontent  la  photosphère  solaire. 

»  L'Académie  se  rappelle  que  j'ai  été  conduit,  dans  les  observations  de 
laboratoire  et  par  celles  exécutées  au  mont  Blanc,  soit  par  mes  collabo- 
rateurs, soit  par  moi-même,  à  admettre  que  le  gaz  oxygène  tel  que  nous  le 
connaissons  ne  se  trouve  ni  dans  la  chromosphère  ni  dans  l'atmosphère 
coronale. 

»  Je  faisais  remarquer,  à  celte  occasion  et  à  la  suite  de  mes  observations 
de  1893  au  mont  Blanc,  que  l'absence  de  l'oxygène,  avec  la  constitution  que 
nous  lui  connaissons,  dans  le  Soleil  paraissait  répondre  à  une  nécessité  du 
bon  fonctionnement  de  l'astre;  car,  si  l'oxygène  existait  dans  l'atmosphère 
coronale  et  aux  points  où  cette  atmosphère  confine  aux  espaces  vides  exté- 
rieurs, il  se  combinerait  inéluctablement  avec  l'hydrogène,  si  abondant  en 
ces  points,  fl'où  il  résulterait  de  la  va])eur  d'eau  qui  formerait  autour  du 
Soleil  une  atmosphère  plus  ou  moins  opaque  pour  les  rayons  calorifiques, 
d'où  un  affaiblissement  de  la  radiation  solaire,  par  conséquent,  qui  irait  en 
augmentant  rapidement  et  compromettrait  la  fonction  fondamentale  de 
notre  astre  central. 

»  D'un  autre  côté,  je  taisais  remarquer  qu'il  est  bien  difficile  d'admettre 
que  l'oxygène,  corps  qui  joue  un  rôle  si  capital  dans  le  développement  et 
l'entretien  de  la  vie  à  la  surface  de  la  Terre  et  sans  doute  des  autres  pla- 
nètes de  notre  système,  soit  absent  dans  notre  astre  central,  qui  contient 
tous  nos  corps  terrestres  et  beaucoup  d'autres  accusés  par  le  spectre  solaire 
et  non  encore  reconnus. 

»  On  est  ainsi  conduit  à  admettre  ou  tout  au  moins  à  pressentir  que 
l'oxygène,  en  raison  des  si  hautes  températures  du  globe  solaire,  y  existe 
à  l'état  dissocié  (la  complexité  des  spectres  de  l'oxygène  militerait  en 
f\iveur  de  cette  opinion).  Si  l'on  admettait  cette  manière  de  voir,  on  ap- 
porterait un  élément  tout  nouveau  d'explication  aux  phénomènes  auxquels 
les  étoiles  temporaires  nous  font  assister. 

»  En  effet,  lorsque  les  températures  des  atmosphères  d'une  étoile  se 
seraient  abaissées  au  point  de  permettre  la  genèse  de  l'oxygène  et  ulté- 
rieurement sa  combinaison  avec  l'hydrogène,  gaz  qui  baigne  si  largement 
toutes  les  atmosphères   stellaires,  la  combinaison  des  gaz  générateurs  de 


(  ^^7  ) 
l'eau,  avec  l'énorme  dégagement  de  chaleur  et  de  lumière  qui  l'accom- 
pagne, se  produirait,  et  l'étoile  passerait  rapidement,  de  l'étal  corres- 
pondant à  la  température  relativement  basse  qui  a  permis  la  combinaison 
des  gaz,  à  celui  qui  résulterait  de  la  conflagration  des  éléments  en 
question. 

»  L'étoile  passerait  donc  par  une  croissance  d'éclat  qui  ne  serait  réglée 
que  par  l'abondance  des  éléments  en  présence  et  les  conditions  de  leur 
entrée  en  combinaison.  Mais  en  même  temps,  si  l'augmentation  et  la  gran- 
deur de  l'éclat  devraient  être  singulièrement  rapides,  puisqu'elles  sont  les 
effets  d'une  combinaison,  la  décroissance  ne  le  serait  pas  moins,  puisque, 
la  combinaison  étant  effectuée,  non  seulement  la  cause  de  ce  rayonnement 
extraordinaire  cesserait,  mais  la  formation  d'une  vaste  atmosphère  de 
vapeur  résultant  des  corps  volatilisés,  des  vapeurs  surchauffées  et  surtout 
de  la  vapeur  d'eau  produite,  s'opposerait  ensuite  et  dans  une  mesure  con- 
sidérable au  rayonnement  de  l'astre. 

»  Je  ne  donne  cette  vue  que  comme  contribution  à  la  théorie  de  ces 
phénomènes  sur  lesquels  l'analyse  spectrale,  si  elle  en  suit  exactement 
toutes  les  phases,  pourra  mieux  que  tout  autre  moyen  nous  révéler  les 
causes. 

»  Nota.  —  Il  faut  ajouter  qu'au  moment  de  la  combinaison  des  gaz  oxy- 
gène et  hydrogène  ce  dernier  gaz,  en  raison  des  pressions  et  températures 
développées,  doit  montrer  ses  raies  considérablement  élargies;  or  c'est 
précisément  ce  que  montre  la  photographie  du  spectre  qu'on  a  obtenue 
à  Meudon,  avec  notre  grande  lunette,  et  que  M.  Deslandres  m'a  prié  de 
soumettre  à  l'examen  de  l'Académie.  Cependant  d'autres  causes  encore 
peuvent  concourir  à  cet  élargissement  généralement  si  considérable,  ainsi 
qu'en  témoignent  les  descriptions  que  j'ai  reçues  de  l'étranger.    » 


ASTRONOMIE.    —    Mire  méridienne  à  miroir  cylindrique.    iS^ote 
de  M.  G.  LippMANN. 

«  Cet  appareil  est  destiné  à  la  mesure  des  ascensions  droites.  Il  a  pour 
objet  de  rendre  le  méridien  du  lieu  où  l'on  opère  visible  sous  la  forme 
d'une  ligne  lumineuse  projetée  sur  le  ciel. 

»  Dès  lors,  il  est  inutile  de  munir  la  lunette  d'observaiion  d'un  réti- 
cule. 


(  5o8  ) 

»  Cette  lunette,  qui  peut  être  photographique,  n'a  plus  besoin  d'aucun 
réglage;  elle  peut  être  mobile  et  suivre  les  étoiles  pour  les  photographier  ;  la 
ligne  lumineuse  projetée  sur  le  ciel  demeure  visible  dans  le  champ,  où  elle 
occupe  constamment  la  place  du  méridien. 

»  L'appareil  se  compose  :  i°  d'une  mire  méridienne,  c'est-à-dire  d'un 
collimateur  monté  sur  piliers  et  dont  l'axe  est  dans  le  plan  du  méridien; 
2°  d'un  miroir  cylindrique  de  quelques  centimètres  de  diamètre,  horizontal, 
normal  au  méridien  et  installé  sur  piliers  de  manière  à  recevoir  la  lumière 
ainsi  par  la  mire.  Toutes  les  parties  de  l'appareil  demeurent  immobiles 
pendant  les  observations. 

))  La  lumière  sortant  du  collimateur  se  réfléchit  sur  le  miroir  cylindrique 
de  manière  à  former  une  nappe  lumineuse  plane,  c'est-à-dire  dont  tous  les 
rayons  sont  parallèles  au  méridien,  et  qui  couvre  36o°.  C'est  pour  cette 
raison  que  l'appareil  peut  fonctionner  sous  toutes  les  déclinaisons  sans 
qu'il  soit  nécessaire  d'en  déplacer  les  organes. 

>>  Les  rayons  de  la  nappe  lumineuse  reçus  sur  l'objectif  d'une  lunette 
fournissent  dans  le  plan  focal  de  celle-ci  une  ligne  lumineuse  très  nette  et 
très  fine;  cette  ligue  marque  dans  le  champ  la  place  du  méridien,  et  cela, 
que  la  lunette  soit  fixe  ou  mobile.  Il  n'est  point  nécessaire  de  régler  la 
position  de  cette  lunette,  qui  joue  le  rôle  d'un  oculaire. 

»  J'ai  vérifié  que  la  ligne  lumineuse  est  très  nette  et  très  fine,  non  seu- 
lement à  l'œil,  mais  en  photographie.  La  photographie  donne  des  traits 
noirs  qui  se  pointent  à  une  fraction  de  seconde  d'arc  près.  J'ai  l'honneur 
de  soumettre  à  l'Académie  quelques  épreuves  ainsi  obtenues.  Eu  prenant 
comme  source  de  lumière  l'arc  électrique,  une  pose  de  o',  oo3  est  plus  que 
suffisante. 

M  L'appareil  fournit  donc  des  résultats  satisfaisants  au  point  de  vue 
optique.  Il  paraît  d'ailleurs  devoir  être  plus  stable  que  la  lunette  méri- 
dienne, puisque  toutes  les  parties  en  sont  immobiles  et  montées  sur 
pilier. 

»  Réglages.  —  Le  réglage  de  l'appareil  en  coUimation  se  fait  en  amenant 
le  miroir  à  être  perpendiculaire  à  l'axe  du  collimateur.  Le  trou  ou  la  fente 
du  collimateur  est  réglable  :  on  déplace  ce  trou  ou  cette  fente  jusqu'à  ce 
qu'il  y  ait  coïncidence  avec  le  trait  lumineux  qui  se  forme  dans  le  plan  focal 
comme  il  se  formerait  dans  le  plan  focal  de  toute  autre  lunette.  C'est  donc  un 
réglage  par  autocollimation.  Si  ce  réglage  est  supposé  parfait,  il  n'y  a  plus 
d'erreur  de  collimatiou  :  la  nappe  lumineuse  est  plane  et  fournit  l'image 


(  5o9) 

d'un  grand  cercle  de  la  sphère  céleste.  Le  plan  de  ce  cercle  est  évidemment 
normal  aux  génératrices  du  cylindre. 

»  On  suppose  que  le  miroir  est  bien  cylindrique,  c'est-à-dire  que  ses  gé- 
nératrices sont  toutes  perpendiculaires  à  un  même  plan.  Il  n'est  pas  néces- 
saire que  le  cylindre  soit  de  révolution. 

»  Le  second  réglage  consiste  à  rendre  la  nappe  lumineuse  verticale.  On 
peut  se  servir  du  niveau  pour  rendre  le  cylindre  horizontal.  Il  est  peut-être 
plus  sûr  de  se  servir  du  bain  de  mercure.  Le  miroir  cylindrique  se  trouvant 
entre  un  bain  de  mercure  et  une  lunette  zénithale  réglée,  on  amène  le 
trait  lumineux  fourni  par  l'appareil  à  passer  par  la  croisée  du  fd.  Le  grand 
cercle  fourni  par  l'appareil  est  alors  vertical.  Après  ces  deux  réglages  phy- 
siques decoUimation  et  de  verticalité,  il  reste  le  réglage  astronomique  qui 
consiste  à  amener  le  plan  du  grand  cercle  vertical  défini  par  l'appareil 
à  coïncider  avec  le  plan  du  méridien. 

))  Ce  réglage  astronomique  s'exécute  suivant  l'une  des  méthodes  en 
usage  pour  la  lunette  méridienne,  le  trait  lumineux  fourni  par  l'appareil 
remplaçant  le  fil  central  du  réticule.  On  peut,  par  exemple,  se  servir  des 
circumpolaires.  On  pointe  une  lunette  (sans  réticule)  sur  une  circumpo- 
laire et  l'on  observe  son  passage  sur  le  trait  lumineux.  Les  deux  jjassages 
supérieur  et  inférieur  doivent  avoir  lieu  exactement  à  douze  heures  d'in- 
tervalle. 

))  On  vient  de  supposer  que  l'observation  des  passages  se  faisait  par  des 
observations  visuelles.  L'instrument  se  prête,  en  effet,  à  ces  observations; 
mais  il  est  surtout  destiné  à  la  méthode  photographique. 

»  On  braque  sur  le  ciel  une  lunette  photographique  montée  équatoria- 
lement,  de  manière  à  faire  un  cliché  des  étoiles.  En  même  temps  on  reçoit 
sur  l'objectif  de  la  lunette  la  nappe  lumineuse.  Le  collimateur  est  muni 
d'un  obturateur  commandé  par  la  pendule.  Le  trait  lumineux  n'apparaît 
donc  que  par  éclairs  successifs  qui  ont  lieu  aux  temps  t,  l' ,  t" ,  .  . .  marqués 
par  la  pendule.  En  développant  la  plaque  on  obtient  sur  le  cliché  une 
succession  de  traits  fins  qui  marquent  les  positions  du  méridien  dans  le 
ciel  aux  temps  t,  t',  t";  ce  sont  donc  des  cercles  horaires. 

»  La  distance  en  temps  d'une  étoile  quelconque  au  cercle  t  s'obtient 
par  la  mesure  du  cliché.  Si  l'image  de  l'étoile  partage  la  distance  des  traits 
t  et  i'  dans  le  rapport  <p,  la  distance  en  temps  est  égale  à  9.  Deux  cli- 
chés pris  à  douze  heures  d'intervalle  doivent  donner  la  même  valeur  de  «p 
pour  chaque  étoile.  Les  n  étoiles  portées  par  un  même  cliché  doivent 


(  5io  ) 

donner  des  vérifications  concordantes.  S'il  y  a  défaut  de  réglage,  c'est- 
à-dire  si  l'on  trouve  successivement  des  valeurs  cp  et  cp'  pour  une  môme 
étoile,  la  différence  <p'  —  cp  doit  être  la  même  pour  toutes  les  n  étoiles. 

))  La  marche  de  la  pendule  se  détermine  par  deux  clichés  pris  à  vingt- 
quatre  heures  d'intervalle.  La  différence  «p' —  <p  est  égale  à  la  marche  de 
la  pendule  ;  elle  est  donnée  n  fois  par  les  n  étoiles  du  cliché.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  et  les  propriélés  (lu  suif  ammonium. 

Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  En  1898,  nous  avons  indiqué  (')  que  le  soufre  cristallisé  pouvait  se 
combiner  à  l'ammoniac  liquéfié  pour  fournir  un  composé  de  couleur 
pourpre,  auquel  nous  avons  donné  le  nom  de  suif  ammonium.  Le  fait  de  la 
dissolution  du  soufre  dans  l'ammoniac  liquéfié  avait  été  mentionné 
dès  1873  par  M.  Gore  (^;.  Plus  récemment,  MM.  Franklin  et  Rrauss  (^) 
ont  considéré  le  liquide  pourpre  obtenu  par  l'action  du  soufre  sur  l'am- 
moniac comme  étant  une  solution.  Enfin,  en  1900,  M.  Hugot  (*),  dans  une 
très  intéressante  étude  sur  l'action  de  l'ammoniac  sur  quelques  métal- 
loïdes, a  regardé,  lui  aussi,  le  liquide  ainsi  préparé  comme  étant  une  solu- 
tion de  soufre  dans  le  gaz  liquéfié. 

»  Nos  premiers  essais  ont  porté  tout  d'abord  sur  l'attaque  par  l'ammo- 
niac liquéfié  des  différentes  variétés  allotropiques  de  soufre,  et  nous  avons 
choisi  le  soufre  octaédrique  cristallisé  dans  le  sulfure  de  carbone,  le 
soufre  prismatique  obtenu  par  simple  fusion  et  le  soufre  insoluble. 

»  Ces  trois  variétés  de  soufre  ont  été  maintenues  pendant  deux  heures 
à  une  température  de  —  80°.  Oii  sait  qu'à  cette  basse  température,  comme 
M.  Dewar  l'a  démontré,  le  soufre  devient  à  peu  près  incolore.  Mais,  en  les 
ramenant  à  la  température  ordinaire,  ces  différentes  variétés  reprennent, 


{')  H.  MoissAN,  Préparation  du  lithium  ammonium,  du  calcium  ammonium  et 
des  amidures  de  lithium  et  de  calcium  {Comptes  rendus,  t.  GXXVI,  p.  685;  1898). 

(')  Gore,  Proceedings  Roy.  Soc,  t.  XXI;  1873. 

(■')   Franklin  et  Krauss,  Amer.  ch.  /.,  p.  821  ;  décembre  1898. 

(*)  G.  Hugot,  Recherches  sur  l'action  du  sodammonium  et  du  potassammonium 
sur  quelques  métalloïdes  (Annales  de  Ch.  et  de  Ph.,  7'  série,  t.  XXI,  1900,  et  Thèse 
de  l'Université  de  Paris,  n°  1033;  1900). 


(  5i,  ) 

en  même  temps  que  leur  couleur,  leur  propriété  d'être  solubles  ou  inso- 
lubles dans  le  sulfure  de  carbone. 

»  On  a  placé  alors  ces  mêmes  échantillons  de  soufre  dans  trois  tubes 
au  fond  desquels  on  a  fait  arriver  de  l'ammoniac  liquide  et  bien  sec  à  une 
température  de  —  80°,  puis  on  a  fait  le  vide  dans  l'appareil:  chaque  tube 
est  ensuite  scellé.  Dans  ces  conditions,  on  n'obtient  aucune  coloration 
dans  les  tubes  à  —  80°. 

»  Puis  en  laissant  la  température  s'élever  lentement,  on  remarque  que 
le  soufre  insoluble  réagit  sur  l'ammoniac,  en  donnant  une  coloration 
pourpre  caractéristique,  dès  la  température  de  —38".  A  cette  température 
les  deux  autres  variétés  de  soufre  n'ont  pas  fourni  de  coloration,  mais 
chacune  a  repris  sa  couleur  jaune  habituelle.  A  —  i5°,5,  le  soufre  prisma- 
tique réagit  à  son  tour  et  le  liquide  se  colore  avec  rapidité.  Enfin  à  —  i  i^.S, 
le  soufre  octaédrique  fournit  une  belle  solution  rouge  de  sulfammonium. 
Il  existe  donc  une  différence  bien  nette  dans  l'action  de  l'ammoniac 
liquéfié  sur  ces  trois  variétés  de  soufre.  Cette  différence  s'explique  par  les 
données  thermochimiques  qui  établissent  que  le  soufre  amorphe  se  trans- 
forme en  soufre  soluble  avec  un  dégagement  de  chaleur  de  +o'^"',6. 

»  Si,  maintenant,  nous  cherchons  à  nous  rendre  compte  de  la  quantité 
de  soufre  qui  peut  entrer  en  solution,  nous  reconnaîtrons,  d'après  plusieurs 
séries  d'expériences  dont  nous  donnerons  la  description  aux  Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  que,  en  tubes  scellés  et  à  la  température  de  -f-  20°, 
l'ammoniac  liquéfié  parfaitement  sec  dissout  environ  3o  pour  100  de  son 
poids  de  soufre.  Ce  chiffre  a  été  obtenu  en  faisant  l'expérience  dans  un 
tube  de  Faraday,  en  renversant  l'ammoniac  liquide  saturé  de  soufre  dans 
l'une  des  branches  et  en  solidifiant  ensuite  le  gaz  restant  dans  chaque 
branche,  pour  pouvoir  ouvrir  l'appareil.  Une  analyse  indiquait  enfin  la 
teneur  en  soufre  et  en  ammoniac  du  liquide  pourpre  ('). 

»  Dès  ces  premières  expériences,  nous  nous  sommes  de  suite  demandé 
si  nous  nous  trouvions  en  présence  d'une  combinaison  ou  d'une  solution. 

»  Nous  estimons  que  le  soufre,  dans  l'ammoniac,  fournit  bien  une  com- 
binaison et  cela  pour  les  raisons  suivantes  : 

»  1°  Si  l'on  prend  les  liquides  pourpres,  préparés  avec  les  différentes 
variétés  allotropiques  de  soufre,  ils  se  conservent  indéfiniment  en  tubes 

(')  L'allaque  du  soufre  cristallisé  par  ranimoniac  liquéfié  est  assez  longue,  et  pour 
arriver  à  un  équilibre  stable  entre  ces  deux,  corps  il  faut  attendre  plusieurs  jours. 


(  5i2  ) 

scellés,  sous  leur  propre  tension.  Mais  en  les  refroidissant  suffisamment, 
ils  ne  laissent  rien  déposer  et  ils  se  solidifient  tous  à  4"  ou  5°  au-dessous  du 
point  de  solidification  de  l'ammoniac,  d'après  leur  teneur  en  métalloïde, 
sans  donner  aucun  dépôt  de  soufre  et  sans  laisser  varier  l'intensité  de  leur 
coloration. 

»  Cette  réaction  ne  présente  donc  pas  la  réversibilité  d'un  simple  phé- 
nomène de  solubilité.  Elle  nous  apparaît  comme  une  réaction  irréversible 
d'ordre  chimique  comparable  en  quelque  sorte  à  la  dissolution  d'un  sel 
anhydre  dans  l'eau,  l'état  initial  ne  pouvant  être  obtenu  que  par  la  dispa- 
rition totale  du  dissolvant  sous  l'action  d'une  source  d'énergie  étrangère. 

»  2°  Il  ressort  nettement  des  recherches  de  M.  Étard  que  la  solubilité 
d'un  solide  dans  un  liquide  tend  à  s'annuler  vers  le  point  de  congélation 
de  la  solution  et  à  atteindre  son  maximum,  du  moins  dans  le  cas  général, 
vers  le  point  de  fusion  du  corps  dissous. 

»  Si,  en  employant  le  dispositif  même  de  ce  savant,  nous  recherchons 
quelle  est  la  quantité  de  soufre  pouvant  exister  dans  l'ammoniac  liquide  à 
basse  température,  nous  constatons  que  ce  métalloïde  est  absolument  inso- 
luble dans  l'ammoniac  rigoureusement  anhydre,  tant  que  la  coloration 
pourpre  n'apparaît  pas.  Tandis  que  le  soufre  octaédrique  est  soluble 
dans  le  sulfure  de  carbone  à  toute  température,  il  est  inattaquable  par 
l'ammoniac  entre  —  75°  et  —  11°, 5,  c'est-à-dire  entre  le  point  de  fusion 
de  l'ammoniac  solide  et  le  point  où  la  coloration  se  produit  pour  la  variété 
de  soufre  considérée.  Il  y  a  là  une  contradiction  bien  nette  avec  nos 
connaissances  actuelles  sur  l'allure  générale  des  phénomènes  de  solu- 
bilité. 

»  3°  La  stabilité  du  sulfammonium  à  haute  température  semble  bien 
démontrer  qu'il  s'agit  d'une  combinaison.  Dans  un  tube  à  paroi  épaisse, 
de  i""",5  de  diamètre  intérieur,  nous  avons  placé  quelques  cristaux  de 
soufre  prismatique  que  nous  avons  entourés  d'un  excès  d'ammoniac 
liquéfié,  de  façon  à  avoir  une  dissolution  complète  à  la  température  du 
laboratoire.  Le  tube  maintenu  à  —80°  et  renfermant  l'ammoniac  solidifié 
a  été  scellé.  Nous  avons  ensuite  porté  ce  tube  dans  un  bain  d'huile,  et  on 
l'a  chauffé  en  élevant  lentement  sa  température  jus(ju'à  -i-iSo".  Depuis 
—  n°,5  jusqu'à  +90°,  la  coloration  rouge  pourpre  est  intense.  Puis,  à 
partir  de  cette  température,  on  voit  nettement  la  coloration  du  liquide 
diminuer  et  du  soufre  se  déposer  sur  les  parois  du  tube.  Vers  4-i3i",  le 
liquide  a  complètement  disparu  ;  le  point  critique  de  l'ammoniac  est  atteint 


(5i3) 

et  l'on  ne  voit  plus  dans  le  lube  que  quelques  globules  de  soufre  fondu 
d'un  jaune  pâle. 

»  Par  refroidissement,  le  ménisqsie  du  liquide  réapparaît  et  l'ammoniac 
est  à  ce  moment  complètement  incolore.  On  peut  retourner  le  lube  :  le 
liquide  et  le  soufre  fondu,  non  miscibles,  se  meuvent  facilement  dans  son 
intérieur.  Vers  ioo°,  une  faible  coloration  violacée  se  produit;  elle 
augmente  au  fur  et  à  mesure  du  refroidissement,  et,  à  la  température 
ordinaire,  le  tube  a  repris  son  aspect  primitif  et  sa  belle  couleur  rouge 
pourpre. 

»  Il  semble  donc  bien  que  nous  sovons  en  présence  d'un  phénomène  de 
dissociation,  d'un  composé  instable,  sous  l'action  d'une  élévation  de  tem- 
pérature. S'il  s'agissait  d'un  phénomène  de  solubilité,  on  ne  comprendrait 
pas  qu'une  simple  élévation  de  température  pût  laisser  en  présence  le 
corps  solide  et  le  corps  liquide  à  +  loo". 

»  En  résumé,  à  la  température  de  +  20°,  le  soufre  donne  avec  l'ammo- 
niac sous  pression  un  composé  soluble  dans  l'excès  de  gaz  liquéfié,  avec 
une  coloration  rouge  intense.  De  plus,  dans  ces  conditions,  il  se  produit 
un  équilibre  en  présence  d'un  excès  de  soufre,  de  telle  sorte  que  la  teneur 
en  métalloïde  du  liquide  est  constante  et  voisine  de  3o  pour  100.  Il  était 
logique  de  penser  que,  dès  lors,  le  composé  de  soufre  et  d'ammoniac  était 
en  |>arlie  dissocié  et  que  cette  dissociation  dépendait  de  la  pression  exercée 
dans  le  tube  scellé  par  le  gaz  ammoniac. 

»  En  effet,  si  l'on  ouvre  le  tube,  le  gaz  ammoniac  se  dégage  rapidement, 
la  décomposition  du  sulfammonium  se  produit  et  du  soufre  se  précipite 
avec  sa  couleur  jaune  caractéristique. 

»  De  même,  si  nous  maintenons  une  petite  quantité  de  soufre  insoluble 
en  présence  d'un  excès  d'ammoniac  liquéfié  à  — 35",  à  la  pression  ordi- 
naire, il  ne  se  produit  qu'une  coloration  très  faible,  la  dissociation  du 
sulfammonium  étant  à  peu  près  complète  dans  ces  conditions  de  pression 
et  de  température. 

»  Au  contraire,  si  l'on  diminue  la  température  d'un  tube  scellé  con- 
tenant de  l'ammoniac  liquéfié  et  un  excès  de  soufre,  on  reconnaît  faci- 
lement que  pour  des  températures  plus  basses,  la  quantité  de  soufre  qui 
entre  en  combinaison  est  plus  élevée.  Ainsi,  à  une  température  constante 
de    —  23°  ('),  le  soufre   blanc  donnera,  après  un  contact  prolongé,  un 

(*)  Cette  température  était  obtenue  par  l'ébuUition  tranquille  du  chlorure  de  mé- 
thyle. 

C.  R.,  igoi.  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  9.)  66 


(  5i4  ) 
liquide  rouge  qui  contiendra  jusqu'à  3g  pour  loo  de  soufre.  Ce  fait  a  été 
vérifié  plusieurs  fois;  du  reste  fous  les  tubes  scellés  renfermant  une  solu- 
tion de  sulfammonium  et  préparés  à  des  températures  voisines  de  —40° 
abandonnent  du  soufre  bien  cristallisé  lorsque  celles-ci  reviennent  lente- 
ment à  la  température  de  +  20°. 

))  On  peut  obtenir  le  même  résultat  en  augmentant  la  pression.  Si  l'on 
comprime  dans  l'appareil  de  notre  confrère  M.  Cailletet  un  mélange  de 
80  pour  loo  de  gaz  ammoniac  et  d'environ  20  pour  100  de  gaz  azote  en 
présence  de  soufre  en  excès,  on  obtient  à  la  température  de  — 12°  et 
sous  une  pression  de  45  atmosphères  une  cristallisation  rouge  en  feuilles 
de  fougères  formée  par  le  sulfammonium  solide.  Cette  ex[)érience  peut 
être  réalisée  en  prenant  un  tube  de  Cailletet  courbé  à  angle  aigu  et  en 
plaçant  dans  la  partie  inclinée  le  soufre  en  poudre  ('  ). 

»  Cette  expérience  peut  être  répétée  à  différentes  températures  et  sous 
une  pression  de  20  atmosphères;  à  — 4o"'  ©Ile  nous  a  fourni  les  mêmes 
lésultats. 

»  Propriétés  physiques.  —  TiOrsque  l'on  refroidit  à  — ^o"  une  solution 
concentrée  de  sulfammonium  comprimé  à  4o  atmosphères,  dans  un  appa- 
reil de  Cailletet,  on  voit  se  former,  surtout  en  détendant  légèrement,  de 
petits  cristaux  rouge  rubis  qui  se  dissolvent  dans  un  excès  d'ammoniac, 
en  donnant  une  solution  dichroiqne  rouge  par  transparence  et  d'un  violet 
bleu  par  réflexion. 

»  De  même,  lorsque  l'on  refroidit  comparativement  dans  un  mélange 
d'acétone  et  d'acide  carbonique  solide,  deux  tubes  scellés  renfermant,  le 
premier  de  l'ammoniac  liquéfié  et  le  second  une  solution  saturée  de  sulfam- 
monium, on  reconnaît  que  l'ammoniac  se  solidifie  à  — 7J",  et  qu'à  celte  tem- 
pérature la  solution  de  sulfammonium  s'épaissit,  mais  reste  liquide.  Cette 
dernière  solution  se  solidifie  vers  — 85°  en  se  prenant  en  une  masse  de  cou- 
leur rouge  et  sans  laisser  déposer  de  soufre. 

»  Si  l'on  répète  cette  expérience  avec  une  solution  qui  ne  soit  pas  sa- 
turée de  soufre,  on  voit  apparaître,  au  moment  de  la  fusion,  des  lamelles 

(')  Lorsque  l'on  fait  celle  expérience,  on  voit,  dès  que  l'on  comprime  rammoniac, 
le  soufre  prendre  une  belle  couleur  blanclie.  Cela  tient,  pensons-nous,  à  ce  qu'il  se 
forme  tout  d'abord  à  la  surface  du  métalloïde  une  couche  très  mince  d'un  violet 
pourpre  qui,  avec  le  jaune  du  soufre,  donne  l'impression  du  blanc.  Quelques  instants 
après  le  soufre  devient  gris,  enfin  il  ne  tarde  |)as  à  prendre  une  couleur  rouge  dont  la 
teinte  fonce  avec  rapidité. 


(5i5) 

blanches  d'ammoniac,  solides,  fusibles  a  une  température  moins  basse  que 
le  sulfammoniiim. 

»  Nous  avons  déterminé  les  tensions  (jes  solutions  de  sulfammonium  de 
concentration  différente.  Pour  les  déterminations  comprises  entre  —  So*" 
et  —  4o°,  nous  nous  sommes  servis  d'un  simple  tube  barométrique.  Pour 
les  expériences  faites  de  o  à  +  20°,  nous  avons  employé  un  manomètre 
différentiel  enlièrement  en  verre,  dont  l'une  des  branches  renfermait  de 
l'ammoniac  liquide  et  l'autre  la  solution  de  suiftunmonium.  Lorsque  ces 
appareils  étaient  à  une  température  constante,  on  mesurait  les  différentes 
hauteurs  de  mercure  au  calhétomètre.  Il  résulte  de  l'ensemble  de  nos  dé- 
terminations que  les  fragments  de  courbe  représentant  les  tensions  sont  à 
peu  près  parallèles  à  la  courbe  des  tensions  de  l'ammoniac  liquide  établie 
avec  les  chiffres  de  Regnault. 

»  Le  sulfammonium  possède  un  si)ectre  d'absorption  tout  à  fait  caracté- 
ristique. Nous  ajouterons  que  cette  réaction  d'une  grande  sensibilité  peut 
permettre  de  reconnaître  des  traces  de  soufre.  Nous  avons  placé  2™sr  de 
soufre  dans  un  tube  de  verre  scellé  à  faces  parallèles  contenant  38'',  242 
d'ammoniac  liquéfié  :  soit  pour  100  de  la  solution  o"'s'',ooo6i  de  métal- 
loïde. 

)'  Cette  solution,  bien  que  très  étendue,  prend  une  teinte  rouge  tout  à 
fait  caractéristique  (');  elle  fournit  un  spectre  d'absorption  comprenant 
deux  grandes  bandes,  l'une  qui  s'étend  sur  la  partie  jaune  et  orangée,  et 
l'autre  sur  le  bleu,  une  partie  du  vert  et  du  violet. 

->  Enfin,  si  nous  prenons  une  quantité  de  soufre  un  peu  plus  grande, 
soit  i2™s'-,5  j)our  3i''''242  d'ammoniac  liquéfié,  nous  avons  une  absorption 
presque  totale  du  spectre;  il  ne  reste  de  visible  que  la  partie  la  moins 
réfrangible  du  rouge  et  une  bande  de  vert. 

»  Le  sulfammonium  se  dissout  dans  un  très  grand  nombre  de  liquides  tels 
que  l'alcool  absolu  et  l'éther  anhydre.  Ces  solutions  sont  stables  à  basse 
température. 

»  Si,  par  exemple,  on  ajoute  de  l'éther  anhydre  refroidi  à  —  80°  dans  une 
solution  de  sulfammonium,  dans  l'ammoniac,  on  obtient  un  liquide  homo- 
gène dont  la  couleur  reste  pourpre,  mais  qui  devient  bleue  si  on  l'additionne 


(')  Lorsque  le  gaz  ammoniac  contient  une  très  petite  quantité  de  pvridine,  la  colo- 
ration, au  début  de  l'expérience,  ne  présente  pas  la  netteté  habituelle.  Une  trace  d'eau 
donne  de  même  une  coloration  verdàtre. 


(  5i6  ) 

d'une  nouvelle  quantité  d'élher.  Si  ce  dernier  mélange  est  fait  à  —  4o°. 
par  exemple,  la  liqueur  bleue  se  décolore  et  il  se  dépose  du  soufre.  L'ad- 
dition d'un  dissolvant  iniscible  à  L'ammoniac  diminue  en  quelque  sorte  la 
tension  de  ce  dernier,  et  entraîne  la  dissociation  du  sulfammonium. 

»  Avec  le  chloroforme,  à  —  80°,  on  n'observe  aucun  changement  visible 
de  coloration.  Mais  si  on  laisse  la  température  s'élever  après  avoir  scellé  le 
tube  dans  lequel  se  fait  la  réaction,  on  observe  à  +t5°  une  décoloration 
brusque  avec  dépôt  de  soufre  cristallisé.  Le  liquide  reste  légèrement  teinté 
de  jaune,  le  phénomène  est  tout  à  fait  comparable  à  la  cristallisation  d'une 
solution  sursaturée. 

»  Lorsque  nous  ajoutons  à  la  solution  de  sulfammonium  des  liquides  non 
miscibles  il  y  a  souvent  réaction  entre  le  sulfammonium  et  le  liquide  en 
présence. 

))  Dans  certains  cas,  les  liquides,  pouvant  eux-mêmes  entrer  en  réaction 
avec  l'ammoniac,  le  phénomène  devient  alors  beaucoup  plus  complexe.  C'est 
ainsi  que  la  benzine  a  fourni  une  solution  brune,  le  sulfure  de  carbone  un 
liquide  d'une  belle  teinte  bleue,  le  bichlorure  de  carbone  de  très  beaux 
cristaux  incolores  et  un  composé  orangé,  dissociable  à  la  pression  ordi- 
naire. 

»  Propriélés  chimiques.  — Pour  faire  réagir  le  sulfammonium  sur  différents 
corps  simples  ou  composés,  nous  avons  utilisé  la  différence  qui  existe 
entre  la  tension  de  la  solution  de  sulfammonium  et  celle  de  l'ammoniac 
liquéfié.  On  fait  le  vide  dans  un  tube  étranglé  dans  son  milieu  et  con- 
tenant, au-dessus  de  l'étranglement,  un  certain  poids  de  cristaux  de  soufre 
sur  un  peu  de  coton  de  verre. 

»  Au  fond  du  tube  se  trouve  le  corps  à  étudier.  Au  moyen  d'un  robinet 
à  trois  voies,  on  laisse  rentrer  le  gaz  ammoniac,  qui  se  liquéfie  dans  le  fond 
du  tube  refroidi  à  —80°,  puis  on  ferme  l'appareil  par  un  trait  de  chalu- 
meau. Dès  que  le  verre  est  abandonné  à  la  température  ordinaire,  des 
stries  rouges  descendent  du  soufre  et  vont  gagner  le  fond  du  tube,  où  la 
réaction  se  produit. 

»  L'iode  en  solution  ammoniacale  brune  est  décoloré  par  le  sulfammo- 
nium en  excès  et,  après  le  départ  du  gaz  ammoniac,  il  reste  une  masse 
visqueuse  qui  ne  tarde  pas  à  cristalliser  et  qui  présente  les  réactions  d'une 
combinaison  ammoniacale  d'iodure  de  soufre. 

»  Le  sélénium  fondu  ne  réagit  pas  sur  la  solution  ammoniacale  de  sulf- 
ammoniiMu.  Le  calcium  ammonium  en  excès  fournil  avec  le  sulfammonium 


(5i7  ) 
un  produit  blanc,  insoluble  dans  l'ammoniac  liquéfié,  qui  est  un  sulfure  de 
calcium.  Lorsque  le  sulfammonium  est  en  excès,  le  produit  blanc  se  trans- 
forme en  beaux  cristaux  rouges;  il  se  forme,  dans  ce  cas,  un  persulfure  de 
calcium  susceptible  de  se  combiner  à  un  excès  d'ammoniac. 

»  A  la  température  ordinaire,  le  mercure  donne  avec  le  sulfammonium 
un  composé  cristallisé  qui,  par  dissociation,  abandonne  du  sulfure  noir  de 
mercure. 

»  L'oxyde  de  calcium  anhydre  produit  avec  le  sulfammonium  des 
cristaux  rouges  et  un  corps  solide  très  facilement  dissociable.  L'oxyde  de 
zinc  produit  des  cristaux  jaune  orangé,  déliquescents. 

»  Les  chlorure  et  bromure  de  sodium  ne  sont  pas  attaqués  à  froid  par  le 
sulfammonium,  mais  le  chlorure  de  manganèse  anhydre  donne  un  composé 
jaune  cristallin.  Le  chlorure  de  plomb  fournit  de  petits  cristaux  jaunes 
qui  se  décomposent  eu  noircissant  en  présence  de  l'air  à  la  pression  atmo- 
sphérique. Le  bichlorure  de  mercure  donne  de  même  un  composé  de  cou- 
leur foncée,  insoluble  dans  l'ammoniac,  dissociable  en  présence  de  l'air, 
avec  dépôt  de  sulfure  de  mercure. 

»  Analyse.  —  De  l'ensemble  de  ces  expériences,  il  ressort  nettement 
qu'il  existe  une  combinaison  de  soufre  et  d'ammoniac,  de  forme  (AzPP)"S. 

M  A  des  températures  comprises  entre  o°  et  -1-20°,  la  teneur  en  soufre  du 
liquide  pourpre  semble  indiquer  qu'il  répond  à  la  formule  (AzIP)-S,2AzH'. 


Théorie 

1. 

2. 

3. 

pour 
(AzH^)îS,  p.AzIl'. 

Soufre 

. ..      33,10 

33,20 

31,90 

32,00 

»   Au  contraire,  à  la  température  de  —23",  le  liquide  serait  (AzH")- S, 
AzH\ 


Théorie 

pour 

1 

2. 

3, 

(AzH^fS,  AzH 

Soufre 

...     39, 

4o 

39, 

10 

39, 

60 

38,56 

»  Mais  nous  sommes  en  présence  d'un  composé  facilement  dissociable 
qui,  de  plus,  possède  la  propriété  de  s'unir  à  un  nombre  de  molécules 
d'ammoniac  variable  avec  la  température,  de  telle  sorte  que,  n'ayant  pas 
isolé  ces  différentes  combinaisons  à  l'état  solide,  nous  ne  pouvons,  dans 
ce  premier  Travail,  qu'en  indiquer  l'existence  sans  en  fixer  la  formule 
d'une  façon  définitive.  Nous  poursuivons  cette  étude. 


(  5i«  ) 
»  Conclusions.  —  Nous  avons  obtenu  par  l'action  du  soufre  sur  l'ammo- 
niac liquéfié,  un  nouveau  composé,  le  suUammonium,  de  couleur  rouge 
foncé,  complèleraent  dissociable  à  la  pression  et  à  la  température  ordi- 
naire et  qui  possède  la 'propriété  de  sulfurera  froid,  avec  facilité,  un  grand 
nombre  de  corps  simples  ou  composés.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Méthode  (le  dosage  des  suijures,  suif  hydrates,  poly- 
sulfures  et  hyposuljiles pouvant  coexister  en  solution,  en  particulier  dans  les 
eaux  minérales  suif ureuses .  Noie  de  M.  Armand  Gactieu. 

«  On  discute  encore  la  question  de  savoir  si,  dnns  les  eaux  minérales 
sulfureuses,  le  soufre  existe  à  l'état  tic  monosulfures,  de  sulfhvdrates  alca- 
lins, ou  même  sous  forme  de  mélange  de  sulfhydrates  et  d'bydrates,  ceux- 
ci  dus  à  la  dissociation  par  l'eau  d'une  partie  des  sulfures  ou  sulfhydrates. 
Cette  Note  démontrera,  je  pense,  que  le  soufi'e  se  trouve  dans  les  eaux 
thermales  sulfureuses  à  l'état  de  monosulfures  alcalins  (presque  toujours 
Na'S),  accompagnés  d'un  peu  de  sulfhydrates  s'il  y  a  simultanément  de 
l'acide  carbonique  dissous,  et  quelquefois  d'une  petite  quantité  d'hypo- 
sulfites,  thionates  et  sulfates  si  l'oxygène  est  postérieurement  intervenu, 
par  exemple  dans  les  eaux  sulfureuses  dites  dégénérées. 

»  Ayant  remarqué,  comme  je  l'établirai  dans  une  prochaine  Commu- 
nication, que  lorsque  leau  réagit  à  chaud  sur  les  roches  ignées,  et  particu- 
lièrement sur  les  granits,  il  se  produit  des  sulfures  solubles,  j'ai  été  conduit 
à  examiner  également,  dans  ce  cas,  sous  quelle  forme  le  soufre  entre 
en  dissolution. 

»  J'ai  donné  autrefois  une  méthode  qui  permet  de  doser  exactement  le 
soufre  total  des  sulfures  solubles  ou  de  ceux  qui,  tels  que  les  sulfures  de  fer, 
manganèse,  zinc,  etc.,  sont  décomposables  à  froid  par  les  acides  miné- 
raux (').  Elle  consiste  à  entraîner,  vers  Go°,  par  un  courant  d'acide  carbo- 
nique et  à  l'abri  de  l'air,  l'hydrogène  sulfuré  mis  en  liberté  par  les  acides 
minéraux,  et  à  recevoir  ce  gaz  dans  une  solution  tiède  de  sulfate  d'argent  à 
demi  saturée.  I^e  sulfure  d'argent  qui  se  forme  se  réunit  et  se  lave  très 
facilement;   on   le  sèche   et  on   le   pèse.  Son  poids  multiplié  par  0,129 

(')   Comptes  rendus,  l.  CVIII,  p.  807.  Note  en  collaboration  avec  M.  A.  Hallopeau. 


(  ^19  ) 
donne  celui  du  soufre  correspondant.  Le  sulfure  d'argent  ne  s'oxyde  pas 
durant  son  lavage  et  sa  dessiccation,  pourvu  qu'on  ne  dépasse  pas  ioo°. 

»  Si,  après  avoir  fait,  à  l'abri  de  l'acide  carbonique  de  l'air,  une  solution 
à  o,i  ou  0,2  pour  100  de  monosiilfure  de  sodium  Na-S  pur  dans  de  l'eau  dés- 
aérée,  on  fait  pénétrer  cette  solution  dans  un  ballon  préalablement  privé 
d'air,  puis  qu'on  distille  la  liqueur  dans  le  vide,  à  25°  ou  3o°,  en  rece- 
v^ant  les  vapeurs  dans  du  sulfate  d'argent,  il  ne  se  fait  pas  trace  de  précipité 
de  sulfure.  Il  ne  s'en  fait  pas  davantage  si  la  solution  de  sulfure  alcalin  est 
vingt  fois  plus  concentrée.  Mais  si,  dans  le  ballon  contenant  le  sulfure  so- 
luble,on  fait  arriver  un  courant  d'acide  carbonique  en  ayant  soin  de  chauffer 
très  légèrement  et  de  continuer  la  distillation  dans  le  vide,  l'acide  carbo- 
nique déplace  et  entraine  la  totalité  du  soufre  sous  forme  d'hydrogène 
sulfuré,  qui  précipite  le  sulfate  d'argent,  tandis  que  le  sulfure  alcalin  passe 
à  l'état  de  carbonate. 

»  J'ai  reconnu,  d'autre  part,  que  si,  dans  un  monosulfure  alcalin 
on  ajoute  un  volume  d'hydrogène  sulfuré  égal  ou  supérieur  à  celui 
qui  formerait  du  sullhydrate  avec  le  monosulfure  et  si  l'on  soumet  ensuite 
cette  liqueur  à  la  distillation  dans  le  vide,  l'hydrogène  sulfuré  libre,  s'il 
est  en  excès,  aussi  bien  que  celui  qui  répond  aux  sulfhydrales  formés, 
est  entraîné  par  la  distillation,  tandis  que  la  totalité  du  sulfure  alcalin 
primitif  reste  dans  le  ballon.  Le  sulfhydrate  RHS  qui  se  forme  se  comporte 
en  un  mot  comme  s'il  se  dissociait  en  R-S  et  H" S. 

»  Ceci  dit,  voici  comment  il  convient  d'opérer  pour  doser  successive- 
ment, dans  une  même  solution,  une  eau  minérale  sulfureuse  par  exemple, 
le  soufre  de  l'hydrogène  sulfuré  libre,  celui  des  sulfhydrates,  celui  des 
sulfures,  an  besoin   le  soufre  des  polysulfures,  enfm  les  hyposidfites  (  '  )  : 

1)  Un  ballon  de  verre  B,  de  aSo*^*^  environ,  porte  un  bouchon  traversé 
par  deux  tubes  courbés  à  angle  droit,  dont  l'un  pénètre  jusqu'au  fond.  Ces 
tubes  sont  munis  chacun  d'un  bout  de  caoutchouc  pouvant  être  fermé  par 
les  pinces/)  et  q.  Le  ballon  est  relié  par  le  tube  de  caoutchouc  ql\  un  bar- 
boteur  Cloez,  suivi  d'un  second  laveur.  Ils  contiennent  l'un  et  l'autre  une 
solution  à  demi  saturée  de  sulfate  d'argent  qui  en  remplit  environ  le  tiers. 
On  fait  le  vide  dans  tout  l'appareil  après  avoir  serré  la  pince  d'entrée  p 
du  ballon.  x\daptant  alors  au  caoutchouc  que  ferme  cette  pince  un  tube 


(')  M.  SchlagdenhaufFen  avait  déjà  essayé  de  résoudre  ce  problème  par  une  méthode 
indirecte,  fort  compliquée  et  insuffisante  (voir  Bull.  Soc.  chini.,  2'  série,  t.  XXII, 
p.  ,6). 


(    520    ) 

coudé  demi-capillaire  plein  d'eau  bouillie,  on  fait  arriver  l'extrémité  de 
ce  tube  au  sein  de  la  solution  sulfureuse,  au  fond  de  la  bouteille  d'eau  mi- 
nérale à  doser,  par  exemple;  en  enlr'onvant  alors  la  pince/?  tout  en  conti- 
nuant à  faire  le  vide,  on  aspire  peu  à  peu  celte  solution  dans  le  ballon  B. 
La  quantité  d'eau  sulfureuse  introduite  reconnue  suffisante,  on  forme  la 
pince  p  et  l'on  détermine  par  pesée  de  la  bouteille,  ou  en  mesurant  le 
volume  absorbé,  celui  de  l'eau  sulfureuse  aspirée  dans  le  ballon.  On 
distille  alors  vers  3o°,  dans  la  flacon  de  Cloez,  le  vingtième  environ  delà 
solution  sulfureuse.  Tout  l'hydrogène  sulfuré,  libre  ou  combiné  aux  mono- 
sulfures proprement  dits,  est  ainsi  déplacé.  Les  monosulfures  Na-  S  ou  K^S, 
ainsi  que  les  polysulfures  et  hyposulfites,  restent  seuls  et  complètement 
inaltérés  dans  le  ballon  B. 

»  Dans  les  cas  où  la  solution  sulfureuse  primitive  contiendrait  en  même 
temps  de  l'acide  carbonique  libre,  le  soufre  entraîné  à  l'ébullition  dans  le 
vide  sous  forme  d'hvdrogène  sulfuré  est  bien  celui  qui  existait  en  cet  état 
dans  le  liquide  soumis  à  l'analyse,  soit  qu'il  y  fût  primitivement  dissous, 
soit  qu'il  provienne  de  la  dissociation  des  monosulfures  en  présence  de 
l'acide  carbonique,  dissociation  qui  s'arrête,  dès  que  la  solution  pénètre 
dans  le  ballon,  dans  l'état  même  où  elle  existe  dans  l'eau  soumise  à  l'ana- 
lyse, celle-ci  perdant  à  la  fois  en  arrivant  dans  le  vide  l'hydrogène  sulfuré, 
qui  pourrait  être  originaire  des  sulfures,  et  l'acide  carbonique  qui  l'avait 
ainsi  déplacé. 

M  L'hydrogène  sulfuré  libre  ou  combiné  aux  sulfures  sous  forme  de  suif- 
hydrates  ayant  été  entièrement  enlevé  par  distillation  dans  le  vide,  on 
ferme  les  deux  pinces  p  et  q  pour  empêcher  la  rentrée  de  l'air  dans  le  bal- 
lon B,  et  l'on  recueille  le  sulfure  d'argent  formé,  qu'on  sèche  et  pèse.  Son 
poids,  mnltiplié  par  0,187,  <'onne  celui  de  l'hydrogène  sulfuré  libre  ou 
faiblement  uni  aux  sulfures  alcalins  proprement  dits  sous  forme  desulfhy- 
drates. 

»  Dans  les  eaux  sulfureuses  naturelles,  le  sulfure  d'argent  ainsi  obtenu 
correspond  à  la  partie  du  sulfure  de  sodium  primitif  Na^S  décomposé  par 
une  faible  quantité  d'acide  carbonique  souvent  présent  : 

2Na-S  -^  H=0  +  C0==  2NaHS  -1-  Na  =  CO'. 

»  Il  suffit  de  multiplier  par  o,3i45  le  poids  du  sulfure  Ag^S  obtenu 
dans  ces  conditions,  pour  avoir  celui  du  Na-S  primitif  correspondant. 

»  L'hydrogène  sulfuré  libre  ou  celui  des  sulfhydrates  ayant  été  entière- 
ment enlevé  grâce  au  vide,  on  replace  dans  le  flacon  de  Cloez  une  nouvelle 


(    521    ) 

quantité  de  sulfate  d'argent  dissous,  on  refait  le  vide  dans  l'appareil  et, 
ouvrant  la  pince  d'entrée/?  du  ballon,  on  met  son  contenu  en  communi- 
cation avec  une  source  d'acide  carbonique  exempt  d'oxygène,  que  l'on 
fait  pénétrer  et  barboter  dans  la  liqueur  qui  ne  contient  maintenant  plus 
que  les  sulfures  fixes.  Ce  gaz  entraîne  complètement  et  rapidement,  dans 
ces  conditions,  la  totalité  du  soufre  de  ces  sulfures  et  donne  de  nouveau  du 
sulfure  d'argent  qu'on  pèse  et  sèche  à  son  tour.  Il  correspond  aux  sul- 
fures fixes. 

»  Dans  les  cas  assez  rares,  mais  qui  peuvent  se  prés(Miter  quelquefois, 
où  la  liqueur  primitive  contiendrait  des  polysulfures,  pourvu  que  la 
solution  soumise  à  l'action  du  vide  et  de  l'acide  carbonique  n'arrive  pas  à 
plus  de  3o",  on  observe  que  seul  le  soufre  correspondant  à  la  partie  ba- 
sique K^S  ou  Na-S  de  ces  polysulfures  est  entraîné  à  l'état  de  H"  S,  tandis 
que  le  soufre  en  excès  se  dépose.  Les  choses  se  passent,  pour  le  penlasul- 
fure,  par  exemple,  suivant  l'équation  : 

K^S»  +  H^'O  +  CO-  =  K-CO-^  +  H^S  -^  S*. 

En  voici  un  exemple  :  Pris  loo'^'^  d'une  solution  contenant,  surtout  à  l'état 

deK'S', 

Soufre  total 0,0^939 

Soufre  répondant  au  K^S o,oiî>o 

Obtenu  : 

Soufre  mis  en  liberté,  par  C0^  dans  le  vide 

à  l'état  de  FPS o.oi'ît 

»  Il  faut  se  garder,  quand  il  y  a  des  polysulfures,  de  chauffer  la  solu- 
tion au-dessus  de  3o°,  car  le  soufre  libre  réagit  à  100°,  et  même  au-dessous, 
sur  le  carbonate  alcalin  formé  d'après  l'équation  ci-dessus  et  tend  à  refaire 
un  polysulfure,  de  l'hyposulfile  et  de  l'hydrogène  sulfuré  nouveau,  comme 
nous  nous  en  sommes  assuré  : 

S'  +  CO'Tv-  =  S-O^K=+  2H2S  -f-  C0-. 

»  Les  polysulfures  n'existent  pas,  en  général,  dans  les  eaux  minérales 
chaudes  (à  moins  qu'elles  n'aient  été  altérées  par  l'air,  après  leur  émer- 
gence); ces  sulfures  se  dédoublent  à  chaud,  en  présence  de  l'eau,  en 
donnant  de  l'hydrogène  sulfuré  : 

K-S'^  +  SH-O  =  R-S-0'  +  3H-S. 
»   Après  le  départ  du  soufre  correspondant  à  l'hydrogène  sulfuré  qui 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  9.)  (J7 


(    522    ) 

pouvait  être  libre  ou  combiné  à  l'état  de  sulfhydrates,  et  de  celui  qui  a  été 
chassé  des  sulfures  fixes  par  l'acide  carbonique,  il  reste  dans  le  ballon  B 
le  soufre  des  polysulfures  s'ils  existaient  primitivement,  ainsi  que  les  hypo- 
sulfites.  On  peut  doser  ces  derniers  à  froid  et  sans  filtrer,  dans  le  ballon 
même,  avec  la  liqueur  titrée  d'iode;  en  effet,  au  cours  des  opérations  pré- 
cédentes, si  l'on  n'a  pas  dépassé  3o°  à  35°,  ces  hyposulfites  sont  restés 
inaltérés.  Je  me  suis  assuré,  en  effet,  que  si  dans  un  hyposulfite  alcalin 
en  solution  on  fait  passer  à  cette  température  un  courant  d'acide  carbo- 
nique, ces  hyposulfites  ne  sont  pas  décomposés.  Il  ne  se  fait  ni  dépôt  de 
soufre,  ni  acide  sulfureux,  ni  trace  d'hydrogène  sulfuré  dans  le  barboteur 
à  sulfate  d'argent. 

»  Lorsque  la  liqueur  primitive  contient  des  polysulfures,  après  le  do- 
sage des  hyposulfites  il  reste  un  trouble  blanchâtre  dans  le  ballon.  On 
acidulé  alors  faiblement  la  liqueur  et  on  la  porte  à  l'ébullition  pour  réunir 
le  soufre.  On  le  jette  sur  un  petit  filtre,  on  détruit  le  tout  par  raci<le 
nitrique  fumant  et  l'on  pèse  le  soufre  à  l'état  de  sulfate  de  baryte. 

»  On  peut  aussi,  dans  la  b'queur  contenant  le  soufre  des  polysulfures  et 
les  hyposulfites,  verser  un  peu  d'acétate  de  zinc  et  porter  à  l'ébullition. 
Tout  le  soufre  se  réunit  dans  le  précipité  qui  se  forme.  On  jette  sur  un 
filtre  et  l'on  oxyde  ce  sulfure  par  l'acide  nitrique;  on  précipite  alors  le 
soufre  à  l'état  de  sulfate.  Dans  la  liqueur  filtrée  et  refroidie  contenant  un 
léger  excès  d'acétate  de  zinc,  on  dose  ensuite  les  hyposulfites  comme  d'or- 
dinaire. 

»  La  méthode  que  je  viens  de  décrire  permet  donc  de  séparer  suc- 
cessivement le  soufre  de  l'hydrogène  sulfuré  ou  des  sulfhydrates,  des  sul- 
fures alcalins  fixes,  des  polysulfures,  enfin  les  hyposulfites.  Elle  est  exacte 
et  rapide;  les  éléments  sulfurés  d'une  eau  minérale  peuvent  être  dosés 
en  quelques  heures. 

))  Grâce  à  elle,  j'ai  pu  confirmer  les  conclusions,  appuyées  sur  d'autres 
preuves,  mais  souvent  mises  en  doute,  de  O.  Henry,  Boullay,  Filhol, 
Garrigou,  etc.,  que  les  eaux  sulfureuses  les  plus  connues  des  Pyrénées 
sont  minéralisées  surtout  par  du  sulfure  de  sodium  Na-S  et  que  la  petite 
quantité  de  sulfhydrate  qu'on  v  trouve  est  proportionnelle  à  l'acide  carbo- 
nique présent. 

»  Cette  méthode  m'a  permis  de  m'assurer  aussi  que,  soumises  à  l'action 
de  l'eau  vers  25o°  à  280°,  les  roches  ignées  pulvérisées  donnent  un  mé- 
lange de  sulfures  et  de  sulfhydrates  solubles,  accompagnés  quelquefois 
d'une  trace  d'hyposulfite  due  peut-être  à  un  peu  d'air  resté,  malgré  le 


(  523  ) 

vir)e,  adhérent  à  la  poudre.  Je  reviendrai  prochainement  sur  ces  résultais. 
»  Voici,  comme  exemple,  deux  analyses  d'eaux  sulfureuses  exécutées 
par  la  méthode  que  je  viens  de  décrire.  La  première  est  relative  à  une  eau 
sulfureuse  synthétique  obtenue  en  chauffant  à  280°  le  granit  en  poudre  fine 
avec  son  poids  d'eau.  La  seconde  est  celle  de  l'eau  de  Labassère  (Ariège) 
que  j'ai  prise  comme  type,  des  analyses  concordantes  en  ayant  été  déjà 
faites  par  plusieurs  méthodes.  Tous  les  nombres  sont  rapportées  au  litre. 

Eau  sulfureuse  Eau 

de  synihèse.  de  Labassère. 

pr  gr 

ll'-S  libre  ou  uni  aux  monosuifiiros  ..      o,oi45  0,oo43 

Na-S 0,0187  O,o4o2 

Hyposulfite  rie  sodium Traces  0,0028 

Na-S  calculé  pour  le  soufre  total ....     0,220  o,o5o2 

»  On  avait  trouvé  dans  les  eaux  de  Labassère  de  o^",o43  à  os'',o46  de 
Na'^S  calculé  d'après  le  soufre  total. 

»  La  petite  quantité  d'hydrogène  sulfuré  obtenue  dans  l'une  et  l'autre 
des  eaux  sulfureuses  ci-dessus  est  due  à  la  dissociation  d'un  peu  de  Na-  S 
par  l'acide  carbonique  qui  se  forme  simultanément  lorsque  les  roches 
ignées  sont  soumises  à  l'action  de  l'eau  à  température  élevée.  » 


CHIMIE    VÉGÉTALE.     —     Sur    la    germination    dans    l'eau     distillée;     par 
MM.  P. -P.  Deiiêraix  et  Demoussy. 

«  Les  irrégularités  que  présente  la  germination  des  graines  dans  l'eau 
distillée  ont  été  signalées  depuis  longtemps,  et  un  physiologiste  autrichien 
bien  connu,  J.  Bœhm,  a  publié  sur  ce  sujet,  en  1875,  un  Mémoire  souvent 
cité('). 

»  Une  jeune  plante  trouve  dans  ses  cotylédons  tous  les  aliments  néces- 
saires à  son  premier  développement,  surtout  si  ces  cotylédons  présentent 
un  poids  considérable,  comme  ceux  des  haricots,  et  il  semble  que  la  plantule 
doit  croître  pourvu  qu'elle  soit  maintenue  dans  une  atmosphère  oxygénée, 
à  une  température  convenable,  et  que  ses  racines  trouvent  à  s'abreuver, 

»  Les  haricots  mis  en  expérience  par  Bœhm  présentèrent  cependant  de 
curieuses  différences;  ils  vécurent  quand  leurs  racines  plongèrent   dans 


(')  Annales  agronomiques,  t.  I,  p.  470;  1875. 


(  524  ) 

l'eau  de  fontaine,  mais  au  contraire  moururent  plus  ou  moins  rapidement 
quand  ils  furent  enracinés  dans  l'eau  distillée. 

»  L'eau  de  fontaine  renferme  des  sels  de  chaux,  l'eau  distillée  en  est 
privée;  Bœhm,  un  peu  hâtivement,  crut  pouvoir  attribuer  à  cette  absence 
de  chaux  l'arrêt  de  développement  des  haricots  élevés  dans  l'eau  distillée, 
et  il  écrivit  :  «  Dans  la  transformation  des  matières  organiques  en  matières 
constitutives  du  corps  de  la  plante,  la  chaux  joue  un  rôle  tout  aussi  impor- 
tant que  dans  la  transformation  du  cartilage  en  os.  » 

»  La  chaux  serait  donc,  d'après  Bœhm,  nécessaire  à  l'évolution  des 
graines  en  germination;  sans  elle,  les  matériaux  contenus  dans  les  coty- 
lédons ne  seraient  pas  utilisés. 

»  Ce  sujet  a  été  repris  à  différentes  époques  au  Muséum  (');  on  est 
arrivé  à  se  convaincre  que  l'opinion  de  Bœhm  était  trop  absolue  :  des  grains 
de  blé,  des  lentilles,  des  haricots  placés  sur  des  baguettes  de  verre  au- 
dessus  de  vases  remplis  d'eau  distillée  ont  évolué  régulièrement,  surtout 
quand  la  température  a  été  portée  à  aS"  ou  3o°.  La  chaux  n'est  donc  pas 
nécessaire  à  l'utilisation  des  réserves  des  cotylédons;  on  en  est  d'autant 
mieux  convaincu  que,  si  l'on  analyse  séparément  les  tiges,  les  racines  et  les 
cotylédons  d'un  haricot  en  germination  dans  l'eau  distillée,  on  ne  trouve 
de  chaux  que  dans  les  cotylédons  où  elle  est  restée  inutilisée. 

)>  Les  échecs  constatés  dans  l'eau  distillée  sont  cependant  fréquents,  et, 
si  ce  n'est  pas  l'absence  de  chaux  qui  empêche  les  graines  d'évoluer  et 
notamment  de  former  des  radicelles,  la  cause  qui  détermine  cet  arrêt  de 
développement  reste  inconnue. 

»  Notre  attention  a  été  ramenée  sur  cette  question  pendant  l'automne 
dernier  :  en  plaçant  dans  l'eau  distillée  des  lupins  blancs  ou  jaunes,  au 
nombre  d'une  cinquantaine,  on  les  voit  former  des  racines  et  des  tiges,  mais 
quand  ensuite  on  choisit  quelques  sujets  vigoureux  poursuivre  leur  dévelop- 
pement et  qu'on  les  introduisit  dans  de  petits  entonnoirs  coupés  au-dessus 
de  tubes  remplis  d'eau  distillée,  on  constata  que  l'évolution  s'arrêtait  et 
qu'il  ne  se  formait  pas  de  racines. 

»  Nous  préparons  notre  eau  distillée  au  Laboratoire  de  Physiologie  du 
Muséum  à  l'aide  d'un  appareil  continu  ;  bien  qu'elle  parût  pure,  nous 
l'avons  remplacée  par  de  l'eau  distillée  provenant  d'un  magasin  de  produits 
chimiques  ou  d'un  autre  laboratoire  du  Muséum,  mais  l'une  et  l'autre  ren- 


(')  .1/111.  agr.,  l.  IV,  p.iai  ;  1878.  —  Tome  IX,  p.  58;  i883,  ce  dernier  Mémoire 
est  de  MM.  Deuérain  et  Bréai.. 


(  525  ) 

fermaient  des  traces  sensibles  de  chaux,  de  telle  sorte  qu'elles  ne  pouvaient 
nous  servir  à  élucider  la  question  posée.  L'un  de  nous  (M.  Demoussy)  eut 
alors  l'idée  de  reprendre  notre  eau  distillée  et  de  la  soumettre  à  une  nouvelle 
distillation  dans  un  appareil  en  verre,  en  fractionnant  les  produits;  on 
recueillit  séparément  les  deux  premiers  tiers  du  liquide,  et  l'onconserva  le 
dernier  tiers  qui  ne  fut  pas  distillé;  des  lupins  furent  enracinés  dans  ces 
trois  eaux;  les  résultats  furent  surprenants,  et  nous  avons  l'honneur  de 
mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  photographie  qui  montre  avec  la 
plus  complète  évidence  que  les  lupins  enracinés  dans  l'eau  distillée  dans 
le  verre  forment  de  longues  racines  très  vigoureuses,  tandis  que  l'arrêt  de 
développement  est  absolu  quand  les  vases  renferment  l'eau  résiduaire, 
non  distillée  une  seconde  fois. 

»  Celte  observation  appuie  la  conclusion  que  nous  avons  formulée  plus 
haut  :  ce  n'est  pas  l'absence  de  chaux  qui  empêche  l'évolution  des  graines, 
car  la  chaux  serait  restée  dans  la  partie  de  l'eau  qui  n'a  pas  été  distillée 
une  seconde  fois,  et  c'est  précisément  dans  ce  résidu  que  l'évolution  ne 
se  produit  pas. 

»  Un  nouvel  examen  attentif  de  ce  résidu  ne  permit  pas  d'y  déceler 
la  moindre  trace  de  métaux  nuisibles;  nous  résolûmes  cependant  d'essayer 
si  une  trace  des  métaux  qui  servent  à  la  construction  des  alambics  ne  se- 
rait pas  la  cause  de  l'arrêt  de  développement  des  lupins,  et  l'on  introduisit 
de  l'argent,  du  cuivre,  du  plomb  et  de  l'étain  dans  de  l'eau  distillée  pure, 
on  les  y  laissa  quelques  jours,  puis  on  remplit  de  ces  eaux  des  tubes  dans 
lesquels  on  enracina  de  nouveau  des  lupins  (  '  ).  Je  mets  sous  les  yeux  de 
l'Académie  une  seconde  photographie,  dans  laquelle  on  voit  les  lupins 
former  des  racines  dans  l'eau  pure,  dans  l'eau  qui  avait  séjourné  au  con- 
tact de  l'argent,  du  plomb  et  de  l'étain,  mais  présenter  un  arrêt  de  déve- 
loppement complet  dans  l'eau  de  cuivre. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  le  lupin  blanc  qui  ne  peut  former  de  racines 
dans  l'eau  cuivreuse;  il  en  est  de  même  des  lupins  jaunes,  des  ricins;  le 
blé  présente  encore  les  mêmes  arrêts  de  développement.  La  photographie 
que  je  présente  montre  que  le  blé  fait  de  longues  racines  dans  l'eau  qui  a 
subi  deux  distillations  et  qu'il  n'en  forme  pas  dans  l'eau  non  distillée  de 
nouveau,  ni  dans  l'eau  qui  a  séjourné  au  contact  du  cuivre,  même  quand  elle 
forme  la  moitié,  le  cinquième,  le  dixième  ou  le  vingtième  du  volume  total. 

(')  II  a  fallu  filtrer  l'eau  restée  au  contact  du  plomb,  qui  s'était  troublée;  après 
fillration,  elle  est  restée  limpide. 


(  526  ) 

»  L'eau  cuivreuse  est  également  fatale  au  lupin  blanc,  même  quand  elle 
est  étendue  de  moitié  ou  des  quatre  cinquièmes  d'eau  pure;  quand  on  mé- 
lange l'eau  cuivreuse  avec  les  mêmes  proportions  d'eau  de  fontaine,  les 
racines  commencent  à  s'allonger,  mais  elles  ne  prennent  leurs  dimensions 
normales  qu'autant  qu'on  les  frotte  avec  du  carbonate  de  chaux,  qui 
arrête  sans  doute  au  passage  les  traces  de  cuivre  que  l'eau  a  pu  prendre. 

»  Tous  les  essais  que  nous  avons  tentés  pour  caractériser  le  cuivre  dans 
l'eau  distillée  ont  échoué  tant  que  nous  n'avons  pas  poussé  très  loin  la 
concentration;  en  cherchant  dans  les  derniers  lo'^'^,  résidus  de  la  distilla- 
tion de  lo'''  de  notre  eau  distillée,  nous  avons  obtenu,  après  addition  de 
quelques  gouttes  d'acide  azotique,  un  louche  par  l'hydrogène  sulfuré  et 
une  légère  coloration  par  le  ferrocyanure.  Eu  comparant  la  coloration  par 
l'hydrogène  sulfuré  de  notre  résidu  à  celles  que  donnent  des  dissolutions 
extrêmement  diluées  de  sulfate  de  cuivre,  on  a  évalué  à  o"^'',  i  ou  o^s^^s 
la  quantité  de  cuivre  contenue  dans  i'"  de  notre  eau  distillée.  A  un  ou 
deux  dix-millionièmes,  le  cuivre  arrête  le  développement  des  racines  du 
blé  ou  du  lupin  blanc  ou  jaune;  il  est  donc  extrêmement  toxique,  un  peu 
plus  même  que  ne  l'a  reconnu  M.  Coupin  dans  un  travail  récent  ('). 

»  Il  est  d'autant  moins  douteux  que  le  cuivre  soit  l'agent  nocif  qui 
arrête  les  germinations  dans  l'eau  distillée,  qu'on  voit  dans  le  Mémoire  de 
J.  Eœhm,  origine  des  présentes  recherches,  que,  dans  le  désir  de  soustraire 
complètement  l'eau  distillée  à  l'action  de  la  chaux  employée  à  la  fabrica- 
tion du  verre,  il  conservait  l'eau  distillée  d'expériences  dans  un  vase  de 
cuivre  argenté,  et  il  suffit  de  supposer  que  la  couverture  d'argent  n'ait  pas 
été  absolument  continue,  qu'en  quelques  points  l'eau  ait  été  en  contact 
avec  le  cuivre,  pour  expliquer  tous  ses  insuccès. 

»  On  sait,  depuis  longtemps,  que  les  végétaux  inférieurs  sont  très  sen- 
sibles à  l'action  de  traces  impondérables  de  cuivre  ;  Nœgeli  notamment  cite 
la  curieuse  expérience  suivante  :  les  Spyrogyra  périssent  dans  de  l'eau  où 
séjourne  une  pièce  d'or;  l'or  pur,  au  contraire,  n'exerce  aucune  action. 
Les  traces  de  cuivre  abandonnées  par  l'alliage  monétaire  se  fixent  sur  le 
verre;  car  si  l'on  enlève  la  pièce  d'or,  l'eau  où  elle  était  plongée,  qu'on  la 
remplace  par  de  l'eau  pure,  celle-ci  reste  toxique  pour  les  Spyrogira.  Il 
faut  que  le  vase  ait  été  lavé  à  l'acide  pour  qu'elles  puissent  y  vivre  (-). 

»  L'eau  distillée  dans  des  alambics  de  cuivre  peut  donc  entraîner  des 

(  '  )   Comptes  rendus,  l.  CXXVII,  p.  4oo. 
(')  Ann.  agr.,  t.  XX,  p.  iS;. 


(  527) 
traces  de  métal  qui  la  rendent  vénéneuse,  même  pour  les  végétaux  supé- 
rieurs au  moment  oîi  ils  commencent  leur  évolution  ;  il  est  bien  à  remarquer 
cependant  que,  si  les  graines  en  germination  sont  nombreuses  dans  un  vo- 
lume d'eau  restreint,  l'évolution  s'accomplit  normalement;  la  dose  de 
cuivre  contenue  dans  l'eau,  mortelle  pour  une  seule  plante,  devient  inof- 
fensive pour  trente  ou  quarante;  leurs  racines  s'emparent  du  cuivre;  car, 
lorsqu'on  remplit  des  tubes  avec  l'eau  où  elles  ont  vécu  plusieurs  jours, 
on  voit  les  graines  y  croître  régulièrement. 

»  Des  faits  que  nous  venons  de  rappeler  il  semble  qu'on  puisse  tirer  les 
conclusions  suivantes  : 

»  1°  Les  graines  en  germination  forment  des  racines  et  commencent 
leur  évolution  dans  l'eau  absolument  privée  de  chaux; 

»  2°  Le  développement  des  racines  des  graines  en  germination  s'arrête 
dans  l'eau  distillée  quand  elle  renferme  des  traces  impondérables  de 
cuivre; 

»  3°  Les  êtres  vivants  :  champignons,  algues,  graines  des  végétaux  su- 
périeurs en  voie  de  germination,  sont  des  réactifs  infiniment  plus  sensibles 
que  tous  ceux  qu'on  emploie  dans  le  laboratoire,  et  décèlent  la  présence 
de  quantités  infinitésimales  d'un  métal  comme  le  cuivre,  qu'on  ne  peut  ca- 
ractériser par  les  réactions  chimiques  habituellement  employées.   » 


PHOTOTHÉRAPIE.  —  Appareil  photolhérapique  sans  condensateur.    Note   de 

MM.  LoRTET  et  Gexocd. 

«  Quand  on  se  sert  de  l'arc  voltaïque  comme  source  lumineuse  dans 
l'application  de  la  méthode  photolhérapique,  l'appareil  employé  par  Finsen 
et  celui  dont  nous  avons  proposé  l'usage  (voir  notre  Communication  du 
4  février)  concentrent  les  rayons  lumineux  à  l'aide  de  condensateurs.  Avec 
ce  dispositif,  le  rendement  pour  le  but  qu'on  se  propose  est  relativement 
minime,  car  il  en  résulte  une  déperdition  considérable  de  radiations  chi- 
miques, plus  ou  moins  retenues  par  les  milieux  formant  les  condensateurs. 
Au  point  maximum  de  concentration,  on  obtient  une  zone  de  la  grandeur 
d'une  pièce  de  un  franc  environ,  zone  qui  représente  l'élément  actif  auquel 
il  faut  exposer  les  parties  à  traiter  pendant  un  laps  de  temps  variant  entre 
une  heure  et  une  heure  un  quart,  pour Aoir  se  produire  l'effet  curatif. 

»  Nous  avons  cherché  à  supprimer  les  condensateurs  :  pour  cela,  il  fal- 
lait rendre  utilisables  les  rayons  lumineux  le  plus  près  possible  de  leurori- 


(  528  ) 

gine,  avant  leur  dispersion,  le  degré  de  concentration  augmentant  natu- 
rellement à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  source  lumineuse.  Nous  y 
avons  pleinement  réussi  avec  le  dispositif  que  nous  avons  imaginé  et  que 
représente  la  figure  ci-dessous. 

D 


n  L'arc  électrique  à  courant  continu  est  produit  entre  deux,  charbons  formant  un 
angle  suffisant  pour  que  le  cratère  du  charbon  positif  projette  la  plus  grande  partie 
de  la  lumière  suivant  un  cône  dont  l'axe  passerait  par  le  centre  de  l'orifice  O  de  DD, 
sorte  de  cuvette  oblongue  à  double  fond,  dont  les  parois  distantes  de  6  à  7  millimètres 
laissent  un  espace  vide  dans  lequel  circule  de  l'eau  froide,  ce  qui  empêche  l'échaufie- 
ment  de  DD  remplissant  le  rôle  d'écran  percé  d'un  orifice  par  lequel  passe  la  lumière. 
Un  système  de  bras  articulés  et  de  vis  permet  le  réglage  de  l'arc,  que  l'on  peut  ap- 
procher plus  ou  moins  de  O. 

»  Quand  l'appareil  fonctionne,  l'arc  est  amené  à  une  distance  de  1  à  2  centimètres 
de  l'orifice.  Les  charbons  sont  masqués  par  les  rebords  de  DD.  Le  petit  miroir  M  em- 
pêchant toute  projection  de  lumière  en  arrière,  l'arc  n'est  donc  éclairant  que  par  sa 
partie  antérieure. 

»  En  avant  de  l'orifice  O  se  fixe  un  petit  appareil  G,  sorte  d'obturateur  creux  (nous 


(  529  ) 

l'avons  représenté  séparé  sur  la  figure),  limité  sur  ses  deux  faces  par  un  disque  de 
cristal  de  roche;  dans  l'intérieur  circule  un  courant  d'eau  froide. 

»  L'expérience  nous  a  appris  qu'on  peut  approcher  l'arc  à  une  distance  de  4""  à  ô"^" 
de  cet  obturateur,  sans  /jue  celui-ci  s'échauffe.  Il  laisse  assurément  passer  la  plus 
grande  partie  des  radiations  calorifiques.  Mais,  toute  partie  suffisamment  appliquée 
contre  le  disque  postérieur  {par  rapport  à  l'arc)  de  façon  à  faire  corps  avec  lui, 
étant  de  ce  fait  constamment  rafraîchie,  est  complètement  soustraite  à  l'action  des 
radiations  calorifiques,  rien  par  contre  n'entravant  celle  des  radiations  chimiques. 
»  L'ensemble  de  l'appareil  est  monté  sur  une  tige  LL  mobile  en  tous  sens;  l'arc 
employé  consomme  de  8  à  10  ampères  à  !\o  ou  ^5  volts. 

»  En  dehors  de  loute  question  de  comniodilé  et  d'économie,  les  résul- 
tats obtenus  sont  les  suivants  : 

»  1.  Suivant  la  dimension  de  l'obturateur,  la  zone  active  peut  varier 
dans  les  dimen.sions  de  1'™  à  6'^"'  de  diamètre.  (Les  appareils  à  con- 
densateurs ne  donnent  qu'une  zone  active  de  la  grandeur  d'une  pièce  de 
un  franc.) 

»  2.  L'intensité  photochimique  de  cette  zone  est  suffisante  pour  que  le 
temps  d'exposition  nécessaire  pour  obtenir  le  résultat  curatif  désiré  ne 
dépasse  pas  quinze  à  vingt  minutes  (au  lieu  de  une  heure  à  une  heure 
quinze,  temps  de  pose  indis|)ensable  avec  les  appareils  déjà  cités).  Il  est 
probable,  du  reste,  qu'on  pourra  diminuer  encore  la  durée  de  cette  expo- 
sition. 

»  L'appareil  dont  nous  venons  d'exposer  sommairement  le  fonctionne- 
ment permettra  donc  de  réduire,  dans  des  proportions  considérables,  la 
durée  du  traitement  photothérapique,  seule  objection  justifiée  faite 
jusqu'à  maintenant  à  l'emploi  de  cette  méthode.  » 


M.  le  Secrét.iike  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  «  Traité  théorique  et  pratique  d'Électrométallurgie  «, 
par  M.  Adolphe  Minet.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

La  Société  des  a.mis  des  Sciences  siathém-itiqces  et  physiques  de  Pol- 
TAVA  adresse  à  l'Académie  ses  respectueuses  condoléances  à  l'occasion  de 
la  mort  de  M.  Ch.  Uermite. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  C.VWU,  iN°  9.)  68 


(  53o  ) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  des  variations  ci' éclal  de  la  planète  Eros  faites 
à  l'observatoire  de  Lyon.  INote  de  MM.  Gitillacme,  Le  Cadet  et  Luizet, 
présenlée  par  M.  Lœwy. 

«  Les  variations  d'éclat  de  la  planète  Eros  ont  été  suivies  a  l'observa- 
toire de  Lyon  par  MM.  Le  Cadet  (L.  C.)  à  l'éqiiatorial  coudé  (o™,32), 
Guillaume  (J.  G.)  et  Luizet  (M.  L. )  à  l'équatoriHl  Brunner  (o"',i6), 

»   La  méthode  employée  parées  trois  observateurs  est  celle  d'Argelander. 

»  Les  observations,  commencées  chaque  soir  dès  que  la  nuit  le  permet- 
tait, ont  été  faites  sans  interruption  jusqu'au  moment  où,  la  planète  arri- 
vant trop  près  de  l'horizon,  les  comparaisons  devenaient  incertaines. 

»  On  a  ainsi  obtenu,  pour  chaque  soirée,  une  courbe  de  kimière  dont 
on  a  tiré  les  heures  des  maxima  el  minima  correspondants. 

»  Le  Tableau  qui  suit  résume  ces  observations  :  les  résultats  y  sont 
groupés  en  deux  séries  se  rapportant  aux  époques  tropiques  d'ordre  pair 
et  impair  à  partir  d'une  certaine  date,  conformément  à  la  remarque,  faite 
par  M.  André,  que  la  durée  totale  de  la  période  de  variation  d'Éros  com- 
prenait deux  maxima  et  deux  minima;  l'accord  presque  constant  des  va- 
leurs individuelles,  surtout  pour  les  minima,  est  intéressant  à  signaler. 

»   La  variation  totale  d'éclat  de  la  planète  est  environ  de  deux  grandeurs 


2\'^ 


2''5o'ï_ 


lDeq  =  oGr  1 


et  la  courbe  de  lumière  ci-jointe,  sans  être  définitive,  donne  une  repré- 
sentation assez  approchée  de  la  variation  actuelle  d'Eros. 


Minimum  I. 

Minimum  II. 

Heure  (T. M.  Paris). 
J.G.        L.C.          M.L. 

Dates. 

Heure  (T.  M.  Paris). 

Dates. 

J.G.        L.C.          M.L. 

,  février 

■KO. 

Il        111           11        m          h        Di 

7.55       7.56       8.   0 

J901 

février  30. 

h         U)             Il         1)1           II 

10. 5o     io.5i      10. 5o 

21. 

10. i4    10. i5    10. i4 

21. 

7.55       7.54       7.53 

(  53.   ) 


Minimum  I 

Heure 

(T.  M.  Paris). 

Dates. 

J.G. 

L.C. 

M.L. 

1901,  février 

22. 

Il           Ul 

7.26 

h        Ul 
7.20 

Il 
7.27 

23. 

9-4o 

9.40 

9.42 

25. 

27- 

9-   9 

9.10 

8.32 

9.  8 
8.33 

Maximum 

/. 

Dates. 

J.G. 

L.C. 

M.L. 

1901 

février 

20. 

Il        ni 

9.i5 

Il        m 
9  •  '  '' 

Il 
9.  16 

21 . 

n.42 

1 1  .  :!(i 

I  I  .  45 

22. 

8.38 

8.40 

8.35 

23. 

10.55 

1 0 .  58 

10.55 

25. 

10.37 

10. 3o 

10.36 

2G. 

7.35 

7.34 

7-44 

37. 

» 

10.   1) 

9.53 

Dalles. 


Minimum.  II, 

Heure  (T.  M.  Paris). 

J.G.         L.C.  M.L. 


1901, 


h 

Ql 

Il            Dl 

h 

er  22. 

10. 

I    I 

10.  12 

ro. 

12 

23. 

'7  . 

.8 

7. .5 

n 
J  ■ 

17 

25. 

12. 

2 

12.   0 

l '^  . 

2 

26. 

9- 

8 

9.   8 

9- 

10 

27. 

» 

i  r  .20 

1 1 . 

23 

Maximum 

//. 

Dates. 


J.G. 


L.C.  M.L. 

Il        m  II        III  11        Ul 

1901,  février  21 .       9.12  9.    5       9.12 

22.  I I .33  I I .20  I I .35 

23.  8.20  8.38       8.18 

25.  »  8.18  „ 

26.  10.20  10. 25  10.20 


ASTRONOMIE.  — Sur  les  époques  tropiques  de  la  période  de  varialion  d' éclat 
de  la  planète  Erns.  Noie  de  M.  M.  Luizet,  présentée  par  M.  I.œwy. 

«  Si  nous  désigaons  par  /«,,  M,,  m.^,  Moles  deux  minima  et  les  deux 
maxima  compris  dans  chaque  période  de  varialion  lumineuse  d'Eros,  la 
discussion  des  observations  d'éclat  de  cette  planète,  faites  à  l'observatoire 
de  Lyon  par  MM.  Guillaume,  Le  Cadet  et  Luizet,  et  dirigée  d'après  la  mé- 
thode adoptée  pour  les  étoiles  doubles  photomélriques,  conduit  aux  résul- 
tats suivants  : 

»  1°  Les  intervalles  de  temps  (mj  —  ^«,)  et  (m.,  —  m„)  diffèrent  nota- 
blement l'un  de  l'autre;  il  en  est  de  même  des  intervalles  (M.  —  M,)  et 
(M,  —  Ma).  On  trouve,  en  effet  : 

j  II        m 

nif  =  o,  r  19  =  2..5i, 


m.^  =  o,  100  ==  2  .24, 


m. 2 

m, 

M„  —  M,=  o,  1 18  =  2.5o, 

M,  —  Mo  =  o,  I  o  1  =  2 .  26  ; 


»   2"  Les  durées  d'accroissement  île  lumière   entre   m,  et  M,   et  entre 


(  532  ) 
m„  e\  Mo  diffèrent  peu  : 

J  II  m 

M,  —  m^  =  o,o56  =  1 .20, 
M»  —  m„  =  o,  o54  =  118, 

tandis  que  les  durées  des  diminutions  d'éclat  entre  M,  et  m-^  et  entre  M, 
et  m,  sont,  au  contraire,  assez  différentes  : 

j  II  m 

m^  —  M,  =  n,o63  =  1  .3i, 
m  I  —  Mo  =  o.  046  =  I  .  (j  ; 

»   3°  La  durée  totale  P  de  la  période  est  : 

oi,  2195  =  5''  16™,  T   d'après  les  mini  ma 
et 

o',2i96  =  5''j6'",2  d'après  les  maxima; 
soit 

P  =  5''i6'",i5; 

»   4°  Les   éléments  provisoires  donnant  les  époques   successives    des 
minima  m^  et  m^  sont,  en  temps  moyen  astronomique  de  Paris, 

iqoi.   Février  20 7''07    )         ,.u    ^       ^  t^ 

20 io''48  ( 

Dans  une  prochaine  Communication  nous  donnerons  la  discussion    des 
éclats  eux-mêmes.  » 


ASTRONOMIE.  —    Variations  d'éclat  de  la  planète  Éros.  Note  de 
M.  Baillaud,  présentée  par  M.  Lœwv. 

«  Les  variations  d'éclat  de  la  planète  Eros,  mesurées  par  M.  Rossard, 
ont  été  discutées  à  l'observatoire  de  Toulouse. 

»  Il  en  résulte  que  la  période  entre  les  maximums  d'éclat  est  égale  à 
celle  déduite  des  minimums;  elle  est  de  2*" 23"",  i. 

»  Le  minimum  normal  d'éclat  a  eu  lieu  le  i4  février,  à  9''3i™,  temps 
moyen  de  Toulouse  ;  le  maximum  normal,  le  même  jour,  à  io''36"'.  Du 
minimum  au  maximum  il  s'est  écoulé  65  minutes,  tandis  que  l'intervalle 
du  maximum  au  minimum  serait  de  78  minutes.  Toutefois  les  observations 
sont  presque  aussi  bien  représentées  par  l'hypothèse  de  neuf  périodes 
exactes  dans  la  durée  adoptée  pour  dix;  dans  ce  cas,  les  demi-périodes 
seraient  presque  égales.   » 


(  533  ) 


ASTRONOMIE.  —  Éléments  fin  système  formé  par  la  planète  double  Éros. 
Note  de  M.  Cn.  André,  présentée  pnr  M.  Lœwv. 

«  Les  constantes  de  la  courbe  de  lumière,  données  par  M.  Ltiizet,  con- 
duisent pour  le  système  d'Eros  aux  éléments  suivants  : 

1°  Durée  de  la  révolution 3''  lô™,!?» 

2"  Excentricité o,o569 

3"  Longitude  du  périastre  comptée  à  partir  de  la  ligne  des  nœuds.      162°, 45 
4°  Le  demi-grand  axe  est  fort  peu  supérieur  à   la   somme  des  ravons  des 
deux  astres  supposés  sphériques. 

5"  La  densité  moyenne  du  système  par  rapport  au  Soleil  est 2,4 

6°  Les  dimensions  des  deux  corps  supposés  sphériques  sont  fort  peu  diffé- 
rentes :  leur  rapport  serait  compris  entre  |  et  i. 
7"  Ces  astres  seraient  des  ellipsoïdes  très  .nliongés;  leur  aplatissement,  dans 
l'ellipse  méridienne,  paraît  être  voisin  de  {. 

»  Je  ferai  remarquer  que  : 

»  1°  La  durée  de  révolution  du  satellite  d'Eros  est  voisine  de  celle  de 
Phobos(7''39™). 

»  2°  L'excentricité  est  presque  égale  à  celle  de  l'orbite  lunaire 
(0,0549). 

»  3°  La  densité  movenne  de  ce  svstème  est  de  l'ordre  de  celle  de  Mars 
(0,8). 

»  4°  L'aplatissement  est  en  dehors  de  tous  ceux  que  nous  connaissons 
jusqu'ici  :  je  me  réserve  de  revenir  sur  ce  sujet  dans  une  prochaine 
Communication.   » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  période  de  variabilité  d'éclat  de  la  planète  Éros, 
d'après  des  déterminations  faites  à  l'observatoire  de  Toulouse.  Note 
de  M.  L.  MoxT.4\GERAJîD,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Annoncée  comme  probable  par  une  Noie  du  D''  Egon  von  Oppolzer, 
de  Potsdam,  la  variabilité  d'Eros  est  maintenant  entièrement  confirmée 
par  diverses  Communications  \>»vues  au^  Comptes  rendus  (^i2>  février)  et 
aux  Astronomische  Nachrichten,  n°  3688. 

»  Des  recherches  photographiques  sur  ce  sujet  ont  été  entreprises  à 


(  534  ) 

Toulouse,  à  l'Instrument  de  la  Carte  du  Ciel,  et  seront  poursuivies  jusqu'à 
la  fin  de  l'opposition  de  la  planète.  Les  résultats  en  seront  publiés  ultérieu- 
rement. 

»  Mais  il  est  utile  de  dire,  dès  maintenant,  qu'une  pose  obtenue  le 
i6  février  donnait,  pour  la  demi-période  de  décroissance,  d'un  maximum 
au  minimum  suivant,  une  durée  supérieure  à  une  heure.  Un  autre  cliché 
longuement  posé,  fait  à  la  date  du  23  février,  permet  d'attribuer  à  la 
période  entière  une  dui'ée  d'environ  deux  heures  et  demie. 

M  l^a  comparaison  des  clichés  en  question  avec  d'autres,  obtenus  à  des 
dates  éloignées,  pourra  sansaucun  doute  fixer  sur  la  valeur  de  la  période 
cherchée,  car  la  mesure  des  traînées  se  fait  avec  une  précision  de  quelques 
minutes. 

»  Voici,  en  attendant,  les  résultais  de  comparaisons  visuelles  d'Éros  aux 
étoiles  voisines,  indiquées  pour  les  dates  suivantes  dans  ce  Tableau  : 


BD.  >■■.        Giandeiir  d'après  BD. 


1901    février  aS. 


16 

712 

1)4 

16 

719 

9.5 

16 

720 

9>^ 

i5 

784 

9,5 

iT) 

8i5 

9.5 

i'i 

907 

9,3 

■'■' ) 

»  Le  maximum  d'éclat  de  la  planète  a  é(é  constaté  aux  moments  ci- 
dessous  : 

Février  aS S.3o  temps  moven  de  Toulouse. 

»         25 Cf.".  :v.  ....      7 .  35  i> 

»         27 6.57  11 

»  La  grandeur  était  alors  9,5  environ.  Les  intervalles  respectifs  des 
maxima  observés  sont  :  2825™  et  2842™.  Or,  d'après  la  remarque  contenue 
dans  la  Note  de  M.  Rossard  (Comptes  rendusàn  18  février)  qu'il  y  a  un  peu 
plus  de  10  périodes  de  variation  dans  un  jour,  on  peut  rechercher  quelle 
serait  la  durée  de  cette  période,  en  admettant  alors  qu'd  y  eu  ait  20  du  23 
au  25  et  du  25  au  27  février.  On  trouvera  ainsi,  pour  la  période,  les  durées 
respectives  :  2'' 21'"  et  2'' 22™.  On  voit  que  ces  nombres  concordent  absolu- 
ment avec  ceux  déjà  obtenus  à  Toulouse.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  2'' 22'" 
représentent  bien  l'amplitude  de  la  période  de  variabilité.    « 


(  535  ) 


ASTUONOMIE.  —   Sur  la  nouvelle  c'ioile  ùc  Pence.  Note  de  M.  M.  Luizet, 

|)résentée  par  M.  Lœwy. 

«  Je  donne  ici  quelques  éclats  de  celte  Nova,  déduits  de  comparaisons 
faites  à  a  Taureau,  fi  Gémeaux,  «  Persée  et  y  Cassiopéc,  en  adoptant  pour 
grandeisrs  de  ces  étoiles  celles  données  |)ar  la  Connaissance  des  Temps  : 

h        IJI  it 

l'évricr  26  à     iS.45 1,1 

T.-  à     9 .    5 1,5 

■>.-  à    10.20 1,9 

•'.-  à    I  I  .20 2,0 

27  i>    11.40 2.1 

27  il    12 .    o 2,1 

Mars  1  à     8.4-5 2,1   à   2,2 


ASTRONOMIE.    —    Observations  de  l'étoile  nouvelle  de  Persée. 
Note  de  M.  H.  Desi.a.\dres,  présentée  par  M.  Jansseii. 

«  Le  23  février,  l'observatoire  de  Mention  recevait  une  dépêche  annon- 
caYit  une  étoile  nouvelle  dans  la  constellation  de  Persée. 

))  Je  me  suis  proposé  d'étudier  avec  soin  le  spectre  de  l'étoile;  car  c'est 
l'analyse  spectrale  qui  fournit  sur  ces  astres  singuliers  les  renseignements 
les  plus  complets  et  les  plus  variés. 

»  La  première  étoile  temporaire  étudiée  au  spectroscope  est  l'étoile 
de  1866,  Tde  la  Couronne.  Son  spectre,  relevé  par  sir  Huggens,  était  carac- 
térisé par  les  raies  de  l'hydrogène  brillantes  et  larges,  qui  ont  été  recon- 
nues plus  lard  absolument  semblables  dans  les  protubérances  éruptives 
du  Soleil. 

»  La  suivante,  apparue  en  1876  dans  le  Cygne,  a  montré  un  spectre 
continu  rehaussé  par  les  raies  brillantes  des  protubérances  solaires,  au 
moment  de  son  maximum.  Puis,  lorsque  l'étoile  a  décru,  elle  s'est  débar- 
rassée peu  à  peu  de  la  partie  continue  du  spectre  et,  à  la  fin,  a  montré 
seulement  les  raies  caractéristiques  des  nébuleuses. 

»  L'étoile  nouvelle  de  i885  a  donné  seulement  un  spectre  continu. 

»  Enfin  la  suivante,  celle  de  1 893,  apparue  dans  le  Cocher,  a  été  étudiée 
avec  des  appareils  plus  puissants  que  les  précédents,  et  avec  les  méthodes 


(  536  ) 

qui  assurent,  grâce  à  l'aide  de  la  Photographie,  la  mesure  exacte  des  vitesses 
radiales.  Le  spectre  était  continu  avec  les  raies  de  l'hydrogène  et  du  cal- 
cium; mais  chacune  de  ces  raies  était  double,  une  des  composantes  étant 
noire  et  dépUcée  vers  le  violet,  l'autre  étant  brillante  et  déplacée  vers  le 
rouge.  L'intervalle  des  deux  raies  correspondait  à  une  vitesse  radiale  de 
près  de  ioog"""  par  seconde  et  pouvait  s'expliquer  par  l'existence  de  deux 
astres  marchant  l'un  vers  l'autre  avec  une  énorme  vitesse.  A  la  fin,  le 
spectre  s'est  transformé  en  celui  des  nébuleuses. 

»  Cependant  l'observation  de  la  nouvelle  étoile  de  Persée  a  été  con- 
trariée par  un  mauvais  temps  persistant.  Le  26  février,  entre  des  éclair- 
cies,  on  a  dû  faire  deux  photographies  du  spectre  ;  de  même  le  28  février. 
Le  spectroscope  est  celui  que  j'ai  organisé  pour  l'étude  des  vitesses  radiales 
des  étoiles.  Il  a  été  employé  avec  la  dispersion  moyenne  de  deux  prismes 
de  flint  léger.  Les  observations  ont  été  faites  avec  le  concours  de  M.  Millo- 
chau,  aitle-astronome,  et  de  M.  Burson,  assistant. 

»  Je  présente  à  l'Académie  un  positif  agrandi  du  spectre.  Il  montre  le 
spectre  de  l'étoile  encastré  entre  les  deux  moitiés  d'un  spectre  terrestre 
de  comparaison  qui  comprend  les  raies  du  fer,  du  calcium,  de  l'hydro- 
gène, de  l'hélium  et  de  l'air. 

»  Le  spectre  apparaît,  au  premier  abord,  formé  par  des  raies  bril- 
lantes, extrêmement  larges,  assimilables  à  des  bandes.  On  distingue  net- 
tement des  bandes  qui  correspondent  aux  raies  Hg,  ('),  Hp,  H.^,  Hg,  Hj  de 
l'hydrogène  et  aux  raies  H^.^  et  K^^du  calcium.  Les  raies  de  l'hydrogène 
sont  d'autant  plus  larges  et  diffuses  qu'elles  sont  plus  réfrangibles.  Pour 
toutes  ces  raies  bandes,  le  milieu  de  la  bande  est  déplacé  vers  le  rouge  par 
rapport  à  la  raie  terrestre.  D'autres  raies  bandes  aussi  se  montrent  en 
particulier  dans  le  vert,  le  bleu  et  l'indigo;  elles  seront  étudiées  ultérieu- 
rement. 

»  Un  examen  plus  minutieux  montre  sur  le  bord  violet  de  chaque  raie 
bande  précédente  une  large  plage  noire.  Aussi  peut-on  considérer  le 
spectre  de  cet  astre  comme  semblable  à  celui  de  la  Nouvelle  du  Cocher, 
avec  cette  différence  que,  dans  la  Nouvelle  de  cette  année,  les  raies  bril- 
lantes et  noires  sont  beaucoup  plus  larges  (-  ). 


(')  Dans  la  partie  lumineuse,  on  aperçoit  la  raie  rouge  H^  très  intense,  et  une 
bande  jaune  faible,  voisine  des  raies  Dj,  Dj  du  sodium,  qui  se  détachent  sur  un  faible 
spectre  continu.  La  raie  Ha  présente  comme  Hp  deux  raies  noires. 

(-)  J'ai  cité  particulièrement  les  raies  de  l'hydrogène  et  du  calcium;  mais  si  l'on 


(537) 

»   Sur  l'épreuve,  la  bande  Hp  de  l'hydrogène  offre  les  détails  suivants  : 

»  Elle  a  trois  maxima  de  lumière  :  l'un,  qui  est  le  plus  intense,  dé- 
placé vers  le  violet  (environ  —  600"^™  par  seconde);  le  deuxième,  an  mi- 
lieu, qui  est  à  peine  déplacé,  et  le  troisième  déplacé  vers  le  rouge  (environ 
-t-iooG*"").  Autrement  on  peut  considérer  la  bande  comme  unique  avec 
deux  raies  noires  diffuses,  qui  correspondent  aux  intervalles  des  maxima 
précédents,  et  sont,  l'une  déplacée  vers  le  violet  (vitesse  — 3oo''"  environ) 
et  l'autre  déplacée  vers  le  rouge  (vitesse  +  oSo*""). 

»  Les  raies  de  l'hydrogène,  plus  réfrangibles  que  Hp,  ont  des  divisions 
semblables,  mais  à  peine  perceptibles. 

»  Les  raies  !!<,„  etR,.,,,  d'autre  part,  présenteront  chacune  une  raie  noire, 
fine  et  nette;  ce  sont  les  seules  raies  nettes  du  spectre;  elles  sont  dépla- 
cées un  peu  vers  le  rouge;  mais  la  Terre  actuellement  s'éloigne  de  Persée; 
si  l'on  tient  compte  du  mouvement  de  la  Terre,  la  vapeur  qui  produit  ces 
raies  a  une  faible  vitesse  par  rapport  à  notre  Soleil. 

»  Tels  sont  les  premiers  résultats  de  cette  étude.  Comment  les  inter- 
préter ? 

»  Une  première  explication  est  la  suivante  :  L'astre  nouveau  présente 
au  moins  trois  masses  de  gaz  sous  une  pression  notable  qui  ont,  par  rap- 
port à  nous,  des  vitesses  différentes.  Une  des  masses  a  une  faible  vitesse  et 
renferme  de  l'hydrogène  et  du  calcium.  Les  deux  autres  ne  contiennent 
que  de  l'hydrogène;  de  plus,  l'une  des  deux  s'approche,  alors  que  l'autre 
s'éloigne.  Les  vitesses  de  ces  deux  dernières  masses  sont  très  grandes  en 
valeur  absolue,  mais  sont  différentes  selon  que  ces  masses  sont  suppo- 
sées correspondre  dans  le  spectre  à  des  parties  brillantes  ou  à  des  parties 
noires  des  raies  bandes. 

»  Une  autre  explication  ne  fait  pas  intervenir  le  principe  de  Doppler 
Fizeau,  ou  le  fait  intervenir  d'une  façon  secondaire.  Elle  suppose  non  trois 
masses  de  gaz,  mais  une  seule  masse  de  gaz  à  très  haute  pression  qui  se 
meut  à  peine  par  rapport  au  Soleil  et  est  subitement  le  siège  de  phéno- 
mènes électriques  intenses.  La  haute  pression,  d'après  les  expériences  de 
MM.  Humphreys  et  Mohler,  complétées  par  M.  Wilsing,  produit  à  la  fois 
l'élargissement  des  raies  et  le  déplacement  de  la  raie  bande  vers  le  rouge. 

))  M.  Wilsing  a  fait  éclater  l'étincelle  disruptive  dans  l'eau  entre  des 
électrodes  métalliques,  et  a  noté  les  changements  des  raies  métalliques. 


examine  les  auUes  raies  bandes  du  spectre,  on   trouve  que  ces  raies  bandes  se  re- 
trouvent dans  le  spectre  de  la  Nouvelle  de  iSgS,  mais  très  amincies. 

C.  R.,   1901,   I"  Sem0Stre.  (T.  CXXXII,  N°  9.)  f>9 


(  538  ) 

Outre  le  déplacement  de  l'ensemble  vers  le  rouge,  il  a  reconnu  que  l'extré- 
mité de  la  raie  élargie  du  côté  rouge  est  plus  diffuse  et  plus  faible,  et  que  la 
raie  élargie  a  plusieurs  niaxima  diiïus.  Or  ces  trois  détails  caractéristiques 
se  retrouvent  dans  les  raies  de  l'étoile  nouvelle  de  Persée. 

))  Cette  seconde  explication  est  plus  simple.  Mais  peut-elle  s'accorder, 
comme  le  suppose  M.  Wilsing,  avec  le  spectre  continu  que,  d'après  les 
expériences  anciennes  de  M.  Cailletet,  les  gaz  donnent  aux  très  hautes 
pressions?  Cette  explication  permettrait  peut-être,  d'ailleurs,  de  tout  ra- 
mener à  un  corps  unique,  de  grande  masse  et  de  grande  densité,  dont  la 
surface  solidifiée  serait  brusquement  rompue  et  donnerait  accès  aux  gaz 
et  à  la  chaleur  du  noyau. 

»  Mais  une  étude  expérimentale  plus  complète  est  nécessaire  pour 
décider  entre  les  explications  qui  se  présentent  à  l'esprit. 

»  Addition.  —  Une  épreuve  du  spectre  de  la  nouvelle  étoile,  obtenue  le 
3  mars  dans  le  jaune  et  le  vert,  montre  trois  raies,  bandes  vertes  brillantes, 
qui  correspondent,  la  moins  réfrangible  au  triplet  vert  du  magnésium,  et 
les  deux  autres  aux  raies  >.5oi  et  X492  du  parhélium.  » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  une  certaine  sur/ace  du  troisième  ordre. 

Note  de  M.  ï).-Th.  Ëgorov. 

<c  Je  viens  de  signaler  une  classe  assez  étendue  de  surfaces  qui  admettent 
une  déformation  continue  avec  conservation  d'un  système  conjugué 
{Comptes  rendus,  p.  3o2  de  ce  Volume).  On  obtient  toutes  les  surfaces  de 
cette  classe  en  appliquant  la  transformation  de  K.-U.  Peterson  (/oc.  cit.) 
a  la  surface  tétraédrale  du  dix-huitième  ordre  : 

3 


l  a;  =  A,(w  -s,y(^'  —  s,y, 
(0  \y  =  Ao(m  -  5,)-(^'  -  s,y, 


==:  k.,(u  —  s3y(i'  —  s.j\ 

qui  est  l'une  des  plus  simples  de  la  classe  considérée. 

»  Je  vais  compléter  mes  résultats  en  déterminant  la  surface  associée  (') 
à  la  déformation  infiniment  petite  de  l'espèce  considérée  (on  obtient  une 

(')  BuNCHi,  Lezioni  di  Geometria  dijjcrenziale. 


(  539  ) 
telle  déformalion  en  supposant  infiniment  petit  le  paramètre  arbitraire  dé- 
signé par  (7  dans  ma  Note  citée).  II  suffit  d'ailleurs  de  considérer  la  défor- 
mation de  la  surface  tétraédrale  (\),  la  transformation  de  M.  Pelerson  lais- 
sant invariable  la  surface  associée.  Pour  déterminer  effectivemenl  la  surface 
cherchée,  on  n'a  qu'à  construire  l'ensemble  des  douze  surfaces  de  M.  Dar- 
boux  (')  en  prenant  pour  surface  initiale  S  la  surface  tétraédrale  (i)  et  en 
considérant  la  déformation  infiniment  petite  qui  vient  d'être  délinie.  La 
surface  A,  (loc.  cit.)  de  cet  ensemble  est  précisément  la  surface  cherchée; 
elle  est  définie  par  l'équation 


(^) 


y  Y-        /  z  y  xyz 


ni^  I  \  W3  /  m^m^m^ 


où  l'on  a  désigné  par  m,,  m.^,  m.^  trois  constantes  proportionnelles  respec- 
tivement à 

A,  A;  A3 

[s,-^s,Y-'  (.î:,-.î,r-'  {^x-s.y 

»   La  surface  (2)  est  une  surface  du  troisième  ordre  à  quatre  points 
doubles  (points  coniques) 

(m,,  m.,,  m^),   (w,,  —m.,,     ~m.,),  (  — m,,  ot^,  —m^)  et  \— m,,  —m„,m^). 

ce  que  l'on  reconnaît  aisément  en  transportant  l'origine  des  coordonnées 
dans  l'un  de  ces  points.  Les  lignes  asymplotiques  de  la  surface  (2)  corres- 
pondent au  système  conjugué  u  =  const.,  v  =  const.  de  la  surface  (1),  la 
correspondance  étant  celle  par  plans  tangents  parallèles.  Les  expressions 
des  cosinus  de  la  normale  à  la  surface  (2)  étant  les  mêmes  que  celles  de  la 
surface  (i),  on  reconnaît  immédiatemeut  que  lesdits  cosinus  sont  propor- 
tionnels aux  trois  fonctions 


ft. 

A-1      ^(„_.ç,)(^_5,) 

,j  _  «3— •«1       \fir—  V 

K      y'(a_sj)(,,_^,) 

A      •'1  ■*2 

\Ju  —  (' 

(3) 

\/{  u   —  .S3  )  (  ''  —  -«3 

qui  vérifient  une  même  équation  linéaire 


(4) 


dudv        li{u  —  v)"- 


(')  Leçons  xur  la  Théoi'ie  générale  des  surfaces,  t.  IV,  p.  48-72. 


(  54o  ) 

»  La  surface  (i)  appartient  à  la  classe  des  surfaces  dont  la  courbure 
totale  K  s'exprime  en  fonction  des  paramètres  u,  v  des  lignes  asymploliques 
de  la  manière  suivante  : 

(■'')  ^^~  [?(")  +  '!'(<•)?■ 

).  Cela  résulte  de  la  formule  générale  ('  ) 

v_ ' 

et  des  expressions  (3)  des  quantités  â,;  ce  résultat  est  d'ailleurs  évident 
a  priori,  d'après  les  recherches  de  M.  Cosserat  (-).  La  classe  des  surfaces  (5) 
a  été  étudiée  par  M.  Bianchi,  qui  en  a  indiqué  plusieurs  propriétés  intéres- 
santes (').  En  particulier,  si  l'on  détermine  une  surface  S,  correspondant 
avec  orlhogonalité  des  éléments  linéaires  à  une  surface  S  de  la  classe  con- 
sidérée et  que  l'on  mène  par  les  points  de  S,  des  droites  parallèles  aux 
normales  de  S,  on  obtient  une  congruence  rectiligne  (g)  qui  peut  être  con- 
sidérée comme  une  congruence  cyclique  d'une  infinité  de  manières  diffé- 
rentes. La  détermination  des  congruences  {g)  correspondant  à  la  sur- 
face (2)  revient  à  l'intégration  de  l'équation  (4);  en  utilisant  les  solutions 
entières  de  cette  équation  on  parviendra  aux  congruences  {g)  algébriques. 
«  Le  nombre  de  surfaces  de  la  classe  (5)  que  l'on  connaît  explicitement 
est  d'ailleurs  assez  restreint;  c'est  pourquoi  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  quelque 
intérêt  à  signaler  la  surface  si  simple  (2)  appartenant  à  la  classe  consi- 
dérée. » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  systèmes  complets  d^  équations  aux  dérivées 
partielles.  Note  de  M.  Edmond  Maillet,  présentée  par  M.  Jordan. 

«   Dans  une  précédente  Communication  nous  avons,  en  particulier  (''), 
énoncé  un  théorème  relatif  aux  systèmes  complets  d'équations  linéaires 


(')  Darboux,  Leçons  sur  la  Théorie  générale  des  surfaces,  t.  IV,  p.  29,  3o. 

(-)  Comptes  rendus,  1891. 

(^)  Sopra  alcune  nuove  classi  di  superficie  e  di  sislemi  tripli  orlogonali  {Annali 
di  Matematica,  2=  série,  t.  XVUI). 

(')  Comptes  rendus,  mai  et  juin  1900.  —  Voir  aussi  Journal  de  Mathématiques. 
1901,  p.  5o  et  suivantes. 


(  54.  ) 

aux  dérivées  partielles  définissant  deux  divisions  P  et  Q  de  l'espace  R„ 
invariables  par  un  groupe  transitif  G  de  Lie. 

M  On  peut  établir  un  théorème  tout  à  fait  analogue  qui  ne  fait  pas 
intervenir  la  théorie  des  groupes  finis  continus  de  transformations  de  Lie. 

»  Théorème.  —  Soient 


1  z,  =o, 

Y^  =  o, 
. . . ,         Z,  =  o. 

deua;  systèmes  complets 

(.)                                          (""      ■ 

O,.      , 

...    o„_,. 

deux  systèmes  Je  solutions  indépendantes  de  ces  deux  systèmes.  Les  conditions 
nécessaires  et  suffisantes  pour  que  V  ensemble  des  équations  (  informe  un  sys- 
tème complet  à  p  -\-  q  -  s  équations  sont  que  l'ensemble  des  fonctions  (2) 
comprenne  n  —  s  fonctions  indépendantes  et  que  les  deux  systèmes  complets  (^i) 
aient  n  —  (^p  -h  q  —  s)  solutions  communes. 

»  Ce  théorème  peut  être  établi  et  énoncé  en  faisant  intervenir  des  con- 
sidérations géométriques  : 

»   Théorème.  —  Soient 


l: 

—  0, 
=  0, 

Y/,=  o, 

Zy         =       0 

deux  systèmes  complets 

(^) 

deux  systèmes  de  solutions  indépendantes  de  ces  deux  systèmes 

P'  i2,    —   y. ^n-p=«.n-p. 

Q.  0,  =  a 0„_,^  =  a„_,, 

les  deux  divisions  de  l'espace  correspondantes.  Par  tout  point  II,,  de  l'espace 
passe  une  multiplicité  P^  de  P  et  une  Q^  de  Q.  La  condition  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  que  l'ensemble  des  équations  (r)  forme  un  système  complet  de 
p  -\-  q  —  s  équations  est  que,  quel  que  soit  le  point  n»  {déposition  générale),  le 
lieu  R  des  multiplicités  Q  qui  rencontrent  P(,  coïncide  avec  le  lieu  des  multipli- 
cités P  qui  rencontrent  Q„  ;  l'ensemble  des  lieux  R  est  alors  une  division  de 


(  542  ) 
l'espace  à  p  -^  q  —  s  degrés  de  liberté, 

o,  =  const. ,  ....  (û„_(^+^_,t)  =  consL, 

les  premiers  membres  de  ces  équations  formant  un  système  de  solutions  indé- 
pendantes du  système  (  i  )  (  '  ) .    » 


PHYSIQUE  BlOT,OGlQUE.  —  Pour  obtenir  des  rayons  de  courtes  longueurs 
d'onde  on  peut  utiliser  l'effluve  èlectiique,  source  intense  de  rayons  violets 
et  ultra-violets.  Note  de  M.  S.  Leduc,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  I,e  dispositif,  à  cet  effet,  consiste  en  un  condensateur  ayant  pour 
diélectrique  une  lame  transparente  de  celluloïd  ou  une  mince  lame  de 
verre  ;  une  armature  est  formée  d'une  feuille  de  métal  (aluminium)  percée 
d'un  orifice  circulaire  de  2"""  à  4"""  de  diamètre;  une  sphère  métallique 
de  a*^"  à  3'='"  de  diamètre,  appliquée  sur  le  diélectrique  en  un  point  corres- 
pondant au  milieu  de  l'orifice,  forme  l'autre  armature. 

»  Lorsque  ce  condensateur  est  soumis  à  des  charges  et  à  des  décharges 
rapides,  les  deux  faces  de  la  plaque  diélectrique  sont,  au  niveau  de  l'orifice 
de  l'armature,  recouvertes  d'une  effluve,  siège  d'une  émission  intense  de 
rayons  chimiques,  violets  et  ultra-violets,  purs  de  tout  mélange  avec  des 
rayons  calorifiques  et  lumineux.  Ces  rayons  peuvent  être  recueillis  par  des 
lentilles  de  quart/  ou  de  verre  et  réunis  en  foyer.  Nous  avons  déjà  fait 
connaître  leur  nature  et  leurs  propriétés  dans  une  Note  antérieure  (Comptes 
rendus,  séance  du  12  juin  1890));  le  dispositif  actuel  donne  une  émission 
bien  plus  considérable. 

»  Ces  rayons,  très  absorbables  parle  verre  et  par  l'air,  provoquent  avec 
intensité  la  fluorescence  et,  à  une  petite  distance,  donnent  aux  écrans  au 
platinocyanure  de  baryum  un  éclat  comparable  à  celui  que  leur  commu- 
niquent les  rayons  Rontgen.  Sans  concentration  du  faisceau,  on  obtient 
des  actions  photographiques  qui  dépassent  en  intensité  celle  de  la  lumière 
du  Soleil  avec  tous  ses  rayons.  Le  procédé  est  particulièrement  simple  et 
commode  pour  soumettre  les  tissus  anémiés  à  l'influence  des  rayons  de 
cour;tes  longueurs  d'onde  (  traitement  Finsen);  on  comprime  les  tissus  avec 
une  lame  de  quartz  encadrée  dans  une  plaque  d'ébonite,  on  applique  le 


(')  Gorap.  GouRSAT,  Leçons  sur  la  Théorie  des  équations  aux  dérivées  partielles 
du  premier  ordre.  Paris,  1891. 


(  543   , 

condensateur,  la  perforation  de  l'armature  encadrant  la  lame  de  quartz;  la 
sphère  forme  l'armature  externe,  les  rayons  produits  arrivent  aux  tissus 
n'ayant  à  traverser  que  la  mince  lame  de  quartz  du  compresseur,  évitant  ainsi 
l'absorption  par  l'air,  les  lentilles  et  les  milieux  absorbants  et  réfrigérants, 
absorption  si  considérable  pour  les  rayons  de  courtes  longueurs  d'onde. 

»  On  anime  le  condensateur  en  mettant  la  sphère  en  communication  avec 
l'armature  externe  d'une  bouteille  de  Leyde  dont  l'armature  interne  com- 
munique avec  l'un  des  pôles  d'une  bobine  d'induction  donnant  au  moins 
6'^'"  d'étincelle.  Un  détonateur,  entre  la  bobine  et  la  bouteille  de  Leyde, 
permet  de  régler  facilement  le  courant.  L'autre  pôle  de  la  bobine  commu- 
nique avec  l'armature  interne  d'une  bouteille  dont  l'armature  externe  est 
mise  au  sol. 

»  On  peut  également  animer  le  condensateur  avec  une  machine  à 
influence.    « 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  propagation  des  oscillations  hertziennes  dans  l'eau. 
Note  de  M.  C.  Gutton,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  Lorsque  les  propriétés  électriques  et  magnétiques  d'un  milieu  isolant 
ne  dépendent  que  de  sa  constante  diélectrique,  la  longueur  d'onde  d'un 
résonateur  reste  la  même,  quand  on  la  mesure  d'abord  dans  l'air,  puis  dans 
ce  milieu.  Cette  proposition  a  été  déduite  par  M.  Blondlot(')  déconsi- 
dérations d'homogénéité  et  vérifiée  par  lui  dans  le  cas  de  l'hude  de  ricin 
et  de  la  glace.  Lorsque  le  milieu  est  magnétique,  conducteur,  ou  encore 
présente  une  absorption  notable  pour  les  ondes  hertziennes,  ses  propriétés 
ne  sont  plus  définies  par  sa  seule  constante  diélectrique,  et  alors  l'égalité 
des  longueurs  d'onde  d'un  résonateur  dans  l'air  et  dans  ce  milieu  n'est 
plus  certaine  d'avance.  C'est  le  cas  de  l'eau  de  source  ordinaire,  dont  les 
propriétés  électriques  dépendent  d'autres  paramètres  que  sa  constante 
diélectrique.  Cette  eau  a  une  conductibilité  notable  et  les  ondes  électro- 
magnétiques y  subissent  une  absorption  considérable.  L'expérience  seule 
peut  décider  si  la  longueur  d'onde  d'un  résonateur  est  la  même  dans  l'air 
et  dans  l'eau. 

»  A  l'aide  d'un  excitateur  de  Hertz  j'ai  produit  des  ondes  le  long  de  deux  fils  de 
(')  R.  Blondlot,  Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  226;  1892,  et  t.  CXIX,  p.  Sgô;  1894. 


(  544  ) 

cuivre  étamés  parallèles  et  distants  de  38"^™.  A  2'",5o  de  l'excitateur,  ces  fils  pénètrent 
dans  une  cuve  en  bois  paraffiné  'étanche;  le  résonateur,  constitué  par  un  cercle 
de  Sô""  de  diamètre  en  fil  de  cuivre  étainé  de  3""",  y  est  disposé  entre  les  deux  fils. 
Au  delà  du  résonateur  ces  fils  se  rapprochent  et  sont  tendus,  sur  une  longueur  de  4"", 
à  4°°*  l'un  de  l'autre,  dans  une  auge  en  bois  paraffiné  de  lo"^'"  de  large  et  5=™  de  pro- 
fondeur. Les  deux  fils  y  sont  réunis  par  un  pont.  Lorsqu'on  déplace  ce  pont,  l'étincelle 
à  la  coupure  du  résonateur  passe  par  une  série  de  minima  et  de  maxima.  Le  quart  de 
la  longueur  d'onde  du  résonateur  est  la  distance  entre  les  deux  positions  du  pont,  qui 
correspondent  à  un  minimum  et  au  maximum  suivant. 

»  J'ai  d'abord  placé  le  résonateur  dans  le  plan  des  fils.  L'expérience  étant  faite  dans 
l'air,  les  distances  du  pont  au  centre  du  résonateur  pour  le  premier  minimum  et  le 
premier  maximum  sont  les  suivantes  : 

Premier  minimum 71'^'"  Premier  maximum 143"^™ 

»  Après  avoir  rempli  d'eau  la  cuve  et  l'auge  de  façon  à  immerger  complètement  le 
résonateur  et  les  fils,  j'ai  recommencé  l'expérience.  L'étincelle  du  résonateur  jaillissait 
sous  l'eau;  si  les  ondes  envoyées  par  l'excitateur  sont  assez  intenses,  cette  étincelle, 
quoique  courte,  est  très  brillante  et  s'observe  facilement.  Il  est  d'ailleurs  indispen- 
sable de  plonger  dans  l'eau  la  coupure  du  résonateur;  sa  période  de  vibration  dépend, 
en  effet,  de  sa  capacité,  et  cette  capacité,  qui  esi  justement  modifiée  lorsqu'on  plonge 
le  résonateur  dans  l'eau,  est  en  partie  due  aux  bords  en  regard  de  la  coupure.  Les 
mesures  faites  dans  l'eau  sont  toutefois  un  peu  moins  précises  que  celles  qui  sont 
eflectuées  dans  l'air;  cela  tient  à  ce  que  l'eau  absorbant  en  partie  l'onde  de  retour, 
les  minima  ou  les  maxima  deviennent  d'autant  plus  difficiles  à  saisir  que  le  pont  est 
plus  éloigné  du  résonateur.  Les  distances  du  pont  au  centre  du  résonateur  ont  été  : 

Premier  minimutn -^2""  Premier  maximum i44''"' 

»  Ces  nombres  résultent  de  moyennes  entre  plusieurs  expériences;  pour  le  premier 
minimum,  le  plus  grand  écart  entre  deux  expériences  était  de  5'";  pour  le  premier 
maximum,  de  10'=°".  Les  positions  du  pont  restent  ainsi  les  mêmes,  que  l'exp'érience  se 
fasse  dans  l'air  ou  dans  l'eau;  on  doit  en  conclure  que  lu  longueur  d'onde  du  réso- 
nateur n'a  pas  changé. 

»  J'ai  recommencé  en  plaçant  le  résonateur  dans  un  plan  perpendiculaire  aux  fils 
de  transmission.  Pour  les  expériences  dans  l'air,  les  distances  du  pont  au  résonateur 
ont  été  : 

Premier  maximum 56"="'  Premier  minimum 132"=™ 

Pour  les  expériences  dans  l'eau  : 

Premier  maximum 54"="  Premier  minimum 129"="" 

))  Ces  résultats  conduisent  aux  mêmes  conclusions  :  la  longueur  d'onde 
reste  la  même  lorsque  le  résonateur  et  les  fils  de  transmission  sont  plongés  dans 
l'eau. 


(  545  ) 

«  En  répétant  ces  expériences  avec  des  excitateurs  de  grandeurs  et  de 
capacités  différentes,  j'ai  constaté  que  la  longueur  d'onde  du  résonateur 
était  indépendante  de  l'excitateur.  Cette  vérification  était  nécessaire,  car 
ies  conclusions  précédentes  ne  sont  valables  que  si  la  résonance  multiple 
subsiste  lorsque  le  résonateur  est  plongé  dans  l'ean.  Si  l'eau,  en  effet, 
amortissait  sulfisamment  les  oscillations  du  résonateur,  on  n'observerait 
plus  la  longueur  d'onde  correspondant  à  sa  période  propre,  mais  une  lon- 
gueur d'onde  qui  dépendrait  de  la  période  de  l'excitateur. 

»  J'ai  enfin  cherché  ce  que  deviennent  ies  positions  du  pont,  correspon- 
dant aux  maximaetaux  minima,  si,  au  lieu  d'immerger  à  la  fois  le  résonateur 
et  les  fils  de  transmission,  on  plonge  seulement  dans  l'eau  ces  derniers. 

))  La  distance  entre  deux  positions  du  pont  qui  correspondent  à  deux  minima  con- 
sécutifs de  l'étincelle,  c'est-à-dire  la  demi-longueur  d'onde  du  résonateur,  a  été  de 
145'^°'  lorsque  les  fils  étaient  dans  l'air.  Si  l'on  plonge  ces  fils  dans  l'eau,  elle  est  réduite 
à  17'^'", 5,  et  cette  dernière  longueur  d'onde  a  la  même  valeur,  que  le  résonateur  soit 
dans  le  plan  des  fils  ou  dans  un  plan  perpendiculaire. 

»  Le  chemin  parcouru  par  les  ondes  pendant  une  période  du  résona- 
teur oscillant  dans  l'air  est  donc     "^     =  8,3  fois  plus  petit  dans  l'eau  que 

17  '  >* 

dans  l'air,  c'est-à-dire  l'indice  de  réfraction  de  l'eau  pour  les  ondes  élec- 
tromagnétiques est  8,3.  Ce  nombre  est  voisin  de  ceux  qu'ont  trouvés 
divers  expérimentateurs  :  MM.  Heerwagen,  Cohn  etZeeman,  Cole,  Nernst, 
Drude. 

»  Les  premières  expériences  montrent  que,  si  l'on  immerge  également 
le  résonateur,  la  longueur  d'onde  >  reprend  la  même  valeur  que  dans  l'air; 
la  relation  1  =  VT  exige  alors  que  la  période  d'oscillation  du  résonateur 
devienne  8,3  fois  plus  grande  lorsqu'on  le  plonge  dans  l'eau  (  '  ).  » 


PHYSIQUE .  —  Lois  de  transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X. 
Note  de  M.  L.  Benoist,  présentée  par  M.  Lippmann. 

<(  Dans  une  précédente  Communication  (-),  j'ai  fait  connaître  une 
première  partie  des  résultats  que  m'avait  fournis  l'étude  méthodique  de  la 

(')  Quelques-uns  de  ces  résultats  sont  contraires  à  ceux  que  M.  Turpain  a  tirés 
d'expériences  analogues  {Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  676;  1899,  "^^  Recherches 
expérimentales  sur  les  oscillations  électriques,  A.  Hermann,  Paris). 

(-)  L.  Benoist,  Comptes  rendus,  n  février  1901. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  9.)  70 


transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X.  J'ai  montré  qne  l'opacité 
spécifique  pour  ces  rayons  constitue  une  nouvelle  propriété  auditive,  indé- 
pendante des  états  physiques  et  des  groupements  moléculaires,  mais  unique- 
ment d'ordre  atomique  et  pouvant  être  exprimée,  pour  les  corps  simples, 
par  une  fonction  déterminée  et  croissante  de  leur  poids  atomique  ;  j'ai  défini 
des  équivalents  de  transparence  permettant  de  traduire  cette  fonction 
par  des  courbes  d'isotransparence,  et  de  ca.\cn\er  a  priori,  avec  précision, 
l'équivalent  de  transparence  d'un  mélange  ou  d'un  composé  quelconques 
pris  dans  des  conditions  déterminées.  La  figure  ci-contre  représente  : 

»  1°  La  courbe  expérimentale  d'isotransparence  des  corps  simples,  et 
par  conséquent  la  loi  générale  de  transparence  de  la  matière,  pour  une 
qualité  déterminée  de  rayons  X,  de  dureté  moyenne;  à  droite  se  trouve 
reportée  la  portion  de  courbe  allant  du  fluor  au  carbone;  celle  qui  va  du 
carbone  (£=70)  au  lithium  (E  =  ii5)  n'a  pu  entrer  dans  le  cadre 
adopté:  elle  est  très  sensiblement  rectiligne; 

»  2°  Une  deuxième  courbe  d'isotransparence  (courbe  pointillée)  cor- 
respondant à  des  rayons  mous  déterminés; 

»  3°  L'hyperbole  équilatère,  P  x  E  =  8o5,  passant  par  le  point  figu- 
ratif du  lithium  et  paraissant,  jusqu'à  nouvel  ordre,  limiter  le  réseau  des 
courbes  expérimentales. 

»  De  telles  courbes  constituent  la  base  précise  de  toute  une  série  d'études 
théoriques  et  d'applications  pratiques  qui  feront  l'objet  des  Communica- 
tions suivantes. 

»  Je  me  contente  aujourd'hui  de  signaler  leur  emploi  pour  caractériser 
les  tubes  radiogènes  et  classer  les  rayons  X  employés.  On  voit  que  le  pas- 
sage d'une  courbe  à  une  autre  ne  se  fait  pas  par  déplacements  proportion- 
nels pour  les  différents  corps,  ce  qui  est  une  nouvelle  preuve  de  l'absorption 
sélective,  variable  d'un  corps  à  l'autre,  que  j'ai  si  souvent  signalée.  On 
peut  donc  constituer  des  échelles  de  dureté  pour  rayons  X,  en  prenant  des 
couples  de  corps  de  radiochroïsme  très  différent;  c'est  ainsi  que  j'ai  vu  la 
transparence  du  chrome,  comparée  à  celle  de  la  paraffine,  varier  dans  le 
rapport  de  i  à  10  à  mesure  que  les  rayons  devenaient  plus  durs.  On  voit 
combien  peuvent  être  illusoires  des  recherches  sur  la  transparence  des 
corps,  si  l'on  ne  tient  pas  compte  du  radiochroïsme. 

»  Depuis  ma  dernière  Communication,  MM.  A.  Hébert  et  G.  Reynaud 
ont  porté  à  la  connaissance  de  l'Académie,  et  en  même  temps  à  la 
mienne  ('),  l'existence  d'un  travail  antérieurement  publié  par  eux  dans  le 

(')  AlexandrEjHébert  et  Georges  Retnaud,  Comptes  rendus,  18  février  1901. 


r.  ffOP/?=MA''S   J'- 


(  548  ^ 

Bulletin  de  la  Société  chimique,  1899,  et  relatif  à  l'absorption  spécifique  des 
rayons  X  parles  sels  métalliques. 

»  En  ce  qui  concerne  la  date  de  ce  travail,  je  rappellerai  que  mes 
recherches  sur  les  propriétés  des  rayons  X,  y  compris  la  transparence  des 
corps  pour  ces  rayons,  se  poursuivent  méthodiquement  depuis  janvier 
1 896  (voir  Comptes  rendus,  1 896  et  1897;  Bulletin  de  la  Société  de  Physique, 
1896  et  1897);  dès  le  commencement  de  1899,  j'avais  déjà  vérifié,  par  les 
trois  méthodes  que  j'ai  indiquées,  et  par  des  mesures  directes  sur  un  cer- 
tain nombre  de  corps  simples,  les  résultats  dont  je  publie  actuellement 
l'ensemble. 

»  Quant  aux  faits  eux-mêmes  contenus  dans  le  Mémoire  signalé  par 
MM.  A.  Hébert  et  G.  Reynaud,  il  suffit  de  lire  ce  Mémoire  pour  constater 
qu'il  ne  formule  aucune  des  conclusions  générales  et  précises  que  j'ai 
formulées;  il  ne  donne  aucun  résultat  numérique  concernant  directement 
les  corps  simples  eux-mêmes ,  mais  seulement  des  valeurs  relatives  à  un  cer- 
tain nombre  de  sels  métalliques  en  dissolution  dans  l'eau.  Dans  ces  nombres 
globaux,  obtenus  par  une  méthode  un  peu  indirecte,  et  sans  tenir  compte 
du  radiotbroïsme  et  de  ses  conséquences,  ces  messieurs  ont  pu  seulement 
entrevoir,  en  quelque  sorte,  très  sagacement  d'ailleurs,  mais  sans  V évaluer 
séparément,  l'absorption  spécifique  du  métal  lui-même  et  l'influence  de 
son  poids  atomique.  Ils  n'ont  formulé  ni  représenté  par  une  courbe  au- 
cune relation  générale  déterminée,  mais  seulement  constaté  le  sens  du  phé- 
nomène. Leur  conclusion  était  d'ailleurs,  en  propres  termes,  qu'«7  serait 
prématuré  de  vouloir  tirer  de  leur  étude  préliminaire  (et  d'ailleurs  partielle) 
des  conclusions  fermes,  et  de  vouloir  fixer  un  classement  définitif  des  éléments 
chimiques  relativemeni  à  leur  pouvoir  absorbant  pour  les  rayons  X.  J  ajou- 
terai qu'ils  ont  même  été  conduits  à  attribuer  au  poids  moléculaire  et  aux 
groupements  moléculaires,  en  ce  qui  concerne  le  pouvoir  absorbant  des 
corps,  une  influence  qui  n'existe  pas  en  réalité.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  radio-activité  induite  provoquée  par  les  sels  de  radium. 
Note  de  MM.  P.  Curie  et  A.  Debiernk,  présentée  par  M.  Henri  Bec- 
querel. 

«  M.  et  M™*  Curie  ont  établi  qu'une  substance  quelconque,  placée  dans 
le  voisinage  d'un  sel  de  baryum  radifère,  devient  elle-même  radio-active. 
Cette  radio-activité  induite  persiste  pendant  longtemps  après  l'éloignement 


(  549 
du  sel  de  baryum  radifère;  cependant  elle  diminue  avec  le  temps,  d'abord 
rapidement,  puis  de  plus  en  plus  lentement,  et  semble  tendre  asymptoti- 
quement  vers  zéro.  M.  A.  Debierne  a  montré  que  les  sels  de  baryum  mis 
en  contact  intime  avec  les  sels  d'iictinium  acquièrent  temporairement  une 
partie  des  propriétés  des  sels  de  baryum  radifère  et  conservent  cet  état 
pendant  plusieurs  mois. 

»  D'autre  part.  M™*'  Curie  avait  constaté,  en  mesurant  la  radio-activité 
de  l'oxvde  de  thorium,  des  irrégularités  qui  n'avaient  pu  être  expliquées  à 
ce  moment.  M.  Owens  fit  les  mêmes  remarques  et  montra  que  les  courants 
d'air  suppriment,  en  quelque  sorte,  une  partie  de  l'activité  de  l'oxyde  de 
thorium.  M.  Rutherford,  étudiant  à  nouveau  ce  phénomène,  montra  que 
l'air  ayant  séjourné  dans  le  voisinage  de  l'oxyde  de  thorium,  et  entraîné  au 
loin,  conserve  pendant  environ  dix  minutes  ses  propriétés  conductrices. 
Il  observa  également  que  l'oxyde  de  thoiium  était  capable  de  produire  des 
phénomènes  de  radio-activité  induite  analogues  à  ceux  provoqués  par  les 
sels  de  radium.  Enfin  il  constata  ce  fait  important  que  les  corps  chargés 
d'électricité  négative  s'activaient  plus  énergiquemeat  que  les  autres.  M.  Ru- 
therford explique  ces  phénomènes  en  admettant  que  l'oxyde  de  thorium 
dégage  une  émanation  radio-active  particulière,  susceptible  d'être  entraî- 
née par  l'air  et  chargée  d'électricité  positive  par  les  ions  positifs  de  l'air. 
Cette  émanation  serait  la  cause  de  la  radio-activité  induite.  M.  Dorn  a  re- 
produit, avec  les  sels  de  baryum  radifères,  les  expériences  (jue  MM.  Owens 
et  Rutherford  avaient  faites  avec  l'oxyde  de  thorium. 

M  Enfin  rappelons  que,  dès  le  début  de  leurs  recherches  sur  les  corps 
radio-actifs,  M.  et  M"*  Curie  ont  pu  obtenir,  en  chauffant  la  pechblende, 
un  gaz  qui  est  resté  radio-actif  pendant  un  mois  ('). 

»  Nous  avons  entrepris  de  nouvelles  recherches  sur  cette  radio-activité 
induite,  qui  se  présente  sous  des  aspects  très  variés  et  dont  la  nature  nous 
paraît  loin  d'être  élucidée. 

»  La  radio-activité  était  étudiée  par  la  méthode  électrique.  Nous  cite- 
rons les  expériences  suivantes  : 

»   1°  La  radio-activilé  induite  est  beaucoup  plus  intense  lorsqu'on  opère  en  vase 

(')  M.  et  M"=  Curie,  Comptes  rendus,  novembre  1899.  —  A.  Debierne,  Comptes 
rendus,  juillet  1900.  —  M™"  Curie,  Comptes  rendus,  avril  1898.  —  Owens,  Pliil. 
Mag.,  octobre  1S99.  —  Rcthbrforo,  Phil.  Mag.,  janvier  et  février  1900.  —  Dorn, 
Abh.  Naturforsh.  Gesell.  Halle,  juin  1900.  —  M.  et  M"=  Curie,  Congres  de  Phy- 
sique, 1900. 


(  55o  ) 

clos.  La  matière  active  est  placée  dans  une  petite  ampoule  en  verre  mince  a  ouverte 
en  o  et  placée  au  milieu  d'un  vase  complètement  clos  {/ig-  i).  Diverses  plaques 
B,  D,  E,  suspendues  dans  le  vase  en  différentes  régions,  s'activent  à  peu  près  égale- 
mgnt  au  bout  d'un  jour  d'exposition.  La  lame  D,  placée  à  l'abri  du  rayonnement  der- 
rière l'écran  en  plomb  PP,   est  activée  autant  que  B  et  E.    Une  plaque  telle  que  A, 

Fig.  I. 


appuyée  sur  une  paroi,  est  fortement  activée  sur  la  face  exposée  à  l'air  de  la  boîte  ; 
la  face  posée  contre  la  paroi  ne  l'est  sensiblement  pas.  Dans  une  série  de  plaques,  au 
contact  C,  placées  contre  l'ampoule,  c'est  seulement  la  face  extérieure  de  la  dernière 
plaque  exposée  à  l'air  qui  est  activée  fortement.  Toutes  les  substances  semblent  s'ac- 
tiver à  peu  près  de  la  même  manière  (plomb,  cuivre,  aluminium,  verre,  ébonite, 
carton,  paraffine). 

»  Avec  du  chlorure  de  baryum  radifère  très  actif  (poids  atomique  du  métal  :  174) 
les  plaques  exposées  pendant  quelques  jours  prennent  une  activité  8000  fois  plus 
forte  qu'une  plaque  d'uranium  métallique  de  mêmes  dimensions.  Exposées  à  l'air 
libre,  elles  perdent  la  plus  grande  partie  de  leur  activité  en  un  jour.  L'activité  dis- 
paraît beaucoup  plus  lentement  lorsque  les  plaques  sont  laissées  dans  l'enceinte  fer- 
mée après  avoir  retiré  la  matière  active. 

»  Enfin,  si  l'on  répète  les  expériences  précédentes  avec  l'ampoule  a  complètement 
fermée,  on  n'obtient  aucune  activité  induite. 

»   2°  La  petite  chambre  c  {Jiff.  a)  contenant  le  corps  actif  communique  avec  les 

Fie.  i. 


chambres  c'  et  c"  contenant  les  corps  A  et  B  à  activer,  par  des  tubes  capillaires  (dia- 
mètre intérieur,  o""™,!;  longueurs,  5'''"  et  76"").  Les  chambres  c,c',c"  étant  très 
petites,  l'activation  se  fait  très  rapidement  et  aussi  fortement  que  si  A  et  B  étaient 
dans  la  même  chambre  que  le  corps  actif. 

»   Ces  phénomènes  ont  été  constatés  avec  divers  sels  de  baryum  radi- 


(  55i  ) 
fère  (chlorure,  sulfate,  carbonale).  Ijes  composés  d'actiniiim  produisent 
également  la  radio-activité  induite.  Au  contraire,  les  sels  de  polonium, 
même  très  actifs,  ne  produisent  aucune  activation.  Comme  on  sait,  du  reste, 
que  le  polonium  n'émet  pas  de  rayons  déviables  par  le  champ  magnétique, 
il  convient  peut-être  de  rapprocher  ces  deux  faits  l'un  de  l'autre. 

»  On  peut  conclure,  de  ces  premières  expériences,  que  le  rayonnement 
flu  radium  n'intervient  pas  dans  le  phénomène  de  radio-activité  induite. 
Seuls  pourraient  intervenir  des  rayons  extrêmement  absorbables  qui  agi- 
raient sur  l'air  en  contact  immédiat  avec  la  matière  radiante. 

))  La  radio-activité  induite  se  transmet  dans  l'air  de  proche  en  proche, 
depuis  la  matière  radiante  jusqu'au  corps  à  activer;  elle  peut  même  se 
transmettre  par  des  tubes  capillaires  très  étroits.  Les  corps  s'activent  pro- 
gressivement, d'autant  plus  rapidement  que  l'enceinte  dans  laquelle  ils  se 
trouvent  est  plus  petite,  et  tendent  à  prendre  une  activité  induite  limite 
comme  dans  un  phénomène  de  saturation.  L'activité  limite  est  d'autant 
plus  élevée  que  le  produit  agissant  est  lui-même  plus  actif. 

»  La  théorie  de  l'émanation  de  M.  Rutherford  permet  d'expliquer  assez 
bien  ces  différents  résultats;  mais,  comme  on  peut  concevoir  facilement 
d'autres  explications  satisfaisantes,  il  nous  semble  prématuré  d'adopter 
une  théorie  quelconque.  De  nouveaux  faits  sont  nécessaires  pour  élucider 
la  question. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  phénomène  se  présente  comme  une  des  pro- 
priétés les  plus  importantes  des  corps  radio-actifs.  Peut-être  est-il  le  com- 
plément nécessaire  du  rayonnement  déviable.  » 


CHIMIE.  —  Sur  une  méthode  nouvelle  de  détermination  du  poids  atomique  de 
l'uranium.  Note  de  M.  J.  Aloy,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Les  méthodes  fondamentales  permettant  d'établir  les  poids  atomiques, 
synthèse  en  poids  d'une  combinaison  et  réduction  des  oxydes,  ne  s'ap- 
pliquent pas  au  cas  de  l'uranium.  Aussi  la  détermination  du  poids  atomique 
de  ce  métal  a-t-elle  donné  lieu  à  un  très  grand  nombre  de  travaux.  Les  va- 
leurs proposées  par  les  divers  auteurs  varient  de  256,5  à  235,3;  aucune 
d'elles  n'offre  une  certitude  suffisante. 

»  J'ai  repris  l'étude  de  ce  problème  par  une  méthode  nouvelle.  Dans  un 
poids  de  nitrate  pur,  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître,  je  dose  d'une 


(  552  ) 

part  l'azote  mesuré  en  volume  par  la  méthode  de  Dumas,  et  d'autre  part 
l'uranium  à  l'état  de  UO^.  Le  poids  atomique  de  l'uranium  se  trouve  ainsi 
déterminé  par  rapport  à  celui  de  l'azote. 

M  Le  volume  d'azote  étant  considérable  pour  un  petit  poids  de  matière 
employée,  son  évaluation  comporte  une  grande  précision  :  quant  au  dosage 
de  l'uranium  à  l'état  de  UO",  il  peut  être  considéré  comme  absolument  ri- 
goureux. 

»  Cette  méthode  a  l'avantage  d'être  indépendante  de  l'état  d'hydratation 
de  l'azotate. 

»  Préparation  de  l'azotate  pur.  —  L'azotate  (  AzO')''UO-,6  II^O  est,  de  tous  les 
sels  d'uranjle,  celui  qui  peut  être  obtenu  à  l'état  de  plus  grande  pureté.  C'est  en  par- 
tant de  ce  composé  que  Péiigot  préparait  les  diverses  combinaisons  de  l'uranium.  J'ai 
pris  l'azotate  prétendu  pur  du  commerce  et  l'ai  purifié.  I^e  produit  livré  par  les  fabri- 
cants contient  des  traces  de  sels  alcalins  et  une  petite  quantité  de  sels  ammoniacaux 
provenant  sans  doule  de  la  transformation  du  minerai  d'uranium  en  carbonate  double 
d'uranyle  et  d'ammoniaque.  L'azotate  pur  commercial  esl  d'abord  chaulTé  au  bain  de 
sable  vers  3oo°,  puis  calciné  dans  un  creuset  de  platine  jusqu'au  départ  complet  de 
l'acide  azotique  et  de  l'ammoniaque.  L'oxjde  U^O'  résultant  de  la  calcination  est 
épuisé  par  l'acide  clilorydrique  faible,  qui  dissout  les  uranates  alcalins,  puis  trans- 
formé de  nouveau  en  azotate.  Le  sel  est  ensuite  dissous  dans  l'étlier  pur  et  soumis, 
après  évaporation  de  la  solution  étbérée,  à  plusieurs  cristallisations. 

»  Cette  méthode,  qui  est  une  combinaison  des  deux  procédés  de  purification 
indiqués  par  Peiigot  et  Ebel'nien,  m'a  conduit  à  un  produit  dans  lequel  je  n'ai  pu 
déceler  aucune  trace  de  métal  étranger,  ni  de  sel  autre  que  l'azotate. 

))  Appareil.  —  L'appareil  se  compose  de  trois  parties  :  i°  un  producteur  d'anliy- 
dride  carbonique  formé  par  un  tube  rempli  de  bicarbonate  de  soude  et  séparé  du 
tube  à  combustion  par  un  petit  barboteur;  2°  un  tube  à  combustion  en  verre  vert 
contenant  des  tampons  de  cuivre  réduit,  puis  l'azotate  et  une  longue  colonne  de  cuivre 
réduit;  3°  un  appareil  de  Dupré,  rempli  d'une  solution  de  potasse  concentrée,  destiné 
à  recueillir  l'azote. 

M  Afin  d'éviter  les  expériences  croisées,  qui  apportent  toujours  une  certaine  incer- 
titude, j'ai  adopté  un  dispositif  qui  permet  de  doser  l'azote  et  l'uranium  sur  le  même 
échantillon  de  sel.  A  cet  efl'et,  je  place  l'azotate  dans  une  nacelle  entourée  elle-même 
d'un  tube  de  platine;  après  la  combustion,  je  réduis  par  l'hydrogène  l'oxyde  L'^0'  et 
je  pèse  la  nacelle  et  le  tube.  J'évite  ainsi  les  pertes  de  substance  qui  auraient  pu  se 
produire  par  entraînement  pendant  la  combustion.  Il  y  a,  pour  cette  opération,  avan- 
tage à  employer  l'azotate  (  AzO')- UO',  3H-0  provenant  de  l'azotate  ordinaire  à 
six  molécules  d'eau  qu'on  déshydrate  dans  le  vide  sec. 

»  Expérience.  —  Après  avoir  fait  le  vide  dans  l'ajipareil  et  vérifié  ([ue  le  gaz  car- 
bonique est  entièrement  absorbable  par  la  potasse,  je  chauffe  au  rouge  les  deux  co- 
lonnes de  cuivre  réduit  puis,  avec  beaucoup  de  précaution,  la  partie  du  tube  corres- 


(  553  ) 

pondant  à  la  nacelle.  Qnanil  le  volume  d'azole  ne  varie  plus  sensiblement  dans 
l'appareil  de  Diipré,  la  nacelle  est  portée  au  rouge  pendant  quelques  minutes.  La 
combustion  terminée,  l'azote  est  transvasé  dans  une  éprouvette  divisée  en  dixièmes  de 
centimètre  cube,  et  l'on  fait  la  lecture  et  le  calcul  suivant  les  règles  habituelles.  Je 
prends  comme  poids  du  centimètre  cube  d'azote  le  nombre  oS'',ooi25ii  proposé  par 
Ramsay  et  lord  Rayleigli. 

»  Le  produit  de  la  calcination  du  nitrate  est  réduit  à  l'état  de  UO-  par  l'action  d'un 
courant  d'hydrogène  au  rouge,  puis  pesé  et  réduit  de  nouveau  jusqu'à  ce  que  le  poids 
ne  varie  plus. 

))  Résultats.  —  Connaissant  l'azote  et  l'uraniinii  contenus  dans  un  même 
poids  d'azotate,  le  poids  atomique  de  l'uranium  se  trouve  délerminé 
par  rapport  à  celui  de  l'azote;  en  prenant  pour  ce  dernier  \[\,o\,  j'ai 
trouvé  : 

I.  II.  m.  IV.  V.  VI.  VII.         VIII. 

Volumes  d'azote  obtenus ...  .      i5<^'',9,.5     33™,5       38'^o       .ïa^sS       8i''S2.)      laS-^'.o      r5i''%2      i65'^',o 
Poids  atomique  de  l'uranium.     289,.^       289, /(       SSg.ô       289,5       289,4         289,5       289,4       289,4 

L'examen  de  ces  nombres  montre  qu'ils  sont  répartis  à  peu  près  également 
autour  de  239,4.  quel  que  soit  \ç^  poids  de  matière  employé.  ,Te  propose 
donc  de  prendre  239,4  pour  valeur  du  poids  atomique  de  l'uranium. 

>)  La  méthode  que  je  viens  d'indiquer  est  d'ordre  général  ;  elle  suppose 
simplement  que  l'azotate  peut  être  préparé  pur  et  que  ses  produits  de  des- 
truction peuvent  être  amenés  à  un  état  bien  défini.  Je  me  propose  d'étendce 
cette  méthode  à  d'autres  corps  simples.  » 


CHIMIE.  —  Etude  thermique  des  chlorures  d'aluminium  ammoniacaux. 

Note  de  M.  L.  Iîaud. 

«  Ainsi  que  je  l'ai  signalé  dans  une  Note  précédente  (Comptes  rendus, 
t.  CXXXIL  p.  i34),  le  chlorure  d'aluminium  pur  et  anhydre  peut  se  com- 
biner au  gaz  ammoniac  suivant  les  proportions  indiquées  par  les  formules 

Al- CI»,  2AzH', 
Al-Cl«,  loAzH», 
APCr,  i2AzH\ 
APCl»,  i8AzH'. 

»   Ces  composés  sont  stables  à  l'abri  de  l'humidité,  sauf  le  dernier,  qui 
se  dissocie  au-des.sous  de  o". 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N"  9.)  7I 


(  554  ) 

))  Ils  sont  tous  décomposés  par  l'eau. 

»  Lorsqu'on  les  ajoute  à  un  grand  excès  d'eau,  le  premier  se  dissout  et 
donne  un  liquide  sensiblement  clair,  par  suite  de  la  formation  d'un  oxy- 
chlorure  soluble;  les  autres  donnent  un  précipité  d'alumine  en  présence 
de  chlorhydrate  d'ammoniaque  et  de  l'excès  d'ammoniac  dissous. 

»  J'ai  employé,  dans  ce  travail,  le  calorimètre  et  le  système  de  correc- 
tions de  M.  Berlhelot. 

»  J'ai  commencé  par  l'étude  du  composé  duodécammoniacal,  stable  à  la 
température  ordinaire. 

»  I.   APCl^,  i2AzH'.  —  Sa  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  (48"') 

à  +  1 4°  est  de -H  1 2"',  70 


»   On  connaît,  d'ailleurs  : 


rai 


1°  La  chaleur  de  dissolution  de  APCl" -l-i55,26  (') 

2°  La  chaleur  de  dissolution  de  i2AztP  gaz  =r  12  x  8,8 +io5,6o 

3°  La  quantité  de  chaleur  dégagée  par  l'action  de  12  AzH^  dissous 

sur  Al-Cl"  dissous +  20,07 

Cette  quantité  est  la  même  que  celle  due  à  l'action  de  6AzH'  dissous,  les 
six  dernières  molécules  ne  produisant  aucun  effet  thermique,  comme  je 
m'en  suis  assuré.  Si,  de  la  somme  de  ces  trois  nombres,  nous  retranchons 
la  chaleur  de  dissolution  +  I2'^^',70,  nous  aurons  la  chaleur  de  formation  : 

i55''»',26  -f-  io5'^"',6o  -1-  20'^'', 07  —  i2''"',70  =  ^eS-^»', 23. 

rai 

Al^CI»  sol.  -t-  12 AzH'  gaz  =  Al'-CI",i2  AzH'  sol 4-268,28 

Soit,  en  moyenne  pour  i  AzH',  +22''-'',  35. 

))   II.  Al-Cf.ioAzH'.  —  Sa  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  (44''') 

à  +  i3°  est  égale  à| -h    18,10 

d'où  l'on  déduit  par  un  calcul  analogue  au  précédent 

AI2Cl''so!.-t-ioAzH'gaz  — Al-CF,ioAzIFsoI +245,23 

»  De  ces  deux  dernières  équations  on  peut  déduire  la  quantité  de  cha- 
leur dégagée  par  la  fixation  de  2AzH^  sur  le  composé  décaminoniacal  pour 
passer  au  composé  duodécammoniacal 

AlM:i%ioAzH3sol.  +  2AzH'gaz=  Al-ClSi2  AzH' sol +23'»', 00 

»   III.  Al-Cl",2AzH^  —  Comine  je  l'ai  indiqué  antérieurement,  le  com- 

(')  J'ai  trouvé,  pour  la  dissolution  de  At'CI*,   4-i55'^"',  26,   nombre   très   voisin   de 
ceux  obtenus  par  M.  Berthelot  et  par  M.  Sabatier. 


(  555  ) 

posé  obtenu  contient  toujours  un  excès  d'ammoniac.  Il  a  pour  composi- 
tion Al-Cl"  4-  2,2AzH'.  J'ai  corrigé  sa  chaleur  de  dissolution  en  le  consi- 
dérant comme  un  mélange  en  proportions  convenables  tie  Al-Cl",  aAzH' 
avec  APCl«,ioAzH\ 


J'ai  ainsi  obtenu  pour  la   dissolution  de  Âl-CI'^,  2  Az H*  dans   28''' 

d'eau  à  -(-  i3'^ -t-gj'"',  jJ5 

J'ai  déterminé  la  chaleur  de  réaction  de  2  AzlP  dissous  sur  A1-C1° 

dissous,  soit -+-  6"',8- 

»  Il  faut  ajouter  à  ce  nombre  la  chaleur  de  dissolution  de  Al- Cl"  égale 
à  i55"*',26,  et  celle  de  2AzH'  égale  à  17*="', 60  et  retrancher  de  cette 
somme  97*=*',  45,  ce  qui  donne  -l- 82'^''',28  pour  la  chaleur  de  formation. 

APCl'^  sol.  +  2AzH'  gaz  =  APCIS  2AzH^sol +82"', 28 

»  On  a  donc  pour  le  passage  du  composé  diammoniacal  au  composé 
décammoniacal  : 

A1-CI«,  2AzH2-h8AzH^=  AT^CI',  loAzH'  sol -hitta'^'^ga 

»  IV.  Si  l'on  compare  maintenant  les  résultats  obtenus  pour  ces  diffé- 
rents composés,  on  a  : 

rai 

1°  Al-Cl"  soi.  +  2AzH2  gaz  =  APGl«,2AzH^  sol -H  82,28 

soit  -t-  4i"'.  I4  pour  la  fixation  d'un  seul  Azll  '. 

2°  AI=G1%  2AzH3  sol. +  8AzH3  gaz  =  Al-Cl«,  loAzH^sol -(-162,9:) 

soit  -4- 20"^',  37  pour  lAzH''. 

3»  Al-CK',  ioAzH'sol.-i-2AzH5gaz  =  Ar-Cl«,  laAztPsol +  23, 00 

soit  -+-  1 1™',5  pour  I  AzH'. 

»  La  stabilité  de  ces  corps,  ainsi  que  la  chaleur  de  fixation  d'une  molé- 
cule d'ammoniac,  va  en  diminuant  du  composé  le  moins  ammoniacal  au 
composé  le  plus  ammoniacal. 

»  Pour  les  deux  premières  molécules  fixées  on  a  41*^^"',  i4  P^i'  molécule. 
C'est,  de  beaucoup,  le  nombre  le  plus  élevé  qui  ait  été  obtenu  pour  les 
chlorures  ammoniacaux. 

»  Si  l'on  admet  que,  pour  chacun  de  ces  corps,  le  quotient  tJt  donne  la 
même  valeur  que  pour  les  autres  chlorures  ammoniacaux  déjà  étudiés,  soit 


(  556  ) 
32  en  moyenne,  on  trouve  pour  chacun  des  corps  qui  précèdent  : 

— ^^,—  =1286"       absolus,  soit +ioi3"C. 

32 

— >^-2- =  636°, 6  absolus,  soit -H    363", 6 C. 

— - — —   359°, 4  absolus,  soit +      86", 4C. 

»  En  fait,  j'ai  constaté  que  la  combinaison  à  loAzH^  se  décoiuposail 
rapidement  vers  38o",  sous  la  pression  atmosphérique,  et  que  le  composé  à 
2AzH^  distillait  sans  décomposition  vers48o°. 

»  Si  l'on  calcule  la  chaleur  de  fixation  d'une  molécule  d'eau  gazeuse, 
d'après  le  nombre  trouvé  par  M.  Sabalier  pour  l'hydrate  Al" Cl",  laH^'O, 
on  trouve  -h  2.o'^'^\^o,  nombre  très  voisin  de  22''*',  25  qui  correspond  au 
composé  ammoniacal  analogue  Al-CI",  i2AzH\ 

»  Cette  curieuse  analogie  a  été  constatée  [)ar  M.  Bonnefoi  (')  pour  un 
grand  nombre  de  chlorures  ammoniacaux  et  d'hydrates. 

»  J'ai  dû  réserver,  pour  une  prochaine  Communication,  l'élude  du 
composé  Al-Cl*,  i8AzH%  qui  présente  des  particidarités  intéressantes.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  nouveau  siliciure  de  cobalt.  Note  de 
M.  Paul  Lebeau,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nous  avons  montré  antérieurement  que  l'action  du  fer  sur  le  siliciure 
de  cuivre  fondu  permeltait  d'obtenir  les  siliciiu'es  de  fer  défmis  et  cristal- 
lisés SiFe  et  SiFe  (^),et  nous  avons  indiqué  quece  procédé  de  préparation 
était  susceptible  de  fournir  également  d'autres  siliciuresdes  métaux  voisins 
du  fer.  Nous  donnerons  ici  comme  exemple  la  préparation  d'un  nouveau 
siliciure  de  cobalt. 

»  M.  Vigouroux  (')  a,  le  premier,  décrit  une  combinaison  définie  de  sili- 
cium et  de  cobalt  répondant  à  la  formule  SiCo"  qu'il  obtenait  en  faisant 
réagir  le  silicium  sur  un  excès  de  métal. 

»  Le  siliciure  de  cobalt  que  nous  avons  obtenu  a  pour  formule  SiCo. 


(')    Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier,  février  1901 . 

(^)  P.  Lebeau,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  933,  et  t.  CXXXI,  p.  583. 

(■■')  E.  ViGOUROux,  Ann.  de  Phys.  et  de  Chiin.,  7"  série,  t.  XIl,  p.   i53. 


(  557  ) 
Sa  préparation  peut  être  calquée  sur  celle  du   siliciure    de  fer  corres- 
pondant. 

»  Préparation.  —  On  chaulTe,  au  l'our  éleclrique  de  M.  Moissan,  dans  un  creusel  de 
charbon,  un  mélange  de  400s''  de  siliciure  de  cuivre  à  10  pour  100  et  4o5''  de  cobalt  en 
limaille  ou  en  menus  fragments.  La  durée  de  la  chauffe  est  de  4  à  5  minutes  pour  un 
courant  de  gSo  ampères  sous  5o  volts.  On  obtient  dans  ces  conditions  un  culot  fondu 
peu  cassant  qui,  traité  alternativement  par  l'acide  azotique  et  une  solution  de  soude, 
abandonne  de  très  beaux  cristaux  de  siliciure  de  cobalt. 

»  On  peut  encore  effectuer  cette  opération  au  four  à  vent;  mais  il  est  nécessaire 
d'atteindre  la  température  la  plus  élevée  que  peut  donner  un  four  bien  construit  pour 
fondre  convenablement  le  mélange.  Malgré  cela,  il  arrive  souvent  que,  en  raison  de  la 
durée  de  la  chauffe  et  des  déformations  ou  des  fissures  des  creusets,  les  gaz  du  foyer 
interviennent  et  transforment  une  partie  du  silicium  eu  produits  azotés  (')  et  oxydés. 
Aussi  est-il  beaucoup  plus  avantageux  d'employer  le  four  électrique;  la  réaction  est 
alors  très  régulière  et  l'on  atteint  un  rendement  voisin  du  rendement  théorique.  Par 
exemple,  4o^''  de  cobalt  nous  ont  fourni  565''  de  siliciure  Si  Go;  la  théorie  exigerait  596''. 

»  Propriélés.  —  Le  siliciure  de  cobalt  se  présente  en  cristaux  |Mismatiques  très 
brillants. 

i>  Sa  densité  à  -l-  20°  est  égale  à  6,3o. 

»  Il  ne  présente  pas  une  très  grande  dureté;  ie  verre  est  en  ullet  faiblement 
entamé. 

»  Chauffé  dans  un  courant  d'hydrogène,  il  fond  vers  i3oo"  en  donnant  une  niasse  à 
cassure  cristalline  d'un  bel  éclat  métallique. 

»  Le  tluor  réagit  sur  le  siliciure  de  coljalt  légèrement  chauffé  avec  incandescence; 
il  se  dégage  du  fluorure  de  silicium  et  il  reste  du  lluorure  de  cobalt.  Le  chlore  ne 
l'attaque  qu'au  rouge  sombre. 

»  Chauffé  dans  l'oxygène,  le  silicium  de  cobalt  se  transforme  lentement  vers  1200° 
très  superficiellement.  Le  soufre  est  sans  action  à  la  température  de  fusion  du  \erre. 

»  Les  gaz  fiuorhydrique  et  chlorhydrique  donnent  au  rouge  les  lluorure  et  chlorure 
de  cobalt  et  de  silicium,  et  de  l'hydrogène. 

u  La  vapeur  d'eau  oxyde  le  siliciure  de  cobalt  à  1200°  très  incomplètement  d'ailleurs, 
la  mince  couche  d'oxyde  formé  produit  de  belles  irisations  à  la  surface  des  cristaux. 
L'hydrogène  sulfuré  fournit  du  sulfure  de  cobalt  et  du  sulfure  de  silicium.  Le  gaz  am- 
moniac réagit  à  haute  température  avec  fixation  d'azote.  Dans  les  mêmes  conditions, 
c'est-à-dire  vers  i3oo°,  l'azote  altère  superficiellement  ce  composé. 

))  Le  siliciure  de  cobalt  est  inattaquable  par  l'acide  azotique  étendu  ou  concentré 


(')  Dans  ce  cas,  la  matière  se  réunit  mal  et  reste  en  partie  pulvérulente;  elle  laisse, 
après  traitement  par  l'acide  azotique,  outre  du  siliciure  de  cobalt,  une  notable  propor- 
tion d'une  poudre  d'un  gris  verdàtre  qui  paraît  être  formée  par  un  mélange  des 
azotures  et  des  oxycarbures  de  silicium  décrits  par  Schutzemberger  et  AL  Colson. 
>Jous  y  avons  constaté  la  présence  de  l'azote  et  du  carbone. 


(  558  ) 

par  l'acide  sulfurique  concentré  ;  il  se  dissout  lentement  dans  l'eau  régale,  plus  rapide- 
ment dans  l'acide  chlorhydrique. 

»  Les  lessives  alcalines  étendues  sont  aussi  sans  action,  mais,  si  on  les  concentre  en 
présence  du  silicium,  l'attaque  se  produit  et  elle  devient  assez  rapide  avec  les  hydrates 
alcalins  fondus. 

»  L'azotate  de  potassium  fondu  est  sans  action  au-dessous  de  sa  température  de  dé- 
composition. 

»  Le  carbonate  de  potassium  fondu  l'attaque  lentement.  Le  bisulfate  de  potassium 
ne  l'altère  pas  sensiblement  au  rouge. 

»  Analyse.  —  L'analyse  du  siliciure  de  cobalt  a  pu  être  faite  très  facilement  en  uti- 
lisant sa  solubilité  dans  l'acide  chlorhydrique  : 

1.  2.  3.  -l.  Calculé  pour  Si  Cl). 

Silicium...      82,26  3i,8o  82,07  82, 5o  82,18 

Cobalt 66,90         67,50         67,70         66,98  67,81 

»  Les  analyses  1  et  4-  se  rapportent  à  un  échantillon  souillé  d'un  peu  de  siliciure  de 
fer  provenant  du  siliciure  de  cuivre  industriel. 

»  En  résumé,  le  procédé  de  préparation  des  siliciiires  métalliques  par 
l'action  d'un  métal  sur  le  siliciure  de  cuivre  nous  a  permis  d'obtenir  un 
nouveau  composé  du  silicium  et  du  cobalt  répondant  à  la  formule  SiCo, 
comparable  par  sa  composition  et  ses  propriétés  au  siliciure  de  fer  SiFe. 
Ce  corps  est  remarquable  par  sa  résistance  aux  agents  oxydants  et  il  est 
peu  attaquable  par  les  acides,  sauf  l'acide  chlorhydrique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Sur  les  combinaisons  organomagnésiennes  mixtes. 
Note  de  M.  V.  Grigxard,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  indiqué  précédemment  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i322  et 
t.  CXXXII,  p.  336)  le  mode  de  formation  et  quelques-unes  des  réactions 
des  combinaisons  organomagnésiennes  mixtes  quej'ai  découvertes  en  faisant 
réngir  le  magnésium  sur  les  éthers  halogènes  en  présence  d'éther  anhydre. 
Je  me  propose  aujourd'hui  de  soumettre  à  l'Académie  les  raisons  qui  m'ont 
fait  attribuer  à  ces  composés  les  formules  RMgl  ou  RMg  Br,  dans  lesquelles 
R  représente  un  résidu  alcoolique  saturé  gras  ou  aromatique. 

))  Je  prendrai  comme  exemple  lemélhyliodure  de  magnésium  ;  la  réaction 
se  passe  très  exactement  entre  un  atome  de  magnésium  et  une  molécule 
d'iodure  de  mélhyle,  et  l'on  obtient  une  solution  cthérée  limpide  et  légè- 


(  559  ) 
rement  grisâtre,  sans  dépôt  appréciable.  Ce  phénomène  peut  s'expliquer 
par  l'une  des  deux  réactions  suivantes  : 

(i)  2Mg  +  2CH'I  =  Mg(CII')=+MgP, 

(o)  Mg+    CHM  =  CH-'MgL 

I^aquelle  de  ces  deux  formules  convient-il  d'adopter?  Pour  élucider  cette 
question,  j'ai  d'abord  essayé  d'isoler  la  combinaison  formée.  Lorsqu'on 
chasse  l'élher,  il  reste  une  masse  grise,  mal  cristallisée,  extrêmement 
hygroscopique  et  de  laquelle  je  n'ai  pu,  jusqu'à  présent,  retirer  aucun  pro- 
duit défini. 

»  L'acLion  de  l'eau  ne  fournit  non  plus  aucune  indication;  elle  donne 
du  méthane  pin-  à  raison  de  i  molécule  par  molécule  d'iodure  de  méthyle 
employée,  ce  qui  peut  s'expliquer  également  bien  avec  l'une  et  l'autre 
formule. 

))  A  défaut  d'expériences  directes,  je  me  suis  appuyé  sur  «liverses  consi- 
dérations tirées  des  circonstances  de  formation  de  ces  composés  et  de  la 
façon  dont  ils  réagissent  sur  les  aldéhydes  et  les  cétones. 

»  i"  Reprenons  les  équations  (i)  et  (2),  entre  lesquelles  nous  avons  à 
choisir.  S'il  se  formait  Mg(CH')-,  celui-ci  devrait  s'enflammer  à  l'air  après 
élimination  de  l'élher  ;  en  outre,  il  devrait  se  former  pendant  la  préparation 
un  dépôt  d'iodure  de  magnésium,  car  ce  sel  est  très  peu  soluble  dans 
l'éther.  Nous  avons  déjà  vu  que  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  phénomènes  ne  se 
produisent. 

»  2"  Étudions  maintenant  l'action  de  la  combinaison  organomagné- 
sienne  sur  une  aldéhvde  en  envisageant  successivement  les  deux  hypo- 
thèses. Dans  la  première,  nous  aurons  les  équations  : 


(1) 


/O  M" CH' 
M^(CHM-  +  RCHO  =  RCH(  ,,„„^ 


i  /OMoCH* 

(  rch/J;:'7       -h2H^o  =  Rcii(OH)ciPH-Mg(OH)-+  en". 


.CH 
et  avec  la  deuxième  hypothèse 


(") 


CH'Mgl  +  RCHO  =  RCH(  ^,„,« 
R CH(^^^,^ '  -t-  H=0  =  HCH(OH)CH'  +  Mgl(OH). 


(  .^6o  ) 

»  Ainsi,  dans  le  premier  cns,  la  combinaison  obtenue  ne  contient  pas 
d'halogène  et  dégage  du  méthane  par  l'action  de  l'eau.  Dans  le  deuxième 
cas,  au  contraire,  la  combinaison  formée  contient  tout  Ihalogène  introduit 
dans  la  réaction  et  ne  dégage  pas  de  gaz  par  l'action  de  l'eau. 

»  Or,  dans  toutes  les  circonstances  que  j'ai  réalisées,  soit  avec  les  aldé- 
hydes, soit  avec  les  cétones,  je  n'ai  jamais  constaté  aucun  dégagement 
gazeux  au  moment  de  la  décomposition  par  l'eau.  De  plus,  j'ai  isolé  la  com- 
binaison du  méthyliodure  de  magnésium  avec  l'acétone,  qui  est  bien  cris- 
tallisée, et  son  analyse  m'a  conduit  à  la  formule 

C*H''OMgI  +  (C=H-^)^0, 

qui  correspond  à  la  seconde  hypothèse. 

M  3"  Enfin,  la  dernière  considération  que  j'ai  fait  intervenir  est  celle  du 
rendement.  La  simple  inspection  des  formules  (I)  et  (II)  montre  que,  dans 
le  premier  cas,  le  rendement  théorique  est  d'une  demi-molécule  d'alcool 
secondaire  ou  tertiaire  par  molécule  d'éther  halogène  employée  ;  dans  le 
deuxième  cas,  le  rendement  théorique  est  d'une  molécule.  Or,  le  rende- 
ment moyen  de  mes  opérations  est  de  0,6  à  o,  7  molécule  ;  il  ne  peut  donc 
encore  s'expliquer  qu'avec  la  seconde  formule. 

))  En  résumé,  les  combinaisons  organomagnésiennes  présentent  les 
propriétés  suivantes  : 

»    1°  Elles  sont  solides  et  non  spontanément  inflammables  à  l'air; 

»  2°  Elles  se  forment  sans  mise  en  liberté  de  bromure  ou  d'iodure  de 
magnésium; 

»  3°  Par  copulation  avec  les  aldéhydes  ou  les  cétones,  elles  donnent 
des  composés  qui  renferment  tout  l'halogène  employé  et  qui,  par  l'action 
de  l'eau,  se  décomposent  avec  formation  d'un  alcool  secondaire  ou  tertiaire 
sans  dégagement  d'aucun  gaz  ('); 

»  Le  rendement  de  ces  opérations  par  rapport  à  l'éther  halogène  est 
supérieur  à  5o  pour  100. 

»  Toutes  ces  raisons  concourent  à  faire  adopter  pour  ces  combinaisons 
la  formule  RMgl  ou  RMgBr,  R  étant  ici,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  un  résidu 
alcoolique  saturé. 

»   C'est  ce  que,  en  efifet.  lorsque  R  est  un  radical  incomplet,  les  résul- 


(')  L'action  de  ces  combinaisons  sur  les  éthers  d'acides  gras  monobasiqiies,  que  j'ai 
récemment  étudiée,  vient  encore  à  l'appui  de  la  formule  proposée. 


(  56i  ) 
tats  sont  différents.  Lorsqu'on  emploie  le  bromure  ou  l'iodure  d'allyle,  la 
réaction  se  fait  moins  facilement  et  la  combinaison  qui  prend  naissance, 
peu  soluble  dans  l'éther,  se  dépose.  De  plus,  même  en  opérant  à  chaud, 
on  ne  dissout  qu'un  demi-alome  de  magnésium  par  molécule  d'élher  allylé 
introduite. 

)•  Par  refroidissement,  la  combinaison  iodallylée  cristallise  en  grandes 
aiguilles  aplaties,  incolores  et  très  altérables,  dont  l'analyse  a  donné  les 
résultats  suivants  : 

Trouvé Mg  — 6,09  1  =  70,63 

CalculépourCni^iMgl.C^H^I...  6,66  70,56 

»  Si  telle  était  la  constitution  de  cette  combinaison,  il  semblerait  qu'elle 
dût  réagir  facilement  sur  les  aldéhydes  ou  les  cétones;  il  n'en  est  rien,  et 
les  résultats  obtenus  ici  sont  généralement  inférieurs  à  ceux  fournis  par 
l'emploi  du  zinc  dans  la  méthode  de  Saytzeff.  Cette  constitution  est  donc 
vraisemblableuK-nt  plus  complexe;  peut-être  l'iodure  d'allvle  libre  vient-il 
se  fixer  sur  la  double  liaison  de  la  portion  combinée  au  magnésium. 

»  Je  continue  ces  recherches.   » 


CHIMIE  ORGANlc^UE.  —  Sur  un  isomère  de  l'anèthol  et  sur  la  constitution  de  ce 
dernier.  Note  de  MM.  Béhal  et  Tiffeneau,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Lorsque  l'on  fait  réagir  l'iodure  de  méthylmagnésium  sur  l'anisale  de 
méthyle,  on  obtient  à  la  fois  le  parapseudopropénylanisol  et  son  dimère. 

»  La  réaction  qui  leur  donne  naissance  peut  être  représentée  par  l'équa- 
tion suivante  : 


Cip-O-CMl'-  CO-C-H*+2l-  Mg-CH' 

CtP  — O  -  ;.'H'-  C  =  CH-  +  MgO-i-Mgl-+C^H^OH. 


CH' 

»   Lepropénylanisol  ainsi  formé  se  condense  et  double  sa  molécule. 

»  On  les  sépare  par  entraînement  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau,  seul  le 
monomère  est  volatil  dans  ces  conditions.  Le  parapseudopropénylanisol 
se  présente  sous  forme  de  cristaux  fusibles  à  32°.  Il  bout  à  222°  sous  la 
pression  ordinaire.  Il  possède  l'odeur  mixte  de  l'anèthol  et  de  l'estragol. 
Il  est  à  peu  près  insoluble  dans  l'eau  et  soluble  dans  l'alcool,  d'où  il 
cristallise  par  refroidissement. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  9.)  7^ 


(  562  ) 

»  Le  résidu  non  entraîné  constitue  un  dimère.  Il  cristallise  dans  l'alcool 
absolu  en  très  belles  ait;uilles  groupées  en  buisson.  Il  est  inodore  et  ses 
cristaux  fondent  à  58".  Il  distille  dans  le  vide  sans  altération.  Si  on  le 
chaufFe  à  la  pression  ordinaire  dans  un  ballon  à  long  col  muni  d'un  ther- 
momètre plongé  dans  la  masse  fondue  on  observe  que  la  température 
monte  jusqu'à  35o°,  est  peu  de  temps  stationaire  et  descend  peu  à  peu; 
enfin,  au  bout  d'un  certain  temps,  il  distille  lentement  un  liquide.  Celui-ci 
rectifié  fournit  une  portion  très  abondante  passant  de  21  5°  à  aSo"  qui, 
refroidie,  cristallise.  Les  cristaux  essorés  fondent  à  82"  et  bouillent  à  222". 

»  On  comprend  alors  ce  qui  se  passe  :  le  dimère  se  dissout  peu  à  peu 
et  le  monomère  produit  vient  abaisser  le  point  d'ébullilion  du  mélange 
jusqu'à  ce  qu'il  y  en  ait  une  quantité  suffisante  pour  passer  à  la  distil- 
lation. 

»  Ce  fait  est  à  rapprocher  d'un  travail  de  MM.  Orndorff  et  Morton  (^Am. 
Chim.  J.,  t.  XXIII,  p.  181),  qui  ont  trouvé  que  l'anisoïne  se  dédoublait  par 
la  distillation  en  donnant  entre  autres  produits  de  l'anéthol. 

»  Le  dimère  ne  fixe  pas  le  brome  par  addition,  ce  qui  indique  que  la 
condensation  s'est  faite  par  la  fonction  éthylénique. 

»  Nous  avons  fait  réagir  sur  le  propénylanisol  l'iode  et  l'oxyde  de  mer- 
cure en  présence  de  l'alcool,  comme  l'a  indiqué  M.  Bougault  {Comptes 
rendus,  t.  CXXX,  juin  1900),  et  nous  pensions  préparer  le  même  aldéhyde 
que  celui  qu'il  a  obtenu  en  traitant  l'anéthol  par  le  même  réactif.  M.  Bou- 
gault a  démontré,  dans  un  Travail  fort  bien  fait  et  que  nous  avons  vérifié, 
que  l'aldéhyde  qui  se  forme  dans  ces  conditions  répond  à  la  formule 

/CHO 
CH^  -O  — CH*-  CH 

\CH^ 

»  Or,  notre  dérivé,  étant  donné  sa  formule,  devait,  par  fixation  d'acide 
hypoiodeux  et  par  enlèvement  ultérieur  d'acide  iodhydrique,  donner  faci- 
lement cet  aldéhyde.  Il  n'en  est  rien;  le  corps  obtenu  diffère  par  ses  pro- 
priétés de  celui  de  M.  Bougault. 

»  Sa  combinaison  bisulfuique,  beaucoup  plus  leiile  à  se  former,  ne  peut  être  recris- 
lallisée  dans  l'eau,  car  elle  se  dissocie  sous  l'influence  de  ce  liquide.  L'odeur  du  produit 
obtenu  à  l'aide  de  la  combinaison  bisulfitique  est  faiblement  anisée.  Il  bout  sous  la 
pression  ordinaire  vers  264°-  L'odeur  de  l'aldéhyde  obtenue  avec  l'anéthol  est  dés- 
agréable et  ce  corps,  en  employant  le  même  thermomètre,  bout  à  ^55°.  L'aldéhyde  de 
l'anéthol  donne  une  oxime  en  cristaux  grenus,  fusible  à  gS»,  insoluble  dans  l'éther  de 


(  563    ) 

pétrole,  assez  soluble  dans  le  benzène.  L'oxime  obtenue  avec  le  propénylanisol  est 
plus  soluble  dans  le  benzène,  forme  de  longues  aiguilles  maclées  en  buisson  et  fond  à 
72°.  L'aldéhyde  de  l'anéthol,  traitée  par  la  potasse  alcoolique,  donne  un  acide  fusible 
à  ')■•",  identique  à  celui  que  l'on  obtient  en  oxydant  ce  produit  par  le  permanganate. 
Le  corps  obtenu  avec  le  pseudopropénylanisol  ne  donne  pas  d'acide;  mais,  traité  par 
le  brome  en  liqueur  alcaline,  il  donne  du  bromoforme  et  de  l'acide  anisique.  Enfin, 
l'aldéhyde  de  M.  Bougault  donne,  avec  la  fuchsine  décolorée  par  l'acide  sulfureux, 
une  coloration  bleue;  notre  produit  ne  donne  rien. 

»  Toutes  ces  réactions  nous  conduisent  à  le  représenter  par  la  formule 

(i)  CH'-  o_cfn^-CH^'-(:o-CH% 

qui  cadre  avec  la  formation  d'une  combinaison  bisulfitique,  avec  la  pro- 
duction de  bromoforme  et  d'acide  anisique,  enfin  avec  son  point  d'ébul- 
lition,  pins  élevé  que  celui  de  son  isomère  aldéhydique. 

»  Il  s'est  donc  produit  une  transformation  d'une  chaîne  pseudopro- 
pény!i(pie  en  chaîne  propylique;  c'est  là  une  migration  très  intéressante 
et  dont  nous  n'avons  encore  que  peu  d'exemples. 

»  Nous  avons  été  conduit  à  examiner  si  ce  n'était  pas  une  isomérisation 
inverse  qui  avait  produit,  à  partir  de  l'anéthol,  l'aldéhyde  de  M.  Bougaull. 
il  en  est  bien  ainsi.  Le  travail  de  M.  Bougault  est  exact  de  tous  points, 
mais  la  conclusion  qu'il  en  a  donnée,  du  reste  sous  réserve,  que  l'anéthol 
avait  peut-être  une  chaîne  triméthylénique,  ne  l'est  pas  :  l'anéthol  possède 
une  chaîne  propylénique.  En  effet,  nous  avons  réalisé  sa  synthèse  en  fai- 
sant réagir  l'aldéhyde  anisique  sur  l'iodure  de  magnésium  éthyle.  Il  se 
produit  ainsi  directement  de  l'anéthol  et  son  polymère.  La  réaction  ne  peut 
que  s'écrire  de  la  façon  suivante  : 

CIP  _  O  -  G"  H  '  -  CHO  +  [  -  Mg  -  CH-  —  CH^ 
=  HOMgl  +  CH'  -  O  —  CH'  -  CH  =  CH  -  CIP. 

»  Nous  avons  identifié  le  produit  avec  l'anéthol  par  son  point  d'ébul- 
lition,  son  point  de  fusion  et  celui  de  son  dibromure. 

»   En  conséquence,  l'anéthol  possède  bien  une  chaîne  propylénique. 

»  Nous  avons  de  même  trouvé  que  la  vanilline  traitée  par  l'iodure  de 
magnésium  éthyle  donne  de  l'iso-eugénol,  que  nous  avons  caractérisé  par 
le  point  de  fusion  de  son  dérivé  benzoyié,  qui  est  de  loS".  » 


(  564  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  phénylhydrazones  du  d  glucose  et  leur  multi- 
rotation  (').  Note  de  MM.  L.-J.  Simon  et  H.  Bënard,  présentée  par 
M.  Haller. 

«  l'HÉ^•yLHyDRAZo^•E  de  Skraup.  —  La  multirotation  de  cette  hydrazone 
a  été  signalée  par  Jacobi  (Ann.  derChem.,  t.  CCLXXII,  p.  172;  1S92),  qui 
indique  les  résultats  suivants  : 

»   [a.]ji"  =  —  i5",3  après  dix  minutes, 

»   [a],',"  =  —  46",  9  après  douze  à  quinze  heures. 

»  D'après  nos  expériences,  la  multirotation  de  celte  phényihydrazone 
en  solution  aqueuse  (4^""  dans  100")  peut  s'exprimer  d'une  façon  très 
satisfaisante  par  la  formule  exponentielle 

»  [ajc"  =  —  52°,  9  +  53,67e-''-'"''*'  =  ^' 
où  /  est  exprimé  en  minutes. 

»  De  celte  formule  résulte  que  le  pouvoir  rotatoire  initial  instantané 
serait  légèrement  dextrogyre.  En  réalité,  la  première  observation  au  pola- 
rimètre  a  donné  un  pouvoir  rotatoire  de  — 6°, 84-  Le  pouvoir  rotatoire 
final,  atteint  en  vingt-quatre  heures,  a  été  trouvé  de  —  02°, 9,  c'est-à-dire 
sensiblement  supérieur  à  la  limite  indiquée  par  Jacobi.  I^écart  entre  les 
deux  données  expérimentales  initiale  et  finale  est  donc  plus  grand  que 
celui  de  Jacobi,  et  constitue  une  garantie  de  la  pureté  du  produit  étudié. 

»  Action  de  l'alcool.  —  En  solution  dans  l'alcool  à  95°,  nous  avons  trouvé 
ce  qui  suit  : 

»  \°  La  rotation  reste  sensiblement  constante  pendant  les  premières 
heures.  Elle  donne  [«.Jo"  =  —  8°  environ,  valeur  voisine  de  celle  que  nous 
avons  trouvée  comme  rotation  initiale  en  solution  aqueuse; 

»  2°  Au  bout  de  six  heures  environ,  la  rotation  s'élève  lentement  pour 
atteindre,  au  bout  d'environ  trente-six  heures,  une  limite  correspondant  à 
[a]u°  =  —  22°,  5,  valeur  très  inférieure  à  la  limite  en  solution  aqueuse.  Il 
est  probable  que  cette  multirotation  en  solution  alcoolique  est  due  à  la 
petite  quantité  d'eau  que  renferme  l'alcool;  il  y  aurait  lieu  d'examiner  au 
même  point  de  vue,  d'une  part,  des  solutions  dans  l'alcool  dilué  et,  d'autre 
part,  dans  l'alcool  absolu. 


(')   Voir  à  la  page  ôgG,  l'erratum  relalif  à  la  Noie  précédente  de  M.  L.-J.  Simon. 


(  565  ) 

»  Action  de  la  potasse.  —  Comme  pour  les  glucoses,  la  potasse  accélère  la 
multirolation  sans  changer  la  limite. 

»  Pour  une  solution  de  /je'' de  pliényihydrazone  dans  loo"  on  a  ajouté  ûS'',75  de 
potasse  en  pastilles.  Le  pouvoir  rotaloire  initial  observé,  cinq  minutes  après  l'addi- 
tion de  potasse,  a  été  de  —  i6°,ai  ;  la  rotation  finale  a  été  atteinte  en  une  heure  et 
demie  au  lieu  de  vingt-quatre  heures. 

»  Action  de  l'acide  chlorhydrique .  —  Nous  avons  également  étudié 
l'action  de  l'acide  chlorhydrique  à  des  doses  variant  de  o'^'',oooo4  à  t*^' 
pour  25*"^  de  solution  renfermant  i^"^  environ  de  phényihydrazone.  Il  résulte 
de  nos  expériences  que  : 

»  1°  A  doses  très  faibles  (I  et  [[)  l'acide  agit  comme  la  potasse,  mais  à 
un  degré  beaucoup  plus  élevé,  pour  accélérer  la  muUirotation  sans  changer 
sa  limite; 

»  2°  A  doses  relativement  élevées  (IV  et  V),  l'acide  agit  tout  d'abord 
comme  précédemment  pour  amener  la  rotation  finale,  puis  il  provoque  le 
dédoublement  de  l'hydrazone  en  chlorhydrate  de  phényihydrazine,  ce  qui 
tend  à  faire  passer  la  rotation  de  gauche  à  droite. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  nos  expériences  : 


Teneur  en  H  Cl 

pour 
25"  de  solution. 

Molécules  d'H  Cl 

pour  une 

d'bydrazone. 

[«] 

|d 

initial. 

limite. 

ce 

0 

min. 

0 

h 

!..  . 

o , oooo4 

0,00I2 

—   9-76 

après 

29 

— 5o, 16 

après  20 

II.  . 

0,OOI 

o,oo6 

— 52,66 

)> 

3 

-48,95 

»        20 

III. 

o,oi 

0,o32 

— 5o,4i 

» 

3 

IV. 

.  .     o,i 

0,327 

—46,90 

» 

2 

—  21  ,75 

»          2 

V.  . 

I 

3,27 

—33,90 

» 

6 

>+i9,4o 

3 

»  Dans  l'expérience  V,  l'observation  n'a  pas  été  poussée  au  delà  de  trois  heures;  le 
lendemain,  la  solution  était  trop  foncée  pour  permettre  une  lecture  au  polaiimèlre. 

»  II.  Phénylhydrazone  de  Fischer.  —  Fischer  (/).  ch.  G.,  t.  XX, 
p.  821;  1887)  a  tout  d'abord  signalé  une  hydrazone  fondant,  non  pas 
comme  la  précédente,  à  iio^-iiô",  mais  à  i44"-  Skraup  (Monatshe/te, 
t.  X,  p.  4o6)  n'a  pas  réussi  à  la  reproduire  systématiquement.  Dans  le  but 
de  soumettre  aux  mêmes  essais  cette  seconde  modification,  nous  avons 
essayé  de  l'obtenir  à  notre  tour.  Nous  nous  sommes  heurtés  aux  difficultés 
déjà  rencontrées  par  Skraup  et  n'avons  pas  été  plus  heureux.  Dans  quelques  ' 
préparations  seulement,  des  fractionnements  répétés  nous  ont  fourni  cette 
hydrazone  mélangée  à  une  certaine  quantité  de  son  isomère. 


(  566  ) 

»  Un  échantillon  fondant  vers  i25°  nous  ii  conduits  au  résultat  intéres- 
sant suivant  : 

»  En  examinant  au  polarimètre  une  solution  à  4  pour  loo,  nous  avons 
observé,  au  bout  de  vingt-cinq  minutes,  [o'.]p=  —  66°,  Sy. 

»  A  partir  de  ce  moment,  au  lieu  de  croître  comme  pour  l'hydrazone  de 
Skraup,  le  pouvoir  rotaloire  décroît  régulièrement  pour  atteindre,  au  bout 
de  trente-six  heures  environ,  sa  limite,  qui  est  identique  à  la  limite  corres- 
pondant à  son  isonh're,  c'est-à-dire  voisine  de  . —  52°. 

»   De  cette  observation  préliminaire  il  résulte  tout  au  moins  que  : 

»    1°  L'hydrazone  de  Fischer  possède  également  la  multirotation; 

«   2°  Les  rotations  finales  sont  les  mêmes  pour  les  deux  isomères; 

))  3°  La  rotation  initiale,  qui  pour  l'hydrazone  de  Skraup  est,  en  valeur 
absolue,  inférieure  à  sa  limite,  lui  est,  au  contraire,  supérieure  pour  l'hv- 
drazone  de  Fischer; 

))  4°  ^-'6  temps  employé  par  les  deux  hydrazones  pour  prendre,  en  sens 
opposé,  leur  rotation  Hmite  est  du  même  ordre  de  grandeur. 

»  Il  y  a  là  une  analogie  frappante  avec  les  observations  de  Tanret  sur  la 
multirotation  des  modifications  a  et  y  du  dextrose  que  nous  interj^rétcrons 
en  affectant  à  ces  deux  hydrazones  multirotatoires  les  schémas  stéréo- 
isomères  correspondant  à  la  formule  oxydique 

CH^OH  -  CTIOH  -  CH  -  CHOH  -  CHOFI  -  CM  -  A/.ÎI  -  AzII  .('/II' 

I ^ O I 

réservant  la  formule 

CH-  OH  —  CH  OH  -  CHOH  -  CH  OH  -  CH  OH  -  CH  =  Az  -  Az  H  C  iP 
pour  l'hydrazone  dissoute,  à  pouvoir  rotatoire  invariable.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Mcthoile  générale  de  synthèse  des  naphtènes.  Note  de 
MM.  Paui.  Sabatier  et  J.-B.  Se.xderexs. 

«  Dans  une  récente  Communication  ('),  nous  avons  annoncé  que  le 
nickel  réduit  réalise  à  température  peu  élevée  la  combinaison  directe  de 
l'hydrogène  et  du  benzène,  avec  formation  exclusive  de  l'hexanaphtène  ou 
cyclohexaneC/'H'-.  I^a  réaction,  qui  commence  à  se  produire  lentement  dès 

(')    Cnmpics  iKiidiis,  l.  CXXXIl,  p.  aïo. 


(567) 

la  température  de  70°,  s'efi'eclue  très  commodément  entre  170°  et  200°,  et 
elle  peut  être  poursuivie  pendant  de  longues  heures  sans  altération  notable 
du  métal  :  raclivilé  de  ce  dernier  n'était  pas  sensiblement  affaiblie  après 
douze  heures. 

»  Le  cobalt  pur,  absolument  privé  de  nickel,  obtenu  p;ir  réduction  de 
l'oxyde  au-dessous  de  35o°,  et  refroidi  dans  le  courant  d'ydrogène,  réalise 
pendant  quelques  instants,  vers  i5o"  à  180°,  l'hydrogénation  du  benzène; 
mais,  au  bout  de  quelques  minutes,  son  activité  a  disparu  et  le  benzène 
passe  inaltéré,  même  quand  on  élève  la  température  jusqu'à  Soo". 

»   \ ,^  noir  de plaline  récemment  préparé  se  comporte  comme  le  cobalt. 

»  Le y<?r  réduit  jiar  l'action  prolongée  de  l'hydrogène  sur  l'oxyde,  vers 
35o"  à  4oo°,  n'exerce  aucune  action  appréciable  .  il  en  est  de  même  de  la 
mousse  de  platine  et  du  cuivre  réduit. 

»  L'activité  du  nickel  pour  provoquer  régulièrement  l'hydrogénation  du 
benzène  est  donc  une  propriété  spéciale  à  ce  métal.  Elle  peut  s'exercer 
d'une  manière  analogue  vis-à-vis  des  hydrocarbures  homologues  du 
benzène. 

»  Tous  ceux  de  ces  carbures  que  nous  avons  eus  à  notre  disposition  (') 
ont  été  facilement  hydrogénés  directement  vers  1 70°  à  200°  en  présence  du 
nickel  réduit,  et  ils  ont  fourni  dans  tous  les  cas  l'hexahydrure  correspon- 
dant. C'est  donc  une  méthode  générale  et  très  simplepour  effectuer  la  syn- 
thèse des  naphtènes  ou  cyclohexanes  substitués. 

»  Le  carbure  à  hydrogéner  est  placé  dans  un  lube  vertical  dont  la  partie  inférieure 
se  continue  par  un  lube  capillaire  horizontal  plus  ou  moins  étroit,  qui  pénètre  dans  le 
tube  à  nickel  parcouru  par  le  courant  d'hydrogène.  En  choisissant  convenablement 
selon  la  viscosité  du  liquide,  soit  la  hauteur  de  celui-ci  dans  le  tube  vertical,  soit  le 
diamètre  ou  la  longueur  du  tube  capillaire,  on  règle  aisément  la  rapidité  d'écoulement 
de  l'hydrocarbure,  qui  se  vaporise  dès  son  entrée  dans  le  tube  à  métal  chaude  au-dessus 
de  son  point  d'ébuUilion.  11  y  a  aussitôt  hydrogénation,  et  celle-ci  se  traduit  par  la 
diminution  de  vitesse  de  l'hydrogène  qui  sort  de  l'appareil. 

»  Le  liquide  condensé  à  la  sortie  dans  un  tube  refroidi  est  constitué  par  du  riaphtène 
mélangé  de  très  faibles  proportions  du  carbure  primitif.  Pour  obtenir  le  naphtène  abso- 
lument pur,  on  peut  soumettre  le  liquide  obtenu  à  une  nouvelle  hydrogénation  réa- 
lisée vers  180°  selon  un  mode  identique.  Ou  bien  le  carbure  brut  est  traité  à  froid  par 
de  l'acide  nitrique  fumant  ou  par  le  mélange  de  un  volume  d'acide  nitrique  avec  deux 
volumes  d'acide  sulfurique  :  les  naphtènes  demeurent  sensiblement  inaltérés,  tandis 
que  les  carbures  aromatiques  primitifs  sont  transformés  en  dérivés  nitrés.  Après  agi- 


(  ')  Ces  carbures  très  purs  nous  ont  été  fournis  par  la  maison  kahlbaum,  de  Berlin. 


(  568  ) 

lation  de  quelques  minutes,  le  naphtène  surnageant  est  séparé,  lavé  à  la  potasse,  séché 
au  chlorure  de  calcium,  puis  rectifié  par  distillation  pour  enlever  les  dernières  traces 
de  j)roduils  nitrés  dissous. 

»  Le  toluène  nous  a  donné  de  la  sorte  le  mélhylcyclohexane  ou  hepta- 
naphlène  C''H"CH^,  bouillant  à  ioo"-ioi°  (corr.). 

»   Nous  avons  préparé  de  même  trois  octonaphtènes  C*!!'",  savoir  : 

»  A  partir  de  l'orthowlène,  rorthodiméthjlcyclohexane  C^H"'(CH')f  ,,  qui  bout 
à  125°  (corr.). 

»  A  partir  du  métaxylène,  le  métadiméthylcyclohexane  C^H"'(CH')J  3,  qui  bout 
à  i2i°-i33°  (corr.). 

»  A  partir  de  l'éthylbenzène,  l'éthylcyclchexane  CH^-G-H^,  qui  bout  à  i28°-i29° 
(corr.). 

»   Nous  avons  obtenu  aussi  trois  mononaphtènes  G" H'*,  savoir  : 

»  A  partir  du  mésitylène,  le  Iriméthylcyclchexane  CH'(CH')J  3  5,  bouillant 
à  i4o°-i42°  (corr.). 

»  A  partir  du  pseudo-cumène,  le  triméthylcyclohexane  C*H'(CH')J  3  j,  bouillant 
à  i45°-i46°  (corr.). 

»  A  partir  du  propylbenzène,  le  propylcyclohexane  C*H".C'H',  bouillant  à 
i53°-i54°  (corr.). 

»  Enfin  l'hydrogénation  du  paracymène  a  fourni  un  décanaphtène  ou 
menlhane  C''H'"(CH=)(Cm'),.^  qui  bout  à  iGe^-iGS"  (corr.). 

»  Ces  carbures  possèdent  tous  une  odeur  agréable.  La  plupart  existent 
abondamment  dans  les  pétroles  du  Caucase.  Plusieurs  avaient  été  préparés 
synlhéliquement  par  l'aclion  hvdrogénantc  de  l'aciile  iodhydrique  ou  de 
l'iodure  de  phosphonium  à  280°,  en  tubes  scellés.  L'éthylcyclohexane 
(</„=  0,8026),  et  le  propylcyclohexane  (</„=  0,8098)  n'avaient  pas  été 
décrits. 

»  A  froid,  ils  sont  sans  action  sur  l'acide  snlfurique  concentré  :  l'acide 
azotique  fumant,  ainsi  que  le  mélange  nitrique-sulfnrique,  ne  les  attaquent 
que  très  peu  ou  pas  du  tout. 

»  Chauffés  au-dessus  de  3oo°  en  présence  du  nickel  réduit,  ils  sont 
détruits  lentement  avec  régénération  partielle  du  carbure  aromatique 
correspondant,  mise  en  liberté  de  charbon  et  dégagement  de  gaz  presque 
entièrement  constitués  par  du  méthane  mêlé  d'un  peu  d'hydrogène. 
Aussi  faut-il,  dans  leur  préparation,  éviter  de  porter  à  3oo°  et  au-dessus  la 
température  du  nickel. 

»  Nous  avons  pu  réaliser  par  une  méthode  semblable  l'hydrogénation 
de  la  naphtaline.  Nous  nous  proposons  de  revenir  sur  ce  point.  » 


(  569  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Chaleur  spécifique  et  clialenr  de  fusion  du  gfycol 
éthylênique.  TNfote  de  M.  nE  Forcraxd. 


«  Dans  un  précédent  Travail  ('),  j'avais  été  amené  à  admettre  pour  la 
chaleur  moléculaire  de  fusion  du  glycol  le  nombre  a^^'.GG,  qui  est  la 
moyenne  entre  celle  de  l'eau,  i,43,  et  celle  de  la  glycérine,  3, 90. 

»  J'ai  cherché  depuis  à  vérifier  celte  donnée,  ce  qui  est  possible  depuis 
que  M.  Bouchardat  a  montré  (')  que  le  glycol  se  solidifie  à  —  1 1°,  5,  et  mes 
expériences  m'ont  conduit  à  faire  quelques  observations  nouvelles  sur  ce 
composé. 

»  I.  Je  me  suis  servi  d'un  échantillon  de  glycol  parfaitement  p\ir,  bouil- 
lant exactement  à  197°  (corrigé)  sous  la  pression  de  760™™. 

»  Sa  densité  est  1,1297  ^  ^"^  c'est-à-dire  un  peu  plus  grande  que  celle 
indiquée  par  Wurtz  (i,i25o).  Le  point  de  solidification  et  de  fusion  est 
bien  à  —  1 1'',5.  Lorsque  le  refroidissement  est  lent,  il  se  [jroduit  de  grands 
cristaux  qui  prennent  la  forme  d'étoiles  ou  de  plumes.  Ils  sont  plus  denses 
que  le  liquide  et  agissent  sur  la  lumière  polarisée. 

»  II.  Chaleur  spécifique.  —  Elle  a  déjà  été  déterminée,  entre  188°  et  22", 
par  M.  Louguinine,  qui  a  trouvé  0,6620  pour  IS^ 

»  Mais  j'avais  besoin  de  connaître  celte  donnée  pour  des  températures 
moyennes  plus  basses. 

))   J'ai  obtenu,  par  le  procédé  de  M.  Berthelot,  les  nombres  suivants  : 

Entre  1 39°       et       i3» 0,6268 

Entre    69°, 6  et      i3° 0,5848 

Entre +9°       et— 29.°, 8 o,536d 

»  Dans  ce  dernier  cas,  le  liquide  était  surt'onclu  pendanl  l'intervalle  de 
température  compris  entre  —11", 5  et  —22°, 8.  En  raison  de  ce  fait,  j'ai 
provisoirement  écarîc  cette  détermination  et  j'ai  tracé  la  courbe  et  cal- 
culé les  coefficients  d'une  formule  empirique,  analogue  à  celles  publiées 
par  Regnault,  avec  les  trois  premières  expériences. 

»   La  quantité  totale  de  chaleur  absorbée  du  o  k  t"  par  1^''  de  glycol  est 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXI\',  p.  i23,  et  t.  CXXX,  p.  1622. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  C;  p.  452. 

C.  K.,   içiui,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  9.) 


(  ^70  ) 
représentée  par  la  formule  suivante  à  deux  coefficients  : 

Q  =  0,54453 /  + 0,0005670  ;-. 

»  Elle  convient  bien  pour  les  trois  premières  déterminations  ('),  et 
même  pour  la  dernière,  car  elle  donne  o,5366  pour  la  température 
de  —  6°, g  qui  est  la  movenne  entre  +  9°  et  —  22°,  8,  alors  que  j'ai  trouvé 
directement  o,5  365.  La  surfusion  ne  modifie  donc  pas  la  loi  de  variation 
de  la  chaleur  spécifique  du  glycol. 

)i   Cette  formule  permet  de  calculer  : 

La  chaleur  spécifique  à  197°  point  d'ébuUition 0,7681 

»  à  —  1 1°,  5  point  de  fusion o,53i5 

»  III.  Chaleur  de  fusion.  —  Pour  cette  mesure,  le  glycol  a  été  enfermé 
dans  une  bouteille  en  verre  très  mince  qui  en  contenait  de  aS^"^  à  3oS' 
et  qui  pesait,  vide,  moins  de  5^'".  Elle  était  munie  d'un  bouchon  et  d'un 
thermomètre  au  10".  Le  tout  entrait  à  frottement  doux  dans  un  tube  à 
essai  très  mince  avant  le  même  axe,  et  l'ensemble  était  immergé  soit 
dans  du  chlorure  de  méthyle  soit  dans  un  mélange  d'azotate  d'ammo- 
niaque et  d'eau  glacée.  Ces  bains  se  maintenaient  longtemps  à  tempéra- 
tures constantes  (—  21,6  à  —  22,4  et  —  i5°  à  —  16"),  grâce  à  l'emploi 
d'éprouvettes  à  vide  de  Crookes,  non  argentées,  qui  permettent  en  outre 
de  suivre  les  phénomènes  et  de  lire  le  thermomètre.  On  laissait  la  glace  de 
glycol  dans  ces  bassinspendant  plusieurs  heures,  et,  après  lecture  du  ther- 
momètre, on  transportait  rapidement  la  bouteille  dans  l'eau  du  calori- 
mètre. 

»  J'ai  fait  ainsi  trois  expériences  : 

Température 

initiale 
du  glycol  solide.  finale.  Résultat, 

o  o 

—22,40  -1-8,01  2,634 

—21,75  -h6,57  2,812 

—  1 5 ,  o5  -1-7 , 1 5  ■?. .  606 

La  moyenne  des  trois  nombres  serait  2,683,  rapportée  au  poids  molécu- 
laire 62.  La  moyenne  des  deux  extrêmes  est  2,62. 


(')  On  remarquera  que  le  premier  coefficient  est  le  même  que  celui  de  la  formule 
de  Regnauit  pour  l'alroo!  éthylique  (o, 54755).  Ces  deux  corps  ont  donc  très  sensible- 
ment la  même  chaleur  spécifique  de  0°  à  1°. 


(  571  ) 

))  Pour  faire  le  calcul  de  ces  expériences,  j'ai  pris  pour  chaleur  spéci- 
fique liquide  le  nombre  o,5425  donné  par  la  formule  précédente  pour  la 
température  moyenne  de  l'essai.  Quant  à  la  chaleur  spécifique  solide,  j'ai 
admis  le  nombre  o,  265o,  qui  est  la  moitié  de  la  chaleur  spécifique  liquide 
o,53i5  au  point  de  fusion,  généralisant  la  relation  qui  se  vérifie  pour  l'eau 
et  quelques  autres  corps.  Pour  la  déterminer  directement,  il  aurait  fallu 
abaisser  beaucoup  plus  la  température  initiale  de  la  glace  du  glycol;  mais 
dans  ce  cas  on  gagnerait  nécessairement,  pendant  le  transport  dans  le 
calorimètre,  une  quantité  de  chaleur  notable  et  très  incertaine.  D'ailleurs, 
la  concordance  des  résultats  i  et  3,  expériences  dans  lesquelles  l'inter- 
valle de  température  correspondant  à  l'état  solide  était  très  différent 
(io°,9  dans  un  cas  et  3",  55  dans  l'autre),  prouve  que  l'hypothèse  faite 
est  très  près  de  la  réalité. 

»  D'autre  part,  j'ai  constaté  que,  dans  les  conditions  de  mes  expériences, 
la  chaleur  spécifique  solide  pourrait  être  prise  égale  à  0,2  ou  o,3  sans 
modifier  autre  chose  que  la  seconde  décimale  de  la  chaleur  de  fusion. 

»   Enfin  la  relation  de  Person  donnerait,  dans  ce  cas  particulier, 

-- —  =(o,53i5  —  x)  i4B,5; 

d'où 

X  =  o, 243, 

nombre  assez  voisin  de  celui  que  j'ai  admis,  o,ii65. 

»  En  résumé,  on  peut  admettre  pour  chaleur  spécifique  probable  du 
glycol  solide  o,265  pour  i^'',  vers  le  point  de  fusion.  Quant  à  la  chaleur 
de  fusion,  elle  est  de  —  2^*', 66  pour  i  molécule,  ainsi  que  je  l'avais  déduit 
des  analogies. 

»  Sa  chaleur  latente  de  vaporisation  a  été  déterminée  par  M.  Lougui- 
nine  et  trouvée  égale  à  —  la'^^'.oô  pour  la  molécule  à  197".    " 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —  Sur  la  conslUuUon  du  gentianose; 
Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  et  H.  Hêrissey. 

«   Dans  un  travail  publié  en  1898  ('),  l'un  de  nous  avait  constaté  que  le 
gentianose ,  polvglucose  retiré  de  la  racine  fraîche  de  gentiane,  est  hydro- 

(  '  )  En.  BouRQUELOT,  Sur  la  physiologie  du  gentianose;  son  dédoublenicnl  par  les 
ferments  soluUles  {Journ.  de  Pliarm.  et  de  Cliini.,  6"  série,  t.  Vil,  p.  369,  1898). 


(  572  ) 
lysé  complètement  par  le  liquide  fermentaire  de  V Aspergillus  niger,  tandis 
qu'il  ne  l'est  que  partiellement  parl'inverline  de  la  levure.  Mais  la  matière 
première  faisant  défaut,  il  avait  été  impossible  de  songer  alors  à  étudier  et 
à  caractériser  les  produits  sucrés  obienus  dans  ces  hydrolyses. 

»  Depuis  celte  époque,  nous  avons  préparé  des  quantités  notables  de 
gentianose  et  nous  avons  pu  reprendre  la  question  qui  se  trouve  résolue 
par  les  recherches  résumées  ci-après  (').  Celles-ci  établissent  :  i°que  dans 
l'hydrolyse  complète  du  gentianose  il  y  a  formation  de  2  molécules  de 
dextrose  et  de  i  molécule  de  lévulose;  2°  que  dans  l'hydrolyse  incomplète 
il  y  a  production  de  i  molécule  de  lévulose  et  de  i  molécule  d'un  sucre 
intermédiaire  (hexobiose)  pouvant  donner  lui-même  par  hydrolyse  ulté- 
rieure 2  molécules  de  dextrose. 

»  Nous  avons  d'abord  essayé  de  nouveau,  sur  le  gentianose,  l'action  du 
liquide  fermentaire  de  V Aspergillus  et  celle  d'une  solution  d'inverline.  Ces 
essais  nous  ont  conduits  à  des  résultats  identiques  à  ceux  du  travail  rappelé 
plus  haut,  en  ce  sens  que  le  gentianose  a  été  hydrolyse  complètement  par 
le  premier  liquide  et  incomplètement  par  le  second. 

»  Mais,  en  s'appuyant  à  la  fois  sur  l'observation  polarimétrique  et  sur 
l'analyse  à  la  liqueur  cupro-potassique,  on  a  pu  constater,  en  outre,  que 
les  produits  de  l'hydrolyse  complète  du  gentianose  présentent  les  pro- 
priétés optiques  et  réductrices  d'un  mélange  de  \  de  dextrose  pour  |  de 
lévulose. 

»  Ces  résultats  nous  ont  amenés  à  chei'cher  à  isoler  ces  deux  sucres  dans 
la  solution  d'hydrolyse. 

»  La  solution  a  été  concentrée  dans  le  vide,  ce  qui  a  fourni  un  résidu  que  l'on  a 
traité  successivement  par  l'alcool  absolu  bouillant  et  par  l'alcool  à  98"  bouillant.  Les 
solutions  alcooliques,  abandonnées  à  la  température  du  laboratoire,  n'ont  pas  tardé  à 
donner  des  cristaux,  que  nous  avons  purifiés  par  une  nouvelle  cristallisation  dans 
l'alcool. 

»  Ainsi  purifiés,  ils  présentaient  toutes  les  propriétés  du  dextrose  [pouvoir  rota- 
toire  au ::^  H- 52°,  3  ;  point  de  fusion  de  i'osazone  :  202°,  5  (corr.);  etc.], 

»  Les  liqueurs  mères  ont  été  alors  distillées  dans  le  vide.  11  est  resté  un  produit 
sirupeux,  que  l'on  a  étendu  d'eau  distillée.  A  la  solution  chauOëe  à  So^-SS",  on  a  ajouté 
de  riiydrate  de  chaux,  après  quoi  l'on  a  agité  et  filtré.  Dans  le  liquide  filtré,  refroidi  à  0°, 
se  sont  déposés  rapidement  des  cristaux  en  fines  aiguilles,  que  des  recherches  ulté- 
rieures ont  démontré  être  du  lévulosate  de  chaux  (le  lévulose  a  lui-même  été  obtenu 
à  l'état  cristallisé). 

(  '  )  Ces  reclierches  seront  exposées  en  détail  dans  le  Journ.  de  Pliarin.  el  du  Cliiin. 


(  573) 

)'  On  avait  ainsi  établi  que  l'hypothèse  de  la  formation  de  dextrose  et  de 
lévulose,  dans  l'action  de  [' Aspergillus  sur  le  genlianose,  est  conforme  à  la 
réalité  des  faits. 

»  Une  autre  série  d'essais  a  été  instituée  pour  étudier  l'action  de  l'acide 
sulfurique  étendu  chaud.  Ces  essais  ont  permis  de  constater  que,  si  l'acide 
sulfurique  à  3  pour  loo  détermine  une  hvlrolyse  complète  du  genlianose 
lorsqu'on  opère  à  no"  (autoclave),  l'acide  beaucoup  plus  étendu  (2  pour 
1000)  et  simplement  bouillant  n'agit  pas  autrement  que  l'invertine  de  la 
levure.  Quand,  avec  ce  second  acide,  le  pouvoir  rotaloire  et  le  pouvoir  ré- 
ducteur des  produits  obtenus  atteignent  une  certaine  valeur,  l'action  s'ar- 
rête, comme  si,  dans  cette  action,  il  se  produisait  un  glucose  d'une  part 
(glucose  qui  n'esl,  comme  nous  nous  en  sommes  assurés,  autre  que  du  lévu- 
lose) et,  d'autre  part,  un  polyglucose  inattaquable  par  l'invertine  ou  par 
l'acide  très  étendu,  même  bouillant. 

»  Aussi  de  nouveaux  essais  onL-ils  été  effectués  dans  le  but  de  séparer 
et  d'étudier  le  polyglucose  en  question,  dont  l'existence  était  encore 
révélée  par  l'insolubilité,  dans  l'alcool  fort,  d'une  grande  partie  du  produit 
de  l'hydrolvse  incomplète.  Ces  essais  ont  été  faits  sur  les  produits  prove- 
nant d'hydrolyse  par  l'acide  sulfurique  à  2  pour  1000  bouillant. 

»  Ces  produits  ont  été  débarrassés  du  lévulose  par  plusieurs  traitements 
à  l'alcool  à  90°.  On  a  obtenu  ainsi  un  composé  que  nous  n'avons  pu  faire 
cristalliser  jus  ju'ici,  mais  qui  n'en  est  pas  moins  une  espèce  chimique,  un 
sucre  nouveau  analogue  au  maltose. 

)).  En  elïet  :  1"  Ce  sucre  donne  une  osazone  assez  soluble  à  chaud  et  se 
précipitant  par  relroidissement  à  l'état  cristallisé.  Cette  osazone  fond 
à  142"; 

»  2"  Ce  siicre,  traité  soit  à  froid  par  le  liquide  d' Aspergillus,  soit  à  110° 
par  l'acide  sulfurique  à  3  pour  100,  se  dédouble  exactement  en  deux  molé- 
cules de  dextrose,  comme  on  a  pu  s'en  assurer  en  comparant  la  rotation 
et  les  propriétés  réductrices  du  liquide  hydrolyse. 

»  Ce  sucre  est  dextrogyre,  mais  son  pouvoir  rotatoire  est  très  faible, 
comparé  au  pouvoir  rotatoire  de  son  isomère  le  plus  analogue,  le  maltose. 
Il  a  été  trouvé  égal  à  4-  7°,  7  pour  aj,. 

»  Ce  sucre  est  réducteur;  mais  à  cet  égard  il  en  faut  o*»', o83  pour  équi- 
valoir à  08',  o5  de  sucre  interverti. 

»  Ce  nouveau  sucre  étant  un  hexobiose,  nous  proposons  de  l'appeler 
geiitio-hexobiose,  ou,  par  abréviation,  gentiobiose. 


(  574  ) 

»  En  résumé  :  i"  Le  gentianose  est  un  hexotriose  auquel  on  doit  attri- 
buer la  formule  C'H'^O"'.  Celte  formule  comporte  un  poids  moléculaire 
de  5o4,  et  nous  avons  trouvé,  par  la  mélhode  de  Raoult,  494. ^^t  chiffre 
aussi  voisin  que  possible  du  précédent. 

»  2°  Traité  par  l'invertine  ou  par  l'acide  sulfurique  très  étendu  bouil- 
lant (2  pour  1000),  le  gentianose  se  dédouble  en  gentiobiose  et  en  lévulose  : 

C"H'-0'»+ H-0  ==  C'='H"0"  +  C^H'-O"  ; 

Gentiobiose.  Lévulose. 

»  3°  Traité  par  le  liquide  fermentaire  de  VAspergilliis,  ou  par  l'acide 
sulfurique  à  3  pour  100,  à  110°,  le  gentianose  donne  du  dextrose  et  du 
lévulose  : 

C'*H'-0"=-h  2H=0  =  2(C'W-0'')  -h  C'H'-O". 

,  Dextrose.  Lévulose. 

»  Si  l'on  réfléchit  que  le  liquide  d' Aspergi/lus  renferme  de  l'invertine,  ou 
ne  peut  interpréter  celle  dernière  réaclion  (et  nous  avons  observé  au  pola- 
rimètre  des  variations  dans  la  marche  de  l'hydrolyse  des  divers  essais 
effectués  qui  viennent  à  l'appui  de  celte  interprétation)  qu'en  admettant 
la  présence  à  côté  de  l'invertine,  dans  le  liquide  A' Aspergillus,  d'un  ferment 
hydrolysant  du  gentiobiose.  C'est  là  un  exemple  très  net  de  l'existence  de 
deux  ferments  hydratants,  concourant  simultanément  au  dédoublement 
d'une  même  espèce  chimique. 

))  Ce  n'est  pas  tout.  Supposons  que  le  second  ferment  existe  seul  :  dans 
ces  conditions,  il  est  vraisemblable  que  le  gentianose  se  dédoublera  en 
I  molécule  de  dextrose  et  i  molécule  de  saccharose.  On  s'expliquerait 
ainsi  que  la  racine  fraîche  de  gentiane  renferme  ce  dernier  sucre  à  côté  du 
gentianose,  comme  nous  l'avons  établi  dans  un  travail  antérieurement 
publié.    » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Traitement  par  l'oxygène,  à  la  pression 
atmosphérique,  de  l'homme  empoisonné  par  l'oxyde  de  carbone.  Note  de 
M.  N.  Gréhant,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«   Les  recherches  des  Professeurs  Haldane  et  Mosso,  qui  ont  reconnu  que 
les  animaux  placés  dans  l'oxygène  comprimé  résistent  à  de  très  fortes  pro- 


(  575  ) 
portions  d'oxyde  de  carbone,  m'ont  donné  l'idée  de  faire  plusieurs  expé- 
riences comparatives  dont  les  résultats  me  paraissent  de  la  plus  haute 
importance    au    point  de  vue  de  la  lutte   contre   l'empoisonnement  par 
l'oxyde  de  carbone  dont  la  fréquence  ne  diminue  pas. 

11   Mes  recherclies  portent  sur  deux  points  : 

1)  1°  Sur  la  différence  d'action  de  mélanges  d'air  et  d'oxygène  renfer- 
mant I  pour  loo  d'oxyde  de  carbone; 

11  2°  Sur  les  différences  dans  la  durée  de  l'élimination  ou  de  la  dispa- 
rition de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  d'un  animal  empoisonné,  selon 
que  l'on  fait  respirer  à  cet  animal  de  l'air  pur  ou  de  l'oxygène  après 
l'empoisonnement. 

-'  h  Lorsqu'on  fait  respirer  à  un  chien  de  lair  renfermant  i  pour  loo  d'oxyde  de 
carbone,  l'animal  meurt  en  vingt  minutes,  par  arrêt  des  mouvements  respiratoires  et 
des  mouvements  du  cœur;  au  bout  de  quinze  minutes,  l'animai  est  déjà  fort  malade 
et  le  sang  renferme  beaucoup  d'oxyde  de  carbone  combiné  avec  l'hémoglobine. 

11  J'ai  reconnu  qu'un  chien  peut  respirer  un  mélange  d'oxygène  et  d'oxyde  de  car- 
bone à  I  pour  100  pendant  quarante-cinq  minutes  et  même  pendant  deux  heures 
quinze  minutes  sans  que  l'animal  succombe. 

11  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  j'ai  produit  chaque  fois  chez  les  animaux 
(chiens)  un  empoisonnement  partiel  par  un  mélange  d'air  et  d'oxj'de  decarboneà 
I  pour  100  pendant  treize  à  quinze  minutes  et  j'ai  fait  alors  une  première  prise  de 
20"  de  sang  qui  a  été  injecté  dans  mon  appareil  à  extraction  des  gaz  du  sang  :  on  a 
recueilli  les  gaz  dans  une  première  cloche,  le  sang  étant  chauffe  à  4o°  sans  acide,  puis 
dans  une  seconde  cloche,  le  sang  étant  porté  à  ioo°  après  addition  de  20"^'=  d'acide 
phosphorique  hydraté  qui  déplace  complètement  l'oxyde  de  carbone. 

»  Voici  les  Tableaux  des  résultats  obtenus,  les  gaz  étant  ramenés  secs  à  0°  et  à  la 
pression  de  760""°". 

liespirotion  de  l'air  pur. 

100''^  de  sang  renfermaient  : 

GO. 

18.1  au  bout  de  quinze  minutes  d'empoisonnement 
10,5     au  bout  d'une  heure  de  respiration  d'air  pur 

5.4  au  bout  de  deux  heures 

4.5  au  bout  de  trois  heures 

Respiration  d'oxygène  à  go, 3  pour  loo. 
100"  de  sang  renfermaient  : 

CO. 

16.2  au  bout  de  treize  minutes  d'empoisonnement 
•5,2  après  quinze  minutes  de  respiration  d'oxygène 
3,4  après  trente  minutes 
I ,  I  après  une  heure 


ce. 

0. 

3o,3 

2,9 

36,8 

10,5 

37,5 

i5,5 

42,4 

16,6 

C0=. 

0. 

i5,6 

2, 

29 

«4 

33,3 

12 

4o,6 

18, 

(  576  ) 
»  On  voit  immédiatement,  par  la  comparaison  des  deux  Tableaux,  que 
si  l'on  fait  respirer  à  un  animal  empoisonné  et  menacé  de  mort  de  l'oxy- 
gène à  90  pour  100,  au  bout  d'une  heure,  100'''' de  sang  artériel  conte- 
naient 18,8  d'oxvgène  et  seulement  1,1  d'oxyde  de  carbone,  tandis  que  si 
l'on  fait  respirer  de  l'air  pur  après  un  empoisonnement  semblable,  au  bout 
de  trois  heures,  en  un  temps  triple,  loo*^*^  de  sang  artériel  contenaient 
16,6  d'oxygène  et  encore  4, '5  d'oxvde  de  carbone,  quatre  fois  plus  qu'après 
une  heure  de  resjiiralion  d'oxvgène.  iJcliminalion  ci  la  disparition  du  poison 
sont  donc  considérablement  accélérées  par  l'emploi  de  l'oxygène,  qui  s  impose 
dans  le  traitement  de  Cintoxicalion  oxycarbonée.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Analogies  entre  les  actions  diastasiques  du  platine  col- 
loïdal et  celles  des  diastases  organiques.  Note  de  M.  G.  Iîredig,  présLMilée 
par  M.  Duclaux. 

«  La  mousse  de  platine  et  les  solutions  colloïdales  de  platine  présentent 
beaucoup  d'analogies,  au  point  de  vue  des  propriétés  oxydantes,  avec  cette 
classe  de  diastases  et  de  ferments  qui  produisent  des  oxydations  ;  c'est  ainsi, 
par  exemple,  que  le  platine  colloïdal  accélère  l'oxydation  du  pyrogallol 
comme  le  fait  la  laccase  de  G.  Bertrand;  de  même  la  décoloration  de  l'in- 
digo pir  l'eau  oxygénée  est  accélérée  aussi  bien  par  le  sang  et  certaines 
diastases  que  par  le  platine  colloïdal  et  la  mousse  de  platine (Schiinbein). 

»  Une  analogie  très  nette  entre  les  diastases  organiques  et  le  platine 
colloïdal  apparaît  dans  l'action  des  acides  et  des  alcalis.  L'addition  d'acides 
et  de  sels  diminue  l'activité  du  platine  colloïdal,  de  même  qu'elle  diminue 
l'action  calalytique  des  diastases  sur  l'eau  oxygénée  (Jacobson).  L'addi- 
tion de  /âj6/e5  quantités  d'un  alcali  augmente  l'activité  du  platine  colloïdal  ; 
des  quantités  plus  grandes  le  diminuent;  il  existe  un  optimum,  et  le 
même  optimum  existe  j)our  l'action  des  alcalis  sur  les  diastases. 

»  Enfin  une  dernière  analogie  très  frappante  est  l'action  des  poisons  sur 
le  platine  colloïdal.  Les  poisons  des  diastases  et  du  sang  sont  aussi  des 
poisons  pour  le  platine  colloïdal  ;  ces  substances  (par  exemple  acide  cvaii- 
hydrique,  cyanure  d'iode,  fPS,  CO,  AsH%  le  nitrite  d'amyle,  Ihydroxyla- 
mine,  etc.)  arrêtent  l'action  du  platine  colloïdal  lorsqu'elles  sont  ajoutées 
déjà  en  quantité  très  faible.  C'est  ainsi  que  l'acide  cyanhydrique  en  solu- 
tion -^^„„'^,-,,,^  normale  (contenant  i  gramme-molécule  dans  40000000  de 
litres)  ralentit  nettement  l'action  catalytiquc du  platine  colloïdal  sur  l'eau 
oxygénée.  Mais  lorsqu'on  fait  disparaître  l'acide   cyanhydrique   l'action 


(  577  ) 
ratalytiqiie  réapparaît;  et  l'on  sait  que  la  même  propriété  s'applique  aux 
ferments  organiques  et  au  sans;. 

»  De  même  encore  l'oxyde  de  carbone  diminue  l'activilé  du  platine 
colloïdal,  mais  ce  dernier  reprend  son  activité  après  élimination  de  CO. 

»  Schunbein  et  Schaer  avaient  montré  que  l'ordre  dans  lequel  on  ajoute 
l'acide  cyanhydrique  et  l'eau  oxygénée  au  sang  a  une  importance  pour  la 
force  de  l'inhibition  de  l'acide;  j'ai  trouvé  avec  M.  Ikeda  le  même  fait  pour 
le  platine  colloïdal  :  l'acide  cyanhydrique  diminue  l'activité  du  platine 
colloïdal  beaucoup  plus  lorsqu'il  est  ajouté  avant  l'eau  oxvgénée  que  s'il 
est  ajouté  après;  le  même  fait  a  lieu  aussi  pour  CO. 

»  L'iode  est  aussi  (d'après  les  expériences  de  M.  Ikeda)  un  poison 
intense  pour  le  platine  colloïdal.  Une  solution  contenant  i  gramme-molé- 
cule d'iode  dans  lo  millions  de  litres  et  une  solution  contenant  i  gramme- 
molécule  de  cyanure  d'iode  dans  4o  millions  de  litres  ralentissent  l'action 
catalytique  du  platine. 

»  Le  chlorure  de  mercure  agit  nettement  en  solution  de  i  gramme- 
molécule  dans  I  million  de  litres,  le  cyanure  de  mercure  est  aussi  un 
poison,  mais  beaucoup  moins  intense,  résultats  analogues  à  ceux  obtenus 
par  Paul  et  Rrônig(')  sur  l'action  toxique  des  sels  de  mercure  sur  les 
spores. 

»  Voici  les  substances  dont  l'action  a  été  étudiée,  et  les  dilutions 
pour  lesquelles  l'action  inhibitrice  est  encore  nette,  les  nombres  repré- 
sentent le  nombre  de  litres  contenant  i  eramme-molécule  :  acide  cvan- 
hydrique,  40000000;  cyanure  d'iode,  40000000;  iode,  looooooo;  brome, 
3oooo;  acide  sulfhydrique,  looooooo;  sulfure  de  carbone,  action  nette; 
thiosulfiite  de  soude,  5ooo;  oxyde  de  carbone,  plus  de  1000;  phosphore, 
20000;  phosphure  d'hydrogène,  4000;  arsenic  hydrogéné,  action  très 
forte;  acide  arsénieux,  action  faible;  nitrite  d'amyle,  action  forte  ;  acide 
azoteux,  action  assez  nette;  chlorhydrate  d'hydroxylamine,  25 000;  hydra- 
zine,  douteux;  aniline,  action  assez  forte;  nitrobenzol,  action  faible; 
sublimé,  i  000000;  cyanure  de  mercure,  200;  pyrogallol,  1000;  chlorate 
de  potasse,  action  nulle  à  la  concentration  de  jooo  litres. 

»  M.  le  professeur  Ed.  Schaer  (Strasbourg),  en  étudiant  l'influence  de 
ces  différents  poisons  sur  l'action  catalytique  du  sang  dans  la  décompo- 
sition de  l'eau  oxygénée,  a  trouvé  des  résultats  très  voisins  des  précédents. 

(')  Zeitschrift  f.  physikalische  Chemie,  t.  XXI,  p.  /Ji4)  1896. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  9.)  74 


(  578  ) 

»  En  résumé,  sans  vouloir  affirmer  l'identité  des  métaux  colloïdaux 
avec  les  diastases,  je  pense  que  ces  solutions  colloïdales  peuvent  être  con- 
sidérées comme  des  modèles  de  diastases  inorganiques  :  i"  à  cause  de  leur 
action  catalytique  intense;  2°  à  cause  de  leur  état  colloïdal  hétérogène, 
présentant  une  surface  très  grande  pouvant  donner  lieu  à  des  transfor- 
mations irréversibles;  3"  à  cause  de  leur  faculté  de  fixer  certains  corps  ou 
bien  en  formant  des  combinaisons  chimiques  complexes,  ou  bien  par 
absorption.  » 


MÉDECINE.  —    Propriétés  coagulantes  du  mucus  :  origines  et  conséquences. 
Noie  de  MM.  Ciiarrix  et  Mousse,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Nous  avons  établi  qu'injecté  dans  les  vaisseaux,  après  dilution  et 
fdtration,  le  mucus  des  voies  respiratoires  des  grands  animaux  provoque 
une  morl  immédiate,  en  déterminant  une  prompte  coagulation  du  sang. 

))  Malgré  des  essais  variés,  nous  n'avons  pas,  jusqu'à  ce  jour,  réussi  à 
augmenter  notablement  la  résistance  de  l'animal  à  cette  action  aussi  rapide 
qu'intense.  Toutefois,  ces  essais  nous  ont  amenés  à  découvrir  que  l'intro- 
duction de  doses  minimes,  progressives,  comparables  à  celles  que  l'on  fait 
pénétrer  quand  on  immunise  contre  des  bactéries,  peut  être  suivie,  sans 
occasionner  de  désordres  bien  apparents,  de  la  formation  de  caillots  plus 
ou  moins  volumineux,  que  l'on  décèle  plus  tard,  de  préférence  dans  le 
cœur  droit  au  moment  de  l'autopsie.  Or,  on  conçoit  aisément  la  portée  de 
ces  constatations,  qui  révèlent  une  cause  jusque-là  méconnue  de  throm- 
boses ou  d'embolies. 

»  L'importance  de  cette  cause  tient,  du  reste,  en  partie,  à  la  diffusion 
du  mucus  dans  l'économie,  comme  aussi  à  la  multiplicité  de  ses  origines. 

»  Dans  les  conduits  aériens,  la  genèse  de  ces  principes  coagulants  peut 
être  attribuée  soit  aux  bactéries  toujours  présentes  sur  ces  surfaces  de 
revêtement,  soit,  conformément  à  ce  que  pense  Cesaris-Demel  en  s'ap- 
puyant  sur  des  travaux  de  Foa,  à  l'épithélium  de  la  muqueuse. 

)>  Il  existe,  en  effet,  dans  certaines  cultures  le  plus  ordinairement  assez 
anciennes,  en  particulier  dans  celles  du  bacille  pyocyanique,  des  produits 
visqueux  qui  en  réalité  contiennent  de  la  mucine('). 


(')  Cette  mucine,  mise  en  évidence  dans  ces  cullures  par  Gharrin  et  Desgrez  {Soc. 
bioL.  1889),  paraît  être,  en  partie  tout  au  moins,  l'élément  qui  intervient  activement 


(  579  ) 

»  Or  si  l'on  injecte,  dans  les  veines  d'un  lapin  pesant  environ  2''^,  ces 
produits  visqueux  filtrés,  en  dilution  aqueuse,  salée  ou  très  faiblement 
alcalinisée,  on  voit  apparaître  divers  accidents  (léger  tremblement,  abat- 
tement plus  ou  moins  prononcé,  oscillations  thermiques,  dyspnée  assez 
intense,  etc.)  proportionnels  aux  quantités  introduites;  mais,  en  dehors 
des  cas  où  l'on  fait  pénétrer  des  volumes  considérables  ou  des  toxines  spé- 
cialement actives  mélangées  à  ce  mucus,  le  plus  souvent  la  mort  ne  survient 
pas  immédiatement.  Quoiqu'il  en  soit,  que  l'animal  succombe  ou  qu'on  le 
sacrifie,  à  l'autopsie  pratiquée  sans  retard  on  décèle,  principalement 
dans  les  cavités  du  cœur  droit  encore  contractile,  de  petits  caillots,  et  le 
sang,  surtout  dans  le  tronc  porte,  se  coagule  plus  rapidement  qu'à  Tétat 
normal. 

»  Au  point  de  vue  de  la  formation  hâtive  de  ces  caillots  et  de  la  prompti- 
tude de  cette  coagulation,  on  observe  des  résultats  analogues  quand  on 
pousse,  dans  les  vaisseaux,  quelques  centimètres  cubes  d'eau  renfermant 
en  solution,  d'une  part,  du  chlorure  de  sodium  (7  pour  1000)  ou  du  carbo- 
nate de  soude  (toujours  i^"  par  litre),  d'autre  part,  le  produit  obtenu  en 
raclant  (après  expulsion  par  lavage  du  contenu)  la  surface  interne  de  l'in- 
testin d'un  enfant  mort  en  naissant,  avant  d'avoir  respiré  ou  plus  encore 
pris  du  lait,  autrement  dit  d'un  intestin  privé  de  germes. 

»  Il  est  cependant  juste  de  remarquer  que,  dans  ce  produit  aussi  bien 
que  dans  les  cultures,  les  principes  modificateurs  de  cette  coagulation 
sanguine  semblent  exister  en  proportions  infiniment  moindres  que  dans  la 
vessie  et  par-dessus  tout  dans  les  voies  respiratoires  des  grands  animaux  : 
au  lieu  de  quelques  centigrammes,  il  est  nécessaire  d'injecter  des  grammes 
(5  à  7).  A  vrai  dire,  pour  comparer  très  exactement  ces  proportions,  il 
faudrait  pouvoir  agir  exclusivement  à  l'aide  de  ces  substances  coagulantes 
à  l'état  de  pureté.  —  En  tout  cas,  faute  de  quantité  ou  par  suite  de  varia- 
tions qualitatives,  ces  substances,  retirées  de  cet  intestin  de  mort-né  ou 
issues  de  la  vie  des  microbes,  paraissent  également  plus  sensibles  à  l'ac- 
tion de  la  chaleur  que  les  composés  de  même  ordre  recueillis  dans  la 
trachée  ou  les  bronches  d'un  cheval. 


dans  cette  coagulation  due  au  mucus,  attendu  que  cet  élément,  par  bien  des  caractères, 
se  rapproche  de  cette  mucine  :  précipitation  par  l'acide  acétique,  redissolution  par  la 
soude,  résistance  relative  (après  dilution)  à  100°,  présence  du  soufre,  etc.  —  Peut-être 
aussi  convient-il  de  songer  à  une  nucléo-albumine  associée,  bien  qu'en  général  le 
phosphore  soit  assez  rare. 


(  58o  ) 

»  Ces  remarques  n'atténuent  pas  la  netteté  des  phénomènes  enregistrés  ; 
aussi  en  présence  de  ces  phénomènes  on  est  légitimement  autorisé  à 
conclure  que  les  principes  coagulants  que  nous  avons  découverts  dans  le 
mucus  peuvent  dériver  soit  des  cellules  de  l'organisme,  soit  des  cellules 
bactériennes.  C'est  là,  d'ailleurs,  une  donnée  qui  s'ajoute,  à  titre  de  pro- 
babilité, aux  arguments  que  nous  avons  développés  pour  établir  l'inter- 
vention de  la  mucine  elle-même  dans  la  genèse  de  ces  modifications  dys- 
crasiques,  attendu  que  cette  mucine  relève  de  cette  double  origine  orga- 
nique ou  microbienne. 

»  Ajoutons,  en  terminant,  que  ces  modifications  sanguines  font  partie 
des  désordres  morbides  que  l'injection  des  vieilles  cultures  pyocyaniques 
fait  apparaître  au  bout  de  quelques  instants,  tandis  que  d'autres  troubles, 
tels  que  les  hémorragies,  l'entérite,  etc.,  provoqués  par  des  mécanismes 
directs  ou  indirects,  ne  s'observent  que  plus  tard  ,  dix  ou  vingt  heures 
après  cette  injection;  il  faut  que  l'animal  survive  pendant  un  temps  suffi- 
sant. Or,  dans  les  bouillons,  dans  les  milieux  de  développement  de  ce 
bacille  pyocyanique,  les  substances,  capables  de  déterminer  ces  hémor- 
ragies, ces  lésions  intestinales,  sont  sécrétées  dès  le  début;  par  contre,  les 
composés  muqueux  ne  sont  fabriqués  que  longtemps  après,  détail  à  rap- 
procher de  l'apparition  en  général  tardive,  au  cours  des  maladies,  des  cail- 
lots, des  thromboses  de  la  période  cachectique.  —  Cette  dissociation,  cette 
succession  tant  dans  la  production  des  accidents  que  dans  celle  des  élé- 
ments solubles  bactériens,  apportent,  après  plusieurs  autres,  des  argu- 
ments manifestes  en  faveur  de  l'opinion  (')  que  l'un  de  nous,  avec  faits  à 
l'appui,  a  formulée  il  y  a  douze  ans,  à  savoir  qu'en  dehors  d'une  toxine 
principale,  caractéristique,  parfois  spécifique,  un  microbe  pathogène  donne 
naissance  à  différents  poisons  morbifiques  secondaires.  » 


(')  Avec  le  professeui-  Bouchard,  dès  i88g,  j'ai  soutenu  celle  iiolion,  aujourd'hui 
admise,  de  la  mulliplicilé  de  ces  sécrétions  microbiennes,  les  unes  agissant  sur  la  cir- 
culation, les  autres  sur  le  névraxe,  le  tube  digestif  ou  la  respiration,  etc.  La  toxine 
spéciale  mise  à  pari,  la  prédominance  de  l'un  de  ces  poisons  secondaires  peut  expli- 
quer certaines  localisations  ou  encore  le  tj'pe  morbide  observé,  type  cardiaque,  cérébro- 
médullaire,  abdominal,  llioracique,  etc.,  de  l'infection. 


(  58i  ) 

HISTOLOGIE.  —  Sur  une  reaction  hislnchimique  différentielle  des  leucocytes  et 
sur  la  production  expérimentale  et  la  nature  des  granulations  cJiromatophiles 
de  ces  cellules.  Note  de  M.  Hexri  Stassajîo,  préseatée  par  ]\f.  Joannes 
Chatin. 

«  Sur  un  grand  nombre  de  préparations  de  leucocytes,  soit  du  sang, 
soit  de  l'exsudat  péritonéal  (cobaye,  rat,  pigeon,  canard,  grenouille),  j'ai 
remarqué,  en  employant  le  mélange  de  Romanowsky,  que  ce  qui  diffé- 
rencie les  leucocytes  dits  polynucléaires  de  ceux  qualifiés  de  mononu- 
cléaires, c'est  moins  l'aspect  de  leur  noyau  que  la  manière  dont  leur 
protoplasma  se  comporte  avec  ce  réactif.  Le  protoplasma  des  premiers, 
en  effet,  demeure  incolore,  tandis  que  le  protoplasma  des  seconds  se  teint 
toujours  en  bleu  gris. 

»  Quelques  polynucléaires  retiennent  dans  leurs  granulations,  plus  ou 
moins  apparentes,  l'éosine  du  mélange  Romanowsky,  et  d'autres,  encore 
moins  nombreux,  fixent  les  deux;  couleurs  à  la  fois,  donnant  au  proto- 
plasma des  nuances  qui  vont  du  rouge  brique  au  violet  rougeâtre.  Ce  mé- 
lange, on  le  sait,  colore  différemment  les  mêmes  éléments  cellulaires,  et 
prend  aussi,  in  vitro,  deS  colorations  différentes,  selon  la  réaction  chi- 
mique du  milieu.  Dans  aucun  cas,  cependant,  ces  granulations  ne  confèrent 
au  protoplasma  des  polynucléaires  la  même  coloration  qu'à  celui  des  mono- 
nucléaires, ni  cette  contexture,  en  filigrane,  que  ces  derniers  prennent  en 
s'étalant,  et  qui  les  fait  ressembler  à  des  rhizopodes. 

»  Cette  différence  d'affinité  des  protoplasnias  des  deux  groupes  de 
leucocytes  relève,  vraisemblablement,  de  leurs  différentes  propriétés 
chimiques,  auxquelles  se  rattachent  les  fonctions  qui  distinguent  les  mono- 
nucléaires des  polynucléaires.  Des  observations  de  sang  humain  me  per- 
mettent d'étendre  ces  remarques  aux  leucocytes  de  notre  espèce. 

»  Neusser  a  vu  augmenter  les  leucocytes  à  granulations  éosinophiles 
dans  le  sang  circulant  après  l'injection  de  produits  tels  que  pilocarpine. 
tuberculine,  sels  de  fer.  J'ai  repris  ces  expériences  en  me  limitant  à  la 
cavité  péritonéale,  où  il  est  facile  de  provoquer  une  intense  leucocytose 
en  injectant  quelques  centimètres  cubes  de  solution  physiologique  ou  de 
bouillon,  et  d'où  il  est  non  moins  facile  de  retirer  des  échantillons  de 
l'exsudat,  riche  en  leucocytes,  qui  s'y  produit. 

»  En  injectant  dans  le  péritoine  d'un  cobaye  du  sang  de  pigeon,  j'ai  constaté  que, 


(  582  ) 

dans  beaucoup  de  leucocytes  polynécluaires,  le  proloplasma  se  charge  progressive- 
ment de  granulations  éosinophiles.  Le  nombre  de  ces  leucocytes  granuleux  semble 
augmenter  à  mesure  que  se  prolonge  le  séjour  du  sang  de  pigeon  dans  l'abdomen.  En 
même  temps,  les  hématies  injectées  deviennent  plus  fragiles;  leur  proloplasma  se 
colore  moins  énergiquement  par  le  mélange  Romanowsky;  dans  certaines  hématies, 
on  remarque  même  des  espaces  raréfiés  leur  donnant  l'aspect  d'hématies  parasitées. 

»  La  produclion  des  granulations  éosinopliiles  dans  les  leucncvtes  du  cobaye  coïn- 
cidant avec  toutes  ces  différentes  modifications  des  hématies  introduites  dans  le 
péritoine  de  cet  animal,  modifications  qui  trahissent  vraisemblablement  la  sortie  par- 
tielle, sinon  totale,  de  l'hémoglobine  chez  les  globules  rouges  du  pigeon,  j'ai  été  amené 
à  rechercher  s'il  n'y  avait  pas  un  lien  de  cause  à  effet  entre  ces  modifications  et  la 
production  des  éosinophiles. 

»  J'ai  injecté  simplement,  à  cet  effet,  du  sang  laqué  de  pigeon  dans  l'abdomen  du 
cobaye.  Une  à  deux  heures  après  l'injection,  les  leucocytes  éosinophiles  y  dépassent 
déjà  la  proportion  de  deux  à  quatre  pour  cent  :  on  sait  que,  dans  la  cavité  péritonéale, 
les  polynucléaires  cliromatophiles  sont  habituellement  au-dessous  de  celte  proportion, 
et  que  dans  le  sang  circulant  ils  sont  encore  plus  rares  à  l'état  normal.  A  partir  de  ce 
moment,  ces  leucocytes  granuleux  augmentent  de  nombre  jusqu'à  atteindre  parfois, 
le  lendemain,  la  moitié  du  nombre  total  des  polynucléaires  de  l'exsudat  péritonéal. 
L'affinilé  de  l'éosine  pour  l'hémoglobine  est  bien  connue  des  histologistes;  aussi 
peut-on  rattacher  le  résultat  de  cette  expérience,  plusieurs  fois  répétée,  à  la  présence 
de  l'hémoglobine  dans  les  leucocytes,  dont  une  des  principales  fonctions  est  précisé- 
ment de  débarrasser  l'organisme  des  déchets,  des  produits  nuisibles,  etc. 

»  J'ai  injecté,  ensuite,  une  solution  étendue  d'acide  citrique  au  lieu  de  l'hémo- 
globine, pour  voir  si  la  pénétration  de  cet  acide  à  l'intérieur  des  leucoc3'tes  n'y  pro- 
voquerait pas  aussi,  en  modifiant  la  réaction  du  protoplasme,  l'apparition  de  granu- 
lations chromatophiles  :  après  une  telle  injection,  le  protoplasme  de  beaucoup  de 
polynucléaires  présente  effectivement  de  fines  granulations  roses  tirant  au  violet. 

»  J'ai  trouvé  que  l'injection  de  venin  de  serpent,  qui  possède  une  réaction  neutre, 
donne  lieu,  comme  l'injection  d'hémoglobine,  à  la  formation  de  granulations  franche- 
ment éosinophiles. 

»  Kn  provoquant  l'afflux  de  leucocytes  par  l'injection  de  solutions  de  nucléines,  dont 
l'affinité  caractéristique  est  pour  les  couleurs  à  fonction  basique,  j'ai  constaté,  environ 
vingt  heures  après,  la  présence  de  quelques  polynucléaires  à  proloplasma  légèrement 
violet  remplaçant  les  éosinophiles  des  exsudais  péritonéaux  ordinaires.  Par  l'injection 
d'une  nouvelle  dose  de  nucléines,  ces  leucocytes  ont  augmenté  sensiblement  de  nombre 
dans  l'espace  de  six  à  sept  heures,  présentant,  pour  quelques-uns  au  moins,  des  granu- 
lations basophiles  très  intenses. 

))  L'origine,  demeurée  jusqu'à  présent  obscure,  des  granulations  chro- 
matophiles des  leucocytes  s'éclaircit,  ce  me  semble,  par  les  résultats 
expérimentaux  que  je  viens  de  résumer.  Selon  l'interprétation  qui  découle 
naturellement  de  ces  expériences,  les  sept  types  de  granulations  établis  par 


(  583  ) 

Erhlich  résultent  de  différences  soit  d'affinités,  soit  de  réactions  chimiques, 
provoquées  dans  les  leucocytes  par  les  substances  si  diverses  que  ces  der- 
niers peuvent  fixer  et  charrier  en  circulant  à  travers  les  tissus. 

»  L'émiettemenl,  en  très  fines  granulations,  que  j'ai  observé  pour  le 
noyau  des  hématies  de  la  grenouille  ('),  à  l'arrivée  dans  la  circulation  du 
saccharate  de  fer,  me  porte  k  penser  que  les  granulations  chromatophiles 
tirent,  elles  aussi,  leur  origine  de  l'appareil  nucléaire.  Ces  granulations, 
du  reste,  résistant  à  la  digestion  physique  (Weiss),  se  comportent  comme 
de  véritables  granulations  de  nucléines.  De  plus,  on  sait  que  les  noyaux 
des  leucocytes  qui  en  sont  chargés  se  colorent  moins  vivement  que  ceux 
des  leucocytes  qui  en  sont  dépourvus.  La  même  chose  se  passe  chez  les 
hématies  nucléées,  lorsque  la  chromatinede  leurs  noyaux  diffuse  dans  le 
protoplasma  pour  se  combiner  au  sel  de  fer  injecté. 

»  L'éosinophilie  que  les  noyaux   des  hématies  affectent  quand  ils   ont 
retenu  du  saccharate  de  fer  ou  du  bichlorure  de  mercure,  fait  que  j'ai  pu 
reproduire  in  vitro,  avec  les  nucléines  retirées  d'organes  d'animaux  mer— 
curialisés,  doit  être  signalée  aussi  à  l'appui  de  la  nature  nucléinienne  de 
ces  granulations  chromatophiles.  » 


ZOOLOGIE.  —  Obseri'a/ions  noiwelles  sur  l'organisation  des  Pleurotomaires. 
Note  de  MM.  E.-L.  Bouviek  et  H.  Fischer,  présentée  par  M.  Edm. 
Pertier. 

«  Les  Gastéropodes  du  genre  Pleurotomaire  se  rangent  parmi  les  repré- 
sentants des  plus  anciennes  faunes  du  monde  et,  à  ce  titre,  présentent  un 
intérêt  des  plus  vils  pour  les  zoologistes.  Leur  animal  resta  complètement 
inconnu  jusqu'au  jour  où  M.  Alexandre  Agassiz  en  captura  plusieurs  exem- 
plaires dans  la  mer  Caraïbe.  Ces  exemplaires  appartenaient  à  deux  espèces, 
le  PL  Quoyana  F.  et  B.  et  le  PL  Adansoniana  Cr.  et  F.,  sur  lesquelles 
M.  Dali  nous  a  donné  quelques  renseignements,  d'ailleurs  fort  brefs  et 
très  incomplets.  Plus  récemment,  uike  autre  espèce,  \&  PL  Bejnchi  U'ilg., 
a  été  trouvée  dans  les  mers  du  Japon,  où  elle  ne  parait  pas  être  fort  rare. 

»  M.  Agassiz  ayant  eu  l'obligeance  de  nous  communiquer  un  exemplaire 
de  PL  Quoyana,  nous  avons  pu  étudier,  il  y  a  deux  ans,  le  système  nerveux 
et  la  radule  de  ces  curieux  Gastéropodes,  non  sans  regretter  que  le  mau- 

(')  Comptes  rendus,  28  juillet  1900. 


(  584  ) 

vais  état  de  l'exemplaire  ne  nous  permît  pas  d'étendre  notre  investigation 
aux  autres  systèmes  d'organes.  Grâce  à  la  générosité  de  M.  Dautzenberg, 
nous  sommes  aujourd'hui  en  état  de  combler  cette  regrettable  lacune; 
aussi  libéral  que  dévoué  pour  la  Science,  le  savant  malacologiste  nous  a 
remis  un  animal  assez  complet  de  Pi.  Beyrichi  sur  lequel  nous  avons  pu 
faire  les  observations  suivantes. 

»  Le  Pi.  Beyrichi  est  dépourvu  d'épipodium;  son  mufle  n'a  qu'une 
médiocre  longueur  et  ses  yeux  se  présentent  sous  la  forme  d'une  cupule 
ouverte  au  dehors.  Son  opercule  est  très  réduit. 

M  Sa  chambre  brianchiale  est  relativement  étroite  et  fort  allongée  ;  com- 
plètement dépourvu  de  la  fissure  palléale  que  M.  Dali  a  signalée  dans  les 
deux  espèces  caraïbes,  le  plafond  de  cette  chambre  est  simplement  muni, 
sur  son  bord  antérieur,  d'un  large  sinus  arrondi  où  rien  n'indique  les  traces 
d'une  fissure  dont  les  liords  se  seraient  soudés. 

»  Les  branchies  sont  symétriquement  situées  dans  la  chambre,  à  une 
faible  distance  du  dos;  comme  dans  les  autres  Diotocardes,  elles  sont  à 
deux  rangées  de  lamelles,  fixées  au  manteau  par  un  raphé  qui  correspond 
à  leur  partie  la  plus  étroite,  et  munies  d'une  pointe  libre  qui  s'aperçoit  en 
avant  dans  le  sinus  palléal.  La  branchie  droite  est  un  peu  moins  large  et 
moins  longue  que  la  branchie  gauche,  commencement  d'une  atrophie  qui 
conduira  aux  Diotocardes  monobranches.  D'ailleurs,  ces  deux  organes  sont 
peu  développés  et  ne  s'étendent  guère  que  dans  la  moitié  antérieure  de  la 
chambre  palléale.  La  veine  afférente  suit  le  milieu  de  leur  bord  libre;  elle 
y  pénètre  en  arrière,  logée  dans  une  sorte  de  repli  qui  se  détache  du  pla- 
fond palléal,  au-dessous  duquel  il  se  présente  sous  la  forme  d'une  courte 
cloison  dirigée  en  avant.  Chez  les  autres  Diotocardes,  les  branchies 
s'étendent  jusqu'au  fond  de  la  chambre  palléale,  mais  la  veine  a  conservé 
la  position  qu'elle  occupe  chez  les  Pleurolomaires  et  atteint  les  organes 
respiratoires  bien  avant  leur  terminaison.  Ainsi  l'appareil  branchial  des 
Diotocardes  s'accroît  en  arrière  des  veines  afférentes,  dont  la  position  reste 
constante  et  indique  le  point  où  se  trouvaient  les  dernières  lamelles  dans 
les  formes  primitives  du  groupe;  à  mesure  que  s'effectue  cette  croissance, 
le  bord  postérieur  du  repli  palléal  signalé  plus  haut  se  trouve  entraîné  en 
arrière  avec  le  bout  postérieur  de  la  branchie,  et  de  la  sorte  s'explique  la 
cloison  bizarre,  jusqu'ici  incompréhensible,  qui  divise  en  deux  étages  la 
chambre  palléale  des  autres  Diotocardes. 

»  Le  faible  développement  des  branchies  des  Pleurotomaires  et  leur 
localisation  dans  la  moitié  antérieure  de  la  chambre    semblent  justifier 


(  585  ) 

complètement  l'hypothèse  de  Bûtschli,  d'après  laquelle  on  considère  l'or- 
gane respiratoire  des  Diotocardes  primitifs  comme  formé  par  le  déplace- 
ment en  avant  de  deux  branchies  qui  se  trouvaient  en  arrière,  à  droite  et 
gauche  du  rectum,  chez  les  ancêtres  chitoniformes  du  groupe.  Ce  dépla- 
cement une  fois  effectué,  la  cavité  palléale  s'est  approfondie  et,  comme  on 
l'a  vu  plus  haut,  les  branchies  s'y  sont  ultérieurement  allongées.  Chez  les 
Pleurotoraaires,  cet  allongement  ne  s'est  pas  encore  produit,  de  sorte  que 
ces  organes  sont  remarquablement  peu  développés.  Ils  seraient  manifes- 
tement insuffisants  pour  les  besoins  respiratoires  sans  une  disposition  ana- 
tomique  sur  laquelle  nous  allons  insister. 

»  Entre  les  deux  branchies,  mais  surtout  en  avant  de  l'anus  (qui  se 
trouve  situé  un  peu  en  dedans  et  en  avant  du  bout  postérieur  de  la  branchie 
droite),  le  plafond  palléal  est  très  richement  vascularisé  et  ressemble  ab- 
solument à  un  poumon  d'Hélix.  L'axe  de  cette  aire  est  occupé  par  un  gros 
vaisseau  qui,  en  avant,  reçoit  le  sang  veineux  de  la  cavité  antérieure  du 
corps  par  les  grosses  veines  palléales  logées  dans  le  bord  du  manteau.  Des 
branches  nombreuses  partent  de  ce  vaisseau  axial  et,  après  de  nombreuses 
anastomoses,  vont  déboucher  à  droite  et  à  gauche  dans  le  grand  sinus 
branchial  efférent  qui  occupe  le  raphé  d'attache  de  la  branchie  corres- 
pondante. Ce  sinus  reçoit  en  outrje,  par  de  nombreux  pertuis,  le  sang  hé- 
matose qui  s'accimiule  dans  un  autre  sinus  situé  au  sommet  du  raphé, 
entre  les  deux  baguettes  anbistes  qui  soutiennent  les  branchies  à  leur  base. 
En  arrière  de  celles-ci,  le  sinus  efférent  devient  un  vrai  vaisseau  qui  se 
continue  jusqu'à  l'oreillette  en  suivant  le  bord  du  rein  correspondant  ('). 

»  Ainsi,  le  sang  hématose  qui  retourne  au  cœur  provient  en  partie  des 
branchies,  en  partie  du  réseau  palléal;  ces  deux  sortes  d'organes  nous  pa- 
raissent avoir,  dans  la  respiration,  un  rôle  sensiblement  égal.  Chez  les 
Prosobranches  aquatiques,  le  premier  acquerra  nettement  la  prédominance 
et  le  second  deviendra  la  glande  muqueuse;  chez  les  Prosobranches  ter- 
restres, au  contraire,  l'appareil  branchial  disparaîtra  totalement  et  le  réseau 
palléal  jouera  le  rôle  de  poumon,  en  conservant  d'ailleurs  les  faibles  pro- 
priétés muqueuses  qu'il  présente  chez  les  Pleurotomaires.    » 


(')  Les  reins  occupent,  en  arrière,  le  plafond  de  la  chambre  palléale  et  leurs  orifices 
sont  situés  fort  loin  en  arrière  de  l'anus.  Le  rein  gauche  paraît  plus  volumineux  que 
le  droit  et  a  une  structure  tout  autre;  il  côtoie,  comme  lui,  le  rectum,  mais  s'étend 
moins  loin  en  avant. 


G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N°  9.) 


(  586  ) 


EMBRYOLOGIE.  —  Si/r  les  diverses  cellules  de  l'ovaire  qui  interviennent  dans 
la  formation  de  l'œuf  des  Insectes.  Note  de  M.  A.  Liécaillon,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  ébauches  ovariennes,  chez  les  Insectes  où  leur  formation  a  été  le 
mieux  étudiée,  prennent  naissance  par  suite  de  deux  phénomènes  suc- 
cessifs se  produisant  dans  l'embryon  à  des  moments  assez  éloignés  l'un  de 
l'autre.  Ces  deux  phénomènes  sont  :  i"  l'apparition  précoce  des  gonades; 
2°  l'entrée  de  celles-ci  dans  une  enveloppe  mésodermique  à  l'intérieur  de 
laquelle  elles  resteront  désormais  incluses.  Dans  Clytra  lœviuscula,  par 
exemple,  les  gonades  se  montrent  à  la  fin  de  la  première  journée  du  déve- 
loppement et  ne  s'entourent  de  leur  enveloppe  mésodermique  qu'au 
commencement  de  la  cinquième  journée  (la  durée  moyenne  du  dévelopr 
pemenl  total  étant  d'environ  treize  jours).  Au  moment  de  l'apparition  dont 
il  s'agit,  la  segmentation  est  loin  d'être  terminée  et  il  ne  saurait  être 
question  encore  de  feuillets  germinatifs. 

»  L'origine  mésodermique  du  tissu  qui  entoure  les  gonades  quMnd 
celles-ci  pénètrent  dans  les  cavités  cœlomiques  n'est  au  contraire  pas  con- 
testable, car  les  cellules  mésodermiques  sont  à  ce  moment  très  faciles  à 
reconnaître  et  très  différentes  des  gonades. 

))  D'après  Heymons,  le  tissu  mésodermique  ne  formerait  pas  seulement 
l'enveloppe  des  ébauches  ovariennes;  il  donnerait,  en  outre,  naissance  à 
des  cellules  se  mélangeant  plus  ou  moins  aux  gonades  et  destinées  à 
fournir  plus  tard  les  cellules  épithéliales  qui  formeront  les  follicules  des 
œufs.  Ce  fait  doit  être  considéré  comme  exact;  on  verra  tout  à  l'heure 
cependant  qu'il  peut  y  avoir  des  exceptions  à  cette  règle. 

»  Ainsi  donc  l'embryogénie  montre  que  deux  sortes  d'éléments  entrent 
dans  la  formation  de  l'ovaire  et,  par  suite,  peuvent  servir  à  l'ovogenèse  : 
les  gonades  et  les  cellules  mésodermiques  qui  les  enveloppent  ou  y  sont 
mélangées.  Voyons  ce  qui  se  produit  ensuite  chez  les  Insectes  inférieurs. 
D'après  mes  observations,  il  est  nécessaire,  pour  s'en  rendre  compte, 
d'examiner  successivement  :  i°  le  cas  des  Aphoruridées,  des  Poduridées 
et  des  Entomobryidées;  2°  celui  des  Smynthuridées  ;  3°  celui  de  Campodea, 
et  4°  celui  de  Machilis. 

)>  Dans  le  premier  cas,  il  n'y  a  pas  de  cellules  naésodermiques  en  dehors  de  celles 


(  587  ) 

qui  forment  la  paroi  des  ébauches  ovariennes  (cette  observation  est  conforme  aux.  ré- 
sultats obtenus  par  A.  Clavpole,  qui  a  étudié  le  développement  de  l'ovaire  à'Anurida 
maritima  Guér.  ).  Les  gonades  donnent  naissance  aux  œufs  et  aux  cellules  vitello- 
gènes.  Il  n'y  a  pas  de  follicules  ovariens.  La  vésicule  germinalive  grossit  notablement 
au  début  de  la  période  pendant  laquelle  l'oeuf  reste  dépourvu  de  globules  deutoplas- 
miques;  mais  ensuite  elle  diminue  et  ne  semble  jouer,  dès  lors,  qu'un  rôle  insignifiant 
pendant  tout  le  temps  que  dure  l'accumulation  du  vilellus  nutritif  dans  l'œuf.  Ce  sont 
alors,  au  contraire,  les  cellules  vitellogènes  qui  se  développent  énormément;  leur 
noyau,  par  sa  grosseur  et  sa  richesse  en  éléments  chromatiques,  accuse  la  grande  part 
qu'elles  prennent  à  l'élaboration  des  matériaux  qui  s'accumulent  dans  l'œuf.  Les 
cellules  de  la  paroi  ovarienne  restent  toujours  très  petites,  et  ça  et  là  quelques-unes 
d'entre  elles  seulement,  situées  près  des  œufs,  grossissent  un  peu. 

»  Dans  les  trois  familles  dont  il  s'agit  ici,  les  éléments  dérivés  des  gonades  sont 
donc  de  deux  sortes  :  les  œufs  et  les  cellules  dites  vitellogènes;  ces  deux  catégories 
d'éléments  assurent  à  peu  près,  à  eux  seuls,  tout  le  travail  chimique  nécessité  pour 
faire  passer  l'œuf  à  l'état  de  maturité;  on  peut  même  admettre  que,  à  ce  point  de  vue, 
le  rôle  des  cellules  vitellogènes  est  prépondérant. 

»  Dans  les  Smynthuridées,  les  cellules  mésodermiques  surajoutées  aux  gonades 
manquent  également,  et  par  suite  aussi  les  follicules  ovariens.  Les  gonades  donnent 
encore  naissance  d'une  part  aux  œufs,  d'autre  part  à  des  cellules  vitellogènes.  Ces  deux 
sortes  d'éléments  évoluent  comme  dans  le  cas  précédent.  Mais  ici,  les  cellules  mésoder- 
miques qui  forment  la  paroi  ovarienne  prennent  une  part  très  active  aux  phénomènes 
de  l'ovogenése.  Elles  acquièrent  une  taille  considérable  et  proéminent  vers  l'intérieur 
de  la  poche  ovarienne.  Elles  finissent  par  former  un  réseau  enserrant  étroitement  les 
groupes  constitués  par  les  œufs  accompagnés  de  cellules  vitellogènes.  Vers  la  fin 
de  l'ovogenése  elles  s'atrophient  peu  à  peu  comme  les  cellules  vitellogènes  elles-mêmes. 
L'élaboration  des  matières  qui  doivent  s'accumuler  dans  l'œuf  est  donc  répartie,  chez 
les  Smynthuridées,  entre  l'œuf  lui-même,  les  cellules  sœurs  de  l'œuf  et  les  cellules 
mésodermiques  de  la  paroi  ovarienne;  ces  dernières  paraissent  avoir  le  principal  rôle. 

»  Dans  Campodea,  les  cellules  mésodermiques  surajoutées  aux  gonades  sont  pré- 
sentes (à  la  région  postérieure  de  la  chambre  germinative).  Il  se  forme  de  vrais  folli- 
cules ovariens,  mais  les  cellules  en  sont  toujours  très  peu  volumineuses.  Il  se  produit 
encore  des  œufs  et  des  cellules  vitellogènes  aux  dépens  des  gonades. 

»  L'activité  principale,  dans  l'élaboration  des  matériaux  de  réserve,  est  dévolue 
aux  cellules  vitellogènes. 

»  Dans  Machilis,  on  trouve  des  cellules  mésodermiques  situées  à  la  partie  la  plus 
antérieure  de  la  chambre  germinative.  Il  se  produit  des  follicules  ovariens  ayant  des 
cellules  un  peu  plus  volumineuses  que  chez  Campodea. 

»  Mais  ici  apparaît  une  disposition  qui  deviendra  fréquente  chez  les  Insectes  supé- 
rieurs :  toutes  les  gonades  produisent  des  œufs,  de  sorte  qu'il  n'y  a  plus  de  cellules 
vitellogènes. 

I)  Il  est  alors  facile  d'observer  que  presque  tout  le  travail  chimique  nécessité  par 
l'emmagasinement  des  globules  deutolécithiques  est  fourni  par  l'œuf  lui-même.  Le 
noyau  de  celui-ci    grandit   beaucoup   et  les  éléments  chromatiques    qu'il    renferme 


(  588  ) 

prennent  un  développement  qu'ils  étaient  bien  loin  d'atteindre  dans  les  trois  cas  pré- 
cédents. 

»  En  résumé,  les  faits  que  l'on  observe  dans  l'ovaire  des  Insectes  infé- 
rieurs donnent  le  droit  d'admettre  que,  chez  ces  animaux,  le  travail  chi- 
mique à  la  suite  duquel  d'abondants  matériaux  de  réserve  sont  accumulés 
dans  l'œuf  est  effectué  par  diverses  cellules.  Les  œufs  et  les  cellules  vilel- 
logènes,  éléments  dérivés  des  gonades,  y  prennent  part;  il  en  est  de  même 
des  cellules  mésodermiques  entrant  dans  la  constitution  de  l'ovaire. 

)'  Mais  la  part  qui  revient  à  chaque  catégorie  de  cellides  est  très  variable  ; 
tantôt  c'est  celle  de  l'œuf  qui  est  prépondérante,  tantôt  celle  des  cellules 
vitellogènes,  tantôt  celle  des  cellules  mésodermiques.  En  réalité,  tous  ces 
éléments  sont  vitellogènes  si  on  les  envisage  au  point  de  vue  physiolo- 
gique, et  seule  leur  origine  les  sépare  nettement  en  deux  groupes.  Chez 
les  Insectes  supérieurs,  l'ovogenèse  se  produit  dans  les  mêmes  conditions; 
mais  ce  sont  les  dispositions  ébauchées  chez  Campodea  et  chez  Machilis 
qui  se  réalisent  le  plus  souvent,  en  se  perfectionnant  surtout  par  le  rôle 
plus  important  qu'acquiert  l'épithélium  folliculaire.  Quant  au  type  d'ovaire 
réalisé  dans  les  Aphoruridées,  les  Poduridées  et  les  Entomobryidées,  et 
perfectionné  davantage  chez  les  Smynthuridées,  il  semble  être  resté  loca- 
lisé dans  le  groupe  des  Collemboles.   » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  le  mécanisme  de  la  propulsion  de  la  langue 
chez  les  Amphibiens  anoures.  Note  de  M.  Marcus  Hartog,  présentée  par 
M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  On  chercherait  en  vain,  dans  les  grands  Traités  et  dans  les  Mémoires 
détaillés,  ime  explication  du  mécanisme  de  la  propulsion  de  la  langue  chez 
les  Amphibiens  anoures.  C'est  tout  au  plus  si  les  auteurs  répètent  que  les 
muscles  génioglosses  sont  les  protracteurs,  et  les  hyoglosses  les  rétracteurs 
de  cet  organe.  Et  pourtant  ces  animaux  font  partout,  depuis  longtemps, 
les  frais  de  l'initiation  de  l'étudiant  aux  problèmes  de  la  Physiologie  et  de 
l'Anatomie. 

»  Ayant  à  faire  chaque  année  un  Cours  de  Biologie  élémentaire  qui 
commence  par  l'étude  détaillée  de  la  Grenouille,  j'avais  depuis  longteinps 
remarqué  cette  lacune.  J'ai  réussi  à  la  combler  et  à  montrer  par  une  expé- 
rience des  plus  simples  comment  l'animal  lance  sa  langue  en  dehors  de  sa 
bouche  en  la  renversant. 


(  589  ) 

»  Je  mets  à  nu  la  langue  par  l'ablation  de  la  partie  de  la  mâchoire  supérieure  et  du 
crâne,  je  fais  un  petit  trou  dans  le  muscle  sous-maxillaire  (raylohyoïdien),  par  lequel 
j'introduis  une  canule,  et  j'insuffle  de  l'air.  La  langue  se  gonfle,  se  redresse  et  s'élance. 
Il  est  nécessaire  d'aider  le  mouvement  en  tirant  l'os  hyoïde  en  avant.  Ou  bien  j'injecte, 
au  lieu  d'air,  du  beurre  de  cacao  additionné  de  carmin  et  fondu,  et  je  maintiens  la 
pression  jusqu'à  refroidissement  de  la  masse  :  cette  manipulation  révèle  un  énorme 
espace  lymphatique  entre  le  muscle  sous-maxillaire  et  l'os  hyoïde,  espace  qui  se  pro- 
longe, en  passant  par  la  fente  médiane,  entre  les  muscles,  dans  la  cavité  de  la  langue 
même;  là  il  se  ramifie  en  s'insinuant  entre  les  fascicules  en  éventail  de  ses  muscles 
intrinsèques  et  atteint  l'extrémité  élargie  de  l'organe.  Désormais  les  rôles  des  divers 
muscles  sont  clairs  :  les  muscles  pétrohyoïdiens  soulèvent  l'os  hyoïde  et  le  font  avancer, 
action  complétée  par  les  géniohyoïdiens.  Les  génioglosses  et  styloglosses  peuvent  bien 
commencer  la  dilatation  de  la  langue  en  raccourcissant  et,  par  conséquent,  élargissant 
sa  cavité;  mais  c'est  surtout  le  muscle  sous-maxillaire  qui,  par  sa  contraction,  doit 
chasser  la  lymphe  dans  la  cavité  de  la  langue;  c'est  lui  le  vrai  propulseur  de  l'organe. 
Pour  la  rétraction,  les  muscles  génioglosses  et  hyoglosses  doivent,  par  compression, 
la  ramener  jusque  dans  la  bouche  :  les  muscles  sternohyoïdiens  et  omohyoïdiens 
rétractent  les  attaches  de  la  langue  à  l'os  hyoïde,  et  la  fermeture  de  la  bouche  par  les 
muscles  qui  relèvent  la  mandibule  presse  la  langue  contre  le  palais  et  en  chasse  le 
reste  de  la  lymphe. 

»  On  voit  que  la  propulsion  brusque  de  la  langue  chez  les  Anoures  est 
une  érection  comparable  à  la  protrusion  si  lente  du  pied  chez  les  Lamelli- 
branches :  dans  les  deux  cas,  c'est  une  propulsion ,  non  une  prétraction. 

»  Silvestro  Baglioni,  dans  une  étude  remarquable  sur  la  respiration  des 
Grenouilles  ("),  vient  de  constater  que,  dans  cet  acte,  au  moment  du 
rétrécissement  de  la  cavité  de  la  bouche  «  wird  die  Zunge  sehr  deutlich 
»  nach  vorn  und  oben  gezogen  ».  Pour  que  ce  mouvement  s'accentue  et 
se  transforme  en  propulsion  de  la  langue,  il  ne  faut  qu'un  avancement 
plus  complet  de  l'os  hyoïde  et  une  plus  forte  contraction  du  muscle  sous- 
maxillaire.   » 


VITICULTURE.    —    Sur  le  géotropisme  des  racines  de  la  vigne. 
Note  de  M.  J.-M.  Guillox,  présentée  |>ar  M.  Prillieux. 

«  Les  racines  naissant  à  la  base  des  boutures  de  la  vigne  suivent,  sous 
l'influence  de  la  pesanteur,  une  direction  oblique  (géotropisme  positif) 
très  variable  suivant  les  espèces,  les  variétés  et  les  hybrides.  Cette  obli- 

(')  In  Arch.f.  Anatomie  u.  Physiolog.  :  Phys.  Abth.,  1900,  Suppl.  Bd,  p.  36. 


(  590  ) 

quité  des  racines  est  très  intéressante  à  connaître  pour  les  vignes  améri- 
caines, car,  sans  être  la  cause  unique  des  variations  de  l'adaptation  aux 
divers  sols,  elle  constitue  cependant,  à  ce  point  de  vue,  un  document  des 
plus  précieux. 

»  En  effet,  les  cépages  dont  les  racines  tendent  à  se  rapprocher  plus  ou 
moins  de  la  verticale  sont  susceptibles  de  résister  plus  que  les  autres  à  la 
sécheresse.  Ils  vont  chercher  l'humidité  dans  les  couches  plus  profondes, 
en  des  points  où  elle  est  peu  sujette  aux  variations  extérieures.  Par  contre, 
les  cépages  à  racines  traçantes  sont  plus  exposés  à  souffrir  d'une  séche- 
resse prolongée.  Ces  considérations  ont  donc  leur  importance  pour  la 
reconstitution  d'un  vignoble. 

»  Enfin  l'obliquité  caractéristique  de  chaque  cépage  américain  fait  qu'ils 
vont  puiser  leur  nourriture  dans  des  régions  plus  ou  moins  éloignées  de  la 
surface  du  sol  et  qu'il  y  a  lieu  d'en  tenir  compte  pour  le  choix  et  l'appli- 
cation des  engrais. 

1)  On  peut  arriver  à  classer  à  ce  point  de  vue  les  espèces,  variétés  ou 
hybrides  en  mesurant  l'angle  que  fait  avec  la  verticale  la  direction  des 
racines  secondaires  (direction  d'équilibre  géotropique).  Il  suffit,  pour 
déterminer  cet  angle,  que  j'appellerai  angle  de  géotropisme,  de  faire  raciner 
des  boutures  dans  un  liquide  nutritif  où  rien  ne  vient  s'opposer  à  la  direc- 
tion naturelle  des  racines,  ou  d'observer  pendant  plusieurs  années  les 
racines  des  cépages  expérimentés  dans  une  même  pépinière  constituée 
par  un  sol  meuble,  profond  et  frais. 

»  J'ai  étudié  l'angle  de  géotropisme  de  la  plupart  des  espèces,  variétés  ou  hybrides 
de  vignes  américaines  utilisées  pour  la  reconstitution  du  vignoble.  Voici  le  résumé  de 
mes  observations  : 

Noms  des  cépages.  Angle  de  géotropisme. 

Rupestris  du  Lot 20» 

Riparia 75  à  80  suivant  les  formes. 

Berlandieri 20  à  35  » 

Riparia  x  Rupestris 4o  à  60  » 

Berlandieri  x  Riparia 60  à  76  » 

Rupestris  x  Berlandieri 4o  à  5o  » 

Berlandieri  x  Riparia-Rupestries  gigantesque. .  55  à  60  » 

Franco-Rupestris 35  à  60  » 

Franco-Berlandieri 45  à  5o  » 


»  Si,  d'une  façon  générale,  plus  l'angle  de  géotropisme  est  aigu,  plus  hi 


(  591  ) 
plante  résisto  à  la  sécheresse,  celte  observation  peut  être  modifiée  par  la 
profondeur  plus  ou  moins  grande  du  sol  et  parla  grosseur  des  racines  aux- 
quelles les  vaisseaux  à  plus  gros  diamètre  communiquent  des  propriétés 
particulières.  Enfin,  la  direction  des  racines  de  la  vigne,  de  même  que  les 
autres  plantes,  est  soumise  à  certaines  influences,  comme  celles  de  l'humi- 
dité (hydrotropisme),  de  la  pression,  etc.  « 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  (a  découverte,  dans  les  dépôts  permiens  supérieurs  du 
nord  de  la  Russie,  d'une  Jlore  glossoptérienne  et  de  reptiles  Pareiasaurus  et 
Dicynodon.  Note  de  M.  V.  Amalitzky,  présentée  par  M.  Albert  Gaudf'v. 

«  Les  dépôts  permiens  de  la  Russie  comprennent  des  formations  marines 
et  continentales.  Ces  dernières  contiennent  dans  les  étages  inférieurs  une 
flore  lépidendronienne  du  type  du  Rothliegendes  d'Allemagne,  tandis  que 
les  étages  supérieurs  contiennent  des  marnes  et  des  grès  bigarrés,  long- 
temps considérés  comme  dépourvus  de  fossiles.  J'ai  réussi  à  y  trouver  une 
riche  faune  de  Lamellibranches,  que  j'ai  décrite  en  1892  (')  sous  les  noms 
Ae Palœomutela,  Oligodon el Palœanodonta.  En  1895,  alorsque j'étudiais(-), 
à  Londres,  les  Lamellibranches  du  Raroo  inférieur  de  l'Afrique  méridionale, 
je  remarquai  nombre  de  formes  identiques  avec  celles  des  dépôts  permiens 
supérieurs  de  Russie.  Je  supposai  que  je  |)ourrais  découvrir  dans  ces  dépôts 
d'autres  organismes  semblables  à  ceux  qui  ont  été  trouvés  dans  le  système 
du  Karoo  inférieur  de  l'Afrique  méridionale.  Comme  champ  de  mes 
explorations  futures,  je  choisis  le  rayon  de  la  Soukhona  et  de  la  Dvina,  où 
le  professeur  Barbot  de  Marny  avait  recueilli  en  1864,  dans  les  dépôts  per- 
miens développés  suivant  la  rivière  Vytchegda,  une  empreinte  en  forme  de 
noyau  de  Calamités  arenaceus,  qui  indiquait  une  formation  continentale. 

»  Mes  explorations,  pendant  une  période  de  quatre  ans,  de  iSgS-iSgH, 
prouvèrent,  en  effet,  que  les  dépôts  permiens  supérieurs  continentaux  du 
courant  inférieur  de  la  Soukhona  et  du  courant  supérieur  de  la  Dvina  du 


('  )  (Jelier  die  Anlhiacosien  der  Permfonnation  Bussland's  {Palaeontograpkica. 
Vol.  XXXIX). 

(-)  A  comparison  of  tlie  Perinian  fresliwater  Lamellibranchiala  froni  Russia 
with  those  from  Karoo  System  of  South  Africa  {Journ.  Geol.  Soc,  Vol.  II  ; 
Aug.  1895). 


(  592  ) 

Nord  sont  homotaxiques  au  système  du  Karoo  inférieur  de  l'Afrique  méri- 
dionale et  de  la  Gondwana  inférieure  de  l'Inde.  Celte  homotaxie  est  démon- 
trée par  la  décoiiverle,  dans  les  dépôts  permiens  supérieurs  précités  du 
noi'd  de  la  Russie,  des  formes  suivantes,  identiques  avec  celles  que  l'on  a 
trouvées  dans  le  système  du  Karoo  ou  de  la  Gondwana  :  Glossopteris  indica 
Schimper,  Glossopteris  angustifolia  Feistmantel,  Glossopteris  stricta  Bunb, 
Gangomopteris  ma/or  Feisl.,  Gangomopteris  cyclopteroides  Feist.  ;  de  nom- 
breux Vertchraria  ;  des  rhizomes  de  Glossopteris  ;  des  reptiles  des  genres 
Pareiasaurus  et  Dicynodon,  ainsi  que  des  coquilles  de  Palœomutela  Inos- 
tranzewi  et  Palœomutela  Keyserlingi. 

»  La  position  slratigraphique  de  l'étage  à  Pareiasaurus,  Dicynodon  et  à 
Glossopteris  dans  le  nord  de  la  Russie  est  déterminée  par  le  schéma  suivant 
de  couches,  à  partir  d'en  haut  : 

»  1°  Marnes  et  grès  du  village  Aristov,  près  de  la  ville  de  Véliki- 
Oustioug,  se  rapportant  par  leur  âge  au  Zechstein  supérieur  et  contenant  : 
Synocladia  virgulacca  Pi  11.,  Acanthocladia  anceps  Schl.,  Edmondia  elon- 
gala  Howse,  Loxonema  GibsoniBroy/n,  Lojconema  Altenburgensis  Geiss., 
Turbo  oblusus  Brown. 

»  2°  Étage  glossoptérien  représenté  par  des  marnes  bigarrées  avec 
des  inclusions  lenticulaires  de  sables  et  de  grès  développés  suivant  le 
courant  inférieur  de  la  Soukhona  (d'Opoki  à  Véliki-Oustioug)  et  le  cou- 
rant supérieur  de  la  Dvina  du  Nord  (de  Véhki-Oustioug  à  Rotlas)  avec  la 
flore  glossoptérienne  citée  et  une  faune  de  reptiles  (Pareiasaurus,  Dicyno- 
don) etd'Anthracosides  (Palœomutela,  Oligodon  el  Palœanodonta). 

»  3"  Marnes  et  sables  reposant  à  Opoki  et  à  Jéciplsev  au-dessous  de 
l'étage  glosso|jtérien  et  contenant  une  flore  permienne  inférieure  avec 
Callipteris  conjerta,  Lepidodendron,  etc. 

»  4*^  Grès,  marnes  et  sables  de  Krasnoborsk  de  la  Toima  supérieure  et 
de  la  Seftra  avec  la  faune  maritime  permienne  inférieure  suivante  :  Gei- 
nitzella  columnans  Sch!.,  Feneslella  rétif ormis  Schloth,  Productus  Cancrini 
Vern.,  Macrodon  lù/igianumVern.,  Leda  speluncaria  Geiniiz,  A'wc«/rt  Ueyri- 
chi  Schauroth,  Backewellia  ceratophaga  Schl.,  Schizodus  russicus  \ern., 
Schizodus  planus  Golo-wk.,  Strcblopteria  sericea  Vern.,  Murchisonia  suban- 
gulata  Vern. 

»  Voyant  le  succès  des  fouilles  opérées  en  i  899,  le  gouvernement 
russe  a  accordé  5oooo  roubles  (200000'')  pour  faire  des  travaux  sur  une 
grande  échelle. 


(  593  )    ■ 

M  Les  fouilles,  dans  l'étage  glossoptérien  de  Russie,  ont  été  pratiquées 
en  1899  et  en  1900  le  long  de  la  rive  de  la  Dvina  du  Nord,  près  de  la  sta- 
tion Kotlas,  au  lieu  dit  :  Sokolki.  Pendant  ces  deux  années,  les  fouilles  ont 
donné  des  résultats  des  plus  abondants;  elles  ont  amené  entre  autres  la 
découverte  de  quinze  à  vingt  squelettes  de  Pareiasaurus,  dont  quelques-uns 
atteignent  une  longueur  de  4™.  quatre  squelettes  de  reptiles  offrant  de  la 
ressemblance  avec  les  Rhopalodontia,  de  2™  de  longueur,  et  quelques 
groupes  d'ossements  appartenant  aux  Dicynodonlia,  beaucoup  de  nou- 
veaux genres  de  Théromorphes  et  probablement  de  Dinosauriens,  et  enfin 
quelques  squelettes  assez  grands  de  Stégocéphales  (^Melanerpeton  et 
autres).  Tous  ces  ossements  sont  engagés  dans  d'énormes  concrétions  qui 
ont  été  trouvées  sur  le  même  horizon  et  gisaient  les  unes  à  côté  des  autres; 
quelquefois  même  les  squelettes  étaient  entassés  l'un  sur  l'autre,  ce  qui  fait 
supposer  que  ces  nombreux  squelettes  de  reptiles  et  d'amphibies  ont  été 
enterrés  au  fond  de  la  rivière,  après  avoir  été  amenés  là  par  suite  de 
quelque  catastrophe,  et  recouverts  ensuite  par  du  sable  de  rivière. 

»  Un  laboratoire  paléontologique  a  été  actuellement  monté  près  l'Uni- 
versité de  Varsovie,  afin  de  préparer  les  squelettes.  Au  mois  de  décembre 
1900,  le  laboratoire  a  terminé  la  préparation  d'un  squelette  de  1 1  pieds 
de  long.  Il  appartient  à  une  nouvelle  espèce  de  Pareiasaurus,  proche  de 
Pareiasaurus  Baini  Seeley,  mais  qui  s'en  distingue  par  la  construction  de  la 
queue  droite,  du  bassin  plus  étroit,  par  la  tête  plus  petite  comparativement 
au   tronc  et  encore  d'autres  caractères.  » 


GÉOLOGIE.    —    Les  formations    tertiaires   et    quaternaires  de  la  vallée  de 
Bellegarde.  Note  de  M.  H.  Docxani,  présentée  par  M.  Michel  Lévv. 

«  La  vallée  de  Bellegarde  est  limitée  à  l'ouest  par  la  chaîne  du  Colom- 
bier de  Culoz,  à  l'est  par  la  chaîne  du  Reculet-Gredo-Vuaclie-Mont  de 
Musiège. 

»  Elle  se  prolonge  au  nord,  en  se  bifurquant,  d'un  côté  par  le  vallon  de  la  Mantière 
la  vallée  de  Mijoux  et  le  vallon  des  Dappes  jusque  près  des  Rousses,  et  d'un  autre  côté 
par  le  plateau  de  Monlanges  du  Ladai  et  de  Champfromier,  le  lono-  du  pli  faille  de 
Champfromier  jusque  dans  la  combe  d'Evoaz.  Au  sud,  la  vallée  s'élaro^ii  considéra- 
blement et  se  rattache  à  la  grande  plaine  molassique  de  Rumilly,  prolongement  méri- 
dional de  la  partie  de  la  plaine  suisse  située  à  l'ouest  de  l'anticlinal  de  la  molasse  et 
du  mont  Salève. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  9.)  ^6 


(  ^9^  ^ 

»  Le  bassin  de  Bellegarde  présente  en  son  milieu  un  bombement  anticlinal  (dôme) 
qui  fait  aflleurer  dans  le  lit  de  la  Valserine  et  du  Rhône  les  terrains  albiens  et  aptiens, 
bien  connus  par  leurs  fossiles,  et  le  Barrèmien  supérieur,  moyen  et  inférieur.  Le 
Barrêmien  moyen  présente  le  faciès  urgonien. 

»  Tonte  cette  région  fut  émergée  à  la  fin  du  Secondaire  et  soumise  à  des 
phénomènes  d'érosion  considérable  :  aussi  les  premiers  dépôts  tertiaires 
que  l'on  rencontre  sont  des  dépôts  continentaux  u'àge  éocène  moyen  et 
supérieur,  constitués  par  des  sables  blancs  ou  jaunâtres,  avec  silex  prove- 
nant de  la  destruction  des  couches  sénoniennes,  de  l'Aptien  et  du  Gault 
même  en  certains  points;  ils  forment  des  dépôts  plus  ou  moins  étendus 
dans  toute  la  région,  et  sont  souvent  intimement  liés  avec  des  minerais  de 
fer  (Sàlève,  Senier  près  d'Annecy);  nous  rattachons  à  ces  dépôts  les  for- 
mations dites  sidéroUlhiques  de  Coiionges,  Chénier. 

»  Reposant  sur  ces  sables  éocènes,  lorsqu'ils  existent,  sur  le  Gault,  ou 
le  Barrêmien,  se  trouvent  des  dépôts  oHgocènes  renfermant,  avec  Ilelix 
rugulosa  et  H.  Ramondi,  Planorbis  cornu,  PL  declivis  et  la  riche  faune  de  ver- 
tébrés de  Challonges-Pyrimont.  Ils  comprennent  de  bas  en  haut  : 

»  1°  Des  marnes  bigarrées  avec,  à  la  base  et  à  différents  niveaux,  des  iniercalations 
de  conglomérat  calcaire  à  éléments  jurassiens  ; 

»  2°  Des  argiles,  marnes,  grès  de  couleurs  également  très  variées  avec  interca- 
lations,  dans  toute  la  vallée  des  Usses,  de  lentilles  de  gypse  fibreux  et  des  bancs 
calcaires  exploités  pour  dalles  vers  Droisj  etCrempigny;  les  bancs  inférieurs  sont 
fossilifères.  C'est  dans  ces  bancs  calcaires  supérieurs,  surtout  bien  développés  au  sud 
de  la  vallée  des  Usses,  que  Ion  a  rencontré  des  grès  tendres  et  des  assises  marneuses 
lignitifères  (Crempignj-,  Saint-André); 

»  3°  Des  grès  et  marjies  gréseuses  micacées  passant  insensiblement  aux  couches  de 
la  molasse  marine  fossilifère,  à  Pecten  prœscabriiisculus. 

n  Le  miocène,  transgressif  à  l'ouest,  est  représenté  par  un  puissant 
ensemble  (25o"'  au  moins)  de  grès  grossiers,  avec  lits  de  cailloux  d'origine 
alpine,  très  lossiliféres,  et  de  grès  luolassiques  en  gros  bancs  grisâtres 
tendres,  devenant  feuilletés  et  jaunâtres  à  la  partie  supérieure;  ces  dépôts 
appartiennent  au  Burdigalien  supérieur  et  à  la  base  du  Miocène  moyen. 

»  Les  dépôts  du  Miocène  supérieur  et  du  Pliocène  manquent.  Les  dépôts 
quaternaires  de  la  vallée  comprennent  : 

»  1°  Des  alluvions  lluvioglaciaires  bien  développées  au  nord  de  la  vallée  des  Usses 
se  rattachant  aux  alluvions  fluvioglaciaires  des  environs  de  Genève.  A  la  partie  supé- 
rieure elles  jirésenteiU  des  inlercalations  de  dépôts  inorainiques  et  sont    recouvertes 


(  SgS  ) 

partout  par  le  glaciaire  d'origine  jurassienne  au  nord  de  la  vallée,  ou  apporté  par  le 
glacier  du  Rhône  et  de  l'Arve,  plus  au  sud  par  le  glacier  de  l'Isère;  ces  alluvions  sont 
à  l'altitude  de  33o™  et  s'élèvent  jusqu'à  780'".  Les  blocs  erratiques  dépassent  l'altitude 
de  1 100°". 

)>  Ces  dépôts  existent  à  l'entrée  du  défilé  de  Fort  de  l'Eeiuse  (Pont  de  Savoie)  et  à 
la  sortie;  on  les  rencontre  même  dans  ce  défilé  prés  du  Fort  inférieur  à  l'altitude 
de  420"".  Sous  le  Fort,  M.  Renevier  a  montré  l'existence  d'un  ancien  lac  de  cluse  où 
se  sont  déposées  des  marnes  bleues  qui  affleurent  dans  le  lit  même  du  Rhône  et  des 
sablons  (10™)  recouverts  et  ravinés  par  des  dépôts  morainiques  s'étendant  jusqu'au 
niveau  de  la  route.  La  cluse  du  Rhône,  indiquée  lors  du  soulèvement  delà  région  par 
la  faille  du  Vuache  et  l'abaissement  de  près  de  600"  de  l'axe  de  l'anliclinal  du  Credo, 
a  donc  été  creusée  avant  l'arrivée  du  glacier  du  Rhône  dont  les  dépôts  ont  rempli 
la  cluse.  Après  le  retrait  du  glacier,  le  Rhône  actuel  a  déblayé  ces  dépôts  et  au  delà 
du  défilé  s'est  creusé  le  lit  et  le  canon  qu'il  occupe  aujouid'hui  et  qu'il  est  encore 
en  train  d'afTouiller. 

»  2°  Au  sud  de  la  vallée,  entre  le  Colombier  et  le  dôme  du  Gros  Fourg,  on  trouve 
vers  Motz,  à  l'extrémité  du  val  de  Fier  et  sur  la  rive  droite,  des  alluvions  ne  dépassant 
guère  l'altitude  de  Soc™  et  inclinées  du  nord  au  sud  :  elles  ont  dû  se  former  dans  une 
expansion  du  lac  du  Bourget.  A  leur  surface  se  rencontrent  encore  de  nombreux  blocs 
erratiques. 

»  Après  le  retrait  définitif  des  glaciers  se  sont  formés  les  alluvions 
modernes  qui  ont  rempli  la  plaine  de  la  Chautagne  et  de  Seyssel  (Haute- 
Savoie)  et  les  tufs  calcaires  de  Serrières.  Le  Rhône  et  la  Valserine  ont  pro- 
gressivement entamé,  dePyriinont,  au  sud,  jusqu'au  delà  de  Bellegarde,  au 
nord ,  les  bancs  de  calcaire  urgonien  qui  bordent  de  chaque  côté  le  véritable 
canon  dans  lequel  coulent  ces  deux  cours  d'eau.    « 

M.  Marcelli.v  Laxglois  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Unité  thermo- 
chimique fondamentale;  atomicité;  unité  d'origine  et  de  constitution  de 
la  matière  atomique.  » 

M.  Al.  Bartuès  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté,  déposé  par  lui 
le  18  janvier  dernier  et  contenant  la  description  d'une  machine  aérienne 
dirigeable. 

Ce  pli  est  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel;  le  contenu 
est  renvoyé  à  la  Commission  des  Aérostats. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


(   596  ) 


ERRATA. 


(T.  CXXXI,  séance  du  24  décembre   1900.; 

Note  de  MM.  Yçes  et  Marcel  Delage,  Sur  les  relations  entre  la  constitu- 
tion chimique  des  produits  sexuels  et  celle  des  solutions  capables  de  dé- 
terminer la  parthénogenèsf"  : 

Au  lieu  de 

Mâles 8,83  pour  100  MgO 

Femelles 7,88  pour  100  MgO 

lisez 

Femelles 8,83  pour  100  MgO 

Mâles 7,88  pour  100  MgO 


(Séance  du   aS  février   1901.) 

Note  de  M.  L.-J.  Simon,  Sur  la  constitution  du  glucose  : 

Par  suite  d'une  erreur  de  mise  en  pages,  le  texte  est  devenu  incompréhensible.  Il  y 
a  lieu  d'intercaler,  à  la  fin  de  la  page  487,  à  la  suite  du  petit  texte,  la  fin  de  la  page  488 
à  partir  de  «  On  rend  compte...»,  et  la  première  moitié  de  la  page  ^Sgj'usquVi  «  2°...  ». 


N"  9. 

TABLE   DES   ART[Cr.ES.      (Séance  du   4  mais     1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUIVIGATIOXS 

DES  MEMBKKS   ET    DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

Pages.  Pages. 

M.    J.    J.VNSSEN.   —    Sur    lu   nouvelle   étoile  des  sulfures,  sulfhyaiates,  polvsulfures  et 

aiiliariic  lécemniciit  dans  la  conslcllalion  hyposullites  pouvanl  coexister  en  solution, 

de  l'erséc ''i>->          eu  particulier  dans  les  eaux  minérales  sul- 

\1.  (;.  I.IPPMAN'N.  —  Mire  uuriJienue  à  nii-  luix-uses )iS 

roir  cyliudrique '107   i    MM.  P. -P.  Deiieuaix  et  Uk.molssy.  —  Sur  la 

M.  Hknui  MoissAS.        Sur  la  préparation  et  1       gerniinaliou  dans  l'eau  distillée ')!.; 

les  propriétés  du  sulfaniuiouiuui 5in       M.M.  LoRTET  et  Genolu.  —  .Vppareil  plioto- 

\l.   VuM.iND  t-'^UTiEB.    -  .MétiKHie  do  dosage  I       ihérapiquo  sans  condensateur 'li; 

CORRESPONDANCE. 


\I.  le  SEcuÉr.iiiiE  PElu'ETUEi.  signale  un 
<i  Traite  théorii|ue  et  pratique  d'électro- 
mélallurgie  >',  par  M.  AUolpIie  Minet.. .       -iio) 

La  SilCIETK  DES  .\M1.S  IlES  SciENXES  >[ATill:- 
.MATIUIIES  ET  PHYSIQUES  DE  PoM'.^VA  adresSO 

ses    respectueuses    condoléances  à  l'occa- 
sion de  la  mort  de  M.  Ch.  Herinite J29 

MM.  Guillaume,  Le   Caueï   et  Luizet.   — 
Observations  des   variations  d'éclat  de  la      . 
planète    Kros.   faites    à    l'observatoire    de 
Lyon J3o 

.M.  M.  LuiZET.  —  Sur  les  époques  tropiques 
de  la  période  de  variation  d'éelal  de  la 
planète  liros 5:ii 

.\L  Haillaud.  —  Variations  d'éclat  de  la  |ila- 
nèle  Lros '32 

.M.  Cm.  .\xdre.  -  Éléments  du  système 
formé  par  la  planète  double  Eros J3.i 

.M.  L.  Moxtaxoeiiand.  —  Sur  la  période  de 
variabilité  d'éclat  de  la  planète  Kros, 
d'après  des  déterminations  faites  à  l'obser- 
vatoire de  Toulouse ^^^ 

M.  M.  LuizET.  —  Sur  la  nouvelle  étoile  de 
Persée J3'' 

M.  11.  Dkslaxdkks. —  Observalionsde l'étoile 
nouvelle  de  Persée .^ '■'J 

M.  D.-Tn.  Eoouov.  —  Sur  une  cerluine  sur- 
face du  troisième  ordre a3S 

.\L  Edmo.nd  .Maillet.  —  Sur  les  systèmes 
complets  d'équations  aux  dérivées  par- 
tielles       ''-'1" 

.M.  S.  Leduc.  —   Pour  obtenir  des  ra'jon^ 
de  courtes  longueurs  d'onde,  on  peut  uti-" 
liser  l'effluve   électrique,    source   intense 
de  rayons  violets  et  ultra-violets..   •5^2 

.M.  G.  GUTTOX.  —  Sur  la  propagation  des 
oscillations  hertziennes  dans   l'eau J-i^ 

M.  L.  Bexoist.  —  Lois  île  transparence  de 
la  matière  pour  les  rayons  X J  P 

MM.  P.  Curie  et  A.  Debieuxe.  —  Sur  la 
radio-actiyité  induite  provoquée  par  les 
sels  de  radium '■**' 

M.  J.  Aloy.  —   Sur   une   melliode   nouvelle 


de  détermination  \\n  poids  atomique  de 
l'uranium >Ji 

AL  L.  Baud.  —  Etude  tliermi([ue  des  clilo- 
rurcs  d'aluminium  ammoniacaux jjii 

M.  Paul  Lereau.  —  Sur  un  nou\eau  sili- 
ciure  de  cobalt ').î<) 

M.  V.  Grioxaud.  —  Sur  les  combinaisons 
organomagnésienncs    mixtes ôj8 

MAL  lîÉiiAL  et  TiiFEXEAU.  —  Sur  un  isomère 
de  l'anélliol  et  sur  la  constitution  de  ce 
dernier >')■ 

M.  L.-J.  Slmox  et  IL  Hexap.d.  —  Sur  les 
phényllijdrazoncs  du  ^/-glucose  et  leur 
multirotalion 'j'*'i 

MM.  Paul  Sabaher  et  J.-B.  Sexderens.  - 
.Méthode  générale  de  synthèse  des  naph- 
lènes J'J'i 

AL  DE  FoRCRAND.  —  Chaleur  spécifique  et 
chaleur  de  fusion  du  glycol  èthylénique.      iljij 

Mftl.  Ém.  Bouuquelot  et  H.  Herissey.  — 
Sur  la  constitution  du  gentianose '171 

M.  N.  Greiiant.  —  Traitement  par  l'oxygène, 
à  la  pression  atmosphérique,  de  l'homme 
empoisonné  par  l'oxyde  de  carbone 17'! 

M.  G.  liREDia.  —  .\nalof;ics  entre  les  actions 
diastasiques  du  platine  colloïdal  et  celles 
des  diastases  organiijues ^'S> 

MM.  Craruin  et  Moussu.  —  Propriétés  coa- 
gulantes du  mucus  :  origines  et  consé- 
t|uences ^7^ 

M.  Hexri  Stassaxo.  —  Sur  une  réaction 
histoehimiquc  diU'ércntielle  des  leucocytes 
et  sur  la  production  expérimentale  et  la 
nature  des  granulations  chromatophiles 
de   ces  cellules ■>''' 

MM.  E.-L.  Bouvier  et  H.  Eischer.  — 
Observations  nouvelles  sur  l'organisation 
des  Pleurotomaires ''^■^ 

M.  A.  Lecaillon.  —  Sur  les  diverses  cel- 
lules de  l'ovaire  qui  interviennent  dans  la 
formation  de  l'œuf  des  Insectes ■'*'' 

M.  ALuicus  Hartoq.  —  Sur  le  mécanisme 
lie  la   propulsion    de   la   langue    chez    les 


N°  9. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES.  > 


Pngcs. 
Ainpliibiciis   anoures ÔS8 

M.  J.-M.  GuiLi.ON.  —  Sur  le  géulropismc 
des  racines  de  la  vigne 5Sr| 

M.  Amalitzky.  —  Sur  la  déniuverte,  danis 
les  dépôts  pcniiicns  supérieurs  du  nord 
de  la  Russie,  d'une  flore  glossoptéi'ienne 
et  de  reptiles  Pareiasaurusel  Dicynodon.     5gi 

M.  II.  Doi'XAMi.  —  Les  formations  tertiaires 

EURATA 


Pas 
et  i]ualernaires  de  la  vallée  de  lîellcgarde. 

M.  Marcellin  Laxglois  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  Unité  thermocliiini(|iie  fonda- 
mentale; atomicité;  unité  d'ori:;ine  et  de 
Cl  iislitiition  de  la  matière  atomique.  »... 

M.  L.  Baiîtiiks  demande  l'ouverture  d'un 
'  U  Cacheté  contenant  la  description  d'une 
njachirie  aérienne  dirigeable 


PARIS.   —  IVIPRIVIERIE     G  AUTHI  E  R-VI  L  L  A  R  S  , 

Quai  des  Grands-Augustins,   5â. 

Lr  Geritnl  •' <>4urHiKR-V  it.L* 


APR  30  1901 

^t.^^       1901 


PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  Rin.  liBS  SBCHÉTAIRES  PERPÉTITBL!^. 


TOME  CXXXII. 


NMO  (H  Mars  1901). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

i90l 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS   LES  SÉANCES   DES    23    JUIN    1 862    ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  d" 
r Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne.^ 

26  numéros  composent  lui  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  j)ar  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
verne'ment  sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P'ig^s  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3i  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu  a 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

I^es  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanci 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savaii 
étrangers  à  l' Académie.  i 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persor 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  13 
demie  peuvent  èlre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoiresl 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours norai 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cétExt 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  I 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance ( 
cieile  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tuer  de  chaque  Membre  doit  être  rem! 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  tem 
le  titre  seul  duMémoire  estinsérédansle  Compterei 
actuel,  et  l'extrait  est  rehvoyé  au  Compte  ret 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  serai 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compt 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  Irais  des  j 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5.  • 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume 


ap 


Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 


sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui 


APR  30  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE   DU   LUNDI    11   MARS    1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

GÉODÉSIE.  —  Ulilisatiun  des  points  de  Collins  pour  la  détermination 
d'un  quadrilatère.  Note  de  M.  Hatt. 

«  Dans  un  arlicle  récent  du  Journal  des  Savants,  consacré  aux  OEuvres 
de  Gauss,  M.  Darboux,  parlant  du  problème  de  Pothenot,  a  fait  allusion 
aux  points  de  Collins  définis  par  la  condition  de  se  trouver  à  la  ren- 
contre de  la  droite  qui  joint  le  point  de  station  et  l'un  des  signaux  visés, 
avec  le  segment  capable  passant  par  les  deux  autres  signaux.  Ces  points 
sont  connus  et  utilisés  par  les  ingénieurs  hydrographes  sous  le  nom  de 
points  d'alignements.  Pour  obtenir  la  position  d'une  station  d'où  l'on  a 
mesuré  les  angles  compris  entre  trois  signaux  connus  A,  B,  C,  il  suffit, 
après  avoir  construit  le  segment   capable  passant  par  AB,  d'y  placer  le 

c.  K.,  1901,  I"  Semestre.  (ï.  CXXXII,  N"  10)  77 


(  598  ) 
point  de  CoUins  D  en  menant  un  rayon  faisant,  avec  celui  qui  joint  le 
centre  du  segment  à  B,  un  angle  double  de  l'angle  mesuré  entre  B  et  C. 
Le  point  de  station  est  à  la  deuxième  intersection  de  CD  avec  le  segment. 
Cette  construction  présente  certains  avantages  quand  l'angle  compris 
entre  B  et  C  est  petit;  elle  a  inspiré  une  méthode  de  calcul  peu  usitée 
aujourd'hui  et  remplacée,  de  même  que  les  autres,  par  les  procédés  gra- 
phiques à  grande  échelle. 

»  Les  points  de  CoUins  pourraient  être  utilisés  dans  le  cas  de  détermi- 
nation simultanée  de  deux  stations  inconnues  reliées  par  des  mesures 
angulaires  à  deux  signaux  connus.  A  moins  de  compenser  le  quadrilatère 
formé  par  les  quatre  points  A,  B,  X,  Y,  opération  très  minutieuse  et  dont 
le  résultat  final  n'est  pas  toujours  en  proportion  de  l'effort  qu'elle  coûte, 


on  en  est  réduit  à  calculer  les  stations  X  et  Y  chacune  par  un  triangle  en 
vérifiant  ensuite  la  concordance  des  relèvements  réciproques  des  deux 
stations.  Il  y  aurait  avantage,  sans  doute,  à  combiner  les  observations 
recueillies  aux  deux  stations  de  manière  à  déterminer  indépendamment  la 
droite  qui  les  joint;  la  considération  des  points  de  Collins  permet  de  le 
faire.  Remarquons  en  effet  que  ces  points  peuvent  être  construits  sans  que 
l'on  connaisse  la  position  du  troisième  signal  visé.  Si  du  point  X  on  a  me- 
suré des  angles  a  entre  A  et  B  et  fl  entre  B  et  Y,  on  placera  le  point  de 
Collins  D  soit  par  la  construction  ci-dessus  indiquée,  soit,  mieux  encore, 
au  moyen  d'un  triangle  DAB  à  angle  conclu  en  B,  les  deux  autres  étant, 
comme  le  montre  la  figure,  égaux  à  a  et  p.  On  déterminerait  de  la  même 
manière  le  point  de  Collins  C  correspondant  à  la  mesure  faite  en  Y  de 
l'angle  compris  entre  A  et  X. 

»  La  ligne  C  x  Dy  est  donc  déterminée  et  constitue  une  donnée  supplé- 
mentaire indépendante  des  mesures  d'angles  obtenues  en  A  et  B. 


(  599) 

»  On  pourra  dès  lors  déterminer  chacune  des  stations  X  et  Y  en  faisant 
concourir,  au  moyen  des  méthodes  graphiques  à  grande  échelle,  les  quatre 
lieux  géométriques  se  coupant  théoriquement  en  ce  point  :  les  relève- 
ments de  A  et  B,  le  segment  capable  de  l'angle  mesuré  entre  A  et  B  et  le 
relèvement  réciproque  CD. 

»  Dans  le  but  de  comparer  le  résultat  de  ce  procédé  de  calcul  avec 
celui  que  donne  la  méthode  des  moindres  carrés,  je  l'ai  appliqué  à  un 
quadrilatère  dont  la  compensation  rigoureuse  avait  été  précédemment 
effectuée.  Les  deux  graphiques  ci-joints,  construits  à  l'échelle  de  -^, 
résument  toute  l'opération  et  permettent  de  faire  la  comparaison.  Pour 

Fig.  2.  Fig.  3. 


chacune  des  stations  X  et  Y  l'origine  des  coordonnées  est  au  point 
approché,  et  le  point  moyen  M,  obtenu  par  la  compensation  rigoureuse, 
a  pour  coordonnées  relatives  les  corrections  calculées  par  application  de 
la  méthode  des  moindres  carrés.  On  voit,  d'après  la  situation  des  trois 
premiers  lieux  géométriques,  que  le  point  approché  est,  à  très  peu  près, 
celui  que  donne  la  résolution  du  triangle;  le  tracé  du  lieu  géométrique  CD 
vient  modifier  ce  résultat  dans  le  même  sens  que  la  méthode  rigoureuse.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur /a  synthèse  totale  de  l'acétylpropyléne 
et  des  carbures  terpiléniques  ;  par  M.  Beuthelot. 

«   Dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  la  combinaison  directe  des  car- 
bures d'hydrogène  les  uns  avec  les  autres,  j'ai  étudié  la  réaction  de  l'acéty- 


(  6oo  ) 

lène  sur  l'éthylène  et  la  formation  d'un  acétvlétliylène  (')  par  la  réunion 
des  deux  gaz  à  volumes  égaux  (') 

C=H='+C='H*  =  C*H». 

»  J'ai  signalé  depuis,  en  quelques  lignes,  la  combinaison  analogue  du 
propylène  avec  l'acétylène 

C='fP4-C'H''=C5H«. 

»  C'est  cette  combinaison  sur  laquelle  je  me  propose  de  revenir  aujour- 
d'hui, en  raison  de  l'importance  qu'elle  ]irésente  pour  la  synthèse  des  car- 
bures lerpiléniques,  et  plus  généralement  des  carbures  représentés  par  la 
formule  CH'^,  dont  l'importance  est  si  grande  dans  les  végétaux.  Ces  der- 
niers carbures,  en  effet,  ainsi  que  les  carbures  de  l'ordre  du  copahuvène 
C'^H^*,  sont  des  polymères  (dimères  et  trimères)  des  carbures  monomères 
de  la  formule  C'H'.  Le  terpilène  en  particulier  a  été  obtenu  par  M.  Bou- 
chardat  ('),  conformément  à  ces  idées,  par  la  condensation  d'un  carbure 
(valérylène)  C^H*  dérivé  de  l'amylène. 

»  Réciproquement  le  térébenlhène,  le  terpilène,  leurs  chlorhydrates, 
le  bornéol,  le  camphre,  etc.,  soumis  à  l'action  hydrogénante  de  l'acide 
iodhydrique,  reproduisent  de  l'hydrure  d'amyle  (ou  de  pentane)  C^H'-, 
d'après  mes  expériences  (^). 

»  La  synthèse  de  l'acétylpropylène  permet  de  remonter  plus  haut  dans 
cette  genèse,  c'est-à-dire  de  l'accomplir  à  partir  de  carbures  formés  eux- 
mêmes  par  la  combinaison  élémentaire  du  carbone  et  de  l'hydrogène. 

»  On  opère  la  combinaison  du  propylène  avec  l'acétylène  par  la  même 
méthode  que  celle  de  l'éthylène,  mais  en  opérant  dans  des  conditions  encore 
plus  ménagées.  La  réaction  s'effectue  en  échauffant  le  mélange  des  deux 
gaz,  à  volumes  égaux,  dans  une  cloche  courbe,  que  l'on  bouche  de  façon  à 
opérer  à  volume  constant.  La  cloche  est  enveloppée  d'une  toile  métallique 
et  la  flamme  du  gaz  répartie  de  façon  à  obtenir  un  chauffage  aussi  régulier 
que  possible.  On  ne  doit  pas  atteindre  la  température  rouge,  mais  se  main- 
tenir autant  que  possible  au  voisinage  de  5oo°. 


(')  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  4^  série,  t.  IX,  p.  466;  1869. 

(')  Voir  aussi  les  expériences  ultérieures  de  M.  Prunier  sur  ce  carbure,  Ann.  de 
Chim.  et  de  Phys.,  b"  série,  t.  XVII,  p.  17;  1879. 
(3)  Comptes  rendus,  l.  LXXXVII,  p.  654;  1878. 
(')  Bulletin  de  la  Société  chimique,  1"  série,  t.  XI,  p.i6,  98,  187;  janvier  1869. 


(  6oi  ) 

»  Au  bout  de  quelque  temps,  on  voit  apparaître  un  liquide  presque  inco- 
lore, qui  se  condense  dans  les  parties  froides,  à  la  surface  du  mercure  laissé 
dans  les  régions  basses  de  la  cloche. 

»  L'expérience  ayant  duré  une  heure,  on  éteint,  on  laisse  refroidir. 
Dans  ces  conditions,  il  ne  se  dépose  pas  de  carbone,  mais  seulement  une 
petite  quantité  de  matière  goudronneuse  dans  les  régions  supérieures. 

»  Après  refroidissement,  on  transvase  le  gaz  restant,  on  le  mesure,  ce 
qui  indique  la  contraction,  et  on  l'analyse  comme  il  va  être  dit. 

M  D'autre  p.irt,  on  introduit  dans  la  cloche  remplie  de  mercure  par 
l'effet  de  ce  transvasement,  un  volume  d'air  exactement  mesuré  :  ainsi,  par 
exemple,  un  tiers  du  volume  initial  des  gaz  avant  le  chauffage.  Le  carbure 
très  volatil,  condensé  sur  les  parois  delà  cloche,  se  vaporise  dans  cette 
atmosphère.  On  transvase  le  tout  dans  une  éprouvette  graduée  et  on  le 
mesure  :  l'accroissement  de  volume  indique  la  proportion  du  carbure  vola- 
tilisé. On  le  soumet  à  une  analyse  eudioniétrique. 

»  Il  reste  encore  dans  la  cloche  un  peu  de  carbure  liquide,  distinct  du 
précédent  et  n'ayant  qu'une  faible  tension  de  vapeur.  Le  poids  en  est  trop 
minime  pour  se  prêter  à  une  analyse  :  je  me  suis  borné  à  traiter  ce  corps 
par  l'acide  nitrique  fumant,  lequel  n'a  pas  amené  une  formation  appré- 
ciable de  nitrobenzine,  mais  seulement  celle  de  dérivés  nitrés,  de  l'ordre  de 
ceux  que  fournissent  les  carbures  terpilcniqnes.  Cette  réaction  prouve  que 
l'acétylène  disparu  ne  s'est  pas  polymérisé  pour  son  propre  compte  à  l'état 
de  benzine,  mais  qu'il  est  entré  dans  des  combinaisons  spéciales.  Dans  le 
cas  oii  le  mélange  gazeux  aurait  été  chauffé  plus  fortement,  par  exemple 
porté  au  rouge  sombre,  la  réaction  est  plus  rapide;  mais  la  benzine  appa- 
raît dans  les  liquides  condensés. 

»  Venons  maintenant  à  l'analyse  des  gaz,  en  commençant  par  le  carbure 
liquide  gazéifié  dans  une  atmosphère  d'air. 

»   L  Son  volume  s'élevait  aux  g  centièmes  de  celui  de  l'air  employé. 

L'analyse  eudiométrique   par  combustion   a   fourni, 

pour  lo  volumes  du  gaz  combustible Sa  volumes  d'acide  carbonique 

La  diminution  totale  (c'est-à-dire  le  carbure  disparu 

et  l'oxygène  consommé)  s'élevait  à 78  volumes 

»  Ces  rapports  conduisent  à  la  formule  C^H',  laquelle  exigerait 
5o  volumes  d'acide  carbonique  et  80  volumes  de  diminution  totale. 

»  Cette  formule  répond  à  une  combinaison  du  propylène  et  de  l'acéty- 


(    602    ) 

lène  à  volumes  gazeux  égaux;  acétylpropylène  : 

CH'  +  C^H^  =  C=H'. 

»  C'est  celle  d'un  dérivé  penténique  ou  amyléniqiie,  par  perte  d'hydro- 
gène 

CH'"  — H=  =  C=H'; 

elle  répond  à  plusieurs  isomères;  j'y  reviendrai  tout  à  l'heure. 

»  Ce  carbure  pourrait  être  préparé  en  quantités  plus  considérables,  mais 
d'une  façon  moins  nette,  en  faisant  passer,  à  travers  un  tube  de  porcelaine 
chauffé  avec  ménagement,  un  mélange  des  deux  gaz  générateurs  employés 
en  proportion  plus  grande,  c'est-à-dire  par  le  procédé  employé  par  M.  Pru- 
nier pour  Tacétyléthylène,  l'un  des  isomères  du  crotonylène.  La  formation 
de  l'acétylpropylène,  pas  plus  que  celle  de  l'acétyléthylène,  dans  les  condi- 
tions ménagées  que  j'ai  décrites,  n'est  point  accompagnée  par  celle  de  la 
benzine,  ou  d'autres  polymères  de  l'acétylène,  en  proportion  sensible. 

»  II.  Revenons  maintenant  à  l'étude  des  gaz  demeurés  dans  la  cloche 
courbe,  afin  de  définir  complètement  la  réaction.  Dans  ce  qui  suit,  tous  les 
volumes  gazeux  sont,  comme  d'ordinaire,  réduits  par  le  calcul  à  la  même 
température  et  pression  et  ramenés  à  une  unité  commune,  loo  volumes. 
On  avait  pris  d'abord 

A-cétylène  :  C^  H^ 5o  volumes  j 

_  ,  1     100 

Propylène  :  C^  H'^ 5o  volumes  ) 

Après  chauffage,  on  a  retrouvé 63,9 

(i)    Contraction 36,  i 

(2)  Une  partie  du  mélange  a  été  traitée  par  du  chlorure  de  cuivre  am- 

moniacal, en  proportions  successives,  de  façon  à  absorber  exac- 
tement, c'est-à-dire  sans  excès  notable  du  réactif,  l'acétylène,  soit.         23, o 

(3)  Le  gaz  résiduel  (purifié  d'ammoniaque)  a  été  traité  par  une  petite 

quantité  d'acide  sulfurique  bouilli;  ce  qui  absorbe  le  propylène 

restant  et  la  vapeur  d'acétylpropylène,  soit 32, o 

(/))   Le  gaz  résiduel  s'élevait  à 8,9 

»  D'autre  part,  on  a  soumis  à  l'analyse,  par  combustion  eudiométrique, 
le  mélange  gazeux  initial  (après  chauffage  bien  entendu)  et  le  gaz  résiduel 
(après  réaction  du  chlorure  cuivreux  ammoniacal  et  de  l'acide  sulfurique 
concentré). 

»  III.  10  volumes  de  gaz  résiduel  ont  fourni  10"°',  5  d'acide  carbonique, 
la  diminution  totale  étant  de  3i  volumes. 


(  6o3  ) 

»  Ces  rapports  sont  sensiblement  ceux  du  formène  CH^;  soit  lo  volumes 
gaz;  lo  volumes  CO' ;  3o  volumes  diminution  totale. 

»  Ce  résidu  est  donc  constitué  par  du  formène,  ou  par  un  mélange  équi- 
valent de  carbures  formcniques  et  d'hydrogène 

i[C«H-«+--f-(«-  i)H=]  (')• 

»  Soit  enfin  l'analyse  eudiométrique  du  mélange  gazeux,  obtenu  immé- 
diatement après  chauffage  :  elle  a  fourni  pour  lo  volumes  du  mélange 
27  volumes  d'acide  carbonique;  la  diminution  totale  étant  48  volumes. 
Ces  valeurs  permettent  de  contrôler  les  résultats  obtenus  dans  l'analyse 
par  absorption  (II),  en  y  joignant,  bien  entendu,  ceux  de  l'analyse  (I)  de  la 
vapeur'C^H%  et  du  résidu  gazeux  non  absorbablepar  le  chlorure  cuivreux 
et  l'acide  sulfurique  (III).  Tout  calcul  fait,  on  trouve  pour  100  volumes  gaz 
initial  : 

»   Gaz  après  réaction  :  63^°',  9 

C-Il-  inaltéré 28 

C'W  inaltéré 23 

C^  H'  gazéifié 9 

CH*  final 8,9 

63,9 
»  Il  a  disparu 

Q2JJ2  27     ) 

'    '  nui  répondraient  à  27  G' H',   tant  eazeux  que  liquide. 
OH' 27  )    '         ^  '  ^  ^        ^ 

»  Ces  rapports  concordent  avec  l'analyse  eudiométrique  ;  car  ils  donnent 
pour  10  vol.  de  gaz  combustible  :  26,7  d'acide  carbonique  et  47.3  de  di- 
minution totale  (IV). 

»  La  moitié  environ  du  carbure  volatd  C'H*  a  été  isolée  dans  le  cours 
des  analyses  :  le  surplus  ayant  été  changé,  sans  doute,  en  polymère 
C'H'^  retrouvé  sous  la  forme  de  carbure  moins  volatil.  En  outre,  une 


('  )  Par  exemple, 

i(C'H8+2H-^)     ou     i{C^H«;+H2), 

ou  bien  encore 

i(C'H«+2H=^)  +  {(C"-H^+H2), 

ces  divers  mélanges  fournissant  les  mêmes  résultats  à  l'analyse  eudiométrique. 


(  6o4  ) 
fraction  des  gaz,  un  sixième  environ,  a  éprouvé  une  destruction  plus  avan- 
cée, qui  se  traduit  par  l'apparition  du  forraène  (ou  des  carbures  équiva- 
lents). 

»  La  moitié  environ  de  l'acétylène  et  du  propylène  n'avait  encore 
subi  aucune  réaction  quand  j'ai  mis  fin  à  mon  expérience,  soit  en  raison 
du  temps  nécessaire  pour  l'accomplissement  de  la  combinaison  des  car- 
bures d'hydrogène,  soit  à  cause  des  phénomènes  d'équilibre  réversible 
qui  accompagnent  celle-ci  :  équilibre  établi  par  mes  recherches  sur  les 
actions  réciproques  des  carbures  d'hydrogène  entre  eux  et  avec  l'hydro- 
gène. 

»  Voici  deux  autres  expériences  analogues,  effectuées  à  une  température 
un  peu  plus  élevée,  mais  de  durée  beaucoup  plus  courte  (dix  minutes), 
dans  le  but  de  comparer  les  réactions  que  l'acétylène  exerce  sur  le  propy- 
lène et  sur  son  isomère,  le  triméthylène,  les  conditions  des  expériences 
étant  rendues  aussi  semblables  que  possible. 

5o'C2H'-i-5o''C^H6      5o'C=H-+5o'C5H« 
propylène.  trimélliylène. 

Contraction 19'  18' 

C'H^  restant 34  33 

OHi>  restant 34  33 

Q5JJ8  gazeux 8  10 

CH'  ou  équivalent 5  6 

.81  82 

»  On  voit  que  les  deux  carbures  isomères  se  sont  comportés  sensible- 
ment de  la  même  façon  ;  probablement  parce  que  le  triméthylène  se  chan- 
gerait d'abord  en  propylène,  avant  d'entrer  en  combinaison.  Ce  change- 
ment a  lieu,  en  effet,  d'après  mes  expériences,  sous  la  seule  influence 
d'une  température  voisine  du  rouge  sombre.  La  réaction  n'avait  d'ailleurs 
atteint  que  la  moitié  du  degré  d'avancement  réalisé  dans  la  première  expé- 
rience: ce  qui  résulte  à  la  fois  d'une  température  plus  élevée  et  d'une 
vitesse  initiale  plus  grande  avec  les  corps  purs,  la  formation  des  produits 
de  la  réaction  amenant  un  ralentissement  progressif. 

»  J'ai  fait  quelques  expériences  dans  le  même  ordre  d'idées  avec  d'autres 
carbures  d'hydrogène;  je  vais  les  résumer  brièvement. 

»  1.  En  opérant  avec  un  mélange  à  volumes  égaux  d'a/Z^^e/ie  et  d'eïAy- 
lène,  C'H*  -f-  C*H\  mélange  équivalent  à  celui  d'acétylène  et  de  propylène, 


(  6o5  ) 

on  observe  égalemimt  une  réaction,  mais  plus  lente  qu'avec  le  précédent. 
iLise  condense  encore  un  liquide  dans  la  partie  froide  de  la  cloche;  il  n'y  a 
d'ailleurs  ni  charbon,  ni  goudron  dans  \n  partie  cbaiiffée,  du  moins  lors- 
qu'on se  maintient  avec  soin  au-dessous  du  rouge.  La  contraction  s'élevait 
à  2()  centièmes. 

C^II'  restant  (par  Cu  Cl  ammoniacal) 32 

CM4''  restant  (par  Br) 3o 

G^H^C?)  par  SO*H= 4 

Gaz  restant -> 

»  JjC  carbure  volatil,  demeuré  sous  ft.rme  liquide  dans  la  cloctie,  ne 
s'est  volatilisé  dans  l'air  qu'en  proportion  trop  fail)le  pour  comporter  une 
analyse  eudiométrique  rigoureuse  :  ce  qui  n'a  pas  permis  d'en  préciser  la 
formule.  C'était  |)robablemeiit  un  allyléihylène,  isomère  avec  i'acétylpro- 
pylèue.  Il  était  mêlé  en  majeure  partie  avec  un  carbure  doué  d'une  ten- 
sion beaucoup  [)lus  faible. 

»   2.   Le  mélange  iVallyléne  et  d'acétylène,  à  volumes  égaux, 

C'HM-CMI-, 

chauffé  de  même,  a  réagi,  au  contraire,  beaucoup  plus  vite  et  m(,ins  régu- 
lièrement. A.U  bout  d'une  demi-heure  ^la  contraction  s'élevait  à  (Jo  cen- 
tièmes. Il  s'est  formé  en  abondance  des  goudrons  noirs  et  épais,  presque 
fixes,  et  un  liquide  riche  en  benzine. 

»  3.  Par  opposition,  un  mélange  de  propylcne  ei  d' élkyléne,  CMf"-l-  C-H', 
à  volumes  égaux,  chauffé  de  même  pendant  une  heure  et  demie,  réagit  à 
peine.  La  contraction  a  été  trouvée  seulement  de  lo  centièmes.  Le  gaz  res- 
tant était  formé  principalement  de  propylène  et  d'éthylène,  à  volumes 
égaux.  Il  s'était  condensé  une  trace  de  liquide,  dont  la  vaporisation  a 
accru  seulement  de  i,5  centième  le  volume  de  l'air  ajouté  dans  la  cloche, 
après  évacuation  des  gaz.  Ces  résultats  montrent  Ja  stabilité  relative  de 
l'éthylène  et  du  propylène. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  l'acétylène  et  le  propylène  s'unis- 
sent à  volumes  égaux,  de  façon  à  constituer  un  carbure  complexe  C'H% 
obtenu  ainsi  par  svnthèse  totale,  conmie  ses  générateurs.  L'allylène  et 
l'éthylène  réagissent  également,  probablement  avec  formation  d'un  car- 
bure isomère.  La  théorie  indique,  d'ailleurs,  l'existence  d'un  certain 
nombre  de  carbures  de  la  même  formule  et  c'est  à  la  polymérisation  de  ces 

C.   K.,   i.jui,   i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  .N"  10.)  71S 


(  6o6  ) 

carbures,  et,  sans  doute,  aussi  à  leurs  combinaisons  réciproques,  qu'il 
paraît  nécessaire  de  recourir  pour  expliquer  les  isoméries  des  carbures  cam- 
phèniques  et  terpiléniques,  et  pour  réaliser  la  synthèse  totale  de  ces  car- 
bures et  de  leurs  dérivés.  J'ai  effectué  précédemment  la  synthèse  de  l'alcool 
campholique  (bornéol)  et  celle  du  camphre  ordinaire,  au  moyen  des  cam- 
phènes;  dès  lors,  tout  est  ramené  au  problème  de  la  synthèse  totale  de  ces 
derniers  carbures.  » 


TÉLÉGRAPHIE.  —  Remarques  sur  ma  dernière  Communication  relative  aux 
lignes  télégraphiques  ou  téléphoniques  établies  sur  la  neige  au  mont  Blanc  ; 
l)ar  M.  J.  Janssen. 

«  A  propos  de  la  lettre  de  M.  Ricco,  directeur  de  l'observatoire  de  Ca- 
tane  et  de  l'Etna,  et  des  conseils  que  j'avais  été  amené  à  lui  donner, 
M.  Brunhes,  directeur  de  l'observatoire  du  puy  de  Dôme,  a  communiqué 
à  l'Académie  une  Note  dans  laquelle  il  rappelle  des  essais  faits  à  son  obser- 
vatoire avec  des  fds  nus  posés  sur  la  neige  pour  raccorder  des  lignes 
aériennes  interrompues.  M.  Brunhes  veut  bien  courtoisement  reconnaître 
que  ces  essais  ne  pouvaient  préjuger  le  succès  d'une  ligne  très  étendue, 
comme  celle  qui  a  fonctionné  au  mont  Blanc  sur  une  longueur  de  près  de 
lo'"". 

»  En  communiquant  la  lettre  de  M.  Ricco,  je  n'avais  pour  but  que 
d'attirer  l'attention  sur  cette  pratique  si  simple,  et  non  de  faire  l'historique 
de  la  question. 

»  Je  connaissais  en  effet  les  essais  de  communications  télégraphiques  ou 
téléphoniques  par  fils  nus  posés  sur  la  neige,  avant  les  expériences  et 
l'installation  de  la  ligne  du  mont  Blanc.  Par  (  xcmple,  les  études  théoriques 
de  M.  Lagarde,  insérées  dans  les  Annales  télégraphiques,  année  1H79 
(p.  i3o);  les  expériences  très  intéressantes  de  M.  le  Directeur  du  matériel 
au  Ministère  des  Postes  et  Télégraphes,  qui  pendant  l'hiver  de  1 881 -1882 
put  rétablir  sur  une  longueur  de  plus  de  i''™  les  communications  d'une 
ligne  dont  les  poteaux  avaient  été  renversés  par  un  ouragan,  en  faisant 
simplement  poser  les  fils  sur  le  sol  couvert  de  neige.  Il  paraît  môme  que 
cette  pratique  si  simple  a  été  employée  par  les  Russes  pendant  leur  der- 
nière guerre  avec  les  Turcs. 

»  Il  ne  pouvait  donc  être  question  pour  nous  de  prétendre  inaugurer  cette 


(  6o7  ) 
pratique,  mais  le  service  que  nous  avons  peut-être  rendu,  service  auquel  je 
me  plais  à  associer,  avec  le  nom  de  M.  I-espie;ui,  celui  du  regretté  M.  Cauro 
dont  le  dévouement  à  la  Science  lui  coûta  la  vie,  ce  service,  dis-je,  a  été 
de  constater  qu'une  ligne  établie  dans  ces  conditions  peut  fonctionner  sur 
une  longueur  de  près  de  io'"°  sans  affaiblissement  appréciable  et,  ce  qu'il 
faut  bien  remarquer,  malgré  la  fusion  superficielle  de  la  neige  ou  de  la 
glace. 

»  A  cette  expérience,  exécutée  ainsi  en  grand,  l'Administration  des 
Télégraphes,  qui  nous  avait  communiqué  les  faits  dont  je  viens  de  parler, 
attachait  une  telle  importance,  qu'elle  nous  a  prêté  généreusement  les  fds 
et  les  instruments  nécessaires  à  sa  réalisation,  et  j'ai  recules  témoignages  du 
prix  particulier  qu'elle  a  attaché  à  notre  succès. 

»  C'est  la  publication  et  l'intérêt  qui  s'attachent  naturellement  aux 
expériences  qui  se  font  au  mont  Blanc  qui  ont  attiré  l'attention  sur  ce  mode 
si  simple  de  télégraphie.  Et  c'est  ainsi  que  M.  Ricco  a  été  amené  à  nous 
consulter  sur  son  application  au  rétablissement  de  ses  communications 
pendant  l'hiver.  Mais,  je  le  répète,  je  connaissais  les  faits  isolés  et  encou- 
rageants qui  se  rapportent  à  l'isolement  des  fils  par  la  neige,  et  nous  ne 
revendiquons  que  l'application  en  grand  et  la  constatation  que  les  commu- 
nications ainsi  établies  ont  lieu  alors  même  que  le  relèvement  de  la  tem- 
pérature amène  la  fusion  partielle  delà  neige  ou  de  la  glace  à  leur  surface.  » 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  ondes  du  second  ordre  par  rapport  aux  vitesses,  que 
peut  présenter  un  fluide  visqueux .  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  I.  Dans  une  première  Note  sur  ce  sujet  ('),  nous  sommes  arrivés  à  ce 
résultat  que  l'on  aurait,  en  tout  point  d'une  telle  onde  [égalités  (G)  de  la 
Note  citée], 

,  .  <r-v>  ù-\  <p\\ 

>>   Considérons  la  première  des  égalités  (i).  Pourvu  seulement  que  a  ne 


(')  De  la  propagation  des  ondes  dans  les  fluides  visqueux   {Comptes  rendus, 
t.  CXXXII,  p.  SgS;  i3  février  1901). 


(  6o8  ) 

soit  pas  infini,  on  peirt  écrire 

â'-V   _     dni  p  ^U    _      dHl  dHl  _      d'-V 

"  à.r  di  ~  "'  dV"  '  ''  dx  dt  '  '  °''  dv  dl  '  '''  Ox  ôt  ~  °'"  0:  dt  ' 

»  On  penL  toujours  choisir  l'axe  des  ce  de  lellc  manière  que  a  soit  dif- 
férent de  o;  on  a  alors 

,    .  d-U  rPU  (^^U  (^nJ 

^    -^  (}.ràt  '         ordt  dzdt  '  di- 

»  L'onde  considérée  est  donc  du  second  ordre  par  rapport  à  la  fonc- 
tion —  •  En  différentiant  par  rapport  à  t  les  équations  du  inouveinent  du 
fluide  et  en  reprenant  la  même  déinonstration,  on  trouverait  qu'elle  est 
du  second  ordre  par  rapport  à     — >  et  ainsi  de  suite.  Donc,  sur  l'onde  S, 

les  fonctions  ?;,.  -j^t  -y4'  -^  seraient  respectivement  égales  aux  fonctions 

u.,,  -^5  -r-îj  — r— S  et  il  en  serait  dj  même  de  leurs  dérivées  de  tous  les  ordres 
-    ax     oy     oz 

par  rapport  à  t . 

»   II.   Si  l'on  supposait  la  vitesse  de  propagation  a  non  seulement  finie, 

mais  encore  différente  de  o,  on  pourrait  pousser  plus  loin.  I^es  égalités 

""'ô^^-'-dlTi'         "^-ôf-^^iàt'         """^F-T^I^r 

^    ■^  '  ".)  "^  "-  ozov       '  cJa--  "^f^jTt/y  (or- 

donneraient, dans  ce  cas, 

^       ^       ^        ()-U         (J^U         (O-U    _  _ 
«Ja--         dy-         ds-  '      t)}'  rf;  '      ôz  ôx  '     dx  dy 

»  Les  fonctions  «I .  r,,  n\  seraient  égales  respectivement,  sur  l'onde  S, 
aux  fonctions  u^,  ('„,  n^,  et  il  en  serait  de  même  de  toutes  leurs  dérivées 
partielles  des  deux  premiers  ordres. 

»  En  dilTérentiant  les  équations  du  mouvement  par  rapport  à  x  ou  à  y, 
ou  à  z,  ou  à  t,  et  en  recommençant  la  démonstration,  on  étendrait  ce  théo- 
rème aux  dérivées  partielles  du  troisième  ordre,  et  ainsi  de  suite. 

»  Il  ne  peut  donc  se  pro  luire,  dans  un  fluide  l'isqiieu.x,  une  onde  qui  serait 
d'ordre  2  par  rapport  aux  vitesses  et  qui  se  propagerait  avec  une  vitesse  finie 
et  différente  de  o. 


(  6o9  ) 

))   On  étendrait  sans  peine  ce  résultat  aux  ondes  d'ordre  supérieur  à  2. 

»  TII.  Ce  théorème  ne  s'applique  pas  au  cas  où  a  serait  nul,  c'est-à-ilire 
an  cas  où  l'onde  S  demeurerait  immobile  dans  l'espace.  Le  théorème 
d'HugonioL  n'exclut  pas  l'existence  de  semhLihles  ondes  immobiles,  le  long 
desquelles  u^,  r,,  »',  et  leurs  dérivées  partielles  du  premier  ordre  seraient 
constamment  égales  à  u^,  v.^,  w^  et  à  leurs  dérivées  partielles  du  premier 
ordre.  Si  une  telle  onde  existe  dans  l'état  initial  du  fluide,  elle  persistera 
sans  cesse  au  même  endroit. 

»   IV.  Les  égalités,  toujours  vérifiées, 

donnent 

rr\  Ai]_   i  à'V  _   i   à'V  _  .   dW 

^'^  '  ^^  ^  a^  dx^  ~  (3'°  ày-  ~  f   dz"-  ' 

»  Or,  pour  un  fluide  incompressible,  où  0:=;o.  l'égalité  (3)  de  notre  pré- 
cédente Note  donne  [y.(p,T)AU  =  o  ou  AU  =;  o,  c'est-à-dire,  selon  les 

égalités  (4), 

d^U  d-U  d'IJ 

-r^  =  o,        -j-^  =  o,        ~--r  =  o 
dx'  dy-  oc 

et  selon  les  égalités  (3), 

d-V  d'-U  a^u 

dy  dz  dz  d-v  dx  dy 

)i  On  voit  alors  que  les  ondes  immobiles  dont  il  est  question  au  n"  III  ne 
peuvent  exister  en  un  fluide  incompressible  visqueux. 

))  V.  Ces  ondes  sont  également  impossibles,  si,  à  tout  instant  t,  les  deux 
mouvements  i  et  2  sont  des  mouvements  à  potentiel  des  vitesses. 

»  Soient  en  effet  ç,,  Ço,  les  deux  potentiels;  posons  <p,  —  cp^  ^  <Ij.  On  a, 
à  tout  instant, 

à^  ATT  <^       A^ 

-,-  =  AU  =  -  ^  A$. 
dx  dx 

»   L'égalité  (3)  de  la  Note  précédente  donne  alors 

f\(p,  T)  +  2;y.(p,  T)]AU  =  o         ou  AU^^o 

et  la  démonstration  s'achève  comme  dans  le  cas  précédent. 

»    VI.  Tout  petit  mouvement  d'un  fluide  visqueux  se  décomposant  en  rm 


(  6io  ) 
mouvement  incompressible  et  un  mouvement  snns  potentiel  des  vitesses, 
on  voit  que  ce  petit  mouvement  n'admettra  pas  d'onde  du  second  ordre 
par  rapport  aux  vitesses,  ce  que  nous  avons  démontré  directement  par 
l'étude  de  l'équation  aux  rotations  et  de  l'équation  aux  dilatations. 

»  VII.  L'équation  (3)  de  noire  précédente  Note,  de  laquelle  se  dé- 
duisent tous  ces  résultats,  est  susceptible  d'une  interprétation  très  simple. 
Plaçons  l'axe  des  x  suivant  la  normale  à  la  surface,  de  telle  sorte  que 
a  ^  r ,  |î  =  o,  y  ^  o.  Les  égalités  (3)  et  (4)  de  la  précédente  Note  et  les 
égalités  analogues  relatives  aux  fonctions  V  et  W  donnent 

ATI  —  —  —  —  ^ 

dx-  dx         dx^ 

en  sorte  que  l'équation  en  question  devient 


[^(p.T)  +  o,,(p,T)l^  =  o, 


ou 


()x-  '  dx'  ' 

»  D'autre  part,  à  une  distance  infiniment  petite  t  de  la  surface  S,  la 
vitesse  («,,(',,«•,)  s'obtient  en  composant  avec  la  vitesse  (^u^,v.,,»\)  un 
vecteur  infiniment  petit   du  second  ordre  dont  les  composantes   sont, 

moyennant  notre  choix  particulier  d  axes,  -j— r^  >  TT"!"^''    )  2  ''■' •  ^^  vecteur 
est  parallèle  au  plan  tangent  à  l'onde. 

»  On  peut  donc  dire  que,  s'il  existe  dans  un  fluide  visqueux  une  onde 
immobile,  du  second  ordre  par  rapport  aux  vitesses,  au  voisinage  de 
l'onde,  la  différence  géométrique  des  deux  vitesses  est  un  vecteur 
transversal.   » 


CHIMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Maltosurie  chez  certains  diabétiques. 
Note  de  MM.  R.  Lépixe  et  Iîoulud. 

«  Outre  le  glucose,  on  a  parfois  décelé,  dans  l'urine  des  diabétiques, 
des  pentoses  et  de  petites  quantités  de  sucre  déviant  à  gauche.  D'après 
nos  recherches,  poursuivies  depuis  plusieurs  mois,  on  peut  y  rencontrer 
du  maltose  ('  ). 

(')  Le  Nobel  et  v.  Ackeren  ont  signalé,  il  y  a  plusieurs  années,  une  très  légère 
maltosurie  chez  deux  malades.  L'un  était  atteint  de  cancer  de  l'estomac  avec  méta- 
stases dans  le  pancréas  et  l'autre  présentait  des  selles  graisseuses. 


(  ^11  ) 

»  Nous  observons  en  ce  moment  à  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon  une  femme 
d'une  quarantaine  d'années,  atteinte  de  diabète  grave.  Voici  les  résultats 
de  l'analyse  de  son  urine,  au  point  de  vue  du  sucre  : 

Urine  du  4  mars,  déjéquée  avec  l'acétate  de  plomb,  par  litre  : 

Sucre  (dosé  comme  glucose)  au  polarimètre 63 

Sucre   (dosé  comme  glucose)  par  le  titrage  avec  la  liqueur  de 

l'ehling 5S,  i5 

»  Après  chauffage  pendant  deux  heures  avec  HCl  à  la  température  de  loo"  C.  (  '  )  : 

Sucre  au  polarimètre 55,8 

Sucre  au  titrage 6o,  28 

Urine  du  5  mars  {dèféquée')  : 

Sucre  au  polarimètre 59 > 4 

Sucre  au  titrage 5i 

»  Après  chauffage  comme  ci-dessus  : 

Sucre  au  polarimètro 54 

Sucre  au  titrage 53, 1 

»  Ainsi,  après  le  cbauff'age,  le  chiffre  indiqué  par  le  polarimètre  di- 
minue, tandis  qn  augmente  celui  qui  est  accusé  par  la  réduction  de  la 
liqueur  cuivrique.  C'est  précisément  ce  que  produit,  comme  on  sait,  l'hy- 
drolysation  du  maltose.  Nous  avons,  dans  i'"  d'urine  normale  ne  renfer- 
mant pas  de  sucre,  introduit  des  quantités  exactement  pesées  de  maltose 
(10''''')  et  de  glucose  (4o^*)  et  nous  avons  opéré  comme  précédemment. 
Voici  nos  résultais  : 

Urine  après  addition  de  maltose  et  de  ^'lucose,  déféqiiée,  par  litre  : 

Sucre  au  polarimètre 63 

Sucre  par  le  titrage 3i  ,64 

»  Après  chauffage  avec  II  Cl  : 

Sucre  au  jiolarimètre 4oj5 

Sucre  par  le  titrage 35, 21 


(')  Il  est  nécessaire  de  ne  faire  l'hydrolysalion  qu'après  que  l'urine  a  été  dèféquée. 
Autrement  on  a  une  perle  de  sucre  assez  considérable. 


(  6f2  ) 
»   En  calculant  les  quantités  de  maltose  et  de  glucose  au  moyen  d'une 
formule  que  nous  in  liquerons,  nous  trouvons  : 

Mallose i  o ,  3 

c'est-à-dire  presque  exactement  la  quantité  introduite  «t  déterminée  par 
pesée. 

»   En  calculant  de  même  pour  l'urine  de  la  femme  nous  trouvons  : 

Urine  du  5  mars  :  maltose 2i7'^ 

Urine  du  6  mars  :        n        '  jQ^ 

»  Chez  un  chien  à  qui  nous  avons  complètement  enlevé  le  pancréas,  le  4  février, 
et  que  nous  maintenons  en  vie  grâce  à  une  alimentation  carnée  très  copieuse,  nous 
observons  aussi,  certains  jours,  notamment  après  qu'il  a  mangé  de  la  soupe,  que  le 
chiflVe  du  sucre  au  polarimètre  est  plus  élevé  qu'avec  le  titrage,  et  qu'après  chauflage, 
en  présence  d'H  Cl,  les  résultats  sont  de  sens  inverse  : 

Urine  du  ii  février  {après  viande  maigre)  {déféquée),  par  litre  : 

Sucre  au  polarimètre 99 j^ 

Sucre  par  le  titrage 88,3 

»  Après  chauffage  en  présence  de  H  Cl  : 

Sucre  au  polarimètre 94)5 

Sucre  par  le  titrage 92,5 

Urine  du  6  mars  {après  viande  maigre  et  soupe)  {déjéquée),  par  litre  : 

Sucre  au  polarimètre 62 

Sucre  par  le  titrage 55,  5 

»  Après  chauffage  en  présence  de  H  Cl  : 

Sucre  au  polarimètre 54 

Sucre  par  le  titrage 58,5 

»   Ce  qui  nous  donne  par  le  calcul  : 

Urine  du  1 1  février  :  maltose 1,91 

Urine  du  6  mars.  »  3, 06 

»  Chez  une  douzaine  de  chiens  privés  de  |jancréas  et  que  nous  n'avons 
pu  garder  que  peu  de  temps  en  vie,  nous  avons  parfois  constaté,  transi- 
toirement,  la  présence  de  maltose  mélangé  au  glucose.  Nous  n'en  avons 
pas  trouvé  dans  l'urine  de  chiens  après  l'administration  de  la  phloridzine. 

M   Nous  avons  aussi  réussi  à  doser  le  maltose,   par  différence,  en  em- 


(6,3) 

ployant  le  liquide  de  Barfoed.  Nous  nous  proposons  de  donner  ultérieure- 
ment quelques  détails  à  cet  égard.    » 

M.  Edmond  Perrier,  en  offrant  à  l'Académie  le  sixième  Volume  des 
«  Expéditions  scientifiques  du  Trmai/ieur  et  du  Talisman  »,  s'exprime 
ainsi  : 

«  C'est  avec  un  serrement  de  cœur  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  le  sixième  Volume  des  «  Expéditions  scientifiques  du  Travailleur 
et  An  Talisman  »,  expéditions  qui  furent  si  magistralement  organisées  et 
conduites  par  M.  Alphonse  Milne-Edwards.  Ce  sixième  Volume  traite,  en 
effet,  des  Crustacés  décapodes,  et  c'est  la  part  que  s'était  réservée  notre 
éminent  et  regretté  chef  de  mission  ;  il  n'aui-a  pas  vu  paraître  ce  Volume, 
qui  lui  était  particulièrement  cher.  On  sait  avec  quel  bonheur,  dès  sa  jeu- 
nesse, alors  qu'il  n'était  encore  qu'aide-naturaliste  de  son  père  au  Muséum, 
Alph.  Milne-Edwards  s'était  livré  à  l'étude  si  difficile  et  si  délicate  des 
innombrables  Crustacés  hraohvnres,  que  tout  le  monde  connaît  sous  le 
nom  vulgaire  de  Crabes.  Son  œuvre  nouvelle  promettait  d'être  des  plus 
fécondes;  elle  nous  a  été  heureusement  conservée.  Alphonse  Milne- 
Edwards  s'était,  en  effet,  assuré  la  collaboration  de  l'un  de  nos  collègues 
les  plus  distingués  du  Muséum,  M.  le  professeur  Bouvier;  il  en  avait  fait, 
pour  ainsi  dire,  le  dépositaire  de  sa  propre  science,  et  c'est  leur  œuvre 
commune  que  je  dépose  sur  le  bureau  de  l'Académie.  On  crovait  autre- 
fois que  les  Crustacés  décapodes  formaient  une  série  linéaire  dont  les  trois 
termes  étaient  les  Macroures,  les  Anomoureset  les  Brachyoures.  Parmi  les 
données  définitivement  assises  dans  ce  nouveau  travail  se  trouve  la  preuve 
que  les  Lithodes  sont  apparentées  aux  Anomoures  et  non  pas  aux  Bra- 
chyoures, comme  on  l'a  cru  longtemps,  et  surtout  que  les  Brachvoures  et 
les  Anomoures  forment  deux  séries  divergentes  ayant  pour  origine  com- 
mune les  HoMARiu.E.  Un  Volume  spécial  en  voie  de  préparation  sera  con- 
sacré aux  Crustacés  macroures.   » 


NOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  eu  rem- 
placement de  M.  le  général  Alexis  de  Tillo. 

C.  R.,  igoi,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  10.)  79 


(  6i4  ) 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  4o, 

M.  A.  Normand  obtient.   ...     32  suffrages 

M.  Savorgnan  de  Brazza        »      .   .    .    .        7         » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  A.  JXormand,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Volume  de  M.  E.  Gautrelet,  intitulé  :  «  Spectroscopie  critique  des 
pigments  urinaires  normaux  »  ; 

2°  Un  Volume  de  M.  A,  Guépin,  intitulé  :  «  L'bypertrophie  de  la  pro- 
state »  ; 

3°  Les  «  Travaux  du  laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Grenoble  »,  1899-1900;  t.  V,  a*"  et  3'  fasc.  (Présenté  par  M.  Marcel 
Bertrand.) 

M.  G.  Darboux,  en  annonçant  à  l'Académie  la  perte  que  la  Science  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Th.  Moutard,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  L'Académie  apprendra  avec  le  plus  vif  regret  la  mort  d'un  géomètre 
des  plus  distingués,  M.  Théodore  Moutard,  Lispecteur  général  des  Mines, 
ancien  examinateur  des  élèves  à  l'École  Polytechnique.  La  carrière  de 
M.  Moutard  est  bien  connue  de  la  plupart  de  nos  confrères,  qui  ont  été  ses 
collègues,  ses  camarades  ou  ses  amis.  Au  sortir  de  l'Ecole  Polytechnique, 
sacrifiant  à  ses  convictions  les  espérances  du  brillant  avenir  que  lui  présa- 
geait son  entrée  à  l'École  des  Mines,  il  avait  refusé  de  prêter  serment  à 
l'Empire  et  il  avait  demandé  à  l'enseignement  libre  les  moyens  d'existence 
qui  lui  devenaient  nécessaires.  En  retraçant  ici  même,  il  y  a  quelques  années, 
la  vie  de  Paul  Serret,  je  rappelais  tout  ce  que  cet  enseignement  devait  à 
d'anciens  élèves  de  nos  grandes  Écoles,  quelle  importance  il  recevait,  il  y 
a  cinquante  ans,  du  concours  d'hommes  tels  que  Joseph  Bertrand,  Ossian 
Bonnet,  J. -Alfred  Serret,  Catalan  et  bien  d'autres  que  j'oublie  en  ce  mo- 
ment. 


(  (^i5  ) 

»  Par  l'éclat  de  ses  leçons,  Moutard  se  plaça  sans  effort  à  côté  de  ces 
hommes  de  premier  rang.  I^orsque  j'arrivai  à  Paris,  vei'si86i,  la  réputation 
qu'il  s'était  acquise,  comme  professeur  à  Sainte-Barbe  et  dans  d'autres  éta- 
blissements, lui  avait  assuré  une  situation  prépondérante.  Il  suffisait  de 
causer  quelques  instants  avec  lui  pour  reconnaître  toutes  les  qualités  aux- 
quelles il  devait  ses  succès  :  la  netteté  de  son  esprit,  la  précision  de  sa  pa- 
role, l'autorité  de  son  geste,  tout  en  lui  indiquait  l'homme  né  pour  l'ensei- 
gnement. Aussi,  lorsque,  en  1870,  Moutard  reprit  sa  place  dans  les  Mines, 
on  ne  tarda  pas  à  lui  attribuer  les  positions  dans  l'enseignement  réservées 
par  ce  Corps  illustre  à  ceux  de  ses  Membres  qui  se  sont  plus  spécialement 
voués  aux  recherches  théoriques.  La  seconde  partie  de  sa  carrière  s'est  donc 
écoulée  au  milieu  de  ses  camarades  et  de  ses  collègues;  il  s'est  éteint  en- 
touré du  respect  et  de  l'affection  de  tous. 

»  Les  travaux  originaux  de  Moutard  sont  consacrés  aux  Sciences  ma- 
thématiques. Ils  sont  en  petit  nombre;  mais  ils  ont  tous  le  plus  haut 
intérêt  :  Moutard  était  de  ceux  qui  ne  parlent  que  lorsqu'ils  ont 
quelque  chose  à  dire.  Sous  ce  rapport  et  sous  bien  d'autres,  il  a  laissé  un 
exemple  qui  mériterait  d'être  plus  souvent  imité. 

M  Ses  premières  et  plus  anciennes  recherches  ont  constitué  la  théorie 
des  surfaces  anallagmatiques,  et  plus  particulièrement  celle  des  anallag- 
matiques  de  quatrième  ordre  ou  cyclides  générales,  dans  laquelle,  simple 
débutant,  j'eus  le  grand  honneur  de  me  rencontrer  avec  lui.  Cette  théorie 
de  Moutard  a  été  beaucoup  étudiée  et  a  donné  naissance  à  de  nombreuses 
recherches,  entreprises  par  Lnguerre,  Ribaucour,  par  MM.  Mannheim  et 
G.  Humbert. 

»  Je  citerai  ensuite  un  Mémoire  sur  les  équations  aux  dérivées  partielles 
du  second  ordre  à  deux  variables  indépendantes,  dans  lequel  Moutard  se 
pose  un  problème  bien  limité,  et  fort  important,  dont  il  donne  la  complète 
solution.  Ce  travail  a  eu  l'honneur,  très  envié  et  rarement  accordé,  d'un 
rapport  fait  à  l'Académie  par  M.  Joseph  Bertrand. 

»  Le  manuscrit  original,  présenté  par  Moutard  à  l'Académie,  a  été 
brûlé  en  1871  chez  M.  Bertrand,  dans  les  incendies  de  la  Commune;  mais 
Moutard  a  reconstitué  la  partie  la  plus  élégante  de  ses  recherches  dans  le 
Journal  de  l'École  Polytechnique  ;  cl,  dans  une  des  Notes  qui  terminent 
mes  Leçons  sur  la  théorie  générale  des  surfaces,  un  jeune  professeur  de 
Faculté,  M.  E.  Cosserat,  a  rétabli  tout  le  reste  du  Mémoire.  Toutes  ces 
découvertes  analytiques  de  M.  Moutard  ont  eu  et  auront  encore  de  nom- 
breuses applications  en  Géométrie. 


(  6i6  ) 

»  Même  dans  ce  résumé  si  rapide,  je  me  reprocherais  de  ne  pas  men- 
tionner les  Noies  que  Moulard  avait  ajoutées  aux  Applications  d'Ana- 
lyse et  de  Géométrie  de  son  illustre  ami  Poncelet.  Dans  une  d'elles,  Moutard 
reprend  d'une  manière  magistrale  toute  la  théorie  des  fonctions  elliptiques 
pour  la  rattacher  à  la  démonstration  des  célèbres  théorèmes  de  Poncelet 
sur  les  polygones  inscrits  et  circonscrits.  Cette  étude  ingénieuse  et  origi- 
nale était,  au  jugement  d'Halphen,  la  meilleiue  et  la  plus  profonde  qui  ait 
été  écrite  sur  ce  beau  sujet. 

»  Tous  les  travaux  que  je  viens  de  rappeler  étaient  tenus  en  haute 
estime  par  les  géomètres.  Ils  auraient  assuré  à  Moutard  une  place  parmi 
nous;  mais  Moutard  était  modeste  et,  malgré  sa  grande  valeur,  il  n'a  jamais 
songé  à  solliciter  nos  suffrages.  S'il  a  figuré  quelquefois  sur  nos  listes, 
c'est  que  la  Section  de  Géométrie  tenait  à  lui  donner  le  témoignage  auquel 
il  avait  droit.  Une  des  dernières  joies  de  M.  J.  Bertrand  a  élé  la  nomina- 
tion de  la  Commission  qui  devait  attribuer  à  Moutard  le  prix  Petit  d'Ormoy, 
la  plus  haute  récompense  dont  l'Académie  dispose  en  faveur  des  géomètres. 

»  On  doit  regretter  que  la  vie  de  Moutard  n'ait  pu  s'écouler,  laborieuse 
et  paisible,  dans  une  de  ces  chaires  de  l'Enseignement  supérieur  pour 
lesquelles  il  était  né.  Il  aurait  ajouté  de  nombreux,  d'excellents  travaux  à 
ceux  qu'il  a  publiés,  à  ceux  qu'il  a  gardés  pour  lui,  malgré  les  vives  in- 
stances que  je  lui  adressais  quelquefois.    » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  variabilité  de  la  planète  Éros,  d'après  des  clichés  ob- 
tenus à  l' observatoire  de  Toulouse.  Note  de  M.  L.  Montaxgeraxd,  présentée 
par  M.  M.  Lœwy. 

«  Dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie  dans  sa  dernière  séance, 
j'ai  dit  que  des  recherches  photographiques  ont  été  entreprises  à  Toulouse, 
à  l'Instrument  de  la  Carte  du  Ciel,  au  sujet  de  la  variabilité  d'Eros.  Un 
cliché  obtenu  le  8  mars,  à  la  faveur  d'une  belle  soirée,  confirme  mes  pre- 
miers résultats. 

»  Un  premier  essai,  efl'ecliié  le  16  février,  monlrait  nettement  la  réalité  des  varia- 
lions  d'éclat  d'Eros  et  donnait  comme  demi-période  de  la  variabilité,  d'un  maximum 
au  minimum  suivant,  nue  durée  supérieure  à  une  heure. 

»  Une  seconde  expérience,  exécutée  le  23  février,  par  un  très  beau  ciel,  après  une 
série  de  nuils  brumeuses,  permet  de  fixer  la  valeur  de  la  période.  Sur  une  même 
plaque,  9  poses  ont  été  obtenues  de  7'' 18'"  à  io''8'"  (t.  m.  de  Toulouse).  Ces  poses  ont 


(6i7) 

duré  dix  iiiinules,  chacune,  avec  des  intervalles  égaux,  consacrés  aux  comparaisons 
visuelles  de  la  planète  aux  étoiles  voisines. 

»  Sur  ce  cliché,  les  traînées,  longues  de  o""",4  6"viron,  sont  très  régulières  etd'in- 
tensilé  graduelle. 

»  Celle  intensité  croît  du  commencement  jusqu'aux  y^  de  la  quatrième  traînée  en 
un  point  qui  correspond  à  8'' 22™;  c'est  le  moment  du  maximum  d'éclat.  Puis  l'inten- 
sité décroît  jusque  vers  l'extrémité  antérieure  de  la  traînée  VIII,  à  g'' 38",  pour  aug- 
menter ensuite  jusqu'à  la  fin.  Le  retour  à  l'éclat  initial  y'^iS"  se  trouve  sur  le  trait  IX 
à  l'exirémité  antérieure,  à  9''58°'.  L'épreuve  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie montre  clairement,  malgré  son  infériorité  au  cliché  original,  les  variations 
lumineuses  de  la  planète. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  des  observations  visuelles  comparatives 
d'Éros  et  des  étoiles  voisines  qui  sont  : 

BD-i-i6'       N"  712         Grandeur  d'après  BD  9,4 
-T- 16  719  »  9,5 

-f-i6  7-20  »  9,3 

»  A  ■]''i3"',  avant  le  commencement  du  cliché,  Eros  est  plus  faible  qu'une  lo".  Puis 
l'éclat  augmente,  pour  diminuer  et  reprendre  ensuite  sa  croissance;  il  repasse  à  sa 
valeur  initiale  au  moment  observé  g*" 49™.  Le  maximum  et  le  micimura  ont  eu  lieu 
pendant  que  l'œil  était  occupé  à  guider  l'instrument  sur  l'étoile  choisie. 

»   Comparons  les  résultats  photographiques  et  visuels  : 

Cliché.  Observaliou. 

Il      m  11      ui 

Commencement 7  •  '8  7.  i3 

Maximum 8.22  » 

Minimum 9-38  » 

Retour  à  l'éclat  initial 9-38  9-49 

Période 2 .  4o  2  .  36 

»  L'accord  entre  ces  résultats  est  très  satisfaisant,  si  l'on  remarque 
qu'une  erreur  de  deux  ou  trois  minutes  est  possible  dans  les  mesures  du 
cliché.  On  voit  aussi  c[ue  les  deux  demi-périodes  sont  inégales;  ainsi,  la  demi- 
période  de  décroissance  est,  non  i''2o'",  mais  i''i6°'. 

»  Le  cliché  obtenu  le  8  mars,  après  une  série  de  mauvais  temps,  présente  dix- 
sept  traînées  provenant  de  poses  de  cinq  minutes,  et  très  nettes.  L'intensité  diminue, 
pour  croître  et  diminuer  à  nouveau.  Les  poses  se  succèdent  de  cinq  minutes  en 
cinq  minutes,  commençant  à  7i'55'"  et  finissant  à  io''4o".  Dans  l'intervalle,  des  com- 
paraisons visuelles  d'Eros  ont  été  faites  avec  une  étoile  voisine  qui  n'est  pas  dans  BD 
et  qui  doit  être  une  9,6.  Voici  les  résultats  comparatifs  donnés  par  e  cliché  et  l'obser- 
vation : 


(  6i8  ) 

Cliclié.  Obsorvaliijii. 

h  h       m 

Commencemenl 7.55  7.52 

Minimum 8.87  8.4o 

Maximum 10.   o  10.    2 

Retour  à  Téta t  initial 10. 33  10. Si 

Période 2.38  2.89 

Demi-période  de  croissance i .  28  i .  22 

Donc,  demi-période  de  décroissance  ...        i .  i5  '  •  '7 

))  La  concordance  de  ces  résultats  avec  ceux  du  23  février  est  très 
grande. 

))  En  dehors  de  ces  mesures,  trois  observations  de  maxima  d'Éros  ont 
été  faites  visuellement  : 

Il       m 

Le  28  février,  à  8.3o    (t.  m.  de  Toulouse)  environ. 

26  »        7 .  35  » 


27 


6.57 


»  Ces  observations,  déjà  publiées  aux  Comptes  rendus  du  4  mars,  don- 
naient pour  la  période  de  variabilité  des  durées  inexactes.  On  admettait, 
en  effet,  par  une  interprétation  erronée,  qu'il  y  avait  10  périodes  environ 
dans  un  jour,  tandis  que  les  nombres  précédents,  voisins  de 

9 

montrent  qu'il  n'y  en  a  que  9,  En  adoptant  ce  nombre  9,  les  observations 
du  23  au  25  et  du  25  au  27  donnent  respectivement  2''37™  et  2''38™,  ré- 
sultats qui  corroborent  ceux  tirés  des  mesures  photographiques. 

»  En  résumé,  la  période  de  variabilité  de  la  planète  Éros  paraît  être  voi- 
sine de  2^38™  =  2'', G3. 

»  Il  est  intéressant  de  rapprocher  cette  valeur  de  celle  qui  a  été  donnée 
|)ar  M.  le  Prof.  F.  Deichmùller,  de  Bonn,  dans  les  Aslronomische  Nach- 
richten,  n°  3693,  2'',  61. 

))  Quant  aux  écarts  de  grandeur  de  la  planète,  entre  un  maximum  et 
un  minimum,  les  observations  des  23,  25  et  27  février  donnent  au 
moins  i^S5.  Dans  le  cliché  du  8  mars,  on  constate  nettement  un  écart 
moins  grand  que  sur  le  cliché  du  23  février,  dans  l'intensité  des  diverses 
traînées,  ce  qui  montre  que  la  variabilité  d'Eros  présente  ime  plus  faible 
amplitude.  Il  y  aura  lieu  de  contrôler  ce  point,  comme  de  voir  si  deux 
maxima  consécutifs  sont  égaux.  » 


(6iç)  ) 

ASTRONOMIE.  —  Note  relative  à  la  Communication  de  M.  Montangerand; 

par  M.  Baillaud. 

«  La  comparaison  des  observations  de  M.  Montangerand  entre  elles  et 
à  d'autres  observations,  notamment  à  celles  de  M.  Deichmûller,  ne  laisse 
guère  de  doute  sur  la  durée  de  la  période  :  M.  Montangerand  m'avait 
communiqué  dès  le  dimanche  3  mars,  en  me  priant  d'en  faire  part  à  l'Aca- 
démie, le  résultat,  2''4o™  environ,  qu'il  déduisait  de  son  premier  cliché. 
Le  temps  me  manquant  absolument  pour  une  vérification  quelconque,  j'es- 
timai qu'il  valait  mieux  attendre  que  d'autres  clichés  vinssent  confirmer  le 
résultat.  J'ai  donc  seul  la  responsabilité  d'un  retard  de  la  publication.    » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Détails  complémentaires  sur  la   nouvelle    étoile 
de  Persée,  Note  de  M.  H.  Deslaxdres,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  Cette  INote  est  la  suite  d'une  Note  parue  dans  le  numéro  précédent 
des  Comptes  rendus  (t.  CXXXII,  p.  535).  Depuis  l'impression  de  cette  pre- 
mière Note,  la  nouvelle  étoile  a  été  observée  un  certain  nombre  de  fois, 
en  particulier  les  3,  5,  6,  8  mars,  mais  dans  des  conditions  peu  favorables, 
le  temps  ayant  été  toujours  plus  ou  moins  mauvais. 

»  Dans  cette  période,  elle  a  décru  et  varié  constamment.  Nettement 
jaune  orangé  le  3,  elle  était  franchement  rouge  le  8  mars.  Sa  grandeur, 
estimée  à  2.4  le  3  mars,  était  descendue  le  8  à  3,  i  ('). 

»  Les  3,  5  et  6  mars,  on  a  obtenu  une  épreuve  du  spectre  de  l'étoile 
dans  le  jaune  et  le  vert  avec  la  grande  lunette  de  o'",84. 

»  Le  8  mars,  on  a  fait  deux  épreuves  spectrales  dans  le  bleu  et  le  violet 
avec  la  lunette  photographique  deo'^.Go.  Les  poses  ont  été  relativement 
courtes  à  cause  du  mauvais  temps. 

»  Si  l'on  compare  ces  épreuves  à  celles  des  26  et  28  février,  le  spectre, 
les  variations  d'intensité  étant  mises  à  part,  a  toujours  à  peu  près  le 
même  aspect,  et  est  toujours  caractérisé  par  les  raies-bandes  brillantes  de 
l'hydrogène,  un  peu  moins  larges  cependant,  autant  que  l'on  peutjus^er 
sur  des  épreuves  obtenues  dans  des  conditions  différentes.  A  ces  larges 
raies  brillantes,  déplacées  dans  leur  ensemble  vers  le  rouge,  sont  toujours 
accolées  de  larges  raies  noires  fortement  déplacées  vers  le  violet  et  qui  se 
détachent  sur  un  spectre  continu  relativement  faible. 


(  '  )  Comme  l'étoile  n'a  pas  la  même  couleur  que  les  étoiles  voisines  de  comparaison, 
l'estimation  de  sa  srandeur  est  difficile. 


(    620    ) 

M  De  plus,  on  relève  les  parlicuîarités  suivantes  :  les  épreuves  des  26 
et  28  montrent  au  milieu  des  larges  raies-bandes  brillantes  de  l'hydrogène 
deux  raies  noires,  déjà  signalées  dans  ma  Note  précédente,  et  même  une 
troisième  raie  noire  à  peine  visible.  Or,  sur  l'épreuve  du  5  mars,  la  troi- 
sième raie  est  certaine;  sur  l'épreuve  du  6  mars,  on  peut  distinguer 
quatre  raies  noires;  de  môme  sur  celle  du  8  mars,  les  raies  étant  d'ailleurs 
notablement  plus  fines  et  ayant  mieux  l'aspect  de  raies  de  renversement. 

»  Si  l'on  compare  ces  raies  noires  de  la  bande  brillante  à  la  raie  ter- 
restre de  comparaison,  une  seule,  la  plus  nette,  est  déplacée  vers  le  violet; 
les  autres  sont  déplacées  fortement  vers  le  rouge. 

»  Le  relevé  précis  de  ces  raies  noires,  qui  paraissent  varier  d'une  épreuve 
à  l'autre,  sera  publié  ultérieurement.  Leurs  déplacements  correspondent 
d'ailleurs  à  des  vitesses  de  centaines  de  kilomètres^voirlaNote  précédente). 

»  Addilion.  —  La  large  raie-bande  noire  qui  est  juxtaposée,  du  côté  du 
violet,  à  la  large  raie-bande  brillante  ne  se  montre  nettement  que  sur  les 
épreuves  d'une  pose  un  peu  longue;  son  déplacement  vers  le  violet  cor- 
respond à  une  vitesse  de  rapprochement  exprimée  par  des  centaines  de 
kilomètres.  Mais  la  mesure  de  ce  déplacement  n'a  pas  été  donnée  jusqu'à 
présent,  parce  qu'elle  est  incertaine,  à  cause  de  la  largeur  de  la  bande  et 
du  manque  de  netteté  des  bords;  de  plus  elle  ne  correspond  pas  vraisem- 
blablement à  une  vitesse  réelle;  car  la  raie-bande  noire  doit  être  masquée 
en  partie  par  la  raie-bande  brillante. 

»  Or,  sur  l'épreuve  du  8  mars,  on  soupçonne  des  divisions  dans  la  raie- 
bande  noire  ;  et  sur  une  dernière  épreuve  obtenue  le  12  mars  ces  divisions 
sont  très  nettes.  Il  est  vrai  que  cette  dernière  épreuve  a  été  favorisée  par 
un  beau  ciel,  et  que  la  pose  a  été  portée  à  une  heure  et  demie,  la  disper- 
sion employée  étant  d'ailleurs  celle  des  épreuves  précédentes.  Or  cette 
épreuve  montre  dans  la  large  raie-bande  noire  trois  raies  brillantes  assez 
nettes  et  une  quatrième  que  l'on  soupçonne.  Les  déplacements  de  ces  raies 
brillantes  de  la  bande  noire  sont  considérables  et  les  vitesses  de  rappro- 
chement s'élèvent  approximativement  à  —1200'"",  —1600'"",  -iSao*"" 
par  seconde. 

»  L'étoile  nouvelle  de  Persée  devient  donc  de  plus  en  plus  semblable  à 
la  nouvelle  étoile  précédente  du  Cocher  (année  1893),  qui  offrait  aussi  de 
pareilles  divisions  dans  les  raies  brillantes  et  noiies  juxtaposées.  Avec  la 
nouvelle  de  Persée,  les  raies  brillantes  et  noires  sont  seulement  plus  larges, 
les  divisions  de  ces  raies  plus  nombreuses  et  les  vitesses  de  rapprochement 
et  d'éloignement  plus  grarules. 

»   Dans  ces  conditions,  il  semble  difficile  de  maintenir  l'idée  émise  dans 


(  <^^I } 

ma  Note  précédenle,  et  d'expliquer  ce  phénomène  singulier  avec  un  astre 
unique  qui  serait  le  siège  de  volcans  gigantesques.  Il  paraît  nécessaire 
d'admettre  l'existence  de  deux  astres  au  moins,  dont  l'un  est  peut-être  une 
nébuleuse,  et  qui  s'approcheraient  l'un  de  l'autre  avec  une  énorme  vitesse.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'observatoire  de 
Lyon  (^équulorial  Drïinner  f/eo™,  i6),  pendant  le  quatrième  Irimesire 
de  igoo.  Note  de  M.  J.  (jcillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Ces  observations  sont  résumées  dans   les  Tableaux  suivants,    dont 
l'explication  a  été  donnée  page  980  du  Tome  CXXXI  des  Comptes  rendus  : 

T.4BLEAU  I.  —  Taches. 


Dates       Nombre      Pass.      LalUuiles  moyennes    Surfaces 

exirêmes    <1  obser-    au  mer.    ^» — -^      n        --    moyennes 

il'ubserv.    valions,    cciilral.  S.  .N.  réUuiles. 


Octobre  1900.  —  o,2y 


8-iï 

5 

7.0 

-  5 

6 

I 

8,2 

—  I 

16-27 

}   9 

2J!,2 

-  .'j 

17-27 

\   8 

22,7 

-  6 

21 

1 

28,0 

-  6 

aij- 

-  5°, 

88 
2 

66 

201 

2 


Dates     Nombre     Pass.      Latitudes  moyennes     Surfaces 


extrêmes  d'obser-  au  mer. 
d'observ.    Tations.   central. 


27-  5 
r  6-23 
16-22 
i3-i6 
3 


26 


Novembre  1900.  — 
2,3       —  i 
18,1 
18,8 

'8,4     -  ; 

3o,  I 


N. 

o,5o 


-  9 
-I  i 


muyennes 
retluiles. 


10 

20 

9 

12 

4 


4j 


j- 

-  6",o    -r-   5",5 

Décembre 

1900. —  0,87 

I       26,3 

-1-   2,5 

.5j. 


2",  5 


1900. 

Octobre  . . . 
Novembre  . 
Décembre  . 

Totaux  . . 


Tableau  II.  —   Distribution  des  taches  en  latitude. 


10'.     0°.    Somn 


10".      20".     30". 


—  ~        Totaux 
00".    uiensuots. 


Surfaces 

totales 

réiluiles, 

359 

55 
22 

436 


Tableau  III.  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


90" 

^ 

Dd 

Nord. 

40" 

90". 

Tuiaux 
uiensuelà. 

8 
i3 

8 

Surraces 

totales 

réduites. 

1900. 

.     40 
2 

)} 

30 

» 

20 

)> 

I 

10" 

0". 

3 

5 
3 

Somme. 

5 
6 
5 

Somme 

3 

7 
3 

0" 

.     10" 

.      20" 

.       30" 

Octobre... 
Novembre  . 
Décembre  . 

I 

4 

» 
I 
2 

» 

» 

2 
2 

4,6 

7,0 

3,1 

Totaux.. 

C. 

4 
R., 

» 

IC 

ICI 

er 

s 

s  m 

estri 

16 
'.  (T.  CX} 

i3 
iXII,  N» 

10.) 

5 

^ 

M 

)> 

5 

29 
80 

«7^ 

(  Ha  a   ) 
»  Il  en  résulte  les  faits  suivants  : 

»  Taches.  —  Malgré  un  nombre  de  groupe?  moindre,  la  surface  totale  est  plus 
forte  que  celle  notée  dans  le  troisième  trimestre;  on  a,  en  effet,  9  groupes  et  une  sur- 
face de  436  millionièmes  au  lieu  de  i5  groupes  et  a^a  millionièmes. 

»  Cette  augmentation  de  la  surface  est  due  à  un  groupe  relativement  important  et 
accompagné  de  belles  facules  ('),  qui  a  traversé  le  disque  solaire  du  16  au  27  octobre, 
à  la  latitude  moyenne  de  — 6",  en  subissant  des  transformations  qui  appartiennent, 
en  général,  à  une  période  plus  active  de  ces  phénomènes. 

»  Quant  à  la  diminution  des  groupes,  elle  se  reporte  toute  dans  l'hémisphère  boréal, 
où  aucune  tache  n'a  paru  en  octobre  ;  ce  cas  ne  s'était  pas  présenté  depuis  février  1899. 
Dans  l'autre  hémisphère,  il  n'y  a  pas  eu  de  tache  durant  tout  un  mois  également,  en 
décembre,  et  il  faut  remonter  à  mars  et  février  1890,  c'est-à-dire  presque  aussitôt 
après  le  minimum  (novembre  1889,  où  aucune  tache  n'a  paru  sur  le  disque  solaire), 
et  antérieurement  à  janvier  1889,  pour  rencontrer  la  même  particularité. 

»  D'autre  part,  le  nombre  des  jours  sans  taches  continue  à  augmenter;  il  est  de  37 
sur  53  jours  d'observation,  soit  un  nombre  proportionnel  de  o,5i  au  lieu  de  0,^3 
noté  précédemment. 

»  hélions  d'actiiité.  —  Les  groupes  de  facules  ont  continué  à  diminuer  tant  en 
nombre  qu'en  étendue;  on  a  enregistré  39  groupes  et  une  surface  de  i4,7  millièmes 
au  lieu  de  33  groupes  et  19,3  millièmes  dans  le  précédent  trimestre, 

1)  Leur  répartition  entre  les  deux  hémisphères  est  de  16  au  lieu  de  i4  au  sud  de 
l'équateur  et  i3  au  lieu  de  19  au  nord,  soit  3  en  plus  d'une  part  et  6  en  moins  de 
l'autre.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  certaine  catégorie  de  fonctions 
transcendantes.  Note  de  M.  Edmoxd  Maillet,  présentée  par 
M. Jordan. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (25  féwier  1901)  nous  avons 
indiqué,  en  particulier,  certains  théorèmes  relatifs  aux  fonctions  de  la  forme 

?  ~  :?w  ~  •  •  ■  "^  x*»  "^  •  •  •  ■ 

»  Ces  fonctions  ne  peuvent  satisfaire  à  certaines  catégories  d'équa- 

dr  rf*r\  1 

lions    différenlielles    rationnelles    f"  (  ^-7' ^'  •  •   ■  ^)  =  °    "l"^   ^'    '"^^ 

coefficients  0„  et  les  exposants  j/i  satisfont  à  certaines  conditions. 


(')  Celle  re^Jo«  rf'acnVjVe  s'est  montrée  encore  à  deux  rotations  successives  à  la 
latitude  moyenne  de  —8°,  puis  de  —ta",  et  elle  a  donné  naissance  à  une  petite  tache 
au  premier  retour  (X  18, 4  novembre,  ?  —  7°  <*"  Tablean  I). 


(  623  ) 

»  On  peut,  de  la  même  manière,  montrer  que  la  fonction  <p  ne  peut 
satisfaire  à  une  équation  différentielle  rationnelle  d'ordre  quelconque  que 
si  les  exposants  \n  satisfont  à  certaines  conditions  de  croissance  : 

»  Théorème.  —  Soit  la  fonction 


"P-^  ^•••"^"^"  +  •••• 

où  9„  est  quelconque  et  '\>n  une  fonction  croissante  de  n  qui  peut  être  négative 

pour  les  valeurs  de  n  inférieures  à  une  limite  finie,  mais  qui  est  telle  que  ^-^ — ^- 

croisse  indéfiniment  avec  n  :  «p  ne  peut  satisfaire  à  une  équation  différentielle 
rationnelle  d'ordre  quelconque  que  si 

if{n  +  v)  =  X(j/(«  +  «^  -  i)^  . . .  (<]^n)^ 

(v  entier,  ;j., ,  . . . ,  j;.^  rationnels  ne  peuvent  avoir  qu'un  nombre  limité  de  valeurs 
ne  dépendant  que  ries  exposants  de  y  et  de  ses  dérivées  dans  l'équation  donnée 
et  de  l'ordre  de  cette  équation,  les  dénominateurs  de  ii.,,  ..,  <j.^  étant  ^  l'ordre 
de  cette  équation). 

»  En  particulier,  (p  ne  satisfait  à  aucune  équation  différentielle  rationnelle 
quand  i|^(/i  -t-  i)  ==  'X(i|//i)i^,  j^,  étant  une  fonction  de  n  qui  croît  indéfiniment 
avec  n,  et  1  une  quantité  finie  et  limitée  supérieurement  et  inférieurement . 

i>  On  peut  encore  étendre  les  propriétés  établies  dans  notre  précédente 
Communication  aux  équations  différentielles 

K^.^.s^---S)=i:aw/--(S)"=<'. 

rationnelles  en  j  et  ses  dérivées,  les  k{x)  étant  des  séries  de  la  forme 


qui  ne  diffèrent  que  par  les  valeurs  des  a,, .  («„  .  ::7^  o  en  général  et  fini)  et 
des  uji,  les  y)„  étant  quelconques  :^  o  et  nj,/2  étant  égal  à 

(n-r()']/«lim„^,ri=o. 

»   Les  résultats  du  théorème  I  sont  encore  vrais,  pourvu  toutefois  que, 
dans  le  cas  des  §  IV  et  V,  quand  aucune  condition  n'est  spécifiée  pour 

l'exposant  de  y,  ô„  <  Xn,,  --~-^  (1,  [i.  quantités  finies). 

»   Les  résultats  du  théorème  II  restent  vrais  pourvu  que  w,n  —  An  soit 


(  624  ) 
limité  et  que 

|-O«-.|+|0„-.,     |<        ^^^y 

(v,  v'  quantités  limitées).  Ils  sont  exacts  en  particulier  quand 

limy),;(:"'=lim6j"  =i 

pour  /i  =  oc,  et  que  '|«  =  «'"  (tous  les  paragraphes)  ou  que  A(rt  -+-  i)  —  ^n 
est  fini  ei.>i  (§1  et  IV).    » 

GÉOMÉTRIE.    —   Sur  les   groupes  quaternaires  réguliers    (Tordre   fini. 
Note  de  M.  Lé<>\  Autowe.  présentée  par  M.  Jordan. 

«   Nomii;ons  :  \°  substitution  n-aire  (^binaire,  ternaire,  quaternaire,  ...)  l;i 
substitution 

a„      ...     «, 


s„  = 


^"iZd  "■/*"* 


=  [^7*]='         j,k  =  \,i,  ...,  n, 


an 


réversible;  2°  ©„  le  groupe  des  5„;  STI^le  problème  qui  consiste  à  construire 
tous  les  groupes  à'ordre  fini  G„  contenus  dans  ©„.  Uo  est  résolu  depuis 
longtemps  par  MM.  Klein,  Gordan,  Jordan.  M.  Jordan  a  aussi  :  i°  résolu U^ 
[Journal  de  Crelle,  t.  84):  2°  montré  (Mémoire  couronné  par  l'Académie 
de  Naples)  que  tous  les  G„  rentraient  dans  un  nombre  de  types  limité, 
pour  n  donné;  3"  poussé  loin  la  solution  de  U^  pour  ne  s'arrêter  que 
devant  une  discussion  arithmétique,  où  les  cas  à  examiner  se  présentaient 
par  milliers. 

»  Je  pense  que  le  problème  générale:,  de  M.  Jordan  ne  sera  pas  résolu 
de  si  tôt.  Je  me  propose  simplement  d'apporter  une  contribution  à  la 
théorie  de  certains  G„,  les  G„  réguliers  formés  de  s,,  régulières.  Si  les  :;  sont 
envisagées  comme  des  coordonnées  homogènes  ponctuelles  dans  l'espace, 
toute  régulière  admet  j)our  invariant  un  complexe  linéaire  capital  de 
droites.  On  trouvera  une  étude  géométrique  détaillée  des  régulières  dans 
mes  Mémoires  sur  l'équation  différentielle  du  premier  ordre  (^Journal  de 
l'École  Polytechnique,  Cahiers  61  à  64  de  la  i''"  série,  2  et  3  de  la  2°  série; 
Annales  de  l'Université  de  Lyon,  1892).  Je  ne  mentionne,  bien  entendu, 
dans  la  présente  JNote,  que  les  résultats  récents. 

»  Réservons  la  lettre  a;  aux  coordonnées /v'^MZ/eVe^  (celles  où  le  tétraèdre 
de  référence  a  deux  arêtes  opposées  conjuguées  par  rapport  au  complexe 


(    625     : 

capital),  tandis  que  z  désignera  des  coordonnées  à  tétraèdre  de  référence 
quelconque. 

»  Soient  5  =  [aij]x  u"<^  quaternaire,  s'  =  [fly,]^  sa  transposée,  t  la  régulière 

[  ^1  ,  .*  2  j  xV^  4  OC ^  f      OC^  ^  OC  i  ,  OC  ^^  %  Oi'  ^   I  » 

la  condition  nécessaire  et  suffisante  de  régularité  est  s'~^  =  i~'  se.  Soient  S  une 
«-aire,  So  sa  forme  canonique,  T  une  autre  «-aire  telle  que  S^^T^'ST, 
T  sera  une  canonisante.  Alors  toute  régulière  s  admet  au  moins  une  canoni- 
sante régulière,  dès  que  s  est  d'ordre  fini. 

»  Admettons  que,  j)our  un  groupe  G„,  se  présente  l'éventualité  sui- 
vante :  Les  /!  variables  z-,  convenablement  choisies,  peuvent  se  répartir  en 
systèmes  S,  dont  chacun  contient  un  nombre  de  variables  marqué  par  le 
degré  dusystème.  Toute  s„  de  G„  remplace  les  variables  de  S  par  des  fonc- 
tions linéaires  homogènes  des  variables  de  S'.  S  et  S'  sont  des  systèmes  de 
même  degré.  M.  Jordan  dit  alors  que  <j„  est  un  groupe  décomposable  et 
que  5„  fait  succéder  S'  à  S. 

»  J'ai  construit  tous  les  groupes  G  réguliers  et  d'ordre  fini  décompo- 
sahles.  Voici  l'énumération  en  variables  régulières  x. 

»   On  trouve  d'abord  deux  types  à  existence  évidente  a  priori. 

»   I.   G  provient  de  quaternaires 


X, 
X., 
Xj 


et.-,  I  OC  I  — :~  w .)  2  OC2 


«H«22   —   «I2«2I    =   «33«4l        -    «3'.«43==   L 


où  les  groupes  binaires  P  et  Q  dérivés  des 


«n 


a, 2 
a.,.. 


\  ^/'     «33  «3  1        \ 

)  "    '  \     «43  «U       ' 


respeclivemeiit  sont  d'ordre  fini. 

»  II.   On  combine  avec  un  groupe  %  du  type  I  la  régulière  unique 


B  = 


X, 

0  \  3  •''3  +  '^  i  ;  Xi, 

X., 

bo^X:^  -+-  b.,^x^ 

X, 

b,,x,     -  b,.,x.. 

X, 

b^^X,  -t-  ^42^:2 

/>i3^24  —  b,,,b.,j  =  b.^,b,.,  —  bi-.b., 


(  626  ) 

Jl  contient  B'  et  est  jîermutable  à  B.  Les  groupes  P  et  Q  afférents  à  % 
sont  transformés  l'un  dans  l'autre  par  les  binaires 


S..    / 


»  Viennent  ensuite  deux  types  qui  admettent  une  quadrique  inva- 
riante, laquelle  a  oo  génératrices  rectilignes,  situées  sur  le  complexe 
capital. 

»  ITI.  G  provient  de  régulières 


X, 


X., 


x« 


a,,x, 


(.il  1  •>  lAy  •> 


P«3  1^2-+-    P«3)a?, 


Q,«  I  ^. 


w^  1  oc* 


?(an«33   —  «13«3t)    =  I. 


X,         pa,3a;2-f-  ^a^^x^  ; 
où  le  groupe  binaire 


a  I ,     â! ,  3 


est  d'ordre  fini. 

M  IV.  On  combine,  avec  un  groupe  %  du  type  111,  la  régulière  unique 


B 


X 

x_ 

X^  0'i-i,X^\-      o^^x 

Xf         'j  bf^  X,  -+-  n  b,.j,x 


i-hc(b,.,b,,  -b,.,b.,.,)  =  o. 


%  contient  B*  et  est  permutable  à  B. 

»  Enfin,  le  dernier  type   est  isomorphe  au  groupe   des  permutations 
entre  quatre  lettres. 

»  V.  On  transforme  le  groupe  irrégulier  qui  provient  des  substitutions 

(i^  +  i  =  o), 


iz, 


i  ■*»  •! 


IZ., 


IZ, 


par  la  quaternaire 


^3 

2. 


(    627) 


j;,  +  TÔ-iTa  +  t9  a?., 
a-',  +  -rOa;^   +  iO^a;,,, 


Sx'^^e^  -  9, 


e  =  e 


qui  réintroduit  les  variables  régulières  x  (').    » 


PHYSIQUE.  —  Sur  un  électro-radiophone  à  sons  très  intenses  et  sur  la  cause 
qui  tes  produit.  Note  de  M.  Th.  Tommasina,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Le  nouvel  électro-radiophone  que  j'ai  l'honneur  de  signaler  à  l'Aca- 
démie donne  des  sons  pouvant  être  entendus  très  distinctement  de  tous  les 
points  d'une  grande  salle.  Sa  sensibilité  est  un  peu  moindre  que  celle 
des  autres,  à  cohéreurs  décohérents  à  charbon  (^),  mais  elle  est  encore 
suffisante,  car  l'appareil  répond,  par  un  son  fort  et  net,  à  chaque  étincelle 
de  1°"°  qui  éclate  à  l'autre  extrémité  de  la  salle  entre  une  petite  sphère 
isolée  et  l'un  des  pôles  d'une  bobine  d'induction.  Aucun  relais  n'est  utilisé 
et  l'appareil  est  simplement  en  circuit  avec  une  pile  et  un  téléphone. 

»  Dans  les  cohéreurs  à  charbon  ou  à  limailles,  les  grains  doivent  être 
autant  que  possible  libres  de  se  mouvoir  et  ne  subissent  que  la  pression 
due  à  leur  poids;  tandis  que  dans  ce  radioconducteur  la  limaille  se  trouve 
dans  un  mélange  isolant  pâteux,  et,  suivant  le  système  Branly,  sous  une 
pression  réglée  de  façon  à  permettre  le  passage  d'un  courant  d'une  cer- 
taine intensité. 

»  Des  radioconducteurs  aptes  à  fonclionner  dans  l'intérieur  d'un  récepteur  télé- 
phonique usuel  ont  été  construits  de  la  manière  suivante  : 

»  Dans  chacun  de  deux  morceaux  de  tube  capillaire  de  thermomètre,  longs  de  5°°, 
on  a  introduit  un  fil  de  platine  tordu  en  boucle  d'un  côté.  On  les  a  enroulés  pour 
former  une  petite  spirale  plane  sur  l'autre  extrémité  de  chaque  tube.  On  en  a  fait 
entrer  un,  par  le  bout  portant  la  spirale,  dans  un  tube  en  verre  dont  le  diamètre  inté- 
rieur était  égal  au  diamètre  extérieur  du  capillaire.  Les  deux  tubes  ont  été  fondus 
ensemble  à  l'autre,  extrémité  en  ne  laissant  en  dehors  que  la  boucle  de  platine.  On  a 


(')  La  présente  théorie   a   fait  l'objet  d'une  Communication  au  Congrès  de  Paris 
1900,  et  d'un  Mémoire  qui  paraîtra  au  Journal  de  Mathématiques. 
(')  Comptes  rendus,  séance  du  26  novembre  1900. 


(  628   ; 

placé  alors  le  mélange  pâteux  sur  la  spirale  île  l'autre  tube  et  introduit  aussi  celui-ci 
dans  le  grand  jusqu'à  presser  le  mélange  contre  la  spirale  du  premier.  On  a  réglé  en- 
suite la  pression  sous  l'action  des  ondes  hertziennes,  et  fermé  complèleraeiil  le  tube 
au  chalumeau  en  ne  laissant  en  dehors  que  l'autre  boucle  de  platine. 

»  Le  courant  induit  par  chaque  décharge  oscillante  dans  le  circuit  de  ce  récepteur 
produit  dans  le  mélange  une  action  qui  sépare  momentanément  un  ou  plusieurs  des 
petits  contacts.  L'aiguille  du  galvanomètre  descend  vers  le  zéro,  mais  elle  reprend  un 
instant  après  sa  position  initiale,  s'arrètant  parfois  dans  des  positions  intermédiaires. 
Mais,  quelle  que  soit  la  position  de  l'aiguille  à  l'instant  où  l'étincelle  éclate,  on  observe 
toujours  une  déviation  indiquant  un  accroissement  de  résistance.  Si  l'on  augmente 
l'intensité  du  courant  primaire  qui  traverse  l'électro-radiophone,  les  sons  deviennent 
toujours  plus  intenses,  mais  l'aiguille  du  galvanomètre  se  fixe  au  point  plus  élevé  de 
tension  critique,  et  si  le  réglage  est  parfait  elle  devient  presque  immobile.  Dans  ce 
cas,  les  interruptions  doivent  être  instantanées  et  complètes,  car  l'appareil  donne  les 
mêmes  sons  qu'on  perçoit  en  interrompant  le  circuit.  Ces  radiocondiicteiirs  consti- 
tuent donc  de  vrais  interrupteurs  actionnés  directement  par  les  ondes  hertziennes. 

»  C'est  le  diélectrique  liquide  remplaçant  l'air  qui  est  la  cause  de  ce 
phénomène,  car  si  on  l'ajoule  dans  un  colicreur  à  limaille,  à  charbon,  ou 
à  mélange  de  limaille  et  de  poudre  isolante,  l'accroissement  de  l'intensité 
des  sons,  dans  un  téléphone  inséré  dans  le  circuit,  a  lieu  immédiatement. 

»  J'ai  obtenu  ce  phénomène  avec  de  l'eau  distillée,  mais  c'est  la  glycé- 
rine, seule  ou  mélangée  avec  de  la  vaseline,  qui  fait  produire  les  sons  les 
plus  intenses.  De  même,  c'est  la  limaille  d'argent  qui  semble  donner  le 
meilleur  résultat.  Quant  aux  poudres  isolantes,  elles  peuvent  être  quel- 
conques :  lycopode,  soufre,  silice,  verre  pilé,  etc.  ;  leur  rôle  est  d'empêcher 
la  cohérence  permanente  de  la  limaille  d'argent  et  de  permettre  une  pres- 
sion sidfisante  pour  faire  agir  un  courant  plus  énergique  dans  les  radio- 
con  il  licteurs. 

»  Ce  nouvel  électro-radiophone  se  prête  aux  expériences  de  cours  et 
de  laboratoire,  car  il  permet  à  un  expérimentateur  d'entreprendre  seul 
des  recherches  qui  demandent  .actuellement  l'aide  d'une  autre  personne. 
J'étudierai,  l'été  prochain,  son  application  aux  décharges  atmosphériques.  « 


CHIMIE  MINÉRALE. -- 5Mr  la  réduction  de  l'acide  niolybdosulj unique 
par  l'alcool.  Note  de  M.  E.  Péchard,  présentée  par  M.  ïroost. 

«  La  réduction  des  molybdates  acides  donne  naissance  à  des  composés 
bleus  résultant  de  la  combinaison  de  l'acide  niolybdique  et  du  bioxydc  de 
molybdène. 


.,  629  ) 

»  C'est  ainsi  que  la  réduction  par  le  molybdène  métallique  a  permis  à 
M.  Guichard  (*)  d'obtenir  le  bleu  de  molybdène  MoO-.4MoO%  6H'0. 
MM.  Allen  Roger  et  Mitchell  (-),  en  employant  comme  rédacteur  le  chlo- 
rure stanneux,  ont  obtenu  un  bleu  de  molybdène  de  composition  Mo''0'. 
Dernièrement,  M.  Bailhaclie  ('),  en  réduisant  par  l'hydrogène  sulfuré  une 
solution  sulfurique  d'acide  molybdique,  a  observé  la  formation  d'un 
sulfate  cristallisé  de  formule  Mo-0'.2SO'. 

»  Ces  divers  composés  sont  décomposés  par  les  alcalis  qui  mettent  en 
liberté  le  bioxyde  de  molybdène  et  donnent  un  molybdate  alcalin. 

»  J'ai  obtenu  des  composés  bleus  du  molybdène  renfermant  du  bioxyde 
et  ne  présentant  pas  la  même  instabilité  au  contact  des  alcalis. 

1)  Pour  cela,  on  dissout  de  l'acide  molybdique  dans  l'acide  sulfurique  concentré; 
cette  dissolution  refroidie  par  de  l'eau,  est  additionnée  d'alcool  par  petites  portions.  Il 
se  développe  une  belle  coloration  bleue  qui  devient  de  plus  en  plus  foncée  à  mesure 
que  l'on  verse  le  réducteur,  et  s'accentue  encore  si  l'on  maintient  le  mélange  au  bain- 
marie  pondant  une  demi-heure.  La  liqueur  est  étendue  et  neutralisée  par  de  l'ammo- 
niaque, ces  deux  opérations  devant  être  efTectuées  en  évitant  tout  réchaufTement.  On 
voit  se  former  un  corps  cristallisé,  bleu,  se  déposant  rapidement,  et  la  liqueur  qui  sur- 
nage est  incolore.  Ces  cristaux,  agités  dans  le  flacon  où  ils  ont  été  produits,  miroitent 
et  on  les  sépare  facilement  par  filtration  à  la  trompe. 

»  Examinés  au  microscope,  ces  cristaux  se  présentent  sous  forme  de  lamelles 
hexagonales  bleues,  transparentes,  mélangées  à  des  prismes  bleu  foncé. 

»  Ces  derniers  se  produisent  uniquement  si  l'on  a  soin  de  neutraliser  la  liqueur  acide 
bleue  en  versant  l'ammoniaque  par  petites  portions  et  en  ne  dépassant  pas  la  neutrali- 
sation au  tournesol.  Dissous  dans  l'eau  et  agités  avec  un  excès  d'ammoniaque,  ces 
cristaux  donnent  naissance  alors  aux  lamelles  hexagonales.  Cette  séparation  des  deux 
sels  explique  leur  formation  simultanée  quand  la  neutralisation  par  l'ammoniaque  est 
effectuée  sans  précautions. 

»  Ces  deux  composés  sont  très  solubles  dans  l'eau,  qui  prend  une  couleur  bleue 
intense,  et  très  peu  solubles  dans  les  sels  ammoniacaux;  ils  sont  caractérisés  par  leur 
stabilité  vis-à-vis  des  alcalis  et  des  carbonates  alcalins.  La  potasse,  l'ammoniaque  ne 
les  décomposent  qu'après  plusieurs  jours  à  la  température  ordinaire. 

»  La  décomposition  n'est  immédiate  que  si  l'on  chauffe  à  80°.  L'acide  azotique  ne 
les  décolore  à  froid  que  s'il  est  très  concentré,  ou  à  l'ébullition  s'il  est  étendu. 

»  Ces  deux  composés  contiennent  de  l'acide  molybdique,  du  bioxyde  de 
molybdène,  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'ammoniaque.  On  a  dosé  l'acide 


(')  Guichard,  Thèse  de  Doctorat. 

(^)  Journal  of  Ihe  American  Chemical  Society,  ']n\n  1900. 

(^)    Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  473 • 

G.  R.,    1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  10.)  8r 


(  63o  ) 

molybdique  par  une  calcination  avec  de  l'acide  azotique,  le  bioxyde  de 
molybdène  au  moyen  d'une  solution  titrée  de  permanganate  de  potassium 
et  les  formules  suivantes  peuvent  représenter  leur  composition  : 

I.  —  Sel  en  lamelles  hexagonales  :  SAzH^,  MoO^SOS  7MoO'+  SH^O. 

Trouvé. 

5AzH» 5,78  5,6  5,8  » 

MoO'' 8,83  8,8  8,5  8,9 

SO' 5,52  5,6  6,1  » 

7M0O' 70,56  71,2  69,6  71,4 

H-0 9,3i  »  »  » 

100,00  »  »  » 

II,  -  Sel  prismatique  :  3AzH',  MoQ^SO»,  7MoO'+  loH^O. 

Trouvé. 
Calculé. - 

3AzH' 3,52  3,8  3,6 

MoO- 8,83  8,9  9,3  .  8,5 

SO^ 5,52  6,1  5,9  6,8 

7M0O' 70,55  71,5  70,3  » 

H'0 1 1 ,57  »  »  » 

»  Par  une  préparation  analogue,  on  peut  obtenir  un  sel  de  potassium 
cristallisé  et  peu  soluble  dans  les  sels  de  potassium;  si  l'on  neutralise  par 
de  la  soude,  le  sel  obtenu  est  extrêmement  soluble  et  ne  se  sépare  pas  de 
la  dissolution.  Une  partie  de  l'ampioniaque  peut  être  déplacée  à  froid  par 
la  potasse  concentrée  et  il  se  dépose  également  un  sel  cristallisé  renfermant 
à  la  fois  les  deux  alcalis. 

>i  Les  composés  dont  je  viens  de  parler  ne  sont  pas  les  seuls  pouvant  se 
former  dans  ces  conditions. 

»  Si,  en  effet,  on  prolonge  la  réduction  par  l'alcool  à  100°,  on  obtient  alors  des  dis- 
solutions décomposables  à  froid  et  immédiatement  par  l'ammoniaque.  A  froid,  la  ré- 
duction est  moins  avancée,  car,  si  l'on  abandonne  dans  l'air  sec  la  solution  sulfu- 
rique  après  réduction  par  l'alcool,  cette  réduction  se  continue  lentement  et  il  se  dépose 
de  fines  aiguilles  noires  ayant  pour  formule 

7MoO',2MoOS7SO'+ Aq. 

Cette  formule  montre  nettement  un  état  de  réduction  plus  avancé;  mais  il  est  difficile 
de  débarrasser  complètement  les  cristaux  de  l'acide  sulfurique  qui  les  imprègne,  de 
sorte  que  la  formule  contient  certainement  trop  d'acide  sulfurique.  Ce  composé  con- 


(  63i  ) 

stitue  un  véritable  acide  complexe,  car,  neutralisé  par  l'ammoniaque,   il  donne  nais- 
sance à  de  nouveaux  sels  bleus  cristallisés  dont  je  poursuis  l'étude. 

»  On  voit  donc,  d'après  ce  qui  précède,  que,  si  l'acide  molvbdique  se 
combine  au  bioxyde  de  molybdène  pour  donner  le  bleu  de  molybdène,  il 
peut  également  se  combiner  en  même  temps  à  l'acide  sulfurique  pour 
donner  des  acides  complexes  de  formules  compliquées. 

»  Dans  ces  composés  l'acide  sulfurique  n'est  pas  précipité  par  les  sels 
de  baryum  et  n'est  par  conséquent  pas  une  impureté  du  sel;  il  ne  précipite 
que  quand,  par  oxydation,  la  couleur  bleue  a  disparu  ('). 

»  Il  semble  donc  exister  dans  ces  composés  une  combinaison  du  bioxyde 
de  molybdène  et  d'acide  sulfurique  ne  présentant  pas  les  caractères  ordi- 
naires de  cet  acide.  D'ailleurs,  dans  l'étude  de  son  sulfate  de  réduction 
plus  avancée,  M.  Bailhache  a  déjà  reconnu  un  fait  analogue  et  il  a  reconnu 
également  que  le  sulfate  se  dissout  en  bleu  dans  les  molybdates  alcalins, 
probablement  pour  donner  naissance  au  composé  dont  je  viens  de  mon- 
trer l'existence.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Un  nouveau  gfycol  bi-primaire,  le  butanediol  i  .l\  ou 
glycol  létraméthylènique  et  sa  diacétine.  Note  de  M.  l'abbé  J.  Hamonet, 
présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

»  La  synthèse  du  glycol  létraméthylènique  (3*  glycol  bi-primaire)  a  pro- 
voqué depuis  longtemps  les  recherches  de  très  habiles  chimistes;  cepen- 
dant aucun  d'eux,  sauf  M.  Dekkers  {Recueil  des  Travaux  chimiques  des 
Pays-Bas,  t.  IX,  p.  92  ;  1890),  n'a  cru  pouvoir  se  flatter  de  l'avoir  réalisée; 
et  même,  au  dire  de  plusieurs,  le  corps  préparé  par  le  chimiste  hollandais 
au  moyen  de  l'acide  azoteux  et  de  la  diamine  létraméthylènique  semble 
d'une  constitution  fort  douteuse.  Les  motifs  sur  lesquels  se  fonde  cette 
opinion  ont  été  parfaitement  exposés  par  M.  L.  Henry  dans  son  beau 
travail  sur  les  nitriles  alcools,  p.  53  et  suivantes  {Mémoires  publiés  par 
l'Académie  royale  de  Belgique,  t.  LVII;  1898). 

»  Mes  études  sur  les  dérivés  bi-primaires  du  butane  devaient  tout  natu- 
rellement m'amener  à  reprendre  cette  intéressante  question,  qui  m'avait 


(')  L'acide  sulfurique  ne  peut  être  entraîné  dans  ce  composé  à  l'état  d'éthylsulfate, 
car  les  analyses  portent  sur  des  produits  difTérents  obtenus  en  précipitant  plusieurs 
fois  par  le  chlorure  d'ammonium  les  sels  bleus  dissous  dans  l'eau. 


(  632  ) 

été  proposée  autrefois  par  mon  très  regretté  maître  M.  C.  Friedel.  En 
effet,  les  auteurs  qui  ont  cru  avoir  préparé  le  bromure  de  triméthylène, 
Br  CH-CH-CH-CH-Br,  lui  assignent  un  point  d'ébullition  notablement 
inférieur  à  celui  du  dibromure,  que  j'ai  obtenu  et  dont  j'ai  démontré  la 
constitution  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  346).  Par  conséquent  je 
pouvais  espérer  que  le  glycol  dérivé  soit  de  mon  di-bromobutane,  soit  de 
mon  di-iodobutane  se  distinguerait  également  de  celui  de  M.  Dekkers. 
L'expérience  a  confirmé  mes  prévisions. 

»   Préparation  de  la  diacétine  du  butane Jiol  1.4: 

CH'GO^CTPCH^CHîCH^O^CCIl^ 

»  Je  n'ai  eu  pour  préparer  celte  diacétine  qu'à  suivre  de  point  en  point  la  méthode 
classique  et  primitive  de  Wurtz. 

»  J'ai  mis  dans  un  ballon  SS?''  d'acétate  d'argent  et  autant  d'acide  acétique,  de 
manière  à  former  une  pâte  molle,  ensuite  j'ai  ajouté,  peu  à  peu  et  en  refroidissant, 
SoS'' de  di-iodobutane  1.4.  La  réaction  est  assez  vive.  Quand  elle  a  été  calmée,  j'ai 
chauffé  au  bain-marie  pendant  quelques  heures,  en  agitant  de  temps  à  autre,  pour 
rendre  la  niasse  aussi  homogène  que  possible  et  assurer  ainsi  l'achèvement  de  la  réac- 
tion. J'ai  épuisé  le  contenu  du  ballon  j^ar  l'éther  à  plusieurs  reprises.  La  diacétine  se 
sépare  très  facilement  par  distillation  de  l'éther  et  de  l'acide  acétique. 

M  La  diacétine  du  butanediol  1.4  est  un  liquide  neutre  à  odeur  assez 
agréable.  Elle  cristallise  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  en  belles 
aiguilles  arborescentes,  qui  fondent  à  -t-  12".  Elle  bout  sans  décomposi- 
tion à  23o°  sous  la  pression  de  751™",  et  à  124"  sous  celle  de  20°"".  Den- 
sité à  20°=  1,048. 

»  Préparation  du  butanediol  1.4,  ou  glycol  tétraméthylénique  : 

HOCH=CH2CH''CH2  0H. 

»  La  diacétine  du  butanediol  a  été  chauffée  quelques  heures  au  bain-marie  avec  un 
léger  excès  de  chaux  délitée,  puis  distillée  dans  le  vide  suivant  la  méthode  de  M.  L. 
Henry  {Recueil  de  Travaux  chimiques  des  Pays-Bas,  t.  XVIII,  p.  aai).  Le  liquide 
distillé  a  dû  être  repassé  sur  de  la  chaux,  jusqu'à  disparition  complète  de  l'odeur  de 
la  diacétine.  Il  a  ensuite  été  redistillé  seul  dans  l'air  pour  le  séparer  d'une  petite 
quantité  d'eau  fournie  par  la  chaux.  Cette  séparation  se  fait  on  ne  peut  plus  facile- 
ment. 

»  Le  butanediol  1.4  est  un  liquide  visqueux,  incolore,  miscible  à  l'eau 
en  toutes  proportions.  Il  s'en  sépare  facilement  par  addition  de  carbonate 
de  potassium.  Il  ne  dissout  pas  l'hydroxyde  cuivrique  laissé  alcalin, 
comme  le  font  le  glycol  en  C^,  la  glycérine,  etc. 


(  633  ) 

»  Ces  deux  dernières  propriétés  confirment  les  observations  de  M.  L. 
Henry  sur  les  alcools  polyatomiques,  dans  lesquels  un  chaînon  -CH--  est 
intercalé  entre  les  deux  fonctions  alcools  (Annales  de  la  Société  scienti- 
fique de  Bruxelles,  t.  XIX,  p.  1 1  ;  1 8g5).  Refroidi  à  o°  le  butanediol  se  prend 
lentement  en  cristaux,  qui  fondent  à  +  i6°  ;  son  point  d'ébullition  est  aSo" 
sous  la  pression  de  759'"'°;  sa  densité  à  20"  est  de  1,020. 

»  L'analyse  de  ce  corps  a  donné  des  nombres  très  satisfaisants  : 
C  pour  100  :  53,49,  théorie  53,33;  H  pour  100  :  10,92,  théorie  i  i,ii. 

»  Il  est  évident  que  la  constitution  de  ce  butanediol  et  de  sa  diacéline 
se  déduit  tout  naturellement  de  celle  du  di-iodobutane  1.4  qui  leur  a 
donné  naissance.  Je  puis  ajouter,  pour  confirmer  encore  cette  constitution, 
que  l'oxydation  du  butanediol  par  l'acide  azotique  m'a  fourni  de  Vacide 
succinique  fondant  à  180°.  Ce  résultat  écarte  toute  hypothèse  contraire 
à  mon  affirmation.  On  peut  donc,  ce  me  semble,  conclure  que  le  glycol 
tétraméthylénique  n'avait  pas  été  isolé  jusqu'ici  (').    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  poudre  de  zinc  sur  les  acides  gras  saturés . 
Note  de  M.  A.  Hébert,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Il  y  a  quelque  temps,  nous  avons  signalé  la  présence,  dans  l'huile 
extraite  des  graines  de  l'I'Sano,  d'un  nouvel  acide  gras  non  saturé, 
CMI-^O^,  Vacide  isanique  (-).  Il  fait  partie  des  acides  gras  de  formule 
générale  C"H-"~*0-,  peu  connus.  Nous  avons  cherché  à  préparer  synthé- 
liquement  d'autres  corps  de  la  même  famille  par  réduction  des  acides  gras 
saturés  en  C"H-"0".  Au  cours  de  ces  expériences,  nous  avons  été  amené 
à  faire  agir  la  poudre  de  zinc  sur  ces  acides. 

11  Nous  sommes  partis  de  stéarine  commerciale  fondant  à  60°.  Celte  substance, 
formée  d'un  mélange  d'acides  gras  saturés  où  domine  l'acide  sléarique,  a  été  distillée 
avec  un  excès  de  poudre  de  zinc  bien  séchée  en  opérant  dans  une  cornue  chaufl'ée  au 
bain  de  limaille  de  fer  à  35o°-4oo°. 


(')  Quand  j'ai  fait  ce  travail,  j'ignorais  les  très  intéressantes  recherches  de  I\l.  L. 
Henry  sur  le  butanolamine  i  .4  {Bull,  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  p.  Sgo;  1900).  En 
traitant  ce  corps  par  l'acide  azoteux  ce  savant  chimiste  a  obtenu  un  liquide  bouillant 
au  delà  de  220°,  qui  pouvait  bien  être  un  mélange  du  glycol  l.[^  et  du  glycol  1.2; 
mais  la  juste  défiance  qu'inspire  la  réaction  de  l'acide  azoteux  sur  les  aminés  pri- 
maires l'a  empêché  de  conclure,  comme  l'avait  fait  M.  Dekkers. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  i55o. 


(  634  ) 

»  Au  début,  il  se  fait  du  stéarate  de  zinc,  puis  la  masse  fond  et  bouillonne  en 
dégageant  des  produits  condensables  et  des  gaz.  Le  résidu  est  formé  de  poudre  de  zinc 
retenant  encore  des  traces  de  substances  très  riches  en  carbone. 

»  Les  produits  gazeux  non  condensables  sont  composés  de  CO-  et  de  gaz  combus- 
tibles :  carbures  incomplets,  très  faible  proportion  de  carbures  complets  et  hydrogène 
en  grande  quantité. 

»  Les  corps  condensables  sont  composés  d'un  peu  d'eau  et  de  substances  liquides  et 
solides,  non  miscibles  à  l'eau  et  formant  environ  70  pour  100  de  la  stéarine  em- 
ployée. 

»  Les  produits  condensés  présentent  les  caractères  suivants  :  ils  sont  liquides  au 
début,  solides  à  la  fin  de  la  distillation,  de  couleur  jaunâtre,  plus  légers  que  l'eau,  dans 
laquelle  ils  sont  insolubles  ainsi  que  dans  les  alcalis  et  les  acides  étendus,  ils  se  dis- 
solvent dans  la  plupart  des  solvants  organiques  et  fixent  le  brome.  Enfin  l'analyse  élé- 
mentaire leur  assigne  la  composition  C"H^". 

»  Ayant  préparé  une  quantité  assez  considérable  de  ces  corps  (2''s,5  environ),  nous 
avons  procédé  à  leur  examan.  Nous  les  avons  séchés  sur  l'acide  phosphorique  anhydre 
et  soumis  à  deux  fractionnements  successifs,  de  10°  en  10°,  puis  de  5°  en  5°;  au  delà 
de  35o°,  on  a  fractionné  dans  le  vide  de  25°  en  25°.  Le  résidu  était  solide  et  cristallisé 
et  fondait  à  63°,  après  purification. 

»  Voici  les  résultais  sommaires  du  dernier  fractionnement  avec  les  quantités  et 
densités  : 

»  Le  liquide  commençait  à  distiller  à  60°  et  la  dernière  portion  recueillie  passait  à 

3oo°-325°  dans  un  vide  de  55™".   Les  portions  maxima  passaient  aux    températures 

ci-dessous  : 

Fractions.  Quantités.  Densités. 

00  gr  o 

195-200 3o  0,7653  à  i5 

235-24o 59  0,7785  à  16 

280-285 128  0,7880318 

295-3oo 75  0,7952   » 

3 1 0-3 1 5 95  o ,  8o56   » 

250-275  sous  55°"" 66  o,85oo  à  22 

Résidu  solide  cristallisé 82                        »            » 

»  Toutes  ces  fractions  répondent  aux  caractères  indiqués  plus  haut.  Les  bromures, 
préparés  par  simple  addition  de  brome,  sont  liquides,  jaunâtres  et  se  colorent  avec  le 
temps.  Le  résidu  solide  du  fractionnement  donne  un  bromure  solide,  blanc,  cristallisé. 
Ces  bromures  sont  décomposables  par  distillation,  même  dans  le  vide,  et  l'on  doit  se 
borner  à  les  dessécher. 

»  L'analyse  élémentaire  des  portions  maxima  de  la  dislillalion  et  le  dosage  du 
brome  dans  leurs  bromures  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Pour  100.  Brome  pour  100 

Portions.  Hydrogène.  Carbone.  le  bromure. 

i95''-20o° 14,28  85, 06  39,57 

235°-24o'' 13,76  85,87  32,46 


(  635  ) 

Pour  100.  Brome  pour  100 

-»~ ^- — dans 

Portions.  Hydrogène.  Carbone.  le  bromure. 

aSc-aS.D» i4,o6  86,56  28,69 

295°-3oo° i3,4o  86,53  29,08 

3io''-3i5o i3,i6  86,52  25,53 

25o°-a75°  sous  55™"°  . . . .  iS,l\i  87,28  21,91 

Résidu  solide i4)24  85,72  11,17 

Théorie  pour  : 

G''H-« 14,28              85,72  0,00 

C'H^Br^ ,,  »'  4o,20 

CH^^Br'- »  »  38,83 

j  C"H"Br2 »  »  33,19 

(  C^*H>'Br= ).  »  32,26 

(  C='H5«Br2 ),  »  28,97 

j  C29H=«Br2 »  »  28,26 

j  C^^H^^Br- »  »  25,72 

(  C"H8«Br- »  »  25,  i5 

1  G*»H«»Br2 »  ))  22,22 

i  C*'H«2Br= »  .)  21,79 

C90Hi80Br2 »  ))  11,26 

»  La  poudre  de  zinc  a  donc  pour  effet  de  décomposer  les  acides  gras 
saturés,  d'une  part,  en  acide  carbonique  et  en  eau  (formes  sous  lesquelles 
s'élimine  l'oxygène),  d'autre  part,  en  carbures  dont  la  majeure  partie  est 
constituée  par  un  mélange  de  carbures  éthyléniques,  de  poids  molécu- 
laires et  de  points  d'ébullition  très  élevés.  Pendant  cette  réaction,  les  mo- 
lécules se  scindent  et  se  polymérisent  en  même  temps,  sans  qu'il  semble 
se  manifester  de  prime  abord  aucune  relation  entre  les  matières  pre- 
mières et  les  corps  obtenus.  Mais  il  y  a  là  un  mode  de  préparation  com- 
mode des  carbures  éthyléniques  très  élevés.  Il  conviendra  de  poursuivre 
cette  étude  et  de  l'étendre  aux  acides  gras  non  saturés.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  quelques  corps 
organiques.  Note  de  MM.  A.  Lusiière,  L.  Lumière  et  F.  Perrin,  pré- 
sentée par  M.  Armand  Gautier. 

»  Dans  une  précédente  Communication  ('),  nous  avons  indiqué   les 
propriétés    intéressantes    du    mercure -phénol-disulfonate    de    sodium  ; 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  i45  ;  1901. 


(  636  ) 
cette  combinaison  organométallique  est  obtenue  de  la  façon  suivante  : 

»  On  dissout  une  molécule  de  phénol  disulfonale  de  sodium  dans  cinq  fois  son 
poids  d'eau,  on  porte  à  l'ébullition  et  l'on  ajoute  peu  à  peu  de  l'oxyde  jaune  de  mer- 
cure fraîchement  précipité  et  bien  lavé;  la  dissolution  a  lieu  rapidement,  surtout  au 
début;  elle  cesse  de  s'effectuer  lorsqu'on  a  introduit  dans  le  liquide  une  molécule 
d'oxyde  pour  une  molécule  de  phéuol-disulfonate. 

»  La  liqueur  filtrée  est  concentrée  par  évaporation  au  bain-marie,  puis  traitée  par 
l'alcool  qui  donne  un  abondant  précipité  de  mercure-phénol-disulfonate  de  sodium, 
que  l'on  fait  bouillir  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'alcool  aqueux.  En  dernier  lieu,  la 
substance  est  dissoute  dans  l'eau  et  enfin  précipitée  par  l'alcool,  afin  de  séparer  les 
dernières  portions  de  phénol-disulfonate  de  sodium  qui  n'auraient  pas  été  saturées  par 
l'oxyde  de  mercure. 

»  On  obtient  ainsi  une  poudre  blanche  amorphe,  soluble  dans  l'eau,  ne 
répondant  à  aucune  des  réactions  ordinaires  de  mercure. 

»  Cetle  action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  les  phénols  avait  été  sommai- 
rement signalée  déjà,  pour  le  phénol  ordinaire  ('),  l'acide  salicylique  (-) 
et  le  phénol-parasulfonate  de  potassium  ('),  sans  que  l'on  ait  cherché  à 
établir  la  constitution  de  la  plupart  des  combinaisons  obtenues. 

V  Nous  nous  sommes  assurés  que  toutes  les  substances  qui  possèdent  un 
hydroxyle  phénolique  dissolvent  l'oxyde  de  mercure,  pour  donner  des 
corps  organométalliques  dans  lesquels  les  réactions  du  mercure  sont 
masquées. 

»  Toutefois,  les  phénols  susceptibles  de  s'oxyder  facilement,  tels  que 
les  amidophénols,  subissent  cette  oxydation  et  ne  donnent  pas  les  combi- 
naisons qui  nous  occupent. 

1)  Lorsque  le  phénol  est  éthérifié,  il  ne  réagit  plus;  tel  est  le  cas  de 
l'anisol  et  du  phénétol,  etc.,  l'hydrogène  de  l'hydroxyle  semble  donc  être 
indispensable  à  la  réaction. 

»  D'autre  part,  lorsque  les  positions  ortho  et  para  sont  occupées,  la 
dissolution  de  l'oxyde  de  mercure  ne  peut  plus  s'effectuer;  le  sel  de 
sodium  du  trinitrophénol,  le  trichlorophénol  symétrique,  par  exemple,  ne 
sont  pas  susceptibles  de  fournir  des  corps  dans  lesquels  le  métal  se  trouve 
dissimulé. 

w  L'insolubilité  du  mercure-phénol-disulfonate  de  sodium,  dans  les  dis- 


(')  DeilsLeiii,  t.  II,  p.  65i. 

(^)   Comptes  rendus,  t.  CXVI,  p.  !\[\;  1898. 

(')  Annales  de  Merk,  1899. 


(637  ) 
solvants  organiques,  n'a  pas  permis  d'en  déterminer  le  poids  moléculaire 
par  la  cryoscopie  ou  rébullioscopie. 

»  Nous  avons  aussi  préparé,  par  ce  procédé,  le  mercure-gaïacol-sulfonate 
de  sodium,  dont  les  propriétés  sont  analogues  à  celles  du  corps  précédent. 

»  En  nous  basant  sur  ces  remarques  et  sur  le  résultat  de  nos  analyses, 
nous  avons  cherché  à  établir  la  constitution  de  ces  combinaisons.  On  peut 
faire  à  ce  sujet  deux  hypothèses,  qui  s'accordent  avec  les  remarques  ci- 
dessus;  elles  correspondent,  pour  le  mercure-phénol-disulfonate  de  so- 
dium, aux  formules  suivantes  : 

»  Ces  formules  ne  diffèrent,  au  point  de  vue  de  la  composition  centé- 
simale, que  par  un  hydrogène  en  plus  dans  la  formule  double.  Prenant 
cette  dernière  comme  base,  voici  les  résultats  de  l'analyse  : 

Calculé C  =  i4,48       lIg  =  4o)24       S=:i2,97       Na=:9,25 

Trouvé C=:i5,23       Hg  =  4o,73       S  =  i2,65       Na=:9,73 

Dans  le  cas  du  mercure-gaïacol-sulfonate  de  sodium  l'analyse  a  donné  les 
chiffres  suivants  que  nous  rapprochons  de  ceux  qui  répondent  aux  mêmes 
hypotlièses  : 

Calculé C=  19,76       Hg  =  47,o5       8  =  7,52       Nar=5,4i 

Trouvé C:=2o,32       Hg=r47)6o       S=7,79       Na  =  5,io 

»  De  nouvelles  expériences,  que  nous  avons  entreprises,  sont  encore 
nécessaires  pour  fixer  définitivement  la  constitution  de  ces  composés  qui 
paraissent  présenter  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  de  leurs  appli- 
cations.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  une  nouvelle  préparation  du  lerpinéol. 
Noie  de  M.  P.  Genvkesse. 

(i  L'étude  des  réactions  produites  par  les  vapeurs  nitreuses  et  le  per- 
oxyde d'azote  sur  les  terpènes  nous  a  amené  à  rechercher  l'action  de 
l'acide  azoteux  sur  ces  mêmes  composés. 

C.  R.,  190.,  1"  Semeslre.  (T.  CXXXII,  N"  10.)  82 


(  638  ) 

)i  La  méthode  que  nous  avons  suivie  nous  a  conduit  à  la  préparation 
en  graiiii  du  lerpinéol,  à  partir  du  |)inène,  sans  passer  parla  terpine. 

»  Le  produit  obtenu  est  actif  sur  la  lumière  polarisée.  Le  limonène, 
traité  dans  les  mêmes  conditions,  ne  nous  a  rien  donné. 

»  Préparation  du  terpinéol.  —  Nous  préparons  d'abord  l'acide  nitreux  en  traitant, 
dans  les  conditions  ordinaires,  l'amidon  par  l'acide  azotique  de  densité  égale  à  i,35. 
Les  vapeurs  nilreuses  obtenues  passent  d'abord  dans  un  flacon  entouré  de  glace,  où 
se  condensent  l'eau  et  l'acide  nitrique  entraînés,  ainsi  qu'une  partie  des  vapeurs 
nitreuses,  ces  dernières  en  assez  petite  petite  quantité;  le  reste  arrive  dans  un  flacon 
taré,  contenant  de  leau  distillée  et  entouré  de  glace.  Nous  obtenons  ainsi  une  solution 
d'acide  nitreux,  ne  contenant  pour  ainsi  dire  pas  d'acide  azotique. 

»  Nous  y  ajoutons  de  l'alcool  et  du  pinène. 

»  ^'oici  les  proportions  que  nous  employons  :  loos""  d'acide  nitreux  dissous  dans 
ioqS'  d'eau,  4oo6''  d'alcool  à  gS  et  4ooS''  de  pinène.  11  est  bon  de  refroidir  quand  on 
fait  le  mélange,  qui  s'échauff"e.  On  abandonne  ensuite  le  tout  à  lui-même,  en  agitant 
de  temps  en  temps;  au  bout  de  huit  jours,  nous  avons  constaté  qu'environ  le  dixième 
du  pinène  s'était  transformé  en  terpinéol  ;  mais  cette  transformation  est  fonction  du 
temps  et,  si  l'on  attend  deux  mois,  la  réaction  a  atteint  les  deux  tiers  du  terpène. 

»  On  entraîne  ensuite  par  la  vapeur  d'eau  ;  l'alcool  passe  d'abord  avec  un  peu  d'es- 
sence, ensuite  un  mélange  de  terpinéol  et  de  pinène  et  enfin  du  terpinéol.  On  aura  une 
nouvelle  quantité  de  ce  dernier  corps  en  soumettant  le  mélange  de  terpinéol  et  de 
pinène  à  un  nouvel  entraînement. 

»  Le  terpinéol  ainsi  obtenu  est  souillé  de  produits  azotés  et  peut-être  aussi  d'autres 
produits.  On  le  sèche  sur  du  chlorure  de  calcium,  on  le  distille  dans  le  vide  et  l'on 
recueille  ce  qui  passe  de  iio°  à  i25°  sous  la  pression  de  i5""";le  produit  ainsi  obtenu 
sent  déjà  très  bon,  mais  ce  n'est  pas  encore  du  terpinéol  pur.  On  le  traite  ensuite, 
suivant  le  procédé  de  M.  Duyk,  par  une  solution  concentrée  de  salicylate  de  sodium, 
qui  dissout  l'alcool  et  laisse  les  produits  étrangers;  une  nouvelle  rectification  sous 
pression  réduite  donne  un  liquide  d'une  odeur  franche  et  nette  de  terpinéol;  le  ren- 
dement est  d'environ  7.5  pour  100  du  pinène  transformé. 

»  Nous  avons  analj'sé  ce  corps  et  pris  son  poids  moléculaire;  les  résultats  obtenus 
conduisent  à  la  formule  C"H'°0,  qui  est  celle  du  terpinéol. 

»  Traité  par  un  germe  de  terpinéol  cristallisé,  il  cristallise  à  son  tour,  mais  très 
lentement.  Les  cristaux  ainsi  obtenus  fondent  à  33",  comme  le  terpinéol  sur  le(|nel 
M.  Wallach  a  fait  ses  importants  travaux. 

)>  Il  agit  sur  la  lumière  polarisée  ;  sa  déviation  pour  la  raie  D  est  «d  =  —  3o°53'  à  la 
température  de  22°. 

»  La  densité  à  l'état  liquide  est  de  0,960  à  18°,  son  indice  de  réfraction  n^  =  1,476 
à  la  même  tempérai ure,  ce  qui  donne  pour  la  réfraction  moléculaire  de  ce  corps  le 
nombre  45, 612.  La  réfraction  moléculaire  théorique  du  terpinéol  est,  en  admettant  la 
double  liaison,  45,82.  Si,  du  reste,  on  traite  le  corps  précédent  par  le  brome,  on  voit 
également  qu'il  existe  dans  la  molécule  une  double  liaison. 

»  Nous  avons  continué  d'identifier  le  produit  précédent  avec  le  terpinéol,  en  faisant 
son  nitrosochlorure  d'après  la  méthode  de  M.  Wallach.   Nous  l'avons  même  obtenu 


(  639  ) 

assez  pur  pour  pouvoir  prendre  son  point  de  fusion,  qui  est  de  83",  point  de  fusion 
que  nous  n'avons  vu  donné  nulle  part. 

»  Enfin,  traité  par  l'acide  bromhjdrique,  il  donne  l'a-dibromliydrate  de  dipenlène, 
très  bien  cristallisé,  fondant  à  58°  et  dont  nous  avons  fait  l'analyse  complète.  Nous 
avons  du  reste  fait  une  expérience  comparative  avec  le  terpinéol. 

»  Nous  devons  donc  admettre  que  le  produit  que  nous  avons  obtenu  est  bien  du 
terpinéol. 

»  Nous  avons  répété  les  expériences  précédentes  avec  l'australène. 

»  Suivant  nos  prévisions,  nous  avons  obtenu  du  terpinéol  droit;  il  a 
pour  pouvoir  rotatoire  «j,=  -i-5°,  à  la  température  de  20°;  le  point  de  fusion, 
l'indice  de  réfraction  et  la  densité  sont  les  mêmes  que  celles  de  l'alcool 
précédent.   » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Nouveaux  caractères  de  l'excitation  électrique 
brève  transmise  par  le  nerj .  Note  de  M.  Acg.  Charpentier,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

«  Dans  une  Note  précédente  (18  février),  j'ai  appelé  l'attention  sur  un 
phénomène  électrique  particulier,  généralement  oscillatoire,  consécutif  à 
l'excitation  unipolaire  brève  d'un  nerf,  se  propageant  le  long  de  cet  organe 
avec  la  vitesse  de  l'agent  nerveux,  et  pouvant  être  transmis  à  un  second 
nerf  par  un  conducteur  métallique  et  le  mettre  en  état  d'excitation. 

»  Ce  phénomène  électrique  est  indépendant  de  la  conduction  propre- 
ment dite,  qui  se  fait  par  le  cordon  nerveux  dans  les  mêmes  conditions 
que  par  un  corps  humide  d'une  assez  grande  résistance  (résistance  que 
j'ai  trouvée  voisine  de  100  000  ohms  par  centimètre  ('). 

»  Cette  double  conduction,  l'une  rapide,  l'autre  lente,  que  j'ai  dissociée 
expérimentalement,  est  assez  difficile  à  interpréter.  On  peut,  cependant, 
faire  l'hypothèse  que  la  conduction  rapide  a  lieu  par  l'intermédiaire  de  la 
surface  ou  plutôt  des  gaines  nerveuses,  lesquelles  n'ont  dans  la  physio- 
logie de  l'organe  qu'un  rôle  protecteur,  tandis  que  la  conduction  lente 
tiendrait  à  l'intervention  des  cylindres-axes,  c'est-à-dire  de  la  matière  ner- 
veuse proprement  dite. 

»  Et,  par  le  fait,  on  connaît  déjà  une  réaction  électrique  de  celte  matière 
nerveuse  en  état  de  fonctionnement;  c'est  la  variation  négative  du  courant 

(')  Archives  de  Physiologie;  1894. 


(  64o  ) 
de  repos,  d'après  laquelle  un  point  excité  du  nerf  devient  négatif  et  transmet 
à  distance  une  onde  négative  qui  chemine  avecla  vitesse  de  l'agent  nerveux. 
Cette  variation  négative  donne  lieu  à  un  courant  momentané  qui  a  pu  servir 
à  exciter  bipolairement  un  autre  nerf  (patte  galvanoscopique). 

»  Notre  phénomène  de  la  conduction  lente  unipolaire  doit  évidemment 
offrir  un  rapport  externe  avec  la  variation  négative,  qui  se  produit  dans  des 
conditions  analogues  et  chemine  avec  la  même  vitesse.  Mais  on  ne  saurait 
identifier  absolument  les  deux  phénomènes  pour  les  raisons  suivantes  : 

»  1°  La  conduction  lente  peut  transmettre  des  excitations  plus  intenses 
que  le  maximum  d'excitation  dû  à  vme  variation  négative. 

»  2"  La  variation  négative,  étudiée  ])ipolairement  jusqu'ici,  n'a  été 
obtenue  que  sur  des  nerfs  excisés  ou  tout  au  moins  sectionnés  en  partie, 
tandis  que  la  conduction  lente  se  manifesteaussifacilement  sur  le  nerf  frais 
et  en  place. 

))  3°  La  variation  négative  se  termine  simplement  par  le  retour  à  l'état 
électrique  primitif;  dans  la  conduction  lente,  ce  retour  est  généralement 
oscillatoire,  c'est-à-dire  que  le  phénomène  initial  (si  tant  est  qu'il  corres- 
ponde toujours  à  un  état  négatif,  ce  que  je  ne  suis  pas  en  mesure  d'affirmer) 
est  suivi  alors  d'alternatives  électriques  probablement  de  sens  opposés. 

»  Je  (Ws probablement,  en  me  basant  sur  les  faits  d'ordre  physiologique 
décrits  dans  ma  dernière  Note,  lesquels  consistent  en  une  série  d'exci- 
tations périodiques  dissociables  du  second  nerf.  Mais  nous  pouvons  faire 
un  pas  de  plus,  et  affirmer  que  ces  successions  alternatives  d'état  négatif 
et  d'état  positif  existent  réellement  dans  l'excitation  transmise  à  ce  nerf. 

«  C'est  ce  que  m'a  montré  l'élude  physique  du  courant  transmis.  En  eflel,  si,  au 
lieu  de  faire  aboutir  à  un  second  nerf  ou  nerf  témoin  le  conducteur  métallique  qui 
précédemment  devait  recueillir  l'excitation  ayant  parcouru  le  premier  nerf,  on  relie 
ce  conducteur  à  l'une  des  bornes  d'un  galvanomètre  balistique  très  sensible  (boussole 
Wiedemann-d'Arsonval)  et  si  l'on  met  l'autre  borne  à  la  terre,  on  observe  réellement 
en  décomposant  le  phénomène,  des  impulsions  successives  de  l'aiguille  dans  les  deu\ 
sens;  ces  impulsions  sont  sensiblement  périodiques  et  se  produisent  corrélativement 
aux  alternatives  de  contraction  et  de  repos  constatées  dans  la  patte  galvanoscopique; 
seulement,  comme  la  durée  de  chacune  d'elles  est  de  l'ordre  du  ^ôoTo  *^®  seconde,  on 
ne  les  observe  au  galvanomètre  que  si  elles  sont  dissociées  dans  le  temps,  c'est-à-dire 
en  établissant  la  communication  avec  le  galvanomètre  pendant  un  temps  très  couit  et 
il  des  moments  de  plus  en  plus  éloignés  de  l'excitation. 

>i  Les  mêmes  observations  ont  été  répétées  à  l'aide  de  l'électromèlre  Jjippniann,  l'une 
des  bornes  étanl  à  la  terre  et  l'autre  borne  en  communication  avec  le  nerf  directement 
excité. 


(  G4-'  ) 
»  Nous  aurons  à  revenir  sur  l'étude  de  ces  oscillations,  doni  il  importait 
fivant  tout  de  bien  établir  la  nature  électrique.  Ce  que  je  veux  indiquer 
aujourd'hui,  c'est  que,  si  parfois  elles  paraissent  faire  défaut  avec  l'unedes 
méthodes  précédentes,  il  ne  faut  pas  nécessairement  en  conclure  à  leur 
absence,  la  méthode  électrométrique  pouvant  se  montrer  plus  efficace  que 
la  méthode  physiologique,  suivant  des  conditions  encore  mal  déterminées. 
Il  en  est  de  même  pour  leur  nombre  apparent,  qui  peut  être  très  variable.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  ConirlhiUion  à  l'élude  psycho-physiologique  (les  actes  vitaux 
en  l'absence  totale  du  cerveau  chez  un  enfant.  Note  de  MM.  W.  Vasciiide 
et  Cl.  Vurpas. 

«  Le  hasard  ayant  fourni  à  notre  observation  un  cas  d'anencéphalie, 
nous  avons  profilé  de  celle  expérience  de  physiologie  réalisée  par  la  nature 
chez  l'homme  à  sa  naissance,  pour  entreprendre  des  recherches  expéri- 
mentales (le  psycho-physiologie,  corroborées  par  un  examen  nécropsique. 
»  Pour  suivre  un  plan  conforme  aux  recherches  des  laboratoires  de 
Physiologie,  nous  décrirons  d'abord  l'état  anatomique  du  système  nerveux. 

»  Jj'aulopsie  nous  montie  l'aljsence  de  la  calotte  crânienne,  et  à  la  place  une  petite 
tumeur  kystique,  divisée  en  plusieurs  cavités  contenant  un  liquide  jaune  citron. 
L'excision  de  celte  tumeur  conduit  sur  le  système  nerveux  central,  qui  se  compose 
uniquement  du  bulbe,  de  la  protubérance  sans  les  fibres  arciformes  ni  las  pédoncules 
cérébelleux,  probablement  de  rudiments  des  tubercules  quadrijumeaux. 

»  En  avant  de  la  masse  nerveuse,  on  voit  un  tissu  lardacé,  rougeâtre,  dur  à  la 
coupe.  Le  plancher  du  quatrième  ventricule  est  à  découvert.  Une  simple  bande  con- 
jonctive Je  recouvre.  A  sa  partie  supérieure,  on  remarque  un  petit  pertuis  qui  semble 
continuer  l'aqueduc  de  Sylvius.  Immédiatement  en  avant,  la  substance  nerveuse  pré- 
sente quatre  éminences  blanchâtres,  qui  font  penser  à  des  tubercules  quadrijumeaux 
rudimentaires.  Absence  complète  de  cervelet  et  d'hémisphères  cérébraux.  A  la  face 
ventrale,  les  artères  vertébrales  se  réunissent  pour  former  le  tronc  basilaire  qui,  à  sa 
jiartie  supi'rieure,  donne  naissance  aux  deux  cérébrales  postérieures.  Ces  dernières 
forment  la  limite  antérieure  du  tissu  nerveux. 

»  Deux  filets  blanchâtres,  qui  ne  sont  autres  que  les  moteurs  oculaires  externes,  se 
dirigent  en  avant  et  côtoient  le  tronc  basilaire.  Au-dessous,  on  voit  l'émergence  de  la 
XII"  paire;  en  dehors,  le  groupe  des  ¥11"=  et  VIII"  et  les  nerfs  vago-spinaux.  La  moelle 
paraît  normale,  ainsi  que  les  ganglions  rachidiens.  L'ouverture  de  l'œil  nous  a  laissé 
voir  une  membrane  rappelant  en  tous  points,  microscopiquement  au  moins,  la  descrip- 
tion que  les  auteurs  donnent  de  la  rétine.  On  observait  également  un  bout  du  nerf 
optique. 


(642  ) 

»  Cet  enfant,  du  sexe  masculin,  naquit  dix  mois  après  la  conception.  Il  vint  en  état 
de  mort  apparente.  Des  bains  chauds  et  des  frictions  énergiques  sur  le  corps  le  rani- 
mèrent. Il  vécut  trente-neuf  heures. 

»  A  sa  naissance,  il  pesait  2''s,620.  Les  membres,  les  mains  et  les  pieds  en  parLicu- 
lier,  étaient  plus  longs  et  plus  gros  que  normalement.  Le  côté  droit  du  corps  était 
sensiblement  plus  gros  que  le  côté  gauche.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  préciser 
par  de^  mesures  ce  que  nous  avançons,  mais  les  conditions  de  l'expérience  ont  été 
semées  de  tant  de  difficultés  qu'il  nous  a  été  impossible  de  le  faire. 

»  Nous  avons  fait  une  étude  minutieuse  des  phénomènes  respiratoires  et  circula- 
toires, ainsi  que  de  l'état  moteur,  des  diverses  sensibilités  et  des  principales  manifes- 
tations psychiques. 

»  La  température  rectale  se  maintenait  à  28".  Tout  le  corps  était  froid,  et  il  était 
très  difficile  de  réchauffer  le  sujet.  La  respiration,  dont  nous  avons  recueilli  des  gra- 
phiques, revêtait  le  type  très  net  de  Scheyne-Stockes,  variable  d'ailleurs  d'intensité  et 
d'aspect  sur  le  tracé.  Le  nombre  des  respirations  était  en  moyenne  de  neuf  par  minute. 

»  Le  pouls  était  à  cent  trente-huit  pulsations  à  la  minute.  Le  cœur  battait  plus  ra- 
pidement au  moment  de  la  jjériode  inspiratoire  et  l'auscultation  faisait  entendre,  à  ce 
momenl,  quelques  faux  pas.  Les  périodes  apnéiques  et  dyspnéiques  ne  produisaient 
aucune  modification  pupillaire. 

»  Les  téguments  étaient  cyanoses;  une  pression  même  très  légère  à  leur  surface 
provoquait  une  couleur  blanc  pâle  de  la  peau,  tranchant  sur  le  fond  généralement 
violacé,  qui  disparaissait  très  rapidement  après  la  cessation  de  l'attouchement. 

»  Les  réflexes  patellaires  étaient  difficiles  à  étudier,  en  raison  de  la  contraction  et  de 
la  raideur  des  membres;  ceux  de  l'avant-bras  étaient  exagérés.  Les  réflexes  idio-mus- 
culaires  existaient. 

»  Du  côté  de  l'œil^  il  y  avait  un  exorbilisme  très  apparent,  une  teinte  terne  et 
vitreuse  de  la  cornée,  un  strabisme  externe  exagéré  au  point  de  cacher  la  pupille 
derrière  les  commissures  oculaires  externes,  une  dilatation  considérable  des  pupilles, 
surtout  marquée  à  droite.  On  notait  de  l'immobilité  pupillaire  et  l'absence  de  réflexe 
irien  à  une  lumière  même  intense. 

»  L'enfant  présenta,  vingt  heures  après  sa  naissance,  des  attaques  convulsives 
à  début  jacksonien,  commençant  par  le  membre  supérieur  gauche  et  se  généralisant 
rapidement  pour  revêtir  bientôt  le  type  épileptoïde  avec  miction  à  la  fin  delà  crise. 

»  Les  réactions  de  défense  aux  impressions  tactiles  (chatouille  de  la  plante  des 
pieds),  douloureuses  (piqûres),  thermiques  étaient  très  nettes. 

»  Il  y  avait  des  mouvements  concordants  du  corps  et  des  réflexes  associés  {flexion 
des  jambes,  reirait  du  corps  pour  fuir  une  sensation  désagréable,  succion, 
déglutition). 

»  La  gustation  semblait  abolie;  pas  de  réaction  lorsque  l'on  déposait  du  bromhy- 
drate  de  quinine  sur  la  langue, 

»  Pour  l'odorat,  un  flacon  de  camphre  placé  sous  le  nez  ne  produisait  rien;  un 
flacon  d'ammoniaque  pur  amenait  nettement  un  rejet  de  la  tête  en  arrière. 

»  Un  bruit  intense,  une  lumière  vive,  ne  provoquaient  aucun  changement  d'atti- 
tude ni  aucun  réflexe. 

»  L'enfant  faisait  entendre  parfois  quelques  cris  peu  prolongés,  mais  il  n'y  avait 


(  643  ) 

pas  de  pleurs  véritables.  On  relevait  aussi  l'existence  de  mouvements  spontanés.  Sou- 
vent le  sujet  restait  complètement  immobile  dans  son  lit,  malgré  sa  respiration  diffi- 
cile. Il  ne  semble  pas  que  l'on  ait  affaire  ici  à  un  véritable  sommeil. 

»  Au  moment  de  la  mort,  l'enfant,  la  bouche  grande  ouverte,  était  en  proie  à  des 
troubles  dyspnéiques  et  à  des  phénomènes  de  suffocation. 

»  L'examen  histologique  complet  de  tout  le  système  nerveux  central  sera  donné 
avec  plus  amples  détails  dans  un  travail  ultérieur. 

»  En  résumé,  l'abaissement  notable  de  la  température,  compatible  avec 
une  survie  de  trente-neuf  heures,  la  rapidité  concomitante  du  pouls,  la  res- 
piration remarquablement  ralentie  et  à  type  de  Scheyne-Stockes,  montrent 
l'importance  et  le  rôle  des  hémisphères  cérébraux  dans  la  circulation,  la 
respiration,  la  calorification. 

»  Les  réflexes  soit  simples,  soit  surtout  associés,  la  coordination  des 
mouvements  même  compliqués,  les  sensibilités  tactile,  musculaire,  ther- 
mique, la  sensibilité  à  la  douleur,  saisies  par  les  réactions  de  défense, 
existent  déjà  à  la  naissance  en  dehors  de  l'action  du  cerveau  et  du  cervelet, 
dont  l'absence  est  suivie  de  crises  convulsives.  » 


ZOOLOGIE.  —  Observations  nouvelles  sur  les  Bathynomus,  Isopodes 
gigantesques  des  grands  fonds.  Note  de  M.  E.-L.  Bouvier,  présentée 
par  M.  Filhol. 

«  Parmi  les  nouveautés  zoologiques  découvertes  par  M.  Alexandre 
Agassiz  dans  les  profondeurs  de  la  mer  Caraïbe,  au  cours  des  campagnes 
du  Blake,  il  convient  de  citer  un  énorme  Isopode  que  M.  A.  Milne-Edwards 
a  succinctement  décrit,  en  1879,  sous  le  nom  de  Bathynomus  giganteus 
et  qui  a  été  figuré  par  M.  Filhol  dans  son  Ouvrage  sur  la  Vie  au  fond  des 
mers.  Comme  beaucoup  d'espèces  abyssales,  ce  remarquable  Crustacé 
présente  une  aire  géographique  des  plus  étendues,  car  on  le  retrouve  dans 
le  golfe  de  Bengale,  où  il  a  été  capturé  par  Vinvestigator. 

«  Au  Japon,  il  est  représenté  par  une  espèce  plus  réduite,  le  B.  Dôder- 
/emi  (Ortmann),  que  M.  le  professeur  Doderlein  a  rapporté  d'Enosliima,  et 
qui  compte  actuellement  parmi  les  pièces  rares  du  Musée  de  Strasbourg. 
Grâce  à  l'obligeance  de  MM.  Agassiz  et  Doderlein,  auxquels  je  suis  heu- 
reux d'adresser  mes  remercîments,  j'ai  pu  comparer  ntiinutieusement  les 
exemplaires  types  des  deux  espèces,  et  en  tirer  quelques  observations 
dignes  d'intérêt. 


(  «'4  ) 

»  1°  Adaptai  ion  en  rapport  avec  la  taille.  —  Tandis  que  ies  antres  ïsopodes 
du  même  i^roupe  (Cirolanidés)  mesurent  au  plus  o",02  à  o™,o3  de  longueur, 
le  B.  Dôderleini  atteint  o'",  lo  à  o'",  12  et  le  type  du  B.  giganleus  o^.a'i  de 
longueur  sur  o™,  10  de  largeur.  Malgré  ses  dimensions  peu  ordinaires,  ce 
dernier  n'est  pas  encore  adulte,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en  convaincre  en  le  com- 
parant à  deux  exemplaires  mâles  de  B.  Dôderleini;  il  présente  comme  eux 
deux  courtes  verges,  déjà  représentées  par  M.  Filhol,  mais  il  est  dépourvu 
de  la  tigellecopulatrice  normale  qu'on  trouve  bien  développée  sur  le  bord 
interne  des  pléopodes  de  la  deuxième  paire  dans  le  B.  Dôderleini.  La  taille 
de  l'adulte  doit  donc  être  véritablement  démesurée. 

»  Chez  les  ïsopodes  normaux,  les  lames  endopodiales  des  cinq  paires  de 
pléopodes  suffisent  aux  besoins  de  la  respiration;  mais  si  l'on  songe  que 
l'accroissement  en  surface  d'un  animal  augmente  sensiblement  en  raison 
du  carré  de  la  taille  et  l'accroissement  volumétrique  en  raison  du  cube,  on 
conçoit  que  les  lames  respiratoires  des  ïsopodes  normaux  ne  suffisent  pas  à 
un  être  quatre  fois  plusgrand,  comme  le^.  Dôderleini,  an  neuf  fois  au  moins, 
coi\imQ\G  B .  giganteiis .  kus^i  les  Bathynomes  sont-ils  m  unis  de  houppes  bran- 
chiales qui  n'existent  pas  dans  les  ïsopodes  non  parasites.  Ces  houppes  ne 
prennent  pas  naissance,  comme  on  l'a  cru  jusqu'ici,  à  la  base  des  pléopodes, 
mais  sur  les  bords  antérieur  et  externe  de  leur  endopodite;  elles  s'en  déta- 
chent sous  la  forme  de  pédoncules  nouibreux  et  richement  ramifiés  qui  dé- 
bordentun  peu  sur  la  face  antérieure  et  s'étalent  surtout  du  côté  postérieur 
de  la  lame  ;  ces  arborescences  sont  particulièrement  grandes  sur  les  pléo- 
podes postérieurs.  Dans  le  B.  Dôderleini,  elles  sont  moins  rameuses  et  moins 
touffues  que  dans  le  B.  gigartteus,  l'animal  qui  les  porte  étant  de  plus  faible 
taille.  Il  semble  dotic  bien,  comme  le  disait  A.  Milne-Edwarils,  «  que  l'ap- 
»  pareil  respiratoire  d'un  Isopode  ordinaire  aurait  été  insuffisant  pour 
»   subvenir  aux  besoiiis  physiologiques  des  gigantesques  Bathvnomes   ». 

»  2°  Adaptation  à  la  vie  abyssale.  —  Tandis  que  les  ïsopodes  ordinaires 
ont  au  plus,  dans  chaque  œil,  3o  à  4o  ocelles  qui  mesurent  8  à  10  centièmes 
de  millimètre  de  diamètre,  le  B.  giganleus  en  a  près  de  3ooo  dont  la  sur- 
face est  presque  double.  Cet  accroissement  démesuré  de  l'œil  n'est  nulle- 
ment un  effet  de  l'augmentation  de  taille,  car  le  B.  Dôderleini -a  des  ocelles 
presque  aussi  grands  et  aussi  nombreux  que  le  B.  giganteus;  il  est  tout 
entier  le  résultat  d'une  adaptation  à  la  vie  abyssale.  Afin  de  recueillir  eu 
plus  grand  nombre  les  faibles  rayons  phosphorescents  qui  éclairent  le 
fond  des  mers,  les  yeux  des  Bathynomes  se  sont  largement  agrandis  et 
ressemblent  eu  cela  aux  yeux  des   Galathéides  abyssaux  (Munida),  chez 


(  645  ) 

lesquels  le  défaut  de  clarté  des  grands  fonds  n'a  pas  enrore  produit  la 
cécité. 

»  3°  Segmentation  des  appendices.  —  En  raison  de  leur  grande  taille,  les 
Bathynomes  se  prêtent  mieux  que  les  Isopodes  ordinaires  à  des  observa- 
tions morphologiques  précises.  Dans  les  deux  espèces,  j'ai  pu  constater  que 
le  sympodite  des  pléopodes  compte  toujours  trois  articles,  qu'il  en  est  de 
même  pour  la  hampe  des  antennules  et  qu'un  rudiment  de  fouet  accessoire 
existe  au  sommet  de  cette  hampe.  La  présence  de  ce  fouet  accessoire  est 
un  caractère  primitif  qui  rapproche  les  Bathynomes,  et  par  suite  les  Ciro- 
lanidés,  du  groupe  des  Anisopodes. 

»  La  découverte  de  trois  articles  dans  la  hampe  de  plusieurs  appendices 
des  Bathynomes  justifie  les  vues  de  M.  H.-J.  Hansen  sur  la  structure  des 
pattes  des  Crustacés.  En  fait,  les  appendices  de  ces  animaux,  et  sans  doute 
aussi  ceux  des  autres  Arthropodes,  ont  un  nombre  d'articles  supérieur 
d'une  unité  à  celui  qu'on  a  çoulunie  de  leur  attribuer.  Tantôt  l'article 
méconnu  reste  indépendant,  tantôt  il  s'atrophie,  souvent  il  prend  part  à  la 
formation  des  parois  du  corps,  soit  seul,  soit  réuni  avec  le  suivant;  la  pièce 
pleurale  ainsi  constituée  correspond  par  sa  position  aux  épisternites 
de  Henri  Milne-Edwards;  c'est  elle  qui  porte  les  pleurobranchies  chez  les 
Crustacés  décapodes.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la.  Sensibilité  des  végétaux  supérieurs  à  des 
doses  très  faibles  de  substances  toxiques.  Note  de  M.  Henri  Coupi.v,  pré- 
sentée par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  ses  belles  recherches  sur  la  végétation  du  Sterigmatocystis  nigra, 
Raulin  a  montré  que  ce  champignon  est  très  sensible  à  l'action  des 
substances  toxiques.  C'est  ainsi  que,  pour  lui. 

Le  nitrate  d'argent  est  encore  vénéneux  à  la  dose  de  jeoiooo  du  poids  du  liquide, 

Le  chlorure  de  mercure  »  . , .'    „  „ 

Le  chlorure  de  platine  »  Tèwâ  » 

Le  chlorure  de  cuivre  «    »  -^  „ 

»  Ces  faits  étant  bien  établis,  il  était  intéressant  de  voir  si  les  végétaux 
supérieurs  manifestent,  à  l'égard  des  agents  toxiques,  une  sensibilité  aussi 
grande.  C'est  la  question  que  j'ai  cherché  à  résoudre,  en  prenant  comme 
matériaux  d'études  déjeunes  plantules  de  blé  de  Bordeaux.  Ces  plantules, 

C.  R.,  igoi,    1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°   10.)  83 


(  646  ) 

mises  dans  l'eau  parfaitement  distillée,  donnent  naissance  à  de  très  longues 
racines,  pouvant  atteindre  plus  de  o^jSo.  Au  contraire,  mises  dans  une 
solution  toxique,  ou  bien  ces  racines  sont  tuées,  ou  bien  leur  croissance  est 
considérablement  diminuée;  il  suffit  parfois,  comme  on  va  le  voir, 
de  traces  de  ces  substances  pour  obtenir  des  racines  rabougries.  Récipro- 
quement, quand  un  grain  de  blé,  mis  à  germer  dans  un  liquide,  donne  dos 
racines  <le  faible  longueur,  on  peut  en  déduire  que  ce  dernier  contient  des 
molécules  toxiques.  Partant  de  ce  principe,  j'ai  fait  une  série  de  solutions 
de  plus  en  plus  diluées  d'une  même  substance  dans  de  l'eau  distillée,  et  j'ai 
noté,  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  par  exemple,  la  longueur  des 
racines  du  blé  que  l'on  y  avait  mis  à  germer.  J'ai  ainsi  constaté,  comme 
limite  des  doses  auxquelles  l'action  nocive  se  faiî  encore  sentir,  les  chiffres 
suivants,  pour  les  divers  sels  : 


Sulfate  de  cuivre  ('  ).  . 
Bichlorure  de  mercure  . 
Clilorure  de  cadmium . 
Sulfate  d'argent 


Nitrate  d'argent 

Chlorure  de  palladium 

Nitrate  de  plomb 

Sulfate  d'aluminium 

Sulfate  de  zinc 

Permanganate  de  potassium. 

Nitrate  de  manganèse 

Chlorure  de  lithium 

Chlorure  d'aluminium 


700  000  000 

30  000  000 

10  000  000 

2  000  000 

1  000  000 

500  000 

100  000 

lodure  de  magnésium  , 


1  51000 
1 

13  0  0  0 

1 

1  2  000 
1 

10  000 

1 

10  000 

Chlorure  de  baryum  . 
lodure  de  calcium  .  .  . 
Azotate  de  strontium. 
Azotate  de  lithium. .  . 
Azotate  de  baryum  .  . 
Sulfate  de  lithium  ._.  . 
Acétate  de  sodium. .  . 


10  00  0 


1 


Acétate  de  magnésium. 

Borate  de  sodium 

Acétate  de  baryum 

Chlorure  de  manganèse 
Bromure  de  calcium. . .  . 
Chlorure  de  calcium  .  .  . 


10  000 

1 

6000 

1 
5000 

1 
4  200 

1 
It   000 

1 

2000 

1 
2000 

1 
16  00 

1 
10  00 

1 

1000 

1 

400 


(')  Cette  sensibilité  des  plantules  aux  sels  de  cuivre  est  telle  que  leurs  racines 
restent  courtes  dans  l'eau  distillée  du  commerce,  laquelle  est  faite,  en  général,  dans  un 
alambic  de  cuivre.  Le  même  phénomène  se  produit  lorsqu'on  les  fait  germer  dans  de 
l'eau  distillée  à  l'alambic  de  verre  et  qu'on  les  soutient  à  la  surface  du  liquide  à  l'aide 
d'épingles  en  laiton  :  c'est  ce  fait,  insignifiant  en  apparence,  qui  a  fait  croire  à 
quelques  auteurs  que  l'eau  distillée  était  toxique  par  elle-même.  Nous  avons  rédigé, 
sur  ce  sujet,  un  Mémoire  qui  a  été  communiqué  à  V Association  française  pour  l'avan- 
cement des  Sciences  (Congrès  de  Paris,  août  1900),  mais  qui  n'est  pas  encore  paru; 
c'est  ce  qui  e.vplique  que  MM.  Dehérain  et  Demoussy  n'en  ont  pas  eu  connaissance  avant 
leur  intéressante  Communication  à  l'Académie  du  4  mars  1901,  Communication  dans 
laquelle  ils  arrivent  aux  mêmes  conclusions  que  moi.  Remarquons  toutefois  que 
la  partie  essentielle  de  ce  Mémoire  avait  paru  dans  la  Nature  du  18  février  1900. 

Notons  aussi  que  le  mercure,  à  l'état  métallique,  n'a  pas  une  action  analogue  :  les 


(  6.47  ^ 

»  Dans  les  proportions  indiquées  ci-dessus,  je  le  répète,  les  substances 
toxiques  ne  tuent  pas  les  plantules,  mais  agissent  d'une  manière  défavo- 
rable sur  la  croissance  de  leurs  racines. 

»  On  voit  que  la  plupart  de  ces  doses  sont  extrêmement  faibles.  Elles 
font  penser  que  la  présence  d'éléments  toxiques  dans  le  sol,  même  en 
quantité  infinitésimale,  peut  agir  sur  la  flore  d'un  pays.  C'est  un  point  qui 
n'a  pas  encore  été  abordé  et  sur  lequel  j'attire  l'attention  :  il  intéresse 
autant  la  pratique  agricole  que  la  physiologie  végétale. 

»  En  résumé,  la  conclusion  qui  se  dégage  de  cette  étude  est  que  les 
plantes  supérieures,  tout  autant  et  même  souvent  plus  que  les  cham- 
pignons inférieurs,  permettent  d'apprécier  la  présence  de  substances 
toxiques,  l'argent,  le  mercure,  le  cuivre,  le  cadmium,  par  exemple,  à  une 
dose  où  l'analyse  chimique  est  impuissante  à  la  manifester.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  anatomiques  sur  ïaoûtement  des 
sarments  de  vigne.  Note  de  M.  Kovessi,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Depuis  que  l'on  s'occupe  de  la  reconstitution  des  vignobles,  on  a  re- 
marqué souvent  que  les  greffes  faites  sur  la  plupart  des  vignes  américaines 
ne  réussissent  pas  toujours  d'une  façon  égale.  On  distingue  dans  la  pra- 
tique les  sarments  bien  aoûtés,  qu'il  faut  toujours  préférer,  et  les  s;ir- 
ments  mal  aoûtés,  que  l'on  doit  éviter  d'employer. 

»  Aux  différences  externes,  connues  des  praticiens,  se  joignent  des 
différences  internes,  que  je  me  propose  de  préciser. 

»   Dans  cette  étude  je  me  suis  occupé  : 

»   I.   De  l'épaisseur  des  parois  cellulaires; 

»  n.  De  la  quantité  totale  d'amidon  et  du  poids  sec  des  sarments. 

»  I.  Pour  l'étude  de  l'épaisseur  des  parois  cellulaires,  j'ai  opéré  sur  des 
Vitis  riparia,  V.  rupestris,  V.  Berlandieri,  V.  vinifera,  et  sur  un  grand 
nombre  d'hybrides  ou  variétés  de  ces  espèces.  J'ai  comparé  entre  eux  : 


germinations  s'opèrent  parfaitement  bien  dans  un  flacon  contenant  du  mercure  au  fond 
et,  au-dessus,  de  l'eau  distillée  à  l'alambic  de  verre.  Ce  fait  a,  au  point  de  vue  de  la 
physiologie  végétale  pratique,  d'autant  plus  d'intérêt  que  l'on  sait  que  les  vapeurs 
dégagées  par  le  mercure  dans  l'air  sont  nuisibles  aux  végétaux. 


(  648  ) 

1°  des  sarments  ayant  poussé  dans  des  conditions  identiques;  2°  des  sar- 
ments ayant  grandi  dans  des  conditions  différentes. 

»  1°  Les  sarments  qui  ont  poussé  dans  des  conditions  identiques  ont 
leurs  cellules  sensiblement  de  même  taille;  ce  qui  diffère,  c'est  l'épaisseur 
des  membranes. 

»  On  comprend  qu'aucune  différence  ne  puisse  exister  dans  la  zone 
génératrice  libéro-ligneuse  ;  mais  pour  toutes  les  autres  régions  du  bois  ou 
du  liber  il  y  a  une  différence  très  nette  entre  l'épaisseur  moyenne  de  la 
paroi  dans  des  régions  anatomiquement  comparables.  Cette  différence  est 
toujours  à  l'avantage  des  rameaux  bien  aoûtés:  elle  va  sans  cesse  croissant 
à  mesure  que  l'on  considère  des  régions  plus  éloignées  de  l'assise  géné- 
ratrice. 

^)  La  marche  ascendante  que  l'on  remarque  dans  celte  différence  quand 
on  s'éloigne  de  l'assise  génératrice  est  beaucoup  moins  accentuée  pour  les 
rayons  médullaires,  dont  les  cellules  restent  parenchymateuses,  que  pour 
les  cellules  ou  les  vaisseaux  du  bois,  dont  les  membranes  sont  toujours 
fortement  lignifiées. 

»  Les  épaisseurs  minima  des  cellules  des  régions  anatomiquement  com- 
parables sont  sensiblement  les  mêmes;  les  épaisseurs  maxima  sont  nette- 
ment plus  grandes  dans  les  rameaux  bien  aoûtés  que  dans  les  rameaux 
mal  aoûtés. 

»  Il  en  résulte  que,  pratiquement,  un  sarment  est  d'autant  mieux  aoûté 
que  l'épaisseur  des  parois  cellulaires  du  bois  environnant  la  moelle  est  plus 
considérable. 

»  2°  Dans  le  cas  oîi  deux  sarments  se  développent  dans  des  milieux 
différents  (conditions  de  sol,  d'humidité,  etc.)  les  cellules  comparables 
sont  elles-mêmes  de  tailles  différentes,  et  alors  ce  qu'il  faut  étudier  ce 
n'est  plus  l'épaisseur  absolue  des  parois,  mais  le  rapport  entre  leur  épais- 
seur moyenne  et  le  tliamètre  moyen  de  la  cellule,  c'est-à-dire  ce  que  l'on 
peut  appeler  l'épaisseur  relative  des  parois. 

»  J'ai  trouvé  que  cette  épaisseur  relative,  pour  les  cellules  comparables 
du  bois,  est  d'autant  plus  grande  qu'un  rameau  est  mieux  aoûté. 

»  Ou  trouve  des  dirtérences  de  même  ordre  si  l'on  compare  entre  elles  les  parois 
des  fibres  du  liber.  Mais  j'insiste  principalement  sur  le  bois,  parce  que,  quand  on  a 
employé  des  sarments  mal  aoûtés  pour  les  greffes,  il  arrive  fréquemment  qu'au  bout 
de  quelques  années  les  vignes  dépérissent  progressivement;  et  alors  les  assises  exté- 
rieures aux  lièges  successifs  ne  peuvent  plus  être  étudiées,  tandis  que  le  bois  subsiste 
toujours.  J'ai  étudié  maintes  fois  des  vignes  présentant  cette  cause  de  dépérissement. 


(  649  ) 

Toujours,  dans  ce  cas,  le  sarment  qui  avait  fourni  le  sujet  pour  la  greffe-bouture  m"a 
présenté  de  la  façon  la  plus  nette,  dans  les  bois  de  première  année  existant  au  mo- 
ment de  la  greffe,  les  caractères  d'un  sarment  mal  aoùté. 

»  II.  Pour  l'élude  de  la  quantité  d'amidon  et  du  poids  sec,  mes  expé- 
riences ont  porté  sur  une  série  de  vingt  sarments  de  Vitis  rupestns  Çvar.  du 
Lot).  Je  les  ai  classés  d'après  les  caractères  extérieurs  en  une  série,  de  telle 
façon  que  le  premier  était  le  mieux  aoùté  et  le  vingtième  le  moins  bien. 
Ces  sarments  ne  sont  pas  exceptionnels;  on  en  trouve  employés  dans  la 
pratique  viticole  tout  aussi  bien  du  dernier  type  que  du  premier. 

»  Je  donne  dans  le  Tableau  suivant  les  résultats  obtenus  pour  les  sar- 
ments portant  les  n°^  1,  7,  14  et  20  de  la  série. 


Rayon 
Numéro      en  luillîmètrc^ 

du  du         de  la 

sarment,   sarment,  moelle. 


Épaisseur 
en  millimôtres 


do  la 

substance 

sôclie 


de 
l'eau 


1...  5,25 

:.■  4,'f 

14...  3,4 

20...  3,0 


.o 


,,3 
1,5 

'.7 


existant  dans  looS'  do  sarments 


do  la 

substanco 

<ic 

«le 

sèctic 

l'eau 

l'aDiidon 

existant  dans  loo'"' 
do   sarments    verts. 


58,36  4i,64 

5'i,99  45,01 

48,53  5 1,47 

42,94  57, oG 


19,45 
18,18 
11,16 


verts. 

10,25 

10,69 

8,82 

4,76 


67,70 
60,  I  I 

53,4', 
45,53 


48, 3o 
5o,oi 
56 ,68 
60 , 5 1 


12,13 

11,88 

9,71 

5,08 


))  Ce  Tableau  nous  fait  bien  voir  que  : 

»  i*^  La  proportion  de  la  substance  sèche  contenue  dans  un  même  poids 
ou  dans  un  môme  volume  de  sarment  est  d'autant  plus  grande  que  le  sar- 
ment est  mieux  aovité.  La  proportion  d'eau  varie  d'une  manière  inverse. 

»  2"  Le  poids  d'amidon  renfermé  dans  un  même  volume  de  sarment  vert  est 
plus  grand  pour  un  sarment  bien  aoùté  que  pour  un  sarment  mal  aoùté. 

»  Il  est  important  de  rapporter  la  quantité  d'amidon  au  volume  du  sarment, 
car,  dans  la  pratique,  ce  sont  des  dimensions  linéaires  et  non  des  poids  que  l'on 
donne  pour  les  greffes-boutures  :  pour  faire  une  greffe-bouture,  on  prend  d'ordinaire 
des  sarments  qui  ont  une  longueur  de  iS"^"  à  35=™  et  un  diamètre  de  6™™  à  12"™. 

»  Les  résultats  donnés  plus  haut  expliquent  nettement  pourquoi  les  greffes  faites 
sur  des  sarments  mal  aoùtés  donnent  de  si  mauvais  résultats.  En  effet,  si  leur  végé- 
tation commence  avec  une  quantité  de  matières  de  réserve  deux  ou  trois  fois  moindre, 
on  conçoit  qu'ils  ne  peuvent  arriver  à  un  aussi  beau  développement. 

»  3°  La  quantité  d'amidon  et  le  poids  sec  augmentent  dans  le  même 
sens  que  les  dimensions  relatives  des  tissus  lignifiés.  Un  sarment  est  donc 
d'autant  mieux  aoùté  que  l'épaisseur  totale  du  tissu  lignifié  est  plus  grande 
et  que  le  diamètre  de  la  moelle  est  plus  petit. 


(  65o  ) 

»  La  cellulose,  l'amiflon  et  les  matières  minérales  avant  nne  densité 
STipérienre  à  celle  de  l'eau,  le  sarment  qui  contient  le  plus  de  substance 
sèche  possède  une  densité  plus  considérable  ;  le  sarment  bien  aoûté  a  donc 
une  plus  forte  densité  que  le  sarment  mal  aoûté. 

«  En  résumé,  les  rameaux  sont  d'autant  mieux  aoûtés  que  leurs  parois  cel- 
lulaires sont  plus  épaisses  et  que  leurs  cellules  renferment  plus  d'amidon,  c'est- 
à-dire  qui'  leur  différenciation  est  plus  complète.  Le  r;ime;Hi  mal  aoûté  a  subi 
les  transformations  anatomiques  de  l'aoûtement,  mais  à  un  faible  degré; 
il  s'est  arrêté  à  un  stade  peu  avancé  de  développement  et  de  différenciation 
de  ses  tissus.   » 


PALÉONTOLOGIF.  —  Sur  un  insecte  fossile  trouvé  dans  le  Trias  en  Lorraine. 
Note  de  M.  P.  Fliche,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  C'est  assez  tardivement  qu'on  a  signalé  des  insectes  dans  le  Trias; 
le  nombre  des  espèces  fossiles  de  cette  provenance  décrites  jusqu'à  pré- 
sent est  restreint,  surtout  en  Europe;  de  plus,  il  n'en  a  été  rencontré 
aucun  en  France.  Cela  me  semble  donner  quelque  intérêt  à  une  empreinte 
d'élytre  que  j'ai  trouvée  récemment  sur  un  échantillon  du  Muschelkalk 
supérieur  des  environs  de  Lunéville. 

»  L'échantillon  dont  il  s'agit  a  été  recueilli  à  Cliauftonlaine,  aux  environs  de  Luné- 
ville,  par  Lebrun  dans  un  ensemble  de  couches  dont  l'attribution,  soit  au  Trias  moyen 
supérieur,  soit  à  la  base  du  Trias  supérieur,  a  fait  l'objet  de  beaucoup  de  discussions; 
la  question  paraît  définitivement  tranchée  en  faveur  de  la  première  opinion.  L'échan- 
tillon appartient  à  l'Ecole  des  Mines;  il  fait  partie  d'un  groupe  de  fossiles  que 
M.  Zeiller  m'a  confié  en  vue  d'un  travail  sur  la  flore  du  Trias  lorrain  que  je  poursuis 
en  ce  moment. 

»  L'empreinte  est  très  nette;  elle  exclut,  lorsqu'on  l'examine  avec  soin,  toute  attri- 
bution à  un  organe  végétal,  taudis  que  la  ressemblance  est  complète  par  la  forme,  la 
consistance,  le  mode  d'attache,  avec  une  éljtre  de  Buprestide,  et  même  avec  ce  qu'on 
voit  chez  les  insectes  de  cette  famille  réunis  par  Heer  sous  le  nom  de  Glaphyro- 
ptera,  genre  provisoire  créé  pour  des  espèces  à  élytres  peu  bombées,  lisses  et  bril- 
lantes; ce  dernier  caractère  seul  ne  peut  plus  se  constater,  on  le  conçoit,  sur  le  fossile 
de  Chaufifontaine,  mais  les  deux  autres  sont  si  nets  que  l'attribution  semble  incontes- 
table. 

»  C'est  surtout  dans  le  Lias,  en  Suisse,  qu'Heer  a  trouvé  des  Glapliy- 
roptera  iV espèces  assez  nombreuses;  il  en  a  signalé  aussi  un  dans  leKeuper 


(  65i  ) 

du  même  pays,  à  un  horizon  géologique  très  voisin,  on  le  voit,  de  celui  de 
Chauffontaine;  il  lui  a  donné  le  nom  de  G.  Plerophylli.  L'insecte  lorrain 
appartient  certainement  à  une  autre  espèce;  il  diffère  par  sa  taille  beau- 
coup moindre  et  par  quelques  détails  de  forme.  Il  diffère  aussi  de  tous  les 
Glaphyroptera  du  Lias  décrits  par  Heer;  il  offre  néanmoins  des  carac- 
tères qui  le  rapprochent  de  deux  d'entre  eux,  mais  dont  la  combinaison 
l'éloigné  des  deux.  C'est  donc  une  espèce  nouvelle  à  laquelle  je  donnerai, 
dans  le  Travail  complet  que  je  publierai  sur  elle,  le  nom  de  G.  lotharin- 
giaca,  rappelant  le  pays  où  elle  a  été  trouvée. 

»  Comme  le  fait  observer  Heer,  les  insectes  actuels,  avec  lesquels  les 
Glaphyroptera  ont  le  plus  d'analogie,  sont  sylvicoles  et  lignivores;  on  peut 
en  tirer  la  conclusion  qu'eux-mêmes  avaient  un  genre  de  vie  identique; 
qu'ils  vivaientdans  la  tige  des  Gymnospermes  arborescentes,  des  conifères 
tout  particulièrement,  dont  on  trouve  les  restes  dans  le  Trias,  en  Lorraine, 
comme  ailleurs.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Sur  les  périodes  de  l'aurore   australe.   Note    de 

M.  Hexryk  Arctowski. 

«  Dans  une  Note  sur  les  aurores  australes  observées  pendant  l'hivernage 
de  l'Expédition  antarctique  belge  ('),  et  dans  quelques  autres  Notes  ("), 
j'ai  fait  connaître  plusieurs  faits  nouveaux  sur  les  aurores  polaires  des  ré- 
gions antarctiques. 

»  Deux  de  ces  faits  me  paraissent  être  remarquables  :  c'est  d'abord 
l'analogie  qu'il  y  a  entre  les  aurores  australes  notées  à  bord  de  la  Belgica  et 
les  aurores  boréales  observées  en  1878- 1879  par  A.-E.  Nordenskiold; 
puis  la  simultanéité  du  phénomène  auroral  dans  les  deux  hémisphères 
signalée,  à  propos  de  mes  observations,  par  A.  Harvey,  de  Toronto  (^). 

»  Je  désire  actuellement  insister  davantage  sur  les  résultats  des  obser- 
vations faites  au  cours  du  voyage  de  la  Belgica,  en  communiquant  à  l'Aca- 


(')  Comptes  rendus,  Séance  du  7  mai  1900. 

(-)  Sur  une  analogie  remarquable  entre  l'aurore  australe  et  l'aurore  boréale 
{Ciel  et  Terre,  n°  du  16  mai  1900).  —  Une  aurore  australe  mouvementée  {Ciel  et 
Terre,  n°  du  i'"'  janvier  1901).  —  Sur  les  aurores  australes  et  boréales  {Ciel  et 
Terre,  n°  du  i"  février  1901). 

(')  Geographical  Journal,  t.  XVI,  p.  691. 


(  652  ) 

demie  les  chirires  relatifs  aux  variations  qu'ont  subies  les  phénomènes  de 
l'aurore  polaire  (dans  notre  station  d'observation)  pendant  les  mois  de 
mars  à  septembre  de  l'année  1898. 

»  La  période  diurne  de  l'aurore  australe,  telle  qu'elle  résulte  de  l'en- 
semble des  soixante  aurores  notées  et  décrites,  nous  est  fournie  par  les 
nombres  d'observations  correspondant  à  chaque  heure.  Les  sommes  obte- 
nues sont  : 


5^ 

6''. 

^\ 

8". 

9"- 

I0>'. 

ii\ 

Minuit. 

l\ 

2^ 

3\ 

4". 

5\ 

6''m 

3 

3 

i4 

23 

Si 

29 

26 

25 

24 

23 

10 

4 

2 

I 

»  Le  maximum  de  la  période  diurne  est  à  9''  du  soir,  et  si  l'on  trace  la 
courbe,  en  prenant  les  heures  pour  abscisses  et  les  sommes  pour  ordon- 
nées, on  constate  une  analogie  parfaite  avec  les  résultats  de  certaines 
stations  du  nord,  avec  les  observations  de  Jan  Mayen  (i 882-1 883),  par 
exemple  ('). 

»  Pourtant,  la  courbe  devient  quelque  peu  différente  si,  au  lieu  de 
faire  intervenir  toutes  les  observations,  on  élimine  celles  qui  (à  cause  de 
conditions  météorologiques  défavorables)  n'ont  pu  être  suivies  depuis 
leur  moment  d'apparition  jusqu'à  l'extinction  complète  de  la  lueur 
aurorale.  Les  17  aurores  qui  ont  été  observées  dans  leur  développement 
complet,  depuis  le  commencement  jusqu'à  la  fin,  nous  fournissent  les 
chiffres  suivants  : 

5*'.      6^.      7''.       S»".        9''.        10''.       II''.      Minuit.       i"".         2''.        S"-.      4''.    S"-,  m. 
2  2  6  12  14  l3  17  l5  l4  II  6  2  I 

))  On  obtient  ainsi  un  maximum  à  1 1''  du  soir,  au  milieu  d'un  dévelop- 
pement plus  accentué  du  phénomène  aurorai  qui  dure  depuis  8'' du  soir 
jusqu'à  2*^  du  malin. 

»  La  courbe  de  la  période  annuelle  des  aurores  peut  être  tracée  à  l'aide 
des  chiffres  suivants  : 

Mars.  Avril.  Mai.  Juin.              Juillet.  Août.        Sept. 

Décades a'-     3«.  i".    i'.    3'.  i".     2".   S',  i".    a*.    3».  i".    2«.    3«.  i".    2».    3«.     i". 

Nombre  d'aurores 67  34     5  i23  i33  354  i42       5 

18  12  6  7                  12  7  1 5 

»  Ces  chiffres  nous  indiquent  trois  maxima  et  deux  minima  :  mars  i8 
(')  Adolf  Bobrik  von  Boldra,  Folarlicht  und  Spel<lraL-Deobachtungen,  PI.  I. 


(  653  ) 

(i2  pour  2  décades),  sepLembre  i5  (5  pour  i  décade),  juillet  12,  et  les 
minima  de  7  aurores  en  août  et  de  6  aurores  en  mai. 

))  La  courbe,  qu'il  est  facile  de  tracer,  offre  de  nouveau  une  analogie 
frappante  avec  la  courbe  de  Jan  Mayen  et  les  résultats  d'autres  stations 
boréales. 

»  Remarquons,  du  reste,  que  les  chiffres  indiqués  sont  indépendants 
des  conditions  atmosphériques,  car  les  rapports  entre  les  nombres  d'au- 
rores observées  et  les  nombres  de  nuits  (pour  chaque  mois)  où  la  nébulo- 
sité a  été  nulle  ou  faible,  sont  : 


12 

12 

6 

7 

12 

7 

5 

9 

T4' 

i  I 

17 

23' 

.6' 

8 

»   Il  est  donc  visible  que  les  variations  signalées  sont  propres  à  l'aurore 
australe.  » 


HYDROGRAPHIE.   —  Note  relative  à  un  Atlas  lithologique  et  bathymétrique 
des  côtes  de  France  ('  ),  par  M.  J.  Thoulet. 

«  L'Atlas  lilhologique  et  bathymétrique  des  côtes  de  France,  dont  j'ai 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  sept  premières  feuilles,  se  compo- 
sera de  vingt-deux  feuilles. 

»   L'étude  de  fonds  recueillis  dans  l'Iroise  en  1897  et  i8g8  et  leur 

comparaison  avec  les  fonds  des  mêmes  parages,  décrits  trente-cinq  années 
auparavant  par  le  commandant  de  Roujoux,  m'ont  permis  d'affirmer  la  per- 
manence de  la  constitution  d'un  fond  à  la  même  place.  Elle  résulte  de  la 
constance,  au  même  endroit,  de  la  somme  des  faits  maritimes  :  relief  du 
sol  immergé,  courants,  marées,  disposition  géographique  des  rivages, 
nature  géologique  des  terres  voisines  et  autres.  Cette  permanence  ne  com- 
porte que  de  très  rares  exceptions,  sur  les  plages  basses,  par  exemple,  ou 
dans  des  mers  si  peu  profondes  que,  dans  certaines  de  leurs  parties,  elles 
ne  sont  en  réalité  que  des  plages 

»  En  dressant  ces  cartes,  je  me  suis  proposé  de  permettre  atout  obser- 
vateur, en  quelque  localité  que  ce  fût,  n'eût-il  exécuté  qu'un  seul  sondage 
et  qu'une  seule  analyse  de  l'échantillon  recueilli,  de  noter  ce  point  sur  la 
feuille   correspondante  de  l'Atlas,  de  donner  au  fond  un  nom  indiquant 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  628;  16  octobre  1899. 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  10.) 


(  654  ) 
sa  composition,  enfin  de  le  figurer  graphiquement  par  une  couleur  ou 
un  signe  spécial  ('). 

»  J'ai  donc  établi  une  classification  des  fonds,  basée  sur  les  proportions 
relatives  des  grains  minéraux  des  diverses  grosseurs  et  sur  la  proportion 
du  calcaire.  Ces  valeurs  sont  obtenues  par  des  tamisages  et  des  pesées, 
dont  j'ai  exposé  ailleurs  les  procédés  et  décrit  les  appareils.  L'ensemble 
constitue  l'analyse  mécanique. 

»  Cette  analyse  mécanique  doit  être  suivie  d'une  analyse  minéralo- 
gique,  d'analyses  chimiques  et  d'une  analyse  biologique,  ensemble  d'études 
ayant  pour  conclusion  l'histoire  détaillée  du  fond,  la  découverte  des  cir- 
constances qui  l'ont  fait  et  le  maintiennent  tel  qu'il  est  actuellement. 

»  Je  me  suis  livré  à  environ  deux  cents  de  ces  analyses.  Mon  Travail 
n'est  d'ailleurs  qu'une  esquisse,  destinée  à  être  améliorée  par  des  efforts 
auxquels  je  me  suis  borné  à  assurer  une  unité  de  direction. ...   » 

M.  B.  DcpuY  adresse  une  réclamation  de  priorité,  concernant  la  décou- 
verte de  l'alcaloïde  et  du  glucoside  de  l'érysimum, 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie,  par  l'organe  de  son  doyen,  présente  la  liste 
suivante  de  candidats  à  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Ch. 
Hermite  : 

En  première  ligne M.  Georges  Humbert. 

En  deuxième  ligne M.  Edouard  Goursat. 

,,,,,.  (  MM.  Emile  Borel. 

En  troisième  lime,  par  ordre  alphabétique  ...  ,  „ 

o     'r  ri  ^  Jacques  Uadamard. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

M.  B. 


(')  Analyse  mécanique  des  sols  sous-marins  {Annales  des  Mines,  avril  1900). 


(  655  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   ii  février  1901. 
(  Suite.) 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre 
de  l'Institut,  t.  XTII,  n°  145,  livraison  du  i5  janvier  1901.  Paris,  Paul 
Dupont;  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  l' Institut  Pasteur,  fondées  sous  le  patronage  de  M.  Pasteur 
et  publiées  par  M.  E.  Duclaux,  Membre  de  l'Institut;  4*  année,  t.  XV, 
n°  1,  25  janvier  1901.  Paris,  Masson  etC'";  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société entomologique  de  France,  1901,  n°  1.  Paris;  i  fasc. 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale,  publié 
sous  la  direction  du  Secrétaire  de  la  Société,  M.  E.  Collignon;  100*  année, 
t.  CI,  i"  semestre,  n°  1,  3i  janvier  1901.  Paris;  i  fasc.  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  Rouen;  4*  série, 
35*année,  1" et 2« semestres  1899;  Rouen,  impr.  Julien Lecerf,  1900;  i  vol. 
in-8°. 

Comptes  rendus  mensuels  des  réunions  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale, 
janvier  1901.  Saint-Etienne;  i  fasc.  in-8°. 

Carlo  Hermite,  Commemorazione  letta  dal  socio  Enrico  d'OviDio.  (Estr. 
dagli  Atti  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  di  Torino,  vol.  XXXVI,  Adunanza 
del  27  gennaio  190 1.)  Turin,  C.  Clausen;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Inaugurazione  del  monumento  a  Francesco  Brioschi,  nel  R.  Istiluto  tecnico 
superiore  di  Milano,  i3  dicembre  1900.  Milan,  typ.  Umberto  Allegretti, 
1901  ;  I  fasc.  in-8''. 

La  courbe  des  apsides  et  les  solutions  singulières  de  l'équation  différentielle 
de  l'orbite  géocentrique  de  la  Lune,  par  le  prof.  A.-W.  Krasnow  (en  langue 
russe).  Varsovie,  1900;  i  fasc.  in-8"'.  (Hommage  de  l'Auteur. ) 

Stabilità  del suolo  alV Osservatorio  Etneo,  A.  Ricco  e  L.  Franco.  Catane, 
1900;  I  fasc.  in-4°. 

Principali fenomeni  eruttivi  avvenutiin  Sicilia  e  nelle  isole  adiacenti  nell'anno 
1899,  S.  Arcidiacono.  Modène,  igoo;  1  fasc.  in-S". 


(  656  ) 

Osservazioni  della  eclisse  totale  di  Sole  del  28  maggio  1900;  relazione  cli 
P.  Tacchini  eà  A.  Ricco.  Catane,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

Osseiyazioni  deW eclisse  parziale  di  Sole  del  q.%  maggio  1900,  fatlealVOsser- 
vatorio  astrofisico  di  Catania;  relazione  di  A.  Mascari.  (Estr.  dalle  Memorie 
délia  Socielà  degli  Spettroscopisli  Italiani,  vol.  XXIX,  1901.)   i  fasc.  in-4°- 

Verslag  van  den  Staat  der  Slerremvacht  te  Leiden  en  van  der  aldaar  vol- 
hrachte  waarnemingen,  inhel  tijdvakimn  i5  september  1896  tôt  igseplember 
1898,  utgebracht  door  H. -G.  Va.n  de  Sande  Bakhuyzen.  Leyde,  1898; 
r  fasc.  in-8°. 

Report  ofthe  Chief  of  the  Wealher  Bureau,  1898-99.  Washington,  1900; 
2  vol.  in-4°. 

Tables  ofdaily  précipitation  at  spécial  river  and  rainfall  stations  of  the 
United  States  Weather  Bureau,  for  the  years  1893,  1894,  1893;  prepared 
under  direction  of  WrLLis  L.  Moore,  Chief  U.  S.  Wealher  Bureau. 
Washington,  iqoo;  i  vol.  \n-%°.  {A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  dn   25  février   1901.) 

Note  de  M.  Ed.  Maillet,  Sur  une  certaine  catégorie  de  fondions,  etc. 
Page  460,  ligne  2^,  au  lieu  de 

^4,1   YV     /  _^|„   TV 


lisez 


*=  -^i}/(i)4-...+  -r^'{'('0  +  ' 


r  10. 


TABLE    DES   ARTICLES.    (Séance  du    11   mars     1901. 


31EM0IRES  ET  COMMUI\IGATIO.\S 

DES  iMEMBIlKS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

\l.  IlATT.  —  Utilisation  des  points  de  Collins 
pour  la  détermination  d'un  quadrilalcM'e.      Î97 

.M.  Bertiielot.  —  Sur  la  syntlièsc  de  l'acé- 
tylpropylène  et  des  carbuies  terpilciiiques.     ôgg 

\l.  J.  Janssen.  -  Remarques  sur  ma  der- 
nière Communication  relative  aux  lignes 
télégrapliiqucs  ou  téléphoniques  élablirs 
sur  la  neige  au  mont  Blanc 'Jo6 


Pages. 

M.  P.  DuHEH.  —  Sur  les  ondes  du  second 
ordre  par  rapport  aux  vitesses,  que  peut 
présenter  un  fluide  visqueux 607 

MM.  H.  LiipiNE  et  Boulud.  —  Maltosurie 
chez  certains  diabétiques 610 

-M.  Edmond  Peurier  présente  à  l'Académie 
le  sixième  Volume  des  «  Expéditions  scien- 
tifiques du  Travailleur  el  (.lu  Talisman  ».     6i3 


NOMINATIOIVS. 


iM.  .\.  Normand  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  de  Géographie  et  Navigation, 


en  remplacement  de  M.  .1.  de  Tillo. 


()i3 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpetl  kl  signale  divers 
Volumes  de  M.  E.  Oaulrelet,  de  M.  A. 
Giiépin,  et  le  Tome  V  des  «  Travaux  du 
laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Grenoble,   1899-1900  >' Iii4 

,M.  Gaston  Dauboux.  —  Notice  sur  la  vie  et 
les  travaux  de  M.  Th.  Moutard •!i4 

M.  L.  MoNTANGERAND.  ~  Sur  la  variabilité 
de  la  planète  Éros,  d'après  des  clichés 
obtenus  à  l'observatoire  de  Toulouse  .    ..     616 

M.  Baillaud.  -  Note  relative  à  la  Commu- 
nication de  M.  Montangerand Hig 

M.  H.  Deslandres.  —  Détails  complémen- 
taires sur  la  nouvelle  étoile  de  Persèe.. . .     fiig 

.M,  J.  GuiLLAU.ME.  —  Observations  du  Soleil, 
faites  à  l'observatoire  de  Lyon  pendant  le 
quatrième  trimestre  de  1900 'J21 

M.  Edmond  Maillet.  —  Sur  une  certaine 
catégorie  de  fonctions  transcendantes....     1)22 

M.  LÉON  .Vutonne.  —  Sur  les  groupes  qua- 
ternaires réguliers  d'ordre  fini '^24 

.\L  Tii.  T0M.MASINA.  —  Sur  un  électro-radio- 
phone  à  sons  très  intenses  et  sur  la  cause 
qui  les  produit '127 

M.  E.  PÉCHARD.  —  Sur  la  réduction  de 
l'acide  niolyldosulfurique  par  l'alcool...     628 

\L  l'abbé  J.  llAMONET.  —  Un  nouveau  glycol 
biprimaire,  le  butanediol  2.4  ou  glycol 
tétraméthylénique  et  sa  diacétine fiji 

.M.  Alexandre  Hébert.  —  .\cliou  de  la 
poudre  de  zinc  sur  les  acides  gras  saturés.     633 


MM.  A.  Lumière,  L.  Lumière  et  F.  Perrin. 
—  .action  de  l'oxyile  de  mercure  sur 
quelques  corps  organiques 635 

M.  P.  Gexvresse.  —  Sur  une  nouvelle  pré- 
paration du  terpinéol 637 

M.  Aua.  Charpentier.  -  Nouveaux  carac- 
tères de  l'excitation  électrique  brève 
transmise  par  le  nerf 639 

MM.  Vasciiide  et  Cl.  Vurpas.  —  Contribu- 
tion à  l'étude  psycho-physiologique  des 
actes  vitaux  en  l'absence  totale  du  cerveau 
chez  un  enfant O^ji 

M.  E.-L.  Bouvier.  —  Observations  nou- 
velles sur  les  Bathynomus,  Isopodes 
gigantesques  des  grands  fonds 643 

M.  Henri  Coupin.  -  Sur  la  sensibilité  des 
végétaux  supérieurs  à  des  doses  très 
faibles  de  substances  toxiques 645 

M.  KôVESSi.  -  Recherches  anatomiques  sur 
l'aoùtemwtt  des  sarments  de  vigne 647 

M.  P.  Fliciie.  —  Sur  un  insecte  fossile 
trouvé  dans  le  Trias  de  Lorraine 65o 

M.  Henryk  .Vrotowski.  —  Sur  les  périodes 
de  l'aurore  australe 65i 

M.  J.  TiiouLET.  —  Note  relative  à  un  Atlas 
lithologique  et  bathymétrique  des  côtes 
de  France 653 

M.  B.  DuPUY  adresse  une  réclamation  de 
priorité,  concernant  la  découverte  de 
l'alcaloïde  et  du  glucosidede  l'érysimum.     654 


r  10. 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES, 


COMITE  SECRET. 


Pages. 
Liste  de  candidals  présentés  par  la  Scclion 
de  Géométrie  pour  la  place  laissée  vacaule 
par    le     décès     de     M.     Ch.    Hermite    : 

Bulletin  bibliographique 655 


Pages. 
1°  M.  Georges  Humhert;  i"  M.  Edouard 
Goursat;  3°  MM.   Emile  Borel,  Jacques 
Hadamard t)54 


PAKIS. 


-  IMPIUMKIUE     (î  AUTHIKK-VILI,  ARS, 
Quai  des  Grands-Au^ustins,  56 

/.#    Cérant   .' *»*llrMUlR-VlLLAH8. 


ÀPR  30  1901 

^^^^      1901 


PRE3IIER  SE3IESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR   un.   EiES  SBCRÉTAIKES   PBHPBTUBIi!*. 


TOUIE  CXXXII. 


N°  H  {iS  Mars  1901). 


^FAKIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Qnai  des  Grands-Augustius,  55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDU! 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  2^4  mai  1875, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
V Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étran  ers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  àQ  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandas  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P^iges  parnuméro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  quai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance] 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persom 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  èlre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'iinr 
suiné  qui  no  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  so 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.I 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foi 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance ofl 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeutli  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  lempi 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Comptèrent 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sa 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  n 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraien 

autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compter! 

pour  l'étendue  réglementaire.  | 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  h'aisdesau 

teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a^rèil 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Rcelemont. 


Les  Savants  étrangers  à  lAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de I«i 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


APR  30  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   ^ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU    LUNDI    18  MARS    1901. 

PRÉSIDENCE  Dt:  M.   FOUQUÉ. 


1»IEM0II1ES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    iVllîMBKES    ET    DES    GOFtRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

NAVIGATION.  —  Sur  l'emploi  des  circumméridiennes  à  la  mer  ; 
par  M.  E.  Guyou. 

«  Les  ailleurs  qui  se  sont  occupés  du  problème  des  circumméridiennes 
à  la  mer,  notamment  Chauvenet  et  Hilleret,  indiquent  la  méthode  suivante 
pour  déduire  de  deux  hauteurs  circumméridiennes  la  latitude  du  navire  : 

»  La  correction  à  appliquer  à  une  hauteur  circumméridienne  observée, 
pour  que  l'on  puisse  la  traiter  comme  méridienne,  est  de  la  forme  «.p-,  où 
a.  représente  un  coefficient  qui  peut  être  considéré  comme  constant  pen- 
dant la  durée  des  observations  et  p  l'angle  au  pôle. 

«  On  conclut  de  là  que,  si  l'on  peut  négliger  le  changement  en  latitude 
dans  l'intervalle  de  deux  observations,  la  différence  des  hauteurs  observées 

C.  K.,   1901,   1"  ^Semestre.  (T.  CXXXII,  iN"  11.)  85 


(  658  ) 
satisfait  à  la  formule 

»  Or  le  coefficient  a  est  connu  de  l'observateur,  l'intervalle /jj  —  p,  est 
donné  par  le  chronomètre;  on  peut  donc  calculer/), -+-/?,  et,  par  suite, />2 
elp,,  et  enfin  la  correction  y.p^  correspondant  à  l'une  des  deux  hauteurs. 

»  Cette  méthode  présente  divers  inconvénients  :  elle  néglige  la  variation 
de  la  latitude  qui,  avec  les  vitesses  actuelles,  peut  être  très  sensible;  en 
outre,  elle  ne  permet  pas  d'utiliser  toutes  les  observations  lorsque,  comme 
il  arrive  souvent,  il  a  été  possible  d'en  prendre  plusieurs.  La  méthode  sui- 
vante sera  préférable  à  tous  les  points  de  vue  : 

»  On  démontre  que,  dans  les  limites  mêmes  où  le  coefficient  a  peut 
être  considéré  comme  constant,  les  latitudes  calculées  par  la  formule  ap' 
avec  une  erreur  constante  sur  le  temps  local  varient  proportionnellement 
au  temps.  Par  suite,  si  l'on  marque  sur  un  graphique  les  points  ayant  pour 
abcisses  les  valeurs  approchées  p,,  p^,  ...,/>„  des  angles  au  pôle,  et  pour 
ordonnées  les  valeurs  calculées  de  la  latitude,  ces  points  seront  situés  sur 
une  ligne  droite,  et  l'ordonnée  de  cette  droite  correspondant  à  l'origine 
des  abscisses  sera  la  latitude  à  l'instant  où  /?  =  o.  Cette  latitude  n'est 
pas  rigoureusement  celle  à  midi  vrai,  à  cause  de  l'erreur  constante  sur 
l'angle  au  pôle  ;  mais  comme  cette  dernière  erreur  n'atteint  jamais  deux 
minutes  d'heure,  on  peut  négliger  la  différence  entre  le  résultat  cherché 
et  celui  qui  a  été  obtenu.   » 

MÉCANIQUE.  —  De  la  propagation  des  discontinuités  dans  unjluiae  visqueux. 

Note  de  M.  P.  Duuem. 

«  I.  Soit  S  une  surface  au  passage  de  laquelle  les  composantes  de  la 
vitesse,  la  densité,  la  pression,  la  température,  éprouvent  des  disconti- 
nuités; elles  ont  les  valeurs  u^,  v,,  (v,,  p,.  H,,  T,  du  côté  i;  «2,  v^,  (Vj,  pj, 
IIj,  T2  du  côté  2;  n  est  la  normale  à  la  surface  S,  menée  de  i  vers  2.  Dans 
le  temps  dt,  la  surface  S  se  déplace,  dans  la  direction  n,  de  N  dt.  Les  deux 
quantités 

C,  =  N  —  «,  cos(7i,  x)  —  v^  co?,{n,  y)  —  «^,  cos(n,  z). 
Cj  =  N  —  «2  cos(n,  x)  —  V2  cos(n,  y')  —  w^  cos(n,  z), 

sont  forcément  de  même  signe.  On  peut  supposer  les  côtés  i  et  2  choisis 
de  telle  sorte  qu'elles  soient  positives. 


(3) 


659    • 

»  Une  couche  fluide  a,  comprise  à  l'instant  t  enlre  la  surface  S  et  une 
surface  S,  située  du  côté  2  de  S,  à  une  distance  t^dt,  forme,  à  l'instant 
(^  -)-  f//),  une  couche  a'  située  entre  S'  et  une  surface  S,,  située  du  côté  i 
de  S',  à  une  distance  <L",  dl.  La  conservation  de  la  masse  donne,  en  tout 
point  de  la  surface  S,  la  relation,  déjà  écrite  par  Riemann, 

(i)  p,  <-^  =  ?.«-%• 

»  II.  Supposons  qu'en  tous  les  points  d'une  masse  fluide  les  vitesses 
varient  d'une  manière  continue  entre  les  instants  «  et  (^  -f-  dt)\  dans  un 
élément  dm,  les  composantes  de  la  vitesse  passent  de  u,  c,  (ip- à  m',  v'  w'. 
Donnons  à  chaque  [)()int  matériel  un  déplacement  virtuel  tx,  Sj,  ^z,  et, 
durant  ce  dé|)Iaceuient,  laissons  invariable  la  température  de  chaque  élé- 
ment; dans  ce  déplacement  virtuel,  les  actions  extérieures  appliquées  au 
fluide  effectuent  un  travail  Ss^,  les  actions  de  viscosité  un  travail  89,  le  po- 
tentiel interne  éprouve  une  variation  S;f.  Il  résulte  du  principe  de  l'énergé- 
tique que  l'on  a 

(2)      û?;(8tr,  4-  86  -  8i)  =f\(u'  -  u)  ^x  -f  (i>'  -^  i>)  8j  4-  (w'  -  w)  lz\  dm. 

»  Nous  admettrons  que  cette  égalité  demeure  vraie  même  si  u,  v,  w 
varient  de  quantités  finies,  dans  le  temps  dt,  en  certains  éléments,  pourvu 
que  la  somme  de  ces  éléments  soit  de  l'ordre  de  dt. 

»  III.  Dans  un  élément  où  u,  c,  w  n'éprouvent  pas  de  variations 
brusques,  le  travail  virtuel  des  actions  de  viscosité  est  de  la  forme 

dox  ôly  d>^z 

dx         ^  dy  az 

/doy         dôz\  /àoz         doj;\  / d  ox         d  dv^ 

»  si  l'on  ailmet  l'éi^alilé  précédente  et  si  l'on  applique  les  théorèmes 
connus  d'Hydrodynamique  aux  parties  du  fluide  qui,  à  l'instant  t,  se 
trouvent  en  dehors  de  a,  on  trouve  sans  peine  l'égalité  suivante  : 

\  dt  8f)„  +  j  )[?,C,(u.,  -  u,  )  +  (n,  —  Dj  -;-  v^,  -  v^j)  cos(n,  x) 

(  -1-  ("ïi  —  T.2)C0S(«,   V  )  +  (t^,  —  Tj„)cOs(«,  Z)]  })X  -h  .  ..[dS  =  0. 

+  . . .  désigne  deux  termes  en  Sj,  8:,  semblables  au  terme  en  Ix;  86^  est  le 
travail  virtuel  des  actions  de  viscosité  au  sein  de  la  couche  a.  C'est 
cette  quantité  qu'il  importe  d'évaluer. 


(  66o  ) 

»   IV.  En  un  élément  où  «,  i',  \v  n'éprouvent  pas  de  Aariation  brusque 
à  l'instant  t,  on  admet  que  l'on  a 


(4) 


(5)  >.(p,  T)  +  2p.(p,  T)>o,  a(p,T)>o. 

»  Les  égalités  (4)  sont  vérifiées  en  tout  élément  que  ne  traverse  pas  la 
surface  S,  à  l'instant  t;  que  faut-il  supposer  pour  ceux  qu'elle  traverse? 
Nous  allons  remplacer  la  surface  S  par  une  couche  d'épaisseur  infiniment 
petite  e,  au  sein  de  laquelle  tx,  <5y,  tz  et  leurs  dérivées  partielles  varieront 
infiniment  peu,  tauilis  que  u,  v,  w,  p,  T  subiront,  en  la  traversant,  des  va- 
riations finies.  Nous  admettrons  que  les  égalités  (4)  demeurent  applicables 
même  au  sein  de  cette  couche.  Nous  pourrons  écrire 

(6)  («,-«,)L,=^■\(p,T)^r//^,         {u,-.u,)m,=f\{^,T)fjn. 

»  Pourvu  seulement  que  u  varie  toujours  dans  le  même  sens  de  «  =  o 
à  72  =  £,  les  inégalités  (5)  donneront 

(7)  L,+  2M,>o,  M^>o. 

»  Le  travail  virtuel  des  actions  de  viscosité  au  sein  de  la  couche 
d'épaisseur  e  sera 


01: 
dz 


dS 


avec 


(   N;c=  —  (L^-t- 2M^)(«,  —  f/2)cos(/z,a7) 
(g)         )  —  L^((',  —  i^2)cos(n.  r)  —  L^((v,  —  (V2)cos(/i,5), 

(  T^=  -  ]\1,.((',  —  v^)coi(n,  z.)  -  U,Xw,  -  w.)  cos(/î,  y). 

»  Sur  la  surface  S,  faisons  choix  d'un  système  de  coordonnées  curvi- 


(,o) 


(  66i   ) 
lignes  orthogonales  a,  ,8,  telles  que  ds-  =  A-  dx-  -+-  B^  d<^^.  Posons 

K.:i:a=  ^  [N^,  cos(  OC,  oî)  +  TjCOs(a,  v)  4-  T^cos(a,  =)], 

Kxp  =  ^  [  ^x  cos  (  [i .  a;)  +  T^  cos  (  [i ,  y)  -+-  T,  cos  (  P ,  =  )] , 

Kx«  =        N^cos(n,a;)  -^  TjCns(«,  k)  -h  T^cos(«,  s)] 

=  —  \{hj.+  otM.^)co%,-{n,x)  +  Mj[co-,-(/2,  j)  +  cos-'(«,  z)\\  (ii,  —  u^) 

—  [Ly.cos(n,  z)  -+-MyCos(n,  y)\cos(n,x)(^'^  —  v.,) 

—  [\.^cos(n,  y)  -h  M^ros(«,  z)]cci<(n,a;)((v,  —  w.,) 

cl  l'expression  (8)  deviendiM 

On  voit  sans  peine  que,  en  négligeant  les  infiniment  petits,  r59„  peut,  dans 
l'égalité  (3),  être  remplacé  par  cette  expression  (i  i).  Mais,  en  tout  point 
de  la  surfîice  S,  on  peut  prendre 

Sa;  =  o,         partant 

(5V  :=;  O,  )) 

hs    =  0,  1) 

tout  en  laissant-,—  ,  -,  -,  —-arbitraires.    Légalité  (3)  exiee  alors  que 

on        en       un  o  \     /  a  ~1 

l'on  ait,  en  tout  point  de  la  surface  S, 

(12)  K^„=o,  Rj„=o,  K,„  =  o. 

Prenons  un  point  quelconque  sur  la  surface  S;  on  peut  toujours  prendre 
pour  axe  des  x  la  direction  de  la  normale  «en  ce  point;  alors,  en  ce 
|)oinl, 

Les  égalités  (12),  Jointes  aux  inégalilés  (7),  donnent  alors 
(i3)  w,  —  ;/o  —  o,  tJ,  —  ('2  =  0,  (v,  —  (V2=o. 

Ou  a  alors  e,  =  j^  =:  N,  et  l'égalité  (i)  donne  p,  —  p^  =  o. 


dix 

-1—  =  0, 

dy. 

dix 

-—  —  0, 
0^ 

dly 

doz 

(  662  ) 

)i  Comme  le  point  choisi  est  quelconque  sur  la  surface  S,  ces  égalités 
sont  vérifiées  en  tout  point  de  la  surface.  Si  donc  on  admet  notre  hypothèse 
touchant  la  viscosité,  une  surface  de  discontinuité  ne  peut  se  propager  dans  un 
fluide  visqueux. 

»  Si  l'on  ailmet,  au  contraire,  que  v^.,  v^,  v-,  t^.,  t^,  t^  demeurent  finis 
dans  la  couche  d'épaisseur  e,  89^  est  infiniment  petit  et  l'égalité  (3)  conduit 
à  une  généralisation  facile  de  la  théorie  de  Riemann  et  de  Hugoniot.  » 


ÎVOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre  de  la  Section  de  Géométrie,  en  remplacement  de  M.  Ch.  Uermite, 
décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  58, 

M.  Humbert  olilit-nt 54  suffrages 

M.  Goursat  »  2  » 

M.  Borel  »  i  » 

il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  HuMBiiiT,  avant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. , 

aiÉMOlRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  la  lot  de  l' attraction  universelle. 
Mémoire  de  M.  II.  Duport,  présenté  par  M.  Appell.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Appell,  Painlevé.) 

«  Je  me  propose,  dans  ce  Mémoire,  d'étudier  les  actions  mutuelles 
d'atomes  solides  considérés  comme  des  êtres  de  raison. 

»  A  première  vue,  ces  actions  mutuelles  semblent  assez  indépendantes 
les  unes  des  autres;  on  verra  qu'il  n'en  est  rien,  au  contraire.  Déjà,  dans 
une  Note  récente,  j'ai  montré  que  le  principe  des  forces  vives,  qu'il  est  si 
naturel  d'admettre,  conduit  à  deux  équations,  dont  l'une  est  une  équation 


(   663    ) 

fonctionnelle  el  qui  resserre  dans  des  limites  déjà  étroites  les  actions 
mutuelles  de  deux  atomes. 

»  Dans  le  Mémoire  actuel,  j'ai  d'abord  montré  que  l'on  était  conduit 
à  appliquer  à  un  système  d'atomes  le  principe  de  la  moindre  action  ou  le 
principe  d'HnmlIton.  J'ai  ainsi  obtenu  la  généralisation  des  formules 
célèbres  de  Mayer. 

»  Je  fais  ensuite  voir  qu'en  combinant  les  équations  ainsi  obtenues  avec 
le  principe  de  l'indépendance  des  actions  mutuelles  de  deux  atomes,  on 
est  conduit  à  de  nouvelles  équations  dont  certaines  sont  encore  fonction- 
nelles. On  doit  considérer  que  ces  équations  renferment,  en  germe,  la  loi 
de  l'attraction  universelle. 

»  J'ai  aussi  clé  conduit  à  poser  deux  principes  nouveaux  :  celui  de  l'ho- 
mogénéité et  celui  de  la  continuité.  Si  ces  principes  doivent  être  plus  tard 
abandonnés,  on  peut  néanmoins  légitimement  espérer  qu'ils  correspon- 
dront à  des  cas  particuliers  importants.  » 


CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  deux  projets  qui  doivent  être  pré- 
sentés à  la  prochaine  Assemblée  générale  de  l'Association  internationale 
des  Académies,  l'uu  transmis  par  l'Académie  impériale  des  Sciences  de 
Vienne,  sous  le  titre  :  «  Plan,  betrefTend  die  Herausgabe  einer  Real 
Encyclopàdie  des  Islam  »  ;  l'autre  transmis  par  la  Société  Royale  des 
Sciences  de  Saxe  à  Leipzig,  sous  le  titre:  «  Antrag  auf  Beslellung  einer 
Fach-Commission  fur  menschliche  und  ihierische  Entwickelungsgeschichte 
und  fur  Anatomie  des  Gehirnes  ».  A  cette  occasion,  il  rappelle  que  la 
première  assemblée  générale  de  cette  Association  aura  lieu  à  Paris,  le 
mardi  i6  avril  1901 . 


M.  Normand,  élu    Correspondant,  adresse  ses    remercîments    à  l'Aca- 
démie. 


M.  DE  IsTVAXFFi  adressc  ses  remerciments  à  l'Académie  pour  la  distinc- 
tion accordée  à  ses  travaux. 


M.  Bouquet  de  la  Grye  appelle  l'altention  de  l'Académie  sur  un  Volume 
relatif  à  l'hydrographie  du  haut  Yang-tse,  par  le  P.  Chevalier,  et  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  IjC  Volume  offert  à  l'Académie  par  le  P.  ChevaHer,  comme  complé- 
ment et  justification  du  tracé  de  ses  Cartes  du  haut  Yang-Tse,  contient, 
en  outre  du  récit  très  intéressant  de  son  exploration,  des  détails  sur  les 
observations  astronomiques  faites  en  cinquante  points  du  grand  fleuve 
dont  une  partie  était  inexplorée. 

»  Le  P.  Chevalier  avait  dans  son  bateau  six  chronomètres,  dont  il  a 
calculé  les  marches  au  moyen  des  formules  usuelles  en  tenant  compte  des 
variations  dues  à  la  température  et  à  l'accélération. 

»  Dans  la  plupart  des  stations,  l'heure  a  été  déterminée  au  moyen  d'une 
lunette  méridienne  par  des  passages  d'étoiles  ou  des  hauteurs  simulta- 
nées; dans  quelques  points,  il  s'est  servi  d'un  théodolite. 

»  En  deux  endroits,  il  a  observé  une  cidniination  et  une  occultation, 
qui  ont  donné  des  résultats  concordant  avec  les  transports  des  garde-temps. 

»  L'exploration  a  duré  du  3  octobre  1897  au  1 4  avril  1898  et,  comme 
le  départ  et  le  retour  se  sont  effectués  à  Zi-Ka-Wei,  les  marches  des  chro- 
nomètres ont  pu  être  réglées  dans  des  conditions  d'autant  plus  favorables 
qu'en  plusieurs  points,  lors  de  la  descente  du  grand  fleuve,  on  s'est  arrêté 
aux  stations  où  avaient  été  faites  des  observations  à  la  montée. 

»  Dans  deux  voyages  précédents,  à  Ou-hou  et  Ankeoii,  des  longitudes 
avaient  élé  déterminées  par  des  transports  de  quatre  chronomètres,  lilles 
ont  donné  les  mêmes  chiffres  que  dans  l'exploration  du  P.  Chevalier.  Les 
latitudes  observées  à  l'aide  de  la  lunette  méridienne  ou  du  théodolite  ont 
donné  des  résultats  aussi  exacts  que  ceux  que  l'on  pouvait  obtenir  dans 
des  stations  temporaires. 

M  Le  Volume  se  termine  par  la  liste  des  positions  géographiques  de 
treize  villes,  qui  pourront  être  utilisées  dans  le  Catalogue  de  la  Connaissance 
des  Temps. 

»  Dans  un  Appendice,  le  P.  Chev;ilier  donne  la  détermination  de 
la  hauteur  du  fleuve  en  trois  poinls,  ce  qui  donne  les  pentes  sticcessives 
de  250""°,  190'"™  et  26™'"  en  allant  de  Suei-fou  à  Tchong-Ring,  à  I-Tchang 
et  à  la  mer. 

»  Dans  un  court  Appendice,  il  donne  des  notions  sur  la  Géologie  des 
terrains  qui  bordent  le  fleuve,  au  moyen  d'échantdions  déterminés  par 
M.  de  Lapparent. 


(  665  ) 

»  En  résumé,  l'exploration  du  P.  Chevalier  a  été  conduite  avec  toute  la 
rigueur  scientifique'  compatible  avec  les  moyens  dont  il  disposait;  le 
résultat  lui  fait  çrand  honneur.   « 

ASTRONOMIE.  —   Véritable  l'alcur  de  la  période  de  variation  lumineuse  d'Éros. 
Note  de  MM.  Ch.  André  et  31.  Luizet,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Les  astronomes  qui  ont  étudié  les  variations  périodiques  d'éclat 
d'Eros  sont  d'opinions  différentes  :  les  uns  les  représentent  par  une 
oscillation  simple,  toujours  identique  à  elle-même  et  se  reproduisant 
indéfiniment  à  intervalles  d'environ  2'',5;  pour  les  autres,  la  courbe 
qui  les  représente  est  formée  de  deux  branches  différentes,  dont  l'ensemble 
se  reproduit  à  des  intervalles  d'environ  5'', 3,  sensiblement  doubles  des 
précédents. 

»  I/adoption  de  l'une  au  lieu  de  l'autre  de  ces  conceptions  ayant,  au 
point  de  vue  cosmogonique,  une  certaine  importance,  il  y  a  intérêt  à 
trancher  la  question  :  c'est  ce  à  quoi  va  nous  conduire  la  discussion  des 
observations  déjà  connues.  Nous  possédons  celles  de  MM.  Montange- 
rand  (M)  et  Rossard  (R)  à  Toulouse,  de  M.  Deichmûller  à  Bonn  (B)  et 
les  séries  de  Lyon  (L)  auxquelles  ont  pris  part  MM.  Guillaume,  Le  Cadet 
et  Luizet. 

M  1°  Partant  de  l'origine  et  de  la  durée  (P  =  S""  16™,  i5  =  o^aigSS) 
données  par  M.  Luizet,  formons  une  épliéméride  des  points  tropiques  (C) 
et  comparons-les  aux  heures  observées  (O),  nous  aurons  le  Tableau  sui- 
vant (colonne  0  —  C,  l'unité  est  oJ.ooi  =  i™,44)  ■ 


Minimum  I 

0  —  c. 

.Minimum 

II. 

"ô  -c. 

■ 

Maximum 

I. 

.Maximum 

II. 

K. 

K. 

0  -  c. 

0  -  C. 

R. 

■■       -27 

^4 

B. 

..         —23 

—  1 

B. 

••       -27 

-  6 

B. 

-23 

-  3 

R. 

..       -18 

-4 

B. 

..    -18 

-'7 

R. 

.  .        -23 

-+-  7 

R. 

-■e 

— 13 

!.. 

0 

0 

L. 

0 

0 

B. 

..    -18 

-i3 

L. 

4 

-1-   I 

L. 

5 

-3 

L. 

4 

0 

L. 

0 

0 

B. 

■4 

—  6 

B. 

5 

-4 

B. 

4 

-    3 

L. 

5 

+   I 

L. 

9 

1 

L. 

9 

-+-3 

L. 

9 

—   i 

L. 

9 

—  2 

B. 

9 

'.1 

B. 

9 

1 
—  1 

B. 

9 

~  8 

B. 

9 

■-  7 

L. 

i3 

-  .") 

L. 

,4 

—  ! 

L. 

i3 

—  2 

L. 

14 

-  4 

M. 

i3 

0 

L. 

23 

0 

L. 

23 

0 

L. 

23 

+  4 

M. 

22 

—  1  j 

L. 

3i 

—  1 

L. 

27 

-+-  2 

L. 

27 

+  4 

L. 

27 

4-    2 

L. 

..         73 

0 

L. 

32 

-  4 

L. 

3a 

+  4 

M. 

3i 

—  17 

L. 

..         73 

0 

L. 

..         73 

+  8 

L. 

72 

+  6 

L. 

77 

+  4 

C. 

R.,   1901 

.  1" 

Semestre,  i 

(T.  CXXXII, 

N»  11. 

) 

86 

(  666  ) 

»  I.esécartsO  —  C  entre l'observalion  etlecalcul,  engénéral  faibles,  sont 
indépendants  de  l'intervalle  qui  sépare  l'époque  (E)  de  l'observation  de 
l'époque  origine  et  ne  paraissent  dépendre  que  du  plus  ou  moins  de  préci- 
sion de  l'observation  elle-même:  on  peut  donc  considérer  l'accord  comme 
satisfaisant. 

»  2°  A  l'aide  de  l'origine  et  de  la  durée/?  =^  2*"  23™,  i  =  o^,  09988,  données 
par  M.  Baillaud,  nous  avons  formé  une  éphéméride  analogue  et  fait  la 
même  comparaison. 


Minimum 
E. 

I. 
0-C. 

- 

Minimvim  II. 

-  — 

M 

laximum 
E. 

I. 

0  — C. 

Maximum  II. 

E. 

0-C. 

E. 

0-C. 

R.  . 

0 

-h  8 

R.  , 

10 

■^  7 

R.  . 

0 

-T-   8 

R.. 

10 

+  12 

R. . 

20 

—  Il 

R.. 

21 

-  4 

R.  . 

9 

4-  5 

R.  . 

19 

-i4 

L.. 

60 

-3o 

L.. 

61 

—  9 

R.. 

20 

—  u 

B.. 

70 

-25 

B. . 

71 

-3o 

B. 

70 

-29 

L. . 

60 

— 20 

L.  . 

70 

—  18 

L.. 

7' 

—29 

L.. 

70 

-26 

L. . 

7' 

— 15 

B.. 

81 

—  23 

B.. 

80 

-46 

B. 

81 

-29 

B.. 

80 

-39 

L.. 

8i 

— 15 

L.. 

80 

-39 

L.  . 

81 

-23 

L.  . 

80 

-34 

M.. 

90 

-3i 

L.. 

91 

-39 

L.. 

90 

-4o 

L.. 

91 

-3i 

L.. 

90 

—36 

L.. 

1 1 1 

-48 

L.. 

I  12 

-38 

L.. 

1 1 1 

-35 

M.. 

i   '09 
<    ou 
(   1 10 

+42 
-57 

L.. 

i3o 

ou 

(   .3i 

+38 
-6. 

L.. 

121 

-42 

L.. 

( 
1 

"9 
ou 

120 

+48 

5i 

L.. 

121 

-36 

221 


-   3 


(,3, 


L 
L. 


32 

222 

23  I 


-h56 
-43 

+  18 
-t-  6 


L. 

L. 


i3o 
ou 
i3i 
221 


-t-52 


M. 


-47 
-i5       L 


129 
ou 
i3o 
220 


-29 
-7' 

-10 


»  Il  n'v  a  plus  cette  fois  aucun  accord  entre  l'observation  et  le  calcul, 
et  les  écarts  suivent  une  marche  nettement  systématique  :  sensiblement 
nuls  à  l'origine,  ils  augmentent  progressivement  jusqu'aux  environs  de  la 
centième  période  (et  alors  les  minima  calculés  correspondent  aux  maxima 
observés,  et  inversement)  pour  redevenir  nuls  aux  environs  de  la  deux- 
centième. 

»   Cette  durée/»  n'est  donc  point  acceptable. 

»  3°  Les  deux  séries  d'observations  faites  par  M.  Deichmùller  à  Bonn, 
les  21  et  22  février  igoi ,  coniluisent  aux  valeurs  des  différents  intervalles 


(667) 

tropiques  inscrites  ci-dessous  avec  nos  notations  et  dont  nous  rapprochons 
celles  de  Lyon  : 

m,  —  m^.     m^  —  m..      M,  — M,.      M,  —  M,.     M,  — m,.     M,  — m.,,      m,  —  M,,     m,  — M,. 

Bonn 2''47"'       2''23'"       2''46'"  »  l'Me™       i''i2™       i''32"  » 

Lyon 2''5i">       2''24™       2'' Se"       2''26™       ii'ao"       i*"  18"       ii'Si™       i''6'" 

»  L'accord  est  aussi  complet  que  possible  entre  les  résultats  de  ces  deux 
séries  d'observations;  les  deux  branches  successives  de  la  courbe  de 
lumière  n'étant  pas  identiques,  la  courbe  représentative  de  la  période  en- 
tière est  formée  par  leur  réunion  et,  par  suite,  à  double  oscillation.  C'est  ce 
que  confirme  la  différence  d'éclat  (près  de  i^')  signalée  par  M.  Deichmuller 
le  22  février  entre  les  deux  minima  successifs  :  nous  avons  eu  assez  souvent 
à  Lyon  l'impression  nette  de  cette  différence  d'éclat,  sans  nous  trouver  dans 
des  conditions  favorables  pour  la  mesurer  exactement. 

»  4°  Si  l'on  combine  ainsi  les  données  de  Bonn,  Lyon  et  Toulouse  on 
obtient,  pour  la  durée  de  la  période,  les  valeurs  indépendantes  : 

J  h        m 

Bonn 0,21900  =  5.  i5,4 

Lyon 0,21955  ^  5. 16, 1 

Toulouse o,  2i83o  r=  5 .  i4>3 

valeurs  absolument  concordantes. 

)>  En  conclusion,  la  période  de  variation  lumineuse  d'Éros  ne  saurait 
différer  beaucoup  de  5''i6'";  la  courbe  de  lumière  se  compose  de  deux 
branches  qui  diffèrent  par  la  forme,  par  l'écartement  et  par  les  éclats  des 
minima. 

»  Cette  courbe  de  lumière  est  donc  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  l'étoile 
double  piiotométrique  U  Pégase;  par  suite,  Eros  est  bien  une  planète 
double  qui  doit  la  plus  grande  partie  de  sa  variation  lumineuse  actuelle 
aux  éclipses  réciproques  de  ses  deux  composantes.    » 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les   zéros  des  fondions   entières 
de  n  variables.  Note  de  M.  P.  Cousi.v,  présentée  par  M.  Appell. 

«   Soit  G(iF,,  X.,,  ...,  *■„)  une  fonction  entière  des  n  variables  complexes 

x\,x., Xn,  dont  les  zéros  admettent  par  rapport  à  chacune  des  variables 

.séparément  la  période  2J-.  Il  existe  une  fonction  entière  F(a:,,a;.,,  ,..,x„) 

F" 
telle  que  le  quotient  p  est  une  fonction  entière  qui  ne  s'annule  pas,  telle 


(  668  ) 

cjiie  F  admet  la  période  s/tt  par  rapport  à  la  variable  or,  et  telle  que  par  le 
changement  de  a-^,  (/?  =  2,  3,  ...,  n),  en  x^-h-  21-,  V  se  reproduit,  multi- 
l)lié  par  l'exponentielle 

e  V  '  I-   ^ 

tous  lesTO  désignant  des  entiers  positifs,  négatifs  ou  nuls. 

»  C'est  là  l'extension  à  n  variables  d'un  théorème  donné  par  M.  Appell 
pour  deux  variables  {Journal  de  Lioui'ille,  1891). 

»  Les  entiers  m  sont  complètement  déterminés  dès  que  la  fonction 
G{x,,  x^,  ...,  x„)  est  donnée.  On  peut  en  donner  une  signification,  rela- 
tive aux  zéros  de  G  considérés  indépendamment  de  la  fonction  G  elle- 
même.  I^a  voici,  pour  plus  de  brièveté,  pour  le  cas  de  deux  variables  : 

F(x,  —  2i77,  X2)  =  F(a;,,  x^), 
F(x,,  x.,  -+-  2ir.)  =  e"'^<¥ {x, ,  ^2). 

»  Soient,  sur  le  plan  de  la  variable  x,,  AB  le  segment  de  droite  qui  joint 
un  point  x^  au  point  a7„  +  2.17:,  et  AB'  un  segment  analogue  sur  le  plan  de 
la  variable  a^j  :  L'équation 

(1)  G{x,,  x^)  =  0 

où  Xf  a  une  valeur  donnée,  définit  des  valeurs  de  x^  que  nous  appellerons 
les  zéros  de  l'équation  (i_).  Lorsque  x,  décrit  le  segment  AB,  m  est  la  difFé- 
rence  entre  le  nombre  de  zéros  de  (i)  qui  traversent  A'B'  de  droite  à 
gauche  et  le  nombre  des  zéros  qui  le  traversent  de  gauche  à  droite. 

»  J'ai  obtenu  les  théorèmes  ci-dessus  comme  application  particulière  de 
propositions  beaucoup  plus  générales,  qu'il  serait  trop  long  d'indiquer  ici 
et  qui  font  l'objet  d'un  Mémoire  qui  paraîtra  prochainement.    » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  vibrations  des  poutres  encastrées.  Note  de  M.  Kibièrii:, 

présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Soit  une  poutre  rectangulaire  de  longueur  2a,  de  hauteur  2/1,  en- 
castrée à  ses  deux  extrémités  et  que  je  suppose,  pour  réduire  le  problème 
à  deux  dimensions,  de  largeur  indéfinie.  Dans  une  Note  insérée  au  n°  5 
<ies  Comptes  rendus  de  1  898,  j'ai  donné  les  formules  de  l'équilibre  élastique 
d'une  poutre  de  ce  gcnu'e  supportant  des  charges  normales  à  sa  longueur. 


(669) 

Par  la  même  méthode  j'ai  obtenu,  dans  le  cas  de  mouvements  élastiques, 
les  formules  suivantes  : 

(i)       «  =  2  sinmx  coski   Q.  +  a;^.)  -^  («,  es>  +  h ^eS^')  -l-  c,  eSi^^d^esA  , 

O  1  J 

(3)       ^■^  "^  5]  cosrnx  cosAv  (</,  ("'■■'  H-  i,  c~°-), 

N|  ==  V  cosmj^cos/v    f  7.  -;-  2 ij.     /"  ^^.  )  (a,e*^4-  h,e~s^) 

No  =  V  cos772j;cos/{-;    (1  —  217. — ^ ^  j  (a,e°>  h-  b,e~^^) 

—  2 [7.7» (c,  e^' ^  -+-  d,  e~»> ^ )   , 
(    T  :^  "y  a  sinww  cosX7  r    f"^\  (a,  e»"''  -  6,  «-»">) 
[  +{g,  +  'f]{c,eBJ-d,e-^^r)\, 

en  prenant 

,s  ....  p/1''-  .,  k-- 


(^') 


--  ï 


p  étant  la  densité  du  corps  et  Q.  la  vitesse  de  propagation  des  vibrations 
longitudinales,  et 


i^)  g 


'.k-- 

k 

m-  - 

-  - —  =  m- 

—   — 

\x 

CO 

o)  étant  la  vitesse  de  propagation  des  vibrations  transversales. 

»  On  donne  à  m  les  valeurs  —,  i  étant  égal  aux  nombres  entiers  succes- 

a  " 

sifs,  et  aux  coefficients  indéterminés  «,,  è,,  c,,  d^  les  valeurs  nécessaires 

pour  que,  sur  les  faces  j  =z  àz  h,  T  soit  nul,  et  N^  identique  aux  séries  de 

Fourier  V  Mcoswj^cosXv  ou  VNcosm.rcosX'^  repré.sentant  la  charge  sur 

la  face  supérieure  ou  l'ensemble  des  réactions  sur  la  face  inférieure  qui 
font  à  tout  instant  équilibre  à  cette  charge.  Lorsque  X-  est  différent  de  zéro, 


(670) 

ces  valeurs  de  a, ,  b,,  c,,  d,  sont  les  suivantes 


(9)        «,=       ^[B(Ue^'>''-Ne-s^)c(g  +  g,)h-A(Me-^''''-^e^^^)c(g-g,)h], 
(jo)       b,  =       ^[À(M<;^/'-Ne-=^^)i;(g--^,)A  -  B(Mf-».^- Ne=.\)i(^+^,)^]' 

\  -  (B  +  A)  (Me-^^  -  Ne»/)^(5  +  g:)hc{g  -  g,)h  j, 

en  désignant  par  £  la  fonction  dite  sinus  hyperbolique  et  prenant 


(i3)  A  =  X- 


2[/.  Ittl-ggi 


m'  —  £■•=  \  »i- 


-    J2    \    ,,,2  _i_    cS  t> 


^   ^^  m^  —  g^  \nv -\- g\        ° 

(i5)  D=B^£^(^  +  ^o-,)/i_A^i-(^o— ^.,)A. 

»  Lorsque  les  séries  représentant  les  charges  extérieures  comprennent 
des  termes  indé|)endants  du  temps,  la  solution  qui  précède  ne  s'applique 
pas  à  ces  termes  et  l'on  retombe  dans  celle  qui  a  été  donnée  dans  la  Note 
précitée  pour  le  cas  de  l'équilibre.  Si  l'on  envisage  spécialement  les 
termes  rentrant  dans  la  solution  ci-dessus  on  voit  que,  à  chaque  valeur 
de  m,  correspond  une  valeur  deK  pour  laquelle 

(16)  ^^c\g  +  gdh-k^-C-^{g-g,)h  =  o. 

»  Les  coefficients  a,,  b,,Cf,  d,,  et,  par  suite,  tous  les  déplacements  et 
efforts  élastiques  deviennent  alors  infinis.  On  reconnaît  facilement  que 
cette  valeur  de  K  est  celle  qui  correspond  au  cas  oîi  les  charges  exté- 
rieures sont  nulles,  c'est-à-dire  aux  vibrations  propres  de  la  poutre.  Bien 
que  les  formules  de  l'élasticité  ne  restent  pas  applicables  pour  des  dépla- 
cements ainsi  croissants,  ce  résultat  met  néanmoins  en  évidence  le  danger 
bien  connu  des  charges  rythmées  dont  la  période  coïncide  avec  celle  de 
l'une  des  vibrations  propres  de  la  poutre.  On  doit  s'attacher  dans  les 
constructions  à  n'employer  que  des  pièces  dont  les  vibrations  propres 
aient  une  période  très  courte  qui  rende  cette  coïncidence  impossible.  La 
formule  (16)  ci-dessus  donne  un  moyen  simple  de  calculer  exactement  la 
fréquence  de  ces  vibrations  dans  une  catégorie  de  cas  importante.    » 


(  fiy  ) 

THERMODYNAMIQUE.   —  Sur  le  diagramme  entropique.  Note  de 
M.  L.  Marchis,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Depuis  quelques  années,  quelques  ingénieurs  ont  appliqué  le  principe 
de  Carnot-Clausius,  sous  la  forme  de  diagramme  entropique,  à  la  repré- 
sentation des  quantités  de  chaleur  dégagées  ou  absorbées  par  le  fluide  évo- 
luant dans  une  machine  à  vapeur.  Je  me  propose  de  démontrer  dans  cette 
Note  que  cette  application  n'est  pas  légitime  et  ne  peut  par  conséquent 
conduireaux  conséquences  quel'on  en  déduit,  notamment  sur  les  échanges 
de  chaleur  entre  le  fluide  évoluant  et  les  parois  des  cylindres  durant  les 
quatre  phases  du  fonctionnement  de  la  machine. 

»  Considérons  un  système  de  masse  constante  ayant,  à  chaque  instant 
de  ses  transformations,  la  même  température  en  tous  ses  points.  La 
quantité  de  chaleur  dq,  absorbée  dans  une  transformation  infiniment  petite 
effectuée  à  partir  d'un  état  dans  lequel  le  système  a  la  température 
absolue  T,  est 

(i)  dq=^Td^, 

dS  représentant  la  variation  de  l'entropie  du  système  durant  la  modifica- 
tion considérée. 

»  L'égalité  (()  peut  être  appliquée  à  Vétude  des  transformations  réversibles 
ou  des  transjormalions  d'un  système  en  mouvement  lorsque  ce  système  ne  pré- 
sente ni  viscosité  ni  frottement  i  '  ). 

»  Si,  au  lieu  de  considérer  une  modification  infiniment  petite,  nous  étu- 
dions une  modification  finie  du  système,  la  quantité  de  chaleur  absorbée 
est 

So 

(')  Celle  proposilion  a  élé  démontrée  par  M.  Duhetn  [Théorie  thermodynamique 
de  la  viscosité,  du  frottement  et  des  faux  équilibres  chimiques  (Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  Physiques  et  Naturelles  de  Bordeaux,  t.  II, 
5'  série),  Paris,  Hermann;  1896].  Dans  les  formules  (7)  de  la  page  22  et  celles  de  la 
page  23,  on  doit  faire  égales  à  zéro  les  résistances  passives /a. /p»  ■  ■  •  >  fx,  qui  ont  leur 
siège  dans  le  système. 

Voir  aussi  Commentaire  aux  principes  de  la  Thermodynamique,  3'  Partie, 
Chapitre  II  {Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  4'  série,  t.  X,  p.  223; 
■894). 


(672  ) 

So  et  S,  désignant  les  entropies  du  système  dans  son  état  initial  et  dans 
son  état  final. 

»  Si,  prenant  deux  axes  de  coordonnées  rectangulaires  OS  (axe  des  en- 
tropies) et  OT  (axe  des  températures),  on  représente  à  chaque  instant 
l'entropie  du  système  en  fonction  de  sa  température,  la  quantité  de  cha- 
leur (j  est  représentée  par  une  aire  limitée  par  l'axe  OS,  par  deux  ordonnées 
correspondant  aux  abscisses  S^  et  S,  et  par  la  courbe  représentative  des 
variations  de  l'entropie  en  fonction  de  la  température. 

«  Cette  représentation  géométrique  serait  très  commode  pour  repré- 
senter les  échanges  de  chaleur  entre  le  fluide  évoluant  dans  un  cylindre  de 
machine  à  vapeur  et  les  corps  qui  lui  sont  extérieurs,  si  la  masse  de  ce 
fluide  pouvait  êlie,  même  d'une  manière  approchée,  considérée  comme 
ayant  à  chaque  instant  de  sa  transformation  la  même  temj)érature  en  tous 
ses  points.  Or  il  est  facile  de  voir  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

»  Au  moment  de  l'ouverture  de  l'admission,  la  vapeur  qui  pénètre  dans 
le  cylindre  rencontre  dans  l'espace  mort  une  masse  de  fluide  qui  est  loin 
d'avoir  la  même  température  qu'elle;  pendant  le  remplissage  de  l'espace 
mort,  le  fluide  évoluant  ne  peut  être  considéré  comme  ayant  à  chaque 
instant  la  même  température  en  tous  ses  points.  Durant  le  reste  de  l'ad- 
mission on  peut  faire  cette  hvpothèse  à  partir  d'un  certain  moment,  mais 
c'est  là  une  approximation  dont  on  ignore  la  valeur.  Lorsqu'à  la  fin  de  la 
compression  le  fluide  emprisonné  dans  l'espace  mort  a  la  même  tempéra- 
ture et  la  même  pression  que  la  vapeur  affluente,  on  peut  appliquer  la  re- 
présentation entropique  à  la  phase  d'admission,  à  la  condition  de  supposer 
que  le  fluide  qui  entre  enjeu  est  homogène  et  possède  à  chaque  instant  la 
même  température  en  tous  ses  points. 

»  En  faisant  cette  même  hypothèse  pour  le  fluide  qui  se  trouve  dans  le 
cylindre  pendant  la  détente,  on  peut  également  appliquer  à  cette  phase  le 
diagramme  entropique. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  période  d'évacuation.  En  effet,  pen- 
dant cette  période  et  à  chaque  instant,  une  partie  du  système  étudié  se  trouve 
dans  le  cylindre,  une  partie  se  trouve  à  l'état  d'eau  dans  le  condenseur, 
c'est-à-dire  dans  des  conditions  de  température  très  différentes  de  la  pre- 
mière. Pour  appliquer  à  cette  phase  du  fonctionnement  le  théorème  de 
Carnot-Clausius,  il  faut  considérer  chacun  des  éléments  6^//2  de  la  masse  évo- 
luante et  calculer  l'intégrale 

/      /     Tdldm, 


(  673  ) 

dans  laquelle  Tet  2<7/n  représentent  la  température  et  l'entropie  d'un  élé- 
ment dm,  M  la  masse  du  système  étudié,  !„  et  2,  les  valeurs  limites  de 
l'entropie. 

»  Or,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  des  phénomènes  qui  se 
passent  pendant  l'évacuation,  un  tel  calcul  est  impossible. 

»  Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  de  l'évacuation  peut  se  répéter  de  la 
compression.  Si  l'on  peut,  il'une  manière  approchée,  considérer  comme 
homogène  et  ayant  en  tous  ses  points  la  même  température  le  fluide  res- 
tant dans  le  cylindre,  il  est  impossible,  comme  l'ont  fait  quelques  auteurs, 
de  considérer  la  masse  d'eau  évacuée  comme  avant  à  chaque  instant  la 
même  température  que  la  masse  de  fluide  restée  dans  la  machine.  Tout  au 
plus  peut-on  considérer  comme  négligeables  les  variations  d'entropie  pen- 
datit  la  compression  de  celle  masse  d'eau  évacuée  et  avoir  ainsi  cependant 
une  représentation  entropique  des  échanges  de  chaleur  pendant  la  com- 
pression. 

»  On  voit  donc  que,  si  le  diagramme  entropique  peut  être  appliqué  à 
l'élude  de  la  ilélente  et  de  la  compression,  il  ne  saurait  en  être  ainsi  pour 
l'admission  etsurtoulpourTévacuation.  Au  diagramme  fermé  du  plan  {p,  v) 
on  ne  |)eiit  faire  correspondre  dans  le  plan  (P,  S)  une  courbe  fermée  telle 
que  l'aire  embrassée  par  celte  courbe  représente  la  quantité  de  chaleur 
équivalente  au  travail  représenté  par  l'aire  limitée  par  le  diagramme  du 
plan  {p,  v). 

»  Ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  représentation  entropique  appliquée 
aux  machines  à  vapeur  s'applique  loul  aussi  nettement  à  la  phase  d'éva- 
cuation dans  les  machines  à  gaz.  Mais,  dans  ce  cas,  se  présente  une  diffi- 
culté de  plus;  l'explosion  étant  un  |)liénomène  de  rupture  de  faux  équi- 
libre chimique,  les  équations  (i)  et  (2)  ne  sont  pas  applicables  à  cette 
phase  du  fonctionnement;  il  n'est  donc  pas  possible,  en  considérant  l'explo- 
sion comme  une  Iraiisformation  s'effecluanl  à  volume  constant,  dedéiiuire 
des  équations  (i)  el  (2)  et  de  représenter  dans  le  plan  TOS  la  quantité  de 
chaleur  absorbée  dans  ces  conditions  par  le  système  qui  se  modifie.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  propagation  des  discontinuités  dans  les  jluides. 
Note  de  RI.  E.  Jolguet,  présentée  par  M.  Jordan. 

«   Les  méthodes  de  l'Énergétique  permettent  de  retrouver  et  de  généra- 
liser,  dans  une  certaine  mesure,  quelques-uns  des  résultats  obtenus  par 
C.  R.,  1901,  i"  Semettre.  (T.  CXXXII,  N»  11.)  87 


(674  ) 
Riemann  et  Hngoniot  dans  l'étude  de  la  propagation  des  percussions  dans 
les  fluides. 

»  Supposons  le  potentiel  thermodynamique  et  l'énergie  internes  du 
fluide  de  la  forme 

(p  densité,  T  température). 

Soient  a,  b,  c  les  coordonnées  des  molécules  et  z  la  densité  à  l'instant  ini- 
tial, X,  y,  z  les  variables  d'Euler,  D  le  jacobien  4^f^'  ?«.  Ea,  lo  "^ay  'nb<  '»3c. 
C  Ci,  Kc  les  coefficients  des  neuf  éléments  de  ce  jacobien  dans  son  déve- 
loppement, u -h  V -h  w  la  vitesse,  p  la  densité,  n  la  pression  au  temps  (, 
S(i(Ig-h^j)dm  le  travail  virtuel  des  forces  exténeures  et  d'inertie, 
S^Qdm  la  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  une  modification  virtuelle. 

»  Etudions  la  propagation  d'un  mouvement  i  dans  un  mouvement  2, 
la  surface  de  séparation  dans  le  chanq)  des  variables  de  Lagrangc  étant  une 
onde  du  premier  ordre  pour  x,  y,  z.  Soient  S  celle  surface,  1  l'onde  dans 
le  champ  des  variables  d'Euler,  /,  m,  n,  \,  (;,,  v  les  cosinus  directeurs  des 

normales  à  S  et  à  2  menées  de  i  vers  2,  -j->  -3-  les  vitesses  de  propagation 
de  S  et  de  2  dans  le  sens  de  ces  normales.  Posons 

B  =  ifita-^  mr,,i,-^  /i-/),e=  hia-^  /nvi^j-r-  nri^c 
G  —  /C,a+  /n(^,j  +  /i'C,^=  l'Cia  +  mt>b -h  nZ,^^. 

»  Au  bout  du  temps  àt,  S  est  venu  en  S'  à  une  distance  Ah.  S  et  S'  par- 
tagent le  fluide  en  trois  régions  :  l'une,  O,  comprise  entre  S  et  S',  les  deux 
autres  i  et  2  où,  pendant  toute  la  durée  A/,  règne  soit  le  mouvement  i,  soit 
le  mouvement  2.  Dans  la  partie  O  les  molécules  ont  subi  des  changements 
brusques  de  vitesse.  Pour  éludier  ce  mouvement,  prenons  comme  équa- 
tion fondamentale  la  forme  limite  que  prend,  pour  des  accélérations  infi- 
nies, l'équation  générale  de  l'énergétique.  Nous  écrirons  cette  dernière 


(0 


f       dis,  (S9  -  fc^-  y)dm  4-  f        dtS,{^  -  Se^—  8^ 


8/  )  dm 


+  J*    dlS,{E^U-r-EZQ~U,-^j)dm-^o, 


(  675  ) 

afin  de  ne  pas  faire  intervenir  la  notion  d'entropie  pour  la  partie  O,  où  il 
se  passe  un  phénomène  irréversible. 

»   Les  deux  premiers  termes  se  transforment  en  une  somme  d'intégrales 
dont  nous  ne  retiendrons  que  celles  qui  sont  relatives  à  la  surface  S. 


2    <^'f  t  , 


(2) 


-^  ^' 2  P2  ?^  (AS^ -^  BSj -^  CSz  V^. 


»  Dans  le  troisième  terme,    /  dlSg^t^^dm  est  de  l'ordre  de  At,  Ah,  Sa;, 
donc   négligeable.  Il  en  est  de  même  de    f  dl S (,(E^Q  -h  E^\J) dm,  .sans 

/t-t-Ac 
EdQ  4-  EdU  serait  infini,  ce  qui  est  impossible.  (Si  cette  cir- 
constance se  présentait,  on  devrait  conclure  qu'il  ne  peut  se  propager 
dans  le  fluide  considéré  une  onde  avec  discontinuité  dans  les  vitesses.) 

Quant  à  —  /  dlSg^jd/n,  il  donne 

s 
»  (i)  donne  alors  trois  équations  dont  la  première  est 

(4)  '-s (".-".)--.  A (4,;  ~«fe)  =  '^(n.-n.)- 

»   L'équation  de  conlinuité  s'écrit  d'ailleurs 

et  la  relation  supplémentaire  s'obtient  en  supposant  le  mouvement  adia- 
batique  et  en  remplaçant  dans  (i)  les  modifications  réelles, 

^g^      j  ^  dt  [ -, +  E(U.  -  U,)J 


(4') 


(  676  ) 

»  Le  passage  aux  variables  d'Euler  transforme  (4),  (5),  (6)  en 

P,  I  -^  —  (^".  +  \^^i  +  ^"'(  )J("i  —  "2) 

(5')  {'-^[ï^^^^'  +  f^"--^^"-'-)] 


(6') 


et  l'on  démontre  facilement  les  formules 

/    \  [dN      /^  sl^      p   n,  — n, 

(7)  [^  -  (x«,  + 1....  +  v«..)J  =  ^^  ^3:^> 

(8)  Ei:tiiiH_E^(U.-U.)  =  o 

(loi  adiabatique  dynamique  d'Hugoniot). 

»  Soit  *  ^=  —  p  -5ti  l'entropie  d'un  élément.  Le  principe  de  Clausius 

porte  à  penser  qu'on  doit  avoir  s,  —  s.^'^  o.  Or  la  loi  (8)  n'entr;iîae  pas 
toujours  cette  inégalité.  Ainsi,  pour  les  gaz  parfaits,  s,  —  s^  a  le  signe  de 
p,  —  pj.  Il  semble  donc  probable  que  le  cas  de  p,  —  P2<C  o  est  impossible 
pour  ces  fluides.  Il  est  remarquable  qu'HugonioL  ait  moiilré,  ])ar  une  lout 
autre  voie,  que  la  propagation  des  dilatations  adiabatiques  dans  un  gaz 
parfait  ne  peut  donner  lieu  spontanément  à  une  percussion. 

»  Les  formules  de  Riemann-Hugoniot  sont  donc  démontrées  par  des 
ondes  de  forme  quelconque.  La  méthode  même  de  ces  savants  aurait  d'ail- 
leurs permis  celte  extension. 

»  On  applique  sans  difficulté  la  méthode  qui  précède  aux  fluides  qui 
sont  le  siège  de  réactions  chimiques,  même  quand  celles-ci  sont  affectées 
de  viscosité  ou  de  frottement  ('  ).  Ou  voit  ainsi  que  les  formules  (7)  et  (8) 
régissent  la  propagation  des  explosions  quand  cette  propagation  se  fait 
par  ondes  du  premier  ordre  par  rapport  à  x,  y,  z.  » 


(')  Ces  mots  sont  pris  dans  le  sens  que  leur  donne  M.  Duliem  {TraiLé  de  Méca- 
nique chimique,  Livre  II). 


(  677  ) 


CHIMIE.  —  Sur  l'action  des  acides  sur  les  carbonates  alcalino-terreux 
en  présence  de  l'alcool.  Note  de  M.  C.  Vallée,  présentée  par  M.  Troost. 

«  M.  Carelte  ('),  après  avoir  étudié  l'action  des  acides  sur  les  carbo- 
nates en  présence  de  l'alcool,  a  énoncé  les  résultats  suivants  :  Les  acides 
chlorhydrique  et  azotique  attaquent  le  carbonate  de  chaux,  en  présence  de 
l'alcool  absolu;  l'acide  sulfurique  ne  l'attaque  sensiblement  pas  et  certains 
acides  organiques,  tels  que  l'acide  acétique,  n'exercent  aucune  action. 

»  Nous  nous  sommes  proposé  :  i°  de  rechercher  si  l'alcool  est  le  seul 
véhicule  présentant  ce  phénomène;  2°  d'étudier  de  plus  près  l'action  de 
l'acide  sulfurique  et  en  particulier  la  vitesse  de  neutralisation  de  cet  acide 
par  le  carbonate  de  chaux  quand  on  fait  varier  le  degré  alcoolique  et  la 
concentration  de  l'acide;  3°  de  rechercher  si  l'action  négative  de  l'acide 
acétique  se  maintient  en  présence  de  l'alcool  aqueux  et,  si  elle  ne  se  main- 
tient pas,  quelle  est  la  vitesse  de  neutralisation  pour  les  différents  degrés 
alcooliques. 

»  I.  Ayant  substitué  à  l'alcool  éthylique,  l'acétone  et  l'alcool  méthy- 
lique,  nous  n'avons  constaté  aucune  différence  dans  l'allure  générale  du 
phénomène.  Cette  observation  fait  ressortir  combien  est  important  le  rôle 
de  l'eau. 

M  II.  De  l'acide  sulfurique  normal  est  ajouté  à  de  l'alcool  absolu  et  le 
mélange  est  mis  en  présence  d'un  excès  de  carbonate  de  chaux  (-).  Des 
titrages  faits  de  temps  en  temps  ont  montré  que  la  neutralisalion  demande 
plus  de  quatre  mois  pour  être  complète,  bien  que  la  masse  ait  été  fré- 
quemment soumise  à  l'agitation.  La  réaction  est  donc  simplement  très 
lente,  elle  n'est  pas  limitée. 

»  Si  l'on  ajoute  de  l'eau  au  mélange,  on  observe  que  la  neutralisation 
s'effectue  en  un  temps  d'autant  plus  court  que  la  proportion  de  ce  liquide 
est  plus  forte.  On  j)eut,  pour  chaque  cas,  tracer  une  courbe  donnant  la 
proportion  d'acide  non  combiné,  en  fonction  du  temps,  et  l'examen  de  ces 
courbes   montre  que  la  vitesse  de  neutralisation  décroît   régulièrement 


(')  G.  Cabette,   Thèse  pour  le  diplôme  supérieur  de  pharmacien  de  première 
classe,  Lille;  1900. 

(2)    10"  de  l'acide  ont  été  étendus  à  100"  avec  l'alcool. 


(678  ) 

quand  le  temps  croît.  La  température  ne  semble  pas  avoir  d'influence  bien 
notable. 

»  En  substituant  au  carbonate  de  cliaux  le  carbonate  de  strontium  ou 
de  baryum  on  retrouve  des  résultats  absolument  analogues  à  ceux  donnés 
par  le  carbonate  de  chaux;  il  faut  cependant  remarquer  que  la  vitesse  de 
la  réaction  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  plus  faible  avec  le  carbonate 
de  baryum  qu'avec  le  carbonate  de  calcium. 

»  III.  L'action  négative  de  l'acide  acétique  sur  le  carbonate  de  chaux  en 
présence  de  l'alcool  absolu  est  signalée  dans  le  Traité  de  Pelouze  etFrémy 
(t.  IV,  p.  i/i9);M.  Carelle  a  aussi  remarqué  qu'en  solution  normale  un 
dixième  de  l'acide  acétique  n'agissait  pas  au  bout  de  quelques  heures.  Nous 
avons  repris  cette  expérience  et  nous  avons  constaté  que  la  neutralisation 
se  fait  lentement,  mais  qu'elle  se  fait  :  10'^'^  d'acide  acétique  normal,  dilués 
à  100"  avec  de  l'alcool  absolu  et  mis  en  présence  d'un  excès  de  carbonate 
de  chaux,  se  trouvent  à  demi  neutralisés  au  bout  de  trois  mois  et  demi. 
Nous  avons  aussi  étudié  sur  cet  acide  l'influence  du  degré  alcoolique;  on 
amenait  successivement  10'^'' d'acide  acétique  normal  au  volume  de  loo'^'^ 
avec  des  alcools  à  85°,  70°,  65°,  55°,  etc.  Les  résultats  observés  ont  été 
les  mêmes  que  ceux  qui  ont  été  obtenus  avec  l'acide  sulfurique;  la  vitesse 
de  neutralisation  décroît  très  régulièrement  avec  le  temps. 

»  Remarque.  —  L'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  carbonates  nous  a 
conduit  à  l'étude  d'un  système  renfermant  le  carbonate  solide,  le  sulfate 
solide  et  un  mélange  homogène  d'eau,  d'alcool  et  d'acide.  Nous  avons 
repris  l'étude  de  l'action  de  l'acide  azotique  en  nous  plaçant  dans  des  con- 
ditions analogues,  c'est-à-dire  en  opérant  en  présence  d'un  excès  d'azo- 
tate. Dans  ces  conditions  la  neutralisation  de  l'acide  est  encore  totale; 
notons  cependant  que  le  sel  de  baryum  demande  un  temps  plus  long  que 
le  sel  de  strontium.    » 


CHIMIE   MINÉRALE.  —   Sur  quelques  composes  du  cœsium. 
Note  de  M.  C.  Chabrié,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Le  cœsium,  qui  est  le  premier  des  métaux  découverts  par  l'analyse 
spectrale  (186 1)  n'est  pas  celui  d'entre  eux  qui  a  été  le  plus  étudié.  Il 
est  fort  peu  abondant;  son  poids  atomique  élevé  et  sa  monovalence,  qui 
le  font  entrer  pour  une  proportion  considérable  dans  ses  combinaisons, 


(  679  ) 
ont  rendu  son  étude  souvent  peu  abordable.  J'ai  retiré  le  cœsium  du  pollux, 
qui  est  le  minéral  qui  en  contient  le  plus  ('),  avec  l'intention  de  combler 
quelques-unes  des  lacunes  importantes  que  l'on  trouve  dans  la  série  des 
composés  de  ce  métal. 

»  Bromure  de  cœsium.  —  On  a  signalé  un  Iribroraure  et  un  penlabromure  ('), 
deux  chlorobroraures,  et  beaucoup  de  bromures  et  de  chlorobromures  doubles.  La 
préparation  du  monobromure  a  été  réalisée  par  divers  auteurs  {')  dans  le  but  de 
déterminer  certaines  propriétés  de  ce  composé,  mais  personne,  je  crois,  n'a  donné  les 
analyses  du  produit  obtenu.  Je  dirai  donc  comment  je  l'ai  eu  à  l'état  de  pureté. 

»  J'ai  mêlé  deux  dissolutions  aqueuses  chaudes,  l'une  renfermant  lôs',  17  de  sulfate 
de  cœsium  préalablement  calciné,  l'autre  i4°'',3G  de  bromure  de  baryum  hydraté. 
Lexpérience  m'a  prouvé  qu'il  faut  ajouter  une  quantité  de  bromure  de  baryum  un 
peu  supérieure  à  celle  qu'indique  la  formule.  Le  liquide  a  été  filtré  et  évaporé  à  siccité. 
Le  résidu  a  été  calciné,  puis  repris  par  l'eau.  La  nouvelle  solution  a  été  soumise  à  la 
crislallisalion  fractionnée.  //  faut  prendre  la  tête  de  la  cristallisation,  formée  des 
cristaux  les  plus  petits  et  les  moins  nets  de  contour.  On  les  a  séchés  sur  des  plaques 
poreuses,  puis  dans  le  vide  en  présence  de  l'acide  sulfurique.  L'analyse  conduit  à  la 
formule  CsBr  (*). 

»  Ces  cristaux  ne  rétablissent  pas  la  lumière  polarisée. 

»  lodure  de  caesium.  —  On  a  décrit  des  iodobromures  et  des  iodochlorures  de 
cœsium  et  des  iodures  doubles.  BeketofF  (/oc.  cjf.)  a  préparé  l'iodure  par  double 
décomposition  entre  le  sulfate  de  cœsium  et  l'iodure  de  baryum,  mais  il  ne  parle  pas 
des  analyses  qui,  seules,  établiraient  sa  composition.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi 
on  ne  trouve  dans  aucun  dictionnaire  l'indication  de  ce  produit  ni  du  précédent. 

»  J'ai  ajouté  à  une  solution  parfaitement  neutre  de  sulfate  de  cœsium  (yS"',  22)  une 
solution  d'iodure  de  baryum  jusqu'à  cessation  de  précipitation.  La  liqueur  filtrée, 
concentrée  à  60°  sous  pression  réduite,  a  été  ensuite  placée  sous  une  cloche  dans  la- 
quelle on  a  fait  le  vide,  en  présence  d'acide  sulfurique. 

»  Ainsi,  se  sont  formés  des  cristaux  d'apparence  cubique,  très  blancs,  très  nets. 
Leur  analyse  conduit  à  la  formule  Csl  ('). 

»  Fluorure  de    cœsium.  —   Les   seuls  composés  du  cœsium  contenant  du   fluor 


(')  PisANi,  Comptes  rendus,  t.  LVIII,  p.  714. 

(-)  Wells  (H.-L.),  Wheeler  et  Penfield,  Amer.  Journ.  of  Se,  3'  série,  t.  XLIV, 
p.  42. 

(2)  Beketofr(Z?(///.  Soc.  Saint-Pétersbourg,  4"  série,  t.  II,  p.  197)  dit  avoir  pré- 
paré ce  bromure,  mais  il  semble  que  d'autres  savants,  dont  je  n'ai  pas  pu  trouver  les 
noms,  l'avaient  obtenu  avant  lui,  car  M.  A.  Ditte  {Ann.  de  Chim.  etde  Phys.,  6"  série, 
t.  Vlll,p.  419)  disait,  en  se  fondant  sur  des  témoignages  antérieurs  à  1886,  que  ce 
composé,  de  même  que  l'iodure,  cristallise  anhydre. 

(*)  Théorie  pour  100:  Cs=:  62,80,  lir=:  87,64.  Trouvé:  Gs  =  6i,93,  Br  =  87,78. 

(  ^  )  Théorie  pour  100  :  Cs  =  5 1 ,  06,  I  =  48 ,  94-  Trouvé  :  Cs  =  5o ,  96,  I  =:  48 ,  98. 


(  68o  ) 

connus  actuellement  sont  le  fluosilicate  ('),  le  fluophosphate  et  le  fluoditliionate  ('). 
J'ai  cherché  à  préparer  le  fluorure  par  double  décomposition  entre  le  fluorure 
d'argent  et  le  chlorure  de  cœsium  ;  puis  par  le  fluorure  de  baryum  et  le  sulfate 
de  cœsium,  par  l'action  de  l'acide  fluorlijdrique  sur  l'hydrate  et  aussi  sur  le  carbo- 
nate de  cœsium.  Je  décrirai  seulement  les  opérations  qui  m'ont  donné  les  meilleurs 
résultats. 

»  J'ai  préparé  du  carbonate  de  cœsium  pur.  Sa  solution  a  été  évaporée  à  iSo"  et  le 
résidu  a  été  dissous  par  l'acide  fluorhydrique  pur  dans  une  capsule  de  platine,  l'acide 
étant  en  léger  excès. 

»  La  solution  a  été  concentrée  à  l'ébullition  ;  puis,  avant  d'être  saturée,  elle  a  été 
abandonnée  dans  le  vide,  d'abord  en  présence  de  l'acide  sulfurique,  et  après  en  pré- 
sence de  la  chaux  vive. 

»  J'ai  obtenu  de  longues  aiguilles  hygrométriques  qui  sont  formées  de  fluorhydrate 
de  fluorure  de  cœsium,  sel  dont  la  solution  est  nettement  acide.  L'analyse  conduit  à 
la  formule  Cs  FI,  HFl  ('). 

»  Si  l'on  calcine  ce  composé  au  rouge  vif,  il  se  décompose,  fond,  disparaît  en  partie 
par  volatilité,  et  donne  un  résidu  dont  la  solution  est  fortement  alcaline.  Si  l'on  arrête 
la  calcinalion  un  peu  avant  la  fusion  et  surtout  si  l'on  ajoute  un  peu  de  fluorhydrate 
d'ammoniaque  au  produit,  avant  de  le  chauffer  au  petit  rouge,  le  composé  restant 
possède  la  constitution  du  fluorure  Cs  FI  et  cristallise  dans  le  système  cubique.  L'ana- 
lyse conduit  à  la  formule  Cs  FI  (*). 

»  Chromate  neutre  de  cœsium.  —  J'ai  préparé  ce  sel  en  belles  aiguilles  jaune  clair 
longues  de  plusieurs  centimètres  en  traitant  le  chromate  d'argent  bien  neutre  en  léger 
excès  par  le  chlorure  de  cœsium.  Si  le  chromate  d'argent  retient  un  peu  de  bichromate, 
le  bichromate  de  cœsium  formé,  beaucoup  moins  soluble  que  le  sel  neutre,  est  séparé 
facilement. 

»  J'ai  pris  75'", gS  de  chromate  d'argent  et  7s'',  00  de  chlorure  de  cœsium,  et  j'ai  mêlé 
les  solutions  bouillantes  de  ces  sels  en  agitant  constamment.  Après  fillration  et  con- 
centration, j'ai  vu  des  cristaux  se  former.  Ils  ont  été  sèches  sur  la  plaque  poreuse.  Ils 
ne  s'altèrent  pas  à  100°.  L'analyse  conduit  à  la  formule  CrO*Cs^  (^). 

»  Biclironiale  de  cœsium.  —  J'ai  obtenu  ce  bichromate  en  petits  cristaux  d'un 
rouge  clair  éclatant,  en  dissolvant,  dans  une  solution  de  chromate  neutre,  0,26  pour 
100  de  son  poids  d'anhydride  chromique. 

»  J'ai  pris  08'", 97/^7  de  chromate  neutre  en  solution  et  j'ai  versé,  en  remuant, 
06'', 2368  d'anhydride  chromique  préalablement  dissous;  puis,  j'ai  concentré,  fait 
cristalliser  et  séché  à  100°  les  cristaux  obtenus  très  stables  et  anhydres.  L'analyse 
conduit  à  la  formule  Cr^O'Cs'-  («). 


{')  Preis,  Journ.  prakt.  Chem.,  t.  CllI,  p.  /JiQ- 

(^)  Weinland  et  Alfa,  Chem.  Centrait.,  t.  II,  p.  172;  1899. 

(^)  Théorie  pour  100  :  Cs  =  77, 12,  FI  :=  22, 12.  Trouvé  :  Cs  =  76,84,  FI  =  22,56. 

(*)  Théorie  pour  100  :  Cs  :=  87  ,5i.  Trouvé  :  Cs  =  87  ,55. 

(^)  Théorie  pour  100  :  Cs  1=  69,55,  Cr  r=  18,62.  Trouvé  :  Cs  =  69,99,  Cr  — _  18,69. 

(*)  Théorie  pour  100  :  Cs  =  55, 09,  Cr  =r  21 ,61.  Trouvé  :  Cs  =  54,83,  Cr  =r  22,08. 


(  68i   ) 

»   Je  me  propose  d'indiquer  les  propriétés  de  ces  nouveaux  composés 
dans  d'autres  publications.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  tes  constituants  des  ferrosiliciums  imiustnels. 
Note  de  M.  P.  Lebeau,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Nous  avons  déjà  établi  que  le  siliciure  de  fer  défini  SiFe-  forme  le 
constituant  le  plus  important  des  ferrosiliciums  renfermant  moins  de 
20  pour  100  de  silicium.  L'examen  que  nous  avions  fait  antérieurement  de 
ferrosiliciums  plus  riches  nous  avait  permis  de  démontrer,  dans  cesderniers, 
la  présence  du  Kiliciure  SiFe^  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  dans  la  séance 
du  Congrès  deCliimie  appliquée  du  23  juillet  i90o(').M.  Jouve  a,  depuis, 
confirmé  ces  résultais  dans  une  Communication  faite  à  la  Société  chimique 
de  Paris  dans  sa  séance  du  8  février  dernier  ("),  Ce  chimiste  admet  l'exis- 
tence des  siliciures  SiFe*  et  SiFe  dans  les  ferrosiliciums,  à  l'exclusion  de 
tous  autres,  tels  que  Si^Fe',  Si'Fe*  et  Si-Fe.  En  outre,  faisant  un  rappro- 
chement entre  les  proportions  du  carbone  existant  dans  ces  siliciures  et  du 
silicium  manquant  à  la  proportion  théorique  pour  les  produits  SiFe*  et 
SiFe,  M.  Jouve  émet  l'opinion  que  le  carbone  remplace  le  silicium  dans  les 
proportions  de  leurs  poids  atomiques.  Les  recherches  assez  délicates  que 
nous  poursuivons  depuis  plus  d'une  année, sur  les  combinaisons  du  silicium 
avec  les  métaux  de  la  famille  du  fer,  ne  nous  permettent  d'adopter  ni  l'une 
ni  l'autre  de  ces  conclusions. 

»  Le  siliciure  de  fer  SiFe  se  rencontre  quelquefois  en  véritables  feutrages  de  cris- 
taux dans  les  géodes  que  présentent  assez  souvent  les  ferrosiliciums  industriels;  les 
cristaux  sont  très  nets,  presque  isolés,  et  ressemblent  en  tous  points  à  ceux  que  nous 
avons  déjà  décrits  dans  ce  Recueil  (').  Malgré  leur  belle  apparence,  ils  ne  possèdent 
jamais  exactement  la  composition  SiFe.  Nous  avons  trouvé,  pour  des  cristaux  séparés 
avec  soin,  les  résultats  analytiques  suivants  : 

Théorie 
I-  II-  m.  pour  SiFe. 

Si 27."  3o,83  27,76  33,33 

Fe 73,50  69,04  71,07  66,66 


(')  Comptes  tendus  du  quatrième  Congrès  international  de  Chimie  appliquée, 
publiés  par  la  Revue  générale  des  Sciences  pures  et  appliquées. 

(^)  Procès-verbal  de  la  séance  du  8  février  rgoi  {Bulletin  de  la  Société  chimique 
de  Paris,  3"  série,  t.  XXV,  p.  226). 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  556. 

C.  R.,   1901,   1"  Semestre.  (T.  CXX.Xll,  N'   11.)  88 


(  682  ) 

»  L'examen  des  sections  polies  de  ces  différents  échantillons  explique  très  bien  ces 
divergences  de  chiffres.  Les  cristaux  sont,  en  effet,  cimentés  par  un  produit  paraissant 
plus  blanc  sous  le  microscope  et  vraisemblablement  formé  par  un  eutectique  des  deux 
siiiciures. 

»  Ce  produit  est  aussi  inattaquable  que  les  cristaux  par  les  différents  réactifs;  la 
séparation  de  ces  derniers  à  l'état  de  pureté  est  rendue  très  difficile  par  ce  fait. 

»  Nous  avons  pu,  cependant,  obtenir  le  composé  Si  Fe  sensiblement  pur,  en  épuisant 
par  des  traitements  alternés  aux  acides  et  aux  alcalis  un  produit  industriel  pulvérisé 
renfermant  35  pour  loo  de  silicium.  Le  résidu  cristallin  non  magnétique  renferme  des 
cristaux  assez  bien  formés,  d'aspect  tétraédrique.  La  densité  de  cette  substance  et  son 
analyse  nous  permettent  de  l'identifier  complètement  avec  le  siliciure  SiFe. 

»  Le  carbone  que  l'on  trouve  en  quantités  variables,  mais  assez  faibles,  dans 
ces  produits  de  l'électrométallurgie,  est  presque  toujours  entièrement  sous  la  forme 
graphite.  Cependant  on  rencontre  parfois  dans  le  résidu  de  leur  attaque  par  le 
chlore,  outre  le  graphite,  une  petite  quantité  de  carbone  amorphe,  qui  se  détruit  par 
l'action  prolongée  de  l'acide  azotique  concentré.  Nous  n'avons  pas  constaté  dans  nos 
résultats  analytiques  les  relations  numériques  indiquées  par  M.  Jouve,  mais  nous 
avons  remarqué  que  la  présence  du  carbone  amorphe  en  quantité  appréciable  coexiste 
presque  toujours  avec  celle  du  manganèse.  En  outre,  les  ferrosiliciums  industriels 
renferment  souvent,  outre  le  fer  et  le  silicium,  du  calcium,  du  soufre  et  du  phosphore, 
qui  peuvent  aussi  influer  sur  la  teneur  en  carbone  combiné.  Nous  ajouterons  que, 
dans  les  conditions  où  la  réaction  du  chlore  sur  les  ferrosiliciums  se  produit,  la  tem- 
pérature est  suffisamment  élevée  pour  que  le  siliciure  de  carbone  soit  détruit  égale- 
ment et  abandonne  un  squelette  de  carbone  amorphe.  Toutes  ces  raisons  nous  parais- 
sent rendre  un  peu  hypothétique  le  remplacement  moléculaire  du  silicium  par  le 
carbone,  dans  les  siiiciures  de  fer  définis  extraits  de  ces  produits  complexes. 

»  Les  échantillons  industriels  que  nous  avons  examinés  ne  renfermaient  que  33  pour 
100  de  silicium  combiné  au  fer;  cependant  M.  de  Chalmot  avait  indiqué  comme  limite 
de  siliciuration  du  fer  la  teneur  de  5o  pour  loo,  teneur  qui  correspond  à  un  siliciure 
de  formule  Si'Fe,  qu'il  préparait  en  fondant  des  poids  égaux  de  fer  et  de  silicium. 
En  présence  de  ces  résultats,  en  apparence  contradictoires,  nous  avons  pensé  qu'il 
était  nécessaire  de  reprendre  ces  recherches  et  d"isoler,  s'il  était  possible,  le  siliciure 
Si^Fe. 

»  Nous  avons  d'abord  chauffé  au  four  électrique  un  poids  déterminé  de  fer  avec 
un  grand  excès  de  siliciure  de  cuivre;  dans  ces  conditions  nous  n'avons  obtenu 
que  le  composé  SiFe.  Celte  expérience  négative  en  vue  de  la  préparation  de  Si^Fe 
nous  a  permis  de  montrer  que  la  limite  de  siliciuration  du  fer  était  bien  33  pour  loo 
lorsque  ce  métal  se  trouvait  en  présence  d'une  autre  substance  capable  également  de 
se  combiner  au  silicium.  Afin  de  détruire  cette  sorte  d'équilibre,  nous  avons  ajouté,  au 
mélange  de  siliciure  de  cuivre  et  de  fer,  du  silicium  libre,  afin  d'obtenir  en  quelque 
sorte  la  combinaison  du  fer  et  du  silicium  au  sein  du  siliciure  de  cuivre  fondu  jouant 
seulement  le  rôle  de  dissolvant.  Bien  que  nous  ayons  isolé  dans  ce  cas  des  produits 
plus  riches  en  silicium  combiné,  la  réaction  paraît  se  limiter  par  la  volatilisation  même 
du  silicium. 

»  Nous  avons  toutefois  réussi  à  préparer  le  siliciure  Si'Fe  en  chauffant  au  four 


(  683  ) 

électrique  le  fer  avec  un  grand  excès  de  silicium.  A  l'aide  de  réactifs  appropriés  nous 
avons  pu  isoler  de  petits  cristaux  très  brillants,  beaucoup  moins  foncés  que  le  produit 
primitif  et  qui  ont  présenté  à  l'analyse  la  composition  exigée  par  la  formule  Si^Fe. 

»  Ce  siliciure,  qui  a  pris  naissance  dans  un  produit  renfermant  80  pour  100  de  sili- 
cium, est  la  combinaison  la  plus  riche  en  métalloïde  que  nous  aj-ons  pu  produire. 

»  Nous  publierons  le  délail  de  ces  recherches  et  les  analyses  dans  un 
Mémoire  qui  paraîtra  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique. 

»  En  résumé,  l'étude  que  nous  avons  faite  des  combinaisons  du  fer  et  du 
silicium  établit  nettement  l'existence,  dans  les  ferrosiliciums  industriels,  des 
siliciures  SiFeS  SiFe  et  Si^'Fe.  Nous  avons  en  outre  donné  des  procédés  de 
préparation  qui  nous  ont  permis  d'obtenir  ces  composés  purs  et  cristallisés 
et  de  faire  l'étude  de  leurs  principales  propriétés,  résultats  qui  faciliteront 
les  reclierches  concernant  la  structure  des  alliages  siliciés.  Enfin  la  sili- 
ciuration  du  fer  par  les  pi'océdés  électrométallurgiques  peut  avoir,  suivant 
la  nature  des  matières  premières  employées,  deux  limites  correspondant  à 
la  formation  des  composés  SiFe  et  Si^Fe.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  chiorures  d'acides  et  des  anhydrides 
d'acides  sur  les  composés  organo-métalliques  di  magnésium.  Note  de 
MM.  TissiER  et  Grignard,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  L'un  (le  nous  a  signalé  l'action  des  composés  organo-métalliques  du 
magnésitmi  pour  les  synthèses  en  Chimie  organique  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXII,  p.  336).  Nous  avons  appliqué  cette  méthode  à  l'étude  des 
chlorures  et  des  anhydrides  d'acides. 

»  Les  chlorures  d'acides  et  les  anhydrides  d'acides  réagissent  avec  violence  sur  les 
composés  organo-métalliques  du  magnésium.  Une  goutte  de  chlorure  ou  d'anhydride 
tombant  sur  ces  composés  produit  le  sifflement  d'un  fer  rouge  éteint  dans  l'eau,  en 
même  temps  qu'il  y  a  projection  de  gouttelettes  liquides.  Il  faut  donc  avoir  soin  de 
refroidir  fortement  le  ballon  dans  lequel  s'eiTectue  la  réaction  et  de  diluer  dans  l'éther 
les  corps  réagissants. 

»  L'opération  se  fait  alors  très  facilement  dans  le  ballon  même  où  l'on  a  préparé  le 
composé  organo-métallique  muni,  à  cet  effet,  d'un  entonnoir  à  robinet  et  d'un  réfri- 
gérant ascendant  :  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  le  chlorure  ou  l'anhydride  dilué 
de  4  à  5  volumes  d'éther  anhydre.  Le  ballon  doit  être  maintenu  dans  la  glace  et  agité 
de  temps  en  temps. 

»  Dès  le  début,  il  se  dépose  dans  le  liquide  une  partie  cristalline  qui  va  en  aug- 
mentant jusqu'à  la  fin  de  l'opération. 


(  684  ) 

«  Lorsque  le  mélange  est  terminé,  on  laisse  la  réaction  s'achever  d'elle-même  à  la 
température  ordinaire  pendant  quelques  heures. 

»  En  essorant  à  la  trompe,  dans  une  atmosphère  de  gaz  inerte  et  sec,  on  peut  séparer 
le  magma  cristallin  formé  de  sels  magnésiens,  chlorures  et  iodures. 

»  Le  liquide  filtré  se  sépare  en  deux  couches  :  la  couche  inférieure,  qui  renferme 
presque  exclusivement  la  combinaison  du  composé  organo-mélallique  et  de  chlorure 
ou  d'anhydride,  et  une  couche  d'éther  qui  surnage. 

»  En  pratique,  lorsque  la  réaction  est  terminée,  on  jette  le  tout  dans  l'eau  glacée. 
On  obtient  ainsi  finalement  une  partie  aqueuse  tenant  en  suspension  des  flocons 
d'hydrate  de  magnésium  et  surnagée  par  une  couche  d'éther  pur  ou  tenant  en  disso- 
lution des  produits  de  la  réaction. 

»  Chlorures  d'acides.  —  Nos  essais  ont  jjorté  sur  un  chlorure  de  la  série  grasse, 
le  chlorure  d'acétyle,  et  sur  un  chlorure  de  la  série  aromatique,  le  chlorure  debenzoïle 
que  nous  avons  fait  agir  sur  l'iodure  de  mélhylmagnésium.  Dans  les  deux  cas,  en 
opérant  comme  nous  venons  de  l'indiquer,  nous  avons  obtenu  des  alcools  tertiaires. 

»  La  réaction  se  produit  en  deux  phases,  d'après  les  équations  suivantes,  dans  les- 
quelles R  désigne  un  groupement  monovalent  CH',  C^H^,  etc. 

»   Formation  du  composé  organo-métallique  : 

—  CH'— I^-Mg^-  «(CM1^)20  =  CH'- Mg— 1 -;   n^C^WyO. 

Première  phase  : 

/  0  —  Mg  —  1 
CH^-  Mg-  l4  R-C0C1  =  H-C  — GH' 

\C1. 
Deuxième  phase  : 

/O—  Mg  — 1 
R_C  — GH'  -i-GtP- Mg-1==R  — G  — GH'  +MglCl. 

\G1 


Action  de  l' eau 


=  2  rj^*^"'  ^'%G  -  OhI  -^  Mg  (0H)5  -H  MgP 


»  On  doit  employer  \  molécule  de  chlorure  d'acide  pour  i  molécule  d'iodure  de  mé- 
thyle.  On  obtient  ainsi  : 

»  Avec  le  chlorure  d'acétyle,  le  triméthylcarbinol  (GH')'=ïG — OH  et  des  traces 
d'acétoneGH'— GO  — GH»; 

»  Avec  le  chlorure  de  benzoïle,  le  diméthylphénylcarbinol  V,^      '  ^G  —  OH. 

»  Il  se  forme  en  même  temps,  par  suite  de  réactions  secondaires,  de  petites  quan- 
tités de  carbures  d'hydrogène. 

»  Le  diméthylphénylcarbinol  a  été  signalé  pour  la  première  fois  par  l'un  de  nous, 
dans  raclion  de  l'acétophénone  sur  l'iodure  de  méthyle  magnésium,  comme  un  com- 
posé liquide.  Cet  alcool,  obtenu   facilement  à  l'état  de  pureté,  par  la  méthode  au 


(  685  ) 

chlorure  de  benzoïle,  est,  en  réalité,  un  composé  solide,   bouillant  à   89°-90",   sous 
iQinm  Je  pression,  fusible  à  28°. 

»  Le  trimélhjlcarbinol  se  décompose  par  distillation  à  la  pression   ordinaire,  en 

(  '6  H5\ 

donnant  de  l'eau  et  du  phénylméthoéthène  „,.       ;C  =  CH',  bouillant  à  iSS^-iôo",  à  la 
f         J  (-;jj3    /  '  ' 

pression  de  8°"°. 

»  Pour  éviter  cette  décomposition,  le  liquide  provenant  de  la  décomposition  par 
l'eau  est  distillé  au  bain-marie  pour  chasser  l'étlier,  puis  le  diméthylpliénylcarbiiiol 
est  entraîné  à  la  vapeur  d'eau,  séparé  par  le  carbonate  de  potassium.  Le  liquide  sui- 
nageant,  desséché,  cristallise  directement  dans  la  glace  et  donne,  par  essorage,  lecai- 
binol  pur. 

»  Les  rendements  sont  de  4o  à  5o  pour  100. 

»  La  réaction  est  la  même  si  l'on  renverse  la  réaction,  en  faisant  agir  l'iotlure  de 
méthylmagnésium  sur  les  chlorures  d'acides. 

u  Anhydrides  d'acides.  —  Les  anhydrides  d'acides  réagissent  sur  les  composés 
organo-métalliques  du  magnésium  en  donnant  les  mêmes  produits  que  les  chlorures 
d'acides. 

»  Le  mode  opératoire  est  identique,  et  l'on  obtient  du  triméthylcarbinol  avec  l'anhv- 
dride  acétique,  du  dimélhylphénylcarbinol  avec  l'anhydride  benzoïque.  Le  mécanisme 
de  la  réaction  peut  s'interpréter  de  deux,  manières  diflerenles  suivant  qu'une  molécule 
d'iodure  de  métliylmagnésium  agit  sur  \  molécule  d'anhydride  ou  sur  {  de  molécule. 

»  En  réalité,  la  réaction  nécessite  |  molécule  d'anhydride.  Si  l'on  ne  fait  agir  qu'un 
t|uart  de  molécule  d'anhydride,  le  magma  cristallin  est  très  faible  et  il  reste  un  excès 
d'iodure  de  methylmagnésium. 

»   Les  réactions  se  produisent  suivant  les  équations  : 

Première  phase  :  2(CFP  -Mg  _  I)  -^  2  (  JJ  ~  ^J.^O  )  =  2(  R  -  C-CH'  ), 

VK-LO/    /        y  \0-CO-R/ 

/  /0-Mg    -1  /  /O  -Mg-1\ 

Deuxième  phase. 1 1  R  —  C— Cil''  )  4- 2(CH'  — Mg— I)  =  2(  R  —  C— CH' 


\0-C0       R/  \  \CH' 

-h2(R  — C0*)2Mg  +  MgP. 

»  Nous  continuons  l'étude  de  ces  composés  avec  les  chlorures  et  les 
anhydrides  d'acides  monobasiques  et  polybasiques.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'alcool  caprylique  sur  son  dérivé  sodé; 
synthèse  des  alcools  dicaprylique  et  Iricaprylique.  Note  de  M.  Marcel 
GuERBET,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Dans  des  Communications  antérieures  (  '  ),  j'ai  eu  l'honneur  d'exposer 
à  l'Académie  que  les  alcools  primaires  à  poids  moléculaire  élevé,  comme 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  5i  i  et  1002,  et  t.  CXXXII,  p.  207. 


(  686  ) 

l'alcool  amyliqne  inactif,  l'alcool  œnanthylique,  chauffés  avec  leurs  dérivés 
sodés  respectifs,  doublent  et  triplent  leur  molécule  en  donnant  naissance 
à  des  alcools  plus  condensés  et  primaires  comme  leurs  générateurs. 

»  On  obtient,  par  exemple,  avec  l'alcool  œnanthylique  C'H'^O,  les 
alcools  diœnanthylique  C'^H'^O  et  triœnanthylique  C="  H"0,  et  l'on  peut 
formuler  très  simplement  les  réactions  qui  leur  donnent  naissance  : 

aiV'O  +  C'H"NaO  =  C'^H'OO  +  NaOH, 
C'^H3»0  +  C'H"NaO  =  C^^' II"0  +  NaOH. 

»  Par  chaque  molécule  d'alcool  formé,  il  s'élimine  une  molécule  de 
soude,  qui  réagit  ensuite  sur  une  partie  des  alcools  en  les  transformant  en 
acides  correspondants,  suivant  la  réaction  de  Dumas  et  Stas. 

»  Il  y  avait  lieu  de  rechercher  si  les  alcools  secondaires  se  compor- 
teraient de  même,  et  j'ai  tenté  l'expérience  sur  l'un  de  ces  alcools,  l'alcool 
caprylique  C*H"0.  J'ai  obtenu  ainsi  les  alcools  dicaprylique  C'MI'^0  et 
tricaprylique  C^^H^^O,  qui  prennent  naissance  dans  des  réactions  tout 
à  fait  analogues  : 

C  H'«0  -h  C«H"]Na0  =  C'^H'^O  H   NaOH, 
C'«H''0  H    C'H"NaO  =  C"H*»0    ;-  NaOH. 

»  Les  alcools  dicaprylique  et  tricaprylique  ainsi  formés  sont  des  alcools 
secondaires  comme  l'acool  caprylique  lui-même;  aussi  la  soude  formée  ne 
réagit  plus  sur  eux  comme  elle  le  faisait  dans  le  cas  de  l'alcool  œnanthy- 
lique, et  l'on  ne  trouve  que  des  traces  d'acides  dans  les  produits  de  la  réac- 
tion. 

»  L'alcool  caprylique  employé  avait  été  purifié  suivant  les  indications  données  par 
Bonis  (');  il  avait  notamment  été  distillé  deux  fois  sur  la  potasse  caustique  pour  le 
priver  de  toute  trace  d'alcool  o?nanthylique.  Il  bouillait  à  1-8°- 179°. 

»  On  effectue  la  réaction  dans  une  bouteille  en  cuivre  munie  d'un  réfrigérant  à 
reflux  et  d'un  thermomètre  plongeant  jusqu'au  fond  du  vase.  On  introduit  dans  l'appa- 
reil 420B''  d'alcool  capryliqL'.e  et  33?''  de  sodium  et  l'on  cliaufl'e  légèrement  pour  hâter 
la  dissolution  du  métal.  Lorsqu'elle  est  complète,  le  dégagement  d'hydrogène,  d'abord 
très  rapide,  devient  à  peu  près  nul  ;  on  élève  alors  peu  à  peu  la  température  et  l'on 
observe  qu'à  200°  il  se  fait  un  peu  d'eau  qui  se  condense  dans  le  réfrigérant  et  pro- 
duit un  bruit  particulier  en  retombant  dans  le  liquide  chaud.  A  ce  moment,  on  re- 
tourne le  réfrigérant  et  l'on  règle  la  chauffe  pour  permettre  à  l'eau  qui  se  produit  de 
distiller  en  entraînant  le  moins  possible  d'alcool  caprylique.  On  chauffe  ainsi  pendant 
six  heures  de  200°  jusqu'à  25o°  et  l'on  recueille  as'',  5o  d'eau.  On  observe  que,  pendant 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3' série,  t.  XCVII,  p.  34. 


(687  ) 

tout  ce  temps,  il  se  dégage  un  peu  d'Iiydrogène.  Après  refroidissement,  on  reprend  la 
masse  par  l'eau  acidulée  d'une  quantité  d'acide  sulfuri(|ue  telle  que  la  solution  obleuue 
reste  nettement  alcaline.  On  achève  la  saturation  par  un  coui-ant  d'acide  carbonique 
et  l'on  décante  le  mélange  d'alcool  qui  vient  surnager,  sous  forme  d'un  liquide  hui- 
leux. 

»  La  solution  aqueuse  est  lavée  plusieurs  fois  avec  de  l'éther,  et  l'on  constate  qu'elle 
renferme  seulement  2S"'  d'un  acide  huileux  bouillant  à  2 1 8''-220°  :  c'est  de  l'acide 
œnanlhjlique. 

»  La  couche  huileuse  est  desséchée  sur  le  carbonate  de  potasse  et  distillée  sous 
pression  réduite.  Il  passe  d'abord  de  l'alcool  caprylique  inaltéré,  puis  les  alcools  dica- 
prylique  et  tricaprylique,  que  l'on  sépare  par  distillation  fractionnée.  On  obtient  ainsi 
SoS"'  d'alcool  dicaprylique,  distillant  entre  172°  et  175°  sous  17""™  de  pression,  et  326'' 
d'alcool  tricaprylique  impur  distillant  entre  235°  et  2/40°  sous  la  même  pression. 

»  L'alcool  dicaprylique  peut  être  obtenu  à  l'état  de  pureté  en  le  rectifiant  de  nou- 
veau plusieurs  fois.  11  répond  à  la  formule  C'^H'*0  (G:  trouvé  79,32,  calculé  79,33; 
H  ;  trouvé  i4jI9>  calculé  i4,o6).  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'alcool  tricaprylique,  qui 
se  trouve  toujours  mélangé  d'un  composé  neutre,  non  alcoolique,  ayant  à  peu  près  le 
même  point  d'ébullition  que  lui.  Pour  l'en  séparer,  on  emploie  la  méthode  indiquée 
par  M.  Haller  (')  pour  l'extraction  des  alcools  que  renferment  les  huiles  essentielles  ;  on 
chauffe  le  mélange  à  200"  avec  un  excès  d'anhydride  phtalique  qui  transforme  l'alcool 
tricaprylique  en  éther  phtalique  acide.  On  extrait  ce  dernier  par  une  dissolution 
froide  de  carbonate  de  soude,  qu'on  lave  ensuite  plusieurs  fois  avec  de  l'éther  pour 
lui  enlever  complètement  le  composé  non  alcoolique.  En  acidulant  ensuite  la  liqueur, 
on  obtient  l'éther  acide  que  l'on  saponifie  par  la  potasse  alcoolique.  On  lave  enfin 
Yalcool  triœnanthy liqiie ,  on  le  dessèche  sur  le  carbonate  de  potasse  et  on  le  rectifie. 
Il  n'est  pas  encore  tout  à  fait  pur,  car  on  trouve  à  l'analyse  81,80  pour  100  de  car- 
bone et  1/4  pour  100  d'hydrogène,  alors  que  la  formule  C^'H^'O  exige  C8i,36,  H  i4,i3. 

»  C'est  un  liquide  incolore,  huileux,  bouillant  de  227°  à  23o°  sous  12"""  de  pression. 
Son  éther  acétique  bout  à  224''-227°  sous  10™"^  de  pression. 

»  L'alcool  dicaprylique  est  un  liquide  incolore,  huileux,  d'odeur  très 
faible  rappelant  un  peu  celle  du  suif,  ne  se  solidifiant  pas  à  —  20°,  bouil- 
lant à  173°  sous  17™"  de  pression.  Sa  densité  à  0°  est  0,8473  et  à  i5° 
0,8387. 

»  Nous  avons  vu  plus  haut  que,  pendant  la  réaction  de  l'alcool  ca- 
prylique sur  son  dérivé  sodé,  il  se  dégage  un  peu  d'hydrogène  et  d'eau. 
Celle-ci  provient  de  l'action  de  la  soude  sur  les  alcools  qui  se  transforment 
partiellement  en  alcools  sodés  avec  élimination  d'eau.  Quant  à  l'hydrogène, 
il  prend  naissance  vraisemblablement  dans  l'oxydation  secondaire  de 
l'alcool  caprylique,  qui  produit  la  petite  quantité  d'acide  œnanthylique 
observée. 

{')  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  i3o8,  et  t.  GXXII,  p.  865. 


(  688  ) 

»  L'alcool  dicapryliqiie  est  un  alcool  secondaire,  car  sa  vitesse  d'élhérifi- 
cation  a  été  trouvée  égale  à  20.  L'enchaînement  des  deux  molécules 
d'alcool  capiylique  Cil'  -(CH^")'  -  CHOH  -  CH'  ne  se  fait  donc  point 
sur  le  groupement  fonctionnel,  car  on  obtiendrait  un  alcool  tertiaire.  Il  y 
avait  lieu  de  s'y  attendre,  d'ailleurs,  puisque  les  condensations  des  alcools 
amylique  inactif  et  œnanthylique,  tous  deux  alcools  primaires,  donnent 
naissance,  comme  je  l'ai  montré,  aux  alcools  diamylique  et  diœnanthy- 
lique,  qui  sont  aussi  des  alcools  primaires. 

»  L'oxydation  méthodique  de  ces  alcools  renseignera  sans  doute  sur  le 
lieu  de  l'enchaînement.  « 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Vaporisation  et  hydratation  du  gfycol  éthylènique . 

iNote  de  M.  de  Forcraxd. 

«   L   Tension  de  vapeur  du  glycot.  —  Le  [loint  d'ébullition  du  glycol  a  été 
trouvé  égal  à  197°  sous  la  pression  de  760°"°  ('). 
»   J'ai  aussi  déterminé  les  points  d'cbullilion. 

0  ^  ai  m 

186,5  SOUS  la  pression  de  544 > 3 
173,2  »  357.3 

1 4o ,  8  •)  ICI 

186,7  "  83 

122,5  »  44 

»  Ces  nombres  permettent  de  construire  la  courbe  des  tensions  de 
vapeur. 

»  Ils  donnent  aussi,  par  la  formule  de  Clapeyron,  les  chaleurs  de  vapo- 
risation suivantes,  pour  une  molécule  : 

Cal  o 

i4)6o  à  la  température  de   i3o,6 
1 4 , 1 5  i>  1 60 , 3 

i3,o4  "  188,4 

nombres  qui  diminuent  à  mesure  que  la  température  s'élève,  d'abord  très 
lentement,  puis  beaucoup  plus  vite,  et  qui  tendent  à  se  rapprocher  de  la 
donnée  fournie  par  M.  Longuinine,  12^*', 06  à  197". 


(')  M.  Longuinine  a  publié  197°, 87  sous  760""",  avec  une  variation  deo'',o48  pour 
,mm  Wurtz  avait  donné  197°,  20  sous  la  pression  764'""',  5,  ce  qui  fournirait  197", o3 
avec  la  correction  précédente,  qui  est  probablement  un  peu  forte. 


(  689  ) 

»  Le  premier  de  ces  résultats  (i4^*',6o)  peut  servira  calculer  avec  une 
approximation  suffisante  la  tension  de  vapeur  à  ioo°.  On  trouve  ainsi 
i3"'-",34. 

»  On  sait  d'ailleurs,  depuis  longtemps,  que  le  glycol  est  un  peu  volatil  à 
la  température  du  bain-marie;  la  tension  de  i3™™,34  est  en  effet  sensible- 
ment celle  de  l'eau  à  -+-  i6°. 

M  Au  contraire,  à  la  température  ordinaire,  le  glycol  pur  n'a  qu'une 
tension  de  vapeur  insensible.  Le  calcul,  beaucoup  moins  rigoureux  dans  ce 
cas,  donnerait  seulement  quelques  centièmes  de  millimètres  (o™™,o26 
à  +  lo").  C'est  à  peu  près  la  tension  de  vapeur  du  mercure.  Le  glycol 
n'émet  donc  pas  de  vapeurs  à  froid,  du  moins  d'une  manière  appréciable. 

M  IL  Uydralalion  du  glycol.  —  Mais  lorsqu'on  l'expose  pendant  quelque 
temps  à  l'action  de  l'air  atmosphérique,  un  autre  phénomène  intervient. 
Le  glycol  est  extrêmement  hygroscoj)ique.  Il  absorbe  l'humidité  de  l'air 
comme  le  fêtait  l'acide  sulfuiique  ou  l'alcool  absolu.  C'est  sans  doule  à 
celte  propriété,  que  je  n'ai  trouvée  signalée  nulle  part,  que  sont  dues  les 
quelques  divergenc  es  (pie  l'on  remarque  au  sujet  du  glycol,  notamment  la 
densité  un  peu  trop  faible  (i,ii5o  à  o°,  au  lieu  de  1,129';)  <lon'iée  par 
Wurtz,  et  aussi  ce  fait  que  ce  savant  n'avail  pu  arriver  à  le  solidifier. 

»  Quelques  grammes  du  glycol  pur,  abandonnés  à  l'air  pendant  quelques 
jours,  ont  pris  3o  pour  100  de  leur  poids  d'eau  après  une  semaine,  et  en 
tout  60  pour  100  après  deux  semaines;  ce  dernier  nombre  correspond 
à  2H-O  et  paraît  être  la  limite. 

»  D'ailleurs  la  chaleur  de  dissolution  du  glycol  est  positive  (-H  i^^^ôS, 
ou  +  i^^^yo  d'après  M.  Longuiniiie). 

»  Pour  vérifier  qu'il  se  formait  au  moins  un  hydrure  et  rechercher  si  sa 
composition  correspond  à  211^0,  j'ai  dissous  dans  un  grand  excès  d'eau 
des  mélanges  faits  à  l'avance  de  glycol  et  d'eau,  et  j'ai  obtenu  les  chaleurs 
de  dissolution  suivantes  : 


Pour  100  d'eau. 

6,77 

C'H^O' 

'  +  o,25H20 

Cal 
1,591 

12,67 

» 

-4-o,5o 

» 

I  ,520 

22, 5o 

» 

+  I 

)) 

1,383 

3o,34 

)>■ 

-h  i,5o 

M 

1,291 

.      36,73 

» 

-H  2 

)) 

1 ,202 

39, 5i 

» 

-1-2,25 

» 

1,116 

42,06 

» 

-t-  2,5o 

» 

1,082 

46,55 

» 

-t-3 

» 

i,o54 

53,73 

» 

+  4 

B 

0,929 

59,20 

» 

-h5 

)) 

0,767 

C.  R.,   1901,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  11)  89 


(690  ) 

»  Jusqu'à  2H-O,  c'est  la  formule  empirique  suivante  qui  représente  le 
phénomène 

Q  :=  1,675  —  o,26o«. 

»  Au  delà  de  2H^0,  il  faut  prendre  la  formule  (  '  ) 

Q  =  1,202  —  0,147  ("  ~  ^^• 

»  Tout  se  passe  donc  bien  comme  si,  à  partir  de  2H^0,  on  avait  affaire 
à  une  dissolution  d'un  hydrate  à  2H^O  dans  l'eau  en  excès. 

»  D'ailleurs,  la  courbe  indique  nettement  un  hydrate  à  ce  point  et  peut 
être  même  un  autre  hydrate  à  iH^O. 

»  Enfin  j'ai  fait  quelques  mesures  de  densité  pour  les  mélanges  sui- 
vants : 

Calculé  Contraction 

sans  en  volume 

Trouvé.  contraction  pour  100. 

C»H«02+H''0 1,1107  ':0977  i.'7 

»   4-2H^0 ijOgSi  1.0783  1,53 

»   -t-2,25H^O 1,0900  1,0746  i,4i 

»       +2,5oH20 i,o853  1,0714  1,28 

M   Le  maximum  de  contraction  correspond  encore  à  2H^O. 

»  On  peut  donc  admettre  qu'il  existe  au  moins  un  hydrate,  de  compo- 
sition C^H'O^  4-  2H^0.  Sa  chaleur  de  formation  serait  très  faible,  environ 
o*^^',6o.   M 


THERMOCHIMIE .  —  Dissociation  el  étude  thermique  du  composé  A 1"  Cl" ,  1 8  Az  H' . 

Note  de  M.  E.  Baud. 

«  Lorsqu'on  dirige  un  courant  de  gaz  ammoniac  sur  le  chlorure  d'alu- 
minium dodécammoniacal  refroidi  à  o",  on  n'observe  aucune  augmenta- 
tion de  poids.  Il  en  est  de  même  si  l'on  opère  à  la  température  de  —  io°,7. 
Au  contraire,  si  l'on  refroidit  à  — 18°  ou  —20°,  on  obtient  un  corps  de 
composition  APCl"  4- i6,43  AzH' ;  en  opérant  à  — 22"  ou  —23°,  la  com- 
position devient  APCl''-l-i7,7AzH'.  Il  se  produit  donc  un  nouveau  corps, 
ayant  très  probablement  pour  formule  APCl",  i8AzH%  et  déjà  les  faits 
qui  précèdent  montrent  que  sa  tension  de  dissociation  est  égale  à  la  pres- 
sion atmosphérique,  entre  —10°  7  et  —18°. 


(')  «  est  le  nombre  dé   molécules  d'eau   primitivement  mélangées   avec   C'H'O'; 
1,675  et  1,202  sont  les  densités  du  gljcol  pur  et  de  l'hydrate  à  2H^O. 


(  691  ) 

»  I.  Chaleur  de  formation.  —  Ce  corps  ne  pouvant  exister  à  la  température 
ordinaire,  j'ai  dii  le  maintenir  à  température  basse  ( — 18°  et — 22°)  pour  le  dis- 
soudre dans  l'eau  du  calorimètre  (60"'  à  +10°). 

»  Ces  expériences  nécessitaient  une  correction  indispensable  et  la  connaissance 
préalable  de  la  cbaleur  spécifique  de  ce  composé. 

i>  Dans  ce  but,  j'ai  déterminé  expérimentalement  la  chaleur  spécifique  de  ÂPCl*  et 
celle  de  Al'Cl^,  i2AzH'  entre  —  22»  et  +  iS»,  et  j'en  ai  déduit  par  le  calcul  (loi  de 
Wœstyn)  la  chaleur  spécifique  de  Al^Cl*,  iSAzIP. 

»  J'ai  trouvé  pour  chaleur  spécifique  de  : 

Al-CI* 5o,  196  (')         soit         o,  188  par  gramme 

APCl»,  i2AzH' 188,400  soit        o,4oo  » 

»  D'où  pour  i2AzIP  : 

188, 4oo  —  5o,  176  -—  i38,2o4, 

soit  ii,5i7  pour  chaleur  spécifique  moléculaire  de  AzH'  solide. 

)i  On  aura  donc  pour  Al-Cl'^,  iSAzH',  la  somme  des  chaleurs  spécifiques  de  : 

A12Cl^I2AzH3 188,400 

EtôAzH* 6x11,517=;    69,102 

Soit 267,502 

ou,  par  unité  de  poids  :  o,4494- 

»  Connaissant  la  chaleur  spécifique,  j'ai  pu  déterminer  la  température  moyenne 
initiale.  J'ai  ainsi  trouvé,  toutes  corrections  faites,  pour  chaleurs  de  dissolution  : 

Première  expérience  :    Le  corps  Al^Cl'H-  i6,43AzH'  étant  à  —  18°.  .  .      -)-i4"',997 
Deuxième  expérience  :  Le  corps  Al'Cl*-H  i7,7oAzH'  étant  à  —  22°.  . .      H- 1 5'="' , 800 

»  Dans  les  deux  cas,  ces  corps  sont  des  mélanges  de 

A1=C1«,  i2AzH'     et  de     APC1«,  iSAzH^ 

Si   l'on  calcule  d'après  ces  nombres  la  chaleur  de  dissolution   de    APCl*,  i8AzH', 
on  trouve  : 


1°  -+-i5C''',8i4 

2°  ^i  5c»',  944 


Moyenne -H  1 5*^"',  88 


«  On  en  déduit  pour  la  chaleur  de  fixation  de  : 

iSAzH-' -(-3i7C»',85 

AV-&  sol.-h  iSAzH^  gaz  —  Al-Cr,  18  AzH»  sol.     -+-3ij<--^\85 

Ce  nombre  paraît  extraordinairement  élevé,   mais  il  convient  de  remarquer  que  la 


(')  Par  le  calcul,  d'après  la  chaleur  spécifique  de  Al  et  celle  de  Cl  solide,  on  trouve 
48,36  pour  Al- Cl*.  J'ai  pris  pour  chaleur  spécifique  de  Cl  la  moyenne  des  nombres 
donnés  par  M.  Bertlielot  (Mécanique  chimique,  l.  Il,  p.  482). 


(  692  ) 

chaleur  de  fixation  des  douze  premières  molécules  est  déjà  +  268*^"',  28  ;  on  a  donc  pour 
le  passage  du  corps  à  i2AzH'  au  composé  à  i8  : 

AI-Cl»,  i2AzH3sol. -+-6AzH'gaz=\PCl^  iSAzH^soI -f-iigC'i.ôa 

Soit -(-  8C"i,27 

pour  un  seul  AzH'. 

»  Ainsi  le  chlorure  d'aluminium  fixant  deux  premières  molécules  de  AzH'  donne 
+4'*^"') '4  p3r  molécule,  tandis  que  les  six  dernières  donnent  seulement  comme 
moyenne  +8'^''',  27. 

»  Ces  deux  nombres  sont,  le  premier  le  plus  élevé,  le  second  le  plus  faible  de  tous 
ceux  qui  ont  été  publiés  jusqu'ici  pour  les  chlorures  ammoniacaux. 

»  II.  Dissociation.  — •  J'ai  supprimé  complètement,  dans  l'appareil  qui  m'a  servi  à 
la  mesure  des  tensions,  l'emploi  des  robinets. 

»  Quelques  grammes  du  composé  APCI',  i2AzH'  étaient  placés  dans  un  tube 
en  U.  A  lune  des  branches  de  celui-ci  était  soudé  à  la  lampe  un  tube  recourbé  des- 
tiné à  servir  de  manomètre.  Par  l'autre  branche  on  faisait  arriver  l'ammoniac,  le 
tube  en  U  plongeant  dans  du  chlorure  de  métlijle,  pour  préparer  le  corps  à  iSAzIP. 

»  Celui-ci  formé,  on  obturait  le  tube  manométrique  avec  du  mercure,  et  l'on  fer- 
mail  à  la  lampe  l'autre  branche  du  tube  en  U. 

»  11  ne  restait  plus  qu'à  maintenir  la  matière  à  une  température  constante,  pendant 
un  temps  suffisamment  long  (quelquefois  plusieurs  jours),  pour  mesurer  la  tension 
correspondant  à  l'état  d'équilibre. 

»  J'ai  déterminé  les  tensions  de  dissociation  à  0°,  à  —  10°, 7  (mélange  de  glace  et 
de  chlorure  de  potassium  ),  à  —  22°,  3  (chlorure  de  mélhvle)  ei  enfin  à  —  37°  (ammo- 
niac liquide).  Dans  ces  deux  dernières  expériences,  le  liquide  réfrigérant  était  placé 
dans  une  éprouvette  à  double  enveloppe  à  vide  de  Crookes. 

»  Voici  les  valeurs  obtenues  : 

t.  T. 

o 
G  278 

— 10,7  262,3 

— 22,3  260,7 

—87  236 

»  Dans  la  dernière  colonne  j'ai  inscrit  les  tensions  calculées  d'après  la  formule  de 
Clapejron,  en  prenant  pour  bases  Q  =-(-  8''''',  27  e.1  p  a  0°  =  1790"'". 

»  Si  l'on  construit  la  courbe  des  tensions  ou  bien  si  l'on  calcule  T  au  moyen  de  la 
formule  de  Glapeyron  et  en  prenant  toujours  pour  bases  Q  =  8'^''',  27  et/?  ^  1790™™  on 
trouve  que  la  tension  devient  égale  à  760"""  à  la  température  de  — i4°i6,  soit  2  58°,  4  abs. 
ce  qui  donne  pour  la  variation  d'entropie 

Q     ^8270 

ce  qui  est  bien  la  moyenne  fournie  par  les  chlorures  ammoniacaux.   » 


P' 

Press 

ion  calculée. 

oim 

aim 

790 

)> 

970 

965 

481 

465 

189 

177 

(693  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  nitration  directe  dans  la  série  grasse. 
Note  de  M.  A.  Wahl,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  précédente  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  687), 
M.  Bouveaidt  et  moi  avons  montré  que  l'acide  nitrique  fumant  réagit  sur 
le  diméthylacrylale  d'éthyle  pour  donner  1res  facilement  un  dérivé  nitré 
bien  défini  répondant  à  la  formule  C'H"AzO'. 

»  Le  but  que  nous  nous  étions  proposé  étant  l'étude  de  l'action  de 
l'acide  nitrique  fumant  sur  les  composés  non  saturés,  ces  recherches  ont 
ensuite  porté  sur  d'autres  éthers  dérivés  de  l'acrylate  d'éthyle,  tels  que  le 
crotonale  d'éthyle,  le  tiglate  d'éthyle  et  l'isolauronolate  d'éthyle. 

»  Crotonate  d'éthyle.  —  Le  crotonate  d'éllijle  employé  a  été  préparé  directement 
en  parlant  du  bromobutyrate  d'éthyle. 

»  On  fait  bouillir  i  partie  de  cet  élher  brome  avec  i,5  partie  de  diéthylaniline 
pendant  plusieurs  heures,  et  l'on  achève  la  préparation  en  suivant  les  mêmes  indica- 
tions que  celles  prescrites  par  Weinig  {Lieb.  Ann.,  t.  CCLXXX,  p.  203)  pour  le 
dimétliylacrylale  d'éthyle. 

1)  On  obtient  ainsi  un  liquide  bouillant  à  i35°-i4o°,  qui  est  du  crotonate  d'éthyle 
complètement  exempt  d'isocrolonate,  car,  par  saponification,  on  en  retire  l'acide  cro- 
tonique  solide  fondant  à  72°.  Dans  cette  préparation,  le  rendement  en  élher  crolonique 
est  de  4o  à  5o  pour  100  de  la  théorie.  L'acide  et  l'élher  crotonique  n'avaient  jamais 
été  préparés  au  moyen  de  l'acide  a-bromobutyrique;  au  contraire,  faisant  réagir  la 
diméthylaniline  sur  l'élher  a-bromobutyrique,  M.  Bischoff(')  a  constaté  qu'il  ne  se 
forme  pas  trace  d'éther  non  saturé.  C'est  le  remplacement  de  la  diméthylaniline 
par  la  diéthylaniline  qui  permet  à  la  réaction  d'avoir  lieu. 

»  L'acide  nitrique  fumant  seul  réagit  difficilement  sur  le  crotonate  d'éthyle,  même 
lorsque  l'acide  est  en  grand  excès. 

»  On  arrive  à  obtenir  un  produit  nitré,  en  petite  quantité,  en  ajoutant  seulement 
I  partie  d'éther  crolonique  à  un  mélange  de  4  parties  d'acide  nitrique  fumant  et 
I  partie  d'acide  sulfurique  maintenu  au-dessous  de  25°.  Le  produit  versé  sur  la  glace, 
lavé  à  l'eau  et  au  carbonate  de  soude,  est  distillé  dans  le  vide  ;  il  se  décompose  légère- 
ment pendant  la  distillation,  mais  la  portion  moyenne  rectifiée,  qui  bout  à  ioo"-io6"> 
sous  i3""",  soumise  à  l'analyse,  a  donné  des  chiffres  voisins  de  ceux,  correspondant  à 
C'H'ÂzO^ 

»  Tiglate  d'éthyle.  —  Le  tiglate  d'élhyle  a  été  préparé  par  la  méthode  de 
Frankland  et  Duppa  (^),  qui    consiste  à   traiter   l'éther   oxalique    par   un    mélange 

(')  Berichted.  Deut.  chem.  Ges.,  t.  XXXI,  p.  3o20. 

(')  Lieb.  Ann..   t.  CXXXV,  p.  38,  et  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys..  4«  série,  t.  V 
p.  5o2. 


(  694  ) 

d'iodure  d'étln'le  et  de  méthyle  en  présence  de  zinc,  et  à  desliydrater  l'éther  étho- 
méthoxalique  par  le  triclilorure  de  phospliore. 

»  Le  tiglate  d'éthyle  traité  par  l'acide  nitrique  fumant  (5  parties  pour  i  partie 
d'éther)  donne  un  liquide  jaunâtre  sans  odeur  spéciale,  plus  lourd  que  l'eau,  que  la 
distillation  dans  le  vide  décompose  fortement  avec  dégagement  de  vapeurs  intenses. 
L'analyse  du  produit  brut  montre  qu'il  s'est  fixé  de  l'acide  nitrique  en  quantité  plus 
grande  que  celle  qui  correspondrait  à  un  nitrate  ou  à  un  nitré. 

»  Soumis  à  la  réduction  au  moyen  de  l'amalgame  d'aluminium,  il  a  fourni  du  tiglate 
d'éthyle,  mais  pas  de  dérivé  amidé;  il  s'est  dégagé  de  l'ammoniaque. 

»  Isolauronolate  d'éthyle.  —  Il  a  été  préparé  par  élhérifîcation  de  l'acide  isolauro- 
nolique  suivant  les  indications  de  M.  Blanc. 

»  L'acide  nitrique  fumant  réagit  très  vivement  sur  lui,  le  mélange  s'échauffe  for- 
tement, et  il  se  dégage  des  vapeurs  nitreuses  en  abondance.  Pour  modérer  la  réaction, 
l'éther  a  été  dissous  dans  le  chloroforme  et  la  solution  chloroformique  versée  dans 
l'acide  nitrique  fumant  refroidi  à  o".  Le  produit,  traité  comme  d'habitude,  donne  une 
huile  épaisse  jaune,  plus  lourde  que  l'eau,  que  la  distillation  dans  le  vide  décompose. 
Les  chiffres  analytiques  montrent  qu'il  s'est  également  fixé  plus  d'acide  nitrique  que 
ne  le  demanderait  un  dérivé  nitré  ou  un  nitrate. 

»  La  réduction  par  l'amalgame  d'aluminium  a  régénéré  de  l'isolauronolate  d'éthyle 
qui  a  été  caractérisé  par  son  point  d'éliullition  et  sa  saponification  en  acide  isolauro- 
nolique  (P.  F.  iSS"). 

»  Le  produit  de  la  nitration  de  l'isolauronolate  d'éthyle  abandonné  pendant  plu- 
sieurs mois  a  laissé  déposer  une  petite  quantité  de  cristaux  blancs  qui,  après  purifi- 
cation par  recristallisation  dans  un  mélange  bouillant  d'éther  et  d'éther  de  pétrole, 
constituent  de  beaux  prismes  incolores  bien  définis  fondant  à  79°. 

»  L'analyse  conduit  à  la  formule  C"H"AzO%  qui  répond  à  un  nilrate  de  l'isolau- 
ronolate d'éthyle. 

CH^AzO^^^CIPsO^-f-  ÀzO^H. 

»  II  semble  donc,  dans  toutes  ces  réactions  de  l'acide  nitrique  sur  les  éthers  non 
saturés  dérivés  de  l'éther  acrylique,  que  le  diméthylacrylate  d'éthyle  seul  fournisse  un 
dérivé  nitré;  dans  les  autres  cas,  l'acide  nitrique  se  fixe  simplement  pour  donner  des 
nitrates,  comme  M.  Bouveault  {Bull.  Soc.  Chim.,  t.  XXIII,  p.  535)  l'a  d'ailleurs 
déjà  constaté  dans  la  nitration  du  camphène. 

))  J'ai  éliulié  également  la  façon  dont  se  comportent,  vis-à-vis  de  l'acide 
nitrique,  les  éthers  cinnamiques  qui  peuvent  aussi  être  considérés  comme 
des  dérivés  de  l'éther  acrylique.  On  savait  déjà  que  les  acides  et  les  éthers 
nitrocinnamiques,  soumis  à  l'action  du  mélange  sulfonitrique,  fournissent 
des  dérivés  nitrés  dans  la  chaîne  latérale.  (Friedla.nder  et  ses  élèves,  Lieb. 
Ann.,  t.  CCXXIX,  p.  235.) 

»  D'autre  part,  la  nitration  du  cinnamate  d'éthyle  par  le  même  réactif 
donne  un  mélange  d'éther  et  de  paranitrocinnamaîe  d'éthvle.  (Friedlan- 
DER,  Forlschritte  der  Theerfarbenfabrikaùon,  t.  I,  p.  i25.) 


(  695  ) 
»  J'ai  soumis  le  cinnamate  de  méthyle  à  l'action  de  l'acide  nitrique  fu- 
mant seul  à  la  température  ordinaire,  et  j'ai  obtenu  im  mélange  d'éthers 
ortlio  et  paranitrocinnamiques,  faciles  à  séparer  par  suite  de  leur  différence 
de  solubilité  dans  l'éther.  Ils  ont  été  caractérisés  par  leurs  points  de  fusion 
et  leur  transformation  en  acides  nitrocinnamiques  correspondants.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Sur  le  prétendu  binaphtylè ne-alcool. 
Note  de  M.  R.  Fosse,  présentée  par  M.  Haller. 

«   M'étant  proposé  de  préparer  l'orthoformiate  frinaphtylique 

CH-OC'OH' 
OC'OH' 

par  l'action  du  chloroforme  sur  le  p-naphtolate  sodique  en  tubes  scellés  à 
i5o°,  j'ai  obtenu  deux  corps  directement  cristallisés  :  l'un  en  cubes, 
l'autre  en  aiguilles,  ne  possédant  ni  l'un  ni  l'autre  la  formule  désirée,  mais 
dérivant  du  trinaphtvlméthane. 

»  Le  corps  cristallisé  en  cubes,  purifié  et  soumis  à  un  grand  nombre 
d'analyses,  m'a  conduit  très  exactement  à  la  formule  CH'^O'. 

»  En  poursuivant  son  étude  j'ai  reconnu  son  identité  complète  avec  un 
corps  découvert  par  Rousseau  et  considéré  par  lui  comme  un  binaphtylène- 
alcool  de  formule  C*^  H'  '  O. 

»  Pour  démontrer  la  constitution  du  prétendu  binaphtylène-alcool  je 
l'ai  préparé  en  suivant  les  indications  de  Rousseau. 

))  Ce  savant,  en  appliquant  au  [î-naphtol  la  réaction  de  Reimer  et 
Tiemann,  a  obtenu  : 

»   L'aldéhyde  oxvnaphtoïque  C'Tl^^^  ,,„      ,  {• 
•'  -        r  -1  \0H      (2) 

»  Une  masse  considérable  de  produits  insolubles  dans  les  alcalis,  com- 
prenant : 

»  1°  Ln  glycol  qu'il  considère  comme  dérivé  du  binaphylène;  il  serait 
engendré  par  élimination  de  2OH  entre  2  molécules  d'aldéhyde  oxynaph- 
toïque  et  transformation  des  deux  fonctions  aldéhyde  en  fonction  ter- 
tiaire 

•H     OH  •  -  C'OH*- GOH  C'^H'-COH 

.H     OH  ; -CH"- COH      "     C'^H^-COH' 


'.  696  ) 

).   2°  Unanhydride,  C"H'^0,  du  glycol  C"H'*0»; 

))   3°  Un  monoalcool   C^^0'*0  correspoiuîant  au   glycol  et,  par  con- 


séquent, de  formule 


CH'-CH 
C-'H^-CHO 


»   C'est  l'étude  de  ce  dernier  corps  qui  fera  l'objet  de  la  présente  Note. 

»  D'après  Rousseau,  il  ne  se  formerait  qu'en  faible  proportion  ;  le  glycol 
constituerait  la  jikis  grande  partie  des  produits  insolubles  dans  les  alcalis. 
En  opérant  exactement  comme  Rousseau  j'ai  surtout  obtenu  du  prétendu 
monoidcool. 

»  Le  produit  que  Rousseau  a  eu  entre  les  mains  était  très  impur;  il  se  décomposait 
sans  fondre  à  260°  et  les  analyses  lui  ont  fourni  de  mauvais  résultats. 

»  Par  un  certain  nombre  de  cristallisations  dans  le  nitrobenzène  chaud,  évaporation 
du  dissolvant  dans  le  vide,  cristallisation  à  plusieurs  reprises  dans  l'acétone,  j'ai  obtenu 
de  beaux  cristaux,  incolores  cristallisant  avec  de  l'acétone,  devenant  opaques  par  des- 
siccation. 

»  Ces  cristaux,  privés  d'acétone,  fondent  à  273°  en  un  liquide  brun.  Ils  sont  très 
peu  solubles  dans  les  dissolvants  ordinaires,  même  à  l'ébullilion.  Ils  ne  se  dissolvent 
pas  dans  les  alcalis  en  solution  aqueuse,  mais  sont  très  solubles  dans  les  alcalis  en 
solution  alcoolique,  d'où  l'eau  en  précipite  une  matière  blanche  identique  au  corps 
primitif. 

)>  Ce  corps  n'a  pas  la  formule  C-^H'-O  et  n'est  pas  un  dérivé  du  binaphtylène; 

c'est  un  dérivé  du  trinaphtylméthane  C''H^»0''  de  formule  OH.C'OH^— CH^    ^(,^^^^0, 

le  naphtylol-naphtyl-oxynaphtjl-méthane,  ainsi  que  le  prouvent  son  analyse  et  celle 
de  ses  éthers  mélhylique,  éthylique,  acétique,  le  dosage  de  l'acétyle  dans  l'éther  acé- 
tique, la  détermination  du  poids  moléculaire  par  cryoscopie  et  enfin  sa  synthèse  en 
partant  de  l'aldéhyde  oxynaphloïque  et  du  p-naphtol. 

»  Analyses.  —  Trouvé  :  C ..  .      87,19     87,89     87,41      87,51     Théorie...      87,73 

n. . .     4,49     4,75     4,70     4,90  4,71 

L'éther  méthylique  fond  à  255°.         Trouvé  :  C 87,22         Théorie 87,60 

H 4,96  5,82 

Trouvé  :  C  ..  .      84,  i4     Trouvé  par  Rousseau  ..  .      84,49     84,75     Théorie...      84,97 
H.    .       5,19  5,08       4,72  5,02 

L'éther  acétique  fond  à  285°. 

»  Dosage  de  l'acide  acétique.  —  Trouvé 12,01  Théorie 12,87 

»  Poids  molécuiaire.  —  Des  déterminations  cryoscopiques  dans  le  nitrobenzène  et 
ébullioscopique   dans   l'acétone  ont   donné  des  abaissements   trop  faibles  (inférieurs 


(  697  ) 

à  o",  lo)  pour  des  nombres  rigoureux.  Une  détermination  cryoscopique  de  l'éther  mé- 
ihylique  dans  le  benzène  a  donné  :  M  rz=  4o8  ;  théorie  :  M  =  438. 

»  Synthèse.  —  Comme  je  le  ferai  voir  dans  une  prochaine  Communication,  j'ai 
obtenu,  par  l'action  de  l'aldéhvde  oxynaphtoïque  sur  le  ^-naplitol  en  soluli-on  acétique 
en    présence    de   SO'II-,    la    synthèse    du     naphlylol-naphtyl-oxynaphlyl-raéthane 

OH  -  C'H»  -  CH(^^|°||]^0  d'après  la  formule 

OFI  -  C'OH"  -  CIIO  4-  2C"'H'0H  =  OH  -  C"'H«-  CH<^^|]|^'^0  ^  2FP0. 

Ce  corps  est  identique  à  celui  désigné  par  Rousseau  :  binaphylène-alcool. 

»  En  résumé,  le  prétendu  binaphylène-alcool  de  Rousseau  ne  nous 
paraît  être  autre  chose  qu'un  dérivé  du  trinaphtylméthane.    » 


CHIMIE    ORGANIQUE.    —   Sur  le  ^^-Diacélylpropionate  d'élhyle.   Note   de 
M.  F.  March,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  Note  précédente  (  '  ),  j'ai  indiqué  la  préparation  du  p^-diacé- 
tylpropionate  d'éthyle,  (CH' —  C0)=  -  CH  -  CH^"  —  COOC=H^  et  son 
action  sur  la  phénvlhydrazine.  L'étude  de  ce  composé  m'a  fourni  de  nou- 
veaux dérivés. 

n  Aclioii  de  la  soude.  —  Tous  les  essais  de  saponification  de  la  fonction  éther,  en 
vue  d'obtenir  l'acide  diacélylpropionique,  n'ont  pas  donné  de  résultats.  Par  contre,  si 
l'on  fait  agir  sur  le  pp-diacétylpropionate  d'éthyle  une  lessive  de  soude  concentrée,  la 
molécule  se  scinde  et  l'on  obtient  un  mélange  d'acide  acétique  et  déicide  lévulique, 
suivant  la  réaction 

Sîî!  ""  ^S^CH  -  CH-  -  COOC"-  H5  +  2  Na  OH 
LH'  —  LO/ 

=  GH'COONa  +  CH=-  CO  —  CIP-  CH'--  COONa  +  C'H^OH. 

Il  L'acide  lévulique  a  été  caractérisé  par  son  point  d'ébullition  et  sa  semi-carbazone 
soluble  dans  l'alcool  bouillant  et  fondant  à  187°  avec  décomposition. 

»  Semi-carbazones.  —  Le  chlorhydrate  de  semi-carbazide  donne  avec  le  PP-diacétyl- 
propionate  d'éthyle,  en  présence  d'acétate  de  soude,  un  mélange  de  deux  semi-carba- 
zones, suivant  qu'une  ou  deux  molécules  de  semi-carbazide  réagissent  sur  la  molécule 
d'éther.  On  sépare  ces  deux  jjroduits  en  épuisant  longuement  le  mélange  avec  de 
l'éther  dans  l'appareil  de  Sohxlel. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1192. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXIi,  N*  11.)  90 


(  698  ) 

»  La  partie  soluble  dans  l'éther  fournil  de  beaux  cristaux  incolores,  fondant 
à  I2i°-I22°  en  une  seconde  au  bloc  Maquenne.  L'analyse  et  le  dosage  conduisent  au 
corps  C'H'^O^Az',  formé  d'après  la  réaction  : 

CH'  — COODH''  CH^— COOG^H» 

CH'-CO-CH-CO-CH'+CO   ^"^îî'     ,    „ -CH'- G- C  =  C- CH'+aH-'^O 

AzH  —  AzH''  Il  / 

Az— Az-GOAzH^ 

c'est  l'urée  du  diraélhylpyrazoléthanoate  d'éthyle. 

»  La  partie  insoluble  dans  l'éther  est  une  poudre  blanche,  insoluble  aussi  dans 
l'alcool  même  bouillant  et  fondant  à  224-225°  en  une  seconde  au  bloc  Maquenne. 
L'analyse  et  le  dosage  d'azote  donnent  à  ce  corps  la  formule  G'^H^^O^Az"  d'après  la 
réaction 

CH'^-COOG^H= 

CH'-C0-GH-G0-GH»-i-2G0(  '^''îî'      ,    „, 

AzH  —  AzH- 

CH^'— COOG»H= 

I 
=  GH'— G  — GH— G  — CH3-^2H20 

Il  II 

AzHi'-GO— AzH-Az  Az  — AzH  — GO  — AzH' 

»  Diméthvloxazolélhaiioate  d''élhyle.  —  L'hydroxylamine  réagit  sur  le  p^-diacé- 
tylpropionate  d'éthyle  el  fournit  un  oxazol  comme  dans  le  cas  de  l'acétylacétone. 

»  On  dissout  5oS'"  de  diacétylpropionate  d'éthvle  dans  l'alcool,  on  ajoute  une  solu- 
tion de  aSs''  de  chlorhydrate  d'hydroxylamine  dans  le  moins  d'eau  possible,  puis  peu 
à  peu  aSs''  de  GO'K^.  On  chauffe  au  bain-marie  vingt-quatre  heures.  On  distille 
l'alcool,  on  épuise  au  moyen  de  l'éther.  On  obtient  ainsi  une  huile  qui,  distillée 
dans  le  vide,  fournit  environ  25e''  d'un  produit  passant  à  i52»  sous  25""".  L'analyse 
de  ce  corps  montre  que  sa  formule  est  G'H'^O'Az  : 

GH2— GO^G^H» 
I 
GH'-G  — G  =  G-  CH», 

Il  I 

Az     —     O 

diméthyloxazoléthanoate  d'éthyle,  soluble  dans  l'alcool,  dans  l'éther,   insoluble  dans 
l'eau. 

»  Acide  dimétliyloxazoléthanoïque.  —  Le  produit  ainsi  obtenu,  soumis  à  l'action 
d'une  lessive  de  soude,  fournit  très  facilement  l'acide  correspondant.  En  traitant  par 
l'acide  chlorhydrique,  il  se  précipite  presque  totalement,  crislallisé  en  belles  aiguilles. 
11  suffit  de  l'essorer  et  de  le  faire  cristalliser  dans  l'éther  pour  l'avoir  complètement 
pur.  L'épuisement  au  moyen  de  l'éther  de  la  solution  fournil  une  nouvelle  quantité 
d'acide.  Cet  acide  fond  à  122°,  est  assez  soluble  dans  l'eau,  très  soluble  dans  l'alcool  el 
l'éther. 


(  699) 

»  L'analyse  de  ce  corps  montre  qu'il  correspond  bien  à  la  formule 

CH^-COOH 
I 
CH>-C-C=:C-CH'. 

Il  / 

Az  —  O 

»  Sel  de  baryum  :  (C''H*0'Az)-Ba -t- aH^'O.  —  Le  sel  de  baryum  s'obtient  en 
neutralisant  la  solution  de  l'acide  dans  l'eau  par  de  l'eau  de  baryte.  On  obtient  de 
belles  aiguilles  fondant  à  196-198°.  Soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool. 

»  Sels  de  potassium  et  de  sodium.  —  Ces  sels  s'obtiennent  en  neutralisant  l'acide 
par  le  carbonate  correspondant.  Ils  sont  très  solubles  dans  l'eau,  dans  l'alcool,  très 
déliquescents. 

»  Sel  de  cuivre  .•  (C'H'O' Az)-Cu.  —  S'obtient  par  double  décomposition  entre  un 
sel  alcalin  et  l'acétate  de  cuivre.  Précipité  vert,  insoluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool. 

»  Se/ rf'a/'j°-en<  .•  (  CH'O'Az)  Ag.  — Précipité  blanc  cristallin,  insoluble  dans  l'eau 
et  dans  l'alcool.  Se  décompose  vers  200°.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Propriétés  des  produits  de  substitution  alcoylés  de 
l' acélonedicarbonate  d'éthyle  monocyané.  Action  du  chlorure  de  cyanogène 
sur  Tacétonedicarbonate  de  méthyle.  Note  de  M.  J.  Dërôme,  présentée 
par  M.  Haller. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  indiqué  comment  l'ac- 
tion du  chlorure  de  cyanogène  sur  l'acétonedicarbonate  d'élhvle  monosodé 
m'a  permis  de  préparer  l'acétonedicarbonate  d'éthyle  monocyané 

CO=C-H^  -  CH  -  CO  -  CH-  -  CO-C-H^ 
CAz 

»  J'ai  pu  obtenir  aussi  les  dérivés  barytique,  cuivrique  et  argentique  de 
ce  corps  cyané  ;  l'action  de  l'iodure  d'éthyle  sur  le  dérivé  argentique 
m'avait  enfin  conduit  au  dérivé  éthylique,  pour  lequel  j'indiquais  deux 
formules  possibles  :  celle  d'abord  qui  vient  le  plus  naturellement  à  l'esprit 

C-H'* 
CO-C=H^  -  C  -  CO  -    CH--  CO-C-H\ 
CAz 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  \i\'jh. 


(  700  ) 
puis  la  forme  tautomère 


CO=C-H=  -  G  =  C(0C=H5;  -  CH-  -  CO=C-H% 
CAz 

correspondant  à  l'isomère  énolique 

CO-C-H=  -  G  =  GOH       CH=    -  GO-C-H», 

1 
GAz 

de  l'acétonedicarbonate  d'éthyle  monocyané. 

»  Les  reclierches  que  j'ai  poursuivies  ilepuis  cette  époque  m'ont  permis 
de  trancher  la  question  et  de  vérifier  que  c'est  bien  la  forme  énolique  qu'il 
faut  admettre  pour  les  substitutions  alcoylées  préparées  à  partir  du  dérivé 
argentique.  G'est  là  un  fait  qui  avait  déjà  été  démontré  exact  par  M.  Haller 
à  propos  des  éthers  p-alcoyloxy-oc-cyanocrotoniques  ('),  puis  par  MM.  Haller 
et  Blanc  pour  les  élhers  p-phényl  et  p-benzyl-a.-alcoyloxy-a-cyanacry- 
liques  (-  ). 

»  Opérant  comme  ces  auteurs,  j'ai  soumis  le  dérivé  élhylique  de  l'acétonedicarbo- 
nate d'éthj'Ie  monocyané  à  l'action  de  l'ammoniaque  aqueuse  :  j'ai  obtenu  un  préci- 
pité blanc  cristallin  d'un  dérivé  aminé,  fondant  à  igô",  el  répoudaul  à  la  formule 
C*H"0'Az'.  11  se  forme  en  vertu  de  la  réaction 

CO^G^H'—  C  =  C(OC^H»)  -  CH=-  CO^C^H^-h  AzlI^ 
I 
CAz 

=r  CO  Az H^  —  G  =  C  —  CH*  -  GO-  C^ H=  i-  C^  H«  O. 

iAzAzll- 

»  C'est  le  cyano^  aniiiio^  pentè/te.2  amidoi  oate  d'éthyle,,. 

»  Si  la  réaction  de  l'ammoniaque  aqueuse  est  bien  celle  que  nous  venons  d'indi- 
quer, on  doit  obtenir  le  même  composé  aminé  en  parlant  de  substitutions  alcoylées 
autres  que  l'élhjlique.  C'est  bien  ce  que  mes  recherches  m'ont  permis  d'élablir  : 

»  Substitution  inéthylique.  —  En  faisant  réagir  l'iodure  de  méthjle  sur  le  dérivé 
aigenlique  de  l'acétonedicarbonate  d'éthyle  monocvané  en  suspension  dansl'éther,  on 
obtient  le  composé 

G0=GMP-C  =  G(0CH')-CII2  -CO^C^H' 
I 
CAz 


(')  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1221. 

(^)  A.  Haller  et  G.  Blanc,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p,  1591. 


(  701  ) 

qui  cristallise  de  sa  solution  éthérée  en  beaux  cristaux,  transparents,  très  peu  soiubles 
dans  l'eau,  très  soiubles  dans  le  chloroforme,  et  fondant  à  70°. 

h  Soumis  à  l'action  de  l'ammoniaque,  dans  les  mêmes  conditions  que  le  produit 
éthylé,  ce  corps  donne  naissance  à  uu  composé  aminé  fondant  à  igS",  qui  a  été  iden- 
tique à  celui  décrit  plus  haut. 

»  Substitution  propyliquc.  —  En  remplaçant  dans  la  préparation  ci-dessus  l'iodure 
de  métliyle  par  l'iodure  de  propvle,  on  obtient  le  dérivé  propylique 

CO^Cnp-  C  =  C{OC?ÏV}-  CH^-  CO^C^H^ 

CÂZ 

qui  se  ]irésente  sous  la  forme  d'aiguilles  transparentes  fusibles  à  20°.  Ces  cristaux,  so- 
iubles comme  les  précédents  dans  l'éther  et  le  chloroforme,  donnent  par  l'action  de 
l'ammoniaque  le  dérivé  aminé  fondant  à  iQÔ". 

»  Action  (lu  chiot  ure  clc  cyanogène  sur  l' acclonedicarbonatc  de  métliyle.  — 
J'ai  pu  préparer,  par  l'action  du  clilorure  de  cyanogène  sur  l'acétonedicarbonate  de 
métliyle  monosodé,  un  dérivé  nionocyané,  comme  je  l'avais  fait  à  partir  de  l'acétone- 
dicarbonate d'éthyle.  Le  mode  opératoire  est  celui  qui  a  déjà  été  décrit  (').  On  obtient 
ainsi  Vacétonedicarbonale  de  incl/irlc  nionocyané  (cyano^  pentanone,  dioale  de  mé- 
tliyle) fondant  à  64°  : 

co-^cip  -  Cil  -  co  -  cir^  -  co^Gip. 

6AZ 

»  Le  dérivé  cuivrique  est  soluble  dans  l'alcool  et  le  chloroforme,  d"où  il  cristallise 
en  petits  cristaux  veils  qui  fondent  à  145"  en  se  décomposant. 

»  Le  dérive  argentique  est  blanc  et  doit  être  recueilli  et  séché  dans  l'obscurité,  car 
il  noircit  rapidement  à  la  lumière.    « 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  (lu  chlorure  de  butyryle  sur  le  sodacétylacélale 
de  métliyle.  Note  de  MM.  L.  Bolveault  et  A.  Boxgeut,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  L'un  (le  nous  ;i  fait  voir,  il  y  a  peu  de  temps  (Comptes  rendus,  t.  CXXXI, 
p.  /(5),  que  l'on  peut,  à  l'aido  lie  racétylacétate  d'éthyle  et  du  chlorure 
d'un  acide  gras  II  —  COCl,  préparer  k-s  acétones  R  —  CO  —  CH\  les 
éthers  p-cétouiques  R  —  CO  —  CH' —  CO'^C^  H^  et  les  [B-dicétOiies 
R  —  CO  —  Cli- —  CO  —  CH^  correspondantes.  Ces  diverses  synthèses  se 
tout  par  l'intermédiaire  du  6-  acidylacétate  d'éthyle 

CH'  -  CO  -  CH  -  CO^C'^H^ 

CO 

R 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i475. 


(  702  ) 

qui  se  forme  dans  cette  réaction  plus  ou  moins  mélangé  de  son  isomère 
Y  0-acidylacétate  d'élhyle  (  '  ) 

CH'  -  C  =  CH  —  CO'C"H= 
I 
0 

CO    -  R. 

))  Ether  acidylé  du  '^-oacycrotonate  d'cthyle.  — •  Les  C-  et  O-acidylacétates 
constituent  deux  séries  tout  à  fait  différentes  dont  les  propriétés  chimiques 
n'ont  été  étudiées  jusqu'ici  qu'à  certains  points  de  vue  spéciaux  et  qui  ne 
sont  d'ailleurs  représentés  dans  la  série  grasse  que  par  les  C-  et  0-diacé- 
tylacétates.  Nous  nous  sommes  proposé  de  déterminer  les  propriétés  carac- 
téristiques et  différentielles  de  ces  deux  nouvelles  fonctions  complexes  et 
nous  avons  fait  porter  nos  premières  recherches  sur  deux  matières  pre- 
mières que  nous  avions  à  notre  disposition  :  l'acétylacétate  de  méthyle  et 
le  chlorure  de  butyryle. 

»  La  réaction  du  chlorure  de  butyryle  sur  le  sodacétylacétate  de  mé- 
thyle en  suspension  dans  l'éther  absolu  se  fait  sans  ditficultés  spéciales  et 
avec  un  rendement  de  60  à  70  pour  100.  Le  mélange  des  deux  isomères 
passe  entre  100  et  1 10  sous  10°""  et  ne  peut  pas  être  séparé  par  la  distillation. 

»  Dans  son  premier  travail  sur  ce  sujet,  l'un  de  nous  a  opéré  la  sépara- 
tion de  ces  deux  éthers  au  moyen  de  l'eau  de  baryte;  ce  procédé  a  l'incon- 
vénient d'exiger  de  trop  grandes  quantités  de  liquide;  nous  avons  obtenu 
de  meilleurs  résultats  en  employant  le  carbonate  de  sodium  en  solution 
saturée  qui  dissout  le  C-butyrylacélylacétale  de  méthyle  et  laisse  son  isomère. 

))  Le  C-butyrylacétale  de  méthyle  a  pu  ainsi  être  obtenu  à  l'état  de  pureté 
parfaite;  il  constitue  un  liquide  incolore,  d'odeur  faible,  bouillant  à  io5° 
sous  i4°""j  df,  =  1,0978.  Il  colore  en  rouge  le  chlorure  ferrique.  Son  sel  de 
cuivre  fond  à  127°;  il  est  en  très  petits  cristaux  bleus,  très  solubles  dans 
l'alcool  et  le  chloroforme,  moins  solubles  dans  l'éther  ordinaire,  inso- 
lubles dans  l'éther  de  pétrole. 

»  Le  sel  de  sodium  constitue  une  poudre  blanche,  microcristalline,  très 
soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'eau. 

»  Le  produit  insoluble  dans  le  carbonate  de  sodium,  même  après  quatre 
ou  cinq  épuisements,  ne  constitue  pas  l'O-butyrylacétylacétate  de  méthyle 


('  )  Les  préfixes  C  et  O  signifient  que  le  radical  acide  est  lié  à  un  atome  de  carbone 
ou  à  un  atome  d'oxygène.  —  Voir  Claisen,  Lieb.  Ann.,  t.  277,  p.  162  ;  Bull.  (3), 
t.  i%  p.  i33. 


(  7o3  ) 

pur;  il  retient  toujours  une  certaine  quantité  de  son  isomère  qu'on  ne  peut 
lui  enlever  complètement  que   par   un  traitement  aux  alcalis  caustiques. 

))  V O-butyrjlacétylacétate  de  mélhyle  est  un  liquide  incolore,  d^  =  i  ,o65 
ébull.  à  io4''-io5°(io°"°),  ne  se  colorant  pas  au  contact  du  perchlorure  de 
fer  et  ne  donnant  aucun  sel. 

»  Il  semble  se  former  dans  cette  réaction,  mais  en  petite  quantité,  le 
dibutyrylacétylacélate  de  méthyle,  sans  doute 

CO 

I 

CH' -  C  =  G  —  COOCH^ 

I 

o 

il  constitue  un  liquide  jaunâtre  bouillant  à  i46°  sous  lo""";  nous  ne  l'avons 
pas  obtenu  tout  à  fait  pur. 

HYDROLYSE    DES    DEUX    ISOMÈRES. 

)>  1°  Action  de  Veau.  —  L'eau,  à  l'ébullition  et  même  à  i4o°-t5o°  en 
tube  scellé,  est  sans  action  sur  V O-butyrylacélylacétate  de  méthyle;  dans 
ces  mêmes  conditions,  elle  réagit  au  contraire  d'une  manière  très  nette 
sur  le  C-butyrylacét\iacétate  de  méthyle,  qui  est  décomposé  suivant 
l'équation 

CH'  -  CO  -  CH  -  CO  O  CH'  +  H^"  O  =  CH'  -  CO  -  CH*  -  CO  —  C  '  H'  h  CO^  -h  CH'  O 
CO  -  C'H' 

»  On  obtient  ainsi,  avec  un  excellent  rendement,  la  butyrviacétone,  qui 
a  déjà  été  préparée  par  Claisen  et  Ehrhard  (Z).  chem.  Ges..  t.  XXII,  p.  loiS) 
dans  l'action  du  sodium  sur  un  mélange  d'acétate  d'éthyle  et  de  méthyl- 
propylcétone. 

»  2°  Action  des  alcalis.  —  Le  C-butyrylacétylacétate  de  méthyle  est 
soluble  dans  les  alcalis,  mais  on  ne  peut  le  régénérer  inaltéré  de  celte 
solution;  il  est  toujours  dans  ce  traitement  partiellement  hydrolyse,  sui- 
vant l'équation 

CH'  _  CO  -  CH  —  COOCH^  +  H=0  =  CH'  -  COOH  -+-  CH-  -  COOCH» 

CO--C'H'  CO  — CH'. 

)>  Le  butyrylacétate  de  méthyle  qui  prend  naissance  dans  cette  hydrolyse 


(  7o4  ) 
est  lui-même  peu  stable  et  se  décompose  partiellement,  suivant  l'équation 

C H"  -  CO  -  CH=  —  COOCH'  +  H- O 
=  C'H'-  CO  — CH'+CO^-t-CH^O. 

»  Nous  avons  cherché  à  obtenir  le  dédoublement  en  butyrylacétate  de 
mélhyle  dans  les  meilleures  conditions  possibles. 

»  Nous  avons  employé  dans  ce  but  l'ammoniacpie  ou  le  méthylate  de 
sodium.  Ces  deux  modes  de  préparation  donnent  le  butyrylacétate  de 
mélhyle  pur;  il  constitue  un  liquide  incolore,  d'odeur  de  fruits,  bouillant 
à  85"  sous  t4™™,  d  =:  1,037.  ^--^^  alcalis  le  dissolvent  en  l'altérant.  Le  sel 
de  cuivre  fond  à  128". 

»  La  potasse  aqueuse  n'agit  que  lentement  à  froid  sur  l'O-butyrylacétyl- 
acétate  de  méthyle,  mais  plus  rapidement  à  chaud;  elle  fournit  de  l'acé- 
tate, du  butyrate  de  potassium,  et  de  l'alcool  méthylique. 

CH'— C  =  CH-  COOCH»-^  3H=0 

O  -  CO  -  C^  H" 
=  2CH'-C0=II  4-CMl'  -CO^H-t-CH'O. 

»  Le  gaz  ammoniac  sec  en  solution  éthérée  dédouble  très  nettement 
l'O-butyrylacétylacétate  de  méthyle  en  butyramide,  qui  a  été  analysée  et 
qui  fond  à  114")  et  en  acélylacétate  de  méthyle,  qui  a  été  caractérisé  par  son 
sel  de  cuivre 

CH^ 


C  =  Cil  -  COOCH'  +  NH'  =  CH»  - 

-CO-CH=-COOCH' 

1 
0 

NH-^-CO-C'H' 

CO-C-'H'. 

»  Une  très  petite  quantité  de  l'éther  acétoacétique  en  présence  d'un 
petit  excès  de  gaz  ammoniac  a  été  transformée  en  ^-aminocrotonate  de 
méthyle  fondant  à  83°.  La  formation  d'une  amide  au  moyen  d'un  éther 
dans  les  conditions  où  nous  avons  opéré  constitue  un  phénomène  assez 
rarement  observé.    > 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  la  constitution  du  gaUotannin. 
Note  de  M.  H.  Pottevin,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  On  considérait  autrefois  le  gaUotannin  comme  un  glucoside  de  l'acide 
gallique,  en  se  fondant  sur  le  fait  qu'il  donne  de  l'acide  gallique  et  du  glu- 
cose lorsqu'il  est  hydrolyse  sous  l'influence  des  acides  forts  ou  par  les 


(  7o5  ) 

mucédinéf s.  Schift  avant  préparé  synthéliquement  un  acide  digallique 
C«H-XOH)'CO  -  O  ^(OH)^CO^HC''H-  qui  présente  les  caractères  d'un 
tannin,  et  qui,  traité  par  l'acide  acétique,  fournit  un  dérivé  pentacétylé  iden- 
tique à  celui  que  l'on  peut  obtenir  en  traitant  de  la  même  façon  les  gallo- 
tannins  naturels,  on  en  a  conclu  que  ceux-ci  étaient  constitués  par  de  l'acide 
digallique  :  cette  conception,  qui  a  prévalu  dans  la  Science,  laisse  inexpli- 
quée la  présence  du  glucose  parmi  les  produits  d'hydrolyse. 

»  En  utilisant,  pour  produire  le  dédoublement  du  gallotannin,  la  tannase 
dont  l'action  est  facile  à  suivre  parce  que  les  corps  auxquels  elle  donne 
naissance  sont  faciles  à  isoler,  j'ai  pu  constater  qu'il  se  comporte  comme 
un  véritable  glucoside  :  d'autre  part,  l'action  ménagée  des  acides  étendus 
permet  d'effectuer  une  hydrolyse  partielle  qui  donne  naissance  à  de  l'acide 
digallique;  ce  corps  que,  dans  ma  première  Note  sur  la  tannase,  j'avais  con- 
sidéré comme  du  tannin  purifié  est  en  réalité  un  produit  de  dédoublement 
du  tannin  naturel;  celui-ci  est  constitué  par  un  glucoside  de  l'acide  digal- 
lique. 

»  I.  En  parlant  de  la  noix  de  galle  ou  de  tannins  purs  à  l'éther  du  conimerce, 
appliquant  un  certain  nombre  de  fois  le  procédé  de  purification  de  Pelouze,  reprenant 
le  produit  par  deux  fois  et  demie  son  poids  d'élher  à  65°,  qui  ne  le  dissout  pas  tout 
entier,  et  répétant  ces  dissolutions  fractionnées  en  prenant  chaque  fois  la  portion  qui 
est  passée  dans  l'éther,  je  suis  toujours  arrivé  à  un  tannin  d'une  composition  sensi- 
blement constante,  doué  d'un  fort  pouvoir  rotatoire  droit  voisin  de  apm  -|-  50". 

»  Le  tannin  ainsi  obtenu,  hydrolyse  par  la  tannase,  donne  de  l'acide  gallique  et  un 
sucre  ;  celui-ci  a  pu  être  caractérisé  par  son  pouvoir  rotatoire,  par  son  osazone,  par 
fermentation  :  c'est  du  glucose. 

H  II.  Dans  l'hydrolyse  du  tannin  par  la  tannase  on  voit  le  pouvoir  rotatoire  dimi- 
nuer proportionnellement  à  la  quantité  d'acide  gallique  produit. 

»  Des  ballons  contenant  246''  de  tannin  dissous  dans  000="=  d'eau  additionnée  de  tan- 
ase,  abandonnés  à  l'étuve  à  87°,  ont  donné  : 

Rotation  du  liquide 

au  tube  Acide  gallique 

de  0°,  2.  produit. 

0 

Au  début 4,8  0,0 

Après   I  jour 3,7  8,2 

"      2       «     2,9  i3,3 

"      6      »     (la  transformation  est  terminée)..  0,7  21   8 

III.  Si  l'on  chauffe  à  1 10°  en  tube  scellé  une  solution  de  tannin  à  6  pour  100  addi- 
tionnée de  0,3  pour  100  d'acide  chlorhydrique,  le  pouvoir  rotatoire  diminue  dans  des 
proportions  notables  avant  qu'il  se  soit  produit  une  quantité  appréciable  d'acide  "al- 
lique  ;  en   arrêtant  l'opération   à  son  début,  on  peut  isoler  une  substance  présentant 
C.  R.,  1901.  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  11.)  91 


(  7o6) 

tous  les  caractères  de  l'acide  digallique  :  entièrement  absorbable  par  la  peau,  dépour- 
vue du  pouvoir  rotatoire,  intégralement  transformable  en  acide  gallique  par  la 
tannase. 

»  IO05''  du  tannin  qui  a  servi  aux  expériences  précédentes  donnent  par  hydrolyse 
95,1  d'acide  gallique  et  i3,5  de  glucose;  si  l'on  compare  ces  résultats  à  ceux  qui  ont 
été  obtenus  par  Slrecker,  par  Van  Tieghem,  par  ToUens,  etc.,  on  constate  des  dif- 
férences qui  prouvent  que  ces  différents  observateurs  n'ont  pas  eu  en  mains  la  même 
substance  :  il  faut  en  conclure  qu'il  existe,  non  pas  un  tannin,  mais  des  tannins  carac- 
térisés par  des  rapports  variables  du  glucose  à  l'acide  digallique,  l'acide  digallique  de 
Schifl' étant  le  terme  le  plus  simple  de  la  série,  et  les  produits  que  l'on  obtient  par  le 
procédé  de  Pelouze  étant  constitués  par  des  mélanges  en  proportions  variables  de  ces 
divers  tannins. 

»  Comme  conséquence  de  ce  qui  précède,  la  tannase,  qui  est  capable 
de  dédoubler  l'acide  digallique  et  certains  éthers-sels  des  acides  aroma- 
tiques, doit  être  active  aussi  vis-à-vis  des  glucosides  :  si  l'on  compare,  au 
point  de  vue  de  leur  activité  diastasique,  V Asper gillus  niger  venu  sur 
liquide  Raulin  normal  et  le  même  Champignon  venu  sur  liquide  Raiilin  à 
tannin,  on  voit  que  celui-ci  possède  très  développées  deux  propriétés  qui 
n'existent  qu'à  l'état  rudimentaire  chez  l'autre  à  savoir  :  1°  la  propriété 
de  dédoubler  les  éthers-sels  des  acides  organiques  (glycérides  gras,  sali- 
cylate  de  phényle,  etc.);  2°  la  propriété  de  dédoubler  certains  glucosides 
phénoliques,  en  particulier  l'arbutine.  Les  propriétés  de  la  tannase  se  ré- 
solvent donc  en  deux  composantes  qui  la  rapprochent,  l'une  du  groupe  des 
lipases,  l'autre  du  groupe  des  émulsines.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —   Production  d acétylméthylcarbinol  par  le  Bacillus 
tartricus.  Note  de  M.  L.  Grimbert,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Le  Bacillus  tartricus  que  j'ai  isolé  en  1897  avec  M.  L.  Ficquet  (  ')  est 
un  ferment  actif  des  tartrates  et  des  hydrates  de  carbone  qui  se  différencie 
nettement  par  ses  propriétés  biologiques  des  espèces  étudiées  autrefois 
par  Pastenr,  Fitz,  A.  Gautier  et  Kœnig. 

))  C'est  im  petit  bacille  très  mobile,  se  décolorant  par  la  méthode  de 
Gram,  liquéfiant  lentement  la  gélatine,  ne  donnant  pas  d'indol  dans  les 
solutions  de  pej)tone.  Il  coagule  le  lait  vers  le  huitième  jour,  ne  liquéfie 
pas  l'empois  d'amidon  et  ne  digère  pas  l'albumine  cuite. 


(')   Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie;  p.  962  ;  novembre  1897. 


(  707  ) 

»  Il  attaque  énergiquement  les  tartrates  de  chaux  et  d'ammoniaque  en 
donnant  de  l'acide  acétique  et  de  l'acide  succinique  avec  dégagement  de 
CO^  et  d'hydrogène. 

»  Il  attaque  également  un  grand  nombre  d'hvdrates  de  carbone,  notam- 
ment le  glucose,  le  saccharose,  le  lactose,  le  maltose,  la  dextrine  et  la  man- 
nite  ;  il  est  sans  action  sur  la  dulcite  et  l'inuline.  Dans  ces  fermentations, 
outre  les  acides  acétique  et  succinique,  on  recueille  de  l'acide  lactique 
gauche  et  de  l'alcool  éthylique,  et,  de  plus,  un  nouveau  corps  que  je  n'ai 
pas  encore  vu  signaler  parmi  les  produits  microbiens  et  que  j'ai  pu  identifier 
avec  V acétylméthylcarbinol  :  CH^  —  CO  —  C  HOH  —  CH'.  Voici  comment 
on  peut  le  mettre  en  évidence. 

»  Une  solution  de  glucose  ou  de  saccharose  à  5  pour  loo,  additionnée 
d'un  millième  de  |>eptone  et  d'une  petite  quantité  de  carbonate  do  chaux, 
est  ensemencée,  après  stérilisation,  avec  une  culture  pure  de  B.  tartricus  et 
mise  à  l'étuve  à  37°.  Quand  la  fermentation  cesse  de  se  manifester,  vers 
le  quinzième  jour,  on  filtre.  Le  liquide  filtré,  qui  a  une  réaction  sensible- 
ment neutre,  est  distillé.  Une  petite  quantité  d'alcool  éthylique  passe  dans 
les  premières  portions  de  la  distillation;  le  liquide  aqueux  que  l'on 
recueille  ensuite  réduit  la  liqueur  cupropotassique  à  froid. 

»  Chauffé  au  bain-marie  bouillant  avec  de  l'acétate  de  phénylhydrazine, 
il  donne  une  osazone  abondante,  cristallisée,  d'un  jaune  pâle.  Cette 
osazone  est  insoluble  dans  l'eau  et  dans  la  plupart  des  dissolvants,  à  peine 
soluble  dans  l'alcool,  plus  soluble  dans  l'acide  acétique  cristallisable  et 
dans  le  benzène.  Elle  fond  à  243°.  Sa  composition  élémentaire  répond  à 
la  formule  C'°H"'Az'.  L'ensemble  de  ses  caractères  permet  de  l'identifier 
avec  l'osazone  du  biacétyle 

CH'-  C  =  Az- AzH.C»H^-C  =  Az  —  AzH.CH' -  CH'. 

»  En  effet,  en  oxvdant  cette  osazone  au  moyen  du  bichromate  de  potasse 
en  solution  acétique  étendue,  d'après  la  méthode  de  von  Fechmann  ('), 
j'ai  obtenu  Vosolétrazone  cristallisée  correspondante  : 

CH'-C  =  Az    -  Az-CH^ 

I  I 

CH»  -  C  =  Az  -  Az  -  CH'. 

(')  Von  Pecu.mann,  Z>.  chem.  G.,  t.  XXI,  p.  2751. 


(  7o8  ) 
Brute,  elle  fond  vers  170°;  après  cristallisation  dans  l'alcool,  elle  se  pré 
sente  sous  la  forme  de  longues  aiguilles  rouge  foncé,  légères  et  feutrées, 
fondantà  iSi",  insolubles  dans  l'eau,  solublesdans  l'alcool  et  dans  l'élher. 
Traitée  à  chaud  par  un  excès  de  phénylhydrazine,  l'osotétrazone  régénère 
l'osazone  primitive  fondant  à  243°. 

»   Mais  deux  corps  peuvent  fournir  l'osazone  en  question  : 

]"     le  biacétyle  CH'  -  CO  -  CO-  C  11=; 

2°     l'acétylméthylcarbinol  CH'  -  CO  —  CH  OH  -  CH', 

corps  obtenu  par  von  Pechmann  (')  dans  la  réduction  du  biacétyle  en 
liqueur  acide. 

»  Or  le  biacétyle  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehling  et  s'altère  très 
rapidement  au  contact  des  alcalis  qui  le  transforment  en  p-xyloquinone. 

»  L'acétylmélhylcarbinol,  au  contraire,  réduit  la  liqueur  cupropotas- 
sique,  même  à  froid. 

1)  C'est  précisément  la  réaction  que  donne  notre  liquide  distillé.  De 
plus,  chauffé  avec  un  léger  excès  de  soude  au  réfrigérant  à  reflux,  pendant 
une  demi-henre,  il  ne  se  colore  que  faiblement  et  fournit,  à  la  distillation, 
une  liqueur  réduisant  toujours  le  réactif  cupropotassique  et  donnant  avec 
la  phénylhydrazine  l'osazone  du  biacétyle. 

»  On  peut  en  conclure  que  ce  n'est  pas  le  biacétyle  qui  a  pu  fournir 
l'osazone  que  nous  avons  recueillie,  mais  bien  l'acétylméthylcarbinol. 

»  Ce  dernier  corps  est  entraîné  par  la  vapeur  d'eau,  car  on  le  rencontre 
en  quantités  à  peu  près  égales  dans  les  premières  et  dans  les  dernières 
parties  de  la  distillation.  Il  ne  se  forme  d'ailleurs  qu'en  proportions  trop 
faibles  pour  pouvoir  être  isolé  en  nature. 

»  Les  solutions  à  5  pour  100  des  sucres  suivants  ont  donné,  après  fer- 
mentation, pour  100"  (le  liquide  distillé  : 

Osazone.  Acétylniélliylcarbinol. 

Glucose 0,274  soit         0,0904 

Saccharose 0,207  o,o683 

»          o,2o3  0,0669 

Lactose 0,109  OiOSog 

Mannite 0,064  0,021 1 

(')  VoJi  Peciuian.n,  D.  chem.  G.,  t.  WlIT,  p.  2421. 


(  709  ) 

»  La  dextrine,  la  glycérine  et  le  tartrate  de  chaux  n'ont  pas  donné 
d'osazone. 

»  J'ajouterai  que  j'ai  recherché  la  présence  de  l'acétylmélhylcarbinol 
dans  les  produits  de  la  fermentation  du  glucose  ensemencé  avec  d'autres 
espèces  bactériennes  telles  que  le  B.  Coli,  le  B.  d'Eberth,  le  pneuniobacille 
de  Friedhonder,  et  que  je  n'ai  obtenu  que  des  résnllals  négatifs. 

»  Il  serait  intéressant  d'étendre  cette  recherche  à  im  grand  nombre 
d'espèces  microbiennes,  pour  voir  si  la  production  d'acétylméthylcarbinol 
est  spéciale  au  seul  Bacillus  tarlricus.   » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Les  conditions  du  terrain  et  le  dia- 
gnostic de  la  tuberculose.  Note  de  MM.  Albert  Robi.v  et  Maurice  Bixet, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Des  études  portant  sur  892  malades,  avec  plus  de  i3oo  analyses,  nous 
ont  révélé  un  fait  qui  nous  paraît  avoir  une  très  grande  importance  au 
point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traitement  de  la  tuberculose,  d'autant 
qu'il  bouleverse  complètement  les  idées  courantes  médicales  et  populaires 
au  sujet  de  cette  maladie. 

»  En  effet,  tout  le  monde  admet  qu'un  phtisique  respire  moins  qu'un 
homme  sain,  et  que  ses  actes  respiratoires  et  son  hématose  s'abaissent 
d'autant  plus  que  l'étendue  des  poumons  envahie  est  plus  grande,  et  l'on 
s'est  acharné  à  relever  chez  les  poitrinaires  tous  les  phénomènes  d'oxyda- 
tion. 

»  Or,  nous  avons  trouvé  que  les  échanges  respiratoires  sont  beaucouj) 
plus  élevés  chez  les  phtisiques  que  chez  les  individus  sains,  et  cela  assez 
constamment  pour  que,  sur  i63  phtisiques,  nous  n'ayons  que  8  pour  roo 
d'exception.  Ces  échanges  affectent  le  type  suivant  : 

»  i"  La  ventilation  pulmonaire  croît  de  iio  pour  100  chez  la  femme  et 
de  80,5  pour  100  chez  l'homme; 

»  2"  L'acide  carbonique  exhalé  par  kilogramme  de  poids  et  par  minute 
s'accroît  de  86  pour  100  chez  la  femme  et  de  64  pour  100  chez  l'homme  ; 

»  3°  L'oxygène  total  consommé  par  kilogramme-minute  croît  de  100,  5 
chez  la  femme  et  de  70  pour  100  chez  l'homme; 

»  4°  L'oxygène  absorbé  par  les  (issus  croît  de  162,8  pour  100  chez  la 
femme  et  de  94,8  pour  100  chez  l'homme. 

»   Cette  suractivité  des  échanges  respiratoires  existe  aussi  dans  les  formes 


(  7IO  ) 
aiguës  de  la  maladie.  Elle  se  manifeste  à  toutes  les  périodes  de  la  forme 
chronique,  aussi  bien  au  début  qu'aux  périodes  avancées,  et  persiste 
jusqu'aux  derniers  jours  de  la  maladie.  Elle  subit  des  oscillations  qui 
affectent  un  certain  rapport  avec  les  progrès  ou  l'amélioration  de  la  tuber- 
culose. 

»  Le  mal  de  Polt.  la  tuberculose  osseuse,  la  tuberculose  du  testicule,  la 
pleurésie  tuberculeuse,  les  adénites  tuberculeuses  présentent  une  suracti- 
vité analogue  dans  les  échanges;  mais  celle-ci  fait  défaut  dans  la  péritonite, 
la  méningite  tuberculeuse  et  le  lupus. 

»  Si,  dans  les  diverses  maladies  que  l'on  peut  confondre  avec  la  tuber- 
culose pulmonaire,  on  en  rencontre  quelques-unes  où  les  échanges  respi- 
ratoires sont  exagérés,  cependant  ceux-ci  diffèrent  toujours  par  quelque 
trait  de  ceux  de  la  phtisie.  Donc,  si  l'on  hésite  sur  le  diagnostic  de  la  tuber- 
culose pulmonaire,  l'examen  des  échanges  respiratoires  résoudra  la  diffi- 
culté. Et,  comme  les  caractères  de  ce  chimisme  sont  significatifs  dès  le 
début  de  la  tuberculose,  on  aura  ainsi  le  moven  de  réaliser  son  diagnostic 
précoce. 

»  L'exagération  des  échanges  respiratoires  n'est  pas  un  acte  de  défense 
de  l'organisme;  ce  n'est  pas  non  plus  une  manifestation  de  l'attaque  bacil- 
laire, puisqu'elle  existe  avant  l'invasion  bacillaire  chez  les  trois  quarts  en- 
viron des  descendants  de  tuberculeux. 

»  Au  contraire,  dans  les  états  antagonistes  à  la  phtisie,  comme  l'arthri- 
tisme,  les  échanges  respiratoires  sont  au-dessous  de  la  normale  chez 
l'homme  sain.  L'exagération  de  ces  échanges  constitue  donc  une  des  con- 
ditions du  terrain  de  la  tuberculose.  L'autre  condition  est  la  déminérali- 
sation organique,  qui  fera  l'objet  d'une  Note  ultérieure.  Celte  notion  nous 
ramène  à  la  conception  hippocratique  :  «  La  phtisie  est  une  consomption  >;. 
C'est  la  consomption  produite  par  les  échanges  respiratoires  et  la  déminé- 
ralisation qui  prépare  le  terrain  à  l'invasion  bacillaire. 

»  Aujourd'hui  nous  laisserons  complètement  de  côté  la  question  de  la 
déminéralisation  pour  insister  uniquement  sur  l'aide  que  l'examen  des 
échanges  respiratoires  apporte  au  diagnostic  du  terrain. 

«  La  prophylaxie  de  la  tuberculose  n'est  pas  tout  entière  dans  les  me- 
sures privées  et  publiques  prises  contre  l'agent  de  la  contagion.  Si  l'on 
peut  reconnaître  à  l'avance  les  sujets  qui  sont  prédisposés,  il  ne  suffit  pas 
d'écarter  le  bacille  de  leur  route;  il  faut  les  soumettre  aussitôt  à  une  hy- 
giène et  à  une  thérapeutique  capables  de  modifier  le  trouble  fonctionnel  et 
nutritif  qui  est  la  condition  nécessaire  du  développement  du  bacille.  La 


(  7'»  ) 
tuberculose  pulmonaire  ne  sera  réeilemenl  évitable  que  si  l'on  parvient  à 
rendre  l'organisme  des  prédisposés  réfractaire  au  germe  de  la  maladie.    » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.   —  Conduction  lente  du  nerf  et  variation  négative. 
Note  de  M.  Aug.  Charpentiek,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Nous  avons  reconnu,  dans  le  phénomène  de  la  conduction  lente  d'une 
excitation  unipolaire  brève  par  un  nerf,  l'intervention  d'une  réaction  élec- 
trique du  nerf,  réaction  ayant  une  étroite  parenté  avec  la  variation  néga- 
tive, mais  plus  complexe  que  cette  dernière.  J'ai  eu  l'idée  de  rechercher  si 
la  méthode  qui  m'a  servi  à  reconnaître  ce  phénomène  ne  pourrait  pas  me 
permettre  de  recueillir  la  réaction  électrique  proprement  dite,  indépen- 
damment du  fait  de  la  conduction  par  le  nerf. 

))  C'est  en  étudiant  l'effet  des  décharges  d'induction  que  j'ai  été  amené 
graduellement  à  donner  à  l'expérience  la  forme  qui  convient  à  la  solution 
du  problème  précédent. 

»  En  effet,  après  avoir  employé  tout  d'abord  les  courants  simples  pour  l'excitation 
du  nerf,  je  cherchai  à  réduire  au  minimum  les  phénomènes  parasites  de  fatigue  et  de 
polarisation,  et  je  songeai  dans  ce  but  à  utiliser  ces  courants  non  plus  sous  leur  forme 
directe,  mais  sous  forme  de  courants  induits  provoqués  par  leur  passage  dans  une 
petite  bobine  de  Ranvier.  L'excitation  unipolaire  était  alors  réalisée  en  reliant  le  nei-f 
à  l'une  des  bornes  du  circuit  secondaire,  l'autre  borne  étant  mise  à  la  terre  ainsi  que 
le  corps  de  la  grenouille.  Pratiquement,  grâce  à  la  courte  durée  du  passage  du  cou- 
rant (contact  d'un  frotteur  étroit  et  d'un  fil  de  platine  de  ^  de  millimètre  de  diamètre 
pendant  yÛ^  '^^^  iTorô  ^^  seconde  environ),  sa  croissance  et  sa  décroissance  se 
succèdent  immédiatement  et  donnent  naissance  à  une  onde  induite  dont  les  deux 
phases  inverses  se  neutralisent  sensiblement  au  point  de  vue  électroljtique.  Un 
point  A  du  nerf  sera  excité  par  ce  courant  induit  lorsqu'on  fermera  lintcrrupteur. 
Un  autre  point  B  du  nerf  est  en  contact  avec  un  fil  métallique  conducteur  qui  reste 
ordinairement  isolé,  sauf  quand  on  le  met  en  communication  (pendant  un  temps  très 
court)  avec  un  autre  conducteur  également  isolé,  lequel  aboutit  à  un  point  C  du  nerf 
témoin.  Par  une  disposition  spéciale  du  cylindre  tournant  qui  porte  le  fil  mince  de 
platine  destiné  à  assurer  pendant  un  instant  l'action  inductrice,  un  second  fil  sem- 
blable (isolé)  établit  la  communication  métallique  entre  B  et  C  à  un  moment  va- 
riable, mais  très  bref,  à  partir  de  l'excitation.  On  peut  donc  faire  retarder  de  i,  2, 
3,  ...,  n  dix-millièmes  de  seconde  sur  cette  dernière  la  communication  de  B  avec  G, 
et  voir  si  à  chaque  moment  il  se  produit  au  point  C  un  phénomène  électrique  pouvant 
faire  contracter  la  patte  témoin.  (On  peut  d'ailleurs,  comme  je  l'ai  indiqué,  remplacer 
cette  patte  par  un  électromètre  on  un  galvanomètre  approprié.) 

>)  On  observe  avec  ce  dispositif  à  peu  près  les  mêmes  faits  qu'avec  le  courant  direct 


(     712    ) 

iiislaiiliiné  :  répoiiM!  tlii  nerf  témoin  avec  un  retard  proportionnel  à  la  longueur  de 
nerf  AB  et  à  un  coefficient  sensiblement  égal  à  la  vitesse  nerveuse;  réponse  généra- 
lement oscillatoire  avec  les  mêmes  caractères  que  précédemment. 

»  Ici,  la  conductrice  électrique  de  l'excitation  par  le  nerf  intervient  encore.  Mais 
elle  sera  bien  réduite  si,  au  lieu  d'employer  la  faradisation  unipolaire,  nous  excitons 
bipolairement  le  nerf  (par  le  même  courant  induit)  avec  deux  électrodes  aussi  rap- 
prochées que  possible  l'une  de  l'autre  :  le  circuit  d'excitation  sera  constitué  presque 
uniquement  par  l'espace  interpolaire,  et  la  dérivation  du  courant  par  le  nerf  soulevé 
et  par  les  tissus  sera  presque  négligeable. 

»  Cette  dérivation  deviendra  même  pratic|uement  nulle  si  l'on  excise  le  nerf  et  si 
l'on  applique  l'excitation  faradique  bipolaire  à  l'une  des  extrémités  du  fragment  main- 
tenu isolé.  Or,  dans  ce  cas  aussi  bien  que  dans  le  précédent,  on  constate  une  réaction 
motrice  dans  la  palte  témoin,  avec  les  caractères  physiques  et  physiologiques  déjà 
connus  et  la  même  vitesse  de  propagation  dans  le  nerf  excité.  Celte  réaction  est  toute- 
fois moins  forte  par  rapport  à  l'excitation  initiale  que  dans  les  cas  où  celle-ci  est  uni- 
polaire. 

»  On  est  donc  en  droit  de  dire  que  dans  la  conduction  lente  par  le  nerf 
il  s'ajoute  une  réaction  électrique  propre  de  ce  nerf,  sans  doute  par  un 
phénomène  spécial  de  résonance. 

»  En  second  lieu,  le  phénomène  connu  sous  le  nom  de  variation  néga- 
tive paraît  être,  sinon  toujours  la  phase  initiale  (ce  que  je  ne  puis  encore 
décider),  au  moins  une  phase  de  début  de  la  réaction  électrique  du  nerf, 

»  Enfin  notre  méthode,  basée  sur  les  propriétés  des  conducteurs  uni- 
polaires si  bien  étudiés  par  M.  Chauveau,  permet  de  recueillir  cette  réac- 
tion et,  par  suite,  sa  phase  plus  frappante  de  variation  négative  sur  le  nerf 
en  place  et  non  lésé. 

»  Il  est  facile,  du  reste,  si  l'on  ne  veut  pas  aller  jusqu'à  faire  une  analyse 
chronoscopique  toujours  délicate,  de  montrer  l'ensemble  de  la  réaction 
et  d'obtenir  une  contraction  de  la  patte  témoin  en  établissant  un  fd  métal- 
lique direct  entre  B  et  C  et  excitant  A  par  un  très  bref  courant  induit,  le 
corps  de  l'animal  étant  mis  à  la  terre.  Seulement  alors  aucune  variation 
électrique  ne  sera  appréciable,  à  cause  de  la  succession  rapide  des  phases 
inverses  du  phénomène.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.    —  Sur  les  opacités  du  corps  vitré  et  la  rigidité  de  ce 
milieu  de  l'œil.  Note  de  M.  A.  Imbert,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  L'observation  des  mouvements  dont  sont  animées,  dans  le  champ  vi- 
suel, les  projections  des  opacités  intraoculaires,   lors  des  changements 


(  7'3  ) 

d'orientation  du  globe,  présente  un  double  intérêt.  D'une  part,  en  effet, 
elle  peut  renseigner  sur  l'état  de  fluidité  plus  ou  moins  grand,  et  variable 
avec  divers  états  pathologiques,  du  cor|)S  vitré  dans  lequel  siègent  ordinai- 
rement les  opacités;  d'autre  part,  elle  se  rattache  à  une  question  délicate 
de  la  mécanique  des  fluides,  en  ce  sens  qu'elle  constitue  un  procédé  fort 
simple  pour  constater,  grâce  à  un  phénomène  physiologique  que  présentent 
beaucoup  d'yeux  normaux,  l'existence  d'un  degré  marqué  de  rigidité  au 
sein  d'un  milieu  de  l'œil  qui,  il  importe  toutefois  de  le  remarquer,  a  une 
consistance  seulement  settii-fluide. 

»  Il  existe  dans  mon  œil  droit  une  opacité  qui,  lorsque  le  globe  a  été  maintenu  un 
certain  teujps  immobile,  se  projette  dans  la  partie  inférieure  et  un  peu  interne  du 
champ  visuel,  vers  la  limite  de  ce  champ. 

»  Si  j'imprime  à  mon  œil  droit  un  mouvement  lent  de  rotation,  la  projection  de 
l'opacité  se  déplace  d'un  même  mouvement,  en  conservant,  sensiblement  au  moins,  sa 
position  dans  le  champ  visuel  ;  mais  lorsque  le  mouvement  du  globe  a  été  rapide,  cette 
projection  se  rapprociie  du  niveau  du  point  visé,  atteint  ce  niveau,  ou  même  le  dépasse 
quand  le  mouvement  du  globe  a  été  assez  étendu. 

»  Si  l'œil  est  alors  maintenu  immobile  dans  sa  nouvelle  position,  la  projection  de 
l'opacité  descend  lentement  dans  le  champ  visuel  et  vient  reprendre  sa  position  ini- 
tiale après  un  temps  de  trente  secondes  environ.  Dans  le  cas,  au  contraire,  où  le  globe 
est  ramené  à  son  orientation  première  aussitôt  après  que  le  déplacement  de  la  projec- 
tion de  l'opacité  a  été  constaté  et,  par  suite,  avant  que  celle-ci  ait  effectué  le  mouve- 
ment lent  dont  il  vient  d'être  parlé,  cette  projection  se  retrouve  sensiblement  dans  sa 
position  initiale. 

M  Étant  données  la  nature  connue  de  ces  opacités  et  celle  des  milieux 
de  l'œil,  on  ne  peut  songer  à  rapporter  à  la  pesanteur  les  déplacements 
relatifs  que  nous  venons  de  décrire.  Ces  mômes  déplacements  s'expliquent 
au  contraire  très  clairement  si  on  les  rapporte  à  la  rigidité  de  la  substance 
du  corps  vitré,  et  l'on  peut,  en  outre,  préciser  assez  exactement  leur 
situation  dans  ce  milieu  de  l'œil.  C'est  ainsi  que,  pour  mon  œil  droit,  j'ai 
pu  localiser  l'opacité  observée  dans  la  région  comprise  entre  les  points 
nodaux,  c'est-à-dire  la  face  postérieure  du  cristallin,  et  le  centre  de  rotation 
du  globe. 

»  La  rapidité  du  déplacement,  dans  le  champ  visuel,  de  la  projection  de 
l'opacité  pendant  un  mouvement  rapide  du  globe  résulte  naturellement, 
dans  notre  hypothèse,  de  ce  que  les  couches  du  vitré  en  contact  avec  la 
coque  oculaire  ont  seules  été  entraînées,  l'opacité  ayant  sensiblement 
conservé  sa  position  absolue.  Le  retour  lent  de  cette  même  projection  à 
sa  position  primitive  dans  le  champ,  lorsque  le  globe  est  maintenu  dans  .sa 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  11.)  92 


(  v^  ) 

nouvelle  orientation,  est  dû  d'autre  part  à  la  rigidité  du  corps  vitré,  dont  la 
masse,  alors  déformée  intérieurement,  réagit  comme  tout  corps  élastique, 
mais  avec  une  lenteur  caractéristique,  pour  replacer  dans  leurs  positions 
réciproques  primitives  ses  parties  constituantes. 

»  Enfin,  lorsque  l'œil  est  ramené  dans  son  orientation  première  aussitôt 
après  le  premier  mouvement  de  rotation,  le  second  mouvement  détruit 
l'effet  de  déformation  intense  que  le  premier  avait  déterminé  dans  la 
masse  du  vitré,  et  la  projection  de  l'opacité  doit,  à  la  fin  de  ce  second 
mouvement,  apparaître  dans  sa  position  primitive,  conformément  à  ce 
que  montre  l'observation. 

»  Le  degré  de  rigidité  du  corps  vitré  et,  par  suite,  la  grandeur  des  effets 
qui  lui  sont  dus  doivent  d'ailleurs  dépendre  de  la  consi^itancede  ce  milieu 
de  l'œil.  Par  suite,  l'observation  du  phénomène  dont  il  vient  d'être  question 
ne  montre  pas  seulement  l'existence,  dans  la  massedu  vitré,  de  déformations 
internes  dont  la  considération  peut  être  instructive  en  clinique  ophtalmo- 
logique, mais  elle  constitue  en  outre,  pour  des  malades  capables  d'en 
apprécier  les  diverses  particularités,  un  moyen  d'obtenir  des  renseigne- 
ments sur  les  changements  de  consistance  du  corps  vitré.   » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Sur  ïhistolugic  de  la  branchie  et  du  tube  digestif, 
chez  les  Ascidies.  Note  de  M.  P.  Yigjion,  présentée  par  M.  de  Lacaze- 
Duthiers. 

«  J'ai  continué,  chez  quelques  types  d'Ascidies,  rapportés  du  Laboratoire 
de  RoscolT,  mes  recherches  de  cytologie  comparée.  Elles  ont  porté  sur  les 
cellules  vibratiles  et  sur  les  cellules  sécrétantes. 

»  Pour  ce  qui  est  des  cellules  vibratiles,  j'ai  pu  fortifier  mon  opinion, 
tendante  à  retirer  aux  granulations  basilaiies  la  valeur  d'un  organe  moteur  : 
elles  représentent  simplement,  d'une  façon  contingente,  le  mode  le  plus 
fréquent  de  l'insertion  du  cil  sur  le  cytoplasma  ;  il  s'en  faut  que  ce  mode  soit 
le  seul  possible,  ou  que  cette  insertion  soit  toujours  chroma tiquement  déce- 
lable. Ainsi,  il  serait  abusif  de  vouloir  considérer  comme  un  complexe  cen- 
trosomalique  la  plaque  plan-convexe  ou  bi-convexe  qui  supporte  les  cils 
des  cellules  marginales  de  l'endostylc  :  c'est  un  ectoplasma  à  peine  plus 
chromatique  que  le  reste  du  cytoplasma.  Sur  la  même  coupe,  au  contraire, 
on  trouve  les  cellules  de  la  zone  vibratile  intermédiaire  pourvues  de  granu- 
lations typiques.  Les  cils  du  tubercule  vibratile,  assez  chromatiques,  s'im- 


(7^5) 

plantent  sur  la  cellule  jjar  une  base  étalée,  à  peine  plus  colorable  que  le 
cil.  Sur  les  trémas  de  la  branchie,  les  cils  sont  disposés  en  rangées  paral- 
lèles :  ces  rangées  sont  marquées  par  autant  de  soulèvements  pelliculaires 
linéaires,  chromatiques  ainsi  que  la  base  du  cil,  et  tout  à  fait  comparables 
aux  bourrelets  basilaires  des  membranelles,  chez  les  Infusoires.  Il  n'y  a 
rien  là  qui  rappelle  les  centrosomes.  (J'ai,  après  Biitschli  et  Schuberg, 
décelé  ces  bourrelets  chez  quelques  espèces  d'Infusoires.)  Ici,  comme 
ailleurs,  nous  rencontrons  divers  types  de  bordures  en  brosse  ciliées, 
pourvues  de  granulations  tant  supérieures  qu'inférieures.  Remarquant  que 
les  supérieures  se  colorent,  tantôt  comme  les  granulations  inférieures, 
tantôt  différemment,  nous  devrons  être  également  éloignés,  soit  de  les  né- 
gliger arbitrairement  par  rapport  aux  granulations  inférieures  privilégiées, 
soit  de  les  élever  au  rang  de  centrosomes  dédoublés  (Cf.  Prenant).  En 
réalité  je  me  crois  autorisé  à  n'accorder  une  grande  importance  théorique 
ni  aux  unes  ni  aux  autres.  Indiquons  enfin  plusieurs  sortes  de  cellules, 
chez  lesquelles  les  insertions  ciliaires  chromatiques  paraissent  faire  vrai- 
ment défaut.  Ce  seront,  chez  Anourella,  les  cellules  à  cils  très  fins  de  l'aire 
œsophagienne  et  celles,  très  particulières,  de  la  gouttière  de  l'œsophage; 
chez  Ciona,  les  cellules  de  l'estomac,  et  bien  des  cellules  branchiales,  voi- 
sines du  tubercule  vibratile.  Dans  l'estomac  A' Anourella  au  contraire,  on 
trouve  toutes  sortes  de  cellules  vibratiles,  ii  un  cil,  à  deux  ou  trois  cils,  ou 
à  cils  nombreux;  toutes  sont  pourvues  de  belles  granulations.  Ces  re- 
cherches ont  été  faites  sur  des  cellules  parfaitement  fixées,  souvent  surco- 
lorées,et,  en  tous  cas,  toujours  pourvues,  là  où  le  ciment  superficiel  existe, 
de  belles  ponctuations  noires,  plus  ou  moins  près  de  la  surface,  entre  les 
cellules. 

»  J'aurai  l'occasion  de  figurer  quelques  exemples  d'endostyles  et  de 
montrer  comment  les  cellules  du  fond  de  cet  organe,  normalement 
pourvues  des  cils  géants  bien  connus,  tandis  qu'elles  occupent  une  place 
considérable  chez  Phallusia,  sont  déjà  presque  détachées  de  la  basale  chez 
Cionael  à  peu  |irès  toutes  rejetées  par-dessus  les  cellules  glandulaires  de 
la  zone  profonde;  chez  Anourella,  en  même  temps  qu'elles  ne  portent  plus 
de  cils,  ainsi  que  l'a  vu  depuis  longtemps  M.  de  Lacaze-Dulhiers,  elles 
sont  toutes  supportées  par  lesdiles  cellules  glandulaires.  Dans  l'endostyle, 
toutes  les  cellules  glandulaires  sont  munies  de  noyaux  à  nucléole  volu- 
mineux, ce  qui  n'est  nullement  le  cas  des  cellules  ciliées  du  même  organe. 
Dans  ces  cellules  glandulaires,  je  n'ai  pas  décelé  de  produits  de  sécrétion 


(   7i6  ) 
figurés;  mais,  la  plupart  du  temps,  on  voit  le  tissu  sécrétant  creusé  de 
grosses  vacuoles,  contenant  des  globules  sanguins  non  amiboïdes,  en  voie 
de  dégénérescence. 

»  On  connaît  la  théorie  de  la  sécrétion  par  boules  ou  vésicules  sarco- 
diques  (théorie  vésiculaire  de  la  sécrétion);  on  sait  que  ses  partisans 
semblent  avoir  décrit,  en  réalité,  des  cellules  altérées  soit  par  un  trauma- 
tisme, soit  par  l'action  des  réactifs.  En  critiquant  cette  théorie,  l'an  der- 
nier, j'ai  eu  soin  de  faire  remarquer  que  mes  critiques  ne  s'appliquaient 
pas  aux  cas  où  les  cellules  mérocrines  se  décapitent,  pour  expulser  des 
produits  de  sécrétion  figurés  (Cf.  Henry).  Effectivement,  ce  qui  carac- 
térise la  théorie  vésiculaire,  c'est  qu'elle  fait  expulser  avec  violence  un 
cytoplasma  exempt  de  toutes  différenciations  chromatiquement  décelables. 
Les  cellules  hépatiques  des  Ascidies  contiennent  précisément,  dans  des 
vacuoles  superposées  entre  le  noyau  et  la  surface,  des  concrétions  très 
nettes;  ce  sont  ces  concrétions  qui  entraînent  la  chute  de  la  portion  super- 
ficielle de  la  cellule  mûre,  quand  toute  la  cellule  n'est  pas  énucléée  d'un 
seul  coup.  La  cellule  mûre  conserve,  sous  le  noyau,  un  protoplasma  clair, 
tout  semé  de  ponctuations  très  chromatiques.  Son  noyau  paraît  à  peine 
altéré;  il  est  plus  clair  assez  souvent.  La  cellule  jeune  porte  assez  long- 
temps une  bordure  en  brosse  et  l'on  y  trouve  des  globules  chromatiques; 
des  globules  analogues  se  voient  encore  plus  tard,  parfois,  dans  l'intérieur 
des  concrétions.  Je  n'ai  remarqué  jusqu'ici  aucun  ergastoplasma.  Il  ne  se 
produit  pas  de  régénérations  épilhéliales  dans  le  foie  considérable  d'Anou- 
rella.  Nous  possédons  depuis  1874  "'le  belle  description  du  foie  d'Anou- 
rella,  due  à  M.  de  Lacaze-Duthiers,  et  faite  d'après  des  dissections.  M.  de 
Lacaze-Dulhiers  n'ayant  pas  eu  à  sa  disposition  les  réactifs  très  précis  que 
nous  possédons  aujourd'hui,  nous  ne  devons  pas  être  surpris  qu'il  ait  con- 
fondu les  concrétions  avec  des  noyaux,  dont  elles  ont  la  grosseur,  et  les 
portions  de  cellules  expulsées  avec  des  cellules  entières.  Pour  ce  qui  est 
de  l'estomac  et  de  l'intestin  de  Ciona,  j'aurai  à  rectifier  les  descriptions  his- 
tologiques,  déjà  anciennes,  de  Roule,  et  à  montrer  qu'il  a  pris  pour  des 
cellules  calicinales  superficielles  ce  qui  n'est  qu'une  portion  spéciale  des 
cellules  cylindriques  du  tube  digestif.  >> 


(717  ) 


BOTANIQUE.   —  De  l' absorption  des  poisons  métalliques  très  dilués  par  les 
cellules  végétales.  Note  de  M.  H.  Devaux,  présentée  par  M.  Bonuier. 

«  A  propos  des  intéressantes  Communications  faites  récemment  par 
M.  Henri  Coiipin  et  par  MM.  Dehérain  et  Demoussy,  je  demande  à  l'Aca- 
démie la  permission  de  signaler  le  Travail  que  j'ai  publié  en  1896  sur  l'em- 
poisonnement des  plantes  aquatiques  par  des  doses  très  minimes  de 
plomb  (').  Des  plantes  diverses  (Elodea,  Lemna,  Ceratophyllum),  placées 
dans  une  eau  renouvelée  j)rovenant  des  conduites  en  plomb  du  labora- 
toire, ont  été  peu  à  peu  empoisonnées  par  ce  métal.  J'ai  dosé  la  proportion 
de  plomb  dissous  et  j'ai  reconnu  qu'elle  était  de  i  à  3  dix-millionièmes. 
C'est  une  proportion  très  analogue  à  celle  qu'indique  MM.  Dehèrain  et  De- 
moussy pour  la  toxicité  du  cuivre;  très  voisine  aussi  de  celles  qu'ont  indiquées 
il  y  a  longtemps  Raulin  (argent  sur  Sterigmatocyslis)  et  Miilardet  (cuivre  sur 
zoospores  de  Mildiou)  et  plus  récemment  Nœgeli  et  Cramer.  Ces  concor- 
dances d'origines  variées  prouvent  que  réellement  des  traces  de  certains 
métaux  tels  que  le  plomb,  le  cuivre,  l'argent,  le  mercure  sont  toxiques 
pour  les  plantes  même  à  un  état  de  dilution  absolument  extraordinaire.  Il 
est  intéressant,  à  ce  sujet,  de  remarquer  que,  pour  de  telles  dilutions,  la 
dissociation  des  sels  en  leurs  ions  doit  être  complète  ou  presque  com- 
plète. 

»  Comment  agissent  donc  ces  sels  vénéneux  sur  les  cellules  végétales? 
La  réponse  à  cette  question  est  importante,  et  j'ai  été  particulièrement 
surpris  qu'aucun  auteur  n'ait,  à  ma  connaissance,  cherché  à  voir  en  parti- 
culier si  la  substance  nocive  ne  serait  pas  fixée  sur  le  protoplasma  ou  ail- 
leurs. Ces  métaux  présentent  tous  certaines  réactions  colorées  très  sen- 
sibles et  sans  doute  susceptibles  d'être  utilisées  pour  cette  recherche.  Dans 
mon  Travail  de  189G,  j'ai  donné  quelques  indications  à  ce  sujet.  J'ai  mon- 
tré, en  particulier,  que,  dans  un  cas  d'empoisonnement  très  lent,  par  une 
eau  renouvelée  contenant  de  i  à  3  dix-millionièmes  de  plomb,  certaines 
cellules  noircissaient  fortement  par  H*S,  tandis  que  d'autres  restaient  in- 


(')  M.  Detaux,  Empoisonnement  sponlcuié  des  plantes  aquatiques  par  les  eaux 
du  laboratoire  de  Botanique  {Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  na- 
turelles de  Bordeaux,  5"  série,  t.  I;  1896). 


'■■   7  '  ^  ) 
colores.  Les  premières  étaient  des  cellules  âgées,  elles  condensaient  le 
plomb  dans  leur  protoplasma  en  mourant;  les  secondes  étaient  des  cel- 
lules jeunes,  celles  en  particulier  des  points  végétatifs,  elles  résistaient  au 
poison. 

')  Des  faits  analogues  ont  été  présentés  par  d'autres  plantes  ou  parties 
de  plantes;  ils  concordent  tous  pour  démontrer  que  les  métaux,  même  très 
dilués,  sont  saisis  par  les  parties  de  la  cellule  végétale,  parois,  protoplasma 
et  noyau. 

»  Si  l'on  essaie  de  suivre  les  phases  du  phénomène  d'absorption,  on  se 
trouve  en  présence  de  faits  complexes,  en  rapport  avec  la  nature  de  la 
plante  et  des  parties  de  la  cellule  d'une  part,  avec  la  nature  du  métal  et  sa 
concentration  d'autre  part. 

»  Pour  fixer  les  idées,  considérons  une  solution  diluée  de  cuivre  à  deux  dix-millio- 
nièmes dans  laquelle  ont  été  placés  des  filaments  de  Spirogyres  (j'ai  expérimenté  sur 
trois  ou  quatre  espèces  non  déterminées).  Au  bout  de  moins  d'une  heure  de  séjour 
dans  celle  solution,  on  peut  conslater  la  présence  du  cuivre,  à  l'état  de  traces,  dans 
certaines  régions  de  la  paroi,  surtout  dans  l'anneau  périphérique  épais  qui  forme  la 
limite  extérieure  des  cloisons  transverses  les  plus  épaisses.  L'accumulation  du  cuivre 
y  est  assez  grande.  On  constate  aussi  que  le  noyau  et  son  nucléole  sont  devenus  plus 
visibles,  et  bientôt  ils  prennent  (souvent  mais  pas  toujours)  un  aspect  très  spé- 
cial :  une  grosse  vacuole  apparaît,  et  le  noyau  s'y  montre  rejeté  de  côté  comme  un 
croissant  lenticulaire.  Des  traces  de  cuivre  finissent  aussi  par  se  manifester  dans  cer- 
tains noyaux,  surtout  dans  le  nucléole.  11  en  apparaît  aussi  dans  le  proloplasma,  mais 
d'abord  5  l'un  des  bouts  de  la  cellule  seulement,  au  contact  d'une  paroi  transverse.  On 
trouve  dans  un  même  filament  des  cellules,  isolées  ou  sériées,  qui  présentent  de  plus 
en  plus  nettement  ces  phénomènes,  tandis  que  les  cellules  voisines  ne  présentent 
aucune  trace  de  poison  ailleurs  que  sur  leur  paroi. 

»  Les  cellules  qui  accumulent  ainsi  le  poison  sont  celles  qui  sont  déjà  gravement 
atteintes;  le  proloplasma  perd  sa  turgescence,  devient  sombre  et  granuleux,  monili- 
forme,  même  dans  les  traclus  avoisinant  le  noyau,  tandis  que  d'autres  cellules  voisines 
gardent  un  j)roloplasma  clair  et  dépourvu  de  cuivre. 

»  Le  poison  dévoile  ainsi,  avec  netteté,  une  inégalité  de  résistance  entre  les  diverses 
cellules  d'un  même  filament  d'algue,  ou  de  filaments  voisins.  Je  n'ai  que  rarement 
observé  avec  le  cuivre  Vaclion  oligodynamique  si  remarquable  signalée  par  Nœgeli  ; 
il  doit  aussi  exister  ici  des  degrés  d'excitabilité. 

n  J'ai  aussi  traité  des  coupes  de  plantes,  tiges  ou  racines,  el  de  jeunes  racines 
entières  par  des  solutions  de  cuivre  et  de  plomb.  Même  à  l'étal  très  dilué,  ces  sujets 
fixaient  les  métaux  à  la  fois  sur  les  parois  et  sur  le  proloplasma  des  cellules  des  tissus 
mous.  L'action  est  si  sensible  qu'elle  peut  servir  à  déceler  des  traces  de  cuivre 
extraordinairement  faibles  :  ainsi  des  coupes  de  pétioles  d' Aralia  Sieboldii  el  de  fines 
racines  de  Mibora   i^erna  placées   dans    une   solution  titrée  à   i  dix-millionième,  et 


(  719  ) 

même  à  0,6  cenl-cli\-millionième  de  cuivre  (')  (compté  comme  métallique),  prennent 
une  coloration  sensible  par  le  ferrocyanure.  Avec  une  solution  à  2  dix-millionièmes 
agitée  sans  cesse,  la  teinte,  sensible  déjà  après  une  ou  deux  minutes,  est  très  notable 
après  un  quart  d'heure.  Pour  la  dilution  à  0,6  cent-millionième,  il  a  fallu  faire  écouler 
la  solution  au  contact  des  sujets  pendant  plusieurs  heures,  et  encore  la  coloration  a 
été  plus  faible. 

a  II  n'en  est  pas  moins  extraordinaire  de  voir  qu'on  peut  encore  déceler  le  niélal 
dans  un  liquide  qui  en  contient  moins  de  un  milligramme  par  hectolitre. 

>)  Ces  expériences  montrent  aussi  que,  dans  l'action  d'iiu  poison,  il 
faut  distinguer  soigneusenaent  l'influence  de  la  dilution  de  celle  de  la  quan- 
tité absolue  de  poison.  Une  seule  goutte  d'une  solution  de  sulfate  de 
cuivre  à  i  trente-niillième  donne,  après  un  quart  d'heure  de  contact,  une 
réaction  plus  marquée  au  ferrocyanure  que  2"*  de  solution  courante 
3  2,5  cent-millionièmes  en  huit  ou  dix  heures.  La  quantité  de  sulfate  de 
cuivre  mise  à  la  disposition  d'une  coupe  était  cependant  de  -r^^  de  milli- 
gramme seulement  dans  le  premier  cas,  de  ~  de  milligramme  dans  le 
second. 

«  Conclusions.  —  1°  Les  plantes  phanérogames  on  cryptogames  sont 
empoisonnées  par  des  solutions  de  sels  de  plomb  ou  de  cuivre  diluées  à 
quelques  dix-millionièmes  ou  moins  encore; 

»  2°  Le  métal  est  à  la  fin  fixé  par  toutes  les  parties  de  la  cellule,  mem- 
brane, protoplasma,  noyau,  et  peut  y  être  dévoilé  par  les  réactifs; 

»  3"  Le  métal  est  inégalement  fixé  parles  diverses  parties  de  la  cellule; 
ce  sont  d'abord  ou  exclusivement  la  membrane,  puis  le  noyau  et  le 
nucléole  (Spirogyra),  enfin  le  protoplasma; 

»  Il  y  a  lieu  de  distinguer  pour  un  poison,  ou,  d'une  manière  plus  géné- 
rale, pour  l'absorption  des  substances,  l'influence  de  la  dilution  et  l'in- 
fluence de  la  masse  absolue. 

»  Mais,  dans  tous  les  cas,  cette  absorption  est  sensible,  même  pour  des 
dilutions  excessives,  rejirésentant  parfois  moins  de  i  milligramme  par 
hectolitre.  » 


(')  Ces  solutions  titrées  étaient  préparées  avec  de  l'eau  distillée  dans  des  appareils 
en  verre,  et  toutes  les  précautions  de  lavage  absolu  des  récipients  mis  en  expérience 
étaient  soigneusement  prises. 


V  720  ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  ~  Influence  de  l'obscurité  sur  le  développement  des 
fleurs.  Note  de  M.  L.  Beulaygue,  présentée  par  M.  Bonnier. 

K  Différents  auteurs  ont  déjà  étudié  l'influence  de  l'obscurité  sur  le 
développement  des  fleurs.  Sachs  a  montré,  en  i863  et  i865,  qu'une  plante 
pourvue  de  réserves  peut  fleurir  à  l'obscurité,  et  qu'il  en  est  de  même 
pour  certaines  autres  plantes,  lorsqu'une  partie  suffisante  de  leur  appareil 
végétatif  reste  exposée  à  la  lumière.  Il  ajoute  que,  dans  ces  conditions,  la 
couleur  de  la  fleur  n'est  nullement  modifiée  par  l'obscurité. 

»  Suivant  les  expériences  d'Askenasy,  en  1876,  les  fleiu's  qui  se  déve- 
loppent à  l'obscurité  ont  une  coloration  plus  pâle  que  celles  qui  se  déve- 
loppent à  la  lumière,  mais  présentent  la  même  forme  et  les  mêmes  dimen- 
sions. 

»  Enfin,  M.  Flahault,  en  1878,  confirme  les  résultats  obtenus  par  Sachs, 
et  pense  que  les  fleurs  développées  à  l'obscurité  présentent  une  colora- 
tion aussi  intense  que  celles  qui  viennent  à  la  lumière. 

»  Je  me  suis  proposé  de  reprendre  cette  question,  et  d'étudier  en  même 
temps  l'influence  comparée  de  la  lumière  et  de  l'obscurité  sur  le  déve- 
loppement, la  forme  et  la  structure  de  la  fleur. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  plus  de  trente  plantes,  appartenant  à 
des  familles  très  différentes,  et  ayant  fleuri  à  Alger  en  décembre,  janvier  et 
février. 

»  J'ai  procédé  de  la  manière  suivante  :  j'ai  choisi  sur  chacune  des  plantes  en  expé- 
rience deux  branches  voisines,  autant  que  possible  comparables,  possédant  à  leur 
extrémité  un  ou  plusieurs  boutons  floraux  très  petits,  et  offrant  extérieurement 
le  même  étal  de  développement.  J'ai  laissé  l'une  des  branches  à  la  lumière,  et  j'ai 
introduit  l'extrémité  de  l'autre  dans  une  boîte  en  bois,  munie  d'un  couvercle  et  peinte 
en  noir  intérieurement.  Puis,  j'ai  observé  les  difterentes  phases  de  la  floraison 
sur  chacun  des  deux  rameaux  ainsi  disposés. 

»  Voici  les  premiers  résultats  que  j'ai  obtenus,  concernant  le  développement  et  la 
morphologie  externe  de  ces  fleurs,  cueillies  à  l'âge  adulte. 

>>  1°  Epoque  de  la  floraison.  —  D'une  façon  à  peu  près  générale,  j'ai  constaté  que 
les  boutons  floraux  placés  à  l'obscurité  s'ouvraient  plus  tardivement  que  les  boutons 
témoins.  C'est  ainsi  que  ce  retard  a  été  de  2  jours  pour  VOxalis  cernua,  3  jours  pour 
le  Solanuni  japonicum,  le  Teucrium  fruticans  et  le  Justicia  acantliiflora,  5  jours 
pour  VIris  slylosa.  le  Pelargonium  zonale  et  VHéliotropium  periwianuiyi,  7  jours 
pour  V Antlieinis,  variété  comtesse  de  Chamhord.  et  i3  jours  pour  la  Rose  thé,  variété 


(    72!     ) 

Anna  Olù'icr.  Par  contre,  la  floraison  de  l'Aloe  arhorescens  n'a   pas  subi   de  retard 
appréciable. 

)>  2°  Couleur.  —  La  couleur  bleu  violacé  des  fleurs  de  17/75  slyloso  a  été  très  légè- 
rement affaiblie  par  l'obscurité;  la  même  couleur  des  (leurs  du  Sotaniim  Japonicum 
l'a  été  beaucouj>  plus;  enfin,  les  ilciiis  violettes  de  Vlleliotrapiani  /teruiia/ii/in  et 
bleu  pâle  du  Teucriuni  frulicans  sont  restées  complètement  blanches  à  l'obscurité. 

»  La  couleur  jaune  des  Heurs  de  VO.ralis  cernua,  des  fleurs  centrales  de  lAnl/ie- 
niis,  variété  comtesse  de  ChambotrI,  et  du  (ilet  des  étaraines  de  V Aine  arborcscens. 
venues  à  l'obscurité,  était  un  peu  plus  pâle  que  celle  des  fleurs  témoins. 

»  Enfin  la  couleur  rouge  vif  du  Pelaigonium  zonale  était  devenue  rose  pâle,  et  les 
pétales  rouge  vif  de  VAloe  arhorescens  étaient  complètement  blancs  à  l'obscurité. 

»  3°  Forme.  —  La  forme  des  fleurs  écloses  à  l'obscurité  n'était  pas  sensiblement 
modifiée. 

1)  4"  Dimensions.  —  a.  Fleurs.  —  Les  deux  dimensions  principales  de  la  fleur, 
longueur  et  diamètre  de  la  corolle,  ainsi  que  les  dimensions  des  dilférentes  pièces, 
étaient,  en  général,  plus  petites  dans  les  fleurs  écloses  à  l'obscurité  que  dans  celles 
développées  à  la  lumière.  On  aura  une  idée  de  cette  réduction  par  les  chiffres  sui- 
vants, relatifs  aux.  dimensions  des  pétales  : 

Longueur.  Largeur  inoyenne. 

Pclalcs.  Lumière.       Obscurité.  Lumière.      Obscurité. 

mm  Diui  mm  miu 

Aloe  arhorescens 35  34  7  6 

Anihemis,  var.  coait.  de  Cliambord.    .23  19  6  4 

Ojcalis  cernua 20  16  12  10 

Pelargoniunt  zonale 22  18  19  17 

Solaniini  jaj)o/iicum i4  9  6  5 

»  h.  Pédicelles  florau.c.  —  Les  pédicelles  floraux  se  sont  comportés  différemment 
et  ont  présenté  tantôt  des  dimensions  plus  petites,  tantôt  des  dimensions  plus 
grandes  : 

Pcilicelici  lldroux. 

Aloe  arhorescens 

O.ralis  cernua 

Pelargoniuni  zonale 

Solanum  japonicum 

Teucriuni  fruticans 

i>  5°  Poids  et  volume.  —  Les  variations  dans  les  dimensions  présentées  par  les 
fleurs  écloses  à  l'obscurité  n'étant  pas,  dans  certains  cas,  de  même  sens  que  celles 
présentées  par  les  pédicelles,  j'ai  été  conduit  à  prendre  le  poids  et  le  volume  de  ces 
différentes  fleurs  accompagnées  de  leurs  pédicelles. 

»  En  exceptant  le  Pelargonium  zonale  et  VOxalis  cernua,  dont  les  pédicelles 
floraux  ont,  à  l'obscurité,  des  dimensions  plus  grandes  qu'à  la  lumière,  le  poids  et  le 

C.  R.,   1901,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  11  )  9'^ 


Lon 

gueur. 

Lumière. 

Obscurilè. 

miu 
25 

mm 

3o 

17 

35 

18 

23 

1 1 
5 

9 
4 

Diamètre 

imière. 

Obscuri 

mu 
2 

mm 

1,5 

0,75 

1,5 

1 
2 

0,75 

0,5 

0,75 

0,5 

(,    722    ) 

volume  des  fleui-s  développées  à  l'obscurité  sont  constamment  plus  petits  que  le  poids 
et  le  volume  des  tleurs  témoins.  Cette  réduction  est  quelquefois  voisine  de  5o  pour  loo. 

»  Conclusions .  —  De  cette  série  d'expériences  ressorlent  les  conclusions 
suivantes  : 

»  1°  A  l'obscurité,  les  fleurs  éclosent,  le  plus  souvent,  plus  tard  qu'en 
pleine  lumière; 

»  2°  La  couleur  des  fleurs  subit,  en  général,  à  l'obscurité,  une  diminu- 
tion d'intensité  qui  est  très  légère  pour  certaines  flein-s,  assez  sensible  pour 
d'autres,  et  qui,  pour  quelques-unes,  peut  aller  jusqu'à  la  décoloration 
complète; 

»  3°  Les  fleurs  développées  à  l'obscurité  présentent,  en  général,  des  di- 
ïnensions  moindres  que  celles  des  fleurs  développées  à  la  lumière,  mais, 
par  contre,  les  pédicelles  sont  parfois  plus  développés; 

»  4"  Le  poids  et  le  volume  des  fleurs  développées  à  l'obscurité,  y  com- 
pris les  pédicelles  qui  les  supportent,  sont  toujours  inférieurs  au  poids  et 
au  volume  des  mêmes  organes  développés  à  la  lumière;  cependant,  dans 
de  rares  cas,  l'auginentation  des  dimensions  des  pédicelles  floraux  déve- 
loppés à  l'obscurité  peut  influer  suffisamment  sur  ce  poids  et  ce  volume 
pour  les  rendre  supérieurs  à  ceux  des  fleurs  normales.    » 


BOTANIQUE.  —  Anatomie  comparée  des  organes  foliaires  chez  les  Acacias. 
Note  de  M.  V .  Ledoux,  présentée  par  M.  Bonniei . 

«  On  sait  que  certains  Acacias  présentent  dans  leurs  feuilles  les  parti- 
cularités suivantes  : 

»  Les  premières  feuilles,  après  les  cotylédons,  ont  des  pétioles  normaux 
creusés  en  gouttière,  portant  un  certain  nombre  de  paires  de  folioles  d'un 
vert  clair,  qui  tombent  de  bonne  heure. 

»  A  mesure  que  l'on  considère  des  feuilles  plus  élevées,  on  constate 
que  le  pétiole  s'aplatit  progressivement,  et  que  la  région  aplatie  est  de 
plus  en  plus  étendue  pour  les  feuilles  de  plus  en  plus  élevées. 

»  Un  second  fait,  corrélatif  du  premier,  est  la  disparition  progressive  des 
folioles.  Des  pétioles  déjà  en  partie  aplatis  en  portent  encore;  ceux  qui 
naissent,  soit  sur  les  ramifications  de  la  tige,  soit  au  voisinage  des  extré- 
mités florales  en  sont  totalement  dépourvus.  Ces  derniers  constituent  une 
lame  aplatie,  vertforué,  persistant  sur  lu  tige  d'une  année  à  l'autre.  Un  se- 


(  7^3  ) 

rait  tenté  de  prendre  cette  lame  pour  un  limbe  ordinaire  de  feuille,  si  l'on 
n'avait  suivi  la  série  des  transformations  qui  conduisent  à  cette  forme. 

)>  Le  plan  de  ce  pétiole  aplati  est  toujours  perpendiculaire  au  plan 
normal  d'un  limbe  ordinaire,  c'est-à-dire  passe  par  la  tige.  Les  deux  bords 
de  cette  lame  sont  alors,  l'un  ventral,  tourné  du  côté  de  la  tige,  l'autre 
dorsal.  Si  l'on  examine  la  nervation  en  suivant  le  passage  du  pétiole  nor- 
mal au  pétiole  aplati,  on  voit  que  U  nervure  principale  du  premier  se  porte, 
dans  la  suite  des  modifications,  vers  le  bord  dorsal  du  pétiole  et  devient,  le 
plus  souvent,  presque  marginale. 

»  .Te  me  propose  d'étudier  les  particularités  anatomiques  de  ces  diverses 
formes  de  pétioles,  ainsi  que  celles  des  folioles. 

))  Je  décrirai,  comme  exemple.  l'Acacia  melanoxylon. 

»  Avant  d'aborder  l'étude  particulière  de  chaque  organe,  je  ferai  re- 
marquer que  les  pétioles,  quelle  que  soit  leur  forme,  présentent  un  cer- 
tain nombre  de  caractères  communs  qu'il  est  nécessaire  défaire  connaître. 
Chaque  faisceau  est  constitué  par  du  bois  interne  et  du  liber  externe  adossé 
à  un  arc  de  sclérenchyme  situé  en  face  d'un  massif  de  cellules  aquifères 
recouvert  |)ar  l'épiderme. 

»  Enfin,  dans  tous  les  pétioles  on  trouve,  sur  chaque  face,  deux  ou 
trois  assises  de  cellules  en  palissades  interrompues  seulement  au  niveau  du 
tissu  aquifère  et  très  riches  en  chlorophylle. 

»  Cela  posé,  j'étudierai  successivement  les  pétioles,  puis  les  folioles. 
Parmi  les  pétioles,  je  distingue  : 

»  1°  Pétioles  de  premier  ordre,  nés  directement  sur  la  tige  ou  sur  ses 
ramifications.  Dans  cette  catégorie  j'étudie  :  (a)  Pétioles  en  gouttière,  non 
aplatis;  (è)  Pétioles  aplatis,  feuilles  ou  non; 

»  2"  Pétioles  de  deuxième  ordre,  nés  sur  ceux  de  premier  ordre,  jamais 
aplatis  et  portant  les  folioles. 

"  1°  (rt)  Pétioles  en  gouttière,  non  aplatis.  —  lin  suivant  immédiatement  à  leur 
sortie  de  la  tige  l'origine  des  faisceaux  de  ces  pétioles,  j'ai  constaté  que  les  cinq 
faisceaux  primaires  du  pétiole  se  disposent  toujours  de  la  même  manière.  Les  trois 
plus  importants  sont  du  côté  dorsal.  Je  les  appellerai  F,  /,,  f\  (F  étant  le  faisceau 
médian  ).  C'est  entre  les  deux  autres  faisceauxyj,  f'^  situés  du  côté  morphologiquement 
ventral  qu'est  creusée  la  gouttière. 

»  Comme  il  n'existe  jamais  ici  de  faisceau  ventral  impair,  on  peut  dire  que  les 
faisceaux  de  ces  pétioles  en  gouttière  sont  disposés  en  arc  à  concavité  tournée  du  côté 
de  la  tige. 

»  (6)  Pétioles  aplatis,  feuilles  ou  non.  —  Des  coupes  transversales  de  la  partie 
basilaire  d'un  pétiole  aplati  montrent  qu'au  début  les  cinq  faisceaux  primaires  sont 


(  72/|  ) 
encore  symélriquemenl  placés  de  chaque  côté  de  l'axe  de  symétrie  qui,  dans  les  coupes, 
passe  par  le  faisceau  dorsal.  Par  suite  de  l'aplatissement,  la  gouttière  s'atténue  pen- 
dant que  les  faisceaux  se  divisent.  Les  deux  dernières  ramifications,  issues  de  f^  ct/a' 
se  rapprochent  et  s'unissent  pour  constituer  un  faisceau  marginal  ventral.  A  partir  de 
ce  moment,  le  système  fasciculaire  est  disposé  sur  une  ellipse  plus  ou  moins  allongée. 
Alors,  les  deux  lignes  de  faisceaux  placés  jusqu'ici  deux  à  deux,  face  à  face,  se  rap- 
prochent l'une  de  l'autre,  et  les  faisceaux  se  divisent  et  se  placent  de  manière  que 
ceux  qui  sont  situés  sur  l'une  des  lignes  alternent  avec  ceux  de  l'autre.  Ces  pétioles 
sont  revêtus  d'une  cuticule  très  épaisse  et  pourvus  de  nombreux  stomates. 

»  2"  Pétioles  de  deuxième  ordre,  jamais  aplatis.  —  Ceux-ci  présentent  trois 
faisceaux  dorsaux  réunis  en  un  seul  massif,  adossés  à  un  groupe  important  de  cellules 
aquifères,  et  deux  faisceaux  ventraux  également  contigus.  Entre  ces  deux  massifs,  est 
une  zone  de  plusieurs  assises  de  cellules  non  sclérifiées;  c'est  au  niveau  de  celte  zone 
que  sortent  les  faisceaux  des  folioles,  lesquels  ont  leur  origine  sur  le  massif  dorsal. 

»  Folioles,  —  Elles  sont  toutes  très  petites,  ovales  et  presque  sessiles.  Celles  de  la 
base  sont  généralement  plus  petites  que  celles  qui  sont  portées  par  les  pétioles  élargis 
situés  plus  haut.  Néanmoins  elles  ont  toutes  même  constitution,  savoir  : 

»  Une  seule  rangée  de  faisceaux  orientés  normalement; 

»  Une  seule  assise  palissadique  ventrale; 

»  Deux  ou  trois  assises  de  tissu  lacuneux  ; 

)i  Jamais  de  sclérenchyme; 

»  Quelques  cellules  seulement  de  tissu  aquifère  adossées  au  faisceau  médian; 

))   Une  cuticule  mince. 

»  Seulement,  tandis  que,  chez  les  folioles  des  pétioles  en  gouttière,  les  palissades 
sont  hautes  et  étroites,  celles-ci  sont,  dans  les  folioles  des  pétioles  élargis,  généralement 
beaucoup  plus  basses  et  plus  larges.  De  plus,  chez  ces  dernières  folioles,  le  nonibie 
des  faisceaux  est  toujours  supérieur  au  nombre  des  faisceaux  des  folioles  portées  par 
les  pétioles  en  gouttière. 

»   En  résumé  : 

»  Par  leur  forme  aplatie,  leur  persistance,  leur  richesse  en  chlorophylle 
qui  leur  donne  une  couleur  vert  foncé,  leurs  nombreux  stomates,  les 
pétioles  aplatis  des  Acacias  jouent  complètement,  au  point  de  vue  physio- 
logique, le  rôle  de  feuilles  normales;  mais  on  sait  qu'ils  s'en  distinguent 
en  ce  qu'ils  sont  dressés  dans  un  plan  passant  par  la  tige,  tandis  que  les 
folioles  elles-mêmes  sont  dans  un  plan  presque  normal  à  la  direction  des 
rayons  solaires  dans  les  pays  tropicaux. 

»  Ces  pétioles  aplatis  présentent  en  outre,  comme  propriétés  spéciales, 
une  cuticule  épaisse,  un  sclérenchyme  abondant,  un  tissu  aquifère  très  déve- 
loppé. Ces  diverses  dispositions  ont  pour  efl'et  :  les  premières,  de  s'opposer 
à  une  transpiration  trop  active;  la  dernière,  d'emmagasiner  dans  la  plante 
la  plus  grande  quantité  d'eau  possible. 


(  725  ) 

»   Les  pétioles   élargis  sont  donc  des   organes  de  remplacement  des 
feuilles,  adaptés  aux  conditions  du  milieu  ambiant.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  icebergs  tabulaires  des  régions  antarctiques. 
Note  de  M.  He\ryk  Arctowski. 

»  Les  icebergs  des  régions  arctiques  ont  généralement  des  formes  très 
variées  et  sont  le  plus  souvent  de  faibles  dimensions.  Pourtant,  des  hauteurs 
de  80™  ont  été  fréquemment  mesurées,  et  il  semble  qu'ils  peuvent  atteindre 
des  hauteurs  de  i  lo™  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  (  '  ). 

»  La  forme  tabulaire  a  été  rarement  observée,  quoique,  non  loin  des 
glaciers  dont  dérivent  les  icebergs,  ils  se  présentent  sous  cette  forme 
toutes  les  fois  que  la  pente  du  glacier  est  faible,  et  que  les  icebergs  qui  s'en 
détachent  restent  dans  leur  position  d'équilibie  primitive.  Dans  les  régions 
antarctiques,  ce  cas,  exceptionnel  pour  les  contrées  boréales,  semble,  au 
contraire,  être  la  règle  générale,  car  ce  sont  surtout  de  grands  icebergs 
tabulaires  qui  y  ont  été  signalés. 

»  Ces  grandes  tables  de  glace  des  mers  austraks  atteignent  des  dimensions  fort 
considérables.  On  a  fréquemment  rencontré  de  ces  icebergs  ayant  plusieurs  kilo- 
mètres de  longueur  et  dont  les  hauteurs  mesurées  atteignaient  ôo"  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer.  On  prétend  même  avoir  rencontré  de  ces  îles  de  glace  ayant  5oo"'  de 
hauteur,  ce  qui,  évidemment,  n'est  qu'une  grossière  exagération.  Pourtant,  c'est  une 
erreur  qui  s'est  fort  bien  répandue,  de  même  que  les  assertions  absolument  fautives 
du  professeur  Heim,  qui  admet  que  les  icebergs  antarctiques  sont  d'origine  marine, 
que  ce  ne  sont  que  d'immenses  plaques  de  la  banquise,  formées  par  la  congélation 
progressive  des  eaux  de  la  mer  (*). 

»  Dans  la  région  où  la  Belgica  a  navigué,  nous  avons  pu  voir  parfois  jusqu'à 
cent  dix  icebergs  en  même  temps  sur  tout  le  pourtour  de  l'horizon.  Au  plus  [\o  pour  loo 
avaient  des  formes  tabulaires  caractéristiques,  tandis  que  la  plupart  ressemblaient 
aux  icebergs  arctiques,  ou  dérivaient  de  la  forme  tabulaire.  Les  grands  icebergs  étaient 
rares.  Les  icebergs  atteignant  5o™  de  hauteur  étaient  exceptionnels.  Les  icebergs 
tabulaires  n'ont  eu  le  plus  fréquemment  que  3o"  à  4o"  de  hauteur.  Ces  icebergs  sont 
recouverts  de  champs  de  névé  et  ne  montrent  la  glace  aux  rubans  bleus  et  blancs 
alternant  que  dans  le  bas.  Je  n'ai  pu  examiner  cette  stratification  de  près  que  dans  un 
seul  cas.  C'était  un  iceberg  emprisonné  dans  la  banquise.  Il  était  chaviré,  de  sorte  que 
les  strates  étaient  inclinés.  Les  bandes  bleues,  de   même  que  les  bandes  blanches, 


(')  E.-V.  Drvgalski,  Grônlaiid-ËxpedUion,  t.  I,  p.  38i. 
(,-)  A.  Heim,  GLelsclterkunde.  p.  270. 


(  726  ) 

étaient  composées  de  glace  à  grain  glaciaire  caractéristique.  Les  strates  n'étaient  pas 
nettement  délimités  les  uns  des  autres  et  la  seule  difTérence  entre  la  glace  blanche  et 
la  glace  bleue  était  due  à  une  structure  poreuse  des  bandes  blanches,  la  glace  blanche 
renfermant  beaucoup  plus  de  bulles  d'air.  Mais  les  deux  étaient  formés  de  glace 
compacte.  La  supposition  que  les  icebergs  tabulaires  sont  formés  de  glace  de  mer  est 
donc  absolument  erronée.  Du  reste,  le  mode  de  formation  de  la  glace  de  mer  nous 
montre  que  son  accroissement  d'épaisseur  tend  vers  une  limite,  que  Weyprecht  (') 
pense  être  de  7™  au  maximum,  quelque  basse  que  soit  la  température  moj'enne  de 
l'hiver  et  quelque  grand  que  soit  le  nombre  d'années,  et  je  pense  que  pour  les  régions 
antarctiques  ce  chiffre  est  encore  trop  élevé.  Du  reste,  l'origine  continentale  des  ice- 
bergs antarctiques  n'est  pas  discutable,  puisque  le  fond  des  océans  antarctiques  est 
couvert  de  sédiments  terrigènes  et  de  blocs  erratiques  qui  y  ont  été  déposés  par  la 
fusion  progressive  des  icebergs.  Les  icebergs  déposent  au  loin  les  matériaux  qu'ils  ont 
charriés  dans  les  glaciers  dont  ils  dérivent. 

»  La  plupart  des  grands  glaciers  des  terres  antaictiques  ont  une  pente  suffisamment 
douce  pour  produire  des  icebergs  tabulaires.  Pourtant,  il  est  probable  que  la  plupart 
des  tables  de  glace  proviennent,  non  pas  des  glaciers  encaissés,  mais  des  grands  épan- 
chements  de  glace  qui  forment  l'inlandjis  des  terres  basses.  Et,  sans  doute,  les  calottes 
glaciaires  des  terres  étendues  s'étendent  au  delà  de  ces  terres  sur  le  plateau  conti- 
nental. Or,  nos  sondages  ('),  de  même  que  les  sondages  de  Ross,  ayant  montré  que  le 
grand  inlandjis  continental  ne  s'étend  pas  au  delà  de  l'isobathe  de  4oo'",  ce  doit  être 
ce  chiffre  qui  doit  être  considéré  comme  étant  le  maximum  de  l'épaisseur  totale  des 
icebergs,  venant  du  pôle,  dans  toute  l'étendue  de  l'océan  Pacifique  antarctique.  Et, 
si  I  de  cette  épaisseur  émerge,  c'est  à  5o™  qu'il  faut  limiter  la  hauteur  des  icebergs 
qui  se  détachent  de  la  grande  muraille  de  glace  qui  s'étend  à  l'est  de  la  Terre  Victoria 
jusqu'au  175"=  degré  de  longitude  ouest,  et  qui  se  poursuit  sans  aucun  doute  vers  l'est 
jusqu'aux  terres  situées  au  sud  et  à  l'ouest  de  la  Terre  Alexandre,  comme  la  dérive  de 
la  Belsica  semble  le  démontrer.   » 


M.  L.  IzART  adresse  une  Note  relative  à  une  nouvelle  roue  à  rail  mobile. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.   D. 


(')  K.  Weyprecht,  Die  Metamorphosen  des  Polareises.  p.  iSg. 
{-)  H.  Arctowski,  The  bathymetrical  relations  nf  tlie  antarctic  relions  {Geogra- 
phical  Journal,  July  1899). 


(  73?  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  sëance  du   ii  février  1901. 

(  Suite.) 

American  Hydroids;  part  I.  The  Pulmularidœ,  with  thirty-four  plates,  by 
Charles  Cleveland  Nutting  (Smithsonian  Institution.  U.  S.  national 
Muséum.  Spécial  Bulletin).  Washington,  1900;  i  vol.  in-4". 

BuUelin  of  the  U.  S.  national  Muséum,  n"  47  ;  The  Fishes  of  North  and 
Middle  America.  .  . ,  by  David  Sïarr  Jordan  and  Barton  Warren  Evermann, 
part  IV.  Washington,  1900;  i  vol.  in-8°. 

Revisla  do  Museu  Pauiisla,  publicada  por  H.  von  Ihering,  vol.  IV. 
Saint-Paul,  1900;  i  vol.  in-8°. 

The  Physical  Review,  a  journal  of  expérimental  and  theoretical  Physirs  : 
vol.  XII,  numb.  I,  january  1901  ;  Londres,  i  vol.  iii-8". 

Bulletin  of  the  Muséum  of  Comparative  Zoutogy  at  Harvard  Collège; 
vol.  XXXVIII,  Geologicai  séries,  vol.  V,  n"  1.  Cambridge,  Mass.,  1900; 
I  fasc.  in-8". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   iS  février   1901. 

Physique  biologique.  Osmose,  tonomèlrie,  cryoscopie,  par  A.  Dastbe. 
Paris,  Masson  et  C'',  1901  ;  1  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  d'Arsonval.j 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France,  publié  sous  la  direction 
de  M.  Léon  Teisserenc  de  Bort,  49*  année,  janvier  1901.  Tours;  i  fasc. 
in-8". 

Journal  de  la  Société  nationale  d' Horticulture  de  France,  4'  série,  t.  Ji, 
janvier  190 1.  Paris;  i  fasc.  ia-8°. 

Ligue  nationale  contre  V Alcoolisme.  Société  française  de  Tempérance. 
Bulletin,  publié  par  M.  le  D'  Emile  Philibert,  3*  série,  t.  VII,  année  1901, 
n°  1.  Paris,  Asselin  et  Houzeau;  i  fasc.  in-8''. 

Le  opère  di  Galileo  Galilei,  edizione  nazionale  sotto  gli  auspicii  di  Sua 
Majesta  il  Re  d'Italia,  vol.  X.  Florence,  typ.  de  G.  Barbera,  1900;  i  vol. 
petit  iii-4".  (Envoi  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  d'Italie.) 

Die  Hundertjahrfeier  der  Koniglichen    technischen    Hochschule  zu   Berlin 


(  7^^  ) 
i8-2i   October  1899.  Berlin,   1900;    r   vol.   petit   in-f°.   (Hommage  de  la 
«   Konigliche  technische  Hochschule   «  à  Berlin.) 

Sur  les  ondes  électromagnétiques  d'un  ion  vibrant,  par  Alguste  Righi. 
(Extrait  des  Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles,  à 
Harlem.)  S.  I.  n.  d. 

Ausgewàhlte Methoden  der analytisclien  Cliemie,  von  prof.  D""  A.  Classen; 
erster  Band,  unter  Mitwirkung  von  H.  Cloeren,  mit  78  Abbildungen  und 
einer  Speclraltafel.  Brunswick,  Friedrich  Vieweget  fils,  1901  ;  i  vol.  in-S". 
(Hommage  des  Éditeurs.) 

Elektrizitâts-Actien-Gesellschaft  vormals  JV.  Lahmeyer  und  C°.  Francfurt- 
am-Mein.  Arrangé,  décoré  et  imprimé  par  Scliirmer  et  Mahlau,  Francfort- 
sur-le-Mein,  1900;  i  vol.  in-f". 

Report  of  the  meteorological Service of  Canada,  by  R.-F.  Stupart,  director, 
Toronto.  For  the  year  e.nded  december  3i,  1897.  OUawa,  1900;  i  fasc. 
in-4°. 

Western  Australia.  Department  of  Lands  and  Surveys.  Report  bythe  Under- 
Secretary  for  Lands,  for  the  year  \'è(^^.  PerLh,  1900;  i  fasc.  in-4". 

The  Astrophysical  Journal,  an  international  Review  of  Spectroscopy  and 
astronomical  Physics,  vol.  XIII,  number  1,  january  1901.  Chicago;  i  fasc. 
in-8". 

Atti  délia  Fondazione  scientifica  Cagnola  délia  sua  istitusione  in  poi; 
vol.  XVII,  anni  1898-1899.  Milan,  1900;  i  vol.  in-S". 

Reale  Islituto  Lombardo  di  Science  e  Lettere.  Rendiconti,  série  II, 
vol.  XXXII.  Milan,  Ub-ico  Hœpli,  1899;  i  vol  in-8°. 

Memorie  descrittive  délia  Carta  geologica  d'italia;  vol.  X,  parte  prima. 
Rome,  1900;  I  vol.  in-8°. 

Memorie  del  R.  Istiiuto  Lombardo  di  Scienze  e  Lettere,  Classe  di  Scienze 
matematiche  e  naturali;  vol.  XVIII-XIX  délia  série  III,  fasc.  VII-X.  Milan, 
Olrico  Hœpli,  1 899-1900;  4  fasc.  in-4°. 

Biblioteca  Kazionale  Centrale  di  Firenze.  Bolletino  délie  pubblicazione 
Italiane  ricevute per  diritto  distampa;  n°  i,  gennaio  1901.  Florence;  i  fasc. 
in-8". 


N°  H. 


TABLE    DES   AUTICr.ES.     (Séance  du   la  mais     1901. 


ME^IOIKES  ET  COMMUNIGATIO.AIS 

DES   MBMHURS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE    L'ACADÉMIE. 


F'ages. 
M.  E.  GuYou.  —  Sur  l'emiilui  des  circiimiiié- 
ridiennes  à  la  mer 6.57 


Pages. 
M.    P.    DuiiKM.  De    kl    propagation   des 

discontinuités  dans  un  lluide  visqueux...     l'^tx 


NOMIIVATIONS. 


M.    HuMBEKT  est  élu   .Membre  de  la  Sc(  tiiMj 
de  Géométrie,  en  rcuiplacemenl  de  M.  C/i. 


//ermite,  décédé. 


Ii(i.! 


ME3I01RES  PBESEÎVTES. 


M.  11.  Di'poiM.     -  Sur  la  loi  de  l'attraction  universelle  . 


CORUESPONDAIVCE. 


.M.  le  SEcnicT.MiiK  PiiRPKTUr.L  signale  deux 
projets  qui  doivent  être  présentés  à 
l'Associalion  inlernutionale  des  Acadé- 
mies       653 

M.  NoR.MANl),  élu  Currcspuudant,  adresse  ses 
remercimenls  à  l'Académie i>6.î 

M.  UE  IsTV.vNi't'i  adresse  ses  remercimenls 
à  r.Vcadémie  pour  la  distinction  accordée 
à  ses  travaux titi3 

M.  Bouquet  de  l.i  Giive  appelle  l'altenlion 
de  l'Académie  sur  un  Volume  relatif  à 
l'hydrograplue  du  haut  Vang-tse,  par  le 
P.   Chevalier 06', 

MM.  Cii.  Andue  et  .M.  Luizet.  —  Véritable 
valeur  de  la  période  de  variation  lumi- 
neuse d'Éros 56') 

M.  P.  Cousin.  —  Sur  les  zéros  des  fonctions 
entières  de  n  variables 66-j 

M.  RiBiiiRE.  —  Sur  les  vibrations  des 
poutres  encastrées 66St 

M.  E.  M.VRcnis.  —  Sur  le  diagramme  entro- 
pique 6"' 

M.  E.  JouaUET.  —  Sur  la  propagation  des 
discontinuités  dans   les  fluides 67J 

M.  C.  Vallée.  —  Sur  l'action  des  acides 
sur  les  carbonates  alcalino-terreux  en  pré- 
sence de  l'alcool 677 

M.  C.  GuABraE.  —  Sur  quelques  composés 
du  caesium •'7*' 

M.  P    Leeeau.  —  Sur  les  constituants  des 


ferrosiliciums  industriels 6S1 

MiM.  TissiER  et  Grignard.  —  Action  des 
clilorures  d'acides  et  des  anhydrides 
d'acides  sur  les  composés  organo-métal- 
liques  du'magnésium 683 

M.  Marcel  Guerbet.  —  Action  de  l'alcool 
caprylique  sur  son  tlérivé  sodé;  synthèse 
des  alcools  dicaprylique  et  tricaprylique.     6.S5 

M.  DE  FoRCRAND.  —  Vaporisation  et  hydra- 
tation du  glycol  éthylénique 6.SS 

M.  E.  Baud.  —  Dissociation  et  étude  ther- 
mique du  composé  Al-Cl'^,   iS  AzfF 690 

M.  A.  Warl.  —  Sur  la  nitration  directe 
dans  la  série  grasse 693 

M.  R.  Fosse.  —  Sur  le  prétendu  binaph- 
tylène-alcool 6i)5 

M.  F.  Marcu.  —  Sur  le  (3f!-diacétylpropio- 
iiale  d'éthyle Gcfj 

M.  JuvENAL  Derome.  —  Propriétés  des  pro- 
duits de  substitution  alcoylés  de  l'acétone- 
dicarbonatc  â'éthyle  monocyané.  .\ction 
du  chlorure  de  cyanogène  sur  l'acétone- 
dicarbonatc  de  méthyle 6()i) 

MM.  L.  BouvEAULT  et  \.  Bonoert.  —  Action 
du  chlorure  de  butyryle  sur  le  sodacétyl- 
acétate  de  méthyle 701 

M.  Henri  Poitevin.  —  Sur  la  constitution 
du  gallolannin 704 

M.  L.  Grijieert.  —  Production  d'acétylmé- 
thylcarbinol  par  le  Bacillus  tarCricus...     706 


N°  11. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 

MM.  ALBERT  Robin  et  Maurice  Binet.  —  Les 
conditions  du  terrain  et  le  diagnostic  de 
la   tuberculose 709 

M.  AuG.  Charpentier.  —  Conduction  lente    711 
du  nerf  et  variation   négative 712 

M.  A.  Imbert.  —  Sur  les  opacités  du  corps 
vitré  et  la  rigidité  de  ce  milieu  de  l'œil..     71s 

M.  P.  ViONCN.  —  Sur  l'histologie  de  la  bran- 
chée et  du  tube  digestif,  chez  les  Ascidies.     71^ 

M.  Henri  Devaux.  —  De  l'absorption  des 

Bulletin  bibliographique 


Pao 
poisons    métalliques    très    dilués    par    les 
cellules  végétales 

M.  L.  Beulaygue.  —  Influence  de  l'obscu- 
rité sur  le  développement  des  tleurs 

M.'P.   Ledoux.  —  Anatomic  comparée  des 
organes  foliaires  chez  les  Acacias 

M.  Henryk  Arctowsky.  —  Sur  les  icebergs 
tabulaires  des  régions  antarctiques 

M.  L.  IzART  adresse  une  ^l'olo  relative  à  une 
nouvelle  voue  à  rail  mobile 


723 
72(1 

;'^7 


PARl.S.    —  IMPIU  VllîRUi:     li  \l)TinKU-Vl  LL  A  KS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   56 

/..■  Ceranl  ." '■  AUrHIRR  Vli.LABl, 


APR3O1901  1901 

'^O'i.^  PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PA.H  IVf ifl.   IaK»  SBCBÉTAIKES   PERPÉTVEEi«). 


TOME  CXXXII. 


N^  12  (25  Mars  1901). 


^PAKIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustios,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  aS  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1"".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennen  t 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  Ae  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pièges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;' cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire.jdans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  q 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  SavattU 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  I 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ii 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  soii| 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. U 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtraij 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ilslefon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance offi 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  I  o  heures  d  u  matin  ;  faute  d'être  remis  à  tempi 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Comptenm 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  renàa 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches.  1 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  serann 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compler 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  desat 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  1 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administralivefi 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  if 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pi 

sent  Règlement. 


I 


Les  Savants  étrangers  à  lAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  P^P^^^f ^  '""^^"sdnK 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5».  Autrement  la  présentation  sera  remise 


APR  30  1901 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE   DU   LUNDI  25  MARS    1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUINICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  .MixisTRE  DE  l'Instructiox  pi'BiiQUE  ET  DES  Iîeaux- Arts  adrcsse 
l'amplialion  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  Réi>iiblic|ue  approuve 
réieclion  de  M.  Humbert  dans  la  Section  de  Géométrie,  en  remplacement 
de  M.  Ch.  Hermite. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Humbert  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.    —  Sur  les  métaux  égyptiens  :  Présence  du  platine 
parmi  les  caractères  d'une  inscription  hiéroglyphique;  par  M .  Bertuelot. 

«  J'ai  eu  occasion  d'étudier  dans  ces  derniers  temps  un  étui  métaliiqiie, 
couvert  d'mscriptions  hiéroglyphiques,  confié  à  mon  examen  par  x\l.  Bene- 

C.  a.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  iN°  12.)  9^1 


(  73o  ) 

dite,  Conservateur  adjoint  des  antiquités  égyptiennes  an  musée  du  Louvre. 
Cet  objet  a  été  trouvé  à  Tlièbes.  Il  a  été  dédié  par  la  reine  Shapenapit, 
fille  du  roi  Psamnetik  P"^  (vu""  siècle  avant  notre  ère).  Il  est  couvert  d'in- 
scriptions et  de  dessins  en  or  sur  l'une  des  faces,  en  arsfent  sur  l'autre. 

»  L'étude  de  cet  objet  soulève  de  nombreux  problèmes,  tant  au  point 
de  vue  de  l'analyse  chimique  appliquée  à  l'archéologie,  et  des  altérations 
produites  par  le  temps,  qu'à  celui  de  la  technique  antique  de  ses  construc- 
teurs; spécialement  en  ce  qui  touche  les  procédés  employés  pour  la 
fabrication  des  enduits  et  l'incrustation  des  dessins  et  caractères.  Je  les  dis- 
cute dans  le  Mémoire  détaillé,  qui  va  paraître  dans  les  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique;  mais  il  me  paraît  intéressant  d'en  extraire  un  paragraphe 
relatif  à  la  découverte  du  platine,  constitutif  de  l'un  des  caractères  hiéro- 
glyphiques soumis  à  mes  analyses. 

»  Il  s'agit  d'un  métal  particulier,  à  couleur  d'argent,  élément  d'un 
caractère  linéaire,  détaché  des  Tableaux  d'inscriptions  hiéroglyphiques.  Je 
l'avais  pris  d'abord  pour  de  l'argent,  à  cause  de  sa  couleur;  mais  ses  pro- 
priétés chimiques  sont  bien  différentes. 

»  C'est  aussi  un  métal  battu,  de  dimensions  comparables  aux  autres 
filets  et  caractères,  dimensions  déterminées  à  l'aide  du  palmer  et  qui  sont 
à  peu  près  constantes  pour  chaque  classe  de  ces  caractères.  Pour  celui  dont 
je  parle  en  ce  moment,  elles  étaient  égales  à  5™'"  en  longueur,  o'"™,55  en 
largeur,  o""",  23  (après  un  premier  traitement  à  l'eau  régale)  en  épaisseur. 
Je  crois  devoir  donner  le  détail  des  opérations  auxquelles  il  a  été  soumis, 
afin  de  ne  laisser  aucun  doute  : 

»  Cette  lamelle  a  été  traitée  d'abord  par  l'acide  azotique  bouillant,  sans 
être  aucunement  attaquée,  comme  l'argent  aurait  dû  l'être.  Surpris, 
j'ajoutai  à  l'acide  deux  fois  son  volume  d'acide  chlorhydrique  concentré, 
de  façon  à  obtenir  de  l'eau  régale,  et  je  portai  le  tout  à  l'ébullition.  Dans 
ces  conditions,  l'or  pur  et  les  alliages  d'or  et  d'argent  sont  rapidement 
détruits.  Une  légère  attaque  se  produisit  en  effet;  mais  la  lamelle  ne 
diminua  guère,  même  en  maintenant  le  tube  au  bain-marieà  ioo°,  pendant 
près  d'une  heure,  conditions  où  des  objets  de  platine  pur  de  même  épaisseur 
seraient  dissous,  comme  il  est  facile  de  le  vérifier.  L'eau  régale  a  dissous, 
en  effet,  en  petite  quantité,  du  chlorure  de  platine  jaune,  dont  le  mélange 
avec  une  solution  de  chlorure  de  potassium  fournit  sous  le  microscope 
des  grains  rouges  cristallins.  Mais  le  métal  avait  résisté,  à  la  façon  de  cer- 
tains minerais  de  platine,  riches  eu  iridium  et  autres  congénères. 

))   Après  un  nouveau  traitement  semblable,  la  lamelle  de  ce  métal,  d'une 


(73i  ) 
résistance  chimique  exceptionnelle,  fut  chauffée  au  rouge  vif  pendant  dix 
minutes  sur  la  lampe  d'émailleur,  dans  un  petit  creuset  de  porcelaine, 
avec  addition  d'azotate  de  potassium,  lequel  se  décomposait  avec  vivacité. 
La  himelle  fut  très  notablement  attaquée.  Cependant  une  grande  partie 
résista  encore,  sans  manifester  aucune  fusion,  tout  en  reprenant  un  vif 
éclat  argentin,  qu'elle  avait  en  partie  perdu.  Le  mélange  d'alcali  et  d'azo- 
tite,  demeuré  dans  le  creuset,  avait  pris  une  teinte  verdàtre  (iridiimi?). 

»  L'attaque  avait  été  notable  :  car  l'épaisseur  de  la  lamelle,  à  la  suite  de 
ce  traitement,  s'est  trouvée  réduite  à  o""",  06.  Ses  bords  étaient  devenus 
irréguliers  et  comme  déchiquetés.  Après  lavages  à  l'eau,  nouvelle  ébullition 
avec  l'eau  régale;  nouvelle  attaque,  encore  incomplète;  le  métaT  avait 
encore  perdu  son  poli  et  se  trouvait  recouvert  d'un  enduit  rugueux  et  gris 
jaunâtre.  La  dissolution  chlorhydronitrique  contenait  du  platine  et  un  peu 
d'or  (').  La  portion  du  métal  inattaqué  a  repris  son  éclat  sous  le  pilon,  dans 
un  mortier  d'agate  ;  mais  il  en  restait  trop  peu  pour  pousser  plus  loin. 

»  Si  j'ai  cru  devoir  donner  le  détail  un  peu  minutieux  de  ces  observa- 
tions, c'est  afin  de  bien  préciser  la  résistance  singulière  aux  réactifs  d'une 
lamelle  métallique,  dont  le  poids  initial  ne  dépassait  pas  S'""^''  à  G'"*^''.  Cette 
résistance  surpasse  non  seulement  celle  de  l'or,  mais  celle  du  platine  pur. 
Elle  accuse  l'existence  d'un  alliage  complexe,  renfermanl  plusieurs  des 
métaux  de  la  mine  de  platine,  sans  préjudice  d'un  peu  d'or  d'ailleurs.  Elle 
a  été  préparée,  sans  doute,  avec  un  minerai  natif  d'alluvion,  rare  et  excep- 
tionnel, susceptible  d'être  rencontré  en  même  temps  que  l'or  natif,  comme 
le  savent  les  minéralogistes.  Il  aura  peut-être  été  confondu  avec  l'argent 
par  les  anciens  Égvptiens;  car  il  a  été  réduit  en  feuilles  régulières  au  mar- 
teau, comme  ils  avaient  coutume  de  faire  pour  les  pépites  d'or  qui  l'accom- 
pagnaient. C'est  ce  que  semblent  prouver  les  dimensions  et  la  régularité 
de  la  lamelle  présente,  dimensions  et  formes  comparables  à  celles  des 
autres  lamelles  il'or  et  d'argent  de  notre  inscription. 

1»  Il  est  douteux  que  les  opérateurs  aient  mis  à  part  et  soumis  à  des 
traitements  spéciaux  un  minerai  dont  ils  n'auraient  pas  remarqué  le 
caractère  excej^tionnel.  S'ils  en  avaient  rencontré  (réquemment  des 
échantillons,  ils  les  auraient  distingués,  en  raison  de  l'infusibilité  et  de 
l'inaltérabilité  du  métal,  comparé  à  l'argent.  Il  y  a  là  une  énigme,  qui  sera 
éclaircie  seulement  le  jour  où  des  échantillons  de  ce  genre,  avec  affec- 

(')    Vérifié  par  la  formation  du  pourpre  de  Cassius. 


(  732  ) 
tation  hiératique  ou  artistique  spéciale,  auront  été  rencontrés  parmi  les 
métaux  égyptiens. 

»  Pour  savoir  si  les  dessins  et  inscriptions  de  l'élui  en  renfermaient 
plusieurs  échantillons,  il  eût  été  nécessaire  d'en  traiter  et  d'en  dissoudre 
une  grande  partie;  ce  qui  aurait  exigé  le  sacrifice  d'un  objet  archéologique 
précieux.  J'avais  pensé  un  instant  aux  étoiles  métalliques  existant  au 
sommet  de  l'objet  (et  qui  figurent  le  ciel)  :  mais  celle  que  j'ai  détachée 
s'est  trouvée  simplement  constituée  par  de  l'argent. 

»  Je  ne  crois  pas  que  le  platine  ait  été  observé  jusqu'ici  parmi  les 
métaux  provenant  de  l'Egypte,  ni  même  de  l'antiquité.  On  n'en  a  signalé 
d'ailleurs  ni  dans  l'Afrique,  ni  dans  l'Arabie  :  ses  minerais  un  peu  abon- 
dants appartiennent  à  de  tout  autres  régions,  à  l'Oural  et  à  la  Sibérie 
notamment.  Mais  on  l'a  reconnu  dans  des  alluvions  aurifères  et  stanni- 
fères  en  Irlande,  en  Bretagne  et  dans  le  Rhin,  en  Laponie,  en  Transyl- 
vanie, etc.  Il  y  en  avait  probablement  des  échantillons  dans  les  alluvions 
de  la  Nubie,  ou  des  régions  supérieures  des  vallées  du  Nil  et  de  ses 
affluents.  » 


ÉLECTROCHIMIE.  —  Sur  les  relations  èlectrochimiques  des  états  allotropiques 
des  métaux  et  de  l'argent  en  particulier.  Note  de  M.  Berthelot. 

«  L'étude  des  étals  allotropiques  de  l'argent,  signalés  dans  mes  dernières 
Communications  à  l'Académie  ('),  m'a  con  luit  à  examiner  leurs  relations 
électrochin)iques.  En  raison  de  la  nécessité  de  certains  travaux,  traduits 
par  des  dégagements  de  chaleur  sensibles,  pour  passer  d'un  étal  à  l'autre, 
la  théorie  indique  la  possibilité  de  développer  entre  eux  un  courant  élec- 
trique. Pour  m'en  assurer,  j'ai  employé  le  procédé  connu,  qui  consiste  à 
former  avec  le  métal,  pris  sous  deux  de  ses  états,  des  électrodes,  immergés 
dans  une  solution  d'azotate  d'argent  au  dixième,  à  une  température  con- 
stante. La  communication  entre  les  électrodes  était  établie  par  des  fils 
d'argent  pur  et  un  galvanomètre  d'Arsonvai  très  sensible. 

»  J'ai  vérifié  d'abord  qu'en  opposant  l'un  à  l'autre  :  soit  deux  fils  d'argent 
pur,  soit  un  fil  d'argent  et  de  l'argent  pur  battu  en  feuilles  minces,  il  ne  se 
développe  absolument  aucun  courant.  Cela  fait,  j'ai  opposé  à  l'argent  en 

(')  .Innales  de  Chimie  et  de  Physique,  ']"  série,  l.  XXII,  807;  1901. 


(733  ) 

feuilles  (argent  amorphe),  en  opérant  chaque  fois  dans  un  vase  distinct, 
les  quatre  états  allotropiques  du  même  métal  définis  par  mes  recherches: 
argent  modifié  par  l'action  de  l'owgène,  vers  55o"  ;  argent  précipité  par 
le  cuivre,  non  chauffé  ;  le  même  chauffé  ensuite  ;  argent  cristallisé. 

»  J'ai  observé  dans  tous  les  cas  la  production  immédiate  d'un  courant; 
l'argent  battu  en  feuilles,  jouant  le  rôle  positif  vis-à-vis  des  autres  variétés  : 
ce  qui  est  conforme  au  signe  thermique  des  chaleurs  de  transformation, 
cet  argent  en  feuilles  étant  celui  qui  possède  la  plus  forte  chaleur  d'oxv- 
dation.  Ainsi  l'opposition  de  deux  états  différents  du  même  métal  donne 
naissance  à  une  petite  pile. 

»  Cependant  le  courant  ainsi  développé  ne  reste  pas  constant.  Après 
une  première  impulsion  assez  énergique,  la  déviation  baisse  rapidement 
en  moins  d'une  mmule,  jusqu'à  une  valeur  presque  fixe.  Puis  cette  valeur 
diminue  plus  lentement,  peu  à  [)eu  et,  au  bout  de  quatre  à  cinq  minntes, 
l'aiguille  est  retournée  au  zéro. 

»  Il  en  résulte  que  la  surface  des  deux  échantillons  métalliques  paraît 
être  devenue  identique,  par  suite  de  la  précipitation  sur  l'un  des  électrodes 
d'une  couche  d'argent  possédant  un  état  identique  avec  celui  de  l'autre 
électrode;  peut-être  aussi  par  l'effet  d'une  transformation  superficielle  de 
l'un  des  électrodes,  déterminée  par  l'action  de  l'électricité  :  l'un  et  l'autre 
de  ces  phénomènes  ayant  pour  conséquence  la  disj>arition  du  courant. 

»  C'est  ici  le  lieu  de  rappeler  que  le  courant  électrique,  suivant  les 
conditions  de  son  action,  détermine  la  précipitation  d'un  même  métal  sous 
des  états  différents. 

»  Par  exemple  à  l'état  cristallisé,  ou  tout  au  moins  non  adhérent  à  la 
surface  d'un  métal,  identique  ou  différent,  employé  comme  électrode. 

»  On  bien  à  l'état  amorphe,  aiihérent  en  couche  continue  et  brillante; 
effet  qu'on  a  surtout  pour  but  de  réaliser  dans  les  opérations  industrielles 
d'argenture,  de  dorure,  de  cuivrage,  de  plombage,  d'étamage,  de  nickelure, 
de  ferrure,  etc. 

»  La  rapide  variation  de  potentiel,  observée  dans  les  essais  précédents, 
laissait  peu  d'espoir  d'arriver  à  une  détermination  exacte  de  la  force  élec- 
tromotrice, développée  entre  les  deux  électrodes  constitués  par  deux  états 
différents  de  l'argent.  J'ai  cependant  fait  quelques  essais  pour  la  mesurer 
par  la  méthode  connue  d'opposition  avec  le  dispositif  de  M.  Bouty.  Mal- 
gré la  courte  durée  de  chaque  passage  du  courant  dans  ce  procédé,  je  n'ai 
pas  réussi  à  mesurer  ainsi  des  valeurs  précises. 


(  734  ) 

»  La  difficulté,  dans  ces  conditions,  est  augmentée  par  une  circonstance 
spéciale  qu'il  est  utile  de  signaler,  à  savoir  le  mélange  inévitable  de 
chaque  état  allotropique  de  l'argent  avec  de  petites  quantités  d'argent 
amorphe.  En  effet,  la  modification  de  l'argent  en  feuilles,  chauffé  dans 
une  atmosphère  d'oxygène  vers  55o°,  exige  un  temps  considérable.  Il  est 
nécessaire,  après  chaulfage,  d'opérer  un  triage  à  la  pince  des  feuilles  d'ar- 
gent non  désagrégées;  triage  qui  n'est  jamais  complet.  De  même,  l'argent 
non  adhérent,  précipité  par  le  cuivre,  ou  obtenu  cristallisé  par  électrolyse 
proprement  dite,  est  toujours  mélangé  avec  quelque  dose  d'argent  suscep- 
tible d'adhérence  et  possédant  dès  lors  l'état  amorphe. 

M  Lorsque  l'on  a  opéré  de  façon  à  rendre  ces  doses  aussi  petites  que 
possible,  les  mesures  calorimétriques  n'eu  sont  affectées  que  dans  une 
faible  mesure.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  forces  électromotrices,  in- 
fluencées surtout,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  par  l'état  sous  lequel  l'ar- 
gent redissous  à  un  pôle  se  précipite  à  l'autre  pôle.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  radio-activité  secondaire. 
Note  de  M.  Hexki  Becquerel. 

»  Dès  le  début  de  mes  recherches  sur  le  rayonnement  de  l'uranium, 
j'avais  observé  qu'en  plaçant  sur  une  plaque  photographique  une  parcelle 
d'un  composé  de  ce  métal,  et  en  la  couvrant  d'une  petite  cloche  de  verre 
ou  de  métal,  on  obtenait  une  impression  sensiblement  uniforme  corres- 
pondant à  la  projection  de  la  surface  de  la  cloche.  Plus  tard  (  '),  en  étu- 
diant le  même  phénomène  produit  par  le  rayonnement  du  radium,  j'ai 
reconnu  qu'il  était  le  résultat  d'un  rayonnement  secondaire  provoqué  par 
le  rayonnement  incident. 

»  Tous  les  corps  recevant  le  rayonnement  des  corps  radio-actifs  émet- 
tent ainsi  un  rayonnement  secondaire  qui  impressionne  une  plaque  photo- 
graphique à  une  petite  distance  des  points  frappés. 

»  Le  rayonnement  du  radium  et  celui  de  l'uranium  provoquent  ce 
rayonnement  secondaire  avec  une  intensité  relativement  grande  qui  paraît 
en  rapport  avec  l'intensité  de  leur  radio-activité.  Le  polonium  produit  le 
même  phénomène  avec  une  intensité  très  faible  si  on  la  compare  à  celle  du 
rayonnement  direct  qu'il  émet. 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXXVllI,  p.  771  ;  27   mars  1899. 


(  735  ) 

»  L'émission  des  corps  radio-actifs  comprend  plusieurs  ordres  de  phé- 
nomènes parmi  lesquels  on  dislingue  une  émanation  gazeuse  et  un  rayon- 
nement. 

»  L'émanation,  qui  provoque  la  radio-activité  induite,  est  arrêté  par  le 
verre  ou  le  mica.  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  du  rayonnement. 

»  Le  rayonnement  comprend  :  i"  une  partie  non  déviable  par  un  champ 
magnétique,  et  très  absorhable;  2°  une  partie  déviable  par  un  aimant,  dont 
la  nature  paraît  identique  à  celle  des  rayons  cathodiques  et  qui,  dans  un 
champ  magnétique,  se  disperse  en  faisceaux  animés  de  différentes  vitesses 
de  translation  ;  3°  une  partie  non  déviable  par  un  champ  magnétique,  et 
très  pénétrante. 

«  On  peut  se  proposer  de  rechercher  si  les  trois  espèces  de  rayonnement 
donnent  des  rayons  secondaires,  et  si  la  nature  de  ceux-ci  dépend  de  celle 
des  rayons  excitateurs.  Les  expériences  que  j'ai  entreprises  sur  ces  divers 
points  ne  m'ont  pas  encore  donné  la  solution  complète  de  ces  questions; 
elles  ont  cependant  permis  d'établir  un  certain  nombre  de  faits  intéressants. 

»  1.  Rayonnement  non  déviable  el  très  absorhable.  —  Cette  partie  du 
rayonnement  du  radium  donne  en  peu  de  temps  une  impression  photogra- 
phique intense,  au  travers  d'une  lame  mince  d'aluminium  couvrant  la 
matière  active,  mais  elle  ne  paraît  provoquer  qu'un  rayonnement  secondaire 
très  faible;  il  est  du  reste  difficile  de  séparer  cette  partie  absorhable  de  la 
partie  très  pénétrante  du  rayonnement,  autrement  que  par  le  temps  de  pose 
qui,  pour  la  partie  pénétrante,  est  très  long.  Le  polonium,  qui  n'émet  pas 
de  ravons  déviables,  et  dont  le  ravonnement  direct  intense  est  arrêté  par 
une  feuille  de  papier,  provoque  des  rayons  secondaires  faibles;  mais  comme 
la  pose  doit  être  longue  pour  donner  un  effet  ap|)réciable,  on  ne  peut  encore 
faire  la  part  des  deux  espèces  de  ravonnements  non  déviables. 

»  2.  Rayonnement  déviable.  —  Le  rayonnement  déviable  est  dispersé 
par  un  champ  mignétique  en  rayons  de  vitesses  différentes.  J'ai  étudié  en 
détail  ('  )  ce  phénomène  et  j'ai  reconnu  que  les  rayons  inégalement  dévia- 
bles étaient  inégalement  pénétrants.  Les  rayons  les  plus  déviés  et  les  plus 
lents  sont  les  plus  absorbés.  Les  plus  pénétrants  sont  ceux  qui  sont  les 
moins  déviés,  et  ont  la  plus  grande  vitesse;  comme  ils  traversent  les 
corps  avec  une  faible  absorption,  ils  ne  produisent  que  de  faibles  actions 
chimiques  ou  physiques  qui  ne  peuvent  donner  aucune  indication  sur  leur 
intensité  véritable;  c'est  ainsi  que  se  comporteraient,   par  exemple,  des 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  206  el  207. 


(  736  ) 
rayons  lumineux  routes  intenses  qui  traverseraient,  sans  l'impressionner, 
une  plaque  photographique.  Le  produit  Hp  de  l'intensité  du  champ  par  le 
rayon  de  courbure  de  chaque  trajectoire  peut  servir  à  caractériser  chaque 
espèce  de  rayonnement  déviable.  Les  rayons  dont  le  produit  Hp  est  infé- 
rieur à  65o  (C.G.S.)  sont  arrêtés  par  le  papier.  Au  travers  du  papier  noir 
l'impression  maximum  correspond  à  environ  Hp  =  i  4oo  ;  elle  diminue 
vers  2000  pour  devenir  faible  à  partir  de  Sgoo;  à  cette  impression 
faible  correspondent  des  rayons  très  pénétrants  qui,  pour  Hp  =  5ooo, 
impressionnent  au  travers  d'une  épaisseur  de  verre  de  i™"",  5  une  seconde 
plaque  photographique  placée  au-dessous  de  la  première.  Les  rayons 
déviables  dont  le  produit  Hp  est  inférieur  à  3ooo  n'impressionnent  pas 
celte  deuxième  plaque. 

»  Les  rayons  déviables  provoquent  des  ravons  secondaires  avec  une 
intensité  qui  paraît  d'autant  plus  grande  qu'ils  sont  plus  déviables  et  en 
même  temps  plus  absorbés.  J'avais  déjà  signalé  ce  fait.  Les  expériences 
suivantes  en  donnent  une  nouvelle  démonstration. 

•»  Dans  le  champ  horizontal  d'un  aimant  permanent,  on  dispose  paral- 
lèlement aux  lignes  de  force  une  petite  cuve  linéaire  contenant  du  radium, 
puis,  au-dessus,  normalement  au  champ,  une  plaque  photographique  ver- 
ticale enveloppée  de  papier  noir.  Du  côté  opposé  à  celui  de  la  déviation, 
un  écran  métallique  épais  arrête  les  rayons  déviables  qui  pourraient  venir 
latéralement  impressionner  la  plaque.  Le  rayonnement  se  compose  alors 
d'un  faisceau  non  dévié  qui  rase  l'écran  et  atteint  la  plaque,  puis  d'un 
faisceau  dévié.  On  reçoit  le  rayonnement  sur  une  première  lame  de  plomb 
de  1™'°  environ  d'épaisseur,  courbée  suivant  une  circonférence  centrée  sur 
la  source  et  percée  de  trous;  cette  lame  touche  par  sa  tranche  la  platjue 
photographique  enveloppée  de  papier  noir.  Derrière  cette  lame  de  plomb, 
à  i*^™  environ,  on  en  a  disposé  une  seconde,  plus  mince  et  concentrique  à 
la  première.  En  développant  l'épreuve  après  plusieurs  jours  de  pose,  on 
constate,  d'une  part,  que  les  rayons  non  déviables  donnent  des  impres- 
sions d'une  rectilignité  parfaite  sous  forme  de  traits  qui  peuvent  être  ex- 
trêmement fins  et  qu'ils  excitent  un  rayonnement  secondaire;  d'autre  part, 
que  les  rayons  déviables  excitent  un  rayonnement  secondaire  donnant 
des  impressions  d'autant  plus  intenses  que  les  rayons  excitateurs  sont  plus 
déviables.  Cette  expérience,  disposée  pour  rechercher  si  les  rayons  secon- 
daires étaient  déviables,  a  montré  seulement  une  impression  diffuse  autour 
des  points  fraj)pés  par  le  rayonnement  direct  ;  cependant  l'émission  se- 
condaire provoquée  sur  la   deuxième    surface    de    la    seconde    lame   de 


(  73?) 
plomb  par  les  rayons  qui  ont  traversé   les  trous  de  la  [)reniière.   paraît 
entraînée  dans  le  même  sens  que  les  ravons  incidents. 

»  Une  autre  expérience  consiste  à  disposer  dans  un  champ  magnétique, 
parallèlement  l'une  au-dessus  de  l'autre,  à  quelques  millimètres  de  distance 
deux  plaques  photographiques  enveloppées  de  papier  noir,  et  dont  les 
gélatines  sont  tournées  l'une  vers  l'autre.  Sur  le  verre  de  la  plaque  supé- 
rieure on  place  la  source  radio-active,  et  sur  la  gélatine  de  la  plaque  infé- 
rieure, une  petite  bande  de  plomb.  La  partie  pénétrante  du  rayonnement 
dévié  traverse  le  verre  de  la  plaque  supérieure  et  vient  exciter  sur  la  bande 
de  plomb  des  rayons  secondaires  qui  impressionnent  à  distance  la  plaque 
supérieure.  On  aurait  pu  obtenir  sur  la  plaque  inférieure  une  impression 
due  à  des  rayons  secondaires  déviablcs  ramenés  sur  celle-ci,  mais  l'expé- 
rience n'a  pas  manifesté  ce  phénomène. 

»  Rayonnement  non  déviable  très  pénétrant .  —  Les  rayons  très  pénétrants 
du  radium  ont  été  signalés  pour  la  première  fois  avec  leur  caractère  de  non- 
déviabilité  par  M.Villard  (  ').  D'autre  part,  j'avais  déjà  (-)  appelé  l'attention 
sur  la  pénétration  de  certains  rayons  qui  dans  mes  expériences  impression- 
naient une  plaque  photographique  au  travers  du  fond  d'une  i)etite  cuve  en 
plomb. 

»  En  répétant  ces  expériences  avec  plusieurs  plaques  photographiques 
superposées,  on  observe  que  les  rayons  qui  ont  traversé  le  fond  de  la  cuve 
de  jilomb  traversent  plusieurs  lames  de  verre  de  i°"",5  d'épaisseur  cha- 
cune, et  qu'ils  ne  sont  pas  déviés  par  un  champ  magnétique. 

»  ,I'ai  montré  récemment  (')  que  ce  rayonnement  non  déviable  et  très 
pénétrant,  filtré  par  une  épaisseur  de  métal  (plomb,  cuivre)de  i""environ, 
donne  naissance  à  des  phénomènes  secondaires  intenses.  Non  seulement 
il  excite  la  première  surface  des  corps  qu'il  rencontre,  mais  encore,  si 
ceux-ci  ne  sont  pas  trop  épais,  il  les  traverse  et  excite  sur  la  seconde  face  un 
rayonnement  secondaire  moins  pénétrant  et  plus  absorbable  que  le  rayon- 
nement incident.  Ce  rayonnement  étant  plus  absorbable  impressionne  une 
plaque  photographique  avec  une  intensité  relativement  plus  grande  que  le 
rayonnement  direct,  et  s'il  arrive,  comme  dans  les  expériences  précitées, 
que  le  rayonnement  incident  soit  assez  peu  affaibli  au  travers  des  corps  pour 
exciter  sur  leur  face  inférieure  un  ravonnement  qui  donne  une  impression 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  loio;  avril  1900. 
(-)   Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  874;  février  1900. 
(')   Comptes  rendus  t.  CXXXIl,  p.  871;  février  1901. 

C.  R.,   1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXIl,  N-  12.)  95 


(  738 
plus  forte  que  les  ravons  directs,  on  observe  ce  phénomène  inattendu  que 
sous  un  écran  métallique  l'impression  peut  être  plus  intense  que  si  cet  écran 
n'existait  pas.  Dans  ces  diverses  expériences  les  plaques  photographiques 
enveloppées  étaient  protégées  contre  les  vapeurs  métalliques  par  des 
feuilles  minces  de  mica.  Si  dans  ces  conditions  on  dispose  sur  une  plaque 
photographique  une  lame  prismatique  de  plomb  recevant  les  rayons  du  ra- 
dium fihrés  par  une  épaisseur  notable  de  métal,  on  constate  facilement  le 
décroissement  progressif  de  l'intensité  du  rav.onnement  secondaire  de  la 
face  inlérieure,  à  mesure  que  l'épaisseur  de  la  lame  augmente. 

»  On  peut  étudier  à  la  fois  le  ravonnement  excité  sur  les  deux  faces  de 
lames  de  verre,  de  métaux  divers  ou  d'autres  substances  en  plaçant  celles- 
ci  entre  deux  plaques  photographiques  dont  les  gélatines  sont  tmirnées  vers 
l'îniérieur,  et  en  excitant  ce  système  au  travers  du  verre  de  l'une  des 
plaques. 

))  Le  rayonnement  secondaire  excité  sur  la  face  des  lames  exposée  au 
rayonnement  incident  est  plus  fort  que  celui  qui  est  excité  sur  l'autre  face. 
Il  résulte  de  ces  expériences  que  le  verre  qui  sert  de  support  à  la  gélatine 
des  plaques  photographiques  joue  un  rôle  important  dans  les  impressions 
obtenues.  Ces  phénomènes  s'obtiennent  avec  le  rayonnement  du  radium; 
l'uranium  émet  aussi  des  ravons  très  pénétrants.  Ou  sait  d'autre  part  que, 
pour  le  polonium,  le  rayonnement  intense  de  cette  matière  n'est  pas  dé- 
viable et  est  arrêté  par  une  feuille  de  papier  noir.  En  laissant  l'action  se 
prolonger  pendant  plusieurs  jours,  on  constate  que  le  polonium  émet  des 
rayons  qui  traversent  une  feuille  de  carton  ainsi  qu'une  lame  mince  de 
mica  et  impressionnent  une  plaque  photographique,  mais  ces  ravons  ne 
traversent  pas  une  petite  épaisseur  de  plomb. 

M  Explication  de  quelques  particularités  que  présentent  les  radiographies 
obtenues  avec  les  corps  radio-actifs.  —  Lorsque  des  lames  de  verre,  des  mé- 
taux ou  divers  objets  sont  disposés  près  d'une  plaque  photographique  et 
reçoivent  le  r;iyoiinement  d'un  corps  radio-actil,  uranium  ou  radium,  les 
contours  des  radiographies  de  ces  objets  offrent  différents  aspects  :  du  côté 
exi)osé  au  rayonnement  on  observe  un  renforcement  de  l'action  photogra- 
phique, et  de  l'autre  un  minimum  qui  correspond  à  une  ombre  portée  dans 
laquelle  les  autres  objets  sont  protégés  contre  le  ravonnement  incident. 
Considérons  d'abord  les  effets  jiroduits  sur  le  côté  exposé  au  rayonnement; 
si  les  lames  reposent  sur  la  plaque  photographique,  ou  sont  très  près  de 
celle-ci,  et  si  le  rayonnement  les  frappe  presque  normalement,  les  faces 
latérales  donnent  un  eflet  secondaire  intense,  extérieur  au  contour  des 


(  739  ) 
lames;  si  le  rayonnement  est  oblique  et  pénétrant,  l'effet  extérieur  peut 
s'annuler  et  l'on  observe  à  l'intérieur  du  contour  une  impression  qui  va  en 
décroissant  à  partir  du  bord  et  se  maintient  ensuite  constante  sur  toute 
l'étendue  de  la  surface  couverte  par  la  lame  considérée;  s'il  arrive  que 
celle-ci  soit  distante  de  la  plaque  de  quelques  millimètres,  le  contour  n'est 
pas  la  projection  oblique  de  l'arête  inférieure,  mais  il  est  limité  par 
un  maximum  diffus  dans  le  voisinage  de  la  projection  orthogonale  des  faces 
latérales  sur  la  plaque. 

»  Le  long  des  bords  opposés,  on  observe  une  ombre  portée  limitée  exté- 
rieurement à  la  projection  conique  des  arêtes  supérieures  des  lames,  et 
s'arrêtant  intérieurement  à  la  projection  orthogonale  des  arêtes  infé- 
rieures. Parfois  on  observe  de  ce  côté  un  renforcement  intérieur  qui  appa- 
raît en  même  temps  que  le  renforcement  extérieur  de  l'autre  bord  et  dont 
il  vient  d'être  parlé. 

»  Ces  différentes  particularités  s'expliquent  par  les  effets  du  rayonne- 
ment secondaire  excité  sur  la  face  inférieure  des  lames;  ce  rayonnement 
s'affaiblit  très  vite  à  une  petite  distance  des  points  excités,  et  impressionne 
surtout  la  plaque  photographique  dans  le  voisinage  delà  projection  ortho- 
gonale de  ces  points.  Du  côté  exposé  au  rayonnement,  les  parties  de  la 
face  inférieure  voisines  du  contour  sont  excitées  par  des  rayons  obliques 
qui  ont  traversé  les  faces  latérales  et  qui  sont  d'autant  moins  affaiblis  par 
l'épaisseur  traversée,  qu'ils  passent  plus  près  de  l'arête  inférieure;  ces 
régions  émettent  donc  un  rayonnement  secondaire  qui  va  en  décroissant  à 
partir  des  arêtes  inférieures.  De  l'autre  côté,  les  limites  de  l'ombre  s'expli- 
quent simplement.  Quant  au  renforcement  extérieur  variable  avec  l'obli- 
quité du  rayonnement  incident,  il  se  peut  qu'il  soit  le  résultat  d'une  sorte 
de  réflexion  diffuse  particulière  s'ajontant  au  rayonnement  secondaire. 

»  Ces  divers  phénomènes  sont  produits  constamment  avec  les  mêmes 
caractères  par  les  rayons  de  l'uranium  et  du  radium,  sur  les  plaques  pro- 
tégées contre  l'action  des  rayons  lumineux. 

»  Dans  d'autres  expériences  et  en  particulier  dans  l'épreuve  unique  que 
j'ai  obtenue  il  v  a  cinq  ans  au  travers  de  2°""  d'aluminium,  avec  le  rayon- 
nement issu  d'une  préparation  de  sulfure  de  calcium  phosphorescent,  les 
apparences  sont  différentes;  elles  sont  identiques  à  celles  que  donnent  la 
réfraction  et  la  réflexion  totale  de  la  lumière,  de  sorte  qu'on  est  conduit 
à  penser  que  dans  cette  expérience  le  phénomène  observé  était  différent 
de  celui  que  nous  venons  d'étudier  et  qu'il  pourrait  avoir  été  produit  par 
des  rayons  lumineux  ayant  traversé  un  écran  il'aluminium.  » 


(74o  ) 


CHIMIE  GÉOLOGIQUE.  —  Origine  des  eaux  ihermaks  sulfiireuses.  Salfosilicates 
cl  oxysulfures  dérivés  des  silicates  naturels  ;  par  M.  Armand  Gautieu. 

«  L'origine  des  eaux  thermales,  sulfureuses  ou  carbonatées  alcalines, 
reste  encore  inexpliquée.  Elles  sortent  des  teri'ains  profonds  qui  ne  semblent 
pas  en  contenir  les  matériaux;  alcalines,  elles  se  forment  au  sein  de  roches 
acides;  sulfureuses,  elles  ne  trouvent  pas  de  sulfures  solubles  dans  les 
couches  d'où  elles  émergent;  presque  exclusivement  sodiques,  elles  sont 
originaires  de  roches  particulièrement  riches  en  potasse.  Aussi  les  hypo- 
thèses émises  pour  expliquer  leur  formation  sont-elles  nombreuses;  au- 
cune n'est  satisfaisante  ni  vérifiable. 

»  J'ai  tenté,  il  y  a  longtemps,  de  recourir  à  l'expérience  pour  me  rendre 
compte  de  l'origine  de  ces  eaux,  en  essayant  de  les  reproduire  par  voie  de 
synthèse,  particulièrement  en  faisant  agir,  à  chaud,  sur  les  feldspalhs,  ou 
sur  les  micas  en  poudre,  de  l'eau  chargée  d'hydrogène  sulfuré  ou  d'acide 
carbonique.  Il  est  certain  qu'on  peut  obtenir  ainsi  des  eaux  sulfureuses, 
mais  elles  sont  à  la  fois  potassiques  et  sodiques,  et  ces  tentatives  laissent, 
d'ailleurs,  inexpliquée  l'origine  de  l'élément  sulfureux. 

»  Ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps,  en  étudiant  l'action  de  la  cha- 
leur sur  les  roches  anciennes,  que  j'ai  pu  me  rendre  compte  du  méca- 
nisme qui  donne  naissance  aux  eaux  thermales  sulfureuses. 

»  Lorsqu'on  traite  le  granit  en  poudre  par  de  l'eau  froide,  on  obtient 
une  solution  très  étendue  de  sels  divers  où  domine  le  silicate  de  soude 
et  le  sulfate  calcique.  i  kilogramme  de  poudre  fine  de  granit  de  Vire  ayant 
été  méthodiquement  épuisé  par  7  litres  d'eau  distillée  froide,  on  évapora  la 
solution,  qui  paraissait  neutre  aux  papiers  sensibles;  en  la  concentrant  on 
constata  que  l'acide  carbonique  de  l'air  en  séparait  une  certaine  quantité 
de  silice;  la  liqueur  devenait  très  légèrement  alcaline  et  contenait  alors 
des  traces  de  carbonate  sodique.  Après  filtration  pour  enlever  la  silice, 
le  résidu  de  l'évaporation  pesa  o^SgoSg.  On  y  trouva  o^'',  160  de  Na-0 
répondant  à  oS'",3oo  de  silicate  raonosodique  primitif,  etoS'',io5  de  SO'. 
Dans  ce  résidu  salin,  il  fut  possible  de  reconnaître  la  présence  de  la  potasse, 
mais  sa  quantité  était  indosable,  résultat  d'autant  plus  intéressant  que  les 
feldspalhs  de  ces  granits  sont  essentiellement  potassiques.  L'eau  avait  dis- 
sous en  même  temps  un  peu  de  sulfate  et  de  carbonate  de  chaux,  une  trace 
de  magnésie  et  de  fer  (celui-ci  en  partie  à  l'état  de  carbonate  ferreux  que 


(  74'  )  ■ 
l'éleclro-aimanl  enlève  à  la  poudre  de  la  roche),  une  très  minime  rjuantilc 
de  phospliales,  pas  de  borates,  une  trace  à  peine  de  chlorures,  pas  de  bro- 
mures ni  d'iodures,  enfin  une  très  petite  proportion  d'une  matière  orga- 
nique donnant  quelques-unes  des  réactions  de  l'acide  crénique.  A  aucun 
moment  la  liqueur  d'épuisement  ne  décela  de  sulfures  solubles. 

»  Pour  m'en  assurer  entièrement,  j'ai  pris  i7ioS''de  poudredegranit  bien 
pur,  et  je  l'ai  introduite  dans  un  flacon  de  2'"  préalablement  reiin)li  d'azote, 
flacon  dont  l'ouverture  recevait  le  col  rodé  à  l'émeri  d'une  cornue  tubulée 
contenant  i''',5  d'eau  pure  récemment  bouillie.  Après  avoir  fait  le  vide 
dans  tout  l'appareil  et  distillé  une  partie  de  l'eau  de  la  cornue  pour  enlever 
toute  trace  d'air,  sans  ouvrir  ra|>pareil  et  en  relevant  légèrement  la  cor- 
nue, j'ai  fait  couler  l'eau  sur  la  poudre  de  granit.  A[)rès  quatre  jours  de 
contact  avec  agitation,  l'eau  de  lavage  fut  filtrée  à  l'abri  de  l'air  en  l'aspi- 
rant dans  un  ballon  B  préalablement  vidé  d'air  et  relié  à  un  système  de 
l)arbolteurs  à  sulfate  d'argent.  On  fit  alors  circuler  lentement  dans  l'eau 
d'épuisement  du  granit  un  courant  de  CO",  et  par  distillation  dans  le  vide 
on  fit  passer  dans  la  solution  de  sidfale  d'argent  ^  de  la  liqueur.  J'ai 
montré  que  dans  ces  conditions  la  totalité  des  sulfures  solubles,  s'il  en 
existe,  cède  son  soufre  à  l'argent  (').  Or,  dans  cette  expérience,  la  plus 
minime  quantité  de  sulfure  d'argent  ne  s'étant  pas  lormée  (-),  il  s'ensuit 
que  les  sulfures  alcalins  et  alcalino-lerreux  sont  totalement  absents  du 
granit. 

»  Mais  si,  au  lieu  de  reprendre  le  granit  en  poudre  par  l'eau  froide,  on 
le  chaufie,  à  25o°-3oo"  avec  son  poids  d'eau  en  tubes  de  Bohème  scellés, 
au  préalable  soigneusement  vidés  d'air,  on  obtient  une  véritable  eau  sulfu- 
reuse artificielle.  Son  alcalinité,  son  odeur  de  lessive  etd'œufs  cuits,  la  pré- 
sence du  sulfure  de  sodium,  accompagné  d'une  très  minime  quantité  de 
sulfure  de  potassium,  de  sels  ammoniacaux  (''),  de  phosphates,  sulfates 
et  silicates,  d'un  peu  d'acide  carbonique  et  de  t;az  azote  j)ermettent  de 
l'identifier  entièrement  avec  les  eaux  thermo-minérales  sulfureuses  na- 
turelles. 

»    1000  gr.  de  poudre  de  granit  traité  à  chaud  par  leur  poids  d'eau  ont 


(')  Voir  ce  Volume,  p.  Stg. 

(■-)  Si  l'on  distille  à  100°  l'eau  de  lavage  du  granit,  la  vapeur,  reçue  dans  le  sulfate 
d'argent,  y  produit  un  trouble  brunâtre.  Mais  en  séparant  ce  léger  précipité,  le  lavant 
et  le  reprenant  par  l'acide  nitrique,  je  me  suis  assuré  qu'il  ne  contenait  pas  de  soufre. 

(')   Le  granit  de  l'^ontana  donnait  oS'jOaj  de  AzlI*  par  litre  d'eau. 


(  742   ) 
donné  des  eaux  sulfureuses  dont  j'ai  dosé,  les  éléments  sulfureux,  par  la 
méthode  décrite  (p.  5i8).  Voici  les  résultats  par  litre  d'eau  : 

1.  II. 


H=S  libre.  ..        4;    3  9,4 

Ext/ait  par  le  vide  seul.  }  CO^ 6,80  » 


"Ail.    \ 

Azote 2,3o 


Extrait  dans  le  vide  pa 
un  courant  de  CO- . 


'   \  H^S  total...     4o,    3  84,6 


))  La  petite  quantité  d'hydrogène  sulfuré  libre  qui  existe  dans  ces  eaux 
provient  d'un  peu  de  CO'  qui  se  produit  simultanément  et  réagit  sur  le 
sulfure  sodique.  Lorsqu'on  calcule  d'après  les  nombres  ci-dessus  les  quan- 
tités de  Na^S  formées  dans  ces  conditions,  on  trouve,  par  litre  d'eau. 

I.  II. 

Na'S OB'',  1076  os'',2io(') 

»   Les  eaux  thermosulfureuses,  bien  connues,  suivantes  contiennent  : 

^^ 
Bagnères-de-Luclion o,o54  Na-S  par  litre 

Barèges o,o4o  » 

Labassère o,o5o  » 

»  On  tiouve  d'ailleurs  dans  ces  eaux,  comme  dans  les  nôtres,  un  peu 
de  sulfates  et  silicates  de  Na,  R,  Ca,  des  indices  de  fer,  de  sels  ammo- 
niacaux et  de  matière  organique.  Quoique  plus  concentrées,  nos  eaux 
sulfureuses  artificielles  leur  sont  donc  de  tout  point  comparables. 

»  Toutes  les  roches  ignées  traitées  par  l'eau  à  25o"-3oo''  se  comportent 
comme  le  granit. 

))  D'où  proviennent  les  sulfures  solubles  de  ces  eaux?  Nous  avons 
vu  qu'ils  ne  préexistaient  pas  dans  la  roche.  Ils  ne  |)euvent,  d'autre  part, 
avoir  pour  origine  directe  l'action  de  l'eau  chaude  sur  des  sulfures  de  fer, 
de  zinc,  d'aluminium,  etc.  Tl  est  vrai  qu'au  rouge,  ainsi  que  je  l'ai  établi,  le 
sulfure  de  fer  donne  du  gaz  sulfliydrique  et  de  l'oxyde  magnétique;  mais 
je  me  suis  assuré  que  ce  sulfure  FeS,  chauffé  à  26o"-28o''  avec  de  l'eau  ne 
donne  pas  d'hydrogène  sulfuré.  Le  sulfure  de  zinc  n'existe  pas  dans  ces 
roches.  Quant  aux  sulfures  de  magnésium  ou  d'aluminium,  .s'ils  y  existaient 

(')  Nota  bene  :  A  la  page  ÔaS  de  ce  Volume  où  je  donne  une  analyse  d'eau  sulfu- 
reuse ainsi  obtenue  artificiellement,  il  s'est  glissé  une  erreur  d'impression;  il  faut  lire 
Na^S  :=  os",  187,  au  lieu  de  oS'',oi87  par  litre. 


(  743  ) 
à  l'état  libre,  ils  seraient  directement  dcconaposésà  froid  par  l'eau  en  don- 
nant H-  S;  or  nous  avons  va  qu'elle  n'extrayait  pas  trace  d'hydrogène  sul- 
furé, ni  de  sulfures  sohibles,  de  la  poudre  de  granit.  Il  faut  donc  qu'il  y 
ait  dans  ces  granits,  et  probablement  dans  toutes  les  roches  ignées  dont 
j'ai  pu  extraire,  au  rouge,  de  l'hydrogène  sulfuré,  des  substances  décompo- 
sables  par  l'eau  vers  aSo"  en  donnant  des  sulfures  alcalins. 

»  J'ai  montré  (')  que,  lorsqu'on  chauffe  au  rouge  les  poudres  des 
roches  ignées,  il  se  dégage  toujours  un  ensemble  de  gaz  réducteurs  où 
domine  l'hydrogène  mêlé  d'oxyde  de  carbone,  de  gaz  de  marais,  de  traces 
de  benzine,  etc.  et  d'un  peu  d'ammoniaque,  etc.  Ces  mêmes  gaz  se  produi- 
saient aussi  lors  de  la  solidification  de  ces  roches  et,  s'ils  ne  se  sont  pas 
dégagés  autrefois,  c'est  grâce  à  la  pression  énorme  qu'ils  supportaient  alors 
et  aux  actions  inverses  que  favorisait  cette  haute  pression.  Or,  j'ai  direc- 
tement établi,  en  1888,  que,  lorsque  l'on  fait  agir  au  rouge  les  gaz  réduc- 
teurs précédents,  les  hydrocarbures,  et  le  charbon  lui-même,  en  présence 
de  l'hydrogène  sulfuré  ou  du  soufre,  sur  les  feldspaths,  kaolins,  l'alu- 
mine, etc.,  on  obtient  une  série  de  sulfosilicates  et  d'oxysulfures  où  le 
soufre  remplace  en  partie  l'oxygène  (-).  Tous  ces  sulfosilicates  et  oxysul- 
fures,  chauffés  avec  l'eau,  donnent  des  sulfures  solubles  et  de  l'hydrogène 
sulfuré.  Ce  sont  eux  qui,  persistant  en  petite  proportion  dans  les  roches 
ignées,  sont  l'origine  des  sulfures  solubles  des  eaux  thermominérales. 

))  L'expérience  suivante  montre  qu'il  est  impossible  que  ces  roches,  et 
plus  particulièrement  le  granit,  soient  portées  au  rouge  sans  que,  sous 
l'action  des  gaz  qui  se  produisent,  une  partie  de  l'oxvgène  des  silicates 
soit  remplacée  par  du  soufre.  Dans  un  tube  de  porcelaine,  fermé  à  un  bout 
et  préalablement  rempli  de  CO-,  j'ai  placé,  entre  deux  couches  de  i5'^'"  de 
granit  finement  pulvérisé,  20^'  environ  de  feldspath  albite  en  j)oudre  sé- 
paré (lu  granit  j)ar  deux  légers  tampons  d'amiante.  Un  bouchon  portant  un 
tube  plongeant  dans  le  mercure  fermait  l'appareil.  J'ai  chauffé  le  tube  au 
rouge  vif  dans  mon  four  à  moufle.  Dans  ces  conditions,  les  gaz  formés  pou- 
vaient réagir  sur  l'albite,  comme  ils  ont  pu  réagir  autrefois  sur  les  feld- 
spaths de  la  roche  elle-même.  Après  deux  heures  de  chauffe,  on  laissa  re- 
froidir à  l'abri  de  l'air  et  l'on  sépara  la  poudre  d'albite  comprise  entre  les 
deux  tampons  d'amiante.  On  constata  qu'elle  ne  contenait  pas  de  sulfures 
solubles;  mais,  lorsqu'on  vint  à  la  chauffera  25o°  avec  de  l'eau,  elle  donna 
une  solution  légèrement  alcaline  et  sulfureuse,  qui  dégageait  très  sensible- 


(')  Voir  ce  Volume,  p.  58  et  189. 

(-)   Comptes  rendus,  t.  CVII,  p.  911;  1888. 


(  744  ) 
ment  de  l'hydrogène  sulfuré  dans  le  vide,  surtout  si  l'on  ajoutait  un  acide 
minéral  pour  décomposer  les  sulfosilicates  formés.  L'expérience  répétée 
avec  la  même  poudre  d'albile  chauffée  sans  granit  donna  des  résultats 
négatifs. 

»  Il  est  donc  certain  qu'à  lempéralure  suffisante,  les  gaz  qui  se  forment 
dans  les  roches  ignées,  en  particulier  les  gaz  carbures  et  sulfurés,  en 
agissant  sur  les  matériaux  de  ces  roches  substituent  une  petite  quantité 
de  soufre  à  l'oxygène  des  silicates,  donnant  ainsi  des  composés  sulfurés, 
décomposables  par  l'eau  chaude  qui  se  charge  alors  de  sulfures  solubles. 
En  fait,  j'ai  constaté  la  production  de  sulfosilicales  décomposables  par 
l'eau  vers  200°  à  3oo",  chaque  fois  que  les  silicates  sont  chauffés  avec  des 
matières  pouvant  donner  du  soufre  au  rouge  dans  un  milieu  réducteur. 

»  C'est  surtout  sous  cette  forme  de  sulfosilicates  qu'existe  ce  soufre  que 
l'on  sait  se  dégager  par  les  acides  étendus  des  poudres  des  laitiers  de  haut 
fourneaux  et  des  scories  de  fer.  Les  principes  sulfureux  de  la  h;iùyne,  du 
lapis,  de  l'outremer  ont  cette  même  constitution.  Toutes  ces  combinaisons 
siliceuses,  naturelles  ou  artificielles,  dégagent  ()ar  l'eau  surchauffée,  ou  par 
les  acides,  tout  ou  partie  de  leur  soufre  à  l'état  d'hvdrogène  sulfuré. 

»  Lorsqu'on  fait  agir  au  rouge  un  courant  de  chlore  sec  sur  les  sulfosi- 
licates une  partie  de  leur  soufre  passe  à  l'état  de  chlorure  qui  se  volati- 
lise. Je  me  suis  assuré  qu'au  rouge  les  roches  ignées  en  poudre  cèdent 
toujours  au  chlore  une  petite  quantité  de  soufre  qu'on  retrouve  dans  les 
jiarties  qui  distillent. 

»  J'ai  préparé,  en  1888,  un  certain  nombre  de  ces  sulfosilicates  et  ox\- 
sulfures.  Je  les  obtenais  !-oit  en  faisant  passer,  au  rouge  vif,  du  soufre 
en  vapeur  sur  un  mélange  de  silicates  et  de  charbon,  soit  en  remplaçant 
le  soufre  par  un  courant  d'hydrogène  sulfuré,  qui  à  cette  température 
constitue  une  source  d'hvdrogène  et  de  soufre  libre,  soit  en  distillant  à 
travers  le  tube  contenant  la  substance  à  transformer  un  courant  de  sulfure 
de  carbone  (').  Dans  tous  ces  cas,  avec  les  argiles  et  les  feldspaths,  il  se 
fait  du  sulfure  et  de  l'oxysulfure  de  silicium  qui  se  volatilisent  en  partie  en 
avant  du  tube,  et  des  sulfosilicates  très  riches  en  soufre,  souvent  cristal- 
lisés, restant,  mélangés  ou  non  avec  les  matières  inattaquées.  On  les  sépare 
mécaniquement  ;  ou  bien  on  les  décompose  par  l'eau  aidée  des  acides  affai- 
blis, s'il  s'agit  seulement  de  déterminer  leur  teneur  en  soufre.  Four  abréger. 


(')  En  collaboialioii  avec  M.  L.  llallopeau.  Voir  aussi  Comptes  rendus,  t.  CVII, 
p.  911,  notre  premier  travail  à  ce  sujet,  et  la  note  de  M.  P.  Didier,  Comptes  rendus, 
t.  CXXVIII,  p.  1286. 


(  745  ) 
et  dans  le  but  de  constater  leur  riche  sulfuration,  je  me  borne  à  donner 
ici  quelques-unes  des  analyses  de  ces  substances. 

I.  Sulfosilicale        II.  Sulfosilicale  III.  Produit        IV.  APO'.AFS' 

du  feldspath  du  kaolin  obtenu  avec  obtenu 

adulaire  (').  purifié.  létale.  avec  l'alumine. 

Aliiininiiim 13,76  26,33  3,43  42,8 

Silicium i3,79  '4,73  1,02                        » 

Soufre .  27,60  33,83  55,  i.  38,09 

Sodium 18,98  —                         —                         — 

Potassium 1,61  —                         —                          — 

Magnésium....    —  —  36,6                        — 

Oxygène  (par  tlid.). .  .  24,26  25,  ii  3,o  18,7 

))  Dans  les  produits  I  et  II  obtenus  avec  le  feldspath  et  le  kaolin  le  soufre 
paraît  à  la  fois  uni  à  la  silice  et  aux  métaux,  particulièrement  aux  métaux 
alcalins;  le  produit  III  dérivé  du  tidc  correspond  à  du  sulfure  de  magnésium 
mélangé  d'un  peu  d'oxysulfure  d'aluminium.  Avec  l'alumine,  on  obtient  un 
oxysulfure  d'aluminium,  APO^APS'. 

»  Tous  ces  corps  traités  par  l'eau,  surtout  à  chaud,  ou  à  froid  en  pré- 
sence des  acides  minéraux,  dégagent  la  totalité  de  leur  soufre  à  l'état  d'hy- 
drogène sulfuré.  Les  sulfosilicates  dérivés  des  feldspaths  donnent  des  sul- 
fures alcalins  lorsqu'on  le  chauffe  avec  de  l'eau  en  tubes  scellés. 

»  Le  soufre  qui,  dans  les  roches  ignées,  a  produit  originairement" la 
petite  proportion  de  ces  sulfosilicates  dont  les  eaux  sulfureuses  tirent  leur 
origine,  provient  des  sulfures  mélalloïdiques  et  métalliques  primitifs.  En 
particulier,  j'ai  montré  (-),  que  le  sulfure  de  fer  donne,  au  rouge,  par  la 
vapeur  d'eau,  de  l'oxyde  magnétique  que  l'on  trouve  partout  inclus  dans 
ces  roches  et  de  l'hydrogène  sulfuré.  Entre  cet  hydrogène  sulfuré,  les  gaz 
réducteurs  que  forme  à  chaud  la  vapeur  d'eau  en  agissant  sur  les  silicates 
ferreux  (')  et  les  sulfosilicates  qui  tendaient  à  se  produire,  il  s'est  autrefois 
établi,  alors  que  la  température  et  la  pression  étaient  suffisantes,  un  état 
d'équilibre  qui  a  laissé  persister  dans  ces  roches  une  petite  proportion  de 
sulfosilicates.  La  transformation  partielle  de  l'albite,  lorsqu'on  la  chauffe 
au  sein  des  gaz  qui  se  forment  dans  le  granit  qu'on  porte  au  rouge,  m'a  per- 
mis de  démontrer  le  mécanisme  et  la  réalité  de  la  formation  de  ces  sulfures 


(')  Analyse  de  la  partie  attaquable  par  les  acides  étendus  avec  dégagement  de  H'S. 
L'eau  seule  ne  donnait  que  des  traces  de  H-S. 
(')  Voir  Comptes  rendus,  p.  190. 
{')  IbicL,  p.  59. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  12.)  96 


(  746) 
et  sulfosilicates.  La  petite  quantité  qu'il  en  reste  dans  les  roches   ignées 
suffit  pour  donner   naissance  aux  sulfures  solubles  des  eaux  thermales 
sulfureuses  naturelles.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  de  nouveaux  dérivés  de  l'acide  diméthylamido- 
benzoylbenzoique .  Note  de  MM.  A.  Haller  et  A.  Gutot. 

«  Dans  une  très  courte  Note  publiée  dans  \e  Bulletin  de  la  Société  chi- 
mique ('),  nous  avons  signalé  la  préparation  et  les  principales  propriétés 
de  l'acide  nitrodiméthylamidobenzoylbenzoique,  nous  proposant  de  com- 
pléter notre  Travail. 

»  Un  Mémoire  paru  récemment  sur  la  même  question,  où  l'auteur, 
M.  Limprecht  (-),  reproduit  une  partie  de  nos  recherches  antérieures, 
nous  oblige  à  communiquer  les  résultats  acquis  et  à  rectifier  certaines 
données  du  savant  allemand. 

)i  Nitration  de  l'acide  dimélhylamidobenzoylbenzoique.  —  Elle  peut  s'ef- 
fectuer en  solution  acétique  ou  en  solution  sulfurique.  Les  rendements 
étant  meilleurs  au  sein  de  l'acide  sulfurique,  nous  avons  dissous  à  froid 
une  molécule  de  l'acide  organique  dans  dix  fois  son  poids  de  SO*H^  con- 
centré, et  ajouté  au  liquide  refroidi  à  o°  une  molécule  d'azotate  de  po- 
tasse mélangé  de  cinq  fois  son  poids  d'acide  sulfurique  concentré.  On 
laisse  ensuite  la  solution  reprendre  la  température  du  laboratoire,  puis  on 
la  verse  sur  de  la  glace  pilée.  Après  avoir  étendu  d'eau,  on  recueille  le 
précipité  sur  filtre,  on  essore,  on  lave  et  l'on  dissout  la  masse  dans  le  car- 
bonate de  soude,  pour  séparer  une  partie  insoluble  constituée  en  grande 
partie  par  de  la  paranitraniline  diméthylée.  La  solution  alcaline  est  ensuite 
sursaturée  par  de  l'acide  chlorhydrique,  et  le  produit  nitré  qui  se  précipite 
est  mis  à  cristalliser  dans  l'alcool. 

»   L'acide  nitrodiméthylamidobenzoylbenzoique  : 

CH*^  \AzO- 

^  "  \COOH     ^^^^ 

se  présente  sous  la  forme  de  petits  prismes  jaunes  présentant  de  nom- 


(')  Bull.  Soc.  chirn.,  3"=  série,  t.  XV,  p.  55i;  1896. 

(-)  LiJiPUiCHT,  Ann.  Chein.  de  Liebig,  t.  GCCVII,  p.  807;  1899. 


(  747  ) 
breiises  facettes  très  brillantes  et  renfermant  une  molécule  d'eau  de  cris- 
tallisation. Chauffé  vers  ioo'\  le  produit  perd  son  eau  et  ne  fond  plus 
qu'à  lyo"".  Il  est  légèrement  soluble  dans  l'eau  bouillante,  à  laquelle  il 
communique  une  saveur  d'abord  amère,  puis  excessivement  sucrée,  et 
forme  avec  les  bases  et  les  acides  des  sels  bien  cristallisés,  ces  derniers 
étant  très  facilement  dissociables  par  l'eau.  Les  agents  réducteurs,  proto- 
chlorure d'étain,  zinc  ou  limaille  de  fer  et  acide  chlorhydrique,  le  ré- 
duisent facilement,  mais  les  produits  de  réduction  sont  incristallisables. 

»  Chauffé  à  25o°  avec  vin^t  parties  d'acide  sulfurique  concentré  et  un 
peu  de  sulfate  de  mercure,  il  fournit  de  l'acide  phtalique,  ce  qui  montre 
que  le  groupe  nitré  ne  se  trouve  pas  dans  le  reste  phtalique,  mais  bien  dans 
le  radical  phénylamidé. 

/COC°H'^   ^^^     ) 
»   ÉtherméthyhqiieC'^W:^^  \kzO-        .  —  Cet  éther  s'obtient 

facilement  et  presque  quantitativement  lorsqu'on  salure  d'acide  chlorhy- 
drique gazeux  et  sec  une  solution  de  l'acide  anhydre  dans  l'alcool  mé- 
thylique  absolu.  Il  se  présente  sous  la  forme  de  prismes  jaunes,  fondant 
à  i4o°,  insolubles  dans  l'eau,  peu  solubles  à  froid  dans  l'alcool,  la  benzine, 
le  toluène,  le  chloroforme,  etc.,  facilement  solubles  à  chaud  dans  ces 
mêmes  liquides. 

)i  M.  Limpricht  a  également  préparé  cet  éther  en  chauffant  l'acide 
nitré  avec  de  l'alcool  méthylique  acidulé  d'un  peu  d'acide  chlorhydrique. 
Il  décrit  le  produit  obtenu  comme  se  présentant  sous  la  forme  de  fines 
aiguilles  jaunes  fondant  à  lôS".  Ce  grand  écart  entre  les  points  de  fusion 
de  nos  éthers  nous  a  fait  penser  que  le  produit  obtenu  par  l'auteur  allemand 
pourrait  être  un  pseudo-éther  ('),  et  nous  avons  essayé  de  le  reproduire 
en  répétant  l'éthérification  telle  que  l'avait  faite  M.  Limpricht.  Malgré  les 
conditions  les  plus  diverses  dans  lesquelles  nous  nous  sommes  placés, 
nous  avons  toujours  obtenu  le  même  éther  fondant  à  140".  L'existence  de 
l'éther  fondant  à  i63°  nous  semble  donc  douteuse,  et  nous  sommes  portés 
à  croire  que  le  produit  décrit  par  le  savant  allemand  n'est  autre  chose 
que  de  la  paranitrodiméthylaniline,  composé  qui  prend  naissance  en  même 
temps  que  l'acide  nitrodiméthylamidobenzoïque,  ainsi  que  nous  l'avons 
fait  remarquer  plus  haut. 


(')  A.  Haller  el  A.  Guyot,  Bull.  Soc.  chim.,  3=  série,  t.  XXV,  p,  49. 


(  748  ) 

»  Or  cette  nitrodimélhylaniline  cristallise  précisément  dans  l'alcool 
méthylique  en  (ines  aiguilles  jaunes  fondant  à  lôS". 

C«HUz(CH')» 

/\  \A.zO-  _ 

»  DiméthylanilinephtaléinemononitréeC^\i^(    yO 

CO 
Molécules  égales  de  dimélhylaniline  et  d'acide  nitré,  étendues  dans  quatre 
fois  leur  volume  d'anhydride  acétique,  sont  chauffées  pendant  quelques 
minutes  au  bain-marie.  Le  produit  de  la  réaction  est  versé  dans  de  l'acide 
chlorhydrique  étendu  et  bouillant,  puis  alcalinisé  par  de  l'ammoniaque. 
Le  précipité  jaune  est  mis  à  cristalliser  dans  un  mélange  de  chloroforme 
et  d'alcool,  et  l'on  obtient  des  prismes  orangés,  très  solubles  à  chaud 
dans  le  benzène  et  le  chloroforme,  mais  peu  solubles  dans  l'alcool  et 
l'éther. 

«  La  nitrodiméthylanilinephtaléine  fond  à  175°  et  forme  avec  les  acides 
des  sels  facilement  dissociables  par  l'eau. 

»  Réduite  au  sein  de  l'acide  chlorhydrique,  au  moyen  du  protochlorure 
d'étain,  la  nitrodiméthylanilinephtaléine  s'échauffe  et  donne,  par  refroi- 
dissement de  la  liqueur,  un  chlorostannate  (Y amidodiméthylanilinephta- 
léine.  Ce  sel,  soumis  à  l'action  de  l'acide  sulfhvdrique  pour  précipiter 
l'élain,  fournit,  après  fdtration  et  alcalinisalion  de  la  liqueur,  des  flocons 
blancs  qu'on  enlève  par  le  chloroforme,  dans  lequel  ils  sont  très  solubles. 
La  solution  chloroformique  est  séchée,  filtrée,  concentrée  jusqu'à  com- 
mencement de  cristallisation,  puis  étendue  d'alcool.  On  obtient  ainsi  une 
abondante  cristallisation  d'aiguilles  blanches  fondant  à  179°  et  se  colorant 
légèrement  à  l'air. 

»  Chauffée  pendant  quelques  instants  avec  deux  à  trois  fois  son  poids 
d'anhydride  acétique,  cette  phtaléine  fournit  un  dérivé  acétylé  qui  cris- 
tallise dans  un  mélange  d'alcool  et  de  chloroforme  en  prismes  incolores 
fondant  à  i57",  inaltérables  à  l'air  et  constitués  par  V acétylamidodimélhyl- 
anilinephtaléine . 

»  Nous  avons  obtenu  un  isomère  de  ce  composé,  en  condensant  l'acide 
diraéthylamidobenzoylbenzoique  avec  la  métaamidodiméthylaniline  acé- 
tylée  en  présence  d'anhydride  acétique.  D'après  sou  mode  déformation, 
cette  nouvelle  phtaléine  ne  peut  avoir  que  la  formule  de  constitution  que 
nous  lui  assignons  ci-dessous  : 


(  749  ) 

/OH 
C— C«H* 

Az(CH')= 

]<'H^^^0 

4- 

y        ^Âz(CH')= 

CO 

AzHCOCH^ 

Acide 

Acétoamido- 

diméthylaraidobenzc 

jylbenzoïque. 

diméthylaniline.  i.3. 

=:H^0-4-C« 

CM 

co    ^ 

[lUz(CH^)= 
^Az(CH')-. 

zHCOCH» 

Acétométaraidodiméthylaniline  phuléine. 

»  Cette  acélomctamidodiméthylanilinephtaléine  cristallise  en  prismes  inco- 
lores, fondant  à  209°  et  beaucoup  plus  solubles  dans  l'alcool  que  le  corps 
isomère. 

»  Position  du  groupe  nilré  dans  l'acide  nitrodimèthylamidobenzoyïben- 
zoïque.  —  L'oxydation  de  cet  acide  au  moyen  de  l'acide  sulfurique  fumant 
et  du  sulfate  de  mercure  donnant  de  l'acide  phtalique  non  nitré,  il  est  dé- 
montré que  le  groupe  nitro  se  trouve  dans  le  radical  diméthylamidé. 
L'acide  nitrodiméthvlamidobenzoylbenzoïque  ne  peut  donc  être  représenté 
que  par  l'une  des  deux  formules  de  constitution  suivantes  : 

C0-(^      ^Az(CH')- 

(I)  CH'C^  ÀzO^ 

^COOH 

CO— (^    ykz{cw,y 

(II)  C«H*(^  AzO* 

^COOH 

»  Mais  la  première  formule  est  à  écarter,  car  un  acide  qui  posséderait 
cette  constitution  devrait  donner  par  condensation  avec  la  diméthylaniline, 
réduction  et  acétylation,  une  acétoamidodiraélhylanilinephtaléine  iden- 
tique à  la  phtaléine  obtenue  par  combinaison  de  l'acide  diméthylamido- 


(75o) 

benzoylbenzoïque  avec  ramidodiméthvlaniline  acétvlée.  Or  nous  venons 
de  voir  que  les  deux  produits  ne  sont  pas  identiques,  mais  seulement  iso- 
mères; il  en  résulte  que  l'acide  nitrodiméthylamidobenzoylbenzoïque  doit 
être  représenté  par  la  seconde  formule,  c'est-à-dire  qu'il  renferme  le 
groupe  nitro  en  orlho  vis-à-vis  du  groupe  diméthylamidé.    )> 


ARITHMÉTIQUE.  —  Au  sujet  d' une  précédente  Communication. 
Note  de  M.  de  Jonquières. 

«  Dans  l'une  de  mes  dernières  Communications  ('),  une  proposition 
formulée  (  sous  le  n"  H)  par  l'équation  (a-  —  1)0;-  —  4  V'  =  —  i  (0^1  l'entier  a 
est  pair),  devait  être  scindée  en  deux  autres,  selon  le  signe  -+-  ou  —  du 
second  membre;  car  dans  le  premier  cas  (+1)  il  n'y  a  pas  de  solution, 
tandis  qu'il  en  existe  dans  le  second  ( —  i).  Numériquement,  ces  conclusions 
sont  manifestes  a  priori,  vu  l'extrême  simplicité  de  l'exemple  dont  il  s'agit. 
De  même,  dans  l'ordre  d'idées  qui  avait  inspiré  la  Note,  elles  résultent 
immédiatement  des  indications  fournies  par  la  genèse,  purement  algébrique, 
de  la  période  des  réduites  contiguës  appartenant  à  \a.  forme 

\a-  —  \,  o,    —  4|, 
qu'il  faut  toutefois  rectifier  (-)  ainsi  qu'il  suit  : 

I     à^  —  \,    o,  —  41  —  4»  '-i^  —  4»  4«  —  5|4«  —  5,  2a  —  I,  —  1 1  —  I,  o,  ^{a^—  \)\ 

|4(a^— i),   o,    — i|—  1,   2a—  I,  4a  — 5|4a  — S,   2a  — 4,    —  4  |  -  4,   o,        a- —  i   \ 

»  On  y  voit  que  la  réduite  caractéristique  ]  —  i,  o,  l\{a- —  i)|  s'y  pré- 
sente au  quatrième  rang,  tandis  que  son  inverse  |  -4-  i,  o,  —  4(«^ — i)| 
n'y  figure  pas,  et  cela  prouve,  d'après  le  théor.  168  des  Disquisitiones,  que 
la  forme  précitée  peut  être  représentée^par  —  i,  mais  non  par  ■+■  i,  etc.  » 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  21  mars  1898. 

(')  La  période  se  compose  de  huit  réduites,  et  non  de  quatre,  comme  une  faute  de 
calcul  m'avait  induit  à  l'écrire. 


(  75i  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  formule  de  M .  Fredholm. 
Note  de  M.   G.  Mittag-Leffler. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  du  i5  mai  1899  j'ai  énoncé  le  ihéorème  sui- 
vant (th.  m)  dont  la  démonstration  détaillée  a  été  insérée  aux  Acta  malhe- 
matica,  t.  XXIV,  p.  2o5-244  '• 

»  Désignons  par  A  une  étoile  de  centre  a,  par  a  une  quantité  positive 
qui  n'est  pas  plus  grande  que  l'unité  et  par  A'"'  une  étoile  concentrique  à  A 
et  inscrite  dans  A,  qui  est  engendrée  par  la  fonction  génératricey(w|«). 
On  pourra  toujours  choisir  cette  fonction  de  telle  façon  que  <x  étant  suffi- 
samment petit,  l'étoile  .A"^  renferme  dans  son  intérieur  un  domaine  donné 
quelconque  situé  à  l'intérieur  de  A,  et  que,  pour  a  =  i ,  l'étoile  A''Mevienne 
le  cercle  concentrique  à  A  et  inscrit  dans  A. 

»  On  pourra  encore  choisir  /(«|a)  de  telle  façon  que  A  étant  l'étoile 
principale  d'une  suite  de  constantes 

F(a),     r'"(a),     ....     FC'Ca),      ..., 
assujetties  à  la  condition  de  Cauchy,  la  série 

^,{y,\a)  =  F(«)  +2  ^^("-^  -  «)' 


ou 


<iv(x-a)  =  r^F'V)(.-«)  +  î^^F'^)(a)(.-«y. 


^^F<-)(a)(.-ar-+|^FC"(a)(x.-ay, 


et  oij 


\v  =  1,2,  J,...,  00/ 


sont  des  constantes  positives  déterminées  dépendant  uniquement  de  la 
fonction  génératrice,  possède  une  étoile  de  convergence  identique  à  A'°", 
que  l'égalité 

ait  lieu  partout  à  l'intérieur  de  A'*',  et  que  la  série  Sa(oc\a)  pour  a  =  i 
devienne  la  série  de  Taylor. 


(  752  ) 
»  L'expression  limite  limSa(a?|a)  a  une  étoile  de  convergence  qui  est 

a  =  o 

identique  à  l'étoile  A,  et  l'égalité 

FA(x)  =  UmSa(x\a) 

a  lieu  partout  à  l'intérieur  de  A. 

»  J'ai  étudié  dans  tous  les  détails  ce  qui  arrive  quand  on  choisit  pour 
fonction  génératrice 

f(u\a)  =  6-''  ^-i"^'     ~. 

La  partie  de  l'étoile  A'*',  dans  ce  cas,  très  simple,  et  l'on  obtient  encore  des 
propriétés  élégantes  pour  les  polynômes  G^{x  —  a).  Mais  ce  choix  présente 
cet  inconvénient  qu'on  ne  peut  pas  écrire  les  constantes  h^^  sous  une  forme 
explicite  suffisamment  simple. 

»  M.  Fredholm,  au  contraire,  est  parvenu  à  donner  aux  constantes  /«|^' 
la  forme  la  plus  simple  en  choisissant  tout  simplement  yiour  /(u\oi.)  la 
fonction  logarithmique 

/.,     ,     X         log[i  —  (i  — a)M] 
^     '     '  loga 

Il  obtient  alors,  en  posant 

H  :=  —  loga, 

»   La  formule  symbolique 

ce 

qui  peut  s'écrire 

si  l'on  définit  les  constantes  E^"^,. .  .E',"'  par  l'égalité 

\{\  -f-  i)(x  -\-  2).  ..(>  +  «_!)  =  \"  -(-  E";"x"'-''-h-. . .-+-  e;;^,>. 


(  753  ) 
»   Il  me  paraît  que  l'expression  de  M.  Fredholm 

FA(.)  =  li-|;^[      E-F.V)^"+... 
à  côté  de  l'expression 

que  j'avais  donnée  au  début  de  mes  recherches  sont  les  deux  expressions 
les  plus  simples,  au  point  de  vue  formel,  qui  ont  été  données  jusqu'ici  pour 
la  représentation  analytique  de  la  branche  FA(>t). 

»  Il  est  important  d'observer  que  l'étoile  A  est  toujours  une  étoile  de 
convergence  à  l'expression  de  M.  Fredholm,  tandis  que  cette  étoile,  comme 
M.  Borel  vient  de  le  constater  le  premier  par  un  exemple  fort  remarquable, 
n'est  pas  dans  tous  les  cas  une  étoile  de  convergence  à  mon  expression 

),,=0  >.„  =  0 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  M.  Haller, 
nommé  Membre  de  l'Académie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.  Paul  Sabatier  obtient 4o  suffrages 

M.  Cazeneuve  »      2        » 

M.  Gunlz  »      2         M 

M.  Barbier  »      i         » 

M.  Genvresse  » 1         » 

M.  Sabatier,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre    (T.  CXXXII,  N«  12.)  97 


'  7  >i  ) 

L'Académie  procède,  par  la  voie  c'u  scrutin,  !!  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  rem- 
placement de  M.  A.  David,  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  38, 

M.  Davidson         obtient 28  suffrages 

M.  Oudemans  »       8  « 

M.  de  Brazza  »       i  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Davidson,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Marcellin  Laxglois  adresse  un  second  Mémoire  sur  les  unités  ther- 
mochimiques. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  Volume  de  M.  EmUe  BoreU  intitulé  «  lA^cons  sur  les 
séries  divergentes  ».  (Présenté  par  M.  É.  Picard.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  V expression  générale  de  la  frarlion  ralion- 
nelle  approchée  de  (iH-a:)'".  Note  de  M.  H.  Padé,  présentée  par 
M.  Painlevé. 

«  M.  Hermite  a  fait  connaître  depuis  longtemps  l'expression  de  la  ré- 
duite générale  de  la  fonction  exponentielle,  c'est-à-dire  l'expression,  pour 
cette  fonction,  de  la  fraction  rationnelle  approchée  correspondant  à  un 
couple  quelconque  (u.,  v)  de  nombres  entiers  positifs  ou  nuls.  Il  n'y  a  pas 
d'autres  cas  où  l'on  ait  obtenu  cette  réduite  générale.  Comme  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  l'annoncer  à  l'Académie,  dans  une  Communication  antérieure 
{Comptes  rendus,  1-]  novembre  1899),  j'ai  réussi  à  la  former  pour  la  fonc- 


(755) 

tion  (i  +  x)"\  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  de  faire  connaître  l'expres- 
sion que  j'ai  obtenue  et  quelques-unes  de  ses  conséquences  les  plus  immé- 
diates. 

»  I.  Lorsque  l'un  des  éléments  a,  {i,  de  la  série  hypergéométrique 
F  (a,  [i,  y,  x)  est  égal  à  un  entier  négatif,  cette  série  se  réduit  à  un  poly- 
nôme. Il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  attribuer,  dans  ce  polynôme,  à  y  une 
valeur  également  entière  et  négative,  pourvu  que  cette  valeur  soit  numéri- 
quement plus  grande  que  celle  prise  par  a  ou  p.  Je  désignerai  par 
G(a,  p,  y,  x)  tout  polynôme  ainsi  formé.  Ceci  posé,  on  a  ce  théorème  : 

»  La  fraction  rationnelle  approchée  de  (i  -h  x)'",  pour  le  couple  (jj-,  v),  a 

pour  expression 

U|xv  _  G[— 'S  —  ^  —  '»,  —  (M-+v),  —  a;] 

»  Parmi  les  démonstrations  que  j'ai  trouvées  de  ce  théorème,  la  suivante 
me  paraît  intéressante  par  sa  simplicité. 

»   Dans  la  formule,  déjà  connue,  de  Gauss, 

F(a,  p,  y,  x)  (i  -  xy-^-^  =  F(y  -  a,  y  -  g,  y,  x), 
faisons,  i  désignant  une  quantité  infiniment  petite, 

a  =  —  [A,  p  =  — (v  +  ej  +  m,  y  =  — y.  —  (^v  -f- îj, 

et  remplaçons  x  par  —  a?;  on  obtient 

F  [—  [j-,   —  (v  -h  a)  -H  m,  —  [J.  -  (v  +  e),  —  .r]  (  i  -^  x)'"- 
=  F[-  (v  -h  i),  —['■-  "i,  -  [J-  —  (v  +  i),  -  x\. 

»  La  fonction  F  qui  figure  dans  le  premier  membre  est  un  polynôme 
f|j.(a:,  e),  de  degré  [a,  qui,  lorsque  z  tend  vers  zéro,  tend  vers 

G[—  [J.,  —  v  +  m,   —  (a  + v),    —x]. 

»  Le  second  membre  est  une  série  illimitée  où  nous  distinguerons  trois 
parties  :  d'abord  le  polynôme,  de  degré  v,  F^(x,  e),  formé  par  les  v  -|- i 
premiers  termes;  ce  polynôme,  quand  e  tend  vers  zéro,  a  pour  limite 

G[— V,    —  a  — //z,    -(a  +  v),    -  x'\. 

»  Ensuite,  vient  une  somme  Q{x,  e)  de  termes,  au  nombre  de  p., 
dont  les  coefficients  renferment  tous  i  en  facteur,  et  qui  tendent,  par  suite, 
vers  zéro  avec  s.  Enfin,  il  reste  une  série  illimitée,  uniformément  conver- 


(  756) 
gente,  quel  que  soit  s,  quand  x  a  une  valeur  numériquement  inférieure  à 
l'unité,  dont  la  somme  S(.t,  e)  tend  nécessairemeiit  vers  une  limite  quand 
t  tend  vers  zéro,  et  qui  renferme  0;'^+^"^'  en  facteur.  On  a  donc 

F^(a-,  £)(i  +  a-r  =  F,(^,  i)  +  Q(a-,  0  +  S(x,  e), 
d'où  l'on  conclut,  en  faisant  tendre  £  vers  zéro, 

(1  +  J0)"'  =  ^-HAa;H-^^"'  _)_  B^ci^-^"-^- +  ..., 

'  (JLV 

ce  qui  établit  la  proposition. 

»  11.  Celle  formule  comporte  des  conséquences  étendues  sur  lesquelles 
je  reviendrai  dans  une  autre  occasion.  Je  me  contenterai  ici  de  signaler  les 
suivantes  qui  sont  immédiates  : 

»  1°  Lorsque  m  n'est  pas  entier,  c'est-à-dire  dès  que  (i  +  a^)'"  n'est 
pas  simplement  rationnel,  toutes  les  réduites  sont  normales.  Il  existe  dans 
ce  cas  trois  catégories  de  fractions  continues  holoïdes  régulières;  ce  sont 
celles  que  j'ai  fait  connaître  dans  la  Communication  rappelée  plus  haut  et 
dans  celle  qui  l'a  précédée  (i3  novembre  1899). 

M  2°  Si  l'on  remplace  x  par  —,  puis  que  l'on  fasse  croître  m  indéfi- 
niment, on  trouve  la  réduite  de  la  fonction  exponentielle.  L'expression  que 
l'on  obtient  coïncide  avec  celle  donnée  par  M.  Hermile. 

))  3°  De  même,  l'emploi  de  la  formule  élémentaire  par  laquelle  on  fait 
dériver  la  fonction  log(i  -h  x)  du  binôme  (i  -f- a)'"  par  un  passage  à  la 

limite,  conduit  à  la  réduite  de  la  fonction  -log(i  +  a,),  pour  le  couple 

([X,  v),  oi^i  [j.  est  toutefois  supposé  au  plus  égal  à  (v+  i).  De  la  connaissance 
de  cette  réduite  se  tirent  ensuite  une  partie  des  fractions  continues 
holoïdes  régulières  de  la  fonction,  et,  en  particulier,  les  cinq  déve- 
loppements connus  jusqu'ici  et  dus  à  Euler,  Lagrange  et  Gauss. 

»  4°  Les  termes  de  la  réduite  de  (i-i-x)'"  sont  des  polynômes  de  Jacobi, 
et  l'on  en  peut  conclure  des  expressions  diverses  de  cette  réduite.  C'est 
ainsi  qu'elle  peut  être  mise  sous  la  forme  élégante 


*(1V 


=  ^o-^-r 


d' 

(  1  +  ^  )-'«+v 

dx'' 

xV-+^ 

dv- 

(i  +  x)'"+V- 

dxV- 

^■^+' 

(   7^7  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  nodules  de  sable  ou  de  poussière. 
Note  de  M.  C.  Maltézos,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  I.  Nodules  au  fond  de  la  mer.  —  Les  baigneurs  ont  sans  doute 
remarqué  des  séries  de  monticules  de  poussière  ou  de  sable  fin  sur  le  fond 
de  la  mer  d'une  plage.  Ces  petits  monticules  se  forment,  d'après  mes 
observations  au  golfe  du  Phalère  (Attique),  dans  une  mer  dont  le  fond  n'a 
ni  pierres,  ni  algues,  mais  qui  s'élève  doucement  et  d'une  façon  régu- 
lière vers  la  plage.  Pourtant  j'en  ai  aussi  observé  dans  une  petite  partie, 
recouverte  de  sable  fin  et  circonscrite  par  des  pierres,  ou  encore  dans  une 
mer  peu  profonde  parsemée  çà  et  là  de  caillouT. 

»  Ces  monticules  se  montrent  depuis  la  plage  jusqu'à  une  faible  dis- 
lance qui,  dans  quelques  ])arties,  peut  s'élever  à  plus  d'une  trentaine  de 
mètres,  où  la  profondeur  de  l'eau  jieut  être  de  quelques  décimèties.  En 
général  ils  sont  sensiblement  parallèles  au  bord  de  la  plage  et  leurs  dis- 
tances sont  égales  et  presque  constantes.  (Mais  il  y  a  aussi  des  exceptions 
quant  à  la  forme  et  aux  distances  dues  aux  anomalies  du  fond  et  du  bortl 
de  la  mer.  Ces  anomalies  sont  quelquefois  telles  qu'il  peut  exister  des 
séries  de  monticules  se  rencontrant  ou  encore  deux  systèmes  de  séries 
s'entre-coupant.  ) 

»  Ces  monticules,  ou  plutôt  les  plus  proches  de  la  plage,  s'effacent 
quand  la  mer  est  houleuse  ou  très  agitée,  et  se  forment  quand  il  y  a  vague 
sans  déferlement  (  '  )  sensible,  pour  se  maintenir  après  dans  la  mer  calme  ou 
simplement  ondulante. 

»  Ces  monticules  sont  dus,  comme  je  pense,  à  l'interférence  des  ondu- 
lations de  l'eau  qui  vient  avec  celles  réfléchies  par  le  rivage;  ce  sont  donc 
des  lignes  nodales. 

»  Sur  une  plage  peu  inclinée,  la  vague  perd  sa  vitesse  en  venant  mourir 
sur  la  plage;  puis  cette  masse  d'eau  glisse,  sans  vitesse  initiale,  sous  une 
faible  épaisseur  le  long  du  plan  incliné  formé  par  la  plage  et  rencontre  le 
pied  d'une  nouvelle  vague  montante.  Nous  ne  pouvons  pas  dire  que  cette 
espèce  de  mouvement  provoque  les  nodales,  parce  qu'il  n'y  a  pas  deux 
mouvements  vibratoires  se  rencontrant.   Mais  ces  monticules  sont  dus  à 


(')  Les  tourbillons  qui  accompagnent  le  déferlement  contrarient  la  formation  du 
phénomène. 


(758) 

l'interférence  des  mouvements  vibratoires  de  l'eau  accompagnant  la  vague 
principale.  Les  corpuscules  qui  se  trouvent  suspendus  dans  la  mer  s'ac- 
cumulent aux  nœuds  et  s'y  précipitent.  En  effet,  en  observant  la  mer  à 
l'entrée  des  bains  du  vieux  Phalère,  pendant  qu'il  y  avait  vague  sans  défer- 
lement sensible,  avant  que  les  nodales  de  sable  ou  de  poussière  fussent 
encore  formées,  j'ai  remarqué  que  l'eau  se  reportait  en  régions  où  la  pous- 
sière était  suspendue,  lesquelles  par  conséquent  étaient  troublées,  sépa- 
rées par  des  régions  beaucoup  plus  étroites,  assez  limpides.  Après 
quelques  jours,  dans  le  calme  qui  a  succédé,  j'ai  mesuré  là  une  pente 
moyenne  de  3°,  5,  longueur  d'onde  o'",o6. 

))  De  même  dans  une  baie  voisine  j'avais  mesuré  une  pente  moyenne  du 
fond  de  vingt  minutes,  et  distance  des  nodales  de  3™,o5;  en  même  temps 
il  y  avait  une  vague  par  seconde,  avec  vent  faible  N.,  la  vitesse  de  la  vague 
près  du  rivage  étant  de  o™,6o. 

»  Comme  on  voit,  la  distance  de  ces  nodales  augmente  avec  la  profon- 
deur moyenne  de  la  mer  près  de  la  plage,  c'est-à-dire  avec  la  vitesse  de 
propagation  de  l'onde.  La  hauteur  de  ces  monticules  augmente  aussi  avec 
la  profondeur. 

»  IL  Nodales  dans  un  vase..  —  On  peut  produire  un  phénomène  analogue 
par  l'expérience  suivante.  Prenons  un  vase  contenant  de  l'eau  dans  laquelle 
de  la  poussière  se  trouve  suspendue.  Si  l'on  donne  une  poussée  énergique 
au  vase,  le  mouvement  de  l'eau,  après  quelques  ondulations,  se  fait  sui- 
vant une  direction  donnée  en  s'éteignant  peu  à  peu.  Or,  quand  le  mouve- 
ment devient  assez  faible,  la  poussière  est  précipitée  suivant  des  séries 
presque  équidistantes  autour  du  centre,  c'est-à-dire  suivant  des  lignes 
nodales.  Ainsi,  dans  un  vase  presque  cylindrique  de  diamètre  de  o"",!!,  j'ai 
obteim  huit  séries  autour  du  centre,  perpendiculaires  au  mouvement  de 
l'eau,  et  de  distance  de  G""". 

»  Dans  ce  cas  aussi  les  lignes  nodales  sout  dues,  comme  je  pense,  à  l'in- 
terférence des  mouvements  vibratoires  de  l'eau  provenant  du  choc  de  l'eau 
sur  les  parois  du  vase. 

»  IIL  Nodales  de  sable  sur  la  terre.  —  Il  est  probable  que  c'est  un  phéno- 
mène de  la  même  nature  ce  que  l'on  observe  sur  le  sable  des  plages  sablon- 
neuses. J'ai  toujours  observé  ce  phénomène  après  ou  durant  des  vents 
forts  du  NE  au  NW.  Je  ne  veux  pas  dire  par  cela  que  ces  lignes  ne  prennent 
pas  naissance  par  des  vents  d'autre  direction,  mais  je  ne  les  ai  pas 
rencontrés  jusqu'à  ce  moment.  Je  donne  ici  quelques  mesures  sur  ces 
lignes. 


(  7^9  ) 

»  Dans  une  baie  (sur  l'île  de  Myconos,  une  des  Cyclades),  d'axe  dirigé 
■vers  rw,  avec  un  vent  NW  fort,  il  y  avait  trois  sortes  de  séries  :  i"  dans 
lin  sillon  de  forte  pente,  avec  sable  s(^c,  d'axe  vers  le  NNW,  il  y  avait  de 
profondes  séries  distantes  entre  elles  de  o™,  35  ;  2"  sur  la  partie  la  plus  large 
et  presque  horizontale  de  la  baie,  avec  sable  légèrement  humide,  il  y  avait 
un  grand  nombre  de  séries  distantes  de  o",o6  à  o™,o8;  3°  sur  les  pentes  S 
d'une  élévation,  avec  sable  sec,  il  v  avait  des  séries  distantes  deo'",  07 
à  o™,o8.  L'axe  de  ces  dernières  séries  se  dirigeait  vers  le  NW,  et  plus  elles 
descendaientversla  base  de  l'élévation  plus  il  tournait  vers  l'W;  enfin  aux 
pieds  SE  l'axe  se  dirigeait  vers  les  WSW. 

»  De  même,  au  vieux  Phalère  dans  une  petite  baie  d'axe  dirigé  vers 
rWNW  en  temps  calme  (après  des  vents  nord),  l'axe  de  ces  lignes  se  diri- 
geait vers  le  N,  leur  distance  étant  de  o^.oS.  » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Chaleur  spécifique  d'un  mélange  gazeux  de  corps  en 
équilibre  chimique.  Note  de  M.  A.  Ponsot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Soit  un  mélange  gazeux  de  deux  systèmes  de  corps  en  équilibre  chi- 
mique, variable  avec  la  température  et  avec  la  pression, 

A-HB-4-C4-.  .  .=  M  +  N4-P4- 

»  Je  suppose  que,  dans  les  changements  de  pression  et  de  température 
de  ce  mélange,  les  deux  systèmes  de  corps  ne  donnent  pas  naissance  à 
d'autres  systèmes,  ce  qui  revient  à  admettre  que  je  peux  considérer  des 
états  virtuels  du  mélange  où  les  mêmes  composants  seront  en  équilibre 
entre  eux. 

T>  I.  Partant  d'un  état  d'équilibre  bien  défini,  si  l'on  élève  la  température 
sous  pression  constante,  le   premier  système,  par  exemple,   décroît,   le 

deuxième  système  croît  :  ^  du  corps  M  est  positif.  Deux  cas  sont  pos- 
sibles : 

)i    1°  — =r  est  toujours  positif; 

»  2°  ^  est  positif  au-dessus  d'une  température  T^  et  négatif  au- 
dessous;  à  T^  il  y  a  m^  du  corps  M;  dès  lors,  pour  m  >  w^,  il  y  aura  équi- 
libre à  deux  températures  différentes  :  5,  >  T^  et  C^  <[  T^. 

»   Si  l'on  supposait  que,  pour  une  même  concentration  m,  il  y  ait  équi- 


(  76o  ) 
libre  à  trois  températures  dilférentes,  il  faudrait  admettre  que  -^ —  (C  capa- 
cité calorifique  du  mélange,  sans  action  chimique)  change  de  signe  à  une 
certaine  température.  Je  poserai  comme  postulat  que  cela  est  impossible. 

.»   Premier  cas.  —  -^  toujours  positif.  Pour  une  composition  définie  par 

a,  m,  il  V  a  équilibre  à  G,  ;  alors  -—  =  o. 

»   A  T<[t,,  avec  la   même  comj)osition,   le  premier  système  doit   se 

former  :  -y-  est  négatif,  -^  est  aussi  négatif;  le  premier  système  se  forme 

avec  déiïasement  de  chaleur. 

»   A  F|,   la  a'^"*  molécule  du   corps  A  disparaît,  et  un  équivalent  du 
deuxième  système  se  forme  en  absorbant  une  quantité  de  chaleur 


»  A  T  >  G , ,  on  a 


^  ont 


dS       r         -■' 


dm 


5,         Jç   àin     T 


»  Puisque  -yr;  est  toujours  positif,  dans  le  mélange  a,  m,  la  a'''™^  molé- 
cule du  corps  A  ayant  disparu,  ne  se  reformera  jamais,  quelle  que  soit 
l'élévation  de  température.  Avec  les  mêmes  inégalités  et  le  même  raison- 
nement que  dans  ma  Note  du  lo  décembre  dernier,  on  est  amené  à  con- 

dure  que  -y-  ne  peut  être  négatif  (cette  «"■■"*  molécule  représente  la 

molécule  considérée  dans  cette  Note  du  lo  décembre). 

»   Second  cas.  —  La  conclusion  précédente  est  encore  valable  quand 

-^  positif  change  de  signe  à  une  température  T^-<p,,  le  raisonnement 

étant  indépendant  de  cette  température  T_j.. 

»   Dans  ce  cas,  le  mélange  a,  m  peut  encore  être  en  équilibre  chimique 

à  G2<C  T^;  mais  -r—  y  est  négatif;  donc,  à  une  température  T,.,  comprise 

entre  C,  et  G,,  -r—  a  changé  de  signe  et,  par  suite,  y-  est  différent  de  zéro. 

»  II.  Le  même  raisonnement  peut  être  appliqué  au  déplacement  de 
l'équilibre,  sous  volume  constant,  par  élévation  de  la  température. 

»  Tll.  Si  l'on  admet  que  le  mélange  gazeux  obéit  aux  lois  de  Mariotte 
et  de  Gay-Ijussac,  et  si  l'on  admet  encore  le  postulat  accepté  plus  haut, 


(  7^1  ) 

que  -j—  et  -r—  ne  dépendent  pas  de  la  température  (ou  tout  au  moins  leur 

signe),  on  trouve  par  le  calcul  que,  quel  que  soit  l'état  d'équilibre  inili;il, 
que  la  pression  reste  constante  ou  que  le  volume  soit  invariable,  le  système 
dont  la  formation  accroît  la  chaleur  spécifique  du  mélange  tend  à  rem- 
placer entièrement  l'autre  quand  la  température  tend  vers  l'infini. 

»  De  plus,  on  sait  qu'à  une  température  constante  quelconque,  si  le 
volume  croît  au  delà  de  toute  limite,  le  système  dont  la  formation  accroît 
(sous  pression  constante)  le  volume  du  mélange  tend  à  déplacer  entière- 
ment l'autre. 

»  Conclusion.  —  Le  système  dont  la  formation  accroît  le  volume  du 
mélange,  et  qui  dé|jlace  l'autre  quand  le  volume  croît,  est  aussi  celui  qui 
tend  à  composer  seul  le  mélange  gazeux  lorsque  la  température  croît  au 
delà  de  toute  limite,  que  la  pression  reste  constante  ou  que  le  volume  soit 
invariable.  Sa  formation  accroît  la  chaleur  spécifique  du  mélange,  et 
l'accroissement  est  plus  grand  sous  pression  constante  que  sous  volume 
constant. 

»  De  cette  conclusion  ou  peut  tirer  f;icilement  celle  de  ma  Note  sur  la 
chaleur  spécifique  des  composés  gazeux  dissociables.    » 


PHYSIQUE.  —  Théorie  Je  \i  machine  de  Wimshurst  sans  secteurs. 
Note  de  M.  Iîordier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  De  nombreuses  théories  ont  été  proposées  pour  expliquer  le  fonc- 
tionnement de  cette  machine  statique;  mais  aucune  ne  rend  compte  de 
tous  les  phénomènes  observés,  soit  pendant  l'amorçage,  soit  pendant  la 
marche  de  la  machine.  Celle  que  je  vais  exposer  n'a  pas  les  mêmes  incon- 
vénients, et  toutes  les  déductions  que  l'on  peut  en  tirer  sont  exactement 
vérifiées  par  l'expérience. 

»  Considérons  une  machine  à  plateaux  ou  à  cylindres,  par  exemple  le 
modèle  construit  par  Bonetti,  avec  ses  conducteurs  diamétraux  ce'  et  c^c\, 
et  ses  doubles  peignes  P  et  P'  reliés  aux  collecteurs  A  et  B. 

»  Pour  amorcer  la  machine,  doni  les  cylindres  ou  les  plateaux  d'ébonite 
tournent  en  sens  inverse,  comme  l'indiquent  les  flèches,  il  suffit  d'appuyer 
le  doigt  bien  sec,  ou  mieux  recouvert  d'or  mussif,  sur  un  des  cvlindres  ou 
plateaux,  en  face  des  balais  de  l'un  des  conducteurs  diamétraux  c,,  par 
exemple  en  D.   L'expérience  montre  qu'alors  le  pôle  positif  va  se  fixer  sur 

c.  R.,  1901,    1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°   12.)  98 


(  762   ) 

le  collecleiir  A  situé  dans  le  sens  de  la  rotation  du  cylindre  sur  lequel  le 
doigt  est  ajjpujc. 

»  Sous  l'influence  du  frottement  exercé  par  l'épiderme  sec  sur  l'ébonite, 
le  corps  frotté  s'électrise  négativement,  tandis  que  le  corps  frottant  l'épi- 
derme s'électrise  positivement;  cette  charge  positive  qui  se  trouve  en  face 
des  balais  c,  provoque  un  phénomène  d'influence  qui  a  pour  conséquence 
de  faire  écouler  par  ce  balai  c,  de  l'électricité  négative  sur  le  cylindre  in- 
térieur. Celte  électricité  négative  est  transportée  dans  le  sens  de  la  rota- 


tion, d'abord  en  face  du  balai  c,  puis  en  face  du  peigne  P,  organes  sur 
lesquels  elle  agit  par  influence.  Au  niveau  du  balai  c,  il  va  y  avoir  écoule- 
ment d'électricité  positive,  laquelle  sera  transportée  par  le  cylindre  exté- 
rieur dans  le  sens  de  la  flèche  vers  le  peigne  P',  qui  sera  soumis  à  l'influence 
de  charges  positives.  Les  peignes  P  et  P'  se  trouvent  ainsi  respectivement 
en  présence  d'électricité  négative,  d'une  part,  et  d'électricité  positive, 
d'autre  part. 

»  Les  phénomènes  d'influence  qui  vont  immédiatement  se  manifester 
auront  donc  pour  conséquence  de  développer  une  charge  négative  sur 
le  collecteur  B  et  une  charge  positive  sur  le  collecteur  A,  ce  qui  déjà  est  en 
parfait  accord  avec  l'expérience. 

»  Mais  les  collecteurs  A  et  B,  il  faut  le  remarquer,  sont  isolés,  et  les 
charges  qu'ils  possèdent  créent  un  champ  donnant  naissance  encore  à  des 
phénomènes  d'influence  :  le  conducteur  B  va  agir  sur  les  balais  c  et  c, ,  les 
plus  rapprochés  de  lui,  et  par  ces  balais  s'écouleront  des  charges  positives 
qui,  étant  entraînées  par  les  cylindres  ou  les  plateaux  dans  le  sens 
des  flèches,  iront  par  induction  augmenter  la  quantité  d'électricité  positive 
contenue  sur  le  collecteur  A;  de  même  le  collecteur  A  agira  sur  les 
balais  c'  et  c^,  les  plus  voisins  de  lui,  et  par  ces  balais  s'écouleront  des 


(  763    ) 
charges  négatives  qui,  grâce  au  sens  de  rotation  des  cylindres  ou  des  pla- 
teaux, iront  augmenter  par  induction,  en  passant  entre  le  double  peigne  P, 
la  quantité  d'électricité  négative  contenue  sur  le  collecteur  B. 

»  Le  fonctionnement  de  la  machine  est  maintenant  établi  et  les  charges 
des  collecteurs  vont  en  croissant  de  plus  en  plus  jusqu'à  l'obtention 
du  régime  permanent. 

»  Pour  s'assurer  de  l'exactitude  de  la  théorie  que  je  viens  d'indiquer,  on  peut 
la  soumettre  à  différentes  épreuves  : 

»  1°  Au  lieu  d'amorcer  en  appuyant  le  doigt  sur  l'un  des  cylindres  ou  plateaux,  on 
peut  utiliser  une  lame  d'ébonite  frottée  que  l'on  place  pendant  la  rotation  très  près 
du  cylindre  et  à  l'endroit  où  le  doigt  était  appliqué.  La  lame  étant  électrisée  négati- 
vement provoque  les  mêmes  phénomènes  d'influence  que  l'épiderme,  mais  en  sens 
contraire;  aussi  le  pôle  négatif  doit-il  alors  s'établir  en  A  et  le  pôle  positif  en  K.  C'est 
ce  que  l'expérience  confirme  exactement; 

»  2°  Si  les  choses  se  passent  comme  il  a  été  expliqué  plus  haut,  on  doit  pouvoir 
amorcer  et  faire  fonctionner  la  machine  quand  les  balais  c'  et  c\  ont  été  enlevés.  C'est 
encore  ce  que  l'expérience  vérifie.  Dans  ces  conditions,  le  débit  n'est  pas  diminué 
autant  qu'on  pourrait  le  croire  a  priori  :  à  l'aide  de  la  bouteille  électrométrique  de 
Lane,  j'ai  trouvé  qu'à  vitesse  de  rotation  égale  on  obtiendrait  vingt-neuf  étincelles 
en  deux  minutes,  la  machine  étant  munie  de  tous  ses  balais,  et  vingt  et  une  étincelles, 
les  balais  des  extrémités  c'  et  c\  des  conducteurs  diamétraux  étant  enlevés.  » 

ÉLECTRICITÉ .  —  Sur  la  mesure  de  la  période  des  ondes  utilisées  dans  la 
Télégraphie  sans  fil.  Note  de  M.  C.  Tissot,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  de  mesurer  assez  approximativement  la 
valeur  des  longueurs  d'onde  eénéralement  utilisées  dans  nos  communica- 
tions  par  télégraphie  sans  fd  (').  La  mesure  de  cette  période  présente  un 
certain  intérêt  au  point  de  vue  pratique  :  c'est  eu  la  faisant  varier  métho- 
diquement que  l'on  peut  espérer  réaliser  la  résonance  du  transmetteur  et 
du  récepteur,  et  M.  Slaby  a  récemment  exécuté  dans  cette  voie  une  série 
de  recherches  qui  paraissent  avoir  été  couronnées  de  succès.  Nous  nous 
sommes  borné  à  faire  varier  la  période  de  manière  à  obtenir,  selon  les  cas, 
soit  une  communication  à  grande  distance,  soit  une  communication  à  dis- 
tance modérée  avec  interposition  d'obslacles  en  utilisant  et  exagérant  au 


(')  Ces  communications  servent  à  transmettre  en  service  courant  des  ordres,  et  les 
différents  dispositifs  auxquels  nous  faisons  allusion  fonctionnent  effectivement  depuis 
le  mois  d'octobre  igoo. 


(  7^4  ) 
besoin  les  phénomènes  de  diffraction.  La  connaissance  exacte  de  la  période 
qui  se  trouve  réalisée  dans  les  conditions  de  fonctionnement  normal  d'un 
poste  de  télégraphie  sans  fil,  connaissance  que  le  calcul  ne  peut  fournir 
que  d'une  manière  bien  incertaine,  doit  permettre  de  liiire  l'étude  des  dif- 
férents facteurs  qui  influent  sur  la  transmission,  longueur  et  diamètre  des 
antennes,  capacité,  longueur  de  l'étincelle,  et  potentiel  explosif,  etc.,  en 
opérant  à  coup  sûr  à  période  égale. 

»  Nous  avons  donc  attaqué  directement  la  mesure  de  la  période  de  l'os- 
cillateur en  employant  le  procédé  de  Feddersen,  procédé  qui  a  été  porté  à 
un  haut  degré  de  perfection  dans  les  récentes  expériences  de  M.  Décombe, 
dont  nous  nous  sommes  inspiré. 

))  Ce  procédé  consiste  à  recevoir  l'image  de  l'étincelle  sur  un  miroir 
concave  animé  d'un  mouvement  rapide  de  rotation  et  à  la  renvoyer  sur 
une  plaque  photographique  où  elle  se  trouve  dissociée  et  fixée.  Nous  avons 
dû  faire  subir  au  dispositif  de  M.  Décombe  plusieurs  modifications. 

»  Dans  une  première  série  d'essais  exécutés  au  cours  de  l'année  1900,  nous  nous 
étions  servi  de  l'appareil  à  miroir  tournant  déjà  utilisé  par  M.  Décombe.  Cet  appareil, 
qui  appartient  au  lycée  Henri  IV,  avait  été  mis  obligeamment  à  notre  disposition.  Il 
présentait  certaines  imperfections  qui  en  rendaient  l'usage  incommode  et  rendaient 
les  mesures  tout  à  fait  incertaines.  Le  miroir  présentait  d'ailleurs  une  surface  trop 
faible  pour  pouvoir  réaliser  l'éclairement  voulu  de  la  plaque.  Nous  ne  pouvions 
opérer  dans  les  circonstances  choisies  et  particulièrement  favorables  où  s'était  placé 
M.  Décombe.  Ce  physicien  opérait  avec  des  oscillateurs  fermés  et  faisait  éclater 
l'étincelle  dans  l'huile  de  vaseline.  Pour  nous  placer  dans  les  conditions  mêmes  de  la 
transmission  par  télégraphie  sans  fil,  nous  devions  utiliser  l'étincelle  telle  qu'on  l'em- 
ploie, c'est-à-dire  éclatant  dans  l'air  entre  les  boules  de  l'oscillateur. 

»  Nous  avions  besoin,  d'autre  part,  de  connaître  aussi  exactement  que  possible  la 
vitesse  de  rotation  du  miroir. 

»  Nous  avons  donc  fait  établir  un  appareil  à  train  d'engrenages  qui  porte  un  miroir 
notablement  plus  grand  que  celui  de  l'appareil  de  M.  Décombe  (2'^™, 6  au  lieu  de  i''™,5  de 
diamètre)  et  assez  robuste  pour  permettre  de  maintenir  la  constance  de  la  vitesse, 
4oo  tours  à  5oo  tours  par  seconde,  pendant  la  durée  des  mesures. 

»  Le  miroir  est  mobile  autour  d'un  axe  horizontal  et  est  monté  sur  ce  train  d'en- 
grenages qui  donne  exactement  une  multiplication  de  20. 

»  Le  mouvement  est  transmis  au  premier  mobile  par  courroie  à  l'aide  d'une  petite 
dynamo. 

»  L'évaluation  de  la  vitesse  par  la  mesure  du  nombre  des  vibrations  du  son  d'axe 
ne  nous  a  pas  paru  présenter  une  garantie  suffisante  d'exactitude.  Ce  son  d'axe  se 
trouve  d'ailleurs  en  partie  masqué  dans  l'appareil  que  nous  employons  par  le  bruit  du 
train  d'engrenages. 

»  On  utilise  le  premier  mobile  du  train  d'engrenages  à  l'entraînement  d'un  commu- 


(  765) 

tateur  tournant  qui  décharge  n  fois  par  seconde  un  condensateur  étalonné  dans  un 
galvanomètre  différentiel  que  l'on  maintient  au  zéro  par  un  courant  permanent  d'in- 
tensité connue.  Ce  dispositif,  qui  a  été  indiqué  par  M.  Lippmann,  a  été  utilisé  depuis 
par  divers  expérimentateurs. 

»  Pour  la  commodité  de  l'observation,  le  procédé  est  utilisé,  dans  le  cours  d'une  série 
de  mesures,  par  méthode  de  déviation  et  non  de  réduction  à  zéro. 

»  L'étalonnage  préalable  exact  a  élé  opéré  au  galvanomètre  différentiel  et  contrôlé 
par  une  méthode  stroboscopique,  observation  à  l'aide  d'un  électrodiapason  muni  d'une 
fente  de  rais  équidistants  tracés  sur  un  disque  entraîné  pari'axedu  miroir;  la  lec- 
ture de  la  déviation  galvanométrique  fournit  immédiatement  la  valeur  de  la  vitesse  au 
moment  même  de  l'expérience  et  permet  de  contrôler  à  tout  instant  la  valeur  de  cette 
vitesse. 

»  Les  épreuves  obtenues  présentent  certains  des  caractères  décrits  et 
reproduits  par  Feddersen,  mais  pas  tous.  Nous  comptons  revenir  plus 
tard  sur  cette  question.  Elles  diffèrent  complètement  de  celles  qui  ont  été 
obtenues  par  M.  Décombe;  ce  cpii  n'a  rien  de  surprenant,  étant  donné  les 
conditions  toutes  différentes  de  l'expérience. 

»  Telles  qu'elles,  elles  ue  se  prêtent  pas  aux  mesures  et  indiquent  à 
peine  le  caractère  oscillatoire  de  la  décharge.  Mais  leur  caractère  se  mo- 
difie complètement  si  l'on  interpose  devant  le  miroir  tournant,  et  sur  le 
trajet  du  faisceau  incident,  une  lentille  cylindrique  de  grande  distance 
focale  qui  étale  légèrement  les  images  absolument  reclilignes  de  l'étin- 
celle. 

»  Les  épreuves  présentent  alors  une  série  de  franges  équidistantes, 
d'inlensités  décroissantes,  extrêmement  nettes,  et  dont  il  est  possible  de 
mesurer  la  largeur. 

»  Pour  obtenir  la  netteté  voulue,  nous  avons  éprouvé  de  grandes  difficultés,  prin- 
cipalement à  cause  de  la  production  d'images  multiples  avec  des  miroirs  épais.  Le 
miroir  de  l'appareil  employé  par  M.  Décombe  présentait  lui-même  ce  défaut. 

»  Après  avoir  fait  exécuter  aussi  parfaitement  que  possible  des  miroirs  qui  ne 
donnaient  pas  encore  la  finesse  désirable,  nous  les  avons  remplacés  d'abord  par  une 
lentille  plan-convexe  argentée. 

»  Mais,  pour  rendre  ces  images  absolument  achromatiques,  nous  avons  eu  recours 
finalement  à  un  miroir  travaillé  optiquement  et  argenté  par  le  procédé  Foucault.  Les 
images  sont  alors  devenues  parfaites, 

»  Nous  nous  bornerons  à  consigner  les  résultats  généraux  suivants.  Ils 
ont  été  obtenus  en  donnant  à  la  capacité  du  système  oscillateur-antenne 
une  valeur  bien  déterminée  par  addition  de  capacités  auxiliaires  à  la  partie 
inférieure  de  l'antenne.  Ces  capacités  ont  été  choisies  de  manière  à  ne  pas 


(  766  ) 

altérer  le  régime  des  transmissions,  tout  en  permettant  d'obtenir  nn  sys- 
tème toujours  comparable.  Dans  ces  conditions,  la  période  est  parfaitement 
déterminée.  Les  franges  obtenues  sur  les  épreuves  sont  nettes  et  rigoureu- 
sement équidistantes.  La  période  est  donc  unique  et  demeure  invariable 
pour  une  longueur  donnée  de  l'antenne  et  une  même  longueur  d'étincelle. 

»  Cette  période  varie,  non  seulement  avec  la  longueur  de  l'antenne,  ce 
qui  est  évident,  mais  aussi  avec  la  longueur  de  l'étincelle.  Les  périodes 
que  nous  avons  mesurées  sont  comprises  (pour  première  approximation) 
entre  0,6  io~°  seconde  et  i  ,8  lo""  seconde. 

»  L'amortissement  se  traduit  sur  les  épreuves  par  la  décroissance  de 
l'intensité  et  de  la  longueur  des  images. 

»  Cet  amortissenienl  est  toujours  très  marqué,  parfois  assez  considérable 
pour  que  l'on  ne  distingue  nettement  que  trois  ou  quatre  images  au  plus.  » 


TÉLÉGRAPHIE.  —  Tèlaulo graphe  Racine.  Note  de  M.  Brauer, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Le  télautographe  Ritchie  est  un  appareil  destiné  à  transmettre  l'écri- 
ture et,  d'une  façon  générale,  tout  dessin  ou  tracé  linéaire  à  une  distance 
quelconque  en  utilisant  les  lignes  téléphoniques  à  deux  fils. 

»  Toutes  les  tentatives  faites  depuis  Caselli  jusqu'à  Gray  et  M.  Pherson 
reproduisaient  l'écriture  soit  par  des  hachures  juxtaposées,  soit  par  des 
impulsions  successives  de  la  plume. 

»  Dans  l'appareil  Ritchie,  tous  les  mouvements  du  crayon  de  l'expédi- 
teur se  transmettent  fidèlement,  d'une  façon  continue,  régulièrement  et 
sans  saccades;  la  transmission  se  fait  électriquement  sans  employer  de 
mouvements  d'horlogerie  ni  d'engrenages. 

»  Chaque  appareil  formant  un  poste  se  compose  de  deux  parties  dis- 
tinctes, le  transmetteur  et  le  récepteur. 

»  Un  circuit  de  communication  entre  deux  postes  comprend  donc  un 
transmetteur,  la  ligne,  et  un  récepteur. 

»  Voici  maintenant  en  quelques  mots  le  principe  des  différentes  fonc- 
tions de  l'appareil. 

»  1.  Reproduction  des  mouvements  du  crayon  parallèlement  à  la  surface 
du  papier.  —  Le  crayon  du  transmetteur  est  relié  à  un  système  de  bras 
articulés  dont  les  deux  extrêmes  (A)  et  (B)  sont  calés  sur  deux  axes  qui 
par   leur   rotation    produisent   des   variations    de    résistance    dans   deux 


(  767  ) 

rhéostats  intercalés  chacun  sur  nn  des  fils  de  h'gne  et  reh'é  à  une  de  leurs 
extrémités  au  pôle  positif  tle  la  batterie  locale.  Au  poste  récepteur,  les  deux 
fils  de  ligne  aboutissent  chacun  à  un  galvanomètre  Deprez-dArsonval 
très  robuste,  chaque  bobine  galvanométritpie  étant  reliée  par  une  de  ses 
extrémités  au  fil  et  par  l'autre  au  pôle  négatif  de  la  batterie  locale.  Ces  deux 
bobines  actionnent  un  système  de  bras  articulés  identique  à  celui  du  trans- 
metteur et  portant  la  plume.  Les  deux  pôles  libres  des  batteries  sont  reliés 
à  la  terre,  sur  laquelle  se  ferme  le  circuit. 

»  Lorsque  l'on  déplace  le  crayon  du  transmetteur,  la  résistance  varie 
dans  chacun  des  rhéostats  et,  par  suite,  l'intensité  du  courant  qui  passe 
dans  chaque  bobine  galvanomètrique.  Les  rhéostats  ont  été  établis  de 
façon  que  les  variations  d'angles  des  bras  (A  et  B)  du  transmetteur  soient 
reproduites  identiquement  par  les  bras  correspondants  (A',B'),  qui  sont 
fixés  directement  sur  les  axes  des  bobines  galvanométriques.  Il  s'ensuit 
pour  la  plume  du  récepteur  un  déplacement  identique  à  celui  du 
crayon  du  transmetteur. 

»  2.  Mouvement  de  la  plume  perpendiculairement  au  papier.  —  Pour 
obtenir  sur  le  récepteur  la  séparation  des  mots  et  les  corrections,  il  faut 
que  la  plume  se  pose  sur  le  papier  et  se  soulève  en  même  temps  que  le 
crayon  du  transmetteur.  I^e  dispositif  employé  est  le  suivant.  La  plaque 
sur  laquelle  repose  le  papier  où  l'on^écrit  reçoit,  sous  la  pression  du  crayon, 
un  léger  déplacement  vertical  qui  établit  un  contact  euvoyant  du  courant 
dans  le  circuit  primaire  d'une  bobine  de  Ruhmkorff.  Le  circuit  secondaire 
de  cette  bobine  est  placé  en  pont  sur  les  deux  fils  de  lignes  par  l'intermé- 
diaire d'un  condensateur.  Au  récepteur,  un  relais  est  également  placé  en 
pont  sur  les  mêmes  fils  par  l'intermédiaire  d'un  autre  condensateur.  Les 
courants  alternatifs  induits  étant  arrêtés  par  la  self-induction  des  galvano- 
mètres, ils  se  développent  dans  le  circuit  formé  par  les  fils  de  ligne,  le 
relais  et  les  condensateurs.  Pendant  tout  le  temps  que  le  crayon  appuie  sur 
le  papier,  l'armature  du  relais  est  attirée  et  la  plume  pose  sur  le  papier. 
Aussitôt  que  le  crayon  abandonne  le  papier,  les  courants  alternatifs  ces- 
sent, le  relais  abandonne  son  armature,  et  la  plume  se  soulève. 

))  3.  Mouvement  du  papier  et  prise  d'encre.  —  L'avancement  du  papier  est 
obtenu  en  [)oussant,  avec  le  ciavon  du  transmetteur,  jusqu'à  fond  de 
course,  et  relâchant  ensuite  un  levier  placé  à  gauche  du  papier.  A  chaque 
mouvement,  le  papier  avance  de  1 5  millimètres;  en  même  temps  un  com- 
mutateur coupe  et  rétablit  le  courant  qui  passe  sur  la  ligne.  Un  relais  placé 
dans  le  récepteur  et  ayant  son  enroulement  en  série  avec  la  ligne  aban- 


(  768  ) 

donne  et  attire  son  armature,  et  agit  sur  le  circuit  local  d'un  électro  qui 
produit  à  chaque  période  un  avancement  du  papier  de  i5  millimètres.  La 
plume,  qui,  au  moment  où  l'on  fait  avancer  le  papier,  se  trouve  au-dessus 
de  l'encrier,  est  plongée  dans  l'encre  par  la  simple  pression  d'un  bras 
attaché  au  châssis  d'avancement  du  papier. 

»  En  somme,  le  télautographe  est,  avec  le  télégraphe  et  le  téléphone,  un 
troisième  agent  qui  vient  compléter  nos  moyens  d'économiser  le  temps  et 
de  supprimer  la  dislance,  mais  qui  a  cet  avantage  sur  les  deux  autres  de 
laisser  entre  les  mains  du  destinataire  un  autographe  qu'il  peut  recevoir 
même  en  son  absence.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  radio-activité  induite  et  les  gaz  activés  par  le 
radium.  Note  de  MM.  P.  Curie  et  A.  Debierne,  présentée  par 
M.  H.  Becquerel. 

«  Dans  une  précédente  Communication,  nous  avons  établi  que  la  ra- 
dio-activité induite  n'est  pas  produite  par  le  rayonnement  direct  des  sels 
de  radium,  mais  qu'elle  se  communique  par  l'air  de  proche  en  proche, 
depuis  le  sel  de  radium  jusqu'aux  corps  qui  s'activent  (').  Nous  avons 
cherché  à  préciser  le  rôle  des  gaz  dans  ce  phénomène,  et  voici  les  résultats 
nouveaux  que  nous  avons  obtenus. 

M  La  matière  active,  contenue  dans  une  petite  ampoule  ouverte,  est 
placée  avec  le  corps  à  activer  (une  lame  de  cuivre,  par  exemple)  dans  un 
tube  scellé,  rempli  d'air  à  la  pression  atmosphérique.  Le  corps  s'active  peu 
à  peu  et  finit  par  prendre  une  activité  limite,  toujours  la  même  pour  la 
même  matière  radio-active.  En  remplaçant,  dans  cette  expérience,  l'air 
par  l'hydrogène,  on  observe  la  même  activation  limite.  On  peut  encore 
répéter  cette  expérience  avec  de  l'air  en  faisant  varier  la  pression  dans  le 
tube;  nous  avons  constaté  qu'avec  une  pression  assez  basse  (i*""  de  mer- 
cure) la  limite  de  l'aclivation  est  encore  la  même.  Par  conséquent,  la 
quantité  et  la  nature  du  gaz  eu  présence  n'ont  pas  d'influence  sur  la  radio- 
activité induite. 

Le  résultat  n'est  pas  le  même  lorsque,  au  lieu  de  faire  un  vide  partiel  dans 
le  tube,  ou  v  fait  un  vide  très  parfait  (pression  mesurée  à  la  jauge  infé- 
rieure à  jj^  de  millimètre  de  mercure),  et  lorsqu'on  maintient  ce  vide  pen- 
dant toute  la  durée  de  l'expérience,  en  faisant  marcher  la  trompe  à  mercure 

(')  Comptes  rendus,  février  1901. 


(  769  ) 

d'une  façon  continue.  Dans  ces  conditions  le  corps  ne  s'active  pas  ;  bien 
plus,  s'il  a  déjà  été  activé,  son  activité  disparaît.  Ainsi  la  radio-activité 
induite  ne  se  propage  plus  lorsqu'on  supprime  toute  pression  dans  l'appa- 
reil. 

»  Si,  après  avoir  fait  un  vide  très  parfait,  on  isole  l'appareil  de  la 
trompe,  on  constate  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long  que  la  lame 
de  cuivre  s'est  activée  aussi  fortement  que  dans  l'air.  Mais,  en  même  temps 
que  la  lame  s'active,  des  gaz  occlus  se  dégagent  de  la  substance  active  et 
déterminent  dans  le  tube  une  faible  pression  dont  la  grandeur  varie  avec 
l'échantillon  étudié.  On  peut  recueillir  les  gaz  occlus  dont  l'apparition 
coïncide  avec  celle  de  la  radio-activité  induite.  Pour  cela  on  fait  d'abord 
un  vide  aussi  parfait  que  possible  sur  la  substance  radio-aclive,  puis  on 
chauffe  celle-ci,  et  les  gaz  dégagés  sont  extraits  à  l'aide  de  la  trompe  à 
mercure.  En  même  temps,  au  moyen  d'un  petit  tube  de  Geissler  soudé  sur 
l'appareil,  on  examine  le  spectre  de  ces  gaz.  Nous  n'avons  trouvé  dans  ce 
spectre  aucune  raie  nouvelle.  Généralement  le  spectre  des  gaz  carbonés 
domine  ;  on  aperçoit  aussi  les  raies  de  l'hydrogène,  celles  de  l'azote  et 
celles  de  la  vapeur  de  mercure  provenant  de  la  trompe. 

»  Les  gaz  recueillis,  dont  le  volume  est  petit,  sont,  malgré  leur  faible 
masse,  violemment  radio-actifs.  Ces  gaz,  agissant  au  travers  du  verre  de 
l'éprouvette  qui  les  contient,  impressionnent  en  un  instant  une  plaque 
photographique  enveloppée  de  papier  noir,  et  déchargent  très  rapidement 
les  corps  électrisés.  Leur  activité  est  telle  qu'elle  provoque  la  fluores- 
cence du  verre  de  l'éprouvette,  qui  est  lumineux  dans  l'obscurité.  Ce 
verre  noircit  rapidement  comme  lorsqu'il  est  exposé  au  rayonnement  des 
corps  les  plus  fortement  radio-actifs.  L'activité  du  gaz  activé  diminue 
constamment,  mais  avec  une  lenteur  extrême  :  du  gaz  recueilli  depuis 
dix  jours  est  toujours  très  fortement  actif. 

»  L'air  du  laboratoire  dans  lequel  nous  travaillons  depuis  plusieurs 
années  est  devenu  progressivement  de  plus  en  plus  conducteur  ;  il  n'est 
plus  possible  d'avoir  un  appareil  bien  isolé  et  l'on  ne  peut  plus  faire  que  des 
mesures  grossières  à  l'électromètre.  Cet  état  déplorable  ne  nous  semble 
pas  pouvoir  s'expliquer  par  le  rayonnement  direct  des  poussières  radio- 
actives disséminées  dans  le  laboratoire  ;  il  est  probablement  dû  en  grande 
partie  à  la  formation  continue  de  gaz  radio-actifs  analogues  à  ceux  dont 
nous  venons  de  parler  ('). 

(')  C'est  ainsi  que  l'air  confiné  dans  toute  boîte  close  qui  séjourne  dans   le  labora- 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  12.)  99 


(  7/0  ) 

»  En  chauffant  du  chlorure  de  baryum  hydraté  dans  le  vide,  nous  avons 
obtenu  une  certaine  quantité  d'eau  distillée  qui  a  été  recueillie  dans  une 
ampoule.  L'eau  s'est  montrée  radio-aclive;  cette  eau  évaporée  ne  laissait 
aucun  résidu  radio-actif;  si  on  la  conserve  en  tube  scellé,  son  activité  ne 
disparaît  que  très  lentement. 

M  Nous  ne  pensons  pas  encore  avoir  élucidé  le  mécanisme  de  la  propa- 
gation de  la  radio-activité  induite.  On  peut,  il  est  vrai,  supposer  que  des 
gaz  ordinaires  contenus  dans  l'air  s'activent  au  contact  Je  la  matière  radio- 
active et  se  diffusent  ensuite  en  communiquant,  par  contact,  leur  activité 
aux  autres  corps;  mais  bien  des  faits  ne  sont  pas  expliqués  avec  cette  ma- 
nière de  voir.  En  effet,  l'activation  limite  est  sensiblem.ent  indépendante 
de  la  pression  et  de  la  nature  du  gaz;  de  plus,  la  propagation  de  l'activité 
par  les  tubes  capillaires  semble  beaucoup  trop  rapide  pour  pouvoir  être 
produite  par  une  simple  diffusion  des  gaz.    » 


PHYSIQUE.  —  Production  directe  des  rayons  X  dans  l'air. 
Note  de  M  A.  Nodon,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  L'expérience  m'a  démontré  que  les  rayons  X  peuvent  être  produits 
directement  dans  l'air  et  en  dehors  du  vide  de  Crookes  :  des  rayons  X 
prennent  naissance  sous  l'influence  simultanée  de  radiations  ultra-violettes 
et  d'un  champ  électrique. 

»  Si  l'on  crée  un  champ  électrique  entre  les  deux  armatures  d'un 
condensateur  à  air  et  qu'on  dirige  un  faisceau  de  radiations  ultra-violettes 
sur  l'une  des  armatures,  il  y  a  produclion  de  rayons  X. 

»  Ces  rayons  X  se  propagent  suivant  la  même  direction  que  les  lignes 
de  force  électriques  du  champ.  Ils  ne  sont  pas  émis  dans  d'autres  direc- 
tions. Ils  possèdent  une  activité  plus  considérable  quand  la  direction  des 
lignes  de  force  du  champ  est  la  même  que  celle  de  la  propagation  des 
radiations  ultra-violettes,  c'est-à-dire  quand  l'armature  éclairée  est  de 
polarité  négative. 

M  L'activité  des  rayons  X  émis  est  ensuite  fonction  :  de  l'intensité  du 
champ  électrique,  de  l'intensité  des  radiations  ultra-violettes,  de  la  longueur 


toire  finit  par  devenir  très  fortement  conducteur,  et  sa  conductibilité  est  très  supé- 
rieure à  celle  de  l'air  de  la  pièce.  Il  suffit  d'ouvrir  la  boîte  pour  faire  tomber  celle 
conductibilité. 


(  77»  ) 
d'onde  de  celles-ci,  et  enfin  de  la  nature  des  substances  à  la  surface  des- 
quelles ils  prennent  naissance. 

»  Les  propriétés  générales  des  rayons  X  produits  directement  dans 
l'air  sont  identiques  à  celles  des  rayons  X  produits  au  moyen  des  ampoules 
de  Crookes. 

»  Ils  déchargent  les  corps  électrisés  après  leur  passage  au  travers  de 
l'aluminium  et  du  carton  noir  paraffiné.  Us  possèdent  des  propriétés  pho- 
togéniques. Les  radiations  ultra-violettes  qui  servent  à  produire  les  rayons  X 
peuvent  être  obtenues  à  l'aide  de  diverses  sources,  telles  que  :  l'étincelle 
électrique,  l'effluve  électrique,  l'arc  voltaïque  ordinaire  et  enfin  l'arc  vol- 
taïque  qui  se  produit  entre  deux  crayons  de  graphite  munis  d'âmes  en 
aluminium. 

»  La  charge  électrique  du  champ  était  obtenue  à  l'aide  d'une  petite 
machine  électrostatique.  T^es  mesures  étaient  faites  au  moyen  d'un  élec- 
tromètre de  modèle  spécial  à  feuille  d'or  unique  enfermée  dans  une  cage 
de  Faraday.  Les  appareils  étaient  dans  l'obscurité,  afin  d'éviter  l'action 
actinique  des  rayons  lumineux  extérieurs. 

»  Une  première  série  de  recherches  a  été  effectuée  au  moyen  du  dispo- 
sitif suivant  : 

»  Une  feuille  d'aluminium  mince  fermait  l'ouverture  centrale  d'un  disque  de 
carton  noir.  Un  plateau  mûlaliique  de  diamètre  plus  petit  que  le  disque  était  disposé 
parallèlement  à  celui-ci  et  à  une  distance  variant  de  lo'''"  à  Se'"".  L'ensemble  de  l'ap- 
pareil était  isolé. 

»  La  feuille  d'aluminium  et  le  plateau  métallique  formaient  les  deux  armatures 
d'un  condensateur  plan. 

»  La  source  de  radiations  ultra-violettes  était  disposée  devant  la  feuille  d'aluminium. 
Celle-ci  formait  écran  aux  radiations. 

»  En  chargeant  le  condensateur  et  en  éclairant  la  surface  extérieure  de  l'aluminium, 
on  constatait  la  production  de  raj'ons  X  sur  la  face  intérieure  de  ce  métal. 

»  L'activité  des  rayons  X  produits  était  alors  sensiblement  atténuée  par  suite  du 
passage  de  ces  rayons  au  travers  de  l'aluminium. 

»   Un  second  dispositif  permettait  d'éviter  cette  cause  d'affaiblissement. 

»  Ce  dispositif  se  composait  d'une  feuille  d'aluminium  isolée,  qu'on  inclinait  à  45°, 
sur  un  faisceau  de  radiations  ultra-violettes. 

»  Un  conducteur,  réuni  à  la  terre,  était  disposé  dans  l'obscurité,  à  3o'^™  environ  de 
la  face  éclairée  de  l'aluminium. 

»  L'ensemble  formé  par  la  feuille  d'aluminium  isolée  et  le  conducteur  à  la  terre 
était  susceptible  de  réaliser  un  condensateur  électrostatique. 


(  772  ) 

»  En  chargeant  ce  condensaieur  et  en  éclairant  la  face  interne  de  la  feuille  d'alii- 
miniuni,  il  y  avait  production  de  rayons  X. 

»  La  propagation  des  rayons  X  s'effectuait  dans  ces  conditions,  suivant  la  dévia- 
tion des  lignes  de  force  du  champ. 

»  Comme  ces  rayons  X  n'avaient  pas  à  traverser  l'épaisseur  de  l'aluminium,  ilsjDOS- 
sédaient  une  activité  plus  considérable  que  dans  l'expérience  précédente. 

»  Les  phénomènes  actino-électriques  sembleraient  trouver  leur  expli- 
cation dans  la  production  directe,  dans  l'air,  de  rayons  X,  sous  la  double 
influence  de  radiations  ultra-violettes  et  d'un  champ  électrique.  » 


PHYSIQUE.  —  Méthode  de  détermination  des  poids  atomiques  fondée  sur  les 
lois  de  transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X  ;  poids  atomique  de 
l'iridium.  Note  de  M.  L.  Bexoist,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  lois  de  transparence  de  la  matière  pour  les  rayons  X,  exposées 
dans  mes  deux  précédentes  Communications  ('),  constituent  la  base  d'une 
nouvelle  méthode  de  détermination  directe  ou  de  vérification  des  poids 
atomiques,  méthode  plus  générale  et,  à  certains  égards,  plus  précise  que 
celle  qui  résulte  de  la  loi  de  Dulong  et  Petit  sur  les  chaleurs  spécifiques 
des  éléments.  En  effet,  l'opacité  spécifique  d'un  corps  simple,  ou  ce  qui  la 
représente  pratiquement,  son  équivalent  de  transparence  défini  et  mesuré, 
comme  je  l'ai  précédemment  expliqué,  dans  des  conditions  bien  déter- 
minées, constitue  une  constante  physico-chimique  bien  plus  étroitement 
liée  au  poids  atomique  que  la  chaleur  spécifique,  puisqu'elle  est  indé- 
pendante de  tout  ce  qui  peut  faire  varier  cette  dernière. 

»  Cette  constante  peut  être  déterminée,  par  un  examen  physique  aussi 
simple  que  rapide,  soit  sur  l'élément  lui-même,  soit  sur  un  mélange  ou 
un  composé  connu  qui  le  contienne.  Lu  valeur  numérique  obtenue  assigne 
à  l'élément  donné  une  place  déterminée  sur  la  courbe  d'isotransparence 
qui  correspond  aux  conditions  choisies;  de  là,  aussi,  une  valeur  déter- 
minée assignée  au  poids  atomique.  On  peut  augmenter  au  besoin  la  sensi- 
bilité du  procédé,  en  modifiant  la  pente  de  la  courbe  par  une  transtor- 
mation  logarithmique. 

»   Enfin  cette  méthode  contient  un  précieux  élément  de  contrôle  fourni 


(')    L.   liEîiOlsi,  Comptes  rendus,  ii  février  et  '(  innrs  1901. 


(  773  ) 

par  l'élude  du  radiochroïsme  de  l'élément  considéré,  c'est-à-dire  par  le 
sens  et  la  grandeur  des  variations  de  son  équivalent  tie  transparence 
lorsque  l'on  |)asse  d'une  courbe  à  une  autre,  en  modifiant  la  qualité  des 
rayons  X  employés. 

»  J'ai  appliqué  cette  méthode  à  Vindium,  dont  la  place  dans  la  classifica- 
tion des  corps  simples  est  encore  discutée,  les  chimistes  ayant  à  choisir 
entre  deux  valeurs  possibles,  75,6  et  ii3,4,  de  son  poids  atomique. 

»  Tout  récemment,  MM.  C.  Chabrié  et  E.  Rengade  ont  repris  la  question 
(voir  Comptes  rendus,  3i  décembre  1900  et  25  février  1901).  La  formation 
des  aluns  d'indium  et  des  métaux  alcalins  leur  a  permis  de  conclure  à  la 
trivalence  de  l'indium,  à  ses  analogies  chimiques  avec  les  métaux  à 
sesquioxydes,  et  par  suite  au  poids  atomique  ii3,4.  Ayant  aussi  obtenu 
l'acétylacétonate  d'indium  [(CH' —  CO)^  =  CH]'In,  ils  ont  pu  en  déter- 
miner le  poids  moléculaire,  non  directement,  il  est  vrai,  par  la  densité  de. 
vapeur,  ce  sel  n'étant  pas  volatil  sans  décomposition,  mais  par  l'ébul- 
lioscopie,  et  sont  arrivés  à  la  même  conclusion. 

»  Il  était  donc  intéressant  de  soumettre  la  question  à  la  méthode  nou- 
velle dont  je  viens  d'exposer  les  principes. 

»  J'ai  pu  utiliser,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Chabrié,  l'acétylacétonate  d'indium 
bien  cristallisé,  et  tout  dernièrement  l'indium  métallique  très  pur,  préparés  par  ce 
chimiste. 

»  Malgré  la  petite  quantité  de  sel  (o5'',44o)  et  l'inégale  grosseur  des  cristaux  que  je 
ne  voulais  pas  pulvériser,  j'ai  pu  déterminer  avec  une  précision  satisfaisante  l'équi- 
valent de  transparence  de  l'acétylacétonate  d'indium  pour  la  qualité  de  rayons  X  et 
pour  les  conditions  d'épaisseur  auxquelles  se  rapporte  la  courbe  principale  qui  figure 
dans  ma  Communication  du  4  niars  dernier. 

»  Le  nombre  obtenu  a  été  de  3''?'', 6. 

»  Connaissant,  d'autre  part,  les  équivalents  des  éléments  constitutifs  de  ce  sel,  sauf 
celui  de  l'indium  lui-même,  j'ai  pu  calculer  ce  dernier;  soit  E^  i''s'',  o5. 

»  Or,  celte  valeur  éloigne  absolument  l'indium  de  la  région  des  poids  atomiques 
voisins  de  76;  car,  pour  celte  valeur,  l'équivalent  de  l'indium  devrait  être  E  =^i"is'', t, 
sensiblement  égal  à  celui  de  l'arsenic  (voir  la  courbe  précitée).  Elle  le  met,  au  con- 
traire, incontestablemenl  à  la  suite  de  l'argent  (Pa  :=  108)  et  du  cadmium  (P„=n2), 
da;is  la  région  où  les  équivalents  de  transparence  sont  égaux  ou  un  peu  inférieurs  à 
i"*?',  2.  L'épreuve  était  donc  décisive.  La  comparaison  directe  de  l'indium  à  l'arsenic 
d'une  part,  à  l'argent  et  au  cadmium  d'autre  part,  ne  le  fut  pas  moins. 

»  Mais  la  méthode  comporte,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  un  précieux  moyen  de  contrôle. 
Si  l'on  se  reporte  aux  deux  courbes  d'isotransparence  que  j'ai  publiées,  on  voit  que, 
dans  la  région  de  l'arsenic,  la  courbe  des  rayons  mous  s'écarte  très  notablement  de 
celle  des  rayons  de  dureté  moyenne,  et  que  l'équivalent  de  l'arsenic  varie  du  simple 
au  double  en  passant  de  la  première  à  la  seconde.  Au  contraire,  dans  la  région  del'ar- 


(  774  ) 

gent  et  du  cadmium,  et  un  peu  au  delà,  les  deux  courbes  se  confondent  presque,  avec 
des  écarts  à  peine  de  l'ordre  du  dixième,  pour  se  séparer  de  nouveau  vers  les  poids 
atomiques  très  élevés.  11  y  a  là  une  particularité  très  intéressante,  sur  laquelle  j'aurai 
roccasion  de  revenir. 

»  Or,  en  soumettant  le  sel  d'indium,  côte  à  côte  avec  l'arsenic  d'une  part,  l'argent 
et  le  cadmium  d'autre  part,  à  ce  changement  de  rayons  X,  j'ai  pu  constater  très  net- 
tement qu'il  se  comporte  comme  l'argent,  et  non  comme  l'arsenic.  Donc  le  radio- 
chroïsme  de  l'indium,  fonction  lui-même  de  son  poids  atomique,  conduit  aux  mêmes 
conclusions  que  la  mesure  de  son  équivalent  de  transparence. 

»  Enfin,  l'échantillon  d'indium  métallique,  que  j'ai  pu  étudier  à  son  tour,  en  le 
laminant  à  diverses  épaisseurs  et  en  le  soumettant  aux  mêmes  épreuves  que  l'acétyl- 
acétonate,  m'a  fourni  sur  tous  les  points  une  vérification  absolument  concordante. 
En  particulier,  la  mesure  directe  de  son  équivalent  de  transparence,  dans  les  condi- 
tions déjà  employées,  m'a  fourni  une  valeur  presque  identique  à  celle  que  j'avais  cal- 
culée au  nioyen  du  sel  : 

^      .     ,  ,,,.,.         (   calculé  par  racétvlacétonate.  ..  .      i,o5 

Equivalent  de  I  indium  \  ,    ,. 

[   mesure  directement i ,  lO 

»  Conclusions .  —  La  transparence  de  l'indium  pour  les  rayons  X,  avec 
tous  les  caractères  de  variation  qui  l'accompagnent,  assignent  à  ce  corps 
simple  le  poids  atomique  i  i3,4,  à  l'exclusion  formelle  de  la  valeur  75,6.   » 


CHiMilî.  —  Action  de  l'hydrogène  sur  le  réalgar  et  réaction  inverse.  Influence 
de  la  pression  et  de  la  température.  Note  de  M.  H.  Pélabon,  présentée 
par  M.  Troost. 

«  En  faisant  réagir  l'hydrogène  en  tube  scellé  sur  le  réalgar  en  excès, 
en  présence  de  masses  variables  d'arsenic,  on  observe ('),  quand  la  masse 
de  ce  dernier  corps  est  supérieure  à  une  certaine  limite,  que  la  proportion 
d'hydrogène  sulfuré  produit  ne  dépend  que  de  la  température  et  reste 
constante  pour  une  même  valeur  de  celle-ci,  si  l'on  fait  varier  les  propor- 
tions relatives  de  réalgar  et  d'arsenic. 

))  La  pression  du  gaz  n'exerce  aucune  influence  sur  ta  composition  limite  du 
système  gazeux.  Si  l'on  introduit  l'hydrogène  dans  les  tubes  sons  des  pres- 
sions égales  à  la  moitié,  au  quart  delà  pression  atmosphérique,  on  observe 
en  effet  que  le  rapport  R  de  la  pression  partielle  de  l'hydrogène  suHuré 
dans  le  mélange  à  la  pression  totale  de  celui-ci  ne  change  pas. 

(')  Compter  rendus.  I.  CXXXl,  p.  !\\(!t  ;  i3  août  1900. 


(775) 

»  Si  l'on  fait  réagir  l'hydrogène  sur  le  sulfure  seul,  hors  de  la  présence 
de  l'arsenic,  on  n'arrive  plus  au  même  résultat  ;  la  pression  influe  sur  la 
valeur  de  R. 

»  Plus  la  pression  esl  faible,  plus  la  valeur  de  ce  rapport  est  élevée  et  s'éloigne 
du  nombre  qu'on  obtient  en  opérant  en  présence  d' un  excès  d' arsenic .  —  Ainsi, 
tandis  qu'avec  des  tubes  où  le  gaz  hydrogène  est  introduit  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  sous  une  pression  voisine  de  la  pression  atmosphérique,  on 
trouve  à  6io°  un  nombre  voisin  de  93,07,  on  a  dans  les  mêmes  conditions 
de  température,  pour  une  pression  moitié  moindre  de  l'hydrogène  intro- 
duit, R  =  95,20  et  pour  une  pression  voisine  de  190°"",  R  =  96,08  (R  est 
ici  exprimé  en  centièmes). 

»  Pourvu  qu'à  la  température  de  l'expérience  le  réaigar  ne  soit  pas 
complètement  vaporisé,  la  valeur  de  R  est  indépendante  de  la  masse  de  ce 
corps. 

»  Dans  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  l'arsenic,  c'est  un  phénomène 
inverse  qu'on  observe.  Les  résultats  suivants  montrent  que /o/as  la  pression 
du  gaz  esl  faible,  plus  la  valeur  de  R  est  faible. 

»   La  température  des  expériences  est  toujours  égale  à  610"  : 

Valeurs 


à  pression  à  i5". 

de 

p  en  centièmes. 

mui 

739 

65, 01 

379 

320 

63,70 
.   61,72 

'77 

59-69 

M  Ces  résultats  sont  d'accord  qualitativement  avec  la  théorie  thermo- 
dynamique de  la  dissociation. 

»   Si  l'on  admet  que  l'on  a  la  réaction 

As-S-[2  vol.]-H2H='[4  vol.]  =  2H-S[4  vol.]  +  As-[i  vol.], 

Y'  ""^""T^  3  4 

les  différents  corps  qui  entrent  dans  cette  réaction  étant  affectés  des 
indices  i,  2,  3,  4.  placés  au-dessous  de  chacun  d'eux,  on  peut  écrire  entre 
les  pressions  P,,  P^,  P3,  P^  des  différents  gaz  ou  vapeurs  la  relation 

pS  pi 

(0  ff^  =  F(T)- 

*    3        4 


(  776) 
»  Dans  le  cas  où  l'arsenic  et  le  sulfure  sont  en  excès,  on  a 

P.-9(T).         P,,-KT). 
par  suite, 

R=X(T).. 

»    1°  Sup|iosons  qu'on  fasse  agir  le  gaz  hydrogène  sur  le  réalgar;  on 

aura 

P,  =  ?(T), 
par  suite 

(2)  p?-^=/(T). 
Pour  une  autre  valeur  de  la  pression  totale 

(3)  P?V  =/(T). 
et,  par  suite, 

pi  p'i 

(4)  prp- =  pnp- =• --^^/CT). 

»   L'équation  (i)  de  la  réaction  montre  que  l'on  a  à  chaque  instant  : 

P3  =  4P.. 

»  Donc  les  relations  (4)  peuvent  être  remplacées  par  les  suivantes  : 

(5)  p-p  =  -.=./;(T). 

'^3    '^  3 

)i  Enfin,  si  l'on  se  rappelle  que  R  est  donné  par  l'égahlé 

on  a 

rr\  (100  — R)'  __  (100  — R')^  _      _  ^  .„. 

»  La  discussion  mathématique  de  cette  relation  fait  voir,  conformément 
à  l'expérience,  que  quand  la  pression  totale  du  mélange  gazeux  augmente 
la  valeur  du  rapport  R  diminue. 

»  2°  I/étude  de  l'aclion  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  l'arsenic  conduit  à 
la  discussion  d'une  relation  un  peu  d'iféreiile.  Dans  ce  cas  on  a,  en  effet, 

P2=2P,  et  P,=  ^j/(T). 


(  777  ) 
»   Un  calcul  analogue  au  précédent  donne 

/    V  P^Çioo-R)^  _  P;(ioo-R')^  _       _r^T. 

\1/  J^2  £^/S  — •• — JiK^J- 

»  On  observe  ici  que,  quand  la  pression  totale  du  mélange  gazeux  décroît, 
la  valeur  de  R  décroît  aussi,  ce  qui  est  bien  conforme  avec  les  résultats 
expérimentaux. 

»  Les  nombres  obtenus  dans  les  deux  cas  ne  vérifient  pas  quantitative- 
ment les  relations  (6)  et  (7)  d'une  manière  satisfaisante.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  La  chaleur  de  formation  des  acétals  comparée  à  celle 
des  composés  isomères.  Note  de  M.  Marcel  Delëpi.xe. 

«  La  comparaison  des  chaleurs  de  formation  des  acétals  avec  celles 
des  composés  isomères  de  constitution  et  de  fonctions  différentes  permet 
de  faire  quelques  observations  intéressantes.  Elle  montre,  au  plus  haut 
degré,  la  différence  thermique  qui  existe  entre  un  corps  dérivé  d'une  seule 
chaîne  carbonée  et  un  corps  dérivé  de  plusieurs  chaînes  carbonées,  réunies 
par  l'oxygène,  susceptibles,  en  général,  de  se  disloquer  par  fixation  d'eau. 

»  Des  déterminations  faites  sur  les  élhers  et  les  composés  isomères  ('), 
sur  les  hydramides  et  leurs  isomères  non  hydratables  (-),  on  a  déjà  pu 
tirer  cette  conclusion  que  la  chaleur  de  formation  du  composé  unit;iire 
l'emporte  sur  celle  du  C()m[)osé  dédoul)lable.  Voici  quel(|ues  exemples  se 
rapportant  à  l'élher  ordinaire  com[)aré  à  l'alcool  isobutylique,  à  l'ether 
mélhylformique  comparé  à  l'acide  acétique,  à  l'anisol  et  au  /j.-cresylol. 

Formation.  Formation.  Différence. 

Cal  Cal  Cal 

C^H'.O.C^HMiq.  ..     70,5  C^H'.OHIiq 85,5  i5,o 

H.CO.O.CHMiq.  ..     93,4           CH^CO.OHliq....      117,2  28,8 

CH^O.CHMiq....     3o,6  CH^OHliq 52,9  22,8 

))  Or  les  acétals  que  j'ai  étudiés  précédemment  possèdent  un  o;rand 
nombre  de  liaisons  oxygénées,  et  nous  allons  étendre  ces  comparaisons 
avec  les  corps  dont  la  chaleur  de  formation  a  été  fixée. 

(')  Bkrthelot,  Thermochimie,  t.  1,  p.  55 1  et  664. 

(-)  Delépine,  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  178;  t.  CXXVI,  p.  343,    48. 

C.  R.,    1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  12.)  1  OO 


(  77»  ) 

»  Le  méthylal  et  l'acétal  sont  les  isomères  respectifs  du  propylglycol  et  de  la  pina- 
cone;  on  trouve 


Différence. 
Cal  Cal  C«i 


/OTH'  Cal  Cal  Cal 

CH<^^".liq 96,4  CH^OH.CH'.CH-OHliq 127,7  2  x  i5,6 


\OCH^ 

XOG'H^ 


CH'— CH<^^^]îî'liq...     n8,45        (CH3)==COH.COHr=(CH3)îsol...     i5i,i  2x16, 3 


C'est  environ  deux,  fois  la  différence  qui  existe  entre  un  alcool  et  un  éther-oxyde  de 
même  formule. 

»  Le  formai  et  l'acétal  du  glycol  sont  isomères  respectivement  des  acides  propio- 
nique  et  butyrique;  on  a 

Différence . 
/O  —  CH"  Cal  Cal  Cal 

CH<  •     liq 80,3        CH^.CH^.GO^Hliq 122,5  2x21,1 

CH'— CH<  ■     liq q4,4        ClP.(CH'-)'.CO^Hliq i35,2  2x20,4 

\0  — CH"  V         /  1 

c'est-à-dire  environ  deux  fois  la  différence  qu'il  y  a  entre  les  mêmes  acides  et  les 
éthers  éthylformique  et  élhylacélique  qui  n'ont  qu'une  liaison  oxygénée  (diff.  resp.  : 
24c>',3  et  igC"',  r). 

»  Le  diformal  de  l'érythrite  CH-— CH  — CH  —  GH^  a  quatre  liaisons  oxygénées; 

I  I  I  I 

O  CH-  0        O  CH^  O 
il  est  isomère  de  l'acide  adipique  GO'H  —  (CH^)''— -  CO^H,  et  le  diacétal  est  isomère 
des  acides  subériques  CO-H  — (CH^)''—  CO'H.  Les  chaleurs  de  formation  donnent  : 

Différence. 
Diformal  de  l'érythrite.  .  .      166^»',  2  Acide  adipique. ..  .      24i'^''S9       4  X  iS'^^'ig 

Diacétal  «  ...      iSS^^'iô  Acide  subérique.  . .      247"^^', 9       4xi5'^''',o 

))  Ces  valeurs  pourraient  encore  être  comparées  à  celles  de  certains  éthers  d'acides 
bibasiques  à  deux  liaisons  oxygénées,  lesquelles  tiendraient  à  peu  près  une  place 
intermédiaire. 

»  Enfin,  un  acide  de  formule  C'H'*0*  que  l'on  supposerait  homologue  de  l'acide 
tricarballylique  C'H^O'^  aurait  pour  chaleur  de  formation  probable  35o'^''',  et  ce 
nombre  surpasserait  de  6  x  17'^'''  la  chaleur  de  formation  du  triformal  de  la  mannile 

CH^ —  CH  —  CH  —  CH  —  CH  —  CH^,  qui  a  six  liaisons  oxygénées. 
I  I  I  I  I  I 

OCH^O         OCH^O         OCH^O 

»  En  somme,  la  différence  entre  un  formai  et  un  acide  isomère  passe 
ainsi  successivement  de2  x  21^^',  à  4  X  18^"', 9  et  à  6  X  17^"';  elle  est  tou- 
jours considérable,  tout  en  paraissant  s'amoindrir  avec  la  multiplicité  des 
liaisons  oxygénées.  La  différence  est  un  peu  moindre  pour  les  acétals. 

w   De  ces  comparaisons  dérive   immédiatement  l'étude  d'un  cas   plus 


(  779  ) 
intéressant,  fréquent  dans  la  série  aromatique,  où  les  mêmes  composants, 
aldéhyde  et  phénol  (au  lieu  d'alcool),  peuvent  donner  lieu,  soit  à  la  for- 
mation d'un  acétal  de  phénol,  soit  à  la  formation  d'un  diphénol  isomère 
où  le  groupement  carboné  de  l'aldéhyde  s'est  attaché  directement  au  car- 
bone du  phénol.  Ce  diphénol  doit  avoir  une  chaleur  de  formation  plus 
élevée. 

/OC"'H" 
))  J'ai  vérifié  le  fait  sur  le  formai  du  3-naphtol  CH^-,   ^^  „,^  j,,  el  son  isomère  le 

P-dinaphtylol-mélhane   CH^cT  „,^       „     .    Voici    les    chaleurs    de    combustion    par 
gramme  : 

p-dinaphlylol-méthane.  .      8261"', 8     8244"', 5     8260"', 6         Moyenne...      82D2"',2 
Formai  dû  p-naphtol...  .     8342'--'",2     8822"',  i     834i«i,5         Moyenne...     8335"', 6 

»  D'où  l'on  déduit  : 

Dinaphtylol.        Formai. 
cal  cal 

_,    ,         ,  ,        .  ,.      1  •      (  à  volume  constant.  .  .      2475,7  25oo,7 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  <  ,  .  ,        '  „        , 

(  a  pression  constante.      2477,4  2002,4 

Chaleur  de  formation  moléculaire 54,9  29,9 

»  Ainsi,  la  chaleur  de  formation  du  composé  où  l'oxygène  n'est  pas  doublement  lié 
au  carbone  surpasse  celle  de  l'isomère  de  constitution  acétalique  de  23'^"',  soit 
2  X  12^''', 5,  chiffres  de  l'ordre  de  grandeur  de  ceu\  qui  se  rapportent  au  mélhylal,  à 
l'acélal  et  aux  glycols  isomères,  toutefois  un  peu  moindres. 

»  On  a  encore  pour  les  réactions  génératrices  : 


CH'Odiss.    I-  2C'«H'Osol.  - 


CH2(C"»H«OH)îsol.-HH=01iq....     -f-26C''i,i  (i) 
CH={OC"'H')=sol.    +H20liq....      -*-    i'^^\i  (2) 


»  Le  nombre  i^'*',!  laisserait  supposer  que  la  réaction  déformation  ou 
de  décomposition  du  formai  est  réversible.  Mais  il  n'en  est  rien,  car  les 
composants  mis  en  liberté  dans  une  décomposition,  par  exemple,  s'uniront 
non  pas  suivant  le  second  mode,  mais  suivant  le  premier,  qui  échappe  à  la 
réversibilité  [lar  suite  de  la  nature  unitaire  du  composé  formé.  En  fait,  j'ai 
vérifié  par  l'expérience  que  le  formai  du  p.-naphtol,  chauffé  à  100°  pendant 
une  dizaine  d'heures  avec  dix  fois  son  poids  d'alcool  absolu  et  une  goutte 
d'acide  chlorhydrique,  s'était  transformé  en  son  isomère.  Ce  résultat  et  les 
précédentes  déterminations  entreprises  sur  les  acétals  viennent  donc  corro- 
borer et  étendre  les  relations  thermiques  qui  existent  entre  différents 
isomères.    » 


(78o) 


CHIMIE   ORGANIQUE.   —  Sur  la  valeur  acidimètrique  des  acides  benzo'iques 
monosubstitués.  Note  de  M.  G.  Massol. 

«  J'ai  étudié  ihermiquemenl  les  trois  acides  oxybenzoïqiies,  les  trois 
acides  nitrobenzoïques,  les  acides  orlho-,  chloro-  et  iodobenzoïqiies  et  les 
acides  o-  et  jo-bromobenzoïques.  Pour  chacun  d'eux,  j'ai  déterminé  la 
chaleur  de  neutralisation  par  la  soude,  la  chaleur  de  dissolution  du  sel  de 
soude  anhydre  et,  pour  quelques  acides,  la  chaleur  de  dissolution  dans 
l'eau  (vers  +15°)  lorsque  la  solubilité  a  été  suffisante;  mais,  en  général,  ces 
acides  sont  fort  peu  solubles  dans  l'eau. 

»  A  l'aide  de  ces  données,  j'ai  calculé  les  chaleurs  de  formation  des  sels 
de  soude  anhydres  et  solides,  à  partir  des  éléments  solides.  Tous  les 
nombres  ci-dessous  correspondent  à  l'équation  générale 

Acide  sol.  h-  NaOH  sol.  =  sel  anhydre  sol.  -f-  H*0  sol.  +  Q. 

))  Toutes  les  déterminations  ayant  été  faites  dans  les  mêmes  conditions 
de  température  et  de  dilution,  les  chaleurs  de  formation  obtenues,  com- 
parées à  celles  du  benzoate  de  soude,  permettent  d'apprécier  l'influence  de 
l'atome  de  Cl,  Br,  I  ou  du  groupement  OH  et  NO^  substitué,  et  de  mesurer 
ihermiquement  l'accroissement  de  l'acidité  de  la  molécule. 

»  1°  Acides  oxybenzoïques.  —  L'introduction  d'un  oxliydrile  phénolique  dans  la 
molécule  benzoïque  augmente  l'activité  chimique  du  carbox^le  si  la  substilulion  est 
effectuée  en  position  ortlio,  tandis  que  l'influence  est  très  faible  pour  les  substitutions 
en  meta  el  para. 

)i  C'est  ce  que  montrent  les  chaleurs  de  formation  de  sels  de  soude  de  ces  trois 
acides,  comparées  à  celles  du  benzoate  de  soude. 

Cal 

Benzoate  de  soude -t-17,40  (B.) 

Ortho-oxybenzoate  de  soude -+-19,  i5  (M.) 

Méta-oxjbenzoate  de  soude +'7>77  (M-) 

Para-ox}  benzoate  de  soude +'7  )79  (M-) 

»  2°  Acides  bromobenzoïqucs.  —  Les  acides  orlho  et  para-bromobenzoïques  m'ont 


donné  des  résultats  analogues 


Cal 


Ortlio-monobromobenzoate  de  soude -1-17,99  (M.) 

Para-monobromobenzoate  de  soude -1-17,39  (M.) 

»  L'acide  brome  en  position  orlho  dégage  o'^'',59  de  plus  que  l'acide  benzoïque, 


(  78i  ) 

tandis  que  l'acide  para  dégage  la  même  quantité  de  chaleur;  l'action  du  brome  en 
position  para  est  nulle. 

»  3°  Acides  chloro  et  iodobenzoïques.  —  Je  n'ai  étudié  que  les  acides  ortho,  les 
meta  et  para  n'ayant  pu  être  oTitenus  dans  un  état  de  pureté  suffisant  (les  dosages 
de  Cl  et  I  à  l'état  de  sels  d'argent  ne  correspondaient  pas  exactement  à  un  acide 
monosubstitué  ). 

Ortho-monochlorobenzoate  de  soude -f- i8"^''',87  (  M  ) 

Orllio-monoiodobenzoate  de  soude +  17*^"', 78  (M) 

l'influence  de  l'atome  d'halogène  substitué  est  très  nette  pour  le  chlore,  assez  faible 
pour  l'iode. 

»  4°  Acides  nitrobenzoïques.  —  Ces  acides  donnent  des  résultats  analogues,  mais 
l'influence  du  groupe  IVO-  est  beaucoup  plus  considérable  que  celle  des  haloïdes  et  se 
fait  encore  sentir  très  nettement  en  position  para. 

Cal 

Ortho-nitrobenzoale  de  soude -t-  20,36  (M) 

Méta-nitrobenzoale  de  soude -H  19,89  (M  ) 

Para-nitrobenzoate  de  soude +  i9,3i  (M) 

»  Si  maintenant  on  compare  les  quantités  de  chaleur  dégagées  par  les 
acides  substitués  en  position  ortho  par  des  radicaux  différents,  et  si  l'on 
met  en  évidence  l'augmentation  de  chaleur  dégagée  par  rapport  à  l'acide 
benzoïque  : 

DifTcreiice. 
Cal  Cal 

Benzoate  de  soude -t-  17, 4o  " 

Orlho-nitrobenzoate  de  soude -+-28,39  +2,99 

Ortho-o\ybenzoate  de  soude -h  19,  i5  -v-  i  ,75 

Orlho-chlorobenzoate  de  soude +18,87  H-  '  )47 

Ortho-bromobenzoale  de  soude +'7)99  +0)59 

Ortho-iodobenzoate  de  soude -t-  17,78  +0,33 

on  observe  qu'en  position  ortho  c'est  le  groupe  NO^  qui  détermine  la  plus 
forte  augmentation  de  chaleur,  puis  vient  l'oxhydrile  et  enfin,  par  ordre 
décroissant  :  le  chlore,  le  brome  et  l'iode. 

»  En  position  meta,  l'acide  nilrobenzoïque  dégage  nettement  plus  de 
chaleur  que  l'o-benzoïqiie  (  +  2*^^');  l'acide  /n-oxybenzoïque  ne  donne 
qu'une  augmentation  de  -i-o^''',37. 

»  Enfin  en  position  para  l'influence  de  NO*  se  fait  encore  sentir  : 
+  o'^''',4;  l'oxhydrile  OH  produit  la  même  augmentation,  mais  le  brome 
n'a  plus  aucune  action.    » 


(782  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Passage  de  l'anéthoi  à  V acide  anisique  par 
cinq  oxydations  successives.  Note  de  M.  J.  IÎougaclt. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (  '  ),  j'ai  déjà  fait  connaître  les  deux  pre- 
miers termes  de  cette  série  d'oxydations  ;  j'ai  montré,  en  effet,  que  l'ané- 

thol,  traité  par  I  et  HeO,  donne  l'aldéhvde  CH'O  —  C«H'  —  CH(^^,„ 
'  ^  -  XLH'', 

et  que  ce  dernier,  oxydé  par  l'oxyde  d'argent,  donne  l'acide  correspon- 
dant  CH»0  -  C«H''  -  CHC^^j;, 

»  En  continuant  l'oxydation,  on  peut  transformer  cet  acide,  par  le 
mélange  chromique,  en  acétone  CH'O  —  CH'  —  CO  —  CH'. 

»  Cet  acétone,  à  son  tour,  traité  par  le  MnO^R,  en  milieu  alcalin, 
devient  l'acide-acétone  CH'O  —  C»H'  -  CO  -  CO*H. 

»  Enfin,  le  MnO^K  en  milieu  acide  transforme  facilement  l'acide-acé- 
tone en  acide  anisique  CH'  O  —  C  H  '  ^  CO"  H. 

»  Cette  suite  de  réactions  est  également  fournie,  avec  des  rendements 
variables,  par  l'isosafrol,  l'isométhyleugénol,  l'isoapiol,  et  semble  bien, 
par  suite,  être  caractéristique  de  la  chaîne  propénylique. 

))  1 .  Préparation  du  paraméthoxyacétophénone  CH'O  —  C°H  '  —  CO  —  CH  ' . 
—  On  peut  l'effectuer  à  partir  de  l'acide  paraméthoxyhydratropique,  comme 
je  l'ai  dit  plus  haut,  mais  il  est  plus  avantageux,  au  point  de  vue  des  ren- 
dements (70  pour  100  au  lieu  de  3o  à  [\o  pour  100),  d'employer  la  combi- 
naison du  bisulfite  de  soude  avec  l'aldéhyde  paraméthoxyhydratropique. 

»  On  prend  So?"'  de  cette  combinaison  bisulfitique,  goS"'  de  Cr^O'K^  grossièrement 
pulvérisé,  et  l'on  met  le  tout  dans  un  raatras  avec  1206''  d'eau.  On  y  verse  d'abord  60S'' 
d'un  mélange  à  parties  égales  d'acide  sulfurique  et  d'eau.  On  chauffe  doucement  pour 
commencer  la  réaction;  celle-ci  s'eflectue  ensuite  d'elle-même  et  devient  très  éner- 
gique. Il  se  produit  une  vive  effervescence,  qu'on  modère  si  besoin  est,  tout  en  lais- 
sant à  la  réaction  une  allure  assez  vive. 

))  Dès  que  le  dégagement  gazeux  se  ralentit,  on  ajoute  une  nouvelle  dose  de  60?'' 
d'acide  sulfurique  dilué  au  \,  puis,  un  peu  après,  une  troisième  dose  de  6oS'',  et  on 
laisse  la  réaction  s'achever  d'elle-même. 

i>   Pendant  toute  l'opération  il  se  dégage  une  odeur  très  nette  d'aldéhjde  anisique. 

(')   Comptes  rendus,  t.  C\XX,  25  juin  1900. 


(783) 

»  Lorsque  le  liquide  est  suffisamment  refroidi,  on  l'épuise  à  l'éther;  ce  dernier  est 
lavé  à  l'eau,  puis  avec  une  solution  faible  de  carbonate  de  soude  pour  enlever  des 
traces  d'acide  anisique.  Finalement,  on  l'évaporé  et  l'on  obtient  un  résidu  huileux  qui 
ne  tarde  pas  à  cristalliser. 

»  On  purifie  par  traitement  à  l'éther  de  pétrole  bouillant,  qui  le  dissout  et  l'aban- 
donne par  refroidissement. 

M  J'ai  identifié  ce  corps,  par  son  point  de  fusion  (38")  et  le  dosage  de 
C  et  H,  avec  le  paraméthoxyacétophénone  obtenu  antérieurement  par 
l'action  du  chlorure  d'acétyle  sur  l'anisol  en  présence  du  chlorure  d'alu- 
minium et  en  solution  sulfocarbonée. 

»  2.  Préparation  de  l' acide  parainèlhoxYphénylglyoxyhque , 

CH'0-C«H^  -CO-CO=H. 

Ce  corps  a  déjà  été  obtenu  par  action  de  MnO^K  sur  l'anéthol  ('); 
on  obtient  en  même  temps  de  l'acide  anisique,  qui  ne  se  produit  pas  en 
opérant  comme  je  l'indique  ci-dessous. 

»  On  dissout  à  chaud  2oS''  de  MnO^K  dans  3oo"  d'eau;  on  ajoute  i5'='^  de  lessive  de 
soude,  et  on  laisse  refroidir  complètement.  On  ajoute  alors  4^''  de  paraméthoxyacéto- 
phénone, et  on  laisse  en  contact  pendant  12  heures  en  agitant  fréquemment. 

»  Au  bout  de  ce  temps  on  verse  la  liqueur,  devenue  verte,  dens  un  peu  de  bisulfite 
de  soude  pour  détruire  le  manganate  ;  on  filtre,  on  acidulé  par  H  Cl  et  l'on  agite  avec 
de  l'éther.  Celui-ci,  lavé  à  l'eau,  puis  évaporé,  laisse  comme  résidu  l'acide-acétone  en 
question.  (Rendement,  90  pour  100.) 

»  Cet  acide  est  un  peu  soluble  dans  l'eau  froide,  très  soluble  dans  l'eau  bouillante, 
l'alcool,  l'éther,  peu  soluble  dans  la  benzine,  presque  insoluble  à  froid  dans  l'éther 
de  pétrole,  peu  soluble  à  chaud. 

))  Il  cristallise  avec  une  molécule  d'eau,  qu'il  perd  en  partie  à  la  température  ordi- 
naire. Anhydre,  il  fond  à  88°-89''.  Maintenu  à  une  température  de  5o°  à  70°,  il  se 
sublime  lentement  en  llocons  lanugineux  très  légers. 

»  Sa  solution  aqueuse  précipite  l'azotate  d'argent;  le  précipité  se  redissout  à  chaud. 
Le  sel  de  baryum  est  également  peu  soluble  à  froid. 

»  L'identification  a  été  faite  par  le  point  de  fusion  et  l'analyse  du  sel  de 
baryum. 

»  3.  Acide  anisique,  CU^O  —  CH'-CO^H.  —  Enfin,  l'acide-acétone 
précédent,  traité  par  une  solution  de  Mn  O^  K  acidulée  par  SO"*  H^,  est  oxydé 
instantanément  à  froid,  avec  production  quantitative  d'acide  anisique. 

(')  Garelli,  Gazelta  chiinica  italiani.,  l.  XX,  p,  698. 


(  7^4  ) 
»  Cette  dernière  opération  termine  la  série  des  oxydations  successives 
qui,  de  l'anéthol,  conduisent  à  l'acide  anisique,  en  permettant  d'isoler 
quatre  termes  intermédiaires. 

»  Je  résume  ci-dessous  les  diverses  étapes  de  cette  oxydation  régulière, 
en  mettant,  en  regard  de  chaque  terme,  les  agents  qui  le  fournissent  à  partir 
du  précédent. 

(Anéthol) CH'O  -  C«H*-  CH  =  CH  -  CH' 


Par  HgO  et  I CH^O  -  C«H^—  CH 


/CHO 


Par  Ag^O  alcalin CH^O  —  OH*  —  Cr/^^]*^ 

Par  mélange  chromico-sulfurique. .  CtPO  —  C^H' —  CO  —  CH' 

Par  MnO*K  alcalin CH'O    -  C«H*-  CO  —  CO^H 

Par  MnO*K  acide CH^O  —  C=H*—  GO^H 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  loi  des  auxochromes.  Noie  de  M.  P.  Lemoulï, 

présentée  par  M.  Moissan. 

«  Dans  une  Note  récente  (Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  485),  MM.  Ca- 
niichel  et  Bayrac  énoncent  la  conclusion  suivante  :  «  lia  loi  des  auxo- 
»  chromes  n'existe  pas  davantage  pour  les  composés  du  triphénylmélhane 
»   que  pour  les  indo[)hénols   ». 

»  Je  crois  que  cette  opinion  n'est  pas  suffisamment  justifiée;  voici 
quelques  reproductions  de  photographies  qui  montrent  ce  que  l'on  doit 
penser  de  celte  loi.  J'ai  employé  les  quatre  colorants  suivants  : 

Premier  groupe  :  (  n°  1 .    Oxalale  de  tétraméth3fldiamidotrlphénylcarbinol, 
2  Azole  tertiaires.    |   n°  2.   Sulfate  de  tétraélhjldiamidotriphénycarbinol. 


i    n"  3.    Chlorhydrate  d'hexaéthyltriamidotriphénylcarbinol, 

*    .   ;      ■     (   n°  4^.   Diméthvldiélhvldibenzvllriamidolriphénylcarbinol  disul- 
3  Azote  tertiaires,    i  /.J^T  r       j 

(  fonale  de  INa  ; 

et  j'ai  photographié  celles  des  radiations  qu'ils  laissent  passer  en  solution 
aqueuse  (i  molécule-gramme  =:=  looo'")  sous  une  épaisseur  constante, 
l'éclairement,  la  durée  de  pose  et  de  développement  restant  constants.  La 
raie  D  sert  de  repère. 


(785  ) 

»  Les  épreuves  1  et  2  présentent,  en  allant  de  gauche  à  droite,  une  bande 
blanche,  image  de  la  bande  lumineuse  rouge,  puis  la  raie  D,  puis  une 
seconde  bande  blanche  plus  large,  variable  de  lune  à  l'autre;  elle  con- 
stitue le  caractère  individuel  de  chaque  colorant. 

»  Les  épreuves  3  et  4  présentent  la  même  disposition. 


»  Si  l'on  examine  celles  des  bandes  qui  sont  à  gauche  de  la  raie  D,  on 
voit  qu'elles  se  prolongent  presque  exactement  sur  les  épreuves  1  et  2 
(caractère  de  famille)  et  que,  sur  les  épreuves  3  et  4,  il  en  est  très  sensi- 
blement de  même,  quoique  la  bande  4  déborde  légèrement  la  bande  3.  De 
plus,  chacun  de  ces  groupes  est  très  nettement  déplacé  par  rapport  à 
l'autre.  Ceci  montre  que  la  bande  lumineuse  rouge  des  spectres  d'ab- 
sorption des  colorants  du  triphénylméthane  occupe  la  même  position 
quand  ils  ont  2  atomes  d'azote  tertiaires  auxochromes,  ou  bien  quand  ils 
en  ont  3,  mais  que  celle  position  varie  de  l'un  à  l'autre  cas.  C'est  en  cela 
que  consiste  la  loi  des  auxochromes. 

L'opinion  de  MM.  Camichel  et  Bayrac  est  basée  sur  l'étude  photomé- 
trique de  ces  bandes;  ils  en  ont  conclu  qu'elles  commencent  dans  le 
spectre  visible  pour  se  terminer  dans  l'infra-rouge.  Quoique  leurs  obser- 
vations soient  arrêtées  à  la  radiation  o^^,  7^0  environ,  on  doit  admettre  que 
la  transparence  des  solutions  étudiées  persiste  au  delà  de  cette  radiation, 
jusqu'à  une  limite  inconnue  qu'il  serait  utile  de  déterminer.  Mais  quoi  qu'il 
en  soit  de  cette  bmile,  elle  ne  saurait  avoir  d'influence  sur  la  loi  des  auxo- 
chromes, dont  l'existence  est  liée  à  la  possibilité  de  déterminer /7/aZ;(/Me- 
menl  le  bord  gauche  (du  côté  de  l'infra-rouge)  des  bandes  lumineuses  vi- 
sibles. Voici  comment  j'opère  pour  cette  détermination  :  le  spectroscope 
est  muni  d'un  réticule  que  l'on  déplace  dans  la  bande  jusqu'à  ce  qu'il  cesse 
d'être  visible;  on  éclaire  alors  le  micromètre  resté  jusque-là  dans  l'obscu- 
rité et  on  lit  la  division  correspondante.   En  opérant  ainsi,  les  solutions 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  12.)  101 


(  78(3  ) 
dont  il  a  été  question  plus  haut  m'ont  donné,  dans  les  conditions  où  elles 
ont  été  photographiées  : 

N"  1.  Bande  rouge  de  4  à  3o.  )  ,.  ^  N"  3.  Bande  rouge  de  6  à  42.  )  ,,  ^ 

NO  2.  >>  de^à.S.r'"^^--'^-         NO  4.  »  de  6  à /,6.  1  ^"^""  ^^- 

Déplacement  moyen g  divisions. 

»  La  possibilité  de  ces  déterminations  ne  m'est  pas  personnelle;  je  l'ai 
fait  constater  à  de  nombreux  observateurs,  et  MM.  Camichel  et  Bayrac  l'ont 
reconnue  eux-mêmes,  puisqu'ils  disent  :  «  Le  milieu  de  la  bande  rouge  va 
i>  du  côté  de  l'infra-rouge  w  (Comptes  rendus,  t.  CXXH,  p.  i^\),  ou  bien  : 
«  La  bande  rouge  occupe  une  position  invariable  »  {Comptes  rendus. 
t.  CXXXL  p.  1002),  et  puisqu'ils  ont,  en  outre,  fixé  cette  position  par  un 
chiffre  : 

Position  de  la  bande  rouge  sur  le  micromètre  oculaire 28  et  29 

«  Nous  avons  trouvé  comme  position  de  la  bande  [\o,  au  lieu  de  28  » 
{Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  I94eti95).  Avec  une  approximation,  sans 
doute,  très  voisine  de  celle  qui  a  paru  suffisante  à  ces  observateurs  pour 
affirmer  la  fixité  de  la  bande  rouge  dans  le  cas  des  indophénols,  on  peut 
affirmer  l'exactitude  de  la  loi  des  auxochromes;  j'ajoute  que  cette  ap- 
proximationa  toujours  été  suffisante  pour  les  applications  d'ordre  chimique 
(détermination  de  quelques  formules  de  constitution)  que  j'ai  faites  et  que 
je  publierai  ultérieurement. 

»  Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  la  loi  des  auxochromes  ne  présente  pas  un  ca- 
ractère absolu,  et  son  application  est  assez  laborieuse  ;  je  crois  être  parvenu 
à  m'affranchir  de  ces  inconvénients  par  l'étude  des  déformations  des 
spectres  d'absorption  avec  la  dilution. 

»  Si  l'on  dilue,  par  exemple,  les  solutions  n^'S  et  4,"  la  largeur  delà  bande 
des  radiations  absorbées  diminue,  peu  du  côté  rouge,  plus  rapidement  de 
l'autre  côté;  pour  unedilution  convenable  (de  i  mol.  dans  5oooo'"  à  i  mol. 
dans  looooo'"),  cette  bande  se  fragmente  en  deux;  les  épreuves  n°^  5  et  6 
(durée  de  pose  :  5  minutes  au  lieu  de  3o  minutes  pour  l'épreuve  n°  3) 
représentent  l'état  du  spectre  à  ce  moment  :  une  bande  blanche,  image  du 
rouge,  puis  une  première  bande  noire  à  peu  près  limitée  par  la  raie  D,  puis 
une  bande  blanche,  puis  une  seconde  bande  noire  plus  large  et  moins 
intense  que  la  |)remière,  puis  enfin  une  très  large  bande  blanche  de  radia- 
tions non  absorbées;  l'épreuve  n°  6  est  faite  dans  les  mêmes  conditions 
avec  le  colorant  iî°  4.  Si  l'on  dilue  encore,  on  observe  «le  spectre  ininter- 


(787  ) 

))  rompu  présentant  seulement  une  ombre  grisâtre  »  que  j'ai  déjà  signalé 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  i44)-  Cette  ombre,  qui  caractérise  ces 
sortes  (le  spectres-limites,  occupe  la  même  place  que  la  première  des  bandes 
noires  dont  je  viens  de  parler.  Dans  le  cas  actuel,  depuis  la  dilution 
I  mol.  =  25  000'"  jusqu'à  i  mol.  =  200000"*,  le  maximum  d'obscurité  reste 
à  la  division  86;  cela  détermine  les  radiations  de  plus  facile  absorption;  au 
delà  de  cette  limite,  l'ombre  grise  devient  difficile  à  saisir.  Pour  un  colorant 
du  même  groupe  que  3,  le  n"  4,  par  exemple,  quand  on  atteint  une  dilu- 
tion suffisante,  la  bande  d'absorption  limite  se  fixe  très  sensiblement  au 
même  point  :  division  84. 

»  Les  colorants  1  et  2  donnent  lieu  aux  mêmes  observations,  mais  la 
bande  limite  se  fixe  cette  fois  en  une  position  différente,  division  63  pour 
le  n°  1  et  division  60  pour  le  n"  2;  d'un  groupe  à  l'autre,  le  déplacement 
est  très  net. 

»  J'espère  tirer  de  ces  faits,  en  les  généralisant,  un  énoncé  absolu  de  la 
loi  des  auxochromes  et  se  prêtant  facilement  aux  applications  de  celte  loi.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  naphtylol-naphtyl-oxy-naphlylmélhane 

Note  de  M.  R.  Fosse,  présentée  par  iVI.  A.  Haller. 

«  On  l'a  préparé  en  appliquant  la  réaction  de  Baever  à  l'aldéhyde  oxy- 
naphtoïque  et  au  |î-naphtol. 

»  A  une  solution  acétique  de  2  molécules  de  naphtol  p,  i  molécule  d'aldéhyde  oxv- 
naphtoïque,  on  a  ajouté  une  très  grande  quantité  d'acide  sulfurique  et  l'on  a  abandonné 
longtemps  le  mélange  à  froid.  Quand  il  ne  s'est  plus  formé  de  cristaux,  on  a  traité  par 
l'eau,  essoré  le  précipité  et  lavé  à  la  soude.  Le  produit  très  peu  soluble  dans  le  ben- 
zène, l'alcool,  l'éther,  le  sulfure  de  carbone  bouillants,  est  très  soluble  dans  le  nitro- 
benzène  chaud  et  assez  soluble  dans  l'acétone.  On  a  fait  d'abord  cristalliser  dans  le 
nitrobenzène,  puis  dans  l'acétone.  On  obtient  alors  de  beaux  cristaux  incolores 
devenant  blancs  par  dessiccation.  Point  de  fusion  278°. 

»  Ce  corps  possède  bien  la  formule 

/C"'H*''\ 
OH-C'oH«-CH/^.„^^)0; 


il  s'est  formé  d'après  l'équation 


,/C'»H« 


OH  -  C">H«-  CHO  +  2C"'H'0H  =  OH  -  C'»H<^-  CH<'  t!,  "   )0  H-  2H2O. 


(  7«8  ) 

»  L'analyse  et  la  cryoscopie  lui  altribuent  la  formule 

C"H"0'. 

»  Cryoscopie.  —  Quoique  très  soluble  à  chaud  clans  le  nilrobcnzène  il  est  trop  peu 
soluble  à  froid  pour  être  cryoscopé  dans  ce  dissolvant.  L'élher  mélhyiique,  qui  possède 
une  solubilité  supérieure  à  i  pour  loo,  a  permis  une  détermination  très  approchée. 

Trouvé  :  M  =  43i.  Théorie  pour  Q'H^oO^  :  M  =  438. 

»  Quoique  possédant  un  OH  phénolique,  ce  corps  ne  se  dissout  pas  dans  les  alcalis; 
on  peut  en  attribuer  la  cause  à  son  grand  poids  moléculaire;  il  se  dissout  pourtant 
dans  les  alcalis  en  solution  alcoolique  et  l'eau  le  précipite  de  ses  solutions. 

»  La  preuve  de  l'existence  de  l'OII  est  démontrée  par  la  formation  d'un  dérivé  acé- 
tique, d'un  élher  méthylique,  élhylique;  enfin  la  synthèse  de  ce  corps,  en  parlant  de 
OH  — C'H''— COH,  prouve  bien  que  l'OH  est  phénolique  ('). 

»  Élher  acétique  :  CH' —  CO'-—  C'^H^  — CH  \  f^ous/  *^  ol^^^n"  enchauflfant  avec 

l'anhydride  acétique  et  faisant  cristalliser  dans  le  benzène;  point  de  fusion  285°.  L'ana- 
lyse a  donné  pour  le  carbone  83,34,  84,24,  84,46;  la  théorie  exige  84,97.  I^^ur  l'hy- 
drogène, on  a  trouvé  4,66,  4,8;  théorie,  4 172.  Le  dosage  de  l'acide  acétique  a  donné 
12,3  pour  100;  théorie,  12,87. 

»  Éther  mélhyiique  :  CIP —  O  —  C'H*—  CH  Xpioos/  *-*  obtenu  par  l'action  de 

CH'I  sur  une  solution  alcoolique  potassée,  point  de  fusion  255°.  L'analyse  a  donné 
C  =  87,61  ;  la  théorie  exige  87,61.  Pour  l'hydrogène  H  ^  5,2o;  théorie,  5, 02. 

«  Éther  élhylique  :  CHP  —  O  —  C'^H»—  CH  \^!Ig!/  0;  point  de  fusion  3o4°. 

))  Formule  de  conslilution  :  Les  deux  seules  formules  de  constitution   possibles 


(')  Synthèse  du  mélhoxynaphtyl-naphlyl-oxy-naphtylmélhane 

/C"H'^\ 
CH^O-G'oHe-CH/^,„jj,\o. 

Pour  démontrer  que  l'OH  est  bien  phénolique,  nous  avons,  sur  le  conseil  de  M.  Haller, 
fait  réagir  l'élher  méthylique  de  l'aldéhyde  oxy-naphtoïque  sur  le  naphtol  p.  Nous 
avons  obtenu  le  méthoxynaphtyl-naphtyl-oxy-naphtylméthane 

CH3-0-C'OH«_CH/^,„J^„)0 

fondant  à  255",  identique  au  dérivé  méthylique  obtenu  en  faisant  agir  ClPl  sur 
Q3ij^2o02  en  solution  potassique. 

La  synthèse  de  ce  corps  a  eu  lieu  suivant  l'équation 

ClP-0-C'«H«-C0H  +  2C'»H'0H  =  CIP0-G'»Il«-GH<^^,'°j^[^0-i-H^0. 


(  789  ) 

sont  les  suivantes  : 


C'»H6  — 

OH 

hM 

/ 

/        \ 

\ 

\ 
\ 

0 

C">H6-0H 

1 

GH 


/\         /\        /\        <^\         /\ 
/         \/         %/         \^         \/         \ 

\         /\        ^\         /\         /\         / 

\/         \^        \/         %/         \/ 

O 

»  On  sait,  en  elTel,  que  dans  la  condensation  des  aldéhydes  avec  les  phénols  le  car- 
bone aldéhydique  se  soude  toujours  avec  les  atomes  de  carbone  du  phénol  situés  en 
para  de  l'OH.  Quand  la  position  para  est  prise,  le  CJ\  se  soude  avec  les  atomes  de 
carbone  des  deux  molécules  phénoliques  situés  en  ortho  par  rapport  à  l'OH.  Ici  il  y  a 
deux  positions  ortho,  en  a  et  en  p.  Comme  dans  le  naphtol  p,  la  position  1  voisine  est 
celle  qui  entre  la  première  en  réaction;  nous  adoptons  la  première  formule,  qui  est 
celle  d'un  dérivé  du  pyrane  possédant  une  partie  commune  avec  deux  noyaux  naph- 
taléniques  et  qu'on  peut  dénommer  naplitylol-dinaphtopyrane.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  zinc  sur  le  dibromure  et  le  diiodure  de 
tétraméthylêne.  Note  de  M.  l'abbé  J.  Hamoxet,  présentée  par  M.  Georges 
Lemoine. 

«  Le  triméthylène  est  le  premier  terme,  le  prototype  d'une  famille  très 
intéressante,  mais  dont  on  connaît  fort  peu  de  membres.  Après  lui,  on  a 
cité  le  pentaméthylène,  l'hexaméthylène  ou  hexahydrobenzène  et  ses 
homologues  supérieurs,  mais  sans  que  l'on  ait  démontré  nettement  quelle 
analogie  existerait  entre  eux.  Jusqu'ici,  malgré  de  nombreuses  recherches, 
le  tétraméthylêne  n'a  pas  été  obtenu;  on  ne  pouvait  même  en  espérer  ki 
synthèse  par  la  méthode  directe  :  action  d'un  métal  sur  le  butane  dihalo- 
géné  en  1.4,  puisque  ce  dernier  n'avait  pas  été  préparé.  C'est  avec  le  désir 
de  combler  cette  lacune  que  j'ai  entrepris  la  préparation  du  dibromo- 
butane  1.4  et  du  diiodobutane  1.4,  dont  j'ai  rendu  compte  ici  même  ('). 

»  On  conçoit  en  effet  qu'en  enlevant  l'iode  ou  le  brome  à  C'H'P.  1.4 
ou  C  '  H"  Br-.  1 .4  on  puisse  espérer  la  production  du  tétraméthylêne.  D'après 
l'hypothèse  et  les  calculs  de  M.  Ad.  Bayer  (^),  une  chaîne  formée  de  quatre 
chaînons  CH^  devrait  se  fermer  plus  facilement  et  être  ainsi  plus  stable 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  346. 
C)  Berichte,  t.  II,  p.  2279;  i885. 


(  790  ) 
que  la  chaîne  tritnélhvlénique.  On  va  voir  cependant  que,  dans  les  condi- 
tions où  celle-ci  s'obtient,  celle-là  ne  se  forme  pas. 

»  Action  du  G''H*Br-.i.4  et  du  G*H*I-.i.4  sur  le  sodium,  sur  le  zinc  en  pré- 
sence de  l'alcool.  —  Si  l'on  fait  tomber  goutte  à  goutte  soit  le  dibromobutane, 
soit  le  diiodobutane  sur  du  sodium  en  fils  contenu  dans  un  ballon,  une  vive  réaction  ne 
tarde  pas  à  se  déclarer,  et  peut  même  devenir  explosive.  La  masse  charbonne,  d'abon- 
dantes fumées  se  dégagent,  et  le  gaz  recueilli  est  très  riche  en  hydrogène.  Si  l'on  ajoute 
au  butane  dihalogéné  du  benzène,  du  toluène,  du  xvlène,  le  sodium  n'agit  plus,  même 
à  la  température  d'ébullition  de  ces  liquides.  Ces  expériences  préliminaires  me  for- 
cèrent d'abandonner  la  réaction  de  Freund  pour  employer  celle  de  Gustavson, 

»  J'ai  donc  fait  agir  le  dibromobutane  et  le  diiodobutane  sur  le  zinc  en  poudre  en 
présence  d'alcool  à  75°,  à  80°,  à  gS",  à  la  température  d'ébullition.  La  réaction  n'est 
pas  très  vive;  il  se  dégage  un  gaz  hydrocarboné,  dont  une  faible  quantité  seulement 
est  absorbable  par  le  brome,  10  pour  100  environ,  même  en  employant  un  excès  de 
brome,  suivant  les  recommandations  faites  par  M.  Berthelot  pour  le  traitement  du 
tri  méthylène  ('). 

»  Ce  gaz  contient  en  outre  20  à  3o  pour  100  d'hydrogène  ;  le  reste  se  condense  dans 
le  mélange  de  glace  et  de  sel  en  un  liquide  bouillant  à  -f-  1°,  de  densité  égale  à  0,606. 
Les  nombres  que  fournit  ce  dernier,  soit  à  l'anaUse  eudiométrique,  soit  à  l'analyse  à 
la  grille,  correspondent  bien  à  ceux  que  donnerait  le  butane  :  G  pour  loo  trouvé,  81,2  ; 
calculé,  82,7  ;  H  pour  100  trouvé,  16, 65;  calculé,  17,2.  Les  différences  entre  les  quan- 
tités trouvées  et  les  quantités  théoriques  s'expliquent  très  bien  par  ce  fait  que  le 
butane  est  très  facilement  absorbé  par  le  caoutchouc.  Une  petite  partie  de  substance 
a  pu  se  perdre  ainsi  à  Injonction  de  l'ampoule  et  du  tube  à  combustion. 

»  Ainsi  le  diiodobutane  et  le  dibromobutane  ont  été  tout  simplement  hydrogénés. 
Il  convient  de  rapprocher  de  cette  expérience  celle  de  MM.  Zélinsky  et  Namounof 
qui,  en  traitant  de  la  même  façon  l'hexane  diiodé  en  2.  5.  CH'  GHI  CH^  GH'  CHI  CH', 
ont  obtenu  non  le  diméthyltétraméthylène,  qu'ils  pouvaient  espérer,  mais  unique- 
ment l'hexane  normal  C). 

»  Action  du  diiodobutane  1.4  el  du  dibromobutane  1.4  sur  le  zinc  seul.  — 
Pour  éviter  l'action  hydrogénanle  de  l'alcool,  la  suppression  de  ce  corps  était  tout 
indiquée.  J'essayai  donc  de  faire  réagir  le  zinc  seul  sur  le  butane  dihalogéné.  Je  pou- 
vais espérer  soit  du  zinc  tétraméthylène,  soit  du  tétraméthylène,  soit  les  produits  de 
sa  décomposition  ou  de  sa  transformation. 

Dans  un  petit  ballon  muni  de  deux  tubes,  dont  l'un  devait  faire  fonction  de  baro- 
mètre el  l'autre  permettait  de  faire  le  vide,  on  a  mis  un  excès  de  poudre  de  zinc  et 
7p  de  diiodobutane.  L'appareil  a  été  rempli  d'acide  carbonique,  puis  on  a  fait 
le  vide,  et  enfin  le  ballon  a  été  fermé  à  la  lampe.  Quand  on  chauffe  le  ballon  ainsi 
disposé,  la  réaction  ne  tarde    pas   à   se    produire  ;   elle  devient  d'autant   plus  vive 


(')  Ann.  de  Cliim.  el  de  Phys.,   5"  série,  t.  XII,  p.  297;  1877,  et  j"  série,  t.  XX, 
p.  3i  ;  1900. 

(^)  Journ.  Soc.  phys.  c/iini.  R.,  l.  XXXI,  p.  9  ;    1899. 


(  791  ) 

que  la  température  est  plus  élevée.  Un  gaz  se  dégage,  mais  il  n'est  pas  liquéfiable  dans 
le  mélange  de  glace  et  de  sel,  comme  devrait  l'être  le  tétraméthylène.  N'y  a-l-il  pas  à 
craindre  que  le  tétraméthylène,  en  supposant  qu'il  ait  été  produit   suivant  l'équation 

IClI-Cll^ClPCH'-l  +  Zn  =  Znr-+  (—  CH-  — GIP-  CH^—  CH^-), 

n'ait  été  transformé  en  un  autre  corps  par  l'action  de  l'iodure  de  zinc?  En  effet, 
M.  Berliielot  a  montré  que  le  triinC'tliylène  chauffé  enprésence  de  clilorure  de  zinc 
se  transforme  en  propène  CIP —  CH  =;  CH^  (').  Pour  éviter  pareil  changement,  un 
second  appareil  fut,  disposé  comme  le  premier  et  laissé  à  la  température  du  labora- 
toire (i2°  à  i6°).  Au  bout  de  quelques  jours,  le  niveau  du  mercure  commença  de 
baisser  lentement,  puis  la  réaction  marcha  un  peu  plus  vite,  et  enfin  il  se  fit  un  déga- 
gement d'environ  4"  à  6'^"^  de  gaz  par  jour. 

)i  Ce  gaz  ne  se  liquéfie  pas  non  plus  dans  le  mélange  de  glace  et  de  sel.  11  est  tout 
absorbable  par  le  brome.  A  l'analyse  il  donne  des  nombres  correspondant  à  ceux  de 
l'éthylène.  Pour  plus  de  sûreté  nous  l'avons  transformé  en  bromure.  Celui-ci  bout 
à  iSi"  et  fournit  par  le  cyanure  de  potassium  de  l'acide  succinique.  C'est  donc  bien 
de  Véthylène. 

»  Ainsi  cette  chaîne  si  parfaitement  symétrique,  composée  de  quatre 
groupes  (—  CH- — ),  qui  devait,  d'après  les  théories  de  M.  Ad.  Bayer,  se 
fermer  plus  facilement  que  le  triméthylène,  n'a  pu  subir  la  moindre  flexion 
sans  se  rompre,  même  à  la  température  ordinaire.  Je  ne  sais  si  l'on  peut 
citer  un  cas  plus  remarquable  d'instabilité  moléculaire. 

»  Avec  le  dibromure  1.4  et  le  zinc,  la  réaction  est  semblable,  mais  elle 
se  fait  plus  lentement. 

»  Je  poursuis  l'étude  de  la  décomposition  du  butane  dihalogéné  en  1.4 
par  d'autres  métaux.  » 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  certaines  causes  de  variation  de  la  richesse  en 
gluten  des  blés.  Note  de  MM.  Léo  Vigxox  et  F.  Couturier,  présentée 
par  M.  P. -P.  Dehérain. 

«  L'étude  de  la  variation  de  la  teneur  des  blés  en  gluten  présente  un 
intérêt  de  premier  ordre,  que  justifie,  du  reste,  la  nécessité,  au  point  de 
vue  alimentaire,  d'augmenter  le  gluten  des  blés,  ou  tout  au  moins  de  ne 
pas  accroître  seulement  le  poids  total  de  la  récolte  sans  se  préoccuper  de 
la  richesse  en  gluten. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p. "489. 


(  792  ) 

»  Les  expériences  dont  nous  avons  l'honneur  de  communiquer  les  pre- 
miers résultats  à  l'Académie  ont  porté  sur  les  points  suivants  : 

»    1°  Influence  des  engrais  azotés  sur  la  teneur  des  blés  en  gluten  ; 

»   1"  Influence  des  engrais  phosphatés  sur  la  variation  du  gluten; 

M  3"  Etude  de  la  variation  en  gluten  des  blés  durs  cultivés  en  dehors 
de  leur  pays  d'origine. 

»  L'influence  des  fortes  fumures  azotées  sur  le  rendement  total  en 
grains  est  depuis  longtemjxs  démontrée;  on  sait  aussi  (jue  le  gluten  aug- 
mente quand  on  emploie  de  fortes  doses  d'azote.  Nous  nous  sommes  pro- 
posé de  déterminer  dans  quelle  mesure  se  produit  cet  accroissement  de 
gluten  et  de  fixer  la  relation  qui  existe  entre  l'augmentation  de  l'azote 
dans  l'engrais  et  dans  le  blé. 

»  D'autre  part,  nos  essais  ont  été  aussi  conçus  en  vue  de  déterminer  si 
les  blés  durs,  qui  sont  en  général  très  riches  en  gluten,  conservent  leur 
richesse  lorsqu'ils  sont  cultivés  en  dehors  de  leur  pays  d'origine,  et  dans 
des  conditions  de  climat  et  de  sol  différentes. 

»  Nous  avons  choisi,  à  cet  effet,  les  blés  d'expériences  parmi  les  blés  tendres  et 
parmi  les  blés  durs,  les  premiers  étant  représentés  par  le  Goldendrop  et  le  Riéti,  les 
seconds  par  le  Médéah  et  le  Bélotourka. 

»  Les  essais  ont  été  commencés  en  1898  au  champ  d'expériences  de  la  station  agro- 
nomique de  Lyon,  à  Pierre-Bénite  (Rhône). 

»  La  terre  ayant  porté  les  récoltes  a  donné  à  l'analyse,  par  kilogramme  : 

Azote 2,10 

Acide  phosphorique o,46 

Potasse !..      i  ,98 

»  Cette  terre  peut  être  considérée  comme  riche  en  azote,  circonstance  plutôt  défa- 
vorable à  nos  essais. 

»  Les  carrés  d'expérience  étaient  au  nombre  de  12,  chacun  ayant  io"i  de  surface. 
Chacune  des  4  variétés  de  blé  a  été  semée  dans  3  parcelles  A,  B,  C,  qui  ont  reçu  des 
quantités  croissantes  d'engrais  azotés,  les  autres  éléments  fertilisants  restant  constants, 
soit,  en  rapportant  les  poids  d'engrais  à  l'hectare  : 


A 
B. 
C. 


Azote. 

Acide 

phosphorique. 

Potasse. 

35 

76 

kB 
5o 

55 

76 

.50 

73 

76 

5o 

»  Comme  on  pouvait  le  prévoir,  les  doses  croissantes  d'azote  se  sont  manifestées 
sur  les  blés  en  herbe  par  une  hauteur  de  plus  en  plus  grande  des  tiges  dans  les  carrés 
A,  B,  C.  Les  récoltes  n'ont  pu  être  examinées  au  point  de  vue  du  rendement  en  poids. 


(793) 

en  raison  de  la  petite  surface  cultivée,  et  de  l'irrégularité  dans  la  levée  des  grains 
semés. 

u  Les  blés  de  chaque  carré  ont  été  transformés  en  farine  avec  un  moulin  de  meu- 
nerie permettant  d'opérer  sur  de  petites  quantités  de  blé  et  donnant  une  farine  blutée 
à  70  pour  100  environ. 

»  Le  gluten,  séché  à  100°,  a  été  dosé  dans  ces  farines  par  le  procédé  du  nouet  et 
l'azote  total  par  la  méthode  Kjeldahl.  On  a  de  plus  calculé  la  matière  azotée  d'après 
la   teneur  en   azote,   et  il  y  a  sensiblement  concordance  entre  le  gluten  trouvé  et  le 

gluten  calculé  : 

Azote  Gluten  Gluren 

pour  100  pour  100  pour  100 

du   grain.  calculé.  trouvé. 

A.  B.    '     C.  A.  B.  C.  A.  B.  C. 

gr  gr  gr  kf  sr  er  pr  gr  ^gr 

Goldendrop.  2,28  2,89  2,47  18,98  i4,93  i5,43  i4,7o  10, 3o  13,69 

Riéti 1,84  1)92  1,98  II, 5o  12,06  12,87  11,91  12,21  12, 5o 

Bélotourka..  2,45  2,62  2,80  i5,35  15,76  17, 5o  i5,46  i5,99  17,61 

Médéah 2,52  2.66  2,65  i5,75  16,62  16,68  16,00  16,80  16,84 

»  De  ces  résultats  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 
»  L'augmentation  de  la  richesse  du  grain  en  gluten  croît  très  lentement 
pour  des  augmentations  notables  d'engrais  azotés,  et  il  ne  paraît  pas 
que,  au  point  de  vue  de  la  pratique  agricole,  il  y  ait  lieu  d'accroître  les  en- 
grais azotés  au  delà  d'une  certaine  limite  assez  rapidement  atteinte.  Dans 
le  cas  qui  nous  occupe,  cette  limite  ne  peut  être  déduite  des  expériences, 
le  terrain  employé  présentant  une  richesse  initiale  en  azote  assez  forte 
pour  diminuer  l'intensité  d'action  des  engrais  azotés  additionnels  et  mas- 
quer leur  effet  dans  une  certaine  mesure. 

»  Dans  une  autre  série  d'expériences,  nous  avons  cherché  à  déterminer 
Vinjluence  des  engrais  phosphatés  sur  la  variation  du  ghiten.  En  faisant 
croître  la  quantité  d'acide  phosphorique,  toutes  les  autres  conditions 
restant  égales,  on  constate  une  diminution  progressive  dans  la  teneur  du 
grain  en  azote. 

»    Les  blés  Goldentrop  et  Riéti  ont  été  cultivés  chacun  sur  trois  parcelles  A,  B,  C, 
ayant  reçu  respectivement  75''6,  i5o''s  et  225''S  d'acide  phosphorique  par  hectare. 
»   On  a  obtenu  les  taux  d'azote  suivants  dans  chaque  blé  : 

Azote. 

A.                                B.  G. 

Goldendrop i§"',83                      i8'',6i  i^'',54 

Riéti 2S'-,07                      is^gS  i6"',82 

»   On  sait  que  l'acide  phosphorique  développe  la  production  de  l'amidon 

c.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  12.)  I02 


(  794  ) 
dans  le  grain  :  cette  augmentation  d'amidon  est  corrélative  d'une  diminu- 
tion de*  l'azote,  et  l'on  doit  attribuera  cette  cause  la  diminution  que  l'on  a 
constatée  dans  la  richesse  des  blés  en  gluten  depuis  un  demi-siècle. 
Millon  (")  a  établi  en  effet  que  les  blés  récoltés  dans  le  Nord  en  1848  con- 
tenaient beaucoup  de  matières  azotées  de  10, 23  à  i3,o2,  tandis  qu'aujour- 
d'hui la  proportion  de  gluten  n'est  plus  que  de  8,96  à  10,62.  Ce  ne  serait 
donc  pas  dans  la  diminution  de  la  richesse  du  sol  en  azote  dans  les  cul- 
tures à  grands  rendements  qu'il  faudrait  chercher  la  cause  de  la  perte 
constatée  dans  la  teneur  des  blés  en  azote,  mais  bien  dans  la  prodigalité 
avec  laquelle  on  emploie  les  engrais  phosphatés  dont  on  connaît  bien 
l'influence  sur  l'augmentation  des  rendements  à  l'hectare. 

»  Nous  nous  proposons  d'étudier  la  variation  simultanée  de  l'acide 
phosphorique  et  de  l'azote  dans  les  engrais  et  la  variation  de  l'azote  du  blé 
correspondant.  » 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Conduction  nerveuse  et  conduction  musculaire  des 
excitations  électriques.  Note  de  M.  Aug.  Charpentier,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

«  J'ai  appliqué  au  muscle  les  méthodes  qui  m'ont  servi  précédemment 
à  étudier  la  conduction  des  excitations  électriques  instantanées  par  le  nerf, 
méthodes  dont  j'ai  exposé  le  principe  à  l'Académie  (°).  Après  avoir  réséqué 
complètement  le  tronc  du  nerf  sciatique  dans  la  cuisse  et  mis  à  nu  les  niasses 
musculaires  (chez  la  grenouille),  je  disposais  les  électrodes  au  contact  du 
vaste  externe  et  je  transportais  à  une  patte  témoin,  par  un  fil  métallique  et 
à  des  intervalles  variables,  l'onde  électrique  provoquée  par  l'excitation. 
Cette  onde  était  transmise  unipolairement,  comme  d'habitude,  c'est-à-dire 
que  le  conducteur,  partant  d'un  point  du  muscle,  aboutissait  à  un  point  du 
nerf  témoin,  la  surface  de  la  patte  correspondant  à  celui-ci  étant  mise  à  la 
terre. 

«  Je  me  suis  servi  successivement  des  trois  modes  d'excitation  déjà 
indiqués  :  courant  direct  unipolain\  faradisalion  unipolaire  et  faradisation 
bipohiire.  J'ai  ainsi  reconnu  l'existence  d'une  onde  électrique  cheminant 
dans  le  muscle  avec  une  vitesse  pouvant  varier  entre  3"  et  6™  suivant  les 
cas. 


^')  Comptes  rendus,  t.  XXXVIIl,  p.  gS. 

(^)   Voir  Comptes  rendus.   18  février,  i  1  mars,  18  mars  1901. 


(  795  ) 

)'  Mais  le  point  curieux  sur  lequel  je  désire  appeler  l'attention,  c'est 
qu'indépendamment  de  cette  transmission  très  lente  on  en  observe  en 
même  temps  une  plus  rapide,  tout  à  fait  analogue  à  la  transmission  nerveuse. 
En  effet,  j'ai  trouvé  pour  la  vitesse  de  cette  onde,  transmise  concurremment 
avec  la  précédente,  des  valeurs  variant  entre  20""  et  29*"  par  seconde. 

»  Or  dans  ces  expériences,  comme  on  ne  distingue  à  l'œil  nu  ou  à  la 
loupe,  sur  la  surface  du  muscle  mis  à  nu,  aucun  nert  caractérisé,  il  s'agit 
évidemment  ici  d'une  transmission  par  les  fdets  nerveux  dissociés,  très 
nombreux,  qui  se  distribuent  aux  fibres  musculaires;  il  est  curieux  devoir 
que  ces  filets,  très  minces,  orientés  dans  des  sens  divers,  et  noyés  pour 
ainsi  dire  dans  la  masse  du  tissu  contractile,  présentent  les  mêmes  pro- 
priétés de  transmission  électrique  que  les  cordons  nerveux  isolés  et  anato- 
miqnement  complets.  Nous  en  conclurons  que  la  vitesse  en  question  carac- 
térise non  pas  tant  le  nerf  que  la  substance  nerveuse  en  général. 

»  Ces  recherches  devront  être  complétées  par  l'étude  de  la  transmission 
musculaire  après  section  et  dégénération  du  nerf  et  après  l'action  des 
substances  toxiques.  De  même  pour  le  nerf,  un  nouveau  champ  d'études 
est  ouvert  par  ces  méthodes,  dont  il  importait  avant  tout  d'exposer  le 
principe.    » 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Variation  de  l' acuité  visuelle  avec  l'éclairage  et 
l'adaptation.  Èlesure  de  la  migration  du  pigment  rétinien.  Note  de 
M.  AxuKÉ  Broca,  présentée  par  M.  d  Arsonval. 

«  On  admet  en  général,  avec  Helmholtz,  qu'un  gril  de  traits  noirs  sur 
fond  blanc  est  distingué  quand  l'épaisseur  d'un  trait  noir  est  de  l'ordre  de 
grandeur  du  diamètre  d'un  élément  sensible  de  la  rétine.  Il  faut,  en  etfet, 
pour  qu'on  distingue  deux  traits  clairs,  que  ceux-ci  impressionnent  deux 
éléments  indépendants  séparés  par  un  autre  non  impressionné,  sans  cela 
la  notion  sera  celle  de  la  continuité.  Il  faut  donc  que  deux  traits  blancs  con- 
sécutifs empiètent  assez  peu  sur  un  élément  pour  que  celui-ci  ne  soit  pas 
sensiblement  impressionné,  alors  que  les  deux  contigus  le  seront  vive- 
ment. 

»  Quand  on  compare  les  données  expérimentales  à  celles  de  l'Histologie, 
on  voit  que  l'acuité  visuelle  réalisée  chez  les  bons  yeux  pour  un  éclairage 
moyen  (elle  correspond  à  un  angle  de  i'  sous-tendu  par  un  trait  noir) 
donne  pour  dimension  de  l'image  rétinienne  o'"",oo4,  ce  qui  correspond  à 
peu  près  au  diamètre  d'un  cône. 


(796  ) 

»  Cette  théorie  rend  assez  difficile  l'explication  de  la  variation  de 
l'acuité  visuelle  avec  l'intensité  lumineuse.  Il  faut  admettre  pour  cela  que 
les  éléments  sensibles  ont  des  sections  variables  avec  l'intensité  lumineuse. 
Je  pense  que  les  phénomènes  actuellement  connus  sont  suffisants  pour 
expliquer  le  fait  en  les  joignant  aux  expériences  suivantes,  relatives  à  l'in- 
fluence de  l'adaptation  sur  l'acuité  visuelle. 

»  On  sait  que,  sous  l'action  d'une  vive  lumière,  le  pigment  rétinien 
migre  entre  les  cônes  et  bâtonnets,  formant  entre  eux  une  couche  insen- 
sible à  la  lumière  et  diminuant  leur  section.  J'ai  pensé  alors  que  celte  migra- 
tion devait  expliquer  l'existence  des  acuités  visuelles  supérieures  à  i  que 
l'on  observe  pour  les  hautes  intensités  lumineuses.  Pour  vérifier  cette  ma- 
nière de  voir,  il  fallait  expérimenter  dans  des  conditions  bien  nettes. 

Nous  savons,  par  les  Travaux  de  Charpentier,  que  les  phénomènes  d'adap- 
tation se  propagent  autour  des  points  frappés  par  la  lumière  (ondulations 
rétiniennes  de  toutes  natures).  J'ai  alors  pensé  que  l'adaptation,  et  par  con- 
séquent la  migration  du  pigment,  devaient  dépendre  de  la  surface  excitée 
de  la  rétine,  et  j'ai  employé  un  test  objet  de  4°"°  de  côlé  comprenant  6  traits 
blancs  et  5  traits  noirs  se  détachant  sur  un  fond  parfaitement  noir. 

»  Un  gril  en  papiei^  blanc  de  4'^'°  de  largeur  obtenu  à  la  machine  à  diviser  est 
éclairé  au  moyen  d'un  bec  Auer  placé  dans  une  lanterne,  et  par  l'intermédiaire  d'une 
lentille  diapliragmée.  Un  objectif  photographique  en  donne  une  image  aérienne  par- 
faite, dix  fois  plus  petite  que  l'objet,  qu'on  règle  dans  le  plan  d'un  grand  écran  noir 
percé  d'un  trou  carré  de  4™™-  On  observe  cette  image  aérienne  en  arrière  de  l'écran 
noir.  Un  banc  d'optique  sert  à  cet  effet.  Un  de  ses  supports  à  bonnette  fixe  la  position 
de  l'œil,  et  en  porte  le  verre  correcteur  bien  exact.  L'image  dudit  objet  est  réglée  de 
manière  à  se  trouver  dans  la  position  qu'aurait  le  centre  optique  de  l'œil  quand  l'index 
du  pied  du  support  est  au  zéro  de  la  graduation  du  banc  d'optique.  Dans  ces  condi- 
tions, quand  la  confusion  des  traits  arrive  pour  l'œil  situé  à  i™,  l'acuité  visuelle  est  i, 
avec  une  erreur  négligeable  pour  ce  genre  de  déterminations. 

)i  On  peut  mesurer  l'éclat  du  test  objet  en  plaçant  un  étalon  lumineux  en  arrière 
de  l'écran  noir,  couvrant  celui-ci  d'un  papier  blanc  percé  d'un  trou  de  4™™,  et  déter- 
minant la  distance  de  l'étalon  qui  donne  à  ce  papier  l'éclat  même  de  l'image  aérienne 
du  test  objet.  Ce  même  dispositif  peut  servir  à  placer  l'œil  qui  contemple  cette  image 
dans  des  conditions  d'adaptation  variables. 

»  Dans  ces  conditions,  j'ai  pu  étudier  systématiquement  l'actionde  l'adap- 
tation sur  l'acuité  visuelle.  Pour  éliminer  toute  influence  due  à  la  variation 
pupillaire,  les  observations  étaient  faites  avec  une  pupille  artificielle  de  2™"" 
de  diamètre,  diamètre  inférieur  à  celui  de  ma  pupille  dans  les  conditions 
de  l'expérience. 


(  797  ) 

M  J'ai  alors  vu  que,  pour  les  éclairements  élevés  du  test  objet  (i8  à  20  car- 
celmètres)  l'acuité  tHSuelle  (/iminuait  par  l'adaptation  à  l'obscurité. 

»  L'œil  observé  donnait  une  acuité  de  i,i5.  En  plaçant  un  papier  blanc 
percé  d'un  trou  pour  le  test  objet  sur  l'écran  noir  qui  le  limite,  et  en  don- 
nant à  ce  papier  un  éclairement  de  six  à  huit  carcelniètres,  l'acuité  visuelle 
passe,  en  un  temps  que  je  n'ai  pas  encore  mesuré,  mais  qui  est  assez  court, 
à  1,4.  En  sortant  de  la  chambre  noire  pour  aller  contempler  le  ciel  vive- 
ment éclairé  d'un  beau  jour,  l'acuité  visuelle  immédiatement  mesurée  est 
de  1,5.  En  éblouissant  l'œil  par  la  contemplation  directe  d'une  lampe  à 
incandescence  vivement  poussée,  l'acuité  visuelle  monte  à  i,55. 

»  Il  est  à  noter  que  l'éclat  de  l'image  rétinienne  est  celui  qui  correspon- 
drait, pour  une  pupille  de  5""",  à  un  éclairement  de  3carcelmètres  environ 
du  test  objet,  et  de  i  carcelmètre  environ  du  fond  blanc. 

»  Si  nous  faisons  l'expérience  inverse  en  venant  du  jour,  nous  avons  le 
tableau  suivant  : 

Temps  Acuité  visuelle 

o'  1,54 

5'  1,34 

i5'  1,27 

25'  i,i5 

35'  i,i5 

»  L'acuité  visuelle  atteint  son  minimum  dans  le  temps  voulu  pour 
l'adaptation  complète  à  l'obscurité,  d'après  les  expériences  de  Charpentier. 

»  Si  au  contraire  nous  prenons  l'éclairement  de  3,5  carcelmètres  qui 
donne,  avec  la  pu|)ille  artificielle,  le  même  éclat  rétinien  que  l'éclairement 
de  0,3  carcelmètre  (la  pupille  aurait  environ  G™""  dans  ce  cas)  et  pour 
lequel  j'ai  l'acuité  visuelle  i,  correspondant,  dans  la  théorie  d'HelmhoItz, 
aux  cônes  jointifs,  l'acuité  visuelle  devient  indépendante  de  l'état  de 
l'adaptation. 

»  Si  l'éclairement  baisse  encore,  pour  tomber  à  i,^  carcelmètre,  ce 
qui  correspondrait,  sans  pupille  artificielle,  à  l'éclairement  donné  par 
0,08  carcelmètre  environ  (la  pupille  aurait  environ  8"""  dans  ce  cas), 
l'acuité  visuelle  augmente,  par  l'adaptation,  de  0,86  à  0,97. 

))  Je  reviendrai  ultérieurement  sur  les  phénomènes  rétiniens  qui  peuvent 
expliquer  ce  fait;  je  veux  seulement  m'occuper  des  hautes  lumières  dans  la 
présente  Note. 

»  L'adaptation  à  la  lumière  diminue  la  sensibilité  (destruction  du 
pourpre  rétinien  ),  mais  produit  la  migration  du  pigment.  Nous  voyons  que 


(  798  ) 
l'acuité  visuelle  mesurée  avec  pupille  artificielle  et  petit  test  objet,  pour 
(les  éclairemenls  compris  entre  3  et  20  carcelmèlres,  ne  varie  pour  ainsi 
dire  pas  (i  à  1,1 5),  si  la  rétine  est  obscurée.  Au  contraire,  pour  la  rétine 
éblouie  d'un  vif  éclat  autour  du  test  objet,  ou  venant  d'être  éblouie  par  une 
lumière  vive,  l'acuité  visuelle  atteint  i,55.  J'ai  pu  même  aller  une  fois 
à  1,70.  Ceci  s'explique  nettement  au  moyen  de  la  migration  du  pigment,  en 
admettant  qu'il  se  glisse  entre  les  cônes  pour  les  vives  actions  lumineuses 
une  couche  de  pigment  égale  à  o,3  environ  de  leur  diamètre  normal,  ou 
à  0,4  dans  l'expérience  où  l'acuité  visuelle  était  1,7. 

))  Je  conclurai  de  ces  expériences  :  les  mesures  d'acuité  visuelle  en 
fonction  de  l'intensité  n'ont  de  sens  que  si  l'on  connaît  la  grandeur  du  fond 
clair  sur  lequel  se  détache  le  test  objet. 

»  La  couche  de  pigment  qui  migre  entre  les  cônes  sous  l'action  de  la 
lumière  peut  atteindre  i  ou  i,5  micron.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Coiirbes  d' ascension  thermomélrique. 
Note  de  M.  S.  Leduc,  |)résentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  prend,  avec  un  thermomètre  divisé  en  vingtièmes  de  degré,  la  tem- 
pérature axillaire  de  minute  en  minute,  jusqu'à cequ'elle  soit  devenue  con- 
stante; on  trace  une  courbe  en  portant  les  températures  en  ordonnées  et 
les  temps  en  abscisses;  celle  courbe  représente  tous  les  détails  de  l'ascen- 
sion thermométrique.  La  différence  entre  deux  températures,  divisée  par 
le  temps  de  l'ascension,  donne  la  vitesse  moyenne  entre  ces  deux  tempé- 
ratures. 

»  Pour  une  mê.Dc  personne,  pendant  la  même  observation,  les  vitesses 
dépendent  de  l'excès  de  la  température  finale  sur  celle  considérée.  .4  des  dis- 
tances égales  de  la  température  finale,  pour  différents  sujets,  ou  chez  une  même 
personne  dans  différentes  conditions,  les  vitesses  sont  proportionnelles  kvx  quan- 
tités DE  CHALEUR  PERDUE  PAR  LES  SUJETS;  à  la  conduclibiUlé  calorifiquc 
de  la  peau;  ou  à  l'inverse  de  sa  résistance  au  passage  de  la  chaleur. 

»  Ces  grandeurs  donnent  pour  le  diagnostic,  le  pronostic  des  maladies, 
les  effets  du  traitement,  etc.,  des  indications  toujours  utiles,  souvent  pré- 
cises. On  peut  les  rendre  compurnbles  en  les  multipliant  par  un  coefficient 
dépendant  du  thermomètre,  chaleur  spécifique  du  réservoir,  par  exemple. 

«  La  courbe  est  très  sensible  à  toutes  les  influences  physiologiques, 
pathologiques  cl  médicamenteuses.  La  vitesse  d'ascension  diminue  avec 


(  799  ) 
l'âge.  Elle  est  régulièrement  très  grande  chez  les  tuberculeux,  très  faible 
chez  les  goutteux  et  les  malades  atteints  d'ictère. 


-58° 


Temps    comptes  en  iniiiut.es- 
à    parlir    de   la    température   majcima 


1)   Nous  avons  trouvé  comme  grandeurs  proportionnelles  aux  pertes  de 
chaleur  pendant  l'ascension  du  dernier  degré  : 

»     8,5  à  l'état  normal,  moyenne  de  20  obs.  ; 

»   16       dans  la  tuberculose  pulmonaire,  moyenne  de  60  obs.  ; 

«    12       dans  les  tuberculoses  fermées,  moyenne  de  20  obs.  : 


(  8oo  ) 

»     5,5  chez  les  goutteux,  moyenne  de  7  obs.  ; 
>i     6       chez  les  iclériques,  moyenne  de  6  obs. 

»  Les  caractères  de  la  courbe  semblent  être  très  constants  dans  ces 
maladies.  Ils  permettent  de  découvrir  des  cas  de  tuberculose  que  rien  ne 
fait  soupçonner  :  cystite  bacillaire,  tuberculose  vertébrale,  et  stirtont  tu- 
berculose pulmonaire  commençante.  La  courbe  d'ascension  thermomô- 
trique  caractérise  la  prédisposition  à  l'invasion  bacillaire. 

»  Chez  les  fébricitants,  la  résistance  de  la  peau  aux  pertes  de  chaleur  s'élève  pen- 
dant l'ascension  de  la  température,  diminue  pendant  la  chute. 

»  La  plupart  des  antipyrétiques  augmentent  la  conductibilité  de  la  peau  et  les 
pertes  de  chaleur;  ils  agissent  ainsi,  en  partie  au  moins,  comme  les  applications 
froides. 

>)  L'intérêt  de  l'étude  de  l'ascension  thermométrique  a  été  indiqué  en  i885  par 
M.  le  professeur  Grasset  {Congrès  de  V Association  française  pour  V avancement 
des  Sciences,  Grenoble). 

»  Nos  résultats  relatifs  à  la  tuberculose  présentent  une  concordance  remarquable 
avec  ceux  que  MM.  A.  Robin  et  Binet  ont  obtenus  par  l'analyse  des  gaz  de  la  respira- 
tion ;  les  uns  et  les  autres  sont  l'expression  de  l'augmentation  des  oxydations  orga- 
niques. 

»  En  résumé  :  la  courbe  de  l'ascension  ihermométrique  offre  un  moven 
simple,  facile  et  très  sensible  d'apprécier  l'intensité  des  combtistions  orga- 
niques dans  les  différents  états  phvsiologiques  et  pathologiques.  » 


PARASITOLOGIE.  —  Sur  un  parasite  observé  chez  des  syphilitiques. 
de  M.  H.  Stassa.xo,  présentée  par  M.  Joannes  Cbatin. 


Note 


«  Dans  la  sérosité  sanguinolente  que  l'on  retire  par  ponction  du  gan- 
glion satellite  du  chancre,  on  trouve  des  corps  mobiles,  parfois  très  abon- 
dants, qui  dans  les  préparations  fixées  et  colorées  ont  les  caractères  des 
infusoires  flagellés  du  sous-groupe  des  monadines.  Leurs  mouveinents, 
extrêmement  vifs  au  sortir  du  corps  humain,  s'arrêtent  au  bout  d'une 
heure  ou  deux. 

»  Les  numéros  i  à  11  des  figures  ci-aprés  représentent  les  formes  principales 
qu'affectent  ces  infusoires  dans  le  tissu  lympalhique,  qui  semble  être  leur  milieu  le 
plus  favorable,  puisque  c'est  là  qu'ils  atteignent  leurs  plus  grandes  dimensions  avant 
de  se  multiplier. 

»  Ces  infusoires,  qu'ils  soient  ronds,  ovoïdes  ou  pyriformes,  sont  toujours  munis  de 


(  Soi  ) 

flagelles,  ils  en  ont  deux  tout  droits  à  une  des  extrémités,  et  un  troisième,  d'ordinaire 
plus  long  et  flexueux,  à  l'extrémité  opposée.  Quelque  forme  qu'ils  affectent,  ces  infu- 
soires  présentent  des  vacuoles  ;  ils  en  ont  en  général  deux  dans  les  petites  formes.  Ils 
sont  libres  parmi  les  cellules  et  les  nombreux  mononucléaires  du  ganglion,  mais  il  en 
est  quelques-uns  de  fixés  aux  hématies  qui  traversent  ce  barrage  lymphatique.  Ces 
hématies  à  l'état  frais  se  montrent  dépourvues  d'hémoglobine  et  celle-ci  se  retrouve 
à  côté,  dans  les  préparations,  sous  forme  de  beaux  cristaux.  Ces  hématies  parasitées 
pénètrent  dans  la  circulation;  mais  à  la  première  période  de  la  syphilis  leur  nombre 
est  très  restreint,  elles  se  montrent  cependant  moins  rares  dans  le  sang  pris  au  niveau 
du  premier  territoire  lymphatique  contagionné. 


»  En  examinant  journellement  le  sang  des  syphilitiques  à  partir  de  l'accident  pri- 
mitif, on  constate  que  les  infusoires,  qui  ont  jusque-la  pullulé  presque  exclusivement 
dans  la  pléiade  ganglionnaire,  envahissent  en  grand  nombre  le  sang.  Les  fig.  12  à  35 
reproduisent  fidèlement  les  formes  que  ces  infusoires  affectent  alors  dans  la  circula- 
tion. L'exactitude  de  ces  dessins  peut  être  contrôlée  sur  les  photographies  que  j'ai 
l'honneur  de  soumettre  à  l'examen  de  l'Académie. 

»  Dans  quelques-unes  de  ces  formes  je  suis  parvenu  à  mettre  en  évidence  le  noyau. 
A  ce  moment,  ces  flagellés  présentent  une  phase  très  active  de  multiplication  qui 
paraît  se  faire  par  bourgeonnement;  dans  \a  fig.  18,  on  peut  voir  le  noyau  de  l'un  de 
ces  infusoires  faire  saillie  dans  le  protoplasma  du  bourgeon.  S'ils  n'étaient  pas  doués 
de  flagelles,  on  pourrait  prendre  pour  des  levures  les  chapelets  et  les  autres  amas  que 
forment  les  nouveaux  êtres  issus  de  cette  multiplication. 

»  Dans  une  phase  plus  avancée  de  la  syphilis,  en  pleine  éruption,  le  bourgeonnement 
s'arrête,  les  jeunes  flagellés  se  détachent  les  uns  des  autres  pour  se  fixer  aux  hématies. 
hes Jig.  3-  à  44  représentent  les  aspects  différents  que  ces  infusoires  accusent  dans  le 
sang  d'une  jeune  femme  à  l'apogée  d'une  poussée  de  papules  et  de  plaques  muqueuses. 
Ces  parasites  grandissent  et  leur  forme  s'allonge  aux  deux  exlrérnités,  ce  qui  leur 
C.  R.,   igoi,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  12.)  lo3 


(    802    ) 

donne  l'apparence  des  tiypanosomes  lorsque  ces  autres  flagellés  parasites  se  fixent  de 
même  aux  hématies.  La  difficulté  de  colorer  ces  infusoires  ne  m'a  pas  permis  de  mettre 
nettement  en  évidence  leur  appareil  nucléaire.  Cependant,  chez  quelques-uns  {fig.  44)> 
j'ai  pu  remarquer  que  la  moitié  presque  de  leur  corps  fixe  les  couleurs  avec  plus  d'in- 
tensité que  l'autre.  Dans  la  forme  de  monades  décrite  plus  haut,  le  noyau  se  trouve 
à  une  des  extrémités  du  corps  dont  il  occupe  une  bonne  partie. 

»  Malgré  les  nombreuses  formes  que  j'ai  pu  étudier  et  dessiner,  je  ne 
puis  encore  faire  complètement  connaître  le  cycle  évolutif  et  la  morpho- 
logie du  parasite.  Je  n'hésite  cependant  pas  à  mentionner  qu'au  cours  de 
mes  observations,  suivies  chez  les  mêmes  malades,  il  ne  s'est  montré  qu'au 
moment  précis  des  exanthèmes  et  que  sa  disjjarition  a  coïncidé  avec  une 
amélioration  spontanée  ou  due  au  traitemeut  mcrcuriei. 

»  D'autre  part,  certains  faits  cliniques  semblent  trouver  ici  leur  explica- 
tion. Il  a  été  constaté  de  la  façon  la  plus  certaine  que  le  taux  de  l'hémoglo- 
bine du  sang  et  le  nombre  des  hématies,  en  particulier,  diminuent  à 
chaque  poussée  d'éruptions  syphilitiques;  la  forme  d'anémie  qui  en  résulte 
est  d'autant  plus  intense  que  la  syphilis  revêt  des  caractères  plus  graves. 

»  Aux  altérations  provoquées  par  le  parasite  dont  il  s'agit,  lorsqu'il 
envahit  la  circulation,  on  peut  rattacher  l'extrême  fragilité  des  hématies 
(les  svphilitiques  que  Murri  a  signalée,  montrant  à  la  fois  que  la  majeure 
partie  des  hémoglobinuries  paroxystiques  se  montre  chez  les  syphilitiques.  » 

ZOOLOGIE.  —  Le  grand  Acridien  migrateur  américain  (Schistocerca  ameri- 
cana  Drury^  :  migrations  et  aire  de  distribution  géographique.  Note 
de  M.  J.  KiJNCKEL  d'Herculais,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Suivant  une  opinion  généralement  admise  parmi  les  naturalistes, 
l'Amérique  est  le  berceau  des  Acridiens  du  genre  Schistocerca.  Stàl  (1873); 
Brunner  de  Wattenwyl  (1877  et  1882)  prétendant  que  le  S.  peregrina 
Oliv. ,  espèce  migratrice  africaine  et  asiatique,  se  trouve  également  en  Amé- 
rique (Mexique,  Montevideo,  Buenos-Avres),  de  Selys-Longchamps  (1877) 
émit  l'idée  qu'il  avait  traversé  l'Océan,  transporté  par  des  bourrasques  pour 
se  répandre  dans  l'ancien  monde;  S.  Scudder  (1878),  se  basant  sur  la  ren- 
contre au  milieu  de  l'océan  Atlantique  septentrional  à  i  200  milles  des  côtes 
(i865)  d'un  vol  composé  de  cet  Acridien,  appuyait  de  son  autorité  l'hypo- 
thèse de  Selys-Longchamps;  C.  Berg  (1880)  affirmait  que  les  essaims  de 
Sauterelles  qui  envahissent  la   République  Argentine  sont  composés  de 


(  8o3  ) 

S.  peregrina;  Giglio-Tos  adoptait  la  même  opinion  (i8f)4'  1897).  On  ne 
s'étonnera  pas  d'après  cela  que  le  professeur  Giard(i89i),  que  S.  Scudder 
(1899)  admettent  que  le  Criquet  pèlerin  est  d'origine  américaine. 

»  Il  y  a  lieu  d'être  surpris  que  des  naturalistes  aussi  distingués  aient 
soutenu  ou  accepté  cette  hypothèse  sans  s'assurer  au  préalable  de  l'exac- 
titude des  déterminations  spécifiques  sur  lesquelles  elle  était  étayée,  sans 
s'inquiéter  des  causes  et  des  conséquences  de  l'entraînement  des  Acridiens 
migrateurs  à  travers  les  Océans. 

»  Nous  ferons  remarquer,  d'une  part,  que  les  auteurs  n'avaient  pas  à  leur 
disposition  les  matériaux  nécessaires  pour  définir  les  espèces;  car  les  col- 
lections ne  renferment  pas  des  séries  d'exemplaires  de  Schistocerca  recueillis 
dans  tous  les  pays  qu'ils  habitent  aux  différentes  époques  de  l'année,  séries 
qui  seules  permettent  de  connaître  le  degré  de  variabilité  de  chaque  espèce 
et  de  préciser  les  caractères  différentiels.  Nous  ferons  observer,  d'autre 
part,  que  les  naturalistes  étaient  dans  l'impossibilité  de  tenir  compte  des  par- 
ticularités que  présentent  les  jeunes  aux  divers  stades  de  leur  évolution, 
particularités  qui  peuvent  largement  contribuera  la  distinction  des  espèces. 

»  La  constatation  que  nous  avons  faite  de  la  grande  variabilité  des  colo- 
rations et  des  maculatures  des  jeunes  du  Schistocerca  de  l'Amérique  du  Sud, 
dits,  paranensis  Burm.  (  '),  nous  conduisait  naturellement  à  penser  que  les 
adultes  devaient  offrir,  indépendamment  des  variations  de  colorations  sai- 
sonnières, des  modifications  de  même  nature.  En  effet,  si  l'on  examine  des 
séries  de  ces  Schistocerca  adultes,  élevés  en  captivité  ou  capturés  à  l'air 
libre,  on  reconnaît  que  les  maculatures,  notamment  celles  des  élytres, 
n'ont  aucune  fixité;  il  n'y  a  pas  deux  exemplaires,  mâle  ou  femelle,  qui 
soient  semblables,  il  n'est  pas  deux  individus  dont  les  deux  élvtres  portent 
des  taches  symétriques.  D'après  cela,  bien  que  les  auteurs,  et  même  le  plus 
récent  S.  Scudder,  attachent  assez  d'importance  aux  maculatures  de  la  ré- 
gion costale  ou  de  la  région  distale  des  élytres  pour  en  tirer  des  caractères 
spécifiques,  on  est  en  droit  de  conclure  que  les  espèces  qu'ils  ont  distinguées 
ne  sont  en  réalité  que  des  variétés  d'une  seule  et  même  espèce.  Si  Scudder 
concède  que  le  5.  canccllata  Serville  pourrait  n'être  qu'une  race  de  5.  ame- 
ncana,  il  aurait  pu  pousser  plus  loin  le  sacrifice  et  admettre  que  d'autres 
formes  sont  seulement  des  variétés.  Comparant  les  excellentes  figures  de 
jeunes  et  d'adultes  de  5.  americana  données  par  Howard,  dans  son  travail 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  go.S. 


(  8o4  ) 
sur  cet  envahisseur  de  l'Amérique  du  Nord  (  i  SgS  ),  avec  de  nombreux  échan- 
tillons à  tous  les  âges  du  ScJiistocerca  appelé  jusqu'ici  S. paranensis,  je  fus 
frappé  des  ressemblances,  je  priai  alors  le  savant  directeur  du  Service  ento- 
mologique  des  États-Unis  de  me  communiquer  des  spécimens  en  nature; 
ce  qu'il  fit  de  la  meilleure  grâce.  De  la  comparaison  des  jeunes  aux  diffé- 
rents stades  de  leur  évolution,  de  l'examen  des  insectes  adultes,  j'acquis  la 
conviction  que  le  S.  paranensis  Burmeister  n'était  autre  que  le  S.  amen- 
cana  Drury. 

»  Les  limites  de  la  variation  à  tous  les  stades  évolutifs  reconnues,  il  de- 
vient possible  d'établir  avec  certitude  les  caractères  spécifiques  du  S.  amc- 
ricana  et  de  préciser  ceux  qui  le  différencient  du  S.  peregrina,  de  façon  à 
rendre  toute  confusion  impossible. 

»  Les  conditions  de  la  vie  des  Schistocerca  leur  permettent-elles  de  fran- 
chir l'océan  Atlantique?  Les  vents  régnant  à  l'époque  des  migrations 
peuvent-ils  les  porter  des  côtes  de  l'Amérique  vers  celles  de  l'Afrique?  Nos 
études  vont  nous  fournir  les  arguments  propres  à  trancher  la  question. 

))  Lorsque  les  Acridiens  migrateurs  se  déplacent,  ils  quittent  les  points 
où  ils  ont  couché  dans  la  matinée  lorsque  le  soleil  commence  à  réchauffer 
l'atmosphère  ;  voltigeant  d'abord  en  rasant  la  terre,  ce  n'est  qu'aux  heures 
les  plus  chaudes  qu'ils  s'élancent  dans  l'espace  et  vont  constituer  ces  vols 
immenses  capables  de  voiler  le  soleil  ;  dès  3''  ou  4'"  du  soir,  alors  que  celui-ci 
baisse  sur  l'horizon,  ils  se  rapprochent  du  sol  pour  trouver  l'endroit 
propice  où  ils  pourront  trouver  leur  nourriture  et  passer  la  nuit.  Le  soir, 
ils  sont  donc  forcés  d'atterrir;  s'ils  se  sont  éloignés  des  côtes  et  s'ils  ont 
gagné  le  large,  ils  cherchent  à  se  poser  sur  la  crête  des  vagues;  mais,  le 
crépuscule  survenant,  ils  tombent  à  la  mer;  flottant  alors  pendant  de 
longues  heures,  soutenus  par  leurs  ampoules  trachéennes  gorgées  d'air, 
lente  est  leur  agonie;  ils  ne  seront  bientôt  plus  que  des  corps  inertes  que 
les  vagues  ballotteront  de  ci  de  là. 

»  Les  Acridiens  migrateurs  ne  peuvent  donc  normalement,  par  un  temps 
calme,  franchir  au-dessus  des  mers  que  la  distance  qu'ils  sont  aptes  à  par- 
courir dans  les  heures  chaudes  du  jour  ;  mais  ces  mêmes  Acridiens,  surpris 
dans  leurs  déplacements  par  des  vents  violents,  sont  parfois  emportés  loin 
des  continents.  C'est  ainsi  que  le  leste  des  Caboverdie.ns,  le  levante  des  Ca- 
nariens, \ harmattan  des  Sénégalais,  en  réalité  le  siroco  soufflant  du  sud- 
sud-est  peut  entraîner  avec  lui  les  Criquets  pèlerins  les  portant  ainsi  du 
Sahara  aux  lies  du  cap  Vert,  aux  Canaries,  à  Madère,  aux  Açores  (H.  Drouet, 


(  8o5  ) 

1857;  Fouqué,  18^3)  et  même  jusqu'en  Angleterre  (octobre  1869);  ce 
sont  eux  que  les  navigateurs  ont  rencontrés  dans  leurs  traversées  de  l'Atlan- 
tique nord,  soit  tombés  à  la  mer,  soit  cherchant  un  refuge  sur  leurs  navires 
(Hans  Sloane,  16  novembre  1687;  navire  Georgia,  24  novembre  181  i; 
Otto  von  Kotzebue,  aS  octobre  i8i5;  Ch.  Darwin,  janvier  i832;  brick 
Levant,  i3  septembre  1839;  navire  Harrisburg,  2  novembre  i8G5;  Stein- 
dachner,  décembre  1868,  etc.),  se  trouvant  quelquefois  à  des  centaines  de 
kilomètres  des  côtes. 

»  Dans  l'Amérique  du  Sud,  si  le  zo/ida,  soufflant  du  nord  et  qui  est 
l'équivalent  du  «>oco  africain ,  vient  à  surprendre  les  Criquets  américains 
dans  leur  marche  descendante  et  à  les  entraîner  à  travers  les  provinces  de 
Santa-Fé,  d'Entre-Rios  et  l'Uruguay,  il  les  porte  vers  la  mer  à  partir  de  la 
latitude  de  Buenos-Aires  et  de  Montevideo,  mais  il  ne  peut  leur  faire  fran- 
chir des  milliers  de  kilomètres  pour  les  conduire  sur  les  côtes  de  la  Colonie 
du  Cap  sans  qu'ils  soient  engloutis  dans  les  flots.  Il  est  à  noter  que 
nous  ne  trouvons  mentionnée  nulle  part  la  rencontre  de  sauterelles  dans 
l'océan  Atlantique  au  sud  de  l'Equateur.  Les  conditions  biologiques 
comme  les  courants  aériens  s'opposent  donc  au  passage  du  Schistocerca  de 
l'Amérique  en  Afrique. 

»  En  résumé,  de  mémeq'u'il  va  dans  l'ancien  continent  un  grand  Acridien 
migrateur,  le  Schistocerca  peregrina  Olivier,  dont  l'aire  de  dispersion  s'étend 
au-dessus  de  l'Equateur,  dans  le  nord  de  l'Afrique  et  le  sud  tle  l'Asie,  de 
l'océan  Pacifique  au  golfe  du  Bengale,  il  existe  dans  le  nouveau  continent 
un  grand  Acridien  migrateur,  \e.  Schistocerca  americana  Drury,  dont  l'aire 
de  dispersion  s'étend  au-dessus  et  au-dessous  de  l'Equateur  dans  l'Amé- 
rique du  Nord,  l'Amérique  centrale  et  l'Amérique  du  Sud.    » 


VITICULTURE.  —  Les  effets  de  la  foudre  et  la  gèlivure.  Note  de  MM.  L.  Ravaz 
et  A.  BoxNET,  présentée  par  M.  Prillieux. 

((  La  foudre,  quand  elle  frappe  des  végétaux  à  grand  développement, 
les  avbres  forestiers,  par  exemple,  laisse  toujours  des  traces  bien  nettes  de 
son  action  :  fissures,  déchirures  ou  éclats  des  branches  et  du  tronc  (').  Sur 
la  vigne  conduite  en  souche  basse  ses  effets  immédiats  sont  généralement 
moins  apparents.  Il  est  rare  qu'elle  déchire  ou  brise  en  éclats  les  bras  de  la 

(')  Hartig,  Neue  BeobaclUungen  iiber  Blitzbuschàdigungen  der  Baiime,  1899. 


(  8o6  ) 

tige.  Aussitôt  après  sa  chute,  rien  ne  distingue  d'ordinaire  les  souches 
atteintes  des  autres;  et  les  altérations  qui  se  forment  quelque  temps  après 
ne  paraissent  pas  en  être  forcément  la  conséquence  :  il  peut  donc  y  avoir 
doute  sur  leur  origine.  Ce  doute  disparaît  en  partie  quand  on  sait  à  la  suite 
de  quelles  circonstances  elles  se  sont  produites;  il  n'existe  plus  quand  les 
souches  atteintes  sont  au-dessous  ou  dans  le  voisinage  d'un  arbre  foudroyé. 
»  Néanmoins,  nous  avons  tenu  à  reproduire  expérimentalement  sur  la 
vigne  les  altérations  si  caractéristiques  de  la  foudre  que  nous  avons  décrites 
il  y  a  deux  ans  (').  L'obligeant  concours  que  notre  collègue  M.  Houdaille 
nous  a  prêté  nous  a  permis  de  réaliser  le  dispositif  nécessaire. 

»  Au  mois  de  juin  dernier,  quatre  souclie';  élevées  en  pots,  mais  plutôt  peu  vigou- 
reuses, ont  été  soumises,  deux,  d'entre  elles  à  l'action  d'étincelles  électriques,  et  les 
deux  autres,  pendant  une  minute,  à  l'action  d'un  courant  électrique.  Après  l'électri- 
sation,  elles  ont  été  laissées  à  l'air  libre,  à  côté  des  souches  témoins,  et  elles  ont  reçu 
les  soins  de  culture  ordinaires. 

»  L'électricité  statique  n'a  produit  que  des  blessures  superficielles  et  sans  intérêt. 
Par  contre,  l'électricité  dynamique  a  provoqué  sur  les  rameaux  herbacés  la  formation 
des  lésions  importantes  qui  sont  indiquées  dans  la  colonne  de  gauche  du  Tableau 
suivant  : 


Altérations  produites  par  l'électricité 
dynamique. 

»  A  l'extérieur  :  dessiccation  et  chute 
du  sommet  des  rameaux;  formation  d'un 
rameau  secondaire  sur  le  nœud  sain  le  plus 
élevé  au-dessus  des  mérithalles  malades; 
les  feuilles  placées  sur  le  trajet  du  cou- 
rant restent  vivantes,  quelques-unes  rou- 
gissent; arrêt  momentané  de  la  croissance 
en  diamètre  de  quelques  parties  des  mé- 
rithalles, qui  se  colorent  en  rouge  brun; 
les  nœuds  restent  plus  sains;  présence  de 
ponctuations  en  relief  sur  l'écorce  et,  plus 
tard,  de  crevasses  profondes. 

»  A  l'intérieur  des  rameaux  :  destruc- 
tion de  la  moelle,  du  bois,  des  fibres  péri- 
cycliques  et  libériennes,  de  l'épiderme,  en 
un  mot  de  tous  les  tissus  secs;  résistance 


A  Itérations 
attribuées  à  la  gélii'ure. 

»  A  l'extérieur  :  l'altération  débute  tou- 
jours par  le  sommet  herbacé  des  rameaux,' 
qui  sèche  rapidement  en  s'aplatissant  et 
en  se  rétrécissant  fortement  au  niveau 
des  nœuds;  ramifications  nombreuses  sur 
les  rameaux  principaux  au-dessus  des  par- 
ties malades;  les  feuilles  restent  générale- 
ment vertes;  quelques-unes  rougissent; 
altérations  sur  les  mérithalles  en  bandes 
longitudinales  ou  en  plaques  d'un  brun 
rougeâtre,  puis  d'un  brun  foncé,  qui  fi- 
nissent par  gagner  tout  le  mérithalle; 
excoriation  plus  ou  moins  profonde  de 
l'écorce;  prolifération  très  abondante  de 
ponctuations  et  le  rameau  se  fend  jusqu'à 
la  couche  génératrice. 


(')    L.  Ravaz  et  A.  Boknet,  Effets  de  la  foudre  sur  la  vigne  (Aitn.  E.  N.  A.  M.. 
'899)- 


plus  ou  moins  marquée  des  lissus  aqueux 
de  récorce,>de  l'assise  génératrice,  qui 
prolifère  d'abord  d'une  manière  désor- 
donnée et  finit  cependant  par  produire  du 
bois  et  du  liber  normaux;  formation  d'ilols 
de  tissus  morts  ou  altérés  notamment  dans 
l'écorce,  qui  s'entourent  d'une  couche  de 
liège  ou  d'un  cambium  qui  produit  du  bois 
en  dedans  et  du  liber  en  dehors;  éclate- 
ment de  l'écorce  altérée  par  la  poussée 
des  tissus  sous-jacents;  formation  de  cre- 
vasses plus  ou  moins  cicatrisées.  Les  alté- 
rations sont  toujours  plus  importantes  au 
sommet  qu'à  la  base  du  sarment. 


(    807    ) 

»•  A  l'inférieur  des  rameaux  :  le  bois 
paraît  desséché,  on  ne  peut  y  observer 
aucun  parasite;  la  moelle  est  réduite  ou 
disparue;  le  canal  médullaire  est  vide  en 
partie;  les  éclatements  intéressant  toute 
l'écorce  jusqu'au  niveau  de  la  couche  gé- 
nératrice sont  suivis  par  des  phénomènes 
de  cicatrisation  parfois  très  exagérés;  il  y 
a  prolifération  exagérée  de  la  couche  gé- 
nératrice; la  dessiccation  du  sarment  pro- 
gresse nettement  du  haut  en  bas  :  C'est- 
à-dire  exactement  les  altérations  externes 
et  internes  que  nous  avons  décrites  sur  les 
vignes  foudroyées  en  plein  champ. 


»  Dans  la  colonne  de  droite  du  Tableau  précédent,  nous  avons  énuméré  les  lésions 
attribuées  à  une  maladie  de  la  vigne  appelée  gélu'ure;  on  voit  qu'elles  sont  iden- 
tiques à  celles  que  la  foudre  produit.  Mais  dans  les  tissus  dits  atteints  de  gélivure,  on 
a  signalé  la  présence  de  bactéries;  leur  inoculation  plusieurs  fois  répétée  n'a  abouti 
qu'à  des  résultats  négatifs.  Il  faudrait  donc  en  conclure  qu'elles  ne  jouent  aucun  rôle 
dans  la  production  des  lésions  où  on  les  trouve.  En  fait,  leur  présence  n'est  pas  cons- 
tante, et,  quand  elles  existent,  c'est  dans  les  tissus  très  altérés  où,  d'ailleurs,  elles 
sont  souvent  remplacées  par  des  champignons  saprophytes  divers.  Dans  les  sarments 
foudroyés  ou  électrisés  que  nous  avons  étudiés  il  y  a  aussi  parfois,  mais  non  toujours, 
tantôt  des  bactéries,  tantôt  des  champignons  qui  ne  sont  intervenus  qu'après  coup,  et 
qui  n'existent  jamais  que  dans  les  parties  complètement  altérées.  Leur  rôle  est  donc 
nul  dans  la  formation  des  altérations. 

»  De  l'étude  comparée  des  rameaux  foudroyés  naturellement  et  artifi- 
ciellement et  des  rameaux  dits  atteints  de  gélivure,  il  résulte  :  i"  que  les 
altérations  qu'ils  portent  sont  identiques;  2°  qu'elles  sont  dues  unique- 
ment à  la  foudre  ;  3"  que  la  gélivure  doit  être  rayée  de  la  liste  des  mala- 
dies microbiennes  de  la  vigne.  » 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  i âge  de  la  teschénile.  Note  de  M.  P.  Chofkat, 
présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  On  admet  généralement  que  les  éruptions  de  teschénite  ont  eu  lieu  à 
l'époque  tertiaire,  mais  jusqu'à  ce  jour  on  n'en  avait  pas  de  preuves 
directes,  car  les  gisements  de  Silésie,  de  Moravie  et  du  Caucase  se  pré- 
sentent sous  forme  de  fdons  dans  le  Jurassique  ou  le  Crétacique,  ce  qui 


(  8o8  ) 

est  aussi  le  cas  pour  les  gisements  portugais  que  j'ai  fait  connaître  avec 
M.  J.  Mac-Pherson,  en  1882  (').  Deux  années  plus  tard  ('),  en  mention- 
nant la  découverte  d'un  nouveau  gisement  de  teschénite  à  Fonte-da-Bica, 
près  de  Rio-Maior,  j'ajoutais  :  «  Je  ne  serais  pas  loin  de  croire  que  l'ophite, 
»   la  teschénite  et  les  basaltes  sont  le  produit  d'une  même  éruption.  » 

■»  Depuis  lors,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  de  nouveaux  affleurements 
au  nord  du  Tage,  mais  ils  sont  aussi  en  filons  dans  le  Jurassique  et  n'appor- 
tent pas  de  nouveaux  documents  pour  en  fixer  l'âge.  Dernièrement  j'ai  eu 
la  bonne  fortune  de  découvrir  un  vaste  affleurement  de  cette  roche  dans 
la  nappe  basaltique  des  environs  de  Lisbonne. 

»  Cette  nappe  repose  sur  le  Crétacique,  généralement  sur  le  Turonien,  et  est  par- 
fois directement  recouverte  par  des  strates  marines  appartenant  à  l'Aquitanien,  tandis 
que  sur  d'autres  points  il  y  a  entre  deux  un  complexe  de  conglomérats  avec  marnes 
et  calcaires  ne  contenant  pas  de  fossiles.  Elle  peut  donc  appartenir  soit  à  l'Oligocène, 
soit  à  TEocène. 

»  Ce  manteau  basaltique  est  formé  par  une  alternance  de  tuf  basaltique,  de  basalte 
compact  et  de  marnes  rouges,  contenant  du  tuf  et  par  places  des  coquilles  terrestres, 
ne  dévoilant  rien  quant  à  l'âge.  Elles  sont  nettement  stratifiées,  ce  qui  est  aussi  très 
fréquemment  le  cas  pour  le  tuf  basaltique. 

»  Ce  complexe  a  une  puissance  très  variable;  elle  atteint  200"  à  une  faible  distance 
de  points  où  il  manque  complètement. 

»  La  nappe  basaltique  forme  un  synclinal  de  8'"°  de  largeur  entre  les  voûtes  créta- 
ciques  de  Lisbonne  et  de  Bellas.  A  environ  400""  au  sud  de  celte  dernière,  immédia- 
tement au  nord  du  hameau  de  Falagueiras,  se  trouve  une  petite  voûte  turonienne 
secondaire,  n'ayant  que  5o™  de  largeur  sur  environ  Sgo™  de  longueur,  et  dont  les 
strates  plongent  vers  le  nord  et  vers  le  sud,  sous  des  angles  de  5o°  à  70°. 

»  La  nappe  basaltique  a  été  plissée  conjointement  au  calcaire,  et  forme  une  série  de 
collines  orientées  de  l'est  à  l'ouest.  L'une  d'entre  elles,  ayant  à  son  pied  le  hameau  de 
Falagueiras,  présente  un  beau  découvert. 

))  On  peut  y  constater  que  le  basalte  y  contient  une  inclusion  de  teschénite  ayant  aS™ 
de  puissance  au  minimum.  M.  Lacroix  a  décrit  cette  roclie  à  l'Académie,  dans  la 
séance  du  7  mai  1900. 

»  J'ai  suivi  cette  teschénite  vers  l'est,  au  pied  des  autres  collines  de  basalte,  jus- 
qu'au delà  des  moulins  de  la  Serra  de  S.  Marco,  soit  sur  une  longueur  de  plus  d'un 
kilomètre.  Du  côté  de  l'ouest,  la  terre  végétale  empêche  d'observer  la  roche  en  place. 


(')  Noie  su/  les  vallées  tiphoniqaes  et  les  éruptions  d'ophile  et  de  teschénite  en 
Portugal  {Bulletin  de  la  Soc.  géol.  de  France,  1882,  vol.  X,  p.  267). 

(^)  Nouvelles  données  sur  les  i^allées  tiphoniques  et  sur  les  éruptions  d'ophile  et 
de  teschénite  en  Portugal  (Jornal  de  Sciencias  mathém.,  etc.,  t.  XXXIX,  1884  et 
Communicaçoes  da  Seceao  dos  traballios  geologicas,  t.  I,  p.   lai). 


(  ^o9  ) 

mais  je  suppose  que  la  teschénite  existe  aussi   sur  le  flanc  de   la  colline  de    Penedo, 
cer  j'en  ai  trouvé  un  gros  morceau  isolé. 


Sud 


AinruJe  120"' 


Falagueiras. 


Échelle  i:  2000  hauteur  et  distances. 


»   p'  Tuf  basaltique  rougeâlre,  en  bancs  minces. 

»  m  Marnes  rouges,  bien  litées,  avec  intercalations  de  tufs.  Ces  marnes  plongent 
régulièrement  vers  le  sud  sous  un  angle  moyen  de  45°,  mais  au  contact  du  basalte  une 
faille  ou  un  glissement  a  produit  des  irrégularités. 

))   p-  Basalte  peu  compact,  sans  stratification. 

»  p  Basalte  stratifié,  relevé  verticalement,  puis  plongeant  vers  le  sud  sous  un 
angle  de  70°  à  ^S". 

»   (5  ?  Roche  peu  consistante,  à  petits  cristaux,  paraissant  être  un  tuf  basaltique. 

»  6  Teschénite  à  grandes  baguettes  d'augite,  en  général  fortement  décomposé,  sauf 
de  gros  blocs,  plus  résistants.  Par  places  les  cristaux,  sont  petits  et  la  roche  alTecte 
l'aspect  du  tuf  basaltique. 

»  0'  Teschénite  typique,  en  contact  avec  une  roche  à  grands  cristaux,  fortement 
décomposée. 

»  p?'  Roche  à  petits  cristaux,  analogue  à  [3?,  stratifiée,  plongeant  sous  un  angle 
de  80°. 

»  P'  et  ^'^  Basalte  peu  compact  et  tuf  basaltique. 

»  La  décomposition  de  la  roche  aux  points  de  contact  ou  de  passage 
entre  la  teschénite  et  le  basalte  ne  me  permet  pas  d'affirmer  que  ce  n'est 
pas  un  filon,  mais  un  examen  attentif  m'a  laissé  l'impression  qu'il  s'agit 
d'interstratificalion  avec  passage  entre  les  deux  roches.  Cette  tendance  à 
la  formation  de  la  teschénite  n'aurait  existé  qne  sporadiquement,  car  c'est 
en  vain  que  j'ai  cherché  à  retrouver  cette  roche  au  nord  de  la  voûte  cré- 
tacique. 

»  Cette  absence  parlerait  en  faveur  d'un  filon,  mais  il  est  possible  que 
l'épaisseur  du  complexe  basaltique  au  nord  de  la  voûte  soit  plus  faible  que 
celle  des  strates  de  basalte  inférieures  à  la  teschénite;  elle  ne  peut  donc 
pas  être  prise  en  considération. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  la  teschénite  de  Falagueiras  est  in- 
contestablement tertiaire.  S'il  s'agit  d'interstratificalion,  elle  serait  éocène 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N=  12.)  Io4 


(  8io  ) 

ou  oligocène,  tandis  qu'elle  peut  être  un  peu  plus  récente  s'il  s'agit  d'un 
filon,  ce  qui  est  le  moins  probable.   » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  février   1901. 

Banque  de  France.  Assemblée  générale  des  actionnaires  de  la  Banque  de 
France  du  3i  janvier  1901  sous  la  présidence  de  M.  G.  Pallain,  Gouverneur. 
Compte  rendu,  au  nom  du  Conseil  Général  de  la  Banque,  et  Rapport  de  MM.  les 
Censeurs.  Paris,  Paul  Dupont,  1901;  i  fasc.  ia-4°. 

Journal  de  la  Société  nationale  d' Horticulture  de  France.  Liste  générale  des 
Membres  de  la  Société  arrêtée  au  i^'^  janvier  1901.  Paris;  i  fasc.  in-S". 

Société  de  Secours  aux  Blessés  militaires  des  Armées  de  terre  et  de  mer.  Croix 
Rouge  Française  :  Bulletin  mensuel,  37*  année,  IV*  série,  n°  28,  janvier  1 90 1 . 
Paris,  A.  Lahure;  i  fasc.  in-8°. 

Monthly  pilot  Charts  ofthe  North  Atlantic  and Mediterranean  1 90 1  ;  january . 
Londres,  Meleorological  Office;  i  feuille,  format  colombier. 

Jahrbïtcher  derK.  K.  Central- Anstalt fur  Météorologie  und  Erdmagnetismus  ; 
Jahrgang  1898,  Bd"^  XXXV  u.  XXXVI,  i«  Theil.  Vienne,  1900;  2  fasc. 
in-4°. 

Verôffentlichung  der  K.  Wurtemb.  Kommission  fur  die  internationale 
Erdmessung;  IV.  Heft.  Stuttgart,  1901;  i  fasc.  in-4°. 

Die  Elemente  des  Erdmagnetismus  und  ihre  saecularen  Aenderungen  vt'àh- 
rend  des  Zeitraumes  lo^o  bis  iQi5,  von  D''  H.  Fritsche;  Publication  111, 
Saint-Pétersbourg,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

The  Quarterfy  Journal  of  the  Geological  Society;  vol.  LVII,  part  ! , 
february  igoi.  Londres,  1  fasc.  in-8°. 

Wisconsin  Geological  and  natural  Hislory  Survey ;  bul.  n°  V,  Educational 
Séries,  n°  1.  Madison,  Wis.,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  of  the  Muséum  of  Comparative  Zoôlogy  at  Harvard  Collège; 
vol.  XXXVIII,  Geological  Séries,  vol.  V,  n°  1.  Cambridge,  Mass.;  igoo; 
I  fasc.  in-8°. 


(   «n    ) 

Transactions  of  the  American  M alhematical  Society  ;  vol.  If,  number  1, 
januarv  1901.  Lancaster,  Pa.;  i  fasc.  gr.  in-8°. 

Rendiconto  deW  Accademia  délie  Scienze  Fisiche  e  Matematiche ;  série  3*, 
vol.  VII,  fasc.  1,  gennaio  1901.  Naples;  i  fasc.  in-S". 

OUVRAGKS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCK    DU    4    ^^"^S,    1 9O I . 

Les  Phénomènes  électriques  et  leurs  applications;  étude  des  transformations 
de  r énergie  électrique,  par  Henry  Vxvarez.  Paris,  G.  Carré  et  C.  Naud ,  1 901  ; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Traité  théorique  et  pratique  d'Electrométallurgie,  par  Adolphe  Minet. 
Paris,  Ch.  Béranger,  1901;  i  vol.  gr.  in-S".  (Présenté  par  M.  Mascart, 
pour  le  Concours  du  Prix  Gaston  Planté.) 

Les  Unités  de  la  Force.  .  .,  par  Ad.  Gadot.  Paris,  impr.  L.  Brou,  1900; 
I  fasc.  in-S". 

Etat  ancien  du  littoral  Gascon,  par  Saint-Jours.  Bordeaux,  impr.  G.  Gou- 
nouilhoH,  1901;  I  fasc.  in-i6.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  nationale  d'Agriculture  de  France,  t.  LXI, 
n°  1,  année  1901.  Paris,  Chamerot  et  Renouard;  i  fasc.  in-8°. 

Mémoires  et  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils 
de  France;  6*  série,  54*  année,  n"  i;  Bulletin  de  janvier  1901.  Paris; 
j  fasc.  in-S". 

Excursion  géologique  dans  le  Nord  de  la  Russie.  Sur  les  fouilles  de  1899  de 
débris  de  Vertébrés  dans  les  dépôts  permiens  de  la  Russie  du  Nord,  ^ar  V. 
Amalitzky.  (Exposé  fait  à  l'Assemblée  générale  de  la  Soc.  Imp.  des  Natu- 
ralistes à  Saint-Pétersbourg,  le  28  décembre  189g.)  S.  1.  n.  d.  ;  i  fasc. 
in-8°. 

Asie  centrale,  Chine  septentrionale  et  Nan-Shan, .  .  .  j)arV.-A.  Obroutchef; 
t.  II.  Saint-Pétersbourg,  1901  ;  i  aoI.  in-4''.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

The  distribution  of  rainfall  over  the  land,  by  Andrew-J.  Herbertson. 
Londres,  John  Murray,  1901;  i  fasc.  in-8°. 

On  the  resulis  of  a  Deep-Sea  sounding  Expédition  in  the  North  Atlantic 
during  the  s ummer  of  ï8gg,  by  R.-E.  Peake.  Londres,  J.  Murray,  1901  ; 
I  fasc.  in-8'\ 

Quatre  opuscules  sur  la  Physiologie,  par  E.  Crisâfulli.  Naples  et 
Palerme,  1900;  4  fasc.  in-8°. 

Synopsis  of  a  Treatise  on  Atoms  and  Energies,  by  D.-A.  Murray.  S.  1.  n. 
d.;  I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 


(    8l2    ) 

Les  Faux  en  écriture  et  la  Photographie  au  service  de  la  Justice,  communi- 
cation faite  au  4*  Congrès  international  de  Chimie  appliquée  tenu  à  Paris 
le  23  juillet  1900,  par  Stéphane  Minovici.  Bucarest,  igoo;  t  fasc.  in-8°. 

Bergens  Muséum.   Aarsheretning  for  1900.  Bergen,  1901;  i  fasc.  in-8°. 

Histoire  de  l'Obsen'atoire  de  Physique  centra! pour  les  premières  5o  années 
de  son  existence,  1849- 1899,  par  le  directeur  M.  Ryk.vtchew;  i"  partie. 
Saint-Pétersbourg,  1900;  i  vol.  in-4°. 

Annales  de  l'Observatoire  de  Physique  central  Nicolas,  publiées  par 
M.  Rykatchew;  année  1898,  i"  et  2*'  Parties.  Saint-Pétersbourg,  1899; 
2  vol.  in-4''. 

Mémoires  de  V Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  Classe  physico- 
mathématique; vol.  VIII,  n°  8;  vol.  IX,  n°'  3  et  7.  Saint-Pétersbourg, 
1H99-1900;  3  fasc.  in-4°.  {A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du    18  mars   1901.) 

Note  de  M.  de  Forcrand,  Vaporisation  et  hydratation  du  glycol  éthylé- 
nique  : 

Page  689,  ligne  26,  au  lieu  de  au  moins  un  hjdrure,  lisez  au  moins  un  hydrate. 
Page  6go,  Note  au  bas  de  la  page,  ligne  2,  au  lieu  de  sont  les  densités  du  glycol, 
lisez  sont  les  chaleurs  de  dissolution  du  glycol. 


Note  de  M.  P.  Vignon,  Sur  l'histologie  de  la  branchie  et  du  tube  diges- 
tif, chez  les  Ascidies  : 

Page  716,  ligne  2,  au  lieu  de  globules  sanguins  non  amiboïdes,  lisez  éléments  san- 
guins non  sphériques. 


N"  12. 


TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  2d  mars    1901.) 


MÉMOIRES  ET  COMftlUrVICATIOIVS 

DES  MEMBItKS  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADEMIE. 


Pages. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publiqui; 
ET  DES  Beaux-Arts  adresse  l'amplia- 
tion  du  Décret  approuvant  l'clection  de 
M.  Humbert 739 

M.  Berthelot.  —  Sur  les  métaux  égyptiens  : 
Présence  du  platine  parmi  les  caractères 
d'une  inscription  liiéroglyphique 729 

M.  Beuthelot.  —  Sur  les  relations  éleclro- 
cliimiques  des  états  allotropiques  des 
métaux  et  de  l'argent  en  particulier -32 

M.  Henri  Becquerel.  —  Sur  la  radio-acti- 


Pages. 

vite  secondaire 733 

M.   Armand  Gautier.  —  Origine  des  eaux 

thermales    sulfuicu.-cs.    Sulfosilicates    et 

oxysulfures  dérivés  des  silicates  naturels.  740 
MM.   A.    Haller   et  A.   Guyot.  —  Sur  de 

nouveaux   dérivés    de   l'acide    dimétliyl- 

amidobenzoylbenzo'ique 74'î 

M.  DE  JoNQUii;RES.  —  Note  au  sujet  d'une 

précédente  Communication 700 

M.    Mittac.-Lefi'leh.    —   Sur  une   formule 

de  M.  Frcdlwlm 761  ■ 


NOMINATIONS. 


M.  Paul  Sabatier  est  élu  Correspondant 
pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplace- 
ment de  M.  Huiler,  nommé  Membre  de 
l'Académie 7â3 


M.  Davidson  est  élu  Correspondant  pour  la 
Section  de  Géographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  .M.  A.  David,  décédé..     7^14 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Marcellin  Lanulois   adresse  un  second  Mémoire  sur  les  unités  thermochimiques 704 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 
Volume  de  M.  Emile  Borel,  intitule  : 
«  Leçons  sur  les  séîies  divergentes  » 

M.  H.  Padê.  —  Sur  l'expression  générale 
de  la  fraction  rationnelle  approchée  de 
(i-t-x)'" 

M.  C.  Maltézos.  —  Sur  les  nodales  de 
sable  ou  de  poussière 

M.  A.  Ponsot.  —  Chaleur  spécifique  d'un 
mélange  gazeux  de  corps  en  équilibre 
chimique 

M.  B0RDIEB.  —  Théorie  de  la  machine  de 
Wimshurst  sans  secteurs 

M.  C.  TissoT.  —  Sur  la  mesure  de  la  période 
des  ondes  utilisées  dans  la  Télégraphie 
sans  Cl 

M.  Bii.\UER.  —  Télautographe  Ritchie 

MM.  P.  Curie  et  A.  Debierne.   —  Sur  la 


j.| 


radio-activité  induite  et  les  gaz  activés 
par  le  radium 768 

M.  A.  NoDON.  —  Production  directe  des 
rayons  X  dans  l'air 770 

M.  L.  Benoist.  —  Méthode  de  détermina- 
tion des  poids  atomiques,  fondée  surjles 
lois  de  transparence  de  la  matière  pour 
les  rayons  \;  poids  atonjique  de  l'indium.     772 

M.  H.  PÉLAB0N.  —  .action  de  l'hydrogène 
sur  le  réalgar  et  réaction  inverse.  In- 
fluence de  la  pression  et  de  la  tempéra- 
ture      774 

M.  Marcel  Delépine.  —  La  chaleur  de  for- 
mation des  acétals  comparée  à  celle  des 
composés  isomères 777 

M.  G.  Massol.  —  Sur  la  valeur  acidimé- 
trique  des  acides  benzoïques  monosubsti- 
tués 7^° 


r  12. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


78'. 


Pages. 

W.  J.  lîouGAiJi.T.  —   Passage  de   l'anétliol   à 
l'acide  anisique  par  cinq  oxydations  suc 
cessives 

M.  Paul  Lemoult.  —  Sur  la  loi  des  auxo 
chromes 

M.  R.  Fosse.  —  Sur  le  naphlylol-naplityl- 
oxy-naplitylméthane 787 

M.  J.  IIamonet.  —  AcUon  du  zinc  sur  le 
dibromure  el  le  diiodure  de  télramé- 
tliylènc 789 

MM.  Lko  Vigxon  et  F.  CouTuniER.  —  Sur 
certaines  causes  de  variation  de  la  richesse 
en  plutcn  des  blés 

M.  AuG.  Charpentier.  —  Conduction  ner 
veuse  et  conduction  musculaire  des  exci 
tations  électriques 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


9' 


-'.y-k 


M.  André  Broca.  —  Variation  de  l'acuité 
visuelle  avec  l'éclairage  et  l'adaptation. 
Mesure  de  la  migration  du  pigment  réti- 
nien      

M.  S.  Leduc.  —  Courbes  d'ascension  ther- 
momélrique 

M.  H.  Stassano.  —  Le  parasite  de  la  syphi- 
lis  '.... 

M.  J.  KuNCKEL  D'HEiiCULAis.  —  Le  grand 
Acridien  migrateur  américain  (Sc/iisto- 
cerca  ainericana  Drury  )  :  migrations  et 
aire  de  distribution  géographique 

M.>L  L.  Havaz  et  A.  Bonnet.  —  Les  effets 
de  la  foudre  et  la  gélivure 

M.  Paul  Choffat.  —  Sur  l'âge  de  la  tesché- 
nite 


Pages. 


70' 
79'< 
Soo 

80  ■> 

SOD 

S07 

810 

81  2 


PARIS.   — IMPRIMERIE     GAUTIII  E  R-VI  L  L  A  R  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  55 

Lt  Gérant  .*  O&DTBlBn-ViLLAnA 


APH  30  1901 


1901 

PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK  .un.   bES  SB€BÉT.%IRES  PERPETUELS. 


TOME  CXXXH. 


N^  13  (1     Avril  1901). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslios,  55. 

1901 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDIS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  18G2  et  24  mai  1875, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  tr.avaux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennen  t 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personjie  étrangère  ne  pourra  paraître  dans  j 
le  Compte  rendu  6q  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
.    le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  pacnuméro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

,  Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimes  dans  les  Comptés  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sontq: 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  -  Impression  des  travaux  des  Samtt 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pe 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  li, 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'uni 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetEitt 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils lefi 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondanceo 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  reraii 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plusiard, 
jeudià  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  teiiip 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Cow;j/«ra 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  renài\ 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraiei 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  coniple 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  desai 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapporbi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativefa 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus nfn 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  cliargés  de  l'exéculion  du  pn 


sent  Règlement. 


4"'  iJieteae  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  JuivasM 


,  oO  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  i"  AVRIL   1901, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DIÎS    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  des   fêtes    de 
Pâques,  la  séance  du  lundi  8  avril  sera  remise  au  mardi  9. 


M.  E.tiiLE  Picard  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  seconde  édition  du 
Tome  I  de  son  «  Traité  d'Analvse  »,  et  de  la  Leçon  qu'il  a  faite  à  la  Sorbonne, 
le  2  mars  dernier,  sur  «  l'OEuvre  scientifique  de  Charles  Hermite  ». 


N03IINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  diverses 
Commissions. 

Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultats  suivants  : 

Commission  chargée  de  Juger  le  concours  du  prix  Francœur  pour  1901 .  — 
MM.  Jordan,  Poincaré,  Picard,  Appell,  Maurice  Levy. 

C.  K.,  1901,  >••  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  13  )  Io5 


(  »i4  ) 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du  prix  Poncelel  pour  1901.  — 
MM.  l'icard,  Poincaré,  Appell,  Jorilan,'  Maurice  Levy. 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du  prix  extraordinaire  de  six  mille 
francs  pour  1901.  —  MM.  Gnyou,  de  Biissy,  Bouquet  fie  la  Grye,  de  Jon- 
quières.  Hait. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Montyon  (^Mécani(pie) 
pour  iQOi.  —  MM.  Maurice  Levv,  Sarrau,  Léautc,  Boussiuesq,  Sebert. 


CORRESPOIVDANCE. 

M.  P.  f^ABATiER,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Chimie,  adresse 
ses  remercîments  à  l'Académie. 


M.  Charbonnier  adresse,  de  Tien-Tsin,  des  remercîments  à  l'Académie 
pour  la  distinction  accordée  à  ses  travaux. 


CALCUL  DES  PROBABILITÉS.  —  Une  proposition  générale  du  Calcul 
des  probabilités.  Note  de  M.  A.  Liapouxoff. 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  publiée,  il  y  a  deux  mois,  dans  les  Comptes 
rendus  (21  janvier  1901),  j'ai  énoncé  une  proposition  constituant  une  cer- 
taine généralisation  du  théorème  qui  faisait  l'objet  de  mon  Mémoire  inséré 
dans  le  Bulletin  de  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XIII. 
Depuis,  en  continuant  mes  recherches  dans  la  même  voie,  je  suis  parvenu 
à  un  résultat  encore  plus  général.  C'est  ce  résultat  que  je  me  propose 
de  communiquer  dans  la  présente  Note. 

»   Soit 

X ^ ,      ^2 ,      X^^       .  .  , 

une  suite  indéfinie  de  variables  indépendantes  réelles,  dont  les  valeurs  sont 
dues  au  hasard.  En  désignant  par 

a,,      a„,      .  .  ., 
<-/,,     c/.,      ... 


(  B'^) 
les  espérances  mathématiques  respectivement  de 

.Z"  I  ,  iT"^ ,  •  •  •  t 

(a-,  —  a|)%         (x.,  —  x^)-,       ..., 

S  étant  un  nombre /Jo^fVty  quelconque,  on  aura  la  proposition  suivante  : 
»   Tontes  les  fois  qu'il  existe  des  valeurs  fixes  de  \  pour  lesquelles  le  rapport 

(d,  +  d,-i-...-h  d„y- 

(rt,+  «2-1-.  .  .M-  «7,,)-+^ 

tend  vers  zéro,  lorsque  n  croit  indéfiniment,  la  prohabilité  des  inégalités 

J-,  —  a,  -^  g-'a  —  g;  H-  ■  ■  ■  -t-  .c„  —  a„ 
V2(«i-+-  ai-\-. .  .+  an) 

s,  et  z-.,'^  z^  étant  des  nombres  donnés  quelconques,  tendra,  pour  n  =  oo,  vers 
la  limite 


y:-'"'- 


et  cela  uniformément  pour  toutes  les  valeurs  de  z^  et  z^. 

»  On  voit  que  cette  proposition  est  beaucoup  plus  générale  que  celle  de 
ma  Note  précédente;  car,  d'une  part,  le  nombre  ^  n'est  plus  assujetti  à  la 
condition  S<i,  que  j'ai  introduite  précédemment,  et,  d'autre  part,  an  lieu 
des  espérances  mathématiques  des  quantités 

I  a-,  I        ,       I  a  o  I        ,       •  •  •, 

je  considère  maintenant  celles  des  quantités 

|a^,-a,|^-s,      k,-a,l=-8 

en  introduisant  d'ailleurs,  dans  la  condition  du   théorème,   au    lieu  de 
la  plus  grande  parmi  les  espérances  mathématiques 

leur  moyenne  arithmétique. 

»  En  remettant  la  démonstration  à  un  Mémoire  détaillé  sur  ce  sujet,  je 
me  bornerai  ici  à  la  remarque  que  la  nouvelle  proposition  s'établit  encore 
par  la  méthode  dont  je  me  suis  servi  dans  le  cas  particulier  considéré  dans 
mon  Mémoire  cité  plus  haut.  « 


(  8i6  ) 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  déformation  du  paraboloide  général. 

Note  de  M.  Servant. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  du  i8  février  dernier,  M.  Guichard  donne 
comme  nouveau  le  théorème  suivant  : 

»  Pour  déformer  le  paraboloide  quelconque,  il  suffit  d'effectuer  les  deux 
opérations  suivantes  : 

»  1°  Trouver  les  éléments  du  déterminant  D,  ce  qui  revient  à  la  recherche  des 
surfaces  à  courbure  totale  constante  ; 

»   2°  Intégrer  le  système  complet  (4)  (voir  la  Note  citée). 

»  Or,  dans  le  numéro  du  19  novembre  1900,  j'avais  énoncé  le  même 
résultat  sous  une  forme  très  peu  différente,  que  je  reproduis  ici  : 

).  Soient  l(œ,y,z,it),  l,(x,,y\,  z,,  il,)  les  coordonnées  de  deux  sur- 
faces à  courbure  moyenne  constante  non  euclidiennes  parallèles;  on  aura 
les  relations 

Sx^-t''  =  a\         S,x;-t;  =  a-,         Sxx,-  tt,=  b\ 

et  les  formules 

/   E  =  fxdt,     ■+-  x,dt, 

(a)  i  ■n=^fydt,z-}-y,dt, 

'  'C  —  fz  dt,     -h  z,dt 

donneront  un  surface  applicable  sur  le  paraboloide 


b'-^a" 


IX. 


).  ....  Les  coordonnées  de  1  et  2,  satisfont  respectivement  aux  équations  de 
Laplace  relatives  aux  lignes  de  courbure  de  deux  surfaces  à  courbure  moyenne 
constante  parallèles  de  l'espace  ordinaire;  par  conséquent,  la  principale  dif- 
ficulté du  problème  de  la  déformation  du  paraboloide  est  l'intégration 
de  l'équation 

(■[\  -^ — r-:=sinecos0 

\  ^  du dv 

df's  surfaces  à  courbure  totale  constante. 


1)   Soit  0  une  solution  de  cette  équation  ;  le  problème  se  réduit  alors  ; 


au 


(8,7  ) 
suivant  :  Trouver  quatre  solutions  de  l'équation 


liées  par  la  relation 


d-a^  dB  dx        de  dx  _  i  u  =■  a.  -^  i  p, 

du  dv  dt-   du  Ou    0^  j    Ç'  ::=  ^  —  i  (3, 


Sx^  —  t-  =^a-; 


X, ,  y, ,  :,,  t,  se  calculent  ensuite  sans  quadratures. 

»  On  peut  encore  raisonner  comme  il  suit  :  A  toute  solution  de  l'équa- 
tion (i)  correspond  une  surface  à  courbure  moyenne  constante  non  eucli- 
dienne qui  est  complètement  déterminée  de  forme.  En  effet,  on  voit  de 
suite  (voir  la  Note  citée)  que  si  l'on  se  donne  a  et  i  on  peut  calculer  A, 
A',  A",  et  par  conséquent  la  surface  sera  déterminée  intrinsèquement. 
Pour  avoir  les  coordonnées  x,  y,  z,  t,  il  faudra  intégrer  le  système  d'équa- 
tions suivant,  qui  est  dû  à  M.  Bianchi  (Vorlesungen,  p.  625), 

d-x      ^  1 1  )  c*  r  I.  1  i  )da;  6  A  ,. 

du^-      '^  \   i    \  du  i  2  S  de  a'-  [  i  ^  _  A    ^  R    ^" 

à^x          (i2)()a;  (i2)Jx  0  e-A'v          \  a  du              du              dv' 

I  dudv  ~  \   i    )du  I  2   j  dv  a'-  a              J   '  <^'  _  a    '^■*'  n    <^" 

\  d-x            i  22  )  dx  {.ii'idx  e  A"  J-  \  a  dv        "   '  du            '  dv  ' 

l   dv"^  \   i    \  du  \  1   )  dv  a    '' 

et  qui  est  absolument  équivalent  à  celui  de  M.  Guichard. 

»  Nous  avons  démontré  (')  que  l'élément  linéaire  des  surfaces  à  cour- 
bure moyenne  constante  non  euclidiennes  est  le  même  que  celui  des  sur- 
faces analogues  de  l'espace  ordinaire;  il  en  résulte  facilement,  pour  ces 
surfaces,  des  transformations  analogues  à  celles  de  Lie,  Bianchi  et  Backlund 
dans  l'espace  ordinaire  ;  il  en  résulte  des  transformations  pour  les  surfaces 
applicables  sur  le  paraboloïde. 

»  Dans  certains  cas  particuliers,  le  problème  se  simplifie;  supposons, 
en  particulier,  que  h  soit  nul;  les  surfaces  2Î1  et  i,  sont  alors  des  surfaces 
minima  non  euclidiennes  et  les  formules  (y.)  donnent  les  surfaces  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  particulier 

z-  —  y-  =  za^x. 

»  On  peut  démontrer  que,  de  toute  surface  à  courbure  totale  constante 
dont  on  sait  déterminer  toutes  les  géodésiques,  on  peut  déduire,  par  des 


('  )   Voir  la  Noie  du  ig  novembre. 


(  8i8  ) 

opérations  qui  n'exigent  que  des  quadratures,  une   surface  applicable  sur 
le  paraboloïde  précédent.    « 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  somme  des  angles  d'un  polygone  à  connexion  multiple. 
Note  de  M.  M.  d'Ocagxe,  présentée  par  M.  Painlevé. 

«  Le  théorème  suivant  a  pour  objet  de  permettre  la  vérification  de  la 
somme  des  angles  d'un  cheminement  topographique  quelconque. 

»  Quelques  définitions  sont  nécessaires  pour  en  rendre  l'énoncé  plus 
précis. 

»  Si  par  un  point  A  l'on  mène  une  demi-droite  munie  d'un  sens,  cette 
demi-droite  est  d'île  antérieure  ou  postérieure  à  ce  point,  suivant  qu'un  mo- 
bile la  parcourant  dans  son  sens  se  dirige  vers  le  point  A  ou  s'en  éloigne. 

»  h'angle  de  deux  demi-droites,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure, 
menées  par  le  point  A,  sera,  dans  tous  les  cas,  le  plus  petit  angle  dont  il 
faudra  faire  tourner  la  demi-droite  antérieure  autour  du  point  A,  dans  le 
sens  direct,  pour  l'amener  sur  la  demi-droite  postérieure. 

»  Si  l'on  considère  les  deux  demi-droites  prolongeant,  avec  leur  sens, 
les  deux  demi-droites  précédentes  au  delà  du  point  A,  leur  angle,  compté 
suivant  la  définition  qui  vient  d'être  donnée,  sera  dit  opposé  par  le  sommet 
au  précédent,  et  l'on  voit  immédiatement  que  la  somme  de  deux  angles 
opposés  par  le  sommet,  ainsi  déjinis ,  est  égale  à  quatre  droits. 

»  Dans  ce  qui  suit  on  considère  toujours  le  contour  d'un  polygone 
comme  parcouru  dans  un  sens  déterminé.  Des  lors,  pour  chaque  sommet, 
les  deux  côtés  qui  s'y  rencontrent  constituent,  l'un,  une  demi-droite  anté- 
rieure, l'autre,  une  demi-droite  postérieure,  et  l'angle  du  polygone  en  ce 
sommet,  pris  égal  à  l'angle  de  ces  deux  demi-droites,  est  déterminé  sans 
ambiguïté. 

»  Si  un  polygone  est  à  connexion  simple,  c'est-à-dire  si  son  contour  ne 
se  recoupe  pas  lui-même,  il  peut  être  dit  direct  ou  rétrograde  suivant  que 
ce  contour  est  parcouru  tians  l'un  ou  l'autre  sens.  On  voit,  en  appliquant 
la  définition  donnée  plus  haut,  que,  dans  le  premier  cas,  ce  sont,  en  tous 
les  sommets,  les  angles  extérieurs  qui  doivent  être  pris  ;  dans  le  second, 
ce  sont  les  angles  intérieurs. 

»  Si  un  polygone  est  à  connexion  multiple,  il  peut  être  décomposé  en 
polygones  à  connexion  simple  par  le  procédé  suivant  :  Partant  d'un  som- 
met quelconque,  on  suit,  dans  le  sens  indiqué,  le  contour  du  polygone  en 


(   8.0    1 

ayant  soin,  chaque  fois  qu'on  an  ive  à  un  jjoint  de;  recoupement,  de  ne 
pas  le  franchir  et  de  s'en  éloigner  par  la  demi-droite  postérieure  qui  n'est 
pas  dans  le  prolongement  de  la  demi-droite  antérieure  par  laquelle  on  l'a 
atteint.  Lorsqu'on  a  fait  retour  au  sommet  d'oi^i  l'on  était  parti,  on  répète  la 
même  opération  en  partant  du  premier  des  points  de  recoupement  qui 
n'avaient  pas  été  franchis  précédemment,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  épuise- 
ment de  tout  le  contour  du  polygone.  Les  polygones  partiels  ainsi  formés 
successivement  sont  tous  à  connexion  simple,  et  leur  nombre  fait  con- 
naître l'ordre  de  multiplicité  de  la  connexion  du  polygone  total. 

»  Cela  posé,  remarquons  que,  si  un  polygone  à  connexion  simple,  de 
n  sommets,  est  rétrograde,  ses  angles  étant  alors,  comme  on  l'a  remarqué 
ci-dessus,  intérieurs,  leur  somme  S,  exprimée  en  angles  droits,  est  donnée, 
comme  on  sait,  par 

S=  in  —  4- 

»  Par  contre,  si  ce  polygone  est  direct,  ses  angles  étant  extéricTirs,  leur 
somme  est  donnée  par 

S  =  2rt  +  4. 

»  Nous  dirons  que  —  4  dans  le  premier  cas,  -f-  4  dans  le  second,  est 
\ excès  angulaire  du  polygone  considéré,  et  nous  le  représenterons  dans 
tous  les  cas  par  t[\,  z  étant  égal  à  -|-  i  ou  —  i  suivant  que  le  polygone  est 
direct  ou  rétrograde.  De  cette  façon,  nousaurons  dans  tous  les  cas 

S  =  2«  -+-  £4- 

))  Prenons  maintenant  un  polygone  à  connexion  multiple,  et  décompo- 
sons-le, suivant  le  mode  qui  vient  d'être  indiqué,  en />  polygones  à  con- 
nexion simple.  Pour  ces  divers  polvgones  nous  avons 

S,  =  2//,  -i-ï,4, 


^,,—  inp+  S/,4- 


»  Si  nous  faisons  la  somme  de  ces  p  égalités,  observons  d'abord  que  la 
somme  S,  +  Sa  -f-. . .+  S^,  comprend  d'une  part  la  somme  S  des  angles  du 
polygone  total,  de  l'autre  la  somme  de  tous  les  angles  des  polvgones  par- 
tiels ayant  leurs  sommets  aux  divers  points  de  recoupement.  En  chacun  de 
ces  points   les  angles   des  deux  polygones  contigus  sont  opposés  par  le 


(    820    ) 

sommet,  suivant  la  définition  donnée  ci-dessus,  et  leur  somme  est  égale  à 
4  droits.  Si  donc  rest  le  nombre  de  ces  points  de  recoupement,  il  vient 

S, +  s.  +  ...^-s^=s  +  47'. 

»  En  second  lieu,  la  somme  n,-h  n.,-i-..  .-h  rip  comprend,  outre  les 
n  côtés  du  polygone  total,  tous  ceux  de  ces  côtés  qui  passent  par  un  point 
de  recoupement  comptés  une  seconde  fois,  ce  qui  donne 

«,  -h  n.y-i-. .  .-\-  np=  n  -h  2r. 
»   Posant  enfin 

nous  conviendron  s  encore  d'appeler  ^4  Verccs  angulaire  du  polygone  total, 
t  pouvant  cette  fois  avoir  une  valeur  entière  quelconque,  positive,  nulle 
ou  négative.  La  sommation  précédente  donne  donc  finalement,  lorsqu'on 
supprime  le  terme  4^  dans  les  deux  membres, 

S  =  2  «  +  s  4 . 

c'esl-à-dire  que  la  formule  écrite  plus  haut  pour  les  polygones  à  con- 
nexion simple  s'étend  aux  polygones  à  connexion  quelconque  moyennant 
la  définition  qui  vient  d'être  donnée  de  l'excès  angulaire. 

))  Dans  les  applications  topographiques,  les  polygones  à  connexion 
multiple  se  présentent  généralement  sous  forme  d'une  chaîne  de  poly- 
gones à  connexion  simple,  chaque  point  de  recoupement  constituant  un 
sommet  commun  à  deux  polygones  partiels  consécutifs.  La  décomposition 
en  polygones  partiels  se  trouve  ainsi  toute  faite  et  n'exige  aucune  opéra- 
tion. D'ailleurs,  ces  polygones  partiels  sont  alternativement,  comme  on  le 
voit  immédiatement,  directs  et  rétrogrades.  lien  résulte  que  l'excès  angu- 
laire du  polygone  total,  nul  lorsque  les  polygones  partiels  sont  en  nombre 
pair,  est,  lorsqu'ils  sont  en  nombre  impair,  égal  à  celui  du  premier  poly- 
gone de  la  chaîne  (en  partant  de  l'une  ou  de  l'autre  extrémité). 

»  Si  l'on  voulait  compter  les  angles  dans  le  sens  rétrograde  au  lieu  du 
sens  direct,  il  n'y  aurait,  dans  ce  qui  précède,  qu'à  permuter  les  e  entre 
les  polygones  directs  et  rétrogrades,  c'est-à-dire  à  prendre  £  =  —  i  pour 
les  premiers  et  e  =  4-  i  pour  les  seconds. 

»  D'une  manière  générale,  il  suffit  de  dire  que  l'on  prend  e  =  4-  i  ou 
£  =  —  I,  suivant  que  le  contour  du  polygone  est  parcouru  ou  non  dans  le 
sens  où  ses  angles  sont  comptés.  » 


(    821    ) 

PHYSIOLOGIE.  —  Éludes  de  psycho-acoustique.  Note  de  M.  F.  Larroque, 
présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  C'est  à  tort  que  l'on  a  attribué  le  caractère  incisif,  mordant,  du  son  des 
instruments  à  archet,  et  l'éclat  du  son  de  certains  instruments  de  musique 
en  cuivre,  à  la  production  de  sons  partiels  suraigus. 

»  L'attaque  par  l'archet  engendre  des  sons  discontinus,  intermittents 
et,  par  conséquent,  favorables  (selon  ma  théorie)  à  l'excitution  nerveuse. 
Sous  l'archet  d'un  fin  virtuose,  les  intermittences  du  son  varient  conformé- 
ment à  une  loi  dont  la  hauteur  et  l'intensité  du  son  paraissent  être  les  élé- 
ments prépondérants.  Le  Ircmolo  digili  rend  encore  plus  sensible  la  dis- 
continuité du  son  et  contribue  à  ébranler  plus  fortement  le  système 
nerveux  de  l'auditeur. 

»  Pour  mettre  en  évidence  la  discontinuité  du  son,  j'ai  relevé  des  gra- 
phiques de  vibrations  au  moyen  de  résonateurs  pourvus  d'une  fine  mem- 
brane dont  les  oscillations  étaient  inscrites  par  un  style  sur  un  cylindre 
tournant  enduit  de  noir  de  fumée.  Ces  graphiques  étaient  examinés  à  la 
loupe. 

»  Les  graphiques  présentent  périodiquement  une  élongation  de  l'ondu- 
lation, sur  l'axe  des  abscisses,  indiquant  un  véritable  temps  d'arrêt. 

»  Les  sons  du  cor  (cuivré),  de  la  trompette,  du  trombone,  remarquables 
par  leur  éclat,  produisent  des  graphiques  analogues  aux  précédents  et 
accusant  la  discontinuité  du  son.  J'explique  cette  discontinuité  de  la  façon 
suivante  :  Par  suite  du  frottement  de  l'air  contre  les  parois  du  tube,  il  se 
forme  des  accumulations,  des  maximum  de  pression,  suivis  de  détente; 
l'écoulement  de  l'air  devient  intermittent;  il  suffit  de  multiplier  les  con- 
tournements  en  spirale  du  tube  ou  de  modérer  le  souffle  pour  que  les 
accumulations  n'aient  plus  lieu;  le  son  s'assourdit  alors  et  paraît  changer 
de  timbre  parce  qu'il  devient  continu. 

»  Ni  dans  le  son  tles  instruments  à  archet,  ni  dans  celui  des  instruments 
en  cuivre  précités,  l'analyse  du  timbre  ne  révèle  l'existence  d'harmoniques 
suraigus  très  énergiques.  Le  mordant  ou  l'éclat  du  son  de  ces  instruments, 
auxquels  j'ajoute  la  voix  humaine,  résulte  donc  de  la  discontinuité  du  son 
(i6  retards  au  moins  par  seconde). 

»  Donc  (et  ceci  vient  apporter  une  nouvelle  confirmation  de  mes  idées 
théoriques),  c'est  par  ébranlement  ondulatoire  saccadé  que  le  neurone  est 
le  plus  énergiquement  excité.   » 

C.  R.,  lyoi,  I"  Semestre.  (ï.  CXXXII,  N'  13.)  Io6 


(    822    ) 


PHYSICOCHIMIK.  —  Sur  les  propriétés  électrocapillaires  de  quelques  composés 
organiques  en  solutions  aqueuses  (').  Note  de  M.  Gouv. 

«  Le  fait  que  les  acides  oxygénés  en  solutions  concentrées  (acétique, 
citrique,  tartriqne,  etc.)  abaissent  notablement  le  maximum  électro- 
capillaire a  appelé  mon  attention  sur  les  effets  des  molécules  non  dissociées 
en  ions.  J'ai  étudié  à  ce  point  de  vue  quelques  composés  organiques,  peu 
ou  point  conducteurs,  et  j'ai  constaté  qu'ils  produisent  des  effets  électro- 
capillaires très  sensibles,  et  souvent  [)lus  considérables  que  ceux  des  élec- 
trolytes  les  plus  actifs. 

»  Je  me  bornerai  ici  à  parler  du  maximum  f\e  la  courbe  électrocapillaire. 
La  mesure  peut  en  être  faite  avec  la  solution  aqueuse  pure,  comparée  à 
l'eau  distillée,  mais  il  est  plus  commode  de  prendre  pour  dissolvant  une 
solution  étendue  d'un  électrolyte,  ce  qui  est  d'ailleurs  indispensable  si  l'on 
veut  étudier  la  courbe  dans  son  entier.  J'ai  fait  choix  de  la  solution  centi- 
normale  (-)  de  sulfate  de  sodium.  Soient  II  le  maximum  de  hauteur  de  la 
colonne  de  l'électromètre  capillaire  avec  cette  solution,  et  H'  le  maximum 
après  l'addition  du  corps  organique.  La  différence  H  —  H'  s'est  jusqu'ici 
montrée  positive.  Pour  reniire  comparables  les  mesures  faites  avec  des 
tubes  différents,  on  ramène  cette  différence  à  la  valeur  S  qu'elle  aurait  si 
le  tube  était  tel  que  H  :=  looo™™,  par  la  formule 

^  Il -II' 

(5  :=   lOOO- 


11 


»  J'ai  trouvé  jusqu'ici  S  indépendant  de  l'électrolyte  employé  ainsi 
comme  auxiliaire,  pourvu  qu'il  fîit  très  étendu,  inactif  jjar  lui-même,  et  ne 
réagît  pas  chimiquement. 


(')  Voir  mes  publications  anlérieures  Sur  les  pi'opriclcs  cleclrocapillaires  des 
éleclrolylcs  {Comptes  tendus,  i"'  février  1892;  2.5  novembre  1890;  28  juillet,  19  no- 
vembre et  3  décembre  1900,  et  Journal  de  l'Iiysiquc,  1894). 

(^)  Cette  solution  contient  —^  d'équivalenl-granitne  par  litre.  Les  solutions  nor- 
males dont  il  est  question  dans  mes  publications  antérieures  sont  toujours  rapportées 
à  l'équivalenl-grarame.  Ici  la  concentration  paiaiL  du  reste  indifl'érente,  pourvu  qu'elle 
soit  petite,  mais  je  n'ai  pas  fait  la  vérification  dans  tous  les  cas.  Il  est  bon  que  le  sel 
soit  exactement  neutie  et  exempt  de  chlorures,  pour  la  facilité  des  expériences. 


(  823  ) 

M  Le  TaËleau  suivant,  où  M  désigne  une  molécule-gramme  i)ar  litre, 
donne  les  valeurs  de  â  pour  quelques  corps,  à  i8". 

M              ■       M                     M 
M.  -    •  

iO  JUÛ  1000 

Alroul  mt'llivliquc 7  »  »  » 

»        éthylique 17  2  »  » 

»        propvliqiic ôg  -  »  » 

»        allyli([ue 58  9  »  » 

»        amyliqiie »  58  6  » 

Aldéhyde 16  3  »  » 

Acétone 29  5  »  » 

Glycérine 19  2  »  » 

Erylhritc 21  3  »  » 

Glucose 40  24  7  » 

Saccharose 54  28  12  » 

Lactose »  37  19  » 

Phénol »  78  3i  5 

Pyrogallûl 96  66  5o  » 

Résorcine »  65  34  8 

Uydroqilinone »  60  3o  » 

Acétaniide 20  4  »  » 

Asparagine »  4  »  » 

Caféine »  97  73  58 

Amygdaline »  91  71  54 

»  La  viscosité  électrocapillaire  existe  avec  les  caractères  que  j'ai  indi- 
qués pour  les  électrolytes  ('),  surtout  avec  les  solutions  très  étendues  de 
corps  extrêmement  actifs,  tels  que  la  caféine  et  l'amygdaline.  Aux  dilutions 
modérées,  elle  est  nulle  ou  ne  dure  qu'une  ou  deux  minutes,  à  moins  qu'il 
n'y  ait  des  traces  d'impuretés  très  actives  qui  manifestent  ainsi  leur  pré- 
sence à  l'expérimentateur.  Sauf  aux  dilutions  extrêmes,  la  mesure  de  (>  est 
une  opération  facile  et  rapide  (■)  ,  qui  n'exige  ni  le  tracé  de  la  courbe  ni 
des  mesures  électriques  précises. 

(')  11  y  a  viscosité  électrocapillaire  quand  11'  diminue  avec  le  temps  jusqu'à  sa 
valeur  finale.  On  doit  faire  varier  à  mesure  la  hauteur  du  mercure,  de  façon  à  main- 
tenir constante  la  position  du  ménisque  dans  le  tube  capillaire, 

("-)  Deux  précautions  sont  essentielles  :  1°  s'assurer  de  la  mobilité  du  ménisque 
dans  le  tube  capillaire,  sans  laquelle  l'expérience  ne  signifie  rien;  2°  en  mettant  une 
bolution  nouvelle,  nettoyer  le  tube  capillaire  en  faisant  monter  et  descendre  le  mé- 
nisque à  plusieurs  reprises,  et  laissant  quelques  minutes  ce  tube  plein  de  la  solution 
avant  de  faire  la  mesure. 


(  8-2/,  ) 

»  Cette  nouvelle  constante  phvsicochimiqiie  S  paraît  intéressante,  en  ce 
qu'elle  a  des  valeurs  bien  diffcrcnles  pour  les  Hivers  corps,  même  isomères; 
la  manière  dont  elle  varie  avec  la  dilution  est  aussi  caractéristique.  On 
peut  donc  espérer  qu'elle  trouvera  des  applications  utiles. 

))  J'ai  montré  ailleurs  que,  avec  les  solutions  qui  dépriment  le  maximum, 
il  y  a  nécessairement  accumulation  du  corps  dissous  à  la  surface  du  mer- 
cure (').  Ce  théorème  rend  pour  ainsi  dire  évidente  l'existence,  dans  le 
cas  actuel,  de  forces  cp  attractives  s'exerçant,  presque  au  contact,  entre  le 
mercure  et  les  molécules  dissoutes.  La  constante  S  mesure  l'effet  de  ces 
forces,  qu'on  doit  vraisemblablement  rapprocher  de  ce  que  Chevreul  ap- 
pelait affinité  capillaire,  plutôt  que  de  l'affinité  chimique  proprement 
dite. 

»  J'espère  pouvoir  donner,  par  la  suite,  des  résultats  moins  incomplets 
et  indiquer  aussi  les  particularités  caractéristiques  que  montre  la  forme 
même  de  la  courbe  électrocapillaire,  pour  les  diverses  molécules  orga- 
niques.  » 


CHIMIE.  —  Sur  quelques  osmyloxalates .  Note  de  M.  L.  Wintrebert, 

présentée  par  M.  Troost. 

«  Une  Communication  antérieure  (°)  a  précisé  la  constitution  del'osmyl- 
oxalate  de  potassium  OsO"  (C-0*)-R-,  2H-O  et  signalé  l'existence  des 
sels  correspondants  de  sodium  et  d'argent.  Depuis  lors,  j'ai  pu  déterminer 
les  conditions  permettant. d'obtenir  facilement  ces  deux  derniers  corps  et 
j'ai  formé  d'autres  osmyloxalates. 

»  i"  Osmj'loxalate  de  sodium  :  OsO-(G-0'')-Na-,  2H-O.  —  Ce  composé  peut 
s'obtenir  par  le  procédé  indiqué  par  M.  Vèzes  (')  pour  la  préparation  de  l'osmyloxa- 
late  de  potassium,  en  faisant  agir  à  rébullition  de  l'acide  oxalique  sur  une  solution 
de  pero3  de  d'osmium  OsO'  dans  une  lessive  de  soude  caustique.  Il  est  cependant  pré- 
férable de  traiter  ce  peroxyde  en  solution  aqueuse  par  un  mélange  convenable  de 
bioxalate  de  sodium  et  d'acide  oxalique. 

OsO'-i-  2C-0'NalI  -H  C2  0*H==  OsO=(C-0»)2Na=+  aCO^H-  2IPO. 

(')  Comptes  rendus,  3  décembre  1900.  Un  exposé  plus  complet  va  paraître  au 
Journal  de  Physique. 

(-)   Comptes  rendus,  t.  CXXXl,  p.  26/1;  28  juillet  1900. 

(^)  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  natu- 
relles de  Bordeaux,  séance  du  29  juin  1899. 


(  825  ) 

»  Dans  les  deux  cas,  la  solubilité  de  l'osinyloxalale  de  sodium  oblige  à  opérer  en 
liqueur  concentrée.  En  outre,  les  proportions  des  corps  réagissants  ne  sont  pas  indif- 
férentes. On  doit  avoir  soin  de  prendre  les  quantités  des  corps  réagissants  prévues 
par  la  théorie.  Dans  ces  conditions,  après  soixante  heures  d'ébullition,  on  obtient  de 
volumineux  cristaux  rouge  brun,  d'osmyloxalate  de  sodium. 

»  2"  Osmyloxalale  <^'(7»i/?»o/»'H/;i  .•  OsO-(C-0'')-( AzH*)-,  2 H-0.  — Ce  sel  aussi 
peut  s'obtenir  directement  à  partir  du  peroxyde  d'osmium.  Toutefois,  il  y  aurait 
inconvénient  à  traiter  la  solution  ammoniacale  de  ce  corps  par  l'acide  oxalique  ;  l'am- 
moniaque, en  effet,  réduit  le  peroxyde  d'osmium  en  donnant  l'osmiamale  d'ammo- 
nium OsO( AzO)OAzH*.  De  même  le  second  procédé  indiqué  plus  haut  pour  la 
préparation  de  l'osmyloxalale  de  sodium  (ébullilion  d'un  mélange  de  peroxyde  d'os- 
mium eu  solution  aqueuse,  de  bioxalate  d'ammonium  et  d'acide  oxalique)  donne  lieu 
à  une  réaction  trop  vive  :  la  majeure  partie  de  l'osmium  se  trouve  précipitée  à  l'état 
de  poudre  noire.  L'opération  réussit  au  contraire  si  l'on  met  en  présence,  dans  une 
faible  quantité  d'eau,  du  bioxalate  et  du  peroxyde  dans  les  proportions  requises  par 
l'équation  : 

OsO*-l-4C'-0''Az!P.H  =  OsO^(C'-0')=(Azn')^-i-C^O''(AzH')2-t-2CO'-4-2H'0, 

et  si  l'on  n'élève  pas  trop  la  température.  Après  trois  semaines  de  chauffe  continue 
aux  environs  de  80°,  de  beaux  cristaux  rouge  grenat  d'osmyloxalate  d'ammonium  ont 
été  obtenus. 

))  3°  Osmyloxalale  d'argent  :  OsO-(C-0*)- Ag-.  —  Si  l'on  verse  une  solution 
d'azotate  d'argent  dans  une  solution  chaude  d'un  osmyloxalate  alcalin,  celui  de  po- 
tassium, par  exemple,  on  observe  simultanément  les  deux  réactions  suivantes  : 

(i)  OsO''(C'0*)-K2-i-2AzO'Ag  =  OsO'(C^O')=Ag'-H2AzO^K, 

(2)  OsO'(00»)'-R2^-/lAzO'Ag-+-2li'0=OsO'^P^-2C^O*Ag'^-2ÂzOnv-+-2AzOMI. 

»  La  réaction  (2)  s'effectue  d'autant  mieux  que  les  liquides  mélangés  sont  à  tempé- 
rature plus  élevée.  On  opère  donc  à  température  moyenne;  par  filtration,  on  sépare 
l'oxalale  d'argent  et  l'acide  osmique  OsO'H-  formés  tout  d'abord;  le  liquide  ainsi 
obtenu  est  rapidement  refroidi  et  rosmyloxalale  d'argent  se  dépose  bien  pur  en 
aiguilles  brunes  ne  contenant  pas  d'eau  de  cristallisation. 

»  4"  Osmyloxalate  de  baryum  :  OsO^(C-0')-Ba,  4H-0.  —  Ce  sel  s'obtient  très 
facilement  par  double  décomposition.  Il  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles  jaune 
verdàtre  que  l'eau  chaude  dissout  assez  facilement. 

»  5°  Osmyloxalale  anormal  de  baryum  :  0s0-{O0''fBA^,  GH^O.  —  Un  autre 
sel  de  baryum  se  prépare  en  ajoutant  à  une  solution  chaude  et  moyennement  concen- 
trée d'osmyloxalate  de  potassium  de  l'acide  oxalique  et  du  chlorure  de  baryum  dan; 
les  proportions  indiquées  par  l'équation 

OsO-(G^O*)'K=-t-C^O*FP-t-2BaC12  =  OsO^{C^O*)'Ba2-i-2KCl-f-2HCl. 

»  Aucun  précipité  ne  se  produit,  mais  on  trouve  après  refroidissement,  dans  une 
liqueur  à  peine  colorée,  de  beaux  cristaux  jaune  brun.  Cet  osmyloxalate  anormal  de 
baryum  se  distingue  donc  de  l'osmyloxalate  normal  étudié  précédemment  par  l'addi- 


(  826  ) 

lion  d'une  molécule  d'ovalate  de  baryum.  Le  sel  normal  peut  d'ailleurs  servir  de 
point  de  départ  dans  la  préparation  du  sel  anormal;  il  suffit,  en  efl'et,  d'ajouter  à  sa 
solution  cliaude  et  concentrée  de  l'acide  oxalique  et  du  chlorure  de  baryum  en 
proportions  convenables. 

1)  6"  Osmylo.ralate  de  slro/Uiuni  :  OsO^(C^O'')-Sr,  l\li'-0.  —  L'osmyloxalate  de 
strontium  peut  se  préparer  en  agitant  des  cristaux  d'osmyloxalate  d'argent  avec  une 
solution  chaude  de  chlorure  de  strontium.  Le  liquide  obtenu  après  séparation  du 
chlorure  d'argent  est  très  instable;  pour  éviter  sa  décomposition  il  faut,  par  un  re- 
froidissement brusque,  provoquer  le  dépôt  du  sel,  recueillir  aussitôt  les  cristaux  et 
les  dessécher  rapidement.  Ces  cristaux  forment  une  poudre  jaune  grisâtre  ayant  la 
composition  indiquée  ci-dessus.  D'autres  essais  tentés  à  partir  des  osmyloxalales 
alcalins  ont  seulement  fourni  des  mélanges  d'osmyloxalate  et  d'oxalate  de  strontium. 

»  7°  Osmyloxalate  de  calciiiJti  :  OsO^(C^O*)-Ca,  ■2H-O.  —  En  opérant  avec  le 
calcium,  comme  il  a  été  dit  pour  le  strontium,  j'ai  obtenu  une  poudre  cristalline 
jaune  verdâtre  contenant  manifestement  l'osmjloxalate  de  calcium,  mais  aussi  un  peu 
d'oxalate  de  calcium.  Bien  que  les  conditions  de  l'expérience  eussent  été  plusieurs  fois 
variées,  cette  impureté  n'a  pu  être  éliminée.  L'eau  mère  qui  donne  naissance  à  l'os- 
myloxalate  est  extrêmement  instable  et  répand  une  forte  odeur  de  peroxyde,  indice 
d'une  décomposition  partielle. 

»  11  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  avec  le  strontium  et  le  calcium  des  composés  ana- 
logues à  l'osmyloxalate  anormal  de  baryum. 

»  Diverses  réactions  encore  à  l'étude  nous  donneront  probablement 
d'autres  dérivés  de  l'acide  osmyloxalique;  il  semble  donc  que  les  osmyl- 
oxalales constituent  l'une  des  séries  les  mieux  caractérisées  de  l'osmium.  » 


CHIMIE.  —  Sur  les  propriétés  réductrices  du  magnésium  et  de  l'aluminium,. 

Noie  de  M.  A.  Duboin. 

rt  Action  sur  l'eau.  —  On  sait  que  le  magnésium  et  l'aluminium  réduisent 
presque  tous  les  oxydes,  et  par  conséquent  un  très  grand  nombre  de  ceux 
dont  le  métal,  en  se  combinant  avec  l'oxygène,  dégage  plus  de  chaleur  que 
l'hydrogène  pour  former  l'eau.  Il  est  donc  à  présumer  que  ces  deux  mé- 
taux doivent  pouvoir  agir  énergiquement  sur  l'eau. 

»  Je  signale  simplement  les  deux  expériences  suivantes,  qui  sont  très 
brillantes  : 

»  1°  On  mouille  de  la  limaille  de  magnésium  avec  de  l'eau,  on  la  place  dans  un  tel 
ou  sur  une  plaque  poreuse;  on  recouvre  de  magnésium  sec,  qu'on  allume  :  aussitôt  que 
la  combustion  arrive  au  contact  de  la  partie  mouillée,  on  a  une  grande  flamme,  extrê- 
mement brillante,  et  la  magnésie  qui  reste  se  présente  sous  forme  do  longs  filaments. 


(  827  ) 

>i  Ainsi,  quelques  gouttes  d'eau  peuvent  remplacer  les  appareils  nombreux  que  l'on 
emploie  pour  explorer  les  grottes,  ou  prendre  des  photographies  de  lieux  obscurs. 

»  2°  On  mélange,  sans  précaution,  de  l'eau  et  de  l'aluminium  porphyrisé  ;  on  recouvre 
de  magnésium  en  poudre,  qu'on  allume.  Ici  encore  on  a  une  flamme  très  vive  et  d'un 
éclat  incomparable.  L'expérience  est  peut-être  encore  plus  brillante  que  la  précédente. 

»  Action  de  V aluminium  sur  V alumine.  —  Un  mélange  de  4  atomes  d'alu- 
minium pour  une  molécule  d'alumine,  allumé  en  un  point,  réagit  avec  un 
très  vif  éclat,  en  donnant  l'oxyde  APO  de  M.  Pionchon. 

i>  Réductions  dans  V hydrogène.  —  Nous  avons  pu  réaliser  un  certain 
nombre  de  réactions  dans  l'hydrogène. 

"  Nous  plaçons  la  matière  soumise  à  l'expérience  dans  un  têt  ou  un  creuset,  au  milieu 
d'une  cloche  pleine  d'hydrogène  :  on  enflamme  en  faisant  arriver  par  un  tube,  au 
contact  de  la  masse,  une  (lamme  d'oxygène,  en  prenant  les  dispositions  employées  dans 
les  cours  pour  montrer  que  l'oxygène  brûle  dans  l'hydrogène,  par  exemple  l'expé- 
rience de  Cari  Heumann. 

»  Les  oxydes  alcalino-terreux  sont  réduits  par  le  magnésium.  C'est  la  baryte  qui 
réussit  le  mieux;  aussi  je  me  sers  de  baryte  et  de  magnésium  pour  amorcer  la  plupart 
des  réactions. 

»  Le  magnésium  mouillé,  dont  on  amorce  la  réaction  par  le  mélange  précédent,  brûle 
avec  une  grande  flamme;  l'hydrogène  s'échappe  par  le  tube  extérieur  et  brûle  avec 
une  flamme  blanche  de  ?.o'"'  de  haut.  L'expérience  serait  dangereuse  avec  de  trop 
grandes  quantités  de  matière. 

))   Il  en  est  de  même  de  l'aluminium.  On  amorce  jiar  le  mélange  précédent. 

H  Acides  Jjoriqae  i;L  silicique.  —  Le  mélange  de  deux  parties  et  demie  d'acide 
borique  anhydre,  fondu  et  pulvérisé,  avec  une  de  magnésium,  léagit  dans  l'hydrogène 
quand  on  le  chaurt'e  en  un  point. 

»  C'est  un  moyen  commode  d'éliminer  l'action  de  l'air  et  surtout  de  l'azote  :  malheu- 
reusement l'excès  d'acide  bo'rique  n'est  pas  suffisant  pour  avoir,  du  premier  coup,  du 
bore  totalement  dépourvu  de  borure  de  magnésium. 

1)  Le  mélange  B^O'-(-  Al-  prend  dans  l'hydrogène,  quand  on  l'amorce  par  le  mélange 
BaO  +  Mg.  C'est  une  des  j)lus  belles  expériences,  à  cause  de  la  durée,  qui  est  assez 
grande. 

»  Phosphate  de  chaux.  —  Le  mélange  (PO*)^Ca^-f-  8Mg  brûle,  comme  dans  l'air, 
avec  une  flamme  éblouissante.  Il  paraît  en  même  temps  se  former  du  phosphure  d'hy- 
drogène solide  jaune,  sur  les  parois  du  tube.  L'expérience  serait  dangereuse  avec  de 
trop  grandes  quantités  de  matière. 

»  La  masse,  reprise  par  l'eau,  dégage  du  phosphure  d'hydrogène  spontanément 
inflammable. 

»  On  obtient  le  même  résultat  eu  opérant  à  l'air.  Nous  n'avons  pas  eu  de  combus- 
tion complète  en  remplaçant  le  magnésium  par  la  quantité  équivalente  d'aluminium. 

»  Chroniate  de  potasse.  —  Ayant  en  vue  la  préparation  du  potassium,  j'ai  allumé 
le  mélange  de  chromate  neutre  de  potasse  Cr-O^v'   avec  Jj^  Al.  Ce  mélange,  allumé 


(  8a8  ) 

en  un  point,  brille  en  dégageant  des  torrents  de  vapeur  de  potassium.  Mais,  quand  on 
opère  dans  une  atmosphère  d'hjdrogène,  une  circonstance  particulière  empêche  de 
recueillir  le  métal  :  ce  dernier,  se  formant  très  vite,  absorbe  l'hydrogène  au  fur  et  à 
mesure  de  sa  formation,  et  l'absorption  fait  rentrer  l'air  par  le  tube.  Notre  dispositif 
perd  dans  ce  cas  son  intérêt. 

»  Néanmoins  il  nous  paraît  précieux  dans   les  réactions  où  la  présence  de  l'azote 
est  nuisible,  ce  qui  est  souvent  le  cas,  surtout  quand  on  emploie  le  magnésium.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  cinchonine.  Note  de  MM.  E.  Jungfleiscii  et 

E.  Légeu. 

»  Eii  établissant  l'identité  de  Thydrocinchonine  et  de  la  cinchonifine, 
nous  avons  rappelé  que,  dans  le  ti'ailement  de  la  cinchonine  par  l'acide 
sulfiirique  aqueux,  l'hydrocinchonine  est  toujours  recueillie  en  très  forte 
proportion  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  l\io).  Nous  nous  proposons  de 
préciser  ici  la  teneur  de  la  cinchonine  en  hydrocinchonine,  de  montrer 
que  les  propriétés  attribuées  à  la  cinchonine  correspondent  en  réalité  à  un 
mélange,  et  enfin  de  rechercher  quelles  sont  les  propriétés  de  la  cinchonine 
pure. 

»  Le  sulfate  basique  de  cinchonine  employé  dans  nos  expériences  est  d'origine 
ancienne  et  provient  de  quinquinas  sauvages.  Pour  déterminer  sa  teneur  en  hydro- 
cinclionine,  nous  en  avons  traité  aoof  par  l'acide  sulfuiique  mélangé  de  son  poids 
d'eau,  à  laS",  puis  nous  avons  extrait  l'hydrocinchonine  du  mélange  formé,  le  tout  en 
suivant  les  procédés  que  nous  avons  indiqués  antérieurement.  Nous  avons  obtenu  285'' 
d'hydrocinchonine;  celte  quantité  correspond  à  348% 38  de  sulfate  d'hydrocinchonine 
à  2H-O,  soit  à  17,19  pour  100.  En  tenant  compte  des  pertes  inhérentes  à  une  sem- 
blable séparation,  en  appréciant  notamment  la  quantité  d'hydrocinchonine  retenue  par 
l'apocinchonine,  malgré  des  cristallisations  répétées,  ou  j)eut  admettre  que  le  sel  pri- 
mitif ne  contient  pas  beaucoup  moins  de  20  pour  100  de  sulfate  d'hydrocinchonine, 
s'il  n'en  contient  pas  davantage. 

»  L'hydrocinchonine  pure,  traitée  de  même,  n'a  fourni  qu'une  proportion  très 
faible  de  produits  étrangers,  lille  n'est  donc  pas  détruite  en  quantité  sensible  par  le 
traitement  sulfurique. 

»  Cette  teneur  élevée  de  sulfate  de  cinchonine  en  hydrocinchonine  n'est  nullement 
exceptionnelle.  Au  cours  de  nos  recherches,  nous  avons  traité  semblablement  des 
cinchouines  d'origines  variées,  produits  commerciaux  actuels  ou  produits  existant 
depuis  longlemj)s  dans  les  collections;  toujours  nous  avons  recueilli  l'hydrocincho- 
nine en  proportion  considérable,  supérieure  parfois,  apparemment,  à  celle  qui  vient 
d'être  indiquée. 

»  Par  oxydation  au  permanganate  de  potassium,  opérée  à  0°,  un  sulfate  de  cincho- 
nine aussi   chargé   d'hydrocinchonine    ne   fouiiiit   qu'un»  proportion  assez  faible   de 


(  829  ) 
cette  dernière  base.    L'hydrocinchonine  est  donc  détruite  en  grande  partie,  même  à 
froid,  pendant  l'oxydation  de  la  cinchonine. 

»  Nous  avons  cherché  à  connaître  la  cinclionine  et  ses  sels  à  un  meilleur  état  de 
pureté. 

»  Ayant  transformé  en  sulfate  neutre  un  poids  considérable  du  même  sulfate 
basique  de  cinchonine  initial,  nous  avons  fait  cristalliser  le  sel  neutre  dans  l'eau,  nous 
l'avons  essoré,  puis  lavé  à  la  trompe  avec  un  peu  d'eau;  nous  l'avons  ensuite,  après 
dessiccation,  fait  cristalliser  dans  l'alcool  à  gS  centièmes,  en  troublant  la  cristallisation  ; 
les  cristaux  ont  été  essorés,  lavés  à  l'alcool,  puis  essorés  de  nouveau.  Après  avoir 
répété  cinq  fois  encore  le  même  traitement,  nous  avons  transformé  le  sulfate  neutre 
en  sulfate  basique,  lequel  a  été  soumis  à  deux  cristallisations  dans  l'eau. 

»  Le  sel  purifié  ayant  été  chauffé  avec  l'acide  sulfurique  dans  les  conditions  rappe- 
lées ci-dessus,  looS''  ont  fourni  2S'',o5  d'iiydrocinchonine.  Ce  chiffre  correspond  à 
2,5o  parties  de  sulfate  d'hydrocinchonine  à  aH^O  dans  loo  parties  de  sel  purifié.  En 
tenant  compte  des  pertes  inévitables,  nous  évaluons  à  3  pour  loo  au  moins  la  teneur 
réelle, 

»  D'après  cela,  on  exprime  par  à  peu  près  l'efficacité  du  procédé  de 
purification  en  disant  qu'à  chaque  cristallisation  du  sel  neutre  dans 
l'alcool,  la  liqueur  alcoolique  a  éliminé  un  quart  du  sel  d'hydrocinchonine 
existant  dans  le  produit. 

1)  Nous  avons  alors  purifié  de  la  même  façon  le  même  sel  primitif,  mais 
en  portant  à  lo  le  nombre  des  cristallisations  du  sulfate  neutre  dans 
l'alcool.  En  appliquant  la  même  règle  de  décroissance  au  calcul  de  la 
teneur  en  hydrocinchonine  du  sulfate  de  cinchonine  aussi  péniblement 
purifié,  on  trouve  qu'il  doit  renfermer  encore  0,93  pour  100,  soit  i  pour 
100  environ  de  sulfate  d'hydrocinchonine. 

»  Ce  sulfate  de  cinchonine  purifié,  à  2  H*0,  n'a  pas  la  même  solubilité  que  le  sul- 
fate de  cinclionine  ordinairement  décrit.  Il  est  soluble  (i  partie)  dans  72,1  parties 
d'eau  à  12°,  dans  60,2  parties  à  36°,  5  et  dans  12,9  parties  à  ioi°.  Le  sel  initial, 
contenant  environ  |  de  sulfate  d'hydrocinchonine,  est  soluble  (i  partie)  dans 
64,1  parties  d'eau  à  la",  dans  55, o  parties  à  36", 5  et  dans  11, 3  parties  à  101°.  Les 
difl'érences  s'expliquent  par  la  solubilité  propre  au  sulfate  d'hydrocinchonine  :  celui- 
ci  est  soluble  (i  partie)  dans  37,6  parties  d'eau  à  12",  dans  34,8  parties  à  36°,  5  et 
dans  lo,  7  parties  à  ioi°.  On  indique  d'ordinaire  que  le  sulfate  de  cinchonine  à 
2H^0  se  dissout  (  I  partie)  dans  65,  5  parties  d'eau  à  iS"  (Hesse;  Beilstei^," N a ndb. 
d.  org.  Chemie,  t.  III,  p.  83o,  1897);  ce  chiffre  est  très  voisin  de  celui  que  fournit 
notre  produit  initial,  non  purifié. 

»  La  température  de  fusion  de  la  cinchonine  étant  élevée  et  la  matière 
altérable,  la  détermination  du  point  de  fusion  donne  des  résultats  variables, 

C.  R.,  1901.  I"  Semestre.  (T.  CXXMI,  N°  Va.)  \0] 


(  83o  ) 

suivant  qu'on  chauffe  lentement  ou  brusquement.  D'autre  part,  la  présence 
de  l'hydrocinchonine  modifie  celte  température  :  certaines  cinchonines 
chargées  d'hydrocinchonines  fondent  plus  haut  que  la  cinchonine  purifiée. 
Enfin,  la  cinchonine  la  plus  pure,  lorsqu'on  la  soumet  à  des  cristallisations 
répétées  dans  l'alcool  chaud,  s'altère;  les  matières  colorées  qui  se  forment 
augmentent  notablement  la  fusibilité  des  cristaux  :  la  cinchonine  à 
I  pour  lood'hydrocinchonine,  soumise  à  des  cristallisations  répétées  dans 
l'alcool  chaud,  a  donné  ainsi  successivement  263°,  4,  268°, o,  etc. 

»  Pour  éviter  ces  altérations,  nous  avons  soumis  la  cinchonine  la  moins 
impure  à  la  cristallisation  fractionnée,  par  évaporisation  à  froid  de  sa  dis- 
solution dans  le  mélange  de  2  volumes  de  chloroforme  et  1  volume  d'al- 
cool; on  l'obtient  ainsi  en  fines  aiguilles.  Sur  les  premiers  et  les  derniers 
cristaux  recueillis,  on  a  observé  de  légères  variations,  mais  tous  les  produits 
médians  fondaient  à  264°, 3  (corr.).  Le  même  résultat  a  été  fourni  par  une 
cinchonine  semblablement  purifiée,  mais  d'origine  différente.  Les  nom- 
breux chiffres  donnés  antérieurement  varient  entre  248°  et  268°,  8. 

')  Le  pouvoir  rotatoire  de  la  cinchonine  purifiée  est  plus  fort  que  celui 
qui  est  admis  pour  la  cinchonine. 

»  Cela  s'explique  par  la  moindre  activité  de  l'hydrocinchonine.  En  dissolution  dans 
l'alcool  absolu  (jo  =  o,i875,  (-  =  30",  t=i']o'>)  on  trouve  avec  elle  C2u  =  -t- 229°,6. 
Dans  les  mênies  conditions,  M.  Oudemans  a  indiqué  ai,=:-t-  233°,  3  ;  or,  pour  un  mé- 
lange de  I  partie  d'hydrocinchonine  avec  4  parties  de  cinchonine,  observé  dans  les 
mêmes  circonstances,  on  calcule  avec  nos  chiffres  a£,=r+  223°,  9. 

»  En  dissolution  à  i  pour  100  dans  l'eau  additionnée  de  4HC1  par  molécule  de 
cinchonine,  on  trouve,  à  17°,  ^D  —  -h  263°,/+.  Pour  des  conditions  de  concentration  voi- 
sines, M.  Oudemans  a  indiqué  aD  =  -l- 257°,7  ;  or  le  calcul  indique  pour  la  cinchonine 
contenant  |  d'hydrocinchonine,  (Xf,  =  +  256°,  3. 

»  Sans  voir  dans  ces  relations  autre  chose  qu'une  indication,  nous  ajou- 
terons qu'une  cinchonine  commerciale  de  même  origine  que  le  sel  initial 
de  nos  expériences,  après  avoir  subi  trois  cristallisations  successives  dans 
l'alcool,  nous  a  donné,  dans  les  conditions  ci-dessus  indiquées,  cf.„—  +  223°,9 
en  liqueur  alcoolique,  et  ai,=  256",  5  en  liqueur  aqueuse  chlorhydrique  ; 
ces  chiffres  diffèrent  bien  peu  de  ceux  de  M.  Oudemans.  Leur  similitude 
nous  a  portés  autrefois  à  prendre  comme  pure  celte  cinchonine  à 
20  pour  100  d'hydrocinchonine.   » 


(  83  T  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quehjnes  dérivés  iodés  du  phénol. 
Note  de  P.  Breivans. 

«  On  a  déjà  étudié  l'action  de  l'iode  dissous  dans  l'iodure  de  potassium, 
sur  le  phénol  en  solution  alcaline.  La  présente  Note  a  pour  objet  de  faire 
connaître  des  résultats  assez  différents,  obtenus  au  moyen  des  mêmes  réac- 
tifs, mais  dans  des  circonstances  expérimentales  différentes;  j'ai  obtenu, 
en  effet,  suivant  les  conditions  adoptées,  tantôt  le  diiodophénol 

OH-CH'-P   1.2.4  ('), 

accompagné  du  triiodophénol 

OH  --  CH^-P    1.2.4.6  (  =  ), 

tantôt  le  même  triiodophénol  isolé.  Je  vais  indiquer  les  circonstances  dans 
lesquelles  ces  composés  prennent  ainsi  naissance  et  faire  connaître 
quelques-unes  de  leurs  propriétés. 

»  I.  Si,  dans  800"  de  dissolution  contenant  SoS'',  8  d'iode  (4  atomes)  et  ôos'"  environ 
d'iodure  de  potassium,  on  verse,  peu  à  peu  et  en  agitant,  9S'',4  de  phénol  pur  (i  molé- 
cule) et  116'',  2  de  potasse  (2  molécules)  dissous  dans  200"^'^  d'eau,  il  se  dépose  rapide- 
ment un  précipité  cristallin,  grisâtre;  pour  achever  la  réaction,  le  tout  est  porté 
vers  60°,  puis  abandonné  pendant  vingt-quatre  heures.  Le  précipité  séparé,  lavé  et 
essoré,  est  enfin  desséché  dans  le  vide;  il  pèse  de  278''  à  286''.  Les  eaux,  mères  avec 
l'eau  de  lavage  sont  faiblement  colorées  et  ne  renferment  que  o?'',  35  à  oS'',4o  d'iode 
libre;  la  presque  totalité  de  l'iode  a  donc  réagi. 

»  Le  produit  obtenu  est  un  mélange.  J'en  ai  séparé  les  composants  par  deux,  pro- 
cédés. Le  premier  consiste  à  le  soumettre  à  l'action  d'un  courant  de  vapeur  d'eau;  un 
quart  de  la  matière  se  trouve  entraîné;  le  reste,  formé  surtout  de  triiodophénol,  ne  se 
volatilise  pas  sensiblement  dans  ces  conditions. 

»  La  matière  distillée  est  incolore  et  cristallisée  en  aiguilles;  elle  est  presque  entiè- 
rement formée  par  le  diiodophénol  i,  2,  4;  et  fond  à  70<'-7i<',5;  les  dernières  parties 
distillées  fondent  à  65°-67°.  La  liqueur  aqueuse,  agitée  avec  l'éther,  cède  à  celui-ci 
oB'',5o  d'un  corps  fusible  vers  60°,  se  colorant  rapidement  et  paraissant  être  en  partie 
un  monoiodophénol. 

(')  Neumann,  Liehig's  Annalen  der  Chemie,  t.  CGXLI,  p.  71;  Schall,  Berichte 
der  deutsch.  chem.  Gesellsch.,  t.  XX,  p.  3364. 

(-)  Id.;  Lautejiann,  t.  CXX,  p.  807  ;  Kekulé,  t.  CXXXI,  p.  282;  Kôrner,  t.  CXXXVII, 
p.  2i4;  ScHiiTZENBERGER,  Jahvcsb.  iiber  die  Fortsclir.  der  Chemie,  p.  524;  i865. 


(  832  ) 

»  Le  second  procédé  de  séparation  consiste  à  soumettre  le  mélange  à  des  précipita- 
tions fractionnées,  effectuées  en  ajoutant  progressivement  de  l'eau  à  la  solution  alcoo- 
lique. Le  triiodophénol  se  précipite  d'abord:  les  derniers  précipités  contiennent  le 
diiodophénol. 

»  IL  En  opérant  la  même  réaction  sur  une  quantité  double  de  phénol,  j'ai  obtenu 
les  mêmes  composés  en  proportions  dillerenles.  Avec  96',  4  de  phénol  (i  mol.),  Ss^ôde 
potasse  (i  mol.)  et  25e'',  4  d'iode  (2  at.),  il  se  l'orme  relativement  peu  de  triiodophénol 
(^S')  et  beaucoup  plus  de  phénol  diiodé  i,  2,  4  (Ss^So).  Ces  composés  peuvent  être 
séparés  comme  il  a  été  dit  précédemment. 

»  IIL  En  diminuant,  au  contraire,  la  quantité  de  phénol  employée,  il  se  forme 
presque  exclusivement  du  triiodophénol.  Avec  gs'j^  de  phénol  (i  mol.),  i6s',8  de  po- 
tasse (3  mol.)  et  ']6s%2  d'iode  (6  at.),  le  triiodophénol  1.2.4.6  est  recueilli  en  quan- 
tité indiquée  par  l'équation 

C^H^OH  M-  3K0H  -+-  3P=  C«H=P—  OH  +  SKI  +  SH^O, 

soit  47^  environ  pour  les  proportions  citées  plus  haut. 

»  IV.  On  sait  qu'en  faisant  intervenir  des  proportions  plus  fortes  d'iode  et  d'alcali, 
il  se  forme  un  corps  amorphe,  rouge  violacé,  que  l'on  a  appelé  diiodophénol-iodc  (') 
et  considéré  comme  un  phénol  triiodé  isomère  du  précédent. 

i>  V.  Diiodophénol,  OH --- G«H'— l'i  .2.4.  —  Obtenu  et  séparé  comme  il  vient 
d'être  dit,  ce  diiodophénol  peut  être  purifié  en  laissant  refroidir  lentement  sa  solution 
aqueuse,  saturée  et  chaude.  Il  se  dépose  en  longues  aiguilles  incolores,  fusibles  à  72°. 
Il  est  préférable  cependant  de  soumettre  la  dissolution  alcoolique  à  des  précipitations 
successives  par  l'eau  glacée;  le  premier  précipité  séparé  fond  à  68''-69°,  il  est  peu 
abondant;  les  suivants  fondent  tous  à  7 1°-72'>  et  présentent  la  composition  d'un  phénol 
diiodé  (théorie  :  OH  — OH=— P  :  1=^73,41;  trouvé  :  1  =  73,64,  72,97,  73,61). 

»  Ce  diiodophénol  reste  blanc  quand  il  est  pur;  s'il  renferme  des  traces  de  dérivés 
monoiodés,  il  se  colore.  Un  peu  soluble  dans  l'eau,  il  se  dissout  en  toutes  proportions 
dans  l'alcool,  l'alcool  mélhjlique,  l'éther,  l'acétone;  il  est  moins  soluble  dans  la  ben- 
zine, le  chloroforme  et  surtout  l'acide  acétique.  Le  chloroforme  permet  de  l'obtenir 
en  belles  aiguilles  incolores.  Vers  100°  il  se  sublime;  il  se  décompose  à  plus  haute 
température.  Son  point  de   fusion   ']i°-']i''  l'indique   comme    identique    au    phénol 

diiodé  1.2.4. 

»  J'ai  d'ailleurs  établi  autrement  cette  identité,  en  préparant  son  éther  méthyl- 
phényliqiie,  CIP— O  —  C^H'— P,  parles  méthodes  ordinaires;  j'ai  obtenu  une 
huile  colorée,  qui  a  été  purifiée  par  distillation  avec  la  vapeur  d'eau,  en  présence 
d'un  peu  d'acide  sulfureux.  Ce  composé  huileux  distille  incolore  et  reste  énuilsionné 
dans  l'eau;  il  est  repris  par  l'éther,  purifié  de  nouveau  en  précipitant  par  l'eau  sa  so- 
lution acétique,  et  finalement  dissous  dans  l'alcool  ou  l'acide  acétique;  les  solutions 
évaporées  dans  le  vide  ont  donné  des  lamelles  fusibles  à  68°-69°;  celles-ci  sont  iden- 


(')    Messingeu  et  Vortmann,    BericlUe  der    deuLsch.  chem.    GeseUsch.,    t.   XXII, 

p.  23l2. 


(  833  ) 

liques  au  diiodo-anisol  CH'  — O  — C«H'— Pi.2.4,   déjà  obtenu  (')  différemment. 

»  J'ai  prépeiré  AUSSI  ['éther  acétique  du  diiodophénol  1.2.4,  C-H'O- — O — CH' — P, 
par  l'action  de  l'anhydride  acétique  à  laS".  J'ai  obtenu,  après  des  cristallisations 
répétées  dans  l'acide  acétique  et  dans  l'alcool  chauds,  de  longs  prismes  aplatis,  à  odeur 
aromatique,  fondant  invariablement  à  ']o''-']i°.  Comme  le  point  de  fusion  attribué  à 
cet  éther  par  Neuman  {loc.  cit.)  et  Vater  {-)  est  76",  j'ai  préparé  le  même  éther  avec 
le  phénol  diiodé  obtenu  d'après  la  méthode  de  ces  auteurs;  j'ai  eu  des  prismes  inco- 
lores, identiques  aux.  précédents,  fusibles  à  70°-7i°et  non  376°.  Les  cristaux  des  deux 
origines  ont  donné,  à  l'examen  cristallographique,  des  valeurs  d'angles  identiques.  Les 
deux  diiodophénols  ainsi  comparés  sont  donc  un  seul  et  même  corps. 

»  VL  Triiodophénol,  OH— C^H^—P  1.2.4.6.  —  Ce  composé  est  séparé  comme  il  a 
été  dit  plus  haut.  On  le  purifie  par  dissolution  dans  une  lessive  alcaline  et  précipita- 
tion par  l'acide  chlorhjdrique. 

»  Sa  composition  est  bien  celle  d'un  phénol  triiodé  (théorie  :  OH  —  C^H-— P, 
I  =  80,72;  trouvé:  I  =  8o,4;  80,  i;  79,98). 

»  Son  point  de  fusion  (i56°),  son  odeur  et  toutes  ses  propriétés  l'identifient  au 
triiodophénol  1.2.4.6  de  Lautemann.  Insoluble  dans  l'eau,  il  est  peu  soluble  dans 
l'alcool  (i  partie  dans  5o  parties  d'alcool  à  gS")  ainsi  que  dans  l'alcool  méthylique,  le 
chloroforme,  l'acide  acétique  et  la  benzine;  l'éther  et  l'acétone  sont  ses  meilleurs  dis- 
solvants. Il  est  quelque  peu  volatisable  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau  ;  aussi  faut-il, 
lors  de  la  séparation  d'avec  le  diiodophénol,  ne  pas  prolonger  la  distillation  plus  qu'il 
n'est  nécessaire.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  éthers  d'acides  bibasiques  sur  les  composés 
organomctalUques .  Note  de  M.  Amand  Valeur. 

«  Dans  une  Note  récente  (^Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  480)  M.  Behal 
a  montré  que  l'action  des  dérivés  organométalliques  sur  les  élhers  sels 
(réaction  Wagner-Saytzeff),  appliquée  jusque-là  aux  seuls  éthers  formique 
et  acétique,  pouvait  être  généralisée.  Sur  ses  Conseils,  M.  Henri  Masson 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  483),  en  partant  des  éthers  dérivés  des 
acides  monobasiques,  a  réalisé  par  cette  méthode  la  synthèse  de  toute  une 
série  d'alcools  tertiaires  de  la  série  grasse;  et  j'ai  moi-même  étudié  cette 
réaction  sur  les  élhers  d'acides  bibasiques. 

»  L'action  des  dérivés  organométalliques  du  zinc  ou  du  magnésiuin  sur 
une  foncLion  éther  sel  se  résume  dans  la  transformation  du  groupement  • 

R    -  00=* C*  H^         en         R  -  G  -  OH. 

\R' 


(')  Reverdin,  Berichte  der  deutsch.  chem.  Gesellsch.,  t.  XXIX,  p.  990. 
{-)  Vater,  Liebig's  Annalen  der  Chemie,  t.  CCLXI,  p.  81. 


(  834  ) 

»  Avec  les  éthers  dérivés  des  acides  bibasiques,  on  pouvait  espérer  pro- 
duire deux  fois  celte  réaction  et  obtenir  des  glycols  bitertiaires. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  les  premiers  termes  de  la  série  :  oxalale,  malonale 
et  succinate  d'élhyle.  J'ai  fait  réagir  sur  ces  composés  les  iodures  de  magnésium- 
méthyle  et  étliyle  en  solution  éthérée,  préparés  suivant  la  méthode  indiquée  par 
M.  Grignard.  J'ai  suivi  de  tout  point  le  mode  opératoire  indiqué  par  M.  H.  Masson 
(loc.  cit.)  pour  les  éthers  d'acides  monobasiques. 

»  L'action  de  l'iodure  de  magnésium-méthyle  sur  l'élher  oxalique  m'a  fourni, 
avec  de  bons  rendements,  la  pinacone  dérivée  de  l'acétone  ordinaire  : 

GH3\  ,CH' 

CHVV       iXCH' 
OH    OH 

qui  a  été  caractérisée  par  ses  constantes  et  la  propriété  qu'elle  possède  de  se  combiner 
à  l'eau  en  formant  un  hydrate  fusible  à  46°.  Ce  mode  de  production  de  la  pinacone  est 
intéressant,  en  ce  qu'il  permettra  de  préparer  facilement  toute  une  série  de  pinacones 
homologues,  et  d'étudier  dans  quelles  limites  est  possible  la  transformation  en  pinaco- 
lines  correspondantes.  Je  me  propose  de  revenir  sur  ce  sujet. 

»  Avec  le  malonate  d'éthyle  et  l'iodure  de  magnésium-élhyle,  j'ai  obtenu  un  alcool 
non  saturé  C'H^^O  liquide,  bouillant  à  i77"'-i78°;  il  est  vraisemblable  qu'il  se  forme 
d'abord  le  glycol  bitertiaire 


,C  —  CH2  - 

/C^H= 

1 

,\C^H^ 

OH 

OH 

qui  se  déshydrate  ensuite  en  se  transformant  en  l'alcool  non  saturé  que  j'ai  isolé. 

»  Avec  le  succinate  d'éthyle  et  l'iodure  de  magnésium-éthyle,  j'ai  obtenu  directe-- 
ment  un  produit  cristallisé  qui,  après  recristallisation  dans  le  benzène,  fond  à  70°  et 
répond  à  la  formule  suivante  : 


^'"'\C-    CH=      CH^-C/^'"' 
C^H=/r~  T\C^H^ 

OH  OH 


»  Je  me  propose  d'étudier  les  produits  de  déshydratation  de  ce  glycol 
et  de  ses  homologues,  qui  conduiront  vraisemblablement  à  la  série  du 
tétrahydrofurfurane.  Je  poursuis  également  l'étude  de  cette  réaction  sur 
les  éthers  homologues  de  l'acide  succinique.  » 


(  835  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  composés  organométalliques  du  magnésium. 
Noie  de  MM.  Tissier  et  Geignard,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  L'un  d'entre  nous  a  montré  la  facilité  avec  laquelle  le  magnésium 
réagit  sur  les  dérivés  halogènes  des  alcools,  en  solution  dans  l'éther,  pour 
donner  la  combinaison  C"H*"+'  —  Mg  —  (M')  ('),  capable,  comme  le  zinc- 
méthyle,  de  réagir  sur  les  divers  composés  organiques. 

»  Nous  avons  reconnu  qu'en  même  temps  se  produit  une  réaction 
secondaire  qui  donne  naissance  à  des  carbures  saturés,  par  soudure  des 
deux  groupements  monovalents,  C"H^"+*  et  formation  de  Mg(M')= 

2[C''H=«+'(M')]  -t-Mg=:Mg(M')2  +  G''H^«+'-  C"H-"+'. 

Le  magnésium  se  comporte,  dans  ce  cas,  d'une  façon  analogue  aux  métaux 
alcalins.  L'influence  de  cette  réaction  secondaire  croît  avec  l'accumulation 
des  atomes  de  carbone  dans  la  molécule  du  dérivé  halogène  :  peu  sensible 
dans  les  termes  inférieurs,  elle  finit  par  égaler  la  réaction  principale 
lorsqu'on  arrive  aux  termes  en  C°. 

«  Action  de  l'eau  sur  les  composés  C"H^"+'  —  Mg  —  (M').  —  Les  composés  de  la 
forme  C"H'"+'  —  Mg  —  (M'),  provenant  de  l'action  principale  du  magnésium  sur  les 
dérivés  halogènes  des  alcools,  réagissent  sur  l'eau  avec  un  dégagement  de  chaleur 
considérable  et  mise  en  liberté  du  carbure  correspondant,  suivant  l'équation 

2[C«Hî»+'— Mg-(M')]-l-2H20  =  C"H"'+=+Mg(M')2^-Mg(OH)=. 

C'est  là  une  méthode  générale  de  préparation  des  carbures  en  C^H-"-*-^.  Avec  les 
composés  halogènes  à  faible  teneur  en  carbone,  pour  lesquels  les  produits  de  la 
réaction  secondaire  sont  gazeux,  et  dont  il  est,  par  suite,  facile  de  se  débarrasser  avant 
l'action  de  l'eau,  on  obtient  des  carbures  d'une  grande  pureté.  Le  méthane  et  l'éthane, 
préparés  par  cette  méthode,  donnent  à  l'analyse  eudiométrique  des  chiffres  exacts  et 
le  coefficient  d'absorption  par  l'alcool  amylique  est  constant. 

»  Préparation.  —  Pour  les  carbures  gazeux,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  l'eau 
mélangée  d'éther,  dans  le  ballon  qui  contient  le  composé  organométallique  et  qui 
est  maintenu  dans  la  glace.  Après  condensation  au  réfrigérant  ascendant,  les  gaz  qui 
se  dégagent  sont  lavés  dans  plusieurs  flacons  à  acide  sulfurique,  pour  arrêter  l'éther, 
et  recueillis  dans  un  gazomètre.  Pour  les  carbures  liquides,  11  suffit  de  décomposer 
le  dérivé  organométallique  dans  la  glace  ;  après  saturation  du  liquide  par  le  carbonate 
de  potassium,  la  couche  surnageante  est  décantée,  séchée  et  distillée. 

(')  M'  désignant  un  atome  de  Ci,  Br,  L 


(  836  ) 

»  L'iodure  d'hexyle  secondaire  nous  a  donné  l'hexane  et  le  dihexane.  Le  rendement 
égèrement  plus  fort  en  dihexane  est  pour  l'ensemble  d'environ  gS  pour  loo. 

»  Action  des  alcools.  —  Les  alcools,  qui  peuvent  être  considérés  comme  de  l'eau  dans 
laquelle  un  radical  alcoolique  a  été  substitué  à  un  atome  d'hydrogène,  se  comportent 
d'une  manière  semblable,  en  donnant  des  carbures  et  des  composés  de  la  forme 
C«H2"+'0.Mg—  (M'),  d'après  l'équation 

R  \  R  \ 

C»H««+'Mg.(M')  -i-R'— C.O.H-    C«Hî»+-'  4-R'-C-0    -Mg-    (M'), 

R"/  R"/ 

R  ,  R',  R"  représentant  de  l'hydrogène  ou  un  groupement  hydrocarboné  monovalent. 

»  Les  nouveaux  composés  organomélalliques  ainsi  obtenus  cristallisent  aisément  et 
sont  à  leur  tour  décomposés  par  l'eau,  avec  mise  en  liberté  de  l'alcool.  Nous  avons 
fait  réagir  ainsi  sur  le  bromure  d'élhyl  magnésium  :  l'alcool  méthylique,  l'alcool  amy- 
lique  et  le  phénol. 

»  Action  du  magnésium  sur  les  alcools.  —  De  même  que  les  alcools  se  comportent 
comme  l'eau,  vis-à-vis  des  composés  que  nous  venons  d'étudier,  ils  réagissent  aussi 
comme  l'eau  sur  le  magnésium  métallique,  avec  production  d'alcoolats.  L'action  de 
l'alcool  éthylique,  lente  à  froid,  n'augmente  pas  sensiblement  à  l'ébullilion  ;  il  est 
nécessaire  d'opérer  en  tube  scellé.  L'alcool  méthylique,  en  raison  de  ses  trois  hydro- 
gènes groupés  sur  un  même  carbone  uni  directement  à  l'oxhydrile,  devait,  comme 
dans  l'éthérification,  offrir  une  vitesse  d'attaque  beaucoup  plus  grande,  et  en  effet  le 
magnésium  réagit  sur  l'alcool  méthylique  très  rapidement  à  froid.  (Si  l'on  n'a  pas 
soin  de  refroidir  fortement  dès  que  la  réaction  s'amorce,  elle  se  produit  avec  une 
vivacité  telle  qu'il  y  a  projection  du  liquide.)  Par  évaporation  dans  le  vide,  au  bain- 
marie,  on  obtient  une  masse  blanche,  très  avide  d'eau,  de  méthylate  de  magnésium 
(CH^O)-Mg,  qui  correspond  précisément  au  produit  de  décomposition  des  composés 
halogènes  du  méthyl  magnésium  par  l'alcool  méthylique,  CH^O.Mg  —  (M'),  (M') 
étant  remplacé  par  un  deuxième  résidu  (CH'O)'. 

»  Cette  réaction,  en  raison  de  la  faible  alcalinité  du  méthylate  de  magnésium,  peut 
rendre  des  services  comme  agent  d'hydrogénation. 

»  Action  du  bibromure  d'éthylène  sur  le  magnésium.  —  Lorsqu'on  met  en  présence 
le  magnésium  et  le  bibromure  d'éthylène  en  solution  dans  l'éther,  les  deux  atomes  de 
brome  s'unissent  au  magnésium,  mais,  au  lieu  de  donner  des  composés  organométal- 
liques  comme  les  monobromures,  il  y  a  rupture  de  la  molécule  et  formation  de  bro- 
mure de  magnésium;  en  même  temps,  l'éthylène  se  dégage  ('). 

»  Opération.  —  Sur  une  molécule  de  magnésium,  placée  dans  un  ballon,  on  fait 
tomber  goutte  à  goutte  2  molécules  de  bibromure  en  solution  dans  l'éther.  Dès  que 
la  réaction  est  en  route,  elle  donne  lieu  à  un  dégagement  très  régulier  d'éthylène.  Le 


(')  Une  réaction  analogue  se  produit  avec  d'autres  bromures,  tels  que  le  bibromure 
de  triméthylène;  on  peut  aussi  remplacer  les  bromures  par  les  chlorures  ou  les 
iodures. 


(  837  ) 

bibroimire  formé  se  sépare  de  l'éther  cl  cristallise  à  la  fin  de  ropéralion   en    cristaux 
voliiniîneux. 

i>  On  peut  ainsi  décomposer  quantitativement  le  bromure  d'éthylène.  Comme  il  est 
facile  de  régénérer  le  bibromure,  c'est  un  procédé  excellent  de  préparation  du  bro- 
mure de  magnésium  anhydre. 

»  Les  chlorures  d'acides,  les  éthers  sels,  elc,  réagissent  sur  le  bromure 
anhydre  en  solution  dans  l'éther,  en  donnant  des  combinaisons  molécu- 
laires généralement  cristallines,  dont  nous  continuons  l'étude.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Nouvelles  réactions  des  composés  organomagnésiens. 
Note  de  V, .  (Jh.  Moureu,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  M.  Grignard  (')  a  mis  dernièrement  entre  les  mains  des  chimistes 
toute  une  série  de  reactifs  extrêmement  précieux  :  ce  sont  les  iodures  et 
bromures  d'alcoyl-raagnésium.  Deux  faits  principaux  ont  été  mis  en  lu- 
mière parles  intéressantes  recherches  de  cesavant,  et  par  les  récents  travaux 
de  MM.  Béhal,  Tiffeneau,  Valeur  et  Masson  sur  le  même  sujet  (-)  :  d'une 
part,  l'oxygène  du  carbonyle  CO,  des  aldéhydes,  des  acétones  et  des  éthers- 
sels  se  trouve,  après  l'action  finale  de  l'eau,  remplacé  par  les  élémenls 
de  l'alcool  correspondant  au  radical  du  composé  organomagnésien 
(OH-C-R);  de  l'autre,  ce  même  radical  se  substitue,  ilans  les  éthers-sels, 
au  résidu  oxyalcoylé  uni  au  carbonyle,  en  sorte  que  le  groupement  ionc- 
lionnel  devient  OH  —  CR-.  On  voit  que,  dans  ces  deux  réactions,  le  car- 
bone et  l'oxygène  sont  seuls  intéressés. 

»  J'ai  supposé  que  le  carbone  n'était  peut-être  pas  l'élément  indispen- 
sable auquel  l'oxygène  devait  être  nécessairement  lié  pour  que  l'attaque  fût 
possible  des  substances  oxygénées  par  les  dérivés  organomagnésiens; 
et  j'ai  immédiatement  songé  aux  composés  oxygénés  de  l'azote,  du  soufre, 
du  phosphore,  ou  autres  éléments  fournissant  des  acides  oxygénés.  Ce  qui 
suit  va  montrer  la  justesse  de  cette  conception. 
»   A.  Soit  d'abord  le  cas  de  l'azote. 

»  a.  Considérons  un  éther  nitreux,  et,  pour  fixer  les  idées,  la 
nitrite  d'amyle;  représentons-le  par  la  formule  généralement  admise 
0=Az-OC^H".  L'action  successive  de  deux  molécules  d'iodure  de  magné- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  CXXXI  ;  t.  CXXXll,  p.  j36. 
(,-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXII. 

C.  R.,  190J,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  13.)  lOb 


(  838  ) 
sium-éthyle  et  de  l'eau  doit  fournir  la  diéthylhydrox) lamine  (C-H')-AzOH. 
C'est  effectivement  ce  qui  a  lieu  en  pratique. 

))  Le  nilrite  d'amjle  réagit  avec  une  grande  énergie  sur  l'iodure  de  magnésium- 
élhyle.  Après  avoir  décomposé  par  l'eau  le  produit  de  la  réaction,  on  dirige  dans  la 
masse  pâteuse  un  courant  de  vapeur  d'eau;  celle-ci  entraîne  l'éther  anhydre  ayant 
servi  à  la  préparation  du  dérivé  organométallique,  l'alcool  araylique  régénéré,  et  la 
base  qui  a  pris  naissance.  La  base  est  isolée  à  l'état  de  chlorhydrate,  qu'on  décompose 
ensuite  par  la  potasse;  on  l'extrait  par  des  épuisements  répétés  à  l'éther,  on  sèche 
la  solution  éthérée  sur  de  la  potasse  récemment  fondue,  et  l'on  rectifie  par  distillation. 

B  On  recueille  ainsi,  entre  iSioet  i35°,  sous  la  pression  normale,  ou  à  47°-5o° 
sous  iS""",  un  liquide  incolore,  d'une  odeur  vireuse,  un  peu  aromatique,  de  densité 
o,883  à  0°,  se  congelant  en  fines  lamelles  blanches  sous  l'influence  d'un  mélange 
réfrigérant,  pour  fondre  ensuite  vers  —  io°.  La  base  est  très  soluble  dans  l'eau;  elle 
bleuit  franchement  le  tournesol  rougi,  et  produit  des  fumées  blanches  au  contact  de 
l'acide  chlorhydrique.  C'est  un  réducteur  énergique,  qui  noircit  immédiatement  le 
nitrate  d'argent,  précipite  eu  blanc  puis  en  gris  le  sublimé,  et  détermine  immédiate- 
ment dans  les  solutions  cupriques  un  précipité  jaune  qui  rougit  par  la  chaleur. 

»  Ces  caractères  établissent  l'identité  de  notre  base  avec  la  diélhylhydroxylamine 
que  MM.  Dunstan  et  Goulding  (  '  )  ont  préparée  les  premiers  en  traitant  l'hydroxylamine 
par  l'iodure  d'éthyle  et  qui  a  été  étudiée  récemment  par  M.  Lachman  (-). 

»  b.  Examinons  maintenant  un  dérivé  nitré,  par  exemple  le  nitroéthane, 
facile  à  préparer  par  la  niélhode  de  M.  Auger  (').  Ecrivons-le  C-H'-Az=^. 
Traité  par  deux  molécules  d'iodure  de  magnésium-éthyle,  puis  par  l'eau, 
il  doit  donner  le  composé  instable  (C-H") 'Az(OH)-,  lequel  pourra  se 
décomposer  de  deux  façons  différentes:  ou  bien,  perdant  une  molécule 
d'eau,  il  fournira  l'oxyde  AzO(C-H')';  ou  bien,  une  molécule  d'alcool 
s'éliminant,  il  y  aura  formation  de  diéthylhydroxylamine  comme  dans  le 
cas  d'un  éther  nitreux.  L'expérience  montre  que  c'est  surtout  la  deuxième 
réaction  qui  se  produit. 

»  L'opération  étant  conduite  comme  dans  le  cas  du  nitrite  d'amyle,  on  obtient  un 
produit  basique  qui  distille  entre  iSo"  et  i5o°.  Par  rectification,  on  isole  une  portion 
(132°- 135°),  très  abondante,  qui  présente  tous  les  caractères  delà  diéthylhydroxy- 
lamine. 

))  c.  Les  éthers  nitriques  réagissent  également.  Le  nitrate  de  mélhyle, 
par  exemple,   qu'il   est  aisé  de  préparer  sans  danger  en  suivant  les  indica- 


(')  Chim.  Soc,  t.  LXXV,  p.  8oo. 
{^)  BericlUe,  t.  XXXIH,  p.  1022. 
{'')Bull.  Soc.  chim.  Paris,  1900. 


(  839  ) 

tions  de  M.  Delépine  ('),  est  attaqué  violemment  par  l'iodure  de  magné- 
sium-méthyle. 

»  Le  produit  basique  obtenu  finalement  possède  une  odeur  infecte;  difficile  à 
séparer  de  l'éther  qui  a  servi  à  son  extraction,  la  majeure  partie  distille  vers  ga";  le 
mélange  bleuit  le  tournesol  et  réduit  à  froid  les  sels  d'argent,  de  mercure  et  de 
cuivre.  Il  renferme  vraisemblablement  de  la  dimétbvlhydroxylamine,  composé  encore 
inconnu.  De  nouvelles  expériences  résoudront  la  question. 

»  B.  J'ai  commencé  aussi  l'étude  des  composés  oxygénés  du  soufre.  Le 
phénylsulfonate  de  méthyle  et  le  sulfate  d'éthvle  réagissent  énergique- 
ment;  la  décomposition  par  l'eau  est  particulièrement  violente;  il  y  a 
formation  de  produits  sulfurés  très  volatils,  à  odeur  désagréable. 

»  En  résumé,  l'action  de  l'iodure  de  magnésium-éthyle  sur  le  nitrite  d'a- 
myle  et  sur  le  nitromcthane  m'a  fourni  dans  les  deux  cas  de  ladiétlivlhydro- 
xvlamine.  Les  deux  réactions  seront  généralisées.  Ces  faits  précis  et  les  quel- 
ques autres  expériences  que  j'ai  mentionnées  établissent  clairement  que 
les  composés  oxygénés  de  l'azote  et  du  soufre  réagissent  sur  les  dérivés 
organomagnésiens.  Il  n'est  pas  douteux  que  les  composés  oxygénés  acides 
des  autres  éléments  ne  soient  dans  le  même  cas  :  autant  de  problèmes 
dont  il  reste  à  poursuivre  la  solution  (-).   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —    Sur  les  dérivés   éthéro-organomagnésiens. 
Note    de  M.   E.-E.   Blaise. 

<(  L'idée  de  remplacer  le  zinc  par  le  magnésium  dans  les  réactions  où 
intervient  la  formation  d'un  dérivé  organométallique  appartient  à 
M.  Barbier  (^Comptes  rendus,  t.  CXXIH,  p.  iio).  Depuis  cette  époque, 
M.  Grignard  (^Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i322),  faisant  réagir  des 
iodures  alcooliques  sur  le  magnésium,  en  présence  d'éther  anhydre,  a 
obtenu   des  dérivés  organomagnésiens,  qu'il  a  utilisés  pour  la  prépara- 


(')  Bull.  Soc.  c/iim.,  t.  XIII,  p.  io44;  iSgS. 

(-)  Cette  Note  avait  été  présentée  dans  la  séance  du  25  mars.  Au  moment  d'en  cor- 
riger les  épreuves,  j'ai  été  averti  que  M.  Bewad  venait  de  publier  (7o«r/i.  Soc.  Chim, 
russe,  t.  XXXII,  p.  420)  un  Mémoire,  non  encore  résumé  dans  les  périodiques  cou- 
rants, relatif  à  l'action,  sur  les  éthers  nitreux  et  sur  les  dérivés  nitrés,  des  composés 
organozinciques;  ses  résultats  avec  les  éthers  nitreux  sont  analogues  aux  miens,  mais 
différents  avec  les  dérivés  nitrés. 


(  8'.o  ) 

lion  des  alcools.  Mes  recherches,  sur  de  nouvelles  réactions  des  dérivés 
organométalliques,  m'ont  conduit  moi-même  à  étudier  la  nature  des  déri- 
vés magnésiens.  Sur  ma  demande,  M.  Grignard  a  bien  voulu  publier  les 
résultats  obtenus  par  lui  à  ce  point  de  vue  ('),  et  je  puis  indiquer  aujour- 
d'hui les  conclusions  auxquelles  m'ont  conduit  mes  travaux  sur  ce  sujet. 

»  Ainsi  qu'on  le  verra,  M.  Grignard  ne  me  semble  pas  avoir  reconnu 
la  véritable  nature  des  composés  qui  se  forment  lorsque  l'on  fait  réagir  les 
iodures  alcooliques  saturés  sur  le  magnésium,  en  présence  d'éther  anhy- 
dre. Au  cours  de  cette  réaction,  généralement  fort  vive,  bien  que  s'amor- 
çant  d'une  façon  assez  capricieuse,  le  magnésium  entre  en  dissolution  et  l'on 
obtient  un  liquide  où  se  déposent  lentement  quelques  flocons  grisâtres. 
La  solution,  parfaitement  hmpide,  mais  éminemment  altérable  au  contact 
de  l'air,  ne  peut  être  manipulée  que  dans  une  atmosphère  d'hydrogène 
pur  et  sec  lorsqu'on  se  propose  d'en  faire  l'étude  analytique.  Il  est  évident 
qu'elle  ne  peut  renfermer,  outre  le  produit  de  la  réaction,  qu'un  excès 
d'éther  et  une  trace  d'iodure  alcoolique  non  attaqué.  Le  composé  formé 
est  donc  facilement  isolable. 

»  Si  l'on  opère  avec  l'iodure  d'éthyle,  par  exemple,  et  si,  dans  un  ballon  taré,  on 
cliaufTe  à  45"  pendant  une  heure  une  petite  quantité  de  la  solution  éthérée,  dans  un 
courant  d'hydrogène  sec,  sous  une  pression  de  15°"°,  on  obtient  un  résidu  amorphe, 
blanc,  dont  l'analyse  conduit  à  la  formule  G'-H5MgI(C»H^)20.  La  composition  de 
ce  produit  est  d'ailleurs  constante,  quelle  que  soit  la  durée  du  chauffage.  Enfin,  si  l'on 
opère  à  des  températures  croissantes,  on  constate  que  celle  composition  ne  se  modifie 
pas  sensiblement  entre  45°  et  loo".  Eutre  ioo°  et  i25°,  la  molécule  d'éther  s'élimine 
progressivement,  mais  on  ne  réussit  à  en  chasser  les  dernières  traces  que  par  un 
chauffage  prolongé,  à  i3o'*  et  sous  une  pression  d'hydrogène  de  i5""°.  On  arrive  à  des 
résultats  encore  plus  nets  avec  le  bromure  d'éthyle,  car  le  produit  obtenu,  qui  répond 
à  la  formule  G^H^Br  Mg  (C-H=^)20  ne  perd  complètement  sa  molécule  d'éther  que 
par  chauffage  à  i45°. 

»  Ces  résultats  montrent  donc  que,  lorsqu'on  fait  réagir  un  dérivé  halo- 
gène alcoolique  sur  le  magnésium,  en  présence  d'éther  anhydre,  on 
obtient  un  dérivé  éthéré,  d'une  stabilité  remarquable  et  possédant  la 
composition  RMgX(C-H  =  )  =  0.  Dans  ces  conditions,  l'éther  n'est  donc 
pas  un  dissolvant  banal  :  il  entre  lui-même  en  réaction  et  la  stabilité  du 
produit  obtenu  montre  qu'il  est  intimement  uni  au  reste  de  la  molécule. 
Si  d'ailleurs  on  cherche  à  remplacer  l'éther  par  un  autre  dissolvant,  on 


{')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  558. 


(  84.  ) 

constate  que  la  réaction  ne  s'effectue  plus,  toutes  conditions  étant  d'autre 
part  identiques. 

»  Mais  ce  qui  met  encore  mieux  en  lumière  la  véritable  nature  de  ces 
composés,  c'est  la  formation  de  produits  cristallisés  par  condensation 
avec  certains  nitriles  ;  en  effet,  ces  produits  renferment  tous  une  molé- 
cule d'éther  qu'ils  ne  perdent  qu'à  température  élevée;  telssonl  les  com- 
posés ■ 

^'\CH^  — CH' 

p.„=_p-<-^Az[MgBr(C^H^)^Ol 
\CH"--CH' 

Les  dérivés  cihéro-organomagnésiens  introduisent  donc  dans  les  combi- 
naisons qu'ils  forment  leur  molécule  d'éther,  constitutive.  M.  Grignard  lui- 
même  a  eu  d'ailleurs  entre  les  mains  une  combinaison  analogue,  obtenue 
avec  l'acétone. 

»  Il  faut  noter,  en  outre,  la  formation  de  carbures  au  cours  de  la  réaction  ; 
ils  résultent  de  la  soudure  de  deux  radicaux  alcooliques  correspondant  au 
dérivé  halogène  d'où  l'on  part;  c'est  ainsi  que  l'iodure  d'isobutyle  et 
l'iodure  d'isoamyle  donnent  de  petites  quantités  de  tiiisobutyle  et  de 
diisoamyle.  Enfin,  il  faut  remarquer  que  les  dérivés  halogènes  secondaires 
conduisent  en  général  à  de  mauvais  résultats.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Une  nouvelle  synthèse  de  l'aniline. 
Note  de  M.  George-F.  Jaiibert. 

«  Dans  la  dernière  séance  de  la  Société  de  C'iimie  de  Genève,  M.  Graebe 
ayant  signalé  en  quelques  mots  ses  recherches  sur  la  condensation  directe 
des  hydrocarbures  aromatiques  de  la  série  du  benzène,  naphtalène,  etc., 
avec  l'hvdroxylamine,  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  le  résultat 
d'essais  préliminaires  que  je  poursuis  dans  celte  même  direction  et  qui 
ont  abouti  au  même  résultat. 

»  Le  but  à  atteindre  était  la  synthèse  des  aminés  aromatiques  d'après 
l'équation 

C°  H"  -h  AzH-OH  =  C'H'AzH'  +  H»0. 


(  842  ) 

Comme  moyen  de  condensation,  j'ai  utilisé  le  chlorure  de  zinc,  l'anhydride 
sulfuiique  et  le  chlorure  d'aluminium.  Ce  dernier  seul  m'a  conduit  à  un 
résultat. 

»   Le  mode  opératoire  a  été  le  suivant  : 

»  Dans  un  tube  à  essai,  on  chauffe  directement  sur  un  bec  Bunsen  quelques  cenli- 
mètres  cubes  de  benzène  ou  de  toluène  (c'est  avec  cet  hydrocarbure  que  la  réaction 
réussit  le  mieux)  avec  quelques  cristaux  de  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et  un  peu 
de  chlorure  d'aluminium.  Il  se  dégage  bientôt  des  torrents  de  gaz  chlorhydrique  et  la 
masse  prend  une  coloration  brun  verdàtre.  Dès  que  le  dégagement  de  gaz  chlorhy- 
drique a  cessé,  ou  reprend  par  l'eau  acidulée  d'acide  chlorhydrique  et  l'on  filtre  sur 
un  filtre  mouillé  pour  séparer  l'excès  de  toluène. 

»  La  solution  filtrée  contient  du  chlorhydrate  de  paratoluidine;  on  s'en  assure  en 
ajoutant  quelques  gouttes  de  nitrite  de  soude,  pour  diazoter  l'aminé  aromatique,  et 
l'on  copule  le  diazo  avec  le  sel  R  en  solution  ammoniacale.  On  observe  aussitôt  la  belle 
coloration  rouge  du  colorant  azoïque  bien  connu  que  donne  la  paratoluidine  avec 
l'acide  p-naphtoldiîulfonique  R. 

»  Cet  essai,  répété  un  nombre  de  fois  considérable  et  dans  les  condi- 
tions les  plus  variées,  ne  m'a  jamais  donné  de  rendement  satisfaisant.  De 
même,  les  tentatives  faites  avec  l'anhydride  sulfurique  comme  condensant 
et  le  sulfate  d'hydroxylamine,  d'après  l'équation 

C''^^-^OHAzH^  SO*H=+SO'  =  C•'H=AzH^  SO*HN-SO'H=' 

tentatives  qui  auraient  dii  conduire  directement  au  sulfate  d'aniline  ou  à  un 
acide  sulfonique  de  cette  aminé,  n'ont  donné  aucun  résultat. 

»  Néanmoins,  étant  donné  le  faible  poids  moléculaire  de  l'hydroxvl- 
amine  et  le  bas  prix  de  revient  du  chlorhydrate  de  cette  base  qui,  utilisé 
il  y  a  quelques  années  dans  l'industrie  des  matières  colorantes,  ne  revenait 
qu'à  i*^"^,  5o  le  kilogramme,  il  est  permis  d'espérer  que,  une  fois  les  condi- 
tions de  rendement  déterminées,  celte  synthèse  pourra,  dans  certains  cas, 
rendre  des  services  pour  la  préparation  des  aminés  aromatiques.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  des  réactions  lipolytiques .  Note  de 
M.  M.  Haxriot,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Dans  une  précédente  Communication  j'ai  montré  que  l'on  peut 
interpréter  le  dédoublement  des  graisses  par  la  lipase,  en  admettant  que 
celle-ci  joue  le  rôle  d'une  base  faible  susceptible  de  se  combiner  avec 
l'acide  contenu  dans  la  graisse;    il  faut,  en  outre,  que  le  sel  formé  soit 


(  843  > 

aisément  dissociable  en  régénérant  l'acide,  d'une  pari,  et  la  lipase  de 
l'autre. 

»  Or,  en  Chimie  minérale,  nous  connaissons  un  certain  nombre  d'oxydes 
doués  de  telles  propriétés.  Tels  sont,  en  particulier,  les  sesquioxydes  de 
fer  et  d'aluminium,  susceptibles  de  s'unir  avec  les  acides  organiques  en 
formant  des  sels  instables  aisément  dissociables. 

M  Je  me  suis  assuré  que  ces  oxydes,  à  dose  minime,  se  comportent 
comme  des  ferments  lipolytiques. 

1)  J'ai  essayé  l'action  d'un  grand  nombre  de  sels  et  d'oxydes  métalliques,  en  opérant 
toujours  de  la  façon  suivante  :  J'introduisais  dans  lo"  de  butyrine  un  certain  nombre 
de  gouttes  (i  à  20)  d'une  solution  du  sel  métallique  à  essayer,  renfermant  M''  de  métal 
par  litre.  La  quantité  de  métal  ajoutée  dans  ces  flacons  variait  donc  de  o'"6'',o5  à  i"S''. 
Je  neutralisais  exactement  par  le  carbonate  de  sodium  (la  phlaléine  servant  d'indica- 
teur) et  je  chaull'ais  à  l'étuve  en  même  temps  que  deux  témoins,  formés,  l'un  de  buty- 
rine pure,  l'autre  du  sel  métallique  sans  butyrine. 

»  Si  l'on  chaufl"e  à  la  température  de  35°,  la  butyrine  témoin  varie  à  peine,  et  les 
sels  métalliques  ne  varient  aucunement;  au  contraire,  la  solution  qui  les  renferme  à 
la  fois  s'acidifie,  et  l'acidilé  est  exprimée  comme  je  l'ai  indiqué  à  propos  du  dosage 
de  la  lipase. 

»  Le  fer,  l'aluminium,  le  zirconium  se  sont  montrés  les  plus  actifs,  tandis  que  le 
calcium,  le  manganèse,  le  zinc,  le  nickel,  l'acide  arsénieux  ne  déterminent  aucune 
réaction  à  condition  qu'ils  soient  bien  exempts  de  fer  et  d'alumine;  mais  il  suffit  d'une 
petite  quantité  de  ces  métaux  pour  leur  communiquer  une  activité  remarquable. 

»  Voici  les  nombres  obtenus  dans  une  expérience  faite  à  35°  : 

Témoin.  Fer.  Al.  Zr.  Zn.  Ni.  Ca. 

0"8»,5.        l"g'.  I"S'.  I»S'.  i"g',  i^g».  i~«'. 

i^ 2  7           8  3  3  2  2  I 

i''3o"'...  I  7         10  5  7  I  2  G 

i^ I  5         10  4  3  2  I  o 

i''3o'". . .  2  78  5  5  I  2  I 

»  Si  l'on  opère  à  la  température  de  100°,  la  saponification  de  la  butyrine  témoin 
devient  considérable,  et  il  ne  faut  alors  tenir  compte  que  de  la  différence  des  quan- 
tités d'acide  formées  en  présence  ou  en  l'absence  des  sels  métalliques  essayés.  C'est 
celte  différence  que  nous  avons  inscrite  dans  le  Tableau  suivant  : 

Fe.  Al. 

o"e%5. 

45°' 6 

ih 6 

Se"" 7 

i^'io" 7 

So" 3 

So"- 5 

30" 4 


"S'. 

i~«', 

II 

5 

i5 

10 

7 

4 

i3 

9 

6 

I 

8 

3 

0 

I 

(  844  ) 

))  Les  résultats  obtenus  indiquent  évidemment  une  action  faible  par  rapport  à  celle 
de  la  lipase,  mais  il  importe  de  remarquer  que,  dans  ces  expériences,  le  métal  est  à 
l'état  de  carbonate  insoluble  et  n'a,  par  conséquent,  que  peu  de  points  de  contact 
avec  la  butj'rine;  la  même  raison  explique  le  défaut  de  proportionnalité  entre  l'efiet 
produit  et  la  quantité  de  métal  introduit  dans  la  liqueur. 

>)  Du  reste,  l'examen  des  témoins  formés  de  sels  métalliques  seuls  révèle  une 
cause  d'erreur  considérable  qui  vient  diminuer  les  résultats  obtenus  à  ioo°.  Si  l'on 
neutralise  exactement  par  le  GO'Na^  une  solution  de  chlorures  d'aluminium  ou  de 
fer,  puis  qu'on  les  porte  à  ioo°,  on  voit,  au  bout  de  peu  de  temps,  la  solution  devenir 
fortement  alcaline.  Je  me  suis  assuré  directement  que  la  quantité  de  carbonate  de 
soude  nécessaire  pour  obtenir  la  neutralité  est  bien  supérieure  à  celle  qu'exigerait  la 
double  réaction,  en  sorte  que  le  précipité  est  un  véritable  aluminate  ou  ferrate  de 
soude.  A  ioo°,  celui-ci  se  décompose,  donne  de  l'alumine  ou  de  l'oxyde  de  fer  et  de  la 
soude  qui  vient  masquer  l'acide  formé  par  le  dédoublement  de  l'éther. 

»  En  opérant  à  35°,  les  oxydes  gardent  pendant  plusieurs  jours  leur  propriété 
dédoublante  sans  affaiblissement  marqué,  tandis  qu'à  loo"  cette  propriété  se  perd, 
très  rapidement  pour  l'alumine,  moins  rapidement  pour  l'oxyde  de  fer.  Les  oxydes 
ont  subi  à  loo"  une  sorte  de  coagulation,  ce  qui  rapproche  encore  leur  action  de  celle 
de  la  lipase  naturelle. 

»  Si  l'on  maintient  le  fer  ou  l'alumine  en  dissolution  au  moyen  d'un  tartrate  ou  d'un 
citrate,  l'activité  de  la  solution  se  trouve  augmentée,  mais  les  expériences  ne  doivent 
être  que  de  courte  durée  et  surtout  il  importe  de  ne  pas  chauffera  ioo°.  Le  citrate 
double  de  fer  et  de  potassium  devient  rapidement  acide,  tandis  que  le  citrate  neutre 
de  potassium  maintenu  à   ioo°  laisse  dégager  de  l'alcali. 

»   II  faut  donc  étudier  cette  réaction  en  l'absence  des  acides  organiques. 

»  Les  expériences  précédentes  ne  permettent  évidemment  i)as  d'af- 
firmer que  la  lipase  soit  im  sel  de  fer;  voici  cependant  quelques  considé- 
rations qui  concorderaient  avec  cette  hypothèse: 

»  1°  Le  sérum  renferme  peu  do  fer  (oK^oII  d'après  Bunge  par  litre); 
or,  si  l'on  précipite  les  globuUnes  par  des  quantités  ménagées  de  sulfate 
d'ammoniaque,  le  fer  et  la  lipase  s'accumulent  ensemble  dans  les  pre- 
mières portions. 

»  2°  Si  l'on  agite  du  sérum  avec  de  la  poudre  de  zinc  qui  convertit  les 
sels  ferriques  en  sels  ferreux,  le  pouvoir  lipasique  diminue;  il  revient  par 
agitation  du  sérum  avec  l'air. 

))  3°  La  disparition  de  la  lipase  pendant  la  dialyse,  sa  destruction  par 
les  acides  et  sa  régénération  par  les  alcalis  s'accorderaient  avec  l'hypothèse 
de  la  lipase  constituée  par  un  sel  ferrique  à  acide  faible.  Il  faut  toutefois 
mentionner  que  l'addition  de  sel  ferrique  au  sérum  privé  de  lipase  par  dia- 
lyse n'a  pas  suffi  pour  y  ramener  la  propriété  lipolytique. 

»   4°  Bunge  a  signalé  dans  l'œuf  un  pigment  ferrugineux,  l'hématogène. 


(  845  ) 

J'ai  pu  constater  que  ce  corps  est  doué  de  propriétés  lipasiques  assez  éner- 
giques, ce  qui  semble  bien  établir  une  corrélation  entre  la  présence  du  fer 
et  les  propriétés  lipolytiques.    » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Siir  l'organisation  interne  du  Pleurotomaria 
Beyrichii  Hilg.  Note  de  MM.  E.-L.  Bouvier  et  H.  Fischer,  pré- 
sentée par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  1 1  mars  dernier,  nous  avons 
étudié  la  chambre  palléale  et  l'appareil  respiratoire  fort  suggestifs  du  Pleu- 
rotomaria Beyrichii;  les  observations  que  nous  résumons  aujourd'hui  sont 
relatives  aux  autres  organes  du  même  animal,  surtout  au  tube  digestif  et 
au  système  nerveux. 

))  Le  tube  digestif  du  PL  Beyrichii  ressemble  à  celui  des  autres  Proso- 
branches  diotocardes  par  la  position  de  son  appareil  raduiaire,  par  la 
structure  et  la  situation  des  deux  mâchoires  et  par  les  rapports  anatomiques 
de  l'intestin  terminal  qui  traverse  le  ventricule  cardiaque.  Contrairement 
à  ce  que  M.  Dali  a  observé  dans  le  Pi.  Quoyana,  son  bout  anal  n'est  pas 
libre,  ne  s'atténue  pas  et  se  trouve  fort  loin  du  bord  palléal  ;  il  est  d'ailleurs 
infiniment  plus  éloigné  des  orifices  rénaux,  mais  nous  ne  croyons  pas  que 
ce  caractère  soit  le  résultat  d'une  différence  spécifique,  car  M.  Dali  a  pris 
pour  des  reins  le  réseau  respiratoire  très  anfractueux  des  Pleurotomaires, 
et  les  orifices  qu'il  tient  pour  rénaux  représentent  vraisemblablement  la 
lumière  (mise  en  évidence  par  déchirure)  du  volumineux  sinus  qui  con- 
duit le  sang  aux  anfractuosités  du  plafond  respiratoire. 

»  L'intestin  terminal  du  Pleurotomaire  que  nous  étudions  présente  une 
anse  remarquable  :  il  s'avance  très  loin  en  avant,  au-dessus  de  l'œsophage, 
juste  à  gauche  du  rein  droit  qui,  en  ce  point,  s'étend  aussi  très  loin  en 
avant  et  se  trouve  divisé  en  deux  étages  comme  chez  les  Mollusques  lamel- 
libranches. La  partie  contiguë  de  l'œsophage  se  fait  remarquer  par  de 
nombreuses  anfractuosités  latérales  et  par  deux  séries  de  bourrelets,  l'une 
dorsale,  l'autre  ventrale,  qui  comprennent  chacune  un  raphé  médian  assez 
élevé  et  une  paire  de  replis  symétriques  moins  saillants.  Dans  toute  cette 
région,  qui  occupe  au  moins  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  la  cavité  in- 
térieure du  corps,  l'aorte  (dont  les  parois  sont  remarquablement  faibles) 
est  accolée  au  côté  gauche  de  l'œsophage. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  13.)  1  09 


(  846  ) 

»  En  avant  de  l'anse  rectale,  l'œsophage  s'élargit  et  se  tord  de  i8o°,  de 
sorte  que  son  bourrelet  ventral  devient  franchement  supérieur  et  son 
bourrelet  dorsal  franchement  inférieur.  En  même  temps  s'atténuent  et 
disparaissent  les  raphés  médians  de  ces  bourrelets,  pendant  que  s'élèvent 
et  progressent  considérablement  leurs  replis  latéraux;  les  bords  libres  de 
ces  derniers  finissent  par  s'affronter;  ils  s'engainent  l'un  dans  l'autre  et 
forment  ainsi  un  canal  médian  qui  sépare  nettement  les  vastes  anfrac- 
tuosités  latérales  des  parties  antérieures  de  l'œsophage.  Ces  anfractuo- 
sités  correspondent  aux  poches  œsophagiennes  que  M.  Amaudrut  a  si- 
gnalées dans  les  autres  Diotocardes,  et  qui  se  retrouvent  chez  les  Chitons 
sous  la  forme  de  poches  glandulaires.  Mais  les  poches  œsophagiennes  des 
Pleurotomaires  sont  beaucoup  moins  isolées  du  reste  de  l'œsophage  que 
celles  des  animaux  précédents  et,  de  la  sorte,  nous  paraissent  se  présenter 
à  un  état  plus  primitif.  En  tous  cas,  l'aorte  des  Pleurotomaires  a  suivi  la 
torsion  de  la  partie  antérieure  de  l'œsophage  et  passe  en  écharpe  de  gauche 
à  droite  au-dessus  de  cette  dernière.  De  chaque  côté  du  plafond  buccal,  en 
dehors  des  deux  aires  circonvolulées  que  présente  en  dedans  celui-ci,  on 
voit  une  paire  de  petites  poches  buccales  à  l'extrémité  postérieure  des- 
quelles s'ouvrent  les  conduits  salivaires.  Ces  poches  étant  beaucoup  moins 
développées  que  celles  des  autres  Diotocardes,  nous  les  considérons, 
de  même  que  les  poches  œsophagiennes,  comme  étant  à  un  stade  primitif. 

»  Le  système  nerveux  du  PL  Beyrichii  est  à  peu  près  identique  à  celui 
du  PL  Quoyana,  mais  nous  avons  pu  en  faire  une  étude  bien  plus  com- 
plète. Ses  caractères  essentiels  sont  les  suivants:  i"  L'absence  de  toute 
différenciation  dans  les  ganglions  palléaux,  qui  restent  concrescents,  sur 
toute  leur  longueur,  avec  les  cordons  pédieux.  Comme  nous  l'avons  établi 
antérieurement,  cet  état  est  celui  que  présenteraient  des  Chitonidés,  dont 
les  cordons  palléaux  seraient  devenus  concrescents  avec  les  cordons  pé- 
dieux; 2°  L'origine  de  la  commissure  viscérale  sur  les  connectifs  cérébro- 
palléaux  et  non,  comme  chez  les  autres  Diotocardes,  sur  les  cordons  gan- 
glionnaires palléaux.  Cette  disposition  curieuse  paraît  être  la  conséquence 
des  modifications  qu'ont  subies  les  ancêtres  chitoniformes  des  Gastéro- 
podes pour  se  transformer  en  Pleurotomaires  ;  la  commissure  viscérale  de 
ces  derniers  sert  de  point  de  départ  à  tous  les  nerfs  palléaux  et  viscéraux 
qui,  chez  les  Chitons,  se  détachent  des  cordons  palléaux;  elle  a  simplement 
conservé,  à  quelques  déplacements  près,  le  point  de  départ  cérébroide 
qu'avaient  les  cordons  palléaux  chez  les  ancêtres  chitoniformes  du  groupe; 


(  8/,7  ) 
3°  Le  développement  d'un  ganglion  très  volumineux  à  la  naissance  du 
cordon  nerveux,  appelé  osphradium,  qui  côtoie  le  bord  de  la  pointe  libre 
des  branchies.  Ce  ganglion  représente,  pour  une  part,  le  point  d'origine 
des  nerfs  palléaux;  il  est  nécessité  par  l'importance  des  nerfs  palléaux 
issus  de  la  commissure  viscérale;  4°  I^e  très  faible  développement  des 
nerfs  palléaux  secondaires,  c'est-à-dire  des  troncs  nerveux  qui  se  rendent 
au  lobe  du  manteau  situé  du  même  côté  que  le  point  d'origine  de  la 
branche  commissurale  d'où  ils  partent.  Ces  nerfs  ne  participent  pas  à  la 
torsion  de  la  commissure  viscérale  ;  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  l'ordre 
des  Prosobranches,  ils  deviennent  de  plus  en  plus  volumineux,  en  même 
temps  que  se  réduit,  jusqu'à  disparition  complète,  le  ganglion  situé  à  la 
base  de  l'osphradium;  5°  Le  grand  développement  des  nerfs  palléaux 
primitifs,  c'est-à-dire  des  troncs  nerveux  qui  se  rendent  au  lobe  palléal 
opposé  au  point  où  a  pris  naissance  la  branche  commissurale  d'où  ils 
partent.  Ces  nerfs  représentent  certainement  les  troncs  nerveux  palléaux 
de  l'ancêtre  chitoniforme.  Le  plus  fort  d'entre  eux  se  détache  de  la  base 
de  l'osphradium,  à  une  faible  distance  du  gros  ganglion  signalé  plus  haut; 
il  se  rend  dans  la  partie  avoisinante  du  manteau  et,  comme  ce  dernier 
ganglion,  disparaît  progressivement  à  mesure  que  se  développent,  chez 
les  autres  Prosobranches,  les  nerfs  palléaux  secondaires. 

»  Le  rein  gauche  et  le  rein  droit  sont  tous  deux  très  développés,  mais  le 
premier  a  une  structure  toute  spéciale  qui  rapproche  les  Pleurotomaires 
des  Diotocardes  hétéronéphridiés.   » 


ZOOLOGIE.  —  La  variation  sexuelle  chez  les  mâles  de  certains  Coléoptères 
appartenant  à  la  famille  des  Bostrychides;  la  pœcilandrie  périodique.  Note 
de  M.  P.  Lesne,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  Coléoptères  de  la  famille  des  Bostrychides  constituent  un  groupe 
nettement  délimité,  assez  étroitement  apparenté  à  celui  des  Anobiides,  et 
dans  lequel  l'adaptation  au  régime  xylophage  atteint  un  haut  degré  de 
perfection.  Ayant  entrepris  une  étude  d'ensemble  de  ces  Insectes,  nous 
avons  constaté  (')  chez  plusieurs  d'entre  eux  l'existence  de  phénomènes 


(')  P.  Lesne,  Révision  des  Coléoptères  de  la  famille  des  Bostrychides,  iroisièine 
Mémoire  (^Annales  de  la  Société  entomo logique  de  France;  1898). 


(  848  ) 

très  singuliers  de  variation  sexuelle  dont  nous  nous  proposons,  dans  la 
présente  Note,  de  donner  une  interprétation. 

))  Les  genres  Boslrychopsis,  Schistoceros  et  Heterobostrychus  comprennent  des 
groupes  d'espèces  où  le  dimorphisme  sexuel  affecte  à  la  fois  d'une  façon  très  marquée 
la  tête,  le  prolhorax  et  les  élytres.  Chez  le  mâle,  le  front  reste  normalement  convexe 
et  presque  glabre,"  tandis  que  chez  la  femelle  il  se  relève  en  bosse  ou  en  carène  et  se 
recouvre  d'une  pubescence  serrée  ou  se  hérisse  de  poils  spinuleux.  Par  contre,  le  pro- 
thorax du  mâle  se  prolonge  en  cornes  aux  angles  antérieurs,  et  le  pourtour  de  la  dé- 
clivité apicale  de  ses  éljlres  se  munit  de  côtes,  de  tubercules,  d'apophyses  ou  de 
crochets,  alors  que  les  mêmes  parties  sont  simples  chez  la  femelle. 

»  Or,  si  l'on  étudie  de  longues  séries  de  spécimens  appartenant  à  certaines  espèces 
des  genres  précités  ('),  on  est  frappé  d'y  rencontrer  des  individus  à  caractères  mixtes, 
dont  la  tète  et  le  prothorax  ressemblent  de  tous  points  à  ceux  des  femelles,  tandis  que 
les  élytres  ne  diflfèrent  pas  de  ceux  des  mâles.  L'examen  de  l'armure  génitale  de  ces 
formes  aberrantes  apprend  qu'elles  appartiennent,  en  réalité,  au  sexe  mâle.  On  peut 
les  désigner  sous  le  nom  de  mâles  hérnigynes. 

»  Le  mode  de  variation  de  certains  Bostrychopsis  mâles  (Z?.  parallela,  B.  unci- 
nata)  rend  compte  du  processus  suivant  lequel  s'est  développé  très  vraisemblable- 
ment ce  curieux  polymorphisme. 

»  Il  est  assez  fréquent,  en  effet,  d'observer  des  individus  mâles  du  Boslrychopsis 
parallela  dont  la  tête  est  semblable  à  celle  de  la  femelle  et  dont  le  prothorax,  moins 
notablement  modifié,  a  perdu  seulement  ses  cornes  antérieures  tout  en  conservant  ses 
grandes  dimensions.  Le  plus  souvent  les  élytres  ne  sont  aucunement  modifiés  chez 
ces  mâles;  mais  quelquefois  les  saillies  latérales  de  leur  déclivité  postérieure  s'effa- 
cent. Dans  un  type  plus  éloigné  du  mâle  normal,  non  seulement  la  tête,  mais  aussi  le 
prothorax  prend  tous  les  caractères  de  celui  de  la  femelle  et  les  élytres  ne  gardent 
que  des  vestiges  de  leurs  côtes  en  saillie. 

»  Chez  le  Boslrychopsis  uncinala,  on  ne  connaît  pas  encore  de  formes  intermé- 
diaires entre  le  mâle  hétéromorphe  et  le  mâle  hémigyne;  mais  on  constate  l'existence 
d'individus  mâles  qui  ne  diffèrent  extérieurement  des  femelles  que  par  des  particula- 
rités minimes  dans  la  sculpture  de  la  déclivité  apicale  des  élytres. 

»  Examinant  ces  faits  au  point  de  vue  phylogénique,  il  semble  donc 
que  les  mâles  des  Bostrychopsis  dont  nous  parlons,  après  avoir  acquis  des 
caractères  sexuels  secondaires  très  accentués,  soient  sujets  à  subir  une 
évolution  spéciale  au  cours  de  laquelle  les  différentes  parties  de  leur 


(')  Boslrychopsis  tonsa  Imh.,  B.  parallela  Lesn.,  B.  uncinala  Germ.,  B.  tri- 
morpha  Lesn.,  Schisloceros  nialayanus  Lesn.  et  aussi  Heleroboslrychus  pileatus 
Lesn.  et//,  unicornis  Wat. 


(  849  ^ 
corps  revêtent  successivement  les  caractères  de  la  femelle.  La  tête,  la 
première,  se  transforme  {stade  gynécocéphale)^  puis  le  prothorax   {stade 
hémigyne),  puis  les  èlytres  {stade  homéomoi-phe) . 

»  Cette  conception  du  polymorphisme  des  mâles  s'applique  également 
aux  Schùtoceros  et  Heterobostrychus  cités  plus  haut.  Elle  trouve  un  appui 
dans  ce  fait  que,  chez  certaines  espèces  où  le  mâle  ne  varie  que  dans  des 
limites  très  étroites,  ce  mâle  se  trouve  fixé  soit  au  stade  gynécocéphale 
{Bostrychopsis  laminiferl^esn.),  soit  au  stade  hémigyne  {Schistoceros  hima- 
culatus  01.). 

»  D'ailleurs,  en  dehors  de  la  famille  des  Bostrychides,  le  même  mode 
de  variation  sexuelle  paraît  se  retrouver  dans  le  groupe  des  Staphylinides 
{Staphylinus  fuh'ipes  Scop.)  ('),  et,  parmi  les  Hyménoptères,  dans  la 
famille  des  Chrysidides  {Cleptes pallipes  Lep.)  (-). 

»  Il  convient  de  séparer  nettement  l'ensemble  de  telles  particularités 
des  autres  cas  de  pœcilandrie  tendant  vers  l'homéomorphisme  ou  dérivant 
de  cet  état.  A  l'inverse  de  la  pœcilandrie  de  stature  offerte  par  tant  de 
Lucanides,  de  Scarabéidescoprophages,  deDynastines,  d'Anthribides,  etc., 
de  la  pœcilandrie  chromatique  des  Lycœna  et  de  VHylecœtus  dermestoides, 
de  \n pœcilandrie  d'âge  des  Libellida,  celle-ci  présente  ces  caractères  parti- 
culiers d'affecter  grandement  la  conformation  extérieure  du  corps  sans 
être  accompagnée  de  phénomènes  de  développement  corrélatif  et  sans  se 
trouver  sous  la  dépendance  de  la  taille  acquise  par  l'organisme.  Dans  sa 
première  phase,  ce  mode  de  variation  accumule  chez  un  même  individu 
les  différenciations  propres  à  l'un  et  l'autre  sexe.  Il  met  en  outre  en  évi- 
dence d'une  façon  remarquable  l'autonomie  de  certains  segments  du 
corps.  Des  recherches  ultérieures  apprendront  s'il  faut  le  rapprocher  des 
faits  qui  ont  été  désignés  par  M.  le  professeur  Perrier  sous  le  nom  de 
phénomène  d' adaptation  réciproque  ('),  par  M.  le  professeur  Giard  sous 
celui  de  castration  parasitaire;  toutefois  on  ne  peut  en  chercher  l'origine 
dans  des  phénomènes  d'arrêt  survenus  au  cours  de  l'ontogenèse.  Nous  lui 


(')  Mâle  aberrant  possédant  des  tarses  antérieurs  semblables  à  ceux  de  la  femelle 
(E.  Abeille  de  Perrin  in  tilt.  ). 

(*)  Mâle  aberrant  possédant  une  tète,  des  antennes  et  des  ailes  antérieures  sem- 
blable à  celles  de  la  femelle  (var.  androgyna  R.  du  Buysson,  Spec.  des  Hym.  d'Eiir., 
t.  VI,  p.  700). 

(^)  Colonies  animales,  p.  284-710. 


(  85o  ) 

donnerons  le  nom  de pœcilandrie  périodique,  pour  rappeler  son  processus 
de  variation  par  stades  successifs  (').  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  ponte  des  Troques.  Note  de  M.  A.  Robert, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

n  J'ai  déjà  signalé  l'existence  de  deux  sortes  de  pontes  dans  le  genre 
Trochus,  et  indiqué  que  les  espèces  Tr.  granulatus  Born  et  Tr.  striatus  L. 
produisaient  des  pontes  agglomérées,  tandis  que  les  espèces  Tr.'magus  L. 
et  Tr.  cinerarius  L.  émettaient  leurs  œufs  isolément. 

»  J'ai  constaté  à  RoscofF,  pendant  l'été  de  1900,  que  les  espèces  Tr.  co- 
nuloïdes  Lara,  et  Tr.  exasperaiusVenn.  devaient  être  rapprochées  du  premier 
groupe  à  ponte  agglomérée.  J'ai  pu  obtenir  en  effet  le  développement  à 
peu  près  complet  de  Tr.  conuloïdes  soit  dans  les  bacs-filtres  à  fond  de  sable 


(') 


Tableau  des  mâles  aberrants  étudiés  par  l'auteur  : 


Nom  de  l'espèce. 


Nombre 
Stade  de  la  variation,    d'individus. 


Bostrychopsis  tonsa  Imhof cf  hémigyne. 


Collections  auxquelles 

appartiennent  les  individus 

mentionnés. 

Muséum  de  Paris;  Coll.  R. 
Oberthur. 


Lesne cf  gynécocéphale. 


uncinata  Germ . 


»      trimorpha   Lesne.. 

Schistoceros  malayanus  Lesne. . . 
Heleroboslrychus  pileatus  Lesne. 


cf  hémigyne. 
cr*  hémigyne. 


cr'  homéomorphe. 
o'  hémigyne 


(f  hémigyne. 
çf  hémigyne. 


»      unicornis  Wat cf  hémigyne. 


fréquents  Muséum  de  Paris;  Musée  de 
Berlin;  GolL  G. -A.  Baer; 
Coll.  L.  Bedel;  Coll.  L. 
Fairmaire. 

1  Coll.  R.  Oberthur. 

3  Muséum  de  Paris;  Naturhis- 

torisches  Hofmuseum  de 
Vienne;  Musée  civique  de 
Gênes  ;  Coll.  R.  Oberthur; 
Coll.  E.  Abeille  de  Perrin. 

3  Musée    civique    de    Gênes  ; 

Coll.  R.  Oberthur. 

2  Muséum  de  Paris;  Coll.  R. 

Oberthur. 
I  Muséum  de  Paris. 

I  GolL  R.  Oberthur. 

I  Brilish  Muséum. 


(  85i  ) 

imaginés  par  M.  Boutan,  soit  dans  un  autre  genre  de  bac,  dont  le  fond  est 
formé  d'une  plaque  de  grès  poreux. 

»  Tr.  conuloïdes  produit  un  long  cordon  cylindrique  atteignant  o™,3o  et  o^jSS  et 
fixé  assez  imparfaitement  aux  algues  ou  aux  parois  de  l'aquarium.  Cette  ponte  est 
tout  à  fait  semblable  à  celle  de  Tr.  granulatus.  Dans  celle  de  Tr.  exasperatus.  un 
chapelet  d'oeufs  est  noyé  dans  une  masse  glaireuse  ovoïde  de  2'^™  à  3'=™  de  grand  axe, 
qui  est  fixée  aux  feuilles  de  zostère  ou  aux  parois  des  bacs,  absolument  comme  celle 
de  Tr.  striatus. 

»  On  sait  depuis  les  travaux  de  M.  Pelseneer  que  les  produits  génitaux  sont  versés 
dans  le  rein  droit.  J'ai  constaté  en  effet,  chez  Tr.  magtis.  que  les  œufs  étaient  émis-, 
non  encore  fécondés,  par  l'orifice  de  cet  organe;  de  là  les  produits  génitaux  tombent 
dans  la  cavité  palléale,  et  ils  sont  rejetés  au  dehors  par  une  sorte  de  siphon,  formé 
du  côté  droit  par  la  partie  antérieure  de  l'épipodiura.  Dans  ce  mouvement,  ils  passent 
contre  le  tentacule  oculaire  droit  :  le  tubercule  qu'on  observe  à  la  face  inférieure  de 
cet  organe,  et  qui  a  été  longtemps  pris  pour  un  pénis,  est  un  organe  sensoriel  en  rap- 
port avec  cette  émission  des  produits  génitaux. 

»  M.  Remy  Perrier,  en  1889,  a  signalé  l'existence,  sous  le  canal  excréteur  du  rein 
droit  de  certains  Troques,  d'un  renflement  en  forme  d'ampoule,  dont  l'épithélium 
interne  est  rempli  de  cellules  à  mucus.  Ce  renflement  marque  chez  Monocio/ita  mono- 
don  (sans  doute  Tr.  crassus  Pult.),  où  ce  renflement  est,  en  effet,  absent.  De  son  côté, 
M.  Bêla  Haller,  en  1894,  remarquait  cette  même  ampoule,  qu'il  appelait  utérus,  chez 
Tr.  zizyphinus,  et  observait  que  le  canal  correspondant  était  beaucoup  plus  étroit 
chez  le  mâle  que  chez  la  femelle. 

»  En  réalité,  ce  renflement  n'est  pas  autre  chose  que  la  glande  qui  sécrète  la  glaire 
des  pontes.  Il  n'existe,  en  effet,  que  chez  les  femelles  des  espèces  à  pontes  agglomérées. 
Chez  Tr.  conuloides,  par  exemple,  le  canal  excréteur  du  rein  droit,  arrivé  au  niveau 
du  ganglion  viscéral  et  de  la  veine  palléale  transverse,  se  renfle  brusquement  en  un 
organe  d'un  blanc  mat,  situé  à  droite  du  rectum,  au  plafond  de  la  cavité  palléale.  Gel 
organe  possède  une  forme  très  analogue  à  celle  du  rein  gauche  et  atteint  à  peu  près  le 
même  volume  au  moment  de  la  ponte.  Ses  parois  très  épaisses  renferment  d'énormes 
cellules  à  mucus. 

»  Chez  le  mâle,  l'uretère  est  très  court  et  étroit,  et  les  orifices  des  deux  reins  sont 
assez  rapprochés  l'un  de  l'autre.  C'est  cette  dernière  disposition  que  l'on  observe  chez 
les  deux  sexes  dans  le  cas  d'animaux  à  œufs  libres,  comme  Tr.  magus,  par  exemple. 
L'absence  de  renflement  glandulaire  chez  les  femelles  de  Tr.  crassus  et  Tr.  turbinatus 
nous  autorise  à  penser  que  ces  animaux  pondent  leurs  œufs  isolément.  Il  semble  donc 
que  le  sous-genre  Zizyphinus  Leach,  dont  font  partie  Tr.  zizyphinus,  Tr.  conu- 
loïdes. Tr.  striatus  et  Tr.  exasperatus,  a  des  pontes  agglomérées,  tandis  que  le  sous- 
genre  Gibbula  Leach,  auquel  appartiennent  Tr.  magus  et  Tr.  cinerarius,  et  le  sous- 
genre  TrochococJilea  Klein,  qui  renferme  Tr.  crassus  et  Tr.  turbinatus,  émettenl 
leurs  œufs  isolément.   » 


(  852  ) 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  valeur  comparée  des  solutions  salines 
ou  sucrées,  en  Tératogenèse  expérimentale.  Note  de  M.  E.  Bataillon, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Après  les  larçes  lithiques  d'Echinodermes  (Herbst)  on  a  décrit,  chez 
les  Amphibiens,  des  embryons  au  sel  (Hertwig)  ('  ),  des  embryons  lithiques 
(Gurwitsch)  (-),  etc.  Ces  dénominations  semblent  attribuer  à  chaque  solu- 
tion employée  une  valeur  spécifique  qui  resterait  à  définir.  C'est  en  effet 
l'idée  à  laquelle  arrive  Gurv^^itsch  à  la  suite  de  tentatives  variées  portant 
sur  les  œufs  de  Rana  et  de  Bufo. 

»  J'ai  multiplié  les  expériences  sur  la  R.  temporaria  en  m'attachant  à 
trois  facteurs  négligés  dans  les  recherches  antérieures  :  pression  osmotique 
des  liquides  utilisés,  température,  degré  de  maturation  des  œufs. 

»  I.  En  tenant  compte  des  poids  moléculaires  M,  et  des  coefficients  isotoniques,  j'ai 
pris  pour  base  les  solutions  suivantes  : 


KAzO' 2M  pour  loooo 

NaCl 2 M  pour  loooo 

KCl 2  M  pour  10  000 

LiCl 2M  pour  loooo 


NaBr 2 M        pour  loooo 

Sucre  de  canne.      2M(  '  )  pour  loooo 
(ÂzIP)2HP0\.     2M{|)pour  loooo 


»  De  là  j'ai  tiré,  pour  chaque  substance,  4  dilutions  comparables  : 

»  a.   5  parties  de  la  solution  type  pour  5  d'eau. 

»   b.  6  parties  de  la  solution  tjpe  pour  4  d'eau. 

«  c.  7  parties  de  la  solution  tjpe  pour  3  d'eau. 

n   d.  8  parties  de  la  solution  type  pour  2  d'eau. 

»  Les  résultats  qui  suivent  se  rapportent  à  une  température  voisine  de  20°  (optimum 
de  développement)  et  aux  deux  groupes  d'anomalies  soulignés  par  Hertwig  et  Gur- 
witsch :  hernie  vitelline  par  un  large  anneau  blastoporique,  non-fermeture  delà  gout- 
tière, nerveuse  (anencéphalie). 

»  Les  troubles  de  la  gastrulation  et  la  hernie  de  l'hémisphère  vitellin  s'obtiennent 
régulièrement  orcec  toutes  les  solutions  c.  Dans  les  solutions  b,  le  recouvrement  est 


(')  O.  Hertwig,  Beilràge  zur  experimenlellen  Morphologie  und Entwickelungs- 
gesckichle  I  {Archiv.  f.  Mik.  Anat.,  t.  XLIV). 

C)  A.  Gurwitsch,  Ueber  die  formative  Wirkung  des  verdnderten  chemischen 
Médiums  auf  die  embryonale  Entwickelung.  Versuche  arn  Frosc/i  und  Krôtenei 
{Arcli.J.  Entw.  Mech,,  t.  111). 


(  853   ) 

plus  accusé,  quoique  incomplet.  Les  embryons  arrivent  à  l'éclosion  avec  un  hlastopore 
ouvert  et  un  bouchon  vitellin  saillant.  C'est  là  que  les  troubles  de  la  deuxième  caté- 
gorie (système  nerveux),  s'observent  le  mieux.  Dans  les  solutions  faibles  (a)  le  recou- 
vrement est  complet;  dans  les  solutions  les  plus  concentrées  (d),  le  stade  morulaire 
n'est  pas  dépassé.  Gurwitsch  n'a  rien  obtenu  avec  NaBr,  parce  que  ses  solutions  les  plus 
fortes  (  I  pour  loo)  sont  insuffisantes.  Les  dilTérences  qu'il  relève  entre  LiCl  et  NaCI, 
l'énergie  moindre  des  bromures  et  iodures,  sont  simplement  fonction  des  poids  molé- 
culaires. Ses  résultats  insuffisants  avec  le  glucose,  son  échec  avec  les  azotates  et  les 
phosphates,  s'expliquent  facilement  par  des  considérations  de  même  ordre. 

»  Les  troubles  de  la  région  nerveuse  ne  sont  pas  davantage  propres  à  telle  ou  telle 
substance.  L'ouverture  persistante  de  la  gouttière,  en  particulier  vers  l'ébauche  encé- 
phalique, s'obtient  aussi  bien  avec  le  sucre,  l'azotate  de  potassium  qu'avec  NaCl 
ou  NaBr.  Il  y  a  plus  :  la  statistique  des  embryons  éclos  dans  les  solutions  h  (NaBr, 
par  exemple)  montre,  dans  le  même  milieu,  toutes  sortes  d'irrégularités;  si  bien  que 
X'aiiencéphalie,  au  lieu  d'être  la  règle  (Gurwitsch  ),  peut  apparaître  comme  l'exception. 
Le  système  nerveux  est  ouvert  sur  toute  son  étendue  ;  ou  bien  il  n'y  a  soudure  que  dans 
la  région  nuchale;  ou  bien  l'ouverture  ne  porte  que  sur  la  région  posl-nuchale  :  et  ce 
sont  les  cas  qui  prédominent. 

)i  n.  Un  facteur  qui  peut  entraîner  bien  des  divergences,  c'est  la  température.  Des 
lots  sortis  de  la  même  fécondation  et  plongés  dans  les  mêmes  solutions  sont  portés  à 
trois  températures  différentes  :  20°,  i5°  et  10°.  Les  solutions  c  à  i5°,  au  lieu  des  gas- 
trulations  anormales  avec  anneau  équatorial  telles  qu'on  les  observe  à  20°,  donnent  le 
recouvrement  complet;  et  il  faut  arriver  aux  concentrations  rfpour  observer  le  pro- 
lapsus. 

»  Chose  curieuse,  cette  résistance  ne  s'accuse  pas  à  la  température  plus  basse  de  10°. 
Pour  la  concentration  d,  il  y  a  destruction  au  stade  morulaire.  Il  en  est  de  même 
pour  la  plupart  des  œufs  c,  dont  quelques-uns  seulement  montrent  la  gastrulation 
équaloriale  et  les  bourrelets  médullaires.  Le  système  nerveux  ne  se  ferme  pas.  Donc, 
si  le  développement  est  très  rapide  vers  20»  ou  21°,  conformément  aux  indications 
d'Hertwig  ('),  la  résistance  aux  solutions  déshydratantes  a  son  maximum  à  une  tem- 
pérature plus  basse  et  comprise  entre  20°  et  10°. 

»  Laissant  provisoirement  de  côté  toute  interprétation,  je  ne  m'arrête  pas  aux  varia- 
tions corrélatives  de  durée,  pour  souligner  uniquement  l'identité  des  résultats  à  chaque 
température  dans  les  solutions  isotoniques. 

1)  Voici  d'autres  expériences  qui  relèvent  mieux  encore  le  principe  physique.  Im- 
mergeons des  œufs  fécondés  dans  des  solutions  isotoniques  plus  fortes  (9  parties  de  la 
solution  type  pour  i  partie  d'eau),  et  restituons-les  au  milieu  normal  aa  bout  de  cinq 
ou  six  heures.  Les  effets  de  la  déshydratation  vont  persister  suffisamment  pour  gêner 
la  fermeture  du  blastopore;  et  les  larves,  même  à  l'éclosion,  montreront  toutes  les 
formes  et  tous  les  degrés  d'anomalies  :  prolapsus  du  vitellus  au-dessous   du  bour- 

(')  O.  Hertwig,  Ueber  den  Einfluss  der  Tentperalur  auf  die  Enlwickelung  von 
Ranafusca  undVi.  esculenta  {Arch.f.  Mik.  Anat.,  t.  LI). 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  13. >  IIO 


(  854  ) 

geon  caudal  ;    prolapsus   dorsal,  soit  entre   les   deux    bourrelets,  soit   à   droite,  soit   à 
gauche  de  l'ensemble;  fermeture  incomplète  et  irrégulière  delà  gouttière  nerveuse. 

»  Conclusion.  —  Les  dénominations  :  embryons  au  sel,  embryons  lithiques 
ne  correspondent  à  rien  de  spécifique  ;  il  est  donc  inutile  d'ajouter  à  la  série 
des  embryons  au  sucre,  au  bromure,  à  l'azotate  ou  au  phosphate.  Des  so- 
lutions isotoniques  convenables  calculées  a  priori  déterminent  les  mêmes 
troubles  de  l'évolution  dans  la  région  du  blastopore.  Quant  à  la  non-fer- 
meture du  tube  nerveux,  elle  montre  tous  les  degrés  et  toutes  les  irrégu- 
larités possibles  avec  le  i^ême  élément.  Uaclion  téralogène  des  substances 
emplovèes  est  en  rapport  avec  la  plasmolvse  qu'elles  engendrent;  elle  est 
mesurée  par  \t\xv poids  moléculaire  et  leur  coefficient  isotonique. 

»  \1  optimum,  de  développement  ne  concorde  pas  avec  le  maximum  de  rési- 
stance aux  solutions  plasmolysantes.  Ce  maximum  paraît  être  au  voisinage 
de  i5°  pour  l'œuf  de  R.  temporaria. 

»  Au-dessus  et  au-dessous  de  cette  température,  les  anomalies  de  la  ré- 
gion blastoporique  s'obtiennent  avec  des  concentrations  plus  faibles. 

»  L'inertie  du  pôle  végétatif  (Hertwig)  constitue  le  trouble  initial  :  le 
prolapsus  du  vitellus  par  un  large  blastopore  en  est  la  conséquence.  Mais 
à  chaque  température,  toutes  les  solutions  isotoniques  se  comportent  de  la 
même  manière. 

»  Un  argument  topique  à  opposer  aux  partisans  de  la  spécificité,  c'est 
Vaction  à  distance  des  solutions  fortes  applicables  appliquées  seulement 
quelques  heures  au  début  de  l'évolution.  Si  l'on  comprend  que  les  effets 
de  la  déshydratation  persistent,  comment  admettre  une  action  chimique 
délétère  emmagasinée  qui  permettrait  le  développement  de  l'ébauche,  et 
ne  s'accuserait  sur  telle  région  qu'après  une  certaine  différenciation? 

»  Ija  spécificité  ne  peut  entrer  en  ligne  de  compte  que  secondairement, 
avec  l'envahissement  et  la  destruction  plus  ou  moins  rapide  des  parties 
mortes. 

»  J  ai  laissé  de  côté  le  degré  de  maturation  des  œufs,  qui  mérite  un 
examen  à  part.  Les  résultats  importants  qui  s'y  rattachent  intéressent,  non 
seulement  la  tératogénie,  mais  les  problèmes  généraux  de  la  fécondation 
et  de  la  morphogenèse.  » 


(  855  ) 


HISTOLOGIE.  —  Sur  l'origine  des parasomes  ou  pyrènosomes  dans  les  cellules 
(le  ta  glande  digeslive  de  l'Ecrevisse.  Note  de  M.  P.  Vigier,  présentée  par 
M.  Joannes  Cliatin. 

«  Il  existe  clans  les  cellules  en  activité  de  la  glande  digestive  de  l'Ecre- 
visse, au  voisinage  du  noyau  ou  dans  la  zone  intermédiaire  au  noyau  et  à 
la  surface  libre  de  l'élément,  un  ou  plusieurs  corps,  généralement  splié- 
riques,  décrits  par  Nussbaum,  en  1881,  sous  le  nom  de  Nebenkern,  et  assi- 
milés par  cet  auteur  aux  formations  analogues  que  l'on  observe  dans  un 
certain  nombre  de  glandes,  en  particulier  dans  le  pancréas  des  Vertébrés. 

»  Aux  noms  de  Nebenkern,  paranucleus,  noyau  accessoire,  qui  servent 
encore  à  désigner  ces  corpuscules,  bien  qu'ils  n'aient  ni  la  structure,  ni 
le  rôle  d'un  novau,  nous  préférerons  celui  de  parasome,  proposé  par 
Henneguy,  ou  mieux,  en  raison  de  leur  origine  nucléolaire,  celui  àe  pyré- 
nosome. 

»  I^our  reconnaîlre  l'orijjine  des  parasomes  chez  l'Ecrevisse,  il  convient  de  fixer  la 
glande  digestive  deux  ou  trois  jours  après  l'ingestion  d'aliments.  On  sait,  en  effet, 
qu'il  existe  un  rajiport  constant,  bien  défini  pour  le  pancréas  des  Vertébrés,  et  déjà  noté 
par  Nussbaum  pour  l'iiépalopancréas  de  l'Ecrevisse,  entre  la  présence  de  ces  corpus- 
cules et  la  régénération  du  produit  de  sécrétion.  Après  fixation  par  le  liquide  de 
Zenker  et  colorations  variées,  notamment  par  l'hématoxyline  et  l'orange,  les  cellules 
glandulaires  présentent  un  noyau  globuleux,  ou  ovalaire,  dans  lequel  on  distingue  des 
grains  de  chromaline  irréguliers,  disposés  aux  points  nodaux  d'un  réseau  grêle  et  peu 
colorable  de  linine.  Quelques-uns  de  ces  grains  (i  à  4)>  souvent  plus  volumineux  et 
situés  dans  la  prot'ondeur  du  noyau,  sont  appliqués  à  la  surface  d'une  sphère  réfrin- 
gente, nettement  délimitée  par  une  fine  membrane,  et  colorable  par  les  colorants 
acides  :  ce  corps  globuleux  est  le  nucléole,  absolument  comparable  au  nucléole  vrai 
des  autres  cellules.  Lônnberg  et  vom  Rath  ont  décrit  ce  nucléole  comme  un  nucléole 
double,  formé  de  deux,  quelquefois  trois  sphères  accolées,  se  colorant  difiéremment;  la 
sphère  pâle  serait,  pour  Lônnberg,  un  JVebennucleolus  (nucléole  accessoire),  alors  qu'en 
réalité  elle  représente  à  elle  seule  tout  le  nucléole.  Les  corps  fortement  colorables, 
appliqués  en  nombre  variable  à  la  jjériphérie  du  nucléole,  ne  sont,  en  efiet,  que  des 
grains  de  chromatine,  reconnaissables  à  leurs  caractères  morphologiques,  à  leurs  rela- 
tions avec  le  reticulum  et  à  leurs  réactions  colorantes.  La  juxtaposition  de  ces  grains 
à  la  masse  nucléolaire  et  la  présence  d'une  fine  membrane  limitante  autour  de  celle-ci 
montrent  nettement  que  le  nucléole  est  formé  par  une  différenciation  delà  chromatine 
dans  l'épaisseur  même  du  réseau. 

«  Le  nucléole,  devenu  volumineux,  ne  reste  pas  spiiérique  :  il  présente  souvent,  en 
effet,  l'apparence  d'une  massue,  il  devient  claviforme,  sa  partie  renflée  conservant  la 


(  856  ) 

situation  primitive  et  son  extrémité  effilée  entrant  en  contact  avec  la  membrane 
nucléaire.  Celle-ci  se  déprime  légèrement  à  ce  niveau,  tandis  que  la  masse  nucléolaire 
s'en  rapproche.  Finalement  le  nucléole,  appliqué  à  la  face  interne  de  la  membrane,  la 
traverse  et  émigré  dans  le  cytoplasma,  sous  la  forme  d'un  corps  sphérique  logé  dans 
une  petite  vacuole,  vis-à-vis  d'une  dépression  de  la  membrane.  Il  ne  reste  pas  long- 
temps au  contact  immédiat  de  celle-ci;  bientôt  quelques  travées  cytoplasmiques  l'en 
séparent. 

»  Dès  sa  sortie  du  nojau,  le  nucléole  pâlit  et  se  gonfle.  En  devenant  le  parasome,  il 
absorbe  sans  doute  des  matières  albuminoïdes  et  cède  une  partie  de  sa  substance 
phosjjhorée  aux  couches  cvtoplasraiques  voisines,  lesquelles,  refoulées  par  l'augmen- 
tation de  volume  du  parasome,  se  disposent  quelquefois  en  strates  concentriques  pré- 
sentant des  parties  plus  épaisses  et  plus  colorables,  qui  semblent  correspondre  à  l'er- 
gastoplasme  et  que  l'on  retrouve  d'ailleurs  en  d'autres  régions  de  la  cellule.  Cette 
orientation  peu  marquée  du  cytoplasme  en  couches  circulaires  paraît  due  simplement 
à  des  causes  mécaniques  de  compression.  Les  filaments  du  reticulum  cytoplasmique 
n'entrent  pas  en  contact  avec  le  parasome,  qui  reste  logé  dans  une  vacuole  plus  ou 
moins  large. 

»  Le  noyau  renferme  souvent  plusieurs  nucléoles;  en  tout  cas,  même  lorsqu'il  non 
présente  qu'un,  il  est  certain  que  la  différenciation  de  nucléoles  aux  dépens  de  la 
chromatine  et  leur  sortie  du  noyau  se  produisent  à  plusieurs  reprises  pendant  une 
même  période  de  fonctionnement  de  la  cellule,  car  les  parasomes  sont  généralement 
multiples  dans  le  cytoplasme  :  il  n'est  pas  rare  d'en  compter  trois  ou  quatre  dans  la 
section  longitudinale  d'une  cellule. 

»  Quand  cette  différenciation  simultanée  ou  successive  est  achevée,  le  noyau  est 
devenu  moins  colorable;  il  est  pauvre  en  chromatine  et  dépourvu  de  nucléole.  Son 
volume  continue  à  diminuer,  par  émission  probable  de  suc  nucléaire.  Les  parasomes 
émigrent  dans  la  moitié  supérieure  de  la  cellule.  Leur  aspect  se  modifie;  primitive- 
ment homogènes,  légèrement  réfringents,  colloïdes,  ils  présentent  des  taches  plus  pâles, 
ils  se  vacuolisenl,  se  transforment  en  bocaux  irréguliers,  bosselés  et  finalement  en 
granulations;  les  vacuoles  qui  les  contenaient  se  fusionnent  en  une  vacuole  volumi- 
neuse, où  s'accumulera  le  produit  de  sécrétion,  tandis  que  le  cytoplasme  subit  des 
modifications  que  nous  préciserons  ultérieurement. 

»  Ogata,  Plalner,  Nicolaïdes  et  Melissinos,  Ver  Eecke,  Laguesse,  en 
opposition  avec  un  certain  nombre  d'observateurs,  ont  admis  l'origine 
nucléaire  du  parasome  dans  les  cellules  pancréatiques  des  Batraciens; 
mais  ils  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  partie  du  noyau  qui  participe  à  sa  for- 
mation. Laguesse  (1900),  par  exemple,  pense  que  généralement  tous  les  élé- 
ments nucléaires  entrent  dans  sa  constitution.  Chez  l'Écrevisse,  il  nous 
parait  évident  que,  sous  l'influence  de  l'activité  sécrétoire,  le  nucléole 
est  le  seul  élément  figuré  qui  émigré  dans  le  cytoplasme,  pour  contribuer 
à  l'élaboration  du  produit  glandulaire. 

»  Ces  faits  montrent,  une  fois  de  plus,  combien  est  intime  la  relation  phy- 


(  857  ) 
siologique  qui  unit  le  cytoplasme  et  le  noyau.  lis  nous  semblent  prouver 
également  qu'à  côté  de  la  théorie  de  Rluimbler,  qui  considère  le  nucléole 
comme  un  amas  de  matières  de  réserve  pour  la  nutrition  du  noyau,  et 
celle  de  Hacker,  qui  voit  dans  le  nucléole  une  masse  de  substances  de 
rebut  ou  un  organe  pulsatile  chargé  de  débarrasser  le  noyau  de  ses 
excréta,  il  y  a  place  pour  une  autre  conception,  d'après  laquelle  le 
nucléole  représente  un  corps  né  d'une  différenciation  de  lu  chromatine  et 
capable  d'émigrer  en  totalité  ou  de  déverser  une  partie  de  sa  substance 
dans  le  cytoplasme,  pour  fournir  à  celui-ci  des  matériaux  nécessaires  à 
l'élaboration  des  produits  de  la  cellule.  » 


VITICULTURE.  —  Influence  des  conditions  climatologiques  sur  la  végétation 
des  sarments  de  la  vigne.  Note  de  M.  F.  Kovessi,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  étudié  les  différences 
anatomiques  qui  distinguent  un  sarment  de  vigne  bien  aoùté  d'un  sarment 
mal  aoùté.  Ce  qui  caractérise  le  premier,  c'est  une  plus  grande  différen- 
ciation de  tous  ses  tissus. 

M  Au  cours  de  recherches  viticoles  poursuivies  depuis  plusieurs  années, 
j'ai  observé  que  des  sarments  d'une  même  variété  de  vigne  présentent  des 
degrés  d'aoûtement  très  différents,  suivant  les  régions  d'où  ils  proviennent, 
et  les  conditions  climatologiques  dans  lesquelles  ils  se  sont  développés. 

»  J'ai  entrepris  une  série  d'observations  destinées  à  préciser  l'influence 
du  climat  sur  l'aoùtement.  De  ces  recherches  il  résulte  que  la  chaleur,  la 
lumière  et  la  sécheresse  favorisent  la  différenciation  des  tissus. 

»  Les  espèces  que  j'ai  étudiées  sont  les  Vitis  vinifera,  V.  rupestris, 
V.  Berlandieri,  V.  Riparia  et  les  principaux  hybrides  obtenus  entre  ces 
diverses  formes.  Dans  ce  qui  va  suivre,  il  sera  question  seulement  du 
V.  rupestris,  choisi  comme  exemple. 

»  En  consultant  les  Annales  des  Bureaux  centraux  météorologiques  de 
France  et  de  Hongrie,  et  les  Bulletins  de  diverses  sociétés  météorolo- 
giques, j'ai  obtenu  relativement  à  38  stations  en  France,  et  à  42  en 
Hongrie,  les  documents  les  plus  complets  existant  aujourd'hui. 

(')  F.  KôVESSi,  Recherches  anatomiques  sur  l'aoùtement  des  sarments  de  vigne 
{^Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  647;  11  mars  1901). 


(  858  ) 

)i  I.  Chaleur.  —  La  lempéralure  inlliie  :  r'Siir  la  durée  de  la  \égélaUon  el  la 
somme  de  chaleur  produite  pendant  celte  durée.  —  2°  Sur  le  naode  de  développe- 
ment des  diverses  parties  du  végétal.  —  3°  Sur  l'Iiumidité  de  l'air  et  du  sol,  et  par 
suite  indirectement  sur  la  plante. 

»  i"  La  durée  de  végétation  est  le  temps  qui  s'écoule  entre  l'époque  du  débour- 
rement  et  la  chute  des  feuilles.  Le  Tableau  suivant  donne,  pour  diverses  localités,  les 
durées  de  végétation  et  la  somme  des  températures  pendant  ce  temps  : 

Durée  Somme    1  Durée  Somme 

de  des       |  de  des 

Localités.  Lotiludes.     végétation,     tcmpér.    '        Localités.  Latitudes,     végétation,    tempér. 

O         '  i  0  '  O        '  j  O 

Montpellier.  43.38  a/J/J  4362.8       Vrad 46. n  202  8604.9 

Dijon. 47-17  i83  2979.6  \   Keszlhely.  .  .  46-46  igS  344o.2 

Nancy 48. 4^  180  2776.4  !   Budapest.  ..  47-3o  190  8294.8 

Paris" 48.48  179  2768.4  |Tokaj 48.8  i85  8184.7 

»  On  voit  que,  pour  les  diverses  régions  viticoles,  les  durées  de  la  végétation  et  les 
quantités  de  chaleur  utilisées  pour  une  même  plante  varient  dans  de  très  larges 
limites. 

»  2°  La  température  influe  sur  le  mode  de  développement  d'une  plante.  J'ai 
trouvé  en  effet  que  la  différenciation  des  tissus  et  l'allongement  des  tiges  e.\igent, 
pour  acquérir  leur  optimum,  des  températures  différentes. 

»  3°  La  chaleur  modifie  l'humidité  de  l'air  ou  du  sol  en  influant  sur  l'état  hygro- 
métrique et   en   provoquant  une  évaporation  plus  ou  moins  grande  de  l'eau  terrestre. 

»  IL  Lumière.  —  La  lumière  influe  sur  la  vie  végétale  :  i"  par  son  intensité;  2"  par 
la  durée  pendant  laquelle  elle  agit  (durée  d'insolation). 

»  I"  On  sait  que  la  lumière  diminue  d'intensité  au  fur  et  à  mesure  que  l'on 
s'éloigne  de  l'équateur. 

»  2°  La  durée  effective  de  l'insolation  dépend  surtout  de  la  fréquence  des  nuages. 
Les  données  météorologiques  nous  apprennent  qu'elle  est  beaucoup  plus  grande  dans 
le  Midi  que  dans  le  Nord.  A  Montpellier,  la  moyenne  annuelle  de  l'insolation  est  de 
2258  heures,  et  à  Paris  de  i458  seulement. 

))  IIL  Humidité.  —  La  pluie  nous  offre  à  étudier  :  ]"  sa  quantité  absolue  annuelle; 
2°  sa  fréquence,  c'est-à-dire  le  nombre  des  jours  pluvieux;  3"  sa  répartition  dans  le 
courant  de  l'année. 

»  1°  La  quantité  absolue  ne  nous  fournit  au  point  de  vue  du  climat  biologique 
qu'un  renseignement  très  insuffisant. 

»  2°  La  fréquence  est  une  donnée  plus  importante  ;  on  comprend  sans  peine  qu'une 
pluie  tombant  souvent  par  quantités  assez  faibles  influera  sur  la  végétation  autrement 
qu'une  pluie  rare  mais  torrentielle.  A  Montpellier,  il  n'y  a  que  71  jours  de  pluie,  bien 
que  la  hauteur  de  l'eau  tombée  s'élève  à  780  millimètres  :  Montpellier  est  un  climat 
sec.  A  Paris  il  ne  tombe  par  an  que  627  millimètres  d'eau,  mais  le  nombre  des  jours 
pluvieu.x  s'élève  à  166  :  Paris  possède  un  climat  humide. 

»  3"  Enfin  la  pluie  agit  difleremment  sur  la  végétation,  suivant  que  le  ma.\inmm 
pluviomélrique    a    lieu    à    telle    ou   telle  époque  de  l'année,   parce  qu'à    ces    divers 


(  8% 

momentiî  les  plantes  ne  sont  pas  au  même  état  de  développement.  Ainsi  l'eiïet  biolo- 
gique de  la  pluie  sera  tout  autre  à  Montpellier,  où  le  maximum  des  chutes  de  pluie 
a  lieu  en  octobre  et  janvier,  et  à  Nancy  ou  à  Budapest,  où  ce  maximum  se  produit  en 
juin  et  juillet. 

»  D'après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  voit  que  l'étude  détaillée  des 
données  climatériques  d'une  contrée  a  une  importance  physiologique 
considérable. 

»  Ainsi,  j'ai  trouvé  que  le  Vitis  rupestris  aoùte  mal  ses  sarments,  donne 
des  résultats  inférieurs,  et  dépérit  fréquemment  dans  les  régions  septen- 
trionales. D'après  ce  qui  précède,  cela  n'est  pas  surprenant  puisque  dans 
ces  régions  il  y  a,  au  point  de  vue  de  raoùlement  du  Vilis  rupestris,  défaut 
de  chaleur,  défaut  de  lumière,  excès  d'humidité. 

»  L'excès  d'humidité  seul  suffirait  pour  expliquer  le  mauvais  aoùtement 
de  cette  espèce  dans  le  nord  de  la  France  et  de  la  Hongrie,  puisque,  même 
au  sud,  dans  les  environs  de  Montpellier,  il  existe  des  localités  (Lattes, 
bas-fonds  de  Pérols,  etc.)  qui  sont  cependant  chaudes  et  éclairées,  mais 
humides  par  suite  de  l'eau  stagnante  du  sol,  et  où  l'on  constate  que  le 
Vitis  rupestris  s'aoùte  très  mal. 

»  Il  résulte  de  laque,  sauf  peut-être  dans  des  localités  très  exception- 
nelles, les  régions  septentrionales  de  la  France  et  de  la  Hongrie  sont,  à 
cause  de  leurs  conditions  climatériques,  tout  à  fait  impropres  à  la  culture 
du  V.  rupestris. 

»  En  étudiant  d'une  part  les  conditions  climatériques  d'une  contrée, 
et  d'autre  part  les  besoins  biologiques  d'une  espèce  de  Aigne,  on  pourra 
prévoir  jusqu'à  un  certain  point  si  la  culture  de  cette  espèce  est  possible, 
et  éviter,  au  moins  dans  une  large  limite,  des  essais  coûteux  et  infruc- 
tueux.   )) 


ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  Étude  comparative  de  la  zoospore 
et  du  spermatozoïde.  Note  de  M.  A.  Daxgeaiid,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  On  connaît  la  théorie  de  la  sexualité  que  nous  avons  substituée  aux 
diverses  interprétations  qui  étaient  données  jusqu'ici  de  la  reproduction 
sexuelle  (  '  )  ;  récemment  nous  rappelions  encore  les  principes  qui  ont  servi 
de  base  à  cette  théorie  :  «  Au  début  de  la  sexualité,  les  gamètes  ont  la 

(')  P. -A.  Dangeaku,  Théorie  de  la  sexualilé  {Le  Botaniste.  6=  série,  p.  263). 


(  86o  ) 

»  structure  des  zoospores  asexuelles  et  des  cellules  végétatives  ;  ce  sont 
.)  des  éléments  complets;  chaque  gamète,  considéré  séparément,  est  le 
»  germe  d'un  nouvel  individu;  il  ne  lui  manque  que  l'énergie.  A  un  point 
1)  de  vue  général,  les  théories  des  spermatistes  et  des  ovistes  n'étaient  pas 
M  contradictoires;  un  spermatozoïde  représente  une  zoospore  et  il  en  est 
»  de  même  de  l'ovule  (  '  ).   » 

»  Arrêtons-nous  un  instant,  dans  cette  Note,  sur  la  comparaison  néces- 
saire entre  le  spermatozoïde  et  la  zoospore. 

»  Les  métazoaires  et  les  métaphytes  ont  une  origine  commune;  ils 
dérivent  des  Flagellés;  parmi  ces  derniers,  le  premier  organisme  qui 
montre  la  reproduction  sexuelle  ordinaire  est  le  Polyloma  iwella;  on  peut 
donc  prévoir  que  l'organisation  du  spermatozoïde  a  conservé  quelques 
caractères  de  ce  Flagellé. 

»  Il  résulte  de  nos  récentes  observations  sur  le  Polytoma  uvclla  que  les 
zoospores  et  les  gamètes  de  cette  espèce  possèdent  un  appareil  locomoteur 
beaucoup  plus  complexe  qu'on  ne  l'avait  supposé;  il  comprend  : 

»    1°  Deux  flagellums  placés  à  la  partie  anténeure  du  corps; 

»  2°  Un  nodule  d'insertion  des  flagellums  ou  blépharoplaste;  le  blépharo- 
plaste  provient  d'un  épaississement  de  l'ectoplasme;  il  est  légèrement 
chromatique; 

»  3"  Un  fdet  également  sensible  aux  réactifs  colorants,  pour  lequel 
nous  proposons  le  nom  de  rhizoplaste ;  le  rhizoplaste  part  du  blépharo- 
plaste et  se  dirige  du  côté  du  noyau  ; 

»  4"  I-'6  rhizoplaste  peut  quelquefois  être  suivi  jusqu'au  noyau  :  on 
distingue  alors  au  point  de  contact  avec  la  membrane  nucléaire  un  petit 
nodule  pour  lequel  nous  proposons  le  nom  de  condyle. 

»  Examinons  maintenant  un  spermatozoïde  pendant  sa  formation  aux 
dépens  de  la  spermatide.  Là  aussi  le  flagellum  montre  à  sa  base  un  nodule 
chromatique  :  ce  nodule  se  met  en  relation  avec  le  noyau  j)ar  un  filet  co- 
lorable  qui  est  l'analogue  du  rhizoplaste;  au  contact  du  noyau  se  trouvent 
également  un  renflement  chromatique  que  l'on  peut  assimiler  au  con- 
dyle(  =  ). 

»  Par  conséquent,  le  spermatozoïde,  pendant  sa  formation,  rappelle  exac- 


(')  P. -A.  Dangeard,  Programme  d'un  essai  sur  la  reproduction  sexuelle  (Le 
Botaniste,  ■j'  série,  p.  203). 

{■)  Consulter  WiLSON  :  The  cell  in  devclopment  and  inheritance,  p.  168-169. 
London,  1900. 


(  86J    ) 
tement  l' organisation  de  la  zoospore  du  Polytoraa  uvella,  son  ancêtre  :  c'est 
là  une  confirmalion  remarquable  de  notre  théorie   :  c'est  une  nouvelle 
preuve  de  l'exaclitude  de  nos  conclusions. 

»  Là  ne  se  borne  pas  cependant  l'intérêt  de  cette  étude  comparative  :  les 
zoologistes  s'accordent  en  général  pour  attribuer  au  centrosome  de  la 
spermatide  la  formation  des  diverses  parties  du  système  locomoteur  du 
spermatozoïde;  or,  la  cellule  du  Polytoma  uvella,  d'après  nos  observations,  ne 
possède  certainement  pas  de  centrosome  :  le  blé|)liaroplaste,  le  rhizoplaste 
et  le  condyle  sont  des  différenciations  protoplasmiques  transitoires  au 
même  titre  que  les  flagellums;  cette  différence  d'origine  pour  les  appareils 
identiques  semble,  a  priori,  bien  extraordinaires  :  aussi  sommes-nous  bien 
convaincu  que  le  centrosome  ne  joue  pas  dans  la  spermatogenèse  le  rôle 
qu'on  lui  attribue  :  nous  n'admettons  pas  plus  ici  que  pour  la  karyoki- 
nèse  (  '  ),  la  signification  i\&centre  dynamique  donnée  au  centrosome.  » 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  Nouvelles  recherches  cytologiques  sur  les 
Hyrnénomycêtes  (').  Note  de  M.  Rexé  Mairk,  présentée  par 
M.  Guignard. 

«  Depuis  ma  Note  de  juillet  1900  :  Sur  la  cytologie  des  Hymènomycètes, 
j'ai  étudié  un  assez  grand  nombie  d'espèces  dont  plusieurs  m'ont  fourni 
des  résultats  intéressants.  Une  partie  de  ceux-ci  ont  été  publiés  dans  le 
numéro  de  février  1900  du  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  Nancy;  la 
présente  Note  en  résume  quelques  autres. 

»  UHygrocybe  conica,  dont  les  basides  sont  constamment  bisporiques,  m'a  fourni 
le  premier  et  jusqu'ici  le  seul  exemple  connu  de  basides  se  développant  sans  fusion 
nucléaire.  Les  cellules  de  la  trame  des  lamelles  sont  plurinuclées,  sans  que  j'aie  pu 
établir  si  elles  présentent  primitivement  la  structure  normale,  caractérisée  par  la  pré- 
sence de  deux  noyaux  associés  (synkaryons).  hes  cellules  du  subliyménium  ne  pré- 
sentent qu'«/j  noyau  à  deux  chromosomes,  se  divisant  par  des  mitoses  semblables  à 
celles  des  basides.  Il  m'a  été  impossible  de  voir  comment  se  fait  la  transition  entre  les 
cellules  plurinuclées  de  la  trame  et  les  cellules  uninuclées  du  subhyménium.  La  for- 
mation de  la  baside  peut  être  facilement  observée  dans  les  jeunes  individus  :  chaque 
cellule  terminale  du  subhyménium  s'allonge,  divise  son  noyau  comme  il  vient  d'être  dit, 
puis  les  deux  noyaux  fils  se  séparent  par  une  cloison  ;  la  cellule  supérieure  se  renfle  et 
devient  la  baside.  Le  noyau  de  la  baside  grossit  bientôt  considérablement  et  celle-ci 

(')  P. -A.  Dangeahd,  Etude  de  ta  karyokincse  chez  /'Amœba  hyalina  {Le  Rolanisle, 
7°  série,  10  février  1900). 

C.  11.,  lyui,  1"  Semestre.  (T.  CWMI,  N°  13.)  I  1  l 


(  862  ) 

commence  à  élaborer  des  matières  grasses.  Pendant  ce  travail,  on  constate  des  phéno- 
mènes cytologiques  comparables  à  ceux  décrits  dans  les  cellules  glandulaires,  les 
oocytes,  les  cellules  sécrétrices  des  nectaires,  les  téleulospores  en  formation  des  Urc- 
dinées,  etc. ,  c'est-à-dire  l'apparition  dans  le  proloplasma  d'éléments  basnphlles  (erga- 
stoplasma),  i'oxjchromatisation  et  la  chromatolyse  partielle  du  noyau.  La  division  du 
noyau  de  la  baside  se  fait  en  pleine  période  d'activité  élaboratrice  de  celle-ci,  dans  une 
petite  aréole  claire;  on  compte  facilement  deux  chromosomes  au  début  de  la  méla- 
phase  ^l  la  mitose  est  entièrement  normale.  Les  deux,  noyaux  fils  prennent  aussitôt 
après  leur  formation  les  caractères  des  noyaux  des  cellules  sécrétrices,  et  l'élaboration 
de  matières  grasses  continue  jusqu'à  la  formation  des  deux  spores,  où  les  deux  noyaux 
passent  chacun  avec  la  moitié  de  la  quantité  d'huile  formée  par  la  baside  qui  reste 
vide.  Aussitôt  arrivé  dans  la  spore,  ie  noyau  y  subit  une  mitose. 

y>  On  voit  que  VHygrocybe  conica  présente  un  double  intérêt  :  i°elle 
constitue  une  exception,  la  seule  ju.squ'ici,  à  la  loi  de  la  formation  des 
basides  établie  par  Dangeard;  2"  elle  est  un  excellent  argument  contre  la 
généralité  de  la  loi  énoncée  ain.si  par  mon  excellent  maître  M.  Prenant  (  '  )  : 
«  Toute  cellule  qui  se  divise  est  incapable  de  produire  et  ne  fonctionne 
»  pas.  »  D'après  mes  recherches,  publiées  ou  inédites,  cette  loi  doit  être 
restreinte  aux  cellules  du  soma;  quant  aux  cellules  reproductrices,  qui  ne 
sont  pas  encore  différenciées,  elles  peuvent  accomplir  plusieurs  fonctions 
à  la  fois,  comme  les  cellules  des  Protozoaires  et  Protophytes,  il  n'y  a  là 
qu'un  cas  particulier  de  la  corrélation  de  l'ontogenèse  et  de  la  phylo- 
genèse. 

»  L'étude  attentive  des  mitoses  dans  les  basides  d'un  grand  nombre 
d'espèces  de  genres  variés  m'a  permis  de  mettre  en  lumière  une  particu- 
larité de  leur  prophase.  Cette  particularité  explique  l'indécision  des  au- 
teurs qui,  comme  Wager  et  Juel,  se  sont  occupés  de  cette  question,  au 
sujet  du  nombre  des  chromosomes.  Nous  avons  pu  constater  qu'après 
l'apparition  des  centrosomes  et  du  fuseau  et  la  disparition  partielle  ou  to- 
tale de  la  membrane  nucléaire,  les  filaments  chromatiques  se  transforment 
d'abord,  non  en  chromosomes,  mais  en  granulations  très  chromatophiles, 
de  nombre  variable,  qui  se  trouvent  placées  souvent  sans  ordre  sur  le  fu- 
seau, et  qui  ont  été  jusqu'ici  prises  pour  des  chromosomes.  Cq^ protochro- 
mosomes, comme  nous  proposons  de  les  désigner,  se  réunissent  à  la  fin  de 
la  prophase  en  deux  chromosomes  définitifs,  situés  côte  à  côte  au  milieu 
du  fuseau,  et  qui  se  divisent  généralement  longiludinalement.  Cette  par- 


(')  Prenant,  Sur  le  proloplasma  supérieur  {Journal  de  l'Anal,  el  de  la  Phys. 
XXXV*  année,  p.  708;  1899). 


(   863    ) 

ticiilarité  explique  comment  Wager  a  donné  pour  Mycena  galericulata  une 
figure  d'anaphase  qui,  d'après  mes  recherches,  est  certainement  une  pro- 
phase. Elle  complique  singulièrement  l'étude  des  mitoses  des  basides.  Quoi 
qu'il  en  soit,  sa  connaissance,  aujourd'hui  acquise,  me  permet  de  rectifier 
certaines  conclusions  données  dans  ma  Note  de  juillet  1900,  concernant 
le  nombre  des  chromosomes  chez  les  Psathyrella,  PhoHota,  Amànita,  etc.; 
ce  nombre,  que  je  croyais  de  quatre,  est  en  réalité  de  deirx  seulement, 
comme  chez  les  Urédinées.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  forme  conidienne  du  champignon  du 
Black-rol  [Guignardia  Bidwellii  (Eilis)  Via/a  et  Ravaz\.  Note  de  M.  G. 
Drlacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Le  Champignon  du  Black-rot  [Guignardia  Bidwellii  (Ellis)  Viala  et 
Ravaz]  possède,  d'après  M.  Viiila  ('),  une  forme  conidienne  à  conidies 
ovoïdes,  hyalines,  simples,  placées  au  sommet  de  ramifications  verticillées, 
une  forme  se  rapportant  à  un  Verlicillium  ou  plutôt  à  un  Acrocylindrium, 
d'après  le  dessin  donné  par  M.  Viala.  Cette  forme  qui,  d'après  l'auteur, 
apparaît  sur  les  sclérotes,  semble  assez  rare,  et  je  ne  l'ai  pas  observée 
jusqu'ici. 

»  La  forme  dont  je  parle  est  tout  autre.  On  la  trouve  aussi  bien  sur  les 
sclérotes  que  sur  les  pycnides  ou  les  spermogonies.  Elle  apparaît  sous 
forme  d'une  fine  moisissure  d'un  brun  verdàtre  foncé,  visible  à  la  loupe, 
couvrant  la  partie  de  l'organe  du  champignon  située  en  dehors  des  tissus 
de  la  plante  hospitalière.  Je  ne  l'ai  observée  jusqu'ici  que  sur  grains 
de  raisin. 

»  Cette  forme  conidienne  appartient  certainement  aux  sclérotes  ou  aux.  concep- 
tacles;  elle  constitue,  sur  le  sommet  de  ces  organes,  un  stroma  qui  augmente  notable- 
ment Tépaisseur  de  la  membrane  noire  et  se  continue  directement  avec  elle.  La  sur- 
face du  stroma  donne  naissance,  par  sa  portion  extérieure,  à  des  filaments  bruns,  à 
peine  cloisonnés,  sinon  près  de  leur  base,  tortueux,  d'un  diamètre  moyen  de  5  fi,  de 
longueur  variable,  émettant  de  place  en  place  et  irrégulièrement  des  ramifications  eh 
général  courtes  et  presque  divariquées.  Le  filament  principal  et  les  ramifications,  au 
moins  les  supérieures,  s'étranglent  souvent  à  leur  sommet  et  fournissent  ainsi  une 
cdnidie  qui  ne  tarde  pas  à  tomber.  Ces  conidies  sont  brunâtres,  ovoïdes,  d'une  dimen- 


(')  Pierre  Viala,  Les  Maladies  de  la  Vigne,  3'  édition,  p.  1^6,  Jig.  56  et  57;  iSgS. 


(  8iv/|  ) 

sion  moyenne  de  i5;j.  à  17  u.  de  longueur  sur  'Jij.  à  9|j.  de  large;  elles  restent  simples 
en  général,  mais  peuvent  parfois  prendre  une  cloison  médiane. 

»  Cette  frurtificalion  ronidienne  se  rapproche  à  la  fois  des  formes  Cladosporium 
ou  Scolecolrichurn. 

»  Dans  le  cas  d'une  pycnide  ou  d'une  spermogonie,  l'ostiole  est  respecté  et  traverse 
le  stroraa;  la  produolion  des  stvlospores  ou  des  spermaties  n'est  nullement  entravée 
et,  sur  des  pycnides  ayant  terminé  leur  évolution,  je  n'ai  pas  vu  les  filaments  former 
de  nouvelles  conidies  après  la  chute  des  premières. 

»  Les  conidies  germent  par  production  d'un  simple  filament  'dont  je  n'ai  pu  ob- 
server que  la  première  phase  de  déveloj)pemenl.  J'ai  trouvé  ces  conidies  germées  sur 
place;  et  comme  les  échantillons  avaient  été  placés  dès  leur  arrivée  dans  l'alcool,  il  ne 
m'est  pas  possible  de  dire  le  rôle  de  cette  forme  dans  la  dispersion  de  la  maladie, 
étant  donnée  l'absence  d'infections  sur  des  raisins. 

»  La  forme  conidienne  en  question  semble  peu  répandue  en  France. 
Depuis  1893,  je  l'ai  reçue  seulement  de  trois  localités  :  environs  de  Muret 
(Hiute-Garonne),  sur  sclérotes  et  pycnides;  environs  de  Pi'rigueiix, 
sur  sclérotes  et  spermogonies;  Lhernn,  près  Cahors,  sur  sclérotes  et 
pycnides. 

»  Cette  forme  conidienne  semble  avoir  été  observée  par  M.  F.  Lamson 
Scribner  dès  1886  (').  Il  en  a  donné  un  dessin  imparfait  reproduit  par 
Fréchou  (-),  qui  rependant  a  confondu  cette  forme  avec  celle  dontpnrle 
M.  Viala.  D'après  M.  Scribner,  ou  observerait  fréquemment  cette  forme 
après  un  temps  très  pluvieux,  aux  États-Unis.  » 


ASTRONOMIE.    —    Position    et    i^itesse    approchées    d'un     bolide.     Note    de 
M.  Jea\  Mascart,  présentée  par  M.   Lœwy. 

«  Le  24  spptf^mbre  1900,  nous  eûmes  l'occasion  d'apercevoir  un  bolide 
assez  important  ;  les  conditions  de  l'observation  furent  très  précises  C) 
comme  position,  trajectoire,  heure,  couleur  et  durée,  de  sorte  qu'il  y  avait 
là  de  bons  éléments  pour  déterminer  jilus  complètement  le  météore. 
D'autre  part,  ce  fait  fut  porté  à  la  connaissance  de  M.  L.  Havet  par  le 
journal,  c'est-à-dire  sans  autre  détail  qu'une  mention  de  l'apparition,  et 


('  )  Annual  Report  of  tlie  Departnieiil  of  Agriculture,  report  of  the  rnycologist, 
F.-L.  Scribner,  Washington,  1887,  p.  no,  pi.  \\\,Jîg.  4. 
C*)  Fréchou,  /.e  Black-rot  et  son  traitement,  Agen,  1889. 
(^)  Comptes  rendus,  y"'  octobre  1900. 


(  86^;  ) 

M.  L.  Havet  fut  assez  aimable  pour  nous  écrire  spontanément,  puis  nous 
donner  les  très  intéressants  détails  que  voici  : 

11  ...  Je  vois  que,  le  24  septembre,  vous  avez  relevé  le  passage  d'un  bolide.  Je  crois 
devoir  vous  signaler  le  double  phénomène  que  j'ai  moi-même  constaté,  le  même  soir, 
à  Rochecorbon.  J'étais  dans  un  jardin  au  bord  de  la  Loire,  rive  droite,  à  8'""  en 
amont  de  Tours. 

»  1°  Vers  9  h.,  mes  yeux  furent  attirés  par  une  lueur  claire,  plutôt  bleue  que 
jaune,  qui  s'élargissait  comme  celle  d'une  fusée  de  feu  d'artifice  qui  éclate.  Elle  disparut 
presque  aussitôt.  Elle  était  située  un  peu  au-dessous  du  carré  de  Pégase,  et  formant 
avec  les  deux  étoiles  les  plus  méridionales  un  triangle  isoscèle  obtus,  angle  de  120° 
peut-être.  L'hypothèse  d'une  fusée  étant  topographiquement  absurde,  je  songeai  suc- 
cessivement à  des  explications  non  moins  insoutenables  :  projection  subite  d'un  rayon 
électrique,  réflexion  sur  quelque  petit  nuage  de  quelque  éclair  lointain  (il  y  en  avait 
eu  beaucoup  vers  l'Est). .  .  Je  me  demandai  même  si  la  lueur  n'avait  pas  son  siège 
dans  une  nacelle  de  ballon.  Mais,  persuadé  que  cette  apparition  instantanée  ne  pouvait 
avoir  rien  d'intéressant,  je  ne  songeai  pas  à  regarder  l'heure,  et  je  n'y  pensai  plus.  Je 
n'avais  jamais  vu  de  bolide  ; 

»  2°  Plus  tard,  dans  la  soirée,  j'aperçus  comme  une  étoile  filante  qui  presque 
aussitôt  se  changea  en  une  lueur  grandissante,  pareille  à  la  précédente;  le  mouve- 
ment de  translation  se  perdait  dans  cet  épanouissement  delà  lueur.  Celui-ci  se  passait 
encore  au-dessous  du  carré  de  Pégase,  mais  plus  au  sud;  il  était  peut-être  un  peu 
moins  éloigné  du  carré  que  de  Fomalhaut.  Ma  montre  (qui  n'est  pas  une  horloge 
astronomique)  marquait  10'' S™.  La  lueur  s'éteignit  très  vite  comme  l'autre.  Persuadé, 
cette  fois,  qu'il  s'agissait  d'un  bolide,  j'écoutai  en  vain,  pendant  plusieurs  minutes,  s'il 
ne  m'arriverait  pas  un  bruit  d'explosion  qui  pût  fournir  une  indication  de  distance 

»  Mes  deux  apparitions  ont  duré  quelques  secondes,  c'est  tout  ce  que  je  puis  dire. 
Dans  la  seconde,  l'aspect  d'étoile  filante  a  été  court;  au  plus  égal  à  la  distance  de  la 
ligne  Cassiopée-Persée-Chèvre  qui  limitait  mon  ciel  à  gauche  (à  cause  de  la  falaise), 
au  point  d'épanouissement  situé  sous  Pégase.  La  direction  était  vaguement  parallèle 
au  mouvement  diurne  ;  je  ne  puis  préciser  plus. 

»  Je  n'ai  pas  remarqué  de  tête  colorée.  . .  et  je  n'ai  pas  eu  la  présence  d'esprit  d'y 
songer.  La  lueur  formait  une  figure  allongée,  comme  un  triangle  obtusangle»  un  tra- 
pèze ou  un  tricorne,  posé  sur  la  ligne  de  direction  générale  et  reposant  sur  son  plus 
grand  côté. 

»  Mon  poste  d'observation  est  au  coude  delà  Loire...  entre  Vouvray  et  Roche- 
corbon. Mon  regard  enfilait  le  cours  supérieur,  et  c'est  au-dessus  du  fleuve  que  j'ai 
vu  Pégase  et  le  bolide.   » 

»  Telles  sont  les  intéressantes  descriptions  que  M.  L.  Havet  veut  bien 
donner  pour  les  deux  bolides  qu'il  aperçut,  le  même  soir,  dans  la  même 
région;  d'ailleurs,  les  détails  qu'il  fournit,  s'ils  manquent  d'une  grande 
précision,  permettent  néanmoins  d'adopter  comme  coordonnées  moyennes 


(  866  ) 
(le  la  seconde  apparition 

.•R  =  23''35'",         â  =  -  6" 

tandis  que  le  bolide  que  nous  apercevions  à  la  -même   heure  peut  être 
situé  par 

yR  =  22'',  4()"',         3  =  -3o°. 

M  La  base  du  triangle  dans  l'espace  est  alors  de  iSg*""  et  il  ne  reste,  pour 
identifier  ces  deux  bolides,  qu'à  transformer  ces  coordonnées  en  azimuts 
et  haiiteurs;  par  rapporta  la  droite  qui  joint  les  deux  points  d'observation, 
les  deux  azimuts  sont,  vers  l'est,  6''23'  et  25''35',  tandis  que  les  hauteurs 
égalent  io''54'  et  33°24'.  On  peut  alors  aisément  calculer  la  hauteur  du 
point  de  disparition  du  bolide,  et  l'on  trouve  en  chiffres  ronds  40"""  ;  tenir 
Compte  aussi  des  éléments  de  trajectoire  que  nous  avons  fournis  etdu  temps 
employé  h  la  parcbtirir. 

»  Ainsi,  en  résumé,  ce  bolide  dut  parvenir  dans  les  environs  d'Angou- 
lême,  avec  une  vitesse  supérieure  à  4'""  par  seconde;  il  dut  être  entière- 
ment consumé,  d'après  l'observation  que  nous  en  pûmes  faire  et,  même 
s'il  avait  éclaté,  ou  pouvait  ignorer  le  bruit  de  sa  détonation  à  une  soixan- 
taine de  kilomètres.    » 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.   D. 


BULLETIN    AltiLIOURAPUIQUti:. 


I 


OUVRAGKS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    4    MAIIS    1 90 1 . 

(  Suite.) 

Verhaiullungen  iler  Russich-kaiserliclwn  mineralogischen  GcSellschaft  zu 
S'-Petersburg;  2«  série,  XXXVllP'  Bd,  Lif.  1  u.  2.  Saint-l'élersbourg. 
1899-1900;  2  vol.  iii-8". 

Malerialien  zur  Géologie  Misslands,  herausgeg.  v.  der  Kaiserlichen 
Mineralogischen  Gesellschaft;  Bd  XX.  Saint-Pétersbourg,  1900;  i  vol. 
in-8^ 


(  s%  ) 

Jahrbuch  der  Kônigl.  sàchsischen  ineLeorohgischen  Insli lûtes,  1 898  ; 
Jahrgang  XVI,  i.  Ablheilmig.  Chemnilz,  1900;  1  fasc.  in-4°. 

Journal  of  ihe  Royal  microscopical  Society,  edited  bv  A.-W.  Bennelt; 
igoi,  parti.  Londres;  i  fasc.  in-8°. 

Académie  royale  de  Belgique.  Bulletin  de  la  Classe  des  Sciences,  igor,  n"  1. 
Bruxelles;  1  fasc.  in-S". 

Boletin  de  la  Sociedad  espauola  de  Bisloria  nalural;  t.  I,  mira.  1.  igoi. 
Madrid;  i  fasc.  in-8°. 

Archivo  bihliographico  da  Bihliotheca  da  Universidade  de  Coimbra;  n"  1. 
Coïmbre,  1901  ;  i  fasc.  gr.  in-8". 

LicJc  Observalory  Uimersity  of  California;  Bnl.  n°  l.  i  fasc.  in-4". 

Modem  Medicine.  Bulletin  of  thc  Laboratory  nf  Hygiène  Bat t le  Creek  Sani- 
tarium.  vol.  X,  n°  1.  Battle  Creek,  iMichigaii,  1901;  i  fasc.  in-8". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  ii  mars  1901. 

Expéditions  scientifiques  du  «  Travailleur  »  el  du  «  Talisman  »  pendant  les 
années  1 880-1 883.  Ouvrage  publié  sous  les  auspices  du  Minislèrc  de  Tlns- 
truclion  publique,  sous  la  direction  de  A.  Milne-Edwards,  membre  de 
l'Institut.  Crustacés  décapodes,  1''°  |)artie  :  Bracliyures  et  Anomoures,  par 
A.  Milne-EdwaFyDs  et  E.-Ij.  Bouvier.  Paris,  Masson  et  C'*,  1900;  i  vol.  in-4". 
(Présenté  par  M.  Edmond  Perri'er.) 

François  Quesnay.  Livre  d'Or,  1900;  publié  par  Jules  Allain-Le  Canu. 
Versailles,  impr.  Aubert.  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Joannes  Chatin. 
Hommage  de  l'Auteur.) 

Spectroscopie  critique  des  pigments  urinaires  normaux,  par  E.  Gautrelet. 
Paris,  O.  Berthier,  1900;  i  vol.  in-8".  (Pour  le  concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie.) 

L' hypertrophie  sénile  de  la  prostate ,  par  le  D'' A.  Guépin.  Paris,  Vigot  frères, 
1900;  I  vol.  in-8'\  (Hommage  de  l'Auteur.) 

La  fièvre  typhoïde  dans  V Aisne  et  le  rôle  typhogéne  de  Veau  d'alimentation, 
par  Emile  Loncq.  Laon,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Carte  lithologique  sous-marine  des  côtes  de  France,  par  M.  Tiioulet, 
feuilles  1-7.  Paris,  Augustin  Challamel.  7  feuilles  colombier. 

Travaux  du  Laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l'Univer- 
sité de  Grenoble,  1899-1900;  t.  V,  2^  et  3*  fasc.  Grenoble,  1900-1901. 
2  fasc.  in-8".  (Présenté  par  M.  Marcel  Bertrand.; 


(    8<;H     ; 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  Brevets  d'im^ention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  ^j'udlet  1 88/| ,  publié  pur  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Iudustrie.  Publicalioii  in  extenso,  i8gi) 
(i"'*  partie).  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1900;  i  vol.  in-8'*. 

Société  d' Encouragement  pour  V Industrie  nationale.  Annuaire  pour  l' année 
1901.  Paris,  tvp.  Chamerol  et  Renouard,  1901.  i  fasc.  in-i8. 

Revue  maritime,  t.  CXLIII,  472*  livraison,  janvier  1901.  Paris, 
K.  Cliapelot  et  C*^  i  fasc.  in8°. 

Annales  d'Hydrologie  et  de  Climatologie  médicales,  directeur  :  Albert  Robin; 
t.  YI,  n°  1,  janvier  1901.  Paris,  G.  Carré  et  C.  Naud;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletins  et  Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse,  1899-1900.  Toulouse,  1900;  i  vol.  in-8''. 

Corrélations  régulières  supplèmentaiies  du  système  planétaire,  par  Serge 
SocoLow.  Moscou,  1901;  I  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Forsôgsmôllen.  I.  Forsôgsmôlle  i  Askov.  II.  Verjmôllers  Arbejdsevne,  af 
PouL  L.v  Cour.  Copenhague,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Annales  [de  la  Soi  iété  scientifique  de  Biuxelles,  l'i'^  année,  1 900-1 901, 
i"  lasc.  Louvain,  1901  ;  i  fasc.  in-8'\ 

The  Journal  of  the  American  Chemical  Society,  vol.  XXIII,  n"  1.  Easton, 
Pa.,  1901  ;  I  fasc.  in-8". 

Annals  of  the  astronomical  ohsenatory  of  Harward  Collège,  Edward-C. 
PiCKERiNG,  direclor;  \o!.  XLIII,  part  I.  Cambridge,  Mass.,  1901;  i  iasc. 
'm-l^°. 

Regislro  officiai  de  la  Repuhlica  de  Ecuador,  a  no  VII,  num.  1293-131.''/. 
Quito,  1901  ;  24  fasc.  petit  in-i°. 


un  souscrit  a  l'atis,  cnez  (jAU  i  HitLU- vii.L,Ans, 
Quai  (k's  r. r;\n(]s-Augustiiis,  n"  55. 

Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  rc^ulièrenient  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-.i".  Deux 

Tables,  Tune  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  iil[ihabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

et  part  du  i"  Janvier  . 

Le  prix  <lf  Viilxi/nicnirnt  est  fixe  niiisi  rjit'it  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Dé|iai  îemcnts  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
4gen Ferran  irères. 

>  Cbaix. 
Alger (  Jourdan. 

I  RiitT. 

Amiens Courtin-Hecquel. 

i  Germain  etGrassio. 

*"S"'' loaslineau. 

Bai  onne Jérôme. 

Betançon  Régnier. 

I  Feret. 
Bordeaux i  Laurens. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

,  Derrien. 

1  b\  Robert. 
Brest _.  ,. 

'  Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Chambe'-} Perrin. 

Cherbourg „       ■'' 

[  Marguerie. 

/..  .,  \  Juliot. 

Clermonl-terr...      „ 

I  Bouy. 

iNourry. 
Ratel. 
Rey. 

„  ;  Lauverjai. 

Douai !  ■■ 

I  Degez. 

..         1 ,  t  Drevel. 

'jrenoble „ 

(  Gralier  el  C'V 

La  Rochelle Foucber. 

.     „  .  Bourdignon. 

t-t  Havre * 

I  Donibre. 

LUle ^■i\^ovez. 

I  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

I  Bauiiial. 

Lorieni I    . 

(  M"*  lexier. 

:  Bernoux  et  Cumin. 
\  Georg. 

/  y  jn. 1  ElTantin. 

I  Savy. 

'  Vitle. 

Marseille  .    .  .    . .      Ruai. 

\  Valat. 
^ontpelhe, ,  ^^^,^^  ^^  ^,,^ 

moulins Martial  Place. 

I  Jacques. 
Kancy !  Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

>  Guisl'han. 

liantes 1  ,r  1 

I  Veloppe. 

(  Barma. 

i^  ice 1   . 

(  Appy. 

Mmes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

i  Blanchier. 

^°"'^'' (JVIarcbe. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Hoche/ori Girard  (  M""). 

I  Langlois. 

Houen ,  ,      ,   .  , 

(  Lestnngant. 

S'-Étienne Chevalier. 

1  Ponteil-Burles. 

Toulon 1  „       . , 

(  Rumebe. 

I  Gimct. 

Toulouse „  .     . 

(  Privât. 

Boisselier. 

Tours I  Péricat. 

'  Suppligeon. 

Valenciennes !  ,  ,. 

(  Lemallre. 


chez  Messieurs  ; 

(  Feikema    Caarelsen 
Amsterdam 

(      et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C'. 

„     ,.  1  Dames. 

Berlin ^  .    ., 

,  Fnedlander   et   lils. 

(  Mayer  el  Muller. 

Berne Scbmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

,  Lamertin. 
Bruxelles Mayolez  el.^udiarte. 

(  Lebègue  et  G'". 

\  Sotchek  et  C°. 

Bûcha'  est ,  .  ,     , 

(  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Cammeriueyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

.  Cherbuliez. 
Genève !  Georg. 

(  Stapelmohr. 

La   Baye Belinfante   frères. 

i  Benda. 

Lausanne _ 

(  Payol  et  C". 

Barlh. 
\  Brockhaus. 

Leipzii; '  Lorentz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 

(  Desoer. 
^'^=* iGnusé. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
Londres Hachette  el  C". 

'  Nutt. 
Liixembourg.    ..     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C".  I 

,Vadrid '  t^""""  y  Fussel.  ' 

\  Capdeville. 
l  F.  Fé. 

Milan [^"""^  f''""- 

I  Hœpli. 

iUoscou Tasteviu. 

n-af,les (Margbieri  di  Giu». 

I  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiflfer. 
Ne^-Vork Slechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa.    Rousseau. 

Oxford Parker  et  C* 

Palerme Reber. 

Porto  .    Magalhaès  et  Monu 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

„  I  Bocca  frères. 

Borne , 

(  Loescberet  C*. 

Rotterdam Kramers  et  fils 

Stockholm Samson  et  Wallm 

„.  „  .  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..S^^^^^ 

I  Bocca  frères. 

I  Brero. 

Tut  m ,'     , 

\  Clausen. 

[  Rosenbergel Sellier. 

Varsovie Gebethner  et  WolU. 

Vérone Drucker. 

Vienne. . .  ■■ „       ,  , 

(  Gerold  et  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4''  ;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  {i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.  )  'Volume  in-4°;  7870.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91. —  (  1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

Tomes  92  à  121.  —  (i"  Janvier  1881  à  3i  Décembre  1893.)  Volume  in-4";  1900.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I  :  Mémoire   sur  quelques  points  de   la    Physiologie   des  Alyues,   par  MM.   A.  Dekdês  et  A.-J.-J.   Solilb  Màm' ' 

qu'éprouvent  les  Comètes,  par  M.  Haxsen.  —  Mémoire  sur  le  Pancréa>  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréali  ■ 
la  digestion  des  matières    grasses,  par  M.  Clude  Bernard.  Volume  in-|\  avec  32  planches;  iS56  . 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers   intestinaux,  par  ,M.  P.-J.  V.vn  Bexedes.  —  Essai  d'une  répo' 
Sciences  pour  le  concours  de  i853,  et  puis  r-emise  pour  celui  de  iSJfJ,  savoir  :  «  Etudier  les  Iç 
"  terrains  sédimentaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question   de 
«  Rechercher   la   nature   des   rapports   qui   existent  entre  l'état  actuel   du  règne   organic 
;ivec  27  planches;  186 j 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  les  Mémoires  p, 


W  13. 

TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance  du   1"  avrik  1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNIGATIOIVS 

DES  MEMBIUÎS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADËMIE. 


IM.  le  PnÉsinENT  annonce  à  l'Académie 
qu'en  raison  des  fctes  de  Pi'iqties,  la  séance 
du  lundi  S  avril  sera  remise  au  mardi  g.. 

M.  Kmii.e  Picard  fait  hommage  à  l'Académie 


Pagrr.    | 


Pages, 
de  la  seconde  édition   du  Tome  I  de  son 
((  Traité  d'Analyse  »  et  de  la  Leçon  qu'il 
a  faite  à  la  Sorbonne  sur  «  l'OEuvrc  scien- 
Jfique  de  Charles  Hermile  " 8i3 


N03IIIVATI01\S. 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Francœur  pour  1901  :  MM.  Jor- 
dan, Poincaré,  Picard,  Appelle  Mau- 
rice Levy 8 1 3 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
■du  prix  Poncelel  pour  1901  :  MM.  Picard, 
Poincaré.  Appcll,  Jordan,  Maurice 
Levy Si4 


Comni'ssion  chargée  de  juger  le  concours 
du  p.  ix  extraordinaire  de  six  mille  francs 
pour  1901  :  MM.  Guyou,  de  Bussy,  Bou- 
quet de  la  Gryc,  de  Jonquières,  Hatt..     Si^ 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Montyon  (  Mécanique)  pour  1901  : 
MM.  Maurice  Levy,  Sarrau,  Léaute, 
Boussinesq,  Sebert 814 


CORRESPONDANCE. 


M.  P.  Sabatier,  élu  Correspondant,  adresse 
ses  rcmercinients  à  l'Académie 8i4 

M,  CnAnBON'NiEii  adresse  desremercimenls 
à  l'Académie  pour  la  distinction  accordée 
à  ses  travaux 8i4 

M.  A.  LiAPOUNOFF.  —  Une  proposition  géné- 
rale du  Calcul  des  probabilités oi4 

M.  Servant.  —  Sur  la  déformation  du  para- 
boloïde  général 81G 

M.  M.  d'Ocagne.  —  Sur  la  somme  des  an- 
gles d'un  polygone  à  connexion  multiple.     .SiS 

M.  F.  Larroque.  —  Étudesde  psycho-acous- 
tique      S22 

M.  Gouv.  —  Sur  les  propriétés  électrocapil- 
laires de  quelques  composés  organiques 
en  solutions  aqueuses 822 

M.  L.  WiNTREBERT.  —  Sur  quelques  osmyl- 
oxalates 824 

M.  A.  DuBOiN.  —  Sur  les  propriétés  réduc- 
trices du  magnésium  cl  de  l'aluminium..     S26 

MM.  E.  JuNGEEEisoH  et  E.  Leqer.  —  Sur 
la  cinclionine S28 

M.  P.  Brenans.  —  Sur  quelques  dérivés 
iodés  du  phénol 83i 

M.  Amand  Valeur.  —  Action  des  éthers 
d'acides  bibasiques  sur  les  composés 
organomélalliqucs 833 

MM.  T1SSIER  et  Grignard.  —  Sur  les  com- 
posés organomélalliqucs  du  magnésium..     835 
'h.  Moureu.  —  Nouvelles  réactions  des 

-;À.--  ..-magnésiens 837 

'lérivés  étbéro- 


organomagnésiens 

M.  George-K.  Jaubert.  —  Une  nouvelle 
synthèse  de  l'aniline 

M.  M.  Hanriot  —  Sur  le  mécanisme  des  réac- 
tions lipolytiques 

MM.  E.-L.  Bouvier  et  H.  Fischer.  —  Sur 
l'organisation  interne  du  Pleurotomaria 
Beyrichii  Hi  I  g 

M.  P.  Lesne.  —  La  variation  sexuelle  chez 
les  mâles  de  certains  Coléoptères  appar- 
tenant à  la  famille  des  Bostrychides;  la 
pœcilandrie  périodique 

M.  A.  Robert.  —  Sur  la  ponte  des  Troques. 

M.  E.  Bataillon.  —  Sur  la  valeur  com- 
parée des  solutions  salines  ou  sucrées  en 
tératogenèse  expérimentale 

M.  P.  Vicier.  —  Sur  l'origine  des  para- 
somes  ou  pyrénosomes  dans  les  cellules 
de  la  glande  digestivc  de  l'Ecrevisse 

M.  F.  KoVESSi.  —  Influence  des  conditions 
clinialologiques  sur  la  végétation  des  sar- 
ments de  la  vigne 

M.  A.  Dangeahd.  —  Etude  comparative  de 
la  zoosporc  et  du  spermatozoïde 

M.  Hene  Maire.  —  Nouvelles  recherches 
cylologiques  sur  les  Hyménomycètes 

!\I.  G.  Delacroix.  —  Sur  une  forme  coni- 
dienne  du  champignon  du  Black-rot 
[Guignardia  Bidivcllii  (Ellis)  Viala  et 
Ravaz] 

M.  Jean  Mascart.  —  Position  et  vitesse 
approchées  d'un  bolide 


839 
84. 


845 


84- 

85o 


852 

855 

807 
859 
861 

863 

864 
866 


'  lU  VI  l<:  R  I  K     a  .\  UT  H  t  E  K  -  V  1  L  I,  A  R  s  , 


le^  GranHs-Auguslins,   .ii 


1^  ^Vrfln/  .*  t»AiirHiKK   V  ii.LlRI 


APR  30  ipni 

PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDES 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

t*AK   TITf.   tiK»  SECnÉTAIKES   PERPÉTVBEiS. 


TOME  CXXXII. 


N^  14  (9  Avril  1901). 


PARIS, 

GAUTHIEH-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

UES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,   5i. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  da^-s  les  séances  des  23  juin  i8()2  et  24  mai  1870, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séance^  de 
r Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie, 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendu;  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l".  —  Impression  des  trai'aux  de  l' Académie. 

Les  extraits  desMémoiresprésentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académiecomprennént 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Acadé  nie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  mçme 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  cbm- 
pris  dans  les  5o  j)ages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier.  | 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P'iges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne. peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'im|)ression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  quautai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne- 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  élre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  soni 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtraii 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foui 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  of(i 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis.' 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, I' 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Cowjo/erffl(//' 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendum 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  m 
fis;ures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fail 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprc- 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  prc 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pries  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiva 


APR  30  i"n- 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  MARDI  9  AVRIL    1901, 
PRÉSinENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUlVICATIOiVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

SCIENCES  EN  GÉNÉRAL.    —  Sur  l' Utilité  scientifique  d'une  langue  auxiliaire 
internationale.  Note  de  M.  H.  Sebert. 

«  J'ai  l'honneur  de  signaler  à  l'Académie  une  lettre  qui  vient  de  lui  être 
adressée,  au  nom  d'un  groupe  de  personnes  déléguées  par  plusieurs  Con- 
grès et  Sociétés,  à  la  suite  de  l'Exposition  universelle  de  1900,  pour  provo- 
quer l'adoption  d'une  langue  auxiliaire  internationale. 

»  Cette  lettre  demande  à  l'Académie  d'inscrire  la  question  dont  il 
s'agit  au  nombre  de  celles  qui  seront  traitées  dans  la  session  de  l'Associa- 
tion internationale  des  Académies  qui  va  s'ouvrir. 

»  L'époque  tardive  à  laquelle  elle  est  arrivée  n'a  pas  permis  d'y  donner 
suite  en  temps  utile,  et  il  ne  pourra  sans  doute  être  procédé  à  l'examen  de 
la  question  qu'elle  soulève  que  dans  une  session  ultérieure  de  l'Asso- 
ciation. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  14.)  I  12 


(  «70  ) 

))  Mais  cette  question,  par  son  importance  et  par  la  façon  dont  elle  se 
présente  aujourd'hui,  me  paraît  mériter  de  retenir  un  instant  l'attention 
de  l'Académie. 

»  Communiquée  dans  un  cercle  restreint  et  un  peu  au  hasard,  la  lettre 
dont  il  s'agit  a  recueilli,  en  quelques  jours,  de  nombreuses  et  chaleureuses 
adhésions.  1 

))  Dans  notre  seule  Compagnie,  une  vingtaine  de  nos  confrères,  sous 
les  yeux  desquels  cette  adresse  a  passé,  y  ont  apposé  leur  signature  pour 
en  demander  la  prise  en  considération,  et  je  pense  que  la  liste  de  ces  signa- 
tures aurait  été  beaucoup  plus  longue  encore  si  le  temps  avait  permis  à  un 
plus  grand  nombre  d'entre  eux  de  prendre  connaissance  de  la  question. 

))  D'autres  signatures  ont  été  également  données  par  quelques-uns  de 
nos  confrères  des  autres  Sections  de  l'Institut  et,  à  Paris  même,  un  grand 
nombre  en  ont  encore  été  ijecueillies  parmi  les  notabilités  scientifiques, 
les  membres  des  corps  enseignants  et  les  membres  de  diverses  Sociétés 
savantes. 

»  Le  mouvement  s'est  propagé  aussi  en  province,  dans  les  différents 
centres  universitaires,  et  des  signatures  nouvelles  arrivent  chaque  jour  en 
nombre  considérable. 

»  La  ville  de  Dijon  surtout  s'est  signalée  en  envoyant  l'adhésion  de  la 
presque  totalité  des  professeurs  de  son  Université  et  de  ceux  de  ses 
Facultés  et  Écoles  spéciales,  et  ce  résultat  est  dû  à  l'extension  qu'a  prise 
dans  cette  ville  l'étude  d'un  système  particulier  de  langue  internationale. 

M  Ces  faits  indiquent  combien  le  problème  de  l'adoption  d'une  langue 
auxiliaire,  pouvant  faciliter  les  relations  entre  les  personnes  de  nationalités 
étrangères,  provoque  en  ce  moment  l'attention  du  monde  savant  et  com- 
bien sa  solution  répondrait  à  un  besoin  universellement  ressenti. 

»  Il  est  certain  que  cette  solution  peut  avoir  une  heureuse  influence 
sur  la  diffusion  de  la  civilisation  et  de  la  Science  dans  toutes  les  parties  du 
monde,  et,  à  ce  point  de  vue,  elle  ne  peut  manquer  d'intéresser  l'Académie 
des  Sciences. 

»  Il  importe  d'ailleurs  de  bien  préciser  la  façon  dont  la  question  doit 
être  aujourd'hui  envisagée  : 

»  Il  ne  s'agit  pas  de  la  recherche  utopique  d'une  langue  universelle 
destinée  à  être  substituée  aux  idiomes  nationaux  des  différents  peuples; 
trop  d'essais  malheureux  ont  été  faits  déjà  de  cette  conception  erronée  et 
ont  longtemps  retardé  la  solution  cherchée. 

»  Il  ne  peut  être  question  aujourd'hui  que  de  la  création  d'une  langue 


(  871  ) 
auxiliaire  destinée  à  servir,  à  côté  des  idiomes  nationaux,  aux  relations 
écrites  et  orales  entre  des  personnes  de  langue  maternelle  différente. 

»  On  sait  que  l'un  de  nos  Associés  étrangers,  le  regretté  Max  Muller,  avec 
sa  grande  autorité,  a  déclaré  que  la  conception  d'une  langue  artificielle 
appelée  à  jouer  ce  rôle  est  certainement  réalisable,  et  il  a  ajouté  que  cette 
langue  artificielle  peut  être  beaucoup  plus  régulière,  plus  parfaite,  plus 
facile  à  apprendre  que  n'importe  laquelle  des  langues  naturelles  de 
l'humanité. 

»  Il  est  permis  d'affirmer  aujourd'hui  qu'en  formulant  cette  appréciation, 
il  visait  une  des  solutions  récemment  proposées  pour  cet  intéressant  pro- 
blème, solution  dont  j'aurai  l'occasion  de  dire  quelques  mots  plus  loin. 

»  La  lettre  adressée  à  l'Académie  des  Sciences  par  la  délégation  pour 
l'adoption  d'une  langue  auxiliaire  internationale,  après  avoir  rappelé  les 
noms  de  quelques-uns  des  esprits  éminents  qui,  depuis  Bacon,  Pascal  et 
Leibniz  jusqu'à  nos  jours,  ont  abordé  l'étude  de  cette  question,  présente 
clairement  un  résumé  des  conditions  que  doit  remplir  la  langue  auxiliaire 
internationale  cherchée. 

)i  Je  ne  crois  pas  inutile  de  rappeler  ici  ce  résumé  : 

»  On  demande  avant  tout  à  cette  langue  d'être  capable  de  servir  aux  relations  habi- 
tuelles de  la  vie  sociale,  aux  usages  commerciaux  et  aux  rapports  scientifiques  et  phi- 
losophiques. 

»  On  lui  demande  aussi  d'être  d'une  acquisition  facile  pour  toute  personne  d'in- 
struction élémentaire  moyenne  et  spécialement  pour  les  personnes  de  civilisation  eu- 
ropéenne. 

»  Il  est  reconnu  qu'elle  ne  peut  être  l'une  des  langues  nationales  existantes,  et 
même  on  admet  que  la  solution  cherchée  ne  peut  être  avantageusement  obtenue  par 
l'emploi  d'une  langue  ancienne,  alors  même  qu'on  en  simplifierait  la  grammaire  ou 
qu'on  en  enrichirait  le  lexique. 

»  Seule  la  création  d'une  langue  artificielle  nouvelle  peut  permettre  de  réaliser  les 
avantages  de  simplicité,  d'unité  et  de  métiiode  qui  peuvent  être  obtenus  par  la  réu- 
nion d'éléments  empruntés  aux  langues  en  usage  dans  les  différents  pays. 

»  Seule  aussi,  par  un  choix  judicieux  des  racines  employées  pour  la  formation  des 
mots,  cette  solution  peut  conduire  à  l'adoption  d'un  lexique  d'emploi  commode,  c'est- 
à-dire  facile  à  comprendre  et  à  retenir,  pour  la  grande  majorité  des  habitants  de  notre 
continent. 

»  Le  programme  ainsi  formulé  a  reçu,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  de  nombreuses 
et  importantes  adhésions. 

»  Bien  que  la  délégation  soit  restée  jusqu'à  ce  jour  sur  un  terrain  de 
neutralité  entre  les  différents  systèmes  qui  peuvent  être  mis  sur  les  rangs 


(  872  ) 

pour  y  satisfaire,  cet  accueil  me  paraît  dû,  en  grande  partie,  à  ce  fait  que 
beaucoup  de  personnes  considèrent  déjà  aujourd'hui  le  problème  comme 
résolu  d'une  façon  satisfaisante  et  à  peu  près  complète  et  croient  le  moment 
venu  de  généraliser,  sans  plus  attendre,  l'application  de  cette  solution 
particulière. 

»  Une  langue  artificielle,  qui  est  habituellement  désignée  sous  le  nom 
à' Espéranto  et  qu'a  fait  connaître,  vers  1887,  un  médecin  russe.  M.  le  doc- 
teur Zamenhof,  de  Varsovie,  s'est  en  effet  peu  à  peu  répandue  dans  toutes 
les  parties  du  monde,  malgré  le  discrédit  jeté  sur  des  tentatives  de  ce 
genre  par  de  récents  et  malencontreux  essais  antérieurs  de  systèmes  mal 
conçus ('). 

»  Le  succès  de  cette  langue  est  dû  à  des  mérites  réels  : 

»  Sa  grammaire,  dont  les  règles  ne  comportent  aucune  exception,  est  aussi  simplifiée 
que  possible;  son  vocabulaire  estiremarquable  par  le  choix  heureux  de  ses  racines  qui 
ont  été  empruntées  aux  éléments  les  meilleurs  des  langues  étrangères,  de  façon  à  leur 
donner  le  plus  possible  un  carictère  international;  la  prononciation  uniforme  des 
lettres  est  assurée  par  des  règles  Simples;  la  traduction  de  textes  écrits  en  cette  langue 
peut  être  faite  en  tout  idiome  par  une  personne  quelconque  parlant  cet  idiome,  à  l'aide 
de  simples  dictionnaires  et  sans  initiation  spéciale. 

I 

»  Cette  langue  est  enfin  facile  à  apprendre,  en  peu  de  temps  et  sans 
maître,  pour  tout  homme  d'éducation  moyenne. 

»  Aussi  la  propagation  s'en  est  faite  presque  seule,  par  une  sorte  d'infd- 
tration  lente  et  continue.  Elle  s'est  opérée  simplement  à  l'aide  de  petits 
manuels  dont  le  nombre  s'accroît  chaque  jour,  et  qui  en  permettent  dès 
maintenant  la  traduction  en  vingt  et  un  idiomes  différents. 

»  On  estime  déjà  à  quarante  ou  cinquante  mille  le  nombre  des  per- 
sonnes qui  pratiquent  cette  langue  et  qui  sont  réparties  dans  les  contrées 
les  plus  éloignées.  Elle  s'est  répandue  d'abord  en  Russie  et  dans  les  pays 
où  l'on  parle  les  langues  tchèques  et  slaves,  puis  en  Allemagne,  en  Suède 
et  en  Norvège,  et  ce  n'est  qu'à  une  époque  relativement  récente  qu'elle  a 
pénétré  en  France,  où  ses  progrès,  assez  lents  d'abord,  se  sont  accélérés 
peu  à  peu. 

M   Cette  langue  a  rencontré  en  tous  lieux  des  partisans  convaincus,  et  le 


(')  On  doit  signaler  notamment  parmi  ceux-ci  le  Volapuk  dont  la  vogue  récente  et 
passagère  n'a  pu  être  due  qu'à  ce  qu'il  répondait,  au  moins  en  apparence,  à  un  besoin 
véritable. 


(  873  ) 

mouvement  d'opinion  qu'ont  provoqué  en  sa  faveur  ceux  qui  en  ont 
approfondi  l'étude  s'accentue  avec  rapidité. 

»  Il  y  a  plus  d'un  an  déjà  que  notre  confrère  M.  Méray,  Correspondant 
de  la  Section  de  Géométrie,  nous  en  signalait  l'existence  par  une  Note 
remplie  de  faits  et  de  documents  probants  qui  n'a  pas  été  publiée  jusqu'à 
ce  jour  ('). 

»  Il  faisait  remarquer  que  cette  langue  pourrait  bientôt  permettre  faci- 
lement aux  hommes  de  science  d'assurer  la  lecture  de  leuis  productions 
par  leurs  confrères  étrangers  et  par  les  étudiants  de  tous  pays,  en  n'exi- 
geant pour  cela  qu'une  seule  traduction  de  ces  œuvres,  traduction  qui 
pourrait  bénéficier  d'un  tirage  suffisant. 

»  Il  suggérait  l'idée  d'entreprendre  tout  d'abord  la  publication  de 
bibliographies  en  langue  Espéranto,  pour  faire  connaître  en  tous  lieux 
l'apparition  et  l'analyse  des  publications  récentes  sur  tous  les  sujets  d'ac- 
tualité. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  d'insister  sur  l'intérêt  que  présenteraient  ces 
résultats,  car  tous  les  spécialistes  savent  combien  il  devient  difficile  de 
suivre  les  travaux  faits  dans  les  différents  pavs  oii  la  Science  pénètre  peu  à 
peu,  par  suite  de  la  tendance  que  les  auteurs  appartenant  à  des  nations 
récemment  entrées  dans  le  courant  scientifique  manifestent  de  plus  en  plus 
à  publier  leurs  travaux  dans  leurs  langues  nitiouales. 

»  De  nouveaux  faits  sont  venus  renforcer  encore  la  conviction  de 
M.  Méray  et  affermir  sa  confiance  dans  le  succès  prochain  de  la  langue 
Espéranto.  Il  les  a  exposés  dans  un  commentaire  dont  il  a  fait  précéder  sa 
signature  sur  la  feuille  d'adhésion  à  la  lettre  que  j'ai  l'honneur  de  signaler 
à  l'Académie. 

M  Dans  tous  les  pays  où  cette  langue  a  pénétré,  des  attestations,  éma- 
nant d'hommes  autorisés  et  compétents,  sontvenuesenaffirmer  les  mérites 
et  les  avantages,  et  ces  appréciations  favorables  ont  trouvé  des  échos  en 
France,  dans  toutes  nos  Académies  (^). 


(')  M.  Ernest  Naville,  Associé  étranger  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et  poli- 
tiques, a  envoyé  également,  en  janvier  1S99,  à  cette  Académie  un  Mémoire  Sur  la 
langue  internationale,  qui  a  été  lu  en  séance  par  M.  Georges  Picot. 

(^)  Léo  Tolstoï,  après  avoir  proclamé  l'incroyable  simplicité  de  l'Esperanlo,  dé- 
clare que  les  sacrifices  que  fera  tout  homme  de  noire  monde  européen  en  consacrant 
quelque  temps  à  l'étude  de  cette  langue  sont  si  petits  et  les  résultats  qui  peuvent  en 
découler  si  grands  qu'on  ne  peut  pas  se  refuser  à  faire  cet  essai. 


•     (  874  ) 

»  Tous  ces  faits  conslituent,  en  faveur  de  l'opportunité  de  l'adoption  de 
cette  langue,  un  ensemble  d'arguments  imposant. 

»  Des  objections  ont  pu,  il  est  vrai,  être  formulées  contre  certaines  par- 
ticularités ou  certains  détail^  du  système.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  les 
exposer,  et  il  suffira  de  dire  que,  sans  nier  que  le  système  puisse  être 
encore  perfectible  en  certains  points,  ces  objections  ont  été  sérieusement 
discutées  et  ont  été  victorieusement  réfutées  dans  une  série  de  publica- 
tions auxquelles  il  est  facile  de  renvoyer  ('). 

»  Je  crois  en  avoir  assez  di|j  pour  montrer  que  l'Académie  des  Sciences, 
malgré  la  spécialisation  de  ses  études,  ne  doit  pas  se  désintéresser  de  cette 
question,  qui  ne  pourra  manquer  d'être  mise  prochainement  à  l'ordre  du 
jour  des  travaux  de  l'Association  internationale  des  Académies. 

»  L'Académie  devra  forcéiifent,  en  tout  cas,  y  intervenir  un  jour  pour 
la  préparation  des  vocabulaires  techniques  spéciaux  qui  seront  nécessaires 
pour  compléter  les  manuels  d'usnge  courant  actuels,  afin  de  permettre 
l'application  de  cette  langue  aux  besoins  des  diverses  branches  des  sciences. 

»  Comme  introduction  à  ces  études,  les  deux  Notes  que  M.  Méray  nous 
a  adressées  à  un  an  de  distance  constituent  des  documents  intéressants. 
Elles  sont  utiles  à  publier,  nef  serait-ce  que  pour  garder  trace  du  rôle  que 
l'Académie  aura  eu  à  jouer  bu  début  d'une  entreprise  qui  peut  avoir  les 
plus  féconds  résultats  tant  au  [point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vue 
économique  et  social.  J'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  vouloir 
bien  en  autoriser  l'impression,  au  moins  partielle,  à  la  suite  de  cette  Com- 
munication. )) 


SCIENCES  EN  GÉNÉRAL.  —  Sur  les  services  que  peut  rendre  aux  Sciences  la 
langue  auxiliaire  internationale  de  M.  le  D''  Zamenhof,  connue  sous  le 
nom  rf'Esperanto.  Note  de  M.  Ch.  UIéray. 

«  Il   serait  puéril  d'insister  devant  l'Académie  sur  la  très  grave  incom- 
modité qu'infligent  à  tous  les  hommes  civilisés,  aux  savants  en  particulier,  la 


(')  Consulter  à  ce  sujet  :  Coutdrat,  Pour  la  langue  internationale.  Paris,  1901. 
—  D''  Zahexuof,  traduit  par  de  Bcaufront,  Manuel  complet  de  la  langue  Espéranto. 
Paris,  Lesoudler,  1897;  3"=  édition.  —  De  Beaufroxt,  Commentaires  sur  la  grammaire 
Espéranto.  Épernay,  igoo;  et  articles  parus  dans  le  journal  V Esperantiste ;  1898- 
1901. 


I 


(  875  ) 

diversité  des  langues  naturelles  et  la  difficulté  de  leur  acquisition  pour  les 
étrane;ers.  Cette  situation  trop  connue  a  fait  naître,  elle  rend  de  plus  en 
plus  pressant  le  besoin  de  quelque  idiome  artificiel  facile  qui  put  immédia- 
tement servir  d'interprète  entre  tous  ceux  qui  ne  parlent  pas  une  même 
langue  nationale;  et  ce  besoin  est  si  ancien,  si  impérieux  qu'à  cette  heure 
les  érudits  ne  comptent  pas  moins  de  i5o  langues  internationales  ayant 
été  au  moins  projetées  pendant  le  cours  des  deux  derniers  siècles.  Un  in- 
stant il  a  paru  trouver  satisfaction  dans  le  Volapuk,  proposé  en  1879  par 
M.  l'abbé  Schleyer,  très  savant  linguiste  allemand,  puis  essayé  presque 
partout  avec  un  entrain  extraordinaire.  Mais  l'événement  n'a  pas  répondu 
aux  efforts,  aux  espérances  des  premiers  jours  :  le  Volapuk  avait  contre  lui 
de  graves  défauts  dans  sa  construction,  une  facilité  d'acquisition  beaucoup 
trop  insuffisante,  et  partout  aussi,  il  a  été  successivement  abandonné, 
quoiqu'en  Autriche-Hongrie,  pays  particulièrement  tourmenté  par  la  con- 
fusion des  langues,  une  poignée  d'adeptes,  dit-on,  lui  resterait  encore 
fidèle. 

»  Tel  n'est  aucunement  le  cas  de  V Espéranto,  langue  auxiliaire  entière- 
ment différente,  due  à  un  médecin  russe,  M.  le  D"^  Zamenhof,  de  Varsovie, 
qui  en  a  publié  les  principes  en  1887  sous  le  pseudonyme  doktoro  Espé- 
ranto, d'où  le  nom  resté  à  son  œuvre.  La  valeur  linguistique  intrinsèque 
de  V  Espéranto  a.  été  sanctionnée  parles  suffrages  d'hommes  comme  M.  Max 
Muller,  Associé  étranger  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres; 
comme  M.  Ernest  Naville,  Associé  étranger  de  l'Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques,  qui  lui  a  consacré  un  Mémoire  spécial  lu  par  M.  G. 
Picot,  Secrétaire  perpétuel,  dans  les  séances  des  28  janvier  et  4  fé- 
vrier 1899,  puis  imprimé  dans  les  Séances  et  Travaux  de  la  même  Aca- 
démie; comme  le  célèbre  écrivain  russe  L.  Tolstoï  qui  a  écrit  à  son  propos  : 
«  ...  Il  est  si  facile  à  apprendre  qu'ayant  reçu,  il  y  a  six  ans,  une  gram- 
»  maire,  un  dictionnaire  et  des  articles  sur  cet  idiome,  j'ai  pu  arriver,  au 
»  bout  de  deux  petites  heures,  sinon  à  écrire,  du  moins  à  lire  couramment 
»  la  langue  ».  Sa  valeur  pratique  lui  a  déjà  attiré  environ  40000  adeptes 
disséminés  sur  tous  les  points  du  globe,  principalement  en  Russie,  en 
Suède  et  dans  les  pays  de  langue  française.  Les  noms  et  adresses  de 
5ooo  espérantisles  sont  libellés  sur  un  Adresaro  remis  à  jour  chaque  année 
par  les  soins  de  M.  le  D'  Zamenhof,  annuaire  au  moyen  duquel  plus  d'un 
voyageur,  aventurés  en  pays  étrangers,  ont  pu  découvrir  interlocuteurs  et 
guides  improvisés.  Enfin,  les  progrès  de  V Espéranto,  assez  prononcés  à 
cette  heure  pour  avoir  exigé  des  éditions  de  son  Manuel,  imprimées  en 


(  H76  ) 

i8  langues,  sont  dirigés,  de  la  France  (sans  parler  de  la  Russie)  par  la 
Société  pour  /a  propagation  de  l' Espéranto  [Président  :  M.  L.  de  Beaufronl, 
à  Paris;  Secrétaire  :  M.  René  Lemaire,  à  Epernay  (Marne)],  qui  a  des 
adhérents  partout.  Dans  l'Annuaire  de  celte  Société  pour  1 899-1 900,  je 
trouve  le  nom  de  plusieurs  professeurs  et  maîtres  de  nos  trois  ordres 
d'enseignement  public;  j'y  lis  ceux  de  quantité  de  personnes  de  toutes 
conditions,  éparses  dans  tou^s  les  contrées  de  l'Europe,  en  Asie  jusqu'à 
Vladivostok,  en  Afrique  (Algérie,  Tunisie,  Soudan),  en  Amérique,  de 
l'Alaska  au  Brésil,  en  Océanie  (Nouvelle-Calédonie).  Il  est  hors  de  doute 
que  la  diffusion  de  V Esperanio  aurait  été  très  rapide,  que  peut-être  elle 
couvrirait  le  monde  civilisé,  sans  les  préjugés  et  les  défiances  que  la  fail- 
lite du  Volapuk  a  ravivés,  plus  aveugles  et  tenaces  que  jamais,  sous  les 
pas  de  toute  langue  internationale. 

»  Certes,  je  ne  suis  pas  assez  présomptueux  pour  penser  que,  aux  yeux 
de  ceux  à  qui  les  faits  étaient  déjà  connus,  mon  autorité  puisse  compter  à 
côté  de  celle  des  spécialistes  étninents  dont  je  viens  de  citer  les  noms.  Mais 
ayant  appris  le  nom  même  de  VEsperanlo  il  y  a  moins  de  six  semaines, 
ayant  été  immédiatement  et  tiiès  vivement  frappé  par  sa  construction  émi- 
nemment logique  et  ingénieuse,  extraordinairement  simple,  par  son 
incroyable  facilité,  par  son  aptitude  à  reprendre  avec  une  incomparable 
supériorité  le  rôle  si  utile  que  le  latin  a  pu  jouer  longtemps  entre  les  savants 
de  nationalités  différentes,  ayant  découvert  enfin  avec  une  sorte  de  stupé- 
faction que  le  monde  scientifique  l'ignore  encore  à  fort  peu  près  totale- 
ment, j'ai  pensé  qu'il  ne  serait  pas  inutile  de  faire  part  à  l'Académie  de  mes 
appréciations  personnelles,  basées  non  pas  sur  des  dires  d'autrui,  mais  sur 
mes  propres  constatations. 

»  Les  difficultés  grammaticales,  si  ardues  dans  toutes  les  langues  natu- 
relles, sont  nulles  dans  V Espéranto,  car  son  code  linguistique,  construit  non 
plus  par  l'ignorance  et  l'msouciance  des  masses  humaines,  mais  par  un  art 
consommé,  ne  comporte  que  16  règles  et  17  terminaisons  grammaticales, 
toutes  si  nettes  et  si  simples  qu'il  suffit  de  dix  minutes  pour  les  lire  et  de  la 
première  application  pour  les  graver  irrévocablement  dans  la  mémoire. 
Les  difficultés  orthographiques  sont  nulles  aussi,  parce  que,  d'une  manière 
invariable,  tout  son  émis  se  note,  toute  lettre  écrite  se  prononce.  Les 
racines  ont  été  tirées,  par  voie  de  sélection  très  habile  et  de  simplification, 
de  celles  qui  ont  le  plus  d'extension  dans  les  grands  idiomes  des  races  eu- 
ropéennes, en  majeure  partie  du  latin  dont  les  traces  sur  tous  sont  si  nom- 
breuses et  profondes.  Aussi  leur  traduction  se  fait  généialement  à  vue, 


(  «77  ) 
surtout  pour  les  Néo-Latins  avant  une  teinture  de  l'allemand  et  de  l'anglais, 
et  pour  les  hommes  d'autres  peuples  connaissant  un  tant  soit  peu  notre 
langue.  Les  combinaisons  de  ces  racines,  soit  entre  elles  (comme  dans 
l'aliemand),  soit  avec  des  suffixes  modificateurs  peu  nombreux  et  très 
judicieusement  choisis,  soit  avec  les  terminaisons  grammaticales,  four- 
nissent avec  la  dernière  aisance  des  mots  innombrables  de  toutes  fonctions, 
dont  l'ensemble  forme  indubitablement  la  langue  la  plus  riche,  la  plus 
flexible  et  la  plus  précise  qui  ait  jamais  existé;  et  cette  langue  capable  de 
suivre  la  pensée  moderne  dans  toutes  ses  complications,  dans  toutes  ses 
nuances,  est  cependant  plus  facile,  vingt  fois  peut-être,  que  la  plus  acces- 
sible des  langues  naturelles,  le  latin  scientifique  comprisi.  Sa  prononciation 
est  très  coulante,  parce  que  les  heurts  de  consonnes  dures  ont  été  adroite- 
ment évités,  ainsi  que  les  sons  d'une  émission  difficile  pour  certains  Euro- 
péens. 

»  Ces  qualités,  sans  pareilles  dans  les  langues  connues,  expliquent 
comment  j'ai  pu,  en  me  jouant  pour  ainsi  dire,  lire  les  textes  de  celle-ci, 
un  peu  au  bout  de  huit  jours  et  très  facilement  au  bout  de  quinze,  à  en 
écrire  ma  première  page  à  fort  peu  près  correcte  au  bout  de  trois  semaines; 
comment,  depuis  lors,  il  m'est  possible  de  lire,  presque  aussi  facilement 
que  du  français,  des  textes  imprimés  en  Espéranto  et  tout  aussi  bien  des 
lettres  de  l'Étranger  (qui  no  sont  plus  rares).  Je  suis  certain,  en  outre, 
qu'en  m'y  appliquant  pendant  peu  de  jours  j'arriverais  sans  peine  à  écrire 
un  mémoire  scientifique,  à  soutenir  une  conversation  pratique. 

»  Tout  le  monde  n'ayant  évidemment  qu'à  recommencer  ce  que  je 
viens  de  faire  pour  obtenir  les  mêmes  résultats,  j'ai  la  conviction  certaine 
qu'aux  savants  de  tous  pays  il  suffirait  d'un  mois  d'efforts  très  légers, 
pour  que  leur  langage  fût  immédiatement  unifié,  dans  leurs  publications 
comme  dans  leurs  coriespoi)d;inces  particulières.  Pour  commencer,  un 
moven  des  moins  hasardeux  consisterait  à  employer  l'Espéranto  à  rédiger 
des  indications  et  notices  dans  les  recueils  bibliographiques  en  possession 
d'une  publicité  européenne.  On  tarderait  peu  à  reconnaître  partout  ses 
mérites,  puis  à  lire  des  mémoires  originaux  écrits  dans  cette  langue, 
comme  il  en  paraît  quelquefois  encore  en  latin. 

»  A  tous  ceux  qui  voudront  bien  prendre  la  peine  d'examiner,  comme 
je  l'ai  fait,  les  choses  par  eux-mêmes,  je  n'hésite  pas  à  affirmer  que,  malgré 
l'exagération  dont  ils  taxeront  très  probablement  mes  appréciations,  ils 
seront  étonnés,  eux  aussi,  de  la  facilite  de  l'Espéranto,  de  son  caractère 
émiuenuuent  pratique,  et  que  leurs  vœux  s'ajouteront  immédiatement  aux 

G.  R.,   1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  14.)  •  ' -> 


(  ByS  ) 

miens  en  faveur  d'une  prompte  exploitation  de  ce  merveilleux  instrument 
de  commerce  intellectuel  international.  Pour  cet  examen  et  pour  une 
étude  de  Y  Espéranto  poussée  fort  loin,  le  matériel  suffisant  se  réduit  aux 
trois  opuscules  suivants  de  M.  le  D"^  Zamenhof,  d'un  prix  modique  :  Manuel 
complet  (pour  les  Français),  Ekzercaro,  Universala  vortaro. 

»  P.  S.  —  L'année  qui  a  passé  sur  ces  lignes,  écrites  en  mars  1900,  n'a 
fait  qu'en  corroborer  beaucoup  de  points.  J'ai  pu  éprouver  complètement 
la  valeur  pratique  de  la  langue  par  i32  correspondances  en  Espéranto, 
roulant  sur  toutes  sortes  de  sujets,  que  j'ai  reçues  de  Sa  étrangers  habi- 
tant des  localités  très  variées  des  deux  mondes,  appartenant  aux  langues 
russe,  polonaise,  bulgare,  tchèque,  roumaine,  italienne,  espagnole,  portu- 
gaise, danoise,  suédoise,  anglaise,  ainsi  que  par  la  centaine  de  réponses 
(et  plus)  qu'elle  m'a  permis  de  leur  faire  très  facilement.  Les  rangs  espé- 
rantistes  se  sont  partout  grossis  :  de  plus  de  cent  unités,  par  exemple,  dans 
la  seule  ville  de  Dijon,  ma  résidence,  oîi  quatre  conférences  ont  suffi  pour 
appeler  à  l'idée  une  quarantaine  de  professeurs,  ingénieurs,  médecins, 
avocats,  ...  ,  la  Chambre  de  commerce  et  de  très  grands  groupes  commer- 
ciaux, une  quantité  d'adepteSde  toutes  professions.  Dans  tout  ce  mouve- 
ment il  Y  a  beaucoup  à  remarquer  les  apports  du  monde  des  sciences 
naguère  si  indifférent  ;  accidentels  autrefois,  ils  sont  devenus  réguliers  et 
ont  pris  un  caractère  des  plus  sérieux.   » 


MÉMOIRES  PRESEI\TES. 

M.  Ch.  Sibillot  adresse  une  Note  relative  à  un  aérostat  dirigeable. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  A.  AvÉROcs  adresse  un  Mémoire  relatif  à  un  nouveau  mode  de  pro- 
pulsion des  navires. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Navigation.) 

CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  que  la  Science 
vient  d'éprouver  par  suite  du  décès,  survenu  le  i"  avril  190 1,  de  M.  Raoult, 


(  879  ) 
Doyen  et  Professeur  de  Chimie  à  l'Université  de  Grenoble,  notre  Corres- 
pondant depuis  l'année  1890. 

M.  Raoult  avait  acquis  une  renommée  générale  par  suite  de  ses  décou- 
vertes en  Chimie  physique  et  de  leur  application  à  la  détermination  des 
poids  moléculaires.  La  Cryoscopie  en  particulier  constitue  une  branche  de 
la  Science  d'un  emploi  devenu  universel. 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Généralisation  de  la  loi  (le  TroiUon. 
Note  de  M.  de  Fokcraxd. 

«  Lorsqu'on  i844  (')  le  physicien  irlandais  Trouton  formula  la  loi  qui 
porte  son  nom,  il  ne  fit  que  constater  une  relation  empirique  d'une  cer- 
taine généralité,  entre  les  chaleurs  de  vaporisation  mesurées  à  la  tempéra- 
ture d'ébuUition  normale  et  cette  température  comptée  à  partir  du  zéro 
absolu  : 

™^  =  K. 
En  fait,  R  varie  de  20  à  26. 

»  En  1887,  M.  LeChatelier(-)  énonça  de  nouveau  la  loi  de  Trouton,  en 
donnant  pour  une  trentaine  de  corps,  simples  ou  composés,  des  valeurs 
qui  varient  de  21,2  à  27,8.  En  outre,  il  ajoutait  deux  remarques  fort  im- 
portantes : 

»    1°  Les  sels  métalliques  ammoniacaux  dissociables  fournissent  pour  —, 

des  valeurs  voisines  des  précédentes,  27,8,  28,7,  29,1;  Q  étant  ici  la 
chaleur  de  fixation  du  AzH'  gaz  et  ï'  la  température  (absolue)  à  laquelle 
le  composé  a  une  tension  de  760"""  ; 

»   2''  Si  l'on  calcule  de  même  ^  pour  les  composés  dissociables  suivants  : 

Pd=H,  CaOCO-,  IrO-,  C'Az%  CaOH-0,  qui  dégagent  un  gaz  autre  que 
l'ammoniac,  on  trouve  encore  23,  23,4,  24,8,  27,8,  27,8,  c'est-à-dire 
des  valeurs  presque  identiques. 

»  M.  Le  Chatelier  établit  même  que  l'égalité 

(A)  Q  ==  Qi 

est  une  conséquence  des  lois  de  l'équilibre  chimique. 

»   Cependant  tous  les  nombres  précédents  varient  en  fait  de  20  à  3o. 


(')  Philosophical  Magazine,  5*  série,  t.  XVIII,  n»  2,  p.  54. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  GIN',  p.  536,  et  Annales  des  Mines,  mars-avriJ  iJ 


(  88o  ) 

En  oulie,  il  résulle  des  travaux  les  |)kis  récents  publiés  sur  les  chaleurs 
latentes  de  vaporisation  et  sur  la  dissociation  : 

))  i"  Que  les  nombres  les  plus  élevés,  voisins  de  24  à  26,  fournis  [)ar  la 
relation  de  Trouton,  s'ap])liquenl  à  des  composés  anormaux  dont  les  mo- 
lécules liquides  sont  condensées,  et  qu'en  réalité  les  liquides  normaux, 
non  polymérisés,  Jonnent  une  valeur  assez  constante,  voisine  de  20  à  21 . 

»   2°  Que  le  quotient  ,^>  au  contraire,  donne  un  nombre  moyen  assez 

constant  aussi,  mais  plus  élevé,  voisin  de  3o  à  32.  Ainsi  les  chlorures  am- 
moniacaux fournissent  très  régulièrement  32. 

»   De  sorte  que,  si  la  relation  (A)  est  exacte,  on  obtiendrait  pour  tous 

les  coips  : 

Pour  la  vaporisation de  20  à  21 

Pour  la  dissocialipn de  3o  à  Sa 


Et  la  loi  proposée  par  M.  lie  Chatelier  setuble  disparaître.  Elle  devient 
non  plus  une  généralisation  de  celle  de  Trouton,  mais  une  autre  loi  ana- 
logue, ainsi  que  nous  l'a  expliqué  récemment  M.  Matignon  (')  pour  le  cas 
des  chlorures  ammoniacaux^ 

»  Je  crois  cependant  que  l'idée  exprimée  par  M.  Le  Chatelier,  que  le 
même  énoncé  comprend  sans  exception  tous  les  phénomènes  de  vaporisa- 
tion, de  transformation  allotropique  et  de  dissociation,  doit  rester  dans  la 
Science  et  que  l'on  doit  avoir 

y  _  k  _  Q  -  Qj 

'F~  Tj  ~  T'      t;  ' 

mais  à  la  condition  de  modiBer  un  peu  l'énoncé  de  la  loi  et  la  valeur  à 
attribuer  à  L. 

»  Dans  la  formule  de  Trouton,  L  est  la  chaleur  de  liquéfaction  d'une  mo- 
lécule d'un  gaz  quelconque. 

Dans  celle  de  M.  Le  Chatelier,  Q  comprend  en  réalité  trois  termes  dis- 
tincts que  nous  pouvons  envisager  séparément  : 

»   L  chaleur  de  liquéfaction  d'une  molécule  gazeuse; 

»   S  chaleur  de  solidification  de  cette  molécule  liquide; 

»  q  chaleur  de  combinaison  de  cette  molécule  solide  avec  un  corps 
solide  pour  former  un  composé  solide  sans  changement  d'élat  physique. 
C'est  une  chaleur  de  solidification  supplémentaire  ;  nous  cherchons  donc  à 
comparer 

une  part  :  ^>  de  I  autre  :  =; — '-, 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,    p.  io3;  1899. 


(  H8i   ) 

c'est-à-dire  deux  termes  qui  ne  sont  pas  évidemment  comparables;  mais 
ils  le  deviendraient,  et  la  valeur  des  deux  quotients  serait  alors  à  peu  près 
constante,  si  l'on  pouvait,  dans  la  première  fiacfiou,  ajouter  à  L  un  terme  S 
représentant  la  chaleur  de  solidification. 
»   On  aurait  alors,  et  pour  tous  les  corps  : 

L_-t-_S  _  L  -f-  S  +  y 

q  étant  toujours  positif  et  T'  toujours  plus  grand  que  T. 

»   La  loi  générale  peut  alors  s'exprimer  ainsi  : 

»  Dans  tons  les  phénomènes  physiques  ou  chimiques,  la  chaleur  de  solidifi- 
cation d'un  gaz  quelconque  est  proportionnelle  à  sa  température  de  vapori- 
sation sous  la  pression  atmosphérique. 

»  Celte  loi  ne  peut  être  vérifiée  en  toute  rigueur  que  dans  un  seul  cas 
particulier  :  c'est  celui  de  l'anhydride  carbonique,  parce  que  son  point  de 
fusion  —  78°,  5  C.  est  précisément  le  même  que  son  point  d'ébullition  sous 
la  pression  de  760™".  IjCS  expériences  de  Favre  ont  donné,  comme 
moyenne,  pour  la  vaporisation  de  44*^"  ^^e  CO^  solide  :  —  6256<=''',  8,  D'où 

l'on  tire  : 

L  +  S        6256,8        o 

— - —  =  —  =  02 . 1 . 

T  .94,5         ^'-''• 

»  C'est  précisément  la  valeur  32  que  donnent  les  chlorures  ammonia- 
caux dissociables,  et,  d'après  la  démonstration  de  M.  Le  Chatelier,  à  peu 
près  la  même  que  celle  fournie  par  tous  les  composés  dissociables  (sys- 
tèmes hétérogènes).  Si  d'ailleurs  on  transporte  cette  valeur  32  dans  les 
équations  fournies  par  les  composés  dissociables  qui  dégagent  CO",  tels 
que  l'hydrate  carbonique,  les  carbonates,  on  trouve  des  nombres  qui  con- 
cordent avec  les  résultats  des  expériences  pour  la  valeur  de  T';  du  moins 
tant  que  la  température  n'est  p:  s  trop  élevée,  car  il  est  de  toute  nécessité 
de  pouvoir  négliger  la  variation  de  Q,  toujours  mesuré  à  la  température 
ordinaire.  ^ 

»  Pour  tous  les  autres  cas,  il  existe  un  intervalle  plus  ou  moins  consi- 
dérable entre  la  température  de  solidification  et  le  point  d'ébullition. 
Cependant,  comme  la  valeur  de  S  est  toujours  assez  faible  [)ar  rapport  à 
celle  de  L,  quel  que  soit  cet  intervalle,  on  peut,  sans  commettre  d'erreur 
grossière,  se  servir  de  la  valeur  de  S  déterminée  directement  au  point  de 
fusion. 

»  En  procédant  ainsi,  j'ai  calculé  pour  les  quatorze  corps  suivants  :  ammoniac,  eau, 
glycol,   chlore,   brome,   iode,   phénol,    benzène,    naphtaline,    bibromure    d'élhylène, 


(  882  ) 

oxalale  de  méthyle,  acides  butyrique,  formique  et  acétique  ('),  la  valeur  de  la  frac- 
tion   :  j'ai  trouvé  des  nombres  variant  seulementde  28  à  82.  La  moyenne  serait  3o. 

Les  écarts  constatés  sont  donc  moindres  que  pour  la  loi  de  Trouton,  et,  en  prenant 

on  aurait  une  approximation  de  -jL. 

11  Je  me  propose  de  revenir  sur  quelques  conséquences  importantes  et 
générales  de  cette  loi  et  sur  son  application  à  la  dissociation  des  sels  ammo- 
niacaux. Pour  le  moment,  je  me  borne  à  l'énoncer,  en  la  considérant  sim- 
plement comme  une  relation  empirique.  » 


PHYSICO-CHIMIE.  —  'Nouvelle  méthode  permettant  de  caractériser  les  matières 
colorantes.  Application  aux  indophénols.  Note  de  M.  C.  Camichel  et  P. 
Bayrac,  présentée  par  M.  J.  VioUe. 

«  Nous  avons  étudié  l'absorption  de  la  lumière  par  les  dissolutions  des 
indophénols  dans  l'alcool,  l'éther,  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme. 
En  prenant  comme  abscisses  les  longueurs  d'onde  et  comme  ordonnées  les 
coefficients  de  transmission,  nous  avons  obtenu  des  courbes  de  forme  pa- 
rabolique, dont  la  convexité  est  tournée  du  côté  de  l'axe  des  abscisses;  la 
branche  de  cette  courbe  correspondant  aux  radiations  rouges  monte  beau- 
coup plus  rapidement  que  celle  qui  correspond  au  vert  et  au  bleu.  Le  point 
d'ordonnée  minimum  est  compris  entre  les  longueurs  d'onde  0^^,610 
et  0^^,535  selon  la  nature  de  l'indophénol  et  de  son  dissolvant. 

»  Pour  caractériser  chacun  des  corps  étudiés,  nous  avons  déterminé  le 
point  de  cette  courbe  le  plus  bas,  c'est-à-dire  le  minimum  de  transpa- 
rence. Ce  point  se  détermine  avec  exactitude  en  coupant  la  courbe  par 
une  série  de  cordes  parallèles  à  l'axe  des  abscisses.  Le  diamètre  conjugué 
de  ces  cordes,  obtenu  en  joignant  leurs  milieux,  est  rectiligne  dans  un  inter- 
valle assez  grand  :  de  o'^,670  à  o**,  5io,  par  exemple,  pour  la  solution  alcoo- 
lique d'indophénol  de  l'orthocrésylol  à  deux  azotes  tertiaires. 

»  Le  minimum  de  transparence  est  indépendant  de  la  concentration, 
pour  tous  les  corps  dont  le  coefficient  d'absorption  est  proportionnel  à  la 


(•)  Je  n'ai  pas  trouvé  d'autres  corps,  simples  ou  composés,  dont  on  connaisse  assez 
exactement  la  valeur  de  L  et  celle  de  S. 


(  883  ) 

concentration,  suivant  ia  loi  de  Béer;  il  varie  avec  le  dissolvant,  suivant  une 
loi  qui  n'est  pas  celle  indiquée  par  M.  Rundt. 

»  Nous  avons  étudié  les  indophénols  dont  les  noms  suivent.  Les  uns  (série  a)  ont 
deux  azotes  tertiaires,  le  plus  simple  est  rindopliénol  du  phénol  ordinaire 

H      H 


0=^ 


/" 


)— Az-C«II*-Âz(CPP)^ 


H      H 

»  Les  autres  (série  b)  ont  leur  deuxième  azote  tertiaire  remplacé  par  un  azote  pri 
maire;  le  plus  simple  est  l'indophénol  du  phénol  ordinaire 


O 


H H 

=/         ')=Az  — C"H'-AzH=. 
Il       il 


Tableau  des  indophénols  étudiés. 


Série  a. 

Indophénol  du  phénol .  i 

)i            de  Torthocrésylol 2 

>i            du  métacrésylol 3 

"           du  paraxylénol 4 

I)           de  l'orthoéthylphénol 5 

'            du  métaisopropylphénol .  7 

du  thymol 8 

»           du  carvacrol g 

i>            du  cymophônol  a 10 

))  du  phénol  ■x  du  paraéthyl- 

toluène 11 


Série  b. 

Indophénol  du  phénol i 

»           de  Torthocrésylol 2 

'>           du  métacrésylol 3 

»            du  paraxylénol 4 

de  l'orthoéthylphénol ..  .  .5 

»            du  métaéthylpliénol  ....  (5 

>i           du  thymol 8 

»          du  carvacrol g 

»            du  cyniophénol  « 10' 

»  du  phénol  a  du  paraélli'.  I- 

toluène 11 

»            de  l'orthoxylénol  (1.2.3).  12 

»           du  métaxylénol  (1.2.3)  .  .  i3 

»  a.  Le  déplacement  du  minimum  de  transpareiTce  sous  l'influence  du  dissolvant 
est  indiqué  par  les  nombres  suivants  : 

Alcool.  Éther.  Sulfure  de  carbone.         CUloroforme. 

1.       120  1.       169  1.      i47  1.       128 

etc. 

>)  Les  nombres  indiqués  représentent  les  divisions  du  micromètre  oculaire;  pour  se 
rendre  compte  de  la  grandeur  des  déplacements,  il  suffit  de  se  reporter  au  tableau  de 
graduation  du  spectrophotomètre  en  longueurs  d'onde  : 

Graduation  du  spectrophotomètre. 
Raies.  Micromètre.  Raies.        Alicrométre.  Raies.  Micromètre. 

A 7,0  Ca*   '°"'      '"^  Thallium...      220 

K 49>5  *)2<=...      io4  E 235 

Lithium 60, 5  D, i38  

C 72,5  Dj 189 


(  884  ) 

»   b.  Nous  avons  étudié  l'influence  du  remplacement  d'un  azote  tertiaire  par  un 
azote  primaire;  voici  quelques  nombres  : 

Dissolvant  :  l'alcool. 

1.  120  I'.      i42  Déplacement..      -4-22 

2.  i36  2'.      162  »  ..      -1-26 

3.  122  3'1      142  -  ..      +20 

»  c.   Nous  avons  étudié  l'influence  d'une  substitution  en  oi-lho   (par   rapport   au 
phénol  dont  dérive  l'indophénol  étudié)  des  radicaux 

GIF,     C=FF,     CH(^^J]3,     CH-— CH--CH'. 

»  Voici  quelques  résultats  : 

Dissolvant  :  l'alcool. 


1. 

120 

2. 

i36 

Déplacement. . 

+  16 

provoqué  par  une  substitution  de  GH' 

3. 

122 

k. 

i34 

»            .  . 

+  12 

GH^ 

7. 

117 

9. 

i36 

»            .  . 

+  19 

GIP 

1. 

120 

3. 

122 

Déplacement. . 

+2 

2. 

i36 

'+. 

.34 

»            .  . 

—  2 

d.  Nous  avons  étudié  l'inlluerice  d'une  substitution  en  meta  des  radicaux 

GH^     G-US     GH(  ^„„     CFP-GFP-GH'. 

Voici  quelques  résultats: 

provoqué  par  une  substitution  de  GhP 

GH^' 

»   I>es  conclusions  sont  les  suivantes  : 

»  a.  Quand  un  azote  tertiaire  est  remplacé  par  un  azote  primaire,  le  mi- 
nimum tie  transparence  se  déplace  vers  l'extrémité  la  plus  réfrangible  du 
spectre,  quel  que  soit  le  dissolvant  (alcool,  éther,  sulfure  de  carbone,  chlo- 
roforme). 

«  Il  est  utile  de  f;iire  remarquer  que  cette  loi  diffère  entièrement  de 
celle  qu'indiquait  M.  Lemoull,  qui  étudiait  le  déplacement  apparent  de  la 
bande  rouge  donnée  par  les  indophénols.  Dans  une  Note  récente,  nous 
avons  lïiontré  que  cette  bande  rouge  n'est  pas  définie. 

»  b.  Une  substitution  en  ortho  dans  le  phénol  dont  dérive  l'indophénol 
produit  un  dé|)lacement  considérable  du  minimum  de  transparence,  quel 
que  soit  le  dissolvant.  Ce  déplacement  peut  dépasser  le  précèdent.  L'im- 
portance des  substitutions  se  trouve  ainsi  mise  en  évidence  :  les  groupes 
auxochromes  ne  sont  pas  seuls  à  modifier  la  nature  de  la  teinte. 

)>  c.  Une  substitution  en  meta  dans  le  phénol  dont  dérive  l'indophénol 
produit  un  déplacement  très  faible  du  minimiun  de  transparence,  vers  le 


(  885  ) 

rouge  ou  vers  le  bleu;  ce  déplacement  est  souvent  nul,  il  diffère  peu  des 
erreurs  expérimentales  ('). 

»  La  conclusion  subsiste  quel  que  soit  le  dissolvant  : 

»  d.  La  méthode  du  diamètre  recliligne  permet  de  caractériser  des  ma- 
tières colorantes  dont  les  coefficients  d'absorption  suivent  la  loi  de  Béer  : 
c'est  le  cas  général.  Ap|>liqtiée  au  sang,  elle  permet  de  caractériser  la  pre- 
mière bande  noire  (la  bande  la  moins  réfrangible)avec  une  approximation 
telle  que  les  écarts  dans  la  détermination  du  minimum  de  transparence 
sont  d'environ  ^  de  division  du  micromètre,  c'est-à-dire  le  -^  de  l'inter- 
valle qui  sépare  dans  le  spectre  les  deux  raies  du  sodium.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  réaction  des  benzophénones  amidées 
subsliluées  et  des  jamines  aromatiques  en  milieu  sulfurique.  Note  de 
M.  Paul  Lemoult. 

«  On  sait  que  les  benzophénones  paraamidées  substituées  et  les  aminés 
aromatiques  secondaires  ou  tertiaires  s'unissent  molécule  à  molécule  en 
présence  de  certains  composés  halogènes,  comme  POCI',  et  que  cette  réac- 
tion engendre  des  corps  dérivés  du  triphénylméthane  ou  du  diphényl- 
naphlylmélhane.  D'autre  part,  on  peut,  dans  certains  cas,  remplacer  le 
POCI',  agent  de  la  réaction,  par  de  l'acide  sulfurique  concentré;  mais 
tandis  que  dans  les  premiers  cas  la  nature  de  lamine  est  assez  indifférente, 
pourvu  iju'elle  ait  une  place  para  libre  (l'azote  étant  en  i),  les  réactions 
en  milieu  sulfurique  sont  étroitement  liées  à  la  nature  de  l'aminé  et  ne  se 
produisent  qu'avec  celles  qui  a|)partiennent  au  type  diphénylamine;  je  me 
suis  proposé  d'étudier  les  particularités  de  cette  réaction. 

»  On  dissout,  dans  loos''  d'acide  sulfurique  pur,  3o3''  de  tétramélhyldiparaamido- 
lienzophénone,  176"'  de  diphénylamine  et  l'on  chaulTe  entre  iSo"  et  j5o°;  la  solution 
sulfurique  prend  la  coloration  acajou  propre  aux  colorants  du  triphénylméthane,  et 
donne  dans  l'alcool  une  coloration  violette;  au  bout  de  trois  heures,  la  réaction  est 
terminée.  On  coule  dans  l'eau  glacée;  le  colorant  formé  se  précipite,  la  diphénylamine 
a  disparu  et  l'excès  de  benzophénone  reste  en  dissolution. 


(')  Les  deux  lois  précédentes  permettent  de  déterminer  la  formule  d'un  phénol;  on 
le  transforme  en  indophénol  à  azote  primaire  ou   tertiaire,    il   suffît   d'observer   sa 
dissolution  alcoolique;  une  quantité  extrêmement  faible  du  corps  est  nécessaire. 
G.  R.,  1901,  \"  Semestre. _^(T.  CXXXII,  N"  14.)  Il4 


(  886  ) 

»  Il  y  a  eu  fixation  des  deux  molécules  et  monosulfonation  concomitante,  comme  le 
montrent  les  dosages  suivants  : 

Poids  Poids  Théorie 

de  de  S  pour 

subslaace.  SO'Ba.  pour  lou.  C-'H"Az'S05=  499. 

0,721  o,33o2,  6,28  )  „   , 

„  ,  /-  of  }  "j'ir  pour  100 

0,307  0,142  6,35  I  ^ 

»  On  a  ainsi  obtenu  la  matière  colorante  correspondant  au  tétraméthyl- 
monophénylsulfotriparaamidotriphénylmélhane,  et  cette  formation  est 
presque  intégrale  :  90  pour  100  de  la  théorie.  (On  peut  éviter  la  sulfona- 
tion  en  modérant  la  réaction,  mais  elle  devient  très  lente.) 

»  Si  l'on  remplace  la  diphénylamine  par  la  quantité  moléculairement 
correspondante  d'une  amiiie  secondaire  ou  tertiaire  à  un  seul  noyau  aro- 
matique, la  solution  conservera  nuance  initiale  et  ne  donne  dans  l'alcool 
aucune  coloration  [)articulière.  Cela  exclut  déjà  l'hypothèse  d'une  réaction; 
et,  d'ailleurs,  même  en  chauffant  pendant  six  heures,  on  retrouve  en  to- 
talité les  éléments  constituants  du  mélange  :  la  benzophénone  intacte  et 
l'aminé  parfois  sulfonée.  Ces  aminés  à  un  seul  noyau  aromatique  n'entrent 
donc  pas  en  réaction  avec  la  benzophénone  en  milieu  sulfurique,  contrai- 
rement à  ce  qui  a  lieu  pour  là  diphénylamine. 

»  Toutefois,  celte  réaction  n'appartient  pas  exclusivement  à  la  diphé- 
nylamine; elle  a  lieu  avec  les  aminés  tertiaires  qui  en  dérivent,  telles  que 
la  raéthyl,  l'éthyl  et  la  benzyldiphénylamines;  avec  des  aminés  secondaires 
homologues  de  la  diphénylamine,  telles  que  la  phénylparatolylamine,  la 
phénylorthotolylamine,  mais  elle  ne  se  produit  pas  avec  la  dij)aratolyla- 
mine;  cette  particularité,  ainsi  que  la  nuance  violette  ou  bleu  violacé  des 
produits  obtenus  quand  la  réaction  a  lieu,  démontrent  que  celle-ci  se 
fait  par  soudure  du  carbone  cétonique  sur  le  noyau  de  lamine  et  en 
para  de  l'azote  (avec  perle  de  H^O). 

»  J'ai  essayé  les  mêmes  réactions  avec  les  aminés  naphtylées  secondaires 
ou  tertiaires,  en  raison  de  l'intérêt  que  présente  la  comparaison  des  résul- 
tats avec  ceux  qu'on  obtient  en  présence  de  POCP.  Avec  la  phényl- 
a-naphlylamine,  la  phényl-p-naphtylamine,  l'orthotolyU^-naphtylamine  et 
la  méthylphényl-p-naphtylainine,  la  réaction  a  lieu  ;  mais  elle  ne  se  produit 
pas  avec  la  /)-tolyl-a-naphlylamine,  ni  avec  la  ^-tolyl-p-naphtylamine,  ni 
avec  la  a,  jiJ-dinaphlylamine. 

»  La  soudure  ne  se  produit  donc  jamais  sur  un  noyau  naphtyl-a  ou  ^  ; 
pour  qu'elle  ait  lieu,  il  faut  que  l'aminé  ait  au  moins  un  groupe  phényl,  et 


(  887  ) 
que  de  plus  celui-ci  ait  sa  position  para  libre  (^l'azote  étant  en  i).  Par  ce 
côté,  la  réaction  en  milieu  siilfiirique  se  distingue  de  nouveau  de  la  réaction 
avec  POCl',  puisque  cette  dernière  a  lieu  avec  la  ^-tolyl-a-naphlylamine  ; 
les  formules  suivantes  (hypothèse  Rosensthiel)  des  colorants  obtenus  dans 
les  deux  cas  avec  une  même  aminé  (phéiiyl-a-na|)htylamine)  font  ressortir 
cette  différence  [D  représente  (CH^)-Az  —  C^H'  —  ]  : 


Cl 

Cl 

^\c- 

./         \_AzH/ 

\ 

^\g- 

-/        \Az- 

/        \ 

D/ 

\         /                \ 
/        \ 
\        / 
avec  PO  Cl' 

_/ 

D/'" 

\ / 

avec  S0*H2. 

\        / 
/        \ 
\        / 

»  J'ai  étudié  au  même  point  de  vue  la  tétraéthyldiparaamidobenzophé- 
none  en  présence  de  : 

»  Premier  groupe  :  Diphénylamine,  étliyldiphénylamine,  phényl-oc- 
naphty lamine,  phénvl-p-naphty lamine. 

»  Deuxième  groupe  :  Diparatolylamine,  p-tolyl-a,  et  ^-tolyl-p-naphtyl- 
amines,  a  et  (î-dinaphlylamines,  mono  et  diéthylanilines  benzylaniline. 

»  Les  aminés  du  premier  groupe  réagissent  à  l'exclusion  des  autres,  et 
ces  faits  m'ont  paru  suffisants  pour  généraliser  la  conclusion  citée  plus 
haut  à  propos  de  la  benzophénone  méthylée. 

»  La  sulfonalion  de  la  benzophénone  ne  change  non  plus  rien  à  la  na- 
ture de  la  réaction;  de  la  tétraméthyldiamiilobenznphénone  transformée 
en  un  |)roduit  disulfoné  que  j'ai  obtenu  cristallisé  (S  pour  loo  trouvé  : 
i5,io;  calculé  pour  C"H^"Az-S"0'  :  J^,g5)  réagitencore  avec  les  aminés 
du  premier  groupe,  tandis  qu'elle  ne  réagit  pas  davantage  avec  celles  du 
second  groupe.  Dans  le  premier  cas,  on  obtient  des  colorants  dont  les 
nuances  sont  très  voisines  de  celles  des  colorants  correspondants  oblenus 
avec  la  benzophénone  non  sulfonoe,  les  différences  étant  attribuables  au 
degré  de  sulfonalion  de  la  molécule. 

»  Pour  généraliser  encore  ces  résultats  et  effacer  autant  que  possible 
l'influence  propre  de  la  benzophénone,  sauf  celle  du  groupe  CO,  j'ai 
employé  la  moiioamidobenzophénone  diméthylée  et  ce  même  corps  sul- 
foné;  ils  donnent  des  colorants  à  nuances  vertes  au  lieu  de  colorants 
violets  et  bleus;  ces  corps  (comme  d'ailleurs  la  plupart  de  ceux  que  j'ai 
obtenus  plus  haut)  n'ont  pas  été  décrits  et  leur  étude  détaillée  fera  l'objet 
d'une  publication  ultérieure.  Ici  encore,  seules  les  aminés  du  premier 
groupe  donnent  lieu  à  des  réactions  avec  soudure  en  para  de  l'azote,  à 


(  888  ) 

l'exclusion  de  celles  du  second  groupe,  qui  restent  intactes  ou  sont  seule- 
ment sulfonées. 

»  Ces  résultais  généraux  sont  faciles  à  constater,  en  raison  des  colo- 
rations qui  se  produisent,  et  ces  essais  pourraient  même  servir  à  distinguer 
les  aminés  aromatiques  de  l'un  ou  l'autre  groupe.  On  peut  les  résumer 
dans  l'énoncé  suivant  : 

»  En  milieu  sulfurique,  les  benzophénones  para  amidées  substituées 
donnent  avec  certaines  aminés  aromatiques,  à  l'exclusion  des  autres,  des 
produits  de  réaction  qui  sont  des  matières  colorantes;  les  seules  aminés 
qui  sont  ca|)ables  de  cette  réaction  sont  celles  qui  ont  au  moins  deux 
noyaux  aromatiques  fixés  directement  sur  l'azole;  il  faut,  en  outre,  que  l'un 
de  ces  noyaux  soit  un  phényl  et  qu'il  ait  sa  position  para  libre  (l'azote 
étant  en  i);  dans  ce  cas,  la  soudure  des  deux  molécules  se  fait  en  cet 
endroit.   »  1 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Angle  limite  de  numération  des  objets  et  mou- 
vements  des  yeux.  Note  de  MM.  André  Broca  et  D.  Sulzer,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 


«  Burckhardt  a  proposé,  pour  donner  plus  de  précision  aux  mesures 
d'acuité  visuelle,  de  remplacer  la  limite  à  laquelle  on  cesse  de  distinguer 
des  objets,  par  celle  à  laquelle  on  cesse  de  pouvoir  les  compter.  Cet  auteur 
a  été  amené  à  donner,  pour  l'acuité  visuelle  ainsi  définie,  des  nombres 
moveus  trois  fois  plus  grands  environ  que  ceux  des  auteurs  opérant  par  la 
méthode  ordinaire  du  pouvoir  de  définition  de  1  œil. 

»  Nous  avons  repris  cette  étude  dans  des  conditions  très  simples,  avec 
un  test  objet  composé  de  traits  blancs  sur  fond  noir,  tant  plein  que  vide,  et 
nous  avons  pu  dans  ces  conditions  observer  quelques  faits  bien  nets. 

»  Nous  avons  d'abord  pensé  que  la  Jecture  pouvait  se  faire  à  une  dis- 
tance à  laquelle  on  pouvait  compter  les  traits  d'une  lettre.  Nous  avons  vu 
qu'il  n'en  était  rien.  La  lecture  se  fait  à  peu  près  à  la  dislance  de  définition 
limite  des  traits  qui  composent  les  lettres.  Une  lettre  est  donc  un  individu 
que  nous  reconnaissons  [)ar  une  opération  psychique  sim|)le. 

»  Au  contraire,  nous  pouvons  compter  les  traits  dans  les  conditions 
moyennes  suivantes  : 

Pouvoir  de  définition 45" 

Numération  de  a  traits i'    6" 


(  889) 

Numération  de  3  traits i'  4o" 

Numération  de  4  traits 2' 

Numération  de  5  traits 2'. 20" 

Numération  de  6  traits 3' 

Ce  sont  là  les  chiffres  moyens,  obtenus  sur  nous  deux,  avec  des  varia- 
tions journalières  assez  grandes  d'ailleurs.  Un  sujet  a  donné  des  nombres 
beaucoup  plus  petits.  Son  pouvoir  de  définition  était  de  45 "environ,  et  il 
faisait  les  mmiérations  de  six  traits  sous-teiidant  chacun  1'  seulement, 
c'est-à-dire  l'angle  pour  lequel  la  moyenne  des  observateurs  ne  compte 
que  deux  traits. 

»  Ces  chiffres  suffisent  à  prouver  ([ue  la  numération  des  traits  est  une 
fonction  plus  complexe  que  la  reconnaissance  d'une  lettre.  Nous  nous 
rangeons  à  la  théorie  classique  qui  attribue  la  numération  à  des  mouve- 
ments oculaires.  Nous  ne  pouvons  admettre,  avec  certains  observateurs, 
que  la  numération  de  deux  traits  se  fasse  par  la  même  opération  psy- 
chique simple  que  la  reconnaissance  d'une  lettre,  à  cause  des  notables 
difïérences  notées  ci-dessus. 

»  On  peut  alors  attribuer  à  deux  causes  la  variabilité  de  l'angle  limite 
de  numération  avec  le  nombre  des  traits.  Ou  bien  nous  pouvons  faire 
un  seul  très  petit  mouvement  et  nous  ne  pouvons  pas  le  répéter  avec  exac- 
titude; ou  bien  nous  nous  contentons,  quand  il  n'y  a  que  deux  ou  trois 
traits,  d'une  coïncidence  médiocre  entre  le  point  de  fixation  et  les  traits 
successivement  visés.  Nous  n'avons  pas  encore  les  éléments  pour  décider 
entre  ces  deux  hypothèses,  mais  nous  pouvons,  croyons-nous,  affirmer  que 
le  plus  petit  mouvement  qu'on  puisse  répéter  six  fois  de  suite  avec  exacti- 
tude est  de  3'. 

»  Voilà  ce  que  nous  avons  obtenu  avec  les  traits  verticaux.  Nous  avons 
alors  pensé  que,  les  mouvements  des  yeux  autour  des  divers  axes  étant  faits 
par  des  contractions  de  groupes  musculaires  différents,  il  pourrait  y  avoir 
des  différences  notables  dans  l'angle  liinile  de  numération  pour  les  diverses 
orientations  des  traits. 

»  Nous  avons  opéré  avec  les  traits  horizontaux,  verticaux,  ou  inclinés  à  45°  dans  les 
deux  sens.  Les  nombreuses  observations  ont  porté  sur  un  assez  grand  nombre  de  sujets, 
d'âges  dilTérents.  .  .  . 

»  Nous  pouvons  diviser  les  observateurs  en  deux  catégories.  Une  première,  déjeunes 
gens  au-dessous  de  27  ans;  une  autre,  d'hommes  entre  35  et  45. 

»  Les  observateurs  de  la  première  catégorie  comptent  également  bien  à  peu  près  dans 
tous  les  azimuts.  Ceux  de  la  seconde  comptent  notablement  moins  bien  dans  les  direc- 


(  890) 

lions  des  traits  inclinés  de  gauche  à  droite,  avec  l'neil  droit  (nous  avons  toujours  opéré 
avec  cel  œil  ). 

»  Il  e-t  à  remarquer  que  les  observateurs  de  la  première  catégorie  accusent  une 
fati.^ue  beaucoup  plus  grande  pour  les  numérations  dans  cette  même  direction  que  pour 
les  numérations  dans  les  autres  directions. 

»  Il  nous  semble  que  c'est  là  un  ensemble  de  faits  bien  coordonné  par  la  seule  ins- 
pection des  muscles  de  l'œil. 

»  Les  mouvements  de  l'œil  sont  en  effet  régis  par  la  loi  de  Listing,  qui  peut  s'énon- 
cer ainsi:  Les  mouvements  des  yeux,  s'exécutent  toujours  autour  d'axes  situés  dans  un 
même  plan  normal  à  la  direction  primaire  du  regard.  Quand  on  contracte  les  droits 
latéraux  seuls,  leur  axe  de  rotation  est  situé  dans  ce  plan.  Mais  les  droits  supérieur  et 
inférieur,  à  cause  de  l'obliquité  de  l'orbite,  ne  donnent  pas  lieu  a  des  rotations  autour 
d'axes  de  Listing.  Les  obliques  sont  là  pour  donner,  par  une  composante  convenable 
ajoutée  à  celle  des  droits  supérieur  et  inférieur,  une  résultante  dans  le  plan  de  Listing. 
Plus  cette  composante  sera  grande,  et  plus  il  y  aura  d'énergie  musculaire  et  nerveuse 
perdue  dans  le  mouvement,  plus  celui-ci  sera  fatigant,  et  moins  il  se  fera  avec  pré- 
cision. 

»  L'épure  montre  que  c'est  pour  les  mouvements  que  nous  avons  toujours  observés 
comme  étant  les  plus  difficiles,  que  la  rotation  due  aux  obliques  est  la  plus  grande.  » 


PATHOLOGIE  ANIMALE.  —  Ld  résistance  des  moulons  algériens  à  la  clavelée 
est-elle  héréditaire?  Note  de  M.  P.  Pourquier. 

«  PourMM.NocartetLeclainche(')  «  la  résistance  des  animaux  africains 
»  ne  peut  être  rapportée  à  un  affaiblissement  du  virus  ;  elle  est  inhérente  à 
»  l'individu  et  elle  doit  être  probablement  rapportée  à  une  accoutumance 
»  héréditaire  de  l'organisme  aux  effets  du  virus.  La  clavelée  sévit  de  temps 
»  immémorial  en  Afrique,  et  tous  les  moutons  sont  affectés;  on  s'explique 
»  dès  lors  qu'une  certaine  immunité,  renforcée  de  génération  en  géné- 
»  ration,  soit  transmise  aux  descendants.  De  même,  les  troupeaux  du 
))  littoral  français  de  la  Méditerranée,  infectés  depuis  des  siècles,  ont 
»   acquis  également  une  résistance  appréciable.   » 

»  Rien  ne  paraît  justifier  cette  opinion  à  l'égard  des  moutons  élevés 
dans  le  midi  de  la  France  :  sur  toutes  les  races,  la  clavelée  revêt  souvent 
les  caractères  les  plus  graves,  mais  il  est  des  circonstances  favorables  à 
la  clavelisation  :  elles  sont  les  mêmes  que  celles  qu'on  observe  en  Algérie. 

»  Nous  avons  maintes  fois  constaté  que  les  agneaux  nés  de  femelles 
ayant  eu  la  clavelée  peu  de  temps  avant  la  mise  bas  jouissaient  dès  leur 


(')  Les  maladies  microbiennes  des  animaux,  article  Clavelée. 


(  «9»  ) 
naissance  d'une  immunité  plus  ou  moins  complète;  cette  immunité  s'affai- 
blil  de  plus  en  plus,  en  France,  pour  disparaître  plus  tard. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  plupart  des  agneaux  algériens;  car, 
aussitôt  après  la  naissance,  ils  sont  décimés  par  la  clavelée.  En  Algérie, 
on  constate,  chez  ceux  qui  ne  sont  pas  atteints,  qu'une  certaine  résistance 
peut  se  produire  et  aller  en  augmentant  de  la  naissance  à  l'âge  adulte. 

»  Nous  avons  inoculé  la  clavelée  à  des  troupeaux  composés  de  femelles  et  de  mâles  ; 
après  la  guérison  complète  des  pustules,  les  brebis  furent  fécondées.  Un  an  après, 
alors  que  les  agneaux  eurent  atteint  l'âge  de  quatre  à  cinq  mois,  ils  furent  clavelisés, 
en  même  temps  que  d'autres  témoins  du  même  âge,  dont  ni  le  père  ni  la  mère  ne 
jouissaient  d'aucune  immunité. 

»  Nous  n'avons  jamais  pu  constater  dans  les  deux  groupes,  la  moindre  différence, 
tant  au  point  de  vue  de  la  marche  de  l'éruption  que  du  volume  des  pustules  et  de 
la  fièvre  de  réaction. 

»  Des  faits  qui  précèdent  n'est-on  pas  autorisé  à  conclure  que  la  résis- 
tance des  moutons  algériens  à  la  clavelée  n'est  pas  héréditaire?  Cette 
résistance  est,  pour  nous,  la  résultante  des  conditions  de  milieu  dans 
lesquelles  se  trouvent  placés  les  animaux  :  la  preuve  réside  dans  ce  fait 
que,  si  les  conditions  se  modifient,  ainsi  qu'il  arrive  lorsqu'on  les  soumet 
à  l'engraissement  dans  un  pays  froid  et  humide,  ils  deviennent  bien  plus 
impressionnables. 

»  Il  est  hors  de  doute  aussi  que  certains  états  physiologiques  et  patho- 
logiques, dont  quelques-uns  sont  peu  ou  pas  connus,  qui  ont  pour  effet 
de  diminuer  la  résistance  vitale,  rendent  les  sujets  bien  plus  susceptibles 
de  contracter  une  clavelée  grave,  parfois  mortelle. 

»  La  clavelisation  préventive  des  troupeaux  africains,  en  tant  que 
mesure  générale,  implique  donc  au  préalable  l'étude  :  i°  du  choix  du 
virus  et  de  la  région  la  plus  favorable  à  l'inoculation  ;  2"  des  accidents 
multiples  qui  peuvent  se  produire  et  des  moyens  pour  les  éviter  ;  3°  des 
causes  favorables  à  la  bonne  évolution  des  pustules  ;  4°  fies  causes  défavo- 
rables, dues  à  la  race,  à  l'âge,  à  l'état  physiologique  et  pathologique  des 
animaux,  et  qui  varient  d'un  pays,  d'une  saison  ou  d'une  année  à  l'autre. 

»  Quand  cette  étude  sera  achevée  et  que  tous  les  opérateurs  chargés  en 
Algérie  de  mettre  en  pratique  la  clavelisation  seront  complètement  initiés 
à  tout  ce  qu'il  faut  faire  et  à  tout  ce  qu'il  faut  éviter,  on  pourra  alors,  mais 
alors  seulement,  aborder  la  mise  en  pratique  générale  de  cette  mesure. 
Actuellement,  elle  nous  paraît  téméraire  et  même  dangereuse.  » 


(892) 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sm/- /a  koswite,  une  nouvelle  pyioxénile  de  l'Oural. 
Note  de  MM.  L.  Duparc  et  F.  Peauce,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  L'an  dernier  nous  avons,  pendant  deux  mois,  exploré  une  région  fort 
intéressante  de  l'Oural  moyen,  qui,  dans  le  district  de  Solikamsk,  forme  le 
bassin  supérieur  de  la  rivière  Rosswa  et  de  ses  affluents  principaux. 

»  Cette  région  comprend  plusieurs  massifs  de  roches  éruplives  basiques  anciennes, 
dont  le  Kosswinsky-Kamen  oITre  un  des  meilleurs  types.  La  montagne  forme  un  dôme 
elliptique  dont  le  grand  axe  est  orienté  nord-nord-esl-sud-sud-ouest;  son  altitude, 
considérable  pour  la  région  (1570"°  environ),  la  fait  distinguer  de  fort  loin.  Les  massifs 
du  Katecliersk3-Tilaï  bornent  au  nord  le  Kosswinsky-Kamen;  à  l'est,  il  est  délimité 
par  une  région  relativement  basse,  qui  forme  en  cet  endroit  la  ligne  de  jjarlage  des 
eaux  asiatiques  et  européennes  ;  au  sud,  au  sud-ouest  et  à  l'ouest,  il  est  entouré  par  une 
série  d'arêtes  dont  l'altitude  oscille  entre  600™  et  900". 

»  Les  montagnes  du  Katechersky-ïilaï,  la  région  de  la  ligne  de  partage,  les  arêtes 
qui  flanquent  le  massif  à  l'ouest  et  au  sud-ouest  sont  formées  par  des  roches  mélano- 
crates  très  basiques  (  gabbros  à  olivine,  gabbros  ouralitisés),  de  types  pétrographiques 
variés,  mais  toujours  étroitement  liées  entre  elles;  le  Kosswinsky-Kamen  tout  entier, 
par  contre,  est  formé  par  une  pyroxénite  spéciale,  à  laquelle  nous  avons  donné  le  nom 
de  koswile,  qui  affleure  en  boutonnière  au  milieu  des  gabbi'osde  la  région. 

»  A  partir  de  85o™  environ,  limite  moyenne  de  la  végétation,  toute  la  surface  du 
Kosswinsky-Kamen  n'est  qu'un  vaste  désert  de  pierres  formé  par  l'amoncellement 
chaotique  de  blocs  anguleux  de  koswile  produits,  soit  par  une  désagrégation  in  situ 
de  la  roche,  soit  par  le  démantèlement  de  pilons  rocheux  avec  éboulement  consécutif 
sur  les  pentes. 

»  La  koswite  est  une  roche  de  couleur  foncée,  verdàtre  ou  noirâtre,  plus 
ou  moins  grossièrement  grenue,  paraissant  à  l'œil  nu  principalement 
formée  par  un  pyroxène  lamellaire. 

»  Au  microscope,  les  éléments  constitutifs  en  sont  le  diallage,  l'olivine, 
la  hornblende,  la  niagnélite,  et  les  spinelles  chromifères.  Le  diallage  est 
une  variété  riche  en  chaux,  les  cristaux,  courts  et  faiblement  allongés  selon 
m  =  (1 10),  sont  verdàLres,  presque  incolores,  en  lames  minces,  les  clivages 
m  =  (1 10)  sont  constants,  par  contre  les  plans  de  séparalion  A'  =  (100) 
sont  exceptionnels.  Au  point  de  vue  optique,  l'angle  d'extinction  oc  oscille 
entre  39°  et  43"  pour  ng,  le  signe  optique  est  positif,  la  biréfringeuce 
ng — «/?  =  0,023  (comparateur),  l'angle  2.v=^S[^",  dispersion  manifeste 
f<^v.  L'olwine,  bien  moins  répandue  que  le  pyroxène,  se  rencontre  en 
grains  arrondis  et  craquelés,  disséminés  parmi  les  cristaux  de  diallage,  ou 


(  893  ) 

réunis  sur  certains  points.  Elle  est  incolore,  de  signe  optique  positif,  et 
présente  les  caractères  optiques  habituels.  T.e  péridot  comme  le  pyroxène 
sont  géiièralement  idicniorphes;  dans  certaines  préparations,  cependant, 
le  diallage  semble  mouler  les  grains  arrondis  d'olivine. 

»  La  magnétile,  toujours  primaire,  est  généralement  fort  abondante  et 
affecte  une  disposition  toute  particulière.  Elle  forme  un  véritable  ciment 
qui  s'infiltre  dans  les  interstices  laissés  vides  entre  les  cristaux  de  diallage 
et  d'olivine,  et  en  épouse  strictement  les  contours.  Ces  plages  allotrio- 
morphes  de  magnétite  jouent  dans  la  koswite  un  rôle  absolument  compa- 
rable à  celui  du  quartz  dans  le  granit,  et  pour  rappeler  l'analogie  de  cette 
structure  particulière  avec  la  structure  granitique,  nous  lui  donnons  le 
nom  de  structure  sidéronitique.  Le  passage  de  la  koswite  aux  pyroxénites 
ordinaires  se  fait  par  la  régression  graduelle  de  la  magnétite,  qui  devient 
idiomorphe  et  peut  même  complètement  disparaître;  ce  phénomène  est 
alors  analogue  au  passage  graduel  du  granit  à  amphibole  à  la  syénite  pure. 
La  hornblende  est  étroitement  liée  à  la  magnétite;  elle  n'est  point  un  pro- 
duit d'ouralilisation  et  forme  généralement  une  zone  étroite  qui  borde  les 
plages  de  fer  oxydulé;  elle  est  de  signe  optique  négatif,  l'angle  d'extinc- 
tion a  =  22",  le  polychroïsme  donne  :  /io^  =  brnn  verdàtre,  nm=brun, 
njo  =  j;iunàlre  pâle.  Les  spinelles  chromifères  en  grains  isotropes  et  cra- 
quelés, de  couleur  verte,  se  trouvent  emprisonnés  dans  la  magnétite. 

»  L'analogie  du  massif  éruptif  basique  du  Roswinsky  avec  les  môles  gra- 
nitiques se  continue  par  la  présence,  dans  le  culot  compact  de  koswite,  de 
fdons  bien  caractérisés  d'une  roche  plus  basique  qui  géologiquetnent  cor- 
respond par  conséquent  aux  aplites  traversant  le  granit.  On  sait  en  effet  que 
celles-ci  sont  généralement  un  peu  plus  acides  que  le  granit  encaissant; 
c'est  donc  l'inverse  qui  se  produit  au  Roswinsky;  et  taudis  que  pour  les 
roches  acides  de  profondeur  la  venue  filonienne  est  plus  acide  que  la 
roche  abyssale,  pour  les  roches  basiques  comme  la  koswite  c'est  le  con- 
traire qui  a  lieu.  Les  fdons  qui  traversent  la  roche  massive  du  Roswinsky 
sont  en  effet  constitués  par  un  agrégat  d'olivine  grenue  dont  les  cristaux 
sont  reliés  par  des  plages  de  magnétite,  ou  se  touchent  directement  en 
prenant  alors  des  contours  polyédriques.  Nous  faisons  de  ces  roches 
fdoniennes  des  dunites,  qui,  pro  parte,  présentent  la  structure  sidéroni- 
tique. 

»   Il  y  a  donc  une  analogie  parfaite  entre  les  roches  de  profondeur  acides 
et  basiques  et,  au  point  de  vue  de  la  structure,  le  granit  trouve  dans  la 

C.   R.,   .901,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  14.)  I  l5 


(  894  ) 
koswite  son  équivalent,  à  cette  seule  difiérence  près  qne  le  ciment,  hyper- 
acide  dans  le  premier,  dcAient  hyperbasique  dans  la  seconde. 

»  Les  analyses  que  nous  donnons  ci-dessous  montrent  le  caractère  chimique  de  la 
kosvfite  et  celui  des  filons  plus  basiques  qui  la  traversent. 

N"  2.  N"  7.  N»  9. 

SiO^ 4,, 44  4o,i5  39,22 

Al-0» 5,80  4,60  0,39 

Fe^O' ,0,46  12,24 

Cr-0' 0,57  o,58  traces 

FeO 9,93  ,0,87  16, 4i 

Mn  0 0 ,  o5  traces  traces 

CaO 19,53  17,26  1,20 

MgO i3,36  i5,oi  43,81 

Perte  au  feu 0,22  o,4o  o,32 

I         ioi,36  101,11  101,35 

N"  2 Koswite  (structure  sidéronitique) 

N"  7 Koswite  id. 

N"  8 Dunite  (structure  grenue) 

)>  Ces  anal}'ses  ont  été  faites  par  MM.  JercholTet  Parent  et  M"""  Joukowsky,  élèves 
au  Laboratoire  de  Minéralogie  et  d'Analyse  minérale  de  l'Université.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  Pluie  de  sang  observée  à  Palerme, 
dans  la  nuit  du  9  au  10  mars  1901.  Note  de  M.  Staxisl-is  Meunier. 
(Extrait.) 

«  Tout  le  monde  a  encore  présent  à  la  mémoire  le  récit  du  phénomène  M 

météorologique  qui  est  venu  jeter  la  consternation,  dans  la  nuit  du  g 
au  10  mars,  parmi  les  superstitieuses  populations  de  la  Sicile,  des  environs 
de  Naples  et  de  la  Tunisie.  Un  immense  nuage  rougeàtre  envahit  le  ciel;  \ 

les  gouttes  qui  en  tombaient  semblaient  du  sang  coagulé.  Bientôt  toute  la 
surface  du  sol,  les  toits  des  maisons  et  les  feuilles  des  arbres  avaient  pris 
une  teinte  rouge. 

»  Un  savant  naturaliste  de  Palerme,  M.  le  Marquis  Antonio  de  Gregorio, 
que  je  me  fais  un  plaisir  et  un  devoir  de  remercier,  a  bien  voulu  m'envoyer, 
pour  la  collection  du  Muséum,  des  échantillons  de  la  substance  consti- 
tutive de  cette  Pluie  de  sang Je  crois  devoir  résumer  ici  les  faits  que  j'ai 

observés  : 


(895) 

»  La  substance  constitue  une  poussière  très  fine,  dont  la  couleur  rappelle  celle  du 
protochlorure  de  manganèse  anhjdre.  Malgré  sa  finesse,  elle  n'est  pas  douce  au  lou- 
cher et  elle  raye  très  fortement  le  verre.  Elle  est  imprégnée  d'air,  qui  adhère  à  ses 
grains  avec  une  ténacité  remarquable;  c'est  sans  doute  à  cette  circonstance  qu'il  faut 
attribuer  l'effet  qu'on  observe  quand  on  en  chauffe  à  sec  une  certaine  quantité  dans 
un  tube  de  verre  :  au  bout  d'un  instant,  elle  acquiert  une  telle  mobilité  qu'elle  prend 
l'apparence  d'un  liquide,  conservant  sa  surface  horizontale  quelle  que  soit  l'incli- 
naison du  tube.  Bientôt  cette  singularité  cesse,  comme  par  l'efTet  du  départ  de  l'air 
d'abord  interposé  entre  les  particules  minérales. 

»  Quand,  après  avoir  mis,  même  depuis  longtemps,  la  poussière  en  suspension  dans 
l'eau,  on  la  soumet  à  l'action  de  la  chaleur,  on  provoque  un  dégagement  si  abondant 
de  toutes  petites  bulles  d'air,  qu'on  croirait  assister  à  une  efTervescence. 

»  Ajoutons  que  le  chauflage  de  la  matière  dans  un  tube  de  verre  au  voisinage  du 
rouge,  en  modille  complètement  la  couleur,  qui  passe  au  gris  foncé  presque  noir;  ce 
qui  suffirait  pour  y  faire  prévoir  la  présence  d'une  notable  quantité  de  matière  orga- 
nique. Il  se  dégage  5  pour  loo  environ  de  vapeur  d'eau  plus  ou  moins  pure. 

»  L'eau  dans  laquelle  la  poussière  a  été  mise  en  ébullilion  donne,  après  filtration,  un 
précipité  très  net  avec  le  nitrate  d'argent,  et  un  autre  précipité  moins  abondant  avec 
le  chlorure  de  baryum  :  elle  contient  donc  des  chlorures  (sel  marin)  et  des  sulfates 
(gypse)-  Sous  l'innuence  de  l'acide  chlorhydrique  très  étendu,  elle  fait  ellèrvescence 
et  abandonne  au  liquide  de  la  chaux  et  un  peu  de  magnésie.  Le  résidu  de  cette  attaque 
très  légère  se  scinde  par  le  lavage  en  une  matière  d'aspect  argileux,  et  en  grains  sa- 
bleux. Sous  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique  chaud,  la  matière  argileuse  se  décom- 
pose et  l'on  y  constate,  outre  l'aluniiae,  la  présence  de  beaucoup  d'oxyde  de  fer.  Les 
grains  sableux  sont  surtout  quartzeux,  mais  on  y  voit  aussi  des  paillettes  micacées  et 
des  grains  de  diverses  natures. 

»  En  résumé  la  poussière  recueillie  à  Palerme  contient  : 


Eau 5^20 

Matière  orgaiiif|ue 3    | ^ 

Sable 5g,, 4 

Carbonate  de  chaux. 28  qi 

Argile  (pardiff.) 8,58 

I 00 , 00 

»  J'ai  examiné  au  microscope,  sous  des  grossissements  variés,  plusieurs  portions  de 
la  poussière  de  Palerme,  recueillie  soit  sur  le  toit  de  la  maison  de  M.  Grcorio  soit 
sur  les  feuilles  dans  son  jardin,  soit  sur  un  papier  blanc  qu'il  avait  exposé  à  la  pluie. 
Ce  qui  domine,  à  première  vue,  ce  sont  des  grains  de  quartz,  présentant  des  formes 
fragmentaires  très  irrégulières.  Avec  eux  se  signalent,  à  cause  de  leur  limpidité, 
quelques  cristaux  tantôt  cubiques  (et  qui  paraissent  être  du  sel  marin)  tantôt  à  con- 
tours rhombiques  (qui  pourraient  bien  être  du  gypse).  On  voit  aussi  beaucoup 
de  grains  noirs  et  opaques,  réfléchissant  très  peu  la  lumière,  et  dont  une  partie  au 
moins  doit  être  de  nature  charbonneuse  :  la  plupart  sont  à  cassure  très  ano-uleuse 


(  896  ) 

mais  il  y   en   a  aussi  d'arrondis.   Us  font  penser  aux   globules  signalés  naguère  par 
Gaston  Tissandier,  mais  je  n'ai  pu  voir  s'ils  sont  magnétiques. 

»  Les  corpuscules  organisés,  et  avant  tout  les  restes  de  diatomées,  abondent  d'une 
façon  prodigieuse  dans  la  poussière  de  Palerme;  il  n'y  a  pas  à  douter  qu'on  n'y  re- 
trouve les  formes  décrites  par  Elirenberg,  dans  ses  études  sur  les  poussières  atmo- 
sphériques. On  distingue  aussi  des  fibres  végétales  parfois  assez  longues. 

»  En  somme,  tous  ce.s  camctères  coïncident  avec  ceux  qui  ont  été  déjà 
signalés  dans  les  pluies  de  sang  aniérienrement  décrites;  nous  devons 
croire  que  cette  fois  encore,  et  conforuiément  aux  idées  générales  exposées 
en  1870  par  M.  Tarry  (^Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  \ol\i  et  1369),  il  s'agit 
de  la  chute  de  matériaux  arrachés,  par  les  remous  atmosphériques,  au  sol 
du  Sahara.  » 


M.  Gay-Lascermin  adresse  une  Note  <c  Sur  l'oxydation  du  protosulfure 
de  fer  ». 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  l\  heures  et  demie. 

M.   B. 


ERRATA. 


(Séance  du    i""''  avril   1901.) 

Note  de  M.  P.  Lesne,  La  variation  sexuelle  chez  les  mâles  de  certains 
Coléoptères,  etc.  : 

Page  800,  note  ('),  ligne  8  de  cette  note,  remplacer  les  seconds  guillemets  par  le 
mot  parallela. 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Depuis  i83J  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  lo  Diinnnclir.  Us  forment,  à  la  Pin  do  l'année,  denx  volumes  in-4".  Deux 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Autours,  lorminenl  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

et  part  du  i"  Janvier.  •     ,    „  ,  .  r    ■    ■    ■      '  i     -, 

■^  Le  prix  de  Inannnement  est  fixe  ainsi  qii  il  suit  : 

Paris  :  20  fi-.  —  Départements  ;  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chei  Messieurs 
Afen Ferran  irères. 

I  Chaix. 
Alger <  Jourdan. 

(  Ruff. 
Amiens Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etOrassin. 

'<''«■«" i  Gaslineau. 

Bavonne Jérôme. 

Hesançon   Régnier. 

,  Feret. 
Bordeau-T Laurens. 

(  Muller  (G.). 

Houriies Renaud. 

Derrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 

'  Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Chanbe'i Perrin. 


Lorient. 


Brest. 


Cherbourg 

Marguerie. 

Clermonl-Ferr.. 

)  Juliot. 
■  i  Bouy. 

Nourry. 

Oi;on .  . 

.     Ratel. 

'Rey. 

Douai 

;  Lauverjal. 
•  1  Degez. 

Grenoble 

)  Drevel. 

\  Gralier  et  C* 

La  Rochetlt 

.     Foucher. 

,  1  Bourdignon. 

Le  Havre ] 

Dombre. 


LUU.. 


\  Thorez. 
(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 
\  Baumal. 
i  M»'  Teiier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 
t  yon <  Elïanlin. 

Savy. 

Vilte. 

Marseille Ruai. 

i  Valat. 

)  Goulet  et  llls. 

Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy \  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

j  Guist'han. 

I  Veloppé. 

)  Barma. 

i  Appy. 

Nimes Tliibaud. 

Orléans    Luzeray. 

i  Blanchier. 

''<"■"■«" j  Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M""). 

j  Langlois. 

f*""^" j  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

(  Ponleil-Burles. 

t  Rumèbe. 

(  Gniiet. 

(  Privât. 

,  Boisselier. 
Tours Péricat. 

'  Suppligeon. 

\  Giard. 

I  Lemattre. 


Montpellier , 
Moulins..    . 


Mailles 
Aice. . . 


Toulon . . . 
Toulouse.  ■ 


Valenciennes. 


Amsterdam . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 

(  Feikema    Caarelsen 

I      et  C'V 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C'v 

1  Dames. 

'.  Friediander   et   fils. 

I  Mayer  et  MUller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zaniclielli. 

,  Lamertin. 
Mayolezet  Audiarte 

(  Lebégue  et  C'' ■ 

(  Sotchek  et  C°. 

I  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deigbton,  BellelC-. 

Christiania Cammernieyer. 

Constantinoplc.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

.  Cherbuliez. 
Genève Georg. 

(  Stapeiraohr. 

La  Haye .     Belinfante  frères 


Bruxelles. 


Bûchai  est . 


chez  Messieurs  : 

!Du)au. 
Hachette  et  C". 
Nutt. 
Luxembourg.    ..     V.  Buck. 

/  Ruiz  et  C". 

Madrid Romoy  Fussel. 

I  Capdeville. 


Milan 


Lausanne. 


Benda. 
Payot  et  C". 
Barth. 
I  Brockhaus. 

Leipzig (  Lorentz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 


Liège. 


Desoer. 
Gnusé. 


F.  Fé 

Bocca  frères. 
Hœpli. 
Moscou Tastevin. 

IVaples (Marghieridi  G.u,. 

(  Pellerano. 

I  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

Ne^-Vork Stechert. 

'  Lemckeet  Buechnei 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Paternie Reber. 

Porto Magalhaès  et  Munit 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frères. 
Loescheret  C'v 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallm 

i  Zinserting. 
)  Wolff. 
Bocca  frères. 
Brero.  ^ 

iClausen. 
Rosenbergel  Sel  lier. 

Varsovie Gebethner  et  WolD. 

Vérone Drucker. 

\  Frick. 

i  Gerold  el  C'V 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Rome . 


S'-Petersbourg.  ■ 


Turin. 


Vienne . 


15  fr. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.  —  (j  Août  i8jj  à  Ji  Décembre  iS5o.  )  Volume  in-4"  ;  i85:j.  Prix 

Tomes  32  à  61.  —  .(  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-i°;  1870.  Prix 15  f''- 

Tomes  62  à  91.  —  (  1"  Janvier  i8(36  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

Tomes  92  à  121.  —  (1"  Janvier  1881  à  3i  Décembre  1895.)  Volume  iu-4";  1900-  Pi''>^ *5  f''- 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I  :  Mèmcre  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derbès  et  A.-J.-J.  Sol..r.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbatioas 
qu'éprouvent  les  Comètes,  par  M.  H..nsen.  -  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  d.gesl.fs,  part.cul.erement^dan. 
la  digestion  des  matières    grasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4%  avec  ^2  planches;  iS5G • -^I^ l'.V'àHimlp  ,1» 

Tome  II  :  Mémoire  sur  tes  vers    intestinaux,  par  M.   P.-J.  V...  Benedev.  -   Essa,  d'une  réponse   à   la  quest.on  de   Pr.x  proposée  en  .hoo  P-   ' /^^^'^^"î  =  J  : 
Sciences  pour  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  .856,  savoir  :  «Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organises  f''^^''.<=^  '''';^  '^      '^^^^^ 
«  terrains  sédimentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Disculor   la  question    de  leur  apparition  o«  de  leur  d.spar.t.on  ^"^cess  je  «u  --»  '^"«=-  - 

..  Rechercher   la   nature  des   rapports   qui   existent  entre  l'état  actuel   du  règne   organique    et    ses  états  antérieurs  »,   par    M.    "=    "°'*^^^'^' .'^^^'h. 

avec   27  planches;   186 1 


A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  14. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (Séance    du    9    uv.il     1901.) 


HIEMOIKES  ET  C03IMUIVIGATIOXS 

DES   MEMBlilîS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE    L'ACADËMIE. 


Pages. 
,M.  11.  Sebkiit.  —  Siii-  l'ulililé  scienlifique 

d'une   langue  auxiliaire  internationale. . .     Ï^Gg 
M.  Cii.  MÉn.\Y.  —  Sur  les  services  que  peut 


Pôfjes 

rendre  aux  Sciences  la  langue  au\iliaire 
internationale  de  M.  le  D'  Zamenhof, 
connue  sous  le  nom  d'Espéranto .S7  'i 


MEMOIRES  PRESENTES. 


i\I.  Ch.  SiurLLOT  adresse  une  Note  relative  à 

un  aérostat  dirigealde '"^78 

i\I.  A.  AVKROUS  adresse   un  Mémoire  relatif 


à   un   nouveau    mode   de   propulsion   des 
navires S-S 


CORRESPONDAIVCE. 


!\I.  le  Secrét.mre  rERPÉTUELannnnce  à  r.\ca- 
démie  la  mort  de  M.  Haoult,  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Physique  générale.     S7S 

M.  DE  FoRCRAND.  -  Généralisation  de  la 
loi  de  Troulon S79 

MM.  C.  Camichel  et  P.  Bayrac.  —  Nouvelle 
méthode  permeltanl  de  caractériser  les 
matières  colorantes.  Application  aux  indo- 
phénols  882 

M.  Paul  Lemûult.  —  Sur  la  réaction  des 
benzophénones  amidées  substituées  et  des 
aminés  aromatiques  en  milieu  su!furi(|ue.     885 

MM.  .\t(dre  Broca  et  D.  Sulzer.  —  Angle 

lÎRRATA 


limite  de  numération  des  objets  et  mou- 
vements des  yeux 

M.  P.  P0URQUIER.  —  La  résistance  des, 
moutons  algériens  à  la  clavelée  est-elle 
héréditaire? ; , 

MM.  L.  DUPARC  et  F.  Pearce.  —  Sur  la 
koswite,  une  nouvelle  pyroxénlte  de 
l'Oural 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Sur  la  pluie  de 
sang  observée  à  Palerme  dans  la  nuit  du 
g  au  10  mars  190T 

M.  Gay-Lancermin  adresse  une  Note  ■<  Sur 
l'oxydation   du  protosull'ure  de  fer  » 


88  s 
890 
89a 

891; 
896 


PAKIi».   —  IMPIUMERIE     G  AUTHIBK-VI  LL  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   ai 


/.*  CéranI  .' <>*tiTHIBB-VlLL*RS. 


MAV   6    1901 

1901 


PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAH   M.tl.   IiES  SBCRÉr^IKBS   PBRPÉTIJEEi<«. 


TOME  CXXXH. 


IVM5  (15  Avril  1901) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  aS  juin  1862  et  24  mai  1873. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
r Académie  se  composent  des  extrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  (î  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris daiîs  les  00  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extrails  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P^ig^s  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  2>i  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Acailéinic  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  iliscussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap-     sent  Règlement 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  eii  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  élre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un j^, 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages.  Mi 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 


iCT^ 


Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rem 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Cor}ipte rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vaut  et  mis  à  la  fin  <lu  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planchesJ 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor^ 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement; 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  piv- 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante.^ 


'^'^V-    6    1901 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  13  AVRIL  1901, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


3IEM0IRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  MM.  les  Membres  des  Acadé- 
mies étrangères  qui  assistent  à  la  séance  et  qui  ont  été  délégués  à  l'As- 
semblée générale  de  l'Association  internationale  des  Académies. 


CHIMIE.   —  Nouvelles  recherches  relatives  à  l'action  de  l'eau  oxygénée 
sut  l'oxyde  d'argent;  par  M.  Bertuelot. 

«  On  sait  que  les  oxydes  ordinaires  des  métaux  proprement  dits  et 
des  métaux  alcalino-terreux  sont  susceptibles  d'être  suroxydés  direc- 
tement par  l'eau  oxygénée  et  changés  en  peroxydes,  pour  la  plupart  peu 
stables.  L'oxyde  d'argent  ne  fait  pas  exception. 

»  I.  Précipitons  en  effet  l'oxyde  d'argent  de  son  nitrate,  au  moyen  delà 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  15.)  I  l6 


(  898  ) 

sourie,  employée  en  proportion  strictement  équivalente,  dans  les  dissolu- 
lions  étendues,  et  sans  séparer  la  liquem-  du  précipité;  puis  mélangeons-y 
d'un  seul  couj),  sans  tarder  et  sans  trop  agiter,  une  dissolution  titrée 
d'eau  oxygénée,  qui  soit  susceptible  de  dégager  seulement  deux  ou  trois  fois 
son  volume  d'oxygène.  On  l'emploie  dans  une  proportion  voisine  de  25'='', 
telle  d'ailleurs  qu'elle  renferme  une  dose  disponible  de  cet  élément, 
rigoureusement  égale  à  celle  de  l'oxygène  constitutif  de  l'oxyde  d'argent 
précipité,  Ag-O.  Durant  ces  diverses  opérations,  on  a  soin  de  maintenir  le 
liquide  à  basse  température. 

»  On  voit  à  l'inslant  l'oxyde  d'argent  changer  d'aspect  et  de  couleur,  en 
acquérant  une  teinte  noire  très  foncée  et  uniforme  dans  toute  la  masse. 

»  C'est  le  nouveau  composé  :  il  prend  ainsi  naissance,  sans  donner  lieu 
à  un  dégagement  gazeux  immédiat.  D'après  les  analogies,  sa  formule  pro- 
bable serait  Ag-O-,  ou  plutôt  un  hydrate  de  ce  bioxyde. 

»  Telle  est  la  première  phase  du  phénomène.  Mais  elle  ne  dure  guère, 
le  nouveau  corps  étant  instable.  Au  bout  de  quelques  instants,  il  com- 
mence à  développer  de  l'oxygène;  en  même  temps  la  teinte  générale 
s'affaiblit  de  pins  en  plus.  L'effervescence,  une  fois  établie,  continue  avec 
vivacité  pendant  quelques  minutes,  se  ralentit,  jîuis  s'arrête  à  peu  près 
complètement. 

i>  Cet  arrêt  est  très  nettement  marqué  :  il  constitue  une  seconde  phase. 
A  cette  phase  succède  une  troisième  phase,  qui  est  atteinte  lentement 
à  la  température  ordinaire,  rapidement  sous  l'influence  de  la  chaleur. 

»  En  effet  le  système,  échauffé  sur  une  flanmie,  continue  à  se  transformer 
encore;  le  composé  noir  étant  réduit  promptement  à  quelques  flocons 
qui  surnagent,  soulevés  par  les  dernières  bulles  de  gaz  adhérentes.  Puis 
il  ne  reste  plus  qu'un  mélange  grisâtre  de  l'oxyde  d'argent  ordinaire  et 
d'argent  métallique,  dans  un  état  définitif. 

»  Sous  la  seule  influence  du  temps,  un  changement  analogue  se  produit 
à  froid,  changement  susceptible  de  devenir  complet  au  bout  d'une  durée 
convenable  :  par  exemple  si  l'on  abandonne  le  mélange  à  lui-même  pendant 
trois  heures,  ou  même  plus  tôt  comme  M.  Baeyer  l'a  fait  dans  une  étude  ré- 
cente. 

»  II.  Au  contraire,  si  l'on  examine  le  système  initial,  maintenu  froid, 
après  quelques  minutes,  dés  que  le  dégagement  d'oxygène  paraît  arrêté, 
à  l'exception  de  bulles  rares  et  intermittentes,  il  est  facile  de  constater 
que  l'on  a  atteint  une  seconde  phase  de  stabilité  relative,   beaucoup  j)lus 


(  «99) 
prolongée  que  la  première.  A  cet  état  se  rapportent  les  expériences  que 
j'ai  publiées  en  1880  (').  Ces  expériences  ont  été  appuyées  par  de  nom- 
breuses mesures,  exactes  et  spéciales,  du  volume  du  gaz,  du  poids 
d'argent  total  et  du  poids  d'argent  réduit,  ainsi  que  des  quantités  de  cha- 
leur développées.  Elles  établissent  que,  dans  les  conditions  précédentes, 
et  d'après  ces  mesures  : 

»  (1)  Le  volume  de  l'oxygène  dégagé  est  sensiblement  égal  à 
celui  de  l'oxygène  disponible  de  l'eau  oxygénée. 

»  (2)  La  chaleur  dégagée  répond  à  celle  de  la  décomposition  propre 
de  cette  eau  oxygénée. 

»  (3)  La  matière  insoluble  est  constituée  par  un  mélange  d'un  nouveau 
peroxyde  d'argent  noir,  avec  de  l'argent  métallique;  le  rapport  de  l'argent 
libre  à  l'argent  combiné  étant  celui  de  2  à  3. 

M  (4)  Le  système  total  rentérniant  ces  deux  composés,  trailé  aussitôt  p;^r 
l'acide  sulfurique  étendu  et  porté  à  l'ébullition  dans  les  tubes  mêmes  où 
ils  ont  pris  naissance,  dégage  un  nouveau  volume  d'oxygène,  voisin  du 
tiers  de  celui  qu'il  a  fourni  d'abord.  En  même  temps,  l'oxyde  d'argent  se 
dissout  à  l'état  de  sulfate  d'argent,  ])ourvu  que  la  proportion  d'eau  soit 
suffisante,  et  il  reste  de  l'argent  métallique. 

»  (5)  Le  nouveau  peroxyde  d'argent,  obtenu  dans  cette  seconde  phase, 
n'est  pas  stable  :  il  perd  peu  à  peu  son  oxygène,  dès  la  température  ordi- 
naire. 

»  Cet  oxyde  ne  serait  pas,  d'ailleurs,  identique  avec  le  bioxyde  Ag'O^ 
signalé  plus  haut;  il  paraît  constitué  par  la  combinaison  (ou  le  mélange  en 
équilibre  transitoire)  de  cet  oxyde  avec  l'oxyde  d'argent  ordinaire 

Ag-0--)-Ag==0  =  Ag*0'. 

»  Tels  sont  les  faits  relatifs  à  la  seconde  phase  des  phénomènes  :  faits 
constatés  non  par  une  simple  vue  superficielle  des  phénomènes,  mais  par 
une  étude  approfondie,  accompagnée  d'analyses  et  de  déterminations  nu- 
mériques. 

»  J'ai  reproduit  ces  analyses  et  déterminations,  avec  les  mêmes  résul- 
tats, en  1897;  J^"  donnerai  tout  à  l'heure  d'autres,  également  conformes, 
et  que  je  viens  d'exécuter. 

»   III.   Il  résulte  de  la  suite  de  mes  observations  que  : 

»   Le  système  obtenu  dans  la  seconde  phase  du  phénomène  ne  sub- 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5'=  série,  t.  XXI,  p.  164. 


(  900  ) 
siste  pas  d'une  façon  définitive;  le  peroxyde  d'argent  se  décomposant  len- 
tement à  froid,  de  façon  à  dégager  peu  à  peu  son  excès  d'oxygène. 

»  C'est  ce  que  prouvent  ce  dégagement  même,  aussi  bien  que  les  analyses 
nouvelles  que  je  présenterai  tout  à  l'heure.  Les  observations  de  M.  Baeyer 
se  rapportent  à  celte  dernière  et  troisième  phase  des  phénomènes. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  le  rapport  exact  entre  l'argent  oxydé  et  l'argent 
libre,  reconnu  dans  mes  premières  études,  ne  peut  être  constaté  qu'en 
opérant  les  réactions  suivant  l'ordre  relatif  et  les  conditions  de  concen- 
tration, de  température,  et  de  mélange  immédiat  complet,  que  j'ai  définies 
dans  mon  travail.  C'est  ce  que  l'on  pouvait  déjà  pressentir,  d'après  lesexpé- 
riences  originelles  de  ïhénard,  où  les  doses  d'argent  réduit  et  d'oxygène 
dégagé  ont  été  dans  certains  cas  bien  plus  considérables.  A  la  vérité,  les 
expériences  de  Thénard  ont  été  faites  d'une  façon  plus  grossière,  s'il  est 
permis  d'employer  ce  mot.  Il  employait  des  liqueurs  beaucoup  plus  riches 
en  eau  oxygénée,  au  point  de  faire  explosion  avec  l'oxyile  d'argent  solide 
qu'il  mettait  en  œuvre;  c'est-à-dire  que  la  température  développée  était 
bien  plus  haute. 

»  J'ai  fait  une  étude  spéciale  des  conditions  susceptibles  de  déterminer 
de  semblables  variations,  dans  un  second  Mémoire,  publié  en  1H97  dans 
les  Annales  de  Chlmieelde  Physique,  7*  série,  t.  XI,  p.  217  (').  Plusieurs  des 
faits  qui  y  sont  signalés  ont  été  aussi  observés  récemment  par  M.  Baeyer, 
qui  paraît  avoir  ignoré  l'existence  de  ce  second  Mémoire,  et  qui  les  inter- 
prète d'ailleurs  d'une  façon  différente,  en  attribuant  à  une  sursatura- 
tion gazeuse  ordinaire  du  liquide  les  phénomènes  que  je  rapporte  à 
l'existence  de  composés  solides  instables. 

»  Il  m'a  paru  utile  de  soumettre  la  question  à  une  nouvelle  investigation  ; 
les  observations  faites  par  les  divers  chimistes  qui  s'en  sont  occupés  n'étant 
nullement  contradictoires,  à  mon  avis,  mais  se  rapportant  à  des  phases 
différentes  du  phénomène,  phases  dont  les  premières  ont  été  parfois  mé- 
connues. 

»  J'ai  opéré,  dans  les  essais  qui  suivent,  avec  12"", 5  d'eau  oxygénée,- 
susceptible  de  dégager  3o",2  d'oxygène  (dans  des  conditions  données  de 
pression  et  de  température,  telles  que  il\°). 

»  A.  On  a  formé  le  protoxyde  d'argent  à  l'avance,  en  mélangeant  les 


(')  Voir  aussi  la  Décomposilion  de  l'eau  oxygénée  par  Voxyde  d'argent  ammo- 
niacal, même  Recueil,  7°  série,  t.  XI,  p.  228. 


(  90I  ) 
solutions  étendues:  AzO'Ag4-  NaOH;  puis  on  y  a  introduit  très  rapidement 
la  solution  de  H^O^. 

»  Volume  gazeux  dégagé  en  5  minutes:  31*"=. 

))  B.  On  a  mélangé  les  solutions  H- 0^  + NaOH,  et  l'on  y  a  introduit 
très  rapidement  Az  O'Ag.  Volume  gazeux  dégagé  :  29'''',  7. 

»  G.  On  a  mélangé  la  solution  H'-O"  -f-  AzO'Ag,  et  Tony  a  introduit  très 
rapidement  NaOH.  Volume  dégagé  :  29*^'=,  5. 

»  La  réaction,  dans  l'expérience  C,  se  termine  moins  nettement  que  dans 
les  deux  cas  précédents,  qui  représentent  le  phénomène  ordinaire.  En 
effet,  dans  l'expérience  C  le  gaz  dégagé  s'élevait  à  32*^*=,  cinq  minutes  après 
le  moment  de  son  ralentissement,  et  il  continuait  encore  à  se  dégager,  de 
plus  en  plus  lentement. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  chiffres  de  ces  nouveaux  essais  et  surtout  ceux  des 
expériences  A  et  B  sont  conformes  à  ceux  de  mes  anciennes  mesures;  ils 
indiquent  également  l'existence  delà  seconde  phase,  où  la  réaction  s'arrête 
momentanément  vers  le  terme  qui  répondrait  uniquement  au  dégagement 
de  l'oxygène  disponible  de  l'eau  oxygénée. 

»  Cependant  il  se  produit  ensuite,  comme  je  l'ai  dit,  une  troisième 
phase,  caractérisée  par  un  dégagement  d'oxygène  beaucoup  plus  lent. 
Quelle  est  l'origine  de  ce  dernier  oxygène?  Préexiste-t-il  dans  la  dis- 
solution à  l'état  de  sursaturation  physique?  Ou  bien  se  forme-t-il  par  la 
décomposition  progressive  d'un  composé  instable,  tel  qu'un  peroxyde  d'ar- 
gent solide? 

»  Pour  résoudre  la  question,  j'ai  repris  le  contenu  de  chacun  des  trois 
tubes,  qui  avaient  donné  lieu  au  premier  dégagement  d'oxygène  opéré  à 
froid  et  mesuré  plus  haut,  dès  que  ce  dégagement  m'a  paru  arrêté,  et  j'ai  jeté 
aussitôt  ce  contenu  sur  un  filtre.  J'ai  ainsi  séparé  la  liqueur  du  précipité, 
aussi  rapidement  que  possible  ;  j'ai  lessivé  le  filtre  avec  de  petites  quantités 
d'eau  froide.  Le  tout  accompli  en  moins  d'un  quart  d'heure,  j'ai  introduit 
dans  deux  tubes  séparés,  d'une  part  la  liqueur  filtrée,  d'autre  part  le  filtre 
avec  son  précipité  bien  lavé  et  égoutté,  mais  encore  humide,  plus  une 
certaine  dose  d'eau  distillée,  de  façon  à  permettre  de  soumettre  le  tout  à 
l'éhullition  ;  puis  encore,  par  un  robinet  ajusté  à  la  fiole,  j'y  ai  versé  une 
dose  d'acide  sulfurique  étendu,  en  proportion  double  à  peu  près  de  celle 
qui  était  nécessaire  pour  redissoudre  l'oxyde  d'argent. 

»  Le  volume  total  des  liquides,  mis  en  expérience,  s'élevait  vers  4o" 
à  5o'^'=,  suivant  les  cas. 


(  902  ) 
»  Voici  les  volumes  gazeux  obtenus  dans  ces  conditions  : 

Gaz  dcgagûs 
pendant 
Gaz  dégagés  l'attaque  de  l'oxyde  d'argent 

par  l'ébullilion  par  l'acide 

du  sulfurique  étendu, 

liquide  filtré.  porté    à   l'ébuUition. 

et-  ce 

A 2,3  5,0 

B 2,9  6,0 

G 3,o  5, 1 

»  Les  volumes  gazeux  dégagés  du  liquide  filtré  représentent  à  la  fois 
l'excès  de  gaz  dissous,  ou  combiné,  et  l'air  dissous  dans  l'eau  employée  : 
or  ce  dernier  ne  saurait  dépasser  i",  d'après  sa  solubilité  normale. 

»  De  là  résulte  pour  l'oxygène  dégagé  excédant  : 

»   Gaz  dégagé  du  liquide  filtré,  i*^*^  à  2™; 

»  Gaz  dégagé  du  peroxyde  d'argent  solide,  5*^*=  environ,  c'est-à-dire 
beaucoup  plus. 

»  Ces  valeurs  sont  évidemment  fort  inférieures  à  celles  que  le  liquide  et 
le  peroxyde  précipité  renfermaient,  lors  de  la  seconde  phase,  au  moment 
même  où  l'oxygène  primitif  a  été  recueilli.  Une  portion  considérable  de 
cet  oxygène  a  continué  à  se  dissiper  peu  à  peu;  pendant  les  manipulations 
consécutives  :  une  portion  même  de  cet  oxygène,  provenant  du  peroxyde, 
a  dû  demeurer  dans  le  liquide  defiltration  et  de  lavage;  cette  dose  porterait 
vers  8'='=  à  q'"^  le  gaz  provenant  réellement  du  précipité.  Mais  je  ne  veux 
pas  insister  sur  cette  dernière  correction. 

»  En  envisageant  seulement  les  résultats  bruts,  il  est  certain  qu'il  s'est 
accompli  une  perte  préalable  d'oxygène,  aux  dépens  du  peroxyde  d'argent 
peu  stable,  retenu  sur  le  filtre,  et  en  raison  de  la  durée  de  la  filtration  et 
des  lavages.  Voilà  pourquoi  on  a  observé  seulement  5™;  tandis  que  le 
peroxyde  d'argent,  précipité  tout  d'abord,  en  aurait  dégagé  près  du  double, 
soit  lo":  proportion  qu'il  a  donnée  effectivement  dans  mes  déterminations 
de  i88o,  où  sa  décomposition  avait  lieu  dans  le  tube  même  du  premier 
dégagement  et  aussitôt  après,  sans  l'isoler. 

»  Cependant  le  résultat  actuel  n'en  est  pas  moins  caractéristique,  car  il 
démontre  que  l'oxygène  dégagé  pendant  la  dernière  phase  du  phénomène 
était  contenu  principalement  dans  le  précipité,  et  non  dans  la  liqueur  :  ce 
qui  exclut  l'hypothèse  d'un  effet  fondamental  attribuable  à  une  sursatu- 
ration liquide. 


(9o3  ) 

»  En  résnmé,  les  faits  observés  peuvent  être  interprétés  de  la  manière 
suivante  : 

»  L'eau  oxygénée,  en  réagissant  sur  l'oxyde  d'argent  dans  les  condi- 
tions décrites,  formerait  d'abord  un  bioxyde,  Ag'^O^,  extrêmement  instable, 

Ag-0  +  IPO-=  Ag=0=+IPO, 

équation  qui  répond  à  la  première  phase  du  phénomène. 

»  Ce  bioxyde  se  décompose  presque  immédiatement,  en  donnant  lieu  à 
deux  réactions  simultanées  que  l'on  peut  représenter  comme  il  suit  : 

»  Une  partie  se  résout  directement  en  argent  et  oxygène, 

Ag='02  =  Ag=+0=; 

conformément  à  ce  qui  arrive  pour  le  triloxyde  d'hydrogène,  IPO% 
dérivé  de  l'eau  oxygénée  dans  la  réaction  du  permanganate  de  potasse, 
lequel  perd  d'un  seul  coup  ses  deux  atomes  d'oxygène  disponibles. 

»  Une  partie  du  bioxyde  d'argent  se  décompose  d'une  façon  moins 
complète,  en  régénérant  à  la  fois  de  l'oxygène  et  du  protoxyde  d'argent, 
lequel  demeure  combiné  avec  une  autre  fraction  du  bioxyde 

Ag=0='  =  Ag2  0  +  0, 
Ag'0-  +  Ag=0=:Ag^O'. 

»  En  définitive,  l'équation  suivante  représente  la  somme  des  effets 
constatés  dans  la  seconde  phase  du  phénomène 

3Ag=0  4-3H-0=  =  Ag'0'+Ag'-'  +  0^ 

»  Mais  une  transformation  aussi  régulière  n'a  pas  lieu  d'une  manière 
nécessaire  et  dans  tous  les  cas,  ainsi  que  je  l'ai  montré  en  1897.  Les  phé- 
nomènes en  effet,  si  l'on  n'y  prend  garde,  sont  susceptibles  de  se  compli- 
quer par  la  décomposition  spontanée  du  sesquioxyde  Ag^O'  en  oxygène 
et  protoxyde 

Ag'0^  =  2Ag=0  +  0 

décomposition  que  j'ai  signalée  tout  d'abord  et  que  diverses  circonstances 
accélèrent. 

M  J'ai  également  rappelé  que  l'on  observe  dans  les  réactions  brusquées, 
ou  accompagnées  d'une  élévation  locale  et  subite  de  température,  une 
décomposition  plus  profonde,  qui  tend  vers  la  réaction  totale 

Ag- O'' =  Ag^ -^  O^ 


(  9o4  ) 
»  Cette  multiplicité  d'effets  résulte  des  propriétés  exothermiques   de 
l'eau  oxygénée,  sa  décomposition  propre 

dégageant  +  2 1^*\  7  ; 

»  Et  cette  énergie  étant  suffisante  pour  déterminer  la  décomposition  si- 
multanée de  l'oxyde  d'argent,  car 

H^'O^  +  Ag=0  =  H=0 -h  Ag^  +  O^ 

dégage  -t-  2 1 , 7  —  Q  ; 

»  Q  est  la  chaleur  de  formation  de  l'oxyde,  à  partir  de  l'argent  envi- 
sagé sous  l'état  particulier  qu'il  affecte  lors  de  sa  séparation  actuelle  ('). 

))  Une  semblable  multiplicité  de  réactions,  —  déterniinables  dans  un  sens 
ou  dans  l'autre  par  des  influences  en  apparence  légères,  qui  les  amorcent 
dans  un  sens  ou  dans  un  autre,  —  se  manifeste  continuellement  dans  l'étude 
des  matières  explosives;  j'ai  développé  le  détail  des  effets  de  ce  genre  dans 
la  décomposition  de  l'azotate  d'ammoniaque  (-). 

»  Je  rappellerai  également  les  expériences  plus  récentes,  que  j'ai  faites 
avec  M.  Vieille  ('),  sur  la  destruction  de  l'acétone,  entraîné  dans  la  dé- 
composition explosive  de  l'acétylène.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  puissance  représentative  d'une  portion  Jinie 
de  courbe  continue.  Note  de  M.  G.  LippiMann. 

«  Le  langage  écrit  est  un  ensemble  infini  et  discontinu,  dans  lequel  le 
nombre  des  éléments  distincts  (signes  alphabétiques,  algébriques,  typo- 
graphiques et  autres)  est  d'ailleurs  fini.  On  peut  le  considérer  comme 
constituant  une  bibliothèque  (L)  d'un  nombre  infini  de  volumes. 

»  Une  portion  finie  de  courbe  est  un  ensemble  continu  :  je  dis  que  cet 
ensemble  a  une  puissance  représentative  infiniment  supérieure  à  celle  de 
l'ensemble  (L). 

»  Démontrons  d'abord  que  l'on  peut  représenter  (L)  par  une  courbe 


(')  I^our  les  états  connus  de  l'argent,  Q  varie  de  5^"'  à  g"^"',    suivant   ces  états, 
d'après  mes  récentes  études. 

(^)  Sur  la  force  des  matière  explosives,  t.  II,  p.  i83. 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7"  série,  t.  XIII,  p.  i8  ;  1898. 


(9o5  ) 
finie  (C).  Considérons  la  série  de  Fourier 

(1)  y  =  A,sin— ^ I-A2S1112— ^ h..., 

prenons  comme  premier,  comme  deuxième  coefficient  du  second  membre 
le  premier,  le  deuxième  élément  que  nous  rencontrons  dans  l'ensemble  (L). 
Ayons  soin  d'ailleurs  d'affecter  chaque  signe  distinct  de  cet  ensemble 
d'une  valeur  numérique  arbitrairement  choisie. 

»  Le  second  membre  de  (i)  est  une  série  convergente,  et  cette  équa- 
tion définit  une  courbe  (C)  finie  et  comprise  entre  les  abscisses  o  et  /. 
Inversement  cette  courbe  représente  complètement  l'ensemble  (L).  En 
effet,  cette  courbe  étant  donnée,  on  en  déduit  la  valeur  des  coefficients  A,, 
Aj,  ...  de  la  série  de  Fourier  qui  la  représente;  et  par  là  on  retrouve  les 
éléments  de  l'ensemble  (L)  dans  l'ordre  où  ils  se  trouvent  placés.  La 
courbe  (C)  représente  donc  complètement  l'ensemble  (L). 

))  Or,  dans  l'équation  (1),  on  a  supposé  que  le  nombre  des  valeurs 
distinctes  des  coefficients  A,,  k.,,  .  . .  était  fini.  Pour  obtenir  une  courbe 
quelconque,  il  faudrait  laisser  tomber  cette  restriction  et  admettre  que 
tous  les  coefficients,  en  nombre  infini,  pussent  être  différents  :  ce  qui  évi- 
demment est  un  cas  infiniment  plus  général.  Donc  la  puissance  représen- 
tative d'une  courbe  finie  quelconque  surpasse  infiniment  celle  d'une 
courbe  telle  que  (C)  qui  suffit  pour  représenter  l'ensemble  (L).  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  diverses 
Commissions. 

Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultats  suivants  : 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Plumey  pour  1 90 1 .  — 
MM.  de  Bussy,  Léaulé,  Guyou,  Maurice  Levy,  Sebert. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Foumeyron  pour  1901. 

—  MM.  Maurice  Levy,  Sarrau,  Léaiité,  Boussinesq,  Sebert. 
Commission  chargée  déjuger  le  concours  du  prix  Pierre  Guzman  pour  1 90 1 . 

—  MM.  Lœwy,  Janssen,  Wolf,  Callaudreau,  Faye. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Lalande  pour  1 90 1 .  — 
MM.  Lœwy,  Janssen,  Callaudreau,  Faye,  Wolf,  Radau. 

c.  R.,  1901,  I"  Semestre    (T.  CXXXII,  N»  15.)  II7 


(  9o6  ) 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Valz  pour  1 90 1 .  — 
MM.  Lœwy,  Janssen,  Callandrean,  Wolf,  Faye. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Lacaze  (^Physique)  pour 
1901.  —  MM.  Cornu,  Mascart,  Lippmann,  Becquerel,  Potier,  Violle, 
Cailletet,  Berlhelot,  d'Arsonval. 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du  prix  Gaston  Planté  pour  1901 . 
—  MM.  Cornu,  Mascart,  Lippmann,  Becquerel,  Violle. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Kastner-Boursault  pour 
190 1.  —  MM.  Mascart,  Lippmann,  Cornu,  Becquerel,  Violle. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Montyon  (Statistique).  — 
MM.  Haton  de  la  Goupillière,  Laussedal,  de  Freycinet,  Bouché,  de  Jon- 
quières,  Brouardel. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Jecker  pour  1 90 1 .  — 
MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Ditte,  Leraoine,  Haller. 


CORRESPONDANCE. 

La  Société  mathématique  de  Moscou  adresse  à  l'Académie  l'expression 
de  sa  profonde  condoléance  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Charles  Hermite. 

M.  le  Capitaine  Maurain  adresse,  de  Quito,  des  remercîments  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  accordée  à  ses  travaux. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  décomposition  des  jonctions  méromorphes 
en  éléments  simples .  Note  de  M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Étant  donnée  une  fonction  méromorphe,  on  sait  qu'elle  peut  se  mettre 
d'une  infinité  de  manières  sous  la  forme  d'une  série  de  fractions  ration- 
nelles, admettant  pour  pôles  les  pôles  de  la  fonction;  en  particulier,  on 
peut  supposer  que  chacune  de  ces  fractions  n'a  qu'un  seul  pôle  (simple 
ou  multiple). 

»  Si,  pour  abréger  l'écriture,  on  suppose  les  pôles  simples,  on  obtient 
le  développement 


(  907  ) 

/{:•)  étant  la  fonction  méromorphe  donnée,  G(s)  et  F(;;)  deux  fonctions 
entières,  les  A„  des  constantes  et  les  P„(:;)  des  polynômes. 

»  L'hypothèse  la  plus  simple  et  la  plus  naturelle  que  l'on  puisse  faire 
sur  ces  polynômes  consiste  à  les  supposer  égaux  aux  premiers  termes  du 
développement  suivant  les  puissances  ascendantes  de  z  des  fractions  ra- 
tionnelles correspondantes;  on  posera  donc  : 


^•(^)  =  A-(,>é+-^9?> 


m„  étant  un  entier  qui  dépend  de  «;  mais  il  est  alors  nécessaire  de  com- 
pléter le  second  membre  de  la  formule  (i)  en  y  ajoutant  une  fonction 
entière  H(:;). 

»  Que  peut-on  dire  de  l'ordre  de  cette  fonction  entière  H(s),  lorsque 
l'on  connaît  l'ordre  des  fonctions  entières  G(-)  et  F(^)?  C'est  une  ques- 
tion qui,  à  ma  connaissance,  n'a  pas  encore  été  étudiée;  voici  quelques 
résultats  que  j'ai  obtenus  à  ce  sujet  et  dont  je  publierai  prochainement  la 
démonstration  dans  les  Annales  de  l'École  Normale. 

»  Si,  les/onctions  G(z)  et  F(-)  étant  d'ordre  fini  p,  la  fonction  F(g)  n'est 
assujettie  à  aucune  autre  condition,  on  ne  peut  rien  dire  de  général  sur  l'ordre 
rfe  H(c)  ;  la  croissance  de  cette  fonction  peut  dépasser  toute  croissance  assignée 
d'avarice. 

»  Il  est  possible,  en  ce  cas,  de  mettre  /^( 2)  sous  la  forme 

(2)  /(^)  =  H(^)  +  2[R«(=)-Q«(=)]. 

II(^)  étant  une  fonction  entière  d'ordre  au  plus  égal  à  p,  et  les  R„(3)  des 
fractions  rationnelles  dans  chacune  desquelles  le  degré  du  numérateur  est  infé- 
rieur à  celui  du  dénominateur  etQ„Çz)  un  polynôme  formé  d' un  certain  nombre 
des  premiers  termes  du  développement  de  l!„(s)  suivant  les  puissances  ascen- 
dantes de  z. 

»  Mais  il  n'est  pas  toujours  possible  de  supposer  que  chacune  des  frac- 
tions R„(z)  n'a  qu'un  seul  pôle;  il  faut  pour  cela  que  la  fonction  entière 
dénominateur  F(z)  satisfasse  à  une  certaine  condition  qui  ne  dépend  pas 
de  G(z)  et  que  l'on  peut  énoncer  en  disant  que  la  distribution  des  zéros 
deF(:;)  est  ordinaire.  Par  définition,  on  entend  par  là  que,  si  l'on  calcule, 
pour  chaque  zéro  de  F  (s),  l'inverse  du  module  de  la  première  des  déri- 
vées qui  ne  s'annule  pas,  les  nombres  positifs  ainsi  obtenus  croissent,  au 
plus,  aussi  vite  que  le  module  maximum  d'une  fonction  entière  d'ordre  p. 


(  9o8  ) 

Le  cas  où  ces  nombres  croissent  comme  le  module  maximum  d'une  fonc- 
tion entière  d'ordre  fini  supérieur  à  p  mérite  aussi  une  attention  spéciale. 

»  La  conclusion  essentielle  de  nos  recherches  est  donc  la  suivante  :  Appe- 
lons 5me  ca/îonz'ç'we  de  fractions  rationnelles  une  série  telle  que  (2),  dans 
laquelle  la  convergence  a  été  obtenue  en  retranchant,  des  fractions  R„(5) 
(dans  lesquelles  le  degré  du  numérateur  est  inférieur  à  celui  du  dénomina- 
teur), les  polynômes  Q„(s)  formés  par  les  premiers  termes  de  leurs  déve- 
loppements en  série  :  une  fonction  méromorphe  d'ordre  fini  (c'est-à-dire 
quotient  de  deux  fonctions  entières  d'ordre  Çim)  ne  peut  pas  toujours  se 
mettre  sous  la  forme  d' une  fonction  entière  d' ordre  fini  et  d' une  série  canonique 
de  fractions  simples. 

»  Il  y  a  des  cas  où  il  est  nécessaire  de  réunir  dans  une  même  fraction 
rationnelle  Rn(^)  plusieurs  des  pôles  de  la  fonction /(s)  :  cette  circon- 
stance se  présente  lorsqu'il  y  a  une  infinité  de  groupes  de  pôles  tels  que  la 
distance  qui  sépare  entre  eux  les  pôles  de  chaque  groupe  tend  très  rapide- 
ment vers  zéro  lorsque  la  distance  des  groupes  à  l'origine  augmente  indé- 
finiment. » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  les  racines  des  équations  transcendantes. 
Note  de  M.  ëdihomd  Maillet,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Théorème.  —  Soit 

fx  =  ^^  +  ^^x'''  +  .  .  .4-9„a;^«-f-.  .. 

une  série  rationnelle  ('  )  (om  un  polynôme)  (ra,,  . . .,  ra„,  . . .  entiers  croissants, 
6„  entier,  6,,  .  .  .,  6„,  .  .  .  rationnels)  convergente  dans  le  domaine  oit  se  trouve 
compris 


'^  =  ^.  +  2ifr, 


(•\il  entier  positif  croissant,  a.i  entier  f^  o  et  <^q  —  \  en  valeur  absolue) ,  Xétant 
un  nombre,  rationnel  ou  non,  exprimé  dans  le  système  de  numération  de  base  q; 

soit  —  la  fraction  obtenue  en  s  arrêtant  dans  X  au  terme  d'indice  l  (q^  =  y+'). 
6,,      .  .  .,      6„,      CT,,      .  .  .,      nT„,      a,,       .  .  .,      a./,      '^  i ,       ...,      <\il. 


(')  Nous  appelons  série  rationnelle  une  série  dont  les  coefficients  sont  rationnels. 


(  909  ) 

étant  quelconques,  si  Vonfrend^n+i,  ^«+2,  ....  assez  petits,  ou,  quand  X<;_  1 , 
^,1+1  j  c7„+2'  ■  ■  ■>  assez  grands  pour  que 

■'•(f;)"»-'(r---<^ 

(T  dénominateur  commun  à  6,,  ....  0„),  ce  qui  est  toujours  possible,  X  ne 
pourra  être  racine  de  fx  =  o  que  si 


11 


(a  ordre  de  multiplicité  de  la  racine  X,  M  nombre  fini  convenablement  choisi). 
Par  suite,  on  peut  toujours  prendre  '\{l-\-  i)  assez  grand  pour  que  X  ne  sou 
pas  racine  de  fx^  o. 

»  Exemples  :  1°  La  fraction 

X  =  X.-l-^+...+  -J^^+..., 

OÙ  X  et  5'  sont  des  entiers  quelconques,  et  où  a,,,  ...,  *„,  ...  sont  des 
entiers  dont  la  valeur  absolue  est  ^^r—  1  et  :^  o,  n'est  solulion  d'aucune 
des  équations 

o=fx  =  a.-{ ! h...  4 ' h..., 

''  "  ~^k\  +  l  „A'2  +  2!S  ^A'„  +  «!n  ' 

OÙ  r  est  entier  et  où  a,,  . . .,  a„,  . . .  sont  des  entiers  limités  positifs  ou  né- 
gatifs quand  ^^r£^-, 

»  De  même  la  fraction 

X  =  X,+     " 


n'est  solution  d'aucune  des  équations 


pour  n  =  00. 

»   1°  La  fraction 


/G  \  3C  Cl  n  OC  ,1 

^  =  «o+-^+...-t--^'-f-..., 

quand j  -^-^ — ; — -  croissent  indeiinunent  avec  n,  et  que  hm-!—  =  i 

^  n/n  ni^n  'n  ^^ 


^1  ^n  ^x 


(  9IO  ^ 

où  q  est  entier,  et  où  « ^n>  •••  sont  des  entiers  ^o  dont  la  valeur 

absolue  est  <C9,  n'est  solution  d'aucune  des  équations 

a„.  «, ,  . . . ,  r7„,  .  . .  étant  des  entiers  positifs  ou  negatits,  lorsque  lim  - —  =  i, 
pour  n  =  3C,  a„z—, r»  et  que  >.  — ^ rv^  croit  indeliniment  avec  n.  La 

I  -ra(/i  —  i)  ^  (raw)^ 

série  /est  alors  toujours  convergente  pour  x  <^i. 

))  On  obtient  des  résultats  analogues  pour  les  équations  /,  ^=  o  quand  /", 
est  une  série  rationnelle  procédant  suivant  les  puissances  décroissantes 
de  X  ou  présentant  un  point  singulier  essentiel  pour  x  ^  o.  Dans  ce  der- 
nier cas,  on  obtient  également  des  résultats  analogues  pour  les  nombres  ;nr- 

»  Nous  nous  dispenserons  d'énoncer  ici  le  théorème  analogue  au  théo- 
rème I  ;  nous  mentionnerons  seulement  l'exemple  suivant  : 
»  La  fraction 

ou  son  inverse,  n'est  solution  d'aucune  des  équations 

.  b„  b,  -  -  "    ~" 


quand  — ,  - — ; croissent  indéfiniment  avec  n  et  crue  lim:^^ —  =  i 

(a,,  hj,  rentiers  finis  ^  o). 

»  Les  idées  qui  nous  ont  servi  pour  établir  les  résultats  ci-dessus  sont 
applicables  en  principe  à  toute  équation  Fa?  =r  o,  où  F  est  une  fonction 
admettant  des  dérivées  successives  aux  environs  de  la  racine  X.  Elles 
s'appliquent  également  au  cas  où  X  est  représenté  par  un  développement 
en  fraction  continue  dont  les  quotients  incomplets  croissent  suffisamment 
vite. 

M  On  doit  remarquer  la  correspondance  qui  existe  entre  les  propriétés 
ci-dessus  et  celles  que  nous  avons  énoncées  dans  deux  précédentes  Com- 
munications (23  février,  ii  mars  iQoi).   » 


(  9"   ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  la  fraction  continue  de  Stieltjes . 
Note  de  M.  H.  Padé,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Considérée  au  point  de  vue  de. la  théorie  des  fractions  continues  ho- 
loïdes,  la  fraction  continue  de  Stieltjes 


I 

Il  s  H 


«2-1 

O33  H 

donne  lieu  aux  remarques  qui  suivent  : 

»  En  posant  tz  =^  i,  elle  devient,  au  facteur  t  près  (formule  I*  du  Mé- 
moire de  Stieltjes), 

(A)  ^V^  lh=-,         b,=  —^ 

^     ^  j  _l_        bit  "        «,  «„«„+, 


I 


»  Celle  fraction  (A)  est  une  fraction  continue  holoïde  :  toutes  ses 
réduites  peuvent  faire  partie  d'un  même  Tableau  (T)  de  fractions  ration- 
nelles approchées,  et  elle  définit  complètement  un  tel  Tableau.  Les  points 
représentatifs  de  ses  réduites  ont,  d'ailleurs,  pour  coordonnées  ([y.,  v), 
(;.  désignant  le  degré  du  dénominateur  et  v  .celui  du  numérateur 

(0,0),     (1,0),     (1,1),     (2,1),     (2,2),     (3,2),     .... 

»  Les  quotients  incomplets  étant  des  constantes,,  elle  est  susceptible  de 
contraction,  et  elle  peut  être  transformée  en  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux 
fractions  continues  holoïdes,  dont  la  seconde  est,  au  facteur  t  près,  la 

fraction  P  de  Stieltjes  où  l'on  remplacerait  z  par  - 

JH 


b,t- 


b,  b-.t- 


b,b^t'- 
i+{b^-\-bi)t- 


i-i-{b-,-]-b^)t- 


(^0 


ào 


bit 


b,b,t. 


■(".^".i'-TTuâ!^. 


(    912    ) 

»  La  fraction  (B)  a  pour  réduites  les  réduites  de  rang  impair  de  (A), 
c'est-à-dire  donne  les  fractions  du  Tableau  (T)  dont  les  points  représen- 
tatifs (o,  o),  (i,  i),  (2,  2),  ...  sont  sur  la  bissectricey  :=  x. 

»  La  fraction  (C)  a  pour  réduites  les  réduites  de  rang  pair  de  (A), 
c'est-à-dire  donne  les  fractions  de  (T)  dont  les  points  représentatifs  (1,0), 
(2, 1  ),  (3,2),  . , .,  sont  sur  la  parallèle  j  =  a;  —  i  à  la  bissectrice. 

))  Les  recherches  de  Stieltjes  concernant  la  convergence  de  la  fraction 
(A),  et  où  une  distinction  s'établit  entre  les  réduites  de  rang  pair  et  celles 
de  rang  impair,  se  rapportent  donc,  au  fond,  à  l'étude  de  la  convergence 
des  deux  fractions  continues  holoïdes(B)  et  (C),  dont  chacune  correspond 
à  une  suite  infinie  spéciale  de  fractions  rationnelles  approchées  du  Ta- 
bleau (T). 

»  A  ce  point  de  vue,  le  beau  Mémoire  de  Stieltjes  apparaît  comme  la 
tentative  la  plus  profonde  faite  jusqu'ici  pour  obtenir  la  définition  d'une 
fonction  au  moyen  d'un  Tableau  de  fractions  rationnelles  approchées  tel  que 
(T).  Il  établit  que  deux  suites  infinies  de  fractions  rationnelles  d'un  même 
Tableau  (T),  à  savoir  celles  dont  les  points  représentatifs  sont  respective- 
ment sur  les  droites  j  =  x  et  j  =  x  —  i ,  peuvent,  selon  les  cas,  converger 
A'ers  une  même  limite  ou  vers  des  limites  différentes,  tandis  qu'une  troi- 
sième fraction  continue  du  Tableau,  à  savoir  celle  d'Euler,  qui  a  pour  ré- 
duites les  divers  polynômes  du  développementyorme/  en  série  entière  de  la 
fraction  (A),  est  tantôt  convergente  et  tantôt  divergente.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  groupes  d'opérations. 
Note  de  M.  G. -A.  Miller,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  A.  En  élevant  chaque  opération  d'un  groupe  abélien  (H)  à  la  puis- 
sance a,  nous  avons  un  isomorphisme  de  II  avec  lui-même  (').  Cet  isomor- 
phisme  est  holoédrique  lorsque  a.  et  l'ordre  (A)  de  H  sont  premiers  entre 
eux.  Il  est  mériédrique  lorsque  les  nombres  ot  et  A  ont  un  autre  diviseur 
commun  que  l'unité.  Nous  considérons  seulement,  dans  ce  qui  va  suivre, 
la  première  classe  d'isomorphismes.  Tous  les  isomorphismes  qui  sont 
obtenus  en  élevant  chaque  opération  de  H  à  la  même  puissance  corres- 
pondent à  des  opérations  invariantes  dans  le  groupe  (S)  dus  isomorphismes 
de    II.   Réciproquement,   chaque   opération    invariante  de    S   transforme 


(')  Transactions  of  ihe  American  Mathematical  Society,  vol.  I,  p.  896;  1900. 


(  9^-i  » 
chaque  opération  de  H  en  une  de  ses  puissances  de  degré  constant  et 
chaque  opération  non  invariante  de  S  permute  entre  eux  quelques-uns  des 
sous-groupes  de  H.  Par  suite,  le  nombre  des  opérations  invariantes  de  S  est 
égal  au  nombre  d'opérations  de  la  plus  haute  puissance  dans  un  des  plus 
grands  sous-groupes  circulaires  de  H  ;  et  les  opérations  de  S  transforment  les 

sous-groupes  de  H  suivant  un  groupe  lequel  est  isomorphe  au  groupe  -» 

où  S,  est  formé  par  les  opérations  invariantes  de  S.  Pour  que  S  soit  abélien 
il  faut  et  il  suffit  que  H  soit  circulaire. 

»  B.  J'ai  examiné  récemment  tous  les  groupes  non  abéliens  possibles  de 
l'ordre  yo"'  (w  'p-  l\ei  p  étant  un  nombre  premier  quelconque),  qui  contien- 
nent le  groupe  abélien  du  type  (m  —  2,1)  et  j'ai  trouvé  qu'il  y  a  seulement 
sept  groupes  de  cette  catégorie  lorsque  /;  >  3.  Quatre  de  ceux-ci  contien- 
nent/;^ —  I  opérations  de  l'ordre/? et jP°'"^'  (/j  —  i)  opérations  de  l'ordre />", 
i<^x<^m  —  I.  Deux  autres  contiennent  //'  —  i  opérations  de  l'ordre  p- 
et  p"^  '  {P  —  i  )  opérations  de  l'ordre  />",  2  <;  a  <[  m  —  i .  Le  groupe  restant 
contient  des  opérations  de  l'ordre  p™"'  el  il  est  bien  connu  (').  Lorsque 
p  —  3,  il  y  a  un  groupe  de  plus,  et  lorsque  p  ^  2  ei  m'^  5,  le  nombre  des 
groupes  de  cette  catégorie  est  17.  Quand/;  est  impair,  le  groupe  d'iso- 
morphismes  du  groupe  abélien  de  type  (m  —  2,1)  contient  un  sous-groupe 
non  abélien  d'ordre  /)'  qui  renferme  toutes  ses  opérations  d'ordre  p. 
Lorsque  />  =  2,  les  opérations  d'ordre  2  de  ce  groupe  d'isomorphismes 
produisent  un  groupe  d'ordre  32  qui  renferme  16  opérations  du  qua- 
trième ordre. 

»  Chaque  isomorphisme  d'un  groupe  abélien  à  lui-même  peut  être 
obtenu  en  le  faisant  isomorphe  avec  un  de  ses  sous-groupes  et  multipliant 
les  opérations  correspondantes  (-).  Soient  S,,  S.,,...,  S^™  les  représen- 
tants des  opérations  d'un  groupe  P  circulaire  de  l'ordre  p'"  (p  étant  un 
nombre  premier  impair  quelconque)  et  supposons  que 

ï-'P/  =  H  et         ^   '  Sa/ =  S„+,  S„,  a=/)'". 

Par  suite 


Si  Sa+,  est  d'un  ordre  plus  bas  que  S^,  il  est  facile  de  prouver  que  l'ordre 
de  l'opération  ayant  S,,  comme  facteur  est  égal  à  l'ordre  de  S^^j.  Quand 

(')  BuRNSiBE,  Theory  of  groups  of  finite  order,  p.  76;  1891. 

("^  )  Bulletin  of  the  American  Mathematical  Society,  t.  VI,  p.  SSy;  1900. 

C.  R.,  1901,    1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N°   15.)  I  l8 


(  9i4  ) 
Sa  est  une  génératrice  de  P,  t  doit  être  du  même  ordre  que  Sa , , .  Il  suit  de 
ce  qui  précède  que  les  opérations  d'ordre  p^  dans  le  groupe  d'isomor- 
phismes  de  P  transforment  P  de  la  même  manière  que  si  nous  faisions  P 
isomorphe  avec  son  sous-groupe  d'ordre  p^  et  multipliions  les  opérations 
correspondantes. 

»  La  formule  donnée  suggère  une  méthode  pour  obtenir  facilement  les 
nombres  qui  appartiennent  à  l'exposant /jP  mod.  p"'  (  '  ).  Supposons  p  =  i 
et  Sa,  Sa+,  d'ordres  2'",  2'"-^  (i'=  2)  respectivement.  L'ordre  de  l'opération, 
laquelle  est  multipliée  par  Sa,  est  encore  égal  à  l'ordre  de  S'â^,.  Nous  voyons 
par  là  que  le  groupe  d'isormophisme  du  groupe  circulaire  d'ordre  2™  con- 
tient des  opérations  d'ordre  2"'--.  Puisque  le  groupe  dérivé  de  ces  opéra- 
lions  ne  transforme  pas  les  opérations  du  groupe  circulaire  d'ordre  2'"  en 
leurs  inverses,  le  groupe  d'isomorphismes  en  question  est  du  type 
(ot  —  2,1).    » 


PHYSIQUE.  —  Action  des  rayons  du  radium  sur  le  sélénium. 
Note  de  M.  Eugène  Bloch,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  W.  Smith  a  découvert  en  1878  que  la  résistance  électrique  du  sélénium 
diminue  sous  l'action  de  la  lumière.  M.  Perreau  a  généralisé  cette  pro- 
priété {Comptes  rendus  du  4  décembre  1899)  en  montrant  que  les  rayons 
de  Rontgen  produisent  sur  le  sélénium  une  action  tout  à  fait  comparable 
à  celle  de  la  lumière.  Il  était  intéressant  de  rechercher  comment  le  sélé- 
nium se  comporterait  vis-à-vis  des  nouveaux  corps  radioactifs.  Or  j'ai  pu 
mettre  en  évidence  une  action  des  rayons  du  radium  sur  le  sélénium,  du 
même  ordre  de  grandeur  que  les  deux  précédentes,  quoique  plus  lente. 

»  Un  premier  élément  au  sélénium  construit  suivant  la  technique  indiquée  par 
Siemens  en  1876  (rainure  en  spirale  formée  par  deux  fils  métalliques  parallèles,  dans 
laquelle  on  coule  du  sélénium)  possédait,  dans  l'obscurité,  une  résistance  à  peu  près 
stable  voisine  de  3oooo".  Celte  résistance  a  été  équilibrée  au  pont  de  Wheatstone, 
avec  l'aide  d'un  daniell,  d'une  boîte  à  pont,  et  d'un  galvanomètre  Thomson  sensible. 
Dans  l'un  des  essais  la  résistance  initiale  était  de  Soioo'''.  Elle  diminuait  rapidement 
de  800"  à  1000""  sous  l'influence  d'une  faible  lumière  dilTuse;  placée  à  5o°™  d'une 
lampe  à  incandescence  à  verre  dépoli,  elle  tombait  en  quelques  minutes  à  i5ooo";  elle 
reprenait  dans  l'obscurité  sa  valeur  initiale,  mais  avec  une  grande  lenteur. 

»  On  a  placé  alors  vis-à-vis  de  l'élément,  et  à  i""  de  dislance  environ,   un  échan- 

(')  Ibid.;  avril  igoi. 


(9>5) 

tillon  de  carbonate  de  baryum  radifère  (obligeamment  prêté  par  M.  Debierne);  cet 
échantillon  était  étalé  de  manière  à  occuper  une  surface  comparable  à  celle  de  l'élément 
et  était  recouvert  d'une  feuille  de  papier  noir  assez  épaisse  pour  intercepter  entiè- 
rement la  faible  lumière  émise  par  le  corps  radioactif.  La  résistance  a  diminué  lente- 
ment, et  au  bout  de  dix^  minutes  elle  était  tombée  à  29000™.  L'échantillon  aj'ant  été 
enlevé,  la  résistance  a  augmenté  progressivement  de  800"  en  une  heure  et  n'a  repris 
sa  valeur  initiale  qu'au  bout  de  deux  heures.  —  Le  corps  employé  possédait  d'ailleurs 
une  radioactivité  1000  (mille  fois  celle  de  l'uranium),  et  il  est  probable  que  les  échan- 
tillons beaucoup  plus  actifs  qui  ont  été  préparés  auraient  une  action  plus  énergique. 

»  Un  second  élément  semblable  au  premier  possédait  une  résistance 
normale  de  654  000"  environ,  qui  tombait  en  dix  minutes  à  640  000"  sous 
l'action  des  rayons  du  radium.  —  Ici  encore  l'action  est  à  peine  inférieure 
à  celle  d'une  lumière  diffuse  très  faible. 

1)  Il  y  a  dans  ces  expériences  un  argument  en  faveur  de  l'idée  que  les 
rayons  du  radium  sont  formés  d'un  complexe  de  rayons  cathodiques  et  de 
rayons  de  Rontgen.  » 


ÉLECTRICITÉ.     —     Décharge    disruplivc    dans    les    électrolyles.     Note     de 
MM.  André  Broca  et  Turchini,  présentée  par  M.  Potier. 

«  Nous  avons  observé,  au  moyen  d'oscillations  électriques  de  35o"' 
à  400™  environ  de  longueur  d'onde  ('),  c'est-à-dire  vibrant  un  peu  moins 
de  un  million  de  fois  par  seconde,  que  les  propriétés  des  électrolytes  placés 
sur  le  circuit  de  décharge  étaient  profondément  modifiées.  Dans  des  con- 
ditions convenables,  il  jaillit  dans  des  électrolytes  très  conducteurs  des 
étincelles  disruptives  extrêmement  puissantes  qui  montrent  que,  pour  des 
oscillations  de  cet  ordre  de  fréquence,  l'électrolyte  se  comporte  à  peu  près 
comme  un  diélectrique.  C'est  la  raison  expérimentale  indiscutable  de  la 
transparence  des  électrolytes  pour  la  lumière,  qui  était  si  difficile  à  expli- 
quer dans  la  théorie  électromagnétique. 

»  Nous  avons  opéré  au  moyen  d'une  grosse  bobine  de  RuhmkorfT  actionnée  par  le 
courant  alternatif  du  secteur  de  la  rive  gauche  et  donnant  5'""  ou  6*^™  d'allumage  de 
l'arc  dans  nos  conditions  (iio  volts,  42  périodes,  5o  ampères).  La  capacité  employée 
(environ  i25oo  unités  électrostatiques)  était  assez  grande  pour  produire  l'étincelle 
active  sans  soufflage.  Nous  produisons  celle-ci  dans  l'air,  l'éclatement  dans  l'huile  ou 
le  pétrole  donnant,   avec  une  pareille  puissance,  des  irrégularités  gênantes.  Si   l'on 

(')   Nombre  calculé. 


(  9'^  ) 

place  dans  ce  circuil  une  cuve  disposée  pour  réclatement  de  l'étincelle  dans  l'huile, 
mais  si  on  la  remplit  d'un  liquide  conducteur,  on  voit  des  étincelles  puissantes,  d'un 
éclat  extrême  et  très  bruyantes,  jaillir  entre  les  deux  boules  de  laiton,  de  2"^™  de  dia- 
mètre, aussitôt  que  leur  écartement  est  produit.  En  même  temps,  quelques  bulles  de 
gaz  se  produisent  et  les  étincelles  se  maintiennent  jusqu'à  une  distance  que  nous  n'avons 
pu  encore  mesurer  exactement,  mais  qui  est  d'environ  2™™.  Si  l'on  écarte  les  boules 
davantage,  le  phénomène  cesse,  et  l'étincelle  de  décharge  reste  active  et,  par  consé- 
quent, disruptive. 

»  Si  l'on  ferme  complètement  l'éclateur  à  air,  lorsque  les  deux  boules  de  l'éclateur 
électrolvtique  sont  à  une  distance  où  se  produit  le  phénomène  précédent,  on  voit  ce 
phénomène  cesser,  ce  qui  empêche  de  l'attribuer  à  un  échauirement  électrolvtique 
comme  celui  qui  a  lieu  dans  les  éleclrolyses  à  haut  voltage.  Dans  ce  dernier  cas,  en 
efifet,  l'intensité  efficace  est  supérieure  à  ce  qu'elle  est  avec  l'étincelle  active,  mais  la 
fréquence  est  celle  du  secteur  de  la  rive  gauche. 

»  Ainsi,  on  ne  peut  produire  une  étincelle  active  dans  un  électrolyte, 
mais  quand  il  y  a  une  étincelle  active  dans  le  circuit,  et  que  la  distance 
est  convenable, .il  se  produit  dans  l'éleclrolyte  une  étincelle  ayant  tous  les 
caractères  de  l'activité. 

»  Une  raison  encore  nous  porte  à  croire  que  c'est  un  vrai  phénomène 
disruptif.  La  caractéristique  d'un  arc,  c'est  que,  une  fois  l'allumage  pro- 
duit, on  peut  écarter  les  électrodes,  et  le  phénomène  se  continue.  Ici, 
quand  on  écarte  les  boules  de  manière  à  atteindre  la  limite  du  phénomène, 
il  se  reproduit  à  coup  sûr  quand,  après  avoir  ouvert  le  courant,  on  le 
referme. 

))  Enfin,  après  quelques  secondes  d'usage,  on  voit  déjà  les  boules  de 
l'excitateur  s'user  notablement.  Le  phénomène  est,  à  ce  point  de  vue,  infi- 
niment plus  puissant  que  l'éclatement  dans  l'air.  Nous  présentons  à 
l'Académie  les  deux  boules  qui  ont  montré  ce  phénomène.  Elles  ont  peut- 
être  servi  trois  ou  quatre  minutes,  effectivement,  et  elles  présentent 
en  regard  deux  petits  plans  de  S™""  à  6°""  de  diamètre. 

«  En  voyant  cette  usure  rapide  qui  changeait  les  conditions  du  phéno- 
mène, nous  avons  alors  opéré  avec  deux  fils  cylindriques  placés  dans  le 
prolongement  l'un  de  l'autre  et  que  nous  rapprochons  quand  l'usure  se 
produit.  On  peut  ainsi  avoir  un  phénomène  stable  malgré  l'usure  extrê- 
mement rapide  dans  ces  conditions,  et  l'étincelle  prend  un  éclat  incom- 
parable. 

«  Nous  avons  commencé  à  étudier  les  divers  électrolytes  et  le  rt)le  de 
la  dilution  dans  chacun  d'eux.  Nous  faisons  construire  en  ce  moment  un 
appareil  plus  précis,  tuais  nous  avons  déjà  quelques  résultats  grossiers. 


(  9^7  ) 

•»  Eau  acidulée.  —  Dans  l'eau  acidulée,  entre  houles  de  laiton  de  2'^'",  réclalement 
se  produit  seulement  quand  la  dilution  est  inférieure  à  -^  environ.  Pour  les  teneurs 
plus  grandes  en  acide  sulfurique,  avec  les  fréquences  que  nous  avons,  on  ne  peut 
obtenir  l'éclatement. 

»  Entre  fils,  les  conditions  changent  énormément.  Entre  deux  fils  de  cuivre  de  S™" 
de  diamètre,  terminés  par  des  plans  normaux,  à  l'axe,  le  phénomène  se  produit  encore 
pour  une  concentration  de  i.  C'est  d'ailleurs  sa  limite.  A  ce  moment,  l'étincelle  n'est 
plus  brillante  et  bruyante;  c'est  une  petite  étincelle  maigre  et  rougeàtre. 

»  Quand,  en  diluant  à  l'extrême,  on  arrive  à  l'eau  distillée  pure,  le  phénomène 
devient  d'une  puissance  excessive.  Avec  de  petites  pointes  en  regard  à  2™"  ou  3"""  l'une 
de  l'autre,  un  cristallisoir  de  i5""  de  diamètre,  plein  d'eau  distillée,  a  éclaté  en  sept 
ou  huit  morceaux,  avec  projection  d'eau  à  une  grande  hauteur.  Dans  ce  dernier  cas, 
on  avait  déjà  observé  des  phénomènes  analogues. 

»  Sulfate  de  cuivre.  —  Entre  les  deux  mêmes  fils  de  cuivre  nous  avons  obtenu 
l'étincelle  extrêmement  brillante,  même  pour  la  solution  concentrée  de  sulfate  de  cuivre 
à  24  pour  100. 

»  Il  nous  reste  un  grand  nombre  de  mesures  à  faire  sur  les  phénomènes 
et,  entre  autres,  à  faire  varier  la  fréquence.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire 
combien  ce  dernier  point  est  difficile  quand  on  veut  conserver  de  l'énergie 
avec  des  fréquences  croissantes. 

»  En  somme,  nous  avons  là  un  phénomène  complexe  dans  lequel  entrent 
enjeu  la  conductibilité,  la  capacité  de  polarisation,  et  d'autres  conditions 
encore  sur  lesquelles  nous  revieiidroas  ultérieurement.  Mais  nous  pouvons 
dans  cette  Note,  nous  bornant  aux  faits  qualitatifs  seuls,  conclure  que  la 
conductibilité  des  électrolytes  ne  s'établit  qu'au  bout  d'un  certain  temps  et 
que,  pour  des  fréquences  suffisantes,  les  électrolytes  sont  de  purs  diélec- 
triques. Il  est  donc  naturel  qu'ils  soient  transparents  pour  la  lumière.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  étincelles  oscillantes.  Note  de  M.  G. -A.  He.msalecii  , 

présentée  par  M.  Lippmann. 

(i  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences  les  résultats  des 
quelques  expériences  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  sur  les  étincelles 
oscillantes  en  étudiant  leurs  spectres.  On  sait  qu'une  étincelle  ordinaire  a 
une  forme  très  irrégulière  causée  par  la  distribution  irrégulière  de  la 
vapeur  du  métal  qui  constitue  les  électrodes;  aussi  la  décharge  initiale  ou 
le  trait  lumineux  est-il  très  marqué. 

»  En  insérant  dans  le  circuit  de  décharge  une  self-induction  qu'on  peut 
faire  varier  à  volonté,  on  observe  qu'avec  l'augmentation  de  self-induction 
la  forme  de  l'étincelle  devient  de  plus  eu  plus  régulière  et  la  décharge 


(  9'8  ) 
initiale  devient  de  plus  en  plus  faible,  de  manière  que  l'étincelle  semble 
consister  seulement  en  vapeur  métallique  incandescente.  I^a  forme  que 
prend  l'étincelle  est  celle  d'une  sphère  ou  d'un  ellipsoïde  selon  sa  lon- 
gueur; la  nature  du  métal  semble  aussi  influer  sur  la  forme  de  l'étincelle 
oscillante.  Des  formes  très  régulières  sont  obtenues  avec  le  cuivre  et  l'alu- 
minium. Le  cadmium  et  le  plomb  donnent  des  étincelles  plus  ou  moins 


irrégulières. 


))  Quant  à  l'éclat  des  étincelles  oscillantes,  il  dépend  en  premier  lieu 
de  la  nature  des  métaux  entre  lesquels  éclatent  ces  étincelles.  Avec  des 
électrodes  en  fer  et  cobalt,  l'intensité  de  l'étincelle,  après  avoir  passé  par 
un  minimum  peu  marqué,  augmente  considérablement  avec  l'augmentation 
de  la  self-induction  (en  faisant  abstraction  du  trait  lumineux  de  l'étincelle 
ordinaire  qui  est  excessivement  faible  dans  l'étincelle  oscillante).  Une 
série  d'étincelles  de  3™™  de  longueur,  obtenues  avec  des  électrodes  en  fer, 
est  reproduite  /î]§'.  i.  Le  condensateur  avait  une  surface  totale  de  2™'' 
(épaisseur  du  verre,  3™"  )  et  était  chargé  à  l'aide  d'une  machine  de  Wims- 
hurst. 

»  Avec  le  zinc,  le  cadmium,  le  cuivre,  l'aluminium  et  le  plomb,  les 
variations  de  l'intensité  sont  semblables  à  celles  du  fer  et  du  cobalt;  c'est- 
à-dire  l'intensité  diminue  d'abord,  atteint  un  minimum  plus  ou  moins 
marqué  pour  une  certaine  valeur  de  la  self-induction,  valeur  qui  dépend 
de  la  nature  du  métal,  puis  augmente  et  atteint  un  deuxième  maximum. 
Avec  d'autres  métaux  l'éclat  est  plus  ou  moins  augmenté  ;  il  peut  même 
être  diminué  rapidement  :  c'est  le  cas  pour  le  magnésium,  dont  une  série 
de  photographies  analogue  à  celle  donnée  pour  le  fer  est  reproduite  fig.  2. 

»  J'espère  montrer  prochainement  qu'on  observe  des  variations  analo- 
gues dans  les  spectres  que  produisent  ces  étincelles. 

»  Si  l'on  introduit  dans  la  bobine  de  self-induction  un  noyau  de  fer,  les 
oscillations  sont  détruites,  comme  je  l'ai  démontré  dans  une  Note  anté- 
rieure (').  Pour  marquer  cette  influence  du  fer  d'une  manière  plus  nette, 
j'ai  fait  l'expérience  suivante.  L'image  de  l'étincelle  oscillante  est  projetée 
sur  la  fente  d'un  collimateur.  A  l'aide  d'un  objectif  photographique  on 
projette  l'image  de  la  fente  (illuminée  par  l'image  de  l'étincelle)  sur  une 
pellicule  photographique  fixée  sur  la  périphérie  d'une  poulie  (méthode  déjà 
employée  par  MM.  Schuster  et  Hemsalech)  (-).  Quand  la  poulie  est  immo- 


(')  G. -A.  HiiMSALECu,  Comptes  rendus,  tome  CXXX,  p.  898;  1900. 
(^)   Schuster  el   Hemsalech,   Phil.  Trans.    Roy.    Soc,  London,    série  A,    l.  193, 
p.  190;  1899. 


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(    920    ) 

bile,  l'image  de  la  tente  est  unique  (fig.  3  ).  Quand  on  fait  tourner  la  poulie 
avec  une  certaine  vitesse  on  obtient  une  série  d'images  de  la  fente  corres- 
pondant aux  oscillations  de  la  décharge  {Jîg-  4)  '•  ^'-^  vitesse  périphérique 
était  d'environ  i6"  par  seconde  et  la  self-induction  de  0,006  lieure-gr.  En 
introduisant  un  petit  noyau  de  fer  de  18'"'"  de  diamètre,  la  plupart  des  os- 
cillations ont  disparu  {^fig.  5).  Avec  un  noyau  de  fer  de  46™™  de  diamètre, 
une  ou  deux  oscillations  seulement  persistent.  Pour  montrer  que  c'est  seu- 
lement la  surface  du  noyau  qui  influe  sur  les  oscillations  (ce  qu'a  déjà 
démontré  M.  J.-J.  Thomson)  ('),  j'ai  remplacé  le  noyau  par  un  tuyau 
mince  de  même  diamètre.  L'action  semble  même  plus  vigoureuse  qu'avec 
un  noyau  (fig.  6).  Un  .tuyau  en  cuivre  a  aussi  diminué  le  nombre  des 
oscillations  {Jîg.  7). 

>>  Il  paraît  donc  qu'il  y  ait  deux  causes  pour  cet  amortissement  : 
l'aimantation  du  fer  et  les  courants  de  Foucault.  Dans  le  cas  du  fer,  ces 
deux  causes  s'ajoutent  l'une  à  l'autre  ;  pour  le  cuivre  ce  sont  les  courants 
de  Foucault  seuls  qui  interviennent.  » 

} 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  la  recherche  des  alcaloïdes  par  voie  microchimique. 
Note  de  M.  E.  Pozzi-Escot.  (Extrait.) 

«  Nos  essais  ont  porté  sur  le  sulfate  de  strychnine,  le  chlorliydrate  de 
cocaïne,  la  brucine,  le  sulfate  d'atropine,  le  chlorhydrate  de  morphine,  la 
codéine,  le  sulfate  de  quinine. 

»  Le  mode  opératoire  adopté  a  été  celui  décrit  page  20  de  notre  Ana- 
lyse microchimique  et  spectroscopique .  Nous  avons  fait  des  solutions  à 
I  pour  100,  ou  saturées  dans  le  cas  des  alcaloïdes  peu  solubles,  et  elles  ont 
été  traitées  par  l'acide  picrique,  sur  la  lamelle  porte-objet,  puis  examinées 
au  microscope  avec  divers  grossissements  (obj.  3,  oc.  5,  de  Leitz, 
tirage  160™").  C'est,  à  peu  de  chose  près,  le  mode  opératoire  employé  par 
M.  PopofT  dans  un  travail  publié  eu  1891,  dans  le  Becueil  des  travaux  du 
Laboratoire  de  Toxicologie,  par  MM.  Brouardel  et  Ogier. 

»  Le  seul  picrate  qui  nous  ait  paru  quelque  peu  caractéristique  est  le 
picrate  de  strychnine. 

»  Pour  les  autres,  contrairement  aux  dires  de  M.  PopofT,  les  cristallisa- 
tions se  font  difficilement  et  n'ont  rien  de  caractéristique. 


(')  J.-J.  Thomson,  S  niithsoiiian  Report  fur  1892,  p.  25i.  Washington,  iSgS. 


(    921     ) 

»  Nous  croyons  donc  devoir  conclure  que  l'acide  picrique,  réactif  géné- 
ral des  alcaloïdes,  n'a  pas  la  valeur  que  M.  Popoffa  cherché  à  lui  attribuer 
comme  réactif  microchimique.    » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  flore  (les  Mousses  des  cavernes.  Note  de  MM.  L. 
Géxeau  de  Lamarlière  et  J.  Maheu.  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Les  explorations  qui  ont  été  entreprises  pendant  les  dernières  années 
avec  la  collaboration  de  M.  A.  Viré  ont  porté  sur  plus  de  cinquante 
grottes  et  avens  appartenant  aux  départements  du  Tarn,  de  la  Lozère,  de 
l'Hérault,  du  Lot  et  de  la  Corrèze.  Ces  explorations  ont  permis  d'amasser 
tin  certain  nombre  de  documents  sur  la  flore  bryologique  souterraine. 

H  D'une  façon  générale,  la  flore  des  Muscinées  des  cavernes  est  consti- 
tuée par  un  certain  nombre  d'espèces  qu'on  trouve  se  développant  dans 
les  stations  des  alentours,  ombragées,  fraîches  ou  humides,  qui  sous  cer- 
tains rapports  se  rapprochent  par  leurs  conditions  de  celle  des  cavernes. 
Ainsi  les  espèces  trouvées  souterrainement  dans  les  régions  les  plus 
chaudes,  à  la  grotte  de  la  Madelaine,  par  exemple,  dans  le  massif  de  la 
Gardiole  (Hérault),  ont,  bien  qu'elles  appartiennent  à  la  flore  méditerra- 
néenne, des  tendances  boréales  remarquables,  plus  nettes  que  dans  la 
majorité  des  espèces  de  la  flore  environnante;  tels  sont  Eurhynchium  circi- 
nalum,  E.  striatulum,  Leplodon  Srnùhii,  que  l'on  observe  remontant  en 
France  plus  ou  moins  loin  vers  le  Nord,  le  long  des  côtes  de  l'Océan  et 
de  la  Manche.  Tel  est  encore  le  Gy^mnoslomum  rupestre  du  Gouffre  de 
Padirac,  qui  s'élève  assez  haut  dans  les  montagnes. 

»  En  ce  qui  concerne  la  nature  du  substratum,-on  trouve  fréquemment 
des  espèces  saxicoles,  plus  rarement  arboricoles  [comme  V Orthotrichum 
affine  à  la  Feindeille  (^Tarn)J.  Parmi  les  espèces  des  rochers,  celles  qui 
dominent  sont  les  calcicoles,  les  étages  formés  de  roches  calcaires  ayant 
donné  plus  généralement  naissance  aux  excavations  que  les  roches  pure- 
ment siliceuses.  Mais,  survienne  un  accident  siliceux,  on  constate  immé- 
diatement des  espèces  silicicoles,  par  exemple  Pterogynandrum  flliforme, 
Hedwigia  ciliata,  Rhacomitrium  fasciculare  sur  la  première  plate-forme  de 
Padirac. 

»  Les  cours  d'eau  souterrains  et  les  suintements  favorisent  le  dévelop- 
pement de  quelques  espèces  beaucoup  plus  hygrophiles,  comme  Gymno- 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  15.)  I  19 


(    922     i 

stomum  rapestre,  Euclaclium  verticillatum ,  nhynchostegium  riisciforme ,  etc. 

»  Mais  le  facteur  le  plus  important  à  considérer  est  la  lumière.  Sons  ce 
rapport  la  flore  générale  des  cavernes  peut  se  diviser  en  quatre  zones  : 

1)  i"  Zone  des  ouvertures  et  de  la  surface;  i°  zone  des  parois;  3°  z(^iu; 
du  fond  (obscurité  partielle);  4°  zone  des  galeries  (obscurité  absolue). 
Aucune  Muscinée  n'a  été  rencontrée  dans  cette  quatrième  zone,  qui  n'e^i 
plus  habitée  que  par  des  Champignons  et  des  Algues.  La  troisième  zone, 
celle  où  l'obscurité  est  partielle,  montre  un  certain  nombre  d'espèces  géné- 
ralement dépourvues  de  sporogones  et  profondément  modifiées  au  moins 
dnns  leur  port  et  leur  couleur.  La  première  et  la  deuxième  zone,  mieux 
éclairées,  sont  abondamment  pourvues  de  Mousses,  que  l'on  trouve  sou- 
vent bien  fructifiées,  tout  au  moins  les  espèces  qui  dans  les  conditions 
ordinaires  présentent  le  plus  fréquemment  des  sporogones. 

»  Il  est  remarquer  que  les  zones  déterminées  }jar  l'éclairement  ne  sont 
que  très  indirectement  en  rapport  avec  la  profondeur,  et  que  mille  circon- 
stances physiques,  parfois  très  accidentelles,  peuvent  en  faire  varier  les 
limites  dans  une  grande  étendue;  tout  dépend  de  la  conformation,  de 
l'orientation,  de  la  largeur  des  ouvertures  et  des  galeries.  Ainsi,  à  Padirac, 
les  Mousses  sont  très  abondantes  et  forment  un  véritable  tapis  au  milieu 
même  du  fond  de  l'aven,  à  70™  de  profondeur,  aux  endroits  où  se  projette 
le  cône  lumineux  qui  passe  par  l'ouverture  du  puits.  Mais  en  dehors  de  ce 
point  elles  sont  beaucoup  plus  rares. 

))  Les  exigences  des  espèces  des  cavernes  par  rapport  à  la  lumière  sont 
très  diverses,  comme  d'ailleurs  cela  a  lieu  aussi  à  la  surface  du  sol.  Tandis 
que  certaines  espèces  peuvent  végéter  tant  bien  que  mal,  ou  plutôt  mal 
que  bien,  dans  une  demi-obscurité,  d'autres  s'arrêtent  brusquement  là  où 
cesse  la  vive  lumière.  Ainsi  fait  le  Fontinalis  anlipjretica,  aux  grottes  de 
Caucalières  (Tarn).  Dans,  plusieurs  eus,  les  Hépatiques  se  sont  montrées 
moins  difficiles  que  les  Mousses  et  ont  paru  mieux  supporter  l'obscurité 
(grottes  de  Caucalières,  du  Calel,  etc.). 

»  Des  modifications  morphologiques  et  anatomiques  sont  en  rapport 
avec  ces  différences  dans  l'éclairement.  Mais  il  faut  noter  aussi  que  d'autres 
facteurs  influent  également,  en  particulier  l'état  hygrométrique  de  l'atmo- 
sphère. Rien  encore  n'a  été  tenté  pour  séparer,  d'une  façon  expérimentale 
et  scientifique,  les  influences  de  ces  divers  facteurs  sur  les  Mousses  des 
cavernes.  Aussi,  pour  le  moment,  nous  nous  contenterons  de  donner  en 
bloc  les  principales  modifications  subies  par  les  individus. 

»   Ceux  qui  se  développent  dans  les  endroits  les  plus  obscurs  sont  ordi- 


(  9^^  ; 

nairement  en  toiifFes  plus  maigres,  moins  denses,  plus  pâles  que  leurs 
congénères  développés  dans  les  conditions  ordinaires.  I^a  base  des  touffes 
est  morte  et  décolorée  et  la  vie  paraît  s'être  concentrée  aux  extrémités  des 
rameaux.  Fréquemment  on  les  trouve  mêlés  à  des  formes  mycéliennes 
pulvérulentes  et  rappelant  certaines  syniljioses  Helléniques  des  proto- 
némas,  étudiées  par  M.  Gaston  Bonnier.  Mais,  lorsque  la  lumière  est  plus 
abondante,  la  teinte  vert  clair  ou  vert  foncé  domine,  au  détriment  des  tons 
jaunes  ou  mordorés  que  présentent  souvent  les  mêmes  espèces  dans  les 
endroits  ensoleillés  à  la  surface  du  sol. 

«  Dans  plusieurs  espèces  (  Thamniwn  alopecurum,  Gymnosiomum  ru- 
peslre,  etc.),  les  tiges  s'allongent  beaucoup  et  s'effilent,  les  feuilles  s'es- 
pacent en  diminuant  de  taille,  et  les  individus  prennent  l'aspect  de  ceux 
que  l'on  obtient  dans  des  cultures  faites  sous  cloche  dans  une  atmosphère 
humide.  Dans  ce  cas,  en  particidier  chez  le  Thamniiun  alopecurum,  les  cel- 
lules des  feuilles,  si  l'on  compare  leur  longueur  à  leur  largeur,  deviennent 
proportionnellement  plus  longues. 

»  Dans  les  espèces  à  feuilles  dentées,  le  nombre  des  dents  diminue 
( Mnium  undulalum),  ou  bien  celles-ci  s'affaiblissent,  s'oblitèrent  et  ne 
représentent  plus  que  de  légères  sinuolations  formées  par  la  saillie  des 
cellules  du  contour  {Thamnium,  Fissidens  divers,  etc.). 

1)  Les  espèces  dont  les  feuilles  sont  munies  d'un  poil  incolore  terminal 
(  Ithacomitrium,  Grimmia,  Hedwigia)  montrent  une  grande  réduction  de  cet 
organe. 

»  Ces  divers  caractères  anatoraiques  et  morphologiques  acquis  par  les 
Mousses  des  cavernes  sont  identiques,  on  à  peu  près,  à  ceux  que  l'on 
constate  dans  les  espèces  qui  croissent  à  une  ombre  épaisse  et  dans  les 
endroits  frais  ou  humides.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  luille  raliunnelle  des  végétaux  ligneux 
Note  de  M.  F.  Kovessi,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

a  Dans  une  Communication  précédente  (  '  )  j'ai  exposé  les  relations  qui 
existent  entre  le  degré  d'aoùtement  des  sarments  de  vigne  et  les  conditions 
climatologiques  dans  lesquelles  se  sont  développés  ces  sarments.  J'ai 
montré  qu'en  étudiant,  d'une  part  les  exigences  d'une  espèce  végétale  au 


(.')   Comptes  rendus,  l.  CXWII,  p.  85;  ;  i"  ;nril  1901. 


(  924  ) 
point  de  vue  de  la  chaleur  et  de  l'humidité,  et,  d'autre  part,  les  données 
météorologiques  d'une  région,  on  obtient  des  renseignements  précis  sur  la 
possibilité  de  la  culture  de  cette  espèce  dans  la  région  considérée. 

)>  Le  degré  d'aoûtement  a,  de  plus,  une  influence  très  grande  sur  la 
production  en  fruits  de  la  vigne,  des  arbres  fruitiers  et,  plus  généralement, 
dans  les  végétaux  ligneux. 

1)  On  sait  qu'un  sarment  de  Tannée  présente  un  certain  nombre  de 
bourgeons  qui  donneront  des  rameaux  l'année  suivante.  En  général,  les 
premiers  et  les  derniers  de  ces  bourgeons,  c'est-à-dire  les  plus  rapprochés 
et  les  plus  éloignés  de  la  base  du  sarment  qui  les  porte,  ne  sont  pas  fructi- 
fères. Seuls,  un  certain  nombre  de  bourgeons  intermédiaires  produisent 
des  fruits;  ces  bourgeons  présentent,  à  l'état  d'ébauche,  un  nombre  va- 
riable de  grappes.  ,:, 

»  L'influence  de  raoûletnent  se  fait  sentir  de  deux  façons  :  en  modifiant  le  nombre 
et  la  position  des  bourgeons  fructifères  et  en  changeant  le  nombre  des  grappes  dans 
le  bourgeon. 

1)  Un  bon  aoûtement  a  pour  effet  :  i"  de  rapprocher  de  la  base  du  sarment  le  pre- 
mier bourgeon  qui  produit  des  fruits;  2°  de  donner  naissance  à  un  plus  grand  nombre 
de  grappes.  Ainsi,  un  sarment  bien  aoûté  d'un  cépage  déterminé  produit  des  fleurs, 
par  evemple,  dès  son  troisième  bourgeon,  tandis  qu'un  sarment  mal  aoûté  ne  com- 
mence à  en  former  qu'à  son  cinquième.  De  plus,  les  bourgeons  fructifères  du  premier 
sarment  porteront  deux  ou  trois  grappes,  tandis  que  les  bourgeons  du  second  n'en 
auront  qu'une  seule. 

»  D'après  cela,  la  production  d'une  année  dépend  de  l'aoûteraent  des 
sarments  de  l'année  précédente.  Il  en  résulte  ce  fait  très  important,  non 
encore  mis  en  lumière  jusqu'ici,  qu'une  récolte  de  vigne  est  soumise  à  fin- 
fluence  des  conditions  météorologiques  de  deux  années  consécutives  :  celles  de 
l'année  précédente  qui  déterminent  le  degré  d'aoïitement  plus  ou  moins 
parfait  d'un  sarment,  ainsi  que  la  position  et  le  nombre  de  grappes  futures, 
et  celles  de  l'année  même,  plus  ou  moins  favorables  à  la  floraison,  à  la 
fructification,  à  la  maturation  des  raisins. 

n  M.  Angot  (')  a  rcsutné  les  observations  relatives  à  la  récolte  en  vin  et 
aux  conditions  inétéorologiques  d'un  grand  nombre  d'années,  s'étendant 
à  six  siècles.  Les  données  de  l'auLeur  confirment  de  la  façon  la  plus  écla- 
laule  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  :  on  y  voit  que  les  années  sèches,  qui  pro- 

(')  A.  Angot,  Étude  sur  les  vendanges  en   France  {Annales  du  linrcau  central 
màléorologiquc  de  France:  année  i883,  Mémoires), 


(  9-^5  ) 

diiisent  un  aoùtement  plus  parfait,  sont  généralement  suivies  d'une  année 
où  la  récolte  est  abondante;  les  années  humides,  au  contraire,  nuisibles 
à  un  bon  aoùtement,  sont  suivies  d'une  année  à  faible  récolte.  Les  excep- 
tions proviennent  des  particularités  de  l'année  même  de  la  vendange. 

))  On  comprend,  en  effet,  qu'après  une  année  humide  il  peut  se  pro- 
duire, l'année  suivante,  un  temps  extrafavorable  à  la  floraison  et  au 
développement  des  grains  de  raisin  et,  par  suite,  à  une  récolte  assez  abon- 
dante. Inversement,  une  gelée  au  printemps,  de  la  grêle,  un  été  propice  au 
développement  des  maladies  de  la  vigne  auront  pour  résultat,  même 
quand  l'année  précédente  aura  été  sèche,  une  très  petite  récolte. 

)i  Les  données  précédentes  sont  susceptibles  d'une  application  pratique  : 
i"  elles  fournissent  vine  base  rationnelle  pour  la  taille  des  divers  cépages 
dans  les  diverses  régions;  2°  elles  nous  apprennent  à  exécuter  cette  taille 
suivant  les  conditions  climatériques  de  l'année  qui  précède. 

»  1°  L'étude  d'un  cépage  déterminé  fait  connaître  quels  sont,  d'une 
manière  générale,  sur  le  sarment  de  l'année  précédente,  les  bourgeons 
fructifères.  S'il  peut  y  avoir  certaines  variations  à  cet  égard  suivant  les 
différentes  localités,  l'étude  des  conditions  météorologiques,  principale- 
ment de  l'humidité,  apprendra,  pour  chaque  station,  le  rang  de  ces  bour- 
geons. On  saura  dès  lois  quel  nombre  d'entre-nœuds,  en  moyenne,  on 
doit  laisser  subsister  quand  on  taille  la  vigne. 

»  2*^  Les  diverses  années  présentent  entre  elles  de  grandes  différences 
météorologiques  et,  par  suite,  l'aoùtement  peut  être  très  variable  d'une 
année  à  l'autre.  Ainsi,  après  une  année  riche  qui  favorise  cet  aoùtement, 
les  bourgeons  fructifères  sont  plus  rapprochés  de  la  base  et  présentent 
plus  de  grappes;  on  devra  alors,  dans  la  taille,  ne  laisser  subsister  qu'un 
nombre  relativement  restreint  d'entre-nœuds.  Au  contraire,  après  une 
année  humide  le  sarment  est  moins  bien  aoùté,  les  bourgeons  fructifères 
sont  plus  éloignés  de  la  base  et  moins  riches  en  grappes  ;  pour  avoir  la 
même  récolte,  il  faudra  tailler  en  laissant  subsister  un  plus  grand  nombre 
de  bourgeons. 

»  D'ailleurs,  comme  chaque  année  des  circonstances  multiples,  autres 
que  la  température  et  le  degré  d'humidité,  peuvent  avoir  soit  favorisé, 
soit  retardé  l'aoùtement,  on  devra  étudier  le  sarment  lui-même,  et  c'est  le 
degré  d'aoûlement  de  celui-ci,  quelles  que  soient  les  causes  qui  l'ont  pro- 
duit, qui  devra  servir  de  règle  pour  la  taille.  » 


(926) 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l' existence  probable  d'une  mer  récente  dans 
la  région  de  Tombouclou.  Note  de  M.  Aug.  Chevalier,  présentée  par 
M.  de  Lapparent. 

«  Quand  on  examine  la  constitution  hydrographique  de  l'Afrique  tropi- 
cale au  nord  de  l'équaleur,  on  est  frappé  de  l'analogie  qui  existe  entre  le 
bassin  du  haut  Nil  d'une  part  et  celui  du  haut  Niger  de  l'autre. 

»  Dans  les  deux  contrées,  chacun  des  fleuves  reçoit,  dans  la  région  des  pluies  hiver- 
nales de  longue  durée,  un  [riche  éventail  d'affluents  qui  naissent  dans  les  massifs  de 
roches  stratifiées  ou  éruptives  anciennes  (quartzites,  schistes,  granits).  Ces  rivières, 
plus  ou  moins  torrentielles  sur  les  hauteurs,  coulent  ensuite  dans  de  larges  vallées 
creusées  dans  les  grès  ferrugineux  horizontaux  qui  recouvrent  la  plus  grande  partie 
du  Soudan,  du  Sénégal  à  l'Abyssinie.  Ces  vallées  se  sont  remplies  sur  les  flancs  d'ar- 
giles rouges  (latérites)  et  de  limons d'alluvion. 

'  Au  point  de  vue  hydrographique,  ce  n'est  plus  au  Nil  moyen  qu'il  faut 
comparer  le  Niger  moyen,  c'est  au  delta  même  de  ce  fleuve. 

»  Après  avoir  franchi,  entre  Bammako  et  Nyamina,  divers  rapides  bien  moins  im- 
portants que  ceux  du  Nil,  le  Niger  s'étale  en  un  large  fleuve  qui  atteint,  vers  Ségou, 
près  de  i'""  de  largeur  en  certains  endroits.  Dès  Diafarabé,  le  fleuve  se  divise  en  plu- 
sieurs branches  au  cours  ramifié. 

»  Dès  lors  il  n'y  a  plus  un  fleuve  unique,  mais  un  véritable  delta  constitué  par  un 
réseau  très  complexe  de  chenaux,  répartis  sur  une  largeur  de  So"""  à  So""",  et  qui 
forment  un  lacis  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de  comparer  à  l'embouchure  de  certaines 
rivières  du  sud  du  Sénégal,  tellqs  que  la  Casaraance.  Cependant,  au  nord  du  1 5"  degré 
de  latitude  N.,  ces  branches  convergent  en  un  bassin  unique,  le  lac  Débo,  véritable 
mer  encaissée  dans  des  grès  d'âge  probablement  triasique.  Ces  roches  constituent  les 
monts  Saint-Charles,  Saint-Henri,  Marie-ïhérèse  et  Gourao  et  viennent,  en  plusieurs 
points  de  la  bordure  du  lac,  mourir  en  véritables  falaises.  Le  Niger  sort  du  lac  par 
deux  branches  principales,  qui  se  divisent  en  un  certain  nombre  de  ramifications  pour 
constituer  un  nouveau  delta.  Cette  fois,  c'est  la  divagation  d'une  masse  d'eau  qui 
s'épanche  à  travers  le  désert.  La  plupart  des  branches  contournent  des  massifs  de 
bancs  alternatifs  horizontaux  de  grès  sans  fossiles  et  de  poudingues  et  vont  se  perdre 
dans  de  vastes  dépressions  sahariennes  comme  le  lac  Faguibine,  En  hivernage,  les 
eaux  du  fleuve  s'accumulent  dans  ces  bassins  en  franchissant  de  nombreux  seuils 
étages. 

»  Après  avoir  coulé  vers  l'Est  sur  les  sables  sahariens  pendant  plusieurs  centaines 
de  kilomètres,  le  Niger  est  arrêté  par  les  collines  de  Tosaye  et  dévié  d'abord  vers  le 
Sud-Est,  puis  vers  le  Sud  pour  aller  se  perdre  dans  le  golfe  de  Guinée. 


''  9=7  ) 
,      '   Depuis  longtemps,  hi  plupart  des  explorateurs  et  des  officiers  qui  ont 
visité    Tombouctou   prétendent  que  les  hics  de  la  région  occupent  l'em- 
placeinent  d'une  mer  saharienne  où  débouchait  le  Niger  vers  le  Débo,  par 
un  delta  dont  les  traces  subsistent  encore. 

M  Postérieurement,  ses  eaux,  ainsi  que  celles  du  Niger,  se  seraient 
frayé  une  route  vers  l'Océan.  Les  sables  auraient  peu  à  peu  comblé  le  lit 
de  la  mer  et  les  crues  du  fleuve  auraient  entraîné  le  sel  vers  l'Atlantique. 

»  Au  mois  de  juillet  1899,  herborisant  dans  les  dunes  de  Tombouctou, 
je  recueillis  à  la  surface  du  sable  une  coquille  roulée,  du  genre  Marginella. 
Ayant  demandé  aux  indigènes  d'en  rechercher  d'autres  exemplaires,  je 
reçus,  deux  jours  après,  plusieurs  petits  sacs  de  ces  coquilles  mélangées  à 
des  Columbella.  J'appris  en  même  temps  qu'on  allait  les  chercher  à  quelques 
kilomètres  de  la  ville,  du  côté  de  Rabarah,  et  qu'on  les  déterrait  dans  des 
excavations  d'où  l'on  retire  l'argile  servant  à  bâtir  les  maisons  de  Tom- 
bouctou. L'état  troublé  du  pays  ne  me  permit  pas  d'aller  vérifier  ces  dires. 
Et,  dans  mon  voyage  au  lac  Faguibine  et  aux  Daouna,  je  ne  recueillis  que 
des  coquilles  d'eau  douce  {^Melania,  Corbicitla,  Byt/iinia)  qui  pullulent  en 
beaucoup  d'endroits  sur  le  sable,  à  plusieurs  mètres  au-dessus  du  niveau 
atteint  par  les  plus  hautes  crues  des  lacs  et  qui  attestent  que  le  régime  des 
inondations  de  ces  contrées  a  subi  d'importantes  modifications. 

»  Les  coquilles  marines  des  environs  de  Tombouctou,  déterminées  par 
M.  Mabille,  préparateur  de  M.  Edmond  Perrier,  sont  : 

»  1°  Des  Marginella  Egoiien  (  Âdanson)  Lamk.,  vivant  actuellement  sur 
les  côtes  de  la  Sénégambie  (Mabille)  ; 

»  2°  Des  Columbella  Mercatorla  Lamk.,  vivant  sur  les  côtes  de  la  Séné- 
gambie et  de  la  Méditerranée  (  Mabille  ). 

))  M.  Mabille  les  regarde  comme  fossiles.  De  plus,  il  nous  a  fait  observer 
qu'elles  étaient  toutes  de  taille  plus  petite  que  les  exemplaires  originaires 
de  nombreuses  régions  des  côtes  de  l'Océan  existant  dans  les  collections 
conchyliologiques  du  Muséum.  Un  nanisme  semblable  a  été  signalé  par 
Maver-Eymar  pour  toutes  les.  coquilles  du  Saharien  recueillies  dans 
l'Egypte. 

»  Selon  M.  Mabille,  il  est  impossible  que  les  coquilles  de  ces  Marginelles 
et  de  ces  Columbelles  proviennent  d'animaux  vivant  encore  actuellement 
à  la  côte.  Mais  se  trouvent-elles  en  place  à  Tombouctou  ?  C'est  ce  que  nous 
ignorons. 

»  Depuis  longtemps,  dans  la  région  des  Cholts  tunisiens,  on  a  rencontré 
diverses  coquilles  marines.  Dans  la  moyenne  Egypte,  au  sud-ouest  des  Py- 


(  9^8  ; 

ramides,  Schweiiifurth  a  trouvé  des  amas  (VOstrea  cucuUata  en  place,  en- 
tourés d'un  lit  de  cailloux  roulés  de  silex  noirs  ('  i.  Enfin,  aux  environs 
du  Caire,  Mayer-Eymar  a  signalé  dans  des  dépôts  en  place  plus  de  cent 
espèces,  les  unes  vivant  actuellement  sur  les  côtes  de  l'Egypte,  les  autres 
vivant  plus  à  l'ouest.  Cet  auteur  conclut  qu'il  a  existé  luie  époque  saha- 
rienne, postérieure  au  dépôt  des  couches  siciliennes,  pendant  laquelle  la 
mer  a  franchi  le  seuil  de  Gabqs,  d'une  pari,  et  s'est  étendue  sur  une  partie 
de  l'Egypte  et  de  la  Tripolitaine  de  l'autre  ('). 

»  Y  a-t-il  une  relation  entre  ces  mers  africaines  et  celle  de  Touibouc- 
lou?  C'est  une  question  qu'il  était  impossible  de  chercher  à  résoutire  en 
1899,  en  raison  de  l'insécurité  du  pays  (').  Aujourd'hui  que  l'occupation 
française  est  solidement  établie  dans  ces  contrées,  il  est  à  présumer  que 
de  nouvelles  missions  seront  plus  heureuses  et  pourront  élucider  ces 
questions.    » 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


(')  G.  ScHWEiNFURTH,  Die  Kreide  der  Pyrainldan-Region  {Peterrnann's  geogr. 
Mitlheil.,  Berlin;  1899). 

(^)  Mayer  Eymar,  Défense  du  Sahara  comme  nom  du  dernier  élage  géologique 
{Comptes  rendus,  5  novembre  1894). 

(')  On  se  souvient  que  c'est  au  cours  d'une  excursion  faite  pour  aller  étudier  les 
calcaires  des  monts  Honibori,  au  sommet  de  la  boucle  du  Niger,  que  notre  regretté 
ami  Legeal,  préparateur  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  fut  massacré  par  les 
Touaregs.  ,• 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VIIXÂRS, 
Quai  des  Grauds-Aus^ustins,  n"  55. 

Depuis  iS35  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimnnchr.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4".  Deux 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  al|ihabélique  de  noms  d'Auteurs,  icimiuent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
et  part  du  i"  Janvier. 

Le  prix  rir  Vdljonncinriil  est  fixé  ainsi  rjiiil  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  IMessieurs  : 
Afin Ferran  frères. 

I  Cbaix. 
Alger (  Jourdan. 

(  Ruff. 

Amient Courtin-Hecquet. 

1  Germain  etGrassin. 
*      i  Gastineau. 

Baronne Jérôme. 

Kesançon  Régnier. 

.  Feret. 
Bordeaux Laurens. 

1  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

I  Derrien. 

\  F.  Robert. 

J  Oblin. 

'  Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Ckambery Perrin. 

,,,     ,  \  Henry. 

tnerboui  g ., 

(  Inarguerie. 

-,  „  »  Juliot. 

Clermont-Ferr...  ] 

(  lîouj. 

Nourry. 

O'.on Ratel. 

(Rey. 

Dou^i jLauverjat. 

1  Degez. 

,,        ^,  i  Drevet. 

(rrenoble 

i  Gratier  et  C'V 

La  Hochelie Foucher. 

UHaore j  Bourdignon. 

(  Dombre. 

LMt jThorez. 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  '          1 

Lorient 

)  Bauinal. 
■'  }  M"'  Texier. 

' 

Bernoux  et  Cumin. 
\  Georg. 

1  yon 

. .  (  Kllanlin.                        , 

J  Savy. 

1  Vitte. 

^  Marseille 

..     Ruât. 

i  Montpellier . . . 

(  Valat. 
■'  \  Goulet  et  fils.            1 

Moulins 

. .     Martial  Place. 

î  Jacques. 

Nancy 

Grosiean-Maupin. 

1  Sidot  frères. 

1  IVantCi       . .    . . 

1  Guist'han. 

\  Veloppé. 

A  /ce 

1  Barma. 
•■■  j  Appy. 

Tliibaud. 

Orléans    

Luzeray. 

Poitiers 

(  Blanchier. 
)  Marche. 

1  Bennes 

..     Plihon  et  Hervé. 

Rochefort 

..     Girard  (M""). 

Rouen 

t  Langlois. 
(  Lestringanl. 

S'-Étienne 

..     Chevalier. 

Toulon 

(  Ponteil-Burles. 
(  Huiiiébe. 

Toulouse 

\  Giniet. 
■  i  Privât. 

Boisselier. 

Tours 

..     Péricat. 

Suppligeon. 

Valenciennes.. . 

,'Giard. 
(  Lemaître. 

chez  Messieurs  : 

...  1  Feikema    Caarelsen 

Amsterdam 

(      et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C". 

„_   ,.  '  Dames. 

Berlin 

Friediander   et  fils. 

Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

,  Lamcrtin. 
Bruxelles..    Mayolczet Audiarte. 

(  Lebègue  et  C'*. 

i  Sotchek  et  C". 

Bucharcst ,  ,     , 

Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Cammernieyer. 

Constantinople.  .     Ollo  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

Chei'buliez. 

Genève '  Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante   frères. 

i  Benda. 

Lausanne ,  .^ 

Payot  et  C". 

Barth. 

Brockhaus. 

Leipzig (  Lorentz. 

Max  Jiiibe. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Liège ;  „ 

"  /  Gnuse. 


chez  Messieurs  : 

IDulau. 
Hachette  et  C". 
Nutt. 
Luxembourg. .. .     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C'V 

Madrid |  ^^mo  y  Fussel. 

I  Capdeville 
(  F.  Fé. 

MUan j^°"a  frères. 

I  Hœpli. 
Moscou Tastevin. 

niaples (Marghien  di  Giu, 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeififer. 

A'etv-  Vork j  Stechert. 

1  Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  et  Mouii 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier.  / 

Borne j  Bocca  frères. 

(  Loescher  et  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallm 

„,  o  ,       .  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..^^^^^^ 

I  Bocca  frères, 
firero. 
j  Clausen. 
'  RosenbergetSeilier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

Vérone Drucker. 

Vienne !  „       ,  , 

(  Gerold  et  C". 

Zlirich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMlE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  u  31.  —  {'j  Août  i83 J  à  Ji  Décembre  i-ijo,  )  Volume  in-4"  ;  'Sjj.  l'rix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  -  (1"'  Janvier  i85i  à  ji  Décembre  i865.)  Volume  in-j";  1870.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"''  Janvier  iSGG  à  ji  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

Tomes  92  à  121.  —  {\"  Janvier  1881  à  3i  Décemlue  1895.)  Volume  in-4";  1900.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  .VIgues,  pjr  MM.  A.  Derdès  et  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations 
qu'éprouvent  les  Comètes,  par  M.  Hansex.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans 
l-i  digestion  des  matières    grasses,  par  .M.  Claude  Bers.\ro.  Volume  in-4%  avec  32  planches;  i85ij 15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  .M.  P.-J.  V-\N  Bexedes.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iSjo  par  l'-Vcadémie  de- 
Sciences  pour  le  concours  de  iS53,  et  puis  remise  pour  celui  de  iSJti,  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  difierents 
"  terrains  sédimentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  — 
"  Rechercher  la  nature  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  ■>,  par  M.  le  Professeur  Bro.-<n,  in-i  ■ 
avec  27  plaoches;  1861 15  fr. 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  15. 

TABLF.    DES    ARTICLES.     (Séance    du  lo    avril    1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNIGATIOrVS 

DES  MEMBHFS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

.M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue  à 
MM.  les  Membres  des  Académies  étran- 
gères qui  assistent  à  la  séance  et  qui  ont 
été  délégués  à  l'.'Vssemblée  générale  de 
l'Association  internationale  des  Académies.     Sg^ 

M.  BiiRTHELOT.  —   Nouvelles  recherches  re- 


Pages. 
lalives  à   l'action   de  l'eau    oxygénée    sur 

l'oxyde  d'argent H97 

M.  G.  LiPPMANN.  —  Sur  la  puissance  repré- 
sentative d'une  portion  finie  de  courbe 
continue qo4 


NOMINATIONS. 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Plumey  pour  iqoi  :  MM.  de  Bussy, 
Lcaiité,  Guyou.  Maurice  Levy,  Sebert..     goS 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Fourneyron  pour  1901  :  MM.yUaw- 
rice  Levy,  Sarrau,  Léautë,  Boussinescj, 
Sebert 900 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Pierre  Guzman  pour  1901  : 
MM.  Lœivy,  Janssen.  Wolf,  Callan- 
dreau,  Fnye 90.1 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Lalande  pour  1901  :  MM.  Lœwy, 
Janssen,  Callandreau,  Faye,  Wolf. 
Radau 90) 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Valz  pour  1901  :  MM.  Lœwy, 
Janssen,    Callandreau,    Wolf,  Faye.    ..     go6 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix   La  Caze   (Phjsique)  pour  1901   : 


MM.  Cornu,  iMasrart,  Lippniann,  Bec- 
querel, Potier,  Violle,  Cailletet.  Ber- 
tlielot,  d'.irsonval 906 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Gaston  Planté  pour  1901  : 
MM.  Cornu,  Mascart,  Lippmann,  Bec- 
querel.   Violle goti 

CoDimission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Kastner-Boursault  pour  1901  : 
MM.  MasCart,  Lippmann,  Cornu,  Bec- 
querel,  I  iolle 906 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Montyon  (Statisti(|ue)  :  MM.  Ha- 
ton  de  la  Goupillière,  Laussedat,  de 
Freycinet,  Bouché,  de  Jonquièrcs.  Brou- 
ardel go6 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Jccker  pour  jgoi  :  MM.  Troost. 
Gautier,  Moissan,  Ditte,  Lemoine,  Haller .    90I3 


CORRESPONDANCE . 


La  Société  mathématique  de  Moscou  adresse 
à  l'Académie  l'expression  de  sa  profonde 
condoléance  à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  Charles  Hermite 906 

^L  le  capitaine  Maurain  adresse,  de  Quito, 
des  reniercimcnts  à  l'Académie  pour  la 
distinction  accordée  à  ses  travaux ,     gofi 

M.  Emile  Bobel.  —  Sur  la  décomposition 
des  fonctions  méromorphes  en  éléments 
simples gy6 

iVi.  EiJMOM)  Maillet.  —  Sur  les  racines  des 
équations  transcendantes go8 

M.  II.  Padê.  —  Sur  la  fraction  continue  de 
.Stielljcs ,11 

M.  G. -A.  MiLLEii.  —  Sur  les  groupes  d'opé- 
rations          gio 


M.  Eugène  Bloch.  —  Action  des  rayons  du 

radium  sur  le  sélénium 914 

MM.  Anliré  Broca  et  Turciiini.  —  Décharge 
disruptive  dans  les  clectrolyles 91') 

M.  G. -A.  Hemsalech.  —  Sur  les  étincelles 
oscillantes 917 

M.  E.  Pozzi-EscoT.  —  De  la  recherche  des 
alcaloïdes  par  voie  microcbiniique 9:20 

MM.  Geneau  de  Lamarliére  et  J.  Maheu. 
—  Sur  la  flore  des  Mousses  des  cavernes.     921 

M.  F.  K0VESSI. —  Sur  la  taille  rationnelle  des 
végétaux  ligneux 938 

M.  AuG.  Chevalier.  —  Sur  l'existence  pro- 
bable d'une  mer  récente  dans  la  région 
de  Tomijuuctou 926 


PARIS.   — IMPKIMERIE     GAUTH  [  K  K-VI  L  L  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  63 

^  ^    Ce'ran/  .'^AUTHtBR'VlLLARft. 


MAY  38  1901  190  ( 

PREMIER  SEMESTRE 


l^O^.' 


'1 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR   ra.TI.  I^BS  SBOnÉTAIRBgl  PBRPÉTVBCiS. 


TOME  CXXXII. 


I\^  16  (22  Avril  190i). 


PARIS. 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRiMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

yuai  des  Grands-Aiigusiios,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  REl 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  k 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcé; 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes 

Article  2.  —  Impression  des  travaux 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  élre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'unrt 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExlrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ilslefoo 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ofli 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
rim|)rimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  à'èiv^  remis  à  temps 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  da  ;is  le  Compterenà 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendiim 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches, 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraiei 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  complèr 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  p:irt  des  articles  est  aux  frais  desau 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  »ft« 
rim|)ression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  prt 
sent  Règlement. 

Les  Savants  étrangers  à  I  Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  P"  ^^^, 
déposer  au  Secréiariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  G  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Acadénne  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droils  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


MAY  22  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  22  AVRIL   1901, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATÏOIVS 

'  DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —   Sur  les  re'sidus  et  les  périodes  des  intégrales 
doubles  de  fonctions  rationnelles;  par  M.  Emile  Picard. 

«  J'ai  donné  précédemment  (Comptes  rendus,  23  mai  1898)  un  exemple 
d'intégrales  donbles  de  fonctions  rationnelles  de  denx  variables,  sur  lequel 
je  désire  revenir  pour  mieux  mettre  en  évidence  la  circonstance  sur  la- 
quelle il  appelle  l'attention.  On  sait  que  M.  Poincaré  a  considéré  le 
premier  les  résidus  des  intégrales  doubles  de  fonctions  rationnelles  ÇActa 
Math.,  t.  IX);  dans  ma  Théorie  des/onctions  algébriques  de  deux  variables, 
j'ai  présenté  cette  théorie  sous  une  autre  forme,  et  je  l'ai  complétée  en 
montrant  que  tous  les  résidus  étaient  bien  fournis  par  les  règles  énoncées 
par  M.  Poincaré  (t.  I,  p.  52).  Mais  la  question  se  pose  de  savoir  si  une 
intégrale  double  de  fonctions  rationnelles  île  deux  variables  peut  avoir 

G.  R.,    1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  16.)  I20 


(9^0  ) 

d'autres  périodes  que  des  résidus.  C'est  à  cette  question  que  répond  précisé- 
ment l'exemple  rappelé  plus  haut. 

»   Considérons  la  surface  du  troisième  ordre 

X'  +  J^  +  2^  =  I 

et  l'intégrale  double  relative  à  cette  surface 


(■)  // 


y  dx  dy 


»  On  peut  établir  d'abord  que  cette  intégrale  rentre  dans  la  catégorie 
de  ce  que  j'appelle  les  intégrales  doubles  de  seconde  espèce  {loc.  cit.,  t.  II, 
p.  iSq).  D'autre  part,  la  surface  étant  unicursale,  nous  pouvons  exprimer 
X,  y,  z  en  fonctions  rationnelles  de  deux  paramètres  u,  v;  soit,  par 
exemple, 


ou 


A 

B 

C 
^=D' 

A  =  - 

e-  M  —     V 

—  iu-v"-. 

B  = 

£(.'    +    t^U 

-f-  M^^'% 

C  = 

I    -\-  tu- V  -\-  t-  uv"^ , 

D  = 

e    +  irv 

+  iUV^, 

t  étant  une  racine  cubique  imaginaire  de  l'unité.  En  substituant  dans  l'in- 
tégrale (i),  on  a,  à  un  facteur  numérique  près,  l'intégrale  double  de  fonc- 
tion rationnelle  de  «  et  f 

(2)  fj-^dudv. 

»  Cette  intégrale  double  de  fonction  rationnelle  de  u  et  i>  n  admet  pas  de 
résidu,  mais  nous  devons  la  regarder  comme  possédant  des  périodes.  Celles-ci 
s'obtiennent  de  la  manière  suivante.  En  posant 


y=y\  —  xU,         z  =  s/\—x^\/i  —  t' , 
l'intégrale  (i)  devient 


// 


Ji  —  x"  dx  dt, 

^  yi-t^ 


et  l'on  trouve  immédiatement  des  périodes  de  l'intégrale  double.  Si  en 


(  93i  ) 
effet  0)  et  «e  sont  les  périodes  de  l'intégrale  simple 


jy 


I  —  x^  dx. 


et  que,  pareillement,  12  et  il  a  désignent  les  périodes  de  l'intégrale  simple 

tdt 

il  est  clair  que  l'intégrale  double  (i)  admettra  les  périodes 
(3)  wi2     el     wi2£ 


f. 


et  le  produit  coiî  serait  facile  à  calculer  explicitement. 

»  L'intégrale  double  (2)  admet  donc  les  périodes  (3).  D'ailleurs,  cette 
intégrale  n'ayant  pas  de  résidus  sera  nécessairement  {loc.  cit.,  t.  II,  p.  2o5) 
de  la  forme 

P  et  Q  étant  des  fonctions  rationnelles  de  u  el  v.  On  peut  le  vérifier  indirec- 
tement, en  remarquant  que  l'on  a 

ff-'^-Jf\m-i[iS^]\''-''y 

z  étant,  bien  entendu,  la  fonction  de  x  et  y  définie  par  l'équation  écrite  au 
début. 

»  La  circonstance  que  nous  venons  de  mentionner  semble  d'abord  sin- 
gulière; elle  paraîtra  moins  paradoxale,  si  Ion  se  rappelle  qu'il  y  a  lieu 
d'attribuer  un  ordre  de  connexion  égal  à  trois  au  continuum  formé  par 
l'ensemble  des  deux  variables  complexes  illimitées  u  ut  v  i^loc.  cit.,  t.  I, 
p.  85).   » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  un  appareil  destiné  à  entraîner  la  plaque  photographique 
qui  reçoit  l' image  fournie  par  un  sidérostat.  Note  de  M.  G.  Lippiuann. 

«  On  sait  que,  dans  l'image  fournie  par  un  sidérostat,  un  seul  point  f 
est  immobilisé;  les  autres  points  du  ciel  paraissent  tourner  aulour  du  pre- 
mier avec  une  vitesse  variable. 

»  On  peut  se  proposer  de  réaliser  un  appareil  qui  communique  à  la 


(932  ) 
plaque,  automatiquement,  cette  même  vitesse  de  rotation  que  possède 
l'image,  afin  d'obtenir  des  imagées  posées  de  tous  les  points  du  ciel.  M.Tur- 
ner  a  posé  récemment  ce  proMème  et  en  a  indiqué  trois  solutions  dilTé- 
rentes.  Le  but  de  la  présente  Note  est  de  proposer  une  quatrième  solution 
qui  est  la  suivante  :  l'appareil  qui  sert  à  déplacer  le  miroir  du  sidérostat 
permet  également  de  donner  à  la  plaque  le  mouvement  qui  convient  pour 
suivre  l'image. 

»  Considérons,  en  effet,  le  rayon  a  lumineux  qui  va  du  centre  o  de 
l'objectif  à  l'image  m  d'un  point  quelconque  du  ciel  :  ce  rayon  se  déplaçant 
entraîne  la  plaque.  Mais  supposons  ce  rayon  lumineux  représenté  par  une 
tige  métallique  rendue  solidaire  du  châssis  porte-plaque;  il  y  a  dès  lors 
entraînement.  Or,  l'appareil  qui  sert  à  mouvoir  le  miroir  du  sidérostat  est 
précisément  constitué  de  manière  à  représenter  les  rayons  incidents  et 
réfléchis  sous  forme  de  tiges  métalliques. 

))  Soit  donc,  installé  derrière  le  porte-châssis,  un  appareil  disposé  comme 
le  moteur  du  sidérostat.  Munissons-le  d'une  tige  M  assujettie  à  rester 
symétrique  de  l'axe  polaire  P  par  rapport  à  la  direction  de  la  queue  du 
miroir.  L'axe  P  a  la  direction  du  faisceau  incident  venant  de  I;  M  a  donc 
la  direction  du  faisceau  réfléchi  correspondant  et  vient  percer  la  plaque 
au  point  où  se  formerait  l'image  du  pôle  céleste.  Tout  se  passe  donc  comme 
si  le  faisceau  réfléchi  provenant  du  pôle  céleste  entraînait  la  plaque  pho- 
tographique. 

»  Au  lieu  de  l'image  du  pôle,  on  peut  employer  l'image  d'un  autre  point 
du  ciel  arbitrairement  choisi  :  il  faudrait  alors  ajouter  à  l'appareil  une 
tige  de  plus.  » 


CHIMIE  GÉOLOGIQUE.  —  Sur  l' existence  d'azolures,  argonures,  arséniures, 
et  iodures  dans  les  roches  cristalliniennes ;  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Les  sulfosilicates  décomposables  par  l'eau  d'où  les  sulfures  solubles 
des  eaux  thermosulfureuses  tirent  leur  origine  (')  ne  sont  pas  les  seuls 
produits  accessoires  des  roches  cristallmiennes.  Ces  eaux  thermales  con- 
tiennent le  plus  souvent  des  sels  ammoniacaux,  des  iodures,  de  l'arsenic, 
et  dégagent,  à  leur  source,  de  l'azote  et  de  l'argon  libres.  Il  était  donc  très 
probable  que  ces  divers  éléments  devaient  se  trouver  dans  les  roches 


(')  Voir  ce  Volume,  p.  7^0. 


(  933  ) 

primitives  d'où  elles  émergent.  J'ai  pensé  cependant  qu'il  n'était  pas 
indifférent  d'en  donner  la  preuve  expérimentale,  aussi  bien  an  point  de 
vue  de  la  connaissance  plus  précise  des  roches  protondes  qu'à  celui  de 
l'étude  du  mécanisme  de  la  formation  des  eaux  thermales  qui  en  sortent. 

»  A.  Azote  ammoniacal;  azolures,  argonures.  —  On  sait  que  l'ammo- 
niaque, ou  ses  sels  volatils,  se  rencontrent  toujours  dans  les  gaz  volcaniques 
el  les  fumées  qui  s'exhalent  des  laves.  Longtemps  on  a  exploité  le  sel 
ammoniac  déposé  par  les  fumerolles  de  certains  volcans  d'Asie.  J'ai,  d'autre 
part,  toujours  trouvé  de  l'ammoniaque  dans  les  produits  gazeux  extraits 
par  le  vide,  au  rouge,  des  roches  ignées  ('). 

»  Pour  doser  l'azote  ammoniacal  des  granits  et  autres  substances  pier- 
reuses analogues,  j'en  chauffe  longtemps  la  poudre  à  ioo°  avec  un  excès 
d'acide  phosphorique  sirupeux,  étendu  de  2  à  3  volumes  d'eauet  bienexempt 
de  sels  ammoniacaux.  Cet  acide  dissocie  enlièrement  la  roche,  décompose 
les  azotures  et  se  charge  de  l'ammoniaque  correspondante  que  l'on  peut 
doser  ensuite,  dans  la  liqueur  fdtrée  par  la  méthode  de  Boussingault. 
J'ai  surtout  examiné  à  ce  point  de  vue  les  granits  el  quelques-uns  de  leurs 
principes  constitutifs  ou  accessoires.  Voici  mes  résultats  : 

Az  H'  formé 

par  kilogramme 

de  roche. 

Granit  de  Vire  (Bretagne) o,o34 

1)       d'Andorre  (  Pyrénées) o,o23 

»       de  Cauterets  (Pyrénées) 0,070 

»       de  Fontana  (Auvergne) o,i3o 

»       de  la  Vologne  (d'après  Delesse) o,  180 

»       de  Glermont  (à  grandes  lamelles  jaunes  micacées).  .  o,o4i 

Granulile  en  poches  et  filons  à  4o  pour  100  d'apatite 0,110 

Basalte  d'Espaly  (d'après  Delesse) o,3oo 

Micaschiste  du  Haul-Tyrol 0,024 

Apatite  de  Buckingham  (Canada) 0,000 

»  Lorsque  la  poudre  de  ces  roches  est  mise  à  bouillir  avec  les  acides  ou  por- 
tée au  rouge,  la  totalité  de  l'azote  des  azolures  ne  passe  pas  à  l'état  d'ammo- 


(')  Delesse,  en  1860,  avait  déjà  observé  qu'il  se  fait  un  peu  d'ammoniaque  quand 
on  chauffe  directement  au  rouge  les  granits,   porphyres,  basaltes,  trapps,  rétinites 
euphotides,  serpentines,  et  jusques  aux  quartz,  feldspaths  et  micas.  Il  attribuait  cette 
ammoniaque  à  la   destruction  d'un  peu  de  matière    organique    azotée    incluse   dans 
ces  minéraux  {Annales  des  Mines,  t.  XVIII). 


(  934  ) 
niaque;  une  partie  s'échappe  à  l'élat  libre,  accompagnée  d'un  peu  d'argon. 

»  Si  l'on  traite  la  poudre  de  ces  roches  par  l'aimant,  on  en  retire 
généralement  de  petites  quantités  d'oxyde  de  fer  magnétique,  quelquefois 
mélangé  d'une  trace  de  fer  natif,  comme  je  l'ai  reconnu  dans  l'ophite  de 
Villefranque  (')  et  le  plus  souvent  mêlé  d'azoture  de  fer,  car,  lorsqu'on 
soumet  la  matière  attirable  à  l'aimant  à  l'action  des  acides,  on  obtient 
une  liqueur  qui  contient  un  peu  d'ammoniaque.  J'ai  trouvé  dans  ces  par- 
ties magnétiques  jusqu'à  i  et  2  d'azote  pour  100  d'azole  combiné  à  l'état 
d'azotures  de  fer.  Ceux-ci  existent  donc  bien  dans  ces  roches,  O.  Silvestri 
a  recueilli  d'ailleurs  à  l'état  de  croules  cristallines  les  azotures  Az^Fe'  et 
Az'Fe^  sur  les  laves  de  l'Etna  (*),  et  Boussingault  a  signalé  ces  azotures 
dans  la  météorite  de  Lenarto  (').  Outre  ces  azotures  métalliques,  ceux 
de  bore  et  de  titane  (éléments  dont  les  combinaisons  ont  été  déjà  sia^nalées 
dans  les  eaux  et  vapeurs  chaudes  des  terrains  volcaniques  et  dans  les  suffioni) 
paraissent  quelquefois  contribuer  à  donner  aussi  un  peu  d'ammoniaque. 

»  L'argon  accompagnant  l'azote  libre  qui  arrive  jusqu'à  la  surfiice  du 
sol  avec  les  eaux  minérales,  argon  que  nous  avons  aussi  toujours  trouvé 
dans  les  gaz  que  nous  extrayions  par  le  vide  au  rouge  des  roches  ignées, 
provient  d'argonures  correspondant  aux  azotures.  L'argon  a  paru  varier 
entre  ^  et  ^-^  du  volume  de  l'azote  ainsi  libéré.  Quant  à  l'hélium, 
M.  Deslandres,  qui  a  bien  voulu  examiner  nos  gaz  à  ce  point  de  vue,  n'en 
a  jamais  observé  que  de?  indices  douteux. 

»  B.  Iode.  —  L'iode  a  été  très  souvent  signalé,  à  côté  du  soufre,  dans 
les  eaux  minérales  sulfureuses,  froides  ou  chaudes  (Saint-Sauveur,  Caute- 
rels,  Bagnéres,  Gazost,  Challes,  etc.).  Je  l'ai  trouvé  dans  la  barégine  de  ces 
eaux  et  dans  les  oscillaires  de  celles  de  Dax.  L'iode  est  souvent  associé 
à  l'azote  et  à  l'arsenic  dans  les  eaux  minérales  (Blondeau,  Kossmann, 
0.  Henry),  ainsi  que  dans  les  émanations  el  laves  volcaniques,  et  dans  le 
schlamm  des  volcans  de  boue;  quelquefois  l'acide  borique  l'accompagne 

(')  La  poudre  de  cette  ophite,  obtenue  au  mortier  d'agate,  a  cédé  à  l'aimant  ordi- 
naire 2  pour  100  environ  d'une  matière  brun  noirâtre  formée  surtout  d'oxyde  magné- 
tique Fe'O',  poudre  qui,  traitée  à  froid,  dans  le  vide,  par  l'acide  chlorhydrique  dilué  au 
vingtième,  a  donné  de  l'hydrogène  presque  pur,  avec  des  traces  de  H^  S,  mais  sans  PH'  ; 
en  même  temps  il  se  faisait  du  protochlorure  de  fer.  La  quantité  d'hydrogène  ainsi 
produite  correspond  à  06'',  98  de  fer  dans  1000  parties  de  roche.  Ou  n'a  pas  trouvé  de 
nickel  dans  la  solution  chlorhydrique. 

(')  O.  Silvestri,  Po^gend.  Ami.,  t.  CLVII,  p.  i65. 

(')  Comptes  rendus,  l.  LUI,  p.  77. 


(  9^5  ) 

(Boussingauà).  L'iode  provient  donc  des  profondeurs  et  doit  se  retrouver 
dans  les  roches  les  plus  anciennes. 

»  C'est  ce  que  j'ai  pu  vérifier  par  l'expérience.  Les  granits,  et  d'autres 
roches  des  terrains  primitifs,  contiennent  tous  de  l'iode  en  faible  pro- 
portion. 

»  Pour  retrouver,  dans  ce  cas,  et  doser  la  totalité  de  cet  élément,  il  faut 
dissoudre,  pour  ainsi  dire,  la  roche  pour  libérer  les  faibles  quantités  de  ce 
métalloïde  et  le  concentrer  ensuite  par  volatilisation  (').  On  y  arrive  en 
chauffant  la  poudre  de  granit  avec  2,5  fois  son  poids  d'acide  sulfurique 
concentré,  bien  exempt  d'iode,  et  distillant  la  dixième  partie  environ  de 
l'acide  ajouté.  On  recueille  et  condense  les  vapeurs  et  f;ut  barboter  en 
même  temps  les  gaz  dans  de  la  lessive  de  potasse.  Le  distillatum  est  ensuite 
acidifié  par  l'acide  sulfurique  et  traité  par  un  peu  d'hvposulfile  de  sodium 
jusqu'à  presque  entière  disparition  de  l'odeur  sulfureuse.  On  réalcalinise 
alors  légèrement  et  l'on  recherche  l'iode  par  la  méthode  que  j'ai  donnée 
pour  le  dosage  des  très  faibles  quantités  d'iode  (-).  J'ai  ainsi  trouvé  dans 
les  roches  ou  minerais  examinés  : 

Iode  en   looof 
de  minéral. 

mgr 

Granit  de  Caiiterets i  ,25  (') 

Mica  impur  extrait  du  même  granit  par  l' électro-aimant .  0,78 

Granit  à  micas  jaunes  de  Clermont o,33 

Granulites  en  poches,  très  riches  en  apalites 0,17 

Micaschistes  du  Haut-Tyrol trace  douteuse 

Apatite  chlorée  et  fluorée  de  Norvège 0,28 

Apatite  de  Buckingham  (Canada) nul 

Ophite  de  Villefranque-près-Bayonne nul 

»  Il  suit  de  ces  observations  que  l'iode,  qui  existe  dans  tous  les  granits 
que  nous  avons  examinés,  ne  semble  faire  partie  constitutive  ni  de  leurs 
micas,  ni  des  apatiles  mélangées  souvent  en  abondance  à  ces  roches.  Cet 
élément  est,  on  le  voit,  très  variable,  comme  doit  l'être  tout  corps  entraîné 
sous  forme  de  simple  impureté. 

»  C.  Arsenic.  —  Dans  les  eaux  minérales  sulfureuses  sortant  des  terrains 
profonds,  l'arsenic  est  presque  toujours  associé  à  l'iode  et  au  soufre  (Blon- 


(')  Nous  n'avons  rien  obtenu  de  satisfaisant  en  attaquant  les  poudres  de  nos  roches 
par  les  carbonates  alcalins. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  644. 

(')  Tous  ces  nombres  sont  plutôt  des  minimums. 


(936) 

deau,  Kossmann,  0.  ffenry).  Il  fut  reconnu  et  dosé  pour  la  première  fois  en 
1839  dans  les  eaux  lliermales  sulfureuses  d'Hammam-Meskoutin  (Algérie), 
par  Tripier.  Ces  eaux,  situées  dans  la  province  de  Constantine,  con- 
tiennent o"^'", 5  d'arsenic  par  litre  (').  Rivot,  V.  Gerdv,  Garrigou,  etc.  le 
retrouvèrent  ensuite  dans  la  plupart  des  eaux  sulfureuses  (Eaux-Bonnes 
o"s%6;  Hussou  i^s^;  U^iageo°'8^6  par  litre).  L'iode  (en  très  faible  pro- 
portion, il  est  vrai),  l'acide  borique,  le  fer  et  l'arsenic  (ô""^"^  par  litre)  se 
trouvent  réunis  dans  les  eaux  de  la  Bourboule  qui  sortent  aussi  des  terrains 
granitiques. 

»  L'arsenic  des  eaux  thermales  provient  bien  des  arséniures  des  roches 
qu'elles  traversent.  Je  les  ai  toujours  trouvés  dans  les  granits.  Celui  de 
Vire  m'a  don  né  o^s""^  16  d'arsenic  par  kilogramme.  Un  autre  échantillon  d'ori- 
gine inconnue  contenait  o™k'',8  d'arsenic.  L'ophite  de  Villefranque  n'en 
contient  pas  et  l'on  a  remarqué  plus  haut  que  cette  roche  est  aussi  tota- 
lement exempte  d'iode,  suivant  cette  règle  que  j'ai  reconnue,  et  qui  me 
paraît  très  générale,  que  l'iode  et  l'arsenic  s'accompagnent  presque  tou- 
jours dans  les  trois  règnes.  L'arsenic  avait  été  depuis  longtemps  signalé 
par  Daubrée  dans  les  basaltes  de  Kaisersthùl  (Alsace).  Il  avait  été  trouvé 
aussi  dans  les  laves  de  l'Etna  et  du  Vésuve  à  côté  de  l'iode  et  de  l'ammo- 
niaque. 

»  Il  nous  reste  maintenant  à  tirer  quelques  conclusions  de  cette  longue 
série  de  recherches  relatives  aux  éléments  accessoires  des  roches  pro- 
fondes. 

»  Sans  que  nous  ayons  eu  à  recourir  aux  hypothèses,  l'étude  des  produits 
gazeux  que  donnent  les  roches  ignées  lorsqu'on  les  chauffe  au  rouge  nous 
a  suffi  pour  expliquer  par  l'action  de  leur  eau  de  constitution  sur  leurs  sili- 
cates, azotures,  carbures,  etc.,  l'émission  des  gaz  et  vapeurs  qui  tendent 
à  se  former  dès  que  les  terrains  cristalliniens  profonds  sont  soumis  à  une 
recaléfaction  dont  nous  avons  indiqué  le  mécanisme  (-).  L'examen  des  par- 
ties accessoires  de  ces  roches  :  sultosilicates,  azotures,  argonures,  iodures, 
arséniures,  borures,  etc.,  donne  la  clef  de  la  minéralisation  des  eaux  ther- 
males qui  en  sortent.  De  l'état  fixe  où  ils  paraîtraient  devoir  se  maintenir 
indéfiniment  dans  les  couches  profondes  du  globe,  plusieurs  des  éléments 
entrant  dans  la  constitution  des  minéraux  essentiels  ou  accessoires  des 
roches  cristalliniennes  sont  lentement  mobilisées  par  les  eaux  et  la  cha- 

(')   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3°  série,  t.  1,  p.  349. 
(^)  Même  Volume,  p.  64  et  198. 


(  9^7  ) 
leur  et  arrivent  finaleiiient  jusqu'à  la  surface  du  sol.  J'ai  montré  com- 
ment le  soufre  <les  sulfures  métalliques,  et  particulièrement  du  sulfure  de 
fer,  est  déplacé  au  ronge  par  la  vapeur  d'eau  sons  forme  d'hydrogène  sul- 
furé (  '  )  qui  par  dissociation  donne  à  son  tour  de  l'iiy  Irogène  et  du  soufre 
libres.  Les  pyrites  des  terrains  supérieurs  en  proviennent.  Les  snlfo^ilicates 
se  forment  à  leur  tour  loi-sque,  aidé  des  agents  réducteurs,  en  particulier 
des  hydrocarbures,  ce  soufre  peut  agir  au  rouge  sur  les  silicates  des  roches 
profondes  (-).  On  a  vu  que  les  sulfures  solubles  (particulièrement  le  sul- 
fure sodique)  et  lu  silice  ont  pour  origine  la  décomposition  ultérieure  de 
ces  suUosilicates  par  l'eau.  Si  l'acide  carbonique  est  présent,  les  carbo- 
nates alcalins  prennent  également  naissance  ('■').  Or  j'ai,  d'autre  part,  expé- 
rimentalement établi  que  l'oxysulfure  de  carbone  se  forme  en  même  temps 
cjue  les  sulfosilicates  par  réaction,  au  rouge,  des  gaz  carbures  et  du  soutVe 
sur  les  silicates  naturels.  Dès  que  l'eau  intervient,  cet  oxysulfure  est  décom- 
posé en  hydrogène  sulfuré  et  en  acide  carbonique,  acide  dont  le  carbone 
a  été,  comme  on  le  voit,  emprunté  aux  carbures  métalliques  et  l'oxygène 
aux  silicates. 

»  L'hydrogène  libre  provenant  de  la  réaction  de  l'eau  ambiante  ou  de 
l'eau  deconslitution  des  roches  sur  les  silicates  ferreux  qu'elles  contiennent 
généralement  (*),  hydrogène  qui  pénètre  ensuite  les  strates  des  terrains  sé- 
dimentaires  et  s'écoule  jusqu'à  la  surface  du  sol,  soit  par  diffusion,  soit  par 
les  failles  el  fentes,  soit  par  les  eaux  minérales;  l'oxyde  de  carbone  dû  à  la 
réduction  au  rouge,  en  présence  de  l'hydrogène,  de  l'acide  carbonique 
formé  comme  il  vient  d'être  dit,  ou,  pour  une  faible  partie,  issu  de  la  disso- 
ciation des  traces  de  carbonates  inclus  dans  les  roches  cristalliniennes;  les 
hyurocarbures  divers  et  particulièrement  le  gaz  des  marais,  accompagné 
de  [iétrolènes  et  de  traces  d'hydrocarbures  benzéiiiques  dérives  tle  l'action 
de  l'eau  sur  les  carbures  métalliques;  l'azote  et  l'argon  des  azotures  et 
argonures;  l'ammoniaque  provenant  de  la  décomposition  des  mêmes  azo- 
tures, et  qui,  en  réagissant  à  chaud  sur  l'acide  carbonique  et  l'hydrogène 
sulfure,  donne  les  sulfocyanates  que  nous  avons  trouves  en  faible  propor- 
tion dans  les  gaz  extraits  au  rouge  de  ces  roches;  enhn  les  corps  azotés 
ou  ainidés  plus  complexes  encore,  produits  sans  doute  grâce  à  l'action 


(')  Voir  ce  Volume,  [).  190. 

C-)  Ibid.,  p.  74o. 

(,-)  Ibid.,  \i.  ujj. 

1^')   Co//ipCes  rendus,  l.  G\  111,  [j.  yii- 

C.  K.,  i.jui,  1"   Scmcslrc.  (T.  C.WXIi,  A"  16,)  121 


(  93H  ) 
réciproque  de  l'hyilrogèiie,  de  l'oxyde  de  caibone  et  de  l'ammoniaque 
dont  la  combinaison  est  favorisée  par  la  porosité  des  roches  (');  tous  ces 
produits,  et  les  réactions  qui  les  provoquent,  résultent  des  perpétuels 
échanges,  favorisés  par  la  chaleur,  qui  s'établissent  entre  les  matériaux 
en  apparence  fixes  du  globe.  Ils  permettent  d'expliquer  jusque  dans 
leurs  détails  l'origine  et  la  nature  des  gaz  volcaniques  aussi  bien  que  la 
formation  des  eaux  sulfureuses  ou  carbonalées.  De  ces  actions  réciproques 
résultent  même,  on  vient  de  le  dire,  des  composés  organiques  complexes, 
sulfocyanures  et  corps  amidés,  qu'on  ne  se  serait  pas  attendu  à  voir  se  for- 
mer au  cours  de  ces  réactions  minérales,  et  qui  nous  font  entrevoir  la 
réalisation  de  quelques-unes  des  conditions  grâce  auxquelles,  à  un 
moment  donné,  la  vie  elle-même  a  pu  sans  doute  apparaître.    « 


MÉCANIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Analyse  de  la  dépense  du  travail  moteur  de  la 
machine  qui  soulève  le  poids  de  V homme  occupé  à  faire  du  travail  résistant 
sur  la  roue  de  Hirn.  Comparaison  avec  la  dépense  qu'entraîne  ce  même  tra- 
vail moteur  accompli  par  V homme  en  soulevant  lui-même  son  poids  sur  la 
toue.  par  M.  A.  Chauveau. 

«  Rappel  du  fait  fondamental  qui  domine  le  mécanisme  de  la  dépense  du 
travail  moteur  du  muscle.  Eléments  dont  se  compose  cette  dépense  (').  —  Si 
l'on  considère  un  muscle  en  contraction  statique  jjoiir  le  soutien  fixe  d'une 
charge,  on  constate  qu'il  est  le  ^\es,e  iVun  travail  intérieur,  source  des  forces 
de  tension  qui  équdibrent  la  charge.  Ce  travail  intérieur  s,q  \.\-&àai\.  physi- 
quement par  l'acquisition  d'un  état  spécial  d'élasticité,  absolument  parfaite, 
soumise  à  des  lois  précises  qui  ont  été  rigoureusement  déterminées.  Chi- 
miquement, ledit  travail  se  manifeste  par  une  consommation  de  potentiel 
énergétique  qui  se  résout  complètement  eu  chaleur  résiduelle  :  autrement 
dit  par  une  dépense  qui  obéit  exactement  aux  mêmes  lois  que  l'élasticité  à 
l'entretien  de  laquelle  cette  dépense  est  consacrée  :  cette  dépense  statique 
est  donc  un  phénomène  nécessaire. 

(')  Jahn  {Deutsch.  chern.  Gesell.,  6°  série,  l.  XXXII,  p.  929)  a  montré  que  l'oxyde 
de  carlsone  el  l'hydrogène  réagisseul  en  présence  des  corps  poreuv  pour  donner 
l'oxj'de  de  mélliylène  COH-;  or  on  sait  que  ce  corps  en  présence  de  l'ammoniaque 
donne  des  dérivés  alcaloïdiques  complexes.  J'ai  dit  ailleurs  que  j'avais  trouvé  dans  le 
granit,  quoiqu  en  faible  proportion,  des  corps  donnant  des  chloroplatinates  solubles 
cristallisés. 

C)  Comptes  rendus,  t.  CWXIl,  p.  194.  Voir  aussi  t.  CXW,  p.  707. 


(  9^9  ) 

))  Dans  la  contraction  dynamique,  employée  an  soulèvement  des  charges, 
c  esl-à-dire  à  l'exécution  d'un  travail  moteur,  ce  phénomène  est  également 
présent  et  occupe  même  une  phis  grande  place.  En  efiet,  pendant  le  travail 
moteur,  l'élasticité  par  laquelle  se  traduit  physiquement  le  travail  intérieur 
du  muscle  accroît  son  coefficient  de  l'état  d'immobilité,  pro|)ortionnelle- 
ment  à  la  vitesse  d'entraînement  et  à  la  valeur  de  la  charge.  Donc,  la 
dépense  statique,  affectée  au  soutien  de  la  charge  pendant  son  mouvement 
uniforme  d'ascension,  doit  être  considérée  comme  étant  soumise  au  même 
accroi-ssemenf. 

»  Miiis  la  dépense  intérieure  du  muscle  nVst  pas  seulement  commandée 
par  la  création  des  forces  chargées  de  faire  équilibre  à  la  charge  en  mou- 
vement uniforme.  Le  travail  extérieur,  exportateur  d'énergie,  contribue, 
pour  sa  part,  à  cette  dépense  intérieure,  proj>ortionnellement  à  la  valeur  du 
travail  moteur  accompli. 

»  Dans  la  dépense  intérieure  du  muscle  occupé  à  faire  du  travail  moteur, 
c'est-à-dire  à  produire  des  kilogrammètres,  il  entre  donc  deux  éléments, 
qu'il  importe  de  fiistinguer  :  i"  hi  dépense  kilo grammétrique  ou  mécanique. 
attachée  au  déplacement  de  la  charge;  2°  la  dépense  statique,  attachée  à 
l'équilibre  du  poids  de  cette  charge  pendant  son  déplacement. 

»  Disjonction  des  deux  éléments  de  la  dépense  dans  le  travail  moteur  de  la 
machine  inanimée.  —  On  ne  comprendrait  |)as  que  la  dépense  statique  fût 
spéciale  au  cas  des  moteurs  animés  et  qu'elle  ne  pût  être  introduite  dans 
la  théorie  du  mécanisme  des  moteurs  inanimés,  f^e  rapprochement  qu'on 
peut  établir,  par  déduction,  entre  le  travail  intérieur  des  muscles  et  celui 
des  moteurs  inanimés  ouvre  les  voies  à  cette  introduction.  Mais  nous  de- 
manderons de  suite  nos  renseignements  à  la  comparaison  de  la  dépense 
énergétique  qu'entraînent  respectivement  le  travail  moteur  àe  l'homme  et 
le  travail  moteur  de  la  machine,  dans  les  expériences  sur  la  roue  de  Hirn. 

»  Il  se  rencontre  justement  que,  dans  ces  expériences,  l'homme  et  la 
machine  chargée  de  faire  tourner  la  roue  travaillaient  inversement,  mais 
d'une  manière  absolument  symétrique  qui  se  prétait  éminemment  aux 
rapprochements.  La  machine  motrice  était  un  moteur  à  eau  (moteur 
Schmid)  relié  à  l'ensemble  de  l'appareil  de  Hirn  par  un  système  assez 
fruste  de  poulies  et  de  couiroies  intermédiaires.  On  s'aidera  du  schéma 
suivant  pour  en  faire  connaître  la  disposition  : 

))  Soil  A,  A,  A,  A  la  roue  de  Hirn,  avec  une  de  ses  deux  séries  d'échelons  latéraux. 
Elle  est  mise  en  mouvement  par  la  courroie  enveloppante  a,  a,  a,  déviée  en  b  par  une 
poulie  de  réflexion  permettant  au  sujet  de  se  placer  avec  une  égale  facilité  aux  deux 


(  9io  ) 
extrémités  du  diamètre  liorizontal  c.  c'  |joiii'  faire  son  travail  moteur  ou  résistant. 
Cette  roue  est  reliée  au  moteur  par  les  intermédiaires  suivants  :  d,  axe  mis  en  rota- 
tion par   le   moteur;  cet  axe  tst  garni  d'un   pignon   dont  les  dents  s'engrènent  avec 
celles  de  e,  roue  dentée  destinée  à  réduire  la  vitesse    du    mouvement  qui    doit   être 


imprimé  par  le  moteur  à  h  roue  de  Hirn  ; /,  poulie  montée  sur  le  même  axe  que  la 
roue  dentée  et  solidaire  avec  elle;  g,  g,  courroie  de  transmisssion  primaire  reliant  la 
poulie /au  système  intermédiaire  formé  des  deux  poulies  solidaires  /,  /' ;  k,  tendeur 
de  la  courroie  primaire  g. 

»  Les  flèches  pleines  indiquent  le  sens  habituel  du  mouvement  des  poulies,  des 
courroies  et  de  la  roue  de  Hirn. 

»  Habituellement  le  sujet  exécutait  son  travail  de  montée  en  se  plaçant  à  l'eNlré- 
milé  descendante,  c,  du  diamètre  horizontal  de  la  roue. 

»  Pour  le  travail  de  descente,  le  sujet  se  plaçait  à  l'autre  exlréniilé,  c',  du  diamètre 
horizontal  de  la  roue,  c'est-à-dire  à  l'extrémité  ascendante,  et  il  s'appliquait  à  s'y 
maintenir  en  descendant  incessamment  les  échelons,  pendant  que  la  roue  le  remontait 
non  moins  incessamment. 

»  Celle-ci,  ou  plulôl  sa  maciiine  motrice,  faisait  donc  du  travail  moteur  de  valeur 
équivaienle  au  travail  résistant  effectué  simultanément  par  le  sujet,  équivalente  aussi 
au  travail  moteur  que  ce  sujet  accompli>sait  lorsqu'il  élait  placé  à  l'extrémité  descen- 
dante du  diamètre  horizontal  de  la  roue. 


(  91'   ) 
n   On   voit  fionc  que  ces  conditions  se  prêtaient  parfaitement  à  la  com- 
.  paraison  de  la  dépense  énergétique  al  tachée  à  la  production  <los  deux  tra- 
vaux moteurs,   celui  de  l'homme  et  celui  de  la  machine  inanimée. 

»  Mode  d'appréciation  de  la  dépense  du  moteur.—  On  sait  que  celle  de  l'homme 
se  détermine  d'après  les  échanges  respiratoires.  La  dépense  du  moteur  est  un  peu  plus 
difficile  à  apprécier,  en  raison  de  la  grossièreté  de  l'outillage  appliqué  à  la  mise  en 
mouvement  de  la  roue  de  Hirn.  Mais  les  propositions  essentielles  qui  doivent  découler 
de  notre  comparaison  n'exigent  pas,  heureusement,  la  détermination  de  la  valeur  ab- 
solue de  la  dépense  énergétique.  D'autre  part,  il  e-t  facile  d'instituer  les  expériences 
dans  des  conditions  de  grande  simplicité,  permettant  l'obtention  de  déterminations 
relatives  d'une  approximation  suffisante. 

»  Pour  cela,  il  faut  faire  fonctionner  le  moteur  toujours  avec  la  même  vitesse,  ce 
qui  permet  d'éliminer  tout  ce  qui  touche  à  la  longueur  du  chemin  parcouru  par  la 
charge,  dans  l'unité  de  temps.  La  valeur  relative  de  l'énergie  mise  en  œuvre  dans  le 
traiail  moteur  que  la  machine  elTectue  en  élevant  le  sujet  sur  la  roue  de  Hirn,  se 
trouve  alors  dans  le  cas  d'être  déterminée  exclusivement  d'après  la  valeur  de  la  pres- 
sion que  l'eau  exerce  sur  les  deux  faces  du  piston. 

»  Tout  se  réduit  donc  à  une  simple  lecture  des  indications  d'un  manomètre  à  mer- 
cure adapté  à  l'appareil.  Mais  une  défalcation  doit  être  opérée,  dans  tous  les  cas,  sur 
les  chiirres  donnés  par  l'échelle  manométrique.  En  efifet,  en  travaillant  à  vide,  sans 
soulever  aucune  charge  sur  la  roue  de  Hirn,  le  moteur  consomme  déjà  une  notable 
quantité  d'énergie  qui  est,  à  peu  de  chose  près,  constante  pour  une  vitesse  donnée,  s> 
les  courroies  de  transmission  sont  toujours  également  tendues.  Il  faut  donc,  dans 
toutes  les  expériences,  retrancher  la  pression  nécessaire  à  ce  fonctionnement  du  mo- 
teur à  vide  de  celle  qui  intervient  quand  le  moteur  travaille  utilement.  C'est  ainsi 
qu'on  dégage  la  pression  vraie  qui  représente  la  valeur  relative  de  l'énergie  consacrée 
par  le  moteur  mécanique  au  travail  d'où  résulte  le  soulèvement  du  poids  du  sujet  sur 
la  roue  de  Mirn. 

»  Artifice  expérimental  qui  permet  la  mi.se  en  éridence  des  deux  élf^ments  de  la 
dépense  dans  le  traçait  moteur  de  la  machine.  ~  Le  point  à  mettre  en  lumièie  expé- 
rimentalement, c'est  l'existence,  dans  la  dépense  totale  du  travail  moteur  de  la  ma- 
chine, d'une  part  d'énergie  consacrée  au  soutien  de  la  charge  pendant  son  déplacement. 
Voici  comment  on  y  arrive  : 

»  Considérons  la  machine  en  train  de  remonter,  avec  une  vitesse  donnée,  l'homme 
occupé,  en  c',  à  faire  du  travail  résistant.  Le  travail  inverse  de  la  machine,  c'est-à 
dire  son  travail  moteur,  entraîne  une  dépense  d'énergie  dont  on  a  soin  de  déterminer 
d'abord  la  valeur  relative  suivant  la  méthode  indiquée  ci-dessus.  Cette  détermination 
faite,  si  l'on  desserre  peu  à  peu  le  tendeur,  />,  de  la  courroie,  gg,  qui  communique  le 
mouvement  de  rotation  au  système  de  Hirn,  il  arrivera  un  moment  où  des  glissements 
se  produiront  entre  cette  courroie  et  la  jjoulie  qu'elle  actionne.  Bientôt  la  roue  à  éche- 
lons s'arrêtera  complètement  et  le  sujet  y  restera  immobile,  soutenu  à  l'extrémité  péri- 
phérique du  rayon  horizontal,  par  la  résistance  que  le  système  rencontre  au  niveau 
du  point  où  sa  poulie  de  commande  frotte  contre  la  courroie  de  transmission. 


(    943    ) 

»   Donc  le  travail  mécanique  du  moteur  est  alors  supprimé. 

>)  Toutefois,  il  v  existe  loujours,  comme  pendant  l'exécution  du  travail 
mécanique,  le  travail  intérieur  appliqué  au  soutien  de  la  charge.  De  l'énergie 
continue  à  se  dépenser,  mais  moins  qu'avant  la  suppression  du  travail 
t'.Ttérieur.  La  dilférence  donne  la  mesure  relative  de  ce  que  j'ai  appelé  tout 
a  l'heure  la  dépense  kilogramme  trique  ou  mécanujih:-,  celle  qui  doit  s'ajouter 
à  la  dépense  statique  pour  que  la  charge  soit  soulevée. 

«  Il  est  bieû  entendu  que,  pour  faire  avec  exactitude  la  détermination  de  cette  dé- 
pense statique,  il  faut,  une  fois  obtenue  l'immohililé  du  sujet,  rétablir  la  vitesse  ini- 
tiale du  moteur,  vitesse  qui  avait  été  accélérée  par  la  suppression  du  travail  méca- 
nique. On  y  arrive  en  diminuant  au  degré  voulu  la  pression  d'eau  sur  les  faces  du 
piston  de  la  machine. 

»  C'est  de  la  pression  ainsi  réglée  qu'on  tire  la  mesure  proportionnelle 
de  la  dépense  statique,  cest-à-dire  la  dépense  du  travail  intérieur  du  mo- 
teur, appliquée  en  propre  à  la  création  de  la  force  qui  équilibre  constam- 
ment le  poids  du  sujet  pendant  qu'il  est  .soulevé  par  le  moteur.  Il  y  a  là 
exactement  l'équivalent  de  la  dépense  du  travail  intérieur  consacré  par  le 
muscle  à  la  création  de  la  force  de  soutien  des  charges  pendant  la  contraction 
dynamique. 

»  Si,  les  choses  étant  ainsi  disposées,  on  rétablit,  à  l'aide  du  tendeur,  l'adliérence 
de  la  courroie  de  commande  avec  le  système  de  poulies,  le  moteur  se  ralentit  et  s'ar- 
rête, la  pression  d'eau  étant  alors  insuffisante  pour  fournir  l'énergie  nécessaire  au 
soulèvement  du  sujet.  Mais  la  reconstitution  de  la  pression  initiale  provoque  immé- 
diatement la  mise  en  marche  du  moteur,  parce  que  celui-ci  peut  ajouter  alors  aux 
éléments  slalicjues  de  la  force  et  de  la  dépense  les  éléments  mécaniques. 

))  Par  cette  contre-épreuve,  on  complète  la  démonstration  précédente. 
Il  en  ressort,  d'une  manière  très  nette,  l'identité,  en  un  point  important,  de  la 
constitution  de  la  dépense  énergétique  des  moteurs  animés  et  des  moteurs  ina- 
nimés :  à  savoir  que  cette  dépense  s'applique,  pour  une  part  à  l'équilibration 
des  charges  soulevées  et  pour  l'autre  à  leur  soulèvement. 

»  Cette  démoastr;ition  est  passible  d'une  objection,  sans  valeur,  il  est 
vrai,  mais  qu'on  n'en  est  pas  moins  tenu  d'écarter.  Quand  le  sujet, 
par  le  fait  du  glissement  de  la  courroie  de  commande,  a  été  rendu  immo- 
bile sur  la  roue,  il  n'est  besoin  d'auctin  frolleraent  pour  maintenir  celte 
immobilité.  La  simple  pression  de  la  courroie  sur  ses  poulies  y  suffit. 
Aussi,  si  l'on  arrête  complètement  le  moteur,  le  sujet  reste-t-il  parfaitement 
soutenu  sur  la  roue  sans  exciter  la  moindre  dépense.  Mais  on  est  ainsi  en 


(  943  ) 
dehors  des  conditions  qui  sont  à  étudier.  Le  sujet  repose  alors  sur  la  roue 
comme  il  rejioserait  sur  un  |)lan  horizontal  quelconque  absolument  fixe. 
Or,  cette  fixité  du  point  d'appui  n'existe  pas  dans  les  deux  cas  considérés 
et  compares  :  ou  bien  ce  point  d'appui  se  déplace acec  la  charge  en  mouve- 
ment; ou  bien  il  se  déplace  sous  la  pression  de  la  charge  immobile.  El  c'est 
justement  cette  condition  dilTérencielle  qui  permet  de  distinguer  et  d'éva- 
luer, dans  la  dépense  intérieure  occasionnée  parle  travail  moteur  de  la  ma- 
chine, ce  qui  revient  au  soulèvement  même  delà  chm-ge  (dépense  mécanique) 
et  au  soutien  de  cette  charge  pendant  sa  montée  (dépense  statique). 

n  Les  faits  qui  révèlent  l'existence  el  donnent  la  mesure  approximative  de  la  dé- 
pense afleclée  au  soutien  de  la  charge,  pendant  le  travail  moteur  de  la  machine  à 
eau  employée  dans  les  expériences,  ont  été  recueillis  en  grand  nombre  au  cours  de  ces 
expériences.  Ils  ne  sont  pas  tous  d'une  régularité  irréprochable,  à  cause  des  grandes 
imperiéctions  de  l'outillage.  Tous  n'en  sont  pas  moins  très  significatifs.  En  voici  un 
échantillon  : 

»  ExpÉRiEMJE.  —  Sujet  descendant  sur  la  roue  de  Hirn  et  constamment  remonté  par 
le  moteur.  On  faisait  marcher  le  volant  de  celui-ci  avec  une  vitesse  de  88  tours  à  la 
minute.  Le  poids  soulevé  sur  la  roue  a  eu  successivement  les  valeurs  suivantes  :  54*^, 
64''B,  74^1;. 


1. 


Dépense  du  moteur  à  eau  pendant  le  soulèvement  du  sujet 
(  travail  mécani(jue). 


A. 


D. 


Poids  de  la  charge 

Pression 

Pression 

Différence  entre  B  et  C. 

soulevée 

manométrique  pendant 

manométrique  pendant 

exprimant  la  valeur 

par  la  machine. 

le  fonctionnement 

le  fonctionnement 

relative  de  la  dépense 

donnant  la  valeur 

de  la  machine 

à  vide 

énergétique  affectée 

relative  de  son 

eiTectuant  du 

de  la 

au  travail  moteur 

travail  moteur. 

travail  moteur. 

machine. 

de  la  machiue. 

ke 

cm 

CD) 

cm 

a  . . .      54 

107 

72 

^            35 

b...    64 

ii3 

72 

4i 

c  ...      74 

121,5 

73 

=             48,5 

n 


—  Dépense  du  moteur  à  eau  pendant  le  soutien  du  sujet 
{pas  de  travail  mécanique). 


Poids 

soutenu 

par 

la 

machine. 

a  . 

ke 
.  .       54 

b  . 

..    64 

c  . 

„  f 
•  ■         >4 

B.  C. 

Pression  Pression 

manométrique  pendant    manométrique  pendant 


Différence  entre  B  et  i'., 
exprimant  la  valeur 
relative  de  la  dépense 
le  fonctionnement  le  foncLionnemenl     énergétiqueafl'ectéeausoutien 

de  la  charge  pendant  le 
travail  moteur  de  la  machine 
cm 
=  26 

=:  3o, Ô 

=  36 


de  la  machine,  appliquée  au  à  vide 

soutien  simple  de  la  charge.        de  la  machine, 
cm  cm 

:i>5 


102 
108 


-1,0 


(  9U  ) 

Ul.  —  Relations  entre  les  valeurs  respeclises  de  la  dépense  totale,  de  la  dépense 
statique,  de  la  dépense  mécanique,  d'après  les  Tableaux  I  (soulèvement  de  la 
charge)  et  //(soutien  de  la  charge). 


A. 

B. 

C. 

D. 

Valeur  relative 

Dépense 

Dépense 

Dépense 

du  travail. 

totale. 

statique. 

niéoanique 

a  . 

I  ,000 

35 

— 

26 

== 

9 

b  . 

I  ,  l85 

41 

— 

3o,5 

=^ 

10,5 

c  . 

••       1,370 

48,5 

— 

36 

z:= 

12,5 

»  Conclusion.—  Ainsi,  dans  les  rnuleiu  s  inanimés  comme  dans  le  muscle,  mo- 
teur animé,  r énergie  consacrée  à  l'exécuiion  du  travail  mécanique  posilij  a 
une  double  destinaiion  :  il  est  dépensé  de  l'énergie  pour  créer  les  forces  de  sou- 
tien qui  équilibrent  les  charges  à  soulever  (travail  intérieuk);  il  en  est  dépensé 
pour  créer  les  forces  moliices  qui  opèrent  le  soulèvement  de  ces  charges  (travail 
extérieur). 

»  Donc,  iii  supposant  un  moteur  nucanique  directement  appliqué  au  sou- 
lèvement d'une  charge  assez  parfait  pour  n  absorber  aucune  trace  d'énergie 
dans  les  frottements  de  ses  organes,  en  admettant  de  pins  que  le  potentiel  qui 
l'alimente  en  énergie  puisse  être  soustrait  à  toute  influence  dissipatrice,  le  ren- 
dement mécanique  de  ce  moteur  ne  cesserait  pas,  pour  cela,  d'être  plus  ou 
moins  inférieur  à  l'unité,  en  raison  de  la  valeur  plus  ou  moins  considérable  de 
la  dépense  énergétique  nécessaiue  qui  est  consacrée  à  l.i  création  des  forces  de 
soutien .   » 


MÉCANIQUE.  —  De  la  propagation  des  disco/itinuités  dans  un  fluide  visqueux. 
Extension  de  la  loi  d'Hugoniol.  Noie  tie  M.  P.  L>uiie.m. 

K  I.  Au  lieu  d'admettre  l'iiypothé-e  énoncée  au  n°  iV  de  notre  précé- 
dente Note  ('  ),  011  peut  supposer  que  les  quantités  v,  r:,  ne  croissent  pas  au 
delà  de  toute  limite  lorsque  les  dérivées  partielles  de  u,  v,  v(^,  croissent  au  delà 
de  toute  limite.  Dans  ce  cas,  le  leruic  di  o6„  |)ouna  cire  négligé  dans  l'éga- 
lité (3)  de  cette  Note,  qui  nous  donnera  ti'ois  égalités  vérifiées  en  tous  les 
points  de  la  surtace  S;  la  prt'niière  de  ces  égalités  est 

Pi>^i(«2—  "1)  H-  (Ho  —  n,  -f- Vj,  —  M^..)cos,{n,x) 

-H  ('z.  —  Tza)  COï'(«.y)  +  {-^y^  —  -^yj)  CUS(«,  z)  =  O. 


(0 


(')  De  la  propagation  des  discontiniiitcs  dans  un  fluide  visqueujc  (Comptes  ren- 
dus, t.  C.WXII,  |).  658;  18  mars  1901  ). 


(3) 


(  945  ) 
»  L'égalité  (i)  de  notre  précédente  Note  donne,  d'ailleurs, 

(«2—  iit)cos(n,x)  -h  (v.j  —  v,)cos{n,y)  -h  (w^  —  tv,)  cos(/i,  s) 

_  „  p    _  Pî  — Pi  p     _  Pî  — Pi  ,. 

C,  C2 >-l   ^  .  '~2- 

Pi  Ps 

»  Les  égalités  (i)  donnent  donc  l'égalité 

=  n,  —  n,  +  (v^j  —  v^,)cos='(/?,  a;) 
^.,N(  /  +(vj,„  —  v^.,)cos*(n,7)  +  (v„— v^,)cob'(n,z) 

I-+-  2(t^2  —  T^,)cos(rt,  j)  cos(/i,  z) 
-\-2(zy.^  —  T^,)cos(n,  z)cos(n,cc) 
1  +2(t2j  —  T^,)cos(«,ic)cos(n,j). 

»  Cette  relation  détermine  la  vitesse  de  propagation  N  de  la  discon- 
tinuité. Si  l'on  y  néglige  les  quantités  v,  t,  on  retrouve  la  relation  proposée 
par  Riemann  et  généralisée  par  M.  Jouguet  ('). 

»  n.  A  ces  relations  on  doit,  avec  Hugoniot,  adjoindre  une  relation 
exprimant  que,  dans  le  temps  dt,  la  quantité  de  chaleur  dégagée  par  la 
couche  a  est  négligeable.  Si  l'on  garde  à  V  le  sens  qu'a  cette  fonction  dans 
notre  Mémoire  Sur  le  potentiel  thermodynamique  et  la  pression  hydrosta- 
tique {^)  et  si  l'on  pose 

.(p,T)  =  >:(p.T)-T^-l, 

on  obtient  la  relation  suivante  : 

P.^,[-o(p..T.)-.(p,.T.)-l-V(p.)-V(p.)4-"'-^"'^-';-?--?--J] 
=  -  (Px2"2  -+-  ^r^^'i  +  "^ziW.,  +  V^,  u,  -h  P,.,  c,  +  P^,  u',  ), 


(4) 


avec 

P^,  =  (II,  +  v^,  )  cos(rt,  a;)  -+-  T,,  C(.s(n,  j)  +  t^,  cos(«,  s), 
—  Pj2=  (n^H- v^2)cos(«,a;)  +  T-2CO.s(«,  j)  +  T^2Cos(/i,  :;). 

»  A  l'égalité  (2),  nous  devons  joindre  l'égalité  suivante,  vérifiée  en  tout 
point  non  situé,  à  l'instant  t,  sur  la  surface  (S)  : 

(5)  „  +  ,.A(p)  =  p'«|p. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  678;  18  mars  1901. 
(')  Annales  de  l'École  Normale  supérieure.  3"  série,  t.  X,  p.  i83;  1898. 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  16.)  122 


(  94^^  ) 
»   Si,  entre  les  égalités 

nous  éliminons  la  température  T,  nous  trouvons 

yi  =  H(p,çe). 

»  Dans  l'égalité  (3),  nous  pouvons  remplacer 

n(p,,T,)     par     H[p,,  n  +  p;  A(p,)], 
7,(p,.T,)     par     H[p„n  +  p;A(p,)]. 

Les  températures  T,,  Tj  sont  alors  éliminées  des  équations  relatives  à  la 
propagation  de  la  discontinuité. 

»  La  relaliou  obtenue  est  la  généralisation  de  celle  qu'a  donnée  Hugo- 
niotetqueM.  Jouguet  (')  a  étendue  récemment;  elle  redonne  celle-ci  si 
l'on  néglige  la  viscosité  et  si  l'on  suppose  que  les  actions  sont  newto- 
niennes.  cas  auquel 

-=_A(p)=o. 

»  D'ailleurs,  en  toutes  circonstances  on  peut,  comme  l'ont  fait  Hugo- 
niot  et  M.  Jouguet,  mettre  la  loi  de  détiMite  adiabatiqne  dynamique  sous 
une  forme  qui  ne  renferme  plus  les  quantités  «,.  c,,  »,,  «j.  V2,  w.,.  Cette 
forme  est  la  suivante  : 


,.J 


2[H,+  V(p,)-H,- V(p,)]p,p, 


(G)<  ^'-~^' 


(Px2+  Pari)  COS(rt,  X)  -H  (Py2-|-  Pyi)  COS(«,  y)  -t-  (P-i-H  F;,)  COS(/i,  Z) 


NOMlNATlOiVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  déjuger  les  concours  de  1901. 
Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Lacaze  (Chimie).  —  MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Ditte,  Lemoine, 
Haller,  Berlhelot,  Hautefeuille,  Dehérain. 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXXXII,  p.  678;  18  mars  1901. 


(  9\1  ) 
Prix  Delesse.  —  MM.  Marcel  Berlrand,  Fouqué,  Michel  Lévy,  de  Lappa- 
rent,  Gaudry. 

Prix  Gay.  —  MM.  Bonnier,  Van  Tieghem,  Bornet,  Guignard,  Prillieux. 

Prix  Bordin  {Sciences physiques).  —MM.  G uignard ,  Van  Tieghem,  Bonnier, 
Bornet,  Prillieux. 

Prix  Desmaziêres.  —  MM.  Guignard,  Van  Tieghem,  Bornet,  Bonnier, 
Prillieux. 

Prix  Montagne.  —   MM.   Van    Tieghem,   Bornet,   Guignard,   Bonnier, 
Prillieux. 

Prix  Thore.  — MM.  Bornet,  Guignard,  Bonnier,  Van  Tieghem,  Prillieux. 

Prix  de  La  Fons-Mélicocq.  —  MM.   Van   Tieghem,    Bornet,    Guignard, 
Bonnier,  Prillieux. 

Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  MM.  Perrier,  de  Lacaze-Duthiers, 
Filhol,  Chatin,  Giard. 

Prix  Savigny.  — MM.  Filhol,  Perrier,  de  Lacaze-Duthiers,  Giard,  Chatin. 


C0RRESP01VDi\J\CE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  de  la  Correspon- 
dance : 

Un  grand  Ouvrage  de  M.  Retzius,  intitulé  :  «  Biologische  Unlersuchun- 
gen,  neue  Folge  »,  formant  9  Volumes  avec  Planches,  dont  notre  savant 
Correspondant  fait  hommage  à  l'Acatlémie. 


GÉOMÉTRIE  CINÉMATIQUE.  —  Sur  une  question  relative  au  déplacement  d'une 
figure  de  grandeur  invariable.  Note  de  M.  R.  Bricard,  présentée  par 
M. Jordan. 

«  Soit  d'abord  F  une  figure  plane  de  grandeur  invariable  qui  se  déplace 
dans  son  plan,  suivant  une  loi  continue.  Je  désignerai  dans  ce  qui  suit 
par  (a),  (i),  .  .  .,  les  diverses  positions  que  peut  occuper  la  figure  F  au 
cours  de  ce  déplacement.  Si  l'on  considère  deux  positions  quelconques 
(a)  et  (è),  on  peut  amener  la  figure  F  de  la  première  à  la  seconde  par  une 


(  948  ) 
rotation  autour  d'nn  certain  point  O^j.  L'angle  de  la  rotation  sera  désigné 


)ar  ab. 


»  Si  l'on  groupe  deux  à  deux  les  diverses  positions  que  peut  occuper  la 
figure  F,  les  points  tels  que  O^j  dépendent  en  général  de  deux  paramètres 
et  leur  ensemble  occupe  la  totalité  du  plan  ou  tout  au  moins  une  certaine 
aire  contenue  dans  ce  plan.  Peut-on  déterminer  la  loi  du  déplacement  de  F 
de  telle  manière  que  les  points  O^j  soient  répartis  sur  une  même  courbe?  Telle 
est  la  première  question  à  laquelle  je  me  propose  de  répondre  dans  cette 
Note. 

>>  Au  cours  de  la  solution  que  je  vais  résumer  ici,  je  considère  à  diverses 
reprises  un  point  qui  se  dé|)lace  sur  une  courbe  C,  de  telle  manière  que 
ses  coordonnées  soient  fonctions  continues  d'un  paramètre  t.  J'admets  que 
Von  peut  toujours  déterminer  une  valeur,  au  moins,  du  paramétre  t,  réelle  ou 
imaginaire,  telle  que  le  point  m  correspondant  occupe  sur  la  courbe  C  une  posi- 
tion quelconque,  assignée  à  l'avance.  Il  me  semble  difficile  d'éviter  l'emploi 
de  ce  postulat,  qui  répond  d'adleurs  à  des  hypothèses  fort  larges  sur  la 
nature  des  fonctions  dont  il  s'agit. 

»  Cela  admis,  je  dirai,  à  l'exemple  de  Rihaucour,  qu'un  déplacement  est 
satisfaisant  s'il  jouit  de  la  propriété  par  laquelle  on  veut  le  déterminer. 
Imaginons  donc  un  déplacement  satisfaisant,  et  soit  C  la  courbe  lieu  des 
points  tels  que  O^b-  On  parvient  à  caractériser  la  courbe  C  et  le  déplacement 
correspondant,  en  démontrant  successivement  les  propositions  suivantes 
(m  et  n  étant  deux  points,  la  notation  m=::^n  signifie  que  ces  points  sont 
confondus;  en  outre,  pour  abréger,  je  dirai  constamment  :  position  en  sous- 
entendant  les  mots  :  que  la  figure  F  peut  occuper  au  cours  de  son  déplacement). 

»  1°  Soient  a  un  point  quelconque  de  C,  (r)  une  position  quelconque. 
Il  existe  au  moins  une  autre  position  (y)  telle  que  O^y  =  a. 

»   2°  Soient  a  et  6  deux  points  fixes  quelconques  de  C,  (a;)  une  position 

quelconque.  Il  existe,  d'après  le  i°,  au  moins  deux  positions  (j)  et  (s) 

telles  que  l'on  ait 

0^y  =  a,  0„  =  ^. 

»   Le  point  O^.^  ne  saurait  être  fixe  quand  on  fait  varier  la  position  (x). 
))   3"  Soient  a,  b,  c,  trois  points  quelconques  de  C.  On  peut  trouver  au 
moins  trois  positions  (x),  (y),  (z),  telles  que  l'on  ail 

Oy,  =  a,         O^^  —  b,         O^y  =  c. 
»  4°  ^^  courbe  C  ne  peut  avoir  trois  points  en  ligne  droite  à  distance  finie. 


(  949  ) 
»   5°  Soient  (x),  (y)  deux  positions  quelconques  distinctes.  //  n'existe 
pas  lie  position  (:),  distincte  de  (x)  et  de  (j),  telle  que  l'on  ait 

Ojj  =  O^;,     et  par  suite,  =  O^j. 

»  6°  Soient  a,  b,  c  trois  points  fixes  de  C,  (a;)  une  position  variable.  Si 
l'on  détermine  les  positions  {y),  (s)  et  (ï),  telles  que  l'on  ait 

Oj.^.  =  a,  0,j  =  h,  O-,  =  c, 

le  point  Oix  est  fixe  sur  la  courbe  C,  quand  onfait  varier  la  position  (x). 

»  'j°  a,  b,  c  étant  trois  points  quelconques  de  la  courbe  C,  on  peut  trou- 
ver sur  la  même  courbe  un  quatrième  point  d,  tel  que  de  tout  point  de  la 
courbe  C  on  voit  les  segments  ab  et  cd  sous  le  même  angle  ou  sous  des  angles 
supplémentaires. 

»  Il  est  aisé  de  voir  que  la  seule  courbe  possédant  cette  dernière  pro- 
priété est  un  cercle.  Une  fois  ce  résultat  obtenu,  ou  parvient  sans  peine  à 
la  solution  cherchée,  qui  s'énonce  ainsi  : 

»  Le  seul  déplacement  satisfaisant  (en  laissant  de  côté  des  solutions 
évidentes  et  sans  intérêt)  est  celui  d'une  Jigure  F  liée  à  un  cercle  de  gran- 
deur constante  qui  roule  sur  un  cercle  de  rayon  moitié,  le  contact  étant 
intérieur.  On  peut  vérifier  directement  que  le  centre  de  la  rotation  permet- 
tant de  passer  d'une  position  quelconque  de  la  figure  F  à  une  autre 
position  quelconque  est  toujours  un  point  du  cercle  base  de  ce  dépla- 
cement. 

»  Le  problème  dont  je  viens  d'indiquer  la  solution  peut  être  posé  rela- 
tivement au  déplacement  sur  une  sphère  d'une  figure  de  grandeur  inva- 
riable. Les  mêmes  raisonnements  s'appliquent  sans  niotlification,  et  comme 
il-  n'existe  pas  de  courbe  sphérique  possédant  la  piopriété  indiquée  plus 
haut  sous  le  n"  7,  ainsi  qu'on  s'en  rend  compte  assez  facilement,  on  voit 
(^a  il  n'existe  pas  de  déplacement  satisfaisant  sur  la  sphère. 

»  Ce  dernier  résultat  peut  s'énoncer  en  considérant  le  déplacement  à 
un  paramètre  d'un  corps  autour  d'un  point  fixe  ;  on  ne  peut  déterminer  la 
loi  d'un  pareil  déplacement,  de  telle  manière  que  les  rotations  en  nombre 
doublement  infini,  permettant  de  passer  de  l'une  à  l'autre  de  deux  jiosi- 
tions  quelconques  occupées  par  ce  corps,  au  cours  de  son  déplacement, 
s'effectuent  autour  d'axes  répartis  sur  un  cône,  au  lieu  de  constituer  une 
gerbe. 

»  On  est  maintenant  en  mesure  de  répondre  à  la  question  suivante  : 

»  Déterminer  le  déplacement  continu  d' une  figure  dans  l'espace  (à  un  para- 


(  95o) 

mètre  ou  plus),  tel  que  les  déplacements  hèlicoiclaur  permettant  d'amener  la 

figure  de V une  à  l'autre  de  deux  positions  quelconques,  choisies  parmi  celles 

qu'elle  peut  occuper,  s'effectuent  autour  d'axes  répartis  sur  une  même  surface 


réglée. 


»  La  seule  solution  est  donnée  par  le  déplacement  à  deux  paramètres 
d'une  figure  dont  deux  plans  sont  assujettis  à  passer  par  deux  droites  paral- 
lèles :  les  axes  des  déplacements  hélicoïdaux  dont  il  s'agit  sont  répartis  sur 
un  cylindre  de  révolution.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fondions  entières  de  plusieurs  variables 
et  les  modes  de  croissance.  Note  de  M.  Emile  Borel,  présentée  par 
M.  H.  Poincaré. 

«  La  théorie  générale  de  la  croissance  des  fonctions  de  plusieurs  va- 
riables apparaît  rapidement  comme  bien  plus  compliquée  que  la  théorie 
analogue  pour  une  variable.  Or,  même  dans  ce  dernier  cas  relativement 
simple,  il  est  difficile  de  traiter  la  question  dans  toute  sa  généralité,  et, 
dans  bien  des  recherches,  il  y  a  avantage  à  introduire  des  hypothèses, 
restrictives  en  apparence,  mais  toujours  ou  presque  toujours  vérifiées  dans 
les  applications;  c'est  ainsi  que  j'ai  signalé,  à  diverses  reprises,  l'impor- 
tance que  me  parait  avoir  l'étude  spéciale  du  mode  de  croissance  expo- 
nentiel ('). 

»  Il  est  clair  que  l'on  sera  obligé  d'introduire  des  restrictions  à  la  notion 
générale  de  fonction  croissante  de  plusieurs  variables,  si  l'on  veut  en  faire 
une  étude  approfondie;  il  faudra  d'ailleurs  tâcher  de  ne  point  le  faire 
arbitrairement,  mais  de  se  guider  sur  l'observation  des  faits,  de  manière 
que  la  théorie  puisse  être  le  plus  féconde  ])ossibie. 

»  Il  m'a  semblé  que  l'étude  des  fonctions  entières  de  plusieurs  va- 
riables à  coefficients  positifs  pouvait  fournir  des  indications  précieuses  sur 
l'importance  relative  des  divers  modes  de  croissance  imaginables;  cette 
étude  m'a  conduit  à  quelques  résultats  que  j'ai  développés  cet  hiver  dans 
mon  cours  du  Collège  de  France  et  que  je  voudrais  brièvement  résumer 
ici. 

»  Considérons  deux  variables  réelles  et  positives  x  et  r,  et  formons  la 

(')  Voir,  par  exemple,  mes  Leçons  sur  les  fondions  entières,  notes  11  el  III,  et  mes 
Leçons  sur  les  séries  divergentes,  p.  96. 


(  95i  ) 
fonction  e'';  si  l'on  y  donne  à  la  variable  y  une  valeur  déterminée,  on 
obtient  une  fonction  de  x  qui  est  comparable,  pour  la  croissance,  à  une 
fonction  entière  à' ordre  y,  d'après  la  définition  même  de  l'ordre.  Cet  ordre 
est  donc  variable.  Il  serait  aisé  de  former  des  exemples  analogues,  plus 
compliqués;  citons,  par  exemple,  la  fonction  : 


»  Soit  maintenant 

ce       go 
0        0 

une  fonction  entière  de  deux  variables,  les  A,„  „  étant  des  nombres  positifs 
tels  que  la  série  converge,  quels  que  soient  x  et  y.  On  peut  énoncer  le 
théorème  suivant  : 

»  Théorème  I,  —  Si  la  fonction  entière  à  coefficients  positifs  f(^x,  y)  est 
telle  que,  x^  et  y^  désignant  deux  valeurs  positives  quelconques  de  x  et  dey,  la 
fonction  entière  de  x,f{v,  y„),  soit  d'ordre  p  et  que  la  fonction  entière  de  y, 
/(■^o'  /)'  ^o''  d'ordre  p',  on  pourra  affirmer  que,  quels  que  soient  x,,  y,,  les 
fonctions  entières  f(x,  y,)  et /(a;,,  y)  sont  respectivement  d'ordres  p  et  p'. 
Dans  le  cas  où  x,  et  y,  ne  seraient  pas  réels  positifs,  ou  pourrait  affirmer 
que  les  ordres  sont  au  plus  p  et  p'. 

»  Appelons  ordre  total  def(x,y)  l'ordre  de  la  fonction  entière  de  t, 
f{t,l);  nous  aurons  le 

M  Théorème  H.  —  Les  hypothèses  étant  les  mêmes  que  dans  le  théorème  I, 
V ordre  total  de  f(^x,y^  est  au  plus  p  +  p'. 

M  Les  résultats  précédents  s'étendent  sans  peine  aux  fonctions  entières 
de  plus  de  deux  variables;  on  peut  aussi  les  étendre  à  des  cas  où  l'on  sup- 
pose l'ordre  infini  par  rapport  à  l'une  des  variables  x  ou  y,  mais  où  l'on 
donne,  cependant,  une  limite  supérieure  de  la  croissance.  Par  exemple, 
on  peut  convenir  de  dire  que  l'ordre  d'une  fonction  entière/(z)  est  infé- 
rieur à  (0,  si  le  module  maximum  de  f{z)  croît  moins  vite  que  e"',  x  dé- 
signant le  module  de  z,  que  l'ordre  de/(^)  est  inférieur  à  w-,  si  ce  module 

croît  moins  vite  que  e'''\   En  admettant  ces  définitions,    on  a,   par 

exemple,  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème  III.  —  Si  la  fonction  entière  à  coefficients  positifs  f(^x,  y) 
est  telle  que  l'ordre  def{x,y^)  étant  p,  l'ordre  def(x„,y)  soit  inférieure  cj, 
^0  «' Jo  étant  deux  nombres  positifs  particuliers,  on  peut  affirmer  que  l'ordre 
def{^x,y^  )  est  égal  à  p,  quel  que  soit  le  nombre  positif  y  ^ . 


(  952  ) 
»  Il  est  clair  que  ces  diverses  propositions  ne  peuvent  pas  s'étendre  sans 
modification  au  cas  oîi  les  coefficients  A„  „  ne  sont  pas  tous  réels  et  positifs  ; 
il  est  aisé  déformer  des  fonctions  entières  de  deux  variables  telles  que  les  ordres 
des  deux  fonctions  de  x,  obtenues  en  donnant  à  y  deux  valeurs  différentes, 
ne  soient  pas  égaux.  Par  exemple,  si  l'on  pose 

f(x,y)  =  e''  sin  j  +  e-'^, 

la  fonction /(a;,  7:)  est  d'ordre  1,  tandis  que/(,r,  i)  est  d'ordre  2.  On  voit 
nettement,  sur  cet  exemple,  le  mécanisme  au  moyen  duquel  a  été  obtenue 
simplement  une  solution  du  problème  qui  vient  d'être  posé.  Il  est  extrême- 
ment vraisemblable  que  ce  problème  n'a  pas  d'autre  solution  que  ces  so- 
lutions banales;  mais  je  n'ai  pas  encore  réussi  à  démontrer  rigoureusement 
ce  dernier  point. 

»  En  tout  cas,  il  résulte  des  rechercbes  précédentes  (jue  l'hypothèse 
qu'une  fonction  croissante  de  plusieurs  variables  est  une  fonction  entière  res- 
treint singulièrement  la  généralité  de  son  mode  de  croissance;  cette  remarque 
ne  paraîtra  peut-être  pas  indigne  d'attirer  latienlion  des  géomètres.    » 


PHYSIQUE.  —  Quelques  isothermes  de  l'éther  entre  ioo°  et  206°.  Note  de 
M.  Edouard  Mack,  présentée  par  M.  Lippinann. 

«  L'appareil  employé  à  ces  mesures  est  analogue  à  celui  qui  a  été  décrit 
à  propos  d'une  autre  étude  ('),  mais  le  compresseur  à  piston  est  sup- 
primé. 

»  Aijisi  simplifié,  l'appareil  se  compose  d'un  tube  d'expérience  vertical,  long  de 
S'"",  fermé  en  haut  et  communiquant  en  bas  par  un  long  tube  capillaire  coudé  avec 
un  tube  de  manomètre  vertical,  long  de  3'='", 8.  Dans  le  haut  de  celui-ci  pénètre  un 
piston  d'acier  trempé,  ajusté,  de  o"^",  3  de  diamètre  et  2'^'",5  de  longueur.  Les  trois 
tubes  sont  en  acier  à  parois  épaisses  et  constituent  le  réservoir  clos  où  s'exercent  les 
pressions. 

»  Le  tube  d'expérience  est  immergé  dans  un  bain  de  mercure  entouré  d'un  bain 
d'huile  dont  la  température  peut  être  maintenue  très  constante  au  moyen  d'un  ther- 
morégulateur à  gaz,  précédé  d'un  régulateur  Fournier.  Le  tube  d'expérience  a  une 
capacité  de  o'^=,5  ;  il  contient  le  corps  étudié  flottant  sur  du  mercure.  Le  tube  de  ma- 
nomètre contient  sous   le  piston   un  liquide  très  visqueux  (  -  )  et  dans  le  bas  aussi  du 


(')  E.   Mack,  Températures  de  fusion  de  quelques  corps  à  des  pressions  élevées 
{Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  36i). 

C)  Mélange  à  parties  égales  d'huile  minérale  et  de  colophane. 


(  953  ) 

mercure  qui  se  réunit  à  l'autre  par  le  tube  de  communication.  Suivant  le  procédé 
utilisé  pnr  M.  Amagat,  le  piston  peut  être  rendu  très  mobile  par  un  petit  mouvement 
de  rotation  alternalif.  1!  subit  à  son  extrémité  supérieure  l'action  d'une  force  variable 
à  volonté,  réalisée  au  moyen  d'un  plateau  chargé  de  poids  marqués. 

»  Le  piston  tient  lieu  à  la  fois  de  compresseur,  de  manomètre  et  de  volumètre.  En 
descendant  sous  la  charge,  il  peut  comprimer  le  contenu  de  l'appareil  à  plusieurs 
milliers  de  kilogrammes  par  centimètre  carré.  Sa  section  étant  connue,  le  poids  qu'il 
supporte  mesure  la  pression,  et  son  déplacement  observé  au  moyen  d'un  microscope  à 
vis  micrométrique  mesure  la  variation  de  volume  du  réservoir  et  de  son  contenu, 
quand  la  température  ou  la  pression  varie.  La  variation  de  volume  du  corps  étudié  se 
calcule  par  diflTérence,  celles  du  réservoir  et  des  liquides  auxiliaires  ayant  fait  l'objet 
de  mesures  préliminaires. 

»  Pour  déterminer  une  isotherme  du  corps  étudié,  on  maintient  con- 
stante la  tei!  péiature  du  bain  et  l'on  enlève  successivement  des  poids  sur 
le  plateau  en  observant  chaque  fois  la  position  du  piston.  Pour  déterminer 
une  isobare,  on  maintient  la  charge  invariable  et  l'on  amène  la  tempéra- 
ture à  diverses  valeurs  en  lisant  aussi  la  position  du  piston  à  chaque  étape. 
On  détermine  ainsi  les  variations  de  volume  le  long  de  la  courbe  étudiée. 
Il  est  donc  nécessaire  de  connaître  déjà  le  volume  lui-même  en  un  de  ses 
points  pour  qu'elle  soit  compièlement  déterminée. 

»  Un  tube  de  verre  mince,  elfdé,  contenant  o^"",  0908  d'éther  (oxyde 
d'éthyle)  purilié  avec  soin,  a  été  scellé  à  la  flamme  et  enfermé  dans  le  tube 
d'expérience.  Il  devait  se  briser  sous  la  pression  et  le  mercure  pénétrer 
librement.  Cela  ne  s'est  produit  qu'après  plusieurs  mesures,  et  les  pre- 
mières, celles  des  isothermes  comprises  entre  0°  et  100°,  ont  été  perdues. 
On  a  déterminé  une  seule  isobare  de  l'éther,  à  li  pression  2')ti''s,4  :  ii^q  et 
une  série  d'isothermes  ayant  toutes  un  point  à  cette  même  pression.  Pour 
rejiérer  les  volumes  dans  le  réseau  ainsi  constitué,  on  n'a  pas  pu  utiliser 
une  densité  prise  à  la  pression  ordinaire,  vu  l'absence  d'isothermes  au- 
dessous  de  100°.  On  a  alors  utilisé  l'isotherme  100°  de  jM.  Amagat  et  l'on  a 
admis  d'après  elle  qu'à  100°  et  à  la  pression  qSG''^, 4  ;  i*^''.  l'éther  a  pour 
volume  i^i,  1 1 15.  C'est  le  volume  de  la  masse  d'éther  qin'  occupe  l'^i  à  0°  à 
la  pression  ordinaire;  cette  unité  est  adoptée  ici.  \J isobare  256'^^^ 4  _.  jcq  gg| 
alors  déterminée  par  les  mesures  suivantes  : 

Températures.     26°, 65     56°, 65       100°      i3i°,i5     161°, 5     1720,8     204°, o5     206", 3 
Volumes i.ooSi     i  .o'-S'i    i.iiit     1,1660      1.2068     i,2535      1,8262     i,3334 

»  Sur  cette  isobare  on  a  interpolé  les  volumes  correspondant  aux  tem- 
pératures des  treize  isothermes  étudiées.  Ainsi  repérés,  les  volumes   me- 

C.  R.,  1901,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  16  )  I  2,'3 


(  1»*!4  ) 

sures  sur  ces  isothermes  sont  donnés  dans  la  Table  I.  F^es  pressions  y  sont 

exprimées  en  kg  :  cmq  et  les  températures  en  degrés  du  thermomètre  à 


hydrogène 

Tablf.  I.  -  r 

oIltr;}.'^:i  ftiP 

sV//V*.î. 

P- 

100°,  95. 

i5i%75. 

2o4%  2. 

P- 

172°,  7. 

182»,  3. 

187°, 6. 

192°,  0. 

206°,  3. 

256,4 

I . ii3i 

1 ,2070 

1,3286 

:ii,o 

1,56-25 

1.7208 

1,8548 

,1 

„ 

396,5 

.. 

» 

',2491 

35,4 

>. 

.. 

I .8097 

n 

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536,5 

I ,0357 

1,1218 

' . '979 

36,8 

>. 

» 

.. 

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» 

676,6 

.. 

.. 

I. i6o3 

37,5 

1,7641 

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„ 

816,7 

I ,018] 

1 ,0711 

I ,  i3io 

38,7 

>, 

1,895s 

» 

1096,8 

0,9902 

1,0359 

i,o863 

39,6 

» 

,. 

.. 

i,85i4 

.. 

1377,0 

0,9670 

I . 0069 

I , o5 1 7 

41,0 

I , 5269 

1 ,63oS 

1,7108 

.,8143 

y, 

1657,1 

0,9475 

0,9808 

1,0245 

43,8 

» 

» 

» 

1,7628 

„ 

1937,2 

0,9300 

0,9635 

1 ,0009 

48,0 

» 

>i 

1,6434 

■7707S 

» 

2217.3 

o.yi 58 

0,9/(60 

0,9801 

50,8 

» 

.. 

<. 

» 

1,9890 

55,1 

1,4763 

1,5498 

1 ,5980 

1,6480 

i,88i3 

62,1 

,. 

» 

1,5638 

I ,6o55 

» 

p.       112°,  4. 

122°, 5. 

Vi6\6.    148%  9. 

161°, 9. 

60,1 

„ 

>, 

1,5362 

1,5728 

■.7"7 

41,0      .. 

I  ,a6io 

1,3089     1,3688 

I .4421 

83,1 

I,4l25 

1,4622 

1,4932 

1,5218 

1,6266 

55,1      " 

„ 

»              » 

1 ,4092 

97,1 

>' 

» 

» 

1,484e 

1 ,0708 

83,1      .. 

1,2278 

1,2681        I,3l22 

1 ,363o 

125,1 

M 

1,3892 

i,4ioo 

i,43o4 

',49Î8 

153,1      .. 

1,1893 

1,2216     i,25'47 

1 ,2905 

153,1 

1,3249 

» 

,,3737 

1 ,3906 

1,4453 

256,4    i,i33o 

i,i5oo 

1,1760     1,2006 

1,2274 

181,1 

>• 

1,3283 

1.3449 

1,3597 

» 

396,5    1,0971 

1,1117 

i,i333     i,i522 

.,.731 

188,1 

" 

" 

n 

» 

1,3983 

536,5    1,0701 

1,0825 

1,1007     ''"V^ 

1,1 35o 

209,1 

" 

1,3340 

>• 

676,6     1,0^83 

I , 0593 

1,0752     1,0904 

1 , io63 

223,1 

» 

1 ,3107 

» 

1,3625 

816,7      .. 

„ 

i,o6Si 

I , 08 1 5 

256,4 

1 ,3520 

1,2748 

1,2874 

1 ,2980 

i,335o 

956,8      " 

j, 

1 ,061 3 

326,4 

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1,2 '196 

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1,2894 

396,5 

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1 ,2093 

1,2186 

1,2268 

1,2540 

466,5 

" 

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» 

1,2259 

536,5 

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I , 1 65 1 

I, 173I 

■,■790 

i,2oi5 

676,5 

1,1198 

1,1324 

i,i389 

i,'449 

i,i633 

816,7 

'.09'i4 

1 ,1057 

1 , 11 16 

1,1179 

i,i336 

956,8 

1 ,0728 

i,o838 

1 ,0890 

1,1094 

1096,8 

" 

I .0652 

1,0698 

1,0887 

1377,0 

!■ 

>• 

" 

i,o549 

«  Les  réseaux  de  M.  Amagat  (')  et  de  MM.  Ramsay  et  Young  (-),  com- 
prenant l'un  les  petits  volumes,  l'autre  les  grands  volumes,  sont  accordés 
par  celui-ci.  Ils  ont  de  plus  certaines  régions  communes  avec  lui,  ou  ils 
en  diffèrent  très  peu. 

>  La  mesure  des  pressions  dans  les  paliers  des  isothermes  étudiées  a 


(')  E.-H.  Amagat,  Mémoires  sur  l'élasticité  et  la  dilatabilité  des  fluides  {Annales 
de  Chimie  et  de  Physique,  &"  série,  t.  XXIX,  p.  70;  iSqS). 

(*)  W.  Ramsay  and  S.  Young,  On  Evaporatinn  and  Dissociation  {Philosophical  Ma- 
gazine, h'  série,  l.  XXIIl,  p.  435;  1887). 


(  !P5  ) 
donné  pour  la  pitssion  de  vaporisation  de  l'éther  les  valeurs  suivanLes,  Lies 
proches  de  celles  de  M.  Rnmsay  : 

Température?.      122°, 4     106°, 65    148°, 9     161°, 9     172°, 7      182", 4     187", 5     192",  i5 
Pressions lo.Sg       13,96       17,40      21, 88      26,16       3o,6j       33, 5o      35,7.5 


PHYSIQUE.   —   Recherches  cryoscopiqaes.   Noie  de  M.  Paul  (^iiRousTCHCiF. 

«  Dans  une  Note  récente  (26  novembre  1900),  j'ai  annoncé  rpie  je 
donnerais  nltérieurement  quelques  indications  sf)mmaires  sur  les  modifi- 
calions  que  j'ai  apportées  à  la  construction  et  à  l'emploi  du  thermoméire 
électrique  de  C^dlt-ndar  et  Grilfilhs,  ainsi  qu'à  la  méthode  employée  \r.\v 
Raoult  pour  la  détermination  de  l'abaissemerit  du  point  de  conjjélalion 
d'un  dissolvant  produit  |)ar  des  corps  dissous.  En  le  faisant  actuellemenl, 
j'espère  être  utile  aux  savanis  (]ui  s'intéressent  à  ces  questions. 

»  I.  Le  thermomètre  de  MM.  Callemiar  et  Gnffiths,  avec  la  forme  par- 
ticulière que  j'ai  dû  lui  donner  pour  être  applicable  à  mes  recherches,  a 
été  construit  d'après  mes  indications,  en  1897,  par  la  Scientific  Instrument 
Company,  à  Carnbridge:  il  se  dislingue  de  l'instrument  original  par  ceci  : 
la  tête  (')  fil'  thermomètre  a  été  faite  avec  uik'  forte  plaque  en  ébonite  et 
recouverte  d'une  couche  épaisse  de  paraffine  au  moyen  du  vernis  [dissolu- 
tion saturée  de  paraffine  tians  du  benzène]  (pie  j'avais  indiqué  dans  ma 
première  Communication  sur  cette  question  (  1896,  en  russe).  Ce  détail  de 
construction,  indifférent  en  apparence,  est  au  contraire  d'une  grande 
nécessité  :  je  n'ai  réussi  à  obtenir  des  mesures  constantes  dans  toute  une 
série  d'observations  et  de  l'ordre  des  millièmes  d'un  degré  centigrade  que 
^râce  à  cet  isolement  jiarfait  de  la  tète  du  thermomètre  et  de  tous  les  isola- 
teurs de  l'appareil.  M.  P.  Chappnis  a  bien  voulu  m'informer  qu'il  a  été 
amené  à  user  aussi  d'un  tour  de  main  analogue.  Grâce  à  cette  petite  modi- 
fication nécessaire  de  l'instrument,  j'ai  pu  me  servir,  dans  mes  recherches, 
d'un  courant  ininterrompu  (loiirni  par  un  grand  accumulateur)  dans  le 
pont  de  Wheatstone,  malgré  la  sensibilité  assez  grande  du  galvanomètre 
employé.  La  disposition  d.e  mon  appareil  permettait  de  n'introtluire  le  gal- 
vanomètre dans  le  circuit  qu'au  moment  de  la  lecture  (constatant  l'absence 
de  déviation);  chaque  mesure  définitive  représente  une  moyenne  de  deux 


(')   Lieu  d'attache  des  quatre  bornes  pour  rintroduclion  du  courant. 


(  956  ) 

lectures  consécutives  faites  avec  renversement  du  courant  par  un  commu- 
tateur bien  isolé. 

»  Ce  pont  de  Wheatstone  a  été  construit  dans  mon  laboratoire  et  se 
réduit  à  trois  branches  (système  Burstall)  dont  deux  ont  des  résistances 
exactement  égalisées  (au  cent  millième  d'ohm  prés)  et  dont  la  troisième 
possède  une  résistance  ég;de  à  celle  du  thermomètre  électrique.  Le  ther- 
momètre lui-même  forme  la  quatrième  branche  du  |iont  et  contient  une 
résistance  d'environ  5o  ohms  comme,  du  reste,  chacune  de  ces  quatre 
branches.  Les  trois  résistances  (branches)  du  pont  sont  toutes  immergées 
dans  un  même  bain  d'hydrocarbure  isolant. 

»  J'ai  déjà  fait  remarquer,  dans  ma  première  Noie,  que  je  n'ai  pu  obtenir 
de  résultats  exactement  concordants  qu'en  éliminant  les  corrections  dues 
aux  changements  dans  la  résistance  de  la  troisième  b'ranche  du  pont  avec 
la  température;  j'ai  déjà  dit  que  cette  élimination  a  été  produite  par  des 
expériences  parallèles  faites  à  blanc  avec  le  dissolvant  pur.  La  nécessité 
d'avoir  recours  à  ce  procédé  provient  de  l'extrême  difficulté  d'obtenir, 
pour  chaque  degré  centigrade,  des  valeurs  suffisamment  exactes  et  con- 
stantes du  coefficient  de  température  pour  les  résistances  en  manganine 
dont  je  me  suis  servi  pour  les  trois  bobines  du  pont  de  Wheatstone.  La 
pptitesse  du  coefficient  concourt  avec  sa  variabilité  pour  exagérer  cette 
difficulté. 

»  J'ai  trouvé  très  commode  de  faire  le  calibrage  de  la  résistance  du  fil  en 
platine-argent,  le  long  duquel  se  déplaçait  le  contact  mobile,  simultané- 
ment avec  celui  des  divisions  de  la  règle  en  argent  qui  m'a  servi  à  mesurer 
les  longueurs  entre  deux  points  de  contact  sur  le  fil.  Comme  contrôle,  j'ai 
comparé  les  résistances  de  plusieurs  divisions  du  fd  à  une  résistance  nor- 
male, par  la  méthode  bien  connue  de  Carey  Foster. 

»  IL  Quant  à  la  méthode  de  Raoult,  je  l'ai  appliquée  de  la  manière 
suivante  :  je  n'ai  pas  congelé  les  dissolutions  à  la  température  de  conver- 
gence, mais  toujours  à  une  température  inférieure,  afin  de  produire  beau- 
coup de  glace  et  tout  en  agitant  fortement  la  liqueur.  Après  la  formation 
d'une  quantité  suffisante  de  glace,  je  ralentissais  l'agitation  au  point  de 
n'avoir  qu'un  réchauffement  aussi  petit  que  possible  |)ar  le  frottement  de 
l'hélice,  et  je  réglais  (')  le  refroidissement  de  l'enceinte  de  façon  à  fixer 
la  température  de  l'éther  à  celle  de  convergence,  et  je  procédais  enfin  à  la 


(')  Au  moyen  d'une  soufflerie  et  d'un  robinel  appropriés  qui  seront  décrits  dans 
mon  Mémoire  déln)itif. 


(  9^7  ) 
mesure  du  point  de  congélatiou.  Comme  je  n'introduisais  l'éprouvette 
intérieure  dans  mon  appareil  qu'après  l'avoir  déjà  préalablement  refroidie 
à  la  température  de  congélation,  hors  de  l'appareil  et  d'une  manière 
approximative,  l'observation  n'exigeait  qu'un  temps  assez  court,  ce  qui 
présente  un  certain  avantage.  Les  lectures  étant  faites,  je  puisais  loo^''  de 
la  liqueur  congelée  pour  en  faire  une  analyse. 

»  Enfin,  voici  une  dernière  remarque  :  l'intérieur  de  l'éprouvette  ne  pou- 
vait pas  communiquer  avec  l'atmosphère  ambiante,  toute  communication 
étant  intercejjtée  par  une  fermeture  au  mercure,  fermeture  qui,  d'ailleurs, 
n'entravait  nullement  la  marche  de  l'agitateur  hélicoïdal.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  un  nouveau  svslème  d'ampèremètres  et  de  voltmètres, 
indépendants  de  l'intensité  de  leur  aimant  permanent.  Note  de  AI.  Pierke 
Weiss,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  I.  Les  instruments  de  mesures  électriques  dans  lesquels  on  utilise 
l'action  des  courants  sur  les  aimants  sont  sujets  à  se  dérégler  parles  varia- 
tions accidentelles  de  leurs  aimants.  Mais  il  résulte  de  l'affaiblissement  de 
l'aimant,  soit  un  accroissement,  soit  une  diminution  de  la  sensibilité,  sui- 
vant le  rôle  qui  lui  est  attribué.  Q  land  l'aimant  foin-nit  le  couple  anta- 
goniste en  agissant  comme  aimant  directeur  sur  un  équipage  magnétique 
mobile,  la  sensibilité  augmente  quand  l'aimant  s'affaiblit.  Elle  diminue,  au 
contraire,  dans  les  instruments  à  courant  mobile  dans  lesquels  l'aimant 
fournit  le  couple  déviant. 

»  On  peut  combattre  ces  défauts  contraires  l'un  par  l'autre,  en  emprun- 
tant le  couple  antagoniste  et  le  couple  déviant  tous  deux  au  même  aimant. 


Imaginons,  en  effet,  un  galvanomètre  Desprez-i'Arsonval  dans  lequel  les 
fils  amenant  le  courant  au  cadre  mobile  b  sont  dépourvus  de  rigidité  et 


(  958  ) 
dont  l'équipage  mobile  porte  une  petite  palette  m  de  fer  doux  qui  se  meut 
solidairement  avec  lui  et  que  l'aimant  INS  tond  à  maintenir  dans  la  direo 
tion  de  son  champ.  On  voit  f;!cilement  que,  pour  que  la  déviation  produite 
par  un  courant  donné  parcourant  le  cadre  mobile  soit  indépendante  du 
champ  de  l'aimant,  il  suffit  que  le  moment  magnétique  de  m  soit  constant, 
condition  que  l'on  réalise  approximativement  eu  disposant  les  choses  de 
façon  que  m  soit  sensiblement  aimanté  à  saturation. 

i>  II.  En  réalité,  il  n'est  pas  nécessaire  de  chercher  à  satisfaire  avec  une  grande 
approximation  aux  deux  conditions  extrêmes  que  nous  venons  de  poser  :  conducteurs 
infinimenl  souples  et  saturation  magnétique  de  la  pièce  m;  il  suffit  de  reniarquci 
qu'une  petite  force  antagoniste  élastique  peut  compenser  rell'et  de  l'imparfaite  satu- 
ration. Une  discussion  un  peu  plus  détaillée  montre,  eu  effet,  facilement  que  le  cou- 
rant nécessaire  pour  produire  une  déviation  donnée  a,  dans  un  instrument  pourvu  ;i 
la  fois  de  force  antagoniste  magnétique  et  de  force  antagoniste  élastique,  passe,  eu 
général,  par  un  minimum  et  par  un  maximum  quand  le  champ  varie.  Il  y  a  donc  deux 
valeurs  du  ch:unp  pour  lesquelles  une  petite  variation  de  l'aimant  permanent  ne  con- 
duit à  aucune  variation  delà  sensibilité.  En  proportionnant  convenablement  le  conpii' 
antagoniste  magnétique  et  élastique,  on  fait  coïncider  l'une  de  ces  valeurs  avec  It 
champ  de  l'aimant  qu'on  se  propose  d'employer.  On  peut  même  le  faire  coïncider  avec 
le  maximum  et  le  minimum  confondus  en  un  point  d'inflexion  et  oluenir  ainsi  une 
sensibilité  indépendante  du  champ  dans  un  grand  intervalle.  Et  effectivement,  dans 
des  expériences  faites  avec  un  électro-aimant,  le  champ  variant  de  looo  gauss  à 
2000  gauss,  on  a  pu  réduire  les  variations  de  la  sensibilité  à  ■—  de  part  et  d'autre  de 
la  valeur  moyenne. 

»  III.  Jusqu'à  présent,  nous  avons  supposé  implicitement  les  déviations  de  l'équi- 
page mobile  très  petites.  Quand  on  se  sert  de  déviations  un  peu  grandes,  il  est  néces- 
saire de  tenir  compte,  dans  la  discussion,  de  ce  que  le  couple  déviant,  le  couple  anta- 
goniste élastique  et  le  couple  antagoniste  magnétique  ne  dépendent  pas  de  l'angle  de 
déviation  suivant  la  même  loi.  L'indépendance  du  champ  de  l'aimant,  obtenue  exac- 
tement pour  le  commencement  de  l'échelle,  par  exemple,  ne  doit  être  (]u'approxi- 
mative  pour  les  autres  parties  de  la  graduation. 

«  L'expérience  a  montré  que,  par  un  choix  convenable  de  la  nature  et  de  la  forme 
de  la  pièce  m,  cette  approximation  est  beaucoup  meilleure  qu'on  ne  pouvait  l'espéier 
a  priori.  Le  tableau  suivant  ré-ulle  de  mesures  faites  sur  un  instrument  construit 
d'après  ces  principes  par  MM.  Japy  frères.  Le  champ  de  cet  instrument  a  été  porté 
successivement  à  5oo  gauss  et  à  600  gauss,  et  l'on  a  déterminé,  pour  ces  deux  inten- 
sités, le  courant  nécessaire  pour  produire  les  déviations  de  10  degrés  en  10  degrés  : 


c 

curant 

produisani 

une  dé 

talion 

a. 

a". 

H  = 

^)oo  gauss 

II 

= 

Coo 

gauss 

—     10". 

.  .  .    .        — 

48,4 

— 

47 

6 

0°. 

0 

0 

(  9^9  /' 

a".  H  =  5oo  gauss.  H  —  (ioo  gauss. 

lo" 3-,  I  37,3 

20° 67,6  67,7 

3o" 94,2  94,2 

4o" 119,4  IJ9>2 

5o° 145,6  1/15,6 

60° «73,2  173,0 

70° 199,5  199,2 

»  Quelques  autres  propriétés  des  instruments  que  nous  venons  de  décrire  se  rat- 
tachent à  leur  propriété  fondamentale.  Le  décentrage  de  l'équipage  mobile  par  rapport 
à  l'entrefer  peut  être  envisagé  comme  une  variation  accidentelle  du  champ,  d'allure 
un  peu  irrégulière.  L'expérience  a  montré  que  son  influence  est  minime  :  0,7  pour  100 
au  plus  pour  un  déplacement  inférieur  ou  égal  à  2"'™, 4  et  à  peu  près  le  même  dans 
toute  l'étendue  de  l'éciielle,  circonstance  extrêmement  favorable  à  la  construction  de 
séries  d'instruments  possédant  des  graduations  identiques. 

»  Le  rôle  tout  à  fait  subordonné  que  l'on  est  amené  à  donner  au  couple  antagoniste 
élastique  met  ces  instruments  à  l'abri  des  inconvénients  habituels  des  ressorts  spiraux  : 
variations  de  la  sensibilité  et  déplacements  du  zéro.  Dans  l'exemple  mentionné  ci-dessus, 
le  couple  antagoniste  total  est  dix  fois  le  couple  antagoniste  élastique  au  commencement 
de  l'échelle,  et  6,8  fois,  quand  la  déviation  atteint  60  degrés. 

I)  Les  variations  de  température  peuvent  affecter  l'aimant  permanent.  Cet  efl'et  est 
inofl'ensif.  Elles  peuvent  aussi  modifier  le  moment  magnétique  de  la  pièce  m.  Mais  il 
résulte  des  expériences  de  M.  P.  Curie  qu'aux  températures  ordinaires  l'intensité  d'ai- 
mantation à  sala  ration  di\  fer  doux  varie  extrêmement  peu  avec  la  température.  Et, 
de  fait,  une  variation  de  température  de  24°  n'a  permis  de  mettre  en  évidence  avec 
certitude  aucune  variation  de  la  sensibilité,  alors  qu'une  variation  de  un  millième  eûl 
été  observable.  En  tant  qu'ampèremètres,  ces  instruments  compensés  ont  donc  un  coeffi- 
cient de  température  nul.  En  tant  que  voltmètres  ils  dépendent,  à  la  manière  habituelle, 
de  la  résistance  des  conducteurs  employés. 

>)  En  résumé,  par  l'emploi  sinuillané  d'un  couple  directeur  magnétique 
prédominant  et  d'un  couple  directeur  élastique  d'importance  subor- 
donnée, on  peut  faire  du  galvanomètre  à  courant  mobile  un  instrument 
de  sensibilité  invariable  et  répondant  aux  plus  hautes  exigences  de  préci- 
sion.   !) 

ÉLECTRICITÉ.  — Sur  /'influence  de  self-induction  sur  les  spectres  d'étincelle. 
Note  de  M.  G. -A.  Ue.msalkcu,  piésenlée  p;ir  M.  Lippmann. 

«  Dans  une  Note  antérieure  ('),  j'ai  montré  qu'en  insérant  une  selt- 
induclion  dans  le  circuit  de  décharge  d  un  contlensateur,  le  spectre  de 
l'étincelle  subit  des  modifications  consiiiérables. 


(')  G. -A.  llKJiSAi.iiCH,  Comptes  rendii.t,  t.  CA'XIX,  p.  285;  1899. 


(  96o  ) 

»  A  l'aifle  d'appareils  plus  perfectionnés  et  d'un  spectrographe  plus  dis- 
persif,  j';ii  pu  étudier  ce  phénomène  avec  plus  de  précision,  et  dans  la  pré- 
sente Note  je  résume  les  principaux  résultais. 

»  Avec  une  Ixibine  de  self-inductinn  variable,  j'ai  pu  étudier  les  trans- 
formations successives  en  augmentant  lentement  la  self-induction.  Les 
raies  de  l'air  disparaissent  rapidement. 

))  Quant  aux  raies  métalliques,  quelques-unes  disparaissent  rapidement, 
d'autres  s'affaiblissent  lentement,  d'autres  enfin  s'affaiblissent  d'abord 
plus  ou  moins  et  ensuite,  en  continuant  à  augmenter  la  self-induction,  de- 
viennent plus  vives  et  souvent  dépassent  en  éclat  les  raies  du  spectre  de 
l'étincelle  ordinaire. 

»  M.  Victor  Scluimann  a  eu  la  bonté  d'attirer  mon  attention  sur  une 
méthode  très  élégante,  qui  lui  est  due,  pour  représenter  pholographique- 
ment  les  modifications  du  spectre  sous  l'action  d'une  cause  progressive- 
ment variable. 

»  Cette  méthode  consiste  à  photographier  une  série  de  spectres  l'un 
au-dessous  de  l'autre  et  sur  la  même  plaque,  le  temps  de  pose  étant 
le  même  pour  chaque  spectre.  Les  fig.  i,  2,  3,  obtenues  par  celte  mé- 
thode, représenlent  les  transformations  des  spectres  du  cobalt  {fig-  i),  du 
plomb  {fig.  2)  et  du  magnésium  i^fig.  3),  sous  l'influence  de  variations 
progressives  de  la  self-induction  du  circuit.  Elles  montrent  nettement  la 
constitution,  de  ces  spectres. 

»  Ces  spectres  ont  été  obtenus  à  l'aide  d'un  spectrographe  à  un  prisme 
en  verre  (modèle  Rutherford,  par  Steinheil).  Pour  pouvoir  photographier 
un  grand  nombre  de  spectres  sur  la  même  plaque,  on  peut  déplacer  le 
châssis  à  l'aiile  d'une  vis.  La  longueur  de  la  fente  est  réglée  par  un  dia- 
phragme. Par  ce  procédé,  les  spectres  pbologi  aphiques  sont  tous  produits 
parla  irême  partie  de  l'étincelle  (l'élincelle  ét;!nt  projetée  sui- la  fente  à 
l'aide  d'une  lentille),  ce  qui  est  important  pour  leur  comparaison. 

»  Le  condensateur  avait  une  capacité  d'environ  0,0084  microfarads. 
Comme  self-induction  je  me  servais  de  deux  bobines:  l'une  avait  i5  couches 
de  55  tours  chacune,  une  longueur  de  20''°'  et  i'='",3  de  diamètre  intérieur; 
l'autre  avait  12  couches  de  i5o  tours  chacune,  une  longueur  de  5o'''",5  et 
5*=™,  5  de  diamètre  intérieur;  le  diamètre  du  fil  étant  i"™,2  sans  l'isolement. 
Ces  deux  bobines  étant  platées  en  séries,  on  connnençait  à  faire  passer  la 
décharge  successivement  à  travers  une,  deux,  etc.,  jusqu'à  quinze  couches 
de  la  petite  bobine  et  l'on  ajoutait  ensuite  deux,  quatre,  six,  etc.,  jusqu'à 
douze  couches  de  la  grande  bobine;  on  obtenait  ainsi  22  spectres,  en 
comprenant  celui  de  l'étincelle  ordinaire,  qui  est  le  premier.  On  remar- 


I 


Fis.  I. 


I  ■  p    ■    c     ar 


Coball. 


l'i:;. 


rloiiili. 


l'i:;. 


JMasiiésiuin. 
C.  R.,   ifjoi,  1"  Semeslre.  (T.  CXXXII.  N°  16.) 


12/1 


(  962  ) 
qiiera  qu'au  début  les  modifications  dues  à  une  petite  augmentation  de  la 
self-induction  sont  très  marquées,  puis  qu'elles  deviennent  très  lentes 
malgré  une  augmentation  rapide  de  la  selt-intluction.  La  valeur  maximum 
de  la  self-induction  était  d'environ  0,06  henry  ;  le  temps  de  pose  était  de 
une  minute  pour  chaque  spectre. 

))  D'après  ces  résultats,  je  propose  de  classer  les  raies  des  spectres 
d'étincelle  d'après  l'action  de  la  self-inducUon  de  la  manière  suivante  : 

»  Première  classe.  —  Les  raies  qui  dimiiuient  rapidement  en  intensité  avec  l'aug- 
nientation  de  ia  self-induclion.  Ce  sont  les  raies  de  l'air  et  les  raies  métalliques  de 
haute  température  qu'on  obtient  seulement  dans  l'étincelle  électrique  comme  raies 
courtes.  Des  types  de  cette  classe  sont  le  doublet  du  zinc  et  celui  du  cadmium  ;  la 
raie  448'!4A  du  magnésium,  ^244, 9  et  4386, 6A  du  plomb. 

»  Deuxième  classe.  —  Les  raies  qui  diminuent  lentement  et  d'une  manière  continue 
avec  l'augmentation  de  self-induction.  Ces  raies  sont  également  visibles  dans  l'arc  où 
elles  apparaissent  en  général  renversées  ou  nébuleuses.  Gomme  types  de  cette  classe, 
notons  les  deuv  triplets  du  magnésium  :  5i83,8  0172,9  5167, 6Â.  et  3838,4  3832,5 
3829,5  Â. 

»  Troisième  classe.  —  Les  raies  qui  diminuent  d'al)ord  atteignent  un  minimum, 
puis  augmentent  considérablement  en  écial,  atteignent  un  maximum  d'intensité  pour 
diminuer  de  nouveau.  Ces  raies  apparaissent  dans  lélincelle  ordinaire  et  dans  l'arc. 
Dans  l'arc  elles  sont  très  brillantes  et  en  général  très  nettes.  La  plupart  des  raies  des 
spectres  du  fer  et  du  cobalt  sont  des  exemples  caractéristiques  de  celte  classe. 

»  Je  ferai  remarquer  encore  que  les  raies  appartenant  aux  séries  de  MM.  Kayser 
et  Runge  appartiennent  presque  toutes  à  la  deuxième  classe,  excepté  celles  du  cuivre, 
qui  appartiennent  à  la  troisième  classe. 

»  Les  détails  seront  publiés  ultérieurement.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Oscillations  périodiques  produites  par  la  superposilioti  d'un 
courant  alternatif  au  courant  continu  dans  un  arc  électrique.  Note  de  M.  E. 
KcKMG,  présentée  par  M.  Marey. 

«  On  sait,  depuis  quelques  années,  qu'un  arc  électrique  produit  par  un 
courant  continu  entre  charbons  peut  se  comporter  comme  un  téléjihone. 
Aussitôt  que  les  conducteurs  des  lampes  sont  exposés  à  des  phénomènes 
d'induction  par  suite  de  conducteurs  voisins,  l'arc  subit  des  modifica- 
tions par  suite  desquelles  il  se  produit  un  son  plus  ou  moins  accentué. 
Par  des  perfectionnements  rie  dispositif  on  a  pu  arriver  à  une  reprodtic- 
tion  claire  de  la  parole.  En  répétant  les  expériences  l'auteur  de  ces  lignes 


(  963    ) 

a  fait  quelques  recherches  sur  l'influence  de  la  superposition  de  courants 
sinusoïdaux  au  courant  continu  sur  la  lumière  de  l'arc. 

»  Un  transformateur  à  circuit  fermé  (de  3  kilowatts)  étail  j)lacédans  le 
circuit  de  la  ville  de  240  volts  et  ^o  périodes,  l^a  bobine  primaire  avait 
3o8  tours;  la  secondaire  en  avait  85  répartis  en  5  bobines  de  17  tours 
chacune,  pouvant  donner  ainsi  un  voltage  de  i3,  26,  39,  32,  65  volts.  On 
intercalait,  dans  un  circuit  à  courant  continu  de  120  volts,  une  résistance 
métallique,  une  lampe  à  arc  avec  régulateur  à  main,  et  les  17  tours  d'une 
bobine  secondaire  du  transformateur.  Aussitôt  la  su|)er|)osilion  du  courant 
alternatif,  la  lumière,  jusque-là  stable,  montra  des  oscillations  lumineuses 
périodiques  se  suàant  assez  lentement  pour  être  perceptibles  à  fœil. 

»  Tandis  qu'en  allongeant  l'arc  on  entendait  un  son  faible  correspon- 
dant à  l\o  oscillations  par  seconde,  la  période  d'oscillations  de  la  lumière 
était  de  -:^  de  seconde  environ  (estimée  à  l'aide  de  la  méthode  strobosco- 
pique).  En  élevant  l'intensité  du  courant  périodique,  les  oscillations  lumi- 
neuses devenaient  plus  fortes  sans  changer  de  fréquence.   » 


PHYSIQUE.    —  Sur  un  appareil  qui  imite  les  effets  des  fontaines  lumineuses . 
Note  de  M.  G.  Trouvé,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Cet  appareil  est  destiné  à  imiter  les  effets  des  fontaines  lumineuses;  il 
fonctionne  sans  eau.  Le  liquide  est  remplacé  par  une  masse  de  grains  ou 
de  balles  solides  (grains  de  riz,  balles  en  celluloïd,  etc.).  Ces  grains  sont 
lancé's  sous  forme  de  gerbes  ascendantes  par  un  jet  d'air  continu;  ils  re- 
tombent dans  une  vascpie  eu  étoffe  sous  laquelle  est  dissimulée  la  pompe 
centi'ifuge  et  le  moteur  qui  l'actionne;  ils  sout  ainsi  ramem-s  dans  le  jet 
gazeux  qui  les  relance.  On  obtient  ainsi  l'apparence  d'un  feu  d'artifice 
indéfini.  Un  jeu  de  lampes  électriques  permet  d'en  faire  varier  l'aspect.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l' hydrure  de  baryum.  Note  de  M.  Guxtz, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  son  beau  Travail  sur  les  azolures  des  métaux  alcalino-terreux, 
M.  Maquenne,  en  chauffant  l'amalgame  de  baryum  dans  un  courant 
d'azote,  obtint  de  l'azoture  de  baryum  lia^Az-,  mélangé  à  un  grand  excès 


(  964  ) 
d'amalgame,  comme  le  montrent  ses  analyses  ('),  mais  il  ne  put  isoler  le 
baryum. 

M  En  éhuliant  les  condilions  de  préparation  de  ce  métal,  sur  les  pro- 
priétés duquel  je  compte  bientôt  revenir,  j'ai  obtenu  l'hydrure  de  baryum, 
composé  nouveau  dont  l'existence  avait  été  autrefois  signalée  par  Win- 
kler  (-)  en  même  temps  que  celle  de  l'hydrure  de  calcium. 

»  Lorsqu'on  chauiTe  vers  rooo°,  dans  un  courant  d'iivdrogène,  l'amalgame  de 
baryum  placé  dans  une  nacelle  en  fer,  ce  composé  perd  une  partie  de  son  mercure 
en  donnant  une  masse  caverneuse,  boursouflée,  dont  la  cassure  a  l'éclat  métallique  et 
qui  a  été  considérée  jusqu'ici  comme  étant  du  barvum.  Il  n'y  a  pas  encore  sensiblement 
formation  d'hvdrure. 

»  En  élevant  au  contraire  la  température  vers  1200°,  on  obtient  un  produit  fondu 
séparé  nettement  en  deux,  couches,  comme  on  jieut  le  reconnaître  à'  la  cassure.  La 
couche  supérieure,  d'aspect  cristallin,  est  de  l'hydrure  de  baivum  ;  la  couche  Infé- 
rieuie,  d'aspect  métalliqu£,  est  de  l'amalgame  de  baryum  non  décomposé.  On  ne 
peut,  à  cette  température,  chasser  facilement  tout  le  mercure,  à  cause  de  la  volatilité 
de  l'hydrure;  lorsqu'on  chaulTe  trop  longtemps,  on  ne  retrouve  plus  rien  dans  la 
nacelle. 

n  Pour  obtenir  un  produit  sensiblement  juir,  il  fiiul  cliaulTer  encore  davantage, 
presque  jusqu'à  [400°.  On  obtient  alors,  dans  la  nacelle  de  fer,  un  produit  fondu, 
d'aspect  grisâtre,  à  cassure  cristalline,  qui  est  l'hydrure  de  barvum. 

»  J'ai  analysé  ce  produit  en  en  décomposant  par  l'eau  un  poids  connu, 
dans  un  nitromètre  de  Lunge.  On  mesure  le  volume  de  H  dé"a"é  dans  la 
décomposition  de  l'eau;  le  baryum  est  dosé  dans  la  solution,  soit  par 
titrage  alcalimétrique,  soit  par  la  pesée  du  barvum  à  l'état  de  sulfate. 

»  Du  poids  du  métal  on  déduit  celui  de  l'hvdrogène  qu'il  dégage  en 
décomposant  l'eau  :  en  retranchant  ce  nombre  du  poids  total  de  l'hydro- 
gène dégagé,  on  a  le  |)oids  d'hvdrogène  combiné  au  métal.  J'ai  trouvé 
ainsi  ! 

Théorie 
pour  15a  M-. 

Ba  pour  1 00 96 , 02        98 , 56 

H  pour  r  00 i  , 3o  1 , 44 

lïésidu  insoluble 1  ,  20  « 

»    On  trouve  toujours  un  nombre  trop  faible  pour  le  barvum;  cela  lient 


(')  MaQuknne,  Sur  t/iic/qiies  propriétr-s  des  mrtaii.r  alcalinn-terreti.r  (Biilldiii 
de  la  Société  chimique,  3''  série,  t.  MI,  p.  Sfiç)). 

(^)  WiNKLKR,  Sur  In  ràduclion  des  composés  oxygénés  par  le  magnésium  {Be- 
rirhle,  l.  CCWIV,  p.  1977). 


(  96'>  ) 
à  ce  que  le  produit  donne  souvent  un  petit  résida  de  mercure  et  de  ter 
provenant  de    l'atlnque  de  la  nacelle,  et  renferme  une  faible  quantité  de 
Ba(0?I)- qu'il  est  impossible  d'éviter  à  cause  de  l'altérabilité,  à  l'air,  de 
l'amalgame  et  de  l'hydrure  de  baryum  dans  les  diverses  manipulations. 

»   D'ailleurs,  on  a  bien  affaire  au  compose  BaH",  car,  si  Ton  calcule  le 
rapport  du  nombre  des  atomes  de  Ba  à  celui  de  H,  on  trouve 

Ba  /■    1     il  ■      • 

-jj-  =2.iu;  la  théorie  exige  2. 

Le  barvum  en  excès  est  combiné,  soit  à  l'oxygène,  soit  à  une  trace  de  mer- 
cure non  volatilisé. 

»  L'hydrure  de  baryum  ressemble  par  ses  propriétés  aux  hydrures  de 
lithium  et  de  calcium.  La  stabilité  de  ce  composé  est  remarquable.  Chauffé 
en  effet  à  i4oo",  dans  un  courant  d'hvdrogène,  il  se  volatilise  lentement 
sans  se  décomposer,  et  ses  vapeurs  attaquent  fortement  le  tube  de  porce- 
laine. Lorsqu'on  examine  ces  vapeurs  à  travers  un  verre  mince  coloré  à 
l'oxvde  de  cobalt,  on  voit  nettement  une  vapeur  verte  au-dessus  de  la  na- 
celle. Avec  le  barvum  pur.  la  vapeur  110  parait  pas  cohuée  dans  les  mêmes 
conditions. 

i>   L'Iiydrure  a  une  densité  4»  21  à  o". 

»  Il  fond  vers  1200"  et  se  vaporise  déjà  partiellement  à  cette  tempé- 
rature; il  est  décomposabic  par  l'eau  comme  les  hydrures  de  lithium  et  de 

calcium  : 

BaH=+  HH)  --=  Ba(OH/^+  2H\ 

»  Il  est  assez  altérable  à  l'air  humide  et  se  recouvre  rapidement  d'une 
couche  de  Ba(OH)-. 

»  Chauffé  dans  un  courant  d'azote,  il  est  décomposé  un  peu  au-dessus 
du  rouge  en  donnant  l'azoture  Ba'  Az-  : 

3BaH--h2Az=  Ba'Az-4-3H-. 

»  Cette  réaction  permet  d'avoir  de  l'azoture  de  baryum  exempt  de  mer- 
■  CMie,  nmis  non  de  fer. 

»  En  effet,  chaque  fois  que  l'on  chauffe  au  rouge,  dans  un  courant 
d'azote,  soitBaHg",  soit  BafF,  dans  une  nacelle  en  fer  pour  obtenir  Ba^Az-, 
il  se  produit  toujours  une  grande  quantité  d'azoture  de  ferFe''Az-  iso- 
morphe de  Ba^Az,  car  le  produit  fondu  obtenu  est  homogène  et  très  bien 
cristallisé. 


(966) 
»  La  proportion  de  Fe' Az^  semble  croître  avec  la  température  de  l'expé- 
rience; j'avais  déjà  constaté  un  phénomène  semblable  en  produisant  l'azo- 
ture  de  lithium  dans  des  nacelles  en  fer  ou  en  nickel;  il  se  formait  toujours 
des  azotures  de  fer  et  de  nickel  décomposables  par  l'eau  en  donnant  les 
oxydes  correspondants  et  de  l'ammoniaque.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Dosage  de  l'azote  nitrique  dans  les  eaux,  au 
moyen  du  chlorure  stanneux.  Note  de  M.  H.  Henriet,  présentée 
par  M.  Carnot. 

«  Suivant  MM.  Edv.  Divers  et  Tamem-Haga  (';,  une  solution  acide  de 
chlorure  stanneux  transforme  l'acide  azotique  en  hydroxylamine  (seul 
produit  tant  que  le  chlorure  stanneux  est  en  excès),  à  la  condition  qu'il 
n'y  ait  pas  assez  d'eau  en  présence  pour  empêcher  les  acides  chlorhy- 
drique  et  azolique  de  réagir  l'un  sur  l'autre. 

»  Nous  avons  repris  l'étude  de  cette  réaction  et  nous  avons  constaté 
qu'à  l'ébullition  l'azote  se  transforme  intégralement  en  hydroxylamine  et 
que  le  rendement  est  conforme  à  l'équation  ci-dessous. 

»   La  réaction  doit  se  formuler  ainsi  : 

3SnCI^  +  AzO'K  +  8HC1  =  iSnCP  ^  AzH-OHHCl  -h  KCl  +  2H-O. 

»  Elle  peut  être  utilisée  pour  le  dosage  des  nitrates,  si  l'on  y  joint  la  su  1- 
vante,  destinée  à  doser  le  chlorure  stanneux  en  excès  : 

SnCl=-l-2l-t- 4HCl  =  SnCl*-f-2lH. 

»  De  ces  équations  il  résulte  que  6  atomes  d'iode  correspondent  à 
I  atome  d'azote. 

»    Nous  préparons  les  liqueurs  suivantes  : 

«  1°  Chlorure  slanneiix.  —  Dissoudre  i4»''  fi'étain  pur  dans  HCI  pur,  puis 
l'aire  1'''  en  ajoutant  la  quantité  de  HCI  nécessaire;  agiter  et  tranvaser  dans  un  llacon 
que  l'on  lemplit  complèleinent.  Ce  llacon  est  fermé  par  nu  linnclion  à  den\  trous 
dans  lesquels  passent  :  1°  un  tube  en  relation  avec  un  petit  appareil  jjroducteur 
d'acide  carbonique;  2"  un  siphon  plongeant  jusqu'au  fond  du  llacon  et  réuni,  par  un 
caoutchouc  muni  d'une  pince  à  vis,  au  tube  abducteur  d'une  pipette  de  10"  à  deux 
traits.  La  partie  supérieure  de  cette  pipette  communique  avec  l'appareil  à  CO-  et  sa 


(')  Chem.  Soc,  i885,  p.  628. 


(  9^7  ) 

jsailie  inférieure  porte  un  caoutcliouc  terminé  par  un  tube  effilé  et  une  pince  de 
Mohr.  Le  chloiure  stanneux  est  donc  à  l'abri  de  l'air.  Laisser  reposer  vingt-quatre 
heures.  Avoir  soin,  avant  chaque  piélèvement,  d'agiter  le  flacon  pour  rendre  la 
liqueur  bien  homogène  et  de  rejeter  les  dix  premiers  centimètres  cubes  qui  rem- 
plissent la  pipette. 

»  3°  Solution  d'iode.  —  Dissoudre  8»'  à  gs"'  d'iode  dans  l'eau  distillée  additionnée 
de  20S''  d'iodure  de  potassium,  puis  compléter  à  i'".  Titrer  ensuite  à  l'hyposulfite  de 
sodium.  On  peut  encore  et  plus  simplement  titrer  l'iodeà  l'aide  d'une  solution  connue 
de  nitrate  de  potassium  en  opérant  comme  il  est  dit  plus  loin. 

»  Si  X  est  le  poids  d'iode  existant  dans  V  de  solution,  la  valeur  en  azote  de  ce  centi- 

,  i4  X  d? 

raetre  cube  sera  :  -^ • 

762 

»   Voici  maintenant  le  mode  opératoire  qtie  nous  suivons  : 

»  Dans  un  ballon  de  laa"^"^,  introduire  5o™  d'eau  à  analyser,  puis  éva- 
porer à  sec  an  bain  de  sable  {^i  10").  L'opération  terminée,  verser  dans  le 
ballon  refroidi  10'''"  d'acide  chlorliydrique  pur,  puis  10'''' de  la  solution  de 
chlorure  stanneux.  Fermer  ensuite  le  ballon  avec  un  bouchon  de  caout- 
chouc percé  d'un  trou  dans  lequel  passe  un  tube  de  verre  de  10''™  de  lon- 
gueur environ,  auquel  est  fixé  extérieurement  un  tube  de  caoutchouc  de 
même  longueur.  Placer  ensuite,  immédiatement  après  l'adjonction  de 
chlorure  stanneux,  le  ballon  sous  une  hotte  tirant  bien  et  porter  le  liquide 
à  l'ébullition,  qui  doit  ilurer  dix  minutes.  Parallèlement,  opérer  de  même 
avec  un  ballon  ne  contenant  pas  de  nitrate  et  dont  le  but  est  de  fournir 
une  lecture  repère. 

»  L'ébullition  terminée,  pincer  le  tube  de  caoutchouc  avec  le  doigt  pour 
éviter  toute  rentrée  d'air,  puis  introduire  dans  ce  caoutchouc  un  tube  de 
verre-commuiiiquant  avec  un  ap[)areil  producteur  de  CO"  ;  placer  alors  le 
ballon  sur  un  support  et  laisser  reiroidir  dans  une  atmoiphère  de  C0-. 
Répéter  la  même  opération  avec  le  ballon  repère. 

»  (Si  l'on  a  eu  sont  de  disposer  une  petite  rampe  métallique  permettant 
de  brancher  [)lusieurs  ballons  sur  l'appareil  à  CO-,  on  pourra,  avec  un  seul 
repère,  faiie  autant  de  dosages  qu'on  voudra.) 

»  Avant  de  fau-e  la  lecture,  ajouter  au  contenu  du  ballon  10"'  d'eau 
(liNtillee,  puis  quehpies  gouttes  d'empois  d'amidon.  Verser  ensuite,  avec 
une  burette  graduée,  la  solution  d'iode  jusqu'à  coloration  bleue  persis- 
tante. 

»  Si  n  est  le  nombre  de  centimètres  cubes  de  solution  d'iode  exigé  par 
le  repère,  et  /?'  celui  qu'exige  l'essai,  le  nombre  île  milligrammes  d'azote 


(96«  ) 
nitrique  par  litre  d'eau  sera  (a  étant  la  valeur  en  azote  de  i"  d'iode)  : 

(«  —  //')  X  a  X  looo 

X  = — . 

00 

))  Les  diverses  opérations  s'exécutent  très  vile  (les  eaux  étant  évaporées 
à  se(;)  et  l'on  peut  facilement  effectuer  G  dosages  en  une  heure.  Les  eaux, 
même  très  colorées,  donnent  toujours  un  virage  net. 

))  Voici  quelques  résultats  obtenus  avec  des  liqueurs  titrées  de  nitrate 
de  potassium. 

Dans  la  prise  d'essai.  Par  litre  d'eau. 

Snluiidiis.     Lectures.       liillërcncos.     Azcalculé.      Aztrciuvé.     Az  calculé.     Az  trouvé.         Ecarts, 
ce  ce  nigr  uigr  mci-  iiigr  iiigr 

1 3i,/40            0,80          o,i4          o,i35             2,8  2,7  — 0,1 

II 28,10             4> 'o          0,70          0,698           i4,o  i3,9  — 0,1 

III....       24,00             8,20           i,4o           1,386           28,0  27,7  —0,3 

IV....        i5,90           16, 3o           2,80           3,755           56, o  55, i  — 0,9 

V 7,80           24,40          4,20           '1,124           84,0  82,5  —1,5 

Hei)ère  =  32'''=,2o.  —  i<^'' tl'iode  rrr  o"'S'',  169  Vz. 

»  Les  différences  sont  dues  à  des  pertes  d'acide  nitrique  qui  se  pro- 
duisent au  moment  où  l'on  ajoute  TICl,  ainsi  que  nous  l'avons  vérifié.  Ces 
pertes  sont  d'autant  plus  grandes  que  l'essai  contient  plus  de  nitrate.  Il  y 
a  donc  avantage  à  ce  que  la  prise  d'essai  ne  contienne  pas  plus  de  i"'s',5 
dazote  en\  iron. 

»  I^es  matières  organiques,  de  quelque  nature  qu'elles  soient,  n'ont 
aucune  influence  sur  l'exactitude  des  résultats.  Seuls,  les  sels  de  fer,  qui 
sont  des  oxydants  qu'on  rencontre  |)arfois  dans  les  eaux  en  même  temps 
que  les  nitrates,  |)euvent  jeter  une  perturbation  dans  les  résultats;  on  les 
élimine  facilement  au  moyen  de  l'annnoniaque  avant  d'évaporer  les  eaux. 

»  IjO  procédé  au  chlorure  slanneux  comparé  au  procédé  rainde  flt^ 
]\L  Sclilœsing  nous  a  donné  des  chiffres  presque  toujours  comparables.  Les 
plus  grands  écarts  ont  été  de  —  i™^'',  i  et  +  i™"'"',  5  d'iizote  nitrique  par  litre 
(l'eau.   » 


CHIMIli   OIîGANIQUE.  —  Action  de  divers  alcools  sur  (luclques  acétals  d'alcools 
nio/iovalents.  Note  de  M.  3!.\iu:i:i,  I)i;i,i;i>ixK. 

«   Dans  de  précédentes  Notes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie, j'ai   indicpié  les  divers  icsultals  auxquels  m'a  condiut  l'étude  des 


(969  ) 

acétals  dérivés  du  méthanal  et  de  l'éthanal.  Il  ressort  assez  nettement  des 
recherches  Lhermochimiques  (^Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  684,  74^)  que 
les  acétals  d'alcools  monovalents  sont  engendrés  suivant  une  réaction  qui 
dégage  une  quantité  de  chaleur  paraissant  s'accentuer  avec  le  poids  molé- 
culaire de  l'alcool,  tandis  que  pour  les  acétals  d'alcools  plurivalenls  cette 
quantité  augmente  sûrement.  D'un  autre  côté  (t.  CXXII,  p.  33i),  j'ai 
établi  que  cette  réaction  est  limitée  et  que  sa  vitesse  est  considérablement 
accrue  par  la  chaleur  et  la  présence  d'un  peu  d'acide  chlorhydrique.  Cet 
ensemble  de  faits  conduit  à  supposer  que,  si  l'on  oppose  à  un  acétal  un 
alcool  autre  que  celui  qui  le  constitue,  il  pourra  y  avoir  déplacement,  plus 
ou  moins  complet  de  l'alcool  de  l'acétal  initial,  et  qu'on  pourra  activer  ce 
déplacement  par  la  chaleur  et  la  présence  d'acide  chlorhydrique.  A  part 
l'introduction  d'un  agent  d'accélération,  ce  phénomène  serait  en  quelque 
sorte  comparable  à  l'action  d'une  base  sur  un  sel.  On  sait  que  dans  ces  cir- 
constances il  y  a  un  partage  plus  ou  moins  avancé,  régi  par  la  chaleur 
dégagée. 

»  On  peut  aussi  supposer  que  l'eau  et  l'acide  décomposent  un  peu  de 
l'acétal  primitif  et  que  l'aldéhyde  s'unit  à  l'alcool  présent  dans  les  limites 
compatibles  avec  les  conditions  expérimentales;  l'eau  régénérée  recom- 
mence les  réactions,  jusqu'à  ce  que  l'équilibre  s'ensuive  entre  l'aldéhydeet 
les  deux  alcools  qui  le  sollicitent. 

»  J'ai  fait  toute  une  série  de  réactions  de  cet  ordre  avec  les  acétals  et  les 
résultats  ont  été  très  concluants.  Dans  la  plupart  des  expériences  qui  sui- 
vent, il  suffit  de  chauffer  les  matériaux,  le  plus  souvent  en  vase  ouvert  au 
réfrigérant  ascendant,  pendant  un  temps  assez  court  pour  atteindre  l'équi- 
libre, et  cela  grâce  à  l'addition  d'une  ou  deux  gouttes  d'acide  chlorhydrique 
pur  des  laboratoires  pour  iS^'  à  20^  de  matière. 

»  Le  méthylal  chauffé  avec  l'alcool  amylique,  ou  le  formai  diamylique  avec  l'alcool 
mélliylique,  conduisent  aux  mêmes  produits;  la  distillation  du  mélange  ayant  réagi 
fournit  du  méthylal,  de  l'alcool  méthylique,  de  l'alcool  amylique,  du  formai  mixte 
(résultant  d'une  substitution  partielle)  et  du  formai  diamylique.  Bref,  on  a  l'ensemble 
des  réactions  : 

CH»(0CH3)»    +2Cnî"0HjjCH2(OC*H>')2  +  2CH'OH, 
CH2(0CH')=    -t-    C=H"OH^CH2(OCH3)(OC='H")-hCH'OH, 
CH2(OC5H")^-H    CH^OH    ^CH2(0C1P)(0C5H")  +  C5H>'0H. 

»  11  en  est  serablablement  avec  l'alcool  éthylique  et  le  diamyformal,  l'alcool  méthy- 
lique et  le  dipropylformal,  l'alcool  propylique  et  le  méthylal.  Les  cinq  corps  possibles 
C.  R.,  «901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  16.)  125 


(  97°  ) 

se  produisent;  il  est  assez  difficile  de  les  séparer;  toutefois,  les  composés  à  poids  mo- 
léculaire élevé  paraissent  prédominer. 

»  Quand  on  oppose  les  alcools  méthylique  et  butylique  au  chloracétal  diéthjlique 
on  a,  dans  le  premier  cas,  un  mélange  de  trois  chloracétals  où  le  composé  mixte  l'em- 

porte;  dans  le  second  cas,  le  composé  CfPCl  —  CH;^^_jj,j  constitue  presque  tout 

le  produit  de  la  réaction,   lequel  passe  à  igo^-igS";  on  ne  retrouve  presque  pas  de 
chloracétal  (ébull.  i58°). 

))  Si  au  lieu  d'un  alcool  on  oppose  au  métliylal,  à  l'acétal  et  au  chloracétal  (éthy- 
liques)  un  phénol,  tel  que  le  p-naphtol,  les  phénomènes  se  compliquent  en  vertu  de 
réactions  nouvelles,  consécutives,  de  l'ordre  de  celles  que  je  rappelais  récemment  à 
propos  de  la  chaleur  de  formation  plus  grande  du  dynaphtylolméthane,  comparée  à 
celle  du  formai  isomère  {Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  777).  Avec  le  méthylal,  on 
obtient  le  p-dinaphlylolmétane  CPP  (G"'H''OH)=  fusible  à   1940  (à  chaud  et  à  froid); 

avec  l'acétal,  non  le  dinaphtylol,  mais  l'anhydride  CH'— CH(^  p,.„„6  /Oi  fusible  à  174°, 

ainsi  qu'un   peu  d'un  corps  fusible  à   201°  et  considéré  par  Claisen  comme  l'acétal 

Cil'  — CH(OC'»H-')=;  avec  le  chloracétal,  le  produit  CFPC1-CH(^^|[J^[\0,  fusible 

à  i73''-i74°,  se  forme  principalement. 

»  Avec  les  alcools  plurivalents,  les  faits  suivants  s'observent  : 

»  Le  glycol  chasse  à  peu  près  entièrement  l'alcool  du  chloracétal  diéthylique,  en  don- 

/Q CH^ 

nant  le  composé  CH'Cl  —  CH  ^   ^       ru-^'  bouillant  à  i56-i57°;  il  agit  de  même  sur 

le  chloracétal  éthylbutylique. 

))  La  pinacone  donne  une  réaction  presque  intégrale  avec  le  chloracétal;  une  moins 
complète,  quoique  très  avancée,  avec  l'acétal,  enfin  une  peu  avancée  avec  le  mélliylal. 
On  peut  ainsi  préparer  les  chloracétal,  acétal  et  formai  de  la  pinacone,  liquides 
bouillant  respectivement  à  I9i''-i92°,  i34°  et  i24''-i25'',  et  non  encore  préparés. 

»  La  glycérine  donne  avec  le  méthylal,  l'acétal  et  le  chloracétal  un  déplacement 
presque  complet  de  l'alcool  monovalent.  La  réaction  a  lieu  molécule  à  molécule  et 
fournit  des  composés  encore  une  fois  alcool.  Le  formai  et  l'acétal  de  la  glycérine 
avaient  été  déjà  préparés  autrement;  le  chloracétal  bout  à  235°-24o°. 

»  L'érythrite  fournit  avec  l'acétal,  non  seulement  le  diacétal,  fusible  à  gS»,  dont 
j'ai  déjà  donné  la  préparation,  mais  aussi  un  peu  de  monoacétal,  C*H' O*  (CH*), 
fusible  à  102°;  avec  le  chloracétal,  on  a  un  dichloracétal  G' II'O*  (CTPCI)-,  fusible 
à  loi^-ioS". 

»  La  mannite  donne  des  réactions  plus  compliquées;  à  cause  de  son  peu  de  solubi- 
lité, elle  réagit  lentement  et  se  change  partiellement  en  mannitane.  Néanmoins  avec 
l'acétal,  on  retrouve  facilement  la  mannite  triacétal,  fusible  à  I7i°-i73°,  et  avec  le 
chloracétal  de  la  mannite  dichloracétal,  CII^'O'*  (C^H'Cl)-,  fusible  à  i35°;  dans  les 
deux  cas,  il  se  forme  d'autres  produits  vraisemblablement  dérivés  de  la  mannitane. 

))  Telles  sont  les  réactions  que  j'ai  effectuées;  on  trouvera  ailleurs  le 
détail  (les  préparations  et  la  description  plus  complète  des  composés  obte- 


(  971  ) 
nus,  dont  beaucoup  sont  nouveaux.  Le  grand  nombre  de  circonstances  où 
elles  ont  réussi  vient  corroborer  heureusement  les  inductions  ihermochi- 
miques  et  conduit,  en  quelque  sorte,  à  un  nouveau  mode  de  production 
de  certains  acétals.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  trois  nouveaux  alcaloïdes  du  tabac . 
Note  de  MM.  Amé  Pictet  et  A.  Rotschy,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Bien  que  le  tabac  ait  été  l'objet  de  recherches  très  nombreuses  relati- 
vement à  sa  composition  chimique,  on  n'en  a  retiré,  jusqu'ici,  à  l'état 
de  pureté,  qu'un  seul  alcaloïde,  la  nicotine.  M.  A.  Gautier  a,  il  est  vrai, 
annoncé  il  y  a  une  dizaine  d'années  ('  )  qu'il  avait  constaté,  dans  un  échan- 
tillon de  tabac  du  Lot,  la  présence  d'autres  bases  organiques;  mais  il  s'est 
borné  à  signaler  le  fait  sans  entrer  dans  plus  de  détails  sur  ces  corps  et, 
depuis  lors,  aucune  nouvelle  publication  de  sa  part  n'est  venue,  à  notre 
connaissance  du  moins,  compléter  sa  première  observation  et  indiquer 
qu'il  eût  poursuivi  ses  recherches  à  ce  sujet. 

»  Ayant  eu  à  préparer  une  certaine  quantité  de  nicotine,  nous  en  avons 
profité  pour  reprendre  cette  étude. 

»  Nous  avons  retiré  du  tabac  (du  Rentuc  ky)  trois  nouveaux  alcaloïdes. 
Deux  d'entre  eux  se  distinguent  de  la  nicotine  par  leur  très  faible  volatilité 
avec  l'eau  ;  ils  peuvent  être  extraits  par  l'éther  ou  par  le  chloroforme  des 
jus  de  tabac,  après  que  ceux-ci  ont  été  entièrement  débarrassés  delà  nico- 
tine par  distillation  aux  vapeurs  d'eau.  En  soumettant  le  produit  de  cette 
extraction  à  une  série  de  distillations  fractionnées,  nous  sommes  arrivés  à 
séparer  deux  fractions  bien  définies,  l'une  bouillant  à  266°-268°;  l'autre, 
plus  petite,  passant  entre  3oo°  et  3io°;  cette  dernière  se  solidifie  en  partie 
par  refroidissement. 

»  La  première  fraction  renferme  un  alcaloïde  liquide  de  formule 
C"'H'-Az^(C74,67;  H7,73;  Azi7,67  pour  loo)  que  nous  avons  nommé 
nicotéine. 

»  Il  est  soluble  en  toutes  proportions  dans  l'eau  et  dans  les  principaux  dissolvants 
organiques.  Son  odeur  est  agréable  et  rappelle  le  persil;  sa  saveur  est  brûlante  et  très 
amère.  Sa  densité  à  12°  est  1,0778.  Sa  solution  aqueuse  a  une  réaction  très  alcaline. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  992,  et  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3"  période, 
t.  VII,  p.  468. 


(  972  ) 

L'analyse  de  ses  sels  et  de  son  iodomélliylale  montre  qu'il  constitue,  comme  la  nico- 
tine, une  base  diacide  et  bitertiaire. 

»  La  nicotéine  dévie  à  gauche  le  plan  de  polarisation  ([a]i)  =  — 46»,4i)  ;  les  sels 
sont  lévogyres  comme  la  base  elle-même  ([a]^= — 8°, 27  pour  la  solution  chlorhy- 
drique  contenant  0,67746"'  du  dichlorliydrale  dans  10'^'^).  Il  y  a  là  une  différence  remar- 
quable avec  la  nicotine  qui  est,  comme  on  sait,  lévogyre  à  l'état  de  base  libre,  mais 
dextrogyre  en  solution  acide. 

»  L'alcaloïde  solide  existant  dans  la  fraction  3oo°-3io°  forme,  après 
cristallisation  dans  l'alcool  faible,  de  petites  aiguilles  prismatiques,  fusibles 
à  i47''-i48''.  Nous  lui  avons  donné  le  nom  de  nicolelline. 

»  Sa  composition  paraît  répondre  à  la  formule  C'"]!' Az^  (C  77,88  ;  H  5, 02; 
Az  17,68  pour  100).  Il  est  peu  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'éther,  mais  se  dissout  très 
aisément  dans  l'alcool,  le  benzène  et  le  chloroforme.  Sa  saveur  est  peu  prononcée, 
poivrée,  mais  non  amère;  sa  réaction  est  neutre.  Il  fournit  des  sels  bien  cristallisés, 
entre  autres  un  bichromate  très  peu  soluble,  ce  qui  le  distingue  des  autres  alcaloïdes 
du  tabac. 

»  Nous  avons  enfin  trouvé  un  troisième  alcaloïde  dans  la  nicotine  brute 
obtenue  par  entraînement  au  moyen  des  vapeurs  d'eau.  On  peut  l'isoler 
en  mettant  à  profit  ses  propriétés  de  base  secondaire.  En  traitant  le  mé- 
lange par  l'acide  nitreux  et  en  distillant  le  produit  dans  le  vide,  nous 
avons  obtenu  une  petite  quantité  d'une  nitrosamine  huileuse,  dont  nous 
avons  retiré  la  base  par  ébuUition  avec  l'acide  chlorhydrique. 

))  Pour  celle-ci,  nous  avons  adopté  le  nom  de  nicotimine . 

»  C'est  un  isomère  de  la  nicotine.  Son  analyse  conduit  à  la  formule  C'H'^Az' 
(C  7/4,16;  H  8,71;  Az  17,34  pour  100).  Elle  se  distingue  nettement  de  la  nicotine  par 
son  odeur,  qui  est  beaucoup  plus  acre  et  pénétrante,  par  son  point  d'ébullition 
(25o°-255°),  de  quelques  degrés  plus  élevé,  par  les  propriétés  de  sels,  et  surtout  par 
le  fait  qu'elle  donne  toutes  les  réactions  caractéristiques  des  bases  secondaires  (dé- 
rivés nitrosé,  benzoylé,  etc.  ). 

»  La  proportion  des  nouveaux  alcaloïdes  dans  le  tabac  est  très  faible 
par  rapport  à  celle  de  la  nicotine.  On  peut  l'exprimer  approximativement 
par  les  chiffres  suivants  : 

Nicotine 1000 

Nicotéine 20 

Nicotimine 5 

Nicolelline i 

»  Les  propriétés  physiologiques  de  ces  corps  sont  à  l'étude.  » 


(  973  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  phênylhydrazine  et  de  Vhydrazine  sur 
les  deux  bulyrylacétylacétates  de  mélhyle  isomères.  Note  de  M.  Boxgert, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  récente,  j'ai,  avec  M.  Bouveault,  démontré  que  par 
l'action  du  chlorure  de  bulyryle  sur  l'éther  acétoacétique  sodé  l'on  obtient 
deux  isomères  les  c-  et  o-butyrylacétylacétate  de  méthyle;  j'ai  indiqué 
également  le  moyen  de  les  séparer  et  leurs  dédoublements  sous  l'action  de 
l'eau  et  des  alcalis.  Pour  compléter  cette  élude  je  donne,  dans  cette  Note, 
les  résultats  de  l'action  de  l'iiydrazine  et  de  la  phênylhydrazine  sur  ces 
deux  isomères. 

»  Action  de  la  phênylhydrazine.  —  Sur  le  c-bulyrylacétylacétate  de  mélhyle  la 
phênylhydrazine  agit  à  peu  près  dans  le  même  sens  que  l'ammoniaque. 

»  Si,  à  du  c-bulyrylacétylacélate  de  mélhyle  dissous  dans  cinq  fois  son  poids  d'éther 
anhydre,  on  ajoute  de  la  phênylhydrazine,  il  ne  semble  tout  d'abord  rien  se  produire, 
mais  peu  à  peu  l'éthër  s'échauffe  sans  cependant  bouillir  et,  au  bout  de  deux  heures, 
on  constate  un  dépôt  de  belles  lamelles  blanches  d'acétylphénylhydrazide  fondant  à 
ii&°-ii']°,  très  soluble  dans  l'éllier  ordinaire  et  dans  l'eau,  beaucoup  moins  dans 
l'éther  anhydre. 

»  Des  eaux  mères  j'ai  pu  extraire  d'autres  cristaux  blancs  fondant  à  loS",  distil- 
lables  dans  le  vide,  sous  10""°,  dans  les  environs  de  200°.  Ce  nouveau  produit,  soluble 
dans  l'éther  et  les  autres  dissolvants  neutres,  sauf  l'éther  de  pétrole,  n'est  autre  que 
la  propylphénylpyrazolone,  C'-H'*  Az-0. 

»  J'ai  pu  extraire  également  de  ces  eaux  mères  de  petites  aiguilles  blanches  fondant 
à  346°,  en  se  décomposant;  insolubles  dans  les  dissolvants  neutres,  solubles  seulement 
dans  l'acide  acétique  cristallisable  bouillant,  très  solubles  dans  les  acides  minéraux 
étendus  et  les  alcalis  étendus. 

»  Ce  nouveau  corps  possède  la  formule  brute 

C'  =  H"Az=0 

et  ne  diffère  de  celle  de  la  pyrazolone  correspondante  que  par  un  atome 
d'hydrogène  en  moins;  ce  qui  indique  que  sa  formule  doit  être  doublée  et 
que  j'ai  entre  les  mains  une  bispyrazolone. 

»  Cette  induction  a  été  vérifiée  par  la  transformation  de  ce  corps,  au 
moyen  du  perchlorure  de  fer,  en  un  magnifique  bleu  de  pyrazol,  soluble 
dans  le  chloroforme  et  insoluble  dans  l'alcool. 

»  Si  l'on  opère  dans  les  mêmes  conditions  que  précédemment  avec 


(  974  ) 
l'o-biityrylacélylacétate  de  méthyle,  on  obtient  de  belles  lamelles  soyeuses 
de  butyrylphënylhydrazide,  fondant  à  102",  très  soluble  dans  l'éther  et 
l'alcool. 

M  Des  eaux  mères  j'ai  extrait  aussi  des  cristaux  de  méthylphénylpyrazo- 
lone,  fondant  à  120°,  soluble  dans  l'éther,  très  soluble  dans  l'alcool,  les 
acides  étendus  et  les  alcalis  étendus. 

»  La  réaction  est  alors  la  suivante  : 

CH'-  C  =  CH  -  CO^CH'  -I-  2C«IFAzHAzH= 

1 


OCOC'H' 

AzC«H= 

/    \ 
Az        CO         CH'- AzH  -  AzH- 

CH'  -  C CH=  +  C'H' CO  +  CH'OH. 


»  Action  de  l'hydrazine.  —  Avec  le  c-butyrylacétylacétale  de  méthyle, 
l'hydrazine  agit  tout  différemment  de  la  phénylhydrazine  et  de  l'ammo- 
niaque. 

M  Si  l'on  mélange  molécules  égales  d'hydrazine  en  solution  alcoolique 
avec  le  c-butyrylacélylacétate  de  méthyle,  on  obtient,  après  départ  de 
l'alcool,  une  huile  visqueuse  distillant  à  179°  sous  10™"  et  qui  n'est  autre, 
d'après  l'analyse,  que  le  propylméthylpyrazolcarbonate  de  méthyle 

CH'-  CO-CH  -CO=(:H'  +  AzH==CH'-  C C-C0^CI1\ 

COC'H'  AzH=  Az  C-C'H^ 

\        / 
AzH 

)>  Un  corps  analogue  à  ce  dernier  a  été  obtenu  par  M.  Rnorr  par  l'action 
de  l'hydrazine  sur  le  diacétylacétate  d'éthyle  (Lieb.  Ann.,  t.  CCLXXIX, 
p.  237).  Ce  propylméthylpyrazolcarbonate  de  méthyle,  mis  en  contact  avec 
l'acide  chlorhydrique,  fournit  un  chlorhydrate  cristallisé,  facilement  décom- 
posable  par  l'eau  chaude  et  à  froid  par  les  carbonates  alcalins. 

»  Le  même  corps  bouilli  avec  une  solution  de  potasse  à  20  pour  100 
s'y  dissout  intégralement.  Si  l'on  acidifie  après  refroidissement  par  l'acide 
acétique,  il  se  dépose  l'acide  propylméthylpyrazolcarbonique,  petits  cris- 
taux blancs  fondant  à  226°,  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole,   solubles 


(975) 
dans  l'éther,  très  solubles  dans  l'alcool 

CH'C  -  C  -  CO^CH'-f-  II'O  =  CH'  -  C  -  C  -  CO'H  +  CH=  OH. 

Il        II  II        II 

Az      C-C=H'  Az      G  — C'H' 

\/  \/ 

AzH  AzH 

Cetacide  chauffé  au-dessus  de  son  point  de  fusion  se  décompose,  en  bouil- 
lonnant, en  donnant  de  l'acide  carbonique  et  une  huile  d'odeur  forte  qui 
constitue  vraisemblablement  le  pyrazol  correspondant  que  je  me  promets 
d'étudier  plus  tard. 

»  Avec  l'o-butyrylacétylacétate  de  mélhyle  la  réaction  est  tout  autre. 

»  Si  à  une  solution  d"o-butyrylacétylacétate  de  méthyle  dans  l'élher  anhydre  on 
verse  par  petites  portions  de  l'hydrate  d'hydrazine,  en  ayant  soin  d'agiter  con- 
stamment, on  voit  se  déposer,  en  même  temps  que  la  température  s'élève  un  peu,  de 
beaux  cristaux  blancs  de  métitylpyrazolone  fondant  à  2i5°-2i6'>. 

»  Après  essorage  des  cristaux  et  évaporation  de  l'éther,  la  solution  aqueuse  est 
distillée  dans  le  vide;  il  passe  d'abord  de  l'eau,  puis  à  120°,  sous  10"'",  un  liquide  in- 
colore cristallisant  immédiatement  après  refroidissement  en  de  belles  aiguilles 
blanches  assez  hygroscopiques. 

»  Ce  composé  constitue  la  butyrylhydrazide. 

»  Cette  butyrylhydrazide  se  combine  très  facilement  avec  les  aldéhydes  et  les  cétones 
pour  donner  des  bulyrylhydrazones. 

»  Ainsi  sa  solution  aqueuse  agitée  avec  de  l'aldéhyde  benzoïque  en  présence  d'un 
peu  d'alcali  donne  la  benzylidènebutyrylhydrazide,  longues  aiguilles  soyeuses  fondant 

^^    '  C^H'— C0AzHAz  =  CII-OIP. 

»  D'autre  part  la  butyrylhydrazide  dissoute  dans  l'acétone  fournit  par  évaporation 
des  cristaux  blancs  fondant  à  83°,  très  solubles  dans  l'acétone,  l'éther,  l'alcool  et  l'eau, 
moins  dans  l'éther  anhydre,  presque  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole,  qui  constituent 
la  butyrylhydrazone  de  l'acétone. 

»  Je  suis  donc  amené  à  représenter  la  réaction  de  l'hydrazine  par  l'équa- 
tion suivante  : 

CH'-  C  =  CH  -  CO'CH'+  2AzH= 
I  I 

OCOC'H'  AzH' 

AzH 

/\ 
Az     CO 

=  CH»  —  C  -  CH=  +  C»  H'  —  CO  AzH  AzH"  -t-  CH'  OH.    » 


(976) 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  l'acide  paraoxyhydratropique.  Note 
de  M.  J.  Boi'OAULT,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'acide  paraoxyhydratropique,  OH  —  C«  IV  -  Cil  (^  prp    .  est  isomère 


de  l'acide  parahydrocoumarique  OH  -  C°H''  -  CH=  -  Cil"  -  CO-H,  et  par 

(1)  (M 

suite  de  l'acide  phlorétique,  ces  deux  derniers  étant  identiques,  comme 
je  l'ai  montré  ('). 

»  Il  a  été  obtenu,  pour  la  première  fois,  à  partir  de  l'acide  atropique, 
par  M.  Trinius  (2),  qui  croyait  faire  ainsi  la  synthèse  de  l'acide  phloré- 
tique. En  reprenant  ce  travail,  j'ai  montré  (')  que  les  conclusions  de 
M.  Trinius,  incompatibles  avec  l'identité  de  l'acide  phlorétique  et  de  l'acide 
parahydrocoumarique,  sont  en  effet  inexactes  :  l'acide  paraoxyhydratro- 
pique est  isomère,  mais  différent  de  l'acide  phlorétique.  On  trouvera  plus 
loin  de  nombreux  caractères  différentiels  de  ces  deux  acides. 

M   L'acide   paraoxyhydratropique    s'ohtient  facilement  en  déméthylant 

son  éther,  CH'O  —  C"  II' —  CH  ^^  ,  dont  j'ai  indiqué  antérieurement 

la  préparation  à  partir  de  l'anéthol  (*). 
»  Préparation.  —  On  mélange  : 


Bf 


6 

Acide  iodhydrique,  D  =  i ,  5o 80 

Iode 4o 

Phosphore  rouge 8 

Acide  paraméthoxyhydraliopique 20 

I.  On  chauffe  doucement  au  bain-marie  pendant  trois  quarts  d'heure  environ.  On 
ajoute  alors  100"  d'eau  bouillante  et  Ton  filtre  aussitôt  pour  séparer  l'excès  de 
phosphore.  La  solution  filtrée  est  reçue  dans  une  ampoule  à  décantation,  et,  lors- 
qu'elle est  suffisamment  refroidie,  on  y  ajoute  76"  d'éther.  On  agile;  la  liqueur, 
primitivement  peu  colorée,  se  colore  en  jaune  brun  par  suite  d'une  mise  en  liberté 
d'iode,  et  cette  coloration  se  localise  surtout  dans  la  couche  élhérée.  On  lave  celte 
dernière,  d'abord  avec  3o"  d'eau  distillée,  puis  avec  i5'^'  d'eau  contenant  un  peu  de 
bisulfite  de  soude. 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXXX;  2  juillet  1900. 
(2)  Liebig's  Annalen,  t.  CCXXVII,  p.  262;  i885. 
C)  Bult.  Soc.  Chim.  3°  série,  t.  XXIII,  p.  764;  1900. 
(')   Comptes  rendus,  t.  CXXX;  26  juin  1900. 


(  977  ) 

»  L'élher,  devenu  incolore,  est  alors  décanté  et  évaporé;  il  laisse  comme  résidu  • 
l'acide  paraoxhydratropique,  qu'on  achève  de  purifier  en  le  dissolvant  dans  cinq  fois 
son  poids  d'eau  chaude  et  laissant  cristalliser. 

»  Les  eaux,  mères  acides  de  la  préparation  et  les  eaux  de  lavage  contiennent  encore 
une  notable  proportion  d'acide  paraoxhydratropique;  on  répète  les  épuisements  à 
l'éther  autant  qu'il  est  nécessaire. 

»  Propriétés.  —  L'acide  paraoxyhydratropique  cristallise  anhydre  en 
prismes  incolores,  un  peu  solubles  dans  l'eau  froide  (2s'",  Sopour  100  envi- 
ron, à  ^=  12°),  très  solubles  dans  l'eau  bouillante,  l'alcool,  l'élher,  très 
peu  solubles  dans  le  chloroforme,  la  benzine  et  l'éther  de  pétrole. 

»  H  fond  à  i3o°. 

»  Son  poids  moléculaire  déterminé  par  la  cryoscopie  a  été  trouvé  égal 
à  164,5  (chiffre  théorique,  166). 

M  II  est  inaclif  sur  la  lumière  polarisée  lorsqu'il  a  été  obtenu  avec 
l'acide  paramélhoxyhydratropiqiie  inactif.  Mais  il  est  dédoublable  en  ses 
isomères  actifs  au  moyen  de  la  morphine,  qui  donne  des  sels  inégalement 
solubles  dans  l'eau  :  le  sel  de  l'acide  gauche  est  le  moins  soluble.  J'ai  pu 
obtenir  ainsi,  après  de  nombreuses  cristallisations,  une  petite  quantité  de 
cet  acide  gauche,  et  ai  trouvé  son  pouvoir  rotatoire,  en  solution  aqueuse 
à  2  pour  100,  voisin  de  a^  =  —  7i°('). 

»  Sa  solution  aqueuse,  saturée  à  froid,  précipite  par  l'acétate  n.  de 
plomb  et  par  l'azotate  mercureux;  elle  ne  précipite  pas  par  l'azotate  d'ar- 
gent. Elle  donne  avec  le  perchlorure  de  fer  une  coloration  vert  bleuâtre 
qui,  par  addition  de  soude,  devient  rouge  brun  foncé.  Le  suc  du  Russula 
delica  Fries  l'oxyde  en  produisant  une  coloration  rouge  analogue  à  celle 
que  donne  la  tyrosine,  mais  ne  devenant  pas  noire,  comme  avec  cette  der- 
nière (lacide  parahydrocoumarique  se  comporte  de  même). 

))  Une  solution  aqueuse  du  sel  de  soude  à  i  pour  100  précipite  en 
jaune  brun  par  le  perchlorure  de  fer;  un  excès  redissout  le  précipité.  Elle 
précipite  abondamment  par  l'acétate  de  plomb  et  l'azotate  mercureux,  et 
légèrement  par  l'azotate  d'argent. 

»  Une  solution  du  sel  de  soude  à  i  pour  100  précipite,  en  outre,  par  le 
sulfate  de  cuivre. 

)>  Les  sels  de  sodium,  de  potassium,  de  baryum,  de  calcium,  de  zinc,  de 
magnésie  sont  très  solubles. 


(')  Ce  chiffre  n'est  qu'approximatif,  les  quantités  sur  lesquelles  j'ai  opéré  étant  très 
faibles. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  16.)  126 


(  978  ) 

»  Les  éthers-oxydes  éthylique  et  méthylique,  les  dérivés  bibromés  et 
biiodés  se  préparent  par  les  méthodes  indiquées  pour  les  composés  cor- 
respondants de  l'acide  isomère  (acide  hydroparacoumarique  ou  phloré- 
tique)  ('). 

M  Je  rassemble  en  un  Tableau  les  points  de  fusion  des  dérivés  corres- 
pondants des  deux  acides  isomères. 

Acide  phlorélique  Acide 

ou  hydroparacoumarique.         paraoxyhydralropique. 

o  o 

L'acide fond  à  128  i3o 

L'acide  bibromé »  109  1 10 

L'acide  biiodé »  162  i49 

L'élher  méthylique »  loi  67 

L'éther  éthylique «  io4  68 

»  En  outre  des  différences  indiquées  dans  le  Tableau  précédent,  il  faut 
noter  aussi  la  différence  de  solubilité  des  sels  de  zinc.  Le  sel  de  zinc  de 
l'acide  hydroparacoumarique  est  soluble  dans  seulement  cent  trente  fois 
son  poids  d'eau  froide;  celui  de  l'acide  paraoxyhydratropique  se  dissout 
dans  moins  de  dix  fois  son  poids  du  même  liquide.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelles  réactions  des  dérivés  orp;anomélalliques  (III). 
Éthers  ^-cétoniques  non  substitués.  Note  de  M.  E.-E.  Blaise,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  précédente,  j'ai  montré  que  les  nitriles  se  condensent 
avec  les  éthers  des  acides  gras  bromes,  en  présence  du  zinc,  pour  fournir 
des  éthers  p-cétoniques  substitués  en  a.  Le  bromacélate  d'éthyle,  qui 
conduirait  dans  les  mêmes  conditions  aux  éthers  non  substitués,  four- 
nit en  réalité  des  produits  de  condensation  plus  avancée  sur  la  constitu- 
tion desquels  je  reviendrai  plus  tard.  Cependant,  les  élhers  p-cétoniques 
non  substitués  peuvent  être  obtenus  par  une  méthode  différente  reposant 
sur  l'action  des  dérivés  éthéro-organomagnésiens  sur  le  cyanacétate 
d'éthyle.  La  réaction  s'effectue  en  deux  phases;  dans  la  première,  on 
obtient  un  dérivé  iodomagnésien  de  l'éther  cyané,  avec  formation  d'un 
carbure  saturé 

CU=-  CIP-  MoI.(C=H')=0  +  CAz  -  CH--  CO=C=n' 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX;  2  juillet  1900. 


(  979  ) 
et,  dans  la  seconde,  la  condensation  s'effectue  entre  la  fonction  nitrile  et 
une  seconde  molécule  du  dérivé  éthéro-organomagnésien 

CAz  -  CH(^^^^î^^jj"'^'^  +  CH^  -  CH=  -  MgI(C=H')^0 

^Az  — MgI(C=H^)==0 
=  CH'  -  CH^  -  C\       /MgI(C^H0'O. 

En  décomposant  ce  dernier  dérivé  par  l'eau,  on  obtient  l'étherp-cétonique 
GH»  -  CH=—  CO  -  CTP  -  CO-C^H'. 

»  C'est  là  une  méthode  générale  de  synthèse  des  éthers  p-cétoniques 
non  substitués  acycliques;  la  seule  qu'on  connût  jusqu'ici  a  été  indiquée 
récemment  par  M.  Bouveault.  Quant  aux  éthers  p-cétoniques  à  noyau 
cyclique,  on  peut  les  obtenir,  comme  on  sait,  par  les  méthodes  de  M.  Claisen 
et  de  M.  Haller. 

))  J'ai  préparé,  en  suivant  la  méthode  que  j'indique,  le  propionyl-  et  le 
butyrylacétate  d'élhyle;  le  premier  de  ces  corps  est  séparé  du  produit  de 
la  réaction  au  moyen  du  bisulfite  de  sodium,  et  le  second,  par  transforma- 
tion en  dérivé  magnésien. 

»  Ces  éthers  sont  liquides  et  donnent  avec  le  perchlorure  de  fer  une  coloration 
rouge.  Le  bisulfite  se  combine  encore  à  l'éther  propionylacétiqué,  mais  il  ne  réagit 
plus  sur  le  butyrylacétate  d'étliyle.  Par  contre,  ce  dernier  fournit  facilement  un  dé- 
rivé magnésien  qui  cristallise  en  aiguilles  dans  l'alcool  méthylique  et  fond  à  i56°-i57°. 

»  Tandis  que  l'éther  acétylacétique  donne  avec  la  semi-carbazide  une  véritable  semi- 
carbazone,  ses  homologues  fournissent  avec  ce  réactif  des  carbamjlpyrazolones 

CfP  -  CH-  —  CO  -  CH-^  —  C0=  On-'+kz  H-  -  CO  -  Az  H  —  Az  H' 

=  tr^O  -t-  C^IPOH  4-  CtP—  cm—  C CH' 

Il  I 

Az        CO 


Az  — COAzH=. 

»  Celles-ci  sont  colorées  en  bleu  très  intense  par  le  perchlorure  de  fer  en  solution 
alcoolique. 

»  La  phénylhydrazine  donne  avec  le  propionyl-  et  le  butyrylacétate  d'éthyle  les  py- 
razolones  correspondantes;  mais  si  l'on  emploie  un  excès  de  phénylhydrazine,  on 
obtient  des  bis-pyrazolones  qu'on  peut  faire  cristalliser  facilement  dans  l'acide  for- 
mique,  par  addition  d'alcool. 

»  Ces  bis-pyrazolones  sont  caractérisées  par  leur  grande  oxydabilité;  leur  oxydation 


(98o  ) 

fournit  les  bleus  de  pyrazol  correspondants,  qu'on  obtient  aisément  en  oxydant  les 
bis-pyrazolones  en  solution  alcaline,  au  moyen  du  ferricyanure  de  potassium. 

C-C^H» 


C^H5— C 


Az 


CH-CH 

I  I 

co    co 


Az 

I 


Az 

\/ 
Az 

I 


C-C2H=  G'H5— C 


-C: 

I 


I 


Az        CO  CO        Az 

\/  \/ 

Az  Az 

1  I 


»  Le  propionylacétate  d'éthyle  bout  à  9i°-92°  sous  17'"°'  et  à  191°  à  la  pression 
atmosphérique.  La  carbamylpyrazolone  correspondante,  chauffée  lentement,  se  dé- 
compose peu  à  peu  et  fond  à  172°;  mais  son  point  de  fusion  réel  est  de  197°.  L'éthyl- 
phénylpyrazoloiie  cristallise  à  100°;  le  perchlorure  de  fer  colore  sa  solution  alcoolique 
en  rouge.  La  bis-éthylphénylpyrazolone  fond  à  335°;  oxydée,  elle  donne  le  bleu  corres- 
pondant, se  déposant  de  sa  solution  acétique  en  petits  cristaux  brun  noir,  fusibles 
à  234°,  mais  se  décomposant  avant  cette  température  par  chauffage  lent. 

»  Le  butyrylacétate  d'éthyle  bout  à  104°  sous  22""°.  La  carbamylpyrazolone  qui  en 
dérive  fond  à  189°  et  sa  phénylpyrazolone  à  109°-!  10°.  La  bis-pyrazolone  ne  fond  qu'au- 
dessus  de  335°,  et  le  bleu  qu'on  obtient  en  l'oxydant  cristallise  dans  l'élher  acétique 
en  aiguilles  bleu  noir;  il  fond  à  191°.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  du  glucose. 
Note  de  MM.  L.  Maquenne  et  E.  Roux,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Parmi  les  bases  dérivées  des  sucres  qui  ne  renferment  ni  fonction 
aldéliydique,  ni  fonction  cétonique,  on  ne  connaît  encore  que  la  dioxy- 
propylamine  CH^OH  -  CHOH  -  CH=(AzH^),  qui  se  forme  lorsqu'on 
traite  le  ^lycide  par  l'ammoniaque  (')  et  son  isomère  V amino-z-propanediol 
(CH=OH)=CH(AzH=),  que  Piloty  et  Ruff  ont  obtenu  en  réduisant  la 
dioxyacétoxime  de  synthèse  par  l'amalgame  de  sodium  (-). 

»  En  essayant  d'appliquer  cette  dernière  réaction  aux  homologues 
supérieurs  du  glycérose,  nous  avons  reconnu  qu'elle  se  produit  également 
bien  dans  la  famille  des  hexoses  ou  dans  celle  des  pentoses  et  que,  par 
conséquent,  elle  présente  chez  les  sucres  réducteurs  le  même  caractère  de 
généralité  que  chez  les  aldéhydes  ou  les  acétones  à  fonction  simple. 

»  On  obtient  ainsi,  en  partant  des  oximes  d'aldoses  C"H^"0",  toute  une 
série  de  bases  primaires,  de  la  forme  C"H"+^(OH)"~'  (AzH^),  qui  ne  con- 


(')  Ber.  der  Detttsch.  cheni.  Ges.,  t.  XXXII,  p.  752. 
(*)  Ibid.,  t.  XXX,  p.  i6d6. 


(pSi  ) 

tiennent  plus,  à  côté  de  la  fonction  d'aminé,  que  celle  de  polyalcool  et, 
par  conséquent,  doivent  être  envisagées  comme  dérivant  des  sucres  non 
réducteurs  C''H""*-^(OH)".  Elles  diffèrent  des  produits  de  réduction  des 
phénylosazones  et  des  combinaisons  ammoniacales  décrites  par  Lobry  de 
Bruyn  et  Franchimont,  en  ce  qu'elles  renferment  2  atomes  d'hydrogène 
en  excès;  elles  s'en  distinguent  pratiquement  par  leur  plus  grande  stabi- 
lité et  l'absence  de  toute  action  sur  les  liqueurs  cupropotassiques. 

»  Nous  ne  décrirons  ici  que  la  base  dérivée  du  glucose  ordinaire,  qui 
est  en  quelque  sorte  le  type  de  cette  nouvelle  classe  de  composés,  et, 
pour  la  différencier  des  glucosamines  de  Ledderhose  ou  de  Lobry  de 
Bruyn,  ainsi  que  de  l'isoglucosamine  de  Fischer,  nous  la  désignerons  par 
la  suite  sous  le  nom  de  glucamine. 

»  Pour  préparer  la  glucamine  on  réduit  la  glucosoxime,  en  solution  aqueuse  au 
dixième,  par  60  parties  environ  d'amalgame  de  sodium  à  3  pour  100.  La  liqueur  doit 
être,  comme  d'habitude,  neutralisée  par  l'acide  sulfurique,  au  fur  et  à  mesure  de  la 
réaction,  et  maintenue  autant  que  possible  au  voisinage  de  0°. 

»  Lorsque  le  mélange  ne  réduit  plus  que  faiblement  la  liqueur  de  Fehling,  on  évapore 
presque  jusqu'à  sec,  on  lave  à  l'alcool  bouillant,  qui  s'empare  d'une  petite  quantité 
de  glucose  et  de  sorbite  formés  par  action  secondaire,  puis  on  ajoute  au  résidu  salin 
un  léger  excès  de  cliaux  éteinte  et  l'on  épuise  à  nouveau  par  l'alcool,  au  réfrigérant 
ascendant.  Celte  dernière  liqueur,  concentrée  dans  le  vide,  abandonne  par  refroidis- 
sement la  glucamine  à  l'état  de  cristaux  indistincts,  d'aspect  opalescent. 

»  Pour  purifier  la  base  on  la  redissout  dans  un  peu  d'eau,  on  sature  exactement 
par  l'acide  oxalique,  on  concentre,  on  fait  recristalliser  l'oxalate  à  deux  ou  trois  re- 
prises différentes  dans  l'alcool  à  60°  et  finalement  on  décompose  par  la  quantité  juste 
nécessaire  de  chaux. 

»  Le  rendement  en  base  pure  est  d'environ  25  pour  100,  par  rapport  au  glucose 
primitif. 

»  La  glucamine  forme  une  masse  incolore,  confusément  cristalline,  qui 
fond  vers  i27°-i28"et  donne  à  l'analyse  des  nombres  concordant  avec  la 
formule  C'H'^AzO^ 

»  Elle  est  très  soluble  dans  l'eau,  peu  soluble,  même  à  chaud,  dans 
l'alcool  fort  et  tout  à  fait  insoluble  dans  l'éther. 

»  Son  pouvoir  rotatoire  [aj^,  en  solution  aqueuse  à  10  pour  100,  est 
d'environ  8°  à  gauche,  sans  multirotation. 

»  Elle  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehling. 

»  D'une  saveur  à  la  fois  sucrée  et  caustique,  Iq  glucamine  possède  tous 
les  caractères  d'une  base  forte;  elle  absorbe  l'anhydride  carbonique  et 


(982  ) 

neutralise  les  acides  les  plus  puissants.  Ses  sels  sont  tous  très  solubles 
dans  l'eau  et  à  peu  près  insolubles  dans  l'alcool,  qui  les  précipite  de  leurs 
solutions  aqueuses  à  l'état  sirupeux. 

»  L'oxalate  neutre  C-0*H^(C''H'*AzO')-  est  jusqu'à  présent  le  seul 
sel  de  glucamine  que  nouS  ayons  réussi  à  faire  cristalliser;  il  se  dépose  de 
ses  solutions  dans  l'alcool  faible  sous  forme  de  petites  paillettes  hexago- 
nales miroitantes,  qu'il  est  facile  d'obtenir  à  l'état  de  pureté  complète. 
Sous  l'action  de  la  chaleur  ce  corps  commence  par  fondre  vers  i8o°,  puis 
dégage  de  la  vapeur  d'eau  et  se  transforme  en  une  masse  légèrement  jau- 
nâtre, cristallisable  en  fines  aiguilles,  qui  ne  réagit  plus  avec  le  chlorure 
de  calcium  qu'après  ébullition  avec  une  lessive  alcaline  et  présente  la 
composition  de  l'oxamide  CH-^Az-O'-. 

»  Son  pouvoir  rotatoire  [a]u=  —  i5°,3,  sans  multirotation. 

»  Le  picrate  de  glucamine  forme  un  vernis  jaune  absolument  amorphe; 
le  chloroplatinate  ne  cristallise  que  difficilement. 

»  La  base  libre  décompose  la  plupart  des  sels  métalliques  à  la  façon  de 
l'ammoniaque;  elle  redissout  l'hydrate  ferrique  en  donnant  une  liqueur 
d'un  brun  rouge  foncé. 

V  Avec  le  sulfate  de  cuivre  elle  forme  une  eau  céleste  d'où  se  déposent 
de  petits  cristaux  bleus  non  encore  étudiés;  avec  l'azotate  d'argent  elle 
donne  un  précipité  blanc  qui  noircit  de  lui-même  et  forme  un  miroir  si 
l'on  chauffe;  avec  le  chlorure  mercurique  il  se  produit  un  précipité  blanc, 
inaltérable  par  la  chaleur,  qui  est  soluble  dans  un  excès  de  réactif. 

))  La  glucamine  donne  de  l'iodoforme  avec  la  teinture  d'iode,  à  l'ébul- 
lition. 

»  L'acide  nitreux,  qui  devrait  théoriquement  transformer  la  glucamine 
en  sorbite,  n'agit  que  lentement  à  froid.  A  chaud  l'attaque  est  plus  rapide, 
mais  alors  il  y  a  oxydation  simultanée  et  l'on  recueille  seulement  un 
mélange  lévogyre  de  sucres  réducteurs  qui  donne  de  la  phénylglucosazone 
avec  l'acétate  de  phénylhydrazine. 

»  On  arrive  au  même  résultat  lorsqu'on  chauffe  doucement  un  mélange 
d'oxalate  de  glucamine  et  d'azolite  de  sodium,  ou  encore  lorsqu'on  oxyde 
directement  la  base  par  l'acide  azotique  étendu. 

»  Néanmoins,  elle  réagit  sur  l'oxalate  d'éthyle,  l'aldéhyde  benzoïque, 
l'acélylacétone  et  le  cyanale  de  potasse,  en  donnant  des  produits  cristal- 
lisés, ce  qui  porte  à  croire  qu'elle  possède  bien  la  fonction  d'aminé  pri- 
maire. Elle  représente  donc,  conformément  à  la  notation  que  l'un  de  nous 


(  983  ) 
a  proposée  pour  les  sucres,  \'amino-i-hexanepentol^—~&, 

OH     H     OH    OH 

(AzH-)CH=  _C_C_C_C_  CH^OH. 
I         I         I         I 
H     OH     H      H 

»  L'absence  de  toute  multirotation  montre  que  la  configuration  géomé- 
trique de  la  glucamine  est  stable  en  présence  de  l'eau,  ce  qui  la  rapproche 
encore  des  alcools  polyvalents  et  l'éloigné  des  bases  déjà  connues  qui, 
comme  la  chitosamineC*H"AzO%  renfermentune  fonction  d'aldéhyde  ou 
d'acétone. 

»  La  glucamine  est  peut-être  identique  au  composé  qui  a  été  entrevu 
par  M.  E.  Fischer  dans  les  produits  de  réduction  de  la  glucose-hydra- 
zone  (');  nous  nous  proposons  d'en  poursuivre  l'étude,  ainsi  que  celle  de 
ses  isomères  et  de  ses  homologues.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Action  des  éthers  alcoylcyanacctiques  sur  les  chlo- 
rures diazoïques.  Note  de  M.  G.  Favrel,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  première  Note,  j'ai  montré  que  les  chlorures  diazoïques,  mis 
en  présence  de  l'acétylcyanacélate  d'éthyle  ou  de  ses  homologues  supé- 
rieurs, fournissaient  des  produits  identiques  à  ceux  que  l'on  obtient  en 
remplaçant  les  éthers  précédents  par  du  cyanacétate  d'éthyle. 

»  On  pouvait  se  demander  si  les  éthers  aicoylcyanacétiques  réagiraient 
de  la  même  façon.  Les  essais  ont  été  effectués  avec  le  méthylcyauacétate 
de  méthyle,  le  méthylcyanacétate  d'éthyle  et  l'éthylcyanacétate  d'élhvle 
qui  peuvent  être  obtenus  facilement  à  l'état  de  pureté  en  suivant  le  mode 
de  préparation  indiqué  par  M.  Haller  et  par  M.  L.  Henry. 

»  110'^'=  de  solution  normale  d'aniline  à  3  molécules  d'acide  chlorhydrique  par  litre 
sont  refroidis  à  zéro  puis  additionnés  peu  à  peu  d'un  égal  volume  de  solution  de 
nitrite  de  soude  à  i  molécule  par  litre.  Dans  la  solution  du  chlorure  de  diazobenzène 
obtenu,  on  verse  iiS'',  3  de  méthylcyanacétate  de  méthyle;  puis  peu  à  peu,  et  en  agi- 
tant, de  la  soude  étendue,  jusqu'à  réaction  alcaline.  Peu  de  temps  après,  il  se  dépose 
au  sein  du  mélange  un  liquide  huileux,  jaune,  qui  se  solidifie  au  bout  de  deux  ou 
trois  jours. 


(')  Ber.  der  Deutsch.  chem.  Ges.,  t.  XX,  p.  821. 


(  9^4  ) 

»  Si  l'on  sépare  ce  liquide  huileux  et  qu'on  l'agite  avec  de  la  soude  étendue  d'une 
fois  son  volume  d'eau,  il  se  prend  immédiatement  en  masse  cristalline. 

»  Après  plusieurs  cristallisations  dans  le  benzène  chaud,  on  finit  par  obtenir  de 
petits  cristaux  lamelleux,  à  peine  jaunes,  fondant  à  iSo^-iSi". 

»  Ces  cristaux  ont  la  composition  centésimale  de  la  phénylhydrazone  * 
nitrile  pyruvique  dont  la  production  peut  s'expliquer  par  la  réaction  sui- 
vante : 

CAZ  y^  CÂz 

C  H^ Az  =  Az  -  OH  +  CH  -  CH'=  C  H^ Az  -Az  =  C      -f-  CH'OH  +C0*. 

I  1 

CO-CH'  CH' 

»  En  chauffant  ce  corps  avec  de  la  soude  hydroalcoolique,  on  le  trans- 
forme en  acide  phénylhydrazone  pyruvique  a  ou  phényl  a  azopropio- 
nique  ('  ),  comme  le  démontrent  l'analyse  et  le  point  de  fusion  i8i"'-i82°. 

»  Pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  faut  admettre  que  la  réaction  donne  bien 
naissance  à  la  phénylhydrazone  a  nitrile  pyruvique. 

»  Dans  les  mêmes  conditions,  les  chlorures  de  diazoparaloluène,  de 
diazoorthotoluène  fournissent,  avec  le  méthylcyanacétate  de  méthyle  ou  le 
méthylcyanacétate  d'éthyle  : 

»  La  paratoluylhydrazone-a-nitrile  pyruvique  fondant  à  i66"-i67°;  l'or- 
thotoluylhydrazone-a-nitrile  pyruvique  fondant  à  i3i°-i32°. 

»  Si  l'on  substitue,  dans  ces  réactions,  l'éthylcyanacétate  d'éthyle  au 
méthylcyanacétate  de  méthyle  ou  d'éthyle,  on  obtient,  avec  le  chlorure 
de  diazobenzène,  un  corps  fondant  à  8i°-82°. 

»  Il  possède  la  composition  de  la  phénylhydrazone-oi-nitrile  butyrique 
dont  la  production  peut  s'expliquer  par  l'équation 

CAz 

C^H^ Az  =  Az  -  OH  +  CH  -  CH^  -  CH^ 

CO-C'H' 
TT  CAz 

/"  I 

=  C''H^-  Az-Az=CÂz  =  C      +C2H%0H+C0^ 

I 

CH^" 
1 
CH' 


(')  Fischer  et  Jourdan^  B.  D.  c.  G.,  t.  XVI,  p.  2241,  et  Japp  et  Klingemann,  B.  D. 
c.  G.,  p.  29/42;  1887. 


I 


(  985  ) 

La  solution  hydro-alcoolique  se  transforme  à  l'ébullition  en  phénylhvflra 
zone-a-acicle  butyrique  (  '),  ce  qui  démontre  sa  constitution. 

»   Les  chlorures  de  diazopnratoliiène  et  d'orthotoluène  fournissent  dan^^ 
les  mêmes  circonstances  : 

»    La  paratoluylhydrazone-a-nilrile  butyrique  fondant  à  i43"-i44"; 

»  L'orlhotoluylhydrazone-a-nilrile  butyrique  fondant  à  ii4''-i  i5". 

»   L'étude  de  ces  corps  sera  continuée.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Réduction  des  matières  colorantes  azoïques  nitrées. 
Note  (le  M.  A.  Rosenstiehl,  présentée  par  M.  k.  Haller. 

«  En  1887  nous  avons  découvert,  M.  Noelting  et  moi  (-),  une  matière 
colorante,  connue  sous  le  nom  de  rousse  Saint-Denis,  teignant  le  coton  sans 
mordant,  en  bain  alcalin.  Ce  qui  distingue  cette  matière  colorante  d'autres 
analogues,  c'est  qu'elle  ne  bleuit  pas  en  présence  des  acides;  au  contraire, 
elle  supporte  leur  action  sans  rien  perdre  de  son  éclat.  Elle  était  obtenue 
en  diazotant  la  métaazoxyorthotoluidine,  et  en  copulaiit  ce  diazo  dérivé 
avec  l'a-sulfo-a.-naphtol.  C'était  ji"  premier  exemple  de  l'emploi  des  azoxv- 
aniines  pour  la  fabrication  des  matières  colorantes. 

»  La  métaazoxyorthotoluidine  était  alors  obtenue  par  l'action  de  la 
poudre  de  zinc  et  de  la  soude  caustique  sur  la  métanitroorthotoluidine. 

»  La  nitramine  étant  à  peu  près  insoluble  dans  la  dissolution  alcaline, 
et  la  poudre  de  zinc  l'étant  tout  à  fait,  il  en  résulte  que  la  réaction  n'est 
pas  nette  et  que  les  rendements  en  azoxyamine  sont  faibles. 

»  De  là  vint  l'idée  d'engager  la  nitramine  au  préalable  dans  une  combi- 
naison soluble  en  milieu  alcalin,  et  d'v  faire  agir  ensuite  des  réducteurs 
solubles  dans  les  mêmes  conditions. 

»  Ce  sont  les  résultats  obtenus  dans  cette  voie  qui  font  l'objet  de  cette 
Note. 

1)  \.  Pour  engager  une  aminé  dans  une  combinaison  soluJile  dans  l'eau  alcaline,  on 
la  diazole  et  l'on  copule  le  diazo  dérivé  avec  un  sulfo-naphtol. 

»  Dans  le  cas  particulier,  il  était  tout  indiqué  d'emplojer  l'a-sulfo-a-naplitol,  qui 
fait  déjà  partie  du  rouge  Saint-Denis. 


(')  Japp  et  Klingemann,  B.  D.  c.  G.:  1887,  :i9V2. 
(-)   Brevet  français  n"  184549;  3o  juin  1887.  . 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  16.)  I  27 


(  986  ) 

n  Cette  combinaison  ('),  dissoute  dans  l'eau  alcaline  et  mise  en  présence  de  réduc- 
teurs tels  que  le  proto\yde  d'étain,  l'acide  arsénieux,  la  formaldélivde  ou  le  glucose, 
se  convertit  rapidement  vers  5o°C.  à  Go°C.  en  dérivé  d'azoxvamine.  Avec  le  glucose 
les  rendements  sont  quantitatifs. 

»  La  transformation  ne  s'annonce  pas  par  un  changement  de  couleur.  La  matière 
première,  ainsi  que  le  produit  de  la  réaction,  sont  rouges  tous  les  deux.  Mais,  tandis 
que  la  première  teint  uniquement  la  laine,  et  cela  seulement  en  bain  acide,  le  dérivé 
d'azoxyamine  teint  le  coton  en  bain  alcalin,  et  ne  teint  pas  la  laine. 

»  La  réaction  chimique  qui  s'est  accomplie  peut  être  représentée  dune  manière 
générale  par  l'équation 

/AzKAzi=AzR' 
[AzOMAAz  =  AzR']2- .■^Oz=0:     i 
-^— . ^AzKÂz  =  AzR'. 

njrivé  azoïiiue ^ — ^ 

de    la    Ditraminc.  Dérivé  azoïque 

(le    l'azoxyamine. 

»  2.  Une  fois  en  possession  de  cette  réaction,  il  fut  aisé  de  la  généraliser,  et  l'on 
reconnut  ainsi  que  les  métanitramines  conduisent  à  des  dérivés  d'azoxyamines  de 
même  couleur,  mais  de  propriétés  tinctoriales  différentes,  ainsi  que  cela  se  passe  pour 
le  rouge  Saint-Denis  ;  que  les  paranitramines,  au  contraire,  conduisent  à  des  matières 
colorantes  qui  diffèrent  de  la  matière  première  à  la  fois  par  la  couleur  et  par  les  pro- 
priétés tinctoriales  (-)  ;  enfin,  que  les  orthonitramines  donnent  naissance,  dans  les 
mêmes  conditions,  à  des  composés  incolores  qui  ne  sont  plus  des  composés  azoiques. 
Ces  composés  ont  été  étudiés  en  commun  avec  M.  Suais  et  feront  l'objet  d'une  Noie 
spéciale. 

»  3.  Quand  on  essaie  de  pousser  plus  loin  l'action  du  glucose,  dans  le  but  d'enlever 
le  dernier  atome  d'oxygène,  qui  caractérise  les  azoxyamines,  la  réaction  s'accomplit 
dans  un  sens  dififérent. 

)i  La  matière  azoïque  nitrée  présente  à  l'action  des  agents  réducteurs  deux  points 
particulièrement  faibles.  Il  y  a  d'abord  le  groupement  azoïque  lui-même,  dont  les 
liaisons  sont  rompues  sous  l'influence  de  l'action  hvdrogénante,  d'après  l'équation  gé- 
nérale RAz  =:  AzR'h-  2H-=  RAzfP-H  R'Azir-.  Puis  il  y  a  le  groupement  AzO-  dans 
les  nitramines  et  Az^O  dans  les  azoxyamines. 

»  La  formation  du  rouge  Saint-Denis  et  des  corps  de  sa  famille  démontre  que  l'on 
peut  attaquer  AzO^  en  ménageant  ^  Az  =;  Az  — . 

»  Mais  il  faut,  pour  arriver  à  ce  résultat,  rester  dans  les  limites  étroites  tracées  par 
l'expérience  ;  dés  que  l'on  dépasse  6o°C.  et  surtout  dès  que  l'on  augmente  la  proportion 
de  glucose,  les  deux  points  faibles  de  la  molécule  sont  entamés  à  la  fois.  Ce  n'est  plus 

(')   Rrevet  français  n"  202675,  17  décembre  1889. 

(^)  La  réaction  est  ])articulièrenient  frappante  pour  le  paradiazobenzol,  copule 
avec  le  bisulfonaphtol  (1  ,4).  Cette  matière  colorante  teint  la  laine  en  rouge.  Dissoute 
dans  une  lessive  alcaline  et  additionnée  de  la  ((uantité  calculée  de  glucose,  elle  se 
C(>n\erlil  jnesque  instantanément,  à  chaud,  en  uue  matière  teignant  le  colon  en  un 
lilcM  \iolacé  presque  noir.  La  transformation  peut  s'opérer  dans  un  tube  à  essai,  en 
doux  niinules,  ol  cnii-lihie  une  inléi'cssanle  expérience. 


(  9«7  ) 

une  matière  colorante  qui  se  forme.  On  voit,  au  contraire,  le  liquide  se  décolorer  et, 
peu  après,  se  remplir  d'aiguilles  cristallines  bronzées  (').  Le  corps  obtenu  est  l'azo 
aminé,  correspondant  à  la  nitramine  : 

/Az  — R.Az  =  Az.R' 
O-,    I  4-5H==H^O  + 

\Az  — R.Az=:  Az.R' 

Dcrivé  azoïque 

tic  l'azoxyamine. 

Az  —  R.AzH^H   Azir^R' 

II 

Az  — R.AzHM  AzH^R' 

Azoaminc   lihro, 

»  Si  Ton  pousse  la  réaction  plus  loin  encore,  l'azoamine  est  séparée  en  deux  molé- 
cules de  diamine  : 

Az.R.AzH-  Diamine. 

Azoamine. 

»  Mais  en  conduisant  bien  l'opération  on  peut  éviter  cette  réduction  ultime  et 
olîtenir  aiséuient  eu  azoamine  (io  pour  loo  du  rendement  théorique. 

»  4..  Par  ce  procédé  qui  s';qiplique  aux  para  et  aux  métanilraniines  il  a  été  possible 
d'obtenir  avec  facilité  la  série  de^  azoamines,  qu'il  est  difficile  autrement  d'obtenir 
sans  mélange,  et  par  une  réaction  nette. 

»  On  a  préparé  par  cette  méthode  deux  azoamines  de  la  série  para,  et  trois  de  la 
série  meta,  correspondant  aux  nitramines  les  plus  facilement  abordables.  Parmi  elles, 
l'une  est  nouvelle.  C'est  la  paraazoorthotoluidine,  fondant  à  2i8°-2'30<>  C.  : 

Az.cni^cn')^y.\l' 

Az.C''H'(CH')AzlP. 

'■■)  (2)  Il 

»  Elle  cristallise  très  facilement  en  aiguilles  brunes,  soluble  dans  l'alcool,  l'étliei-, 
la  benzine,  et  possède  au  point  de  vue  chimique  les  propriétés  générales  des  azoamines. 

»  Elle  est  une  base  faible  et  une  diamine,  et  comme  telle  se  diazote  et  produit  deux 
séries  de  dérivés  azoïques.  Les  combinaisons  avec  les  sulfonaphtols  donnent  en  teinture 
des  nuances  plus  bleues  que  celles  que  l'on  obtient  avec  le  dérivé  correspondant 
d'azoxyamine. 

11  Les  faits  qui  précèdent  montrent  que,  en  engageant  la  nitramine  dans 
une  combinaison  azoïque  sulfonée,  on  lui  confère  une  solubilité  qui  lui 
manque  à  l'état  de  liberté  et  qui  facilite  toutes  les  réactions  des  agents 
réducteurs,  dont  l'action  s'exerce  sur  la  nitramine  seule  sans  ciue  le  sulfo- 
naphtol  intervienne  par  sa  substance. 


(')  Brevet  français  n°  203418,  28  janvier  1890. 


(  9^«  ) 

»  Il  reste  à  montrer  comment  od  peut  finalement  éliminer  ce  dernier, 
et  régénérer  l'aminé  sans  qu'elle-même  ait  à  subir  l'action  de  l'agent 
réducteur.  Cette  élude,  faite  en  commun  avec  M.  Suais,  fera  l'objet  d'une 
deuxième  Note.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  deux  nouveaux  acides  acétylé niques.  Synthèse 
des  acides  caprylique  et  pèlargonique.  Note  de  MM.  Cii.  Moureu  et  R. 
Delaxge,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Les  acides  acétyléniques,  sans  doute  à  cause  de  leur  rareté,  ont  été 
jusqu'ici  relativement  peu  étudiés.  Nous  avons  été  conduits,  par  nos 
recherches  sur  les  carbiu'es  acétyléniques  ('),  à  nous  occuper  de  deux  de 
ces  acides  encore  inconnus  :  l'acide  amylpropiolique  et  l'acide  hexylpro- 
piolique,  l'un  et  l'autre  à  chaîne  normale. 

»  Outre  le  procédé  de  préparation  classique,  qui  consiste  à  faire  absor- 
ber le  gaz  carbonique  sec  par  les  dérivés  sodés  des  hydrocarbures,  nous 
avons  encore  obtenu  les  deux  acides  sous  forme  d'cthers,  en  faisant  réagir, 
sur  ces  mêmes  dérivés  sodés,  les  éthers  chlorocarl)oiiiques  : 

R-  CEEECNa  4- Cl-  CO^R'^R-C^C-CO-R'+NaCI. 

))  A.  Acide  amylpropiolique  C'iV^  —  C^C  —  CO^H.  —  C'est  un  liquide 
incolore,  sirupeux,  d'une  odeur  à  peine  perceptible  d'acide  gras,  ayant  pour 
densité  0,9677  à  18°;  il  se  solidifie  dans  la  glace  et  fond  vers  -1-5°.  Il  distille 
à  i49"-i49"»5  sous  20'"'".  Quand  on  le  chauffe  à  l'air  libre,  il  se  décompose, 
déjà  dès  180",  et  activement  à  220",  en  acide  carbonique  et  œnanthylidène. 

»  Le  sel  de  baryum  cristallise  avec 

L'élher  inélhjlique  distille  à  107" 
))        clhvlique  " 

»        isopropylique  i> 

»        isobutylique  » 

»        isoamvlique  » 

))        alljlique  » 

))  Tous  ces  éthers  fournissent  l'acide  par  saponification;  il  importe  de  ne 
pasempU)>er  nn  excès  d'alcali,  qui  déterminerait  une  réaction  secondaire, 
d'aiileiir-s  irUéi'essanle,  sur'  laquelle  nous  re\iendrons  prochainement. 


molécule 

d'eau. 

107" 

sous  20™""  ; 

D„=  0,9624. 

iiô^-iie", 

5  sous   I7"'">; 

00=0,9895. 

126°- 127" 

sous  22"""; 

Di,  =  o,9i83. 

iSS-'-iog" 

sous  23">"'; 

D„=rO,9l6. 

i48''-i49° 

sous  20'""'  ; 

Do=o,9ii4. 

I24''-I28° 

sous  18"""; 

D„  =  o,9465. 

(')  C  o  m p  les  rendus,  t.  CXXX  et  (jXXXI;  1900. 


(  ;)«9  ) 

»  Si  \\)n  chei'che  à  |)ré|iarer  les  éthers  en  saturant  de  gaz  ohlorhy- 
(liiqnc  la  solution  de  raciù"^  dans  l'alcodl  qni  leur  conespond,  on  obtient 
presque  exclusivement,  du  moins  dans  le  cas  des  alcools  mélhvlique  et 
clhylique,  les  élhers  d'un  acide  étli\loni(p:c  cliloré,  qui  est  vraisemblable- 
ment l'acide  amyl-[i-chloracryliq:ie,  Cl' 11"  —  CCI  =  en  —  (10'- FF,  formule 
que  nous  aurons  bientôt  l'occasion  d'ajjpuyer  par  de  sérieux  arguments. 
Le  produit  méthylicpie  brut  passe  à  la  première  distillation  entre  iio°et 
120°  sous  i'^™™  et  renferme  16, G  pour  100  de  chlore  (théorie  18, G);  le 
produit  élhylique  passe  à  ii8"-i28°  sous  iG"""  et  renferme  iG,^  pour  100 
de  chlore  (théorie  i7,4). 

1)  On  obtient  au  contraire  les  éthers  de  l'acide  amylpropiolique  presque 
purs  (2  à  ,'>  pour  100  de  chlore  seulement),  quand  on  fait  réagir  sur  les 
alcools  le  chlorure  d'acide  correspondant.  Ce  fait  est  d'autant  pins  surpre- 
nant que,  comme  l'a  montré  l'un  de  nous  ('),  l'action  du  chlorure  d'acryle 
CH- =  CH  —  COCl,  qui  n'est  pourtant  qu'élhylénique,  sur  les  alcools  et 
les  phénols,  engendre  surtout  les  éthers  de  l'acide  ,8-chloropropionique 
Cil-Cl  — CH--CO-H. 

»  Le  chlorure  d'amylpropiolyle  C^U"  —  C^C  —  COCl  est  facile  à 
|)réparer  en  traitant  l'acide  amvlpropioliqiuï  par  le  perchlorure  de  phos- 
phore; il  distille  à  88"-9o"  sous  l'j"""  et  a  pour  densité,  à  0°,  1,0202.  Il 
réagit  immédiatement  sur  les  anilines  pour  donnei'  les  anilides  correspon- 
dantes. 

»  l^'oi'lliololiiiillde  fdiul  à  59°,5-Go°,5;  la  paiatohiiilide  fond  à  68°;  la  pariianisididc 
fond  à4'r')  l'^-naplilylamide  fond  à  ii.3"-i  1/4". 

»  L'acide  ainjlpropiolique,  en  lanl  qu'acide  acéljléniqiie,  peut  fixer  4  atomes  de 
brome;  toutefois  l'addition  des  deu\  derniers  atomes  se  fait  difficilement  et  est  accom- 
pagnée d'un  dégagement  très  sensible  d'acide  brumliydrique. 

»  Par  contre,  il  est  aisé  d'ajouter  à  cet  acid«  4  atomes  d'hvdrogène.  On 
le  traite  à  cet  effet  par  un  grand  excès  de  sodimn  en  présence  d'alcool 
absolu  bonillani  (l'amalgame  de  sodium  en  présence  de  l'eau  ne  l'attaque 
pas).  Le  nouvel  acide  obtenu  distille  sous  la  pression  normale  à  aSG'^-aSg" 
(corr.);  il  est  identique  |xnr  toutes  ses  |)ropriétés  avec  l'acide  caprviique 
CH'  -  (Cil-)"  —  CO-H,  qui  existe  à  l'état  de  glycéride  dans  certains  corps 
gras  naturels,  et  en  particulier  dans  le  beurre  de  vache  ('-). 


(')  Cl!.  MouREL,  Thèse  de  Doctorat,  Faculté  des  Sciences,  Paris;  iSgS. 
(-)  Lercii,  Anii.  Lieb..  t.  XLIX,  p.  2i4;Zincke,  même  Recueil,  t.  CLII,  p.  g;  Rknhsse, 
même  Recueil,  l.  GLXXI,  p.  38o;  etc. 


(  990  ) 
«   13.  Acir/e  hexylpropiolique  G"  H"  —  C  s=  C  —  C0=  H .  —  Ce  second  acide 
est,  un  liquide  incolore,  sirupeux,  de  densité  0,9644  à  0°;  il  se  congèle 
dans  le  chlorure  de  méthyle  en  feuillets  blancs  qui  fondent  vers  —  10°. 

L'éthermétliylique  bout  à       122"      sous  ig™'" D(,=  o,9338 

»       éthjliqiie  »       laG^-iaS"  sous  16"°™ D„  =  o,92a3 

»  Sous  l'influence  du  sodium  et  de  l'alcool  absolu  à  l'ébuUiliou,  l'acide 
hexylpropiolique  donne,  par  fixation  de  4  atomes  d'hydrogène,  un  acide 
distillant  à  25i°-254°  (corr.)  sous  la  pression  normale,  qui  est  identique  à 
l'acide  pélargonique  de  l'essence  de  Pelargonium  roseum 

CH='-(CH=)'-CO=H  ('). 

»  En  résumé,^ nous  avons  préparé  deux  acides  acétylcniques  nouveaux  et 
quelques-uns  de  leurs  dérivés  immédiats.  Chacun  de  ces  acides,  hydrogéné 
par  le  sodium  et  l'alcool  absolu  bouillant,  se  convertit  en  acide  saturé  gras 
correspondant,  transformation  qui  réalise  une  nouvelle  synthèse  de  deux 
acides  naturels,  l'acide  caprylique  et  l'acide  pélargonique  (').  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l'origine  indoxyhque  de  certaines  matières  colo- 
rantes rouges  des  urines  (indirubine).  NoLe  de  M.  L.  AIaillaud,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

«  L'urine  humaine  renferme,  comme  on  le  sait,  des  combinaisons 
indoxyliques  (acides  indoxylsulfurique  et  indoxylglycuronique)  qui,  par 
dédoublement  et  oxvdation  de  l'indoxyle  mis  en  liberté,  fournissent  de 
l'indigo  bleu  facile  à  extraire  au  chloroforme.  Cette  réaction  se  fait  habi- 
tuellement en  traitant  l'urine  par  son  volume  d'acide  chlorhydrique  con- 
centré renfermant  par  litre  2S'',5  à  3»'  de  FeCP.  L'extrait  chloroforiuique 
sert  à  doser  le  bleu  d'indigo,  soit  colorimetriquement  (Obermayer)  ('), 
soit  par  titrage  au  permanganate  après  sulfonation  (Wang)  ("). 

))   On  ne  tarda  pas  à  remarquer  (Obermayer)  (")  que  l'extrait  chloro- 


(')  Pless, /4n«.  Lieb.,  I.  LIX,  p.  54;  Zincke,  même  Recueil,  t.  CLXIV,  p.  333;  etc. 
(^)  I^es  détails  des  expériences  rapportées  dans  celte  Noie  seront  publiés  au  liiil- 
letin  de  la  Société  cliimique. 

(^)    Wiener  ktin.  Woc/ic/isc/ir.,  n°  i>;  1890. 

{')  Zeilsc/i.  p/ifsiol.  C/i.,  l.  XXV,  p.4o6;  1898. 

(  =  )  Z.  physiol.  Ch..  t.  XXVI,  p.  427;  1899. 


(  991  ) 
formique  contient  de  petites  quantités  de  matières  rouges  et  brunes  que 
l'on  considéra  d'abord  comme  étraai^ères,  et  qu'on  peut  éliminer  facile- 
ment par  lavage  à  l'eau  -+-  alcool  +  élher  du  résidu  sec  de  l'extrait  chiorofor- 
mique.(Wang)  (').  Mais  J.Bouma  s'éleva  avec  force  contre  cette  prétendue 
purification,  alfirmant  que  les  matières  rouges  et  brunes  appartenaient  au 
groupe  indigotique;  il  prépara  les  matières  bleues,  rouges  et  brunes  |)ro- 
venant  des  urines  d'une  part,  de  l'indigo  brut  commercial  de  l'autre  :  les 
solubilités,  les  caractères  spectroscopiques  (-),  la  température  de  sublima- 
tion, le  pouvoir  réducteur  sur  le  permanganate  après  sultonation  (^) 
étaient  les  mêmes  dans  les  deux  cas.  De  plus,  une  même  urine  donnait  des 
quantités  variables  de  bleu  suivant  la  température  de  la  réaction. 

»  Ce  dernier  résultat  permettait  donc  de  songer  à  une  origine  com- 
mune des  matières  colorantes  bleue  et  rouge  de  l'urine;  mais,  pour  établir 
définitivement  cette  opinion,  je  ferai  connnilre  une  expérience  très  facile, 
très  démonstrative,  réussissant  à  coup  sur,  qui  prouve  le  remplacement 
réciproque  et  intégral  {'')  fiu  bleu  par  le  rouge  d'indigo,  suivant  les  con- 
ditions de  la  réaction. 

»  Une  urine  normale,  assez  riche  en  substances  indigogènes,  est  divisée  en  deu\ 
portions,  dont  l'une  est  portée  à  l'ébuUilion  pendant  dix  minutes  pour  éliminer 
d'avance  tout  phénomène  de  nature  diastasique.  Chaque  portion  sert  à  préparer 
7  tubes,  qui  reçoivent  tous  8™  d'urine.  Dans  les  quatre  premiers  on  ajoute  8""=  de 
HCl  :  l  et  2  sont  bouchés,  3  et  4.  sont  conservés  ouverts.  Les  trois  derniers 
reçoivent  chacun  5  gouttes  de  FeCl'  à  ~,  puis  8"  de  HCl  :  5  est  bouché,  6  est  con- 
servé ouvert;  7  est  agité  avec  2"  de  chloroforme,  le  liquide  aqueux  décanté,  le  tube 
rempli  d'eau  et  le  chloroforme  lavé  par  agitation  :  lorsqu'il  est  rassemblé  au  fond  du 
tube,  il  est  d'une  belle  couleur  bleue.  An  bout  de  vingt-quatre  heures,  les  tubes  2  et  4. 
reçoivent  chacun  5  gouttes  de  FeCl'  à  TiV>  P"'*  l^s  sIk  premiers  tubçs  sont  traités  par  a" 
de  chloroforme,  de  la  même  façon  que  le  tube  7.  (^>ue  l'urine  ait  été  bouillie  ou  non, 
les  quatre  premiers  tubes  donnent  un  beau  roui.'c,  les  trois  derniers  un  beau  hleu.  Tous 
les  rouges  sont  identiques,  tous  les  bleus  le  sont  aussi;  il  y  a  donc  deux,  groupes  de 
tubes  :  ceux  qui  ont  été  traités  par  HCl  en  présence  d'un  oxydant  très  actif  (FeCF) 
ont  donné  du  bleu  ;  ceux  où  le  dédoublement  a  élé  fait  par  HCl  pur,  et  ((ui  ont  subi 
seulement  une  oxydation  lente  et  spontanée,  ont  donné  du  rouge. 

»   J'ajoute  que  :  i"  l'oxydation  de  l'indoxyle  en  rouge  d'indigo  se  poursuit  lentement 


(')  Zeitscli.  physiol.  Cli..  t.  XXVll,  p.  i35;  1899. 
(■-)  Z.  physiol.  Ch.,  t.  XXVII,  p.  348;  1S99. 
(^)  Z.  physiol.  Ch.,  t.  XXX;  1900. 

(*)  Sauf  évidemment  des  traces  de  l'autre  couleur.  Je  ne  parle  pas  du  brun,  que  je 
n'ai  jamais  rencontré  en  quantité  appréciable. 


(  992  ) 

et  le  liquide  fonee  peu  à  peu;  t"  elle  est  complète  au  bout  de  vingt-quatre  lieures  (dix 
à  quinze  lieures  suffisent). 

»  Et)  résumé,  le  dédoublement  des  dérivés  indoxyliques  tirinaires  pro- 
duit de  VindigoUne  s'il  est  accomj)agné  d'oxydation  instmitanée,  de  Vin- 
dirubine  si  l'oxydation  est  lente.  L'étude  du  colorant  rouge  ne  m'a  révélé 
jusqu'à  présent  aucune  différence  avec  l'indirubine  des  plantes  ( ').  De  ces 
observations  on  conclut  : 

»  1"  La  matière  rouge,  soluble  dans  le  chloroforme,  qui  se  produit 
à  l'air  dans  les  urines  sous  l'action  de  H  Cl,  est  de  l'indirubine; 

»  2°  Elle  provient  des  mêmes  chromogènes  indoxyliques  que  le  bleu 
d'indigo  qu'elle  |)eut  remplacei-  en  totalité; 

»  3°  Les  méthodes  de  dosage  des  dérivés  indoxyliques  basées  sur  le 
dosage  du  bleu  d'indigo  seul  sont  absolument  illusoires. 

w  Les  chromogènes  des  plantes  à  indigo  étant  aussi  des  dérivés  indoxy- 
liques, il  est  extrêmement  vraisemblable  que  l'indigotine  et  l'indirubine 
ne  proviennent  pas  de  principes  différents  coexistant  dans  la  plante,  mais 
bien  qu'ils  ont  une  même  origine,  et  que  leur  proportion  relative  dépend 
uniquement  du  mode  de  traitement  adopté. 

»  Il  importe  de  bien  distinguer  l'indirubine  de  l'uroroséine  des  urines, 
substance  insoluble  dans  le  chlorofome,  et  qu'on  peut  extraire  par  l'alcool 
amyliquedela  partieaqueuse.  Sansvouloir  étudier  aujourd'hui  l'uroroséine, 
je  tiens  à  dire  que  certains  faits  m.e  font  entrevoir  la  possibilité  d'une  rela- 
tion physiologique,  et  peut-être  chimique,  de  ce  pigment  avec  le  groupe 
indigotique  d'une  part,  avec  les  pigments  hématiques  de  l'autre.  Je  revien- 
drai ultérieurement  sur  ce  point  intéressant.   » 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Calcul  de  l'écrcmage  et  du  mouillage  dans  les  analyses 
de  lait.  Note  de  MM.  Louise  et  Riquiek,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Étant  donné  un  lait  que  l'on  soupçonne  d'avoir  subi  ou  un  écrémage, 
ou  un  mouillage,  ou  un  écrémage  suivi  d'un  mouillage,  proposons-nous 
de  calculer,  aussi  exactement  que  possible  :  d'une  part,  le  rapport  s  qui 
existe  entre  le  poids  de  beurre  enlevé  par  écrémage  et  le  poids  total  de 


(')  Des  discussions  s'étanl  élevées  récemuient  entre  les  chimistes  sur  l'unité  el 
ridenlilicalion  des  colorants  rouges  de  l'indigo,  je  compte  reprendre  avec  soin  l'élude 
de  cette  question. 


(993) 
beurre  primitivement  contenu  dans  le  lait;  d'autre  part,  le  rapport  ix  qui 
existe  entre  le  volume  d'eau  mélangé  au  lait  à  la  suite  de  l'écrémage,  et  le 
volume  total  du  mélange.  Nous  nommerons  E,  b,  s,  c,/\es  poids  respectifs 
d'extrait,  beurre,  sucre,  cendres  et  caséine  contenus  dans  le  volume  i 
avant  la  falsification;  E',  b',  s',c',/'  les  poids  analogues  après  la  falsifi- 
cation. Les  quantités  E',  h',  s',  c'  et  E,  b,  s,  c  se  mesurent  à  l'aide  d'expé- 
riences auxquelles  on  soumet,  d'une  part  le  lait  incriminé,  d'autre  part 
un  lait  témoin,  c'est-à-dire  un  lait  de  même  origine  pris  à  l'étable  en  pré- 
sence des  agents  de  l'autorité;  quant  aux  quantités/"' et/,  elles  sont  liées 
aux  précédentes  par  les  relations 

(i)  E^b-hs-^-c-hf,         E'=A'  +  5'  +  c'+/. 

»  Si  l'on  désigne  par  c  la  diminution  qu'a  subie,  par  suite  de  i'écrémage, 
le  volume  i  du  lait  primitif,  on  voit  qu'après  I'écrémage  le  volume  i  con- 
tient en  beurre,  sucre,  cendres  et  caséine,  les  poids  respectifs 

*.=  ^T^'        ^'     ^'    /(')' 

et  qu'après  le  mouillage,  effectué  ultérieurement,  il  contient,  de  ces  diverses 
substances,  les  poids  respectifs 

(,3)  s'=  s(i  —  |j,), 

(5)  f=^f(,^^.), 

l'addition  membre  à  membre  des  relations  (3),  (4)  et  (5)  donne  d'aillem-s, 
en  tenant  compte  de  (i), 

{6)  E'~b'=(E~b)(i-iL). 

)'  De  (3),  (4)  et  (6)  on  tire 

,    s  s'  c'  E'-b' 

(7)  [>■  = 


s  c  E  —  b 


et  les  trois  valeurs  ainsi  obtenues  doivent  être,  comme  vérification,  toutes 
égales  entre  elles. 


(')  On  admet  que,  au  moment  de  I'écrémage,  le  sucre,  la  matière  des  cendres  et  la 
caséine  sont  uniformément  répartis  dans  le  liquide. 

C.  K.,  icjoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N*  16.)  I28 


(8) 


(994  ) 
»   La  valeur  de  ;x  étant  connue,  on  tire  de  (2) 

I  —  £  b' 


6(i-[A) 


))   Le  second  membre  de  (8),  que  nous  désignerons  par  A,  ne  peut  en 

b  b' 

aucun  cas  surpasser  l'unité  :  car  il  est  égal  au  produit  -j-  X  .   ,   _ — y  dont 

le  premier  facteur  est  au  plus  égal  à  i,  et  le  second  exactement  égal  à  i. 
Cela  étant,  si  h  est  égal  à  i,  on  a  è,  =  h.  et  il  n'y  a  pas  écrèmage.  Si, 
au  contraire,  h  est  plus  petit  que  i,  on  a  Z»,  <  6,  et  il  y  a  écrèmage.  Pour  en 
mesurer  la  proportion,  nous  observerons  tout  d'abord  que  le  nombre  t' 
est  supérieur  au  nombre  ht  :  car,  le  volume  c  de  crème  contenant  un 
poids  hi  de  beurre,  et  la  densité  du  beurre  étant  plus  petite  que  i,  le 
volume  occupé  par  ce  poids  de  beurre  est  supérieur  à  èî,  et  à  plus  forte 
raison  le  volume  v  de  crème.  En  posant  donc  v  =■  bix,  où  a  désigne  un 
nombre  (inconnu)  plus  grand  que  i,  on  tire  de  l'équation  (8) 


bha 


(9) 

d'où,  à  cause  de  a>  i, 

ou 

(>l)  > 


b{l-^)-b' 

b(i—^)  —  bb'' 


On  a  ainsi  une  limite  inférieure  de  e  ('  ). 

»  Si  l'on  ne  tient  aucun  compte  de  la  diminution  de  volume  due  à 
l'écrémage,  ce  qui  revient  à  faire  a  =  o  dans  la  formule  (9),  la  valeur  e  se 
trouve  modifiée,  et  il  vi(?nt 

(^^)  '^>'-bïV^y 

mais  on  obtient,  de  cette  manière,  une  limite  inférieure  moins  approchée 
que  par  la  formule  (10)  ou  (i  i),  provenant  de  l'hypothèse  numérique  a  =  i . 
»  Les  auteurs  qui  traitent  des  ialsifications  du  lait  n'indiquent  pas,  en 
général,  d'une  façon  très  nette  les  formules  dont  ils  se  servent  pour  le 
calcul  du  mouillage  et  de  l'écrémage;  nous  nous  croyons  fondés  toutefois, 

(')   Les  formules  à  employer  dans  la  pratique  sont  dojic  (7)  et  (11). 


(  995  } 
après  un  examen  attentif  de  leur  méthode,  à  leur  adresser  les  critiques  sui- 
vantes :  en  premier  lieu,  ils  négligent  entièrement  la  diminution  de  volume 
due  à  l'écrémage;  en  second  lieu  et  surtout,  après  avoir,  comme  il  con- 
vient,   do-^é    le    mouilhige   par    la    comparaison    des    extraits    dégraissés 

I  —  \/-~   g_^  )'  ils  font  intervenir,  dans  le  calcul  ultérieur  de  l'écré- 
mage [formule  (12)],  une  deuxième  valeur  du  mouillage,  fournie  par  la 

E'  \ 
comparaison  des  extraits  non  dégraissés  (  i  —  |y,  =  -pr  )'  et  qui  n'est  exacte 

que  dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas  écrémage  ('  )•    » 


ZOOLOGIE.  —  Fm  segmentation  dans  le  genre  Trochus.  NotedeM.  A.  Robert, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Dulhiers. 

«  J'ai  étudié  au  laboratoire  de  Roscoff  les  premiers  phénomènes  du  dé- 
veloppement des  Troques  chez  Trochus  magus  L.  et  Tr.  conidoides  Lam. 
La  segmentation  est  tout  à  fait  semblable  chez  ces  deux  types,  malgré  la 
différence  de  taille  considérable  que  présentent  leurs  œufs  :  io5  à  I25(a 
de  diamètre  pour  Tr.  magus,  .260  à  3oo  a  pour  Tr.  conuloïdes. 

»  La  première  division,  chez  Tr.  magus,  a  lieu  environ  un  quart  d'heure  après  la 
ponte;  le  sillon  en  est  oblique  par  rapporta  l'axe  longitudinal  futur  de  l'animal  :  il  va 
de  droite  à  gauche  et  d'avant  en  arrière.  Il  se  produit  alors,  par  division  lœolropique 
(pour  employer  la  terminologie  de  M.  Conklin),  quatre  blastomères  égaux  dont  l'un 
est  antérieur  par  rapport  à  l'axe  du  futur  animal,  un  autre  postérieur  et  deux  laté- 
raux, ceux-ci  situés  à  un  niveau  légèrement  plus  élevé  du  côté  du  pôle  animal.  Le 
blaslomère  antérieur  et  le  postérieur  se  touchent,  donnant  ainsi  naissance  à  deux 
sillons  polaires  ;  il  n'y  a  donc  jamais  que  trois  blastomères  se  touchant  ;  leurs  plans  de 
contact  forment  entre  eux  des  angles  de  120°.  Le  premier  quarLelLe  d'ectomères 
apparaît,  par  division  dexiotropique,  environ  deux  heures  après  la  ponte;  le  sillon 
polaire  supérieur,  situé  entre  les  ectoraères,  est  alors  à  60°  environ  de  l'axe  longitu- 
dinal, de  droite  à  gauche  et  d'avant  en  arrière. 


E' 
(')  La  formule  i  —  |i.  =;-=- s'obtient  en  faisant,  dans  la  relation  (2),  =:  i    et 

h  '    '    I  _  (.         ' 

ajoutant  membre  à  membre  les  relations  (2),  (3),  (4)  et  (5)  :  elle  n'est  donc  exacte 
que  dans  le  cas  où  l'on  a  A,  =  £»,  c'est-à-dire  où  il  n'y  a  pas  écrémage.  Elle  est  d'ail- 
leurs, même  dans  ce  cas,  dépourvue  d'utilité  pratique  :  effectivement,  elle  ne  pourrait 
en  avoir  que  si  l'on  parvenait  à  établir,  préalablement  au  calcul  du  mouillage,  qu'il 
n'y  a  pas  eu  écrémage;  or,  le  calcul  de  e  nécessite  justement,  comme  on  l'a  vu,  le 
calcul  préalable  de  |j.. 


(  996  ) 

»  A  partir  de  ce  momenl,  ce  sillon  polaire  supérieur  subit  une  série  d'oscillalions 
alternativement  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  médiane;  il  change  de  direction 
chaque  fois  qu'il  y  a  division  des  cellules  les  plus  voisines  du  pôle  animal.  C'est  ainsi  que 
son  extrémité  antérieure  étant  à  droite  de  l'axe  au  stade  à  huit  cellules^  elle  passe  à 
gauche  au  stade  seize  ;  ensuite  elle  reprend  sa  première  situation  au  slade  trente-deux, 
repasse  du  côté  gauche  au  stade  soixante-trois;  enfin,  elle  subit  encore  une  der- 
nière oscillation  qui  la  ramène  à  sa  situation  primitive  au  slade  quatre-vingt-un.  A 
partir  de  ce  moment,  la  régularité  du  phénomène  est  troublée  par  une  légère  invagi- 
nation, identique  à  celle  qui  existe  chez  la  Néritine  et  qui  se  produit  au  pôle  animal. 

»  Je  n'insiste  pas  sur  le  détail  de  cette  segmentation  que  j'ai  suivie  complètement 
jusqu'à  quatre-vingt-neuf  cellules  ;  il  me  semble  intéressant  toutefois  de  signaler  la 
régularité  de  l'embryon  au  stade  à  seize  cellules;  les  blastomères  sont  disposés  sur 
trois  plans;  l'inférieur  est  constitué  par  les  quatre  macromères  égaux  dont  l'antérieur 
et  le  postérieur  se  touchent  suivant  un  plan  vertical  transversal  à  l'axe  longitudinal 
futur  :  c'est  ce  plan  qui  se  traduit  au  dehors  par  le  sillon  polaire  inférieur.  La  couche 
moyenne  de  cellules  est  occupée  par  les  quatre  premières  cellules  égales  du  deuxième 
quartette,  qui  alternent  avec  les  premières;  l'antérieure  gauche  et  la  postérieure 
droite  se  touchent  suivant  un  plan  vertical  faisant  avec  le  sillon  polaire  inférieur  un 
angle  très  voisin  de  60°.  Enfin,  les  huit  premières  cellules  du  premier  quartette  oc- 
cupent le  plan  supérieur;  des  quatre  cellules  les  plus  rapprochées  du  pôle,  l'anté- 
rieure droite  et  la  postérieure  gauche  sont  en  contact  suivant  un  plan  vertical  qui  fait 
encore,  avec  le  plan  analogue  situé  entre  les  cellules  du  deuxième  quartette,  un  angle 
voisin  de  60°. 

»  Au  stade  à  vingt  cellules,  l'un  des  macromères  médians,  celui  qui  deviendra 
postérieur,  envoie  dans  l'axe  de  l'embryon  une  sorte  de  prolongement  qui  écarte  les 
cellules  du  deuxième  quartette  et  qui  permet  désormais  de  distinguer  ce  macroraère 
de  ses  congénères. 

»  11  ne  se  forme,  comme  chez  la  plupart  des  Mollusques,  sinon  chez  tous,  que  trois 
générations  d'ectomères.  Le  quatrième  quartette  présente,  par  rapport  à  Crepidula, 
par  exemple,  une  inversion  dans  la  dimension  relative  des  macromères  et  de  leurs 
cellules  filles,  celles-ci  étant  de  beaucoup  les  plus  volumineuses.  Comme  chez  Crepi- 
dula,  c'est  la  cellule  4^  qui,  après  s'être  divisée  en  deux  moitiés  latérales  par  rapport 
à  l'axe  futur,  produit  les  cellules  mésodermiques. 

»  La  segmentation  est  donc  très  semblable  à  celle  de  Crepidula.  Elle  est 
cependant  un  peu  plus  régulière  en  ce  sens  que  la  loi  d'alternance  y  est 
plus  régulièrement  observée.  La  première  infraction  à  cette  loi  s'observe 
dans  la  division  de  la  série  2a'-^'  —  2(/^',  dont  le  sens  est  renversé,  comme, 
du  reste,  chez  Crepidula.  Ce  n'est  pourtant  pas  la  loi  d'alternance  qui  se 
dégage  avec  le  plus  de  netteté  de  cette  segmentation,  mais  plutôt  celle  dé- 
couverte par  M.  Sachs  chez  les  végétaux,  et  qu'on  pourrait  énoncer  ainsi  : 
Deux  fuseaux  successifs  sont  toujours  dans  des  plans  perpendiculaires, 
c'est-à-dire  que  lorsqu'un  noyau  a  produit  par  mitose  deux  noyaux  filles, 


(  997  ) 
lors  de  la  première  division  de  ceux-ci,  leurs  fuseaux  seront  dansdeux  plans 
perpendiculaires  au  fuseau  de  la  première  mitose.  Dans  tout  le  cours  de  la 
segmentation  jusqu'à    quatre-vingt-neuf  cellules,  je   n'ai  pas  trouvé  une 
seule  exception  nette  à  cette  loi. 

»  Ces  phénomènes  me  paraissent  mettre  nettement  en  évidence  les  deux 
ordres  de  facteurs  qui  interviennent  dans  la  segmentation.  En  effet,  si  la 
généralité  de  certains  faits  comme  la  formation  de  trois  générations  d'ecto- 
mères,  la  production  du  mésoderme  aux  dépens  de  cellules  homologues 
nées  d'un  même  nombre  de  divisions,  peuvent  difficilement  s'expliquer 
autrement  que  par  des  influences  internes  héréditaires;  au  contraire,  la  ré- 
gularité de  certaines  figures  de  la  segmentation,  la  constance  relative  de 
certains  angles  me  semblent  démontrer  l'importance  très  grande  de  facteurs 
physiques,  extrinsèques,  trop  négligés  par  M.  Conklin.  Les  lois  de  la  ca- 
pillarité interviennent  certainement  pour  une  large  part  dans  ces  phéno- 
mènes, car  je  suis  parvenu  à  imiter,  avec  une  similitude  parfaite,  les  stades 
à  quatre,  huit  et  douze  cellules,  par  exemple,  au  moyen  de  bulles  de  savon 
de  dimensions  appropriées.    » 


ZOOLOGIE.  —  Action  des  solutions  isotoniques  de  chlorures  et  de  sucre  sur  les 
œufs  de  Rana  fusca.  Note  de  M™^  Ro.vdeac-Lczeau,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  Le  11  mars,  j'obtins  des  sillons  sur  des  œufs  non  fécondés  de  Rana 
fusca,  après  les  avoir  plongés  pendant  deux  heures  dans  des  solutions 
équiosmotiques  de  NaCl  à  jj^  et  de  sucre  à  -^. 

»  Les  deux  solutions  donnèrent  des  résultats  comparables  :  l'apparence 
de  segmentation  était  la  même  dans  les  deux  cas.  Le  stade  4  était  visible 
sur  quelques  œufs,  mais  toujours  incom|)let;  le  cas  le  plus  général  était 
représenté  par  une  segmentation  très  irrégnlière  d'une  des  moitiés  de 
l'œuf;  aucun  des  sillons  n'atteignait  le  pôle  blanc  et  souvent  de  petites 
sphérules  se  détnchaient  à  la  surface. 

))  Je  fixai  quelques  œufs;  bientôt  je  vis  les  sillons  disparaître  peu  à  peu 
sur  ceux  qui  restaient  et  la  segmentution  ne  se  continua  pas.  Je  colorai  sur 
coupes  par  l'alun  de  fer  ammoniacal  et  l'hématoxyline,  et  je  constatai  que 
les  cloisons  devant  passer  par  l'un  des  diamètres  de  l'œuf  n'atteignaient 
jamais  le  quart  de  ce  diamètre;  celles  qui  étaient  complètes  ne  limitaient 
que  de  petites  cellules. 


(  998  ) 

»  En  résumé,  rien  de  comparable  au  développemenl  normal.  Y  a-t-il  là 
un  [)hénomène  purement  physique,  ilù  à  des  différences  de  pression,  ou 
physico-chimique  ? 

»  M.  Bal;ii!lon  semble  croire  que  la  pression  osmotique  seule  agit  dans 
tous  les  cas  lorsqu'on  Iraile  des  œufs  fécondés  ou  non  par  des  solutions 
équiosmotiques  de  sels  ou  de  sucre.  A  l'appui  de  sa  thèse,  il  cite  dans  son 
Mémoire  sur  la  pression  osmotique  l'action  de  cinq  groupes  de  solutions 
isotoniques  de  NaCl,  CaCP  et  de  sucre  sur  l'œuf  de  lamproie  fécondé. 

>i    Voici  ses  conclusions  : 

»  Les  expériences  dans  lesquelles  j'ai  constaté  un  retard  ou  une  suspension  provi- 
soire de  développement  sont  des  plus  significatives  au  point  de  vue  de  l'anhydrobiose. 

»  D'autre  part,  les  résultats  obtenus  paraissent  indépendants  de  la  composition 
chimique  des  liquides  employés  :  le  point  critique  où  la  division  est  entravée,  les 
troubles  dans  la  marche  de  la  segmentation,  l'allure  des  ébauches,  le  stade  fixe  où 
l'évolution  s'arrête  pour  chaque  série,  correspondent  nettement  à  des  pressions  os- 
motiques  parallèles  pour  les  divers  milieux. 

»  En  vue  de  confirmer  ces  faits,  je  partageai  en  trois  lots  une  ponte  de 
Ranafusca  immédiatement  après  la  fécondation. 

i>  Un  de  ces  lots  devait  servir  de  témoin;  je  mis  les  deux  autres  dans  des  solutions 
de  NaCI  à  ■— ^  et  de  sucre  à  ■^-^.  Deux  heures  après,  je  divisai  les  deux  lots  en  expé- 
rience en  trois  parties  chacun  : 

a.  Sel.  I).   Sel.  c.   Sel. 

a.  Sucre.  /'.   Sucre.  c.  Sucre. 

»  a  fut  laissé  dans  les  mêmes  solutions; 

1)  b  fut  mis  dans  des  solutions  diluées  de  moitié. 

»  c  fut  remis  dans  l'eau  pure. 

»  A  ce  moment,  la  segmentation  n'était  pas  encore  commencée. 

»  Le  résultat  général  fut  celui-ci  : 

1)  a  (sel)  ne  dépassa  pas  le  stade  4i  quelques  œufs  remis  dans  l'eau  vingt-quatre 
heures  environ  après  l'arrêt  du  développement  présentèrent  des  plages  de  cellules 
irrégulières  ou  des  sphérules  comparables  à  celles  qui  se  formaient  sur  l'œuf  non 
fécondé,  tandis  que  les  sillons  primitifs  n'étaient  presque  plus  visibles. 

»  a.  Sucre.  —  Alla  jusqu'à  la  fermeture  du  blastopore  avec  une  forte  dépression  au 
pôle  supérieur. 

B  b.  Sel.  —  Donna  des  embryons  dont  la  plupart  présentaient  des  anomalies,  telles 
que  la  non-fermeture  du  blastopore  avec  présence  du  bouchon  vitellin,  anencéphalie 
par  éclatement  dans  la  région  nucale;  ils  étaient  en  retard  de  vingt-quatre  heures 
environ. 

B  b.  Sucre.  —  Donna  des  embryons  normaux,  mais  beaucoup  moururent  à  la 
sortie  de  l'œuf. 

On  n'observait  aucune  difTérence  entre  c  (sucre  ou  sel)  et  les  témoins. 


(  999  ) 

»  En  résumé,  l'action  des  solutions  salines  ou  sucrées  se  manifeste  avec 
intensité  sur  l'œuf  vierge  des  batraciens,  puisqu'il  y  a  commencement  de 
segmentation  vraie  au  fausse,  même  lorsque  le  contact  est  très  court. 

))  L'œuf  fécondé,  traité  de  la  même  façon,  devrait  subir  soit  une  accé- 
lération (si  la  solution  aj^it  comme  le  spermatozoïde),  soil  un  retard,  s'il  y 
a  simplement  manifestation  de  phénomènes  physiques,  phénomènes  dont 
la  cause,  soit  phvsique,  soit  phvsico-chimiqiie,  devrait  contrarier  le  déve- 
loppement normal.  Au  contraire,  pour  qu'il  y  ait  retentissement  sur  les 
stades  ultérieurs,  le  contact  doit  être  permanent,  ou  du  moins  se  continuer 
jusqu'à  une  certaine  période  critique. 

»  Conclusions.  -  L'œuf,  avant  la  fécondation,  semble  beaucoup  plus  sen- 
sible aux  changements  de  milieu  qu'après  la  pénétration  du  speimalozoïilf . 
J'ai  déjà  fait  celle  remarque  dans  d'autres  expériences. 

»  En  second  lieu,  il  v  a  une  différence  marquée  dans  le  développement 
de  l'embryon  des  batraciens  lorsqu'on  le  soumet  à  l'action  des  solutions 
isotoniques  salées  ou  sucrées  : 

CaCl^  à  I  ,4  pour  loo  donne  des  niorulas, 
NaCI   à  I  pour  loo  tue  l'œuf  au  stade  4- 

»  Le  sucre  à  lo  pour  loo  n'a  pas  d'intluence  marquée  jusqu'à  la  ferme- 
ture du  blastopore.  Ce  moment  marque  le  début  d'une  période  très  critique 
"pour  l'embryon.  Jusque-là,  le  développement  est  régulier,  et  il  y  a  seule- 
ment une  dépression  au  pôle  supérieur.  J^a  différence  est  trop  sensible 
pour  qu'il  n'y  ait  pas  une  action  chimique  spéciale  pour  chacune  des  solu- 
tions, qui  serait  plus  intense  et  plus  nuisible  avec  les  chlorures  qu'avec  le 
sucre,  <'l  qui  probablement  s'ajouterait  à  l'action  physi(|ue. 

M  II  peut  se  faire  que,  dans  le  cas  de  la  parthénogenèse  expérimentale, 
l'action  physique  seule  agisse;  le  temps  pendant  lequel  l'œuf  est  en  contact 
avec  les  solutions  étant  trop  court  pour  que  l'action  chimique  apparaisse.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Excitation  des  nerfs  et  des  muscles  par  des  ondes 
de  très  courte  durée.  Note  de  M.  G.  Weiss,  présentée  par  M.  Marey. 

«  A  l'aide  d'un  interrupteur  rapide  j'ai  pu  étudier  l'excitation  des  nerfs 
et  des  muscles  par  des  courants  continus  d'une  durée  très  courte.  Mon 
appareil  me  permit  en  effet  de  fermer  un  courant  avec  une  grande  préci- 
sion pendant  un  temps  inférieur  à  o",oooi  ou  de  faire  succéder  deux  ondes. 


(    lOOO    ) 

La  durée  des  ondes  et  leur  intervalle  est  variable  à  la  volonté  de  l'expéri- 
mentateur et  réglable  avec  la  plus  grande  facilité. 

»  Grâce  à  cet  instrument  qui  fonctionne  avec  une  régularité  parfaite,  j'ai 
pu  établir  les  règles  suivantes  : 

)>  1°  Quand  on  excite  un  nerf  par  un  courant  continu,  la  quantité 
d'énergie  mise  en  jeu  pour  provoquer  l'excitation  passe  par  un  minimum 
pour  une  durée  déterminée  du  passage  du  courant. 

»  2°  Cette  durée,  la  plus  favorable,  croît  avec  la  distance  des  électrodes 
sur  le  nerf.  Elle  est  d'environ  o", 00046  pour  une  distance  des  électrodes  de 
2™™  et  s'élève  à  o",ooi2  pour  une  distance  de  16°"™. 

M  3°  La  même  règle  s'applique  pour  les  courants  ascendants  ou  descen- 
dants. 

))  4°  Pour  le  muscle ,  j'ai  trouvé  comme  période  la  plus  favorable 
o",  ooi  2. 

»  5°  Il  y  avait  lieu  de  se  demander  si  l'excitation  se  produisait  au 
moment  de  la  fermeture  et  de  la  rupture  du  courant,  comme  le  pensait  du 
Bois-Raymond,  ou  si  elle  avait  lieu  pendant  toute  la  durée  du  passage  du 
courant. 

»  Dans  le  premier  cas,  en  remplaçant  une  onde  par  deux  ondes  ayant, 
en  y  comprenant  leur  intervalle,  la  même  longueur  que  l'onde  primitive, 
ce  qui  revient  à  pratiquer  une  lacune  dans  la  première  onde,  on  doit  avoir 
une  excitation  plus  favorable,  c'est-à-dire  que  l'on  doit  pouvoir  baisser  le 
voltage  tout  en  restant  au  seuil  de  l'excitation. 

»  Dans  le  second  cas,  toute  lacune  doit  au  contraire  nécessiter  un  vol- 
tage plus  élevé. 

»  Or,  l'expérience  a  montré  que  c'était  ce  second  cas  qui  se  trouvait 
réalisé.  Toute  lacune  nécessite  une  hausse  du  voltage  d'autant  plus  grande 
que  la  lacune  est  plus  longue. 

»  6°  Deux  ondes  successives  sont  toujours  moins  efficaces  qu'une  seule 
onde  égale  en  durée  à  la  somme  des  durées  de  ces  deux  ondes.  Ce  qui 
revient  à  dire  que,  pour  une  même  quantité  d'électricité  dépensée,  l'exci- 
tation est  moindre  s'il  y  a  une  interruption  dans  le  passage.  Il  en  résulte 
que  plus  on  subdivise  les  ondes,  moins  elles  sont  efficaces,  c'est-à-dire  que 
plus  on  subdivise  les  ondes  plus  le  seuil  de  l'excitation  est  élevé  et  plus  on 
peut  forcer  le  voltage  sans  avoir  de  réponse. 

»  Toutes  ces  expériences  ont  été  faites  sur  la  grenouille.  " 


(    lOOI     ) 


PHYSIOLOGIE.    —    Action   de  l'alcool  sur  la  sécrétion  gastrique.   Note  de 
MM.  Albert  Frouix  et  31.  Molixier,  présentée  par  M.  Diiclaux. 

«  On  sait  que  l'alcool  introduit  dans  l'estomac  augmente  la  sécrétion 
gastrique  au  dcbut.  Les  physiologistes  admettent  que  celte  hypersécrétion 
est  due  à  une  action  directe  qui  se  manifeste  par  une  excitation  particu- 
lière sur  les  terminaisons  nerveuses,  et  à  une  modification  de  la  circulation 
locale  qui  se  termine  par  une  vaso-constriction  suivie  d'une  vaso-ddatatiou 
des  capillaires.  Cette  interprétation  semble  vérifiée  par  la  sensation  de 
chaleur  ressentie  et  localisée  dans  l'estomac  après  l'absorption  d'une 
boisson  alcoolique  ;  elle  est  cependant  trop  exclusive  et  trop  absolue. 

»  Nous  avons  expérimenté  sur  des  chiens  à  estomac  séquestré  (')  en 
leur  faisant  ingérer,  au  moyen  de  sucre  comme  excipient,  20'^*'  d'alcool 
à  So";  nous  avons  toujours  obtenu  une  hypersécrétion  de  suc  gastrique 
acide  et  très  actif. 

))  Dans  ce  cas,  on  ne  peut  pas  invoquer  l'action  de  ce  liquide  sur  les 
terminaisons  nerveuses  ni  sur  la  circulation  de  la  muqueuse  stomacale, 
puisque  l'alcool  ingéré  passe  directement  dans  l'intestin;  on  peut  simple- 
ment nous  objecter  que  cette  substance  a  pu  agir  sur  les  voies  gustatives 
et  provoquer  une  sécrétion  psychique  considérable. 

»  Cette  objection  tombe  d'elle-même  si  l'on  introduit  de  plus  grandes 
quantités  d'alcool  par  la  voie  rectale,  et  du  même  coui)  l'expérience  de- 
vient plus  intéressante. 

»  Expérience.  — Nous  avons  expérimenté  sur  deux  chiens  à  estomac  séquestré  que 
nous  désignerons  par  A  et  B.  La  moyenne  journalière  de  la  sécrétion  du  chien  A  était 
de  3i2'^'=  avant  l'expérience.  Celle  du  chien  B  était  de  280'='^. 

»  Ces  animaux,  reçoivent  le  20  mars,  à  ii*"  du  matin,  par  voie  rectale,  200™  d'alcool 
il  20°.  Vingt  minutes  après  l'introduction  du  liquide  alcoolique,  l'ivresse  est  complète, 
les  sujets  sont  incapables  d'aucun  mouvement  et  ne  tardent  pas  à  s'endormir. 

»  A  i^  de  l'après-midi,  on  relire,  pour  le  chien  A,  i35="  de  suc  gastrique  ayant  une 
acidité  de  Ss'jOÔ  d'acide  chlorhydrique  libre  par  litre;  pour  le  chien  B,  22="^  avant  une 
acidité  de  26''  44  d'acide  chlorhydrique  libre  par  litre. 

»  Les  animaux  restent  dans  un  état  de  somnolence  jusqu'à  ^''du  soir;  à  ce  moment 
on  leur  présente  à  boire  et  l'on  recueille  leur  urine. 

»   Nous  avons  recherché  et  caractérisé  la  présence  de  l'alcool  dans  le  suc  gastrique 


(')  A.  Frouin,  Joitrn.  de  Physiol.  et  de  Path.  gén.,  p.  44?;  3  mai   1894. 
C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  C.X.VXII,  N»  16.)  I  29 


(     I002    ) 

et  dans  Turine  recueillis  soil   par  la  réaclion   île  riiidoformo,  soil  par   la  l'éaclion  de 
Vitali. 

i>  Le  lendemain,  à  i  i"",  loute  trace  d'ivresse  a  disparu,  et  Ton  recueille,  pour  li' 
chien  A,  420"  de  suc  gastrique  ayant  une  acidité  de  4^,o4  d'acide  chlorhydrique  libre 
par  litre.  Ce  qui  porte  la  sécrétion  totale  de  vingt-quatre  heures  à  555".  Dans  le 
même  temps,  le  chien  B  a  fourni  400'^'=  de  liquide  ayant  une  acidité  de  S?',  25  en  acide 
chlorhydrique  libre,  ce  qui  porte  sa  sécrétion  à  If-ii'^''  par  vingt-quatre  heures. 

»  On  voit  donc  que,  sous  l'influence  de  l'alcool,  quel  que  soit  le  mode 
ou  le  lieu  de  l'absorption,  la  sécrétion  stomacale  est  augmentée  en  quan- 
tité et  en  qualité,  car  les  animaux  sont  restés,  pour  ainsi  dire,  à  jeun  pen- 
dant vingt-quatre  heures. 

»  L'un  de  nous  a  montré  que,  dans  l'état  déjeune,  la  sécrétion  stoma- 
cale était  continue,  mais  qu'elle  était  caractérisée  par  la  réaction  neutre  du 
suc  gastrique  (  '). 

»  L'hypersécrétion  du  suc  gastrique  sous  l'influence  de  l'alcool  n'est 
pas  due  à  une  action  directe  et  locale  de  cet  agent  sur  la  muqueuse;  nous 
éliminons  l'action  qu'il  peut  produire  sur  les  terminaisons  nerveuses  des 
voies  gustatives,  en  le  faisant  absorber  par  le  rectum,  mais  on  peut  nous 
faire  une  objection  qui  aurait  sa  valeur,  puisque  nous  avons  caractérisé  ce 
produit  dans  le  suc  gastrique,  et  nous  dire  qu'il  agit  encore  «lirectement, 
grâce  à  sa  diffusion. 

»  Le  Tableau  suivant  renferme  les  indications  sur  la  sécrétion  et  l'aci- 
dité du  suc  gastrique  de  chaque  animal. 

Chien  A.  Chien  B. 

Quantité.     Acidité.  Quantité.      Acidité. 

ce  -gt  rc  sr 

ao    mars,    ii''    du     matin,    introduction 

de  200'^'=  alcool  à  20°.  A  3^  on  retire.  .        i35         3, 06  22         2,44 

21  mars,  à  1 1''  du  matin 420         4)04  4oo         5,9.5 

Sécrétion  totale  des  24  heures 555  4'-2 

22  mars,  sécrétion  des  24  heures 1100         4)38  i33o         4)70 

3       >'  "  1)         io55        4i23  i35o        4)59 

24  "  )i  »         43o         3,72  570         4)4'^ 

25  >■  »  "         970         2,19  885         4,01 

Moyenne  par  24  heures  du  20  au  20.  .. .       888         3,6o3  io43         4)445 

Moyenne  normale 3i2         2,87  280         8,07 


(')  A.  Frouin,  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,   p.  498;  10  juin  1899. 


2 


(    ioo3  ) 

»  En  examinant  le  Tableau  précédent,  nous  voyons  que  la  sécrétion 
augmente  et  reste  à  un  taux  élevé  jusqu'au  25  mars.  La  quantité  moyenne 
du  20  au  23  mars  est  de  SSB*^"^  pour  le  chien  A,  avec  une  acidilé  de  38^,603 
d'acide  chlorhydrique  par  litre,  alors  que  la  moyenne  normale  de  cet 
animal  avant  l'expérience  n'était  que  de  3i2"  avec  une  acidité  de  28', 8^. 

»  Le  chien  B  sécrète  une  moyenne  de  1043"'  de  suc  gastrique  avec  une 
acidilé  de  4"% 445  d'acide  chlorhydrifiue  |iar  litre;  sa  sécrétion  normale 
avant  l'expérience  n'était  que  de  280"  avec  une  acidilé  de  38'',o7. 

»  L'alcool  |)roduit  donc  une  hypersécrétion  cpii  se  manifeste  encore 
alors  que  ce  corps  a  disparu  ;  il  ne  peut  donc  pas  être  question  d'une  ex- 
citation directe  expliquée  par  la  diffusion,  car  on  ne  peut  plus  caractériser 
sa  présence  dans  le  suc  gastrique  quarante-huit  heures  après  l'ingestion. 
Ou  doit  admettre  que  c'est  par  une  action  sur  le  système  nerveux  qu'il 
produit  ainsi  un  effet  de  longue  durée. 

»  Eu  résumé,  nous  pouvons  conclure  de  ces  expériences  :  i"  que 
l'alcool  produit  une  hypersécrétion  de  suc  gastrique,  mais  que  celle-ci 
n'est  pas  simplement  due,  comme  on  le  supposait,  à  une  action  locale, 
puisque,  introduit  directement  dans  l'intestin,  il  produit  la  même  action; 
2°  que  l'action  sur  les  terminaisons  nerveuses  des  voies  gustalives  n'est  pas 
importante,  car  l'introduction  par  voie  anale  produit  le  même  effet  ;  3°  c'est 
à  une  action  spéciale  sur  le  système  nerveux  que  l'alcool  doit  son  action, 
puisque  cette  action  persiste  pendant  plusieurs  jours  et  augmente  même 
d'intensité.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  seconde  fermentation  ou  prise  de 
mousse  des  vins  de  Champagne.  Note  de  M.  E.  Manceau,  présentée 
par  M.  Duclaux. 

«  La  préparation  des  vins  mousseux  naturels  consiste  essentiellement 
dans  la  mise  en  bouteilles  du  vin  de  la  cuvée,  mélange  de  vins  vieux  et  de 
vins  nouveaux,  contenant  une  faible  proportion  de  sucre.  Ce  poids  de 
sucre  doit  être  tel  que  le  gaz  carbonique  dégagé  j)ar  fermentation  déter- 
mine une  pression  intérieure  de  4  à  5  atmosphères,  mesurée  à  la  tem])éra- 
ture  de  0°. 

»  Pour  acquérir  la  même  pression  après  la  prise  de  mousse,  des  vins 
différents  ne  doivent  pas,  en  général,  être  également  sucrés. 

»    Dans  l'hypothèse,  ordinairement  admise  jusqu'à  ce  jour,  d'une  fer- 


(   ioo/|  ) 

mentation  totale  du  sucre,  ces  variations  s'expliquaient  par  une  seconde 
hypothèse  :  l'inégalité  des  pouvoirs  dissolvants  des  vins  pour  le  gaz  carbo- 
nique. 

«  Mes  recherches  conduisent  à  une  explication  toute  différente. 
»  Depuis  1895,  j'ai  suivi,  chaque  année,  dans  le  cours  de  leur  prépa- 
ration, les  transformations  chimiques  de  plusieurs  centaines  de  cuvées.  En 
particulier,  le  sucre  était  évalué  avant  et  après  la  seconde  fermentation, 
ainsi  que  pendant  les  années  suivantes.  La  pression  du  vin  mousseux  était 
déterminée  à  la  température  de  0°. 

»  Dans  un  certain  nombre  de  ces  vins,  j'ai  étudié  la  solubilité  du  gaz 
carbonique  en  recueillant  sur  le  mercure  les  gaz  contenus  dans  la  bouteille. 
L'absorption  par  la  potasse  permettait  de  tenir  compte  d'une  petite  quan- 
tité d'azote. 

r>  J'ai  contrôlé  ces  mesures  en  saturant  de  gaz  carbonique  pur,  à  la 
température  de  0°,  sous  des  pressions  croissantes,  jusqu'à  6  atmosphères, 
un  volume  de  200'''^  de  vin,  préalablement  privé  des  gaz  en  solution.  I-e 
gaz  carbonique  dissous  était  recueilli  et  mesuré  sur  le  mercure. 

M   Les  conclusions  de  ces  recherches  sont  les  suivantes  : 

»  L  La  seconde  fermentation  des  vins  de  Champagne  est  généralement 
partielle. 

»  Dans  les  grands  vins  de  Champagne,  dont  la  richesse  alcoolique  dé- 
passe II  degrés,  plusieurs  milliers  d'analyses  effectuées  depuis  1890  ac- 
cusent un  résidu  de  sucre  dont  le  poids  varie  entre  5  et  70  pour  100  du 
sucre  contenu  dans  le  vin  avant  la  fermentation  en  bouteilles. 

»  IL  A  la  température  de  0°  jusqu'à  la  pression  de  6  atmosphères,  la 
solubilité  du  gaz  carbonique  dans  les  vins  de  Champagne  et,  plus  généra- 
lement, dans  un  grand  nombre  de  vins  destinés  à  la  préparation  des  vins 
mousseux,  ne  suit  pas  la  loi  de  Dalton.  Les  poids  de  g.iz  dissous  par  1'"  de 
vin,  pour  une  unité  de  pression,  augmentent  rapidement,  à  mesure  que  la 
pression  s'élève,  jusqu'à  6  atmosphères,  limite  actuelle  de  mes  expé- 
riences. 

»  IIL  Les  poids  de  gaz  carbonique  nécessaires  pour  saturer,  à  la  tem- 
pérature de  o",  sous  une  même  pression,  des  volumes  égaux  de  différents 
vins  de  Champagne,  sont  voisins. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  fermentation  partielle  du  sucre 
est  la  cause  principale  de  la  variation  des  proportions  de  sucre  exigées  par 
les  différents  vins  pour  acquérir  la  même  pression.  Le  rôle  du  pouvoir  dis- 
solvant est  tout  à  fait  secondaire. 


(  ioo5  ) 

»  Des  vins  très  difTcrents,  d'une  richesse  alcoolique  de  8"  à  i3°,  dans 
lesquels  la  levure  a  utilisé  le  même  poids  de  sucre,  possèdent  des  pressions 
très  voisines. 

1)  La  préparation  des  vins  mousseux  serait  une  opération  incertaine  si 
l'on  ne  pouvait  prévoir  le  poids  de  sucre  inulilisé,  ou  bien  encore  préciser 
les  conditions  à  réaliser,  si  possible,  pour  que  ce  résidu  soit  négligeable. 

»  Depuis  1898,  je  poursuis  des  expériences  en  vue  de  rechercher 
quelles  principales  causes  influent,  dans  les  conditions  normales  de  la 
préparation  des  vins  mousseux,  sur  le  poids  du  résidu  sucré. 

»   J'ai  étudié  : 

»  I"  L'influence  de  la  levure,  par  fermentation  du  même  vin,  stérilisé,  diversement 
ensemencé.  Ces  expériences  ont  été  répétées  sur  plusieurs  vins,  ainsi  que  sur  ces 
vins  non  stérilisés. 

»  9.°  L'influence  de  la  température  par  fermentation  du  même  vin  à  10"  et  à  20°. 

»  3°  L'influence  de  la  composition  du  milieu,  par  fermentation,  dans  des  condi- 
tions identiques,  de  vins  dont  la  composition  variait  seulement  par  la  proportion  de 
la  substance  examinée. 

«  Enfin,  comme  toutes  ces  influences  sont  connexes,  je  me  suis  proposé,  dans  une 
quatrième  série  d'expériences,  de  rechercher  leurs  relations. 

»  Ces  expériences,  très  nombreuses  et  très  longues,  ne  seront  pas  terminées  avant 
plusieurs  années. 

>)   Dès  maintenant,  les  résultats  suivants  sont  acquis  : 

»  Influence  de  la  levure.  —  Le  nombre  des  cellules  de  levure  existant  au 
moment  de  la  mise  en  bouteilles  n'a  d'influence  que  jusqu'à  un  certain 
maxiinum  très  rapidement  atteint.  Pour  des  vins  ensemencés  à  cette  dose 
maxima,  l'origine  de  la  levure  possède  une  influence  considérable.  Les 
levures  d'Ay,  de  Bouzy,  de  Cramant,  de  Verzenay  laissent  des  résidus 
sucrés  très  inégaux. 

')  Une  même  levure  donne  des  résultats  différents  suivant  le  milieu 
<lans  lequel  on  l'a  préalablement  cultivée. 

)i  Influence  de  la  température.  —  La  fermentation  est  généralement  plus 
complète  à  20°  qu'elle  ne  l'est  à  10°.  J'ai  constaté  cependant  le  phénomène 
inverse  dans  certains  cas  particuliers. 

1)  Influence  du  milieu.  —  Le  poids  du  résidu  sucré  s'élève,  évidemment, 
avec  la  proportion  d'alcool.  L'influence  est  très  grande  à  partir  de  12" 
d'alcool. 

»  Dans  des  vins  contenant  environ  ôs""  de  glycérine  par  litre,  l'addition 
de  i^""  à  io«'  de  glycérine  par  litre  diminue  le  poids  du  résidu  sucré. 


(  ioo6  ) 

))  L'acide  citrique,  jusqu'à  lo^"^  par  litre  de  vin,  n'a  pas  d'influence 
sensible. 

»  Il  est  difficile  d'jipprécier  l'action  de  l'acide  tai  trique.  L'addition  de 
cet  aci'le  provoque  généralement  la  précipitation  de  bilarlrate  de  potasse 
et,  dans  ce  cas,  In  fermentation  devient  de  moins  en  moins  complète. 

»  La  nature  et  la  proportion  des  gaz  dissous  dans  le  vin  au  moment  de 
la  mise  en  bouledies,  le  gaz  carbonique  sous  pression,  la  proportion  de 
potasse,  d'acide  piiosphorique,  de  matières  azotées,  paraissent  exercer  des 
influences  sensibles,  qui  seront  précisées  par  les  expériences  acluellement 
en  cours.    » 


RADIOGRAPHIE.  —  Appareil  de  mensuration  exacte  du  squelette  et  des 
organes  donnant  une  image  nette  en  radiographie .  Note  de  M.  G.  Coxtre- 
MOULiNS,  présentée  par  M-  Guyon. 

«  L'appareil  de  mensuration  radiograpliique  dont  il  s'agit  procède  du 
même  principe  que  l'appareil  de  recherche  de  projectiles  dans  le  crâne 
que  j'avais  créé  eu  avril  i  Sq^  et  qui  a  été  présenté  à  l'Académie  de  Méde- 
cine le  23  novembre  de  la  même  année. 

»   Il  se  compose  de  deux  parties  distinctes  : 

I)  La  première  comprend  un  disposilif  plafonnant  qui  fixe  à  volonté  dans  l'espace 
soit  une  source  de  rayons  X,  soit  une  aiguille  dont  la  pointe  prend  la  place  de  cette 
source,  de  telle  sorte  qu'un  simple  déplacettienl  transversal  de  pièces  métalliques 
suffit  pour  avoir  soit  le  fojer  du  tube  en  un  point  de  l'espace  déterminé,  soit  la  maté- 
rialisation de  ce  foyer  en  ce  même  point  de  l'espace. 

»  Un  deuxième  disposilif  de  cette  pnrlie  de  l'appareil  permet  également  de  déplacer 
tout  l'ensemble;  de  telle  sorte  que  le  même  tube  de  Crookes  peut  être  excité  succes- 
sivement en  deux  positions  voisines  1  une  de  l'autre  alln  d'effectuer  ainsi  deux  images 
radiographiques  d'un  même  sujet  sous  deux  angles  d'incidence  différents  (appareil  de 
stéréoscopie  simple). 

»  La  matérialisation  dans  l'espace,  par  les  aiguilles,  des  foyers  d'émission  des 
rayons  X,  dans  les  deux  positions  successives  occupées  par  le  tube,  permet  de  repré- 
senter d'une  façon  tangible,  au  moyen  de  fils  tendus,  par  exemple,  le  trajet  des 
rayons  X  et  la  projection  conique  des  pièces  osseuses  ou  des  organes  sur  le  plan  de  la 
plaque  sensible  dans  les  mêmes  angles  d'incidence. 

«  La  deuxième  jjarlie  de  l'appareil  comprend  une  table  spéciale,  fixée  au  sol  sous 
l'ensemble  précilé. 

»  Sur  celte  table  est  montée  une  sorte  de  tiroir  en  bois,  d'une  construction  parti- 
culière, dans  lequel  on  introduit,  à  frottements  doux,  des  chà'sis  radiographiques.  Un 


(    I007  ) 

repérage  métallique  permet,  en  outre,  de  déterminer  exaclemeol  le  point  d'incidence 
normal  des  rayons  X  à  la  plaque  sensible  pour  chaque  position  du  foyer  du  tube. 

»  Sur  le  tiroir,  le  sujet  est  couché,  pour  le  cas  donné  comme  exemple,  dans  une 
position  naturelle  de  décubitus  dorsal;  les  jambes  sont  calées  en  demi-flexion,  pour 
assurer  plus  de  stabilité.  Les  bras,  croisés  sous  la  tête,  sont  également  calés  à  l'aide 
de  coussins  garnis  de  sable  ou  de  feutre,  et  les  flancs  sont  protégés  par  des  lames  de 
plomb  formant  écran  opaque  aux  radiations  secondaires. 

»  Deux  épreuves  radiographiques  sont  prises  successivement,  les  châssis 
étant  changés  sous  le  sujet  sans  que  cehii-ci  puisse  se  déplacer  et  le  tube 
avant  été  changé  d'incidence  entre  les  deux  opérations. 

»  Ensemble,  les  deux  poses  n'entraînent  que  dix  minutes  d'immobilisa- 
tion quand  il  s'agit  de  la  région  pelvienne,  et  six  minutes,  tout  au  plus, 
pour  la  région  thoracique. 

»  En  ouLre  et  ceci  est  l'un  des  points  essentiels  de  cette  méthode,  il 
n'est  point  nécessaire  de  s'inquiéter  de  l'orientation  du  malade,  ni  de 
l'angle  d'incidence  du  tube  pnr  rapport  à  lui,  car,  quelle  que  soit  cette  posi- 
tion, quel  que  soit  cet  angle  d'incidence,  la  détermination  dans  l'espace 
des  points  cherchés  sera  toujours  aisée  et  les  écarts  possibles,  dans  la 
détermination,  ne  dépasseront  jamais  un  demi-millimètre. 

»  Le  schéma  de  reconstitution  que  le  dispositif  montre  indique  nette- 
ment tous  les  avantages  de  cette  méthode  dans  les  cas  de  pelvimétrie 
radiographique,  par  exemple,  puisqu'elle  supprime  l'obligation  de  prendre 
des  points  de  repère  sur  le  sujet  et  de  lui  donner  une  position  spéciale 
quelle  que  soit  laforme,  normale  ou  viciée,  des  pièces  du  squelette  à  déter- 
miner. 

»  La  mensuration  ordinaire  d'un  bassin  fuite  sur  douze  points  du  détroit 
supérieur  demande  exactement  i''io™,  car  il  faut,  après  les  deux  opé- 
rations radiographiques  sur  le  sujet,  qui  durent  dix  minutes,  développer 
les  clichés  et  les  sécher,  puis  efîectuer  le  transport  des  images  et  le  mon- 
tage des  HIs. 

M  L'appareil  est  construit  également  en  vue  de  la  recherche  et  la  déter- 
mination de  l'emplacement  exact  des  corps  étrangers  contenus  dans  l'or- 
ganisme et  comporte  en  ce  cas  l'emploi  d'un  compas  spécial  d'opération, 
car  c'est  alors  un  complément  imii^pensable  comme  pour  l'appareil  de 
recherche  de  projectiles  dans  le  cràiie. 

»  Enfin  l'une  des  caractéristiques  importantes  de  cette  méthode  est  en- 
core, comme  pour  la  mélhode  de  lever  des  plans  de  M.  le  colonel  Laussedat, 
qu'il  sufQt  d'avoir  noté  la  distance  du  tube  à  la  plaque  pour  pouvoir  plus 


(   too8  ) 

tard,   à  n'importe  quelle  époque,  reconstituer  dans  l'espace  la  partie  de 
l'image  radiographiqiie  qu'on  désire  étudier. 

))  C'est  une  ressources!  précieuse  quand  il  importe  de  suivre  l'évolution 
d'un  sujet,  que  je  crois  pouvoir  me  borner  simplement  à  la  signaler.  » 

GÉOLOGIE.   —   Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation  du  minerai 
de  fer  oolilhique  de  Lorraine.  Noie  de  M.  Stanislas  .^sSeuxieh. 

H  Danssa  séance  du  1 8  février  dernier,  l'Académie  a  reçu  de  M.  Georges 
Rolland  une  Communication  dont  la  conclusion  est  que  les  couches  de  mi- 
nerai de  fer  de  l'arrondissement  de  Briey  se  sont  constituées  au  fond  delà 
mer  toarcienne,  les  conr;ints  ayant  distribué,  là  oîi  on  les  trouve,  les 
oolithes  ferrugineuses  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  444)- 

»  Ayant  eu  l'occasion,  à  de  nombreuses  reprises,  d'étudier  sur  le  terrain 
de  semblables  gisements  et  d'exaniinei-,  au  laboratoire,  les  roches  que  j'y 
avais  recueillies,  je  crois  devoir  déclarer  qu'une  semblable  manière  de 
voir  me  paraît,  de  tous  points,  inacceptable. 

»  Les  couches  qui  nous  occupent  se  présentent  pour  moi  comme  des  pioduits  de 
transforuialion  sur  place,  sans  altération  notable  de  leur  structure,  de  couches  anté- 
rieurement calcaires,  comme  celles  qui  se  rencontrent  à  tant  de  niveaux  du  terrain 
jurassique.  Qu'on  prenne  des  fragments  de  calcaire  oolithique  fossilifère  et  qu'on 
l'arrose  pendant  un  temps  suffisant  avec  une  solution  de  sulfate  de  fer,  puis  qu'on 
examine,  au  microscope,  des  lames  minces  préparées  au  travers  de  sa  substance,  et 
l'on  verra  les  débuts  et  les  progrés  d'une  ferruginification  qu'il  est  très  intéressant 
de  suivre.  Celle-ci  est  identique  dans  son  principe  à  la  silicijication  à  laquelle  se  rat- 
tachent par  exemple  les  gisements  de  meulières  des  terrains  tertiaires  parisiens,  où 
l'on  retrouve,  avec  une  composition  nouvelle,  tous  les  détails  de  structure  (y  compris 
les  fossiles)  de  couches  antérieurement  tout  autres  et  qui  pouvaient  être  calcaires. 

«  Quant  à  la  forme  oolithique  des  masses  considérées,  elle  n'a  certainement  rien  de 
commun  avec  celle  du  dépôt  initial  et  il  suffit  d'étudier  de  près  les  oolithes  des  cal- 
caires jurassiques  pour  en  être  convaincu.  Elles  aussi  contiennent  fréquemment  des 
débris  de  fossiles  et  elles  afifectent  tous  les  caractères  de  produits  lentement  concré- 
tionnés. 

)i  II  faut  reconnaître  cependant  que  celte  manière  de  voir  rencontre  à  première  vue 
des  objections  qui  paraissent  graves.  La  principale  est  d'ordre  chimique  et  concerne 
la  composition  des  oolithes  de  limonite.  Quand  on  les  laisse  digérer  dans  l'acide  chlor- 
hydrique  moyennement  concentré  à  la  température  ordinaire,  on  les  voit,  au  bout  de 
quelques  jours,  se  décolorer  presque  complètement  sans  perdre  leur  forme  pendant 
que  le  liquide  dissout  tout  le  fer.  Il  reste  des  globules  giis  d'apparence  argileuse  dont 
on  ne  voit  pas  les  correspondants  dans  les  calcaires  oolithiques  regardés  tout  à  l'heure 
comme  milieu  générateur  des  oolithes  ocreuses. 


(    1009  ) 

')  Mais  un  examen  plus  approfondi  de  la  question  lève  cette  difficulté  d'une  façon 
complète  et  qui  m'a  vivement  intéressé.  On  reconnaît  en  effet  que  la  matière  grise 
argiloïde  qui  vient  d'être  mentionnée  n'est  pas  de  l'argile,  malgré  son  apparence,  et 
consiste,  à  part  son  mélange  avec  du  sable,  en  hydrate  d'alumine  à  peu  près  pur;  c'est 
une  variété  de  bauxite  et  sa  rencontre  en  pareil  gisement  est  tout  à  fait  digne  d'atten- 
tion, étant  donné  que  cette  substance  manifeste  avec  la  limonite  des  traits  multiples 
d'affinité  au  point  de  vue  géologique.  On  sait  en  eflfet,  par  exemple,  que  le  calcaire  est 
tout  aussi  apte  à  précipiter  l'alumine  que  le  fer  de  ses  dissolutions  salines.  De  sorte 
que,  si  un  fragment  de  calcaire  est  plongé  dans  une  dissolution  de  sulfate  d'alumine,  il 
se  fait  un  précipité  d'alumine,  il  se  dissout  du  sulfate  de  chaux  et  il  se  dégage  de 
l'acide  carbonique.- 

»  Tout  cela  posé,  voici  comment  il  paraît  légitime  de  reconstituer  l'his- 
toire des  couches  à  oolilhes  ferrugineuses  :  Tout  d'abord,  la  mer  toar- 
cienne  a  déposé  des  assises  de  liinon  calcaire  plus  ou  moins  argileux  et 
sableux,  parfois  presque  pur,  dans  lequel  étaient  ensevelis  les  coquilles  et 
les  autres  vestiges  des  animaux  marins  habitant  le  bassin  aqueux.  Dans  un 
second  temps,  et  en  conséquence  des  mouvements  moléculaires  dont  la 
masse  a  été  le  siège,  il  est  devenu  oolithique  :  le  calcaire  s'est  arrangé 
autour  de  certains  centres,  grains  de  sable  ou  autres  objets,  et  les  matières 
autres  que  le  calcaire,  argile,  etc.,  ont  été  refoulées  dans  les  interstices 
des  oolithes.  Enfin,  dans  un  troisième  temps,  la  formation  a  été  baignée, 
sans  doute  très  lentement,  par  des  eaux  contenant  des  sels  solubles  de  fer 
et  d'alumine  et  qui  pouvaient  n'en  renfermer  que  des  traces.  Les  molé- 
cules de  calcaire  ont  été  comme  des  pièges  arrêtant  au  passage  ces  iiialières 
métalliques  et  il  y  a  eu  une  épigénie  progressive  de  tout  le  terrain  qui, 
tout  en  conservant  les  traits  principaux  de  sa  structure  et  jusqu'à  ses  fos- 
siles, s'est  ferruginisé  et  aluminisé;  il  est  passé  à  l'état  de  minerai  de  fer 
oolithique,  par  rubéfaction  de  sidérose  d'abord  produite. 

»  Les  confirmations  de  cette  hypothèse  pourraient  être  réunies  en  grand 
nombre.  Citons  spécialement  celle  qui  résulte  de  l'analyse  chimique  des 
limonites  de  Lorraine  et  des  contrées  analogues. 

»  On  y  dose  très  souvent  l'alumine  en  quantité  disproportionnée  à  la  silice  dans  la 
supposition  qu'elles  contiendraient  de  l'argile.  Dans  la  mine  de  Frouard,  j'ai  trouvé 
jusqu'à  i3  d'alumine  pour  8  de  silice;  soit  plus  de  60  pour  100  d'alumine,  au  lieu  de 
25  ou  de  26  pour  100  que  contiennent  les  argiles.  Des  analj'ses  publiées  de  la  limonite 
de  Cliavigny  et  de  Lay-Saint-Christofle  donnent  10,00  et  i3, 20  d'alumine  contre  8,70 
et  5,00  de  silice  et  l'on  pourrait  multiplier  indéfiniment  ces  exemples.  Ajoutons 
qu'une  bonne  partie  de  la  silice  dont  il  s'agit  est  à  l'état  de  sable  quarlzeux  et  par 
conséquent  doit  encore  être  diminuée  de  celle  entrant  dans  la  composition  d'un  sili- 
cate argiloïde.  Enfin,  il  est  clair  que  le  calcaire,  qui  est  devenu  limonite  par  épigénie, 
G.  H.,   1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  16.)  I  3o 


(     lOlO    ) 

pouvait  êlre  plus  ou  moins  argileux  et  son  argile  subsiste  après  la  transformation. 
C'est  ce  qui  explique  les  difTérences  présentées  par  les  analyses  des  diverses  variétés 
de  limonite  oolithique. 

»  Une  autre  remarque  concerne  la  dimension  et  la  forme  des  oolithes 
ferrugineuses  comparées  aux  oolilhes  calcaires  : 

»  Elles  sont  d'ordinaire  plus  petites  et  moins  sphériques,  étant  aplaties  dans  le  sens 
de  la  stratification.  Il  est  évident  que  la  substitution  de  la  sidérose  ou  de  la  limonite, 
dont  la  densité  est  3,8,  à  la  calcite  qui  pèse  2,7  ne  peut  se  faire  sans  déterminer,  dans 
la  masse  qui  en  est  le  siège,  une  contraction  notable  et  par  suite  un  tassement  dont  la 
forme  aplatie  des  oolilhes  ferrugineuses  est  comme  un  reflet. 

-)  Un  poids  donné  de  carbone  (65"',  par  exemple)  passe  de  la  substance  de  5o8'' 
de  calcite  initiale,  qui  occupait  18™,  5,  dans  celle  de  58s''  de  sidérose  qui  occupe  seu- 
lement i5",2.  Le  rapport  de  ces  deux  capacités,  ou  0,821,  représente  la  contraction 
de  chaque  unité  de  volume  de  la  couche,  qui  est  de  ^  environ. 

u   Comprise  ainsi,  la  genèse  des  assises  de  limonite  oolithique  de  Lor- 
raine constitue   un   paragraphe  remarquable  de  l'histoire  des  transfor- 
mations successives  auxquelles  les  couches  du  sol  sont  en  proie  d'une 
manière  continue.  » 

M.  J.  Delitala  adresse  un  Mémoire  de  Géodésie,  ayant  pour  titre  : 
«    Détermination  simultanée  de  deux  stations  inconnues.  » 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Botanique  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour 
la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Adolphe  Chatin  : 

„  .,      ,.  1       t  7    1  <  ■  l  M.  B.  Renault. 

En  première  ligne,  e\  xquo,  et  par  orare  alp/iaoeti(/ae..       »i   »»    y 

f  xVJ .  M\»  Veiller. 

[  M.  Bureau. 

En  seconde  ligne,  par  ordre  alphabétique |  M.  Costantin. 

(  M.  Mangin. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 

M.   B. 


(    'O'i    ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i8  .mars   190 1. 

Allas  d' Algérie  el  de  Tunisie,  par  Henri  Mager.  Paris,  Ernest  Flammarion, 
s.  ri.  ;  I  fasc.  petit  in-4°.  (Présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Le  haut  Yang-Tse,  de  I-Tchang  Fou  à  Ping-Chan  Bien,  en  1897-1898; 
Voyage  et  Description;  Complément  de  l'Atlas  du  haut  Yang-Tse,  par  le 
R.  P.  S.  Chevalier,  S.  .1.;  2"  fasc.  De  Tchong-King  à  Ping-Chan  Bien. 
Cliang-Hai,  impr.  de  la  Presse  Orientale,  1899;  i  fasc.  in-4''.  (Présenté  par 
M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Les  observations  astronomiques  et  le  balancement  polaire,  par  M.  J.  Pé- 
ROCHE.  Paris,  Félix  Alcan,  1901;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M .  G.  Fouret,  Paris,  Gauthier-Villars, 
1901;   I  fasc.  petit  \n-\°. 

Bulletin  delà  Société  mathématique  de  France;  I.  XXIX,  fasc.  1.  Paris, 
igoi  ;  I  fasc.  in-S". 

I  terremoli  d'Italia.  Saggio  di  sloria  geografia  e  bibliograjia  sismica  ita- 
liana,  con  i36  sismocartograinmi,  lavoro  del  D"^  Mario  Baratta.  Turin, 
Fratelli  Bocca,  1901  ;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Fouqué.) 

Ca//a  5/5m«crt  (/'//a//a/ quattro  fogli  a  colori  alla  scala  di  i  a  1800000 
con  fascicolo  esplicativo,  del  D''  Mario  Baratta.  Voghera,  1901  ;  i  fasc. 
petit  in-4°,  et  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Fouqué.) 

Mechanika,  sepral  D''  Cenek  Strouhal.  (Sbornik  jednotyceskycliMathe- 
maliku  v.  Praze,  cislo  IV.)  Prague,  190 1  ;  i  vol  in-S". 

Researches  in  expérimental  Phonetics,  first  séries,  by  E.-W.  Scripture. 
Nevv-Haven,  Conn.,  1900;  i  fasc.  in-8'^.  (Pour  le  prix  Volney.) 

La  cause  générale  des  marées  et  des  courants  maritimes  dans  l'Océan,  par 
Georges  Olbrich.  Mendoza  (Rép.  Arg.),  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

R.  Istilulo  tecnico  superiore  di  Milano.  Programma,  anno  1 900-1 901. 
Milan,  1901  ;  i  fasc.  in-S". 

Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  Belgique,  1 899,  66'  année,  Supplément. 
Bruxelles,  1900;   i  vol.  in- 18. 

Annuaire  astronomique  de  l'Observatoire  royal  de  Belgique,  publié  par  les 
soins  de  L.  Niesten,  1901.  Bruxelles,   1901;  i  vol.  iii-i8. 

Observatoire  royal  de  Belgique.  Annuaire  météorologique  pour  1901,  publ. 
par  les  soins  de  A.  Lancaster.  Bruxelles,  1901  ;  i  vol.  in-18. 


(     IOI2    ) 

Memoirs  of  ihe  gcological  Survey  of  India.  Paleonlologia  Indien;  ser.  IX, 
vol.  II,  part  n,  and  ser.  XV,  vol.  ITI,  pari  II.  Calcutta,  1899-1900;  i  vol. 
et  I  fasc.  in-f°. 

Inhaltsverzeichniss  der  Sitzungsberichte  der  mathematisch-physikalischen 
Classe  und  der  philosophisch-philologischen  iind  historischen  Classe  der 
K.  B.  Akademie  der  Wùsenschaften,  Jahrgang  1886- 1899.  Munich,  1900; 
2  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  C Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique,  I"V*  série,  t.  XY, 
n°  1.  Bruxelles,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Memoirs  and  Proceedings  of  the  Manchester  litterary  and  philosophical 
Society,  1900-1901,  vol.  XLV,  parti.  Manchester;  i  fasc.  in-8°. 

Casopis  pro  pestovani  Malhematiky  a  Fysiky;  rocnik  XXX,  cislo  I-III. 
Prague,  1 900-1 901  ;  3  fasc.  in-8°. 

Anales  de  la  Sociedad  cientifica  Argentina,  Enero-Febrero  1901 ,  entrego  I 
y  II,  tomo  LI.  Buenos-Ayres,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du   i5  avril   1901.) 

Note  de  M.  Edmond  Maillet,  Sur  les  racines  des   équations  transcen- 
dantes : 

Page  909,  ligne  12,  au  lieu  de  X,  lisez  X,. 
Même  page,  lignes  i5  et  22,  au  lieu  de  -,■,  lisez  r. 
Page  910,  ligne  2,  au  lieu  de  9,  lisez  q. 
Même  page,  ligne  17,  au  lieu  de  X,  lisez  p. 


Note  de  M.  G.-A.  Hemsalech,  Sur  les  étincelles  oscillantes: 

Page  919,  légendes  de   la   fîg.  2   et  page  920,  ligne  /J,  au  lieu  de  lieure-gr.  liseî 
henry. 


W  16. 


TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance    du  22    avril    1901, 


MEMOIRES  ET  COMMUXICA TIOAIS 

ORS   MKMBURS    ET    DES   COHRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Emile  Picard.  —  Siii-  les  i-oskitis  et  I.  s 
périodes  des  intégrnies  doiililes  de  fonr- 
Lions  rationnelles 939 

M.  G  LiPPM.VNN.  —  Sur  un  ii|>p:ireil  destine 
à  entraîner  la  plat|ne  plioloiirapliique  qui 
reçoit  l'image  fournie  par  un  sidércistat .  .      ipi 

.M.  .Armand  G.autieu.  —  Sur  l'existence 
(l'azolures,  argonnres,  arséniures  et 
iodures  dans  les  roches  cristalllnleimes. .     c)33 

M.  A.  Chavveai'.  —   Analyse  de  la  dépense 


Pages, 
du  travail  moteur  de  la  machine  qui  sou- 
lève le  poids  de  l'homme  oeeupc  A  faire 
du  travail  résistant  sur  la  roue  de  Hirn. 
Comparaison  avec  la  dépense  qu'entraîne 
ce  même  travail  moteur  accompli  par 
l'homme  en  soulevant  lui-même  son  poids 

sur  la  roue g:î,S 

iM.  P.  UuuEM.  —  De  la  propagation  des 
discontinuités  dans  un  lluide  visqueux. 
Extension  de  la  loi  d'Hugooiot i)iJ4 


NOHliVATIOXS. 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Laeaze  (Chimie)  pnur  u|Oi  : 
M.\I.  Troost,  Gautier.  Aloisaan,  Ditic, 
Lemoine,  llaller,  Berthelot,  Hnutefeuitte, 
Dehéraiii yiiG 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix"  Delesse  pour  ifloi  :  .MM.  Marcel 
Jierlrancl,  Fouqac.  Michel  Lévy,  de 
Lapparent,  Gaudry (l47 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Gay  pour  1901  :  MM.  Bonnier, 
Van  Tieghem,  Bornet .  Guignard . 
Prillieux 94? 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Bordin  (Sciences  physiques) 
pour  ii)oi  :  MM.  Guignard.  Van  Tieg- 
hem. Bonnier,  Bornet,  Prillieux <i'i7 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Desmazières  pour  1901  :  MM.  Gui- 
gnard,  Van  Tieghem,  Bornet.  Bonnier, 
Prillieux 't'\~ 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  .Monta-gne  pour  1901  :  MM.  Van 
Tieghem,  Bornet,  Guignard,  Bonnier. 
Prillieux •: ç^i^j 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Thore  pour  1901  :  MM.  Bornet, 
Guignard,  Bonnier,  Van  Tieghem,  Pril- 
lieux       ,j  j- 

Commission    chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  de  La  l'ons-Mélicocq  pour  iqoi  : 
MM.   Van   Tieghem,  Bornet,  Guignard,- 
Bonnier,  PrUlieux 947 

Commission  chargée  de  juger  le  concoure 
du  grand  prix  des  Sciences  physiques  pour 
1901  :  MM.  Perrier.  de  Laeaze- Duthicrs. 
Filhol,  Chatiii,  Giard 9')^ 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Savigny  pour  1901  :  MM.  Filhol, 
Perrier,  de  Lacaze-Duthiers.  Giard, 
Chat  in 9:57 


CORUESPOIVDAIVCE. 


.M,  le  Secrétaiue  peupétuel  signale  un 
grand  Ouvrage  de  M.  Belzius,  intitulé  : 
0  liiûlogische  Unlersuchungen  ;  neue 
Folge 947 

M.  R.  Bricard.  —  Sur  une  question  relatiNC 
au  déplacement  d'une  ligure  de  grandeur 
invariable 917 

M.  Emile  Borel.  —  Sur  les  fonctions 
enliéies  de  plusieurs  variables  et  les 
modes  de  croissance '(jo 


M.  Edouard  Mack.  -  Ouel(|ue3  isothermes 
de  l'élher  entre  roo">  et  206° i|52 

M.Paul  Ciiroustcuoff.  —  Recherches  cryo- 
scopiques 9.55 

M.  Pierre  Weiss.  —  Sur  un  nouveau  sys- 
tème d'ampèremètres  et  de  voltmètres, 
indépendants  de  l'intensité  de  leur  aimant 
permanent 937 

M.  G.-.\.  Hi:iis.\LECH.  —  Sur  rinlluence  de 
self-iuduction  sur  les  spectres  d'étincelle.     969 


r  16. 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 

M.  E.  Kœnic.  —  Oscillations  périodiques 
prodiiili'^  par  la  superposilion  d'un  cou- 
rant alternatif  au  courant  continu  dans 
un  arc  électrique çi')2 

I\I.  G.. Trouvé.  —  Sur  un  appareil  qui  imite 
les  effets  des  fontaines  lumineuses 903 

M.  GÛNTZ.  —  -Sur  l'hydrure  de  baryum gBS 

M.  H.  Henruct. —  Dosage  de  l'azote  nitrique  _ 
dans    les    eaux,    au     moyen    du    clilmure 
stanneux 9GI> 

M.  .Marcel  Delf.pine.  —  Action  de  divers 
alcools  sur  quelques  acétals  d'alcools  mo- 
novalents  •     9fiS 

MM.  Ame  Pictet  et  A.  Rotschy.  —  Sur 
trois  nouveaux  alcaloïdes  du  tabac 971 

m.  BONGERT.  —  .Vction  de  la  phénylhvdra- 
zinc  et  de  l'Iiydrazinc  sur  les  deux  buty- 
rylacctylacétates  de  métliyle  isomères 973 

M.  J.  DouGAULT.  —  Sur  l'acide  parabxyhy- 
dratropique 97S 

M.  E.-E.  Blaise.  —  Nouvelles  réactions  des 
dérivés  organométalliqucs  (III).  Etliers 
p-cétoniques  non  substitués 97S 

MM.  L.  Maquknne  et  E.  Roux.  —  Sur  une 
nouvelle  base  dérivée  du  glucose 980 

M.  G.  Favrel.  —  Action  des  ctliers  alcoyl- 
cyanacétiques  sur  les  chlorures  diazoïques.     983 

M.  A.  RosENSTiEHL.  —  Réduction  des  ma- 
tières colorantes  azoïques  nitrées 983 

MM.  Cit.  Moureu  et  R.  Delange.  —  Sur 
[li.iix  nouveaux  acides  acétyléniques.  Syn- 


Pages. 
thèse   des    acides   caprylique    et   pélargo- 
n  i  q  ue 9SS 

M.  L.  Maillard.  —  Sur  l'origine  indoxy- 
lique  de  certaines  matières  colorantes 
rouges  des  urines  (  indirubine) 990 

MM.  LouïsE  et  Riquier.  —  Calcul  de  l'écré- 
mage  et  du  mouillage  dans  les  analyses 
du  lait 992 

M.  A.  Robert.  —  La  segmentation  dans  le 
genre  Trochus 9y'i 

M"'  RoNDEAU-Li'ZEAU.  —  Action  des  solu- 
tions isotoniquesjde  chlorures  et  de  sucre 
sur  les  œufs  de  liana  fusca 997 

M.  G.  WEIS.S.  —  Excitation  des  nerfs  et  des 
muscles  par. des  ondes  de  très  courte 
durée 999 

MM.  Albert  Frouin  et  M.  Molinier.  — 
Action  de  l'alcool  sur  la  sécrétion  gas- 
trique     1001 

M.  E.  Manceau.  —  Sur  la  seconde  fermen- 
tation ou  prise  de  mousse  des  vins  de 
Champagne ioo3 

M.-^..  CoNTREMOULiNS.  —  Appareil  de  men- 
suration exacte  du  squelette  et  des  organes 
donnant  une  image  nette  en  radiographie,    loolj 

M.  Stanislas  Meumer.  —  Sur  l'urigine  et 
le  mode  de  formation  du  minerai  de  fer 
oolithique  de  Lorraine lOoS 

M.  J.  Delitala  adresse  un  Mémoire  de  Géo- 
désie, ayant  pour  titre  :  «  Délcrniinalion 
simultanée  de  deux  stations  inconnues  ».   imo 


C03riTE  SECRET. 

Liste    de    candidats    pour    la    glace    laissée  \' MM.  Renaull.  Zeiller :  1°  }i\M.  Bureau. 

vacante,  dans  la   Section    de   Botanique,  Costantin.  Mangin loio 

par  le    décès  de   M.    Adolphe    Chatin  : 

Bulletin  dibliograpiiique ion 

EiiRATA 1012 


PARIS.   —  l  M  P  It  (  VI  E  lU  K     G  A  U  T  H  I  E  R  -  V I  L  L  A  R  S  , 

Quai  des  Grands-Augustins,   5i. 

/.*    6'eV«n/   ."<«*OTHriïB-VlLL*RI. 


^,..  1901 


PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAU  MiTT.  liBS  SBCRÉTAIKES  PBRPÉTVBtiS. 


TOME  CXXXII. 


N^  M  (29  Avril  190i). 


^PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'AGADÉMIB    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  S5. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
V Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associéétrangerdel'Aeadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  jiar  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
u  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Complerendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 

joui"  même  de  la  séance. 

Le:  R;ipports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;^ cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  eu  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autu 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanis 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'j 
demie  peuvent  êlre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'unié- 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foui 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance offi 
cielle.de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rembà 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  estinsérédausie  Complerenà 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sm- 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  m 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oîi  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  lAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  deUs 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant». 


MAY  22  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI  29  AVRIL  1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


»IEMOIRES  ET  COMMUIXICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  (a  compensation  mécanique  de  la  rotation  du  champ 
optique  faund par  le  sidéroslat  et  l'/télioslat.  Note  de  M.  A.  Cornu. 

«  Tja  simplicité  de  la  relation  analytique  qui  lie  au  temps  la  rotation  du 
champ  optique  observable  avec  le  sidéroslat  (')  a  naturellement  attiré  l'at- 
tention des  astronomes  et  des  physiciens,  intéressés  à  l'emploi  tle  ce  genre 
d'appareils,  et  suggéré  l'idée  d'obtenir  la  compensation  mécanique  de  celte 
rotation  particulièrement  gênante  pour  la  Photographie  stellaire.  Aussi 
M.  le  professeur  H. -H.  Turner,  directeur  de  l'observatoire  de  l'Université 
de  Cambridge  (-),  et  notre  confrère  M.  Lippmann  (p.  gSi)  ont^ils  décrit 

(')  A.  Cornu,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p. 537,  ^^ Bulletin  astronomique,  t.  XVII, 
p.  49;  1900. 

(»)  H. -H.  Turner,  Monlhly  Notices  of  H.  A.  S.,  Vol.  LXI,  p.  122;  1901. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N'  17.)  l3l 


(   loi'i   ) 

récemment  des  dispositifs  particuliers  destinés  à  compenser  cette  rotation 
par  une  rotation  égale  et  inverse  imprimée  à  la  plaque  photographique. 

»  Antérieurement  à  ces  descriptions  purement  théoriques,  M.  P.  Gau- 
tier, artiste,  membre  du  Bureau  des  Longitudes,  a^ait  réalisé,  d'après  des 
données  numériques  que  je  lui  avais  communiquées  en  mars  1899,  un  mé- 
canisme simple,  imposant  au  châssis  |)hotographique  un  mouvement  angu- 
laire compensateur  suffisamment  précis  pour  l'obtention  d'un  cliché  astro- 
photographique  de  courte  durée.  C'est  le  dispositif  qu'on  a  pu  voir  à 
l'Exposition  universelle  de  1900  au  foyer  de  l'instrument  gigantesque 
(lunette  photographique  et  sidérostat)  construit  par  M.  Gautier. 

»  En  donnant  ce  renseignement  rétros|)ectif,  je  ne  prétends  ni  récla- 
mer la  priorité  d'une  solution  dont  le  mérite  appartient  à  l'habile  artiste, 
ni  critiquer  les  travaux  précités;  je  désire  seulement  établir  que  ce  pro- 
blème m'est  familier  depuis  plusieurs  années,  présenter  à  mon  tour  une 
solution  plus  élégante  et  préciser  les  motifs  qui  limitent  considérablement 
l'application  de  ces  mécanismes  compensateurs. 

))  Le  dispositif  que  je  vais  décrire  dérive  d'études  anciennes  relatives  à 
un  objet  bien  différent  :  à  l'occasion  de  recherches  sur  la  réflexion  cristal- 
line ('),  j'avais  été  conduit  à  réaliser  mécaniquement  la  relation  homo- 
graphique 

tang(a— ao)  =Ktang(P  — p„) 

qui  lie  les  plans  de  polarisation  des  rayons  incident  et  réfléchi  sur  la  surface 
d'un  milieu  isotrope  ou  crislallisé,  et  qu'on  rencontre  dans  d'autres  phéno- 
mènes optiques.  Cette  relation  est  précisément  celle  qui  lie  l'angle  Y  de 
rotation  du  champ  du  sidérostat  avec  l'angle  horaire  M  de  l'astre,  dont 
l'image  est  envoyée  dans  une  direction  fixe  d'angle  horaire  w  (^)  : 

tangiY  =  KlangK^  — <^)         avec        j^  ^  cosj  (p  +  S)^ 

))  Le  plus  précis  des  organes  cinématiques  qui  réalise  cette  relation  est 
\e  joint  universel,  ou  joint  hollandais  ou  encore  croisillon,  souvent  employé 
en  mécanique  pratique  pour  transmettre  un  mouvement  de  rotation  d'un 


(')  Afin,  de  Chim.  et  de  Pliys.,  4  série,  t.  XI,  p.  288. 

(')  Le  Mémoire  du  Bulletin  astronomique  a  été  traduit  en  anglais  dans  VAslio- 
physical  Journal  (mars  1900),  mais  avec  une  faute  d'impression  sur  la  valeur  de  K  : 
les  signes  -f-  et  —  ont  été  intervertis. 


(   loi 5  ) 

axe  AC  à  un  autre  axe  CB  incliné  sur  le  premier  et  situé  dans  le  même 
plan. 

»  Il  se  compose,  comme  on  sait,  de  deux  fourchettes  symétriquement  montées  sur 
ces  axes  et  réunies  par  deux  tiges  en  croix;  l'une  aa'  entraîne  par  pivotement  l'axe  AC, 
l'autre  bh'  est  entraînée  par  l'axe  CB,  le  point  C  étant  à  la  fois  le  point  de  concours 
des  deux  axes,  et  le  point  de  soudure  des  deux  liges  rectangulaires  aa'  bh' . 

»  Si  l'on  désigne  par  a  l'angle  que  fait  le  plan  de  la  fourchette  fixée  à  l'axe  AC  avec  le 
plan  des  axes,  par  p  l'angle  corrélatif  de  la  fourchette  fixée  à  l'axe  BC  et  par  0  l'angle 
des  deux  axes,  on  obtient  aisément  la  relation 

tanga  tang  |3  =  —  cosO, 

l'angle  0  s'élevant  à  180"  lorsque  les  axes  sont  dans  le  prolongement  l'un  de  l'autre; 
si  8  =:  0,  on  a  alors  constamment  a  =;  p  +  go". 

»  Si  l'on  remplace  la  considération  du  plan  de  la  fourchette  de  l'axe  BG  par  celui 
d'un  plan  perpendiculaire  passant  également  par  cet  axe,  on  a  P'  =^  p  —  90°  (de  manière 
que  p'  s'annule  en  même  temps  que  a)  et  il  vient 

tanga  ^=  cos6  tangp'. 

»  On  voit  alors  qu'il  suffit,  pour  identifier,  de  poser 

ai  —  \\,  P'=:i(^-")>  COs6  =  K. 

))  L'identification  est  toujours  possible  lorsque  K  est  en  valeur  absolue  moindre 
que  l'unité  :  c'est  ce  qui  arrive  avec  le  sidérostat  pour  toutes  les  distances  polaires  3 
des  astres  à  leur  passage  supérieur  (p  étant  la  distance  polaire  de  la  direction  fixe  du 
rayon  réfléchi). 

»  Il  suffit  donc  :  1°  de  donner  à  l'axe  BC  un  mouvement  de  rotation  moitié  de  celui 
du  mouvement  diurne; 

»  2°  De  régler  l'origine  de  l'angle  p'  par  la  condition  de  s'annuler  lorsque  l'angle 
horaire  M  de  l'astre  coïncide  avec  l'angle  horaire  fixe  to  ; 

)>  3°  De  donner  aux  deux  axes  l'inclinaison  6  telle  que  cosB  =  K; 

»  /|°  Enfin  de  diriger  Taxe  AC  (sur  lequel  est  fixée  normalement  la  plaque  photo- 
graphique) suivant  la  direction  fixe  du  rayon  réfléchi. 

»  Quant  à  l'orientation  du  plan  des  deux  axes  AC  et  BC,  elle  est  indifTérente,  car 
elle  n'intervient  pas  dans  les  conditions  de  compensation  du  mouvement  rotatif  imprimé 
à  la  plaque. 

»  On  disposera  donc  le  plan  de  ces  deux  axes  de  la  manière  la  plus  commode  au 
point  de  vue  de  la  construction  de  l'appareil. 

»  On  remarquera  que  l'angle  0  doit,  dans  la  pratique,  être  obtus,  afin  que  les  four- 
chettes ne  risquent  pas  de  buter  l'une  contre  l'autre,  ce  qui  arriverait  nécessairement 
dans  certaines  positions  si  l'angle  6  était  aigu. 

»  Lorsqu'on  change  6  en  180°  —  6,  le  cosinus  change  de  signe  ;  mais  l'identification 
ne  cesse  pas  de  pouvoir  se  faire  si  l'on  change  le  sens  de  rotation  de  l'angle  p',  c'est-à- 
dire  du  mécanisme  horaire  directeur. 

»   La  valeur  K  =r  o  conduit  à  cos6  ::=  o  :  les  axes  AC  et  BC  sont  rectangulaires  :  on 


(  ioi6  ) 

retrouve  ainsi  le  cas  critique  où  le  champ  de  vision  est  immobile  malgré  la  rotation 
de  l'astre. 

»  Enfin,  il  reste  à  lever  une  objection  tirée  de  la  nécessité  de  supposer  K  moindre 
que  l'unité  en  valeur  absolue,  ce  qui  exclurait  l'hélioslat  et  même  le  sidérostat  pour 
l'observation  des  passages  inférieurs  des  astres,  de  l'application  du  même  mécanisme 
à  la  compensation  rotative  de  leur  champ. 

»  Cette  objection  n'est  qu'apparente.  En  effet,  K  étant  plus  grand  que  l'unité,  au 
lieu  de  compter  les  angles  a  et  p'  à  partir  du  plan  des  deux  axes,  comptons-les  à  partir 
de  la  normale  à  leur  plan,  on  a  alors  : 

a,  =  a-f-90»,  p'.^li'-hgo" 

et  la  relation  ci-dessus  devient 

tang'/i  =  jvtangp;, 

expression  qui  conduit  à  une  valeur  de  cos  8  moindre  que  l'unité. 

M  En  résumé,  le  joint  universel  résout  d'une  manière  simple  et  générale 
le  j)roblème  de  la  compensation  rotative  du  champ  fourni  parle  sidérostat 
et  l'héliostat  :  la  solution  qui  en  résulte  est  aussi  rigoureuse  que  celles  de 
MM.  Turner  et  Lippmann,  et  elle  a  sur  elles  l'avantage  d'être  mécanique- 
ment plus  parfaite,  car  elle  ne  comporte  que  des  mouvements  àepivole- 
ment  réalisables  avec  une  rigueur  presque  indéfinie  par  les  procédés  méca- 
niques usités  dans  la  construction  des  instruments  de  précision. 

»  Le  défaut  des  solutions  précitées  est  de  comprendre  les  organes 
frottants,  tels  que  manchons  on  coulisses,  d'une  exécution  moins  rigoureuse, 
qui  entraînent  des  résistances  très  inégales  suivant  l'angle  sous  lequel  les 
tiges  guidantes  les  conduisent;  de  là  des  coincements  et  des  déformations 
qui  altèrent  la  relation  des  rotations  simultanées. 

»  Il  me  reste  à  dire  pourquoi  je  n'ai  pas  indiqué  plus  lot  ni  conseillé 
cette  solution  à  l'habile  constructeur  qui  aurait  pu  l'utiliser.  C'est  qu'elle 
est  subordonnée  à  une  condition  rigoureuse  que  les  sidérostats  et  les  hélio- 
slatsne  remplissent  qu'imparfaitement,  précisément  à  cause  des  pièces  frot- 
tantes inhérentes  à  leur  construction  :  il  en  résulterait  des  complications 
additionnelles  provenant  de  l'imperfection  de  ces  appareils. 

»  En  effet,  pour  pouvoir  opérer  la  compensation  désirée  avec  la  précision 
nécessaire  à  la  Photographie  céleste,  on  doit  supposer  que  l'on  connaît 
d'avance  le  point  du  champ  autour  duquel  s'effectue  la  rotation,  avec  la 
même  rigueur  que  celle  dont  le  mécanisme  compensateur  est  susceptible. 

»  Il  y  aurait  donc  d'abord  un  réglage  préliminaire  à  effectuer,  à  savoir  : 
la   mise  en  coïncidence  rigoureuse  du  centre  de  rotation  du  mécanisme 


(     'Oly    ) 

avec  le  centre  de  rotation  du  champ  et  ensuite  l'addition  d'un  dispositif 
de  rectification  en  marche,  pour  ramener  la  coïncidence  des  divers  points 
du  champ  avec  les  étoiles  au  fur  et  à  mesure  des  déplacements  inévitables 
des  images  durant  les  longues  durées  d'exposition. 

»  Une  pareille  méthode  de  rectification  est  employée  journellement 
dans  les  observatoires  avec  les  équatoriaux  photographiques  pour  l'obten- 
tion des  clichés  de  la  Carte  du  Ciel;  mais  les  conditions  sont  bien  diffé- 
rentes: avec  l'équatorial  les  erreurs  à  corriger  sont  produites  par  une  sorte 
de  translation  qui  est  sensiblement  la  même  pour  tous  les  points  du  cliché  : 
on  peut  donc  la  corriger  par  deux  mouvements  indépendants,  l'un  en  ascen- 
sion droite,  l'autre  en  déclinaison,  très  bien  définis  par  l'observation  d'un 
point  quelconque  du  champ. 

»  Dans  l'observation  avec  un  sidérostat,  le  problème  de  la  rectification 
en  marche  est  beaucoup  plus  complexe,  non  seulement  par  suite  de  l'im- 
perfection pratique  des  organes  moteurs  du  miroir,  mais  parce  que  tous 
les  points  du  champ  offrent  des  déplacements  différant  considérablement 
en  grandeur  et  en  direction  :  il  faudrait  donc  observer  simultanément  au 
moins  deux  points  du  cliché  (par  exemple,  l'un  au  centre  l'autre  à  la  cir- 
conférence), car  la  correction  il'un  seul  point  n'entraîne  nullement  celle 
de  tous  les  autres  et,  de  plus,  on  devrait  disposer  les  réglages  de  manière 
que  la  rectification  de  l'un  ne  dérange  pas  la  rectification  de  l'autre. 

»  Ces  considérations,  qui  s'appliquent  à  tous  les  mécanismes  proposés 
jusqu'ici,  suffisent  pour  montrer  que  des  solutions  cinématiques  simples  en 
théorie  entraînent  beaucoup  de  complications  dans  la  pratique. 

»  J'ai  néanmoins  jugé  utile  de  signaler  le  dispositif  du  Joint  universel 
parce  qu'il  me  paraît  utilisable  dans  beaucoup  de  circonstances  grâce  à  la 
perfection  dont  il  est  susceptible,  perfection  qu'on  ne  cherche  pas  à  utiliser 
dans  les  applications  ordinaires.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'emploi  de  V oxygène  dans  les  ascensions 
à  grandes  hauteurs.  Note  de  M.  L.  Caii.letet. 

«  Les  importantes  recherches  de  P.  Bert  ont  fait  connaître  l'action  de 
l'oxygène  sur  l'organisme  soumis  à  de  faibles  pressions  (').  Les  nom- 
breuses expériences  qu'd  a   réalisées  ont  montré  qu'on  peut  éviter  les 

(')  P.  Bkrt,  La  pression  barométrique;  1878. 


(   ioi8  ) 

accidents  auxquels  on  est  exposé  dans  un  air  raréfié  en  maintenant  à  peu 
près  constanle  la  quantité  d'oxygène  absorbée  à  chaque  inspiration;  aussi 
depuis  cette  époque  les  aéronautes  emportent-ils,  afin  de  conjurer  les 
dangers  de  l'asphyxie,  de  l'oxygène  qu'ils  aspirent  au  moyen  d'un  tube 
flexible  muni  d'une  embouchure  placée  entre  les  lèvres. 

»  Ce  mode  d'absorption  de  l'oxygène  est  tout  à  fait  défectueux.  En  effet, 
depuis  notre  naissance,  nous  avons  contracté  l'habitude  de  respirer  par  le 
nez,  et  les  aéronautes,  malgré  leur  attention  soutenue,  parviennent  diffi- 
cilement à  se  soustraire  à  cette  habitude  invétérée  en  s'astreignant  à  respirer 
par  la  bouche. 

»  L'oxygène  qu'ils  aspirent  au  moyen  de  l'embouchure  ne  remplit 
guère  que  la  cavité  buccale,  et  il  est  ordinairement  rejeté  sans  avoir  pénétré 
dans  les  poumons. 

»  L'appareil  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  permettra 
aux  aéronautes  d'emporter  et  d'avoir  à  leur  disposition  de  grandes  quan- 
tités d'oxygène  emmagasiné  sous  un  faible  volume,  et  d'assurer  l'absorp- 
tion de  ce  gaz  sans  les  astreindre  à  aucune  attention,  à  aucun  soin  parti- 
cuher. 

»   Cet  appareil  se  compose  : 

))  1°  D'un  ou  de  plusieurs  vases  contenant  de  l'oxygène  liquide;  2°  d'un 
récipient  destiné  à  faire  repasser  à  l'état  gazeux  l'oxygène  liquide  en  le 
réchauffant;   3°  enfin,  d'une  sorte  de  masque  qui  assure  la  respiration  du 

gaz- 

»   L'oxygène  liquide,  dont  la  densité  est  voisine  de  celle  de  l'eau,  donne 

en  reprenant  l'état  gazeux  environ  800  fois  son  volume  d'oxygène  à  la 
température  de  zéro.  Il  suffira  donc  aux  aéronautes  d'emporter  quelques 
litres  d'oxygène  liquide  pour  satisfaire  à  tous  les  besoins  d'une  ascension 
prolongée. 

»  Les  récipients  thermo-isolateurs,  que  notre  savant  confrère  M.  d'Ar- 
sonval  à  fait  connaître  dès  1887,  offrent  pour  le  transport  et  la  conserva- 
tion de  l'oxygène  liquide  de  grandes  facilités  ('). 

(')  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  11  janvier  1888. 

Dans  les  Comptes  rendus  du  i5  janvier  1898,  M.  d'Arsonval  disait  :  «  Je  crois  devoir 
rappeler  que,  me  basant  sur  les  expériences  deDulonget  Petit  sur  le  pouvoir  thermo- 
isolateur du  vide,  j'ai  répandu  depuis  1887,  parmi  les  médecins  français,  des  réser- 
voirs en  verre  identiques,  comme  destination  et  comme  forme,  à  ceux  employés  par 
M.  Dewar.  »  Ce  qui,  malgré  les  réclamations  de  M.  Dewar,  établit  la  priorité  indis- 
cutable de  l'invention,  en  faveur  de  notre  savant  confrère. 


(   '019  ) 

»  On  pourrait  même  remplacer  les  vases  en  verre  à  doubles  parois  par 
des  récipients  métalliques  que  j'étudie  en  ce  moment  et  qui  seraient  à 
l'abri  de  tout  danger  de  bris  et  de  destruction. 

»  Le  vase  qui  contient  l'oxygène  liquide  est  fermé  par  un  bouchon  por- 
tant deux  tubes  métalliques  de  petit  diamètre.  Un  de  ces  tubes  s'arrête 
au-dessus  du  liquide  et  porte  à  son  extrémité  libre  une  poire  aspirante  et 
foulante  en  caoutchouc  qui  permet  d'exercer,  par  insufflation  d'air,  une 
pression  dans  le  récipient.  L'oxygène  liquide,  sous  l'effort  de  celle  pres- 
sion, s'élève  dans  le  second  tube  et  vient  se  déverser  dans  un  vase  en 
cuivre,  sorte  de  petite  chaudière  lubulaire  dans  laquelle  le  liquide  se 
réchauffe  au  contact  de  l'air  ambiant  et  repasse  rapidement  à  l'état  gazeux. 

»  En  sortant  de  ce  vaporisateur,  l'oxvgène  gazeux  s'accumule  dans  un 
sac  de  caoutchouc  qui  sert  de  réserve  et  régularise  sa  distribution. 

»  C'est  dans  ce  sac  qu'aboutit  le  tube  flexible  qui  l'amène  à  l'appareil 
respiratoire. 

»  Cet  appareil  est  une  sorte  de  masque  en  aluminium,  recouvert  de 
velours  pour  le  protéger  contre  le  refroidissement;  il  s'applique  au  moyen 
de  bandes  élastiques  contre  le  visage  de  l'aéronaute,  dont  il  ne  recouvre 
que  le  nez  et  la  bouche.  En  avant  du  masque  est  une  soupape  qui  s'ouvre 
seulement  sous  l'action  combinée  de  l'aspiration  et  la  pression  du  gaz 
sortant  du  réservoir.  L'oxygène,  en  soulevant  cette  soupape,  pénètre  dans 
le  masque  qu'il  remplit  et,  de  là,  dans  les  poumons. 

»  Les  aéronautes  qui  ont  respiré  l'oxygène  pur  assurent  presque  tous 
que  cette  absorption  leur  a  causé  des  nausées  et  des  malaises  très  pénibles. 
Afin  de  vérifier  la  réalité  de  cette  assertion,  j'ai  entrepris  une  série  d'expé- 
riences au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  avec  M.  le  Professeur  Gréhant. 
Nous  avons  constaté  que  les  chiens  qui  respirent  l'oxygène  pur  éprouvent 
de  l'anxiété  et  du  malaise,  mais  que  cet  état  cesse  dès  qu'on  mélange  à 
l'oxygène  une  certaine  proportion  d'azote  ou  d'air. 

»  En  me  basant  sur  ces  observations,  j'ai  disposé  à  l'extérieur  du  masque 
un  obturateur  à  ouverture  variable,  qui  permet  de  mélanger  dans  le  masque 
un  certain  volume  d'air  à  l'oxygène  aspiré. 

»  L'aéronaute  règle  cette  ouverture  de  façon  que  la  teneur  en  oxygène 
augmente  à  mesure  qu'on  s'élève  davantage. 

»  Dans  le  but  d'empêcher  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  entraînée 
par  les  gaz  de  la  respiration,  je  les  fais  s'écouler  par  ua  tube  flexible  muni 
d'une  soupape  spéciale,  abritée  sous  les  vêtements  de  l'aéronaute  afin 
d'éviter  la  congélation. 


(     I020    ) 

»  J'ai  cherché,  en  construisant  cet  appareil,  à  le  rendre  aussi  simple  que 
possible,  de  manière  que  son  fonctionnement  soit  assuré  sans  imposer 
aucune  attention  ni  fatigue  à  l'aéronaute,  dans  l'état  d'inertie  musculaire 
et  intellectuelle  qui  est  la  conséquence  de  son  séjour  dans  l'air  raréfié.  Il 
lui  suffira,  lorsqu'il  verra  le  réservoir  d'oxygène  se  vider,  d'agir  sur  la  poire 
de  façon  à  faire  passer  dans  le  vaporisateur  une  nouvelle  quantité  d'oxy- 
gène liquide. 

»  Dans  une  ascension  internationale  exécutée  le  19  avril  dernier,  le 
comte  Castillon  de  Saint-Victor,  l'aéronaute  si  connu  par  son  habileté  et 
son  courage,  a  bien  voulu  expérimenter  l'appareil  que  je  viens  de  décrire, 
en  se  servant  d'oxygène  comprimé  dans  un  réservoir  métallique,  car,  à 
notre  grand  regret,  nous  n'avions  pu  nous  procurer  de  l'oxygène  liquide 
au  moment  du  départ. 

»  Le  ballon  Éros,  cubant  2100""^,  gonflé  avec  du  gaz  d'éclairage,  et 
monté  par  trois  aéronautes,  s'est  élevé  de  l'usine  duLandyà  8''5o'"  du  ma- 
tin, pour  atterrir  à  i''45'",  dans  le  département  d'Eure-et-Loir. 

)i  J'extrais  d'une  lettre  que  m'a  adressée  le  comte  Castillon,  le  passage 
suivant  :  «  Arrivés  à  4400°'  d'altitude,  température  :  —5°,  je  mets  le 
»  masque  de  M.  Cailletet,  mes  deux  compagnons  respirant  l'oxygène  avec 
»  un  simple  tube  relié  au  réservoir. 

»  Nous  atteignons  52oo"'.  Mes  deux  compagnons  commencent  à  ressentir 
»  une  légère  oppression.  A  SSoo"",  l'un  d'eux  est  prêt  à  s'évanouir  et  je 
»   dois  renoncera  poursuivre  mon  ascension  en  hauteur. 

»  J'ai  gardé  le  masque  sur  mon  visage  pendant  près  de  deux  heures,  et, 
))  grâce  au  dispositif  de  l'appareil,  j'ai  respiré  pendant  tout  ce  temps 
»  l'oxygène  mélangé  à  une  certaine  proportion  d'air.  Aussi  n'ai-je  pas 
M  ressenti  le  moindre  trouble,  alors  que  mes  compagnons  étaient  plus  ou 
»  moins  souffrants   ». 

»  J'espère  que  de  nouvelles  expériences  plus  complètes,  qui  auront  lieu 
bientôt,  confirmeront  les  heureux  résultats  constatés  par  le  comte  Castillon 
de  Saint-Victor. 

»  J'ose  donc  espérer  que,  grâce  à  mon  appareil ,  les  aéronautes  pourront 
à  l'avenir  s'élever  en  toute  sécurité  à  des  hauteurs  qu'on  n'avait  pu 
atteindre  jusqu'à  ce  jour.    » 


(     I02I     ) 


MÉCANIQUE.  —  Sur /a  stabilité  d'un  système  animé  d'un  m,ouvement 
de  rotation.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Lagrange  a  énoncé,  en  se  fondant  sur  l'étude  des  petits  mouvements, 
qu'une  masse  soumise  à  l'action  de  forces  qui  dérivent  d'un  potentiel  est 
en  équilibre  absolu  stable  lorsque  le  potentiel  est  minimum  ;  en  réalité,  sa 
démonstration  ne  prouve  ni  que  la  condition  soit  nécessaire,  ni  qu'elle  soit 
suffisante;  Lejeune-Dirichlet,  par  une  métliode  très  simple  et  aujourd'hui 
classique,  a  prouvé  que  la  condition  était  suffisante. 

»  Pour  étudier  la  stabilité  de  l'équilibre  relatif  d'une  masse  qui  tourne 
d'un  mouvement  uniforme  autour  d'un  axe,  on  s'est  servi  jusqu'ici  de  la 
méthode  des  petits  mouvements;  cette  méthode  prête  aux  mêmes  objec- 
tions que  la  méthode  suivie  par  Lagrange  dans  le  cas  de  l'équilibre 
absolu. 

»  Nous  nous  proposons  de  trouver,  par  un  artifice  semblable  à  celui  de 
Lejeune-Dirichlet,  un  caractère  qui  suffit,  au  moins  sous  certaines  condi- 
tions, à  assurer  cette  stabilité. 

»  L  Considérons  un  système  dont  ^  est  le  potentiel  interne;  supposons- 
le  soumis  à  des  actions  extérieures  dont  ù  est  le  potentiel  et  dont  le  mo- 
ment, par  rapport  à  l'axe  Oz,  est  essentiellement  nul  ;  supposons-le 
tournant  autour  de  cet  axe  avec  une  vitesse  angulaire  o),,  la  même  en  tout 
point  ;  une  masse  clémenlaire  dm  est  soumise  à  une  force  centrifuge  dont 
les  composantes  sont  X^^^  œ^a;i/w,  Yc=  u^jrfm,  Zc=  o;  pour  obtenir  les 
conditions  de  l'équilibre  relatif,  il  suffit  d'écrire  les  conditions  de  l'équi- 
libre absolu  en  adjoignant  la  force  centrifuge  aux  actions  extérieuses;  en 
d'autres  termes,  il  suffit  que  l'on  ait,  en  toute  modification  isothermique 
virtuelle,  à  partir  de  l'état  considéré, 

([)  1{S  +  Q.)~  d&,=  o, 

(2)  f/toc  =  w,t  /  (^  S^"  +  J ^y)  dm. 

))   Supposons  le  système  animé  d'un  mouvement  quelconque.  La  vitesse 

d'un  point  de  la  masse  dm  peut  se  décomposer  en  une  vitesse  a)(jî'^+ y)^ 
normale  au  plan  qui  passe  par  ce  point  et  l'axe  des  z  et  une  vitesse  «p  située 

C.  R.,  igoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  17.)  l32 


(     I022    ) 

dans  ce  plan  ;  la  force  vive  du  système  est  alors 

(3)  %  =  \Y  +  ^  Co'dm, 

(4)  W  =  ;^  fo>' (x-  +  j- )  dm, 

tandis  que  le  moment  de  la  quantité  de  mouvement  par  rapport  à  Os  est 

(5)  M  =  fo,(x'+y')dm. 

»   Dans  une  modification  virtuelle  quelconque,  on  a 

(6)  8M   =  I {.v-  -\-y')     Sw  dm  -^  2  j  o>  (œ  }>.r  -+-y\v)  dm, 

(7)  SW  =  f  (x-  +  y-)co  Soj  dm  -+-      /  to"  (x  Sx  +,y''5y)  dm. 

»  Si,  dans  l'état  initial,  tous  les  points  tournent  avec  la  même  vitesse 
angulaire  co,,  autour  de  l'axe  des  z,  on  a,  selon  (2),  (6),  (7), 

(8)  SW  =  a)„  ^M  -  r/5,. 

Selon  cette  égalité  (8),  la  condition  (i)  se  transforme  en  la  suivante  : 

»   On  a  r égalité 

(9)  S(J -<-i2-f- W)  =  o, 

en  toute  modification  isothermique  virtuelle  qui  laisse  invariable  la  quantité^. 

»  II.  Voici  maintenant  la  proposition  qui  fait  l'objet  principal  de  cette 
Note  : 

»  Si  l'état  d'équilibre  relatif  considéré  fait  prendre  à  la  somme  (.f  +  fi  4-  W) 
une  valeur  minimum  parmi  celles  qu' elle  prend  en  des  états  voisins  du  système, 
où  chaque  élément  a  gardé  sa  température  et  où  la  quantité  M  a  gardé  sa  va- 
leur, l'état  du  système,  assujetti  à  n  éprouver  que  des  mouvements  isother- 
miques, est  stable  pour  tout  dérangement  qui  n'altère  ni  la  température  de 
chaque  élément,  ni  la  quantité  M. 

»  Dans  cet  énoncé,  deux  états  susceptibles  de  coïncider  par  une  simple 
rotation  autour  de  l'axe  des  s  ne  sont  pas  considérés  comme  deux  états 
distincts,  mais  comme  un  seul  état. 

»  Donnons  au  système  un  dérangement  initial  soumis  aux  conditions 
indiquées  dans  l'énoncé;  à  l'instant  /,  où  prend  fin  ce  dérangement,  .i,  i2, 


I 


(     I023    ) 

W  prennent  des  valeurs  §y,  i^,,  W,;  la  vitesse©,  qui  était  nulle  dans  l'état 
d'équilibre  relatif,  prend  une  valeur©,  et,  selon  les  égalités  (3)  et  (4),  la 
force  vive  prend  une  valeur 

(lo)  ^,^W,+  'f^\dm. 

»  Le  système  prend  alors  un  mouvement  isothermique:  si  t  est  un  in- 
stant quelconque  postérieur  à  /,  et  si  6  est  le  travail  des  actions  de  viscosité 
entre  ^  et  /,,  on  a 

^ -t- Î2  +  €  =  ,-î,  H- O,  +  €,  +  0 

ou,  selon  (2)  et  (lo),  en  désignant  par  #„,  9.^,  W^  les  valeurs  de  S,Q.,  W, 
dans  l'état  d'équilibre  relatif, 

j        =  ,T,  +  i2,  +  w.  -  (,f„  +  o„  -f-  W„). 

»  Les  trois  sommes  (#,  + £2^  +  WJ,  (,f,  +  i2,  +  W,  ),  (^  +  i2-|_W) 
correspondent  à  la  même  valeur  du  moment  M  de  la  quantité  de  mouve- 
ment, soit  par  la  condition  restrictive  apportée  à  la  perturbation,  soit  parce 
que  le  mouvement,  sous  l'action  de  forces  extérieures  dont  le  moment  est 
nul  par  rapport  à  Oz,  a  lieu  sans  changement  de  la  quantité  de  mouve- 
ment par  rapport  au  même  axe.  Elles  correspondent  aussi  à  une  même  va- 
leur de  la  température  de  chaque  masse  élémentaire.  D'autre  part,  chacune 

des  quantités    /  cp-  dm  et  —  0  ne  peut  être  que  nulle  ou  positive.  Dès  lors, 

la  démonstration  donnée  par  Lejeune-Dirichlet  s'applique  ici,  presque  sans 
modification,  et  justifie  le  théorème  énoncé. 

»  Ce  théorème  permet,  entre  autres  conséquences,  d'établir,  sur  la  sta- 
bilité d'une  masse  fluide  animée  d'un  mouvement  de  rotation,  certaines 
propositions  que  nous  avions  déjà  tenté  de  démontrer  ailleurs  (').  Cette 
démonstration  fera  l'objet  d'un  Mémoire  plus  étendu.  » 


(')  Sur  la  stabilité  de  l'équilibre  d' une  masse  fluide  dont  les  éléments  sont  soumis 
à  leurs  actions  mutuelles,  n"  8  {Journal  de  Mathématiques,  5"  série,  t.  III,  p.  189- 
•897)- 


(     I024    ) 


NOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre  dans  la  Section  de  Botanique,  pour  remplir  la  place  laissée  va- 
cante par  le  décès  de  M.  Adolphe  Chatin. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  58, 

M.  Zeiller  obtient 35  suffrages 

M.  Renault     »         22  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Zeiller,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  déjuger  les  concours  de  1901. 
Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultais  suivants  : 

Prix  Montyon  (^Médecine  et  Chirurgie).  —  MM.  Giiyon,  d'Arsonval, 
Lannelongue,  Marey,  Bouchard,  Chauveau,  Roux,  Brouardel,  Ranvier. 

Prix  Barbier.  —  MM.  Bouchard,  Giiyon,  Lannelongue,  Guignard, 
d'Arsonval. 

Prix  Bréant.  —  MM.  Marey,  Bouchard,  Guyon,  d'Arsonval,  Lanne- 
longue. 

Prix  Godard. — MM.  Guvon,  Lannelongue,  Bouchard,  Marey,  d'Arsonval. 

Prix  Bellion.  —  MM.  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Marey,  d'Arsonval. 

Prix  Mège.  —  MM.  Bouchard,  Marey,  Guyon,  Lannelongue,  d'Arsonval. 

Prix  Lallemand.  —  MM.  Bouchard,  d'Arsonval,  Marey,  Lannelongue, 
Ranvier. 

Prix  du  baron  Larrey .  —  MM.  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Marey, 
d'Arsonval. 

Prix  Montyon  {Physiologie  expérimentale).  —  MM.  d'Arsonval,  Marey, 
Bouchard,   Lannelongue,  Guyon. 


(     I025    ) 

Prix  Pourat.  —  MM.  Marey,  d'Arsonval,  Bouchard,  Guyon,  Lanne- 
longiie. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Une  brochure  de  M.  Edmond  Perrier  ayant  pour  titre  :  «  Henri  et 
Alphonse  M  il  ne-Edwards  ».  (Extrait  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle.  ) 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  Chantre  intitrdé  :  «  L'homme  quaternaire  dans  le 
bassin  du  Rhône  ».  (Présenté  par  M.  Gaudrv.) 

3°  La  quatrième  Partie  de  la  Revue  technique  de  l' Exposition  universelle 
de  igoo  :  Génie  civil,  tome  L  par  M.  Ch.  Jacomet.  (Présenté  par  M.  Mau- 
rice Lévy.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  généralisation  de  l'intégrale  définie. 
Note  de  M.  H.  Lebesgue,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Dans  le  cas  des  fonctions  continues,  il  y  a  identité  entre  les  notions 
d'intégrale  et  de  fonction  primitive.  Riemann  a  défini  l'intégrale  de  cer- 
taines fonctions  discontinues,  mais  toutes  les  fonctions  dérivées  ne  sont  pas 
intégrables,  au  sens  de  Riemann.  Le  problème  de  la  recherche  des  fonc- 
tions primitives  n'est  donc  pas  résolu  par  l'intégration,  et  l'on  peut  désirer 
une  définition  de  l'intégrale  comprenant  comme  cas  particulier  celle  de 
Riemann  et  permettant  de  résoudre  le  problème  des  fonctions  primi- 
tives (  '  ) . 

»  Pour  définir  l'intégrale  d'une  fonction  continue  croissante 

r(a7)  (a^a?^  Z»), 

on  divise  l'intervalle  (a,  i)  en  intervalles  partiels  et  l'on  fait  la  somme  des 
quantités  obtenues  en  multipliant  la  longueur  de  chaque  intervalle  partiel 


(')  Ces  deux  conditions  imposées  a  priori  à  toute  généralisation  de  l'intégrale  sont 
évidemment  compatibles,  car  toute  fonction  dérivée  intégrable,  au  sens  de  Riemann 
a  pour  intégrale  une  de  ses  fonctions  primitives. 


(     1020    ) 

par  l'une  des  valeurs  de  y  quand  x  est  dans  cet  intervalle.  Si  x  est  dans 
rintervalle  (a,,  «,+,),  r  varie  entre  certaines  limites  rrii,  mi^,,  et  réciproque- 
ment si  r  est  entre  ttt,  et  m,^,,  x  est  entre  a,  et  «,+,.  De  sorte  qu'au  lieu  de 
se  donner  la  division  de  la  variation  de  x,  c'est-à-dire  de  se  donner  les 
nombres  a,,  on  aurait  pu  se  donner  la  division  de  la  variation  de  j',  c'est- 
à-dire  les  nombres  m,.  De  là  deux  manières  de  généraliser  la  notion  d'inté- 
grale. On  sait  que  la  première  (se  donner  les  «,)  conduit  à  la  définition 
donnée  par  Riemann  et  aux  définitions  des  intégrales  par  excès  et  par 
défaut  données  par  M.  Darboux.  Voyons  la  seconde. 

»   Soit  la  fonction  y  comprise  entre  m  et  M.  Donnons-nous 

m  =  nig  <C  m ,  ■<W2 <  •  ■  ■  <  ^"^p- 1  <C  M  =  nip  ; 

y  =^  m,  quand  x  fait  partie  d'un  ensemble  £„;  mi_,<^y'Smi  quand  x  fait 
partie  d'un  ensemble  E,. 

»  Nous  définirons  plus  loin  les  mesures  !„,  1,  de  ces  ensembles.  Consi- 
dérons l'une  ou  l'autre  des  deux  sommes 

si,  quand  l'écart  maximum  entre  deux  m^  consécutifs  tend  vers  zéro,  ces 
sommes  tendent  vers  une  même  limite  indépendante  des  m^  choisis,  cette  limite 
sera  par  définition  l'intégrale  des  y  qui  sera  dite  intégrable . 

»  Considérons  un  ensemble  de  points  de  (a,  b)  ;  on  peut  d'une  infinité  de 
manières  enfermer  ces  points  dans  une  infinité  dénombrable  d'intervalles; 
la  limite  inférieure  de  la  somme  des  longueurs  de  ces  intervalles  est  la 
mesure  de  l'ensemble.  Un  ensemble  E  est  dit  mesurable  si  sa  mesure  aug- 
mentée de  celle  de  l'ensemble  des  points  ne  faisant  pas  partie  de  E  donne 
la  mesure  de  (a,  b)  (').  Voici  deux  propriétés  de  ces  ensembles  :  une  in- 
finité d'ensembles  mesurables  E,- étant  donnée,  l'ensemble  des  points  qui 
font  partie  de  l'un  au  moins  d'entre  eux  est  mesurable;  si  lesE,  n'ont  deux 
à  deux  aucun  point  commun,  la  mesure  de  l'ensemble  obtenu  est  la  somme 
des  mesures  E^-.  L'ensemble  des  points  communs  à  tous  les  E,  est  mesurable. 

»  Il  est  naturel  de  considérer  d'abord  les  fonctions  telles  que  les 
ensembles  qui  figurent  dans  la  définition  de  l'intégrale  soient  mesurables. 
On  trouve  que  :  si  une  Jonction  limitée  supérieurement  en  valeur  absolue  est 

(')  Si  l'on  ajoute  à  ces  ensembles  des  ensembles  de  mesures  nulles  convenablement 
choisis,  on  a  des  ensembles  mesurables  au  sens  de  M.  Borel  {Leçons  sur  la  théorie  des 
fonctions). 


(    I027    ) 

telle  que,  quels  que  soient  A  et  B,  l'ensemble  des  valeurs  de  x  pour  lesquelles 
on  a  k  <[  ySB  est  mesurable,  elle  est  intégrable  par  le  procédé  indiqué.  Une 
telle  fonction  sera  dite  sommable.  L'intésjrale  d'une  fonction  sommable 
est  comprise  entre  l'intégrale  par  défaut  et  l'intégrale  par  excès.  De  sorte 
que,  si  une  fonction  intégrable  au  sens  de  Riemann  est  sommable,  l'intégrale 
est  la  même  avec  les  deux  définitions.  Or ,  tome  fonction  intégrable  au  sens 
de  Riemann  est  sommable,  car  l'ensemble  de  ses  points  de  discontinuité  est 
de  mesure  nulle,  et  l'on  peut  démontrer  que  si,  en  faisant  abstraction  d'un 
ensemble  de  valeurs  de  x  de  mesure  nulle,  il  reste  un  ensemble  en  chaque 
point  duquel  une  fonction  est  continue,  cette  fonction  est  sommable. 
Cette  propriété  permet  de  former  immédiatement  des  fonctions  non  inté- 
grables  au  sens  de  Riemann  et  cependant  sommables.  Soient /(a?)  et  (p(^) 
deux  fonctions  continues,  <p(a;)  n'étant  pas  toujours  nulle;  une  fonction 
qui  ne  diffère  de /(a;)  qu'aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle  partout 
dense  et  qui  en  ces  points  est  égale  kf(x)  -h  '^{x)  est  sommable  sans  être 
intégrable  au  sens  de  Riemann.  Exemple  :  La  fonction  égale  à  o  si  a;  irra- 
tionnel, égale  à  I  si  a;  rationnel.  Le  procédé  de  formation  qui  précède 
montre  que  l'ensemble  des  fonctions  sommables  a  une  puissance  supé- 
rieure au  continu.  Voici  deux  propriétés  des  fonctions  de  cet  ensemble. 

»    1°  Si  f  et  (f  sont  sommables,  f-h  9  et  /(^  le  sont  et  l'intégrale  de  /-h  (p 
est  la  somme  des  intégrales  de  y^et  de  ç. 

M  2°  Si  une  suite  de  fonctions  sommables  a  une  limite,  c'est  une  Jonction 
sommable. 

M  L'ensemble  des  fonctions  sommables  contient  évidemment  y  z=  k  el 
y  ^  x;  donc,  d'après  i",  il  contient  tous  les  polynômes  et  comme,  d'après 
2",  il  contient  toutes  ses  limites,  il  contient  donc  toutes  les  fonctions  con- 
tinues, toutes  les  limites  de  fonctions  continues,  c'est-à-dire  les  fonctions 
de  première  classe  (voir  Baire,  Annali  di  Matematica,  1899),  il  contient 
toutes  celles  de  seconde  classe,  etc. 

»  En  particulier,  toute  fonction  dérivée,  limitée  supérieurement  en  valeur 
absolue,  étant  de  première  classe,  est  sommable  et  l'on  peut  démontrer  que 
son  intégrale,  considérée  comme  fonction  de  sa  limite  supérieure,  est  une  de  ses 
fonctions  primitives. 

»   Voici  maintenant  une  application  géométrique  :  si  \f'\,  |cp'|,  |^'|  sont 
limitées  supérieurement,  la  courbe 

^=/(0".      j==?(0'      2  =  ^(^) 


a  pour  longueur  l'intégrale  de  \//"  +  cp'^  -H  '}'".  Si  ç  =  li  =  o,  on  a  la  varia- 


(    I028     ) 

tion  totale  de  la  fonction  /  à  variation  limitée.  Dans  le  cas  où /',  ç',  <]/' 
n'existent  pas,  on  peut  obtenir  un  théorème  presque  identique  en  rem- 
plaçant les  dérivées  par  les  nombres  dérivés  de  Dini.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  analytiques  des  équations 
différentielles  du  premier  ordre  dans  le  voisinage  de  conditions  initiales 
singulières.  Note  de  M.  Henri  Dulac,  j)résentée  par  M.  Painlevé. 

«  X  et  Y  étant  des  fonctions  de  x  et  de  y  holomorphes  et  nulles  pour 
T  =  ■>'  =  o,  considérons,  dans  le  champ  complexe,  aux  environs  des  valeurs 
singulières  ce  ^ y  =^  o,  les  intégrales  de  l'équation 

(i)  X^r  +  Y^/.r  =  o. 

On  connaît  divers  résultats  relatifs  au  cas  où  le  point  singulier  est  un  point 
d'intersection  sim|)le  des  courbes  X  =^  o,  Y  =  o.  Je  me  propose  de  recher- 
cher dans  quelle  mesure  on  peut  étendre  ces  résultats  aux  autres  cas. 

»  Soient  :  n  l'ordre  minimum  des  fermes  de  X  et  Y,  P  et  Q  l'ensemble 
de  ces  termes  d'ordre  n  de  X  et  de  Y(P  ou  Q  peut  être  nul).  Le  point  sin- 
gulier sera  dit  d'ordre  n. 

»  I.  Recherche  des  intégrales  algébroïdes  passant  par  l'origine.  —  A  la  mé- 
thode de  Briot  et  Bouquet  je  substitue  la  métliode  suivante,  qui  permet 
aussi  d'obtenir  toutes  ces  intégrales.  Cette  méthode,  ainsi  que  je  l'ai  con- 
staté récemment,  ne  diffère  guère  que  par  des  détails  d'exposition  d'une 
méthode  employée  par  M.  T.  Bendixson. 

»   L'équation  homogène  yP  -f-  a  Q  =  o  fournit,  pour  ->  (n  -f-  i)  valeurs 

égales  ou  inégales.  Soit  a  une  de  ces  valeurs;  deux  cas  peuvent  se  pré- 
senter : 

»  1°  La  valeur  -  =  a  n'annule  pas  à  la  fois  PetQ.  En  posant  y  =  x(t  -ha) 

on  met  en  évidence  une  seule  intégrale  holomorphe,  quel  que  soit  l'ordre 
de  multiplicité  de  a.  On  permute  les  rôles  de  a-  et  de  y  pour  étudier  les 
intégrales  tangentes  kx  =  o; 

»  2°  La  racine  a,  d'ordre  de  multiplicité  r,  annule  à  la  fois  P  et  Q.  Le 
même  changement  de  variable  nous  ramène  à  l'étude  d'une  équation 
pour  laquelle  a;  =  /  =  o  est  un  point  singulier  au  plus  d'ordre  r.  Cette 
équation,  outre  l'intégrale  o;  =  o,  qui  ne  fournit  pas  d'intégrale  pour  (i). 


(    I029    ) 

peut  admettre  r  autres  intégrales  algébroïdes.  Je  traite  l'équation  en  a;  et  ^ 
comme  l'équation  (i)  et' je  finis  par  arriver  ou  bien  à  des  équations  met- 
tant en  évidence  des  intégrales  algébroïdes,  ou  bien  à  des  équations  de  la 
forme 

a;*^  =  y((x-t- .  .  .) -f- .^(îî  +  .  .  .),  *>i,  a  :/:  o, 

qui,  on  le  sait,  n'ont  pas,  en  général,  d'autres  intégrales  holomorphes 
que  a7  =  o.  S'il  existait  d'autres  intégrales  que  a;  =  o,  nous  ne  compterions 
pas  les  intégrales  qu'elles  fourniraient  pour  l'équation  (i)  parmi  celles 
dont  il  s'agira  dans  la  suite;  d'abord,  parce  que  ces  intégrales  jouent  un 
rôle  différent  des  autres,  ensuite  parce  que  leur  existence  est  incertaine. 

»  En  général,  nous  aurons,  pour  (i),  («  +  r)  intégrales  algébroïdes. 
Une  intégrale  ayant  l'origine  pour  point  multiple  d'ordre  q  comptera  pour 
q  intégrales. 

»  II.  Recherche  de  l'inlégrale  dans  certains  cas  particuliers .  —  Je  n'exa- 
mine que  le  cas  où  l'équation  admet  {n  -f-  i)  intégrales  algébroïdes. 

»  Soient  A  =  o,  B  =  o,  ...  ces  intégrales.  On  peut  chercher  s'il  n'y  a 
pas  une  intégrale  générale  de  la  forme 

(2)  H(^,j)A^Bi^C'...  =const., 

H  étant  liolomorphe  et  non  nul  pour  x  ■=  y  ^=  o. 

»  On  détermine  aussitôt  les  valeurs  (possibles)  de  >.,  p.,  v;  mais,  en  gé- 
néral, on  rencontrera  dans  la  détermination  des  coefficients  du  dévelop- 
pement de  \l(^x,  y)  des  impossibilités.  Pour  que  cette  détermination  soit 
possible,  il  faut  qu'une  suite  indéfinie  de  conditions  soit  satisfaite.  Admet- 
tons que  cela  ait  lieu  ;  trois  cas  peuvent  se  présenter  suivant  les  valeurs 
des  rapports  des  exposants  >.,  rj.,  v  : 

M  1°  Les  rapports  ne  sont  pas  tous  positifs.  Le  développement  obtenu 
pour  H  est  convergent.  Il  y  a  une  infinité  d'intégrales  non  algébroïdes 
passant  par  l'origine. 

»  2°  Les  rapports  sont  positifs  et  ne  sont  pas  tous  commensurables .  Le  dé- 
veloppement peut  être  divergent.  On  ne  peut  affirmer  s'il  y  a  ou  non 
d'autres  intégrales  que  les  intégrales  algébroïdes. 

»  3°  Les  rapports  sont  positifs  et  commensurables.  Le  développement  est 
convergent.  Il  ne  passe  par  l'origine  que  les  intégrales  algébroïdes. 

»  III.  Existence  dans  la  plupart  des  cas  d'une  infinité  d'intégrales  non 
algébroïdes .  —  Deux  cas  ont  été  laissés  de  côté  :  1°  le  cas  général,  celui  où 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  17.)  l33 


(  io3o  ) 

il  y  a  (n  +  i)  intégrales  algébroïdes  et  pas  d'intégrale  générale  de  la 
forme  (2);  2°  un  cas  particulier,  celui  où  il  y  a  moins  de  (n  +  i)  intégrales 
algébroïdes.  Dans  les  deux  cas,  il  y  a  une  infuiité  d'intégrales  non  algé- 
broïdes passant  par  l'origine. 

M  IV.  Cas  particuliers.  —  J'ai  laissé  de  côté  le  cas  où  yP  +  a:Q  est  identi- 
quement nul.  L'équation  admet  alors  une  infinité  d'intégrales  liolo- 
morphes.  On  peut,  avec  (n  -h  i)de  ces  intégrales,  chercher  à  obtenir  une 
intégrale  générale  de  la  forme  (2).  Si  la  chose  est. possible,  il  existe  une 
intégrale  générale  de  la  forme  AB~'  =  const.  L'équation  sera  donc,  à  un 
facteur  près,  identique  à  une  équation  ayant  un  point  singulier  d'ordre  1. 

»  La  particularité  signalée  peut  se  présenter  pour  une  des  équations 
déduites  de  (i)  dans  la  recherche  des  intégrales  algébroïdes.  Si  cette  équa- 
tion a  un  point  singulier  d'ordre  supérieur  à  i ,  la  possibilité  d'une  inté- 
grale de  la  forme  (2)  équivaut  encore  à  la  réduction  de  l'ordre  de  la  sin- 
gularité. 

»  Les  résultats  de  III  subsistent  dans  ces  cas  particuliers.  Pour  ceux 
de  II,  il  faut  remarquer  que  le  cas  1°  peut  seul  se  présenter,  et  ajouter  que, 
si  les  rapports  des  exposants  ont  tous  des  valeurs  absolues  commensu- 
rables,  il  y  a  une  infinité  d'intégrales  algébroïdes,  et  il  n'y  en  a  pas 
d'autres.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  de  certains  groupes. 
Note  de  M.  de  Séguier,  présentée  par  M.  Jordan. 

»  Soient  H  un  groupe  transitif,  G  le  diviseur  fixant  un  symboles,  G'  un 
autre  diviseur.  Dans  la  décomposition  H  =  2'J  Ga?,G'(a7,  ^  i) ,  chaque 
GiCjG'  est  formé  des  opérations  qui  remplacent  c  par  les  symboles 
d'un  même  svstème  d'intransitivité  de  G'  et  v  est  le  nombre  de  ces  sys- 
tèmes. Construire  H  connaissant  G  revient,  en  prenant  G'=  G,  à  trouver 
les  Xj  tels  que  (2Ga;,G)'  =  iGXjG.  Si  G  est  transitif  entre  les  symboles 
I,  ...,  n,  et  F  le  diviseur  de  G  fixant  i,  pour  qu'il  existe  un  groupe  H, 
contenant  G,  al  t  -+- 1  fois  transitif  entre  les  symboles  1,  . ..,  n,  c,,  .. .,  a^, 
il  faut  et  et  il  suffit,  d'après  M.  Jordan,  qu'il  existe  des  substitutions 
d'ordre  2  a/,  =  {<y/,-,,  o/,). .  .(cj  =  i),  les  symboles  non  écrits  faisant  partie 
de  2,  ..  .,  n,  telles  que 


(  io3i  ) 

A  =  1,  ...,/;  i=:x,  ...,t—  i;j  =  j,  ...,t  —  i;  k=i,  ...,t—j;  l=i,  ...,t; 
J  parcourant  les  générateurs  de  F  ;  ^,  ceux  de  G  (hors  de  F);  y,  un  sys- 
tème de  restes  de  G  mod,  F;  y',  y",  gi  étant  dans  G  (hors  de  F)',Jh,/i,i+,, 
fjj+k,  dans  F. 

»   Ces  équations  jointes  à  celles  de  G  définissent  H,. 

»  En  prenant  pour  G  le  symétrique  de  degré  2  ou  l'alterné  de  degré  3, 
on  obtient  immédiatement  pour  le  symétrique  et  l'alterné  de  degré  t  les 
systèmes  d'équations  trouvés  autrement  par  M.  Moore.  Ces  systèmes  équi- 
valent respectivement  à  (e  ^  i[i  —  ( —  i)'])- 

b' =  a'' =  {ah-' aby  =  {ab-'' ab'^y  =  ^ ,         a;  =  2,  .  .  . ,  i(<  —  s); 

h'--  =  al  =  a]  =  (a,a,y  =  (a,  b'' a,  by  =  {a, b-^a, b>y  =  (a,  b-'a,b'y  =  i , 

y=  2,  ...,{(;  —  2  —e);  z  —  i,..  .,{{t  —  2  —  e). 

»  En  prenant  pour  G  le  groupe  de  degré  ig  et  d'ordre  48  engendré  par 

ab.cf.dg.eh.im.kn.lo.pq  =  %,  =  ^,,  ac.bf.di.ek.gm.hn.lp.oq  =  a^  =  Pa, 
ad.  bg.ci.el.fm.ho.kp.nq  =  a,,  ae.bh.ck.dl.fn.go.ip.mq  =  a.^, 

rst.  bcf.  del.  hpm .  ino .  kqg  =  a^ 

[défini  par  af=i,  a,3C;t=  aAa,(i,  A"  =  i,  2,  3,  4),  a.'=i,  «„V,a(,=  a,, 
a„'a2a,o=  oc.ao,  a.~' :x.^Xf,  =  0L^,  a;'a^ao=a3aJ  ot  en  adjoignant  les  substi- 
tutions 

"C  =  ua.rb.sf.tc.de.hm.in.gk,  p  =^  vu.rs.el.in.mp. cq.bg. fk, 

n  =  wv.st.cf. in.de. gh.pq.km,         t  =^yv(>.rs.bf.in.gk.dh.em.lp, 

u  =  zy.rs. bc.mp.gq.do.il. en, 

on  obtient  un  groupe  cinq  fois  transitif  de  degré  ■2\  {cj.  Mathieu,  Liouville, 
1873)  qui,  en  posant  0  =  a^a^,  d'où  «3  =  CK(^9)~'.  «,  =  Q-'ajô,  (t^—  a^Ô, 

et  |Î3  =  («,■()%  [î,  =:(a37.„)-'a,7.3ao,  est  défini  par 

pf=r.         p,p,=  p,e,,.        !:^  =  0'  =  (^6)^=1,         «U-=i,2,3,4. 

^3,(:  =  p,p3,     cp,c  =  s,P3p„     ^P3^  =  P3,     (:?4^  =  P4. 

(pO'  =  (p='oP3)'=(P=^o)^=(P*3r=I.  (?'^.)^=«3,  (pP,)^=:?,«3«.. 

(a0^=(5p)'=(<7a„)^  =  (ffp,)'  =  i'  ('^P2)'=P..  5X3^  =  a„ 

(TO'=(Tp)^=(T<îy=(Tx„)^=(Tp,)'=i'         (^P.)'=P.,         Ta,T=p,a„ 

(up)='=(uT)'=(ua„)*=I,  (ut)^^*.^,  u^u  =  «;'C«o. 


(  loSa  ) 

»  On  voit  que  le  groupe  d'ordre  960  fixant  quatre  symboles  est  de  la 
forme  BI,  B  =  (p,,  p,,  Pj,  p^)  étant  invariant  et  I  icosaédral;  B  a  les  sys- 
tèmes d'intransitivité  a,  b,  c,  f;  d,  g,  i,  m;  e,  h,  k,  n;  r.  s,  t,  u. 

»   On  peut  exprimer  assez  simplement  a^,  a,,  a^,  a.^,  a^,  ^,  p,  <;,  t  par  a, 

et   CO  =  T(Tp(^(oj'  =   l). 

f)  En  prenant  pour  G  le  groupe  semi-métacyclique  d'ordre  {p(p  —  i) 
(p  premier)  et  de  degré  p,  on  trouve  que  le  seul  groupe  deux  /ois  transitif 
de  degré  p  -h  i  et  d'ordre  ^  p(p^  —  i)(/)  >  2)  est  le  groupe  modulaire,  sauf 
si  p  =:  '].  Les  équations  du  groupe  modulaire  sont 

P-' 
aP  ==  è  '  =  c^*  =  I ,     b-'ab^a"',     cbc  =  b-\     cac  =  a«''*' c^/?+^"'-'-^^' a»'^""' 

(  aracine  primitive  quelconquedeyj;  pentier  quelconque;  £  =  4    i  — (  —  )    )' 

la  dernière  permettant  d'éliminer  b.  Si,  pour/7  =;  n,  on  prend  a  ==  3,  p  ^  o, 
on  retrouve  les  équations  de  M.  Dyck.  Le  seul  autre  groupe  de  degré  8 
et  d'ordre  168  deux  fois  transitif  est  engendré  par  1284567  ^  a, 
235.476=  b,  18. 24.37. 56  =  c,  et  défini  par  a'  =  è'  =  c^^  i,  b~' ab  :=  a^, 
cbc  =  b,  cac  =  a^  ca^ .  Il  contient  un  diviseur  normal  d'ordre  8  formé  des 
ar'ca^  et  de  l'unité. 

)>  En  prenant  pour  G  un  groupe  cyclique  d'ordre/)"  —  i ,  on  obtient  un 
seul  groupe  deux  fois  transitif  de  degré  p"  et  d'ordre />"(^"  —  i).  Il  est 
défini  par 

aP"-' =  è^' =  I ,  béb^a^'bé,         g^^i  —  ^(modp), 

n  =  l-^  +  ^{p"-i)[i-(-ry], 

g  étant  une  racine  primitive  quelconque  de  g-''"~'^i  (modp)  et  ^  par- 
courant une  série  de  valeurs  telles  que  les  équations  répondant  aux 
valeurs  restantes  (modp"  —  i)  de  ^  résultent  du  système.  Ainsi,  pour 
p  =:  1  et  /i  =  3,  4?  5,  6,  7,  il  suffit  de  faire  ^  =  i  et  l'on  peut  prendre  res- 
pectivement ^  ^  3,  4»  18,  6,  7  ;  si  d'ailleurs,  pour  jo  =  2,  on  peut  trouver 
g  tel  que  Ç  <[  2/2,  il  résulte  d'un  théorème  de  M.  Burnside  qu'il  suffit  de 
faire  ^  =  i .  Pour  p  =  3,  /i  =  2,  il  suffit  de  faire  ^  =  i  et  l'on  peut  prendre 

C=2. 

»  Le  groupe  de  degré  p"-+-i,  d'ordre  p"(p-" —  i)  =  N,  trois  fois  tran- 
sitif de  Mathieu  sera  défini  si  l'on  joint  aux  équations  précédentes 
c^=  (ca)- =  (ce)' =  I.  Pour/»  =  2,  «  =  3,  N  =  5o4.  on  obtient  ainsi 
(a  =  cb,b  =  ad^a^da-)  a^  =  f/'=  (d-a'day  =  (dad-a)-  =  (d^'ad-a'y  =  1, 


(   io33  ) 

d'où,  pour  oc  =  bda,  [3  =  aba\a  =  (x';îx=px'pa\  d=a.^^x^),  les  équations 
(le  M.  Biirnside 

«  L'équivalence  des  deux  systèmes  se  vérifie  directement.  » 


HYDRAULIQUE.  —  SuT  les  fois  des  montées  de  Bel  grand  et  les  formules  du  débit 
d'un  cours  d'eau.  Note  de  M.  Edmond  Maillet,  présentée  par  M.  Maurice 
Lévy.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

«  On  sait,  et  l'on  peut  vérifier  d'une  manière  suffisamment  rigoureuse, 
qu'étant  donnés  une  rivière  BDA  et  un  affluent  CD,  les  points  B  et  C  étant 
à  l'amont  de  A,  on  peut  écrire  sensiblement,  quand  le  régime  est  perma- 
nent ou  quasi  permanent, 

(0  Qa(0  =  Qb(M  +  Qc(0. 

Qa.  Qb.  Qc  étant  les  débits  aux  temps  /^,  t^,  t^  convenablement  choisis. 
Cette  formule  conduit  à  la  relation 

si  l'on  admet  que  le  débit  Q  est  une  fonction  de  la  hauteur  h  seulement. 
Elle  représente  une  surface  dans  un  espace  à  trois  dimensions. 

»  La  relation  (2)  est  utilisée  pour  l'annonce  des  crues.  Or  on  y  emploie 
également  des  formules  linéaires  de  la  forme 

(3)  AA^=;  a,  A^B-f- flo  A^c, 

donnant  la  montée  AA^  en  fonction  des  montées  A^^,  ^h^^  :  a,  et  a.,  ne  dé- 
pendent que  d'un  seul  paramètre  variable  t. 

»  Si  alors  on  considère  la  loi  (3)  et  soit  la  loi  (2),  soit  même  la  loi  plus 
générale  Aji  =  F(ha,hc),  comme  exactes  pour  la  partie  ABCD  d'un  cours 
d'eau  et  d'un  affluent,  au  moins  pour  une  certaine  catégorie  de  crues,  on 
peut  en  déduire  les  conséquences  suivantes  : 

»  I.  Si  hj^—¥(ha,  /«c)  et  si  (3)  a  lieu,  la  surface  représentée  par  cette 
équation  est  développable. 

»  IL  Si  (2)  et  (3)  ont  lieu,  (2)  est  une  surface  développable.  Parsuite  : 
1°  ou  bien  (2)  est  linéaire  (cas  à  écarter  au  point  de  vue  pratique);  2°  ou 


(   io34  ) 

bien  les  équations  f[  =  o,  /â  =  o,  /é  =  o  n'ont  aucune  racine  finie  ;  3°  ou 
bien 

(  Jk  =  M,  (h,  -+  yO*  +  Ta,  /b  =  Mb (/?„  -I-  Yb )*  +  y'b, 

/c=Mc(A,  +  Tc)*-t-ïc. 


(4) 


les  M,  y,  y'  étant  des  constantes  telles  que 

T'A  =  Tn+Tc' 


»  Enfin,  si  l'on  admet  que  Q  ne  soit,  en  un  point  d'un  cours  d'eau,  de 
section  rectangulaire,  fonction  que  de  i,  i' ,  l,  h,  g(i,  i'  pentes  de  surface 
et  de  fond,  /largeur,  /«hauteur,  j^' intensité  de  la  pesanteur),  la  formule  (4), 
quand  on  suppose/(o)=  o,  conduit  à  cette  valeur  de  la  vitesse  moyenne  : 


u  =  K'.ol'^    (/'+ï)V.-  ■  ' 


»   Si  l'on  admet  que  U  reste  fini  et  :^  o  quand  /  croît  indéfiniment,  on  en 

3 
conclut  ^  =  -)  valeur  conforme  à  celle  que  donnent  l'expérience  et  le  rai- 
sonnement dans  un  grand  nombre  de  cas  ('  ). 

»  De  même,  en  partant  de  (2)  et  de  lois  quadratiques  du  genre  de  celles 
employées  par  M.  Breuillé  et  qui  correspondent  à  une  famille  de  cônes 
ayant  un  sommet  commun  et  tangents  à  la  surface  (3),  on  voit  que  (3)  est 
un  cône,  et  l'on  est  conduit  aux  mêmes  conséquences  II  (le  deuxième  cas 
étant  ici  impossible). 

>)  Ces  théorèmes  peuvent  être  considérés  comme  la  réciproque  de  ceux 
que  nous  venons  d'indiquer  dans  le  Journal  de  V École  Polytechnique.  Nous 
y  avons  montré,  en  effet,  qu'en  partant  de  la  loi  (2),  quand  on  donne  aux  y" 
la  valeur  (4)  (où,  il  est  vrai,  y' =  o),  on  pouvait  en  déduire  l'exactitude  de 
la  loi  des  montées  de  Belgrand  (loi  linéaire  homogène)  et  d'une  loi  qua- 
dratique de  M.  Breuillé  (-),  en  sorte  que  ces  lois  sont  en  réalité,  non  des  lois 
empiriques,  mais  des  lois  théoriques  approximatives.    » 


(')  BoussiNESQ,  Essai  S!/ r  la  théorie  des  eaux  courantes,  p.  [^■^[^. 
(^)  Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  août  1896,  p.  128  et  suiv. 


(  io35  ) 


PHYSIQUE.  —Isochores  de  ïélher  de  i"=*=à  i",85.  Note  de  Edouard  31  ack, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  valeurs  du  volume  de  l'éther  données  dans  une  Note  précé- 
dente (')  vérifient  la  loi  très  simple  découverte  par  M.  Amagal  (*)  :  A 
volume  constant,  l'augmentation  de  pression  est  proportionnelle  à  l'accroisse- 
ment de  température,   ou  bien  :  le  coefficient  de  pression  -j-  est  fonction  du 

volume  seul.  C'est-à-dire  que  les  lignes  d'égal  volume  ou  isochores  sont  des 
droites  : 

p  =  at  +  f^, 

a  étant  le  coefficient  de  pression  et  p  une  constante  fonction  du  volume 
seul  également  (^). 

»  La  Table  II  donne  les  pressions  sur  des  isochores  d'après  les  me- 
sures (  *)  et,  au-dessous  de  chacune  d'elles,  l'écart  avec  la  pression  calculée 
au  moyen  des  coefficients  a  et  p  de  la  Table  III.  Les  coefficients  ont  été 
déterminés  de  manière  à  rendre  la  moyenne  des   valeurs  absolues  des 

Se 
écarts  —  aussi   petite  que  possible.  La  répartition  des  écarts  sur  chaque 

isochore  révèle  une  légère  courbure,  mais  les  isochores  de  M.  Aniagat 
présentent  une  courbure  tout  aussi  petite  en  sens  contraire.  Vu  leur 
petitesse,  les  écarts  peuvent  très  bien  être  attribués  aux  erreurs  des  me- 
sures seulement  {J").  La  rigueur  de  la  loi  de  M.  Amagat  n'est  donc  pas 
infirmée  par  ces  mesures  qui  s'adressent  à  une  région  nouvelle. 

»  En  portant  v  en  abscisse,  a  et  p  en  ordonnées,  on  obtient  deux  courbes 
très  régulières  sur  lesquelles  on  peut  interpoler  exactement  les  valeurs  de 

(')   Comptes  rendus,  l.  CXXXII,  p.  952,  Table  I. 

(^)  E.-H.  Amagat,  loc.  cil.,  et  Statique  expérimentale  des  fluides  {Rapports  du 
Congrès  inlernalional  de  Physique  de  1900,  l.  I,  p.  559). 

(^)  Si  t  est  la  température  absolue,  (3  s'annule  quandt'  devient  très  grand,  soitpour 
un  gaz  parfait. 

(*)  Ces  pressions  ont  été  interpolées  par  calculs  de  paraboles  et  par  graphiques  sur 
les  isothermes  de  la  Table  L 

(')  Notamment  à  des  erreurs  dans  la  détermination  de  l'isobare  fondamentale,  plus 
difficiles  à  éviter  que  pour  les  isothermes,  vu  la  durée  beaucoup  plus  grande  de  chaque 
mesure  (vingt  à  trente  minutes).  Les  perles  de  liquide  par  le  manomètre  sont  alors 
sensibles  et  ne  peuvent  pas  être  évaluées  exactement. 


(  io36  ) 

a  et  (3  correspondant  à  des  volumes  quelconques.  Ainsi  la  Table  III  définit 
pratiquement  la  relation  existant  entre  p,  v  el  t  dans  toute  la  région  com- 
prise entre  ioo°  et  206°  et  entre  i"  et  i"^*^,  85. 


c 

1 ,000 . . 
1,025.. 
1,050.. 
1,075.. 
1,100.. 
1,150.. 
1,200.. 
1,250.. 
1,300.. 
1,350.. 
1,400.. 
1,450.. 
1,500.. 
1,550.. 
1,600.. 
1,650.. 
1,700.. 
1,750.. 
1,800.. 
1,850.. 


Table  II.  —  Pressions  interpolées. 
100°,95.   112°,4.     122",5.     13G»,6.    148°,9.     151°,75.    161%0.     172%7.     182°,3.      187",6.     192»,0.     204°,2.     206°,3. 


990 

+2 

760,6 

+1,4 

569,9 

+0,4 

426,1 

+6,3 
3o6,6 
+4.5 


5o8,5 
+4,6 
38i,3 
+2,0 


578,0 
—0,1 
4'|8,o 

+0,7 
256, o 

+  2,3 

129,5 

+0,9 

52,4 

+3,6 


-4,1 
540,3 
—3,0 
335,5 
+1,1 

'97,' 
— 0,5 

106,6 

—1,9 

49,0 

+0,1 


770,2 
—2,0 
624,0 
-,,3 
4o3,8 
—  1 ,0 
258,5 
+0,9 
160,3 
— 0,5 

94,6 
+0,1 

52,8 
+1,2 


1455 

-4 

"94 

—3 

976 

79', 3 
—',9 
64i,4 
—3,1 

4'9,7 
-1,6 
271 ,0 
—0,9 


M9,.j 
—8,5 
709,5 

-3,4 
476,5 
-2,8 
3i9,5 
—2,2 
2i3,9 

— »,9 
142,0 
— 0,5 

93,2 
— 0,5 

60,1 
+0,2 

38,3 
+0,5 


94", 5 
—5,6 
784,6 
— 2,1 
538,6 
—2,6 
375,: 
+0,4 
262,0 
+0,3 
182,5 


90,4 
— 0,1 

64,9 
o 

47,6 
0 

36,1 
+0,3 


1019,8 
+2,0 
85o,7 
+0,3 

597,0 
+0,7 
421,8 
+0,1 
3oi,4 
— 1 ,0 
317,5 
— 0,5 
159,2 
— 0,3 

"7,9 
o 

88,7 

—0,4 
68,5 

+1,4 

54,9 

— 0,2 

45,3 

o 

.39,0 
+0,4 

34,2 

+0,1 


io56,8 
+0,3 
885,7 

-0,4 
627,0 
+0,4 

447,7 

+0,2 

325,6 
+0,8 
237,8 
+0,2 
176,0 
-0,6 
i32,6 
—  0,5 
ICI  ,8 
—0,6 

80,5 
— 0,3 

65,6 
—0,2 

54,8 
o 

47,0 

—0,4 

42,  p 

—0,1 

38,4 
0 

35,7 
0 

34,1 
—0,1 


653, o 
+1,1 
468,5 

-0,7 
344,0 
+0,5 
253,5 
-0,4 
19', 2 
+0,4 
'45,7 
—0,1 
ii3,5 
+0,1 
90,8 
+0,1 

74,8 
+0,3 

63,1 
+0,3 

54,8 
+0,1 

48,8 
— 0,2 

4i,6 

— 0,  I 

4. ,6 
-^0,1 

39,7 
+0,1 


.948 
+2 
i65i 

+1 
1393 
o 
1180,6 

+  1,8 
1001 ,2 

+3,2 

722,0 

+1,3 
529,8 
+0,3 
394,6 
— 0,6 
298,6 

—0,4 


ioi4,4 
+2,2 
735,1 
+1,2 
541,1 
+1,8 

4o4,9 
+0,8 
307,8 

0,9 
237,5 
+0,4 
186,5 
+0,2 

i5o,o 

+0,7 
122,5 
—0,1 
io3,2 

+0,1 

88,7 
—0,1 

78,6 
+0,1 

71,0 
+0,2 

65,1 
+0,3 

60,4 
o 

57,, 
—0,1 


»  Les  mesures  de  M.  Amagat  dans  cette  région  atteignent  io33''^  :  l'^i  et 
déterminent  «jusqu'à  i",2.  Ces  valeurs  de  a  ne  diffèrent  pas  de  plus 
de  jô  fie  celles  du  Tableau  III.  MM.  Ramsay  et  Young  ont  déterminé  a  et  |î 


(  To37  ) 
à  partir  de  i",4  jusqu'à  l'état  gazeux.  Aux  volumes  l'^'^.S  et  i",  85,  leurs 
coefficients  coïncident  avec  ceux  de  la  Table  III  à  plus  du  dro  près.  Mais 


T. 

IBLE  III.   — 

Tsochores  de  l'éthi 

?/•. 

t'. 

-frr- 

P- 

n 

i>. 

p- 

n 

1,000 

9,28 

+5i 

2,67 

1,400 

2,85 

— 40 ',6 

0,18 

1,025 

8,63 

— 1 13 

1,80 

1,450 

2,5t 

—369,5 

0,38 

1,050 

7.97 

— 235 

0,47 

1,500 

2,23 

•     -337,5 

o,'4 

1,075 

7,35 

—323,2 

3,70 

1,550 

2,00 

—309,5 

0,22 

1,100 

6,74 

-3,8,3 

3  j  10 

1,600 

1,81 

-284,7 

O,I0 

1,150 

5,73 

-448,3 

1,45 

1,650 

1,66 

—264,0 

0,25 

1,200 

4,90 

-47', 6 

0,85 

1,700 

1,53 

-244,8 

o,i5 

1,250 

4,24 

-476,6 

1,19 

1,750 

1,42 

—228,0 

0, 10 

1,300 

3,70 

—456,5 

0,34 

1,800 

1,32 

—211,9 

o,o3 

1,350 

3,o3 

—429,3 

0,54 

1,850 

I  ,23 

—196,5 

0,10 

au-dessous  de  i'''=,8  leurs  valeurs  expérimentales  de  a  sont  tout  à  fait 
divergentes  et  inadmissibles,  parce  que  leurs  mesures  ne  sont  pas  assez 
étendues;  elles  n'ont  pas  dépassé  56^^  :  l'^i.  Leur  Table  commence  donc  à 
être  utilisable  justement  là  où  s'arrête  la  Table  III.   » 


ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  la  mesure  de  la  période  des  oscillations  électriques  par 
le  miroir  tournant.  Note  deM.  L.  Décombe,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  récentes  expériences  du  lieutenant  de  vaisseau  Tissot,  grâce  aux 
renseignements  qu'elles  fournissent  sur  la  période  et  l'amortissement  des 
oscillations  électriques  utilisées  dans  la  télégraphie  sans  fils  et  en  permet- 
tant, par  suite,  une  étude  méthodique  de  la  question,  contribueront  sans 
doute  largement  au  perfectionnement  de  ce  nouveau  mode  de  communica- 
tion à  distance. 

))  Ces  expériences  ont  été  exécutées  par  la  méthode  du  miroir  tournant, 
conformément  au  procédé  original  de  Feddersen  et  au  dispositif  que  j'ai 
moi-même  adopté  en  1898.  Je  demande  la  permission  de  donner  à  ce  pro- 
pos quelques  explications  complémentaires  sur  la  méthode  du  miroir. 

»  Tout  d'abord,  au  sujet  de  l'appareil  que  j'ai  utilisé,  je  ne  crois  pas  que 
les  imperfections  de  cet  instrument  soient  aussi  nombreuses,  ni  surtout 
aussi  graves  que  semble  le  dire  M.  Tissot.  Construit  par  Froment,  d'une 
très  grande  douceur  à  la  rotation,  on  ne  peut  guère  lui  reprocher  que  ses 
petites  dimensions  et  l'expulsion  rapide  de  l'huile  de  graissage  sous  l'action 
centrifuge  de  la  rotation. 

C.  R-,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  17.)  •  1 34 


(  io38  ) 

»  Cette  dernière  circonstance  n'est  d'ailleurs  que  de  très  minime  impor- 
tance, la  durée  (lu  fonctionnement  de  l'appareil  n'ayant  jamais  excédé  3  ou 
4  minutes  dans  les  circonstances  les  plus  défavorables  de  mes  expériences. 
Quant  aux  dimensions  restreintes  du  miroir,  elles  ont  effectivement  rendu 
ma  tâche  plus  difficile,  à  cause  du  peu  de  lumière  concentrée  par  le  miroir. 
Cependant,  l'emploi  d'une  lentille  coliimalrice  à  long  foyer,  dont  M.  Tis- 
sot  lui-même  s'est  si  bien  trouvé,  en  rendant  possible  la  variation  indépeii- 

dante  du  facteur  de  dissociation  -x  et  du  coefficient   d'éclairement   de 

l'image,  m'a  permis,  comme  on  le  sait,  d'obtenir  des  épreuves  nettes  (*) 
et  intenses  fournissant,  par  leur  étude,  toutes  les  circonstances  du  phé- 
nomène. 

»  Nous  supposerons,  en  toute  généralité,  que  l'action  chimique  I  sur  la  plaque  soit 
une  fonction  quelconque  de  l'intensité  lumineuse  de  l'étincelle,  et  celle-ci,  à  son  tour, 
une  fonction  quelconque  de  l'intensité  du  courant  dans  l'excitateur,  cette  dernière 
étant  supposée  fonction  sinusoïdale  du  temps 

i  =  Asin  211  =• 

»  Nous  pourrons  écrire  en  résumé  : 

»  Soit  e'  la  largeur  sur  la  plaque  photographique  de  l'image  de  l'étincelle.  Nous 
allons  exprimer  la  différence  d'intensité  des  maxima  et  des  minima  successifs  de 
l'épreuve  en  tenant  compte  du  fait  que,  par  suite  de  la  largeur  de  l'image,  un  point 
donné  de  la  plaque  est  impressionné  successivement  par  des  actions  lumineuses  dont 
l'intensité  est  continûment  variable.  L'action  totale  chimique  en  un  point  donné  de 
l'épreuve  sera  exprimé  par  l'intégrale 

T  désignant  la  durée  totale  de  l'impression  en  un  point,  laquelle  est  donnée  par 

T=:  1  — -, 
2A 

T 
Aétantjla  distance  parcourue  par  l'étincelle  sur  la  plaque  pendant  la  durée  —  d'une 

demi-période  (cette  quantité  A  est  égale  à  — — >  où  o)  représente  la  vitesse  angulaire 

du  miroir  etysa  distance  à  la  plaque  photographique  j. 


(')  C'est  par  erreur  que  M.  Tissot  signale  le  miroir  que  j'ai  employé  comme  don- 
nant des  images  multiples.  C'était  un  miroir  concave  argenté  sur  la  face  antérieure. 


(   io39  ) 

»  La  quanlité  3  sera  évidemment  une  fonction  périodique  du  temps  et  la  différence 
'^M — ^m  entre  ses  valeurs  maxima  et  minima  exprimera  la  netteté  de  l'épreuve. 

»  Or,  en  général,  cette  quantité  3ji — 3,„  admettra  un  maximum  par  rapport  à  x, 
correspondant  à  la  relation 

d^t,i  _  dS^  _ 
d-  rft   -°' 

»  Pour   la   valeur   de  t   définie    par   cette   relation,    c'est-à-dire   pour  la   valeur 

2  Ti  A 

£j  =  de  s',  l'épreuve  présentera  son  maximum  de  netteté. 

»  Dans  le  cas  particulier  où  l'on  suppose  comme  première  approximation  l'action 
chimique  proportionnelle  au  carré  de  l'intensité  du  courant  dans  l'excitateur,  on 
trouve  aisément 

A  _  <o/T 

c'est-à-dire 

e',         ujT 

a  Telle  est  la  valeur  qu'il  convient  d'attribuer  au  facteur  de  dissociation. 

»  Ainsi  il  convient  de  donner  au  facteur  de  dissociation  une  valeur  très 
petite,  mais  bien  déterminée,  tandis  que,  d'autre  part,  on  peut  et  l'on  doit 
augmenter  sans  restriction  l'éclairement  de  l'image,  les  épreuves  étant 
toujours  sous-exposées. 

»  Or  ce  double  résultai  ne  peut  s'obtenir  que  par  un  réglage  indépendant 
des  deux  facteurs  en  Jeu,  et  tel  est  précisément  le  rôle  de  la  lentUle  collima- 
trice. 

»  Dans  un  autre  passage  de  sa  Note,  M.  Tissot  considère  comme  ne  pré- 
sentant pas  une  garantie  suffisante  d' exactitude  la  mesure  de  la  vitesse  de 
rotation  par  le  moyen  du  son  d'axe. 

»  Évidemment,  quand  on  emploie  ce  dernier  procédé,  la  valeur  du 
résultat  dépend  essentiellement  de  l'observateur.  Ou  peut  admettre  ce- 
pendant qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir  une  oreille  bien  exercée  pour 
reconnaître  un  écart  de  \  de  ton.  Dans  le  cas  de  mes  expériences,  l'instru- 
ment de  comparaison  était  l'harmonium,  dont  les  sons  ronflants  et  con- 
tinus se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  donnés  par  le  miroir  en  rotation. 
Rien  n'est  plus  facile,  dans  ces  conditions,  que  de  monter  la  gamme  chro- 
matique sur  l'instrument  en  accompagnant  le  son  du  miroir  et  d'apprécier 
sans  difficulté  aucune  le  ^  de  ton. 

»  En  admettant  ce  chiffre  pour  base  d'appréciation,  on  voit  que  l'erreur 


(   io4o  ) 

relative  qui  atteint  de  ce  chef  le  résultat  de  la  mesure  ne  dépasse  guère  ^, 
soit  ~  en  cliifTres  ronds. 

»  Je  n'hésite  pas,  d'ailleurs,  à  reconnaître  que  j'ai  entièrement  négligé 
d'atteindre  cette  précision  (en  assurant  une  constance  suffisante  à  la  rota- 
tion du  miroir),  et  cela  pour  la  raison  que  la  mesure  définitive  de  la  pé- 
riode est  entachée  d'une  erreur  beaucoup  plus  importante  que  M.  Tissot, 
pas  plus  que  moi,  n'a  pu  éviter.  Quelque  nettes  que  soient,  en  effet,  les 
épreuves,  leur  mode  de  production  même  fait  qu'on  observe  sur  la  plaque 
une  variation  périodique  et  continue  de  l'intensité  dans  laquelle  il  est  ex- 
trêmement difficile  de  déterminer  la  position  exacte  du  maximum. 

»  Il  résulte  de  là  une  erreur  relative  importante  qui  dépasse,  et  de 
beaucoup,  celle  qui  peut  résulter  de  l'emploi  du  son  d'axe  pour  la  mesure 
de  la  vitesse  angulaire  du  miroir. 

•n  Abstraction  faite  de  ces  diverses  remarques,  je  suis  heureux  de  con- 
stater que  M.  Tissot  est  d'accord  avec  moi  pour  affirmer  l'unicité  de  la  pé- 
riode des  excitateurs  électriques,  quelque  opposés  que  puissent  paraître 
certains  résultats  d'expériences  trop  compliquées  pour  être  discutées  avec 
fruit.   » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  le  spectre  de  bandes  de  V azote  dans  V étincelle  oscillante. 
Note  de  M.  G.-A.  Hemsalech,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  montré  (')  qu'en  insérant  une  self-induction  dans  le  circuit  de 
décharge  d'un  condensateur,  le  spectre  de  lignes  de  l'air  disparaît,  et  que 
pour  certains  métaux  on  obtient  un  spectre  de  bandes  que  j'avais  attribué 
à  l'azote;  la  faible  dispersion  dont  je  m'étais  servi  ne  me  permettait  pas 
de  comparer  ce  spectre  à  celui  étudié  par  M.  Hasselberg  (^)  dans  le  tube 
de  Geissler. 

))  En  étudiant  les  spectres  d'étincelle  d'un  certain  nombre  de  métaux 
avec  un  appareil  plus  dispersif,  j'ai  pu  mesurer  les  longueurs  d'onde  des 
raies  de  la  première  bande  violette  et  de  la  bande  ultra-violette;  pour  la 
bande  violette,  je  donne  aussi  les  nombres  (')  de  M.  Hasselberg  pour 
prouver  que  les  deux  spectres  sont  identiques. 


(')  G.-Â.  HBMSALEcn,  Journal  de  Physique,  3«  série,  t.  VIII,  p.  642;  1899. 
('-)  Hasselberg,  Mém.  Acad.  Saint-Pétersbourg,  t.  XXXII,  n"  i5;  i885. 
(')  Réduits  à  l'étalon  de  Rowland. 


(  io4i  ) 


Longueurs  d'onde. 


Étincelle 

Tube  de  Geissler 

oscillante. 

M.  Hasselberg. 

4278,4 

8,6 

76,3 

6,2 

75,6 

5,6 

74,9 

5,0 

74,2 

» 

73,6 

3,5 

72,8 

2,7 

72,0 

1,8 

7'.' 

0,8 

70,0 

9,8 

Première  bande  violette. 

Longueurs  d'onde. 


Étincelle 

Tube  de  Geissler 

oscillante. 

M. 

Hasselberg. 

4268,9 

8,6 

67,8 

7>5 

66,6 

6,3 

65,3 

5,1 

64,0 

3,7 

62,5 

2,3 

61 ,2 

0,9 

59,6 

9,4 

58,1 

7,8 

56,4 

6,1 

Longueurs  d'onde. 


Étincelle 

Tube  de  Geissler. 

oscillante. 

M. 

Hasselberg. 

4254,9 

4,5 

53,4 
52,8 

J52,8 

5i,i 

0,9 

49,2 

9>i 

47,5 

7.1 

45,4 

5,3 

43,3 

3,2 

4l,2 

1,0 

89,0 

(7,0? 

X 

Intensités  ('). 

X. 

3914,4 

8 

3898,6 

'3,9 

3 

98,0 

i3,6 

G 

97,4 

i3,4 

3 

96,7 

i3,o 

0 

96,1 

12,6 

3 

94,9 

12,2 

0 

93,5 

1 1 ,6 

3 

92,0 

II  ,2 

I 

90,6 

10,6 

3 

89,1 

10,0 

I 

87,5 

09,3 

3 

86,0 

oS,6 

I 

84,2 

07,8 

3 

83,2 

07,1 

I 

82,6 

06,2 

3 

80,9 

05,2 

2 

80,4 

04,3 

3 

80,1 

o3,2 

2 

79,8 

02,4 

3 

79,3 

OI  ,1 

2 

78,5 

00,1 

3 

78,1 

3899,1 

I 

77,4 

Bande  ultra-violette. 

Intensités. 


2 
I 
2 
3 

3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
o 
o 
o 
3 
o 
o 
3 


X. 

Intensités 

Î77,o 

0 

76,6 

1 

75,6 

3 

74,9 

0 

73,6 

3 

73,0 

0 

71,8 

2 

7'>4 

3 

71,0 

2 

69,8 

3 

68,6 

I 

67,8 

3 

66,2 

0 

65,6 

3 

63,7 

3 

62,6 

00 

61,6 

3 

60,9 

2 

59,5 

3 

57,8 

2 

57,1 

3 

55,9 

0 

55,0 

3 

(')  8  étant  l'intensité  maximum  et  00  l'intensité  minimum. 


(    I042    ) 


>>. 

Intensités. 

>.. 

Intensités . 

X. 

Intensités 

3854,3 

0 

3838,6 

0 

38i4,7 

00 

53,6 

O 

37,7 

2 

l3,2 

0 

02,8 

2 

36,7 

I 

12,2 

00 

5i,6 

I 

35,3 

2 

10,2 

I 

5o,6 

I 

33,2 

0 

07,4 

00 

5o,2 

I 

32.5 

2 

o4,i 

I 

5o,o 

I 

3i ,  I 

0 

01,1 

00 

49>2 

0 

3o,o 

I 

3798,; 

0 

48,5 

O 

29,0 

0 

95,' 

0 

48, o 

0 

28,3 

0 

92,0 

0 

47,6 

2 

27,2 

I 

89,0 

0 

45,4 

2 

26,2 

00 

85,6 

0 

44,4 

0 

25,4 

00 

82,4 

0 

44,1 

O 

24,6 

I 

79>ï 

0 

43,2 

I 

21,7 

I 

76,0 

00 

42,7 

î 

'9>o 

0 

75,2 

0 

4o,5 

2 

•7,9 

0 

72,3 

0 

39,5 

O 

16,0 

I 

69,1 

00 

»  Une  deuxième  bande  violette,  pour  les  raies  de  laquelle  je  ne  donne 
pas  ici  les  longueurs  d'onde,  commence  à  >.  =  4236, 8 A  (4236,  g  d'après 
M.  Hasselberg).  Dans  cette  bande  j'ai  pu  mesurer  166  raies,  parmi 
lesquelles  se  trouvent  aussi  celles  mesurées  par  M.  Hasselberg.  J'ai  pu 
poursuivre  cette  bande  jusqu'à  1=  3946,4-  La  bande  ultra-violette,  qui 
est  plus  marquée,  commence  hl  =  3914,4  ('4,3  d'après  M.  Deslandres  et 
14,6  d'après  M.  Neovius);  elle  coïncide  avec  une  bande  mesurée  par 
M.  Neovius(')dansla  lueur  violette  qui  entoure  l'électrode  négative  quand 
cette  dernière  est  en  cuivre. 

»  Toutes  ces  bandes,  d'après  les  recherches  de  MM.  Deslandres  (^)  et 
Hasselberg,  constituent  le  spectre  de  bandes  négatif  Ae  l'azote. 

»  Dans  l'étincelle  oscillante,  ce  spectre  de  bandes  est  très  vif  quand  on 
emploie  des  électrodes  en  zinc;  je  l'ai  obtenu  aussi  avec  le  cuivre,  l'alu- 
minium et  l'argent. 

»  Comme  spectre  de  comparaison,  je  me  suis  servi  exclusivement  du 
spectre  d'étincelle  oscillante  du  fer.  La  dispersion  du  spectrographe  était 


(')  Negvius,  Bihang  till  K.  Si'enska  Vet.  Akad.  Handlingar,  l.  XVII;  1891. 
(')  H.   Deslandres,  Spectres  de  bandes  ultra-violets  des  métalloïdes  (Thèse  de 
Doclorat,  Paris;  1888). 


(  io43  ) 

telle  que  je  pouvais  facilement  résoudre  sur  la  plaque  photographique  les 
doublets  du  fer  : 

3760,66  3926,05  )  (  4638, i3 

3760,17  3925,74  (  )  4637,66 

»  L'erreur  maximum  pour  les  raies  de  la  bande  ultra-violette  dépas- 
sera ±  0,2  A.  seulement  dans  quelques  cas  exceptionnels. 

•»  Récemment,  M.  J.-G.  Berndt  (')  a  publié  les  longueurs  d'onde  d'un 
spectre  de  bandes  qu'il  a  obtenu  dans  l'étincelle  oscillante  et  qu'il  attribue 
à  l'azote  ;  mais  ses  nombres  diffèrent  tellement  de  ceux  de  MM.  Deslandres, 
Hasselberg,  Neovius  et  des  miens,  qu'il  me  semble  im])ossible  d'y  recon- 
naître le  spectre  de  l'azote. 

»  II  résulte  donc  de  mes  mesures  que  le  spectre  de  bandes  obtenu  dans 
l'étincelle  oscillante  avec  certains  métaux  est  identique  au  spectre  de 
bandes  de  l'azote  du  pôle  négatif.  Je  n'ai  trouvé  aucune  bande  de  pôle 
positif.  » 

PHYSICO-CHIMIE.    —    Mesure   rapide   des  tensions   superficielles.    Note  de 
MM.  Ph.-A.  Gcye  et  L.  Perrot,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Au  cours  de  recherches  sur  la  mesure  des  tensions  superficielles  par 
la  méthode  des  gouttes,  recherches  qui  feront  l'objet  d'un  Mémoire  dé- 
taillé actuellement  sous  presse  (-),  nous  avons  reconnu  que  le  mode  opé- 
ratoire qui  donne  les  meilleurs  résultats  est  celui  indiqué  par  M.  Du- 
claux (');  l'expérience  consiste  à  laisser  des  gouttes  se  former  librement 
à  l'orifice  capillaire  d'une  pipette  contenant  le  liquide  à  étudier  et  préala- 
blement calibrée  avec  un  liquide  type  de  tension  superficielle  connu. 

»  Pour  obtenir  des  résultats  exacts,  les  valeurs  fournies  par  l'observa- 
tion directe  doivent  subir  deux  corrections  :  l'une  qui  dépend  du  nombre 
de  gouttes  issues  de  la  pipette  (déjà  indiquée  par  M.  Duclaux),  l'autre  qui 
est  en  relation  avec  la  durée  de  formation  de  la  goutte. 

»  Voici  les  observations  relatives  à  dix-sept  composés  organiques  différents  :  t  re- 


(')  G.  Berndt,  Annalen  der  Physik,  t.  IV,  p.  788  ;  1991. 

(^)  Arch.  Se.  ph.  nat.  de  Genève. 

(')  Duclaux,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4^  série,  t.  XXI,  p.  378. 


(  io44  ) 

présente  la  température  de  l'expérience,  n'  le  nombre  de  gouttes  issues  de  la  pipette, 
y' la  tension  superficielle  en  djnes  déduites  de  mesures  d'ascensions  capillaires  (pour 
les  corps  dont  les  noms  sont  accompagnés  du  signe  *,  les  ascensions  capillaires  et  les 
poids  des  gouttes  ont  été  déterminés  sur  les  mêmes  échantillons),  d'  la  densité  du 
liquide  à  la  température  de  l'expérience,  x'  la  durée  moyenne  de  formation  d'une 
goutte  (en  secondes). 


*  Orthotoluidine 

*Benzophénone 

*Benzonitrile 

*Monoéthjlaniline 

*Acélophénone 

*Diméthylaniline 

*Nitrobenzène 

*Métacrésol 

*Diméthylorthotoluidinc.  . 

Isobutyrate  de  méthyle.. 

Pipéridine 

*Phénétol 

*Éthyluréthane 

*Mésitylène 

Benzène 

*  Valéroxyme 

'Bromure  d'élhylène.  .... 


Tablead  I. 

t. 

n' . 

t'- 

d'.      (0 

'':t')io' 

.    n'  :  n . 

H. 

t'. 

r. 

54°  4 

102,4 

34,01 

0,9695 

285 

0,924      0,973 

I  ,62 

34,70 

54,3 

I04,2 

4o,i5 

I ,0821 

269 

0,940      0,918 

8,62 

38,26 

54,4 

io8,6 

33,98 

0,9781 

286 

0,980      0,976 

1,02 

33,70 

54,4 

io8,7 

32, 06 

0,9343 

291 

0,98'      0,993 

0,9» 

82 ,82 

54,4 

109,5 

34,47 

0,9983 

290 

0,988      0,989 

0,81 

34,38 

54,3 

110,8 

3. ,64 

0,9276 

293 

1  ,000 

,000 

0,74 

3i,64 

54,3 

1 16, 1 

38,48 

1,1686 

3o4 

1,047 

[,087 

0.72 

38,23 

54,7 

118,8 

33,01 

I .0062 

3o5 

1,072 

i,o4i 

3,86 

82,17 

55, o 

122,9 

27,57 

0,8982 

326 

1,109 

,112 

0,64 

27,89 

54,8 

124,0 

19,26 

0,8491 

441 

1,118 

,5o5 

0,85 

26,55 

55,4 

124,6 

25,32 

0,8275 

827 

1,124    1 

,  1 16 

0,68 

25 ,45 

54,7 

128,1 

28,26 

0,9333 

33o 

I ,  i55 

,  126 

o,5i 

28,08 

53,8 

129,5 

3i,33 

1,0495 

335 

1,169 

,i43 

1,63 

3i,36 

54,2 

i3o,o 

23,43 

o,83o3 

354 

1,173 

1 ,208 

0,44 

24,66 

55,2 

i3i,o 

23,56 

o,84o8 

356 

1,182 

I  ,2l5 

0,38 

24,90 

53,7 

i39,9 

23,75 

0,8620 

363 

1 ,263 

1,289 

o,5o 

24,26 

54,3 

'97 

33, o5 

2,0990 

635 

1,777     ' 

2,167 

0,27 

47,56 

»  Prenant  la  diméthylaniline  comme  liquide  type  et  désignant  par  /;,  d  et  y  le 
nombre  de   gouttes,   la   densité  et  la   tension   superficielle  qui  la  caractérisent,   les 

rapports  —  ;  —  =;  R  et  n'  ;  n  devraient  être  identiques  si  les  tensions  superficielles 

étaient  exactement  proportionnelles  aux  poids  des  gouttes. 

»  Les  valeurs  numériques  de  ces  rapports  indiquent  que  cette  condition  est  impar- 
faitement remplie.  De  là  la  nécessité  d'appliquer  les  deux  corrections  rappelées  plus 
haut;  pour  la  simplicité  des  calculs,  nous  les  effectuons  de  la  façon  suivante. 

»  Conservant  les  notations  ci-dessus  (y,  d,  t  et  n  se  rapportant  au  liquide  type, 
y',  d' ,  1'  et  n'  à  un  liquide  quelconque),  la  tension  superficielle  est  donnée  par 
la  relation 


(6) 


ri=Q-,(i4-p)  +  c„ 


Q 


_  Y  X  « 


dans  laquelle  [B  est  un  terme  correctif  dépendant  du  rapport /t':«  et  c^  un  terme  cor- 
rectif relié  à  la  durée  de  formation  x'  de  la  goutte;  après  quelques  tâtonnements,  les 
valeurs  à  prendre  pour  |3  et  c^  ont  été  fixées  comme  suit  : 


(   io45  ) 


n  -.n. 

P- 

0,90 

— o,o4 

0.92 

— o,o3 

0,94 

— 0.025 

0,96 

— 0,01 

0,98 

+0 ,  OOD 

1,00 

±0 

I  ,o5 

H-o,oo5 

1 ,  10 

H-0,OI 

1 ,  i5 

-(-0,02 

1 ,20 

-1-0,  o3 

1,25 

-1-0,  o4 

X  :t. 

Ct- 

5 

+  1,90 

4 

4-1,20 

3 

-HO ,  80 

à 

-f-o,5o 

1,5 

-4-0,  3o 

1,0 

±0 

0,8 

— o,3o 

0,6 

—0,80 

0,5 

—  1 ,5o 

1)  Les  deux  dernières  colonnes  du  Tableau  I  donnent  sous  la  rubrique  T  les  valeurs 
obtenues  par  la  relation  (  b)  en  négligeant  la  correction  c^,  et  sous  la  rubrique  Y  —  ■^' 
les  écarts  entre  ces  valeurs  et  les  tensions  superficielles  mesurées  par  ascensions 
capillaires. 

»  Si  l'on  classe  ensuite  les  corps  par  valeurs  croissantes  de  x'  (Tableau  II),  on  con- 
state que  les  écarts  r  —  y'  sont  en  majorité  positifs  ou  négatifs  suivant  que  x'  est 
<  X  ou  >  X,  ce  qui  justifie,  à  notre  avis,  la  correction  c^,  avec  celte  réserve  toutefois 
que  celle-ci  devient  illusoire  lorsque  x'  :  x  est  plus  petit  que  o,5.  Le  même  Tableau 
contient  sous  la  désignation  r^  les  valeurs  des  tensions  superficielles  calculées  par  la 
relation  (b),  ainsi  que  les  écarts  r,,, —  y'  (dernière  colonne)  entre  ces  valeurs  et  celles 
déterminées  par  ascensions  capillaires.  Il  est  aisé  de  constater  que  les  écarts  sont 
notablement  réduits  (i  à  2  pour  100  de  la  valeur  exacte  de  •(■',  en  moyenne). 


Tableau  11. 


r 


B 


Bromure  d'éthjlène 0,27  0,365  -l-i4,3i  » 

Isobutyrate  de  méthyle o,35  o,473  -1-  7,16  » 

Benzène o,38  o,5i4  -+-  i,34  — 1,43  23,47  — o>o9 

Mésitylène o,44  0,595  -+    i,23  — o,84  23,82  -1-0, Sg 

Valeroxyine o,5o  0,675  -f-  o,5i  — 0,61  23,65  — 0,10 

Phénétol o,5i  0,68g  —  0,18  — o,58  27,50  —0,76 

Pipéridine o,63  o,85i  -f-   o,i3  — 0,22  25,23  -0,09 

Diméthylorlhotoluidine o,64  o,865  -j-  o,32  — 0,20  27,69  -+-0,12 

Nitrobenzène 0,72  0,973  —  o,25  — o,o4  38,19  — 0,29 

Diméthylaniline 0,74  1,000  ±  0,00  »              »                » 

Acétophénone.  .  ; 0,81  1,094  —  o>OQ  -i-o,o5  34,43  -4-o,o4 

Monoéthylaniiine 0,91  1,229  —   0,26  -(-o,i4  32,46  -r-o,4o 

Benzonitrile 1,02  1,378  —  0,28  -t-o,23  33,93  — o,o5 

Orihotoluidine 1,62  2,189  +  °'^9  -1-0,56  35,26  -1-1,25 

Éthyluréthane i  ,63  2,202  -i-  o,o3  -1-0, 56  31,92  -ho,bg 

Métacrésol 2,36  3,189  —  o>84  -fo,88  33,  o5  -f-o,o4 

Benzophénone 3,62  4)892  —    1,89  -1-1,82  4o,o8  — 0,07 

C.  K.,   1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  17.)  l'iS 


(  io4f^  ) 

»  Nous  croyons  donc  pouvoir  conclure  que,  lorsque  le  rapport  n'  [n  est 
compris  entre  0,9  et  i,3,  et  le  rapport  t'  :t  entre  o,5  et  5,o,  la  relation  (è) 
indiquée  ci-dessus  permet  de  déduire  la  valeur  de  lu  Icnsion  superficielle  avec 
une  exactitude  d'environ  i  à  2 pour  100.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  variation  de  composition  des  eaux  minérales  et 
des  eaux  de  source  décelée  à  l'aide  de  la  conductibilité  électrique.  Note  de 
M.  P. -Th.  Mollgr,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Pour  faire  une  étude  complète  d'une  eau,  pour  établir  sa  composition 
qualitative  et  quantitative,  l'analyse  chimique  est  indispensable  et  rien  ne 
saurait  la  remplacer.  Mais  la  composition  d'une  eau  n'est  pas  nécessaire- 
ment invariable  :  est-on  sûr  que  telle  source  d'eau  minérale  ou  d'eau 
potable,  analysée  au  mois  de  janvier,  renfermera  quantitativement  les 
mêmes  éléments  au  mois  de  juin,  ou  bien  l'année  suivante,  ou  bien  après 
plusieurs  années?  On  recule  en  général  devant  la  longueur  et  les  frais  de 
plusieurs  analyses  chimiques  complètes.  Et  cependant  il  serait  bien  intéres- 
sant de  pouvoir  suivre  les  variations  éventuelles  d'une  source  à  partir  du 
moment  où  l'analyse  chimique  en  a  été  faite,  de  connaître  l'influence  des 
saisons  ou  du  changement  de  débita  la  suite  d'une  pluieabondante  ou  d'une 
sécheresse  prolongée  ;  il  serait  utile  de  se  rendre  compte  des  modifications 
dues  à  une  infiltration  accidentelle  et  ignorée,  ou  bien  encore  à  un  déboi- 
sement partiel  ou  total  aux  environs  de  la  source. 

))  Les  essais  qui  nous  indiqueront  les  variations  imprévues  de  nos  eaux 
de  source  et  nous  mettront  ainsi  sur  nos  gardes  devront  être  assez  fréquents 
et  par  conséquent  simples,  rapides  et  faciles  à  exécuter.  De  plus,  la  pro- 
priété que  l'on  se  propose  de  mesurer  devra,  autant  que  possible,  n'appar- 
tenir qu'à  la  matière  dissoute  et  non  pas  à  l'eau  elle-uîême. 

»  La  conductibilité  électrique  remplit  ces  diverses  conditions;  l'expé- 
rience se  fait  promptement  par  la  méthode  des  courants  alternatifs  et  du 
téléphone;  il  faut  s'astreindre  seulement  à  opérer  toujours  à  la  même  tem- 
pérature, par  exemple  25", o.  La  conductivilé  d'une  eau  (c'est-à-dire  la 
conductibilité  du  centimètre  cube  exprimée  en  inverse  d'ohm)  définit  ce 
liquide  de  la  même  façon  qu'un  point  de  fusion  définit  une  substance  chi- 
mique; la  conductibilité  dépend  de  la  nature  et  de  la  quantité  des  sub- 
stances dissoutes,  lesquelles,  dans  une  eau  potable,  sont  presque  exclusive- 
ment constituées  par  des  électrolytes.  Sans  doute  deux  eaux ,  prises  au  hasard, 


(  ïo/i7  ) 

qui  ont  la  même  conductibilité,  n'auront  pas  la  même  composition,  pas  plus 
que  deux  corps  qui  possèdent  des  points  de  fusion  |)ratiqnement  égaux  ne 
sont  nécessairement  identiques;  mais  pour  suivre  les  variaiions  de  compo- 
sition d'une  source  déterminée,  la  méthode  est  irréprochable,  à  moins 
d'admettre  des  compensations  que  rien  ne  permet  ni  de  prévoir,  ni  de 
justifier. 

»  On  peut  même  aller  plus  loin  :  si  deux  sources  voisines  jaillissant  du 
même  terrain  géologique,  mais  en  apparence  indépendantes  l'une  de 
l'autre,  présentent  la  même  conductibilité,  on  a  ledroit  d'affirmer  qu'elles 
sont  identiques.  C'est  ainsi  qu'après  deux  essais  qui  nous  ont  pris  une 
demi-heure  de  temps  nous  avons  pu  prédire  l'identité  de  deux  sources 
d'eaux  minérales  qui  passaient  pour  distinctes. 

»  L'analyse  chimique  complète  constate  d'abord  l'identité  presque 
absolue  des  extraits  secs  et  ensuite  l'identité  successive  des  divers  élé- 
ments dosés.  On  n'observa  quelque  divergence  que  pour  la  silice  et  l'oxyde 
de  fer,  d'ailleurs  en  très  petite  quantité.  On  sait  que  ces  substances 
existent  dans  les  eaux  presque  uniquement  à  l'état  colloïdal,  non  conduc- 
teur. 

))  Dans  une  autre  circonstance,  nous  avons  découvert  des  variations 
considérables  dans  la  composition  d'une  source  d'eau  minérale  dont  on 
allait  commencer  l'analyse  chimique  quantitative.  Ces  variaiions  ont  rendu 
inutile  le  long  dosage  des  éléments;  les  résultats  de  l'analyse  n'auraient 
eu,  d'ailleurs,  aucune  signification  précise. 

»  La  conductibilité  électrique  prise  pendant  un  certain  temps,  à  diverses 
reprises,  devra  donc  précéder  toute  analyse  chimique  complète  d'une  eau 
minérale;  cette  méthode  permettra  aussi  de  constater  rapidement  les  varia- 
tions diverses  et  souvent  imprévues  des  eaux  de  source.  Nous  avons  ains 
étudié,  pendant  un  an,  la  conductibilité  des  eaux  d'une  source  des  Vosges 
les  résultats  seront  publiés  dans  le  Bulletin  de  la  Société  chimique  (').  » 


(')  Au  cours  de  ce  Travail,  j'ai  eu  connaissance  d'une  dissertation  inaugurale  dans 
laquelle  M.  W.  Lehnert  {Erlanger;  1897)  étudie  la  relation  qui  existe  entre  la  con- 
ductibilité électrique  de  diverses  eaux  de  source  et  leur  extrait  sec.  M.  Lehnert  con- 
clut à  une  proportionnalité  approchée. 


(  io48  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  myrcénol  et  sa  constitution.  Note  de 
M.  Ph.  Barbier,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

(■  MM.  Power  el  Rléber  (')  ont  obtenu  par  hydratation  du  myrcène  un 
alcool  de  formule  C"  H"  O  qu'ils  ont  cru  devoir  identifier  avec  le  licaréol  ; 
le  fait  me  paraissant  très  important  au  point  de  vue  de  la  connaissance  de 
la  constitution  du  licaréol,  qui  est  restée  douteuse  malgré  les  nombreuses 
recherches  dont  elle  a  été  l'objet,  j'ai  repris  l'étude  de  cette  question.  J'ai 
préparé  une  grande  quantité  de  l'alcool  de  MM.  Power  et  Rléber  que  j'ap- 
pellerai dorénavant  myrcénol  en  raison  de  son  origine. 

»   Cet  alcool  correspond,  d'après  l'analyse,  à  la  formule  C'^H^'O. 

»  Le  myrcénol  est  un  liquide  huileux,  incolore  et  très  odorant;  il  se  po- 
lymérise  lentement  en  devenant  très  visqueux.  Son  point  d'ébullition  est 
situé  à  99°-ioi°  sous  lo"'™;  sa  densité  à  i/j", 5  est  =  0,9012  ;  son  indice  à 
la  même  température  et  pour  la  raie  du  sodium  est  n^  =  1,47787,  d'où  l'on 
déduit,  pour  la  réfraction  moléculaire,  48,35  (la  réfraction  moléculaire 
calculée  pour  l'alcool  CTI^O  à  deux  liaisons  est  égale  à  48,60). 

»  L'acétate  de  myrcényle,  préparé  à  l'aide  de  l'anhydride  acétique,  est 
un  liquide  incolore,  légèrement  huileux,  très  odorant  et  bouillant  à  11 1°- 
1 12°  sous  10™";  il  a  donné  à  l'analyse  les  chiffres  correspondant  à  la  for- 
mule C»  H"0,  C^H'O. 

»  Le  myrcénol  est  donc  un  alcool  acyclique  à  deux  liaisons  éthyléniques 
ainsi  que  l'indique  sa  réfraction  moléculaire;  de  plus,  son  mode  de  for- 
mation à  partir  du  myrcène  montre  qu'd  est  tertiaire.  Son  odeur,  son  point 
d'ébullition  ainsi  que  celui  de  son  éther  acétique  et  la  facilité  avec  laquelle 
il  se  polymérise  ne  permettent  pas  de  le  confondre  avec  le  licaréol  ;  j'ai 
dû  en  rechercher  la  constitution  par  l'étude  des  produits  d'oxydation. 

»  Dans  une  première  expérience,  faite  en  employant  le  mélange  chromo-sulfurique, 
j'ai  obtenu  : 

))  1°  De  la  diméthylcétone  qui  a  été  caractérisée  par  son  point  d'ébullition,  sa  semi- 
carbazone  el  la  production  d'iodoforme  ; 

»  2°  Une  aldéhyde  de  formule  CH'^O,  à  odeur  forte,  n'ayant  aucune  analogie  avec 
celle  du  lémonal  et  que  j'ai  séparé  des  autres  produits  d'oxydation  en  en  faisant 
l'oxime,  qui  bout  à  i48''-i5o°  sous  10""";  l'analyse  assigne  à  ce  corps  la  composition 


(')   Pharm.  Riindsc/inii.  l.  XIll.  New- York,  189,5. 


(  io49  ) 

exprimée  parla  formule  C"'H"AzO.  Traitée  par  une  dissolution  d'acide  oxalique  à 

rébuJlition,  cette  oxime  régénère  l'aldéhyde  bouillant  aux  environs  de  iio"  sous  lo"""'. 

»   Pour  la  différencier  du  lémonal,  j'en  ai  préparé  la  semi-carbazone,  qui  se  présente 

sous  forme  d'une  poudre  cristalline   blanche,   fusible  à  i95''-i96<',  et  répondant  à  la 

formule 

C10H16—  Az  —  AzH  —  CO  -  \zH2; 

»  3°  De  l'acide  lévulique  bouillant  vers  i43"-i47''  sous  lo""",  dont  j'ai  analysé  les 
sels  d'argent  et  de  barvum  ;  j'ai  en  outre  vérifié,  sur  l'acide  libre,  la  formation  d'iodo- 
forme. 

»  Dans  cette  oxydation,  il  ne  se  forme  pas  trace  de  raéthylhejjtenone,  mais  on  retrouve 
une  proportion  notable  de  myrcène  provenant  de  la  déshydratation  du  rayrcénol  sous 
l'influence  de  l'acide  sulfurique  dilué. 

»  Une  seconde  expérience  d'oxydation,  faite  en  employant  d'abord  une  dissolution 
de  permanganate  de  potassium  à  i  pour  loo,  puis  le  mélange  sulfochromique,  m'a 
donné  uniquement  de  la  diméthylcétone  et  un  mélange  d'acides  lévulique  et  succi- 
nique. 

»  Les  résultats  qui  précèdent  permettent  d'établir  la  constitution  du 
myrcénol,  qui  sera  représenté  par  la  formule 

CH'  -  C  =  CH  —  CH-  -  CH=  -  C(OH)  -  CH  =  CH-, 
c'h'  CH' 

qui  met  en  évidence  les  deux  liaisons  étliyléniques,  la  nature  alcoolique 
tertiaire  du  corps  et,  enfin,  rend  compte  des  produits  d'oxydation  qu'il 
fournit. 

»  De  la  connaissance  de  la  constitution  du  myrcénol,  on  déduit  aisément 
celle  du  myrcène,  dont  on  obtient  la  formule  par  déshydratation  du  myr- 
cénol, ce  qui  donne 

CH=  -  C  =  CH  -  CH-  -  CH  =  C  -  CH  =  CH^ 

I  I 

CH'  CH' 

))  Ainsi  que  je  l'ai  signalé  plus  haut,  l'oxydation  du  myrcénol  conduit  à 
une  aldéhyde  de  formule  C'^H'^O;  il  est  étrange  de  voir  un  alcool  ter- 
tiaire engendrer  une  aldéhyde  de  même  condensation  en  carbone,  mais  si 
roii  examine  attentivement  ce  qui  se  passe  dans  cette  oxydation,  cette  ano- 
malie s'explique  très  aisément.  En  effet,  sous  l'action  de  l'acide  sulfurique 
dilué  qui  entre  dans  la  composition  du  mélange  oxydant,  le  myrcénol  est 
déshydraté  avec  production  de  myrcène,  et  c'est  ce  dernier  qui,  fixant  un 


(   To5o  ) 

atome  d'oxygène,  engendre  l'aldéhyde  C'"H"'0  conformément  à  l'équa- 
tion ci-dessous  : 

CH'  -  C  =  CH  -  CH='  -  CH  =  C  -  Cil  =  CH==  -+-  O 

CH'  CH' 

=  CH'  -  C  =  CH  -  CH='  -  CH  =  C  -  CH  =  CHOH; 
I  I 

CH'  CH' 

le  second  membre  de  celte  égalité  n'est  autre  que  la  forme  desmotropique 
de  l'aldéhyde  en  question  qui  constitue  un  isomère  de  position  du 
lémonal. 

»  Je  me  suis  assuré  par  une  expérience  directe  de  la  réalité  de  cette 
explication;  d'ailleurs,  cette  réaction  est  rigoureusement  la  même  que 
celle  qui  transforme  l'élhylène,  le  propylène  et  l'isobulylène  en  aldéhydes 
éthylique,  propylique  et  isobulylique,  ainsi  que  M.  Berlhelot  l'a  montré 
autrefois. 

»  Les  expériences  que  je  viens  de  relater  établissent  d'une  façon  indis- 
cutable que  le  myrcénol  est  représenté  par  la  formule 

CH'  -C=  CH— CH=  — CH^*-  C(0H)-CH  =  (;H^ 
Cil'  CH' 

or,  cette  formule  de  constitution  est  précisément  celle  qui  a  été  attribuée 
au  licaréol  par  M.  Tiemann;  mais,  comme  les  propriétés  physiques  et  les 
propriétés  chimiques  du  myrcénol  sont  tout  à  fait  distinctes  de  celles  du 
licaréol,  il  devient  nécessaire  d'attribuer  au  licaréol  une  autre  formule  que 
celle  qui  a  été  admise  jusqu'à  présent  et  qui  appartient  au  myrcénol. 

»  Ce  travail  fait  en  outre  connaître  une  nouvelle  aldéhyde,  isomère  du 
lémonal,  susceptible,  comme  ce  dernier,  d'exister  sous  deux  formes  stéréo- 
isomériques.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  Tiitroacétate  d'élhyle. 
Note  de  M.   A.    Wahl,   présentée   par  M.   A.   Haller. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  tomptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  748,  nous 
avonsmontré,  M.  Bouveaultetmoi,  que  lenitrodiméthylacrylated'éthyle-a, 
traité  par  l'ammoniac  gazeux,  subit  un  dédoublement  en  dimélhvlcétone 


(  io5i  ) 

et  en  un  composé  C*  H' AzO*  bouillant  à  93°-95''  sous  lo""",  qui  n'est  autre 
que  le  nitro-acélate  d'élhyle.  L'équaLion  de  la  réaction  qui  lui  donne  nais- 
sance peut  s'écrire 

Cri   ^  I  Cn   /  i 

AzO-  AzO- 

»  I^a  constitution  du  nitro-acétale  d'éthyle  a  été  démontrée  à  cette 
époque  par  le  fait  de  sa  réduction  en  glycocoUe,  caractérisée  sous  forme 
d'acide  y-phéuylliydaritoique. 

1)  Le  nitro-acétate  d'élhyle  avait  déjà  fait  l'objet  de  longues  recherches 
(dont  on  trouvera  la  bibliographie  complète  dans  la  Note  citée)  de  la  part 
de  divers  savants  et  qui  toutes  avaient  été  infructueuses,  sauf  celles  de 
M.  de  Forcrand  (')  (Comptes  rendus,  t.  LXXKVIII,  p.  974)- 

»  Le  produit  que  M.  de  Forcrand  a  obtenu  en  faisant  agir  le  bromacétate 
d'élhyle  sur  le  nitrite  d'argent  diffère  nettement  du  nôtre  par  ses  constantes 
physiques  :  son  point  d'ébullition  est  i5i°-i52°  sous  la  pression  ordinaire, 
ce  qui  fait  une  diflérence  d'environ  4o"  à  5o°. 

»  Afin  de  faire  l'étude  comparative  des  deux  produits,  j'ai  essayé  de  pré- 
parer le  nitroacétate  d'éthyle  en  suivant  les  indications  de  M.  de  Forcrand 
et  aussi  celles  de  M.  Sleiner  (Z?e/YcA/ede  Berlin,  t.  XV,  p.  i6o5),  qui  en  sont 
une  légère  modification,  mais  je  n'ai  pas  réussi  à  obtenir  un  produit  ayant 
un  point  d'ébullition  fixe  même  après  plusieurs  rectifications. 

»  M.  Scholl  (Chemiker  Zeitung,  p.  65o;  1900),  en  voulant  également 
préparer  le  nitro-acétate  d'éthyle  par  ce  procédé,  n'a  pas  été  plus  heureux 
dans  ses  tentatives,  et  il  arrive  même  à  conclure  que  le  nitro-acétale 
d'éthyle  n'existe  pas. 

))  Quoi  qu'il  en  soil,  le  produit  de  M.  de  Forcrand  et  le  nôtre  conduisant 
tous  les  deux  au  glycocolle  par  réduction,  il  s'ensuit  que  celte  réaction 
n'est  pas  suffisante  pour  fournir  des  données  certaines  sur  la  constitution 
de  notre  nilro-acélate  d'éthyle.  Dans  le  but  d'en  déterminer  la  constitution 
d'une  façon  plus  nette,  j'ai  cherché  à  en  faire  la  synlhése  d'une  manière 
qui  ne  puisse  plus  laisser  de  doutes. 


(')  MM.  R.  Scholl  et  A.  Schôfer  viennent  de  démontrer  que  le  produit  de  M.  de 
Forcrand  et  de  M.  Steiner  est  un  mélange  de  différents  élhers,  parmi  lesquels  se  trou- 
vent principalement  les  éthers  glycolique,  oxalique,  nitroso  et  nitroglycoliques,  etc., 
sans  traces  d'éther  nitroacétique  (Deut.  chem.  Ges.,  t.  34,  p.  871). 


(  loSa  ) 

M  Un  premier  essai,  fait  en  vue  d'isoler  le  sel  de  sodium  de  l'acide  nitro- 
acétique  qui  se  forme,  d'après  Rojbe  (Journ.  f.prakt.  Chem.,  t.  V,  p.  428), 
comme  produit  intermédiaire  dans  la  prépfiration  rlu  nitromélhane  pour 
l'éthérifier  ensuite,  n'a  pas  conduit  au  résultat  attendu.  Mais  j'ai  réussi  à 
obtenir  du  nitro-acétate  d'éthyle  en  petite  quantité,  en  partant  du  nitro- 
malonate  d'éthyle. 

»  M.  Franchimont  avait  déjà  constaté  {Recueil  des  Travaux  des  Pays-Bas, 
l.  VIII,  p.  285)  que  l'éther  nilrométhvlmalonique  perd  avec  la  plus 
grande  facilité  une  molécule  d'acide  carbonique  pour  donner  l'éther  nitro- 
propionique.  On  pouvait  supposer  que  dans  certaines  conditions  le  nitro- 
malonate  doit  se  conduire  de  même  et  fournir  de  l'acide  carbonique  et  du 
nitroacétate  d'éthyle 

/CO^  C-  H' 

chC  ;,^,^,„,  +  Hn:)  =  CH^'-coH:=H^  +  co^  +  cMi«o. 

AzO-  AzO^ 

»  Le  nitromalonate  d'éthyle  a  été  préparé  par  M.  Franchimont  {loc. 
cit.)  en  traitant  l'éther  malonique  par  son  acide  nitrique  réel.  J'ai  trouvé 
qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir  recours  à  ce  réactif  (l'acide  nitrique 
fumant  ordinaire  convenant  tout  aussi  bien)  et  que,  pour  avoir  le  nitroma- 
lonate parfaitement  pur,  il  est  bon  de  passer  par  l'intermédiaire  de  son  sel 
de  potassium. 

»  On  verse  lenlement  So?''  de  malonate  d'éthyle  dans  i5oS''  d'acide  nitrique  fumant 
maintenu  vers  20°  à  3o°  C,  et,  quand  tout  est  ajouté,  on  laisse  reposer  environ  une 
heure  en  refroidissant  lorsque  la  température  tend  à  dépasser  ces  limites.  Le  produit 
est  ensuite  versé  dans  l'eau,  l'huile  qui  se  sépare  rassemblée  à  l'éther,  sa  solution 
éthérée  lavée  à  l'eau,  puis  l'éther  chassé  au  bain-marie.  Le  résidu  est  étendu  de  plu- 
sieurs fois  son  volume  d'alcool  et  est  transformé  en  sel  de  potassium,  en  v  projetant 
du  carbonate  de  potassium  pulvérisé.  La  masse  prend  une  teinte  jaune  citron  et  s'épais- 
sit ;  quand  la  décomposition  est  terminée,  on  essore  les  cristau.v  et  on  les  purifie  par 
recristallisation  dans  l'alcool  bouillant. 

M  Le  sel  de  potassium  du  nitromalonate  d'éthyle  C  H'"  AzO"  K.  forme  de  ma- 
gnifiques cristaux  jaune  citron  solubles  dans  l'eau,  peu  solubles  dans 
l'alcool  froid,  assez  solubles  à  chaud.  Chauffés  sur  la  lame  de  platine,  ces 
cristaux  commencent  par  fondre,  puis  déflagrent  avec  une  extrême  vio- 
lence. 

»  Le  sel  de  sodium  se  prépare  de  la  même  manière,  en  saturant  le  nitro- 
malonate d'éthyle  par  du  carbonate  de  sodium.  Il  cristallise  dans  l'alcool 


(  io53  ) 

bouillant,  par  refroitlissement,  en  belles  aiguilles  légèrement  jaunes, 
solubles  dans  l'alcool  et  très  solubles  dans  l'eau. 

»  Ces  sels,  traités  par  les  acides  étendus,  régénèrent  le  nitromalonate 
d'élhyle  que  l'on  purifie  en  le  distillant  dans  le  vide. 

M  Le  nitromalonate  d'éthyle  ainsi  préparé  constitue  un  liquide  incolore, 
bouillant  sans  la  moindre  décomposition  à  127°  sous  10'"'".  Il  est  plus 
lourd  que  l'eau  :  d~  =  i,  1988,  d~  =  i,  220  et  y  est  légèrement  soluble 
en  la  colorant  en  jaune. 

»  Plusieurs  essais  de  le  saponifier  en  le  chauffant  avec  de  l'eau  en  tube 
scellé  n'ont  pas  réussi.  A  120°  il  reste  inaltéré;  à  160°  il  est  complètement 
décomposé  et,  à  l'ouverture  du  tube,  on  constate  une  pression  considé- 
rable et  une  forte  odeur  d'acide  cyanhydrique;  la  partie  aqueuse  contient 
de  l'acide  oxalique. 

»  On  réussit  cependant  à  provoquer  partiellement  sa  décomposition  en 
nilroacélate  d'élhyle  et  acide  carbonique  en  traitant  une  solution  aqueuse 
du  sel  de  potassium  par  la  potasse  caustique  à  chaud. 

i>  On  laisse  tomber  goutte  à  goutte  une  solution  aqueuse  de  1  molécule  de  potasse 
dans  une  solution  aqueuse  bouillante  de  i  molécule  de  sel  de  potassium  du  nitroma- 
lonate d'éthyle.  Quand  toute  la  potasse  est  ajoutée  on  maintient  l'ébullition  pendant 
quelques  minutes  puis  on  refroidit  et  neutralise  par  l'acide  chlorliydrique  dilué.  Il  se 
dégage  de  l'acide  carbonique  et  il  se  dépose  une  huile  faiblement  colorée  en  jaune 
qu'on  rassemble  à  l'éther  et  distille  dans  le  vide.  La  portion  qui  passe  à  90°-!  10°  sous 
jQinm  gsi  rectifiée  à  nouveau  et  l'on  obtient  ainsi  un  liquide  incolore  passant  à  go^-gS" 
qui  a  été  caractérisé  par  son  sel  ammoniacal  préparé  en  faisant  passer  un  courant 
d'ammoniac  dans  sa  solution  éthérée. 

»  Ce  sel,  recristallisé  dans  l'alcool  méthylique  chaud,  se  présente  sous 
forme  de  paillettes  blanches  identiques  au  sel  ammoniacal  du  nitroacétate 
d'éthyle  que  nous  avons  déjà  décrit. 

»  Son  analyse  répond  à  la  formule  C'H"'Az-0\  La  quantité  de  nitro- 
acétate d'éthyle  qui  se  forme  dans  cette  réaction  est  toujours  faible  par 
suite  sans  doute  de  l'action  décomposante  que  la  potasse  exerce  sur  lui. 

»  Mais  l'identité  du  produit  ainsi  obtenu  avec  celui  provenant  du  dimé- 
thylacrylate  d'éthyle  ne  permet  plus  d'avoir  de  doutes  sur  la  nature  et  la 
constitution  du  composé  que  nous  avons  obtenu,  qui  constitue  donc  bien 
le  nitroacétate  d'éthyle.    » 


G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N'  17.)  l36 


(  io54  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  des  e'ihers  nitrobenzoylcyanacétiqiies 
isomériques  orlho,  mêla  et  para  et  du  chlorure  d' ortJionitrobenzoyle  cri- 
stallisé. Note  de  M.  AIavrojanms,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  série  de  Communications  présentées  à  l'Académie  des 
Sciences  ('),  M.  Haller  a  fait  connaître  une  nouvelle  classe  de  composés  à 
réaction  acide,  auxquels  il  a  donné  le  nom  d'acides  méthiniques. 

»  Parmi  ces  composés  figurent  les  élhers  acylcyanacéliques  et,  en  par- 
ticulier, les  éthers  benzoylcyanacétiques  obtenus  en  faisant  agir  le  chlo- 
rure de  benzoyle  sur  l'éther  cyanacétique  sodé. 

»  En  substituant  au  chlorure  de  benzoyle  les  chlorures  de  benzoyle 
nitrés,  j'ai  réussi  à  préparer  les  trois  éthers  orlho,  meta  et  paranitrobenzoyl- 
cyanacétiques.  Ces  corps  se  forment  d'après  la  réaction 

CAz  CAz 

/  COCl  +  Na  CH  /  CO  -  CH 

CHV  I  ^CH^C  I  +  ClNa. 

\AzO-  COOC'H^  \AzO=    COOC'H^ 

»  On  prépare  ces  éthers  en  faisant  réagir  des  quantités  équivalentes 
aux  poids  moléculaires  de  chlorures  de  nitrobenzoyle  et  d'élher  cyanacé- 
tique sodé. 

»  Nous  avons  pris  22e''  de  cyanacélate  dissous  dans  un  volume  d'alcool  absolu  et 
48'', 6  de  sodium  combiné  à  60S''  du  même  alcool;  on  laisse  le  dérivé  sodique  se  pro- 
duire, puis  on  ajoute,  en  refroidissant,  par  petites  portions,  36s''  de  chlorure  d'acide 
dissous  dans  60»''  d'élher  anhydre.  On  chaulTe  légèrement  au  réfrigérant  ascendant 
jusqu'à  ce  que  le  liquide  offre  une  réaction  franchement  acide  et  Ton  distille  pour 
enlever  l'éther  et  l'alcool. 

»  Le  résidu  est  agité  vivement  par  une  solution  de  carbonate  de  soude  à  jV;  il  se 
précipite  une  huile  qui  ne  larde  pas  à  cristalliser  et  qu'on  sépare  par  filtration.  C'est 
le  nitrobenzoate  d'éthyle,  qui  se  forme  toujours  en  assez  grande  quantité  par  réaction 
du  chlorure  d'acide  sur  l'alcool,  concurremment  avec  le  produit  cyané.  La  liqueur 
alcaline  filtrée  est  acidifiée  par  l'acide  sulfurique  en  léger  excès;  le  liquide  se  trouble 
et  il  se  forme  de  petites  gouttelettes  d'une  iiuile  rougeâtre,  qui  se  rassemblent  au  fond 
du  vase  et  cristallisent  plus  ou  moins  rapidement.  On  essore  le  précipité,  on  le  lave 
avec  un  peu  d'eau  et  on  le  fait  cristalliser  soit  dans  l'éther,  soit  dans  l'alcool. 


(')   Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  \[\i\  l.  Cl,  p.  1270;  t.  CV,  p.  169. 


(   io55  ) 

><  Les  cristaux  ainsi  obtenus  sont  les  éthers  nitrobenzoyicyanacétiques. 
Leurs  solutions  alcooliques  présentant  une  réaction  franchement  acide. 
Les  persels  de  fer  les  colorent  lentement  en  rouge,  réaction  qui,  ainsi  que 
l'a  montré  M.  Haller,  est  générale  pour  celte  classe  de  composés.  Ils  ont 
une  saveur  amère  1res  prononcée. 

»  Chlorure  d' orlhonilrohenzoyle .  —  Ce  composé  a  été  préparé  suivant  la 
réaction  classique.  Il  est  décrit  sous  la  forme  d'une  huile  rougeàtre,  ren- 
fermant encore  de  l'oxychlorure  de  phosphore,  cristallisant  seulement  à 
basses  températures  et  se  décomposant  avec  explosion  à  son  point  d'ébul- 
lition,  même  dans  le  vide;  il  est  donc  impossible  de  le  distiller.  Pour  le 
purifier,  je  le  débarrasse  le  plus  possible  de  POCP  en  le  soumettant  à 
plusieurs  chauffes  successives  en  ayant  soin  de  ne  pas  dépasser  ioo°  sous 
une  pression  de  5o""".  Dans  ces  conditions,  presque  tout  l'oxychlorure  de 
})hosphore  distille,  et  il  reste  un  résidu  brun  qui  cristallise  lentement. 
On  lave  les  cristaux  à  l'étlier  de  pétrole,  on  essore  et  l'on  reprend  par  la 
ligroïne.  En  chassant  cette  ligroïne  par  distillation,  on  obtient  des  cristaux 
incolores  qui  brunissent  un  peu  à  l'air.  Ce  corps  fond  à  24°-25";  assez 
stable  à  froid,  il  se  décompose  par  l'eau  chaude  en  H  Cl  et  acide  nitroben- 
zoïque.  Cette  propriété,  les  résultats  de  l'analyse  et  l'obtention  de  l'orlho- 
nitrobenzoylcyanacétate  d'éthyle  démontre  que  ce  corps  est  bien  le  chlo- 
rure d'orthonitrobenzoyle. 

»  Orlhonitrohenzoylcyanacèlale  d'élhyle.  —  On  le  débarrasse  complè- 
tement de  l'huile  qui  le  souille,  par  des  cristallisations  réj)étées  dans 
l'éther;  on  obtient  ainsi  de  petits  cristaux  prismatiques  fondant  à  89", 
presque  insolubles  dans  l'eau,  peu  solubles  dans  l'éther,  la  ligroïne,  le  sul- 
fure de  carbone,  la  benzine,  très  solubles  dans  l'alcool. 

»  Mètanitrobenzoylcyanacèlale  d'élhyle.  —  Ce  nouveau  composé  purifié 
par  des  cristallisations  dans  l'alcool  à  gS"  à  chaud  se  présente  sous  forme 
de  fines  aiguilles  soyeuses,  presque  insolubles  dans  l'eau,  peu  solubles  dans 
l'alcool  à  froid,  l'éther,  la  benzine,  le  chloroforme.  Il  fond  à  110°. 

»  Paraniirobenzolcyanacétale  d'élhyle.  —  En  le  faisant  cristalliser  dans 
l'alcool  à  chaud,  on  obtient  de  fines  aiguilles  soyeuses,  blanches,  peu 
solubles  dans  l'éther,  la  benzine,  la  ligroïne,  l'alcool  à  froid,  presque 
insolubles  dans  l'eau.  Il  fond  à  i58°. 

»  Nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude  de  ces  éthers  et  de  leurs 
sels,  et  nous  avons  en  particulier  l'intention  de  les  réduire  et  de  les  sou- 
mettre à  l'action  de  l'eau  bouillante  pour  obtenir  les  cyanacétophénones 
nitrés.    » 


(  io56  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Nouvelle  réaction  de  la  saccharine  {sulfimide 
benzoïque).  Note  de  M.  Alex.  Leys,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Prenons  des  solutions  très  étendues  de  sels  de  cuivre  dont  l'élément 
électronégatif  est  un  acide  minéral,  le  sulfate  ou  le  clilorure  par  exemple, 
et  ajontons-y  une  faible  proportion  d'eau  oxygénée;  l'application  de  la 
chaleur  à  un  pareil  milieu  ne  semble  pas  l'influencer  et  il  garde  sa  teinte 
primitive.  Mais  si  avant  le  chauffage  on  laisse  tomber  dans  le  mélange  une 
petite  quantité  d'un  corps  organique  en  solution  aqueuse,  en  poursuivant 
l'opération  il  se  produit,  dans  certains  cas,  un  phénomène  très  caractéris- 
tique. En  effet,  les  substances  présentant  dans  leur  structure  une  chaîne 
fermée  à  liaisons  éthvléniques,  et  celles-là  seules  donnent,  dans  ces  condi- 
tions, une  coloration  brune  excessivement  intense  avec  formation  d'un 
précipité  de  même  couleur.  Ce  précipité  renferme  une  très  faible  propor- 
tion de  cuivre. 

»  Pour  répéter  celle  expérience,  on  additionnera  lo'^'^  d'une  solution  à  peine  colorée 
de  sulfate  de  cui\Te  de  2  à  3  gouttes  d'eau  oxygénée  à  10  volumes  et  de  i"  de  solution 
du  corps  organique  et  l'on  chauffera.  En  opérant  ainsi,  nous  avons  obtenu  la  colora- 
lion  brune  avec  le  benzène,  le  pyrrol,  le  tiophène,  le  furfurol,  l'anlipyrine,  les  acides 
benzoïque  et  cinnamique,  la  saccharine,  l'acétanilide,  le  chlorhydrate  d'orthophény- 
lènediannine  et  toute  la  série  des  phénols  et  des  acides  phénols.  Au  contraire,  l'alcool, 
l'acide  acétique,  l'acide  lactique,  la  saccharose,  l'acétate  d'allyle,  l'acide  fumarique, 
le  menthol,  le  lérébenthène  n'y  produisent  aucun  changement  de  coloration. 

»  Parmi  tous  les  corps  que  nous  venons  d'énumérer,  la  saccharine 
nous  intéressait  particulièrement  :  aussi  est-ce  sur  elle  que  nous  avons 
continué  l'étude  de  la  présente  réaction. 

»  La  formation  des  corps  bruns  que  nous  venons  de  signaler  est  entravée  par  la 
présence^  au  sein  du  milieu,  d'un  acide  minéral  libre.  Cependant,  en  tâtonnant,  nous 
sommes  arrivé  à  en  mettre  une  quantité  assez  faible  pour  ne  pas  empêcher  le  brunis- 
sement, mais  pour  le  modérer  au  point  de  n'avoir  qu'une  teinte  jaune.  Dans  ces  con- 
ditions, en  opérant  avec  une  eau  oxygénée  très  faible  et  en  laissant  le  milieu  reprendre 
lentement  la  température  ambiante,  on  obtient  une  coloration  violette  très  perceptible 
en  y  laissant  tomber  une  ou  deux  gouttes  de  perchlorure  de  fer  dilué.  Il  y  a  donc  for- 
mation d'un  acide  oxybenzoïque  et  par  là  même  un  moyen  de  caractériser  la  sac- 
charine. 

»  Malheureusement,  la  réaction  ainsi  présentée  était  délicate  et  très  incommode; 
<lans  le  cours  de  noire  étude,  nous  sommes  parvenu  à  la  simplifier  considérablement. 


(  io57  ) 

Nous  évitons  le  brunissement  sans  aciduler  pour  cela  en  opérant  à  froid  en  présence 
d'une  eau  oxygénée  extrêmement  diluée  et  en  remplaçant  l'élévation  de  température 
par  un  contact  prolongé.  Quant  au  sel  de  cuivre,  nous  avons  reconnu  que  l'on  pouvait 
le  remplacer  avantageusement  par  le  perclilorure  de  fer.  En  eflFet,  ce  dernier,  en  pré- 
sence d'eau  oxygénée  et  en  opérant  à  chaud,  donne  également  des  corps  brun  foncé 
avec  les  composés  cycliques  et,  pour  une  action  lente,  à  froid,  il  paraît  plus  actif. 
Il  sert  donc  à  la  fois  comme  fixateur  d'oxygène  et  comme  provocateur  de  la  coloration 
violette  par  sa  combinaison  avec  l'acide  oxybeiizoïque  formé. 

))  Celle  réaction  avec  les  simplificalions  que  nous  venons  d'indiquer  est 
très  sensible  et  l'on  obtient  une  coloration  nette  avec  i'^^"  de  saccharine  à 
condition  que  celte  dernière  soit  le  seul  corps  organique  du  milieu  réagis- 
sant. 

M   Voici  notre  façon  d'opérer  : 

)i   Nous  préparons  deux  solutions  A  et  B. 

»  A.  Solution  de  perclilorure  de  fer.  —  Préparée  en  versant  2'^'=  de  per- 
chlorure  de  fer  à  3o°  Baume  dans  un  ballon  de  loo*^"^  et  complétant  avec 
de  l'eau. 

»  B.  Eau  oxygénée  à  o''°\o!i.  —  Préparée  en  versant  i*^*^  d'eau  oxygénée 
à  10^°'  dans  un  ballon  de  200"  et  complétant  avec  de  l'eau. 

')  Mettons  dans  un  tube  à  essais  5*^"  d'une  solution  de  saccharine  au  j-j^ 
ajoutons-y  2  gouttes  de  perchlorure  de  fer  A  puis  2'^'^  d'eau  oxygénée  B;  au 
bout  de  trente  à  quarante-cinq  minutes,  il  se  développera  une  coloration 
violette  très  apparente  et  qui  se  maintiendra  des  semaines  si  l'eau  oxygénée 
n'est  pas  en  excès.  « 


li.nPLOl     Uli    LA    Rt.VCTlO.N    PRÉCÉDENTE    POUR    LA    KFXflERCHI':    DE    LA    SVCCHARINE 
DANS    LES    PRODUITS    DE    LAITERIE. 

«  Extraction  de  la  saccharine  du  lait.  —  On  prépare  une  solution  de  bisulfate  de 
potassium  à  10  pour  100,  et  à  100"  de  celle-ci  l'on  ajoute  10"  d'alcool  éthylique  à  99», 
Cette  liqueur  précipite  à  froid  toute  la  caséine  et  la  matière  grasse  sous  une  forme 
granuleuse  et  grâce  à  la  fonction  acide  du  bisulfate  son  alcool  retient  en  solution  toute 
la  saccharine  à  l'état  probable  de  sulfimide. 

»  On  verse  So"^'  de  lait  dans  1 00'-'=  de  liqueur  et  l'on  jette  sur  filtre.  Le  liquide  passe  clair. 
On  l'agite  avec  de  l'éther  sulfurique  qui,  par  son  affinité  pour  l'alcool,  retient  une 
grande  partie  de  ce  dernier  et  avec  lui  la  saccharine  qui  y  est  très  soluble.  On  sépare 
rtans  une  boule  à  décantation,  on  évapore  l'éther  et  l'on  termine  sur  une  plaque 
chauffante  à  90°,  jusqu'à  dessiccation  complète.  On  reprend  à  l'ébullition  par  5'='^  d'eau 
distillée  et  après  refroidissement  on  examine  la  saveur  du  liquide.  Quand  il  présente 
un  goût  sucié,  on  le  fait  passer  dans  un  tube  à  essai,  on  ajoute  2  gouttes  de  perchlorure 


(  io58  ) 

de  fer  A,  puis  2"  d'eau  oxygénée  B  et  Ion  abandonne  le  tout  pendant  une  demi-heure. 
La  teinte  violette  se  développe  lentement. 

»  Extraction  de  la  saccharine  du  beurre.  —  On  fait  un  mélange  à  volumes  égaux 
de  chloroforme  et  d'alcool  à  99°,  dans  lequel  on  dissout  le  beurre  tel  qu'il  se  présente 
pour  la  vente.  On  ajoute  le  double  de  son  volume  d'eau  distillée,  on  agite  et  l'on  verse 
dans  une  boule  à  décantation.  Le  chloroforme  gagne  le  fond,  entraînant  la  matière 
grasse,  et  la  solution  alcoolique  qui  surnage  contient  la  saccharine.  On  l'évaporé  comme 
précédemment  et  l'on  termine  d'une  façon  identique. 

»  Notre  méthode  de  caractérisation  doit  laisser  toute  certitude  à  l'ana- 
lyste. 

»  S'il  opère  suivant  nos  prescriptions,  l'addition  préalable  de  perclilo- 
rure  de  fer,  en  donnant  une  coloration,  l'avertira  de  suite  de  la  présence 
d'un  corps  phénolique  à  la  place  delà  saccharine  de  même  qu'un  précipité 
blanc  très  apparent  et  immédiat  lui  fera  soupçonner  la  présence  d'un  acide 
aromatique  comme  l'acide  benzoïque,  cinnamique  ou  autre. 

»  On  peut  donc  affirmer  la  présence  de  la  saccharine  lorsque  le  produit 
de  l'extraction  à  l'élher,  repris  par  l'eau,  offre  un  goût  sucré  et  que,  limpide 
et  non  coloré  après  addition  de  perchlorure,  il  donne  une  coloration  vio- 
lette par  l'eau  oxygénée  très  diluée.    » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  migration  des  matières  azotées  et  des  matières 
ternaires  dans  les  plantes  annuelles.  Note  de  M.  G.  André. 

«  La  formation  ainsi  que  la  migration  des  matières  azotées  et  des  ma- 
tières ternaires  dans  une  plante  annuelle,  étudiées  maintes  fois  par  de 
nombreux  expérimentateurs,  présentent  plusieurs  particularités  intéres- 
santes à  signaler  sur  lesquelles  je  demande  la  permission  de  revenir.  J'ai 
pris  comme  types  le  Sinapis  alba,  plante  à  végétation  rapide,  à  graine 
oléagineuse,  et  le  Lupinus  albus,  plante  à  végétation  moins  rapide,  à  graine 
mixte,  riche  en  azote.  Les  échantillons,  prélevés  à  divers  moments  de  la 
végétation,  ont  été  traités  successivement  par  l'éther  de  pétrole,  puis  par 
l'alcool  à  60  degrés  tiède,  lequel  dissout  les  hydrates  de  carbone  solubles; 
ceux-ci  ont  été  calculés  en  glucose  à  partir  de  la  matière  supposée  privée 
dégraisses.  La  partie  demeurée  insoluble  après  ce  traitement  a  été  chauffée  à 
100°  pendant  dix-huit  heures  avec  de  l'acide  sulfurique  à  2  pour  100.  C'est 
au  produit  soluble  obtenu  dans  ces  conditions  que  je  donne  le  nom 
d'hydrates  de  carbone  saccharijiahles,  lesquels  comprennent  les  pentosanes, 
l'amidon,  les  hémicelluloses;  je  les  ai  calculés  en  glucose.  Le  résidu  inso- 


(   io-%  ) 
lubie  a  été  traité  par  la  liqueur  de  Schweizer.  Il  reste  finalement  une  ma- 
tière, souvent  fort  abondante,   sur  laquelle  je  reviendrai  dans  une  pro- 
chaine Communication.  Je  ne  parlerai  aujourd'hui  que  des  variations  de 
l'azote  et  de  celles  des  matières  sucrées  solubles  dans  l'alcool  étendu. 


Dcbuls  de  la  floraison,  Floraison,  Fin  de  la  floraison, 

„-  ti  juin. aSJuin.  25  juillet. 

Sinapis  alba.  S   "  c   5  o 

Pour  100  de  matière  sèche 2a«~'e'  «  »  £  ui  ®  S  o  «;  o 

t^    °  rz   n  SI  o  —  a  o  —  g  a  S  = 

c 

Azote  total 5,25  4i59  1,23  2,63  4i43  0,98  1,18  4j08  4>94  0,64  o,45 

Azote  amidé  soluble t,66  i,o3  o,45  1,04  1,10  o,3i  o,3o  0,69  i,35  o,n  0,06 

Matières  grasses 22,22  2,i5  o,65  3,65  1,62  0,62  0,89  4i'5  3,32  o,3r  1,23 

Hydrates    de    carbone    solubles 

dans  l'eau  (cale,  en  glucose). .  5,87  1,37  0,49  8,4o  4>67  o  1,68  2,90  2,98  1,07  1,94 
Hydrates   de   carbone    sacchari- 

fiables  (calculés  en  glucose).  7,43  i3,i5  22,79  14,69  9,93  27,01  32,21  0,78  12,02  25,74  26,271    -2 

Cellulose  insoluble 8,67  10,34  25,89  16,10  io,44  26,25  20,52  9,66  i3,8o  27,89  23, 14 

Vasculose o  1,44  i3,39  l^,■l1  i,5i  17,24  15,97  2,28  5,4i  27,16  20, 55 

Avant  floraison.  Début  de  la  floraison.  Maturation, 

„-  6  juin.  iTJuin.  isjuillet. 

,   ^  2  ^         '^        ^^_^^^  ^    -^     -^        —  ^^^H 

Lupinus  albus.  S  ^  a  'S  S 

_  .E—  ®3-  ■/  .0. 

Pour  100  de  matière  sèche S*^®»®  *  "  ®  «  ®  S  S  «  S 

■j»!"-         s        =        1        %        =        %        s        s        = 

S 

Azote  total G, 02  3,28  i,56  1,87  3,39  1,34  1,11  3,96  2,66  i,35  1,11  3,49 

Azote  amidé  soluble 3,44  '.oo  o,45  o,58  1,02  o,i3  o,53  0,80  1,22  0,47  o,53  0,24 

Matières  grasses 9,36  1,75  0,64  0,97  1.91  0,59  0,79  2,14  1,28  0,34  0,54  1,42 

Hydrates   de   carbone    solubles 

dans  l'eau  (cale,  en  glucose)..  5,96  7,27  4,94  9, ,53  6,74  6,32  8,5i  5,09  5,o5  9,71  12,74  7,56 
Hydrates  de  carbone    sacchari- 

fiables  (calculés  en  glucose).  19,83  16,79  '8,09  22,74  17,25  21,94  21,11  i3,23  22,63  23,29  21,34  ".^g 

Cellulose  insoluble i4,2i  18,90  18,92  21, 83  14, 3o  22,14  24, o5  18,57  '6,81  17,88  26,66  12,00 

»  I.  Variations  de  l'azole.  —  L'azote  que  j'appelle  par  abréviation  azote  amidé 
soluble  est  obtenu  en  traitant  l'ticliantillon  par  une  ébuliilion  de  dix  minutes  avec  de 
l'eau  contenant  2  pour  100  d'acide  acétique.  La  partie  soluble  comprend  l'asparagine 
et  amides  congénères  et  quelques  matières  azotées  plus  complexes  qui  se  sont  solubi- 
lisées dans  ces  conditions.  L'azote  de  ces  matières  est  évidemment  plus  mobile  que 
celui  qui  demeure  insoluble,  et  cette  distinction,  même  sommaire,  permet  d'établir 
plusieurs  rapprochements  entre  la  migration  simultanée  des  matières  azotées  et  celle 
des  matières  ternaires. 

»  Chez  le  Sinapis,  l'azote  amidé  soluble,  au  moment  de  la  première  prise  d'échan- 
tillon, vingt-quatre  jours  après  le  semis,  représente  moins  du  quart  de  l'azote  total 
dans  l'ensemble  de  la  plante.  Onze  jours  plus  tard,  dans  la  plante  entière,  il  est  envi- 
ron le  tiers  de  cet  azote  total  :  plus  abondant  dans  la  tige  (|  de  l'azote  total)  que  dans 


2,22 
1.09 

2,47 

22,65 

i5,8i 
11,75 


3,65 
1,68 
0,61 

7,63 

22,42 
1 1 ,  57 


(   io6o  ) 

la  racine  (|)  et  que  dans  la  feuille  ({).  Au  moment  de  la  floraison  (28  juin),  sa  quantité 
absolue  diminue;  il  ne  représente,  dans  la  plante  totale,  que  28,7  pour  100  de  l'azote 
total.  Il  figure  dans  la  racine  pour  i  de  l'azote  total  de  cette  partie  de  la  plante,  pour 
i  dans  la  tige,  pour  J  dans  la  feuille,  et  il  se  dirige  vers  les  inflorescences  où  il  eslles 
^  de  l'azote  total.  A  la  fin  de  la  floraison  (25  juillet),  il  est  de  nouveau  fort  abondant 
dans  la  plante  totale  (ï=^).  U  quitte  la  racine  et  la  tige  et  représente  la  moitié  de 
l'azote  total  dans  les  fruits. 

»  Chez  le  Lupin  blanc,  l'azote  amidé  soluble  est,  à  la  première  prise  d'échantillon, 
le  tiers  environ  de  l'azote  total  dans  l'ensemble  de  la  plante.  A  la  deuxième  prise,  dix- 
neuf  jours  plus  tard  et  avant  la  floraison,  il  représente  encore  le  tiers  de  cet  azote, 
avec  prépondérance  dans  la  tige  (42)3  pour  100)  comme  dans  le  cas  du  Sinapis.  A  la 
troisième  prise,  onze  jours  plus  tard,  et  au  début  de  la  floraison,  il  représente  29,5 
pour  100  de  l'azote  total.  Son  maximum  est  encore  dans  la  tige  (47)7  pour  100);  les 
inflorescences  en  contiennent  45,8  pour  100.  Il  est  peu  abondant  dans  la  racine  (-nr)' 
plus  abondant  dans  la  feuille  (i).  A  la  fin  de  la  floraison  et  au  début  de  la  maturation 
(18  juillet),  il  est  les -j^  de  l'azote  lotal,  avec  maximum  dans  la  tige  (47-7  pour  100) 
et  dans  les  fruits  (44,6  pour  100).  Le  feuilles  en  renferment  très  peu  (7  pour  100), 
mais  la  racine  en  contient  34,8  pour  100,  ce  qui  montre  la  continuation  de  l'activité 
du  travail  d'assimilation  azotée  chez  les  tubercules  radicaux  de  cette  plante. 

»  En  somme,  la  migration  de  l'azote  chez  le  Lupin  se  fait  à  peu  près  de  même 
façon  que  chez  le  Sinapis:  toutefois,  la  racine  et  la  tige  de  la  première  de  ces  plantes 
contiennent  de  l'azote  amidé  soluble  en  forte  proportion,  même  pendant  la  maturation 
des  fruits. 

»  II.  Variations  des  matières  ternaires.  Sucres  solubles  dans  l'alcool  étendu.  — 
Les  matières  sucrées  que  l'on  peut  extraire  par  l'alcool  tiède  à  60  pour  100  ne  sont  que 
des  matières  transitoires.  Elles  préexistent  déjà  dans  la  graine  (6  pour  100  environ  de 
la  matière  sèche  dégraissée).  On  peut  supposer  que,  pendant  le  premier  développe- 
ment du  Sinapis,  une  partie  de  ces  matières  sucrées  provient  de  l'oxydation  de  la  ma- 
tière grasse,  si  abondante  dans  la  graine  (22,22  pour  100)  et  qui  disparait  ensuite  avec 
les  progrès  de  la  végétation.  Dans  les  racines,  les  tiges,  les  feuilles  de  celte  même 
plante,  il  y  a  décroissance  de  la  quantité  de  ces  matières  sucrées  à  mesure  que  la  végé- 
tation avance,  alors  que,  chez  le  Lupin,  ces  sucres  augmentent  continuellement  avec 
plus  ou  moins  de  régularité,  pendant  tout  le  développement  du  végétal.  Le  Lupin  est 
d'ailleurs  beaucoup  plus  riche  en  eau  que  le  Sinapis  au  même  état  de  développement. 
A  l'époque  de  la  maturation,  j'ai  trouvé,  dans  les  fruits  du  Sinapis,  2,47  pour  100  de 
sucres  solubles,  alors  que  les  matières  grasses  figurent  déjà  pour  9,71  pour  100.  Chez 
le  Lupin,  à  la  même  époque,  les  gousses  renferment  7,68  pour  100  de  sucres  solubles, 
les  matières  grasses  sont  encore  peu  abondantes  (0,61  pour  100);  la  Iransformalion 
des  hydrates  de  carbone  en  graisse  est  donc  peu  avancée.  Il  est  probable  que  la  ma- 
tière grasse  de  la  graine  se  forme  aux  dépens  de  ces  hydrates  de  carbone  solubles 
transitoires.  Cette  formation  est  sans  doute  assez  rapide  pour  que,  chez  \e  Sinapis, 
ces  matières  sucrées  n'aient  pas  le  temps  de  s'accumuler. 

»  Je  donnerai  prochainement  la  suite  de  celle  étude  et  j'examinerai  la  variation  des 
hydrates  de  carbone  saccharifiables,  de  la  cellulose  et  de  la  vasculose.  » 


(    io6i   ) 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  Voandzou.  Note  de  M.  Balland. 

«  Le  Voandzou  [Glycine  on  Voandzia  sabterranea)  est  une  légumineuse 
annuelle,  originaire  de  l'Afrique  intertropicale  où.  sa  culture,  par  les 
nègres,  est  aujourd'hui  très  répandue.  Elle  est  moins  commune  dans  l'Asie 
méridionale  et  il  ne  semble  pas  qu'on  la  pratique  beaucoup  en  Aipérique 
si  ce  n'est  au  Brésil  oii  le  Voandzou  se  nomme  Manduhi d' Angola  (A.  de  Can- 
DOLLE,  Origine  des  plantes  cultivées). 

»  Le  fruit  du  Voandzou  est  une  gousse  à  un  grain  qui  mûrit  dans  le  sol, 
comme  l'Arachide.  L'échantillon  que  j'ai  examiné  vient  du  poste  de  Ban- 
gasso,  dans  leHaut-Oubangui;  il  figurait  à  la  dernière  Exposition  de  Paris, 
parmi  les  produits  du  Congo,  sous  le  nom  de  Haricot-Pistache.  Les  graines, 
plus  ou  moins  ovoïdes,  présentent  des  marbrures  noires  sur  un  fond  rouge 
foncé;  l'ombilic  est  blanc,  non  cerclé  de  noir,  comme  dans  la  plupart  des 
haricots.  Elles  donnent  une  farine  très  blanche,  à  saveur  de  légumineuse; 
mais,  après  cuisson  dans  l'eau,  la  saveur  rappelle  absolument  la  châtaigne. 

»  La  décorlication  fournit  8  pour  loo  d'enveloppés,  c'est-à-dire  la  même 
proportion  que  nos  haricots  intligènes. 

"  Le  poids  des  graines  varie  entre  oS',35  et  i^',  lo;  celui  des  gousses 
entre  o8%64  et  is',62. 


Composition  des  gousses. 

Graines 68 

Cosses 82 


100 


Composition  des  graines. 

Amandes c)2 

Enveloppes 8 


Analyse  des  graines  {amande  et  enveloppe). 

Eau 

Matières  azotées 

»         grasses 

))         amylacées 

Cellulose  résistante 

Cendres ■. 


9,80 

18,60 

6,00 

58, 3o 

4,00 

3,3o 

100,00 


»  En  admettant  avec  les  physiologistes  qu'il  faille  chaque  jour,  pour  ré- 
parer les  pertes  subies  par  l'organisme  humain  :  i2oS''à  iSo^""  de  matière 
azotée,  Sô^'"  de  graisse  et  5oo^''  d'hydrates  de  carbone,  on  voit,  même  en 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  17.)  I  87 


(    loG?.   ) 

tenant  compte  des  coefficients  de  digestibilité,  que  l'on  retrouve  assez 
exactement  ces  éléments  dans  un  kilogramme  de  graines  de  Voandzou.  Le 
fait  est  à  signaler  :  c'est  d'ailleurs  le  premier  exemple  que  j'aie  rencontré 
d'un  produit  naturel  présentant,  au  même  degré,  les  allures  chimiques 
d'un  aliment  complet.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Contribution  à  la  recherche  microchimique 
des  alcaloïdes .  Note  de  M.  M.-E.  Pozzi-Escot.  (Extrait.  ) 

»  Nous  avons  obtenu  quelques  réactions  intéressantes,  mais  qui  ne 
nous  permettent  pas  d'indiquer  une  méthode  de  recherches  toxicologiques 
rigoureuse. 

»  Avec  la  strychnine,  Vacide  chloroplatinique  donne  des  prismes  plats  groupés  en 
étoiles  d'environ  i3o  ij;,  couleur  fleur  de  pèclier;  le  chlorure  aurirjue,  des  cristallisa- 
tions très  abondantes  de  petits  prismes  groupés  en  colonies;  Viodure  de  potassium  et 
Yiode  donnent  de  grandes  et  abondantes  gerbes  de  cristaux  d'un  vert  olive  foncé  et 
d'une  grande  netteté. 

»  Avec  la  brucine,  le  chlorure  de  platine  donne  des  prismes  barbus  étoiles  très 
petits  et  très  abondants. 

»  Avec  la  qlinine,  le  chlorure  de  platine  donne  de  petits  grains  polarisant  forte- 
ment la  lumière;  l'iode  dissous  dans  Kl,  de  petits  prismes. 

»  Avec  la  cocaïne,  le  chlorure  de  platine  donne  de  grands  cristaux  dentés  qui  sont 
des  accolades  de  bâtonnets  prismatiques;  celte  cristallisation  est  immédiate;  le  chlo- 
rure  d'or  donne  de  grands  cristaux  dentés  groupés  en  arborescences. 

Avec  la  CODÉINE,  Viodure  de  mercure  dissous  f/a«i  Kl  donne  des  rosaces  de  cristaux 
presque  noirs. 

»  Avec  I'atropine,  Viodure  de  potassium  ioduré  donne  immédiatement  des  cristaux 
pointus  accouplés  deux  à  deux  et  croisés,  d'un  beau  noir,  de  4  [J-  à  5  [j.,  très  abondants. 

»  Avec  la  morphine,  Viodure  de  potassium  ioduré  donne  des  cristallisations  en 
forme  de  tête  de  chardon.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  des  phénomènes  d'hislolyse  et  d'histogenèse  accompa- 
gnant le  développement  des  Trématodes  endoparasiles  de  Mollusques  ter- 
restres. Note  de  MAI.  C.  Vaney  et  A.  Conte,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Nous  avons  fliit  conn  litre,  en  11^99  { '_),  un  Cercaire  urodèle  parasite 
d'Hélix pomatia;  depuis  nous  en  avons  retrouvé  un  second  vivant  dans  le 

(')  Sur  un  Cercaire  (C.  pomatia;,  n.  sp.  )  parasite  d'HeVi\  pomatia  {Zoologischer 
Anzeiger,  Bd  XXII;  1899). 


(    io63  ) 

foie  des  Helix  nemoralis  et  horte/isis.  La  présence  d'une  queue  bien  déve- 
loppée chez  ces  deux  formes  montre  que  cet  appendice  ne  constitue  point 
un  caractère  spécial  des  Cercaires  de  Mollusques  aquatiques  et  que  la  clas- 
sification des  Cercaires  en  Urodèles  et  Anoures  n'est  nullement  en  rapport 
avec  le  mode  de  vie  de  leurs  hôtes. 

«  L'étude  du  développement  de  ces  deux  Cercaires,  jointe  à  celle  du 
Distomum  leptoslonium  OIsson,  parasite  (VHelix  aspersa,  et  dont  la  larve 
a  une  queue  rudimentaire,  nous  a  montré  des  phénomènes  d'histolyse  et 
d'histogenèse  rappelant  ceux  observés  chez  les  Insectes. 

»  Nos  recherches  ont  plus  particulièrement  porté  sur  le  développement  des  Cer- 
caires à'Helix  nemoralis  :  ils  se  développent  en  grand  nombre  dans  des  sporocjstes 
tubuleux,  par  bourgeonnement  de  la  jparoi  de  ceuN.-ci,  soit  seulement  à  l'extrémiié 
antérieure,  soit  en  un  point  quelconque.  Ces  bourgeons  s'accroissent  et  constituent 
d'abord  des  amas  cellulaires  très  compacts  ne  présentant  aucune  diflTérenciation.  I^uis 
la  plus  grande  partie  de  leurs  éléments  entrent  en  hislolyse  :  ils  augmentent  de  vo- 
lume, se  chargent  de  granulations  graisseuses,  et  leur  noyau  subit,  lui  aussi,  une  véri- 
table dégénérescence.  Cette  destruction  des  noyaux  se  fait  par  des  modes  divers  :  au 
début,  on  les  voit  s'hypertrophier,  s'arrondir;  leur  substance  chromatique  disparait 
et  des  granulations  de  graisse  prennent  naissance  dans  leur  intérieur;  quant  aux  nu- 
cléoles, ils  grossissent  et  peuvent  ou  subir  une  simple  dégénérescence,  ou  se  frag- 
menter, ou  s'étireren  un  boyau  qui  traversera  la  membrane  nucléaire.  Finalement,  le 
bourgeon  n'est  bientôt  plus  qu'une  masse  volumineuse,  bourrée  de  granules  graisseux 
enfermés  dans  des  travées  provenant  des  parois  cellulaires,  et  où  l'on  distingue  encore 
çà  et  là  quelques  fragments  de  noyaux.  On  ne  retrouve  plus  que  quelques  cellules  restées 
intactes.  Ces  cellules  se  groupent  presque  exclusivement  sur  une  des  faces  du  bour- 
geon, face  qui,  chez  le  Cercaire,  sera  la  face  ventrale.  Là  elles  se  multiplient  jusqu'à 
constituer  une  plaque  que  nous  appellerons  la  plaque  ventrale.  Celle-ci  va  fonctionner 
absolument  comme  un  disque  invaginal.  C'est  elle  qui,  par  prolifération,  en  cer- 
tains points,  formera  tous  les  organes  du  Cercaire.  Eu  même  temps  qu'elle  se  con- 
stitue l'on  voit  apparaître  la  ventouse  ventrale.  Plus  tard  se  forme  antérieurement  la 
ventouse  buccale.  Immédiatement  en  arrière  de  celle-ci,  des  cellules,  issues  de  la 
plaque  ventrale,  se  groupent  pour  former  le  pharynx  et  le  début  du  tube  digestif.  En 
avant  de  la  ventouse  ventrale,  un  groupe  de  cellules  donnera  l'extrémité  antérieure 
des  conduits  génitaux  et  les  organes  d'accouplement.  En  arrière,  d'autres  groupes  de 
cellules  serviront  à  l'édification  des  organes  génitaux.  Quant  à  l'appareil  excréteur,  il 
apparaît  sous  forme  d'une  invagination  se  produisant  vers  l'insertion  de  la  queue. 
Cette  dernière  subira  chez  le  Cercaire  une  dégénérescence  analogue  à  celle  que  nous 
venons  de  décrire  dans  le  bourgeon. 

»  Tous  ces  phénomènes  d'histolyse,  que  nous  avons  pu  suivre  en  détail 
par  suite  du  petit  nombre  des  éléments  des  bourgeons,  nous  permettent 
d'affirmer  qu'ils  ont  lieu  sans  qu'il  y  ait,  à  aucun  moment,  intervention  de 
phagocytose. 


(  io64  ) 

»  Ces  mêmes  faits  se  retrouvent  chez  les  deux  autres  Cercaires.  Chez  le  Cercaria 
helicis  pomatiœ  Vaney-Conte,  ils  se  présentent  avec  la  même  netteté,  sauf  de  petites 
variantes  ajant  trait  à  l'histogenèse. 

»  Chez  le  Cercaire  du  Distomam  leptostomum,  les  phénomènes  d'histolyse  et 
d'histogenèse,  qui  sont  bien  visibles,  ont  lieu  presque  simultanément  ;  de  ce  fait,  la 
plaque  ventrale  n'est  pas  aussi  nettement  difTérenciée  que  précédemment.  De  notre 
étude  comparée  il  résulte  qu'il  n'y  a  là  qu'une  simple  condensation  embryologique 
en  rapport  d'ailleurs  avec  le  mode  de  vie  de  ce  Distome.  En  effet,  le  Cercaire  du 
Distomuni  leptostomum  est  un  Cercaire  à  queue  rudimentaire,  passant  directement 
de  son  hôte  provisoire,  Y  Hélix  aspersa,  à  son  hôte  définitif,  le  Hérisson.  Le  très  peu 
de  développement  de  son  appendice  caudal  est  en  rapport  avec  son  absence  de  vie 
libre.  Chez  nos  deux  autres  Cercaires,  la  queue  est  bien  développée,  quoiqu'il  ne 
faille  pourtant  pas  en  couclure  à  une  vie  libre,  peu  en  rapport  avec  l'habitat  de  leur 
hôte.  Celte  queue,  chez  ces  deux  espèces,  disparaît  même  dans  l'hôte  provisoire;  elle 
tombe  souvent  à  l'intérieur  du  sporocyste  et  le  Cercaire  d'Belix  nemoralis  peut 
même  s'enkyster  à  l'intérieur  de  son  sporocyste.  Elle  dégénère  comme  nous  l'avons 
signalé  précédemment  et,  dans  le  kyste,  on  n'en  retrouve  plus  aucune  trace.  Toute- 
fois, chez  ces  deux  dernières  formes,  la  présence  d'un  appendice  caudal,  organe  de 
natation,  n'en  est  pas  moins  un  caractère  de  moindre  adaptation  à  la  vie  parasitaire. 
Cette  dernière  n'a  pas  encore  beaucoup  retenti  sur  leur  morphologie  et  leur  dévelop- 
pement, tandis  que,  chez  les  types  anoures,  en  même  temps  qu'elle  influait  sur  le 
développement  de  la  queue,  elle  entraînait  une  condensation  embryologique  analogue 
à  celle  que  nous  signalons  chez  le  Distomiim  leptostomum,, 

»  Toutes  ces  recherches  ont  porté  sur  des  ïrématodes  parasites  de 
Mollusques  terrestres;  nous  les  compléterons  bientôt  par  l'étude  des 
formes  parasites  de  Mollusques  aquatiques;  les  Blasenzellen  signalées  par 
Schwarze  (  '  )  dans  le  développement  postembryonnaire  de  Cercaria  armata 
V.  Sieb.,  rappellent  beaucoup  les  éléments  en  dégénérescence  que  nous 
venons  d'étudier.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'évolution  des  feuillets  blastodermiques  chez  les  tsèmatodes. 
Note  de  M.  A.  Conte,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Dans  une  Note  préliminaire  (  -}  sur  la  formation  des  feuillets  et  l'or- 
ganogénie  de  Sclerostojnum  equinum  Duj.,  nous  avons  signalé  la  disparition 
de  la  moitié  antérieure  de  l'endoderme  et  son  remplacement  par  des  élé- 
ments d'origine  eclodermique.  Nous  insistions  sur  ce  fait  que,  chez  des 


(')  W.  ScDWARZE,  Die poslembryonale  Entwicklung  der  Tremaloden  {Zeitschr. 
f.  wiss.  Zoologie,  43.  Bd;  1886). 

(^)  Comptes  rendus,  19  novembre  1900. 


(   io65  ) 

larves  très  jeunes,  les  caractères  histologiqiies  de  l'intestin  étaient  très  dif- 
férents de  ceux  observés  dans  l'œuf  et  nous  admettions  l'existence  d'un 
intestin  de  seconde  formation  dont  nous  ne  pouvions  alors  préciser  l'ori- 
gine. Nous  avons  poursuivi  ces  recherches  en  les  étendant  à  deux  autres 
espèces  vivipares,  le  ÇucuUanus  elegans  Zed.  et  la  Filaire  de  la  grenouille 
verte. 

»  Chez  Cucullanus  elegans,  l'œuf  est  très  U-ansparenl;  la  segmenlatlon  aboutit  à 
une  blaslula  qui,  en  cou(3e  longitudinale,  offre  une  paroi  de  neuf  blasiomères  ;  sa 
cavité  de  segnaenlalion  est  très  réduite,  l^ar  invagination  pénètrent  dans  le  blaslocœle 
les  initiales  endoderrniques  et  mésoderiniques.  Puis  les  feuillets  s'accroissent,  mais 
très  inégalement  :  l'ecloderrae  se  développe  le  premier,  et  c'est  son  grand  développe- 
ment qui  a  conduit  Butschli,  dans  un  examen  extérieur  de  l'embryologie  de  celte 
espèce,  à  considérer  comme  une  gastrulation  enibolique  ce  qui  nest  en  réalité  qu'un 
reploiement.  Il  n'a  point  vu  les  deux  autres  feuillets,  qui  ne  sont  guère  encore  repré- 
sentés que  par  leurs  initiales.  Dans  la  région  antérieure  se  forment  des  proliférations 
analogues  à  celles  que  l'on  voit  se  produire  au  même  point  chez  Sclerostomitin 
equinum. 

»  A  ce  stade  les  cellules  de  la  couche  superficielle  de  l'embryon  commencent  à 
entrer  en  régression  et  subissent  une  dégénérescence  totale.  Pendant  ce  temps  l'endo- 
derme se  développe  et  forme  un  archentéron  composé  de  deux  rangées  de  grosses 
cellules.  Ces  dernières  ne  tardent  pas  à  subir  une  dégénérescence  analogue  à  celle  des 
cellules  eclodermiques  et  rappelant  ce  que  Reichenbach  a  décrit  dans  le  développe- 
ment d'ylifrtCMi  y7w('j(7<<7ii.  11  ne  reste  bientôt  plus  que  des  parois  cellulaires.  Dans 
cette  dégénérescence,  le  noyau  s'arrondit,  la  substance  chromatique  disparaît,  le  nu- 
cléole se  gonfle,  finalement  la  membrane  nucléaire  et  le  nucléole  disparaissent  à  leur 
tour.  Pendant  que  s'accomplit  cette  dégénérescence  de  tout  l'endoderme,  le  méso- 
derme s'est  développé  sous  forme  de  deux  bandes  ventrales.  C'est  là  le  mode  de  for- 
mation du  mésoderme  chez  tous  les  Nématodes  que  nous  avons  étudiés  et  Butschli  a 
été  induit  en  erreur  par  les  proliférations  eclodermiques  antérieures  dont  nous  avons 
parlé. 

»  Les  bandes  mésodermiques  à  un  moment  de  leur  évolution  présentent  chacune 
deux  lames  bien  distinctes.  Ce  mésoderme  ne  tarde  pas  à  envelopper  complètement 
l'endoderme,  un  certain  nombre  de  ses  éléments  s'appliquent  sur  ce  dernier  feuillet; 
là  ils  prolifèrent  et  ce  sont  eux  qui  constituent  la  paroi  intestinale.  Dans  une  coupe 
longitudinale  d'une  larve  sur  le  point  d'éclore,  on  ne  trouve  que  deux  feuillets  :  un 
feuillet  externe  et  un  interne  constituant  le  tube  digestif. 

»  Dans  la  région  antérieure  persistent  des  éléments  résultant  des  proliférations  et 
constituant  le  système  nerveux  et  l'œsophage.  Ainsi  chez  le  Cucullanus  elegans  nous 
assistons  à  une  disparition  totale  de  l'endoderme  et  une  disparition  partielle  de 
l'ectoderme. 

»  Nous  avons  trouvé  des  faits  analogues  chez  notre  Filaire.  Là,  par  suite  d'une  con- 
densation embryogénique  intense,  le  mésoderme  acquiert  très  vite  un  grand  dévelop- 
pement,  ses  éléments  entourent  les  quelques  cellules  endoderrniques  et  celles-ci  ne 


(   io6G  ) 

tardent  pas  à  présenter  une  dégénérescence  identique  à  celle  dont  nous  avons  parlé. 
»  Chez  Sclerostonium  equinum  nous  avons  pu,  grâce  à  des  coupes  très  fines,  étu- 
dier des  œufs  voisins  du  stade  d'éclosion  :  nous  y  avons  retrouvé  des  cellules  endoder- 
miques  offrant  les  mêmes  caractères  de  dégénérescence  et,  appliqués  sur  ces  cellules, 
de  petits  éléments  cellulaires  que,  par  homologation  avec  les  deux  autres  espèces, 
nous  considérons  comme  mésodermiques.  Ce  sont  ces  éléments  qui  constituent  l'in- 
testin définitif  dont  nous  avons  signalé  la  dilTérence  de  structure  histologique  avec 
l'intestin  embryonnaire. 

»  Ainsi,  chez  ces  trois  espèces  de  Nématodes  vivipares,  nous  constatons 
une  disparition  plus  ou  moins  importante  de  l'ectoderme  et  une  disparition 
totale  de  l'endoderme.  Le  tube  digestif  de  l'adulte  est  formé,  d'une  part 
par  des  éléments  ectodermiques  constituant  l'œsophage,  d'autre  part  par 
des  éléments  mésodermiques  formant  l'intestin.  Dans  tous  ces  cas,  la 
cavité  générale  est  limitée  par  deux  feuillets  d'origine  mésodermique.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  sous-famille  (V Hémiptères  marins,  les  Her- 
matobatinae.  Note  de  MM.  II.  Coutière  et  J.  Martin,  présentée  par 
M.  Perrier. 

«  L'un  de  nous  a  recueilli  à  Djibouti  (Afrique  orientale)  un  nouvel 
Hémiptère  marin,  appartenant  au  remarquable  genre  Herm.atobates  Car- 
penter,  jusqu'ici  représenté  par  une  unique  espèce,  //.  Haddoni  C^r^enler , 
provenant  du  détroit  de  Torrès  (P*^  Haddon).  Nous  proposons  pour  la 
nouvelle  espèce  le  nom  de  H.  Djibouiensis. 

»  D'autre  part,  les  collections  du  Muséum  nous  ont  offert,  parmi  des 
matériaux  rapportés  des  Philippines  par  M.  Marche,  plusieurs  spécimens 
assez  différents  des  précédents  pour  que  nous  ayons  dû  en  faire  le  type 
d'un  nouveau  genre,  Hermatobatodes ,  représenté  par  l'unique  espèce 
H.  Marchei.  L'étude  de  ces  diverses  formes  nous  a  conduits  à  les  réunir  en 
une  sous-famille  particulière,  celle  des  Hermatobatinœ . 

»  Les  Hémiptères  vivant  à  la  surface  des  eaux  marines,  réunis  d'abord 
dans  le  genre  Balobates  Eschkoltz,  se  sont  accrus  depuis  des  genres 
Uymcnobates  Uhler  et  MelrocorisMixyv  {Balobalodes  B.  White).  Ce  dernier, 
vivant  surtout  sur  les  eaux  saumàtres  des  estuaires  et  des  lagunes,  ou  près 
des  rivages,  conduit  à  des  formes  telles  que  les  Bracliymetra  Mayr,  Metro- 
bates\]\\\&T,  Platygerris  B.  White,  Trepobates  Lhler,  Climarrhometra  et  Pola- 
momelra  Blanchi,  toutes  limnophiles.  L'ensemble  constitue  la  sous-famille 
des  Halobatinœ,  rameau  de  la  famille  des  Gerridœ. 


(  '067  ) 

»  La  ressemblance  extérieure  assez  grande  avec  les  Halobates  que  pré- 
sentent les  trois  espèces  de  la  nouvelle  sous-famille  est  due  uniquement  à 
des  faits  de  convergence  adaptative.  Les  uns  et  les  autres  ont  le  corps 
couvert  d'une  fine  pubescence  permettant  la  submersion  momentanée;  les 
ailes  sont  absentes,  les  membres  présentent  des  dispositions  générales 
comparables,  l'abdomen  est  très  réduit  chez  les  adultes. 

»  Les  Hermatobadnœ  présentent,  au  contraire,  des  affinités  très  grandes 
avec  la  famille  des  Veliidœ.  Celle-ci  comprend,  comme  celle  des  Gerridœ, 
de  nombreux  genres  habitant  les  eaux  douces,  Velia  Latr.,  Hydroessa 
Burmeister  (Mcroç-e/za  Westwood),  Angilia,  Bœcula  Slâl,  Perittopus  Fieber, 
Veliomorpha  Garbini,  et  aussi  des  formes  marines,  telles  que  Halovelia  Ber- 
groth,  B/iaguve/ia  Mayr  (r/oc/^o/?;/:?  Carpenter).  Il  convient  de  réunir  les 
formes  précédentes  dans  la  sous-famille  des  Veliinœ,  celle  des  Herrnato- 
halifiœ  étant  réservée  aux  deux  genres  qui  font  l'objet  de  cette  Note,  et 
qui  sont  beaucoup  plus  profondément  modifiés  que  les  Veliinœ  marins. 

»  Les  Nermatobates  Haddoni  et  Djibotilensis  sont  jusqu'à  présent  représentés  l'un 
et  l'autre  par  des  mâles.  Le  corps  est  régulièrement  ovale,  couvert  d'une  fine  pubescence, 
les  pattes  antérieures  ravisseuses  sont  relativement  énormes,  les  hanches  des  trois 
paires  de  membres  sont  presque  équidistantes.  L'abdomen  est  très  fortement  raccourci, 
et  son  dernier  segment,  en  forme  de  bouton,  présente  la  particularité  unique,  croyons- 
nous,  chez  les  Hémiptères,  de  paraître  inséré  en  entier  sur  le  tergum  du  somile  pré- 
cédent, dont  les  deux  moitiés  symétriques,  écartées  sur  la  ligne  médiane,  ont  comme 
glissé  verticalament  de  part  et  d'autre  du  dernier  segment.  Ainsi  se  trouvent  con- 
ciliées l'extrême  réduction  de  l'abdomen  et  la  situation  normale,  dans  l'axe  du  corps, 
de  l'orifice  anal. 

»  Le  genre //e/v?î(7<o^rt<0(fei  se  distingue  du  précédent  par  un  caractère  très  remar- 
quable :  le  méso  et  le  métathorax,  fusionnés,  se  présentent  dorsalement  sous  la  forme 
de  deux  aires  symétriques  saillantes,  séparées  par  un  sillon  étroit  qui  représente  seul 
le  mésonotum,  et  divergeant  ensuite  à  partir  d'une  courte  saillie  transversale  (vestige 
de  l'écusson),  pour  encadrer  presque  entièrement  le  métanolum  et  l'abdomen.  Les 
deux  aires  sont  constituées  par  les  pleures  méta-mésotlioraciques  et  abdominaux, 
accrus  de  façon  inusitée. 

»  UHeiniatobatodes  Marchei  est  représenté  seulement  par  des  9,  dont  les  pattes 
antérieures  sont  assez  faiblement  armées.  Les  deux  spécimens  adultes  sont  accompa- 
gnés de  deux  larves  d'âge  différent,  ayant  l'une  et  l'autre  seulement  un  article 
aux  tarses,  au  lieu  de  trois,  et  qui  permettent  de  suivre  l'évolution  de  l'orifice 
génital  Q,  sur  le  huitième  segment  abdominal.  D'abord  extérieur,  cet  orifice  devient 
interne  par  le  reploiement  en  dedans  du  sternite  8. 

»  Les  Hermatobatinœ  ne  sont  pas  des  formes  de  haute  mer.  \J He/rnatobatodes 
Baddoniaélé  trouvé  sur  le  récif  de  Mabuiag  (Murray  Island),  parmi  des  fragments  de 


(  io68  ) 

madrépores,  et  par  Walker  sous  des  valves  de  Tridacnes  (Guichen  reef,  Arafura  See). 
\J Hermatobatodes  Djiboutensis  fut  capturé  en  compagnie  d'un  Halobales,  courant 
sur  une  petite  flaque  de  la  surface  du  récif. 

I)  V Hermalobatodes  Marchei  porte  comme  indication  :  baie  de  Honda,  surface.  Il 
est  donc  vraisemblable  qu'il  s'ag;it  de  formes  littorales  pouvant  s'attacher  aux  débris 
de  madrépores  et  se  laisser  submerger  à  haute  mer,  ou  courir  à  la  surface  des  flots, 
sans  s'éloigner  des  rivages. 

»  La  question  a  été  posée  de  savoir  si  les  espèces  marines  d'Hémiptères 
représentent  des  formes  très  anciennes  ayant  conservé  l'habitat  originel 
ou  s'il  s'agit  au  contraire  d'espèces  secondairement  adaptées  à  la  vie  dans 
les  eaux  marines. 

»  Il  est  très  difficile  d'admettre  la  première  hypothèse  si  l'on  considère 
que,  pour  les  Veliidœ  et  les  Gerridœ,  par  exemple,  la  surface  des  eaux  n'est 
que  la  continuation  de  la  surface  terrestre,  que  rien  n'est  changé  de  leur 
mode  de  respiration  ni  de  leur  développement,  et  que  leurs  traits  distinc- 
tifs  les  plus  saillants  sont  avant  tout  des  caractères  d'adaptation.  Les 
formes  marines,  en  particulier,  avec  leur  corps  globuleux  au  centre  d'une 
large  base  formée  par  les  pattes  écartées,  leurs  ailes  absentes,  leur  revê- 
tement pileux  imperméable  permettant  une  réserve  d'air  respirable, 
réalisent  des  conditions  mécaniques  très  propres  à  la  vie  sur  des  eaux 
aeitées.    " 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  les  constantes  physiques  qui  intervienneni 
dans  l'excitation  électrique  du  nerf.  Note  de  M.  Georges  Weiss,  présentée 
par  M.  Marey. 

«  J'ai  montré  que  l'excitation  électrique  du  nerf  exige  un  minimum  de 
dépense  d'énergie  quand  la  durée  de  la  décharge  est  d'environ  o*,ooo6 
pour  une  distance  des  électrodes  de  lo'"".  Cybulski  et  Zanietowski  ont 
montré  les  premiers  que,  dans  l'excitation  par  les  décharges  de  condensa- 
teur, il  y  avait  aussi  un  optimum  lorsque  la  capacité  du  condensateur 
variait.  Ce  fait  a  été  vérifié  par  Hoorweg,  Dubois  de  Berne  et  Waller.  J'ai 
repris  ces  mêmes  recherches  et  suis  arrivé  à  cette  conclusion  que  l'optimum 
avait  lieu  pour  le  nerf  de  grenouille,  entre  électrodes  distantes  de  lo™™, 
quand  le  produit  de  la  capacité  du  condensateur  en  microfarads  par  la 
résistance  du  circuit  en  ohms  était  égale  à  56o  environ. 


(   1069  ) 

»  Cybulski  et  Zanietowski,  Dubois  de  Berne  et  Waller  considèrenl  que 
c'est  l'énergie  de  la  décharge  qui  doit  mesurer  l'excitation.  Hoorweg  dil 
que  cette  excitation  dépend  directement  de  l'intensité  du  courant  et  d'un 
décrément. 

»  Or,  quand  je  me  place  à  l'optimum  pour  la  décharge  de  condensateur 
et  à  l'optimum  pour  le  courant  continu,  je  trouve  que,  dans  le  premier  cas, 
l'énergie  dépensée  dans  le  nerf  est  d'environ  0,001  erg,  dans  le  second 
cas,  0,0001  erg,  c'est-à-dire  une  quantité  dix  fois  moindre  dans  le  second 
cas  que  dans  le  premier.  Si,  au  contraire,  je  calcule  les  quantités  d'élec- 
tricité employées,  je  trouve,  dans  le  premier  cas,  i,4.io"'  coulombs  et, 
dans  le  second  cas,  lo""  coulombs,  nombres  très  concordants  quand  on 
songe  à  la  complexité  de  ce  genre  d'expériences. 

M  J'ai  alors  comparé  entre  elles  dilférentes  ondes  produites  par  mon 
interrupteur  balistique.  Dans  une  première  expérience,  je  recherchais  le 
seuil i\ti  l'excitation  pour  une  onde  unique  voisine  de  l'optimum;  je  calcu- 
lais la  quantité  d'électricité  et  d'énergie  mises  en  jeu.  Je  faisais  ensuite  une 
deuxième  expérience  où  l'excitation  était  produite  par  deux  ondes  succes- 
sives égales  entre  elles  ou  inégales,  avec  la  seule  condition  que  l'intervalle 
de  temps  s'écoulant  entre  le  commencement  de  la  première  de  ces  ondes 
et  la  fin  de  la  seconde  fût  égal  à  la  durée  totale  de  l'onde  de  la  première 
expérience.  Je  calculais  de  nouveau  la  quantité  d'élec(ricité  et  d'énergie 
mises  en  jeu. 

»  J'avais  ainsi  fait  usage  de  deux  excitations  de  forme  très  différente  et 
j'ai  trouvé  que  toujours,  en  passant  ilu  premier  cas  au  second,  la  quantité 
d'électricité  ne  variait  que  dans  les  limites  des  erreurs  de  la  méthode,  tandis 
qu'il  n'en  était  pas  de  même  de  l'énergie  dépensée. 

»  Ceci  est  incompatible  avec  les  hypothèses  de  Cybulski  et  Zanietowski, 
Dubois  de  Berne  et  Waller,  mais  concorde  parfaitement  avec  les  idées  de 
Hoorweg.  En  effet,  dans  un  temps  aussi  court,  le  décrément  peut  ne  pas 
encore  produire  son  effet,  et  alors  l'excitation  ne  dépend  t|ue  de  l'intensité 
du  courant. 

»  Je  n'ai  pas  voulu  encombrer  ma  Note  de  chiffres;  le  détail  de  mes  ex- 
périences se  trouvera  dans  le  Rapport  que  je  présenterai  sur  celte  question 
au  Congrès  de  Turin.  » 


C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N°  17.)  l38 


C    1070  ) 


PHYSIOLOGIE.  —  Mesure  directe  de  la  longueur  d' onde  dans  le  nerf  à  la  suite 
d' excitations  électriques  brèves.  Note  de  M.  Aug.  Charpentier,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

«  La  longueur  des  ondulations  nerveuses  que  j'ai  obtenues  précédem- 
ment par  plusieurs  méthodes  différentes  peut  être  déduite,  comme  je  l'ai 
déjà  indiqué,  de  la  mesure  de  leur  fréquence  et  de  leur  vitesse  de  propaga- 
tion. C'est  ainsi  que,  dans  uneNoteda  3  juillet  1899,  j'estimais  cette  longueur 
comme  voisine  d'une  valeur  moyenne  de  35°""  (soit  17,5  pour  la  demi- 
longueur  d'onde).  Mes  nouvelles  expérienx;es  sur  la  transmission  nerveuse 
des  excitations  électriques,  communiquées  en  février  et  mars  à  l'Académie, 
m'ont  donné  des  valeurs  analogues,  avec  quelques  caractères  nouveaux  sur 
lesquels  je  reviendrai  tout  à  l'heure. 

»  Il  convient  de  signaler  que  j'avais  déjà  tenté  antérieurement  une 
mesure  directe  basée  sur  la  production  d'interférences  dans  le  nerf  par 
l'excitation  faradique  unipolaire.  Quoique  prêtant  à  la  critique  par  suite 
de  l'impossibilité  d'éliminer  sûrement  les  oscillations  électriques  dans  une 
bobine  à  circuit  ouvert,  cette  méthode  m'avait  pourtant  donné  des  résultats 
intéressants  et  tout  à  fait  comparables  aux  chiffres  actuels,  puisque  Les  expé- 
riences publiées  en  janvier  1896  (  .4rcAjVe5  de  Physiologie,  p.  65)  signalaient 
la  production  de  zones  neutres  correspondant  à  des  demi-longueurs  d'onde 
de  iS"""  à  20™™  (moyenne  17""";. 

»  J'ai  imaginé  une  nouvelle  méthode  qui  permet  de  mesurer  directe- 
ment et  avec  sécurité  cette  valeur  de  la  demi-onde  dans  le  nerf.  Je  ne 
puis  mieux  en  donner  une  idée  qu'en  la  comparant  à  la  méthode  de 
R.  Kœnig  pour  montrer  l'interférence  du  son  par  différence  de  marche 
dans  un  tuyau  à  deux  branches. 

»  Une  excitation  brève  arrive  en  un  point  d'un  nerf  (sciatique  de  grenouille). 
A  quelque  dislance  au-dessus  du  point  excité,  un  conducteur  recueille  l'onde  pro- 
pagée et  le  transmet  à  un  second  nerf  moteur  qui  se  trouve  ainsi  excité  à  son  tour 
unipolairemenl  (la  patte  est  mise  à  la  terre).  Au-dessous  du  point  excité  sur  le  pre- 
mier nerf,  plaçons  à  une  distance  variable  un  second  conducteur  identique  au  précé- 
dent, et  relions  son  extrémité  libre  à  celle  du  premier  au  point  où  elle  touche  le 
second  nerf;  celui-ci  recevra  en  même  tem])s  deux  excitations  égales  (')  qui  ne  dilTé- 

(')  J'ai  démontré  que  l'intensité  d'une  excitation  unipolaire  n'est  pas  modifiée  par 


(  lo?^  ) 
reroni  l'une  de  l'autre  que  pour  avoir  cheminé  à  travers  des  longueurs  variables  du 
premier  nerf.  Si  l'on  ciioisit  ces  longueurs  de  telle  façon  qu'elles  dilTèrent  d'une  demi- 
longueur  d'onde,  les  deux  excitations  arriveront  au  second  nerf  à  des  phases  inverses 
et  interféreront.  C'est  ce  qu'on  observe  en  effet  :  avec  l'appareil  à  cylindre  tournant 
qui  m'a  déjà  servi  à  établir  des  courants  de  pile  très  brefs,  et  en  employant  des  inten- 
sités suffisamment  modérées,  on  arrive  à  trouver  facilement  sur  le  nerf  transmetteur 
des  positions  relatives  des  deux  conducteurs  pour  lesquelles  le  second  nerf  n'est  plus 
excité;  la  différence  des  distances  de  ces  conducteurs  au  pôle  actif  mesure  la  demi- 
longueur  d'onde. 

»  La  moyenne  des  valeurs  obtenues  par  cette  méthode  est  de  17™",  ce 
qui  concorde  bien  avec  les  déterminations  précédentes.  Il  faut  toutefois 
observer  que  chaque  valeur  individuelle  peut  différer  sensiblement  de  ce 
chiffre  17.  Il  semble  qu'il  y  ait  deux  groupes  bien  distincts  de  ces  valeurs 
suivant  les  individus  en  expérience  :  les  unes  varieraient  entre  17  et  19, 
les  autres,  plus  rares,  oscilleraient  autour  de  12  (phénomène  explicable 
parce  qui  suil  ). 

M  Mais  un  fait  plus  considérable  a  été  mis  en  évidence  par  cette  méthode 
et  confirme  entièrement  les  résultats  récents  de  mon  analyse  chronosco- 
pique  de  la  transmission  nerveuse,  résultats  dont  mes  dernières  Notes 
avaient  réservé  la  communication.  Il  s'agit  de  l'existence  d'harmoniques 
plus  ou  moins  nombreux  dans  l'oscillation  nerveuse. 

))  En  effet,  dans  cette  précédente  série  d'expériences  j'avais  été  surpris 
d'observer  sur  les  mêmes  individus,  indépendamment  de  la  fréquence 
déjà  connue  et  comprise  entre  600  et  1 000,  des  fréquences  bien  plus  grandes, 
allant  souvent  jusqu'à  3ooo  et  4000,  pouvant  même  parfois  dépasser  large- 
ment ce  chiffre.  Cela  m'avait  donné  l'idée  d'une  forme  complexe  de  la  vibra- 
tion nerveuse  et  de  sa  décomposition  possible  en  vibrations  harmoniques. 
Mais  ce  point  demandait  à  être  contrôlé  par  une  méthode  moins  délicate  et 
surtout  moins  longue  que  l'analyse  chronoscopique  ;  la  méthode  actuelle 
remplit  parfaitement  ce  but. 

»  Voici  comme  exemple  les  valeurs  qu'elle  m'a  fournies,  dans  une  expé- 
rience, pour  les  demi-longueurs  d'onde  donnant  lieu  à  des  interférences  : 
18""",  5;  9'""',2;  G"",  2;  4"™,  5.  Cela  démontre  la  coexistence,  avec  la  vibra- 
tion fondamentale,  de  vibrations  deux,  trois,  quatre  fois  plus  fréquentes. 
Rarement  on  dépasse  ainsi  le  troisième  harmonique,  mais  la  méthode  chro- 


l'interposition  de  grandes  résistances  telles  que  celle  d'une  portion  de  nerf  plus  ou 
moins  longue. 


(     '072     ) 

noscojîique  démontre  l'existence  de  vibrations  partielles  d'ordre  encore 
jjlus  élevé. 

»  Il  est  même  possible  que  la  longueur  d'onde  maxima  trouvée  le  plus 
généralement  ne  soit  en  réalité  que  le  premier  harmonique  d'une  vibration 
deux  fois  plus  lente  (^  '  ),  car  les  chiffres  trouvés  dans  certains  cas,  au  lieu 
d'être  dans  le  raj)portde  i,  2,  3,.  .,  ont  présenté  le  rapport  2,  3,  /j»-  ••  I-'S 
fait  devra  être  recherché  sur  des  nerfs  de  plus  grande  longueur.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Quelques  remarques  sur  les  otolilhes  de  la  grenouille. 
Note  de  M.  Marage,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Le  liquide  de  l'oreille  interne  contient  des  cristaux  plus  ou  moins 
volumineux,  les  otolithes;  les  hypothèses,  ayant  pour  but  d'indiquer  l'ac- 
tion acoustique  de  ces  corps  solides,  ne  sont  guère  probables;  et,  en  tout 
cas,  elles  ne  sont  pas  appuyées  sur  l'expérience. 

»  Chez  la  grenouille,  le  contenu  de  l'oreille  interne  a  une  apparence  lai- 
teuse, il  est  relativement  facile  d'en  recueillir  i^^r.  j'en  ai  déterminé  la 
densité;  elle  est  2,18  :  ce  chiffre  est  très  élevé. 

»  La  composition  est  ia  suivante  :  c'est  une  dissolution  de  carbonate  de  chaux  et  de 
magnésie  dans  un  liquide  cliargé  d'acide  carbonique. 

»  Au  contact  de  l'air,  l'acide  carbonique  se  dégage  très  rapidement  et  il  est  facile 
d'en  déceler  la  présence. 

»  Le  liquide  lui-même  est  très  volatil;  au  microscope,  il  se  présente  sous  l'aspect 
d'une  substance  huileuse  qui  se  condense  en  gouttelettes;  il  a  été  impossible  d'en 
recueillir  sul'fisamment  pour  en  déterminer  la  composition. 

1)  D'après  l'analyse  faite  au  laboratoire  de  Chimie  minérale  de  l'Ecole  de  Phar- 
macie, les  cristaux,  qui  restent  sont  formés  de  carbonate  de  chaux  et  de  très  petites 
quantités  de  carbonate  de  magnésie;  les  plus  volumineux  d'entre  eux  sont  de  la  gros- 
seur d'un  globule  sanguin  (32|ji);  les  autres,  98  pour  100  à  peu  près,  sont  beaucoup 
plus  petits,  et  il  y  en  aura  un  grand  nombre  qui  sont  à  peine  visibles  avec  un  grossis- 
sement de  45o  diamètres. 

»  Ces  otolithes  sont  solubles  dans  l'eau  chargée  d'acide  carbonique  et  l'on  peut  les 
faire  réapparaître  par  évaporalion. 


(')  Le  chiflVe  12,  indiqué  tout  à  l'heure,  ne  serait  pas  ainsi  celui  d'une  vibration 
fondamentale,  mais  d'un  second  harmonique,  l'autre  valeur  18  correspondant  au 
premier. 


(   '073  ) 

)i  Le  contenu  de  l'oreille  interne  est  donc  constitué  par  une  dissolution 
de  bicarbonate  de  chaux  et  de  magnésie  avec  des  cristaux  en  excès  de 
carbonates  insolubles;  la  grande  densité  de  ce  mélange  en  fait  un  admi- 
rable conducteur  du  son;  et,  somme  toute,  ce  milieu  est  aussi  homogène 
qu'un  acier  quelconque,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  étudiant  ces 
solides  au  microscope. 

»   On  peut  manifester  l'existence  de  ces  cristaux  chez  l'animal  vivant. 

)j  Pour  cela,  j'ai,  avec  l'aide  de  M.  Comte,  radiographié  une  grenouille 
vivante  au  laboratoire  de  Biologie  appliquée.  Le  maxillaire  inférieur  a  été 
rabattu  sur  le  thorax  de  manière  à  diminuer  l'épaisseur  des  tissus;  les 
taches  O  et  O'  représentent  les  ololithes  (  fig.  i);  dans  la  fig.  2,  un  des 
otolithes  O'  a  été  enlevé  et  placé  en  O"  sur  la  plaque. 


Fig.   I. 


Fig. 


0" 


m 


Otulithes  O  et  O'. 


L'otulithe  G'  a  élé  enlevé  et  placé  en  0" 


»  En  résumé  :  on  se  trouve  en  présence  d'une  dissolution,  dans  un 
liquide  de  nature  indéterminée,  de  bicarbonate  de  chaux  et  traces  de  bi- 
carbonate de  magnésie  avec  cristaux  de  carbonates  en  excès;  etjl'une  des 


(    I074  ) 
fonctions  des  ololithes  est  de  maintenir  aussi  constante  que  possible  la 
conductibilité  acoustique  de  ce  milieu. 

»   Je  compte  poursuivre  ces  recherches  chez  les  mammifères  et  chez 
l'homme.    » 


MÉDECINE.  —  Influence  de  la  stérilisation  des  milieux  habités,  de  l'air  respiré 
et  des  aliments  ingérés,  sur  l'organisme  animal.  Note  de  MM.  Charrin 
et  GuiLLEMONAT,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  tend  à  admettre,  avec  Thirfelder  et  Nuttal,  Schottelius,  etc.,  que, 
si  l'on  fait  vivre,  en  dehors  de  toute  intervention  bactérienne  (milieu  et 
aliments  stérilisés),  des  organismes  pris  au  moment  même  de  la  naissance, 
le  développement,  assurément  difficile,  peut  cependant  se  poursuivre  au 
moins  durant  quelques  jours. 

»  Il  est  vrai  qu'à  cette  époque  de  l'existence  la  délicatesse  anatomique 
ou  fonctionnelle  des  appareils  est  toute  particulière;  de  plus,  les  tissus 
n'ont  pas  encore  pu  s'accoutumer  au  concours  des  ferments  figurés,  autre- 
ment dit  des  microbes.  Dès  lors,  il  devenait  intéressant  de  rechercher  si 
l'on  modifie  l'économie  arrivée  à  l'âge  adulte,  en  supprimant  ces  microbes 
des  éléments  solides  ou  gazeux,  qui  chaque  jour  pénètrent  par  les  voies 
digestive  ou  respiratoire. 

»  Pour  stériliser  les  aliments,  nous  avons  eu  recours  à  la  chaleur.  Toutefois,  afin 
d'éviter  des  inégalités  dans  la  valeur  nutritive  résultant  de  ce  chaulTage,  nous  avons 
porté  à  la  même  température  les  substances  identiques  au  point  de  vue  de  la  quantité 
et  de  la  qualité  données  aux  sujets  témoins  de  nos  expériences;  mais,  exposés  à  l'air 
libre  pendant  le  refroidissement,  au  lieu  d'être  soigneusement  protégés,  ces  produits 
se  souillaient  à  nouveau  avant  de  servir. 

»  Pour  obtenir  des  atmosphères  dépourvues  de  germe,  nous  avons 
utilisé  quatre  cages  système  d'Arsonval  (  '  ),  accouplées  deux  à  deux,  cages 
A  et  B,  cages  C  et  D. 

»  L'air  pénétrait  dans  A,  passait  dans  B  et  s'échappait,  aspiré  par  une  trompe  qui 
aspirait  aussi  le  contenu  de  C  et  de  D;  ce  courant  aérien  circulait  avec  une  égale 
vitesse,  mesurée  d'ailleurs  avec  soin,  au  travers  de  ces  récipients  parfaitement  seni- 

(')  Brown-Séquard  et  d'Arsonval,  Comptes  rendus. 


(    'O70  ) 

blables  à  tous  les  points  de  vue,  un  détail  excepté.  Une  importante  différence  dis- 
tinguait, en  effet,  ces  deux  appareils;  avant  de  pénétrer  dans  A,  cet  air  se  filtrait  sur 
une  couche  d'ouate  et  sortait  librement  de  B,  tandis  que  ce  (luide  entrait  sans  obstacle 
dans  C  et,  en  s'échappaiit  de  D,  franchissait  un  autre  filtre  d'ouate  confectionné  comme 
le  précédent,  de  manière  à  égaliser  les  résistances  et  partant  le  débit. 

»  Grâce  à  ce  dispositif,  les  cobayes  introduits  dans  ces  cages  se  trouvaient 
dans  des  conditions  ne  différant,  d'un  côté  à  l'autre,  que  par  la  stérilité 
de  l'air,  des  aliments,  des  milieux  (  '  ). 

))  Assurément,  sur  les  revêtements  cutanés  ou  muqueuxde  ces  animaux 
existent,  au  début  surtout  de  ces  expériences,  de  nombreuses  bactéries. 
Mais,  impuissantes  à  se  rajeunir  par  des  apports  venus  de  l'extérieur, 
subissant,  en  outre,  en  particulier  dans  les  voies  digestives,  l'influence 
atténuante  des  sucs  glandulaires  gastro-intestinaux,  du  mucus,  de  la  con- 
currence vitale,  etc.,  ces  bactéries  diminuent  [Suksdorff  (-)]  et  s'affai- 
blissent. Ainsi,  cette  stérilité  au  moins  rehttive  des  milieux,  des  ingesta, 
des  gaz  de  la  respiration,  constituait  la  véritable  différence  entre  l'exis- 
tence dans  A  et  B  et  dans  C  et  D. 

»  Or,  depuis  5  mois,  nous  avons  fait  vivre,  dans  ces  récipients,  plusieurs 
groupes  de  cobayes;  cbaque  fois  que  nous  placions  2  ou  4  de  ces  animaux 
(i  ou  2  par  cage)  dans  le  premier  couple,  A  et  B,  nous  enfermions,  au 
même  instant  et  de  la  même  façon,  dans  G  et  D,  un  nombre  égal  de  ces 
cobayes  choisis  à  peu  près  semblables  entre  eux;  nous  les  observions 
durant  4»  t)  ou  8  jours.  La  mort  survenait  assez  sotivent  dans  ce  laps  de 
temps,  en  raison  de  la  légère  insuffisance  de  la  ration  alimentaire  (200^' 
de  carottes  par  kilogramme),  du  mauvais  éclairage,  de  l'étroitesse  de 
l'espace  réservé  à  ces  animaux,  etc.;  dans  le  cas  de  survie,  après  une 
semaine  environ  on  cessait  l'observation. 

»  Voici,  à  plusieurs  points  de  vue,  les  résultats  obtenus  en  additionnant 
les  chiffres  provenant  de  diverses  séries. 

»   Sur  27  animaux  placés  dans  les  cages  lavées  et  flambées,  respirant  de 


('  )  Chaque  fois  qu'on  introduisait  une  nouvelle  série,  on  llambait  A  etB.  Du  reste, 
des  prises  d'air,  opérées  en  faisant  barboter  le  courant  dans  des  ballons  contenant  du 
bouillon  stérile,  montraient  la  stérilité  plus  ou  moins  marquée  de  ce  lluide.  Enfin,  pour 
annuler  les  causes  d'erreur  tenant  à  des  défectuosités  dans  la  construction  de  ces 
cages,  on  a  fait  passer  l'air  filtré  tantôt  dans  A  et  B,  tantôt  dans  C  et  D. 

('-)  Arch./ur  Hyg.,  t.  IV,  1S86. 


(    ro76  ) 

l'air  filtré  et  nourris  avec  des  aliments  stérilisés,  19  ont  succombé,  tandis 
que  sur  29  cobayes,  observés  parallèlement  et  vivant  dans  des  conditions 
analogues,  sauf  au  point  de  vue  de  l'asepsie  du  milieu  et  des  principes 
utilisés  (principes  nullement  débarrassés  des  germes),  10  seulement  ont 
péri. 

»  La  moyenne  des  amaigrissements  quotidiens  de  ces  animaux  de  la 
première  catégorie  (stérilisation)  a  été  de  i4^',i3  et  de  laS"",  24  pour  ceux 
delà  seconde.  Il  est  rare,  en  effet  (trois  fois  sur  quatorze  ).  de  constater 
une  perte  de  poids  plus  considérable  pour  les  sujets  placés  dans  les  condi- 
tions ordinaires. 

M  De  même  le  coefficient  .  '    ,  dans  la  majorité  des  cas  (un  peu  plus  de 

la  moitié),  s'est  montré  légèrement  plus  élevé  (0,848  au  lieu  de  0,820^ 
chez  les  animaux  usant  d'air  ou  d'aliments  non  stérilisés.  —  Ces  différences, 
comme  celles  des  amaigrissements,  sont  bien  minimes,  mais  on  les  a  enre- 
gistrées un  bon  nombre  de  fois. 

)i  Pour  apprécier  la  résistance  aux  bactéries,  nous  avons  déposé  sous  la 
peau  de  ces  cobayes  des  doses  comparables  d'un  virus  pyocyanique  relati- 
vement atténué.  —  Sur  9  sujets  ainsi  inoculés  et  ne  recevant  pas  de  germe, 
6  sont  morts,  alors  que,  sur  11  introduits  dans  les  cages  non  aseptiques, 
5  fsoit  un  peu  moins  de  la  moitié  au  lieu  des  deux  tiers)  ont  succombé. 

))  Ces  résultats  sont  assez  nets,  bien  qu'à  certains  égards  les  différences 
soient  moins  marquées  que  celles  des  expériences  de  même  ordre  de  Kija- 
nizin  (')  :  peut-être  faut-il  invoquer  une  importante  modification  de  tech- 
nique, puisque  cet  auteur  purifiait  l'air  en  le  faisant  passer  dans  du  sable 
brûlant. 

))  Quoi  qu'il  en  soit,  en  présence  de  ces  faits  si  singuliers  au  premier 
abord,  il  serait  aisé  de  formuler  des  hypothèses  (insuffisance  d'activité  de  la 
part  des  ferments  figures  intervenant  dans  les  mutations  nutritives  au  sein 
des  voies  digestive  et  respiratoire,  ou  encore  débilité  des  leucocytes  accou- 
tumés à  se  nourrir  avant  tout  de  bactéries,  etc.).  Contentons- nous  des 
résultats  positifs  et  concluons  que,  dans  les  conditions  précitées,  on  fait 
fléchir  la  vitalité  d'un  organisme,  sa  résistance  à  la  maladie,  quand  on  sté- 
rilise les  milieux  qu'il  habite,  l'air  qu'il  respire,  les  aliments  qu'il  ingère.  » 

(')  Van  Benf.den,  Arc/in'es  de  Biologie,  t.  XVI;  1899. 


(  Ï077  ) 
M.  Pierre  Carles  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  La  pourriture 
grise  du  raisin  aurait-elle  quelque  rapport  avec  la  présence  des  morilles 
dans  les  vignes?  » 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séawce  du  25  mars  iqoi. 

Nouvelles  Leçons  sur  la  Théorie  des  Fonctions.  Leçons  sur  les  Séries  diver- 
gentes, par  Emile  Borel.  Paris,  Gauthier- Villars,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Picard.) 

L'Agriculture  de  l'avenir,  par  M.  A.  Ronnx.  Paris,  typ.  Chamerot  et 
Renouard,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

Eine  historische  Studie  ûber  die  Entdeckung  des  Magendie-BelV schen  Lehr- 
satzes,  von  D"^  Med.  Adolf  Bickel.  Bonn,  Emil  Strauss,  1901  ;  i  fasc.  in-S". 

Compressed  air  house  cleaning.  The  Dustless  method.  Saint-Louis  (États- 
Unis);  I  fasc.  in- 18. 

The  Universily  of  Nebraska.  Thirteenth  annual  report  of  the  U.  S.  agricul- 
tural  experiment  station  o/A^ebraska.I-.inco\vi,^ebraska;  i  vol.  in-8°. 

Videnskahelige  Meddelelser  fra  den  naturhistoriske  Forening  i  Kjobenhavn 
for  Aaret  1900.  Copenhague,  1901;  i  vol.  in-8°, 

Memoirs  of  the  British  Astronomical  Association;  vol.  X,  part  1.  Ninth 
report  of  the  section  for  the  observation  of  meteors.  Londres,  1901;  i  fasc. 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  janvier-février  1901. 
Mulhouse-Paris;  i  fasc.  in-8°. 

Beiblàtter  zu  den  Annalen  der  Physik,  herausgeg.  v.  Walter  Konig; 
Bd  25,  Hefte  1  u.  2.  Leipzig,  Ambrosius  Barth,  1901  ;  2  fasc.  in-8°. 

$i>-o>.oyuoç  (JuXT^oyo;  HapvacGoç.  ETireTYipi; ;  Eto;  E.  Athènes,  1901  ;  i  vol. 
in-8°. 

C.  R.,  igoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  17.)  I  Sq 


(  1078  ) 

Climat;  n"  1,  i5  mars  1901.  Saint-Pétersbourg;  i  fasc.  in-8°  oblong. 

Annals  the  astronomical  observatory  of  Barvard  Collège;  vol.  XXXVII, 
parti.  Cambridge,  États-Unis,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

Annals  of  the  New  York  Academy  of  Sciences,  vol.  XIII,  parti.  Lancaster, 
Pa.;  I  vol.  in-8°. 

Boletin  del  observatorio  «  Urania  »;  ano  I,  1901,  n"  1.  Mexico;  i  fasc. 
in-8°. 

Anales  de  la  Sociedad  cientifica  Argentina;  enero-febrero  1901,  entrega  I 
y  II,  tomo  LI.  Buenos-Ayres;  i  fasc.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   !"■  avril  1901. 

LOEuvre  scientifique  de  Charles  Hermite,  par  M.  Emile  Picard,  Membre  de 
l'Académie  des  Sciences.  (Extr.  des  Annales  de  V Ecole  Normale  supérieure, 
3*  série,  t.  XVIII;  janvier  1901.)  Paris,  impr.  Gauthier-Villars;  i  fasc. 
in-8°. 

Cours  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  Traité  d'Analyse,  par  Emile 
Picard,  Membre  de  l'Institut.  Tome  I.  Intégrales  simples  et  multiples .  L'équa- 
tion de  Laplace  et  ses  applications.  Développements  en  séries.  Applications  géo- 
métriques du  Calcul  infinitésimal.  Vixrxs,  Gauthier-Villars,  190 1.  i  vol.in-8°. 

La  Chimie  de  l'uranium  :  historique  comprenant  les  recherches  principales 
effectuées  sur  l'uranium  et  ses  composés  de  1872  à  1901,  par  M.  OEchsner 
DE  CoNiNCK.  Montpellier,  impr.  Gustave  Firmin  et  Montane,  1901  ;  i  fasc. 
in-8°. 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre 
de  l'Institut;  t.  XIII,  livraison  du  i5  mars  1901,  n"  147.  Paris,  Paul  Dupont, 
1901  ;  I  fasc.  in-8°. 

Sylloge  Fungorum  omnium  hucusque  cognitorum  digessitP.-A.  Saccardo, 
vol.  XV.  Synonymia  generum,  specierum  subspecierumque  in  vol.  I-XIV  des- 
criptorum,  auctore  E.  Mussat.  Paris,  Octave  Doin,  1901;  i  vol.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Bornet.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Sur  Vexistence,  la  distribution  et  le  mouvement  des  principaux  centres  pré- 
sumés de  l'activité  solaire,  par  A.  Wolfer.  (Extr.  des  Memorie  délia  Societa 
degli  Spettroscopisti  Italiani,  vol.  XXIX,  1901.)  x  fasc.  in-4°.  (Hommage 
de  l'Auteur.) 

Beitràge  zur  Kenntniss  der  Getreideroste,  II,  von  H.  Rlebahn.  Stuttgart, 
Eugen  Ulmer;  i  fasc.  in-8°. 


(  I079  ) 

The  Nautical  Almanac  and  astronomical  Ephemeris  Jor  the year  \^o[\,for 
the  meridian  of  the  Royal  Ohservatory  at  Greenwich,  published  by  orcler  of 
the  Lords  commissioncrs  of  the  Admirai ty.  Edimbourg,  1901  ;  i  vol.  in-8''. 

Annuaire  météorologique  pour  i8g8,  publié  par  l'Institut  royal  météoro- 
logique des  Pays-Bas,  5o^  année.  Utrecht,  J.  van  Bœkhoven,  igoi  ;  i  vol. 
in-8°  oblong. 

Naturœ  Novitates,  Bibliographie  neuer  Erscheinungen  aller  Ldnder  auj dem 
Gehiele  der  Naturgeschichle  und  der  exaclen  JVissenschaften,  herausgeg.  v. 
R.  Friedlander  und  Sohn,  Januar  igoi,  Nr.  1-4.  Berlin;  4  fasc.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  ou  9  avril  1901. 

Traité  de  Physique  biologique,  publié  sous  la  direction  de  MM.  d'Arsonval, 
Chauveau,  Marey,  Membres  de  l'Institut,  Gaiuel,  Weiss;  t.  I,  Paris, 
Masson  et  C",  1901  ;  i  vol  in-8".  (Présenté  par  M.  Chauveau.) 

Bulletin  de  la  Société  internationale  des  Electriciens  ;  1"  série,  t.  I,  n°  1, 
janvier  190t.  Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  mensuel  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publié  par 
E.  Mascart,  année  1901,  n"  1,  janvier.  Paris,  Gauthier- Villàrs;  i  fasc. 
pet.  in-4°. 

Lectures  on  appendicitis  and  notes  on  other  subjects,  by  Robert  T.  Morris  ; 
ihird  édition,  revised  andenlarged.  New-York,  Londres,  E.-P.  Putnamfîls, 
1899;  I  vol.  in-8''. 

Erste  Bestimmung  der  Botationszeit  des  Planeten  Eros,  von  Prof.  D*" 
Deiciimuller.  Bonn,  1901;  i  fasc.  in-8''. 

The  growth  of  magnetism  in  iron  alternating  magnetic  force,  by  Ernest 
WiLsoN.  S.  I.  1901.  5  feuillets,  in-8°  oblong. 

Die  Schôpfung  oder  das  Walten  der  Natur,  von  Carl-Eduard  Neuzeit. 
Leipzig,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 

Regenwaarnemingen  in  Nederlandsch-Indië,  een  en  twintigste  jaargang 
1899.  Batavia,  1900;  i  vol.  in-S". 

Observations  made  at  the  Royal  magnetical  and  meteorologicalObservatory 
at  Batavia,  pub.  by  D''  S.  Figée,  Director;  vol.  XXII,  1899,  part  1.  Batavia, 
1900;  I  fasc.  in-f". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i5  avril  1901. 

Le  vin  concentré  comparé  avec  les  moûts  et  les  raisins  concentrés,  par  le 
D"^  F.  Garrigou.  Paris,  1901  ;  i  vol.  in-12. 


(  io8o  ) 

Sérothérapie  et  Thoracentèse.  Traitement  de  la  pleurésie  aiguë  chez  le  che- 
val, par  R.  Brocheriou.  Thouars,  1901;  i  fasc.  in-8°  (Présenté  pour  le 
concours  du  prix  Barbier.) 

Langue  internationale  Espéranto.  Manuel  complet  avec  double  diction- 
naire, traduit  sur  l'Ouvrage  russe  du  D''  Zamenhof,  par  L.  deBeaufront, 
Paris,  librairie  Le  Soudier;  4°  édition  in-8°. 

Commentaire  sur  la  grammaire  de  la  langue  internationale  Espéranto, 
suivi  d'études  sur  la  question  même  de  la  langue  internationale  et  la  manière 
dont  /'Espéranto  la  résout,  par  L.  de  Beaufront.  Épernay,  1900;  i  vol. 
in-8°. 

Universala  Vortaro  de  la  lingvo  internacia.  Dictionnaire  universel  delà 
langue  internationale,  avec  traduction  en  français,  anglais,  allemand,  russe 
et  polonais,  par  le  D''  L.  Zxmenhof.  Varsovie,  imp.  Relier;  1900.  3*  édi- 
tion, I  vol.  in-8°. 

Société  pour  la  propagation  rfe /'Espéranto.  Annuaire-Jarlibro ,  1 900-1 901. 
Épernay,  1901;  i  vol.  in-8°-  {A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du   22  avril   1901.) 

Note  de  M.  Edouard  Mack,  Quelques  isothermes  de  l'éther  entre  100° 

et  -20%"  : 

Page  953,  ligne  02, .a«  lieu  de  i'''i,iii5  lisez  i<^«,iii5. 

Même  ligne,  au  lieu  de  i"=i,  lisez  i". 

Page  954,  Table  I,  ligne  2  à  droite,  au  lieu  de  1 ,7208,  lisez  i  ,7028. 

Page  954,  Table  I,  ligne  28  à  droite,  au  lieu  de  i,352o,  lises  i,252o. 

Page  954,  ligne  2  après  la  Table,  au  lieu  de  accordés,  lisez  raccordés. 

Page  955,  ligne  4,  au  lieu  de  18,96,  lisez  18,76. 


W  17. 


TABLE   DES   ARTICLES.     (Séance    du  2î)    avril   1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUi\IGATiOi\S 

DES  MEiMBUES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADËMIE. 


Pages. 

iM.  A.  Con:^u.  —  Sur  la  compensation  mé- 
canique de  la  rotation  du  cliamp' optique 
fourni   par  le  sidérostat  et  l'iiéliostat. .  . .    ioi3 

M.  L.  Cailletet.  —  Sur  l'emploi  de  l'oxy- 


Pages. 
gène  dans  les  ascensions  à  grandes  hau- 
teurs . .' 1017 

M.  P.  DuHEM.  —  Sur  la  stabilité  d'un  sys- 
tème animé  d'un  mouvement  de  rotation.   102 1 


NOMINATIONS. 


M.  Zeilleh  est  élu  Membre  dans  la  Section 
de  Botanique  pour  remplir  la  place  laissée 
vacante  par  le  décès  de  M.  Adolphe 
Chalin 1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Monlyon  (.Médecine  et  Chirurgie) 
pour  ir)Oi  :  M.M.  Guyon,  d'Aisonval, 
Lannelongue,  Marcy,  Bouchard,  C/iaii- 
veati,  Houx,  Urouardel,  ftanvier 1024 

Commi-ssion  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Barbier  pour  lyoi  :  MM.  Bou- 
chard, Guyon,  Lannelongue,  Guignard, 
d'Arsonval ioa4 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Brèanl  pour  1901  :  MM.  Mare)'. 
Bouchard,  Guyon,  d'Arsonval,  Lanne- 
longue     1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Godard  pour  1901  :  MM.  Guyon, 
Lannelongue,  Bouchard,  Marey,  d'Ar- 
sonval     1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du   prix   Bellion    pour   1901   :   MM.   Bou- 


■  chard,  Guyon,  Lannelongue,  Marey, 
d'Arsonval > 1034 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Mègc  pour  igoi  :  MM.  Bouchard, 
Marey,  Guyon,  Lannelongue,  d'Arson- 
val   1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Lallcmand  pour  1901  :  M.M.  Bou- 
chard, d'Arsonval,  Marey,  Lanne- 
longue, Banvier 1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  du  baron  Larrey  pour  1901  : 
M.M.  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue. 
Marey,  d'Arsonval 1 024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Montyon  (Physiologie  expéri- 
mentale) pour  1901  :  M.M.  d'Arsonval, 
Marey,  Bouchard,  Lannelongue,  Guyon.   1024 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Pourat  pour  1901  :  M.M.  Marey, 
d'Arsonvcfl,  Bouchard,  Guyon,  Lanne- 
longue       102  J 


CORRESPONDANCE . 


M.  le  Sechét.mre  rKUPETUEL  signale  : 
i"  Une  brochure  de  M.  Edmond  l'errier  : 
«  Henri  et  Alphonse  Milne-Edwards  «; 
2»  Un  Ouvrage  de  M.  Chantre  : 
<i  L'homme  quaternaire  dans  le  bassin  du 
Hhonc  »  ;  3°  La  quatrième  Partie  de  la 
«  Revue  technique  de  l'Exposition  uni- 
verselle de  1900  :  Génie  civil  »,  Tome  I, 
par  M.  Ch.  Jaconiet io25 

M.  H.  Lebesgue.  —  Sur  une  généralisation 
de  l'intégrale  définie '025 

iM.  Henri  Dulac.  —  Sur  les  intégrales  ana- 
lytiques des  équations  différentielles  du 
premier  ordre  dans  le  voisinage  de  condi- 
tions initiales  singulières 1028 


M,  DE  SÉGUIER.  —  Sur  les  équations  de 
certains  groupes io3o 

M.  Ed.mond  Maillet.  —  Sur  les  lois  des 
montées  de  Belgrand  et  les  formules  du 
débit  d'un  cours  d'eau io33 

M.  Edouard  AL^ck.  —  Isochores  de  l'éther 
de  I"  à  i",85 io35 

M.  L.  DÉCOMBE.  —  Sur  la  mesure  de  la 
période  des  oscillations  électriques  par  le 
miroir  tournant 1037 

.\I.  G. -A.  Hemsaleoh.  —  Sur  le  spectre  de 
bandes  de  l'azole  dans  l'étincelle  oscil- 
lante      io4o 

MM.  Pli. -A.  GuYE  et  L.  Perhot.  —  Mesure 
rapide  des  tensions  superficielles io43 


N°  17. 


SVITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES- 


Pages. 

M.  P.-Th.  Muller.  —  Sur  la  variation  de 
composition  des  eaux  minérales  et  des 
eaux  de  source  décelée  à  l'aide  de  la  con- 
ductibilité électrique 1046 

M.  Ph.  Barbier.  —  Sur  le  myrcénol  et  sa 
constitution lo'iS 

M.  A.Wahl.  —  Sur  le  nitroacétate  d'étliyle.  loôo 

M.  \fAVR0JANNis.  —  Préparation  des  éthers 
nilrobenzoylcyanacétiques  isomériqucs  or- 
tho,  meta  et  para  et  du  chlorure  d'orlho- 
nitrobenzoyle  cristallisé io54 

M.  Alex.  Leys. —  Nouvelle  réaction  de  la 
saccharine  (sulfiniide  benzoïque) loôii 

M.  G.  André.  —  Sur  la  migration  des  ma- 
tières azotées  et  des  matières  ternaires 
dans  les  plantes  annuelles io58 

M.  Balland.  —  Sur  le  Voandzou io'ji 

M.  M.-E.  Pozzi-EscoT.  —  Contribution  à  la 
recherche  microchiraique  des  alcaloïdes...    lofb 

MM.  C.  Vaney  et  K.  Conte.  —  Sur  des  phé- 
nomènes d'histolyse  et  d'histogenèse 
accompagnant  le  développement  des  'fré- 
matodes  endoparasiles  de  Mollusques  tcr- 

BULLETIX    BIBF.IOGRAPntOUE 

Errata 


Pages, 
restres 1062 

M.  A.  Conte.  —  Sur  l'évolution  des  feuillets 
blastodermiques  chez  les  Nématodes 10G4 

MM.  H.  CouTiÈRE  et  J.  Martin.  —  Sur  une 
nouvelle  sous-famillc  d'Hémiptères  ma- 
rins, \e%  Hermatobatinœ 1066 

M.  Georqes  Weiss.  —  Recherches  sur  les 
constantes  physiques  qui  interviennent 
dans  l'excitation  électrique  du  nerf 1068 

M.  Auii.  Charpentier.  —  Mesure  directe  de 
la  longueur  d'onde  dans  le  nerf  à  la  suite 
d'excitations  électriques  brèves 1070 

.M.  M.\RAGE.  —  Quelques  remarques  sur  les 
otolithes  de  la  grenouille 1072 

MM.  Charrin  et  Guillemonat.  —  Influence 
de  la  stérilisation  des  milieux  habités,  de 
l'air  lespiré  et  des  aliments  ingérés,  sur 
l'organisme  animal 107^ 

M.  Pierre  Carles  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  La  pourriture  grise  du  raisin 
aurait-elle  quelque  rapport  avec  la  pré- 
sence des  morilles  dans  les  vignes?  ».-...    1077 


loSo 


PARIS.   —  IMPIUMERIK     GAUTH  [  E  R-V  I  L  L  A  K  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   ai 

/rf    GerafT/  .*  (•tOrUtBB-ViLLAIiS. 


JIM    *   1801 

PREMIER  SE3IESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  ran.  IiBS  SBOHETAIHES  PERPETUBEiS. 


TOME  CXXXH. 


NMS  (6  Mai  1901). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

OES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Granai-Augustias,  55. 

i901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  da\s  les  sÉA^XES  des  23  juin  1862  et  2^  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  -des  séances  de 
r Académie  se  composent  des  extrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  saA  ants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  I".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associéétrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéi'o. 

Un  INIembre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  di^s  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  l'ait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  lés  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aulat 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savant, 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personni 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac; 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  r- 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomme 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  lefon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance oflî 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.l- 
jeudià  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  lemp> 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compterenéit 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  iw 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  né"  contiennent  ni  planches,  m 
fleures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  ligures  seraienl 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  Irais  desaii 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  fi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administralivet.i 
un  Ra|)port  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  âpre 
l'impression  île  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pf' 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM   les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  !(' 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiMiili 


^JUN    4  1901 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI  6  MAI    1901, 

PRÉSroENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instkcction  publiquk  adresse  l'ampliatioii  du  Décret 
par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  que  l'Acadé- 
mie a  faite  de  M.  Zeiller,  pour  remplir  la  place  laissée  vacante  dans  la  Sec- 
tion de  Botanique  par  le  décès  de  M.  Adolphe  Chatin. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Zeiller  jirend  place  parmi  ses 
Confrères. 

MÉDECINE.  —  De  l'influence  de  l'alimenlatinn,  delà  température,  du  travaù 
et  des  poussières  sur  l'évolution  de  la  tuberculose.  Note  de  MM.  La.xne- 

LONGUE,  AcilARD   et    GaILLARD. 

«  Dans  des  Notes  précédentes,  nous  avons  recherché  expérimentale- 
ment l'influence  du  climat  sur  l'évolution  de  la  tuberculose.  Poursuivant 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  18.)  l4o 


(   io82  ) 

l'élude  des  conditions  adjuvantes  qui  peuvent  modifier  la  marche  de  cette 
infection,  nous  nous  jjroposons  aujourd'hui  de  mettre  en  relief  celles  dont 
le  rôle  est  le  mieux  établi  par  la  clinique  :  le  travail  musculaire,  l'alimen- 
tation insuffisante,  l'inhalation  d'un  air  chargé  de  poussières. 

»  Pour  procéder  à  cette  nouvelle  série  d'expériences,  nous  avons  pris 
cent  cobayes  mâles  et  nous  les  avons  tous  inoculés  dans  la  plèvre  droite, 
le  même  jour  (19  octobre  1900),  avec  la  même  dose  d'une  dilution  de 
virus  tuberculeux  provenant  d'une  culture  en  bouillon  glycérine  âgée  de 
deux  mois.  Puis  nous  avons  partagé  ces  cobayes  en  dix  lots,  de  poids  sen- 
siblement égal  (de  5''s,4oo  à  5''s,6oo). 

»  Comme  les  résultats  à  l'égard  de  la  température  nous  ont  amenés  à 
prolonger  les  expériences  et  à  en  faire  de  nouvelles,  nous  n'en  relaterons 
les  résultats  que  plus  tard,  dans  une  autre  Communication. 

»  L'inhalation  des  poussières  paraît  jouer  un  rôle  important  dans  la  ge- 
nèse et  l'évolution  de  la  tuberculose  pulmonaire  chez  l'homme.  Dans  nos 
expériences,  elle  a  hâté  d'une  façon  évidente  la  mort  des  cobayes.  Deux 
lots  de  dix  cobaves  mâles  chacun  et  d'un  poids  égal  à  celui  de  deux  autres 
lots  d'un  même  nombre  d'animaux  témoins,  ont  été  soumis  plusieurs  fois 
par  jour  à  l'inhalation  dépoussières;  dans  l'un  des  deux  premiers  lots  on 
chargeait  artificiellement  les  poussières  de  cultures  desséchées  de  coli- 
bacille. Commencée  le  19  octobre  1900,  l'expérience  peut  être  considérée 
com.me  terminée  aujourd'hui.  Il  ne  reste  qu'un  cobaye  vivant  dans  chacun 
des  deux  lots  où  Ton  a  fait  inhaler  les  poussières,  ce  qui  veut  dire  qu'il  en 
est  mort  18,  tandis  qu'il  y  a  encore  17  vivants  sur  20  dans  les  deux  lots 
témoins.  Plusieurs  des  animaux  insufflés  ont  succombé  manifestement  à  des 
broncho-pneumonies.  Le  résultat  se  montre  donc  avec  une  grande 
netteté. 

M  L'influence  du  travail  musculaire  et  de  la  fatigue  sur  la  marche  de  la 
tuberculose  apparaît  avec  plus  de  netteté  encore.  Elle  a  été  expérimentée, 
combinée  avec  une  alimentation  normale  et  plutôt  en  excès,  et  avec  une 
alimentation  réduite  de  moitié,  très  insuffisante  par  conséquent. 

»  1°  Influence  de  la  fatigue  seule.  —  Un  lot  témoin  de  dix  cobayes  de- 
meure à  l'intérieur  du  laboratoire,  dans  des  compartiments  étroits  d'une 
cage  où  ils  ne  peuvent  pour  ainsi  dire  pas  bouger.  Les  animaux  sont  sou- 
mis à  une  alimentation  normale. 

»  Un  deuxième  lot  de  dix  animaux  est  placé  dans  des  conditions  sem- 
blables de  logement  et  de  nourriture,  mais  il  fut  soumis,  à  partir  du 
19  octobre,  pendant  un  quart  d'heure,  quatre  fois  par  jour,  à  des  mouve- 


(   io83  ) 

ments  de  rotation  qui  obligeaient  les  animaux  à  se  déplacer  et  à  parcourir 
un  certain  espace. 

»  Un  troisième  lot  de  dix  cobayes,  soumis  au  même  régime  alimentaire 
et  confiné  dans  un  espace  étroit,  exécuta  les  mêmes  mouvements,  mais  il 
fut  maintenu  dans  la  roue  pendant  un  temps  deux  fois  plus  long,  c'est- 
à-dire  pendant  une  demi-heure,  quatre  fois  par  jour. 

»  Pour  ces  trois  lots,  l'expérience  commença  le  ig  octobre.  Or,  le  pre- 
mier lot  maintenu  à  un  repos  presque  absolu  ne  compte  que  deux  morts, 
tandis  que  ceux  qui  ont  été  soumis  à  la  rotation  n'ont  plus  aucun  survi- 
vant. La  rotation  avait  pour  effet  de  faire  parcourir  aux  animaux  du 
deuxième  lot  480™  par  jour  et  960™  à  ceux  du  troisième  lot,  soit  respecti- 
vement 1920  et  3840  fois  la  longueur  de  leur  corps. 

»  Il  est  à  remarquer  que  la  disparition  du  troisième  lot,  dont  le  travail 
musculaire  a  été  double,  a  eu  lieu  beaucoup  plus  vite  que  celle  du 
deuxième,  car  le  dernier  cobaye  du  troisième  lot  est  mort  le  3i  janvier,  et 
le  dernier  cobave  du  deuxième  lot  est  mort  le  i"  mars.  La  durée  de 
l'expérience  du  troisième  lot  a  été  de  cent  quatre  jours,  et  celle  du 
deuxième  lot  de  cent  trente-trois  jours. 

»  2*^  L'action  combinée  du  travail  et  de  l'insuffisance  alimentaire  est 
établie  par  la  comparaison  des  résultats  de  divers  lots.  Un  lot  de  dix  ani- 
maux soumis  depuis  le  19  octobre  à  une  demi-ration  et  à  des  mouvements 
de  rotation  pendant  un  quart  d'heure,  quatre  fois  par  jour,  a  été  totale- 
ment détruit  le  6  février.  Un  deuxième  lot  exécute  les  mêmes  mouvements, 
mais  il  a  une  ration  entière  :  il  ne  disparaît  complètement  que  le  1"'  mars. 
Enfin  dans  un  dernier  lot  on  ne  fait  plus  exécuter  de  mouvements,  mais 
l'alimentation  ne  comprend  qu'une  demi-ration  ;  le  lot  ne  s'éteint  qu'au 
i"  avril. 

»  Le  rôle  de  l'alimentation  insuffisante  n'est  pas  moins  manifeste.  La 
ration  complète  se  composait,  pour  dix  cobayes,  de  :  pain  loo^S  herbes 
vertes  1''^%  son  à  discrétion  (environ  5oo^).  Or,  tandis  qu'un  lot  de 
dix  cobayes  soumis  à  l'alimentation  complète  le  19  octobre  ne  compte  que 
deux  morts,  un  lot  semblable  soumis  à  la  demi-ration  depuis  la  même  date 
a  totalement  disparu  depuis  le  1*''  avril.  Ces  résultats  sont  démonstratifs. 

»  Il  est  intéressant  de  relever  la  diminution  du  poids  moyen  dès  co- 
bayes au  moment  de  leur  mort  dans  ces  différents  lots. 

»  Les  animaux  soumis  à  une  heure  de  travail  par  jour  (deuxième  lot) 
avaient  perdu  iSsï",  5  par  animal,  et  ceux  qui  avaient  été  soumis  à  deux 
heures  de  travail,  63^''. 


(  io84  ) 

»  L'alimentation  insuffisante,  sans  travail  musculaire,  fit  perdre  aux 
animaux  du  quatrième  loi  85^"',  5. 

))   Enfin  l'alimentation  insuffisante  combinée  à  la  fatigue  musculaire  fit 

■T 

subir  aux  cobayes  du  cinquième  lot  la  perte  la  plus  considérable  :  i  iS^'',  8 
par  animal. 

»  On  voit  par  ces  résultats  que  la  perle  de  poids  éprouvée  par  les 
cobayes  depuis  l'époque  de  l'inoculation  jusqu'à  leur  mort,  était  bien 
moins  l'effet  de  l'infection  tuberculeuse  que  des  conditions  artificielles 
introduites  dans  l'expérience  pour  accroître  les  dépenses  et  amoindrir  les 
recettes  de  l'organisme  infecté. 

»  Chez  l'homme  tuberculeux  il  en  est  vraisemblablement  de  même. 
Bien  que,  le  plus  habituellement,  les  malades  succombent  dans  un  état 
d'émaciation  très  accentuée,  on  en  voit  parfois  qui,  porteurs  de  lésions 
avancées,  conservent  néanmoins  un  certain  embonpoint,  et  il  y  a  tout 
lieu  de  penser  que  l'amaigrissement  résulte  bien  plutôt  des  troubles  nutritifs 
indirectement  engendrés  par  la  maladie,  notamment  des  troubles  de  l'ali- 
mentation, que  de  l'infection  elle-même.  » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  le  quatrième  Volume  des  «  Annales  de  l'Observatoire 
de  Toulouse  ».  Note  de  M.  Lœwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  quatrième  Volume  des 
Annales  de  l Observatoire  de  Toulouse. 

»  Après  l'mstallation  du  nouveau  Cercle  méridien  en  1891 ,  M.  Baillaud, 
Directeur  de  cet  établissement,  avait  décidé  de  consacrer  cet  appareil  de 
haute  précision  à  une  étude  d'une  importante  actualité,  à  savoir  :  l'obser- 
vation des  étoiles  de  repère  de  la  zone  attribuée  à  Toulouse  dans  l'entre- 
prise internationale  de  la  Carte  du  Ciel. 

»  L'exécution  de  cette  étude  méridienne  a  été  confiée  à  M.  Saint-Blancat. 
Le  Volume  qui  vient  de  paraître  est  donc  l'œuvre  personnelle  de  cet  astro- 
nome. 

»  Malgré  les  conditions  atmosphériques  spéciales  du  Ciel  de  Toulouse, 
qui  ne  laissent  guère  plus  de  75  soirées  complètement  claires  chaque  année, 
M.  Saint-Blancat  a  pu,  en  travaillant  avec  un  grand  dévouement  pendant 
toute  la  durée  des  nuits  favorables  et  en  observant  jusqu'à  i5o  étoiles 
dans  une  même  séance,  terminer  en  juillet  1898,  après  sept  années  de  la- 
beur, la  première  partie  de  la  lâche  qui  lui  était  confiée.  Il  a  ainsi  constitué 


(  io85  ) 

un  Catalogue  de  repères  renfermant  les  positions  exactes  de  371g  étoiles 
basées  sur  21  000  observations  méridiennes. 

»  I/utililé  des  études  faites  dans  cet  ordre  d'idées  grandit  de  jour 
en  jour.  En  effet,  comme  l'Académie  le  sait  déjà,  l'exploration  photo- 
graphique du  Ciel  n'a  pas  seulement  pour  objet  la  formation  d'un  grand 
Catalogue  qui  renfermera  les  positions  exactes  de  2  à  3  millions  d'étoiles, 
mais  aussi  la  construction,  à  l'aide  de  clichés  à  longue  pose,  d'une  Carte 
générale  du  Ciel,  contenant  les  étoiles  jusqu'à  la  quatorzième  grandeur, 
c'est-à-dire  des  images  d'astres  dont  l'éclat  est  encore  mille  fois  plus  faible 
que  celui  de  la  plus  petite  étoile  visible  à  l'œil  nu. 

»  Or,  cet  Atlas  général  de  l'Univers  sidéral,  qui  contiendra  peut-être  les 
images  de  trente  millions  d'objets  célestes,  a  déjà  conduit  à  des  applications 
imprévues.  Les  études  effectuées  récemmeut  en  Angleterre  et  en  France 
ont,  en  effet,  démontré  que,  grâce  à  l'intervention  d'un  réseau  quadrillé 
transporté  photographiquement  sur  chaque  cliché,  on  pourra  relever  sur 
les  Cartes  mêmes,  malgré  toutes  les  déformations  du  papier  des  feuilles,  la 
position  de  chaque  astre  avec  une  exactitude  au  moins  égale  à  celle  d'une 
observation  méridienne. 

M  Le  Catalogue  de  repères  célestes  dû  à  l'activité  persévérante  de 
M.  Saint-Blancat  pourra  donc  servir,  non  seulement  à  la  réduction  des 
clichés  à  courte  pose,  mais  aussi  à  la  détermination  des  coordonnées  équa- 
toriales  de  toute  cette  multitude  d'astres  qui,  jusqu'à  la  quatorzième  gran- 
deur, fournissent  l'image  fidèle  de  l'Univers  sidéral  à  notre  époque. 

»  Toutes  les  étoiles  communes  au  Catalogue  de  M.  Saint-Blancat  et  au 
Catalogue  de  Leipzig,  c'est-à-dire  les  |  des  étoiles  observées  à  Toulouse,  ont 
été  l'objet  d'une  comparaison  effectuée  par  M.  Baillaud.  Celte  comparai- 
son a  montré  un  accord  remarquable  entre  les  deux  catégories  de 
résultats. 

«  Le  Volume  dont  je  tais  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Baillaud, 
fera  certainement  le  plus  grand  honneur  à  l'Observatoire  de  Toulouse  et  à 
l'astronome  qui  a  accompli,  avec  tant  d'abnégation,  cet  important  travail.  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Mécanique,  à  une  place  vacante  en  vertu 
du  Décret  du  24  juin  i8gg. 


C  1086  ) 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5i, 

M.  Gustave  Zeuner  obtien! 4^  suffrages 

Il  y  a  3  bulletins  blancs. 

M.  Zeuner,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  élu  Cor- 
respondant de  l'Académie. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  pour  remplir  la 
place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  de  Serpa  Pinto. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.  Oudemans  obtient 45  suffrages 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Oudemans,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  élu 
Correspondant  de  l'Académie. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  déjuger  les  concours  de  1901. 
Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Philipeaux.  —  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Chauveau,  Van  Tieghem, 
Bouchard. 

Prix  Lacaze  {Physiologie).  —  MM.  Marey,   Bouchard,   Guyon,   Polain, 
d'Arsonval,  Lannelongue,  Chauveau,  Van  Tieghem,  Giard. 

Prix  Montyon (^Arts  insalubres).— MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Haller, 
Schlœsing. 

Prix  Wilde.  —  MM.  Cornu,  Lœwy,  Fouqué,  Maurice  Lévy,  Berthelot. 

Prix  Cahours.  —  MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Haller,  Ditte. 

Prix  Tchihatchef.  —  MM.   Grandidier,   Perrier,  Gaudry,  Bouquet  de  la 
Grye,  Filhol. 

Prix  Jean  Reynaud.  —  MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Gaudry,  Lannelongue, 
Cornu,  Sarrau. 


(  io87  ) 


MEMOIRES  LUS 

PHYSIOLOGIE.  —  Le  dernier  signe  de  vie;  son  application  à 
l'homme.  Note  de  M.  A.-D.  Walleb. 

«  Aux  séances  du  3  septembre  et  du  24  décembre,  j'ai  eu  l'honneur 
de  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  principaux  d'une  série  d'ex- 
périences démontrant,  selon  moi,  un  signe  distinctif  qui  permet  de  re- 
connaître en  quelques  instants  si  une  substance  donnée  est  vivante  ou 
morte. 

»  Je  me  suis  naturellement  demandé  si  ce  signe  distinctif  pouvait  être 
obtenu  sur  le  corps  humain  avec  la  peau  intacte.  Je  crois  avoir  résolu 
cette  question  dans  le  sens  affirmatif. 

»  La  réaction  est  localisée (')  aux  régions  polaires  du  courant  excita- 
teur. 

»  Après  plusieurs  essais  préliminaires,  je  me  suis  arrêté  à  employer 
trois  électrodes  :  A  et  B  servant  au  passage  du  courant  excitateur,  C  ser- 
vant à  relier  au  galvanomètre  l'un  ou  l'autre  des  deux  points  excités  A  etB. 

»   Voici  la  marche  d'une  expérience  : 

»  L'excitation  se  fait  par  les  électrodes  A  et  B,  et  l'on  doit  constater  l'effet  de  celte 
excitation  sur  le  point  A.  Ce  point  A  et  un  troisième  point  C  sont  reliés  au  galvano- 
mètre et  exactement  équipolentiés.  Le  galvanomètre  est  alors  court-circuité.  Une 
excitation  (soit  décharge  de  condensateur,  soit  courant  induit  de  rupture)  de  la  peau 
est  provoquée  aux  points  A  et  B.  Aussitôt  après,  les  points  A  et  G  sont  reliés  au  gal- 
vanomètre et  le  circuit  de  celui-ci  est  ouvert.  Toute  altération  qui  aura  eu  lieu  au 
point  A  sera  accusée  par  une  déviation  galvanomélrique.  On  répète  l'essai  avec  exci- 


(•)  L'expérience  suivante  faite  sur  un  lambeau  de  peau  de  grenouille  démontre 
nettement  l'exactitude  de  cette  localisation,  et  en  même  tomps  elle  prouve  que  la 
localisation  a  son  siège  dans  les  couches  externes  de  la  peau.  Excitation  provoquée 
par  deux  électrodes  A  et  B  appliquées  à  ses  surfaces  externe  (A)  et  interne  (B).  Déri- 
vation au  galvanomètre  par  A  et  un  troisième  point  C  qui  n'a  pas  été  excité;  réaction 
grande.  Dérivation  par  B  et  un  troisième  point  C;  réaction  nulle.  Donc  l'excitation 
transversale  de  l'épaisseur  AB  a  modifié  A  et  n'a  pas  sensiblement  modifié  B. 


(  io88  ) 

tation  en  direction  renversée.  On  répète  la  paire  d'essais  après  compensation  préalable 
des  points  B,  G.  Les  résultats  de  ces  quatre  essais  sont  les  suivants  : 

B.        C.        A. 

1.  Excitation  de  B  à  A >■ 

-i Réaction  de  A  à  C. 

■+■ 

2.  Excitation  de  A  à  B < 

< Réaction  de  A  à  C. 

3.  Excitation  de  B  à  A y 

— ■ >-  Réaction  de  B  à  C. 

-t- 

4-.  Excitation  de  A  à  B < 

>  Réaction  de  B  à  G. 

»  Ces  réactions  sont  caractéristiques  de  la  peau  vivante,  non  seulement 
celles  qui,  étant  de  même  direction  que  celle  du  courant  excitateur,  sont 
des  réactions  physiologiques  indiscutables  (n""*  2  et  3)  prenant  leur  source 
à  l'anode  du  courant  excitateur  qui  vient  de  passer,  mais  aussi  celles  qui, 
étant  de  direction  opposée  (celle  de  la  polarisation)  sont  discutables  (n"'  1 
et  4)  prenant  source  à  la  cathode  du  courant  excitateur.  Ces  réactions,  dans 
les  quatre  cas,  sont  dirigées  de  la  surface  externe  de  la  peau  à  la  région 
interrogée,  qu'elles  aient  été  provoquées  par  un  état  antérieur  anodique 
ou  cathodique.  Leur  valeur  ordinaire,  selon  mes  observations,  a  été  de 
o'°",oo3  ào^°'Soo5. 

»  Cette  propriété  physiologique  de  la  peau,  de  réagir  par  un  courant  de 
même  sens  à  la  suite  d'excitations  des  deux  directions,  qui  nous  empêche 
de  l'interroger  au  moyen  de  deux  électrodes  reliées  soit  à  l'excitateur,  soit 
au  galvanomètre,  simplifie  beaucoup  la  mise  en  pratique  de  l'essai  par  le 
moyen  des  trois  électrodes  A,  B  et  C,  en  nous  permettant  de  l'appliquer 
à  l'aide  de  courants  alternatifs  qui  nous  mettent  à  l'abri  des  effets  de  la 
polarisation  ordinaire.  Cette  polarisation,  en  effet,  reconnaissable  avec  le 
simple  courant  de  rupture  sur  la  peau  morte,  et  même  sur  la  peau  vivante, 
quoique  à  un  moindre  degré,  puisqu'elle  est  masquée  par  la  réaction  phy- 
siologique, ne  se  manifeste  pas  sensiblement  à  la  suite  d'une  série  de  cou- 
rants alternatifs. 

))  J'emploie  donc  ces  courants  et  un  commutateur  qui  permet  de  faire 
communiquer  deux  de  trois  régions  distinctes  de  la  peau  avec  le  clavier 
à  quatre  fiches  décrit  dans  mon  premier  Mémoire  (  '  ). 

(')  Ge  clavier  se  ti'ouve  figuré,  ainsi  que  le  circuit  qui  s'y  rattache,   dans  un  Me- 


(   io89  ) 

»  Si,  après  une  courte  tétanisation  de  la  peau  dans  les  deux  directions 
BA  et  AB,  les  réactions  sont  nettement  dans  les  directions  AC  et  BC,  la 
peau  est  vivante.  Sinon  la  peau  est  morte. 

»  Jusqu'ici  je  n'ai  déterminé  que  les  deux  cas  extrêmes  :  i°  celui  de  la 
peau  vivante  avec  les  réactions  AC  et  BC,  et  i°  celui  de  la  peau  tuée  dé- 
pourvue de  ces  réactions.  Je  n'ai  pas  encore  trouvé  moyen  de  suivre  pas  à 
pas  la  mort  de  la  peau  consécutive  à  la  mort  somatique. 

»  J'espère  sous  peu  combler  cette  lacune;  je  crois  pourtant  pouvoir 
avancer  dès  à  présent  que  la  peau  est  douée  d'une  survie  exceptionnelle- 
ment prolongée,  et  qu'elle  indique  par  le  fait  de  sa  mort  que  la  mort  défi- 
nitive a  eu  lieu. 

»  Toutes  les  expériences  précédentes  se  rapportent  à  la  peau  intacte. 
Pour  la  peau  excisée,  les  résultats  se  compliquent  en  raison  de  la  lésion  et 
d'autres  circonstances  que  je  me  réserve  de  discuter.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  La  variation  thermique  des  eaux. 
Note  de  M.  F. -A.  Forel. 

«  En  complément  des  études  océanographiques  organisées  par  la  Con- 
férence des  États  riverains  de  la  mer  du  Nord  et  de  la  Baltique,  M.  le  Prof. 
D''0.  Petterssen,  de  Stockholm,  a  demandé  des  recherches  thermométriques 
simultanées  dans  l'eau  des  lacs  du  nord-est  de  l'Europe,  et  il  m'a  prié  de 
me  charger  des  mesures  dans  le  Léman.  Les  résultats  de  ces  sondages 
thermométriques  viennent  de  nous  être  soumis,  et  nous  en  tirons  quelques 
conclusions  intéressantes. 

»  Si  par  un  calcul  convenable  je  cherche  quelle  est  la  quantité  de  cha- 
leur emmagasinée  dans  les  eaux  aux  différentes  saisons  [Calcul  du  bilan 
thermique  (M.  F. -A.  Forel,  Le  Léman,  t.  H,  p.  ^oo;  Lausanne,  1890)],  je 
trouve,  par  des  différences,  la  quantité  de  chaleur  reçue  ou  perdue  par 
l'unité  de  surface  entre  les  deux  époques  de  sondages  thermométriques 
consécutifs.  Je  traduis  ces  chiffres  en  calories  par  décimètre  carré  de  la 
surface  et  par  jour,  et  j'arrive  aux  valeurs  suivantes  pour  le  gain  de  cha- 
leur, de  l'hiver  à  l'été  de   l'année  1900,  pour  quelques  lacs  européens, 


moire  relatif  à  la  vitalité  des  graines,  et  par  des  observations  parallèles  sur  leur  ger- 
mination {Proceedings  of  the  Royal  Society,  febr.  24;  1901). 

C.  R.,    1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  18.)  l^l 


(  logo  ) 

du  Léman  en  France  et  Suisse,  à  l'Enare,  au  nord  de  la  Laponie   fin- 
landaise : 

Lacs.  Latitude.  Dates  extrêmes.  Gain  thermique. 

0        , 

Léman 46.21   lat.  N.  12  mars-i6  août  19  calories-dm^-jour 

Loch  Katrine 56.  i5       »  10  mars-29  juillet  29  » 

Mjôsen 60.22        »  18  avril-io  septembre  34  » 

Ladoga  7 61.22       »  26  avril-29  juillet  55  » 

Ladoga  8 61.24       »  24  avril-29  juillet  62  » 

Enare 69.    3  lat.  N.  10  mars-  6  août  68  calories-dm^-jour 

»  On  voit  apparaître  dans  ces  chiffres  une  loi  que  je  formule  en  ces 
termes  :  «  L'amplitude  de  la  variation  thermique  annuelle  est  fonction 
M  directe  de  la  latitude  ».  Cette  loi,  qui  pourrait  se  traduire  encore  ainsi  : 
«  La  variation  thermique  annuelle  est  nulle  à  l'équateur  et  maximale  au 
»  pôle  »,  s'appliquerait  aussi  bien  à  la  température  du  sol  et  à  celle  de 
l'air  qu'à  celle  des  eaux. 

»  Je  constate  encore  un  fait  important  et  nouveau  dans  les  résultats  de 
nos  sondages  thermométriques.  Tandis  que  dans  le  Léman  la  variation 
thermique  annuelle  n'intéresse  la  couche  supérieure  des  eaux  que  jusqu'à 
la  profondeur  de  100  à  120™,  elle  descend  plus  bas  dans  les  lacs  plus 
septentrionaux  :  jusqu'à  plus  de  i5o™  dans  le  Loch  Katrine  de  l'Ecosse, 
jusqu'à  plus  de  200""  dans  le  Mjosen  de  Norwège  et  le  Ladoga  de  Finlande 
et  de  Russie.  Il  semble  donc  que  la  profondeur  de  pénétration  de  la  chaleur 
croît,  elle  aussi,  en  fonction  directe  de  la  latitude;  mais  celte  loi,  qui  n'est 
pas  d'évidence,  et  qui  serait  déportée  considérable,  demande  à  être  vérifiée 
par  de  nouvelles  observations. 

»  Or  ces  lois,  qui  bont  devenues  facilement  manifestes  par  l'étude  de  la 
température  des  lacs  d'eau  douce,  n'apparaissent  pas  dans  les  séries  de 
mesures  thermométriques  faites  simultanément  dans  la  mer  Baltique  ou 
dans  la  mer  Ivoire.  Il  y  a  en  effet  pour  de  telles  études  un  avantage  évident 
à  les  faire  dans  des  bassins  d'eau  douce  plutôt  que  dans  la  mer.  Les  lacs 
sont  des  bassins  fermés  et  isolés,  tandis  que  la  mer  étant  en  communication 
directe  d'une  région  à  l'autre,  les  courants  superficiels  et  profonds  y  déter- 
minent des  échanges  et  des  mélanges  thermiques  qui  troublent  la  simpli- 
cité et  la  régularité  des  faits.  Puis  les  lacs  d'eau  douce  ont  une  composition 
chimique  uniforme  et,  par  suite,  une  densité  également  uniforme  ;  la  strati- 
fication y  est  régulière  aux  divers  points  de  vue  delà  salinité,  de  la  densité, 


(  I09I  ) 
de  la  température.  Il  n'y  a  pas,  dans  les  lacs  d'eau  douce,  ces  anomalies 
de  stratification  thermique  qui  diversifient  les  sondages  thermométriques 
de  la  Baltique  et  de  la  mer  Noire. 

»  Donc,  pour  l'étude  générale  des  conditions  thermiques  des  eaux,  il  y 
a  avantage  à  s'adresser  aux  lacs  d'eau  douce,  quitte  à  étendre  plus  tard  les 
conclusions  ainsi  obtenues  et  à  les  adapter  aux  masses  d'eau  salée  de 
l'Océan.    » 

CORRESPOND  AJVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Trois  Volumes  publiés  par  l'Université  d'Aberdeen  ayant  pour  titres  : 
1°  Roll  of  alunini  in  Arls  of  the  Universit)  and  Ring's  Collège  in  Aber- 
deen,  par  Peler  John  Anderson;  2"  Records  of  Old  Aberdeen  (1157-1891), 
par  Alexander  Macdonald  Miinro  ;  3°  Place  Names  of  West  Aberdeenshire, 
par  James  Macdonald  ; 

2°  Un  levé  à  grande  échelle  du  cours  du  Congo  et  de  l'Oubanghi,  par 
M.  Chastrey.  (Présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 


ASTRONOMIE.  —  Application  du  photomètre  à  coin  à  la  mesure  des  gran- 
deurs photographiques  des  étoiles.  Note  de  M.  B.  Baillaud,  présentée 
par  M.  Lœ\\'y. 

K  Si,  par  un  dispositif  convenable,  on  éclaire  un  cliché  photographique 
stellaire  où  les  images  apparaissent  noires  sur  un  fond  lumineux,  et  que 
l'on  regarde  les  images  au  moyen  d'une  lunette  dans  le  plan  focal  de  laquelle 
est  installée  la  lame  neutre  d'un  photomètre  à  coin,  on  peut  faire  dispa- 
raître les  images  de  la  même  manière  que,  au  moyen  de  ce  photomètre,  on 
éteint  les  images  lumineuses  des  étoiles  dans  le  plan  focal  d'un  télescope 
ordinaire. 

»  J'ai  installé  à  l'observatoire  de  Toulouse,  dans  une  chambre  obscure, 
avec  le  concours  de  l'habile  mécanicien  de  l'observatoire,  M.  Carrère,  un 
tel  instrument.  La  description  en  sera  donnée  ailleurs.  Il  suffira,  ici,  de  dire 
que  les  lectures  sont  enregistrées  mécaniquement,  que  l'observateur  les 
ignore  pendant  l'observation  elle-même,  qu'il  reste  dans  l'obscurité  et 
qu'aucun  assistant  n'intervient  dans  la  mesure. 


(    '092  ) 

»  Une  théorie  de  l'extinction,  par  le  coin,  de  l'image  constante  d'un 
point  sur  un  fond  variable  montre  que  les  lectures  ne  doivent  pas  varier 
comme  le  logarithme  de  l'éclat  de  l'étoile,  comme  cela  a  lieu  pour  l'extinc- 
tion de  l'image  d'une  étoile  sur  un  fond  obscur.  En  outre,  la  question  se 
complique,  pour  les  clichés  stellaires  ordinaires,  de  ce  fait  que  les  images 
des  belles  étoiles  ont  de  grands  diamètres  et  sont  plutôt  des  plages  que  des 
points.  Je  me  suis  proposé,  d'une  part,  de  construire  une  échelle  de  gran- 
deur, d'autre  part,  de  la  comparer  aux  grandeurs  visuelles  ordinaires.  Les 
clichés  que  j'ai  employés  ont  été  obtenus  par  M.  Montangerand,  astronome 
adjoint  à  l'observatoire,  dont  l'habileté  est  bien  connue;  ils  ne  laissent 
rien  à  désirer. 

»  L'échelle  de  grandeur  a  été  obtenue  de  la  manière  suivante  :  On  a  fait 
un  cliché  par  poses  successives  sur  une  étoile  E  d'une  zone  de  Potsdam, 
notée  comme  étant  de  grandeur  6,0.  La  première  pose  dura  cinq  minutes; 
20  autres  furent  obtenues  en  réduisant  ce  temps  de  pose  successivement 
dans  le  rapport  de  i  à  \]a,  où  a  =  2,5.  On  a  fait,  dans  les  mêmes  condi- 
tions, un  second  cliché  qui  contenait  vers  son  milieu  trois  étoiles  de  gran- 
deurs 7,7  et  8.  On  a  éteint  dans  l'appareil  ces  84  images.  Chaque  extinc- 
tion a  été  faite  quatre  fois  seulement  et  l'on  a  pris  la  moyenne  des  lectures. 

5 
»  Soient,  pour  une  des  images  de  la  première  étoile  ^n=j  en  minutes,  le 

temps  de  pose,  /,•  la  lecture,  l„  une  lecture  moyenne  parmi  toutes  celles 
obtenues.  On  a  cherché  si  l'on  peut  établir  une  relation  de  la  forme 

(i)  i  =  a/,  +  p  +  Y(/,- -/,„)=. 

»  Soit  a^  le  rapport  des  temps  de  pose  qui  permet  de  passer,  sur  un  cliché 
photographique  d'une  grandeur  visuelle  à  la  suivante;  soit  aussi  M,  la 
grandeur  visuelle  qui,  pour  une  pose  de  cinq  minutes,  correspond  à  l'image 
de  lecture  /,.  La  forme 


donne 


a'={aJy 


J 


et  la  relation  (i)  devient 

(2)  y-(M~  M)  =  a/,+  p  +  y(/,-  /,„)^ 

»  La  constante  inconnue  /  sera  déterminée  de  manière  à  faire  cadrer 
l'échelle  de  grandeur  avec  les  grandeurs  visuelles  des  Pléiades. 


(  I093  ) 

»  Soit  /„'  la  lecture  que  donne  au  photomètre  l'image  obtenue  en  cinq 
minutes  sur  l'étoile  E'.  Cette  lecture,  dans  les  images  de  l'étoile  E,  corres- 
pond à  une  valeur  i'^  de  i,  et  l'on  a 

(3)  i=<+^+y(i:-Lr, 

(4)  <,  +  '■=  =^(  +  P  4- y(/;.  -  4)-\ 

))   Les  étoiles  E",  E"'  donnent  des  équations  analogues. 
»   Les  relations  (i).   (3),  (4)  déterminent  «,  p,  y,  «;,  i"^,  j™,  /'„,  /;,  /;'; 
l'équation  (2)  appliquée  à  un  cliché  des  Pléiades  à  pose  de  cinq  minutes 
déterminera  j. 

u  La  résolution  des  équations  par  la  méthode  de  Cauchy  m'a  donné  les 
résultats  suivants.  J'ai  fait  /„=  8,25,  l'unité  pour  /,  étant  le  centimètre; 
j'ai  trouvé  : 

a  =  3,93i,  p  =  —  20,219,  T=    o,28r, 

«0  =  7,686,         il=      12,096,         t™  =  16,434. 

»  Les  moyennes  des  valeurs  absolues  des  résidus  ont  été  pour  les  quatre 
étoiles  : 

E.  E'.  E".  E"'. 

0,79  0,60  0,57  0,42 

et  la  moyenne  générale  :  0,59. 

»  Pour  déterminer/,  j'ai  comparé  les  lectures  de  53  étoiles  des  Pléiades 
aux  grandeurs  déterminées  par  Lindemaiin;  pour  six  des  plus  faibles,  j'ai 
adopté  les  grandeurs  de  Pickering  augmentées  de  o^'',  3.  J'ai  trouvé  : 

y-4,87, 

et  la  moyenne  des  valeurs  absolues  des  résidus  est  o8',4.  Ces  résidus 
n'offrent  aucune  variation  systématique.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les 
quatre  séries  de  résidus  de  l'échelle.  Pour  la  belle  étoile  E  qui  donne 
M  =  4,4,  ils  sont  négatifs  aux  deux  extrémités  et  positifs  au  milieu;  le 
contraire  se  produit  pour  E'  et  E",  qui  appartiennent  à  un  autre  cliché; 
rien  de  systématique  n'apparaît  pour  E'".  Les  grandeurs  photographiques 
M',  M",  M"  de  ces  étoiles  sont  respectivement  6,0,  6,9,  7,8.  Il  est  certain 
que  l'emploi  du  photomètre  à  coin  pour  les  très  belles  étoiles  offre  moins 
de  précision  que  pour  les  étoiles  faibles.  L'inconvénient  disparaîtrait,  au 
moins  en  partie,  si,  ayant  des  clichés  obtenus  en  dehors  du  foyer  du  téles- 
cope, suivant  l'indication  de  M.  Janssen,  on  les  regardait  avec  un  dispositif 


(  f094  ) 
tel  que  les  images  soient  suffisamment  réduites.  Nous  étudierons  la  ques- 
tion à  ce  point  de  vue.  Notre  objet  était  d'abord  la  mesure  des  grandeurs 
des  étoiles  sur  les  clichés  du  Catalogue  astrophotographique  international. 

»  Pour  apprécier  les  résidus  de  l'échelle,  il  convient  de  les  exprimer  en 
grandeur  en  les  divisant  par  la  valeur  dey,  4.87  :  on  voit  que  leur  moyenne 
ne  dépasse  guère  0^"^,  i . 

»  La  valeur  dey"  fait  connaître  le  rapport  des  temps  de  pose  qui,  pour 
une  même  étoile,  correspond  au  passage  d'une  grandeur  à  une  autre;  ce 
rapport  est 

ou  sensiblement  3,i. 

»  La  faiblesse  des  résidus  de  l'échelle  obtenue  par  la  combinaison  de 
84  poses  sur  quatre  étoiles  différentes  et  l'absence  de  marche  systématique 
des  résidus  du  cliché  des  Pléiades  montrent  que,  comme  l'avaient  trouvé 
MM,  Henry,  ce  rapport  est  indépendant  des  étoiles  choisies. 

»  Les  résultats  donnés  ci-dessus  sont  les  premiers  que  j'aie  obtenus  avec 
l'installation  définitive.  Il  y  a  lieu  de  les  vérifier  en  multipliant  et  variant 
les  conditions  des  mesures.  Tels  qu'ils  sont,  ils  m'ont  paru  assez  concor- 
dants pour  être  publiés.   » 


ASTRONOMIE.  —  Nébuleuses  nouvelles,  découvertes  à  l'Observatoire  de  Paris, 
(équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest).  Note  de  M.  G.  Bigocrdan,  commu- 
niquée par  M.  Lœwy. 

«  Cette  liste  fait  suite  à  celles  qui  ont  été  publiées  dans  les  Comptes 
rendus,  t.  CV(i887,  p.  926  et  1116),  t.  CXII  (1891,  p.  647,  708  et  848), 
t.  CXXIII  (rSgô,  p.  1243)  et  t.  CXXIV  (1897,  p.  65  et  i33). 

»  Les  nébuleuses  qu'elle  renferme  ont  été  découvertes  principalement 
dans  les  années  1 897-igoo,  au  moyen  de  l'équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest, 
dont  l'objectif  a  o™,  3i  d'ouverture  utile. 

»  Dans  la  notation  des  grandeurs,  nous  désignons  par  i3,5  l'éclat  des 
objets  qui  sont  à  l'extrême  limite  de  visibilité  dans  cet  instrument  ;  par  suite, 
il  peut  y  avoir  doute,  sinon  sur  l'existence,  du  moins  sur  le  caractère  nébu- 
leux des  objets  indiqués  comme  étant  de  grandeur  1 3,5  ou  i3,4-i3,5;  il  en 
est  de  même  pour  les  amas  très  fiiibles  et  pour  les  nébulosités  qui  accom- 
pagnent certaines  étoiles. 

»  Un  assez  grand  nombre  de  nébuleuses,  déjà  signalées  par  d'autres 


(  I09S  ) 

observateurs,  sont  plus  ou  moins  éloignées  des  positions  des  Catalogues  : 
pour  celles  que  nous  avons  observées  el  dont  les  écarts  atteignent  2'  ou  3' 
d'arc,  nous  donnons,  sous  le  titre  de  Rectifications  et  remarques,  les  coor- 
données des  points  où  nous  les  avons  trouvées  :  toutes  ces  nébuleuses  ont 
été  rapportées  micrométriquement  à  des  étoiles  voisines,  mais  qui  elles- 
mêmes  ne  sont  pas  toujours  connues  avec  beaucoup  de  précision  (  '). 
»   Voici  la  signification  des  principales  abréviations  employées  : 

N.G.  C.  =:  A'cw  gênerai  Cat.  of  nebidœ .  .  .,  par  M.  J.-L.-E.  Dreyer; 
Index  Cat.  =  Supplément  de  N.  G.  C.  {Meni.  of  the  R.A.  S.,  vol.  LI)  ; 

p  =  angle   de  position,    compté    suivant   les    conventions    universellement 

adoptées  ; 
d^=-  distance; 
gr  :=  grandeur. 

.\sceDsion 


Numéros. 


droite.        Déclinaison. 

7000,0 


Il        m       s 


357.        o.   2.  9      +82.   3 


358. 

0. J2. ÔO 

-1-29.30 

359. 

0. l3. 12 

-1-29.32 

360. 

0. 16.25 

-1-22.57 

361. 

0.32.31 

+    2.     7 

362. 

0.33.57 

-  9-33 

Date  de  la  découverte,  descriptions,  remarques. 

1888,  sept.  7.  —  Gr.  i3,4.  Dififuse,  irrégulière  et  d'environ  20" 
d'étendue;  condensation  à  peu  près  centrale  et  un  peu  gra- 
nuleuse. 

1899,  nov.  3.  —  Gr.  i3,4-i3,5;  entrevue  seulement. 

1897,  déc.  19.  —  Gr.  i3.  Elle  est  située  entre  deux  étoiles  de 
gr.  i3,2  et  i3,3  qui  gênent  pour  l'apercevoir. 

1897,  nov.  22.  —  Gr.  i3,4-i3, 5.  Nettement  nébuleuse  et  d'en- 
viron 3o"  d'étendue. 

1896,  nov.  28.  —  Gr.  i3,5.  Pourrait  être  la  nébuleuse 
164  N.G.C.  dont  l'ascension  droite  serait  trop  faible  de  i". 

1897,  déc.  16.  —  Gr.  i3,2.  Assez  stellaire,  un  peu  nébu- 
leuse; voisine  de  igr  N.G.C.  par  rapport  à  laquelle  elle  est 
à  />  =  160°,  d  =  o',6. 


(')  Pour  les  nébuleuses  des  heures  V  etXV-XXIV,  on  trouvera  plus  de  détails  dans 
les  Annales  de  l'Observatoire  de  Paris  {Observations).  Voici,  pour  chacune  de  ces 
heures,  le  Volume  qui  la  renferme  : 


Heures  V Obs.  de  1898 

»       XV »         i884 

»       XVI  et  XVII,.  ..  «         1890 


Heures  XVIII  et  XIX. . 
«       XX  et  XXI... 

»       XXH 

»       \XIII 


Obs.  de   1891 
»         1897 


Voir  aussi  :  G.  Bigourdan,  Observations  de  nébuleuses  et  d'amas  stellaires,  t.  V; 
Observations  différentielles  :  XVIII''o'"-XXIV''o'".  Ce  Volume,  paru  en  1899,  ren- 
ferme toutes  mes  mesures  des  nébuleuses,  n°*  654i-7824  du  New  gênerai  Catalogue. 


(  1096  ) 


Numéros. 

363. 

36i. 
365. 

366. 


Ascension 
droite.        Déclinaison. 

1900,0 

b         m       s  u       / 

O.36.O0       -i-i5.43 


0.40.57       +29.22 
o.4i.56       +27.16 

0.47.15       +56.   3 


367. 

o.49-i4 

+31.57 

368. 

I.     8.20 

+  1.34 

369. 

I .21 .20 

—    2.10 

370. 

I .23. I I 

+33.   5 

371. 

1.28.31 

— I2.50 

Dale  de  la  découverte,  descriptions,  remarques. 

i858,  déc.  3  et  1897  déc.  22.  —  Gr.  i3,5.  Stellaire;  se 
trouve  un  peu  en  avant  de  2i3  N.G.C. 

1897,  déc.  21.  —  Gr.  1 3, 3-1 3, 4.  Fortement  stellaire. 

1899,  nov.  8.  —  Gr.  i3,4-i3,5.  Diffuse,  large,  2'  de  diamètre 
avec  condensation  granuleuse  qui  ressort  à  peine. 

1899,  oct.  3i.  —  Amas  très  large,  sans  condensation.  Région 
de  281  N.G.C.  qui  a  été  aperçue. 

1898,  déc.  7.  —  Gr.  i3,4-i3,5.  Objet  demi-stellaire. 

1897,  nov.  20.  —  Etoile  de  gr.  i3  ,1  ;  elle  paraît  entourée  de  né" 
bulosité  excessivement  faible,  dont  la  partie  la  plus  brillante 
est,  par  rapport  à  l'étoile,  à/)  =  iS",  d=:  o' ,2. 

1897,  °<^'-  27.  —  Gr.  1 3, 4-1 3, 5.  Nébulosité  diffuse,  de  3o"  en- 
viron de  diamètre  et  à  peine  plus  brillante  vers  le  centre. 

1899,  jsn'*"-  8.  —  Nébulosité  diffuse,  que  l'on  ne  peut  bien 
apercevoir  à  cause  du  voisinage  d'une  étoile  i3,2-i3,3. 

1897,  oct.  29.  —  Gr.  i3,4-i3,5.  Objet  granuleux,  qui,  par 
instants,  a  paru  un  peu  nébuleux. 


Numéros. 


Rectifications  et  remarques. 


83 
88 
90 

207 
230 
274 
322 


Big.  =6602  N.G.C 
Big.  =  6975        » 
Big.  =  7 100        » 


L'ascension  droite  exacte  est  i8''io™48^  (1860,0). 
Identique  à  6976  N.G.C. 

Les   coordonnées    exactes    sont    2i''32'"i3'    et  8i°4o' 
(1860,0). 
Big.  =  I  2o4  Index  Cat.  Distance  polaire  exacte  :  i9''42'(i86o,o). 
Big.  i=i4i6  »         Ascension  droite  exacte  :  2j'»5i'"42*(i86o,o). 

»         Identique  à  2783  N.G.C. 
»         Identique  à  5-3o  N  .G. C. 


Corrections  de  N.G.C. 


Coordonnées  pour  1900,0 


N.G.C. 

m       s 

Décl. 

M. 

h       m       s 

Décl. 

Dates  des  observation 
remarques. 

7830.. 

—0.  i3 

» 

0.     0.52 

+  7- 49 

l885,  déc.  I. 

7836.. 

+  1. 12 

+8 

0.  2.5o 

+32. 3i 

1888,  sept.  7. 

/^8.. 

-0.45 

« 

0.   8.47 

-1-47-4I 

1890,  oct.  i3. 

49.. 

—0.35 

» 

0.  9.   7 

+47-4i 

1890,  oct.  i3. 

51.. 

— 0.32 

» 

0.  9.20 

+47 -42 

1890,  oct.  i3. 

52.. 

—0.20 

» 

0.  9.32 

+  18. 1 

1889,  nov.  i3. 

74.. 

— 0. 10 

» 

0.13.37 

+29.3© 

1886,  sept.  29. 

120 

» 

-5 

0.22. 23 

-  2.  4 

1890,  nov.  16. 

Corrections  de  N.G.C. 

N.G.C.  M-  Décl. 

m       s  , 

155. . .     4-0. [I  » 

161...     — o.i8 
164... 


—5 


195.. 

+o. 

a.'ï 

262.. 

— o 

i4 

281.. 

— o 

1 1 

309.. 

-+-0 

lO 

351.. 

—o. 

12 

1819. . 

+  0 

I  I 

1906.. 

— o 

i5 

1979.. 

— o 

23 

2054.. 

+  0 

25 

2175.. 

-+-0 

i3 

(  1097  ) 

Coordonnées  pour  1900,0 


m.. 


0.29.35 

0.30.28 


0.34.34 
0.43.24 
47.16 
5i.4i 
56.53 
6.28 
5.20. 17 
5.29.50 
5.40.30 
6.  3.55 


Décl. 

-11°.  19 
—    3.24 


9-45 


-1-56.  3 
— 10.28 
—  2.29 
+  5.  5 
-16.  2 

— 23.23 

— 10.  7 
+20. 3i 


Dates  des  observations; 
remarques. 

1890,  oct.  21. 
1890,  oct.  9. 
Non  trouvée  ;  pourrait  être 
identique  à  36i  Big.  dont 
VM  est  plus  grande  d'en- 
viron I". 

1897,  déc.16. 

1890,  oct.  i3. 

1891 ,  nov.  5. 
1897,  oct.  26. 

1897,  ^'^^-  ^5. 

1888,  déc.  6. 

1889,  févr.  21. 

1898,  févr.  II. 
189!,  déc.  26. 
1898,  février  11. 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  classe  particulière  de  sur/aces  réglées. 
Note  de  M.  A.  Demoulin. 

«  Je  me  jjropose  de  faire  connaître  une  solution  de  la  question  sui- 
vante posée  par  M.  Bricard  dans  le  dernier  fascicule  du  Bulletin  de  la 
Société  mathématique  de  France  (t.  XXIX,  p.  18)  : 

»  Déterminer  la  surface  réglée  la  plus  générale  telle  que  le  lieu  des  projections 
d'un  point  quelconque  de  l'espace  sur  ses  génératrices  soit  une  courbe  sphérique. 

»  Il  est  clair  que  le  cône  le  plus  général  satisfait  à  la  question. 

»  Une  autre  solution  est  fournie  par  un  conoïde  droit  (')  admettant 
comme  directrice  curviligne  l'intersection  d'un  cylindre  de  révolution 
renfermant  l'axe  du  conoïde  et  d'une  sphère  quelconque.  Relativement  à 
des  axes  convenablement  choisis,  ce  conoïde  a  pour  équation 

2 ax-  -\-  by- 


X- 


-y- 


»   Ces  deux  surfaces  constituent  la  solution  la  plus  générale  du  problème. 


(')  Le  conoïde  signalé  par  M.  Bricard  {loc.  cil.)  comme  répondante   la  question 
ne  jouit  pas  de  la  propriété  indiquée. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  18.)  l^2 


(  I098  ) 

Pour  le  démontrer,  nous  considérons  la  surface  cherchée  comme  engen- 
drée par  l'axe  Os  d'un  trièdre  trirectangle  Oxyz.  L'origine  O  étant  placée 
au  point  central  de  la  génératrice,  prenons  pour  plan  des  xz  le  plan 
tangent  en  O  à  la  surface.  Ce  choix  du  trièdre  est  toujours  permis,  sauf 
dans  le  cas  où  la  surface  admettrait  un  plan  directeur  isotrope,  hypothèse 
que  nous  écartons.  Soient  E,7),  Ç,yD,  «7,  r  les  translations  et  les  rotations  du 
trièdre  :  ce  sont  des  fonctions  d'une  variable  t  et  deux  d'entre  elles  sont 
nulles,  savoir  n  et  q.  Dans  le  cas  des  surfaces  développables,  on  a,  en  outre, 
^  =  0  et  le  plan  tangent  à  la  surface  le  long  de  Oz  coïncide  avec  le 
plan  zOy. 

»  Soient  a;,  j,  z  les  coordonnées  relatives  d'un  point  fixe  P  pris  arbi- 
trairement dans  l'espace;  sa  projection  H  (O,  O,  z)  sur  la  génératrice  Oz 
décrit  par  hypothèse  une  courbe  tracée  sur  une  sphère  de  centre 
C(X,Y,Z). 

»  Les  points  P  et  C  étant  fixes,  on  a 

■■  —  l-hrY, 

=  -^-pY. 

»  Nous  exprimerons  que  le  point  H  se  meut  en  restant  aune  distance  con- 
stante du  point  C  en  écrivant  que  la  vitesse  de  ce  point  est  perpendiculaire 
au  segment  CH;  d'où  l'équation 

(2)  XI-  Ypz  —  Zpy  -^pyz  =  o. 

»  Si  l'on  dérive  cette  équation  trois  fois  de  suite  et  qu'on  remplace  les 
dérivées  des  variables  x,  y,  z,  X,  Y,  Z  par  leurs  valeurs  (1),  on  obtiendra 
trois  nouvelles  relations  linéaires  en  X,  Y,  Z.  L'élimination  de  X,  Y,  Z 
entre  ces  équations  et  l'équation  (2),  donne,  sous  forme  d'un  déterminant  A 
égalé  à  zéro,  une  relation  qui  doit  avoir  lieu  quels  que  soient  x,  y,  z,  t. 

n  Traitons  d'abord  le  cas  des  surfaces  développables.  Si  l'on  introduit, 
dans  l'équation  A  =:  o,  l'hypothèse  Ç  =  o,  et  qu'on  fasse  en  outre  x  =  y  =  o, 
il  viendra 

-"(^'+  des  termes  renfermant  s)  =  o. 

Le  polynôme  entre  parenthèses  doit  être  identiquement  nul;  il  faut  donc 
que  l'on  ait  C  =  o.  Par  suite,  le  point  O  est  fixe  et  la  surface  est  un  cône. 


dx             Y 

dt=   ^^'y^ 

d)i. 
dt 

ày 

-£=pz-rx, 

dY 
dt 

dZ                         y 

dZ 

dt 

(   I099  ) 
»  Occupons-nous  maintenant  des  surfaces  gauches  et,  à  cet  effet,  faisons 
dans  l'équation  A  =  o,  j=s  =  o,  nous  obtiendrons  l'équation 

?,(rKv''  -+-  des  termes  de  degré  inférieur)  =  o. 

l  n'étant  pas  nulle,  le  second  facteur  l'est  identiquement  et  l'évanouissement 
du  coefficient  de  x^  donne  r=o.  Cette  condition,  jointe  à  la  condi- 
tion q  ^  o,  indiquée  plus  haut,  nous  permet  de  conclure  que  la  surface 
cherchée  admet  un  plan  directeur. 

»  Rapportons  la  surface  à  un  système  de  trois  axes  rectangulaires,  le 
plan  des  xy  étant  pris  parallèle  au  plan  directeur,  et  soient 

(g)  z  =  a.,  y  =  mx-^^ 

les  équations  d'une  génératrice  variable  de  la  surface.  Tous  les  points  situés 
sur  une  même  parallèle  à  l'axe  des  z  ayant  même  projection  sur  cette  géné- 
ratrice, il  suffira  de  s'occuper  des  points  du  plan  des  xy. 

»  Pour  déterminer  la  forme  nécessaire  des  expressions  de  a  et  de  ^  en 
fonction  de  m,  écrivons  que  les  projections  des  points  P,  (a;,,y,,  o), 
J^2(^u>j2.  o)  sur  la  génératrice  ^appartiennent  respectivement  aux  sphères 

(S,)  X-  +  V-+  :;-  +  lax  ■+-  zby  +  2C3  +  rf  =  o, 

( So )  X-  -+- y-  -I-  3-  +  2 a'x  +  2 b'y  -h  2c' z-h  cl'  =  o; 

il  viendra,  P,  Q,  R,  P',  Q',  R'  étant  des  constantes, 


a 


'(i  -h  m^)  -T-  <j!>-m-  -h  iT-c  (i  -+-  m^)  -t-  2fi(am-  -f-Z»)  =  P/w-  +  2Qm  +  R, 
<x-(i  +  m-)  +  ri-OT-  +  2xc'(i  +m-)  -|-  2S3(a'/n=  +  ^')=  P'm-+  2Q'm  +  R' 

et  ces  équations  donneront  les  valeurs  des  inconnues  a  et  (i. 

»  Exprimons  maintenant  que  la  projection  du  point  {x^,y^,  o),  pris 
arbitrairement  dans  le  plan,  appartient  à  la  sphère 

X-  -i-y-  +  z-  -+-  -la" x  +  2  b" y  +  le" z  +  cl"  =  o. 

Il  en  résulte  la  condition 

a,-(i  +  m-)-t-  pTO-  -H  2ac"(i  +  *M-)-H  2  li(a"ni' +6")  =  P'7«- -+■  2Q"m4- R". 

»  Si  l'on  porte,  dans  celte  égalité,  les  valeurs  trouvées  pour  a  et  8,  on 
obtiendra  une  relation  qui  devra  avoir  lieu  pour  toutes  les  valeurs  de  m; 
on  tirera  de  là  un  certain  nombre  de  relations  entre  x^,  y^,  a",  b" ,  c" ,  cl"  et 
les  quantités  analogues  relatives  aux  couples  (P,,S,),  (P^,  Sa).  Éliminons 


(    I lOO    ) 

entre  ces  relations  les  paramètres  a" ,  b" ,  c",  d"  ;  les  relations  restantes 
devront  avoir  lieu  quels  que  soient  x^,  y 3,  et  en  égalant  à  zéro  les  coeffi- 
cients des  différents  termes  où  figurent  ces  arbitraires,  on  obtiendra  les 
relations  nécessaires  et  suffisantes  qui  doivent  exister  entre  les  constantes 
qui  définissent  la  surface.  Pour  simplifier  les  calculs,  nous  avons  choisi  les 
sphères  S,  et  Sa  de  manière  que  leurs  centres  soient  situés  sur  une  paral- 
lèle à  l'axe  des  x.  Ce  choix  ne  serait  inadmissible  que  dans  le  cas  où  le 
lieu  des  centres  des  sphères  serait  une  droite  non  parallèle  au  plan  des  xy; 
or  ce  lieu  est  nécessairement  une  surface.  En  suivant  la  marche  indiquée, 
on  trouve  que  p  doit  satisfaire  à  une  équation  de  la  forme 

y^^mx^+f^, 

d'où  il  résulte  que  la  génératrice  rencontre  constamment  à  angle  droit  la 
parallèle  à  l'axe  des  z  issue  du  point  (^x^,  y^,  o).  La  surface  cherchée  est 
donc  un  conoïde.  Le  conoïde  indiqué  plus  haut  étant  le  seul  qui  réponde 
à  la  question,  on  conclut  de  là  le  théorème  énoncé.  » 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.   —  Sur  la  déformation  continue  des  surfaces. 

Note  de  M.  G.  Tzitzeica. 

«  Dans  une  Communication  faite  dernièrement,  M.  Egorov  s'occupe  de 
la  déformation  continue  d'une  classe  remarquable  de  surfaces  (^Comptes 
rendus,  p.  3o2  ;  11  février  1901). 

»  Je  dois  rappeler  que  j'avais  déjà  communiqué  une  partie  des  résultats 
de  M.  EgQro\  (Comptes  rendus,  p.  1276;  1899).  D'ailleurs,  au  moment  de 
la  publication  de  la  Note  de  M.  Egorov,  je  m'occupais  d'une  question  bien 
plus  générale  :  la  recherche  de  toutes  les  surfaces  qui  admettent  un  réseau 
conjugué  invariable  dans  une  déformation  continue. 

»  Je  me  suis  placé  dans  un  cas  particulier,  que  je  crois  d'ailleurs  être  le 
cas  général,  et  je  l'ai  complètement  résolu.  J'ai  supposé  que  les  surfaces 
applicables  rapportées  au  réseau  conjugué  commun  (m,  v)  étaient  définies 
par  des  formules  de  la  forme 

x  =  A/(u,i',a),         y  =  B/(u,i>,b),         z  =  C/(u,i>,c), 

avec  5  relations  entre  A,  B,  C,  a,  b,  c. 

»  Il  est  aisé  de  voir  que  tout  est  réduit  à  déterminer  une  fonction  ô  de« 

et  de  V  et  d'un  paramètre  t,  telle  que  (3^)'^ — V  ^^  \7f)   ^°'^"''  ^^^  P°" 


(   iioi   ) 
lynomes  du  quatrième  degré  par  rapport  à  l,  et  que  9  satisfasse  à  une 
équation  de  Laplace  de  la  forme 


du  di'  du  di> 


»  On  a  alors  trois  cas  à  étudier 
»   1.  Ou  bien 


où  /n  et  «  sont  des  fonctions  de  u  et  c,  et  R(0  "r>  polynôme  du  quatrième 
degré  en  (  ayant  pour  coefficients  des  fonctions  de  u  et  de  v.  On  reconnaît 
tout  de  suite  que  ce  cas  est  impossible. 
»   2.   Ou  bien 

j^^=p(t  +  m,)(f+m,), 

où  p,  q  et  les  m  sont  des  fonctions  de  u  et  f.  On  démontre  que  les  surfaces 
qui  correspondent  à  ce  cas  se  déduisent  de  l'une  d'entre  elles  par  un  déplace- 
ment dépendant  d'un  paramètre. 
»  3.  Ou  enfin 

où  les  a,  j3  et  y  sont  des  fonctions  àe  u  e\iv  et  a,  ^  a.,  x^^  <x^. 

»  J'ai  démontré  qu'à  l'aide  d'un  changement  convenable  des  variables 
ueiv  l'on  peut  écrire 

du  du  di'        ^'  dv^ 

où 

3  3 

U  =  (/  +  u)-{t  +  vy, 

et  alors  on  peut  énoncer  le  résultat  suivant  : 

»   Toutes  les  surfaces  qui  correspondent  à  ce  cas  se  déduisent  des  surfaces  té- 


(    II02    ) 

traédrales 

3  3 

X  =  A  (a  H-  m)'-  (a  +  «')', 

::  =  C(c+«)^(c-f  vy, 
à  l'aide  de  transformations  de  Peterson.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  séries  de  Taylor  et  les  étoiles  correspon- 
dantes. Note  de  M.  L.  Desaint,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Etant  donnée  une  série  de  Taylor 

le  problème  que  j'ai  en  vue  se  pose  de  la  manière  suivante  : 
«   Fixer  les  rapports  entre  la  fonction 

A(0 

))  et  la  fonctiony"(s),  c'est-à-dire  déterminer  les  liens  qui  existent  entre 
»  les  singularités  de  la  fonction  k{t)  et  les  points  singuliers  de  la  fonc- 
»   tion  f{z)-   » 

»  Remarquons  tout  d'abord  que,  sauf  dans  le  cas  d'une  série  de  Taylor 
de  rayon  nul,  on  peut  supposer  le  rayon  de  convergence  de  cette  série 
égal  à  I  et  la  série  valable  sur  ce  cercle.  Nous  pouvons  alors  réduire  A(<) 
à  n'être  qu'une  fonction  entière  prenant  pour  la  série  des  nombres  entiers 
positifs  la  série  de  valeurs  A(i),  A(2),  . . .,  A(7z),  coefficients  du  dévelop- 
pement taylorien  ;  cela  résulte  des  i-ésultats  de  M.  Borel  (Mémoire  sur 
les  séries  divergentes).  Cependant,  en  formant  la  fonction  entière  qui 
dérive  de  la  suite  A(i),  A(2),  . . .,  A(/î),  on  perd  un  peu  de  vue  la  forme 
A(n);  c'est  pourquoi  j'ai  cru  bon  d'énoncer  des  résultats  tirés  unique- 
ment de  cette  forme.  Le  plus  simple  est  le  suivant  : 

»  Etant  donnée  une  série  de  Taylor  valable  dans  le  cercle  et  sur  la  cir- 
conférence de  rayon  un 

f(z)  =  lA(n)z", 

si  la  fonction  A(;)  est  uniforme  et  régulière  à  l'infini,  la  fonction /(s) 
n'admet  comme  singularités  à  distance  finie  que  des  points  situés  sur  la 


(   iro3  ) 

partie  de  l'axe  des  quantités  réelles  positives  étendue  de  s  ^  i  à  l'infini.  La 
fonction /(:;)  est,  de  plus,  donnée  dans  tout  le  plan  en  dehors  de  cette 
partie  de  l'axe  par  la  formule 

où  y  désigne  ici  un  contour  entourant  les  singularités  de  A{x)  et  N  un 
nombre  entier  immédiatement  supérieur  à  la  partie  réelle  de  tous  les  points 
singuliers  de  A(/). 

»  Ce  théorème  est  susceptible  d'extensions. 

»  Étant  donnée  une  série  de  Taylor 

valable  dans  le  cercle  et  sur  le  cercle  de  rayon  i ,  si  la  fonction 

A(0 

est  continue  pour  les  valeurs  infinies  à  partie  réelle  nulle  ou  positive  de  la 
variable,  la  fonctiony"(s)  n'admet  à  distance  finie  comme  singularités  que 
des  points  situés  sur  la  partie  de  l'axe  des  quantités  réelles  positives  qui 
s'étend  de  ^  =  i  à  l'infini.  La  fonction /(s)  est,  de  plus,  représentée  dans 
toute  l'étoile  par  la  formule 


'—  > 

I  —  zr 


où  Y  désigne  un  contour  comprenant  un  demi-cercle  dont  le  centre  est 
l'origine,  et  deux  positions  de  l'axe  des  quantités  purement  imaginaires  ;  de 
plus,  a  est  une  constante,  et  N  un  nombre  entier  fini. 

»  Plus  généralement  : 

»  Lorsque  la  fonction 

A(0 

devient  infinie  pour  des  valeurs  infiniment  grandes  de  la  variable  comprises 
dans  un  angle  X  au  plus  égal  à  -,  désignons  par  a,  l'angle  d'un  des  côtés 

deJU(0<<|al<;  -j  avec  la  partie  positive  de  l'axe  des  quantités  réelles; 

la  fonction/(z)  définie  par  la  série 


(  '104  ) 

a  ses  points  singuliers  sur  la  spirale 

I  —  zye  ^  ^  o  si         a  >  o 

et  sur  la  spirale 

\  —  zye  =0         SI         a<;o. 

Celte  proposition  est  susceptible  d'une  grande  généralisation;  seulement 
ici  les  points  singuliers  de  la  fonction  sont  moins  bien  déterminés  par  la 
série  de  Taylor;  cette  proposition  s'énonce  ainsi  : 
»   Étant  donnée  une  série  de  Taylor 

si  la  fonction  A  (a?)  est  holomorphe  à  l'infini  à  l'intérieur  d'un  angle  aussi 
petit  que  l'on  veut,  d'ailleurs,  dont  le  sommet  est  l'origine  et  qui  contient 
l'axe  des  quantités  réelles  positives,  la  fonction  f{z)  n'admet  sur  son 
cercle  de  convergence  comme  point  singulier  que  le  point  s  =  i;  sous  la 
simple  condition  à  laquelle  satisfait  h.{x),  le  cercle  de  convergence  de  la 
série  de  Taylor  n'est  donc  jamais  une  coupure  pour/(^);  il  est,  de  plus, 
possible  d'avoir  immédiatement  la  représentation  de  /"(i;)  à  l'intérieur 
d'une  région  plus  étendue  que  son  cercle  de  convergence. 
»  La  foncliony(s)  s'écrit,  en  effet, 

OÙ  a,'  =  -  —  a,  jî'=  -  —  p,  les  angles  a.  et  p  étant  les  angles  des  rayons 

limites  qui,  de  part  et  d'autre  de  l'axe  des  quantités  réelles  positives, 
limitent  la  région  oîi  A(.r)  est  holomorphe  à  l'infini. 

»  Nous  avons  développé  la  correspondance  qui  existe  entre  les  circon- 
stances du  point  singulier  essentiel  de  A(a;)  à  l'infini  et  la  nature  analy- 
tique dey(:;).  Ceci  peut  se  compléter  lorsque  A  (a:)  admet  seulement  un 
pôle  d'ordre  k  à  l'infini  : 

»  Étant  donnée  une  série 

f{z)=^A(n)z", 


(  II0.5  ) 

si  A(a7)  admet  l'infini  comme  pôle  d'ordre  k  la  fonction  y(z)  a  tous  ses 
points  singuliers  snr  la  partie  de  l'axe  des  quantités  réelles  positives  qui 
s'étend  du  point  s  =  i  à  l'infini. 

»   La  fonctiony'(^)  est,  en  effet,  déterminée  par  la  formule 


/(^)  =  b 

«0 

où 

?aG^)=7^+---  + 


«*H 


b,  a^,  . . .,  a/i+,  étant  des  constantes  et  N  un  nombre  entier  positif.  » 

MÉCANIQUE.  —  Procédé  pratique  pour  la  correction  de  l'erreur  secondaire 
des  chronomètres.  Note  de  M.  Ch.-Éd.  Guillaume,  présentée  par 
M.   A.   Cornu. 

«  L'erreur  secondaire  de  compensation,  découverte  par  Dent  en  i833, 
consiste,  comme  on  sait,  dans  le  fait  qu'un  chronomètre  réglé  à  deux 
températures  déterminées  ne  l'est  à  aucune  autre  température.  Dans  l'em- 
ploi d'un  spiral  d'acier  et  d'un  balancier  compensateur  acier-laiton,  un 
chronomètre  ayant  une  marche  parfaite  à  o"  et  à  3o°  avance  de  2' à  2%  5  à 
iS",  et  retarde  au-dessous  de  0°  ou  au-dessus  de  3o°.  Les  spiraux  de  palla- 
dium donnent  une  erreur  secondaire  sensiblement  moindre,  et  sont  beau- 
coup employés  aujourd'hui  en  raison  des  facilités  qu'ils  offrent  pour  le 
réglage  approché  à  toute  température.  Mais  ces  spiraux  conservent  moins 
bien  leur  marche  que  ceux  d'acier,  et  plusieurs  fabricants  de  chrono- 
mètres, parmi  les  plus  réputés,  préfèrent,  pour  obtenir  des  marches 
parfaites,  s'en  tenir  au  spiral  d'acier,  et  ajouter  au  balancier  compensateur 
des  organes  auxiliaires  modifiant  la  loi  de  son  action. 

»  Je  vais  montrer  comment  on  peut,  par  l'emploi  des  aciers  au  nickel, 
compenser  parfaitement  les  variations  d'élasticité  du  spiral  avec  un  balan- 
cier de  forme  ordinaire. 

»  Yvon  Villarceau  {Annales  de  l'Observatoire  de  Paris,  t.  VIT),  exprime  la  varia- 
tion de  la  courbure  d'une  lame  bimétallique  par  l'équation 

P        ?o~        It 

dans  laquelle  po  et  e,,  désignent  deux  valeurs  de  départ  du  rayon  p  et  de  la  température  6  ; 

h  représente  en  abrégé  une  expression  assez  compliquée,  mais  dont  un  terme  impor- 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre,  (T.  CXXXII,  N"  18.)  l43 


(     IIO»^    ) 

tant  s'annule  lorsque  les  épaisseurs  relatives  des  métaux  de  la  bilanie  sont  choisies  de 
telle  sorte  que  l'action  de  celle-ci  soit  un  maximum,  condition  que  l'on  cherche  tou- 

iours  à  réaliser  dans  la  pratique  ;  h  se  rt^duit  alors  à  ^  >  e  étant  l'épaisseur  de 

•"  11'  ^    rj..,  —  a,  ' 

la  lame,  «j  et  a,  les  coefficients  de  dilatation  des  deux  métaux  qui  la  composent,  pris 
à  la  température  considérée. 

»  La  loi  de  variation  de  h  dépend  essentiellement  des  modifications  de  la  différence 
a, —  a,  avec  la  température.  Or,  si  l'on  se  reporte  aux  valeurs  de  «j  et  a^  pour  l'acier 
et  le  laiton  résultant  des  mesures  faites  par  M.  J.-R.  Benoît  au  moyen  de  l'appareil 
Fizeau,  on  trouve  que  leur  différence  est  une  fonction  sensiblement  linéaire  de  la 
température,  les  termes  quadratiques  étant  à  peu  près  identiques  pour  les  deux  métaux. 
On  en  conclut  que  l'erreur  secondaire  provient  presque  en  entier  du  terme  du  second 
ordre  de  la  formule  exprimant  la  variation  de  l'élasticité  de  l'acier.  La  correction  de 
ce  terme  ne  pourra  être  obtenue,  dans  un  balancier  à  lames  circulaires,  que  par  la 
combinaison  de  métaux  ou  alliages  dont  les  dilatations  aillent  en  s'écartant  à  mesure 
que  la  température  s'élève. 

»  Or  il  se  trouve  que  la  loi  de  dilatation  des  aciers  au  nickel  est  affectée  d'un 
deuxième  terme  très  variable  d'un  alliage  à  l'autre,  et  qui  est  négatif  pour  tous  les 
alliages  contenant  de  36  à  47  pour  loo  de  nickel  environ.  On  peut  donc  trouver,  dans 
celte  région,  des  alliages  qui,  associés  au  laiton,  pourront  donner  la  divergence  pro- 
gressive cherchée. 

»  Une  série  de  balanciers  ainsi  constitués,  construits  sur  mes  indications  par  M.  J. 
Vaucher-Ferrier,  à  Travers  (  Suisse),  et  expérimentés  par  M.  Paul-D.  Nardin,  au  Locle, 
ont  donné  d'emblée  des  résultats  très  satisfaisants,  qui  ont  engagé  M.  Nardin  à  adopter, 
depuis  près  de  deux  ans,  ces  balanciers  pour  tous  les  chronomètres  qu'il  construit. 

»  Je  donnerai,  à  titre  d'exemple,  les  résultats  des  observations  aux  températures 
faites  à  l'observatoire  de  Neucliàtel  sur  trois  chronomètres  de  marine  récemment  con- 
struits par  M.  Nardin  ;  la  première  m'a  été  obligeamment  communiquée  par  le  regretté 
D'Hirsch,  les  deux  autres  par  M.  le  D''  Arndt  : 

I.  II.  III. 


Ml 

arche 

Température. 

diurne  ('  ). 

0 

s 

8,8 

-+- 

2,8o 

o,5 

-+- 

2,32 

o,6 

-h 

2,67 

o,8 

-h 

2,71 

io,3 

-h 

3,33 

10,2 

-+- 

3,07 

9.5 

-t- 

3,02 

3o,7 

+ 

2,85 

3i,9 

+ 

3,25 

3i,4 

+ 

3,3o 

9.2 

-f- 

3,o5 

8,9 

+ 

2,9' 

Marche 

Température. 

diurne. 

0 

s 

to,7 

—  o,3o 

0,8 

—  0,24 

1,0 

-  0,35 

1,2 

—  0,26 

i3,o 

-H  0,09 

'2,9 

-+■  o,i3 

i3,3 

—  0,61 

32,8 

+  o,5o 

32,7 

-+-  0,  i3 

32,2 

-h  0,16 

12,6 

—  0,27 

12,0 

—  0,60 

10,9 

—  0,42 

M 

arche 

Température. 

diurne. 

0 

s 

12,9 

+ 

0,21 

0,4 

— 

o,5i 

0,4 

— 

0,71 

0,4 

— 

0,42 

'o,9 

+ 

0, 12 

10,9 

— 

o,o5 

10,6 

-4- 

0,  i5 

9.6 

+ 

0,18 

32,8 

— 

0,60 

32,6 

— 

0,33 

3i,8 

+ 

0,19 

12,0 

— 

0,35 

12,4 

— 

0,07 

12,5 

^- 

o,i5 

(')  Le  signe  -+-  indique  l'avance. 


(    iio?  ) 

»  On  voit,  à  l'inspection  du  Tableau,  que  la  marche  des  trois  chrono- 
mètres s'est  remarquablement  conservée  du  commencement  à  la  fin  des 
épreuves  thermiques,  ce  qui  atteste  la  bonne  conservation  du  balancier. 
Les  perturbations  que  l'on  observe  dans  les  jours  de  passage,  et  qui  pro- 
viennent de  l'inégale  répartition  de  la  température,  disparaissent  rapide- 
ment, montrant  ainsi  que  les  déformations  permanentes  ne  sont  pas  à 
craindre.  Enfin,  les  écarts  d'une  température  à  l'autre  sont  du  même  ordre 
de  grandeur  que  les  sauts  quotidiens  à  la  même  température,  lesquels 
renferment  à  la  fois  les  écarts  réels  du  chronomètre  et  de  l'horloge  de  com- 
paraison et  les  erreurs  des  observations.  Les  différences  des  marches 
diurnes  sont  très  petites,  et,  fait  essentiel,  les  marches  aux  températures 
moyennes  s'écartent  très  peu  delà  moyenne  des  marches  aux  températures 
extrêmes.  Pour  les  deux  premiers  chronomètres,  l'erreur  secondaire  est  de 
l'ordre  du  dixième  de  seconde;  pour  le  troisième,  elle  atteint  o*,4  en- 
viron. Mais,  même  ici,  cette  erreur  peut  n'être  qu'apparente;  elle  résulte 
d'un  calcul  dans  lequel  on  fait  entrer  toutes  les  observations  à  l'exception 
de  celles  des  jours  de  passage.  Mais,  en  choisissant  convenablement  les 
marches  diurnes  que  l'on  combine,  on  peut  ou  l'annuler  sensiblement  ou 
la  doubler,  ce  qui  montre  que,  pour  le  nombre  restreint  des  observations 
dont  on  dispose,  une  erreur  secondaire  rigoureusement  nulle,  pour  ce 
troisième  chronomètre,  ne  sort  pas  de  l'incertitude  probable  du  résultat. 
On  peut,  en  tous  cas,  tirer  de  ces  observations,  corroborées  par  beaucoup 
d'autres,  le  résultat  que,  par  l'emploi  du  nouveau  balancier,  combiné  avec 
un  spiral  d'acier,  les  marches  d'un  chronomètre  à  toute  température  peu- 
vent être  ramenées  dans  les  mêmes  limites  d'écart  que  les  marches  à  la 
même  température. 

»  Des  résultats  analogues  ont  été  obtenus  avec  des  chronomètres  de 
poche  par  M.  Nardin  et  par  M.  P.  Ditisheim  à  La  Chaux-de-Fonds. 

»  Je  dirai  enfin  que  l'emploi  de  l'acier-nickel  a  permis  de  réaliser  un 
autre  perfectionnement  du  balancier.  La  dilatabilité  moyenne  de  cet  acier 
étant  faible,  on  a  pu,  en  l'associant  au  laiton,  employer  des  lames  plus 
courtes  et  plus  robustes.  La  forme  définitivement  adoptée  consiste  en  quatre 
lames  égales  partant  symétriquement  des  deux  extrémités  du  bras  et 
chargées  de  masses  égales.  De  cette  façon,  l'action  de  la  force  centrifuge 
est  parfaitement  symétrique,  n'entraîne  aucune  torsion  du  bras  et  modifie 
beaucoup  moins  le  moment  d'inertie  du  balancier  que  dans  la  forme  ordi- 
naire. Les  corrections  auxiliaires  d'isochronisme  ont  pu  ainsi  être  sensible- 
ment réduites.    » 


(   iio8  ) 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  F  existence  (les  courants  ouveHs.  Note  de 
M.  V.  Crémieu,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  J'ai  montré  précédemment  (' )  que  la  convection  électrique  ne  produit 
pas   d'effet    magnétique.   Il  en   résulte    qu'il   doit  exister   des    courants 

ouverts. 

»   Pour  vérifier  leur  existence,  j'ai  fait,  sur  le  conseil  de  M.  H.  Poincaré, 

l'expérience  suivante  : 

»  Un  disque  en  ébonile  D  de  Z-j"^  de  diamètre  et  2"°", 5  d'épaisseur,  a  été  doré 
suivant  vingt-cinq  secteurs  radiaux  de  S.'i^"  de  diamètre  extérieur,  i4™  de  diamètre 
intérieur  et  distants  les  uns  des  autres  de  lo""". 

»  Ce  disque  tourne  autour  d'un  axe  horizontal  passant  par  son  centre,  entre  deux 
plateaux  fixes  F  et  F'  en  ébonite. 


»  Le  plateau  F'  porte  un  secteur  d'étain  S  ayant  mêmes  rayons  que  les  secteurs  mo- 
biles, mais  deux  fois  plus  large  qu'eux. 

»  En  face  de  S  se  trouve,  sur  le  plateau  F,  un  balai  B  qui  frotte  sur  les  secteurs 
mobiles;  B  est  relié  à  un  second  balai  B',  décalé  d'environ  60°  par  rapport  à  B  et 
placé  aussi  sur  F. 

»  Si  l'on  fliit  tourner  D  dans  le  sens  de  la  flèche,  puis  qu'on  relie  S  à  une 
source  électrique,  les  secteurs  mobiles  se  chargeront  par  influence  en  pas- 
sant au  contact  deB  et  viendront  se  décharger  sur  B'. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i544;  t.  CXXXI,  p.  797;  t.  CXXXII,  p.  827. 


(    II09  ) 
»   Il  y  aura  donc  eulre  B  et  B',  d'une  part  convection,  d'autre  [)arl  con- 
duction. 

»  Le  potentiel  en  S  est  de  loo  à  i3o  C.  G.  S.  électrostatiques;  la  distance  entre  S  et 
les  secteurs  mobiles,  d'environ  5""";  la  vitesse  du  disque,  de  65  à  85  tours  par  seconde; 
la  quantité  d'électricité  transportée  par  convection  est  de  2  x  lO"*  à  io~*  coulomb 
par  seconde  ;  le  courant  mesuré  dans  le  fil  qui  relie  B  à  B'  est,  en  effet,  de  2  x  io~*  à 
io~*  ampère. 

»  Entre  les  deux  balais,  au  niveau  du  bord  supérieur  de  la  dorure  du  disque  tour- 
nant et  à  i5°""  en  avant  de  celui-ci,  on  a  placé  l'aiguille  inférieure  A  d'un  système 
asiatique  dont  l'aiguille  supérieure  se  trouve  à  20"=""  au-dessus. 

»  Une  spire  conductrice,  de  diamètre  égal  à  celui  de  la  partie  moyenne  de  la  dorure 
du  disque  tournant,  est  fixée  dans  une  position  symétrique  de  cette  région  par  rapport 
à  l'aiguille  inférieure  du  système  astalique. 

))  Celui-ci  est  réglé  de  telle  façon  qu'un  courant  de  io~*  ampère  circulant  dans 
cette  spire  témoin  produit  une  déviation  de  i5'^"  sur  une  échelle  placée  à  4  mètres  de 
dislance. 

»   Le  mode  opératoire  est  le  suivant  : 

»  1°  Dans  une  première  expérience,  on  relie  les  balais  B  et  B'  à  un  gal- 
vanomètre par  des  fds  qui  passent  ioui  de  A  et  sont  d'ailleurs  symétriques 
par  rapport  à  A,  de  façon  que  leur  action  magnétique  est  nulle.  La  seule 
partie  du  circuit  qui  peut  alors  agir  sur  l'aiguille  A  est  la  convection 
entre  B  et  B'. 

»  Dans  ces  conditions,  le  disque  étant  nîis  en  rotation,  si  l'on  vient  à 
charger  S,  on  observe  une  déviation  du  galvanomètre,  tandis  que  le  sys- 
tème A  reste  immobile. 

»  On  vérifie  du  reste  que,  en  envoyant  dans  la  spire  témoin  un  courant 
égal  à  celui  mesuré  par  la  déviation  du  galvanomètre,  A  prend  une  dévia- 
tion notable;  cette  vérification  se  fait  sans  arrêter  le  disque  ni  décharger 
le  secteur  S. 

M  2°  Dans  une  seconde  expérience,  les  balais  B  et  B'  sont  réunis  par  un 
fil  conducteur  de  résistance  égale  à  celle  du  galvanomètre,  et  collé  sur  le 
disque  F,  au  niveau  de  la  spire  témoin. 

»  On  observe  alors,  au  moment  où  l'on  charge  S  et  en  prenant  des  pré- 
cautions convenables  pour  que  la  décharge  ne  soit  pas  oscillante  entre  les 
deux  balais,  une  déviation  permanente  de  A,  qui  cesse  dès  qu'on  relie  S 
au  sol. 

»  Cette  déviation  change  de  sens  avec  celui  de  la  charge  de  S.  Elle  est 
d'ailleurs  égale  à  celle  que  donne  sur  A  le  courant  témoin  de  l'expérience 
précédente. 


(    iiio  ) 

»  //  semble  donc  bien  que  le  courant  qui  circule  en  BB'B  est  un  courant 
ouvert. 

»  On  remarquera,  de  plus,  que  la  première  partie  de  l'expérience  con- 
stitue une  forme  très  nette  de  transport  d'électricité  par  convection,  sans 
effet  magnétique;  tous  les  facteurs  de  cette  expérience  sont  mesurés;  le 
calcul,  et  par  conséquent  les  erreurs  d'interprétation  auquel  il  pourrait 
donner  lieu,  se  trouvent  complètement  éliminés.    » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'osmose  à  travers  la  membrane  de  ferrocyanure 
de  cuivre.  Note  de  M.  G.  Flcsin,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'étude  de  l'osmose  à  travers  la  membrane,  dite  semi-perméable,  de 
ferrocyanure  de  cuivre,  n'est  pas  sans  présenter  quelques  difficultés  expé- 
rimentales qui  expliquent  peut-être  le  nombre  restreint  des  travaux  entre- 
pris sur  ce  sujet,  que  les  considérations  théoriques  de  Van't  Hoff  ont  pour- 
tant mis  en  lumière. 

»  On  s'est  attaché  jusqu'à  présent  à  mesurer  la  pression  osmotique, 
plutôt  que  la  vitesse  d'osmose;  je  me  suis  proposé  de  rechercher  quelle 
relation  existait  entre  ces  deux  grandeurs.  On  a  été,  d'autre  part,  assez 
facilement  porté  à  admettre  que  l'imperméabilité  de  la  membrane  de  fer- 
rocyanure pour  les  substances  dissoutes  était  générale;  l'analyse  de  l'eau 
dans  laquelle  est  plongé  le  vase  poreux  servant  de  support  à  la  membrane 
montre  qu'il  n'en  est  pas  toujours  ainsi. 

»  Le  procédé  décrit  par  Pfeffer  (')  pour  produire  la  membrane  préci- 
pitée sur  la  paroi  interne  du  vase  poreux  est  celui  qui  m'a  donné  les  meil- 
leurs résultats;  j'ai  pu  réussir  lo  pour  loo  des  vases  traités.  J'ai  adopté 
aussi  la  méthode  publiée  par  ce  savant  pour  la  détermination  de  la  pres- 
sion osmotique. 

»  Pour  mesurer  les  vitesses  d'osmose,  je  remplace  le  manomètre  par  un  tube  hori- 
zontal gradué,  de  i™™  de  diamètre  intérieur;  tout  l'appareil  étant  rigoureusement 
maintenu  à  o°,  la  vitesse  de  déplacement  du  ménisque  dans  le  tube  reste  sensiblement 
constante  pendant  plus  de  vingt-quatre  heures.  La  longueur  movenne  en  millimètres 
parcourue  dans  une  heure  représente  la  vitesse  d'osmose.  J'ai  toujours,  après  chaque 
expérience,  analysé  l'eau  extérieure  au  vase  poreux  et  dosé,  s'il  y  avait  lieu,  les  sub- 
stances dissoutes. 

(')   Osniotische  Untersucliungen,  Leipzig,  1877. 


(  "'I  ) 

»  Le  Tableau  suivant  résume  mes  observations  relatives  aux  pressions 
osmotiques,  celles-ci  étant  exprimées  en  centimètres  de  mercure  et  les 
concentrations  rapportées  à  loo^''  d'eau  : 


Pression 


observée 
réduite  à  o° 


Vase  I 
Vase  V 
Vase  I 
Vase  II 


Saccharose  à  2  pour  100  . .  96,8 

Saccharose  à  2  pour  100  . .  98,  i 

Saccharose  à  i  pour  100  .  .  44»  i 

Amjgdaline  à  i  pour  100  .  36,0 

Vase  IV  :  Antipyrine  à  i  pour  100  . .  89,6 

Vase  I      :  Urée  à  i  pour  100 28,2 


théorique 

à  o'. 

cm 
98,6 

98,6 

49>3 
37,1 
90,2 

282,7 


Poids 
de  substance  Durée 

ayant  traversé  de 

la  membrane,    l'expérience. 


mgr 
0,0 

0,0 

0,0 

0,0 

0,4 

i4i,o 


4i 

92 

126 

ÏI9 
96 

234 


»  L'accord  est  satisfaisant  entre  les  nombres  observés  el  les  nombres 
théoriques,  sauf  pour  l'urée,  qui  accuse  seulement  une  pression  dix  fois 
plus  petite  que  celle  indiquée  par  le  calcul.  L'explication  de  cet  écart  con- 
sidérable est  évidente  si  l'on  remarque  que  l'urée  a  passé  en  grande  partie 
dans  le  liquide  extérieur,  tandis  que  les  autres  substances  n'ont  pas  tra- 
versé la  membrane  en  quantité  appréciable. 

»  La  vitesse  d'osmose  n'est  pas,  comme  la  pression  osmotique,  indépen- 
dante de  la  surface  et  de  l'épaisseur  de  la  membrane  :  elle  varie  nota- 
blement suivant  les  vases  employés.  Le  nombre  qui  exprime  la  vitesse 
d'osmose  d'une  solution  n'a  donc  aucune  signification  en  valeur  absolue. 
Mais  si  nous  déterminons,  pour  différents  vases  pris  successivement  et  à  la 
température  de  0°,  les  vitesses  V  et  V  de  deux  solutions  de  même  concen- 

V 

tration,  nous  trouvons  que  le  quolieiit  yp  est  constant  et  ne  dépend  plus 

du  vase  qui  a  servi  à  effectuer  les  mesures.  Nous  allons  voir  que  ce  rapport 

P 
est  égal  au  rapport  p;  des  pressions  osmotiques  des  dissolutions   consi- 
dérées. 

»  Les  résultats  consignés  ci-dessous  se  rapportent  à  une  concentration 
de  i^""  de  substance  dans  loo^"^  d'eau;  P  représente  la  pression  osmotique 
théorique,  V  la  vitesse  d'osmose  à  0°,  Q  le  poids  en  milligrammes  de  corps 
dissous  avant  traversé  la  membrane,  D  la  durée  de  l'expérience  en 
heures. 


(     II'2    ) 

P  V 

cm  mm  mer  h 

(  Glucose 94iO  5,3  ^  Traces.      20 

Vase  II. .    <  Saccharose.  .        4q.3  2,7  „  0,0  25 

(  Urée 282,7  ^i^  17,0  25 

/  Glucose 94 jO  7i4  ^  0,0  27 

^,,     ]  Saccharose.  .        49.3  4,2  '^r  'i  0,0  43 

Vase  III.        ...       .  ^  e  0.55  o,5i  '  ^ 

J  Antipvrine.  .        00,2  8,2  '  _  o,5  01 

\  Glucose 94,0  8,8  ^  ^  0,0  27 

-,       ,,      \  Glucose 94,0  4>o  0,0  27 

VaseV..       „       ,  ;^'  ^'  1,91  1,90  /y 

I  Saccharose.  .       49,3  2,1  ^  ^  0,0  43 

»  De  l'examen  des  nombres  précédents,  il  résulte  que,  pour  un  même 
vase,  les  vitesses  d'osmose  Font  proportionnelles  aux  pressions  osmotiques 
et,  par  conséquent,  inversement  proportionnelles  aux  poids  moléculaires. 
L'anomalie  présentée  encore  ici  par  l'urée  n'infirme  en  rien  cette  conclu- 
sion :  la  membrane  est,  en  effet,  perméable  à  cette  substance,  ainsi  que  le 
démontre  l'analyse  du  liquide  extérieur,  et  la  séparation  du  corps  dissous 
et  du  dissolvant  n'est,  dès  lors,  plus  complète,  condition  indispensable 
pour  assurer  aux  lois  de  la  théorie  moderne  des  solutions  leur  entière 
rieueur.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  alliages  (raluminium.  Combinaisons  de 
Valuminium  et  du  tungstène.  Note  de  M.  Léon  Guili-et,  présentée 
par  M.  DiltP. 

«  M'étant  proposé  l'étude  systématique  de  certains  alliages  d'aluminium, 
j'ai  cherché  loul  d'abord  à  isoler  les  combinaisons  de  Taluminium  avec  les 
divers  métaux  entrant  dans  ces  alliages. 

»  A  cet  effet,  j'ai  employé,  suivant  les  conseils  de  M.  Matignon,  la  mé- 
thode indiquée  par  M.  Goldschmidt  pour  la  préparation  de  certains  métaux 
réfractaires.  Celte  méthode,  basée  sur  le  pouvoir  réducteur  de  l'alumi- 
nium, consiste  à  mélanger  l'oxyde  du  métal  que  l'on  se  propose  d'obtenir 
avec  de  l'aluminium  en  grains  ou  en  poudre  et  à  enflammer  ce  mélange 
par  l'intermédiaire  d'une  poudre  faite  de  bioxyde  de  baryum  et  d'alu- 
minium. 

»   Mes  premières  recherches  ont  porté  sur  la  réduction  de  l'acido  tiuig- 


(  "11^  ) 

stique,  de  l'acide  molybdique,  de  l'oxyde  magnétique  de  fer,  de  l'oxyde 
salin  de  manganèse,  du  bioxyde  d'étain  et  de  l'acide  titaniqiie  par  l'alu- 
minium en  excès. 

»  M'étant  aperçu,  dans  des  expériences  préliminaires,  que  l'on  obtenait 
des  résultats  absolument  différents  suivant  la  grosseur  du  grain  d'alu- 
minium et  la  quantité  totale  du  mélange,  j'ai  adopté  le  grain  qu'on  obtient 
en  fractionnant  raluminium  en  grains  du  commerce  entre  les  tamis  20 
et  30,  et  j'ai  toujours  opéré  sur  3'''''  de  matière. 

»  Dans  un  creuset  préalablement  brasqué  à  la  main  au  moyen  d'un  mélange  de 
go  parties  de  MgO  calcinée  à  liaute  température  et  de  lo  parties  de  MgO  cuite  à  basse 
température,  arrosé  des  |  de  son  poids  d'eau  et  bien  desséclié,  on  place  le  mélange 
d'oxyde  en  poudre  ou  en  grains  très  fins  et  d'aluminium  en  grains  fait  en  proportions 
théoriques  pour  produire  la  réaction  que  l'on  se  propose,  et  l'on  enflamme  à  l'aide  du 
mélange  BaO-+  ."Vl. 

»  Des  premières  recherches  que  j'ai  faites  on  peut  tirer  les  conclusions 
générales  suivantes  : 

»  1°  Lorsqu'on  se  propose  la  réduction  d'un  oxyde  qui  est  volatil  à  la 
température  de  la  réaction,  on  obtient  généralement  des  cristaux  d'une 
combinaison  d'aluminium  et  du  métal  qui  correspond  à  l'oxyde  employé; 

»  2"  Avec  les  oxydes  qui  ne  sont  pas  volatils  à  la  température  de  la 
réaction,  on  obtient  un  culot  métallique  ayant  parfois  une  structure  cristal- 
line et  dont  on  peut  isoler  des  combinaisons  métalliques  en  dissolvant  Al 
eu  excès  par  H  Cl  ou  KOH  étendus. 

»  Dans  la  présente  Note,  j'indiquerai  plus  spécialement  les  résultats 
obtenus  en  réduisant  l'acide  tungstique  par  l'aluminium,  en  présence  d'un 
excès  plus  ou  moins  important  de  ce  métal. 

»  On  est  limité,  d'une  part,  par  la  réaction  correspondant  au  tungstène 
pur,  et  d'autre  part  par  la  non-intlammalion  du  mélange  provenant  d'un 
trop  grand  excès  d'aluminium  ;  la  limite  d'intlammation  est  donnée  par  la 
réaction  correspondant  à  Al'^Tu  : 

))  i"  Les  expériences  faites  avec  des  proj)ortions  de  matières  comprises 
entre  les  quantités  qui  théoriquement  conduiraient  à  des  alliages  AlTu'" 
et  APTu  donnent  des  culots  métalliques  qui,  traités  par  l'eau  régale  con- 
centrée, laissent  un  résidu  parfaitement  cristallisé,  correspondant  à  la  for- 
mule AlTu^. 

»  l'our  analyser  ce  résidu,  je  l'ai  attaqué  par  Na°0'^,  seul  procédé  qui  donne  de  bons 
résultats;  mais,  comme  ce  produit   contient  toujours  de  l'alumine,  on  ne  peut  doser 

C.   R.,   igoi,   I"   Sciiieslrc.  (T.  CV.WII,   l\°   18  )  1  '|4 


(  I"1  ) 

ainsi  que  le  tungstène;  cette  opération  se  fait  après  séparation  de  l'alumine  par  l'ani- 
raoniaque,    en   précipitant  Tu   en  liqueur  neutre   par  le  nitrate  mercureux  (')  ;  j'ai 

trouvé  : 

Tu  calculé 
Tu  pour  100.  pour 

93,65  93,93  93,43  93,16 

»  Ces  cristaux  sont  faiblement  attaqués  par  les  acides  concentrés;  ils  sont  décom- 
posés par  l'eau  bouillante. 

»  2°  Les  expériences  faites  avec  des  proportions  de  matières  comprises 
entre  les  quantités  qui  conduiraient  théoriquement  à  des  alliages  AlTu 
et  Ai'^Tu  donnent  d'abondants  cristaux  lamellaires  qui  paraissent  ternes, 
à  cause  d'une  mince  couche  d'aluminium  qui  les  recouvre.  On  les  trouve 
entre  le  culot  métallique  et  le  corindon,  particulièrement  sur  la  périphérie. 
Ces  cristaux  correspondent  à  la  formule  APïu.  L'expérience  qui  donne  les 
meilleizrs  résultats  est  celle  qui  correspond  aux  proportions  théoriques 
conduisant  à  cette  composition. 

»  Pour  les  analyser,  on  les  lave  à  H  Cl  et  à  AztP,  puis  on  les  traite  par  l'eau 
régale  concentrée,  qui  les  dissout  facilement.  On  insolubilise  TuO^  formé  par  dessic- 
cation et  traitement  à  H  Cl,  et  l'on  reprend  par  l'eau  en  présence  de  chlorhydrate 
d'ammoniaque. 

))   L'aluminium  en  solution  est  précipité  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque. 
»  J'ai  trouvé  ainsi  : 

1"  analyse.  3"  analyse.  Calculé. 

Aluminium 36, 61  37,08  36,98 

Tungstène 63,32  62,90  63,02 

99>93  99-98  100,00 

»  Ces  cristaux  sont  facilement  attaqués  par  les  acides  concentrés. 

»  3°  Les  expériences  faites  avec  des  proportions  de  matières  comprises 
entre  les  quantités  qui,  théoriquement,  conduiraient  à  des  alliages  APïu 


(')  Au  cours  de  ces  analyses,  j'ai  remarqué  le  phénomène  suivant  que  je  me  réserve 
d'étudier  ultérieurement:  l'attaque  des  cristaux  par  Na-0^  était  faite  dans  une  capsule 
de  nickel;  la  capsule  ainsi  que  son  conLenu  étaient  traités  par  l'eau  bouillante,  puis 
bien  lavés.  Le  précipité  obtenu  était  filtré,  et  une  partie  de  l'alumine  restait  sur  le 
filtre,  alors  qu'elle  aurait  dû  passer  totalement  en  solution  sous  forme  d'aluminate  de 
soude;  il  est  même  arrivé  à  plusieurs  reprises  que  la  liqueur  filtrée  était  d'une  teinte 
verte  très  accusée  et  contenait  du  nickel. 


(   iii5  ) 

et  AI  Tu'  donnent  des  cristaux  formant  des  amas  magnifiques  à  la  surface 
du  culot  métallique;  ils  correspondent  à  la  formule  APTu. 

»  Ils  sont  très  difficilement  solubles  dans  l'eau  régale  concentrée,  et  pour  les  ana- 
lyser il  est  préférable  de  les  attaquer  par  Na^O-.  comme  je  l'ai  indiqué  à  propos  des 
cristaux  de  formule  AlTu^.  J'ai  trouvé  : 

Tu  pour  100 69,85  70,32  70,32 

Tu,  calculé  pour  Al^ Tu 69,44  »  » 

»  Ces  cristaux  sont  peu  attaqués  par  les  acides,  même  concentrés;  ils  sont  décom- 
posés, comme  les  deux  autres  combinaisons,  par  l'eau  bouillante. 

»  Je  me  réserve  d'étudier  ultérieurement  l'action  de  O,  Cl,  H=0,  etc., 
sur  ces  combinaisons,  ainsi  que  leurs  chaleurs  de  formation. 

»  Ces  expériences,  faites  avec  TuO',  sont  dangereuses;  elles  se  font 
avec  pertes  et  projections  abondantes.  Les  perles  ont  lieu  surtout  sous 
forme  d'oxyde  vert. 

»  Lorsqu'on  répète  ces  expériences  en  partant  de  TuO",  préparé  par 
l'action  de  H  sur  TuO^  on  obtient  des  cristallisations  beaucoup  plus 
rares  et  des  résultats  bien  moins  nets.  La  limite  d'inflammation  est  d'ail- 
leurs abaissée. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  j'indiquerai  les  résultats  que  j'ai  obtenus 
avec  les  oxydes  de  molybdène,  de  titane,  d'étain,  de  fer,  de  manga- 
nèse, etc.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.    —   Sur  un  iodoantimomure   de  mercure.    Note 
de  M.  Albert  Granger,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  Nous  avons  déjà  montré  que  le  mercure,  chauffé  en  présence  d'io- 
dure^de  phosphore,  se  changeait  en  iodure  et  phosphure  de  mercure. 
Nous  avons  cherché  si,  en  généralisant  la  réaction,  nous  pourrions  isoler 
des  arséniure,  antimoniure  et  bismuthure  de  mercure.  La  présente  Note  a 
pour  but  de  faire  [[connaître  les  résultats  obtenus  en  faisant  réagir  le  mer- 
cure sur  le  triiodure  d'antimoine. 

»  Chauffés  en  tubes  scellés  au  voisinage  de  3oo°  pendant  vingt  heures,  ces  deux 
corps  se  transforment  en  biiodure  de  mercure  et  en  un  composé  qui  n'est  pas  un 
antimoniure,  mais  un  iodoantimoniure  de  mercure.  Il  est  indispensable,  pour  pouvoir 
opérer  la  séparation  de  l'iodure  et  de  l'iodoantimoniure,  de  ne  pas  avoir  de  mercure 
inattaqué  dans  le  tube.  Nous  avons  eu  un  rendement  satisfaisant  en  prenant  4o»''  de 


(  '1'"  ) 

mercure  et  i2oB"'  d'iodure  d'antimoine.  La  séparation  des  produits  de  la  réaction  ne 
peut  être  opérée  en  dissolvant  i'iodure  de  mercure  dans  l'iodure  de  potassium  ;  ce 
procédé,  qui  nous  avait  parfaitement  réussi  pour  la  purification  du  phosphure  de 
mercure,  a  échoué  complètement  dans  le  cas  présent,  le  réactif  détruisant  à  la  longue 
riodoantiraoniure  de  mercure.  Il  faut  recourir  au  sulfite  de  sodium;  une  solution  de 
ce  sel  dissout  facilement  Fiodure  de  mercure,  surtout  si  Ton  a  soin  de  la  chauffer 
léo-èrement.  Après  lavages,  il  reste  un  corps  gris,  brillant,  nettement  cristallisé,  qui, 
outre  de  l'antimoine  et  du  mercure,  renferme  une  notable  quantité  d'iode. 

»  L'iodoantimoniure  de  mercure  se  j^résenle  sous  forme  de  prismes 
bacillaires  présentant  un  clivage  facile,  peut-être  g,.  La  forme,  l'éclat  et 
la  couleur  des  cristaux  rappellent  beaucoup  la  stibine.  Pourtant  on  ne 
remarque  pas  le  reflet  bleuté  que  l'on  constate  sur  ce  dernier  minéral.  La 
dureté  du  corps  est  peu  élevée;  il  s'écrase  facilement  sous  le  pilou  en 
donnant  une  poudre  à  reflets  rougeâtres. 

»  L'iodoantimoniure  de  mercure  est  décomposable  par  la  chaleur. 
Chauffé  doucement,  il  laisse  dégager  de  l'iodure  de  mercure  et  du  mer- 
cure métallique  en  donnant  un  résidu  d'antimoine.  A  froid,  le  chlore 
l'attaque  et  la  réaction  est  très  vive  si  l'on  fait  intervenir  la  chaleur;  le 
brome  agit  de  même.  L'acide  chlorhydrique  est  sans  action.  L'acide  azo- 
tique le  transforme  en  anlimoniate  de  mercure  et  iodure  de  mercure. 
Chauffé  avec  de  l'acide  sulturique,  l'iodoantimoniure  se  dissout  en  déga- 
geant de  l'acide  sulfureux  pendant  que  de  l'iodure  de  mercure  est  mis  en 
liberté.  L'eau  régale  dissout  rapidement  l'iodoantimoniure. 

))  Une  solution  de  perchlorure  de  fer  dissout  à  chaud  le  composé;  l'iode 
se  dégage  en  totalité.  A  froid,  le  zinc  et  l'acide  sulfurique  étendu  agissent 
avec  lenteur,  plus  rapidement  à  chaud;  il  se  dégage  de  l'hydrogène  anti- 
monié,  et  l'iode  reste  à  l'état  d'iodure  de  zinc  pendant  que  le  zinc  s'amal- 
game. La  décomposition  complète  ne  s'effectue  que  très  difficilement  dans 
cette  dernière  réaction. 

»  L'analyse  donne  comme  composition  à  ce  corps  Hg'  Sb'  1'  ;  si  l'on  tient 
compte  du  dédoublement  produit  par  l'acide  azotique,  on  peut  écrire  la 
formule  Hg'Sb^aHgP.  Cette  formule  est  plus  intéressante  que  la  première, 
car  l'antimoniure  de  mercure  mis  ainsi  en  évidence  a  même  formule  que  le 
phosphure  de  mercure  Hg'P*. 

»  Pour  analyser  ce  composé,  nous  avons  déplacé  l'iode  par  le  perchlorure  de  fer; 
puis,  dans  une  attaque  à  l'eau  régale,  nous  avons  précipité  le  mercure  et  l'antimoine  à 
l'état  de  sulfures.  On  redissout  ces  sulfures  et  l'on  sépare  le  mercure  à  l'état  de 
calomel;  on  dose  l'antimoine  sous  la  forme  de  sulfure.   » 


(   '"7   ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  an  échantillon  de  chaux  cristallisée.  Noie  de 
M.  Ad.  Jotvf-,  présentée  par  M.  U.  Moissan. 

«  L'obtention  de  la  chaux  cristallisée  a  été  relatée  par  MM.  S.  Meunier 
et  Levallois,  qui  ont  rencontré  cet  échantillon  dans  un  four  à  chaux  chauffé 
à  l'oxyde  de  carbone  (Comptes  rendus,  28  juin  1880).  Le  produit  de  la 
décomposition  contenait  de  pesits  cubes  polnrisanl  la  lumière,  contenant 
96  à  97  pour  100  de  chaux,  le  reste  étant  formé  de  silice  et  d'alumine. 

>>  En  i8gi,  M.  Moissan  a  obtenu  d'une  façon  courante  la  cristallisation 
(le  l'oxyde  de  calcium,  en  employant  l'action  directe  de  la  chaleur  du  four 
électrique  sur  la  chaux.  Celle-ci  fond,  peut  même  se  volatiliser  et,  par 
refroidissement,  cristallise  en  donnant  des  cristaux  comparables  à  ceux  de 
MM.  Meunier  et  Levallois  et  dune  densité  de  3,29.  (Comptes  rendus, 
t.  CXV,  p.  io34). 

»  J'ai  obtenu,  accidentellement,  une  autre  variété  cristalline  d'oxyde  de 
calcium.  Voici  dans  quelles  circonstances  : 

»  Un  four  à  carbure  avail  été  arrêté  avant  que  la  transformation  du  mélange  de 
chaux  et  de  cliarbon  fût  complète,  c'est-à-dire  après  une  action  très  courte  de  l'arc 
électrique.  Après  quelque  temps  d'inaction,  en  procédant  à  l'enlèvement  de  ce  mé- 
lange, j'ai  observé  la  présence  de  sortes  de  petites  géodes  contenant  de  petits  cristaux 
aiguillés  répartis  autour  de  plusieurs  centres;  à  côté  de  ces  cristaux  se  trouvaient  des 
lamelles  brillantes  de  graphite. 

»  Cette  disposition  était  surtout  accentuée  dans  les  portions  qui  n'avaient  été  sou- 
mises qu'à  une  température  insuffisante;  on  n'en  trouvait  pas  dans  le  centre,  où  il 
existait  un  noyau  de  carbure.  Cependant  ou  a  pu  trouver  de  ces  cristaux  à  l'extré- 
mité même  de  l'anode.  En  certains  endroits,  les  aiguilles  atteignaient  plusieurs  milli- 
mètres de  longueur. 

"  J'ai  isolé,  non  sans  quelques  difficultés,  quelques-uns  de  ces  cristaux, 
très  légers  et  très  ténus,  et  je  les  ai  souinis  à  l'analyse.  Ils  répondent  en 
moyenne  à  une  teneur  de  98,3  pour  100  de  chaux,  avec  un  peu  de  carbone 
qui  en  enfume  quelques-uns  très  légèrement.  Ils  contiennent  quelquefois 
aussi  un  peu  de  carbure  qui,  probablement,  y  est  interposé  mécanique- 
ment. Je  n'ai  pu  déterminer  exactement  comment  ce  carbure  existait,  s'il 
était  interposé  ou  mélangé  aux  cri.staux.  (Cependant  son  existence  est 
certaine,  étant  donnée  la  légère  odeur  de  gaz  acétylène  que  répandent  ces 
cristaux. 


(   iii8  ) 

»  Ces  cristaux  récemment  obtenus  sont  parfaitement  transparents  et 
sont  en  aiguilles  prismatiques  ;  leur  densité  est  voisine  de  2,5  (3,32  pour 
les  cristaux  cubiques).  Ils  deviennent  assez  rapidement  opaques  en  deve- 
nant carbonate  superficiellement. 

»  J'ai  essayé  de  reproduire  ces  cristaux  dans  un  petit  four  de  laboratoire  (aSo  am- 
pères et  5o  volts;  le  courant  primaire  du  four  à  carbure  était  de  7000  ampères  sous 
200  volts,  répartis  sur  8  fours).  Je  n'ai  jamais  pu  les  obtenir  quand  la  formation  du 
carbure  était  complète,  c'est-à-dire  quand  la  température  du  four  avait  été  très  élevée  ; 
à  peine  trouve-t-on  quelques  aiguilles  petites  dans  la  masse  environnante. 

)i  Ils  se  forment  très  nettement  quand  on  arrête  le  courant  au  moment  où  le  mé- 
lange a  pris  l'aspect  caractéristique  du  carbure  inachevé,  quand  la  masse  est  grise, 
poreuse,  contient  de  la  chaux,  du  charbon,  du  graphite  et  du  carbure  non  fondu. 

»  En  résumé,  la  chaux  prismatique  ainsi  obtenue  provient  d'un  refroi- 
dissement de  la  masse  au  moment  où  le  carbure  de  calcium  va  se  former. 
Le  carbone  et  la  chaux,  pour  former  le  carbure,  se  trouvent  respective- 
ment, l'un  à  l'état  de  graphite,  et  l'autre,  de  chaux  fondue  et  même  à  l'état 
de  vapeurs.  C'est  le  refroidissement  de  cette  vapeur  dans  un  espace  clos 
qui  produit  probablement  cette  chaux  en  cristaux  prismatiques.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE,  —  Sur  la  chimie  du  méthylène .  Note  de  M.  "V.  Thomas, 

présentée  par  M.  Moissan. 

(I  On  ne  sait  pas  grand' chose  sur  la  chimie  du  méthylène,  et  les  seules 
données  expérimentales  qu'on  ait  sur  ce  sujet  sont  dues  en  grande  partie  à 
M.  Nef  (').  Il  est  vrai  que  les  théoriciens  ont  pu  déduire,  par  contre,  en  se 
basant  sur  des  hypothèses  généralement  admises,  quelques  propriétés 
intéressantes  de  ce  groupement,  ou,  d'une  façon  générale,  des  polyméthy- 
lènes.  D'après  M.  Ad.  Bayer,  par  exemple,  le  tétraméthylène  serait  un 
composé  fort  stable. 

»  M.  l'abbé  Hamonet  a  montré  tout  récemment  (^)  qu'en  traitant  le 
diiodobutane  ou  le  dérivé  brome  correspondant  par  certains  métaux  tels 
que  le  zinc,  ce  tétraméthylène  ne  prenait  pas  naissance.  La  réaction  se  passe 
comme  si,  dans  une  première  phase,  il  se  produisait  du  tétraméthylène  très 
instable  qui  se  dédoublerait  ensuite  en  deux  molécules  d'étliylène. 

(')  Annales  de  Liebig,  t.  CCXCVIII,  p.  202. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  789. 


(   1^19  ) 
»  L'étude  de  l'action  des  métaux  sur  l'iodure  de  méthylène  paraît  devoir 
apporter  quelques  documents  importants  pour  l'histoire  du  méthylène.  Cet 
iodure  devrait,  en  effet,  dans  ces  conditions,  donner  naissance  à  des  com- 
posés correspondant  à  l'éthane  diiodé,  puis  à  l'èthylène  : 

2C1PP  =  CH-I  -  CH-I  +  P, 
CHM-CH^I=    CH-=CH-    +1-, 

»  En  réalité,  comme  il  résulte  des  expériences  suivantes,  il  se  comporte 
d'une  façon  toute  différente. 

»  Action  du  mercure  sur  r iodure  de  méthylène.  —  En  laissant  au  contact, 
pendant  plusieurs  jours,  du  mercure,  de  l'iodure  mercureus  et  de  l'iodure 
de  méthylène,  j'ai  obtenu  les  composés  décrits  par  M.  Sakuray  ('),  à  savoir  : 

CH-I.Hgl.  CH=(HgI)-  et         CH(il;.;l)^ 

»  Toutefois,  contrairement  au  dire  de  ce  chimiste,  l'iodure  mercureux 
ne  paraît  jouer  ici  aucun  rôle.  En  effet,  la  réaction  se  produit  tout  à  fait 
identique  en  l'absence  de  ce  sel. 

n  Tandis  que  l'iodométliane  monoiodomercurique  et  le  méthane  diiodomercurique 
sont  obtenus  en  quantités  notables,  le  méthane  Iriiodoraercurique  ne  se  forme  qu'en 
très  petite  quantité.  Comme  ce  corps  se  forme  régulièrement  en  substituant  i'iodo- 
forme  à  Fiodure  de  méthylène,  M.  Sakuray  en  avait  conclu  que  la  présence  de  ce  corps 
était  due  à  des  traces  d'iodoforme  contenu  dans  l'iodure  de  méthylène  employé.  Or  ce 
fait  me  paraît  erroné.  L'iodure  de  méthylène  tout  à  fait  exempt  d'iodoforme  se  com- 
porte exactement  de  la  même  façon  (').  De  plus,  sous  l'action  de  la  chaleur,  l'iodo- 
méthane  iodomercurique  se  décompose  en  donnant  des  quantités  variables  de  méthane 
di  et  triiodomercurique. 

»  L'action  du  mercure  sur  l'iodure  de  méthylène  est  différente  si,  au 
lieu  d'opérer  à  froid,  on  opère  à  température  élevée,  a'.i  voisinage  de 
200",  par  exemple. 

»  4oi''''  de  mercure  ont  été  chauffés  avec  22S''  d'iodure  de  méthylène,  entre  i90''-20o°, 
en  tubes  scellés  pendant  plusieurs  heures  (dix  à  douze  heures).  Le  tube,  après  réaction, 
contient  de  grands  cristaux  d'iodure  mercurique,  les  uns  rouges,  les  autres  jaunes.  Le 
liquide  a  complètement  disparu.  Il  s'est  formé  une  masse  charbonneuse  en  même 
temps  qu'une  quantité  considérable  de  produits  gazeux  à  pris  naissance.  Geu.x-ci  sont 


(')   CItem.  Soc,  t.  XXXVII,  p.  661;  t.  XXXIX,  p.  485. 

(^)  L'iodure  de  méthylène  employé,  traité  par  une  araine  en  présence  d'alcali,  ne 
donnait  pas  trace  de  carbylamine. 


(      M  20    ) 

constitués  par  un  mélange  de  méthane  et  d'éthane;  le  volume  de  l'éthane  étant  sensi- 
blement double  de  celui  de  l'éthane. 

»  Cette  façon  singulière  de  se  comporter  de  l'iodure  de  méthylène 
m'avait  fait  songer  que  le  groupement  Cil-,  qui  prend  naissance  par  suite 
de  l'enlèvement  d'iode,  au  lieu  de  former  une  combinaison  du  type  du  di- 
méthylène,  était  susceptible,  dans  certaines  conditions,  de  se  dédoubler  en 
hydrogène  et  en  un  groupe  CH  plus  stable, 

Ci!-  =  CH  +  n, 

ce  qui  déterminerait  la  formation  d'acétylène  d'une  part  et,  de  l'autre, 
la  formation  d'un  groupe  méthyle  par  suite  de  la  réaction  secondaire 

CH-  ^  H  =  VAl\ 

On  serait  ainsi  conduit  à  la  production  d'éthane. 

»  Quantàl'acétylène,  par  suite  d'un  mécanisme  semblable,  il  donnerait 
à  son  tour  (les  produits  plus  condensés  et  même  un  dépôt  de  charbon  avec 
mise  en  liberté  d'hydrogène.  C'est  celui-ci  qui,  en  se  fixant  sur  un  groupe 
méthyle,  engendrerait  du  méthane.  Une  molécule  semblerait  ainsi  s'hydro- 
séner  aux  dépens  d'une  autre  molécule. 

»   En  admettant  cette  manière  de  voir,  les  composés 

CH-I,HgI-     CH-(Hgl)-  et  CH(Hgl)', 

se  formeraient  par  suite  très  normalement. 

»  Du  reste,  on  peut  démontrer  directement  la  production  d'une  liaison 
acétyléni(|ue  dans  la  décomposition  de  l'iodure  de  méthylène.  Il  suffit  pour 
cela  de  s'adresser  à  des  métaux  monovalents,  tels  que  l'argent,  non  sus- 
ceptibles de  donner  des  dérivés  organométalliques  à  la  façon  du  mercure. 

»  66''  d'argent  réduit  ont  été  chauffés  avec  8s''  d'iodure  de  méthylène  au  bain-marie. 
Le  dégagement  gazeux  se  produit  déjà  très  nettement  à  100°.  Si  l'on  élève  progressi- 
vement la  température  du  bain  par  addition  d'un  sel,  la  décomposition  s'accentue 
rapidement.  On  a  recueilli  séparément  les  gaz  dégagés  jusqu'à  100°,  les  gaz  dégagés 
entre  100°  et  i5o°,  enfin  les  produits  de  réaction  à  température  supérieure.  Dans 
tous  les  cas,  les  gaz  ainsi  formés  donnent  un  abondant  précipité  rouge  avec  le  chlo- 
rure de  cuivre  ammoniacal  ('). 


(')   En  chauffant  à  5oo°  de  l'iodure  de  méthylène  avec  de  l'argent,  Sudborough  a 
obtenu  du  charbon,  de  l'éthylène  et  du  méthane  {Journ.  Soc.  Chem.,  t.  X\  I,  p.  4o8). 


(     II2I     ) 

))   En  résume,  j'ai  établi  dans  cette  Note  que  : 

M  1°  Le  mercure  réagit  sur  l'iodure  de  méthylène  exempt  (Viodoforme 
en  donnant  en  même  temps  CH^I.Hgl,  CH-(Hgl)-  et  CH(Hg])'. 

»  i"  L'iodure  CH-LHgl  se  décompose  sous  l'action  de  la  chaleur  en 
donnant  les  dérivés  CH-(Hgl)- et  CH(HgI)\ 

M  3°  L'iodure  de  méthylène  est  décomposé  par  certains  métaux  avec 
formation  d'éthane  et  de  méthane  (mercure)  ou  de  carbures  acétyléniques 
précipitant  en  rouge  le  chlorure  cuivreux  ammoniacal  (argent). 

»  Dans  de  prochaines  Notes,  je  me  réserve  de  revenir  sur  l'action 
qu'exercent  les  différents  éléments  métalliques  sur  l'iodure  de  méthylène 
et  les  dérivés  chlorés  ou  bromes  correspondants.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  C hydralation  de  i acide  amylpropioliqae ;  acide 
caproylacétique .  Note  de  Mi\L  Ch.  Moureu  et  R.  Delange,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

«  Il  a  été  établi  précédemment  (')  que  les  acétones  possédant  à  côté 
du  carbonyle  une  fonction  acétylénique  pouvaient  fixer  une  molécule 
d'eau  par  l'intermédiaire  de  l'acide  sulfurique,  avec  formation  de  dicé- 
tones  p;  nous  avons  montré  de  plus  (-)  que  les  mêmes  substances  étaient 
décomposées  par  les  lessives  alcalines,  en  donnant  d'une  part  une  molé- 
cule d'acide,  et  de  l'autre,  tantôt  une  molécule  d'acétone,  tantôt  une  molé- 
cule de  carbure  acétylénique.  Ces  réactions  nouvelles  nous  ont  engagés  à 
étudier,  au  point  de  vue  d'une  hydratation  ou  d'un  dédoublement  ana- 
logue possible,  d'autres  composés  acétyléniques,  et  tout  d'abord  les  acides. 
Cette  Note  résume  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  avec  l'acide  amyl- 
propiolique,  CH' —  (CH-)' ~  Ces  C  —  CO-II,  récemment  décrit  par 
nous  ('). 

»  L'acide  amylpropiolique,  libre  ou  éthérifié,  ne  peut  être  que  très  dif- 
ficilement hydraté  par  l'intermédiaire  de  l'acide  sulfurique  concentré  or- 
dinaire. Si  l'on  emploie  l'acide  sulfurique  légèrement  fumant  (3  pour  loo 
d'anhydride),  on  observe  une  réaction  extrêmement  vive  :  la  molécule  est 


(')  Ch.   Moureu  et  R.   Dklange,   Comptes  rendus,   1900;  Nef,   Liebig's  Annal., 
l.  CCCVIII,  p.  264. 
(')  Comptes  rendus,  1900. 
(')  Comptes  rendus,  1901. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  C\X.\.II,  N°  18.)  1^5 


(     I 122     ) 

scindée  à  l'endroit  de  la  triple  liaison,  et  il  y  a  production  d'un  acide   sa- 
turé gras  à  deux  atomes  de  carbone  de  moins,  l'acide  caproïque 

CH'-(CH^)^-CO-H, 

en  même  temps  que  d'un  acide  sulfoné,  dont  le  sel  de  barium  cristallise 
en  fines  aiguilles  blanches  peu  solubles  dans  l'eau. 

»  Tout  autres  sont  les  résultats  que  l'on  obtient  en  mettant  en  œuvre 
les  alcalis  caustiques;  il  y  a  fixation  d'une  molécule  d'eau  sur  l'acide  acéty- 
lénique,  et  formation  d'un  acide  jî-cétonique,  l'acide  caproylacétique  ; 

CH' -  (CH=')^  -  C=C  -  C0=  II  +  H- O  =  CH'  (CH-)^  -  CO  -  CH=  -  CO=  H. 

1)  On  chaulle  à  reflux,  pendant  douze  heures,  l'acide  amylpropiolique  avec  un  excès 
(environ  3  molécules)  de  potasse  en  solution  alcoolique  à  12  pour  100;  on  étend  en- 
suite d'eau  la  liqueur,  on  l'agite  avec  de  l'éther,  qui  enlève  un  produit  neutre  formé 
dans  la  réaction  (voir  plus  loin),  et  la  solution  alcaline,  soigneusement  refroidie,  est 
acidulée  avec  précaution  par  l'acide  sulfurique  dilué  et  froid;  on  extrait  à  l'éther 
l'acide  rais  en  liberté,  on  sèche  la  solution  éthérée  et  l'on  évapore  l'éther  dans  le  vide 
à  froid;  le  résidu  solide,  cristallisé  en  lamelles  blanches,  constitue  l'acide  caproylacé- 
tique; 1 4  parties  d'acide  acétylénique  fournissent  en  moyenne  i5  parties  d'acide  p-cé- 
tonique  brut. 

»  Comme  tous  les  corps  analogues,  l'acide  caproylacétique  colore  fortement  en 
rouge  les  solutions  étendues  de  chlorure  ferrique.  Il  est  très  instable  :  déjà  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  et  très  rapidement  à  partir  de  60°,  il  se  dédouble  en  acide  carbo- 
nique et  méthylamylcétone  : 

CH»—  (CH^)*  —  CO  —  CH=  —  COMJ  =  CO^-h  CH3—  (CH^)*—  CO  —  CH^ 

»  On  peut  cependant  l'éthérifier,  soit  en  saturant  à  0°  de  gaz  chlorhydrique  sa  solu- 
tion dans  l'alcool  correspondant,  soit  en  abandonnant  à  basse  température,  pendant 
quelques  jours,  la  même  solution  additionnée  d'acide  sulfurique.  Quelques  précautions 
que  l'on  prenne  d'ailleurs,  on  n'évite  jamais  complètement  la  décomposition  de  l'acide 
en  méthylamylcétone  et  acide  carbonique. 

»  Le  caproylacélate  de  méthyle  distille  à  ii5o-ii6°  sous  14™'":  1)0=0,994.  Le 
caproylacétate  d'éthyle  distille  à  126°-! 27°  sous  ig"""  :  Do  =  0,9721.  Ces  deux  éthers 
colorent  fortement  en  rouge  la  solution  alcoolique  de  chlorure  ferrique  et  réagissent 
immédiatement  sur  la  phénylhydrazine.  Ils  se  dissolvent  avec  dégagement  de  chaleur 
dans  les  solutions  aqueuses  de  soude  caustique;  mais,  presque  aussitôt,  le  dérivé  sodé 
se  précipite  sous  la  forme  d'un  magma  blanc.  Les  dérivés  cupriques,  de  couleur  vert 
clair,  sont  très  solubles  dans  le  chloroforme;  ils  se  déposent  de  leurs  solutions  dans 
l'alcool  absolu  en  petits  prismes  microscopiques;  le  composé  méthylique  fond  à  ii3°- 
1 14°,  et  le  composé  éthylique  à  107°. 

»  Le  produit  neutre  formé,  en  faible  proportion  d'ailleurs,  dans  la  préparation  de 


(     I 123     ) 

l'acide  caproyiacétique  n'est  autre  que  la  niéthylamylcétone,  qui  a  pris  naissance 
d'après  l'équation  suivante  : 

CLP-  (CIP)'—  C  =  C  -  CO'H  +  2KOH  =  CFP-  (CH^)'-  GO  —  CH'+  CO'K^. 

»  Si  l'on  substitue  la  potasse  aqueuse  à  la  potasse  alcoolique,  cette  dernière  réac- 
tion est  prédominante,  et  il  se  forme  directement  de  la  méthylamylcétone  en  quantité 
notable. 

»  Ces  faits  précis  interdisent  formellement  l'emploi  d'un  excès  d'alcali, 
quand  on  peut  saponifier  les  éthers  de  l'acide  araylpropiolique.  Ils  vont, 
en  outre,  nous  permettre  d'appuyer  par  des  arguments  solides  la  formule 
de  constitution  CH'  -  (GIF)'  -  CCI  =  CH  —  CO'R,  que  nous  avons  pro- 
posée pour  les  éthers  résultant  de  Faction  du  gaz  chlorhvdrique  sur  la 
solution  de  cet  acide  dans  l'alcool  raélhylique  ou  éthyiique  ('). 

»  Si,  en  effet,  on  traite  à  chaud  ces  étliers  chlorés  par  la  quantité  exactement  cal- 
culée de  potasse  (2  moi.)  en  solution  alcoolique,  el  qu'on  chauffe  ensuite  au  bain- 
marie  le  produit  acide  qui  s'est  formé  dans  la  réaction,  celui-ci  fournit  une  quantité 
appréciable  de  méthylamylcélone  ;  et  l'on  peut  admettre  que  la  production  d'une 
partie  au  moins  de  cette  méthylamylcétone  s'est  faite  d'après  le  mécanisme  suivant  ; 
1°  transformation  du  dérivé  chloré  (—  CCI  ^:  CH  —  CO'H)  en  dérivé  hydroxylé 

(— COH  =  CU  — CO^il); 

2°  isomérisalion  cétonique  de  celui-ci  ( — CO  —  CIP — COHI);  3°  dédoublement 
normal  de  l'acide  [3-cétonique.  —  Le  même  raisonnement,  appliqué  au  dérivé  chloré 
( —  CM  ■=  CCI  —  CO-  II  ),  conduirait  à  l'aldéhyle  œnanthylique 

CH^  —  (CH=  )'  -  CH^- -  Cil O ; 

or,  il  ne  s'en  fait  pas  trace  dans  la  réaction.  C'est  donc  bien  en  (3  que  doit  être  placé 
le  chlore  par  rapport  au  carboxyle. 

»  En  résumé  :  1°  nous  avons  montré  que  l'acide  sulfurique  fumant  dé- 
compose l'acide  amvlpropiolique,  avec  jjroduction  de  l'acide  gras  à  deux 
atomes  de  carbone  de  moins;  2°  en  traitant  le  même  acide  acétylénique 
par  la  potasse  alcoolique,  nous  avons  obtenu  un  acide  [3-cétonique  non 
substitué  et  à  chaîne  normale  encore  inconnu,  l'acide  caproyiacétique. 
Nous  nous  proposons  de  généraliser  ces  deux  réactions;  la  seconde  con- 
stitue un  procédé  de  synthèse  des  acides  et  éthers  p-cétoniques  entièrement 
différent  des  deux  autres  méthodes  déjà  connues,  et  dont  l'une  a  été  indi- 


(')  Comptes  rendus.   1901. 


(  1124  ) 

quée  il  y  a  quelque  temps  par  M.  Bouveault  (' ),  et  l'autre  tout  dernière- 
ment par  M.  Biaise  (").  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  dimélhylpyrmique .  Note  de  M.  A.  Waiii,, 

présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  précédente,  insérée  aux  Comptes  rendus  (t.  CXXXII, 
p.  4i6),  M.  Bouveault  et  moi  avons  montré  qu'en  chauffant  à  loo"  une  so- 
lution chlorhydrique  étendue  de  l'a- aminodiméthylacrylate  d'éthvle, 
celui-ci  est  intégralement  transformé  en  un  composé  dont  l'analyse  répond 
à  la  formule  C'H'-O',  en  même  temps  que  l'azote  est  éliminé  à  l'état  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque. 

CMl'^4zG=-|-irO  +  HCl=^  C'H'-0'-hAzH*Cl. 

»  Nous  avons  montré  également  que  ce  composé  contient  un  atome 
d'oxygène  cétonique  et  que,  par  saponification,  il  fournit  un  acide  C  H' O' 
fondant  à  3i°  dont  nous  avons  décrit  l'oxime  et  la  phénylhydrazone,  et  qui 
constitue  l'acide  diméthylpyruvique 

,.,,,  ;CH  -CO-COOH 

inconnu  jusque-là. 

»  Bien  que  le  mode  de  formation  et  les  propriétés  de  cet  acide  dimé- 
thylpyruvique ne  puissent  laisser  aucun  doute  sur  sa  constitution,  les 
divergences  qui  existent  entre  les  constantes  physiques  des  dérivés  que  nous 
avons  préparés  et  ceux  déjà  obtenus  par  MM.  Morilz  ('),  K.  Brunner  (^) 
et  L.  Rohn  (*)  m'ont  engagé  à  en  faire  l'étude  un  peu  plus  complète  et  à 
démontrer  d'une  manière  nette  l'exactitude  de  la  constitution  que  nous  lui 
avons  donnée. 

))  J'ai  essayé  de  préparer  la  diméthylpyruvamide,  afin  de  la  comparer 
aux  produits  décrits  sous  ce  nom  par  Moritz  et  Brunner  et  que  tous  deux 
obtiennent,  quoique  avec  des  points  de  fusion  différant  entre  eux  de  0.0°, 
par  la  saponification  du  cyanure  d'isobutyryle. 


(')  Comptes  icndus,  1900. 

(^)  Comptes  rendus,  1901. 

(^)  Moritz,  Cliem.  Soc.,  t.  XIII,  p.  1880. 

(')  Brunner,  Monatshefte,  t.  XV,  p.  761. 

(^)  KonN,  Monatshefte,  l.  XIX,  p.  522. 


(     1125    ) 

»  Pour  cela,  j'ai  fait  réagir  l'ammoniaque  aqueuse  concentrée  sur  l'éther  dimélhyl- 
pyruvique.  Le  liquide  s'échauflfe  légèrenient  et  l'éther  se  dissout  assez  rapidement;  au 
bout  de  peu  de  temps,  il  se  dépose  des  houppes  soyeuses  de  fines  aiguilles  fondant  à 
igS",  mais  qui  ne  constituent  pas  l'amide  cherchée.  Ces  cristaux  sont  solubles  dans 
l'eau,  très  solubles  dans  l'alcool,  insolubles  dans  lélher,  peu  solubles  dans  la  benzine 
et  le  chloroforme.  Us  possèdent  la  composition  C^lI"Âz'^0'  et  sont  formés  en  partant 
de  deux  molécules  d'acide  diméthylpyruvique  avec  élimination  d'une  molécule  d'acide 
carbonique  qui  se  retrouve  dans  les  eaux  mères, 

2(CMi'  =  0')-(-2  \zlI-'  =  2C-II''0-r-C0'-  +  Cni'*Az-0^ 

»  Ce  composé  a  une  réaction  neutre  en  tournesol;  je  n'ai  pas  essayé  jusqu'ici  d'en 
déterminer  la  constitution,  mais  j'ai  remarqué  qu'il  se  forme  également  lorsqu'on 
chauffe  l'arainodiméthylacrylate  d'élhyle  avec  deux  fois  son  poids  d'eau  à  i3o°-i4o'' 
en  tube  scellé.  Après  cinq  à  six  henres,  en  ouvrant  le  tube,  on  constate  une  pression 
d'acide  carbonique  en  même  temps  qu'il  s'est  formé  un  produit  cristallisé  en  fines 
aiguilles  blanches  fondant  à  igS"  et  possédant  toutes  les  propriétés  du  produit  résul- 
tant de  l'action  de  l'ammoniaque  sur  l'éther  diméthylpyruvique.  L'analyse  répond  à  la 
formule  G'H"Az'0-.  D'ailleurs,  il  est  probable  que  le  mécanisme  de  la  réaction  a  été 
le  même  ici  que  dans  l'autre  cas;  l'eau,  en  agissant  sur  l'aminodiméthylacrylate 
d'éthyle,  l'aura  d'abord  dédoublé  en  acide  diméthylpyruvique  et  en  ammoniaque  qui 
aura  réagi  ultérieurement  sur  cet  acide  dans  le  sens  que  nous  avons  indiqué  plus 
haut.  Nous  nous  proposons  de  faire  l'étude  de  cette  intéressante  substance,  afin  d'ar- 
river à  en  déterminer  la  constitution. 

»  L'action  de  l'ammoniaque  m'ayant  conduit  à  un  résultat  inattendu  et 
qui  ne  semblait  pas  de  nature  à  pouvoir  me  donner  des  renseignements 
sur  la  constitulion  de  l'acide  diméthylpyruvique,  qui  faisait  l'objet  de  ces 
recherches,  j'ai  essayé  d'en  opérer  le  dédoublement  en  acide  carbonique 
et  en  aldéhyde  isobutylique  : 

)CH  -  CO  -  COOH  =  C0^  +  ^"3  ^Cll  -  CHO. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  essayé  l'action  de  l'aniline,  qui,  ainsi  que  l'a  montré 
31.  Bouveault,  fournit  avec  les  acides  glyoxyliques  les  phénylimides  corres- 
pondantes. 

»  Mais  je  n'ai  pas  constaté  de  dégagement  d'acide  carbonique,  ce  qui 
montre  que  la  réaction  ne  se  passe  pastlans  le  sens  attendu. 

»  L'acide  sulfurique  dilué  (lo  pour  100),  qui  cependant  dédouble  à  160" 
l'acide  pyruvique  eu  acélaldéhyde  et  acide  carbonique  ('),  ne  m'a  donné 


(')  Beilstein  et  WiEGAUD,  Beiichlu,  t.  X\  11,  p.  S41;  1884. 


(     II26    ) 

qu'un  produit  huileux,  coloré  en  brun,  et  dans  lequel  je  n'ai  pu  déceler  la 
présence  d'aldéhyde  isobutylique.  Il  s'est  sans  doute  formé  des  produits  de 
polymérisation  de  celte  aldéhyde. 

»  Enfin,  j'ai  fait  bouillir  une  solution  aqueuse  d'acide  diméthylpyru- 
vique  avec  de  l'oxyde  d'argent,  espérant  qu'il  y  aurait  oxydation  dans  le 
sens  de  l'équation 

^»   \CH  -  CO  -  COOH  +  O  =  Xa3  )CH  -  COOH  +  CO* 

et  qu'il  serait  possible  d'isoler  l'acide  isobutyrique  formé  à  l'état  de  sel 
d'argent.  Mais  la  liqueur  fdlrée  bouillante  laisse  déposer  par  refroidisse- 
ment de  petits  cristaux  incolores,  noircissant  à  la  lumière  et  qui  ne  sont 
autre  chose  que  le  diméthylpyruvate  cV argent. 

»   L'analyse  conduit  en  effet  à  la  formule  C''  W  O' Ag. 

»  Ce  sel  a  déjà  été  préparé  et  analysé  par  Brunner,  et  les  propriétés  des 
produits  qu'il  décrit  concordent  avec  celles  du  nôtre. 

M  Voyant  qu'il  était  impossible  d'arriver  à  produire  le  dédoublememt  que 
je  m'étais  proposé  de  faire,  j'ai  essayé  de  réduire  la  fonction  cétonique  de 
l'acide  diméthylpyruvique  en  alcool  secondaire, 

rH=\  CH=\ 

^"    )CH  -  CO  -  COOH  +  H^  =^"    )CH  -  CH  -  COOH, 

OH 

c'est-à-dire  en  acide  a-oxy-isovalérianique. 

»  J'y  ai  pleinement  réussi  en  faisant  agir  l'amalgame  de  sodium  en  excès 
sur  l'acide  diméthylpyruvique  en  solution  hydroalcoolique. 

»  La  réduction  une  fois  terminée,  l'alcool  est  chassé  au  bain-marie,  le 
résidu  repris  par  l'eau,  acidulé  et  agité  à  l'éther  à  plusieurs  reprises.  Par 
évaporation,  l'éther  laisse  déposer  de  grandes  tablettes  incolores,  fondant 
à  85°  comme  l'acide  a-oxy-isovalérianique,  dont  il  possède  toutes  les  pro- 
priétés. 

»   L'analyse  répond  bien  à  la  formule  C  H'"0'. 

»  Cette  transformation  de  notre  acide  diméthylpyruvique  en  a-oxyde- 
isovalérianique  en  fixe  d'une  manière  certaine  et  définitive  la  constitution 
que  nous  lui  avions  assignée  dès  le  début.   » 


(     "27     ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Sur  l'anhydride  du  prétendu  binaphtyléne-glycol. 
Note  de  M.  R.  Fosse,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  En  appliquant  la  réaction  de  Reimer  et  Tiemann  au  (î-naphtol,  Rousseau 

a  obtenu,  outre  l'aldéhyde  oxynaphtoique,  un  glycol  auquel  il  a  attribué  la 

formule 

C'oH«_(;  — OÎI 

c'»H*-(;  —  ofi 

une  petite  quantité  de  l'anhydride  correspondant 

C'"!!»  — C\ 
^  Il    )0 

et  enfin  un  monoalcool 

C'-'H"-  CH 

C"'H«-  C.OH 

J'ai  démontré  dans  une  récente  Communication  que  ce  dernier  corps  n'est 
autre  chose  que  le  naphtylolnaphtyloxynaphtylméthane 

y  ('10  14  6  \ 

Je  me  propose  de  démontrer  aujourd'hui  que  l'anhydride  considéré  par 
Rousseau  comme  ayant  la  formule  C-^H'-O,  ou 

'  Il  ;o, 

est  identique  au  dinaphloxanthcne 

/'(:"'H*\ 

Cet  anhydride  de  Rousseau  s'obtient  par  de  nombreux  procédés  :  par  les 
déshydratants  sur  le  glvcol;  par  l'action  de  l'alcool  bouillant  sur  les  éthers 
bromhydrique,  chlorhydrique,  suUurique  du  glycol,  etc.  Le  procédé  le  plus 


(     I!28     ) 

commode  |jour  l'obtenir  est  l'action  de  l'alcool  bouillant  sur  l'éther  brom- 
hydrique. 

»   D'après  Rousseau,  il  se  formerait  seulement  l'anhydride  et  de  l'acide 

bromhydrique 

{;'»H«-  CBr  ('.'"H'-Cx 

I  II  =HBr-+-   I  "    )0. 

c'"H''-C0H  (:'OH«_r,/ 

Rousseau  a  laissé  passer  inaperçus  deux  faits  très  intéressants  et  n'a  pas 
reconnu  la  véritable  nature  de  l'anhydride. 

»  a.  D'après  nos  expériences,  le  brome  de  l'éther  bromhydrique  agit 
sur  l'alcool  comme  s'il  était  libre  en  donnant  de  l'aldéhyde  éthylique. 

»  h.  Ti'éther  bromhydrique  traité  par  l'alcool  bouillant  se  scinde  en  deux 
parties  :  l'une  qui  reste  en  solution  dans  l'alcool  (c'est  un  dérivé  du  naphtol 
qui  sera  examiné  plus  tard);  l'autre,  qui  s'en  précipite,  a  seule  été  remar- 
quée par  Rousseau  et  considérée  à  tort  par  lui  comme  possédant  la  for- 
mule C-^H'=0. 

))  c.   Enfin,  l'anhydride  ne  possède  pas  la  formule 

C--H'  =  0      ou        1  11)0,  mais        G"' H' 'O,  Cfî-(  )0. 

»  L'anhydride  de  Rousseau  n'est  autre  chose  que  le  dinaphtoxanthène, 
ainsi  que  le  prouvent  l'analyse  et  l'identité  de  la  forme  des  cristaux,  du 
point  de  fusion  et  du  picrate  de  l'anhydride  et  du  dinaphtoxanthène  syn- 
thétique. 

»  Nous  avons  préparé  le  dinaphtolméthane  par  le  procédé  de  Manasse 
(action  de  la  formaldéhyde  sur  le  ^-naphtolate  de  soude),  puis,  par  l'action 
de  l'oxychlorure  de  phosphore,  nous  l'avons  transformé  en  anhydride  :  le 
dinaphtoxanthène,  par  la  méthode  de  Wolff. 

»  Par  plusieurs  cristallisations  dans  le  benzène,  on  a  obtenu  de  belles 
aiguilles  incolores  cristallisant  en  groupes  fondant  à  201°. 

»  L'anhydride  de  Rousseau  soumis  au  même  traitement  a  fourni  des 
aiguilles  incolores  groupées  fondant  à  201°. 

»  Pour  mieux  identifier  les  deux  corps,  nous  avons  ])réparé  une  combi- 
naison picrique.  Le  dinaphtoxanthène  dissous  dans  le  benzène  chaud  addi- 
tionné d'acide  picrique  donne  par  refroidissement  des  aiguilles  rouge  vif 
fondant  en  tube  étroit  à  172°. 

»   L'anhydride  de  Rousseau  traité  de  la  même  façon  donne  un  picrate 


(   i'29  ) 
identique  fondant  à  172°.  Le  dosage  de  l'azote  attribue  à  ce  picrate  la  for- 


mule 


»   En  résumé,  l'anhydride  de  Rousseau  est  identique  au  dinaphtoxanlhène 

\C<oHV 

»    Dans    une  prochaine    Note  nous   établirons   la  véritable    nature  du 
binaphlylène-glycol.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Action,  (les  chlorures  d'acides  sur  les  et  fiers-oxydes, 
en  présence  du  chlorure  de  zinc.  Note  de  M.  Mahcei,  Descudé. 

«  Lorsqu'on  chauffe  ensemble  du  chlorure  d'acétyle  et  de  l'oxyde 
d'éthvlc,  molécule  à  molécule,  au  réfrigérant  à  reflux,  pendant  plusieurs 
heures,  on  n'observe  pas  trace  de  réaction.  Il  en  est  de  même  si  l'on  prend 
tout  autre  élher-oxyde,  soit  simple,  soit  mixte.  Mais,  si  l'on  vient  à  ajouter 
une  certaine  quantité  de  chlorure  de  zinc  anhydre,  immédiatement  il  y  a 
dégagement  de  chaleur  et  une  vive  réaction  se  produit. 

1)   .Tai  étudié  tout  d'abord  la  réaction  avec  l'éther  ordinaire. 

»  Tj'appareil  que  j'emploie  se  compose  d'un  ballon  relié  à  un  réfrigérant  à  reflux; 
ce  dernier  est  lui-même  relié  à  un  serpentin  entouré  d'un  mélange  réfrigérant  de  glace 
et  de  sel,  et  dont  l'extrémité  plonge  dans  un  petit  niatras  entouré  également  de  glace 
et  de  sel. 

»  Après  avoir  introduit  dans  le  ballon  (au  préalable  bien  desséché)  Sôs'  de  chlo- 
rure d'acétyle  pur  et  608''  d'él/ter  a/i/iydre,  j'ajoute  3o8'  de  chlorure  de  zinc  fondu 
et  pulvérisé.  Aussitôt  une  vive  effervescence  se  produit,  que  je  dois  calmer  en  plon- 
geant le  ballon  dans  l'eau  froide,  afin  que  le  liquide  ne  soit  pas  entraîné  en  masse  dans 
le  réfrigérant.  On  règle  la  température  du  ballon  de  façon  que  le  liquide  redue  goutte 
à  goutte,  en  cliaufTanl  légèrement  au  besoin,  et  on  laisse  marcher  l'opération  tant  qu'il 
se  condense  du  liciuide  dans  le  matras  refroidi.  L'opération  dure  environ  quatre  heures. 
Au  bout  de  ce  temps  on  dénjonte  l'appareil. 

»  Dans  le  matras  il  s'est  condensé  un  liquide  qui  n'est  autre  que  du 
chlorure  d'élhyle  souillé  d'un  peu  d'élher  et  de  chlorure  d'acétyle  en- 
traînés. Après  lavage  à  l'eau  très  légèrement  alcaline  et  rectification  sur 

C.  R.,  1901,    1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»   18.)  14^» 


(  ii3o) 

une  longue  colonne  de  perles  de  verre,  on  recueille  environ  SoS""  de  chlo- 
rure d'éthyle. 

»  Quant  au  produit  restant  dans  le  ballon,  on  le  traite  par  un  peu  d'eau 
qui  dissout  le  chlorure  de  zinc.  On  décante  la  couche  surnageante,  que  l'on 
sèche  et  que  l'on  distille.  On  recueille  ainsi  vers  'j'i°  environ  55^''  d'acétate 
d'éthyle. 

»  La  réaction  s'est  donc  efFectuée  suivant  la  formule  remarquablement 
simple 

CH=-COCl  +  C^H^-0  — (;-H'=CH^-COOC^H''-t-C='H='(:I, 

et  les  rendements  sont  presque  théoriques. 

»  Il  était  intéressant  de  voir  ce  qui  se  passerait  si  l'on  opérait  avec  un 
éther  mixte.  C'est  ce  que  j'ai  fait. 

»  J'ai  pris  de  Voxycle  de  méihyle-amyle  que  j'ai  préparé  moi-même  et 
dont  je  ne  me  suis  servi  qu'après  m'èlre  assuré  de  sa  pureté  par  l'analyse  : 

»  J'ai  pris  25s''  de  cet  éther  et  j'y  ai  ajouté  aS?"'  de  chlorure  d'acétjle  pur  (en  léger 
excès),  puis  loS''  de  chlorure  de  zinc.  J'ai  chauffé  au  bain-marie,  vers  70°,  dans  un 
appareil  identique  au  précédent.  Il  s'est  produit  un  abondant  dégagement  gazeux, 
tandis  qu'un  peu  de  chlorure  d'acétyle  entraîné  est  venu  se  condenser  dans  le  matras 
refroidi. 

»  Le  gaz,  ayant  été  recueilli  sur  l'eau,  s'y  dissout  peu  à  peu.  Il  possède 
une  odeur  agréable  et  brûle  avec  une  flamme  bordée  de  vert.  C'est  du 
chlorure  de  méthyle. 

»  Lorsque  le  dégagement  gazeux  a  cessé  (au  bout  de  quatre  heures  en- 
viron), on  constate  que  le  liquide  du  ballon  s'est  si^paré  en  deux  couches. 
La  couche  inférieure,  très  foncée  et  visqueuse,  contient  le  chlorure  de 
zinc.  Si  on  la  traite  par  l'eau,  il  s'en  sépare  un  liquide  bouillant  vers  iS^"- 
i38"  (acétate  d'amyle). 

»  La  couche  supérieure  étant  décantée,  lavée  à  l'eau  alcaline,  séchée  et 
fractionnée,  on  recueille  : 

»  1°  Un  liquide  passant  entre  98°  et  102°,  brûlant  avec  une  flamme 
bordée  de  vert,  à  odeur  agréable,  plus  léger  que  l'eau,  dans  laquelle  il  est 
insoluble.  C'est  du  chlorure  d'amyle,  ainsi  que  le  montre  l'analyse. 

»  2"  Un  liquide  incolore,  d'odeur  agréable,  plus  léger  que  l'eau  et  inso- 
luble dans  ce  véhicule.  Il  passe  entre  136"  et  i38°,  et  a  la  composition 
de  l'acétate  d'amyle. 

»  Le  chlorure  de  méthyle  et  l'acétate  d'amyle  se  sont  produits  d'après  la 


(  "3i  ) 
formule  suivante  ; 
CH'-COCl  +  C.^H"-0-CH'  =  CH^-Cl  +  CH^  — CO-0-C»H". 

M  Mais  il  s'est  produit  en  même  temps  du  chlorure  d'arayle  et  de  Vacétalc 
de  méthyle  d'après  la  formule 

CH'  -  CO  C1+  C'H"  -  O  -  CH'  =  CMl'    -  Cl  +  CH»  -  CO  -  O  -  CH'. 

))  Ce  dernier  produit,  qui  bout  à  57",  passe  en  même  temps  qu'un  peu 
de  chlorure  d'acétyle  (  point  d'ébuUition  :  55"),  de  sorte  que,  en  distillant  le 
produit  brut  de  la  réaction,  je  n'ai  pas  pu  l'isoler  à  un  èfat  suffisant  de 
pureté  pour  le  soumettre  à  l'analyse. 

»  Néanmoins  sa  formation,  qui  est  corrélative  de  celle  du  chlorure  d'a- 
myle,  n'est  pas  douteuse. 

»  Afin  de  pouvoir  affirmer  la  généralité  de  cette  réaction,  je  me  propose 
de  l'effectuer  sur  plusieurs  autres  éthers-oxydes,  et  je  me  réserve  de  pour- 
suivre cette  étude,  soit  en  faisant  varier  la  nature  du  chlorure  d'acide,  soit 
en  le  remplaçant  par  les  anhydrides,  soit  enfin  en  substituant  aux  éthers- 
oxydes  proprement  dits  les  acétals,  avec  lesquels  j'ai  déjà  obtenu  des 
résultats  du  même  ordre  que  je  ferai  connaiire  prochainement.   » 


CHIMIE   VÉGÉTALE.    —    Sur  la  migration  des   maliéres  ternaires 
dans  les  plantes  annuelles.  Note  de  M.  G.  A.\dré. 

«  J'ai  tout  récemment  appelé  l'attention  sur  les  variations  que  présente, 
dans  une  plante  annuelle  et  à  diverses  périodes  de  sa  végétation,  l'azote 
et  les  hvdrales  de  carbone  sohibles  dans  l'eau.  J'examinerai  aujourd'hui 
les  variations  des  hvdrates  de  carbone  saccharifiables,  de  la  cellulose  inso- 
luble et  de  la  vasculose.  I>es  chiffres  relatifs  au  Sinapis  alla  et  au  Lupinus 
albus  que  je  discute  ci-dessous  sont  ceux  que  j'ai  insérés  dans  le  Tableau  de 
ma  dernière  Communication  (dans  ce  Volume,  p.  io58). 

»  I.  Hydrates  de  carbone  sacchai ijiahles par  les  acides  étendus  et  celluloses 
insolubles.  —  Si  la  destruction  d'une  partie  de  la  graisse  se  fait  par  com- 
bustion respiratoire,  une  autre  s'organise  en  hydrates  de  carbone  saccha- 
rifiables. Ceux-ci,  en  effet,  chez  le  Sinapis,  passent  de  7,43  pour  100  dans 
la  graine  à  i3,i5  pour  100  dans  la  plante  totale,  au  bout  des  vingt-quatre  pre- 
miers jours  de  végétation,  alors  que  la  cellulose  insoluble  augmente  peu.  La 
racine,  dès  le  début  de  la  floraison,  atteint  presque  son  maximum  en  hy- 


(     Il32    ) 

drates  dccnrborie  saccharifiables  (22, '79  pour  100  de  la  matière  dégraissée). 
Ce  chiffre  est  de  25,74  à  la  lin  de  la  floraison,  soit  le  quart  delà  substance 
sèclie.  Chez  le  Lupin,  la  racine  contient  déjà,  un  peu  avant  la  floraison, 
une  dose  1res  élevée  d'hydrates  de  carbone  saccharifiables  (  18,09  pour  1°°)' 
laquelle  atteint  28,29  au  moment  de  la  maturation  des  gousses,  soit  le 
quart  environ  de  la  malière  sèche,  comme  dans  le  cas  du  Sinapis.  Les 
hydrates  de  carbone  saccharifiables  contenus  dans  la  tige  du  Sinapis  passent 
de  i4,t>9  pour  loo  (début  de  la  floraison)  à  22,21,  jniis  à  26,27  à  la  fin 
de  la  floraison.  I^a  cellulose  insoluble,  dans  le  même  organe,  augmente 
moins  vite.  Au  début  de  la  floraison,  elle  représente  16,  10  pour  100  de  la 
matière  sèche  et  dégraissée  et  23,  i4  à  la  fin  de  la  floraison.  Chez  \e Lupin, 
les  hydrates  de  carbone  saccharifiables  restent  siationnaires  avec  un  taux 
de  2  I  à  22  pour  100.  Dans  les  feuilles  du  Sinapis,  ces  hydrates  de  carbone 
sont  moins  abondants  au  début  de  la  floraison  que  dans  la  lige  et  surtout 
dans  la  racine.  On  peut  expliquer  ce  fait  en  remarquant  que,  la  feuille 
étant  le  lieu  principal  de  l'élaboration  des  albuminoïdes  destinés  ultérieu- 
rement à  la  graine,  albuminoïtles  dont  l'azote  [jrovient  ici  des  nitrates 
puisés  dans  le  sol,  il  est  nécessaire  qu'une  matière  hydrocarbonée  facile- 
ment déplaçable  intervienne  dans  cette  formation  :  tel  serait  le  rôle  des 
hydrates  de  carbone  saccharifiables.  Ceci  semble  d'autant  plus  vraisem- 
blable que,  au  moment  de  la  floraison,  la  dose  de  l'azote  total  étant  très 
élevée  dans  les  feuilles  (4,08  |)our  100),  les  hydrates  de  carbone  saccha- 
rifiables ne  figurent  dans  ces  organes  que  pour  0,78  pour  100.  Ce  qui 
caractérise  le  Sinapis,  plante  à  végétation  très  rapide,  c'est  la  migration 
abondante  des  albuminoïdes  de  la  feuille  vers  l'ovule  fécondé  :  telle  est  la 
cause  de  la  chute  des  feuilles.  Je  n'ai  pu,  à  la  fin  de  la  floraison,  en  récol- 
ter une  quantité  suffisante  pour  l'examiner.  Dans  les  inflorescences,  au 
moment  de  la  floraison  complète,  on  trouve  la  teneur  considérable  de  4. 94 
pour  100  d'azote  total  avec  12,02  pour  100  d'hydrates  de  carbone  sacchari- 
fiables. A  la  fin  de  la  floraison,  la  proportion  centésimale  de  l'azote  a  diminué 
dans  les  fruits,  par  suite  de  l'augmentation  des  matières  ternaires  (matières 
grasses  =  9,75  pour  100,  hydrates  de  carbone  saccharifiables  =  22,65 
pour  100).  Ces  derniers  sont  destinés  sans  doute,  en  passant  transi- 
toirement  par  l'état  de  sucres  solubles,  à  fournir  aux  graines,  pendant 
la  maturation,  la  majeure  partie  de  leur  matière  grasse.  Si  nous  exami- 
nons ce  qui  se  passe  chez  le  Lupin,  nous  trouvons  que,  dans  la  feuille,  la 
proportion  centésimale  des  hydrates  de  carbone  saccharifiables  diminue 
d'une  façon  régulière  comme  chez  le  Sinapis.  Toutefois,  cette  proportion 


(  ii33  ) 

centésimale  est  beaucoup  plus  forte  que  chez  cette  dernière  plante.  Au 
début  de  la  floraison,  au  moment  de  la  maliiralion  ensuite,  la  proportion 
des  lîvdrates  de  carbone  snccharifiables  est  très  élevée  dans  les  inflores- 
cences, puis  dans  les  fruits  (22,(13  et  22, 4^  pour  100).  Ce  dernier  chiffre 
est  également  atteint  par  les  fiiiils  du  Sinapis.  La  maturation  est  plus  lente 
chez  le  Lupin  que  chez  le  Sinapis;  ses  feuilles  persistent  jusqu'à  la  fin,  et 
les  différentes  parties  du  végétal,  racines,  tiges,  feuilles,  pendant  cette 
période,  conservent  encore  une  notable  quantité  de  principes  albumi- 
noïiles.  La  nutrition  |)resque  exclusive  de  celte  plante  aux  dé])ens  de 
l'azote  gazeux  de  l'air  la  différencie  nettement  du  Sinapis. 

»  II.  Vasculose.  —  Il  est  un  produit  intéressant  à  étudier  qui  reste  après 
épuisement  de  la  matière  végétale  successivement  par  l'éther  de  pétrole, 
l'alcool  étendu,  les  acides  dilués  à  chaud,  le  réactif  de  Schweizer.  Si  l'on 
traite  à  froid  ce  résidu  insoluble  par  un  mélange  d'acides  sulfurique  et 
chlorhydriqiie  (SO'  H='  =  53'^  H-0  =  25*=",  H  Cl  =  23'='^),  lequel  dissout  bien 
la  cellulose,  puis  qu'après  un  contact  de  vingt-quatre  heures  on  étende 
d'eau  et  qu'on  fiisse  bouillir,  on  enlève  encore  un  peu  de  ccllidose  (|):ira- 
cellulose  de  Frcmy?),  que  ce  traitement  convertit  en  sucre  réducteur.  J'ai 
trouvé  au  résidu  insoluble  définitif,  dans  lequel  il  ne  reste  presque  plus 
d'azote,  mais  qui  contient  encore  un  |)eu  de  cendres,  la  composition  cen- 
tésimale suivante  :  C  —  60,  28,  H  =  5, 80  pour  100.  Frémy  attribue  au  corps 
nommé  par  lui  vasculose  la  composition  C  =  59,34,  H  =  5,49-  Les  nom- 
breuses analyses  que  j'ai  efléctuées  (burnissent  des  chiffres  très  voisins  de 
ceux  dont  je  viens  de  parler.  Parfois  la  teneur  en  carbone  est  un  peu  plus 
élevée  et  le  corps  se  rapproche  de  celui  désigné  par  Frémy  sous  le  nom  de 
vasculose  deshyclraiée.  Jusqu'à  quel  point  cette  matière  dillère  t-elie  de  celle 
décrite  ])ar  Lange  sous  le  nom  de  lignine  {Zeits.  physiol.  Chemie,  t.  XIV, 
p.  i5,  1890)?  C'est  ce  qu'il  est  dilficile  de  dire  actuellement,  et  je  laisse 
provisoirement  la  question  de  côté.  Vasculose  ou  lignine,  ces  deux  sub- 
stances sont  évidemment  des  composés  très  complexes.  La  lignine  de  Lange 
possède  une  teneur  en  carbone  qui  varie  de  09  à  61  pour  100. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  variations  quantitatives  de  cette  vasculose  ont  été  les 
suivantes  chez  le  Sinapis.  Elle  est  nulle  ou  à  peu  près  dans  les  graines.  Peu  considé- 
rable au  début  de  la  végétation,  elle  augmente  ensuite  progressivenienl  dans  toutes  les 
parties  de  la  plante.  Là  où  l'azote  et,  par  conséquent,  les  albuminoïdes  sont  abondants, 
elle  est  peu  abondante,  et  inversement.  Au  début  de  la  floraison,  elle  est  maxima  dans 
la  racine  (i3,39  pour  100),  minima  dans  la  feuille.  Dans  la  lige,  elle  représente,  au 
début  de  la  floraison,  4,12  pour  100  et  s'élève,  en  pleine  floraison,  à  15,97  pou''  'OO- 
A  la  fin  de  la  floraison,  elle  atteint  20,  55.  Les  feuilles  en  contiennent  peu,  les  fruits 


(   'i3/,  ) 

davantage,  presque  exclusivement  dans  leur  enveloppe.  Celle  matière  est,  on  le  sait, 
très  résistante  aux  agents  atmosphériques  et  microbiens.  Après  la  mort  du  végétal, 
c'est  elle  qui  constitue,  par  suite  de  celte  résistance,  la  majeure  partie  des  produits 
humiques  du  sol.  D'ailleurs  sa  composition  centésimale  la  rapproche  beaucoup  de 
celle  des  matières  humiques  propiement  dites':  c'est  une  sorte  de  résidu  de  la  vie 
végétale;  elle  prend  vraisemblablement  naissance  aux  dépens  des  celluloses  par  perte 
graduelle  de  gaz  carbonique.  Remarquons  que,  là  où  les  hydrates  de  carbone  sacchari- 
fiables  et  la  vasculose  existent  en  faible  quantité,  les  albuminoïdes  sont,  au  contraire, 
abondants.  Les  hydrates  de  carbone  saccharifiables  semblent  servir  principalement  à  la 
production  des  albuminoïdes  et  non  à  la  formation  de  la  vasculose.  Cette  vasculose  ou, 
du  moins,  une  substance  très  voisine  se  rencontre  en  fortes  proportions  dans  les 
bourgeons  de  marronnier  non  encore  développés  dont  j'ai  fait  une  étude  antérieure 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  1223  ;  1900).  Elle  diminue  sensiblement  à  mesure  que 
le  bourgeon  se  développe;  je  reviendrai  sur  ces  faits.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  f  évolution  des  œufs  immatures  de  Raiia  fusca.  Note 
de  M.  E.  Bataillon,  présentée  par  M.  H.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Mes  expériences  de  cette  année  ayant  été  commencées  de  très  bonne 
heure  ;  il  m'est  arrivé  de  sacrifier  des  femelles  dès  le  début  de  l'accouplement, 
à  une  époque  où  beaucoup  d'œufs  étaient  encore  répandus  dans  la  cavité 
générale.  Une  partie  seulement  du  matériel  étaitdescendue  dans  les  dilata- 
tions utérines. 

»  Dans  une  première  opération,  ce  matériel,  correspondant  aux  \  envi- 
ron du  stock  complet,  fut  fécondé. 

»  La  segmentation  montra  quelques  irrégularités  ;  mais,  la  plupart  des  ébauches 
évoluant  suivant  le  type  normal,  mon  attention  ne  fut  mise  en  éveil  que  vers  l'éclosioii. 
Certains  œufs,  en  apparence  non  développés  et  dont  le  volume  exagéré  semblait  cor- 
respondre à  une  dilatation  passive,  exécutaient  dans  leur  coque  des  mouvements 
réguliers  et  très  actifs. 

»  Un  examen  attentif  me  révéla  une  morphologie  assez  précise,  quoique  rudimen- 
taire  :  le  pôle  supérieur  est  en  quelque  sorte  froncé;  à  part  ce  détail,  l'ébauche  à  peu 
près  sphérique  porte  simplement,  vers  la  région  du  blastopore,  un  prolongement 
cylindrique  grêle,  plus  ou  moins  allongé  suivant  les  cas.  Ce  prolongement  a  des  mou- 
vements propres.  Quant  à  l'ensemble,  il  tourne  régulièrement  autour  de  l'axe  ani- 
mal-végétatif. J'ai  pu  suivre  les  variations  de  ces  mouvements  avec  la  température. 

»  L'étude  analomique  révèle  une  véritable  ébauche  ayant  la  structure  blastulaire. 
Le  revêtement  ectodermique  est  complet  et  s'étend  sur  le  prolongement  cylindrique. 
Au-dessous  d'une  vaste  cavité  de  segmentation,  on  aperçoit  l'amoncellemeul  des 
cellules  vitellines  qui  s'engage  dans  l'axe  du  prolongement.  Pas  trace  d iin'agination. 
Ces  ébauches,  mobiles  au  stade  où  les  témoins  développent  leurs  branchies  externes, 


(  ii35  ) 

apparaissent  au  premier  abord  comme  de  véritables  monstres  articles  (leur  résistance 
ne  dépasse  guère  4^''  après  le  début  du  mouvement). 

»  Celle  expérience  fut  reprise  avec  des  grenouilles  où  la  masse  des 
œufs  utérins  représentait  à  peine  la  moitié  du  stock  complet.  Les  résultats 
furent  plus  curieux  encore. 

»  Les  apparences  extérieures  de  segmentation  sont  nulles  ou  presque  nulles  (  traces 
très  irrégulières  et  très  fugaces).  Le  pôle  inférieur  ne  montre  jamais  le  moindre 
sillon.  Du  reste,  celte  fécondité  ne  donne  pas  une  seule  larve  normale. 

»  Je  fixe,  le  lendemain,  des  œufs  en  apparence  indivis;  j'en  fixe  encore  au  bout  de 
quatre  jours,  à  l'âge  où  le  mouvement  était  apparu  chez  les  anides  de  ma  première 
opération.  Aucun  de  ces  œufs  n'est  mobile.  On  va  voir  que  ce  ne  sont  pas  des  œufs, 
mais  encore  des  ébauches. 

»  Celles  de  vingt-quatre  heures  présentent  deux  cas  bien  distincts  ; 

»  Premier  cas.  —  Segmentation  limitée  à  l'hémisphère  animal.  Belle  cavité 
de  segmentation.  Au  pâle  inférieur,  divisions  nucléaires  sans  cloisonnements  cellu- 
laires {figures  de  karyokinèse  régulières). 

»  Secoisn  cas.  —  Les  cloisonnements  cellulaires  font  totalement  défaut.  Les 
nuyau.c  sont  nombreux.  Leurs  divisions  montrent  des  filaments  chromatiijues  épar- 
pillés, quoique  certains  fuseaux  apparaissent  nettement.  Autant  qu'on  en  peut 
Juger  avec  l'encombrement  vitellin.  il  y  a  là  des  figures  pluripolaires. 

»  Les  éléments  se  cloisonnent-ils  par  la  suite?  C'est  possible,  lîn  tout  cas,  voici  ce 
que  montrent  les  œufs  du  quatrième  jour. 

»  I^a  segmentation  reste  limitée  exclusivement  au  pôle  supérieur,  dont  les 
éléments  sont  devenus  beaucoup  plus  petits.  Le  pôle  végétatif  est  resté  indivis. 

»  L'évolution  va  donc  moins  loin  que  dans  ma  première  opération  :  pas 
de  mouvements,  |)as  de  prolongement  blastoporique.  Mais  le  pcMe  animal 
est  froncé,  exactement  comme  chez  les  anides  mobiles. 

»  Les  œufs  de  la  cavité  générale  et  ceux  de  l'oviducte  n'ayant  rien  fourni 
de  comparable,  tenons-nous-en  là  pour  les  faits. 

»  Je  considère  ces  évolutions  troublées  comme  formant  une  série  régulière. 
La  dilatation  considérable  des  œufs  ovariens  jetés  dans  l'eau  me  portait 
déjà,  l'an  dernier  (^Arch.f.  Enlwick.  Mech.,  t.  XL  fasc.  I),  à  leur  attribuer 
une  pression  osmolique  supérieure  à  celle  de  l'œuf  mûr.  L'évolution  des 
œufs  immatures  révèle  le  même  caractère,  et  ma  deuxième  série  d'expé- 
riences paraît  surtout  significative. 

»  Tous  les  biologistes  (Loeb,  Hertwig,  Norman,  Morgan,  etc.)  relèvent 
comme  action  des  solutions  déshydratantes  la  division  nucléaire  se  poursui- 
vant sans  cloisonnements  cellulaires.  Or,  je  trouve  dans  mon  cas  tous  les  in- 


(  ii36  ) 

termédiaires  désirables.  La  segmentation  extérieure  n'apparaît  pour  ainsi 
dire  pas.  Quand  le  cloisonnement  se  produit,  il  est  tardif  et  limité  au  pôle 
supérieur,  le  moins  encombré  de  réserves;  mais  la  karyokmèse  se  poursuit 
seule  au  pôle  végétatif.  Les  conditions  extrêmes  sont  réalisées  quand  tout 
cloisonnement  tait  défaut  et  quand  on  observe  les  karyokinèses  anormales. 
C'est  l'application  stricte  du  principe  de  Norman,  pour  qui  l'action  des  solu- 
tions est  successive,  portant  sur  le  plasma  d'abord,  puis  sur  le  novau  et,  en 
dernier  lieu,  sur  tes  centres. 

»  Il  est  donc  permis  de  supposer,  dans  la  maturation  de  l'œuf,  des  oscil- 
lations de  pression  osmotique,  oscillations  dont  l'origine  reste  à  préciser 
dans  un  travail  plus  complet. 

»  Mais  comment  les  anides  mobiles  rentrent-ils  dans  la  même  série? 

»  Ils  répondent  à  la  condition  minima.  L'obstacle  physique  ne  se  révèle 
ici  qu'à  la  gastrulation. 

»  Insuffisant  pour  troubler  la  marche  de  la  segmentation,  il  s'oppose 
aux  plissements  internes.  Au  lieu  d'une  invagination,  nous  avons  une  éva- 
gination  vers  le  blastopore.  Il  est  intéressant  de  rappeler  que  les  solutions 
salines  ont  précisément  fourni  à  Herlert  le  même  résultat  chez  les  Oin-sins. 
Morphologiquement,  les  monstres  arddes  que  j'ai  décrits  sont  comparables  aux 
larves  lithiques  :  ce  sont  des  Exogastrulas.    « 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  de  la  Sole  au  laboratoire  de  Concarneau. 
Note  de  MAL  Fabre-Do.mergue  et  Eugè.ve:  Iîiétkix. 

«  Le  développement  en  aquarium  des  poissons  marins,  de  l'œuf  à  la 
forme  adulte,  n'a  pu  être  obtenu  jusqu'ici  que  pour  un  très  |)etit  nombre 
d'espèces  (^Hareng,  Meyer.  Cotte,  Fabre-Doinergue  et  Biétrix.  Plie,  Dan- 
nevig.  Blennius,  Garstang).  Certaines  de  ces  espèces  avaient  peu  d'impor- 
tance au  point  de  vue  pratique,  et,  parmi  les  plus  intéressantes,  la  Sole 
s'était  toujours  dérobée  aux  tentatives  effectuées  pour  en  assurer  l'élevage. 
Tous  ceux,  en  eflet,  qui  se  sont  occupés  de  celte  importante  espèce  n'ont 
pu  la  conduire  au  delà  du  sixième  ou  du  huitième  jour  après  l'éclosion,  ni, 
par  oonsécjuenl,  lui  faire  (ranchir  la  période  critique  posllarvaire  signalée 
p;ir  nous  comme  le  principal  écued  de  la  |)isciculture  marine. 

))  Utilisant,  d'une  part,  le  princi|)e,  mainleuaut  bien  établi,  de  la  néces- 
sité absolue  d'une  alimentation  antérieure  à  la  résorption  du  vitellus  et. 


(  11^7  ) 
d'autre  part,  la  mélhode  de  l'agitation,  heureusement  mise   eu   pratique 
par  M.  Garstang,   nous   sommes  parvenus  à  obtenir  pour  la  Sole  ce  qui' 
avait  élé  réalisé  pour  les  quatre  espèces  énumérées  plus  haut. 

»  N'ayant  pas  d'animaux  reproducteurs  à  noire  disposition,  nous  nous 
sommes  servis,  pour  nos  études,  d'œufs  recueillis  au  moyen  du  filet  péla- 
gique et,  bien  que  ceux-ci  soient  relativement  rares,  nous  avons  pu  en 
réunir  cent  cinquante  environ,  de  mi-février  <à  fui  mars.  Une  seule  pêche 
nous  en  a  fourni  jusqu'à  cinquante-deux. 

)'  Mises,  dès  l'éclosioii,  en  présence  d'une  nourriture  variée  consistant,  soit  en  orga- 
nismes verts  ('),  soit  en  plankton,  nos  larves  de  Soles  ont  commencé  à  manger  alors 
i|ue  leur  réserve  vilelline  était  loin  d'être  épuisée.  Peu  de  jours  après  la  disparition 
de  celle-ci,  on  a  pu  constater  qu'elles  recherchaient  de  préférence  des  proies  d'un  cer- 
tain volume,  telles  que  larves  de  Sprats,  de  Flets,  de  Targeurs,  de  Motelles,  voire 
même  d'individus  de  leur  propre  espèce  presque  aussi  volumineuv  qu'elles-mêmes. 
D'une  vigueur  très  grande,  d'une  voracité  extrême,  les  jeunes  Soles  chassent  d'une 
façon  cojistante  et  ne  restent  jamais  l'estomac  vide.  Elles  se  comportent  ainsi  pendant 
toute  la  durée  de  la  vie  pélagi(^ue.  Cette  phase  peut  être  évaluée,  comme  l'avait 
pressenti  M.  Cunningham,  à  une  durée  de  six  à  huit  semaines,  et,  pendant  tout  ce  temps, 
l'alevin  demeure  parfaitement  symétrique,  bien  que,  par  l'accroissement  de  sa  taille, 
par  l'accentuation  de  ses  caractères  anatomiques  et  par  le  développement  de  sa  pig- 
mentation, il  perde  peu  à  peu  son  aspect  primitif.  On  le  voit  alors,  assez  fortement 
courbé  en  S,  nager  dans  la  masse  de  l'eau,  faisant  parfois  tête  au  courant,  mais  tour- 
nant le  plus  souvent  aiitoui'  d'une  proie  qu'il  convoite  et  sur  laquelle  il  se  jette  par 
une  sorte  de  mouvement  de  détente  excessivement  rapide.  L'alevin  de  Sole  atteint 
ainsi  une  longueur  de  lo"""  à  ii""". 

M  La  migration  de  l'œil  constitue  le  jjhénomène  le  plus  saillant  de  la  uiétaînorphose 
qu'il  subit  alors  et  s'accompagne  de  toutes  les  modifications  qui  donnent  à  l'individu 
le  caractère  pleuronecte.  Le  phénomène  a  lieu  rapidement  et,  en  très  peu  de  joui's,  le 
jeune  poisson  revêtant  la  forme  de  l'adulte  en  adopte  aussi  les  mœurs.  11  quitte  la 
masse  de  l'eau  pour  gagner  le  fond  ou  les  parois  de  son  aquarium  et,  dès  ce  moment, 
son  alimentation  change  complètement.  Cessant  de  donner  la  chasse  aux  poissons 
larvaires,  il  s'attaque  de  préférence  aux  Copépodes  et  aux  petites  Annélides  qu'il  ren- 
contre dans  les  sédiments  oii  il  repose,  sans  dédaigner  pour  cela  à  l'occasion  les  fila- 
ments de  conferves  et  autres  proies  d'origine  végétale. 

»  Dans  ces  conditions,  et  nonobstant  le  déchet  résultant  des  prélève- 
ments faits  pour  nos  observations,  aussi  bien  que  des  ravages  exercés  par 


(')  Ces  organismes,  llagellés  verts  d'espèce  indéterminée,  provenaient  des  marais 
salants  du  Croisic  où  on  les  trouve  parfois  en  grande  abondance.  Ils  nous  étaient 
régulièrement  expédiés  par  M.  P.  Bachelier  que  nous  sommes  heureux  de  remercier 
ici  de  son  aimable  persévérance  à  nous  venir  en  aide. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CWXII,  N'  18)  l47 


(   .138) 

les  alevins  sur  leurs  propres  congénères,  nous  avons  obtenu  une  survie 
d'un  peu  plus  de  5o  pour  loo.  Les  individus  provenant  de  ccl  essai  ont 
atteint  actuellement  (i"mai)  une  taille  niaxima  de  35°""  et  vivent  dans 
un  aquarium  à  eau  courante  oij  leur  accroissement,  favorisé  par  une  nour- 
riture abondante,  s'effectue  rapidement. 

»  Ces  faits  nous  autorisent  dès  maintenant  à  envisager  la  possibilité 
d'une  culture  industrielle  de  la  Sole,  soit  en  vue  de  l'exploitation  privée, 
soit  pour  le  repeuplement  des  eaux  libres.  On  sait,  en  effet,  que  la  Sole 
pond  normalement  en  aquarium  des  œufs  féconds  (Butler)  et  qu'il  suffit 
de  réunir  un  petit  nombre  de  reproducteu'-s  dans  un  espace  relativement 
restreint  pour  être  sûr  de  récolter  journellement  une  niasse  d'œufs  répon- 
dant aux  besoins  de  l'élevage  le  plus  intensif.  En  suivant  la  méthode  expé- 
rimentée ci-dessus,  on  peut  conduire  les  jeunes  Soles  à  telle  taille  que  l'on 
désire,  et  leur  accroissement  ne  se  trouve  plus  subordonné  qu'à  Tabon- 
dance  de  leur  alimentation. 

»  Peut-être  est-il  permis  d'espérer  que  quelques  centaines  de  mille  de 
jeunes  Soles  ainsi  poussées  jusqu'à  la  forme  pleuronecte,  semées  dans  une 
b:iie  sablonneuse  et  bien  défendues  contre  la  barbare  destruction  de  la 
senne,  contribueront  plus  à  l'enrichissement  d'une  région  de  pêche  que 
(les  millions  de  larves  vouées  à  la  mort  par  le  seul  fait  de  leur  trop  longue 
stabulation  en  état  de  diète  dans  les  appareils  d'élevage.  L'expérience  est 
désormais  réalisable  et  donnera  assez  promptement  la  mesure  des  espé- 
rances que  l'on  avait  un  peu  prématurément  fondées  sur  le  repeuplement 
des  mers  par  la  Pisciculture  marine.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  L'assimilation  chlorophyllienne  réalisée  en 
dehors  de  Vorganisme  vivant.  Note  de  M.  Jean  Friedei.,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Tous  les  physiologistes  admettent  actuellement  que  trois  conditions 
sont  nécessaires  pour  produire,  dans  le  végétal,  sous  l'influence  de  la 
chlorophylle,  l'assimilation  du  carbone,  qui  se  manifeste  par  l'absorption 
de  gaz  carbonique  et  le  dégagement  d'oxygène. 

M   Ces  trois  conditions  sont  : 

»    1°  La  présence  de  la  chlorophylle  dans  l'organisme; 

»   2"  L'existence  du  protoplasma  vivant  au  contact  de  la  chlorophylle; 

»   3°  L'influence  des  radiations  lumineuses. 

»  Les  diverses  tentatives  qui  ont  été  faites  pour  provoquer  artificielle- 


(    n'^'J  ) 
ment  l'assimilalion  cliloropliYUieniie  n'ont  donne  jusqu'ici  quelles  résul- 
tats négatifs. 

»  Je  suis  parvenu,  de  la  manière  suivante,  à  réaliser  le  phénomène  en 
dehors  de  l'organisme  vivant.  D'une  part,  j'extrais  des  feuilles  les  sub- 
stances solubles  dans  l'eau  glycérinée;  d'autre  part,  j'obtiens  une  poudre 
verte  en  portant  les  mêmes  feuilles  à  une  température  supérieure  à  loo". 

»  Pris  isolément,  ni  l'extrait  de  la  feuille  ni  la  poudre  chlorophyllienne 
ne  produisent  d'assimilation.  Si,  au  contraire,  on  mélange  intimement  ces 
deux  substances  et  si  l'on  expose  le  tout  à  la  lumière,  on  voit  se  manifester 
nettement  un  dégagement  d'oxygène  et  une  absorption  corrélative  de  gaz 
carbonique,  de  telle  sorte  que  le  rapport  des  volumes  des  gaz  échangés  est 
voisin  de  l'unité.  Les  échanges  gazeux  se  produisent  donc  dans  ces  condi- 
tions artificielles  de  synthèse  exactement  comme  dans  une  feuille  vivante. 

»  Des  feuilles  (l'iipiiiard  ont  été  comprimées  sous  une  presse  avec  de  la  glycérine. 
Le  liquide  obtenu  a  d'abord  été  filtré  sur  papier  pour  enlever  les  débris  de  feuilles, 
puis  dans  une  bougie  Charaberland  neuve  et  recueilli  ensuite  asepliquement.  Ce 
liquide  est  très  limpide,  présente  une  couleur  jaune  et  renferme,  sans  aucune  trace  de 
cellules,  ni  même  de  débris  proloplasmiques,  les  substances  solubles  de  la  feuille, 
entre  autres  les  diastases.  Si  le  liquide  est  placé  dans  une  éprouvetle  retournée  sur  le 
mercure  et  contenant  de  l'air  enrichi  de  gaz  carbonique,  on  ne  constate  jamais  d'assi- 
milation, ni  à  l'obscurité,  ni  à  la  lumière. 

»  Des  feuilles  de  la  même  espèce  ont  été  desséchées  à  plus  de  ioo°  au  four  à  ilam- 
ber.  J'ai  obtenu  ainsi  une  poudre  verte  dans  laquelle  la  chlorophylle  n'était  pas  dé- 
composée et  qui  ne  contenait  ni  matière  vivante,  ni  diastases  pouvant  intervenir  dans 
le  phénomène.  Cette  poudre  verte,  mise  dans  la  glycérine,  ne  produit  d'assimilation 
ni  à  l'obscurité,  ni  à  la  lumière. 

»  Ainsi  donc,  ni  le  liquide  seul,  ni  la  poudre  verte  seule  ne  donnent 
d'assimilation.  Mais,  si  l'on  réunit  les  deux  substances  et  qu'on  soumette 
le  mélange  à  l'influence  des  radiations  lumineuses,  il  se  produit  une  assimi- 
la/ion manifeste. 

»  Voici  quelques  résultats  numériques  pour  deux  expériences  faites 
dans  ces  conditions  : 

lùlianges  gazeux  Happorl 

provenant  entre  l'uxygène  dégagé 
lU'  l'assiniilulion  et  le  gaz  carbonique 

totale.  absorbé. 

27  mars.  Durée  :  j^^"'.   f  O  dégagé 3,22  o , 98 

Lumière  dilluse.         \  CO^  absorbé 3, 29  » 

3o  mars.  Durée  :  i''55'".   i  O  dégagé 2,4'  1  ,08 

Éclairement  intense.     )  CO*  absorbé 2,89  » 


(    iilo  ) 

»  Ces  chiiïres  ont  été  obtenus  en  tenant  compte  des  phénomènes  accessoires  de  dis- 
solution et  autres  que  révèle  l'expérience  faite  à  l'obscurité  avec  le  même  liquide  ad- 
ditionné de  la  même  poudre  verte. 

»  Remarquons,  d'ailleurs,  qu'une  solution  alcoolique -de  chlorophylle,  exposée  au 
soleil,  n'assimile  pas;  une  partie  du  gaz  carbonique  se  dissout,  mais  la  dissolution  est 
sensiblement  la  même  que  dans  l'alcool  pur. 

»  J'ai  pu  rénliKer  la  syiilhèse  de  l'aclion  chloro|ihyllienne,  en  dehors  de 
l'orgaiii.'^me,  par  un  procédé  un  peu  différent.  Si  l'on  traite  par  l'alcool 
l'exlrait  glycérine  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  on  obtient  un  précipité  qni, 
repris  par  l'eau  et  additionné  de  chlorophylle,  manifeste  le  phénomène 
d'assimilation. 

»   Exemples  : 


Echanges 

Ra 

ipporl  pnti'p 

gazeux 

l'oxygène  dégagé 

provenant 

et  le 

de 

gaz 

carbonique 

l'assimilation. 

absorbé. 

0  dégagé 

CO'  absorbé  .  . 

.        6,72     1 
■     .6-77    i 

0.98 

0  dégagé 

CO*  absorbé.  . 

3,3i     \ 
.       3,i5    ) 

1  ,o5 

2  avril.  Durée  :  5'' 40'". 

Eciairement  intense. 

25  avril.  Durée  :  l'iao"'. 

Eciairement  intense. 

»  Le  liquide  porté  à  l'ébullition  ne  donne  plus  aucune  trace  du  phéno- 
mène. 

»  Ces  divers  résultats  conduisent  à  supposer  que  l'assimilation  chloro- 
phyllienne est  accomplie  sans  intervention  de  la  matière  vivante,  par  une  dia- 
slase  qui  utilise  l'énergie  des  rayons  solaires,  la  chlorophylle  fonctionnant 
comme  sensibilisateur.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  mouvcmenis  du  sol  et  la  formation 
des  vallées  en  Valachie.  Note  de  M.  E.  de  Mautox.ve,  présentée  par- 
M.  de  Lapparent. 

«  Dans  une  Note  précédente  sur  l'Histoire  de  la  vallée  du  Jiu  (/|  dé- 
cembre 1899),  j'ai  appelé  l'atlention  sur  une  série  de  dépressions  dites 
dépressions  suhkarpatiques  q?ii  longent  le  |)ie(l  des  Karpates  en  Valachie,  et 
sur  leur  rôle  dans  la  formation  des  vallées  transversales  qui  traversent  la 
chaîne  de  part  en  part.  J'ai  émis  l'hypothèse  que  ces  dépressions  étnient 
d'origine  tectonique.  Depuis  j'ai  pu  observer  des  faits  qui  confirment  cette 
manière  de  voir. 


(  ii4>  ) 

»  L'étude  f!e  la  dépression  de  Tismana  m'a  montré  que  le  rebord  nord 
en  est  formé  jiar  les  calcaires  junissiqnes  qui  s'étendent  en  lambeaux  de 
plus  en  plus  cohérents  du  Jiu  jusqu'à  Orsovit,  et  reposent  ici  sur  le  granité 
en  pendant  vers  le  sud-est.  Sur  ce  calcaire  s'appuient  des  conglomérats 
lorloniens  pemlant  vers  IVst-sud-est  à  Sovarna  et  des  marnes  s;u'in:tliques. 
Les  mêmes  marnes  reparaissent  sur  le  flanc  sud  de  la  dépression,  où  j'ai  pu 
observer  leur  pendage  vers  le  nord-ouest.  Elles  forment  le  rebord  mé- 
ridional de  toutes  les  dépressions  subkarpaliques  de  l'Oltenie,  et  affleurent 
partout  où  l'érosion  a  entaillé  assez  |)rofondément  les  terrasses,  recou- 
vertes de  cailloutis  probablement  pliocéniqucs,  qui  les  séparent.  Au  sud  de 
Novaci  on  les  trouve  plissées  et  pendant  vers  le  nord. 

»  Les  dépressions  subkarpatiques  sont  surtout  bien  marquées  à  l'ouest 
de  l'Oltu.  C'est  là  qu'elles  sont  le  plus  profondes,  le  plus  larges  et  le  plus 
distinctes  les  unes  des  autres.  On  les  retrouve  à  l'est  de  l'Oltu  limitées  au 
sud  par  des  crêtes  élevées  telles  que  Magura  Fl.itiorului,  où  les  couches 
pendent  vers  le  nord,  de  moins  en  moins  profondes  et  de  moins  en  moins 
individualisées.  A  l'est  de  la  Prahova  elles  disparaissent,  et  le  bord  des 
Karpates  est  marqué  par  une  série  d'îlots  tertiaires  surgissant  de  la  (errasse 
dihiviale  et  |)robablemcnt  d'origine  tectonique.  Enfin,  à  partir  d'Urlatzi 
les  Karpates  se  terminent  par  un  abrupt  continu,  formant  falaise  au-dessus 
de  la  terrasse  dihiviale. 

»  Si  l'on  considère  les  dépressions  subkarpatiques  comme  dues  aux 
phénomènes  de  tassement  dont  hi  péri|)hérie  des  grandes  chaînes  plissées 
est  généralement  le  théâtre  après  la  période  de  soulèvement,  les  faits 
ci-dessus  exposés  semblent  montrer  que  l'affaissement  aurait  été,  dans  la 
Vahïchie  occidentale,  localisé  tout  à  fait  au  bord  du  massif  cristallin  des 
Hautes  Karpates,  tandis  que,  dans  la  Valachie  orientale,  il  aurait  affecté 
toute  la  bordure  karpalique.  Il  semble  que  cet  alfaissement  ait  atteint  son 
maximum  le  long  d'un  axe  passant  par  Buzen  etGalatz  normalement  à  la 
courbure  des  Karpates  et  coïncidant  avec  la  principale  région  séismique 
de  la  Roumanie. 

>)  Celte  hypothèse  explique  et  permet  de  grouper  un  grand  nombre  de 
faits  relatifs  à  la  formation  des  vallées  valaqiies  et  même  de  la  vallée  danu- 
bienne. Elle  explique  le  contraste  de  la  a  allée  du  Buzen  avec  les  autres 
vallées  transversales,  sa  largeur,  son  fond  qui  semble  un  golfe  de  la  terrasse 
diluviale  pénétrant  à  l'intérieur  de  la  montagne  et  où  le  lit  même  de  la 
rivière  n'entame  la  roche  en  place  qu'en  deux  ou  trois  points.  Elle  rend 


(     II/|2    ) 

compte  de  l'hydrographie  de  la  terrasse  diluviale  de  Buzen-Jalomitza,  oii 
les  vallées  sont  à  peine  entaillées  de  quelques  mètres,  où  les  lacs  à  fond 
plat  se  multiplient,  alignés  souvent  en  chapelets  au  fond  d'anciennes 
vallées  fluviales,  tombées  à  la  dernière  décrépitude  par  suite  d'un  affaisse- 
ment général  qui  paralyse  l'érosion. 

»  Les  lacs  danubiens  résultent  en  partie  de  c(  t  affaissement.  Ces  lacs 
peuvent  se  diviser  en  deux  catégories  :  les  uns  sont  d'anciens  bras  morts, 
présentant  tous  les  stades  de  l'évolution  de  la  j)ièce  d'eau  en  fer  à  cheval 
jusqu'à  la  lagune  presque  ronde  et  sans  berges  sensibles;  les  autres,  le  plus 
souvent  allongés  presque  perpendiculairement  au  cours  du  Danube  et 
s'effdant  vers  l'amont,  ont  une  origine  assez  semblable  à  celle  des  limans, 
ce  qui  pourrait  leur  faire  donner  le  nom  de  limans  Jluviatiles.  Ils  occupent 
le  débouché  de  vallées  tombées  en  dégénérescence  par  suite  de  l'affais- 
sement général  et  barrées  par  les  alluvions  du  grand  fleuve  que  l'érosion 
d'une  rivière  en  décrépitude  est  impuissante  à  balayer.  Tels  sont  les  lacs 
Suhaia,  Boiana,  Ostrovu,  OItina.  Le  lac  de  Calarasi  a  une  origine  mixte. 

»  Par  rapport  à  cette  région  d'affaissement,  la  Yalachie  occidentale 
représente  une  région  de  soulèvement  ou  de  stabilité  relative.  Plus  on  va 
vers  l'ouest,  plus  les  grandes  vallées  se  montrent  entaillées  profondément. 
A  Bucarest,  la  Dîmbovitza  est  encaissée  de  40™  dans  le  diluvium,  l'Oltu  à 
Platinade  100™,  le  Jiu  à  Craïova  de  200";  enfin  la  vallée  danubienne  entre 
Turnu  Severinu  et  Calafat  entaille  de  près  de  ioo"^  les  couches  tertiaires. 
Dans  cette  partie  de  son  cours,  le  Danube,  au  lieu  de  déposer  comme  dans 
la  Valachie  orientale,  déblaie  et  charrie.  C'est  un  agent  d'érosion  en  pleine 
activité,  et  les  îles  qu'on  y  remarque  ne  sont  que  la  trace  d'un  balancement 
du  courant  principal  se  déplaçant  d'une  rive  à  l'autre  de  façon  à  creuser 
une  vallée  aussi  large  que  possible.  Pour  le  moment  le  recul  a  lieu  vers 
l'ouest  partout  où,  la  rjvière  faisant  un  coude,  l'affouillement  de  la  rive 
concave  fait  s'ébouler  les  sables  fins  qui  constituent  le  pied  de  la  falaise, 
reposant  sur  les  argiles  sarmatiquesqui  affleurent  au  niveau  des  basses  eaux. 
Nulle  part  le  fait  n'est  plus  sensible  qu'à  Hinova. 

»  De  Severiûu  à  Calai'al,  on  trouve  tous  les  stades  intermédiaires  jusqu'au  comble- 
nienl  du  bras  oriental  et  à  son  remplacement  définitif  par  un  bras  situé  plus  à  l'ouest. 
J'ai  même  pu  retrouver,  à  l'est  de  la  vallée  actuelle,  les  vestiges  d'une  ancienne 
boucle  à  rajon  de  courbure  plus  grand  que  celui  des  boucles  actuelles  et  correspon- 
dant à  une  période  où  l'érosion  du  lleuve  était  encore  plus  active.  La  falaise  de  la  live 
concave,  formée  par  les  mêmes  sables,  est  bien  conservée,  le  pied  en  est  longé  par  des 


(    'i43  ) 

marécages  en  pnrtie  drainés  par  la  Blaknilza,  et  l'ancienne  rive  convexe  est  la  plaine 
de  Flaminda,  où  les  marécages  alternent  avec  les  dunes  récentes.  Un  stade  plus  avancé 
encore  d'évolution  est  celui  où  le  drainage  de  la  région  a  été  complètement  régularisé, 
une  rivière  suivant  le  pied  de  l'ancien  escarpement  de  la  rive  concave;  telle  la  Drincea, 
en  amont  de  Recea.  Le  point  de  départ  de  l'évolution  est  le  même  que  pour  les  lacs 
du  bas  Danube,  mais  d'un  côté  l'on  est  dans  une  région  d'afTaissement  où  les  dépôts 
s'accumulent  et  les  eaux  s'étalent,  de  l'autre  on  est  dans  une  région  où  l'érosion  est 
assez  intense  pour  arriver  à  drainer  et  nettoyer  le  pavs. 

»  En  résumé,  on  voit  que  les  mouvements  du  sol  en  Valachie  accusent 
une  tendance  générale  à  l'alTaissement,  comme  dans  le  bassin  Pannonique. 
Mais  cet  affaissement  atteint  son  maximimi  d'amplitude  et  d'extension  dans 
la  région  limitrophe  de  la  Moldavie,  tandis  qu'à  l'ouest  de  l'Oltu  il  était 
localisé  à  la  bordure  du  massif  cristallin  et  compensé  probablement  par 
un  soulèvement  d'une  partie  de  l'Oltenie  tertiaire.  Toute  l'histoire  du  bas 
Danube  et  des  vallées  valaques  est  en  liaison  intime  avec  ce  processus,  qui 
se  continue  peut-être  encore  à  l'heure  actuelle.    » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —   La  toi  de  l'excitation  électrique  des  nerfs.  Note 
de  M.  Georges  Weiss,  présentée  par  M.  Marey. 

«  J'ai  montré  dans  la  Communication  précédente  que  les  excitations 
électriques  de  même  durée  nécessitaient,  pour  arriver  au  seuil  de  l'exci- 
tion,  la  mise  en  jeu  de  quantités  d'électricité  égales. 

»  Considérons  maintenant  des  excitations  de  durée  variable,  la  quantité 
d'électricité  nécessaire  pour  arriver  au  seuil  de  l'excitation  est  alors  repré- 
sentée par  la  formule  Q  =  a  +  /v. 

»  Je  ne  citerai  la  série  suivante  que  pour  donner  une  idée  du  degré  de 
précision  de  cette  loi. 

(Quantité  (iLlcrinince  Quantité  calculée 

Durée  de  l'excitation.  expérimentalement.  par  Q  =  635  4-  4i  /. 

6 882  881 

8 992  963 

10 iioo  1045 

'2 ii34  1127 

i6 i3o4  1291 

20 1460  1455 

3o 1860  i865 

4o 2280  2275 


(  ii44  ) 

»  Tout  se  nasse  comme  si  l'excitation  nécessitait  une  quantité  d'électri- 
cilé  déterminée  n,  et  que  pendant  la  décharge  il  se  produise  un  phénomène 
inverse,  à  combaltre  d'une  façon  continue. 

M   En  employant  les  expressions  de  Hering,  on  pourrait  dire  : 

))  Pour  produire  la  désassinu'a/ion  nécessaire  à  F  excitation,  il  faut  dé- 
penser une  quantité  déterminée  d'électricité  a,  mais  pendant  celte  opération 
il  se  produit  continuellement  une  assimilation  qu'il  faut  neutraliser  par  une 
dépense  d'électricité  égale  à  b  par  unité  de  temps. 

))  J'ai  encore  cherché  à  vérifier  cette  loi  en  en  tirant  des  conséquences 
que  je  pouvais  soumettre  au  contrôle  de  l'expérience. 

»  Ainsi  je  prends  deux  ondes  égales  successives,  de  longueur  con- 
stante m,  séparées  par  un  intervalle  de  longueur  d  que  je  ferai  varier.  Pour 
que  l'ensemble  de  ces  deux  ondes  produise  le  même  eiïet  qn'iuie  onde 
unique  de  longueur  im  +  d,  la  première  combinaison  doit  mettre  en  jeu 
la  même  quantité  d'électricité  que  la  seconde,  d'après  ma  Communication 
précédente.  Donc,  la  résistance  du  circuit  restant  constante,  les  voltages 


devront  satisfaire  à  l'égalité 


V  X  2W  —  V  (  -im  ^-  d) 


ou 


(i)  :2m(V'-  V)  =  V^/. 

»   Mais,  d'ajjrès  la  Ini  que  je  formule  aujourd'hui,  on  doit  avoir 

V  (  2/«  -t-  c/)  =  a  4-  l>(\>.m  -+-  d) 


ou 


{2m-\-d) 
c'est-à-dire,  en  portant  cette  valeur  de  V  dans  le  second  membre  de  (i ), 


2  m  \ 


2111  -h  d 


»   Cette  formule  permet  de  calculer  les  augmentations  de  voltage  néces- 
saires pour  rester  au  seuil  de  l'excitation  quand  on  écarte  de  plus  en  plus 
l'une  de  l'autre  deux  ondes  égales. 

»   J'ai  comparé  les  résultats  ainsi  calculés  à  ceux  que  me  donne  l'expé- 
rience. 


(  ii45  ) 

V — V  mesuré. 

Distance                     V — V  ^                ^ 

des  ondes  d.                 calculé.  r»  Exp.                   2"  Exp. 

O »  »                                „ 

5 II  10                               II 

•O 20  i8                                    19 

'5 27  25                        24 


I.: 


»  Enfin  Hoorweg  a  donné  une  formule  empirique  à  laquelle  doivent  satis- 
faire le  voltage,  la  capacité  et  la  résistance  pour  que  la  décharge  des  divers 
condensateurs  produise  l'excitalion  minima  suffisante.  Cette  formule  est 


a 


V  =  ^  +  PR.  Or  je  prends  ma  formule  générale  Q  =  a  -i-  6/.  Dans  le  cas 

des  condensateurs  on  a  Q  =  CV.  Pour  que  la  décharge  soit  terminée, 
c'est-à-dire  que  le  voltage  soit  tombé  à  une  fraction  donnée  de  sa  valeur 
primitive,  il  faut  t  =  K.RC.  En  portant  ces  valeurs  dans  ma  formule  on  a 

CV  =  «  +  ^K.RC 
ou 

V  =  g-+-èR.R 

qui  est  la  formule  empirique  de  Hoorweg. 

»  Il  est  donc  démontré  que  la  loi  de  l'excitation  électrique  des  nerfs 
peut  se  formuler  de  la  façon  suivante  : 

»  Pour  qu'une  excitation  électrique  de  durée  t,  portée  sur  un  nerf,  soit 
suffisante,  il  faut  et  il  suffit  quelle  mette  en  jeu  une  quantité  d'électricité 
donnée  par  la  formule  Q  =  a-\-bt,  aetb  étant  deux  coefficients  dépendant 
du  nerf  et  de  la  distance  des  électrodes.  » 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  sur  l'injection  de  sang  et 
de  sérum,  néphrotoxiques  au  chien.  Note  de  M.  Bierry,  présentée  par 
M.  Roux. 

«  Lindemann  (' )  injecte  aux  cobayes  une  émulsion  de  reins  de  lapin. 
Le  sérum  des  cobayes  ainsi  traités,  injecté  au  lapin,  produit  une  néphrite 
caractérisée  par  le  passage  d'albumine  dans  l'urine  et  par  des  lésions  du 

(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  février  1900. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  18.)  l48 


(  ii46  ) 

rein.  Ces  résultats  ont  été  confirmés  par  Néfédieff  (')  dans  le  laboratoire 
de  M.  Metchnikoir.  Cette  albuminurie,  dans  la  plupart  des  cas,  n'est  que 
légère  et  transitoire.  Nous  avons  repris  ces  expériences  au  mois  de 
novembre  1900. 

»  Des  reins  de  chien  sont  broyés  asepliquement  et  injectés  dans  la  cavité  périto- 

néale  des  lapins.   Après  injection,   répétée  cinq  fois,    nous  recueillons   du  sang    de 

lapin  qui  est  néphrotoxique  pour  le  chien.  L'étude  de  ce  sang  néphrotoxique  jnous 

a  donné  les  résultats  suivants  :  injecté  à  raison  de  30"==  à  So'^''  à  un  chien  de  lo''?  à  i2''s 

dans  la  saphène,  ce  sang  difibriné  amène  une  élimination  intense  de  l'albumine  par 

les  urines.  Dans  certaines  expériences,  le  chien  succombe  au  bout  de  quatre  jours; 

dans  d'autres,  l'animal  survit,  et  l'étude  de  ses  urines  nous  montre  que  :  1°  les  albu- 

minoïdes  (globuline   et  albumine)  dosés    par   pesée   atteignent  Ss', 70   par  litre   au 

.     .                              ,~  .                    . .       azote  urée 
dixième  jour  et  68"', 80   au  quinzième;    2°  le  coefncient  azotunque —       .  >  qui 

était  de  0,87  avant  l'injection,  tombe  à  0,80,  puis  à  0,75.  La  présence  du  sucre  dans 
l'urine  ne  put  jamais  être  décelée  ni  par  la  liqueur  de  Fehiing,  ni  par  l'acétate  de 
phénylhydrazine.  A  l'examen  microscopique,  la  substance  corticale  se  montrait 
sillonnée  de  raies  rouges.  L'examen  microscopique  donnera  lieu  à  une  Communication 
ultérieure. 

»  On  sait  que  Lindemann  (^)  produisant  une  néphrite  chez  le  chien  par 
injection  de  chromate  de  potassium  a  constaté  que  le  sérum  d'un  de  ces 
chiens  devient  néplirotoxique  pour  un  chien  neuf.  Nous  nous  sommes  de- 
mandé si  le  sang  ou  le  sérum  de  nos  chiens,  rendus  néphritiques  par  une 
injection  de  sang  néphrotoxique  de  lapin,  pourrait,  comme  dans  les  expé- 
riences de  Lindemann,  reproduire  une  néphrite  chez  un  chien  neuf.  Les 
expériences  entreprises  à  ce  sujet  donnèrent  un  résultat  positif. 

»  Un  chien  A  est  rendu  néphritique  par  injection  intraveineuse  de  sang  néphro- 
toxique de  lapin.  Le  sang  ou  le  sérum  de  ce  chien  A,  injecté  à  un  chien  B,  donne  à 
celui-ci  de  l'albuminurie.  Le  sang  de  ce  chien  B,  injecté  à  son  tour  à  un  troisième  C, 
produit  chez  ce  dernier  les  mêmes  accidents.  II  semble  donc  qu'on  puisse  ainsi  trans- 
mettre les  lésions  rénales  à  une  série  de  chiens  neufs  d'une  manière  indéfinie. 

»  L'action  s'est  manifestée  de  deux  façons  très  différentes  :  ou  bien  elle 
était  instantanée,  et  l'albumine,  considérable  au  début,  allait  en  décroissant 
sans  pourtant  disparaître  tout  à  fait;  ou  bien  elle  se  faisait  sentir  peu  à  peu 
et  l'on  pouvait   suivre   la   marche  progressive    de   l'albumine  jusqu'au 

(')  Annales  de  V Institut  Pasteur,  janvier  1901. 

(')  Centralblatt  fiir  allgemeine  Pathologie,  p.  3o8;  1900. 


(  ii47  ) 
dixième  ou  douzième  jour  oîi  elle  devenait  dosable.  Les  bases  xanthiques 
et  l'acide  urique,  qui  augmentent  après  les  injections,  décroissent  peu  à 
peu  et  tombent  au-dessous  de  la  normale. 

»  Le  sang  néphrotoxique  de  chien  s'est  toujours  montré  moins  actif 
que  le  sang  néphrotoxique  de  lapin,  si  l'on  en  juge  par  les  albuminoïdes 
éliminés  qui  n'ont  jamais  dépassé  3^"'  par  litre.  Nous  avons  voulu  voir  ce 
qui  se  passait  à  cette  température  singulière  de  55°  ou  60°,  à  laquelle  dispa- 
raissent les  diastases  leucocytaires  et  où  les  globulines  du  sérum  ou  du 
sang  défdiriné  ne  se  coagulent  pas  encore.  Il  n'a  pas  paru  y  avoir  de  modi- 
fication dans  l'action  après  un  chauffage  d'une  demi-heure  et  même  trois 
quarts  d'heure. 

»  Le  sang  de  lapin  normal  et  le  sang  de  chien  normal,  chauffés  ou  non, 
injectés  aux  mêmes  doses,  n'ont  donné  lieu  qu'à  une  albuminurie  passa- 
gère disparaissant  au  plus  tard  au  cinquième  et  sixième  jour.  » 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  sur  la  maladie  des  chiens. 
Vaccination  du  chien  contre  Vinfection  expérimentale.  Note  de  M.  C.  Phi- 
sALix,  présentée  par  M.  Cliauveau. 

»  Dans  un  précédent  Travail,  j'ai  montré  qu'une  infection  spontanée 
du  cobaye  était  due  à  un  bacille  dont  les  cultures  sont  aussi  très  virulentes 
pour  le  chien.  Le  microbe,  introduit  par  la  voie  veineuse,  détermine  sou- 
vent, chez  cet  animal,  une  méningo-encéphalo-myélite  dont  les  symptômes 
et  les  lésions  sont  très  caractéristiques.  Mais,  suivant  la  dose  et  la  viru- 
lence de  la  culture,  la  maladie  peut  évoluer  d'une  manière  différente  :  ou 
bien  elle  est  suraiguë  et  entraîne  la  mort  en  huit  à  dix  heures;  ou  bien  elle 
marche  plus  lentement  et  revêt  une  forme  gastro-intestinale;  j'ai  même 
observé  des  formes  chroniques  avec  localisations  tendineuses  et  articulaires. 

»  L'allure  générale  de  cette  maladie  expérimentale  ressemble,  sous 
beaucoup  de  rapports,  à  l'affection  spontanée  qu'on  désigne  sous  le  nom 
de  Maladie  des  chiens.  Aussi  ai-je  fait  de  nombreuses  tentatives  pour  décou- 
vrir, chez  les  chiens  morts  de  la  maladie  spontanée,  un  microbe  ana- 
logue possédant  des  caractères  de  spécificité.  Les  cultures,  obtenues 
par  ensemencement  du  sang,  des  organes  et  des  liquides  pathologiques, 
ont  donné  des  microbes  variés,  en  particulier  des  streptocoques,  dont 
l'inoculation  au  chien  était  sans  résultat.  J'en  étais  resté  là  quand  parut 
l'important    travail  de    Lignières  sur  les  septicémies   hémorragiques.   Cet 


(  ii48  ) 
auteur  trouva,  dans  l'organisme  du  chien  malade,  un  bacille  assez  long 
qui  pousse  dans  le  bouillon  de  peptone  sans  le  troubler  et  y  forme  de 
petits  grumeaux  qui  tombent  au  fond  du  tube.  Ce  n'est  qu'après  le  ving- 
tième passage  par  le  cobaye  que  la  culture  présente  un  trouble  uniforme, 
comme  cela  s'observe  avec  les  microbes  du  même  genre. 

»  Étude  du  microbe  pathogène.  —  Les  caractères  morphologiques  et 
biologiques  du  microbe  décrit  par  Lignières  étant  identiques  à  ceux  du 
bacille  que  j'ai  découvert  sur  le  cobaye,  je  fis  de  nouvelles  tentatives  pour 
le  retrouver  chez  les  chiens  malades. 

»  Je  dois  au  bienveillant  concours  de  MM.  Laurent  et  Saint- Yves 
d'avoir  pu  étudier  un  nombre  considérable  de  cas,  et  j'ai  enfin  réussi  à 
isoler  le  microbe  spécifique.  On  l'obtient  le  plus  facilement  à  l'état  pur  en 
faisant  des  cultures  du  sang  et  des  organes  de  chiens  que  l'on  sacrifie 
avant  la  période  des  infections  secondaires;  cependant,  j'ai  pu  le  séparer 
quelquefois  des  bactéries  accessoires  par  inoculation,  dans  le  péritoine  du 
cobaye,  de  cultures  du  liquide  céphalo-rachidien.  Dans  ce  cas,  le  bacille 
spécifique  du  chien  pullule  seul,  et,  si  l'on  ensemence  l'épanchement  péri- 
tonéal  dans  du  bouillon,  il  se  produit  un  trouble  uniforme  dû  à  un  microbe 
possédant  des  caractères  semblables  à  ceux  du  microbe  spécifique  du  co- 
baye; il  ne  s'en  distingue  que  par  sa  faible  virulence  pour  celui-ci.  Il  faut, 
en  effet,  3'='=  à  4*^^^  de  culture  pour  tuer  un  cobaye,  en  injection  péritonéale. 
Vis-à-vis  du  chien,  les  deux  microbes  possèdent  la  même  action  et  déter- 
minent des  symptômes  à  peu  près  identiques.  Inoculés  dans  les  veines,  ils 
provoquent,  suivant  la  dose  et  la  virulence,  une  mort  rapide  en  cinq  à 
dix  heures,  avec  des  signes  d'empoisonnement  bulbaire,  ou  une  infection 
qui  évolue  plus  lentement  et  qui  peut  revêtir  différentes  formes  cliniques. 

»  Dans  les  cas  de  mort  foudroyante,  en  quatre  ou  cinq  heures,  c'est  au 
poison  soluble  qu'il  faut  attribuer  les  symptômes  et  les  lésions;  le  microbe 
n'a  pas  proliféré,  et  les  cultures  du  sang  sont  souvent  stériles. 

»  Ce  poison  soluble  est  difficilement  séparable  des  microbes;  il  ne  passe 
pas  à  travers  les  filtres,  et  la  chaleur  le  détruit.  Le  moyen  qui,  jusqu'à  pré- 
sent, m'a  le  mieux  réussi  est  la  stérilisation  des  cultures  par  l'éther.  L'ino- 
culation intraveineuse  de  ces  cultures  à  la  dose  de  i5'='^  à  20"^  provoque 
des  symptômes  passagers  d'empoisonnement  identiques  à  ceux  des  cul- 
tures vivantes  :  vomissements,  diarrhée,  élévation  de  température  de  2" 
à  3°.  Des  doses  plus  fortes  ou  répétées  produisent  un  état  cachectique 
qui  rappelle  la  maladie  naturelle  à  évolution  lente. 

»  Atténuation  de  la  virulence.   —  Cultivé  en  bouillon  de  peptone,  le 


(  ii49) 
microbe  du  chien,  de  même  que  celui  du  cobaye,  s'atténue  progressive- 
ment avec  l'âge  de  la  culture.  L'atténuation  se  fait  beaucoup  plus  vite 
si,  au   lieu  de   bouillon  ordinaire,  on  emploie  du  bouillon  glycérine  à 
6  pour loo. 

»  En  réensemençant  le  microbe  au  bout  de  temps  variables  dans  du 
bouillon  ordinaire,  on  obtient  des  cultures  à  des  degrés  divers  d'atté- 
nuation. Pour  rendre  au  microbe  sa  virulence  première,  il  suffit  de  le  faire 
passer  à  nouveau  par  l'organisme  du  cobaye  ou  du  chien. 

»  Vaccination  du  chien.  —  Depuis  longtemps  j'ai  obtenu,  avec  le  microbe 
du  cobaye,  une  vaccination  parfaite  de  celui-ci  et  du  chien.  J'entretiens 
depuis  deux  ans,  au  laboratoire  de  M.  Chauveau,  des  cobayes  fortement 
vaccinés,  dont  le  sang  possède  d'énergiques  propriétés  agglutinantes,  en 
même  temps  que  préventives.  J'ai  renouvelé  les  mêmes  expériences  avec 
le  microbe  provenant  du  chien,  et  j'ai  obtenu  le  même  succès. 

»  Dans  mes  premières  expériences,  j'ai  employé  comme  substance  vac- 
cinante, et  en  injections  intraveineuses,  les  cultures  atténuées  par  l'éther; 
mais  cette  méthode  ne  pouvant  être  aisément  utilisée  dans  la  pratique,  j'y 
ai  renoncé.  Le  procédé  le  plus  commode  et  le  moins  dangereux  est  l'ino- 
culation sous-cutanée  des  cultures  atténuées  :  à  de  jeunes  chiens,  ayant 
encore  leurs  dents  de  lait,  j'inocule  sous  la  peau  de  la  cuisse  2*="  à  3"  d'une 
culture  atténuée.  Le  lendemain  on  constate,  au  point  d'inoculation,  une 
tuméfaction  douloureuse  qui,  au  bout  de  quarante-huit  heures,  commence 
à  diminuer  et  ne  laisse  bientôt  plus  qu'une  légère  induration.  On  n'ob- 
serve pas  de  symptômes  généraux.  Si  la  culture  est  plus  virulente,  on  a  de 
l'œdème  du  membre,  quelquefois  un  abcès;  la  température  s'élève  un  peu, 
mais  il  n'y  a  pas  d'accidents  graves,  et  l'animal  guérit. 

»  Je  commence  par  une  culture  très  atténuée,  dont  l'action  locale  est 
insignifiante  :  c'est  le  premier  vaccin  ;  les  inoculations  consécutives  se  font 
avec  des  cultures  de  virulence  croissante  et  sont  renouvelées  trois  ou  quatre 
fois.  Les  chiens  ainsi  préparés  peuvent  être  éprouvés  de  deux  manières  : 
soit  par  inocuhition  intra-veineuse  d'une  culture  virulente,  soit  par  cohabi- 
tation avec  des  animaux  infectés.  Les  chiens  que  j'ai  vaccinés  ont  vécu 
depuis  trois  mois  en  contact  journalier  avec  des  chiens  malades;  plusieurs 
même  ont  séjourné  dans  la  même  niche.  Chez  d'autres,  j'ai  badigeonné  les 
fosses  nasales  avec  les  mucosités  pathologiques;  aucun  n'a  été  contaminé. 
Mais,  comme  les  témoins,  dans  ces  conditions,  ne  prennent  pas  tous  la 
maladie,  j'ai  tenu  à  compléter  ma  démonstration  parja  première  méthode. 


(  ii5o  ) 

Si  l'on  éprouve,  par  inoculation  intraveineuse,  les  chiens  vaccinés,  ils 
résistent  alors  que  les  témoins  meurent  ou  sont  très  malades. 

»  En  résumé,  les  jeunes  chiens  qui  ont  reçu,  à  plusieurs  reprises,  des 
inoculations  de  cultures  atténuées  résistent  aussi  bien  à  la  contagion  natu- 
relle qu'à  l'infection  expérimentale.  Ainsi  se  trouve  résolu  le  problème  de 
la  vaccination  contre  la  maladie  du  jeune  âge,  et  la  méthode  des  inocula- 
tions préventives,  introduite  dans  la  pratique,  pourra  rendre  aux  éleveurs 
les  plus  grands  services.  « 

TÉRATOLOGIE.  —  Caractères  généraux  des  processus  térato gènes,  processus 
primitif  et  processus  consécutif.  Note  de  M.  Etienne  Rabacd,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

«  A  diverses  reprises,  j'ai  eu  l'occasion  d'insister  sur  ce  fait,  que  la  pro- 
duction spontanée  ou  expérimentale  des  monstruosités  ne  dépendait  pas 
simplement  de  processus  d'arrêt  ou  d'excès  des  phénomènes  évolutifs 
normaux  (').  Il  m'a  été  possible  de  montrer  que  la  théorie  d'Etienne 
Geoffroy-Saint-Hilaire  ne  correspondait  pas  à  la  réalité,  que  la  genèse  des 
monstres  relevait  d'un  certain  nombre  de  processus  parmi  lesquels  l'arrêt 
et  l'excès,  loin  d'englober  la  généralité  des  types  tératologiques,  figuraient 
simplement  à  titre  de  cas  particuliers. 

»  Une  analyse  plus  complète  des  phénomènes  permet  aujourd'hui  de 
séparer  en  deux  groupes  très  distincts  ces  divers  processus  tératogènes;  il 
faut  considérer,  en  effet,  que  certains  d'entre  eux  sont  extrêmement  pré- 
coces; certains  autres  plus  ou  moins  tardifs. 

»  Les  premiers  déterminent  le  mode  même  d'apparition  d'une  ébauche, 
quant  à  sa  forme,  son  étendue,  sa  situation,  l'ensemble  même  de  son  évo- 
lution ;  ils  créent,  en  quelque  sorte,  l'organe  embryonnaire  et  lui  impriment 
une  allure  caractéristique,  diff"érente  à  des  degrés  divers  de  l'allure  nor- 
male. Ainsi,  pour  prendre  un  exemple,  le  système  nerveux  de  la  Cyclocé- 
phalie  ou  du  Spina  hifida,  après  être  né  suivant  une  surface  beaucoup  plus 
large  que  le  système  nerveux  normal  (^développement  dif/'us),  se  transforme 

(')  Voir  en  particulier:  Comptes  rendus,  i  avril  et  23  juillet  1900.  —  Fragments 
de  Tératologie  générale  :  L arrêt  et  l'excès  de  développement  {Bulletin  scienti- 
fique de  A.  Giard,  1900). 


(  ii5i  ) 

en  vésicule  close  par  épibolie  et  non  par  embolie  (').  Ce  processus,  et  tous 
ceux  qui  ont  le  même  caractère  général,  ne  sauraient  en  aucune  façon 
intervenir  sur  une  ébauche  en  voie  de  formation,  c'est-à-dire  dégagée  du 
tissu  originel.  On  ne  comprendrait  pas  qu'un  développement  diffus,  qu'un 
développement  massif,  ou  désorienté  ou  tout  autre,  pût  se  greffer  sur  un 
bourgeon  à  contours  nettement  définis,  dont  la  situation  est  acquise  el 
l'évolution  commencée. 

»  Ces  processus  sont  donc  primitifs  et,  à  ce  titre,  ils  ont  exactement  la 
même  valeur  que  les  processus  normaux.  Ils  peuvent  se  substituer  à  ces 
derniers  ;  ils  ne  les  altèrent  pas,  ils  ne  se  confondent  pas  avec  eux. 

»  Le  second  groupe  renferme  les  processus  qui  agissent,  au  contraire, 
sur  des  ébauches  envoie  de  formation,  soit  pour  retarder,  soit  pour  activer 
la  croissance,  la  différenciation  ou  le  développement.  Par  eux-mêmes,  les 
processus  ne  procurent  aucun  caractère  nouveau;  ils  sont  simplement 
capables  de  fixer  un  caractère  transitoire  ou  de  prolonger  tout  ou  partie 
d'un  développement,  sans  en  changer  le  sens.  Ils  peuvent  intéresser  une 
ébauche,  quel  que  soit  le  mode  primitif  qui  la  dirige,  c'est-à-dire  provoquer 
l'arrêt  ou  l'excès  aussi  bien  d'un  bourgeon  normal  que  d'un  bourgeon 
frappé  par  l'un  ou  l'autre  des  processus  primitifs.  Ils  interviennent  toujours 
secondairement;  ils  sont  consécutifs. 

»  Cette  distinction,  établie  sur  des  faits  précis,  n'a  pas  simplement  pour 
importance  de  ramener  à  leur  juste  valeur  les  actions  par  défaut  ou  par 
excès,  qui  sont  restées  jusqu'à  ce  jour  le  fondement  même  de  la  Tératologie; 
ses  conséquences  ne  se  réduisent  pas  davantage  à  rendre  possible  une 
classification  naturelle  des  anomalies.  Cette  distinction  est  de  nature,  me 
semble-t-il,  à  changer  le  point  de  vue  d'une  expérimentation  méthodique 
en  tératogénie  et  à  diriger  cette  expérimentation. 

»  En  effet,  sous  l'influence  de  la  conception  saint-hilairienno,  l'étude  des 
agents  tératogènes  et  de  leur  mode  d'action  se  réduit  à  savoir  quel  tissu 
est  influencé  par  tel  agent  dans  des  conditions  données,  son  influence 
étant  nécessairement  limitée  à  modifier  la  prolifération  de  ce  tissu  en  plus 
ou  en  moins.  S'il  est  vrai,  par  exemple,  que  le  chlorure  de  sodium  agit 
spécialement  sur  le  tissu  nerveux   embryonnaire,  comme   cela    semble 


(')  Etienne  Rabaud  :  i°  Evolution  morphologique  de  l'encéphale  des  Cyclopes 
{Soc.  de  Biol.,  2  février  1901);  1°  Genèse  des  Spina  bifida  {Archives  générales  de 
Médecine,  mars  1901). 


(    Il52   ) 

ressortir  des  expériences  de  Herlwig,  nous  devrons  nous  contenter  de 
savoir  que  le  sel  modifie  la  multiplication  des  neuroblastes,  ceux-ci  une 
fois  différenciés.  En  d'autres  termes,  tout  noire  pouvoir  s'exerce  sur  des 
ébauches  dégagées  du  feuillet  originel;  nous  sommes  impuissants  sur  la 
différenciation  elle-même.  Par  suite,  nous  devrions  renoncer  à  connaître 
jamais  d'une  façon  positive  l'origine  des  tissus. 

»  En  réalité,  l'existence  de  processus  tératogènes  primitifs  nous  permet 
d'espérer  davantage.  Ces  processus  ne  peuvent  se  produire  que  grâce  à 
des  différenciations  effectuées  hors  de  leur  place  héréditaire  et  qui  seraient 
inexplicables  si  l'on  n'admettait  l'action  déterminante  des  incidents 
externes.  Observés  chez  les  Vertébrés,  on  est  en  droit  de  penser  que  ces 
processus  primitifs  se  rencontrent  également  chez  les  divers  Invertébrés. 
Sans  doute,  il  est  possible  que  chez  certains  animaux  la  différenciation  soit 
extrêmement  précoce  et  contenue  en  puissance,  pour  ainsi  dire,  dans  les 
blastomères  des  premiers  stades;  en  déplaçant  certains  d'entre  eux,  on 
déplace  ipso  facto  tel  et  tel  organe,  et  de  ce  fait  il  semble  découler  cette 
conséquence  que  le  développement  normal  de  chaque  ébauche  prise  à  part 
est  le  seul  développement  possible,  quelle  que  soit  la  place  occupée  par 
celte  ébauche. 

))  Il  convient  d'observer  que  ces  déplacements  sont  d'ordre  purement 
mécanique,  qu'ils  sont  provoqués  dans  le  milieu  même  où  la  larve  évolue 
habituellement;  que,  de  plus,  les  changements  de  situation  imposés  aux  blas- 
tomères ne  modifient  pas  leurs  rapports  avec  les  milieux  internes.  Les  blas- 
tomères superficiels,  par  exemple,  sont  légèrement  écartés  de  leur  place 
ordinaire,  mais  l'écart  est  peu  considérable  et  ne  modifie  pas  la  situation 
superficielle.  On  est  en  droit  de  penser  que,  si  des  œufs  de  telles  espèces 
animales  se  trouvaient  dans  certaines  conditions  tératogènes,  ils  se  con- 
duiraient tout  différemment,  que  les  différenciations  potentielles  seraient 
remplacées  par  des  différenciations  nouvelles. 

»  De  toutes  façons,  l'expérimentation  ne  doit  pas  se  borner  â  rechercher 
le  pouvoir  tératogène  de  telle  ou  telle  substance  —  recherche  vraiment 
illusoire  le  plus  souvent  —  ;  ni  même  à  déterminer  quel  degré  d'arrêt  ou 
d'excès  peuvent  provoquer  ces  substances  sur  un  tissu  donné.  Nous  pou- 
vons et  nous  devons  faire  plus,  c'est-à-dire  étudier  les  influences  diverses 
qui  produisent  les  différenciations.  Nous  obtiendrons  ce  résultat  en  recher- 
chant comment  on  peut  modifier  l'étendue,  la  situation  des  différenciations 
normales,  c'est-à-dire  en  s'efforçant  de  déterminer  la  cause  prochaine  des 


(  ii53  ) 

processus  tératogènes  primitifs.  Il  ne  faut  pas  oublier,  d'ailleurs,  que  les 
expériences  bien  connues  de  Herbst,  avec  le  lithium,  sont  un  encourage- 
ment dans  cette  voie,  puisqu'elles  nous  montrent  que  l'on  peut  agir  sur  les 
différenciations  endodermiques.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Sur  les  poussières  atmosphériques  observées  à  Tunis 
le  lo  mars  igoi.  Note  de  M.  E.  Beutainchand,  présentée  par  M.  Carnot. 

«  I^a  journée  du  lo  mars  1901  a  été  caractérisée  dans  toute  la  Régence 
et  dans  l'Europe  méridionale  par  un  phénomène  météorologique  assez 
rare  : 

»  Vers  S*"  du  malin,  par  un  ciel  assez  pur,  on  pouvait  déjà  constater  un  éclairage 
anormal  ;  mais,  à  cette  heure,  il  était  encore  difficile  de  se  rendre  un  compte  exact 
du  phénomène. 

»  Vers  6^,  au  lever  du  soleil,  l'atmosphère  était  troublée  par  une  sorte  de  nuage 
de  poussière  impalpable.  Le  phénomène  continua  à  s'accentuer;  il  atteignit  son 
maximum  d'intensité  vers  i^  de  l'après-midi,  en  donnant  naissance  à  un  brouillard 
rouge  d'une  épaisseur  telle  qu'il  interceptait  les  rayons  du  soleil. 

»  Tous  les  objets  colorés  prenaient  la  teinte  complémentaire;  les  brûleurs  à  gaz 
étaient  particulièrement  curieux  à  observer;  ils  donnaient  une  couleur  verte. 

»  L'apparition  et  la  persistance  de  ces  poussières  étaient  d'autant  plus  surprenantes 
qu'il  régnait  à  ce  moment  un  calme  parfait;  la  vitesse  du  vent  était  à  peu  près  nulle; 
il  venait  du  sud. 

»   Comment  peut-on  expliquer  l'apparition  de  ces  poussières? 

»  La  solution  du  problème  nous  paraît  pouvoir  être  donnée  par  l'exa- 
men des  courbes  barométriques  et  par  la  nature  chimique  et  minéralo- 
gique  des  poussières.  La  pression  avait  été  normale  jusqu'au  jeudi  7  mars, 
saut  les  écarts  dus  aux  variations  diurnes;  mais,  le  7  mars,  on  put  constater, 
à  g^  du  soir,  une  baisse  qui  se  continua  assez  rapidement  et  atteignit  le 
point  minimum  extrême  le  vendredi  à  midi;  à  partir  de  ce  moment,  la 
pression  se  releva  graduellement,  pour  reprendre  une  marche  sensible- 
ment  normale,  qui  fut  atteinte  le  samedi  à  g*"  du  matin. 

»  Nous  avons  observé  les  pressions  suivantes  : 


mm 


Jeudi,  à  g""  du  soir y56 

Vendredi,  à  midi y48 

Samedi,  à  g^"  du  matin 757 

»  La  courbe  barométrique  forme  sur  le  graphique  un  V  à  branches 
écartées,  très  nettement  accentué. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N'  18.)  1% 


(  ii54  ) 

»  La  dépression  a  dû  être  occasionnée  par  un  ouragan  formé  dans  le 
Sahara. 

»  C'est  vraisemblablement  à  la  puissance  de  transport  des  vents  qu'il 
faut  attribuer  l'apparition  des  poussières  atmosphériques;  soulevées  vio- 
lemment par  lèvent,  elles  ont  été  portées  dans  les  régions  élevées,  s'y  sont 
épanouies  et  se  sont  ensuite  déposées  par  ordre  de  densité.  Les  éléments 
les  pliis  lourds  et  les  plus  volumineux  sont  restés  sur  les  lieux  d'origine  ou 
à  de  faibles  distances;  les  parties  les  plus  fines  sont  restées  en  suspension 
dans  l'air  et  sont  parvenues  à  Tunis  environ  trente-six  heures  après  la 
constatation  de  la  dépression  barométrique  la  plus  accentuée.  Évidem- 
ment, le  cheminement  de  ces  poussières  a  été  plus  lent  que  l'onde  atmo- 
sphérique; c'est  du  reste  là  un  phénomène  normal. 

»  Lors  de  la  fameuse  explosion  du  Rrakatoa,  dans  le  détroit  de  la  Sonde, 
en  i883,  l'onde  barométrique  déterminée  par  le  phénomène  a  été  signalée 
longtemps  avant  l'apparition  des  poussières,  dont  le  transport  dans  les 
hautes  régions  de  l'atmosphère  a  été  la  cause  des  illuminations  crépuscu- 
laires signalées  pendant  l'hiver  i883-i884. 

»  Quand  le  nuage  de  sable  est  formé  et  qu'un  orage  vient  à  éclater  dans 
les  hautes  régions,  la  pluie  entraine  avec  elle  les  particules  fines,  et,  lorsque 
ces  poussières  sont  colorées  en  rouge,  chaque  goutte  d'eau  laisse  une 
empreinte  colorée;  c'est  ce  qui  a  fait  donner  à  ce  phénomène  le  nom  de 
pluie  de  sang. 

»  Ces  poussière?  sont  d'une  finesse  excessive,  comme  on  peut  s'en 
rendre  compte  par  les  chiffres  suivants  :  loo  parties  du  dépôt  se  classent 
ainsi  par  ordre  de  finesse  : 

89,00  pour  100  passent  au  tamis  de  120 
9,95  »  »  100 

I ,  o5  »  ))  80 

»  Ces  poussières  sont  donc,  en  majeure  partie,  d'une  ténuité  plus  grande 
que  les  farines  les  mieux  blutées.  C'est  ce  qui  explique  la  facilité  avec 
laquelle  elles  sont  tenues  en  suspension  dans  l'air  et  parcourent  de  très 
grandes  distances,  puisque  le  même  phénomène  a  été  observé  en  Italie,  en 
Suisse  et  jusqu'en  Allemagne. 

»  Le  nuage  rouge  persista  jusqu'à  2''3o'",  à  Tunis;  à  ce  moment,  par 
suite  d'une  saute  de  vent  N.-W.,  d'ailleurs  de  peu  de  durée,  la  température 
s'abaissa  d'une  façon  notable;  immédiatement,  la  condensation  de  ces 
poussières  se  produisit,  le  ciel  s'épura  partiellement  et  le  soleil  fit  une 


(   Ii55  ) 

apparition...  timide  en  quelque  sorte;  car  on  pouvait  le  fixer  sans  malaise 
et  constater  qu'il  était  d'une  teinte  bleue  :  c'était  encore  la  lumière  com- 
plémentaire. 

»  L'analyse  des  poussières  nous  a  donné  la  composition  centésimale 

suivante  : 

Eau 3 ,  00 

Matières  organiques 6,5o 

Sulfate  de  chaux 2,85 

Carbonate  de  chaux 9)78 

Phosphate  de  magnésie 0,29 

Oxyde  de  fer 4)  10 

Alumine 2,  i3 

Silice 70 ,  95 

Corps  non  dosés o,4o 

Total 100, 00 

»   Ce  produit  est  donc  essentiellement  siliceux. 

»  L'étude  a  été  complétée  par  une  analyse  micrographique,  faite  par 
M.  Cayeux,  répétiteur  de  Géologie  à  l'Institut  agronomique  de  Paris, 
En  voici  les  résultats  : 

»  Minéraux.  —  Quartz  très  prédominant  en  éléments  de  toutes  dimensions  se 
répartissant  en  trois  catégories  : 

»   I"  Grains  parfaitement  arrondis,  usés,  dépolis,  très  nombreux; 

»  2°  Grains  de  forme  angulaire,  à  angles  émoussés,  très  nombreux; 

»  3°  Esquilles  de  quartz  très  limpides,  sans  traces  d'usure.  Les  particules  de  ce 
troisième  groupe  sont  incomparablement  moins  nombreuses  que  celles  des  deux  pre- 
miers. 

»  Grains  de  limonite  clairsemés,  résultant,  selon  toutes  probabilités,  de  l'altération 
de  la  glauconie. 

»  Minéraux  rares.  — Staurotide,  tourmaline  (  plusieurs  variétés),  rutile,  zircon, 
phosphate  jaune  amorphe,  magnétite. 

)>   Organismes. —  Diatomées  (à  signaler  à  titre  de  curiosité;  elles  sont  très  rares). 

»  Le  dépôt  est  un  sable  siliceux  dont  la  couleur  est  essentiellement  due  à  l'exis- 
tence d'une  fine  pellicule  de  limonite,  qui  encroûte  la  plupart  des  éléments  de  quartz.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Mouvement,  en  chaque  jour  synodique,  de  Vaxe  instan- 
tané de  symétrie  des  écarts  baroinélriques.  Note  de  M.  A.  Poincarê,  pré- 
sentée par  M.  Mascart. 

«  Dans  le  mouvement  rotatoire  en  sens  contraire  de  Vende  mensuelle 
synodique  et  de  sa  symétrique  l'onde  quotidienne,  la  rencontre  de  deux  demi- 


(  ii56  ) 

méridiens  à  mêmes  écarts  barométriques  constitue  un  axe  instantané  de 
symétrie  des  écarts  sur  l'hémisphère.  La  situation  et  les  cotes  de  cet  axe 
changent  constamment, 

»  Pendant  la  révolution  synodique,  les  axes  des  29  midis  Greenwich  se 
représentent  avec  leurs  cotes  à  des  instants  différents  dans  le  mouvement 
diurne.  Laissons-leur  le  numéro  du  midi  auquel  ils  correspondent  et  met- 
tons ce  numéro  entre  parenthèses  quand  on  les  retrouve  par  leur  côté 
opposé  et  que  l'ordre  des  cotes  est  renversé  ('). 

»  Sur  le  cadran  du  transparent  de  l'onde  quotidienne,  où  les  heures 
sont  de  497.  ajoutons  la  division  du  jour  en  3o  heures  lunaires  de  12° 
ou  48'.  Abandonnons  le  saut  de  midi  provisoirement  admis  et  faisons  mou- 
voir sur  l'hémisphère  ce  transparent  et  celui  de  l'onde  synodique  avec 
leurs  vitesses  moyennes  réelles.  Nous  trouvons,  pour  la  situation  et  le 
numéro  des  cotes  de  l'axe  de  symétrie  aux  heures  lunaires  successives  entre 
deux  midis  Greenwich  : 


Heures 

lunaires. 
Numéros. 

Axes  de 
Long.  W. 

symélric. 

Long.  \V. 

Numéros. 

0 
0 

1    du 

jour  1 

0 
0 

I 

12 

1 

» 

60 

{16) 

24 

3 

» 

12 

2 

36 

4 

)) 

18 

(•7) 

182 

12 

» 

66 

(2.) 

i44 

i3 

)) 

72 

7 

i56 

i4 

» 

78 

(22) 

162 

i5 

» 

84 

8 

Heures  lunaires. 
Long.  W.  Numéros. 


180° 


u 
u 

/ 

90 


36o 
348 
336 
324 


228 
216 

2o4 
192 


du  jour 


3o 

29 
28 


20 

•9 

18 

'7 

(23) 


Axes  de  symétrie. 
Long.  W.  Numéros. 


180 

.74 
168 
162 


..4 

108 

102 

96 


(2) 
16 

(I) 

i5 
(29) 

1 1 

(25) 

10 
(24) 


»  Si,  au  90*  degré,  on  passe  de  l'autre  côté  de  l'axe,  on  est,  aux  heures 
17,  18,  . . .,  aux  opposés  24,  (10),  ...,  2. 


(')  Voir  Comptes  rendus:  10  juillet  1899,  p.  128,  —7  mai  1900,  p.  1279,  Écarts  ba- 
romélriques  sur  le  méridien  du  Soleil;  —  sur  le  parallèle,  aux  jours  successifs  de 
la  révolution  synodique;  19  novembre  1900,  p.  852,  Emploi  de  transparents  pour 
combiner  les  effets  de  la  révolution  synodique  avec  ceux  de  la  rotation  terrestre; 
24  décembre  1900,  p.  1262,  Variations  des  cotes  barométriques  simultanées  au 
cours  de  la  révolution  synodique. 

Rappelons  que  les  cotes  d'écart  inscrites  de  10°  en  10°  sur  les  29  demi-méridiens 


(ii57) 
»  Après  le  jour  i ,  on  a  ainsi 

u  0  o  o 

o     I  du  jour  2  0       2  36o     i  du  jour  3  i8o       (3) 

i68  i5  84       9  192  17  96     (25) 

o                        a                                               (24) +10 
180  16       90  ^^ 

o     I  du  jour  29  o     29  36o     1  du  jour  i  180       (1) 

»  Supposons  l'axe  semi-méridien  rigide,  pivotant  sur  le  pôle  et  prenant 
successivement,  d'un  côté  les  cotes  des  n"^  i,  2,  ...,  de  l'autre  les  cotes  (i), 
(2),  ....  Cet  axe  suit  la  route  de  l'aiguille  des  heures  avec  une  vitesse  moitié 
moindre. 

»  En  les  3o  heures  lunaires,  d'un  midi  Greenwich  à  l'autre,  il  prend 
successivement,  soit  par  un  côté,  soit  par  l'autre,  les  numéros  des  29  axes 

I  à  29,  à  l'exception  des  deux  qui  viennent  se  confondre  sur  le  90*  méri- 
dien et  qui  sont  :  au  jour  i,  9  et  23;  au  jour  2,  10  et  24;  au  jour  8,  16  et  i; 
au  jour  29,  8  et  22. 

»  Pour  avoir  tous  les  axes,  pris  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  il  faut 
réunir  2  jours,  qui  ne  soient  pas  à  i4  jours  de  distance. 

»  Avant  de  les  retrouver  dans  les  mêmes  situations  et  la  même  succes- 
sion, il  faut  épuiser  la  période  synodique. 

»  C'est  en  maintenant  la  nouvelle  lune  à  midi  et  resserrant  la  révolution 
synodique  à  29  jours  exacts  que  nous  obtenons  ainsi  des  variations 
moyennes,  complexes  et  régulières,  revenant  toutes  à  leur  point  de  départ. 

II  ne  faut  pas  oublier  cependant  que,  la  période  synodique  étant  d'à  peu 
près  29  jours  |,  le  contingent  qu'elle  apporte  aux  variations  barométriques 
pendant  un  mois  donné  est,  généralement  et  dans  l'ensemble,  de  jour  ce 
qu'il  a  été  de  nuit  pendant  le  mois  précédent.  » 

M.  Lapeyre  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Opérations  sur  les 
carrés;  des  excédents  divisionnaires.  » 


appelés  à  coiistiluer  les  axes,  ou  à  entrer  dans  le  mélange  des  deux,  oudes,  atleignenl, 
en  plus  et  en  moins,  i™",5  dans  les  basses  latitudes  et  6"°"  dans  les  hautes. 

L'emploi  des  transparents  est  presque  indispensable  pour  juger  des  eflFets  d'en- 
semble. Pour  les  faits  particuliers,  on  peut  se  contenter  de  faire  mouvoir  les  unes  sur 
les  autres  des  bandes  portant  les  divisions  des  cadrans,  ou  même  de  calculer  les  posi- 
tions et  les  demi-distances. 


(  ii58  ) 
A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 


G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i5  avril  1901. 
(  Suite.) 

Trois  articles  Sur  la  langue  internationale  «  Espéranto  »,  par  Ch.  Méray, 
(Extraits  de  l'Enseignement  mathématique,  i5  juillet  1900  et  i5  janvier 
1901,  et  des  Nouvelles  Annales  de  Mathématiqvs ,  \"  janvier  1901.) 

l!  «  Esperantisle  » ,  Organe  propagateur  de  la  langue  internationale  Espé- 
ranto. Organo  propaganda  de  la  lingvo  miernacia  «  Ei,peranto  »,  années 
1 898-1  go I  (mars).  Épernay,  1898. 

L'  «  Espéranto  »,  seule  vraie  solution  de  la  langue  internationale,  par  L, 
DE  Beaufront.  Épernay,  i  broch. 

Pour  la  langue  internationale,  par  L.  Coutub^t.  Coulommiers,  imp. 
P.  Brodard,  1901  ;  i  broch. 

Annales  du  Bureau  Central  Météorologique  de  France,  publiées  par  M.  E. 
Mascart,  Directeur  du  Bureau  Central  Météorologique;  année  1898; 
I.  Mémoires,  II.  Observations,  III.  Pluies  en  France.  Paris,  Gauthier- Villars, 
1900;  3  vol.  in-4°.  (Présentés  par  M.  Mascart.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  2*  partie,  71°  année,  8''  série,  i*''  Cahier, 
janvier  1901  ;  Paris,  E.  Bernard  et  C'*,  1  fasc.  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  Météorologique  de  France,  publié  sous  la  direction 
de  M.  Léon  Teisserenc  de  Bort;  4?*  année,  janvier-février-mars  1900. 
Tours,  s.  d.;  1  fasc.  in-S"^. 

((Le  Messager  agricole  »,  revue  des  associations  et  des  intérêts  agricoles  du 
Midi,  publié  sous  la  direction  de  M.  le  D''  Frédéric  Cazalis;  42*  année, 
5^  série,  t.  II,  n°'  1-2,  janvier-févrierigoi.  MontpeUier-Paris,  2  fasc.  in-8''. 

Ueberkaltungs-Erscheinungen  bei  schvi^immenden  Nitrotoluol-Kïigelchen, 
von  Prot.  P.  Bachmetjew.  Saint-Pétersbourg,  1900;  i  fasc.  in-4°.  (Hom- 
mage de  l'Auteur.) 


(  '1^9  ) 

Report  of  the  Commissioner  of  Education  for  the  year  1898-99,  vol.  II. 
Washington,  1900. 

Sitzimgsberichte  dermathematisch-physikalischen  Classe  derk.  b.  Akademie 
der  Wissenschaflcn  zu  Mûnchen,  1901  ;  Heft  I.  Mûnchen,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Revista  trimestral  de  matemalicas ,  publicada  por  don  José  Rius  y  Casas; 
Aiïo  I.  nùm  1,  Saragosse,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Outrages  beçus  dans  la  séance  du  22  avril  1901. 

Annuaire  statistique  de  la  Ville  de  Paris,  XIX*  année,  1898.  Paris,  G. 
Masson,  1900;  i  vol.  in-8°. 

La  M ain-d  œuvre  en  Afrique,  par  A.  d'Almada  Negreriros.  Paris,  1900; 
I  fasc.  in-8°. 

La  question  du  Calendrier  au  point  de  vue  social,  par  le  P.  Ces.  Tondini 
DE  QuARENGHi.  Paris,  1901  ;  I  fasc.  in-8" 

Applications  générales  de  V Electricité  aux  Sciences,  aux  Arts  et  à  l'Indus- 
trie, par  G.  Trolvé.  Paris,  s.  d.;  i  fasc.  in-S". 

Comment  d'exposant  enthousiaste  on  arrive  à  ne  plus  exposer,  par  G. 
Trouvé.  Paris,  s.  d.;  i  fasc.  in-S". 

La  Langue  Bleue  «  Bolak  »,  langue  internationale  pratique,  par  Léon 
BoLLACK.  (Quatorze  Opuscules,  in-8°.)  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Annales  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  publiées  par  les  professeurs; 
3*  série  t.  II.  Paris,  Gauthier-Yillars,  1900;  i  vol.  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  de  Zoologie  de  France,  année  1900;  t.  XXV.  Paris, 
1900;  I  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  Nancy  et  de  la  Réunion  Biologique  de 
Nancy;  série  ]II,  t.  II,  fasc.  1.  Paris,  Berger-Levrault  et  C'*,  1901  ;  i  fasc. 
in-8». 

«  Concordia  »,  organe  de  la  Société  d'Etudes  et  de  Correspondance  inter- 
nationales, directeur-fondateur  :  Emile  Lomhard;  7*  année,  n"  77, 
avril  1901.  Paris,  i  fasc.  in-8°. 

Biologische  Untersuchungen,  von  Prof.  D'Gustaf  Retzius,  in  Stockholm; 
Neue  Folge,  Bd.  I-IX,  mit  Tafeln.  Stockholm,  Samson  et  Wallin,  1890- 
1900;  9  vol.  in-l°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

An  altempt  to  estimate  the  vitality  of  seeds  by  an  electrical  method, 
by  AuGusTus-D.  Waller.  (From  the  Proceedings  of  the  Royal  Society, 
vol.  LXVIII.)  I  fasc.  in-S". 

Landwirtschaftliche  Statistik  der  Lânder  der  Ungarischen  Krone.  Bd.  V. 


(    Tl6o    ) 

Budapest,  1900;  i  vol.  in-f".  (Envoi  de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  du 
Royaume  de  Hongrie.) 

Individual  observations  of  the  Unes  widened  in  sun-spot  specira  made  at  the 
Solar physics  Observatory  South  Kensington,  during  the  period  november  12"^, 
1879,  to  december  3i'',  1897,  under  the  direction  of  Sir  Norman  Lockyer. 
Londres,  1900;  i  fasc.  in-4''. 

The  procession  of  planets,  by  Franklin-H.  Heald.  S.  1.,  1901;  i  fasc. 
in-i6. 

La  risoluzione  compléta  del  tetragono  piano,  Giuseppe  Delitala.  Sassari, 
1901  ;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Nuevas  escalas  optometricas  y  cromo-fotometricas ,  por  José  Presas. 
Madrid,  igoi;  i  fasc.  in-B". 

Memoirs  of  the  Geological  Survey  of  India,  vol.  XXXIII,  part  I.  Calcutta, 
1901  ;  I  fasc.  in-8°. 

Oefversigt  af  kongl.  Vetenskaps-Akademiensfôrhandlmgar;  Arg.  58,  n°  1, 
1901.  Stockholm,  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du   29  avril   1901.) 

Note  de  M.  de  Séguier,  Sur  les  équations  de  cerlains  groupes 

Page  1082,  ligne  n,  au  lieu  de  a,  lisez  a. 

Même  page,  ligne  28,  au  lieu  de  <  in,  lisez  :=  n. 

Même  page,  ligne  34,  au  lieu  de  a^:^  cb,  lisez  rf=:  cb. 


N"  18. 


TABLE   DES   ARTICLES.     (Séance    du    6    mai    1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBKES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.    le    MlNISTBK    DK     L'iNSTnilOTION  rUBLIQUIi 

adresse  l'aniplialion   d»   discret  du  Prési- 
dent de  la  Hé|Uil)lic|iie  approinaiU  l'élee- 

lioii  lie  M.  Zeiller luHi 

MM.    LANNiaoNOUK,    .\ciiAnri   ci    r.ui.LAnp. 


Pages. 
'   Ue  1  Jiiniiencc  de  ralinientation,  de  la 
Lcmpéraliire,  du  travail  cl  des   poussières 

sur  l'évolution  de  la  tuberculose 1081 

M.  Lœwy.  --    Sur  le  quatrième  Volume  des 


\nnalfs  de  l'Oliscrvaloire  de  Toulouse 


(.S/, 


NOMINATIONS. 


M.  Zeuner  est  élu  Correspondant  pour  la 
Seelion   de  .Mécanique niSli 

.M.  OuDKMANs  est  élu  t'.orrespondant  pour 
la  Section  de  Cléograpliic  et  Navigation 
pour  remplir  la  place  laissée  vacante  par 
le  décès  de  IM.  de  Serpa-l'into io.'<(i 

Commission  chargée  de   juger   le  concours        ^ 
du  prix  l'Iiilipeaux  pour  1901  :  iM.M.  d'Aï- 
soiH'ol,  Marey,    Chain'eati,    iaii    Tieg- 
liem,  Boucliard 1. '. .    io8() 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Lacazc  (Physiologie)  pour  1901  : 
MM.  Marcy,  lioucltard.  Guyon,  Polain, 
d'Arson'.'al.  Lanncloniiite.  Chauveaii , 
Van    Tiegheni.  Gt'ard io.sij 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du   prix   Mont) on  (Arts   insalubres)  pour 


1901  :  MM.  7'roost,  Gautier.  Moissaii, 
llaller.   Schlcesing 

Cnnimission  chargée  de  juger  le  concours 
ilu  prix  Wilde  pour  1901  :  MM.  Cornu, 
I.reivy,  Fougue,  Maurice  Lévy,  Ber- 
tlielot 

Conimission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Cahonrs  pour  1901  :  MM.  Troost. 
Gautier,  Moissan,  //aller,  Ditte 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Tihihalchcf  pour  19111  :  .MM .  Grau- 
ilidier,  l'errier,  Gaudry,  Bouquet  de  la 
Grye,  Filliol 

C'uimissiou  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Jean  Heynaud  pour  1901  : 
MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Gaudry, 
Lannelongue.  Cornu,  Sarrau 


loSfi 


losr, 


ciSfl 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  .\.-r>.   \VALLi:n.   —  Le  dernier  signe 
vie;  son  appliealiou  j\  l'homme 


M.  I''.-A.  FoRix. 
des  eaux 


La   variation    thermique 


,,89 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  SiccRi-TAinv:  pi-iu'i  itel  signale  ; 
1°  Trois  Volumes  publiés  par  l'Université 
d'Aberdcen  ayant  pour  litres  :  i"«  UoU  oC 
alumni  in  .\its  of  the  Univcrsity  and 
King's  Collège  in  .Mierdcen  n.  par  Peter 
John  Anderson ;■••'  0  Records  of  Old  .\bcr- 
deen  (1 1J7-1X91)  »,  par  Alexander  Mne- 
donald  Munro;  1"  «  Place  Naines  of  West 
.■\berdeenshire  ",  par  James  Macdonald  : 
1»  Un  levé  à  grande  échelle  du  cours  du 
Congo  et  de  rt")ubaugln,  par  il/.  Chastrey. 

M.lf.BAiLLAUD.  — .\pplication  du  photomètre 
à  coin  à  la  mesure  des  grandeurs  photos 
graphiques  des  étoiles 

M.  G.  BlGOUUDAN.  —  iN'ébuleuses   nouvelles, 


091 


découvertes  à  l'Observatoire  de'  P;iri> 
(éc|ualorial  de  la  tour  de  l'Ouest) 

M.  A.  Ukmoulix.  —  Sur  une  classe  particu- 
lière de  surfaces  réglées 

M.  G.  TïiTZEicA.  —  Sur  la  déformatiim 
continue  des  surfaces 

iM.  L.  DE.SA1NT.  —  Sur  les  séries  de  Taylor 
cl  les  étoiles  correspondantes 

M.  Ch.-Kd.  GuiLLAUMi^. —  Procédé  pratique 
pour  la  correction  de  l'erreur  secondaire 
des  chronomètres 

.M.  V.  CuEMiEU.  —  Sur  l'existence  des  cou- 
rants ouverts 

M.  G.  Flvisin.  —  Sur  l'osmose  à  travers  la 
mcndjrane  de  l'errocyanure  de  cui\rc  .... 


'"91 
1  lUO 


N°  18. 


SUITE  DR  LA  TABLE  DES   ARTICLES. 


Pages. 

:\1.  LÉON  GuiLLET.  —  Sur  les  alliages  d'alu- 
niininni.  Combinaisons  de  raluniiiiiiini 
el  du  tungstène 1112 

M.  Albert  Grangiuî.  —  Sur  un  iodoanti- 
moniurc  de  mercure iii5 

M.  Ad.  Jouve.  —  Sur  un  échantillon  de 
chaux  cristallisée 1 1  '7 

M.  V.  Thomas.  —  Sur  la  chimie  du  métliy- 
léue 11 18 

RliM.  Cil.  MoUREU  el  R.  DELA?iiiE.  —  Sur 
l'hydratation  de  l'acide  amylpropiolique; 
acide   caproylacélique 1 121 

M.  A.  Wahl.  --  Sur  l'acide  dimélhylpvru- 
viquc 1124 

M.  R.  Fosse.  —  Sur  l'anhydride  du  pré- 
tendu binaphtylène-glycol iia'j 

M.  Marcel  DESCuné.  —  Action  des  chlo- 
rures d'acides  sur  les  éthers-oxydes  en 
présence  du  chlorure  de  zinc 1 129 

M.  G.  André.  —  Sur  la  migration  des  ma- 
tières ternaires  dans  les  plantes  annuelles.  ii3i 

M.  E.  Bataillon.  —  Sur  l'évolution  des 
œufs  immatures  de  liana  fiisca ii34 

M.M.  Faere-Domergue  et  Eucène  Biétuix. 
—  Sur  le  développement  de  la  Sole  au 
laboratoire  de  Concarncau 1 136 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


11  |j 


Pages. 

yi.  Jean  Friehel.  --  L'assimilation  chloro- 
phyllienne réalisée  en  dehors  de  l'orga- 
nisme vivant 1 13  8 

M.  E.  DE  Martonne.  —  Sur  les  mouvements 
du  soi  et  la  formation  des  vallées  en  Vala- 
chie 1 1 5 

M.  George.s  Weiss.  —  La  loi  de  l'excita- 
tion électrique  des  nerfs ii'jS 

M.  BiERRY.  —  Recherches  sur  l'injection  de 
sang  et  de  sérum  néphrotoxiques  au 
chien 

HL  C.  PiiisALix.  —  Recherches  sur  la  maladie 
des  chiens.  Vaccination  du  chien  contre 
l'infection  expérimentale 1 14'7 

M.  Etienne  R.abaud.  —  Caractères  géné- 
raux des  processus  tératogènes;  processus 
primitif  et  processus  consécutif ii5o 

M,  E.  Bertainchand.  —  Sur  les  poussières 
atmosphériques  observées  à  Tunis,  le 
10  mars  1901 u53 

M.  A.  PoiNCARÉ.  —  Mouvement,  en  chaque 
jour  synodique,  de  l'axe  instantané  de 
symétrie  des  écarts  barométriques 1  lïï 

M.  Lapeyre  adresse  un  Mémoire  ayant 
pour  litre  :  «  Opérations  sur  les  carrés; 
des  excédents  divisionnaires  " ;. . . .   1 1 J7 

Il 58 

1 1 60 


PARIS.   —  [\IPKl\IERIE     GAUTKIER-VtLLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  âS 

•  /.tf  Gérant  .*  ('AtrrillKfi  ViLL&RS. 


^.^^        1901 

PREMIER  SEftIESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

t*AH  MU.   liBi»  SBCnÉr^IKESi   PBHPÉTUBriS. 


TOME  CXXXII. 


ÎVM9  (13  Mai  1901). 


►jMiU  >^ 


'PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslios,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de' 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*'.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associéétrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un,  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'.un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année.  ^ 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  j^as  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'd  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Acadéune  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'im[)ression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes, ou  Mé- 
moires sur  Tobjet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimes  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  o 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus.  ^ 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  I'a. 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foo 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance offi 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rerais  ; 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, I' 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Complenndu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  m 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plancha 
figures. 

Dans -le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraW 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compter: 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

^  Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativeBl' 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  r-endus  après' 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  1^\ 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM   les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  lei 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES. SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE   DU   LUNDI  15  MAI  1901, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


3IE3IOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ÉLECTRICITÉ.    —    Sur  un   galvanomètre  parfaitement  astatique. 
Note  de  M.   Lippmann. 

«  Cet  appareil  se  compose  essentiellement  d'une  bobine  fixe  parcourue 
par  le  courant  à  mesurer,  et  d'une  aiguille  aimantée  mobile,  suspendue 
de  manière  à  pouvoir  se  déplacer  parallèlement  à  elle-même.  L'aiguille  est 
porlée  par  un  (il  de  cocon  /  qui  lui  permet  de  s'orienter  dans  le  plan  du 
méridien  magnétique;  ce  fd  de  cocon  est  attaché  à  l'extrémité  d'un  fléau 
d'une  petite  balance  de  torsion  constituée  par  un  levier,  porté  lui-même 
par  un  fdy^'.  Un  pôle  de  l'aiguille  aimantée  pénètre  dans  la  bobine  fixe; 
le  courant  agit  donc,  non  pour  dévier  l'aiguille,  qui  reste  orientée  vers  le 
nord  magnétique,  mais  |)onr  la  déplacer  parallèlement  à  elle-même.  Or, 
l'action  de  la  terre  ne  tend  pas  à  déplacer  un  aimant  parallèlement  à  lui- 

C.  R.,  igoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  19.)  I  5o 


(     Il62    ) 

même.  Il  s'ensuit  que  la  terre  n'exerce  aucune  force  antagoniste  de  celle 
produite  par  le  courant;  l'appareil  est  donc  parfaitement  asiatique. 

1)  Il  est  avantageux  d'employer  deux  bobines,  agissant  chacune  sur  un 
des  pôles  de  l'aiguille.  Pour  installer  le  galvanomètre  il  faut  l'orienter  de 
manière  que  l'axe  des  bobines  soit  dans  le  plan  du  méridien  magnétique. 
L'aiguille  aimantée  est  alors  dirigée  suivant  cet  axe.  Il  faut  en  outre  que, 
aucun  courant  ne  passant  par  l'appareil,  le  levier  de  paille  s'arrête  dans  la 
direction  est-ouest.  On  satisfait  à  cette  condition  en  faisant  tourner  un 
tambour  auquel  est  fixé  le  (i\  /' ,  afin  de  le  détordre.  Le  galvanomètre  est 
alors  prêt  à  fonctionner. 

»  La  sensibilité  de  l'appareil  est  très  grande,  car  elle  n'est  limitée  que 
par  le  petit  couple  naissant  de  la  torsion  des  fils  de  cocon  qui  le  sou- 
tiennent. Il  est  facile  d'écrire  la  condition  d'équilibre  :  Soient  i  l'intensité  du 
courant,  K  une  constante  dépendant  de  la  construction  des  bobines,  [a  le 
magnétisme  accumulé  à  chaque  pôle.  La  force  due  à  l'action  du  courant 
est  égale  à  KilÎ.  Cette  force  agit  sur  un  bras  de  levier  égal  àL,  en  désignant 
par  L  la  distance  entre  les  fils  /  et  /' ;  lorsque  la  déviation  de  la  paille 
esta,  ce  bras  de  levier  est  égal  à  Lcosa.  L'angle  a  demeurant  très  petit, 
on  peut  admettre  que  cosa  =  i.  Le  couple  dû  â  l'action  du  courant  est 
donc  égal  à  K  [a/L. 

»   D'autre  [)art,  la  déviation  étant  a,  la  torsion  des  cocons  /  et  /'  varie 

d'un  angle  oc;  les  couples  résultant  de  cette  torsion  sont  égaux  à  -r-  et  -j-r- 
On  a  donc  pour  condition  d'équilibre 


(r)  R[xLj  =  Ca(i 


I         I 


Supposons,  pour  simplifier  ('),  que  h  =  h'. 
»   L'équation  (i)  peut  s'écrire 

(2)  a=-r^— l. 

La  sensibilité  de  l'appareil  tient  d'abord  à  l'absence  de  toute  force  direc- 
trice due  à  la  terre.  En  outre,  on  peut  l'augmenter  en  disposant  des  fac- 

(')  Cette  condition  est,  d'ailleurs,  celle  qui  correspond  au  maximum  de  sensibilité, 

car  h -\r  h'  a  une  valeur  maxima  déterminée  par   la  hauteur  de  la  potence;    donc 

II 

v  -H  T7  est  minimum  pour  h  =  h'. 


(   ii63  ) 

leurs  (/.  et  L;  en  fl'autres  termes,  il  est  avantageux  d'accroître  [j.  en  em- 
ployant une  aiguille  fortement  aimantée,  et  aussi  grosse  que  le  permet  la 
résistance  à  la  rupt^ire  du  fil  de  suspension;  de  même,  on  peut  disposer 
du  facteur  L  en  allongeant  le  levier  de  paille. 

»  Le  maniement  de  l'appareil  paraît  assez  facile  ;  l'amortissement  propre 
est  très  considérable.  Je  rappellerai  que  Â.-C.  Becquerel  a  construit  jadis 
une  balance  électromagnétique  formée  de  deux  aimants  suspendus  à  une 
balance  ordinaire  et  attirés  par  deux  bobines.  Le  principe  est  le  même 
que  celui  de  l'appareil  décrit  plus  haut,  mais  la  substitution  de  la  balance 
de  torsion  à  la  balance  ordinaire  augmente  considérablement  la  sensibilité 
de  l'appareil.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  théorèmes  d'Hugoniot,  les  lemmes  de  M.  Hadamard 
et  la  propagation  des  ondes  dans  les  fluides    visqueux.    Note  de   M.  P. 

DuilE.M  . 

«  L  Supposons  que  S  soit,  à  l'instant  isolé /,  une  onde  d'ordre /j  pour 
une  certaine  fonction  U,  et  gardons  les  notations  que  nous  avons  em- 
ployées dans  une  Note  précédente  ('). 

»  M.  Hadamard  ("),  systématisant  les  indications  cinématiques  conte- 
nues dans  les  écrits  d'Hugoniot,  est  parvenu  au  théorème  suivant  : 

»  On  peut  définir,  en  tout  point  de  la  surface  S,  («  -t-  i)  grandeurs  U„, 
U,,  .  .  .,  U„  au  moyen  desquelles  s'expriment  toutes  les  dérivées  partielles 
d'ordre  n  de  la  fonction  V ,  en  chaque  point  de  cette  surface.  Les  relations  qui 
donnent  ces  expressions  sont 


dt" 


U„, 


('>  ijF^^-ïïSW^^'f^'^^^'  (P  +  9  +  r  =  0, 


dxP  dy^  dz'' 


=  \P^j.iv'\J„  (p-hq-hr=n). 


(')  Sur  le  théorème  d'Hugoniot  et  quelques  théorèmes  analogues  {Com,ptes 
rendus,  l.  CXXXI,  p.  1171  ;  24  décembre  1900). 

(^)  Hadamard,  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  l.  XXX,  p.  5o; 
séance  du  19  décembre  1900. 


(  ii64  ) 

»  Nous  nous  proposons  de  donner  des  grandeurs  Uo,  U, U„,  des 

expressions  qui  mettent  en  évidence  leur  caractère  invariant, 

»  1°  Cas  où  Vindice  i  est  pair  :  i=  y.  —  Les  relations  (i)  donnent  sans 
peine 

(2)  |;5.A,v  =  (>^  +  ,.^  +  v=yu,  =  u,. 

»  2°  Cas  où  l'indice  i  est  impair  :  i=  ij  ~\-  i.  —  Dans  ce  cas  les  éga- 
lités (i)  donnent 

et  deux  relations  analogues  qui  nous  permettent  d'écrire 

^^>  [ai     d<(«-"    J   ^  làf     dl^"--^    \         là:     <}«<«-')    J 

M   II.  M,  Hadamard  a  encore  démontré  le  théorème  suivant  : 
»  S'il  y  a  propagation  de  l'onde  S,  on  a,  quel  que  soit  i, 

(4)  (-a)'U,=  U„. 

Dès  lors,  dans  le  cas  où  i  est  pair  (/ =  y),  les  relations  (i),  (o.)  et  (4) 
donnent 

(5)  «^^^^-V^V- 

»  Dans  le  cas  où  i  est  impair  (j  =  2/  -m),  les  relations  (i),  (3)e/(4) 
donnent 

»  Des  formules  (5)  et  (6),  il  est  aisé  de  tirer  les  formules  que  nous 
avons  données  dans  notre  Note  :  Sur  le  théorème  d'Hugoniot  et  quelques 
théorèmes  analogues. 

»  III.  Les  méthodes  indiquées  par  M.  Hadamard  permettent  de  simpli- 
fier et  de  compléter  la  théorie  des  ondes  du  second  ordre  par  rapport  aux 
vitesses,  au  sein  d'un  fluide  visqueux.  Nous  nous  sommes  déjà  occupés  de 
cette  théorie  en  deux  Notes  (  ')  dont  nous  garderons  ici  les  notations. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  898  et  p.  607. 


(  ii65  ) 

»  Selon  le  premier  lemme  de  M.  Hadamard,  si,  à  l'instant  t,  la  surface  S 
est  une  onde  du  second  ordre  pour  les  vitesses,  il  existe,  en  chaque  point 
de  cette  surface,  trois  vecteurs  (>,„,  [j.„,  Vp),  (1, ,[/,,,  v,),  (^2»  P^2»  ^:.')»  tels  que 
l'on  ait 

d'U  _  d'U    _  i^_o  à'-V  _ 

"àï^-^"'  â^dî""°'^"  d^-'^^"  dzdt~'^^'' 

(7)      {   à^  =  ^^-^-        ^  =  P^="        ^=r^^' 

et  des  relations  analogues  pour  les  dérivées  de  V  et  de  W. 
»   Dès  lors,  l'équation 

[>(p,  T)  +  Kp,  T)]  I^  +  ,a(p,  T)AU  =  o, 

qui  sert  de  fondement  aux  notes  précitées,  devient  la  première  des  égalités 

j  [l(p,  T)  +  ;x(p,  T)]a(«X,  +  p;^^  +  rO  +  t^(p.  T)^^  =  o, 

(8)  [!(?,  T)  +  [y.(p,  T)]p(a).,  +  ?.^.,  +  yv,)  +  (^(p,  T);.^  =  o, 

(  [\(p,  T)  -t-  i>.(?,  T)]y(a>.,  +  P;i.=  +  yv^)  +  îiL(p,  T)v,  =  o. 

»  Multiplions  respectivement  ces  égalités  par  a,  ,8,  y  et  ajoutons  les 
résultats  membre  à  membre;  nous  trouvons 

[•k(p,  T)  -+-  2fy.(p,  T)](ocX.  -h  ^iL,  4-  ^^.0  =  o, 

ou  bien,  comme  [X(p,  T)  +  2[j.(p,  T)]  est  essentiellement  positif, 

alo  -h  PfAj  +  -j-Vj  =  o. 

»  Si  l'on  reporte  ce  résultat  dans  les  égalités  (8),  en  observant  que 
[/.(p,  T)  est  essentiellement  positif,  on  trouve 

(o)  \.,  =  0,  [1.2  =  0,  V2=0. 

»  Le  second  lemme  de  M.  Hadamiird  nous  apprend  que,  pour  que  l'onde 
se  propage,  il  faut  que  l'on  ait 

av,-t- vp  =  o, 
«V»  +  V,  =  o. 


al,  +  Ao  =  o. 

«y-i  -1-  I'-o=  o 

al-i-hl,  =  o. 

a[;.j4-[A,  =  o 

(lo) 


»   Les  égalités  (g)  donnent  alors 

■X,  =  o,  [/.,  =  o,  V,  =  o, 

7.0  =  o,  f^-o  =  <»,  ^0  =  0. 


(  ii66  ) 

»  Les  trois  vecteurs  de  M.  Hadamard  sont  donc  nuls,  en  sorte  qu'un 
fluide  visqueux  ne  peut  propager  aucune  onde  du  second  ordre  par  rapport 
aux  vitesses. 

»  Il  suffit  de  différentier  un  certain  nombre  de  fois  les  équations  du 
mouvement  et  de  reprendre  la  même  démonstration  pour  prouver  que 
cette  impossibilité  s'étend  aux  ondes  d'ordre  quelconque  supérieur  à  2. 

))  IV.  Une  onde  du  premier  ordre  par  rapport  aux  vitesses  ne  saurait 
exister  dans  un  Jluide  visqueux.  Dans  ce  cas,  en  efTet,  il  existerait  en 
chaque  point  de  cette  onde  un  vecteur  (/,  m,  n)  tel  que 

(")        ^=''^'       dy=P^'       ^=Tr^'       5J  =  =^'"'---- 

»  La  surface  serait  une  surface  de  discontinuité  pour  les  six  quantités 

^xy  ^y>  ^s»  '^x'  "^j"»  '^z' 

f  du        âi'        (J't'\  /     rr^sàu 


(12)  {  /  1  1   \ 

|.,=  -,(,,T)(*+*> 

>)  Mais  on  démontre  sans  peine  que  les  trois  composantes  de  la  pression 
de  viscosité  doivent  demeurer  continues  lorsqu'on  traverse  cette  surface. 
Moyennant  les  égalités  (1 1)  et  (12),  on  obtient  ainsi  trois  égalités,  dont  la 
première  est 

(i3)      (1  -h  2jj.)a(a/+  ^m  -\-yn)-i-  ij.[Pj(fJ  —  a.m)  -hy(jl—  an)]  =  o. 

»  Si  l'on  ajoute  ces  équations  respectivement  multipliées  par  a,  p,  y,  en 
observant  que  ['X(p,  T)  +  2[;.(p,  T)]  est  positif,  on  trouve 

(i4)  a/+ pm -f- y«  ^  o. 

»  Ce  résultat,  reporté  dans  les  égalités  (i3),  où  [i,(p,T)  est  essentielle- 
ment positif,  donne  les  égalités 

P(p/—  a.m)  -+-  y(y/  —  ocn)  =  0,  ..., 
qui  peuvent  s'écrire 

/ —  a(a/  +  ,S/n  -h  yn)  =  O, 

ou  bien,  en  vertu  de  l'égalité  (i4). 

(i5)  /=:o,         m  =  o,  n  :=  o. 


(   '167   ) 

S'il  y  a  propagation,  on  a 

àt   +«^=0' 

dX 
Ot 

dt   ^ 

Les  égalités  (i5)  donnent 

donc 

('^)                               àt  = 

o, 

ôt   =  °' 

fAV 
dt    =« 

+  a/i  =  o. 


Les  égalités  (i  i),  (i5),  (16)  démontrent  le  théorème  énoncé. 

»  Ainsi,  quel  que  soit  l'ordre  d'une  onde,  elle  ne  peut  se  propager  au  sein 
d' un  fluide  visqueux .  » 

IVOMIIV  AXIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  diverses 
Commissions. 

Le  dépouillement  des  scrutins  donne  les  résultats  suivants  : 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  pnv  Petit  d'Ormoy  (Sciences 
mathématiques),  pour  1901.  —  MM.  Appel!,  Picard,  Poincaré,  Darboux, 
Maurice  Levv. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences 
naturelles),  pour  1901.  —  MM.  Van  Tieghem,  Fouqué,  Perrier,  Giard,  de 
Lacaze-Duthiers. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  du  Baron  de  Joest 
pour  1901.  —  MM.  Berthelot,  Bouquet  de  la  Grye,  Darboux,  Fouqué, 
Maurice  Levy. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Saintour  pour  1901.  — 
MM.  Darboux,  Berthelot,  Poincaré,  Bouquet  de  la  Grve,  Fouqué. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Gegner  pour  i9or.  — 
MM.  Darboux,  Berthelot,  Mascart,  Fouqué,  Poincaré. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Trémont  pour  1901.  — 
MM.  Haton  de  la  Goupillière,  Sarrau,  Berthelot,  Maurice  Levy,  Léauté. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Grand pnx  des  Sciences 
physiques,  pour  l'année  1908.  —  MM.  Van  Tieghem,  Fouqué,  Duclaux, 
Berthelot,  Cornu. 


(  ii68  ) 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  prix  Bordin  (Sciences  phy- 
siques) pour  l'année  i^o'i.  —  MM.  Mascart,  Lippmann,  Cornu,  Becquerel, 
Berthelot. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  prix  Gay  {Géographie 
physique) pour  l'année  igoS.  —  MM.  Grandidier,  Bouquet  de  la  Grye,  de 
Lapparent,  Bassot,  Hait. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  prix  Pourrat  (Physio- 
logie) pour  l'année  igoS.  —  MM.  Marey,  d'Arsonval,  Chauveau,  Perrier, 
Filhol. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  prix  Fourneyron  (^Méca- 
nique) pour  l'année  igoS.  —  MM.  Sarrau,  Boussinesq,  Maurice  Levy, 
Léauté,  Sébert. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Barril  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Sécurité  de  la  circulation  des  trains.  Impulseur  électrique  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Henry  Rowland,  Correspondant  pour  la 
Section  de  Physique,  décédé  à  Baltimore,  le  i6  avril  1901. 

MM.  Davidson,  Oudemans,  nommés  Correspondants  pour  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation,  et  M.  Zeuner,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  de  Mécanique,  adressent  des  remercîmenls  à  l'Académie. 

MM.  Charri.v,  Corml,  La\cereaux  prient  l'Académie  de  vouloir  bien 
les  comprendre  parmi  les  candidats  à  la  place  devenue  vacante  dans  la 
Section  de  Médecine  et  Chirurgie  par  le  décès  de  M.  Potain. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.) 


(  "%  ) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Un  Ouvrage  de  M.  Laitssedat  intitulé  :  «  Recherches  sur  les  instru- 
ments, les  méthodes  et  le  dessin  topographique  ».  Tome  II,  Première  Partie: 
«  Iconométrie  et  Métrophotographie  ». 

2°  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  The  Norvegian  north  polar  expé- 
dition (1893-1896).  Scientific  resulls  »,  edited  by  Fridljof  Nansen,  2*  Vo- 
lume. (Présenté  par  le  prince  de  Monaco.) 

3"  La  deuxième  série  des  «  Matériaux  d'étude  topologique  pour  l'Algérie 
et  la  Tunisie  ».  (Extrait  des  «  Cahiers  du  Service  géographique  de  l'Ar- 
mée ».) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  réelles  des  équations  différen- 
tielles du  premier  ordre  dans  le  voisinage  d'un  point  singulier.  Note  de 
M.  Henri  Dulac,  présentée  par  M.  Painlevé, 

«  Je  me  propose  d'étudier,  dans  le  domaine  réel  entourant  le  point 
X  =y=  o,  les  caractéristiques  de  l'équation  différentielle 

où  f  désigne  un  polynôme  en  y'  dont  les  coefficients  sont  des  fonctions 
lîolomorphes  pour  a-  =  y  =  o. 

»  On  sait  que  par  un  point,  pris  au  hasard  dans  le  domaine  considéré, 
il  ne  passe  que  des  intégrales  algébroïdes.  Il  n'y  a  exception  que  pour  cer- 
tains points  isolés.  C'est  à  ces  derniers  points  que,  dans  ce  qui  suit,  je 
réserve  le  nom  de  points  singuliers.  La  méthode  s'a|)plique  aussi  bien  à 
l'étude  d'un  point  ordinaire  qu'à  l'étude  d'un  point  présentant  pour  la 
fonction  j'(ic,  j')  une  singularité  quelconque  :  non-uniformité,  indéter- 
mination. 

»  Recherche  d'une  catégorie  d'intégrales.  —  Je  cherche  les  intégrales 
pouvant  être  exprimées  au  moyen  des  formules 

(2)  a;  =  ç(=,  f),         y  =  <\,(z,^'), 

çp  et  1]/  étant  des  polynômes  nuls  pour  z  ^  o;  v  étant  une  fonction  de  z  qui 
tend  vers  o  avec  z  et  satisfait  à  une  équation 

(3)  ^«|;  =  ,(,+...) +  ,(^ +...), 

C.  K.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  19.)  l5l 


(  i^7o  ) 
où  (X  n'est  pas  nul.  Je  puis,  sans  restreindre  le  problème,  assujettir  (p  et  i{/à 
contenir  z  en  facteur;  c'est  ce  que  je  ferai  afin  de  pouvoir  établir  la  notion 
d'intégrale  isolée.  Le  problème  est  encore  indéterminé;  on  peut  en  profiter 
pour  donner  à  tp  et  (j/  des  formes  très  simples.  Je  détermine,  au  moyen  de 
calculs  algébriques,  les  polynômes  9  et  <j>  et  ensuite  autant  de  coefficients 
que  je  veux  de  (3). 

»  Les  intégrales  d'une  équation  (3)  autres  que  z  —  q  fournissent  des 
intégrales  de  (i).  Pour  les  étudier,  je  distingue  différents  cas  : 

»  1°  n  =  o.  —  C'est  un  cas  particulier.  L'équation  (3)  fournit  pour  (i) 
une  infinité  d'intégrales  algébroïdes  dépendant  d'une  constante; 

»  1°  n  —  \.  —  C'est  le  cas  général.  Si  a  est  négatif,  il  y  a  une  seule 
intégrale.  Si  a  est  positif,  il  y  a  une  infinité  d'intégrales  développées  sui- 
vant les  puissances  de  z  et  Cs«,  C  étant  une  constante.  Si  a  est  un  entier 
ou  l'inverse  d'un  entier,  on  peut  toujours  être  ramené  au  cas  où  a  est 
entier;  les  intégrales  sont  développées  suivant  les  puissances  de  z  et 
Cslogs; 

»  3°  «  >  I .  —  Il  y  a  toujours  une  intégrale  tendant  vers  o  avec  z.  Il  y 
en  a  ou  non  une  infinité  d'autres  suivant  que  as""'  est  positif  on  négatif. 
Ce  dernier  résultat  a  déjà  été  donné  par  M.  J.  Bendixson.  J'ajoute  que 
l'on  peut  trouver  une  courbe  algébrique  ayant  avec  les  intégrales  fournies 
par  (3)  un  contact  d'ordre  aussi  élevé  que  l'on  veut. 

»  Les  intégrales  dont  il  vient  d'être  question  seront  dites  de  première 
catégorie.  Je  compterai  parmi  elles  les  intégrales  singulières  multiples,  s'il 
en  existe,  mais  non  les  intégrales  singulières  ordinaires. 

»  Si  une  équation  (3)  ne  fournit  qu'une  intégrale,  celle-ci  sera  dite  inté- 
grale isolée,  de  même  qu'une  intégrale  singulière  multiple. 

»  Etude  des  autres  intégrales.  —  Je  vais  étudier  les  intégrales  correspon- 
dant aux  diverses  déterminations  de  y'.  Je  considère,  dans  le  pian  réel 
x,y,  un  cercle  n'ayant  à  son  intérieur  d'autre  point  singulier  que,  peut- 


être,  l'origine. 


y)  l.  La  détermination  dey'  que  Von  considère  est  une  fonction  uniforme 
tout  le  long  de  ce  cercle.  —  i''  S'ily  a  des  intégrales  de  première  catégorie  cor- 
respondant à  cette  détermination,  il  n'y  a  pas  d'autres  intégrales  passant  par 
l'origine.  Les  intégrales  isolées  divisent  le  voisinage  de  l'origine  en  régions. 
Si  l'une  de  ces  régions  ne  contient  pas  d'intégrales  de  première  catégorie, 
les  caractéristiques  qui  y  passent  présentent  la  disposition  de  branches  de 
courbes  asymptotes  aux  intégrales  isolées.  Dans  le  cas  contraire,  toutes  les 
intégrales  de  la  région  passent  par  l'origine. 


(  "7^  ) 

»  2°  //  n'y  fi  pas  d' intégrales  de  première  catégorie,  —  Les  caractéris- 
tiques sont  des  spirales  ou  des  cycles  entourant  l'origine.  Pour  qu'il  y  ait 
des  cycles,  il  faut  qu'une  infinité  de  conditions  soient  remplies,  mais  ces 
conditions  ne  paraissent  pas,  en  général,  susceptibles  d'être  exprimées 
algébriquement. 

M  II.  La  détermination  de  y' considérée  n  est  pas  uniforme .  —  Soit  R(a7,j')=o 
la  condition  qui  doit  être  satisfaite  pour  que  deux  valeurs  de  y'  soient 
égales.  La  détermination  y',  considérée  deviendra,  pour  un  point  de  la 
courbe  R,  égale  à  une  autre  détermination  j)^,,,  qui  elle-même  pourra  devenir 
égaleà  r'j,  etc.  Nous  aurons  ainsi  r  valeurs  dejj^'se  permutant.  Les  caracté- 
ristiques correspondant  à  ces  déterminations  pourront  présenter  différents 
arcs  séparés  ou  non  par  un  point  de  rebroussement,  suivant  que  la  branche 
delà  courbe  R  =  o  qu'elles  atteignent  n'est  pas  ou  est  une  intégrale  singu- 
lière. 

))  1°  A  ces  déterminations  de  y'  correspondent  des  intégrales  de  première 
catégorie.  —  Si  l'on  suit  une  caractéristique,  les  r  déterminations  de  y'  ne 
se  permutent  pas  indéfiniment.  Les  caractéristiques,  après  avoir  décrit 
diflérents  arcs  autour  de  l'origine,  finiront  par  être  analogues  aux  intégrales 
de  L  Les  résultats  de  i"  sont  valables. 

))  2"  //  n'y  a  pas  d' intégrales  de  première  catégorie  correspondant  à  ces 
déterminations.  —  Les  r  déterminations  se  permutent  indéfiniment.  Les 
caractéristiques  sont  composées  d'arcs  dirigés  tantôt  dans  un  sens,  tantôt 
dans  l'autre.  En  général,  si  l'on  parcourt  une  caractéristique  dans  un  sens 
convenable,  on  tend  vers  l'origine,  mais  il  peut  se  faire  qu'on  revienne  au 
point  de  départ  et  qu'on  ait  un  cycle.  Suivant  que  r  est  impair  ou  pair,  le 
rayon  vecteur  qui  va  de  l'origine  aux  points  de  la  caractéristique  parcourt 
tout  le  plan  ou  n'en  parcourt  qu'un  secteur. 

»  Il  peut  exister  une  branche  de  R  tout  le  long  de  laquelle  q  détermi- 
nations de  y'  deviennent  égales  et  se  permutent,  dans  le  domaine  com- 
plexe. Si  q  est  impair,  une  seule  de  ces  déterminations  étant  réelle,  on 
peut  la  considérer  comme  une  fonction  uniforme  dans  le  domaine  réel 
voisin  de  R.  Si  q  est  pair,  on  sera  dans  le  cas  IL 

»  Pour  distinguer  dans  lequel  des  cas  i"  et  i°  de  I  et  II  on  se  trouve,  je 
pose  X  =  pcosw,  y  =  psinc»;  l'équation  (i)  devient  cp(p,  to,  p')  =  o,  et  je 
construis  la  courbe  (p(o,  to,  p'),  co  et  p'  étant  regardées  comme  les  coordon- 
nées d'un  point. 

»  Les  résultats  obtenus  permettent  d'étudier  les  caractéristiques  de  (i) 
dans   une  région  plus  ou   moins    étendue  du  plan,    lorsque  f  est,  par 


(   i'72  ) 
exemple,  un  polynôme  en  x  et  y.   En  particulier,  on  peut,   si  l'une  des 
déterminations  y'  devient  infinie  pour  a;  =;  o  et  y  quelconque,  décider  si 
une  caractéristique  correspondante  tend  ou  non  vers  une  limite  lorsque  x 
tend  vers  zéro.    » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certaines  relations  involutives . 
Note  de  M.  Maurice  Lelieuvre,  présentée  par  M.  Painlevé. 

«  Cette  Note  se  rapporte  aux  relations  entières  et  symétriques  (ou  invo- 
lulives)  par  rapport  à  p  variables  x,  y,  ■■■,  t,  relations  qui  se  rencontrent 
dans  certains  problèmes  de  Géométrie  et  qui  sont  caractérisées  par  la  pro- 
priété d'être  vérifiées  par  tout  groupe  de  p  quelconques  des  m  racines 
d'un  polynôme  entier  /"(a;);  j'appellerai  ordre  de  la  relation  son  degré  par 
rapport  à  chaque  variable  et  je  dirai  que  le  po\y nome /(x^  y  satisfait. 

»  I.  Soit  d'abord  le  cas  simple  d'une  relation  'R(x,y)  =^  o  d'ordre  q  entre 
deux  racines  x  et  y  (q^m  —  i).  On  peut,  en  divisant  R(x,y)  successi- 
vement par  f(x)  el  f(y),  remplacer  la  relation  par  une  autre  S(œ,y)  =  o, 
d'ordre  m  —  i  ;  soit  alors  a  une  racine  quelconque  dey"(a;)  :  les  deux  poly- 

f(w) 
nomes  S(x,a)  et  -^  _  doivent  avoir  les  mêmes  racines  et  leur  quo- 
tient <f{a)  est  entier  en  a;  alors  les  polynômes  (^— j)  S(a7,  y)  —  y(a;)  cp(j) 
et  f(y)  ont,  quel  que  soit  x,  les  mêmes  racines  en  y;  en  partant  de  là  et 
en  tenant  compte  de  la  symétrie  de  Ii{x,y),  on  arrive  immédiatement  à  la 
formule 

dans  laquelle  <f{x)  est  un  polynôme  entier  de  degré  m  —  i .  Si  l'on  revient 
alors  à  R(x,y)  =  o,  on  voit  qu'elle  peut  se  mettre  sous  la  forme 

(2)  ^^^^^^^/i^)'^(-,.r)-Ay)'^ii,-^), 

X      y 

^(^x,j)  étant  un  polynôme  entier  de  degré  q  —  m  -\-  i  en  x  ei  q  -\-  i  eu  y. 
»  Considérons  particulièrement  la  lelation  (i)  et  cherchons  tous  les 
polynômes  F(a;)  de  degré  m  qui  y  satisfont  :  si  a  est  une  racine  d'un  tel 
polynôme,  il  peut  s'écrire 

¥ {x)^{x  —  a)  ^{x,  a)^f{x)  (p(rt)  —/(a)<f(x). 


(   «173  ) 

»  Donc,  il  appartient  au  faisceau  linéaire  \f(oe)  -+-  [/.  ç(^),  et,  récipro- 
quement, il  est  manifeste  que  tout  polynôme  de  ce  faisceau  satisfait  à  la 
relation  (i)  :  ainsi  tous  les  polynômes  de  degré  m  qui  satisfont  à  la  relation  (\) 
sont  en  involution. 

»  On  aperçoit  immédiatement  l'application  de  ce  théorème  aux  poly- 
gones de  Poncelet  :  s'il  existe  un  polygone  proprement  dit  de  m  côtés 
inscrit  dans  une  conique  C  et  circonscrit  à  une  autre,  un  des  sommets  du 
polygone  détermine  les  m  —  i  autres  d'une  manière  unique  :  donc,  entre 
les  paramètres  fixant  individuellement  sur  C  deux  sommets  quelconques 
doit  exister  une  relation  de  la  forme  (i)  :  par  suite,  il  y  a  une  infinité  de  tels 
polygones  dont  les  sommets  forment  sur  C  une  involution  d'ordre  m  {'  ). 

»  II.  La  recherche  d'un  polynome/(a;)  de  degré  donné  qui  satisfait  à 
une  relation  involutive  (2)  dépend  des  équations  qui  lient  les  coefficients 
du  polynôme  et  ceux  de  la  relation  :  elles  résultent  de  l'élimination  des 
coefficients  du  polynôme  ^(x,y)  entre  des  équations  qui  les  renferment 
linéairement;  la  question,  très  simple  dans  le  cas  particulier  de  la 
forme  (i),  est  assez  compliquée  en  général.  Dans  tous  les  cas,  si  l'on 
désigne  par  A^,  le  coefficient  du  déterminant  (x^y)  dans  le  produit 
(œ  —y)R(x,y),  les  quantités  T  =  A^^A^H-  A^^Ap^H-  A^pA,,  jouent  dans  le 
problème  un  rôle  fondamental  :  elles  sont  toutes  nulles  dans  le  cas  de  la  rela- 
tion (1).  Si  cela  a  lieu  pour  la  relation  (2),  elle  prend  la  forme  (i), 
Q(x,  y)  se  décomposant  en  un  produit  de  deux  fonctions  entières,  l'une 
de  œ,  l'autre  de  y,  et  il  y  a  une  infinité  de  polynômes  F(x)  qui  y  satisfont  et 
qui  sont  les  diviseurs  de  degré  m  des  polynômes  de  degré  q  -+- 1  d'un  faisceau 
linéaire  >,P(.r)  +  ['■Q(x)  :  c'est  un  cas  étendu  où  une  infinité  de  polynômes 
de  degré  m  satisfont  à  la  relation,  mais  ce  n'est  pas  toujours  le  seul. 

»  Par  exemple,  s'il  existe  un  tétraèdre  inscrit  dans  une  cubique  gauche  T 
et  conjugué  par  rapport  à  une  quadrique  9,  il  y  en  a  une  infinité  dont  les 
sommets  forment  sur  T  une  involution  du  quatrième  ordre;  il  y  a,  en 
général,  seulement  deux  triangles  inscrits  dans  T  et  conjugués  par  rapport 


(')  Par  une  méthode  toute  différente,  M.  Darboux.  {Sur  une  classe  remarquable 
de  courbes  et  de  surfaces  algébriques.  Note  II,  Sur  les  polygones  de  Poncelet, 
p.  i83)  est  arrivé  à  la  forme  (i)  de  la  relation  entre  les  paramètres  de  deux  sommets 
(ou  côtés)  et  en  a  déduit  le  théorème  de  Poncelet.  Voir  aussi  une  observation 
de  M.  Humbert  {Bull.  Soc.  math.,  p.  69;  1899)  et  des  vérifications  de  MM.  Bricard 
{Bull.  Soc.  math.,  p.  96;  1898)  et  Lelieuvre  {Enseignement  mathématique, 
mars  1901). 


(  1174  ) 
à  ip  :  en  supposant  irréductible  la  relation  involutive  correspondante,  il  n'y  en 
a  une  infinité  que  si  cette  relation  prend  la  forme  (i)  :  les  triangles  sont 
alors  les  faces  des  tétraèdres  précédents;  l'équation  aux  paramètres  sur  la 
cubique  des  sommets  de  chaque  triangle  dépend  d'une  arbitraire  au  troi- 
sième degré.  Pour  qu'il  existe  un  tétraèdre  inscrit  dans  r  et  dont  les  arêtes 
soient  tangentes  à  cp,  deux  relations  de  condition  sont  nécessaires  :  il  ne  peut  y 
en  avoir  une  infinité  que  si  la  relation  involutive  correspondante,  supposée 
toujours  irréductible,  est  de  la  forme  (i)  :  les  sommets  de  chaque  tétraèdre 
appartiennent  alors  à  une  involulion  du  cinquième  ordre  tracée  suri,  et 
l'équation  aux  paramètres  de  ces  sommets  dépend  d'une  arbitraire  au  qua- 
trième degré  :  dans  ce  cas,  il  y  aura  une  infinité  de  triangles  inscrits  dans  F 
et  circonscrits  à  <p;  mais  cela  peut  arriver  autrement,  par  exemple  si  «p  est 
un  cône,  auquel  cas  tout  plan  tangent  à  ce  cône  coupe  Faux  sommets  d'un 
triangle  qui  répond  à  la  question. 

»  III.  On  peut  étendre  la  méthode  aux  relations  renfermant  plus  de 
deux  racines.  Soit,  par  exemple,  une  relation  d'ordre  m  —  i  entre  trois 
racines;  par  un  raisonnement  analogue  à  celui  du  paragraphe  I,  on  arrive 
à  la  forme  suivante  de  la  relation  : 

K(^,r,  .)  =  _________ 

dans  laquelle  (p(a7,  j')  désigne  une  fonction  symétrique  Qx\\SkxQ  à&  x  &\. y , 
d'ordre  m  —  i. 

»  Les  relations  entre  les  coefficients  d'un  polynôme  /(a?)  satisfaisant  à 
la  relation  et  les  coefficients  A^^^  des  déterminants  (x^yz'^')  dans  le  pro- 
duit {y  —  z)(s  —  ^)(- —  J')R(^»  J' ^)  s'obtiennent  à  l'aide  des  coeffi- 
cients B^^  des  déterminants  (aj^j^)  dans  le  produit  (a^  —  r)(p(a7,  j)  :  on 
démontre  qu'î7  ne  peut  y  avoir  une  infinité  de  polynômes  /{x)  de  degré  m 
satisfaisant  à  la  relation  que  si  ce  produit  est  réductible  à  la  forme  alternée 
'K^)5C(j')  ~  '}'(j)x(^)'  ^^'^^^  l^^  polynômes  cherchés  sont  ceux  d'un  réseau 
linéaire  l/{x)  -h  \i.'\i(x)  -*-  vy(x). 

»  Par  exemple,  il  y  a  généralement  un  seul  tétraèdre  inscrit  dans  une 
cubique  gauche  et  circonscrit  à  une  quadrique;  dès  qu'il  y  en  a  plus  d'un, 
il  y  en  a  une  infinité,  dont  les  sommets  forment  sur  la  cubique  une  invo- 
lution  du  quatrième  ordre  n  deux  varamètres,  ou  de  seconde  espèce.   « 


(  "75  ) 

BALISTIQUE.  —  Sur  un  problème,  de  d'Alembert. 
Note  de  M.  F.  Siacci. 

«  Pour  que  les  équations  du  mouvement  d'un  projectile  dans  un  milieu 
résistant  se  ramèrtent  aux  quadratures,  la  résistance  étant  supposée  direc- 
tement contraire  à  la  vitesse  et  fonction  de  la  seule  vitesse,  il  faut  intégrer 
l'équation 

(i)  ûfMCosO  —  ?/(p  +  sin6)c?9  =  o, 

où  u  est  la  vitesse,  9  l'angle  qu'elle  fait  avec  l'horizon,  p  le  rapport  de  la 
résistance  au  poids  du  projectile.  D'Alembert  chercha  des  formes  de  la 
fonction  p  permettant  cette  intégration,  et  il  en  trouva  quatre  : 

p  =  o  +  ha",  p  =  a  -h  b  \ogu, 

p  =  au" -h  R  -H  bw",  p  =  a(loguy  -\-R\ogu  -+■  b, 

avec  deux  ou  trois  constantes  chacune,  car  dans  les  deux  dernières  for- 
mules les  quantités  a,  b,  R,  n  et  a,  b,  R  sont  respectivement  liées  par  une 
équation.  Avant  d'Alembert  on  ne  connaissait  que  le  seul  cas  p  =  au" 
résolu  par  Jean  Bernoulli.  D'Alembert  après  avoir  indiqué  ces  cas  ajoute  : 
K  Je  ne  prétends  pas,  au  reste,  qu'il  n'y  ait  que  ces  seuls  cas  où  la  trajec- 
»  toire  soit  constructible;  mais  je  laisse  à  ceux  qui  aiment  ces  sortes  de 
»  calculs  à  pousser  plus  loin  leurs  recherches  là-dessus  ».  (D'Alembert, 
Traité  de  V  équilibre  et  du  mouvement  des  fluides,  Paris,  p.  SSg  ;  i  744-  ) 

»  L'appel  est  resté  sans  réponse,  que  je  sache.  Le  problème  de  d'Alem- 
bert pourtant  ne  manque  pas  d'intérêt,  même  au  point  de  vue  pratique. 
Si  l'on  connaissait  bon  nombre  de  fonctions  p  contenant  plusieurs  con- 
stantes arbitraires  et  permettant  l'intégration  de  (i),  on  pourrait  espérer 
d'y  trouver  une  fonction  p  s'accordant  avec  la  résistance  donnée  par  les 
expériences.  La  fonction  a  -t-  bu,  par  exemple,  qui  rentre  dans  les  cas  de 
d'Alembert,  représente  une  loi  de  la  résistance  de  l'air,  signalée  récem- 
ment par  M.  le  colonel  Cbapel  (^Comptes  rendus  du  lO  décembre  1894); 
mais  la  loi  de  Cbapel  ne  vaut  que  pour  les  hautes  vitesses.  Le  problème  de 
d'Alembert  d'ailleurs  fait  abstraction  des  conditions  pratiques,  et  comme 
problème  d'analyse,  il  pourrait  bien  appeler  l'attention  des  géomètres. 

»  En  attendant,  je  donne  ici  quelques  nouveaux  cas  d'intégrabilité. 
Trois  des  nouvelles  fonctions  p  contiennent  quatre  constantes  arbitraires, 
et  deux  de  ces  fonctions  dérivent  de  l'intégration  d'une  équation  de  Ric- 
cati,  un  peu  plus  générale  que  l'ordinaire. 


(  "76  ) 
»   Soit  ij.  =  a  fof/u  —  au sin^  —  b  f — ^»  et  multiplions(i)parei^(«cos6)~"; 

a,  b,  n  sont  des  constantes.  On  trouve  que  ce  multiplicateur  est  un  facteur 
intégrant  de  (i),  si  p  vérifie  l'équation 

»  Si   l'on  fait  a  =  o,  on   a  de  suite  les  deux  premières  formules  de 
d'Alembert,  suivant  que  n^\,  oun  =  i.  Dans  le  cas  général,  en  posant 

n^  -■>  au^  — )  p  ■=  yx*~'',  on  a  l'équation 

(2)'  ^-+-y^=x-'>-^^bqx'>--..., 

un  peu  plus  générale  que  l'équation  ordinaire  de  Riccati  (è  =  o),  qu'on 
sait  intégrer  au  moyen  de  fonctions  algébriques  et  exponentielles  lorsque 

q^o,  ou-  est  un  nombre  impair  positif  ou  négatif.  Mais  on  peut  aussi 

intégrer  l'équation  (2)  ou  (2)',  au  moyen  des  mêmes  fonctions,  lorsque, 
h  et/:  étant  deux  nombres  entiers  et  positifs  (zéro  compris),  on  a  è  =  A  —  k, 

-=  n  —  rh  ( I -I- A  +  A-)  (').  Posons 

F(.,/.«)  =  i+>^        ,(.,_0(.-2). ..(.-/+.)         (.auY 


:1 


{S  -^  t)  {s  -\-  t  —  i) .  .  .{s  -\-  t  —  i  +  i) 


avec  ces  conditions  :  1°  que  pour  *4-/  =  o,  ainsi  que  pour  5  =  0,  soit 
F  =  I  ;  2°  que  si  5  -t-  /  est  entier  et  positif,  s  soit  aussi  entier  et  positif  et, 
dans  ce  cas,  le  développement  de  F  s'arrête  au  terme  où  i  =  s.  Cela  posé, 
l'intégrale  de  (2)  s'obtient  eu  dérivant  logarilhmiquement  pir  rapport  à  u 
l'une  ou  l'autre  des  équations  suivantes  : 

(I)  e''^^'"'=e''"F(k,  k,  -u)-iCe-""F(k.k,u)     (b  =  h-  k,n=      i  +  h+k); 

(II)  (a»)-"p«J"P'"'  =  e""  F(A,  k,  -  w )  +  Ce"""  V{k,  h,  •<)     {b  =  h  -  k,  n  =^-  i  -  h  -  k)  ; 

C  est  une  constante  arbitrair*^-.  Si  h  et  k  sont  entiers  et  positifs,  les  fonc- 
tions F  sont  des  polynômes  finis.  Si  b  et  n  ne  sont  pas  compatibles  avec  h 
et  k  entiers  et  positifs  (zéro  compris),  on  aura  des  séries  convergentes, 
quel  que  soit  m,  en  prenant  (II)  lorsque  n  est  positif  et  en  prenant  (I) 
lorsque  n  est  négatif.  De  cette  manière,  h  -\-  k  est  toujours  négatif,  et  le  dé- 
nominateur en  F  ne  s'annule  jamais. 

(')  Succi,  Su  lia  inlegrazione  di  una  equazione  differenziale,  e  sulV  equazione 
di  Hiccati  {Rendiconti  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  Fisiche  e  Matematiche  di 
Napoli,  aprile  1901). 


(  II77  ) 
»   On  peut  avoir  d'autres  cas  d'intégrabilité  en  donnant  d'autres  formes 
au  facteur  intégrant.  Si  l'on  multiplie  (i)  par 

M  =(jfCose)-'(i  +  sine)-«(i  -  sin6)-P[>,(i  +  sine)  +  (;.(i  — sinG)]^, 

où  a,  p,  p  sont  des  constantes  et  >.  et  (a  des  fonctions  inconnues  de  m,  on 
trouve  que  M  est  un  facteur  intégrant  de  (i),  siX,  [a,  p  vérifient  ces  équations 

ud[{f-^  \)\P\  =  i^\Pdu,  ad[{^  —  i)^P]  =  iolilP du, 

"k  —  [j.  =  ku     ^     , 

k  étant  une  constante.  Les  deux  intégrations  s'exécuteut  sans  difficulté  : 
1°  lorsque  «  =  p  =  o;  2°  lorsque  /j  =  i  et  l'on  annule  la  constante  de  la 
première  intégration  ;  3°  lorsque  p  =  o,  /?  =  a  ;  4°  lorsque  «  =  o,  />  ^  —  p. 
On  trouve  dans  ces  cas  : 

(III)  «  =  a(p +  .)'■•+ 6(0  — ly, 

(IV)  cM  =  (p  +  I  +  2a)"(p-  I  -  2è)'[(a4-6  +  2)p  +  a  — Z»], 

c  f  ''? 

(V)  Cu  =  - r-^e' 

^      ^  H-a(p  — i)'' 

(VI)  Cm 


H-A(pH-l)'^ 

a,  b,  c,  C  étant  des  constantes  arbitraires  liées,  ou  non,  avec  les  arbi- 
traires a,  p,/>,  k. 

»  Si  l'on  donne  au  facteur  intégrant  l'une  ou  l'autre  de  ces  formes 

1  L 

(/+^sin9-(- Asin-9)^  1       (  f -^  g  ûn^^ 


a  cos9  a  cosO  \  i  +  A  sinO 

/,  g,  h  étant  des  fonctions  inconnues  de  11,  on  trouve  des  équations  diffé- 
rentielles qui  s'intègrent  facilement.  On  détermine  de  cette  manière/^  ^,  A, 
et  l'on  obtient  pour  p  les  équations  suivantes  : 

(VU)  (^  +  (T^Tjî  =  ">  +  ^"' 

(VIII)         log  A/r/p  =  '-  f %—-  -  '-  f        ,fP       ^    +  C. 

»  La  dernière  formule  donne  u  en  fonction  de  p,  avec  un  nombre  fini 
de  termes  lorsque  c  est  rationnel,  et  contient  quatre  constantes  arbitraires, 
comme  (I)  et  (II).  Elle  contient  aussi,  comme  cas  particuliers,  les  for- 
mules (V)  et  (VI). 

c.  R.,  1901,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  19.)  l52 


(  '«78) 
»  On  peut  avoir  encore  un  cas  d'intégrabilité  de  (i)  en  prenant  pour 
facteur  intégrant  e^{u  cosO)-'  avec 

(/.=  la  l  ^du  —  au  sinO)^  +  la^  1  udu{p- —  i). 

La  fonction  p  s'obtient  au  moyen  d'une  équation  du  second  ordre  qu'on 
intègre  facilement.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  une  expérience  d' oscillation  électrique. 
Note  de  M.  H.  Pellat,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  l'honneur  de  signaler  à  l'Académie  une  expérience  dont  le  résultat 
paraît  paradoxal  au  premier  abord,  mais  qui  s'explique  très  facilement  par 
les  oscillations  électriques. 

»  Deux  condensateurs  de  capacité  très  inégale  (une  batterie  de  six 
grandes  jarres  et  une  petite  bouteille  de  Leyde,  par  exemple)  ont  leurs 
armatures  respectivement  en  communication  par  un  inverseur  qui  permet 
d'alterner  les  communications.  Celui-ci  est  monté  sur  colonnes  d'ébonite 
de  façon  à  pouvoir  opérer  avec  des  potentiels  élevés.  Toutes  les  armatures 
des  condensateurs,  ou  trois  d'entre  elles,  au  moins,  sont  isolées.  Deux  tiges 
de  décharges  sont  placées  près  du  petit  condensateur  et  permettent  à  l'étin- 
celle d'éclater  quand  la  différence  de  potentiel  des  armatures  devient  suffi- 
sante. 

»  Si  l'on  vient  à  charger  les  condensateurs  de  façon  à  leur  donner  la 
moitié  seulement  de  la  charge  nécessaire  à  la  production  de  l'étincelle,  ou 
même  un  peu  moins,  et  qu'on  vienne  ensuite  à  intervertir  les  communi- 
cations des  armatures  en  faisant  jouer  l'inverseur,  l'étincelle  éclate  entre 
les  tiges  de  décharges. 

»  Or  remarquons  que,  si  l'étincelle  n'éclatait  pas,  après  l'inversion  et 
l'état  d'équilibre  atteint,  la  différence  de  potentiel  des  armatures  aurait 
diminué,  puisque  l'inversion  fait  communiquer  l'armature  positive  de  l'un 
des  condensateurs  avec  l'armature  négative  de  l'autre  et  vice  versa.  Malgré 
cela,  la  différence  de  potentiel  des  armatures  du  petit  condensateur  a  plus 
que  doublé  à  un  certain  moment,  par  suite  des  oscillations  électriques, 
puisque  l'étincelle  éclate. 

))  La  théorie  classique  des  oscillations  électriques  rend  compte  parfai- 
tement de  toutes  les  particularités  du  phénomène.  Les  calculs,  que  je 


(  "79  ) 
publierai  dans  un  prochain  Mémoire,  sont  plus  compliqués  que  dans  la 
décharge  d'un  condensateur,  mais  n'ofFrent  pas  de  difficultés.  On  les  abrège 
en  négligeant  des  quantités  très  petites  qui  ne  donneraient  que  des  termes 
inobservables  dans  l'expérience. 

»  On  trouve  ainsi  pour  la  différence  de  potentiel  maximum  Y„  pendant 
l'oscillation,  en  appelant  V^  la  différence  du  potentiel  avant  l'inversion  et 
C  et  c  les  capacités  du  grand  et  du  petit  condensateur,  la  relation  très 
simple 

»  La  différence  de  potentiel  maximum  W„,  entre  deux  points  du  circuit 
tels  que,  en  passant  de  l'un  à  l'autre  par  le  petit  condensateur,  le  coefficient 
de  self-induction  soit  L',  en  appelant  L  le  coefficient  de  self-induction  de 
tout  le  circuit,  est  donnée  par 

^^■^  \o  ~C  +  c"^G4-cV         L      G     ;■ 

»  Sur  les  deux  fils  parallèles  qui  réunissent  les  armatures,  il  y  a  un  nœud, 
c'esl-à-dire  qu'entre  deux  points  particuliers  se  faisant  face  la  différence 
de  potentiel  reste  constante  pendant  l'oscillation,  étant  de  sens  inverse 
au  même  moment  de  part  et  d'autre  du  nœud.  On  a  pour  la  position  de 
celui-ci 

(3)  r  =  c^c- 

Le  rapport  des  coefficients  de  self-induction  L'  et  L  étant  sensiblement  le 
même  que  celui  des  distances  au  petit  condensateur  du  nœud  et  du  grand 
condensateur,  on  voit  que,  si  les  capacités  sont  égales,  le  nœud  est  au 
milieu,  mais  qu'il  est  plus  près  du  grand  condensateur  si  les  capacités 
sont  inégales. 

»  La  relation  (  i  )  montre  que  la  différence  de  potentiel  maximum  entre 
les  armatures  du  petit  condensateur  tend  vers  3  fois  la  différence  de 
potentiel  initiale,  quand  le  rapport  des  deux  capacités  tend  vers  zéro. 

»  J'ai  vérifié  expérimentalement  l'exactitude  de  la  relation  (i). 

»  Les  différences  de  potenliel  étaient  mesurées  par  un  électromètre  de  MM.  Bichat 
et  Blondlot  ;  on  déterminait  la  différence  de  potentiel  nécessaire  pour  avoir  la  décharge 
sans  inversion,  puis  la  plus  petite  des  différences  qui  amenaient  l'explosion  après 
inversion.  Les  tiges  de  décharges  étaient  placées  aussi  près  que  possible  des  armatures 


(  .i8o  ) 

du  petit  condensateur,  de  façon  à  avoir  sensiblement  l'explosion   correspondant  à  la 

différence  de  potentiel  de  celui-ci.  J'ai  trouvé  ainsi  pour  le  rapport  -^^  le  nombre  2,4 

comme  moyenne  des  expériences,  tandis  que  la  relation  (i)  donnait,  d'après  la 
connaissance  des  capacités,  le  nombre  2,8.  La  concordance  paraîtra  très  satisfaisante, 
si  l'on  songe  aux  irrégularités  des  expériences  où  l'on  mesure  une  différence  de  poten- 
tiel explosive. 

»  La  connaissance  de  ce  phénomène  n'est  pas  sans  intérêt  pratique, 
car  on  voit  que  l'inversion  des  communications  peut  amener  la  rupture  de 
l'isolant  du  petit  condensateur,  ou  produire  des  différences  de  potentiel 
dangereuses.  » 


MAGNÉTISME.  —  PerméahiUlé des  aciers  au  nickel  dans  des  champs  intenses. 
Note  de  M.  René  Paillot,  présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

«  J'ai  employé  la  méthode  de  l'isthme. 

»  Des  pièces  polaires  tronconiques,  ayant  ôo^So'  pour  demi-angle  d'ou- 
verture, étaient  adaptées  aux  deux  branches  de  l'électro-aimant  de  M.  du 
Bois  et  donnaient  un  champ  uniforme  dans  un  entrefer  de  o'^'",  33  de  lon- 
gueur et  o'='°,6  de  diamètre. 

»  Les  aciers  au  nickel  étaient  sous  forme  de  barreaux  de  o'="',32  de  diamètre;  leurs 
extrémités  étaient  soigneusement  dressées,  et  leur  longueur  telle  qu'ils  entraient  à 
frottement  dur  entre  les  surfaces  polaires.  On  enroulait  autour  de  ces  barreaux  cinq 
tours  de  fil  de  cuivre  recouvert  de  soie  et  relié  à  un  galvanomètre  balistique.  Les  bar- 
reaux étaient  maintenus  entre  deux  lames  de  laiton,  réunies  par  des  vis,  présentant 
deux  trous  en  regard  laissant  passer  les  extrémités  des  barreaux  et  une  petite  cavité 
où  logeaient  les  spires  du  fil  de  cuivre. 

»  Une  pièce  de  bronze  formée  de  deux  anneaux  réunis  par  trois  entreloises  servait 
à  maintenir  constante  la  distance  des  surfaces  polaires  en  même  temps  qu'à  guider  la 
double  lame  de  laiton,  de  manière  à  introduire  toujours  le  barreau  à  étudier  au  même 
endroit  du  champ.  On  pouvait,  en  outre,  avec  ce  dispositif,  substituer  facilement  les 
barreaux  d'acier  les  uns  aux  autres. 

»  Ces  barreaux  étaient  retirés  brusquement  hors  du  champ.  Les  inductions  et  les 
champs  magnétiques  correspondants  étaient  comparés  au  champ  créé  à  l'intérieur  d'une 
longue  bobine  de  dimensions  déterminées  par  un  courant  d'intensité  connue. 

»  Le  galvanomètre  balistique  était  situé  à  une  distance  de  5o  mètres  de  l'électro- 
aimant.  Un  inverseur  de  courants  permettait  de  faire  les  lectures  de  part  et  d'autre  de 
la  position  d'équilibre  de  l'image  lumineuse  de  manière  à  se  mettre  à  l'abri  des  varia- 
tions possibles  du  zéro.  J'ai  pris,  en  général,  la  moyenne  de  quatre  lectures. 

»  Des  expériences  préliminaires  effectuées  sur  quelques  échantillons  de 


(   'i8i  ) 
fer  doux  et  d'acier  ordinaire  m'ont  donné  des  nombres  très  voisins  de  ceux 
d'Ewing  et  Low  (  '  ). 

»  Voici  quelques-uns  des  résultats  que  j'ai  obtenus  avec  des  aciers  au 
nickel  qui  m'ont  été  obligeamment  envoyés  jjar  M.  Ch.-Éd.  Guillaume  : 

»  I.  Acier  irréversible  contenant  24,  i  pour  loo  de  nickel  et  o,3  pour  loo 
de  carbone.  (Température  moyenne  pendant  l'expérience  :  iS".) 


B. 

H. 

[i. 

20462 

20050 

I  ,020 

27205 

25910 

i,o49 

29809 

28182 

I  ,o4o 

30975 

29471 

I  ,o5i 

82597 

80098 

i,o83 

»  Ce  tableau  montre  que  la  perméabilité  augmente  sensiblement  dans 
des  champs  intenses  ('). 

»  II.  Aciers  réversibles  contenant  l'un  26  pour  100,  l'autre  27,2  pour  100 
de  nickel. 

»  La  perméabilité  atteint  la  valeur  de  1,19  pour  un  champ  voisin 
de  /(ooo  unités  C.G.S.  Elle  reste  pratiquement  constante  jusqu'à 
H  =  3oooo  unités  C.G.S. 

»  in.  Aciers  renfermant,  avec  le  nickel,  de  petites  quantités  de  chrome 
ou  de  manganèse. 

»  Les  nombres  obtenus  montrent  que  la  perméabilité  diminue  régu- 
lièrement lorsque  le  champ  augmente. 

»  Voici  les  valeurs  de  B,  H  et  [j.  poin-  les  champs  minima  et  maxima  que 
j'ai  employés  : 

B.  H.  [i. 

8834        5356       i,6i 

87766      80704       I ,28 

10698  3427  3,12 

40756,     80643       1,88 

5 618         853o       1,59 

40279       80748       1,81 

(      4925  8220         1,52 

I  88990  29992  i,3o 

(   10166  8128  8,25 

(  36 I i3  80094  I ,20 

(  14964  8246  4)6i 

(  59065  80446  I ,94 


Acier  à  27  ,2  p.  100  de  nickel  et  i,48  p.  100  de  chrome.  . 
Acier  à  29,  i  p.  100  de  nickel  et  1,4  p-  100  de  chrome.  .  . 
Acier  à  80, 4  p.  100  de  nickel  et  i,3  p.  100  de  chrome.  . . 
Acier  à  4'  ,7  p-  100  de  nickel  et  i,  3  p.  loo  de  manganèse 
Acier  à  29,6  p.  100  de  nickel  et  1,1  p.  100  de  manganèse 
Acier  à  85  p.  100  de  nickel  et  o,3  p.  100  de  manganèse. . 


(')  EwiNG  et  Low,  On  the  Magnetàation  of  Iron  and  other  magnetic  Metals  in 
very  strong  Fielc/s  {Philos.  Trans.,  p.  221  ;  1889). 

(-)  Ce  résultai  confirme  les  prévisions  de  M.  Ch.-Ed.  Guillaume. 


(    Il82    ) 

ACOUSTIQUE.   —  Sur  les  lois  de  r écoulement  de  l'air  dans  les  instruments 
de  musique.  Note  de  M.  Firnin  Larroque,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Les  instruments  de  musique  à  embouchure  rendent,  suivant  la  pres- 
sion du  souffle  de  l'instrumentiste,  des  sons  doux  ou  des  sons  éclatants, 
cuivrés.  Les  graphiques  vibratoires  qui  correspondent  à  ces  deux  sortes  de 
sons  diffèrent,  les  sons  cuivrés  donnant  lieu  à  des  élongations  périodiques 
sur  l'axe  des  abscisses,  qui  révèlent  l'existence  d'interruptions  périodiques 
du  mouvement  vibratoire  et  de  l'écoulement.  Pour  expliquer  ces  pliéno- 
mènes,  il  nous  suffira  de  remarquer  que,  par  sa  mise  en  vibration  dans  le 
tube  de  l'instrument,  l'air  acquiert  une  quasi-viscosite,  et  d'appliquer  à  son 
écoulement  les  lois  qui  concernent  les  mouvements  des  liquides  dans  les 
vases  communiquants.  Si  le  liquide  est  visqueux,  il  s'écoule  lentement 
sans  oscillation;  c'est,  abstraction  faite  de  la  vibration  sonore,  ainsi  que 
s'écoule  l'air  pendant  l'émission  des  sons  doux.  Si  le  liquide  est  fliiide,  il 
passe  brusquement  d'un  vase  dans  l'autre,  et,  en  vertu  de  la  vitesse  acquise, 
il  dépasse  d'abord  le  niveau  d'équilibre  pour  osciller  ensuite  de  part  et 
d'autre  de  ce  niveau;  c'est  précisément  de  semblable  manière  que  s'écoule 
l'air  dans  les  instruments  à  embouchure  lorsqu'ils  émettent  des  sons  cui- 
vrés :  la  pression  du  souffle  de  l'instrumentiste  est  assez  considérable  pour 
annuler  en  quelque  sorte  la  viscosité  de  l'air  due  à  l'état  vibratoire,  et 
pour  que  l'oscillation  précitée  ait  lieu.  Cette  oscillation  se  répercute  sur 
les  lèvres  de  l'instrumentiste,  ainsi  qu'en  font  foi  les  graphiques  vibra- 
toires de  ces  organes.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —    Sur  les  composés  organo-magnésiens  aroifiatiques. 
Note  de  MM.  Tissier  et  Guignard,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Les  composés  organo-magnésiens  produits  par  l'action  du  magné- 
sium métallique  sur  les  éthers  halogènes  des  alcools,  indiqués  et  réalisés 
pour  la  première  fois  par  l'un  de  nous  (^Comptes  rendus,  t.  CXXX),  ont  été 
immédiatement,  soit  de  notre  part,  soit  de  la  part  de  divers  savants,  l'objet 
d'un  certain  nombre  de  travaux  présentés  à  l'Académie. 

»  Ils  constituent,  en  effet,  une  méthode  commode  de  synthèse  en  Chimie 
organique. 

»  Nous  avons  essayé  de  généraliser  cette  méthode,  appliquée  jusqu'ici 
exclusivement  à  la  série  grasse,  et  de  préparer  des  composés  dans  lesquels 


(  ii83  ) 

le  magnésium  serait  uni  directement  à  un  noyau  aromatique  simple  ou 
substitué. 

M  Les  dérivés  halogènes  du  benzène  et  de  ses  homologues  réagissent 
facilement  sur  le  magnésium,  avec  formation  de  composés  organo-métal- 
liques  analogues  à  ceux  de  la  série  grasse.  Le  mode  opératoire  reste  le 
même.  En  faisant  tomber  lentement  sur  le  magnésium  le  benzène  mono- 
bromé  et  le  toluène  monobromé,  additionnés  d'un  volume  d'éther 
anhydre,  nous  avons  obtenu  les  dérivés  organo-métalliques  correspon- 
dants CH'  — Mg  — Br  et  C«H*(CH')  —  Mg  — Br.  Ces  composés  cristal- 
lisent déjà  dans  l'éther  qui  les  baigne,  à  la  température  ordinaire,  et,  par 
refroidissement  à  l'eau  glacée,  le  tout  se  prend  en  masse  cristalline.  Au 
début  de  l'opération,  il  est  nécessaire  de  chauffer  légèrement  le  ballon 
dans  lequel  on  effectue  la  préparation,  ou  encore  d'y  projeter  une  petite 
parcelle  d'iode  pour  amorcer  la  réaction,  qui  marche  dès  lors  régulière- 
ment. 

»  Les  chlorures  et  les  anhydrides  d'acides,  les  éthers-sels,  les  aldéhydes 
primaires  et  les  aldéhydes  secondaires  réagissent  sur  le  bromure  de  ma- 
gnésium phényle  et  sur  le  bromure  de  magnésium  tolyle  avec  autant 
d'énergie  que  sur  les  composés  organo-métalliques  de  la  série  grasse. 
Nous  avons  pu  ainsi  faire  la  synthèse  de  toute  une  série  de  corps  nouveaux 
dont  la  détermination  exacte,  assez  longue,  fera  l'objet  d'un  Mémoire  plus 
complet, 

»  Pour  mettre  en  évidence  le  sens  de  ces  réactions  et  montrer  qu'elles 
sont  parallèles  à  celles  déjà  obtenues  dans  la  série  grasse,  nous  avons  pré- 
paré quelques  corps  connus,  par  l'action  du  bromure  de  magnésium  phé- 
nyle sur  le  chlorure  d'acétyle,  sur  l'acétone  et  sur  le  benzoate  de  mélhyle. 

»  Benzoate  de  méthyle.  —  Le  benzoate  de  méthyle,  dilué  dans  réther,  est  versé 
goutte  à  goutte  sur  le  bromure  de  magnésium  phényle.  La  réaction,  d'abord  très  vive, 
doit  être  ralentie  en  plaçant  le  ballon  dans  la  glace;  bientôt  elle  devient  plus  modé- 
rée et  l'on  peut  cesser  de  refroidir.  11  se  sépare  un  magma  cristallin  peu  soluble  dans 
l'éther.  On  termine  l'opération  et  l'on  abandonne  le  ballon  à  lui-même  pendant  quelque 
temps,  pour  que  la  réaction  s'achève.  On  jette  enfin  le  tout  dans  l'eau  glacée  pour  dé- 
composer la  combinaison  organo-métallique. 

»  L'éther  qui  surnage,  séparé  et  séché,  abandonne  par  évaporation  des  cristaux 
abondants  de  triphénylcarbinol  (C'H^)'=COH,  qu'une  nouvelle  cristallisation  dans 
l'alcool  permet  d'obtenir  purs.  Le  triphénylcarbinol  a  été  caractérisé  par  son  point  de 
fusion,  i58°-i59°,  par  l'analyse  et  par  son  poids  moléculaire. 

»  Les  rendements  sont  presque  théoriques.  11  faut  {molécule  de  benzoate  pour  une 
molécule  de  composé  organo-magnésien. 


(  ii84  ) 

»  Acétone.  —  Avec  l'acétone  et  en  opérant  delà  même  manière,  le  bromure  de  ma- 

gnésium  phénjle  donne  le  diméthylphénylcarbinol    p„3      /^GOH,  fusible  à  23°. 

»  Chlorure  d'acétyle.  —  Le  chlorure  d'acétjle  fournit,  avec  le  bromure  de  ma- 
gnésium phényle,  non  pas  le  carbinol  correspondant,  mais,  par  déshydratation,  le  di- 
phényléthylène  (C«H5)2=z  G  =  CH^,  liquide  bouillant  à  152°  sous  14°'°'   de  pression. 

»  Les  équations  qui  rendent  compte  des  réactions  sont  identiques  à 
celles  que  nous  avons  indiquées  pour  la  série  grasse.  Il  suffit,  pour  s'en 
convaincre,  de  comparer  les  résultats  obtenus  dans  les  deux  cas.  Si  les 
dérivés  halogènes  du  benzène  et  de  ses  homologues  réagissent  facilement 
sur  le  magnésium,  il  n'en  est  pas  de  même  du  naphtalène  brome  a  ou  §, 
qui  présente  une  résistance  assez  grande.  La  réaction  ne  s'effectue  qu'avec 
une  extrême  lenteur,  même  à  la  température  d'ébullition  de  l'élher.  En 
résumé,  les  éthers  halogènes  de  la  série  aromatique  réagissent  sur  le 
magnésium  comme  ceux  de  la  série  grasse,  mais  la  vitesse  de  réaction  va 
en  diminuant  avec  la  complication  du  noyau.   » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Du  dédoublement  des  albuminoides  ou protoplasmides . 
Note  de  M.  A.  Étard,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Les  os  de  bœuf  décalcifiés,  soumis  à  l'action  de  l'acide  sulfurique 
à  20  pour  100  pendant  quarante-huit  heures  à  la  température  d'ébullition, 
se  dissolvent  aisément.  Cette  hydrolyse  ressemble  à  celle  d'un  saccharide 
condensé. 

»  Les  liqueurs  sulfuriques  doivent  être  saturées  par  la  craie  afin  d'éliminer  sans 
difficulté  la  presque  totalité  de  l'acide,  bien  que  le  sulfate  de  calcium  dissous  dans  les 
eaux  doive  être  chassé  ultérieurement  par  la  baryte. 

»  Les  liqueurs  organiques  neutres  et  chargées  de  sulfate  calcique  dissous,  ou  de 
chaux  combinée,  étant  concentrées  laissent  déposer  très  peu  de  tyrosine  et  des  matières 
riches  en  glycocolle  et  leucine  {Annales  de  ilnstiUit  Pasteur,  mai  1901). 

»  Ces  matières  bien  connues  sont  purifiées,  et  les  résidus  s'ajoutent  aux  matériaux 
incristaliisables  dans  ces  milieux. 

B  A  leur  tour,  les  sirops  incristaliisables  doivent  être  traités. 

»  A  cet  effet,  après  addition  d'eau,  on  les  sature  par  un  excès  notable  de  baryte 
qui  enlève  définitivement  l'acide  sulfurique,  on  filtre,  puis  on  chasse  la  baryte  excé- 
dante par  un  courant  prolongé  de  gaz  carbonique  qui  fait  disparaître  la  chaux  en 
même  temps.  Avec  peu  de  baryte,  tout  le  sulfate  de  chaux  peut  se  séparer  exactement, 
et  la  substance  organique  est  engagée  seulement  avec  de  la  baryte  si  sa  fonction  est 
acide.  Il  ne  reste  plus  qu'à  concentrer  dans  le  vide  à  consistance  de  sirop. 


(  ii85  ) 

»  Le  sirop  barytique  est  malaxé  avec  un  excès  d'alcool  méthylique  concentré;  il  se 
forme  une  matière  poisseuse  qui,  bientôt,  prend  de  la  consistance  et  présente  en  s'éti- 
raiil  un  bel  aspect  chatoyant  et  fibreux,  tandis  que  l'alcool  mélhylique  se  charge 
d'une  substance  brune  assez  fluorescente.  Dans  une  nouvelle  dose  d'alcool  méthylique 
la  matière  se  dessèche  plus  complètement  et  se  résout  en  une  poudre  blanche,  dure, 
de  nature  cristalline.  Pour  achever  la  purification,  on  procède  au  lessivage  métho- 
dique par  l'alcool  mélhylique  bouillant  dans  un  appareil  à  déplacement,  puis  tous  les 
liquides  colorés  sont  réunis.  Dans  ces  conditions,  la  tyrosine,  la  leucine  et  le  glyco- 
colle  qui  pourraient  rester  sont  dissous,  ainsi  qu'un  peu  de  matière  sirupeuse  fluores- 
cente. 

»  En  résumé,  les  os  décalcifiés  se  séparent  à  l'hydrolyse  simple  en  trois 
groupes  de  matières  : 

»    1°  Glycocolle,  leucine  et  un  peu  de  tyrosine; 

»  2°  Une  matière  sirupeuse  très  soluble  dans  l'alcool  mélhylique  con- 
centré; 

»  3"  Une  matière  tout  à  fait  insoluble  dans  l'alcool  méthylique  con- 
centré. 

»  Le  premier  groupe  est,  pour  les  os,  le  moins  important. 

»  La  masse,  complètement  insoluble  dans  l'alcool,  est  assez  déliques- 
cente, ne  donne  pas  de  réaction  avec  les  réactifs  des  albuminoides  ni  des 
alcaloïdes.  Bien  qu'elle  puisse  être  un  mélange  de  deux  dérivés  du  même 
groupe,  isomères  ou  dilierenls,  je  donne  son  analyse  comme  aboutissant 
d'un  travail  réel  : 

Théorie 
pour  C'»H"Az^02«Ba^ 

C 24,5  23,4 

H 4,0  4,4 

Az 7,4  7>6 

Ba 34,5  34,7 

0 29,4  29,7 

»  Nous  sommes  ici  en  présence  d'un  dérivé  très  chargé  en  baryte  en 
raison  des  circonstances  de  sa  préparation.  Si  ce  dérivé  préparé  en  grandes 
masses  peut  être  obtenu  plus  pur,  il  n'en  est  pas  moins  bien  caractérisé, 
car  sa  solution  aqueuse  ne  précipite  plus  par  l'acide  carbonique. 

»  Jusqu'à  ce  jour,  la  chaux  ou  la  baryte  des  produits  d'hydrolyse  a  été 
chassée  parce  que  ces  bases  étaient  considérées  comme  liées  à  l'acide  acé- 
tique ou  formant  des  cendres  peu  importantes;  en  agissant  ainsi,  on  se 
prive  d'un  des  meilleurs  modes  de  séparation  que  j'aie  pu  trouver  quant  à 
présent  et  que  je  signale  à  l'attention  des  chimistes  s'occupant  de  ces 
questions. 

c.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"   19.)  l53 


(  ii86  ) 

»  Le  srWcocolle,  la  leucine,  la  tyrosine  se  séparent,  comme  nous  l'avons 
vu,  du  dérivé  barytique  par  l'alcool  méthylique  bouillant.  Cependant,  des 
doutes  pourraient  subsister,  et,  de  plus,  il  serait  légitime  de  penser  que  la 
matière  en  question  n'est  qu'un  mélange  d'un  corps  azoté  et  d'acétate  de 
bnryum  ou  d'autres  sels  analogues.  Il  faut  donc  remonter  à  la  matière 
organique  exempte  de  baryte. 

))  Dans  ce  but,  le  produit  barytique  a  été  traité  par  un  petit  excès  d'acide  sulfu- 
rique  étendu;  après  concentration  à  l'état  de  sirop,  le  résidu  organique  privé  de  ba- 
ryte est  précipité  par  de  l'alcool  méthylique  et  longtemps  malaxé  avec  ce  liquide.  Il 
est  évident  que,  dans  ces  conditions,  on  dissoudrait  non  seulement  le  peu  d'acide 
sulfurique  présent,  mais  encore  l'acide  acétique,  s'il  existait,  et  la  plupart  des  acides 
mono  et  bibasiques  connus. 

»  Ce  traitement  provoque  la  dissolution  d'une  certaine  quantité  de  matière  non 
étudiée  et  qui  pouvait  influer  sur  l'analyse  brute  du  dérivé  barytique  donnée  ci-dessus. 
II  reste  à  l'état  insoluble,  dans  le  milieu  méthylique,  une  belle  substance  sablonneuse, 
blanche,  nettement  cristalline  au  microscope,  donnant  la  sensation  d'un  frottement 
dur  sous  la  baguette  de  verre  et  fort  déliquescente  à  l'air. 

»  Analyse  : 

C 38,33 

H 6,3i 

Az 1 2 , 5 1 

0 4i,79 

»  La  déliquescence  de  la  matière,  à  l'état  de  pureté  où  je  la  possède  en  ce  moment, 
rend  les  pesées  très  difficiles. 

»  Les  corps  de  cette  espèce  pouvant  être  fort  nombreux,  je  propose  de 
désigner  ceux  que  je  puis  trouver  en  juxtaposant  le  nom  de  l'espèce  natu- 
relle à  celui  du  tissu.  Le  corps  que  je  viens  de  décrire  sommairement 
prendrait  ainsi  le  nom  de  bos-ostéoplasmide . 

»  Qu'il  existe  ou  non  un  carboxyle  CO^  H  dans  cet  ostéoplasmide,  on 
peut  le  titrer  avec  de  l'eau  de  baryte  et  un  indice  colorant.  On  constate 
ainsi  la  fixation  de  2i,'7  pour  loo  de  BaO,  soit  une  molécule,  alors  que  la 
formule  C'H'^Az^O'^BaO  exige  21,4. 

»  Conclusions.  —  Ces  corps,  dérivés  des  albuminoïdes  ou  protoplas- 
mides,  doivent  être  considérés  comme  des  saccharides  azotés,  dont  un 
exemple  simple  est  donné  par  la  chitosamine. 

»  Par  des  corps  semblables  doit  s'établir  une  relation  entre  les  divers 
états  de  condensation  des  albumines  et  des  sucres. 


Théorie 

pour 

C'»H35Az»0 

39,6 

38,5 

6,7 

6,2 

12,64 

12,5 

4i  ,06 

42,6 

(  ii«7  ) 
»   Ce  premier  travail  indique  que  les  produits  de  dédoublement  des 
protoplasmides  contiennent,  à  côté  de  quantités  variables  d'acides  amidés, 
des  corps  fortement  oxygénés  en  masse  prépondérante.   » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Différence  de  constitution  de  la  bile  suivant  l'âge 
et  l'état  d'engraissement  des  animaux.  Note  de  M.  R.-L.  Cracicnu, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Notre  but,  en  entreprenant  ces  recherches,  était  surtout  de  déter- 
miner quelles  sont  les  conditions  qui  concourent  à  la  formation  des  calculs 
biliaires.  Ce  but,  s'il  n'a  pas  été  encore  atteint,  nous  a  du  moins  déjà 
fourni  quelques  résultats  intéressants  que  nous  nous  permettons  de  pré- 
senter à  l'Académie. 

»  Voici  d'abord  le  mode  opératoire  que  nous  avons  adopté  pour  l'ana- 
lyse de  la  bile  : 

»  La  bile  fraîche  était  extraite  de  la  vésicule  biliaire  fort  peu  de  temps  après  la 
mort  de  l'animal  ;  l'on  en  prenait  la  densité  à  la  balance  de  Mohr. 

»  Un  volume  déterminé  est  desséché  à  l'étuve  à  iio°  jusqu'à  poids  constant  :  on 
obtient  ainsi  l'eau  et  la  totalité  des  matières  solides.  Le  résidu  pulvérisé  est  épuisé  à 
l'éther  qui  dissout  la  cholestérine,  la  lécilhine  et  les  corps  gras  et  qui  laisse  une 
partie  insoluble  A.  L'éther  évaporé  abandonne,  par  dessiccation  à  loo",  un  résidu  que 
l'on  pèse  (B).  Ce  résidu  est  saponifié  au  bain-marie  par  une  solution  alcoolique  de 
potasse;  l'alcool  étant  évaporé,  on  reprend  le  tout  par  l'eau  et  l'éther  qui  dissout  la 
cholestérine,  que  l'on  pèse;  son  poids  retranché  de  B  donne  par  différence  les  acides 
gras  et  la  lécilhine.  D'autre  part,  la  partie  insoluble  A  est  épuisée  par  l'alcool  à  90° 
bouillant;  il  reste  de  nouveau  une  partie  insoluble  que  l'on  sèche  et  pèse  et  qui 
représente  le  mucus,  un  peu  de  matière  colorante  et  les  sels  fixes  de  la  bile;  quant 
aux  corps  dissous  dans  l'alcool  on  en  trouve  le  poids  après  évaporation  de  ce  dissolvant 
et  dessiccation  :  ce  poids  représente  les  taurocholates  et  le  glycocholate  de  sodium, 

»  Cette  méthode  assez  rapide  nous  a  semblé  d'une  exactitude  très  suf- 
fisante pour  nos  recherches. 

»  Nos  expériences,  qui  ont  porté  sur  la  bile  de  dix-huit  animaux, 
forment  deux  séries  distinctes  :  d'une  part,  celles  ayant  trait  aux  animaux 
jeunes  ou  vieux  et  maigres  ;  de  l'autre,  celles  qui  se  rapportent  aux  ani- 
maux jeunes  ou  vieux,  mais  gras. 

M  Nous  ne  pouvons  donner  ici  le  Tableau  de  nos  chiffres  analytiques, 
qui  sont,  d'ailleurs,  très  concordants  dans  leiir  détail;  nous  nous  conten- 


(  ii88  ) 

terons  d'indiquer  seulement  les  moyennes  qu'ils  nous  ont  fournies.  Nos 
chiffres  répondent  à  loo  de  bile  fraîche  : 


Résidu  sec. 
Animaux  jeunes  et  maigres  (de 

3  semaines  à  3  ans  et  demi).  10,5489 

Animaux  jeunes  et  gras 9,802/4 

Animaux  vieux  et  maigres  (de 

5  ans  à  12  ans) 8,0716 

Animaux  vieux  et  gras 7i97i7 

»  De  l'examen  de  ce  Tableau  il  ressort  que  la  bile  des  animaux  jeunes, 
qu'ils  soient  gras  ou  maigres,  contient  plus  de  matières  concourant  à  for- 
mer le  résidu  sec  et,  par  conséquent,  moins  d'eau  que  la  bile  des  animaux 
vieux,  gras  ou  maigres.  La  mucine,  les  sels  fixes,  la  cholestérine,  les  tau- 
rocholates  et  les  glycocholates  de  soude  sont  plus  abondants  chez  les  ani- 
maux jeunes;  par  contre,  les  corps  gras  et  la  lécilhine  l'emportent  chez 
les  animaux  âgés. 

»  Si  maintenant,  au  lieu  de  comparer  la  bile  des  animaux  suivant  leur  âge, 
nous  la  comparons  suivant  leur  état  d'engraissement,  nous  obtenons  le 
Tableau  de  moyennes  suivant  : 


Mucine 

Corps  gras 

Taurocliolate 

et 

et 

et  glycocholate 

Eau. 

sels  fixes. 

Cliolestérine. 

lécilhine. 

de  sodium. 

89,4511 

0,5355 

o,o853 

0,3206 

9,6i63 

90,1976 

0,3363 

o,o85i 

0,2774 

8,9725 

9ï>9284 

0,298a. 

0,0629 

0,7043 

7,i5o9 

92,0283 

0,2088 

o,o324 

0, 2852 

7,4344 

Mucine 

Corps   gras 

Taurocholate 

et 

et 

et  glycocholate 

Résidu  sec. 

Eau. 

sels  fixes. 

Cholestérine. 

lécilhine. 

de  sodium. 

Animaux  maigres 

(jeunes  ou   vieux). 

9,1726 

90,8274 

o,4o37 

0,0742 

o,5i25 

8,2466 

Animaux  gras 

(jeunes  ou  vieux). 

8,7853 

91,2147 

0,2657 

o,o558 

0,2817 

8,u8o 

»  On  voit  que  les  animaux  maigres  ont  une  bile  plus  riche  en  résidu  sec 
que  les  animaux  gras  et  que,  par  conséquent,  l'eau  est  en  plus  grande 
quantité  dans  la  bile  de  ces  derniers;  les  animaux  maigres  éliminent  plus 
de  mucine,  de  sels  fixes,  de  cholestérine,  de  corps  gras,  de  lécithine  et  de 
taurocholate  et  glycocholate  de  sodium  que  les  animaux  gras. 

))  Sans  vouloir  tirer  une  règle  générale  de  ces  expériences,  nous  croyons 
pouvoir  dire  cependant  que  les  déchets  qui  s'accumulent  dans  la  bile  sont 
plus  abondants  dans  la  jeunesse  et  à  l'état  de  maigreur  que  dans  la  vieil- 
lesse et  à  l'état  d'engraissement.  Or,  si  l'on  considère  que  l'excrétion  delà 
bile  est  fonction  de  l'activité  vitale,  ces  résultats  n'ont  rien  qui  doive  sur- 
prendre. Pourtant,  en  ce  qui  concerne  l'excrétion  de  la  lécithine,  il  est  eu- 


(  ii89) 

rieux  de  voir  qu'elle  est  maxima  chez  les  animaux  vieux,  maigres  ou  gras, 
comme  si  celte  substance  était  ici  un  produit  de  déchet  de  l'organisme,  ma- 
nière de  voir  qui  s'accorderait  assez  bien  avec  les  récentes  expériences  de 
M.  Wildiers  {La  Cellule,  t.  XVII,  p.  385). 

»  Nous  nous  pioposons,  dans  un  prochain  travail,  de  poursuivre  l'étude 
des  causes  qui  président  à  la  formation  des  calculs  biliaires.  « 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l'acide phosp/iorù/ue  des  sols.  Note  de 
M.  Th.  ScnLŒSi.xG  fds,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  I.  Acide  phosphorique  soluble  à  l'eau.  —  Malgré  leurs  proportions 
toujours  minimes,  les  phosphates  dissous  dans  l'eau  qui  imprègne  le  sol 
peuvent,  je  crois  l'avoir  montré  {Comptes  rendus,  i8g8),  normalement  et 
en  dehors  des  additions  de  superphosphates,  tenir  une  grande  place  dans 
l'alimentation  des  plantes.  L'importance  qui  s'y  attache  vient  de  ce  qu'ils 
se  renouvellent  dans  l'eau  à  mesure  (jue  les  racines  les  consomment.  Elle 
suppose  dans  le  sol  l'existence  d'un  certain  approvisionnement  de  phos- 
phates susceptibles  d'être  dissous  par  l'eau.  J'ai  voulu  avoir  une  évaluation 
de  cet  approvisionnement.  Pour  cela,  j'ai  cherché  à  retirer  de  la  terre  tout 
l'acide  phosphorique  que  l'eau  pourrait  lui  prendre. 

»  En  agitant  SooS''  de  terre  avec  i3oo"  d'eau,  suivant  un  procédé  déjà  décrit,  décan- 
tant ensuite  i"'  et  le  remplaçant  par  de  l'eau  neuve,  puis  recommençant  ces  opérations 
un  grand  nombre  de  fois  et  analysant  divers  litres  décantés,  j'ai  obtenu  successi-- 

vemenl  : 

Décantations. 

«    2     .    y.  1".  2".         5°.        10".  19°.        21'.         22».        23*. 

ffl    i;    -3     l  ""^r  Mgr  ingr  mgr  mgr  mçr  mgr  mgr 

■o  —   -^    1  Terre  de  Boulogne. .     3,2       3,2       2,7       i,5         »         0,46       »         o,4i 
O    o  .0    1  Terre  de  Joinville  ..      i,4       i,4         "         0)8       o,32       »         0,27        » 
eu  '-3  "^    [  Terre  de  Neaupiile. .      0,9         »  »         0,6       0,17        »         0,31        » 

»  On  voit  nettement  par  ces  chiffres  l'enlèvement  progressif  de  l'acide  phospho- 
rique. A  l'aide  de  courbes  qu'ils  permettent  de  tracer,  on  obtient  facilement  le  total 
d'acide  soustrait  par  l'eau  à  3ooS''  de  terre;  on  passe  de  là  à  l'hectare  de  4ooo  tonnes, 
en  restant  d'ailleurs  au-dessous  du  véritable  approvisionnement  cherché,  car  l'épuise- 
ment de  la  terre  n'a  pas  été  achevé.  Ce  calcul  donne  : 

Dans  3oo5'  Pour 

de  terre.  un  hectare, 

mgr  kg 

I  Boulogne 33  44o 

Joinville 16  210 

Neauphle 10  i3o 


(  ' 190  ) 

))  Ainsi,  il  y  a  par  hectare  un  stock  d'acide  phosphorique  sohible  à  l'eau 
qui,  dans  des  terres  de  fertilité  convenable,  comme  les  précédentes,  pour- 
rait à  lui  seul  subvenir  aux  besoins  de  cinq,  dix  ou  vingt  récoltes  ;  ce  n'est 
pas  là  une  présomption,  ainsi  qu'il  résultait  de  mes  premières  expé- 
riences; c'est  un  fait.  Et  ce  stock,  dont  nous  pouvons  estimer  la  valeur  à 
une  époque  donnée,  s'entretient  dans  le  temps  par  les  engrais,  par  les  ré- 
sidus des  récoltes,  par  la  décomposition  lente  des  débris  de  roches  entrant 
dans  les  sols. 

»  On  pourrait  penser  (on  a  même  dit)  que,  dans  les  conditions  natu- 
relles, une  excessive  quantité  d'eau  est,  comme  dans  nos  expériences, 
nécessaire  pour  servir  de  véhicule  aux  phosphates  solubles  que  la  terre, 
on  vient  de  le  constater,  livre  si  difficilement.  Ce  serait,  me  semble-t-il, 
une  erreur.  Si  pour  nos  essais  nous  employons  beaucoup  d'eau  relative- 
ment au  poids  de  terre,  c'est  que  nous  ne  voyons  pas  d'autre  moyen 
d'abaisser  le  titre  de  nos  liquides  en  acide  phosphorique  et  de  leur  per- 
mettre de  dissoudre  une  suffisante  quantité  de  ce  corps.  Mais  dans  les 
terres  en  place  il  y  a  les  racines.  Celles-ci  sont  capables  d'appauvrir  inces- 
samment les  dissolutions  par  un  procédé  que  nous  n'imitons  pas,  et  de 
prolonger  ainsi  indéfiniment  l'action  dissolvante  exercée  sur  le  sol  par 
une  même  masse  d'eau,  fût-elle  restreinte. 

»  Ces  phosphates  solubles  et  très  rares  des  dissolutions  souterraines 
peuvent-ils  être  réellement  utilisés  par  les  plantes?  La  chose  me  paraît 
établie  par  mes  expériences  antérieures.  M.  Artus  vient  d'arriver  à  des 
résultats  qui  tendent  à  en  donner  une  confirm;ition  pratique  (Ann.  de  la 
Se.  agr.  franc,  et  étrang.,  1901).  Ayant  étudié  huit  terres  d'une  même 
région,  il  a  trouvé  qu'elles  se  classaient  dans  le  même  ordre  d'après  leur 
teneur  en  acide  phosphorique  soluble  à  l'eau  et  d'après  leurs  rendements 
en  blé. 

»  II.  Acide  phosphorique  soluble  à  l'acide  azotique  très  dilué.  —  J'ai  été 
amené  à  reconnaître  (^Comptes  rendus,  189g)  que  l'on  pouvait  distinguer 
dans  un  sol  deux  catégories  de  phosphates  assez  nettement  séparées,  l'une 
soluble  dans  une  liqueur  azotique  d'acidité  finale  atteignant  au  plus  i 
ou  2  dix-millièmes  de  Az-0^  libre,  l'autre  commençant  seulement  à  se 
dissoudre  à  partir  d'une  acidité  voisine  de  i  millième.  J'avais  constaté, 
de  plus,  que  la  proportion  de  l'acide  phosphorique  soluble  à  l'eau  suivait, 
d'une  terre  à  l'autre,  celle  des  phosphates  de  la  première  catégorie;  par 
suite,  ces  phosphates  devaient  concourir  d'une  manière  spéciale  à  la  nutri- 
tion des  plantes. 


(  "9»  ) 

»  M.  Alexius  de  Sigmond  a  exécuté  sur  ce  sujet  des  expériences  dignes  d'attention 
{Ann.  de  la  Se.  agr.  franc,  et  élrang..  1900).  Opérant  sur  des  terres  de  Hongrie  de 
natures  diverses,  il  y  a  d'abord  très  généralement  vérifié  l'existence  des  deux  catégo- 
ries de  phosphates  qui  viennent  d'être  rappelées.  Il  a  eu,  en  outre,  l'idée  de  cliercher 
s'il  existait  une  relation  entre  le  taux  de  l'acide  phosphorique  de  la  première  catégo- 
rie, ainsi  que  de  l'acide  phosphorique  total,  et  les  besoins  réels  des  terres  en  acide 
phosphorique,  ces  besoins  étant  déterminés  par  des  essais  de  culture.  11  a  reconnu 
que,  tandis  qu'il  n'y  avait  pas,  comme  on  l'a  souvent  remarqué,  de  lien  bien  constant 
entre  la  teneur  en  acide  phosphorique  total  et  les  exigences  des  terres  en  engrais 
phosphatés,  il  y  en  avait  un  très  étroit  entre  les  mêmes  exigences  et  la  teneur  en 
acide  phosphorique  de  la  première  catégorie  défini  plus  haut.  Dans  les  conditions  où 
il  a  expérimenté  (aSs''  de  terre  agités  avec  i'''  de  liquide  acide),  il  a  indiqué  le  taux 
de  0,075  pour  100  d'acide  phosphorique  de  la  première  catégorie  comme  limite  au- 
dessus  de  laquelle  les  terres  recevaient,  sans  profit  pour  les  récoltes,  des  engrais  phos- 
phatés; le  chiflfre  de  0,07.5  n'est  peut-être  pas  absolu  et  définitif. 

»  Ces  résultats  font  ressortir  l'utilité  de  la  distinction  des  deux  catégo- 
ries de  phosphates  établie  précédemment.  Il  est  permis  d'espérer  que  la 
nouvelle  méthode  d'analyse  fondée  sur  cette  distniction  résoudra,  plus 
sûrement  que  ses  devancières,  l'importante  question  de  savoir  si  une  terre 
réclame  ou  non  des  engrais  phosphatés.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  composition  de  l'ambfygonile. 
Note  de  M.  Henri  Lasne. 

«  Depuis  l'époque  où  Rammelsberg  a  fait  l'analyse  de  ce  minéral,  des 
progrès  importants  ont  été  réalisés  dans  les  méthodes,  et  il  m'a  paru  inté- 
ressant de  reprendre  ce  travail. 

»  Parmi  de  nombreux  échantillons  recueillis  à  Montebras  (Creuse),  j'ai 
choisi  deux  individus  très  nets,  représentant  les  deux  types  extrêmes. 

»  I.  Échantillon  à  peine  teinté  de  gris  rose,  un  peu  translucide.  II.  Échan- 
tillon blanc  opaque. 

Action  de  la  chaleur.  —  A  l'étuve  à  100°,  ces  deux  échantillons  pulvérisés 
diminuent  lentement  et  progressivement  pendant  plusieurs  jours  sans 
atteindre  la  constance  du  poids.  Cetle  perte  est  due  à  une  décomposition 
partielle,  car,  sur  l'acide  sulfurique,  à  froid,  on  obtient  rapidement  un  poids 
constant.  C'est  donc  sur  la  matière  desséchée  à  l'exsiccaleur  que  l'analyse 
a  été  pratiquée. 

))  En  chauffant  faiblement  au  bunsen,  la  matière  se  fritte  et  bouillonne. 
Mais  la  fusion  n'est  pas  complète,  même  au  chalumeau.  Il  y  a  perte  de 


(     'Ï92    ) 

poids  variable  suivant  la  manière  dont  le  chauffage  a  été  conduit,  ce  qui 
démontre  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  du  départ  de  l'eau  combinée. 

»  V acide  chlorhydriq lie  ne  produit  qu'une  attaque  partielle  et  lente;  cependant 
on  arrive  ainsi  à  dissoudre  la  totalité  du  fer,  et  à  reconnaître  que  ce  métal  se  trouve  à 
l'état  de  protosel. 

»  h'acide  siilfurique  concentré  et  chaud  permet  une  attaque  complète.  Pour  l'ana- 
lyse, on  amène  la  matière  à  l'état  de  bouillie  claire,  et  l'on  maintient  plusieurs  heures 
à  une  température  voisine  de  l'ébullition  de  l'acide,  dont  on  évapore  la  majeure  partie. 
Après  refroidissement,  on  délaie  dans  l'eau,  et  l'on  maintient  vers  ioo°  jusqu'à  hjdra- 
talion  et  dissolution  complètes.  Il  ne  reste  qu'un  faible  résidu  qui  résiste  à  un  second 
traitement  semblable,  à  la  fusion  au  bisulfate  et  à  l'action  de  l'acide  fluorhydrique. 
Il  ne  contient  ni  étain  ni  titane.  Je  pense  qu'il  est  constitué  d'acide  lantalique  ou  nio- 
bique,  mais  sa  trop  faible  quantité  ne  m'a  pas  permis  de  le  vérifier. 

«  Sur  la  liqueur  obtenue,  Valiimine  est  dosée  par  la  méthode  que  j'ai  indiquée  ici 
même,  à  l'état  de  phosphate  d'alumine. 

»  Pour  la  chaux,  le  fer,  le  manganèse,  on  traite  de  la  même  façon  une  plus  grande 
quantité,  et  l'on  analyse,  par  les  méthodes  connues,  le  résidu  insoluble  dans  la  soude 
caustique. 

»  Uacide  phosphorique  est  dosé  à  l'état  de  pyrophosphate  de  magnésie,  après  fusion, 
au  carbonate  de  soude  :  il  y  a  perle  par  volatilisation  dans  l'attaque  sulfurique. 

1)  La  séparation  des  alcalis  en  présence  d'une  grande  quantité  de  phosphate  d'alu- 
mine présente  une  certaine  difficulté.  J'indiquerai  ailleurs  la  méthode  employée.  Sur 
la  solution,  ne  contenant  que  les  alcalis,  on  dose  la  lithine  suivant  les  indications  de 
M.  A-d.  Carnot. 

»  he  fluor  est  dosé  par  la  méthode  que  j'ai  décrite  antérieurement  :  dégagement  du 
fluorure  de  silicium,  et  pesée  à  l'état  de  fluorure  de  calcium. 

»  Pour  doser  ïeau  combinée,  on  calcine  avec  un  poids  connu  de  chaux  vive.  L'eau 
combinée  paraît  jouer  un  rôle  important  dans  la  constitution  du  minéral. 

»  Voici  les  résultats  obtenus.  Je  reproduis,  à  titre  de  comparaison, 
l'analyse  de  Rammelsberg  : 

I.  II.                   Rammelsberg. 

Acide  phosphorique 46 ,  85  44,62  47 , 1 5 

Fluor..... 8,5i  4,o8  8,ii 

Eau  combinée 3,oo  7>59  » 

Alumine 34, oi  34,32  36,62 

Lithine 8,5o  7,10  7,o3 

Soude 1,00  2,81  3,29 

Potasse 0,18  0,23  0,43 

Chaux o,23  0,29  » 

Protoxyde  de  fer 0,76  o,46  » 

Protoxyde  de  manganèse 0,1 3  0,28  » 

Résidu  insoluble o,55  0,22  » 

108,72  102,00  102, 63 

Oxygène  à  déduire 3,5;  1,72  3 , 4 1 

Total 100,  i5  100,28  99,22 


(  "93  ) 
»  Pour  étudier  le  groupement,  divisons  chacun  des  dosages  par  l'équi- 
valent de  substitution  respectif;  nous  trouvons  : 

I.  II. 


Acide  phosphorique.  .  .  (28,67) 

Fluor (  19,00) 

Eau (   9,01) 

Alcalis » 

Alcalinoterreux,  etc. . .  » 

Alumine (17,04) 


1^9793 
0,4479 


2,4372 

o,333o 
0,601 5   j 
o,o33o      2,63i6 
1.997'   \ 


i,88o5 
0,2147 

0,5645 
o,o3i  I 
2,oi53 


2,0932 
0,8424 

2,6109 


»  Ce  Tableau  démontre  qu'il  faut,  dans  les  deux  cas,  attribuer  à  l'eau 
un  double  rôle,  partie  acide  et  partie  basique  :  il  existe  simultanément  un 
phosphate  acide  et  de  l'hydrate  d'alumine.  Si  l'on  a  égard  à  la  généralité 
du  type  fluophosphate,  on  est  amené  à  la  répartition  suivante  : 


II. 


Fluophosphate 
alcalin. 


Fluophosphate 

acide 

d'alumine. 


P 

— U  ,  jn  I   I 

3 

F o,o634 


p 


I ,4082 


F o,i565 

H 0,0643 

-5- 1 ,  5oo4 


F 0,2280 

Fluorure  et  hydrate  ]   H 0,2687 

d'alumrinium.        1  Al 

T 


0,6345 
0,6345 

1,5647 
1,5647 

0,4967 
0,4967 


o,536o 
0,0596 

1,3445 

0,1494 
o, 1634 

i,33o5 

o,oo57 
0,6790 


0,5956 
0,5956 

1,4939 

1,4939 

0,6847 
0,6848 


»  Ce  qui  conduit  à  la  formule  générale 
2  [(PO*)»  F  (Li. .  ^yn -+- 5  [(PO*)' F(y  •  •  h)' °1  + /nAl(  F.OH)'. 

»  Les  coefficients  des  deux  premiers  termes  sont  rigoureusement  exacts 
dans  les  deux  cas  ;  mais  le  coelficient  du  troisième  varie,  de  5  pour  l'échan- 
tillon I  à  8  pour  l'échantillon  II;  en  outre,  dans  ce  dernier,  ce  terme  ne 
contient  presque  plus  de  fluor  et  est  constitué  d'hydrate  d'alumine;  enfin, 
la  proportion  d'alumine  remplacée  par  1  hydrogène  dans  le  fluophosphate 
est  beaucoup  plus  grande. 

C.  R.,  i9«i,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  19.)  l54 


(  II94  ) 
»  Sont-ce  là  deux  espèces  distinctes?  On  est  tenté  de  voir  dans  ces  mo- 
difications les  résultats  plus  ou  moins  avancés  de  l'action  de  l'eau  sur  une 
même  substance  initiale.  Il  est  à  remarquer  cependant,  en  faveur  de 
la  première  opinion,  qu'en  cas  de  mélange  on  reconnaît  une  séparation 
nette  et  non  diffuse  entre  les  veines  translucides  et  opaques.  » 


BOTANIQUE.  —  Recherches  histologiques  sur  la  sporulation  des  levures.  Note 
de  M,  A.  GuiLLiERMOND,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  une  précédente  Note,  nous  avons  fait  connaître  les  résultats  de 
nos  recherches  siu'  la  structure  des  levures,  et  nous  avons  modifié  l'inter- 
prétation de  Wager.  Nous  avons  décrit  chez  les  levures  un  noyau  (nucléole 
de  Wager)  possédant  quelquefois  une  structure  différenciée,  et  ordinai- 
rement accolé  à  une  vacuole,  et  nous  avons  fait  voir,  contrairement  à 
Wager,  que  cette  vacuole  était  indépendante  du  noyau  et  que  les  granu- 
lations qu'elle  renferme,  considérées  par  cet  auteur  comme  de  nature 
chromatique,  devaient  être  assimilées  aux  corps  rouges  de  Biitschli. 

))  Nous  avons  continué  nos  recherches  et  nous  avons  étudié  les  phé- 
nomènes de  sporulation. 

»  Malgré  le  grand  intérêt  qu'ils  présentent  soit  par  eux-mêmes,  soit  au 
point  de  vue  de  la  classification,  les  phénomènes  protoplasmiques  qui  pré- 
cèdent la  sporulation  sont  restés  jusqu'ici  fort  mal  connus.  Il  n'y  a  guère 
que  Zolevvsky  et  Wager  qui  les  aient  suivis.  Ce  dernier  observe  une  division 
de  la  «  vacuole  nucléaire  »,  qui  aboutit  à  une  vacuolisation  complète  du 
protoplasma.  Les  granulations  contenues  dans  cette  vacuole  vont  se  placer 
autour  du  nucléole  et  disparaissent  en  grande  partie,  semblant  être  absor- 
bées par  le  nucléole  dans  lequel  s'est  condensé  tout  le  noyau.  La  division 
de  ce  noyau  paraît  s'effectuer  par  une  karyokmèse  simplifiée,  et  le  proto- 
plasma  se  condense  autour  de  chaque  noyau  pour  constituer  les  spores. 

Notre  élu'le  a  porté  sur  un  certain  nombre  de  levures  (S.  cerevisiœ, 
ellipsoideus,  paslorianus,  anomalus,  membranifaciens)  mais  aucune  ne  nous 
a  présenté  des  phénomènes  aussi  nets  que  S.  Ludwigii.  Son  développement 
a  été  suivi  en  culture  sur  carotte,  où  il  se  multiplie  abondamment  et  spo- 
rifie  très  vite. 

»  Au  début  de  son  développement,  cette  levure  présente  un  noyau  assez  petit,  qui 
ne  laisse  apercevoir  aucun  détail  de  structure  et  qui  est  accolé  à  une  vacuole  chargée 
de  grains  rouges. 


(  iipS  ) 

»  On  voit  apparaître  nn  peu  plus  tard  une  ou,  plus  généralement,  deux  vacuoles 
imprégnées  de  glycogène  et  occupant  les  deux  pôles  de  la  cellule.  Dans  les  premières 
phases  de  la  sporulation,  chacune  de  ces  vacuoles  se  divise  jusqu'à  ce  que  le  proto- 
plasma apparaisse  entièrement  rempli  de  petites  vacuoles  séparées  par  des  mailles  très 
fines  de  proloplasma.  Les  vacuoles  conservent  leur  contenu,  et  l'on  distingue  donc  des 
vacuoles  à  glycogène  et  des  vacuoles  à  grains  rouges.  Ces  dernières  sont  ordinairement 
placées  vers  le  centre  ou  sur  un  des  côtés  de  la  cellule  :  elles  sont  au  nombre  de  cinq 
ou  six,  quelquefois  plus;  il  peut  même  arriver  qu'elles  occupent  presque  toute  la 
cellule.  Les  vacuoles  à  glycogène  sont  très  réfringentes  et  laissent  difficilement  aper- 
cevoir leur  contour,  mais  l'emploi  des  coupes  à  la  |)araffine,  indispensable  pour  l'inter- 
prétation de  ces  phénomènes,  permet  de  les  distinguer  d'une  façon  suffisamment 
nette. 

»  Le  noyau  occupe  un  des  côtés  de  la  cellule;  il  est  accolé  à  la  membrane;  excep- 
tionnellement, il  se  trouve  au  centre;  il  paraît  toujours  en  intime  contact  avec  les 
vacuoles  à  grains  rouges,  dont  l'ensemble  représente  sans  doute  les  granulations 
signalées  par  Wager  autour  du  noyau  au  début  de  la  sporulation. 

»  A  un  certain  moment,  ces  vacuoles  changent  d'aspect,  les  granules  diminuent  de 
nombre  et  de  taille;  ils  n'apparaissent  plus  guère  que  sous  forme  de  petites  ponctua- 
tions localisées  à  la  périphérie  des  vacuoles,  qui  alors  prennent  une  coloration  unifor- 
mément rouge  pâle  avec  toutes  les  matières  colorantes  qui  donnent  aux  granules  la 
teinte  rouge  caractéristique  (hémalun,  hématoxyline,  violet  de  gentiane).  Les 
meilleures  préparations  sont  obtenues  à  l'aide  du  bleu  de  méthylène  ou  du  bleu 
polychrome  :  les  mailles  du  proloplasma  se  colorent  légèrement  en  bleu,  le  noyau  se 
laisse  souvent  apercevoir  avec  une  teinte  un  peu  plus  foncée,  et  les  vacuoles  prennent 
une  coloration  uniformément  rouge  pâle.  Cette  coloration  des  vacuoles,  qui  ne  se  ren- 
contre à  aucun  autre  stade  du  développement  et  qui  correspond  avec  la  diminution 
de  nombre  des  grains  rouges,  paraît  ne  pouvoir  s'expliquer  que  par  une  dissolution 
de  ces  granulations.  La  présence  d'un  contenu  acide  dans  la  vacuole  ne  pourrait,  en 
effet,  rien  expliquer,  car  elle  serait  incapable  de  faire  virer  au  rouge  le  bleu  de  méthy- 
lène. C'est  à  ce  stade  que  le  noyau  commence  sa  première  division  :  les  deux  noyaux 
filles  vont  se  porter  aux  deux  extrémités  de  la  cellule  et  se  redivisent  iramédialement 
pour  former  quatre  noyaux,  deux  à  chaque  pôle.  C'est  à  ce  nombre  que  s'arrête  géné- 
ralement la  division.  Cette  division  paraît,  à  certains  égards,  devoir  être  considérée 
comme  intermédiaire  entre  la  division  directe  et  la  karyokinèse,  bien  qu'on  ne  puisse 
s'en  faire  qu'une  idée  très  incomplète.  Les  mailles  du  protoplasma  s'épaississent  soit 
au  centre,  soit  le  long  de  la  paroi,  le  protoplasma  se  condense,  puis  se  divise  en  deux 
portions  qui  se  placent  aux  deux  extrémités  autour  des  noyaux  pour  constituer  ordi- 
nairement quatre  spores. 

»  Les  spores  sont  d'abord  extrêmement  petites  :  elles  s'entourent  d'une  membrane 
très  mince  qui  reste  quelque  temps  ouverte  du  côté  opposé  au  noyau,  et  cette  disposi- 
tion pourrait  peut-être  rappeler  les  figures  décrites  par  Harper  pour  les  Ascomycètes 
supérieurs,  chez  lesquels  le  kiuoplasma  entoure  la  spore  d'une  fine  membrane  qui  ne 
se  ferme  que  tardivement  à  son  pôle  opposé  au  noyau. 

»  Ces  spores  s'enveloppent  peu  a  peu  d'une  membrane  cellulosique,  se  gonflent  et 
refoulent  le  protoplasma  non   utilisé  et  les  vacuoles  qui  les  entourent,  dont  les  gra- 


(  "9fi  ) 

nules  semblent  parfois  se  grouper  autour  d'elles,  pour  leur  constituer  une  sorte  de 
muraille.  Mais  cet  épiplasma  ne  tarde  pas  à  se  désorganiser,  les  mailles  protoplas- 
miques  disparaissent,  et  il  ne  subsiste  plus  qu'un  liquide  contenant  en  suspension  une 
forte  proportion  de  glycogène  et  la  substance  qui  se  colore  uniformément  en  rouge. 
Ces  substances  diminuent  à  mesure  que  les  spores  se  développent  et,  au  moment  de 
leur  maturité,  celles-ci  occupent  toute  la  cellule,  ayant  presque  totalement  absoi-bé 
l'épiplasma. 

»  La  spore,  une  fois  constituée,  est  formée  d'un  noyau  accolé  à  la  membrane,  d'où 
partent  un  certain  nombre  de  fines  radiations  protoplasmiques  qui  délimitent  autant  de 
petites  vacuoles  lemplies  de  gljcogène.  Le  proioplasma  renferme  un  certain  nombre 
de  grains  rouges.  La  spore  jeune  se  colore  en  bleu  par  le  bleu  polychrome,  mais,  une 
fois  mûre,  elle  prend  une  teinte  légèrement  violette,  comme  si  elle  s'était  imprégnée 
du  contenu  rouge  de  l'épiplasma. 

»  Les  autres  levures  que  nous  avons  observées  présentent  des  phéno- 
mènes analogues,  avec  quelques  différences  de  détail. 

»  De  même  que  Wager,  nous  n'avons  trouvé  dans  aucune  d'elles  de 
division  de  noyaux,  suivie  de  refusion,  précédant  la  sporulation,  telle  que 
l'avaient  observée  Janssens  et  Leblanc.  Nous  nous  proposons  d'ailleurs  de 
revenir  sur  cette  question. 

»  Il  résulte  donc  de  notre  étude  que,  au  moment  de  la  sporulation,  il 
semble  s'effectuer  une  sorte  de  dissolution  des  grains  rouges  contenus  dans 
les  vacuoles  et  que  ces  corps  paraissent  se  comj)orter  comme  des  matières 
de  réserve.  Déjà  Raum  et  Ernst  leur  avaient  attribué  un  grand  rôle  dans  la 
sporulation  des  levures  et  des  bactéries,  et  un  certain  nombre  d'auteurs 
avaient  été  amenés  à  les  considérer  comme  des  produits  de  réserve.  Nos 
observations  confirment  ces  faits.  Enfin  l'ensemble  des  phénomènes  pa- 
raît présenter  une  certaine  analogie,  tant  par  la  formation  des  spores  que 
par  la  conslitution  de  l'épiplasma,  avec  ce  que  l'on  a  observé  pour  les  As- 
comycètes  supérieurs.  » 

M.  Desbourdieu  adresse  un  projet  d'expériences  relatives  aux  courants 
telluriques. 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


(   II97  ) 


COMITE  SECRET. 


fja  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  présente  la  liste  suivante  lie  can 
didats  à  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Potain  : 

,,,,,.(    MM.    ClIARKIN. 

En  première  ligne,  ex  aequo,  et  par  ordre  alphabétique. \ 


En  seconde  ligne,  ex  aequo,  et  par  ordre  alphabétique. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart. 


Jaccoud. 

MM.  CORXIL. 

FoURNIER. 

IIayem. 

Lancereacx. 
Laveran. 

RiCllET. 


M.   B. 


BULLETIN     RIBLiniiRAPHIgUB. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  29  avril  1901. 

Henri  et  Alphonse  Milne-Edwards,  par  Edmond  Perrier.  (Extrait  des  Nou- 
velles Archives  du  Muséum,  4^  série,  t.  II.)  Paris,  Masson  et  C'*;  i  fasc. 
in-4''.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Paléontologie  humaine.  L'Homme  quaternaire  dans  le  bassin  du  Rhône, 
étude  géologique  et  anthropologique,  par  Ernest  Chantre,  avec  ^4  figures 
intercalées  dans  le  texte.  Paris.  J.-B.  Baillière  et  fils;  twon,  A.  Rev,  1901  ; 
1  vol.  in-y°.  (Présenté  par  M.  Gaudrv.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Recherches  anatomiques  sur  les  Camélidés,  anatomie  du  chameau  à  deux 
"bosses,  différences  entre  les  deux  espèces  de  chameaux,  différences  entre  les 
chameaux  et  les  lamas,  par  F.-X.  Lesbre,  Lyon,  Henri  Georg,  1900;  i  vol. 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Chauveau.) 

Revue  technique  de  l'Exposition  universelle  de  1900,  par  un  comité  d'ingé- 
nieurs, d'architectes,  de  professeurs  et  de  constructeurs;  Directeur  :  Ch. 


(   '198  ) 
Jacomet,  4*  partie:  Génie  civil,  t.  I.  fasc.  l  et  2.  Paris,  E.  Bernard  et  C'*, 
1901  ;  2  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Maurice  Léw.) 

Société  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts,  centrale  du  département  du  Nord, 
séant  à  Douai,  fondée  en  1799.  Célébration  de  son  Centenaire,  juin-juillet 
1899.  Douai,  impr.  Delarra,  1899;  i  vol.  in-S". 

Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Mémoires  de  ta  Section  de 
Médecine,  2*  série,  t.  I.  n"  4  :  Hérédité,  étude  clinique,  par  MVT.  Mairet  et 
Ardin-Delteil.  Montpellier,  1900;  i  vol.  in-8°. 

Cartes  publiées  par  le  Service  Géographique  de  l'Armée,  six  feuilles  : 
Hanoï;  Oued  Sedjenan  ;  Oued  Zerga;  OuedOkris;  Mansourah;  Saint-Donat. 

Résultats  des  Campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  \", 
Prince  souverain  de  Monaco,  publiés  sous  sa  direction  avec  le  concours  de 
M.  Jules  Richard;  fasc.  XVII,  Céphalopodes  provenant  des  campagnes  de  la 
«  Princesse  Alice  »  (1891-1897),  par  Louis  Joubin;  fasc.  XVIII,  Hydraires 
provenant  des  campagnes  de  l'  «  Hirondelle  »  1886-1888,  par  Camille  Pictet 
et  Maurice  Bedot.  Imprimerie  de  Monaco,  1900;  2  fasc.  in-4°. 

Noies  de  Géographie  biologique  marine.  Communication  faite  au  VIP  Con- 
grès international  tle  Géographie  à  Berlin  en  1899  par  S.  A.  S.  Albert  I", 
Prince  de  Monaco.  Berlin,  Wilhelm  Grève,  igoo;  i  fasc.  in-8''. 

Exploration  de  la  mer  sur  les  côtes  de  Belgique  en  1899,  par  Gustave 
GiLSON.  (Extrait  des  Mémoires  du  Musée  Royal  d' Histoire  naturelle  de  Bel- 
gique, t.  I,  année  1900.)  Bruxelles,  i  fasc.  in-4°. 

La  Flore  wealdienne  de  Bernissart,  par  A.-C.  Seward.  (Extrait  des  Mé- 
moires du  Musée  Royal  d'Histoire  naturelle  de  Belgique,  t.  I,  année  1900.) 
Bruxelles,  i  fasc.  in-8°. 

Die  dreizehnte  allgemeine  Conferenz  der  internationale n  Erdmessung  in 
Paris,  1900;  von  F.-R.  Helmert.  Stuttgart,  Ronrad  Wittwer,  1901  ;  1  fasc. 
in-8°. 

Der  normale  Theil der  Schvperkraft  im  Meeresniveau,  von  F.-R.  Helmert. 
Berlin,  1901  ;  i  fasc.  in-8.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Tablas  para  encontrar  el  valor  intrinseco  légal  mexicano  de  cualquier  can- 
tidad  de  plata  de  cualquiera  ley  del  sistema  metrico  décimal,  par  Luis-G. 
Alvarez.  Mexico,  1899;  i  vol.  in-8  oblong.  (Hommage  de  l' Auteur.) 

OdVRAGES    reçus   dans   la   séance    du    6   MAI    igoi. 

La  Théorie  des  valences  fractionnées,  ses  applications  à  l' atomicité  absolue 
des  éléments,  à  la  constitution  chimique  des  corps  et  à  la  cohésion,  par  le  D'' 
A.  Frebault.  Tours,  impr.  Paul  Bousrez,  1900;  i  fasc.  in-8°. 


(   II99  ) 

Hydrographie  du  Congo  et  de  l' Oubanghi,  de  Brazzaville  au  Poste  d'Abiras, 
avec  leurs  affluents  rive  droite,  d'après  les  travaux  des  diverses  Missions  de  1 883 
à  1901  ;  Carie  dressée  à  l'échelle  de  g-jsVjT  ''^  dessiaée  par  Henri  Chastrey, 
de  juin  1900  à  avril  1901;  numérotée  24.  S.  1.;  1  feuille  double  de  format 
hors  rang.  (Présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Bulletin  des  Sciences  mathématiques,  rédigé  par  MM.  G.  Darboux,  E. 
Picard  et  J.  Tannerv,  2*  série,  t.  KXV,  janvier  1901;  Paris,  Gauthier- 
Villars,  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  l'observatoire  astronomique,  magnétique  et  météorologique  de 
Toulouse,  t.  IV,  renfermant  une  partie  des  travaux  exécutés  de  1891  à 
1900,  sous  la  direction  de  M.  B.  Baillaud,  Directeur  de  l'observatoire. 
Toulouse,  E.  Privât;  Paris,  Gauthier-Villars,  1901;  i  vol.  in-4°.  (Présenté 
par  M.  Lœwy.) 

Annales  de  la  Société  d' Agriculture,  Industrie,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres 
du  département  de  la  Loire,  2*  série,  l.  XXI,  année  1901;  i'*  livraison  : 
janvier,  février,  mars.  Saint-Etienne,  J.  Thomas  et  G'*,  i  fasc.  in-8°. 

Sir  Edvi^ard  Frankland,  \on  Jouantes  Wislicenus.  Berlin,  s.  d.;  i  fasc. 
in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Aberdeen  University  Studies  :  No.  I.  Roll  of  Alumni  in  Arts  of  University 
and  King's  Collège  of  Aberdeen  1596-1860;  edited  by  Peter  John  Anderson. 
No.  II.  Records  ofOld  Aberdeen  11 57- 1891  ;  edited  by  Alexander  Macdonald 
MuNRo,  Volume  I.  No.  [11.  Place  Names  oj  West  Aberdeenshire,  by  ihe  laie 
James  Macdonald  Munro.  Aberdeen,  1900;  i  vol.  in-S".  (Hommage  de 
l'Universilé  d'Aberdeen.) 

Sur  la  «  myriotonie  »  comme  unité  dans  les  mesures  osmotiques,  par  L. 
Errera.  Bruxelles,  impr.  Hayez,  1901  ;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Quatre  opuscules  relatifs  à  des  questions  de  Zoologie  par  Carolo  Berg 
(Extr.  de  Communicaciones  del  Museo  Ndcional  de  Buenos  Aires).  4  fasc. 
in-8°.  (Hommage  de  l'AuLeur.) 

Huit  opuscules  sur  divers  sujets  et  par  divers  auteurs,  adressés  par 
l'Université  de  Pensylvanie.  8  fasc.  in-8°. 

Bibliography  of  the  more  important  Contributions  to  american  économie 
Entomology.  Part  VII.  The  more  important  Writings  published  between  de- 
cember  3i,  1896,  and  january  i,  1900;  prepared  under  the  direction  of 
the  entomologist,  by  Nathan  Banks.  Washington,  1901;  i  fasc.  in-8°. 

Archivo  bibliographico  da  Bibliotheca  da  Universidade  de  Coimbra;  Vol.  I. 
Num.  2-4.  Coïmbre,  1901  ;  3  fasc.  in-4°. 

Annual  Report  of  the  Board  of  régents  of  the  Smithsonian  Institution, 


(     I200    ) 

showing  the  opérations,    expendilures.  and  condition  of  the  Institution,  for 
theyear  endmgjune'io,  1898.  Washington,  1899;  i  vol.  in-8". 

Astronomical,  magnctic  and  meteorological  observations  made  during  the 
year  1891,  at  the  United  States  Naval  Observatory.  Washington,  1899; 
I  vol.  in-4''. 

Transactions  of  the  Edinburg  geological  Society;  Vol.  VIII.  part  I.  Edim- 
bourg, 1901  ;  I  vol.  in-8°. 

Sitzungsberichte  der  kônigl.  bôhmischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften. 
Mathematisch-Naturvi>issenschaftliche  Classe,  1899 -1900.  Prague,  1900- 
1901  ;  2  vol.  in-8°. 

Jahresbericht  der  kônigl.  bôhmischen  Gtsellschaft  der  Wissenschaften  fur 
das  Jahr  1899  u.fur  das  Jahr  1900,  Prague,  1 900-1 901  ;  2  fasc.  ia-8°. 

Annales  de  la  Société  géologique  de  Belgique;  t.  XX V*",  i'*  livraison, 
comprenant  les  feuilles  i  à  27  et  les  planches  I  à  V.  Liège,  impr.  H.  Vail- 
lant-Carmanne,  7  septembre  1900;  in-4''. 

Bulletin  mensuel  de  l'observatoire  météorologique  de  l'Université  d'Upsal; 
vol.  XXXII,  année  1900,  par  D''  H.  Hildebrand  Hildebrandsoin.  Upsal, 
Edv.  Berliiig,  1900-1901  ;  i  fasc.  in-4°. 

Wiadomosci  m.atematyczne,  redaktor  i  wydawca  S.  Dickstein.  Tom  V, 
zeszvt  1,  2,  3.  Varsovie,  1901  ;   i  fasc.  in-8°. 

Memorias y  revista  de  la  Sociedad  cientifica  «  Antonio  Alzate  »,  publicadas 
bajo  la  direccion  de  R.vfael  Aguilar  y  Santillan;  t.  XV  (1900-1901), 
num.  1  y  2.  Mexico,  1900;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  6  mai   1901.) 

Note  de  M.  E.  Bataillon,  Sur  l'évolution  des  œufs  immatures  de  Rana 
fusca  : 

Page  II 34,  ligne  i5,  titre,  au  lieu  de  immatures,  lisez  immatures. 
Page  ii35,  ligne  8,  au  lieu  de  fécondité,  lisez  fécondation. 
Même  page,  ligne  34,  au  lieu  de  immatures,  lisez  immatures. 
Page  II 36,  ligne  18,  au  lieu  de  Herlert,  lisez  Herbst. 


W  19, 


TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance     du    15    mai     1901.) 


RIEMOIRES  ET  GOMMUîVIC/VTIO\S 

OES   MEMBItRS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  Lii'PH.VNN.  -     Sur  un  galvanomètre  par- 
faitement asiatique idii 

M.  Duuii-M.  —  Sur  les  lliéorcuies  trilugoniot, 


Pages, 
les  lemmes  de  M.  Hadamard  et  la  [iropaga- 
tion  des  ondes  dans  les  lUiides  visqueux  . .    ii(i3 


NOMIIVATIOIVS. 


•  Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  niatlié- 
malii|ues)  pour  içyn  :  W\\ .  Appel I , Picard , 
Poincarc,  Darboux,  Maurice  Levy 1167 

Commission  cliargée  de  juger  le  concours 
du  prixPelitd'Ormi)>  (Sciences  naturelles) 
pour  tgoi  :  MM.  Van  Ticgltein^  Fouquc. 
Perrier,  Giard,  de  Lacaze- Dutlders  ....    1  iiî- 

Coinmission  cliargée  de  juger  le  concours 
du  prix  du  baron  de  Joesl  pour  igoi  : 
MM.  Berthclot,  Ilon/juet  de  la  Grye, 
Darboux,  Fougue,  Maurice  Levy 1167 

Commission  chargée  de  juger  le  concuurs 
du  prix  Saintour  pour  1901  :  M.M.  Dar- 
boux, Derthelot,  Poiitcaré,  Bouquet  de 
la  Cryc,  Fougue 1 1(17 

Comnïission  cliargét:  île  juger  le  concours 
ilu  prix  (jegncr  pour  igoi  :  MM.  Darboux, 
fSertlielot,  Mascart.  Fougue.  J'oincare..    11O7 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Trénionl  pour  1901  :  M.M.  Ilaton 
de    la   Ooupillière,    Sarrau.   Perihelot. 


Maurice  Levy,  Leaute 

Commission  cliargée  do  présenter  une  ques- 
tion de  Crand  prix  des  .Sciences  physiques 
pour  l'année  njo.'i  :  MM.  Van  Ticghem. 
Fougue,  Duclaux,  lierthelot.  Cornu.... 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  prix  liordin  (  Sciences  physiques) 
pour  l'année  ujnj  :  MM.  Mascart,  Lipp- 
ntcinn,  Cornu,  liecgucrel,  Berthelol . . . . 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  prix  Gay  (Géographie  physique) 
pour  l'annie  igoS  :  MM.  Grundidier. 
Bouguct  de  la  Grye,  de  Lapparent,  Bas- 
sot,   llatt 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  prix  Pourrat  (Physiologie)  pour 
Tannée  igo3  :  MM.  Marey,  d'.lrsonval, 
Chauveau,  Perriei ,  Filliol 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  prix  Kourneyron  (Mécanique) 
pour  l'année  irjo.l  :  MM.  .Sarrau,  Bous- 
sinesg.  Maurice  Lesy,  Léauté,  Sebert.. 


1  1  (is 


11H8 


Il  «S 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  lÎAHRiL  soumet  au  jugement  de  1 '.Vcadé- 
mie  un   .Mémoire  ayant  pour  titre  :  "  Sé- 


curité de  la  circulalion  des  trains,  [iiipul- 
seur  électrique   » iiGS 


CORRESPONDANCE. 


.M.  le  Seciîétairk  rEiiPÈTiiEL  annonce  à 
r.'Vcadémie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Henry  Rowland, 
Correspondant  pour  la  Section  de  Phy- 
sique      1  i()S 

MM.  D.wiusoN,  OuoEMANS,  nommés  Corres- 
pondants pour  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation,  et  M.  ZiiiNKii,  ncimmé  Chc- 
respondant  pour  la  Section  de  Mécanique, 
adressent  des  renierciriients  à  l'Acadéntie.   ii^i^ 

MM.  CiiARiiiN,  CoBMi.  et  IjANCEiiEAUx  prient 
l'Académie  de  vouloir  bien  les  comprendre 


parmi    les   candidats   à    la  place   devenue 
vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de 

Chirurgie  par  le  décès  de  .M.  Potain iiliS 

Al.  le  SECHETAiiiK.  PERPÉTUEL  Signale  :  i"  Lin 
Ouvrage  de  M.  Laussedat  intitulé  : 
«  Recherches  sur  les  inslrunieiils,  les 
méthodes  et  le  dessin  topograpliique  ». 
Tome  II.  Preniiére  Partie  :  «  Icnnouiétric 
et  Métrophotograpbie  »  ;  i"  Un  Ouvrage 
ayant  pour  titre  :  «  The  Norvegian  nortli 
polar  expédition  ( i Sy.j- 1 Stj'i ) .  Scientific  re- 
sults»,  edited  hy  Fridtjof  Nansen,  i'-  vo- 


r  19. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 
]ume;  3"  Lu   deuxième  série  des  «  Maté- 
riaux  d'éludé  lopologique  pour  l'Algérie 
et.  la  Tunisie  >■ 1 169 

M  .Henri  Dulac.  —  Sur  les  intégrales  réelles 
des  équations  différentielles  du  premier 
ordre  dans  le  voisinage  d'un  point  singu- 
lier     ii6g 

M.  Mauiîice  Lelieuvke.  —  Sur  certaines 
relations   involutives 1172 

M.  F.  SiAcci.  —  Sur  un  problème  de  d'Alem- 
bert 1175 

M.  H.  Pellat.  —  Sur  une  expérience  d'oscil- 
lation électrique 1178 

M.  lîENÉ  I-'AILLOT. —  Perméabilité  des  acicrs 
au  nickel  dans  des  champs  intenses 1180 

M.  FiRMiN  Lauroque.  —  Sur  les  lois  de 
l'écoulement  de  l'air  dans  les  instruments 


Pages, 
de  musique ' 1^85 

MM.  TissiEK  et  GuiGNARD.  —  Sur  les  com- 
posés organo-magnésiens  aromatiqties. ...    1 18:1 

M.  A.  Etakd.  —  Du  dédoublement  des  albu- 
minoïdes  nu  protoplasmides 1 18'| 

M.  R.-L.  Craciunu.  —  iJitrérence  de  consti- 
tution de  la  bile  suivant  l'âge  et  l'état 
d'engraissement   des   animaux 1187 

M.  Tu.  ScHLŒSiNG  fils.  —  Sur  l'acide  phos- 
phorique  des  sols 1189 

M.  Henri  Lasne.  —  .Sur  la  composition  de 
l'amblygonite 1191 

M.  A.  GuiLHERHioND.  —  Recherches  liistolo- 
giques  sui^  la  sporulation  des  levures....    1194 

M.  Desbourdieu  adresse  un  projet  d'expé- 
riences relatives  aux  courants  telluriques.  1196 


COMITE    SECRET, 


Liste  de  candidats  pour  la  place  laissée 
vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  par  le  décès  de  M.  Potain  : 

Bulletin  bibliographiqur 


1°  MM.  Charrin,  Jaccoud:  •>."  MM.  Cor- 
nil,  Four/lier,  Hayein,  Lancereaux,  La- 
veran,  Richet 1197 

"97 


Errata 1 200 


PARIS.   —IMPRIMERIE     GAUTH I  E  R-VI  L  L  A  R  S  , 

Quai  des  Grands-Augustins.   5i 

Le  Gérant  .' (>*urHiEB-ViLL*RS. 


^°n      1901 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAH   MTI.    IjB.>4  SBCaÉr^IKES   PBHPfiTVfiljS. 


TOME  CXX^H. 


N^  20  (20  Mai  1901) 


PAHIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  LMPRLMliUR-LIBHAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADËvllB    DKS    SCIENCES, 

y\iai  (les  Grands-Augùslins,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
r Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Noies 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  irjo-\;jnne. 

26  numéros  cor^iposent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1«'.  —  Impression  des  tramud;  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais' ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chnque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pjiges  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposes  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  le.>  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aut 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  1 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanb 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persom, 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ai 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'iinr, 
sunié  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  soi 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. L 
Membre  qui  fiiit  la  présentation  est  toujours  nomme; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai: 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foni 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie, 

Article  3. 
Le  bon  à  tuer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
rimprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  k 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  tem|b, 
le  titre  seul  ilu  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compterenéu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendusm 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tu-age  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement, 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chacpie  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


déprse?a7secrétarfan„'r,'tf 'r^i'  .'""   h"""'"'  *"'"  P"""^"*''"  '"""  ■"'"""'«^  P"  '"^   '«^  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  1« 
déposer  au  Sec.etar.at  au  plus  tard  le  Samed.  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  MAI    1901. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  des  fêtes  de  la 
Pentecôte,  la  séance  du  lundi  27  mai  sera  remise  au  mardi  28. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l' éclipse  totale  du  18  courant. 
Communication  de  M.  J.  Janssex. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Acatiémie  le  contenu  d'une  dépèche 
chiffrée  que  m'envoie  M.  le  comte  de  la  Baume-Pluvinel,  que  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  avait  bien  voulu,  à  ma  demande,  charger  d'une 
mission  pour  observer,  à  l'ile  de  Sumatra,  la  grande  éclipse  qui  devait  s'y 
produire  le  18  courant  dans  des  circonstances  de  durée  tout  à  fait  excej;- 
tioanelles. 

G.  R.,  1901,  ,"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  20.)  l55 


(     I202    ) 

»  D'après  le  programme  arrêté  entre  M.  de  la  Baume  et  moi,  M.  de  la 
Baume  devait,  indépendamment  des  photograj)hies  de  la  couronne,  porter 
ses  observations  sur  la  question  de  la  rotation  de  la  couronne,  sur  celle  de  la 
|)réseuce  plus  ou  moins  marquée  des  raies  obscures  fraïuihofériennes  dans 
la  lumière  coronale,  et  enfin  sur  la  radiation  calorifique  de  cette  dernière. 

»  Or,  d'après  la  traduction  du  chifTre  que  M.  de  la  Baume  m'a  envoyé, 
le  temps,  sauf  quelques  légers  nuages,  a  favorisé  ses  observations  et  tout  le 
programme  arrêté  entre  nous  a  pu  être  exécuté. 

»  On  conçoit  qu'il  est  indispensable  d'attendre  la  présence  de  M.  de  la 
Baume  ou  tout  au  moins  un  rapport  détaillé  pour  avoir  une  idée  précise 
des  résultats  obtenus.  Mais  déjà,  d'après  le  chiffre  envoyé  : 

»   La  rotation  de  la  couronne  n'aurait  pu  être  constatée; 

»  La  présence  des  raies  fraunhofériennes  dans  la  lumière  de  la  cou- 
ronne n'aurait  point  été  constatée,  sans  doute  au  moins  comme  très 
marquée,  ce  qui  s'accorde  avec  cette  circonstance  que  nous  sommes  à  une 
époque  de  minima  des  taches,  et  comme  j'ai  eu  occasion  de  le  faire 
remarquer,  c'est  aux  époques  des  maxima  que  les  vapeurs  du  globe 
solaire  s'élèvent  davantage  dans  l'atmosphère  coronale  et  y  permettent 
ces  phénomènes  de  réflexion  de  la  lumière  j)hotosphérique  accusée  par  la 
présence  des  raies  fraunhofériennes.  C'est  ainsi  que  je  les  ai  reconnues 
en  1871  et  en  i883. 

»   L'observation  de  M.  de  la  Baume  a  donc  un  grand  intérêt  à  cet  égard. 

»  Il  en  est  de  même  de  la  constatation  par  le  même  observateur  d'une 
chaleur  sensible  émise  par  la  couronne. 

»  En  résumé,  on  doit  reconnaître  que  les  observations  de  M.  de  la 
Baume  sont  fort  importantes,  qu'elles  contribuent  à  avancer  nos  connais- 
sances sur  ce  grand  phénomène  de  la  couronne  qui  a  été  si  longtemps  une 
énigme  pour  les  astronomes,  et  dont  la  connaissance  et  les  rapports  avec 
le  Soleil  ont  une  importance  capitale. 

»  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  ici  que  M.  de  la  Baume  a  libéra- 
lement fait  les  frais  de  ce  grand  voyage  et  que  sous  ce  rapport,  ainsi  qu'en 
raison  des  services  qu'il  a  déjà  rendus  à  la  science,  il  mérite  doublement  la 
bienveillance  de  l'Académie. 

»  Je  n'ai  point  encore  reçu  de  nouvelles  du  D""  Binot,  chef  de  laboratoire 
à  l'Institut  Pasteur,  chargé,  dans  les  mêmes  conditions,  d'une  mission  à  l'île 
de  la  Réunion.  Ce  fait  s'explique  du  reste  par  l'absence  de  câble  télégra- 
phique entre  la  Réunion  et  Madagascar. 

»   Cependant,  nous  avons  tout  lieu  d'espérer  que  le  D""  Binot  aura  été 


(  i2o;i  ) 

favorisé  par  le  temj)s,  car  nous  savons  que  des  observations  importantes 
ont  pu  être  faites  par  des  missions  anglaises  à  l'île  Maurice,  île  très  voisine 
de  celle  de  la  Réunion.  i 

»  /J.-S.  —  Je  reçois  à  l'instant  une  dépêche  de  M.  le  D"'  Binot  chargé,  à 
ma  deuiande,  par  M.  le  Ministre  de  l'Instijiction  publique,  d'une  mission 
à  l'île  de  la  Réunion,  dans  les  mêmes  conditions  que  celles  de  M.  le  comte 
de  la  Baume-Pluvinel  à  Sumatra,  une  dépêche,  dis-je,  qui  m'informe  qu'il 
a  eu  un  temps  superbe,  d'où  l'on  peut  inférer  qu'il  a  pu  exécuter  dans  les 
meilleures  conditions  le  programme  dont  il  avait  bien  voulu  se  charger.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.   —  Recherches  sur  V état  de  T alumine 
dans  des  terres  végétales;  par  M.  Th.  Schlœsikg. 

«  Ayant  besoin ,  pour  certaines  recherches,  de  terres  très  riches  en  oxyde 
de  fer,  j'ai  prié  mon  savant  ami  et  confrère  M.  A.  Mûnlz  de  m'en  choisir 
quelques-unes  dans  sa  collection  de  plus  de  cinq  cents  terres  de  Mada- 
gascar, dont  il  vient  de  faire,  en  collaboration  avec  M.  Rousseaux,  une 
étude  pratique  de  la  plus  haute  importance  pour  notre  colonie. 

»  Tous  les  chimistes  qui  ont  traité  de  la  terre  végétale  par  l'acide  chlor- 
hydrique  bouillant,  en  vue  d'en  extraire  l'oKyde  de  fer,  savent  que  l'acide 
attaque  les  argiles,  et  que  la  dissolution  obtenue  contient,  par  suite,  de 
l'alumine.  La  proportion  de  cette  alumine  atteint  souvent  plusieurs  cen- 
tièmes du  poids  de  la  terre  traitée;  mais  je  ne  l'avais  pas  encore  vue 
s'élever  au  point  de  déterminer  la  prise  en  masse  de  la  dissolution  pur  du 
chlorure  d'aluminium  cristallisé,  ainsi  (jue  je  l'ai  observé  en  opérant  sur 
les  terres  que  j'ai  reçues  de  M.  Muntz. 

»  Cette  observation  a  ramené  mon  attention  sur  une  question  intéres- 
sante qui  a  beaucoup  occupé  notre  ancien  correspondant,  Patil  de  Gas- 
parin,  au  cours  de  ses  longues  études  sur  la  détermination  des  terres  arables 
dans  le  laboratoire,  celle  de  savoir  à  quel  état  se  trouve  dans  la  terre  l'alu- 
mine qu'on  en  extrait  par  l'eau  régale  ou  l'acide  chlorhydrique  bouillants. 
Paul  de  Gasparin  inclinait  à  penser  qu'elle  y  est,  en  majeure  partie,  à  l'état 
de  liberté,  et  qu'on  doit  l'envisager  comme  un  agent  de  la  ténacité  des 
sols. 

»   Je  me  suis  proposé  de  reprendre  l'étude  de  cette  question. 

»  Il  m'a  semblé  d'abord  qu'une  dissolution  de  potasse  ou  de  soude  rem- 
placerait avantageusement  l'acide  chlorhydrique,  pourvu  qu'une  dilution 


(     >20',     ) 

suffisante  la  rendit  à  peu  près  inoffeiisive  à  réganl  des  argiles,  sans  lui 
faire  perdre  la  faculté  de  s'emparer  de  l'alumine  libre.  Un  lel  réactif  de- 
vait d'ailleurs  offrir  cet  autre  avantage  de  ne  pas  dissoudre  d'oxyde  de  fer; 
de  là  une  notable  simplification  des  anaivscs. 

»  Quelques  tâtonnements  m'ont  conduit  à  essayer  sur  une  argile  très 
grasse,  celle  de  Vanves,  et  sur  une  autre  très  maigre,  un  kaolin,  l'action 
d'une  dissolution  alcaline  contenant  seulement  3^'',  5  Na-0  dans  i'";  c'est 
la  quantité  de  soude  contenue  dans  io"de  la  dissolution  commerciale  à 
4o°  B.  J'ai  opéré  de  la  manière  suivante  : 

»  Après  avoir  délayé  5^'' d'argile  sèche  dans  un  demi-litre  de  dissolution, 
j'ai  fait  bouillir  celle-ci  pendant  line  demi-heure;  l'ébullition,  très  modé- 
rée, ne  vaporisait  que  quelques  grammes  d'eau,  en  sorte  que  le  titre  alcalin 
du  liquide  variait  à  peine.  Après  fdtration  et  lavage,  j'ai  dosé  l'alumine  et 
la  silice  dissoutes.  Comme  il  éLiit  possible  que  l'argile  contînt  l'une  ou 
l'autre  de  ces  substances  à  l'état  de  liberté,  j'ai  soumis  le  même  poids 
d'argile  à  deux  et  même  trois  traitements  successifs,  dans  les  con'Iitions 
que  je  viens  d'indiquer,  comptant  sur  le  premier  pour  éliminer  la  silice  ou 
l'alumine  libres,  et  sur  les  suivants  pour  mesurer  l'attaque  par  la  dissolu- 
lion  de  l'argile  purifiée.  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 


Kaolin  :  5s^ 

Silice 

Alumine 

(calcinée). 

(  calcinée  ). 

Total. 

Premier  iraitemenl.  .  . 

55"-8^ 

42"'S'' 

g^mgr 

Second    Irailement .  .  .  . 

Ga^s"" 

3q"s>- 

loi  "■S'- 

»  La  similitude  des  résultats  des  deux  traitements  porte  à  croire  que  ce 
kaolin  ne  contient  ni  silice  ni  alumine  libres  ;  et  si  l'on  restitue  aux  totaux 
97'"^''  et  ioi™sr  l'eau  existant  dans  le  kaolin  qu'ils  représentent,  on  trouve 
que  les  S^''  de  kaolin  traités  ont  perdu  i  lo™^''  dans  le  premier  traitement, 
ii5™5r(]ans  le  .second,  soit  2,2  et  2,3  pour  100  de  leur  poids.  L';ittaquc 
par  la  dissolution  alcaline  a  donc  été  assez  faible. 

Argile  de   Vaincs  :  ^0'. 

.Silice  Alumine 

(calcinée).  (calcinée).  Total. 

Premier  Irailement ji"'?"-  42'"?''  ii3"'s'' 

Deuxième  Uailemenl Analyse  perdue. 

Troisième  traitement yô^s"-  !^o"'i'^  ii6"S'' 


(     I2o5     ) 

I)  I^'nrcjilc  (le  Vanves  no  paraît  pas  non  plus  contenir  de  la  silice  ni  de 
l'alumine  libres.  Les  totaux  i  i3"S''  et  1 1(5'"8>-  représentent  128'"^"'  et  l'io.'"^'' 
d'argile  naturelle,  soil  2,5  et  2, G  pour  loo  du  poids  traité. 

»  Ainsi,  ma  dissolution  a  décom|)osé  des  quiintités  de  kaolin  et  d'argile 
grasse  comprises  entre  2  et  3  pour  100. 

»  D'autre  part,  malgré  sa  dilution,  elle  est  très  propre  à  dissoudre  l'alu- 
mine libre  existant  dans  certaines  terres.  Par  ekemple,  une  terre  de  Mada- 
gascar m'a  donné  les  nombres  suivants  : 


DS"-  de  terre  n"  12i./ 

Silice. 

.\lumine. 

Premier  trailement.  .  .  . 

80  soit  I  ,6  pour  loo  de  terre. 

586  soit  11,7  pour  100 

Deuxième  Iraiteinenl     . 

1 3 1     1)     2 , 6                  » 

83    »       1,7         1) 

Troisième  traitement... 

5  5     ))     2 , 2                  1) 

28    »      0,6         )) 

»   Il  est  évident  que  cette  terre  contient  une  forte  proportion  d'alumine 

libre  emportée  parle  premier  traitement;  on  voit  en  même  temps  que  -^-^j 

ou  i^'',  -jj  de  Na'O  contenu  dans  un  demi-litre  de  ma  dissolution,  a  dissous 
qK'",  58G  d'alumine,  soit  le  tiers  de  son  poids,  d'où  suit  que  cette  dissolution 
est  trt's  efficace  pour  extraire  d'une  terre  l'alumine  libre  qui  s'y  trouve. 

M  Instruit  suffisamment  par  ces  essais  préliminaires,  j'ai  procédé  aux 
recherches  que  j'avais  en  vue.  J'ai  opéré  d'abord  sur  un  assez  grand 
nombre  de  terres,  pour  la  plupart  françaises,  dont  les  unes  m'ont  déjà 
servi  bien  des  fois  à  des  recherches  variées,  dont  les  autres  m'ont  été  gra- 
cieusement données  par  M.  Aubin,  le  savant  directeur  du  Laboratoire  de 
la  Société  des  Agriculteurs  de  France.  J'ai  appliqué  ensuite  le  même  mode 
de  recherches  aux  terres  de  Madagascar;  les  observations  que  ces  dernières 
m'ont  fournies  sont  réservées  pour  une  seconde  Communication. 

»  Quand  on  présente  des  résultats  d'analyse,  il  faut  dire  d'abord  com- 
ment ou  les  a  obtenus.  J'opère  toujours  sur  5^  de  terre  tamisée  et  .sèche, 
que  je  mets  à  bouillir  lentement  pendant  une  demi-heure  avec  un  demi- 
litre  de  ma  dissolution  sodique.  Celle-ci  se  charge  d'une  certaine  quantité 
de  matière  humique  qu'il  convient  de  détruire  dès  le  début  des  opérations 
analytiques.  A  cet  effet,  la  dissolution  filtrée  ayant  été  additionnée  d'acide 
nitrique  en  léger  excès  et  évaporée  à  sec,  on  chauffe  le  résidu  jusqu'à 
fusion  dans  une  capsule  de  platine,  ce  qui  détermine  une  combustion  tran- 
quille et  complète  de  toute  substance  organique.  On  dissout  ensinte  la 
masse  saline  dans  le  moins  d'eau  possible,  on  sature  de  nouveau  par  l'acide 


(     I2o6    ) 

nitrique,  on  ajoute  environ  i^f  de  nitrate  d'ammoniaque  pur,  on  évapore 
à  sec  et  l'on  chauffe  longtemps,  pendant  une  heure  et  demie  à  deux  heures, 
sur  le  bain  de  sable,  pour  bien  fritter  la  silice.  On  sait  qu'en  présence  du 
nitrate  d'ammoniaque  la  silice  reste  sans  action  sur  les  nitrates  alcalins  et 
ne  peut  redevenir  ultérieurement  soluble.  On  dissout  encore  dans  peu  d'eau 
et  l'on  ajoute  de  l'ammoniaque  pour  précipiter  l'alumine;  on  évapore  et 
sèche  de  nouveau  afin  que  l'alumine  perde  son  état  gélatineux  et  devienne 
pulvérulente.  On  reprend  ensuite  par  l'eau  froide  additionnée  d'une  trace 
d'ammoniaque;  l'alumine  et  la  silice,  l'une  et  l'autre  insolubles,  sont  sépa- 
rées par  fdlration  et  lavées;  «lu  filtre,  on  les  fait  tomber  dans  la  capsule 
de  platine  où  l'alumine  va  être  dissoute  à  chaud  par  l'acide  nitrique; 
puis  le  contenu  de  la  capsul^  est  reversé  sur  le  filtre,  qui  ne  retient  que 
la  silice  ;  toute  l'alumine  est  dans  la  dissolution  nitrique. 

»  Dans  le  Tableau  suivant,  on  trouvera,  en  regard  de  chaque  terre,  les 
quantités  de  silice  et  d'alumine  ainsi  déterminées,  rapportées  à  loo  de 
terre  tamisée  et  sèche;  on  y  verra  aussi  les  rapports  entre  ces  quantités. 
J'y  ai  inscrit  encore,  quand  cela  m'a  été  possible,  les  proportions  d'argile 
fournies  par  l'analyse  physique,  afin  qu'on  pût  leur  comparer  les  quantités 
respectives  de  silice  et  d'alumine  extraites  par  la  dissolution  alcaline. 


Dissolution   sodique. 


Argile 

p'    100 

N""  '  de  terre. 

1.  Terre  de  Monlfrénoj,  près  la  Fera  (Aisne)  ...  56 

2.  »  de  Beaulieupr.  Marma^d6(Lot-el-Gar.).  2.5,4 

3.  •>  d'Arpaillargues,  près  Lzès  (Gard) i6,5 

4.  »  de  Limagne  (très  compacte)  (Puy-d.-D.).        » 

5.  »  des  environs  d'Arles  (Bouc. -dii-Rhône  ).  i5 
G.  »  de  Galande  (Seine-et-Marne) i3 

7.  •'  de  Goupvray  d"  12 

8.  »  de  Fontaine-le-Port  (Seine-el-Mariie).  .  8,5 

9.  1)  de  Boiilogne-s.-Seine(liinon  du  fleuve).  12 

10.  '<  de  Neauphle  (Seine-el-Oise) 11 

11.  »  de  Pierrefile-en-Auge  (Calvados) » 

12.  )'  de  Rovat,  près  Rodez  (Aveyron) 4;2 

13.  >'  de  Brussy  par  Génis  (  Dordogne) 2,8 

ik.  »  des  environs  de  Pau  (Basses-Pyrénces).        » 

15.  "  des  environs  d'Aurillac  (Cantal) 6,6 

IG.  »  de  Boxol  près  Mèrida  (Mexique) 46 

17.  »  des  environs  de  Porto-Rico 26 ,  4 


Rapport 

Silice 


Silice. 

Alumine. 

Alumine 

2,  10 

0,98 

2,l4 

1,68 

0,94 

'>7 

1,29 

0,65 

.,8 

3,59 

0,66 

5,4 

1,08 

0,54 

2,0 

1,01 

0,64 

2,4 

1,45 

0,55 

2,6 

'.«7 

o,48 

2,5 

0,88 

0,36 

2,4 

0,87 

o,36 

2,4 

i,.4 

0,32 

3,5 

0,92 

o,56 

1,6 

.,23 

0,53 

2,3 

1  ,  10 

0,54 

2,0 

I  ,62 

1,72 

0,9 

1 ,3o 

0,87 

.,5 

•>94 

0,68 

2,8 

(     I207    ) 

»   Ce  Tableau  donne  lieu  à  plusieurs  observations. 

»  Ou  V  voit  d'abord  que  les  proportions  d'alumine  extraite  par  la  dis- 
solution sodique  ont  toujours  été  inférieures  à  i  pour  loo  du  poids  de  la 
terre,  sauf  dans  un  seul  cas  (terre  n°  15,  des  environs  d'Aiirillac).  Elles 
sont  assurément  moindres  que  celles  qu'aurait  fournies  l'attaque  par 
l'acide  chlorhydrique  bouillant;  aussi  je  n'hésite  pas  à  attribuer  à  la  dé- 
composition des  argiles  la  majeure  partie  deU'alumine  extraite  par  cet 
acide,  contrairement  à  l'opinion  de  Paul  de  Gasparin. 

M  Bien  que  la  décomposition  des  argiles  soittrès  atténuée  par  la  substi- 
tution de  ma  dissolution  sodique  à  l'acide  chlorhydrique,  on  en  reconnaît 
encore  l'efilet  quand  on  compare  les  quantités  d'alumine  dosées  aux  pro- 
portions de  l'argile  dans  les  terres.  C'est  ainsi  qu'on  voit  les  terres  numé- 
rotées de  1  à  4,  qui  sont  les  plus  argileuses,  auxquelles  on  peut  joindre 
les  terres  16  et  17  provenant  du  Mexique  et  de  Porto-Rico,  donner  les 
quantités  d'alumine  les  plus  élevées  com[)rises  entre  o,66  et  0,98  poui"  100 
de  terre,  tandis  que,  pour  les  autres  terres,  e^les  se  tiennent  entre  o,32 
et  0,64.  i 

»  Les  quantités  de  silice,  notablement  supérieures  à  celles  de  l'alumine, 
sont  généralement  comprises  entre  1  et  2  pour  100,  et  le  rapport  entre  les 
quantités  respectives  des  deux  substances  est  presque  toujours  plus  grand 
qu'il  ne  l'est  dans  les  argiles.  C'est  que  presque!  tous  les  sols  contiennent 
de  la  silice  libre,  ainsi  qu'en  témoigne  sa  présence  dans  les  eaux  de  drai- 
nage, et  cette  silice,  légèrement  soluble  dans  l'eau,  l'est  assurément  davan- 
tage dans  une  liqueur  alcaline;  elle  s'ajoute  aux  produits  de  l'attaque  des 


argiles. 


»  Au  reste,  les  acides  noirs  que  l'on  extrait  d'une  terre  végétale  en  la 
traitant  successivement  par  une  dissolution  étendue  d'acide  chlorhydrique 
et  une  autre  d'ammoniaque  contiennent,  outre  la  silice  qui  leur  est  unie  eu 
assez  grande  proportion,  de  petites  quantités  d'alumine  qui  doit  passer 
dans  la  dissolution  sodique  avec  les  acides  noirs  qui  la  colorent. 

»  Ainsi  l'alumine  dosée  dans  mes  expériences  affecte  divers  états  dans 
les  terres,  l'état  de  combinaison  avec  la  silice,  l'état  de  combinaison  avec 
les  acides  noirs,  peut-être  l'état  libre,  mais  serait-elle  en  totalité  à  ce  der- 
nier état  qu'il  serait  encore  permis  de  conclure  qu'en  général  il  y  a  peu 
d'alumine  libre  dans  nos  sols.  Il  eu  est  autrement  pour  les  terres  de 
Madagascar. 

»  Les  échantillons,  au  nombre  de  six,  que  M.  A.  Miintz  a  bien  voulu 
mettre  à  ma  disposition  étaient  des  types  de  ces  terres  ocreuses  qui  cou- 


(     I2o8    ) 

vrent  la  réi^ion  montagneuse  de  Madaçascar.  Ils  avaient  été  débarrassés  des 
pierres  et  graviers  par  le  crible  conventionnel  de  dix  mailles  par  cenli- 
mèlre.  Je  les  ai  traités  exactement  comme  les  terres  de  France  étudiées 
ci-dessus,  avec  celte  différence  qu'un  même  poids  de  terre  a  subi  deux 
et  même  trois  traitements  successifs,  chaque  fois  par  demi-litre  de  disso- 
lution alcaline  neuve.  J'ai  réuni  dans  le  Tableau  suivant  quelques  indi- 
cations sur  les  terres  que  j'ai  trouvées  dans  le  Mémoire  inséré  par 
MM.  Mùulz  et  Rousseaux  au  Bulletin  n"  5,  1900,  du  Ministère  de  l'Agri- 
culture; la  teneur  des  terres  en  azote  déterminée  par  ces  auteurs,  sorte 
de  mesure  assez  grossière  de  la  teneur  en  matière  organique;  la  proportion 
de  sesquioxyde  de  fer;  enfin  les  quantités  de  silice  et  d'alumine  extraites 
par  chaque  traitement,  rapportées  à  100  de  terre  tamisée  et  sèche. 


Azote. 


Pour  Too  de  terre  tamisOe. 
0.  fer.  Silice.       Alumine. 


N"  124. 


N°  129. 


N°  29. 


N»  1. 


N°  12. 


N»  209. 


Province d'/mcri'na.  Cercle  d'Ankazobé. 

Terre  de  couleur  jaune  i*^'  irait, 

clair,  prise  sur  un  pla-         o,o.5-        i7>7         2"       » 
teau  peu  fertile.  3"^       » 

Même  province.  Même  cercle. 

Terre    d'un    rouge    vif,  1'=''  trait, 

couverte    de    brousse         0,021        10,4 
trèscompacte, pauvre.  a"'       » 

Même  province.  Cercle  de  Bélafo. 

Terre  d'un  rouge  foncé,  1'^'"  trait, 

à  flanc  de  coteau.  Ait.         0,111        12,4         2°        » 
1820",  assez  fertile.  3'        » 

Même  province.  Cercle  d'Arivonimano. 

Sous-sol  du  Jardin  d'es-  i"'' trait, 

sai.  Terre  d'un  rouge         0,011         8,0         2'       » 
clair.  3e       „ 

Province  de  Betsileo.  Cercle  de  Fianaranlsoa. 
Terredecouleurjaune  vif.         0,07         20,6         i"'' trait. 

Province  de  Vo/ieniar.  District  de  Daraina. 

Terre     rouge,     pauvre,  1"  trait. 

.   .  o,oOo       10,3 

très  compacte,  2*^        » 


1 ,61 

11,72 

2,6a 

1,66 

1 ,  10 

o,.56 

1,93 

8,10 

3,90 

3,60 

5,i5 

6,59 

5,  iG 

4,22 

4,3i 

3,oS 

o,ai 

3,85 


0.94 


5,4o 
4,80 


4,69 
3,96 
3, 10 


11,40 


perdu 
3, 56 


*  (     1209    ) 

»  Ce  Tableau  met  en  évidence  une  différence  frappante  entre  ces  six 
terres  de  Madae;ascar  et  nos  terres  de  France.  Pour  celles-ci,  la  proportion 
d'alumine  extraite  par  la  dissolution  alcaline  n'a  pas  dépassé  i  pour  loo  de 
terre;  chez  celles-là,  le  seul  premier  traitement  en  enlève  11,7,  8,1,  6,59, 
4,69,  11,40.  Dans  les  terres  124,  129,  12,  la  majeure  partie  de  l'alumine 
extraite  est  libre  ('),  peut-être  intimement  mêlée  à  l'oxyde  de  fer,  comme 
dans  la  bauxite;  mais  elle  n'est  pas  combinée  à  la  silice,  car,  si  elle  affectait 
ce  mode  de  combinaison,  on  trouverait  dans  la  dissolution  une  quantité  de 
silice  correspondante  de  même  ordre.  Dans  les  terres  29,  1,  209,  il  semble 
que  l'alumine  soit,  en  majeure  partie,  à  l'état  de  silicate,  à  moins  que  la 
silice  et  l'alumine  ne  coexistent  à  l'état  libre,  ce  qui  est  moins  probable; 
et  à  voir  les  quantités  des  deux  substances  dissoutes  par  chaque  traitement, 
on  doit  croire  que  ce  silicate  présumé  est  beaucoup  plus  sensible  au  dis- 
solvant alcalin  que  les  argiles  de  nos  champs. 

»  La  présence  dans  les  terres  de  Madagascar  de  fortes  quantités  d'alu- 
mine libre,  ou  formant  avec  la  silice  un  silicate  très  attaquable  par  une 
dissolution  étendue  de  soude,  soulevait  deux  questions  intéressantes  : 

»  Premièrement,  en  quel  état  de  division  .le  trouvent  cette  alumine  et 
ce  silicate,  et  quelle  est,  par  suite,  leur  influence  sur  les  propriétés  phy- 
siques des  sols? 

»  En  second  lieu,  en  voyant  combien  pauvre  est  la  végétation  spontanée 
dans  la  plupart  de  ces  terres  ocreuses  si  répandues  à  Madagascar,  on  se 
demande  si  l'alumine  libre  ou  le  silicate  présumé  ne  seraient  pas  des 
obstacles  au  développement  des  plantes. 

»  Pour  résoudre  la  premièie  question,  il  suffisait  d'avoir  recours  à 
l'analyse  physique  ;  je  l'ai  appliquée  aux  deux  terres  n"'  124  et  12,  où  l'alu- 
mine libre  abonde,  et  à  la  terre  n°  1,  où  le  silicate  supposé  se  trouve  en 
grande  jiroportion. 

(')  Après  avoir  entendu  ma  Communication,  mon  éminent  Confrère  M.  de  Lappa- 
renl  m'a  fait  connaître  que  M.  Max  Bauer  a  publié,  dans  le  deuxième  Volume  de 
l'année  1898  du  Neues  Jahrbuchder  Minéralogie  de  Stultgard,  une  Note  sur  la  laté- 
rite des  Seychelles,  dans  laquelle  il  montre  que  des  roches  diverses  peuvent  laisser 
comme  résidus  de  leur  décomposition  la  silice  et  l'alumine,  libres  l'une  et  l'autre,  et 
non  plus  combinées  à  l'état  d'argile.  Ce  mode  de  décomposition  serait  grandement 
facilité  par  la  nature  tropicale  du  climat.  Ainsi  l'existence  de  l'alumine  libre  dans  les 
terres  de  Madagascar  est  simplement  une  confirmation  de  faits  observés  antérieure- 
ment par  M.  Max  Bauer. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N«  20.)  l56 


(     I210    ) 

Terre. 

nM'ii.  nM2. 

Sable  grossier 52,8  pour  loo  de  terre  08,7 

Sable  (in 34,8                  »  3o,6 

Argile 8,6                  »  5,i 

Eau  combinée  et  perle 3,8                  »  5,6 

I 00 , o  »  I 00 , o 

»   Les  lots  argileux  se  décomposent  comme  suit  : 

Sib'ce I ,  i5  pour  100  de  terre  o,64 

Alumine i  . . .  3,3i  »  2,00 

Oxyde  de  fer J.  . . .  2,00  »  '  1  '7 

Eau 2,1 4  »  1,29 

.  8,60  5,10 

»  Ainsi,  les  deuK  terres  où  l'on  a  dosé  près  de  12  pour  100  d'alumine 
libre  n'en  contiennent  que  3,  3i  et  2  pour  loo  dans  leurs  éléments  argi- 
leux; le  reste  est  à  l'état  sableux;  et,  en  effet,  des  lots  de  sables  fins  j'ai 
extrait  9,8  et  9,3  d'alumine  pour  100  de  terre. 

»  Des  analyses  semblables  m'ont  donné,  pour  la  terre  n"  1  : 

Sable  grossier ("  ,9  pour  100  de  terre 

Sable  fin 3 1  » 

Argile 5,4  » 


Eau  el  perle. 


100,0 


»  Les  j,  4  pour  100  d'argile  se  décomposent  en 

Silice 2,3 

Alumine 2,0 

Oxyde  de  fer 0,6 

Eau 0,5 

M 

))  Or,  si  l'on  additionne  les  quantités  de  silice  et  celles  d'alumine  extraites 
de  la  terre  n"  1  par  les  trois  traitements,  on  trouve 

Silice '4141  pour  100  de  terre 

Alumine 1 1 ,75  » 

26, 16 
»  Soit  un  total  de  26,16  représentant  le  silicate  présumé.  Que  ses  élé- 


(     '211    ) 

ments  soient  vraiment  combinés  ou  libres  tous  deux,  il  est  clair  qu'ils 
sont,  en  majeure  partie,  à  l'état  sableux. 

»  En  définitive,  ni  l'akimine  libre,  ni  le  silicate  n'affectent  dans  les  terres 
n"'  124,  12,  1,  cet  état  de  division  extrême  auquel  les  argiles  de  nos  terres 
doivent  leurs  propriétés  physiques,  en  sorte  que  leur  abondance  n'influe 
guère  sur  la  ténacité  des  sols. 

»  C'est  d'ailleurs  ce  que  l'on  peut  constater  directement,  en  pétrissant 
ces  terres  avec  de  l'eau,  et  les  laissant  sécher|sous  forme  de  petites  boules. 
Celles-ci  se  brisent  entre  les  doigts  sous  une  très  légère  pression.  Mais  ce 
défaut  de  cohésion  n'est  pas  lié  à  la  présence  de  l'alumine  libre,  car  la 
terre  n°  129  et  surtout  la  terre  n°  209,  qui  contiennent  l'une  de  l'alumine 
libre,  l'autre  du  silicate,  prennent  par  le  corroyage  avec  l'eau  et  la  dessic- 
cation une  grande  dureté;  il  faut  dire  qu'on  y  trouve,  après  élimination 
de  l'alumine  ou  du  silicate  par  les  dissolutions  sodiques,  une  assez  grande 
quantité  de  véritable  argile. 

»  J'ai  encore  eu  recours  à  l'obligeance  de  MM.  Mïuilz  et  Rousseaux 
pour  résoudre  la  seconde  question.  Je  leur  ai  demandé  quelques  échan- 
tillons des  terres  de  vallées  connues  pour  leur  fertilité.  Si  j'y  trouvais  en- 
core l'alumine  libre  ou  le  silicate  très  attaquable  en  notables  quantités,  il 
faudrait  conclure  que  ni  l'une  ni  l'autre  n'ont  emj)êché  la  végétation  de 
prendre  possession  de  ces  terres.  J'ai  examiné  à  ce  point  de  vue  huit  échan- 
tillons de  terres  riches,  cités  dans  le  Tableau  suivant,  avec  les  résultats  des 
analyses  : 

Pour  100  de  terre  tamisée. 

Azote.  Silice.      Alumine. 

Proiince  fC/merina,  cercle  d'Ankazobé. 

-.      „„   (   Vallée   à    iSSo""   d'altitude,   terre    brune,    )  „    , 

'>"    »y           1          f.        .    ■       •   1  ,■     OjJo.)  b.qo  0,62 

(        liiumtere,  très  riche )  ^ 

■vT    ic^n  (   Vallée  à  Sôo""  d'altitude,  terre  d'un  brun  )  ,,^  , 

N°  123            1  •     .   ■    f    .-,  0,363         4,Q0         2,17 

(       clair,  très  fertile \  ^   ='  '    ' 

i\-    « ->o   i   Vallée  à  875™  d'altitude,  terre  de  couleur   1  „ 

l\°  ri«  5                                         f    .-1  o,K)3         3.38         1,7,5 

(       rouge  brun,  assez  lertile )  ' 

Proi'ince  d'Imerina,  cercle  de  Bétafo. 

»,      -,_  (  Vallée    à    1 35o'"  d'altitude,   terre    brune,   ) 

IN"    27   j        ,         .  \     G  611  3,27         0,07 

(        humilere,  très  riche )  '    '  »'    / 

-,      ...    i    N'allée  à  i3oo™  d'altitude,  terre  d'un  rouge   ) 

N"    64  '  "  o,i55         2,56        6,45 


brun,  compacte,  fertile 

M    m    \   Vallée    à    i45o"   d'altitude,  terre  brune,   \ 

IN"  114   ',        ,         -f.         .    .       •   ,  ,     o,4yi          4.06         Q,4 

/         humiiere_    très   riche  \              ^              ^                    -^j ■•  ^ 


liuinifère,  très  riche    \ 


(     1212    ) 

Pour  100  lie  terre  tamisée. 
Azote.  Silice.       Alumine. 

Province  de  Betsileo-Moramanga . 

Mo    DO  j  Terre  prise  à  flanc  de  coteau,  grise,  végé-  ) 

IN"    »o  <            .                     ,      .  \     o,ii4         o,5o         0,45 

/       laiton  spontanée  vigoureuse ) 

^„    ggj   Vallée  à, ooo".  d'altitude,  .erre  grtse,  très   j  3 

/       fertile ) 

»  Les  trois  premières  terres  ne  se  font  point  remarquer  par  l'abondance 
de  l'alumine;  mais  les  cinq  autres  en  contiennent  assurément  de  notables 
quantités  à  l'état  libre,  qui  ne  les  empêchent  nullement  d'être  d'excellentes 
terres. 

»  En  résumé, la  plupart  deséchantillonsde  terres  deMadagascarétudiées 
dans  cette  Note  contiennent,  en  proportions  souvent  considérables,  soit  de 
l'alumine  libre,  soit  un  silicate  de  cette  base  très  attaquable  par  une  dis- 
solution diluée  de  soude;  cette  alumine  et  ce  silicate  se  trouvent,  en 
majeure  partie,  à  l'état  sableux,  et  ne  sont  pas  des  agents  de  ténacité  dans 
ces  terres;  enfin  ils  paraissent  ne  pas  faire  obstacle  à  la  végétation.  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre  dans  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  pour  remplir  la  place 
laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Potain. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  65, 

M.  Laveran  obtient i3  suffrages 

M.  Charrin  »        r  2  » 

M.  Richet  »       12  » 

M.  Lancereaux  »       8  » 

M.  Hayem  »        y  « 

M.  Cornil  »        6  » 

M.  Jaccoud  11        (3  » 

M.  Fournier  »        i  » 

Aucun  candidat  n'ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  il  est 
procédé  à  un  second  tour  de  scrutin. 


(    I2l3    ) 

Au  second  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  GB, 

M.  Laveran       obtient 22  suffrages 

M.  Richel  «        .    .       17         " 

M.  Charrin  >        i3         » 

M.  Lancereaux        >        8         « 

M.  Jaccoud  »        \   •   •        ^         " 

M.  Hayem  »        1   •   •        '         " 

Aucun  candidat  n'ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  il  est 
procédé  à  un  scrutin  de  ballottage. 
Le  nombre  des  votants  étant  66, 

M.  Laveran  obtient 4o  suffrages 

M.  Richet  »      26         » 

M.  Laveran,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  deux  Membres  qui  sera  chargée  de  la  vérification  des 
comptes  pour  l'année  1900. 

MM.  Mascart  et  Iîassot  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Sfxrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  Jules  Garnier  ayant  pour  titre  :  «  Nouvelle-Calé- 
donie (côte  orientale)  ».  (Présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

1°  Une  Brochure  de  M.  Fernand  Delisle  intitulée  :  «  La  Montagne  Noire 
et  le  col  de  Naurouze  ».  (Présentée  par  M.  Bouquet  de  la  Grve.) 


(    Ï2l/i    ) 


ASTRONOMIE.  —  Sur  l' éclipse  du  qualriihne  salellile  de  Jupiter,  observée  à 
Paris  le  17  mai  1901.  Note  de  M.  G.  Bigourdan,  communiquée  par 
M.  Lœwy. 

«  Les  éclipses  du  quatrième  satellite  de  Jupiter,  fort  importantes  pour 
sa  théorie,  ne  se  produisent  qu'à  des  intervalles  assez  éloignés.  Pour  des 
laisoiis  bien  connues,  les  plus  importantes  de  ces  éclipses  sont  celles 
(pi'nn  même  observateur  peut  étudier  complètement  (disparition  et  réap- 
parition) avec  un  même  instrument.  Mais  ces  ob^^ervations  complètes  sont 
extrêmement  rares,  car,  vers  1820,  de  Zach  évaluait  à  quatre  ou  cinq  seu- 
lement celles  qui  avaient  été  obtenues  dans  l'espace  de  plus  de  deux 
siècles. 

»  Ce  phénomène  vient  d'être  observable  à  Paris,  dans  la  nuit  du  17 
au  18  mai,  et  il  a  été  accompagné  de  quelques  circonstances  qui  aug- 
mentent son  intérêt. 

))  Voici  d'abord  les  observations;  je  les  ai  faites  avec  les  trois  lunettes 
suivantes  :  I,  II,  III  (chercheurs  de  l'équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest  et 
lunette  de  cet  instrument),  dont  voici  les  ouvertures,  les  distances  focales 
et  les  grossissements  : 

Lunette.  Ouverture  ulile.  Distance  focale.        Grossissement  employé. 

m  m 

1 0,067  0)53  3i 

II 0,087  '  >6o  59 

III o,3o3  5,28  i54 

M  Dans  la  lunette  III  le  satellite  a  été  fortement  aflaibli,  mais  il  n'a 
jamais  disparu;  même  il  a  toujours  été  très  facile  à  voir  et  l'on  peut  penser 
qu'il  aurait  encore  été  vu  constamment  dans  une  lunette  de  o™,  i5  à  o™,  18 
d'ouverture. 

»  Pour  les  lunettes  I  et  II  l'éclipsé  a  été  complète,  et  voici  les  heures 
notées  : 

Il       m      s 

1.  Disparition  à.  .  .      i3. 18.24  L  '"•  de  Paris       Nuages  à  la  réapparition 
II.  »  ...      1 3. 21 .46  » 

II.   Réapparition...      10.. 5 1.58  » 

I)   Comparés  aux  prévisions  de  la  Connaissance  des  Temps  ces  nombres 


(     I2l5    ) 

tlonnent,  dans  le  sens  (obs.  —  calcul),  les  corrections  suivantes  pour  cette 
éphéméride  : 

m       « 

\   I -H  q.3o 

Disparition.    <  ,,  i  „ 

^  (Il I.  .        -+-12.52 

I^éapparilion  .    II — 33.53 

Opposition.        11 — i3.3i 


ASTRONOMIE.   —   Observations  d'éclals  de  la  Nova  Persce. 
Note  (le  M.  M.  Luizet,  présentée  par  M.  Lœwy. 


«  Les  observations  ci-dessous  de  la  Nova  Persée  font  suite  à  celles  pu- 
bliées dans  les  Comptes  rendus  de  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences 
du  4  mars  1901. 

»  Ces  observations  ont  été  faites,  soit  à  l'œil  nu,  soit  à  l'aide  d'une 
jumelle,  par  la  méthode  des  degrés,  et  les  étoiles  de  comparaisons,  avec 
la  grandeur  adoptée  pour  chacune  d'elles,  sont  les  suivantes  : 


«  Persée 1,9 

Y  Cassiopte 2,2 

Y  Persée 3,o 

ô  Persée 3 ,  i 

Y  Persée 3,9 


!T  Persée 4>'^ 

l 5,1 

FI.  3(i 5,3 

FI.  3o 5,4 

DM-+-43.818 5,7 


»  Les  grandeurs  obtenues  pour  la  Nova  sont  : 


Mar; 


l'.KIl. 

!.. 

6.. 

7.. 

8.. 

8., 

8.. 
16. 
19. 
23. 
26. 
28. 
23. 


Temps 

Temps 

Temps 

moyen 

moyen 

moyen 

[de  Paris. 

Grand. 

l'JOl. 

de  Paris. 

Grand. 

l'JOl. 

de  Paris. 

Grand. 

h         ui 

Il       m 

h       m 

8.45 

2,  l5 

M 

ars 

29. .  .  . 

7.2a 

4,8 

Avril  16. .  . 

7.4o 

5,5 

1 1 .3o 

3,3 

Avril 

1.... 

10.45 

4,1 

17... 

7.4.3 

5,2 

9. 3o 

3,2 

6... 

8.   0 

4,4 

18... 

7  •  4o 

4,2 

6.5o 

3,3 

8... 

7 .  35 

4,5 

18... 

8.12 

4,2 

8. 30 

3,0 

y... 

0 
7.00 

4,7 

19... 

7.45 

5,4 

9.i5 

1 
0,0 

9... 

9.10 

4,6 

19. . . 

8.34 

5,5 

9.35 

3,7 

9... 

9.5o 

4,6 

20... 

7.5o 

5,7 

9.i5 

5,3 

10... 

8.    0 

5,5 

23... 

8.   5 

4,4 

7.25 

3,8 

10... 

9-27 

5,4 

24. . . 

9.  0 

5,3 

10. 5o 

4,' 

11... 

7.45 

5,7 

29. . . 

8.5o 

5,5 

9.10 

5,1 

lo... 

.        7-4o 

5,6 

9.40 

5,1 

(    12l6    ) 

»  Les  variations  rapides  d'éclat  de  cette  étoile,  signalées  en  mars  par 
plusieurs  observateurs,  atteignent  encore  fin  avril  environ  une  grandeur, 
mais  il  ne  semble  pas  que  leur  périodicité  soit  régulière.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  groupes  réguliers  d'ordre Jini. 
Note  de  M.  Léon  Autoxne,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Conservant  les  définitions  et  notations  de  ma  Communication  du 
I  I  mars  1901,  employons  aussi  le  calcul  symbolique  des  formes  bilinéaires 
(Frobenius,  Journal  de  Crelle,  t.  84").  La  même  lettre  A  désignera  à  la  fois 
la  forme  bilinéaire  A  —  k(x,  y)  =  laj^VjOc^  et  la  substitution 


X; 


d.K 


dy 


A  =  [aj,] 

La  forme  ou  la  substitution  A'=  [«Ay|  sera  la  transposée  de  A.  La  forme 

E  =  lœy 
fournit  la  substitution  unité.  Enfin  la  forme 


T  = 


y\    y  2   _  .7;.    ,v, 

est  l'invariant  absolu  de  définition  pour  toute  régulière.  D'ailleurs 

T'  +  T  =  T-  +  E  =  o. 

»   Nommons  g  *i^  g  deux,  quantités  imaginaires  conjuguées.  Posons 

si  A  =  [«;*]•  Si  A  =  A,  A  est  réelle  et  s'écrira  A^.  Si  A  =  —  A,  A  est  pure- 
ment imaginaire  et  s'écrit  A^.  On  sait,  d'après  les  travaux  récents  de  divers 
auteurs  (MM.  Fuchs,  Lœwy,  Moore,  Maschke,  Taber,  etc.),  que  tout 
groupe  linéaire  d'ordre  fini,  n  —  aire,  possède  un  invariant  absolu  H. 
H  est  une  forme  d'Hermite 

H  =  H  {x,  X  )  —  l^j;,Xj  Xi,,  %jii  =  H/,j  =  const . , 

toujours  positive,  sauf  quand  les  x  s'cvanouissenl. 


(     '217    ) 

»   Ces  préliminaires  rappelés,  revenons  aux  régulières  U  et  aux  groupes 
réguliers  G  d'ordre  fini. 

»   U  peut  se  mettre  régulièrement  sous  une  des  quatre  formes  canoniques 

suivantes  : 

Uo  —  \XjbjXj\  =  \b^,  b.^,  b,,  b^], 

où  r  +  I  =  o  et  a  et  p  désignent  des  arcs  réels  dont  le  rapport  à  la  circon- 
férence est  commensurable  :  . 

(I)  l^'"'  ^~'*»  ^'  '  ^  '    I  1  La  régulière  U  sera  de 

(II)  [  I,      I,  e'^,  e~'^]  r  première,  ...  espèce,  sui- 

(III)  [e'*,  e-'",  e'",  e-'»]  [  vaut  que  U„  est  du  type  I, 

(IV)  [  I,     I,  -i,-i]  )  " 

»  Admettons,  ce  qui  est  le  cas  général,  que  G  possède  au  moins  une  U 
de  première  espèce.  Alors  H  peut  régulièrement  s'écrire 

H  —  'R(x,y)  =  Ihxy,         h  =  const.  positive  ou  nulle. 

»  L'hypothèse  où  le  déterminant  |  H  |  =  A,  ^j  A3  A^  de  H  s'évanouit,  mène 
à  des  G  décomposables  déjà  construits  dans  mu  Note  du  1 1  mars  dernier. 
Si  I H  I  ^  o,  on  peut  régulièrement  écrire 

U{x, y)  =  a(x,y,  -+-  x.y.,)  -+-  b{x^y^  +  x,y,). 

»   Le  cas  r/^i  donne  encore  des  G  décomposables.  Finalement  il  viendra 

n{x,y)=lxy  =  E. 

»   Théorème  I.  —  Toute  M  de  G  est  donnée  par  les  formules 

\5  =  k{x,y)-^i'R{x,y),         U-'  =  A'-jB', 

où,  les  formes  réelles  bilinéaires  A  ef  B  satisfont  à 

AA'+BB'=E,  T-'AT  =  A, 

AB'=BA',  T-'BT=:-B'. 

»   Théorème  II.  —  Toute  \]  de  G  peut  s'écrire  aussi 

(i)  ±U  =  (S^-<7TV'(S-cT), 

où  la  forme  bilinéaire  symétrique  S  est 

S=S(x,y)  =  ly'^^.ly'^, 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  20.)  iSy 


(     I2I«     ) 

F„  et  F,  étant  des  formes  quadratiques  réelles  en  Xj. 

Yj^x)  —  ^\ ,{x\-\-  x''^  -^yi^{x\  -^x''^^-'^._x,x^^  M„x^x^ 

»  Le  théorème  II  fournit  explicitement  U  à  l'aide  de  dix  paramètres 
réels,  rapports  des  onze  quantités  réelles  /,,  . .  .,  l^.  M,,  .  .,  M^,  m^,  m^,  a. 
Ce  théorème  n'est  pas  applicable  immédiatement  à  une  U  de  quatrième 
espèce,  mais  fournit  une  régulière  V  telle  que  U  =  V. 

»   L'équation  caractéristique  de  U  est 

cp(r)  =  [— (i-r)S'+  (i-r)T|  =  o. 

»  Le  problème  relatif  à  la  construction  du  système  fondamental  de  U  se 
confond  avec  la  recherche  du  système  nodal  [(Chapitre  IX  de  mon  Mé- 
moire Sur  la  limitation  du  degré  pour  les  intégrales  algébriques  de  l'équation 
différentielle  du  premier  ordre  {Journal  de  l'Ecole  Polytechnique,  63"  et 
64'  Cahiers)],  sur  la  quadrique  S(a;,  x)  =  o. 

»  Théorème  III.  —  PoM/'^we  G  iOjV  ree/ (c'est-à-dire  exclusivement  com- 
posé de  régulières  réelles  11^),  il  faut  et  il  suffit  qu'il  soit  orthogonal,  c'est- 
à-dire  admette  X  =  Ix^  pour  invariant  absolu. 

»  Théorème  IV.  —  Tout  groupe  orthogonal  G  est  décomposable  et  se 
trouve  construit  par  avance  dans  ma  Note  du  ii  mars  1901. 

»  Th  écréme  V .  —  Pour  qu'une  régulière  soit  purement  imaginaire  (U  :=:  U^) , 
il  faut  et  il  suffit  qu'elle  multiplie  ^par  —  i . 

»  Théorème  VI.  —  Tout  groupe  G  exclusivement  composé  de  U,.  et  de  U^ 
s'obtient  en  combinant  un  groupe  réel  G^  avec  une  Up  unique,  à  laquelle  G^  est 
peimutable.  G^  contient  la  moitié  des  substitutions  de  G. 

»  Une  Note  ultérieure  continuera  I  enumération  des  groupes  G,  régu- 
liers, d'ordre  fini.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  abaissements  moléculaires  de  la  température  du  maximum 
de  densité  de  Veau  produits  par  la  dissolution  des  chlorures,  bromures  et 
iodures  de  potassium,  sodium,  rubidium,  lithium  et  ammonuim;  rapports 
de  ces  abaissements  entre  eux.  Note  de  M.  L.-C.  de  Coppet  (  '  ),  présentée 
par  M.  J.  VioUe. 

«  Les  résultats  des  expériences  avec  les  bromures  et  iodures  de  po- 

(')  Voir  les   Notes  précédentes  {Comptes   rendus,    t.    GXXVIII,    p.    iSSg;    1899; 
t.  CXXXJ,  p.  178;  1900). 


(     1219    ) 

tassium,  sodium,  rubidium  et  ammonium  sont  consignés  dans  le  Tableau 
suivant.  Les  températures  sont  celles  du  thermomètre  à  hydrogène. 


m. 

D. 

D 

Nature 

Molécules- 

n. 

Abaissement 

m 

et 

gramme 

^i- 

Nombre 

de  la 

Abaissement 

poids 

du 
corps 

Température 
du 

de 

valeurs 

../"^^= 

température 
du 

moléculaire 

moléculaire 

V^  /i(«-i) 

de  la 

du 

dissous 

maximum 

particulières 

Erreur 

maximum 

température 

corps 

dans 

de 

trouvées 

probable 

au-dessous 

du 

dissous. 

1 

lOooK''  d'eau. 

densité. 

pour  «,„. 

de  <„.. 

de  3»,9S2. 

maximum. 

Bromure 
de  potassium 
KBrr=  •  '9,  '  • 

o,i497 
0,2934 

2,077 
0,208 

'9 
21 

0,009 
0,019 

1,905 

■5,774 

12,73 
12,86 

Bromure 

de  sodium 

NaBr  =  io3,o. 

0,1371 
0,2187 

.,982 
0,823 

22 
'9 

0,008 
0,012 

2,000 

3,i59 

14,59 
14,45 

Bromure 

de  rubidium 

0 , 1 .5o3 

2,006 

22 

0,009 

',976 

i3,l5 

RbBr-^i65,4. 

Bromure 

d'ammonium 

0,2707 

1,621 

18 

0,008 

2,36i 

8,72 

NH'Br  =  98,o 

lodure 

) 

0, 1672 

i,4i5 

i3 

O,0l4 

2,567 

i5,35 

de  potassium 

0,2488 

0, 146 

i3 

o,oo3 

3,836 

(5,42 

KI  =  i66,o. 

) 

0,2961 

—0,606 

18 

0,021 

4,588 

ï5,49 

lodure 

de  sodium 

Nal  =  i49,9. 

i 

0, i43i 
0,1829 

1,563 
0,87. 

'9 
18 

0,002 
0,012 

2,419 
3,111 

16,90 
17,01 

lodure 

l 

de  rubidium 

o,i448 

1,722 

18 

o,oo4 

2,260 

i5,6i 

Rbl=  21 1 ,25. 

\ 

lodure 

1 

d'ammonium 

f 

o,4oG3 

—0,544 

10 

0,057 

4,526 

11, i4 

NIl»l=i44,9- 

( 

»  Comme  pour  les  sels  précédemment  étudiés,  l'abaissement  de  la  tem- 
pérature du  maximum  de  densité  de  l'eau  est  proportionnel  à  la  quantité  de 
substance  dissoute  (loi  de  Despretz);  V abaissement  moléculaire  est  à  peu 
près  constant,  et  les  différences  observées  peuvent  être  attribuées  aux 
erreurs  d'expérience.  Les  sels  de  lithium,  cependant,  font  exception.  Leur 
abaissement  moléculaire  croît  avec  la  concentration  de  la  solution  (  '  ),  et  cet 


(  '    Voir  les  Notes  précédentes. 


(     I220    ) 

abaissement  est  trop  accentué  pour  pouvoir  être  attribué  aux  erreurs 
d'expérience. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  tous  les  résultais  : 

Abaissements  moléculaires  {moyens)  de  la  température  du  maximum  de  densité 

de  Veau  produits  par  : 

Le  chlorure  :  Le  bromure  ;  L'iodure  : 

O  l>  o 

De  rubidium 11,7  i3,2  i5,6 

De  potassium 11,6  12,8  '5,4 

De  sodium i3,2  i/i,5  17,0 

De  lithium 6,0  7,0  8,3 

D'ammonium 7,2  8,7  Hji 

»  Ce  sont  les  sels  de  sodium  qui  abaissent  le  plus  la  température  du 
maximum  de  densité  de  l'eau.  Viennent  ensuite  les  sels  de  rubidium  et  de 
potassium,  pour  lesquels  les  abaissements  moléculaires  sont  à  peu  près 
ée;aux.  Les  abaissements  produits  par  les  sels  de  lithium  sont  moitié  moins 
grands  que  les  précédents.  L'ammonium  se  place  entre  le  potassium  et  le 
lithium. 

»  Quel  que  soit  le  métal,  le  bromure  abaisse  toujours  plus  que  le  chlo- 
rure (et  l'iodure  plus  que  le  bromure)  la  température  du  maximum  de 
densité  de  l'eau;  et,  fait  caractéristique,  le  rapport  entre  les  abaissements 
produits  par  le  chlorure  et  le  bromure  (ou  le  bromure  et  l'iodure)  d'un  même 
métal  est  sensiblement  le  même  pour  tous  les  métaux  du  groupe.  C'est  ce  que 
font  voir  les  Tableaux  suivants  : 

ii,7(RbCl)  _       „  ii,6(KCI)  _  i3.2(NaCl)  __ 

i3,2(RbBr)  —  °'°9'  i2,8(KBr)  ~~°'9''  i4,5(JNaBr)  ~  "' 9' ' 

6,o(LiCl)  „  7>2(NH^CI)  .^ 

7,o(LiBr)"=°'*^^'  8,7(NH*Br)='''^^- 

»  De  même 

i3,2(RbBr)  .  i2,8(KBr)  „„  i4,5(NaBr)  „. 

i5,6(Rbl)  i3,4(Kl)  i7,o(NaI)  ' 

7>o(LiBr)  _  8,7(NH>Br)  _    ^   ^q 

8,3(Lil)    -0'°'+'  i,,,(NH*l)   -"O'?»-    » 


(     I22I     ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Alcools  et  carbure  de  calcium. 
Note  de  M.  Pierre  Lefebvre,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  (9  avril  1900),  j'ai  exposé 
les  résultats  auxquels  j'étais  arrivé  en  faisant  passer  de  la  vapeur  de  chlo- 
rure d'amyle  sur  du  carbure  de  calcium  chauffé  au  rouge  naissant.  Cette 
étude  était  corrélative  de  celle  que  j'avais  commencée  et  que  j'ai  pour- 
suivie depuis  sur  la  décomposition  des  alcools  passant  sur  le  carbure  de 
calcium  chauffé  vers  5oo°.  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'indiquer  la 
composition  des  gaz  que  j'ai  obtenus  dans  cette  réaction  appliquée  aux 
quatre  alcools  primaires  les  plus  faciles  à  se  procurer. 

»  Les  expériences  ont  été  effectuées,  les  unes  dans  un  tube  de  fer,  les  prises  de  gaz 
étant  faites  au  cours  d'une  action  prolongée;  les  autres  dans  des  tubes  de  verre  d'Iéna, 
tout  le  gaz  étant  recueilli  de  façon  à  permettre  des  mesures  ultérieures,  l'alcool  et  le 
carbure  étant  placés  dans  le  tube  même.  L'analyse  des  gaz  a  été  faite  au  mojen 
des  absorbants  ordinaires;  des  essais  eudiométriques  ont  été  faits  concurremment. 

»  Voici  les  moyennes  des  résultats  obtenus  avec  Y  alcool  amylique  : 

I.               II.  III. 

Acétylène 2,.")              2,2  traces 

Éthylène 4,9               2,7  3, 4 

Oxyde  de  carbone 8,6               7,5  12,4 

Anhydride  carbonique 2,2                2,9  2,0 

Carbures  éthyléniques 8,6               6,9  i4.3 

Éihane 8,0  11,9  4>2 

Hydrogène 65,3  65,9  ^3,7 

»  Les  expériences  faites  dans  des  tubes  de  verre  ont  leur  moyenne  en  I;  celles  faites 
dans  un  tube  de  fer,  en  II;  la  colonne  III  se  rapporte  à  des  expériences  faites  en  rem- 
plaçant le  carbure  de  calcium  par  de  la  porcelaine. 

»  L'analyse  eudiométrique  et  l'étude  des  composés  bromes  tendent  à  indiquer  que 
les  carbures  éthyléniques  renferment  de  {  à  |  de  propylène,  traces  de  butylène;  il  n'y 
a  pas  de  triméthylène;  le  reste  est  du  triraéthylélhylène.  La  solubilité  dans  l'alcool 
amylique  tend  à  indiquer  l'éthane  de  préférence  aux  autres  carbures  saturés. 

»   l.'alcool  isobutylique  a  donné  les  résultats  suivants  : 

I.  II. 

Acétylène 3,8  » 

Éthylène 4,8  » 

Oxyde  de  carbone 6,8  6,0 

Butylène 7  '  ^  " 

Éthane i3,4  "3,i 

Hydrogène fi3,4  5g,  9 

Anhydride  carbonicjue "  1,9 


(     1222    ) 

»  Le  point  d'ébullilion  du  bromure  (vers  i5o°),  les  précipités  jaune  et  orangé  que 
donne  le  gaz  avec  les  réactifs  de  M.  Denigès  (')  montrent  nettement  que  les  carbures 
éthyléniques  se  réduisent  presque  exclusivement  au  méthvl-2-propène  (isobutylène). 
Même  remarque  que  tout  à  l'heure  relativement  à  l'élhane. 

»  Avec  l'alcool  éthylique  j'ai  obtenu  les  résultats  moyens  suivants  (tube 

de  fer)  : 

Acétylène 3,6 

Éthylène 9,1 

Oxyde  de  carbone 4  >  5 

Garbures  éthyléniques o,3 

^              Éthane 9,6 

Hydrogène .  65 , 5 

Anhydride  carbonique 4,4 

»  Enfin  \' alcool  méthylique  a  donné  par  son  passage  sur  le  carbure  le  gaz 
dont  la  composition  suit  : 

A.cétylène i  ,4 

Éthylène 4,2 

Oxyde  de  carbone 8,3 

Carbures  éthyléniques 2,5 

Ethane i3,8 

Hydrogène 68 , 5 

Anhydride  carbonique i  ,3 

»  Des  expériences  complémentaires  seront  d'ailleurs  nécessaires  pour 
préciser  la  nature,  peut-être  même  affirmer  l'existence  de  carbures  éthylé- 
niques autres  que  l'éthylène  dans  les  produits  de  décomposition  des  alcools 
éthylique  et  méthylique. 

))  De  ces  diverses  analyses  de  gaz  ressort  un  excès  considérable  d'hydro- 
gène libre  ou  combiné  relativement  aux  proportions  existantes  dans  les 
alcools  dont  ils  proviennent.  Corrélativement,  les  produits  liquides 
présenteront  un  déficit  d'hydrogène;  parmi  ces  produits  on  trouve,  en 
effet,  l'aldéhyde  correspondant  à  l'alcool  employé.  (Je  ferai  toutefois  une 
restriction  pour  le  cas  de  l'alcool  méthylique.) 

I)  Pour  moi,  la  formation  de  l'aldéhyde  résulte  d'une  déshydrogénalion 
lie  l'alcool  parla  cha\eur ,  favorisée,  dans  mes  expériences,  en  présence  d'acé- 
tylène naissant,  par  la  combinaison  de  celui-ci  avec  l'hydrogène. 

M  Dans  le  cas  de  la  décomposition  de  l'alcool  éthylique  par  la  chaleur, 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7"^  série,  t.  XVHl,  p.  38. 


(     1223    ) 

la  production  d'aldéhyde  a  été  depuis  longtemps  signalée  par  M.  Ber- 
thelot  (')  (expériences  faites  au  rouge  vif  dans  un  tube  de  porcelaine 
contenant  de  la  pierre  ponce). 

»  Relativement  au  cas  de  la  décomposition  de  l'alcool  amylique  par  la 
chaleur,  j'ai  reconnu  la  formation  de  valéral  dans  des  expériences  compa- 
ratives faites  sans  carbure  de  calcium  et  restées  sans  publication  officielle 
(expériences  faites  en  mai  1897  dans  un  tube  de  fer  vide  porlé  au  ronge 
sombre,  expérience  faite  le  22  juin  1900  dans  un  tube  de  verre  vert  conte- 
nant des  fragments  de  porcelaine  également  au  rouge  sombre). 

»  Dans  des  recherches  relatives  à  la  décomposition  pyrogénée  des 
alcools  en  général,  M.  Ipatieff(-)a  constaté  qu'en  faisant  passer  un  alcool 
primaire  dans  un  tube  (le  plus  souvent  en  fer)  porté  au  rouge  (660°  à  yoo" 
suivant  l'alcool)  on  obtenait  des  proportions  considérables  de  l'aldéliyde 
correspondant  à  l'alcool,  les  rendements  pouvant  aller  à  3o  et  5o  pour  r  00. 

»  Jamais  je  n'ai  obtenu  de  pareils  rendements  en  aldéhyde  correspon- 
dant à  l'alcool  dans  mes  recherches  en  présence  du  carbure  de  calcium 
(10  pour  100  au  maximum),  mais  il  faut  remarquer  que  la  température  y 
est  incomparablement  moins  élevée;  c'est  pourquoi  je  crois  pouvoir 
affirmer  que  la  déshydrogénation  des  alcools  q^X.  favorisée  par  la  présence 
du  carbure  de  calcium,  ou  plutôt  de  l'hydrogène  naissant. 

»  Je  poursuis  en  ce  moment  l'étude  des  produits  liquides  obtenus  en 
faisant  passer  les  vapeurs  des  alcools  sur  le  carbure  de  calcium  à  la  tempé- 
rature de  5oo°  environ.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  condensation  des  carbures  acélyléniques  vrais 
avec  l'aldéhyde  formique  ;  synthèse  d'alcools  primaires  acétyléniques.  Note 
de  MM.  Ch.  3I0UREU  et  H.  Desmots,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Pendant  longtemps,  le  seul  alcool  acétylénique  connu  a  été  l'alcool 
propiolique  CHe^  C  —  CH-OH,  préparé  pour  la  première  fois  par  Henry, 
en  traitant  par  la  potasse  l'alcool  allylique  brome  (•').  Tout  dernièrement, 
le  phénylacétylène  a  été  combiné  d'une  part  avec  l'acétophénone  et  la 


(')  Annales  de   Chimie  et  de  Physique,   3°  série,  t.  XXXllI,  p.  295,  et  4°  série, 
t.  XII,  p.  48. 

(^)  Journal  de  la  Sociélé  phjsico-chiniir/ue  russe,  t.  XXXIII,  p.  i43. 
(')   Ann.  Scient,  lirux.;  1878. 


(     1224    ) 

benzophénone  par  M.  Nef  ('),  et  de  l'autre  avec  l'acétone  ordinaire  par 
MM.  Favorsky  et  Skosarewsky  (-)  ;  les  composés  ainsi  obtenus  doivent  être 
envisagés  comme  des  alcools  tertiaires  acétyléniques. 

»  Nous  avons  trouvé,  dans  la  condensation  des  carbures  acétyléniques 
vrais  R  —  CssCH  avec  l'aldéhyde  formique  CH^O,  une  méthode  de  syn- 
thèse très  simple  des  alcools  primaires  acétyléniques 

R  -C  =  C  -  CH^OH. 

1)  Après  une  multitude  d'essais  infructueux  pratiqués  avec  la  solution 
ordinaire  de  formol  et  les  carbures  à  l'état  libre,  en  présence  d'agents  de 
condensation  variés,  nous  avons  été  conduits  à  tenter  de  faire  réagir  sur 
les  carbures  sodés  le  polymère  solide  (CH^O)"  connu  sous  le  nom  de 
trioxymethylêne.  L'expérience  a  pleinement  réussi  ;  voici  le  mode  opéra- 
toire le  plus  avantageux  : 

»  On  ajoute  peu  à  peu,  au  carbure  sodé  en  suspension  dans  l'élher  absolu,  un  excès 
de  trioxymethylêne  bien  sec  et  préalablement  réduit  en  poudre  aussi  fine  que  pos- 
sible. La  réaction  ne  tarde  pas  à  se  déclarer  :  l'élher  entre  en  ébullition  et  la  masse 
se  colore  peu  à  peu  en  brun.  Au  bout  d'environ  vingt  minutes,  on  verse  le  tout  dans 
de  l'eau  légèrement  sulfurique,  on  décante  la  couche  élhérée,  on  la  lave  à  l'eau  et  on 
la  sèche;  après  évaporation  de  l'élher,  le  résidu  est  rectifié  par  distillation  dans  le 
vide.  Les  rendements  sont  voisins  de  3o  pour  loo. 

»  On  obtient  ainsi,  en  partant  de  l'oenanthylidène,  carbure  acyclique 
CH'  -  (CH^)^  —  CeesCH,  un  corps  huileux  incolore,  passant  à  gS**  sous 
13""°;  le  liquide  ne  se  solidifie  pas  à  —23°,  et  a  pour  densité  0,8983  ào°.  Sa 
formule  brute  est  C^H'^O.  L'anhydride  acétique  l'élhérifie  aisément; 
l'éther  correspondant  distille  à  i  i3°-i  14°  sous  16°"". 

»  Avec  le  phénylacétylène,  carbure  cyclique  G"  H"  —  CesCH,  on  pré- 
pare de  même  un  alcool  C^H'O  qui  passe  à  139°  sous  16°"°;  c'est  une  huile 
incolore,  non  solidifiable  à  —23°,  de  densité  1,0811  à  0°;  l'éther  acétique 
distille  à  146"  sous  16""". 

»  Les  deux  alcools  forment,  comme  la  plupart  des  composés  à  triples 
liaisons,  des  combinaisons  cristallisées,  blanches,  avec  le  sublimé  en  solu- 
tion aqueuse  concentrée.  Ils  réduisent,  lentement  à  froid  et  rapidement  à 
chaud,  le  nitrate  d'argent  ammoniacial,  avec  production  d'un  miroir  mé- 
tallique. La  potasse  en  solution  aqueuse  ou  alcoolique  est,  même  à  l'ébul- 


(»)  Aim.  Liebig,  t.  CCCVIII,  p.  281. 

(-)  Joiirn.  Soc.  phys.  chirn.  russe,  t.  XXXIl,  p.  652. 


(     1225    ) 

lition,  sans  action  sensible  sur  ces  composés,  contrairement  à  ce  que  l'on 
observe  clans  le  cas  des  acétones  acét\léniques  R  —  C^C  —  CO  —  R'  et 
des  acides  acétyléniques  R  —  C^C—  CO^H  ('),  et  aussi  dans  celui  de 
l'acétone-phénylacélvlène  ("). 

»  Quant  à  leur  constitution,  elle  découle  immédiatement  de  cette  obser- 
vation qu'ils  ne  précipitent  pas  par  les  réactifs  des  carbures  acétyléniques 
vrais  R  —  C^CH;  le  réactif  de  Béhal  (nitrate  d'argent  en  solution  alcoo- 
lique), par  exemple,  est  sans  action.  Jj'hydrogène  Ivpique  des  carbures 
acétyléniques  vrais  dont  on  est  parti  a  donc  disparu  ;  il  est  forcé,  dès  lors, 
qu'd  ait  été  remplacé  par  le  groupement  fonctionnel  alcoolique,  lequel  est 
nécessairement  primaire,  vu  sa  position  terminale.  Par  conséquent,  la 
formule   de  constitution  des  deux   nouveaux   alcools  ne   peut   être  que 

CH'-  (CH=')*-  C  =  C  -  CH='OH 

pour  le  premier,  et 

CH'-C^C— CH^OH 

pour  le  second.  Nous  les  appellerons  respecùvemenl  alcool  amylpropiofique 
et  alcool phénylpropiolique. 

»  Il  est  maintenant  aisé  de  se  rendre  compte  du  mécanisme  de  la  réac- 
tion génératrice  de  cps  alcools  :  le  trioxyméthylène  se  dé|)olymérise,  et 
l'aldéhyde  formique  qui  en  résulte  s'unit  au  carbure  sodé  en  donnant  le 
dérivé  sodé  de  l'alcool  acélylénique, 

R  — C  =  CNa-4-CH=0  =  R-  Cee-C  -  CH=ONa; 

l'action  ultérieure  de  l'eau  décompose  ensuite  l'alcool  sodé,  en  mettant  en 
liberté  l'alcool  et  de  la  soude  caustique. 

»  Nous  devons  ajouter  que,  dans  la  réaction  productrice  d'alcool  amyl- 
propiolique,  une  deuxième  substance  prend  naissance  qui  bout  à  178° 
sous  lô"".  C'est  une  huile  inodore,  non  solidifiable  à  —23",  de  densité 
0,907  à  0°  et  0,892  à  19°;  son  indice  de  réfraction  à  19°  est  i,  l\']l\.  Comme 
les  deux  alcools  précédents,  le  corps,  sans  action  sur  les  réactifs  des  car- 
bures acétyléniques  vrais,  réagit,  très  lentement  toutefois,  sur  la  solution 
aqueuse  de  sublimé;  de  même  aussi  il  réduit  à  chaud  le  nitrate  d'argent 
ammoniacal,   en  donnant  le  miroir  métallique.  Les  alcalis  caustiques  à 

(')  Cu.  MotREU  et  R.  Delange,  Comptes  rendus,  1900  et  1901. 
(■)  Favorskt  et  Skosarkwsky,  loc.  cit. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  20.)  l58 


(     1226    ) 

l'ébiillilion  l'altèrent  profondément  :  des  produits  de  condensation  élevés 
prennent  naissance,  non  distillables  sans  décomposition.  Ce  composé 
paraît  être  un  alcool  di-amylpropiolique  C"'H-''0,  résultant  de  l'union  de 
deux  molécules  d'alcool  amylpropiolique  C* H'*  O  avec  élimination  d'une 
molécule  d'eau.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  chlorures  d'acides  sur  les  éthers-oxydes 
en  présence  du  zinc.  Note  de  M.  P.  Freundler,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Le  numéro  du  6  mai  des  Comptes  rendus  renferme  (p.  1 129)  une  Note 
de  M.  Descudé,  dans  laquelle  ce  dernier  indique  que  les  chlorures  d'acides 
réfigissent  sur  les  éthers-oxydes  en  présence  de  chlorure  de  zinc  en  don- 
nant naissance  à  un  éther-sel  et  à  un  chlorure  alcoolique  : 

B.C0C1  +  (C='H')*0  =  R.C0*C2H'  +  C-H»CI. 

»  M.  Descudé  paraît  n'avoir  eu  connaissance  ni  du  travail  déjà  ancien 
de  M.  Freund('),  ni  de  la  Communication  que  j'ai  faite  récemment  à  la 
Société  chimique  de  Paris  (^). 

»  M.  Freund  a  montré  que,  lorsqu'on  fait  agir  le  zinc  sur  une  solution 
de  chlorure  de  butyryle  dans  Voxyde  d'èlhyle,  on  obtient  un  mélange  de 
butyrate  d'éthyle,  de  chlorure  d'éthyle  et  d'un  composé  répondant  à  la  for- 
mule du  dibutyryle,  tandis  qu'il  se  forme  en  même  temps  du  chlorure 
de  zinc.  D'après  M.  Freund,  la  réaction  serait  représentée  exactement 
par  l'équation 

4C'H'.  COCl  +  Zn  +  2(C*H*)^0 

=  2C'H'.C0»C*H*  +  2C='H»Cl  +  ZnCl-  +  C'H'.C0.C0.C=H'. 

Poursuivant  moi-même  l'étude  de  l'action  du  couple  zinc-cuivre  sur  les 
chlorures  d'acides,  j'ai  pu  confirmer  les  résultats  obtenus  par  M.  Freund, 
du  moins  en  ce  qui  concerne  la  formation  de  l'éther-sel  et  du  chlorure 
alcoolique.  Mes  expériences,  qui  sont  décrites  en  partie  dans  les  Procès- 
Verbaux  cités  plus  haut  et  sur  le  détail  desquelles  je  ne  reviendrai  pas  ici, 


(')  Ann.  Chein.,  t.  CXVIII,  p.  33. 

(*)  Procès-Verbaux  des  séances  du  24  novembre  1900,  t.  XXIII,  p. 899,  et  du  i4  dé- 
cembre 1900,  t.  XXV,  p.  3. 


(    Ï227    ) 

ont  porté  sur  les  chlorures  de  butyryle,  d'acétyle  et  d'isovaléryle  et  sur  les 
oxydes  d'éthyle  et  de  méthyle-isoamyle.  Je  rappellerai  simplement  que  j'ai 
établi  avec  certitude  que  la  moitié  du  chlore  disponible  était  transformée 
en  chlorure  de  zinc  et  l'autre  moitié  en  chlorure  d'élhyle,  et  qu'on  pou- 
vait, dans  certaines  conditions,  obtenir  plus  de  butyrate  d'éthyle  et  moins 
de  produit  supérieur  que  l'exigerait  l'équation  ci-dessus  ('  ). 

»  On  voit  donc  qu'on  se  trouve,  à  un  moment  donné,  aussi  bien  dans 
les  expériences  de  M.  Freund  que  dans  les  miennes,  dans  des  conditions 
semblables  à  celles  où  M.  Descudé  s'est  placé;  on  est  en  présence  d'un 
mélange  de  chlorure  d'acide,  de  chlorure  de  zinc  et  d'éther-oxyde,  qui  se 
transforme  peu  à  peu  en  éther-sel  et  chlorure  alcoolique.  La  seule  diffé- 
rence réside  dans  le  fait  que,  dans  le  premier  cas,  la  présence  du  zinc 
donne  lieu  à  une  autre  réaction  qui  s'effectue  dans  une  proportion  assez 
variable. 

»  Il  résulte  de  là  que  la  réaction  décrite  par  M.  Descudé  n'est  pas  abso- 
lument nouvelle,  bien  que  nous  soyons  redevables  à  ce  chimiste  d'avoir 
démontré  que  les  deux  réactions  signalées  par  M.  Freund  ne  sont  pas  indis- 
solublement liées  l'une  à  l'autre. 

»  Cette  Note  n'a  d'ailleurs  pas  pour  objet  une  réclamation  de  priorité 
que  seul  M.  Freund  aurait  le  droit  de  faire.  Je  désire  simplement  me  ré- 
server l'étude  de  trois  cas  particuliers  qui  peuvent  conduire  à  l'obtention 
de  produits  intéressants  (action  du  cou[)le  zinc-cuivre  sur  le  chlorure  de 
succinyle  en  présence  d'éther,  et  sur  le  chlorure  d'acétyle  en  présence  de 
formai  et  d'éther  orthoformique).  (Lette  étude,  qui  pourrait  être  faite  plus 
aisément  par  le  procédé  de  M.  Descudé,  est  commencée  depuis  un  certain 
temps  dans  mon  laboratoire,  et  les  résultats  en  seront  publiés  très  pro- 
chainement.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Oxydation  des  alcools  primaires  par  T  action  de  contact . 
Note  de  M.  J.-A.  Trillat,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  L'action  calalytique  et  bien  connue  de  la  spirale  de  platine  incan- 
descente est  loin  de  se  limiter  à  l'oxydation  des   alcools  mélhylique  et 


(  '  )  L'une  des  équations  du  Procès-Verbal  (t.  XXV,  p.  3)  renferme,  par  suite  d'une 
erreur  de  transcription,  tes  termes  Zn  et  ZnCl',  qui  ne  doivent  subsister  que  dans  la 
seconde  équation. 


(     1228     ) 

éthylique.  J'ai  entrepris  une  étude  générale  de  ces  phénomènes  de  contact 
et  cette  Note  a  pour  but  de  résumer  mes  premières  observations  et  les 
résultats  obtenus  sur  les  alcools  primaires  de  la  série  grasse. 

»  La  méthode  a  consisté  à  faire  passer  un  mélange  d'air  et  d'alcool  sur  une  spirale 
portée  au  rouge.  Le  dispositif  est  analogue  à  celui  que  j'ai  déjà  publié  (').  J'y  ai 
cependant  ajouté  quelques  modilications  qui  s-eronl  décrites  dans  un  Mémoire  plus 
complet.  A  côLé  de  cet  appareil,  j'en  ai  imaginé  un  second  qui  permet  d'étudier  l'oxy- 
dation des  alcools  par  le  noir  de  platine.  Il  consiste  en  une  série  de  tubes  en  U,  garnis 
de  fragments  de  pierre  ponce  auxquels  on  a  fait  absorber  du  noir  de  platine.  Les 
vapeurs  d'alcool  traversaient  ainsi  le  système  de  tubes  et  pouvaient  être  ultérieurement 
condensées  et  analysées. 

»  Le  point  important  sur  lequel  j'ai  fixé  mon  attention  est  la  délimitation 
nette  du  premier  terme  d'oxydation  pour  chacun  des  alcools  expérimentés, 
en  dehors  de  la  formation  de  produits  de  dissociation.  Si,  en  etîet,  on  fait 
passer,  par  exemple,  des  vapeurs  d'alcool  amylique  dans  un  tube  de 
cuivre  porté  au  rouge,  on  obtiendra  un  mélange  de  produits  pyrogénés  : 
ce  n'est  qu'exceptionnellement  que  l'on  pourra  trouver  le  premier  terme 
immédiat  et  normal  de  l'oxydation  de  cet  alcool.  Lorsqu'on  oxyde  l'alcool 
niélhylique  parla  spirale  de  platine,  on  obtient  non  seulement  de  l'altlé- 
hyde  méthylique,  mais  du  méthylal  et  une  certaine  quantité  d'autres  pro- 
duits. Il  y  a  donc  lieu  de  distinguer  les  corps  obtenus  par  ces  procédés  en 
produits  immédiats  d'oxydation  et  produits  de  dissociation  ou  de  désagré- 
gation. 

»  Un  certain  nombre  de  facteurs  exercent  une  action  sur  les  produits 
d'oxydation  d'un  mélange  d'air  et  de  va[)eur  d'alcool  ;  j'ai  pu  établir  la  na- 
ture de  quelques-unes  de  ces  variations  par  des  appareils  et  des  méthodes 
qui  seront  exposés  adleurs. 

»  Les  deux  premiers  alcools  de  la  série  ont  spécialement  servi  à  ce 
genre  d'étude.  Dans  tous  les  essais  on  a  constaté  la  présence  du  méthylal 
dans  le  cas  de  l'alcool  méthylique  et  de  l'acélal  dans  celui  de  l'alcool  éthy- 
lique. La  production  de  ces  combmaisons  a  lieu  surtout  à  température 
rouge  très  sombre.  Le  rendement  en  aldéhyde  augmente  avec  la  tempéra- 
ture, tandis  que  la  proportion  de  méthylal  ou  d'acétal  diminue.  En  élevant 
la  température  il  se  forme  des  quantités  considérables  d'acide  carbonique; 
on  se  trouve,  dés  lors,  en  présence  de  produits  de  pyrogénation. 

»  La  réaction  concernant  la  formation  des  acétals  est  réversible  :  en 


(')   Voir  WnKTZ,  Deuxième  supplément,  fasc.  .34,  p.  275. 


(  i2?9  ) 
faisant  passer  des  vapeurs  de  méthylal  ou  d'acétal  sur  la  spirale,  une  partie 
est  régénérée  à  l'élat  d'alcool  et  d'aldéhyde.  La  chaleur  due  à  cette  disso- 
ciation maintient  la  spirale  à  l'état  incandescent. 

I)  Contrairement  à  l'opinion  de  plusieurs  chimistes,  l'eau  n'est  pas  un 
obstacle  à  l'oxydation  des  vapeurs  d'alcool  par  l'action  catalytique  de  la 
spirale  de  platine.  Pour  le  prouver,  j'ai  déterminé  l'incandescence  d'une 
spirale  de  plaline  par  des  mélanges  de  vapeurs  d'eau,  d'alcool  et  d'air,  à 
des  températures  inférieures  à  200". 

»  Comme  certains  alcools  ont  un  point  d'ébullition  très  élevé  et  sont 
décomposables  à  cette  température,  j'ai  utilisé  cette  propriété  en  les 
entraînant  par  de  la  vapeur  d'eau  sur  la  spirale  de  platine. 

I  J'ai  démontré  aussi  dans  mes  expériences  ipie  l'alcool  éthylique, 
même  en  l'absence  d'air,  était  susceptible  de  donner  de  l'aldéhyde  acé- 
tique. 

»  L'élude  de  l'oxydation  des  alcools  primaires  par  le  noir  de  platine  et 
les  corps  poreux  au  lieu  de  la  spirale  de  platine,  a  prouvé  d'une  manière 
générale  que  ce  genre  de  réaction  se  limitait  de  préférence  à  la  formation 
de  l'acide  correspondant. 

»  Outre  les  alcools  méthylique  et  éthylique,  j'ai  appliqué  la  méthode 
aux  alcools  suivants  :  alcool  propylique  normal,  alcools  butylique  normal 
et  iso[)ropylique,  alcool  isoamylique,  alcool  heptylique  normal  et  alcool 
octylique  primaire. 

»  J'ai  pu  constater,  dans  les  produits  d'oxydation  de  tous  ces  alcools,  la 
présence  de  l'aldéhvde  correspondante,  que  j'ai  chaque  fois  caractérisée 
par  ses  constantes  physiques. 

»  Les  rendements  ont  varié  de  1,8  à  i5  pour  100;  je  fais  observer  que 
l'alcool  non  transformé  peut  être  régénéré  en  grande  partie. 

»   lies  conclusions  qui  se  dégagent  des  expériences  sont  les  suivantes  : 

»  1°  Tous  les  alcools  primaires  de  la  série  grasse  sont  oxydables  sous 
l'influence  (le  la  spirale  de  platine:  2°  on  peut  limiter  l'oxydation  à  l'al- 
déhyde correspondante  à  l'alcool  ;  3°  la  présence  d'eau  n'est  pas  un  obstacle 
à  l'oxydation,  elle  peut  même  la  favoriser;  4°  les  corps  poreux  et  le  noir 
de  platine,  d:ins  les  conditions  sous  lesquelles  j'ai  opéré,  donnent  par  oxy- 
dation les  acides  correspondants  plutôt  que  les  aldéhydes;  5°  la  formation 
des  acétals,  sous  l'influence  catalytique,  est  constante  au  moins  pour  les 
premiers  termes  de  la  série  grasse  :  en  outre  la  réaction  est  réversible.  » 


(     I23o    ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  la  substitution  du  blanc  de  zinc  à  la  cêruse 
dans  la  peinture  à  l'huile.  Note  de  M.  Ach.  Livache,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Dès  1782,  Guyton  de  Morveau  publiait,  dans  les  Mémoires  de  V Aca- 
démie des  Sciences,  un  travail  très  étendu  exposant  les  résultats  des 
recherches  qu'il  avait  effectuées  en  vue  de  perfectionner  la  peinture  à  l'huile, 
et  il  espérait  alors  que  le  blanc  de  zinc  pourrait  remplacer  la  céruse  «  dans 

»   la  peinture  des  appartements moins  pour  ajouter  un  nouveau  luxe  à 

»  ce  genre  d'ornement  que  pour  le  salut  des  ouvriers  et  peut-être  de  ceux 
»  qui  habitent  trop  tôt  des  maisons  ainsi  ornées  ».  Mais  c'est  en  vain  qu'en 
1786  et  en  1802  il  renouvela  ses  efforts  pour  arriver  à  cette  substitution. 
On  peut  encore  signaler  un  rapport  de  Fourcroy,  Berthollet  et  Vauquelin 
en  1808,  et,  enfin,  les  beaux  travaux  de  Chevreul  en  i85o,  à  la  suite  des 
résultats  obtenus  par  Leclaire,  Depuis,  la  question  a  été  souvent  reprise, 
mais  elle  n'a  pas  fait  de  progrès  sensibles  et,  jusque  dans  ces  derniers 
temps,  on  semblait  accepter  l'emploi  de  la  céruse  comme  imposé  par  les 
conditions  d'un  travail  satisfaisant  et  économique. 

»  En  présence  des  dangers  d'intoxication  saturnine  dont  des  enquêtes  récentes  ont 
montré  la  gravité,  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  lieu  de  faire  une  étude  méthodique  de  la 
question.  A  cet  effet,  j'ai  suivi  la  marche  suivante  :  j'ai  fait  préparer  par  un  ouvrier 
expérimenté  les  divers  produits  employés  dans  la  peinture  à  l'huile,  couleurs  et 
enduits,  à  base  de  céruse  et  à  base  d'oxyde  de  zinc,  puis,  prenant  les  premiers  comme 
types,  j'ai  recherché  au  laboratoire  les  causes  qui  rendaient  inférieurs  les  produits  à 
base  de  zinc.  Ces  causes  une  fois  déterminées,  j'ai  établi  des  formules  qui,  reprises 
par  l'ouvrier,  lui  ont  donné  des  résultats  identiques  aux  produits  à  base  de  céruse. 

»  Cette  étude  m'a  conduit  aux  règles  suivantes  : 

»  Pour  les  couleurs  à  l'huile  :  1°  Pour  des  poids  égaux  de  matières 
solides,  les  quantités  de  l'huile  totale  (huile  contenue  dans  le  produit 
broyé  +  huile  ajoutée)  doivent  être  dans  le  rapport  inverse  des  densités 
des  matières  solides  employées,  considérées  à  l'état  sec. 

»  1°  L'emploi  d'une  dose  modérée  de  siccatif,  soit  i  pour  100  de  l'huile 
totale,  fera  sécher  la  couleur  dans  les  limites  de  temps  imposées  par  la  pra- 
tique. Ce  résultat  sera  obtenu  avec  certitude,  sans  que  la  peinture  subisse 
aucun  jaunissement,  en  employant  un  siccatif  tel  que  le  résinate  de  man- 
ganèse, complètement  soluble  à  froid  dans  l'huile  et  d'une  énergie  remar- 
quable. 


(     I23l    ) 

»  3"  Avec  les  quantités  de  matières  solides  et  d'huile  indiquées,  le  pouvoir 
couvrant  d'une  couleur  à  base  d'oxyde  de  zinc  sera  le  même  que  celui  d'une 
couleur  à  base  de  céruse;  l'expérience  et  le  calcul  montrent,  en  effet,  que 
les  poids  des  matières  solides  déposées  seront  en  raison  inverse  des  den- 
sités de  ces  matières  solides  prises  à  l'état  sec;  elles  occuperont  donc  un 
même  volume  sur  une  surface  donnée. 

M  J'ai  également  étudié  les  enduits  formés  d'huile,  de  blanc  de  Meudon, 
de  céruse  ou  d'oxyde  de  zinc,  el  additionnés,  suivant  les  cas,  d'essence  de 
térébenthine.  Ces  enduits  sont  destinés  à  donner  un  fond  homogène  et 
uni  et,  surtout,  à  rendre  la  surface  du  plâtre  ou  du  bois  imperméable, 
afin  que  la  couleur  à  l'huile,  lors  de  son  application,  ne  subisse  aucune 
modification  de  composition  résultant  de  l'absorption  d'une  partie  de  l'huile. 

»  Les  enduits  sont  peut-être  la  cause  principale  des  intoxications  saturnines,  soit 
que  la  nécessité  du  travail  les  maintienne  en  contact  prolongé  avec  la  peau,  soit  que, 
par  le  ponçage  à  sec,  ils  se  dégagent  à  l'état  de  fines  poussières. 

»  En  comparant,  comme  pour  les  couleurs,  les  enduits  à  base  d'oxyde  de  zinc  aux 
enduits  à  base  de  céruse  préparés  par  un  ouvrier  suivant  ses  errements  habituels,  et 
pris  comme  types,  j'ai  déduit  les  règles  suivantes  : 

»  1°  Pour  les  enduits  gras,  le  rapport  du  poids  de  l'huile  au  poids  de 
l'ensemble  des  matières  soliiles,  chacune  de  celles-ci  étant  convertie  comme 
poids  en  blanc  de  Meudon,  d'après  le  volume  qu'elle  occupe,  est  repré- 
senté par  une  constante. 

»  2°  La  bonne  tenue  d'im  enduit  résultera  surtout  de  l'état  de  porosité 
des  substances  solides  qui  entrent  dans  sa  composition. 

»  3°  La  céruse  ou  le  blanc  de  zinc  n'ont  d'autre  rôle  que  de  servir 
d'excipient  pour  l'huile  que  le  blanc  de  Meudon  ne  peut  complètement 
retenir  par  suite  de  sa  porosité  insuffisante. 

))  L'expérience  montre,  en  effet,  qu'à  la  limite  le  carbonate  de  chaux 
précipité,  qui  est  d'une  finesse  et  d'une  porosité  extrêmes,  donne,  sans 
addition  de  céruse  ou  d'oxyde  de  zinc,  des  enduits  identiques,  comme 
tenue  et  application,  aux  enduits  à  base  de  céruse. 

M  4"  L'oxyde  de  zinc  pourra,  sans  inconvénient,  être  substitué  à  la 
céruse  dans  un  enduit  gras,  pourvu  qu'il  y  entre  à  une  teneur  suffisante, 
dont  il  est  facile  de  déterminer  le  minimum. 

»  5°  hes  enduits  maigres  elles  enduits  pour  moulures,  ces  derniers  devant 
être  appliqués  à  la  brosse,  peuvent  être  regardés  comme  dérivant  d'un 
enduit  gras,  rendu  plus  fluide  par  addition  d'une  quantité  déterminée 
d'huile  et  d'essence  de  térébenthine. 


(     1232    ) 

»  Les  objections  de  prix  de  revient  et  de  durée  moindre  ne  semblent 
pas  fondées;  pour  la  durée,  en  particulier,  elle  devient  sans  doute  identique, 
même  pour  les  travaux  extérieurs,  grâce  à  la  teneur  plus  forte  en  huile, 
qui  donnera  un  produit  plus  élastique  et,  par  suite,  moins  sensible  aux 
variations  de  température. 

»  Du  reste,  un  Mémoire  relatant  toutes  les  expériences  que  j'ai  exécutées 
en  collaboration  avec  un  de  mes  amis,  praticien  distingué,  M.  L.  Potain, 
et  qui  paraîtra  prochainement  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Encoujagement 
pour  l'Industrie  nationale,  donnera  les  compositions  et  les  prix  de  revient 
tie  tous  les  [)roduits  à  base  d'oxyde  de  zinc  que  nous  avons  obtenus  et  qui 
ont  été  reconnus  comme  donnant  entière  satisfaction  au  point  de  vue  de 
la  pratique,  tout  en  présentant  le  double  avantage  d'être  inoffensifs  et 
moins  altérables.  « 


ZOOLOGIE.    —    Le  cycle  évolutif  des  Orthonectides .  Note  de  MM.  Maurice 
Cacllery  et  Félix  Mesnil,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Nous  avons,  il  y  a  deux  ans,  dans  une  Note  préliminaire  (Co/nyO^e* 
rendus,  i3  février  1899),  fait  connaître  trois  espèces  nouvelles  d'Ortho- 
nectides  :  deux  d'entre  elles  (Rhopalura  Metchnikovi  et  Rh.  Julini)  sont 
dioïques,  avec  dimorphisme  sexuel;  la  troisième  diffère  notablement  îles 
précédentes  par  la  forme  très  allongée  du  corps  et  aussi  par  son  herma- 
phrodisme. Nous  avons  créé  pour  elle  un  genre  nouveau,  Stœcharthrum . 

»  Durant  les  étés  de  1899  et  1900  nous  avons  recueilli  de  nouveaux 
matériaux.  Nous  avons  revu  de  nombreux  exemplaires  de  nos  espèces  nou- 
velles et  nous  avons  étudié,  tant  à  Wimereux  qu'au  cap  de  la  Hague,  le 
Rhopalura  de  X Amphiura  squamala.  Enfin,  nous  avons  découvert  un  autre 
hôte  pour  les  Orthonectides.  C'est  un  Némerlien  du  sable  (voisin  de  Tetra- 
stemma  flavidum)  qui  vit  côte  à  côte  avec  Spio  Martinensis.  Comme  elle,  et 
dans  la  même  zone,  il  est  parasité  par  Rh.  Metchnikovi;  mais,  en  plus,  il 
renferme  d'autres  formes  rappelant  d'assez  près  (quoique  aynnt  des  carac- 
tères nettement  distincts)  les  formes  femelles  de  Rh.  Metchnikovi,  mais 
hermaphrodites  :  la  masse  ovulaire  (le  nombre  des  ovules  dépasse  vingt, 
alors  que  ce  chiffre  n'est  jamais  atteint  chez  Rh.  Metchnikovi)  porte  latéra- 
lement, vers  le  milieu  de  sa  longueur,  une  plage  spermatique. 

»  Nous  en  tirons  un  argument  nouveau  en  faveur  de  l'idée  que  nous  avons 
déjà  émise  que,  chez  les  Orthonectides,  comme  dans  beaucoup  d'autres 
groupes  du  règne  animal,  l'hermaphrodisme  se  greffe  sur  le  sexe  femelle. 


(   1233  ) 

»  Nous  insisterons  sur  tous  ces  faits  de  variété  sexuelle  dans  un  Mémoire 
détaillé.  Nous  voulons  aujourd'hui  appeler  l'attention  sur  la  manière  de 
comprendre  le  cvcle  évolutif  des  Orthonectides.  Dans  une  seconde  Note 
de  1899  (^Comptes  rendus,  20  février),  nous  avons  déjà  exposé  nos  idées 
à  cet  égard.  Mais  elles  reposaient  surtout  sur  l'étude  assez  complète  que 
nous  avions  faite  des  sacs  plasmodiaux  de  Slœcharthrum  Giardi,  espèce 
aberrante  dans  le  groupe;  nous  avons  depuis  cherché  à  étendre  nos  con- 
statations aux  autres  formes  que  nous  avons  eues  sous  les  yeux  et  en  par- 
ticulier à  Rh.  ophiocomœ.  Le  but  de  la  présente  Note  est  donc  de  tenter 
une  généralisation  de  nos  premiers  résultats. 

»  Toutes  les  formes  sexuées  d'Orlhoneclides  sont  toujours,  chez  l'animal  parasité, 
dans  des  masses  pliirinucléées  {sporocfstes  deGIaid,  Plasniodialschlaiic/ie  de  Metch- 
nikoll),  des  plastnodes  au  sens  précis  du  mot,  capables  de  s'accroître,  de  se  multi- 
plier par  fractionnement,  de  se  mouvoir  ('),  en  un  mot  doués  d'une  véritable  auto- 
nomie. Ce  sont  ces  plasmodes  qui  propagent  l'infection  dans  l'animal  parasité.  Ce 
sont  eux  qui  donnent  naissance,  par  voie  endogène,  aux  formes  ciliées  sexuées.  A  cet 
égard,  l'analogie  avec  les  sporocystes  des  Trématodes,  indiquée  par  Giard,  est  parfai- 
tement fondée. 

»  Une  couche  mince  de  protoplasme  s'individualise  autour  d'un  noyau;  une  cellule- 
germe,  de  très  petite  taille,  est  ainsi  constituée.  Tantôt  (c'est  le  cas  général),  cette 
cellule,  sans  accroissement  préalable,  se  divise  pour  donner  un  embryon.  Tantôt  (/?A. 
ophiocomœ)  ,  avant  toute  division,  il  y  a  une  période  de  croissance;  la  cellule-germe 
rappelle  alors,  par  sa  taille,  un  ovule  ;  mais  elle  en  diffère,  non  seulement  par  son  ori- 
gine, mais  encore  par  la  présence  constante  d'un  gros  nucléole  qui  manque  aux 
ovules  mûrs. 

.)  La  segmentation  des  cellules-germes,  égale  ou  subégale,  conduit  à  une  morula 
solide  qui,  par  dclamination  secondaire,  donne  une  planula  dont  la  couche  in- 
terne va  constituer  la  masse  génitale.  Nos  observations  nous  font  penser  que  ce 
processus,  bien  figuré  par  Melchnikoff  en  ce  qui  regarde  Rh.  Intoshi,  est  général. 
Il  existe  en  particulier  pour  le  mâle  de  Rh.  ophiocomœ  {cf.  Metchnikoff).  Pour  la 
femelle,  nous  sommes  d'accord  avec  Giard  et  Metchnikoff  pour  reconnaître,  comme 
stade  de  début,  une  blastula  dont  toutes  les  cellules,  formant  une  couche  unique, 
s'orientent  vers  le  centre  où,  quelquefois,  existe  une  petite  cavité.  Nous  n'avons 
jamais  observé  d'épibolie. 

»  Les  embryons  de  toutes  les  espèces,  aux  stades  de  segmentation,  s'accroissent  aux 
dépens  du  plasraode  qui  les  renferme;  en  règle,  chaque  cellule  d'un  de  ces  stades  est, 
à  elle  seule,  aussi  grosse  que  la  cellule-germe  du  point  de  départ.  Cet  accroissement 
s'arrête  sans  doute  quand  l'embryon,  bien  avant  d'être  adulte,  acquiert  des  cils;  alors 

(')  Nous  avons  observé  nettement  le  mouvement  pseudopodique  des  plasmodes  de 
Rh.  Metchnikoi'i,  chez  Tetrastemma,  confirmant  ainsi  les  observations  de  Metch- 
nikoff pour  ceux  de  Rh.  ophiocomœ. 

C.  li.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXMI,  N"  30.)  I  ^^9 


(   '^3^  ) 

les  liansl'orniations  consistent  en  un  étirement  du  corps  et  une  maturation  des  pro- 
duits génitaux. 

»  MetchnikofT  a  trouvé  que  certains  plasmodes  de  N/i.  Inloshi  renferment  à  la 
fois  des  mâles  et  des  femelles;  chez  Hh.  Metckniko^'i  et  probablement  aussi  chez 
Rh.  Julini,  cet  hermaphrodisme  des  plasmodes  est  la  règle  générale.  On  trouve  aussi 
des  plasmodes  hermaphrodiles  chez  RIi.  ophiocomœ,  comme  Kœhler  l'a  signalé  le 
premier,  et  comme  nous  l'avons  vérifié  à  la  fois  par  l'examen  à  l'état  frais  et  sur  des 
coupes  sériées;  mais  ils  sont  très  rares. 

»  Les  formes  sexuées  ciliées  ne  dérivent  donc  pas  directement  des  œufs  des  femelles 
mûres.  L'évolution  de  ces  oeufs,  en  règle  générale,  ne  doit  pas  se  faire  chez  l'animal 
parasité.  Il  est  vraisemblable  que  les  formes  sexuées  mûres  s'échappent  dans  le  milieu 
extérieur  et  que  c'est  dans  la  mer  qu'ont  lieu  la  fécondation  et  le  début  de  l'évolu- 
tion de  l'œuf  fécondé.  Puis,  sous  une  forme  encore  inconnue,  l'infection  de  nouveaux 
hôtes  a  lieu,  et  elle  se  manifeste  d'abord  par  les  plasmodes  qui  s'étendent  peu  à  peu 
de  proche  en  proche;  au  bout  d'un  certain  temps,  des  embryons,  puis  des  formes 
ciliées  apparaissent  à  leur  intérieur,  dans  la  région  centrale  d'abord. 

»  En  résumé,  le  cycle  évolutif  des  Orthonectides  comprend  au  moins 
deux  termes  bien  liistincts,  ayant  chacun  leur  individualilé  :  les  plasmodes, 
les  formes  ciliées  sexuées;  il  y  a,  si  l'on  veut,  alternance  de  générations. 

»  Les  deux  espèces  dioïques  que  nous  avons  fait  connaître  et  la  lih.  Intoshi 
de  Metchnikoff  n'ont  qu'une  seule  sorte  de  femelles;  la  Rh.  opluocomœ. 
fait-elle  exception  à  cette  règle?  Certainement,  il  existe  un  pléomor- 
phisme  des  individus  adultes  ou  paraissant  tels;  et  l'on  trouve  des  formes 
qui,  évidemment,  se  rapportent  aux  femelles  cylindrique  et  aplatie  de 
Julin.  Mais  les  différences  entre  ces  deux  sortes  d'individus  ne  sont  pas 
aussi  tranchées  que  l'indique  Julin;  en  particulier,  le  bourrelet  ectoder- 
mique  latéral  du  second  anneau  existe  chez  les  uns  comme  chez  les  autres; 
il  y  a,  en  plus,  des  intermédiaires  entre  ces  deux  foriïies  cxtrêtiies. 

»  Mais,  alors  même  qu'il  y  aurait  dimorphisnie  des  femelles,  nous  ne 
pensons  pas  que  l'une  soit  pondeuse  de  mâles  et  l'autre  de  femelles.  L'exis- 
tence de  plasmodes  hermaphrodites  et  l'origine  des  cellules-germes  s'op- 
posent formellement,  à  notre  sens,  à  l'acceptation  de  cette  manière  devoir. 

»  Et,  par  une  intéressante  coïncidence,  la  question  du  dimorphisme  des 
formes  femelles  de  Dicyémides  paraît  aussi  devoir  être  tranchée  par  la 
négative  à  la  suite  des  observations  précises  de  Wheeler  (/oo/og".  Anzeiger, 
avril  1899),  qui  ont  paru  peu  après  nos  premières  Notes. 

»  Avec  les  plasmodes  hermaphrodites  des  Orthonectides  et  la  cellule 
axiale  à  hermaphrodisme  successif  des  Dicyémides,  le  parallélisme  entre 
les  cycles  évolutifs  des  deux  groupes  reste  aussi  étroit  qu'il  semblait  l'être 
avec  les  conceptions  anciennes.  » 


(     12^5    ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  un  glucoside  caractérisant  la  période 
germinative  du  Hêtre.  INote  de  M.  P.  Tailleur,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Lorsqu'on  écrase  l'axe  liypocotvlé  d'un  Hêtre  en  germination,  on  per- 
çoit nettement  l'odeur  de  l'essence  de  Winlergreen.  Cette  essence  est 
constituée  presque  en  totalité  par  de  l'élher  méthylsalicylique.  On  sait  que, 
pour  l'obtenir,  on  distille,  en  présence  de  l'eau,  des  tiges  et  des  feuilles 
du  Gaultheria  procumhens  et  que  sa  production  est  due  à  l'action  d'une 
diastase  sur  un  glucoside. 

»  I^a  présence  d'un  ferment  soluble  et  d'un  glucoside  a  été  constatée 
chez  diverses  autres  plantes  :  dans  la  racine  des  Polygala  vulgaris  et  cal- 
carea,  (\es  Spirœa  Ulmaria,  S.  Filipendula  et  >S.  salicifolia;  dans  les  pétales 
et  les  feuilles  de  quelques  Azalea.  dans  l'écorce  du  Betula  lenta;  enfin, 
récemment  dans  le  Monotropa  Ilypopitys('). 

»  I^e  fait  que  j'ai  signalé  plus  haut  chez  le  Hêtre,  et  qui  n'avait  pas 
encore  été  constaté,  rend  probable  l'existence  de  semblables  corps  dans 
les  plantules  de  celte  espèce.  L'origine  de  l'éther  méthylsalicylique  y  serait 
la  même  que  chez  les  plantes  déjà  citées. 

))  Pour  rendre  cette  explication  certaine,  il  est  indispensable  de  mettre 
en  évidence  l'existence  d'un  glucoside  et  d'une  diastase  et  de  caractériser 
l'acide  salicyliqiie. 

»  Pour  isoler  le  glucoside  d'une  part  et  le  ferment  soluble  d'autre  part, 
j'ai  opéré  de  la  façon  suivante  : 

»  J'ai  fait  deux  lots  des  jeunes  Hêtres  recueillis.  Pour  le  premier  lot,  je  découpe, 
sans  les  écraser,  les  axes  hypocotylés  en  petits  fragments  que  je  fais  tomber  dans  de 
l'alcool  très  concentré,  à  gS"  au  moins,  bouillant.  Toute  diastase  susceptible  de 
dédoubler  un  glucoside  est  détruite.  L'ébullition  est  prolongée  pendant  une  vingtaine 
de  minutes,  puis  le  tout  est  maintenu,  pendant  vingt-quatre  heures,  à  une  température 
d'environ  5o°  au  bain-marie.  L'alcool  a  pu  ainsi  bien  pénétrer  dans  les  tissus  et 
dissoudre  complètement  le  glucoside.  On  filtre  et  l'on  fait  évaporer  le  liquide  douce- 
ment, à  une  température   ne  dépassant  pas  60°.  On  obtient  ainsi   un  glucoside  brun 


(')  BouRQCHLOT,  1°  Sur  la  présence  de  l'éther  méthylsalicylique  dans  quelques 
plantes  indigènes  {Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  1891);  2°  Sur  la  présence, 
dans  le  Monotropa  Ilypopitys,  d'un  glucoside  de  l'éther  méthylsalicylique  et  sur  te 
ferment  soluble  hydrolysant  de  ce  glucoside  (  Id.,  1896). 


(  1236  ) 

rougeâlre,  sirupeux,  qui  ne  possède  aucune  odeur  rappelant  l'essence  de  Wintergreen 
et  qui  contient  le  glucoside. 

»  Pour  le  second  lot,  je  triuire  les  axes  hypocotylés  dans  de  l'alcool  à  96°  froid  et 
les  y  laisse  macérer  quelques  heures.  J'exprime  le  jus  et  je  soumets  le  résidu  à  deux 
nouveaux  traitements  identiques.  Tout  le  glucoside  a  été  enlevé  par  l'alcool  et  la 
diastase  reste  dans  la  pulpe  obtenue.  Cette  pulpe  n'exhale  aucune  odeur  caracté- 
ristique. 

))  Si,  maintenant,  je  délaie  dans  quelques  gouttes  d'eau  une  petite  quantité  de 
l'extrait  sirupeux  obtenu  avec  mon  premier  lot  de  plantes,  et  que  j'y  ajoute  une 
pincée  du  résidu  fourni  par  le  second  lot,  j'obtiens  immédiatement  l'odeur  caracté- 
ristique de  l'essence  de  "Wintergreen,  c'est-à-dire  de  l'éther  méthylsalicylique. 

»  En  outre,  ce  mélange  contient  du  glucose,  car  il  réduit  très  énergiquement  la 
liqueur  de  Fehling. 

»  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  l'on  est  en  présence  d'un  glucoside  qui 
a  été  dédoublé  par  une  diatase.  Ce  glucoside  est  vraisemblablement  le  même 
que  celui  du  Gaultheria procumhens. 

»  Il  est  facile  de  déceler  l'existence  de  l'acide  salicylique  dans  la  plan- 
tule  de  Hêtre  écrasée  au  contact  de  l'eau  :  on  broie  les  axes  hypocotylés  avec 
quelques  gouttes  d'eau,  et  on  laisse  macérer  deux  ou  trois  heures,  puis  on 
ajoute  une  certaine  quantité  d'eau  et  l'on  distille.  Le  produit  obtenu  émet 
très  nettement  l'odeur  du  salicylate  de  méthyle. 

»  Pour  mettre,  chimiquement,  ce  produit  en  évidence,  on  ajoute  à  la  liqueur  dis- 
tillée quelques  gouttes  d'une  lessive  de  soude  qui  produit  la  saponification  de  l'éther. 

>)  Si  l'on  veut  obtenir  une  saponification  complète,  il  faut  avoir  soin  de  prolonger 
l'action  pendant  au  moins  vingt-quatre  heures  à  une  température  d'environ  Se".  On 
ajoute  ensuite,  goutte  à  goutte,  de  l'acide  sulfurique  pour  neutraliser  la  soude  et  rendre 
la  liqueur  légèrement  acide. 

»  L'acide  salicylique  étant  ainsi  mis  en  liberté,  on  traite  alors  quelques  centimètres 
cubes  de  cette  liqueur  par  le  perchlorure  de  fer;  on  voit  apparaître  une  belle  colora- 
tion violette.  Cette  réaction  est  caractéristique  de  cet  acide. 

»  D'autre  part,  la  même  liqueur,  traitée  par  l'éther  ordinaire,  abandonne  à  cet  étlier 
tout  l'acide  salycilique.  Par  évaporation  lente  et  spontanée  de  ce  dissolvant,  on  obtient 
l'acide  sous  forme  cristalline.  En  dissolvant  dans  de  l'eau  une  trace  de  ces  cristaux  et 
faisant  agir  le  perchlorure  de  fer,  on  reproduit  la  même  coloration  violette. 

»  Le  glucoside  du  Hêtre  se  forme  au  début  de  la  germination,  car  il 
n'existe  pas  dans  la  graine,  et  il  ne  tarde  pas  à  disparaître,  dès  la  première 
année,  quand  la  plantule  est  arrivée  à  un  certain  développement.  Il  est 
localisé  dans  l'axe  hypocotylé  et  aussi  un  peu  dans  le  sommet  de  la  racine.  Il 
n'existe  pas  dans  les  cotylédons,  pas  plus  que  dans  les  tiges  et  les  feuilles 
ordinaires. 


(  1237  ) 

»  On  peut  donc  dire  que  la  présence  de  ce  corps  caractérise  la  période 
£;ermi native  du  Hêtre. 

M  Or,  on  sait  que  pendant  la  germination  les  substances  nutritives  des 
cotylédons  se  rendent  dans  l'axe  hypocotvlé  où  elles  sont  transformées 
avant  de  servir  au  développement  de  la  plante.  On  sait  aussi  que  le  rapport 
du  volume  d'acide  carbonique  émis  au  volume  d'oxygène  absorbé  s'abaisse 
beaucoup  pendant  la  germination,  de  sorte  qu'il  y  a  oxydation. 

»  Ces  faits,  dans  le  cas  particulier  du  Hêtre,  semblent  en  corrélation, 
d'une  part  avec  la  localisation  du  glucoside  dans  l'axe  hypocotylé,  d'autre 
part  avec  l'existence  de  ce  corps,  limitée  à  la  période  germinative. 

»  En  résumé,  la  plantule  du  Hêtre  contient  un  glucoside  et  une  diastase 
qui,  sous  l'action  de  l'eau,  donnent  naissance  à  de  l'ether  niélhyisalicylique  et 
à  du  glucose  assimilé  par  la  plante. 

»  Cette  réaction,  localisée  dans  l'axe  hypocotylé,  ne  se  produit  ni  dans 
la  graine,  ni  dans  la  plantule  âgée. 

»  La  formation  de  l'èlher  méthylsalicylique  est  donc  caractéristique  de  la 
période  germinative  du  Uêtre.    » 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  la  classification  pétrographique  des  schistes  de  Casanna 
et  des  Alpes  valaisannes.  Note  de  M.  L.  Dupahc,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Les  études  que  je  poursuis  depuis  |)lusieurs  années  sur  les  schistes  de 
Casanna  du  Valais  m'ont  permis  de  distinguer  un  certain  nombre  de  types 
qui  se  retrouvent  fréquemment  dans  la  formation,  et  dont  je  résumerai 
brièvement  les  caractères  : 

»  1.  Micaschistes  et  gneiss  à  mica  blanc.  —  Ces  roclies,  très  cristallines,  forte- 
ment micacées,  souvent  miroitantes  et  satinées,  sont  généralement  de  couleur  claire; 
clans  les  variétés  gneissiques,  elles  sont  souvent  glandulaires.  Elles  sont  formées  par 
la  réimion  d'une  miiscovite  en  lamelles  plus  ou  moins  larges,  avec  des  grains  de 
quartz.  Souvent  les  lamelles  de  mica  sont  uniformément  réparties  parmi  les  grains 
quartzeux;  d'autres  fois,  des  lits  quartzeux  alternent  avec  d'autres  micacés;  d'autres 
fois  encore,  quand  le  mica  domine,  le  quartz  grenu  se  dispose  volontiers  en  lentilles. 
Le  développement  d'orthose  ou  d'albite  fait  passer  cette  roche  au  gneiss,  le  feldspath 
paraît  alors  s'être  développé  après  les  autres  éléments  qu'il  empâte,  il  forme  des  glan- 
dules  qui  enserrent  les  lamelles  de  mica. 

»  Le  rutile,  en  fines  aiguilles  màclées  et  terminées,  est  disjjersé  partout;  la  chlorite 
figure  fréquemment  comme  élément  accessoire,  de  même  que  le  grenat  incolore,  l'épi- 
dote,  la  magnétite,  et  plus  souvent  le  sphène  et  la  hornblende.   Ces  roches,  comme 


(  1238  ) 

d'ailleurs  loiiles  celles  de  ladite  formalioii,  présentent  toujours  de  très  beaux  plissot- 
tements  microscopiques. 

»  2.  CIdorito-schistes  et  gneiss  chloriteux.  —  Ce  sont  des  roches  vertes,  très 
schisteuses,  dont  les  éléments  constitutifs  sont  généralement  la  chlorite,  le  quartz  et 
le  spliène.  Leur  structure  est  assez  variée.  En  général,  la  chlorite  en  lamelles  vertes, 
serrées,  dessine  une  espèce  de  réseau  qui  emprisonne  de  petits  grains  de  quartz, 
tandis  que  le  sj.hène  est  distribué  dans  toute  Ja  masse.  D'autres  fois,  lorsqu'il  y  a 
développement  d'albite,  les  plages  irrégulières  et  dentelées  du  feldspath  sont  encas- 
trées dans  une  masse  verte,  formée  exclusivement  de  chlorite  avec  développement  de 
quelques  gros  cristaux  d'épidote  ;  le  sphène  manque  alors  ou  est  fort  rare. 

»  3.  Schistes  et  gneiss  chlorilo-micacés.  —  Ces  roches,  comme  faciès,  rappellent 
beaucoup  les  micaschistes  et  y  sont  étroitement  liées.  La  chlorite  s'y  développe  en 
abondance,  et  devient  un  élément  constitutif  aussi  important  que  la  muscovite.  Elles 
sont  d'habitude  largement  cristallisées,  et  formées  soit  par  des  zones  quartzeuses  et 
chlorito-micacées  qui  alternent,  soit  par  une  masse  schisteuse,  formée  par  la  répartition 


égale  de  ces  divers  minéraux. 


»  Quand  i'orlhose  ou  l'albile  s'y  développent,  c'est  toujours  sous  forme  de  cristal 
glandule,  englobant  à  la  fois  la  chlorite  et  la  muscovite,  et  fréquemment  surchargé  de 
petits  grenats  incolores.  Le  rutile  en  fines  aiguilles  affecte  dans  ces  roches  la  même 
disposition  que  dans  les  micaschistes. 

»  h.  Schistes  calcaréo-micacés  et  clilorileiix.  —  Ils  se  rattachent  aux  caté^^ories 
qui  précèdent,  mais  s'en  distinguent  par  la  présence  de  la  calcite  qui  peut  y  devenir 
exceptionnellement  abondante.  Ils  se  composent  d'une  réunion  schisteuse  de  grains  de 
quartz,  de  calcite,  de  lamelles  de  muscovite  et  de  chlorite,  avec  ou  sans  feldspalhs.  La 
calcite  est  disséminée  régulièrement  parmi  les  éléments,  ou  s'accumule  sur  certains 
points.  L'épidote  n'est  point  rare,  le  sphène  est  abondant  dans  les  variétés  chlori- 
teuses. 

»  5.  Schistes  amphiholiques.  —  Ces  derniers  paraissent  jusqu'à  présent  plutôt 
rares  dans  la  formation.  Ils  sont  constitués  par  l'association  de  petits  prismes  de 
hornblende  vert  bleuâtre  très  polychroïque,  avec  des  grains  d'épidote  et  un  peu  de 
quartz.  La  hornblende  est  de  beaucoup  l'élément  qui  prédomine,  le  sphène  n'est 
point  rare,  le  feldspath  (orthose  ou  albile)  s'y  rencontre  aussi  en  petits  grains. 

»  G.  Sc/nsles  à  glaucophane.  —  Ces  belles  roches  se  rencontrent  fréquemment 
dans  le  complexe  si  varié  des  schistes  de  Casanna,  elles  présentent  des  types  pélro- 
graphiques  assez  difTérenls.  Le  plus  fréquent  est  une  roche  finement  grenue  ou  mieux 
fibreuse,  grisâtre  ou  légèrement  violacée  par  places,  qui  sous  le  microscope  est  formée 
par  l'association  intime  de  glaucophane,  d'épidote,  de  sphène,  de  muscovite  et  de  cal- 
cite. La  glaucophane  est  exceptionnellement  abondante  dans  cette  variété  et  forme  au 
moins  les  3o  pour  loo  de  la  roche. 

»  Des  zones  riches  en  glaucophane  alternent  avec  d'autres  chargées  d'épidote  mêlée 
à  de  la  muscovite  et  de  la  chlorite;  toute  la  masse  schisteuse  est  zébrée  de  traînées 
continues  de  produits  ferrugineux  opaques.  Le  sphène  est  concentré  en  lentilles  sur 
certains  points. 

»  Un  autre  type  moins  fréquent  montre  la  glaucophane  associée  à  de  la  chlorite  qui 
forme  le  canevas  de  la  roche.  Les  cristanx  de  glaucophane  sont  alors  disséminés  dans 


(  I^%  ) 

la  masse  chloriteuse,  en  compagnie  de  gros  grains  de  sphène,  de  prismes  tréjjidole  eL 
de  grandes  plages  d'albile  empâtant  les  éléments  précités. 

»  Un  troisième  type,  enfin,  montre  la  roche  formée  en  majorité  par  de  grands 
prismes  d'épidole  réunis  par  du  quartz.  La  glaucophane,  rare  dans  ce  type,  se  pré- 
sente en  longs  prismes  envelop[)és  de  cliloiite  et  de  muscovite. 

»  7.  Schistes  à  chloriloide.  —  Ils  paraissent  assez  rares  et  sont  comme  structure 
très  analogues  aux  micaschistes.  Ils  sont  formés  par  une  masse  schisteuse  et  froissée 
de  grains  de  quartz,  de  lamelles  de  chlorite  d'un  vert  foncé  et  de  muscovite  qui, 
comme  structure,  rappelle  absolument  les  schistes  chlorito-niicacés.  Le  chloriloïde  en 
cristaux,  màclés,  très  polychroïques,  d'un  vert  bleuâtre,  est  disséminé  partout.  H  n'est 
point  très  abondant. 

»  Les  ditïérenls  types  que  je  viens  d'indiquer  peuvent  être  considérés 
comme  principaux;  ils  sont  accompagnés  d'une  foule  de  variétés  ou  de 
formes  transitoires  moins  importantes  et  surtout  moins  fréquentes.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.    —  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux. 
Note  de  MM.  Bokdier  et  Gilet,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Lorsqu'on  a  soumis  un  tissu  vivant,  par  exemple  une  tumeur  érectile, 
à  l'électrolyse  pendant  un  certain  temps,  on  voit  apparaître,  si  l'on  ren- 
verse le  courant,  certains  phénomènes  qu'on  ne  rencontre  pas,  dans  les 
mêmes  conditions,  avec  les  électrolytes  ordinaires. 

»  Ce  sont  ces  phénomènes  que  nous  étudions,  et  nous  nous  sommes 
adressés  tout  d'ahord  à  des  tissus  morts.  Nous  avons  employé  successive- 
ment les  méthodes  monopolaire  et  bij)olaire,  en  nous  servant  d'aiguilles  de 
(lifiérents  métaux,  les  uns  ne  se  laissant  pas  attaquer  pendant  l'électrolyse, 
les  autres  au  contraire  se  laissant  ilissoudre. 

»  1°  Aiguilles  en  platine.  —  Dans  une  première  série  d'expériences  on  a  utilisé  un 
courant  de  5o  railliampères  pendant  cinq  minutes,  soit  une  quantité  d'électricité  de 
i5  coulombs. 

»  Au  bout  de  ce  temps,  le  courant  était  interrompu,  la  polarité  des  aiguilles  était 
ensuite  renversée,  puis  le  courant  était  fermé  de  nouveau,  sans  toucher  au  rhéostat. 
Nous  avons  alors  constaté,  chaque  fois,  que  l'intensité  monte  immédiatement  à  5i  ou 
02  milliarapères,  [tour  descendre  presque  aussitôt  et  brusquement  (en  quatre  à  cinq 
secondes)  à  i  ou  2  milliampéres. 

»  En  même  temps,  on  note  la  disparition,  au  niveau  des  aiguilles,  des  bulles 
gazeuses  ([ui  s'y  formaient  pendant  le  passage  du  courant  primitif;  à  la  place,  on 
remarque  de  nombreuses  petites  étincelles  accompagnées  de  fumée  ayant  l'odeur  de 
viande  grillée.  Si  l'on  veut  ensuite  retirer  les  aiguilles,  on  trouve  qu'elles  sont  adhé- 


(     I2/|0    ) 

renies  au  lisbu;  une  coupe  faite  dans  un  plan  passant  par  la  direction  de  cliaque 
aiguille  nionlie  l'existence  d'une  ligne  jaunâtre  entourée  d'une  zone  d'action  chi- 
mique, zone  d'aspect  variable  suivant  le  pôle  correspondant  à  l'aiguille,  blanchâtre  au 
pôle  positif,  brunâtre  et  d'aspect  colloïde  au  pôle  négatif. 

»  En  mesurant  la  force  électromotrice  de  polarisation  créée  par  le  passage  du  cou- 
rant primitif,  nous  l'avons  trouvée  égale  à  0,0294  volt. 

»  2"  Aiguilles  en  mélaux  attaquables  (cuivre,  fer,  zinc).  —  Les  résultats  obtenus 
différent  des  précédents  :  quand  le  courant  a  été  renversé,  on  voit  toujours  disparaître 
le  liquide  qui  s'était  formé  pendant  le  passage  du  courant  primitif  autour  de  l'aiguille 
positive. 

»  Dans  certains  cas,  où  l'intensité  primitive  était  de  3.5  milliampères,  on  a  constaté, 
après  le  renversement,  une  intensité  de  36  milliampères  qui  descendait  à  11  milliam- 
pères,  puis  remontait  à  36  milliampères  au  bout  de  quelques  minutes  :  dans  ces  cas-là, 
le  liquide  formé  autour  de  l'aiguille  positive  ne  disparaissait  pas  complètement. 

)i  Nous  avons  alors  repris  nos  expériences  avec  des  aiguilles  de  platine  et  nous  avons 
placé,  après  le  renversement  du  courant,  une  goutte  d'eau  autour  de  l'aiguille  posi- 
tive; aussitôt  l'intensité  remontait,  puis  retombait  à  2  milliampères.  Mais  si  l'eau 
ajoutée  est  en  plus  grande  quantité,  le  courant  remonte  à  sa  valeur  primitive  et  s'y 
maintient  à  peu  près. 

M  Cette  expérience  pi'ouve  que  la  condition  nécessaire  pour  que  le  cou- 
rant ne  subisse  pas  une  chute  sensible  après  le  renversement,  c'est  la 
présence  constante,  au  niveau  des  aiguilles,  d'un  électrolyte  en  quantité 
suffisante  pour  imprégner  les  tissus.  >< 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  formaùon  de  V  urée  par  l'oxydation  de  l'albu- 
mine à  l'aide  du  persulfate  d'ammoniaque.  Note  de  M.  L.  Hugounexq, 
présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Eu  poursuivant  les  recherches  dont  j'ai  déjà  entretenu  l'Académie  sur 
l'oxydation  par  les  persulfates  alcalins  de  quelques  principes  immédiats  de 
l'organisme,  j'ai  été  amené  à  étudier  l'action  de  ces  sels  sur  l'albumine  de 
l'œuf. 

»  A  de  l'albumine  dissoute  dans  l'eau  qu'on  maintient  ammoniacale  pendant  toute 
la  durée  de  l'opération,  on  ajoute  peu  à  peu  du  persulfate  d'ammoniaque,  la  tempéra- 
ture du  liquide  ayant  été  portée  à  90"  environ.  Dans  une  expérience  on  a  fait  réagir, 
sur  78''  d'albumine,  100'''  de  persulfate,  ce  qui  correspond,  pour  une  molécule  d'albu- 
mine, aux  616  molécules  d'oxygène  nécessaires  pour  faire  subir  à  l'albumine  une 
combustion  complète  en  C0%  H^O,  Az,  et  SO*IP. 

»  Quand  la  réaction  est  terminée,  on  évapore  et  l'on  ajoute  au  résidu  un  grand  excès 
d'alcool.  Ce    dernier,   séparé   par    fillralion  du  sulfate  d'ammoniaque  puis  distillé, 


(  124.  ) 

laisse  un  magma  cristallin  d'où  l'on  extrait  l'urée  par  l'alcool  étliéré.  On  purifie  l'urée 
en  la  transformant  en  nitrate  qu'on  décompose  par  la  méthode  habituelle  pour  régé- 
nérer l'urée. 

»  L'urée  ainsi  obtenue  a  été  caractérisée  par  ses  propriétés  physiques, 
son  point  de  fusion  i3i°,  ses  réactifs  ordinaires  (hypobromite,  azotate 
mercurique,  acides  nitrique  et  oxalique),  et  par  un  dosage  d'azote. 

»   Pour  oS'',209i   de  matière,  on  a  obtenu  os',6-44  de  platine  du  chloroplatinate, 

soit,  en  centièmes  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  Cll'Az-0. 

Az 46, 5 1  46,66 

»  La  quantité  d'urée  obtenue  varie  avec  les  conditions  de  l'expérience  et 
principalement  suivant  les  poids  de  ])ersulfate  employé.  J'ai  pu  isoler 
jusqu'à  5  parties  d'urée  pour  100  d'albumine  oxydée. 

»  La  production  d'urée  par  l'oxydation  in  vitro  des  matières  protéiques 
fut  annoncée  pour  la  première  fois  par  Béchamp,  en  i856  (');  ce  savant  se 
servait,  comme  source  d'oxygène,  du  permanganate  de  potasse.  Ses  résul- 
tats, d'abord  contestés  par  de  nombreux  auteurs,  furent  pleinement  con- 
firmés par  Ilofmeister  qui,  en  1896,  mettait  hors  de  doute  la  présence 
d'une  certaine  quantité  d'urée  dans  les  produits  de  la  réaction  du  perman- 
ganate sur  l'albumine.  Je  viens  d'établir  que  les  persulfates  alcalins,  eux 
aussi,  détruisent  les  albumines  en  donnant  de  l'urée. 

»  La  formation  de  l'urée  par  oxydation  in  vitro  des  matières  protéiques 
est  donc  un  fait  définitivement  acquis  et,  semble-t-il,  d'ordre  général.  Bien 
qu'on  ne  puisse  pas  conclure  des  actions  brutales  de  nos  réactifs  à  la  bio- 
chimie cellulaire,  il  est  bien  difficile  de  ne  pas  attribuer  à  l'oxydation  une 
part  dans  la  genèse  intra-organique  de  l'urée.  Sans  doute,  il  est  démontré 
aujourd'hui,  depuis  les  travaux  de  M.  Armand  Gautier,  que  l'hydrolyse  des 
matières  protéiques  est  un  facteur  de  l'tu'éopoïèse;  mais  la  production  si 
facile  de  l'urée  par  oxydation  des  albumines  et,  d'un  autre  côté,  l'impor- 
tance des  procès  oxydants  dans  l'économie  autorisent  à  penser  aussi  qu'une 
fraction  non  négligeable  de  l'urée  physiologique  doit  son  origine  à  l'action 
de  l'oxygène  sur  les  albumines  des  aliments  et  des  tissus.   » 


(')  Anit.  de  Chim.  et  de  Phys.,  t.  XLVIII,  p.  348;  i856. 

C.  R.,    1901,  1"  Semestre.  (T.  CWXII,  N"  20.)  itio 


(     12/(2    ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE .  —  NoineUes  observations  sismologiques  faites  à  Grenoble. 
Note  de  M.  W.  Kilia\,  présentée  par  M.  Michel  Lé\y. 

«  Les  appareils  sismogiaphiquesile  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble 
(sismographe  avertisseur  Kilian-Paulin  et  sismographe  Angot)  ont  enre- 
gistré, ces  derniers  temps,  plusieurs  secousses  intéressantes  à  divers  titres. 

»   T.a  phis  importante  vient  d'avoir  lien  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  Le  i3  mai  1901,  à  8''3r"3o*  du  malin  (lieure  de  Paris),  se  produisit  un  des 
ébranlements  les  plus  forts  qui  aient  été  enregistrés  à  Grenoble  depuis  une  douzaine 
d'années.  Cette  secousse  actionna  non  seulement  l'appareil  avertisseur  Kilian-Paulin, 
mais  aussi  le  sismographe  Angot,  dont  les  graphiques  accusèrent  une  déviation  brusque 
de  9°"",  5  pour  le  pendule  oscillant  de  l'est  à  l'ouest,  déviation  de  5"'">  pour  le  pendule 
se  déplaçant  du  sud  au  nord.  D'après  le  sismographe  Kilian-Paulin,  la  direction  de 
l'ébranlement  était  nettement  S.O.-N.E.  11  n'y  a  pas  eu  d'oscillation  verticale. 

»  La  secousse  a  été  ressentie  par  un  certain  nombre  d'habitants  de  Gienoble, 
notamment  par  M.  Fournier,  correspondant  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  de 
Droit  de  l'Université,  qui  nous  en  a  donné  une  attestation  écrite.  Les  suspensions  ont 
oscillé  d'une  façon  très  sensible  dans  les  appartements.  Mais  c'est  dans  le  déjwr- 
tement  de  la  Drôme  que  ce  séisme  a  été  perçu  avec  le  plus  d'intensité.  Le  Lyon  rcpu- 
blicain  et  le  Nouvelliste  de  Lyon  du  i/J  mars  rapportent  que  le  tremblement  de  teire 
du  i3  mars  a  été  vivement  ressenti  à  Valence,  Aousie,  Crest,  Saillans,  IMontélimar. 
Des  rensein-nements  particuliers  nous  apprennent  qu'il  en  a  été  de  même  à  Vesc  et  à 
Dieulefit.  Dans  toutes  ces  localités,  le  phénomène  a  débuté  entre  Si"  20'"  et  8'>25'"  du 
matin.  D'après  les  habitants,  sept  ou  huit  oscillations  ont  été  perçues;  à  Crest,  les 
maisons  ont  vacillé,  les  meubles  se  sont  déplacés,  les  cloches  de  l'horloge  munici- 
pale ont  tinté;  à  Saou.un  rocher  s'est  effondré  et  a  détruit  six  maisons;  à  Saillans,  un 
bruit  sourd  aurait  été  entendu  et  des  tonneaux  se  sont  mis  à  rouler  sur  le  quai  de  la 
«are.  A  Valence  on  aurait  constaté,  au  moment  où  s'est  produit  le  pliénoniène,  une 
brusque  et  notable  élévation  de  température.  D'après  ce  qui  précède,  l'épicentre  de  ce 
séisme  était  situé  sur  le  bord  de  la  chaîne  des  Alpes,  dans  les  environs  de  Crest  et  du 
massif  de  la  forêt  de  Saou;  les  secousses  se  seraient  propagées  jusqu'à  Grenoble  en 
suivant  la  zone  extérieure  des  Alpes  (chaînes  subalpines).  Ce  tremblement  de  terre 
rentre  par  conséquent  dans  la  catégorie  des  Iremblenienls  de  terre  tectoniques  ('). 

(M  Les  séismes  locaux  ont  été  depuis  deux  ans  relativement  fréquents  dans  les 
Alpes  françaises. 

C'est  ainsi  que,  le  i"  mars  1900,  des  secousses  ont  été  ressenties  dans  les  Basses- 
Alpes  et  ont  donné  lieu  aux  observations  suivantes  :  Le  jeudi  i-^''  mars  1900,  à  Sis- 
teron  (Basses-Alpes),  on  a  ressenti  deux  secousses  séismiques. 

D'après  M.  Tardieu,  pharmacien,  le  phénomène  a  suivi  la  marche  suivante  : 

«   Direction    apparente    des    mouvements    de    la    première   secousse  :    N.O.-S.E. 


(    '243  ) 

»  Indépendamment  de  ce  séisme,  qui  paraît  avoir  été  localisé  dans  la 
région  du  Sud-Est  ('),  les  appareils  de  notre  Faculté  ont  enregistré  cet 
hiver  des  secousses  lointaines  à  propagation  rapide  dont  l'importance  et  la 
signification  paraissent  plus  générales.  Je  signalerai  les  suivantes  : 

»  1°  Le  24  novembre  1900,  à  8''3()"' (  lieiue  de  l'aris)  du  malin,  le  sismographe  aver- 
tisseur signalait  une  secousse  de  direction  N.-S. 

))  D'après  une  conimunication  de  la  station  sismologique  de  Strasbourg,  ce  même 
ébranlement  a  été  enregistré  à  Hambourg,  à  Laibach  et  dans  plusieurs  stations 
d'Italie;  en  réduisant  les  indications  horaires  à  l'heure  de  l'Europe  centrale,  la  station 
de  Strasbourg  a  dressé  le  Tableau  suivant  pour  le  début  du  phénomène  : 

»  Grenoble,  9'' 10'"  (^  S'" 20'",  heure  de  Paris);  Laibach,  q'mo'"  enviion;  Pola, 
9''8'"3»;  Casamicciola,  gi-S'^'iS^;  Batavia,  9''i5'"8'. 

»  2°  Le  35  décembre  1900,  à  5''28™3o''  (heure  de  Paris)  du  matin,  le  sismographe 
avertisseur  Kilian-Paulin  accusait  une  secousse  dirigée  N.E.-S.O. 

))   D'après  la  station  sismologique  de  Stiasbourg,  ce  même  ébranlement  a  été  enre- 


(5''37"'  du  malin,  heure  de  Paris).  Quant  à  la  deuxième  secousse,  deux  à  trois  mi- 
nutes plus  tard,  le  mouvement  paraissait  venir  de  bas  en  haut,  de  l'intérieur  de  la 
terre  à  la  surface  de  la  croûte  terrestre.  Il  ne  m'a  pas  paru,  dit  M.  Tardieu,  qu'il  y  eût 
d'oscillations  horizontales.  Durée  de  la  première  secousse  :  environ  cinq  secondes.  » 
A  Digne  (Basses-Alpes),  M.  Ziircher,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées, 
indique,  le  même  jour,  une  première  secousse  à  5''5o"'  du  matin  (heure  de  Paris),  et 
une  deuxième,  plus  faible,  trois  ou  quatre  minutes  après. 

«  Tout  le  monde,  dit-il,  a  ressenti  le  mouvement  à  Digne,  mais  il  n'y  a  pas  eu  de 
dégâts;  chez  moi,  les  sonnettes  n'ont  pas  retenti  et  quelques  fissures  de  plafonds  n'ont 
pas  joué;  une  tuile  a  laissé  tomber  quelques  éclats. 

»  Les  secousses  ont  été  très  nettement  accompagnées  d'un  bruit  analogue  à  celui 
d'une  rafale  de  tempête,  .\utant  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte,  l'ondulation  était  à 
peu  près  dirigée  suivant  le  méridien.   » 

Ces  phénomènes  ont  été  purement  locaux,  car  le  séismographe  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Grenoble  n'a  enregistré,  ce  jour-là,  aucune  secousse. 

Il  s'agit  là  encore  d'un  tremblement  de  terre  tectonique  qui  est  demeuré  localisé 
très  nettement  au  voisinage  des  lignes  de  contact  anormal  qui  limitent  les  écailles 
de  refoulement  décrites  par  MM.  Haug  et  kilian  entre  Gap  et  Digne  et  qui,  en  dehors 
de  cette  région  disloquée,  a  été  à  peine  sensible. 

Le  26  décembre  1900,  les  journaux  ont  signalé,  à  Chambéry,  une  forte  secousse 
séismique  accompagnée  d'un  brinl  sourd  qui  n'a  eu  d'action  ni  sur  le  séismographe 
de  Grenoble  ni  sur  celui  de  Genève.  Celte  secousse,  de  direction  N.E.-S.O.,  aurait 
eu  lieu  à  n''i5"'  du  soir  et  aurait  été  observée  par  un  grand  nombre  de  personnes. 

(')  Il  ne  nous  est  pas  encore  parvenu  de  renseignements  sur  les  observations  qui 
ont  pu  être  faites  dans  les  stations  étrangères  relalivemeut  à  la  secousse  du  i3  mai. 


(    1244    ) 

^islré  à  Holienlieitn,  à  Pola,  a  Laibach,  à  Casamicciola  et  dans  loules  les  slalions 
ilalieniies,  ainsi  qu'à  Batavia,  aux  heures  suivantes  (début  du  phénomène)  : 

»  Grenoble,  G'Mg'^g''  (heure  de  l'Europe  centrale)  [=3  5''28'"3o*  (heure  de  l'aris)]; 
HoluMihoim,  6''i6™49';  Pola,  6'^i6"'4'';  Laibach,  6''i7"'i  i';  Casamicciola,  G''iG"'4o''; 
Batavia,  6''i5"',o. 

»  11  est  facile,  d'après  ces  données,  de  calculer  la  vitesse  de  propagation  de  ces 
ondes  séismiques. 

»  A  rencontre  des'  séismes  locaux  et  tectoniques  susmentionnés,  ces  dernières 
secousses  n'ont  été  perçues  par  personne  et  n'ont  été  accompagnées  d'aucun  liruil. 

»  La  station  sismologiqiie  de  Grenoble  est  la  seule  en  France  qui  enre- 
gistre régulièrement,  non  seulement  les  ébranlements  locaux,  mais  des 
secousses  lointaines.  Il  serait  à  désirer  qu'elle  soit  pourvue  des  ressources 
nécessaires  à  l'entretien  et  au  développement  de  son  outillage;  la  création 
d'autres  stations  analogues  en  France  permettra  seule,  du  reste,  de  tirer 
des  indications  qu'elle  donne  tout  le  parti  possible,  en  fournissant  le  moyen 
de  calculer  exactement  la  vitesse  de  propagation  des  ébranlements  de  la 
croûte  terrestre  dans  les  différentes  régions  de  notre  territoire  et  en  four- 
nissant le  moyen  de  distinguer  d'une  façon  précise  les  séismes  locaux  à 
épicentre  limité  des  vibrations  générales  afTectant  de  grandes  portions  de 
l'écorce  du  globe.  » 

M.  S.  Kaxtou,  en  réponse  à  une  Communication  de  M.  Enriqucs  du 
4  février  dernier,  adresse  une  courte  Note  dans  laquelle  il  rappelle  qu'il  a 
cité  le  Travail  de  M.  Enriques  dans  un  Mémoire  paru  au  mois  de  janvier 
dans  V American  Journal. 

M.  E.  DuMESxiL  adresse  une  Note  sur  «  un  procédé  de  détermination  de 
la  densité  des  corps  solides  ». 

M.  A.  Netter  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Fonctionnement  du 
cerveau  dans  l'évolution  de  la  parole  intérieure  ». 

M.  Frédéric  ÏIessei.grex  adresse  un  Mémoire  sur  la  gamme  musicale. 

La  séance  est  levée  à  4  lieures  trois  quarts. 

G.   D. 


(  i24.'5  ) 


BCI.LETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  biîçls  DA^s  la  séa:sce  du  i3  mai   igoi. 

Recherches  sur  les  instruments,  les  méthodes  et  le  dessin  topographique,  par 
le  Colonel  A.  Laussedat.  Membre  de  l'Instilut  ;  l.  II,  I"  Partie  :  Iconomd- 
trie  et  Métrophoto graphie.  Paris,  Gauthier-Yillars,  1901;  i  vol.  in-8". 
(Hommage  de  l'Aiileur.) 

Coup  d'œil  rétrospectif  sur  la  lunetterie,  précédé  de  recherches  sur  l'origine 
du  verre  lenticulaire  et  sur  les  instruments  servant  à  la  vision,  par  Joseph 
RouYER.  2*  cdilion.  Paris,  chez  l'Auteur,  1901  ;  i  vol.  in-8°.  (Présente  par 
M.  Cornii.) 

Matériaux  d'étude  topnlogique  pour  l'Algérie  et  la  Tunisie,  2*  série. 
(Cahiers  du  Sen-ice  géographique  de  l'Armée,  n"  14.)  Paris,  impr.  du  Ser- 
vice géographique  de  l'Armée,  1901;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  le  Géné- 
ral Bassot.  ) 

Mémoires  de  la  Société  zoologique  de  France,  année  1900,  t.  XIII.  Paris, 
1900;  I  vol.  iri-8". 

Société  de  Médecine  légale  de  France.  Bulletin;  t.  XVI,  F*  Partie.  Cler- 
niont  (Oise),  impr.  Daix  frères,  1899;  i  vol.  in-S". 

Mémoires  publiés  par  la  Société  nationale  d'Agriculture  de  France, 
».  CXXXIX.  Paris,  Chamerot  et  Renouard,  1901;  i  vol.  in-8°. 

Société  nationale  d' Agriculture  de  France.  Séance  publique  annuelle  du 
icf  décembre  1900.  Paris,  Chamerot  et  Renouard,  1901  ;  1  fasc.  in-8°. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Rouen,  pendant  l'année  1899-1900.  Rouen,  Cagniard;  Paris,  A. 
Picard,  1901;  i  vol.  in-S". 

Journal  du  Pétrole  et  des  industries  qui  s'y  rattachent.  Rédacteur  en  chef  : 
Henry  Neuburger.  i"  année,  n"  1,  mai  1901.  Paris;  i  fasc.  in-4". 

The  norvegian  nor-lli  polar  expédition,  1893- 1896.  Scienti/ic  resulls,  edited 
bv  Fridtjof  Nansen;  vol.  II.  Christiania,  London,  Leipzig,  1901  ;  i  vol. 
in-4''.  (Présenté  par  S.  A.  le  Prince  de  Monaco.) 

The  oyster  reefs  of  North  Carolina,  a  geological  and  économie  sttidy,  by 
Caswell  Grawe .  (Exlr.  de  The  Johns  Uoplàns  University  Cirvulars,  n°  151, 
avril  igoi.  ) 


(     1246    ) 


Ouvrages  reçus  DA^s  i,a  séance  du  20  mai   1901. 

Inauguration  du  Monument  de  François  Quesnay  et  Vie  de  Quesnay,  ]);ii'  F. 
LoRiN.  Versailles,  impr.  Aubert,  1900;  i  vol.  iii-8°.  (Présenté  par  M.  J. 
Chatin.  Hommage  de  l'Aiitciir.) 

De  r Hypcrthermie  dans  la  fièvre,  essai  de  Calorimélrie  clinique,  |)ar  le  D"'E. 
BoNNioT.  Paris,  G.  Carré  et  C.Naud,  1900;  i  fasc.  in-8°.  (Pour  le  Concours 
(lu  prix  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Maladies  des  Femmes  (avec  7 1  figures),  par  le  D"'  Pot.aillon.  Paris,  Octave 
Doiu,  iqoi  ;  i  vol.  in-8°.  (Pour  le  Concours  du  prix  Montyon,  Médecine 
et  Chirurgie.)  (Présenté  par  M.  Lannelongue.) 

Les  Vins  de  1900  et  la  Règle  alcool-acide,  par  Rouault.  Grenoble,  impr. 
G.  Dupont,  s.  (!.;  1  fasc.  in-i2. 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale,  publié  sous  la 
direction  du  CiOnseil  d'Administration;  3*  série,  t.  XV,  l'^livraison,  1901. 
Congrès  international  des  Mines  et  de  la  Métallurgie;  travaux  du  Congrès. 
Saint-Étienne;  1  vol.  in-8"  et  (atlas)  i  fasc.  in-f". 

Les  variations  de  longueur  des  glaciers  dans  les  régions  arctiques  et  boréales, 
par  Charles  Rabot,  2*^  partie;  public  sous  les  auspices  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique  de  France.  Genève  et  Bàle,  Georg  et  C'*,  1900; 
I  vol.  iu-8°.  (Envoi  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts.) 

Azimut  e  coordinate  piane;  appUcazione  aile  triangolazioni,  prof.  G. 
Delitala.  Turin,  1897;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Hatt.  Hommage  de 
l'Auteur.) 

Notes  cliniques  sur  la  fièvre  quarte,  par  le  D*"  Emile  Legrain.  Gand,  impr. 
E.  Van  der  Haeghen,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Cinq  Opuscules  relatifs  à  la  Météorologie;  par  V.  Alberti.  (Extraits  de 
I\end.  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  Fisiche  e  Malernatiche  di  Napoli.) 

Neue  Cassagebarung  uiul  Verrechnung  im  Transportdienste  der  Eisenbah- 
nen,  ein  Vorschlag  von  Johann  Scholle.  Chrudim,  1901;  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Sveriges  offentliga  hibliolek  :  Stokholm,  Upsala,  Lund,  Gôteborg.  Accessions- 
katalog,  iL\,  1899;  utgifven  af  kongl.  biblioteket  genom  Emil  Havermann. 
Stockholm.  1901;  i  vol.  in-8°. 

Rergens  Muséum.  Meeresfauna  von  Bergen,  redigeret  von  D''  A.  Appellof; 
Heft  I.  Bergen,  John  Grieg,  1901  ;  i  fasc.  in-8". 


(     124?    ) 

Eighteenth  anniial  Report  of  the  Board  of  Trustées  of  the  public  Muséum  oj 
thecity  of  MUwaukee,  seplember  i'',  1^99,  to  ai/gust  '5i'\  1900.  Milwaukee, 
1900;   I  fuse.  in-8°. 

Verôffcntlichang  fies  kônigl.  preussischen  geodàlischen  Institules,  iieiie 
Folge,  11°  5.  Astronomiscli-geodàtische  Arbeilen  I.  Ordnung  :  Bestiminungder 
Làgeiidifferenz-  Polsdam-liukarest,  iin  Jahre  1900.  iîerlin,  P.  Slankiewicz, 
I  90  I  ;  I  fasc.  in-4". 

Rapport  sur  l' activité  du  Bureau  central  de  l'Association  géodésique  interna- 
tionale en  \C)oo,  avec  le  programme  des  travaux  pour  l'exercice  1901.  Lei^le, 
impr.  E.-J.  Brill,  1901  ;  1  f'asc.  in-4°. 

Monthly  weather  Review;  vol.  XXIX,  n°  1  ;  prof.  Cleveland  Abbe,  edilor, 
jaimarv,  1901  ;  prepared  iin-ler  llie  direction  of  Willis-L.  Moore,  Cliirt 
U.-S.  Wealher  Bureau.  Washington,  1901;  i  fasc.  in-4". 

Memorias  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  exactas,  fisica  y  natwales  de 
Madrid;  t.  XIK,  fasciculo  1.  Obras  malactUogicas  de  .T. -G.  Hidalgo, 
parle  III  :  Descripciôn  de  las  moluscos  recogidos  por  la  Comisiôn  cientijica 
enviada  por  el  Gobierno  Espahol  a  la  America  méridional.   Madrid,   189'j- 

1900;  I  vol.  in-4". 

Rendicunti del  Circolo  malematico  di  Palernv) ;  \P  XV,  fasc"  1  e2,  anno  190 1. 

I^alerme;   i  fasc.  in-8". 

Memoric  ddla  Sociclà  degli  Spettroscopisli italiani,  raccolle  e  pubblicate  per 
cura  dei  prof.  I'.  Tacchini  ed  A.  Riccô;  Vol.  XXX,  dispensa  l*e2*.  Calane, 
1901  ;  2  fasc.  in-4°- 

Archives  italiennes  de  Biologie,  revues,  résumés,  reproductions  des  tra- 
vaux scientifiques  italiens,  sous  la  direction  de  A.  Mosso  ;  t.  XXXV,  fasc.  I . 
Turin,  llerniann  Loescher,   1901;  1  fasc.  iii-8". 

Bulletin  delaSociété  Vaudoise  des  Sciences  nalurelles,  4*  série,  Vol.  XXXVl, 
n"  13S,  el  Vol.  XXXVII,  n"  139.  Lausanne,  F.  Rouge,  1900-1901;  2  vol. 
in-8". 

Verhandluuge/}  der  k.  k.  zoologisch-bolanischen  Gesellschaft  ui  Wien, 
redigirl  v.  A.  Handi.iksch;  Bd  H,  ileft  1,  Jahigang  1901.  Vienne,  1901; 
1  fasc.  in-8". 

Die  Erdbebenwarte,  Monatsschrifl,  herausgegeb.  v.  Albin  Bearl;  zweite 
Auflage,  Jahrgang  I,  Nr.  1,  April  i9or.  Laibacli,  im  SelbsLverlage  des 
Herausgebers;  1  fasc.  in-8". 


(  i:'4B  ) 


ERRATA. 


(Séance  du    i3  mai   1901.) 
Note  de  M.  H.  Pellat,  Sur  une  expérience  d'oscillation  électrique  : 

Page  1179,  ligne  i4,  au  lieu  de  II  —  ^^  ■  ■  ■],  lisez  (  1  —  -jj  •••  )• 

Note  de  M.  René  Paillot,  Perméabilité  des  aciers  au  nickel  dans  des 
champs  intenses  : 

Page  1181,  ligne  33,  colonne  II,  au  lieu  de  3220,  lisez  8240. 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER- VII.LÂRS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  liebdomadaires  paraissent  rogulièreineiU  le  Dwmnrlu-.  Ils  loiiiient,  à  la  fin  do  l'année,  deux  volumes  in-4''.  Deux 

Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  [lar  ordre  aliihabéiique  de  noms  d'Autours,  lorminenl  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

et  part  du  i"  Janvier.  .      ,    „  , 

Le  prix  de  l  iibonncmcnl  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Dopai  temenls  .  30  fr.  —  Union  poslalc  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chei  Messieurs  : 
yigen Ferran  Irères. 

1  Chaix. 
Atger (  Jourdan. 

(  Ruff. 
Amiens Courtin-Hecquet. 

I  Germain  etGrassiD. 
*"«'" j  Gastineau. 

Bayonnt Jérôme. 

Besançon Régnier. 

,  Feret. 
Bordeaux j  Laurens. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

j  Derrien. 

F.  Robert. 

Brest {  „,  ,. 

Oblin. 

'  Uzel  frère». 

Caen Joiian. 

Chambéry Perrin. 

„i     £  l  Henry. 

Cherbourg ,, 

(  Marguene. 

(  Juliot. 
Clermont-Ferr...     „ 

(  Bouy. 

I  Nourry. 

Di^on j  Rate). 

IRey. 

„  ;  Lauveriat. 

Douai !  ■■ 

(  Degez. 

„        . ,  i  Drevet. 

Grenoble V, 

(  Gralier  el  C*. 

La  Rochelle Koucher. 

.     „  1  Bourdienon. 

Le  Havre '  ,   " 

(  Dombre. 

,  ,,  1  Thorez. 

Lille ) 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  ' 

,  I  Bauinal. 

Lorient 

(  M"'   I  ex  1er. 

;  Bernoux  el  Cumin. 

\  Georg. 

lyon (  Elïantin. 

Savy. 

Ville. 

I  Marseille . .      Kual. 

\  Valat. 

\  Coulel  el  lils. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Montpellier . 


!  Nantes 

m  ce. .  . 


Moulins Marlial  Place. 

i  Jacques. 
Nancy !  Grosjean -Maupin. 

!  Sidol  frères. 

I  Guist'han. 

i  V'eloppé. 

(  Barnia. 

'  Appy. 

Ntmes Tbibaud. 

Orléans    Luzeray. 

i  Blanchier. 
Poitiers... ,,      , 

(  Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"")- 

I  Langlols. 

\  Lestringanl. 
S'-Étienne Chevalier. 

J  l'onleil-Burles. 

/  Kuiiièbe. 

■(  Gimct. 
■  I  Privât. 

,  Boisselier. 
Tours Péricat. 

'  Suppligeon. 

\  Giard. 

)  Lemaltre. 


Rouen. 
S'-Étie 
Toulon . . . 

Toulouse. 

Tours 

Vatenciennes. 


chez  Messieurs  : 

,  .  (  Feikema    Caarelsen 

.imsterdam 

(      et  C". 

Ithènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

j  iVsher  et  C". 

„     ,.  1  Dames. 

Rerim „  .    ., 

.  Friedlander   el   fils. 

f  Mayer  el  Muller. 

Berne Schuild  Francke. 

Bologne Zauiclielli. 

iLamerlin. 
MayolezetAudiarle. 
Lebégue  et  C*. 

l  Sotchek  et  C°. 

Bûchai  est i  I     1 

(  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Dcighton,  BellelC". 

Christiania CaiiinierMieyer. 

Constantiiiople.  .     Ollo  Keil. 

Copenhague Hosl  el  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

,  Chcrbuliez. 
Genève Georg. 

(  Slapelmohr. 

La  Haye ,  Belinfanle  frères. 

i  Benda. 

Lausanne ,  „        .     .   „., 

'  Payol  el  L". 

Barlh. 

\  Brockhaus. 

Leipzig (  Lurent/.. 

I  Max  Kube. 

,  Twietmeyer. 

,  Desoer. 
^'^^« iGnusé. 


chez  Messieurs  : 

iDulau. 
Hachette  et  C". 
Nutt. 
Luxembourg .    ..     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  G'-. 

Madrid I  R"""»  y  Fussel. 

I  Capdeville. 
(  F.  Fé. 

Milan !'^°'='=a  f'""- 

I  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Naples (Marghieridi  G,u,. 

\  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Ne>v-rork j  Slechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  el  Moiiii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  l  Bocca  frères. 

Rome , 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

„    .  ,  1  Zinserling. 

S^^Petersbourg..^^^^^^ 

/  Bocca  frères. 

I  Brero. 

Tuiin (_ , 

j  Clausen. 

(  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wollf. 

Vérone Drucker. 

i  Frick. 

Vienne „       ,  ,    .  „, 

(  Gerold  et  C'v 

Ziirich Meyer  el  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  l"  a  31.        (  J  Août  iS5")  à   li  Décembre  iSJo.  )  Volume  in-4"  ;  '8-ri.  Prix. 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  -  '  i"  Janvier  i85i  à  Ji  Décembre  i865.)  Volume  in-j";  iBjo-  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"'  Janvier  iSOG  à  :ii  Décembre  i88o.)  Volume  in-4";  iSSç).  Piix 15  fr. 

Tomes  92  a  121.  —  (,  i"  Janvier  i88i  à  3i  Décembre  iSgâ.)  Volume  in-4";  l'joo.  Prix 15  Ir. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  :  ,    ^  ,     ,  j      o         ,    , 

Tome  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la    Physiologie   des  Algues,   par   MM.  A.   D.bués  et  A.-J.-J.   Sou,,a.    -  ^'^'>'^:f';;:^^^'"^^^J^:^';;;::: 
qu'éprouvent  les  Comeles,  parAL  H ansen.  -  Mémoire  sur  le  Pancréas  el  sur  le  rôle  du  sue  pancréat.que  dans   les  phenou.eues  d.gesUfs,  paU.cuUexement^dans 

la  digestion  des  matières   grasses,  par  M.  Claude  Bi;«naru.  Volume  in-4»,  avec  3a  planches;  i85G .■■■    ■■•„■.■■••■■;•:;■■■■■ 'g^''''.';,'^  "^^i^ig  j 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers    intestinaux,  par  AL   P.-J.  Van  Bi.^.u...  -  Essai  d'une  réponse  à  la  quesl.on  de  ^Z'''  P^°P^„     .^^'^^  'i^  /,'  „  '^^^Z^'^;;  ; 
sciences  pour  le  concours  de  .83.3,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  d.slnbut.on  des  ^^^I^.^^TJ^^^^^^^^^^^ 
.  terrains  séd.menlaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Discuter  la  question   de  leur  appar.t.on  ou  de  leur  d.spaut  on    "«c™  -  s,m    ta  é 
«Rechercher   la   nature   des    rapports   qu.   existent  entre  l'état  actuel  du  régne   organique    et    ses  états  ,„icneur,>.,   par    M.    le    Professeur    Bbo-.n.  ^^   ,^^ 
avec   27  planches;   iStii 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences^i^^^^TMé,^^  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  20. 

TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance     du    20    mai     1901.) 


AIË^lOIRES  ET  COMMUXICATIOXS 

DKS   MRMBIÎKS   ET    DES   CORUESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 
\1.  le  PliÉsiDKNT  ;innoncc  à   l'Acailéiiiie  que, 
en   raison   des    ft-tes    de  la  Penlecùle.   la 
séance    du   lundi    >7  mai  sera   remise   au 
mardi  aS mn 


Pages. 
M.    J.    Janssex.  Sur    l'éclipsé   totale   du 

1 8  courant l 'JOi 

M.  Tu.  SuiiLŒSi.NU  .,—  Recherches  sur  l'état  de 

l'alumine  dans  des  terres  végétales i:!0.'i 


NOMINATIONS. 


.M.  LwiîH.^Nest  élu  Membre  dans  la  .Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  pour  remplir  la 
place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Po- 
taiii 


M.M.  M.\sc.\HT  et  B.^ssOT  sont  élus  Membres 
de  la  Commission  de  vérification  des 
comptes  pour  l'année  1900 i2i.i 


CORRESPONDANCE . 


.M.  le  Si:i:Kiir  Air.E  l'ERfKlUiiL  sii;nale  :  1"  Un 
ouvrage  de  M.  Ju/es  Garnier  :  «  Nou- 
velle-Calédonie (côte  orientale)));  3"  Une 
brochure  de  M.  Fcrnand  Delisle  :  "  La 
Montagne  Noire  et  le  col  de  Naurouzo  •. . 

M.  G.  rSifiouuD.ÎN.  —  Sur  l'éclipsé  du  qua- 
trième salellile  de  Jupiter,  observée  à  Paris 
le  17  mai  1901 

M.  M.  LuiZET.  —  Observations  d'éclats  de  la 
Nova  Pcrsée 

M.  Léon  Autonxe.  —  Sur  les  groupes  réi;u- 
liers  d'ordre  fini 

M.  L.-C.  DE  COPPET.  —  Sur  les  abaissements 
moléculaires  de  la  température  du  maxi- 
mum de  densité  de  l'eau  produits  par  ladis- 
solution  des  chlorures,  bromures  et  indurés 
de  potassium,  sodium,  rubidium,  lithium 
et  ammonium;  rapports  de  ces  abaisse- 
ments entre  eux 

M.  PiEiuiE  I.EFEViiE.  —  \lco<ds  Cl  Carbure 
de  calcium 

MM.  Cu.  ■Mouiucu  et  II.  Uksmots.  —  Sur  la 
condensation  des  carbures  acétyléniques 
vrais  avec  l'aldébyde  forniiquc;  sjnthé^e 
d'alcools  primaires  acétyléniques 

M.  P.  I'reundlek.  —  Action  des  chiurures 
acides  sur  les  élhers-oxydesen  présence  du 
zinc 

M.  J.-A.  Trillat.  —  Oxydation  des  alcools 
primaires  par  l'action  de  contact 

lill.l.liTI.N    Dinl.lOGllM'lUOlIli 

EuilATA 


121") 
i:>i6 


•18 


M.  Acii.  LivAcHE.  —  Sur  la  substitution  du 
blanc  de  zinc  à  la  cérusedans  la  peinture 
à  l'huile i;!.3o 

MAL  Maurice  Caullery  et    Félix  Mesxil. 

Le  cycle  évolutif  des  Orlhonectides. . . .    i2'J2 

M.  P.  Tailleur.  —  Sur  un  gUicoside  carac- 
térisant la  période  germinativc  du  Hètrc..    i  îS'i 

M.  L.  DuPAUo.  —  Sur  la  classification  pétro- 
graphique  des  schistes  de  Casanna  et  des 
Alpes  valaisannes l'S^ 

MM.  BoRDiKR  et  Gilet.  —  Sur  l'éleetrolyse 
des  tissus  animaux i23(| 

M.  L.  lIuGouxENQ.—  Surlaformalionde l'urée 
par   oxydation  de   l'albumine   à   l'aide  du 

persulfale  d'ammoniaque jî:jo 

.M.  \V.  KiLiAN.  —  Nouvelles  observatiops  sis- 
mol  ogiques  faites  à  Grenoble ji^t 

.M.  S,  Kantor.  en  réponse  à  une  Communica- 
tion de  I\L  Knrifjues  du  4  février  dernier, 
rappelle  iju'il  a  cité  le  Travail  de  M.  En- 
riqucs  dans  un  Mémoire  de  VAtnerican 
Journal ujj'i 

M.  li.  DuMESNiL  adresse  une  Note  sur  u  un 
procédé  de  détermination  de  la  densité  des 
corfis  solides  » ^'Vt 

jM,  A.  Neiter  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  :  c<  Konctionncment  du  cerveau  dans 
l'évolution  de  la   parole   intérieure  d 

M.    FuEDiiRif:   Hksselqren   adresse   un    Mi 
moire  sur  la  gamme  musicale 


12  il 


2-i8 


PARIS. 


—  IMPKIMIÎKIE     G\UTII(H:R-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Au;:uslin^,   -ii 

1^  Cerant  .' *>*iiiHiBH-ViLL.hS- 


^^N  22  1901 


1901 

PREMIER  SEaiESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  Mil.   IiBS  SKORÉTAIRES   PBRPÉTVEEiS. 


TOME   CXXXII. 


N^  21  (28  Mai  1901). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDDS    DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

yiiai  des  Grands-Augustins,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
■  r Académie,  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  voïume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*' .  —  Impression  des  tramux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 

ou  parun  associéétrangerdel'Académiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans  1 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
;-rt  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  eu  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta, 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  w 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  tramux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personni^ 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'.Aci 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'unre 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres,  qui  présentent  ces  Mémoires  sor 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomme 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtrai 
autant  qu'Us  le  jugent  convenable,  comme  ils  lefon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ofE 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
-  ^  Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,!' 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  estinséré  dans  le  Compterenéi 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  régleinentaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rap|)ort  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


1     if    i-cue  la  séance,  avant  a  .  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


fjCj     AOUJ 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE   DU   MARDI  28  MAI    1901. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVSJ 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instructiox  publique  adresse  l'ampliation  du  Décret 
par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  faite  par 
l'Académie  de  M.  Laveran,  pour  remplir  la  place  laissée  vacante  dans  la 
Section  de  Médecine  et  Chirurgie  par  le  décès  de  M.  Potain. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Laveran  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  CXXX 
des  Comptes  rendus  de  l' Académie  des  Sciences  est  en  distribution  au  Secré- 
tariat. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  21.)  l6l 


(     I25o    ) 

M.  le  Sec  bêtaire  perpétuel  présente  : 

Les  «Annales  Célestes  du  dix-septième  siècle  »  âeA.-G.  Pingre,  Ouvrage 
publié  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences  par  M.  G.  Bigotirdan  ; 

Le  Tome  XII  de  la  F*  Série  des  «  OEuvres  complètes  à' Augustin  Cauchy  » , 
publiées  sous  la  direction  scientifique  de  l'Académie  des  Sciences  et  sous 
les  auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.  Le  Tome  XII 
renferme  une  Table  générale  de  la  1'^  Série. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  parallaxe  du  Soleil;  par  M.  Bouquet  de  la  Grte. 

(Extrait.) 

«  Nous  avons  donné,  le  ii  décembre  1899,  la  valeur  (8", 80)  de  la 
parallaxe  du  Soleil,  obtenue  au  moyen  des  heures  des  contacts  du  disque 
de  Vénus  avec  celui  du  Soleil,  enregistrés  par  les  missions  françaises 
de  1882. 

»  L'approximation  de  ce  chiffre  a  été  de  un  centième  de  seconde  d'arc, 
résultat  que  l'on  considérait  comme  désirable. 

»  Indépendamment  de  ces  observations  directes  faites  dans  onze  sta- 
tions, cinq  d'entre  elles  ont  obtenu  un  grand  nombre  d'épreuves  photo- 
graphiques prises  pendant  la  durée  du  phénomène,  et  l'on  comptait  utiliser 
les  données  qui  en  pouvaient  être  tirées  pour  avoir  un  nouveau  chiffre 
offrant  cet  avantage  de  pouvoir  être  soumis  ultérieurement  à  un  contrôle 
permanent. 

»  Au  moment  où  commencèrent  les  mesures  des  plaques,  on  doutait  de 
l'exactitude  de  la  méthode  des  contacts,  les  missions  étrangères  de  1882, 
ainsi  que  celles  de  1874,  avaient  donné  des  chiffres  non  concordants,  et 
l'emploi  de  la  photographie  paraissait  être  le  seul  moyen  d'avoir  avec 
exactitude  cette  valeur  de  t;,  base  de  notre  système  planétaire. 

»  J'ai  donc  dû  apporter  la  plus  grande  précision  dans  les  mesures  des 
plaques  et,  comme  je  l'ai  indiqué  antérieurement  ('),  le  contour  du  Soleil 
a  été  déterminé  au  moyen  de  64  visées  (faites  à  l'aide  d'une  machine  de 
Brunner  donnant  le  micron)  et  celui  de  Vénus  au  moyen  de  24  pointés. 

))  Ces  chiffres,  corrigés  de  la  déformation  de  l'appareil  optique  (qui 
grandissait  l'image  du  Soleil  de  manière  à  lui  donner  un  diamètre  de 
120""°),  de  la  réfraction,  des  corrections  des  échelles,  etc.,  ont  servi  à 


(')   Comptes  rendus,  3  novembre  i884- 


(     I25l     ) 

déterminer  les  équations  des  ellipses  satisfaisant  du  mieux  possible  à  tous 
ces  pointés. 

»  On  a  obtenu,  par  suite,  les  coordonnées  des  centres  des  deux  astres, 
d'où  la  possibilité  d'avoir  leur  distance. 

»  La  comparaison  de  ces  distances  mesurées  et  calculées  dans  les  di- 
verses stations  devait  fournir  un  nombre  énorme  de  valeurs  de  la  parallaxe 
et,  par  suite,  une  moyenne  très  approchée  de  sa  valeur. 

»  Les  calculs  relatifs  à  la  station  du  Mexique,  qui  a  fourni  le  plus  grand 
nombre  de  plaques  utilement  mesurables,  étant  terminés,  nous  avons  pensé 
qu'il  serait  intéressant  de  se  servir  de  ces  seules  mesures  pour  avoir,  par 
la  méthode  de  la  parallaxe  de  hauteur,  procédé  qui,  je  crois,  n'a  pas  en- 
core été  utilisé,  une  valeur  de  tz. 

»  M.  Arago,  notre  collaborateur  à  Puebla,  avait  eu  34o  épreuves  photo- 
graphiques sur  lesquelles  278  ont  été  considérées  comme  satisfaisantes. 

))  Chaque  plaque  a  été  l'objet  de  deux  études  faites  par  des  observateurs 
différents,  et  chaque  mesure  a  été  calculée  deux  fois,  de  sorte  que  la  véri- 
fication a  été  aussi  complète  que  possible. 

»  Dans  le  Mémoire  dont  ceci  est  un  résumé,  j'indique  les  précautions 
prises  pour  l'obtention  des  plaques,  les  durées  des  poses  en  millièmes  de 
seconde,  la  détermination  exacte  de  l'heure,  etc. 

»  Puis  viennent  des  Tableaux  pouvant  servir  à  corriger  les  pointés  de  la 
réfraction. 

))  Le  détail  d'une  mesure  faite  sur  une  plaque  est  ensuite  donné,  ainsi 
que  le  procédé  suivi  pour  avoir  l'équation  de  l'ellipse  la  plus  probable. 

»  Il  faut  ensuite  faire  entrer  le  résultat  final,  c'est-à-dire  la  distance 
mesurée  D„  entre  les  centres  des  deux  astres,  dans  l'équation 

S  dr:  -(-  sini)  d?>  -+-  cos5  dcc  —  dp  dz  d^'  —  -^  rfL  =  D„  —  D,., 

dans  laquelle  S  =  AcosAcosL-f- BsinAsinL -i- CsinA,  ainsi  qu'il  a  été 
indiqué  par  M.  Puiseux  dans  les  Connaissances  des  Temps  de  1873  et  de 
1876.  Des  Tableaux  ont  été  calculés,  d'ailleurs,  de  minute  en  minute  pen- 
dant toute  la  durée  du  phénomène,  donnant  les  valeurs  de  S,  de  sin3, 

cos;),  -j-  et  de  D^,  de  manière  à  pouvoir,  par  une  simple  interpolation, 

obtenir  pour  l'heure  exacte  de  l'obtention  de  la  plaque  les  valeurs  corres- 
pondantes à  D„. 

»   On  a  pu  ainsi  former  pour  la  station  de  Puebla  278  équations  qui,  ré- 


(     1252    ) 

solues  parla  méthode  de  substitution  de  Cauchy,  ont  fourni  pour  la  valeur 
de  ch  le  chiffre  de  —  o",074. 

»  Comme  on  était  parti  pour  tous  les  calculs  d'une  valeur  de  la  pa- 
rallaxe égale  à  8",  86,  celle  ainsi  déterminée  à  nouveau  serait  8",  79. 

»  Ce  résultat  serait  tout  à  fait  remarquable  si  l'approximation  était  de 
un  centième  de  seconde  d'arc,  comme  nous  l'avons  obtenue  par  la  méthode 
des  contacts,  mais  elle  n'est  ici  que  de  o",o45. 

M  Ce  résultat  ne  peut  donc  rien  ajouter  à  la  valeur  du  premier,  mais  il 
fait  préjuger  de  l'approximation  que  l'on  obtiendra  en  utilisant  des  plaques 
prises  au  nord  et  au  sud  de  l'équateur. 

»  Nous  croyons  intéressant  de  donner  ici  les  valeurs  moyennes  des  me- 
sures faites  sur  le  Soleil  et  sur  Vénus  pour  la  station  de  Puebla. 

»  Nous  n'y  avons  pas  compris  les  dimensions  de  Vénus  lorsque  la  pla- 
nète était  engagée  dans  le  disque  du  Soleil  : 

Nombre  Soleil  { '  ).  Nombre  Vénus  ('). 

de ^ — * — .^ ^  de — ^ — — — — ^ 

Observateurs.  plaques.  a.  a  —  b.         cp.  plaques.  a.  a  —  b.        f. 

uim  \i.  u  mm  \J.  o 

MM.  Arago 5i  60,091  70  66,6  48  1,961  89  72,5 

B.  de  la  Grye..  52  60,112  79  72,0  5i  2,002  36  68,5 

Bernard H2  60,059  gS  72,6  io4  2,oo5  5i  69,6 

Garbonnell. .  .  .  126  59,953  82  68,2  101  2,966  43  73,4 

M-"»  Cheval 23  60,084  91  70,5  26  1,979  55  65,9 

M»"^  Boudet loi  69,934  107  78,6  76  2,o58  43  44,4 

Mineau 42  ^9,999  86  72,3  3i  2,061  52  5o,i 

Masson 32  60,002  76  74,9  20  2.011  5o  72,4 

539    60,023   85   71,3     457    2,018   46   64,6 

»  Les  différences  entre  les  moyennes  partielles  résultent  de  l'acuité  de 
la  vue  de  l'observateur  et  de  ce  qu'il  est  conduit  à  prendre  comme  limite 
du  bord  estompé  du  Soleil  et  de  Vénus. 

M  En  ajoutant  les  valeurs  moyennes  des  grands  axes  a  et  a',  on  obtient 
66"'™,o4i  avec  une  erreur  probable  de  8  microns. 

»  Si  l'on  voulait  déduire  des  chiffres  ci-dessus  l'aplatissement  des  deux 
astres,  on  trouverait  des  résultats  supérieurs  à  ce  que  donne  la  théorie 
pour  le  Soleil  et  la  réalité  pour  les  deux  astres. 

»  En  ce  qui  concerne  le  Soleil,  le  8  décembre  1882,  il  était  en  pleine 


(')  «  est  le  grand  axe  de  l'ellipse,  b  le  petit  axe,  'f  l'angle  de  la  ligne  des  pôles  avec 
l'équateur  terrestre. 


(  1253  ) 

activité,  des  projections  équatoriales  étaient  manifestées  par  de  grandes 
taches;  son  diamètre  en  était  influencé. 

»  Pour  Vénus,  nous  avons  dit  antérieurement  (')  qu'en  prenant  les 
42  meilleures  plaques  de  la  série  de  Puebla,  l'aplatissement  moyen 
éf^''^  ^6  3^3'  chiffre  qui  rapprochait  Vénus  de  la  forme  de  la  Terre. 

»  Nous  reviendrons,  du  reste,  sur  ce  sujet  lorsque  nous  parlerons  de 
la  forme  de  cette  planète  et  de  sa  rotation. 

»  Les  valeurs  que  nous  avons  données  ci-dessus  sont  exprimées  en 
millimètres  et  fractions;  pour  passer  de  là  à  des  secondes  d'arc,  il  faut 
multiplier  chaque  millimètre  par  16",  25,  ce  qui  donne 

a.  a  —  b. 

Soleil 975,65  i",38 

Vénus 32 ,  80  o",  74 

d'où 

p  moyen  =  974", 96,  p'  moyen  =  Zi",  43. 

»  Le  rayon  du  Soleil  974  ">  96  diffère  bien  peu  de  celui  qui  est  donné 
par  les  Tables  de  M.  Le  Verrier  et  de  975",  o5  que  nous  avons  adopté  pour 
la  construction  des  Tables  du  passage  . 

»  Quant  au  rayon  de  Vénus  Su",^^,  il  est  bien  pius  grand  que  celui 
(3i",  49)  que  nous  avons  adopté  pour  la  construction  des  Tables  faites 
pour  l'observation  directe  des  contacts. 

»  Sur  les  plaques  on  a  peut-être  été  amené  à  pointer  sur  la  limite  exté- 
rieure de  la  pénombre,  mais  nous  ne  pouvons  employer  un  autre  chiffre 
pour  avoir  les  contacts  tangibles  qui  résultent  des  mesures  photogra- 
j)hiques. 

»  En  interpolant  ou  extrapolant,  selon  les  cas,  pour  avoir  les  valeurs 
des  contacts  internes  ou  extérieurs  de  Vénus  avec  le  bord  du  Soleil,  nous 
avons  les  chiffres  suivants,  que  je  mets  en  parallèle  avec  ceux  obtenus 
par  M.  Héraud  et  par  moi  à  la  station  de  Puebla  : 

DilT.      Heures  calculées.     Diir. 

2.12.28,6      —   2,7 

— 15,3      2.33.  0,7     —  3,6 

—  1,2       -.,59.17,3     4-  3,5 

— 12,0      8.19.35,0     — 13,7 

Les  différences  restent  dans  les  limites  des  erreurs  d'observation  et 


(')  Comptes  rendus,  ^]m\\  1884. 


Contacts. 

Plaques. 

B.delaGije. 

Diff. 

Ilcraud. 

T.... 

2. 12. 26.3 

2.  l2.3o,0 

+    3,7 

11... 

3.33.  4,3 

2.  32  .53,0 

-.1,3 

2.32.49,. 

111.. 

7.59.13,8 

7.59.13,2 

^  0,6 

7.59.  12,6 

IV.. 

8.19.48,7 

8.19.46,2 

—    2,5 

8. .9.36,7 

(  1254  } 
les  heures  des  plaques,  sauf  pour  le  dernier  contact,  sont  suffisamment 
approchées  de  celles  calculées. 

))  Ces  éléments  serviront  ultérieurement  pour  avoir  la  valeur  de  tï  au 
moyen  des  contacts  photographiés.  » 

CHIMIR   ORGANIQUE.    —    Hydrogénation    de   divers   carbures    aromatiques. 
Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens. 

«  [.  Benzène  et  homologues.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  fait  connaître 
récemment  ('),  le  nicke!  réduit  permet  très  facilement  à  température  peu 
élevée  de  fixer  directement  l'hydrogène  sur  un  grand  nombre  de  sub- 
stances organiques,  et  nous  en  avons  déduit  une  méthode  générale  de 
préparation  du  cyclohexane  et  des  carbures  homologues.  En  étudiant  de 
près  les  conditions  de  cette  préparation,  nous  avons  reconnu  que,  au-des- 
sous de  25o°,  l'hydrogénation  a  lieu  sans  aucune  complication  pour  le 
benzène  et  pour  tous  ses  dérivés  méthylés  que  nous  avons  essayés,  toluène, 
xylènes  ortho,  meta  et  para,  mésitylène,  pseudocumène  :  on  obtient  comme 
produit  unique  le  cyclohexane  correspondant,  d'une  grande  pureté,  pou- 
vant seulement  contenir  un  peu  du  carbure  primitif  très  facile  à  éliminer. 

»  Mais  si  l'on  part  des  substitués  de  la  benzine  à  branche  longue,  éthyle, 
propyle,  méthoéthyle,  on  observe  toujours  qu'à  côté  du  produit  principal 
qui  est  le  carbure  cyclohexanique  correspondant,  il  y  a  toujours  formation 
d'une  dose  plus  ou  moins  importante  des  carbures  qui  résultent  de  l'émiet- 
tementde  la  chaîne  longue.  Ainsi,  l'éthylbenzène  fournit,  à  côté  de  l'éthyl- 
cyclohexane,  une  petite  proportion  de  méthylcyclohexane,  avec  formation 
corrélative  de  méthane.  Le  propylbenzène  donne  de  même  un  peu  de 
méthyl-  et  d'éthylcyclohexane.  La  perturbation  est  plus  sensible  quand  la 
branche  possède  un  chaînon  secondaire ,  par  exemple  quand  c'est  un 
méthoéthyle  :  avec  le  paracymène,  le  paraméthylméthoéthylcyclohexane 
(bouillant  à  169°-! 70°)  ne  forme  que  les  trois  quarts  du  produit  :  le  reste 
contient  à  peu  près  parties  égales  de  paradiméthylcyclohexane  (qui  bout 
à  120"),  et  de  paraméthyléthylcyclohexane  (bouillant  à  i5o°). 

»  La  facilité  d'obtenir  très  purs  ces  divers  carbures,  jusqu'à  présent 
fort  difficiles  à  préparer  directement  ou  à  isoler  exactement  des  pétroles 
du  Caucase,  nous  a  permis  de  déterminer  exactement  leurs  caractères 
physiques. 


(■)  Comptes  rendus,  l.  CXXXII,  p.  aïoet  566;  1901. 


(     1255     ) 

»  Le  cyclohexane  C*H'-  est  un  liquide  dont  l'odeur  rappelle  celles  du 
chloroforme  et  de  l'essence  de  roses;  refroidi  dans  la  glace,  il  se  solidifie 
aisément  en  cristaux  mous,  qui  fondent  à  6°, 5  (Sydney  Young  avait  in- 
diqué 4°.  5).  Il  bout  à  8i°,o  sous  la  pression  de  ySo""  (thermomètre  dans 
la  vapi  ur).  Sa  densité  à  i8°,7  est  0,7808. 

»  Nous  donnons  ci-dessous  les  points  d'ébullition  corrigés  et  les  den- 
sités à  0°  (par  rapport  à  l'eau  à  4°)  des  carbures  homologues  du  cy- 
clohexane : 

Point  d'ébullition 

(corr.).  i/J. 

o 

Méthylcyclohexane ioo,i  0,7869 

Orthodimélhylcycloliexaiie 126  0,8008 

Métadimélhylcyclohexane 121  0,7874 

Paradiméthylcyclohexane 120  0,7866 

Etliylcjclohexane i3o  o,8o25 

Triméihylcyclohexane  1 .3.5 i37°-i39°  0,7884 

Triméthylcyclobexane  1 .3.4 i43°-i44°  0,8062 

Paraméthyléthylcyclohexane. i5o°  o,8o4i 

Propylcyclohexane i53°-i54°  0,8091 

Paraméthyltnéthoéthylcyclohexane.  .  .  i69°-i70''  o,8i32 

»  L'odeur  du  méthylcyclohexane  diffère  peu  de  celle  du  cyclohexane. 
Celle  de  l'orthodiméthyl  est  un  peu  camphrée.  Les  dérivés  para  (diméthyl, 
méthyléthyl,  méthylméthoéthyl)  ont  tous  une  odeur  analogue  qui  rappelle 
celle  du  fenouil.  Celle  des  dérivés  meta  (diméthyl,  triméthyl  i.3.5,  et 
même  triméthyl  1.3.4)  est  la  moins  agréable  de  toutes  et  rappelle  le 
moisi. 

>i  En  comparant  les  densités  ci-dessus  avec  celles  des  carbures  benzé- 
niques  qui  leur  correspondent,  on  trouve  qu'elles  sont  toujours  moindres  : 
la  différence,  qui  est  maxima  pour  le  cyclohexane  où  elle  est  voisine  de 
0,100,  est  d'autant  plus  faible  que  la  molécule  est  plus  complexe  et  sur- 
tout que  les  branches  forméniques  sont  plus  longues. 

»  IL  Styrolène.  —  M.  Berthelot  a  établi  depuis  longtemj)s  que  le 
styrolène  ou  cinnamène  doit  être  considéré  comme  du  phényléthylène 
CH^  CH  =  CH-.  Le  nickel  réduit  réalisant  avec  facilité  l'hydrogénation 
soit  de  l'éthylène,  soit  du  noyau  aromatique,  on  pouvait  prévoir  qu'il  pro- 
duirait l'hydrogénation  totale  du  styrolène  :  nous  avons  vérifié  qu'il  en 
est  ainsi  vers  160°.  On  obtient  transformation  totale  en  élhylcyclohexane 
bouillant  à  i3o",  dont  le  dédoublement  partiel  donne  lieu,  ainsi  qu'il  a  été 
dit  plus  haut,  à  une  petite  quantité  de  méthylcyclohexane  (qui  bout  à  100"). 


(  1256  ) 

»  Au  contraire,  nous  avons  trouvé  antérieurement  que  le  cuivre  réduit 
permet  de  fixer  l'hydrogène  sur  l'éthylène  au-dessus  de  i8o°  ('),  mais 
qu'il  est  sans  action  appréciable  sur  les  carbures  aromatiques  :  on  pouvait 
donc  penser  que,  dans  le  styrolène  en  présence  du  cuivre  à  i8o°,  la 
branche  éthylénique  serait  seule  hydrogénée.  C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  : 
on  obtient  du  premier  coup  transformation  complète  en  éthylbenzène  pur 
bouillant  à  i35°. 

"  Avec  le  cobalt  réduit,  dont  l'activité  est  intermédiaire  entre  le  nickel 
et  le  cuivre,  l'hydrogénation  conduit  à  un  mélange  d'éthylbenzène  et 
d'éthylcvclohexane. 

M  m.  Terpènes.  —  Comme  l'a  indiqué  M.  Berthelot  dès  1869,  les  ter- 
pènes  CH'"  peuvent  être  classés  en  deux  groupes,  les  terpènes  quadriva- 
lents,  qui  comprennent  le  limonène,  le  sylvestrène,  le  lerpinène,  etc.,  et  les 
terpènes  dU'alents,  tels  que  le  térébenlhène  ou  pinène,  et  le  camphène.  Les 
réactions  d'hydrogénation  réalisées  par  l'intermédiaire  du  nickel  vers  180° 
nous  ont  fourni  une  vérification  complète  de  cette  distinction. 

w  Le /imonéne  fixe  très  facilement  H*  en  donnant  l'hydrocymène  (para- 
niéthylméthoéthylcyclohexane)  qui  bout  à  lôg^-iyo"  :  ce  dernier,  comme 
dans  sa  formation  à  partir  du  cymène,  est  accompagné  d'une  petite  quan- 
tité des  produits  de  dédoublement,  paradiméthyl  et  paraméthyléthylcvclo- 
hexane. 

»  Le  sylvestrène  et  le  lerpinène  ont  donné  exactement  le  même  produit 
d'hydrogénation  que  le  limonène. 

»  Le  menthène  C'H"  traité  dans  les  mêmes  conditions  fixe  H"  en  don- 
nant les  mêmes  produits. 

11  Au  contraire,  leyy;/?me( térébenlhène),  en  présence  du  nickel  à  180", 
fixe  seulement  H"  et  se  change  en  un  produit  unique  C'"!!"  inattaquable 
par  le  mélange  nitrosulfurique;  c'est  im  liquide  d'odeur  camphrée,  qui 
bout  à  166°  (corr.  );  sa  densité  f/°  est  0,862.  Il  est  identique  au  carbure 
obtenu  autrefois  par  M.  Berthelot  par  l'action  de  l'acitle  iodhydrique.  Il  se 
comporte,  comme  saturé,  à  la  manière  du  chlorhydrate  de  pinène.  Mais  la 
présence  de  liaisons  internes  un  peu  fragiles  s'y  manifeste  par  une  oxyda- 
tion assez  facile  :  il  brunit  peu  à  peu  au  contact  de  l'air  et  s'oxyde  assez 
vite  à  froid  au  contact  d'acide  azotique. 

»  La  vapeur  de  camphène  (gauche)  soumise  à  l'hydrogénation  en  pré- 
sence du  nickel  se  comporte  comme  le  pinène;  il  y  a  fixation  exclusive 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1761;  1900. 


(   '257  ) 

de  H-  et  formation  (]'iin  cnrbiire  C'"H'^  isomère  du  précédent,  mais  non 
identique,  d'odeur  pins  ngréable  :  il  hoiit  à  i64''-i65"  (corr.);  sa  densité  r/" 
est  0,849.  I'  ^^'^  inaltaqiié  à  froid  par  le  mélan£;e  sulfonitritjiic;  mais  il 
s'oxyde  lentement  au  contact  d'acide  nitritpie  et  même  à  l'air,  en  brunissant 
peu  à  pen  :  c'est  l'hydrnre  de  camphène  observé  autrefois  par  M.  Berthelot. 

»  IV.  Naphtalène  el  Acènaphtène.  —  L'hydrogénation  du  naphtalène 
C'^H*  est  réalisée  directement  pai-  le  nickel  à  200°  et  fournit  comme 
unique  produit  nn  tétrahydrure  C'"!!'-.  C'est  un  liquide  d'odeur  naphta- 
lénique  qui  bout  à  205"  (corr.);  sa  densilé  d\  est  0,9825.  Il  est  identique 
à  l'un  des  bydrures  de  naphtaline  oblenus  par  M.  Berthelot  au  mo\en  de 
l'acide  iodhydrique  et  retrouvés  dans  le  goudron  de  houille.  Il  est  très 
facile  à  oxvder,  et  violemment  attaqué  par  le  mélange  nitrosulfurique. 
Dirigé  avec  de  l'hvdrogène  sur  le  nickel  vers  200°,  il  ne  se  modifie  pas. 

»   L'acénaphtène  C'-H'",  que  l'on  doit  rattacher  au  naphtalène  selon  la 

lormule  C"'H°('     1      ,  se  comporte  de  la  même  façon  :  ses  vapeurs  entraînées 
^CH" 

par  l'hydrogène  sur  le  nickel  réduit,  s'y  changent  en  tétrahydrure  liquide 

C'-Jl"  bouillant  à  254°  (corr.)  et  sans  doute  identique  à  celui  que  Bam- 

berger  et  Lodter  avaient  obtenu  par  l'acide  iodhydrique.    » 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Mares,  Correspondant  de  la  Section  d'Eco- 
nomie rurale,  décédé  à  Montpellier  le  9  mai  190t. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  <le  la 
Correspondance  : 

1"  Le  Compte  rendu  sommaire  du  IV  Congrès  international  de  Chimie 
appliquée,  pai-  MM.  Henri  Moisson  et  François  Dupont. 

2"  Un  Volume  intitulé  :  «  Réunion  du  Comité  international  permanent 
pour  l'exécution  de  la  Carte  photographique  du  Ciel,  tenue  à  l'Observatoire 
de  Paris  en  1900   ». 


C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  21.) 


162 


(   .258  ) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  Je  la  comète  A(i90i),  faites  à  l'observatoire 
d'Aller  {éqaatorial  coudé  de  o'",3i.S  d\)iwerture),  par  MM.  Uamraiid  et 
ÎSy,  présentées  par  M.  Lœwy. 


Étoile:^ 
Dates.  de 

1901.                    compar.  Giaiulour. 

Mai  17 a  8,5 

18 b  8,7 

18 b  8,7 

.8 c  8,1 

19 d  6,2 

20 d  6,2 

20 d.  6,2 


Ciirnèle.  —  Etoile. 


Ascension 

droite. 

m        s 

+  1 . 1 1 ,5o 
—0.48,80 
— 0.47,85 
-1.58,74 

-,.42,78 
+  2.45, 10 

+  2.45,48 


Déclinaison. 

H-  5 .  34 , 5 

—  6.59,5 

—  6.58,7 

—  5.40,7 

— 23. 5i ,fl 

—  5 . 59,6 

—  6.   5,8 


Nombre 

de 
compar. 

3:2 

9:6 
8:2 

6:4 

9:« 


Observ. 

S 

s 

R 

S 
R 
S 
R 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Asc.  d  roi  Le 

Réduction 

Déclinaison 

Réduction 

Dates. 

moyenne 

au 

moyenne 

au 

1901. 

Étoiles. 

1901,0. 

jour. 

1901,0. 

jour. 

Autorités. 

ai  .7.. 

(/ 

Il            )ll            â 
5.46.81 ,29 

-t-0,82 

+  4- 19-55, 1 

—  8',8 

Albany  n"   1928 

18. 

.       b 

5.53.45,09 

-1-0, 85 

+  4-5i .   0,8 

—  9,0 

Albany  n°  1961 

18. 

C 

5.54.58,92 

+0.85 

-+-  4-49-29,9 

-  9,0 

Albany  n"  I976 

'9- 

.     d 

5.09.41 ,5o 

+0,87 

+    5 .23. 3 1 , 1 

-...j 

AG.  Leipzig 
n"  2607. 

20. 

.     d 

» 

+0,86 

)) 

—  9,' 

)) 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Temps 

Ascension 

Dates. 

moyen 

droite 

Log.    fact. 

Déclinaison 

Log.  fact 

1901. 

d'Alger. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe 

Mai  17  ...  . 

h        m        s 
.        7.59.52 

Il       m       & 
5.47.43,61 

1,676 

+   4°25'.2o'8 

o,7'9 

18.... 

.        8.     2.25 

5.52.57, 14 

7,676 

-1-  4.43.52,3 

o,7'9 

18.. .. 

.     s.   6.33 

5.52.58,09 

ï  ,  676 

+   4.43.53,1 

0,720 

18...  . 

8.r3.57 

•5.53.    I ,  o3 

7,676 

-1-     4.43.40,2 

0,721 

19..    . 

.     8.I2.30 

5. 57. 59, .59 

7,677 

+  .5 .    1 .  3o ,  I 

0,721 

20. . . . 

.     8.   8.   0 

6.   2.27,46 

7,677- 

-1-  5.19.22,4 

0,719 

20. . . . 

.     8.12.18 

6.   2.27,84 

7,676 

+  5.19.16,2 

0,721 

La   comète,  aillant  qu'cm  en  peut  juycr  dans  la   liiniière  du  crépuscule,  se  pré- 


(     12%    ) 
sente   sous  la  forme  d'une   nébulosité  avec  un   noyau   d'un    éclat  comparalile  a   celui 
d'une  étoile  de  8"  grandeur. 

»  Observations  très  difficiles,  faites  à  3  degrés  environ  de  l'horizon.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  spectre  de  la  couronne  solaire  photographie 
à  Elche  {Espagne)  pendant  l' éclipse  totale  de  Soleil  du  28  nuii  1900. 
Note  de  M.  A.  de  la  Baume-Pluvixel,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  J'ai  photographié  le  spectre  de  la  couronne  solaire  pendant  l'éclipsé 
totale  de  soleil  du  28  mai  dernier,  à  l'aide  de  trois  spectroscopes  diffé- 
rents : 

»    1°  Un  spectroscope  à  fente  très  lumineux; 

»    1°  Un  spectroscope  à  prisme  objectif  de  grandes  dimensions; 

M   3°  Un  spectroscope  à  prisme  objectif  en  spath  et  quartz. 

»  he  spectroscope  à  fente  ciini  corahmè  (\e  n\i\mhre  à  donner  une  image 
très  intense  du  spectre  continu  de  la  couronne.  J'ai  obtenu  ce  résultat  en 
observant  les  pri.ncijjes  suivants  :  dispersion  faible,  objectif  formant  l'image 
du  spectre  très  lumineux,  condensateur  d'ouverture  quelconque,  mais  de 
distance  focale  telle  que  le  collimateur  recueille  bien  toute  la  lumière 
venant  des  divers  points  de  l'image  fournie  par  le  condensateur.  Dans  mon 
spectroscope,  l'appareil  dispersif  consistait  en  un  prisme  unique  en  fliut 
léger,  et  l'objectif  formant  l'image  du  spectre  était  un  objectif  photogra- 
phique double  à  portrait  dont  le  rapport  de  l'ouverture  au  foyer  était  |. 
Les  dimensions  de  toutes  les  parties  optiques  de  l'appareil  étaient  calcu- 
lées de  manière  que  des  faisceaux  de  rayons  lumineux  de  o"',oG  de  dia- 
mètre, émanés  de  points  de  la  couronne  situés  à  moins  de  3o'  du  bord  du 
Soleil,  fussent  transmis  intégralement  jusqu'à  la  plaque  photographique. 
L'orientation  de  l'apjiareil  était  telle  que  la  fente  du  spectroscope  était 
dirigée  radialement  suivant  l'cqualeur  solaire.  L'ouverture  de  la  fente 
était  de  o""'',o4.  Une  seule  plaque  orlhochromatique  Lumière,  sensible  au 
jaune  et  au  vert,  a  été  exposée  dans  l'appareil  pendant  1"  1 5%  soit  presque 
toute  la  durée  de  la  totalité.  * 

»  Dans  ces  conditions,  la  couronne  adonné  un  spectre  continu  pré-..ulaiit  à  peu  jirès 
la  même  étendue  et  la  même  intensité  de  chaque  côté  de  l'équateur  solaire.  A  cause 
de  l'orlhochromatisme  spécial  de  la  plaque,  ce  spectre  oH're  deux  maxima  :  l'un,  situé 
dans  l'orangé  vers  la  longueur  d'onde  ).  5G5,  où  la  hauteur  du  spectre  continu  atteint 


(     J26o    ) 

5'  eiivil'uli;  l'uiilre,  enlre  les  raies  F  et  H,  où  le  spectre  s'étend  jusqu'à  i  J'  du  Lord  du 
Soleil. 

»  Le  spectre  continu  est  sillonné  d'un  très  grand  nombre  de  raies  brillantes.  La 
plupart  de  ces  raies  présentent  les  caractères  des  raies  chroraosphériques;  elles  sont 
intenses  à  leur  base  et  s'affaiblissent  rapidement  en  s'élevant  dans  l'atmosphère 
coronale.  De  plus,  ces  raies  sont  beaucoup  plus  nuinljreuses  et  plus  intenses  au  bord 
ouest  qu'au  bord  est  du  Soleil.  Celle  distribution  inégale  des  raies  n'est  pas  due, 
comme  on  pourrait  le  croire,  à  une  pose  plus  prolongée  des  parties  basses  de  la  cou- 
ronne au  bord  ouest  qu'au  bord  est.  En  effel,  les  observations  ont  été  faites  presque 
sur  la  ligne  centrale  de  l'éclipsé,  el  la  pose,  commencée  deux  secondes  après  le  deuxième 
contact,  a  été  terminée  deux  secondes  avant  le  troisième  contact.  Cette  différence  entre 
l'intensité  des  raies  aux  deux  bords  du  Soleil  est  donc  bien  réelle,  el  l'on  peut  en  con- 
clure que,  tandis  que  la  matière  qui  fournit  le  spectre  continu  était  à  peu  près  égale- 
ment répartie  le  long  de  l'équaleur  solaire,  les  gaz  qui  produisent  les  raies  brillantes 
étaienl  beaucoup  plus  abondants  au  bord  ouest  qu'au  bord  est.  Dans  le  premier  cas, 
il  s'agissait  de  la  matière  coronale  et,  dans  le  second,  des  gaz  cliromospliériques.  Les 
photographies  directes  de  la  couronne,  d'une  part,  et  les  photographies  monochro- 
matiques de  la  chromosjjhère,  d'autre  part,  montrent  d'ailleurs  que,  tandis  que  la 
couronne  avait  sensiblement  la  même  intensité  au  bord  ouest  et  au  bord  est  du 
Soleil,  la  chromosphère,  au  contraire,  était  beaucoup  plus  intense  sur  le  premier  bord 
que  sur  le  second. 

»  Les  principales  raies  dont  on  constate  la  présence  au  bord  ouest  sont,  dans  l'ordre 
de  leur  intensité,  les  suivantes  :  les  raies  II  et  K  du  calcium,  qui  s'étendent  jusqu'à  5' 
du  bord  du  Soleil,  aussi  bien  du  côté  de  l'atmosphère  solaire  que  du  côté  du  disque 
de  la  Lune;  puis  les  raies  de  l'hydrogène  F,  G'  et  h,  débordant  aussi  sur  le  disque 
lunaire.  11  en  est  de  même  des  raies  de  l'hélium  X  587, 6(03),  X447,2  et  >,4o2,6.  La 
raie  X4o7,9,  attribuée  au  calcium,  est  aussi  intense  que  les  raies  de  l'hélium. 

»  La  raie  verte  de  la  couronne,  X53o,3,  s'élève  à  une  hauteur  de  4'  au-dessus  du 
bord  du  Soleil  et  présente  sensiblement  la  même  intensité  dans  toute  sa  hauteur.  Une 
autre  raie,  ^398,5,  est  la  seule  à  présenter  le  même  caractère.  Elle  est  indubitable- 
ment coronale,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin.  Par  contre,  la  raie  X  423,  1,  que  l'on 
s'accorde  à  considérer  comme  coronale,  est  très  faible  et  présente  l'aspect  des  raies 
chromosphériques. 

»  Dans  l'ultra-violet,  on  compte  7  raies  de  l'indrogène  qui  atteignent  une  hauteur 
de  3'.  De  chaque  côté  de  la  raie  Hj3i  se  trouvent  des  raies  plus  faibles  qui  lui  donnent 
un  aspect  estompé. 

»  Les  autres  raies  du  spectre  sont  beaucoup  plus  faibles;  j'en  ai  relevé  les  positions 
et  j'ai  trouvé  qu'elles  s'accordaient,  dans  les  limites  des  erreurs  possibles,  avec  les 
positions  des  principales  raies  chromosphériques  indiquées  dans  les  catalogues  de 
loung,  Haie  et  Deslandres.  Le  nombre  total  des  raies  mesurées  est  56. 

).  Le  bord  est  du  Soleil,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  est  beaucoup  plus  pauvre  en  raies 
brillantes  que  le  bord  ouest.  Les  raies  II  et  k  y  sont  grêles  et  peu  étendues.  Il  en  est 
de  même  des  raies  de  l'hydrogène  F,  G'  et  h,  qui  débordent  à  peine  sur  le  disque 
lunaire.  La  raie  D3  de  l'hélium  fait  absolument  défaut. 


(     I26l     ) 

»  Quant  aux  raies  coroiiales,  on  doit  s'attendre  à  les  retrouver  avec  la  même  inten- 
sité et  la  même  étendue  au  bord  est  qu'au  bord  ouest  du  Soleil,  car  j'ai  fait  remarquer 
que  les  photographies  directes  de  la  couronne  et  la  photographie  de  son  spectre  con- 
tinu montrent  qu'elle  présentait  la  même  intensité  sur  tout  l'équateur  solaire.  Or  la 
raie  ÀSgSjS,  que  nous  avons  déjà  trouvée  au  bord  ouest  avec  tous  les  caractères  d'une 
raie  coronale,  présente  bien  la  même  intensité  et  la  même  étendue  au  bord  est  qu'au 
bord  ouest.  l'ar  contre,  la  raie  verte  de  la  couronne  X 53o,i,  généralement  si  intense, 
fait  absolument  défaut  sur  le  bord  est  du  Soleil.  (Jn  peut  donc  conclure  que  la  raie 
XSgSjS  est  la  seule  qui  présente  bien  nettement  les  caractères  d'une  raie  coronale. 

»  Les  raies  noires  du  spectre  solaii'e  n'appaiaissenl  jias  sur  mon  spectre  de  la  cou- 
ronne. On  doit  donc  admettre  que  la  lumière  de  la  couronne  ne  contenait  qu'une  faible 
proportion  de  rayons  solaires  réfléchis.  Les  raies  fraunhofériennes  ont  cependant  été 
plusieurs  fois  observées  et  pliotographiées  dans  l'atmosphère  solaire.  J'en  ai  compté 
une  vingtaine  sur  une  photographie  du  spectre  de  la  couronne  de  iSgS.  En  1882, 
M.  Schuster  a  aussi  photographié  les  raies  fraunhofériennes,  et,  en  1S71,  M.  Janssen 
les  a  observées  oculairement.  On  remarquera  que  ces  trois  dates  :  1871,  1882  et  1898  se 
succèdent  à  onze  ans  d'intervalle  et  correspondent  à  des  maxima  de  taches  solaires. 
Il  semblerait  donc  qu'aux  époques  de  maxima  d'activité  solaire,  l'atmosphère  coronale 
contient  en  abondance  des  matières  solides  pouvant  réfléchir  la  lumière  du  Soleil. 

»  Mon  spectroscope  à  pnsme-ohjectif  consislaïl  en  une  lunelte  photogra- 
phique de  G™,  10  d'ouverture  et  i'",  10  de  foyer,  au-devant  de  laquelle  on 
avait  disposé  un  prisme  en  flint  de  60",  dont  les  faces  mesuraient  0'°,  17 
sur  o'",  14. 

»  Le  spectroscope  à  prisme-objeclif  en  spalh  et  quartz  consistait  aussi  en 
une  lunette  photographique  munie  d'tm  objectif  en  quartz  de  o"',07  d'ou- 
verture et  o'",f)o  de  foyer  au-devant  duquel  on  avait  fixé  un  prisme  en 
spath  de  Go"  dont  les  faces  mesuraient  64°"°  sur  80""".  Les  obturateurs 
de  ces  deux  instruments  étaient  commandés  par  la  même  poire  pneuma- 
tique et  fonctionnaient  simultanément.  Trois  photographies  ont  été  obte- 
nues avec  chaque  appareil.  Les  ])iaques  n"  1  ont  été  exposées  pendant  une 
seconde  environ,  immédiatement  après  le  deuxième  contact.  Les  [)laques 
n"  2  ont  été  exposées  pendant  presque  toute  la  durée  de  la  totalité,  soit 
environ  'j5*,  et  les  plaques  n°  3  ont  été  exposées  instantanément,  immé- 
diatement après  le  troisième  contact. 

«  Les  plaques  n"  1  donnent  des  images  monochromatiques  des  croissants  de  la  chro- 
mosphère au  nord  est  du  Soleil.  Comme  sur  le  spectre  obtenu  avec  le  spectroscope  à 
fente,  ce  sont  les  radiations  du  calcium,  de  l'hydrogène  et  de  l'hélium  qui  donnent 
les  images  les  plus  intenses.  Le  nombre  total  des  croissants  dont  j'ai  relevé  les  posi- 
tions sur  la  plaque  n"  l  est  de  189. 


(  1262  ) 

»  Les  plaques  n°  2  montrent  l'aspect  complet  de  la  cliromosphère  et  permettent  de 
constater,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  que  cette  cliromosphère  est  bien  plus  intense  au 
bord  ouest  qu'au  bord  est  du  Soleil. 

)i  On  peut  étudier  sur  ces  images  cliromosphériques  les  formes  et  lintensité  des 
protubérances.  On  reconnaît,  comme  l'a  déjà  fait  M.  Meslin,  que  le  rapport  des  inten- 
sités des  diverses  protubérances  n'est  pas  le  même  dans  les  images  formées  par  la  va- 
peur de  calcium  que  dans  les  images  fournies  par  l'hydrogène. 


Fiï 


»  Les  radiations  propres  à  la  couronne,  îi53o3  el  >, 398.5,  ne  donnenl  pas  des  images 
coronales  assez  intenses  pour  pouvoir  être  distinguées  sur  le  fond  brillant  du  spectre 
continu. 

»  Les  photographies  n°  3,  obtenues  un  peu  après  le  troisième  contact,  donnent  le 
spectre  d'une  partie  de  la  photosphère  et  de  la  chromosphère  qui  l'enveloppe. 

))  La  partie  de  la  chromosphère  qui  a  donné  son  spectre  étant  un  mince  croissant, 
on  a  obtenu  des  images  monochromatiques  de  ce  croissant,  dont  l'ensemble  constitue 
une  bande  lumineuse  interrompue  par  des  croissants  obscurs  correspondant  aux  raies 
fraunhofériennes  du  spectre  solaire.  Au-dessus  de  ces  croissants  obscurs,  dans  le  spectre 
(Je  la  chromosphère,  on  remarque  des  croissants  brillants.  Mais  les  gaz  incandescents 


Fig.  2. 


Prisme  olijertif  en  llirit.  —  N»  2. 


Fis.  S. 


Prisme  objectif  en  spalli  el  i|iKUt/^.  —  \"  1. 


Kig.  4- 


Prisme  ohji'Clif  en  ^^pjtli  cl  i|uartz.    —  .\-  2 


Fis.  5. 


Prisme  iibjectif  en  spalli  et  i|n.irlz.  —  N"  3. 


(  Î264  ) 

qui  donnent  lieu  à  ces  croissants  brillants,  étant  situés  au-dessus  de  la  pliolosplière, 
les  croissants  brillants  ne  se  trouvent  pas  exactement  dans  le  prolongement  des  crois- 
sants obscurs  :  ils  leur  sont  extérieurs.  La  mesure  de  la  longueur  des  croissants  bril- 
lants donnerait  un  mojen  précis  de  déterminer  l'épaisseur  des  couches  de  vapeur  qui 
composent  la  cliromosplière. 

»  On  a  relevé  sur  l'un  des  clichés  n°  3  les  positions  de  (o5  croissants  brillants 
et  de  57  croissants  obscurs. 

»  D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que  le  minimum  d'activité  solaire  s'est  fait 
sentir  sur  les  phénomènes  de  la  couronne  et  de  la  chromosphère  qui  ont  présenté  fort 
peu  d'intensité  pendant  la  dernière  éclipse  de  Soleil. 

))  Les  divers  spectroscopes  que  j'ai  employés,  ainsi  que  des  lunettes 
j)hotographiques  destinées  à  obtenir  l'image  de  la  couronne  solaire,  étaient 
montés  sur  le  pied  d'un  équatorial  de  6  pouces.  Ce  pied,  appartenant  au 
matériel  de  l'observatoire  de  Meudon,  avait  été  mis  obligeamment  à  ma 
disposition  par  M.  Janssenqui  a  bien  voidti  m'aiderde  ses  précieux  conseils 
pour  dresser  le  programme  de  mes  observations.  Je  suis  heureux  de  pouvoir 
lui  adresser  ici  mes  sincères  remercîments.    " 


PHYSIQUE.  —  Longueurs  d'onde  de  qiirlques  raies  du  fer. 
Note  de  MM.  Cii.  Fabry  et  A.  Perot,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Le  spectre  du  fer  est  un  de  ceux  qui  ont  été  pris  le  plus  souvent 
comme  spectres  de  comparaison  dans  les  mesures  de  longueurs  d'onde.  Il 
contient  un  grand  nombre  de  raies,  dont  beaucoup  sont  assez  fines  pour 
fournir  de  bons  repères.  Il  y  a  donc  intérêt  à  connaître  exactement  leurs 
longueurs  d'onde.  Nous  en  avons  mesuré  un  certain  nombre  par  compa- 
raison avec  les  radiations  du  cadmium  mesurées  en  valeurs  absolues  par 
M.  Michelson.  La  méthode  suivie  par  celte  comparaison  est  celle  qui  a  été 
décrite  en  vue  des  mesures  de  longueurs  d'onde  des  raies  du  spectre 
solaire  (  '  ). 

))  La  source  employée  est  l'arc  électrique  jaillissant  entre  deux  tiges  verticales  de 
fer  de  o™,oi  de  diamètre,  portées  par  un  simple  régulateur  à  main.  La  tension  em- 
ployée est  de  120  volts  et  le  courant  de  8  ampères  environ. 

»  Il  faut,  avant  tout,  isoler  la  radiation  que  l'on  veut  mesurer  :  au  moyen  d'un  réseau 
plan  de  Rowland  et  d'une  lentille  de  o"',70  de  loyer,  on  projette  un  spectre  réel  de  la 
source  lumineuse  sur  une  deuxième  fente,  à  laquelle  on  donne  la  largeur  voulue  pour 

(')   CompLes  rendus.  \.  C\XXI,  p.  700;  29  octobre  1900. 


(   1265  ) 

ne  laisser  passer  que  la  lumière  d'une  seule  raie.  G'esl  celle  lumière  que  l'on  va  uli- 
liser  pour  la  mesure  inlerférenlielle. 

»  L'appareil  interfèrentiel  est  un  élaliMi  d'épaisseur,  consistanl  en  Jeux  surfaces 
planes  de  verre  argenté  maintenues  parallèles  et  à  une  distance  invariable  (aux  dila- 
tations près).  Par  un  jeu  de  miroir  on  peut  projeter,  au  même  point  de  cet  étalon, 
soit  l'image  d'un  tube  à  cadmium,  soit  l'image  de  la  fente  qui  isole  une  raie  du  fer. 
Dans  chaque  cas,  on  obtient,  dans  une  lunette  visant  à  l'infini,  un  système  d'anneaux. 
L'expérience  consiste  à  mesurer,  avec  un  oculaire  micrométrique,  le  diamètre  de  l'un 
des  anneaux  de  chaque  système.  Lorsque  les  raies  sont  fines,  cette  mesure  fixe  la  par- 
tie fractionnaire  de  l'ordre  d'interférence  (')  au  centre  à  moins  de  ^hi  ^^  frange  sur 
une  mesure  isolée.  L'ne  variation  de  o",oi  sur  la  température  de  l'étalon  de  i'"'  pro- 
duit, par  dilatation,  une  variation  appréciable  des  diamètres  d'anneaux. 

»  Il  faut  employer,  pour  avoir  le  maximum  de  précision,  des  épaisseurs  d'étalons 
proportionnées  à  la  finesse  des  raies  :  plus  une  raie  est  fine,  plus  l'épaisseur  peut  être 
grande,  et  plus  la  mesure  est  précise;  dans  tous  les  cas,  c'est  la  finesse  de  la  raie  qui 
seule  limite  la  précision  des  mesures.  Nous  avons  employé  deux  étalons,  de  5""°  et  ro'""'. 
11  n'eut  pas  été  avantageux  d'aller  au  delà,  à  cause  du  manque  de  finesse  des  raies.  Pour 
plusieurs,  on  a  même  dû  se  contenter  de  l'étalon  de  5""°. 

»  Le  Tableau  suivant  donne  les  longueurs  d'onde  obtenues.  Elles  sont 
rapportées  à  la  valeur  trouvée  par  M.  Michelson  pour  la  raie  verte  du  cad- 
mium, 5o8, 58240.  Les  nombres  .sont  exacts,  à  quelques  unités  près  du 
dernier  ordre  : 

649,4992  558,6775  508,3345 

623,0733  550,6783  500,1887 

606,5489  543,4525  485,9763 

576,3023  53o,232i  473,6785 

5()i,5657  523,2954  » 

»  Il  eût  été  fort  intéressant  de  pouvoir  comparer  ces  nombres  avec  ceux 
de  l'échelle  de  Rowland.  Malheureusement  ces  raies  n'outété  mesurées  par 
Rowland  que  dans  le  spectre  solaire;  entre  les  longueurs  d'onde  d'une 
même  raie  prise  dans  le  spectre  solaire  et  dans  l'arc  électrique  (-)  il  v  a  des 
différences  assez  grandes  pour  rendre  illusoire  toute  comparaison  précise. 
Ce  sont  les  raies  solaires  qui  ont  servi  de  base  fondamentale  dans  l'établis- 
sement de  l'échelle  de  Rowland;  la  façon  rationnelle  de  contrôler  cette 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  700;  29  octobre  1900. 

C)  On  aurait  pu  obtenir  des  raies  plus  fines  en  produisant  l'arc  dans  le  vide  au 
moyen  de  notre  tremhleiir  :  mais  les  longueurs  d'onde  auraient  été  un  peu  différentes 
de  celles  que  donne  l'arc  dans  l'air,  et  c'est  de  cette  dernière  source  que  les  spectro- 
scopistes  ont  l'habitude  de  se  servir. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  21.)  l63 


(   ijGC)  ) 

échelle  consistera  à  mesurer  un  certain  nombre  de  ces  raies  par  les  mé- 
thorles  interférentielles.  Nous  avons  déjà  décrit  la  méthode  que  nous 
comptons  suivre  pour  an  iver  à  ce  résultat;  nous  espérons  pouvoir  l'appli- 
quer dès  que  la  saison  permettra  des  observations  suivies  sur  le  Soleil.    » 


PHYSIQUE.    —  Sur /a  densité  des  alliages.  Note  de  M.  Edm.  van  Aubel, 
|)résentée  par  M.  Lippmann. 

»  I.'allias^e  d'aluminium  et  d'antimoine,  répondant  à  la  formule  AlSb, 
a  pour  point  de  fusion  loyS^-ioSo"  ('),  alors  que  l'aluminium  et  l'anti- 
moine fondent  respectivement  à  660"  (-)  et  à  63o"  (^). 

»  Il  m'a  paru  intéressant  d'examiner  si  ce  curieux  alliage  se  formait 
avec  une  variation  du  volume. 

))  Un  chimiste  consciencieux,  M.  Maurice  Duyck,  a  bien  voulu  faire  les  analyses 
nécessaires  pour  connaître  la  composition  de  l'alliage,  obtenu  par  fusion,  et  pour  en 
vérifier  l'homogénéité.  Qu'il  me  soit  permis  de  lui  adresser  ici  mes  remercîments. 

»  Des  prises    d'essai    faites  en   divers  endroits  sur  deux  morceaux,  dans  lesquels 


(')  Edm.  van  Aubbl,  Jour  uni  de  Physique,  3=  série,  t.  VU,  p.  228;  1898. 

Dans  ce  travail,  j'ai  rendu  compte  des  expériences  de  W.  Chandler  Roberts- 
Austen,  d'après  l'ouvrage  de  Joseph- W.  Richards,  sur  l'aluminium;  mais  une  faute 
d'impression  d'ailleurs  non  signalée  existe  dans  ce  livre,  à  propos  de  ces  expériences. 
Il  faudra  donc  lire,  dans  mon  travail,  10  pour  100  au  lieu  de  i  pour  100  d'aluminium, 
comme  on  peut  s'en  assurer  en  recourant  au  Mémoire  original  de  W.  Chandler 
Roberts-Auslen  {Proceedings  of  tiie  Royal  Institution  of  (îreal  Britain,  Vol.  XIII, 
Part  III,  p.  5i6;  1893). 

A  propos  de  la  fusibilité  des  alliages  d'aluminium  et  d'antimoine,  il  convient  de 
mentionner  un  très  intéressant  Mémoire  de  Henri  Gautier  (Comptes  remlus,  t.  CXXIII, 
p.  m  et  lia;  1896). 

(-)  L.  HoLBOHiN  et  A.  Day  {Drude's  Annalen  der  PliysiL,  t.  11,  p.  534;  1900)  ont 
trouvé  657°, 3  pour  le  point  de  fusion  de  l'aluminium,  tandis  (]n&  V'\c\.6i  {Comptes 
rendus,  t.  LXXXVIII,  p.  i3i7;  1879)  lui  avait  assigné  600". 

{')  Dans  presque  tous  les  ouvrages  de  Chimie,  le  point  de  fusion  de  l'antimoine 
est  indiqué  comme  voisin  de  440",  mais  des  mesures  récentes  faites  au  moyen  de  deux 
procédés  dillérents,  par  C.-T.  lleycock  et  F. -H.  iXeville  {Journal  of  the  cliemical  So- 
ciety :  Transactions,  Vol.  LXN'II,  p.  186;  London,  iSgS),  par  Henri  Gautier (Co/«/)/e5 
rendus,  t.  CXXIII,  p.  112;  1896)  et  enfin  par  L.  Holborn  et  A.  Day  {Drude's  Anna- 
len der  P/iysi/,-,  t.  II,  p.  534;  1900)  ont  donné  pour  point  de  fusion  de  l'antimoine 
respectivement  629", 54-632°  et  63o°, 5. 


(    '2<^7  ) 

l'aluminium  el  l'aïuinioine  ont  été  dosés,  ont  montré  que  l'alliage   pouvait  être  consi- 
déré comme  iiomogène  et  avait  la  composition  suivante  : 

Aluminium 18  .87 

Antimoine 81 ,  i3 

Comme  cet  alliage  s'altère  à  l'air  humide  et  surtout  dans  l'eau,  les  deu\    morceaux  à 
étudier  ont  été  recouverts  d'une  couche  de  vernis  ordinaire  pour  métaux. 

»  Les  déterminations  des  poids  spécifiques  ont  été  faites  par  la  méthode 
de  la  balance  hydrostatique.  La  movenne  des  résultats  obtenus  a  donné 
pour  la  densité  de  l'alliage,  rapportée  à  l'eau  à  4° et  au  vide,  la  valeur  4,21  yG, 
pour  la  température  de  i6°C. 

»  Le  poids  spécifique  que  cet  alliage  devrait  avoir,  dans  l'hypotlièsc  où 
aucune  variation  de  volume  n'aurait  lieu,  est  5,2246,  en  adoptant  pour 
poids  spécifique  de  l'aluminium  et  de  l'antimoine  respectivement  2,67 
et  6,72. 

»  La  densité  observée  est  considérablement  plus  petite  que  la  densité 
théorique,  et  l'écart  ne  saurait  être  attribué  aux  erreurs  inévitables  dans  ce 
genre  de  recherches.  Il  se  produit  ilonc  une  énorme  augmentai  ion  du 
volume  dans  la  formation  de  cet  alliage.  C'est  une  exception,  à  la  règle 
formulée  par  Malthiessen  ('),  assez  marquante  pour  qu'il  soit  utile  de  la 
signaler. 

»  On  peut  exprimer  ce  résultat  d'une  façon  plus  saisissanle,  en  disant 
que  7™, 07  d'aluminium  -H  1  2*^", 07  d'antimoine  fournissent  23*^',  7  i  d'alliage 
AlSb.  .) 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  une  balanee  très  sensible  pouvant  senir  de  gahanomètre. 
d' éleelrodynamomctre  et  d'éleclromctre  absolu.  Note  de  AL  V.  Crémieu, 
présentée  |)ar  M.  Lip|)niaiin. 

«  Le  galvanomètre  asiatique  que  i\L  lu  l'rofesseur  Lipjjmann  a  récem- 
ment publié  (-)  m'a  amené  à  construire  l'appareil  suivant,  basé  sur  le 
même  principe. 

»  Entre  les  deux  branches  CC  d'une  chappe  de  laiton  {Jii,-.  1),  on  a  fixé,  sur  deux 
tiges  B/,  un  fil  de  cocon  //'/'/ i[^>i  supporte  une  plaquette  d'aluminium  aa. 


(')  Ad.  Wullner,  Lehrbuch  der  ExperimeiUalphysik,  ô'  édition,  t.  II,  p.  48;  1896. 
(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXU,  p.  ii6i-;  1901. 


(  t268  ) 

»  Sur  celle  plaquelle  se  liouve  un  lube  cralumiuiuni  TVT  {fis-  2)  porlanl  un  écrou 
mobile  E,  el  fixé  perpendiculairemenl  au  plan  des  brins  du  fil  de  cocon. 


Fis. 


n 


))  Ce  dispositif  conitiUie  un  fléau  de  balance  sans  couleau.  Il  est  d'une  1res  grande 
légèreté  (oe^  8).  L'écrou  E  permet  d'en  régler  la  sensibilité  el  le  miroir  M  d'en  suivre 
les  déplacements  sur  une  échelle  verticale. 

»  Aux  e.Ktréraités  TT,  on  a  suspendu  verlicalement,  par  des  fils  de  cocon,  deux 
aimants  cylindriques  NS,  de  6''""  de  longueur  et  2"™  de  diamètre;  ils  peuvent  se  dé- 
placer dans  l'axe  des  bobines  BB,  de  6""  de  longueur,  et  dont  le  noyau,  en  cuivre 
rouge,  présente  une  ouverture  cylindrique  de  4™"  de  diamètre. 

»  Ces  bobines  portent  chacune  3oooo  tours  de  fil,  présentant  une  résistance  de 
5ooo  ohms  par  bobine. 

»  On  règle  l'appareil  de  façon  que  le  pôle  inférieur  des  aimants  soit  un  peu  au- 
dessus  du  centre  des  bobines. 

))  L'appareil  ainsi  constitué  n'est  en  somme  qu'une  morlification  de  la 
balance  de  A. -C.  Becquerel  (').  Mais  il  est  susceptible  d'une  sensibilité 
considérable. 

»  Pour  une  période  d'oscillation  de  8  secondes,  il  donne,  à  i"  de  dis- 
tance, une  déviation  de  12™""  pour  un  courant  de  io~'  ampère  circulant 
dans  les  bobines,  ce  qui  correspond  à  une  sensibilité  de  3,7  X  10*  (Koiil- 
raush). 

»  La  force  motrice  correspondante  qui  agit  sur  le  fléau  est  de  3  X  lo"'' 
dyne.  On  a  donc  une  balance  sensible  au  cent-millième  de  milligramme. 

»  D'ailleurs,  l'appareil  est,  par  suite  de  ses  dispositions,  à  la  fois  très 
amorti  et  parfaitement  astatique. 


(')  Mémoires  de  i Académie  des  Sciences,  l.  XXIII,  p.  338;  i85o. 


(  >269  ) 

»  Si  l'on  remplace  les  aimants  NS  par  des  bobines  de  mêmes  dimen- 
sions, auxquelles  le  fil  de  suspension  peut  facilement  amener  le  courant, 
on  a,  sans  autre  changement,  un  électrodynamomètre  sensible. 

»  D'autre  part,  suspendons  à  une  des  extrémités  T,  et  par  un  fil  un  peu 
long,  un  aimant  tel  que  N'S',  mais  de  telle  façon  que  son  pôle  supérieur 
soit  un  peu  en  dessous  de  la  face  inférieure  de  la  bobine  B  correspon- 
dante. Si  le  courant  circule  en  BB  de  façon  que  les  pôles  voisins  de  la 
bobine  et  de  l'aimant  soient  de  même  nom,  ils  se  repousseront. 

»   I^a  force  de  répulsion  sera  de  la  forme 

f.       j  nii 

m  étant  le  pôle  de  l'aimant,  i  l'intensité  du  courant  dans  la  bobine,  r  la 
distance  des  deux  pôles,  l'our  une  variation  dr  de  cette  distance,  on  aura 

df  ikini 

»  C'est  une  expression  de  même  forme  que  celle  exprimant  la  variation 
d'al traction  entre  les  deux  plateaux  d'un  électromèlre  absolu  Thomson, 
lorsque  leur  distance  varie. 

»  J'ai  pensé  qu'il  serait  avantageux  d'opposer  la  répulsion  électroma- 
gnétique à  l'attraction  électrostatique. 

»  Il  a  suffi  pour  cela  de  suspendre  à  l'autre  extrérailé  du  fléau  un  plateau  circulaire 
en  aluminium,  de  8'^""i  de  surface  et  de  même  poids  que  l'aimant  antagoniste.  Un 
anneau  de  garde  et  un  plateau  fixe  complètent  le  dispositif. 

»  On  étalonne  l'appareil  à  l'aide  de  poids  marqués  placés  sur  ce  plateau 
et  qu'on  équilibre  avec  des  courants  d'intensité  connue  envoyés  dans  la 
bobine. 

»  On  a  alors  un  électroinétre  absolu,  permettant  d'opérer  par  une 
méthode  de  zéro  correspondant  à  une  position  d'équilibre  que  l'on  rend 
aussi  stable  qu'on  le  veut;  il  est  en  ellet  très  facile  de  construire  la  bobine 
et  l'aimant  de  telle  sorte  que,  pour  une  surface  donnée  du  plateau,   le 

-j-  du  système  électromagnétique  soit  plus  grand  que  celui  du  système 

électrostatique. 

»   Cette  condition  est  aussi  celle  d'un  bon  amortissement. 

»   La  pesée  éleclrométrique,  toujours  difficile  et  longue,  se  trouve  rem- 


(     '270    ) 

placée  ici  par  le  maniement  à  distance  d'une  boite  de  résistance  et  d'un 
commutaleiir. 

»  Enfin,  on  voit  qu'en  remplaçant  dans  cet  électromètre  l'aimanl  mobile 
par  une  bobine  mobile,  on  sera  dans  d'excellentes  conditions  pour  mesurer 
la  valeur  du  rapport  des  unités  électriques  par  la  méthode  de  Maxwell.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  réduction  du  chlorure  d'argent  par  l'hydrogène 
et  réaction  inverse.  Équilibres  véritables.  Note  de  M.  Jouniaux,  jjrésentée 
par  M.  ïroost. 

«  On  sait  que  si  l'on  chauffe,  pendant  des  temps  progressivement  crois- 
sants, des  tubes  scellés  contenant  soit  de  l'argent  fin  et  de  l'acide  chlor- 
hydrique  sec,  soit  du  chlorure  d'argent  fondu  et  de  l'hydrogène  pur,  la 
proportion  centésimale  d'acide  chlorhydrique  contenu  dans  le  mélange 
gazeux  tend  vers  une  limite  fixe  qui  dépend  de  la  température  de  l'expé- 
rience (  '). 

»  Pour  toutes  les  températures  inférieures  à  5oo°,  les  limites  des  deux 
réactions  inverses  sont  bien  distinctes,  l'écart  observé  étant  d'autant  plus 
grand  que  la  température  considérée  est  plus  basse. 

»  Au  delà  de  600°,  on  arrive  à  une  limite  commune  aux  deux  systèmes, 
et  l'expérience  montre  que  la  proportion  centésimale  d'acide  chlorhy- 
drique, restant  ou  formé,  croît  avec  la  température.  C'est  ainsi  qu'elle 
atteint  successivement  les  valeurs  92,80,  98,80  et  95,00  aux  températures 
de  (300°,  65o"  et  700°.  Or,  d'après  les  déterminations  de  M.  Berllielot,  la 
réduction  du  chlorure  d'argent  par  l'hydrogène  est  accompagnée,  à  la 
température  de  1 5"  centigrades,  d'une  absorption  de  chaleur  de  7000  calo- 
ries. Si  l'on  admet  que  cette  réduction  est  encore  endothermique  aux 
températures  de  nos  exj)ériences,  la  loi  du  déplacement  de  l'équilibre  par 
des  variations  de  température  se  trouve  être  vérifiée. 

»  En  second  lieu,  nous  avons  étudié  l'influence  qu'exerce  la  pression 
interne  sur  la  formation  de  l'acide  chlorhydrique;  on  observe  que  la  valeur 
de  p  est  d'autant  plus  forte  que  la  pression  du  mélange  gazeux  est  plus 
faible.  C'est  ce  que  mettent  d'ailleurs  en  évidence  les  résultats  suivants 
obtenus  vers  54o°  : 


(')    Comptes  rendus,    >-  novembre  1899. 


(    i27t   ) 

Valeurs  de  p, 

pour  des  pressions,  évaluées  en  millimètres  de  mercure-, 

de  l'hydrogène  inlroduil,  égales  à  environ 

Temps  ^ — ^ — ^ 

de  chaulTe.  380°"».  .WO'""'.  GOO"-.  700"-. 

5  minutes »  46,36  54,07  54,43 

10        »        69,50  74,71  80,57  82,35 

i5        >i       84,74  82,08  86,42  82,07 

3o        >i        89,19  90,92  9'' '57  94,60 

1  heure 91, 55  91,66  93,79  94;6i 

2  heures 9'>75  92,4'  94, 18  94>68 

6       »      9 ',84  92,31  94, '2  95,00 

»  D'autres  expériences  faites  vers  6\o"  conduisent  à  la  même  conclu- 
sion. L'équation 

AgCl  +  H  =  HCl  -H  \g 

montre  que,  si  l'on  effectue  la  réduction  du  chlorure  d'argent  par  l'hydro- 
gène dans  une  enceinte  soumise  à  une  pression  invariable,  le  volume 
occupé  par  les  gaz  augmente,  à  telle  enseigne  qu'il  atteindrait  le  double  de 
sa  valeur  initiale  si  la  réaction  était  intégrale.  Les  résultats  expérimentaux 
observés  sont  donc  en  harmonie  avec  la  loi  du  déplacement  de  l'équilibre 
par  des  variations  de  pression. 

»  Enfin,  la  théorie  thermodynamique  des  phénomènes  de  double  décom- 
position conduit  à  cette  conclusion  que,  si  l'on  attribue  à  l'hydrogène  et  à 
l'acide  chlorlivdri(]ue  les  propriétés  des  gaz  parfaits,  la  condition  d'équi- 
libre du  système  étudié  peut,  sous  une  même  pression  initiale  et  pour  une 
même  température  initiale  de  l'hydrogène,  se  mettre  sous  la  forme 

_         f'i  (21',  +  l'a)  a  ,  .        „ 

Log^^— i^ — ^  =  =  +/^LogT  +  c, 

expression  dans  laquelle  l'j  et  r,  désignent  les  volumes  respectifs  occupés 
par  l'acide  cldorhvdrique  et  l'hvdrogène  dans  un  système  porté  à  la  tempé- 
rature absolue  T.  Le  svmbole  Log  désigne  un  logarithme  népérien,  a,  h 
et  c  sont  trois  constantes  qu'il  nous  e.st  facile  de  calculer.  De  nombreuses 
déterminations  expérimentales  faites  à  trois  températures  différentes 
permettent  de  fixer  avec  une  certaine  précision  les  valeurs  du  rapport 
'i(2ti-+-  taj  ^^^  températures  choisies.  Par  exemple  : 

^       .  ■  1  11  l'i  (  2  c,  -1-  Tj)  ,.  , 

»   A  .i2D°  centigrades  ou  799   absolus,  -^ —  0,1  luii; 

))   A  6o5"  centigrades  ou  878"  absolus,  ''   "^''^ — —  =  0,08912; 


(   1^72  ) 
»  A  7.oj°  centigrades  ou  978"  absolus,  ——71 — —  "  0,0^)7^8. 

»  En  reportant  ces  résultats  dans  l'expression  précédente,  on  aura  trois 
équations  analogues  d'où  il  sera  facile  de  déduire  numériquement  les  trois 
constantes  a,  b  et  c.  On  trouve  ainsi 

a  =  —  10998,33, 
A=- 14,4783, 
c  =  -+-  108,076. 

»  D'autre  part,  il  existe  entre  : 

»  La  chaleur  de  formation  I.j  de  l'unité  de  masse  du  chlorure  d'argent; 
la  chaleur  de  formation  L,  de  l'unité  de  masse  d'acide  chlorhydrique;  les 
poids  moléculaires  ra^  elra.,  du  chlornred'argent  et  de  l'acide  chlorhydrique; 
les  constantes  a  et  b  qui  viennent  d'être  déterminées  et  la  température 
absolue  T  de  l'expérience,  la  relation  suivante 

^3!.,  —  CToLj  =       p    («  —  />T); 
^  '     est  une  constante  qu'il  est  aisé  de  calculer.  On  trouve 


2E 

rojcr^R  lo333  X  29,32 


0,99389. 


2E         2  X  4^5  X  273 
»   A  I  5"  centigrades,  on  aura  donc,  d'après  ces  résultats, 

^^  (a  -bT)  =  0,99389  (-  10998, 33  +  14.4783  X  288)  =  -  6790-'. 

»   Or,  d'après  les  déterminations  de  M.  Berthelot, 

CT^L^  =  22000'"',  rjoLo  =  29000''"'. 

»   Donc 

rô-iL,  —  rjjLo—  —  7000™'. 

»   La  concordance  entre  ces  deux  valeurs  est  remarquable,  étant  donné 
que,  par  extrapolation,  nous  avons  calculé,  à  1  5"  centigrades,  la  valeur  de 

l'expression  ^^ ''i.    (a  —  bl)  à   l'aide  de  résultats  expérimentaux  obtenus 

entre  SaS"  et  700°.  » 


(   >273  ) 


Observations  relatives  à  la  Note  précédente  sur  la  réduction  du  chlorure 
d'argent  par  l'hydrogène;  par  M.  Berthelot. 

«  Je  demande  la  permission  de  rappeler  ici  la  désagrégation  lente  et  les 
changements  isomériques  que  l'argent  éprouve  lorsqu'il  est  chaufFé  vers 
55o°  dans  une  atmosphère  d'hydrogène,  ou  d'oxygène,  désagrégation  indi- 
catrice de  la  formation  des  composés  spéciaux,  tels  qu'un  hydrure  et  un 
oxyde  d'argent,  formés  et  dissociés  à  cette  température. 

»  On  ne  saurait  refuser,  à  mon  a\is,  un  certain  rôle  à  un  semblable 
hydrure  et  à  ces  états  isomériques  dans  le  mécanisme  des  équilibres  qui 
président  à  la  réaction  de  l'hydrogène  sur  le  chlorure  d'argent  ('),  la 
jjlupart  des  équilibres  de  substitution  et  de  double  décomposition  ayant 
pour  pivot  la  formation  directe  et  la  dissociation  inverse  d'une  combinai- 
son binaire  ou  analogue.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  l'oxyde  mercurique  sur  les  solutions  aqueuses 
des  sels  métalliques.  Note  de  M.  A.  Mailue. 

«  Dans  un  Travail  publié  en  iSSg  (-)  H.  Rose  indique  que  l'oxyde  mer- 
curique déplace  les  bases  fortes  des  solutions  de  leurs  chlorures,  mais  ne 
peut  les  chasser  des  solutions  de  leurs  sels  oxygénés. 

»  Ayant  repris  l'étude  attentive  de  ces  déplacements,  j'ai  obtenu  des 
résultats  fort  diflérents  de  ceux  annoncés  par  Rose. 

»  Sels  de  zinc.  —  D'après  Hose,  le  chlorure  de  zinc  est  précipité  par  l'oxyde  de 
mercure  à  l'état  d'oxyde  de  zinc  avec  formation  d'oxychlorure  de  mercure.  En  réalité 
lorsqu'on  met  de  l'oxyde  de  mercure  en  présence  d'une  solution  de  chlorure  de  zinc, 
on  obtient  précipitation  d'une  poudre  blanche  cristalline,  formée  de  très  petites  la- 
melles hexagonales,  qui,  si  l'on  a  pris  soin  d'établir  le  contact  assez  longtemps,  ne 
contient  pas  d'oxyde  de  mercure,  mais  est  formé  par  un  oxychlorure  de  zinc  de  for- 
mule 

ZnCl%3ZnO,  SH^O. 

»  Cet  oxyclilorure  a  été  trouvé  déjà  par  Kane  et  André,  par  des  méthodes  diffé- 
rentes. 

»   L'allure  est  fort  dilTérente  avec  le  bromure.  En  mettant  de  Voxyde  mercurique 

(')   Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  627. 

(-)   Poggendorff  Annalen,  t.  CVII,  n"  6,  p.  298;  iSSg. 

C.  R.,  1901,  ■•'  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  21.)  I  6/j 


(    12n4    ) 

en  présence  d'une  solution  de  bromure  fie  zinc,  on  voit  disparaître  progressivement 
l'oxyde  de  mercure  pendant  qu'il  se  précipite  une  poudre  cristalline  formée  de  longs 
prismes  clinorhorabiques  blancs.  C'est  un  sel  bien  défini  qui  a  la  composition  d'un 
sel  double  basique  zinco-mercurique  de  formule 

HgBrSZnO,8H'0. 

»  Lorsqu'on  met  de  l'oxyde  de  mercure  au  contact  d'une  solution  très  concentrée 
àe  sulfate  de  zinc,  on  n'obtient  aucun  changement,  ainsi  que  Rose  l'avait  vérifié.  Mais 
si  l'on  prend  une  solution  très  concentrée  à'azotate  de  zinc,  on  voit  disparaître  tota- 
lement l'oxyde  de  mercure  pendant  qu'il  s'est  formé  un  précipité  blanc  qui  apparaît 
au  microscope  sous  la  forme  de  paillettes  cristallines  ou  de  fines  aiguilles.  Séchées, 
elles  présentent  à  l'analyse  la  composition  d'un  nitrate  basique  zinco-mercurique  de 
formule 

(AzO^)^Hg,ZnO,  H^O   ('). 

»  Ce  sel  est  facilement  décomposable  par  l'eau  avec  précipitation  d'oxyde  de  mer- 
cure. C'est  ce  qui  explique  la  nécessité  d'opérer  le  déplacement  dans  des  solutions 
d'azotate  de  zinc  très  concentrées,  et  aussi  les  résiiltats  négatifs  obtenus  soit  avec  le 
sulfate,  soit  avec  l'acétate  de  zinc,  que  l'on  ne  peut  obtenir  en  solutions  assez  sèches. 

»  Le  même  sel  basique  zinco-mercurique  se  produit  soit  avec  l'oxyde  jaune  sec  ou 
récemment  précipité,  soit  avec  l'oxyde  mercurique  rouge. 

»  Sels  de  nickel.  —  D'après  Rose,  le  chlorure  de  nickel  est  précipité  complètement 

par  l'oxyde  de  mercure,  à  l'état  d'oxyde.  En  réalité,  il  se  forme  un  oxychlorure  vert 

de  formule 

HgCP.NiClS  yNiO,  loFPO. 

»  L'oxyde  de  mercure  mis  en  présence  de  sulfate  de  nickel  ne  donne  lieu  à  aucune 
réaction;  mais,  au  contact  d'une  solution  assez  concentrée  A^azotale  de  nickel,  on 
voit  à  la  longue,  au  bout  de  plusieurs  mois,  qu'un  précipité  vert  a  remplacé  l'oxjde 
jaune.  Ce  sont  de  petites  lamelles  hexagonales  microscopiques  qui  présentent  à  l'ana- 
lyse la  composition  d'un  nitrate  nickelo-mercurique  de  formule 

2(Az03rHg,3NiO,  8H=0. 

»  Sels  de  cobalt.  —  Au  sein  d'une  solution  de  chlorure  de  cobalt,  l'oxyde  de  mer- 
cure disparaît  peu  à  peu  et  est  remplacé  par  une  poudre  verte  formée  par  des  lames 
quadrangulaires.  Le  déplacement  total  de  l'oxyde  de  cobalt  n'a  pas  lieu.  Même  au 
bout  de  plusieurs  mois,  la  liqueur  renferme  du  cobalt  manifesté  par  sa  coloration  légè- 
rement rose. 

Il  La  poudre  verte  cristalline  "n'est  pas  un  oxyde,  comme  l'a  cru  Rose,  mais  un 
chlorure  mixte  basique  de  cobalt  et  de  mercure  de  composition 

HgClSSCoO, 'H^O. 


(')  L'analyse  de  l'azote  a  été  faite  soit  par  le  procédé  Dumas  :  dosage  de  l'azote 
nitrique,  soit  par  le  procédé  H.  Henriet  {Comptes  rendus,  n°  16,  t.  CXXXll,  p.  966; 
1901),  procédé  qui  a  donné  des  résultats  satisfaisants. 


(  Ï275  ) 

»  Même  après  plusieurs  mois  de  contact,  l'oxyde  de  mercure  n'éprouve  aucuu 
cliangement  dans  une  dissolution  de  sulfate  de  cobalt.  Mais,  dans  une  solution  con- 
centrée à^ azotate  de  cobalt,  il  est  remplacé  peu  à  peu  par  un  précipité  rouge  cristal- 
lisé en  petits  prismes  clinorhorabiques  ayant  la  composition  d'un  nitrate  basique 
cobalto-mercurique  de  formule 

(AzO')'Hg,CoO,3H'0. 

»  Sels  de  cuiyre.  —  L'action  de  l'oxyde  mercurique  sur  les  sels  de  cuivre  présente 
beaucoup  d'analogies  avec  l'action  sur  les  sels  de  zinc. 

»  L'oxyde  mercurique  placé  dans  une  solution  de  chlorure  cuivrique  s'y  change 
très  rapidement  en  une  poudre  amorphe  bleue  ayant  la  composition  d'un  sel  basique 
tétracuivrique  de  formule 

CuCl%3GuO,4H20. 

»  Si  l'on  met  l'oxyde  de  mercure  au  contact  d'une  solution  de  bromure  ciiifrique, 
on  a  formation  d'un  précipité  vert  cristallisé  en  petites  lames  quadrangulaires.  C'est 
un  bromure  basique  cupro-mercurique 

HgBrSCuO,  3H«0. 

»  Le  sulfate  de  cuivre  mis  au  contact  d'oxyde  mercurique  a  subi  une  légère  alté- 
ration au  bout  de  six  mois,  mais  la  quantité  d'oxyde  transformée  a  été  trop  petite  pour 
être  analysée. 

«  h'azotate  de  cuivre  en  solution  très  concentrée  a  donné,  avec  l'oxyde  de  mercure 
jaune  soit  sec,  soit  récemment  précipité,  et  avec  l'oxyde  rouge,  un  précipité  bleu  formé 
de  prismes  quadrangulaires  très  facilement  décomposables  par  l'eau  avec  mise  en  liberté 
d'oxyde  de  mercure.  Ce  précipité  est  un  nitrate  basique  cupro-mercurique  de  formule 

(AzO')Mlg,  CuO,  4H'0.   » 


M.  C.  DcpRAT,  à  la  Guadeloupe,  écrit  qu'il  a  observé,  le  9  mai  1901, 
vers  7''  du  soir,  une  comète  (c'est  la  comète  1901  a)  comparable  pour 
l'écliit  à  une  étoile  de  /(*  grandeur,  à  queue  rectiligne;  la  tête  était  placée 
près  des  étoiles  -^  et  tc"  d'Orion;  l'extrémité  de  la  queue  atteignait 
l'étoile  2  de  l'épée  d'Orion. 


M.  P.  GuYON  adresse,  de  Vannes,  la  description  et  le  dessin  d'un  «  Nou- 
veau moteur  à  vent  ». 


M.  Ch.  Joly  adresse  un  Mémoire  sur  «  Le  grisou  >■. 


{  1276  ) 

M.  RiDEY  adresse  une  Note  «  Sur  un  matériel  de  sauvetage  et  d'extinc- 
tion dans  les  incendies   ». 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.  B. 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  mai  igoi. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
t.  CXXX,  janvier-juin  1900.  Paris,  Gauthier-Villars,  1900;  i  vol.  {11-4". 

OEiwres  complètes  d' Augustin  Cauchy,  publiées  sous  la  direction  scienti- 
fique de  l'Académie  des  Sciences  et  sous  les  auspices  de  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique;  I"^^  série,  t.  XII,  avec  une  Table  générale  de 
la  F®  série.  Paris,  Gauthier-Villars,  1900;  i  vol.  in-4°. 

Institut  de  France.  Académie  des  Sciences.  Réunion  du  Comité  international 
permanent  pour  l' exécution  de  la  Carte  photographique  du  Ciel,  tenue  à  l'Obser- 
vatoire de  Paris  en  igoo.  Paris,  Gauthier-Villars,  1900;  i  vol.  in-4''. 

Annales  célestes  du  dix-septième  siècle,  par  A. -G.  Pingré,  Ouvrage  publié 
sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences,  par  M.  G.  Bigourdan.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1901;  i  vol.  in-4''. 

Ministère  du  Commerce,  de  l'Industrie,  des  Postes  et  Télégraphes.  Exposition 
internationale  de  igoo.  Direction  générale  de  l'exploitation.  IV^  Congrès  inter- 
national de  Chimie  appliquée.  Compte  rendu  sommaire ,  parM.  Henri  Moissan, 
président  du  Congrès,  et  François  Dupont,  secrétaire  général.  Paris. 
Imprimerie  Nationale,  1901. 

P.  Chrjsologue  de  Gy,  capucin,  géographe  et  astronome  (1728-1808), 
avec  une  carte  insérée  dans  le  texte,  par  le  P.  Ubald  d'Alençon.  Angers, 
J.  Siraudeau,  1901  ;  i  fasc.  iii-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Die  Erdbebenwarte,  Monatsschrilt  herausgegeben  von  Albin  Belar; 
Jahrgang  I,  Nr.  2.  Laibach,  KJeinmayr  et  Fed.  Bamberg,  igoi  ;  i  fasc.  in-8°. 

La  propaganda  cientifica,  ^ahiiCAcion  mensual;  ano  I,  nuni.G.  Guate- 
mala, igoo;  I  fasc.  in-H". 


On  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  dos  Grands-Auonstiiis,  n°  55. 


Depuis  i835  les  COMPTL» 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabéliq 
et  part  du  i"  Janvier. 


■'idoraadaircs  paraissent  r('-ulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  do  l'année,  deux  volumes  in-4°. 
aères,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  a 


Deux 

annuel 


Le  prix  <tr  Vabnnnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  20  fr.  —  ricpariements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Agen Ferran  Irères. 

i  Chaix. 
Alger <  Jourdan. 

(  Ruff. 

Amiens Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

Angers •      „ 

(  Gaslineau. 

Baronne Jérôme. 

Besançon  Régnier. 

/  Feret. 
Bordeaux Laurens. 

(  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

/  Derrien. 

-,  F.  Robert. 

Brest «  ^,  ,. 

i  Oblin. 

I  Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Chambcry Perrin. 

_.      .  (  Henry. 

Cherbourg I    ,       •' 

(  Marguerie. 

,,,  ,  ^  i  Juliot. 

Liermont-Ferr .. . 

f  Bouy. 

Nourry. 

D{  on Ralel. 

(  Rey. 

_  i  Lauverjal. 

Douai ,  ■■ 

t  Uegez. 

„         ,,  i  Drevet. 

Grenoble „ 

(  Gratier  et  G". 

La  Rochelle Foucher. 

,     ,,  i  Bourdignon. 

Le  Havre ^ 

{  Dombre. 

,  ...  1  Thorez. 

l-^le 

(  Quarre. 


Lorient. 


chez  Messieurs  ; 

Baunial. 

M"*  Tenier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 

I  Lyon ^'  Ellanlin. 

I  Savy. 
'  Vitte. 

Marseille Kuat. 

)  Valat. 

I  Goulet  cl  fils. 
Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
^  Guist'lian. 
i  Veloppé. 
I  Barnia. 
'  Appy. 

iVimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

„   .  .  i  Blanchier. 

Poitiers ,,      , 

(  Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Roche/on Girard  (M""). 

Langlois. 

Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

(  Ponteil-Burles. 

(  Itunièbe. 


Montpellier . 

Moulins . .    .. 


Kantey 

.  A  ice .  .  . 


Rouen. 


Toulon . . 
Toulouse 


f  Giiiict. 
I  Privât. 


Boisselier. 

Tours Péricat. 

'  Suppligeon. 
\  Giard. 
{  Lenialtre. 


Valenciennes . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 
I  Feikema   Caarelsen 
i      et  G-. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  G''. 

Dames. 

Friedlander   et   lils. 

I  Mayer  et  Muller. 

Berne Schniid  Francke. 

Bologne Zaniclielli. 

I  Lainertin. 

Bruxelles Mayolezet.\udiarte. 

(  Lebègue  et  G'*. 

„     ,  1  Sotchek  et  C°. 

Bûchai  es'. .  ,     , 

(  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  G 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  ,     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

;  Cherbuliez. 

Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfante   frères. 

Beiida. 

Payot  et  C'". 

Barth. 
1  Brockliaus. 
Leipzig Lorentz. 

Max  Kiibe. 

Twietmeyer. 

(  Desoer. 
'-'^'S^ iGnusé. 


Genève. . 

La  Haye. 
Lausanne. 


chez  Messieurs  : 

1  Dulau. 
^''"'''■" Hachette  et  G'.. 

'  Nutt. 
Luxembourg.    .  .     V.  Buck. 

iRuiz  et  G'V 
Romo  y  Fussel. 
Capdeville. 
F.  Fé. 

Milan (Bocca  frères. 

■'  I  Hœpli. 
l^oscou Tastevin. 

Naples j  Marghieri  di  Glus. 

(  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
IVe'v-Vork !  Stechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  el  Monii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  Bocca  frères. 

(  Loescheret  G'*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin.  ~ 

„,  „  ,       ,  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..^^^^^^ 

I  Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

Vérone Drucker. 

l  Frick. 

Vienne !  „       ,  , 

(  Gerold  et  G''. 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.  —  (3  AoiU  i835  à  '3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°  ;  i853.  Prix 15  Ir. 

Tomes  32  à  61.  —  (,  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  VoUimc  in-j";  1S70.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"''  Janvier  iSGO  à  ji  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

Tomes  92  à  121.  —  (  i"'  Janvier  1881  à  3i  Décembre  1895.)  Volume  in-4";  "joo-  l'i'ix 15  Ir. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I  :  iMémoire  sur  quelques  points  de  la  Physioloslc  des  Alyurj.  p<ir  MM.  A.  Drni.Es  et  \.-J.-J.  Solilh.  -  Méirioire  sur  le  Calcul  des  Pertui-bations 
qu'éprouvent  les  Comètes,  par  M.  Hansen.  —  Mémoire  sur  h-  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans 
la  digestion  des  matières   grasses,  par  M.  Claude  Bern.vru.  Volume  in-V,  avec  32  planches;  iS56 •     15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  V.4N  Biîsti.ix.  -  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des 
Sciences  pour  le  concours  de  iS53,  et  puis  remise  pour  celui  de  iS.W,  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 
«  terrains  sédimentaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Dtsculer  la  question -de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  - 
«  Rechercher    la    nature    des    rapports    qui   existent   entre   l'état  aetuel    du  règne    organique    et    ses  étals  antérieurs  »,    par    M.     le    Professeur    Iîiionn,     in-\' 

15  fr 
avec    3-;  planches;   i8Gi 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  21.  ' 

TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance     du   28    mai     1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUIVIGATIOrVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  le  Ministre  dk  i.'Insthuctioîj  publique 
adresse  ramplialion  du  décret  par  lequel 
le  Président  de  la  République  approuve 
l'éleclion  de  M.  Laveraii  pour  remplir  la  . 
place  laissée  vacante  dans  la  section  de 
Médecine  cl  Cliirurgie  par  le  décès  de 
M.  Potain 1^49 

M.  le  Secrétaire rEiîPÉTUEL  annonce  àTAca- 
dcniic  que  le  Tome  CXXX  des  «  Comptes 
rendus  de  l'Académie  des  Sciences  •■  est 
en  distribution  au   Secrétariat 1249 

M.  le  Secrétaire  terpétuel  présente  les 
(I  Annales  Célestes  du  dix-septième  siècle  ■■ 
de  A.-G.  Pingre.  Ouvrage  publié  sous 
les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences. 


Pages, 
par  M.  G.  Bigourdan,  et  le  Tome  XII 
de  la  I"  Série  des  «  OEuvres  complètes  « 
d'Augustin  Cauchy ,  publiées  sous  la 
direction  scientifique  de  l'Académie  des 
Sciences i25o 

M.  Bouquet  de  la  Grye.  —  Sur  la  paral- 
laxe du  Soleil 1230 

MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens.— 
Hydrogénation  de  divers  carbures  arpma- 
liqucs laS'i 

M.  le  S'ECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  annonce  à  l'Aca- 
démie la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
la  personne  de  M.  Mares,  Correspondant 
de  la  Section  d'Economie  ruiale,  décédé 
à  Montpellier  le  9  mai  1901 1257 


CORRESPONDANCE. 


-AI.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  :  1°  Le 
Compte  rendu  sommaire  du  IV"  Congrès 
de  CIjimie  appliquée,  par  MM.  flenri  Mois- 
son et  François  Dujmnt ;  1"  un  volume 
intitulé  :  «  Réunion  du  Comité  interna- 
tional permanent  pour  l'exécution  de  la 
Carte  photographique  du  Ciel,  tenue  à 
l'Observatoire  de  Paris  en  1900.  « i'ih-j 

.MM.  Rambaud  et  Sy.  —  Observations  de  la 
comète  A  (  1901  ),  faites  à  l'Observatoire 
d'Alger  (ét]uatorial  coudé  de  0'",  348  d'ou- 
verture ) 1 25s 

M.  A.  DE  LA  Baume-Pluvinel. —  Sur  le  spec- 
tre de  la  couronne  solaire  photographié  à 
Elche  (Espagne)  pendant  l'éclipsé  totale 
de  Soleil  du  28    mai    igoo 1259 

.MM.  Ch.  Tabry  et  .\.  Perot.  —  Longueurs 
d'onde  de  quelques  raies  du   fer 1264 

AL  Ei)M.  v.\N  AuBEL.  —  Sur  la  densité  des 
alliages 1^66 

M.  V.  Crémieu.- —  Sur  une  balance  très 
sensible  jiouvant  servir  de  galvanomètre. 

Bulletin  bibliographique 


d'électrodynamomètre  et  d'éleclromètre 
absolu 

M.  J0UNIAUX.  —  Sur  la  réduction   du  chlo- 

'  rure  d'argent  par  l'hydrogène  et  réaction 
inverse.  Équilibres  véritables 

M.  Berthelot.  —  Observations  relatives  à 
la  Note  précédente  sur  la  réduction  du 
chlorure  d'argent  par   l'hydrogène 

M.  A.  Mailiie.  —  Action  de  l'oxyde  mercu- 
rique  sur  les  solutions  aqueuses  des  sels 
métalliques 

M.  Duprat,  à  la  Guadeloupe,  écrit  qu'il  a 
observé  une  comète,  le  9  mai  1901,  vers 
-''  du  soir.   (C'est  la  comète  1901  a.).,., 

M.  P.  GuYON  adresse  la  description  et  le 
dessin  d'un  «  Nouveau  moteur  à   vent  >'.. 

M.  Ch.  Joly  adresse  un  Mémoire  sur  u  le 
Grisou  >' 

M.  RiDEY  adresse  une  Note  «  Sur  un  maté- 
riel de  sauvetage  et  d'extinction  dans  les 
incendies  » 


I26-; 


[27.3 


127.3 


127J 
127") 
127,'i 

1276 
127(1 


PARIS.    —  [  M  P  R  I  M  lî  R  I  E     G  A  U  T  H  I  K  R  -  V I  L  L  A  R  S  , 
Quai  des  Grands-Auguslins,  Si 

l.e  Gérant  .* '■.uraiBR-VtLLARS. 


PREMIER  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

P%H  lin.   EiES  SBCRBTAinE»  PBRPÉTUEIiS). 


TOME  CXXXII. 


N^  22  (5  Juin  1901). 


PARIS, 

GAUTHIIÎR-VILLARS,  IMPRIMIiUR-LIBlUIRK 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

yuai  des  Grands-Auguslios,  55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 


Adopté  dans  les  séances 


DES  23  JUIN  1862  ET  24  MAI  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l  Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  ,1e 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentes  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie 

Chaque  cah.er  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4»  pages  on  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1-.  -_  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 

ouparunassociéétrangerdel'Académiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre   de  l'Académie  ne  peut  donner   aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pa^i^es  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d  une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
e  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordn^aires  sont  soumis  à  la  même 
l.m.te  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  J2  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les   dis 
eussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le   sein  de  l'A^ 
cadenj.e;  cependant,   si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  desu-ent  qu'il  en  so.t  fait  mention,  ifs  doive 
rechger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Ils   donnent  lecture  à   l'Académie  avant  de  i;s  rë 
mettre  au   Bureau.  L'impression   de  ces   Notes    ne' 
prejudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
l-re,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  impnmés  dans  les  Comptes) endul,  .....  les  ^p- 


porls  relatifs  aux  prix  décernésne  le  sontquW 
que  l'Académie  l'aura  décidé.  * 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance* 
bl.que  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  -  Impression  des  travaux  des  Savam. 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person„ 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'i 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'„„, 
sume  qui  ne  dépasse  pas  3  pa^es 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  so- 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  reauis  I 

m,  ,5  les  Secrétaires  ont  le  droil  ,1e  réd„ire  eelEa» 
amant  qu  ,1s  le  jugent  convenable,  comme  il,  lef, 

cieiie  (le  1  Académie.  ^ 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
I  imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustard.i, 
jeudi  a  lo  heures  .lu  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  itre  seu  duMemoire  est  inséré  dans  le  ComptereL 
actuel,  et  1  extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  se 
vant  et  mis  a  la  fin  du  cahier.  ^ 

Article  4.  _  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches 


figures. 


m 


Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  fioures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  i  étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  desai^ 
eurs;  ,1  n  y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fail 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Cor,iptes  rendus  après 
1  impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 

Les  Savants  étrangers  à  r Académie  qui  désirant  f,  '■  ' 

déposer  au  Secrétariat  a„  p.ns  tard  le  Samedi  ,ui  ^X::Z  'ivaL^t tî^^ ^  7   '"  ^^^^^'^'^^  ^-P^'-'^  -"*  Pri^^  <>«  '- 

eance,  avant  5  .  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant.. 


JUN  33  1901 

COMPTES  RENDIS 

DES    SÉANCES 

DE   ^ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU    LUNDI   3  JUIN    1901. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


ME3I01RES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  neutralisation  de  l'acide 
phosphorique;  par  M.  Bertiielot. 

«  En  poursuivant  des  recherches  de  chimie  physiologique  sur  l'acidité 
des  liquides  de  l'économie,  tels  que  l'urine  et  le  suc  gastrique,  j'ai  été  con- 
duit à  reprendre  l'étude  de  la  neulralisalion  des  acides  à  fonction  multiple, 
organiques  et  minéraux,  et  notamment  celle  de  l'acide  phosphorique,  qui 
m'a  déjà  occupé  à  plusieurs  reprises  (').  Je  rappellerai  que  j'ai  reconnu  à 
cet  acide  trois  fonctions  distinctes  :  celle  d'un  acide  monobasique,  compa- 
rable aux  acides  minéraux  les  plus  énergiques,  fonction  à  laquelle  s'ajoute 


(')  Ann.  de  Cliim.  et  de  Phys.,  5°  série,  t.  IX,  p.  33,  1876;  6*  série,  t.  VI,  p.  5o6, 
i885;  7"  série,  t.  XI,  p.  355,  1887. 

C.  R.,  1901,    1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  M"   22.)  I<35 


•  i^7«  ) 
une  acidité  équivalente  à  celle  d'un  acide  plus  faible,  de  l'ordre  de  l'acide 
acétique,  puis  une  troisième  acidité  de  l'ordre  de  celle  des  alcools.  Ces 
trois  acidités  répondent  à  la  formation  des  phosphates  monobasiques, 
bibasiques,  tribasiques.  Elles  se  traduisent  tant  par  l'inégalité  des  dégage- 
ments de  chaleur  de  neutralisation,  qui  caractérisent  chacune  d'elles,  que 
parla  diversité  de  teinte  de  certains  colorants  tels  que  le  mélhylorange, 
accusateur  de  la  monobasicité,  la  phénolphtaléine,  accusatrice  des  deux 
premières  basicités,  et  le  bleu  C^P,  accusateur  spécial  mais  un  peu  incer- 
tain de  la  troisième  basicité. 

»  Mes  nouvelles  recherches  ont  porté  surtout  sur  l'étude  des  doubles 
décompositions  entre  les  chlorures  de  calcium,  de  baryum,  de  magnésium' 
et  l'azotate  d'argent,  opposés  en  proportions  diverses  à  l'acide  phospho- 
rique  libre  et  aux  phosphates  monosodique,  bisodique  et  trisodique,  tiinsi 
qu'aux  phosphates  monoammonique,  biammonique  et  triammonique;  le 
tout  dans  le  but  de  déterminer  les  variations  de  titre  acide  correspondantes. 
Avant  de  présenter  le  Tableau  de  ces  expériences,  dont  le  nombre  s'élève 
à  plusieurs  centaines,  je  crois  devoir  revenir  sur  l'étude  de  la  neutralisa- 
tion directe  de  l'acide  phosphorique  par  la  chaux  et  par  la  baryte. 

))  Les  nouveaux  résultats  que  j'ai  obtenus  confirment  et  développent 
mes  anciens,  en  y  ajoutant  certains  phénomènes  qui  paraissent  de  quelque 
intérêt  pour  les  problèmes  généraux  de  la  neutralisation.  Voici  les  faits  : 

»  1 .  Versons  peu  à  peu ,  avec  une  burette  graduée,  une  solution  de  chaux, 
renfermant  par  exemple  iS'',  2  à  I*^^4  a»  litre  (GaO  =  4»"'  à  5o"*),  dans 
une  solution  d'acide  phosphorique  (PO*H^  —  8'"):  il  ne  se  produit  d'abord 
aucun  précipité;  mais  le  méthylorange  accuse  la  neutralisation  lorsqu'on 
a  atteint  un  équivalent  d'alcali  pour  une  molécule  d'acide,  précisément 
comme  avec  la  soude  et  avec  la  baryte;  soitPO^H'  -h  NaOH  pour  la  soude; 
2  PO* H'  -h  BaO  et  2  PO' H'  +  CaO  pour  la  chaux  et  la  baryte  (bases  biva- 
lentes). Si  l'on  continue  à  ajouter  rapidement  la  solution  de  chaux,  l'acide 
commence  à  se  précipiter  sous  la  forme  de  phosphate  bibasique,  PO'CaH 
ou  P-0%  2CaO,  H-0;  la  précipitation  étant  à  peu  près  complète  avec 
deux  équivalents  de  chaux  (une  molécule). 

M  Cependant,  la  réaction  ne  s'arrête  pas  à  ce  terme,  une  nouvelle  pro- 
portion de  chaux  s'attachant  au  précipité,  au  fur  et  à  mesure  que  l'on  ajoute 
la  dissolution  alcaline.  Or,  circonstance  remarquable,  l'accroissement  de 
chaux  dans  le  précipité  n'est  pas  instantané,  mais  progressif;  il  se  fait  peu 
aj)rès  et  ne  se  complète  que  très  lentement,  même  lorsque  l'acide  est  mis  de 
suite  en  présence  d'un  excès  de  chaux  considérable,  tel  que4CaO  et  même 


(  1279  ^ 
loCaO  (8  ou  20  équivalents).  C'est  ce  que  l'on  constate,  par  exemple,  en 
laissant  reposer  un  instant  la  liqueur  qui,  dans  les  premiers  moments, 
s'éclaircit  assez  vite,  ou  bien  en  la  filtrant.  Si  l'on  attend  plus  longtemps, 
le  précipité  change  de  nature  et  cette  matière,  remise  en  suspension  par 
l'agitation,  ne  se  dépose  plus  qu'avec  une  extrême  lenteur,  demeurant 
émulsionnée  à  la  façon  d'un  corps  colloïdal.  En  opérant  dès  le  début,  on 
peut  isoler  une  fraction  déterminée  du  volume  initial  (  '  ")  et  y  déterminer 
le  titre  alcalin,  par  l'emploi  de  l'acide  chlorliydrique  normal,  par  exemple, 
et  d'un  colorant.  Le  méthylorange  a  été  employé  de  préférence.  Dès  que 
tout  l'acide  phosphorique  a  été  précipité,  ce  qui  est  réalisé  par  une  pro- 
portion de  chaux  un  peu  supérieure  à  i  équivalents  (CaO  pour  PO' H'), 
la  liqueur  claire  ne  renferme  plus  que  de  la  chaux  et  les  indications  des 
trois  colorants  :  méthylorange,  phénolphtaléine  et  tournesol,  répondent 
sensiblement  à  la  même  limite.  Cette  limite  fait  connaître  la  dose  de  chaux 
libre  dans  la  dissolution  et,  par  différence,  la  dose  précipitée  par  l'acide 
phosphorique. 

»  2.  En  versant  ainsi  peu  à  peu  l'eau  de  la  chaux  dans  l'acide  phospho- 
rique, le  méthylorange  vire,  comme  je  viens  de  le  dire,  vers  le  terme 
P^O^  :  CaO  (phosphate  monobasique  sohibh  ). 

»  En  opérant  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  en  versant  peu  à  peu  l'acide 
phosphorique  dans  l'eau  de  chaux,  ce  virage  a  eu  lieu  vers  le  terme 
P-O^  :  2  CaO  ;  c'est-à-dire  lors  de  la  formation  du  phosphate  bibasique  inso- 
luble, laquelle  soustrait  2  équivalents  de  base  soluble  à  l'action  alcali- 
métrique. 

»  Avec  la  phénolphtaléine,  cette  première  limite  est  moins  nette;  elle  a 
paru  voisine  de  i  ,4  CaO. 

))  3.  Pour  mieux  observer  la  fixation  progressive  de  la  chaux  sur  le 
phosphate  bibasique  précipité  en  premier  lieu 

(PO'CaH  ou  P-O',  2CaO,  H=0) 

(')  En  raison  de  la  grande  dilution  des  liqueurs,  leur  volume  par  l'effet  de  la  for- 
mation du  précipité  n'éprouve  que  des  variations  insensibles,  du  moins  pour  le  degré 
de  précision  des  expériences  alcalimétriques.  Les  filtres  employés  étaient  formés  avec 
le  papier  blanc  employé  pour  les  analyses  chimiques.  Ce  papier  ne  relient  que  des 
doses  d'alcali  insignifiantes,  c'est-à-dire  comprises  au-dessous  des  limites  d'erreur; 
comme  on  le  constate  en  comparant  les  liqueurs  filtrées  avec  les  liqueurs  isolées  par 
décantation.  Les  liqueurs  doivent  être  préparées  et  conservées  en  vases  clos,  à  l'abri 
du  contact  de  l'air. 


(    I28o    ) 

j'ai  opéré  d'un  seul  coup  le  mélange  de  la  dissolution  PO^H*  avec  un 
volume  d'eau  de  chaux  renfermant  4CaO  et  loCaO  (  8  et  20  équivalents). 
On  a  observé  ainsi,  et  en  opérant  le  dosage  avec  le  méthylorange,  les 
doses  de  chaux  fixées  sur  PO^  H'  que  voici  : 

Avec  4CaO  Avec  loCaO 

Aussitôt 1,34  1,77 

Le  i"  jour  (janvier"! 1,82  1,93 

Le  2"  jour t  ,  89  » 

Le  3' jour 1,93  1,96 

Le  4°  jour i ,  97  » 

»  Les  derniers  chiffres  se  confondent  à  peu  près  avec  la  formule  d'un 
phosphate  quadribasique. 

»  Les  dosages,  exécutés  simultanément  avec  trois  colorants,  ont  été 
trouvés  sensiblement  les  mêmes;  soit  dans  deux  essais  distincts  : 

Méthylorange 1  ,77  i  ,90 

Phénolphtaléine 1,80  2,02 

Tournesol i  ,77  i  ,96 

»  Lorsqu'on  agite,  le  précipité  rentre  en  suspension,  et  la  liqueur  émul- 
sionnée  ne  s'éclaircit  plus  guère,  même  après  plusieurs  semaines  de 
repos.  Mais,  si  l'on  y  ajoute  quelques  centièmes  de  son  volume  d'une  dis- 
solution saturée  de  chlorure  de  sodium,  le  précipité  se  coagule  et  se  sépare. 
D'après  le  titrage  de  la  liqueur  claire  ainsi  obtenue,  le  précipité  renferme, 
pour  PO* H':  1,99 CaO. 

»  On  peut  aussi  éclaircir  la  liqueur  en  la  maintenant  à  60°,  en  vase  clos, 
pendant  six  heures.  Le  lendemain,  le  dosage  par  le  méthylorange  a  indi- 
qué, pour  PO'' H',  les  proportions  de  chaux  précipitée  :  2,1  CaO. 

»  Le  léger  excès  0,1  peut  être  attribué  à  la  précipitation  de  l'eau  de  chaux 
observable  par  l'action  de  la  chaleur.  En  effet,  le  titre  de  la  même  eau  de 
chaux,  chauffée  simultanément  dans  le  même  bain,  a  baissé  de  i^',  16 
à  i^"',  12  par  litre. 

»  D'après  ces  faits,  qui  concordent  avec  mes  observations  de  1876,  en  les 
précisant  davantage,  le  terme  de  3  équivalents  ne  représente  pas  le  terme 
de  la  saturation  de  l'acide  phosphorique  pnr  la  chaux;  pas  plus  d'ailleurs 
que  par  la  soude,  laquelle  continue  à  dégager  un  peu  de  chaleur,  même  au 
delà  de  la  proportion  PO^H'+  iNaOH.  De  même  la  baryte. 

))  Un  composé  calcique  quadrivalent  (Lsoklas)  a  même  été  observé 
dans  la  nature   (Gmelin,   (.  H,  p.   364;    188G).  Ce  composé  répondrait. 


(    I28l     '^ 

d'après  les  analogies,  à  l'oxychloriire  de  calcium,  CaCl-,3CaO,  et  à 
l'azotate  de  chaux  basique,  Az-O'Ca.CaO. 

»  4.  La  baryte  donne  lieu  à  des  observations  parallèles.  Lorsqu'on  verse 
peu  à  peu  l'eau  de  baryte  dans  l'acide  phosphorique,  le  virage  du  méthYl- 
orange  répond  au  sel  monobasique  soluble,  P-0',Ba  O,  2H-O,  comme 
avec  la  soude  et  la  chaux. 

»  En  opérant  en  sens  inverse,  on  a  observé  une  fixation  progressive 
d'alcali  sur  le  sel  bibasique,  PO'BaH. 

Premier  effet i,33  BaO  fixé  en  loui. 

Puis 1,45 

24  heures 1 ,725 

Après  quelques  jours.  .  1,91 

n  Je  n'ai  pas  réussi  à  dépasser  ce  terme.  Mais  il  se  rapproche  bien  ilu 
phosphate  quadribasique. 

»  Quand  on  précipite  le  phosphate  Iribasique,  P^O*,  3BaO,par  double 
décomposition,  il  est  d'abord  amorphe,  puis  cristallise  en  dégageant  -+- 1 't*^"', 
d'après  mes  anciennes  observations. 

»  5.  Lorsqu'on  précipite  par  double  décomposition  les  phosphates  de 
chaux  ou  de  baryte,  j'ai  observé  que  le  sel  précipité  varie,  suivant  la  con- 
stitution du  phosphate  alcalin  soluble  initial,  ses  proportions  relatives  et 
diverses  autres  circonstances,  dans  son  degré  de  saturation.  On  peut 
obtenir  : 

»   Soit  un  sel  bivaleni,  tel  que  PO'Callou  PO'BaH; 

>.   Soit  un  sel  trivalent,  tel  que  P^0=,  3CaO  ou  P-0^  3BaO; 

»  Soit  un  sel  de  saturation  intermédiaire,  tels  que  ceux  observés  par 
lierzélius  ; 

»  Soit  un  sel  double,  tel  que  P-O*,  2BaO,  2NaOH,  etles  composésaiia- 
logues  obtenus  par  le  regretté  Joly. 

»  Enfin,  si  l'on  opère  avec  un  excès  de  potasse  ou  de  soude,  comme  ou  a 
proposé  de  le  faire  dans  les  recherches  relatives  à  la  neutralité  de  l'urine, 
on  peut  obtenir  des  phosphates  quadribasiques,  ou  leur  mélange  avec  les 
phosphates  tribasiques. 

»  En  raison  de  ces  faits,  dont  j'ai  fait  une  étude  approfondie,  les  chan- 
gements dans  le  degré  de  neutralité  des  liqueurs  décantées  ou  filtrées  sont 
très  divers  suivant  les  circonstances  et  ils  ne  répondent  pas,  dans  la  plupart 
des  cas,  aux  formules  admises  par  hypothèse  par  les  physiologistes.  Je 
reviendrai  sur  cette  question.  » 


(     1282    ) 


CHIMIE.   —   Nouvelles  recherches  sur  les  alliages  d'or  et  (V argent  et  diverses 
autres  matières  provenant  des  tombeaux  égyptiens  ;  par  M.  Bertiielot. 

«  En  poursuivant  mes  études  sur  les  métaux  de  l'antiquité,  j'ai  été 
conduit  à  faire  un  examen  spécial  des  échantillons  d'or  pur,  ou  allié,  pro- 
venant des  tombeaux  égyptiens,  et  particulièrement  des  feuilles  minces 
employées  à  la  dorure  des  momies  et  autres  objets.  J'ai  recherché  s'il  était 
possible  d'établir  quelques  relations  probables  entre  la  composition  chi- 
mique de  ces  feuilles  et  la  date  et  les  procédés  de  leur  fabrication,  dans 
les  cas  où  cette  date  est  établie  d'une  façon  rigoureuse  par  les  archéo- 
logues; de  façon  à  pouvoir,  au  besoin,  remonter  en  sens  inverse,  dans 
d'autres  cas,  de  la  composition  révélée  par  l'analyse  chimique,  soit  à  la 
date  inconnue  de  la  fabrication,  soit  à  l'origine  minéralogique  des  échan- 
tillons. Mais,  pour  arrivera  des  conclusions  de  quelque  valeur,  il  convient 
de  multiplier  les  déterminations. 

»  J'ai  déjà  publié  un  certain  nombre  de  résultats  précis  à  cet  égard  dans 
mes  études  sur  les  fouilles  de  Dahchour  (^Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
']"  série,  t.  IV,  p.  572;  i8g5)  et  sur  des  échantillons  fournis  par  notre 
(Confrère,  M.  Maspéro,  directeur  du  Service  des  antiquités  en  Egypte 
(même  Recueil,  ^^^  série,  t.  XXI,  p.  202;  1901;  Comptes  rendus,  t.  CXXXI, 
p.  461;  1900).  Il  a  eu  l'obligeance  de  m'envoyer  divers  échantillons  nou- 
veaux, au  mois  d'avril  1901,  et  ces  échantillons  m'ont  été  remis  il  y  a  une 
douzaine  de  jours  par  M.  Cogordan. 

»   Je  vais  donner  les  résultats  de  mon  examen. 


A.  —  I.  Petit  fragment  d'or,  provenant  du  cercueil  du  roi  Horus 
DE  Dahchour,  xiii=  dynastie. 

»   Cet  échantillon  pèse  o^^,oo%i. 

»  C'est  une  feuille  métallique  battue  (épaisse  d'environ  un  millième  de 
millimètre).  La  teinte  des  deux  surfaces  est  notablement  différente,  l'une 
d'elles  étant  d'un  jaune  d'or  pur,  l'autre  rougeàtre  et  même  presque  sombre 
par  places.  Cette  dernière  teinte  est  répartie  inégalement.  Elle  ne  paraît 
pas  attribuable  au  métal  lui-même,  mais  à  un  enduit  extrêmement  mince 
de  matière  organique,  provenant  sans  doute  du  contact  de  la  momie,  et 
dont  le  poids  n'est  pas  appréciable  sur  un  aussi  petit  échantillon.  Cette 


(   1283 


nialiére  brûle  lorsque  l'or  est  porté  au  rouge,  et  le  métal  reprend  sa  cou- 
leur normale. 

»   L'analyse  a  fourni  sur  loo  parties  . 

^'' 92,7 


Argent /,,g 

Autres  matières •2^[^ 

B.   —  Deux  petits    paquets    de    feuilles    métalliques,  désignées  sous  les  noms  d'oh, 

d'argent,   ou  D'ÉLECTItUM,  PROVENANT  d'LN  TOMBEAU   DE    LA    Xl°  OU  XU"  DYNASTIE  (XII"  PRO- 
BABLEMENT),   DÉCOUVERT    A    HeRCUÈU    ET    APPARTENANT  A  UN    CERTAIN    TaHOUTINAKIIOUIT. 

))  J'ai  partagé  ces  feuilles,  d'après  leur  apparence,  en  quatre  groupes 
poiu'  les  analyses. 

II.   —  Argent  du  pcnjuct  n"  1. 

»   Lamelle  épaisse  de  o'""',oo2  en  moyenne.  --  Epaisseur  variable  de 
o«"",ooi  à  o""",ooi5  et  o""",oo25. 

Ag 74,52 

A-" ^94 

Patine  et  autres  matières 10,  54 

III.  —    Or  jaune  du  paquet  n°  1. 

Au 80,  I 

Ag 20,3 

100,4 

IV.  -  Or  rouge  du  paquet  n"  1. 

»  Lamelle  épaisse  de  o""°,ooi  environ  dans  les  parties  les  plus  minces. 

'^" 78-7 

Ag 20,9 

99.6 

V.  —   Or  jaune  du  paquet  n"  'i. 
»   Lamelle  épaisse  de  o^^jooi  environ. 

^" 77,3 

Ag 22,2 

99'5 


(     I28/|    ^ 

VI.     -     Or  rouge  plus  foncé  du  paquet  II"  i. 

»  L'or  est  terni  d'un  côté  par  une  matière  organique,  telle  que  celle 
de  réclianlillon  I,  qui  lui  donne  l'apparence  d'un  doublé.  Cette  matière 
est  détruite  lorsqu'on  chauffe  la  feuille  d'or  an  rouge.  Épaisseur  :  o'""',ooi 
environ  dans  les  parties  minces. 

Au , 78,2 

Ag ^-i-' 

99'3 

»  On  remarquera  que  les  feuilles  d'or  ont  toutes  une  épaisseur  voisine 
de  I  à  2  millièmes  de  millimètre,  sans  être  cependant  absolument  régu- 
lière. —  Les  échantillons  IH,  IV,  V,  A'I  ont  sensiblement  la  même  compo- 
sition, étant  constitués  par  un  alliage  artificiel  ou  par  un  minéral  naturel, 
qui  renferme  4  parties  d'or  et  i  partie  d'argent.  La  différence  de  teinte  qui 
avait  fait  supposer  l'existence  distincte  d'or  et  d'électrum  est  attribuable  ;i 
un  mince  enduit,  produit  par  le  contact  ou  les  émanations  de  la  momie. 

»  L'échantillon  II  est  formé  par  de  l'argent  mêlé  d'un  cinquième  d'or, 
alliage  artificiel  ou  plutôt  minerai  naturel. 

»  Aucun  de  ces  échantillons  n'est  constitué  par  de  l'or  pur,  pas  plus 
que  ceux  du  trésor  de  Dahchour  que  j'ai  déjà  analysés  {Ann.,  7*  série, 
t.  IV,  p.  572)  où  le  rapport  de  l'or  à  l'argent  était  celui  de  5  à  i,  et  les 
feuilles  d'or  de  la  VP  et  de  la  XIP  dynastie  (Ann.,  7*  série,  t.  XXI,  p.  202) 
qui  contenaient  seulement  3,2  à  4,5  centièmes  d'argent  :  chiffres  analogues 
à  ceux  de  l'échantillon  I  provenant  du  tombeau  d'Horus,  ce  qui  confirme 
les  remarques  précédentes  sur  la  composition  de  l'or  égyptien. 

C.  —  Objkts  divers. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  observés  sur  quelques  autres  objets 
provenant  du  même  tombeau  : 

VIL  —  Matière  solide,  réputée  parfum. 

»  C'est  une  résine  fragile,  d'un  jaune  brunâtre,  compacte,  à  cassure 
conchoïdale.  Chauffée,  elle  se  comporte  comme  de  la  colophane  (résine 
des  pins),  avec  une  odeur  semblable. 

11   VIII.  Deux  boules  rondes,    blanchâtres,    ayant  l'apparence  d'une 

matière  pétrie,  puis  agglomérée  par  dessiccation.  Le  tombeau  en  renfer- 
mait une  trentaine.   —  Diamètre  :  22""'. 


(  1285  ) 

»  Ces  boules  avaient  été  regardées  par  les  personnes  qui  les  ont 
trouvées  comme  des  parfums.  J'ai  constaté  qu'elles  ne  contenaient  pns 
de  matière  organique.  Elles  sont  constituées  en  réalité  par  des  fragments 
de  verre  pilé,  non  porplivrisé,  riche  en  silice,  associé  à  un  peu  de  carbo- 
nate de  chaux  qui  a  dû.  servir  de  ciment.  La  densité  de  cette  matière  a  été 
trouvée  égale  à  2,60  environ.  Il  est  difficile  de  comprendre  les  motifs  qui 
ont  conduit  à  placer  une  substance  semblable  dans  un  tombeau. 

»  IX.  M.  Maspéro  avait  joint  à  son  envoi  une  petite  lamelle  métal- 
.lique  rouge,  longue  de  60™"  environ,  large  de  6  à  y"""  suivant  les  points, 
épaisse  de  o™™,66  et  recouverte  par  places  d'une  patine  vert-de-grisée.  — 
J'y  ai  trouvé  sur  100  parties  : 

Cuivre 87  ,7. 

Étain Trace. 

Patine  oxydée 12, 3  environ. 

»  J'ignore  à  quel  objet  cette  lamelle  avait  appartenu  autrefois. 

M  X.  En  examinant  les  feuilles  d'or,  allié  d'un  quart  d'argent,  désignées 
plus  haut  en  B,  j'y  ai  trouvé  trois  petits  anneaux  parfaitement  réguliers  et 
semblables,  qui  ont  attiré  mon  attention.  J'ai  pesé  l'un  de  ces  anneaux, 
soit  iS™^''',  9.  Il  constituait  un  tore  régulier.  Son  diamètre  extérieur  était 
égal  à  3'"°',o5;  le  diamètre  du  tore  était  o™'",75  et,  par  conséquent,  le 
diamètre  delà  circonférence  intérieure  :  i""",55. 

»  Cet  anneau  était  constitué  par  du  verre  dévitrifié,  exempt  d'étain  ou 
d'autre  métal  dans  sa  masse  intérieure,  mais  recouvert  d'une  mince 
patine  verdàtre,  renfermant  une  trace  de  cuivre. 

»  L'existence  de  semblables  objets  soulève  de  nouveaux  problèmes.  En 
effet,  ces  petits  anneaux  devaient  dépendre  de  quelque  objet  d'art  ou  de 
parure,  tel  qu'un  collier  de  perles  de  verre,  car  ils  n'ont  pas  été  assem- 
blés par  soudure,  mais  enfiles  sur  un  fil  de  lin  ou  de  métal.  Leur  fabrica- 
tion même  a  dû  offrir  quelque  difficulté,  en  raison  de  la  minceur  des 
anneaux  (o""^,']^-<)  comparée  à  leur  diamètre  (3""",  o5  V 


«   Je  joindrai  aux  analyses  précédentes  celle  d'un  échantillon  de  métal 
chaldéen,  remis  par  M.  Heuzey .  Il  s'agit  de  la  statuette  du  roi  Rim-Sin,  datée 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  22.)  l66 


(   1286  ) 
vers  2 200  avant  notre  ère.  La  poussière  détachée  à  la  lime  renfermait  ; 

Cuivre 92;9 

Sable 0,2 

Potasse  oxydée 8,9 

(sans  autre  métal). 

»   C'est  du  cuivre  à  peu  près  pur,  comme  les  statuettes  plus  anciennes 
de  Goudéah  (')  et  du  palais  du  roi  Onr-Nina  (").  » 


PHYSIQUE .  —  Sur  r analyse  magnétique  des  rayons  du  radium  et  du  rayonne 
ment  secondaire  provoqué  parées  layons.  Note  de  M.  Henri  Becquerel. 

«  Dans  une  Note  récente  ('),  j'ai  décrit  une  disposition  expérimentale 
qui  m'avait  déjà  servi  antérieurement  à  analyser  le  rayonnement  du 
radium  ;  quelques  modifications  à  cette  disposition  m'ont  permis  de  cons- 
tater ou  de  vérifier  avec  plus  de  précision  plusieurs  propriétés  impor- 
tantes, soit  du  rayonnement  direct,  soit  du  rayonnement  secondaire  émis 
par  les  corps  qui  sont  frappés  par  les  rayons  du  radium. 

M  La  disposition  consiste  à  placer  la  matière  active  dans  un  champ  ma- 
gnétique uniforme,  à  isoler  un  mince  faisceau  plan  parallèle  au  champ, 
puis  à  recevoir  sur  une  plaque  photographique  normale  au  champ,  et  sous 
une  incidence  presque  rasante,  le  rayonnement  du  faisceau  dont  une 
partie  est  déviée  par  le  champ  magnétique.  Dans  ces  conditions,  si  la  source 
est  linéaire,  normale  à  la  plaque  el  de  très  petite  longueur,  l'impression 
représente  une  section  faite  normalement  au  champ  dans  le  faisceau  dévié; 
chaque  faisceau  correspondant  à  une  vitesse  de  translation  déterminée 
donne  une  impression  sensiblement  circulaire,  comme  si  la  trajectoire  tout 
entière  de  ce  faisceau  était  marquée  sur  la  plaque.  Si  sur  la  face  de  cette 
plaque,  et  en  contact  avec  elle,  on  dispose  divers  écrans,  on  arrête  ou 
on  limite  le  rayonnement.  Lorsque  ces  écrans  sont  percés  de  trous,  on 
observe  que  par  chacun  d'eux  et  par  la  source  il  passe  une  infinité  de 
cercles  formant  en  dehors  de  l'écran  un  faisceau  épanoui  qui  constitue 
une  sorte  de  spectre  pur.   Si  au  delà  du  premier  écran  percé  de  trous  on 


('  )  Intioduclion  à  la  Chimie  des  anciens  et  du  moyen  âge,  p.  224. 
(-)  Histoire  de  la  Chimie  au  moyen  âge,  t.  I,  p.  Sgi. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXll,  p.  784. 


{  1287  ) 

en  dispose  un  second  également  percé  de  trous,  on  constate  que  par  ces 
derniers  il  sort,  soit  un  faisceau  unique  et  bien  défini,  soit,  si  les  faisceaux 
du  premier  écran  se  réunissent  partiellement,  une  série  de  faisceaux  dis- 
tincts correspondant  à  des  circonférences  définies  par  le  trou  considéré, 
par  la  source,  et  par  un  troisième  trou  appartenant  à  l'écran  intermédiaire. 
»  Les  épreuves  photographiques  permettent  de  relever  avec  une  grande 
exactitude  ces  pseudo-trajectoires,  et  d'isoler  ainsi  des  rayons  presque 
complètement  purs,  c'est-à-dire  correspondant  chacun  à  une  valeur  unique 

du  produit  — ç'  qui,  dans  la  théorie  balistique,  est  proportionnelle  au  rayon 

de  courbure  de  la  trajectoire;  ni  étant  la  masse  fictive  entraînée,  e  la 
charge  qu'elle  transporte  avec  une  vitesse  v.  . 

»  A  côté  de  ces  rayons  déviés,  on  voit  la  trace  rectiligne  donnée  par 
les  rayons  non  déviables,  comme  dans  l'expérience  fondamentale  de 
M.  Villard. 

»  Dans  un  champ  magnétique  de  3oo  unités  C.G.S.  environ,  j'ai  réalisé 
sur  une  cinquantaine  de  clichés  les  dispositions  les  plus  diverses  avec  des 
écrans  en  plomb,  en  étain  ou  en  cuivre,  affectant  souvent  une  forme  cir- 
culaire que  les  rayons  non  déviables  traversaient  suivant  leur  diamètre. 
Ces  écrans  étaient  percés  de  fentes  fines  ou  larges,  normales  à  la  plaque 
photographique  et  en  contact  avec  celle-ci.  Ces  écrans  avaient  i"™  ou  2°"" 
d'épaisseur,  et  environ  9°""  de  hauteur;  pour  protéger  plus  complètement 
certaines  parties  de  la  plaque,  on  faisait  usage  de  blocs  métalliques  de 
plusieurs  centimètres  d'épaisseur. 

»  La  matière  active  était  placée  dans  une  rainure  pratiquée  dans  un 
bloc  de  plomb  ;  un  grand  nombre  d'expériences  ont  été  faites  en  plaçant 
la  matière  au  fond  d'une  rainure  ayant  12"""  de  profondeur  et  moins  de 
jinni  jg  largeur.  Lorsque  la  matière  était  enfermée  dans  un  tube  de  verre, 
on  éliminait  la  partie  non  déviable  et  très  absorbable  pour  ne  conserver 
que  la  partie  non  déviable  et  très  pénétrante,  ainsi  que  la  partie  déviable 
du  rayonnement.  Dans  tous  les  cas,  la  cuve  était  couverte  d'une  très  mince 
feuille  d'aluminium  pour  arrêter  les  rayons  lumineux;  la  plaque  photogra- 
phique pouvait  alors  n'être  pas  enveloppée,  à  la  condition  de  faire  dans 
l'obscurité  les  diverses  manipulations  de  la  |)ose. 

»  Enfin,  dans  la  plupart  des  expériences,  en  dehors  de  l'écran  extérieur 
percé  de  trous,  on  a  disposé  parallèlement  et  à  quelques  millimètres  de 
distance,  une  lame  d'aluminium  de  o'""",  i  d'épaisseur,  qui  touchait  la 
plaque  photographique. 


(  1288  ) 

»  Dans  ces  conditions,  on  a  constaté  les  effets  suivants  :  les  rayons  non 
déviables  émis  au  travers  du  verre,  ainsi  que  les  rayons  les  moins  déviés, 
traversent  l'aluminium  comme  si  celui-ci  n'existait  pas,  et  provoquent  à 
peine  des  rayons  secondaires. 

M  Les  rayons  déviables,  partiellement  absorbés,  traversent  l'aluminium 
sans  que  la  trajectoire  soit  modifiée.  On  en  conclut  que  le  rayonnement 

qui  sort  de  l'aluminium  a  la  même  valeur  du  produit  —  v  qu'avant  de  tra- 

'    verser  le  métal  ;  j'avais  déjà  obtenu  cette  conclusion  par  une  autre  méthode. 

>)  Les  rayons  partiellement  absorbés  provoquent  sur  les  deux  faces  de 
l'écran  d'aluminium  des  rayons  secondaires  intenses.  Ces  derniers  forment, 
à  l'extérieur  de  l'écran,  un  faisceau  un  peu  diifus  qui  se  superpose  au  fais- 
ceau transmis,  sur  la  même  trajectoire.  La  disposition  permet  de  recon- 
naître très  simplement,  dans  les  faisceaux  épanouis  définis  par  la  source  et 
une  seule  ouverture,  les  limites  d'absorption  de  divers  écrans. 

))  L'analyse  des  rayons  secondaires  émis  par  les  écrans  métalliques  a 
donné  des  effets  moins  nets.  Dans  un  grand  nombre  de  cas,  des  faisceaux 
de  rayons  secondaires  sortent  par  les  ouvertures  en  formant  soit  un  fais- 
ceau diffus  symétrique,  soit  une  gerbe  épanouie  dans  les  deux  sens,  soit  un 
faisceau  épanoui  en  sens  contraire  du  faisceau  déviable  incident.  Ces  der- 
niers effets  paraissent  produits  par  les  rayons  qu'émettent  les  parois  des 
ouvertures. 

»  Si  l'on  forme  avec  des  écrans  épais  des  espaces  protégés  contre  le 
rayonnement  venant  directement  de  la  source,  mais  présentant  des  ouver- 
tures du  côté  d'écrans  recevant  le  rayonnement,  ces  espaces  sont  le  lieu 
d'impressions  photographiques,  intenses  du  côté  de  l'entraînement  des 
rayons  par  le  champ,  montrant  ainsi  que  le  rayonnement  secondaire  com- 
prend une  partie  déviable.  Le  rayonnement  secondaire  provoque  sur  les 
écrans  qu'il  frappe  un  rayonnement  tertiaire,  qui  lui-même  peut  à  son  tour 
provoquer  des  rayonnements  d'un  ordre  plus  élevé.  L'expérience  est  très 
nette  avec  les  rayons  secondaires  du  plomb,  en  laissant  entrer  ceux-ci,  par 
un  canal  étroit,  dans  l'espace  protégé;  au  sortir  de  ce  canal,  le  rayonne- 
ment secondaire  présente  une  déviation  évidente  par  le  champ  magnétique, 
dans  le  même  sens  que  la  déviation  des  rayons  incidents  et  avec  une  cour- 
bure moyenne  qui  ne  paraît  pas  différer  sensiblement  de  celle  des  rayons 
excitateurs.  Cette  dernière  conclusion  n'est  qu'approximative  et  demande 
à  être  confirmée  par  des  mesures  plus  précises. 

»  Les  divers  clichés  que  je  soumets  aujourd'hui  à  l'Académie,  et  que  je 


(   1289  ) 
me  propose  de  publier  ultérieurement,  montrent  la  précision  que  l'on  peut 
atteindre  par  cette  méthode  d'observation.    » 


PHYSIOLOGIE.        Action  physiologique  des  rayons  du  radium. 
Note  de  MM.  Henri  Becquerel  et  P.  Curie. 

«  Les  rayons  du  radium  agissent  énergiquement  sur  la  peau;  l'effet 
produit  est  analogue  à  celui  qui  résulte  de  l'action  des  rayons  de  Rôntgen. 

»  On  doit  à  MM.  Walkoff  et  Giesel  les  premières  observations  de  cette 
action  ('). 

»  M.  Giesel  a  placé  sur  son  bras,  pendant  deux  heures,  du  bromure  de 
baryum  radifére  enveloppé  dans  une  feuille  de  celluloïd.  Les  rayons 
agissant  au  travers  du  celluloïd  ont  provoqué  sur  la  peau  une  légère 
rougeur.  Deux  ou  trois  semaines  plus  tard,  la  rougeur  augmenta,  il  se 
produisit  une  inflammation  et  la  peau  finit  par  tomber. 

))  M.  Curie  a  reproduit  sur  lui-même  l'expérience  de  M.  Giesel  en 
faisant  agir  sur  son  bras,  au  travers  d'une  feuille  mince  de  gutta-percha, 
et  pendant  dix  heures,  du  chlorure  de  baryum  radifére,  d'activité  relati- 
vement faible  (l'activité  était  5ooo  fois  celle  de  l'uranium  métallique). 
Après  l'action  des  rayons,  la  peau  est  devenue  rouge  sur  une  surface 
de  G'^™'!;  l'apparence  est  celle  d'une  brûlure,  mais  la  peau  n'est  pas  ou  est 
à  peine  douloureuse.  Au  bout  de  quelques  jours,  la  rougeur,  sans  s'étendre, 
se  mit  à  augmenter  d'intensité;  le  vingtième  jour,  il  se  forma  des  croûtes, 
puis  une  plaie  que  l'on  a  soignée  par  des  pansements  ;, le  quarante-deuxième 
jour,  l'épiderme  a  commencé  à  se  reformer  sur  les  bords,  gagnant  le 
centre,  et,  cinquante-deux  jours  après  l'action  des  rayons,  il  reste  encore 
à  l'état  de  plaie  une  surface  de  i""''  qui  prend  un  aspect  grisâtre  indiquant 
une  mortification  plus  profonde. 

»  M.  H.  Becquerel,  en  transportant  un  petit  tube  scellé  contenant 
quelques  décigrammes  de  chlorure  de  baryum  radifére  très  actif  [activité 
800000  fois  celle  de  l'uranium  (^)],  a  subi  des  actions  du  même  ordre.  La 


(')  Walkoff,  Photogr.  Rundschau,  octobre  1900.  —  Giesel,  Berichte  der  deul- 
schen  chemischen  Gesellschaft,  t.  XXXIII,  p.  SSôg. 

(-)  Les  activités  que  nous  citons  sont  celles  que  donne  l'appareil  de  mesure  de 
M.  Curie.  Elles  permettent  de  classer  et  de  caractériser  les  produits,  mais  le  rayon- 
nement du  radium  est  si  complexe  que  ces  nombres  n'ont  pas  de  valeur  absolue. 
Avec  un  autre  dispositif  expérimental  on  obtiendrait  des  nombres  différents. 


(     I2()0    ) 

matière  était  enfermée  dans  un  tube  de  verre  scellé  et  occupait  un  volume 
cylindrique  ayant  environ  lo™"  à  i5™"  de  hauteur  sur  3™™  de  diamètre; 
le  tube,  enveloppé  de  papier,  était  contenu  dans  une  petite  boîte  de  carton. 
Le  3  et  le  4  avril,  cette  boîte  a  été  placée  à  plusieurs  reprises  dans  un 
coin  d'une  poche  de  gilet  pendant  un  temps  dont  la  durée  totale  peut 
être  évaluée  à  six  heures.  Le  i3  avril,  on  s'aperçut  que  le  rayonnement, 
au  travers  du  tube,  de  la  boîte  et  des  vêtements,  avait  produit  sur  la  peau 
une  tache  rouge  qui  devint  plus  foncée  les  jours  suivants,  marquant  en 
rouge  la  forme  oblongue  du  tube  et  affectant  une  forme  ovale  de  6*^""  de 
long  sur  4*^""  de  large.  Le  i[\  avril,  la  peau  tombait,  puis  la  partie  la  plus 
attaquée  se  creusa  en  se  mettant  à  suppurer;  la  plaie  fut  soignée  pendant 
un  mois  avec  des  pansements  au  Uniment  oléo-calcaire,  les  tissus  mortifiés 
furent  éliminés,  et  le  ii  mai,  c'est-à-dire  quarante-neuf  jours  après  l'action 
des  rayons,  la  plaie  se  ferma,  laissant  une  cicatrice  dans  la  région  qui 
marquait  la  place  du  tube. 

»  Pendant  que  l'on  donnait  des  soins  à  cette  brûlure,  on  vit  apparaître, 
vers  le  i5  mai,  une  seconde  tache  rouge,  oblongue,  en  regard  de  l'autre 
coin  de  la  poche  du  gilet  où  avait  été  placée  la  matière  active.  L'action 
remontait,  soit  à  la  même  date  que  plus  haut,  soit  vraisemblablement 
au  II  avril,  mais  elle  avait  été  de  très  courte  durée,  une  heure  au  plus. 
L'érythème  apparaissait  donc  trente-quatre  jours  au  moins  après  l'action 
excitatrice;  l'inflammation  se  développa,  présentant  l'aspect  d'une  brûlure 
superficielle;  le  26  mai  la  peau  commençait  à  tomber;  soignée  comme 
la  première,  cette  brûlure  paraît  en  voie  de  guérison  plus  rapide. 

))  Dans  l'intervalle  de  ces  observations,  les  10,  1 1  et  12  avril,  le  même 
tube  de  matière  active,  enfermé  dans  un  tube  de  plomb  dont  les  parois 
avaient  environ  5°"°  d'épaisseur,  a  été  conservé  pendant  quarante  heures 
dans  une  autre  poche  de  gilet  et  n'a  produit  jusqu'ici  aucune  action. 

»  Ajoutons  encore  que  M™*  Curie,  en  transportant  dans  un  petit  tube 
scellé  quelques  centigrammes  de  la  même  matière  très  active  qui  a  donné  les 
effets  décrits  ci-dessus,  a  eu  des  brûlures  analogues,  bien  que  le  petit  tube  fût 
enfermé  dans  une  boîte  métallique  mince.  En  particulier,  une  action  ayant 
duré  moins  d'une  demi-heure  a  produit  au  bout  de  quinze  jours  une  tache 
rouge  qui  donna  une  ampoule  semblable  à  celle  d'une  brûlure  superfi- 
cielle et  mit  ensuite  quinze  jours  à  guérir. 

»  Ces  faits  montrent  que  la  durée  de  l'évolution  des  altérations  varie 
avec  l'intensité  des  rayons  actifs  et  avec  la  durée  de  l'action  excitatrice. 

»  En  dehors  de  ces  actions  vives,  nous  avons  eu  sur  les  mains,  pendant 


(  '291  ) 
les  recherches  faites  avec  les  produits  très  actifs,  des  actions  diverses.  Les 
mains  ont  une  tendance  générale  à  la  desquamation;  les  extrémités  des 
doigts  qui  ont  tenu  les  tubes  ou  capsules  renfermant  des  produits  très  actifs 
deviennent  dures  et  parfois  très  douloureuses;  pour  l'un  de  nous,  l'inflam- 
mation des  extrémités  des  doigts  a  duré  une  quinzaine  de  jours  et  s'est 
terminée  par  la  chute  de  la  peau,  mais  la  sensibilité  douloureuse  n'a  pas 
encore  complètement  disparu  au  bout  de  deux  mois.  » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.—  Changements  de  direction  et  de  vitesse  d'un 
courant  d'air  qui  rencontre  des  corps  de  formes  diverses.  Note  de 
M.  3Iarey. 

«  Depuis  la  Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  devant  l'Aca- 
dcniie,  le  27  mai  iqoo,  j'ai  reconnu  que  mes  appareils  devaient  être  entiè- 
rement reconstruits  dans  des  conditions  plus  parfaites,  mais  les  ressources 
de  mon  laboratoire  ne  me  permettaient  pas  cette  coûteuse  réfection.  Notre 
savant  Correspondant  M.  Langley,  qui  veut  bien  s'intéresser  à  ces  éludes, 
obtint  de  la  Smithsoniam  Institution,  dont  il  est  Secrétaire,  un  subside  qui 
me  permit  de  reprendre  mes  expériences  et  d'obtenir  des  résultats  beau- 
coui)  plus  précis.  Pour  présenter  à  l'Académie  ces  nouveaux  résultats, 
j'ai  attendu  que  M.  le  Professeur  Hele-Schaw  ait  exposé  lui-jnème  ses  re- 
marquables expériences.  Il  m'a  semblé  utde  de  rapprocher  deux  genres 
de  recherches  qui  ont  un  caractère  commun  :  celui  de  fixer,  en  des  images 
permanentes,  des  phénomènes  qui  échappent  à  l'observation  directe. 

»  En  outre,  depuis  ma  dernière  Note  j'ai  eu  connaissance  des  travaux  de 
M.  L.  Mach,  travaux  qui  ont,  avec  les  miens,  des  relations  assez  étroites 
et  qu'il  est  nécessaire  de  signaler  pour  retracer  l'évolution  d'une  méthode 
à  peine  naissante  mais  qui  semble  destinée  à  de  nombreuses  applications. 

»  C'est  le  1 1  mars  1893  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
mes  premières  études,  faites  au  moyen  de  la  Clironophotographie,  sur  les 
ondes  liquides,  sur  les  mouvements  des  molécules  à  l'intérieur  de  ces 
ondes,  enfin  sur  les  changements  de  vitesse  et  de  direction  des  courants 
qui  rencontrent  des  corps  de  formes  diverses. 

M   Bientôt  après  M.  L.  Mach  (')  signalait  ses  expériences  sur  la  façon 


(')  Academischen  Anzeichner,  iSgS. 


(    I2r)2   ) 

donl  se  comporte  un  courant  d'air  dans  des  circonstances  analogues;  il  a 
donné  plus  de  développements  à  ce  travail  dans  une  Communication  ulté- 
rieure (  '  ).  Au  moyen  d'une  turbine  aspirante,  l'auteur  faisait  passer  un  cou- 
rant d'air  continu  dans  un  tuyau  prismatique  quadrangulaire  d'une  section 
de  î8'^'°  X  24*^™.  La  face  de  ce  tuyau  tournée  vers  l'observateur  était  for- 
mée d'une  glace  transparente;  la  face  opposée,  noircie,  formait  un  champ 
obscur;  enfin  une  lampe  à  arc  projetait  sa  lumière  à  l'intérieur  du  tuyau. 

»  M.  Mach  plaçait  dans  le  courant  d'air  des  corps  de  différentes  formes 
faits  de  substances  transparentes.  Il  recourait  à  divers  moyens  pour  rendre 
visibles  les  mouvements  de  l'air  qui  se  produisaient  au  voisinage  de 
ces  corps;  tantôt  il  projetait  dans  le  courant  d'air  de  légers  morceaux 
de  papier  de  soie,  tantôt  il  y  lançait  de  fines  poussières,  y  insufflait  des 
fumées,  ou  y  suspendait  des  fils  de  soie  flexibles  qu'entraînait  le  courant. 
Parfois  il  explorait  la  direction  du  mouvement  de  l'air  au  moyen  de  petites 
flammes  de  gaz  qu'il  portait  en  divers  points  de  la  surface  des  corps  plongés 
dans  le  tuyau. 

»  Mais  la  méthode  qui  a  donné  à  M.  Mach  les  meilleurs  résultats  fut 
celle  de  Schlieren  (^),  qui  consiste  à  rendre  visibles  les  mouvements  de 
certains  filets  d'air  en  changeant  leur  indice  de  réfraction.  On  y  parvient  en 
envoyant  un  courant  d'air  chaud  dans  de  l'air  plus  froid.  Les  filets  échauffés 
apparaissent  alors,  soit  plus  clairs,  soit  plus  foncés  que  l'air  environnant;  un 
éclair  de  poudre  de  magnésium  permet  de  photographier  l'aspect  du  phé- 
nomène. 

»  Or  les  expériences  de  M.  Mach  ont  donné  des  apparences  tout  à  fait 
comparables  à  celles  que  j'avais  obtenues  pour  les  mouvements  des  liquides 
dans  des  circonstances  semblables.  Ainsi,  en  rencontrant  des  corps  fusi- 
formes,  le  courant  d'air  se  divise,  puis  se  reforme  derrière  eux  en  produi- 
sant peu  de  tourbillons.  Les  plans  inclinés  sous  divers  angles,  les  soli;les 
de  formes  variées  agissent  sur  l'air  comme  sur  l'eau. 

))  Enfin  M.  Mach  mesurait  la  vitesse  de  ses  courants  d'air  au  moyen  d'un 
anémomètre;  il  contrôla  même  les  indications  de  cet  instrument  par  une 
méthode  acoustique  imaginée  par  son  père,  le  Professeur  E.  Mach.  Une 
flamme   vibrante   de  Kœnig,  introduite   dans  le  courant  d'air,   y  donne 


(')  Revue  de  l'Aéronautique  et  de    la    Physique    de    l'atmosphère,    iS"    année, 
6' livraison,  juin  1896. 

{'^)  Voir  Recueil  des  trai'aux  scientifiques  de  Léon  FoiiCAW-x.  Paris,  1878, 


(   1293  ) 

l'apparence  d'un  chapelet  de  petits  nuages  qui  se  transportent  en  gardant 
leurs  distances  respectives;  celles-ci,  correspondant  à  des  intervalles  de 
temps  connus,  permettent  de  mesurer  la  vitesse  du  courant. 

»  M.  Mach  signale  un  défaut  de  fixité  dans  la  direction  des  filets  d'air 
qui  présentaient  des  oscillations  continuelles;  l'auteur  attribue  ces  mou- 
vements à  des  changements  dans  la  pression  aérodynamique. 

»  Ces  études  m'étaient  inconnues  lorsque  je  présentai  à  l'Académie  le 
résultat  d'expériences  où  j'avais  soumis  à  l'action  de  corps  de  diverses 
formes  un  courant  d'air  placé  dans  des  conditions  identiques  à  celles  où 
j'avais  étudié  les  courants  de  liquides.  Pour  suivre  les  mouvements  de 
l'air,  je  me  servais  de  filets  de  fumée  qui,  aspirés  comme  l'air  lui- 
même  par  l'action  d'un  ventilateur,  pénétraient,  sans  vitesse  propre, 
dans  le  tube  à  parois  de  glaces.  Air  et  fumée  étaient  filtrés  à  travers 
des  toiles  à  mailles  fines  et  cheminaient  parallèlement  à  l'intérieur 
du  tuyau,  tant  que  le  courant  ne  rencontrait  pas  d'obstacle.  Ces  expé- 
riences, comme  celles  de  M.  Mach,  ont  montré  qu'aux  vitesses  em- 
ployées l'air  et  les  liquides  se  comportent  sensiblement  de  la  même 
manière. 

»  A  ce  moment  M.  Berlin,  ingénieur  de  la  Marine,  me  mit  en  relations 
avec  son  collègue  de  Liverpool,  M.  Hele-Shaw,  qui  depuis  plusieurs  années 
poursuivait  des  expériences  sur  le  mouvement  des  liquides  dans  des  espaces 
clos.  Les  images  si  nettes  et  si  régulières  que  donne  la  photographie  de 
filets  de  givcérine  colorés  montrent  comment  l'incompressibilité  des 
liquides  supprime  les  remous  quand  le  mouvement  se  produit  dans  un 
espace  inextensible,  tandis  que  des  remous  ont  toujours  lieu,  à  des  degrés 
divers,  en  aval  des  corps  immergés  dans  un  courant  d'air,  et  même  dans 
un  liquide,  s'il  circule  dans  un  canal  ouvert. 

»  Dans  la  construction  de  mon  nouvel  appareil,  la  section  du  tuyau  à 
air  fut  portée  de  o'",20  à  o"',5o,  le  nombre  des  filets  de  fumée  de  20 
à  58;  les  toiles  filtrantes  furent  remplacées  par  des  gazes  de  soie  à 
mailles  très  égales;  enfin  j'introduisis  dans  mes  expériences  un  système  de 
chronogra[)hie  qui  permet  de  mesurer,  sur  chacun  des  fdels  de  fumée,  sa 
vitesse  aux  diverses  phases  de  son  parcours. 

))  A  cet  efiet,  la  série  de  petits  tubes  qui  amène  sur  la  gaze  filtrante  les 
filets  de  fumée  qui  vont  être  aspirés  est  soumise  à  un  ébranlement  latéral 
qui  se  répète  dix  fois  par  seconde.  Un  trembleur  électrique  réglé  à  cette 
fréquence  entrelient  ce  mouvement  vibratoire.  Sous  cette  influence,  les 

G.  R.,  1901,  I"  5?TOeitre.  (T.  CXXXII,  N"  22.)  167 


(  1294  ) 
fumées  ne  forment  plus  des  lignes  droites  parallèles,  mais  des  courbes 
sinusoïdales  dont  les  inflexions  se  conservent  pendant  tout  leur  parcours. 
D'autre  part,  à  l'intérieur  du  tuyau  à  air,  une  réglette  de  o™,  20  de  lon- 
gueur, située  exactement  dans  le  même  plan  que  les  filets  de  fumée,  sert 
d'échelle  pour  mesurer  l'espace  parcouru  par  les  molécules  d'air  en 
chaque  dixième  de  seconde. 

»   Quelques  exemples  des  résultats  obtenus  permettront  d'apprécier  les 
progrès  réalises  dans  la  construction  nouvelle. 

»   Lorsque  nul  obstacle  n'entrave  le  courant  d'air,   les  filets  de  fumée 
qui  traversent  le  tube  restent  rectiligues  et  parallèles  entre  eux  (^fig.  i). 


Fi^ 


«  Si  Ton  place  dans  le  courant  un  plan  incliné,  les  fdets  de  fumée  s'élar- 
gissent en  le  rencontrant  (Z?^.  2),  ce  qui  montre  déjà  qu'ils  perdent  de  leur 
vitesse;  ils  suivent  ensuite  des  directions  opposées  :  les  uns  remontent 
vers  le  bord  supérieur  du  plan,  les  autres  glissent  les  uns  sur  les  autres 
sans  se  mélanger  entre  eux  et  s'écoulent  par  le  bord  inférieur. 

M  De  chaque  côté  de  l'obstacle,  ces  filets  de  fumée  continuent  à  cheminer, 
très  serrés  les  uns  contre  les  autres,  et  laissent  derrière  le  plan  incliné  un 
vaste  espace  où  l'air  est  immobile  et  ne  présente  qu'un  nuage  confus  do 


(   1295  ) 

fumée.  Cet  espace  où  se  font  des  remous  ou  tourbillons  est  d'autant  plus 
large  que  l'obstacle  au  courant  d'air  est  plus  large  lui-même. 

»  Pour  connaître  la  vitesse  du  courant  d'air  aux  divers  points  de  son 
parcours,  on  répète  l'expérience  en  imprimant  aux  tubesà fumée  les  vibra- 
tions dont  nous  avons  parlé.  Dès  lors  les  fdels,  au  lieu  d'être  rectilignes, 
présentent  {fig.  3)  une  série  d'inflexions  latérales  qui  se  conservent  pen- 
dant toute  la  durée  de  leur  parcours.  Ces  inflexions  resteraient  équidis- 
tantes  si  la  vitesse  du  courant  était  la  même  en  tous  les  points;  mais,  dans 
les  régions  oii  le  courant  se  ralentit,  les  inflexions  se  montrent  plus 
serrées  :  elles  s'écartent,  au  contraire,  les  unes  des  autres  quand  le  cou- 

Kiï.  3. 


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^^^^R 

rant  est  rapide.  Les  espaces  parcourus  en  un  temps  donné  se  mesurent 
au  moyen  de  l'échelle  métrique. 

»  Les  figures  qu'on  vient  de  voir  ont  été  obtenues  à  la  lueur  d'un  éclair 
raagnésique,  c'est-à-dire  en  un  temps  si  court  que  chaque  filet  de  fumée 
apparaît  comme  s'il  était  immobile. 

»  Si  l'éclairement  durait  plus  longtemps,  l'aspect  de  la  figure  changerait 
et  donnerait  l'état  moyen  du  courant  d'air  :  c'est  ce  qu'on  voit  fig.  f\,  où 
l'éclairage,  produit  par  la  combustion  prolongée  d'un  fil  de  magnésium,  a 
duré  sept  secondes  environ. 


1296  ) 

»  On  ne  saurait  énumérer  les  diverses  applications  de  cette  mé- 
thode, car  on  peut  varier  à  l'infini  la  forme  et  les  dimensions  des  corps 
plongés  dans  le  courant  d'air,  augmenter  ou  diminuer  la  vitesse  du  cou- 
rant. 

»  Dans  aucun  cas  je  n'ai  constaté  les  soubresauts  observés  par  M.  L. 
Mach  et  qui  déviaient  alternativement  le  courant  d'un  côté  ou  de  l'autre. 
Ces  soubresauts  tenaient  peut-être  à  l'inégale  répartition  de  la  tempéra- 
ture dans  l'air  en  mouvement. 

))  On  considérera,  je  pense,  comme  une  preuve  de  la  précision  de  ma 
méthode  ce  fait  que,  si  l'on  répète  deux  fois  de  suite  une  expérience,  en 
conservant  les  mêmes  conditions,  les  images  obtenues  sont  identiques  et 
superposables  entre  elles  pour  tous  les  points  qui  ne  sont  pas  situés  dans 
la  région  des  remous. 

»  Je  crois  pouvoir  ajouter  que  cette  méthode  donnera  la  solution  expé- 
rimentale de  divers  problèmes  relatifs  aux  appareils  propulseurs  dans  les 
fluides,  aux  questions  de  ventilation,  etc.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'érvsion  régressive  dans  la  chaîne  des  Andes. 

Note  de  M.  de  Lapparent. 

((  Parmi  les  notions  relativement  nouvelles,  dont  la  Géographie  physique 
s'est  enrichie,  il  n'en  est  pas  de  mieux  établie  que  celle  deVérosion  régres- 
sive, c'est-à-dire  de  la  régularisation  qui  s'opère,  de  l'aval  à  l'amont,  dans 
le  profil  d'équilibre  des  cours  d'eau,  sous  la  protection  d'un  niveau  de  base 
suffisamment  fixe. 

)>  En  vertu  du  principe  de  la  moindre  action,  cette  courbe  d'équilibre 
doit  être  tangente  à  l'horizontale  du  niveau  de  base  et  dessiner  une  ligne, 
concave  vers  le  ciel,  dont  la  courbure  ne  doit  devenir  sensible,  pour  un 
cours  d'eau  important,  que  dans  le  voisinage  même  de  ses  sources.  Si  donc 
le  relief  général  de  la  contrée  est  prononcé  dès  la  côte  maritime,  les  rivières 
devront,  de  toute  nécessité,  y  entailler  des  gorges  profondes  et  le  travail  de 
régularisation  du  profil  pourra  les  entraîner  à  creuser  leur  lit  beaucoup 
au  delà  de  la  principale  crête  orographique. 

»  Nulle  part  cette  loi  ne  rencontre  une  application  plus  remarquable 
que  dans  la  traversée  de  la  partie  méridionale  des  Andes,  entre  le  Chili  et  la 
République  Argentine.  La  chaîne  des  Andes  se  dressant  tout  contre  la  côte 
chilienne,  jusqu'à  des  hauteurs  de  200o'"à3ooo'",  et  les  précipitations  atmo- 


(  Ï297  ) 
sphériques  étant  exLrémement  abondantes  sur  cette  partie  du  versant  occi- 
dental, les  cours  d'eau  aboutissant  au  Pacifique  disposent  d'une  puissance 
d'érosion  considérable,  qui  leur  permet  d'arriver,  plus  rapidement  que 
d'autres,  à  la  conquête  de  leur  profd  d'équilibre.  Aussi,  plusieurs  d'entre 
eux,  dans  ce  travail,  ont-ils  notablement  dépassé  la  crête  andine,  conqué- 
rant au  profit  du  Pacifique  de  grands  espaces  situés  sur  le  versant  atlan- 
tique. C'est  ainsi  qu'à  1  est  de  la  principale  crête,  on  observe  une  série  de 
lacs,  qui  tous,  à  l'origine,  étaient  des  vallées  tributaires  de  l'Atlantique,  et 
dont  plusieurs  sont  aujourd'hui,  en  totalité  ou  en  partie,  conquis  au  ver- 
sant pacifique. 

»  La  belle  Publication  faite  par  M.  Moreno,  au  nom  de  la  Commission 
argentine  de  délimitation  des  frontières  (  '  ),  fait  ressortir  un  grand  nombre 
de  ces  exemples  et  établit,  entre  autres,  des  faits  de  capture  très  curieux, 
dont  certains  cours  d'eau  ont  été  récemment  affectés.  Il  en  est  un  qui  me 
semble  devoir  être  ici  l'objet  d'une  mention  particulière;  car  il  prouve  à 
quel  point  peut  devenir  insignifiant  le  rôle  de  ces  lignes  de  partage,  que 
leur  constante  migration  vers  l'est  a  forcées  de  s'établir,  sur  le  versant 
patagonien,  au  milieu  de  plaines  sans  relief,  composées  de  matériaux  gla- 
ciaires et  d'alluvions,  autrefois  descendus  de  la  grande  chaîne. 

»  Tout  près  de  la  rivière  Deseado,  tributaire  de  l'Atlantique,  coule  une 
petite  rivière  appelée  Fénix,  laquelle,  après  s'être  approchée  dii  Deseado, 
tourne  brusquement  dans  une  direction  opposée,  pour  aller  se  jeter  dans 
le  lac  Buenos-Ayres  (-).  Or,  après  avoir  constaté  que,  au  delà  du  coude, 
un  espace  marécageux,  trace  évidente  d'un  ancien  lit,  prolonge  le  cours 
supérieur  du  Fénix,  M.  Moreno  a  pu,  en  1898,  ramener  cette  rivière  dans 
le  lit  abandonné.  Il  a  suffi  d'employer,  pendant  huit  jours,  une  équipe  de 
six  terrassiers  et  de  lein*  faire  creuser  une  tranchée  de  moins  de  iSoo"",  à 
travers  les  éboulements  de  matières  meubles  qui  avaient  entraA'é  le  Fénix 
et  facilité  sa  capture  au  profit  du  lac.  Deux  mois  après  l'achèvement  de  ce 
travail,  les  eaux  du  Fénix  étaient  définitivement  reconquises  au  profit  de 
l'Atlantique. 

»   La  ligne  de  partage  entre  cet  Océan  et  le  Pacifique,  telle  qu'elle  existe 


(')  Argentine-Chilian-Boundary,  London,  1900. 

(■)  Ces  indications  peuvent  être  l'acilement  suivies  sur  la  belle  Carte  de  l'Amérique 
du  Sud  que  les  Annales  de  Géographie  viennent  de  publier,  dans  leur  numéro  du 
i5  mai  1901,  à  l'occasion  de  l'article  où  M.  L.  Gallois  a  résumé  les  découvertes  de  la 
mission  dont  M.  Francisco  Moreno  était  le  chef. 


(  i29«  ) 
aujourd'hui,  ne  conslilue  donc  plus  un  trait  géographique  proprement  dit. 
Essentiellement  indécise  et  instable,  elle  serpente,  sur  plus  de  huit  degrés 
de  latitude,  en  pavs  souvent  plat,  à  l'est  de  la  crête  andine,  dont  elle  s'écarte 
parfois  de  plus  de  200"*™,  établissant  ainsi  une  véritable  contradiction  entre 
les  bassins  hydrographiques  et  les  divisions  fondées  sur  l'orographie.    » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  iellunires  d'or  et  d'argent  de  la  région  de  Kalgoorlie 
{Australie  occidentale).  Note  de  M.  Ad.  Carxot. 

«  On  a  beaucoup  remarqué,  à  l'Exposition  universelle  de  1900,  les 
riches  minerais  d'or  et,  en  particulier,  les  magnifiques  spécimens  de  tellu- 
rures,  que  la  Commission  de  l'Australie  occidentale  a  présentés  dans  son 
pavillon  du  Trocadéro. 

)i  Ces  minerais  tellurés  ont  été  fournis  principalement  par  les  champs 
d'or  (Gold/ields)  de  Coolgardie-Est  ou  Kalgoorlie,  situés  dans  le  district  de 
l'Est  de  la  Western  Australia. 

»  M.  Holrovd,  représentant  de  la  Commission,  a  eu  l'obhgeance  de 
m'offrir,  pour  le  musée  de  l'École  supérieure  des  Mines,  quelques  échan- 
tillons de  ces  telhirures,  en  me  priant  de  lui  en  donner  une  analyse 
détaillée.  -Je  m'v  suis  prêté  avec  plaisir,  d'autant  plus  que  je  n'avais  eu 
jusqu'ici  aucune  occasion  d'analyser  de  semblables  minerais. 

»  Le  district  aurifère  de  Kalgoorlie  a  été  découvert  en  iSgS;  maison 
n'a  reconnu  tout  d'abord  que  des  placers  superficiels;  plus  tard,  on  a 
trouvé  les  tellurures  et  c'est  surtout  en  1899  que  les  mines  ont  pris  un 
grand-  développement.  Elles  ont  été  décrites  dans  deux  Mémoires  publiés 
dans  les  Annales  des  Mines  en  1899  ('  )  et  1901  (^). 

»  Les  minerais  tellurés  paraissent  former  des  filons  presque  verticaux, 
à  remplissage  quartzeux,  d'orientation  nord-ouest,  dans  une  bande  de 
terrain  large  de  aSo"  à  3oo".  Ces  veines  sont  interstratifiées  dans  des 
amphibolites  schisteuses,  auxquelles  dans  le  pays  on  donne  communément 
le  nom  de  diorites.  Les  minerais  sont  très  altérés  dans  les  niveaux  supé- 
rieurs et  le  métal  précieux  s'y  trouve,  en  général,  à  l'état  d'or  libre, 
tandis  que,  lorsqu'on  descend  jusqu'au  niveau  hydrostatique,  les  épontes 
sont  plus  nettes  et  les  métaux  sont  à  l'état  de  tellurures  non  décomposés. 


(')  M.  Gascuel.  Notes  sur  les  champs  d'or  de  Coolgardie. 
('-)  M.  Kuss,  L'industrie  minière  de  l'Australie  occidentale. 


(  1299  ) 
«  Ce  sont  ces  telliirures  qui  constituent  la  collection  offerte  par  M.  Hol- 
royd.  Ils  m'ont  été  remis  clans  six  petits  tubes  de  verre,  numérotés  de  1 
à  6.  Les  fragments  contenus  dans  le  tube  n"  1  viennent  de  la  mine  Lake 
View  Consols ;  les  autres  sont  tous  marqués  comme  extraits  de  la  mine  Greal 
Boulder  Proprietary;  mines  qui  sont,  l'une  et  l'autre,  situées  dans  le  voisi- 
nage de  la  ville  de  Ralgoorlie.  J'ignore  si  les  fragments  réunis  sous  un 
même  numéro  proviennent  d'un  seul  et  même  endroit  ou  de  gîtes  dif- 
férents; mais  j'ai  remarqué  que,  dans  un  même  tube,  ils  n'avaient  pas  tous 
le  même  aspect  et  la  même  couleur.  Aussi  ai-je  cru  devoir  prendre  la  pré- 
caution d'analyser  séparément  les  fragments  d'apparence  différente,  lorsque 
la  quantité  de  matière  le  permettait.  Je  fus  ainsi  conduit  à  faire  neuf  ana- 
lyses distinctes,  dont  voici  les  résultats. 

N-  2.  N"  3. 

N"l.  (77  (i).  ~  (a)7  "li). 

Te 60,45  56,55  53,70  32,33  33, 00 

Au ■■'-9,85  23,  i5  •*7'75  24,16  28,42 

A  g 9>i^  i6,65  i3,6o  41,22  4 ',27 

Hg Il  3,10  3,70  2,00  2,26 

Cil o,i5  0,10  0,25  0,10  0,16 

Ni 0,10                  »  >>                       »  n 

Fe ))  traces  Iraces                »  „ 

Sb »  0,20  o,  i5                 »  » 

99)73  99-75  99''5  99,81  100, 2t 

N«  6. 
.N"  i.  N"  0.  {a  ).  (b). 

Tfc 60,00  5i,i3  3i,58  4', 11 

Au 33,90  37,06  23,58  26,10 

Ag 4,82  4,71  43, 3 1  3o,43 

Hg u  3,70  0,88  0,70 

Cu 0,63  0,88  0,20  0,60 

Fe •. li'uces  0,90  Iraces  o,4o 

Sb «  1,20  o ,  3o  0,80 

99'65  99,58  99,85  100, i4 

))  N"  1.  -  I-e  premier  loi  de  tellurures  élait  fort  exigu  ;  j'ai  dû  procédei- 
avec  un  extrême  ménagement  pour  en  conserver  i^'  environ,  destiné  à 
servir  de  type.  Ce  tellurure  se  dislingue  de  tous  les  autres  par  un  clivage 
net  et  brillant  et  une  cassure  inégale  dans  la  même  direction;  la  structure 
est  un  peu   fibreuse  et  concboidale  dans  les  autres  sens.  Le  clivage  a  un 


(  i3oo  ) 

éclat  métallique  et  une  couleur  blanc  d'argent,  tandis  qu'ailleurs  elle  est 
plutôt  gris  d'acier. 

)i  D'après  l'analyse,  le  rapport  moléculaire  du  tellure  aux  métaux  est 
de  4» 72  pour  2,38.  La  composition  moléculaire  est  donc  exprimée  très 
exactement  par  la  formule 

(Au,Ag;Te=. 

Or  cette  formule  est  celle  adoptée  pour  la  Syli'am'le  d'OlTenhany a.  Les  pro- 
portions relatives  d'or  et  d'argent  sont  sensiblement  les  mêmes  que  dans 
le  tellurure  de  Transylvanie. 

»  N"  2.  —  Les  fragments  du  deuxième  lot  ne  montrent  que  par  excep- 
tion des  indices  de  clivages  plans;  la  cassure  est  presque  partout  con- 
choïdale.  La  couleur  est,  suivant  les  morceaux,  gris  de  fer  ou  gris  jaune 
tirant  sur  le  bronze.  Cette  diversité  même  m'a  décidé  à  faire  séparément 
l'analvse  de  deux  fragments;  mais  les  résultats  se  sont  trouvés  peu  diffé- 
rents, comme  on  peut  le  voir  au  Tableau  ci-dessus. 

M  II  y  a  seulement  substitution  entre  des  proportions  correspondantes  d'or 
et  d'argent,  d'où  paraissent  résulter  les  différences  de  coloration  observées. 
Quant  au  rapport  du  tellure  à  l'ensemble  des  métaux,  il  reste  à  peu  près 
constant  (4'i9  6t  4>4i  pour  2,85  et  2,87).  La  composition  moléculaire 
répond  donc  à  la  formule 

(Au.Ag,  Hg)^Te\ 

))  Cette  composition  ne  semble  pas  avoir  été  observée  jusqu'ici  dans 
d'autres  tellurures.  Les  échantillons  de  Great  Boulder  constituent  donc  une 
espèce  nouvelle,  caractérisée  par  la  formule  d'un  sesquitellurure  en  même 
temps  que  par  la  présence  des  trois  métaux  :  or,  argent,  mercure. 

»  Je  propose  de  donner  à  cette  espèce,  à  raison  de  son  origine,  le  nom 
de  Coolgardite. 

»  N°  3.  —  Les  fragments  compris  sous  le  n°  3  sont  tous  d'apparence 
semblable  :  ils  ne  sont  pas  cristallisés  et  n'ont  aucun  clivage  plan,  mais 
des  cassures  largement  conchoïdales.  La  couleur  est  gris  d'acier  foncé, 
passant  au  noir  de  fer  après  un  certain  temps.  Le  minéral  se  brise  et  se 
pulvérise  très  aisément. 

»  L'analyse  faite  sur  deux  fragments  a  donné  des  résultats  à  peu  près 
identiques.  Les  rapports  moléculaires  ont  été  trouvés  de  2,53  et  2,58  de 
tellure  pour  5  ,i5  et  5,i3  des  trois  métaux  réunis  (or,  argent  et  mercure). 
La  formule  de  composition  est  donc 

(Au,Ag,Hgj=Te. 


(  i3or  ) 

»  La  Petzite,  depuis  longtemps  connue,  répond  à  la  même  formule,  sauf 
que  ni  les  analyses  de  Petz  et  de  Genth  sur  les  échantillons  de  Transylvanie 
et  du  Colorado,  ni  celles  de  Rickard  sur  ceux  de  l'Australie  n'ont  men- 
tionné la  présence  du  mercure. 

»  Pittmann  ('),  au  contraire,  a  indiqué  (d'après  une  analyse  de  Min- 
gaye)  io,86  pour  loo  de  mercure  dans  un  échantillon  venant  de  Kalgoorlie 
et  a  donné  à  ce  minéral  le  nom  de  Kalgoorlite,  en  lui  attribuant  la  formule 
de  composition 

Au^Ag'HgTe». 

Mes  analyses  ont  nettement  établi  la  présence  du  mercure,  mais  dans  une 
proportion  beaucoup  moindre.  Néanmoins,  pour  ne  pas  multiplier  inutile- 
ment les  variétés  minérales,  je  crois  pouvoir  attribuer  le  nom  de  Kalgoorlite 
au  minéral  que  j'ai  analysé. 

«  N°  4.  —  Le  minéral  est  gris  légèrement  jaunâtre  avec  quelques  por- 
tions plus  foncées,  d'un  gris  noirâtre.  La  cassure  est  conchoïdale  et,  en 
même  temps,  un  peu  inégale,  mais  sans  clivage  proprement  dit.  D'après 
l'analyse,  la  composition  moléculaire  est  bien  représentée  par  la  formule 

(Au,Ag)Te^ 

qui  est  celle  de  la  Sylvanite;  mais  la  proportion  d'argent  est  beaucoup 
moindre  ilans  ces  échantillons  que  dans  ceux  d'Offenbanya  et  de  Lake 
View  Consols,  tandis  qu'ils  contiennent,  au  contraire,  plus  d'or  et  un  peu 
de  cuivre.  On  peut  assimiler  ce  minéral  à  la  variété  gris  jaune  ou  jaune  de 
bronze,  sans  structure  cristalline,  trouvée  à  Calaveras  Co.,  analysée  par 
Genlh  et  nommée  Calavérile,  variété  qui  présente  la  même  formule  mo- 
léculaire: (Au,Ag)Te-. 

»   N"  5.  —  Les  fragments  compris  sous  ce  numéro  sont  d'un  gris  jau- 
Hre,  avec  cassure  conchoïdale,  montrant  comme  des  feuillets  courbes. 
La  composition  chimique  est  celle  d'un  tellurure  complexe  où  l'on  re- 
marque la  présence  simultanée  du  mercure  et  de  l'antimoine  en  quantités 
assez  notables.  La  composition  moléculaire  correspond  à 

(Au,  Ag,  Hg,  Cu,  Fe,  Sb)-Te^  ou,  plus  simplement  (Au,  Ag,  Hg)*Te'. 
Elle  se  rapproche  donc  de  celle  du  sesquilellurure  que  nous  avons  déjà 

('  )  Records  Geol.  Survey  New  South  Wales,  V,  p.  2o3;  1898. 

C.  R.,  1901,   I"  Semestre.  (T.  CWXII,  ^'  22.)  I  68 


(     l302    ) 

rencontré  sous  le  n"  2  et  que  nous  avons  appelé  Coolgardite ;  mais  l'argent 
yest  en  proportion  beaucoup  moindre  ;  il  v  a  plus  d'or  et  de  métaux  divers. 

»  N°  6.  —  Les  échantillons  du  n°  6  sont  d'une  teinte  gris  noir.  Ils  sont 
beaucoup  plus  volumineux,  en  général,  que  les  précédents,  mais  ressem- 
blent à  un  agrégat  de  petits  éléments,  sans  faces,  ni  cassures  conclioïdales 
un  peu  étendues.  Leur  éclat  métalloïde  et  leur  cassure  inégale  et  con- 
choïdale  en  petit  rappellent  l'aspect  de  certaines  anthracites.  Les  fragments 
ont  d'ailleurs  souvent  l'apparence  d'un  agrégat  confus. 

»  Les  deux  échantillons  soumis  à  l'essai  et  dont  l'analyse  figure  au 
Tableau  général  ont  fourni  des  résultats  sensiblement  différents,  qui  cor- 
respondent, pour  l'un  (a)  à  la  formule  (Au,Ag)^Te,  pour  l'autre  {b)  à  la 
formule  (Au,Ag)'Te'. 

»  Le  premier  paraît  se  rapporter  au  type  de  la  Kalgoorlile.  Le  second 
semble  devoir  être  considéré  comme  un  mélange  de  variétés  diverses,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  de  surprendre  pour  un  minéral  d'aspect  confus  et  qui  ne 
possède  aucun  caractère  cristallin. 

»  L'analyse  permet  d'y  voir  un  agrégat  des  deux  variétés  de  tellurures, 
que  j'ai  désignées  plus  haut  sous  les  noms  de  Kalgoorlile  (n°  3)  et  de 
Coolgardite  (  n"*  2  et  5). 

»  En  résumé,  les  échantillons  de  tellurures  de  l'Australie  occidentale, 
dont  j'ai  donné  plus  haut  les  analyses,  se  rapportent  aux  variétés  suivantes  : 

»  La  Sylvanile,  bitellurure  d'or  et  d'argent  (Au,  Ag)Te-,  à  texture  cris- 
talline (échantillon  n°  1); 

»  La  Calavérite,  bitellurure  analogue  au  précédent,  mais  beaucoup 
moins  cristallin  et  contenant  une  moindre  proportion  d'argent  (échan- 
tdlon  n°  4): 

»  La  Coolgardite  on  sesquitellurure  d'or,  argent  et  mercure 

(Au,Ag.  Hg)^Te\ 

avec  proportions  variables  de  l'or  et  de  l'argent,  qui  se  substituent  l'un  à 
l'autre  dans  une  large  mesure  [échantillons  n°  2  (a  et  i)  et  n°  5]; 

»  La  Kalgoorlile  (Au,  Ag,  Hg)-Te,  où  les  proportions  relatives  des 
métaux  sont  également  variables  [échantillons  n"  3  (a  et  b)  et  n°  6  (a)]. 
L'échantillon  6  (è)  paraît  être  un  agrégat  des  deux  dernières  variétés,  la 
Kalgoorlile  et  la  Coolgardite.    » 


(  i3o3  ) 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  ondes  longitudinales  et  transversales 
dans  les  fluides  parfaits .  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  En  étudiant  les  petits  mouvements  soit  des  solides  isotropes,  soit  des 
fluides,  Poisson  et  Cauchy  ont  prouvé  que  ces  corps  ne  pouvaient  propager 
que  des  ondes  exclusivement  longitudinales  ou  que  des  ondes  exclu- 
sivement transversales;  les  deux  vitesses  de  propagation  sont  d'ailleurs 
différentes;  dans  les  fluides,  la  vitesse  de  propagation  des  ondes  trans- 
versales est  nulle.  Ces  propositions  s'étendent-elles  aux  mouvements 
finis?  M.  Hadamard  (')  a  prouvé  qu'elles  ne  s'étendaient  pas  aux  mou- 
vements finis  des  solides  isotropes;  nous  allons  prouver,  au  contraire, 
qu'elles  sont  toujours  vraies  pour  les  fluides  parfaits,  et  cela  sans  sup- 
poser que  les  actions  sont  nentoniennes  et  sans  faire  aucune  restriction  rela- 
tive à  la  loi  de  compressibililé  ou  à  la  relation  supplémentaire.  L'analyse  qui 
nous  conduira  à  ce  résultat  est  celle  d'Hiigoniol,  convenablement  inter- 
prétée et  complétée  ;  on  peut  prendre  pour  point  de  départ  soit  les  équa- 
tions d'Euler,  soit  les  équations  de  Lagrange;  ici,  nous  prendrons  les  pre- 
mières. 

»  I.  Un  lemme  nous  sera  utile.  Soit  S  une  onde  de  premier  ordre  pour 
une  fonction  /,  dont/,,  /,  sont  les  deux  déterminations;  soient  a,  (3,  y  les 
cosinus  de  la  normale  menée  vers  le  côté  2;  posons  F  =y,  —f-^;  s'il  y  a 
propagation  avec  la  vitesse  a,  il  existe  une  grandeur  i  telle  que,  sur  l'onde, 

<^')  ;te=^'^'        J7=^^'       -0^=^^^       ^+^^  =  o- 


»   L'égalité 


dV        dF  dY  dV  dY 

dt         di  O.v  Or  Oz 


devient,  sur  l'onde, 

dF 

(2)  -^  =^  (xM-H  Pt'-hyiv  —  «)#. 

»   H.   Soient  u,  v,  w,  p,  n,  T,  les  variables  d'Euler.  Pour  ces  variables, 
les  quantités  analogues  à  F  et  #  seront  désignées  par 

U,      V,     W,      R,      P,     T, 

t),      ■<?,      ^SP.       ^,      •£,      E, 


(')  Hadamard,  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  t.  XXIX,  1901. 


(  i3o'i  ) 
en  sorte  que  l'on  aura,  sur  l'onde, 

(3)  0  =  aO  +  Pv'' -f-yv?>. 
»   Sur  l'onde,  l'équation  de  continuité  donne 

(4)  177  +  ?®  =  ''' 
et  les  équations  du  mouvement  donnent 

»  Moyennant  le  lemme  (i)  et  l'égaillé  (2),  les  égalités  (4)  et  (5)  de- 
viennent 

(4  bis)  (ai/  +  pt'  +  Y»'  —  a)A  -)-p(at)  +  pv^  +  y»??')  =  o, 

I  <SoL  -+-  p(xu  -f-  Ç,v  -+-  Y"'  —  «)t)  =  o, 
(5  bis)  i  $p  +  p(a"  +  (it'  +  y IV  —  a)K>  —  o, 

(  'i'ï  +  pC^'"  +  P*'  +  T^*'  "  ^)'^  ~  *^- 
»   Les  équations  (5  iw)  donnent 

(6)  $  +  p(a?/  +  [ir  +  yn^  — a)(all)H-  St,')  +  y»^)  =  o, 

(7)  ^(atD  +  p\'>  +  y\^')  ■+-  ?(«"  +  Pc  +  y"'  —  «)(o-+  V'-  +  «'=)  =  o. 

»  III.   Supposons,  en  premier  lien,  que  l'on  ait 

dB. 

(8)  177  =  ^'' 

ce  qui  aura  forcément  lieu   si  le  fluide  est  incompressible;  (3)  et  (4) 
donneront 

(9)  ao  +  P'v?  +  y\^'  =  o. 
L'onde  sera  transversale;  (G)  donnera 

(10)  «  =  0. 

Si  (au  +  P<'  +  y(v  —  a)  n'était  pas  nul,  (4  bis)  et  (7)  donneraient 

,      A  =  o,  13  =  0,  ■C'  =  O,  ^J."  =  o. 

»  Il  n'y  aurait  pas  d'onde;  on  ne  peut  donc  voir  une  onde  transversale 
se  propager  dans  le  fluide,  à  moins  que  l'on  ait 

(11)  a;/ +  P(^  4- yM-  —  a  =  o. 


(   i3o5  ) 

Les  points  matériels  qui,  à  an  instant  donné,  sont  sur  le  front\de  l'onde,  y 
demeurent  sans  cesse. 

»  IV.  Réciproquement,  les  ondes  transversales  sont  les  seules  qui 
jouissent  de  cette  propriété,  car,  en  vertu  de  l'égalité  (4&w).  l'égalité  (ii) 
entraîne  l'égalité  (9). 

»  V.  Supposons  maintenant  que  les  égalités  (8),  (9)  et  (11),  dont 
chacune  entraîne  les  trois  autres,  n'aient  pas  lieu;  on  ne  peut  avoir  à  la 
fois  0  =  0,  \?  =  o,  tg)  =  o,  car  l'égalité  (9)  serait  vérifiée.  L'égalité  (7) 
donne  donc  Ç^o  et  les  égalités  (5  bis)  donnent  les  égalités 


7-  p  = 


■  ï 


qui  caractérisent  les  ondes  longitudinales. 

»  Si  une  onde  propagée  par  un  Jluide  parfait  ri  est  pas  transversale,  elle  est 
longitudinale;  dansée  cas,  sa  vitesse  ne  peut  pas  être  donnée  par  l' égalité  (^i  1). 

»   VI.  Les  égalités  (4  bis)  et  (6)  donnent 

'f  —  (aM  +  f4c  +  ^w  —  rt)-A  =  o 

ou  bien,   pour  les  ondes  longitudinales,   qui  ne  sauraient  vérifier  l'éga- 
lité (11). 

(12)  ^  -(x«  +  [i<^-+-Y(v-a)--^  =0. 

D'autre   part,     en    gardant    les    notations    que    nous    avons    employées 
ailleurs  ('),  l'équation  de  compressibilité  et  de  dilatation  donne 

,    ON  dV        ,rfR         a<^'^(P,T)  d-.  _ 

('3)  dï-^^t-^  ^ilTl-t-""- 

»   Les  égalités  (12)  et  (i3)  donnent 

/  ,s  r/  r  \"      ^\d^       ., (;^r(?,T)  dz 

(i4)  [(o'"  +  ?"  +  ï^-«)--JJrfF-p--^^W-rfi=^- 

»  VII.  Si  le  coefficient  de  conductibilité  n'est  pas  nul,  on  démontre  sans 
peine  qu'une  onde  du  premier  ordre  pour  les  fonctions  u,  v,  w.  II,  p,  ne 
peut  être  qu'onde  du  second  ordre  pour  la  température  T.  On  a  donc. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  292. 


(   i3o6  ) 
dans  ce  cas,  -7^  =  o  et  l'égalité  (i4)  donne  la  relation 

(i5)  (v.u -i- <^v -h  yw]— a)-,  —  J  =  o, 

que  l'on  restreint  habituellement  aux  mouvements  isothermiques. 

»   VIII.  Si  le  coejjicient  de  conductihilitè  est  nul,  le  mouvement  de  chaque 
élément  est  isentropique;  on  a  alors 

on 


^  —  _    <^?^T   clK 
dt~  ôK'  ~di 


(16)  {i.u  +  pt-  +  y»'  -  a)-  —  J  -H  p-      ^,^    -  =  Q. 

»   IX.   La  comparaison  des  égalités  (i5)  et  (16)  aux  relations  que  nous 
avons  établies  ailleurs  ('  )  donne  la  relation 

^  (2// +  8  c -t- Yir  —  (7);  C 

'^  (a;/ +  pr  H- -fir  —  «);  c 

qui  généralise  une  proposition  célèbre  de  Laplace. 

»  Toutes   ces   considérations   s'étendent   sans    peine    aux   ondes  dont 
l'ordre  surpasse  l'unité.    » 


MEMOIRES  LUS 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Contribution  à  l'étude  théorique  et  expérimentale 
des  veines  liquides  déformées  par  des  obstacles  et  à  la  détermination  des 
lignes  d' induction  d'un  champ  magnétique.  Note  de  M.  H. -S.  Hele-Shaw. 

«  En  présentant  à  l'Académie  des  Sciences  mes  travaux  de  ces  dernières 
années,  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Station  physiologique  et  au  Conserva- 
toire des  Arts  et  Métiers  des  spécimens  des  appareils  placés  sur  cette 
table.  En  les  utilisant  pour  quelques  expériences,  je  pourrai  en  faire  l'his- 
torique et  en  montrer  l'utilité  dans  le  triple  domaine  de  l'Hydraulique,  du 
Magnétisme  et  de  l'ÉlecIricité. 

C)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIl,  p.  292. 


(  ï3o7  ) 
»  L'analyse  a  permis  de  calculer,  pour  un  fluide  non  visqueux,  la  forme 
des  veines  du  courant  lorsqu'il  rencontre  un  corps  immergé,  mais  on  n'avait 
jamais  cru  possible  de  vérifier  expérimentalement  les  résultats  théoriques, 
car  on  ne  connaît  pas  de  fluide  non  visqueux  incompressible.  De  même,  on 
n'aurait  guère  pensé  qu'il  serait  possible  de  pouvoir  faire  la  projection 
optique  des  lignes  de  force  d'un  champ  magnétique  où  l'on  place  des 
corps  paramagnétiques  ou  diamagnétiques  et  encore  moins  de  suivre  dans 
l'intérieur  de  ces  corps  la  position,  la  direction  et  la  trajectoire  du  courant 
électrique. 

»  Grâce  aux  appareils  que  voici,  je  vais  démontrer  qu'on  peut  utiliser 
pour  toutes  ces  expériences  des  liquides  visqueux  et  que  les  photographies 
des  veines  liquides  corroborent,  pour  les  courants  maintenus  dans  un 
canal  à  deux  dimensions,  la  justesse  des  déductions  théoriques.  De  plus, 
ces  expériences  font  connaître  la  forme  des  veines  fluides  dans  un  grand 
nombre  de  cas  qui  échappent  au  calcul. 

»  Mes  expériences  sur  le  mouvement  des  fluides  dans  des  conduites  de 
différentes  formes  se  partagent  en  trois  étapes  successives.  En  1897,  j'ai 
commencé  par  l'étude  du  mouvement  des  fluides,  notamment  de  l'eau 
circulant  entre  deux  lames  de  verre  et  rencontrant  dans  son  trajet  des 
obstacles  de  formes  variées. 

»  J'ai  remarqué  tout  à  fait  accidentellement  qu'un  mélange  d'air  et 
d'eau  permet,  par  la  division  de  l'air  en  une  multitude  de  sphères  très 
petites,  de  suivre  assez  exactement  le  mouvement  des  différentes  veines 
liquides  constituant  le  mouvement  aqueux,  surtout  lorsque  le  mouvement 
de  l'eau  est  assez  rapide  et  tumultueux.  La  photographie  d'une  de  ces  expé- 
riences a  démontré  la  loi  générale  suivante  :  C'est  que,  dans  tous  les  cas, 
4e  contour  des  obstacles  présente,  malgré  la  violence  du  courant,  une 
ligne  d'eau  transparente  et  exempte  de  globules  d'air. 

»  J'ai  utilisé,  pour  obtenir  cette  photographie,  les  remarquables  procédés 
de  votre  éminent  confrère,  M.  Marey,  qui  avait  cherché  cette  solution  par 
de  petites  sphères  entraînées  par  le  courant. 

»  Cette  première  observation  m'a  conduit  directement  à  faire  l'étude 
du  courant  liquide  entre  deux  lames  de  verre  parallèles,  ce  qui  permet  de 
préciser  avec  plus  de  netteté  la  direction  que  prennent  les  différents  filets 
liquides. 

»  La  deuxième  phase  de  mes  expériences  a  consisté  à  remplacer  le  mou- 
vement turbulent  et  rapide  de  l'eau  par  celui,  beaucoup  plus  lent,  d'un 
liquide  visqueux  obligé  de  circuler  entre  deux  lames  de  verre  planes  très 


(   i3o8  ) 

rapprochées.  Dans  l'instrument  que  j'ai  construit  spécialement  pour  cela, 
je  fais  sortir  le  courant  liquide  par  une  série  de  petits  trous  très  fins  et  très 
rapprochés.  Je  colore  le  même  liquide  en  rouge  ou  en  bleu  et  je  fais  sortir, 
par  tous  les  trous  portant  un  numéro  d'ordre  pair,  le  liquide  incolore, 
et  par  tous  les  trous  de  rangs  impairs  le  liquide  coloré. 

»  Les  deux  liquides,  coloré  et  clair,  sont  soumis  à  la  même  pression 
due  à  la  compression  d'une  certaine  masse  d'air  dans  deux  siphons,  où  ils 
sont  placés.  Les  traits  rouges  et  blancs  équidistanls  représentent  avec  une 
grande  précision  les  filets  liquides,  la  couleur  ne  modifiant  pas  la  viscosité. 

»  En  introduisant  entre  ces  deux  lames  de  verre  des  corps  de  différentes 
formes,  on  peut  comparer,  pour  un  courant  astreint  à  cheminer  dans  un 
canal  à  deux  dimensions,  les  résultats  de  l'analyse  à  ceux  de  l'expérience. 

»  J'ai  commencé  par  contrôler  le  résultat  des  formules  approxima- 
tives d'un  courant  obligé  de  rencontrer,  dans  sa  marche  entre  deux  bords 
parallèles,  un  cylindre. 

»  IjA  Jig.  I  représente  l'ensemble  des  filets  liquides  tels  qu'ils  sont  tracés 
comme  expression  de  la  formule  hydrodynamique. 


Fis.   2. 


»  La  fig.  2  représente  la  photographie^des  filets  liquides  tels  qu'ils  se 
présentent  dans  l'expérience. 


(   i3o9  ) 

»  L'accord  est  complet.  En  calculant  et  en  mesurant  la  position  respec- 
tive (le  chaque  filet  liquide,  on  ne  relève  luirune  différence  appréciable. 

»  Une  intéressante  expérience,  qui  corrobore  pleinement  ce  que  je  viens 
de  dire,  a  été  une  reproduction  d'un  cas  pris  dans  l'hydrodynamique  de 
Lamb  (iSgS). 

»  Dans  ce  cas,  la  photographie  du  phénomène  expérimental  a  montré 
d'une  façon  étonnante  la  vérité  des  déductions  théoriques. 

»  Dans  la  fig.  3,  j'ai  utilisé  celte  méthode  pour  calculer  la  poussée  de  l'eau 
contre  un  gouvernail  compensé  pendant  que  le  bateau  chemine  à  diiïé- 

FiR.  3. 


rentes  vitesses  et  sousdifférenis  changements  de  l'angle  de  marche.  Aucune 
méthode  d'analyse  mathématique  n'aurait  permis  la  solution  de  ce  pro- 
blème, qui  consiste  à  déterminer  exactement  ilans  chaque  cas  la  position 
du  centre  de  pression  de  l'eau  sur  le  gouvernail. 

»  La  troisième  phase  de  mes  expériences  a  consisté  à  rapprocher,  théori- 
quement et  expérimentalement,  les  phénomènes  du  magnétisme  avec  le 
mouvement  tles  fluides. 

))   La  photographie  du  diagramme  permet  de  démontrer  expérimenta- 

C.   K.,   11,01,   1"  Hemesiie.   (T.  CXX.XII,  N'  22  )         •  1^9 


(   i3io  ) 

lement  les  lignes  de  force  que  Clerk  Maxwell  avait  depuis  plusieurs  années 
déjà  tracées  par  le  calcul. 

»  Il  est,  en  effet,  évident  que  si,  dans  l'espace  très  mince,  on  introduit 
un  corps  étranger  transparent  plus  mince  encore  que  l'espace  qui  sépare 
les  deux  lames  de  verre  parallèles,  on  forcera  les  filets  liquides  à  suivre 
des  directions  nouvelles  et  qui  représentent  les  courants  dérivés  du  cou- 
rant principal;  celles-ci  peuvent  être  fixées  par  la  j)hotographie. 

))  La  possibilité  d'obtenir  ainsi  des  champs  magnétiques  susceptibles 
d'être  photographiés  m'a  paru  d'une  telle  importance  que  j'ai  immédiate- 
ment cherché  à  reproduire  les  phénomènes  de  la  perméabilité  magnétique 
des  corps  par  l'étude  des  veines  liquides  forcées  de  traverser  des  canaux 
très  petits  parallèles  au  courant  principal  et  représentant,  en  fait,  les  per- 
méabilités que  rencontrent  les  courants  électriques. 

»  Il  est  clair  que,  si  nous  creusons,  dans  ces  corps  étrangers  introduits 
dans  le  courant,  des  cavités  de  formes  variées,  la  section  de  ces  canaux  de- 
venant plus  grande,  la  résistance  du  courant  diminuera  ;  nous  aurons  donc, 
suivant  les  cas,  tantôt  un  champ  moins  conducteur,  tantôt  un  champ  plus 
conducteur,  et  la  direction  des  veines  liquides  dans  ces  différents  cas  nous 
renseignera  sur  les  lignes  de  plus  grande  conductibilité. 

»  Lors  de  mes  premières  recherches,  la  ressemblance  entre  les  lignes  de 
force  et  la  direction  des  courants  dérivés  était  surprenante;  mais  il  a  fallu 
deux  ans  de  travail  pour  me  permettre,  avec  la  collaboration  de  mon  col- 
lègue Alfred  Hay,  de  démontrer  que  cette  coïncidence  n'était  point  acci- 
dentelle, mais  théoriquement  obligatoire. 

»  Il  était  nécessaire  de  déterminer  la  viscosité  relative  des  fluides  que 
nous  emplovions.  Nos  expériences  furent  faites  sur  la  glycérine  et  l'eau; 
la  glycérine  est  d'une  plus  grande  viscosité  que  l'eau. 

»  Une  autre  difficulté  consistait  à  trouver  différents  corps  translucides 
permettant  de  créer  les  formes  dans  le  courant,  tout  en  mesurant  la  visco- 
sité spéciale  de  ces  corps  par  rapport  au  liquide  dont  on  se  servait. 

»  Les  corps  que  nous  avons  trouvés  comme  remplissant  le  mieux  les 
conditions  du  problème  ont  été  le  celluloïd  et  le  verre  en  lamelles  telles 
qu'elles  servent  pour  les  préparations  microscopiques;  nous  avons  usé 
plus  tard  de  la  paraffine;  enfin  nous  aAons  taillé  avec  une  machine  spéciale 
des  formes  en  paraffine  très  mince,  selon  les  conditions  géométriques  né- 
cessaires. 

»  Nous  avons  ainsi  fabriqué  toute  une  série  de  cylindres  elliptiques  pour 
étudier,  sur  une  très  large  échelle,  les  cas  les  plus  variés  des  différentes 


(  '^^'I  ) 

perméabilités.  Les  cylindres  elliptiques  étaient  creusés  dans  les  lamelles  de 
paraffine  pour  la  recherche  des  lignes  de  force  dans  les  corps  paramagné- 
tiques. 

»  Grâce  à  ces  procédés  expérimentaux,  nous  avons  eu  le  bonheur  de 
démontrer,  de  la  façon  la  plus  absolue  et  la  plus  concluante,  la  parfaite 
concordance  entre  les  lignes  de  force  magnétiques  et  les  courants  dérivés 
des  veines  liquides. 

»  Un  des  cas  les  plus  frappants  par  lequel  nous  avons  pu  démontrer 
Texaclitude  de  nos  conclusions  expérimentales  est  celui  d'un  cylindre  ellip- 
tique placé  dans  un  champ  magnétique. 

»  Les  deux  axes  du  cylindre  étaient  dans  le  rapport  3  :  i ,  et  la  perméa- 
bilité de  ce  cylindre  comparée  avec  celle  du  plan  magnétique  général 
élait  dans  le  rapport  de  loo  à  i.  J'ai  les  images,  dont  l'une  est  théo- 
rique et  l'autre  la  photographie  de  l'expérience;  elles  semblent  calquées 
l'une  sur  l'autre.  Dans  le  cas  des  cylindres  on  voit,  aussi  bien  dans  le 
diagramme  théorique  que  dans  celui  qui  provient  de  l'expérience,  que 
la  ligne  centrale  est  noire  et  qu'il  est  impossible  de  suivre  dans  la  partie 
opaque  toutes  les  lignes  qui  se  continuent  exactement  dans  leur  ordre  et 
leur  direction  après  leur  rentrée  dans  le  cb:imp  magnétique. 

))  Les  deux  autres  cas,  qui  ont  été  représentés  par  des  diagrammes,  con- 
cernaient, l'un  un  cylindre  elliptique  dont  l'axe  était  incliné  de  4t>"  sur  la 
direction  du  courant.  Dans  l'autre,  on  voyait  que  les  lignes  magnétiques 
contournent  les  pôles  absolument  comme  dans  un  électro-aimant. 

»  Je  dois  remarquer  à  ce  sujet  cpie  si  l'on  peut,  au  moyen  du  galvano- 
mètre balistique  et  de  l'aiguille  aiuiantée,  explorer  un  champ  magnétique 
pour  en  déterminer  les  lignes  de  force,  il  n'y  a  pas  de  méthode  comme 
pour  déterminer  ces  lignes  dans  l'intérieur  des  corps  solides  magnétiques. 

»  Je  me  suis  aussi  servi  de  ma  méthode  d'investigation  pour  l'étude  des 
lignes  de  force  dans  les  corps  diamagnétiques. 

M  Cette  partie  expérimentale  de  mes  recherches  n'est  pas  encore  termi- 
née, faute  de  temps;  je  compte  utiliser  aussi  ces  méthoiles  pour  la 
recherche  des  lignes  que  suivent  les  effluves  calorifiques  au  travers  de  corps 
de  différentes  conductibilités. 

»  A  ce  sujet,  il  me  paraît  intéressant  de  vous  présenter  une  photogra- 
phie très  agrandie  d'une  expérience  faite  par  ma  méthode  et  qui  corrobore 
la  théorie  mathématique  du  D''  C.-H.  Lees,  laquelle  représente  l'effluve 
calorifique  au  travei's  de  plusieurs  rectangles  métalliques  placés  côte  à 


(     l3,2    ) 

côte.  J.es  deux  sections  des  rectangles  représentent  des  métaux  qui  ont 
une  plus  faible  conductibilité  que  le  reste  du  métal. 

»  Le  dernier  dragramme  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
représente  la  disposition  générale  des  instruments  qui  ont  servi  à  toutes 
ces  expériences  et  qui,  j'espère,  seront  utiles  pour  l'enseignement  aussi 
bien  que  pour  les  investigations  scientifiques.  » 


MÉMOIRES  PIIESEATES. 

M.  Paul  Henstrom  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
«   Sur  l'origine  des  éléments   )>. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 


CORRESPONDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Un  Ouvrage  de  M.  G.  Bigourdan.  ayant  ])our  titre  :  «  Le  Système  mé- 
trique, son  établissement  et  sa  propagation  graduelle,  avec  l'histoire  des 
opérations  qui  ont  servi  à  déterminer  le  mèlre  et  le  kilogramme.  »  (Pré- 
senté par  M.  WoU. ) 


GÉOMÉTRIE.  —  Bèlerminalion  des  surfaces  qui  sont  à  la  fois  des  surfaces 
de  Joachimsthal  et  des  surfaces  de  Weingarten.  Note  de  M.  L.  Raffv. 

«  Enneper  a  déterminé  les  surfaces  à  courbure  totale  constante,  qui 
admettent  pour  lignes  de  courbure  une  famille  de  courbes  planes  dont  les 
plans  passent  par  une  droite  et  qui  sont,  à  ce  titre,  des  surfaces  de 
.Toachimsthal.  On  peut  aller  plus  loin  et  obtenir  par  de  simples  quadratures 
toutes  les  surfaces  de  Joachimsthal  dont  les  rayons  de  courbure  principaux 
sont  fonctions  l'un  de  l'autre  (surfaces  de  Weingarten). 

»  Si  l'on  prend  pour  axe  des  z  la  droite  par  laquelle  passent  les  plans 
des  lignes  de  courbure  planes  (0  =  const.^  et  si  c  —  const.  est  l'équation 


(  i3i3  ) 

d'une  des  lignes  de  courbure  sphériques,  on  peut  représenter  toute  surface 
de  Joachimstlial  par  les  formules 

,   ,  ./■      _      >•     _  .    1 Sll(H  +  V) 

''■  ^^  ^  ïmô  ^  V'Cli(e-h  V)'  "  ~  "  ~  V'Ch(w+ \  )' 


où  les  Si)  el  Ch  sont  des  sinus  et  cosinus  hyperboliques;  0  est  une  fonction 
arbitraire  de  9,  V  une  fonction  arbitraire  de  c,  V  sa  dérivée. 

»  Avec  ces  notations,  les  rayons  principaux  R,  et  R.,  qui  correspondent 
respectivement  aux  lignes  planes  0  =  const.  et  aux  lignes  sphériques 
t'  =  const.  ont  pour  expressions 


K.  =  ,/Wfsh-^Ch),  R.=  -y/Ç(sh_IpCh 


— ( 


nous  sous-entendons  l'argument  0  + Vdes  fonctionshyperboliques  et  nous 
posons 

w=:^_,     w=-^^,      ^  =  rrïï^'      [^  =  m)'      ^=^' 

ce  qui  revient  à  prendre  pour  variables  ©  et  Y.  On  n'exclut  ainsi  que  les 
surfaces  de  révolution.  On  voit  que,  si  l'on  parvient  à  déterminer  T  en 
fonction  de  w  et  W  en  fonction  de  V,  on  obtiendra  séparément  i>  et  0,  c'est- 
à-dire  les  coordonnées  de  la  surface,  au  moyen  de  deux  quadratures. 

»  Il  est  aisé  d'établir  que  les  rayons  R,  et  R»,  pour  dépendre  l'un 
de  l'autre,  doivent  être  des  fonctions  de  0,,  +  V„,  H„  étant  une  fonction  de  6 
et  Vo  une  fonction  de  V.  En  exprimant  cette  double  propriété,  on  obtient 
deux  équations  qui  déterminent,  à  certaines  constantes  près,  les  quatre 
fonctions  inconnues  T,  W,  Q„  et  V„. 

»  La  discussion  complète  dont  nous  allons  donner  les  résultats  comporte 
deux  cas  distincts.  Dans  les  formules  qui  suivront,  nous  avons  posé  ^  =  e-®, 
•/)  =  e~^^;  toutes  les  autres  lettres  désigneront  des  constantes  arbitraires, 

»  Premier  cas.  —  Les  fonctions  cherchées  sont  ainsi  définies 

dT  _  ?-—  {m-j--()i  -+■  {c  +  my)  rf? 
T"  ~  ï'-(w-V)?-(c-Hmv)    r 


/W           r,2-)-(,„-t- 

Y)ï,  -h{c  -hin-;}  di 

t)'i  —  (c  +  m-^)    T, 
de, 

"^   r,^-(m- 

T)^i  — (c-4-  '«1') 

»   On  voit  qu'il  n'y  aura  que  deux  quadratures  distinctes  à  effectuer 
pour  obtenir  les  quatre  fonctions,  car  on  aura  toujours 


(  i3.4  ) 

»  Si  l'on  ne  suppose  rien  sur  les  constantes,  la  relation  entre  les  cour- 
bures principales  est  fort  compliquée;  l'hypothèse  c -h  my  =  o  conduit  à 
des  résultats  assez  simples. 

»   Second  cas.  —  Les  fonctions  T  et  W  sont  ainsi  déterminées  : 

S-  — 

»  Par  l'emploi  des  formules  (3)  on  déduit  de  là 

))   Quant  aux  rayons  de  courbure,  les  formules  (2)  deviennent 

i_  ^ 

»  La  relation  entre  R,  et  Do  est  donc  algébrique  e.i  de  genre  zéro  pour 
toute  valeur  entière  ou  fractionnaire  de  c.  Il  faut  remarquer  qu'elle  est 
indépendante  de  t,  qui  figure,  au  contraire,  dans  les  expressions  des  coor- 
données de  la  surface.  Donc,  à  chaque  forme  de  cette  relation  correspondent 
une  infinité  de  surfaces. 

))  Les  j)liis  remarquables  sont  celles  qu'on  obtient  en  faisant  /  =  o. 
Cette  hypothèse  simplifie  beaucoup  les  résultats  et  donne 

cos)-0=/.e-^®,  q='}e>'  1^-=T^)' 

d'oii  les  formules  finales 

X y _       qe'-''' 

71       '  ^'\  ~    ■     /i  .,.i\  ~  Ch(0  + V)' 

cos  I  ^  arc  coipc.-''^  J  sin  I  -  arc  coipe   '•"-'  j 

^— CR^V)l^'H«  +  V;-XSh^..  +  V)j. 

»  En  conséquence,  pour  toute  valeur  entière  ou  fractionnaire  de  >.,  la 
surface  est  algébrique;  elle  est  même  unicursale  quand  Tv  est  l'inverse  d'un 
entier.  Les  hgnes  de  courbure  des  deux  systèmes  sont  d'ailleurs  algé- 
briques en  même  temps  que  la  surface. 

»    U  existe  doue,  une  classe  de  surfaces  algébriques  qui  sont  à  la  fois  des 


(   ,3.5  ) 

surfaces  de  Joachimslhal  et  des  surfiices  de  Wcingarlen.  Ces  surfaces,  on 
au  moins  les  jjIiis  simples  d'entre  elles,  sembleraient  mériter  une  étude 
détaillée. 

»  l'armi  les  surfaces  que  nous  venons  de  déterminer  figurent  celles 
d'Enneper  (R,Ro  =  const);  on  les  obtient  en  faisant,  dans  le  premier  cas. 
m  +y  =  o  et,  dans  le  second,  c  =  i . 

»  Il  est  presque  superflu  de  faire  observer  que  les  surfaces  parallèles  à 
celles  qui  font  le  sujet  de  cette  élude  sont  aussi  des  surfaces  de  VVeingarten 
à  lignes  de  courbure  planes  dans  un  système.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Ohsenations   de  la  rcsonance  èlectritine  dans  l'air  raréfié. 
Note  de  M.  Albert  Turp.\in,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  les  précédentes  communications  (')  j'ai  indiqué  les  résultats 
auxquels  conduit  la  méthode  d'observation  qui  consiste  à  entourer  un 
résonateur  électrique  filiforme  d'une  gaine  d'air  convenablement  raréfié. 
La  luminescence  de  l'air  raréfié  indique  la  distribution  électrique  le  long 
du  résonateur. 

»  On  peut  se  proposer  d'étudier  par  la  même  méthode,  non  seulement 
l'état  électrique  des  diverses  régions  il'un  résonateur  en  activité,  mais  l'état 
électrique  des  fils  de  concentration  du  champ  hertzien  et  même  celui  de 
la  région  avoisinant  les  fils  de  concentration  et  le  résonateur.  —  La  diffi- 
culté que  présente  cette  recherche  expérimentale  réside  dans  l'extrême 
fragilité  des  vases,  de  volumes  assez  notables  (3'"  à  4'").  lorsque  l'air 
contenu  à  leur  intérieur  doit  être  très  raréfié.  Four  permettre  une  disposi- 
tion facile,  à  leur  intérieur,  du  dispositif  constituant  le  résonateur  et  du 
dispositif  de  concentration  du  champ  hertzien,  ces  vases  doivent  être  for- 
cément constitués  de  deux  parties  adaptées  l'une  à  l'autre  par  un  masticage 
convenable.  Après  un  certain  nombre  d'essais  infructueux,  j'ai  adopté  le 
dispositif  suivant  qui  réalise  en  même  temps  le  plus  de  sécurité  et  le  plus 
de  commodité. 


»  Une  clocfie  à  vide  ^'  {fg-  0  est  percée  de  irons  t  dans  lesquels  on  mastique  des 
lubes  de  verre  qui  servent  de  guides  aux.  fils  de  concentration  /  {fig  i).  Ces  tubes 
permettent  de  déplacer  la  cloche  le  long  des  fils  et  empêchent  la  luminescence  qui  se 
produirait  si  les  tils  étaient  en  contact  avec  l'air  raréfié. 


(I)  Comptes  reiir/iis,  'i  et   i  i   juin  igoo. 


(  i3i6  ) 

»  Le  résonateur  R  esl  formé  d'iiu  fil  craluininiuin  courbé  en  forme  de  circonférence 
de  i5'™  environ  de  diamètre  et  dont  les  extrémités  présentent  en  c  un  écartemenjL  de 
quelques  millimètres,  hajig.  i  représente  le  résonateur  R  suspendu  au  crochet  c,  de 
manière   que  son    plan  soit   perpendiculaire  à  la   direction  des  fils  de  concentration. 


Kig. 


^=^ 


Fis 


Lajig.  2  représente  le  résonateur  R  supporté  par  les  tubes  t,  l.  de  telle  sorte  que  son 
plan  soit  parallèle  au  plan  des  fils  de  concentration.  On  peut  aisément  faire  passer  le 
résonateur  de  la  première  position  à  la  seconde  sans  être  obligé  d"ou\  rir  la  cloche.  H 
suffit  d'imprimer  des  mouvements  convenables.!  tout  le  dispositif.  On  peut  également 
amener  le  résonateur  à  reposer  sur  le  plan  de  verre  et  le  soustraire  ainsi  à  l'action  du 
champ.  On  obtient  ainsi  avec  une  seule  cloche  des  effets  qui  nécessiteraient  la  prépa- 
ration préalable  de  deux  ou  de  trois  cloches.  Il  est  alors  facile  d'observer  les  diffé- 
rences que  présentent  les  aspects  de  la  luminescence  à  l'intérieur  de  la  même  cloche 
pour  ces  trois  positions  du  résonateur. 

»  Les  phénomènes  observés  avec  des  résonateurs  ainsi  disposés  con- 
firment les  observations  précédemment  faites  (')  avec  les  résonateurs 
enfermés  dans  des  tubes  à  air  raréfié. 

»   Les  mesures  de  longueur  d'onde,  faites  par  déplacement  d'un  pont. 


(')   Comptes  rendus,  à  juin  et  ii  juin  1900. 


(  i3i7  )  ^ 
ont  montré  que  la  demi-longueur  d'onde  des  oscillations  qui  excitent  uu 
résonateur  donné  est  très  sensiblement  égale  à  la  longueur  du  résonateur. 
Un  résonateur  de  42'^'"  de  longueur  a  été  excité  par  des  oscillations  dont 
la  demi-longueur  d'onde  a  été  trouvée  égale  à  4 •""•5  (moyenne  de  trois 
mesures  qui  ont  donné  :  41*^"';  4'""'>5;  42''™)- 

»  La  perturbation  micrométrique  observée  au  cours  des  mesures  faites 
dans  l'air  doit  donc  être  rapportée  à  la  présence  de  l'air. 

»  Dans  les  mesures  faites  dans  l'air  ('  ),  c'est  en  comparant  la  différence 
entre  les  demi-longueurs  d'onde  relatives  à  deux  résonateurs  à  la  différence 
des  longueurs  de  ces  résonateurs  que  l'on  trouve  une  vérification  de  la  loi 
suivante  indiquée  par  M.  H.  Poincaré  (-)  :  La  longueur  d'onde  des  oscilla- 
tions qui  excitent  un  résonateur  donné  est  égale  à  deux  fois  la  longueur  du 
résonateur. 

»  Les  mesures  faites  au  moyen  du  dispositif  actuel  vérifient  directement 
celte  loi  théorique  sans  qu'il  v  ait  à  éliminer  la  perturbation  micrométrique. 

»  Ce  résultat  est  confirmé  par  la  comparaison  des  mesures  faites  à  l'aide 
d'tin  résonateur  à  coupure  et  à  micromètre,  disposé  dans  une  cloche  à  air 
raréfié,  dont  le  micromètre  peut  être  dans  deux  expériences  successives 
maintenu  dans  l'air,  puis  dans  l'air  convenablement  raréfié. 

»  A  cel  effet  les  deux  extrémités  qui  forment  les  pôles  du  micromètre  m  {fig.  1)  sont 
mastiquées  dans  un  petit  morceau  de  tube  de  verre  u.  Dans  une  première  expérience 
on  effectue  le  masticage  de  manière  à  emprisonner  l'air  dans  le  tube  u.  Dans  une  se- 
conde expérience,  le  masticage  du  micromètre  est  percé  d'un  trou  qui  permet  l'extrac- 
tion de  l'air  du  tube  u  en  même  temps  qu'on  fait  le  vide  dans  la  cloche. 

»  Le  déplacement  du  pont  indique  une  longueur  d'onde  notablement 
plus  grande  dans  la  première  expérience  (60'''")  que  dans  la  seconde  (42*^"). 

»  L'application  de  cette  méthode  d'observation  de  la  résonance  élec- 
trique dans  l'air  raréfié  est  susceptible  de  fournir,  en  offrant  une  sorte  de 
spectre  du  champ  hertzien,  d'autres  renseignements  intéressants  qu'une 
étude  ultérieure  permettra  de  préciser.   » 


(')  A.  TiRPAiN,  Recherches  expérimentales  sur  les  oscillations  '(Hectriques,  p.    94 
(Paris,  A.  Hermann,  1899). 

-)  H.  PoixcARÉ,  Les  oscillations  électriques,  p.  287  (Paris,  G.  C^arré,   1894). 


C.  U.,   ujoi,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  ^-  22.)  ^JO 


(  i3i8  ) 


ÉLECTRICITÉ.  —  Influence  de  la  tempcralurr  sur  la  force  électro- 
motrice  d' aimantation.  Note  de  M.  René  Paii-lot,  présentée  par 
M.  G.  Lippmann. 

«  J'ai  employé  la  méthode  et  le  dispositif  expérimental  indiqués  dans 
ma  précédente  Note  (  '  ). 

>'  ^es  éleclrodes  du  métal  à  étudier  sont  introduites  dans  les  deux  branches  ver- 
ticales d'un  tube  deux  fois  recourbé,  dont  lune  des  branches  est  placée  dans  un 
champ  magnétique.  Ce  tube  plonge  dans  une  cuve  rectangulaire  plate  en  laiton  d'une 
capacité  de  i''',5o  environ.  Dans  cette  cuve  circule  un  courant  d'eau  à  température 
constante,  obtenu  de  la  manière  suivante  :  L'eau  provenant  d'un  réservoir  placé  à  2'" 
de  hauteur  s'échauffe  par  son  passage  dans  un  serpentin  de  cuivre,  chauffé  par  un  bec 
Bunsen,  dont  la  flamme  est  réglée  par  un  régulateur  à  mercure  plongeant  dans  la 
cuve  plate.  Après  avoir  circulé  dans  cette  cuve,  l'eau  se  déverse  dans  un  réservoir  in- 
férieur d'où  une  petite  pompe  rotative  mue  par  un  moteur  électrique  de  faible  puis- 
sance la  fait  remonter  dans  le  réservoir  supérieur. 

»  J'ai  pu  ainsi  obtenir,  pendant  plus  d'une  heure,  une  température  constante  à  jL 
de  degré  près. 

»   Voici  quelques  résultats  : 

»  I.  Électrodes  en  fer  doux  de  o'^^'",o5  de  diamètre,  préparées  à  la  Wol- 
laston,  plongeant  dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  acétique  (deux  gouttes 
dans  100'^''  d'eau  distillée  et  bouillie)  et  normales  au  champ. 

»  Les  champs  sont  évalués  en  unités  C. G. S.  et  les  forces  électromotrices 
en  volts  : 

H. 


/!  =  J2°,-2. 


i-oo 
3 100 
0000 

8800 

i356o 
i535o 
20970 
235oo 
2555o 
3oioo 


li. 

0,0042 
0,0074 
0,01 10 
0,0170 
0,0219 
0,0254 
o,o3o8 
o,o32i 
o,o333 
o,o332 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  1194  et  i326  (errata);  1900. 


(   '3,9  ) 


11. 

E. 

1700 

0,0042 

3 100 

0,0076 

0000 

o,oii3 

8800 

0,017g 

Oî».  o / 

i256o 
i58oo 

0,0282 

-^  '  1 

0,0270 

21000 

o,o33o 

2555o 

o,o358 

_ 

3oioo 

o,o357 

1700 

o,oo44 

0 1 00 

0,0078 

5  000 

0,0122 

880.) 

0,0196 

/i1«,5 i 

j  I 25ûO 

i55oo 

0,0261 

^-|  »  ' ' 

0 , o3 I 0 

2 1 000 

0,0878 

23900 
^  3 0000 

o,o4io 
o,o4io 

'  1750 
3 100 

o,oo48 
0,0082 

ÔOOO 

0,0127 

66" 

8800 

0,0206 

liaoD 

0,0282 

21000 

0,0422 

20oo() 

o,o46o 

3oioo 

0 , 0462 

M   On  peut  tirer  de  ces  nombres  les  principales  conclusions  suivantes  : 

»  1°  La  force  électromotrice  cl' aimantai  ion  du  fer  doux  augmente  avec 
la  température  : 

»  2"  La  rarialion  de  la  force  éleclromolrice  d'aimantation  du  fer  doux 
avec  la  température  est  d'autant  plus  grande  que  le  champ  est  plus  intense. 

)i  II.  Électrodes  en  bismuth  (obtenues  en  aspirant  le  métal  fondu  dans 
des  tubes  en  verre  effdé)  plongeant  dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  acé- 
tique. 

»  Le  bismuth  aimanté  est  toujours  négatif  par  rapport  au  bismuth  non 
aimanté. 

»  La  force  électromotrice  d'aimantation  du  hismulh  diminue  quand  lu 
température  s'élève. 

»  La  variation  de  la  force  électromotrice  d'aimantation  du  bismuth  avec 
la  température  est  d'ailleurs  très  faible.  Elle  n'est  sensible  que  pour  des 


(     l320    ) 

champs  voisins  de  3oooo  gauss.  Voici,  par  exemple,  dans  un  tel  champ,  la 
moyenne  de  cinq  expériences  répétées  à  plusieurs  jours  d'intervalle  : 


t  K 


12°  •O'jOOIO 

48° o^.oooS. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Del' action  des  rayons  X  sui  les  conducteurs  et  sur  les  isolants. 
Noie  de  M.  .1.  Semenow,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Une  des  propriétés  fondamentales  des  rayons  X  est  que  les  conduc- 
teurs chargés  d'électricité  se  déchargent  sous  l'influence  de  ces  rayons. 
Les  travaux  de  plusieurs  savants,  notamment  ceux  de  Rontgen,  de  Righi, 
de  Villari,  de  J.-J.  Thomson,  de  Perrin  et  de  Sagnac,  ont  démontré  que 
cette  décharge  est  due  à  l'ionisation  de  l'air  traversé  par  les  ravons  X.  La 
vitesse  de  la  décharge  varie  avec  la  pression  du  gaz  (^  BenoistetHurmusescu). 
En  outre,  M.  M.  Lennan  a  trouvé  que,  dans  les  gaz  raréfiés,  les  conduc- 
teurs chargés  d'électricité  positive  se  déchargent  complètement  sous  l'in- 
fluence des  ravons  cathodiques,  tandis  que  la  perte  delà  charge  négative 
a  une  limite  qui  monte  avec  le  degré  du  vide. 

»  Si  la  décharge  des  conducteurs  était  causée  seulement  par  l'ionisation 
du  gaz  que  traversent  les  rayons  X  ou  les  rayons  cathodiques,  la  raréfac- 
tion de  ce  gaz  devrait  exercer  la  même  influence  sur  les  pertes  en  électri- 
cité positive  ou  négative.  Or,  les  recherches  ci-dessus  mentionnées  de 
M.  Me.  Lennan  prouvent  le  contraire. 

»  Ce  fait  laisse  supposer  que  l'ionisation  du  gaz  par  les  rayons  sortant 
du  tube  de  Crookes  n'est  pas  la  cause  unique  delà  décharge  des  conduc- 
teurs. Pour  m'en  convaincre,  j'ai  construit  un  appareil  dans  lequel  le  con- 
ducteur soumis  à  l'action  des  ravons  X  se  trouve  soustrait  à  l'influence  du 


»  C'est  un  éleclroscope  dont  la  cage  hermétiquement  close  est  protégée  contre 
l'aclion  des  rayons  X  et  de  leurs  dérivés  par  plusieurs  écrans  en  plomb  assez  épais. 
A  travers  un  orifice  pratiqué  dans  le  couvercle  de  la  cage  passe  un  tube  en  verre  à 
parois  minces,  fermé  à  ses  deux  extrémités  et  rempli  de  mercure  puridé  et  bouilli.  Un 
fil  de  platine  soudé  à  l'extrémité  inférieure  du  tube  met  le  mercure  en  communication 
métallique  avec  les  feuilles  d'or  de  l'électroscope.  De  cette  façon,  l'air  traversé  par  les 
rayons  X  n'étant  nulle  part  en  contact  avec  des  parties  métalliques  reliées  aux  feuilles 
d'or  de  l'éleclroscope,  la  décharge,  si  elle  se   produit,  doit  être  attribuée  à  une  cause 


(     l32.     ) 

autre  que  l'ionisation  de  l'air.  Le  tube  à  mercure  est  recouvert  d'un  cvlindreen  cuivre, 
nuini  d'une  fenêtre  que  ferme  une  mince  lame  d'aluminium. 

»   En  expérimentant  de  la  sorte,  j'ai  pu  constater  deux  ordres  de  faits  : 

»  1°  L'électroscope,  chargé  avant  l'expérience,  perd  sa  charge  jusqu'à 
une  certaine  limite  sous  l'influence  des  rayons  X  ; 

»  2°  Les  feuilles  d'or  de  l'électroscope,  qui  se  trouvent  en  repos  avant 
l'expérience,  s'écartent  sous  l'influence  des  rayons  X. 

»  Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas.  l'électroscope  se  décharge  com- 
plètement lors(jiie,  l'expérience  une  fois  terminée,  on  touche  avec  le  doigt 
les  parois  du  tube  à  mercure.  Le  contact  d'un  fil  métallique,  tenu  à  la 
main  n'enlève  qu'une  faible  partie  <le  la  charge.  Lorsqu'on  promène  ce 
fil  sur  toute  la  surface  du  tube,  l'électroscope  se  décharge  complètement. 

»  Il  en  résulte  :  i"  que  l'ionisation  de  l'air  par  les  rayons  de  Rontgen 
n'est  pas  la  cause  unique  de  la  décharge  des  conducteurs  chargés  ;  2"  que 
le  verre  se  polarise  sous  l'influence  des  rnyons  X. 

»  Pour  vérifier  la  seconde  de  ces  conclusions,  j'ai  fait  les  expériences 
suivantes  :  dans  une  boite  en  plomb,  complètement  fermée  et  en  commu- 
nication avec  le  sol,  je  plaçais  une  caisse  en  verre  ou  en  ébonile.  Les 
rayons  tombaient  sur  cette  plaque  à  travers  une  fenêtre  pratiquée  dans  le 
couvercle  de  la  boîte  extérieure  et  fermée  avec  une  mince  lame  d'alumi- 
nium. 

»  Après  cinq  minutes  d'exposition  aux  ravons,  la  lame  se  polarisait. 
Examinée  avec  un  plan  d'épreuves  et  un  électroscope  sensible,  elle  ne 
présentait  à  sa  surface  aucune  charge  libre,  mais  était  polarisée  dans 
toute  son  étendue.  L'électricité  positive  se  portait  du  côté  de  la  source 
des  rayons. 

»   Le  même  phénomène  se  manifeste  sur  des  lames  d'ébonite. 

»  Je  dois  signaler  toutefois  que  les  lames  de  verre,  ainsi  que  celles  de 
l'ébonite,  devaient  subir  à  plusieurs  reprises  l'action  des  rayons  X  pour 
acquérir  la  propriété  de  se  polariser  sous  leur  influence  et  qu'elles  per- 
daient cette  faculté  au  bout  d'un  certain  laps  de  temps. 

)i  Je  me  propose  de  faire  ultérieurement  l'étude  complète  de  ce  phéno- 
mène auquel  je  ne  m'attendais  pas  au  début;  mes  expériences  ne  visaient 
d'abord  que  la  question  de  savoir  si  la  décharge  par  les  rayons  X  des 
conducteurs  chargés  d'électricité  est  due  uniquement  ou  non  aux  gaz 
ionisés  par  ces  rayons. 

»  Les  considérations  dont  j'ai  déjà  parlé  et  mes  expériences  avec 
l'électroscope  à  mercure  m'ont  amené  à  conclure  que  la  décharge  se  fait 


(     l322    ) 

non  seulement  par  rintermédiaire  des  gaz  ionisés,  mais  aussi  sous  l'in- 
fluence d'une  autre  cause. 

»  On  sait  qu'une  perte  d'énergie  se  produit  ou  par  contact,  ou  par 
rayonnement.  Tout  contact  avec  l'air  ionisé  ayant  été  éliminé  dans  mes 
expériences,  il  faut  attribuer  la  déchargea  ce  que  les  corps  chargés  d'élec- 
tricité et  soumis  à  l'action  des  rayons  X  deviennent  des  foyers  d'émission 
électrique. 

»  M.  M.  Lennan  a  constaté  que  les  conducteurs  chargés  négativement, 
placés  dans  des  gaz  raréfiés  et  soumis  à  l'action  des  rayons  cathodiques, 
se  déchargent  jusqu'à  une  certaine  limite,  c'est-à-dire  que  la  perte  par 
émission  est  contre-balancée  par  un  apport  provenant  de  l'extérieur. 
Puisque  cet  apport  d'électricité  négative  coïncide  avec  l'action  des 
rayons  X,  commençant  et  finissant  avec  elle,  il  ne  saurait  être  dû  qu'à 
ces  rayons,  qui  seraient  ainsi  des  rayons  d'électricité  négative.  Nous 
savons,  en  outre,  que  les  conducteurs  frappés  par  les  rayons  X  devien- 
nent des  fovers  de  ravons  secondaires,  tertiaires,  etc.,  découverts  par 
M.  Sagnac,  rayons  absolument  analogues  aux  rayons  primaires.  Ces  con- 
ducteurs deviennent  donc  des  foyers  d'émission  d'électricité  négative. 
Ainsi  se  trouve  expliquée  la  perte  d'électricité  négative  en  cas  de  charge 
négative.  Quant  à  la  charge  positive,  il  y  a  lieu  d'admettre  qu'elle  est  neu- 
tralisée par  l'électricité  négative  des  rayons  X. 

»  Cette  hypothèse  explique  également  la  polarisation  des  isolants;  la 
lame  soumise  à  l'action  des  rayons  X  reçoit  une  charge  négative  qui  la 
polarise  en  attirant  l'électricité  positive  et  en  repoussant  l'électricité 
négative;  la  charge  elle-même  se  dissipe  sous  forme  de  rayons  secon- 
daires.   » 


CHIMIE  MINERALE .  —  Sur  les  alliages  fV aluminium .  Combinaisons  de 
l'aluminium  et  du  molybdène.  Note  de  M.  Léon  Guii-let,  présentée  par 
M.  Ditte. 

«  Dans  une  note  présentée  à  l'Académie,  le  6  mai  dernier,  j'ai  indiqué 
la  méthode  que  j'ai  employée  pour  l'étude  des  alliages  d'aluminium,  pour 
les  combinaisons  du  tungstène  et  de  l'aluminium  en  particulier. 

))  J'ai  l'honneur  d'indiquer  aujourd'hui  les  résultats  obtenus  dans  la 
réduction  de  l'acide  molybdique  par  un  excès  plus  ou  moins  grand  d'alu- 
minium dans  les  conditions  que  j'ai  indiquées  précédemment.  On  est  limité 


(  i323  ) 

d'un  côté  par  la  réaction  correspondant  à  la  production  du  métal  et  d'un 
autre  côté  par  la  limite  d'inflammation  qui  a  lieu  pour  la  réaction  donnant 
théoriquement  Al" Mo. 

»  Ces  expériences  sont  aussi  dangereuses  qu'avec  l'acide  tungstique;  il 
y  a  toujours  des  pertes  abondantes;  elles  se  font  ici  sous  forme  d'oxyde 
bleu. 

»  Si  l'on  opère  avec  l'acide  molybdique  sur  des  quantités  inférieures 
à  i''^,  on  n'obtient  que  des  cristallisations  rares;  si  l'on  emploie  un  alumi- 
nium très  fin,  comme  celui  que  M.  Goldschmidt  utilise  pour  fiiire  le 
mélange  oxyde  de  fer-aluminium,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  ihermile,  on 
n'obtient  que  des  culots  métalliques  sans  cristaux.  Je  dois  ajouter  que  l'on 
peut  parer  à  l'inconvénient  de  l'emploi  de  grandes  quantités  (j'ai  toujours 
opéré  sur  3"^^  de  matière  ),  en  chauffant  au  préalable  le  mélange  à  800°  ou 
1000",  tlans  un  four  Peirot,  |)ar  exem|)le,  et  même  en  utilisant  des  artifices 
pour  élever  la  température,  après  l'inflammation  du  mélange;  je  citerai 
notamment  un  jet  d'oxygène  projeté  à  la  surface;  ce  moyen  m'a  donné 
d'excellents  résultats  dans  des  circonstances  sur  lesquelles  j'aurai  à  reve- 
nir. 

»  I"  Toutes  les  expériences  avec  l'acide  molybdique  correspondantes 
aux  proportions  comprises  entre  celles  qui  donnent  théoriquement  Al  Mo'-' 
et  Al»Mo,  permettent  d'obtenir  des  culots  parfaitement  formés. 

»  2"  Dans  les  expériences  correspondant  aux  proportions  comprises 
entre  celles  qui  donnent  théoriquement  AlMo'  et  APMo,  on  obtient  des 
cristaux  lamellaires  superbes,  atteignant  souvent  i*^''  de  surface.  Il  arrive 
fréquemment,  notamment  pour  les  expériences  correspondant  à  la  forma- 
tion théorique  de  Al'Mo,  AlMo  et  AlMo-,  que  le  culot  obtenu  n'est  formé 
que  d'un  enchevêtrement  de  cristaux  lamellaires  de  toute  beauté; 

M  3"  Dans  les  expériences  précédentes,  j'ai  souvent  remarqué  la  pré- 
sence d'alvéoles  tapissées  de  cristaux  filiformes;  j'ai  pu  en  isoler  des  quan- 
tités suffisantes  pour  çn  faire  l'analyse; 

))  4"  Dans  les  expériences  où  l'on  emploie  un  très  grand  excès  d'alumi- 
nium, notamment  celle  qui  correspond  théoriquement  à  la  formation  du 
composé  Al"  Mo,  on  voit  se  former  à  la  surface  du  culot  des  rognons  abon- 
dants et  très  volumineux. 

»  Ces  rognons  sont  formés  par  des  agglomérats  de  cristaux  filiformes 
très  nets. 

»   Tous  les  cristaux   obtenus  dans  ces  expériences  sont  généralement 


(    1^2^4    ) 
purs,  tandis  que  ceux  iraliiminium-tungstène   sont  toujours    recouverts 
d'une  mince  couche  d'aluminium.  Si,  par  précaution,  on  lave  les  cristaux 
aluminium-molybdène  avec  HCl  étendu,  il  faut  opérer  leur  dessiccation 
dans  une  atmosphère  de  CO-  ;  dans  l'air,  il  y  aurait  oxydation  rapide. 
»   J'ai  étudié  la  composition  et  le  meilleur  mode   d'obtention  de   ces 

cristaux  : 

»  i"  Les  cristaux  lamellaires  correspondent  à  la  formule  Al* Mo;  ils 
sont  obtenus  en  très  grandes  quantités  dans  l'expérience  correspondant 
au  composé  Al  Mo. 

i>  La  métliode  analytique  adoptée,  laquelle  a  été  suivie  également  pour  les  autres 
combinaisons,  consiste  dans  l'attaque  des  cristaux  par  l'acide  azotique.  On  reprend, 
en  dissolution  très  diluée,  par  l'ammoniaque  étendue  et  froide,  qui  dissout  l'acide 
moljbdique  formé  et  précipite  l'alumine;  on  fait  bouillir  pour  chasser  l'ammoniaque 
en  excès,  puis  on  filtre  et  on  lave  à  l'eau  chaude.  On  reprend  ensuite  le  précipité 
d'alumine  parla  soude  bouillante;  on  remarque  qu'il  reste  un  résidu  brua  de  bioxyde 
de  molybdène  (je  me  propose  d'étudier  spécialement  ce  fait)  qui  est  dosé  à  part  sous 
forme  d'acide  molybdique,  par  oxydation  avec  l'acide  azotique.  La  liqueur  filtrée  est 
traitée  par  l'acide  azotique,  puis  par  l'ammoniaque  qui  précipite  l'alumine;  puis  on  fait 
bouillir  pour  chasser  l'excès  de  réactif  et  l'on  filtre.  La  liqueur  est  jointe  à  celle  que 
l'on  a  obtenue  après  la  première  filtralion,  et  le  molybdène  est  dosé  sous  la  (orme  de 
molybdate  de  plomb,  au  moyen  de  l'acétate  de  plomb,  en  prenant  les  précautions 
indiquées  par  MM.  Hotson  et  Brearley  ('  )• 

»   Les  résultats  obtenus  sont  : 

Piemiére 

analyse. 

Molybdène 47  >  56 

Aluminium .52, 06 


99 


,62 


Deuxième 

analyse. 

Calculé. 

47,5/1 

47,06 

53,23 

52,94 

100,77 

1 00 , 00     • 

»   -2°  Les  cristaux  fdiformes  correspondent  à  la  formule  Al  Mo;  on  les 
trouve  dans  quelques  alvéoles  formés  dans  les  culots. 
»  Leur  analyse  donne  : 

Trouvé.  Calculé. 

Molybdène 77,93  78,06 

Aluminium 22,16  21,95 

100, Il  100,00 


(')  Chemical  A/ews,  t.  LXXVIU,  p.  2o3. 


)euxième 

analyse. 

Calculé. 

33,^7 

33,69 

66, 4o 

66, 3i 

(  i325  ) 

»  3"  Les  cristaux  constituant  les  rognons,  obtenus  comme  il  a  été  dit 
plus  haut,  correspondent  à  l'alliage  Al' Mo  ;  leur  analyse  a  donné  : 

Première 
analyse. 

Molybdène 33 ,  aS 

Aluminium 66,67 

99.82  99,57  100,00 

»  Tous  ces  cristaux  .sont  attaqués  par  les  acides  concentrés;  ils  ne 
semblent  pas  attaqués  par  l'eau  bouillante;  je  me  réserve  d'étudier  ulté- 
rieurement leurs  propriétés. 

»  Quant  aux  culots  métalliques  obtenus  dans  ces  expériences,  traités 
par  l'eau  régale  étendue,  ils  laissent  des  résidus  très  bien  cristallisés  et  de 
compositions  différentes.  Je  poursuis  en  ce  moment  leur  étude.  » 


CHIMIE.    —  Sur  les  alliages  d'aluminium  et  de  magnésium. 
Note  de  M.  Boudouard,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dès  186G,  Woehler  (')  avait  essayé  de  préparer  les  alliages  d'alumi- 
nium et  de  magnésium  en  fondant  les  deux  métaux  sous  le  chlorure  de 
sodium  ;  il  avait  ainsi  obtenu  des  mélanges  renfermant  une  combinaison 
définie  insoluble  dans  le  chlorliydrate  d'ammoniaque  et  la  soude  froide, 
et  se  présentant  sous  la  forme  d'une  poudre  métallique  blanc  d'étain, 
très  brillante;  mais  il  n'avait  pu  y  reconnaître  une  cristallisation  bien 
nette. 

»  Parkinson  (^)  a  obtenu  un  produit  renfermant25  pour  100  de  magné- 
sium en  fondant  les  métaux  dans  un  creuset  brasqué  avec  de  la  magnésie 
pure  et  fraîche.  D'une  façon  générale,  l'introduction  du  magnésium  dans 
un  alliage  a  pour  résultat  une  extrême  fragilité. 

»  Plus  récemment,  M.  Mach  a  préparé  un  alliage  d'aluminium  con- 
tenant 10  à  12  pour  100  de  magnésium,  plus  léger  que  l'aluminium,  d'une 
couleur  semblable  à  celle  de  l'argent,  pouvant  être  tourné,  percé,  taraudé. 

«  Je  me  suis  proposé  d'étudier  les  alliages  d'aluminium  et  de  magné- 
sium, en  utilisant  les  nouvelles  méthodes  d'investigation  scientifique  intro- 

(')  Annalen  Cli.  Pharm.,  l.  CXXXVIII,  p.  253. 
('■')  Chemical  Society,  (2),  t.  V,  p.  n-. 

C.  K.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N*  22.)  I7I 


(   i326  ) 

(luites  dans  la  science  pour  déterminer  la  constitution  chimique  des 
alliages.  Parmi  les  propriétés  physiques  qui  semblent  devoir  conduire  à 
des  résultats  précis  sur  cette  constitution  chimique  des  alliages,  les  prin- 
cipales sont  la  structure  cristalline,  la  conductibilité,  la  force  électromo- 
trice de  dissolution,  la  fusibilité.  C'est  l'étude  de  la  fusibilité  des  alliages 
d'aluminium  et  de  magnésium  qui  fait  l'objet  de  cette  Note. 

»  Avant  de  donner  les  résultats  de  ces  recherches,  je  décrirai  sommaire- 
ment la  méthode  expérimentale  suivie  pour  la  détermination  des  tempé- 
ratures de  solidification. 

I)  Les  points  de  fusion  de  raluminiuni  el  du  magnésium  étant  relativement  peu 
élevés,  tous  les  essais  ont  été  faits  dans  des  tubes  de  verre  vert,  en  présence  de  gaz 
d'éclairao^e,  ou  mieux  d!hydrogène,  afin  d'éviter  l'altération  des  métaux.  Chaque  essai 
portait  sur  los'  de  matière.  La  mesure  des  températures  s'elTectuait  au  moyen  du 
couple  ihermo-électrique  de  M.  Le  Chatelier.  Pour  protéger  le  couple  contre  l'action 
destructive  des  métaux  fondus,  on  l'introduit  dans  un  tube  de  verre  de  quelques  milli- 
mètres de  diamètre  fermé  d'un  bout,  après  avoir  isolé  les  fds  de  platine  et  de  platine 
rliodié  d'une  façon  convenable  à  l'aide  d'un  fil  d'amiante.  Le  galvanomètre  employé 
était  le  galvanomètre  à  microscope,  modèle  Garpentier. 

»  Pour  déterminer  la  température  exacte  de  solidification,  on  amène  le  mélange  des 
deux  métaux  à  une  température  supérieure  à  celle  de  fusion,  puis  on  laisse  refroidir  : 
on  suit  le  déplacement  du  réticule  au  moyen  d'un  compteur  à  secondes,  en  notant  le 
temps  mis  par  ce  réticule  pour  passer  d'une  division  à  celle  immédiatement  inférieure  ; 
dans  le  Tableau  ainsi  établi,  on  cherche  la  division  du  micromètre  correspondant  au 
plus  grand  intervalle  de  temps. 

»   Voici  les  résultats  obtenus  : 


Al  pour  100 

Mg  pour  ion. 

(en  poids). 

(en  poids). 

Tonipératures, 

100 

» 

65o" 

90 

10 

585 

80 

20 

53o 

70 

3o 

432 

60 

4o 

45o 

5o 

5o 

462 

45 

55 

445 

ko 

60 

45o 

35 

65 

455 

3o 

70 

424 

5..5 

75 

356 

20 

80 

432 

i5 

85 

432 

10 

90 

437,5 

U 

95 

59a 

i> 

lOO 

635 

(  i327  ) 

1)  Si  l'on  construit  hi  courbe,  en  portant  en  abscisses  les  proportions  en 
poids  d'aluminium  et  en  ordonnées  les  températures,  on  remarque  que 
celle  courbe  présente  deux  maxima  (455°  et  462")  et  trois  miniina  (356°, 
445°  et  432°);  entre  les  proportions  de  10  et  20  pour  100  d'aluminium,  la 
portion  de  courbe  est  sensiblement  parallèle  à  l'axe  des  abscisses.  Les 
deux  points  maxima  mettent  en  évidence  l'existence  de  deux  combinaisons 
définies  d'aluminium  et  de  magnésium  :  Al  Mg- et  Al Mg.  Je  poursuis  l'étude 
de  ces  combinaisons  définies. 

»  Au  cours  de  cette  étude  de  la  fusibilité  des  alliages  d'aluminium  et  de 
magnésium,  j'ai  recueilli  des  données  sur  leurs  propriétés  mécaniques.  Au 
point  de  vue  de  la  malléabilité,  les  alliages  contenant,  dans  des  proportions 
variant  de  o  à  i5  pour  100,  soit  de  l'aluminium,  soit  du  magnésium,  pour- 
raient seuls  devenir  intéressants.  Si  nous  partons  de  l'aluminium  pur  et  si 
nous  y  introduisons  des  quantités  croissantes  de  magnésium,  la  fragilité 
augmente  progressivement  pour  devenir  maxima  pour  les  proportions  sui- 
vantes :  5oAl,  5oMg;  cet  alliage  se  brise  entre  les  doigts  et  peut  être  pul- 
vérisé au  mortier  de  porcelaine.  Puis,  si  nous  augmentons  la  proportion  de 
magnésium  introduit  jusqu'à  revenir  au  magnésium  pur,  la  fragilité 
diminue  elle-même  progressivement.  Ces  données  s'accordent  avec  l'ob- 
servation générale  donnée  par  Parkinson.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  structure  cellulaire  de  quelques  métaux. 
Note  de  M.  G.  Cartaud,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  l'on  parle  de  la  structure  cellulaire 
des  corps  minéraux.  MM.  Osmond  et  Werth  (')  ont  appelé  cellules  les 
grains  polyédriques  qui  résultent  dans  les  métaux,  et  notamment  dans  le 
fer,  de  la  limitation  mutuelle  des  individus  cristallins  développés  à  partir 
de  certains  centres  indépendants  de  cristallisation. 

»  Les  cellules  sur  lesquelles  je  me  propose  d'appeler  l'atlenlion  sont 
d'un  ordre  diflérent.  On  les  met  facUement  en  évidence  en  coulant  des 
métaux  fondus  sur  une  plaque  de  verre  inclinée,  de  manière  qu'ils  se 
refroidissent  et  se  solidifient  brusquement  en  lames  de  faible  épaisseur.  Les 
expériences  ont  porté  sur  les  métaux  facilement  fusibles  :  plomb,  étain, 

(')  Osmond  et  Werth,  Théorie  cellulaire  des  propriétés  de  l'acier  {Annales  des 
Mines,  juillet  i883). 


(   i328   ) 

zinc,  cadmium,  bismuth.  Dans  ces  conditions,  la  surface  libre  de  ces 
métaux  ne  se  montre  pas  unie.  Examinée  à  un  grossissement  de  200  dia- 
mètres environ,  elle  se  montre  déjà  franchement  cristalline  dans  le  bis- 
muth; mais  dans  tous  les  autres  elle  est  recouverte  d'un  réseau  continu  de 
cellules  délimitées  par  des  contours  jwlygonaux  en  creux.  De  semblables 
cellules  se  rencontrent  aussi  quelquefois  dans  les  soufflures  ménagées 
entre  le  mêlai  et  la  plaque  de  verre. 

»  Ces  cellules  sont  de  formes  1res  variées  sur  la  surface  d'une  même  coulée  :  hexa- 
gonales el  régulières  dans  certaines  parties,  elles  sont  dans  d'autres  irrégulières,  pen- 
lagonales,  quadrangulaires  et  même  triangulaires,  ou  bien  encore  elles  semblent  étirées 
dans  certaines  directions.  Fréquemment  aussi,  comme  à  la  suite  d'une  sorte  de  diffé- 
renciation du  tissu  cellulaire,  on  peut  les  voir,  à  partir  de  certains  centres,  s'organiser 
en  cristallites,  d'autant  plus  nombreux  et  développés  que  le  métal  a  été  coulé  en  lame 
plus  épaisse.  Toujours  ces  cristallites  se  montrent  constitués  par  la  soudure  de  cellules 
tantôt  peu  différentes  de  celles  qui  forment  le  tissu  qui  les  entoure;  tantôt,  au  con- 
traire, allongées  en  longs  articles  ou  finement  dentelées.  On  rencontre  enfin  quelque- 
fois des  groupements  de  cellules  d'un  autre  ordre.  De  longs  chapelets  de  cellules 
partent  en  divergeant  d'un  point  ou  d'un  axe  et  dessinent  des  figures  assez  gracieuses 
qui  ressemblent  à  des  spectres  tourbillonnaires.  Le  fait  a  été  très  marqué  sur  une 
goutte  de  zinc  fondu  écrasée  dans  sa  chute  sur  une  plaque  de  verre. 

»  L'aspect  des  cellules  rappelle  à  beaucoup  d'égards  celui  des  tourbillons 
cellulaires  observés  par  M.  Bénard  (  '  )  dans  les  nappes  liquides.  Cependant 
leur  ordre  de  grandeur  et  leurs  irrégularités  de  forme  et  de  distribution 
les  rapprochent  davantage  des  cellules  des  tissus  organisés.  L'analogie  se 
poursuit  même,  au  moins  en  apparence,  jusque  dans  leur  mode  de  déve- 
loppement qui  rappelle  celui  que  la  nature  met  en  œuvre  dans  les  êtres 
inférieurs.  La  solidification  brusque  permet,  en  effet,  de  surprendre  les  cel- 
lules dans  leurs  phases  de  croissance  et  de  prendre  sur  le  fait  les  phéno- 
mènes de  scissiparité  que  M.  Bénard  à  pu  suivre  d'une  manière  continue 
dans  les  liquides.  On  voit  dans  certaines  cellules  des  ainorces  de  cloisons 
partant  de  deux  bords  opposés  et  tendant  à  se  rejoindre  en  laissant  entre 
elles  un  canal  plus  ou  moins  étroit.  On  rencontre  enfin  dans  le  zinc  des 
cellules  possédant  un  gros  noyau  en  relief  qui  semble  prendre  part  à  la 
division  de  la  cellule  en  s'étranglant  pour  se  couper  en  deux  novaux,  tan- 
gents l'un  et  l'autre  à  la  cloison  nouvelle. 

»  La  surface  polie  d'une  plaque  d'acier  recuite  à  température  élevée 


(')  Les  tourbillons  cellulaires   dans   une    nappe    liquide  {Revue   générale   des 
Sciences,  décembre  1900). 


(  i329  ) 

enregistre  avec  fidélité  tous  les  changements  de  structure  survenus  dans 
le  cours  du  chauffage  et  des  refroidissements  subséquents.  Les  réseaux 
correspondant  à  ces  diff^érentes  organisations  restent  gravés  dans  la  surface, 
ce  qui  permet  d'en  étudier  les  relations  mutuelles  (' ).  De  même,  la  surface 
libre  d'un  métal  fondu,  refroidi  brusquement,  doit  pouvoir  enregistrer 
tous  les  stades  d'organisation  résultant  du  passage  de  la  structure  liquide 
à  la  structure  grenue  et  cristalline  qu'on  lui  connaît  à  l'état  solide.  A  côté 
du  réseau  cellulaire  déjà  décrit,  on  peut  en  eff"et  observer  un  réseau  à 
mailles  beaucoup  plus  larges,  formé  par  les  joints  des  cristaux,  limités  les 
uns  par  les  autres  dans  leur  développement.  D'autre  part,  on  peut 
remarquer  que,  malgré  leur  désordre  apparent,  les  cellules  sont  groupées 
en  plages  dans  l'intérieur  desquelles  elles  présentent  toutes  des  caractères 
communs  de  ressemblance.  Il  se  trouve  que  précisément  ces  plages  sont 
délimitées  par  les  contours  des  grains  cristallins.  Le  fait  se  montre  d'autant 
mieux  que  les  cellules  sont  moins  planes.  Dans  le  cas  du  plomb,  entre 
autres,  il  se  présente  des  régions  où  chaque  cellule  contient  une  sorte  de 
trémie  cubique  saillante;  on  constate  que,  dans  chaque  gram  ou  cellule  de 
premier  ordre  de  MM.  Osmond  et  Werth,  les  arêtes  des  trémies  sont 
toutes  parallèles  à  deux  directions  communes,  d'une  orientation  différente 
d'un  grain  au  grain  voisin.  Il  y  a  ainsi  une  liaison  évidente  entre  la  struc- 
ture cristalline  représentée  par  les  grains,  et  la  structure  amorphe  repré- 
sentée par  les  cellules.  Cependant  un  examen  attentif  montre  que  le  réseau 
cristallin  coupe  fréquemment  les  cellules,  de  sorte  que  les  deux  portions 
d'une  même  cellule  peuvent  appartenir  à  deux  grains  différents.  L'inter- 
dépendance des  deux  réseaux  n'est  donc  pas  absolue  et  paraît  plutôt 
résulter,  en  fait,  d'une  sorte  d'accommodation  plus  ou  moins  parfaite. 

)>  La  structure  cellulaire  parait  être  la  structure  normale  des  corps 
amorphes.  Mise  en  évidence  dans  les  liquides  par  M.  Bénard,  nous  l'avons 
rencontrée  dans  la  gélatine  molle  traitée  par  l'alcool  absolu,  et  dans  le 
verre  attaqué  par  l'acide  fluorhydrique  ou  dépoli  par  chaufFage  dans  la 
flamme  du  chalumeau  à  gaz.  Dans  les  corps  cristallisés,  elle  se  combine, 
comme  on  vient  de  le  voir,  à  la  structure  cristalline  et  peut  même  lui  être 
superposée;  môme  dans  de  gros  cristaux  cubiques  de  fer,  l'attaque  par 
l'acide  azotique  met  en  évidence  des  cellules  sur  les  faces  du  cube.  » 

(')  Osmond  et  Cartaud,  Sur  la  crislallo^naphie  du  fer  {Annales  des  Mines,  août 
1900). 


(  i33o  ) 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Acidimdlric  de  l'acide  pliosphorique par  la  baryte, 
la  strontiane  et  lachaiix.  Note  de  M.  J.  Cavalier,  présentée  par  M.  Troost. 

«  On  sait  que,  si  l'on  titre  une  solution  d'acide  phosphôrique  par  une 
liqueur  alcaline  quelconque  en  employant  comme  indicateurs  colorés  le 
méthvlorange  et  la  phtaléine,  en  général  le  virage  du  premier  réactif  cor- 
respond à  la  saturation  d'un  atome  d'hydrogène  de  PO* H',  le  virage  du 
second  à  la  saturation  de  deux  atomes. 

»  Il  en  est  ainsi  avec  les  alcalis  (potasse  et  soude)  :  le  virage  du  mé- 
thylorange  est  bon;  celui  de  la  phtaléine  ('),  imparfait  par  suite  de  l'hy- 
drolyse du  sel  dimétallique,  suffit  cependant  dans  la  plupart  des  titrages. 

»  Avec  les  bases  alcalinoterreuses,  les  résultats  sont  très  variables  non 
seulement  avec  la  dilution,  mais  encore  avec  la  façon  dont  la  saturation 
est  conduite  et  surtout  avec  la  nature  de  la  base. 

»  J'ai  cherché  dans  quelles  conditions  précises  il  faut  se  placer  pour 
utiliser  les  alcalinoterreux  au  titrage  de  l'acide  phosphôrique  libre,  et  s'il 
est  possible  d'observer  un  virage  correspondant  à  la  saturation  totale  de 
ses  trois  acidités. 

»  J'indiquerai  succinctement  les  résultats  obtenus  en  versant  des  solu- 
tions de  baryte,  strontiane  et  chaux  dont  la  concentration  varie  de  ^  à 
^  de  molécule  par  litre,  dans  une  solution  d'acide  phosphôrique 
(imol.  =  i'"). 

»  1.  Le  virage  du  méthylorange  (au  jaune  franc)  correspond  très  exactement 
à  l'addition  de  |  molécule  de  base  pour  i  molécule  PO' H';  il  s'observe  assez  facile- 
ment surtout  en  solution  de  dilution  moyenne  (Jj). 

»  Lebaryte(,^)  donne,  un  peu  avant,  un  précipité  gélatineux  qu'il  faut  redissoudre 
par  l'agitation  dans  la  liqueur  acide.  En  solution  encore  plus  concentrée,  celte  disso- 
lution complète  ne  se  fait  plus;  on  n'obtient  pas  une  liqueur  à  la  fois  limpide  et 
neutre,  et  le  titrage  n'est  pas  possible. 

»  Le  méthylorange  peut  être  remplacé  par  le  paranitropliéhol  (Joly,  Note  citée)  (-). 
La  liqueur  incolore  prend,  au  moment  de  la  saturation,  une  teinte  jaune  très  pâle 
dont  l'intensité  augmente  si  l'on  continue  l'addition  d'eau  de  baryte. 

»  l^e  virage  est  plus  facile  à  observer  sans  pratique  particulière  que  celui  du  méthyl- 
orange, mais  il  a  moins  de  sensibilité. 


(')  JoLï,  Comptes  rendus,  t.  Cil,  p.  Siy. 
(-)  Spiegel,  Berichte,  t.  XXXIII,  p.364o. 


(   .331  ) 

»  2.  Si  l'on  continue  l'adclitioii  d'eau  de  baryle  assez  lentement  pour  que  le 
précipité  gélatineux  trlbarylique  qui  se  forme  tout  d'abord  ail  le  temps  de  se  trans- 
former totalement  en  bibarylique  cristallisé,  le  virage  de  la  plitaléine  est  remarqua- 
blement net;  il  se  produit  très  e.raclemenl  pour  l'addition  d'une  molécule  de  base  et 
permet  un  titrage  précis. 

))  Ce  virage  net  peut  être  obtenu  avec  des  dilutions  quelconques,  soit  à  froid,  soit 
à  chaud.  En  liqueur  concentrée,  il  est  préférable  de  chauffer  la  liqueur  neutre  au 
méthyloi'ange  jusqu'à  apparition  de  précipité  et  de  continuer  la  saturation  dans  la 
solution  chaude:  la  cristallisation  du  précipité  est  ainsi  beaucoup  plus  rapide. 

»  3.  La  strontiane  concentrée  (yL  niol.  =  i  litre)  se  comporte  comme  la  baryte  : 
elle  peut  donner  un  virage  très  net  en  opérant  soit  à  froid,  soit  à  chaud. 

»  Avec  les  solutions  plus  étendues  la  formation  du  précipité  cristallisé  est  plus 
lente;  le  titrage  net  et  précis  est  encore  possible,  mais  seulement  à  froid,  et  il  exige 
plusieurs  heures. 

1)  4.  La  chaux,  peut  donner  le  même  virage  net  avec  formation  de  PO*Ca  H  cristal- 
lisé, mais  plus  difficilement  encore  :  il  faut  que  la  dilution  n'atteigne  pas  y|^  de  mo- 
lécule par  litre,  que  la  saturation  se  fasse  à  froid  et  avec  une  très  grande  lenteur.  Ces 
coiidiiioiis,  .-.urlout  la  dernière,  ne  permettent  pas  de  remplacer  la  baryte  par  la  chaux 
dans  le  titrage  précédent. 

»  5.  Lorsque,  dans  la  saturation  par  une  des  trois  bases,  le  précipité  n'est  pas  entiè- 
rement cristallisé  au  moment  du  virage  de  la  phtaléine,  celui-ci  est  toujours  médiocre 
et  incertain;  la  teinte  rose  pâle  obtenue  une  première  fois  disparaît  en  général  peu 
après  ('),  et  il  faut  ajouter  quelques  gouttes  d'alcali  pour  qu'elle  reparaisse  persistante 
pendant  quelques  minutes.  L'addition  brusque  d'un  excès  de  base  et  le  retour  avec 
un  acide  titré  donnent  une  décoloration  de  la  phtaléine  présentant  le  même  caractère 
d'incertitude  que  le  virage  direct. 

»  6.  Avec  la  baryte  ce  virage  exige  l'addition  de  quantités  de  base  très  variables, 
comprises,  pour  les  dilutions  employées,  entre  i^^'joS  et  i""'',25.  Le  nombre  trouvé 
est  d'autant  plus  voisin  de  i  que  l'agitation  est  plus  complète,  la  durée  de  l'opération 
plus  grande  ou  la  liqueur  plus  étendue;  toutes  ces  circonstances  sont  précisément 
celles  qui  facilitent  la  formation  du  précipité  cristallisé. 

11  La  strontiane  donne  des  résultats  plus  élevés  et  plus  constants  que  les  précédents  : 
ils  sont  compris  entre  (""'jSoet  i  """',40. 

)i  7.  Avec  la  chaux  les  quantités  nécessaires  sont  encore  plus  grandes  et  comprises 
entre  i°"'',4oet  i"'"',52.  Les  nombres  les  plus  élevés  et  les  plus  réguliers  sont  donnés 
par  la  solution  la  plus  étendue.  Leur  constance  est  suffisante  pour  permettre  le  titrage 
de  l'acide  phosphorique  par  l'eau  de  chaux  étendue  (  J-j  mol.:z=  i  lit.)  ajoutée  sans 
précaution  particulière  en  présence  de  phtaléine,  lorsqu'on  pourra  se  contenter  d'une 
précision  médiocre.  Le  virage  correspond  sensiblement  à  la  saturation  des  trois 
atomes  d'hydrogène  de  PO'IP.   » 


(')  Ceci  doit  être  rapproché  du  fait  signalé  par  Blarez  {Comptes  rendus,  t.  ClII, 
p.  205)  que,  en  présence  d'un  excès  notable  de  base,  la  quantité  de  baryte  fixée  sur 
l'acide  phosphorique  croît  avec  le  temps. 


(  i332  ) 


CHIMIE   ANALYTIQUE.    —  Sur  l' alumine  contenue  dans  les  eaux  minérales. 
Note  de  F.  Parmentier,  présentée  par  M.  Troosl. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  laS) 
nous  avons  montré  que  la  plupart  des  eaux  minérales  de  la  région  du 
Centre  renfermaient  de  l'alumine  en  quantités  très  notables.  Nous  avons 
insisté  sur  ce  fait  que  ne  pas  signaler  la  présence  de  ce  corps  dans  les 
eaux  qui  le  renferment  pouvait  avoir  des  conséquences  fâcheuses.  C'est 
ce  qui  vient  d'arriver  pour  les  eaux  de  Vichy.  Dans  aucune  analyse  de  ces 
eaux  que  nous  connaissions,  même  dans  une  analyse  d'ensemble  faite  au 
commencement  de  cette  année,  l'alumine  n'est  signalée.  Cependant,  pour 
ne  parler  que  de  deux  de  ces  sources,  j'ai  trouvé  par  le  procédé  de 
H.  Sainte-Claire  Deville,  comme  teneur  en  alumine,  pour 

Puits  Chomel os',oi  17  par  litre 

Grande  Grille o8"-,oo75 

).  Nous  avons  été  amené  à  reprendre  cette  étude  sur  les  indications  de 
M.  Genreau,  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  qui  se  préoccupait  de  la  pré- 
sence, lui  paraissant  d'ailleurs  accidentelle,  de  particules  blanches  ou 
ocracées  en  suspension  en  quantités  variables  dans  les  eaux  des  deux 
sources  citées.  Ces  particules  ont  été  observées  depuis  le  commencement 
de  cette  année  et,  d'après  des  essais  sommaires,  elles  lui  semblaient  devou- 
être  attribuées  soit  à  des  déperditions  d'acide  carbonique,  soit  à  des  infd- 
trations  d'eaux  chargées  de  chaux  provenant  de  l'action  des  intempéries  de 
l'hiver  (pluies,  neiges,  etc.)  sur  des  bétonnages  de  grande  étendue  faits 
récemment  au  voisinage  de  ces  sources,  soit  à  ces  deux  causes  simul- 
tanément. 

»  M.  Genreau  m'a  demandé  d'étudier  à  fond,  en  dehors  de  lui,  cette 
question  qu'il  était  important  d'élucider. 

»  Si  on  laisse  perdre  spontanément  à  ces  eaux  leur  acide  carbonique,  on  voit  se 
former  à  la  surface  de  l'eau  une  pellicule  flottante  formée  de  cristaux  de  spaths  qui 
s'accolent  en  partie.  Par  l'agitation,  ces  cristaux  tombent  au  fond  du  liquide.  Quand 
on  fait  partir  l'acide  carbonique  par  l'agitation,  il  se  produit  encore  du  carbonate  de 
chaux,  de  la  dolomie,  etc.,  en  cristaux  très  petits  qui  tombent  au  fond  de  l'eau.  Quand 
presque  tout  l'acide  carbonique  libre  a  disparu,  il  se  produit  un  dépôt  d'alumine  en- 
traînant une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  sesquioxyde  de  fer. 

»   Si,  au  contraire,  on  laisse  tomber   goutte  à    goutte   de   l'eau  de   chaux  dans  ces 


(   j333  ) 

<:aii\.  on  voit  se  produire  des  nuages  blancs  qui  peu  ii  peu  se  dissipent  partiellemenl. 
Les  nuages  sont  dus  à  la  production  de  carbonate  de  chaux,  de  carbonate  de  magné- 
sie, de  magnésie  et  d"ahimine.  L'excès  d'acide  carbonique  contenu  dans  ]es  eaux  re- 
produit la  redissolution  des  carbonates  et  de  la  magnésie,  mais  l'alumine,  une  fois 
précipitée  et  polymérisée,  ne  se  redissout  plus.  Produites  en  particules  très  petites, 
on  voit  ces  particules  s'accrocher  les  unes  aux  autres  et  finalement  produire  de  petits 
filaments  assez  semblables,  comme  aspect,  aux  mycéliums  de  certains  champignons. 
En  même  temps,  cette  alumine  enrobe  des  particules  de  carbonate  de  chaux,  de  car- 
bonate de  magnésie  et  de  magnésie  que  l'acide  carbonique  libre  n'atteint  plus  que 
difficilement. 

»  Les  caractères  de  l'alumine  contenue  dans  les  bouteilles  qui  nous  ont  été  remises 
et  de  celle  obtenue  dans  notre  laboratoire  avec  l'eau  de  chaux  ont  été  nettement  éta- 
blis soit  par  les  réactifs  chimiques,  soit  au  chalumeau. 

»  Ce  n'est  donc  pns  senlement  à  des  pertes  d'acide  carbonique,  mais 
aussi  à  des  infiltrations  d'eaux  chargées  de  chaux  et  dues  à  des  bétonnages 
récents  qu'il  faut  attribuer  la  présence  des  particules  qui  se  sont  montrées 
en  suspension,  de  la  manière  la  plus  irrégulière,  dans  les  eaux  qui  nous 
ont  été  soumises. 

»  La  présence  de  l'alumine  dans  ces  eaux  aurait  pu  être  indiquée  d'après 
le  seul  examen  des  dépôts  produits  par  ces  eaux.  Il  suffit  de  mettre  des 
fragments  de  ces  dépôts  au  fond  d'un  verre  d'eau  distillée  assez  grand  et 
d'ajouter  de  petites  quantités  d'acide  chlorhydrique  pour  voir  se  détacher 
de  la  masse  des  filaments  d'alumine  qui  s'élèvent  jusqu'à  la  surface  de 
l'eau,  emportés  par  des  bulles  d'acide  carbonique.  Pendant  leur  trajet,  ces 
filaments  se  soudent  les  uns  aux  autres,  puis  retombent  au  fond  de 
l'eau.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  bromure  (iisobutyléiic  sur  le  benzène  en 
présence  du  chlorure  d'aluminium.  Note  de  M.  F.  Bodkoux,  présentée  par 
M.  F.  Troost. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai  montré  que  l'hydrocarbure 
C*H'^  —  C'^H'  qui  prend  naissance  dans  l'action  du  bromure  de  propylène 
sur  le  benzène  en  présence  du  chlorure  d'aluminium  est  formé  presque 
entièrement  de  propylbenzène  normal. 

»   Ce  corps  dérive  du  diphénvipropane 

CH'-CH-'-CH-CH' 

C.   K.,  1901,    1-  Hemeslre.  (T.  CXXXII,  N"  22.)  I72 


(  i334  ) 
qui  se  forme  d'abord  et  sur  lequel  le  chlorure  d'aluminium  exerce  une 
action  décomposante  qui,  dans  les  conditions  de  l'expérience,  porte  presque 
uniquement  sur  ]e(C"H^y  uni  à  l'atome  de  carbone  tertiaire.  Pour  vérifier 
la  généralité  de  ce  mode  de  décomposition  j'ai  songé  à  faire  agir  sur  le 
benzène,  en  présence  du  chlorure  d'aluminium,  le  bromure  d'isobutylène 

CH  =  Br  — CHBr( 

\CfP 

et  à  déterminer  la  constitution  de  l'hydrocarbure  à  une  chaîne  latérale 
prenant  naissance  dans  cette  réaction. 
»   J'ai  opéré  de  la  manière  suivante  : 

»  75s''  de  bromure  d'isobutylène  ont  été  dissous  dans  i5o8''de  benzène,  et  j"ai  ajouté 
en  une  seule  fois  loS'  de  chlorure  d'aluminium.  La  réaction  a  commencé  à  froid.  Au 
bout  d'une  heure  et  demie,  j'ai  chauffé  au  bain-marie  jusqu'à  ce  qu'il  n'y  ail  plus  eu 
de  dégagement  d'IIBr.  Le  produit  décomposé  par  l'eau  a  été  lavé,  décanté,  séché  sur 
CaCl*.  Puis,  l'excès  de  benzène  ayant  été  chassé,  j'ai  soumis  le  résidu  à  une  série  de 
rectifications. 

»  J'ai  ainsi  obtenu  pour  deux  opérations  : 

A.  IIS''  de  liquide  passant  entre 171°  et  173° 

B.  3IB"'  »  284°  et  287° 

»  Les  portions  supérieures  sont  gommeuses,  sans  point  d'ébullition  fixe;  abandon- 
nées à  elles-mêmes,  elles  se  sont  solidifiées  partiellement.  Par  filtration,  j'ai  séparé  un 
corps  solide  cristallisant  dans  l'alcool  en  prismes  incolores.  Ce  composé  qui  fond  sans 
décomposition  à  128°  a  été  obtenu  en  trop  petite  quantité  pour  que  je  puisse  avec 
succès  en  poursuivre  l'étude. 

»  A.  Cet  hydrocarbure  est  un  liquide  incolore,  d'une  odeur  agréable, 
passant  à  171°- 173°  sous  la  pression  de  750""°. 

»   L'analyse  montre  que  ce  corps  est  un  butylbenzène,  CH'^ 

»  Le  brome  en  excès  agissant  à  froid  sur  cet  hydrocarbure  en  présence 
du  bromure  d'aluminium  le  transforme  en  nonabromoisobutylbenzène 
CBr^  —  C*H'Br\  Il  y  a  également  production,  dans  cette  réaction,  d'une 
faible  quantité  de  benzène  hexabroiné. 

»   Or  l'hydrocarbure 

C"H'-CH--  CH  -  CH= 
CH' 

traité  par  le  brome  en  présence  du  bromure  d'aluminium  fournit  unique- 


(  i335  ) 

ment  le  composé  C'Br' .  C^H^Br"  fusible  à  ii6°-2i']°,  tandis  que  l'hydro- 
carbure 

/-CH' 
Cil  ■-C-CH' 

dans  les  mêmes  conditions  ne  donne  que  l'hexabromobenzène,  fusible 
à  SiG".  Par  conséquent,  le  composé  A  est  constitué  presque  entièrement 
p&r\ephényle  i  méthyle  2  propane. 

»  B.  Cet  hydrocarbure  est  un  liquide  légèrement  jaunâtre,  doué  d'une 
fluorescence  bleue;  il  bout  entre  284"  et  287'' sous  la  pression  de  ^So"""; 
sa  densité  à  i5°  est  0,984. 

»  Refroidi  par  un  mélange  de  glace  pdée  et  de  sel  marin,  il  devient  siru- 
peux, mais  il  ne  se  solidifie  pas. 

))   L'analyse  lui  assigne  la  formule  C'^H'*. 

»  D'après  son  mode  de  génération,  sa  fainiiile  de  constitution  doit  être 
la  suivante  : 

CH' 

CMP-CH-'  — C-C''H\ 

CH' 

ce  qui  en  fait  le  phényle  i  diinéthyle  2  éthane  phényte. 

»  Si  cette  constitution  est  exacte,  cet  hydrocarbure  renferme  dans  sa 
molécule  un  noyau  benzénique  uni  à  un  carbone  quaternaire.  Par  consé- 
quent, en  faisant  agir  sur  ce  corps  un  excès  de  brome  en  présence  de 
AlBr',  il  doit  y  avoir  scission  de  la  molécule  à  cet  atome  de  carbone,  for- 
mation de  benzène  hexabromé  et  d'un  dérivé  brome  de  l'isobutylbenzène, 
c'est-à-dire  d'abord 

CH^  CH^ 

CH''      CH=-C-C«H»-l-22Br  =  C''Br''-+-  roHBr-f-C  Br''- CH' -  C  Br, 
CH^  CH' 

puis,  comme  dans  l'isobutylbenzène,  l'action  bromurante  porte  en  partie 
sur  la  chaîne 


CH» 
CBi 

CH' 


.    CBr'  -CH^  -CBr4-GBr  =  3HBr  +  C«Br^  -  CH' Br 


(  i336  ) 
de  sorte  que  la  réaction  totale  doit  être 

CM' 
C''H^-CH^-C-C«?F+28Br=  i3H  Br  +  C^Br"  +  C  Br^  -  C  H^Br\ 

»  J'ai  donc  effectué  la  bromuration,  et,  après  en  avoir  soumis  le  produit 
aux  opérations  ordinaires,  j'ai  séparé  par  cristallisation  fractionnée  dans 
le  benzène  deux  composés  différents. 

»  Le  premier,  purifié  par  de  nouvelles  cristallisations  dans  le  chloro- 
forme, se  présente  sous  la  forme  de  prismes  courts  incolores,  fondant  à 
2i6°-2i7°en  sedéposanteten  laissant  dégagerdu  brome.  C'est  le  composé 
CJBr'  -  C*H^Br\ 

»  Le  deuxième  se  dépose  de  sa  solution  benzénique  en  aiguilles 
blanches,  longues  et  soyeuses,  fusibles  à  3iG".  C'est  le  benzène  hexa- 
bromé. 

»  Le  résultat  de  l'expérience  est  conforme  à  celui  prévu  par  la  théorie. 
L'hydrocarbure  C"*li**  obtenu  est  donc  bien  le  phényle  i  diméthyle  2 
élhane  phényle,  et  c'est  ce  corps  qui,  se  détruisant  partiellement  sous  l'in- 
fluence de  Al  Cl',  donne  naissance  à  l'isobutylbenzcne  recueilli  d'abord. 
Cette  action  décomposante  s'exerce  dans  le  même  sens  que  sur  le  dipliè- 
nyle  i-i  propane  ;  elle  a  principalement  pour  résultat  de  détacher  le  noyau 
benzénique  uni  à  un  carbone  quaternaire.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Action  des  élhet s  alcoylmaloniques  sur  les  chlorures 
diazoïcjues.  Note  de  M.  G.  Favkel,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'action  des  éthers  maloniques  sur  les  chlorures  diazoïques  a  déjà 
été  étudiée  par  un  certain  nombre  d'auteurs  ('),  et  leurs  travaux  ont 
montré  que  les  corps  résultant  de  cette  réaction  sont  des  hydrazones. 

»  Les  élhers  alcoylmaloniques  n'ayant  plus  qu'un  atome  remplaçable 
par  un  radical  monovalent,  on  pouvait  se  demander  ^i  ces  corps  seraient 
capables  de  réagir  sur  les  chlorures  diazoïques. 

)>    100='^  de  solution   uorniale  d'aniline,  à  trois  molécules  d'acide  chlorhydrique  par 


(')  Meyek,  1'..  D.  cl,.  .-.,   t.  XXn  ,  p.  1241  ;  et  von  Fixiiiiann,  IJ.D.  cIi.  G.,  t.  XXV, 
p.  ii-'t. 


(   '^.^7  ) 

litre,  sont  diazotés  par  afldilion  d'un  égal  volume  de  liqueur  normale  de  nitrile  de 
soude.  Dans  le  chlorure  de  diazobenzène  produit,  on  verse  alors  une  solution  de 
456''  d'acétate  de  soude  dans  loo"  d'eau,  puis  178"', 4o  de  méthylmalonate  d'éthyle 
dissous  dans  i5o"^  d'alcool. 

»  Le  liquide,  maintenu  à  zéro  pendant  quelques  heures,  et  soumis  à  de  fréquentes 
agitations,  abandonne  une  huile  jaune  qui  ne  cristallise  pas  et  ne  peut  être  distillée 
sans  décomposition.  Agitée  avec  de  la  soude  étendue,  elle  se  solidifie  partiellement, 
et  si  l'on  jette  alors  le  tout  sur  une  plaque  poreuse,  on  parvient  à  isoler  la  partie  solide. 
Celle-ci,  dissoute  dans  l'alcool  chaud,  s'en  précipite  par  refroidissement,  sous  forme 
de  cristaux  jaunes  qui  constituent  la  phénylhvdrazone-a-pyruvate  d'éthyle  ou  phé- 
nyl-a-azopropionate  d'éthyle  ('),  ainsi  que  le  démontrent  l'analyse  et  le  point  de 
fusion  I  i7°-r  18°. 

»   Sa  formation  peut  s'expliquer  par  la  réaction 

CO-C-H-' 
C  H^\z  =  Az  -  OH  +  CH  -  CH^ 

.H  CO-C-îl^ 

=  C^H^Az  -  Az  =  (';  +  CO-'-t-  C-H\  OH. 


CH 


»  Il  est  à  noter  que,  pendant  l'action  du  méthylmalonate  d'éthyle  sur  le 
chorure  de  diazobenzène  en  solution  acétique,  il  se  dégage  de  l'acide 
carbonique,  ce  qui  confirme  l'équation  précédente. 

M  En  remplaçant  dans  l'opération  précédente  le  chlorure  d(^  diazoben- 
zène par  celui  de  diazoparatoluène,  on  obtient  : 

»  La  paratoluidhydrazone-a-pyruvate  d'éthyle  ou  paratoluil-oc-azopro- 
pionate  d'éthyle,  fondant  à  io6°-i07". 

»  Si  l'on  fait  réagir,  dans  les  mêmes  conditions,  le  chlorure  de  diazo- 
benzène sur  l'élhvlmalonate  d'éthyle,  ou  obtient  une  huile  jaune  entière- 
ment soluble  dans  la  soude  étendue. 

»  L'acide  chlorydrique  précipite  de  cette  solution  des  flocons  jaunes. 
En  les  dissolvant  dans  l'alcool,  on  obtient,  par  évaporatiuu,  des  cristaux 
fondant  à  iSi^-iàs",  constitués  par  la  phénylhydrazone-a.-acide-butyrique 
ou  phényl-a-azo  acide  butyrique  ("). 


(')  Fischer   et  Jordan^  fl.  D.  cli.  G.,  1.  \\1,  p.   aa^i;  et  Fi!A>f;is  Japf  et  Klinge- 
MANN,  t.  XX,  p.  29^2. 

(■)   Francis  Japi'  et  îvli.ngema.n.n.  A'.  L>.  cli.  (i..  i.  \X,  ji.  itj^i. 


(  i338  ) 

»  Le  chlorure  de  diazoorlhotoluène  fournit  de  même  l'orthotoliiilhydra- 
zone-a-acide  butyrique  fondant  à  i48''-i49''- 

»  En  résumé,  les  étliers  alcoylmaloniques  réagissent  sur  les  chlorures 
diazoïques  comme  les  éthers  cyanacétiques  substitués,  mais,  tandis  que 
les  derniers  fournissent  les  hydrazones  nitriles  pyruviques,  les  premiers 
donnent  les  acides  correspondants  ou  leurs  éthers.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  décomposition  des  dérivés 
hisulfiliques.  Note  de  MM.  P.  Freuxdler  et  L.  Buxel,  présentée  par 
M.  Henri  Moissan. 

«  Les  seuls  agents  dont  on  se  soit  servi  pour  régénérer  les  aldéhydes 
et  les  cétones  de  leurs  combinaisons  bisulfitiques  sont,  à  notre  connais- 
sance, les  acides,  les  alcalis  et  les  carbonates  alcalins.  Toutefois  Berta- 
gnini  (')  a  indiqué  que  le  brome  et  l'iode  sont  également  susceptibles  de 
dédoubler  ces  combinaisons. 

»  Nous  avons  constaté  que  les  azotites  alcalins  étaient  doués  de  la  même 
propriété  et  qu'ils  pouvaient,  dans  certains  cas,  être  substitués  aux  carbo- 
nates. 

»  11  suffit,  par  exemple,  de  chaufTer  la  combinaison  bisulfitique  de  l'aldéhyde  isn- 
valérique  avec  une  solution  diluée  d'azotite  de  sodium  pour  mettre  l'aldéhyde  en 
liberté.  La  réaction  s'effectue  entre  70°  et  80°;  elle  est  accompagnée  d'un  faible  déga- 
gement gazeux  (protox3-de  d'azote),  mais  il  ne  se  forme  pas  de  vapeurs  nitreuses;  la 
liqueur  prend  une  réaction  alcaline  qui  persiste  si  l'on  a  soin  d'éviter  une  ébullition 
prolongée.  La  tension  de  vapeur  de  l'aldéhyde  est  d'ailleurs  si  forte,  qu'en  chaulTant 
quelques  minutes  à   100°  on  parvient  à  distiller  la  totalité  du  produit. 

»  Le  rendement  n'a  pas  été  déterminé  d'une  façon  absolue,  car,  si  d'une  part  l'al- 
déhyde isovalérique  est  un  peu  soluble  dans  les  solutions  salines,  elle  retient  d'autre 
part  toujours  une  petite  quantité  d'eau  dont  on  ne  peut  la  débarrasser  par  dessiccation 
sans  perdre  en  même  temps  du  produit.  Nous  nous  sommes  donc  bornés  à  peser 
l'aldéhyde  à  l'état  humide,  à  vérifier  qu'elle  ne  renfermait  ni  acides  ni  polymères,  et  à 
comparer  les  rendements  fournis  par  la  méthode  à  l'azotite  avec  ceux  que  donne  la 
méthode  an  carbonate  dans  les  mêmes  conditions  de  température  et  de  dilution. 

»  L'appareil  employé  dans  toutes  nos  expériences  était  constitué  simplement  par 
un  ballon  à  distiller  qu'on  chauffait  au  bain  d'huile,  et  à  la  tubulure  duquel  était 
adapté  un  réfrigérant  descendant.  Deux  thermomètres,  placés  l'un  à  l'intérieur  du 
ballon,  l'autre  à  l'extérieur,  ont  permis  d'opérer  à  une  température  absolument  con- 
stante. 


(I)  Ann.  C/ieni..  t.  LWXV,  p.  289. 


(   i339  ) 

»  La  matière  première  a  été  préparée  en  parlant  d'une  aldéhyde  purifiée  elle-même 
par  l'intermédiaire  de  sa  combinaison  bisulfitique.  Sa  pureté  a  d'ailleurs  été  contrôlée 
par  un  dosage  de  sodium  (calculé  pour  NaHSO'.C°H'»0.{H^O  :  sodium  pour  loo, 
1 1 ,56;  trouvé  ii  ,3). 

»  ioqS""  de  cette  combinaison  bisulfitique  (i  mol.)  ont  été  chaufîés  avec  une  solution 
de  iSb"'  d'azotite  de  soude  (j  mol.)  dans  25o'^'=  d'eau.  On  a  récupéré  SgS"'  d'aldéhyde  au 
lieu  de  43'"',  soit  90  pour  100  du  rendement  théorique. 

»  loos"'  de  la  même  combinaison,  traités  dans  les  mêmes  conditions  par  une  solution 
de  carbonate  de  potasse,  ont  fourni  SjS''  d'aldéhyde. 

»  Des  expériences  comparatives  nous  ont  montré  que  les  meilleurs  rendements  sont 
obtenus  lorsqu'on  emploie  |  molécule  d'azotite  pour  i  molécule  de  bisulfitique.  Avec 
i  molécule,  la  décomposition  est  incomplète,  et  si  l'on  rajoute  du  nitrite  après  la 
première  distillation,  une  nouvelle  quantité  d'aldéhyde  est  mise  en  liberté. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  la  décomposition  du  bisulfitique  par  les 
azoliles  fournil  des  rendements  au  moins  égauv  à  ceux  que  Von  obtient  en  em- 
ployant les  carbonates. 

»  Cette  décomposition  par  les  azotites  n'est  pas  provoquée  simplement 
par  l'alcalinité  de  ces  derniers.  En  efFet,  d'autres  sels  à  réaction  alcaline, 
tels  que  l'acétate  ou  le  benzoale  de  soude,  se  sont  montrés  à  peu  près 
inactifs.  La  réaction  est  analogue  à  celle  d'un  azotite  sur  unpvrosulfite;  du 
moins  avons-nous  pu  caractériser  l'un  des  produits  de  cette  réaction,  V acide 
nilrilosulf unique ,  Az(SO^H)'  [^acide  sulfammonique  de  Frémy  ('),  acide  tri- 
suif  animonique  t\e  Clans  (-)].  Il  suffit  pour  cela  de  traiter  le  résidu  de  la  dis- 
tillation par  une  solution  concentrée  de  chlorure  de  potassium;  le  nitrilo- 
sulfonate  de  potassium  se  dépose  par  refroidissement  sous  la  forme  de  fines 
aiguilles  presque  insolubles  dans  l'eau  froide,  qui  possèdent  toutes  les 
propriétés  décrites  par  M.  Raschig  ('). 

»   Un  dosage  de  potassium  a  d'ailleurs  fourni  les  chiffres  suivants  : 

Calculé  pour 
Trouve.  \z(S0'K)2,  2H  =  0. 

Iv  pour  100 28,69  28,7.5 

»  Nous  nous  proposons  de  rechercher  les  autres  produits  (oximido- 
sulfonales,  amidosulfonates,  etc.),  qui  prennent  naissance  dans  cette 
réaction,  et  d'appliquer  celle-ci  à  d'autres  dérivés  bisulfitiques. 

»   Des  essais  préliminaires  effectués  avec  la  combinaison  bisulfitique 


(')  Ann.  de  Chiin.  et  de  Pliys.,  3"  série,  t.  XV,  p.  4i8- 
(2)  Ann.  Chenu,  t.  CLVIII,  p.  85  et  194. 
(')  Ann.  Cheni.,  t.  CCXLl,  p.  280. 


(   '3'io  ) 

normale  du  ciiral.  nous  onl  montré  qu'il  est  impossible  de  régénérer  com- 
plètement le  cili'ai  de  cette  combinaison  au  moyen  des  azoliles.  Ces  ré- 
sultats sont  d'ailleurs  conformes  aux  prévisions  que  Ton  peut  tirer  de  la 
lecture  des  Mémoires  de  Tiemann  (')  d'une  part,  et  de  ceux  de  MM.  Divers 
et  Ha^a  (^)  d'autre  part.  Ils  seront  décrits  ultérieurement  avec  plus  de 
détails.    » 


CHIMTE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  produits  secondaires  formés  dans  l'action  de 
l'acide  sul/uriquc  sur  le  charbon  de  bois.  Note  de  M.  A.  Verxeuii-,  pré- 
sentée par  M.  Moissan. 

«  1.  Les  acides  que  i  on  isole  le  plus  aisément  du  résidu  de  l'attaque 
du  charbon  de  bois  par  l'acide  sulfurique  sont,  ainsi  que  je  l'ai  montré  il  y 
a  quelques  années,  l'acide  raellique  et  l'acide  benzènepentacarbonique;  le 
premier  se  sépare  facilement  à  l'état  de  mellate  d'ammonium,  le  second 
s'extrait  des  premières  portions  cristallines  précipitées  lors  du  fractionne- 
ment de  la  liqueur  à  l'aide  de  la  baryte  (^). 

)>  TtJacide  benzène  pcnlacarhonique  ainsi  isolé  par  cristallisation  présente 
une  très  vIac  phosphorescence  dont  l'intensité  et  la  couleur  jaune  verdàtre 
sont  presque  identiques  à  celles  de  la  blende  phosphorescente;  la  durée  de 
l'émission  lumineuse  atteint  six  secondes  envii'on. 

»  Cette  phosphorescence  n'appartient  pas  à  l'acide  pur,  qui  peut  prendre 
place,  comme  un  nouvel  exemple,  dans  le  groupe  des  corps  déjà  nombreux 
qui  doivent,  ainsi  que  les  sulfures  alcalino-terreux,  leur  luminescence  à  la 
présence  d'une  impureté.  En  effet,  lorsqu'on  purifie  l'acide  benzènepenta- 
carbonique par  deux  passages  à  l'état  de  sel  de  plomb,  suivis  de  régéné- 
rations par  l'hydrogène  sulfuré,  les  cristaux  perdent  leur  teinte  jaunâtre, 
deviennent  tout  à  fait  incolores  et  ne  présentent  plus  qu'une  trace  de  phos- 
phorescence. Ce  n'est  qu'après  au  moins  trois  purifications  semblables  que 
la  phosphorescence  est  complètement  annulée. 

»  Je  n  ai  pu  jusqu'ici  parvenir  à  déceler  la  nature  du  corps  étranger  qui 
rend  phosphorescent  l'acide  phènepentaméthyloïque;  car  je  n'ai  pu  retirer 
soit  de  l'eau  de  lavage  du  précipité  plombique,  soit  du  sulfure  de  plomb,  la 


(')  D.  chem.  G.,  t.  XXXI,  p.  33i2. 
(2)  Chem.  Soc,  t.  LXXVII,  p.  671. 
(*)  Comptes  rendus,  t.  CXVIII,  p.  igS. 


(  i34i   ) 

matière  qui,  en  y  demeurant  fixée,  fait  cesser  la  phosphorescence;  je  puis 
(lire  seulement  que  la  cristallisation  de  cet  acide  pur  en  présence  de  quan- 
tités variables  d'acide  mellique,  d'acide  pyromeliique,  ou  du  résidu  brun 
très  complexe  qui  forme  les  dernières  eaux  mères  de  la  purification  de 
l'acide  pentamélhyloïque  luminescent,  ne  le  rend  pas  phosphorescent. 
Friedel  et  Crafts  (')  avaient  trouvé  que  la  perte  d'eau,  sur  l'acide  sulfu- 
rique,  pour  des  cristaux  essorés  dans  du  papier,  s'élevait  à  27,10  pour  100, 
ce  qui  correspond  à  la  formule  C''H(C0"H)',6H-0. 

»  J'avais  moi-même  obtenu,  sur  des  cristaux  formés  par  refroidis>e- 
ment  et  essorés  à  la  trompe,  une  perte  de  27,36  pour  100  et  admis  égale- 
ment G  H^O  de  cristallisation. 

»  J'ai  repris  depuis  cette  détermination  et  reconnu  que  cet  acide,  qu'il 
soit  phosphorescent  ou  non,  ne  s'effleurit  que  dans  l'air  extrêmement  sec 
et  que  la  perte  d'eau  trouvée  par  Friedel  et  Crafts,  puis  par  moi,  est  trop 
élevée  et  que  les  fines  aiguilles  de  ce  corps,  même  très  bien  essorées, 
retiennent  quelques  centièmes  d'eau  qu'on  doit  laisser  s'évaporer  sans 
craindre  l'efflorescence. 

))  En  déshydratant  des  cristaux  obtenus  depuis  plusieurs  années,  ou  en 
laissant  les  cristaux  essorés  prendre  leur  poids  fixe  dans  l'air  ambiant,  on 
trouve  toujours  très  exactement  une  perte  de  23, 18  pour  100  d'eau  à  1 1 5°, 
ce  qui  correspond  rigoureusement  à  la  formule  C"H(C0-H)%5H^0. 

»  Les  déterminations  de  M.  WyroubofF  classent  l'acide  benzènepenta- 
carbonique  dans  le  système  orthorhombique,  ainsi  que  l'indiquent  les 
constantes  suivantes  : 

»  Mesuré  :  mm  r=  112° 8',  »?«'  =  1 14"  i4',  «''^'  =  i2o°4',  e'/n  =  78°3o'. 

»   Calculé:  ma'^  — M [i^ii^',  a^p=ibo''2',  e'e'  =  i37°36',  e'OT=:78''2i',  e'a'  =  i43°52'. 

a  :  b  :  cm 0,6728  :  I  :  0,3889. 

»  Clivage  imparfait  suivant/».  Le  plan  des  axes  optiques  est  parallèle  à  ^' ;  la  bis- 
sextrice  aiguë  négative  est  perpendiculaire  à  p. 

>i  La  biréfringence  est  extrêmement  forte  et  la  dispersion  assez  notable  avec 
p  <  (^  et  2  E  :=  57"'4o'. 

»  II.  Les  trois  précipités  amorphes  obtenus  dans  le  fractionnement 
par  la  baryte,  après  la  formation  des  précipités  cristallins  d'où  j'ai  extrait 
l'acide  benzènepentacarbonique,  possèdent  à  peu  près  la  même  composi- 
tion ;  je  les  ai  réunis  et  examinés  ensemble. 


(')  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  6'  série,  t.  I,  p.  47^;  1884. 


o 


G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  32.)  I7-> 


(   i342  ) 

»  Il  est  facile  d'extraire,  par  crislallisalion,  l'acirle  pyromellique  que 
renferment  les  acides  de  ces  sels  bary  tiques;  le  rendement  atteint  2  pour  100 
environ  de  la  quantité  du  charbon  de  bois  allaqué.  Cet  acide  se  sépare 
aisément,  en  raison  de  sa  faible  solubilité  dans  l'eau  froide,  de  l'acide  ben- 
zènepentacarbonique  qui  l'accompagne,  en  lui  communiquant  une  phos- 
phorescence notable. 

»  L'acide  pyromellique  retient  énergiquement  une  matière  colorante 
jaune,  et  je  n'ai  pu  l'obtenir  incolore  qu'après  un  passage  à  l'état  de  sel  de 
plomb. 

»   Ainsi  préparé  il  répond  à  la  formule  ('  ) 

C''H='(C0-H)*,2H=0. 

M.  Wyrouboff  a  bien  voulu  mesurer  ces  cristaux  qui  appartiennent  au  sys- 
tème triclinique  et  a  trouvé  des  valeurs  identiques  à  celles  obtenues  par 
Naumann  ("). 

»  Pour  isoler  l'acide  benzènepentacarbonique,  dont  le  sirop  séparé  de 
l'acide  pyromellique  renferme  encore  i5  à  20  pour  100,  il  faut  traiter  ce 
iuélange  desséché  par  une  petite  quantité  d'acide  acétique  crislallisable  qui 
laisse  l'acide  benzènepentacarbonique  brut  à  l'état  insoluble  en  se  char- 
geant des  acides  incristallisables. 

))  De  ces  derniers,  en  dehors  d'une  petite  quantité  d'acide  mellique  qu'on 
peut  encore  extraire  à  l'état  de  mellate  d'ammonium,  je  n'ai  pu  isoler  aucun 
produit  défini,  soit  par  éthérificalion,  soit  par  saturation  à  l'aide  des  princi- 
paux oxydes,  qui  ne  fournissent  que  des  produits  amorphes  que  je  n'ai  pu 
convenablement  jjurifier. 

»  I>e  charbon  de  bois  employé  dans  ces  recherches  présentait  la  compo- 
sition suivante  après  dessiccation  à  iSo**  :  C  =  87,62,  H  =  2,55,  O  =  8,38, 
cendres  =  i,43.  On  \oit  d'après  cela  que  l'excès  d'hydrogène  qu'il  ren- 
ferme, sur  le  rapport  qui  constitue  l'eau,  s'élève  encore  à  i,5i  pour  100. 
Cette  valeur  suttit  largement  pour  expliquer  la  formation  delà  quantité  des 
acides  benzènecarboniques  que  j'ai  signalée,  puisque  la  quantité  d'hydro- 
gène contenue  dans  l'acide  mellique  ne  s'élève  qu'à  1,75  pour  100.  C'est 


(')  Trouvé   pour   l'acide   desséciié  à    1 10°  :  C  =:  46,90  —  47i03,   H  =  2,3o  —  2,89, 

0  =  5o,8o  —  5o,58.  Calculé:  €  =  47,27,  H  =  2,36,  O  :=  50,39.  Perte  à  110°=  12,59 
pour    100.    Calculé  :=  12, 4i.    Soude   nécessaire    à   la    saturation    de   l'acide   séché  à 

1  io°=  62,25.  Calculé  62,95. 

r)  Jouni.  fur  Prakt.  Clteinie,  t.  LU,  p.  482;  j85i. 


(   i343  ) 

donc  le  produit  de  la  pyrogénation  incomplète  de  la  matière  organique  qui 
a  formé  le  charbon  de  bois  qui  donne  naissance  aux  divers  produits  trouvés 
dans  le  résidu  de  l'attaque  par  l'acide  sulfurique.  En  effet,  si,  au  lieu 
d'opérer  avec  du  charbon  de  bois  ordinaire,  on  fait  agir  le  môme  acide 
sur  du  charbon  de  bois  calcine  au  rouge  blanc,  l'attaque  est  beaucoup  plus 
lente  et  plus  difficile;  le  liquide  ne  se  colore  pas;  le  charbon,  au  lieu  de 
se  désagréger  et  de  se  transformer  en  une  masse  noire  pâteuse,  conserve  sa 
forme  primitive,  et  le  résidu  repris  par  l'eau  ne  laisse,  après  l'élimination  de 
l'acide  sulfurique,  qu'une  quantité  négligeable  d'un  résidu  jaune  ne  ren- 
fermant ni  acide  mellique  ni  acide  phènepenlaméthyloïque. 

»  J'espère  pouvoir  compléter  ce  travail  par  l'étude  des  produits  secon- 
daires engendrés  dans  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  divers  combus- 
tibles minéraux.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  Grégarine  parasite  des  Pinnothéres  des  Moules. 
Note  de  M.  Louis  Léger,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  Pinnothéres  pisum  Penn.,  que  l'on  trouve  si  fréquemment  dans 
les  Moules  {Mytilus  edulis  L. )  des  côtes  de  la  Manche,  sont  très  souvent 
infestés  par  une  Grégarine  qui,  par  l'ensemble  de  ses  caractères,  appar- 
tient au  £;enre  Aggregala  Frenzel.  On  sait  que  ce  genre  a  été  créé  |)ar 
Frenzel  pour  une  Grégarine  trouvée  par  lui  dans  l'intestin  de  Portunus 
arcuatus  Leach  et  de  Carcinus  maenas  L.,  et  caractérisée  surtout  par  ce  lait 
que  ses  sporozoïtes  se  forment  directement  à  l'intérieur  du  kyste  sans  qu'il 
apparaisse  de  sporocystes. 

»  L'espèce  parasite  des  Pinnothéres  présente  également  celte  particula- 
rité, mais,  tandis  que  chez  A.  Portunidarum  Fr.  les  kystes  mûrs  se  ren- 
contrent dans  l'intestin  postérieur  des  Crabes;  ici  je  n'ai  jamais  rencontré 
ces  stades  que  dans  la  cavité  générale  de  l'hôte.  Pour  celte  raison  je  l'ap- 
pellerai Agg.  cœlomica.  Les  kystes  cœlomiques  se  monlrent  comme  de 
petits  grains  blancs,  sphériques,  de  iSoi^  en  moyenne,  à  paroi  mince, 
appendus  à  l'intestin  ou  enfouis  dans  le  tissu  conjonctif  péri-intestinal 
tassé  autour  d'eux  sans  réaction  inflammatoire.  Ils  renferment  un  grand 
nombre  de  sporozoïtes  groupés  en  bouquets  autour  de  reliquats  granuleux 
sphériijues  ou  allongés.  Par  leur  situation,  leur  forme  et  leur  contenu,  ils 
rappellent  d'une  façon  étonnante  les  %ares  données  par  les  auteurs 
récents  de  l'ookyste  mîii-  du  parasite  de  la  fièvre  palustre  dans  V Anophèles 


(  i344  ) 
(voir  la  figure).  Les  sporozoïles,  toutefois  plus  larges  que  dans  ce  dernier 
parasite,  mesurent  i5^  de  long  et  montrent  une  extrémité  atténuée  en 
pointe,  tandis  que  l'autre  est  arrondie  et  renferme  un  noyau  ovoïde  ou 
étranglé  en  biscuit  et  formé  d'un  réseau  chromatique  très  dense.  A  l'in- 
térieur du  kyste,  ils  sont  immobiles  et  ils  ne  montrent  d'ailleurs  que  des 
mouvements  très  faibles  lorsqu'on  les  met  en  liberté  dans  le  sang  de  l'hôte 
ou  dans  l'eau  de  mer,  car  on  ne  les  rencontre  jamais  libres  dans  la  cavité 
générale  du  Pinnothère. 


Coupe  transversale  de  l'intestin  du  Pinnothère  au  niveau  d'un  kyste  cœlomique. 
Grossissement  :  i8o  diam. 

l,  lumière  intestinale. 

e,  épithélium  intestinal. 

A',  kyste  cœlomique. 

«,  sporozoïtes  disposés  radiairement  autour  des  reliquats. 


M  Malgré  l'examen  de  nombreuses  coupes  sériées,  je  n'ai  pas  réussi  à 
observer  les  états  très  jeunes  du  parasite  et,  par  conséquent,  à  suivre 
complètement  son  évolution.  Toutefois  mes  observations  montrent  que 
celle-ci  présente  d'intéressantes  particularités  et  que  la  Grégarine  possède 
une  structure  remarquable. 

»  Les  parasites,  en  effet,  se  rencontrent,  dans  l'hôte  infesté,  en  trois 
régions  bien  différentes  :  a,  dans  la  lumière  intestinale;  b,  sous  l'épithc- 
lium  intestinal;  c,  dans  la  cavité  générale. 

»  a.  Formes  intestinales.  —  Presque  toujours  de  grande  taille,  elles  sont  libres 
dans  l'intestin  ou  les  cœcums,  isolées  ou  réunies  par  couples.  C'est  la  forme  adulte 
de  la  Grégarine,  trapue,  à  peine  trois  fois  plus  large  que  longue  et  d'environ  iSoH-  de 
longueur.  Le  deutomérite  est  comme  tronqué  à  son  extrémité  postérieure.  Le  proto- 
mérite,  très  mobile,  est  creusé  à  son  sommet  d'une  dépression  à  bords  très  contrac- 
tiles, comme  une  ventouse.  Du  fond  de  cette  dépression  s'élève  un  mamelon  cylindro- 
conique  terminé  par  une  petite  pointe  en  rapport  avec  un  organe  qui  n'a  pas  été 
jusqu'ici  signalé  chez  les  Grégarines.  Cet  organe  consiste  en  une  vacuole  à  contours 


(  i345  ) 

nets,  sphérique  ou  piriforme,  située  dans  rentoc3te  du  deutomérite,  à  une  faible 
distance  du  septum.  De  cette  vacuole  part  un  canal,  rectiligne  ou  ondulé  (suivant 
l'état  d'extension  ou  de  contraction  de  l'animal),  qui  traverse  le  septum  et  remonte, 
dans  l'axe  du  protomérile,  jusqu'au  fond  de  la  ventouse  pour  venir  aboutir  au  mame- 
lon, dans  lequel  il  se  continue  jusqu'au  sommet.  Malheureusement  je  ne  puis  dire  si 
ce  canal  s'ouvre  au  sommet  du  mamelon,  ou  bien  s'il  se  termine  en  cul-de-sac  dans 
celui-ci.  Dans  le  premier  cas,  plus  probable,  on  aurait  affaire  soit  à  un  appareil 
excréteur,  peut-être  venimeux,  soit  à  un  système  aspirateur  avec  rudiment  du  tube 
digestif;  dans  le  second  cas,  ce  serait  un  organe  fouisseur,  une  sorte  de  trompe  érec- 
tile.  La  vacuole  n'est  pas  douée  de  contractions  rythmiques,  bien  que  sa  forme  puisse 
varier  faiblement  avec  les  mouvements  de  l'animal.  Elle  renferme  un  liquide  clair, 
parfois  finement  granuleux.  L'iode  ne  la  colore  pas,  tandis  qu'il  colore  au  contraire 
vivement  les  granulations  entocytiques.  Il  existe  en  outre,  souvent,  une  petite  vacuole 
accessoire,  soit  à  côté  de  la  première,  soit  dans  le  protomérite  et  venant  déboucher 
dans  le  canal  central.  Un  tel  organe  ne  doit  pas  être  spécial  à  notre  espèce  et  se 
retrouve  sans  doute  chez  les  Aggregata  des  Crabes  et  peut-être  chez  les  autres  Gré- 
garines  des  Crustacés.  Je  n'ai  pas  réussi  à  l'observer  jusqu'ici  chez  les  Clepsidrinides 
que  j'ai  examinées  à  ce  point  de  vue. 

»  Le  sort  de  ces  Grégarines  intestinales  m'est  inconnu  ;  je  ne  les  ai  jamais  observées 
à  l'état  de  kystes,  ce  qui  est  peut-être  dû  à  la  saison  (hiver)  où  j'ai  fait  mes  observa- 
lions.  Frenzel  a  signalé  ainsi  une  certaine  périodicité  évolutive  chez  d'autres  Gréga- 
rines des  Crustacés  marins. 

»  b.  Formes  sous-épithéliales.  —  On  rencontre  également  les  Grégarines  sous 
l'épithélium  de  l'intestin  et  des  caîcums,  entre  la  basale  et  les  cellules  épithéliales,  qui 
sont  alors  soulevées  et  désorientées  par  le  parasite.  Mais  il  est  à  noter  qu'on  n'observe 
à  ce  niveau  que  peu  ou  point  de  réaction  indammatoire  et  de  prolifération  cellulaire. 

»  La  taille  des  formes  sous-épithéliales  est  très  variée.  Il  y  en  a  de  petites  sans 
septum  différencié,  mais  beaucoup  ont  une  taille  adulte.  Elles  sont  tantôt  isolées, 
tantôt  réunies  en  amas,  sans  orientation  bien  définie,  sous  les  cellules  qu'elles  refoulent 
vers  la  lumière  et  écartent  pour  tomber  finalement  dans  l'intestin.  Peut-être  quelques- 
unes  d'entre  elles  gagnent-elles  plus  tard  le  cœlome  par  effraction  de  la  basale,  pour 
donner  les  kystes  cœlomiques.  Toutefois,  j'inclinerais  plus  volontiers  à  croire  que  ces 
derniers  proviennent  des  sporozoïtes  qui,  comme  Duboscq  et  moi  l'avons  montré  chez 
la  Grégarine  du  Grillon  domestique,  franchissent  de  suite  l'épithélium. 

»  o.  Formes  cœlomiques.  —  Dans  le  cœlome,  les  parasites  se  rencontrent  le  plus  sou- 
vent sous  la  forme  de  kystes  mûrs  décrits  plus  haut.  On  en  voit  rarement  plus  de 
quatre  ou  cinq  dans  un  même  hôte,  mais  beaucoup  d'autres  paraissent  avoir  dégénéré 
au  cours  de  leur  développement.  Je  n'ai  pas  observé  les  premiers  stades  de  la  sporula- 
tion, ni  aucune  figure  rappelant  le  phénomène  de  la  conjugaison. 

»  Il  ne  me  paraît  pas  douteux  que  ces  kystes  à  sporozoïtes  nus,  absolument  sem- 
blables à  ceux  de  VAggregata  intestinale  de  Frenzel,  représentent  une  forme  évolu- 
tive cœlomique  de  la  Grégarine  intestinale  également  si  voisine  de  celte  dernière  par 
sa  forme  et  son  habitat. 

))  Peut-être  ces  formes  cœlomiques  sont-elles  les  seules  susceptibles  de  reproduire 
le  parasite.   S'il  en  est  ainsi,  la  mon  de  l'hôte  est  nécessaire  pour  que  les  sporozoïtes 


(  i3/,6  ) 

puissent  infester  de  nouveaux  individus.  Il  n'est  pas  impossible,  d'ailleurs,  que  ces 
germes  nus  effectuent  les  premières  phases  de  leur  développement  chez  un  autre 
animal  se  nourrissant  de  Moules  hébergeant  les  Pinnolhères  infestés.  Cette  hypothèse, 
toute  gratuite,  il  est  vrai,  et  déjà  émise  par  Frenzel  au  sujet  de  son  Aggregata,  per- 
mettrait d'établir  un  nouveau  et  curieux  rapprochement  entre  l'évolution  de  V Aggre- 
gata cœlomica  et  celle  du  Sporozoaire  du  paludisme.  » 


ZOOLOGIE .  —  Sur  les  cils  des  Cténophores  et  les  insertions  ciliaires  en  général. 
Note  de  M.  P.  Vigxox,  adressée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Il  était  essentiel  d'étendre  aux  Cténophores,  dont  les  cils,  tant  vibra- 
tiles  qu'immobiles,  sont  développés  d'une  façon  si  remarquable,  la  critique 
que  j'ai  entreprise  au  sujet  des  granulations  basilaires.  Je  croirai  avoir 
ainsi,  dans  la  série  des  Notes  que  j'aurai  présentées,  réuni  des  éléments 
suffisants  pour  la  réfutation  d'une  théorie  que  certains  auteurs  soutiennent 
encore  énergiquement  ('). 

»  Les  cils  des  palettes  des  Cténophores  sont  dépourvus  d'insertions 
chromatiques.  Mes  observations  ont  porté  sur  des  Pleurobranchœarhodopis, 
des  Callianira  hialata  et  des  Beroë  ovala,  qui  m'ont  été  envoyés,  soit  du 
laboratoire  de  Banyuls,  soit  de  celui  de  Naples,  fixés  par  des  procédés 
variés.  Les  résultats  de  mes  observations  dilfèrent  de  ceux  de  Chun  et  de 
ceux  de  Samassa  qui,  l'un  et  l'autre,  ont  opéré  sur  des  tissus  trop  macérés 
et  mal  colorés.  Sur  mes  coupes,  et  cela  d'une  façon  constante  (tandis  que 
Samassa  n'avait  rien  vu  d'analogue  chez  Beroë),  chaque  cellule  porte  un 
article  cylindrique,  concave  latéralement;  la  base  distale  convexe  est  net- 
tement distincte  du  faisceau  ciliaire  homogène  qui  lui  correspond  et  qui 
parfois  se  montre  décollé  de  la  cellule.  Chaque  faisceau  ciliaire  est  chro- 
matique dans  toute  sa  longueur.  A  sa  base,  il  retient  encore  plus  énergi- 
quement  la  couleur,  le  ton  se  renforçant  progressivement  jusqu'au  con- 
dyle  d'insertion.  Quant  à  l'article  cylindrique  basai,  que  Samassa  n'a  vu 
que  dissocié  en  une  bordure  en  brosse,  compliquée  de  plusieurs  couches 
de  granulations,  il  reste,  en  réalité,  entièrement  incolore.  (Certains  cils, 
chez  la  larve  de  Chironomus,  m'ont  offert  des  exemples  analogues  d'une 


(')  Je  mentionnerai  en  outre  ici  que,  pour  ce  qui  est  des  cellules  collantes,  je  m'en 
tiens  à  la  description  de  Chun,  contre  celle  de  Samassa.  11  n'}-  a  pas  trace  de  filament 
axile.  La  belle  granulation  qu'on  voit  au  centre  de  la  concavité  de  l'hémisphère  glan- 
dulaire donne  insertion  au  fdament  spiral. 


(  i347  ) 
interversion  complète  dans  la  chroraaticité  normale  du  cil,  par  rapport  à 
son  insertion  cytoplasmiqiie.) 

»  Remarquons  qu'il  suifit  de  penser  aux  palettes  des  Cténophores 
pour  ne  pas  soutenir,  comme  le  font  encore  des  auteurs  récents,  et 
Benda.  cette  année  même,  que  les  cils,  inertes  et  passifs,  sont  mus  méca- 
niquement de  l'intérieur  de  la  cellule.  Dans  un  autre  ordre  d'idées, 
les  palettes  des  Cténophores  sont  loin  de  fournir  un  point  d'appui 
à  une  théorie  du  mouvement  ciliaire,  fondée  sur  le  métachronisme  et  des- 
tinée à  rendre  inutile  l'action  régulatrice  du  système  nerveux,  théorie  que 
Verworn  a  proposée;  elles  fournissent  au  contraire  un  argument  immédiat 
et  décisif  contre  toute  théorie  de  ce  genre  :  Ici,  dans  chaque  palette,  les 
vibrations  sont  obligatoirement  synchrones.  Nulle  part,  d'ailleurs,  le  méta- 
chronisme n'est  une  condition  essentielle  du  mouvement  vibratile. 

»  Dans  les  autres  régions  des  Cténophores  se  réalisent  les  diverses  dis- 
positions que  peuvent  revêtir  les  granulations  ou  plaques  ectoplasmiques, 
lorsqu'elles  sont  rigoureusement  superficielles.  Les  cils  de  l'épithéliuni 
nerveux,  dans  l'organe  apical,  ainsi  que  les  cils  immobiles  des  ressorts  ou 
de  la  cloche,  possèdent  chacun  leur  granulation.  Pour  les  cils  des  champs 
polaires,  les  granulations  sont  réunies  en  une  plaque  continue  qui  s'étend 
sur  toute  la  cellule,  même  quand  les  cils  paraissent  insérés  uniquement  au 
centre  du  plateau.  Ici  encore,  ceuxqyi  n'ont  pas  de  répugnance  à  recouvrir 
une  cellule  d'un  complexe  centrosomatique  pourraient  se  maintenir  à  la 
rigueur  sur  le  terrain  de  la  théorie  que  je  combats.  Cette  théorie  est  mise  au 
contraire  nettement  en  défaut  quand  nous  examinons  les  cellules  lamel- 
laires, à  membranelles  en  forme  de  sabre,  que  Chun  a  très  exactement  dé- 
crites à  l'origine  de  l'estomac,  chez  Deroë.  Nous  les  retrouvons  chez  Pleuro- 
hranchœa  et  Callianira,  parfaitement  typiques.  Les  cils  s'insèrent  sur  une  zone 
restreinte  d'une  longue  plaque  ectoplasmique,  très  colorable,  en  forme  de 
lancette,  et  dont  les  extrémités  aiguës  se  recourbent  sur  les  côtés  étroits  de 
la  cellule.  On  observe  encore,  disséminés  sur  l'ectoderme  du  Cténophore, 
des  cirrhes  coniques  rigides,  très  chromatiques.  Ils  s'insèrent  eux  aussi, 
par  une  base  nettement  limitée,  sur  une  longue  plaque  étroite,  rectan- 
gulaire, recourbée  à  angle  droit  à  ses  deux  bouts.  Quelle  homologation 
est-il  possible  de  tenter  entre  ces  plaques  cellulaires  et  un  complexe  cen- 
trosomatique qui  serait  organisé  en  vue  de  l'appareil  ciliaire? 

))  Yoici  une  liste  des  diverses  insertions  ciliaires,  telles  qu'on  les  observe 
dans  la  série.  11  n'y  a  pas  lieu,  dans  cette  li^te,  de  tenir  le  moindre  compte 
de  la  vibratilité  du  cil.  Il  n'v  sera  fait  mention,  ni  des  cas  où  les  cils  per- 


(  i348  ) 
forent  une  cuticule,  surajoutée,   ni  des  cas  où  ils  se  prolongent  en  des 
racines  intracytoplasmiques,  inconstantes.  Cette  liste  constitue  à  elle  seule 
une  critique  de  la  théorie  des  granulations  basilaires,  et  pourrait  peut-être 
même  servir  à  la  critique  du  centrosome,  en  tant  qu'organe  noble. 

»  Cils  insérés  sur  des  centrosomes  fonctionnels;  sur  des  centrosomes  présumés,  dans 
des  cellules  quiescenles;  sur  le  noyau,  ou  sur  un  cjloplasma  spécial  qui  renferme  le 
noyau,  et,  dans  l'un  et  l'autre  de  ces  deux  cas,  avec  ou  sans  granulation  superficielle. 
Chez  des  Prolistes,  cils  insérés,  seuls  ou  par  paire,  sur  une  granulation  plus  ou  moins 
voisine  de  la  surface  (à  rapprocher  du  corpuscule  central  des  Héliozoaires,  sur  lequel 
s'insèrent  les  prolongements  axiles  des  pseudopodes).  Chez  les  Métazoaires,  cils  insé- 
rés sur  des  granulations  placées,  sans  doute,  à  la  limite  inférieure  de  l'ectoplasma  ;  puis, 
différenciation  de  l'ectoplasma  en  une  bordure  en  brosse,  avec  une  granulation  sou- 
vent à  chaque  extrémité  des  bâtonnets  (  à  rapprocher  des  bordures  en  brosse  non  ciliées, 
toutes  pareilles,  aux  cils  près;  ainsi  que  des  bordures  en  brosse  chromatiques,  ciliées 
ou  non,  et  des  brosses  non  ciliées  à  différenciations  basilaires  chromatiques  spéciales). 
Sur  les  cellules  sans  bordure  en  brosse,  toutes  les  sortes  d'ectoplasmas  chromatiques, 
mentionnées  par  moi  à  propos  des  Tuniciers  ou  des  Cténophores.  Enfin,  cils  sans 
insertions  décelables  par  un  réactif  aussi  constant  que  l'hématoxyline  ferrique,  lorsque 
celle-ci  agit  sur  des  tissus  fixés  par  l'immersion  directe  dans  le  sublimé  acétique  ou 
le  liquide  de  Zenker. 

»  Sans  doute  on  renoncera  tôt  ou  lard  à  charger  le  centrosome  (d'allure 
si  tranquille  dans  les  cellules  quiescentes,  en  admettant  qu'il  s'y  trouve 
vraiment)  d'envoyer  un  de  ses  représentants  au  pied  de  chaque  expansion 
ciliaire,  vibratile  ou  non,  pour  y  jouer  un  rôle  impossible  à  préciser.  Il 
semble  que  cette  hypothèse  aurait,  de  suite,  été  condamnée  au  point  de  vue 
mécanique,  si  l'on  s'était  rappelé  que,  dans  un  cil,  ce  n'est  pas  une  géné- 
ratrice prédéterminée  qui  est  excitable,  mais  toutes,  au  gré  des  circon- 
stances. Citons  simplement  les  membranelles  du  Stentor,  capables  de  vibrer 

soitmétachroniquementverslabouche,  soit,  synchroniquement,  dans  l'une 
ou  l'autre  des  deux  directions  rectangulaires.   » 


ZOOLOGIE.  —  Becherches  expérimentales  sur  la  respiration  des  Annélides. 
Élude  du  Spirographis  Spallanzanii.  Note  de  M.  Bocnuiol,  présentée 
par  M.  Perrier. 

«  Nos  recherches  sur  la  respiration  des  Annélides  ont  été  commencées 
sur  le  Spirographis  Spallanzanii  qu'on  peut  se  procurer  à  Alger  en  abon- 
dance. Dans  une  eau  non  renouvelée,  cet  animal  au  bout  de  dix  à  douze 
heures  commence  à  quitter  ensuite  son  tube,  jusqu'à  s'en  dépouiller  com- 


(  i349  ) 

plètement  dix  ou  quinze  heures  après,  comme  s'il  voulait  rendre  sa  respi- 
ration cutanée  plus  active. 

»  Dans  une  eau  fréquemment  renouvelée  ou  très  aérée,  l'animal  vit. 
pour  ainsi  dire,  indéfiniment;  il  se  contracte  vivement  an  moindre  choc  et 
aussi  sans  cause  appréciable.  Il  reste  alors  enfermé  dans  son  tube  pendant 
un  temps  très  variable,  souvent  très  long,  sans  utiliser  sa  branchie.  Ceci 
permet  déjà  de  supposer  que  l'animal  possède  une  respiration  mixte,  à 
la  fois  cutanée  et  branchiale,  et  aussi  que,  pour  une  période  de  temps 
courte,  cette  respiration  n'est  point  une  fonction  simple  du  temps,  l'animal 
n'utilisant  sa  branchie  que  d'une  façon  tout  à  fait  irrégulière.  Nous  avons 
longuement  étudié  cette  respiration,  et  nous  avons  essayé  :  i°  de  la  rendre 
visible;  2"  de  la  mesurer;  3°  d'évaluer  approximativement,  dans  la  respi- 
ration totale,  la  part  de  la  peau  et  celle  de  la  branchie;  4°  d'étudier  les 
variations  de  l'activité  respiratoire  avec  les  diverses  conditions  physiques 
et  biologiques.  Un  dispositif  simple  nous  a  permis  de  mettre  en  évidence 
l'existence  de  celte  double  respiration. 

»  Un  tube  de  verre,  de  dimensions  égales  à  celle  du  tube  naturel  habité  par  l'animal, 
et  percé  de  nombreux,  trous  latéraux  sur  toute  sa  hauteur,  est  surmonté  d'une  am- 
poule de  verre  pouvant  contenir  la  branchie  épanouie.  Il  est  en  outre  entouré  d'un 
manchon  de  verre  clos  dont  la  capacité  est  sensiblement  égale  à  celle  de  l'ampoule 
supérieure.  L'ampoule  et  le  manchon  étant  remplis  d'eau  de  mer  légèrement  colorée 
en  rose  par  quelques  gouttes  de  phlaléate  de  sodium,  on  y  introduit  l'animal.  Celui-ci 
intercepte  la  communication  entre  l'ampoule  et  le  manciion,  dont  le  liquide  alimente 
exclusivement  la  respiration  cutanée  de  l'animal,  le  liquide  de  l'ampoule  n'étant  utilisé 
que  par  sa  branchie.  On  observe,  dans  ces  conditions,  la  décoloration  des  deux  étages 
de  l'appareil,  le  manchon  étant  plus  rapidement  décoloré  que  l'ampoule.  Les  volumes 
de  ces  deux  récipients  étant,  d'ailleurs,  égaux,  ceci  permet  de  penser  déjà  que  la  res- 
piration cutanée  est  plus  active  que  la  respiration  branchiale. 

»  Nous  avons  pris,  comme  mesure  de  la  respiration  du  Spirographis,  la 
quantité  d'anhydride  carbonique  produite  dans  l'unité  de  temps.  Cette 
quantité,  calculée  sur  des  périodes  de  temps  très  longues  et  ramenée 
à  is""  d'animal,  nous  a  permis  de  comparer  les  divers  résultats  obtenus. 

»  Le  dispositif  qui  nous  a  donné  les  résultats  les  plus  constants  peut  se  ramener 
schématiquement  à  ceci:  Un  bocal  de  volume  et  de  section  convenables  contient  de 
l'eau  de  mer  avec  le  ou  les  animaux  en  expérience.  Un  courant  d'air,  aspiré  par  une 
trompe  à  eau  et  puisé  au  dehors,  traverse  cette  eau  de  mer  avec  une  vitesse  également 
convenable.  11  se  charge  par  dillusion  d'une  certaine  quantité  de  CO-,  se  dessèche 
ensuite  dans  des  tubes  en  U,  abandonne  plus  loin  son  anhydride  carbonique  dans  des 
tubes  tarés  à  potasse  et  à  cristaux  humides  de  baryte  —  méthode  du  professeur 
G.  R.,  1901.  I"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N°  22.)  174 


(  i35o  ) 

A.  Gautier  —  et  restitue  l'eau  entraînée  dans  les   tubes  précédents   à  d'autres   tubes 
desséchants  également  tarés. 

»  Plus  de  quatre-vingts  déterminations  ont  été  faites  de  novembre  à  mai;  leur  durée 
a  varié  de  huit  heures  à  quatre-vingt-dix-sept  heures  et  plus.  Elles  nous  ont  permis  de 
formuler  les  résultats  généraux  suivants  : 

»  a.  Pour  chaque  aniiBal  oti  gioiipe  d'animaux,  il  existe,  avec  un  débit 
gazeux  compatible  avec  une  absorption  chimique  complète  (de  80  à  no 
bulles  par  minute  environ),  un  volume  d'eau  de  mer  et  une  surface  diffu- 
sante au  delà  desquels  la  quantité  de  CO"  produite  dans  l'unité  de  temjjs 
demeure  indéfiniment  constante.  La  surface  diffusante  est  représentée  à 
chaque  instant  par  la  surface  libre  de  l'eau  dans  le  bocal  augmentée  de  la 
somme  des  surfaces  des  bulles  gazeuses  qui  traversent  celte  eau.  Nous 
avons  admis  que  ces  conditions  expérimentales  réalisaient  très  approxi- 
mativement les  conditions  biologiques  normales. 

»  h.  Au-dessus  de  ces  limites  minima,  il  s'établit  cependant  un  régime 
permanent,  caractérisé  par  la  constance  du  poids  de  CO^  produit,  ce  poids 
étant  inférieur  en  valeur  absolue  à  celui  recueilli  dans  les  conditions  dé- 
finies ci-dessus.  Le  Spirographe  présente,  à  ce  point  de  vue,  une  plasticité 
remarquable.  Le  coefficient  d'activité  respiratoire,  c'est-à-dire  le  poids  de 
GO"  dégagé  par  gramine-heure,  a  pu  varier,  suivant  les  conditions  expéri- 
mentales et  sans  dommage  pour  l'animal,  entre  o'^^'SiS  et  i'"S'',o4-  H  y 
avait  entre  deux  adaptations  successives  une  courte  période  de  transition 
(huit  à  dix  heures)  après  laquelle  le  coefficient  respiratoire  prenait  une 
nouvelle  valeur  constante. 

»  c.  L'animal  s'accommode  d'une  atmosphère  liquide  chimiquement  va- 
riable. Le  coefficient  respiratoire  de  l'animal  étant  calculé  dans  les  condi- 
tions que  nous  avons  considérées  comme  normales,  ce  coefficient  n'a  pas 
varié  par  la  substitution  progressive  d'eau  de  plus  en  plus  saimiâtre  à  l'eau 
salée  primitive,  le  volume  liquide  restant  le  même.  La  proportion  d'eau 
douce  substituée  était  chaque  fois  de  ~,  et  aucune  perturbation  ne  s'est 
manifestée  jusqu'à  la  proportion  énorme  de  ~  d'eau  douce.  Lorsque  le 
chiffre  de  ~  a  été  atteint,  l'animal,  toujours  très  vigoureux,  est  partiel- 
lement sorti  de  son  tube  et  a  fini  par  se  séparer  de  sa  branchie. 

»  d.  La  simple  observation  de  l'animal  nous  avait  fait  pressentir  que  sa 
respiration  ne  serait  point  proportionnelle  au  temps,  pour  des  périodes 
courtes.  L'expérience  a  vérifié  cette  prévision.  La  raison  de  ce  phénomène 
se  trouve  visiblement  dans  l'existence  du  tube  où  vit  l'animal,  et  nous 
avons  vérifié  qu'un  animal  nu  acquiert  un  coefficient  d'activité  respiratoire 


(  i35i  ) 

exactement  proportionnel  au  temps  et  égal,  d'ailleurs,  à  celui  calculé  sur 
le  même  animal  revêtu  de  son  tube.  Des  pesées  effectuées  de  deux  heures 
en  deux  heures  n'ont  point  donné  de  variations  appréciables. 

»  e.  IjCs  petits  Spirographes  res^^\re.nl,  à  poids  égal,  beaucoup  plus  acti- 
vement que  les  gros.  Ceci  s'explique  si  l'on  songe  qu'à  poids  égal  la  surface 
des  petits  est  beaucoup  plus  grande.  Nous  ne  sommes  pas  encore  arrivé  à 
dégager  nettement  la  loi  de  variation  de  l'activité  respiratoire  avec  la  taille. 

»  f.  J;a  part  relative  de  la  branchie  et  de  la  peau  dans  la  respiration 
totale  a  été  évaluée  de  la  façon  suivante  :  Un  animal  dont  le  coefficient 
respiratoire  a  été  préalablement  déterminé  dans  les  conditions  normales, 
est  privé  de  sa  branchie  et  remis  en  expérience.  Au  bout  de  douze  heures, 
ce  coefficient  se  trouve  diminué  d'un  quart  environ,  et  quinze  heures  après 
il  est  remonté  au  chiffre  normal  et  s'y  maintient.  Un  autre  animal,  de  coef- 
ficient respiratoire  également  connu,  eit  extrait  de  son  tube,  essoré  et  co- 
pieusement vaseline,  puis  réintégré  dans  son  tube.  Au  bout  de  dix  heures 
son  coefficient  a  baissé  de  plus  des  trois  quarts  et  vingt-trois  heures  plus 
tard  il  est  revenu  à  sa  valeur  normale. 

»  Dans  les  deux  cas,  l'animal  revient  donc,  après  une  courte  période  de 
perturbation,  au  taux  respiratoire  normal,  par  une  sorte  de  compensation 
organique  rapide.  Mais  l'animal  qui  ne  respirait  qu'avec  sa  peau  respirait 
mieux  que  celui  qui  ne  respirait  qu'avec  sa  branchie,  et  nous  sommes 
arrivé  à  cette  conclusion  intéressante  et  quasi  paradoxale  :  le  Spirographe, 
vivant  dans  un  tube  et  pourvu  d'une  branchie  très  hautement  différenciée, 
respire,  pour  les  trois  quarts  au  moins,  avec  sa  peau.  Ainsi  se  trouve  con- 
firmée l'interprétation  de  notre  expérience  calorimétrique  et  qualitative  du 
début. 

»  g.  Entre  des  limites  de  température  assez  restreintes  (la^-ss"),  l'acti- 
vité respiratoire  nous  a  paru  augmenter  légèrement  avec  la  température. 
Peut-être  y  avait-il  là  une  simple  accélération  delà  dissociation  spontanée 
des  bicarbonates  de  l'eau  de  mer. 

»  h.  I^a  lumière  n'a  point  d'action  non  plus.  Les  lumières  colorées  n'ont 
pas  d'action  particulière.  Les  bocaux  colorés  en  jaune,  rouge,  vert,  bleu, 
n'ont  pas  modifié  les  résultats. 

»   i.   L'influence  de  la  pression  n'a  pas  pu  être  étudiée. 

»  j.  De  novembre  à  mai,  nous  n'avons  pas  rencontré  d'animaux  privés 
de  produits  génitaux  et  n'avons  pu  par  conséquent  étudier  les  relations  de 
l'activité  respiratoire  avec  la  maturité  sexuelle  et  la  stérilité.  » 


(  i352  ) 


ZOOLOGIE.  —  Les  glandes déjensives  ou  odorantes  des  Blattes.  Noie  de 
M.  L.  Bordas,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  On  trouve,  à  la  région  postéro-abdominale  des  Blattes  mâles  (Peri- 
planeta  orientalis  L.  et  Peripl.  americana  L.),  une  glande  volumineuse, 
composée,  arborescente,  reposant  sur  la  face  inférieure  de  l'abdomen  et 
formée  d'une  série  de  tubes  ramifiés  dichotomiquement,  que  quelques 
rares  auteurs  (')  ont,  à  tort,  considérée  comme  une  dépendance  de  l'ap- 
pareil génital  mâle.  Cet  organe,  dépourvu  de  réservoir  collecteur,  dé- 
bouche, par  un  orifice  ovale,  sur  un  arceau  chitineux  situé  au-dessous  du 
tube  pénial  et  n'est  autre  chose  qu'une  glande  défensive  ou  odorante,  de 
même  nature  que  celles  que  nous  avons  décrites  chez  les  Coléoptères. 

»  La  glande  sécrète  un  liquide  volatil,  à  odeur  forte,  nauséabonde,  par- 
fois acre  et  alliacée,  rappelant  l'odeur  de  souris  ou  celle  du  vieux  fromage 
en  décomposition. 

»  La  sécrétion  s'effectue  d'une  façon  continue;  parfois  cependant  elle 
s'accélère,  surtout  quand  l'animal  est  en  danger,  qu'il  est  poursuivi  ou 
saisi  par  un  ennemi  quelconque.  D'autre  part,  la  nature  de  ce  produit  est 
nettement  alcaline,  ainsi  que  le  prouvent  les  réactifs  suivants  :  papier  de 
tournesol  et  phtaléine. 

»  La  glande  odorante  ou  défensive  des  Blattes  est  très  apparente,  quand  on  a 
débarrassé  l'abdomen  du  tube  digestif  et  des  organes  reproducteurs  mâles.  Elle  pré- 
sente la  forme  d'un  sac  obliquement  allongé  d'arrière  en  avant  et  aplati  horizontale- 
ment. Son  diamètre  s'élargit  progressivement  au  fur  et  à  mesure  qu'on  s'approche  de 
son  extrémité  antérieure  qui  est  mousse  et  légèrement  arrondie.  Sa  coloration  est  d'un 
blanc  mat,  tirant  sur  le  jaune  et  tranche  nettement  sur  la  teinte,  beaucoup  plus  claire, 
des  organes  environnants.  Située  sur  le  côté  droit  de  l'abdomen,  elle  repose  sur  les 
muscles  sterno-longitudinaux  et  mesure  de  ii'"™à  1 3™'"  de  long  sur  2™™  à  2™™,  5  dans 
sa  plus  grande  largeur. 

»  L'extrémité  antérieure  de  la  glande  s'étend  jusqu'au  cinquième  sternite  abdo- 
minal. 

»  Elle  oblique  ensuite  vers  la  gauche  et  passe  sous  le  double  cordon  nerveux,  un 
peu  en  arrière  du  cinquième  ganglion.  La  chaîne  nerveuse  et  les  deux  gros  tubes  tra- 
chéens qui  l'accompagnent  latéralement  la  recouvrent  alors  d'une  façon  complète. 
Arrivée  au-dessous  du  dernier  ganglion  de  l'abdomen,   elle  continue  sa  marche  en 


(')  La  bibliographie  complète  de  la  question,  fort  courte  du  reste,  sera  faite  ulté- 
rieurement, au  moment  de  la  publication  de  notre  Mémoire. 


(   i353  ) 

arrière  et  passe  sous  le  conduit  éjaculateur,  dont  elle  n'est  séparée  que  par  un  espace 
assez  étroit.  L'organe  se  rétrécit  ensuite,  s'aplatit  transversalement  et  est  limité,  de 
chaque  côté,  par  deux  f!;ros  faisceaux  musculaires. 

»  Il  est  alors  constitué  par  un  tube  cylindrique  portant  de  nombreuses  ramifica- 
tions, sur  les  parois  desquelles  se  détachent  de  courts  rameaux  terminés  en  caecums 
arrondis.  Peu  à  peu  les  branches  latérales  diminuent  de  longueur  et  disparaissent 
totalement,  ne  laissant  que  le  conduit  excréteur,  tube  à  peu  près  cylindrique,  à  parois 
minces,  transparentes  et  recouvertes  intérieurement  d'un  manchon  chitineux  {intima). 
Ce  dernier  est  hérissé  de  petites  soies,  disposées  en  lignes  parallèles,  dont  le  nombre 
et  la  taille  augmentent  progressivement  à  mesure  qu'on  s'approche  de  l'orifice  ter- 
minal. 

I)  Ce  dernier,  situé  au-dessous  du  pore  génital,  est  placé  sur  un  arceau  chitineux 
dont  les  deux  branches  antérieures  sont  recourbées,  et  la  postérieure,  plus  large  que 
les  précédentes,  se  termine  en  pointe  mousse. 

»  Il  n'y  a  pas  de  réceptacle  glandulaire,  et  c'est  la  partie  terminale  du  conduit  efFé- 
rent  qui  en  tient  lieu. 

»  La  glande  est  formée  d'une  série  dé  tubes  sécréteurs  cylindriques,  ramifiés  dicho- 
toraiquement  et  terminés  en  cjpcum  à  leur  extrémité  distale.  Les  ramifications  sont 
parfois  très  courtes  et  n'apparaissent  souvent  que  comme  de  petits  tubercules  placés 
latéralement.  Les  divers  tubes  arborescents  sont  étroitement  unis  entre  eux  et  forment 
un  massif  assez  compact,  entouré  d'une  très  mince  membrane  péritonéale. 

»  La  structure  histologique  de  ces  tubes  rappelle  celle  des  acini  des  glandes  défen- 
sives des  Carabides,  avec  cette  différence  toutefois  que,  chez  ces  derniers,  la  partie 
sécrétante  est  uniquement  localisée  dans  les  acini  et  non  dans  les  canalicules  efférents, 
tandis  que,  chez  les  Blattes,  tous  les  tubes  sont  entourés  d'une  couche  épithéliale  ou 
plutôt  d'une  assise  de  glandules  monocellulaires  et  sont  par  conséquent  sécréteurs 
dans  toute  leur  étendue.  Aussi,  pourrait-on  peut-être  faire  à  ce  sujet  quelque  rappro- 
chement avec  ce  qu'on  observe  dans  les  glandes  des  Dytiscides. 

»  La  disposition  générale  de  l'organe  est  donc  celle  d'une  glande  tubuleuse,  arbo- 
rescente, très  ramifiée.  Le  lumen  de  chaque  tube  sécréteur  est  irrégulièrement  cylin- 
drique et  présente,  de  dislance  en  distance,  de  petites  sinuosités,  sortes  de  protubé- 
rances latérales  coniques  très  courtes.  Il  est  entouré  d'une  membrane  chitineuse  interne 
ou  intima,  contre  laquelle  sont  appliqués  çà  et  là  de  petits  noyaux  à  grand  axe 
transversal.  L'intima  présente  de  nombreuses  perforations  qui  sont  les  orifices  de 
petits  canalicules  intracellulaires.  Ces  pores  sont  surtout  abondants  et  disposés  régu- 
lièrement aux  extrémités  lubulaires  arrondies,  donnant  à  ces  dernières  l'apparence  de 
pommes  d'arrosoir  ou  d'écumoire. 

»  Tous  les  tubes  glandulaires  présentent  la  même  structure  histologique.  Il  en  est 
de  même  du  tronc  principal,  placé  dorsalement,  dont  le  diamètre  est  supérieur  à  celui 
de  ses  congénères  et  qui,  dans  sa  partie  postérieure  élargie,  peut  jouer  le  rôle  de 
réservoir  collecteur.  Chaque  tube  étant  glandulaire  dans  toute  son  étendue,  peut  être 
considéré  comme  un  acinus  démesurément  allongé. 

»  Une  section  de  l'un  quelconque  de  ces  tubes,  faite  perpendiculairement  à  son  axe, 
nous  présente  à  considérer,  en  partant  de  l'extérieur  : 

»   1°  Une  membrane  péritonéale  très  ténue,  caractérisée  par  une  lamelle  circulaire 


(   i35/i  ) 

transparente  et  pnr  quelques  rares  nojaux  localisés  çà  et  là  contre  les  bords  externes 
de  deux  cellules  adjacentes  épilhéliales. 

»  2°  Une  assise  de  cellules  sécrétantes,  disposées  au  nombre  de  huit  à  douze  autour 
du  lumen  central.  Chaque  élément,  de  forme  trapézoïdale,  renferme  un  gros  noj'au 
externe  et  une  vésicule  intracellulaire  suivie  d'un  canalicule  efférent  hyalin  et  filamen- 
teux, également  intracellulaire,  qui  va  déboucher  dans  le  canal  central,  après  avoir 
traversé  l'intima  chitineuse.  L'ensemble  constitue  donc  un  groupement  de  glandules 
monocellulaires. 

»  3°  Une  intima  chitineuse  ou  limitante  interne,  présentant  de  légers  plissements 
et  criblée  de  petits  pores  qui  sont  les  orifices  des  canalicules  excréteurs  des  cellules 
glandulaires  périphériques.  Contre  la  face  externe  de  l'intima  se  trouvent  appliqués 
des  noj'aux,  de  forme  ovale,  irrégulièrement  espacés  et  qui  appartiennent  à  l'assise 
des  cellules  chitinogènes  internes. 

>)  Quant  au  liquide  sécrété,  dont  nous  avons  signalé  au  début  l'odeur  si  spéciale,  il 
est  de  nature  franchement  alcaline     » 


BOTANIQUE.   —   Sur  f existence  de  latici/e'resà  contenu  spécial  dans  les 
Fusains.  Note  de  M.  Col,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  I/écorce  des  Fusains  renferme  dans  sa  région  libérienne  des  cellules 
spéciales,  qui  n'ont  pas  été  signalées  chez  ces  plantes,  et  qui  sont  rem- 
plies d'une  substance  élastique  possédant  de  nombreux  caractères  com- 
muns avec  le  caoutchouc  et  surtout  avec  la  gutta-percha. 

»  IJ Evonymus  japonicus  Thimb.,  espèce  si  répandue  dans  les  parcs  et  les 
jardins,  permet  de  les  étudier  facilement,  car  elles  y  sont  très  nombreuses 
dans  le  liber  secondaire  de  la  tige  et  de  la  racine. 

»  Ce  sont  des  cellules  rectilignes,  d'une  longueur  relativement  considérable,  variant 
de  o™'",.5  à  2""  sur  lot^  à  i5l^-  de  diamètre;  elles  se  terminent  en  pointe  plus  ou 
moins  aiguë.  Leur  paroi,  mince  et  cellulosique,  n'offre  ni  épaississement  particulier, 
ni  différenciation  spéciale. 

»  Leur  contenu  est  opaque,  granuleux  et  en  obture  complètement  la  cavité.  Inso- 
luble dans  l'eau,  l'alcool  absolu,  l'éther,  les  acides,  il  se  dissout  complètement  et 
instantanément  dans  le  chloroforme  et  le  sulfure  de  carbone;  ces  solutions  évaporées 
dans  une  capsule  laissent  une  mince  pellicule  blanchâtre,  flexible,  se  détachant  faci- 
lement et  oflVant  une  faible  élasticité.  Soluble  dans  les  carbures  neutres,  il  se  dissout 
moins  rapidement  dans  la  benzine,  le  xjlène,  le  toluène  et,  a\ec  une  extrême  lenteur, 
dans  l'essence  de  térébenthine,  tandis  que  sa  solution  dans  la  paraffine  fondue  est 
immédiate.  Comme  la  gutta-percha,  il  est  également  soluble  dans  l'éther  de  pétrole 
ou  le  pétrole  bouillant,  qui  l'abandonne  ensuite  en  se  refroidissant. 

»  Ce  contenu  présente  un  caractère  qui  n'a  pas  encore  été  signalé  chez  les  latici- 
fères  :  il  s'éclaire  fortement  en   lumière  polarisée,   niçois  croisés.  Nous  avons  con- 


(   i355  ) 

slalé  que  celle  propriété  esl  bien  due  au  conlenu  el  non  à  la  membrane  cellulaire.  En 
oulre,  il  se  colore  par  l'orcauette  acélique  et  la  plupart  des  réactifs  des  latex.. 

»  La  substance  qui  remplit  les  cellules  sécrétrices  du  Fusain  se  rapproche  donc  par 
son  aspect  et  ses  propriétés  physiques  du  conlenu  de  certains  lalicifères  ;  sa  dissolution 
intégrale  dans  les  divers  dissolvants  constitue  un  caractère  assez  remarquable  ('). 

»  Elle  est  résistante  et  élastique,  de  telle  sorte  que,  si  l'on  brise  une  écorce  sèche 
qui  en  renferme,  les  morceaux  restent  unis  par  des  filaments  d'un  blanc  sojeux  écla- 
tant, dont  l'élasticité  augmente  par  la  chaleur;  c'est  là  un  caractère  des  plantes 
à  caoutchouc.  Cette  substance  difiere  cependant  des  fils  élastiques  retirés  du  latex  de 
certains  Ficus,  qui  restent  sombres  en  lumière  polarisée  et  se  désagrègent  tout  de  suite 
par  l'essence  de  térébenthine;  elle  se  rapproche  davantage  du  contenu  des  laticifères 
de  VEucommia  ulnioïdes,  qui  se  comporte  comme  elle  par  rapport  à  la  lumièie  pola- 
risée et  au  térébenthène. 

»  Ces  cellules  sécrétrices  sont  donc  des  laticifères;  l'étude  chimique  de 
leur  contenu,  dont  M.  Gabriel  Bertrand  a  bien  voulu  se  charger,  fera 
l'objet  d'une  Communication  ultérieure. 

»  I.a  différenciation  de  ces  éléments  est  tardive  dans  la  tige.  Chez 
V Evonymiis  japonicus,  on  ne  les  aperçoit,  aux  extrémités  des  rameaux,  que 
dans  les  tissus  secondaires;  c'est  en  vain  qu'on  les  recherche  dans  les 
rameaux  de  l'année  mesurant  jusqu'à  o'",i5  de  long;  il  n'y  en  a  même  pas 
toujours  dans  ceux  qui  sont  âgés  de  deux  ans. 

»  On  les  trouve  peu  abondants  et  répartis  sans  ordre  dans  le  liber 
secondaire  ;  mais,  à  partir  de  la  huitième  année  environ,  le  cambium  donne 
une  épaisse  couche  annuelle  de  laticifères,  t-éparés  de  ceux  de  l'année  pré- 
cédente par  une  couche  plus  mince  d'éléments  à  parois  cellulosiques 
épaisses,  ondulées,  écrasées  l'une  contre  l'autre  et  à  reflet  nacré;  leur 
contenu,  qui  ne  renferme  d'abord  que  des  granulations  isolées,  prend 
rapidement  l'aspect  compact  définitif.  Les  laticifères  nettement  différenciés, 
avec  leurs  dimensions  à  peu  près  définitives,  ne  sont  parfois  séparés  du 
bois  que  par  une  ou  deux  assises  cambiales. 

»  Plus  précoces  dans  la  racine,  les  laticifères  y  apparaissent  dès  le  début 
des  formations  secondaires.  L'embiyon  n'offre  pas  de  laticifères. 

»  J.  Moelltr  (-)  avait  aperçu  et  figuré  ces  organes  sécréteurs  dans  le 
liber  d'Evonymus  obovatus  Nutt.  {E.  americanus  L.);  mais  il  s'était  complè- 


(')  La  substance,  voisine  de  la  gutta,  que  l'on  extrait  à  l'aide  de  ces  solvants,  con- 
stitue à  elle  seule  le  conlenu  des  laticifères,  et  le  rendement  en  est  important,  puisque 
SoS'"  d'écorces  sèches  en  ont  donné  5s''. 

(-)  J.  MoELLER,  Ànatoniie  der  Baumrindcn,  p.  28a,  Jiff.  io3;  i88'2. 


(  i356  ) 

tement  mépris  sur  leur  nature,  car  il  les  considérait  comme  des  fibres  en 
voie  de  transformation  pectique. 

»  Nous  avons  constaté  que  les  tiges  des  Evonymus  fimbriattis  Wall.,  E. 
radicans  Sieb  et  Zucc,  E.  manus  Bieb.,  se  rapprochent  beaucoup  de  \'E. 
laponicus  pour  la  répartition  des  laticifères. 

))  L'apparition  des  laticifères  est  également  tardive  et  leur  disposition 
très  irrégulière,  dans  les  tiges  des  E.  europœus  L.,  E.  lalifolius  L.,  E.  aine- 
ricanus  L.,  E.  verrucosus  Scop.;  enfin,  dans  V Evonymus  alatusThunh.,  il  n'y 
en  a  que  dans  les  tiges  très  âgées. 

»  Au  contraire,  dans  les  racines,  tout  au  moins  dans  celles  des  E.  lali- 
folius L.,  E.  verrucosus  Scop.  et  E.  europœus  L.,  les  laticifères  existent 
nombreux  aux  extrémités  mêmes  des  radicelles,  dans  le  liber  primaire. 

»  L'écorce  officinale  de  la  racine  de  V Evonyriius  atropurpureus  Jacq. 
renferme  également  ces  mêmes  laticifères,  et  c'est  là  que  nous  les  avons 
vus  pour  la  première  fois;  les  coupes  transversersales,  en  effet,  montrent 
leur  contenu  sous  forme  de  filaments  étirés  par  le  rasoir,  et  sortant  de 
certaines  cellules  du  liber. 

»  Ainsi  tous  les  Fusains  examinés  ont  des  laticifères  dont  l'apparition 
est  plus  ou  moins  tardive  (').  Jamais  il  n'y  en  a  dans  la  feuille,  \e  pétiole, 
la  moelle  ou  le  parenchyme  cortical. 

))  De  nombreuses  Célastracées  sont  dépourvues  de  laticifères.  Chez  les 
Hippocrale'acées  et  (\ans  le  genre  TF//?2mma  (Célastracées),  les  laticifères, 
sur  la  nature  desquels  on  n'était  pas  encore  fixé,  sont  identiques  comme 
forme  à  ceux  des  Evonymus,  mais  leur  répartition  est  variable;  c'est  une 
élude  qui  est  presque  achevée  et  que  nous  nous  réservons  de  publier  ul- 
térieurement.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  structure  des  rejets  chez  les  végétaux  ligneux.  Note 
de  M.  Marcel  Dubard,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  La  plupart  des  arbres  et  des  arbustes  sont  capables  de  donner  des 
rejets  qui  se  forment,  suivant  les  espèces,  lorsque  l'arbre  est  en  pleine 
vigueur,  ou  bien  lorsque  sa  vitalité  diminue,  ou  bien  seulement  après  sec- 
tion du  tronc  au  ras  du  sol.  Les  rejets  sont  issus  soit  des  racines  (Populus, 


(')  Dans  les  rameaux  des  plantes  adultes,  car,  chezVEçonyniiis  Japoiiicus.  nous  en 
avons  trouvé  dans  les  plantules  âgées  d'environ  trois  mois. 


(  1^57  ) 

Ulmus,  Corylus,  Lyciitm,  etc.),  soit  des  bourgeons  dormants  des  souches 
(Quercu.).  soit  de  la  zone  cambiale  lorsqu'il  y  a  eu  sectionnement  (  Quer- 
cus,  Populus  nigra). 

»  Les  tiges  formant  rejets,  quelle  que  soit  leur  origine,  se  trouvent 
placées  dans  des  conditions  particulières  de  nutrition,  notablement  diffé- 
rentes de  celles  des  branches  normales.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  leur 
relation  plus  directe  avec  les  racines  leur  procure  une  plus  grande  quantité 
d'eau.  Il  en  résulte  généralement  une  croissance  rapide  et  une  structure 
simplifiée,  car  on  sait  que  la  turgescence  active  la  rapidité  du  déve- 
loppement et  retarde,  au  contraire,  la  différenciation  des  tissus. 

»  ,1e  me  propose  de  préciser  dans  la  présente  Note  les  caractères  de 
structure  des  rejets,  en  comparant  un  rejet  d'un  an  à  la  pousse  normale  de 
l'année,  chez  la  même  espèce. 

»  Prenons  comme  type  le  Popultix  nigra  dont  les  rejets  sont  fournis  surtout  par  les 
racines  : 

»  Les  échantillons  ont  cité  recueillis  au  mois  d'octobre  au  Laboratoire  de  Biologie 
végétale  de  Fontainebleau  dirigé  par  M.  Gaston  Bonnier,  où  ces  recherches  ont  été 
faites. 

»  La  branche  présente  ciiKj  côtes  très  saillantes,  correspondant  aux  lignes  d'inser- 
tion des  feuilles,  un  bourgeon  terminal  bien  protégé,  tandis  que  la  pousse  sur  racine 
a  une  tige  presque  arrondie  et  un  bourgeon  terminal  dissocié;  le  diamètre  de  la  lige 
est,  en  outre,  plus  grand  dans  la  pousse  que  dans  la  branche. 

n  Au  point  de  vue  anatomique,  les  caractères  les  plus  saillants  de  la  pousse  sur 
racine  par  rapport  à  la  branche  sont  les  suivants  : 

»  1°  Tige.  —  Les  cellules  de  l'épiderme  sont  plus  grandes,  mais  à  parois  et  à  cuti- 
cule moins  épaisses.  Les  cellules  du  liège,  au  lieu  d'être  d'abord  isodiamétriques, 
sont  aplaties  tangentiellement  dès  leur  formation.  Le  liège  est  partout  sous-épider- 
mique,  au  lieu  que,  dans  la  branche,  il  est  profond  dans  la  région  des  côtes  où  se 
trouve  un  sclérenchjme  qui  manque  dans  la  pousse  sur  racine. 

»  Le  collenchyme,  extérieur  au  parenchyme  lacuneux  profond  de  l'écorce,  est 
moins  développé,  à  cellules  plus  grandes  et  à  parois  plus  minces;  il  y  manque  les 
cellules  scléreuses  dont  ce  tissu  est  parsemé  dans  la  branche.  Quant  au  parenchyme 
interne,  il  est  très  développé  et  contient  peu  de  raacles  d'oxalale  de  calcium,  très 
abondantes  au  contraire  dans  le  parenchyme  similaire  de  la  branche.  Il  en  résulte  un 
mode  dilTérent  de  formation  des  lacunes  :  dans  la  pousse  sur  racine,  les  lacunes  se 
forment  surtout  par  décollement  des  cellules,  tandis  que,  dans  la  branche,  elles 
résultent  surtout  de  la  destruction  des  membranes  ('). 

»  Dans  la  pousse  sur  racine,  les  fibres  péricycliques  sont  disposées  en  longs  arcs 

(')  Ces  différents  modes  ont  été  signalés  par  Eberhardt  {Comptes  rendus, 
i3  février  1899). 

C.  K.,    1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  22.)  I?^ 


(  i358  ) 

continus  et  non  en  îlots  volumineux.  Le  liber  est  moins  développé  par  rapport  au 
bois;  l'épaisseur  de  la  couche  ligneuse,  souvent  plus  considérable  dans  les  entre- 
nœuds inférieurs,  décroît  beaucoup  plus  rapidement  que  dans  la  branche.  En  somme, 
dans  la  pousse  sur  racine  l'assise  génératrice  fonctionne  très  activement,  mais  forme 
surtout  du  bois  à  lignification  tardive;  enfin  la  partie  interne  lignifiée  du  bois  pré- 
sente les  caractères  d'un  mauvais  aoùtement  ('). 

»  2°  Feuille,  —  La  feuille  fournit  des  caractères  particulièrement  nets;  les  feuilles 
tantôt  plus  grandes,  tantôt  plus  petites  que  celles  de  la  branche,  sont  toujours  plus 
arrondies,  en  cœur  à  la  base,  et  la  pointe  qui  termine  la  feuille  normale  est  au  moins 
très  atténuée;  les  stipules  sont  beaucoup  plus  développées,  parfois  même  foliacées  et 
persistent  assez  longtemps;  le  pétiole  est  plus  court  et  beaucoup  moins  aplati  que 
celui  des  feuilles  normales  ;  les  difierences  signalées  pour  les  divers  tissus  chez  les  deux 
tiges,  se  retrouvent  dans  les  tissus  correspondants  des  pétioles;  enfin  la  marche  des 
faisceaux,  si  compliquée  dans  le  pétiole  normal,  est  considérablement  simplifiée  dans  le 
pétiole  de  la  pousse  sur  racine.  Une  coupe  faite  au  sommet  du  pétiole  nous  montre  le 
système  libéroligneux  réduit  à  deux  ellipses  superposées  dans  ce  dernier  pétiole,  alors 
qu'il  ne  comprend  pas  moins  de  quatre  ellipses  dans  le  pétiole  normal.  Le  limbe  est 
moins  épais,  à  tissu  palissadique  bien  moins  développé,  à  tissu  lacuneux  moins  dense 
et  moins  chlorophyllien. 

»  Je  termine  en  signalant  une  observation  que  j'ai  faite  sur  les  trois 
espèces  de  peupliers  indigènes  les  plus  répandues  (Populus  nigra,  P.  alba, 
P.  tremula)  qui  toutes  donnent  des  pousses  sgr  racines;  les  feuilles  de  ces 
pousses  sont  beaucoup  plus  comparables  entre  elles,  au  point  de  vue  de  la 
forme  du  limbe  et  de  la  structure  du  pétiole,  que  celles  des  branches;  en 
particulier  la  marche  des  faisceaux  est  sensiblement  la  mêniechezles  trois 
espèces  et  les  coupes  faites  au  sommet  du  pétiole  offrent  à  peu  près  le 
même  aspect.  Il  y  a  là  comme  une  atténuation  des  caractères  spécifiques 
et  retour  à  une  forme  commune. 

»  En  résumé  :  i°  Les  rejets  tendent  à  prendre  des  caractères  déplantes 
herbacées  :  Croissance  rapide,  entre-nœuds  allongés,  stipules  développées 
et  persistant  longtemps,  bourgeons  dissociés;  différenciation  moindre  des 
tissus,  en  particulier  des  tissus  de  protection  et  de  soutien  ;  production 
peu  abondante  de  liber  par  rapport  au  bois,  mauvais  aoùtement  ;  tissu 
assimilateur  peu  développé;  excrétion  d'oxalate  de  calcium  beaucoup 
moindre. 

»  2°  Dans  un  même  genre,  il  semble  que  les  rejets  présentent  chez  les 
diverses  espèces  une  ressemblance  plus  grande  avec  atténuation  des  carac- 
tères spécifiques.  » 

(')  KovESSi,  Recherches  biologiques  sur  l'aoûtement  des  sarments  de  la  Vigne 
{Revue  générale  de  Botanique,  1901). 


(  '359  ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  proportion  de  l'eau  comparée  à  l'aoû- 
tement  des  végétaux  ligneux.  Note  de  M.  F.  Kovessi,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  une  Communication  précédente  (  '  ),  j'ai  exposé  que  la  produc- 
tion des  fruits  chez  les  végétaux  ligneux  est  soumise  aux  circonstances  cli- 
matologiques  de  deux  années  consécutives.  J'ai  démontré  que  l'année  qui 
suit  une  année  sèche  fournit  des  rendements  abondants  et  que  l'année  qui 
suit  une  année  humide  se  fait  remarquer  par  une  faible  production.  J'ai 
fait  voir,  d'autre  part,  que  les  rendements  en  fruits  sont  liés  au  degré 
d'aoùtement  des  rameaux  qui  portent  des  bourgeons  florifères.  Une  des 
causes  qui  jouent  un  rôle  capital  dans  l'aoïitement  des  branches  est  la 
quantité  d'eau  qui  leur  parvient. 

»  Cette  quantité  d'eau  produit  deux  autres  effets  très  importants  :  i°  elle 
influe  sur  la  répartition  des  branches  à  fruits  sur  la  plante;  2°  elle  con- 
tribue à  former  l'architecture  du  végétal. 

»  1°  On  observe  que,  chez  les  végétaux,  à  partir  d'un  certain  âge,  les 
rameaux  florifères  se  présentent  d'abord  sur  la  tige  principale,  à  une  dis- 
tance relativement  faible  des  racines.  Plus  tard,  l'endroit  où  naissent  les 
ramifications  florifères  n'est  pas  le  même;  il  peut  encore  naître  dans  les 
mêmes  régions  des  ramifications,  mais  ces  dernières  ne  portent  plus  de 
fleurs.  Celles  qui  en  possèdent  naissent  dans  une  autre  région  du  végétal 
successivement  sur  les  branches  primaires,  puis  secondaires,  puis  ter- 
tiaires, etc.,  de  sorte  que  la  distance  qui  les  sépare  de  la  base  du  tronc  va 
en  augmentant  progressivement  avec  le  développement  de  la  plante  et 
avec  l'épaississement  du  tronc. 

M  2°  En  outre,  il  n'est  pas  difficile  de  constater,  quand  on  suit  le  déve- 
loppement d'un  arbre,  que  certaines  branches  nées  sur  le  tronc  dispa- 
raissent au  bout  de  quelques  années,  de  telle  sorte  que  ce  tronc  est  com- 
plètement dénudé  jusqu'à  une  assez  grande  hauteur.  Les  branches  de 
première,  de  deuxième,  de  troisième  ordre  voient  également  disparaître 
des  ramifications  qu'elles  ont  portées  à  un  moment  donné. 

»  Si  les  branches  nouvelles  nées  dans  les  régions  basses  d'un  arbre  ne 
donnent  plus  naissance  à  des  fleurs,  c'est  qu'elles  sont  anatomiquement 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  gaS;  i5  avril  1901. 


(  i36o  ) 

très  différentes  de  celles  qui,  quelques  années  avant,  naissaient  aux  mêmes 
endroits  et  étaient  florifères  :  elles  sont  beaucoup  moins  bien  aoùtées.  C'est 
un  fait  que  met  complètement  en  lumière  l'étude  anatomique  de  ces  rami- 
fications. 

M  De  même,  la  chute  de  certaines  ramifications,  nées  soit  sur  le  tronc 
principal,  soit  sur  des  branches  de  premier,  deuxième,  troisième  ordre, 
est  liée  au  degré  d'aoùtement  des  couches  annuelles  fournies  les  dernières 
années.  Ces  assises  sont  beaucoup  moins  bien  aoùtées  soit  que  celles  qui 
se  formaient  les  années  précédentes,  soit  que  les  assises  de  la  même  année 
des  branches  florifères;  on  le  constate  par  des  mesures  micrométriques 
portant  sur  la  dimension  des  cellules  et  les  épaisseurs  relatives  de  leurs 
parois. 

»  Ces  faits  s'expUquentpar  les  quantités  d'eau  variables  qui  arrivent  aux 
rameaux  que  nous  étudions.  On  sait,  en  effet,  qu'une  plante  enfonce 
annuellement  des  racines  dans  des  couches  du  sol  de  plus  en  plus  pro- 
fondes, dans  lesquelles  la  quantité  d'eau  est  en  général  plus  considérable 
que  dans  des  couches  superficielles.  La  racine  met  ainsi  une  plus  grande 
quantité  d'eau  à  la  disposition  de  la  plante,  augmentant  chaque  année. 

»  Or,  la  partie  conductrice  de  la  tige  de  la  plante  peut  être  considérée 
comme  formée  d'ime  multitude  de  tubes  capillaires.  La  quantité  d'eau  qui 
est  à  la  disposition  d'une  région  déterminée  du  végétal  est  proportionnelle 
au  nombre  de  ces  tubes;  d'après  ces  données,  il  est  évident  que  la  quan- 
tité d'eau  qui  arrive  aux  mêmes  rameaux  placés  sur  le  tronc  est  chaque 
année  de  plus  en  plus  considérable  et  que,  par  suite,  l'aoùtement  des 
couches  annuelles  formées  successivement  est  de  plus  en  plus  imparfait. 
Ces  branches  finissent,  une  année  déterminée,  par  ne  plus  être  dans  les 
conditions  nécessaires  pour  former  des  fleurs. 

»,  Pour  une  raison  analogue,  les  branches  nées  sur  le  tronc  reçoivent 
chaque  année  des  quantités  d'eau  croissantes  et  sont,  par  suite,  de  moins 
en  moins  bien  aoùtées.  Au  moment  où  les  conditions  biologiques  ne  leur 
permettent  plus  d'avoir  assez  de  résistance  pour  lutter  contre  la  rigueur 
du  froid  de  l'hiver  dans  les  régions  tempérées,  ou  bien  contre  la  sécheresse 
dans  les  régions  chaudes,  contre  les  diverses  maladies,  etc.,  les  branches 
périssent  et  tombent.  C'est  ainsi  que  le  tronc  finit  par  être  dépouillé,  sur 
une  hauteur  de  plus  en  plus  grande,  des  branches  qu'il  a  portées  les 
années  précédentes.  Les  mêmes  faits  s'observent  successivement  sur  les 
grosses  ramifications  de  premier,  deuxième,  troisième  ordre,  etc.,  et  l'on  se 
les  explique  de  la  même  manière. 


(  i36i  ) 

»  Si  l'on  observe  les  végétaux  ligneux,  on  se  rend  compte  facilement  de  l'existence 
de  ce  fait.  La  chose  est  surtout  remarquable  chez  les  arbres  fruitiers  cultivés  en  éven- 
tail, en  espalier  ou  en  candélabre,  car,  dans  ce  cas,  l'inlluence  de  la  chaleur  et  de  la 
lumière  sur  l'aoûtement  n'est  pas  modifiée  par  l'ombre  due  aux  branches  de  la  cou- 
ronne. J'ai  eu  l'occasion  de  faire  des  observations  à  cet  égard  pendant  plusieurs  an- 
nées en  plusieurs  contrées  de  l'Europe,  et  celte  année  encore  aux  environs  de  Paris, 
pendant  mon  séjour  au  laboratoire  de  Botanique  de  la  Sorbonne  et  au  laboratoire  de 
Biologie  végétale  de  Fontainebleau.  Les  branches  llorifères  sont  toujours  placées  con- 
formément aux  règles  que  j'ai  exposées  plus  haut.  Elles  sont  plus  nombreuses  sur  les 
branches  éloignées  de  la  tige,  qui  ont  des  conduits  d'eau  plus  longs,  et,  par  cette  rai- 
son, moins  d'eau;  et  elles  sont  en  plus  grand  nombre  si  la  branche  est  en  même  temps 
verticale,  là  où  l'action  de  la  pesanteur  tend  à  diminuer  l'excès  d'eau.  On  voit,  en 
outre,  que  les  grosses  branches  qui  sont  parvenues  à  un  certain  diamètre  ont  perdu  les 
ramifications  qu'elles  ont  portées  antérieurement.  Les  vignes  cultivées  en  cordon  pré- 
sentent un  phénomène  semblable.  Ces  phénomènes  se  passent  de  la  même  manière, 
bien  qu'ils  soient  moins  faciles  à  constater,  dans  les  arbres  ou  dans  une  vigne  présen- 
tant une  taille  quelconque. 

»  En  résumé  :  i"  la  forme  d'un  arbre  ainsi  que  remplacement  de  ses 
branches  florifères  sont,  en  majeure  partie,  déterminés  par  des  conditions  re- 
latives à  l'aoûtement;  i°  le  degré  d'aoûtement  des  branches  et,  par  suite,  le 
nombre  des  fleurs  et  des  fruits  de  l'année  suivante  est  plus  grand  quand  la 
quantité  d'eau  que  reçoit  la  plante  est  moins  considérable. 

»  C^es  faits  nous  donnent  des  renseignements  précieux  stir  la  taille  ra- 
tionnelle des  arbres  et  de  la  vigne;  ce  ([u'il  importe  de  régler,  c'est  la 
quantité  d'eau  que  recevra  la  plante.  Il  faut  connaître  la  quantité  et  la 
disposition  des  racines  dans  les  diverses  couches  du  sol  où  elles  exercent 
leurs  fonctions,  et  les  propriétés  de  ces  couches  au  point  de  vue  de  leur 
contenu  en  eau.  Dans  certains  cas,  la  taille  des  racines  elle-même  est  pos- 
sible, et  l'on  devra  la  pratiquer  de  façon  à  atteindre  le  but  que  l'on  se  pro- 
pose. » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.    —    Sur  V électrolyse  des  tissus  animaux.   Note  de 

M.  Edouard  Braxly. 

«  Le  phénomène  décrit  par  MM.  Bordier  et  Gilet  dans  leur  Communi- 
cation du  20  mai  dernier  m'avait  été  montré  [tar  Apostoli  il  y  a  quelques 
années.  Il  l'avait  observé  fréquemment  dans  sa  pratique  electrothéra- 
pique.  Voici  comment  il  le  produisait  pour  la  démonstration. 


(  i362  ) 

»  Deux  aiguilles  d'or  ou  de  platine  étaient  plongées  dans  un  bloc  de  viande  fraîche, 
à  une  dislance  de  2'^"  environ  l'une  de  l'autre  et  enfoncées  perpendiculairement  d'à 
peu  près  1'"^.  Ces  aiguilles  étaient  reliées  aux  deux  pôles  d'un  tableau  de  Gaiflfe  à  cou- 
rant continu  et  le  réducteur  de  potentiel  était  tourné  de  telle  façon  que  le  courant 
circulant  dans  le  tissu  animal  fût  de  5o  à  80  miiiiampères;  dans  le  premier  passage 
l'intensité  variait  très  peu.  Après  deux  minutes,  par  la  clef  d'inversion,  on  renversait 
brusquement  le  courant,  l'intensité  tombait  rapidement  à  quelques  miiiiampères  et  y 
restait.  Après  deux  minutes  encore,  on  revenait  au  sens  primitif,  l'intensité  remontait 
vers  sa  valeur  initiale  5o  à  80  et  variait  peu  ensuite.  Nouveau  renversement  après 
deux  minutes,  dans  lequel  l'intensité  retombait  rapidement  à  quelques  miiiiampères. 

n  J'ai  en  l'occasion  de  reproduire  cette  expérience  sous  diverses  formes 
avec  Apostoli  et  le  D'  Albert  Laquerrière  à  la  fin  de  1899  et  au  commen- 
cement de  1900,  par  la  méthode  monopolaire  et  la  méthode  bipolaire, 
soit  avec  des  aiguilles  d'or  et  de  platine,  soit  avec  des  aiguilles  oxydables. 
La  mort  d'Apostoli  a  interrompu  nos  recherches  et  les  résultats  n'ont  pas 
été  publiés. 

»  Étant  parvenu  à  réaliser  le  même  phénomène  avec  des  éleclrolyies 
visqueux,  en  l'absence  de  tout  tissu,  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  intérêt  à  faire 
connaître  mes  essais. 

))  Après  diverses  tentatives,  je  me  suis  arrêté  à  des  solutions  de  gomme 
arabique  dans  l'eau  de  la  Vanne  et  je  les  ai  électrolysées  soit  par  la 
méthode  monopolaire,  soit  par  la  méthode  bipolaire.  Ces  solutions 
offraient  au  passage  du  courant  une  résistance  assez  comparable  à  la 
résistance  de  la  viande  fraîche  des  expériences  rappelées  plus  haut.  J'ai 
fixé  les  circonstances  qui  devaient  être  choisies  (concentration  de  la  solu- 
tion, intensité  et  voltage  du  courant,  écartement  et  enfoncement  des  élec- 
trodes) pour  obtenir  dans  les  mêmes  conditions  de  temps  le  phénomène 
observé  dans  l'électrolyse  des  tissus. 

))  Méthode  m.onopolaire .  —  La  solution  de  gomme  était  versée  dans  une 
capsule  de  platine  qui  était  reliée  à  l'un  des  pôles  du  tableau,  la  seconde 
électrode  était  une  aiguille  de  platine  flambée,  enfoncée  d'environ  i*^™ 
dans  la  solution  et  distante  aussi  d'environ  1'="  du  fond  de  la  capsule. 

»  L'aiguille  étant  négative,  l'intensité  du  courant  était  amenée  par  la 
rotation  du  réducteur  de  potentiel  à  une  certaine  valeur  et  elle  variait 
peu,  en  montant  en  général.  Dans  la  suite  on  ne  touchait  plus  au  réduc- 
teur. Après  deux  minutes,  on  renversait  brusquement  le  courant,  ce  qui 
rendait  l'aiguille  positive,  l'intensité  baissait  alors  rapidement  et  restait 
très  faible.  L'aiguille  étant  rendue  négative  après  deux  minutes,  l'intensité 


(  i363  ) 

remontait  comme  dans  la  première  phase.  Par  un  nouveau  renversement 
après  deux  minutes,  elle  redevenait  positive  et  retombait.  Voici  un 
exemple. 

>)  Solution  renfermant  35?''  de  gomme;  volume  total,  120'=".  i"  Aiguille  négative  : 
100  milliampères  au  début  et  28  volts  au  voltmètre.  Lentement  l'intensité  va  à  i3o  volts 
et  atteint  \!\?t  volts  après  deux  minutes  (quand  la  déviation  augmente  à  l'ampèremètre, 
elle  diminue  au  voltmètre).  2°  Renversement  brusque  à  la  fin  des  deux  minutes,  ai- 
guille positi\,'e.  De  145  l'intensité  tombe  lentement,  puis  rapidement  et  s'est  abaissée 
à  2  milliampères  en  dix-sept  secondes,  puis  ne  varie  plus.  3°  Renversement  brusque 
à  la  fin  des  deux  minutes  du  second  passage,  aiguille  négalire,  ascension  rapide  à  i45, 
puis  lente  à  i58.  4°  Renversement  brusque  à  la  fin  des  deux  minutes  du  troisième 
passage,  aiguille  positive,  chute  à  2  milliampères  en  vingt  secondes,  et  l'intensité  ne 
varie  plus. 

»  Dans  la  méthode  monopolaire,  c'est  lorsque  l'aiguille  est  positive  qne 
l'intensité  s'abaisse  rapidement  à  une  très  petite  valeur;  le  passage  du  cou- 
rant est,  au  contraire,  facile  quand  l'aigiiille  est  négative.  Ce  résultat  est 
le  même  que  pour  la  viande  électrolysée  par  la  méthode  monopolaire. 

»  Pour  un  même  poids  de  gomme  dans  une  solution  et  un  voltage  taible 
au  voltmètre,  l'intensité  est  peu  différente  quand  l'aiguille  est  positive  ou 
négative  ;  elle  est  toutefois  plus  faible  avec  une  aiguille  positive.  Pour  un 
voltage  suffisant,  on  a  le  phénomène  pris  comme  type  avec  la  viande.  Le 
voltage  s'élevant  encore,  une  chute  assez  rapide  se  produit  aussi  avec  une 
aiguille  négative. 

»  Méthode  bipolaire.  —  La  solution  gommeuse  était  versée  dans  un  petit 
cristallisoir  en  verre  où  plongeaient  deux  aiguilles  de  platine  distantes  de 
12™"  et  enfoncées  d'environ  i*^™.  J'ai  dû  opérer  dans  des  conditions  de 
concentration  et  de  voltage  plus  étroites  que  par  la  méthode  monopolaire. 
Il  m'a  été  avantageux  d'ajouter  à  la  solution  i^'  ou  oS'',5o  de  sel  marin 
pour  augmenter  la  conductibilité. 

»  L'exemple  suivant  se  rapporte  aux  conditions  moyennes  de  la  réalisa- 
tion du  phénomène. 

»  Solution  gommeuse  renfermant  ^o^''  de  gomme  arabique  pour  120"  de  solution 
et  is"'  de  sel  marin.  Aiguilles  enfoncées  de  8™"*  dans  la  solution.  Première  phase  : 
128  milliampères  au  début,  22  volts  au  voltmètre,  l'intensité  monte  lentement  à  i32. 
Deuxième  phase  :  Renversement  brusque  du  courant  à  la  fin  des  deux  minutes 
du  premier  passage;  chute  en  dix  secondes  à  2  milliampères,  puis  oscillations  de  2  à 
5  milliampères.  Troisième  phase  :  Renversement  brusque  après  les  deux  minutes  de 
la  deuxième  phase;   ascension  rapide  à  60,  chute  à  ao,  ascension  en  oscillant  jus- 


(   i364  ) 

qu'à  iio,   i>uis  constance.    Quatrième  phase  :  Renversemenl  brusque  après  \es  deux 
minuLes  du  troisième  passage,  chute  à  3  milliampères,  pas  de  variation  marquée. 

»  Ici  encore,  pour  un  trop  petit  voltage,  l'intensité  est  peu  tlifFércnte 
clans  deux  passages  de  sens  contraires,  tout  en  étant  plus  faible  aux  phases 
paires  et  plus  forte  aux  phases  impaires.  Pour  des  voltages  que  j'appellerai 
moyens,  la  chute  est  (rès  accentuée  pour  les  phases  paires.  Avec  des  vol- 
tages trop  élevés,  il  y  a  une  très  forte  chute  pour  les  deux  sens  du  courant. 

»  Après  le  passage  du  courant  pendant  deux  minutes,  les  deux  aiguilles 
sont  enveloppées  sur  leurs  parties  mouillées  par  la  gomme  d'une  gaine  vis- 
(jueuse  et  mousseuse.  Si  l'on  plonge  les  deux  aiguilles  dans  l'eau  pure,  la 
négative  se  débarrasse  rapidement  de  sa  gaine,  en  trente  secondes  par 
exemple,  la  positive  reste  plus  longtemps  entourée  d'un  manchon  adhérent 
de  bulles  gazeuses  et  de  liquide  gommeux,  surtout  vers  la  pointe,  el  il  faut 
souvent  plus  de  cinq  minutes  pour  que  les  bulles  se  détachent  complète- 
ment. Les  caractères  de  la  gaine  positive,  sa  production  et  sa  disparition  à 
l'une,  puis  à  l'autre  des  électrodes,  rendent  assez  bien  compte  des  phéno- 
mènes que  j'ai  décrits  et  de  ceux  beaucoup  plus  complexes  que  l'on  observe 
quand  on  augmente  la  durée  des  passages  du  courant.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Les  origines  de  V iode  de  l' organisme.  Cycle  biologique 
de  ce  métalloïde.  I^ote  de  M.  P.  Bourcet,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Après  avoir  donné  une  méthode  de  recherche  et  de  dosage  des  traces 
d'iode  contenues  dans  les  matières  organiques  (')  j'ai  présenté  à  l'Aca- 
démie une  série  de  Notes  sur  l'iode  normal  des  organismes  vivants.  J'ai  dé- 
montré que,  chez  l'animal,  l'iode  se  trouve  non  seulement  dans  la  glande 
thyroïde,  comme  le  pensait  Baumann,  mais  encore  dans  le  sang  (")et  dans 
presque  tous  les  organes;  qu'il  s'élimine  par  la  peau  et  ses  annexes  (poils, 
sueur,  ongles,  etc.)  chez  l'homme,  alors  que,  chez  la  femme,  cette  élimi- 
nation s'effectue  non  seulement  par  la  peau  et  ses  annexes,  mais  aussi  par 
le  sang  menstruel;   constatation  parallèle  à  celle  qui  avait  été  laite  par 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  1120. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1721. 


(   i365  ) 
M.  Armand   Gniitier  relativement  à  l'élimination  de  l'arsenic  normal  <1. 
l'économie  ('  ). 

»  Je  me  propose  d'étudier  dans  la  présente  Note  quelles  sont  les  ori- 
gines de  l'iode  de  l'organisme. 

»  Pour  résoudre  ce  problème,  j'ai  recherché  successivement  l'iode  dans 
l'air,  l'eau,  le  sol,  les  plantes  marines  et  d'eaux  douces,  les  matières  ali- 
mentaires et  végétales  qui  pouvaient  fournir  cet  élément. 

»  On  sait,  depuis  les  travaux  de  M.  A.  Gautier  (1898),  que  l'iode  existe  sous  forme 
organique  et  organisée  dans  l'air,  dans  l'eau  de  mer  et  les  eaux  de  rivières  ou  de 
sources.  Chalin,  Bussy,  Marchand,  Van  Ankum  avaient  trouvé  dans  l'eau  de  pluie,  la 
neige,  les  eaux  des  fleuves,  des  rivières  et  des  lacs,  des  traces  d'iode  qu'ils  croyaient  y 
exister  uniquement  sous  forme  d'iodures.  M.  Cliatin  l'a  signalé  aussi  dans  un  grand 
nombre  de  terrains  et  a  même  cru  remarquer  qu'il  augmente  en  même  temps  que  le 
fer.  J'ai  établi,  pour  ma  part,  la  présence  presque  constante  de  l'iode  dans  les  terres 
arables. 

»  Les  piaules  marines  coiUiennent  beaucoup  d'iode  ;  il  en  est  de  même  des  végé- 
taux d'eau  douce.  Muller,  Bussy,  Chatin,  Macadam,  Hepp,  Tarphati  et  Yuiestra  ont 
publié  à  ce  sujet  plusieurs  centaines  de  dosages  probants.  Enfin,  en  1899,  M.  A.  Gautier 
a  établi  la  présence  constante  de  l'iode  dans  la  grande  famille  des  Algues. 

»  Mais  l'existence  de  l'iode  dans  les  plantes  terrestres  n'avait  guère  été  constatée 
que  par  Chatin,  et  dans  quelques  espèces  seulement.  J'ai  repris  cette  étude,  et  de  plus 
d'un  millier  d'analyses  des  plantes  les  plus  diverses  (  =  ),  alimentaires  ou  non,  j'ai  pu 
tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  Les  fruits  d'arbres  et  les  matières  fortement  amylacées  ne  contiennent  pas  ou  du 
moins  très  peu  d'iode;  les  fruits  des  arbustes  et  des  arbrisseaux  en  contiennent  davan- 
tao-e;  les  espèces  végétales  les  plus  riches  sont  celles  qui  fournissent  à  l'alimentation 
des  racines,  des  pivots,  des  tubercules  non  amylacés,  ou  encore  des  feuilles  ou  des 
liges  herbacées. 

»  Les  vins  français  peuvent  se  classer  suivant  leurs  teneurs  décroissantes  en  iode  : 
ceux  du  Maçonnais,  du  Beaujolais,  des  Pyrénées-Orientales  et  de  l'Aude  tiennent 
la  tête;  viennent  ensuite  les  vins  de  Gironde  et  ceux  provenant  des  terrains  juras- 
siques fortement  ferrugineux;  la  liste  est  close  par  les  vins  de  Champagne,  qui  ne  con- 
tiennent pas  d'iode.  Remarquons  toutefois  que  cette  classification  ne  reposant  que  sur 
54  dosages  ne  saurait  être  absolue. 

)>  Étant  donné  que  non  seulement  la  glande  thyroïde  contient  de  l'iode,  mais  qu'il 
s'en  trouve  encore  dans  le  sang  et  dans  presque  tous  nos  organes,  on  devait  s'attendre 
à  renconlrerce  métalloïde  dans  la  plupart  des  matières  alimentaires  d'origine  animale, 


(1)   Comptes  rendus  du  Congrès  international  de  Médecine.  Section  de  Physio- 
logie. Paris,  juillet  1900. 

(-)   Viode  normal  de  l'organisme  :  ses   origines,  son    rôle,    son    élimination. 

Paris,  1900. 

C.  R.     .901,  I-  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  22.)  J76 


(  i366  ) 

»  Les  résultats  d'environ  i3oo  dosages  permettent  de  dire  que  la  rliair  de  tous  les 
poissons  et  mollusques  d'eau  de  mer  el  d'eau  douce  contient  de  l'iode;  il  semble  que 
le  poisson  conservé  est  plus  riche  en  iode  que  le  même  poisson  mariné,  et  que  tous 
deux  en  contiennent  sensiblement  moins  qu'à  l'élat  frais. 

»  La  viande  de  boucherie  est  très  pauvre  en  iode;  la  plus  iodée  semble  être  celle  du 
porc,  puis  viennent  les  viandes  de  mouton,  de  bœuf,  de  cheval,  de  veau  et  d'âne. 

»  La  charcuterie,  à  poids  égal,  contient  encore  moins  d'iode  que  la  viande  de  bou- 
cherie :  le  lard  el  la  graisse  n'en  contiennent  que  des  traces  infîmes. 

»  Les  salaisons  sont  légèrement  plus  iodées  que  les  parties  fraîches  dont  elles  pro- 
viennent. Le  gibier  d'eau  est  plus  riche  en  iode  que  la  volaille  de  basse-cour. 

»  Kn  règle  générale,  le  lait  contient  de  l'iode,  mais  sa  teneur  varie  dans  de  grandes 
proportions  suivant  l'alimentation  des  animaux  qui  le  produisent.  11  en  est  de  même 
pour  les  œufs;  j'ai  trouvé  que  l'iode  y  était  au  maximum  en  été  et  au  minimum  en 
hiver. 

»  En  résumé,  on  comprend  sans  peine  que,  croissant  sur  des  terrains  et 
arrosées  par  des  eaux  qui  contiennent  tle  l'iode,  les  plantes  doivent,  après 
l'avoir  assimilé,  apporter  cet  élément  à  l'organisme  des  animaux  herbi- 
vores qui,  à  leur  tour,  le  repassent  aux  animaux  carnivores. 

»  L'homme  étant  omnivore  doit  disposer  d'une  assez  forte  proportion 
d'iode  pour  cette  raison  que  les  végétaux  qui  forment  la  base  de  son  alimen- 
tation sont  généralement  beaucoup  plus  riches  en  ce  métalloïde  que  les 
tissus  animaux  dont  il  se  nourrit  également. 

»  Tel  est  le  processus  par  lequel  l'iode  pénètre  dans  l'économie.  J'ai  dé- 
montré d'autre  part  comment  se  fait  l'élimination  de  ce  métalloïde  lorsqu'il 
est  en  excès  dans  l'organisme  humain;  le  cycle  complet  de  l'iode  biolo- 
gique, but  que  je  m'étais  imposé,  est  donc  ainsi  complètement  déterminé.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Procédé  de  préparation  de  levures  basses  de 
brasserie  fennenlanl  à  haute  température.  Mémoire  de  M.  Georges 
Jacqcemin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  meilleures  conditions  d'existence  des  levures  de  bière  à  fermen- 
tation basse  sont  habituellement  obtenues  en  les  faisant  évoluer  dans  le 
moût  houblonné  presque  neutre,  à  une  température  inférieure  à  io°  cen- 
tigrades. Mais  j'ai  constaté  que  si,  dans  des  cultures  pures  successives  d'une 
race  quelconque  de  levure  de  bière  à  fermentation  basse,  on  substitue  peu 
à  peu  à  une  partie  du  itioùt  nourricier  une  quantité  égale  d'un  même  moijt 
additionné  d'un  acide  organique,   on   peut  arriver,   après  une  vingtaine 


(  i367  ) 

d'opérations,  à  cultiver  la  levure  uniquement  dans  un  milieu  nutritif  ayant 
une  acidité  équivalente  en  acide  tartrique  à  'j^^  par  litre. 

»  Si,  pendant  ces  cultures  successives,  on  a  soin  d'élever  progressi- 
vement la  température  en  même  temps  qu'on  augmente  l'acidité  du  milieu, 
on  arrive,  après  un  graud  nombre  de  générations,  à  obtenir  un  ferment 
qui  évolue  facilement  en  moût  acide  à  une  température  supérieure  à  25°. 

))  Ce  caractère  de  fermentation  à  haute  température  se  trouve  alors 
fixé,  même  si  l'on  pratique  un  certain  nombre  de  générations  en  moût 
neutre,  et  les  autres  propriétés  de  la  race  de  Saccharomyces  ne  sont  pas 
modifiées  :  la  levure  reste  basse  quand  on  l'emploie  à  la  fermentation  d'un 
moût  de  brasserie  préparé  par  les  méthodes  ordinaires,  mais  non  réfrigéré 
au-dessous  de  20°  à  25°. 

))  La  bière  ainsi  obtenue  sans  glace  possède  toutes  les  qualités  organo- 
leptiques  des  bières  préparées  à  basse  température,  et  peut  sans  inconvé- 
nient être  conservée  et  supporter  les  transports  à  un  degré  de  chaleur 
égal  à  celui  qui  a  présidé  à  sa  fermentation.  Il  résulte  donc  de  mes  recher- 
ches qu'un  S'acc7mrowyre5  à  caractères  neltement  déterminés  peut,  lorsqu'on 
le  fait  évoluer  dans  des  conditions  de  milieu  et  de  température  entièrement 
différentes,  changer  de  nature  au  point  de  vue  de  certaines  de  ses  pro- 
priétés, tout  en  conservant  d'autres  caractères  de  race.    » 


PHYSIOLOGIE.    —  Les  otoUlhes  et  Vaudidon.  Note  de  M.   Pierue  Bonmer, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

<(  Dans  une  récente  Communication  à  l'Académie  ('),  M.  Marage,  rap- 
pelant la  composition  des  milieux  liquides  de  l'oreille  interne,  admet  que 
la  grande  densité  que  le  mélange  de  sels  calcaires  prête  aux  liquides  laby- 
rinthiques  en  fait  un  admirable  conducteur  du  son  et  que  la  fonction  des 
otolithes  est  de  maintenir  aussi  constante  que  possible  la  conductibilité 
acoustique  de  ce  milieu. 

»  J'ai  montré  à  plusieurs  reprises  depuis  dix   ans  (-)   que  ni  les  oto- 


('  )   29  avril  1901. 

{-)  Sur  les  fonctions  otolilhiijues  {Soc.  du  Biologie,  i8fév.  1898).  -Sur  l'inertie 
des  milieux  auriculaires  {Soc.  de  Biologie,  2  fév.  iSgS).  —  L'oreille,  vol.  II  el  lit, 
Coll.  Léauté;  1896. 


(  i368  ) 

lilhes,  ni  la  conductibilité  acoustique,  n'avaient  aucun  rapport  direct  avec 
l'audition.  En  effet  : 

»  1°  Dans  l'oreille  de  l'homme,  par  exemple,  les  masses  calcaires  se 
trouvent  dans  des  parties  du  labyrinthe  qui  ne  sont  nullement  auditives 
(utricule,  saccule)  et  manquent  dans  le  département  le  plus  manifeste- 
ment auditif  de  l'oreille  interne  :  le  limaçon. 

))  2"  Dans  la  série  animale,  les  formations  otolithiques  présentent  leur 
maximum  d'importance  morphologique  et  fonctionnelle  chez  les  Inverté- 
brés qui  n'entendent  pas  et  chez  les  premiers  Vertébrés  encore  dépourvus 
d'audition  (').  Ce  n'est  qu'après  les  Amphibiens  que  nous  voyons  simulta- 
nément diminuer  l'importance  des  ololithes  et  se  développer  l'audition. 

»  3°  Dans  le  développement  ontogénique  des  Vertébrés  entendants,  les 
liquides  labyrinthiques  sont  très  riches  en  sels  calcaires  pendant  la  vie 
fœtale,  avant  l'aptitude  auditive,  et  perdent  rapidement  cette  richesse  dès 
la  naissance,  quand  l'oreille  commence  à  entendre. 

»  Il  y  a  donc,  dans  les  domaines  de  l'anatomie  humaine,  de  la  phylo- 
génie  et  de  l'ontogénie,  une  opposition  évidente  entre  les  conditions  qui 
favorisent  la  conductibilité  acoustique  et  celles  que  réclame  l'exercice  de 
l'audition. 

»  4°  La  clinique  est  encore  plus  formelle.  Tout  ce  qui  tend  à  augmenter 
la  densité  des  liquides  labyrinthiques  et  la  conductibilité  acoustique  nuit 
immédiatement  à  l'aptitude  auditive.  L'épreuve  des  pressions  centripètes 
de  Gellé  a  pour  effet  de  diminuer  la  capacité  du  récipient  labyrinthique 
par  enfoncement  de  l'étrier,  de  tenir  le  liquide  sous  pression  et  de  le 
rendre  meilleur  conducteur.  Elle  a  égdement  pour  effet  d'éteindre  l'audi- 
tion. D'autre  part,  les  exsudais  albumineux,  fibrineux,  inflammatoires,  les 
effusions  hémorragiques,  les  processus  de  calcification,  sans  compter  la 
sclérose  des  tympans  membraneux  de  l'oreille  interne,  tout  ce  qui  aug- 
mente la  densité  et  la  conductibilité  acoustique  des  milieux  auriculaires 
a  pour  résultat  infaillible  d'altérer  et  de  supprimer  l'audition.  Plus  une 
oreille  devient  bonne  conductrice  du  son,  moins  elle  entend. 

»  5"  La  Physiologie  doit  aujourd'hui  reconnaître  que  la  conduction 
acoustique,  c'est-à-dire  la  transmission  moléculaire  de  l'ébranlement  so- 
nore, n'a  aucune  action  directe  sur  l'audition.  J'ai  montré  que  l'audition 
est  liée  à  la  liberté  d'inertie  des  milieux  suspendus  de  l'oreille,  suscep- 

(')  L'niidùion  chez  les  Im'ertéhrés  {Revue  scientifique,  27  décembre  1890). 


(  '369  ) 
tibles  de  mise  en  oscillation  totale.  Toute  gêne  apportée  à  cette  liberté 
d'oscillation  totale,  molaire  et  non  moléculaire,  est  une  entrave  à  l'audi- 
tion ;  et  l'audition,  en  un  mot,  varie  en  raison  directe  de  la  liberté  d'oscil- 
lation molaire  des  miTieux  suspendus  de  l'oreille,  et  en  raison  inverse  de 
la  conductibilité  moléculaire  et  acoustique.  Les  phénomènes  auditifs  ne 
sont  pas  d'ordre  acoustique,  mais  sont  liés  aux  phénomènes  hydrodyna- 
miques de  l'oreille  interne.  Les  otolithes  et  la  conductibilité  acoustique 
n'ont  rien  à  v  voir.  » 


MÉDECINF.  —  Un  cas  de  trichosporie  (piedra  nostras)  observé  en  France. 
Note  de  Paul  Vcillemin,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Nous  avons  observé  récemment  à  Nancy,  sur  la  moustache  d'un 
homme  de  trente-six  ans,  des  poils  enveloppés,  dans  leur  portion  moyenne, 
d'une  gaine  dure,  irrégulière,  parfois  mince,  parfois  saillante  comme  le 
chaton  d'une  bague.  La  gaine  ne  commençait  guère  qu'à  i*^™  de  la  racine 
et  s'étendait  sur  une  longueur  de  i*^™  à  i'''",5,  avec  ou  sans  interruptions. 
Sa  couleur  sombre,  un  peu  verdàtre,  tranchait  peu  sur  la  moustache  noire. 
Le  poil,  avec  son  revêtement,  atteint  un  tiers  de  millimètre  d'épaisseur, 
soit  trois  fois  environ  le  calibre  des  parties  nues.  Celles-ci  sont  parfaite- 
ment normales,  ainsi  que  la  portion  folliculaire. 

»  L'enduit  qui  revêt  les  poils  de  moustache  se  coDQjDose  de  cellules  végétales  à 
paroi  épaisse,  incrustées  dans  une  substance  fondamentale.  La  plupart  des  cellules 
parasites  sont  rondes,  et  leur  dimension,  bien  qu'assez  inégale,  oscille  en  général 
entre  7.V-,  5  et  4'^,  5. 

»  Par  son  aspect  extérieur  comme  par  les  premières  indications  de  l'examen  mi- 
croscopique, la  gaine  parasitaire  répond  au  Champignon  des  chignons,  observé  à 
Londres  par  Beigel,  rapporté  successivement  aux  Algues  {Pleurococcus  Beigelii 
Kïichenmeister  et  Rabenhorst,  1867),  aux  Champignons  {Sclerotiiim  Beigelianum 
Hallier,  1868),  puis  à  divers  genres  de  Bactéries  [Zoolœa  Eberlh,  1878;  Hyalococcus 
Schrœter,  1886;  Chlamydatomus  ïrevisan,  1889;  Micrococcus  Beigelii  Migula, 
1900).  Le  même  parasite  est  signalé  à  Brcslau  par  Schrœter,  d'après  le  D'  Caro.  On 
l'a  rencontré  sur  les  chevelures  vivantes  ou  coupées. 

»  Notre  espèce  a  de  grandes  analogies  avec  l'agent  de  TafTection  connue  en  Colombie 
sous  le  nom  de  piedro,en  France  sous  le  nom  de  Irichomycose  noueuse  ou  nodulaire 
de  Juhel-Iiénoj,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  trichoniycosis  nodosa  àe  Palteson. 
Deux  cas  de  piedra  nostras  ont  été  signalés  en  Allemagne  sur  la  moustache  par  Beh- 
rend  et  par  Unna;  le  parasite  de  ces  affections  européennes,  comme  le  Champignon 


(  i37o  ) 

de  Colombie,  avait  des  élémsnls  volumineux  qui  l'opposent  au  Champignon  de  Beigel 
comme  à  notre  parasite. 

»  L'enduit  parasitaire  est  d'une  consistance  ferme;  la  résistance  qu'il  opposait  au 
peigne  a  fait  remarquer  sa  présence  à  notre  patient;  toutefois  il  n'avait  pas  cette 
dureté  de  pierre  qui  ébrèche  le  rasoir  et  qui  a  fait  donner  à  l'alTection  son  nom  espa- 
gnol de  piedra.  Les  Européens  qui  ont  reçu  des  cheveux  piédriques  de  Colombie 
n'ont  d'ailleurs  pas  réussi  à  vérifier  ce  caractère.  Nous  n'avons  pas  non  plus  constaté 
la  viscosité  superficielle  qui  provoque  l'adhérence  et  l'enchevêtrement  des  poils  dans 
les  chevelures  abondantes.  Mais  les  conditions  ne  sont  pas  identiques  dans  une  mous- 
tache bien  soignée  et  dans  une  chevelure  en  désordre.  Notre  cas  vient  donc  se  placer, 
à  la  suite  de  ceux  de  Behrend  et  Unna,  dans  la  catégorie  de  la  piedra  nostras,  tout  en 
étant  l'œuvre  d'un  parasite  spécifiquement  distinct.  Cette  a(Tection  étant  jusqu'ici 
inconnue  en  France,  il  nous  a  semblé  utile  de  la  signaler  avec  quelque  détail. 

»  Le  parasite  de  la  piedra  a  toujours  été  considéré  comme  extérieur  au 
poil.  Dans  notre  cas,  il  ne  pénètre  pas  dans  l'écorce;  cependant  il  contracte 
avec  l'épidermicule  des  connexions  plus  étroites  qu'on  ne  l'a  dit.  L'épider- 
micule  du  poil  est  plus  adhérent  au  parasite  qu'à  l'écorce,  et,  si  l'on  détache 
mécaniquement  l'enduit  superficiel,  opération  que  l'on  ne  réalise  pas,  à 
sec,  sans  quelque  effort,  l'épidermicule  vientavec  lui  et  tapisse  la  face  con- 
cave des  débris  arrachés.  L'acide  formique  a  raison  de  l'adhérence  de 
l'enduit;  après  son  action,  une  simple  compression  du  poil  entre  une 
plaque  et  une  lamelle  de  verre  détache  de  grands  lambeaux  cryptogamiques 
encore  tapissés  par  l'épidermicule. 

»  Une  coupe  transversale,  pratiquée  dans  le  poil  malade  au  niveau  d'une 
nodosité  piédrique,  explique  cette  adhérence.  Les  écailles  épidermiques, 
soulevées,  rebroussées  par  le  parasite,  pénètrent  comme  des  crampons 
entre  ses  cellules;  par  places  les  éléments  cryptogamiques  arrivent  au- 
dessous  d'ellesjusqu'au  contact  de  l'écorce. 

»  L'examen  attentif  du  parasite  en  place  démontre  que  ce  n'est  pas  une 
bactérie,  m;us  un  champignon. 

»  Ses  plaslides  sont  de  vraies  cellules,  munies  d'un  noyau.  En  effet,  les  réactifs  de 
la  chromatine  colorent,  dans  chacun  d'eux,  un  granule  bien  arrondi  de  o!^,3  à  o^  5. 
Ces  cellules  ne  sont  point,  primitivement,  plongées  sans  ordre  dans  une  masse  hyaline 
comme  les  Coccus  d'une  zooglée.  Sur  les  bords  encore  minces  d'un  enduit  en  crois- 
sance, nous  distinguons  des  séries  tortueuses  et  ramifiées  de  cellules  légèrement  unies 
entre  elles,  comme  on  en  observe  chez  d'autres  Dermalophytes.  Les  cellules  extrêmes 
des  séries  appliquées  au  poil  sont  parfois  allongées  et  vidées  de  leur  contenu;  elles 
semblent  sacrifiées  au  rôle  fixateur,  tandis  que  des  rameaux  vivants  procèdent  des 
articles  précédents  et  contribuent  à  épaissir  l'enduit.  Sur  des  coupes  pratiquées  per- 


(  ^^7^  ) 

pendiculairemenl  à  la  surface  du  poil  dans  des  nouûres  épaisses,  on  retrouve  la  dis 
position  radiée  sur  de  longues  séries  de  cellules,  tandis  que  l'examen  superficiel  donnait 
l'impression  d'une  simple  mosaïque  ou  d'un  amas  désordonné. 

»  Le  mucilage  inlercellulaire,  résultant  de  la  confluence  des  lamelles  superficielles 
de  la  membrane,  prend,  à  la  surface  delà  masse,  un  aspect  granuleux,  irrégulier. 

»  Ces  détails  de  structure,  qui  n'ont  pas  été  cherchés  dans  les  casante- 
rieurs,  ne  sauraient  ojjposer  notre  parasite  à  ceux  de  Juhel-Rénoy,  Behrend, 
Unna  ;  nous  le  rangeons  dans  le  même  genre  Trichosporum.  Les  cultures 
que  nous  décrivons  ailleurs  confirment  ce  rapprochement.  D'a[)rès  les 
diraensionsdes  cellules  et  l'aspect  de  l'ensemble,  il  ne  diffère  pas  du  Cham- 
pignon des  chignons  de  Beigel;  nous  proposons,  en  conséquence,  de  le 
nommer  Trichosporum  ^^«^^/«(Rabenhorst). 

»  Pour  désigner  ce  groupe  d'affections,  le  terme  de  trichosporie  est  pré- 
férable à  celui  de /?/e<^ra  qui  invoque  un  symptôme  inconstant,  et  même 
inconnu  dans  les  formes  européennes.  Il  est  plus  précis  que  celui  de  tri- 
chomycose  nodulaire,  également  appliqué  à  des  affections  bactériennes. 

»  L'affection  décrite  dans  cette  Note  a  cédé  rapidement  à  l'emploi  de 
lavages  fréquents  avec  une  solution  aqueuse  de  sublimé  à  2  pour  1000. 
Quatre  jours  après  le  début  du  traitement,  les  poils  et  les  fragments  d'en- 
duit, transportés  sur  des  milieux  nutritifs,  sont  restés  stériles.  En  brossant 
énergiquement  sa  moustache  avec  la  solution  de  sublimé,  le  patient  a  réussi 
à  faire  disparaître  les  enduits  parasitaires  en  quatre  semaines.  Malgré  la 
suppression  de  l'épidermicole  aux  points  envahis,  la  moustache  offre  au- 
jourd'hui un  aspect  parfaitement  sain.    » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  l'orage  du  29  mai  190 1.  Note  de  Joseph  Jaubert, 

présentée  par  M.  Mascarl. 

»  L'orage  qui  a  éclaté  sur  Paris  dans  la  journée  du  29  mai  1901  a  été 
d'une  intensité  exceptionnelle;  il  a  duré  une  heure  et  demie,  et  pendant  ce 
temps  il  a  plu  presque  continuellement;  l'averse  a  été  souvent  torrentielle, 
et  parfois  mêlée  de  grêlons. 

»  Les  premiers  éclairs  ont  été  observés  (de  Montsouris)  à  i''3o™  et  a  partir  de2''6"' 
jusqu'à  la  fin  de  l'orage  ils  ont  été  suivis  de  coups  de  tonnerre  et  se  sont  rapidement 
succédé.  On  distinguait  principalement  trois  foyers  orageux  qui  semblaient  planer 
au-dessus  des  quartiers  nord  et  centre  de  Paris  et  sur  ceux  du  sud-est  (ce  fojer  de 
beaucoup  plus  important);  le  troisième  foyer  était  constaté  au-dessus  de  la  banlieue 


(  i372  ) 

Sud.  La  carte  de  répartition  de  la  pluie  monlre  en  elTel  que  ce  sont  ces  points  où  l'on 
a  recueilli  la  plus  forte  quantité  d*eau. 


E^rfotQEU,  Qjj^ 


B^:^"" 


Orage  du  29  mai  1901. 

Répartition  de  la  pluie  sur  Paris  et  la  banlieue  Sud 

(Les  hachures  indiquent  la  zone  couverte  par  la  grêle). 

»  La  grêle  a  été  souvent  mêlée  à  la  pluie,  mais  de  Si" 5™  à  3'' 10™  elle  est  tombée  seule; 
pendant  cette  chute  les  grêlons  étaient  si  serrés  et  si  abondants  que  pendant  un  instant 
ils  ont  déterminé  un  véritable  obscurcissement  du  ciel.  Leurs  grosseurs  et  formes 
étaient  très  variables  :  à  Montsouris,  ceux  recueillis  avaient  en  grand  nombre  de  aS'"" 
à  35™"'  de  diamètre  et  quelques-uns  atteignaient  même  4o™™;  à  la  Tour  Saint-Jacques 
il  en  est  tombé  qui  avaient  la  forme  d'un  parallélépipède  très  accusé. 

»  Au  début  de  la  pluie  les  premières  gouttes  (à  2''20™)  étaient  énormes;  on  en  a 
mesuré  qui  laissaient  sur  le  sol  une  trace  de  3'™  à  5'™  de  diamètre.  Sur  Paris  les 
averses  ont  commencé  de  ai'aS"'  à  2''35"'  pour  ne  prendre  fin  que  de  3''35™  à  3'' 45™,  et 
à  certains  moments  elles  revêlaient  un  caractère  tout  à  fait  torrentiel.  On  a  recueilli 
sur  Paris  30"'™  d'eau  à  la  Villette,  22™"'  au  cimetière  de  Belleville,  2^"™  aux.  Buttes- 
Cliaumont,  26""™  au  pont  de  l'Aima  (Bureau  central  météorologique),  28™™  à  Mont- 
martre, 33">"»'  à  l'hôpital  Saint-Louis  et  dans  le  square  Saint-Jacques,  53'"™  à  Moût- 
souris  (dont  52™™,  7  en  Sa™),  60™™  au  Panthéon  et  enfin  80™™  au  réservoir  Saint-Vic- 
tor, rue  Linné,  près  le  Jardin  des  Plantes.  Ce  dernier  nombre  est  le  plus  élevé  que  nous 
connaissions  authentiquement  observé  à  Paris,  les  averses  les  plus  fortes  enregistrées 
jusqu'à  présent  n'ayant  guère  dépassé  5o"">  à  60™°^  (  ').  Sur  les  XV"  et  XVI"  arrondis- 
sements les  pluviomètres  n'ont  accusé  que  de  12™™  à  i5™™. 


(')  Des  averses  ayant  donné  plus  de  5o™™  ont  été  observées  à  Paris  :  9  septembre 


(    "373   ) 

»  Dans  la  banlieue  Sud  la  pluie  a  été  également  très  forte,  les  pluviomètres  ont  enre- 
gistré :  30""  à  Fresnes,  Bagneux  et  Ghâtillon,  22""  à  Villejuif,  Chalais-Meudon, 
25mm  à  Fontenay  et  3o""  au  Petit-Bicètre.  Il  est  donc  tombé  de  20""  à  So""  d'eau  sur 
les  versants  de  la  Bièvre  et  de  ses  petits  affluents,  ce  qui  a  déterminé  une  élévation 
très  rapide  et  anormale  du  niveau  de  cette  rivière. 

»  Les  observations  météorologiques  ont  permis  de  suivre  les  différentes 
phases  de  la  formation  et  du  développement  de  cet  orage  de  chaleur. 

»  Le  29  mai,  pendant  la  nuit,  le  ciel  a  été  très  beau,  et  c'est  seulement  un 
peu  après  8*"  qne  se  formait  à  l'horizon  une  grande  bande  de  cumulus  et  en 
même  temps  naissaient  sin-  tout  le  ciel  des  alto-cumulus  à  ondulations  paral- 
lèles. A  9'',  la  nappe  d'alto-cumulus  en  petits  moutons  serrés  tendait  à  dis- 
paraître vers  le  Nord-Est;  on  distinguait  ensuite  à  l'Ouest-Nord-Ouest  un 
massif  de  cumulo-nimbus  qui  se  développa  très  rapidement  et  dont  le 
sommet  était  barré  d'alto-cimiulns  gris.  A  midi  on  observait  au  Sud  un 
cumulo-nimbus  sombre  et  un  gros  cumulus  à  capuchon  dont  les  parties 
mamelonnées  supérieures  s'élevaient  très  rapidement.  Enfin,  quelques 
minutes  avant  l'orage,  les  nuages  étaient  presque  immobiles,  de  direction 
générale  Sud-Ouest,  et  l'on  voyait  flotter  épais  quelques  fracto-nimbiis 
ayant  un  mouvement  Nord-Est. 

»  A  Montsouris,  l'observation  des  nuages  avait  indiqué  des  vitesses  extrê- 
mement faibles  : 


Ilaulcur 

Direclion. 

évaluée. 

Vitesse. 

h      m 

9.  i5  alto-cumulus.  . .  . 

W.  4o°S. 

m 

35oo 

m 
5  par 

'  seconde 

10.  i5  fracto-cumuhis.  . 

W.    5N. 

I  5oo 

3 

)) 

»                     .  . 

W.  35S. 

i5oo 

3 

» 

1 1  .45  faux  cirrus 

S.  35  N. 

3  000 

2 

» 

»  La  vitesse  du  vent  mesurée  à  terre  était  sensiblement  la  même  que 
celle  des  couches  supérieures;  toutefois,  pendant  la  chute  de  la  grêle,  il 
s'est  produit  im  coup  de  vent  qui  a  atteint  de  1 1™  à  12'"  et  qui  a  été  constaté 
avec  la  même  intensité  et  presque  au  môme  instant  à  Montsouris,  à  la  Tour 
Saint-Jacques  et  à  la  Tour  Eiffel.  Au  Bureau  central  météorologique,  le  phé- 
nomène s'est  manifesté  au  même  moment,  mais  il  a  été  de  force  moindre. 


i865  :  52"""  de  midi  45'"  à  3'"  (Observatoire);  —  20  septembre  1867  :  56'"'"  en  trente 
minutes  (Parc  Monceau);  —27  juillet  1872  :  35'"">  à  So""  de  7''3o"  à  8''3o'"  (suivant 
les  quartiers);  —  10  septembre  1896  :  35'""  à  So""  de  midi  à  2''3o'"  (suivant  les 
quartiers). 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  22)  177 


(  1^74  ) 

Pendant  l'orage,  on  a  constaté  une  hausse  barométrique  très  rapide 
(à  3''5'°)  de  3°""  à  Montsouris;  à  la  Tour  Saint-Jacques,  le  même  mouve- 
ment n'a  eu  qu'une  amplitude  de  i™™,5.  Enfin,  indépendamment  du 
refroidissement  progressif  déterminé  par  cet  orage,  il  y  a  eu  une  baisse 
thermique  de  8°, 5  en  trente  minutes;  après  la  fin  de  la  pluie,  la  tempéra- 
ture est  redevenue  normale.    » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

I,a  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUYBAGKS    REÇUS    DANS    LA   SÉANCE    DU    3    JUIN    1 90 1 . 

Le  Système  métrique  des  Poids  et  Mesures;  son  établissement  et  sa  propaga- 
tion graduelle,  avec  l'histoire  des  opérations  qui  ont  servi  à  déterminer  le  mètre 
et  le  kilogramme,  par  M.  Bigourdan.  Paris,  Gauthier-Villars,  igoi.-  i  vol. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Wolf.) 

Les  plantes  tinctoriales  et  leurs  principes  colorants,  par  V.  Thomas.  Paris, 
Gauthier-Villars  et  Masson  et  C'%  s.  d.;  i  vol.  in- 12.  (présenté  par 
M.  Moissan.) 

Premières  récoltes,  par  Alph.  Matiiev.  (Extr.  de  la  Revue  des  Eaux  et 
Forêts  des  i5  mars,  i"  avril,  i"  mai  1901.)  Poitiers,  impr.  Biais  et  Roy; 
I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Hepaticœ  Galliœ.  Herbier  des  Hépatiques  de  France,  fasc.  IX  (n°'  201-231). 
Cahan  par  Athis  (Orne),  T.  Husnot,  s.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
M.  T.  Husnot.) 

Argentine-Chilian  boundary  in  the  Cordillera  de  los  Andes.  Argentine  évi- 
dence. Inlroductory  statement  and  chapter  I  to  XXX,  and  appendix. 
London,  printed  for  the  governement  of  the  Argentine  Republic,  bv 
William  Clowes  et  fils,  1900;  4  vol.  in-Zj".  (Présenté  par  M.  deLapparent.) 

Projils  géologiques  transversaux  de  la  Cordillère  Argentino-Chilienne,  stra- 
tigraphie et  techtonite,  par  le  D''  CarlBurckhardt.  Première  partie  du  rapport 


(   '375  ) 

définitif  sur  une  expédition  géologique  exécutée  par  le  If  Léo  Wehrli  et 
le  jy  Carl  Burckhardt,  avec  82  Planches.  (^Anales  del  Museo  de  La  Plata. 
Seccion  geologica y  mineralogica,  II.) La  Plala,  1900;  i  vol.  pet.  in-f".  (Pré- 
senté par  M.  de  Lapparent.) 

^4  binai  y  canon,  showing  residues  of  powers  of  2  Jor  divisors  under  1000, 
and  indices  to  residues,  compiled  by  Lt.-Col.  Alla.n  Cunningnam,  under 
tlie  auspices  of  a  British  Association  Committee.  Londres  1900;  i  vol.  in-4°. 

The  Journal  of  the  Collège  of  Science,  impérial  Universityof  Tokyo,  Japan. 
Vol,  XV,  Part.  I.  Tokvo,  1901  ;  i  vol.  pet.  in-4°. 

Astronomische  Beobachtungen  an  der  k.  k.  Slernwarte  zu  Prag,  in  den  Jahren 
189.2-1899,  nehst  ZeicJinungcn  und  Studien  der  Mondoberfidche  nach  pholo- 
graphischen  Aufnahmen.  Aut  ôffentliche  Rosten  herausgegeben  von  pro- 
fesser D''  L.  Weineic,  director  der  k.  k.  Sternwarte  in  Prag.  Prague,  1901  ; 
I  vol.  in-4°. 

Sitzungsberichle  der  Kôniglich  preussischen  Akademie  der  Wissenschaflen 
zu  Berlin;  I-XXIl,  10  januar-25  april  1901.  Berlin;  i4  fasc,  in-8°. 

Abhandlungen  der  Kônigl.  Akademie  der  Wissenschaflen  zu  Berlin,  1899- 
1900.  Berlin,  Georg  Reimer,  1900;  i  vol.  in-4°. 


N"  22. 

TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance     du    .-;    juin     1901.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNIGATIOMS 

DES  MEMBRES   ET    DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


M.  Bei(tiiei.ot.  —  iNiiuvelles  reclierclius  sur 
la  neutralisation  de  l'acide  pliospliorique. 

M.  Bkrtiulot.  —  Nouvelles  recherches  sur 
les  alliages  d'or  et  d'argent  el  diverses 
autres  matières  provenant  des  loinheaux 
égyptiens 

\l.  IIkmu  LiEf:QUF.ni:i..  —  Sur  l'analyse  rua- 
giiétii|uedes  ravonsdu  radiunieldu  rayon- 
nement secondaire  provoqué  par  ces 
rayons 

MM.  lliiNlu  BECUUliREL  et  1'.  CuiuE.  —  Action 
physiologique  des  rayons  du  radium 


M.  Marev.  —  Changements  de  direction  et 
de  vitesse  d'un  courant  d'air  qui  rencontre 
des  corps  de  formes  diverses i  j(|i 

M.  DE  Laitarent.  —  Sur  l'érosion  ré(;ressive 
dans  la  chaîne  des  Andes r!i|li 

M.  Ad.  Carnot.  —  Sur  les  lellurures  d'or  cl 
d'argent  de  la  région  de  Kalgoorlie 
(Australie  occidentale). i  ujS 

M.  P.  DuiiEM.  —  Sur  les  ondes  longitudi- 
nales et  transversales  dans  les  fluides  pur- 
faits [  So.-l 


ME3IOIRES  LUS. 


M.  II. -S.  IIele-Suaw.  —  Contribution  à 
l'étude  théorique  el  expériment|ale  îles 
veines  liquides  déformées  par  des  obstacles 


el  à  la  détermination  des  lignes   d'induc- 
tion d'un  champ  magnétique i;îo(i 


MEMOIRES  PRESENTES. 


\1.   l'Mi.  IIenstrom  soumet  au  jugement  de 

r.Vcadéuiie  un  .Mémoire  "  Sur  les  origines 


des  éléments  ». 


CORRESPONDANCE. 


\l.    le    Secrétaire    rERi'ETUEi.    signale   un 
Ouvrage  de  .M.  </'.  Iligouidan  ayant  pour 
titre   :   «   Le  système   métri(|ue,   son   élu-    . 
blisseuienl   et  sa  propagation  graduelle  ».   i.'^ia 

M.  L.  lÎAEEV.  —  Hélerniination  des  surfaces 
qui  sonl  à  la  fois  des  surfaces  de  .loa- 
chimslhal  el  des  surfaces  de  Wcingarlen.   \ii\ 

i\L  .\lbeht  TuRrAtN.  —  Observations  de  la 
résonance  éleclri<|ue  dans  l'air  rarélié....    i.ii  > 

M.  He.ne  Pailloi'.  ~  Inlluencc  de  la  tempé- 
rature sur  la  force  électromotricc d'aiman- 
tation      i3i8 

M.  J.  Semenow.  —  De  l'action  des  rayons  X 
sur  les  conducteurs  et  sur  les  isolants-..    iSao 

\L  Leon  Oeillet.  —  Sur  les  alliages  d'alu- 
minium. Combinaisons  de  l'aluminium  cl 
du  molybdène i.Ja:! 

,M.  lîoUDOEARD.  —  Sur  les  alliages  d'alumi- 
nium el  de  magnésium i  JaS 

M.  G.  l^ARTALD.  —  Sur  la  structure  cellu- 
laire de  quelques   métaux li'"] 

M.  J.  Cavalier.  —  .\cidimétrie  de  l'acide 
phosphorique  par  la  baryte,  la  strontiane 
el  la  chaux , i.i.lo 

M.  K.  Parmentier.  -  Sur  l'alumine  con- 
tenue dans  les"  eaux  minérales i33j 

.M.  F.  HoDROUx.  —  .\ction  du  bromure  d'iso- 


butyléne  sur  le  hen/.éne  eu  présence  du 
clilorure  d'aluminium i.io.'i 

M.  G.  Favuel.  —  .Vction  des  éthers  alcoyl- 
maloniques  sur  les  chlorures  diazoïques..    iS.Tlj 

MM.  P.  Kreijndleu  et  L.  Iîunel.  —  Sur 
un  nouveau  mode  de  décomposition  des 
dérivés  bisuirnii|ues l'iAx 

M.  A.  Verneuil.  —  Sur  les  produits  secon- 
daires formés  dans  l'action  de  l'acide 
snll'uriquc  sur  le  charbon  de  bois i'i'|o 

M.  Louis  Léger.  —  Sur  une  nouvelle  Gré- 
garine  parasitedesPinnothéres  desMoules.   i'i\?> 

M.  P.  ViONON.  —  Sur  les  cils  des  Cténo- 
phores  et  les  insertions  ciliaires  en  géné- 
ral      .' 1  i  '|(j 

M.  Bounuiol. —  Kccherches  expérimentales 
sur  la  respiration  des  Annélides.  Élude  du 
^IHiographis  Spallanzanii i3'|!S 

M.  L.  Bordas.  —  Les  glandes  défensives  ou 
odorantes  des  Blattes i35! 

M.  Col.  —  Sur  l'existence  de  lalicifères 
à  contenu  spécial  dans  les  Fusains i3ô4 

M.  .Marcel.Dubard.  —  Sur  la  structure  des 
rejels  chez  les  végétaux  ligneux i35li 

M.  F.  KÔVESSI.  —  Sur  la  proportion  de  l'eau 
comparée  à  i'aoùtemenl  des  végétaux 
ligneux i3.5(| 


IN°  22. 

SDITE  nii  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages.    ,  Pages. 

M.   Edouarii  Biî.\NLY.  —  Siii  l'ékctrolyse  des  |        fcrmeiilanl  à    liante  leiiipi-raturc \'.W< 

tissus  animaux .' l'i'ii    -  M.  Pierhe  liONXiER.  — Les  oLulithes  et  l'au- 

M.  P.  lîorBr:ET.  —  Les  origines  de  l'iode  de  '       dilion i3ij- 

I 

l'organisme.  Cycle  liiologique  de  ce  me-            j  M.    P.\ul  Vuillemin.  —  Un  cas   de    iricliu- 

talloïde i364    ■  sporle  (piedra  nostras)  observé  en  France,   loli;) 

M.  Georges  J.\couemix.  —  Procédé  de  pré-  M.  .Iosei'ii  Jaubekt.  —  Sur  l'orage  du  29  mai 

paration   de  levures  basses   de    brassci-ic  .        ii|oi i3-i 

lîULLETlN    DIBLIOGRAPIIIQLE l'J74 


PARIS.   —  IMPIUVIIÎRIE     GAUTHimi-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,   5» 

l^  Gérant  .' ^AurBiBB-VlLLARi. 


Ml   9   1801 

1901 

PREMIER  SE3IESTRE 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK   Yiri.   KiBS  SBOaérAIRBS   PBHPfiTVEIiS. 


TOME  CXXXII. 


IV"  23  (10  Juin  1901). 


""paris, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES   SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustios,  55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDul 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875.  flj 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Noies 
présentes  par  des  savants  étrano^crs  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne, 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 

ouparunassociéétrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  payes  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte rendude  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rap|)orts  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  iis  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Noies  sommaires,  dont 
ds  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au; 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  -  Impression  des  travaux  des  Savani 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person, 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  Iji 
demie  peuvent  èlre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'im, 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  ^o 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomir 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExlr. 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ilslefo 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance ol 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
^  Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  r^iis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  leni|ii 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Complereiu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  renduia 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,» 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraien 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compter 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  Irais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  lesRapporUf 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  w 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a,.r 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  1 
sent  Règlement. 


dép::efrs\^r1urt"u'^^"a^T;:stedf;r'  f^^^^^  Mémoires^ar  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de - 

plus  le  Samedi  qu,  précède  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  smvan^ 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI   10  JUIN  1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE.  —  Études  sur  la  neutralisation.  —  Sur  le  titrage  à  l'aide  des  colorants 
des  acides  et  des  alcalis  à  fonction  complexe,  par  M.  Berthelot. 

«  On  sait  que  les  fonctions  complexes  des  acides  et  des  alcalis  peuvent 
être  discernées  et  même  dosées,  dans  une  certaine  mesure,  par  divers 
colorants.  La  différence  qui  existe  à  cet  égard  entre  le  tournesol,  la  phé- 
nolphlaléine  et  le  méthylorange  a  été  l'objet  de  travaux  approfondis,  desti- 
nés à  distinguer  les  acides  forts  des  acides  faibles,  et  les  fonctions  multiples, 
spécialement  celles  de  l'acide  phosphorique.  J'ai  montré  l'application  des 
mêmes  procédés  au  dosage  des  alcalis  à  fonction  complexe,  tels  que  les 
diamines  ('),  et  j'ai   donné   la  théorie   therraochimique    de    ces    effets 

(')  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  7"  série,  t.  XX,  p.  180;  1900. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  23  )  I78 


(  i378  ) 
{Thermochimie  :  Données  et  lois  numériques,  t.  I,  p.  356).  Des  applications 
pratiques  fort  intéressantes  tle  ces  notions  ont  été  faites  à  l'étude  de  l'acidité 
des  liquides  organiques,  tels  que  l'urine  et  le  suc  gastrique.  Mais  il  s'agit 
alors  (le  mélanges  fort  compliqués,  dont  l'étude  donne  lieu  à  des  hypothèses 
et  à  des  discussions  délicates.  C'est  pourquoi  il  me  paraît  utile  déconsigner 
ici  quelques  résultats  observés  sur  des  composés  organiques  purs,  bien 
définis,  et  susceptibles  de  fournir  à  cette  diagnose  des  fondements  certains. 

»  Le  nombre  des  colorants  aptes  à  virer  par  l'action  des  acides  ou 
des  alcalis  étant  considérable,  et  le  terme  des  virages  variant  pour 
chacun  d'eux,  suivant  les  conditions  des  équilibres  que  déterminent  les 
fonctions  propres  des  acides  ou  des  alcalis  qui  produisent  le  virage,  je 
me  limiterai  aux  colorants  suivants  : 

»  Le  tournesol,  le  mieux  connu  et  le  plus  usité,  qui  vire  également, 
quoique  avec  des  teintes  différentes,  par  les  acides  et  par  les  alcalis, 
même  en   présence  de  Tammoniaque; 

»  Le  méthyloran ge ,  qui  vire  au  rouge  par  les  acides  forts  minéraux,  de 
même  en  présence  de  l'ammoniaque;  il  doit  être  employé  à  froid; 

»  La  phénolphtaléine,  incolore  en  solution  acide,  même  avec  les  acides 
faibles,  mais  colorable  en  rouge  par  les  alcalis;  elle  ne  réussit  pas  en 
présence  de  l'ammoniaque. 

»  Le  bleu  Poirrier  C^B  rougit  par  les  alcalis  libres;  bleuit  parles  acides 
les  plus  faibles. 

»  Je  rappellerai  encore  que  les  matières  colorantes  sont  susceptibles 
d'être  entraînées  par  les  précipités  que  forment,  par  exemple,  les  sels  de 
chaux  ou  de  baryte  :  ce  qui  modifie  les  conditions  des  virages,  soit  immé- 
diatement, soit  au  bout  de  quelque  temps;  à  la  fois  par  les  réactions  con- 
sécutives plus  ou  moins  lentes  qu'éprouvent  les  précipités,  et  par  la 
fixation  des  laques  colorées  sur  ces  derniers. 

»  J'ai  expérimenté  les  corps  suivants,  choisis  à  dessein  parmi  les  types 
des  composés  constitutifs  des  liquides  de  l'économie  : 

»  Acides-alcalis,  dérivés  des  acides-alcools,  tels  que  l'acide  oxyacéta- 
mique,  autrement  dit  amidoacétique,  ou  glycocolle,  ou  oxyacétamine  ; 
l'oxycaproamine,  ou  acide  oxycaproamique,  ou  acide  amidocaproïque, 
autrement  dit  leucine; 

»  Les  trois  acides  isomères  oxybenzamiques,  autrement  dit  oxybenza- 
mines,  ou  amidobenzoïques,  appartenant  aux  types  ortho,  meta,  para. 

»  L'acide  hippurique,  dérivé  amide  normal  de  l'oxyacétamine  et  de 
l'acide  benzoïque;    la   taurine,   acide-alcali   dérivé   d'un  acide  sulfoné; 


(  ï379  ) 
l'acide  aspartique,   acide  alcool-alcali   dérivé  de   l'acide  maliqiie;   enfin 
l'acide  uriqiie,  dérivé  complexe  de  l'urée. 

»    1.   Glycocolle  (oxyacétamine  ou  acide  amidoacétique) 

C='H=AzO^  =  75. 

Ce  corps  dérive  de  l'acide  oxyacétiqtie  C-H^(H^O)0-  par  substitution, 
dans  la  fonction  alcoolique,  de  AzH'  à  H-0;  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
de  AzH*  à  H  dans  l'acide  arétique  C-H^O".  On  opère  sur  le  corps  cristal- 
lisé. 3^^^,  700  +  eau  =  3oo'^'^;  c'est-à-dire  i  molécule  de  glycocolle  =  4"'- 

»  Phtaléine.  —  Réaction  acide.  5o'='^  exigent  iS'''^  NaOH  décime 
(^i^r  ^^  l'it^  pour  la  neutralisation.  Virage  progressif. 

»  Cela  fait,  pour  4'"  =  i  molécule  du  composé  :  1  200"  de  NaOH  (i  mo- 
lécule monovalente  =  20'").  Soit  NaOH  +  16,  7  C'H"  AzO^ 

»  Méthylorange.  —  Réaction  alcaline.  5o"'  exigent  iS"*^  de  SO^H^ 
(2S'-,45  =  i'''),  I  molécule  bivalente  =  40"'.  Soit  iSO^H^ +  16,  7C-H=AzO=. 

»  Tournesol.  —  Très  légèrement  acide.  5o"  exigent  i'^'',7  de  NaOH 
(26>-=  i'"),  soit  NaOH  +  i5oC=H^\zO-  environ. 

»  BleuC^h.  —  Réaction  acide.  Pour  NaOH,  décoloration  progressive, 
sans  limite  définissable. 

»  On  voit  par  ces  nombres  que  l'équilibre  de  dissociation  déterminé  par 
l'eau  :  —  soit  entre  la  combinaison  sulfurique  du  glycocolle,  envisagé 
comme  base  (oxyacétamine),  et  ses  composants;  soit  entre  la  combinaison 
sodique  du  glycocolle,  envisagé  comme  acide  (acide  oxyacétamique),  et 
ses  composants,  —  représente  un  système  presque  entièrement  dissocié. 

»  C'est  ce  que  montre  également  la  Thermochimie  :  la  formation  de  la 
combinaison  chlorhydrique  dissoute  (par  HCl  pour  i  molécule)  dégageant 
-+-  i^*',  et  la  formation  de  la  combinaison  sodique  dissoute  (par  NaOH), 
_l_  ^cai  (^Therrnochimie :  Données  et  lois  numériques,  t.  H,  p.  669).  Ces  équi- 
libres varient  d'ailleurs  avec  la  proportion  du  dissolvant. 

»  2.  Leucine  :  C''H"AzO-=  i3i.  —  Même  fonction  que  le  corps  pré- 
cédent. Dissolution  :  i  molécule  =  40'". 

M  Pliénolphtaléine.  —  Légèrement  acide.  Virage  progressif  par  NaOH 
(2S''  =  ii«):  environ  NaOH -h  )4  C''H"AzO^ 

»  Méthylorange.  —  Légèrement  alcalin.  Virage  par  SO^  H-(2e'',  45  =  1  "')  : 
environ  iSO' H- +  70  CH^.AzO-. 

»    Tournesol.  —  Sensiblement  neutre. 

»  Bleu  C^B.  —  Réaction  acide.  Le  virage,  mal  défini  d'ailleurs,  sem- 


(  i38o  ) 

Lierait  indiquer  le  rapport  CH^'AzO" -H  NaOH  ;  ce  qui  répondrait  aune 
combinaison  de  l'ordre  des  alcoolates  alcalins. 

»  3.  Acides  benzamiques  ou  oxybenzamiques;  Oxybenzamines  : 
C'H'AzO='  =  137.  Dissolution  i8%37-l-Eau  =  aoo'^S  soit  i  molécule  =  20"'. 

Acide  ortho.  Acide  meta.  Acide  Para. 

Méthylorange.  —  Liquide  à  rétat  de  virage  impossible   à   titrer. 
Phtaléine  :  1  mol.  exige  NaOH. .  i  mol.  =  NaOH  1  mol.  NaOH 

Tournesol  :  1  mol.  =  NaOH d"  d" 

Bleu  C^B  :  1  mol.  =  Tia  OH d"  d° 

»  Ces  trois  acides  ont  une  fonction  acide  bien  caractérisée,  à  un  degré 
plus  net  que  les  dérivés  de  l'acide  acétique  ou  caproïque;  contraste  qui 
se  retrouve  en  général  lorsque  l'on  compare  les  dérivés  phénylés  aux 
dérivés  méthylés  de  constitution  semblable.  Il  s'accorde  avec  ce  fait  que 
la  fonction  alcaline  n'est  accusée  par  aucun  des  colorants  précédents.  Le 
méthylorange  ne  fonctionne  pas  mieux  qu'avec  l'acide  acétique  et  les 
analogues. 

»  Rappelons  que  les  trois  acides  oxybenzamiques  dissous  dégagent 
avec  la  soude,  NaOH,  des  quantités  de  chaleur  de  l'ordre  de  celles  des 
acides  faibles  proprement  dits,  soit  pour  i  mol.  : 

tandis  qu'avec  l'acide  chlorhydrique  HCl  on  a  seulement  +2,7  (meta). 

»  4.  Acide  aspartique  (malamine  ou  acide  malamique)  C^H'AzO* 
dissolution  :  o^'',  3oo  +  Eau  =  5oo". 

»   Réaction  acide.  Dosage  par  colorants  incertain. 

»  5.  Acide  hippurique  (amide  régulier  dérivé  de  l'acide  benzoïque  et 
du  glycocoUe)  C*N*AzO'=:  179.  Dissolution  :  2S%ooo  +  Eau  =  Soo'^'^. 

»  Réaction  acide  à  tous  les  colorants  signalés  dans  la  présente  Note. 

»   Tournesol,   i  mol.,  sature  1  mol.  NaOH  exactement. 

»  Phtaléine,  de  même. 

»  Méthylorange.  Réaction  nettement  acide.  Virage  progressif,  se  termi- 
nant approximativement  vers  NaOH. 

»  BleuCn^.  Virage  mal  défini,  mais  se  terminant  au  voisinage  de  NaOH. 

M   Tous  les  colorants  essayés  indiquent  la  monobasicité. 

»  D'ailleurs  la  chaleur  de  neutralisation  de  l'acide  hippurique  dissous, 
soit  +  13'^"',  8  par  mol.,  répond  à  une  fonction  franchement  acide. 


(  i38i  ) 

»  6.  Taurine  :  C'H'AzSO^  (aminé  de  l'acide  iséthionique).  Dissolution 
jgr  _l_  Eau  =  Soo'^'^.  Neutre  aux  trois  teintures  (tournesol,  phtaléine, 
méthylorange). 

»  7.  Acide  urique  :  G*H*Az'0'  =  i68.  —  La  faible  solubilité  de  cet 
acide  ne  permet  guère  de  mesures  précises.  Aussi  les  chiffres  qui  suivent 
sont-ils  indiqués  seulement  à  titre  de  renseignements. 

»  J'ai  opéré  sur  une  solution  renfermant  0^,0093  de  cet  acide,  à  la 
température  de  4o°. 

»  Tournesol,  réaction  acide,  neutralisation  apparente  avec  environ 
2  mol.  d'acide  pour  i  moi.  NaOH. 

»  Phtaléine,  réaction  acide,  neutralisation  apparente  avec  environ 
I  mol.  5  d'acide  pour  NaOH. 

»   Méthylorange,  réaction  alcaline.  Virage  progressif  incertain. 

»   Bleu  C^B,  réaction  acide.  Virage  incertain. 

»  Voici  maintenant  quelques  essais  relatifs  au  partage  des  bases  entre 
l'acide  phosphorique  et  les  acides  hippurique  et  oxyacétamique  (glyco- 
colle),  acides  susceptibles  de  se  rencontrer  avec  les  phosphates  dans  diffé- 
rents liquides  de  l'économie  animale,  tels  que  l'urine. 

»   8.  Acide  hippurique  et  phosphates  : 


,0  jmoi  rtc.  /a/j/jwrtyae -t-i™"' PO*NaH-. 
Méthylorange.  —  Titre  acide  :  i^'i  environ. 
Phtaléine.  —  Titre  acide  :  2«i. 


1"'°'  ac.  hippurique  +  2P0'NaH''. 
i«'i  environ  :  un  peu  incertain. 

3"i. 


»  L'acide  hippurique  est  titré  à  peu  près  comme  seul  par  le  méthyl- 
orange, vis-à-vis  duquel  le  phosphate  monosodique  est  neutre. 

»  Vis-à-vis  de  la  phtaléine,  l'acidité  de  ce  sel  s'ajoute  à  celle  de  l'acide 
hippurique. 

»    1"   1'°°^  acide  hippurique -h  i'""^  VO'Hiii^il. 

))  Méthylorange  :  plutôt  alcalin;  titrage  par  H  Cl  incertain. 

»  Phtaléine:  titre  acide  :  i'^'',oi. 

M  Ainsi,  l'acide  hippurique  prend  sensiblement  le  second  équivalent 
de  soude  à  l'acide  phosphorique;  ce  qui  offre  de  l'intérêt  dans  les  études 
relatives  à  l'acidité  de  l'urine,  où  les  deux  acides  coexistent. 

»   3"   i'^"^  acide  hippurique -h  i'""^  PO' Nai\ 

»  Méthylorange:  liqueur  alcaline,  titrage  par  HCl  incertain. 

»   Phtaléine  :  liqueur  neutre;  une  seule  goutte  de  HCl  décolore. 

»  Ainsi  l'acide  hippurique  a  pris  nettement  le  troisième  équivalent 
d'alcali  à  l'acide  phosphorique. 


(  i382  ) 

»  9.  Glycocolle  et  phosphates.  —  On  a  opéré  seulement  avec  le 
phosphate  bisodiqae  :  C=H^AzO^  +  PO*Na=H. 

»  Méthvlorange.  Réaction  alcaline.  La  liqueur  exige  i  équivalent  HCl 
pour  la  neutralisation. 

»  Phtaléine.  Réaction  acide.  La  liqueur  exige,  pour  être  neutralisée, 
une  quantité  de  soude  très  faible  et  sensiblement  la  même  que  celle 
qu'exige  la  même  dose  de  glycocolle  pur,  c'est-à-dire  sans  phosphate. 

»  Le  glycocolle  n'enlève  donc  pas  sensiblement  d'alcali  au  phosphate 
bibasique,  et  les  deux  corps  dissous  se  comportent  vis-à-vis  des  indica- 
teurs comme  s'ils  étaient  seuls.   » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Màe  en  équation  des  phénomènes  de  convection 
calorifique  et  aperçu  sur  le  pouvoir  refroidissant  des  fluides  ;  par  M.  J. 

BOUSSINESQ. 

«  L  Le  problème  le  plus  simple  relatif  aux  phénomènes  de  convection 
calorifique  me  paraît  être  celui  des  courants  permanents  que  produit  dans 
un  liquide  pesant,  de  grande  étendue  en  tous  sens  et  (primitivement)  au 
zéro  choisi  de  température,  un  solide  fixe  immergé,  que  l'on  maintient 
chauffé  à  une  certaine  température  a.  Nous  désignerons  par  p  la  densité  du 
liquide,  par  6,  u,  v,  w,  P,  fonctions  de  x,  y,  z  à  déterminer,  sa  tempéra- 
ture, devenue  invariable  eu  chaque  point  {x,y,z)  de  l'espace,  les  trois 
composantes  de  sa  vitesse  et  la  partie  non  hydrostatique  de  sa  pression, 
quantités  s'annulant  toutes,  asymptoliquement,  aux  dislances  infinies  d<' 
l'origine,  autour  de  laquelle  restent  localisées  les  perturbations  qu'en- 
traîne  réchauffement  du  solide. 

»  A6n  d'atteindre  le  maximum  de  simplicité,  tout  en  laissant  subsister 
le  caractère  essentiel  du  phénomène,  nous  supposerons  la  ddatabilité  du 
liquide  par  la  chaleur  assez  faible  et,  par  contre,  la  pesanteur  g  assez 
forte,  pour  que  la  réduction  de  poids  de  l'unité  de  volume  liquide, 
qu'opère  réchauffement  9,  soit  sensible,  mais  non  le  changement  relatif 
des  volumes  liquides  dans  les  termes  où  il  n'est  pas  multiplié  par  g.  Bref, 
réchauffement  6  est  censé  ne  modifier  notablement  que  le  poids  de  l'unité 
de  volume.  Appelons  py  la  réduction  qu'il  y  produit  par  degré  centigrade, 
ou  pyô  la  réduction  effective;  et,  l'axe  des  s  étant  supposé  vertical,  dirigé 
vers  le  haut,  les  quatre  équations  indéfinies  ordinaires  de  la  dynamique 


(   i383  ) 
des  liquides  deviendront 

.    s      du         dv  dw  \   dV  ,        1  dP  ,        i  dP  . 

(l)      T l-j--t-j-  =  0'      -  TT-  —  —  "^  '      -  ZT  =  —  *'  .      -  ZJ-  =  Y^  —  ^'^^  • 

^   ^     dx        dy         dz  p  dx  p  dy  p  dz         ' 

u',  v' ,  w'  y  désignent  les  accélérations  du  fluide  suivant  les  axes. 

»  Pour  former  l'équation  indéfinie  en  ô,  considérons,  à  l'époque  /,  un 
volume  liquide  élémentaire  dts.  Comme  dans  une  particule  solide  isotrope 
et  athermane,  c'est  le  mode  actuel  de  distribution  des  températures,  dans 
les  couches  de  matière  contiguës  à  sa  superficie,  qui  règle  les  flux  calori- 
fiques y  entrant  ou  en  sortant  pendant  un  instante^/;  et,  par  suite,  la  conduc- 
tibilité lui  procure,  durunt  cet  instant  <//,  une  quantité  de  chaleur  exprimée 
par  (KA.^f))du5  dl,  K  étant  le  coefficient  de  conductibilité  intérieure  du 
liquide.  Si  donc  on  appelle  9'  la  dérivée  de  la  température  par  rapport  au 
temps,  dans  la  particule  matérielle  du,  etCla  capacité  calorifique  du  fluide 
par  unité  de  volume,  la  chaleur  C^dus  de  la  particule  s'accroîtra,  durant 
l'instant  di,  d'une  différentielle,  C^' dtdxs,  égale  à  (KA2  6)c?nyc/^;  et  l'équa- 
tion cherchée  sera 

Mais  la  dérivée  0'  s'obtiendra,  conime  les  dérivées  u',  v' ,  w'  des  vitesses,  en 
faisant,  dans  l'expression  de  0,  croître  a?,  j,  z  de  udt,  vdt,  wdt;  de  sorte 
qu'on  aura  la  (|uadruple  formule 

(3)    (a',r,^.',6')  =  "-^-^:r —  +  ^' — -d-y — -^^~-ir^- 

»  Aux  cinq  équations  indéfinies  (i)  et  (2),  il  faudra  joindre  évidemment 
les  sept  relations  définies  suivantes,  dans  l'une  desquelles  >.,  [j.,  v  désignent 
les  trois  cosinus  directeurs  de  la  normale  menée  de  l'intérieur  du  fluide  à 
un  élément  quelconque  d<i  de  la  surface  du  corps  : 

(à  la  surface  du  solide)     \u -\- \)X -^^w  ^  o         et         0  =  a, 
(aux  distances  infinies  de  l'origine)     (P,  u,  c,  w,  9)  =  o. 

En  effet,  à  la  surface  du  solide,  le  fluide  en  contact  prend  instantanément 
la  température  a  de  celui-ci  et  la  composante  normale  \u  -\-  \j.v  -i-  viv  de  la 
vitesse  est  nulle. 

»  II.  Tâchons  de  remplacer  tant  les  variables  indépendantes  x,  y,  z 
que  les  fonctions  0,  u,  v,  w,  P,  par  d'autres,  \,  vi,  C,  0,  U,  V,  W,  II,  qui  soient 
respectivement  proportionnelles  à  chacune  d'elles,  mais  avec  coefficients 

de  proportionnalité  choisis  de  manière  à  éliminer  les  paramètres  a,  y,  p,  p. 


(4) 


(  1384  ) 
On  reconnaît  aisément  qu'il  convient  de  poser,  pour  cela, 


(5) 


5=(^)'-       -(^)V.       ï=(-^)'-. 


i  =  ae,     «  =  (^ 


Et  les  équations  indéfinies  (i),  (2)  deviennent 

dV       dV       cTW  _ 
dl  '^  d-n  '^   dl   ~  °' 

,  rfn  _  rfn ^n  _  _  _, o?=0       rf-e       c?'0 

(6){^~~      '     d^ '     rf^~®""^'     ^  -W  '^  d^^  W 

où 

^        '  '  '       ^  rf?  C?T)  6?Ç 

»  Donnons-nous,  d'ailleurs,  l'équation  du  solide  sous  la  forme 

(')         /[C-^)'-(°#)V.(^f^]-- 

ce  qui  reviendra,  si  le  coefficient/ — ^^  1   change,  à  considérer,  au  lieu  du 

solide  proposé,  des  corps  qui  lui  soient  semblables,  mais  de  dimensions 
inversement  proportionnelles  à  ce  coefficient,  ou  d'un  volume  en  raison 

directe  de  — j=^-  Alors  les  cosinus  directeurs  X,  p.,  v  de  la  normale  resteront 

les  mêmes  aux   points    homologues;   et  les   conditions  (4)   aux    limites 
deviendront 

/  (à  la  surface/(^,  r,,'C)  =  o),        >,U  +  i-»- V  +  v  W  =  o       et       0  =  i, 

(8')  j  \ 

(   (aux  distances  y/^- +  •/i^  + C' infinies)     (II,  U,  V,  W,  0)  =  o. 

»  Le  système  d'équations  (6)  et  (8)  devant  déterminer  U,  "V,  W,  0,  H  en 
fonction  de  E,  yi,  *(,  il  suffira  de  substituer  dans  ses  intégrales,  à  ces  huit 
nouvelles  variables,  leurs  expressions  tirées  de  (5),  pour  avoir  cinq  rela- 
tions de  la  forme 

[0    («^^  P       -1 

=  des  fonctions  définies  de  (^^^^-j  x,  [-^7-)  y<  [~~]^^^)  ^' 


(   i385  ) 

»  On  voit  que,  si  l'excédent  a  de  température  des  corps  considérés  reçoit 
différentes  valeurs,  les  vitesses  u,  v,  w  du  fluide  seront,  aux  points  homo- 
logues  de    l'espace   entourant  ces   corps,   proportionnelles   à   la    racine 

cubique,  a',  de  cet  excédent,  et  qu'une  même  fraction  0  de  celui-ci  sera 
prise,  en  ces  points  homologues,  par  le  fluide  y  effectuant  son  passage. 

»   III.   Le  flux  F  de  chaleiu-  fourni  dans  l'unité  de  temps  par  l'unité 
d'aire  d'un  quelconque  des  corps,  égal  à  celui  que  la  couche  liquide  con- 
tiguë  communique  au  fluide  plus  intérieur,  aura,  comme  on  sait,  l'expres- 
sion K(>.  -; — h  7.^7 — h  V '7-  )•  En  V  introduisant  les  nouvelles  variables  et 
V    dx        '   (//  dz) 

fonction  ç,  ri.  'C,  6,  on  aura  donc 


(■o)  F=(KC-y)'a»(^^+;.^H-v^). 

u   Aux  points  homologues  des  surfaces  /"(E,  •/;,  C)  =  o  limitant  les  corps 
considérés,    les  cosinus  directeurs   X,   a,  v    et   les    dérivées  -779 r:  f*nt 

mêmes  valeurs  respectivement.  Donc  le  flux  de  chaleur  fourni  par  l'unilè 

d'aire  des  corps  semblables  dont  il  s'agit  est  proportionnel,  en  ces  points  homo- 

■1 
logues,  à  la  puissance  \,  a^  ou  a''"",  de  l'excédent  de  température  de  chaque 

corps  sur  la  masse  du  fluide;  et  il  dépend  des  autres  propriétés  physiques 

de  celui-ci  par  le  facteur  (RC-y)',  croissant  avec  sa  conductibilité  inté- 
rieure R,  avec  la  capjicitè  calorifique  C  de  son  unité  de  volume,  enfui, 
avec  le  produit,  y,  de  la  gravité  g  par  l'accroissement  de  cette  unité  de 
volume  pour  un  degré  d'élévation  de  la  température. 

»  Si,  l'excédent  «  venant  à  croître,  le  solide,  au  lieu  de  se  contracter 
en  volume  dans  un  rapport  inverse  de  a,  gardait  ses  dimensions,  l'unité 
d'aire  de  sa  surface  serait  moins  courbe  et,  par  conséquent,  moins  con- 
vexe, que  ne  le  suppose  la  formule  (10)  quand  ^,  r„  (  y  conservent  leurs 
valeurs.  Or,  on  conçoit  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  une  forme 
moins  convexe  de  l'unité  de  surface  restreigne  dans  une  légère  mesure 
les  rapports  du  solide  avec  le  fluide  ambiant,  rapports  qu'une  forme 
concave  réduirait  évidemment  :  ainsi,  il  est  vraisemblable  qu'une  moindre 
convexité  atténue  la  quantité  de  chaleur  emportée  par  le  fluide.  Donc  le 
flux  F  doit,  en  réalité,  quand  l'excédent  a  augmente  chez  un  même  corps, 

croître  un  peu  moins  vite  que  la  puissance  à"  ou  a'''";  et  l'on  s'explique 
que  les  expériences  de  Dulong  et  Petit  aient  indiqué  des  flux  calorifiques 

c.  R.,  1901,  i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  23.)  I79 


(  i386  ) 

de  convection  sensiblement  proportionnels  à  a''-'\  on  aient  conduit  à 
adopter  un  exposant  de  a  inférieur  à  ^  de  o,i  environ. 

»  Ces  expériences,  il  est  vrai,  concernaient  le  pouvoir  refroidissant  des 
çaz  et  non  des  liquides.  Mais  si  les  variations  de  volume  du  fluide  à  tem- 
pérature constante,  alors  un  peu  sensibles,  devaient  y  compliquer  les 
phénomènes  de  convection,  rien  ne  dit  qu'elles  en  changeassent  notable- 
ment les  traits  principaux;  car  la  cause  de  ces  phénomènes  est  toujours 
dans  la  réduction,  à  pression  constante,  du  poids  de  l'unité  de  volume  par 
réchauffement. 

»  Dans  l'hypothèse  où  il  en  serait  ainsi,  c'est-à-dire  où  nos  formules 
pourraient  être  approximativement  appliquées  même  aux  gaz,  la  diminu- 
tion de  0,1  effectuée  sur  l'exposant^  de  a,  dans  (10),  constituerait  donc 
une  correction  empirique  de  la  variation  produite  sur  le  facteur  trinôme 

1-7=-  H-  fj.-, — hv-— !  par  un  agrandissement  des  dimensions  de  la  surface 

dl,         '    rfr,  al     ^  ° 

1 
type  f(^,r,,'Ç)^  o   dans  le  rapport  de   i    à  a%  agrandissement  qui,  par 

conséquent,  aurait  à  peu  près,  comme  effet,  sur  le  trinôme,  de  diviser  sa 

valeur  par  a"'  :=  \a'^  )"'''.  Alors  l'agrandissement  analogue  dont  il  faudrait 
pouvoir  évaluer  l'effet  réducteur  sur  le  même  trinôme,  si  l'on  fait  varier 

indifféremment  a,  y,  C  ou  R  sans  modifier  les  dimensions  du  corps,  sera, 

1 

(a  V  C^  \  ' 
-^T~  )   > 

et,  vu  que  la  fonction  0  définiepar  le  système  d'équations  (6)  et  (8)  change 
de  la  même  manière  à  raison  de  cet  agrandissement,  quelle  qu'en  soit 
la  cause,  le  trinôme  se  trouverait  alors,  dans  (10),  divisé  à  peu  près  par 

—~-  j     •  Ainsi,  \e,  pouvoir  refroidissant  des  divers  fluides ,  sur  un  même  corps, 


K- 
serait,  d'après  (10),  proportionnel  au  produit 

(RC^yf  a^ï  ^^V'"  =  y"'"-^  R»'"' G"''"  «'-="; 

il  serait,  d'ailleurs,  indépendant  de  la  nature  du  corps  et  de  l'état  physique 
de  sa  surface,  conformément  à  ce  qu'a  montré  l'expérience. 

»  IV.  Il  semble  qu'on  peut  encore,  simplement,  dégager  des  équations 
précédentes  un  résultat  intéressant,  du  moins  quand  le  corps  est  plus 
étendu  suivant  le  sens  vertical  que  dans  les  sens  horizontaux,  ou  même 
quand  c'est  un  plateau  large,  mais  beaucoup  moins  épais  que  haut,  sus- 
pendu verticalement,  de  manière  à  avoir,  par  exemple,  ses   deux  faces 


(   i387  ) 

perpenciiculaires  à  l'axe  des  x.  Alors  les  courants  peuvent  être  principale- 
ment verticaux  et,  emportant  la  chaleur  dans  le  sens  des  z  positifs,  ne 
laisser  l'échauflement  du  fluide  se  produire  d'une  manière  sensible  qu'à 
des  dislances  horizontales  du  corps  bien  moindres  que  sa  hauteur, 

M  Cela  étant,  s'il  s'agit,  par  exemple,  du  plateau  normal  aux  x,  tirons 
des  deux  équations  (i)  qui  contiennent  «'  et  w  ,  la  condition  d'intégrabililé 
deP, 

»  Multiplions-la  par  dx  et  intégrons,  du  côté  du  plateau  où  x  est,  par 
exemple,  positif,  depuis  x  =  -y^,  où  6,  (v  ,  ii!  s'annulent,  jusqu'à  une  valeur 
de  X  quelconque.  Il  viendra,  en  transposant  —  w' , 


,-f)  =  (V  —  /       ,    ax. 


r^-^^-f    dz 


»  Or,  ici,  le  dernier  terme  est  bien  moindre  qu'il  ne  serait  si  l'on  y 
remplaçait  la  dérivée  en  :;  de  u'  par  sa  dérivée  en  x,  supposée  notablement 
plus  forte;  ce  qui  donnerait  à  ce  terme,  comme  valeur,  —  u' ,  c'est-à-dire 
une  fraction  encore  minime  du  terme  précédent  w' .  Ainsi  l'on  a,  sauf 
erreur  négligeable, 

(il)  M^'^ye. 

»  Autrement  dit,  l' accélération  ascendante  du  fluide  est  partout  proportion- 
nelle à  son  échauffement  actuel  9.  Donc  les  courants  de  convection  accrois- 
sent sans  cesse  leur  vitesse  verticale,  à  mesuçe  qu'ils  s'élèvent  non  seule- 
ment à  côté  du  corps,  mais  même  au-dessus  de  lui,  ou  après  l'avoir  dépassé, 
jusqu'à  ce  qu'ils  se  soient,  tout  en  montant,  assez  étendus  latéralement 
pour  avoir  acquis  des  dimensions  horizontales  comparables  à  la  hauteur 
totale  parcourue  et  avoir  mis  ainsi  en  défaut,  avec  notre  raisonnemeni,  la 
formule  même  (i  i). 

»  On  voit  que  ces  courants  naissent  à  de  petites  distances  au-dessous  du 
corps,  là  où  commence  à  se  faire  sentir  sa  chaleur,  qu'ils  s'accélèrent  et, 
par  suite,  s'effdent  ou  s'aplatissent  de  plus  en  plus,  contre  le  corps,  en 
s'adjoignant  sur  leur  côté  extérieur  le  fluide  latéral  qu'ds  échauffent  en 
chemin  ;  après  quoi  ils  s'étendent  très  loin  au-dessus  du  corps,  en  s'y  conti- 
nuant, à  raison  de  leur  vitesse  acquise,  même  après  s'être  presque  entière- 
ment refroidis.   » 


(  i388  ) 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —   Sur  la    série    de  Bernoulli. 
Note  de  M.  G.  HJittag-Leffler. 

«  Jean  Bernoulli  a  donné  déjà  en  l'année  1694,  vingt  et  un  ans  avant 
que  Brook  Taylor  publiât  la  série  qui  porte  son  nom,  la  formule  suivante  : 

/(„)  _/(o)  =/'(«).«-/"(«)  :^  +/'"(«)  7:^3  -■•  •• 

»  Le  fameux  théorème  de  Cauchy  (Cours  d'Analyse,  p.  286)  nous  donne 
le  moven  de  fixer  le  domaine  de  convergence  de  la  série  de  Taylor.  Il  est 
donc  naturel  de  se  demander  :  Existe-t-il  un  domaine  de  convergence  de 
la  série  de  Bernoulli,  c'est-à-dire  un  domaine  E  tel  que  la  série  soit  tou- 
jours uniformément  convergente  pour  chafjue  domaine  situé  à  l'intérieur 
de  E,  mais  divergente  pour  chaque  point  à  l'extérieur  de  E  ?  Quel  est  dans 
ce  cas  le  domaine  E  ? 

»  Cette  question,  tout  en  restant  très  élémentaire,  a  un  certain  intérêt 
par  son  rapport  avec  les  recherches  nouvelles  qui  ont  été  entreprises  par 
moi-même  et  d'autres  sur  la  représentation  analytique  d'une  branche  uni- 
forme d'une  fonction  monogène. 

»  Écrivons  la  série  de  Bernoulli  sous  une  forme  qui  fait  mieux  ressortir 
son  rapport  avec  la  série  de  Taylor. 

«  Mettons  d'abord  /"(«)  =  F(^  -4-  u)  et  changeons  après  :;  -f-  m  en  x\  Nous 
obtiendrons  alors 

F(.)  -  F(œ)  =  F'(^)(=  -  ^0  +  F"(^0  ^^—  +r"'(^)^^  +•  •  •. 

série  qui  est  celle  de  Taylor,  x  étant  regardé  comme  constante  et  z  va- 
riable, et  qui  devient  la  série  de  Bernoulli  quand,  au  contraire,  z  est  re- 
gardé comme  constante  et  a;  variable. 

))  La  méthode  suivie  par  Bernoulli  pour  obtenir  cette  série  reste  encore, 
en  y  apportant  la  rigueur  moderne,  la  plus  directe  et  la  plus  élégante.  Il 
écrit  l'identité 

F'(^)  -  v'(.v)  +:f"(^)(^  -  =)  -  F"(^-)  0^- -  =)  -  f""(^)  ^-^7^ 

et  il  obtient  sa  série  en  intégrant  par  rapport  à  jc. 


(   i389  ) 
»  Je  suppose  maintenant  que  les  constantes  Fl^s),  F'{z),   F"(s),   ... 
soient  assujetties  à   la  condition   de  Cauchy,   c'est-à-dire   que  la  limite 

supérieure  des  valeurs  limites  de  \\/~ — ;F<'''(:;)    soit  finie   (voir  ma 

Note  Acta  math.,    t.   XXIII,    p.    23).   Je  construis   l'étoile  principale  A 
de  centre  z  appartenant  à   ces  constantes  (voir  ma   Note  Acta  math., 
t.  XXIII,  p.  l\S,  ainsi  que  Acta  math.,  t.  XXIV,  p.  200). 
»  Ecrivons  la  série  de  BernouUi  sous  la  forme  que  voici  : 

Y[z  +  x-  z-{x-z)\=  V{z  +  .1:  -z)^  V'{z  +.r  -  z) 

^V\z-^.v-z)^-^-'^ 


(^■-;) 


1 . 2 


F-(c  +  a^-.)^- ;"-  =  >! 


1.2.3 


»  En  s'appuyant  sur  les  considérations  que  j'ai  employées  (^Acla  math., 
t.  XXIV,  p.  1 91-192),  on  voit  sans  peine  que  cette  série  possède  une 
étoile  de  convergence  qui  est  la  même  que  celle  de  la  série 


F[-  -^  ■x{x  -  =)J  =  F(=  +  a-  -  ;)  -+-  F'(-  +x-  z)  — — ' 

+  F"(:;-4-a--s)^:^^-^=^ 


V"\z+x-z) 


-\  (■^■ 


1.23 


et  qui  s'obtient  de  la  manière  suivante.  Fixons  un  vecteur  L  issu  du 
point  :;.  En  désignant  par  r  une  quantité  positive  suffisamment  petite  et 
en  limitant  le  vecteur  à  la  longueur  r,  il  arrivera  que  le  cercle  de  rayon  r 
décrit  de  l'extrémité  de  ce  vecteur  limité,  comme  centre,  fera  partie 
de  A.  Désignons  par  p  la  limite  supérieure  de  r.  Faisons  faire  au  vecteur  L 
un  tour  entier  autour  du  point  [z,  en  lui  donnant  en  chaque  position  la 
longueur  du  p  correspondant.  L'étoile  E,  qu'on  obtient  de  cette  manière, 
est  l'étoile  de  convergence  de  la  série  de  Bernoulli. 

»   On  voit  que  l'étoile  de  convergence  E  de  la  série  de  Bernoulli 

F(a.)=  F(.)  +  F'(*-)('^-  -  ^)  -  t^'X^O  ^"^—f^  +  l-""(^)  ^^^ri^  +•  •  • 
iliffère  essentiellement  du  cercle  de  convergence  C  de  la  série  de  Taylor 

F(a;)  =  F(:^)  +  F'(=)(x--=)  +  F"(  =  )^^^  +  F"'(^)^-^^f^+.... 


(  «390  ) 

>)  Mettons,  pour  avoir  un  exemple, 

F(j7)  =  log  (1 +a;);  :;  =  o. 

M   Le  développement  de  Taylor  nous  donne 

M  Le  cercle  de  convergence  ayant  le  point  j;  =  o  pour  centre  passe  par 
le  point  singulier  a:  =  —  i .  Le  développement  de  BernouUi  nous  donne 


f'   ■  ■'  ^mk   '1.  -t-  I    \  I  -1-  œ ) 


pL=  n 


»  L'étoile  de  convergence  E,  tout  en  ayant  a;  =  o  pour  centre,  consiste 
dans  la  partie  du  plan  des  x  qui  est  située  à  droite  d'une  perpendiculaire 
à  l'axe  réel  passant  par  le  point  a;  =  —  ^. 

»   Nous  avons  vu  que  la  série 

Y\z.  +  i{x  —  z)\  =  Y{z  ^x-z)^Y'{z^x-  z){x  -  z) 

+  F"(::  +  X -  z)  L^l-^-^-  -4-  \'"'(z  -+-X-  z)  ^-^ '/  + . . . 
^  1.2  ^  '^1.2.0 

possède  la  même  étoile  de  convergence  E  que  la  série  de  Bernoulli. 
»  En  mettant  ^(x  —  z)  au  lieu  de  a;  —  :^.  on  obtient 

M  Si  l'on  suppose  toujours  z  constante  et  x  variable,  l'étoile  de  conver- 
gence C  de  cette  nouvelle  série  se  déduit  évidemment  de  l'étoile  de  con- 
vergence E  de  la  série  de  Bernoulli,  en  donnant  au  vecteur  L,  dans  chaque 
j)Osition  différente,  la  longueur  2p  au  lieu  de  p. 

M  11  mérite  d'être  remarqué  que  cette  étoile  C,  comme  M.  Phragméii 
vient  de  le  démontrer,  est  en  même  temps  l'étoile  de  convergence  de  l'ex- 
pression deLaplace 

^      ^  /       ^  i  .  2  .  .  .  V        I  .  3  ...  V 

*-  0 

qui  a  fait  dans  les  dernières  années  le  sujet  des  recherches  si  variées, 
d'abord  de  M.  Poincaré  et  puis  de  M.  Borel. 


(  i39i  ) 

»  On  peut  écrire  la  série  de  Bernoiilli-Taylor  sous  forme  d'une  expres- 
sion limite 

F(.)  -  F(ar)  =  lim  2F'^'(^)T:iT^- 

v  =  l 

»  Nous  avons  vu  qu'en  choisissant  l'une  des  deux  quantités  x,  z  pour 
constante  et  l'autre  pour  variable  on  obtient  toujours  une  étoile  de  conver- 
gence, mais  que  celte  étoile  est  fort  différente  dans  les  deux  cas. 

»  Cette  même  circonstance  a  lieu  pour  les  autres  expressions  limites 
embrassant  la  série  de  Bernoulli-Taylor  comme  cas  spécial,  que  j'ai  données 
dans  des  travaux  antérieurs.  Mais  j'ai  formé  aussi  d'autres  expressions 
limites 

F{z.)  -  F{.x)  =  \ims^{z,  x), 

d'une  nature  plus  générale  et  valables  dans  une  étoileque  j'ai  désignée  par 
la  lettre  A  (').  Si  dans  ces  expressions  on  regarde  la  quantité  x  comme 
constante,  l'expression  est  valable  dans  l'étoile  A  de  centre  x.  Si,  au  con- 
traire, on  regarde  5  comme  constante,  l'expression  est  valable  dans  l'étoile  A 
de  centre  z.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  eulêriennes  incomplètes  de 
deuxième  espèce  et  les  intégrales  indéfinies  des  fonctions  précédentes.  Note 
de  M.  E.  Vallier. 

«  Les  intégrales  eulêriennes  incomplètes  île  deuxième  espèce  ont  été  à 
peine  étudiées  par  Legendre,  par  Hocevar  et  par  Prym. 

»  Ces  fonctions  semblent  appelées  à  jouer  un  rôle  dans  les  études  de 
balistique  intérieure  et,  pour  cette  raison,  on  va  en  résumer  ci-dessous  les 
propriétés  déjà  connues  ou  celles  que  l'on  a  pu  reconnaître.  Le  même 
travail,  et  pour  le  même  motif,  est  fait  pour  les  intégrales  indéfinies  de  ces 
fonctions  elles-mêmes. 

»  On  appelle  intégrale  eulérienne  incomplète  de  deuxième  espèce  la 
fonction 


y(«,.r)=|"^«-'e- 


(')  J'ai  donné,  dans  chacune  de  mes  trois  premières  Notes  dans  les  AcCa  math.,  une 
expression  limite  différente. 


(  (392  ) 
qui,  pour  ic  infini,  se  confond  avec  l'intégrale  complète 

T(n)=  f   x"-' e-"- dx. 

»   Op  désignera  par  la  notation  u(n,  j:)  et  l'on  étudiera  parallèlement  la 
fonction 

u(n,x)=        y(n,x)dx. 

»    On  distinguera  trois  cas  dans  cette  étude  :  celui  oii  n  est  entier;  celui 

où   n  est  égal  à  un  entier  augmenté  de ->  c'est-à-dire  de  la  forme —^ 

k  étant  entier,  et  enfin  celui  où  n  est  quelconque. 

1)   I.   Cas  de  n  entier.  —  L'intégration  par  parties  donne  immédiatement 

y(  /?  -H  I ,  a?)  =  «  v(«,  x)  —  x"e~'', 

d'où,  par  substitutions  successives 

^  -^     I        —n\  —  \.x-"  +  /ix"'-\-/i(n—j)v"~--h...-+-nin—i)...2x-i-nl]e'. 
»   En  intégrant  à  son  tour  celte  expression  de  o  à  x,  on  écrira 
(  u(n  +  i,x) 

(  2  ) 

(        =n\x—[y{ii-\'i,x)-hny(n,x)-\-n(n—\)';{n'-},x)-h...]e'\ 

et,  remplaçant  dans  cette  relation  les  y  par  leurs  valeurs,  on  trouvera  sans 
difficulté 

i  ii(n-\-t,x)  —  nl(x—n—  ])-\-\x"-h -^nx"''  -i-'in{n —  i)x"~- 

»  Les  relations  (2)  ou  (2  bis)  seront  utilisées  pour  le  calcul  de 
//(n  +  I ,  x),  selon  que  l'on  aura  ou  non  calculé  les  y  au  préalable. 

»  IL  Cas  où  n  est  quelconque.  —  Dans  ce  cas,  les  développements  qui 
précèdent  ne  sont  plus  finis  et  les  séries  qu'ils  forment  ne  sont  plus 
convergentes;  il  faut  donc  recourir  à  une  autre  méthode. 

»    Reprenant  à  cet  effet  la  formule  d'intégration  par  parties,  on  écrira 

'.-(n,  x)  =  -  [y(n  -+-  \,x')  -+  x"e  -^j, 

et,  par   substitutions  successives  à  n  des  valeurs  «  +  1,  n  -h  -i,  etc.,  on 
obtiendra 


(   i393  ) 
ou  encore 

( j  )    y( 'i  +  I  »  *■  )  =  r(  «  +  I  )   ^ 1 = — I — -, 

»   De  même  que   précédemment,  on  en  déduira  u{n  ^i,x)  sous   la 
forme 

ou,  en  remplaçant  les  y  par  leurs  valeurs 


et  l'on  vérifie  aisément  que  ces  développements  sont  convergents. 

')  On  peut  encore  obtenir  une  autre  expression  en  procédant  comme  il 
suit  : 

M  En  reprenant  la  série  d'intégrations  par  parties  suivant  les  valeurs 
décroissantes  de  n,  on  voit  que  l'on  a 

y(«  -+■  \,x)  =  —  œ"e''  -*-  ny(n,  x) 
ou 

Y(n  -+-  i,x)  =  —  (x"  -\-  n.x"~')e-''-h  n(n  —  i)y(/<  —  i,  a;) 

ou  plus  généralement 

y(«  -i-  i,x)  =  —  [x"  4-  nx"-'  -+-  n(n  —  i  )x"--  -h  . . . 

-hn(n  —  i)...(n  —  k -\-  [)ic"-*]e-'^ 
-+-  n  («  —  I  ). . .(«  —  k)  y («  —  k,  X  ). 

»  Soil  maintenant  k  le  plus  grand  entier  compris  dans  n,  de  telle  sorte 
que  l'on  ait  n  —  k—-  i^=  -■,  le  dernier  terme  de  la  valeur  de  y(/i  -\-  \,  x) 
devient 

n{n  —  i). .  .(rt  —  X-)  /    x'-^er'' dx, 
ou,  en  posant  x  ^ y^ 

n(n  —  (). .  .(n  —  k)  f  le-^'dy 
d'oii  enfin 

I  y(rt  +  I,  0?)  =  —  [.r"+ «a;"-' +  ...  +  «(«  —  i)...(n  —  k+  iVr"-*]?-'' 

C.  R.,  1901,   1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  23.)  180 


((i) 


(  i394  ) 
»  Quant  à  l'expression  de  ii(n  -h  i ,  x),  on  l'obtiendra  de  la  manière 
uialogue,  en  écrivant 

u(n  -+-  i,a:)  =  —  e~^[y(n  -h  i,x)  -+-  ny(/i,jr)  -h  .  .  . 

■+-  ri(n  —  i)..  .(n  —  k  ■+-  i)y(«  —  A-  +  i ,  x)] 

-h  n(it  —  \). .  \n  —  k)  I     dx  f     le~'^' (Lr . 

»  Pour  évaluer  le  dernier  terme,  reprenant  la  notation  x  =.r'^,  on  aura 
sous  les  signes   / 

r  Ky'-'dy  f  Ic-y^dy 
ou,  en  intégrant  par  parties, 

y'^  f  \e-y' dy  -    f  \y'>' e-y'' dy  =  (y' —  \)  f  Xi--''  dy  +  ye-^'- 

et,  remplaçant  dans  l'équation  (6)  chacun  des  termes  y  par  sa  valeur  dé- 
duite de  l'équation  (  >), 

j  u{n  +  i,x^  —  e~^\x"  ^  2nx"~'  -4-  3n(n  —  i)x"''- 
\  -+-  \n(n  —  i)(n  ~  2)x"~''  -f-  . . . 

(^bis)     <  ^(^k-hi)n(n  — i)...(n—^--hi)x"-''] 


n( 


n-i)(n-  k)  Th/ -  {-k-  i)  jT'  e-y'  dy  +ye-A . 


«    Sous  cette  nouvelle  forme,  on  voit  que  les  deux  fonctions  peuvent  se 
calculer  à  l'aide  d'un  nombre  limité  de  termes,  si  l'on  dispose  de  Tables  de 

la  transcendante   /    c^'ày. 

»  Ce  cas  se  présente  pour  la  valeur!  =  2,  c'esl-à-dire  lorsque  n  est  de 
la  forme  k  -+-  i. 

»   III.   Cas  où  n  est  de  la  forme  k  ■+-  v.  —  Lorsque  n  est  de  la  forme  k  -+-  ^, 

l'intégrale   /     e~''dy  n'est  autre  que  la  fonction  employée  dans  le  calcul 

des  probabilités,  et  l'on  a  dressé  les  Tables  de 

»   En  introduisant  cette  notation  dans  les  formules  de  y(n  +  i,  a)  et  de 


(   iSgS  ) 
u(n  -h  i,  a)  données  plus  haut,  on  écrira 

l  y(n  -h  1 ,  X  )  ~  n(n  —  i)  (n  —  ■2) .  .  .(n  —  k)  s,lv:His/x-) 
( 7 )  -  e-' [x"  +  nx"-'  +  ,j (,?,_, )  x"--  +  .  .  . 

(  -hn{n— i)  .  .  .  (n  —  k -h  i)x"-''\, 

ou  encore,  pour  n'avoir  que  des  puissances  entières  de  x  entre  crochets, 

j  y(«  -i-i,x)  =  r(N  -+-  i)n(v'I-) 

(7*")     j  -x^e-^[x'-i-nx'-'-r-n{n-i)x''---h.  .. 

[  -h  n(n  —  i){n —k-hï)], 

et  de  même 

1    u(n  ■+-  I,  x)  —  (x  —  n  ~  i)T{n  +  i)n{\Jx) 

i  -^  kn{n  —  i)  ..  .{n  —  k -\-i)x 

\  +  2{n^  i)n{n  —  \)  .  .  .{n  ^k)\. 

»  On  remarquera  que  dans  cette  valeur  de  u{n  +1,  x)  le  dernier 
terme  de  la  parenthèse,  lequel  est  indépendant  de  x,  ne  comporte  pas  la 
môme  formation  que  les  précédents.  Cela  lient  à  ce  qu'il  provient  de  l'ad- 
jonction, au  terme  de  formation  normale,  d'un  terme  provenant  de  l'inté- 
gration de  la  transcendante  n,  comme  il  est  exposé  en  détail  plus  haut. 
On  peut  encore  écrire  la  série  de  termes  entre  crochets  sous  la  forme 


\x- 


Js 


3n{n  —  I ) a"*~-  + .  .  . 


+  (^--t-  i)n(n  —  i)  .  .  .{n  —  k)x''-''  -h  (k  -h  i)n(n  —  i).  .  .«  —  k)], 
où  le  terme  complémentaire  est  mis  en  évidence.    » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  (]am- 
luission  chargée  de  décerner  le  prix  Leconte. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

MM.    Fouqué,   Bouquet  de   la   Grye,   Darboux,   Berthelot,   Bouchard, 
Janssen,  Poincaré,  Grandidier,  Laussedat,  Roux,  Moissan. 


(  '396  ) 


CORRESPOND  AN(JE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  le  compte  rendu  de  la  première 
Assemblée  générale  de  l'Association  internationale  des  Académies,  «  pre- 
mière Assemblée  générale  tenue  à  Paris  du  i6  au  20  avril  1901,  sous  la 
direction  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de  France  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i**  Un  Ouvrage  intitulé  :  «  Annals  of  the  astrophysical  Observatory  of 
the  Smithsonian  Institution  ;  I*"^  Volume  par  M.  Langley.  F'=  Partie  :  The 
Absorption  lines  in  the  infra-red  spectrum  of  the  Sun;  IP  Partie  :  Snbsi- 
diary  researches  ». 

2°  J.e  cinquième  fascicule  de  l'Atlas  photographique  de  la  Lune,  pubhé 
par  l'Observatoire  de  Paris,  exécuté  par  MM.  M.  Lœwyel  P.  Puiseux. 

3°  Un  Ouvrage  de  M.  ^4.  Aupetit  intitulé  :  «  Essai  sur  la  théorie  géné- 
rale de  la  Monnaie.  »  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

La  Société  des  Amis   des  Sciences  physiques    et   mathématiques    de 

Poltava  invite  l'Académie  à  s'associer  à  la  célébration  du  centenaire  de  la 
naissance  de  Michel  Os Irogradsky,  qui  aura  lieu  à  Poltava  le  12/25  sep- 
tembre 1901. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  SiiT  le  domaine  de  convergence  de  l'intégrale 
infinie  1  F  (ax)e-"  da.  Note  de  M.  E.  Phragmën,  présentée  par 
M.  Appell. 

«  Parmi  les  expressions  analytiques  propres  à  représenter  des  fonctions 
monogènes,  l'intégrale  de  Laplace 

(i)  f  Y{ax)e-''da 

i/o 

est  une  des  plus  intéressantes. 


(   i397  ) 

»  C'est  surtout  à  M.  Borel  qu'on  doit  une  étude  approfondie  de  la  con- 
vergence de  cette  formule  de  représentation.  Mais  M.  Borel  ne  s'est  occupé 
que  de  la  convergence  absolue,  et  la  question  du  domaine  de  convergence 
simple  n'a  pas  été  disculée,  à  ce  qu'il  semble  (  '  ).  Celte  question  est  cepen- 
dant d'une  grande  simplicité,  et  peut  être  traitée  en  deux  mots. 

»  On  démontre  facilement,  en  effet,  que  le  domaine  de  convergence  de 
cette  intégrale  (i  )  possède  toujours  l'une  des  deux  propriétés  qui,  d'après 
la  définition  de  M.  Miltag-Leffler,  caractérisent  une  étoile.  Cette  propriété 
peut  s'exprimer  par  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème  I.  —  Si  .t,,  est  l'affixe  d'un  point  de  convergence  pour  l'inté- 
grale (  I  ),  tout  point  dont  l'affixe  peut  s'écrire 

oc  =  fix„, 
avec  la  condition 

o<9=r, 

en  aussi  un  point  de  convergence. 

»   Voici  la  démonstration  de  ce  théorème  fondamental. 

»   D'après  l'hypothèse,  l'intégrale  (i)  converge  pour  x  =z  x^.  Posons 

F(a.r„)  =  (?(«)  -f- jJ;(a), 
(p(«)  et  ']'(«)  étant  réels.  Les  deux  intégrales 

f  ^(a)e'"da,  f    ^(a)<r"da 

convergent,  et  il  s'agit  de  démontrer  que  les  intégrales 

f   ff(Oa)e-"da,  f  ']^((ia)e~'' da 

convergent    de    même   pour  o-<9;;i.  Considérons  par  exemple   la  pre- 


(')   Il  faut  toutefois  rappeler  les  recherches  relatives  à  la  formule  célèbre  de  Rie- 
manu 


logÇ(5) 


-/■- 


r)  .r"*"'  dx 


et  aux.  formules  analogues,  ainsi  que  celles  qui  ont  rapport  aux  séries  de  Diriclilel- 
Dedekind  I,\a\k}\ 


(  '398  ) 
mièi  e.  On  a 


=  -/      e     ^'^    >o(a)e~"da=  — r /      ''j(a)cr"da. 


a  désignant  une  certaine  valeur  entre  a,  et  a,.  C'est  une  application  du 
second  théorème  de  la  moyenne  pour  les  intégrales  définies. 

»   Il  s'ensuit  immédiatement  que  l'intégrale    /    {p(8«>~"rfa  converge 

pour  o<^95i,  et  même  qu'elle  converge  uniformément,  pour  h^(i<i, 
S  étant  positif. 

»  Dans  le  même  ordre  d'idées,  on  démontre  facilement  plusieurs  autres 
théorèmes;  mais  l'espace  restreint  ne  me  permet  que  d'énoncer  quelques- 
uns  des  plus  simples. 

))  Théorème  II.  —  La  /onction  que  représente,  d'après  le  théorème  I,  l'in- 
tégrale (i)  sur  le  rayon  OV  formé  des  points  a;  =  6a;o(o  <<  9  <  i  ),  est  égale  à 
une  fonction  monogène,  régulière  à  l'intérieur  d'un  cercle  décrit  sur  OP  comme 
diamètre. 

»  Théorème  III.  —  Dans  le  cas  où  la  série 


possède  un  rayon  de  convergence  différent  de  zéro,  le  domaine  de  convergence 
de  l'intégrale  (  i  ),  où  l'on  a  fait 

T^/         \  '^•"^  iax)- 

Y(ax)=^c^-^c^Y  -^-'^s— 1^  -f-..., 

est  une  étoile  et  coïncide  avec  le  domaine  de  la  convergence  absolue  (^polygone 
de  sommabilité)  déterminé  par  M.  Borel,  abstraction  faite,  bien  entendu,  des 
points  situés  à  la  limite. 

n   Théorème  IV.  —   Puisqu'on  a  identiquement,  dans  le  cas  indiqué  au 
théorème  llf. 


d 
da 


^"'2^]I  ^^^  +  c,  ^  +  c.x--  ^-. . .  +  cx.,  a?'-'  ) 


'(c. 


iaa-Y 


(  i399  ) 
V  expression 

(  2  )  lim  (-■""  yi >■  7^  <  c„  +  c,  a;  +  c„ -t-'-  4- . . .  +  '•>,_,  i 


e^f  absolument  identique  à  l'intégrale  (  i  )  où  l'on  a  fait 

F(aa;)  =  e„  +  f,  "î^  +  r:,  i^  + . .  . 

et  le  domaine  de  convergence  de  cette  expression  (2)  est  par  conséquent  aussi 
déterminé  par  le  théorème  111.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  un  invariant  remarquable  de  certaines  transformations 
réalisées  par  des  appareils  enregistreurs.  Noie  de  M.  Rabut,  présentée 
par  M.  Haton  de  la  Goupillière. 

«  Dans  le  problème  de  l'enregistrement  d'un  mouvement  oscillatoire, 
la  principale  difficulté  réside  souvent  dans  les  réactions  de  la  transmission 
qui  se  traduisent,  suivant  le  cas,  par  un  amortissement  ou,  au  contraire, 
par  une  exagération  des  écarts  du  mobile.  En  principe,  on  obtient  toujours, 
au  lieu  du  diagramme  strictement  exact,  une  figure  qui  en  dérive  (ou 
dont  il  dérive)  suivant  une  certaine  loi  de  transformation.  Souvent  l'ex- 
pression analytique  de  cette  transformation  n'est  pas  difficile  à  établir, 
mais  il  ne  s'ensuit  pas  qu'on  puisse  facilement  corriger  le  diagramme 
recueilli,  de  manière  à  en  tirer  le  diagramme  exact.  Nous  avons  montré 
[^Renseignements  pratiques  pour  l'étude  expérimentale  des  ponts  métalliques 
{Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  septembre  1897)]  l'impossibilité  de  cette 
correction  dans  le  cas  de  l'enregislremeut  des  flècbes  de  ponts,  et  plus 
généralement  des  déplacements  linéaires,  au  moyen  d'une  transmission 
funiculaire  à  poids  tenseur. 

))  Il  peut  arriver,  néanmoins,  qu'eu  égard  à  la  loi  de  transformation, 
certaines  quantités  très  utiles  à  connaître,  en  relation  avec  celle  qu'on 
étudie,  puissent  se  déduire,  avec  une  exactitude  rigoureuse,  du  diagramme 
recueilli,  dont  toutes  les  ordonnées  sont  cependant  inexactes.  Il  suffît  pour 
cela  que  ces  quantités  soient  des  invariants  de  la  transformation  considérée. 
Nous  allons  en  donner  deux  exemples,  particulièrement  intéressants 
en  ce  que  l'invariant  dont  il  s'agit  n'est  autre  chose  que  la  valeur  moyenne 
de  la  quantité  étudiée,  moyenne  prise  entre  deux  instants  faciles  à  définir. 


(   i4oo  ) 

Dans  l'un  des  exemples,  la  transmission  du  mouvement  comporte  d'ail- 
leurs un  amortissement,  dans  l'autre  elle  provoque  une  exagération 
d'écarts. 

»  Le  premier  cas  que  nous  envisagerons  est  relatif  à  l'enregistrement  du 
niveau  d'un  liquide,  lorsque  la  chambre  d'observation  communique  avec 
le  bassin  étudié  par  un  diaphragme  poreux.  C'est  ce  qui  a  lieu  dans  l'in- 
strument auquel  M.  Lallemand,  son  inventeur,  a  donné  le  nom  de  mèdima- 
rémèlre.  Ainsi  que  l'a  remarqué  cet  Ingénieur,  si  Z  et  s  sont  les  alti- 
tudes respectives  de  l'eau  dans  le  bassin  et  dans  la  chambre  à  Tinstant  t, 
on  a,  en  vertu  de  la  loi  de  Darcy,  tn  étant  une  constante  propre  à  l'in- 
strument : 

»  De  cette  équation  linéaire  du  i*'"  ordre  en  z,  M.  Lallemand  a  cherché, 
par  intégration,  à  déduire  z  quand  Z  est  supposé  connu  en  fonction  du 
temps.  Proposons-nous  le  problème  inverse,  qui  est  celui  qu'on  a  réel- 
lement à  résoudre  dans  les  applications  de  l'enregistrement  mécanique, 
savoir  :  de  reconstituer  la  fonction  à  étudier  Z,  lorsque  la  fonction  z  est 
fournie  graphiquement  par  le  diagramme  d'un  appareil  enregistreur. 
Mettant  la  relation  ci-dessus  sous  la  forme 

„  I    dz 

Z  ==s  H -=-, 

m  cit 

nous  voyons  déjà  que  le  diagramme  cherché  se  déduit  du  diagramme 
recueilli  par  une  transformation  particulière  consistant  à  augmenter  chaque 
ordonnée  d'une  longueur  proportionnelle  au  coefficient  angulaire. 
»  De  plus,  si  l'on  intègre  entre  deux  instants  ?„,  t^,  on  trouve 


f'zdl=  f'zd(^-{z,  -z,). 


ce  qui  permet  de  déduire  rigoureusement  la  valeur  moyenne  de  Z,  entre 
ces  deux  instants,  de  celle  de  z,  supposée  connue,  sans  faire  une  seconde 
quadrature.  Enfin,  on  voit  que  si  la  moyenne  est  prise  entre  deux  instants 
où  le  niveau  se  trouve  le  même  dans  la  chambre,  cette  moyenne  sera  la 
même  pour  Z  et  z  et  constitue  un  invariant  de  la  transformation,  qui  est 
même  indépendant  du  coefficient  d'amortissement  m. 

»  Le  second  exemple  annoncé  se  rapporte  au  cas,  signalé  ci-dessus,  de 
l'enregistrement  d'une  flèche  de  pont  avec  une  transmission  funiculaire  à 


(  i4oi  ) 

poids   tenseur.    Nous   avons  établi,   pour  ce  cas  (Annales    des    Ponts  et 
Chaussées,  1897,  t.  Il)  la  relation 

d-  z 
analogue  à  la  précédente  et  que  nous  écrirons  semblablement  : 

Si  l'on  intègre  entre  deux  retours  du  coefficient  angulaire-^  à  la  même 

valeur,  on  trouve  qu'entre  ces  deux  instants,  cette  nouvelle  transformation 
possède  le  même  invariant  que  ci-dessus 

=   fzdt. 


f^'"=f 


»  En  particulier,  il  est  loisible  d'opérer  l'intégration  entre  deux  maxi- 
mums ou  deux  minimums  successifs  de  z. 

M  On  peut  donc,  ici  encore,  déduire  d'un  diagramme  infidèle  une  valeur 
moyenne  absolument  rigoureuse  de  la  fonction  étudiée. 

)i  Dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  exemples,  si  l'ai^pareil  enregistreur  est 
pourvu  d'un  dispositif  totalisateur  ou  intégraphe,  les  indications  totalisées 
sont  exactes  à  la  condition  d'être  relevées  entre  deux  points  où  le  dia- 
gramme possède,  dans  le  premier  cas,  des  ordonnées  égales,  et,  dans  le 
second,  des  tangentes  parallèles.    » 


PHYSIQUE.    -  Lois  de  Gay-Lussac et  dissociation  des  composés  gazeux. 
Note  de  M.  A.  Ponsot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  On  admet  généralement  que  les  lois  de  Gay-Lussac  relatives  aux  com- 
binaisons chimiques  effectuées  à  l'état  gazeux  sont  des  lois  limites,  vraies 
pour  des  pressions  très  faibles,  et  que,  dans  cette  condition  de  raréfaction 
extrême,  les  volumes  moléculaires  de  tous  les  gaz  sont  rigoureusement 
égaux.  Je  me  propose  de  démontrer,  par  un  exemple  se  rapportant  à  l'une 
d'elles,  que  ces  lois  sont  seulement  approchées,  quelle  que  soit  la  gran- 
deur de  la  pression,  et  cela  par  la  considération  du  phénomène  de  la  dis- 
sociation. 

»  Soit  un  composé  gazeux,  tel  que  HIo,  dont  on  considère  la  molécule 
G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  23.)  181 


(    l402    ") 

comme  formée  par  la  combinaison  d'un  atome  de  H  et  d'un  atome  de  I,,, 
et  dont  la  dissociation  a  été  bien  étudiée  par  M.  Lemoine.  m  étant  le 
nombre  de  molécules  de  HI„  dissociées,  dans  un  mélange  qui  en  compre-  , 
nait  primitivement  N,  M.  Lemoine  a  trouvé  que  m  croît  avec  T,  ou  quand  P 

diminue.  De  ce  dernier  résultat  et  de  la  relation  -, =  —  t — 5-  -ttt-  on  doit 

d\ 
conclure  que  -y—  (accroissement  de  volume  dans  la  dissociation  d'une  mo- 
lécule de  HI„  à  pression  et  à  température  constantes)  est  positif.  Mais  ce 
résultat  a  été  tenu  ensuite  pour  douteux.  àcMusede  la  faible  variation  de  m 
comparée  à  celle  de  P  et  de  la  difficulté  des  mesures.  Je  vais  montrer  qu'il 

est  cependant  une  conséquence  d'un  résultat  accepté  :  y^  positif. 

,    „•    1,  d\'  .  .  dm  .  ./.  . 

»    1"  Si  1  on  suppose  -7—  ^  o  en  même  temps  que  -™-  positir,  on  est 

conduit  à  une  conséquence  inacceptable.  En  effet,  dans  un  mélange  homo- 
gène où  des  réactions  chimiques  conduisent  à  un  équilibre  indépendant 

de  la   pression,   -t—  est  négatif  quand   la   réaction   chimique   spontanée 
accroît  m  ;  -j—  est  positif  dans  le  cas  contraire.  Quand  le  mélange  est  en 

équilibre  chimique,  si  T  croît,  m  doit  croître,  alors  -1—  devient  négatif; 

c/V 
si  T  décroît,  -j—  devient  positif  et  croît,  alors  que  V  tend  vers  zéro! 

„  fl!V  .        dm 

»   2"  -7—  =  o  entrame  -r^^  =^  o. 
dm  o  Ti. 

»  En  effet,  je  considère  une  modification  m  —  Am  de  l'équilibre,  au  lieu 
de  laisser  la  réaction  chimique  s'accomplir  irréversiblement,  P  et  T  con- 
stants :  I,  je  la  produis  réversiblement;  II,  je  détends  ou  je  comprime  jus- 
qu'à une  pression^;  III,  je  reproduis  la  modification /n  —  A/?z;IV,je  ramène 
à  la  pression  initiale.  La  somme  des  travaux  extérieurs  est  nulle;  de  même 
celle  des  variations  de  l'énergie  interne,  U. 

»  Deuxième  cycle.  —  A  P,  dans  le  mélange  en  équilibre  :  1°  je  produis 
réversiblement  la  modification  m  -+-  Am;  2°  je  détends  àp;  3°  je  ramène 
réversiblement  à  l'équilibre  ;  4°  je  ramène  à  la  pression  initiale.  Les  travaux 
de  ce  cycle  sont  égaux  et  de  signes  contraires  aux  précédents  en  I  et  1", 
III  et  3",  II  et  4",  et  par  suite  en  0.°  et  l\  ;  les  cycles  sont  superposables. 
Quant  à  la  variation  de  l'énergie  interne,  elle  est  égale  et  de  signes  con- 
traires en  II  et  4°.  et  par  suite  dans  chacune  des  trois  autres  parties  des 

deux  cycles,  d'où  -j—  change  de  signe  à  l'équilibre  et  -j^  =  o  (Note  du 


(  i4o:i  ) 

,    u  ,      dB  d     cM'         d-'iy  dm      ,,    ,    dm  dm 

32  octobre  1900  ),  ^  =  -  ^  ^t;;;  =  ^„^.  ^ ,  <1  ou  ^^  =  o,  et  ^  =  o. 

»  3"  On  peut  démontrer  aussi  que  si  ~t^  =  o,  —  =  o. 

'■ail,  dm 

»  Lorsque  l'équilibre  est  indépendant  de  la  pression,  il  l'est  aussi  de  la  tem- 
pérature et  réciproquement.  Lorsque  l'équilibre  est  déplacé  par  des  variations 
de  température,  il  l'est  aussi  par  des  variations  de  pression,  et  réciproquement. 

»   Dans  ce  dernier  cas,  qu'advient-il  lorsque  V  ou  T  tend  vers  l'infini? 

Par  exemple,  quand  V  tend  vers  l'infini,  peut-on  supposer  que  ^—  tende 

vers  zéro?  Ce  serait  admettre  qu'il  tend  à  s'établir  un  équilibre  indépen- 
dant de  V,  et  par  suite  de  T.  Cela  exigerait  l'existence  au  zéro  absolu  d'un 
équilibre  chimique,  non  seulement  pour  V  infini,  mais  encore  pour  V  quel- 
conque, quel  que  soit  l'état  de  la  matière  à  cette  température,  ce  qui, 
d'abord,  est  contraire  à  ce  fait  expérimental  que,  sous  un  volume  fini, 
m  tend  vers  zéro  quand  T  décroît.  De  plus,  cela  exigerait  que,  T  croissant 
indéfiniment,  P  étant  fini  et  constant,  la  dissociation  fût  incomplète, 
l'équilibre  tendant  à  devenir  indépendant  de  T,  et  par  suite  de  P,  et 
devant  être  par  suite  le  même  qu'au  zéro  absolu  :  c'est  inadmissible;  donc  : 
Vun  des  deux  systèmes  tend  à  remplacer  entièrement  l'autre  quand  V  tend  vers 
l'infini,  et  par  suite  aussi  quand  T  tend  vers  l'in^ni. 

»  C'est  le  même  système  qui  tend  à  exister  seul  quand  V  et  T  crois- 
sent indéfiniment,   ensemble  ou  séparément;   d'où  —   positif  entraîne 

^positif  et  ^negatd. 

»   La  dissociation  tend  à  être  entière  pour  V  ou  T  infini. 

»  Non  seulement  -^ est  positif  à  l'équilibre;  il  est  encore  positif  dans 

toutes  les  modifications  élémentaires  réelles  et  virtuelles  par  lesquelles 
passerait  un  composé  pour  être  dissocié  entièremenl  ;  d'où  : 

»  Le  volume  d'un  composé  gazeux  dissociable  est  plus  petit  que  le  volume 
du  mélange  de  ses  composants  séparés  par  la  dissociation . 

n  Acceptant  les  idées  reçues,  dans  une  Note  précédentej'ai  considéré  le 
cas  de  composés  formés  sans  condensation  :  c'était  inutile.  V„  étant  le 
volume  moléculaire  d'un  composé,  V,„  celui  du  mélange  des  produits  de  la 
dissociation  complète  d'une  molécule,  sous  une  pression  P  quelconque, 
V,„>V„. 

M  En  admettant  la  continuité  dans  la  propriété  élastique  des  gaz,    la  loi 


(  i4o4  ) 

de  Mariette  devient  une  loi  limite,  -\rr-^  tend  vers  zéro  quand  V  croît  indé- 

finiment  ;  PV„  tend  vers  ^RT  ;  PV„,  vers  i,„RT  ;  \,„  -  V„  =  (/,„  -  i,)  RT  :  P. 
Lorsque  F  tend  vers  zéio,  il  suffit  que  ?",„  —  ?„  tende  vers  une  valeur  finie 

pour  que  V„,  —  V„  soit  infini.  Le  calcul  montre  alors  que  -jp  négatif  croît 

en  valeur  absolue  et  tend  vers  une  valeur  finie  :  c'est  en  accord  avec  les 
résullals  expérimentaux  de  M.  Lemoine  sur  HI,,. 

»  En  prenant  ce  corps  comme  exemple,  on  a  encore 

limPV„,  =  Jlim/J^'-+  ^  lim/y(''>  limPV„; 

ç'  el  i>'  étant  les  volumes  moléculaires  de  lo  et  H  sous  les  pressions  d'équi- 
libre osmotique  p  et  p'  ;  on  conclut  que  la  loi  d' Açogadro  n'est  pas  une  loi 
limite. 

»  Remarque.  —  On  sait  que  la  densité  de  vapeur  de  !„  décroît  quand  on 
élève  la  température;  ce  fait,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  vient  appuyer  les 
conclusions  qui  précèdent.   » 


ÉLECTRICITÉ.    —    Vibrations  produites  dans  un  fil  à  {aide  d'une  machine 
à  influence.  Note  de  M.  D.  JVegreano,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  i.  Si  l'on  réunit  direclemeat  l'un  des  pôles  de  l'excitateur  d'une 
machine  Whimshurst  à  un  bout  d'un  fil  métallique  tendu,  isolé  et  contenu 
dans  un  tube,  l'autre  pôle  de  la  machine  étant  au  sol,  le  fil  métallique 
effectue  des  vibrations  transversales.  Si  l'on  reerarde  le  fil  vibrant  dans 
l'obscurité,  on  voit  des  parties  alternativement  lumineuses  et  obscures. 
Si  le  fil  est  attaché  au  pôle  positif  de  la  machine,  on  voit  des  lignes 
brillantes  équidistantes  plus  larges  vers  le  milieu  et  amincies  aux  bords. 
Dans  le  cas  où  le  fil  serait  attaché  au  pôle  négatif,  on  voit  des  points  lumi- 
neux équidislants  tout  le  long  du  fil. 

»  L'expérience  a  été  réalisée  avec  un  tube  en  verre  de  2™,5o  de  lon- 
gueur et  60  millimètres  de  diamètre,  le  diamètre  du  fil  métallique  étant 
a""",  5. 

»  Des  expériences  analogues,  mais  avec  des  dispositifs  différents,  ont  été 
réalisées  par  MM.  Bezold,  Tommasina  et  plus  récemment  par  Viol.  Sui- 
vant ce  dernier,  ce  phénomène  serait  dû  aux  vibrations  mécaniques  pro- 


(  i4o5  ) 

duites  dans  le  fil,  les  parties  lumineuses  correspondant  aux  nœuds  des 
vibrations. 

»  2.  Si  l'on  réunit,  dans  l'air,  deux  fils  métalliques  de  même  longueur 
tendus  parallèlement  aux  deux  pôles  de  la  machine,  les  deux  autres  bouts 
des  fils  étant  libres,  les  fils  entrent  en  vibration.  Dans  l'obscurité,  sur  le  fil 
attaché  au  pôle  négatif,  on  voit  une  série  des  points  lumineux  équidistants  ; 
sur  le  fil  positif,  une  série  des  lignes  lumineuses,  dont  les  milieux  corres- 
pondent aux  points  lumineux  du  premier  fil. 

»  L'expérience  est  très  brillante  si  les  deux  fils  sont  soudés  aux  extré- 
mités d'un  tube  en  verre  :  les  lignes  et  les  points  lumineux  apparaissent 
très  réguliers.  Si  les  deux  fils  sont  suffisamment  rapprochés,  l'expérience 
réussit  également  en  attachant  l'un  des  fils  à  l'un  des  pôles  de  la  machine, 
tandis  que  l'autre  fil  est  réuni  au  sol.  On  pourrait,  dans  ce  dernier  cas, 
considérer  les  deux  fils  comme  les  deux  armatures  d'un  condensateur.    » 


ÉLECTRICITÉ.   —   Sur  un  voltamètre  disjoncteur  des  courants .  Note 
de  M.  Ch.  Pollak,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Dans  la  suite  de  mes  recherches  sur  les  plaques  d'aluminium  (')  em- 
ployées comme  redresseurs  des  courants,  ou  comme  condensateurs,  j'ai 
réussi  à  former  des  plaques  d'aluminium  pour  200  volts.  J'emploie  à  cet 
effet  comme  électrolyte  une  solution  légèrement  acide  de  phosphate  de 
j)olasse,  dans  laquelle  je  fais  passer  un  courant  continu. 

»  Pureté  des  plaques  d'aluminium.  —  I.a  première  opération  consiste  à 
faiie  macérer  plus  ou  moins  longtemps  les  plaques  dans  une  dissolution 
faiblement  concentrée  de  soude  caustique,  afin  d'enlever  les  impuretés. 

»  Pendant  la  formation,  la  plaque  purifiée  devient  irisée  tandis  que  les 
impuretés,  si  elles  sont  de  peu  d'étendue,  se  trouvent  recouvertes  complè- 
tement par  des  espèces  de  croûtes  d'aspect  terne  formées  par  des  com- 
posés d'aluminium. 

»  Une  plaque  formée  pour  200  volts,  mis  dans  un  circuit,  même  d'une 
faible  tension,  dégage  un  peu  de  gaz  :  un  courant  faible,  mais  ininter- 
rompu, passe  dans  l'appareil.  Par  suite  de  l'action  purement  chimique  de 
l'éleclrolyte  sur  la  couche  diélectrique,  elle  se  réduit  lentement. 


(')  Voir  ma    Noie    Sur   un    nouveau    condensateur   électrolytique  de    grande 
capacité  et  sur  un  redresseur  électrolytique  de  courants,  du  2  juin  1897. 


(  i4o6  ) 

)>  Par  conséquenl,  un  certain  courant  est  nécessaire  pour  récompenser 
par  la  voie  électrolytique  ce  qui  est  décomposé  par  l'action  chimique  et 
pour  établir  ainsi  et  maintenir  l'équilibre  entre  ces  deux  actions. 

»  Perle  à  vide.  —  T/intensité  du  courant  nécessaire  au  maintien  de  cet 
équilibre  dépend  surtout  de  la  pureté  des  plaques;  la  partie  du  courant 
servant  à  cet  effet  constitue  ici  ]a perte  à  vide  de  l'appareil. 

»  Rendement  de  l'appareil.  —  Elle  est  l'élément  principal  de  la  valein- 
du  rendement  de  l'appareil,  qui  est  de  ']5  pour  loo  à  80  pour  100  pour  un 
ensemble  de  quatre  éléments  faits  avec  des  plaques  d'aluminium  purifiées 
à  un  débit  normal  et  une  fréquence  de  4o  cycles  par  seconde. 

))  Conservation  des  plaques  d'aluminium.  —  Les  plaques  d'aluminium 
laissées  dans  l'électrolyte  pendant  le  repos  de  l'appareil  perdent  peu  à  peu 
leur  couche  diélectrique  et  doivent  être  formées  avant  chaque  nouvel 
emploi.  Il  est  facile  de  parer  à  cet  inconvénient  en  faisant  écouler  l'élec- 
trolyte après  chaque  opération;  à  sec  les  plaques  d'aluminium  conservent 
sans  altération  leur  couche  diélectrique. 

»  Injluence  de  la  température.  —  H  y  a  un  autre  moment  d'importance 
capitale  qui  détermine,  règle  et  limite,  pour  ainsi  dire,  les  conditions  de 
l'emploi  de  cet  appareil  comme  redresseur,  c'est-à-dire  avec  des  plaques 
d'aluminium  et  de  plomb  ;  c'est  le  dégagement  de  la  chaleur  pendant  son 
fonctionnement.  En  effet,  quel  que  soit  l'électrolyte  employé,  la  tempé- 
rature monte  assez  rapidement,  des  points  lumineux  apparaissent  sur  les 
plaques,  le  rendement  baisse  et  les  plaques  laissent  passer  une  grande 
partie  du  courant,  enfin  elles  commencent  à  se  dissoudre. 

»  Ea  température  au-dessous  de  laquelle  les  appareils  fonctionnent 
d'une  façon  satisfaisante  est  de  40°  C. 

»  Il  s'ensuit  que,  pour  un  travail  prolongé,  les  appareils  doivent  être 
refroidis.  Cependant,  il  est  désirable  d'éviter  le  refroidissement  par  l'eau. 

»  Comment  obvier  à  l' inconvénient  du  réchauffement  du  liquide.  —  Dans 
l'appareil  qui  m'a  servi  à  mes  expériences  au  Laboratoire  des  Recherches 
physiques  de  M.  Lippmann  à  la  Sorbonne,  j'ai  paré  à  cet  inconvénient  eu 
ayant  eu  recours  à  la  construction  suivante  :  j'emploie  des  récipients  tels 
que  la  hauteur  de  la  colonne  de  l'électrolyte  soit  égale  à  plusieurs  fois  cellt' 
des  plaques  elles-mêmes.  L'augmentation  de  la  quantité  de  l'électrolyte  a 
pour  effet  de  retarder  l'apparition  du  moment  de  la  température  critique  : 
cette  quantité  de  liquide  dépendra  de  la  durée  pendant  laquelle  on  voudra 
que  l'appareil  fonctionne  sans  atteindre  la  température  critique. 

»  Lorsqu'on  augmente  les  dimensions  de  l'appareil,  le  refroidissement 


(   i4o7  ) 
par  rayonnement  vient  ajouter  son  action  à  celle  du  refroidissement  par  la 
masse  du  liquide. 

»  Résultats  obtenus  et  phénomènes  observés  dans  mon  appareil  à  la  Sor- 
bonne.  -  Pour  une  colonne  d'électrolyte  trois  fois  plus  haute  que  celle  des 
plaques,  et  pour  un  débit  normal,  c'est-à-dire  i  ampère  par  D  décim.  de 
la  surface  des  plaques  d'aluminium,  la  durée  de  travail  de  l'appareil,  comme 
redresseur,  est  de  4''.  avant  que  la  température  monte  à  4o°C. 


Température 

Densité 

en  degrés 

de 

leures. 

centigrades. 

l'électrolyte. 

Ampères. 

Volls. 

Il 
2 .  l5 

-¥-  i5,6 

i,o49 

4,5 

.43,5 

3   3o 

-H  20,5 

1,0475 

4 

145,3 

3.5o 

-H  22,6 

I ,0455 

5 

.49 

A.So 

+  27 

1,045 

5 

i5o,5 

5 

4-28,8 

1,044 

5,5 

i54 

5.i5 

+  29,7 

1 ,043 

5,2 

i52,5 

5.3o 

+  3i 

i,o43 

5.3 

i53 

5.45 

-+-3i,8 

I ,042J 

5,5 

i54 

6 

H-  32,6 

1,042 

5,8 

i56 

6.i5 

+  33 

1,042 

5,9 

137 

»  Iva  Table  ci-dessus  donne  des  résultats  des  mesures  faites  au  Labora- 
toire des  Recherches  physiques  à  la  Sorbonne,  avec  un  appareil  composé 
de  quatre  éléments  :  il  a  servi  à  charger  une  batterie  de  70  accumulateurs. 
I.e  courant  alternatif  de  iio  volts  et  de  [\o  périodes  par  seconde  prove- 
nait du  secteur  de  la  Rive  gauche. 

»  I^a  tension  du  courant  alternatif  n'a  pas  été  vérifiée  souvent  pendant 
les  expériences.  Les  variations  irrégulières  de  l'intensité  et  de  la  tension 
dans  le  circuit  du  courant  redressé  résultent  des  variations  correspondantes 
de  la  tension  à  l'usine  centrale. 

»  On  pouvait  percevoir  très  distinctement  dans  l'appareil  la  marche  des 
machines  de  l'usine  centrale. 

»  Usure  et  durée  des  plaques.  —  L'usure  de  l'appareil  se  manifeste  d'une 
part  dans  l'électrolyte,  qui  devient  de  plus  en  plus  alcalin,  et  dans  les 
plaques,  qui  sont  sillonnées  des  stries  et  des  raies  produites  mécanique- 
ment par  les  bulles  d'hydrogène,  qui  en  se  dégageant  entraînent  des  par- 
celles d'oxydes  de  la  couche  diélectrique,  lesquelles  sont  remplacées  à 
mesure  par  des  nouvelles  couches  formées  aux  dépensdu  noyau  de  la  plaque. 
Ainsi  une  plaque  au  bout  de  cinq  cents  à  huit  cents  heures  de  travail  nor- 


(  i4o8  ) 

mal  est  creusée  par  des  sillons  profonds  el  tombe  finalement  en  fragments. 

))  l!  n'est  pas  passible  de  disposer  plusieurs  éléments  d'aluminium  en 
séries,  ni  comme  redresseurs,  ni  comme  condensateurs  :  au  bout  de  peu 
de  temps  la  tension  baisse  dans  quelques-uns  des  éléments,  pour  s'élever 
d'autant  dans  d'autres,  jusqu'à  ce  que  la  tension  devienne  trop  haute  dans 
un  ou  plusieurs  éléments  et  que  le  courant  passe  dans  les  deux  sens. 

)i  Ce  phénomène  résulte  de  ce  qu'il  est  impossible  de  former  des  éléments 
rigoureusement  semblables  entre  eux. 

»  Condensateurs.  —  Les  plaques  d'aluminium  comme  condensateurs, 
autant  que  j'ai  pu  juger  jusqu'à  ce  jour,  ne  peuvent  servir  que  pour  les 
courants  alternatifs,  car  elles  ne  conservent  leur  charge  que  pendant  des 
fractions  de  seconde  :  cela  tient  évidemuieul  à  la  réaction  chimique  exer- 
cée par  l'électrolyte  sur  la  couche  diélectrique  des  oxydes.  » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Siirun  grisoumètre  électrique.  Note  de  M.  G.  Léoiv, 
présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Les  indicateurs  de  grisou  en  usage  sont  basés  sur  les  auréoles  don- 
nées par  les  flammes  dans  les  atmosphères  grisouteuses  ;  les  lampes  de 
sûreté  ordinaires  à  huile  ne  permettent  d'apprécier  que  des  teneurs  de 
grisou  supérieures  à  2  pour  100  ;  un  ingénieur  autrichien,  M.  Pieler,  eu 
recourant  à  la  flamme  plus  volumineuse  de  l'alcool,  a  abaissé  celte  limite 
à  deux  millièmes  et  demi  ;  M.  l'Ingénieur  des  Mines  Chesneau,  en  dissol- 
vant dans  l'alcool  employé  de  l'azotate  de  cuivre  et  du  bichlorure  d'élhy- 
lène  (liqueur  des  Hollandais)  et  en  produisant  ainsi  dans  la  flamme  du 
chlorure  cuivreux  qui  la  colore  en  bleu,  a  augmenté  la  précision  de  la 
lampe  Pieler  et  lui  a  permis  de  déceler  un  millième  de  grisou  ('  ). 

»  Un  ingénieur  anglais,  M.  Liveing,  a  imaginé  un  appareil  fondé  sur  un 
principe  tout  différent;  en  observant  la  différence  d'éclat  de  deux  fils  de 
platine  portés  au  rouge  par  le  même  courant  électrique  et  placés,  l'un  dans 
l'air  pur,  l'autre  dans  l'air  grisouleux,  M.  Liveing  est  arrivé  à  doser  le  grisou 
à  {_  pour  100  près. 

»    Nous  avons  obtenu  récemment  des  résultats  fort  encourageants  en 


(")  G.  Chesneau,  Annales  des  Mines,  9"  série,  t.  II,  p.  2o3;  1892;  ibid..  9"  série, 
t.  III,  p.  Sog;  1893.  —  Compte  rendu  du  IP  Congrès  international  de  Chimie 
appliquée,  t.  III,  p.  îjaS;   1896. 


(    »4o9  ) 

observant,  non  pas  la  différence  d'éclat  ou  la  différence  de  longueur,  mais 
la  différence  de  résistance  électrique  de  deux  fils  de  platine  chauffés  vers 
1000°  par  le  même  courant  et  placés  l'un  dans  le  grisou,  l'autre  dans 
l'air  pur. 

»  Deas.  fils  de  platine  de  ^^  de  millimètre  de  diamètre  sont  recouverts  de  cuivre  élec- 
trolytique,  sauf  en  leur  milieu  sur  une  longueur  de  lo™""  réservée  à  la  gutta  ;  après  que 
la  gutta  a  été  dissoute  à  l'aide  du  sulfure  de  carbone,  ces  fils,  convenablement  montés 
et  placés,  l'un  dans  une  enveloppe  étanche  de  verre,  l'autre  sous  une  double  toile  métal- 
lique, forment  les  deux  branches  d'un  pont  de  Wheatsone  dont  les  deux  branches,  en 
constantan,  ont  chacune  une  résistance  d'environ  i,3ohm.  Les  accumulateurs  (4  volts) 
d'une  lampe  électrique  de  mine  Neu  Gatrice,  obligeamment  mise  à  notre  disposition 
par  MM.  Neu  Gatrice,  et  renfermés  dans  une  caisse  mesurant  o",io,  o",io,  o™,i5, 
lancent,  quand  on  appuie  sur  un  contact,  un  courant  de  2  ampères  environ  dans  l'appa- 
reil {0,68  dans  les  fils  de  platine,  i,36amp.  dans  les  bobines  de  constantan).  Un 
galvanomètre  apériodique  à  pivot,  type  Ghauvin  et  Arnoux,  de  o'",  10  de  diamètre, 
dont  le  cadre  mobile  présente  une  résistance  de  0,6  ohm  et  dont  l'aiguillage  dévie  de 
100  divisions  pour  5o  milliampères,  est  intercalé  dans  la  diagonale  du  pont.  Les 
résistances  sont  ajustées,  en  tenant  compte  des  dlfiférences  inévitables  des  fils  de  pla- 
tine, pour  que  l'aiguille  reste  au  zéro  quand  l'instrument  est  dans  l'air  pur;  quand 
l'atmosphère  contient  du  grisou,  l'aiguille  dévie  de  i  milliampère  environ  (2  divisions) 
par  millième  de  grisou. 

1)  Les  déviations  de  l'aiguille  sont  très  sensiblement  proportionnelles  aux  teneurs 

en  gaz  combustible;  c'est  ainsi  que  dans  deux  tournées  souterraines,  le  25  avril  1901, 

avec  un  grisoumèlre  un   peu  différent  du    grisoumètre  ci-dessus  décrit,  nous  avons 

constaté  les  déviations  suivantes  : 

Lampe  Chesneau.  Grisoumètre. 

Retour  général  de  la  fosse  Saint-Saulve. 

(C'°  des  mines  de  Marly) 7-8  millièmes  19  divisions 

Fosse  Hérin   (G'"  des    mines  d'Anzin). 

Retour  de  la  veine  Taffin,  levant 8,5  »  17  » 

Veine  Hyacinthe,  levant 5  »  10  « 

Moyenne  veine,  couchant 5  »  10  » 

Grande  veine,  levant 2  »  4  » 

Grande  veine,  couchant 8,5  »  ig          » 

»  Gelte  proportionnalité  s'est  maintenue,  dans  nos  essais  de  laboratoire,  avec  des  te- 
neurs de  gaz  d'éclairage  croissant  jusqu'à  5  pour  loo,  et  nous  croyons  qu'elle  se 
maintiendra  avec  le  grisou  jusqu'au  voisinage  de  la  teneur  explosive. 

»  Les  déviations  de  l'aiguille  varient  d'autre  part  très  rapidement  avec  le  courant 
fourni  par  les  piles;  à  titre  de  première  approximation  nous  pouvons  indiquer  qu'elles 
sont  proportionnelles  à  la  puissance  3°  ou  4°  de  l'intensité  du  courant.  G'est  ainsi  que 
les  déviations  mesurées  ont  doublé  quand  dans  un  de  nos  essais  l'intensité  dans  les 
fils  de  platine  a  passé  de  0,64  à  0,70,  l'intensité  dans  la  seconde  branche  du  pont  de 
0,32  à  0,45.  Si,  comme  nous  le  croyons,  le  courant  peut  être  maintenu  constant  à 
G.  H.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  23.)  182 


(  i4io  ) 

■j'j  près,  la  teneur  sera  connue  avec  une  précision  supérieure  au  -Jj  ;  précision  inconnue 
actuellement,  pour  les  faibles  teneurs  tout  au  moins,  et  bien  suffisante.  Une  résistance 
de  o,oi5  ohm  intercalée  dans  le  circuit  des  piles,  et  dont  les  extrémités  peuvent,  par 
un  commutateur  de  réglage,  être  mises  en  relation  par  les  bornes  du  galvanomètre, 
permettra  d'ailleurs  de  vérifier  cette  constance  et  au  besoin  d'apporter  aux  lectures  la 
légère  correction  nécessaire. 

«  Un  écran  mobile  garantit,  au  moment  de  la  mesure,  le  fil  de  platine  contre  tout 
courant  d'air.  L'écran  et  le  bouton  contact  sont  disposés  de  telle  sorte  qu'on  ne  puisse 
lancer  le  courant  qu'après  avoir  refermé  l'écran. 

n  L'espace  compris  sous  les  toiles  métalliques  est  tellement  restreint  qu'une  explo- 
sion, arrivant  à  se  produire  sous  les  toiles,  ne  pourrait  prendre  assez  d'élan  pour  fran- 
chir la  barrière  qui  lui  serait  opposée  et  se  propager  au  dehors;  il  sera  vraisembla- 
blement inutile  d'ajouter  à  l'appareil  un  coupe-circuit  automatique  fonctionnant  à 
une  teneur  déterminée. 

»  Dan.s  l'examen  de  certaines  cloches  au  toit  des  galeries  ou  des  chantiers 
souterrains,  une  petite  difficulté  peut  se  présenter.  Le  grisoumètre  élec- 
trique ne  donne,  en  effet,  aucune  déviation  dans  l'air  pur;  il  ne  doit  en 
donner  aucune  dans  le  grisou  pur;  la  déviation  passe  donc  par  un  maxi- 
mum pour  une  teneur  voisine  de  lo  pour  loo,  et  à  toute  lecture  corres- 
pondent deux  teneurs,  l'une  au-dessous,  l'autre  au-dessus  de  lo  pour  loo. 
Il  suffit,  pour  écarter  cette  difficulté,  ou  de  consulter  la  lainpe  de  sûreté 
ordinaire  (notre  appareil,  comme  les  indicateurs  à  alcool,  est  grisoumé- 
trique  et  non  éclairant),  ou  de  faire  rentrer  progressivement  l'air  pur  dans 
l'appareil;  si  la  déviation  de  l'aiguille  diminue  dès  l'abord,  c'est  que  la 
teneurdela  cloche  examinée  est  inférieure  à  lo  pour  loo;  si  elle  augmente 
dans  les  premiers  instants,  la  teneur  est  supérieure  à  lo  pour  loo. 

»  Le  grisoumètre  électrique,  pour  peu  qu'on  donne  aux  fils  de  platine  et 
aux  bobines  de  constantan  des  résistances  convenables,  permet  de  con- 
naître, à  tout  moment,  la  teneur  en  grisou  du  retour  général  d'une  mine 
ou  de  certains  retours  particulièrement  intéressants.  La  création  de  véri- 
tables observatoires  grisoumétriques  est  ainsi  rendue  possible;  résultat 
intéressant  pour  l'étude  scientifique  des  dégagements  grisouteux  et  aussi 
peut-être  pour  la  sécurité. 

»  L'appareil  se  prête  au  dosage  de  tous  les  gaz  combustibles,  notamment 
de  l'hydrogène,  dont  la  température  d'inflammation  est  bien  inférieure  à 
celle  du  formène  pur,  et  de  l'oxyde  de  carbone.    » 


(  '4'i  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  vérification  expérimentale  d'une  loi 
de  mécanique  chimique.  Noie  de  M.  H.  Pêlabon,  présentée 
par  M.  Troost. 

«  L'action  cie  l'hydrogène  sur  le  sulfure  de  mercure  et  la  réaction  inverse 
du  gaz  sulfhydrique  sur  le  mercure  conduisant  à  l'élude  d'un  système  qui 
renferme  quatre  corps  volatils. 

■n   Si  l'on  écrit  l'équation  de  la  réaction 

HgS-i-H-  =  H^S  t-Hg, 

12  3  4 

en  affectant  des  indices  i,  2,  3,  4  respectivement  les  quatre  corps  qui 
réagissent,  on  voit  facilement  que  la  relation  générale  qui  existe  entre  les 
pressions  partielles  des  gaz  et  vapeurs  contenus  dans  le  système  prend  la 
forme 

(0  log|i;^;  =  F(T). 

aV  est  le  volume  occupé  par  toutes  les  molécules  des  corps  composés  et 
des  corps  simples;  le  symbole  Log  désigne  un  logarithme  népérien. 

»   Si  aucune  des  pressions  n'est  nulle,  on  peut  écrire  plus  simplement 

(2)  iilf^=./(T). 

»  Nous  nous  sommes  proposé  de  soumettre  cette  formule  au  contrôle  de 
l'expérience;  pour  cela,  nous  avons  fait  réagir  d'une  part  l'hydrogène  sur  le 
sulfure  de  mercure,  soit  seul,  soit  en  présence  de  mercure  en  excès;  nous 
avons  fait  réagir  d'autre  part  l'hydrogène  sulfuré  sur  le  mercure. 

»  I"  Dans  la  réaction  de  V hydrogène  sur  le  sulfure  de  mercure  seul,  la 
pression^,  de  ce  corps  est  égale  à  la  tension  de  sa  vapeur  saturante 

Z'.  =  ?(T). 
))  De  plus,  l'équation  de  la  réaction  montre  que  l'on  a  à  chaque  instant 

»  La  relation  (2)  devient,  avec  ces  conditions, 

(3)  ^-^(T). 

Fi 


(    I4l2    ) 

))  La  discussion  de  celte  formule  montre  que  la  proportion  de  gaz  hydro- 
gène sulfuré  dans  le  mélange  croît  quand  la  pression  totale  diminue;  la 
pression  partielle  de  ce  gaz  et  la  pression  totale  II  doivent  en  outre  vérifier 
les  égalités  suivantes,  qui  se  déduisent  de  (3)  en  posant  n  =/>o+/?3  ; 

»  Nous  avons  déterminé  directement  par  l'expérience,  pour  plusieurs 
valeurs  différentes  de  H,  les  valeurs  correspondantes  du  rapport  p,  de  la 
pression  partielle  de  l'hydrogène  sulfuré  à  la  pression  totale  ;  nous  donnons 
ci-dessous  les  valeurs  de  ce  rapport  exprimé  en  centièmes  et  celles  que 
les  égalités  (4)  permettent  de  calculer 

Pression  du  gaz  n,  (').  p,  observé.  p,  calculé. 


758 

90,65 

» 

386 

94,36 

94,73 

187 

96,67 

96,84 

»  Les  nombres  calculés  sont  toujours  un  peu  supérieurs  à  ceux  que 
donne  l'expérience;  malgré  cela,  la  concordance  est  assez  satisfaisante. 

»  2°  Si  en  même  temps  que  le  sulfure  le  système  renferme  du  mercure  en  excès. 
Pi  devient  égal  à  F,  tension  de  vapeur  saturée  du  mercure;  la  relation  (2) 
s'écrit  alors 

(5)  &=X(T) 


et  l'on  a 


P2^ 


IO0P3 


'2+1^3         i  +  XiT) 

11   p  ne  dépend  donc  que  de  la  température  et  l'expérience  montre  en 
effet  que,  quelle  que  soit  la  pression,  on  a,  à  44o°>  p  =  ^5,  26. 
»  Dans  ce  cas  parliculier,  l'équation  (3)  prend  la  forme 

(3')  ï?i?  =  ^(T); 

on  en  déduit 

Pî    ,_  Pi 
P3F       pl' 


(')  n,  est  la  pression  du  gaz  liydrogène  introduit  dans  le  tube  et  ramenée  à  0°,  en 
soile  que  11  =  n,(i  +  aT). 


(  i4i3  ) 
F  est  donné  par  les  tables  des  tensions  de  vapeur;  il  est  égal  à  2934"""à44o°; 
^  peut  se  calculer  au  moyen  des  nombres  obtenus  dans  l'étude  précé- 
dente; on  trouve  alors 

p 
P2=  loop     'p   =85,6i, 

nombre  voisin  de  celui  que  donne  l'expérience. 

»  3°  Quand  on  fait  agir  r hydrogêne  sulfuré  sur  le  mercure  en  excès,  on  a 

l'équation  (-2)  s'écrit  alors  : 

»  CT.j  ne  peut  être  égal  à  la  tension  de  vapeur  saturée  du  sulfure  de  mer- 
cure ;  sans  quoi  l'on  retrouverait  les  résultats  de  l'étude  précédente,  ce  qui 
n'a  pas  lieu.  On  a  donc  nécessairement 

d'où 

^3      ^      P3 

CTj  -H  ^3  Pj  ~t"  P3 

»  La  pression  du  gaz  bydrogène  sulfuré  étant,  à  o",  voisine  de  yôo""", 
on  trouve,  à  44o°, 

p.,  =  1 00 5 —  =  80, 46. 

Il   La  valeur  de  p,  est  donc  bien  nettement  inférieure  à  p,. 

»  Les  nombres  que  nous  avons  obtenus  en  faisant  varier  la  pression  du 
gaz  sulfhydrique  introduit  dans  les  tubes  montrent  que  p,  diminue  en 
même  temps  que  la  pression,  comme  cela  est  indiqué  par  la  discussion  de 
la  formule  (6). 

»  Pour  différentes  valeurs  H,  H',  ...  de  la  pression,  on  doit  avoir  les  re- 
lations suivantes  qui  se  déduisent  facilement  de  l'équation  (6)  : 

(7)  (£z:^  =  Œ:^Z^=...^,(T). 

»  L'expérience  ne  vérifie  pas  très  exactement  ces  dernières  relations; 
les  valeurs  de  pj  calculées  sont  toujours  un  peu  inférieures  à  celles  que  l'on 
obtient  directement.  Ces  écarts  semblent  explicables  par  la  décomposition 
partielle  que  subit  l'hydrogène  sulfuré  au  moment  où  l'on  scelle  les  tubes.  » 


(  i4'4  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  d' un  hydrate  métallique  sur  les  solutions  des  sels 
des  autres  métaux.  Sels  basiques  à  deux  métaux.  Note  de  M.  A.  Recoura. 

'(  C'est  im  jjhénomène  assez  fréquent  que,  lorsqu'on  met  un  oxyde  ou 
un  hydrate  métallique  en  contact  avec  une  dissolution  d'un  sel  du  même 
métal,  il  y  a  combinaison  et  formation  d'un  sel  basique,  soluble  ou  inso- 
luble. Mais  on  n'avait  pas  jusqu'ici,  à  ma  connaissance,  cherché  à  combiner 
de  même  un  hydrate  métallique  avec  des  sels  d'autres  métaux.  J'ai  reconnu 
qu'un  certain  nombre  d'hydrates  métalliques,  mis  en  contact  avec  des 
dissolutions  de  sels  d'autres  métaux,  se  combinent  très  facilement  avec 
eux  en  donnant  naissance  à  des  sels  basiques  à  deux  métaux.  Ayant  lu 
dans  le  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  une  Note  de  M.  Mailhe  rentrant 
dans  cet  ordre  d'idées  (combinaison  de  l'oxyde  mercurique  avec  les  sels 
métalliques),  je  suis  ainsi  conduit  à  communiquer,  dès  maintenant,  les 
premiers  résultats  du  travail  que  j'ai  entrepris  depuis  un  an  sur  cette 
question. 

»  Je  décrirai  dans  cette  Note  les  composés  que  j'ai  obtenus  en  faisant 
agir  l'hydrate  cuivrique  sur  les  sulfates  métalliques. 

a  Action  de  l'hydrate  cuivrique  sur  une  solution  de  sulfate  de  zinc,  —  De  l'hy- 
drate cuivrique  qui  vient  d'être  préparé  est  mis  en  contact  avec  une  solution  de 
sulfate  de  zinc.  On  chaude  progressivement  en  agitant  jusqu'à  l'ébullition.  Brus- 
quement, entre  70°  et  75°,  l'hydrate  qui  était  bleu  vif  devient  vert  bleuâtre  pâle.  On 
laisse  bouillir  quelques  minutes.  L'analyse  de  la  liqueur,  faite  alors,  montre  qu'elle 
ne  renferme  pas  de  cuivre,  mais  uniquement  du  sulfate  de  zinc,  et  qu'une  certaine 
quantité  du  sulfate  de  zinc  primitif  a  disparu,  quantité  toujours  la  même,  quelle  que 
soit  la  durée  de  l'ébullition  au  contact  de  l'hydrate  cuivrique.  L'analyse  de  la  matière 
vert  bleuâtre  soigneusement  lavée  montre  que  sa  composition  brute  est 

3CuO,ZnO,SO^-i- Aq; 

ainsi  donc  3   molécules  d'hydrate  de  cuivre  ont  fixé,  en  quelques  minutes,  à  75°, 
I  molécule  de  sulfate  de  zinc. 

»  Cette  substance  n'étant  pas  cristallisée  et  ayant  la  consistance  floconneuse  de  l'hy- 
drate cuivrique,  on  peut  se  demander  si  l'on  se  trouve  bien  en  présence  d'une  combi- 
naison définie,  ou  d'un  simple  mélange  de  sulfates  basiques  de  cuivre  et  de  zinc.  Il  est 
facile  de  s'assurer  que  ce  n'est  pas  un  mélange,  de  la  façon  suivante  :  Les  sulfates 
basiques  de  cuivre  ou  de  zinc  sont  presque  immédiatement  détruits  quand  on  les 
chaufle  avec  une  dissolution  de  carbonate  de  soude.  Or,  la  substance  3  Cu  O,  Zn  O,  SO^ 
portée  à  l'ébullition  pendant  dix  minutes  avec  une  quantité  de  carbonate  de  soude 
équivalente  ne  lui  a  cédé  qu'une  quantité  très  faible  d'acide  sulfurique.  Ce  n'est  donc 


(  i4i5  ) 

pas  lin  mélange  de  deux  sulfates  basiques,  mais  une  combinaison  beaucoup  plus 
intime. 

»  Action  de  l'hydrate  cuivrique  sur  d'autres  sulfates  métalliques.  —  J'ai  préparé 
et  étudié  dans  des  conditions  analogues  des  combinaisons  de  l'hydrate  cuivrique  avec 
plusieurs  autres  sulfates.  J'en  donne  plus  loin  la  composition.  Pour  quelques-uns,  la 
combinaison  n"est  pas  aussi  rapide  que  pour  le  sulfate  de  zinc  et  exige  parfois,  pour 
être  complète,  une  ou  deux  heures  d'ébuliition. 

»  Action  de  l'hydrate  cuivrique  sur  les  suif ates  métalliques  à  froid.  —  J'ai  essavé 
de  même  de  combiner  l'hydrate  cuivrique  avec  les  sulfates  métalliques  à  la  tempéra- 
ture ordinaire.  La  combinaisonse  produit  également  très  bien,  mais  elle  est  beaucoup 
moins  rapide  et  elle  donne  un  résultat  dilTérent.  Il  faut  généralement  plusieurs  heures, 
quelquefois  plusieurs  jours  de  contact,  avec  agitation  continuelle,  pour  que  la  combi- 
naison soit  complète.  Pour  chaque  sulfate,  l'analyse  du  composé  a  été  faite  sur  plu- 
sieurs échantillons  préparés  dans  des  conditions  très  différentes. 

»  Résultats  généraux.  —  Xes  résultats  sont  résumés  dans  le  Tableau 
suivant. 

»  Comme  il  m'a  paru  résulter,  non  seulement  de  ces  expériences,  mais 
aussi  de  celles  que  je  publierai  bientôt  sur  les  chlorures  métalliques,  que 
dans  ces  réactions  intervient  le  groupe  4CuO,  que  l'on  rencontre  si  fré- 
quemment dans  l'histoire  des  composés  du  cuivre,  j'ai  comparé  entre  elles 
dans  ce  Tableau  les  difTérentcs  quantités  des  divers  sidfates  qui  se  com- 
binent avec  4CuO.  C'est  la  seule  commune  mesure  qui  donne  des  résul- 
tats simples.  Ces  composés  n'étant  pas  cristallisés,  j'ai  jugé  inutile  de  dé- 
terminer l'eau  de  combinaison. 


ZnO,SO» 
CdO,SO^ 
MnO,SO' 
CoO,SO' 
NiO,SO' 
CuO.SO' 


I  -V- 

I  -h 


Nombre 

de  molécules 

de  sulfate 

combinées 

avec  4CaO. 

à  chaud  i  -+- 

à  froid 
l  àchaud 
(  à  froid 
t  àchaud 
(  à  froid 
I  àchaud 
/  à  froid 
l  à  chaud 
(  à  froid 
(  à   chaud| 
)  etàfroidi 


I 


Calculé.     Trouve. 

1,333     1,337 

1,166      l,l64 


1,333 
1 ,20 
1,333 

0, 166 
1 ,  333 
o,  166 

I  ,25 

0,20 
1,333 


1,326 
1,21 

.,32 

0,167 
1,334 
o,  166 

1,247 

0,20 


Formule 
la  plus  simple. 

3CuO(ZnO,  SO') 
24CuO,7(ZnO,SO^) 

3GuO(CdO,  SO^') 
2oCuO,  6(CdO,SO^) 

3CuO(MnO,  S0=) 
24CuO(MnO,  SO') 

3CuO(CoO,  SO') 
24CuO(CoO,SO^) 
rôCuO,  5(NiO,SO') 
2oGuO(NiO,SO') 


Couleur, 
vert  bleuâtre  pâle 
bleu  pâle 
bleu  pâle 
bleu  vif 
vert  gris 
vert 

verdâtre  pâle 
bleu 

bleu  vert  pâle 
bleu  vif 


i.,33         3CuO(CuO,SO=')         vert  pâle 


(  -416  ) 

»  L'examen  de  ce  Tableau  provoque  les  remarques  suivantes  : 

»  A  l'ébullition,  l'hydrate  cuivrique  se  combine  avec  la  même  quantité 
de  tous  les  sulfates  étudiés,  le  sulfate  de  nickel  excepté,  pour  donner  des 
composés  3CuO,  (MO.SO^),  correspondant  au  sulfateSCuO  (CuO,  SO') 
qui,  ainsi  que  je  l'ai  reconnu,  se  produit  dans  les  mêmes  circonstances  en 
mettant  en  contact  l'hydrate  de  cuivre  avec  une  dissolution  de  sulfate  de 
cuivre.  Mais  il  n'y  a  pas  de  conséquenceà  tirer  de  cette  uniformité  de  com- 
position, car,  comme  je  le  montrerai  prochainement,  on  ne  la  retrouve 
pas  chez  les  chlorures  basiques  doubles  correspondants. 

»  Les  sels  basiques  doubles  préparés  à  froid  ont  toujours  une  composi- 
tion différente  de  celle  du  sel  préparé  à  chaud.  Le  sel  est  plus  basique, 
c'est-à-dire  que  l'hydrate  de  cuivre  se  combine  à  froid  avec  une  quantité 
moins  grande  de  sulfate  métallique. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  j'étudierai  les  combinaisons  de  l'hydrate 
cuivrique  avec  les  chlorures  métalliques.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE .     -  Sur  les  éthers  imidodithiocarboniques  R  Az  —  C  (  S  R'  )- . 
Note  de  M.  Marcel  Delépine. 

«  Il  y  a  quelques  années,  j'ai  montré  que  l'on  pouvait  préparer  des  car- 
bothialdines  substituées,  dérivées  de  l'aldéhyde  formique,  en  faisant  réagir 
le  sulfure  de  carbone  sur  les  combinaisons  méthyléniques  des  aminés 
primaires  (');  cette  réaction,  jointe  à  ce  fait,  que  j'ai  observé  depuis,  que 
l'aldéhyde  formique  s'unit  aux  thiosulfocarbamates  en  donnant  les  mêmes 
corps,  conduit  à  adopter  les  formules  de  réaction  et  de  constitution  pro- 
posées à  cette  époque. 

/S.AzÇcH^ 
Exemple  :  S  =:  C:  ^CH^  (Diméihylformocqrbolhialdine). 

>)  De  plus,  j'ai  indiqué  que  l'iodure  de  mélliyle  réagit,  en  présence 
d'alcool,  sur  la  diméthylformocarbotliialdine  avec  production  de  formai 
diéthylique,  d'iodhydrate  de  méthylamine,  et  enfin  d'un  iodhydrate  cristal- 


(*)   Thèse  de  Pharmacie,  Gauthier- Villars  ;  Bail.  Soc.  Chim.,  (3),  l.  XV,  p.  891, 
899;  '89^- 


(  '4i7  ) 
lise  d'une  base  CH'AzS^,  dont  la  constitution,  d'après  ses  dédoublements 

par  HCl  et  AzH',  répondait  au  schéma  CH'Az  =  C('  crus'  c'est-à-dire  à 

un   mélhylimidodithiocarbonate   diméthylique.    Les    équations    suivantes 
exprimaient  ces  transformations  : 


(A) 
(B) 


"^^^Az^CH^ 

/SAzH'CH3  /SCH^  lAzH^CH» 

^-^\AzHCH^     +2L.H  1       s     ^\AzHCH»'^(ouCH^AzHSHI) 


CH=i  1 


,  CH'\^       ^/SCH 


3 

Enfin,  à  son  tour,  le  composé  "^^    ')S  =  C{  ^'^"..rTi»  se  transformait 

'  1/  \Az  — GH'^ 

H/ 
par   permutation  de  variation   des  valences  du    soufre  et  de  l'azote  en 

CH'  s  —  C^  ,  c'est-à-dire  en  l'iodhydrate  trouvé  dans  la  réaction . 

»  Je  puis  aujourd'hui  apporter  de  nouvelles  preuves  de  ces  transforma- 
tions et  surtout  indiquer  un  moyen  plus  simple  de  préparer  les  élhers  en 
question,  qui  étaient  inconnus  avant  mes  recherches. 

»  Tout  d'abord,  la  diéthyl  et  la  diisobutylformocarbothialdine,  opposées 
à  l'iodure  de  méthyle,  ont  conduit  aux  composés  prévus, 

C-H'Az  =  C(SCH')-         il         G^H»Az  =  C(SCH')^ 

la  diméthylformocarbothialdine  et  l'iodure  d'éthyle,  au  composé  égale- 
ment prévu  CH' Az  =  C(SC-H'')-.  Ces  réalisations  constituent  à  elles 
seules  une  démonstration  de  l'exactitude  du  processus  de  la  réaction. 

»  Mais  le  fait  suivant  est  plus  convaincant  encore  :  en  effet,  si  l'équa- 
tion B  est  exacte,  il  est  inutile  de  passer  par  l'intermédiaire  des  carbo- 
thialdines  et  l'on  doit  pouvoir  obtenir  d'emblée  les  iodhydrates  des  élhers 
imidodithiocarboniques  en  faisant  réagir  un  iodure  alcoolique  sur  la  com- 
binaison sulfocarbonique  d'une  aminé  primaire,  c'est-à-dire  sur  le  thiosul- 

/SAzH^'R 
focarbamate  SC(^       ^,„      •  On  peut  admettre  que  l'iodure  réagit  d'abord 
\AzHK 

sur  ce  carbamate  comme  sur  un  sel  quelconque  : 

S=:  c/^^tT^^   +-  II^'=  S  :  <f ',     +I(AzH^K)  (ou  RAzIIS  IH); 
\AzHR  \AzHR 


C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (F.  CXXXII,  N"  23.) 


i83 


(  i4i^  ) 
ensuite,  le  radical  R'  d'une  deuxième  molécule  d'iodure  se  fixe  sur  le  soufre 
du  S  =  C,  pendant  que  I  se  combine  à  l'K   du  groupe  AzHR,  pour  former 
de  l'acide  iodhydrique 

/SR'       _      .      „/SR' 

R'J:;  w^ -'"''"  %A.R,  m- 

\H 

))  C'est  là  une  explication  un  peu  plus  détaillée  de  l'équation  R,  mais 
qui  revient  absolument  au  même  et  qui  trouve  sa  légitimité  dans  la  facilité 
avec  laquelle  on  prépare  parce  procédé  les  élhers  imidodithiocarboniques 
substitués.  Il  suffit,  en  gros,  de  faire  réagir  le  sulfure  de  carbone,  puis  un 
iodure  sur  une  aminé  primaire  (métliyl-,  élhyl-,  allyl-,  amylamine,  etc.). 

»  Enfin,  parmi  les  nouvelles  réactions  de  dédoublement  propres  à 
établir  la  constitution  de  ces  bases,  je  puis  signaler  les  suivantes  : 

n  L'oxydation  nitrique  les  transforme,  sans  engendrer  d'acide  sulfiirique,  en 
acides  sulfonlques  et  aminé,  pendant  que  le  carbone  central  disparaît.  Ainsi  les  com- 
posés CIP,  Cni',  C*H9,  C»lI"Az  =  C(SCH3)2  ont  fourni  tous  de  l'acide  mélhane- 
sulfonique,  d'un  côté,  et  les  aminés  respectives,  métliylique,  étlijlique,  butylique, 
amylique,  de  l'autre;  alors  que  CH^Az  i=  C(SC'H^)2  a  engendré  l'acide  élhane- 
sulfonique  et  la  méthylamine.  Ces  réactions  se  lisent  sur  les  formules  de  constitution. 

))  L'hydrogénation  de  l'élher  CIP Az  =  C(SCH')-  par  Na  en  milieu  alcoolique,  m'a 
conduit  à  la  diméthylamine  et  au  mercaptide  de  sodium,  suivant  une  réaction  où  le 
carbone  central  est  entré  en  jeu  : 

CH'Az  =  C(SCH')-(-2H2+2Na=iCIP.AzH.CH3-l-2NaSCtP. 

»  Enfin,  les  sels  de  mercure,  de  platine,  d'argent  fournissent  des  réactions,  soit  d'ad- 
dition, soit  de  dédoublement,  si  le  contact  est  prolongé.  Il  se  forme,  par  exemple,  avec 
l'azotate  d'argent,  du  mercaptide  d'argent  et  un  composé  à  odeur  vive,  sans  doute  un 
isocyanate.  Exemple  : 

CH3Az  =  C(SCH^)'^:^CH^Az  :  GO  H- aAgSCH'. 

+  OAga. 

))  Tous  ces  résultats  confirment  dès  lors  largement  les  formules  et  les 
réactions  antérieurement  admises.  Les  détails  d'analyse  sur  lesquels  ils  sont 
appuyés  seront  publiés  en  même  temps  que  l'étude  individuelle  des  éthers 
en  (piestion.  Grâce  à  la  méthode  nouvelle  de  préparation  qui  les  fournit 
abondamment,  j'espère  pouvoir  continuer  facilement  cette  étude  et 
l'étendre  aux  dérivés  des  thiosulfocarbamates  d'aminés  secondaires  qui 
réagissent  également  avec  une  grande  facilité  sur  les  iodures  alcooliques, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  avec  quelques  aminés  grasses  et  la  pipe- 
ridine.    » 


(  i4i9  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  érythriles  actives .  Note  de  MM.  L.  Maquexne 
el  G.  Bertrand,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Dans  deux  Notes  précédentes  nous  avons  fait  connaître,  isolément, 
l'existence  des  deux  tétrites  actives  prévues  par  la  théorie,  ainsi  que  leurs 
principaux  caractères  distinctifs. 

»  Les  formules  de  structure  que  nous  leur  avons  assignées  n'avaient 
pu  alors  être  établies,  faute  d'une  quantité  suffisante  de  matière,  que 
d'une  façon  indirecte  :  l'une  d'elles,  dérivant  du  xylose  ou  pentanetétrolal 

2    il 

-j-  5,  devait  avoir  une  configuration  dissymétrique  inverse  à  celle  de  l'acide 

lartrique  dextrogyre,  nous  l'avons  appelée  /.  érythrite  (');  l'autre,  en  con- 
séquence et  par  exclusion,  ne  pouvait  qu'appartenir  à  la  série  droite,  on 
l'a  désignée  sous  le  nom  de  d.  érythrite  (■). 

»  Une  étude  plus  approfontiie  de  ces  deux  corps  nous  a  permis,  en 
complétant  leur  histoire  chimique,  de  vérifiernos  prévisions  de  la  première 
heure;  ce  sont  ces  nouveaux  résultats  que  nous  nous  proposons  d'exposer 
aujourd'hui  en  commun. 

»  Forme  cristalline.  —  L'étude  cristallographique  de  nos  produits  a  été  faite  par 
M.  ^^'yroubof^',  à  qui  nous  sommes  heureux  d'exprimer  ici  nos  plus  sincères  remer- 
ciements. 

)i  II  en  résulte  qu'il  y  a  identité  de  forme  entre  les  deux  érythrites  actives;  l'une  et 
l'autre  appartiennent  au  système  rhomboédrique,  montrant  les  faces  du  prisme  hexa- 
gonal e^  et  celles  du  rhomboèdre  primitif/»,  sans  trace  d'hémiédrie;  elles  sont  toutes 
deux  uniaxes  négatives. 

Erythrite  droite i  ;  o,48oo5  ppr=  iZo°2o'  />e*=r  1 1904' 

Érythrite  gauche 1:0,(47820  /)/>  =  iScSo'  /je'=:ii9<' 

»  On  s'explique  ainsi  pourquoi  l'on  peut  faire  cesser  la  surfusion  de  l'une  quelconque 
d'entre  elles  par  amorçage  avec  un  cristal  de  son  inverse  optique. 

»  Pouvoir  rolaloire.  —  Chacune  des  deux  érythrites  actives  montre  un  pouvoir 
rotatoire  inverse,  suivant  qu'on  l'observe  dans  l'eau  ou  dans  l'alcool. 

»  En  solution  aqueuse,  le  produit  gauche  a  donné  [a],,  =  -(-  4°,  33  {p  =^  6  pour  100) 
et  4°)  20  (jD  ;=  20  pour  100),  tandis  qu'en  solution  dans  l'alcool  à  90" 

[oi]p  =  —  io'',5o  (/>  =:  5  pour  100) 

et,  dans  l'alcool  à  gS",  [ajn  =z  -^  1  i°5o  (p  =  5  pour  100). 


(')  Maquenne,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  i4o2. 
(')  Bertrand,  id.,  t.  CXXX,  p.  1472. 


(    l420   ) 

»  Avec  le  produit  droit  on  a  trouvé,  dans  l'eau,  [a]j,  =  — 4°>4o  {p —- o  et  lo 
pour  loo),  dans  l'alcool  à  90°  (/s  =  5  pour  100),  [a]„  r= -t-  10°, 10  et,  dans  l'alcool  à  go" 
(même  concentration),  [a][,  = -f-  1  i°,io. 

»  La  concordance  entre  tous  ces  nombres  est,  comme  on  le  voit,  aussi 
satisfaisante  que  possible. 

»  Tétracétines  C'H'(C^H'O^)'.  —  Pour  les  obtenir,  on  porte  à  l'ébullition  un  mé- 
lange d'érythrite  active  et  d'anhydride  acétique,  avec  une  trace  de  chlorure  de  zinc, 
on  laisse  refroidir,  on  neutralise  exactement  avec  une  lessive  de  potasse  et  l'on  extrait 
l'acétine  formée  par  le  chloroforme. 

»  Les  deux  acétylérj'thrites  sont  sirupeuses  et  incristallisables,  un  peu  solubles 
dans  l'eau,  très  solubles  dans  l'alcool,  l'éther  et  le  chloroforme,  qui  les  enlève  à  leur 
solution  aqueuse;  elles  possèdent  une  saveur  amère. 

»  En  solution  chloroformique,  elles  ont  donné  [a]i,  =  4- 21",  6  (/?  =  29  pour  100) 
dans  le  cas  de  l'érythrite  gauche  et  [a]p=r —  19°,  28  {p  ^  5  pour  100)  dans  le  cas  de 
l'érythrite  droite. 

»  Par  saponification  on  y  a  dosé  32,36  (produit  gauche)  et  32,74  (produit  droit) 
pour  100  de  carbone  acétique,  la  théorie  exigeant  33, 10. 

»  Acétals  dibenzoïques  ^^©^(C'IP)^.  —  On  les  obtient  en  traitant  par  l'aldé- 
hyde benzoïque  une  solution  fortement  acide  (sulfurique  ou  chlorhydrique)  d'éry- 
thrite active;  la  réaction  est  instantanée,  comme  avec  l'érythrite  ordinaire,  et  le  ren- 
dement presque  théorique. 

»  Les  deux  acétals  cristallisent  dans  l'alcool  sous  la  forme  d'aiguilles  blanches,  fines 
et  soyeuses,  d'une  extraordinaire  légèreté;  ils  fondent  l'un  et  l'autre  à  23i°  et  se  su- 
bliment lentement,  déjà  au  voisinage  de  200°. 

»  Complètement  insolubles  dans  l'eau,  ils  se  dissolvent  dans  4oo  fois  environ  leur 
poids  d'alcool  à  gS"  bouillant. 

»  L'acide  sulfurique  étendu  les  dédouble  à  chaud,  en  présence  d'un  grand  excès 
d'aldéhyde  benzoïque  ou  mieux  d'alcool,  en  leurs  composants;  i4'^'^>5  de  produit  droit 
ont  ainsi  donné  55'',  85  d'érythrite  régénérée,  ce  qui  correspond  à  98,6  pour  100  du  ren- 
dement calculé. 

»   Ces  composés  sont  caractéristiques. 

»  Acétals  divalériques  C*H*0'(C^H'<')-.  —  Ces  corps  se  forment  lorsque  Ton  agite 
une  solution  d'érythrite  active  dans  l'acide  sulfurique  à  5o  pour  100  avec  is'',5  d'aldé- 
hyde isovalérique  ;  on  les  purifie  par  cristallisation  dans  l'alcool.  Le  rendement  total 
est  d'environ  go  pour  100,  par  rapport  à  la  théorie. 

»  Les  acétals  divalériques  de  l'érythrite  active  se  présentent  sous  la  forme  de  belles 
paillettes  nacrées  qui  ressemblent  à  la  cholestérine  et  fondent  à  io5-io6°. 

»  Très  peu  solubles  dans  l'eau,  ils  se  dissolvent  avec  facilité  dans  l'alcool  et  s'hydro- 
lysent  rapidement  quand  on  les  chauffe  avec  un  acide  minéral  étendu;  dans  le  vide  ils 
se  dissocient  d'une  manière  sensible,  même  à  froid. 

»  Oxydation.  —  Pour  oxyder  régulièrement  l'érythrite  active,  on  l'a  chauffée  à  l'air 
libre,  sur  le  bain-marie,  par  portions  d'un  gramme  à  la  fois,  avec  trois  parties  d'acide 
azotique  (D  =:  i ,  2  ),  jusqu'à  ce  que  le  mélange  commence  à  devenir  sirupeux  ;  le  résidu. 


(     1^2  1     ) 

neutralisé  par  la  potasse,  puis  additionné  d'acide  acétique  et  d'alcool,  a  laissé  déposer 
des  cristaux  qui  présentaient  tous  les  caractères  d'un  bitartrate  de  potassium  actif. 
i8'  d'érythrite  en  donne  dans  ces  conditions  O"'',  i5,  en  moyenne. 

»  Le  produit  ainsi  obtenu  avec  l'érythrite  droite  possédait  un  pouvoir  rotatoire 
[ocJd  =  + 23°, o  et  par  conséquent  était  identique  avec  la  crème  de  tartre  ordinaire; 
celui  qui  dérive  de  l'érythrite  gauche  a  donné  le  nombre  inverse,  —  220,9. 

»  Ces  résultats  montrent  que  nos  produits  représentent  bien,  ainsi  que 
nous  l'avons  supposé  dès  le  début  de  nos  recherches,  les  antipodes  opti- 
ques de  l'érythrite  active  ;  celui  qui  se  forme  dans  l'hydrogénation  de  l'éry- 
thrulose  répond  à  l'acide  tarlriqne  ordinaire  et  doit  être  rangé  dans  la 
série  droite  ;  l'autre  est  en  relation  avec  l'acide  tartrique  lévogvre  et  en 
conséquence  doit  prendre  place  à  côté  de  lui  dans  la  série  gauche. 

»  Tous  les  corps  dont  nous  venons  de  parler  donnent  naissance  à  des 
racémiques  lorsqu'on  les  mélange  à  poids  égaux;  l'étude  de  ces  nouveaux 
composés  fera  l'objet  d'une  prochaine  Communication.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.    -    Étude  d'un  de nsimêtre  destiné  à  la  détermination 

de  la  valeur  boulangère  des  farines  de  blé. 

Note  de  M.  E.  Fleurent,  présentée  par  M.  Schlœsing. 

«  An  courant  des  études  que  j'ai  poursuivies  dans  ces  dernières  années 
et  dont  j'ai  entretenu  l'Académie  à  diverses  reprises,  j'ai  montré  l'influence 
que  joue,  sur  la  valeur  boulangère  des  farines  de  blé  tendre,  les  variations 
de  proportions  des  deux  principes  constituants  du  gluten,  gliadine  etglu- 
ténine. 

»  Les  idées  que  j'ai  répandues  à  ce  sujet  ont  fait  un  chemin  rapide  dans 
le  monde  meunier  de  France  et  des  pays  étrangers,  notamment  d'Alle- 
magne, d'Angleterre  et  des  Etats-Unis.  Mais,  pour  que  ces  idées  puissent 
recevoir  leur  application  pratique,  il  était  nécessaire  de  modifier  la  méthode 
d'analyse  quantitative  que  j'ai  fait  connaître  en  même  temps.  En  effet,  si 
cette  méthode  se  prête  bien  aux  conditions  d'établissement  du  laboratoire 
scientifique,  elle  ne  permet  pas,  à  cause  du  temps  nécessaire  et  des  soins 
particuliers  qu'elle  exige,  soit  le  contrôle  régulier  du  travail  de  l'usine,  soit 
l'examen  rapide  du  blé  allant  à  la  mouture. 

»  Pour  répondre  aux  exigences  légitimes  de  l'industrie  meunière,  j'ai 
dû  rechercher  une  méthode  plus  simple  et  plus  rapide,  capable,  en  même 
temps,  de  donner  les  résultats  possédant  l'exactitude  désirable  dans  ce 


(    l422    ) 

genre  d'opérations.  Or,  ici,  cette  exactitude  n'a  pas  besoin  d'être  absolu- 
ment rigoureuse  :  la  pratique  montre,  en  effet,  qu'il  faut  atteindre  i,5  à 
2  pour  loo  de  différence  dans  les  proportions  de  gliadine  contenue  dans 
le  gluten,  pour  que  l'œil  de  l'expert  puisse  nettement  apprécier  lu  diffé- 
rence qui  se  manifeste  dans  la  tenue  du  pain  terminé. 

»  J'ai  pensé  que  la  solution  de  cette  question  pourrait  être  donnée  p;ir 
la  mesure  de  la  variation  de  densité  que  font  subir,  à  une  liqueur 
alcoolique  de  degré  convenable,  des  proportions  différentes  de  gliadine 
dissoute. 

»  Cette  dissolution  devant  être  opérée,  pour  aller  plus  vite,  non  plus 
sur  le  gluten  extrait,  mais  sur  la  farine  elle-même,  il  y  avait  lieu,  avant  tout, 
de  se  rendre  compte  de  l'influence  que  peuvent  exercer,  sur  la  valeur  des 
cliiffres  obtenus,  certaines  causes  qu'il  est  facile  de  prévoir. 

»  Parmi  ces  causes  apparaît,  en  premier  lieu,  la  varialion  de  la  densité  même  de  la 
gliadine,  suivant  les  diverses  variétés  de  blé  dont  on  l'extrait.  Je  me  suis  assuré  que 
cette  densité,  prise  dans  l'alcool  à  o",  variant  de  i,36o  à  i  ,38o,  ne  pouvait,  dans  les 
conditions  où  je  me  suis  placé,  apporter  dans  les  cas  extrêmes  que  des  variations  de 
poids  comprises  entre  deux  et  quatre  dixièmes  de  milligramme  par  centimètre  cube 
de  liqueur,  c'est-à-dire  insensibles  à  l'appareil  densimétrique. 

1)  Une  autre  cause  réside  dans  les  substances  étrangères  dissoutes  en  même  temps  que 
la  gliadine  :  ces  substances  sont  les  sucres  et  les  matières  minérales.  Or,  l'expérience 
montre  que  loo"^"-  d'alcool  à  70°,  mis  en  présence  des  quantités  extrêmes  (206''  à  5oS'') 
de  farine  blanche  nécessaires  au  dosage,  dissolvent  le  même  poids  de  matières  miné- 
rales, soit  3o"S;  d'autre  part,  les  analyses  faites  sur  un  grand  nombre  de  variétés  de 
blé  prouvent  que  les  proportions  de  glucose  et  de  saccharose  contenues  dans  les 
farines  oscillent  autour  de  i,5  pour  100;  ce  n'est  qu'exceptionnellement  qu'on  les 
voit  descendre  à  i  pour  100  ou  <itteiiidre  2  pour  100.  Il  suit  de  là  que,  les  proportions 
de  matières  dissoutes  en  même  temps  que  la  gliadine  étant  sensiblement  constantes, 
il  ne  saurait,  de  leur  fait,  s'introduire  des  causes  d'erreur  sensible  dans  la  prise  de  la 
densité. 

»  Il  y  a  également  lieu  de  tenir  compte  de  la  congluline,  i  pour  100  environ,  qui, 
pesée  en  même  temps  que  la  gliadine  dans  l'ancienne  méthode,  ne  l'est  pas  lorsqu'on 
emploie  l'alcool  sans  alcali,  dans  lequel  elle  est  insoluble. 

»  L'erreur  la  plus  sensible  est  celle  qu'apportent  les  variations  d'humidité  de  la 
farine;  mais  il  est  facile  d'y  remédier  en  établiisant  l'appareil  densimétrique  pour  un 
degré  moyen  d'humidité,  soit  i4  pour  100;  dans  ces  conditions,  les  farines  les  plus 
humides  (i6  pour  100)  étant  celles  qui,  parce  qu'elles  sont  généralement  moins  riches 
en  gluten,  apportent  la  cause  d'erreur  la  plus  grande,  celle-ci,  néanmoins,  ne  dépasse 
jamais  0,6  pour  des  chiffres  variant  de  55  à  85  pour  100. 

»   Ce  qui  précède  étant  établi,  je  me  suis  rapidement  rendu  compte  que 
la  solution  à  employer  correspond  à  la  mise  en  contact  avec  l'alcool  d'une 


(  i423  ) 

quantité  de  farine  correspondant  à  S^''  de  gluten  sec  pour  i5o"  de  liquide. 
Puis,  à  l'aide  des  formules  connues  et  en  opérant  avec  des  solutions  de 
gliadine  de  titre  déterminé,  j'ai  calculé  les  dimensions  d'un  aéromètre  à 
poids  constant,  que  j'ai  gradué  ensuite  par  comparaison  en  employant,  pour 
le  dosage  de  la  gliadine,  la  méthode  pondérale  anciennement  décrite. 

»  L'appareil,  dit  gliadimèlre,  est  gradué  à  la  température  de  20°.  Il 
porte  deux  séries  de  divisions  partant  d'un  zéro  commun.  Celle  qui 
remonte  vers  la  partie  supérieure  de  la  tige  sert  à  la  préparation  de  l'alcool, 
qui  doit  marquer  74°G.-L.  à  2o°C.  (div.  3,7  de  l'appareil);  celle  qui 
redescend  vers  le  bas  sert  à  la  prise  de  densité  de  la  solution  de  gliadine. 
Cette  solution  est  obtenue  en  agitant  pendant  deux  heures  et  demie  à  trois 
heures  la  quantité  de  farine  qui  correspond  à  5°''  de  gluten  sec  avec 
i5o'"=  de  l'alcool  au  titre  indiqué  ci-dessus.  Une  table,  jointe  à  l'appareil  et 
qui  porte  des  corrections  pour  les  températures  variant  de  18°  à  22°,  donne 
directement  la  quantité  de  gliadine  contenue  dans  100  parties  de  gluten 
sec  de  la  f^u'ine  mise  à  l'essai. 

»  Cet  appareil  est  utilisé,  depuis  un  an,  dans  une  cinquantaine  de  mino- 
teries françaises  et  étrangères,  ainsi  qu'au  laboratoire  d'essais  créé  par 
l'Association  des  meuniers  allemands  à  l'Université  de  Berlin,  et  il  a  donné 
partout  des  résultats  excellents.    » 


MINÉRALOGIE.  — Analyse  de  quelques  travertins  du  bassin  de  Vichy.  Note 
de  MM.  C.  Girard  et  F.  Iîordas,  présentée  par  M.  Sebert. 

«  La  forte  teneur  en  sels  des  eaux  dites  minérales  provient  de  ce  que,  au 
lieu  de  jaillir  au  point  de  rencontre  des  deux  couches,  l'une  perméable, 
l'autre  imperméable,  elles  nous  parviennent  par  des  fentes  traversant 
l'écorce  terrestre  en  s'enfonrant  plus  ou  moins  loin  dans  le  globe. 

»  En  raison  de  leur  température  élevée,  ces  eaux  se  chargent  de  prin- 
cipes minéraux,  d'autant  plus  que  le  gaz  carbonique  sous  pression,  en 
contact  duquel  elles  se  trouvent  parfois,  intervient  puissamment  pour 
augmenter  cette  action  en  les  aidant  à  dissoudre  les  carbonates  et  à  décom- 
poser les  silicates  et  les  feldspalhs  pour  s'emparer  de  leurs  bases. 

M  Sous  l'influence  des  variations  de  température,  de  la  perte  au  contact 
de  l'air  d'une  portion  de  l'acide  carbonique  qui  maintenait  en  dissolution 
certains  carbonates  à  l'état  de  bicarbonates,  et  de  l'évaporation  spontanée, 


(  I/iî/i  ) 

toutes  les  eaux  déposent  ou  peuvent  déposer  des  substances  minérales 
insolubles. 

»  L'instabilité  du  bicarbonate  de  chaux  est  la  caTise  principale  de  ce 
phénomène.  Ce  sel  en  se  précipitant  entraîne  avec  lui  d'autres  composés, 
tels  que  les  arséniates,  les  phosphates,  etc.,  qui  sembleraient  devoir,  dans 
ces  conditions,  rester  en  dissolution. 

»  Les  travertins  que  nous  avons  analysés  provenaient  des  vasques  de  la 
Grande-Grille,  Hôpital  et  Chomel  de  Vichy.  Ces  concrétions  présentaient 
l'aspect  suivant  : 

Grande-Grille.     Masse  jaune  salé,  compacte,  à  couches  alternativement  ocreuse  et 
jaune. 

Hôpital Même  aspect  que  la  précédente. 

Chomel Sédiment  ocreux,  de  même  couleur  dans  toute  la  masse. 

»  Sur  cent  parties  de  l'échanlilloii  séché  à  iio°,  l'analyse  a  fourni  les 
résultats  suivants  : 

Grande-Grille. 

Perte  au  rouge  sombre 0,621 

Silice  hydratée 0,079 

Silice  combinée 0,456 

Sable   l  Sesquioxyde  de  fer 0,027 

Alumine o,o64 

Soufre 0,012 

Sulfate  de  baryte  et  de  strontiane.  traces 

Acide  arsénique  (As'^O^) 0,027 

Acide  phosphorique  (P-0^) o,o49 

Sesquioxyde  de  fer o,55i 

Alumine o,  iSg 

Oxyde  de  manganèse 0,080 

Chaux 53 ,  436 

Magnésie o ,  773 

Potassium 0,074 

Sodium o,3i3 

Lithium traces 

Acide  suliurique,  SO*H- 0,819 

Chlore traces 

Cuivre traces 

Baryum traces 

Rubidium,   ca;siuni,  lluor,   iode,   \ 

brome,  acides  crénique  et  apo-  néant 

crénique ^ 


Hôpital. 

Chomel. 

0,786 

1,869 

0,069 

0,482 

0,078 

0,776 

0,007 

0,007 

0,022 

0,175 

0,008 

o,oo5 

traces 

traces 

traces 

0,202 

0,027 

0,096 

0,390 

1,280 

0,093 

0,286 

0,078 

o,o83 

54,4i3 

5i,357 

0,52I 

0,999 

o,o38 

o,oi4 

0, 172 

0,084 

traces 

traces 

o,35i 

0,244 

traces 

traces 

traces 

traces 

traces 

traces 

néant 


néant 


(  i425  ) 

»  Le  groupement  de  ces  éléments  donne  à  chacun  des  dépôts  la  compo- 
sition suivante  : 

Pour  luo  parues  de  matière  sèoho.        Grande-Grille.  Hôpital.  Chomel. 

Carbonate  de  chaux 95,421  97,169  91,709 

»           de  magnésie 1,628  1,008  2,098 

»           de  soude 0,647  0,355  0,049 

»           dépotasse o,i3i  0,067  o,025 

i>           manganeux 0,101  0,098  o,io5 

11           ferreux o,644  0,472  'j^?? 

Phosphate  disodique 0,097  o,o53  0,190 

Sulfate  d'alumine 0,429  o,36i  0,328 

Sulfate  de  magnésie néant  0,124  néant 

Arséniate  ferrique o,o46  traces  0,342 

Alumine  libre  ou  combinée,  SiO-.  o,o48  néant  0,201 

Silice o,oi4  o,oo5  o,  170 

Partie  insoluble  dans  H  Cl o,658  o,i84  'i'97 

Perte  au  rouge  sombre  (mat.  ord.).  0,621  0,786  1)897 

Cuivre,  baryum,  lithium,  chlore.  .         traces  traces  traces 

100,460  100,682  99,958 

...  ,       .  ,1   trouvé..        42,986  43,875  42,054 

Acide  carbonique  total  ,     ,.  ,,  ,„  '  ,    ' 

^  j  calcule..       43,838  43,094  4'!86i 

))  Tous  les  éléments  de  l'eau  se  retrouvent  dans  le  résidu  salin;  les  pro- 
portions sont  seules  changées. 

»  Les  différences  d'actions  constatées  par  bien  des  médecins,  entre  les 
eaux  minérales  administrées  d'une  part  à  la  source  et  celles  consommées 
loin  du  lieu  de  production,  nous  permettent  d'espérer  que,  si  les  mêmes 
eaux  chargées  de  tous  les  principes  qu'elles  possèdent  à  leur  émergence 
et  qu'elles  perdent  en  partie  en  se  rendant  aux  vasques  d'où  elles  sont  dis- 
tribuées pouvaient  être  absorbées  par  les  malades  telles  qu'elles  sortent 
du  griffon,  ces  eaux  agiraient  probablement  d'une  façon  plus  efficace. 

»  Si  les  quelques  atomes  d'arsenic,  les  doses  infinitésimales  de  fer,  de 
manganèse,  de  phosphates  qu'on  y  trouve  suffisent  pour  améliorer  l'état 
général  des  malades  qui  ont  recours  à  certaines  eaux  minérales,  il  est  pro- 
bable qu'une  plus  grande  quantité  de  ces  éléments,  dans  les  mêmes  pro- 
portions relatives,  aurait  une  action  plus  utile,  plus  prompte  encore. 

»  Il  serait  intéressant  d'examiner  si,  par  un  procédé  à  trouver,  ii  y  au- 
rait ])ossibilité  d'embouteiller  les  eaux  minérales  au  griffon  même,  afin  de 
se  placer  dans  les  meilleures  conditions  possibles. 

»  Nous  avons  fait,  en  outre,  de  nombreuses  analyses  bactériologiques 

G.  R.,  1901,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  23.)  184 


(     l426    ) 

des  eaux  des  sources  suivantes:  Grande-Grille,  Chomel,  Hôpital,  Céles- 
tins,  Haulerive.  Toutes  ces  eaux,  puisées  directement  au  griffon,  n'ont 
fourni  aucune  culture.  Elles  sont  donc  absolument  privées  de  germes.  » 


MINÉRALOGIE.  —   Sur  le  gahbro  à  olwine  du  Kosswinsky-Kamen  (Oural). 
Note  de  MM.  L.  Duparc  et  F.  Pearce,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

n  Dans  une  Note  précédente  nous  avons  montré  que  le  Roswinsky- 
Kamen  est  formé  par  une  péridotite  curieuse  que  nous  avons  appelée 
Koswite;  celle-ci  affleure  en  boutonnière  au  milieu  de  gabbros  de  constitu- 
tion j)étrographique  variée.  Les  gabbros  à  olivine  notamment,  dont  il  sera 
question  dans  la  présente  Communication,  constituent  en  grande  parlie 
deux  arêtes  assez  continues,  qui  flanquent  et  cerclent  en  quelque  sorte  le 
dôme  de  Koswite  sur  ses  flancs  Ouest,  Sud-Ouest  el  Sud.  Ces  deux  arêtes, 
dont  la  hauteur  maxima  ne  dépasse  pas  900",  sont  séparées  du  môle  cen- 
tral par  une  dépression  dans  laquelle  une  barre  transversale  fait  naître  une 
ligne  de  ])arlage  des  eaux,  qui  se  réunissent  d'une  part  dans  la  rivière 
Tilaï,  de  l'autre  dans  la  Rosswa. 

»  A  l'exception  de  quelques  pitons  rocheux  qui  se  voient  d'assez  loin,  ces 
deux  arêtes  sont  couvertes  d'épaisses  forêts.  Les  gabbros  qui  les  consti- 
tuent sont  des  roches  mélanocrales  noirâtres,  très  peu  feldspathiques,  qui 
semblent  litées,  et  plongent  régulièrement  vers  l'Est  sous  un  angle  qui 
varie  d'ailleurs.  Cette  disposition  contraste  avec  celle  si  franchement  mas- 
sive de  la  Koswite;  le  contai  t  entre  les  deux  roches  est  masqué  par  la  végé- 
tation; il  se  fait  probablement  dans  l'axe  de  la  dépression  indiquée;  ces 
gabbros  alternent  d'ailleurs  localement  avec  des  variétés  sans  feldspaths 
qui  passent  aux  péridotites. 

»  Au  point  (le  vue  pétrographique,  la  liaison  de  ces  gabbros  avec  la 
Koswite  est  étroite. 

.)  Le  diallage  est  l'élément  le  plus  répandu;  il  est  légèrenienl  verdàlre  et  ren- 
ferme souvent  d'abondantes  inclusions  lamellaires  brunes,  alignées  sur  deux  directions 
conjuguées.  Il  présente  les  clivages  7?i  r=  iio,  les  plans  de  séparation  y>'=  100  sont 
très  rares;  rallongement  prismatique  e.-l  à  peine  marqué.  Quelques  macles,  selon 
p  =x  (001),  s'observent  dans  certaines  coupes.  Les  2:)ropriélés  optiques  sont  normales; 
l'angle  d'extinction  a  :=  43°  à  45°,  la  bissectrice  aiguë  z=  ng,  l'angle  2  V  r=  53";  la  biré- 
fringence ng  —  np  =^  0,022. 

»  Volci'ine  est  généralement  réduite  relativemenl  au  jiyroxène.  Elle  est  de  conso- 
lidation antérieure   à    ce   dernier,    qui   en    renferme  fréquemment  de  nombreuses  et 


(  i427  ) 

grosses  inclusions.  Elle  se  présente  en  grains  arrondis,  craquelés,  à  fissures  parfois 
légèrement  serpentinisées.  Incolore,  signe  optique  positif,  dispersion  p  >  V,  biréfrin- 
gence normale. 

»  La  magnétite  se  trouve  tout  d'abord  en  inclusions  quasi  octaédriques  toujours 
rares,  dans  le  pyroxène  et  aussi  dans  l'ollvine.  Elle  forme,  de  plus,  des  plages  sidé- 
roniliques  absolument  analogues  à  celles  du  même  minéral  dnns  la  Koswite,  mais 
beaucoup  moins  nombreuses.  Ces  plages  sonl  accompagnées  de  spinelles  chromi/ères, 
puis  d'un  mica  rouge  qui  joue  dans  les  gabbros  un  rôle  correspondant  à  celui  de  la 
hornblende  dans  la  Koswite. 

»  Ce  mica  n'est  jamais  abondant,  il  frange  les  plages  de  magnétite  et  reste,  en  tout 
cas,  étroitement  lié  à  ce  minéral.  Il  est  uniaxe  négatif,  l'extinction  se  fait  à  o  du  cli- 
vage /)  =  ooi,  le  polychroïsme  très  intense  donne:  «^  =  rouge  brun  très  foncé, 
np  =:jaune  brunâtre  presque  incolore. 

»  la' apatile  a  été  rencontrée  quelquefois  en  prismes  assez  gros;  elle  est  rare. 

«  Les  feldspal/is  sont  souvent  complètementkaolinisés, d'autres  fois  très  frais,  mais 
toujours  en  petite  <[uanlité.  Us  sont  maclés  selon  l'albite  et  le  péricline  plus  rarement 
selon  Karisbad.  De  nombreuses  déterminations  faites  par  des  méthodes  fort  diffé- 
rentes ont  montré  généralement  des  variétés  comprises  entre  Ab3Anv  et  An;  le 
labrador  Ab,An,  a  été  cependant  rencontré. 

»  La  structure  des  gabbros  est  fort  particulière.  Les  cristaux  de  pyroxèue 
et  d'olivine  directement  en  contact  ou,  dans  la  plupart  des  cas,  réunis 
localement  par  des  plages  sidéronitiques  de  magnétite,  laissent  çà  et  là 
des  vides  en  forme  de  cryptes,  dans  lesquels  les  feldspaths  ont  cristallisé. 
Il  y  a  donc,  en  quelque  sorte,  deux  stades  successifs  de  consolidation,  l'un 
représenté  par  la  magnétite  ayant  cimenté  par  places  les  éléments  ferro- 
magnésiens,  l'autre  par  les  feldspaths  qui  ont  cristallisé  dans  les  vides  nés 
de  cette  première  cimentation. 

»  Les  gabbros  à  olivine  présentent  généralement  des  phénomènes  dyna- 
miques intenses;  la  roche  est  souvent  broyée  ou  laminée,  et  réduite  à 
l'état  de  brèche  microscopique.  Les  feldspaths  sont  ployés,  les  lamelles 
hémitropes  parfois  courbées  en  demi-cercle,  les  extinctions  tellement 
onduleuses  qu'une  détermination  précise  de  l'espèce  n'est  alors  plus  pos- 
sible. 

»  Il  est  à  remarquer  que  dans  ces  roches  l'olivine  se  comporte  vis-à-vis 
de  la  pression  comme  le  quartz  dans  les  granits.  Elle  est  souvent  complè- 
tement broyée  et  réduite  en  esquilles,  alors  que  le  diallage  est  à  peine 
déformé.  Cet  écrasement  de  l'olivine  est  souvent  accompagné  d'un  com- 
mencement de  serpentinisation. 

»  La  composition  chimique  de  ces  gabbros  rappelle  beaucoup  celle  de 
la  Koswite,  la  faible  proportion  d'alcalis  montre  la  rareté  du  felilspath. 


(   i428   ) 

N»  23.  N»  22 

SiO^ 46,56  46,56 

Al-0^ 9,70  9,24 

Fe'O' 2,83  3,92 

Cr^  O* traces  traces 

FeO... 9,61  8,69 

Mn  O traces  traces 

MgO i3,3o  i3,85 

CaO i5,65  16,09 

K^O 0,94  0,93 

Na^O 1,82  1,52 

Perte  au  feu 0,47  o,36 

100,88  101,16 

N°  23  j   Gabbros  à  olivine  méianocrates,  pris  à  une  centaine  de  mètres 
N"  22  j       sur  un  même  profil. 

»   Chaque  analyse  est  la   moyenne  de  deux  déterminations   concor- 
dantes. 

n  Ces  analyses  ont  été  faites  par  MM.  Wassmer  et  Pintza.    » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  rôle  des  oscillations  eustatiques  du  niveau  de  base  dans 
la  formation  des  systèmes  de  terrasses  de  quelques  vallées.  Note  de 
M.  DE  Lamothe,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  publié  en  1899,  Sur  les  anciennes  plages  et 
terrasses  du  bassin  de  Visser  ('  ),  j'ai  démontré  qu'il  existait  dans  cette  région 
six  niveaux  très  nets  de  cailloutis,  formant  pour  la  plupart  des  terrasses 
élagées.  Leurs  altitudes  par  rapport  au  thalweg  sont,  en  commençant  par 
les  plus  anciens,  de  20o™-2o5°',  iSo'^-iSo"',  gS^-ioo",  55'"-57'°,  28'"-3o"', 
iS^-ië™.  A  chacun  de  ces  niveaux  correspondent  des  plages  généndement 
bien  conservées.  Les  deux  plus  anciens  niveaux  appartiennent  vraisembla- 
blement au  pliocène  supérieur;  les  autres,  au  pleistocène.  Il  y  a  des  traces 
de  plages  plus  élevées,  presque  vers  4oo™. 

»  Le  liea  entre  les  plages  et  les  nappes  de  cailloutis,  l'épaisseur  des 
terrasses  à  l'embouchure,  l'absence  de  stratification  inclinée,  la  manifesta- 


(')  De  Lamothe,   Note  sur  les  anciennes  plages  et  terrasses  du  bassin  de  l'Isser 
(département  d'Alger)  (Bull.  Soc.  géol.  de  France,  3°  série,  t.  XXVIl). 


(  l'^l^p  ) 

tion  de  phénomènes  analogues  sur  une  partie  notable  de  la  côte  algé- 
rienne, tout  concourt  à  prouver  que  la  formation  des  plages  et  des  nappes, 
et  subséquemment  des  terrasses,  ne  peut  s'expliquer  que  par  des  oscilla- 
tions verticales  du  niveau  de  base  et,  par  conséquent,  de  la  Méditerranée. 
Il  paraît  bien  difficile  de  l'expliquer  par  des  mouvements  propres  de  la 
lithosplière. 

»  Ces  oscillations  ne  pouvant  être  que  des  mouvements  eustatiques,  j'ai 
été  amené  à  rechercher  si,  dans  d'autres  régions  du  globe,  on  ne  retrou- 
verait pas  des  preuves  analogues  de  leur  action. 

»  En  raison  de  la  pénurie  et  de  l'insuffisance  des  documents,  j'ai  dû,  dans  ce  pre- 
mier essai,  limiter  mes  recherches  aux  systèmes  de  terrasses  de  la  Moselle,  du  Rhin 
près  de  Bàle  et  du  Rhône  près  de  Valence. 

»  Vallée  de  la  Moselle.  — Dans  la  haute  Moselle  en  dehors  des  Vosges,  j'ai  reconnu 
l'existence  de  trois  niveaux  de  terrasses  à  20'",  27'"-3o™,  54"'-6o'°  au-dessus  du  thalweg  et 
d'un  niveau  de  cailloutis  à  100"'  environ.  Il  y  a  en  outre  des  traces  d'anciennes  nappes 
alluviales  jusqu'à  près  de  200"»  que  l'on  peut,  avec  une  grande  probabilité,  considérer 
comme  représentant  dans  la  haute  Moselle  les  deux  niveaux  de  iSc^-iSo"»  et  200" 
signalés  par  Grèbe  près  de  Trêves. 

»  Vallée  du  Rhin  à  Bâlc.  —  Dans  les  environs  de  Bàle,  les  travaux  de  Du  Pasquier 
et  de  M.  Gutzwiller  indiquent  cinq  niveaux  de  cailloutis,  à  i5™-2o'",  Si""  (basse  ter- 
rasse), 56™-6o'"  (gradin  inférieur  de  la  haute  terrasse),  gg^-ioi""  (  haute  terrasse)  iSo™- 
iSo"»  (jungerer  Deckenschotler  de  Rheinfelden,  Mônchenstein)  ;  et,  en  outre,  dans  le 
Sundgau,  un  niveau  (oberelsassischer  Deckenschotler),  qui  est  l'équivalent  des  cail- 
loutis de  l'est  de  la  Suisse  et  semble  correspondre  à  une  époque  où  le  Rhin  coulait  à 
20o"'-23o°'  au-dessus  de  son  lit  actuel. 

»  Vallée  du  Rhône  à  Valence.  —  Près  de  Valence,  on  trouve  également  dans  les 
mêmes  limites  d'altitude  six  niveaux  ([ui  sont  respectivement  de  7™-8"',  21'»  (terrasse  de 
Valence),  46°"  (terrasse  du  Séminaire),  88"  (terrasse  de  FouUouse),  i38"'  (niveau  du 
Télégraphe).  Un  ô"»  niveau  de  200"°  et  au  delà  a  été  signalé  par  M.  Depéret  dans  le 
nord  et  le  nord-est  de  la  feuille  de  Valence. 

»  La  comparaison  de  ces  résultats  avec  ceux  obtenus  dans  l'Isser  dé- 
montre l'existence  dans  les  quatre  vallées  considérées  et  dans  une  même  zone 
de  20o'"-23o'"  au  plus  au-dessus  des  thalwegs  actuels  de  six  niveaux  de  cail- 
loutis :  quatre  d'entre  eux  sont  compris  entre  o"  et  100". 

»  Pour  l'Isser,  la  Moselle  et  le  Rhin  à  Bàle,  les  cinq  niveaux  inférieurs 
concordent  d'une  façon  remarquable.  Dans  la  vallée  du  Rhône,  les  cjuaLre 
niveaux  inférieurs  présentent  exactement  les  mêmes  intervalles  que  ceux 
de  l'Isser,  mais  leurs  altitudes  sont  uniformément  plus  basses  de  9™  à  10". 
L'examen  du  profil  longitudinal  du  Rhône  montre  que  cette  anomalie  est 
due  à  ce  fait  que  le  fleuve  n'a  pas,  malgré  la  faiblesse  de  sa  pente,  com- 


(  i/i3o  ) 

ploiement  acquis  son  profil  d'équilibre,  et  que  ce  profil  offre  à  Valence 
un  bombement  marqué,  dû  très  probablement  en  majeure  partie  aux 
apports  des  affluents  tels  que  l'Isère  et  la  Drôme.  Si  ce  bombement  dispa- 
raissait, si  la  continuité  des  pentes  se  réalisait,  les  altitudes  relatives  des 
terrasses  des  environs  de  Valence  seraient  toutes  augmentées  de  9'"  à  io'°, 
et  la  série  du  Rhône  deviendrait  entièrement  comparable  à  celle  de  Tisser. 

»  Le  niveau  le  plus  élevé  présente  seul,  dans  toutes  les  vallées,  des 
écarts  d'altitude  cjui  s'expliquent  naturellement  par  la  dénudation  et  l'état 
peu  avancé  du  profil  d'équilibre  à  l'époque  où  il  s'est  formé. 

»  On  doit  conclure  de  ce  qui  précède  que  les  systèmes  de  terrasses  de 
l'Iiser,  de  la  Moselle,  du  Rhin  à  Bàle,  et  du  Rhône  à  Valence,  sont  entiè- 
rement comparables  et  même  superposables.  Celte  concordance  ne  peiil 
s'expliquer  qu'en  admettant  qu'une  seule  et  même  cause,  agissant  simulta- 
nément et  de  la  même  façon  dans  ces  quatre  vallées,  a  déterminé  la  forma- 
tion des  nappes  alluviales,  et  cette  cause  doit  être,  par  suite,  celle  qui  a  agi 
à  l'embouchure  de  l'Isser. 

»  Ainsi,  cette  formation  doit  être  attribuée,  dans  les  quatre  bassins  pré- 
cités, à  une  succession  de  mouvements  eustatujues  alternativement  positifs 
et  négatifs,  mais  dont  la  résultante  a  été  négative,  et  cpii  ont  abaissé  pro- 
gressivement le  niveau  de  base  de  Taltitude  voisine  de  200"  qu'il  possédait 
pendant  le  pliocène  supérieur  jusqu'au  niveau  actuel.  Ces  mouvements 
alternatifs  ont  déterminé  dans  les  vallées  des  phases  successives  d'érosion 
et  de  remblai,  l'érosion  correspondant  aux  mouvements  négatifs,  le  rem- 
blai aux  mouvements  positifs.  Ce  sont  ces  phases  qui  ont  peu  à  peu  amené 
les  vallées  à  leur  état  actuel, 

»  Divers  indices  autorisent  à  supposer  que  les  mouvements  positifs  ont 
été  très  lents,  et  que  les  mouvements  négatifs  n'ont  été  ni  instantanés,  ni 
même  très  rapides. 

»  On  peut  considérer  en  outre  comme  très  probable  que  les  quatre 
bassins  étudiés  ont  fait  partie  d'une  zone  de  la  lithosphère  qui  est  restée 
relativement  fixe  pendant  le  pliocène  supérieur  et  le  pleistocène.  Cette 
conclusion  n'exclut  d'ailleui's  nullement  la  possibilité  de  mouvemeals 
propres  sur  certaines  portions  de  cette  zo:ie,  situées  en  dehors  des  régions 
où  l'on  observe  les  terrasses  ré-ndières.   » 


(   i43i  ) 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  morphologie  des  éléments  sexuels  chez  les  Grégarnies 
Stylorhynchides .  Noie  de  M.  Louis  Léger,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Dans  son  remarquable  Travail  sur  la  reproduction  sexuée  du  Mono- 
cystis  ascidiœ  R.  L. ,  Siedlecki  se  demande  quel  est  le  mode  de  locomotion 
qui  amène  les  sporoblastes  en  contact  pour  se  coujiiguer  ensuite  deux  à 
deux,  l'auteur  n'ayant  pas  réussi  à  démontrer  l'existence  d'un  oro:ane  loco- 
moteur quelconque  chez  ces  çamctes.  En  raison  des  difficultés  d'observ.i- 
tion  signalées  chez  les  sporoblastes  du  Monocyslis  ascidiœ,  j'ai  pensé  qu'en 
m'adressant  à  d(  s  espèces  dont  les  sporoblastes,  au  lieu  d'avoir  une  forme 
massive,  présentent  une  forme  allongée,  sont  relativement  transparents 
et  montrent  des  mouvements  très  vifs  au  moment  de  la  conjugaison,  il  se- 
rait possible  de  se  rendre  compte  de  la  nature  de  ces  mouvements.  A  cet 
effet,  j'ai  étudié  la  sporulation  chez  différentes  espèces  de  Stylorhynchides 
(Slylor-hynchus  longicollis  A.  Schn.  de  YAsida,  Slyl.  oblongatus  A.  Sclin.  de 
ÏOpatram,  Slyl.  Sj>.  du  Scaurus)  qui  montrent,  comme  on  le  sait,  au  cours 
de  la  maturation  du  kysle,  le  curieux  phénomène  auquel  A.  Schneider, 
qui  l'a  découvert,  a  donné  le  nom  expressif  de  danse  des  sporoblastes. 

»  En  été,  au  bout  de  cinq  à  six  heures  après  leur  é\acualion,  les  k\stes  de  ces  dif- 
férentes espèces  montrent  déjà  à  leur  périphérie  le  fourmillement  intense  qui  carac- 
térise la  danse  des  sporoblastes.  Si,  à  ce  moment,  on  fait  éclater  un  de  ces  kystes 
dans  une  goutte  de  liquide  physiologique  légèrement  albuminé,  on  voit  les  sporo- 
blastes comme  des  corps  fusiformes  de  i3!^  de  long  (chez  Styl.  de  VAsida,  par 
exemple),  légèrement  aphitis,  granuleux,  avec  une  partie  que  j'iippellerai  antérieure, 
rétrécie  en  bec,  au  niveau  de  laquelle  le  protoplasma  est  réfringent  et  sans  granula- 
tions. Ce  bec  se  termine  par  deux  petites  poijiles  ou  cornes  divergentes,  b  {fig.  i), 
dont  une  seule  est  visible  lorsque  le  gamète  est  \u  de  profil  (fig.  3).  A  l'extrémité  op- 
posée ou  postérieure  se  voit  un  long  fiagellum  de  27^- à  281^  environ,  dont  la  partie 
proxiraale,  celle  qui  se  rattache  insensiblement  au  corps,  est  relativement  grosse  et 
légèrement  arquée  et  se  continue  ensuite  par  un  fouet  très  mobile  et  très  délié  qui 
va  en  s'atLénuant  jusqu'à  son  extrémité. 

»  Outre  les  mouvements  très  vifs  d'ondulation  et  de  flexion  du  (lagellum  au  moyen 
desquels  les  sporoblastes  se  déplacent  très  rapidement  dans  le  kyste,  semblant  courir 
les  uns  après  les  autres,  le  corps  du  gamète  montre  quelques  mouvements  en  arc  et 
de  torsion  observés  déjà  par  A.  Schneider.  C'est  cet  ensemble  de  mouvements  du  corps 
et  du  flagellum,  joint  au  déplacement  rapide  des  gamètes,  qui  produit  le  grouillement 
si  caractéristique  qu'on  observe  dans  le  kyste  lorsque  la  danse  bat  son  plein. 


(  i43t  ) 

»  Sur  des  préparations  fraîches,  tout  mouvement  cesse  rapidement  après 
la  rupture  du  kyste  et  les  sporoblastes  meurent  vite  en  se  déformant.  Mais 
si  l'on  étudie  ces  éléments  après  fixation  au  sublimé  et  coloration  à  l'héma- 
toxyline  ferrique,  on  observera  certains  caractères  importants  concernant 


1.  Gamète  de  Stylorhyncltus  dessiné  vivant,  vu  de  face;  b,  bec.  —  2.  Gamète  vu  de  face  après 
fixation  et  coloration  à  l'hématox.  ferr.;  n,  noyau;  c,  centrosome.  —  3  et  4.  Gamètes  vus  de  profil, 
montrant  deux  positions  différentes  du  fiagellum  (Gross.  1700  D.  environ). 


leur  structure.  Le  corps  du  sporoblaste  est  nu.  Le  protoplasma  compris 
entre  les  ejranulations  incolores  est  légèrement  coloré  en  bleu  et  dessine 
des  alvéoles  à  larges  mailles.  Le  noyau  à  contour  circulaire,  vu  de  face,  est 
sans  paroi  et  situé  à  l'extrémité  antérieure  du  corps,  immédiatement  au- 
dessous  des  deux  cornes  oui  se  colorent  faiblement.  Il  est  composé  d'un 
suc  nucléaire  dans  lequel  baignent  des  corps  chromatiques  en  forme  de 
bâtonnets  occupant  surtout  la  périphérie  n  (//o-.  2).  Enfin  le  fiagellum,  qui 
s'insère  à  l'extrémité  opposée,  se  continue  à  l'intérieur  du  corps  du  sporo- 
blaste sous  la  forme  d'un  filament  axile  qui  vient  aboutir  à  un  petit  grain 
vivement  coloré  situé  immédiatement  au-dessous  du  noydn  c(Jig.  2,  3  et  4). 
Ce  grain  est  à  rapprocher  du  corps  basilaire  du  fiagellum  des  Trvjiano- 
somes,  du  Geisselwurzel  de  Wasielewski  et  Senn,  que  ces  auteurs  consi- 
dèrent comme  un  centre  locomoteur  et  comme  un  blépharoplaste  et  que 
I.,averan  et  Mesnil  ont  désigné  par  ce  dernier  nom.  Mais  il  me  paraît  égale- 
ment rationnel  de  l'assimiler  à  un  véritable  centrosome  comparable  à 
celui  des  spermatozoïdes  typiques,  lequel,  placé  comme  on  le  sait  dans  le 
bouton  terminal  de  la  pièce  intermédiaire,  est  également  regardé  comme  le 
centre  moteur  de  l'élément  sexuel.  Durant  la  formation  des  sporoblastes, 
on  voit,  en  effet,  des  centrosomes  très  apparents  présider  à  la  multiplica- 


(  «433  ) 

lion  des  noyaux;  finalement,  chaque  sporoblastecloit  donc  en  posséder  un, 
et  celui-ci  est  vraisemblablement  représenté  par  le  grain  basilaire  du  cil  (  '  ). 
Il  sera  dès  lors  intéressant  de  rechercher  le  rôle  joué  par  ce  centrosome 
dans  une  conjugaison  isogame,  où  par  conséquent  les  deux  gamètes  sont 
pourvus  d'un  centrosome  semblable  an  moment  de  l'acte  sexuel. 

»  L'accolement  des  deux  gamètes  s'effectue  avec  une  grande  rapidité, 
mais  les  deux  noyaux  restent  encore  quelque  temps  distincts.  Les  fouets 
disparaissent  et  la  copula  prend  une  forme  ovoïde  aplatie  (-).  Je  ferai 
connaître  ultérieurement  les  phases  de  ce  processus  qui  conduit  à  la  for- 
mation des  longues  chaînes  de  sporocystes  évacuées  par  le  kyste  à  sa 
maturité.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  présence  constante  d'un  stade  gré garinif orme  dans  le 
cycle  évolutif  de  i  hématozoaire  du  paludisme.  Note  de  M.  A.  Billet,  pré- 
sentée par  M.  Alfred  Giard. 

«  J'ai  fréquemment  observé,  en  suivant  pas  à  pas  le  cycle  évolutif  de 
l'hématozoaire  de  Laveran  ('),  un  stade  que,  en  raison  de  son  aspect  mor- 
phologique spécial,  je  propose  de  désigner  sous  le  \.&Tn-i&  (Xq  stade  gréga- 
riniforme. 

»  Ce  stade  se  rencontre  uniquement  dans  le  cours  du  processus  de 
multiplication  de  l'hématozoaire  par  voie  endogène  ou  asexuée.  Il  est  in- 
termédiaire entre  le  stade  du  début,  représenté  par  un  petit  corps  arrondi 
ovalaire,  non  pigmenté,  de  i^^  à  2^^  de  diamètre,  à  cytoplasma  annulaire 
muni  d'un  noyau  vacuolaire  et  d'un  karyosome  punctiforme  (1)  et  le  stade 


(')  Dans  une  Note  récente  {Soc.  de  Biologie,  29  mars  1901),  Laveran  etMesnilont 
également  comparé  le  blépharoplaste  des  Trypanosomes  au  centrosome  des  sperma- 
tozoïdes et  se  prononcent  pour  la  nature  centrosomienne  de  ce  corpuscule.  Je  ne  puis 
que  me  ranger  complètement  à  leur  avis. 

(')  Ce  processus  rappelle  beaucoup  celui  que  Schaudinn  nous  a  fait  connaître  chez 
Trichosphaerium  Sieboldi  Schn. 

(')  C'est  principalement  chez  les  malades  atteints  de  fièvre  tierce  simple  et  pen- 
dant les  rechutes  de  la  saison  hiberno-vernale  (qui  s'étend  en  Algérie  du  milieu  du 
mois  de  décembre  au  milieu  du  mois  de  juin)  que  l'on  rencontre  ce  stade  particulier. 

A  Constantine,  je  l'ai  surtout  observé  chez  les  militaires  employés,  dans  les  péni- 
tenciers, aux  travaux  de  terrassement  (roules,  mines,  etc.)  et  dont  le  sang  fourmille 
d'hématozoaires  pendant  la  période  fébrile  (10  à  »5  par  champ  du  microscope). 
G.   R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  23.)  lB5 


(  1434  ) 
final  ou  adulte  représenté  par  un  corps  sphérique,  volumineux,  fortement 
pigmenté  (7),  qui  précède  lui-même  la  formation  du  sporocyste. 


^ 


Stade  grégariniforme  de  l'hématozoaire  du  paludisme. 

La  ligne  pointillée  indique  la  circonférence  des  globules  sanguins;  n,  noyau;  k,  karyosome:  cyt, 
cytoplasma;  pm,  pigment  mélanique.  (Objectif  à  immersion  ,',  et  oculaire  compensateur  n°  12 
Stiassnie.) 

Coloration  par  la  méthode  de  M.  Laveran  (bleu  Borrel,  éosine,  tannin). 

»  Il  constitue  la  forme  la  plus  constante  et  la  plus  fréquente  de  toutes 
celles  qui  ont  été  décrites  jusqu'ici  sous  le  nom  de  corps  amiboïdes  du  para- 
site. 

»  Sous  sa  forme  la  plus  rudimentaire,  il  consiste  en  un  corps  amiboïde,  à  contours 
plus  ou  moins  irréguliers,  occupant  le  centre  du  globule  sanguin.  La  périphérie  com- 
mence à  émettre  de  courts  prolongements  pseudopodiques,  à  la  base  desquels  se  dis- 
tinguent déjà  quelques  grains  de  mélanine.  Le  noyau  augmente  de  volume,  ainsi  que 
le  karyosome  (2). 

»  Bientôt,  le  parasite  s'incurve  d'une  façon  manifeste.  Les  pseudopodes,  quoique 
toujours  assez  épais,  se  développent  et  s'allongent  de  plus  en  plus.  Le  noyau  et  le 
karyosome  sont  devenus  volumineux.  Le  pigment  est  également  plus  abondant  et  les 
globules  commencent  à  se  déformer,  à  s'hypertropliier  et  à  se  décolorer  (3). 

»  On  arrive  ainsi  à  la  forme  grégariniforme  complète  (4  et  5).  Le  parasite  occupe 
les  trois  quarts  du  globule.  Il  présente  deux  parties  bien  distinctes,  séparées  l'une  de 
l'autre  par  une  troisième  plus  ou  moins  rétrécie.  La  première,  arrondie  ovaiaire,  no/i 
amiboïde  et  non  déformable,  est  presque  entièrement  constituée  par  le  noyau  et  son 
karyosome.  Elle  est  entourée  d'une  mince  couche  de  protoplasma.  La  seconde  est  formée 
par  la  presque  totalité  du  cytoplasma.  De  forme  plus  ou  moins  effilée,  très  fortement 
incurvée,  elle  est  munie  de  nombreux  pseudopodes  très  déliés,  ara  né  if  or  mes,  qui 
s'étendent  jusqu'à  la  circonférence  du  globule.  Les  grains  de  pigment  mélanique  sont 
très  abondants.  Le  globule  est  notablement  augmenté  de  volume,  et  presque  entière- 
ment décoloré. 

»  A  ce  moment,  l'hématozoaire  présente  des  mouvements  très  actifs,  et  les  grains  de 
pigment  eux-mêmes  sont  constamment  déplacés  à  l'intérieur  du  cytoplasma. 

»  Bien  que  les  pseudopodes  soient  très  mobiles  et  essentiellement  variables,  la 
forme  générale  est  toujours  nettement  incurvée.  A  cerlnins  moments  même,  lorsque 


(  i435  ) 

les  pseudopodes  sont  peu  apparents,  l'aspect  du  parasite  rappelle  celui  àes  Hœmogre- 
garina. 

»  Enfin,  lorsque  le  développement  se  rapproche  du  stade  final,  représenté  par  un 
corps  spliérique  volumineux  et  immobile  (7),  les  pseudopodes  se  rétractent  insensible- 
ment, les  deux  extrémités  se  rapprochent  l'une  de  l'autre,  puis  se  fusionnent  et  finale- 
ment donnent  à  l'ensemble  un  aspect  presque  sphérique,  mais  à  contours  encore  très 
irréguliers  (6).  Les  grains  de  pigment,  jusqu'alors  disposés  à  la  périphérie  du  cyto- 
plasma,  envahissent  le  centre  de  celui-ci.  Le  globule  est  hypertrophié  au  maximum  et 
ses  limites  ne  sont  presque  plus  visibles. 

»  Le  stade  grégariniforme,  tel  que  je  viens  de  le  décrire,  s'observe  prin- 
cipalement pendant  la  période  d'apyrexie  qui  sépare  deux  accès  de  type 
tierce  simple,  et  plus  spécialement  au  début  de  cette  période  apyrétique. 
Je  l'ai  constaté  dans  plus  de  la  moitié  des  accès  dont  j'ai  pu  suivre  l'évolu- 
tion complète. 

»  C'est,  en  somme,  un  des  stades  les  plus  importants  du  cycle  évolutif 
de  l'hématozoaire  humain,  puisqu'il  représente  la  piiase  vraiment  active  du 
parasite,  phase  pendant  laquelle  il  se  développe  aux  dépens  du  globule 
sanguin,  en  déterminant  au  sein  de  ce  dernier  des  lésions  profondes  (hyper- 
trophie, déformation  et  décoloration)  (  '  ). 

»  Au  point  de  vue  ontogénique,  il  est  des  plus  caractéristiques,  en 
raison  de  la  constance  et  de  la  régularité  de  sa  forme;  il  donne  ainsi  un 
cachet  particulier  à  celte  phase  du  développement  désignée  jusqu'ici  sous 
le  terme  imprécis  à' état  amiboïde. 

»  Enfin,  au  point  de  vue  phylogénique,  il  suffira  de  rappeler  ses  rela- 
tions, d'une  part  avec  les  Hœmogregarina,  décrits  dans  le  sang  des  Batra- 
ciens, des  Sauriens  et  des  Ophidiens,  et  d'autre  part  avec  les  Grégarines 
proprement  dites,  parasites  ordinaires  des  Arthropodes.    » 


(')  Une  autre  alléralioÈi  globulaire,  due  à  la  présence  de  rhémalozoaire,  est  une 
altération  granuleuse  spéciale  que  seules  les  méthodes  de  coloration  de  Romanowsky 
et  de  M.  Laveran  mettent  en  évidence.  Décrite  pour  la  première  fois  par  Schuffner 
{Deulsch.  ArchiK'  f.  Idin.  Med.,  t.  LXIV),  puis  par  Maurer  {Centralbl. /.  Bakt., 
t.  XXVIII,  nos  k  et  5),  elle  vient  d'être  l'objet  d'une  étude  approfondie  de  la  part 
de  M.  Leishman  {Bril.  med.  Journ.,  p.  635;  igoi).  Sa  véritable  signification  n'est 
cependant  pas  encore  élucidée.  Cette  altération  granuleuse  est  particulièrement  nette 
pendant  toute  la  durée  du  stade  grégariniforme.  Je  ne  l'ai  pas  figurée  pour  ne  pas 
charger  les  croquis  de  la  figure  ci-dessus.  Elle  parait  jouer  un  rôle  important  dans 
l'élaboration  du  pigment  niélanique. 


(  i436  ) 

ZOOLOGIE.    —    Nouvelles   observations  sur  la  parthénogenèse  des    Oursins. 
Noie  de  M.  C.  Vigbier,  présentée  par  M.  Perrier. 

«  J'ai  publié  le  2  juillet  ïgoo,dans\es  Comptes  rendus,  une  Note  signalant 
l'hermaphroà\lisme  accidentel  du  Sphœrechinus  granularis,  et  la  parthéno- 
genèse, è^Aernenl  accidentelle,  mais  plus  fréquente,  du  Sphœrechinus  gra- 
nularis, du  Toxopneustes  lividus,  et  de  \' Arbacia  pustulosa. 

»  Le  9  juillet,  une  seconde  Note,  tenant  compte  de  ces  faits,  critiquait 
la  théorie  proposée  par  Lœb  (^Am.  J.  of  Phys.,  cet.  1899). 

»  Ces  Notes  n'étaient  qu'une  prise  de  date  pour  un  travail  détaillé.  Ce 
Mémoire  intitulé  :  Fécondation  chimique  ou  Parthénogenèse,  n'a  été  livré 
aux  Annales  des  Sciences  naturelles  que  le  5  décembre  dernier. 

»  Mais  les  nécessités  de  la  publication  des  Annales  ont  retardé  l'appari- 
tion de  ce  Mémoire,  dont  les  premières  pages  sont  seules  publiées  à  l'heure 
actuelle. 

)>  Si,  par  suite  de  ces  circonstances,  il  ne  peut  encore  être  connu,  les 
Notes  préliminaires  ont  été  l'objet  de  critiques  dont  quelques-unes  sont 
discutées  dans  mon  Mémoire,  et  de  deux  autres  dont  il  m'était  impossible 
d'apprécier  la  valeur  en  dehors  de  la  saison  de  reproduction.  Ces  deux  der- 
nières sont  :  1°  le  risque  d'une  fécondation  intra-ovarique,  et  2°  celui  d'une 
fécondation  due  à  l'apport  de  spermatozoïdes  par  de  l'eau  insuffisamment 
filtrée. 

»  Mes  premières  cultures  de  1900  ayant  été  faites  avec  de  l'eau  filtrée  au 
papier,  en  attendant  l'installation  de  mes  filtres  Pasteur  (qui  du  reste  me 
donnèrent  des  résultats  tout  à  fait  semblables),  il  y  avait  lieu  d'estimer 
pour  chacun  de  ces  deux  cas  le  risque  maximum,  bien  que  les  dévelop- 
pements obtenus  en  1900  ne  me  parussent  pas  pouvoir  s'expliquer  ainsi. 

»  J'ai  limité  mes  observations  au  Toxopneustes  et  à  V Arbacia,  le  Sphœre- 
chinus n'ayant  pas  été  vu  par  mes  contradicteurs;  et  je  me  suis  arrêté  dés 
que  j'ai  pu  confirmer  pleinement  mes  observations  précédentes.  Comme  en 
1900,  j'ai  fait  des  cultures  complexes  qui  demandent  à  l'observateur  beau- 
coup de  prudence  dans  l'appréciation  des  développements  relatifs;  mais 
qui,  seules,  permettent  à  un  travailleur  isolé  d'expérimenter  sur  un  grand 
nombre  de  sujets. 

»  J'avais  commencé  le  24  avril,  quand  un  régime  de  vents  d'Est  s'est 
établi,  tenant  la  température  relativement  basse,  et  gênant  les  expériences 


(  1437  ) 
jusqu'au  25  mai.  C'esL  à  cette  cause  qu'ilfaut,  je  pense,  attribuer  la  lenteur 
du  développement  (des  parthénogénétiques  et  des  fécondés)  et  l'arrêt  des 
parthénogénéliques  au  stade  de  l'invagination  gastrulaire. 

»  1°  Fécondation  intra-ovarique.—  Les  Toxopneustes,  rarement,  mais  très  souvent 
les  Arbacia,  tenus  en  grand  nombre  dans  des  vases  de  faible  capacité,  et  dont  on  ne 
renouvelle  pas  l'eau,  abandonnent  leurs  produits  sexuels  (les  cf  d'abord). 

»  L'eau  peut  donc  être  considérée  comme  oflVanl  le  risque  maximum  d'infection. 
Cependant,  si  l'on  prend  les  9,  et  si,  après  les  avoir  brossées  et  lavées  à  l'eau  stérilisée, 
on  abandonne  leurs  œufs  dans  celte  eau,  on  ne  constate  d'ordinaire  aucun  développe- 
ment. J'ai  fait  7  observations  de  cette  nature  :  3  sur  les  Toxopneustes,  4  sur  les 
Arbacia,  avec  des  lots  de  8  9  à  chaque  culture.  Le  résultat  ayant  été  constamment 
négatif,  je  crois  être  en  droit  de  considérer  comme  pratiquement  nul  le  risque  de 
fécondation  intra-ovarique  ; 

,)  2°  Fécondation  par  des  spermatozoïdes  apportés  par  Veau  des  expériences.  —  Ce 
risque  existe  bien  certainement,  puisqu'ainsi  s'effectue  ordinairement  la  fécondation; 
mais,  bien  qu'on  ne  doive  tenir  compte  que  des  résultats  obtenus  dans  Veau  stéri- 
lisée, la  quantité  d'eau  employée  dans  les  cultures  ne  me  paraissait  pouvoir  contenir 
que  de  quoi  féconder  un  très  petit  nombre  des  œufs  mis  en  observation,  et  l'expérience 
l'a  prouvé. 

»  Dans  la  plupart  de  mes  cultures  de  cette  année,  j'ai  remis  dans  de  l'eau  non  filtrée 
une  partie  des  œufs  recueillis  dans  l'eau  stérilisée. 

»  Pour  les  Toxopneustes  y  AÏ  traité  ainsi,  en  cinq  cultures,  un  total  de  60  9  .  Je  n'ai 
vu  de  développement  dans  l'eau  non  filtrée  que  dans  une  seule;  mais  il  y  eut  aussi, 
dans  l'eau  stérilisée  de  cette  culture,  des  larves  évidemment  parthénogénétiques,  les 
seules  obtenues  en  1901  pour  celle  espèce,  et  qui  eurent  exactement  la  même  évolu- 
tion, s'arrêtant  au  stade  de  l'invagination  gastrulaire,  tandis  que  des  œufs  fécondés  du 
même  lot  (  de  8  9  )  se  développaient  des  plulei  normaux. 

»  Pour  les  Arbacia, '^^\  traité  de  la  sorte,  en  six  cultures,  un  total  de  101  9  .  Dans 
deux  seulement  (  i4  9  et  28  9  )  il  y  eut  des  larves,  en  fort  petit  nombre  du  reste, 
dans  l'eau  non  filtrée,  tandis  qu'il  n'y  en  avait  pas  dans  l'eau  stérilisée.  Encore,  pour 
l'une  d'elles,  observait-on  dans  l'eau  stérilisée,  non  des  larves,  mais  des  débuts  de 
segmentation  (stade  2)  au  milieu  de  beaucoup  de  segmentations  irrégulières,  et  d'œufs 
sans  aucune  trace  de  développement. 

»  Dans  un  lot  de  23  9  compris  dans  le  total  ci-dessus,  se  sont  montrées  des  larves 
nombreuses,  observées  seulement  à  l'état  de  blastulas  ;  et  dans  un  lot  de  28  9  ,  non 
compris  dans  le  total,  de  nombreuses  blastulas,  et  des  œufs  arrêtés  au  stade  à  2  blasto- 
mères,  où  j'ai  pu,  comme  sur  les  autres,  constater  l'absence  de  la  membrane,  d'environ 
3  (A,  que  l'on  voit  facilement  sur  les  œufs  fécondés.  Je  tenais  beaucoup  à  constater  ce 
caractère  auquel  Lœb  attache  une  grande  importance.  La  membrane  fait  également 
défaut  sur  tous  les  œufs  non  fécondés,  intacts  ou  en  segmentation  irrégulière.  Elle  ne 
peut  être  confondue  avec  l'enveloppe  transparente  que  rendent  seuls  visibles  les  sper- 
matozoïdes qui  s'y  arrêtent,  et  qui  a  7  à  8  ;;.. 

»  Sur  129  9  d'^rèactaje  n'ai  donc  observé  que  deux  fois  la  parthénogenèse  vraie,  et 
les  larves  se  sont  arrêtées,  comme  celles  des  Toxopneustes,  au  stade  d'invagination 
gastrulaire,  tandis  que  les  œufs  fécondés  des  mêmes  lots  donnaient  des  plutei  nor- 


(  "/i38  ) 

miuix.  Je  n'ai  donc  pu  constater  de  nouveau  lo  dimorphisrae  des  plulei;  mais  je  dois 
signaler  que,  bien  que  l'angle  au  sommet  des  fécondés  soit  en  moyenne  de  87°  à  38" 
et  puisse  se  réduire  à  32",  j'ai  observé  celte  année,  parmi  des  milliers,  3  sujets  où 
l'angle  était  plus  ouvert;  —  sur  l'un  il  atteignait  70°.  Si  mes  observations  de  l'an  dernier 
se  confirment,  ce  serait  donc  une  forme,  tout  à  fait  exceptionnelle  chez  les  fécondés, 
qui  serait  de  règle  chez  les  parthénogénétiques. 

»  Allribuant  à  la  différence  de  température  la  différence  entre  mes  résul- 
tats de  1900  et  de  ceux  de  1901,  j'ai  essayé  de  mettre  à  l'étuve  mes  der- 
nières cultures,  2  de  Toxopneustes  et  l\  à'Arbacia.  J'ai  constaté  qu'une 
différence  de  7"  (de  17"  à  24°)  accélérait  consiiérablement  le  développe- 
ment des  œufs  fécondés,  des  parthénogénétiques  et  la  putréfaction  des 
autres  (*).  Mais  elle  ne  déterminait  pas  la  parthénogenèse,  quand  celle-ci 
ne  se  montrait  pas  dans  les  œufs  du  mênae  lot  laissés  comme  témoins 
hors  de  l'étuve.  Si,  comme  il  est  probable,  la  température  joue  un  rôle 
dans  le  déterminisme  parthénogénétique  de  l'œuf,  c'est,  comme  on  pou- 
vait s'y  attendre,  pendant  la  maturation  de  l'œuf,  ai>ant  qu'il  soit  pondu, 
et  non  après.  Maintenant,  pourquoi  m'en  suis-je  tenu  à  mes  procédés  opé- 
ratoires de  1900,  au  lieu  de  suivre  ceux  indiqués  par  Lœb,  c'est  ce  que 
j'expliquerai  dans  une  prochaine  INote.   » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l'emploi  de  l'acide  sUicotungstique  comme  réaclif 
des  alcaloïdes  de  l'urine.  Variations  de  l'azo/e-alcaloidujue.  Note  de 
M.  H.  GuiLLEMAUD,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Si,  à  de  l'urine  normale,  débarrassée  de  substances  albuminoïdes  et 
additionnée  de  3  pour  100  d'acide  chlorhydrique,  on  ajoute  une  solution 
aqueuse  d'acide  silicotungstique  à  5  pour  100,  il  se  forme  immédiatement 
un  précipité  volumineux  très  dense,  qui  se  sépare  aisément;  lavé  avec 
soin  à  l'eau  chlorhydrique  à  3  pour  100  et  séché  à  la  trompe,  il  se  présente 
sous  forme  d'une  poudre  amorphe,  colorée  en  rose. 

»  Ce  précipité,  dont  on  peut  régénérer  aisément  les  bases  par  les  alcalis 
faibles,  contient,  à  l'état  de  silicotungstates,  la  créatinine,  les  bases  xan- 
thiques,  une  matière  colorante  alcaloïdique  en  ;;rains  jaunes  amorphes, 
une  substance  incristallisable  qui  semble  former  la  ])artie  basique  non  dia- 
lysable  de  l'urine,  enfin  une  substance  volatile  à  80°  d'odeur  urineuse, 
formant  un  chloroplatinate  soluble  cristallisé  (^). 


(')  C'est  sans  doute  cette  action  secondaire  et  non  la  seule  élévation  de  température 
qui  s'est  montrée  nuisible  à  mes  dernières  cultures  de  1900. 

(-)  Pour  les  détails,  voir  Thèse  de  la  FacuUé  de  Médecine  de  Paris,  2  mai  igoi. 


(  ^439  ) 
»  Je  me  suis  proposé  d'étudier  dans  ce  travail,  sous  le  nom  de  rapport 
azote-alcaloïdique ,  le  rapport  qui  existe  entre  l'azote  contenu  à  l'état  d'al- 
caloïdes dans  un  certain  volume  d'urine  et  le  poids  de  l'azote  total.  Pour 
plus  de  facilité  j'ai  rapporté  le  poids  cl' azote-alcaloïdique  À  loo  d'azote 
total.  Ce  rapport  exprime  donc  la  quantité  d'azote  basique  pour  loo 
d'azote  urinaire. 

»  L'azole  total  se  dose  par  le  procédé  de  Kjeldahl.  Pour  doser  l'azole  alcaloïdique 
on  prend  Sc'^  d'urine,  on  porte  à  l'ébullilion  après  addition  de  quelques  gouttes  d'acide 
acétique,  on  filtre,  on  lave  le  filtre,  on  laisse  refroidir,  on  ajoute  2"  d'acide  chlorhydrique 
et  10'^'^  d'une  solution  d'acide  silicotungslique  à  5  pour  100;  le  précipité  est  alors  lavé 
à  l'eau  faiblement  chlorhydrique,  puis  dissous  dans  une  petite  quantité  de  lessive  de 
soude  faible;  on  obtient  ainsi  une  liqueur  fortement  colorée,  dans  laquelle  on  dose 
l'azote  total  par  le  procédé  ordinaire. 

»  J'ai  examiné  :  I.  Y  urine  normale.  II.  X'urine  de  sujets  atteints  d'affections 
aiguës  fébriles,  III.  Y  urine  de  sujets  atteints  d' affections  apyrétiques . 
»   I.  Sujet  normal;  influence  du  régime  alimentaire. 


Azote 

Azote- 

Azote 

Azote- 

total 

alcaloïdique 

Rapport 

total 

alcaloïdique 

Rapport 

des 

des 

azote- 

des 

des 

azott- 

Régime. 

24  heures. 

24  heures. 

alcaloïdique. 

Régime. 

24  heures. 

24  heures. 

alcaloldique 

Mixte 

II, 600 

o,385 

3,4o5 

Carné 

..      i3,ii9 

0,789 

6,017 

Lacté .... 

...      17,355 

0,270 

1,549 

Végétal.  .  . 

io,83o 

o,3oi 

2,779 

»  Ainsi  le  régime  lait  varier,  non  seulement  les  quantités  absolues  des 
matériaux  azotés  et  des  alcaloïdes  éliminés,  mais  aussi  leur  proportion 
relative. 

»  II.  Urine  de  malades  atteints  d'affections  fébriles. 


Azote 

Azote- 

total 

alcaloïdique 

Rapport 

des 

des 

azote- 

Maladies. 

24  heures. 

24  heures,    a 

Icaloïdique. 

Typhoïde  (40").  .  . . 

37,668 

47436 

I t ,780 

(39M).. 

20,3r2 

1,852 

9,120 

»         (38°, 6).. 

25,oo5 

1,607 

6.43o 

»    .    (38°,9).  . 

8,320 

0,445 

5,348 

Pneumonie  (39'',8). 

39,342 

4,8o3 

I2,2l5 

(39",3). 

20,640 

I  ,o32 

5,oo4 

Maladies. 

Grippe  (390,6).  ... 
»  (39°,8).... 
Tuberculose  (38°, 2). 
Pleurésie  (39°,  3) .  . 
Variole  (4o°,i).  .  .  . 
Fièvre  herpél.(38°). 
Scarlatine  (38°,  2).  . 


Azote 

total 

des 

24  heures. 

40^867 
4i  ,oo3 
24,61 3 
22 ,3io 
39,874 

22,5l4 
40,119 


Azote- 
alcaloïdique 
des 


Rapport 
azote- 


24  heures,    alcaloïdique. 


er 
3,973 
2,362 

2,364 
■,443 
3,019 
2  ,021 
1 ,233 


9,58. 
5,761 
9,2o3 
6,472 
10, 112 
8,983 
3,073 


»   Tous  ces  malades  étaient  au  régime  lacté  absolu.  On  conclut  de  ces 


(  i44o  ) 

chiffres  que,  dans  les  maladies  fébriles,  il  y  a  généralement  augmentation 
considérable  de  la  quantité  absolue  et  relative  des  alcaloïdes  éliminés. 

»  La  majeure  partie  des  bases  ainsi  excrétées  appartient,  même  à  l'état 
pathologique,  à  la  famille  des  leucomaïnes  créatiniques  et  xanthiques. 
M.  A.  Gautier  a  fait  voir  que  ces  bases,  produites  d'abord,  même  à  l'état 
normal,  au  cours  de  la  phase  de  dissociation  anaérobie  des  albuminoïdes 
protoplasmiques,  disparaissent  ensuite  partiellement  à  l'état  normal  en 
donnant  de  l'urée. 

»  III.  Parmi  les  affections  chroniques,  la  maladie  de  Bright  a  surtout  fixé 
mon  attention;  il  était  intéressant  de  rechercher  comment  se  comporte, 
dans  ce  cas,  l'élimination  des  alcaloïdes  : 


Maladie  de  Biieht. 


Id. 
Id. 


Azote 

Azote- 

total 

alcaloïdique 

Rapport 

des 

des 

azote- 

Maladie  de  Bright. 

24  heures. 

24  heures,  a 

caloïdique 

Régime  mixte 

28,607 

0,808 

I  ,3o5 

Id.              

14,981 

o,j82 

I  ,2l3 

Régime  laclé 

10,062 

0,928 

9.224 

Azote 

Azote- 

total 

alcaloïdique 

Rapport 

des 

des 

azote- 

24  heures. 

24  heures. 

alcaloïdique. 

gr 

sr 

9,106 

0,  162 

1,784 

10,449 

0,198 

1,853 

i3,35i 

0,207 

1,563 

»  Les  deux  premières  observations  montrent  que  le  brightique  mis  au 
régime  mixte  est  loin  d'éliminer  par  le  rein  la  proportion  d'azote-alcaloï- 
dique  que  rejette,  dans  les  mêmes  conditions,  l'adulte  bien  portant.  La 
troisième  observation  nous  fait  assister,  dès  le  début  du  régime  lacté,  à 
une  sorte  de  débâcle  alcaloïdique.  Enfin  les  trois  dernières  nous  montrent 
que  le  brightique  mis  au  régime  lacté  continu  se  comporte  comme  un  sujet 
en  bonne  santé. 

»  Parmi  les  autres  affections  chroniques,  je  dois  mentionner  encore  le 
diabète,  qui  m'a  toujours  fourni  un  chiffre  très  faible  pour  le  rapport 
azote-alcaloïdique  (1,623  à  1,772),  tandis  que  dans  la  plupart  des  affec- 
tions du  système  nerveux  il  y  a  élévation  sensible  de  ce  rapport  :  8,47^ 
et 9, i3o  dans  deux  cas  d'hémiplégie;  7,682  dans  un  cas  d'hystérie;  6,3i5 
dans  un  cas  de  chorée.  La  plupart  des  autres  maladies  chroniques  :  der- 
matoses, syphilis,  rhumatisme  chronique,  lésions  compensées  du  cœur, 
chlorose,  etc.,  ne  m'ont  permis  de  relever  que  des  oscillations  peu  impor- 
tantes autour  des  chiffres  normaux. 

»  Je  suis  heureux  de  remercier  ici  M.  A.  Gautier  ("dans  le  laboratoire 
duquel  ce  travail  a  été  fait.   » 


(   i44r   ) 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  otolithes  de  la  grenouille.  Noie  de  M.  Marage, 
présentée  par  M.  Moissan. 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  présentée  à  l'Académie  le  29  avril  dernier  sur  les 
otolithes  de  la  grenouille,  je  m'en  étais  tenu  aux  résultats  expérimentaux 
en  faisant  remarquer  simplement  : 

»  a.  Qu'un  liquide  de  densité  2,18  est  un  très  bon  conducteur  du  son  ;  cela  est  cer- 
tain :  les  expériences  de  Wertheini  le  prouvent. 

»  b.  Qu'un  des  rôles  des  otolithes  était  de  maintenir  aussi  constante  que  possible 
la  conductibilité  acoustique;  cela  n'est  pas  moins  certain. 

))  J'avais  eu  soin  de  ne  pas  conclure  de  la  grenouille  à  l'homme, 
mes  expériences  sur  les  oiseaux  et  les  mammifères  n'étant  pas  encore  assez 
avancées;  mais  une  Note  de  M.  Bonnier  me  force  à  revenir  sur  cette 
question. 

»   Je  réponds  point  par  point  à  ses  objections  : 

"  1.  Que  les  otolithes  se  trouvent  en  un  point  ou  un  autre  du  liquide 
de  l'oreille  interne,  cela  n'a  aucune  importance  au  point  de  vue  de  la  dis- 
solution saline. 

»  2.  Les  expériences  que  j'ai  faites  depuis  sur  les  oiseaux  m'ont  prouvé 
que  la  densité  du  liquide  de  l'oreille  interne  était,  chez  ces  animaux,  voi- 
sine de  i,o45;  les  otolithes  existent  en  faible  quantité,  mais  il  m'a  été 
impossible  jusqu'ici  de  recneûWr  an  liquide  pur  e,n  quantité  suffisante  pour 
faire  l'analyse. 

»  De  ce  que  la  densité  du  liquide  va  en  augmentant  quand  on  s'abaisse 
dans  l'échelle  animale,  on  peut  simplement  conclure  que  le  liquide  de 
l'oreille  interne  devient  d'autant  meilleur  conducteur  du  son  que  le 
système  nerveux  est  moins  parfait. 

»  3.  A  ma  connaissance,  des  analyses  «jrMart/iVaitW*  n'ont  jamais  été  faites 
sur  le  liquide  de  l'oreille  interne,  soit  pendant  la  vie  fœtale,  soit  après  la 
naissance. 

»  4.  Au  point  de  vue  clinique,  l'expérience  de  Gellé  ne  prouve  nulle- 
ment que,  si  l'on  augmente  la  densité  du  liquide  labyrinthique,  il  devient 
moins  bon  conducteur  du  son;  la  pression  exercée  est  beaucoup  trop 
faible  pour  changer  en  quoi  que  ce  soit  la  densité  et  par  conséquent  la 
conductibilité  acoustique. 

Semestre.  (T.  CXXXU,  iN"  23.)  l86 


(  i442  ) 

»  5.  On  ne  sait  rien  de  certain  sur  ce  qui  se  passe  dans  l'oreille  interne 
pendant  l'audition  :  a-t-on  affaire  à  des  vibrations,  à  des  transports  de 
liquide  en  totalité,  ou  simplement  à  des  différences  de  pressions,  aucun 
fait  n'est  encore  absolument  démonstratif.  Malgré  leur  intérêt,  les  théo- 
ries de  M.  Bonnier  ne  sont  que  des  théories  :  il  est  possible  qu'elles  ne 
soient  pas  exactes. 

»  Jusqu'ici  l'on  a  fait  sur  l'audition  beaucoup  plus  de  raisonnements 
philosophiques  que  d'expériences;  cela  est  insuffisant  au  point  de  vue 
physiologique. 

»  Pour  cette  raison,  j'ai  tenu  dans  ma  Note  précédente  à  ne  présenter 
que  des  faits  expérimentaux;  ces  faits  subsistent  toujours.  » 


MÉDECINE.  —    Sur  une  méthode  de  recherche  du  bacille  typhique. 
Note  de  M.  R.  Cambier,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Au  cours  d'une  étude  que  je  poursuis,  avec  la  collaboration  de 
M.  A.  Girauld,  sur  l'influence  réciproque  qu'exercent  les  cultures  micro- 
biennes séparées  par  des  cloisons  poreuses  permettant  la  dialyse  des 
produits  de  sécrétion  solubles,  j'ai  remarqué  que  certaines  de  ces  cloisons 
se  laissent  aisément  traverser  par  les  bactéries,  dans  les  conditions  que  je 
vais  préciser  : 

»  On  dépose  dans  un  large  tube  de  verre  fermé  à  une  extrémité  une  bougie  de  por- 
celaine suffisamment  poreuse;  tube  et  bougie  sont  à  demi  remplis  de  bouillon  et 
stérilisés  à  iio°.  Si  l'on  ensemence  avec  précaution  le  bouillon  contenu  à  l'intérieur  de 
la  bougie  au  moyen  d'une  culture  typhique  pure,  on  peut  constater  déjà,  après  quelques 
heures  d'étuve  à  87°,  que  le  bouillon  entourant  la  bougie,  qui  était  d'abord  parfaite- 
ment limpide,  présente  maintenant  un  louche  manifeste,  traduisant  le  passage  du 
bacille  à  travers  les  pores  de  la  bougie  de  biscuit. 

»  Tous  les  échantillons  de  bacille  typhique  se  sont  comportés  de  la 
même  façon,  à  la  rapidité  du  passage  près.  Les  bacilles  les  plus  mobiles 
sont  ceux  qui  passent  le  plus  vite  à  travers  le  fdtre;  certains  le  traversent 
en  moins  de  dix  heures,  d'autres  en  deux  ou  trois  jours.  Un  bacille, 
conservé  depuis  1896  par  des  repiquages  fréquents  sur  agar,  et  ayant 
perdu  toute  mobilité,  n'a  passé  qu'après  huit  jours. 

»  Les  bougies  Chamberland,  marque  B,  et  les  bougies  tfamiante  de 
M.  Garros,  ne  sont  pas  traversées  dans  ces  conditions.  Il  est  question  ici 
de  culture  à  travers  des  parois  poreuses,  et  non  pas  de  filtration  :  en  effet, 


(  1443  ) 
dans  le  cas  de  filtration,  le  bacille  lyphiqne  est  arrêté  par  la  même  bougie, 
qui  est  traversée  par  lui  dans  les  circonstances  indiquées  plus  haut. 

»  D'autres  espèces  microbiennes  sont  capables  de  traverser  les  parois 
des  bougies  que  nous  utilisons;  cependant,  de  toutes  les  espèces  banales 
que  nous  avons  examinées  jusqu'ici,  aucune  ne  passe  aussi  vite  que  le 
bacdle  typhique. 

))  Cette  curieuse  propriété  du  bacille  typhique  m'a  suggéré  l'idée  de  le 
rechercher  dans  l'eau  de  la  façon  suivante  : 

«  On  sème  une  certaine  quantité  de  Tean  à  éprouver  dans  l'intérieur  de  la  bougie, 
placée  comme  il  vient  d'être  dit  dans  un  litre  de  bouillon  à  38°.  Dès  qu'un  louche  se 
manifeste  dans  le  bouillon  extérieur,  à  l'aide  d'une  pipette  effilée  on  en  prélève  une 
partie  qu'on  ensemence  sur  les  milieux  de  diflférenciation  habituels,  lait,  milieux 
lactoses,  pomme  de  terre,  etc.,  et  qu'on  soumet  à  l'examen  microscopique  et  à  la 
réaction  d'agglutination. 

»  Parfois  le  passage  du  bacille  typhique  est  si  net  qu'on  trouve  dans  le 
bouillon  extérieur  une  culture  pure  de  ce  bacille.  Parfois  il  passe  mélangé 
d'une  espèce  étrangère  dont  on  peut  essayer  de  le  séparer  par  une  nou- 
velle culture  en  bougie  ou  par  la  culture  sur  plaques. 

»  Dans  de  l'eau  de  Vanne  renfermant  du  colibacille  et  artificiellement 
infectée  de  bacille  d'Eberlh,  j'ai  pu  retrouver  ce  bacille  soit  immédia- 
tement, soit  après  i8  jours  de  conservation  dans  une  armoire  obscure  du 
laboratoire.  J'ai  pu  isoler  facilement,  par  ce  nouveau  procédé,  des  bacilles 
typhiques  de  l'eau  de  Seine  et  de  Marne,  ainsi  que  de  l'eau  de  certaines 
sources. 

»  L'isolement  du  bacille  des  selles  typhiques  est  actuellement  à  l'étude. 
Dans  les  cas  les  plus  favorables,  on  peut  en  1 8  ou  20  heures  être  fixé  sur 
la  présence  du  bacille  typhique  dans  im  échantillon  d'eau;  seules,  les 
méthodes  de  différenciation  qu'il  faudra  toujours  appliquer  aux  bacilles 
isolés  par  la  culture  en  bougie  retarderont  de  2  ou  3  jours  le  diagnostic. 

»  Eu  terminant  cette  Note  préliminaire,  je  dois  insister  sur  ce  fait  que 
les  bacilles  tvphiques  que  nous  avons  ainsi  séparés  des  eaux  et  des  selles 
n'étaient  agglutinés  que  par  d'a.ssez  fortes  doses  de  sérum  spécifique 
(  I  :  5o  environ)  d'un  sérum  très  actif  (i  :3ooo)  sur  le  bacille  typhique  de 
rate.  On  ne  saurait,  à  mon  avis,  se  baser  sur  ce  fait  pour  leur  contester  leur 
nature  typhique.  Je  démontrerai  en  effet,  prochainement,  qu'un  bacille 
typhique  extrait  de  la  rate  et  très  agglutiné  par  i  :  3ooo  de  sérum  spéci- 
fique n'est  plus  agglutiné  que  par  une  dose  beaucoup  plus  élevée  du 
même  sérum  quand  il  a  végété  au  contact  du  colibacille.  En  même  temps, 


(  i444  ) 

ce  colibacille  acquiert  de  son  côlé  la  propriété  d'être  nettement  agigliitiné 
à  un  taux  compris  entre  i  :  5o  et  i;  loo  par  le  sérum  typhique  expéri- 
mental, propriété  qu'il  ne  possédait  pas  auparavant.   » 

MÉTÉOROLOGIE.   —  Six  mois <ï observations  météorologiques  à  Quito. 
Note  de  M.  F.  Gonnessiat,  présentée  par  M.  Bassot. 

«  Mon  premier  soin,  en  prenant  la  direction  de  l'Observatoire  de  Quito, 
a  été  de  réorganiser  le  service  météorologique.  L'Académie  voudra 
bien  me  permettre  de  lui  communiquer  dès  maintenant  un  résumé  des 
données  recueillies  au  cours  du  premier  semestre  d'observations,  du 
i*^  septembre  1900  au  28  février  1901  :  d'autant  plus  que  les  éléments 
climatologiques  de  Quito  ont  été  jusqu'ici  mal  déterminés,  et  que  c'est  la 
première  fois  que  les  plus  importants  de  ces  éléments  sont  tirés  du 
dépouillement  des  courbes  d'enregistreurs. 

))  L'Observatoire  dispose,  en  effet,  en  dehors  des  instruments  normaux, 
d'un  excellent  barographe-balance  Sprung-Fuess,  d'un  thermographe  et 
d'un  hygrographe  Richard,  d'un  anémographe  Sprung-Fuess,  tous  relevés 
d'heure  en  heure,  et  enfin  d'un  pluviographe  Holtinger,  relevé  de  4  en 
4  heures. 

»  Les  résultats  sont  condensés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Sept.  Cet.  Nov.  Dec.  Janv.  Fév. 

^     •  I  Moyenne 540"""     -1-7,54  7,20  6,98  6,87  7,04  7,73 

S    0  I  Moy.  diurne  la  plus  haute..  .          8,    3  7,   7  7,   7  8,3  8,    i  8,   8 

fc  ^  I        '     .)           la  plus  basse ..  .         7,   o  6,   5  6,    i  5,6  6,    i  6,   3 

o  o  o  o  o  o 

Moyenne 12,    8  12,   6  12,   6  i3,2  i3,    i  12,   9 

Moy.  diurne  la  plus  haute.  .  .  i4,    3  i4,   7  i3,   7  i4,8  14,   2  i4,   7 

Bu.}             »            la  plus  basse.  ..  11,    5  10,   8  11,0  11, 3  12,0  ii,4 

'     g  /  Moyenne  des  raaximas 11,   3  20,   7  20,   3  21,6  21,    i  20,    2 

g  ;_  J  Moyenne  des  minimas 6,7  7,0  7,8  7,1  7,6  7,6 

H  '"  I  ^       .  (Maxima 24,5       23,3       22,0       28,7         24,3       23,3 

'   Extrêmes.  <,..    .  /  o/oc  a.  /™„« 

(  Minima '...  2,   3         4,   8         5,   o         3,i  4,   7         2,   9 

Maxima,  boule    (Moyenne..  48,  8  47,  '  47 ,   3  47,9  47,    '  46,  4 

noiredanslevide.  i  Laplush'=.  53,  o  53,  7  5i,    7  52,  i  Sa,   8  52,  6 

g  1  ]  Minima  à  alcool  (  Moyenne...  4,  7  5,  8  6,   3  5,i  5,   9  6,  i 

^  '^  {  ào",i  du  gazon.  (Laplusb'»..  — i,  6  -I-2,  3  -1-2,   9  -1-0,7  — o,    3  -1-0,  4 

■£     «'(Moyenne 71  77  81  72  75  77 

I  ■■=)  Moy.  diurne  la  plus  haute..  .  84  89  88  84  86  92 

S  "3  I  „  la  plus  basse ..  .  54  65  75  55  53  58 


à.:e 


Semestre. 

7, 

21 

8, 

8 

5, 

6 

c 

12, 

87 

i4. 

8 

10, 

8 

20, 

9 

7, 

4 

24, 

,   5 

2, 

,  3 

48, 

,   5 

53, 

■   7 

0, 

.   7 

—  I . 

,   6 

75 

92 

53 

Évapora tion  à  l'ombre  (large  surface), 
quantité  totale  en  millimètres.  .  .  . 

.  i  Quantité  totale  en  raillim 

■3  <     Nombre  de       (  quant' >o"'",i. 
&"  f  jourspluvieux.  j  qu.  inappréc.  . 


fejo 

ce 

o 


K,  \  Nombre  de  (  tonnerre 

jours  avec  j  éclairs  lointains  , 


( 

1445  ) 

Sept. 

Oct. 

Nov. 

85 

65 

52 

5S 

117 

n6 

i3 

20 

17 

5 

1 

4 

10 

18 

i4 

S  o"  o  l  7''  du  matin 
£  S  •«  J  2''  du  soir. 
a  a  ^   (  g""  du  soir.  . 


c 

.2  « 

«  % 

o  ■- 

■"  '-S 

a  T3 


Nombre  d'heures.  ■, 


Matin 
Soir  .  . 


4 

7 
(3 

3,   8 

'.   9 


o 

7 

7 

3,   6 

I-   9 


7 
8 

3,   7 

.,   8 


Fraction     diurne 
max.) 


10,9     au 


Dec. 

80 

73 
6 
3 


6 
6 

4,  7 


3,    I 
0,52         0,49         0,49        0,69 
»   Voici,  d'autre  pari,  le  Tableau  des  variations  diurnes  : 


Janv. 


73 

i5 


/ 
7 

3,   7 

2,    o 

o,5i 


Fév. 


100 

i3 


7 
6 

3,   7 
2,   o 

o,5i 


4l2 

536 

S4 

18 

61 

47 

4 

'   7 

6 

-  9 

6 

.   7 

3 

.   9 

»  H,  pression  barométrique;  6,  température  à  l'ombre;  /(,  humidité  relative; 
f,  tension  de  la  vapeur  d'eau  calculée  en  fonction  de  0  et  A;  v,  vitesse  du  vent  en  hec- 
tomètres par  heure;  P,  quantité  totale  de  pluie  en  millimètres. 


0,53 


t 

H— 540. 

e 

h 

/ 

(' 


t.. 
H 


540. 


h  . 

/■ 

('  . 

P. 


0-. 

l^ 

2^ 

P. 

4''. 

s»". 

6^ 

7". 

8K 

9^ 

10''. 

11''. 

7.9' 

7,53 

7,16 

6,95 

6,94 

7,12 

7,39 

7,8. 

8,09 

8, .4 

8,00 

7,64 

9.7 

9,5 

9>' 

8,7 

8,3 

8,1 

7,9 

9,9 

12,7 

i5,4 

'7-' 

18,5 

9' 

9' 

9' 

9' 

9' 

9' 

90 

83 

70 

61 

57 

52 

8,2 

8,0 

7,8 

7>6 

7,4 

7,3 

7,1 

7,5 

7,7 

7,8 

8,2 

8,2 

35 

35          39 
89 

40 

38 

_|^ 

;>2 

57 

5i 

58 

69 

83 

10 

I 

l'2^ 

13\ 

l4^ 

VaK 

16''. 

17''. 

18^ 

igi". 

20''. 

21\ 

22'-. 

■23\ 

7,>4 

6,54 

5,99 

5,70 

5,71 

5,97 

6,45 

6,97 

7,54 

7,98 

8,20 

S, 18 

19.4 

IQ,4 

18,6 

•7-9 

16,4 

i4,8 

i3,. 

i',9 

..,3 

10,8 

10,4 

10,1 

49 

48 

5i 

55 

60 

68 

76 

84 

88 

9' 

9' 

91 

8,1 

8,0 

8,1 

8,3 

8,4 

8,5 

8,7 

8,8 

8,7 

8,5 

8,4 

8,2 

86 

99 

io3 

IIO 

99 

79 

4i 

34 

29 

28 

3o 

3o 

i58 


'99 


79 


I)   La  variation  diurne  barométrique  se  laisse  exactement  représenter  par 
a  formule 

SH  =  o,63cos  i5(^  —  3,5)  +  o,9r  cos3o(^  —  9,6). 

»  Les  vents  terrestres  soufflent  en  général  du  NE  ou  du  SW,  c'est-à-dire 


(  i446  ) 

à  peu  près  dans  la  direction  de  la  vallée.  Autour  de  ces  deux  rhnmbs.  In 
fréquence  est  sensiblement  la  même  de  6""  à  la*"  et  de  iS**  à  24'';  de  0*"  à  6^, 
les  vents  du  SW  prédominent;  le  contraire  a  lieu  de  12^  à  18''. 

»  Les  cirrus  ne  s'écartent  presque  pas  de  la  direction  E-W.  En  temps 
d'orage,  les  nuages  bas  s'entre-croisent  dar)s  tous  les  sens. 

»   C'est  à  l'E  qu'apparaissent  toujours  les  mouvements  orageux. 

»  Les  observations  seront  intégralement  publiées  et  commentées  dans 
un  Bulletin  annuel.   » 

M.  A.  NoDON  adresse  la  description  d'un  «  Trieur  de  phases  électroly- 
tique  pour  courants  alternatifs  ». 

M.  Marcelun  Langlois  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Re- 
cherches sur  la  constitution  des  atomes,  le  glucinium.    » 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  10  juin  1901. 

Association  internationale  des  Académies.  Première  Assemblée  générale 
tenue  à  Paris  du  16  au  2.0  avril  1901,  sous  la  direction  de  l'Académie  des 
Sciences  de  l'Institut  de  France.  Compte  rendu.  Procès-verbaux  des  Séances. 
Paris,  Gauthier- Villars,  1901.  (Présenté  par  M.  Darboux,  Président  de 
l'Association.) 

Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de  Paris, 
exécuté  parM.  M.  Lœwy,  Directeur  de  l'Observatoire,  et  M.  P.  Puiseux; 
5*  fascicule  comprenant  :  1°  Etudes  sur  la  topographie  et  la  constitution  de 
l'écorce  lunaire  (suite).  2°  Planche  e.  Image  obtenue  au  foyer  du  grand  équato- 
rialcoudé.  3°  PlanchesXXVIàXXIX.  Héliogravures  d' après  les  agrandissements 
sur  verre  de  cinq  clichés  des  années  1894,    1897,   1898,    1899.  Imprimerie 


(  «447  ) 
Nationale,    1900;   texte   i   fasc.   in-4"   et   atlas    i    fasc.   in-f".    (Envoi  de 
M.  le  Ministre  île  l'Instruction  publique.) 

Essai  sur  la  théorie  générale  de  la  Monnaie,  par  Albert  Aupetit.  Paris, 
Guillaumin  et  C'*,  1901;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

Nouvelle  théorie  céleste,  par  A.-A.  Humbert.  Marseille,  inipr.  Achard  et  G'*, 
1889;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Mécanisme  et  Dynamisme,  loi  fonctionnelle  de  la  Création,  par  L.-C.-E.  Vial, 
1"^^  el  2*  parties.  Paris,  chez  l'Auteur,  1901;  2  fasc.  in-S".  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Commission  météorologique  delà  Gironde.  Observations  pluviométriques  et 
thermométriques  faites  dans  le  département  de  la  Gironde  de  juin  1899  à  mai 

1900.  Note  de  M.  G.  Rayet.   Bordeaux,  impr.  G.  Gounouilliou,   1900; 
I  fasc.  in-8°. 

Département  de  l'Eure.  Rapports  du  Conseil  central  et  des  Conseils  d'arron- 
dissement d'Hygiène  publique  et  de  Salubrité,  année  1900.  Evreux,  impr. 
Charles  Hérissey,  1901  ;  i  fasc.  in-S".  (Envoi  de  M.  le  Préfet  de  l'Eure.) 

Royat-les-Bains.  Revue  de  Clinique  thermale,  par  le  D''  H.  Laussedat. 
Paris,  1901;  1  fasc.  in-12. 

L'Anthropologie,  rédacteurs  en  chef:  MM.  Boule  et  Verneau;  t.  XH, 
n°'  1,  2;  janvier-avril,  1901.  Paris,  Masson  et  C''^;  i  vol.  in-8°. 

Procés-verbaux  des  Séances  de  la  Société  des  Sciences  physiques  el  naturelles 
de  Bordeaux,  années  1899-1900.  Paris-Bordeaux;  1  fasc.  in-8°. 

Omis.  Bulletin  du  Comité  ornithologique  international,  I.  XI  (i 900-1 901), 
n°  1.  Paris,  Masson  et  G'*;  i  fasc.  in-»''. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d' Amiens,  t.  XXXIX,  u°  1,  janvier-février, 

1901.  Amiens,  impr.  T.  Jeunet;   i  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Rouen,  29*  année,  u"  1,  juivier-février, 
1901.  Rouen;  i  fasc.  iu-S". 

Compagnie  des  Chemins  de  fer  du  Midi.  Assemblées  générales  ordinaire  et 
extraordinaire  des  actionnaires  du  27  avril  iç)0i,  présidence  de  M.  Léon  Aucoc. 
Rapports  du  Conseil  d' Administration.  Résolutions  de  l' Assemblée.  Paris;  i  fasc. 
peî.  in-4°. 

Annals  of  the  aslrophysical  Observatory  of  the  Smithsonian  Institution; 
vol.  I,  by  S.  P.  Langley,  director,  aided  by  G.  G.  Abbot.  Washington, 
1900;  I  vol.  ia-4°.  (Présenté  par  M.  Darboux.  Hommage  de  M.  S.  P. 
Langley.) 

Wissenschaftliche  Ergebnisse  der  Reisen  in  Madagascar  und  Ostafrica  in 
denJahren  1889-95,  von  D''  A.  Voeltzkgay;  Bd  II,  Heft  3,  mit  i3  Tafeln 


(  1448  ) 
und   i4  Textfiguren.  Frankfort-s.-M,,  Morilz  Diestervveg,   1901;   i   fasc. 
in-4".  (Présenté  par  M.  Grandidier.  Hommage  de  l'Atiteur.) 

Publications  of  the  United  States  naval  Observatory;  second  séries,  vol.  I, 
Washington,  1900;  i  vol.  in-4°. 

Pacific  Coast.  Coast  pilol  of  California,  Oregon  and  Washington,  by 
George  Davidson,  fourlh  édition.  Washington,  1889;  i  vol.  in-8°. 

U.  S.  Commission  of  Fishand  Fisheries,  George  M.  Bowers,  comniissioner, 
part  XXV.  Report  of  the  Commissioner  for  the  year  ending  june  3o,  1899. 
Washington,  1900;  i  vol.  in-S". 

Anniial  Report  of  the  Smithsonian  Institution,  1898,  U.  S.  National 
Muséum.  Washington,  1900;  i  vol.  in-8°.  {A  suivre.) 


ERRATA. 

(Séance  du   28  mai   1901.) 

Note  de  M.  Bouquet  de  la  Grye,  Sur  la  parallaxe  du  Soleil  : 
Page  1262,  ligne  5  en  remontant,  au  lieu  de  66""",o4i,  Usez  62"'",o4i. 


(Séance  du  3  juin  1901.) 

Note  de  M.  L.  Raffy,  Détermination  des  surfaces  qui  sont  à  la  fois  des 
surfaces  de  Joachimstal  et  des  surfaces  de  Weingarten  : 

Page  i3i3,  en  tète  de  la  ligne  9,  lisez  (2). 
Même  page,  en  tête  de  la  ligne  12,  lisez  (3). 
Même  page,  ligne  26,  au  lieu  de 


lisez 


dT^  _  ^-— (»t4-Y)^  +  (c  +  wy)  d^ 
T    -  ■^-(ni--!)i-(c-hm'!)    T 

dT  _  i-^  — (/»  -i-Y)t-Kc_j_,„.,)  d^ 
ï   ~  ?-  +  (?«-+- Y)^  —  {c-t-wf)    ^' 


I^age  i3i4,  ligne  7,  au  lieu  de  i-  =  —  i. .  -,  Usez  c  =  —  —  /  •  •  •• 

Même  page,  ligne  10,  au  lieu  o?e  R,  et  D,,  lisez  R,  et  Rj. 

Même  page,  ligne  17,  au  lieu  f/ecosX0,  lisez  cosX6;  au  lieu  de  q  =  ...,  lisez  c: 


r  23. 

TABLE   DES  ARTICLES.     (Séance   du    10  juin    190L) 


»IEM01IIES  ET  C0MMlJi\lCAT10.\S 

DES   MEMBIIIÎS   ET    DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.   G.    MiTTAti-LiiFi'LEii.  —  Sur   la   série  de 
Bernoiilli ^ i3ss 


l'ages. 
M.  liERTHELoT.  —  Sur  le  lilr.Tye  ù  Taide  des 

colorants  des  acides  et  des  alcalis  à  fonc- 

lion  complexe uî;-       M.    li.  Vallier.    —  Sur  les  intégrales  eulé- 

\l.   J.  BoussrNESu.  —   Mise  en  équation  des  riennes   ineomplùlos  de   deuxième   espèce 

pliénomènes  de   convection  calurilli|ue  et  et    les   intégrales   indélinies  des  fondions 

aperçu    sur    le    pouvoir   refrnitlissant  des  précédentes eIÎ' 

fluides i:tN?    i 

IVOMINATIONS. 


Commission  chargée  tie  juger  le  concours  du 
prix  Leconte  pour  ir/oi  :  MM.  Fougue. 
Bouijuet  de  ta  Grye,  Darboux,   llerllie- 


hit,  /ifiitc/iarct,  Ja/i.sse/f,  /^oincure,  Ot'd/t- 
didier,  Laussedat.  /ion.r,  A/oissan liii).') 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  SiiCRÉTAiitr;  l'EnrÉTUEL  présenle  le 
compte  rendu  de  la  première  Assemblée 
générale  de  l'Association  internationale 
des  Académies,  tenue  A  Paris  du  i(i  au 
20  avril   igoi i  H)li 

M.  le  Seofietaihe  I'ERPf.ïuel  signale:  i°  Le 
premier  Volume  d'une  publication  de 
M.  Langley  ayant  pour  titre  :  «  Vnnals 
of  tlie  astropliysieal  Ohservatory  of  tlu' 
Smillisonian  Institution  »  ;  2'  Le  cin- 
quième fascicule  de  l'.Mlas  pliologra- 
phique  de  la  Lune,  publié  par  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  exécuté  par  MM.  M. 
I.œwy  cl  P.  Huiseux:  i-  Ui>  Ouvrage  de 
M.  Auj)etit  intitulé  :  «  Essai  sur  la  théorie 
générale  de  la    Monnaie  » ■(!)'! 

La  SOCIETE   nES    Amis    des   Sciences   i-hy- 

SIQUES      ET      MATllEM.VriQUES      DE      PoLTAVA 

invite  l'Vcadémie  à  s'associera  la  célébra- 
tion du  centenaire  de  la  naissance  de 
Michel Ostrugiadsky, qa\  aura  li«u  A  Pol- 

tava  le  12-23  septembre  igot 1  )i|(i 

M.  E.  PimAGMÈN.  —  Sur  le  domaine  de 
convergence  de  l'intégrale  infinie 

/      V{ax)e'"  da iMi'i 

*-  i> 
M.    Uaiîut.     —    Sur    nn    invariant    remar- 
quable de  certaines  transloriiiations  réali- 
sées par  des  appareils  enregistreurs 1-^99 

M,  A..P0NS0T.  -  LoisdeGay-Lussac  et  dis- 
sociation des  composés  gazeux i'|Oi 

M.  U.  Neuueano.  —  Vibrations  produites 
dans  un  lil  à   l'aide  d'une  machine  à   in- 

lUience ''l'i'i 

M.  On.  PoLLAK.  •-   Sur  un   voltamètre   dis- 
,  joncteur  des  courants 1  'i"5 


I    INL   C   Ltox.     -    Sur  un   grisoumélre  élec- 

I        trique i4oS 

I  M.  H  Pelabon.  —  Sur  la  vérification  expé- 
rimentale d'une  joi  lU-  mécanique  chi- 
mique    i-4ii 

.\L  /V.  llKcouiiA.  -  Action  d'un  hydrate  mé- 
tallique sur  les  solutions  des  sels  des 
autres  métaux.  •  Sels  basiques  à  deux 
métaux i/ji  't 

M.  Maucei,  DeléI'INE.  — Sur  les  étbcrs  imi- 
dodilhiocarboniques  R.\z=  C(  SH')-  . .  . .    i^i'i 

MM.  L.  MAyuENNE  et  G.  Bertkand.  —  Sur 
les  érylhriles  actives j-Ih) 

M.  E.  l'LEUUENr.  —  Etude  d'un  densimélrc 
destiné  A  la  détermination  de  la  valeur 
boulangéie  des  farines  de  blé 1421 

MM.  C.  GiiiAUD  et  V.  Boudas.  —  Analyse  de 
quelques  travertins  du  bassin  de  Vich)..-    ' '(2.i 

MM.  L.  IluPAuc  et  K.  PiAiiCE.  —  Sur  le 
gabbro  à  olivine  de  Knsswinsky-Kamen 
(  Oural  ) - I  '1  ■'' 

M.  DE  La.mothe.  —  Sur  le  rôle  des  oscilla- 
lions  eustatiqucs  du  niveau  de  base  dans 
la  forEualion  des  systèmes  de  terrasses  de 
linéiques  vallées i.'i'^S 

M.  Louis  Leoeh. —  Sur  la  morphologie  des 
éléments  sexuels  chez  les  Grégarines  sty- 
lorhynchides r'(.'' 

M.  A.  Billet.  —  Sur  la  présence  constante 
d'un  stade  grégarinifornie  dans  le  cycle 
évolutif  de  l'hématozoaire  du  paludisme..    i4''i3 

M.  C.  ViGUiEii.  Nouvelles  observations  sur 
la  parthi-niigenése  des  Oursins i43'i 

M.  H.  GuiLLEMARD.  -  Sur  l'emploi  de 
l'acide  silicotungstique  comroe  réactif  des 
alcaloïdes  de  l'urine.  Variations  de  l'azolc 
alcaloïdique i4'^''^ 


.    r  23. 

SUITE  DE  LA   TABLE  DES   ARTICLES. 


Pages.    I  ^  Pages. 

M.  jMAnAGE.   —   Sur  les  ololithes  de  la  gre-  |    M.    \.    Nodon  adresse  la    description    d'un 

nouille i'l4i    '        «    trieur   de    phases    électrolytique     pour 

1\I.    H.    Cambiiîh.   —    Sur    une    mélhode    de  couranls   alternatifs» I^'|h 

recherche  du  bacille  typbique \\\î    !   M.  Marcellin  Langlois  adresse  un  Mémoire 

M.   F.  GONNESSIAT.  —    Six  mois  d'observa-  1        ayant   pour   litre  ;    «    Recherches    sur   la 

lions  niéléorolosiques  il  Quito 1^44    I       constiUitioii  des  alnmes,  le  gluciniuni  »..    i44t> 

Bulletin  bibliogkm'iiiqlk '446 

Ehrata '  'l'î^ 


PARIS.   —IMPRIMERIE     G  A  UT  H  [  E  R-V I  L  L  A  R  S  , 
Quai  des  Grands-Augustias,  5ï. 


Le  Gérant  .*i>&DTBiBH-ViLLARt. 


-^«xy      1901 

PREMIËK  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

e.4.U   un.  liBS  SBOHÉT4inES  PBKPÉTVBEiS. 


TOME  GXXXII. 


N^  24  (17  Juin  1901). 


^PARiS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,   55. 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  ALI  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
r Académie  se  composent  des  extrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  di%  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie;'cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  iis  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personiu 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au-nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compterendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où   des  figures  seraient  « 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Ra|)port  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  A^olume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


dép^serTsIcrérarfaTau  ZTSW  t  T'""'  '''"'  P'"^"*^'"  '^""  ^''^°'''''  ^''  ""«   ^^  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


C'A.  y  i^^^ 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI   17  JUIN  1901 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  les  équilibres  chimiques.  —  Formation  des  phosphates 
insolubles  par  double  décomposition  :  Phosphate  de  soude  bibasique  et 
azotate  d' argent  ;  par  M.  Berthelot. 

«  Le  changement  de  neutralité  des  dissolutions  salines,  par  l'effet  des 
doubles  décompositions  avec  formation  de  sels  insolubles,  est  surtout  frap- 
pant lorsqu'on  opère  avec  les  phosphates,  spécialement  avec  le  phosphate 
de  soude  bibasique  à  réaction  alcaline,  dont  le  mélange  aux  sels  neutres, 
terreux  et  métalliques,  donne  naissance  à  des  liqueurs  acides.  Cette 
variation  de  neutralité  a  été  constatée  depuis  trois  quarts  de  siècle  environ, 
et  ses  conséquences  physiologiques  ont  été  particulièrement  signalées  par 
Liebig;  elles  sont  fort  importantes  en  urologie.  Mais  les  réactions  suscep- 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  24.)  187 


(  i45o  ) 
liblcs  de  produire  une  semblable  variation  offrent  une  complexité  qui 
n'avait  pas  été  soupçonnée  tout  d'abord  et  dont  l'étude  présente  un  grand 
intérêt  pour  la  théorie  des  équilibres  chimiques.  Il  importe  à  cet  égard  de 
préciser  rigoureusement  et  par  expérience  certains  cas  individuels  bien 
définis,  au  lieu  de  demeurer  dans  la  généralité  vague  des  équations  algé- 
briques. 

»  J'ai  déjà  mis  en  évidence  l'influence  des  degrés  de  saturation 
multiples  que  peut  affecter  l'acide  phosphorique  dans  les  phosphates  inso- 
lubles, dont  la  composition  varie  depuis  la  bibasicité  jusqu'à  la  quadri- 
basicité. 

»  L'influence  des  sels  doubles  n'est  pas  moins  importante,  comme  le 
prouvent  les  changements  successifs  des  phosphates  barytiques  et  analo- 
gues, depuis  l'état  de  phosphates  à  une  seule  base,  amorphes  ou  cristallisés, 
jusqu'à  celui  des  phosphates  à  deux  bases,  barytosodiques,  étudiés  par 
M.  Joly,  et  qui  représentent  dans  certaines  conditions  le  degré  ultime  de 
la  transformation,  conformément  au  principe  du  travail  maximum  ('). 

»  Je  me  propose  de  montrer  aujourd'hui  qu'il  existe  des  complications 
du  même  ordre,  quoique  d'un  caractère  un  peu  différent,  dans  la  double 
décomposition,  réputée  typique  jusqu'à  présent,  entre  le  phosphate  biso- 
dique  et  l'azotate  d'argent. 

»  Le  phosphate  monosodique  ne  donne  point  naissance  à  un  précipité; 
tandis  que  le  phosphate  trisodique  précipite  régulièrement  du  phosphate 
triargentique  :  il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  les  examiner. 

»  J'ai  opéré  avec  trois  systèmes,  dans  lesquels  les  proportions  relative 
étaient  les  suivantes  : 

»  Pour  1  molécule  de  phosphate  bibasique  (PO*Na'-H -- 8'");  i,  i  et 
S  molécules  d'azotate  d'argent  (AzO'Ag  =  4''*)- 

1°    PO^Na^H-4-AzO'Ag. 

»  La  précipitation  a  été  faite  à  froid  et  le  mélange  aussi  rapide  que 
possible. 

»  La  liqueur  filtrée  est  acide  à  la  phénolphtaléine.  Elle  exige  jNaOH 
(un  tiers  d'équivalent)  pour  être  neutralisée,  opération  qui  ne  donne 
lieu  à  aucun  précipité  permanent. 

(')  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  6»  série,  t.  XI,  p.  355  et  356;  1887. 


(  i45i  ) 

»  La  même  liqueur  filtrée  est  alcaline  au  mélhylorange  et  au  tournesol. 
Elle  exige  |HC1,  ou  plus  exactement  o, 34  H  Cl  pour  être  neutralisée  en 
présence  du  méthylorange,  nouvelle  opération  qui  ne  donne  pas  lieu 
davantage  à  aucun  précipité. 

»   Avec  le  tournesol,  le  virage  est  incertain. 

»  Rappelons  que  le  phosphate  bisodique  est  neutre  à  la  phtaléine  et 
basique  (un  seul  équivalent)  au  méthylorange.  La  liqueur  filtrée  a  donc 
gagné  I  d'équivalent  acitle,  estimé  par  le  méthylorange;  tandis  qu'elle  a 
perdu  au  contraire  |  d'équivalent  alcalin,  estimé  par  la  phlaléine. 

»   Ces  résultats  s'accordent  sensiblement  avec  l'équation 

3AzO-Ag  +  3P0^Na-H  =  3  AzO'Na  +  PO^Ag'  +  PO^Na^H  +  PO*NaH=  ; 

équation  d'après  laquelle,  en  opérant  avec  une  molécule  dudit  phosphate, 
la  liqueur  filtrée  doit  exiger  un  tiers  d'équivalent  alcalin  (soude)  pour  être 
neutralisée  vis-à-vis  de  la  phtaléine  :  le  point  neutre  répondrait  alors  à 
PO'Na'-'H.  La  liqueur  exigerait  au  contraire,  d'après  la  même  équation, 
un  tiers  d'équivalent  acide  (HCl)  pour  être  neutralisée  vis-à-vis  du  méthyl- 
orange :  le  point  neutre  répondant  cette  fois  à  PO^'NaH-. 

n  La  précipitation  totale  de  l'argent,  telle  qu'elle  a  été  observée,  est 
également  conforme. 

))  Cependant,  malgré  ces  contrôles  apparents,  l'équation  n'est  qu'ap- 
proximative. En  effet,  en  poussant  plus  loin  les  vérifications,  j'ai  constaté 
que  le  précipité  n'est  pas  constitué  par  du  phosphate  d'argent  tribasique 
pur;  mais  il  renferme  en  outre  une  petite  quantité  de  phosphate  de  soude 
monobasique  excédante,  entraîné  ou  combiné  avec  le  phosj>hate  triargen- 
tique. 

»  L  Ce  précipité  ayant  été  recueilli,  lavé  et  bien  égoutlé  à  froid,  a 
présenté  la  composition  suivante  : 

Ag 76>i2 

P 7,68 

Na 0,20 

Excès  (O  4- H'- O) i5,95 

»  Aucune  trace  d'acide  azotique  n'existait  dans  le  précipité,  d'après  un 
essai  spécial. 

»  IL  Dans  l'opération  précédente,  les  lavages  ont  été  prolongés  seule- 
ment jusqu'à   un  terme  où  le  phosphate  commençait  à  s'émulsionner  et  à 


(  i452  ) 

passer  à  travers  le  filtre.  L'absence  d'azotate  dans  le  précipité  prouve 
d'ailleurs  qu'ils  avaient  été  suffisants,  dans  les  conditions  de  nos  essais. 

»  Cependant  on  a  cru  devoir  répéter  l'expérience,  en  prolongeant  les 
lavages  et  recueillant  dans  un  vase  à  précipité  le  liquide  émulsionné, 
contenant  un  peu  de  phosphate  argentique. 

»  On  l'a  laissé  reposer  pendant  24  heures  :  ce  qui  a  permis  de  séparer 
par  décantation  le  sel  émulsionné  et  de  le  recueillir  sur  un  second  filtre. 

»  Les  poids  respectifs  du  précipité  lavé,  retenu  sur  le  premier  filtre, 
et  de  la  matière  émulsionnée,  récoltée  sur  le  second  filtre,  ont  été  trouvés, 
dans  deux  essais  : 

1 o8%6i55         et         o,o468 

2 os^ôSoa         et         0,0876 

»  On  a  analysé  séparément  le  précipité  du  premier  filtre  (a),  soit  0,61 55 
et  o,63o2,  et  le  précipité  (è)  du  second  filtre  (émulsion),  soit  o,o468  et 
0,0376,  ce  qui  a  donné  : 

(a)  (6) 

A^S 76,07  76,6 

P 7,69  7>5 

Na o,r8 

»  Absence  complète  d'acide  azotique  dans  les  deux  précipités  (a)  et  (h). 

»  On  voit  que  le  précipité  (a)  a  fourni  les  mêmes  résultats  sensible- 
ment que  dans  la  première  opération.  Quant  au  précipité  (6),  son  poids, 
beaucoup  plus  faible  que  celui  du  précipité  (a),  permet  d'alfirmer  seule- 
ment que  sa  composition  n'en  diffère  pas  au  delà  des  limites  d'erreur. 

»  Or,  circonstance  remarquable,  ces  résultats  analytiques  ne  répondent 
pas  exactement  à  un  phosphate  triargentique,  PO*Ag%  lequel  exigerait 

Ag 77,33 

P 7.39 

0 15,28 

sans  aucune  trace  de  sodium. 

»  En  comparant  ces  nombres,  on  voit  que  le  phosphore  est  en  excès 
atomique  sensible  par  rapport  à  l'argent,  et  cependant  on  a  constaté  que 
l'argent  mis  en  réaction  avait  été  complètement  précipité  :  d'où  résulte 
cette  conséquence  nécessaire  que  le  précipité  contient  une  certaine  dose 
d'acide  phosphorique  excédant,  conséquence  confirmée  par  la  présence 
d'une  certaine  dose  de  sodium. 


(  1453  ) 

»  D'après  les  doses  observées  du  phosphore,  de  l'argent  et  du  sodium, 
les  rapports  atomiques  répondant  aux  analyses  sont  les  suivants  : 

PO*Ag-'*'Na''°^H''''», 
soit 

Ag 76,  i6 

P 7,68 

Na 0,28 

0  +  H i5,88 

c'est-à-dire,  en  tenant  compte  de  la  précipitation  totale  de  l'argent,  les 

rapports  empiriques 

igPO'Ag'  +  PO'NaH»; 

ou  plutôt,  d'après  ce  fait  que  la  limite  de  saturation  a  été  définie  par  la 
phtaléine,  c'est-à-dire  par  la  bibasicité  de  l'acide  phosphorique, 

i8P0*Ag'-^  PO*Ag=H  +  PO*NaAgH. 

»  Remarquons  d'ailleurs  que  la  dose  de  phosphate  de  soude  observée 
dans  le  précipité  surpasse  de  beaucoup  celle  qui  aurait  pu  répondre  à 
quelque  trace  d'eau  mère  retenue  dans  ce  précipité,  même  lors  de  la 
séparation  du  produit  analysé  d'abord;  et,  a  fortiori,  dans  le  cas  du  pro- 
duit qui  a  subi  des  lavages  beaucoup  plus  prolongés. 

»  D'ailleurs,  si  la  soude  avait  été  simplement  fournie  par  une  eau  mère 
retenue,  elle  aurait  dû  renfermer  une  dose  sensible  d'azotate  de  soude, 
composé  dont  une  recherche  soignée  n'a  révélé  aucune  trace. 

»  L'existence  de  semblables  sels  accessoires,  dans  la  plupart  des  pré- 
cipités, est  bien  connue  des  chimistes  :  c'est  l'une  des  difficultés  que  l'on 
rencontre  au  cours  des  analyses  très  exactes.  On  l'attribuait  autrefois  à 
ce  que  l'on  appelait  les  affinités  capillaires.  Mais  elle  paraît  résulter  en 
réalité  de  la  formation  de  certains  sels  doubles  et  composés  secondaires, 
dissociables  par  l'action  de  l'eau  et  qui  servent  de  pivots  aux  équilibres, 
surtout  aux  phénomènes  désignés  autrefois  sous  le  nom  de  calalytiqaes. 
Leur  rôle  n'est  pas  douteux;  mais  la  proportion  en  est  assez  faible,  d'ail- 
leurs, pour  ne  guère  être  sensible  aux  essais  alcalimétriques. 

»  Ces  sels  doubles,  déjà  dissociés  partiellement  par  l'eau  froide,  le  sont 
plus  facilement  encore  sous  l'influence  de  la  chaleur.  C'est  ce  que  j'ai  vé- 
rifié par  l'analyse  suivante,  exécutée  sur  un  précipité  obtenu  dans  une 


(  -454  ) 

liqueur  chaude,  maintenu  ensuite  pendant  deux  heures  au  bain-marie  en 
présence  de  son  eau  mère,  lavé  enfin  à  l'eau  chaude.  Dans  ce  cas,  il  n'y  a 
pas  éraulsion,  et  l'on  a  trouvé  : 

Ag 77'2i 

P 7>59 

Na 0,08 

O-hH i5,i2 

Pas  d'azotate. 

»  Ces  nombres  sont  beaucoup  plus  voisins  de  ceux  du  phosphate  triar- 
gentique  pur.  Cependant  il  y  a  encore  im  léger  excès  de  phosphore  et  une 
dose  sensible  de  sodium.  Le  sel  double  n'était  donc  pas  complètement 
dissocié,  même  dans  ces  conditions. 

2°     PO^Na^H  +  aAzO'Ag 

1)   Précipitation  à  froid. 

»  La  liqueur  filtrée  est  acide  à  la  phtaléine  et  au  méthylorange.  Estimé 
par  la  soude,  le  titre  acide,  avec  le  méthylorange,  répond  à  jNaOH; 

»  Avec  la  phtaléine,  à  I  Na  OH. 

»  Si  l'on  envisageait  uniquement  ces  deux  déterminations,  il  en  résul- 
terait que  la  liqueur  se  comporterait  comme  contenant^  de  molécule  PO^  H^ 
d'acide  phosphorique  libre  (ou  un  mélange  équivalent  de  cet  acide  avec 
l'acide  azotique,  se  faisant  équilibre  vis-à-vis  de  l'alcali);  ce  qui  répondrait 
à  l'équation  suivante  : 

2AzO»Ag+PO*Na^H  ^:  ^AzO'Na  -+--;  PO*Ag' +  iPO*H', 

c'est-à-dire 

ôAzO'Ag  -h  aPO^Na^îH  ==  ÔAzO'Na  +  2PO\\g'  -f-  PO*H'; 

la  perte  d'acidité  éprouvée  par  le  phosphate  de  soude  étant  de  deux  unités 
équivalentes  sur  trois,  vis-à-vis  du  méthylorange,  et  de  deux  unités  sur  six, 
vis-à-vis  de  la  phtaléine. 

»  Cette  perte  d'acidité  est  réelle;  mais  l'interprétation  donnée  par  la 
formule  ci-dessus  n'est  pas  exacte,  attendu  que  le  phosphate  d'argent 
exprimé  par  la  formule  ne  se  retrouve  pas  entièrement  dans  le  précipité. 

»    En  réalité,  l'argent  est  partagé  entre  le  précipité  et  la  liqueur,  une 


(   i455  ) 

jjortion  existant  dans  cette  dernière  à  l'état  de  phosphate  acide  d'argent. 
En  effet,  lorsqu'on  verse  dans  la  liqueur  de  la  soude  jusqu'à  la  limite 
indiquée  par  le  virage  de  la  phtaléine,  cet  alcali  donne  lieu  à  un  nouveau 
précipité  de  phosphate,  qui  contient  le  reste  de  l'argent. 

»  On  peut  ainsi  doser  l'argent  resté  dissous.  Mais,  pour  plus  de  rigueur, 
j'ai  préféré  précipiter  cet  argent  sous  forme  de  chlorure  que  l'on  a  pesé  ; 
ce  que  l'on  réalise  par  l'addition  d'unedose  connue  d'acide  clilorhydrique. 
On  a  titré  ensuite  par  les  colorants  la  liqueur  filtrée,  de  façon  à  y  déter- 
miner l'acide  phosphorique.  En  opérant  ainsi,  à  partir  du  système  initial 
PO*Na-H  +  aAzO'Ag,  et  en  ajoutant  après  la  première  filtration  i  équi- 
valent de  HCl,  on  a  trouvé:  Ag  resté  dissous,  o^'i.Sy. 

»  Puis  la  liqueur  filtrée  une  seconde  fois,  titrée  par  la  soude,  a  donné 

Titre  acide  :  Estimé  au  méthylorange i""*!,  12 

»  Estimé  à  la  phtaléine i''^,5y 

»  La  différence  de  ces  deux  chiffres  indique  o™°',45  PO' H'  dans  cette 
dernière  liqueur. 

»  Ce  résultat  a  été  contrôlé  en  dosant  à  l'état  de  pyrophosphate 
magnésien  l'acide  phosphorique  resté  dans  la  liqueur  finale.  On  a  trouvé 
ainsi  un  poids  correspondant  à  0"^°', 46  PO*  H'. 

»   D'après  ces  données,  l'équation  de  la  réaction  rectifiée  sera 

2  AzO' Ag -H  PO*  Na=  H  =  2  AzO 'Nn  4- o,  543  PO\\g' précipité 
-F-o,37PO*AgH^  +  o,o87PO*H' 

»  Après  précipitation  par  un  équivalent  HCl,  le  titre  acide  aurait  dû 
être 

DifTérence 

Au  méthylorange 0,46-1-0,63=1,09     )        ,^p^„, 

A  la  phtaléine 0,92 -f- o,63  =  i,55     \°''i'^*^^^ 

ce  qui  concorde  suffisamment,  étant  données  les  limites  d'erreur  du 
dosage  par  les  colorants  dans  des  systèmes   complexes. 

»  L'acide  azotique  a  été  supposé  ici  entièrement  neutralisé.  Il  serait 
plus  exact  d'admettre  une  équation  dérivée  de  la  précédente,  en  repré- 
sentant l'équilibre  entre  l'acide  azotique  et  l'acide  phosphorique,  regardés 
tous  deux  comme  monovalents,  et  opposés  dans  la  liqueur  aux  deux 
bases  présentes,  la  soude  et  l'oxyde  d'argent. 

»  Cependant  le  phénomène  est  en  réalité  plus  compliqué  que  ne  l'indi- 
quent les  données  déduites  des  virages  de  colorants.  Pour  en  prendre  une 


(  1456  ) 

idée  exacte,  il  est  nécessaire  de  faire  l'analvse  des  précipités  obtenus  dans 
les  deux  périodes  successives  de  l'opération,  c'est-à-dire  après  le  simple 
mélange  de  dissolutions  et  après  l'addition  de  la  soude  dans  la  liqueur 
filtrée. 

Premier  précipité.  Second  précipité. 

Ag 76,51  75,55 

P 7,56  7,60 

Na 0,19  o,4o 

Oh-H i5,74  16,45 

»  On  voit  que  dans  ce  cas,  comme  dans  le  précédent,  les  précipitations 
étant  opérées  à  froid,  le  précipité  retient  de  la  soude,  et  que  le  phosphore 
est  en  excès  par  rapport  à  l'argent. 

1)  Les  rapports  atomiques  calculés  d'après  les  chiffres  des  analyses,  sont 
les  suivants  : 

Premier  précipité.  Second  précipité. 

PO*  Ag-'<"  Na^'^H"'»",  PO' Ag-''^"  Na".»'  H»'»'. 

Calculé.  Calculé. 

Ag 76,63  75,63 

p 7>57  7.79 

Na o,  17  o,4o 

i5,63  16, 58 

c'est-à-dire 

PO'Ag'+jS-POiNalI';         PO»Ag'-(-  /^PO'NaH'i 

ou  plutôt  pour  le  premier  précipité  : 

36  PO*  Ag^H-  PO' Ag-II  +  PO' Ag  Na  H 

ou  plutôt  pour  le  second  précipité  : 

i3  PO' Ag2  -H  PO'Ag^H  -H  PO'Na  Ag  H. 

3°     P0*Na=H-h3  AzO'Ag. 

»  Précipitation  à  froid. 

))  La  liqueur  filtrée  est  acide  aux  colorants,  méthylorange  et  phtaléine. 
Par  la  soude,  elle  fournit  avec  les  deux  le  même  litre  acide,  soit  un  équi- 
valent; ce  qui  indique  qu'il  y  reste  uniquement  des  acides  jouant  un  rtMe 
monovalent.  La  formule  simple  qui  se  présente  à  première  vue  est  la  sui- 
vante : 

PO^Na^H  +  3AzO'Ag=  PO'Ag'  -h  2AzO'Na  +  AzO'H. 


(  1457  ) 

»  Mais,  de  même  que  ci-dessus,  cette  formule  est  inexacte,  la  soude  don- 
nant lieu  dans  la  liqueur  à  un  précipité  jaune  de  phosphate  d'argent.  Il  s'agit 
donc  en  réalité,  pour  une  fraction  de  l'acide  phosphorique  initial,  d'un 
certain  équilibre  entre  les  deux  acides  azotique  et  phosphorique,  opposés 
aux  deux  bases,  soude  et  argent. 

»  Pour  doser  l'argent  dissous,  on  a  repris  la  liqueur  filtrée,  aussitôt 
après  le  mélange,  on  y  a  ajouté  deux  équivalents  d'acide  chlorhydrique 
2  H  Cl;  on  a  filtré  de  nouveau,  puis  titré  la  liqueur.  Celle-ci  a  indiqué,  par 
la  soude. 

Différence. 

Avec  le  méthylorange 2*1, 24  acide 

Avec  la  phlaléine 2*1, 63  acide 


0,39. 


»  La  différence  représente  0™°',  39  d'acide  phosphorique  PO'  H',  contenu 
dans  la  liqueur.  Ce  chiffre  a  été  contrôlé  par  un  dosage  direct  par  pesées 
de  pyrophosphate  magnésien,  lequel  a  fourni  en  effet  la  valeur 

o'"°',39PO*H\ 

»  D'aulre  part,  le  poids  de  l'argent  précipité,  au  moment  (ki  mélange 
avec  2  H  Cl,  répond  à  1^^1,19.  La  première  précipitation  a  donc  séparé 
i,8iAg,  c'est-à-dire  o,6o3PO*Ag^.  Il  restait,  par  conséquent,  à  l'état 
dissous  :  0,397  PO^ H';  ce  qui  concorde  avec  les  dosages  précédents,  indi- 
quant 0,39. 

»  De  là  résulte  l'équation  rectifiée 

AzOUg+ PO*Na=H 

=  aAzO'Na  +  o,779AzO'Ag 

-t-  o,22iAzO'H  +  o,6o3PO*Ag'  précipité  +  0,397 PO*  AgH^, 

ou  plus  exactement  une  équation  dérivée  de  celle-là  et  représentant  l'équi- 
libre entre  les  deux  acides  opposés  aux  deux  bases  dans  la  liqueur. 

»  Si  l'on  ajoute  dans  cette  même  liqueur  2HCI,  cela  précipite,  d'après 
l'équation  :  i,i8Ag,  en  laissant  o,82HCl  libre.   Le  titre  acide  résultant 

Mesuré  au  méthylorange,  représente 2"^i,23  1 

,      ,   .  1  o,4oPO*li^. 

Mesuré  à  la  phtaleine,  représente 2'"i,62  ) 

»  Entre  les  trois  cas  examinés  dans  le  présent  Mémoire,  le  cas  actuel  est 
le  seul  où  nous  soyons  obligés  d'admettre  l'existence  d'une  certaine  dose 
d'acide  azotique  libre,  même  en  dehors   de    l'existence,  peu  contestable 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  34.)  188 


(  i458  ) 

d'ailleurs  en  toute  circonstance,  d'un  certain  partage  des  bases  entre  les 
deux  acides. 

»  Mais  il  convient  d'approfondir  davantage  et  d'examiner  la  composi- 
tion réelle  des  deux  précipités  formés,  tant  au  moment  du  mélange  pri- 
mitif que  lors  de  l'addition  de  la  soude,  jusqu'à  virage  de  la  plitaléine,  à  la 
première  liqueur  filtrée. 

»   On  a  trouvé  : 

Premier  précipité.  Second  précipité. 

Ag 77'io  77)05 

P 7,46  7,46 

Na o,o4  o,o3 

i5,4o  i5,46 

»   il  n'y  a  pas  trace  d'azotate  dans  aucun  des  deux. 

»  Après  la  seconde  précipitation,  la  liqueur  ne  contenait  plus  trace 
d'acide  j)hosphorique. 

))  Les  deux  chiffres  observés  sont  très  voisins  du  phosphate  triargen- 
tique  par,  lequel  exige  : 

Ag 77-33 

P 7,39 

Na o,oo 

i5,28 

»  Cependant  il  y  a  encore  ici  une  trace  de  sel  double  argentosoclique 
dans  les  précipités.  Mais  la  dose  en  est  si  faible  et  l'écart  avec  le  phosphate 
triargentique  si  minime  qu'il  ne  paraît  pas  utile  d'en  faire  l'objet  d'un 
calcul  particulier.  Je  me  borne  ici  à  dire  que  les  poids  réunis  des  deux 
précipités  ont  été  déterminés  dans  une  expérience  :  ils  s'élevaient  à  2S'',o84; 
le  calcul  indiquait  2,  o65.  Il  y  avait  donc  réellement  un  léger  excès,  attri- 
buableà  la  précipitation  des  phosphates  sodiqueet  argentiquebibasiques. 


»  En  résumé,  en  opérant  à  froid,  la  précipitation  totale  de  l'argent  sous 
forme  de  phosphate,  dans  la  réaction  du  phosphate  bisodique  sur  l'azotate 
d'argent,  a  eu  lieu  seulement  lorsque  les  deux  sels  ont  réagi  à  molécules 
égales,  les  deux  tiers  de  l'acide  phosphorique  demeurant  dissous  sous 
forme  de  sels  mono  et  bibasique. 

»  La  précipitation  totale  de  l'acide  phosphorique  sous  la  forme  de  phos- 


(  "ISP  ) 

phate  argentique  a  eu  lieu  seulement  lorsque  l'on  a  employé  3  naolécules 
d'azotale  d'argent  pour  i  molécule  de  phosphate  bisodique,  avec  addition 
finale  de  soude,  en  dose  équivalente  à  la  neutralisation  appréciée  par  la 
phtaléine. 

»  Dans  tous  les  cas,  le  mélange  initial  donne  lieu  à  des  phénomènes 
d'équilibre  entre  les  deux  acides  :  d'où  résulte,  sauf  dans  le  premier  cas, 
la  formation  d'une  certaine  dose  de  phosphate  argentique  soluble. 

»  Enfin  les  précipités  formés  en  présence  d'un  excès  de  phosphate  con- 
tiennent, à  côté  du  phosphate  biargentique  prédominant,  une  certaine 
dose  de  phosjthates  biargentique  et  argenticosodique,  c'est-à-dire  de 
sels  doubles,  caractéristiques  de  l'étal  final  du  système,  comme  il  arrive 
dans  la  grande  majorité  des  phénomènes  d'équilibre  chimique.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées  au  moyen  des 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou  deux  radicaux 
négatifs.  Action  de  l' épichlorhydrine  et  de  V épihromhydrine  sur  les  éthers 
benzoytacétiques  sodés.  Note  de  M.  A.  Hailer. 

«  Le  but  de  ces  recherches  était  de  préparer  toute  une  série  de  nouvelles 
combinaisons  à  fonction  alcoolique  mixte,  en  fiiisant  agir  des  molécules 
renfermant  le  groupement  oxvde  d'éthvlène  R.CH  —  CHR'surles  dérivés 

sodés  des  corps  de  la  forme  CH-^'     ;   comme  les   éthers  maloniques, 

cvanacétiques,  acétoacétiques,  benzoylacétiques,  l'acétylacétone,  etc. 
MM.  W.  Traube  et  E.  Lehmann  ('  )  ayant  publié,  au  cours  de  notre  travail, 
une  étude  inspirée  par  la  même  idée,  et  consistant  à  condenser  l'oxyde 
d'éthvlène  et  l'épichlorhydrine  avec  les  éthers  malonique  et  acétoacétique 
sodés,  nous  nous  bornons  pour  le  moment,  après  entente  avec  ces  savants, 
à  poursuivre  l'action  de  l'épichlorhydrine  et  de  l'épibromhydrine  sur 
quelques  autres  molécules,  et  en  particulier  sur  les  dérivés  sodés  des  éthers 
benzoylacétiques,  cyanacétiques  et  acétonedicarboniques,  et  sur  quelques 
dicétones  p.  Quand  on  traite  à  froid  une  solution  d'une  molécule  de  ben- 
zoylacétate  d'éthvle  sodé  dans  l'alcool  absolu,  par  une  molécule  d'épichlor- 
hydrine.  et   quon  abandonne  le  mélange  à  lui-même,  il  se  produit  une 


(')  Ber.  deut.  citcm.  Ges.,  t.  XXXIII,  p.  720;  1899. 


(  i46o  ) 

condensation  avec  dégagement  de  chaleur,  et  le  liquide  se  prend  peu  à 
])eu  en  une  masse  blanche  et  cristalline.  I>a  réaction  est  terminée  au  bout 
de  trois  ou  quatre  jours.  Ce  produit  de  condensation,  sans  doute  constitué 
par  un  dérivé  sodé  d'un  éther  complexe  n'est  pas  susceptible  d'être  isolé 
à  l'état  pur  pour  l'analyse.  On  le  dissout  dans  l'eau,  et  on  traite  la  solution 
par  de  l'acide  chlorhydrique.  Le  précipité  huileux  qui  se  forme  au  début 
ne  tarde  pas  à  se  solidifier.  On  le  recueille,  on  le  lave  et  le  purifie  par  une 
série  de  cristallisations  dans  l'alcool  bouillant.  On  obtient  ainsi  de  fines 
aiguilles  fondant  à  loS^-ioô"  ('),  insolubles  dans  l'eau,  très  peu  solubles 
dans  l'éther  et  l'éther  de  pétrole, 

»  L'analyse  de  ce  corps  conduit  à  la  formule  C'-H"C10'.  La  détermi- 
nation de  son  poids  moléculaire  par  la  cryoscopie  donne  le  chiffre  228,  au 
lieu  de  238,5  qu'exige  le  poids  moléculaire  calculé. 

»  Son  mode  de  formation,  sa  solubilité  dans  les  alcalis,  l'étude  de  ses 
propriétés,  nous  font  attribuer  à  ce  composé  la  formule  d'une  cétolactone 
nouvelle,  qui  prend  naissance  à  la  suite  des  réactions  suivantes  : 

I  CH^CO.CHNa.COOC^Hs+CH^— CH-CH^Cl 

(.)  )  "" 

=  CH'.CO.CNa  —  COOC^H^ 

I 
\  CH^— CHOH.CH^Cl 

C6H^C0.CNa.C00C^H=-i-H=0 

I 
CH^CH0II.CH2C1 

=:C«H^CO.CH.COONa 

1  4-CMPOH 

CH^.CHOH.CH^Cl 

/  C'H^CO.CH.COONa 

l  I  -hHCl 

]  CH2.CH0H.CH=C1 

(3)  j      =:C«H5.C0-CH.C0 

{  ^O  +NaCl4-H'0 

CH^.CH-CH^CI 

)>   Si  cette  interprétation  est  exacte,  on  doit  pouvoir  obtenir  le  même 
composé  en  partant  du  benzoylacétate  de  méthyle.  L'expérience  a  justifié 


{■i) 


(*)  Dans  une  très  courte  note  préliminaire  publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
Chimique,  3=  série,  t.  XXI  (1899),  p.  564,  le  point  de  fusion  de  ce  corps  est  donné 
par  erreur  à  85". 


(  i46i  ) 
ces  prévisions.  Les  aiguilles  isolées  avaient  même  composition  et  même 
point  de  fusion  que  celles  préparées  avec  le  benzoylacétate  d'éthyle. 

»  Nous  avons  enfin  apporté  une  autre  vérification  à  notre  manière  de 
voir,  en  substituant  à  l'épichlorhydrine  le  dérivé  brome  correspondant. 
La  réaction  s'est  effectuée  de  la  même  façon  et  a  donné  lieu  à  la  formation 
du  composé  brome  C'^H"BrO',  qui  cristallise  en  aiguilles  fondant  à  92°- 
93".  Ce  dérivé  se  forme  qu'on  parte  du  benzoylacétate  d'éthyle  ou  de  son 
homologue  méthvle. 

»  Les  deux  cétolactones 


C'H^CO.CH— CO 

C'H'.CO.CH  — CO 

1     > 

1    >v 

CH'.CH  — CH-CI 

CH=-CH-CH^Br 

peuvent  donc  être  considérées  comme  des  -i-benzoyl.^-valérolactoncs. 
S-chlorée  ou  S-bromée.  La  phénylhydrazone  de  la  lactone  chlorée,  obtenue 
en  chauffant  le  produit  avec  du  chlorhydrate  de  phénylhydrazine  et  de 
l'acétate  de  soude  fondu,  a  pour  formule  C'*H'°ClAz=0-  et  fond  entre 
148°  et  iSo'". 

»  Action  des  alcalis  sur  la  lactone  chlorée.  —  La  potasse  étendue  et  froide 
dissout  la  lactone  en  donnant  vraisemblablement  le  sel  de  l'oxyacide; 
mais,  quoi  qu'on  fasse,  l'action  de  la  base  se  porte  sur  le  groupement 
chloré,  car  on  constate  la  formation  de  chlorure  alcalin.  Aussi  a-t-il  été 
impossible  de  préparer  le  sel  d'argent  de  l'oxyacide  chloré. 

»  La  solution  alcaline,  chauffée  pendant  quelques  jours,  puis  acidulée 
par  de  l'acide  chlorhydrique,  donne  lieu  à  un  dégagement  d'acide  carbo- 
nique en  même  temps  qu'il  se  précipite  une  huile  qu'on  extrait  à  l'éther. 
Cette  liqueur,  après  avoir  été  débarrassée  de  l'éther,  est  soumise  à  l'action 
de  la  vapeur  d'eau,  qui  entraîne  une  notable  quantité  d'acide  benzoïque, 
qu'on  a  caractérisé  par  son  point  de  fusion.  La  partie  non  volatile  est 
traitée  par  l'eau  bouillante,  qui  enlève  une  cétone-alcool  qui  cristallise  par 
refroidissement  en  donnant  un  corps  fondant  à  go^-gi".  Ce  corps  fournit 
avec  la  semi-carbazide  une  semi-carbazone  dont  le  point  de  fusion  est  situé 
entre  i53°  et  154°.  Le  résidu,  insoluble  dans  l'eau  bouillante,  est  épuisé 
par  l'éther,  puis  évaporé  à  sec  et  enfin  traité  à  plusieurs  reprises  par 
l'alcool. 

»  La  solution  alcoolique  abandonne  par  évaporation  un  sirop  qu'on 
reprend  de  nouveau  par  de  l'eau.  La  liqueur  aqueuse,  après  avoir  été 
lavée  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'éther  pour  enlever  des  produits  résineux, 


(  i462  ) 

est  finalement  saturée  par  de  l'hydrate  de  baryte.  Il  se  forme,  dans  ces 
conditions,  un  sel  de  baryte  gommeux  qu'il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir 
jusqu'à  présent  dans  un  étal  de  pureté  suffisante  pour  en  faire  l'analyse. 
Ce  sel  est  sans  doute  du  dioxyvalérate  de  baryte.  Nous  y  reviendrons. 

»  L'ensemble  des  réactions  dont   il  vient  d'être  question  peut  se  tra- 
duire par  les  équations  suivantes  : 

C»IP.CO.CH  — CO 
(I)     l  1  ^O  -f-KHO  =  C»H^CO.CH-COOK 


(-0 


(3) 


CfP.CH  — CH=C1 

'  C^H^CO.CH.COOK 

I 
CIP.CHOH.CH^Cl 

=  OH»C0  CH-^ 

/  +GO-'K--f-KCl 

CH^CHOH.CH^OH 

CH'.CO.GH.COOK 

I  +2KHO 

CFP.CHOH.CH'-Cl 

=  G»  H5 .  CO^  K  H- CH-^  -  GO  OK 

I 
GH^CHOH.GH^OH 


GH^GH^OH.GIPGI, 
2KHO 


»  Ces  différentes  équations  montrent  que,  dans  les  conditions  où  l'on 
opère,  l'acide  cétone-alcool-chloré,  tout  en  étant  transformé  en  glycol, 
subit,  et  le  dédoublement  acide,  et  le  dédoublement  cétonique,  comme  le 
font  tous  les  acides  p-cétoniques  qui  sont  à  notre  connaissance. 

»  La  présence  du  cétoneglycol  et  de  l'acide  carbonique  d'une  part,  celle 
de  l'acide  benzoïque  et  d'un  acide  gommeux  d'autre  part,  justifient  ample- 
ment cette  manière  de  voir. 

»  Le  cétoneglycol  C"H'''0^  qui  a  été  analysé  ne  peut  avoir  que  la  for- 
mule : 

C"H'  CO.  CH-.  CH-CHOH.  CH-OH, 

ce  qui  en  fait  un  4  benzoyl  i .  2  biilanediol. 

»  Sa  semi-carbazone,  dont  il  a  été  question  et  qui  a  été  égalementanalysée, 
aurait  la  formule 

C  H'.  C  -  CH-.  CH-.  CHOH.  CH-OH. 
Il 
Az.  AzH.  CO.  AzH-. 


(  i463  ) 

»  Quant  à  l'acide  glycol,  il  ne  peut  avoir  que  la  formule  représentée  dans 
l'équation  (3).  Nous  aurons  d'ailleurs  l'occasion  d'y  revenir. 

))   En  résumé,  ces  premières  expériences  montrent  : 

»   i"  Que  les  molécules  qui  renferment  le  groupement  oxyde  d'éthylène, 

comme  l'épichlorhydrine  ou  l'épibromhydrine,  s'additionnent  directement, 

/R 
et  à  froid,  avec  les  dérivés  sodés   des  corps  en  CH-n   — , ,  R  et  R' étant  des 

radicaux  négatifs,  et  probablement  aussi  aux  corps  renfermant  les  com- 
plexes —  CHNaCO  —  ou  les  complexes  tautomères  —  CH  =  CONa  —  ; 

»  2°  Que  dans  le  cas  où  l'on  emploie  les  étliers  p-cétoniques  on  obtient 
d'abord  des  céto-oxyacides  halogènes  qui,  mis  en  liberté  de  leur  sel  de 
soude,  se  transforment  en  oétolactones  halogénées  de  la  forme 

R.  CO.  CH  -  CO 

I  >o 

CH-.  CH-CH-CI; 

»  3"  Que  ces  oétolactones  halogénées  sont  susceptibles  de  donner  nais- 
sance, sous  l'influence  des  alcalis,  à  des  cétoneglycols  dont  on  ne  connaît 
guère  de  représentants  jusqu'alors,  lesquels  fourniront  très  aisément  de 
nouvelles  glycérines  par  réduction; 

»  4°  Que,  dans  ces  mêmes  conditions,  les  oétolactones  peuvent  aussi  se 
dédoubler  en  un  acide  monobasique  (acide  benzoïque  dans  notre  cas)  et 
en  un  acide  qui  ne  peut  être  qu'un  acide  glycol. 

»  Nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude  de  ces  différents  produits 
de  condensation  et  de  dédoublement,  et  de  généraliser  les  réactions  obser- 
vées dans  les  limites  oîi  le  champ  d'étude  que  se  sont  réservé  MM.  Traube 
et  Lehmann  nous  le  permet. 

»  Des  essais  entrepris  sur  des  corps  renfermant  les  complexes  CH  —  R'  ou 

\R" 

I         y  i~^  \ 

CR'f  comme  le  benzoylcyanacétale  d'éthyle  et   le  camphre  cyané, 

n'ont  pas  conduit  à  des  résultats  jusqu'à  présent,  mais  nous  nous  propo- 
sons de  modifier  les  conditions  de  la  condensation  et  espérons  aussi 
réussir  avec  les  cétones  sodées,  comme  le  camphre,  la  menlhone,  etc., 
sodés.    » 


(  i464  ) 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant dans  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  pour  remplir  la  place 
laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Manon. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  87, 

M.  Maupas    obtient 3o  suffrages 


M.  Sauvage       »       4 


» 


M.  Pérez  »       2  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Macpas,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  élu 
Correspondant  de  l'Académie. 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Alfred  Rasix  adresse  un  résumé  de  ses  différents  Mémoires  sur  les 

aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  HosDEN  adresse  un  Mémoire  relatif  à  la  direction  des  aérostats. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  un  Ouvrage  de 
M.  Piero  Gïacosa,  de  Turin,  avec  Atlas  in-folio,  Ouvrage  ayant  pour  titre  : 
Magistri Sakrnilani nondum  ecliti.  Aux  Publications  déjà  connues  des  maîtres 
de  ï École  de  Sale/ ne,  cet  Ouvrage  ajoute  plusieurs  Traités  jusqu'ici  inédits 
de  divers  auteurs  salernitains,  Ferrarius,  Salernus,  Johanues  et  quelques 
anonymes  des  xi*  et  xii'  siècles  dont  les  écrits  sont  antérieurs  ou  contem- 
porains du  moine  Constantin  l'Airicain,  traducteur  des  Arabes. 


(  i465  ) 

L'Atlas  reproduit  en  fac-similé  plusieurs  manuscrits,  frontispices,  dessins, 
opérations  médico-chirurgicales,  instruments,  objets  votifs,  amulettes,  etc. 

ASTRONOMIE.  —  Nébuleuses  nouvelles,  découvertes  à  l'Observatoire  de  Paris  (  '  ) 
(^équalorial  de  la  tour  de  l'Ouest).  Note  de  M.  G.  Bigouhdan,  commu- 
niquée par  M.  Lœwy. 

Ascension 
droite.         Déclinaison. 

1900,0 

Numéros. ■ __— Dales  rie  la  découverte,  (le  la  description.  —  Remarques. 

h        m      s  .1      / 

372.  i.58.i6       4-3o.2o  1897  déc.  24.  —  Gr.  i3,3.  Assez  slcllaire,  10"  env.  d'étendue, 

formée  par  une  condensation  demi-diduse,  un    peu   granu- 
leuse, de  5"  de  diamètre,  entourée  d'un  peu  de  nébulosité. 

373.  2.23.39       4-3o..58  1897  déc.   22.  —  Gr.  |3,5.  Objet  de  aS"  environ  d'étendue, 

granuleux,  qui  est  probablement  un  amas. 

374.  3.i>.ii        +\\  ■   o  1884  nov.  \!\.  —  Petit  amas  d'étoiles  très  faibles,  parmi  les- 

quelles il  y  a  peut-être  des  traces  de  nébulosité. 

375.  3.i3.i8        +41.11  1884  oc(.  22.  —  Gr.  i3,3-i3, 4.  Néb.  de  20"  de  diamètre,  avec 

petit  noyau  stellaire  de  gr.  i3,4. 
37G.         3.59.12       — 11.27         1897    déc.    16.   —    Gr.    i3,2-i3,3.    Stellaire   et   de   5"  à   10" 

d'étendue. 

377.  4.23.57       -\-  7.29  1S99  janv.  8.  —  Gr.  i3,3-i3,4.   Env.   20"  d'étendue  et  dans 

l:u|uelle   ou    distingue   plusieurs   étoiles;    pourrait   être   un 
simple  amas. 

378.  4.26.55       —  4-54  1898    déc.   9.  —   Gr.   i3,4-i3,5.  Très  dilFuse,    parfois  assez 

stellaire;  [\o"  env.  d'étendue. 

379.  4-42.32       —   2.54  '897   déc.   20.  —  Gr.   13,"^.   Objet   un    peu    nébuleux,    assez 

fortement  stellaire. 

380.  4-46. 18       —  5.   o  1897  déc.  17.  —  Gr.  i3,3.  Assez  stellaire,  arrondie,  12"  envi- 

ron de  diamètre. 

381.  4-32-55       -1-8.5         1899  déc.  25,  et  1900  mars  i.  ^  Gr.  i3,2-i3,3.  Petit  amas 

arrondi  de  3o"  environ  de  diamètre. 

382.  4-53.53       —  0.28  i885  janv.  16,  et  1898  déc.  7.  —  Gr.  i3,3.  Etoile  autour  de 

laquelle  on  a  soupçonné  quelques  traces  de  nébulosité. 

383.  4-53.56       —  0.28  i885janv.  16,  et  1898  déc.  7.  —  Gr.  i3,2-r3, 3.  Etoile  autour 

de  laquelle  on  a  soupçonné  un  peu  de  nébulosité. 

384.  5.3o.i3       —23.36  1887  déc.  16,  etc.  —  Gr.  13,4-13,5.  Néb.  de  3o"  environ  de 

diamètre  dans  laquelle  on  entrevoit  deu\  étoiles  distantes 
de  25"  à  3o". 


(')  Celte  liste  fait  suite  à  celle  de  la  page  1094  de  ce  Volume. 

G.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  iN»  24.)  I  89 


(  i460  ) 


Ascension 
droite.         Déclinaison. 


Dates  de  la  découverte,  de  la  description.  —  Remarques. 

1891  (léc.  22,  elc.  —  Gr.  i3,9.-i3,3.  Néb.  d'environ  i',5  de 
diamètre;  une  étoile  voisine  i3,i,  située  à  />  =  i63°, 
c/=:o','j,  gêne  pour  apercevoir  cette  nébuleuse. 

386.  6.    3.56       +20.26  1890    févr.    it.    —   Grande    nébuleuse  diffuse  de  6'   à  7'   de 

diamètre. 

387.  6.26.29       +44.46         1892  janv.   i.  —  Amas  de   i'  de  diamètre,  d'aspect  un    peu 

nébideux,  mais  dans  lequel  on  distingue  assez  nettement  les 
étoiles. 

388.  6.26.48       -+-44.47         'S92   Js"^-    ''   et   1899   mars  5.   —   Gr.    i3,5.   Néb.    de   3o" 

d'étendue,    assez    granuleuse;    une    étoile    i3,3    est    vers 
p  =:  2.50°,  r/=  o',8. 

389.  6.44.13       +33.34  '884    déc.  21,  i885   janv.  10,    et  1897  mars  28.  —  Gr.  i3,4. 

Étoile  nébuleuse  voisine  de  2288  N.G.C.  ;  une  étoile  12  est 
vers  p  =:  340°,  (7=1 1'  environ. 

390.  7.18.50       +72.10  1900  jauv.  24.  —  Gr.  i3,3-i3,4.   Néb.  de  20"  d'étendue,  un 

peu  stellaire,  assez  granuleuse. 

391.  7.48.50       +56.57  1900  janv.   24.   —   Gr.    i3,4.    Objet    demi-nébuleux,    demi- 

stellaire;  une  étoile  12,8  précède  de  8'  et  est  jibis  boréale 
de  i'. 

392.  7.53.33       +25.11  1899   mars   i3.   —   Paraît    être    un    amas    de   3o"    d'étendue, 

formé  d'étoiles  |)eu  serrées. 

Rectifications  et  remarques. 
Correction  de  N.G.C.  Coordonnées  pour  1900,0. 

N  G  C.  &■  Décl.  S.  Déol.  Dates  des  observations. 

1890  mars  9. 

1891  mars  3. 
1891  déc.  22. 
1891  janv.  9. 
i885  nov.  i5. 
i885  nov.  i5. 
i885  nov.  i5. 
1894  mai  26. 
1887  juin  17. 
1887  juin  12. 
1887  juin  12. 
1899  mai  j3. 
1896  mai  i3. 
1887  juin  12.-  --- 


2211... 

+0. 

43 

224.3... 

+0. 

.4 

2258... 

—  1  . 

0 

2303... 

+0. 

1 1 

2315... 

■    — 0. 

10 

2321... 

+0. 

1 1 

2322... 

— 0. 

i3 

5W9... 

,     +0. 

i5 

5477... 

— 0. 

20 

54-80... 

— 0. 

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54.81 . . 

— 0. 

i4 

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Déol. 

Il       m       S 

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6.14.   8 

-18. 3o 

)1 

6.25.59 

— 3l.l2 

» 

6.34.46 

+74.33 

» 

6.48.57 

+45.38 

)) 

6.54.48 

+5o.44 

» 

6. .58.14 

+  5o.  56 

» 

6.58.16 

+5o.4o 

H 

14.   0.   8 

+  13.36 

» 

r4.    1.58 

+54.56 

)) 

14.  2 . 4o 

+5i.i4 

1) 

i4.  2.59 

+5i.i4 

5 

i4.   3. .58 

+55.34 

6 

i4.  9-23 

+  7.53 

)) 

14.   8.43 

+50.49 

(  i^i67  ) 

Corrcrlinii  de  N.G.C.  Courdonncr^  liniii'  ii|oo,o. 

N.G.C.  M-  l'écl.  JCi.  nécl.  Dalcs  des  obsci\ation!;. 

Il       m      &  0 

li.io.   3  +i5.36  1887  mai  23. 

»  1/4. 10.  14  +36.52  1886  mai  3i. 

»  i4.23.   3  -t-52.   5  iS8g  mai  3o. 

14.2544  4-i4-28  1887  mai  20. 


55-22.. 

— 0. 16 

5524.. 

— 0.  i4 

562!i... 

.     +0.17 

5648  = 

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—0.10 

5669 . . 

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—  0.23 

5767.. 

— 0. 17 

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+0.10 

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-+-0.20 

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5808 . . 

.      -t-0.47 

5819. . 

—0.20 

5832.. 

•      — o.i() 

5836.. 

-f-2  .  10 

+  3  14.26.13  -t-i4.25  1887  mai  23. 

»  14.27.49  -f-io.2i  1894  mai  9. 

14.26.  i3  +70.   8  1887  juin  27. 

14.43.55  +12. 5o  1893  mai  21. 

14.44.10  -1-12.53  1892  mai  21. 

14.46.    4  +47-45  1898  juin  14. 

14.49.55  +19.  3  1890  mai  19. 
j-\o  14. 5i.  9  +12. i5  1894  mai  3i. 
-i3            14.53.29  —16.28  1896  mai  1 3. 

14.53.47  +73.27  1884  août  21. 

14.54.   4  +73.32  1896  juillet  II. 

»  14.57.24  +72.   4  1884  août  i4- 

14.59.56  -1-74 .17  r884  août  18. 


ASTRONOMIE.    —   Sur  fc/uplui  du  stéréoscope  en.  Astionoime. 
Note  (le  M.  3Iaurh:e  Hamy,   pré.sentée  par  M.  Lœwy. 

«  L'illusion  de  relief  que  donne  le  stéréoscope  provient,  comme  on  sait, 
des  petites  différences  existant  entre  les  deux  épreuves  photographiques 
soumises  à  l'examen,  différences  qui  accusent  le  déplacement  relatif  des 
objets  dans  le  sens  du  rayon  visuel,  quand  on  change  de  position  norma- 
lement à  sa  direction.  L'effet  stéréoscopique  cesse  d'être  perceptible  pour 
les  objets  dont  la  distance  à  la  chambre  est  relativement  grande  par  rapport 
à  celle  des  deux  positions  successives  qu'on  lui  fait  occuper,  ou  par  rap|)ort 
il  la  dislance  des  deux  objectifs,  si  l'appareil  est  construit  pour  prendre 
deux  épreuves  simultanées  (-).  Mais,  en  donnant  à  cet  écarlement  une 


(')  Doit  être  identiiiue  à  m  645  ==5649  N.G.C. 

(2)  Appelons  a  récarlement  qui  sépare  les  deux  positions  occupoes  par  l'appareil 
photographique,  F  son  fojer,  D  la  distance  de  la  chambre  à  un  point  éloigné,  D,  la 
distance   à    un   second    point   éloigné    situé   dans    une   direction    voisine   du   premier. 


(  i468  ) 

valeur  suffisante,  il  est  possible  de  réaliser  une  reproduction  des  objets 
situés  à  une  distance  quelconque,  avec  leur  relief  général,  et  c'est  là  un 
moven  que  l'on  peut  mettre  à  profit,  dans  les  pays  accidentés,  pour  déter- 
miner la  forme  d'un  massif  éloigné  ('). 

»  Ces  considérations  s'ap|)liquent,  en  principe,  à  l'étude  du  ciel;  mais, 
dans  l'application,  on  se  heurte  à  une  grosse  difficulté,  parce  que  l'écar- 
lement  à  donner  aux  deux  positions  de  la  chambre  photographique,  pour 
obtenir  un  relief  sensible,  dépasse,  en  général,  les  limites  que  la  nature 
nous  impose. 

»  La  difficulté,  dans  le  cas  de  la  lune,  peut  être  éludée  en  se  fondant 
sur  cette  remarque  que  le  changement  produit,  dans  l'aspect  d'un  corps 
éloigné,  par  le  déplacement  de  l'observateur  perpendiculairement  aux 
rayons  visuels,  équivaut  à  celui  qui  se  manifeste  lorsque,  l'observateur 
restant  en  place,  on  tait  tourner  ce  corps  d'un  certain  angle  autour  d'un 
axe  convenable.  Or  cette  rotation,  que  nous  ne  sommes  pas  maître  de 
réaliser  dans  le  cas  de  la  lune,  se  produit  d'elle-même  et  constitue  le 
phénomène  de  la  libration.  Aussi  deux  épreuves  photographiques  de  notre 
satellite,  prises  à  des  époques  correspondant  à  une  même  phase  et  à  des 
libralions  très  différentes,  regardées  stéréoscopiquement,  fournissent-elles 
des  données  sur  le  relief  de  notre  satellite.  L'expérience,  faite  par  M.  Ju- 
lius  Franz,  a  parfaitement  réussi. 

»  Le  grand  axe  de  l'orbite  terrestre,  malgré  son  immensité,  est  exces- 
sivement petit  j)ar  rapport  aux  distances  qui  nous  séparent  des  étoiles,  et  ce 
fait  se  traduit  par  l'extrême  faiblesse  de  la  majorité  des  parallaxes  annuelles 
de  ces  astres.  Deux  photographies  d'une  même  région  du  Ciel,  prises  à  six 


/le  foyer  du  stéréoscope.  Pour  que  ces  deux  points  se  voient  à  travers  le  stéréoscope, 
dans  des  plans  différents,  il  faut  que 


,1 i_\  1*  I 


3600 

eu  valeur  absolue,  en  admettant  que  l'œil  cesse  de  séparer  deux  points  qui  s'aper- 
çoivent sous  un  angle  inférieur  à  1'  et  en  supposant  le  foyer/ assez  grand  pour  ne  pas 
faire  apparaître  le  grain  de  la  gélatine. 

(')  Deux  épreuves  faites  au  sommet  du  Buet  ou  du  mont  Fleuri,  avec  un  écar- 
tement  de  i5o  à  200  mètres,  fourniraient  une  belle  représentation  en  relief  du  massif 
du  mont  Blanc. 

Un  procédé  analogue  pourrait  servir  à  étudier  la  forme  des  nuages. 


(  '469  ) 
mois  d'intervalle,  sont,  en  conséquence,  si  peu  différentes  pour  la  plupart 
des  étoiles  que,  regardées  au  stéréoscope,  les  images  paraîtront  se  trouver, 
on  général,  dans  le  même  plan.  Cependant,  si  les  épreuves  ont  été  faites 
avec  un  instrument  à  très  long  foyer  et  s'il  y  figure  des  étoiles  à  forte 
parallaxe  ou  à  fort  mouvement  propre  annuel,  leurs  images  se  verront  en 
dehors  du  plan  des  autres  dans  le  stéréoscope,  et  leur  présence  sera  immé- 
diatement accusée.  Ce  moyen  de  reclierche  offre  d'ailleurs  une  certaine 
analogie  avec  celui  qui  a  été  imaginé  récemment  par  M.  Kapleyn. 

»  Dans  le  domaine  de  la  speclroscopie,  le  stéréoscope  peut  conduire  à 
(les  applications  d'un  tout  autre  genre,  en  se  fondant  sur  le  principe 
Doppler-Fizeau. 

»  Imaginons  que  l'on  obtienne  deux  photographies  d'une  image  mono- 
chromatique d'un  astre  |)réseiilant  des  détails  bien  nets,  avec  deux 
appareils  dispersifs  identiques  mais  disposés  de  manière  que  le  sens  de 
la  dispersion,  pour  l'une  et  l'autre  épreuve,  diffère  de  180°.  En  vertu 
du  principe  Doppler-Fizeau,  les  points  de  l'astre,  mobiles  sur  la  ligne 
de  visée,  seront  déplacés  par  la  dispersion  et  leurs  images  déviées 
en  sens  contraire  sur  les  deux  épreuves.  Regardées  au  stéréoscope,  ces 
épreuves  procureront  donc  l'illusion  d'un  relief  dont  la  surface  donnera 
une  représentation  géométrique  des  grandeurs  relatives  des  vitesses,  dans 
le  sens  du  rayon  visuel,  aux  différents  points  de  l'astre. 

n  t)ans  l'application,  il  y  aura  lieu  de  tenir  compte  des  déformations  des  images 
pioiluites  par  les  appareils  dispersifs.  On  les  éliminera  facilement,  en  tirant  les 
épreuves  positives  à  travers  ces  appareils  eux-mêmes,  après  avoir  disposé  les  clichés 
à  la  place  même  qu'ils  occupaient  pendant  la  pose  et  en  les  éclairant  avec  de  la  lumière 
de  même  longueur  d'onde  que  celle  de  l'image  monochromatique  de  l'astre. 

I)  11  faudra  d'ailleurs,  pour  donner  à  la  méthode  toute  sa  sensibilité,  recouvrir  les 
deux  images  de  fins  quadrillages  transpaients  et  identiques,  disposés  convenablement, 
afin  de  fournir  aux  yeux  des  points  de  comparaison.  Le  plan  de  ce  quadrillage,  vu 
dans  le  stéréoscope,  servira  pour  ainsi  dire  de  plan  de  coordonnée  par  rapport  auquel 
on  évaluera  les  cotes  des  différents  points  de  la  surface  des  vitesses. 

i>  Application  dur  éclipses  de  soleil.  —  Four  l'étude  des  mouvements  internes  de 
la  chroniosphère  et  de  la  couronne  intérieure,  l'emploi  de  deux  lunettes  semblables,  à 
!ong  foyer,  armées  chacune  d'un  prisme  objectif,  est  recomniandable. 

»  L'étude  de  la  couronne  extérieure  exigerait  l'emploi  de  lunettes  à  grand  pouvoir 
lumineux,  condition  qui  impose  un  court  foyer  et,  par  suite,  des  trains  de  prismes  très 
dispersifs  pour  avoir  une  dispersion  suffisante. 

»  Un  dispositif  analogue  conviendrait,  en  principe,  puur  l'étude  des  mouvements 
internes  des  nébuleuses  gazeuses. 


(  i470  ) 
»  Étude  des  inou\emc/ils  de  l'atmosphère  solaire  en  dehors  des  éclipses.  —  La 
découverte  que  les  raies  H  et  K  sont  toujours  renversées  dans  les  facules  a  permis 
d'obtenir  non  seulement  fies  photographies  de  la  chroniosphère  et  des  protubérances, 
mais  encore  des  épreuves  des  flammes  projetées  sur  le  disque  et  d'enregistrer  leurs 
vitesses  dans  le  sens  du  rayon  visuel  (  '  ).  L'étude  d'ensemble  de  ces  vitesses  se  ferait 
aisément,  en  examinant  au  stéréoscope  deux  épreuves  obtenues  simultanément,  avec 
deux  spectrographes  à  deux  fentes  à  grande  dispersion,  analogues  à  celui  de  NL  Des- 
landres,  mais  dans  lesquels  la  dispersion  agirait  en  sens  opposé. 

»  Ayant  surtout  en  vue  de  [H'endre  date,  je  me  bornerai,  pour  le  mo- 
ment, à  ces  indications  générales,  concernant  l'application  du  stéréoscope 
à  l'Astronomie,  me  réservant  de  revenir  sur  ce  sujet  lorsque  je  disposerai 
des  moyens  de  réalisation. 

»  En  terminant,  j'ajouterai  que  le  déplacement  des  raies  solaires  par 
rapport  aux  raies  lelluriqucs  qui  se  manifeste  (-)aux  deux  bords  de  l'équa- 
leur  solaire,  déjà  utilisé  par  M.  Cornu  pour  la  découverte  des  raies  tellu- 
riques,  pourrait  servir  de  point  de  départ  à  une  nouvelle  méthode  de 
recherche  de  ces  raies,  en  employant  le  stéréoscope.  » 


GÉOMÉTRIE.  —  Equations  el  propriétés  fondainenlales  des  figures  aulopolaircs 
réciproques  dans  le  plan  et  dans  l'espace.  Note  de  M.  Rabut,  présentée 
par  M.  Halon  de  la  Goupillière. 

«  J'ai  établi  {^Inlennèdiaire  des  Mathématiciens,  janvier  1895,  p.  32)  les 
équations  générales  des  figures  invariantes  d'une  transformation  homo- 
graphique  quelconque,  dans  le  plan  et  dans  l'espace. 

»  Je  me  propose  ici  la  déLermiuation  de  l'équation  générale  des  figures 
invariantes  d'une  transformation  par  polaires  réciproques. 

»   Soient,  d'abord,  dans  le  plan, 

/(>,r)  =  <) 

l'équation  d'une  conique  directrice,    (^x,y)  un  point  d'une  courbe  c  et 
(x^,  y^)  le  point  de  contact  de  la  polaire  de  ce  point  avec  son  enveloppe  r, . 


(')  Deslandres,  Ilale. 
(-')  Thollon. 


(  i47t  ) 

On  a  les  relations  svmétriques  connues  : 

»   Si  donc  réqualion  île  c  est  mise  sous  la  forme  différentielle 


(3)  FI 


'I'-      /:  ! 


(ce  qu'on  reconnaît  aisément  être  toujours  possible),  l'équation  de  c^  n'est 
autre  que 


»  Pour  que  ces  deux  équations  soient  identiques,  il  faut  et  il  suffît  que 
la  relation  (3)  soit  symétrique  par  rapport  à  ses  deux  arguments.  Sous 
cette  unique  condition,  elle  constitue  l'équation  générale  cherchée. 

»  Cette  équation,  toujours  intégrable  si  l'on  spécifie  la  fonction  F,  ne 
l'est  pas  sous  sa  forme  générale,  bien  qu'on  la  rende  facilement  homogène 
par  une  substitution  linéaire. 

))  Si  l'on  rapporte  la  conique  directrice  à  ses  asymptotes  {xy  =  A-)  ou  à 
deux  diamètres  conjugués  (a*  dz  y-  =  a-  ),  on  obtient  les  formes 

d'où  cet  énoncé  : 

»  Les  lignes  planes  autopolaires  sont  définies  par  une  relation  symétrique 
entre  l'abscisse  (ou  l'ordonnée)  et  la  sous-tangente. 

»  En  supposant  que  la  directrice  est  un  cercle  ou  une  hyperbole  équi- 
latère,  on  trouve  des  lignes  définies,  en  coordonnées  polaires,  par  une 
relation  symétrique  entre  le  rayon  vecteur  et  la  normale  polaire  ou  entre 
le  rayon  vecteur  et  la  tangente,  et  qui  fournissent,  par  projection,  toutes 
les  autopolaires  planes. 

»  Posons-nous  maintenant  le  même  problème  dans  l'espace,  et  cher- 
chons d'abord  les  surfaces  autopolaires  par  rapport  â  la  quadrique  direc- 
trice 

/(x,y,z.)  =  o; 

appelant  x,  y,  z  les  coordonnées  d'un  point  de  la  surface  s  et  ^,,!X,.^^, 


dz, 

A 

dxi 

■A 

ds 

dx 

A, 

àz, 

S'y 

dz 

/'y. 

dy 

/--, 

(   i'i72  ) 
celles  du  point  de  contact  du  plan  polaire  de  ce  point  avec  son  enveloppe  s, 
on  a  les  relations 

(5) 

(6)   • 
(7) 

(8) 

»   Si  donc  l'équation  de  s  est  mise  (ce  qui  est  toujours  possible)  sous  la 
forme 

(9)  ^t,^'^'  ~Â        fJ' 

celle  de  s^  peut  s'écrire 

„  /  f'r  f'y        àz,       dZf  \ 

et  pour  que  les  deux  équations  soient  identiques,  il  faut  et  il  suffit  que 
l'équation  (9)  soit  symétrique  par  rapport  à  ses  deux  couples  d'arguments, 

...  Oz 

c'est-à-dire  qu'elle  ne  change  pas  quand  on  y  remplace  smniltanement  ^ 

et  — par  —  -f  et  —  ^-  Sous  celte  seule  condition,  l'équation  aux  dérivées 

ày  ^  f'z  f z 

partielles  du  premier  ordre  (9)  est  l'équation  générale  des  surfaces  auto- 
polaires, 

»   Deux  équations  simultanées  de  ce  type, 

F  =  o,  J  — u, 

où  l'on  remplacera  d  par  r/,  représentent  toutes  les  lignes  autopolaires  de 

l'espace. 

»   Ces  résultats  se  prêtent  à  des  énoncés  analogues  à  ceux  qu'on  vient  de 

donner  pour  le  cas  du  plan  (  '  ).    » 


(')  MM.  d'Ocagne  et  Fouret  ont  étudié  la  détermination  des  figures  homologiques 
à  leurs  polaires  réciproques,  mais  en  faisant  cette  hypothèse,  très  restrictive,  que  ces 
figures  se  correspondent  point  par  point  :  on  ne  trouve  ainsi  que  des  figures  du  second 


ordre  bitangentes  à  la  directrice. 


(   '473  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  séries  de  Fourier.  Note 
de  M.  A.  HuRwiTz,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Dans  la  Communication  sur  le  problème  des  isopérimètres  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie,  le  i8  février  dernier,  j'ai  applicpié 
une  formule,  d'ailleurs  très  connue,  concernant  l'intégration  du  produit  de 
deux  séries  trigonométriques. 

»  En  étudiant  les  conditions  sous  lesquelles  cette  formule  est  exacte,  j'ai 
trouvé  le  théorème  suivant,  qui  me  semble  être  remarquable  par  sa  géné- 
ralité et  qui  donne  un  complément  important  à  ma  Note  du  i8  février. 

»  Soient /(^x)  et  cp(^)  deux  fonctions  assujetties  aux  seules  conditions 
d'être  bornées  et  intégrables  dans  l'intervalle  o^ic^air. 

»   Formons  les  séries  de  Fourier 

^«0  H-  -(««  cosnx  -\-  n\^  %innx), 
i^o  H-  2(6„  cosraa;  -h  h\^  sin  nx), 

appartenant  à  ces  fonctions  f  (^x^  et  <p(a;)  respectivement  [sans  nous  préoccu- 
per de  la  convergence  ou  de  la  divergence  de  ces  séries). 
»   Alors  la  série 


est  convergente  et  l'on  a 


dx. 


»   Parmi  les  applications  de  ce  théorème  je  signale  les  suivantes  : 

»    1.   Désignons  par  Xg,  x,  deux  arguments  satisfaisant  aux  inégalités 

0  =  ^0  <^  ^1  =  2- 

et  définissons  la  fonction  «p(x)  en  posant 

<p(a;)  =  o,  9(37)  ^TT,  (^(x)  =  o, 

selon  que  o'^x^x^,  ou  x^^<::^x  <Cx,,  ou  enfin  x,^x^2.t:. 

»  Alors  notre  théorème  se  particularise  évidemment  comme  il  suit  : 
»  Si  la  fonction  f{x)  est  bornée  et  intégrable  dans  l'intervalle  o^x'Sit:. 

si  de  plus  a„,  a'^^  désignent  les  coefficients  dans  la  série  de  Fourier  appartenant 
C.  R.,  1901,   I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  24.)  190 


(  i474  ) 
à  /(x),  on  a 

f  f{x)dx 

=  -a,(x,  -x,)  +  2é  [''- —i -  «« -Jz ' 

»  Autrement  dit  :  si  l'on  intègre  la  série  de  Fourier  appartenant  à/Çx) 
terme  à  terme,  on  obtient  toujours  une  série  convergente  représentant  l'inté- 
grale de  f{x'). 

»  Ce  théorème  est  à  rapprocher  des  recherches  de  M.  Dubois-Reymond 
sur  l'intégration  des  séries  de  Fourier  {Mathem.  Annalen,  Vol.  XXII, 
p.  260). 

»  2.  Remplaçons,  dans  notre  théorème,  '^(x),  soit  par  r^(x)cosmx, 
soit  par  r^(x)  sinmx,  où  m  désigne  un  nombre  entier. 

»  En  tenant  compte  de  l'équation 

I   r^" 

-  /      tf(x)cosmxcosnx  dx 

=  —  /      (f(x)[cos(m  —  n)x -h  cos(m -h  n)x}dx, 

et  des  équations  analogues,  on  voit  que  notre  théorème  permet  d'exprimer 
les  intégrales 

-j     f(x)  (f(x)cosmxdx     et    -  j     /(x)  (^(x)  sinmx  dx 

parles  coefficients  a„,  a'^,  b„,  b'^.  Ainsi,  sous  la  seule  hypothèse  que  les 
fonctions  f{x)  et  9(3?)  soient  bornées  et  intégrables,  on  peut  former 
la  série  de  Fourier  relative  au  produit /(a;)  (p(a;)  lorsqu'on  connaît  les 
séries  de  Fourier  appartenant  aux  facteurs /(a;)  et  9(3?). 

»  C'est,  au  fond,  le  résultat  auquel  est  parvenu  M.  C.  Bourlet  dans  une 
Note  très  intéressante  insérée  au  Bulletin  des  Sciences  mathématiques, 
2*  série,  t.  XIII;  1889.  Mais,  si  je  ne  me  trompe,  les  considérations  de 
M.  Bourlet  ne  sont  pas  tout  à  fait  générales,  parce  que  l'équation  de 
Dirichlet 

)™rr(j)^rfj  =  =F(o) 

exige  des  conditions  spéciales  pour  la  fonction  F(/),  même  si  l'on  suppose 


(   1473  ) 

que  cette  fonction  est  continue.  C'est  précisément  cette  circonstance  qui 
rend  la  démonstration  de  notre  théorème  assez  délicate,  et  c'est  seulement 
en  m'appuyant  sur  les  recherches  de  Harnack  et  de  Dubois-Reymond  que 
j'ai  obtenu  une  démonstration  que  je  crois  tout  à  fait  rigoureuse.  » 


MÉCANIQUE .  —  Sur  l'application  de  la  théorie  de  l'élasticité  au  calcul  des  pièces 
rectangulaires  fléchies.  Noie  de  M.  Mesnager,  présentée  par  M.  Maurice 
Lévy. 

<(  M.  Maurice  Lévy  a  montré,  en  1898,  que  les  équations  différentielles 
des  tensions  dans  les  problèmes  d'élasticité  à  deux  dimensions  sont  indé- 
pendantes des  coefficients  d'élasticité.  Soient  n^  et  ny  les  tensions  normales 
parallèles  à  ox  et  oy,  t  les  efforts  tangentiels;  on  a 

fL   fi.  fi  ti 

(i)     A2(«j.-l- /jj)  =  G.     (2)    -—-^z:zz-—-f,     (3)     conditions  aux  limites. 

»  Forme  générale  des  polynômes  entiers  en  x  et  en  y  qui  satisfont  aux 
équations  (i)  et  (2).  —  L'équation  (i)  donne 

(^>  r  '"  ,  ^,  ^ 

\  H- P„[.ay"--^^"-'^;3"-^^a.'-y +  ■■■]+.... 

»  En  l'identifiant  avec  des  polynômes  satisfaisant  à  (2),  on  trouve 

«^  = . . .  +  a^x"  -  (2a„  +  a,)    \       '  x"-^y^  + . .  . 

(5) 

)  ,  '  77-1  /  '  nisllin  l)(«  2)       „     ,       , 

(  -h  a„nx"-y  --  (o«^^  +  a„)^ — ^-^^3 >x"-'y'-h. . .. 

»  Les  termes  de  chaque  groupe  ont  des  signes  alternés,  le  module  des 
coefficients  augmente  à  chaque  terme  de  a„  -h  a",  dans  le  premier  groupe, 
de  a',,  -+-  a™  dans  le  second. 

"         «      .  "  (  "   1  )         7J_2        1 

jy  =  .  .  .-h  a„x"  +  a„  — ^ x"  ■'y^ 

(6)  ]  -(2a„+«:r(— ■\(:-y("-^."-y  +  ... 


.2.3.4 

"'        ni              ,  n{n  —  i)(n  —  2  )     „    ,    , 
+  a„  nx"-y  4-  a„  ^ ^-^^^ ^      Y  ' 


(  t476  ) 
))  Formation  analogue  à  partir  du  second  terme.  D'autre  part  : 

t=...-~  a,X  -  «„      ,3      ^  -y-  +  (2a„  +  «„)      ,_^\3^     ^"  y 


(8) 


(9) 


„    ,           /                  m^nin  —  i)(rt  —  2)     „   ,    1 
-  a^nx"~'y  +  (2a„  +  a,,)^ ^-^-^ ^a;«-3j3  _.  . .. 

»  Les  premiers  termes  de  chaque  groupe  ont  le  signe  — .  A  partir  du 
second  ils  ont  des  signes  alternés  et  le  module  du  coefficient  augmente 
de  a,',  +  à^  dans  le  premier  groupe,  de  a„  +  à'^^  dans  le  second. 

»  Application  à  la  flexion  des  poutres  rectangulaires  minces.  —  Posons 
t=zo  pour  a;  =  ±  A.  On  obtient  les  deux  séries  d'équations 

a"'~  —  a'^h-  +  (aa',  +  a™)  h'  —  {'ia'^  +  idl)  A"  +  . . . 

—  a.,  —  /r  +  (  2  a,  -I-  a,  ) 5—7-  «'  — .  . . 

■'1.2  ^      *         =-^1.2.0.4 


a. 


(/i  +  l)  («H-2)    ,,  ,  ,„        .    («  +1)  .  .  .  («  +4)   74 

!„  =  -  ««.2  rr^ — -  ^-  +  (  2  a,,^,  +  a„^,  )  ^ j^^^-y-^ ^  A*  - 

Les  signes  sont  alternés,  le  coefficient  entre  parenthèse  s'obtient  en 
ajoutant  a'  -4-  a'"  au  précédent  sans  indice  et  en  augmentant  les  indices  de 
deux  unités  à  chaque  terme,  les  coefficients  numériques  sont  ceux  des 
termes  de  rang  pair  du  binôme.  Avec  une  loi  analogue  : 

ia,h  =  (2 «3  H-a'j)  A-'  —  (3^5  +  aa^)  A'^- . . . 
(10) 


j  7  /  ,         »       N  «  (  /i  -H  I  )  { "  +  2  )  ,  „ 

(  a„nh  =  {ia„^,  +  «„,,)  -^ ^-^^3 'h'  -... 


»  Eu  annulant  tous  les  coefficients  arbitraires  dans  9  et  10,  sauf  un, 
a[^  ou  aj, ,  et  portant  les  valeurs  trouvées  dans  5,  6  et  8,  on  a  des  solutions 
distinctes,  qu'on  peut  combiner  par  addition. 

»  Premier  degré. 

[     t  =  0,  /     /  =  0,  . 

('0  Nx=«  +  «',r,  (12)  }n^=o, 

'«>.=  o.  [  ny  =  a"-ha",x. 

»  Solution  connue  :  Les  bases  opposées  supportent  aux  points  homo- 
logues des  efforts  égaux  et  de  sens  contraires;  ces  efforts  sont  linéaires. 


(   '477  ) 
»   Deuxième  degré. 

(i3)     \      n^=a\ixy,  (')  (i4)     )      «x=-<r' 


/i^.  =  o.  )  \      n^^a.,x- 

»   Troisième  degré. 


(i5)     <  n^=a^y(3x-  -2y-),  (i6)     j  «^  =  o;.r  (A- -  3  y=). 

'  "r  =  «i  J(  j'  -  ^^^«' )'  '  "y  =  K ^' • 

■  »  Les  équations  (i5)  correspondent  à  \a  flexion  sous  charge  uniformé- 
ment répartie  el  appliquée  moitié  à  la  base  supérieure,  moitié  à  la  base  in- 
férieure. Eu  ajoutant  par  apjplication  des  équations  (12)  une  compression 
verticale  égale  à  la  charge  sur  la  bnse  inférieure,  on  rentre  dans  le  cas  des 
la  charge  uniformément  répartie  sur  la  base  supérieure. 

»  Poutre  posée  sur  deux  appuis  (loin  de  ceux-ci).  —  On  annide  le  moment 
sur  les  appuis  avec  des  efforts  horizontaux  tirés  de  l'équation  (i3) 

p  charge  par  unité 
de  longueur. 

.      .      ,  /^      /c    o  ox        'ip  fh'        t-\  A  demi-hauteur  de 

(^7)     {«.-^j(3^--^>'-)-^ïr/.Hy-8J^  la  poutre. 

P^ 

a 

»  L'effort  tranchant  se  répartit  dans  une  section  comme  dans  la  for- 
mule (i5). 

»  La  fibre  neutre  est  au  milieu  de  la  hauteur,  «j,=  o  pour  j^  o;  mais 
les  efforts  horizontaux  ne  suivent  plus  une  loi  linéaire  dans  une  même 
section  verticale. 

»   L'effort  maximum  horizontal  se  produit  au  point  x  —  o,  y  =  ±Lh  et 

est  «x=  ^P\~  +  ~Kn)''  ^^  "®  diffère  que  par  ^  de  la  formule  usuelle. 
»   Quatrième  degré  : 

t  =  a\(h^-Y^)('6x---if'-i/i^).  (     t=--a\/ixy(y--h^), 

n^  =  a\xy(lix^-8y^),  (19)      nx  =  <(2A^^^  -  ôa^y  +  2^  -  4Ay), 

n^=^d,xy(^y--i2h^),  (  n^  =  d,(2hy -h  x" -y'). 


l-^%3x(h^- 

-r)> 

«.-4^.J(3^-- 

-■^-f-) 

n        -*             **  /    1^2 

^A2^  _ 

(')  Poulie jUchie  sous  moment  constant  (Problème  de  Saint-Venant). 


(  1478  ) 

»   Les  équations  (i8)  donnent  la  charge  suivant  une  loi  linéaire,  etc. 

"  En  combinant  les  solutions  par  additions  on  aurait  des  charges  et  des 
réactions  quelconques  exprimables  par  des  fonctions  algébriques  entières 
de  X.  On  retrouverait  notamment  la  solution  donnée  par  M.  Maurice 
Lévy,  en  1898,  pour  le  barrage  à  profd  rectangulaire. 

»  Ces  formules  sont  applicables  sans  erreur  sensible  aux  poutres  rectan- 
gulaires épaisses.  » 

ÉLECTRICITÉ.    —  Sur  les  forces  électromotrices  de  contact  et  la  théorie  des 
ions.  Note  de  M.  E.  Rothé,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Ij'électromètre  capillaire  de  M.  Lippmann  permet  de  déterminer 
aisément  la  force  électromotrice  de  contact  entre  le  mercure  et  le  liquide 
qui  le  baigne,  si  on  admet  qu'au  moment  où  la  tension  superficielle 
capillaire  atteint  son  maximum,  la  couche  double  est  nulle  à  la  surface  de 
séparation  du  liquide  et  du  mercure  capillaire.  Je  me  suis  proposé  d'étudier 
comment  varie  cette  force  électromotrice  avec  la  concentration  des 
solutions. 

))  L'appareil  qui  m'a  servi  ne  diffère  de  l'électromètre  ordinaire  de 
M.  Lippmann  que  par  la  forme  de  la  cuvette  :  des  dispositifs  particuliers 
permettent  de  laver  facilement  la  pointe  capillaire  et  de  changer  les 
liquides.  Dans  toutes  mes  expériences,  j'ai  recouvert  le  large  mercure 
d'un  sel  de  mercure  peu  soluble,  contenant  le  même  anion  que  le  liquide  : 
l'expérience  m'a  montré  en  effet  que,  sans  celte  précaution,  la  force  élec- 
tromotrice du  compensateur  correspondant  au  maximum  n'est  pas  bien 
déterminée;  elle  croît  lentement  pendant  plusieurs  mois  avant  d'atteindre 
une  valeur  limite  jusqu'à  ce  que  le  liquide  soit  saturé  de  sel  mercureux. 
Cette  limite  est  au  contraire  obtenue  immédiatement  quand  on  recouvre 
le  mercure  d'une  couche  de  sel  mercureux.  Ces  sels  sont  d'ailleurs  assez 
peu  solubles  pour  que  le  mercure  capillaire  soit  encore  parfaitement 
polarisable.  Les  liquides  que  nous  avons  étudiés  sont  donc  des  solutions  très 
étendues  de  sulfate  mercureux  dans  l'acide  sulfurique  et  de  chlorure  mer- 
cureux dans  l'acide  chlorhydrique  de  différentes  concentrations.  Pour  la 
préparation  des  solutions  étendues,  il  était  nécessaire  d'employer  de  l'eau 
distillée,  exempte  de  matières  organiques  aussi  bien  que  de  sels  miné- 
raux :  l'eau  du  commerce  a  été  distillée  d'abord  sur  le  permanganate  de 
potasse,  redistillée  et  purifiée  ensuite  par  congélation  fractionnée. 

»   Pour  chacun  des  liquides  nous  avons  déterminé  à  la  façon  habituelle 


(  ï479  ) 
la  courbe  de  graduation  de  l'électromètre,  en  portant  en  ordonnées  les 
hauteurs  de  mercure,  et  en  abscisses  les  forces  électromotrices,  et  évalué 
la  force  électromotrice  correspondant  au  maximum  par  la  méthode  du  dia- 
mètre rectiligne. 

))  Les  courbes  ainsi  obtenues  permettent  d'énoncer  les  résultats  suivants  : 

»  La  force  électromotrice  du  compensateur  correspondant  au  maximum 
de  tension  superficielle  augmente  avec  la  concentration. 

»  Les  hauteurs  de  mercure  soutenues,  soit  au  maximum,  soit  quand  les 
deux  mercures  sont  en  communication,  diminuent  quand  la  concentration 
augmente. 

»  Les  courbes  sont  d'autant  moins  inclinées  sur  l'axe  des  abscisses  que 
la  concentration  est  plus  grande. 

»  Les  variations  de  la  force  électromotrice  sont  indiquées  ci-dessous  : 

Acide  sulfurique. 
Nombre  de  gr.  de 
SO'H^arlitre.     gs'-  gs^gi       i6s>-         326^5      9is'',4      998^,3       i846'',6     igSe'-.a     3i5  4588',8 

(dccinormnloi  (nonualo)  (binorniale) 

Densité  à  1 5° i  ,oo55    1,0062     1,010      1,021       1,0.59      1,0629     '-uô       i,i23       ijigS       1,273 

Force  électromo- 
irice  du  com- 
pensateur cor- 
respondant au 
maximum o',874     0^,876     o%877     ^,885     o%9o3     o%9io     o%926     o%94o     0^,985     i%o435 

Acide  chlorliydrique. 

Nombre  de  gr.  de  HCl  par  litre....     5e%4         i6e'         37S'',i5     43s%3      ji^^'  I02S%4     i42S'        ig3ss5 

Densité  à  i5° 1,0019     1,007      i>oi7       1,0206     i,o34       ',0479     i,o655     i,o884 

<  norumle) 

Force  éleclromotrice  du  compensa- 
teur correspondant  au  maximum.     o'',555     0^,557     o",568     o',573     o'',583     0^,600     CjôiS     o',638 

»  La  théorie  des  ions  permet  de  prévoir  le  sens  de  ces  variations  :  soit, 
en  effet,  E  la  force  électromotrice  d'une  pile  de  concentration  formée  de 
deux  électrodes  de  mercure  et  de  deux  solutions  L,,  L2,  d'un  sel  de  mer- 
cure, différemment  concentrées  et  très  étendues, 

E^Hg|L, -t-L,|L,  +  L,|Hg 
(0  HglL,-Hg|L,=  E-L,  |L,. 

On  peut,  en  s'appuyant  uniquement  sur  la  notion  de  pression  osmotique 
des  ions  et  sur  les  principes  de  la  thermodynamique,  comme  l'a  fait,  par 
exemple,  M.  Couette  (  '  )  dans  une  élégante  démonstration,  calculer  la  force 

(')  Couette,  Théorie  osmotique  des  piles  {Jour  a.  de  Phys.,  i'  série,  t.  IX). 


(  i48o  ) 

électromoti'ice  E.  En  désignant  par  ri ,  n"  les  valences  du  cathion  et  de  l'anion, 
h  le  coefficient  de  transport  de  Hittorf,  R  la  constante  des  gaz  parfaits, 
T  la  température  absolue,  A  la  quantité  d'électricité  transportée  par  un  ion 

gramme  monovalent,  —  le  rapport  des  pressions  osmotiques  des  ions  mer- 
cure dans  les  solutions  Lj  et  L,,  on  a, 

»  D'autre  part,  la  force  électromotrice  au  contact  des  liquides  L,  et  L^ 
a  pour  expression 

»  En  combinant  les  égalités  (i),  (2)  et  (3),  on  obtient 

(4)  .  Hg|L,-Hg|U  =  ^L^;. 

Si  l'on  admet  la  notion  de  pression  de  dissolution,  due  à  M.  Nernst,  on 
arrive  à  la  même  formule  beaucoup  plus  rapidement. 

»  Supposons  que  les  liquides  L,,  Lo  soient  des  solutions  d'un  sel  mer- 
cureux  à  saturation  en  présence  d'un  excès  de  sel  solide,  dans  un  acide  ou 
un  sel  contenant  le  même  anion;  la  quantité  de  sel  non  dissocié  peut  être 

considérée  comme  constante,  et  l'on  établit  aisément  que  —  =  -^  où  c, 

et  C2  sont  les  concentrations  moléculaires,  S,,  S„,  les  degrés  de  dissocia- 
tion de  la  solution  acide  ou  saline  considérée. 

»   On  peut  donc  transformer  la  formule  (4)  et  écrire 

(5)  HglL.-Hg|L.  =  ^Lgi. 

»  1°  Cette  formule  indique  que,  pour  des  solutions  également  concen- 
trées et  dissociées  contenant  le  même  anion,  on  doit  avoir  Hg|L,  =  Hg|Lo. 
C'est  ce  que  j'ai  vérifié  expérimentalement  en  prenant  pour  liquide  de 
l'électromètre  capillaire  une  solution  normale  de  NaCl,  puis  de  KCl,  le 
large  mercure  recouvert  de  cathion  (').  Je  reviendrai  bientôt  avec  plus  de 
détails  sur  le  rôle  du  cathion  dans  les  solutions  de  même  anion. 

»  2"  La  formule  (5)  indique  aussi,  comme  le  vérifient  les  expériences 
précédentes,  que  la  force  électromotrice  correspondant  au  maximum  croît 


(')  RoTHÉ,  Différences  de  potentiel  au  contact  entre  le  mercure  et  les  chlorures 
{Journ.  de  Phys.,  t.  IX,  p.  543). 


(  i48i  ) 

en  même  temps  que  la  concentration.  La  connaissance  des  conductibilités 

électriques  permet  de  calculer  le  rapport  -^;  j'ai  fait  le  calcul  pour  des 

solutions  d'acide  sulfurique  et  chiorhydrique  dont  la  conductibilité  a  été 
mesurée  à  18"  par  MM.  Bouty  ou  Rohlrausch,  et  comparé  les  résultats 
fournis  par  la  formule  (5)  à  ceux  de  l'expérience.  L'accord  est  très  satisfai- 
sant pour  les  solutions  étendues,  auxquelles  seules  s'applique  la  théorie 
des  ions;  les  plus  grands  écarts  sont  inférieurs  à  o^"",oi.  La  divergence 
n'est  vraiment  notable  qu'à  partir  des  .solutions  binormales.  « 


PHYSICO-CHIMIE.     —    Constantes    capillaires  de  liquides    organiques.   Note 
de  MM.  Ph.-A.  Guye  et  A.  Baud,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

<c  Nous  avons  mesuré  par  la  méthode  de  MM.  Ramsay  et  Shields  (  '  )  les 
constantes  capillaires  de  quelques  liquides  organiques,  en  vue  de  fixer 
leur  degré  de  polymérisation  à  diverses  températures. 

»  Nous  transcrivons  dans  le  Tableau  suivant  les  résultats  obtenus  pour 
un  premier  groupe  de  composés;  pour  chacun  d'eux  on  trouvera  :  i"  les 
températures  d'expériences,   les  valeurs  de  la  densité  (d),  de  la  tension 

superficielle   (y),  de  la  tension  superficielle  moléculaire  [y(M<')''J,   ces 

deux  dernières  quantités  exprimées  en  dynes  par  centimètres;  2°  les  va- 

2  1 

leurs  du  coefficient  K  donne  par  1  expression  :  K.  = 1  —  t ' 

/2     121  \^ 

3°  les  valeurs  du  coefficient  de  polymérisation  :  x=  (    '       j  ;  ces  deux 

coefficients  étant  toujours  calculés  entre  la  température  la  plus  basse  et 
celle  de  l'observation  en  regard  de  laquelle  sont  inscrites  les  valeurs  de 
R  et  X. 

t".  d.  y.  Y(Mv)^  K.  X. 


G«H=.OC»H 

5         Phénélol.         M  = 

122. 

19.2 

0,9672 

82,60 

8'9>9' 

» 

» 

63,6 

0,9249 

27,20 

706,1 

2,563 

o,7D 

108,7 

0,8818 

22,0 

607,2 

2,376 

0,84 

132,4 

o,838o 

18,22 

5o4,22 

2,370 

0,94 

(')  Ramsav  et  Shields,  Zeitschrift  f.phys.  Chem.,  1.  XII,  p.  433. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  ^"  24.)  191 


(  i482  ) 

t'.  d.  T-  r(Mv)î.  K. 


C^H'.OCH'         Anisc 

./.         M  =  I 

08. 

9 

54,6 

98,8 

'52,9 

I .0022 
0,9610 
0,9178 
0,8622 

35,48 
3o,36 
24,8 
19,28 

8o3,45 
695,90 
595,5 
482,56 

» 
2,358 
2,3i5 
2,229 

» 

o,85 
0,87 
0,92 

CH'CO'C'H^ 

Acétate  d'éthyle. 

M  =  88. 

9,5 
55,6 

77 

0,9137 
o,8566 

0,8286 

24,71 
18,82 
16, 63 

Siq, 16 

4.3 

373 

2,302 

2,i65 

0,88 
0,96 

C«H^NO= 

Nitrobenz 

■.ène.         M  r 

=  123. 

9,4 
55,5 
99,8 
i53 

1,209 
I , 1680 
I , 1240 
1,0625 

43,8 
38, 4i 
33,26 
27,4 

954,5 
856,54 

760,9 
65o,8 

» 

2,124 

2,  i65 

2,It4 

0,99 
0,96 
1 ,01 

ÇfW.QM 

Benzonitrile.         M  =: 

io3. 

8 

54,9 
99-1 

l52,4 

1,0157 
0,9726 
0,9388 
o,8848 

39,61 
33,82 
29,30 
23,53 

861,4 

757,0 

673,9 
56i  ,0 

)) 

2,226 

2,068 

2,080 

» 
0,93 
.,o4 
1 ,02 

OH,C''H».CH'         Métacrésol.         M 

=  108. 

9 
55,4 

98,7 
i53,i 

1,0702 
I ,oo52 

0,9695 
0,9217 

38,78 
32,98 
29,29 
24,02 

84o,6 
745,3 

678,1 
575,1 

» 

2,o53 

I.8II 

.,842 

» 
1  ,o5 

1 ,26 

1,23 

»  On  peut  dégager  des  chiffres  qui  précèdent  des  conclusions  qui  nous 
paraissent  dignes  d'être  notées. 

»  1.  Les  valeurs  numériques  des  coefficients  R  ne  sont  pas  absolument 
constantes  pour  un  même  corps  ;  il  en  résulte  que  les  courbes  représentant 
les  variations  de  la  tension  superficielle  moléculaire  en  fonction  de  la  tem- 
pérature ne  sont  pas  rigoureusement  des  droites  ;  il  est  cependant  aisé  de 
se  rendre  compte,  par  des  constructions  graphiques,  que  ces  courbes 
s'écartent  peu  de  tracés  linéaires. 


(  1483  ) 
»  2.  Si  l'on  ne  considère  que  les  valeurs  moyennes  des  coefficients  K, 
on  peut  en  dresser  le  Tableau  suivant  : 

K 

Phénélol 2,43 

Anisol 2 ,  3o 

Acétate  d'éthyle 2,28 

Nitrobenzène 2  ,  i3 

Benzonitrile 2,12 

Métacrésol i ,  90 

Ces  valeurs  dépassent  (sauf  pour  le  métacrésol)  le  nombre  2,121  admis  par 
MM.  Ramsay  et  Sliields  pour  les  liquides  non  polymérisés,  fait  dont 
MM.  Dutoit  et  Friederich  (')  ont  déjà  signalé  des  exemples. 

»  En  raison  du  caractère  à  peu  près  linéaire  des  courbes  relatives  aux 
cinq  premiers  corps,  on  peut  cependant  regarder  ceux-ci  comme  non  poly- 
mérisés à  l'état  liquide. 

»  3.  Lorsqu'on  examine  de  plus  près  les  valeurs  fournies  par  le  méta- 
crésol, celles-ci  indiquent  que  la  tension  superficielle  moléculaire  varie 
linéairement  avec  la  température  entre  9°  et  55°, 4>  ainsi  qu'entre  98^*, 7  et 
iSS",!,  avec  une  anomalie  entre  55",  4  et  98°,  7,  les  deux  parties  droites  de 
la  courbe  n'étant  pas  dans  le  prolongement  l'une  de  l'autre. 

Intervalles.  K.  x. 

o  o 

9,0  à  55,4 2,o5  i,o5 

55,4  à  98,7 1,55  1,65 

98,7  à   i53,i 1,89  1,18 

»  Ces  chiflfres  établissent  un  changement  de  polymérisation  entre  55"  et 
100°  :  le  métacrésol  se  comporte  comme  un  liquide  dépolymérisé  entre  9" 
et  55°,  et  comme  un  liquide  partiellement  polymérisé  entre  100°  et  150°. 
Entre  55°  et  100°,  le  tracé  graphique  n'est  plus  linéaire;  les  valeurs  de 
R  et  a;  n'ont  plus  de  signification  précise. 

»  Une  anomalie  de  ce  genre  n'a  pas  encore  été  signalée  à  notre  connais- 
sance; le  métacrésol  est  le  premier  exemple  d'un  corps  dont  le  degré  de 
polymérisation  augmente  avec  une  élévation  de  température.  Peut-être 
est-il  en  relation  avec  un  phénomène  de  tautomérie. 

»  On  sait,  en  effet,  que  les  phénols  réagissent  généralement  avec  les 

propriétés  de  la  fonction  ^C(OH)  et  parfois  aussi,  bien  que  plus  rare- 


(')  DuTOiT  et  Friederich,  Arch.  Se.  ph.  nul.  Genève.  l\'  série,  t.  XIV,  p.  io5. 


(  i484  ) 

ment,  avec  celles  de  la  fonction  =C:=0;  si  le  métacrésol  liquide  est 
constitué  par  un  mélange  des  deux  formes  taulomériques,  on  pourrait 
peut-être  admettre  que  l'anomalie  qui  le  caractérise  résulte  du  fait  que  les 
proportions  dans  lesquelles  entrent  ces  deux  constituants  varient  elles- 
mêmes  avec  la  température  et  que  l'un  d'eux  se  polymérise  plus  facilement 
que  l'autre.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  nouvel  élément,  Veuropium.  Note  de 
M.  EuG.  Demarçay,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  En  i885,  M.  Cvookes,  {Phil.  Tram.,  t.  CLXXVI,  p.  691),  dans  ses  belles 
recherches  sur  les  fluorescences  électriques  dans  le  vide,  signala  une  bande 
qu'il  attribua  au  samarium  et  que,  en  raison  de  sa  disparition  en  pré- 
sence de  la  chaux  et  de  quelques  autres  particularités,  il  appela  la  raie 
anomale.  Plus  tard  (')  il  la  distingua  avec  un  assez  grand  nombre  d'autres 
bandes  comme  caractérisant  vraisemblablement  chacune  un  méta-élément 
spécial.  Il  appela  Sg  le  méta-élément  hypothétique  correspondant  à  la  raie 
anomale.  M.  Lecoq  de  Boisbaudran,  au  cours  de  ses  importantes  recherches 
sur  les  phosphorescences,  confirma  les  données  de  M.  Crookes  sur  la  raie 
anomale. 

»  En  1892,  M.  de  Boisbaudran  (-)  décrivit  un  spectre  de  trois  lignes 
bleues  brillantes,  découvert  dans  le  spectre  d'étincelle  du  samarium.  Ces 
trois  lignes  pouvaient  être  renforcées  par  un  fractionnement  convenable. 
Il  en  conclut  qu'elles  correspondaient  à  un  élément  particulier  Z^.  Vers  la 
même  époque,  il  attira  aussi  l'attention  (')  sur  une  bande  particulière  du 
spectre  de  renversement  du  samarium  qui  paraissait  correspondre  à  la  raie 
anomale  et  se  renforçait  considérablement  en  solution  nitrique.  M.  de  Bois- 
baudran, sans  s'arrêter  à  des  conclusions  bien  précises,  inclinait  à  la  croire 
caractéristique  d'un  élément  particulier  Zç. 

)i  En  1896  (*),  j'ai  annoncé  la  présence  d'un  élément  intermédiaire 
entre  le  gadolinium  et  le  samarium,  caractérisé  par  diverses  fortes  raies 


(  ')  Voir  surtout  à  ce  sujet  Joiirn.  of  the  Chetn.  Soc,  1889,  adresse  de  M.  Crookes, 
Président  de  la  Société. 

(')  Comptes  rendus,  1892,  i"'  semestre,  p.  675. 

(')  Comptes  rendus,  1898,  i"^"'  semestre,  p.  671-6741  et  2"  semestre,  p.  199. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  728 


(  1485  ) 

violettes  et  ullra-violettes.  En  1900  ('  ),  j'ai  montré  que  ce  nouvel  élément 
était  identique  au  Zj  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran,  que  c'était  vraisembla- 
blement à  sa  présence  qu'étaient  dus  la  bande  anomale  de  M.  Crookes,  la 
raie  de  renversement  Z;;,  diverses  autres  raies  de  renversement  non  encore 
décrites  et,  en  outre,  un  spectre  d'absorption  spécial  inconnu  jusqu'à  ce 
jour.  J'ajoutai  qu'il  ne  m'avait  pas  été  possible  de  pousser  assez  loin  les 
fractionnements  pour  affirmer  absolument  que  toutes  ces  propriétés  répon- 
daient à  un  même  corps.  Depuis,  j'ai  pu,  à  la  suite  de  séries  considérables 
de  fractionnements  de  l'azotate  magnésien,  accumuler  une  quantité  plus 
notable  de  cet  élément  si  peu  abondant,  le  fractionner  à  son  tour  et  con- 
stater enfin  que  ces  caractères  divers  :  spectres  de  ligne,  de  renversement, 
d'absorption,  de  fluorescence  électrique  du  sulfate  dans  le  vide  (raie  ano- 
male) avec  le  sulfate  de  calcium,  ou  de  gadolinium,  s'accompagnaient  très 
constamment,  restaient  sensiblement  proportionnels  et  qu'ils  caracté- 
risaient évidemment  un  même  élément. 

»  La  pureté  des  quelques  grammes  du  nouvel  oxyde  était  assez  grande  pour 
qu'aucun  des  spectres  du  samarium  ne  fût  visible  et  que  des  raies  mêmes  du  gadoli- 
nium on  ait  à  peine  quelques  traces  des  plus  fortes  dans  le  spectre  électrique.  Sur  ce 
produit  j'ai  constaté  que,  ajouté  en  traces  à  du  sulfate  de  calcium,  il  donnait  un  bril- 
lant spectre  de  (luorescence  où  dominait  la  raie  anomale.  Ce  spectre  comprend  trois 
bandes  principales  : 

}.  r=  609  environ,  très  forte,  X  ^  SgS  environ,  forte,  très  large. 

X  =z  576  environ,  notable,  large. 

»  Le  degré  de  calcination  du  sulfate  mixte  fait  beaucoup  varier  l'aspect  et  la  lar- 
geur des  bandes.  La  plus  forte  notamment  semble  se  convertir  en  une  double  raie 
lorsque  la  calcination  est  très  forte.  Le  spectre  du  samarium  (  notamment  la  raie 
rouge)  était  tout  à  fait  invisible. 

1)  Dans  le  sulfate  de  gadolinium,  les  raies,  de  même  très  brillantes,  forment  un  sys- 
tème analogue,  mais  plus  compliqué.  Avec  l'alumine  fortement  calcinée,  le  spectre  est 
formé  de  raies  étroites  très  brillantes.  Je  n'ai  pas  achevé  la  mesure  de  ces  spectres. 

»  Les  résultats  en  apparence  contradictoires  de  MM.  Crookes  et  de  Bois- 
baudran sont  dus,  je  pense,  à  la  faible  proportion  de  i  —  Z^  contenu  dans 
leur  matière  et  à  ce  que  le  calcium  et  le  gadolinium  renforcent  plus  le  spectre 
du  samarium  que  l'autre. 

»  Je  propose  pour  le  nouvel  élément  le  nom  d'europium,  avec  le  sym- 
bole eu  =  i5i  (environ). 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXXX,  p.  1469. 


(   i486  ) 

»  Voici  la  liste  des  raies  électriques  les  plus  fortes  de  l'europium  comprises  entre 
X  5oo  et  X  35o.  Les  plus  fortes  sont  dans  la  liste  des  raies  du  samarium  de  MM.  Exner 
et  Haschek.  Elles  y  sont  toutefois  notées  avec  des  intensités  bien  plus  faibles  que  les 
miennes.  Je  répète  que  dans  mon  spectre  les  raies  du  samarium  étaient  absolument 
absentes  et  les  plus  fortes  du  gadolinium  sont  juste  visibles. 


r. 

Force. 

X. 

Force. 

4662,6 

13 

38i9,5 

i5 

4627,8 

i3 

38i5,2 

5 

4594,5 

l4 

3817,4 

5 

4435,8 

16 

3781,1 

5 

4355,5 

7 

3741,0 

5 

42o5,4 

16 

3724,5 

i3 

4.73,2 

5 

3688,3 

1 1 

4i3o,o 

i5,5 

3629,9 

7 

4062,3 

5 

3623,5 

5 

4o57,8 

6 

36i6, I 

5 

4017,6 

6 

3570,0 

6 

4oi2,7 

5 

3549,7 

7  Voisine  d'une 

4on,8 

7 

forte  raie  plus  ré- 

3988,4 

6  Large. 

frangible  de  Gd. 

3972,0 

i5 

3547,6 

5 

3943,2 

7 

3543,9 

9 

3930,7 

i5 

3541 ,2 

5 

8907,2 

i4 

353o,8 

6 

3877,4 

5 

3520,6 

12 

386i,3 

6 

35o4,8 

5 

3854,7 

5 

»  Outre  les  raies  ci-dessus  mentionnées,  que  je  pense  appartenir  certai- 
nement à  l'europium,  on  en  voit  un  très  grand  nombre  de  plus  faibles, 
surtout  d'extrêmement  faibles.  Il  subsiste  naturellement  les  plus  grands 
doutes  sur  l'attribution  de  ces  raies,  qui  disparaissent  néanmoins  du  spectre 
dès  que  l'europium  n'est  plus  très  pur.  On  peut  avec  vraisemblance  les  lui 
attribuer.  On  pourrait  aussi  supposer  qu'elles  proviennent  d'un  élément 
inconnu  très  peu  abondant  |même  relativement  à  l'europium,  déjà  si  rare. 
Des  études  ultérieures  sont  nécessaires  sur  ce  point. 

»  Pour  les  raies  des  spectres  de  renversement  et  d'absorption  des  sels 
d'europium,  je  renvoie  à  ma  Communication  antérieure  déjà  citée.    » 


(  '487  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —   Sur  les  chîorohromiires  de  thallium.   Note 
de  M.  V.  Thomas,  présentée   par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  des  Notes  successives  parues  aux  Comptes  rendus  ('),  j'ai  montré 
que  l'action  du  brome  sur  le  chlorure  thalieux,  en  présence  d'eau,  donnait 
naissance  à  des  chlorobromures  qui,  pour  un  atome  de  thallium,  renfer- 
maient moins  d'un  atome  de  chlore. 

»  Pour  expliquer  la  formation  de  tels  composés,  deux  hypothèses 
sont  vraisemblables  :  i°  production  de  chlorobromures  du  type  TlClX", 
instables  au  contact  de  l'eau  et,  par  suite,  dédoublables  en  d'autres  chloro- 
bromures, les  uns  plus  riches  en  chlore,  les  autres  plus  riches  eu  brome  ; 
2°  fixation  du  brome  et  déplacement  partiel  du  chlore  par  ce  métalloïde. 

»  Quoique  la  première  hypothèse  paraisse  bien  mieux  d'accord  avec  le 
résultat  de  mes  expériences  antérieures,  j'ai  tenu  à  la  vérifier  en  étudiant 
la  bromuration  du  chlorure  thalieux  en  présence  des  différents  solvants, 
et  la  fixation  du  brome  par  le  chlorure  thalieux  par  voie  sèche.  Je  résu- 
merai ici  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  (-)  : 

»  Action  du  brome  sur  le  chlorure  thalieux  en  présence  de  chloroforme.  — 
4«'',8  de  chlorure  tlialleii\  ont  été  abandonnés  pendant  longtemps  en  présence  d'une 
solution  renfermant  4o*''  de  chloroforme  et  ^^',%  de  brome.  Dans  ces  conditions,  il  ne  se 
forme  pas  de  chlorobromure  du  type  TIX'.  Le  produit  qu'on  obtient  se  présente  sous 
forme  d'une  poudrejaune,  pour  laquelle  la  formule  Tl'CPBr*  ne  saurait  être  mise  en 
doute,  quoique  les  analyses  conduisent  à  un  léger  excès  de  chlore,  par  suite  de  la 
difficulté  qu'on  a  pour  efTecluer  la  transformation  totale  {''). 

)>  Action  du  brome  sur  le  chlorure  thalieux  en  présence  de  sulfure  de  carbone. 
—  La  réaction  est  complexe.  Deux  phénomènes  se  produisent  en  même  temps  : 
1°  bromuration  et  mise  en  liberté  du  chlore  du  chlorure  thalieux  ;  2°  action  des  halo- 
gènes sur  le  sulfure  de  carbone.  En  opérant  convenablement,  on  peut  ainsi  transformer 
le  chlorure  thalieux,  et  cela  complètement,  en  bromure  TlBr'^  En  présence  d'une 
grande  quantité  de  solvant,  la  transformation,  quoique  totale,  est  cependant  pénible. 


(')  Comptes  rendus,  26  novembre  et  2^  décembre  1900;  i4  janvier  1901. 

(*)  Le  détail  des   expériences  sera   publié  ultérieurement  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  chimique. 

(^)  Analyse  : 

Trouvé Cl   :   7,80  Br   :   80,98 

Calculé Cl  :  7,07  Br  :   81,90 


(  i488  ) 

»  Pendant  la  bromuration,  on  perçoit  une  odeur  intense  d'halogénure  de  soufre,  et 
même  la  liqueur  se  sillonne,  dans  des  circonstances  appropriées,  de  longues  aiguilles 
incolores.  Celles-ci  représentent  très  vraisemblablement  des  combinaisons  analogues  à 
celles  mentionnées  par  Hell  et  Urech  ('),  et  pour  lesquelles  ces  chimistes  ont  proposé 

les  formules 

CS^Br',     C^Br'S^     et     C'Br'S'-l- 2H2O. 

»  Les  combinaisons  de  ce  genre  sont  du  reste  très  peu  connues.  Elles  peuvent  être 
obtenues  avec  une  extrême  facilité  à  partir  de  TlCl,  Br  et  CS^  Je  suis  actuellement 
ocsupé  à  élucider  leur  histoire. 

»  Action  du  brome  sur  le  chlorure  thalleux  en  présence  de  têlraclilorure  de  car- 
bone. —  Même  en  présence  d'un  excès  de  brome,  on  n'arrive  pas  au  chlorobromure 
thallique.  Comme  dans  le  cas  de  la  bromuration  en  présence  de  chloroforme,  il  se 
forme  le  chlorobromure  TPCl'Br*. 

»  Toutefois,  si  le  tétrachlorure  de  carbone  renferme  de  très  petites  quantités  de 
sulfure  de  carbone,  comme  cela  arrive  fréquemment,  la  réaction  se  passe  comme  en 
présence  de  ce  dernier  solvant.  On  tend  à  la  formation  du  bibromure  (-). 

»  Il  s'ensuit  que  les  différents  solvants  se  comportent  ici  absolument  comme  l'eau, 
exception  faite,  bien  entendu,  des  solvants  susceptibles  d'entrer  en  réaction.  Lorsqu'on 
emploie,  en  particulier,  le  sulfure  de  carbone,  le  chlorure  thalleux  se  conduit  comme 
un  porteur  d'halogène.  C'est  un  fait  connu  depuis  bien  longtemps;  mais,  ce  qui  est 
digne  de  remarque  et  paraît  résulter  des  expériences  précédentes,  étant  donnée  la  for- 
mation du  bibromure  TlBr-  et  non  celle  du  chlorobromure  TPCl^Br*,  c'est  l'entrée 
en  jeu  dans  la  réaction  du  chlorure  thalleux.  Celui-ci  est  susceptible  d'échanger  com- 
plètement son  chlore  contre  du  brome. 

»  Il  se  rapproche  ainsi  du  chlorure  ferrique,  qui  permet,  comme  je  l'ai  démontré  ('), 
même  dans  la  série  aromatique,  d'effectuer  la  substitution  du  chlore  au  brome  ou  à 
l'iode. 

B  Action  du  brome  sur  le  chlorure  thalleux  par  voie  sèche.  —  Si  l'on  opère  par 
voie  sèche,  en  faisant  passer  un  courant  de  vapeurs  de  brome  sur  du  chlorure  thalleux, 
l'absorption  se  fait  d'abord  d'une  façon  très  rapide,  et  devient  de  plus  en  plus  lente. 
Que  l'on  opère  à  froid  ou  à  chaud,  le  produit  résultant  est  toujours  le  même;  c'est  le 
chlorobromure  d'addition  TIClBr  ('). 


(')  Berichte,  t.  XV,  p.  990,  et  t.  XVI,  p.  i  i44. 
(-)  Analyse  : 

Trouvé Br:  39,81       89,69         Cl:  2,1 3       2,10 

Calculé Br:43,9 

(')  Comptes  rendus,  18  juillet  1898. 
(')  Analyse  : 

Trouvé...      Br  (valeurs  limites)  :  25, 5o       24,86         Cl:  10,61        11,06 
Calculé ...     Br :  25 ,  o3  11,11 


(   i489  ) 

»  Pour  préparer  facilement  ce  nouveau  composé,  le  mieux  est  d'opérer  soit  à  froid, 
soit  en  tube  scellé  en  présence  d'un  excès  de  brome,  à  température  peu  élevée  (ioo°- 
120°  par  exemple). 

))  Si  l'on  opère  à  température  de  fusion  du  chlorure,  la  masse  fondue  n'absorbe  le 
brome  que  très  lentement,  si  bien  que  la  saturation  exige  un  temps  considérable,  sur- 
tout si  l'on  opère  sur  plusieurs  grammes  de  matières  (iSs'"  à  208''  par  exemple). 

»  Ce  composé  partage  les  propriétés  des  chlorure  et  bromure  correspondaats.  Il 
est  d'un  jaune  plus  foncé  que  le  chlorure.  Comme  lui,  il  fonce  rapidement  de  couleur 
lorsqu'on  le  chauft'e  et  reprend  sa  teinte  primitive  par  refroidissement.  L'eau  le  décom- 
pose rapidement  avec  formation  de  chlorobromure  du  type  Tl-X'. 

»   En  résumé,  il  est  bien  établi  par  cette  Note  que  : 

»  1"  Le  brome  en  excès  réagit  sur  le  chlorure  thalleux,  en  présence  de 
solvants  non  susceptibles  d'entrer  en  réaction  en  donnant  le  chlorobro- 
mure TPCl=Br\ 

»  2°  En  présence  de  solvants,  tels  que  le  sulfure  de  carbone  susceptible 
de  se  combiner  aux  halogènes,  le  chlorure  thalleux  tend  à  se  transformer 
en  bibromure  TlBi -.  La  transformation  est  totale  pour  une  quantité  suffi- 
sante de  brome. 

»  3°  Par  voie  sèche,  on  obtient  des  produits  d'addition  normaux  du 
chlorure  thalleux.  En  présence  d'un  excès  de  brome,  c'est  le  chlorobro- 
mure TlClBr  qui  prend  naissance. 

»  4°  Le  déplacement  apparent  du  chlore  par  le  brome  doit  être  attribué 
à  la  formation  de  composés  intermédiaires  peu  stables  susceptibles  d'entrer 
ensuite  en  réaction  avec  le  solvanl. 

»  La  production  d'un  chlorobromure  thalhque  semble,  par  suite,  ne 
devoir  être  tentée  avec  succès  que  par  voie  humide. 

»   L'étude  de  ces  chlorobromures  se  poursuit  régulièrement.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Des  réactions  de  l'acétylène  avec  le  chlorure  cuivreux 
dissous  dans  une  solution  neutre  de  chlorure  de  potassium.  Note  de  M.  R. 
Chavastelon. 

«  Dans  de  précédentes  Communications  (  '  ),  j'ai  décrit  les  combinaisons 
cristallisées  que  forme  l'acétylène  avec  le  chlorure  cuivreux  et  le  chlorure 
de  potassium,  au  sein  d'une  solution  acidulée  avec  de  l'acide  chlorhydrique. 


(')  Comptes  rendus,  4  juillet  1898,  ii  et  25  juin  1900,  2  juillet  1900. 

0.  R.,  1901,   i"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  24.)  '92 


(  '490  ) 

J'ai  établi  !es  reliitions  existant  entre  ces  derniers  composés  et  celui,  plus 
simple, 

C=H^Cll  =  Cl-. 

»  En  étudiant  l'action,  sur  les  cristaux  de  chaque  espèce,  des  solutions 
neutres  de  chlorure  cuivreux  dans  le  chlorure  de  potassium,  à  divers 
degrés  de  concentration,  j'ai  pu  expliquer  la  fréquente  apparition,  au  sein 
des  solutions  neutres  soumises  à  l'action  de  l'acétylène,  du  composé  violet 
pourpre 

C^H-Cu^Cl^Cn^O. 

»  1°  Une  solution  neutre  et.  saturée  de  chlorure  cuivreux  dans  le  chlo- 
rure de  potassium  à  20  pour  100  transforme  en  cristaux  de  couleur  jaune 
de  chrome 

C-H='[(Cu^Cl^)-RCl]^ 
les  cristaux  incolores 

C-H^Cu-Cl^ 
et 

C-U- (Cm- Cl' y  KC\, 

sans  formation  du  composé  violet  pourpre. 

»  2°  La  même  solution,  étendue  de  |  environ  d'eau,  peut  encore  dis- 
soudre le  composé  jaune  et  ramener  à  l'état  de  composé  jaune  des  cris- 
taux de 

cni-(CuH]\'yKc\, 

mais  elle  dissocie  partiellement  le  composé 

C^HvCu-Cl-. 

)i  Le  composé  violet  pourpre  prend  naissance  el  la  liqueur  devient  acide. 
Or,  si  l'on  soumet  à  l'action  d'un  courant  d'acétylène,  dont  le  débit  est 
de  5'"  à  l'heure,  la  solution  saturée  et  neutre  de  chlorure  cuivreux  dans  le 
chlorure  de  potassium  et  la  même  solution  étendue  de  |  d'eau,  en  faisant 
varier  seulement  le  degré  d'agitation  de  la  liqueur,  on  observe  les  phéno- 
mènes suivants  : 

)>  SoluUon  saturée.  —  A.  La  liqueur  est  au  repos;  le  tube  abducteur  de  gaz 
débouche  au-dessus  du  niveau  du  liquide  et  à  une  faible  distance  de  la  surface. 

»  Immédiatement  apparaît  le  précipité  violet  pourpre,  d'abord  sur  les  parois  encore 
mouillées  par  la  solution,  puis  à  la  surface  de  la  liqueur.  Au  bout  de  pou  de  temps  il 
constitue  une  bouillie  homogène. 

n  La  liqueur  renferme  de  l'acide  chlorhydrique  libre. 


(   i49t  ) 

»  B.  Le  tube  abducteur  débouche  à  i"'^  enviion  au-dessous  de  la  surface  du  liquide 
et  le  passage  du  gaz  provoque  une  certaine  agitation  de  la  liqueur. 

»  Le  précipité  violet  pourpre  apparaît  encore  sur  les  parois,  hors  du  liquide,  puis 
à  la  surface  de  la  liqueur  dans  la  zone  la  plus  éloignée  du  centre  d'agitation.  En 
même  temps,  la  liqueur,  devenue  acide,  jaunit  ;  le  précipité  violet  pourpre  n'augmente 
plus  que  faiblement  et  se  trouve  bientôt  mélangé  de  cristaux  jaunes. 

»  C.  Tandis  que  barbote  le  gaz  comme  dans  B,  on  agite  latéralement,  alternative- 
ment dans  un  sens  et  dans  l'autre,  de  manière  à  renouveler  constamment  les  points  de 
contact  du  gaz  et  du  liquide. 

»  Il  n'y  a  pas  formation  de  précipité  violet  pourpre,  et  au  sein  de  la  liqueur  restée 
neutre,  devenue  rapidement  jaune,  se  déposent  des  cristaux  jaunes. 

»  Solution  étendue.  —  Qu'elle  soit  agitée  ou  au  repos,  elle  ne  fournit  que  le  com- 
posé violet  pourpre. 

i>  J'ajouterai  qu'avec  une  telle  solution  le  résultat  reste  le  même  avec  un  déJjiL  de 
gaz  de  i'''  à  l'heure. 

»  L'apparition  du  précipité  violet  pourpre  sur  les  parois  du  vase  et  à  la 
surface  de  la  liqueur  au  repos  résulte  de  la  formation  immédiate  du  com- 
posé le  plus  riche  en  acétylène 

C- FF.  Cu- Ci- 
el de  sa  dissociation  rapide. 

»  En  effet,  la  couche  mince  de  liquide  dans  laquelle  il  prend  naissance 
au  contact  d'un  excès  d'acétylène  est,  par  suite,  dépouillée  d'une  partie  du 
chlorure  cuivreux  dissous. 

»  Le  liquide  non  renouvelé  qui  la  constitue,  appauvri  en  chlorure  cui- 
vreux, agit  sur  ce  composé  ainsi  qu'une  solution  faible  de  chlorure  cui- 
vreux dans  la  même  proportion  de  chlorure  de  potassium.  La  transfor- 
mation 

C='H^Cu-Cl--h3Cu=CI--}-2KCl  =  C-H=^[(C'.^Cl-)'iiCl]- 

ne  peut  avoir  lieu,  et  la  dissociation  se  produit  comme  au  contact  d'une 
solution  de  chlorure  de  potassium  ou  de  l'eau  pure  d'après  l'équation 

(C-H*Cu-C!-)--i-H-0  =  C-H-  +  C-H-.Cu-(:l-,Cu-0  4-2H(;l. 

»  La  proportion  d'acide  chlorhydrique  est  insuffisante  pour  donner  lieu, 
à  la  température  ordinaire,  à  la  réaction  inverse  et  le  précipité  violet 
pourpre  se  dépose  au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation. 

»  Les  mêmes  transformations  ont  lieu  progressivement  dans  les  tranches 
successives  de  la  solution  au  repos. 

))  L'agitation  a  pour  effet  d'amener  constamment  an  contact  du  premier 
composé  formé  une  quantité  suffisante  de  chlorure  cuivreux  et  en  même 


(  '492  ) 
temps  de  chlorure  de  potassium  pour  que,  à  leurs  dépens,  puisse  se  con- 
stituer immédiatement  le  composé  jaune 

C=H=[(Cu=Cl-)-KCl]^ 

stable  dans  ce  milieu.  Ce  dernier  absorbe  à  son  tour  de  l'acétylène  pour 

devenir 

C-H=(Cii-C!=)-KCl. 

»  En  résumé,  l'action  de  l'acétylène  sur  une  solution  saturée  et  neutre 
de  chlorure  cuivreux  dans  le  chlorure  de  potassium  conduit  à  des  résul- 
tats identiques,  que  cette  solution  soit  acide  ou  neutre.  Dans  le  cas  d'une 
solution  neutre,  et  quelle  que  soit  la  vitesse  du  courant  gazeux,  une  agi- 
tation active  est  nécessaire.    « 


CHIMIE  ANALYTIQUE.   —  Séparation  du  cobalt  et  du  nickel  par  la  voie 
électroly tique .  Note  de   M.    Dimitry  Balachowsky,  présentée   par 

M.  Moissan. 

«  D'une  façon  générale,  pour  séparer  ces  deux  métaux  l'un  de  l'autre, 
il  n'existe  qu'une  méthode  parement  chimique  assez  longue  et  assez  déli- 
cate. Jusqu'à  présent  nous  ne  connaissions  aucune  méthode  électrolytique 
pour  obtenir  cette  séparation  :  nous  n'a\  ions  même  aucun  principe  nous 
permettant  de  concevoir  par  quelle  voie  nous  pourrions  v  parvenir,  à  l'ex- 
ception toutefois  de  cette  remarque  de  Le  Blanc  que,  à  son  avis,  le  procédé 
de  Vélectrosténolyse  (  '  )  pourrait  être  employé  à  isoler  le  cobalt  en  présence 
du  nickel. 

»  On  sait  que  toute  la  difficulté  du  problème  tient  à  l'identité  de  la 
plupart  des  propriétés  chimiques  et  physiques  de  ces  deux  métaux.  Elec- 
triquement, dans  toutes  les  méthodes,  on  dépose  toujours  le  cobalt  et  le 
nickel  sur  la  cathode,  au  moyeu  d'une  solution  alcaline  et  dans  les  mêmes 
conditions,  par  les  mêmes  voltage  et  ampérage  (3™"*  et  i^™''  ND,oo)-  Ce 
résultat  se  trouve,  d'ailleurs,  en  parfait  accord  avec  la  théorie  :  car  la 
différence  de  potentiel,  qui  est  nécessaire  pour  déposer  un  métal  (-) 

RT  ,    p 

-  =  — ^  In  ^  • 

(')  Z.f.  Eleclr.  Cliem.,  t.  IV,  p.  5oi  ;  1898. 

(■^)  Le  Blanc,  Frecdenberg,  Z.f.ph.  Ch.,  t.  XII;  iSgS.  —  Le  BlaNC,  Ibid.,  t.  \'III, 
p.  299;  1891.  —  BoDLANDER,  Z.f.ph,  Cil.,  t.  XXVII,  p.  56;  iSgS. 


(  i493  ) 
»  Dans  la  formule  précédente, 

RT  ==:  les  constantes  des  gaz  (le  travail  osmolique); 
/ij=r  valence;  F:z=la  quantité  d'électricité; 
jo  =  la  pression  osmotique. 

Ces  valeurs  sont  identiques  pour  les  deux  métaux. 

»  Dans  cette  formule  ('),  il  ne  reste  que  P,  pression  de  la  solubilité, 
qui  dilifère  un  peu  poiu*  les  deux  métaux;  mais  cette  différence  est  égale 
à  o'"™,6,  ce  qui  donne  une  différence  entre  les  deux  potentiels,  pour  Co 
et  Ni,  de  o™",  i . 

M   Par  exemple  :  pour  Co,  dans  CoSO\ 

77  =  1  ™",  92  ;       T;„i  =  2^""%  09  ;  A  (différence)  =  o™",  1 7  ; 

pour  Co,  dans  NiCP, 

A  =  o^"",o3. 

»  Or  comme,  pendant  l'électrolyse,  on  opère  au  début  avec  une  solution 
d'une  concentration  de  ^  et  pour  déposer  les  dernières  traces  de  métal  on 
doit  opérer  à  la  fin  avec  une  solution  de  0,000001  (normale),  on  voit 
qu'il  faut  dans  ce  cas  augmenter  le  voltage  pour  les  métaux  bi-équivalents 
en  moyenne  de  o™'S  i5;  et  toute  différence  disparaît. 

»  Méthode  (1  ).  —  Notre  méthode  de  séparation  électrolytique  du  nickel  et 
du  cobalt  consiste  dans  l'emploi  d'une  solution  acétique  de  ces  deux  mé- 
taux. A  cette  solution  nous  ajoutons  pour  o»'',  3  du  métal,  3s' de  sulfocyanate 
d'ammoniaque,  i^''  d'uice  et  i"^  à  2'^''  d'ammoniaque,  pour  neutraliser 
l'excès  d'acide  acétitjue,  nous  devons  avoir  au  total  loo'^'-'  de  liquide  dans 
la  capsule  de  Classen.  Le  voltage  avec  lequel  nous  opérons  doit  atteindre 
au  maximum  un  voit;  Vampérage  o'""p,S  pour  J^D^^^^  minimum,  la  tempéra- 
ture étant  de  yo"  à  80°.  Le  temps  nécessaire  est  de  une  heure  et  demie. 

»  Il  faut  abioluiuciil  avoir  de  o'""[',8  à  i"'"p  ND,„o.  Nous  avons  remarqué,  en  elTel, 
qu'avec  un  petit  ampérage  (avec  o=""i',.'i  à  o""H',5)  nous  obtenions  la  précipitation 
de  Co  avec  Ni;  et  c'est  seulement  avec  o^™i',8  qu'on  obtient  la  séparation  de  Co  de 
Ni.  Ainsi  les  plus  petites  quantités  de  Fe,  Mn,  Lti,  entraînent  avec  elles  une  quan- 
tité notable  de  Co,  d'où  la  nécessité  d'une  plus  grande  pureté  des  vases  et  des 
réactifs. 

»  Il  nous  a  été  donné  d'observer  ce  rôle  important  de  l'ampérage  dans  beaucoup  de 
cas.   El   nous  pensons  que  c'est  seulement  avec  o""'p,  8-i'™p  que  les  ions  Co  restent' 
dans    un   état  de  complexité    tel    qu'un   courant    de    P"'^   ne    peut   les   entraîner   sur 

(')  Neumann,  Z./.p/i.  C/i.,  t.  XIX,  p.  229;  1894. 


(  i494  ) 

l'électrode.    En   abaissant  l'ampérage  (o="'p,  2-o»™r.6),  même  avec  0"°'',  8,  on  obtient 
donc  le  dépôt  du  cobalt. 

»  En  employant  celte  méthode  on  recueille  sur  la  cathode,  le  nickel, 
qui  contient  le  soufre,  et  nous  pouvons  même,  en  nous  appuyant  sur  les 
résultats  obtenus,  conclure  que  Ni  et  Co  se  précipitent  à  l'état  de  sul- 
fures :  l'un,  de  nickel,  sous  le  courant  de  i™";  l'autre,  de  cobalt,  au-dessus 
de  r°",  2.  Nous  poursuivons  nos  recherches  afin  d'obtenir  des  sulfures 
de  nickel  et  de  cobalt  avant  une  composition  bien  définie,  ce  qui,  pensons- 
nous,   permettra  de  déduire  le  poids  atomique  du  cobalt  et  du   nickel. 

»  Le  nickel  étant  ainsi  séparé  à  l'état  de  sulfure,  nous  le  dépolarisons, 
ou  bien  nous  le  dissolvons  dans  Zj*^*^  fu  5'=''  d'acide  azotique;  nous  nous 
débarrassons  du  soufre  par  filtration,  puis  nous  évaporons  jusqu'à  100'^'^, 
et  nous  neutralisons  la   solution  avec  de   l'ammoniaque, 

>)  Enfin,  nous  l'électrolysons  par  la  méthode  de  M.  Classen  (')  (pour 
oS'',4  du  métal,  4s''  à  5e'' d'oxalate  d'ammonium;  o^^i'.S  à  r'"°i'ND,„„;  60" 
à  70°,  i'',5  à  a*"),  ou  par  notre  méthode,  qui  consiste  à  employer  :  pour 
oÊ'^,3  (lu  métal  (cobalt  ou  nickel)  dans  une  solution  acétique  et  neutralisée 
par  l'ammoniaque,  i^''  d'acide  succinique  et  i^'',  5  d'urée.  On  électrolyse 
dans  les  conditions  suivantes  :  70°  à  80";  3'^°"%  5  ;  o^^'^S  à  i"™?  ND,oo>  ^n 
deux  ou  trois  heures  pour  le  cobalt  et  quatre  heures  pour  le  nickel.  La 
réaction  doit  être  toujours  acidulée.  Notre  méthode  est  intéressante  à  ce 
point  de  vue  qu'elle  est  la  seule,  de  toutes  celles  que  nous  connaissons, 
qui  donne  le  dépôt  du  cobalt  et  du  nickel  dans  une  solution  acidulée;  la 
possibilité  d'une  telle  méthode  avait  été  contestée  par  Fresenius  et  Berg- 
mann  (-). 

»  On  évapore  enfin  au  bain-marie  la  solution  qui  contient  le  cobalt 
après  qu'on  a  précipité  tout  le  nickel,  en  ajoutant  5'^'=  d'acide  azotique; 
on  évapore  à  100*^'^;  on  se  débarrasse  du  soufre  par  filtration  ;  on  neutralise 
avec  du  carbonate  d'ammoniaque  et  l'on  électrolyse  soit  d'après  la  méthode 
de  M.  Classen,  soit  d'après  la  nôtre. 

»  Nous  avons  commencé  par  doser  par  la  méthode  de  Classen  et  la  nôtre 
le  poids  de  nickel  et  celui  de  cobalt  contenus  dans  des  solutions  étendues 
titrées  de  ces  sels. 

»   10"^"^  d'acétate  de  chaque  solution  renfermaient  :  Ni,  oS'',  3oi5;  Co,  oS"',  2700. 

»    Voici  un  Tableau  de  quelques-unes  de  nos  analyses  d'après  notre 


(')  D'A.  Classen,  QualilalU'e  Analyse  du  rc/t  L'icclrolyse,  IV  Auflage;  1897. 
(2)  Z.f.  an.  Cil.,  t.  XIX,  p.  3i5. 


C  1495  ) 
méthode  (I),  c'esL-à-dire  :  pour  oS'',3  de  nickel  on  de  cobalt  en  prenant 


1^"'  d'iiiée;  3s''de  sulfocyanate  d'ammoniaque  et  i  centimètre  cube  d'ammo- 
niaque; V-^i™";  oo^P.S-i'"»'' deND,oo;  «"^yS^-So". 

Quantités  Nickel  et  cobalt 

de  avec  Nickel  et  cobalt 

sels  prises.  soufre.  métal. 

oc 

I   10  d'acétate  de  Ni o,365o  o,3o23  ) 

I  ^' .  ■                ,  >   I  '* 

I   10  d'acétate  de  Co 0,8127  0,2725  ) 

I   10  d'acétate  de  Ni ..      0,8675  0,806     ) 

2".  l  >  2° 

/   10  d'acétate  de  Co  .......      o,3ioo  0,272     ( 

„      i   10  d'acétate  de  Ni o,36/lo  o,3o5     I  „ 

j   10  d'acélate  de  Co 0,81 52  0,2-5     ( 

(  20  d'acétate  de  Ni 0,7294  0,601^   )   ,„  ,, 

)   10  d'acétate  de  Co 0,82 17  o, 2780  \  "* 

1    10  d'acétate  de  Ni 0,8742  0,8048  I   , 

5°.     {  '      /  ^  ;     5° 

i   1 5  d'acétate  de  Co 0,8190  0,272:   ( 

»  La  méthode  avec  le  sulfocyanure  d'ammoniaque  ci-dessus  décrite  nous 
a  donné  des  résultats  concordants,  surtout  pour  la  séparation  du  fer  et  du 
manganèse,  séparation  qui  fera  l'objet  d'une  de  nos  prochaines  Communi- 
cations.   M 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Elude  de  l'action  dp  contact  sur  les  alcools  secon- 
daires et  tertiaires.  Note  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (-),  j'ai  indiqué  que,  sous  l'influence  de 
l'action  de  contact  d'une  spirale  fie  platine,  les  alcools  primaires  de  la 
série  grasse  étaient  partiellement  transformés  en  aldéhydes  correspon- 
dantes. Il  était  intéressant  de  savoir  comment  se  comporteraient  les  alcools 
secondaires  et  tertiaires,  et  dans  ce  but  je  les  ai  soumis  au  même  traite- 
ment avec  le  même  appareil. 

»  J'ai  opéré  sur  les  alcools  secontlaires  suivants  :  alcools  isopropylique, 
bulylique,  amylique  et  octylique. 

»  Alcool  isopropylujite  :  CH'.  CttOH.CtP.  —  L'alcool  isopropylique  du  commerce 
contient  souvent  de  l'acétone  comme  impureté  :  il  doit  faire  l'objet  d'une  purifica- 
tion soignée.  87*',  5  d'alcool  ont  pu  être  entraînés  par  un  courant  d'air  sur  la  spirale 


(')  Temps  employé,  2''5'". 

(^)  Comptes  rendus,  20  mai  1901. 


(  i496  ) 

de  platine  préalablement  chauffée.  Après  quelques  instants,  on  peut  supprimer  le 
chau(rage;la  spirale  se  maintient  au  rouge  sombre  sous  l'inlluence  de  l'oxydation. 
Sur  les  S-s^S  d'alcool,  on  a  recueilli  25''"  de  liquide,  le  restant  ayant  été  entraîné  par 
l'aspiration.  Ce  liquide,  neutre  aux  indicateurs,  a  fourni  par  addition  d'éther  et  de 
bisulfite  de  sodium  un  abondant  précipité  cristallin  d'où  l'on  a  pu  extraire  de  l'acétone 
dimétliylique  ])ar  la  méthode  habituelle.  Le  rendement  a  été  de  i6pourioo;  le  restant 
du  liquide  était  de  l'alcool  isopropylique  non  transformé. 

»  L'oxydation  de  l'alcool  isopropylique  par  l'action  de  contact  à  chaud  se  fait  avec 
une  facilité  égale  à  celle  de  l'alcool  éthylique  :  c'est  le  meilleur  exemple  à  signaler 
parmi  les  alcools  secondaires. 

»  Alcool  butyligue secondaire  .•  CIPCIIOU.  CH-CH\—  L'alcool  butylique  employé 
ne  donnait  aucune  trace  de  réduction  avec  les  réactifs.  On  a  opéré  comme  précédem- 
ment; les  produits  liquides  condensés  ont  été  rectifiés,  puis  traités  à  l'éther  et  au 
bisulfite  de  sodium,  La  combinaison  bisulfitique  non  cristallisée  a  été  décomposée  par 
du  carbonate  de  sodium.  Par  distillation,  on  a  obtenu  28'',  5  d'un  liquide  qui  a  été 
caractérisé  comme  étant  de  la  méthyléthylcétone  : 

»  Alcool  amylique  secondaire  :  (C-H*)^.  CH.  OH.  —  L'alcool  qui  a  servi  aux  essais 
a  été  préparé  en  faisant  agir  du  zinc  sur  un  mélange  de  formiate  et  d'iodure  d'éthyle. 
Par  o.xydation,  on  a  obtenu  une  très  petite  quantité  de  liquide  qui  a  fourni  les  pro- 
priétés d'une  cétone  et  non  celles  d'une  aldéhyde.  Oxydé  par  le  bichromate  de  potasse, 
il  a  donné  lieu  à  un  dégagement  d'acide  acétique.  Le  peu  de  malièredont  on  disposait 
n'a  pas  permis  de  faire  une  identification  plus  complète. 

»  Alcool  octyliri lie  secondaire  (méthyihexylcarbinoi)  :  CIP.CH.OH.CH".  —  Étant 
donne  le  point  d'ébuUition  élevé  de  cet  alcool,  l'entraînement  de  ses  vapeurs  s'est  fait 
dans  le  voisinage  de  loo".  Les  couches  huileuses  provenant  des  flacons  condenseurs 
ont  donné  avec  le  bisulfite  de  sodium  un  précipité  gélatineux  soluble  dans  l'eau  qui, 
chaufi'é  en  présence  du  carbonate  de  soude,  a  fourni  un  liquide  distillant  à  i7i°-i72°, 
ne  réduisant  pas  la  solution  d'argent  ammoniacale.  Traité  par  l'hydroxylamine,  il  a 
donné  une  oxime  bouillant  vers  221°.  Le  produit  obtenu  est  donc  bien  la  mélhylhexyl- 
célone  : 

et  la  fonction  célonique  de  l'alcool  caprylique  est  démontrée  une  fois  de  plus. 

»  Pour  étudier  l'action  de  contact  sur  les  alcools  tertiaires,  je  me  suis 
adressé  à  l'alcool  bulyliqite  et  à  Talcool  amylique. 

»  Il  était  particulièrement  intéressant  de  se  rendre  compte  des  résultats 
que  pouvaient  fournir  ces  alcools  qui,  théoriquement,  par  oxydation,  ne 
peuvent  pas  donner  naissance  à  l'aldéhyde  correspondante.  On  sait,  en 
elfet,  que  dans  ce  cas  le  radical  hydrocarboné  le  plus  simple  reste  gêné- 


(   '497  ) 
ralement  uni  au  groupe  COH  pour  former  un  acide,  tandis  que  les  autres 
groupes  s'oxydent  de  leur  côté.  C'est  ainsi  que  le  diméthyléthylcarbinol 
donne  de  l'acide  acétique  et  de  l'acide  carbonique.  On  peut  donc  prévoir 
aussi  dans  l'action  de  contact  une  désagrégation  de  la  molécule. 

»  Alcool  butylique  tertiaire  :  (CH')'C.OH.  —  Cet  alcool  est  facilement  entraî- 
nable.  Après  quelques  tninutes  de  passage  sur  la  spirale  de  platine,  on  constate  que 
celle-ci  se  maintient  à  l'élat  incandescent  sous  l'induence  de  l'action  chimique.  Ce 
fait  est  remarquable,  car  on  se  trouve  en  présence  d'une  réaction  différente  des  pré- 
cédentes. L'analvse  des  produits  oxydés  a  porté  sur  la  recherche  des  dérivés  aldéhy- 
diques  et  cétoniques,  ainsi  que  sur  celle  des  acides.  L'acidité  totale  était  à  peine 
sensible;  j'ai  reconnu  qu'il  s'était  formé  des  quantités  notables  d'acétone  et  d'une 
aldéhyde  que  j'ai  facilement  caractérisée  comme  étant  l'aldéliyde  formique,  à  l'exclu- 
sion d'autres  aldéhydes  de  la  série  grasse.  Pour  me  rendre  compte  de  ce  résultat 
j'ai  oxydé  de  l'acétone  par  la  spirale  de  platine,  et  j'ai  obtenu  de  l'aldéhvde  formique. 
Ce  corps  provient  donc  en  partie  de  la  transformation  ultérieure  de  l'acétone  et  pro- 
bablement aussi  de  l'oxydation  directe  du  troisième  groupement  métliylique  de 
l'alcool,  suivant  le  schéma  : 

/  CH'  CH3 

COH  -  CtP -<- 2  0  =  c'o   -+- Cli^  O -+- H^  O. 
\CH3  c'h' 

L'alcool  amylique  tertiaire  (diméthyléthylcarbinol)  (CH^)-.  CUl^C.Oil  a  donné 
des  résultats  tout  à  fait  analogues  :  formation  d'acétone  et  d'aldéhyde  formique  ('). 

»  On  voit  donc,  d'après  ces  expériences,  que  l'action  de  la  spirale  de 
platine  se  manifeste  non  seulement  sur  les  alcools  primaires,  mais  aussi 
sur  les  alcools  secondaires  et  tertiaires,  pour  fournir  soit  des  cétones  seules, 
soit  des  cétones  et  de  la  formaldéhyde.  Dans  tous  ces  cas,  la  chaleur  dé- 
gagée par  la  réaction  chimique  est  suffisante  pour  maintenir  la  spirale  de 
platine  à  l'état  incandescent.    » 


BOTANIQUE.   —   Sur  l' or gano génie  florale  des  Disciflores.   Note 
de  M.  L.  Beille,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Nos  connaissances  sur  le  développement  de  la  fleur  sont  encore  très 
imparfaites;  il  est  nécessaire  de  reprendre  la  plupart  des  observations  anté- 


(')    Ces   résultats    confirment   ceux    qui    viennent    d'être    récemment    publiés   par 
MM.  MuUiken,  Brown  et  French  {Amer.  Journ.,  t.  XXV,  p.  m). 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXll,  N"  24.)  193 


(  '49»  ) 
heures,  d'iililiser  dans  ces  recherches  la  dissection,  sous  la  loupe,  de  fleurs 
1res  jeunes  et  la  méthode  des  coupes  sériées,  et  de  décrire  dans  chaque 
cas  l'évolution  externe  des  organes  floraux,  la  distribution  des  faisceaux 
vasculaires  et  l'histogenèse. 

»  Ces  procédés  de  recherches  appliqués  aux  Disciflores  nous  ont  permis 
d'établir  plusieurs  faits  généraux  relatifs  au  développement  floral  et  à 
l'importance  de  l'androcée  pour  la  division  systématique  de  ce  groupe,  où 
les  botanistes  modernes  rangent,  avec  Drude,  l<^s  classes  des  Tricocceœ,  des 
Terebenthineœ.  des  ^sciiteœ  et  des  Franguleœ. 

»  Le  bom'geon  floral  est  constitué  comme  un  point  végétatif  par  trois 
couches  superposées  (dermatogène,  périblème,  plérome);  il  se  différencie 
bientôt  en  deux  portions  dont  la  supérieure  forme  le  réceptacle,  l'infé- 
rieure le  pédicelle;  dans  certains  cas,  l'accroissement  de  ce  dernier  s'ef- 
fectue en  deux  périodes  distinctes  et  la  place  du  mérislème  qui  a  produit 
cet  allongement  secondaire  est  indiquée  par  un  rétrécissement  qu'on  a 
appelé  articulation  (fleurs  mâles  des  Euphorbia,  Ricinus,  fleurs  hermaphro- 
dites des  Evonymus  et  des  Kœlreuteria,  etc.). 

»  Les  sépales  apparaissent  les  premiers  et  dans  l'ordre  successif;  ils  s'accroissent 
très  vite  et  recouvrent  ))ii>iUôt  tout  le  réceptacle  floral,  les  autres  verlicilles  se 
montrent  d'autant  plus  tardivement  qu'ils  sont  plus  rapprochés  du  sommet  et  les 
pièces  d'un  même  rang  apparaissent  toutes  à  la  fois. 

»  Les  sépales,  les  pétales  et  les  feuilles  carpellaires  naissent  de  la  même  manière 
par  l'accroissement  et  la  division  tangentielle  des  cellules  d'une  même  file  du  péri- 
blème suivis  de  la  multiplication  des  éléments  les  plus  voisins;  les  cellules  procam- 
biales se  différencient  aux  dépens  de  cette  rangée  axiale  et  à  la  base  de  ces  appendices, 
elles  se  prolongent  en  dehors  dans  le  mamelon  nouvellement  formé  et  vont  rejoindre 
en  dedans  les  faisceaux  du  pédicelle. 

»  L'androcée  des  Discillores  se  présente  sous  les  types  isoslémone,  polystémone  ou 
diplostémone;  dans  ce  dernier  cas,  les  étamines  externes  peuvent  être  placées  devant 
les  sépales  {eudiplostémones);  mais  parfois  elles  sont  en  face  des  pétales,  les  fleurs  ne 
semblent  plus  obéir  à  la  loi  de  l'alternance,  elles  sont  dites  obdiplustémones. 

»  Les  jeunes  mamelons  staminaux  se  forment  surtout  aux  dépens  du  périblème;  ils 
sont  indiqués  sur  les  coupes  par  des  massifs  en  forme  de  V  à  sommet  interne,  dans 
lesquels  les  cellules  s'allongent  et  se  cloisonnent  transversalement.  Dans  les  fleurs 
obdiplostémones,  les  mamelons  alternes  avec  les  sépales  sont  doubles;  ils  renferment 
à  la  fois  les  éléments  d'un  pétale  et  d'une  étamine;  ces  deux  parties  s'accroissent 
d'abord  simultanément,  puis  elles  se  séparent  et  donnent  deux  organes  distincts.  Ce 
mode  de  formation,  autrefois  observé  par  Pfeiflèr  dans  les  Anipéiidées,  se  retrouve 
dans  les  Rutacées,  Diosmées,  Zygophyllées,  Aurantiées,  Simarubées,  Rhamnées  et 
dans  trois  genres  d'Eupliorbiacécs  à  fleurs  pétalées  (Cliiytia,  Julropha,  Codiœuni). 
L'obdiplostémonie  ne  peut  pas  être  envisagée  comme   une  simple  uiodiiicaLiou  de  la 


(   '499  ) 

diplostémonie;  elle  est  caractérisée  par  l'origine  et  la  position  externe  des  étamines 
épipétales  et  par  ce  fait  que,  si  des  variations  interviennent  (dédoublement,  avorle- 
ment  partiel  ou  total),  elles  affectent  à  la  fois  et  de  la  même  manière  toutes  les  éta- 
mines d'un  même  rang.  Dans  la  plupart  des  fleurs  obdiplostémones,  les  carpelles  sont 
épipétales,  mais  ils  peuvent  occuper  une  situation  inverse. 

»  Dans  les  Disciûores  eudiplostémones,  les  étamines  externes  soûl  épisépales,  les 
autres  apparaissent  plus  tard  et  dans  leur  intervalle;  l'avortement  se  manifeste  à  la 
fois  et  indistinctement  sur  les  étamines  des  deux  groupes;  dans  ce  cas  la  distribution 
des  faisceaux  vasculaires  permet  de  retrouver  la  place  des  étamines  disparues  (Sapin- 
dacées,  Acérinées,  Hippocastanées). 

»  La  formation  du  gynécée  est  semblable  dans  toutes  les  Discidores,  la  position  des 
placentas  est  très  variable,  mais  l'axe  ne  dépasse  pas  le  niveau  d'insertion  des  feuilles 
carpellaires  ;  dans  les  Euphorbiacées  et  les  Rutacées,  on  trouve  au  centre  de  l'ovaire  un 
prolongement  (columelle)  que  Payer  et  Bâillon  croyaient  axile,  mais  dont  la  nature 
appendiculaire  est  démontrée  par  la  mélliode  anatomique  et  l'histogenèse. 

I)  Quelles  que  soient  sa  forme  et  la  position  qu'il  occupe  sur  le  réceptacle  floral,  le 
disque  naît  toujours  de  la  même  manière,  apiès  la  formation  des  verticilles  floraux  et 
à  la  suite  de  la  division  répétée  des  cellules  sous-épidermiques.  Ces  renflements  ré- 
ceptaculaires  sont  constitués  par  des  éléments  cellulaires  plus  petits  que  tous  les 
autres,  à  parois  très  minces,  à  contenu  très  granuleux  et  riche  en  matières  sucrées; 
ils  renferment  parfois  des  laticifères  {Codiœum)  ou  des  faisceaux  fibro-vasculaires 
localisés  à  leur  base  et  incomplètement  différenciés;  les  réserves  sucrées  de  la  fleur 
qui  peuvent,  ainsi  que  l'a  démontré  M.  G.  Bonnier,  se  localiser  dans  tous  les  organes 
appeiidiculaires,  s'accumulent  surtout  dans  ces  émergences. 

»  Le  mode  (le  développement  et  la  disposition  de  l'androcée  permettent 
de  distinguer  trois  séries  principales  dans  les  Disciflores  : 

»  1°  Los  Eupliorbiacées,  oîi  l'on  trouve  des  genres  à  androcée  isosté- 
nione,  diplostémone,  polystémone  et  des  genres  .)ù  l'obdiplostémonie  est 
déjà  bien  indiquée; 

))  2"  \.ç.f,  Discijlores  ohdiplostèmones,  où  le  type  complet  se  trouve  réalisé 
dans  les  Kulacées,  Diosmées,  Zygophyllées,  Aurantiées,  Anacardices,  et 
qui  se  simplifient  par  la  disparition  de  l'un  des  deux  verticilles  dans  les 
Rhamnées,  Ampélidées,  Célastrinées,  Stapliyléacées,  Ilicinées; 

»  3"  Les  Disciflores  eudiplostémones,  dont  le  type  complet  se  retrouve 
dans  les  Méliacées  et  les  Coriariées,  et  dont  les  types,  simplifiés  par  avor- 
tement,  sont  représentés  par  les  Sapindacées,  Hippocastanées,  Acéri- 
nées, etc. 

«  Cette  classification  correspond  à  peu  près  à  celles  que  Drude  et  Rad- 
kofer  ont  établies  d'après  les  caractères  floraux  seuls  ou  d'après  l'ensemble 
des  caractères  floraux  et  des  caractères  végétatifs.    » 


(  i5oo  ) 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Diffusion  dans  la  gélatine. 
Note  de  M.   S.   Leduc,   présentée    par  M.    d'Arsonval. 

«  Les  gouttes  de  liquide  déposées  sur  une  couche  gélatineuse  répan- 
due sur  une  plaque  de  verre  diffusent  régulièrement. 

»  La  vitesse  de  diffusion  diminue  rapidement  lorsque  augmente  la  con- 
centration de  la  solution  de  gélatine,  ce  qui  infirme  l'opinion  que  la 
diffusion  se  fait  dans  les  substances  gélatineuses  comme  dans  l'eau  pure. 

»  Lorsqu'on  fait  diffuser,  près  les  unes  des  autres,  des  gouttes  symétri- 
quement placées  de  liquides  précipitant  au  contact,  on  obtient,  tracées 
par  les  lignes  de  contact,  des  figures  géométriques. 

»   Par  des  centres  de  diffusion  multiples,  on  peut  reproduire  les  formes 


Cellules  produiles  par  la  dillusion  d'une  solution 
de  ferrocyanure  de  potassium  dans  la  gélatine. 


Figure  résultant  de  la  dilïusion  de  gouttes  de  solutions 
de  sulfate  de  cuivre  et  de  ferrocyanure  de  potassium. 


des  cellules  des  tissus  vivants,  avec  la  membrane  d'enveloppe  polyédrique, 
le  plasma  intérieur  et  le  noyau.  Il  n'est  nullement  nécessaire  d'employer 
à  cet  effet  des  solutions  différentes.  Les  gouttes  d'une  même  solution 
(ferrocyanure  de  potassium),  lorsqu'elles  se  rencontrent  avec  une  tension 
osmotique  convenable,   ne  se  pénètrent  point,  mais  forment  des  cellules 


(  i5oi   ) 

polyédriques  régulières,  accolées  les  unes  aux  autres  par  leurs  membranes 
d'enveloppe,  contenant  un  plasma  séparé  de  la  membrane,  et  un  noyau 
formé  par  la  goutte,  centre  de  diffusion. 

»  La  différenciation  d'où  résultent  les  cellules  produites  avec  une 
même  solution  paraît  attribuable  aux  différences  de  vitesse  des  ions.  Le 
procédé  semble  donner  la  démonstration  directe  de  l'indépendance  des 
ions  dans  la  diffusion.  Une  goutte  de  sulfate  de  cuivre  laisse  au  centre  une 
tache  jaune  de  cuivre  métallique,  entourée  d'une  couronne  translucide, 
probablement  de  gélatine  modifiée  par  le  radical  acide.  Une  goutte  de 
solution  de  chlorure  de  calcium  sur  de  la  gélatine  colorée  par  une  solution 
alcaline  de  phtaléine  du  phénol  forme  un  cercle  avec  augmentation  de  la 
coloration  attribuable  à  l'ion  calcium,  entouré  d'une  couronne  décolorée 
par  l'ion  chlore. 

M  I^e  diamètre  des  gouttes  d'un  même  liquide,  diffusées  dans  des  temps 
égaux,  varie  comme  la  concentration  de  la  solution.  Les  lignes  de  rencontre 
des  gouttes  diffusées  sont  droites  lorsque  les  solutions  sont  isotoniques; 
elles  sont  d'autant  plus  courbes  que  la  différence  de  tension  osmoiique  des 
liquides  est  plus  grande.  La  convexité  se  trouve  du  côté  de  la  solution 
hypertonique,  la  concavité  du  côté  du  liquide  hypotonique. 

»  Une  solution  de  fèrrocyanure  de  potassium,  diffusant  dans  de  la  géla- 
tine contenant  une  très  petite  quantité  de  sulfate  de  fer,  donne  des  anneaux 
concentriques,  alternativement  bleus  et  transparent-;,  visibles  à  la  loupe  et 
même  à  l'œil  nu.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  1(1  présence  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang 
du  nouveau-né.  Note  de  M.  Maurice  IVicloux,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

((  Le  fait  que  le  sang  des  animaux  de  laboratoire  contient  des  gaz  com- 
bustibles, de  l'hvdrogène  en  particulier,  a  été  démontré,  il  y  a  déjà  plu- 
sieurs années,  par  M.  Gréhant('). 

»  A  la  suite  d'un  travail  que  nous  avons  publié  en  collaboration, 
M.  Desgrez  et  moi,  sur  la  décomposition  partielle  du  chloroforme  dans 


(')   N.  Gkéha.m',   Les  gaz  du  sang.  p.   119.  (Encyclopédie  des  Aide-AJémoire  de 
Léauté.) 


(    l5o2    ) 

l'organisme  avec  production  d'oxyde  de  carbone  ('),  M.  de  Saint-Mar- 
tin (-),  reprenant  nos  expériences,  confirmait  la  présence  de  l'oxyde  de 
carbone  dans  le  sang  des  animaux  anesthésiés  et  le  signalait,  en  outre, 
dans  les  gaz  extraits  du  sang  de  chien  normal  ('),  A  cette  époque,  cet 
auteur  émettait  l'hvpolhèse  que  ce  gaz  ne  préexiste  pas  dans  le  sang,  mais 
qu'il  provient  de  l'action  de  l'acide  organique  employé  pour  l'extraction 
(acide  tartrique)  sur  une  substance  organique  contenue  dans  le  sang. 

»  Tel  ne  fut  pas  notre  avis,  pour  les  raisons  toutes  théoriques,  il  est 
vrai,  que  nous  avons  développées  dans  nos  publications  (''),  et  sans  formu- 
ler aucune  hypothèse  sur  son  origine,  nous  avons  été  conduits  à  admettre 
l'existence  normale  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  des  chiens  vivant 
à  Paris. 

))  D'ailleurs,  postérieurement  et  après  de  nouvelles  expériences,  M.  de 
Saint-Martin  (^)  abandonnait  son  hypothèse  de  l'action  des  réactifs   sur 

le  sang. 

))  Enfin,  pour  compléter  ce  rapide  exposé,  dans  deux  Communications 
faites  à  l'Académie  des  Sciences  (")  j'ai  donné,  d'après^une  moyenne  de 
dix-sept  dosages  d'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  de  chien  vivant  a  Paris, 
le  chiffre  de  0""=,  i45  pour  100*=''  de  sang,  et  d'une  série  d'expériences,  qui 
toutefois  ne  tranchent  pas  la  question  d'une  façon  définitive,  j'ai  cru  pou- 


('  )  A.  Desgbez  et  M.  Nicloux,  Sur  la  ({(^composition  du  cldoroformc  dans  ror na- 
nisme {Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  973;  1897). 

(2)  L.  DE  Saim-Martin,  Les  inhalations  de  chloroforme  déterminent-elles  la  pro- 
duction d'oxyde  de  carbone  dans  le  sang?  (Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  533; 

,898). 

(')  Gela  ne  peut  infirmer  en  rien  le  (ail  de  la  décomposition  partielle  du  chloro- 
forme dans  l'organisme  avec  produclion  d'oxyde  de  carbone;  car,  au  moment  de 
l'aneslliésie,  la  proportion  de  ce  gaz  dans  le  sang  est  deux,  trois,  quatre  et  même 
cinq  fois  ce  qu'elle  est  dans  le  sang  normal. 

(*)  A.  Descrrz  et  M.  NiCLOVX,  Becherches sur  un  mode  de  décomposition  partielle 
du  chloroforme  dans  l'organisme  [Comptes  rendus,  t.  CVXVl,  p.  7.58;  1898;  ,1/-^ 
chives  de  Physiologie,  5"  série,  t.  X,  p.  377-385;  1898). 

(")  L.  DE  Saint-Martin,  Sur  le  dosage  de  petites  quantités  d'oxyde  de  carbone 
dans  l'air  et  dans  le  sang  normal  {Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  io36;  1898). 

■  (")  Sur  l'oxyde  de  carbone  contenu  normalement  dans  le  sang  (Comptes  rendus, 
l.  CXXVI,  p.  i5.<6;  1S98). —  Influence  de  l'asphyxie  sur  la  teneur  du  sang  en  oxyde 
de  carbone.  Production  d'oxyde  de  carbone  dans  l'organisme  (Comptes  rendus, 
t.  CXXVI,  p.  1095  ;  1898,  et  Archives  de  Physiologie,  W'  série,  t.  X,  p.  434-443;  1898). 


(   i5o?>  ) 

voir  conclure  que  l'oxyde  de  carbone  peut  être  considéré  comme  un  pro- 
duit élaboré  normalement  dans  l'organisme. 

»  Les  recherches  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie sont  la  continuation  des  travaux  précédents;  elles  n'apportent  pas 
encore  la  solution  définitive  de  la  question  de  savoir  si  le  gaz  oxyde  de 
carbone  provient  de  l'air  (on  sait  que  M.  Armand  Gautier  a  signalé,  dans 
celui  de  Paris,  une  trace  d'oxyde  de  carbone),  ou  bien  si  l'on  doit  consi- 
dérer ce  gaz  comme  un  produit  normal  de  l'organisme.  Mais  ces  recherches 
démontrent  un  fait  intéressant,  à  savoir  :  la  présence  constante  de  l'oxyde 
de  carbone  dans  le  sang  des  nouveau-nés,  à  Paris. 

»  Pour  le  démontrer,  au  inomenl  de  la  naissance,  on  sectionne  le  cordon  ;  il  s'écoule 
un  certain  volume  de  sang  fœtal,  lequel  est  immédiatement  défibriné.  Les  gaz  du  sang 
(20"^'  au  minimum)  sont  extraits  dans  le  vide  par  la  pompe  à  mercure  en  présence 
d'acide  phospliorique  en  volume  égal  à  celui  du  sang.  Le  résidu,  après  absorption  de 
l'acide  carbonique,  est  additionné  de  200'='=  d'air  et  mis  à  circuler  dans  mon  petit  appa- 
reil à  acide  iodique  (').  L'oxyde  de  carbone  réduit  l'acide  iodique,  l'iode  est  dégagé, 
recueilli  dans  une  lessive  alcaline  et  dosé  (^). 

»  Dix  dosages  d'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  de  nouveau-nés,  à  Paris  (^), 
clinique  Tarnier,  rue  d'Assas,  m'ont  donné  les  résultats  suivants.  Pour  loo*^"" 
de  sang  :  CO  =  o"  ,  1  o ;  o" ,  1 2  ;  o'' ,  i  3  ;  o'' ,  1 1  ;  o' " ,  1 4  ;  o"  ,  08  ;  o"',  1  o  ;  o'' ,  1  o ; 
o"',ii;  o'^'=,i3,  dont  la  moyenne  est  o"^,i I. 

»  Nous  venons  d'admettre  implicitement  que  le  gaz  extrait  du  sang  dans 
le  vide,  gaz  réduisant  l'acide  iodique  à  la  température  de  i5o"  est  de 
l'oxyde  de  carbone.  Ceci  est  parfaitement  légitime,  car  ni  l'hydrogène  ni 
le  méthane,  seuls  autres  gaz  combustibles  signalés  jusqu'ici  dans  le  sang. 
ne  provoquent  la  réduction  de  l'acide  iodique.  Toutefois,  j'ai  |)ensé  qu'il 
était  utile  d'en  faire  la  démonstration  complète,  afin  de  lever  toute  espèce 
de  doute  à  ce  sujet.  J'ai  opéré  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Les  gaz  furent  extraits  de  49^"  de  sang  fœtal.  L'acide  carbonique  fut  absorbé  par 


(' )  Je  rappelle  encore  que  c'est  M.  Armand  Gautier  qui,  le  premier,  appliqua  la 
réaction  de  l'oxyde  de  carbone  sur  l'acide  iodique  au  dosage  de  ce  gaz  dans  l'air. 

(■)  Voir  tous  les  détailsdu  dosage  dans  mon  Mémoire  :  Dosage  de  petites  quantités 
d'oxyde  de  carbone  dans  l'air  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7°  série,  t.  XIV, 
p.  565-574;  1898)  et  le  dessin  de  l'appareil  dans  les  Archives  de  Physiologie,  5' série, 
t.  X,  p.  382;  1898). 

(')  Je  ne  saurais  trop  remercier  ici  M.  le  professeur  Budin  de  la  bienveillance  avec 
laquelle  il  a  mis  son  service  à  ma  disposition. 


(  «504  ) 

la  potasse,  l'oxygène  par  l'hydrosulfite  de  soude  (').  Du  résidu  final  occupant  un 
volume  de  i5'^'^,  i5  on  préleva  i'"'',  i5  pour  lequel  la  quantité  de  gaz  réduisant  l'acide 
iodique  comptée  comme  oxyde  de  carbone  est  de  o'"'',o37.  Les  14'"'^  restants  furent  agités 
pendant  cinq  minutes  avec  6"^  de  sang  réduit  (')  oljlenu  par  l'action  du  vide  à  ^o".  Le 
volume  devint  i3'^'=,5.  Ces  i3'^'',5  remis  à  circuler  dans  mon  appareil  donnèrent  une 
quantité  d'iode  infinitésimale.  Quant  aux  6'^''  de  sang,  traités  par  le  vide  et  l'acide 
phospliorique,  ils  fournirent  un  gaz  réduisant  l'acide  iodique;  la  quantité  d'iode  mise 
en  liberté  était  abondante,  elle  correspondait  à  o",  48  d'oxyde  de  carbone  à  o"  et  à  760, 
soit  pour  les  iS'"'",  i5  provenant  de  4g')"'  de  sang  :  o'^'",52. 

»   Ainsi  donc  le  gaz  extrait  du  sang  dans  les  conditions  précédentes  : 

»    1°  Réduit  l'acide  iodique; 

»   2°  Est  absorbable  totalement  par  l'hémoglobine; 

»  3°  Dégagé  de  sa  combinaison  avec  l'hémoglobine  par  le  vide  et  l'acide 
phospliorique,  il  fournit  de  nouveau  un  gaz  réduisant  l'acide  iodique. 

))  Ces  réactions  caractérisent  l'oxyde  de  carbone  et  la  quantité  de  ce 
gaz,  tout  calcul  fait,  correspond  à  o'=<^,  io5  pour  100"  de  sang. 

»  C'est  l'identité  presque  absolue  avec  le  chiffre  moyen  obtenu  plus 
haut  par  analyse  directe. 

»  Conclusions.  —  Le  gaz  oxyde  de  carbone  se  rencontre,  à  Paris,  dans 
le  sang  des  nouveau-nés. 

»   Sa  quantité  est  en  moyenne  de  0'='^,  1 1  pour  100'^'=  de  sang.    » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  une  diffère ncialion  biochimique  des  deux 
principaux  ferments  du  vinaigre.  Note  de  MM.  Gab.  Bertrand  et  R. 
Sazerac,  présentée  par  M.  Duclaux. 

((  Tandis  qu'au  temps  oîi  Pasteur  étudiait  la  fabrication  du  vinaigre  on 
ne  connaissait  guère  qu'une  seule  espèce  de  microbe  capable  de  trans- 
former l'alcool  en  acide  acétique,  aujourd'hui,  grâce  aux  recherches  de 
Hansen,  de  Brown,  de  Henneberg,  de  Beijerinck,  etc.,  il  est  hors  de  doute 
qu'il  existe  plusieurs  espèces  de  ferments  acétiques. 

»  Malheureusement  les  recherches  publiées  sur  ces  petits  êtres  n'ont 


(')  L'absorption  de  l'oxygène  par  le  pyrogallate  de  potasse  détermine  une  pro- 
duction d'oxyde  de  carbone  dont  la  proportion  est  loin  d'être  négligeable.  [Voir  Ber- 
THELOT  (M.),  Comptes  rendus,  t.  GXXVI,  1898,  p.  1066-1072.] 

(^)  .)'ai  eu  le  soin  de  vérifier  que  ce  petit  volume  de  sang  fœtal  n'apporte  avec  lui 
qu'une  trace  infinitésimale  d'oxyde  de  carbone,  o'''^,oo6  environ. 


(      I 3o5     ) 

pas  été  conduites  suivant  un  plan  unique,  et  l'on  se  trouve  dans  l'impossi- 
bilité de  classer  sûrement  les  espèces  décrites.  La  bactérie  du  sorbose, 
étudiée  par  l'un  de  nous,  se  confond  sans  doute  avec  le  Bacterium  xylinum 
de  Brown  (  '  )  ;  mais  où  ranger,  par  exemple,  le  ferment  gluconique  de  Bou- 
Iroux,  la  bactérie  acétifiante  signalée  par  Duclaux?  Ces  deux  microbes 
représentent-ils  des  espèces  particulières,  ou  doit-on  les  rattacher  à  quel- 
ques-unes des  formes  décrites  jjar  les  auteurs  énumérés  plus  haut  ? 

(Jes  questions,  et  d'autres  analogues  que  l'on  pourrait  aisément  se 
poser,  sont  d'autant  plus  difficiles  à  résoudre  que  l'on  connaît  à  peine  les 
fonctions  physiologiques  des  microbes  acétifiants,  et,  d'autre  part,  que  ces 
êtres  présentent,  comme  il  ressort  de  diverses  observations,  notamment 
de  celles  publiées  par  Wermischeff  (-),  la  plus  grande  variabilité  d'aspect 
suivant  les  cultures. 

Aussi  croyons-nous  intéressant  de  signaler  un  caractère  différentiel  par- 
ticulièrement net  que  nous  avons  eu  l'occasion  d'observer  en  comparant 
entre  elles,  au  point  de  vue  physiologique,  deux  espèces  de  ferments  acé- 
tiques bien  connues  chez  nous  :  le  mycoderme  du  vinaigre,  ou  Mycodernia 
rtce^i  Pasteur,  emplové  jusqu'ici  d'une  manière  à  peu  près  exclusive  parles 
industriels,  et  la  bactérie  du  sorbose,  ou  Baclerium  aylinum  Brown  ('),  uti- 
lisée dans  les  ménages  sous  le  nom  de  mère  du  vinaigre. 

»  La  première  espèce  est  le  feimeut  ivpe  ùtudié  par  Pasteur.  Nous  en  avons  exa- 
miné deux  races,  provenant  l'une  d'une  fabrique  d'Orléans,  l'autre  d'une  rabri(|ue  de 
i^aris. 

»  Dans  les  deux,  cas,  des  copeaux,  récoltés  avec  toutes  les  précautions  nécessaires, 
ont  été  transportés  au  laboratoire  en  flacons  stérilisés.  Là,  à  l'aide  d'un  mélange 
convenable  de  vin,  de  vinaigre  et  d'eau,  filtré  à  la  bougie  Chamberland,  on  a  procédé 
à  plusieurs  séries  de  culture,  d'après  la  mélliode  des  gouttes  fractionnées.  Et,  pour 
être  tout  à  fait  sûr  d'avoir  aflaire,  chaque  fois,  à  une  espèce  unique,  on  a  préparé, 
avec  ces  cultures  purifiées,  des  plaques  de  gélatine  à  l'alcool.  Les  semences  étaient 
alors  extraites  de  colonies  isolées  et  mises  de  nouveau  eu  culture  dans  le  mélange  de 
vin  et  de  vinaigre.  Le  milieu,  dit  minéral,  de  Pasteur,  se  prête  très  bien  aussi  au 
développement  de  ces  microbes. 

»  Les  deux  races  de  mycoderme  acétique  que  nous  avons  ainsi  obtenues  dillèronl 


(')  Gab.  Bertrand,  Bulletin  des  Sciences pharmacologiqiies,  t.  I,  p.  2.5-;  1900. 

(2)  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  p.  2i3;   1893. 

(')   En  1886,  lirown  [Journ.  of  tlie  chemic.  Soc,    1886)  a  isolé  de  la   bière  une 

espèce  de  ferment  acétique  qu'il  a  étudié  sous  le  nom  de  Bacterium  accti  llansen. 

D'après  Beijerinck  (Centralbl. /.  Bakl.,  t.  IV,  2"  partie,  p.  211;  1898),  ce  ferment  ne 

serait  pas  le  véritable  My  coder  ma  aceti,  mais  une  variété  de  Bacterium  rancens  Beij. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N»  24.)  ^9^ 


(   i5o6  ) 

très  peu  l'une  de  l'autre;  celle  d'Orléans  est  seulement  un  peu  plus  active.  Ainsi,  on 
a  ensemencé  avec  chacune  d'elles  des  matras  coniques  renfermant  5o"  de  bouillon 
de  levure  à  o,5  pour  loo  d'extrait  et  environ  2'^'=, 5  d'alcool.  A  la  température  de  28°, 
l'épaisseur  du  liquide  étant  de  1"^  environ,  on  a  trouvé,  en  acide  acétique  : 

Après  six  jours.     Après  dix  jours.     Après  dix-sept  jours. 

Avec  le  microbe  d'Orléans is^SS  as^Si  28'', 4^ 

»  i>         de  Paris i»'',43  25'', 35  28'', 52 

»  La  seconde  espèce,  la  bactérie  du  sorbose,  provenait  d'une  culture  spontanée  sur 
jus  de  sorbier,  isolée  en  1896,  et  entretenue  depuis  avec  soin.  Nous  rappellerons  que 
cette  espèce  jouit,  en  dehors  de  son  pouvoir  acétifiant,  de  la  propriété  très  remar- 
quable de  transformer  la  glycérine  en  un  sucre  particulier,  réduisant  à  froid  la  liqueur 
de  Fehling,  sucre  qui  n'est  autre  chose  que  la  dioxyacétone  ou  propanediolone.  Il 
suffit  d'ensemencer  cette  bactérie  sur  un  liquide  nutritif  (eau  de  levure,  bouillon 
peptoné,  etc.)  additionné  de  glycérine  pour  obtenir,  déjà  après  deux  à  trois  jours, 
un  liquide  précipitant  le  réactif  cupro-alcalin  en  vert,  puis  en  jaune,  en  jaune  orangé 
et  finalement  en  rouge,  et  ceci  eji  l'espace  de  quelques  secondes,  quelques  minutes 
tout  au  plus.  Ce  dernier  cas  se  présente  quand  l'aclion  du  microbe  est  peu  avancée 
et,  par  suite,  la  quantité  de  dioxyacétone  peu  abondante. 

»  Avec  le  Mycoderma  aceti,  au  contraire,  aucune  trace  de  corps  réducteur  n'appa- 
raît aux  dépens  de  la  glycérine.  L'expérience  a  été  faite  de  la  manière  suivante  :  une 
trentaine  de  matras  coniques,  d'environ  25o'='=  de  capacité,  ont  reçu  5o"='  de  bouillon 
de  levure  à  o,5  pour  loo  d'extrait,  bouillon  auquel  on  avait  ajouté  deux  cen- 
tièmes et  demi  environ  de  glycérine  pure.  Après  stérilisation,  une  partie  des  matras  a 
été  ensemencée  avec  le  microbe  d'Orléans,  une  autre  avec  celui  de  Paris;  enfin, 
quelques  matras  ont  été  conservés  comme  témoins. 

»  On  a  examiné,  d'iibord  tous  les  jours,  à  la  fin  toutes  les  semaines,  le  contenu  de 
ces  matras,  laissés  dans  une  étuve  à  +  28°.  L'acidité,  très  faible  au  début  ('),  a  dis- 
paru peu  à  peu;  jamais,  même  après  deux  et  trois  mois  d'attente,  le  liquide  de  cul- 
ture n'a  présenté  la  moindre  action  sur  le  réactif  cupro-potassique. 

»  L'expérience,  reproduite  deux  fois,  avec  de  nouveaux  bouillons  de  levure,  a  tou- 
jours donné  le  même  résultat.  Dans  l'une  d'elles  on  a  comparé  quantitativement  la 
composition  du  liquide  de  culture  au  commencement  et  à  la  fin.  On  a  trouvé  : 

Acidité 

II  mars     24  mai        Extrait  total    Glycérine  (') 
(début)      (fin)  24  mai  24  mai 

Avec  le  mycod.  d'Orléans 0,02       nulle  i8'",6o  i^%3ii 

»  »  de  Paris »  »  isi^jÔd  iS'',33 

Dans  le  bouillon  témoin »  0,02  i"'')67  iS'',63 

(')  Le  bouillon  de  levure  avait  été  clarifié  au  blanc  d'œuf  avec  addition  d'une 
petite  quantité  d'acide  acétique,  nécessaire  à  la  coagulation. 

(^)  Dans  les  dosages  d'extrait  total  et  de  glycérine,  il  faut  tenir  compte  de  ce  que 
la  glycérine,  simplement  desséchée  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  retenait  environ 
i5  pour  100  d'eau.  Ici,  la  correction  n'a  pas  été  faite. 


(   i5o7  ) 

»  Ainsi,  tandis  que  la  bactérie  du  sorbose  oxyde  rapidement  la  glycérine  et  la 
transforme  en  dioxyacétone,  le  mjcoderme  du  vinaigre  attaque  à  peine  cette  substance 
sans  donner,  d'ailleurs,  d'autres  produits  que  ceux  qui  correspondent  à  une  combustion 
complète. 

»  En  dehors  de  leur  intérêt  théorique,  nous  pensons  que  ces  faits  sont 
susceptibles  de  quelques  applications.  Nous  avons  l'intention  de  les 
étendre  à  la  diagnose  des  ferments  acétiques  en  général  (')  et,  prochai- 
nement, nous  les  utiliserons  à  propos  de  la  composition  et  de  l'analyse 
de  certains  vinaie^res.  » 


PHYSIOLOGIE .  —  Sur  les  courants  électrotoniques  extrapolaires  dans  les  nerfs 
sans  myéline.  Note  de  M.  Mendelssohx,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Les  données  relatives  à  l'électrotonus  du  nerf  sans  myéline  sont  encore 
peu  nombreuses  et  pour  la  plupart  contradictoires.  On  est  plus  ou  moins 
d'accord  sur  les  modifications  clectrotoniquesde  l'excitabilité  dans  un  nerf 
amyélinique,  mais  la  question  des  phénomènes  électromoteurs  extrapo- 
laires produits  par  le  passage  d'un  courant  constant  à  travers  ce  nerf  est 
encore  très  controversée.  D'après  Biedermann,  le  nerf  amyélinique  ne  pré- 
sente que  la  phase  anélectrotonique.  Les  recherches  de  Bornthau  semblent 
plutôt  plaider  en  faveur  d'une  analogie  complète  entre  l'électrotonus  d'un 
nerf  à  myéline  et  celui  d'un  nerf  sans  myéline.  Enfin  V.  Netkuhl  nie  toute 
existence  des  phénomènes  électromoteurs  extrapolaires  dans  un  nerf 
dépourvu  de  myéline. 

»  Vu  la  divergence  d'opinions  de  ces  trois  expérimentateurs  (et  ce  sont 
les  seuls  qui  se  sont  occupés  du  sujet  en  question)  et  vu  le  grand  intérêt 
que  l'étude  des  manifestations  électroioniques  extrapolaires  du  nerf  sans 
myéline  présente  pour  la  théorie  de  l'électrotonus  et  par  conséquent 
pour  la   théorie  du   processus  de  l'excitation  des   nerfs  en   général,  j'ai 

(')  Le  Bactcrium  rancens  Beij.,  d'après  des  recherches  de  Brown  {loc.  cit.), 
oxyde  complètement  la  glycérine.  Les  Bacteriuni  Pasteurianum  Hansen  et  Kiilsin- 
gianum  Hansen,  d'après  celles  de  Seifert  (Ceritralbl.  f.  Bakt.,  t.  III,  2"  partie;  1897), 
au  contraire,  n'auraient  aucune  action  sur  cet  alcool.  Aucun  de  ces  auteurs  n'a  recher- 
ché si,  à  un  moment  quelconque,  il  y  avait  de  la  dioxyacétone  dans  les  cultures. 
Celte  substance,  dont  la  production  biochimique  n'était  d'ailleurs  pas  encore  connue, 
aurait  très  bien  pu  apparaître  comme  produit  intermédiaire  dans  les  expériences  de 
Brown,  être  dosée  comme  glycérine  dans  celles  de  Seifert. 


(   i5o8  ) 

cru  iilile  de  reprendre  celle  question  et  de  l'étudier  sur  on  grand 
nombre  des  nerfs  sans  myéline  chez  différents  animaux  invertébrés  et 
particulièrement  chez  les  Mollusques  (Céphalopodes,  Gastéropodes,  Acé- 
phales) et  chez  quelques  Crustacés,  f.a  station  zoologique  d'Arcachon,  où 
ces  recherches  ont  été  effectuées,  présente,  par  le  riche  matériel  que  l'on 
Y  trouve,  des  conditions  particulièrement  favorables  à  ce  genre  d'expé- 
riences. 

»  La  disposition  de  l'expérience  fut  celle  qui  est  généralement  usitée  dans  les 
recherches  sur  l'électrotonus.  Un  galvanomètre  de  Thompson  très  sensible  servait  de 
révélateur  des  courants  recueillis  sur  le  nerf  au  moyen  des  tubes  dérivateurs  impola- 
risables  de  du  Bois-Reymond  ;  quatre  à  six  éléments  de  Daniell  de  dimension  moyenne 
fournissaient  le  courant  polarisaleur  pour  le  nerf  en  expérience.  Les  deux  points  de  la 
surface  longitudinale  du  nerf  dérivés  au  galvanomètre  étaient  toujours  autant  que 
possible  équipotenliels  ou  présentaient  peut-être  une  très  faible  différence  de  poten- 
tiel qui  ne  produisait  pas  du  reste  de  déviation  de  l'aiguille  galvanomélrique  avant  la 
fermeture  du  courant  polarisaleur. 

»  Il  résulte  de  mes  recherches  que  le  passage  d'un  courant  polarisaleur 
à  travers  un  nerf  sans  myéline  produit,  dans  les  parties  extrapolaires  de  ce 
nerf,  des  phénomènes  électromoteurs  dont  la  quantité  et  la  qualité  varient 
chez  les  différents  animaux  et  dans  les  différents  nerfs  chez  le  même  ani- 
mal. Dans  la  majorité  des  cas,  les  nerfs  sans  myéline  volumineux  pré- 
sonlcnt  des  courants  éiectroloniques  aussi  bien  dans  la  zone  anodique  que 
dans  iazouc  cathodique,  mais  les  courants  anélectrotoniques  sont  toujours 
beaucoup  plus  prr^uoncés  que  les  courants  catélectrotoniques,  et  la  frac- 
tion —  ,  qui  exprime  ce  rapport,  est,  d'une  manière  générale,  beaucoup 

[)lus  grande  dans  les  nerfs  sans  myéline  que  dans  les  nerfs  à  myéline. 

»  Dans  certains  ncifs,  poiu'  la  plupart  très  minces,  la  phase  catélectro- 
tonique  peut  faire  complètement  défaut;  les  courants  anélectrotoniques 
constituent  alors  la  seule  manifestation  de  l'électrotonus,  ils  occupent  toute 
la  zone  anodique  et  s'étendent  souvent  jusqu'à  la  proximité  presque  immé- 
diate de  la  zone  cathodique.  Dans  aucun  cas  je  u'ai  observé  l'absence  coin- 
|)lèle  des  phénomènes  éiectroloniques  extrapolaires  dans  un  ueif  sans 
myéline.  Il  existe  donc  à  cet  ésard  une  srande  analogie  entre  le  nerf  mvéli- 
nique  et  le  nerf  amyélinique.  La  différence  entre  ces  deux  espèces  de  nerfs 
consiste  exclusivement  dans  la  répartition  polaire  de  deux  phases  électro- 
Ioniques.  La  ]»h;iseauélectrotonique  est  plus  grande  et  la  phase  catélectro- 
tonique  plus  pelile  dans  un  nerf  sans  myéline. 


(   i5o9  ) 

»  T/intensitc  des  courants  électrotoniques  et  surtout  celle  des  courants 
anélectrotoni(|ues(lans  un  nerf  dépourvu  de  myélino  varie  suivant  la  force 
du  courant  polarisateur,  la  longueur  de  la  partie  intrapolaire  du  nerf  par- 
couru par  le  courant  polarisaleiir  et  la  longueur  du  trajet  compris  entre  la 
partie  polarisée  et  les  poinis  du  nerf  dérivés.  Sons  ce  rapport  l'analogie 
entre  le  nerf  à  myéline  et  le  nerf  sans  myéline  est  complète. 

»  Pour  ce  qui  concerne  les  effets  consécutifs  qui  précèdent  d'ordinaire  la 
disposition  de  l'électrotoniis  après  l'ouverture  du  courant  polarisateur,  je 
ne  les  ai  observés  dans  un  nerf  sans  myéline  que  dans  sa  partie  anodique. 
Les  courants  anélectrotoniques  changent  de  direction  avanlde  disparaître, 
tandis  que  les  courants  catélectrotoniques  disparaissent  plus  vite  sans 
inversion  préalable  de  leur  sens.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  temps  de  réaction  suivant  les  races  ou  les  conditions 
sociales.  Note  de  M.  Louis  Lapicque,  présentée  par  iVl.  Alfred  Giard. 

«  Lors  du  voyage  que  j'ai  fait  sur  le  yacht  Séiniraniis  (à  M'"*  Jules 
Lebaudv),  en  iSgS,  je  m'étais  proposé  de  déterminer  le  tem])s  de  réaction 
sur  des  races  d'hommes  <liverses.  J'avais  emporté  dans  ce  but  le  chrono- 
graphe  de  d'Arsonval. 

»  Ces  expériences  exigent  des  conditions  qui  ne  sont  pas  facilement 
réalisées  en  voyage.  En  fait,  je  n'ai  pu  prendre  des  temps  de  réaction  sur 
des  populations  exotiques  qu'aux  îles  Andaman. 

1)  Les  indigènes  appartiennent  à  la  race  des  Négritos,  race  qui  est  consiilérée  comme 
une  des  plus  anciennes  du  globe;  les  Andamanais  en  représentent  le  type  pur  et  sont 
restés  dans  létat  de  civilisation  le  plus  primitif;  ce  sont  àes  sauvages  tjpiques. 

»  Depuis  un  demi-siècle,  on  a  établi  dans  cet  archipel  un  pénitencier  pour  l'empire 
des  Indes;  les  naturels  ont  été  soigneusement  protégés  par  l'administration  anglaise. 
Une  petite  tribu  s'est  trouvée  enclavée  dans  le  pénitencier,  à  Iladdo,  près  de  Porl- 
Klair;  elle  a  conser\é  ses  mœurs,  mais  ne  s'elTarouche  plus  à  l'approche  du  blanc;  ces 
sauvages  sont  dans  la  situation  de  chevreuils  familiers  dans  un  parc.  J'ai  pu  ainsi 
opérer  sur  eux  dans  de  bonnes  conditions. 

»  J'ai  profité  aussi  du  pénitencier  et  de  la  bienveillance  des  autorités  anglaises  pour 
examiner  quelques  Hindous.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  la  notion  de  race  assez 
confuse  que  représente  ce  mol.  Pour  des  raisons  de  commodité,  et  sans  penser  alors 
que  cela  pût  avoir  une  importance,  j'ai  opéré  sur  des  convicts  qui  étaient  à  l'hôpital 
pour  des  alTections  chirurgicales  légères,  entorse  ou  ulcères  des  jambes,  par  exemple. 

»  Enfin,  pour  avoir  un  terme  de  comparaison  directe,  éliminant  à  la  fois  l'influence 
du  climat  et  la  tare  instrumentale,  j'ai  pris  également  le  temps  de  divers  Européens, 
fonctionnaires  anglais  et  leurs  femmes,  qui  voulurent  bien  se  prêter  à  l'expérience. 


(   i5io  ) 

»  Voici  les  résultats  numériques  pour  ces  trois  catégories  de  sujets; 
chaque  chiffre  représente  en  centièmes  de  seconde  la  moyenne  d'un 
sujet  ('). 


Andamanais 

Hommes. 

Femmes 

s 

s 

0,22 

0,18 

0,  ;5 

0,22 

0,20 

0,20 

o,i4 

0,18 

0,20 

0,18 

0,27 

0,22 

0,17 

o,i8 

0,19 

0,20 

0,19 

0,18 

in  clous. 

Européens. 

s 

0,24 

'S 

s 
0, 

i4 

0,19 

0, 

i5 

0,21 

0, 

16 

0,23 

0, 

i5 

0,20 

0, 

i5 

0,25 

0, 

>4 

0,22 

0, 

i4 

» 

0, 

•  4 

» 

n 

0, 
0, 

•7 

0,22 

i5 

Moyenne.    0,19  0,19 

»  C'est-à-dire  que  les  Négritos  niellent  à  répondre,  en  moyenne,  j^  de  seconde  de 
plus  que  les  Européens,  et  les  Hindous,  -^^  encore  déplus. 

»  Ces  écarts  sont  notables  ;  les  séries  ne  sont  pas  très  nombreuses,  mais  l'examen 
détaillé  des  chiffres  confirme  la  valeur  des  moyennes,  car  dans  chaque  série  les  écarts 
individuels  sont  faibles  ;  seule,  la  série  des  hommes  andamanais  présente  des  chiffres 
individuels  très  divergents;  mais  la  moyenne  de  cette  série  esl  contrôlée  par  la  série 
des  femmes  de  la  même  race,  qui  donne  la  même  moyenne  au  millième  près. 

»   On  est  ainsi  porté  à  voir  dans  ces  différences  un  caractère  ethnique. 

»  Mais  alors  il  est  difficile  de  comprendre  comment  les  Négritos  peuvent 
se  placer  entre  les  Hindous  et  les  Européens. 

»  La  moyenne  de  o,  i5  trouvée  pour  les  Européens  concorde  avec  les 
valeurs  généralement  observées  dans  les  très  nombreuses  expériences  qui 
ont  été  faites  en  Europe;  mais  tous  les  chiffres  d'Européens  se  rapportent 
à  des  sujets  des  classes  cultivées.  J'ai  voulu  voir  ce  qu'est  le  temps  de  réac- 
tion dans  d'autres  classes  sociales. 

»  3  ouvrières  parisiennes  donnèrent  les  valeurs  suivantes:  0,18,  0,16,  0,18. 
Moj'enne,  0,17  fort. 


(')  Tous  les  chiffres  de  la  présente  Noie  se  rapportent  à  la  réaction  simple,  l'exci- 
tation consistant  en  une  excitation  tactile  de  la  main  gauche,  réponse  par  la  main 
droite. 

J'ai  pris  sur  tous  ces  sujets  des  temps  de  réaction  avec  choix  ;  les  résultats  donnent 
lieu  aux  mêmes  observations  que  la  réaction  simple. 


(   »5ii  ) 

»  5  étudiants,  examinés  coin  nie  expérience  de  contrôle,  donnèrent:  o,i5,o,i6,  o,i3, 
G,  i6,  o,i5.  Soit  encore  la  moyenne  de  o,i5. 

»  Enfin  je  crus  trouver  un  bon  matériel  d'études  pour  déterminer  le  temps  de 
réaction  du  peuple  de  Paris,  en  allant  faire  des  expériences  dans  les  chaufloirs  installés 
par  la  municipalité  ;  la  clientèle  de  ces  établissements  se  composait  en  elTet  pour  la 
plus  grande  part  d'ouvriers  sans  travail.  12  sujets,  choisis  comme  exempts  des  causes 
d'erreur  suivantes  :  maladie,  inanition,  fatigue,  alcoolisme,  et  tous  ouvriers  en 
chômage,  donnèrent  les  moyennes  suivantes  :  o,  28,  0,21,  0,20,  0,18,  0,18,  o,  19,  0,19, 
o,  i3,  0,18,  o,i8,  o,i5.  Soit  comme  moyenne  générale,  0,18  fort. 

»  Ainsi,  il  y  aurait  un  écart  de  y^  entre  la  classe  cultivée  et  les  travail- 
leurs manuels;  le  peuple  de  Paris  serait  à  ce  point  de  vue  très  voisin  des 
Négritos;  et  plusieurs  Parisiens  observés  dans  les  chauffoirs  donnent  un 
chiffre  du  même  ordre  que  les  convicts  hindous  de  l'hôpital  de  Port-Blair. 

»  Sous  l'empire  de  cette  conception  a  priori,  que  la  rapidité  de  réaclion 
devait  traduire  la  supériorité  de  l'organisation  nerveuse  (conception 
conforme,  je  pense,  aux  idées  courantes),  ces  résultats  me  parurent 
inintelligibles,  et  j'abandonnai  ces  recherches. 

»  Aujourd'hui,  à  la  suite  d'études  toutes  différentes  sur  l'évolution  du 
système  nerveux,  je  suis  arrivé  à  me  rendre  compte  clairement  que  le 
temps  de  réaction  ne  peut  pas  être  conditionné  par  un  facteur  proprement 
anthropologique,  tel  que  le  développement  plus  ou  moins  considérable 
de  l'encéphale.  Le  perfectionnement  de  l'organe  permet  des  processus 
de  plus  en  plus  complexes,  qui  exigent  des  temps  de  plus  en  plus  longs 
pour  s'accomplir;  mais  il  n'y  a  aucune  raison  pour  que  le  temps  des 
processus  simples  (tels  que  la  réaction  simple  ou  la  réaction  avec  choix) 
en  soit  modifié.  Un  animal  quelconque,  tme  grenouille,  si  l'on  veut,  réa- 
gira aussi  vite,  peut-être  plus  vite  qu'un  homme,  par  exemple,  à  un  bruit 
signalant  une  proie  ou  un  ennemi.  Ce  qui  fait  varier  le  temps  de  réaction, 
c'est  l'élat  fonctionnel,  dynamique,  du  système  nerveux,  état  variable, 
comme  on  sait,  suivant  l'ensemble  des  conditions  biologiques. 

»  La  question,  telle  que  je  me  l'étais  posée,  à  savoir  l'influence  de  la  race 
sur  le  temps  de  réaction,  est  donc  illusoire. 

»  Néanmoins,  l'expérience  donne  pour  des  groupes  ethniques  divers 
des  valeurs  différentes  :  ce  qui  s'explique  très  bien  si  l'on  songe  que  les 
individus  de  chacun  de  ces  groupes  sont  soumis  à  des  conditions  plus  ou 
moins  semblables.  Et  il  ne  reste  rien  de  paradoxal  dans  les  résultats  que  je 
viens  d'exposer,  a 


(     l5l2    ) 


PHYSIOLOGIE.  —  Influence  des  lècithines  de  l' œuf  sur  les  échanges  nutritifs. 
Note  de  MM.  A.  Desgrez  et  A.  Zaky,  présentée  par  M.  Ch.  Bouchard. 

«  Le  rôle  important  du  phosphore  dans  la  cellule  vivante,  dans  le  tissu 
nerveux  eu  particulier,  assigne  à  cet  élément  une  place  prépondérante 
parmi  les  substances  minérales  de  notre  économie.  Les  recherches  com- 
mencées en  France  par  Gobley,  poursuivies,  en  Allemagne  surtout,  par 
Miescher,  Rossel  et  leurs  élèves,  nous  ont  fait  connaître  la  localisation,  la 
nature  chimique,  les  réactions  fondamentales  des  composés  organiques  du 
phosphore  :  lècithines,  nucléoalbamines,  etc.  Ce  qui  nous  est  moins  connu, 
bien  que  non  moins  important,  c'est  le  rôle  dévolu  à  ces  substances  dans 
l'organisme  animal.  Ce  n'est  pas  que  la  recherche  de  l'action  sur  l'économie 
des  mieux  connues  d'entre  elles,  les  lècithines,  n'ait  déjà  tenté  quelques 
physiologistes.  Danilewsky  et  Serono  avaient  affirmé  leur  influence  favo- 
rable sur  la  croissance  des  plantes  et  des  animaux,  lorsque  nous  avons 
publié,  l'année  dernière,  une  première  Note  (')  relative  aux  modifications 
avantageuses  que  ces  substances  impriment  aux  échanges  nutritifs.  E.  Wil- 
diers  (^),  a^ant  répété,  depuis  lors,  les  expériences  de  Danilewsky,  a  été 
amené  à  en  contester  formellement  les  conclusions.  Les  critiques  de  ce 
chercheur  atteignent  indirectement  nos  propres  résultats,  de  même  que 
ceux,  d'ailleurs  confirmatifs  des  nôtres,  publiés  depuis  par  Gilbert  et  Four- 
nier  C).  Comme  les  recherches  de  Danilewsky  ont  été  communiquées  à 
l'Académie  des  Sciences  (^),  nous  avons  cru  devoir  présenter  à  la  même 
Société  les  résultats  des  travaux  que  nous  poursuivons  depuis  plus  d'un 
an,  sur  cette  question,  au  laboratoire  de  M.  le  professeur  Bouchard. 

»  Nous  avons  utilisé  la  lécithine  de  l'œuf  de  poule,  mélange  des  combi- 
naisons oléique  et  stéarique  de  l'acide  glycérophosphorique  avec  la  cho- 
line.  Préparée  et  purifiée  par  les  procédés  classiques,  elle  donnait  à 
l'analyse  : 

I.  II.  I.  II. 

pour  itxj       pour  loo  pour  loo       pour  um 

Azote 1,98       1,79  Acide  pliosphorique .  .      8,62       8,89 


(')  Desghez  el  Zakv,  Bulletin  de  la  Société  de  Biologie,  t.  LU,  p.  79^. 
(^)  WiLUiEKs,  La  Cellule,  t.  XMI,  2=  fascicule,  p.  385. 

(^)  Gilbert  et  FolriMeii,  Bulletin  de  la  Société  de  Biologie,  t.  LUI,  p.  i^o. 
(')  Danilewsky,  Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  1167. 


(  i5i:5  ) 

»  Nos  expériences  ont  porté  sur  les  deux  groupes  d'animaux  omnivores 
les  plus  communs,  le  cobaye  et  le  chien. 

»  Première  expérience.  —  Elle  a  porté  sur  trois  lots  de  trois  cobayes  chacun. 
Animaux  mâles,  sensiblement  de  même  poids.  Les  variations  d'ordre  individuel  se 
trouvaient  compensées  par  ce  fait  que  les  animaux  étaient  pesés  par  lot,  l'analyse 
quotidienne  portant  sur  les  urines  réunies  d'un  même  lot.  Comme  alimentation,  ces 
cobayes  recevaient  un  mélange  de  pain,  de  son  et  de  clioux,  suivant  les  proportions 
fixées  par  M.  A.  Gautier  dans  son  travail  sur  les  dérivés  de  la  viande  ('). 

I.  Influence  sur  le  poids  des  animaux. 

Voie 


sous-culanée 

(OB', 062  de  lécilhine, 

Stomacale 

Animaux 

tous  les  2  jours, 

(oS',  06  de  lécilhine 

témoins. 

dans  2"  d'huile). 

en  a  pilules). 

1°''  iour 

.  .  .  .       II 20 

I  100 

I  i3o 
1980 

43^  jour 

.  .        1600 

1770 
670 

Différences.  .  .  . 

.  ...          480 

85o 

»  L'accroissement  du  poids  initial,  en  quarante-trois  jours,  a  donc  été  de  43  pour  100 
pour  les  témoins,  de  60  pour  100  pour  les  injectés,  enfin  de  76  pour  100  pour  les 
animaux  recevant  la  lécitliine  par  voie  stomacale. 

»  IL  Influence  sur  la  composition  des  urines.  —  Nous  donnons  les  moyennes  de 
six  jours  consécutifs,  pris  en  cours  d'expérience. 

Élimination  Voie 

par  Animaux        ~>— ■ 

kilogramme  d'animal.  témoins.        sous-cutanée,     stomacale. 

Urée .  .  0,87 

Azote  total o,46 

Acide  phosphorique 0,059 

Coefficient  d'utilisation  azotée 0,88 

»  Deuxième  expérience.  —  Deux  cobayes  frères,  nés  le  même  jour,  ont  été  mis  en 
expérience  le  2  janvier  1901.  L'un  servant  de  témoin,  on  injectait,  tous  les  deux  jours, 
à  l'autre  2'="  d'huile  contenant  oS',o3i  de  lécithine  par  centimètre  cube.  L'urine  de 
chacun  de  ces  animaux  étant  insuffisante  pour  l'analyse,  on  s'est  contenté  de  prendre 
leur  poids  journellement  : 

Témoin.         Injecté. 

2  janvier aSo  220 

I"  février 35o  460 

Différences 1 20  240 


gr 

?r 

1,12 

0,97 

0,57 

0,52 

o,o5i 

o,o34 

0.92 

0,90 

(')  A.  G.*.uTiER,  Bull,  de  l'Acad.  de  Méd.,  t.  XLIII,  p.  259. 


n 


c.  K.,    1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  24.)  193 


(  i5i4  ) 

»  En  un  mois,  raccroissement  de  poids  a  donc  été  de  52  pour  loo  pour  le  témoin, 
de  109  pour  100  pour  l'animal  injecté.  Bien  que  les  injections  n'aient  pas  été  conti- 
nuées au  delà  du  i'^''  février,  nous  avons  conservé  ces  deux  animaux,  afin  de  savoir  si 
la  substance  injectée  n'exercerait  pas  encore,  sur  la  nutrition,  une  influence  éloignée, 
favorable  ou  non.  Le  i5  juin  1901,  le  coba3'e  témoin  pesait  ôySs'',  le  poids  de  l'animal 
injecté  étant  de  755s''  :  c'est  donc  encore  une  avance  de  SoS"'  au  profit  de  ce  der- 
nier. 

«  Troisième  expérience.  —  Trois  chiens  mâles,  frères,  nés  le  19  décembre  1900, 
ont  été  mis  en  expérience  le  \l^  février  1901,  l'un  servant  de  témoin;  le  deuxième 
recevant,  tous  les  deux  jours,  2"''^  d'huile  léciihinée  à  oS'',o5  par  centimètre  cube;  le 
troisième  ingérant,  aux  mêmes  intervalles,  os',  10  de  lécithine  en  deux  pilules. 

1.  Influence  sur  le  poids  des  animaux. 

Voie 

Animal  ■        — -^ ■ 

témoin.         sous-cutanée,    stomacale, 
sr  gr  sr 

l'^jour 2220  2170  2100 

27"  jour 3700  4220  4200 

Différences i48o  2o5o  2100 

»  En  vingt-sept  jours,  l'augmentation  de  poids  a  donc  été  de  66  pour  100  pour  le 
témoin,  de  9^  pour  100  pour  l'animal  injecté,  de  100  pour  100  pour  celui  qui  ingérait 
la  lécithine. 

II.  Influence  sur  la  composition  des  urines. 
Élimination  moyenne  Voie 

kilogramme  d'animal.  témoin.         sous-cutanée,    stomacale. 

Br  sr  gr 

Urée 0,44  0,78  0,84 

Azote  total 0,28  o,4i  o,43 

Acide  phosphorique o,i3  o,o43  o,o83 

Coefficient  d'utilisation  azotée 0,73  0,86  0,90 

»  Conclusions.  —  Les  lécithines  de  l'œuf  de  poule  augmentent  l'appétit 
des  animaux  qui  les  reçoivent  par  voie  sous-cutanée  ou  par  voie  stomacale. 
Il  en  résulte,  conformément  aux  recherches  de  Danilewsky,  un  accroisse- 
ment rapide  du  poids  de  ces  animaux.  L'urée,  l'azote  urinaire  total,  le 
coefficient  d'utilisation  azotée  se  trouvent  augmentés,  d'une  façon 
constante,  par  l'administration  de  ces  substances.  On  observe  simultané- 
ment une  diminution  de  l'acide  phosphorique  éliminé  par  les  urines.  Nous 
continuons  ces  recherches.   » 


(   i;m5  ) 


HYGIÈNE.  —  Sur  l'usage  de  la  levure  de  bière  pour  déceler  les  communications 
des  nappes  d'eau  entre  elles.  Note  de  M.  P.  Miquel. 

«  Pour  démontrer  l'absence  du  pouvoir  épurateur  du  sol  à  l'égard  des 
eaux,  j'emploie  depuis  dix-huit  mois  la  levure  de  bière  pressée,  qu'il  est 
aisé  de  se  procurer  dans  un  état  de  pureté  satisfaisant.  Elle  peut  aussi 
être  utilisée  pour  établir  la  réalité  des  communications  des  eaux  superfi- 
cielles ou  souterraines  avec  les  eaux  de  source  destinées  à  être  captées. 

»  La  levure  délayée,  sur  les  lieux  de  l'expérience,  dans  lo  à  20  fois  son  volume 
d'eau,  est  jetée  sur  les  surfaces  absorbantes,  dans  les  cours  d'eau,  les  puits,  les  gouffres 
qu'on  suppose  en  communication  directe  avec  les  nappes  d'eau  souterraines  alimen- 
tant telle  ou  telle  source. 

»  Les  prélèvements  des  eaux  qu'on  pense  contaminées  sont  toujours  précédés 
d'expériences  témoins  tendant  à  démontrer  que  le  Saccharomyces  cerevisiœ  ne  pré- 
existait pas  dans  les  échantillons  qui  vont  être  soumis  à  l'analyse;  ils  sont  effectués 
toutes  les  trois  ou  quatre  heures  durant  une  période  que,  suivant  les  cas,  on  fait  varier 
de  quinze  jours  à  un  mois  et  même  davantage. 

I)  Pour  retrouver  la  levuie,  on  répartit,  dans  le  plus  bref  délai  possible,  les  eaux 
recueillies  dans  des  matras  de  bouillon  de  peptone  sucré  et  acidifié  de  façon  que 
le  liquide  résultant  de  ce  mélange  contienne  environ  par  litre  aooS''  de  saccharose, 
1'=''  d'acide  tartrique  et,  à  peu  près,  autant  de  bilartrate  de  potasse,  puis  ces  matras 
sont  exposés  à  l'étuve  portée  vers  20°. 

»  Quand  la  levure  a  pénétré  dans  l'eau  recueillie,  on  voit  se  produire  au  bout  de 
vingt-quatre  à  quarante-huit  heures,  au  fond  du  matras,  des  taches  ou  colonies  formées 
par  le  Saccharomyces  cerevisiœ  ;  bientôt  une  fermentation  alcoolique  énergique  se 
déclare,  avant  que  les  bactéries,  surtout  celles  des  fermentations  lactiques,  qui  sont  le 
plus  à  redouter,  aient  pu  envahir  puissamment  le  milieu  sucré. 

»  Parce  procédé  nous  avons  pu  établir  la  communication  de  certains 
cours  d'eau,  puits,  bétoires,  puisards  ou  gouffres  avec  des  sources  captées 
à  plus  de  lo'"™  à  iS*""  du  lieu  d'expérimentation. 

»  La  levure  ne  perd  pas  sensiblement  de  sa  vitalité  après  de  longs  par- 
cours souterrains,  et  l'on  peut  la  rencontrer  encore  pleine  de  vie  à  l'extré- 
mité d'aqueducs  de  plus  de  loo'^'"  de  longueur  et  après  un  séjour  de  plus  de 
deux  mois,  soit  dans  l'intérieur  du  sol,  soit  dans  ces  aqueducs. 

»  Ordinairement,  ces  expériences  se  pratiquent  en  employant  i  o''^,  20''», 
40"^^  de  levure  et  davantage  suivant  les  circonstances.   » 


(  i5i6  ) 
A  4  heures  et  demie  l'Acadéinie  se  forme  en  Corailé  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.   B. 


ERRATA. 


(Séance  du  3  juin  190 t.) 
Page  i3i2,  ligne  7,  au  lieu  de  M.  Paul  Henstrôm,  lisez  M.  Paul  Hellstrôm. 


Ou  souscrit  à  Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  (les  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-i".  Deux 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  ciiaquo  volume.  L'abonnement  est  annuel 

(-1  part  du  ."Janvier.  •     ,    „  ,    '  ^    .    .     .      ,  ,      . 

Le  prix  (le  l abonnement  est  fixe  ninxt  qii  il  suit  ; 

Paris  :  20  fr.  —  Dépai  tcracnts  ;  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
ifen Ferran  Irères. 

(  Chaix. 
Alger (  Jourdan. 

I  Ruff. 

Amiens Courlin-Hecquel. 

(  Germain  etGrassin. 

^■"f"'' I  Gaslineau. 

Ba\onne Jérôme. 

Betanfon  Kcgnier. 

.  Feret. 
Bordeaux Laurens. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

1  Derrien. 

\  F.  Robert. 

Br'tt ■  ,^1  , 

1  Oblin. 

'  Uzcl  frères. 

Caon Jouan. 

Ckambéry Perrin. 

„.     1  l  Henry. 

Cherbourg ,, 

"  (  Marguerie. 

„  iJuliot. 

CUrmont-Ferr...  ;  „ 

I  liouy. 

Nourry. 

0,on Ratel. 

(  Rey. 

i  Lauveriat. 

Oouai ^ 

(  Degez. 

1  Drevet. 

Grenoble !  _  _, 

(  Gralier  et  C". 

La  Rochelle Foucher. 

,     ,  1  Bourdignon. 

Le  Havre !  _        ,    " 

(  Dombre. 

1  Thorez. 

LMe 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

(  Bail  ma  t. 

Lorient '    ,      ,, 

(  M°"   lexier. 

Bernoux  et  Cuaiin 

y  Georg. 
I  yon <  ElVantin, 

j  Savy. 

1  Vitte. 

Marseille Ruât. 

1  Valat. 
Montpellier >  Coulel  et  liU. 

Moulins Martial  Place. 

t  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

^  Guisl  lian. 

Nantes  ■    1  ,,.i„„„  • 

(  Veloppe. 

\  Barnia. 

"'" »Appy. 

Mmes Thibaud. 

Orléans    Luzcray. 

1  Blancliier. 

''<"■"■«" iMarcbe. 

Rennes Plihon  et  Her\é. 

Rochefort Girard  (M""). 

)  Langlois. 

'*°'"'" I  Lestringant. 

S'-Étienne Clievalier. 

j  Pontcil-Burles. 

^°"'°" (Rumèbc. 

I  Gimet. 
Toulouse jp^i^^^ 

.  Boisselier. 

Tours Pérical. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 
yatenciennes ,  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


chez  Messieurs  : 

i  Feikema    Caarelsen 

I      et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C*. 


Berlin. 


Bûchai  est. 


Dames. 

Friediander   et   fils. 
Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne...: Zaniclielli. 

/  Lamertin. 

Bruxelles Mayolezet  Audiarte. 

(  Lebègue'  et  G'". 
t  Sotchek  et  G". 
\  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deightori,  BellelC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantiiiople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hbst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

Cherbuliez. 
Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfaute  frères. 
I  Benda. 
I  Payot  et  C". 

Barth. 
l  Brockhaus. 

Lorentz. 

Max  Kiibe. 

Twielmeyer. 

(  Desoer. 
(  Gnusé. 


Genève.. 

La  Haye.  • 
Lauianne. . 

Leipzig. ... 

Liège 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
I-ondies    Hachette  et  C". 

(  Nutl. 
Luxembourg . ...     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C". 
Madrid jRomo  y  Fussel. 

I  Capdeville. 

l  F.  Fé. 

Milan [^"^"^  f""'"- 

(  Hœpll. 

Moscou Tastevin. 

/Vaples (Marghieri  di  Gius. 

(  Pellerano. 

/  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Ne<^•-^'ork |  Stechert. 

(  Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G'* 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaès  et  Mouix. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

(  Bocca  frère». 

1  Loescher  et  C'*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

(  Zinserling. 
S'-Petersbourg. .  j  ^^,^ 

I  Bocca  frères. 
Brero. 

1  U.I  III. V    ni 

I  Clausen. 

I  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  WolB. 

Vérone Drucker. 

(  Frick. 

'''■«""* I  Gerold  et  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  a  31    -  (3  Août  i833  à  U  Uocembro  iS5o.  )  Volume  in-4"  ;  i85J.  Prix 15  ir. 

Tomes  32  a  61.  -  (  i"  Janvier  i85i  à  Si  Décembre  .865.  )  Volume  in-^ ;  1870.  Prix 15  Ir. 

Tomes  62  a  91    -  (  1"'  Janvier  18O6  à  3i  Décembre  .880. )  Volume  in-4° ;  «889.  Prix ■  15   r. 

Tomes  92  à  121.  -  (i"'  Janvier  1881  à  3i  Décembre  1895.)  Volume  in-4'';  1900.  Prix 15  Ir. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  «^  ^-ACADÉMIE  ^^S  SCIENCES  :  ^^^^  _^  ^^_^^_  ^^^^  ^^^^^^^^^^^^^ 

Tome  I  :  Mèmonc   sur  quelques  po.nts  de  ^^^^;^^^^^]XJ^l         le    Ole  du  suc  pa^Lituiue  dans   les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans 
qu'éprouvent  les  Comclcs,  par  M.  llANSENi  -  Menioue  bui  le  lancieas  et  sui  j-  ^^  ^^ 

la  digestion  des  matières  grasses,  par  M.  C.co.  B.^.ao.  Vo^-^n^  ^.vec  ^^^^f^  _^  ;_^;;  -,  'y  '-^  ^;^  p,;,p;oposie  'en  .85o  par  l'Académie  des 
Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  7-^'-'-;  PJ"'  '^^  J;,;^:  ]^,^\,,oW  :  .<  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents 
Sciences  pour  le  concours  de  .80  ,et  P"^' ^'^Z'^'^  ^^l'f^l  -  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  - 
«terrains  sédimenlaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  supeipos.l.on.  uiscuie.  '  et  'ses  étals  antérieurs  «,  par  M.  le  Professeur  BaoNN,  in-4° 
«  Rechercher    la    nature   des    rapports   qui   existent  entre  l'état  actuel   du  règne   organique    et    ses  états  •'"^'^"^"■-       '   V ^^  ^_ 

avec   27  planches  ;   i86i 

...     ,      c  ■     -„„  oi  i,.c  Mpmnirpiî  nrésentés  nar  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 
A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  k.  Mémoires  présentes  par  aive 


N"  24. 

TABLE   DES  ARTICLES.     (Séance   du    17   juin    1901, 
H1É»Î0IRES  ET  COMMUrVICATIOIVS 

DES   MIÎMHHHS   ET    DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADËMIE. 


Pages, 
M.  Bertiiflot.  —  Recherches  sur  les  équi- 
libres  chimiques.     Formation    des    phos- 
phates insfilubles  par  ilouhie  décomposi- 
tion.   Pliosphate    de    soude    bibasique    et 

azotate  d'argent l'i'ig 

M.  A.    H.\LLER.    —  Sur   de  nouvelles  syn- 


Pages, 
thèses  effectuées  au  moyen  des  molécules 
renfermant  le  groupe  méthylène  associé  à 
un  ou  deux  radicaux  négatifs.  Action  de 
l'épichlorhydrine  et  de  l'épibromhydrine 
sur  les  élhers  benzoylacétiques  sodés. . .    .    i-'i^g 


IV03IÏIVATI0]\S. 


M.  Maut.vs  csl   élu   Correspondant   dans  la 
Section  d'Anatomieet  Zoologie  pour  rem- 


plir la  place  laissée  vacante  par  le  décès 

de  M  .  Marion i!\^(k 


iMEMOIUES  PRESENTES. 

M.  Alfred  Basin  adresse  un  résumé  de  ses            !   M.  Hosden  adresse  un  Mémoire  relatif  à  la 
difTérents  Mémoires  sur  les  aérostats i464    '        direction  des  aérostats i4t>4 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  un 
Ouvrage  de^M.  l'iero  Giacosa,  de  Turin, 
avec  Allas  in-folio,  ayant  pour  titre  : 
i<  Magistri  Salernitani  nonduni  edili  »...    i464 

M.  G.  BiGOURDAN.  —  Nébuleuses  nouvelles, 
découvertes  à  l'Observatoire  de  Paris 
(  équaturial  de  la  tour  de  l'Ouest  ; i465 

M.  Maurice  Ha.my.  —  Sur  l'emploi  du  sté-' 
réfiscope  en  Astronomie i4'J7 

M.  Habut.  —  Equalions  et  pi-opriétés  fon- 
damentales des  figures  autopolaires  réci- 
proques dans  le  plan  et  dans  l'espace....    1470 

M.  A.  HURWiïZ.  —  Sur  les  séries  de  Fourier.   1478 

M.  Mesnager.  —  Sur  l'application  de  la 
théorie  de  l'élasticité  au  calcul  des  pièces 
rectangulaires  fléchies 1475 

M.  E,  RoTHÉ.  —  Sur  les  forces  électromo- 
Irices  de  contact  et  la  théorie  des  ions...   1478 

MM.  Pu. -A.  GuYE  et  A.  Iîaud.  —  Constantes 
capillaires  de  liquides  organiques 1481 

M.  liuG.  Demarçay.  —  Sur  un  nouvel  élé- 
ment, l'europium i4s4 

M.  V.  TH0MA8.  -  Sur  les  chlorobromures  de 
lliallium ,/,8^ 

M.  R.  CuAVASiELON.  —  Dcs  réactions  de 
l'acétylène  avec  le  chlorure  cuivreux  dis- 
sous dans  une  solution  neutre  de  chlorure 
de  potassium ,,jgq 

Ebu.vta 


M.  DiMiTRY  Balachowsky.  —  Séparation  du 
cobalt  et  du  nickel  par  la  voie  électroly- 
tique 1^92 

M.  A.  Trillat.  —  Étude  de  l'action  de  con- 
tact sur  les  alcools  secondaires  et  ter- 
tiaires    1490 

M.  L.  Beille.  —  Sur  l'organogénie  floi-ale 
des  Discillores 1497 

M.  S.  Leduc.  —  Diffusion  dans  la  gélatine.   i5oo 

M.  Maurice  Nicloux.  —  Sur  la  présence  de 
l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  du  nou- 
veau-né    i5oi 

MM.  Gab.  Bertrand  et  R.  Sazerac.  —  Sur 
une  différenciation  biochimique  des  deux 
principaux  ferments  du  vinaigre i5o4 

M.  Mei^delssoiin.  —  Sur  les  courants  élec- 
trotoniques extrapolaires  dans  les  nerfs 
sans  myéline 1007 

M.  Louis  Lapicque.  —  Sur  le  temps  de 
réaction  suivant  les  races  ou  les  condi- 
tions sociales '5o9 

MM.  A.  Dksorez  cl  A.  Zaky.—  Influence  des 
lécithines  de  l'a-uf  sur  les  échanges  nutri- 
tifs     l5l2 

M.  P.  MiQUEL.  —  Sur  l'usage  de  la  levure 
de  bière  pour  déceler  les  communications 
des  nappes  d'eau  entre  elles i5i5 

i5i6 


PARIS.    -  l  ,VI  p  lu  M  |.;  K  I  E     G  .\  U  T  II I  H  R  -  V  (  L  L  A  R  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  ââ. 

Le  Gérant  :  Gautbibb-Villarb 


1901 

PUE^IIEll  SEMESTRE 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

H4H    Tlfl.    liKM   MRCHé'r.%IHB!«    PRRf*GT|TKt,<«. 


TOME   CXXXIÏ. 


N"  25  (24  Juin  1901). 


Va  lus. 


GAUTHIER-VILLAUS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    KENDUS    DKS    SÉANCES    DE    L'AGADÉilIE    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55.  * 

1901 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  18G2  et  24  mai  1875, 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennen  t 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  |)ar  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  étrangère  ne  pourra  paraître  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  même  de  la  séance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  môme 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Listructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  l'A- 
cadémie; cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
brc,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Aca.lém.e 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  èlre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à' 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  où  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  fairp  „ 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  nrér  h  V^®"'^""     ""  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 

P    ceae  la  séance,  avant  S"-.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  '24  JUIN  1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FOUQUÉ. 


31EMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE.  —  Equilibres  chimiques.  Réactions  de  deux  bases  mises  simuUanément 
en  présence  de  l'acide pliospJtorique;  par  M.  Bertiielot. 

«  Examinons  les  réactions  de  deux  bases  mises  simultanément  en  pré- 
sence de  l'acide  phosphorique.  Trois  cas  fondamentaux  peuvent  être  dis- 
tingués, suivant  le  rapport  entre  la  somme  des  valences  des  bases  qui 
tendent  à  s'unir  avec  une  molécule  d'acide  :  cette  somme  pouvant  être 
égale  à  une  valence  R,  soit  PO'RH-;  à  deux  valences  R^,  soit  PO*R^H; 
ou  bien  à  trois  valences  R',  soit  PO'  R'. 

»  J'envisagerai  seulement  le  cas  où  l'une  des  deux  bases,  telles  que 
la  soude  ou  l'ammoniaque,  envisagée  isolément,  forme  des  phosphates 
solubles,  tandis  que  l'autre  base,  monovalente  (oxyde  d'argent),  ou  biva- 
lente (chaux,  baryte,   magnésie,   etc.),  forme  des  phosphates  insolubles. 

C.  R.    1901,  I"  Semestre.  (T.   CXXXII,  N'  25.)  I  96 


(  i5i8  ) 

Le  rapport  PO'RH-  (phosphates  monovalents,  diis  phosphates  acides),  cor- 
respondant seulement  à  des  phosphates  solubles,  ne  fait  pas  varier  l'aci- 
dité ou  l'alcalinité  an  regard  des  colorants;  il  ne  rentre  pas  dès  lors  dans 
l'ordre  des  études  dont  je  m'occupe  en  ce  moment. 

»  Soit  d'abord  le  rapport  de  la  saturation  normale  des  phosphates, 
c'est-à-dire  PO^R^  J'ai  envisagé  les  bases  suivantes  :  soude  et  baryte, 
soude  et  chaux. 

»  I.  Faisons  agir  sur  une  molécule  d'acide  phosphorique,  PO*H%  deux 
équivalents  de  soude,  2NaOH,  et  un  équivalent  de  chaux,  c'est-à-dire  une 
demi-molécule,  ^GaO,  cette  dernière  base  étant  bivalente, 

»  PO'H'  +  aNaOH  -+-  |CaO,  ou,  pour  n'avoir  que  des  nombres  entiers, 
2PO^H'-i-4NaOH-f-CaÔ  ('). 

»  Ce  sont  ces  dernières  valeurs  qui  ont  été  employées  dans  le  cas  pré- 
sent. 

»  1.  Le  mélange  des  trois  liqueurs  étant  fait  aussi  rapidement  que  pos- 
sible, il  se  produit  un  précipité;  on  filtre  aussitôt  et  l'on  détermine  le  titre, 
à  l'aide  de  l'acide  chlorhydrique  en  pr-ésence  du  méthylorange  et  en  pré- 
sence de  la  phtaléine. 

»  2.  Une  portion  de  la  liqueur  filtrée  a  été  abandonnée  à  elle-même 
pendant  quarante-huit  heures;  il  s'est  produit  un  nouveau  précipité,  peu 
abondant  d'ailleurs.  On  a  filtré  et  titré  de  nouveau. 

»  3.  Un  mélange  pareil  au  système  initial  a  été  abandonné  à  lui-même, 
sans  filtration  au  début,  pendant  quarante-huit  heures;  puis  on  a  filtré  et 
titré  la  liqueur. 

»  Dans  tous  les  cas,  les  liqueurs  sont  alcalines  aux  deux  colorants. 
Elles  ont  exigé,  pour  être  neutralisées,  les  fractions  d'équivalent  de  H  Cl 
que  voici  : 

1.  2.  3. 

Méthylorange i«i,33  i"i,32  i^-i.Si 

Phtaléine 0*1,59  0^1,  Sg  o\  Sg 

»  Rappelons  que  le  méthylorange  est  neutre  pour  la  composition 
PO*RH'  et  la  phtaléine  pour  PO'R=H. 

)  La  liqueur  1  contenait  donc  0^1,59  de  PO'R^  soluble, 


(')  Composition  des  liqueurs  :   P0*H^=8''' 

NaOH  =  2o'i' 
CaO  =45"S 
H  Cl      =20'" 


(  i5i9) 
»  Dose   capable   de   saturer    0,69  x  2  =  i"^'',  i8    vis-à-vis  du    méthyl- 


orange. 


»  L'excès  1,33 — 1,18  — i^'',i5  représente  dès  lors  la  proportion 
de  PO' R"  H  soluble. 

»  Nous  avons  ainsi  o,  39 -h  o,  i5  =  o^o'j^^^  PO*H''  demeuré  en  disso- 
lution, sous  forme  de  sels  bi  et  tribasiques  ;  absence  de  sels  monobasiques; 

»  Et  par  conséquent  i"'°',26  PO*  H'  précipité  tout  d'abord,  à  un  degré 
de  saturation  qui  va  être  précisé. 

»   D'autre  part  ; 

0,59x3=  ',77R     (phosphate  trivalenl) 
o,  i5  X  2  =r  o,3oR     (phosphate  bivalent) 

Total .  .    .      2,07  R 

1)  Telle  est  la  valence  alcaline  de  la  liqueur. 

»  Or  nous  avons  employé  4NaOH  -+-  CaO,  somme  équivalente  à6R. 
»  L'équivalence  des  bases  contenues  dans  le  précipité   initial  est  dès 
lors  6  —  2,07  =  3,93 R. 

»  Ce  nombre  divisé  par  1,26,  soit  -^  =  3,i2. 

»  C'est  le  rapport  équivalent  des  bases  à  l'acide  phosphoriqne  dans  le 
précipité.  Il  est  fort  voisin  du  rapport  normal  PO'R^  ;  sauf  un  léger  excès, 
peut-être  attribuable  aux  erreurs  d'expérience. 

»  Observons  enfin  que  l'équivalence  des  bases  dans  le  précipité,  soit 
3,q3,  est  presque  double  de  l'équivalence  2,  qui  répond  à  la  molécule 
initiale  de  chaux,  CaO,  avant  concouru  à  la  précipitation.  Le  précipité 
renferme  donc  au  moins  2  équivalents  de  soude  2NaOH,  pour  une  molé- 
cule de  chaux,  CaO.  Ce  précipité  étant  sensiblement  tribasique  (3,r2  au 
lieu   de    3),   il    en    résulte   qu'il    répondrait   sensiblement  aux  rapports 

PO''Ca*Na%  si  l'on  admettait  que  toute  la  chaux  s'y  trouvât  contenue. 
Cette  hypothèse,  d'ailleurs,  n'est  pas  rigoureusement  exacte,  attendu  que 
la  liqueur  filtrée  a  perdu  o*"',©!  d'alcali,  contenu  dans  le  second  précipité. 
Par  suite  d'un  contact  prolongé  entre  la  liqueur  et  le  précipité  initial,  la 
perte  s'élève  même  à  0*1,02  d'alcali;  ce  qui  réduit  la  proportion  de 
PO'R-H  à  0*='!,  i3,  et  relève  la  proportion  de  PO'H'  précipité  à  i^^^aS. 
La  dose  de  phosphate  soluble  n'étant  plus  alors  que  2,o3  R,  l'équivalence 
des  bases  dans  le  précipité  devenait  3,97R,  dont  le  quotient  par  i,  28 

^  =  3,,. 


(     l520    ) 

»  Le  litre  alcalin  des  composants  initiaux,  estimé  au  méthylorange,  était 
6  —  2  =  4;  il  6St  tombé  à  i,33  :  variation,  2,67.  Estimé  à  la  phtaléiiie, 
6  —  4=2;  tombé  à  0,59  :  variation,  i,4i-  L'écart  de  ces  deux  nombres 
répondrait  à  i,26PO*H^  précipité. 

»  L'équation  de  la  réaction,  au  bout  de  quelque  temps,  serait  dès  lors 
la  suivante  : 

2P0*H'  -h  CaO  -+-  4NaOH 

=  1,28  PO* R^'O' insoluble  +  0,1 3 PO"  R=Hsoluble  +  o.SgPO'  R^'soluble. 

»  En  admettant  que  toute  la  chaux  soit  contenue  dans  le  précipité,  on 
aurait  sensiblement,  après  quarante-huit  heures, 

3  3 

1,28 PO* Ca'Na' précipité  +  o,  i3P0"Na^H  +  o,59PO*Na^ 

»  Au  début,  il  y  aurait  un  peu  moins  de  chaux  dans  le  précipité, 
o,02PO*H'  étant  combiné  à  une  portion  de  cet  alcali  demeuré  en  dissolu- 
tion. 

»  En  définitive,  la  proportion  de  PO'  H'  éliminé  par  précipitation  est 
presque  double  de  celle  que  l'on  aurait  pu  prévoir,  d'après  la  dose  de  chaux 
mise  en  œuvre,  soit  :  i™°',28  au  lieu  de  6°'°^,6'j. 

»  IL  Remplaçons  la  chaux  par  la  baryte,  pour  les  mêmes  proportions 
équivalentes.  Soit(') 

P0*H'  +  ^Ba0  +  2Na0H,     ou     2P0*H' +  BaO  +  4NaOH. 

En  opérant  exactement  de  même,  nous  avons 

3.  Mélange  initial 
1.  Liqueur  2.  Liqueur  filtré  après 

filtrée  conservée  quarante-huit  heures 

immédiatement.       quarante-huit  heures.  seulement. 

Méthylorange ri, 36  i'i,36  ii^ijOe 

Phtaléine 0*1,69  û'ijôS  0*1, 45 

Ainsi  la  liqueur  1  contenait  o*'i,69  de  PO^R'  soluble,  dose  capable  de 
saturer  i^'',38  d'acide  vis-à-vis  du  méthylorange. 

»  L'excès  1,38  —  i,38  étant  nul,  il  n'y  a  pas  à  ce  moment  de  PO^R-H 
soluble.  Nous  avons  dès  lors 

(jmoi  gg  de  PO*  H'  demeuré  en  dissolution, 
et  par  conséquent 

i'"°',3i  de  PO* H'  précipité  d'abord. 

(•)  BaO  =  i2'. 


(     l52I     ) 

D'autre  part, 

0,69  X  3  =  2,07 R  (phosphate  trivalent) 

représente  la  valence  alcaline  initiale  de  la  liqueur  filtrée,  valence  qui  est 
la  même  que  celle  de  la  chaux  dans  l'essai  précédent;  mais  cette  identité 
parait  accidentelle.  En  effet,  l'équivalence  des  bases  contenues  dans  le 

précipité   était  dès  lors  3,g3,  le  quotient -^  =  2,81    est  inférieur   au 

rapport  normal  3  et  montre  que  le  précipité  est  formé  dans  le  cas  présent 
par  un  mélange  de  phosphates  tri  et  bibasiques. 

»  En  outre,  l'équivalence  3,93  étant  presque  double  de  l'équivalence  2 
qui  répond  à  la  molécule  initiale  de  baryte,  BaO,  il  en  résulte,  comme 
plus  haut,  que  ce  précipité  renferme  au  moins  la  moitié  équivalente  de  ses 
bases  sous  forme  de  soude,  dans  l'hypothèse  où  il  contiendrait  toute  la 
baryte;  ou  davantage,  à  proportion  de  la  baryte  demeurée  dans  la  disso- 
lution. 

M  Une  fois  le  précipité  immédiat  séparé,  ces  proportions  ne  varient 
guère  dans  la  liqueur,  les  titres  respectifs  estimés  au  méthylorange  et  à  la 
phtaléine  demeurant  sensiblement  les  mêmes. 

M  Mais  il  en  est  autrement  si  l'on  maintient  le  précipité  en  contact  avec 
son  eau  mère  (n"  3).  Au  bout  de  quarante-huit  heures,  le  titre  estimé  à  la 
phtaléine  a  diminué  d'un  tiers;  estimé  au  méthylorange,  de  près  d'un 
quart.  Voici  ce  que  signifient  ces  diminutions. 

»  La  liqueur  3  ne  renferme  plus  (pie  o'"i,45  de  PO'R'  soluble,  dose 
capable  de  saturer  o'''i,90  d'acide  vis-à-vis  du  méthylorange. 

»  L'excès  1,06  —  0,90  =  o*'',  16  représente  PO*R*H  soluble.  Dès  lors 

o"«',45  +  o,  16  =  0,61  de  PO*  H' 

est  resté  en  dissolution,  et  par  conséquent  i™"',  39  PO'  H'  a  été  précipitée, 

dose  supérieure  à  celle  que  la  chaux  avait  précipitée  plus  haut. 

»  D'autre  part, 

0,45  X  3  =  1,35 

o,  16  X  2  =0,32 

Tolal i,67R 

telle  est  la  valence  alcaline  finale  de  l'eau  mère. 

»  Or  nous  avons  employé  4NaO  -+-  BaO,  somme  équivalente  à  6R. 

»   L'équivalence  des  bases  contenues  dans  le  précipité  final  est  dès  lors 

6  —  1 ,67  =  4  )33 


(     l522     ) 

D'ailleurs, 

4,33      ,     . 

5-  =3,13. 

Ce  chiffre  exprime  le  rapport  des  bases  à  l'acide  phosphorique  dans  le 
précipité. 

))  Ici,  comme  dans  le  cas  de  la  chaux,  il  y  a  un  excès,  excès  même  plus 
marqué  par  comparaison  avec  le  rapport  normal  PO*R'. 

»  En  outre,  l'équivalence  des  bases  dans  le  précipité  final,  soit  4.33, 
est  plus  que  double  de  l'équivalence  2,  qui  répondrait  à  la  molécule 
initiale  de  baryte  précipitante;  c'est-à-dire  que  la  dose  relative  de  soude 
entraînée  dans  le  précipité  est  supérieure  à  la  dose  équivalente  de  baryte 
que  ce  précipité  doit  contenir,  même  dans  l'hypothèse  où  il  ne  resterait 
pas  de  baryte  solid^le  dans  l'eau  mère. 

»  Le  titre  alcalin  des  composants  initiaux,  estimé  au  méthylorange,  était 

6-2=^4; 
il  est  tombé  aussitôt  à 

1,36     (variation  2,64) 

et  après  quarante-huit  heures  à 

1,06     (^variation  2,94). 

)>   Estimé  à  la  phtaléine 

0  —  4  =  2; 
il  est  tombé  aussitôt  à 

0,69     (variation  1 ,3 1) 

et  après  quarante-huit  heures  à 

0,45     (  /ariation  1,55). 

Or 

2,94  —  1,55  =  1,39  PO*  H'  précipité. 

»   L'équation  de  la  réaction  serait  dès  lors  la  suivante,  au  début  : 

2P0'H'  -f-BaO  +  4NaOH 

=  1 ,3iPO*R^'*'  insoluble  +  o,69PO*R'  soluble  +  o,25ROH  soluble  : 

et  après  quarante-huit  heures 

1, 3yPO*R=. "insoluble  +  o,i6P0*R=Hsoluble+  o,6iPO*R'soluble. 


(  '52:3  ) 

M  Eli  admettant  que  toute  la  baryte  soit  contenue  dans  le  préci|)ité,  les 
R'''=  de  ce  précipité  se  décomposeraient  sensiblement  en  Ba"''-'*-Na''". 

»  En  définitive,  la  proportion  de  PO* H'  éliminé  par  précipitation  est 
plus  que  double  de  celle  que  l'on  aurait  pu  prévoir,  d'après  la  dose  de 
baryte  mise  en  œuvre  :  soit  i™°',39  au  lieu  de  o™°',67. 

»  Etudions  maintenant  le  rapport  entre  l'acide  phosphorique  et  les 
bases,  qui  correspond  aux  phosphates  bibasiques, 

»  111.  POMi'-+-iCaO -^  NaOH  ou  2P0*H' +  CaO -I- uNaOH,  -  On 
opère  exactement  de  même. 

2.  Cette  liqueur      3.  Mélange  initial 
1.  Liiiueur  filtrée  après  4^''  filtré 

immédiatement.       léger  précipité.  après  48''. 

éq  é)|  cq 

Mélliylorange,  réaction  alcaline.      o,48  llCl  o,4oIICl  o,3gHCl 

Phlaléine,   réaction  aciile o,25  NaOH         o,25NaOH         0,29  NaOH 

»  La  liqueur  fdtrée,  dans  tous  les  cas,  est  acide  à  un  colorant  et  alcaline 
à  l'autre. 

M   Elle  contient  dans  la  liqueur  1 

0,48  PO  '  R-  H  soluble  +  o,25  PO*  RIl^ 

+  i,27PO*H^  précipité  sous  la  forme  R'  et  R-il. 

»   Le    phosphate    bibasique    soluble    diminue   d'abord  :  ce  qui    porl 
à  1,35 PO*  H-  précipité. 

»  Mais  par  l'effet  d'un  contact  prolongé  entre  le  précipité  et  la  liqueur, 
ces  rapports  sont  devenus  après  quarante-huit  heures 

0,39 PO* R=  II soluble  -h  0,29 PO* RH-  soluble  -h  i,32PO*H'  précipité. 

»  Au  début,  l'équivalence  des  bases  solubles  était 

o ,  48  X  2  —  o ,  96 

0,2.5  =rO,25 

1,21 
leur  valence  initiale  étant  égale  à  4- 

»  Il  en  résulte  que  leur  valence  dans  le  précipité  est  2,79,  dont  le 
quotient  par  i  ,27  égale  2,  20. 

»  Après  quarante-huit  heures,  l'équivalence  des  bases  solubles  étant 

0,78  +  0,29  =  1,07, 

leur  valence  dans  le  précipité  est  devenue  3,93,  dont  le  quotient  par  i,32 
égale  2,22. 


(  '524  ) 
»  La  quantité  de  phosphate  précipité  s'est  un  peu  accrue;  le  rapport 
des  bases  étant  notablement  supérieur  à  la  bibasicité. 

»  Le  titre  des  composés  initiaux,  estimé  au  méthylorange,  était 

4—2  =  2; 
il  est  tombé  aussitôt  à 

0,48     (variation  i,52); 

après  quarante-huit  heures,  à 

0,39     (variation  1,  61). 

»   Estimé  à  la  phtaléine 

4  —  4  =  o, 
il  a  changé  de  signe,  soit 

—  o,25     et     —  0,2g     (variation  o,25  et  0,29). 

»  D'où  résulte 

PO*  H' ^i""',  32 
finalement. 

»  La  proportion  de  PO^H'  précipité  est  double  à  peu  près  de  celle  qui 
répondrait  à  la  chaux  employée  à  former  du  phosphate  tribasique  :  soit 
0,67  PO^H^  pour  CaO.  Elle  est  supérieure  de  o™°',90  à  la  chaux  employée 
à  former  un  phosphate,  suivant  le  rapport  équivalent  2,22.  Il  y  a  donc  de 
la  soude  dans  le  précipité. 

))  IV.  PO'H^  +  iBaO  +  NaOH  ou  2P0*H'-t-Ba0  + 2NaOH.  -  Mêmes 
opérations  : 

2.  Liqueur       3.  Mélange  filtré 
!.  Liqueur  filtrée  après  après 

immédiatement.  4^  heures.  48  heures. 

Méthylorange  alcalin o'''!,  52  H  Cl  o,52  o,5i 

Phtaléine  acide o''i,o5  NaOH  o,o8  o,o5 

»  Ici,  il  n'y  a  guère  de  différence  entre  les  trois  liqueurs.  On  a  obtenu 

o,  52 PO* R=  H  soluble  +  o,  o5  PO  '  RH- 

+  i,43PO^H'  précipité  sous  forme  R'  et  R^H. 

»  L'équivalence  des  bases  solubles  étant 

0,52  X  2  -=  I  ,o4 

o,o5 

1109 


(  i525  ) 

»    La  valence  initiale  étant  4. 

»  La  valence  des  bases  dans  le  précipité  est  2.91,  dont  le  quotient 
par  1,43  est  2,o3. 

»  Le  précipité  est  donc  sensiblement  bibasique. 

»  Le  litre  alcalin  des  composés  initiaux,  estimé  au  méthyloranf>o, 
était  2;  il  est  tombé  à 

0,52     (variation  1,48) 

estimé  à  la  phtaléine  o,  il  a  changé  de  signe 

(variation  o,o5) 
d'où 

POn4^=i,43. 

»  La  proportion  de  PO' H'  précipité,  soil  i,43,  est  double  de  celle  qui 
répondrait  à  la  baryte,  supposée  changée  en  phosphate  tribasique,  soit 
0,67  PO' H*  par  BaO. 

»  Elle  est  su|)érieure  de  o,43  à  celle  qui  répondrait  à  toute  la  baryte 
changée  en  phosphate  bibasique;  c'est-à-dire  qu'une  partie  de  la  soude  a 
été  précipitée  simultanément; 

»  Tous  résultats  concordant  avec  les  précédents. 

»  Le  fait  de  la  séparation  sous  forme  insoluble  d'une  traction  de  soude 
aussi  considérable  dans  toutes  ces  réactions,  opérées  avec  deux  bases 
simultanément,  mérite  une  attention  particulière,  au  point  de  vue  des 
méthodes  générales  employées  dans  l'analyse  pour  séparer  les  alcalis  pro- 
prement dits  des  terres  alcalines.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  les  radicaux  acétylomélathques ; 
par  M.  lÎERTiiRr.OT. 

«  J'ai  repris,  en  1899,  dans  un  travail  exécuté  en  commun  avec  M.  De- 
lépine('),  l'étude  des  dérivés  métalliques  de  l'acétylène,  qui  m'avaient 
d'abord  occupé  d'une  manière  générale,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  à  une 
époque  oîi  l'acétylène  était  une  substance  rare,  d'une  préparation  pénible; 
nous  avons  montré  que  cette  étude  confirme  la  vue  première,  en  vertu 
de  laquelle  j'avais  envisagé  ces  dérivés  comme  correspondant  aux  dérivés 


(')  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  7*  série,  l.  XIX,  p.  5;  1900. 

G.  R.,  njo,.  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  25.)  I97 


(  i526  ) 

métalliques  de  Tammoniaque  et  de  l'hydrogène  sulfuré,  c'est-à-dire  aux 
sulfures  SM'  et  SMH  et  aux  azotures  AzM',  AzM-H  et  AzMH'. 

»  Ces  composés  correspondent  aux  acétylures  C-M^  et  C^MH,  tandis 
que  les  ammoniums  composés  du  type  AzR^  correspondent  à  des  radicaux 
acétyliques  du  type  C*R',  dans  lequel  R'  représente  une  certaine  somme 
d'hydrogène  et  de  métal. 

»  Tels  sont,  d'après  nos  analyses,  les  dérivés  de  l'argentacétyle  C^  Ag^  : 
azotate,  sulfates  simples  et  doubles;  chlorures  et  iodures  simples  et 
doubles;  ainsi  que  les  dérivés  du  cuprosacétyle  (trisubstitué)  C^Cii'  :  par 
exemple  l'iodure  double  (C^Cu')I.CuI. 

»  Peut-être  ne  sera-t-il  pas  inutile  de  montrer  comment  les  analyses 
intéressantes  que  M.  Chavastelon  a  publiées  dans  ces  derniers  temps  sur 
divers  composés  acétylocuivreux  peuvent  être  interprétées  par  la  même 
théorie. 

»  1.  Tel  est  un  composé  nouveau,  qu'il  a  obtenu  au  moyen  du  chlorure 
cuivreux  en  solution  chlorhydrique,  lequel  répond  à  la  formule  brute 

CH^.Cu-'Cl^ 

»  Cette  formule  peut  être  écrite  d'une  autre  façon,  savoir  : 

(C=H^Cu)Cl.CuCl     (•); 

c'est  un  chlorure  double  de  cuprosacétyle  (monosubstitué),  correspondant  à 
l'iodure  double  d'argentacétyle 

(C''Ag')Cl.AgCI 

et  à  l'iodure  double  de  cuprosacétyle  (trisubstitué) 

(C=Cu')I.CuI, 

composés  que  nous  avons  préparés  et  analysés. 

»  Si  l'on  regarde  la  molécule  de  chlorure  cuivreux  comme  renfermant 
2  atomes  de  chlore, 

c:  j  Cl-. 

les  composés  précédents  répondent  aux  formules  dérivées 

Cu      1   "^^  •  Gu     P  • 

(')  Ou  bien  C-'HGii-GI.  IIGI,  clilorhydrale  de  cuprosacétyle  disubstitué. 


(  i527  ) 

»  L'accumulation  du  cuivre  dans  le  second  composé  correspond  au  carac- 
tère plus  foncé  de  sa  coloration. 

»  2.  Le  chlorure  double  précédent,  traité  par  l'eau,  se  décompose  en 
fournissant  un  autre  composé,  susceptible  également  d'être  préparé  au 
moyen  des  solutions  de  chlorure  cuivreux  dans  le  chlorure  de  potassium. 
C'est  un  corps  pourpre,  que  j'ai  découvert  en  1866,  et  désigné  sous  le  nom 
de  chlorure  de  cuprosacélyle.  M.  Chavastelon  représente  ses  analyses  par  la 
formule  brute 

CMi^Cu-Cl».Cu-0. 

»   Cette  formule  peut  être  écrite  autrement 

(C'CiiMCl.CuCl  +  H-O     ou     ^'^"\U:r-.H-(). 

)>  Il  s'agit  donc  d'un  chlorure  double  de  cuprosacélyle  (trisubstilué),  cor- 
respondant précisément  à  notre  iodure  de  cuprosacélyle,  rappelé  plus 
haut. 

»  J'avais  également  signalé  l'existence  de  certains  sels  doubles,  chlo- 
rures doubles  de  cuprosacétyle  et  de  potassium . 

»  Deux  de  ces  sels  ont  été  analysés  par  M.  Chavastelon;  l'un  est  ex- 
primé par  la  formule  brute 

C-H»(Cu-Cl-)-K.CI, 
l'autre  par 

C-H=[(Cu='Cl  =  )-RCl]^ 

»  La  première  répond  évidemment  à  la  constitution  suivante  : 

(C-H^Cu)Cl.CuCl  -t-  Cu^'CP.KCl, 
et  la  seconde  à 

(C-ll-Cu)Cl.CuCl4-  2(Cu='Cl-.RCl). 

»  Les  réactions  de  ces  divers  copiposés  sont  d'ailleurs  conformes  à  la 
constitution  que  je  leur  attribue.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Synthèse  d\(n  colorant  dcrivé  du  diphcnylènephényl- 
mèthane.  Note  de  MM.  A.  Haller  et  A.  Guyot. 

«   Les  recherches  qui  font  l'objet  de  cette  Note  ont  eu  pour  but  de 
résoudre  le  problème  suivant  :  étant  donné  un  colorant  dérivé  du  triphé- 


(  i528  ) 

nylraéthane,  comme  le  violet  cristallisé  par  exemple,  quelles  modifications 
subit-il  dans  ses  propriétés  lorsqu'on  le  transforme,  par  soudure,  enortho 
de  deux  noyaux  phényliques,  en  un  colorant  dérivé  du  phénylfluorène? 

»  Bien  que  le  phénvlfluorène  soit  connu  depuis  longtemps  et  qu'on 
puisse  l'obtenir  facilement  par  différentes  méthodes,  on  n'a  pas  encore 
préparé  de  colorant  dérivé  de  ce  carbure.  C'est  à  peine  si  l'on  peut  men- 
tionner que  M.  Schwarz  {Ber.  deulsche  chem.  Ges.,  t.  XIV,  p.  i5ii)  et 
MM.  R.  Meyer  et  Paul  {Ber.  deutsche  chem.  Ges.,  t.  XXV,  p.  3587)  ont 
observé  une  coloration  violette,  d'ailleurs  très  peu  intense,  par  nitration 
et  réduction  du  diphénylènephénylmétliane,  et  une  coloration  bleu  vert, 
d'une  certaine  intensité,  en  additionnant  d'ammoniaque  une  solution 
alcoolique  du  produit  brut  de  nitration  du  carbure. 

»  Nous  nous  sommes  proposé  de  préparer  ces  colorants  en  soumettant 
à  la  diazotation  certains  dérivés  ortboamidés  du  triphénylméthane,  procédé 
qui  nous  a  été  suggéré  :  1°  par  les  recherches  de  MM.  O.  Fischer  et 
H.  Schmidt  {Ber.  deutsche  chem.  Ges.,  t.  XXVII,  p.  2786)  qui,  en  diazotant 
l'orthoamidodiphénylméthane,  l'ont  transformé  en  fluorène;  2"  par  les 
essais  de  M.  Staeder  {Ber.  deutsche  chem.  Ges.,  t.  XXVII,  p.  3363),  qui  a 
réussi  à  préparer  le  fluorénone  et  l'oxyfluorénone  en  diazotant  l'ortho- 
amidobenzophénone  et  le  diorthoamidobenzophénone;  3°  par  les  résultais 
de  MM.  Grœbe  et  Ullmann  {Ber.  deutsche  chem.  Ges.,  t.  XXIX,  p.  1876) 
qui  obtiennent  uniquement  de  l'oxyde  de  biphénylène  par  diazotation  de 
l'oxyde  de  biphényle  orthoamidé. 

»  Nos  premières  recherches  ont  porté  sur  la  diazotation  de  l'hexanié- 
thyltriamidotriphénylméthane  orthoamidé  ou  ieucobasedu  violet  cristallisé 
orthoamidé, 

(LH  )  AzC  H  ^H^^,.,j^3^^^^jj3^,_ 

\AzH- 

base  qui  s'obtient  facilement,  soit  en  condensant  l'hydrol  de  Michler  avec 
la  uiéta-amidodiméthylaniline,  soit  en  nitrant  et  réduisant  la  leucobase  du 
violet  cristallisé. 

»  I  °  Diazotation  de  la  hase  en  milieu  chlorhydrique.  —  Bien  que  nous  ayons 
fait  varier  de  toutes  les  façons  posbibles  les  conditions  de  la  diazotation, 
nous  n'avons  jamais  réussi  à  obtenir  le  dérivé  fluorénique  cherciié.  En 
milieu  très  dilué  et  faiblement  acide,  le  produit  de  la  réaction  est  presque 
uniquement  constitué  par  de  Vhexaméthyltriamidotriphénylméthane  o.-hy- 


(     1^29    ) 

C»H*Az(CH')' 

droxylé  (CE')-.  \z.C' H  ■.Cli-C H' (^^"l        ^  ■  Ce  composé,  qui  n'a  pas 

encore  été  décrit,  et  qu'on  obtiendrait  probablement  avec  plus  de  facilité 
en  condensant  l'hydrol  île  Michler  ou  tétraniéthyldiamidobenzhvdrolavecle 
méta-amidophcnol,  cristallise  dans  l'alcool  en  fines  aiguilles  fondant  à  170", 
insolubles  dans  la  potasse  aqueuse,  mais  solublesdans  lapotassealcoolique. 
Oxydé  en  milieu  alcoolique  par  le  chloranile,  il  donne  un  violet. 

»  Au  fur  et  à  mesure  qu'on  augmente  la  richesse  en  acide  cblorhydrique 
du  milieu  dans  lequel  s'eflectue  la  diazotation,  on  observe  la  formation  de 
quantités  croissantes  d'un  composé  que  nous  avons  identifié  avec  le  pro- 
duit de  condensation  de  l'hydrol  de  Michler  avec  la  métachloroilimcthyla- 
niline;  ce  composé  est  donc  la  leucobase  du  violet  cristallisé  orthochloré. 
I^orsqu'on  opère  en  milieu  cblorhydrique  concentré,  même  en  l'absence 
de  chlorure  cuivreux  et  de  cuivre  métallique,  cette  leucobase  se  forme 
avec  un  rendement  presque  théorique  et  constitue  le  produit  unique  de  la 
réaction. 

»  Ce  dérivé  chloré  (CH' j'AzCH'Cl  .CH.[C*H'Az(CH')^]=  ne  figure 
point  dans  la  littérature  chimique.  Il  cristallise  en  fines  aiguilles  blanches 
fondant  à  97°,  très  peu  solubles  dans  l'alcool  bouillant,  mais  très  solubles 
dans  le  benzène  et  le  chloroforme.  Oxydé  au  moyen  du  bioxyde  de  plomb 
et  de  l'acide  acétique,  il  donne  un  colorant  bien  cristallisé  qui  teint  la  laine 
en  bain  neutre  en  un  bleu  pur  ne  présentant  aucune  particularité  intéres- 
sante. 

»  2"  Diazotation  en  milieu  sulfurique.  —  En  étudiant  systématiquement 
les  difierents  facteurs  de  la  diazotation,  nous  avons  réussi  à  déterminer  les 
conditions  dans  lesquelles  on  obtient  le  meilleur  rendement  eu  dérivé 
fluorénique,  rendement  qui  ne  dépasse  cependant  pas  35  pour  100  de  la 
théorie. 

»  En  milieu  sulfurique  fortement  étendu  d'eau,  on  n'obtient  que  de 
rhexaméthyltriamidotrij)hénylméthane  ortho-hydroxylé  décrit  plus  haut. 
Mais  au  fur  et  à  mesure  qu'on  opère  dans  des  milieux  plus  riches  en  acide 
sulfurique,  on  constate  que  le  diazoïque  formé  est  de  plus  en  plus  stable, 
c'est-à-dire  ne  se  décompose  qu'à  des  températures  de  plus  en  plus  élevées, 
puis,  à  partir  d'une  certaine  richesse  en  acide  sulfurique  qui  correspond 
approximativement  à  parties  égales  d'eau  et  d'acide  concentré,  on  constate 
la  formation  d'un  produit  secondaire  qui  est  le  dérivé  fluorénique  cherché. 


(  i53o  ) 

Les  meilleures  conditions  pour  obtenir  de  notables  quantités  de  ce  dérivé 
sont  les  suivantes  : 

»  On  dissout  19^', 4  (.ys  ^^  molécule  de  leucobase  orthoamidée  dans 
5o"'^  d'acide  sulfurique  concentré  et  30"=*^  d'eau,  et,  à  la  solution  refroidie 
vers  0°,  on  ajoute  3^', 45  d'azotite  de  soude  pur  et  5o'''=  d'acide  sulfurique 
concentré. 

»  On  laisse  reposer  pendant  une  demi-heure,  puis  on  chauffe  le  mélange 
au  bain-marie  bouillant  jusqu'à  décomposition  complète  du  diazoïque.  On 
étend  d'eau,  on  ajoute  quelques  centimètres  cubes  d'éther  et  l'on  neutra- 
lise par  du  carbonate  de  soude.  Le  précipité  cristallisé  qui  se  forme  est 
constitué  par  un  mélange  d'hexaméthyltriamidotriphénylméthane  ortho- 
hydroxylé  et  d'iiexaméthyltriamidophénylfluorèiie  qu'on  traite  par  une 
solution  alcoolique  de  potasse  dans  laquelle  seul  le  dérivé  hydroxylé  est 
soluble.  Après  séparation  et  lavage  à  l'eau  bouillante,  le  composé  fluoré- 
nique  est  purifié  par  des  cristallisations  dans  le  benzène  bouillant. 

X  Uhexaméthyltriamidophényljluorène  se  présente  sous  la  forme  de  fines 
aiguilles  blanches,  très  solubles  dans  l'alcool,  peu  dans  la  benzine  froide, 
mais  assez  solubles  dans  la  benzine  bouillante  et  fondant  à  214"-  Oxydé 
par  le  chloranile  en  solution  alcoolique,  il  donne  une  coloration  vert  bleu 
qui  vire  au  bleu  violacé  par  addition  d'eau.  L'analyse  conduit  à  la  formule 
C^H-^Az'. 

»  Ce  corps  formé  aux  dépens  de  l'hexaméthyltriamidotriphénylméthane 
orthoamidé  suivant  la  réaction  : 

[(CH')2G«n*]SCH.G«H3^'^^Jj^*^')VAzO^Na-t-2SO*H2 

\Azri 

\Az  =  AzSO'll 

(CH')"-AzCqi'-CH-CMi'/'t^^*^'ï''^'    ,„ 
^  \Az  =  AzSO'H 

G«H»-Az(CIP)= 

=  SO*  H^ -t- Az"- +  . .  / 

(GH3)-^Az/         /CH^' 


^Az(GH')2 


\ ^Az(GIP)= 

est  donc  bien  un  dérivé  du  phénylfluorène. 

»    Si  l'on  considère  que  ce  composé  fluorénique  ne  prend  naissance  que 
par  diazotation  eu  milieu  sullurique  presque  concentré  et  qu'il  est  toujours 


(  i53i  ) 

accompagné  d'hexaméthvltriamidotriphénylmélhane-o.-hydroxylé,  on  est 
tenté  d'expliquer  sa  formation  par  une  action  secondaire  et  déshydratante 
de  l'acide  sulfurique  sur  le  dérivé  hydroxylé  primitivement  formé  : 


X         >A.(CH 

3). 

(CH3)Az(     )ch(    ;«h! 

\(         )Az(CH3)^ 

/ 

/\ 

z=H'0  +  (CH3)=Az('         y^^K 

\/ 

\ 

,Az(CH')2 


^Az(CH'r-. 


»  Pour  vérifier  s'il  en  est  ainsi,  nous  avons  chauffé  le  dérivé  hydroxylé 
dans  les  conditions  les  plus  diverses  avec  de  l'acide  sulfurique  concentré 
sans  jamais  réussir  à  opérer  la  condensation  fluorénique. 

»  Bleu Jluorê nique  :  C^'H-"  Az'Cl  +  2,5H^O.  —  L'hexamélhyltriamido- 
phénvlfluorène  est  une  leucobase  au  même  titre  que  l'hexaméthyltri- 
amidotriphénylméthane,  et  fournit  par  oxydation,  au  moyen  de  la  quantité 
théorique  de  bioxyde  de  plomb,  un  colorant  dont  le  chlorhydrate  cristal- 
lise avec  une  extrême  facilité  en  aiguilles  ou  en  feuillets  à  reflets  fortement 
cuivrés,  assez  solubles  dans  l'eau  à  chaud,  mais  complètement  insolubles 
dans  l'eau  additionnée  de  chlorure  de  sodium.  Le  colorant  présente  cette 
particularité  de  se  dissoudre  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  avec  des  colora- 
tions bien  différentes;  ses  solutions  aqueuses  sont  bleu  verdàtre. 

»  Ces  dernières,  additionnées  d'éther,  laissent  déposer  le  colorant  en 
longues  aiguilles  à  reflets  métalliques,  renfermant  deux  molécules  et  demie 
d'eau  de  cristallisation.  Il  ressort  de  la  comparaison  que  nous  avons  faite 
de  ce  nouveau  colorant  avec  le  violet  cristallisé,  que  l'introduction  d'une 
liaison  fluorénique  dans  ce  violet  pousse  la  nuance  vers  le  bleu,  comme  le 
fait  d'ailleurs  toute  substitution  en  ortho  dans  cette  molécule,  sans  provo- 
quer aucune  modification  essentielle  dans  les  propriétés  tinctoriales.  La 
nouvelle  matière  colorante  est  aussi  sensible  aux  acides  et  aux  alcalis  que 
le  violet  hexamélhylé  et  un  peu  plus  solide  à  la  lumière;  elle  présente  une 
moindre  affinité  pour  les  fibres  animales  et  une  légère  substantivité  vis- 
à-vis  des  fibres  végétales.  Elle  possède  sensiblement  la  même  intensité  que 
le  violet  cristallisé  et  ne  manifeste  aucune  fluorescence.  » 


(  i532  ) 


PHYSIOLOGIE  APPLIQUÉE.  —  Outillage  très  simple  et  très  sûr,  d'application 
aussi  rapide  que  facile,  pour  rendre  inoffensifs  le  séjour  et  le  travail  de 
l'homme  dans  les  atmosphères  irrespirables  contaminées  par  des  gaz 
délétères;  par  M.  A.  Chauveac,  avec  la  collaboration  de  M.  J.  Tissot. 

«  L'outillage  en  question  a  pour  organe  essentiel  un  appareil  à  sépa- 
ration des  courants  d'air  inspiré  et  expiré,  appareil  qui  est  employé 
depuis  trente  ans  dans  les  divers  laboratoires  de  physiologie  normale  ou 
pathologique  par  où  j'ai  passé,  soit  à  l'École  vétérinaire  et  à  la  Faculté 
de  Médecine  de  Lyon,  soit  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  Le  modèle 
que  je  présente  ici,  le  plus  perfectionné,  a  été  spécialement  construit  en 
vue  de  mes  éludes  d'énergétique  biologique.  La  description  s'en  trouve 
dans  le  Tome  I"  du  Traité  de  Physique  biologique,  page  ySo. 

»  Cet  appareil  répond  aux  indications  suivantes  qu'imposent  rigoureuse- 
ment les  études  sur  les  échanges  respiratoires  dans  les  diverses  conditions 
de  repos  et  de  travail  : 

»  1°  S'adapter  aux  voies  normales  et  habituelles  du  courant  d'air  inspiré 
ou  expiré,  c'est-à-dire  aux  cavités  nasales  et  non  à  la  cavité  buccale  ; 

M  2°  Rapprocher  le  plus  possible  de  la  porte  d'entrée  de  l'air  dans  l'or- 
ganisme le  système  des  soupapes  destinées  à  opérer  la  séparation  des  deux 
courants  :  cela  dans  le  but  d'éviter  d'allonger  le  canal  commun  et  d'ac- 
croître la  quantité  d'air  vicié  entraînée  de  nouveau  dans  le  poumon  à 
chaque  inspiration  ; 

»  3°  Donner  aux  soupapes  la  plus  grande  mobilité  possible  et  les 
construire  de  manière  à  prévenir  toute  adhérence  avec  les  contours  des 
orifices  qu'elles  sont  chargées  d'ouvrir  et  de  fermer  alternativement  ; 

)i  4°  Réduire  le  volume  et  le  poids  de  l'appareil  au  point  d'en  rendre  la 
présence  indifférente  au  sujet  et  fixer  cet  appareil  assez  solidement  pour 
qu'il  ne  soit  exposé  à  aucun  déplacement  intempestif  pendant  les  mouve- 
ments du  sujet. 

»  Il  suffit  de  voir  l'appareil  en  place,  en  train  de  fonctionner,  pour 
constater  que  ces  diverses  indications  sont  parfaitement  réalisées. 

»  Des  embouts  de  verre  s'introduisent  à  frottement  dans  les  narines  et 
sont  reliés  par  des  raccords  en  caoutchouc  mince  au  reste  de  l'appareil. 

»   Celui-ci  se  compose  d'un  tube  transversal,  qui  porte  au  milieu  les 


(  i533  ) 

courts  branchements  raccordés  avec  les  embouts  respirateurs.  A  l'inté- 
rieur de  ce  tube  formé  de  plusieurs  parties  démontables,  pour  faciliter 
l'ajustage  et  le  nettoyage,  existent  les  deux  systèmes  de  soupapes  :  minces 
disques  d'aluminium  lâchement  articulés,  s'appliquant  exactement  sur  les 
bords  tranchants  d'orifices  qui  sont  taillés  en  biseau  et  ne  collant  jamais, 
en  raison  de  la  faible  étendue  des  surfaces  de  contact  et  malgré  l'humidité 
abondante  qui  baigne  constamment  ces  orifices,  tout  au  moins  celui  qui 
sert  au  passage  de  l'air  expiré.  Il  est  impossible  d'imaginer  une  plus  grande 
mobilité  pour  des  soupapes  respiratoires.  L'espace  compris  entre  les  deux 
systèmes  est  si  restreint  et  si  rapproché  des  narines  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  étant  absolument  négligeable  la  quantité  d'air  déjà  respiré 
que  l'air  inspiré  est  exposé  à  entraîner  avec  lui  au  moment  où  il  traverse 
cet  espace. 

»  Enfin  le  poids  total  et  le  volume  de  cet  appareil  sont  également  négli- 
geables. Fixé  au  devant  de  la  bouche  et  du  menton  qui  lui  sert  de  point 
d'appui,  il  est  relié  par  des  cordons  d'attache  à  une  calotte  en  cuir 
appliquée  sur  le  sommet  de  la  tête.  Cet  appareil  est  si  peu  gênant  que  les 
sujets  employés  dans  mes  expériences  de  travail,  sur  la  roue  de  Hirn,  l'ont 
porté  pendant  de  longues  suites  d'heures  sans  avoir  jamais  été  le  moins 
du  monde  incommodés  et  sans  que  l'appareil  ait  été  exposé  au  moindre 
dérangement  ou  déplacement. 

»  Ces  expériences  portaient  sur  l'énergétique  musculaire.  On  avait  à 
recueillir  fréquemment  l'air  expiré  dans  la  cloche  spirométrique  ad  hoc. 
Alors,  il  (allait  avoir  recours  à  un  tube  intermédiaire  reliant  cette  cloche 
à  l'appareil  respirateur.  Quoique  ce  tube  intermédiaire  n'ait  pas  moins 
de  4  mètres,  avec  un  diamètre  variant  entre  i5™™  et  iS""  seulement,  le 
sujet  n'éprouvait  aucune  gêne. 

»  Cela  nous  suggéra  l'idée  d'essayer  s'il  en  serait  de  même  à  l'inspira- 
tion. Le  résultat  fut  excellent.  On  fit  inspirer  le  sujet  à  travers  un  tube 
de  lo  mètres  de  longueur  et  de  i8"""  de  diamètre.  Les  muscles  inspira- 
teurs s'adaptèrent  si  vite  à  cet  appendice  qu'au  bout  de  quelques  instants 
le  sujet  n'avait  plus  conscience  de  l'accroissement  de  résistance  qui  était 
apporté  au  passage  de  l'air.  On  ajouta  ensuite  un  tube  de  lo  mètres  de 
longueur  et  25""  de  diamètre,  sans  que  le  sujet  perçût  le  moindre  chan- 
gement. En  somme,  il  était  démontré  que  le  sujet  porteur  de  notre  appareil 
pouvait,  sans  gêne  aucune,  prendre  à  une  très  grande  distance  de  sa  per- 
sonne l'air  nécessaire  à  la  fonction  respiratoire.  Et  il  apparaissait  que  cette 
distance  pût  être  accrue  en  quelque  sorte  indéfiniment,  à  la  condition  d'ac- 

C.  R.,   igoi,  1"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N»  26.)  I98 


(  i534  ) 
croître  la  section  des  tubes  proportionnellement  à  l'accroissement  de  leur 
longueur. 

»  En  tout  cas,  on  peut  voir,  par  l'exemple  mis  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie, l'absolue  confiance  que  mérite  ce  mode  de  respiration.  Le  sujet  qui 
fournit  cet  exemple  prend  l'air  à  20  mètres,  à  travers  un  tube  de  25""^  de 
diamètre.  L'aisance  respiratoire  est  si  grande  qu'on  pourrait  probablement 
doubler  la  longueur  du  tube  sans  introduire  une  gène  sensible  dans  l'appel 
de  l'air  inspiré. 

»  Examinons  maintenant  l'utilisation  possible  de  ce  dispositif  pour  les 
secours  à  porter  dans  les  caves,  puits,  fosses  d'aisances,  égouls  ou  autres 
locaux  envahis  par  des  gaz  irrespirables  ou  délétères. 

»  Notre  outillage  est,  pour  cet  objet,  particulièrement  précieux,  en  ce 
qu'il  est  très  peu  encombrant,  très  léger,  facilement  transportnble  et  qu'il 
peut  être  appliqué  au  sujet  sauveteur  en  moins  d'une  minute. 

))  Un  seul  point  restait  indéterminé,  à  savoir  si  les  sujets  plongés  dans 
une  atmosphère  délétère  ne  sont  pas  susceptible  de  s'intoxiquer  par  la 
peau  et  les  muqueuses  extérieures.  D'un  autre  côté,  il  fallait  s'assurer  pra- 
tiquement que  le  fonctionnement  des  soupapes  de  l'appareil  nasal  est 
assez  parfait  pour  garantir  contre  toute  intoxication  accidentelle.  C'est  à 
quoi  l'on  s'est  appliqué  dans  les  expériences  suivantes  : 

»  Expérience  I  {sur  le  chien).  —  Deux,  sujets  de  même  taille,  attachés  chacun  sur 
une  planchette,  sont  introduits  dans  un  espace  confiné  (caisse  de  35o  litres  de  capacité 
destinée  à  l'étude  des  échanges  respiratoires).  L'un  des  sujets  ne  subit  aucune  prépa- 
ration. Il  servira  de  témoin.  L'autre  est  trachéotomisé  et  l'appareil  à  soupapes,  fixé 
à  côté  de  lui,  sur  un  pied,  est  relié  au  tube  trachéal.  Grâce  à  un  raccord  en  caout- 
chouc qui  unit  l'extrémité  aspirante  de  l'appareil  à  une  des  tubulures  qui  traversent 
les  parois  de  la  caisse,  le  sujet  respire  l'air  de  la  pièce  où  l'on  opère,  tandis  que  le 
sujet  témoin  est  obligé  de  respirer  l'air  intérieur  de  la  caisse. 

»  Â  cet  air  on  substitue  rapidement  le  gaz  d'éclairage,  à  l'aide  d'une  large  prise 
qu'on  fait  communiquer  avec  une  tubulure  de  la  partie  supérieure  de  la  caisse,  une 
tubulure  de  la  partie  inférieure  restant  ouverte. 

»  Au  bout  de  quelques  minutes,  l'air  qui  s'échappe  par  cette  dernière  tubulure  a 
franchement  l'odeur  du  gaz  d'éclairage.  On  observe  alors  les  sujets  à  travers  la  vitre 
qui  éclaire  l'intérieur  de  la  caisse.  Le  sujet  témoin  ne  respire  plus,  tandis  que  l'autre 
paraît  plein  dévie.  Le  courant  du  gaz  d'éclairage  à  travers  la  caisse  est  continué 
pendant  deux  heures.  N'était  l'air  rejeté  par  le  survivant  à  chaque  expiration  dans 
la  caisse,  on  pourrait  affirmer  que  son  corps  est  resté  tout  ce  temps  plongé  dans  une 
atmosphère  de  gaz  d'éclairage.  Toutefois,  le  bruit  des  soupapes  indique  que  le  sujet 
continue  à  respirer  avec  la  plus  grande  régulaiilé.  On  arrête  alors  l'expéiience,  parce 
que  le  gaz,  malgré  les  fenêtres  ouvertes,  commence  à  indisposer  les  assistants  et  pour- 


(  i535  ) 

rail  aussi  indisposer  le  patient  en  s'introduisant  dans  l'ouverture  destinée  à  l'entrée 
de  l'air  inspiré. 

.)  Le  couvercle  de  la  caisse  enlevé,  on  constate  que  l'animal,  à  côté  du  cadavre  de 
son  camarade,  a  conservé  toute  sa  vivacité.  Ce  résultat  heureux  était  bien  le  fait  de 
l'appareil  à  soupapes,  car,  l'appareil  supprimé  et  la  caisse  refermée,  un  nouvel  enva- 
hissement de  celle-ci  par  le  gaz  d'éclairage  tue  le  sujet  en  quelques  minutes. 

»  Expérience  II  (sur  l'homme  :  M.  Tissot).  —  C'est  une  expérience  d'essai,  dans 
un  milieu  irrespirable,  mais  d'une  toxicité  faible  ou  douteuse.  On  s'adresse,  en  effet, 
à  l'acide  carbonique.  L'enceinte  adoptée  pour  cette  expérience  a  585o'''  de  capacité. 
Elle  appartient  au  grand  calorimètre  à  rayonnement  du  laboratoire  et  avait  été  dis- 
posée pour  l'étude  du  travail  musculaire  de  l'homme  sur  la  roue  de  Hirn.  Obligé  de 
suspendre  temporairement  les  expériences  coûteuses  pour  lesquelles  cet  appareil  a 
été  installé,  j'ai  été  heureux  de  pouvoir  l'utiliser  dans  la  présente  circonstance. 

»  Le  sujet  s'introduit  dans  cette  enceinte  par  le  trou  d'homme,  avec  un  chien  té- 
moin attaché  sur  une  planche.  Celui-ci  est  placé  sur  un  tabouret  et  le  sujet  s'assied 
sur  un  autre,  un  peu  plus  bas,  après  avoir  relié  le  système  respirateur  fixé  aux 
narines  à  deux  des  tubulures  qui  traversent  les  parois  de  l'enceinte. 

»  A  io''i5'°  commence  l'écoulement  de  l'acide  carbonique  dans  la  partie  inférieure 
de  l'enceinte.  Ce  gaz  arrive  à  io''4o"'  à  la  hauteur  du  chien,  qui  se  montre  très  ma- 
lade. A  io''45,  celui-ci  succombe.  Toute  la  provision  d'acide  carbonique  réservée  à 
cette  expérience  est  passée  dans  l'enceinte  à  1 1""  lo™.  Une  ventilation  énergique  opère 
alors  le  mélange  du  gaz  irrespirable  avec  l'air  restant  et  le  sujet  demeure  encore  un 
quart  d'heure  dans  ce  milieu.  Il  sort  de  l'enceinte  à  ii''25"'. 

»  Le  séjour  dans  l'atmosphère  carbonique  a  donc  duré  une  heure  dix  minutes.  Pen- 
dant ce  laps  de  temps,  la  circulation  et  la  respiration  du  sujet  n'ont  éprouvé  aucun 
trouble.  Mais  l'effet  irritant  du  gaz  substitué  à  l'air  s'est  exercé  d'une  manière 
vive  sur  les  conjonctives,  surtout  avant  le  jeu  du  ventilateur,  ce  qui  prouve  que  le 
sujet  était  alors  plongé  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique  presque  pure.  L'ac- 
tion irritante  de  ce  gaz  se  faisait  aussi  sentir  sur  la  langue  quand  elle  était  tirée  hors 
de  la  bouche  ou  que  le  sujet  parlait  aux  assistants  qui  entouraient  le  calorimètre. 
Mais  jamais  cet  effet  irritant  ne  s'est  exercé  sur  la  pituitaire  ou  la  muqueuse 
laryngienne,  pourtant  si  impressionnables,  ce  qui  montre  bien  le  parfait  fonction- 
nement des  jeux  de  soupapes  de  l'appareil  nasal. 

»  A  noter  l'efTel  d'une  inspiration  profonde  l'aile  intentionnellement  par  la  bouche  : 
il  en  est  résulté  un  vertige  subit  qui  a  disparu  de  suite  sous  l'influence  de  l'air  amené 
par  les  voies  nasales  dans  le  poumon. 

»  L'analyse  du  milieu  gazeux  recueilli  vers  la  fin  de  l'expérience  a  démontré  que 
ce  milieu  contenait  Sa  pour  loo  de  gaz  carbonique. 

»  Expérience  III  {sur  l'homme  :  M.  Tissot).  —  On  emploie  cette  fois,  comme 
milieu  irrespirable,  le  gaz  d'éclairage,  qui  est  toujours  toxique,  surtout  par  l'oxyde 
de  carbone  mêlé  aux  carbures  d'hydrogène. 

»  Entrée  dans  l'enceinte  à  S"".  Deux  branchements,  ouverts  à  plein  calibre,  y  amènent 
le  gaz  par  le  haut.  L'air  atmosphérique,  graduellement  chassé,  s'échappe  par  les  ori- 
fices ménagés  à  la  partie  inférieure  de  l'enceinte. 


(  i536  ) 

»  Le  sujet  reste  debout.  A  3''20"',  un  cobaye,  introduit  en  même  temps  que  lui  et 
placé  sur  un  tabouret,  est  soulevé  par  le  sujet  à  la  hauteur  de  sa  poitrine.  Ce  cobaye 
tombe  instantanément  sur  le  côté.  Descendu  au  niveau  des  genoux,  il  revient  à  lui  très 
rapidement. 

»  A  3''3o",  le  cobaye,  laissé  à  cette  même  place,  est  atteint  par  le  gaz,  qui  continue 
à  descendre.  L'animal  s'affaisse  de  nouveau  et  ne  se  relève  plus. 

»  Un  nouveau  cobaye  est  passé  au  sujet  par  le  trou  d'homme  à  4''3o°'.  Ce  deuxième 
témoin,  placé  à  la  hauteur  des  genoux  du  sujet,  tombe  immédiatement  sur  le  côté  et 
succombe  en  moins  d'une  minute. 

»  L'expérience  se  termine  à  4''45"-  Elle  a  donc  duré  une  heure  trois  quarts.  Les  dé- 
tails de  cette  expérience  démontrent  que  le  corps  du  sujet  a  baigné  tout  entier  dans 
une  atmosphère  de  gaz  irrespirable  et  délétère  pendant  une  heure  au  minimum.  Il  n'en 
est  résulté  pour  lui  que  le  malaise  causé  par  la  quasi-immobilité  en  station  debout  pro- 
longée, dans  une  position  incommode.  La  circulation  et  la  respiration  sont  restées 
absolument  normales.  Aucune  sensation  différente  de  celles  qu'on  éprouve  dans  l'air 
ordinaire  n'a  été  perçue  par  le  sujet.  Il  ne  se  serait  pas  aperçu,  s'il  ne  l'avait  su,  qu'il 
vivait  dans  une  atmosphère  délétère. 

»  L'analyse  a  démontré  que  les  éléments  du  gaz  d'éclairage  formaient  les  -^  de 
celte  atmosphère. 

»  Il  est  intéressant  de  faire  savoir  que  le  premier  cobaye  tenu  pour  mort  et,  comme 
tel,  rejeté  hors  de  l'enceinte,  par  le  trou  d'homme,  a  pu  être  rappelé  à  la  vie,  grâce 
à  la  respiration  artificielle  et  quelques  autres  manœuvres. 

»  Expérience  \Y  {sur  l'homme  :  M.  Chauveau).  —  Dans  les  expériences  précédentes, 
l'inspiration  de  l'air  extérieur,  à  l'aide  de  l'appareil  à  soupapes,  s'est  effectuée  avec 
des  tubes  intermédiaires  courts  n'offrant,  par  conséquent,  qu'une  résistance  insigni- 
fiante au  passage  du  gaz  aspiré.  Le  jeu  des  soupapes  aurait-il  aussi  bien  assuré  la  non- 
pénétration,  dans  le  poumon,  du  milieu  gazeux  où  le  sujet  était  plongé,  si  le  tube 
d'inspiration  de  l'air  extérieur  avait  présenté  une  certaine  résistance  au  passage  de 
cet  air  extérieur?  Il  n'y  avait  pas  lieu  d'en  douter.  Toutefois,  on  crut  bon  de  s'en 
assurer  directement.  On  profila  pour  cela  d'une  tentative  de  simplification  des  condi- 
tions expérimentales. 

»  Sur  le  sujet  assis  entre  deux  tables  de  même  hauteur,  on  renversa  une  caisse  à 
respiration  (capacité,  35o''')  formant  cloche.  Les  bords  de  la  cloche  s'appuyant  sur 
les  tables,  la  tète  du  sujet  occupait  la  partie  tout  à  fait  supérieure  de  cette  petite 
enceinte.  On  y  fit  arriver  le  gaz  d'éclairage  en  flots  abondants,  qui  eurent  bientôt 
chassé  tout  l'air  atmosphérique  primitivement  contenu  dans  la  caisse.  La  tête  et  une 
partie  du  tronc  du  sujet  baignent  alors  dans  le  gaz  d'éclairage,  auquel  s'ajoute  seule- 
ment une  quantité  relativement  très  petite  des  gaz  de  la  respiration.  La  toxicité  de 
ce  milieu  était  aussi  élevée  que  possible,  car  un  fort  cobaye  introduit  dans  la  cloche 
et  élevé  à  la  hauteur  du  visage  du  sujet  a  succombé  très  rapidement. 

»  Quant  au  sujet  lui-même,  il  est  resté  vingt  minutes  dans  cette  cloche  et  n'y  a  pas 
éprouvé  le  moindre  malaise,  si  ce  n'est  un  très  léger  picotement  sur  les  conjonctives. 
Il  faut  ajouter  qu'à  aucun  moment  il  n'a  perçu  l'odeur  du  gaz  d'éclairage,  même 
quand  il  faisait  de  grandes  inspirations.  Or,  l'air  était  amené  à  l'appareil  nasal  par  un 


(  ^537  > 

tube  de  iS"™  seulement  de  diamètre  et  8"  de  longueur,  et  la  capacité  respiratoire  du 
sujet  est  très  grande.  L'appareil  nasal  fonctionnait  donc  aussi  bien  dans  ces  conditions 
qu'en  l'absence  de  toute  résistance  à  l'arrivée  de  l'air  inspiré. 

»  Le  sujet,  comme  le  précédent,  pouvait  s'entretenir  avec  les  assistants  en  utilisant 
la  provision  d'air  d'une  large  inspiration.  C'est  seulement  alors  qu'il  arrivait  au  sujet 
de  sentir  l'odeur  du  gaz  où  il  était  plongé.  Il  est  probable  que  les  soupapes  devenaient 
à  ce  moment  assez  flottantes  pour  donner  passage  à  une  faible  partie  du  gaz  ambiant. 
D'où  l'indication  d'être  ménager  de  ses  paroles  quand  on  opère  dans  un  milieu 
méphitique. 

»  Conclusions.  —  i°  L'appareil  nasal  à  séparation  du  courant  d'air 
expiré  et  du  courant  d'air  inspiré  permet  de  prendre  ce  dernier  à  une 
grande  distance  du  sujet,  à  l'aide  d'un  tube  dont  il  suffit  de  proportionner 
la  longueur  à  la  section  pour  obtenir  des  résultats  parfaits  ; 

»  2°  Les  sujets  munis  de  cet  appareil  peuvent  séjourner  et  agir  sans 
aucun  danger  dans  des  atmosphères  irrespirables  contaminées  par  des  gaz 
délétères,  tels  que  l'oxyde  de  carbone; 

»  3°  ].a  démonstration  de  cette  innocuité  absolue  est  faite  directement 
pour  un  séjour  d'une  heure  de  durée; 

»  4°  Le  système  se  prête  donc  à  toutes  les  opérations  de  sauvetage 
qu'on  peut  avoir  à  réaliser  dans  les  locaux  envahis  par  des  gaz  délétères; 

»  5°  Il  s'y  prête  d'autant  mieux  que  l'outillage  est  des  plus  simples,  des 
plus  faciles  à  transporter  et  qu'il  suffit  de  quelques  instants  pour  l'ap- 
pliquer à  l'agent  sauveteur; 

»  6°  Au  point  de  vue  physiologique,  il  n'y  a  lieu  de  faire  aucune  réserve 
sur  nos  conclusions  relatives  au  jieu  d'aptitude  que  la  peau  a  manifestée 
pour  l'absorption  des  poisons  gazeux.  Toutefois,  nous  attendrons,  pour 
nous  prononcer  à  l'égard  des  émanations  suifhydriques,  d'en  avoir  éprouvé 
directement  l'action  dans  les  conditions  de  nos  expériences  actuelles.  Ce 
sera  très  simple  et  très  facile.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.    —   Sur  un  éclair  en  boule.  Note  de  M.  J.  Viom.e. 

M  Le  dimanche  9  juin  igoi,à  i''3o™p.  m.,  vers  la  fin  d'un  orage  assez 
violent  passant  au-dessus  de  Fixin,  près  Gevrey-Chambertin  (Côte-d'Or), 
j'ai  observé  un  éclair  en  boule  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  J'étais  à  un  balcon  faisant  face  à  l'est,  et  de  là  je  contemplais  l'orage, 
qui  se  traduisait  devant  moi  par  des  éclairs  se  succédant,  à  intervalles 
assez  rapprochés,  sous  la  forme  de  traits  de  feu  à  peine  sinueux  et  presque 


<  i538  ) 

verticaux,  généralement  redoublés,  à  S"""  environ  devant  moi.  Puis,  après 
un  repos  de  quelques  minutes,  je  vis  une  boule  de  feu  paraissant  tomber 
du  ciel,  à  la  façon  d'une  pierre,  dans  la  même  place  où  s'étaient  succédé 
les  éclairs  rectilignes  et  de  la  même  hauteur.  Après  un  nouvel  intervalle, 
la  région  considérée  fut  encore  illuminée  à  plusieurs  reprises  par  des 
éclairs  en  effluve ,  sous  forme  de  décharges  diffuses  localisées  en  un 
espace  restreint. 

»  Je  ne  crois  pas  possible  d'attribuer  à  une  erreur  d'optique  le  phéno- 
mène que  j'ai  vu  et  qui  a  été  vu  en  même  temps,  de  façon  identique,  par 
une  personne  placée  à  côté  de  moi  et  à  laquelle  il  arracha  une  exclama- 
tion immédiate. 

»  Je  me  suis  assuré,  d'ailleurs,  qu'il  ne  s'était  produit  alors  aucune 
chute  d'aérolithe,  bien  que  l'aspect  du  phénomène  ne  laissât  aucun  doute 
sur  sa  nature  électrique.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  d'un  oxyde  ou  d'un  hydrate  métallique  sur  les 
solutions  des  sels  des  autres  métaux  :  sels  basiques  mixtes.  Note  de  M.  Paul 
Sabatier. 

n  Dans  une  Noie  récemment  insérée  aux  Comptes  rendus  (même  Tome, 
p.  i4i4)»  M.  Recoura  annonce  qu'il  a  obtenu  directement,  par  contact  de 
l'hydrate  cuivrique  avec  divers  sels  métalliques,  des  sels  basiques  mixtes, 
et  il  décrit  un  certain  nombre  de  ces  composés.  Celte  intéressante  publica- 
tion m'oblige  à  rappeler  que  j'ai  moi-même,  depuis  longtemps,  entrepris 
des  recherches  sur  les  actions  que  les  oxydes  ou  hydrates  métalliques 
produisent  dans  les  solutions  salines,  et  c^\nt  j'ai  préparé  toute  une  série  de 
sels  basiques  nieo-te*  analogues  à  ceux  que  vient  d'isoler  M.   Recoura. 

»  Les  hydrates  métalliques,  ainsi  que  beaucoup  des  sels  basiques  qui 
peuvent  prendre  naissance,  étant  à  peu  près  insolubles,  les  états  d'équi- 
libre ne  sont  atteints  que  très  lentement  dans  un  grand  nombre  de  cas,  si 
l'on  opère  à  froid:  c'est  la  raison  qui  m'a  conduit  à  diflérer  assez  long- 
temps la  publication  définitive  des  résultats  obtenus.  A  la  suite  de  coai- 
municalions  préliminaires  faites  au  Congrès  de  l'Association  Française 
(Pau,  t.  I,  p.  i85,  1892;  Bordeaux,  1. 1,  p.  248,  iSgS),  ainsi  qu'au  Congrès 
des  Sociétés  Savantes  tenu  à  la  Sorbonne  en  1895  {Journal  officiel  du 
t8  avril,  2190),  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  en  1897  et  1899 
plusieurs  Notes  sur  ces  questions. 


(   '539  ) 

»  Les  actions  exercées  par  l'oxyde  ou  l'hydrate  d'un  métal  sur  une  solu- 
tion d'un  sel  issu  d'un  autre  métal  peuvent  être  rattachées  à  six  types 
distincts  : 

»  1°  Il  n'y  a  aucune  action  :  c'est  ce  qui  a  lien  pour  l'hydrate  ferrique 
introduit  dans  les  solutions  cuivriques,  argenliques,  etc. 

»  2"  Il  V  a  déplacement  pur  et  simple  de  l'hydrate  du  sel  dissous  :  par 
exemple  quand  on  met  de  l'oxvde  d'argent  ou  de  l'hydrate  de  nickel  dans 
une  solution  de  sel  ferrique,  on  aluminique. 

»  3°  Il  y  a  déplacement  partiel  avec  précipitation  d'un  .sel  basique  inso- 
luble issu  de  l'un  des  deux  métaux  antagonistes.  Ainsi,  j'ai  trouvé  (Comptes 
rendus,  t.CXXV,  p.  176)  qu'une  petite  quantité  d'oxyde  d'argent,  introduite 
dans  une  solution  de  nitrate  cuivrique,  fournit  un  dépôt  de  nitrate  tétra- 
cuivrique  insoluble.  Au  contraire,  l'oxyde  mercurique  placé  dans  une  solu- 
tion de  sulfate  ferrique  y  précipite  exclusivement  du  sulfate  trimercuriqiic 
(trouvé  récemment  par  M.  Mailhe). 

»  4°  Il  y  a  oxydation  du  sel  dissous  par  l'oxyde  ou  l'hydrate  facilement 
réductibles,  ou  inversement,  il  y  a  suroxydalion  de  l'oxyde  par  le  sel 
dissous,  le  phénomène  étant  suivi  dans  chacun  de  ces  cas  par  l'action 
ultérieure  réciproque  des  produits  formés,  action  d'où  résidtera  fréquem- 
ment un  sel  basique.  Un  exemple  du  premier  cas  est  offert  par  l'oxyde 
mercurique  dans  une  solution  de  sulfate  ferreux  :  il  y  a  mise  en  liberté 
de  mercure  métallique,  avec  production  simultanée  de  sulfate  raercureux 
et  de  sulfate  basique  ferrique  (Mailhe).  Le  second  cas  se  rencontre  dans 
l'action  de  l'oxvde  cuivreux  sur  l'azotate  d'argent  :  j'ai  montré  ([u'il  y  a 
dépôt  d'argent  métallique  et  de  nitrate  tétracuivrique  (^Comptes  rendus, 
t.  CXXIV.V-  363). 

»  5°  11  y  a  formation  d'un  oxyde  mixte,  accom|)agné  ou  non  d'un  sel 
basique.  Ce  genre  de  réaction,  signalé  jadis  par  H.  Rose,  se  produit  assez 
souvent  quand  l'un  des  oxydes  antagonistes  est  l'oxyde  d'argent.  Ainsi, 
dans  les  solutions  des  sels  de  cobalt,  l'oxyde  d'argent  précipite  l'oxyde  noir 
Co(OAg)°  ;  dans  les  solutions  de  sels  de  plomb,  j'ai  trouvé  qu'il  se  produit 
un  plombite  noir  Pb  (OAg)*  en  même  temps  que  des  cristaux  de  nitrate 
diplombique.  Je  me  propose  de  revenir  prochainement  sur  cette  dernière 
réaction. 

»  6°  Il  y  a  production  d'un  sel  basique  mixte  issu  des  deux  métaux.  J'ai 
observé  que  ce  cas  est  assez  fréquent.  Ainsi  j'ai  indiqué  (Comptes  rendus, 
t.  CXXV,  p.  173;  1897,  et  t.  CXXIX,  p.  21 1  ;  1899)  que  l'hydrate  cuivrique 
abandonné  à  iroid  dans  les  solutions  aqueuses  de  divers   sels  d'argent 


(  i54o  ) 

(nitrale,  sulfate,  chlorate,  hyposulfate)  s'y  change  lentement  en  sel  basique 
cm^a//i5e  argentocuivrique,  dont  la  composition  peut  changer  avec  la  con- 
centration des  liqueurs.  On  peut  arriver  moins  commodément  aux  mêmes 
sels  mixtes  en  partant  du  système  inverse,  oxyde  d'argent  dans  le  sel  de 
cuivre. 

»  M.  André  avait  en  1888  préparé  un  sel  de  cette  espèce 

MnCP,  3Cu(0H)% 

en  faisant  bouillir  une  solution  de  chlorure  manganeux  avec  de  l'oxyde  cui- 
vrique. 

»  J'ai  observé  moi-même  beaucoup  d'autres  formations  similaires,  et 
notamment  celle  de  sels  basiques  mixtes  cristallisés  dans  l'action  de  l'hydrate 
cuivrique  bleu  ou  de  l'hydrate  tétracuivrique  sur  diverses  solutions  sa- 
lines, nitrate  de  cobalt,  nitrate  ou  sulfate  de  nickel,  etc.  Sur  mes  conseils, 
l'un  de  mes  élèves,  M.  Mailhe,  a  continué  cette  étude  spécialement  pour 
l'hydrate  cuivrique,  et  pour  l'oxyde  mercurique,  avec  lequel  il  a  déjà  obtenu 
de  nombreux  sels  mixtes  basiques  cristallisés  qu'il  a  décrits  (^Comptes 
rendus,  mai  et  juin  1901). 

»  Quant  à  l'importance  que  le  groupement  tétracuivrique  paraît  manifes- 
ter dans  les  résultats  de  M.  Recoura,  elle  résulte  de  la  grande  stabilité  de 
ce  groupement  qui,  ainsi  que  je  l'ai  montré  antérieurement  (Comptes  rendus, 
t.  CXXV,  p.  loi  et3oi  ),  donne  lieu  très  facilement  à  toute  une  série  de 
sels  cristallisés  tétracuivriques,  qui  se  développe  parallèlement  à  la  série 
des  sels  monocuivriques.  Cette  tendance  à  donner  des  oxydes  polymétal- 
liques  se  rencontre  chez  d'autres  métaux;  et,  pour  eux  comme  pour  le 
cuivre,  elle  conduit  à  des  séries  régulières  de  sels  bien  définis  et  cristal- 
lisés :  tels  sont  les  groupements  tétrazincique,  di,  tri  et  tétramercuriques, 
di,  tri  et  tétraplombiques. 

»  C'est  à  ces  divers  types  que  se  rapportent  la  plupart  des  sels  basiques 
mixtes  où  interviennent  ces  divers  métaux.   » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
resjjondant  dans  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  pour  remplir  la  place 
laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Flower. 


(  i54i  ) 
An  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  3g, 

M.  Van  Beneden  obtient 38  suffrages 

M.  Waldeyer  »       i  » 

M.  Edouard  Van  Bengdeiv,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  élu  Correspondant  de  l'Académie. 


MEMOIRES  PRESENTES. 

GÉOMÉTRIE.   —   Théorie  des  sur/aces  du  troisième  ordre.  Mémoire 
de  M.  DcMONT,  présenté  par  M.  Appell. 

(Commissaires  :  MM.  Appell  et  Humbert.) 

«  Ce  Mémoire  est  un  exposé  détaillé  des  principales  propriétés  des  sur- 
faces du  troisième  ordre  traitées  par  les  méthodes  de  la  Géométrie  projec- 
tive.  Une  première  Partie  est  relative  à  la  Géométrie  du  troisième  ordre  sur 
une  droite  ou  autour  d'un  point  et  au  rappel  des  propriétés  des  cubiques 
planes.  La  deuxième  Partie  est  consacrée  aux  surfaces  du  troisicuie  ordre, 
à  leurs  principaux  modes  de  génération,  à  leurs  singularités,  à  leur  classi- 
fication et  à  leur  représentation  sur  le  plan.  » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Trois  fascicules  des  «  Résultats  des  campagnes  scientifiques  accomplies 
sur  son  yacht  par  Albert  f'',  prince  souverain  de  Monaco,  publiés  sous  sa 
direction,  avec  le  concours  de  M.  Jules  Ric haï d.  » 

Fascicule  XVII  :  Céptialopodes  provenant  des  campagnes  de  la  Princesse-. Alice 
(1891-1897),  par  Louis  Joiibin. 

Fascicule  XVIII  :  H\draires  provenant  des  campagnes  de  V Hirondelle  (1886-1888), 
par  Catnille  Pictet  el  Maurice  Bedot. 

Fascicule  XIX  :  Etude  de  fonds  marins  provenant  du  voisinage  des  Açores  et  de  la 
portion  orientale  de  l'Atlantique  nord,  par  /.  Thoulet. 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (ï.  CXXXII,  N"  25  )  I99 


(  i542  ) 

2"  Le    numéro  de  mai    1901  du   Bulletin  mensuel  de  la   Station  géo- 
physique d'Uccle,  par  M.  E.  Lagrange  (présenté  par  M.  de  Lapparent). 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.    —   Troisième  série  d'observations   de   la    nouvelle 
étoile  de  Persée.  Note  de  M.  H.  Deslandres,  présentée  par  M.  .Tanssen. 

«  Cette  note  fait  suite  à  deux  notes  précédentes  sur  la  nouvelle  étoile 
qui  peuvent  être  ainsi  résumées: 

»  1°  Observations  du  26  février  au  3  mars:  La  nouvelle  de  Persée  est 
reconnue  semblable  à  l'étoile  nouvelle  précédente  du  Cocher;  elle  offre, 
comme  cette  dernière,  les  raies  des  protubérances  solaires,  très  brillantes 
et  larges,  divisées  en  plusieurs  parties,  fortement  déplacées  vers  le  rouge 
et  accolées  à  de  larges  raies  noires.  Le  phénomène  peut  s'expliquer  à  la 
rigueur  par  un  seul  astre  qui  serait  le  siège  d'éruptions  gigantesques. 

»  2°  Observations  du  3  mars  au  17  mars:  Les  larges  raies  noires  ont 
aussi  des  divisions  très  nettes,  fortement  déplacées  vers  le  violet.  Un  seul 
astre  ne  peut  suffire  à  l'explication.  Il  semble  nécessaire  d'admettre  au 
moins  deux  astres  qui  se  rapprochent  l'un  de  l'autre  avec  une  énorme 
vitesse. 

»  Cependant,  deux  étoiles  nouvelles  antérieures,  après  avoir  montré  au 
début  le  spectre  des  protubérances  solaires,  ont  oflert  à  la  fin  un  spectre 
très  simple  qui  est  exactement  celui  des  nébuleuses.  Ce  résultat  singulier 
offre  un  intérêt  de  premier  ordre. 

»  Aussi  j'ai  poursuivi  l'étude  spectrale  de  l'étoile  avec  le  concours  de 
M.  Millochau,  aide  astronome,  et  de  M.  Burson,  assistant,  en  portant  prin- 
cipalement mon  attention  sur  la  présence  ou  l'absence  des  trois  raies  vertes 
caractéristiques  des  nébuleuses  (à  savoir,  >.  Soo,^,  la  plus  intense,  >.  495.9 
et  'k  486,4,  due  à  l'hydrogène). 

»  De  là  une  troisième  série  d'observations  (du  17  mars  au  i4  mai), 
poursuivie  dans  des  conditions  difficiles.  Le  temps  a  été  généralement 
mauvais,  et  l'étoile,  de  laquelle  le  Soleil  se  rapprochait,  a  été  observable  à 
l'horizon  seulement,  dans  les  lueurs  du  crépuscule. 

«  Dans  cette  période,  l'étoile,  tout  en  diminuant  lentement,  d'une 
manière  générale,  a  présenté  des  variations  d'éclat  à  peu  près  périodiques, 
déjà  décrites  par  plusieurs  auteurs.  L'éclat  a  varié  de  la  quatrième  à  la 
septième  grandeur  au  moins,  l'amplitude  des  oscillations  étant  de  une 
grandeur  environ. 


(   i54H  ^ 

»  Mais,  dans  ces  conditions  nouvelles,  le  grand  spectrograplie  à  deux  prismes  des 
premières  observations,  qui  était,  en  mars  dernier,  le  seul  pouvant  être  fixé  à  la 
grande  lunette  de  Meudon,  avait  une  dispersion  trop  forte.  Il  a  fallu  organiser  rapide- 
ment plusieurs  appareils  nouveaux  :  i°  pour  la  photographie,  {a)  une  chambre  nou- 
velle destinée  au  spectrographe  jjrécédent,  deux  fois  plus  courte,  et  donc  donnant  un 
spectre  quatre  fois  plus  intense,  {b)  un  petit  spectrographe  à  un  seul  prisme,  (e)  un 
spectrograplie  du  type  dit  oculaire,  sans  fente  et  sans  lentilles  auxiliaires,  assurant 
la  photographie  des  spectres  très  faibles;  2"  pour  l'observation  oculaire,  («)  la 
substitution  d'un  oculaire  à  micromètre  à  la  chambre  photographique  dans  les  appa- 
reils précédents,  {b)  un  petit  speclroscope  oculaire  à  vision  directe. 

i>  Les  appareils  précédents  peuvent  être  fixés,  soit  à  la  grande  lunette  de  o'",84,  soit 
à  la  lunette  photographique  de  o'",6o.  En  général,  la  photographie  du  vert  jaune  et 
l'observation  oculaire  ont  été  faites  avec  la  grande  lunette  de  o",84,  et  la  photo- 
graphie du  bleu  avec  l'autre  lunette.  Parfois  on  ii  pu  photographier  le  spectre  avec 
les  deux  lunettes  à  la  fois. 

»  Jt^  résume  ici  les  principaux  résultats  :  Dans  les  deux  premières  séries 
d'observation  l'étoile  a  présenté,  dans  le  vert,  non  les  raies  des  nébuleuses, 
mais  les  raies  du  parhélium  (X492  et  l5oi,,j)  très  voisines  des  précédentes. 

»  Cne  épreuve  du  3  mars  dans  le  vert  jaune  montre  trois  raies  larges  de 
l'étoile  juxtaposées  aux  trois  raies  fines X486,  X492et5oi,5  de  l'hydrogène 
et  du  parhélium  dans  le  spectre  terrestre  de  comparaison.  Les  deux  raies 
larges  du  parhélium  dans  l'étoile  soûl  déplacées  vers  le  rouge,  mais  de  la 
même  quantité  que  la  raie  de  l'hydrogène.  L'aspect  est  le  même  sur  d'autres 
épreuves  postérieures. 

»  Or  une  épreuve  de  la  troisième  série,  du  17  avril,  dans  le  vert  jaune, 
donne  un  résultat  différent.  Le  spectre  de  comparaison  comprend  toujours 
ces  trois  mêmes  raies  de  l'hydrogène  et  de  l'hélium.  Mais,  dans  l'étoile,  la 
raie  du  milieu  (>.  392)  manque;  la  raie  de  l'hydrogène  est  assez  intense  et 
déplacée  vers  le  rouge  ;  enfin,  la  troisième  raie  est  nette,  quoique  faible,  et 
est  déplacée  vers  le  rouge  beaucoup  moins  que  la  précédente.  Toutes  ces 
raies  larges  de  l'étoile  ont  un  maximum  assez  net  du  côté  du  violet.  Si  l'on 
mesure  les  positions  de  ces  maximum,  on  trouve  que  la  troisième  raie  a 
pour  longueur  d'onde  non  5oi,5,  mais  5oo,8. 

»  En  résume,  le  17  avril,  la  nouvelle  étoile  présentait  très  probablement 
la  raie  caractéristique  des  nébuleuses.  On  ne  peut  être  plus  affirmatif,  car  la 
grande  largeur  des  raies  est  un  obstacle  à  la  précision. 

»   Le  17,  l'étoile  avait  la  grandeur  5  et  était  voisine  d'un  minimum. 

»  Les  observations  ultérieures  de   la  région  verte  ont  été  faites  avec 


(  i544  ) 

l'œil,  caries  plaques  photographiques  du  commerce  sont  peu  sensibles  dans 
le  vert.  Mais  ces  observations  ont  une  valeur  moindre,  d'autant  que  les 
vibrations  de  la  grande  lunette  apportent  alors  une  gêne  sérieuse. 

)>  23  avril  :  on  trouve  1  5oi,4  pour  la  raie  verte  principale.  Grandeur 
de  l'étoile  4, 20. 

»  24  avril  :  on  a  1  5oi,2;  mesure  douteuse. 

»  i4  mai  :  la  raie  verte  de  l'étoile  voisine  de  X5oi,5  est  notablement 
plus  forte  que  la  raie  de  l'hydrogène;  sa  longueur  d'onde  mesurée  est 
■X5oo,65.  De  plus,  on  aperçoit  entre  les  deux  raies  précédentes  une  raie 
faible  qui  occupe  à  peu  près  la  place  de  la  raie  des  nébuleuses  7^495,9. 
Mais  la  faiblesse  de  la  raie  ne  permet  pas  une  mesure  précise.  Grandeur 
de  l'étoile  inférieure  à  7. 

»  Bref,  il  est  très  probable  que,  ce  jour-là,  l'étoile  offrait  le  spectre  com- 
plet des  nébuleuses  ('). 

»  Ces  résultats  sont  à  rapprocher  de  ceux  de  M.  de  Gothard,  qui  a  re- 
connu dans  l'étoile  en  avril  la  présence  de  la  raie  ultra-violette  1  386  des 
nébuleuses,  à  l'époque  des  minimums  d'éclat  (Aslronomische  Nachfichten, 
nM7). 

»  L'étoile,  dans  sa  phase  de  décroissance,  paraît  soumise  à  des  varia- 
tions qui  tantôt  font  prévaloir  la  lumière  des  protubérances  solaires,  la- 
quelle correspond  à  son  état  initial  et  à  ses  maximums  d'éclat,  et  tantôt 
laissent  apparaître  ou  même  prédominer  la  lumière  spéciale  des  nébu- 
leuses qui,  d'après  les  analogies,  doit  constituer  son  état  final. 

»  Il  est  regrettable  que  les  conditions  très  défavorables  de  l'observation 
ne  permettent  pas  de  suivre  facilement  les  transformations  curieuses  de  la 
nouvelle  étoile,    w 


(')  Le  spectre  complet  des  nébuleuses  n'était  pas  seul,  mais  était  superposé  au 
spectre  des  protubérances  solaires.  D'ailleurs,  dans  celte  troisième  série  d'observations, 
les  nombreuses  épreuves  faites  avec  la  lunette  photographique  et  le  spectrographe  (c), 
sans  fente  et  sans  lentilles,  montrent  que  les  raies  des  protubérances  solaires,  tout  en 
s'afTaiblissant  dans  l'étoile,  conservent  le  même  aspect  général  que  dans  les  première 
el  deuxième  séries. 


(  "545  ) 


GÉOMÉTRIE.   —  Sur  la  déformation  continue  des  surfaces. 
Vote  de  M.  D.-Th.  Egorov. 

«  Dans  une  Note  publiée  dernièrement  (Comptes  rendus,  p.  iioo; 
6  mai  1901),  M.  Tzitzeica  a  bien  voulu  faire  allusion  à  l'une  de  mes  Notes 
récentes  (Comptes  rendus,  p.  802;  11  février  1901),  en  rappelant  qu'il 
avait  déjà  communiqué  antérieurement  (Comptes  rendus,  p.  1276; 
23  mai  1890)  une  partie  de  mes  résultats.  Je  m'empresse  de  réparer 
ma  faute  en  signalant  qu'il  s'agit  du  résultat  suivant,  appartenant  a 
M.  Tzitzeica  :  il  existe  une  famille  simplement  infinie  de  surfaces  tétra- 
édrales 

X 

(0  \y: 


A(fl4-M)-(a-t- v)'. 

B(b 

+  uy(b 

3 

C(c 

-^uy(c 

+  .f. 

applicables  les  unes  sur  les  autres,  le  système  «=:const.,  p»  =^  const. 
étant  le  système  conjugué  commun. 

»  Je  me  propose  maintenant  d'indiquer  quelques  remarques  relatives 
au  sujet  traité  dans  la  Note  récente  de  M.  Tzitzeica. 

»  Il  s'agit  du  problème  suivant  :  Trouver  toutes  les  sur/aces  qui  admettent 
un  réseau  conjugué  invariable  dans  une  déformation  continue.  M.  Tzitzeica 
s'est  placé  dans  un  cas  particulier,  qu'il  croit  d'ailleurs  être  le  cas  général 
(loc.  cit.,  p.  1 100).  Qu'il  me  soit  permis  de  faire  observer  que,  contraire- 
ment à  l'opinion  exprimée  par  M.  Tzitzeica,  il  n'en  est  pas  ainsi.  En  effet, 
l'analyse  de  M.  Tzitzeica  conduit  seulement  aux  surfaces  que  j'avais  si- 
gnalées dans  ma  Note  citée  et  qui  se  déduisent  des  surfaces  tétraédrales(i) 
à  l'aide  des  transformations  de  Peterson  (').  Quant  au  problème  général, 
on  en  connaît  des  solutions  particulières  distinctes  de  la  solution  que  je 
viens  de  rappeler.  Il  suffit  de  nommer  les  résultats  obtenus  par  J\IM.  Bour, 
Bonnet  (déformation  des  surfaces  de  révolution  et  des  surfaces  moulures). 
Blanchi  (surfaces  de  translation),  Voss  (surfaces  admettant  un  système 
conjugué  formé  de  géodésiques),  Peterson  (-). 

(')  Consulter  la  Noie  citée  de  M.  Tzitzeica,  p.  iioi,  1102. 
(*)  Recueil  mathématique  de  Moscou,  t.  1. 


(  1.546  ) 

»  D'apiès  les  recherches  de  MM.  Guichard,  Blanchi,  Cosserat,  la  déter- 
mination des  surfaces  qui  admettent  un  réseau  conjugué  invariable  dans 
une  déformation  continue  revient,  en  définitive,  à  la  recherche  des  équa- 
tions de  Laplace  à  invariants  égaux  de  la  forme 

dont  trois  solutions  quelconques  0,,  60,  0.,  vérifient  une  relation  de  la  forme 

(3)  0; +  0^  H- e;;  =  ©(«)  + K'O- 

»  En  supposant  A-  =  o,  on  parvient  à  la  plus  grande  partie  des  résultats 
connus;  les  surfaces  étudiées  dans  la   Note  de  M.  Tzitzeica   et  dans  la 

mienne  correspondent  à  l'équation    d'Euler  E(-j-  Du   reste,    voici   un 

résultat  qui  paraît  être  nouveau. 
»   Considérons  l'équation 

(4) 

et  ses  trois  solutions 

TT 

U'. 

(5)  P=  =  ^7r^-u',. 


où  l'on  a  désigné  par  U,  U,  et  V  des  fonctions  de  u  et  de  v  respectivement, 
vérifiant  les  relations 


d^e 

= 

■i 

du  di> 

(«  + 

r)^ 

6,  = 

2 

U 

w-l-  r 

— 

6,= 

2 

U, 

u  +  l' 

—  " 

f),= 

2 

V 

(6) 


V-  =  flot''  —  rt,  V-  4-  a.A>  —  a.i. 


»  On  s'aperçoit  aisément  que  les  trois  solutions  (5)  vérifient  une  rela- 
tion de  la  forme  (3).  La  surface  la  plus  générale  admettant  un  système 
conjugué  invariable  dans  une  déformation  continue  et  correspondant  à 
l'équation  (4)  est  l'enveloppe  du  plan 

(7)  9,a- -t-eaj'-H  QjZ  +  w  =  o, 

où  l'on  a  désigné  par  w  la  solution  générale  de  l'équation  (4).   On  par- 
viendrait aisément  à  ce  même  résultat  en  considérant  la  surface  associée 


(  1^7  ) 
correspondante  que  l'on  déduit  du  conoïde  droit  en  lui  appliquant  la  trans- 
formation indiquée  par  M.  Bianchi  dans  l'un  de  ses  Mémoires  insérés  dans 
les  Annah  fli  Matematica  {j."  série,  t.  WIII).  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  -  Théorie  des  groupes  fineaires  dans  lin  domaine 
arbitraire  de  rationalité.  Note  de  M.  L.-E.  Dickso\,  présentée  par 
M.  Jordan. 

«  On  peut  faire  une  corrélation  entre  les  théories  spéciales  des  groupes 
analytiques  par  l'étude  des  groupes  de  transformations  dans  un  domaine 
général. 

»  J'ai  démontré  (')  qu'il  existe  quatre  systèmes  infinis  de  groupes 
de  transformations  qui  sont  simples  dans  un  domaine  arbitraire  de  ratio- 
nalité (-).  Ce  sont  les  systèmes  (i),  (2),  (3),  (4),  indiqués  ci-dessous, 
l'our  If  domaine  C  des  nombres  complexes,  ces  groupes  sont  les  groupes 
continus  de  Sophus  ]Ae,  qui  sont  tous  les  systèmes  de  groupes  simples  et 
continus  d'un  nombre  fini  de  paramètres. 

»  1.  Le  groupe  de  toutes  les  transformations  linéaires  et  homogènes  de 
déterminant  unité  sur  m  variables,  les  coefficients  appartenant  à  un 
domaine  F,  a  un  sous-groupe  invariant  maximum  formé  des  transforma- 
tions 

E;=[aE,.  L!^-"'  =  iJ  («■      -I,2,...,7h). 

»  Ainsi  le  groupe  de  transformations  linéaires  fractionnaires  de  déter- 
minant unité  sur  m  —  i  variables  est  simple  pour  tout  domaine  F. 

»  2.  Le  groupe  abélien  linéaire  (d'après  la  définition  de  M.  Jordan), 
dans  un  domaine  quelconque  F,  a  pour  sous-groupe  invariant  maximum 
le  groupe  formé  par  l'identilé  et  la  transtormalion  T  qui  multiplie  chaque 
variable  par  —  i . 

»  3.  Le  groupe  linéaire  et  homogène  le  plus  général  dans  F,  qui  laisse 
invariante  la  forme  quadratique 

^0  +  '<  ^1  "*~  ^2'^3  +  . . .  +  ;„,-/■„„, 


C)  Transactions  0/ l/ie  American  Matlieniatical  Society,  octobre  1901. 
(^)  Pour  le   domaine  de  l'ordre  fini  />",  les  valeurs  p''^zi,  3  sont  souvent  excep- 
tionnelles. Voir  mon  Traité  Linear  Groups  (Leipzig,  1901). 


(  i548  ) 

est  composé  des  transformations  A,  k{l^r,„,),  AT„,,  et  kl,„^^(l,„r„„),  où  les 
transformations  A  forment  un  groupe  simple  (si  m  r  2),  et  T,„  ,,  est  une  des 
transformations 

OÙ  ('  n'équivaut  à  aucune  quantité  carrée  du  domaine  F. 
»   4.   Le  groupe  linéaire  et  homogène  qui  laisse  invariante 

a  un  sous-groupe  [de  transformations  A  comme  pour  le  groupe  (3)]  qui 
est  simple,  ou  a  le  sous-groupe  invariant  maximum  composé  de  l'identité 
et  de  T. 

»  J'ai  trouvé  deux  autres  systèmes  infinis  de  groupes  simples  dans  un 
domaine  arbitraire  (').  Sauf  pour  le  domaine  continu  C,  ces  groupes  ne 
sont  pas  isomorphes  aux  groupes  précédents. 

■»   5.  Le  groupe  linéaire  et  homogène  qui  laisse  invariante 

où  V  n'est  pas  le  carré  d'une  quantité  du  domaine  F. 

»  6.  Soit  Q  le  domaine  qui  résulte  après  l'extension  de  F  par  l'adjonc- 
tion d'une  racine  de  l'équation  3?^=:;  v.  Soit  j  la  quantité  conjuguée  à  y 
dans  Q.  Les  transformations  sur  les  variables  ç,,  -/),(<  =  1,  ...,  m),  avec 
coefficients  en  Q  de  déterminant  unité,  qui  laissent  invariante  la  fonction 

m 

•2  =  1 

forment  le  groupe  hyperabélien.  Le  sous-groupe  invariant  maximum  est 
composé  des  transformations 

l\  =  X  li,     r,\  =  x-Y„-,      [x-'"  =  I ,  a7.r  =  I  j      («  =  [ m). 

»  Ainsi  le  groupe  hyperabélien  de  transformations  linéaires  fraction- 
naires est  simple  dans  tout  domaine.    » 

(')  Jai  communiqué  ces  déuionstiations  à  la  Société  de  Mathématiques  de  Londres. 


(  t549  ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l' intégration  de  i équation 

^w  —  a-tv  =  o. 

Note  de  M.  S.  Zaremba,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  L'espace  étant  rapporté  à  un  système  de  coordonnées  rectangulaires 
Xy  y,  z,  désignons  par  r  la  dislance  des  points  (rij,  z)  et  (^x' ,  y',  z'),  par  [j. 
un  nombre  réel  non  négatif,  et  par  e,  suivant  l'usage,  la  base  des  loga- 

ritlimes  népériens.   La  fonction  — —  sera,  comme  on  sait,  une  intégrale 

particulière  de  l'équation  aux  dérivées  partielles 

,  ,  d-iv        d^w       d'^w         ., 

»  Substituons,  dans  l'expression  d'un  potentiel  newtonien  de  simple 
couche  et  dans  celle  d'un  potentiel  de  double  couche,  la  fonction  — ~  à  la 

fonction  -  • 

/■ 

»  Nous  obtiendrons  de  nouvelles  intégrales  de  l'équation  (i),  intégrales 
que  nous  appellerons  potentiel  généralisé  de  simple  couche  et  potentiel  géné- 
ralisé de  double  couche  ayant  le  nombre  y.  jiour  nombre  caractéristique. 

»  Soient  (S)  une  surface  fermée  et  s{x,y,z)  une  fonction  quelconque. 
Nous  aurons  à  considérer  les  éléments  suivants  :  i°  la  valeur  limite  de  la 
fonction  S  pour  le  côté  intérieur  do  la  surface  (S);  i°  la  dérivée  do  la 
fonction  3?  suivant  la  normale  à  la  surface,  pour  le  côté  intérieur;  3"  les 
quantités  analogues  pour  le  côté  extérieur  de  la  surface  (S).  Nous  repré- 
senterons ces  quantités  par  les  symboles 

(•*)..  (•').•  {&).  -  (.4); 

»  Supposons  que  la  surface  fermée  (S),  pouvant  se  composer  d'un 
nombre  quelconque  de  nappes,  admette,  en  chacun  de  ses  points,  un  plan 
tangent  déterminé  et  que  l'angle  aigu,  formé  par  deux  normales,  soit 
inférieur  au  produit  d'une  constante  par  la  dislance  des  pieds  de  ces  nor- 
males; supposons  en  outre  que  la  portion  (S')  de  la  surface  (S),  située  à 

G.  R.,  igoi,  I"  Semestre.  (T.  CXXXU,  N»  25.)  200 


(   i55o  ) 

l'intérieur  d'une  sphère  de  rayon  fixe,  mais  assez  petit,  ayant  pour  centre 
un  point  quelconque  O  pris  sur  la  surface,  n'ait  jamais  plus  d'un  seul  point 
commun  avec  une  parallèle  à  la  normale  en  O.  Cela  posé,  soit  9  une  fonc- 
tion continue  donnée  définie  sur  la  surface  (S)  et  1  un  paramètre  variable. 
On  peut,  en  s'appuyant  sur  les  belles  métholes  introduites  par  M.  Poin- 
caré  dans  la  théorie  des  équations  de  la  Physique,  établir  les  propositions 
suivantes  : 

»  Il  existera  un  potentiel  généralisé  de  simple  couche  «,  fonction  ana- 
lytique du  paramètre  'X,  vérifiant  l'équation 

et  ayant  pour  nombre  caractéristique  un  nombre  donné  u,  réel  et  non 
négatif  II  existera  aussi  un  potentiel  généralisé  de  double  couche  i>,  fonc- 
tion analytique  du  paramètre  1  et  ayant  aussi  le  nombre  a  pour  nombre 
caractéristique,  tel  que  l'on  ait 

(  0< -(*').=  >-[(0:+  (Oc]  +'-^?- 

»  Les  fonctions  u  et  i',  en  tant  que  fonctions  de  1,  seront  des  fonctions 
analytiques,  n'admettant,  à  distance  finie,  dans  le  plan  de  la  variable  1, 
d'autres  points  singuliers  que  des  pôles  simples;  ces  pôles  seront  tous  réels 
et  feront  partie  d'un  ensemble  dénombrable  ne  dépendant  que  de  la  sur- 
face (S)  et  du  nombre  jj.;  enfin  les  résidus  polaires  des  fonctions  u  et  v 
seront  exprimables  par  des  combinaisons  linéaires  et  homogènes,  à  coef- 
ficients constants,  de  fonctions  qui,  pour  m  =  o,  se  réduisent  aux  fonctions 
fondamentales  (  '  )  de  M.  Poincaré  et  qui  forment  un  ensemble  dénombrable, 
ne  dépendant  que  de  la  surface  (S)  et  du  nombre  [j.. 

))  Les  propositions  précédentes  conduisent  à  une  démonstration  géné- 
rale des  méthodes  de  Neumann  et  de  Robin  ;  elles  sont  une  généralisation 
et  un  complément  de  celles  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Cracovie  le  4  mars  1901 .  « 


(')  Poincaré,  La  méthode  de  Neumann  et  le  problème  de  Dirichlet  {Acla  mathe- 
matica,  1896). 


(  i55i  ) 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Actions  chimiques  dans  les  systèmes  dissous  nu  gazeux. 
Tension  de  vapeur.  Hypothèse  d'Avogadro.  Note  de  M.  Ponsot,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  déjà  considéré  les  actions  chimiques  qui,  se  produisant  entre  deux 
systèmes  de  corps,  sont  limitées  quelle  que  soit  la  grandeur  de  la  dilution 
ou  raréfaction,  l'équilibre  étant  indépendant  de  cette  dilution  ou  raré- 
faction (19  et  26  mars  1900). 

»  Le  dissolvant  ne  prenant  pas  part  à  la  réaction  chimique,  je  suppose 
qu'à  une  dilution  infinie  (P  et  T  constants),  l'un  des  deux  systèmes  tende 
à  remplacer  l'autre  entièrement;  l'équilibre  est  alors  variable  avec  la  di- 
lution; si  l'on  diminue  la  masse  e  du  dissolvant,  l'un  des  deux  systèmes, 
1  par  exemple,  s'accroît;  si  l'on  augmente  e,  le  système  2  s'accroît  en 
même  temps  que  m,  nombre  de  molécules  d'un  de  ses  composants. 

»   Partant  d'une  solution  non  en  équilibre  chimique,  si  le  système  2  doit 

s'y  accroître,  -3—  est  négatif;  on  établira  l'équilibre 


dm  ' 


<)    d'\> 


en  diminuant  e;  d'où  ^ — r-  est  négatif.  Si,  au  contraire,  dans  une  réaction 

(le  dm  " 

spontanée,  le  système  2  doit  diminuer,  -j—  est  positif;  on  établira  l'équilibre 

avec  un  accroissement  de  ^''  y  zr-  ^st  encore  négatif.  Or 

à    d^  _  j{_d^  _     dfç_ 
de.  dm         dm   de  dm 

f^  étant  la  tension  de  vapeur  du  dissolvant  et  v  le  volume  spécifique  cor- 
respondant, d'oii  : 

»  La  formation  réelle  ou  virtuelle  du  système  qui  tend  à  exister  seul  à  une  di- 
lution infinie  et  qui  décroît  quand  on  enlève  du  dissolvant,  diminue  la  tension 
de  vapeur  de  ce  dissolvant  ;  celle  du  système  antagoniste  accroît  cette  tension 
de  vapeur. 

»  Le  dissolvant  étant  enlevé  entièrement,  le  système  i  n'a  pas  entière- 
ment disparu;   il  décroîtra  encore  si  la  pression  tend  vers  l'infini.  A  re- 


(  i552  ) 

marquer  que  le  système  pourra  devenir  hétérogène  et  que,  pour  e  infini, 

v-r-  tend  vers  zéro. 
dm 

»  Pression  osmolique.  —  La  solution  est  maintenant  soumise  à  une  pres- 
sion variable  P  qui  la  met  en  équilibre  avec  le  dissolvant,  sous  une  pression 
invariable/?;  d'P  est  la  différentielle  de  la  pression  osmotique  II  =  P  —  p. 
Partant  d'une  solution  en  équilibre  chimique,  si  P  croît,  le  système  1  aug- 
mente; si  P  décroît,  le  système  2  croît  ainsi  que  la  masse  m  d'un  de  ses 

composants 

d     d^  d\ 

ou 


dP  dnipt  dm 

est  positif. 

»  V  étant  le  volume  de  la  solution,  supposons  que  les  systèmes  1  et  2 
soient  en  proportions  équivalentes,  si  V,  est  le  volume  de  la  solution  où 
le  système  1  serait  entièrement  formé,  Vj  le  volume  correspondant  pour 
le  système.  2  sous  la  pression  osmotique  H,  n(Vo  — V,)  est  positif,  quel  que 
soit  n. 

»  Systèmes  gazeux.  —  La  pression  P  exercée  sur  le  mélange  gazeux 
remplace  ici  la  pression  osmotique;  la  conclusion  précédente  se  retrouve 
facilement.  P(V2  — V,)  est  positif,  quel  que  soit  P. 

»  PVo  et  PV,  tendent  chacun  vers  une  valeur  limite,  il  en  est  de  même 
de  leur  différence. 

0  Conséquence.  —  Considérons  l'équilibre  chimique  représenté  p;ir 
l'équation  suivante  entre  les  corps  A,  B,  M,  N, 

« ,  A  +  ^2  B  :j!:  «3  M  +  n ,  N, 

^1)  ''2.  ^^3'  '^1  étant  le  nombre  de  molécules  réagissantes  pour  chacun  des 
corps,  la  masse  moléculaire  choisie  pour  chaque  corps  étant  celle  qui  sa- 
tisfait le  mieux  à  l'hypothèse  d'Avogadro. 
)>   On  a 

limite  PV,  =  lim/i,/),  (•',  +  n.,p.,V2, 

limite  PV^  =  limWj/^aV'j-f-  n^p^v^, 
posant,  en  général,  Vimpv  =  jRT,  on  a 

et,  dans  les  réactions  chimiques  limitées  dont  l'équilibre  varie  avec  la  tem- 


( 

i553 

) 

péra 

ture 

et 

avec 

la  pi 

ression, 

si 

n. 

-h  n,  : 

=  n, 

-f-/î.. 

on 

encore 

n^  =  n,,  ^=  n ,  ::=  n„, 

comme  dans  l'équilibre 

CO=-+-H-- C0-'   H=0. 

étudié  par  M.  Boudoiiard;  il  faut  que  les  valeurs  de  i  soient  inégales,  ce  qui 
exige  que  l'hypothèse  d' Avogadro  ne  soit  pas  regardée  comme  rigoureuse. 

»   Même  conclusion  relativement  aux  systèmes  dissous. 

»  Remarque.  —  L'expérience  apprend  que,  lorsqu'on  élève  la  tempé- 
rature des  cor[)s  composés,  ces  corps  se  décomposent,  se  dissocient  en 
d'autres  corps  qui  peuvent  provoquer  de  nouvelles  réactions  chimiques. 
De  même,  certains  corps  simples  subissent  des  transformations  chimiques 
quand  on  élève  leur  température. 

»  Lorsque  nous  considérons  un  équilibre  chimique,  nous  le  représer- 
tons  généralement  par  une  équation  chimique  simple;  cela  n'est  conforme 
à  l'expérience  que  si  chaque  corps,  figurant  dans  l'équation,  se  trouve 
réellement  dans  le  mélange  sans  trace  de  décomposition.  On  ne  peu! 
l'admettre  que  dans  certains  cas  et  dans  certaines  limites  de  lempératur<> 
et  de  pression.  Lorsqu'un  corps  entrant  dans  l'équation  chimique  d'î 
l'équilibre  subit  une  décomposition  limitée,  il  en  résulte  que  !e  voluni!' 
moléculaire  de  ce  corps,  considéré  seul,  n'est  plus  une  grandeur  réelle.  » 

PHYSICO-CHIMIE.    —    Constantes  capillaires   de   liquides  organiques.    Note 
de  MM.  Ph.-A.  Give  et  A.  Baid,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  effectué  une  seconde  série  de  déterminations  de  constantes 
capillaires  relatives  à  des  liquides  organiques;  nous  en  transcrivons  les 
détails  dans  le  Tableau  suivant,  établi  de  la  même  façon  que  celui  repro- 
duit dans  notre  précédente  Communication  ('). 


f. 

d. 

V, 

Y(Mv)a. 

K. 

■T. 

CMI'.CH; 

;N, 

.OH 

Valéroxime. 

M 

=  lOI. 

l6,2 

0,8958 

27,28 

636,66 

» 

)> 

55,4 

0,8608 

23,58 

565 , I 2 

I  ,825 

.,25 

io6,4 

o,8i44 

«9.4o 

482,44 

•-709 

1,39 

l52,2 

0,771.5 

i5,58            401,70 

1,727 

1 ,  35 

.Ir 

(')  Voir  GuTB  et  Bacd,  Comptes  rendus,  l.  CXXXII,  p.  1481. 


(  i554  ) 


t'. 

d.                            y.                  v(Mv)3. 

K. 

.T. 

.  ^.C:N.OH         Méthyléthylcéloxime. 

Mrr:87. 

i3,8 

0,9263              29,30             6o5,4o 

1) 

)> 

i5o,4 

0,7963              16, o5             366, 81 

1,746 

1,33 

C  H= .  0 .  CO .  NH^         Phényluréthane. 

M  =  137. 

63,8 

1,0780             34,17             807,09 

» 

)) 

108,8 

i,o388             3o,68             794,9° 

1,382 

1,90 

i52,8 

0,9990            26,17             695,   9 

1 ,810 

r  ,26 

GH' .  0 .  CO .  Nl-P         Méthyluréthane. 

M=r75. 

55,9 

i,i358             37,49             612,47 

» 

» 

101,2 

1,0872             32,   2             541,   6 

1,564 

1,57 

i5o,9 

I ,o334             26,70             464,55 

1,557 

1,58 

C^H^  0 .  CO .  NH2         Éthyluréthane. 

M  =  89. 

65, 1 

1,0395             3o,26             587,81 

» 

)) 

107,6 

1,0006             26, 3o             524,06 

1 ,  5oo 

1,68 

i52,6 

0,9509             22,00             453, 3o 

1,537 

1,62 

C  H' .  0 .  CO .  NH2         Isopropyliiréthane. 

M  =  io3 

65,5 

0,9951             27,67             610,00 

» 

» 

107,3 

0,9552             24,18             547,80 

1,488 

1,701 

.52,4 

0,9097             20, 56             481,16 

1,494 

1,691 

»  L'examen  des  valeurs  numériques  de  K  et  a;  obtenues  conduit  à  for- 
muler les  conclusions  suivantes  : 

»  1.  Tous  les  corps  mentionnés  plus  haut  sont  polymérisés  à  l'état 
liquide;  les  uréthaues  de  la  série  grasse  et  le  valéroxime  conservent 
chacun  le  même  degré  de  polymérisation  dans  tout  l'intervalle  de  tempé- 
rature dans  lequel  ils  ont  été  étudiés;  le  phényluréthane,  formé  de  molé- 
cules doubles  à  basse  température,  se  décompose  en  molécules  plus  simples 
il  température  élevée. 

»  Alix  groupes  chimiques  déjà  connus,  comme  caractérisés  par  la  polv- 
mérisalion  à  l'état  liquide  (eau,  alcools,  acides,  cétones,  nitriles  alipha- 
tiques),  il  faut  donc  ajouter  le  groupe  des  oximes  et  celui  des  uréthanes. 

»  2.  Le  groupe  des  uréthanes  aliphatiques  donne  lieu  à  une  observation 
tout  à  fait  nouvelle  :  à  l'inverse  de  ce  que  l'on  observe  chez  tous  les  groupes 


(   1555  ) 

de  liquides  anormaux,  le  dérivé  méthylé  est  moins  polymérisé  que  le  dérivé 
éthylé,  et  celui-ci,  moins  que  le  composé  propylé. 

»  3.  Si  l'on  rapproche  nos  résultats  de  ceux  de  nos  devanciers,  on  est 
amené  à  conclure  que  les  phénomènes  de  polymérisation  des  liquides  sont 
en  relation  étroite  avec  la  fonction  chimique.  En  effet,  on  les  observe 
jusqu'à  présent  avec  les  fonctions  :  OH  alcoolique,  OH  acide,  CO  des 
cétones  et  aldéhydes,  GN  des  nitriles,  NH-  des  aminés  aromatiques,  fonc- 
tions que  nous  appellerons,  pour  abréger,  fonctions polyméri santés. 

»  Il  est  aisé  de  constater  que  lorsqu'un  corps  présente  deux  de  ces 
fonctions,  la  polymérisation  est,  en  général,  plus  accentuée,  à  complexité 
moléculaire  égale,  que  lorsqu'une  seule  entre  en  jeu. 

»  Exemples  :  Les  acides  gras,  avec  les  deux  fonctions  polymérisantes 
CO  et  OH,  sont  plus  pohmérisés  que  les  alcools  ou  cétones  du  même 
nombre  d'atomes  de  carbone  (voir  les  mesures  de  MM.  Ramsay  et  Sliields 
et  de  MM.  Dutoit  et  Friederich);  de  même  les  urélhanes,  avec  les  deux 
fonctions  polymérisantes  NH"  et  CO,  sont  plus  polymérisés  que  les  aminés 
ou  cétones  de  même  complexité  moléculaire  : 

K. 

Aniline C'H'.NH^  i,6oà2,o5 

Acélophéiione CH^CO.C'H^  2,1^ 

Phénj'IurétI.anu CMl^OCONH^  i,38ài,8i 

»  Ces  faits  nous  paraissent  confirmer  l'opinion  émise  dès  1892  par  l'un 
de  nous  (')  que  la  polymérisation  des  Jicpiides,  telle  qu'elle  est  révélée 
par  la  méthode  des  ascensions  capillaires  et  d'autres  propriétés  physiques, 
doit  être  considérée  comme  d'ordre  essentiellement  chimique,  analogue  à  . 
celle  de  l'aldéhyde  dans  la  paraldéhyde  ou  à  celle  du  cyanogène  dans  les 
dérivés  du  tricyanogène  et,  par  conséquent,  toute  différente  d'une  associa- 
tion physique  de  molécules  chimiques  simples. 

»  Nous  ne  croyons  pas  inutile  de  rappeler  à  ce  propos  que  cette  concep- 
tion est  confirmée  par  la  mise  en  évidence  de  deux  pouvoirs  rota- 
toires  (x)„  différents  (-)  pour  les  molécules  simples  et  complexes,  qui 
constituent  l'alcool  amylique  actif  et  l'acide  valérique  actif.  » 


(')  Pii.-A.  GuYK,  Ann,  Ch.   Ph.,  6°  série,  l.  XIII,  p.  242.  —  Arcli,  Se.  pli.    nat. 
Genève,  3°  série,  l.  XXIII,  p.  281,  et  3«  série,  t.  XXXI,  p.  38  et  164. 

(')  GuïE  et  Aston,  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  819,  et  t.  CXXX,  p.  585. 


(  i556  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  de  l'oxyde  phosphoreux. 
Note  de  M.  A.  Besson,  présentée  par  M.  Troost. 

«  J'ai  eu  l'honneur,  en  l'année  1897,  de  présenter  à  l'Académie  deux 
Notes  (*)  sur  les  modes  de  formation  et  les  principales  propriétés  d'un 
nouvel  oxyde  du  phosphore,  l'oxyde  phosphoreux  P-O  que  j'avais  obtenu 
par  trois  procédés  différents  : 

Ml"  Action  de  l'hydrogène  phosphore  gazeux  sur  le  chlorure  de  phos- 

phoryleen  présence  d'acide  bromhydriqueàune  température  de  5o°-ioo"; 

»   2°  Action  du  trichlorure  de  phosphore  sur  l'acide  phosphoreux,  les 

deux  substances  étant  chauflées  au  bain-marie  à  100°  dans  un  appareil  a 

reflux  et  dans  un  courant  de  gaz  inerte  (CO")  ; 

»  3°  Oxydation  du  phosphore  en  solution  chlorocarbonique  par  de  l'air 
sec  et  à  une  douce  chaleur. 

»  A  la  suite  de  la  production  du  même  corps  à  composition  définie  dans 
ces  différentes  réactions,  j'avais  été  amené  à  faire  l'hypothèse  que  les 
différents  sous-oxydes  de  phosphore  précédemment  signalés  (oxydes  jaune 
ou  rouge  de  Leverrier,  Gautier,  etc.)  devaient  être  formés  d'oxyde  phos- 
phoreux impur  : 

»  Dans  cette  hypothèse,  l'oxyde  rouge  de  Leverrier  eût  été  de  l'oxyde 
phosphoreux  renfermant  du  phosphore  P'O  =  P='0  4- P';  l'oxyde  jaune 
de  Gautier,  obtenu  avec  les  mêmes  produits,  mais  dans  des  circonstances 
un  peu  différentes  du  procédé  (2°),  de  l'oxyde  phosphoreux  associé  à  du 
phosphure  solide  d'hydrogène  P*OH  =  P-0  4-  P'H,  etc. 

»  Or,  depuis  lors,  Michaelis,  d'abord  en  collaboration  avec  Pitsch,  puis 
avec  Arend,  a  repris  l'étude  des  oxydes  inférieurs  du  phosphore  dans  deux 
Mémoires  publiés  dans  les  Annales  de  Liebig,  t.  CCCX.  p.  45,  et  t.  CCCXIV, 
p.  259. 

»  Ce  travail,  qui  fait  le  plus  grand  honneur  aux  deux  chimistes  qui  en 
sont  les  auteurs,  conduit  à  admettre  définitivement  l'existence  du  sous- 
oxyde  de  phosphure  P'O,  connu  sous  le  nom  à' oxyde  de  Leverrier,  qui  s'ob- 
tient notamment  à  l'état  de  pureté,  d'après  les  auteurs  du  travail  que  je 


(')  Sur  un  noui-el  oxyde  du  phosphore,  l'oxyde  phosphoreux  P'O  {Comptes 
rendus,  t.  CXXIV,  p.  768);  Sur  l'oxyde  phosphoreux  {Comptes  rendus,  t.  CXXIV, 
p.  1082). 


(  IS'i?  ) 

viens  de  citer,  en  précipitant  par  un  acide  dilué  une  solution  de  phosphore 
dans  la  potasse  alcoolique. 

»  La  similitude  de  l'aspect  et  des  propriétés  physiques  attribuées  à  ce 
corps  par  les  chimistes  allemands  avec  ceux  de  l'oxyde  phosphoreux,  ainsi 
qu'un  certain  doute  sur  l'existence  de  ce  corps  que  semblent  émettre  ces 
chimistes,  m'ont  décidé  à  reprendre  mon  travail  antérieur. 

»  J'ai  préparé  de  l'oxyde  phosphoreux  par  le  procédé  fondamental,  en  dissolvant 
du  gaz  bronihydriqiie  à  froid  dans  du  chlorure  de  phosphoryle  pur,  puis  faisant  passer 
un  courant  de  gaz  PH^  ;  la  formation  de  bromure  de  phosphonium  à  froid  est  accom- 
pagnée du  dépôt  dès  cette  température  d'une  petite  quantité  de  corps  solide  jaunâtre, 
mais  ce  n'est  qu'en  portant  la  température  au-dessus  de  Jo°  que  sa  formation  devient 
régulière.  En  maintenant  quelques  heures  au  bain-marie  bouillant,  on  constate  la 
formation  d'un  dépôt  volumineux  jaune  orangé,  qu'on  sépare  par  fillration  sur  de 
l'aniiante. 

»  Ce  corps  retient  énergiquemenl  de  petites  quantités  d'éléments  halogènes,  qu'un 
épuisement  prolongé  par  différents  liquides  anhydres  (CCI*,  CS^,  éther)  a  été  inca- 
pable de  faire  disparaître.  Il  a  fallu  recourir  à  un  chauffage  à  ioo°,  en  tube  scellé  avec 
de  l'eau,  pendant  quelques  heures;  l'atmosphère  du  tube  renferme,  à  l'ouverture, 
un  peu  d'hydrogène  phosphore  spontanément  inflammable.  Le  précipité  orangé  retenu 
par  un  filtre  est  desséché  dans  le  vide,  d'abord  à  froid,  puis  à  loo". 

»  11  ne  renferme  plus  trace  d'élément  halogène;  le  phosphore  y  a  été  dosé,  pour 
suivre  le  même  mode  opératoire  que  les  chimistes  allemands,  en  dissolvant  la  substance 
dans  l'eau  de  brome  et  précipitant  à  l'état  de  phosphate  ammoniaco-magnésien. 


»  Les  résultats  de  trois  analyses  sont  les  suivants  : 


Théorie 

Théorie 

II. 

III. 

pour  P-0. 

pour  P*0, 

79,% 

79,85 

79,49 

88,57 

I. 

P  pour  loo 80,09 

»  D'autre  part,  je  possédais  encore  un  échantillon  obtenu  autrefois  par 
le  procédé  (2"^),  action  de  l'acide  phosphoreux  sur  le  trichlorure  de  phos- 
phore. Analvsé  dans  des  conditions  semblables,  il  adonné  pour  résultat  : 
P  pour  100  =  80, o3. 

»  Il  ressort  de  là  qu'aucun  doute  ne  peut  subsister  au  sujet  de  l'existence 
de  l'oxyde  phosphoreux  P-O  que  j'ai  précédemment  décrit.    » 


C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N"  25.)  20I 


(   i558  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l' action  des  radiations  solaires  sur  le  chlorure 
d'argent  en  présence  d'hydrogène.  Note  de  M.  Jouniaus,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Lorsque,  dans  une  atmosphère  limitée  d'hydrogène  pur,  on  expose  du 
chlorure  d'ai'gent  pulvérulent  à  la  lumière  solaire,  il  ne  tarde  pas  à  perdre 
sa  couleur  blanche  pour  noircir  après  avoir  passé  par  une  série  de  teintes 
intermédiaires.  Il  se  forme,  dans  ces  conditions,  de  l'argent  métallique,  au 
moins  à  la  surface  des  particules  du  chlorure,  et  l'on  constate  que  de  l'acide 
chlorhydrique  gazeux  prend  naissance  : 

Durée  Proportion  centésimale 

de  l'insolation.  d'hydracide  formé. 

8  jours 1 1  ,40 

i5  jours 16, 85 

5  semaines 37,12 

2  mois 4i  )  44 

3  mois 43 ,  88 

4  mois 30,09 

5  mois 52,08 

6  mois 59)59 

18  mois 67,24 

»  Remarquons  combien  la  réaction  est  lente,  puisque  même  au  bout  de 
dix-huit  mois  d'exposition  à  la  lumière  les  f  seulement  du  mélange  gazeux 
que  renferme  le  système  sont  occupés  par  l'acide  chlorhydrique. 

»  En  second  lieu,  l'expérience  montre  que  la  quantité  d'hydracide 
formé  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  proportionnelle  à  la  surface 
du  chlorure  d'argent  qui  reçoit  l'impression  lumineuse. 

»  Si,  en  effet,  nous  exposons  à  la  lumière  solaire,  côle  à  côte  et  pendant  le  même 
temps,  des  tubes  scellés  renfermant  de  l'hydrogène  et  un  même  poids  (iS')  de  chlo- 
rure d'argent,  en  morceaux  de  plus  en  plus  volumineux  que  des  tamisations  fraction- 
nées permettent  aisément  de  préparer,  on  obtient  des  nombres  bien  différents  : 

Durée  Proportion  centésimale 

de  l'insolation.  d'hydracide  forme. 

6  mois 59,91 

»  42, 3 1 

»  35,  10 

»  26 ,  69 

»         16,98 


(  '559  ) 
On  voil  ici  l'inHuence  très  nelle  de  la  surface  du  chlorure  d'argent  insolé 
sur  la  formation  du  gaz  acide  chlorhydri([ue. 

»  Nous  avons  d'ailleurs  fait  varier,  dans  des  limites  assez  larges,  la 
masse  du  chlorure  d'argent  pulvérulent  introduit  dans  les  tubes  scellés 
dont  les  volumes  étaient  comme  précédemment  sensiblement  constants. 

)'   Le  Tableau  suivanl  indique  les  résultats  liouvés  : 

riuiéc  Pnids  du  chlorure  d'argent       Proportion  centésimale 

de  l'insolation.  en  expérience.  d'hjdracide  l'oriiié/ 

b  mois 0,20  a4,34 

»       o,5o  33,63 

»       I  59 ,  59 

»       5  90 ,  23 

18  mois 0,20  3i  ,78 

»       o,3o  33,24 

»       I  67 ,  24 

•'       5  98,99 

»  Ce  dernier  résultat  est  très  important.  Il  montre  qu'après  une  expo- 
sition au  soleil  suffisamment  prolongée,  et  avec  une  quantité  convenable 
de  chlorure  d'argent,  tout  l'hydrogène  est  transformé  en  acide  chlorhv- 
drique. 

»  L'étude  de  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sec  sur  l'argent,  à  la  tem- 
pérature ordinaire  et  à  la  lumière,  nous  a  tl'ailleurs  fourni  une  vérification 
de  ce  fait  intéressant. 

»  Si,  en  effet,  on  expose  aux  radiations  solaires  des  tubes  scellés  renfermant  inliia- 
lemenl  de  l'argent  pur  et  de  l'acide  chlorhydrique  sec,  on  ne  trouve  jamais  à  l'analyse 
la  moindre  trace  d'hydrogène,  même  après  dix-neuf  mois  d'insolation.  Le  gaz  que  ren- 
fermaient alors  les  tubes  expérimentés  était  toujours  de  l'acide  chlorhydrique  pur, 
complètement  absorbable  par  l'eau.  Ajoutons  que  l'aspect  de  l'argent  n'a  jamais  été 
modifié  pendant  rexjiérience  :  il  a  constamment  conservé  sa  teinte  blanche  primitive. 
La  réaction 

Ag-hHClr^AgClH-H 

n'a  donc  pas  lieu  à  la  température  ordinaire  et  au  soleil. 

»  Dans  une  Note  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie ('),  nous  avons  montré  que  la  réduction  du  chlorure  d'argent  par 


(')  Sur  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sec  sur  l'argent  et   réaction  inverse 
{Comptes  rendus,  27  novembre  1899). 


(  »56o  ) 

l'hydrogène  ne  commençait  à  devenir  appréciable  qu'à  aSo".  A  toutes  les 
températures  inférieures  à  200",  cette  réduction  n'a  pas  lieu.  En  sorte  que, 
à  la  température  ordinaire  el  dans  l'obscurité,  un  système  renfermant  du 
chlorure  d'argent  et  de  l'hydrogène  est  en  équilibre,  mais  cet  état  d'équi- 
libre cesse  brusquement  si  l'on  fait  tomber  sur  ce  système  un  faisceau  de 
radiations  solaires.  Lorsqu'on  se  place  dans  certaines  conditions  expé- 
rimentales déterminées,  on  peut  aller  jusqu'à  transformer  tout  l'hydrogène 
en  acide  chlorhydrique,  réaction  que  les  seules  actions  calorifiques  ne 
réussissent  pas  à  rendre  totale,  dans  les  limites  de  température  où  il  nous 
a  été  possible  d'opérer.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Aclion  de  l'oxyde  mercurique  sur  les  solutions  aqueuses 
des  sels  métalliques.  Note  de  M.  A.  Mailhe. 

V  Dans  une  précédente  Communication  {Comptes  rendus,  t.  CXXII; 
mai  1901),  j'ai  fait  connaître  l'action  que  l'oxyde  mercurique  exerce  sur 
les  solutions  aqueuses  de  divers  sels  métalliques  de  zinc,  de  nickel,  de 
cobalt,  de  cuivre.  Nous  indiquerons  aujourd'hui  les  résultats  obtenus  avec 
quelques  autres  classes  de  sels. 

»  I.  Sels  de  manganèse.  —  Lorsqu'on  ajoute  de  l'oxyde  de  mercure  récemmenl 
précipité  à  une  solution  de  clilorure  de  manganèse,  on  a  d'abord  formation  d'un 
précipité  blanc  d'hydrate  manganeux  qui  ne  tarde  pas  à  brunirpar  suite  d'une  suroxy- 
dation, faisant  place  à  un  précipité  gélatineux  formé,  ainsi  que  Rose  l'avait  indiqué, 
par  un  oxychlorure  de  manganèse  mêlé  d'oxyde  manganoso-manganique. 

B  Au  sein  d'une  solution  de  sulfate  manganeux,  l'oxyde  mercurique  ne  produit 
aucun  déplacement,  même  après  plusieurs  mois  de  contact. 

»  Dans  une  solution  concentrée  à' azotate  de  manganèse,  l'oxyde  jaune  de  mercure 
est  remplacé  par  un  précipité  blanc  cristallin  qui  se  présente  au  microscope  sous  la 
forme  de  prismes  hexagonaux  bipyramidés  ayant  la  composition  d'un  nitrate  basique 
mixte  manganoso-mercurique  de  formule 

(.\zO')^HgMnO,3H2  0. 

))  Ces  cristaux  blancs  noircissent  peu  à  peu  à  la  surface  sans  que  leur  composition 
soit  sensiblement  modifiée. 

»  L'oxyde  rouge  mercurique  donne  lieu  à  la  même  formation. 

»  IL  Sels  de  cadmium.  —  L'oxyde  mercurique,  ajouté  à  une  solution  de  chlorure 
de  cadmium,  en  précipite  rapidement  une  poudre  blanche  amorphe  d'aspect  gélati- 
neux, constituée  par  un  oxychlorure  de  cadmium  de  formule 

CdCPCdO,7H^O. 


(  i56i  ) 

»  Un  précipité  d'oxvbromure  de  cadmium  se  produit  dans  les  mêmes  circonstances 
par  action  de  l'oxj'de  de  mercure  dans  une  solution  de  bromure  de  cadmium. 

«  Dans  une  solution  de  sulfate  de  cadmium,,  l'oxyde  jaune  ne  donne  lieu  à  aucun 
déplacement;  mais  dans  une  solution  A'' azotate  de  cadmium,  il  y  a  formation  d'un 
précipité  blanc  constitué  par  des  prismes  ou  des  lames  clinorhombiques  ayant  la 
composition  d'un  nitrate  basique  double  de  cadmium  et  de  mercure 

(AzO')2H2:.CdO,  SH^O. 

»  III.  Sels  de  plomb.  —  Au  sein  d'une  solution  de  chlorure  de  plomb,  l'oxyde  de 
mercure  récemment  précipité  disparaît  peu  à  peu  et  est  remplacé  par  une  poudre 
blanche  constituée  par  un  chlorure  basique  double  de  plomb  et  de  mercure  de  com- 
position 

HgCP.aPbO,  2H-O. 

»  ^.i^ azotate  de  plomb  n'a  donné  lieu,  au  contact  de  l'oxyde  de  mercure,  à  aucun 
déplacement. 

»  IV.  Sels  ferreux.  —  L'action  de  l'oxyde  mercurique  sur  les  sels  de  fer  est  parti- 
culièrement intéressante. 

»  Si  à  du  chlorure  ferreux,  préparé  soigneusement  à  l'abri  de  l'air,  on  ajoute  à  la 
fois  une  assez  grande  quantité  d'oxyde  mercurique  récemment  précipité,  on  a  forma- 
tion d'une  poudre  noire  qui  presque  instantanément  prend  une  couleur  jaune  brun. 
Cette  poudre  lavée  et  sécliée  semble  présenter  une  composition  homogène.  En  efl'el, 
l'eau  bouillante  ne  la  décompose  pas,  tandis  que  l'acide  azotique  ou  l'acide  chlorh)- 
drique  en  séparent  à  chaud  une  poudre  blanche  amorphe  constituée  par  du  chlorure 
mercureux  (60  pour  100)  et  dissolvent  un  chlorure  ferrique  très  basique  formé, 
pour  100  parties,  de  3,3  de  chlore  pour  16, 5  de  fer. 

»  Mais  si,  au  lieu  d'ajouter  brusquement  l'oxyde  de  mercure  à  la  solution  de  cido- 
rure  ferreux,  on  l'ajoute  peu  à  peu,  en  se  plaçant  toujours  à  l'abri  de  l'air,  cet  oxyde 
devient  d'abord  noir,  puis  jaune  brun  et  finalement  blanc.  En  opérant  ainsi  l'on  obtient 
une  poudre  blanche  amorjjhe  insoluble  dans  l'acide  azotique  à  froid,  constituée  uni- 
quement par  du  chlorure  mercureux,  en  même  temps  que  la  liqueur  se  charge  de 
chlorure  ferrique. 

»  Dans  une  solution  de  sulfate  ferreux  privée  de  sulfate  ferrique,  et  à  l'abri  de 
l'air,  l'oxyde  mercurique  se  change  instantanément  en  une  poudre  noire,  en  même 
temps  qu'il  y  a  précipitation  du  fer  sous  forme  de  sulfate  ferrique  basique.  Mais  si  le 
contact  est  assez  prolongé,  la  poudre  noire  disparaît  et  laisse  la  place  à  une  poudre 
jaune  amorphe  où  l'on  constate  la  présence  de  mercure  métallique  et  qui  peut  être 
considérée  comme  formée  par  un  mélange  de  sulfate  mercureux  et  d'un  sulfate 
basique  de  fer  de  formule 

»  La  liqueur  provenant  de  l'action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  le  sulfate  ferreux  a 
une  coloration  rouge,  elle  ne  contient  pas  de  mercure. 

»  Y .  Sels  ferriques. —  En  présence  d'une  solution  de  chlorure  ferrique.  l'oxyde  de 
m«rcure  est  dissous,  puis  laisse  déposer  un  précipité  rouge  gélatineux  d'oxychlorure. 


(   i56a  ) 

»  Si  à  une  solution  de  sulfate  ferrique  on  ajoute  de  l'oN-yde  de  mercure,  il  se 
dépose  une  poudre  amorphe  jaune  cirlron  constituée  par  un  sulfate  basique  de  mer- 
cure qui  présente  la  composition  du  turbith  minéral  :  * 

SO*Hg.  2HgO. 

»  L'oxyde  mercurique  ajouté  à  une  solution  A' azotate  ferrique  se  dissout  peu  à  peu, 
puis  quand  la  saturation  est  complète  il  se  dépose  une  poudre  cristalline  formée  de 
tables  hexagonales  irrégulières  paraissant  appartenir  au  système  monoclinique.  Ces 
tables  séchées  ne  peuvent  être  privées  totalement  de  leur  eau  mère  qui  leur  commu- 
nique une  teinte  jaune  due  au  sel  ferrique  entraîné  (la  proportion  de  fer  ainsi  fixé 
est  de  4  pour  loo).  Ces  cristaux  présentent  la  composition  d'un  azotate  basique  de 
mercure  déjà  connu  : 

(AzO=)2Hg.HgO,H20. 

«  Ces  résultats,  ainsi  que  ceux  que  nous  avons  indiqués  antérieurement, 
montrent  que  l'oxyde  de  mercure,  contrairement  à  ce  qu'avait  annoncé 
Rose,  déplace  à  froid  les  oxydes,  non  seulement  des  solutions  de  leurs  chlo- 
rures, mais  aussi  des  solutions  de  la  plupart  des  sels  oxygénés,  en  particu- 
lier des  azotates.  L'action  négative  obtenue  avec  les  solutions  des  sulfates 
métalliques  tient  sans  doute  à  la  faible  concentration  de  ces  solutions. 

»  L'action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  les  dissolutions  des  azotates  et 
des  chlorures  ne  précipite  pas  simplement  un  oxyde,  mais  un  sel  basique 
simple  ou  un  sel  basique  mixte. 

»  Cette  formation  d'un  sel  basique  mixte  avec  les  azotates  est  plus 
rapide  à  chaud.  Chaque  fois  qu'on  traite  une  solution  d'un  azotate  métal- 
lique par  l'oxyde  mercurique,  il  y  a  dissolution  de  l'oxyde,  puis,  par  refroi- 
dissement, dépôt  d'un  azotate  basique  mixte  cristallisé.  Ces  azotates 
basiques  cristallisés  présentent,  à  la  quantité  d'eau  près,  la  même  compo- 
sition, mais  une  cristallisation  différente  des  azotates  mixtes  obtenus  à 
froid  : 

(AzO^/Hg.ZnO,H-0. 

2(AzO=')-Hg.3NiO,8H-0. 
(AzO^)-Hg.NiO,2H-0. 
(A.zO')^Hg.CoO,4H-0. 
(AzO^)-Hg.CuO,2H^O. 
(AzO')='Hg.MnO,2H-0. 
(AzO=')^Hg.CdO,2H-0. 

»  M.  Recoura  a  pubhé  récemment  {Comptes  rendus,  1 7  juin  )  une  Note  sur 


(  r563  ) 

les  sels  mixtes  qu'il  obtient  par  action  de  l'hydrate  cuivrique  sur  divers  sels 
métalliques.  J'ai  moi-même  entrepris,  parallèlement  à  ceux  de  l'oxyde  de 
mercure,  des  travaux  sur  ce  point.  J'ai  obtenu  ainsi  particulièrement  avec 
le  chlorure  et  le  bromure  de  zinc,  le  chlorure  de  cobalt,  le  bromure  de 
nickel,  les  azotates  de  Ni,  deClo,  etc.,  des  composés  cristallisés  bien  définis 
que  j'aurai  l'honneur  de  décrire  prochainement.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Obsenalioiis  sur  les  sels  basiques  renfermant  plusieurs 
oxydes  métalliques.  Note  de  M.  G.  André. 

«  A  propos  des  Notes  communiquées  tout  récemment  à  l'Académie  par 
MM.  Mailhe  (ce  Volume,  p.  1273)  et  Recoura  (ce  Volume,  p.  i4i4)>  je 
me  permets  de  rappeler  que  j'ai  déjà  décrit,  il  y  a  plusieurs  années  ('), 
des  oxychlorures  complexes  constituant  des  sels  basiques  à  deux  métaux, 
et  notamment  les  corps  que  l'on  obtient  en  combinant  les  chlorures  de 
calcium,  de  baryum,  de  strontium  avec  les  oxydes  de  plomb  et  de  mercure, 
le  chlorure  de  zinc  avec  les  oxydes  de  plomb,  de  mercure  et  de  cuivre,  le 
chlorure  de  manganèse  avec  l'oxyde  de  cuivre.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Action  des  hases  et  des  acides  sur  les  sels  d'aminés. 
Note  de  M.  Albert  Coi.sox,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  I.  J'ai  établi  que  la  pipéridine  au  contact  des  sels  ammoniacaux  donne 
lieu  à  une  réaction  limitée  par  la  tension  du  gaz  ammoniac  (^).  Je  vais 
indiquer  quelques  mesures  de  tensions  et  montrer  que  la  réversibilité  de 
la  réaction  présente  des  particularités  analogues  à  celles  que  j'ai  signalées 
à  propos  de  la  dissociation  du  carbonate  d'argent. 

»  Plaçons  du  chlorhydrate  de  pipéridine  sec  dans  du  gaz  ammoniacal 
séché  sur  de  la  baryte  potassée.  A  la  température  de  la  glace  fondante, 
l'absorption  commence  quand  la  pression  de  l'ammoniaque  équivaut  à 
une  colonne  niercurielle  verticale  de  i255"°\  Dès  que  l'on  dépasse  cette 
pression,  elle  se  rétablit  lentement,  et  j'ai  dit  ailleurs  que,  si  l'on  opère 
dans  un  tube  incliné,  on  constate  un  écoulement  de  pipéridine  qui  dénote 


(')  Comptes  rendus,  t.  CIV,  p.  869  et  13i;  1887;  t.  CVI,  p.  854  ;  1888. 
(*)   Comptes  rendus,  t.  GXXIV,  p.  5o2  ;  1897. 


(  i564  ) 
un  déplacement  de  cette  base  conforme  à  l'équation 

(i)  P,  HCI4- AzH''=  AzH%HCl+P. 

mm 

Donc  à  la  température  de  0°  le  déplacement  exige  une  pression  r]o.  iiSb 
A  6°, 7  on  constate  que  le  déplacement  se  fait  sous  pression  de  ....  iSgS 
A  8° ,  3  »  »  ).  ...      1 698 

»  Si,  après  avoir  absorbé  une  certaine  masse  d'ammoniaque  à  tempéra- 
ture fixe,  on  abaisse  la  pression  au-dessous  de  la  tension,  celle-ci  ne  se 
rétablit  que  pour  de  faibles  variations  de  la  pression. 

»  Cela  tient  à  la  formation  des  sels  polyainmoniés  AzH^Cl,nAzH'  dé- 
couverts par  M.  Troost.  Nous  produisons,  en  effet,  du  chlorhvdrate  d'am- 
moniaque naissant  à  l'aide  d'un  excès  d'ammoniaque,  c'est-à-dire  que  nous 
réalisons  les  conditions  de  préparation  des  composés  de  M.  Troost,  et  leur 
tension  propre  de  dissociation  peut  apparaître  à  la  suite  d'une  trop  grande 
dépression  du  gaz  ammoniac. 

»  Cependant  la  réversibilité  de  la  réaction  (i)  reste  établie  par  ce  fait 
que,  si  l'on  verse  une  molécule  de  pipéridine  sèche  sur  i  molécule  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque  sec,  la  réaction  est  immédiate  et  donne  une 
tension  qui  à  0°  est  sensiblement  celle  que  nous  avons  observée  dans 
l'expérience  directe. 

))  Toutefois  la  réaction  se  ralentit  considérablement  si  les  corps  en  pré- 
sence sont  rigoureusement  secs,  et  plus  encore  si,  au  lieu  d'opérer  en 
atmosphère  ammoniacale,  on  opère  dans  un  tube  rempli  d'air  sec.  Le 
retard  apporté  à  la  réaction  est  alors  tel  qu'au  bout  de  deux  jours  la  pres- 
sion manométrique  ne  change  pas;  ce  n'est  qu'en  chauffant  le  mélange  à 
So"  qu'une  tension  se  manifeste;  à  100°  la  réaction  s'amorce  aussitôt  et 
continue  à  la  température  ordinaire.  Une  trace  d'eau  produit  le  même 
effet  qu'une  surélévation  de  température  :  la  réaction,  lente  au  début, 
devient  bientôt  sensible,  de  sorte  qu'en  l'absence  d'eau  ou,  plus  générale- 
ment, d'un  dissolvant,  l'air  sec  empêche  ou  du  moins  ralentit  considérable- 
ment l'action  d'un  liquide,  la  pipéridine,  sur  un  solide,  tel  que  le  chlorhy- 
drate d'ammoniaque. 

»  Il  semble  que  le  liquide  agisse  initialement  par  la  très  faible  tension 
de  sa  vapeur;  dans  l'air  sec,  l'émission  des  vapeurs  est  lente,  il  est  donc 
naturel  que  la  réaction  et  même  l'amorçage  se  ressentent  de  cette  lenteur, 
tandis  que  l'attaque  reprend  si,  par  élévation  de  température  ou  par  ioni- 
sation, on  développe  la  tension  ou  la  vitesse  d'émission. 


(  i565  ) 

»  II.  Polj chlorhydrates  d'alcaloïdes.  —  D'après  mes  expériences,  le 
chlorhydrate  neutre  de  pipéridine  et  celui  d'isobutylamine  absorbent  le 
gaz  chlorhydrique  sec  en  donnant  des  sels  acides  liquides  à  20°.  La  ten- 
sion de  l'acide  chlorhvdrique  dans  ces  composés  est  notablement  inférieure 
à  celle  de  l'acide  sulfureux  liquide;  par  exemple,  la  tension  du  bichlor- 
hydrate  de  di-isobutylamine  est  de  1*""  à  la  température  de  34°.  De  sorte 
que  la  formation  de  ces  polychlorhydrates  constitue  un  procédé  de  liqué- 
faction indirect,  utilisable  pour  le  transport  des  gaz  difficilement  liqué- 
fiables, tels  que  l'acide  chlorhydrique. 

»  J'ai  cherché  si  l'absorption  de  l'acide  gazeux  en  excès  tenait  à  l'énergie 
chimique  de  la  base  ou  bien  à  sa  constitution  chimique.  L'ammoniaque, 
par  ses  constantes  thermiques,  est  une  base  intermédiaire  entre  la  pipéri- 
dine et  la  di-isobutylamine.  Si  l'absorption  de  l'acide  en  excès  dépend  de 
l'énergie  basique,  l'ammoniaque  doit  alors  fournir  des  polychlorhydrates; 
sinon  cette  propriété  n'est  pas  indépendante  de  la  présence  des  radicaux 
hydrocarboncs  qui  entrent  dans  la  constitution  de  la  pipéridine  et  dans 
celle  de  la  bulylamine.  Or,  en  comprimant  un  mélange  de  chlorhydrate 
d'ammoniiique  et  de  gaz  chlorhydrique  sous  une  pression  de  3154"""  de 
mercure,  je  n'ai  pas  constaté  d'absor|3tioii,  même  en  refroidissant  à  — 21". 
Il  semble  donc  que  le  radical  hydrocarboné,  fixé  à  l'amidogène  dans  les 
alcaloïdes,  attire  l'acide  chlorhydrique  comme  le  font  les  hydrocarbures 
non  saturés.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Sur  VêrythrUe  racémique. 
Note  de  MM.  L.  Maquenne  et  Gab.  Bertrand,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Dans  un  remarquable  Travail  qui  date  aujourd'hui  de  huit  ans  ('), 
M.  Griner  réussit  à  transformer  les  dibromures  stéréoisomères  du  croto- 
nylène  en  deux  tétrites  inactives  qui  répondent  à  la  même  formule  brute 
CH'^O*.  L'une  d'elles  se  trouvant  identique  à  l'érythrite  ordinaire, 
l'autre  ne  pouvait  être  que  son  isomère  racémique  prévu  par  la  théorie  ; 
c'est,  en  elVet,  sous  ce  nom  que  M.  Griner  l'a  décrite,  sans  parvenir  d'ail- 
leurs à  la  dédoubler  en  ses  composants,  qui  restaient,  par  suite,  encore 
inconnus. 

»  En  possession  des  deux  érylhrites  inverses,  dont  nous  avons  fait  con- 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXVI,  p.  723,  et  t.  CXVII,  p.  553. 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N-  25.)  203 


(  i566  ) 

naître  récemment  les  propriétés  ('),  il  nous  a  été  facile  de  reproduire  le 
corps  inactif  de  M.  Griner  et  de  compléter  sur  différents  points  les  indica- 
tions fournies  par  cet  auteur. 

»  L'érjthrite  racéinique  prend  naissance  lorsqu'on  mélange  à  poids  égaux  les  deux 
érythrites  actives;  on  obtient  ainsi  une  solution  qui  n'agit  plus  sur  la  lumière  pola- 
risée et  cristallise  lentement  dans  le  dessiccateur  à  acide  sulfurique. 

»  Les  cristaux  enchevêtrés  et,  par  suite,  assez  indistincts,  n'ont  pu  être  déterminés, 
mais  il  est  vraisemblable  qu'ils  appartiennent  au  même  système  que  ceux  de  l'éry- 
thrite  active,  car  on  peut  faire  cesser  la  surfusion  du  produit  racémique  par  ensemen- 
cement avec  l'un  ou  l'autre  de  ses  composants  actifs,  alors  que  l'érythrite  ordinaire 
n'agit  pas. 

»  Cette  circonstance  porte  à  croire  qu'il  n'y  a  pas  ici  de  véritable  racémisation,  au 
moins  à  la  température  ordinaire;  l'érythrite  dite  /'flceV/Hï/Me  ne  serait  alors  qu'un 
simple  mélange,  inactif  par  compensation. 

»  Plus  soluble  encore  que  ses  composants,  aussi  bien  dans  l'alcool  que  dans  l'eau, 
l'érythrite  racémique  est  déliquescente  et  ne  tarde  pas  à  se  liquéfier  au  contact  de 
l'air;  cette  propriété  contraste  avec  la  stabilité  des  érythrites  actives,  qui  sont  inalté- 
rables dans  les  mêmes  conditions. 

»  L'érythrite  racémique  fond  à  4-72°,  ainsi  que  M.  Griner  l'a  autrefois  indiqué; 
comme  ses  isomères,  elle  est  volatile  et  possède  une  saveur  franchement  sucrée. 

»  Tétracélinc  :  C*H^(C-IPO-)'.  —  Ce  corps  a  déjà  été  préparé  par  M.  Griner  en 
acétylant  l'érythrite  racémique  par  la  méthode  de  M.  Franchimont;  on  l'obtient  plus 
aisément  en  mélangeant  les  deux  acélines  actives  en  proportion  équimoléculaire  :  le 
produit  sirupeux  se  solidifie  de  lui-même  après  quelques  instants;  il  ne  reste  plus 
alors  qu'à  le  faire  recristalliser  dans  l'alcool. 

»  La  tétracétine  de  la  /-érythrile  se  présente  sous  la  forme  de  petits  cristaux  bril- 
lants, ce  qui  la  dislingue  de  ses  isomères  actifs  incristallisables;  elle  est  peu  soluble 
dans  l'eau  et  très  soluble  dans  l'alcool. 

»  Son  point  de  fusion,  un  peu  indécis,  nous  a  paru  voisin  de  -i-5o°-5i°,  un  peu 
plus  bas,  par  conséquent,  que  celui  qui  a  été  donné  pour  l'acétine  de  synthèse  (+  53°); 
cependant  nous  avons  pu,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Griner,  comparer  directement 
les  deux  corps  et  constater  qu'ils  se  ramollissent  et  fondent  ensemble  sur  le  bloc,  à  la 
même  température.  Ils  sont  donc,  ainsi  qu'on  pouvait  s'y  attendre,  rigoureusement 
identiques. 

»  Le  dosage  du  carbone  acétique,  par  saponification  alcaline,  a  donné  33,<Si  pour  loo, 
le  nombre  théorique  étant  33, 10. 

»  ActHal  dibenzoiquc  :  C'H' 0*(C"H°)-.  —  On  le  prépare,  comme  ses  isomères, 
en  traitant  par  l'aldéhyde  benzoïque  une  solution  alcoolique  d'érythrite  racémique 
saturée  de  gaz  chlorhydrique  à  froid. 

»  Ce  coi-ps  ressemble  aux  acétals  actifs,  mais  fonda  une  température  un  peu  plus 
basse,  à  -+-  220°.  Il  est  caractéristique. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  1419;  1901. 


(  '567  ) 

M  L'érjthrite  racéraique  de  synthèse,  préparée  par  M.  Griner,  donne  le  même  pro- 
duit, avec  le  même  point  de  fusion. 

»  Acétal  dkalérique  :  C*II''0'(C'H"')^  —  Ce  composé  prend  naissance  dans  les 
mêmes  conditions  que  les  acétals  valériques  de  l'érjthrite  active;  la  précipitation 
est  seulement  plus  lente  et  le  rendement  moins  avantageux.  Il  cristallise  sous  la  forme 
de  lamelles  blanches,  plus  petites  que  celles  des  acétals  actifs,  et  fond,  avec  quelque 
indécision,  vers  -I-  72°-73'>. 

»  L'acétal  divalérique  de  l'érythrite  inactive,  qui  n'a  pas  encore  été  décrit,  est  li- 
quide à  la  température  ordinaire.  Il  se  dissocie  à  l'air  en  abandonnant  des  cristaux 
d'éryllirite. 

»  En  résumé,  ces  recherches  confiriiîent  l'exactilude  des  résultats  an- 
noncés en  1893  par  M.  Griner  et  achèvent  de  faire  connaître  les  pro- 
priétés spécifiques  de  l'érythrite  inaclive  par  compensation. 

»  Nous  terminerons  en  donnant,  sous  forme  de  Tableau,  les  points  de 
fusion  des  quatre  érylhrites  stéréoisomères.  ainsi  que  ceux  de  leurs  déri- 
vés caractéristiques 


Act 

■tais 

Tétritcs 
libres. 

Tctra-acétine. 

valL'riques. 

benzoïques. 

Erythrite  inactive 

.      -H  1 20° 

+85' 

liquide 

-+-202 

Érythrite  racémique..  . 

.      4-  72 

-t-5o-5i 

+   72-   73 

-1-220 

Erythrites  actives 

.     +  88 

liquides 

+  io5-io6 

-l-23l 

»  La  famille  des  tétrites  .se  trouve  ainsi,  comme  celles  des  pentites,  dé- 
finie dans  tous  ses  termes  théoriquement  possibles.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Action  des  chlorures  d'acides  sur  les  aldéhydes, 
en  présence  du  chlorure  de  zinc.  Note  de  M.  Marcel  Descudë. 

«  On  sait,  depuis  Maxwell  Simpson  ('),  que  le  chlorure  d'acétyle  chauffé 
en  tube  scellé  avec  l'aldéhyde  éthylique  s'y  combine,  molécule  à  molécule, 
pour  donner  le  composé 

CH'  -  COO  —  CH-CI  -  CH'. 

»  Franchimont  (^)  a  étudié  l'action  du  chlorure  d'acétyle  sur  la  paral- 
dchyde  et  a  obtenu  le  corps  précédent. 

(')   Comptes  rendus,  t.  XL^'II,  p.  874. 

(-)  fiecueil  des  Travaux  chimiques  des  Pays-Bas,  t.  1. 


(  i568  ) 

»  Cette  combinaison  s'efTectiie  avec  une  énergie  et  une  rapidité  surpre- 
nantes, si  l'on  opère  en  présence  d'une  trace  de  chlorure  de  zinc  anhydre. 
Si  l'on  met,  en  effet,  un  tout  petit  fragment  de  chlorure  de  zinc  dans  un 
mélange,  molécule  à  molécule,  de  paraldéhyde  et  de  chlorure  d'acétyle, 
il  se  produit,  en  quelques  secondes,  un  vif  dégagement  de  chaleur  au  point 
où  se  trouve  le  chlorure  de  zinc,  et,  presque  aussitôt,  une  ébuUition 
tumultueuse  se  produit.  Ou  la  laisse  se  calmer  et,  vers  la  fin,  il  se  dépose 
un  corps  solide  blanc,  ayant  l'aspect  du  lait  caillé.  Si  l'on  filtre  et  qu'on 
distille,  on  recueille  presque  tout  de  ioo°  à  i25°.  Après  plusieurs  rectifica- 
tions, la  plus  grande  partie  de  ce  liquide  passe  à  1 19"-!  20°,  sous  la  pression 
de  740°"". 

»  Le  produit  ainsi  obtenu  a  la  composition  et  les  propriétés  de  la  com- 
binaison citée  plus  haut. 

»  L'action  des  chlorures  d'acides  sur  l'aldéhyde  formique  n'ayant  pas 
été  étudiée,  à  ma  connaissance,  j'ai  entrepris  cette  étude  en  opérant  tou- 
jours en  présence  du  chlorure  de  zinc,  bien  que  les  réactions  que  je  vais 
décrire  se  produisent,  mais  péniblement,  sans  l'intervention  de  cet  agent. 

»   Je  ne  mentionnerai  aujourd'hui  que  deux  de  ces  réactions. 

»  1°  Action  du  chlorure  d'acétyle  sur  le  trioxy méthylène.  —  Si,  à  un  mélange 
de  chlorure  d'acétyle  (Sos')  et  de  trioxymétliylène  (4os"'),  on  ajoute  quelques  grammes 
de  chlorure  de  zinc  anhydre  pulvérisé  et  qu'on  agite,  la  masse  ne  tarde  pas  à 
s'échauffer,  et  une  vive  réaction  se  produit.  Lorsqu'elle  est  calmée,  le  trioxymélhylène 
a  disparu  et  il  reste  le  chlorure  de  zinc  inaltéré.  Le  produit,  après  filtration,  étant 
rectifié,  on  obtient  environ  80  grammes  d'un  produit  passant  à  iio^-iia",  en  se 
décomposant  légèrement. 

»  C'est  un  liquide  incolore,  d'odeur  agréable  puis  piquante,  fumant  à  l'air.  Il  est 
plus  lourd  que  l'eau  qui  le  décompose  lentement  en  acide  acétique,  acide  chlorhy- 
drlque  et  aldéhyde  formique. 

»  Il   possède    donc    toutes   les    propriétés    de   l'acétochlorhydrine    de    méthylène 

(CH3— COO  — CH^Cl), 

obtenue  par  Henry  ('),  en  faisant  réagir  le  chlore  sur  l'acétate  de  méthyle,  et  ayant 
la  composition  du  corps  qui  résulterait  de  l'union,  molécule  à  molécule,  de  l'aldéhyde 
formique  avec  le  chlorure  d'acétyle  : 

GH^O  +  CH^-COCl. 
»  Il  jouit  encore  de  la  propriété  signalée  par  M.  Grimaux  {^),  à  propos  de  l'acé- 

(')  Deut.  chem.  Ges.  Ber.  vi,  p.  739. 
(*)  Comptes  rendus,  t.  XCIII,  p.  217. 


(  i569  ) 

lochlorhjdrine  de  méthylène,  de  se  combiner  avec  divers  alcaloïdes  pour  donner  des 
bases  qui  se  dissolvent  dans  l'acide  sulfurique  concentré  avec  une  coloration 
pourpre. 

»  Néanmoins,  sa  composition  diffère  sensiblement  de  celle  de  ce  produit,  et  l'on  doit 
lui  attribuer  la  formule 

CH»  —  COO  —  CH=  Cl  4-  -  HCl. 

2 

»  2°  Action  du  chlorure  de  benzoyle sur  le  trioxy méthylène.  —  En  opérant  comme 
précédemment,  mais  chauffant  un  peu  pour  amorcer  la  réaction,  on  ne  tarde  pas  à  voir 
le  liquide  entrer  en  ébullition,  et,  si  l'on  a  adapté  un  réfrigérant  ascendant  au  ballon 
dans  lequel  on  opère,  il  distille  une  petite  quantité  d'un  liquide  plus  lourd  que  l'eau; 
c'est  un  produit  chloré  distillant  au-dessous  de  ioo°.  N'en  ayant  pas  suffisamment  pour 
le  purifier,  je  n'ai  pas  encore  pu  le  soumettre  à  l'analyse.  Quant  au  produit  liquide 
resté  dans  le  ballon,  si  on  le  filtre  pour  le  séparer  du  chlorure  de  zinc,  et  qu'on  cherche 
à  le  distiller,  il  passe  du  trioxyméthylène  qui  se  condense  dans  le  réfrigérant  et  em- 
pêche toute  distillation.  Le  produit,  abandonné  à  lui-même,  ne  tarde  pas  à  se  prendre 
en  une  masse  cristalline  qui,  essorée  et  reprise  par  l'alcool  bouillant,  se  dépose  sous  la 
forme  de  beaux  cristaux  incolores  que  l'on  peut  avoir  d'une  limpidité  parfaite  et  en 
gros  prismes  orthorhombiques,  en  laissant  évaporer  lentement  une  solution  faite  dans 
l'éther  à  chaud. 

»  Ces  cristaux  sont  complètement  insolubles  dans  l'eau.  Ils  se  dissolvent  dans  les 
dissolvants  organiques,  mais  pas  en  très  fortes  proportions. 

»  A  l'analyse,  il  se  présente  comme  un  isomère  de  l'acide  benzoïque. 


244. 


n   •  I         1-     I  •      j..        •    .         1                    ■  (      i"'" expérience  :  2^2 

Foids  moléculaire  détermine  par  la  cryoscopie \  ^  Z 

J  r  ^2"  »  :  20O      j 

»  La  formule  que  l'on  doit  attribuer  à  ce  corps  est  la  suivante  : 

(C'H'O')'. 

»  Dans  une  Communicalion  ultérieure,  je  reviendrai  sur  cette  réaction 
pour  en  indiquer  le  mécanisme  et  l'étendre  à  d'autres  produits  homo- 
logues. » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nitration  fies  élhers  acétylacétiques  et  de  leurs  dérivés 
acidylés.  Note  de  MM.  L.  Couveault  et  A.  Bongert,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Dans  une  précédente  Note  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  701),  nous 
avons  décrit  la  préparation  des  deux  butyrylacétylacétates  de  méthvle, 
ainsi  que  leurs  dédoublements  sous  l'influence  de  l'eau  et  des  alcalis. 


(  i57o  ) 

))  Nous  avons  eu  l'idée  de  les  soumettre  l'un  et  l'autre  à  l'action  de 
l'acide  nitrique  fumant. 

»  On  opère  la  nitration  sans  précautions  spéciales,  en  ayant  soin  seulement  que  la 
température  ne  dépasse  pas  ^o".  Le  mélange,  versé  dans  l'eau  froide,  n'abandonnant 
qu'inie  très  faible  quantité  d'iuiile,  est  épuisé  à  l'étlier.  Ce  dissolvant  abandonne  un 
résidu  très  acide  qu'on  additionne  d'eau;  il  se  sépare  une  huile  dense  qu'on  sépare  et 
qu'on  soumet  à  la  distillation  dans  le  vide.  Les  premières  portions  contiennent  un 
mélange  d'acides  acétique  et  butyrique;  la  portion  principale  bout  très  nettement  dès 
la  seconde  distillation  à  i5i°  sous  ro""". 

)>  On  obtient  ainsi  un  liquide  un  peu  épais,  de  couleur  à  peine  ambrée,  d'une  odeur 
particulière;  c?°  ^  1,429.  Sa  composition  répond  à  la  formule  C H' AzO^,  que  la  déter- 
mination de  son  poids  moléculaire  par  crvoscopie  dans  le  benzène  a  conduit  à 
doubler. 

))  Le  nouveau  composé  est  un  étlier  méthylique;  l'ammoniaque  aqueuse  le  trans- 
forme à  froid  en  une  amide  peu  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  les  dissolvants  orga- 
niques neutres,  même  bouillants,  cristallisant  dans  l'eau  par  refroidissement  en  cris- 
taux très  nets,  fusibles  à  253°  avec  décomposition  et  bouillonnement, 

»  Cette  amide  a  pour  formule  (CHAzO)";  sa  faible  solubilité  ne  se  prête  pas  à 
l'emploi  de  la  méthode  cryoscopique;  mais  sa  formule,  qui  est  C*lI'Az*0*,  ne  laisse 
pas  de  doute,  car  la  seule  équation   qui  puisse   représenter  sa  formation  est  la  sui- 

C^H''Az=0»+ 2AzH'=:  2CH*0 -H  C'H'Az'O'. 

))  L'o-butyrjlacélylacétale  de  méthyle  fournil  le  même  éther  et  la  même  amide. 

»  Un  échantillon  de  c-diacétylacétate  d'éthyle  soumis  aussi  à  l'action  nitrante  se 
comporte  comme  les  corps  précédents,  avec  cette  différence  que  le  produit  obtenu  est 
un  élhcr  ét/iylique  qui  bout  à  161°  sous  10™"  et  a  pour  composition  C'H"'Az^O''  et 
pour  densité  dj^  1,296.  Cet  éther  fournit  avec  l'ammoniaque  la  même  amide  fusible 
à  253°. 

»  Nous  apprenons  par  ces  expériences  que  les  deux  séries  de  dérivés 
acidylés  isomères  se  comportent  de  même  à  la  nitration,  que  leurs  groupe- 
ments acidylés  sont  indifférents  dans  la  réaction  et  se  retrouvent  à  l'état 
d'acides  quand  elle  est  terminée.  Ceci  nous  laissait  prévoir  que  la  nitration 
iHire  et  simple  des  éthers  acétylacétiques  fournirait  les  mêmes  produits  que 
celle  de  leurs  dérivés  acidylés.  C'est,  en  effet,  ce  que  nous  avons  constaté  : 
l'acétylacétate  de  mélhyle  nous  a  fourni  l'éther  C°H°Az-  0%  l'acétylacétate 
d'éthyle,  l'éther  C'H"'Az-0%  l'un  et  l'autre  avec  un  bon  rendement,  l'un 
et  l'autre  transformables  en  l'amide  fusible  à  253°. 

»  La  nitration  de  l'acétylacétate  d'éthyle  a  été  réalisée  dès  i883  par 
M.  Prôpper  {Lieb.  Ann.,  t.  CCXXII,  p.  46):  nous  ne  doutons  pas  qu'il  ait 
eu  entre  les  mains  l'éther  C'H'°  Az-0°,  mais  il  ne  sut  pas  le  purifier  et  en 
méconnut  la  formule  et  les  propriétés. 


(  i57i  ) 
»   La   formalioii  des  deux   nouveaux   élhers  se  formule  par  les   deux 
équations  : 

2(CH'-CO-Cir-COOCH')+  oAzO'H 

=  2  C"  IP  O-  -h-  -2  H-  O  4-  C  H«  Az-  0% 
2(CH'  -C0-CH'-C00C=H=')-+-2Az0»H 
=  2C-H*0^+2H-0  4-C«H"'Az-0'. 

»  Elle  s'explique  en  admettant  la  formation  transitoire   d'un  dérivé 

nitré. 

CH'  -  CO  -  CH  -  CO  OCH' 

ÀzO- 

se  dédoublant  aussitôt  par  hydrolyse  en  acide  acétique  et  éther  nitroacé- 
tique.  Ce  dernier,  instable  en  présence  d'acide  nitrique,  se  déshydraterait 
et  se  polvmériserait  à  la  fois,  suivant  l'équation 

2CH=-C00CH'=  2H-0  +  C''H«Az-0» 
AzO^" 

»  Une  dernière  expérience  est  venue  donner  beaucoup  de  vraisemblance 
à  celte  explication  : 

»  On  olilient  le  nilroacétale  d'élliyle  pur,  comme  l'un  de  nous  l'a  montré  avec 
M.  Walil  {Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  748),  en  décomposant  son  sel  ammoniacal 
par  l'acide  chlorhydrique  étendu  ;  l'huile  qui  se  sépare  est  ensuite  distillée  dans  le 
vide.  Nous  avons  ainsi  obtenu,  outre  le  nitroacétale  d'éthyle,  qui  bout  à  9.3"  sous  lo"'"', 
des  portions  supérieures  qui  avaient  d'abord  été  mises  de  côté;  elles  ont  été  examinées 
récemment  :  une  portion  très  importante  passe  aux  environs  de  160°  sous  lo""",  pos- 
sède une  composition  très  voisine  de  C'H"'Az-0'^  ;  elle  est  formée  presque  exclusive- 
ment de  létlier  précédemment  décrit,  car,  agitée  avec  de  l'ammoniaque,  elle  fournit 
abondamment  l'amide  cristallisée  et  fusible  à  253°. 

»  Ce  produit  a  donc  pris  naissance  par  l'action  de  l'acide  cldorliydri([ue  étendu  sur 
le  nitroacétate  d'éthyle  ;  il  n'est  pas  étonnant  que  l'acide  nitrique  ait  provoqué  cette 
transformation  d'une  manière  intégrale. 

»  M.  Cramer  (B.  ch.  G.,  t.  XXV,  p.  716)  a  oblenu  aussi  un  cor[)s 
CU'^Az^O'  dans  l'oxydation  nitrique  de  l'oximidoacétate  d'éthyle  :  mais, 
comme  il  ne  donne  de  ce  corps  aucune  constante  physique  et  qu'il  n'en 
décrit  aucun  dérivé,  nous  n'avons  pu  les  comparer.  D'un  autre  côté, 
M.  Scholl,  dans  son  tout  récent  Travail  (D.  ch.  G.,  t.  XXXIV,  p.  870),  a 
décrit  aussi  un  liquide  CH'^Az^O",  dont  le  point  d'ébuUition  est  voisin 
de  celui  que  nous  avons  observé;  mais  les  dérivés  cristallisés  qu'il  fournit 


(    1^72    ) 

sont  tout  à  fait  différents  de  ceux  que  nous  avons  entre  les  mains.  Une 
prochaine  Note  donnera  les  résultats  définitifs  dé  la  conaparaison  de  ces 
divers  corps.    « 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  valeur  acidimélrlque  de  V  acide  parasulfanibque . 

Note  de  M.  G.  Massol, 

«  Cet  acide  m'a  paru  intéressant  à  étudier  à  cause  du  rapprochement  de 
la  fonction  aminé  aromatique  d'un  groupement  acide  minéral. 

»  L'acide  que  j'ai  employé  est  blanc,  bien  cristallisé,  se  volatilise  sans 
fondre.  L'essai  acidimétrique  à  la  phénolphtaléine  a  donné  ioo,5pour  loo, 
calculé  pour  CH*.  AzH-.  SO'Il;  le  produit  est  donc  anhydre. 

»  A.  Chaleur  de  dissolulion.  —  J'ai  pu  dissoudre  facilement  dans  le  calorimètre,  à 
la  température  de  20°  C,  i  molécule  d'acide  (173s'')  dans  17'''  d'eau;  il  s'est  produit 
une  absorption  de  chaleur  :  —  3"\84. 

»  B.  Chaleur  de  neutralisation.  —  La  chaleur  de  dissolulion  de  i  molécule  d'acide 
solide  dans  la  soude  {1  molécule  dans  4''')  a  produit  un  dégagement  de  chaleur: 
+  5™', 20.  En  ajoutant  à  ce  nombre  la  chaleur  absorbée  par  la  dissolution  de  l'acide 
dans  l'eau  ( —  3<^'>',84),  on  obtient  H-  9™', 07,  nombre  qui  représente  la  chaleur  de  neu- 
tralisation de  l'acide  par  la  base,  tous  les  corps  étant  dissous. 

»  C.  Sulfanilate  monosodique.  ■ —  La  dissolution  aqueuse  donne  par  évaporation 
de  beaux  cristaux,  appartenant  au  système  clinorhombique  et  renfermant  2  molécules 
d'eau  de  cristallisation.  Ce  sel  hydraté  se  dissout  dans  l'eau  avec  absorption  de  cha- 
leur :  —  7"^"', 84  pour  I  molécule  pesant  aSiS""  dissoute  dans  4"'  d'eau  à  +  12°  C. 

»  Pulvérisé  et  longuement  desséché  à  100°,  il  devient  anhydre  et  se  dissout  dans 
l'eau  avec  une  légère  absorption  de  chaleur  —  1'^^',  64  (i™°'=  igSs"'  dans  4'"  d'eau  à  13°). 

»  La  chaleur  d'hydratation  du  sel  est 

C«H',AzHSSO'Nasol.  -!-H-^Osol.  =  G'=HSAzH2,SO'Na,H20sol.  +3"i,34. 

»  D.  Chaleur  de  formation  du  sel  solide.  —  Les  données  ci-dessus  permettent  de 
calculer  la  chaleur  de  formation  du  sel  solide  à  partir  de  l'acide  et  de  la  base  solides. 

C«H»  AzH^S03H  sol.  -+-  NaOH  sol.  =  C=H*,  AzPP,S03Na  sol.  +  H^O  sol.  +  18"', 08. 

»  E.  Valeur  acidimétrique  comparée  de  l'acide  parasulfanilique.  —  La  compa- 
raison des  chaleurs  de  neutralisation  par  la  soude  des  acides  sulfureux,  phényl- 
sulfureux  et  sulfanilique  (phénylamidosuifureux)  permet  de  montrer  l'influence 
successive  des  groupements  CH*"  et  AzH-,  qui  affaiblissent  l'acidité  de  l'acide 
sulfureux  : 

cal 

Acide  sulfureux  récemment  dissous +16,6    (B) 

Acide  phénylsulfureux -f-i3,6    (B) 

Acide  phénylaminosuifureux -+-  9,07  (M) 


(  '573  ) 

»  L'influence  du  noyau  aromatique  se  traduit  par  un  abaissement  de  3"^"'  et  celle  de 
AztP  en  position  para  par  une  nouvelle  diminution  de  4"',  53,  ce  qui  est  considérable, 
étant  donné  son  éloignemeot  de  l'hydrogène  acide. 

»  Celte  diminution  est  supérieure  à  celle  que  l'on  observe  par  la  comparaison  des 
chaleurs  de  neutralisation  des  acides  benzoïques  et  para-amidobenzoïques  : 

OH'.CO^Hdiss.H-  NaOH  diss -+-  i3">,5  (B) 

C«H5.AzH2COMldiss.+  NaOHdiss....      -i-ia"',  i3  (A.  et  W.) 

Dans  ce  cas  AzII-,  également  en  position  para,  ne  diminue  l'acidité  que  de  i''"',37. 

)>  Il  en  résulte  qu'à  l'état  dissous  l'acidité  de  l'acide  para-amidobenzoïque  est  supé- 
rieure à  celle  de  l'acide  parasult'anilitjue  : 

C«lI*.AzIP.COMI  diss.  H- NaOHdiss..      +12"',  12  (A.  et  W.) 
C^H^.AzJPSO'Hdiss.  -h  NaOHdiss..  .     +9"',07  (M.), 

bien  que   l'acide    sulfureux,  récemment  dissous  ail  une  chaleur  de   neutralisation  de 
beaucoup  supérieure  à  celle  de  l'acide  carbonique  en  dissolution  : 

SO'  récemment  diss.  4-  Na  OH  diss..     +  i6'^''',6. 
CO'-  diss.  +  NaOHdiss ■+-  ii"',i- 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  si  l'on  ramène  tous  les  corps  à  l'état  solide;  c'est  alors 
l'acide  parasulfaniliijue  (|ui  dégage  plus  de  chaleur  que  l'acide  para-amidobenzoïque  ; 

G»  H*  Az  H'^  SO^  H  sol.  -t-  Na  OH  sol. 

=  CMPAzlI^SO»Nasol.-+-H-^OsoI.     -h  i8'=i,o8(M.). 

OH'Az  H'-CO'H  sol.  +  NaOH  sol. 

=  C«H«>AzH*CO»Nasol.-t-H»Osol.     +  16-'', 18  (A.  et  W.). 

ce  qui  montre  l'influence  des  réactions  secondaires  qui  se  produisent  à  l'état  dissous.  » 


CHIMIE  CRISTALLOGRAPHIQUE.  —  Sur  le  racémisme.  Note  de  MM.  J.  AIixguin 
et  E.  GnÉGOiRE  DE  BoLLEMONT,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  liBs  idées  émises  jusqu'à  présent  sur  le  racémisme  et,  en  particulier, 
celui  des  molécules  complexes,  sont  confuses,  sotivent  discutées,  et  les  très 
nombreux  Travaux  publiés  sur  cette  question  n'ont  pas  encore  permis  de 
définir  nettement  la  nature  d'un  racémique.  La  solution  de  ce  problème 
réside  certainement  dans  l'étude  d'un  très  grand  nombre  de  nouveaux 
dérivés;  aussi,  pour ajouterquelques  données  à  celles  déjà  acquises,  nous 
avons  préparé  un  certain  nombre  de  composés  du  camphre,  actifs  et  racé- 
niiques,   d'après  le  processus  indiqué  tantôt  par  M.   Haller,  tantôt  par 

C.  K.,   1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXII,  N°  25.)  2o3 


(  i574  ) 
MM.  Haller  et  Minguin  (').  Le  Tableau  ci-dessous  résume  les  propriétés  de 
ces  dérivés  racémiques  et  des  actifs  qui  ont  servi  à  les  former. 


Noms  des  composés. 

Benzylidéne- 

camphre. 

Benzylidène- 

camphrc  brome. 

Réduction  du  ben- 

zylidénecamphre 

brome. 

Succinate  neutre 

de  bornéol. 

Campbolate 
de  chloral. 

Campbolate 
de  bromal. 


Formule. 

/C  =  CH.CnP 
C'H"<  I 

Constitution  inconnue 
C''H"BrO 

Constitution   inconnue 
C''H=»0 

CH=.CO=C'»H" 

I 

CH=.CO=C'»H" 

G.Br  .GH^Qjj 


Point  de  fasion. 

Actif 
et 
Racé-      racé- 
Aclif.    inique,    uiiquc. 


XizîCH.C'H'.OCH^ 
Anisalcamphre.        C*H'\    I 
\C0 


Benzylcamphre 
brome. 


,G.Br.CH=C«FP 
C«H"/  I 

\go 


9» 


[28 


9'l 


78 
56 


68  43 

8.'?  82 

48  48 

109  82 


99 


37 


81 


Actif. 

droit     1.132 
gauche     i,i38 
,428 


droit 


droit 


Sauche 


I,.'|2I 


1 ,  134 


droit 


>,374 


Race- 
iiiiqne. 

1  ,i3g 
I ,  i35 
1,425 
ii4i9 

I  ,i53 

1 ,106 
1,108 


I  ,  I2i 

gauche     1,2-6       ',204 

gauche       '   ' 

(1,872      1,-27 

droit     1,868 
gauclie     1,160      i,i43 


1,432 
i,,^33 


Cryoscopie. 


Poids 
Racé-  molé- 
nilqiie.      culaire. 


droit 


(  226       222 
( 222        223 


(  357       356 


2?J0 


,     ...  3oo       01 3  , 

droit    ,  3i9 

Û07       3o5 


droit  !  """  222  240 

(  227 

,     (  368  371 

gauche  ;  „,  „;,.  390 


//  // 


gauche  255   252    270 
droit  298   296    021 


»  Certains  de  ces  composés  sont  d'une  netteté  parfaite  et  les  cristaux 
obtenus  atteignent  facilement  i*^^"  à  2'="'  de  côté;  leur  étude  crislallogra- 
phique  a  montré  qu'en  général  la  forme  cristalline  du  racémique  est  bien 
différente  de  celle  des  composés  actifs  (-).  Il  y  a  exception  cependant 
pour  les  benzylidènecamphre  brome  et  anisalcamphre  racémiques,  dont  la 
forme  cristalline  est  identique  à  celle  de  leurs  composants  actifs. 

»  Benzylidènecamphre  brome  actif.  ■ —  Obtenu  en  faisant  réagir  une  molécule 
de  brome  sur  une  molécule  de  benzylidènecamphre  (^).  Grands  prismes  ortho- 
rhombiques  de  ii8°,3o',  pour  Z>  =  iooo,  /î^686,7;  les  faces  observées  sont 
/;,,  e.i,  m,  ^^i,g3,  quelquefois  a^. 

»  Benzylidènecamplire  brome  racémique.  —  Obtenu  par  cristallisation  dans  un 
mélange  d'alcool  et  d'éther,  de  poids  égaux  des  dérivés  droit  et  gauche.  Grands  prismes 
orthorhombiques  de  118°;  les  faces  observées  sont  :  e^,  m,g^,g:^\  la  face  b^  n'a  jamais 


(')  Voir  dilFérentes  Notes  parues  aux  Comptes  rendus  et  au  Bulletin  de  la  Société 
chimique  (1888.  .  .  1900). 

(^)   Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  i546. 
(^)  Bull.  Soc.  chim.,  t.  XV,  p.  988. 


(  '575  ) 

été  observée,    mais  ej  existe   toujours.  L'extrémité  du  cristal,  seule,  se  trouve  donc 
légèrement  modifiée  par  l'absence  de  certaines  faces. 

»  Anisalcamphre   actif.   —   Grands  prismes  orthorhombiques  de   ii4°,45';  pour 

b  =  looo,  h  =:  297,4  ;  les  faces  observées  sont  :  «i,  ^,,  ^3,  «,,  e,,  e,,  6, . 

2  2 
»  Anisalcamphre  racémique.  —  Obtenu  par  cristallisation  dans  l'éther  de  quan- 
tités égales  des  dérivés  droit  et: gauche.  Grands  prismes  de  1 14°,  i5';  les  faces  observées 
sont  m,  fft,  ffj.  Les  dômes  sont  peu  nets;  on  a  pu  constater  cependant  les  faces  a, 
et  e,  ;  ici  encore  l'extrémité  du  cristal  est  légèrement  modifiée  par  l'absence  de  quel- 
ques faces. 

»  Points  de  fusion.  —  Pour  six  dérivés  étudiés,  les  racémiques,  dont  le 
point  de  fusion  est  inférieur  à  celui  des  actifs  correspondants,  jouissent  de 
la  propriété  de  se  dissoudre  plus  facilement  que  ces  derniers  dans  l'alcool, 
l'éther,  la  benzine  et  le  toluène;  l'inverse  a  lieu  pour  le  benzylcamphre 
brome  racémique,  dont  le  point  de  fusion  est  supérieur  à  celui  de  ses  com- 
posants. 

»  Considérons  ensuite  les  points  de  fusion  des  mélanges  à  parties  sensi- 
blement égales  de  dérivés  racémique  et  actif.  Un  tel  mélange,  s'il  est  con- 
stitué par  un  coinposc  actif  et  par  un  racémique  affectant  une  forme  cris- 
talline différente  de  celle  de  l'actif,  a  un  point  de/usion  commençant  inférieur 
au  point  de  fusion  de  celui  des  deux  corps  qui  fond  le  plus  bas.  D'autre 
part,  un  mélange  de  composés  actif  et  racémique  affectant  tuas  deux  la 
même  forme  cristalline  ^  un  point  de  fusion  commençant  ini  peu  plus  élevé 
que  le  point  de  fusion  de  celui  îles  deux  corps  qui  fond  le  plus  bas. 

»  On  peut  donc,  eu  égard  à  cette  différence  dans  la  fusion,  diviser  ces 
racémiques  en  deux  catégories  bien  distinctes  suivant  que  leur  forme  cris- 
talline est  différente  ou  identique  à  celle  des  actifs  correspondants.  Les 
j)remiers,  d'après  ce  qui  précède,  semblent  constituer  une  véritable  indi- 
vidualité, tandis  que  les  autres  paraissent  se  comporter  comme  un  mélange 
isomorphe.  Jusqu'à  un  certain  point  nous  pouvons  rapprocher  ces  faits  du 
racémisme  vrai  et  du  pseudoracémisme  définis  par  Ripping  et  Pope  ('). 
Le  benzylidènecamphre,  le  succinate  de  bornéol,  les  campholates  de  chlo- 
ral  et  de  bromal,  le  benzylcamphre  monobromé  seraient  de  véritables 
racémiques,  taudis  que  le  benzylidènecamphre  brome  et  l'anisalcamphre, 
qui,  comme  nous  l'avons  vu,  sont  à  peu  près  identiques  au  point  de  vue 
cristallographique,  constitueraient  de  simples  mélanges  isomorphes  en 
quantités  égales  des  dérivés  droit  et  gauche. 


(')  Cliem.  Soc,  t.  LXXI-LXXII,  p.  989-1000. 


(  i576  ) 

»  D'ailleurs,  l'un  de  nous  a  déjà  mis  en  évidence,  par  la  méthode  des 
figures  (le  corrosion,  cet  isomorphisme  des  corps  actifs  ('  ). 

»  Densités.  —  Les  densités  de  ces  dérivés  ont  été  déterminées  par  la 
méthode  du  flacon  et  sont  rapportées  à  l'eau  à  o". 

»  Le  benzylcamphre  brome  seul  suit  la  loi  de  Liebisch  (-).  La  densité 
du  racémique  est  plus  grande  que  celle  de  ses  constituants.  Les  densités  des 
succinate  neutre  de  bornéol,  anisalcamphre,  campholates  de  chloral  et  de 
bromal  actifs  sont  plus  grandes  que  celles  desracémiques  correspondants. 
Pour  les  autres  dérivés  étudiés,  la  densité  est  sensiblement  la  même  pour 
le  racémique  que  pour  les  dérivés  actifs. 

«  Cryoscopie.  —  La  méthode  cryoscopique  a  montré  pour  tous  ces 
dérivés,  sans  exception,  que  le  poids  moléculaire  des  combinaisons  racé- 
miques  pris  dans  la  benzine  à  une  concentration  de  ^^  de  molécule 
dans  1000'='',  et  même  en  solution  aussi  concentrée  que  possible,  est  iden- 
tique à  celui  des  constituants  actifs.  On  peut  en  conclure  que,  dans  ces 
conditions  de  concentration,  la  molécule  est  simple. 

»  Nous  nous  proposons  d'étudier  dans  le  même  sens  d'autres  racé- 
miques  de  la  série  du  camphre.  » 


MINÉRALOGIE.    —  Synthèse  de  la  boronatrocalcite  (ulexite).   Note  de 
M.  A.  DE  ScnuLTE\,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Pour  préparer  ce  minéral  artificiellement,  on  ajoute  une  solution  de 
chlorure  de  calcium  à  une  solution  de  borax  saturée  à  froid  et  employée 
en  grand  excès,  et  on  laisse  reposer  la  liqueur  dans  un  ballon  bouché 
pendant  i5  à  3o  jours.  Au  bout  de  ce  temps  le  précipité  amorphe,  qui  s'est 
formé  par  le  mélange  des  deux  solutions,  s'est  transformé  entièrement  en 
petits  cristaux.  On  lave  les  cristaux  rapidement  avec  une  petite  quantité 
d'eau  froide,  on  les  presse  entre  des  papiers  à  filtrer  et  on  les  dessèche  à 
l'air. 

»  La  composition  des  cristaux  correspond  à  la  formule  Na-0,  2  CaO, 
SB'^O',  16H-O,  qui  est  celle  qu'on  attribue  généralement  à  la  boronatro- 
calcite, ainsi  que  le  montrent  les  nombres  suivants  donnés  par  l'analyse  : 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  5io. 

(2)  Annalen,  t.  CGLWXVl,  p.   i4o;  1895. 


(  '577  ) 

Trouvé.  Calculé. 

Na'0 7,63  7,65 

Ca  O i4,o6  i3,79 

B«0' 42,68  43,10 

Hi'0 35,38  35,46  M 

99,74  100,00 

»  L'acide  borique  a  été  déterminé  par  la  méthode  iodométriqiie  due  à 
M.  L.-C.  Jones.  Deux  déterminations  de  ce  corps  ont  donné  des  résultats 
concordants. 

»  CliaufFés  légèrement,  les  cristaux  perdent  leur  eau  ;  au  rouge,  ils 
entrent  en  fusion.  Laissés  au  contact  de  l'eau  froide,  les  cristaux  se  dis- 
solvent peu  à  peu  entièrement. 

»  La  boronatrocalcite  artificielle,  comme  le  minéral  naturel,  se  présente 
en  aiguilles  tellement  fines  qu'il  est  impossible  d'étudier  leurs  propriétés 
optiques  et  cristallographiques.  L'épaisseur  des  cristaux  atteint  rarement 
o""",oo5.  Même  en  opérant  avec  de  grandes  quantités  de  matière  et  en 
laissant  séjourner  les  aiguilles  fort  longtemps  au  contact  de  la  solution  de 
borax,  je  ne  suis  pas  parvenu  à  obtenir  des  cristaux  plus  épais. 

»  La  densité  de  la  boronatrocalcite  artificielle  est  de  1,955  à  i5";  celle 
du  minéral  naturel,  qui  est  toujours  impur,  a  été  trouvée  égale  à  i,65  par 
M.  How(').   » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.    —  Sur  les  débuts  de.  la  germination  et  sur  l'évolution 
du  soufre  et  du  phosphore  pendant  cette  période .  Note  de  M.  G.  André. 

«  L  Lorsqu'on  examine  la  fijçon  dont  une  graine  évolue  normalement 
dans  le  sol,  on  constate  le  fait  général  suivant  bien  connu  :  la  £;raiiie 
diminue  de  poids  sec  pendant  quelques  jours  d'une  manière  constante,  sa 
perte  pouvant  atteindre  iS  et  même  33  pour  100  du  poids  de  la  graine 
initiale  supposée  sèche.  En  réalité,  si  la  matière  organique  diminue,  la 
graine  emprunte  au  sol  des  matières  minérales  (silice  et  chaux)  dès  le 
début  de  son  gonflement,  ainsi  que  je  l'ai  étudié  antérieurement;  l'absorp- 
tion de  l'acide  phospborique  et  de  la  potasse  n'ayant  lieu  que  plus  tard. 
Aussi  faut-il  retrancher  le  poids  des  cendres  du  poids  total  de  la  matière 


(')  Dana,  System  of  Mineralogy. 


(  IM  ) 

sèche  pour  connaître  exactement  les  variations  de  la  matière  organique 
seule.  On  obtient  ainsi  les  résultats  consignés  clans  le  Tableau  qui  suit, 
emjîrunté  à  une  des  nombreuses  séries  d'expériences  que  j'ai  exécutées 
sur  le  Haricot  d'Espagne. 

I.  II.  III.  IV.  V.  VI.  VII.  Mil. 

Graines.  —  —  —  —  —  —  —  — 


— 

.)  jours. 

7  jours. 

9  jours. 

1 1  jours. 

10  jours. 

i5  jours. 

17  jours 

29  mai  1900. 

3  juin. 

5  juin. 

7  ju'"- 

9  juin. 

n  juin. 

10  juin. 

1 5  j  u  i  n . 

Poids  de    loo    graines 
ou  planlules  sèches. 

io5, 5o 

102,74 

96,61 

92T68 

sr 

88, 3i 

80,74 

86,99 

98733 

Cendres  totales 

4,66 

4,78 

5,28 

6,08 

8,90 

7,53 

12,  l3 

12,97 

Matière  organique..  .  . 

100,84 

97.96 

91 ,33 

86,60 

79.41 

73,21 

74,86 

85,36 

Perte     pour     lOO     du 

poids  sec 

» 

2,62 

8,43 

12,16 

16, 3o 

23,47 

17,55 

6,80 

»  Il  résulte  de  l'examen  de  ce  Tableau  que  la  fin  apparente  de  la  germination  est 
le  moment  où  le  poids  sec  de  la  matière  organique  est  minimum,  soit,  ici,  à  la 
cinquième  prise  d'échantillon,  dans  laquelle  il  s'élève- à  'jZf',11  pour  100  plantules 
sèches.  Lorsque  la  graine  a  atteint  le  minimum  de  poids,  ses  cendres  pèsent  i  ,6  fois 
plus  que  celles  de  la  graine  ;  celte  proportion  est  très  sensiblement  la  même  dans  toutes 
les  séries  que  j'ai  étudiées.  Puis,  à  partir  de  cet  instant,  le  poids  de  la  matière  orga- 
nique se  relève  rapidement.  Pendant  les  treize  premiers  jours,  la  plantule  avait  perdu 
23  47  pour  100  de  son  poids;  dans  les  sept  jours  qui  suivent,  non  seulement  elle  a  re- 
trouvé le  poids  initial  de  sa  graine,  mais  elle  l'a  dépassé  de  21,39  pour  100.  L'absorption 
saline  augmente  aussi  beaucoup  et  la  nature  de  cette  absorption  change  bientôt  :  ce 
sont  les  phosphates  et  les  sels  de  potasse,  facteurs  essentiels  de  la  production  des  albu- 
minoïdes  et  de  la  migration  des  hydrates  de  carbone,  qui  montent  dans  la  plante 
concurremment  avec  la  silice  et  la  chaux. 

»  Si  la  perte  respiratoire  est  très  forte  au  début  de  la  germination, 
à  quel  moment  cependant  cette  perte  commence-t-elle  à  être  atténuée 
par  l'exercice  de  la  fonction  chlorophyllienne  naissante?  En  effet,  au 
moment  de  la  perte  maxima,  à  laquelle  nous  avons  fait  allusion,  la  plan- 
tule dresse  déjà  dans  l'air  une  lige  de  o™,io  de  hauteur,  garnie  générale- 
ment de  quatre  feuilles  bien  vertes,  et  il  est  évident  que  la  fonction 
d'assimilation  s'exerce  depuis  quelques  jours.  On  ne  peut  rien  dire  de 
précis  à  cet  égard,  puisque,  d'autre  part,  les  cotylédons,  non  encore  com- 
plètement vidés,  contribuent,  pendant  un  temps  variable,  à  la  nutrition  du 
végétal. 

1)  IL  L'étude  des  variations  du  soufre  et  du  phosphore  se  relie  naturel- 
lement à  celle  des  transformations  germinatives.  Les  variations  du  soufre 
total  et  celles  du  soufre  existant  à  l'état  de  sulfates,  c'est-à-dire  du  soufre 
oxydé,  sont  intéressantes  à  suivre. 


(  i579  ) 

»  E.  Schulze  (')  a  donné  à  cet  égard  des  indications  précises  en  examinant  la  façon 
dont  s'oxyde  progressivement  le  soufre  des  albuminoïdes^  au  fur  et  à  mesure  de  la 
destruction  de  ceux-ci,  chez  une  graine  (Lupin)  se  développant  dans  l'eau  seule  el  à 
l'abri  de  la  lumière.  J'ai  observé  que,  dans  la  germination  normale  de  la  graine  dans 
le  sol,  le  soufre  total  —  comprenant  à  la  fois  le  soufre  des  albuminoïdes,  celui  des 
composés  organiques  sulfurés  et  le  soufre  déjà  oxydé  à  l'état  de  sulfates  —  augmente 
régulièrement  depuis  le  commencement  de  la  germination  et,  au  moment  où  la  plan- 
tule  a  retrouvé  le  poids  de  sa  graine,  ce  soufre  est  environ  deux  fois  et  demie  plus  fort 
qu'au  début.  Or,  une  certaine  quantité  d'alburainoïdes  s'est  transformée  en  composés 
amidés  et,  par  conséquent,  le  soufre  devenu  disponible  s'oxyde  dès  qu'il  sort  de  leur 
molécule.  Mais,  dans  une  germination  normale,  cette  décomposition  des  albuminoïdes 
est  suivie  de  très  près  par  la  reconstitution  de  ceux-ci,  en  sorte  que  le  soufre  oxydé 
est  vraisemblablement  réemployé  de  nouveau  à  cette  synthèse.  Le  soufre  total,  dont 
l'augmentation  est  progressive,  pourrait  servir  soit  à  la  formation  de  composés  sulfurés 
neutres  autres  que  les  albuminoïdes,  soit  à  la  régénération  des  albuminoïdes  nouveaux, 
en  supposant  que  le  soufre  primitivement  oxydé  ne  fût  pas  employé  à  ce  but.  Quant 
au  soufre  des  sulfates,  son  accroissement  depuis  le  début  de  la  germination  est  dû  en 
grande  partie  au  dépôt  dans  la  jdante,  et  par  simple  évaporation,  du  sulfate  de  chaux 
venant  du  sol.  Ce  soufre  sera  utilisé  ultérieurement. 

»  III.  Si  l'on  compare  le  phosphore  lotal  que  l'on  obtient  en  brillant  la 
matière  dans  l'oxygène  en  présence  de  carbonate  de  soude  chauiré  au 
rouge  au  phosphore  des  phosphates  préexistants  obtenus  par  simple  macé- 
ration dans  l'eau  acidulée,  on  trouve  que  ce  dernier  augmente  avec  les 
progrès  de  la  germination,  alors  que  le  phosphore  total  reste  stationnaire, 
rt  n'augmente  que  lorsque  l'azote  lui-même  s'accroît. 

»  Or,  si  l'on  dose  les  lécithines  par  le  procédé  de  Schulze  et  Steiger  {Zeilsclir. 
physiol.  Chemie,  t.  XIII,  p.  365),  on  observe  que  celles-ci  diminuent  progressi- 
vement; il  est  vraisemblable  que  leur  destruction  met  en  liberté  une  certaine  dose  de 
phosphore  qui  s'oxyde  et  que  ce  soit  là  la  cause,  non  unique  certainement,  de  l'ac- 
croissement du  phospliore  oxydé.  En  effet,  la  quantité  de  phosphore  ainsi  oxydé  serait 
beaucoup  trop  faible  pour  expliquer  l'augmentation  des  phosphates.  On  peut  expli- 
quer celle-ci  par  les  considérations  suivantes.  On  sait  que,  dans  les  graines,  les  tuber- 
cules, les  bulbes,  il  3-  a  union  intime  des  phosphates  avec  la  matière  albuminoïde. 
Pendant  la  germination,  la  déconiposition  des  albuminoïdes  doit  mettre  en  liberté 
une  certaine  quantité  de  ces  piK)S|)hates  :  telle  serait  la  raison  de  laugruentalion  pro- 
gressive de  ceux-ci,  et  il  y  auraij  donc  parallélisme,  dû  à  la  même  cause,  celle  de  la 
destruction  des  albuminoïdes,  entre  l'accroissement  des  sulfates  et  celui  des  phosj)hates 
pendant  la  germination.    » 


(')   lleber  Schwefelsaure-Bildung  in  Keimpflanzen  {Landw.  Vers.  S  (a  t.  t.  XIX, 
p.  172;  1876). 


(  i58o  ) 


ZOOLOGIE.  —   Morphologie  de  l'appareil  digestif  des  Dytiscides  {*).  Note  de 
M.  L.  Bordas,  présenlée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  tuhe  digestif  des  Dytiscides  peut  être  divisé,  comme  celui  de  tons 
les  insectes,  en  trois  régions  :  l'intestin  antérieur,  l'intestin  moyen  et  l'in- 
testin postérieur  ou  terminal.  Chacune  de  ces  parties  comprend  toujours 
plusieurs  subdivisions,  différentes  par  leur  forme  et  leurs  fonctions. 

»  Chez  les  Dytiscides,  le  gésier  et  Vampoule  rectale  sont  des  formations 
caractérisées  par  leur  structure  et  leurs  usages  tout  particuliers.  Le  pre- 
mier, par  la  présence  de  dents  ou  aires  séligères  ihternes,  doit  jouer  un 
rôle  dans  la  trituration  ultime  des  aliments.  Quant  à  l'ampoule  rectale,  elle 
a  une  triple  fonction  :  c'est  à  la  fois  un  appareil  hydrostatique,  un  organe 
défensif  quand  l'animal  est  hors  de  l'eau,  et  un  réceptacle  excrémentitiel 
dans  sa  région  médiane  et  son  extrémité  postérieure. 

»  Bien  que  les  Dytiscides  {Dytiscus  marginalish.,  Cybister  Rœselii Fahr. , 
Agabus  chalconotus  Panz.,  Acilius  sulcatus  L.,  etc.)  soient  essentiellement 
carnassiers,  la  longueur  de  leur  tube  digestif  est  cependant  fort  considé- 
rable et  atteint  jusqu'à  quatre  fois  la  longueur  du  corps  de  l'insecte. 

»  L'intestin  antérieur  comprend  quatre  parties  :  le  pharynx,  l'œsophage, 
le  jabot  et  le  gésier. 

»  Le  jabot  a  la  forme  d'un  sac,  plus  ou  moins  vaste  suivant  son  étal  de  vacuité  ou 
de  réplétion.  Il  sert  à  emmagasiner  provisoirement  les  matières  alimentaires  et  les 
déverse  ensuite  dans  le  gésier,  où  les  gros  éléments  sont  soumis  à  une  mastication 
complémentaire  avant  de  passer  dans  l'intestin  moyen. 

»  Le  gésier,  ou  appareil  masticateur  supplémentaire,  est  très  court  et  ne  mesure 
que  2'""  à  3""  de  longueur.  11  affecte  une  forme  conique,  à  large  base  tournée  en 
avant,  et  est  séparé  du  jabot  par  une  légère  dépression  circulaire.  C'est  à  la  suite  de 
cette  dernière  qu'il  s'élargit  et  présente  un  bourrelet  annulaire  suivi  d'une  constric- 
tion  qui  se  continue  par  une  partie  terminale,  presque  hémisphérique,  soudée  à  l'in- 
testin moyen.  Chez  V Acilius,  cet  organe  présente  la  forme  de  deux  troncs  de  cône 
réunis  par  leur  base. 

»  L'extrémité  antérieure  du  gésier  débute  par  une  expansion  corolliforme  circu- 
laire, qui  fait  hernie  dans  la  cavité  postérieure  du  jabot,  et  dont  l'ensemble  présente 


(')  L'historique  de  la  question  sera  donné  au  moment  de  la  publication  de  notre 
Mémoire  :  Appareil  digestif  et  tubes  de  Malpighi  des  Coléoptères  (Anatomie,  Histo- 
logie et  Physiologie). 


(  i58i  ) 

une  ressemblance  frappante  avec  une  corolle  de  liseron.  Les  bords  de  cette  expan- 
sion sont  parcourus  par  huit  bandelettes  rayonnantes  chitineuses,  portant  de  longues 
soies  très  serrées  et  de  couleur  jaune  foncé.  Au  centre  du  bourrelet  infundibuliforme 
existe  un  étroit  orifice  établissant  une  communication  entre  le  jabot  et  le  gésier.  Cet 
orifice  est  irrégulier  et  présente  un  enlre-croisement  de  soies  cornées  provenant  surtout 
des  bandelettes  séparatrices  et  jouant  le  rôle  de  filtre  ou  de  passoire. 

»  L'intérieur  du  gésier  est  surtout  caractéristique  et  présente  huit  épaississements 
chitineux  et  sétigères  que  nous  avons  désignés,  d'après  leurs  dimensions  et  leurs 
formes,  sous  les  noms  de  dents  et  de  denlicules.  Ce  sont  les  prolongements  antérieurs 
de  ces  bourrelets  qui  constituent  l'expansion  campanuliforme  située  au  fond  du  jabot. 

»  Les  formes  des  dents  et  des  denticules,  ainsi  que  la  disposition  des  soies  chiti- 
neuses, sont  variables  d'une  espèce  à  l'autre;  aussi  n'allons-nous  décrire  sommaire- 
ment que  l'armature  interne  du  gésier  de  YAcilius,  chez  lequel  dents  et  denlicules 
atteignent  leur  maximum  de  complexité. 

»  Les  dents,  ou  plages  sétigères  principales,  présentent  une  forme  triangulaire  et 
se  terminent  par  une  pointe  conique  ou  légèrement  arrondie.  Leurs  bords  latéraux 
sont  échancrés  et  recouverts  de  soies  longues  et  épaisses,  dirigées  en  arrière,  leur 
donnant  ainsi  l'apparence  de  baguettes  pariétales  cornées  et  de  couleur  sombre.  La 
face  dorsale  est  aplatie  et  porte,  en  arrière,  des  pointes  chitineuses  coniques,  à  som- 
met arrondi,  à  large  base  et  imbriquées  comme  les  tuiles  d'un  toit.  Latéralement 
existent  deux  bandelettes  formées  par  de  longues  soies  noirâtres,  recourbées  en 
arrière  et  disposées  en  brosse.  En  avant  de  chaque  dent  se  trouve  une  plage  sétigère 
lancéolée,  suivie  d'un  bourrelet  longitudinal  qui  s'étend  jusqu'à  l'orifice  de  l'intestin 
moyen. 

»  Les  denticules  ont  une  forme  rectangulaire  et  sont  recouvertes  dorsalement  de 
soies  longues  et  grêles,  dirigées  obliquement  vers  la  région  médiane.  Elles  sont, 
comme  les  dents,  suivies  par  une  courte  plage  sétigère  lancéolée,  continuée  elle-même 
par  un  bourrelet  qui  se  poursuit  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  du  gésier. 

»  ïJintestin  moyen  est  la  partie  la  plus  importante  et  la  plus  caracté- 
ristique du  canal  intestinal. 

»  Il  comprend  deux  régions  fort  distinctes  par  leur  diamètre,  leur  forme  et  leur 
structure  histologique.  La  première  partie,  large,  légèrement  incurvée  en  arc,  a  une 
apparence  sacciforme.  Elle  -est  recouverte  de  nombreuses  papilles  glandulaires, 
longues,  cylindriques,  digitiformes,  donnant  à  l'organe  l'apparence  d'une  brosse  à 
bouteille.  La  seconde  partie,  plus  étroite  que  la  première,  est  hérissée  de  petits  tuber- 
cules courts,  coniques  ou  hémisphériques.  Papilles  et  tubercules  sont  des  évaginations 
glandulaires  de  la  cavité  intestinale. 

))  A  l'extrémité  postérieure  de  l'intestin  moyen  se  trouve  un  bourrelet  circulaire 
qui  marque  l'origine  de  Vinlestin  terminal  et  sur  lequel  viennent  déboucher  les 
quatre  tubes  de  Malpighi. 

»  Vintestin  terminal  eslXon^,  ires  Sinueux  (sauf  chez  l'ylci/iw*),  étroile- 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  CXXXII,  ^■■  25.)  20^ 


(  i582  ) 
ment  enlacé  par  les  tubes  urinaires,  et  va  déboucher  dans  la  poche  ou 
ampoule  rectale. 

»  Au  point  de  vue  de  l'union  de  l'intestin  postérieur  et  de  l'ampoule 
rectale,  on  trouve,  chez  les  Dytiscides,  trois  formes  bien  tranchées  : 

»  i"  Chez  les  Agabus,  l'embouchure  a  lieu  vers  l'extrémité  antérieure 
de  l'ampoule  et  la  partie  cœcale  est  rudimentaire;  2"  chez  les  Dydscus  et 
les  Cybisler,  la  fusion  se  fait  vers  le  milieu  de  l'ampoule,  et  3°  chez  les  Aci- 
lius  elle  a  lieu,  au  contraire,  vers  l'extrémité  terminale,  laissant  ainsi,  en 
avant,  un  long  appendice  cîecal.  L'ampoule  et  son  caecum  présentent  de 
nombreux  plissements  transversaux.  Sa  cavité  interne  a  une  structure 
différente  de  celle  de  l'intestin  terminal.  Elle  est  tapissée  d'une  intima 
chitineuse  portant  de  fines  soies  cornées.  Les  fonctions  physiologiques  de 
cet  organe  sont  triples,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  au  début. 

»  L'étude  histologique  de  l'appareil  digestif  des  Dytiscides  et  des  Luca- 
nides  et  les  phénomènes  de  génération  de  l'épilhélium  de  l'intestin  moyen 
feront  l'objet  d'une  prochaine  Note.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  sensibilité  des  végétaux  supérieurs  à 
l'action  utile  des  sels  de  potassium.  Note  de  M.  Henri  Coupin,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  des  recherches  précédentes,  MM.  Dehérain  et  Demoussy  (') 
d'une  part,  moi-même  (-)  d'autre  part,  nous  avons  démontré  que  les  ger- 
minations des  végétaux  supérieurs  sont  des  réactifs  remarquables  pour 
apprécier  des  doses  infinitésimales  de  matières  toxiques.  Il  était  intéressant 
de  savoir  si  une  sensibilité  analogue  se  manifeste  pour  les  substances 
utiles.  C'est  le  travail  que  j'ai  entrepris  en  prenant  pour  exemple  les  sels 
de  potassium,  dont  les  bons  effets  pour  le  développement  des  plantes  sont 
bien  connus. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  fait  croître  de  jeunes  germinations  de  Blé  de  Bordeaux  dans  une 
longue  série  de  solutions  de  plus  en  plus  diluées  d'un  composé  potassique  déterminé, 
et,  comparativement,  dans  de  l'eau  distillée.  On  arrête  l'expérience  cinq  ou  six  jours 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXI;  1901. 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXl;  1901.  Association  française  pour  l'avancement 
des  Sciences  (Congrès  de  Paris,  1900). 


(  i583  ) 

après  que  les  plantules  de  l'eau  distillée  ont  épanoui  leur  deuxième  feuille  et  ont 
permis,  par  suite,  à  leur  troisième  feuille  de  prendre  un  certain  développement.  Si,  à 
ce  moment,  on  mesure  la  longueur  de  cette  troisième  feuille  (')  dans  les  autres  cul- 
tures et  que  l'on  en  trace  la  courbe,  on  constate  que  celle-ci  s'abaisse  assez  régulière- 
ment depuis  les  doses  les  plus  élevées  (^)  jusqu'à  une  certaine  dose  I  à  partir  de 
laquelle  elle  devient  sensiblement  parallèle  à  la  ligne  des  abscisses  et  passe  par  le 
point  correspondant  à  Feau  distillée.  Il  est  manifeste  que,  depuis  la  première  dose 
jusqu'à  I,  la  substance  dissoute  a  été  favorable  au  développement  de  la  plantule, 
tandis  que  la  dose  I  et  les  doses  inférieures  ont  été  trop  faibles  pour  provoquer  la 
croissance  dans  des  proportions  notables,  autrement  dit  sont  indifférentes.  Le  pro- 
blème que  je  me  suis  posé  consistait  donc  à  trouver  cette  dose  I;  un  grand  nombre  de 
cultures  m'ont  permis  d'y  parvenir  avec  suffisamment  d'approximation. 
1)  A  titre  d'exemple,  voici  le  détail  d'une  expérience  : 

Plante  en  expérience  :  Blé  de  Bordeaux. 

Durée  :  du  25  mai  au  i5  juin  1901. 

a  =  solution  initiale  à  o,ooo5  de  phosphate  de  potassium. 

Numéro  Longueur 

de  de  la  3»  feuille 

la  culture.  Solution.  (en  centimètres). 


cm 


1 a  12,5 

2 a/2  10 

3 «/4  10 

4 «/8                           9,5 

5 a/ 16                         9 

6 a/32                          8 

7 a/64                          6 

8 a/128                       5,5 

9 rt/256                       5 

10 a/5i2                       4 

11 rt/1024                      2,3 

12 a/2o48                       1,4 

13 a/4096                     1 , 6 

14. Eau  distillée                  i ,  5 

»  On  peut  considérer  que,  à  partir  de  la  culture  n°  12,  le  phosphate  de  potassium  est 


(')  Les  première  et  deuxième  feuilles  donnent  des  renseignements  moins  exacts 
parce  qu'elles  paraissent  se  nourrir  surtout  aux  dépens  des  matières  de  réserve  des 
semences  et,  comme  celles-ci,  présentent  d'assez  grandes  variations  individuelles. 

(^)   A  moins,  bien  entendu,  que  ces  doses  ne  soient  toxiques. 


(  i584  ) 

devenu  indifférent.  Dans  ce  flacon  la  solution  était  à  0,000  ooo244j  soit,  en  arron- 
dissant les  chiffres,  0,000000  25. 

»  En  procédant  de  la  même  façon  pour  d'autres  composés  du  po- 
tassium ('),  j'ai  reconnu  que  ces  composés  ne  deviennent  indifférents 
qu'aux  doses  indiquées  ci-dessous  : 

Carbonate  de  potassium o ,  000 000 1 

Phosphate  »  0,00000026 

Sulfate  »  0,0000008 

Chlorure  »  o,ooooo3o 

Azotate  »  o,ooooo4o 

»  Ces  chiffres  montrent  que  les  végétaux  supérieurs  jouissent  d'une 
sensibilité  merveilleuse  à  l'action  utile  des  sels  de  potassium  et  permettent 
d'apprécier  la  mesure  de  ceux-ci,  même  quand  ils  sont  en  proportion 
infime.    » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  constitution  de  la  graine  de  Hernandia  rapprochée  de 
celle  de  Ravensara.  Note  de  M.  Edouard  Heckel,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Le  genre  Ravensara,  particulier  à  Madagascar,  présente  dans  la  consti- 
tution de  son  fruit  et  de  sa  graine  une  organisation  spéciale  considérée 
comme  exceptionnelle  et  qui  semble  avoir  été  bien  élucidée  par  Bâillon 
(Adansonia,  t.  IX,  p.  199).  Le  fait  principal  établi  par  cet  auteur  est  que 
les  six  compartiments  à  peu  près  égaux  qui  constituent  la  graine  de  Raven- 
sara sont  réalisés  par  des  cloisons  lignifiées  nées,  non  du  péricarpe,  mais 
du  réceptacle  lui-même,  de  telle  sorte  que  la  partie  supérieure  de  ce  péri- 
carpe, celle  de  la  graine  et  de  l'embryon,  demeurent  indivises. 

»  Ce  fait  n'est  pas  isolé  dans  la  famille  des  Laurinées.  Nous  allons 
montrer,  par  l'examen  des  graines  de  Hernandia  sonora  L.  et  H.  cordigera 
Vieillard,  que  le  même  phénomène  essentiel,  c'est-à-dire  le  partage  des 
cotylédons  en  lobes  plus  ou  moins  nombreux,  s'y  trouve  réalisé  par  un 
procédé  plus  simple  mais  non  moins  intéressant,  et  que  de  cette  façon  sont 
rapprochés,  par  le  même  processus,  deux  genres  de  Laurinées  considérés 


(')  Toutes  les  cultures  étaient  faites  dans  des  flacons  contenant  100"  de  liquide,  et 
avec  les  mêmes  plantes  (Blé  de  Bordeaux)  prises  au  même  étal  de  développement. 


(  i585  ) 

comme  appartenant  à  des  séries  bien  distinctes  et  dont  l'un,  le  genre  Tler- 
nandia,  a  même  été  érigé  en  type  dominant  d'une  famille,  celle  des  Her- 
nandiacées,  par  M.  Pax  (Engler  et  Prantl,  Naturliche  PJIanzenfamUien, 
lIITheil,  2  Abth.,  p.  126). 

»  On  sait  que  les  Hernandia  donnent  des  fruits  à  péricarpe  dur  et  enveloppés  à  la 
maturité  par  une  cupule  qui  ne  se  soude  à  aucun  degré  avec  ce  péricarpe.  Une  coupe 
longitudinale  et  transversale  à  travers  ces  fruits,  pris  à  différents  âges,  montre  que 
l'embryon  à  radicule  et  gemmule  supérieures  et  à  cotylédons  inférieurs,  est  pénétré, 
dans  sa  partie  cotylédonaire  très  développée,  en  différents  sens  par  des  cloisons 
d'épaisseurs  dissemblables  mais  peu  résistantes  et  toutes  formées  par  le  spermoderme. 
Bâillon  {Histoire  des  Plantes,  t.  II,  p.  449j  486)  a  bien  indiqué  que  les  cotylédonss  ont 
ruminés  et  sphériques,  mais  le  trait  dominant  de  cette  condition  lui  a  échappé,  comme 
nous  allons  voir. 

»  En  réalité,  les  cotylédons  sont  sphériques  dans  H.  sonora  comme  le  fruit  lui- 
même;  ils  sont  au  contraire  lenticulaires  biconvex.es,  comme  le  fruit  lui-même,  dans 
H.  cordigera  :  de  plus,  l'ensemble  de  l'embryon  dans  ces  deux  espèces  n'est  pas 
charnu  comme  l'affirme  Bâillon;  il  est  très  richement  gras  (4i  pour  100  d'huile)  et 
féculent  tout  à  la  fois,  comme  c'est  la  règle  dominante  dans  les  Laurinées.  Si  l'on 
examine  l'orientation  des  cloisons  spermodermiques  qui  pénètrent  dans  l'embryon,  on 
voit  tout  d'abord  que  les  unes  s'arrêtent,  après  s'être  divisées  ou  non,  peu  au  delà  de 
la  péripliérie  des  cotylédons  et  ne  pénètrent  pas  jusqu'au  centre  de  l'embryon.  Je  les 
appellerai  cloisons  secondaires  :  elles  sont  les  plus  nombreuses  et  constituées  par  une 
ou  deux  couches  de  cellules  jaunes.  Les  autres,  au  nombre  de  [\  à  8,  atteignent,  après 
de  nombreuses  divisions,  le  centre  des  cotylédons,  en  laissant  libre  la  partie  supé- 
rieure de  la  graine,  qui  est  surtout  formée  par  la  radicule  et  la  gemmule  :  je  les 
appelle  cloisons  primaires.  Ces  cloisons  sont  plus  épaisses  et  formées  de  5  à  6  rangées 
de  cellules  de  couleur  jaune  clair  :  elles  se  différencient  comme  les  secondaires  par 
leur  coloration  et  par  leur  absence  de  contenu  figuré,  alors  que  le  tissu  cotylédonaire 
est  incolore,  rempli  de  sphérules  huileuses  à  grains  d'aleurone  et  d'abondants  petits 
grains  d'amidon.  Il  résulte  de  cette  disposition  que  les  graines  A' Hernandia  ont  la 
partie  supérieure  de  leur  embryon  indivise  comme  les  Ravensara  et  aussi  leurs  coty- 
lédons partagés  en  4  à  9  segments  parfaitement  séparables,  par  des  cloisons  non  pas 
lignifiées,  non  pas  d'origine  réceptaculaire,  comme  cela  semble  se  produire  dans 
Raiensara,  mais  membraneuses  et  spermodermiques. 

»  En  somme,  c'est  le  même  résultat  obtenu  par  des  procédés  difFérents. 
Il  est  à  remarquer  en  outre  que  dans  Ravensara,  rapprochement  de  plus 
avec  Hernandia,  l'embryon  est  non  pas  charnu,  comme  le  dit  Bâillon,  mais 
huileux  et  féculent  à  la  fois  et  que,  d'après  les  dessins  mêmes  de  Bâillon, 
les  lobes  de  ces  cotylédons  séparés  des  cloisons  ligneuses  portent,  comme 
dans  Hernandia,  des  cloisons  membraneuses  d'origine  spermodermique, 


(  i586  ) 

mais  très  courtes.  Les  cloisons  ligneuses  des  Ravensara  correspondraient 
donc  aux  cloisons  primaires  que  nous  avons  décrites  dans  Hernandia, 
avec  cette  différence  qu'elles  sont  rectilignes  et  d'origine  réceplaculaire, 
selon  Bâillon;  les  secondaires  seraient  identiques  de  part  et  d'autre 
et  d'origine  sperniodermique.  En  ce  qui  touche  aux  cotylédons,  ils 
sont  gras  et  féculents  dans  les  deux  genres,  mais  ceux  à' Hernandia 
s'éloignent  de  ceux  de  Ravensara  en  ce  qu'ils  sont  dépourvus  des  cryptes 
à  huile  essentielle  abondantes  dans  Ravensara. 

»  Il  serait  intéressant  de  voir  si  cette  disposition  des  Hernandia  et  des 
Ravensara  ne  se  retrouve  pas  dans  certaines  sections  du  groupe  des  Cryp- 
tocaryéas,  auquel  appartient  le  genre  typique  de  Madagascar.   » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —   Emploi  du  résonateur  Oudin  pour  la  production 
des  rayons  X.  Note  de  M.  R.  Demerliac,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Il  arrive  souvent  que  l'effluve  partant  des  tubes  à  vide  de  Rontgen, 
placés  trop  près  des  sujets  et  actionnés  par  de  puissantes  bobines,  pro- 
voque des  érythèmes.  Avec  les  machines  statiques,  cet  accident  n'est  pas 
à  craindre,  mais  la  puissance  des  tubes  est  diminuée,  et  ces  appareils  sen- 
sibles à  l'humidité  refusent  souvent  de  fonctionner.  D'ailleurs,  il  n'est  pas 
toujours  possible  d'employer  des  bobines  ayant  un  pôle  à  la  terre.  Il 
est  donc  intéressant  de  pouvoir  produire  des  rayons  X  à  volonté  dans 
toutes  les  conditions  et  sans  crainte  d'accidents. 

»  Or  l'effluve  que  donnent  les  appareils  à  courants  alternatifs  de  haute 
fréquence  et  de  haute  tension  ne  produit  jamais  d'érythème;  même  cet 
effluve  possède,  au  contraire,  des  propriétés  curatives  utilisées  en  élec- 
trothérapie; les  remarquables  expériences  de  MM.  d'Arsonval,  Oudin, 
Doumer,  etc.,  nous  renseignent  à  cet  égard. 

»  J'ai  donc  cherché  à  utiliser  le  résonateur  Oudin,  si  répandu  aujourd'hui, 
si  pratique  et  si  facilement  réglable,  pour  produire  ces  rayons  et  j'ai  reconnu 
qu'en  prenant  certaines  précautions  on  pouvait  avec  lui  actionner  les 
tubes  à  vide. 

»  Tous  ces  tubes  s'illuminent  par  le  passage  de  la  décharge  du  résonateur  quand 
on  les  fait  communiquer  par  un  conducteur  avec  la  boule  supérieure  de  l'appareil; 
mais  ce  sont  les  tubes  ayant  une  large  cathode  concave  et  une  anode  très  réduite  qui 
donnent  les  meilleurs  résultats.  J'ai  employé  des  tubes  bianodiques,  des  tubes  à  anode 


(   i587  ) 

annulaire,  des  tubes  divers  construits  par  M.  Chabaud.  Ces  derniers  sont  les  meilleurs, 
notamment  le  modèle  connu  sous  le  nom  de  Golardeau-Chabaud,  avec  électrode  en 
palladium.  Ce  dernier  à  o'°,25  illumine  parfaitement  sur  toute  son  étendue  un  écran 
au  platinocjanure  24  X  3o  et  l'observation  des  ombres  se  fait  facilement,  le  scintil- 
lement étant  relativement  faible,  quoique  plus  marqué  qu'avec  les  tubes  actionnés 
par  les  machines  statiques.  Il  m'a  servi  à  faire  des  radiographies  d'une  grande  net- 
teté, aussi  fines  que  celles  obtenues  au  moyen  de  la  bobine. 

»  Le  tube  est  réuni  au  résonateur  par  le  côté  cathodique,  et  l'on  peut  soit  mettre 
au  sol  l'autre  électrode,  soit  la  laisser  libre;  le  résultat  est  le  même,  mais  dans  le  pre- 
mier cas  on  peut  toucher  le  tube,  le  mettre  au  contact  d'une  muqueuse  et,  par  suite, 
l'introduire  dans  une  cavité  naturelle  sans  ressentir  aucun  efl'et.  On  peut  donc 
employer  une  bobine  quelconque,  et  aucun  danger  n'est  à  redouter,  vu  l'innocuité 
absolue  des  courants  de  haute  fréquence  sur  l'organisme. 

»  Il  paraît  évident  que  le  tube  fonctionne  mieux  quand  la  décharge  le  traverse  dans 
un  seul  sens;  de  là  la  nécessité  d'une  anode  petite  et  d'une  large  cathode.  Peut-être 
une  soupape  cathodique  de  M.  Villard  faciliterait-elle  beaucoup  la  marche. 

»  Le  tube  Colardeau-Chabaud,  dont  j'ai  fait  usage,  fonctionnait  couramment  avec 
une  bobine  donnant  o™,  i5  d'étincelle,  permettant  alors  de  lire  le  chiffre  3  au  poso- 
mètre  de  Brandt  à  la  dislance  de  o^jSo.  Quand  il  marche  avec  le  résonateur  actionné 
par  la  bobine  de  o^jSS  d'étincelle  (mais  réglée  pour  n'en  donner  que  25  en  prenant 
3  ampères  dans  le  primaire),  il  permet  encore  la  lecture  du  chiflVe  3  du  posomètre  à 
la  distance  de  o"",  25.  Il  rend  donc  un  peu  moins,  mais  il  a  l'avantage  de  ne  pas  chauffer 
en  marche  et  de  pouvoir  fonctionner  plus  longtemps  avec  la  même  puissance. 
D'ailleurs,  cette  diminution  du  rendement  est  peu  importante,  puisque,  l'effluve  n'étant 
plus  à  craindre,  on  peut  se  rapprocher  du  tube;  la  netteté  de  l'image  radiographique 
reste  la  même,  vu  la  faible  surface  de  la  source  des  rayons. 

»  Il  est  probable  qu'il  serait  facile  de  créer  des  tubes  spéciaux  qui,  en 
fonctionnant  de  cette  manière,  donneraient  des  rendements  supérieurs  et 
tout  comparables  à  ceux  donnés  par  les  tubes  actuels  actionnés  par  les 
puissantes  bobines.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  présence  el  la  localisation  de  l'iode  dans  les 
leucocytes  du  sang  normal.  Note  de  MM.  Stassano  et  P.  Bourcet,  pré- 
sentée par  M.  Armand  Gautier. 

«  La  présence  normale  de  traces  d'iode  dans  le  sang  a  été  établie  par 
M   Gley  et  l'un  de  nous  (').  L'objet  du  présent  Travail  a  été  de  rechercher 

OGLEYelBouRCET,  Présence  de  l' iode  dans  le  sang  (^Comptes  rendus,  18  juin  1900). 


(  i588  ) 

si  les  leucocytes  du  sang  ne  seraient  pas  les  éléments  qui  contiendraient 
ce  mélalloïde.  Le  fait  que  dans  le  caillot  sanguin  on  ne  décèle  pas  d'iode, 
et  que  cette  substance,  que  les  auteurs  précités  ont  trouvée  dans  le  plasma 
surnageant  le  caillot,  ne  passe  pas  à  la  dialyse  montre  que  l'iode  n'est  pas 
un  élément  des  hématies  et  qu'il  existe  dans  le  plasma  sous  forme  d'une 
combinaison  très  complexe.  D'autre  part,  le  rôle  que  les  leucocytes  jouent 
dans  l'élimination,  et  qui  fera  l'objet  d'une  prochaine  Communication  de 
l'un  de  nous,  nous  faisait  présumer  que,  durant  la  vie,  l'iode  devait  se 
trouver  fixé  aux  leucocytes  dont  les  produits  de  désagrégation,  après 
l'extravasation  du  sang,  passent  dans  le  plasma. 

»  Dans  trois  expériences  difTérentes  exécutées  l'an  dernier,  nous  pûmes  constater  la 
présence  de  l'iode  soit  dans  la  couclie  des  leucocytes  séparés  des  autres  éléments  du 
sang,  soit  dans  les  nucléo-albumines  du  sérum,  qui  constituent  l'élément  principal  de 
désagrégation  des  leucocytes  lors  de  la  coagulation,  soit  enfin  dans  les  nucléo-albu- 
mines du  plasma  sanguin  obtenu  par  cenlrifugation  du  sang  défibriné  qui  contient 
également  les  produits  de  la  désagrégation  provoquée  artificiellement  par  le  battage. 

»  Ces  premiers  résidtats  concordants  nous  ont  engagés  à  reprendre 
notre  démonstration  et  à  la  rendre  complète  par  une  expérience  définitive. 

»  Un  cliien  de  forte  taille,  non  narcotisé,  fut  saigné  à  blanc  aussi  rapidement  que 
possible  pour  réduire  les  causes  d'iiypoleucocytose,  c'est-à-dire  de  désagrégation  des 
leucocytes  à  l'intérieur  des  vaisseaux  (');  on  obtint  ainsi  près  de  2'''  de  sang.  Le  pre- 
mier litre,  environ,  fut  rendu  incoagulable  par  addition  de  j^  d'oxalate  de  soude  et 
centrifugé;  le  reste  fut  défibriné  et  centrifugé.  Après  deux  heures  de  cenlrifugation, 
on  retira  du  premier  lot  de  sang  ^oos''  de  plasma,  36o8'"  de  globules  rouges  et  les  pel- 
licules des  leucocytes  mélangées  à  quelques  grammes  de  plasma  et  d'hématies. 

»  Du  second  lot  de  sang,  on  retira  2808'  de  plasma  et  36oS''  de  globules  rouges  ('). 
Nous  avons  ensuite  étendu  chacun  de  ces  plasmas  de  5  à  6  volumes  d'eau  et  nous  en 
avons  séparé  les  nucléo-albumines  respectives  par  addition  d'acide  acétique,  après 
avoir  rendu  la  liqueur  très  légèrement  acide  au  tournesol;  il  est  nécessaire  d'attendre 
vingt-quatre  heures,  à  basse  température,  pour  recueillir  les  nucléo-albumines  pré- 
cipitées. 

»  Puis  nous  avons  reclierché  l'iode  dans  chaque  partie  séparée,  en  regard  desquelles 
nous  consisfnons  les  résultats  obtenus  : 


(')  Stassano,  Comptes  rendus,  16  octobre  1899. 

(')  Le  battage,  d'après  Schmidt,  détruit  les  leucocytes  dans  la  proportion  de 
60  pour  100.  Nos  observations  personnelles  nous  portent  à  croire  que  celte  destruc- 
tion atteint  la  presque  totalité  des  leucocytes,  car  sur  les  préparations  fixées  et  colorées 
de  sang  défibriné  nous  n'avons  retrouvé  que  quelques  petits  mononucléaires. 


(   i589  ) 


Sang  oxalaté. 


mgi- 

Pellicules  de  leucocytes 0,020  d'iode 

Globules  rouges  (contenant  en- 
core beaucoup  de  leucocytes).  o,o3o      » 
Nucléo-albumines  du  plasma  ...  o          » 
.\ulres  éléments  du  plasma.    ...  o          » 


Sang  défibriné  par  battage. 

_,,   ,     ,  [  Traces  d'iode 

Globules  rouées {       .    ,      ,  , 

°  (       indosable 

Nucléo-albumines  du  plasma.         o™s'',oi5 

Autres  éléments  du  plasma..  .  o 


»  Ces  chiffres  prouvent  que  l'iode  contenu  clans  le  sang  étudié  existait 
exclusivement  dans  les  leucocytes. 

»  En  effet,  les  pellicules  de  leucocytes  du  premier  lot  (pellicules  de 
i''*  de  sang  n'ayant  qu'un  poids  très  faible)  contiennent  une  quantité  très 
appréciable  d'iode,  alors  que  cet  élément  ne  peut  être  franchement  décelé 
sur  le  sang  total  qu'à  la  condition  d'opérer  sur  un  litre  environ.  La  teneur 
assez  élevée  d'iode  constatée  dans  la  totalité  des  couches  de  stroma  rouge 
du  sang  oxalaté  est  due  à  la  présence,  parmi  les  hématies,  d'une  quantité 
encore  considérable  de  leucocytes  dont  on  ne  parvient  à  se  débarrasser 
que  par  plusieurs  centrifugations  successives  au  sein  de  solutions  physio- 
logicjues. 

»  Le  second  lot  de  sang,  à  son  tour,  par  la  présence  d'iode  en  quantité 
appréciable  dans  la  faible  cjuantité  de  nucléo-albumines  précipitées  du 
plasma  et  son  absence  des  autres  parties  de  cette  liqueur,  prouve  juscpi'à 
l'évidence  l'origine  leucocytaire  de  cet  élément  minéral  du  sang.    » 


MÉDECINE.  —  Sur  l'anesthésie  locale  en  chirurgie  dentaire  à  l'aide  des  cou- 
rants de  haute  fréquence  et  de  haute  intensité.  Note  tle  MM.  L.-U.  Reg.mer 
et  G.  DiDSBURv,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Depuis  trois  mois  nous  avons  entrepris,  avec  l'appareil  de  M.  le  pro- 
fesseur d'Arsonval  et  des  électrodes  spéciales,  des  recherches  dans  le  but 
de  savoir  s'il  était  possible  de  provoquer  l'anesthésie  locale  à  l'aide  des 
courants  de  haute  fréquence  et  de  haute  intensité,  conformément  aux  faits 
signalés  pour  la  première  fois  par  M.  le  professeur  d'Arsonval.  Les  résul- 
tats de  nos  expériences  sont  les  suivants  : 

»   Extractions  d'incisu-es.  —  Fresque  toujours  absolument  indolores. 
»   Extractions  de  canines.  —  Presque  toujours  absolument  indolores. 
»   Extractions  de   molaires.  —  Résultats  variables;   les  premières  molaires  sont 
généralement  bien  anesthésiées;  les  dernières  moins  bien.  Une  tentative  de  curettage 
C.  R.,  ..|0i,  I"  Semestre.  (T.  C.XXXH,  N»  25.)  2o5 


(  iSgo  ) 

de  la  dentine  malade  et  une  d'enlèvement  du  nerf  dentaire  n'ont  pas  donné  de  résul- 
tats probants.  Ce  jour-là  M.  Régnier  a  constaté  que  l'appareil  ne  donnait  pas  son  ren- 
dement habituel. 

»  L'intensité  employée  est  de  loo  à  i5o  milliampères.  La  durée  d'application  de 
cinq  minutes.  L'électrisation  ne  provoque  aucune  sensation  désagréable;  aucune  réac- 
tion secondaire. 

»  Il  résulte  de  cette  pretnière  série  d'expériences  : 

»  1°  Que  les  incisives  et  les  canines  sont  les  dents  les  plus  faciles  à 
anesthésier;  les  molaires  et  les  racines  décoiironnées  le  sont  moins; 

»   2°  Les  dents  à  périostite  donnent  des  résultats  variables  ; 

»  3°  L'électrisation  ne  provoque  aucune  réaction  fâcheuse. 

»  Dans  une  Note  ultérieure,  nous  donnerons  les  résultats  obtenus 
dans  d'autres  applications  de  ce  procédé  d'anesthésie  locale  sur  d'autres 
régions.   » 


HYGIÈNE.  —  Sur  la  conservation  des  eaux  minérales.  Note  de  M.  F.  Par- 
MENTiER,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  un  travail  récent  sur  les  eaux  de  Yichy  (Comptes  rendus, 
t.  CXXXII,  p.  i423),  MM.  C.  Girard  et  F.  Bordas  font  remarquer  combien 
il  serait  plus  profitable  aux  malades,  au  lieu  de  boire  des  eaux  plus  ou  moins 
altérées  par  les  différentes  manipulations  qu'on  leur  fait  subir  à  partir  de 
leur  lieu  d'origine,  de  pouvoir  les  prendre  telles  qu'elles  sortent  des  grif- 
fons. Ils  posent  le  problème  de  trouver  un  procédé  permettant  d'embou- 
teiller les  eaux  minérales  de  façon  qu'elles  restent  identiques  à  ce  qu'elles 
sont  à  la  source. 

»  Un  pareil  procédé,  nous  l'avons  trouvé  il  y  a  déjà  plusieurs  années  et 
nous  l'avons  décrit  dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  du  7  juin 
1892.  Il  exige  des  soins  de  propreté  rigoureux,  des  installations  spéciales 
et  une  main-d'œuvre  plus  longue  et  plus  délicate  que  celle  en  usage  pour 
l'embouteillage  ordinaire. 

»  Nous  avons  essayé  de  le  faire  adopter  par  bien  des  propriétaires  ou  administra- 
teurs de  sources.  Nous  n'avons  réussi  à  le  voir  appliquer,  au  moins  à  notre  connais- 
sance, qu'à  la  source  Jeanne  d'Arc  à  Pougues-les-Eaux. 

»  La  source  Jeanne  d'Arc  est  très  riche  en  bicarbonate  de  fer  et  en  bicarbonate  de 
chaux,  de  sorte  que  par  l'embouteillage  ordinaire  on  n'obtenait  qu'une  eau  ocreuse 
nullement  acceptable  comme  boisson.  L'emploi   de  bassins  de  décantation  ne  donnait 


(  i59i  ) 

qu'une  eau  fade,  désagréable  même  à  boire.  Avec  les  appareils  que  nous  avons  fait 
inslaller  et  les  précautions  que  nous  avons  indiquées,  on  a  obtenu,  et  à  peu  de  frais, 
une  eau  d'une  limpidité  parfaite,  identique,  même  après  son  transport,  comme  goût 
et  comme  composition,  à  l'eau  prise  à  la  source.  Nous  en  avons  conservé  pendant  plu- 
sieurs années  sans  pouvoir  constater  la  moindre  altération.  Nous  étions  du  reste  déjà 
arrivé  au  même  résultat  avec  beaucoup  d'autres  eaux.. 

»  MM.  C.  Girard  et  F.  Bordas  signalent  également  ce  fait  que  les  eaux 
de  Vichy  prises  aux  griffons  sont  stériles.  Dans  les  nombreuses  recherches 
bactériologiques  que  nous  avons  faites  sur  les  eaux  de  la  région  du  Centre, 
nous  n'avons  jamais  trouvé  de  inicroorganismes  quand  nous  avons  fait  nos 
prélèvements  aux  griffons,  en  prenant  les  i)récautions  li'asepsie  exigées 
pour  de  j)areilles  recherches.  Malheureusement,  il  n'en  est  plus  de  même 
quand  ou  tait  arriver  ces  eaux  par  des  canalisations  plus  ou  moins  défec- 
tueuses dans  des  vasques  largement  ouvertes,  exposées  à  recevoir  les 
poussières  de  l'atmosphère,  celles  apportées  par  les  malades  ou  par  les 
vases  souvent  contaminés  qu'on  plonge  dans  les  vasques  pour  les  remplir. 
En  mettant  ces  eaux  en  culture,  on  trouve  les  microorganismes  les  plus 
variés  et  même  des  bacilles  nocifs. 

»  A  notre  avis,  toutes  les  sources  minérales  devraient  avoir  des  captages 
et  des  canalisations  parfaits  et  être  protégées  complètement  contre  l'air 
qui  altère  leur  composition  chimique,  mais  surtout  contre  tout  apport  de 
germes  de  microorganismes.  Les  mêmes  précautions  devraient  être  prises 
pour  l'embouteillage.   » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

G.   D. 


BULLKTIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  uu  lo  juin  igoi. 
(  Suite.) 

Taylor's  gênerai  Catalogue  of  stars  for  ihe  equinox  i8.35,o,  Jrom  observa- 
tions made  at  the  Madras  Ohseivatory  during  theyears  18 3i  /o  1842,  revised 


(  '592  ) 
and  edited  by  A.  M.  W.  Downing,  superintendent  of  the  A^a«/ica//l/wa/iac. 
Edimbourg,   1901  ;  i  vol.  in-Zj". 

Report  ofthe  Astronomer  royal  to  the  Board  of  visitors  oj  the  Royal  Ohser- 
vatory,  Greenwich;  rend  at  the  annual  visitation  ofthe  Royal  Observatory, 
1901,  june  I,  by  W.  R.  M.  Ciiristie.  i  fasc.  in-4''. 

Obsen'anons  sur  le  régime  des  sources  minérales  intermittentes,  au  moyen 
d'un  appareil  enregistreur,  par  F. -F.  Moldenh.vuer.  Tiflis,  190 1;  i  fasc. 
in-8°.  (En  langue  russe.)  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Notas  crilicas  referentes  a  las  «  Conlribuciones  al  estudio  de  Aves  chilenas  » 
de  Federico  Albert,  por  Carlos  Berg.  Buenos-Ayres,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Explanation  of  an  Indian  Map,  by  George  Davidson.  (Reprinted  from 
Mazama.  April,  1901.)  1  fasc.  in-8°. 

Les  glandes  pugidiennes  des  Coléoptères.  Second  Mémoire  :  Carabides 
{Bombardiers,  etc.),  Paussidies,  Cicindélides,  Staphylinides,  par  Fr.  Dierckx. 
Lierre,  Louvain,  s.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Der  Formaldehyd,  seine  Darstelhing  und  Eigenschaften,  seine  Anwendung 
in  der  Technik  und  Medicin,  bearbeitet  von  D''  L.  Vanino,  unterMitwirkung 
von  D""  E.  Seitter.  Vienne,  Pest,  Leipzig,  A.  Hartleben,  s.  d.;  i  fasc.  in-i6. 
(Envoi  de  l'Éditeur.) 

Critica  medica  de  nueslra  obslelrica  légal  en  cuanto  a  los  parlas  précoces  y 
tardios,  por  el  D'  Antonio  de  Gordon  y  de  Acosta.  La  Havane,  impr. 
J.  Huquet,  1900;  i  fasc.  in-12. 

The  Canadian  patent  office  record  and  regisler  of  copyrights  and  trade 
marks;  vol.  XXVHI,  1900.  Annual  index.  Ottawa,  1901  ;  i  fasc.  in-S". 

Stad  Antwerpen.  Paedologisch  jaarboek,  onder  redactie  van  prof.  M.-C. 
Schuyten;  tweede  jaargang.  Antwerpen,  Paris,  Leipzig,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

The  Institution  of  mechanical  engineers .  Proceedings,  1901  ;  n°  1.  Londres  ; 
I  vol.  in-80. 

The  Institution  of  mechanical  engineers.  List  ofmembers,  february  1901. 
Articles  and by-laws.  Londres;  i  vol.  in-8°. 

Ophiura  brevispina,  by  Caswell  Grave.  Baltimore,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Johns  Hopkins  University  circulars,  published  witb  the  approbation  of  the 
Board  of  Trustées;  vol.  XLX,  n'  144-147;  vol.  XX,  n^  148,  149.  Baltimore, 
1900;  6  fasc.  in-4°. 

American  chemical  Journal,  edited  by  Ira  Hemsen,  proi.  of  Chemistry  in 
the  Johns  Hopkins  University;  vol.  XXIIL  n^  6,  6;  vol.  XXIV,  it  1-5; 
vol.  XXV,  n*  1-4  and  6.  Baltimore,  1900;  12  fasc.  in-S". 


(  i593  ) 

American  Journal  of  Mathemalics,  editecl  by  Simon  Newcomb;  vol.  XXII, 
n'2-4;  vol.  XXIII,  n'-  1.  Baltimore;  4  fasc.  m-\\ 

California  Academy  of  Sciences.  Proceedings,  S"""*  séries  :  Zoology,  vol.  H, 
n'  1-6;  Botany,  vol.  I,  n'  10;  vol.  II,  n''  1,  2;  Geology,  vol.  I,  n'  7-9; 
Math.-Phys.,  vol.  I,  n'^  5-7;  Occasional  Papers,  vol.  VII.  San-Francisco, 
1900;  i5  fasc.  in-8°. 

Forms  of  images  in  slellar  Pholography,  by  Edward  S.  Ring.  (Annals  of 
Hanard Collège  Obsen-alory;  vol.  XLI,  n^  6.)  i  fasc.  in-4''. 

Annals  of  the  astronomical  observalory  of  Harvard  Collège;  vol.  XLV. 
Cambridge,  U.  S.,  rgoi  ;  i  vol.  in-4''. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  17  juin  1901. 

Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  vol.  LV,  6*  série,  t.  V.  Bor- 
deaux, .7.  Durand,  1900;  i  vol.  in-8". 

Société  Linnéenne  de  Bordeaux.  Catalogue  de  la  Bibliothèque;  fasc.  II. 
Bordeaux,  J.  Durand,  igoi  ;  1  fasc.  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  académique  d' Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  déparlement  de  l'Aube,  t.  LXIV  de  la  collection;  3*  série, 
t.  XXXVII;  année  1900.  Troves,  P.  Noncl;  i  vol.  in-8°. 

Magistri  salcrnitani  nonduni  edili.  Catalogo  ragionato  délia  Esposizione  di 
Sloria  délia  Medicina  aperta  in  Torino  nel  i8g8,  Piero  Giacosa.  Turin, 
Fratelli  Broca,  1901  ;  Texte,  i  vol.  in-S",  el  Allas,  i  fasc.  in-f". 

Sopra  la  pioggia  melmosa  (pioggia  di  sangue)  caduta  in  Firenze  la  sera 
del  10  marzo  1901,  prof.  N.  Passerini  e  prof.  G.  d'Achiardi.  Florence, 
typ.  M.  Ricci,   1901;  i  fasc.  in-8°. 

Der  Kampf  um  Wohlfahrt,  von  D''  Karl  Paeuer;  zweite  Ausgabe.  Leipzig, 
H.-W.  Theodor  Dicter,  1901;  i  fasc.  in-8°. 

El  Instructor,  publicacion  mensual,  cientifica,  Uteraria  y  de  filologia; 
ano  XVIII,  n"'  1,  2.  Auguasealientes,  Ricardo  Rodriguez  Ronio,  1901; 
2  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
direction  du  prof.  D''M.  MENZBiERetdeA.  Croneberg;  année  1900,  n°'l,  2. 
Moscou,  J.-N.  Kouclinereff  et  C'*;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  international  de  l' Académie  des  Sciences  de  Cracovie,  classe  des 
Sciences  Mathématiques  et  Naturelles,  janvier,  février,  mars,  1901  ;  n°'  1,  2,  3. 
Cracovie,  impr.  de  l'Université;  3  fasc.  in-8°. 

Preisliste,  n°  12,  II  Theil  :  Physikalische  Apparate,  Max  Rohl.  Chemnitz; 
1  vol.  in-4°- 


(  i594  ) 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  24  juin  tgoi. 

Histoire  de  V Ahrolonum.  —  Signification  de  la  désinence  «  ex  »  de  quelques 
noms  déplantes,  par  le  D'  Saint-Lager.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1900;  i  fasc. 
in-8°. 

Service  géographique  de  l'Armée.  Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en  1900; 
Paris,  1901;  I  fasc.  in-u°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  71*  année,  8^  série,  IP  Partie,  Cahiers  1-3, 
janvier-mars  1901.  Paris,  E.  Bernard  el  C'*';  3  fasc.  in-B". 

Résultats  des  Campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par 
Albert  I",  jirince  souverain  de  Monaco,  publiés  sous  sa  direction  avec  le 
concours  de  M.  Jules  Richard.  Fasc.  XIX  :  Étude  de  fonds  marins  prove- 
nant du  voisinage  des  Açorcs  et  de  la  portion  orientale  de  l'Atlantique  nord, 
par  J.  Thoulet.  Imprimerie  de  Monaco,  1901;  i  fasc.  in-4''.  (Présenté  en 
hommage  par  S.  A.  le  Prince  de  Monaco.  ) 

Preliminary  table  of  solar  spectrurn  wave-lengths,  by  Henry-A.  Rowland. 
Chicago,  1896;  I  vol.  in-8°. 

Results  of  meteorological  observations  made  at  the  Radcliffe  observatory, 
Oxford,  in  the  eigth  years  1892- 1899,  edited  by  Arthur-A.  Rambaut, 
vol.  XLVIII.  Oxford,  James  Parker  et  C'%  1901;  i  vol.  in-B". 

Nova  Acta  Regice  Societatis  Scientiarum  upsaliensis,  Ser.  III,  vol.  XIX; 
1901.  Upsal;  I  vol.  in-4°. 

Yearbook  of  the  United  States  Department  of  Agriculture,  1900,  Washing- 
ton, 1901;  I  vol.  in-8°. 

Observations  faites  à  l'observatoue  météorologique  de  l'Université  impériale 
de  Moscou,  septembre  1899,  février  1901.  18  fasc.  in-8°. 

Report  of  the  New-York  meteorological  observatory  of  the  Department  of 
Parks,  Central  Park,  New-York  City,  for  the  year  1901,  Daniel  Draper, 
Director,  New- York,  1901  ;  i  fasc.  in-4°. 

Bulletin  Mensuel  de  la  Station  géophysique  d'Uccle,  mai  1901.  Bruxelles; 
1  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  M.  Lagrange.  Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 


(   iSpS  ) 

ERRATA. 

(Séance  du    ij  juin  1901.) 

Note  de  M.  Berlhelot,  Recherches  sur  les  équilibres  chimiques,  etc.  : 

Page  1457,  ligne  22,  au  lieu  de  AzO^Ag-+- PO'Na-H,  lisez  3  AzO' Ag  +  PO' Na^H. 
Page  1459,  ligne  9,  au  lieu  c?e  phosphate  biargentique  prédominant,  lisez  phosphate 
Iriargentique  prédominant. 


FIN   DU  TOME    CENT   TRENTE-DEUXIEME. 


iT  25.  . 

TABLE    DES   ARTICLES.     (Séance   du  24    iuin     lOOl.) 


aiEMOlUES  ET  coMMurvicvnoxs 

ORS   MKMItltKS    RT    DES   COIUiRSPONOANTS   DR    L'ACADP.MIE. 


Pages. 

M.  lÎF.HTiiELoT.  -  équilibres  cliiiniques. 
Kiiactioiis  de  deux  hases  mises  siiiiiika- 
iiémciU  en  présence  de  l'acide  phosplio- 
licHic 1J17 

\l.  lîKiiTiiKi.oT. —  Sur  les  radicau\  aictylo- 
iuetallic|ues ...    ibi3 

MM.  \.  Il  ALLEU  el  A.  GUYOT.  Svntliise 
il'iiii  ruloraiil  dérive  du  dipliéiiyléne- 
plienvlmétliane i5'-!7 

.M.VI.  .\.  CiiAUVK.Ml  et  J.   TissDT.  --Dutillaee 


Pages, 
très  simple  el  1res  sur,  d'application  aussi 
rapide  que  facile,  pnur  rendre   inoll'ensifs 
le  séjour  elle  Iravail  de  l'Iinmiiie  dtins  les 
almosplières  irrespirables contariiinécs  par 

des  gaz  délélères i.');) 2 

M.  J.  V10LI.E.  —  Sur  un  éclair  en    lioule...    iV'î-j 
M.  Pail  Saiîatik».  —  Action  d'un  oxyde  ou 
d'un  hydrate   métallique  sur  les  soluliuns 
des  sels  des  autres  métaux  :  sels  basiques 
mixtes i.i.'iN 


î\03IIIVATIOIVS. 


.\1.    Knou.MUi  Van  Beneoen   est   éln   Corres- 
pondant dans    la    Section   d'.Vuatomie    et 


(       ZooloRic   pour    remplir    la  place    laissée 

1       vacante  par  le  décès  de  M.  Ftower i.V|0 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.   UL:^lo^i    jhU'Csso   un    Mt-nioiie   iiUiltiIi- 


!  Iii'orie  îles  siirlaccs  du    troisiriiic  ouin 


i.)|i 


COUUESPOi\DAXCE. 


M.  le  Secuetaihe  l'Eiii'KTiiEi.  présente  : 
1'  les  lasciculcs  WII,  Wlll  et  \I\  des 
»  Késullals  des  campagnes  scientili(|ues 
accomplies  sur  son  yacht,  par  Albert  /". 
prince  souverain  de  Monaco  *>,  publiés  sous 
sa  ilircclion  a\ec  le  concours  de  .M.  Jules 
/tir/tord:  "  le  numéro  dr  mai  n)oi  du 
Hiilletin  mensuel  de  la  shition  gcup/ij- 
si//ue  d'O'ccle,  par  .M .  li.  Lagrange 

.M.  II.  Deslandkes. —  Troisième  série  d'ob- 
servations de  la  nouvelle  étoile  de  l'ersée. 

M.  II. -Tu.  KciOiiov.  -  Sur  la  déformation 
continue  des  surfaces 

M.  L.-E.  Dickson.  —  Théorie  des  groupes 
linéaires  dans  un  domaine  arbitraire  de 
rationalité 

M.  S.  Zaue.mda.  —  Sur  l'intégration  de 
l'équation 

A  iv     -  |x- iv       0. 

M.  PoNSoT.  —  .\clions  chiniic|ues  dans  les 
systèmes  dissous  ou  ga/.eux.  Tension  de 
vapeur.  Hypothèse  d'Avogadio 

MM.  Pu. -A.  OuvE  et  \.  Baud.  —  Constantes 
capillaires  de  liquides  organiques 

.M.    .V.    IJessoN.  Sur    la    prèparutioii    de 


iJiji 
■  5'|i 
i5,'|.') 

■J'iT 


l'oxyde  phosphoreux l'ijli 

M.  Jou.NiAi;x.  —  Sur  l'action  des  radiations 
solaires  sur  le  chlorure  d'argent  en  pré- 
sence  d'hydrogène i.i.'iS 

.\l.  A.  Mailiie.  —  Action  de  l'o\ydc  mercu- 
ri(|ue  sur  les  solutions  aqueuses  des  sels 
niélalliques ijfio 

.M.  G.  Andue.  —  Observations  sur  les  sels 
basiques  renfermant  plusieurs  ovydes 
métalliques i563 

M.  .\i.BKKT  CoLso.N.  —  Vclioii  des  bases  et 
des  acides  sur  les  sels  d'aminés i5(i;i 

M.M.  \j.  iMaouenne  et  Gau.  Ueutiiaxd.  —  Sur 
l'cryllirite  racéiiiiquc lôfi.) 

.M.  Makcel  Desclde.  -  .action  des  chlo- 
rures d'acides  sur  les  aldéhydes,  en  pré- 
sence tlu  chlorure  de  zinc idG" 

M.M.  L.  liouvEAULT  et  V.  lioNGEur.  —  iNitra- 
lion  des  élhers  acétj  lacéliques  et  de  leurs 
dérivés  aeidylés i56y 

M.  G.  Massol.  —  Sur  la  valeuracidiinétrique 
de   l'acide  parasulfanilique 1072 

MM.  J.  MiMiLîiN  et  E.  GiiEuoiuE  de  Bolle- 
.MoNï.  —  Sur  le  racéniisnie 157.J 

M.  A.  DE  SciiULTEN.  —  Synthèse  de  la  boro- 
natrocalcite  (  ulexite  ) 1  '7'' 


N°  25. 


SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 

M.  G.  Andke.  —  Sur  les  tlcluus  île  la  gcr- 
îninalion  et  sur  révolulioii  du  soufre  et 
du  pliosphorc  pendant  celte   périnde   ....    1077 

M.  L.  lîORD.is.  —  Morphologie  de  l'appareil 
digestif  des  Dytiscides i58o 

IM.  IlENiu  CouriN.  -  Sur  la  sensibilité  des 
végétaux  supérieurs  à  l'aelion  utile  des  sels 
de   potassium i582 

II.  Édouahd  Hkckki.. —  Sur  la  eonstitutiou 
de  la  graine  de  Hernandin  rapprochée  de 
celle  de  liavensara i58'| 

BULLKTIN    BIBLIOGRAPHIQUE 

lillRATV 


Pages. 

M.  \\.  Demeuliac.  —  Emploi  duTésonateur 
Oudin  pour  la  production  des  rayons  X..    lôSfj 

MM.  Stassano  cl  P.  BouBCET.  —  Sur  la 
présence  et  la  localisalicjn  de  l'iode  dans 
les  leucocytes  du  sang  normal 1  js-; 

MM.  L.-R.  Hegnier  et  G.  Oiusdury.  —  Sur 
l'aneslliésie  locale  on  cliirurjjie  dentaire  à 
l'aide  des  courants  de  hante  fréquence  et 
de   haute   intensité 1.JS9 

M.  K.  Parmentier.  —  Sur  la  conservation 
des  eaux  minéiales 1  ôii" 


I  )i)  I 
I  ji)') 


PARIS.   —  IMPIUMKKfE     G  A.  OT  H  1  K  R -V 1  L  I,  A  K  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins,   5S 

I-e  Ceran/ .*  G  lUraiBR-ViLLiRS 


DEC  2^ 


-^û^^ 


TABLES 

DES   COMPTES    RENDUS 

DES   SÉANCES 


L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


PUEMIEU   SEMESTRE  1901 


TOME    CXXXII 


COMPTES  RENDUS 


DES   SÉANCES   DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES 


JANVIKR  —  JUIN  1901. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  CXXXII. 


Pages. 
Académie.    —    Étal   de   l'Acadcmic   des 

Sciences  au  i"  janvier  1901 J 

—  M.  Jioiujuet  (l<:  la  Grye  est  élu  Vice- 

Président  pour  l'année  1901 vi. 

—  M.  Maurice  l.évy\  Présiilenl  sortant, 

fait  connaître  à  l'Académie  l'étal  où 
se  trouve  l'impression  des  Recueils 
qu'elle  publie  et  les  chanjiements  sur- 
venus parmi  les  Membres  et  les  (lorres- 
pondanls  pendant  l'aiinée  1900 i4 

—  M.  \ç  Sccrclairc i>tipcmcl  Û'2XiA\r',A^\w 

projets  qui  doivent  élre  présenlés  à 
l'Association  internationale  des  Aca- 
démies       ''(JS 

—  M.  le  Prfsidvnt  souhaite  la  bienvenue 

aux  Membres  des  Académies  étran- 
gères qui  ont  été  délégués  à  l'.^ssem- 
blée  générale  de  l'Association  interna- 
tionale des  Académies 897 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  le 

compte  rendu  de  la  prendère  Assern- 
bléo  générale  de  l'Associalion  inter- 
nationale dos  Académies,  tenue  à  Paris 

r..  R.,   içioi,   \"  Semestre.  (T.    CXXXII 


du  16  au  20  avril  rgoi 

AciiTALS.  —  Sur  la  formation  et  la  décom- 
position desacétals;  par  M.  Marcel 
Delépine 

—  La  chaleur  de  formation  des  acétals, 

comparée  à  celle  des  composés  iso- 
mères ;  par  M.  Marcel  Delépine.  .  . . 

—  Action  de  divers  alcools  sur  quelques 

acétals  d'alcools  monovalents;  par 
M .   Marcel  Delépine 

Acétones.  —  Action  de  la  mélhylacétyl- 
acétone  et  de  l'éthylacétylacétone 
sur  les  chlorures  diazoïques;  par 
M.    V.  Favrel 

Acétylène.  —  Des  réactions  do  l'acéty- 
lène avec  le  chlorure  cuivreux  dissous 
dans  une  solution  neutre  de  chlorure 
de  potassium;  par  M.  A".  Cliava.iteton . 

Acides  organiques.  —  Sur  l'électrolyse 
des  oxacides.  Préparation  de  l'acide  p- 
amylopropionique  et  de  la  diamylin(! 
du  butanediol  1.4;  par  iM.  l'abbé  /. 
Hamonet 

206 


'  '9'> 


Î3r 


9f)8 


41 


1489 


239 


(   '598  ) 


Pages. 

345 

3Si 


—  Nouvelle  synthèse  de  l'acide  adipique; 

par  M.  J .  Hamonet 

—  Sur  les  étheis  alcoylcyanomaloniques 

et  les  acides  aicolycyanacéliques  qui 
en  dérivent;  par  MM.  A.  Huilerai 
G .    Blanc 

—  Transformation  de  l'acide  dimétylacri- 

lique    en    acide    dimétliylpyruvique; 

par  MM.  L.  BouvenuU  et  A.  fFahl.     416 

—  Action  des  acides  monohalogénés  de  la 

série  grasse  sur  la  pyridine  et  la 
quinoléine;  par  MM.  L.-J.  Simon  et 
L.  Dubreuil 4  '  ^ 

—  Sur  les    acides  pyrogallosulfoniques  ; 

par  M.  Marcel  Delagc 4*1 

—  Action  de  la  poudre  de  zinc  sur    les 

acides  gras  saturés;  par  M.  Alex. 
Hébert 633 

—  Sur  l'acide  paraoxyhydratropique  ;  par 

M.  J.  Boiigimlt 976 

—  Sur  l'hydratation  de  l'acide  araylpro- 

piolique  ;  acide  caproyiacétique;  par 
MM.  Cil.  Mourcu  et  R.  Delange 1  lai 

—  Sur   l'acido   diméthylpvruvique  ;    par 

M.  A.  Wolli " wxlx 

—  Sur  deux  nouveaux  acides  acétyléni- 

qiies.  Synthèse  des  acides  caprylique 
et  pélargonique;  par  MM.  Ch.Moureu 

et  R.  Delange 988 

,\ciDi.MÉTRiE.  —  Sur  la  valeur  acidimé- 
triquo  des  acides  benzoïques  mono- 
substitués  ;  par  M.  G.  Massol 780 

—  Acidimétrie  de  l'acide  phosphorique  par 

la  baryte,  la  strontiane  et  la  chaux; 

par  M.  /.  Cavalier i33o 

—  Sur  la  valeur  acidimétrique  de  l'acide 

parasulfanilique;  par  M.   G.  Massol.  1572 
Acoustique.  —  Sur  les  impressions  musi- 
cales (  physico  et  psychophysiologie); 
p:ir  M.  Firinin  Larroquc 33o 

—  M.  i^.i«r/-oi7«e  adresse  le  résuméd'une 

étude  psycho-acoustique  sur  le  timbre.     5o3 

—  Études     de    psycho-acoustique;    par 

M.  F.  Larroque in 

—  Sur  les  lois  de   l'écoulement  de  l'air 

dans  les  instruments  de  musique;  par 

M .  F.  Larroque 1182 

—  Les  otolithes et  l'audition;  par  M.Picn-e 

Bonnicr .    1 367 

—  M.    Frédéric   Hesselgren  adresse   un 

Mémoire  sur  la  gamme  musicale. . . .   1245 
Albuminoïdes.   —   Du  dédoublement  des 
albuminoïdes  ou  protoplasmides  ;  par 
M.  A.   Étard ." 1184 


Pages. 


.\lcaloïdes.  —  De  la  recherche  des  alca- 
loïdes par  voie  raicrochimique;  par 
M  .  E.  Pozzi-Escot 920 

—  Sur  trois  nouveaux  alcaloïdes  du  tabac; 

par  M.M.  Amé  Pictet  et  A.  Rotsr/iy..     971 

—  Contribution    à    la    recherche  micro- 

chimique des  alcaloïdes;  par  M.  M.-E. 
Pozz'-E.scot 1 062 

—  Sur  l'emploi  de  l'acide  silicotungslique 

comme  réactif  des  alcaloïdes  de  l'urine. 
Variations  de  l'azote  alcaloïdique;  par 

M.  H.    Gidllemard 1 438 

Alcools.  —  Action  de  l'alcool  œnanthy- 
lique  sur  son  dérivé  sodé;  nouvelle 
méthode  de  synthèse  des  alcools. . . .     207 

—  Sur  un  nouvel  alcool  dérivé  du  limo- 

nène ;  par  M.  P.  Genvresse 4 1 4 

—  Synthèses    d'alcools    tertiaires   de   la 

série  grasse;  par  M.  Henri  Massnn . .     ^i'i 

—  Un  nouveau  glycol  biprimaire,  le  buta- 

nediol  2.4  ou  glycol  tétraméthylénique 
et  sa  diacétine;  par  M.  l'abbé  J.  Ha- 
monet      63 1 

—  Action  de  l'alcool  caprylique  sur  son 

dérivé  sodé  ;  synthèse  des  alcools 
dicaprylique  et  tricaprylique;  par 
M.  Marcel  Guerhet 685 

—  Sur  le  prétendu  binaphlylène-alcool  ; 

par. M.  R.  Fos.^e 695 

—  Sur  le  penlydride  du  prétendu  binaph- 

tylène-glycol  ;  par  M.  R.  Fosse 1 127 

—  Action  de  divers  alcools  sur   quelques 

acétals    d'alcools    monovalents  ;    par 

M.   Marcel  Delépine 968 

—  Sur  le  myrcénol  et  sa  constitution;  par 

M.  Ph.  Barbier io48 

—  Alcools  et  carbure  de  calcium;    par 

M .   Pierre  Lefèvre 1221 

—  Synthèse  d'alcools  primaires  acétylé- 

niques  ;  par  MM.  Ch.  Moureii  et  H. 
Desmots 1223 

—  Oxydation  des   alcools    primaires  par 

l'action  de  contact;  par  M.  J.-J. 
Trillat 1 227 

—  Étude  de  l'action   de  contact  sur  les 

alcools  secondaires  et  tertiaires;  par 

M.  J.   Trillat 1495 

Aldéhyoks.  —  Action  des  chlorures  d'aci- 
des sur  les  aldéhydes,  en  présence  du 
chlorure  de  zinc;  par  M.  Marcel 
Desciidé 1 567 

Alimentaires  (M.\tières).  —  Calcul  de 
l'écrémage  et  du  mouillage  dans  les 
analyses  du  lait;  par  MM.  Louise  et 


(  i599  ) 


Pages . 
Riqiiicr gc)'>. 

—  Sur  le  Voandzou;  par  M.  Balland.  . .    roOi 

—  Étude  d'un  densimètie  destiné  à  la  dé- 

termination de  la  valeur  boulangère 
des  farines  de  blé;  par  M.  E.  Fleu- 
rent      1 42 1 

Aluminium.  —  Sur  les  combinaisons  du 
gaz  ammoniac  avec  le  chlorure  d'alu- 
minium ;  par  M.  E.  Biuid 1 34 

—  Étude  thermique  des  chlorures  d'alu- 

minium ammoniacaux;  par  iM.  !.. 
Baud ijj 

—  Dissociation   et   étude    thermique  du 

composé  Al-Cl'i,  i8AzH';  par  M.  L. 
Baud 690 

—  Propriétés  réductrices  du  magnésium 

otde  l'aluminium;  par  M.  A.Duboiu.     82G 

—  Sur  les  alliages  d'aluminium.  Combi- 

naisons de  l'aluminium  et  du  tung- 
stène ;  par  M.  Lt-ori  Gudlct 1112 

—  Sur  les  alliages  d'aluminium.  Combi- 

naisons de  l'aluminium  et  du  molyb- 
dène; par  M.  Léon  (Util le t iSai 

—  Sur   les   alliages  d'aluminium   et   do 

magnésium;  par  M.  Boudnuard iSa") 

Aminés.  —  Action  des  bases  et  des  acides 
sur  les  sels  d'aminés;  par  M.  Adiert 
Colsnn    ,  .    1 563 

.\.M.MoxiAC  (Gaz).  —  Sur  les  combinaisons 
du  gaz  ammoniac  avec  le  chlorure 
d'aluminium;  [lar  M.  E.  Baud i34 

Ammomi!us.  —  Sur  la  préparation  et  les 
propriétés  du  sulfammonium  ;  par 
iM.  Henri   Moixsan 5 10 

Analyse  m.vthém  vtiquiî.  —  Sur  les  inté- 
grales de  (lillërenlielles  totales  de 
troisième  espèce  dans  la  théorie  des 
fonctions  algébriques  de  deux  varia- 
bles; par  M.  Emile  Picard 18 

—  Sur  les  équations  linéaires   à   points 

d'indétermination;  par  M.  Liidn'ig 
Sc/ilesinger 27 

—  Sur  la   tiiéorie  des    équations    de  la 

Physique  mathématique;  par  il.  .S'. 
Zareiiiba 29 

—  Sur  les  fonctions  quadruplement  pério- 

diques; par  M.  Gecrges  Hiiinbrrt..  . .        72 

—  Sur  une  généralisation  d'un   théorème 

de  M.  Picard;  par  M".  .S'.  Kantor 124 

—  Sur  la  densité  des  zéros  et  le  module 

maximum  d'une  fonction  entière;  par 

M.  Pierre  Boulroux aJ  1 

—  Sur  certaines  transformations  de  Back- 

lund  ;  par  .M.  Clairin Soi 


Pages. 


—  Sur  une  classe  d'équations  aux  déri- 

vées partielles  du  second  ordre;  par 

iM.  R.  d'Adhénwr 3io 

—  Sur  les  formes  linéaires  aux  dérivées 

partielles  d'une  intégrale  d'un  système 
d'équations  différentielles  simultanées 
qui  sont  aussi  des  inlégrales  de  ce 
système  ;  par  M.  Buld 3i3 

—  Sur  des  fonctions  de  deux   variables 

analogues  aux  fonctions  modulaires  ; 

par  M.  /?.  Aleznis 4o3 

—  Sur  une   certaine    catégorie  de  fonc- 

tions transcendantes;  Ç9v^\.  Edmond 
Maillet 460 

—  Sur  les  systèmes  complets  d'équations 

aux  dérivées  partielles;  par  M.  Ed- 
mond Maillet 54  o 

—  Sur  une  certaine  catégorie    de   fonc- 

tions transcendantes;  par  M.  Edmond 
Maillet 622 

—  Sur  les  groupes  quaternaires  réguliers 

d'ordre  fini;  par  M.  Léon  Autnnne.     624 

—  Sur  les  zéros  des  fonctions  entières  de  n 

variables;  par  M.  P.  Cousin 667 

—  Note  au  sujet  d'une  précédente  Com- 

munication; par  M.  de  Jonquières . . .     75o 

—  Sur  une  formule  de  M.  Fredholm;  par 

M.  Mittag-LeJ/ler 761 

—  Sur  rexpre.«sion  générale  de  la  fraction 

rationnelle  approchée  de  (  i  -t-  .r)"'  ; 

par  M.  H.  Padé 754 

—  Sur  la  puissance  représentative  d'une 

portion  finie  de  courbe  continue;  par 

M.  G.  Lippmtinn 904 

--  Sur  la  décomposition  des  fonctions 
méromorphes  en  éléments  simples; 
par  M.  Emile  Borel 906 

—  Sur  les  racines  desé<piatioiis  transcen- 

dantes ;  par  M.  Edmond  Maillet. .  . .     90S 

—  Sur  la  fraction  continue  de  Stielljes; 

par  M.  H.  Padé 911 

—  Sur    les    groupes    d'opérations;     par 

M.  G.-A.  Miller 912 

—  Sur  les  résidus  et  les  périodes  des  in- 

tégrales doubles  de  fonctions  ration- 
nelles; par  M.  Emile  Picard 929 

—  Sur  les  fonctions  entières  de  plusieurs 

variables  et  les  modes  de  croissance  ; 

par  M.  Emile  Borel 930 

—  Sur  une  généralisation    de    l'intégrale 

définie  ;  par  M.  H.  Lebeif^i/e 102J 

—  Sur  les  intégrales  analytiques  des  équa- 

tions différentielles  du  premier  ordre 
dans  le  voisinage  do  conditions  ini- 


Payes, 
tinles     singulières;     par     M.     Hfnri 
Ditliic 1 0-28  et  I  r 69 

—  Sur  les  équations  de  certains  groupes; 

par  M.  <l>'  Séf;iiicr io3o 

—  Sur  les  séries  de  Taylor  et  les  étoiles 

correfpondanles  ;  par  M.  L.  Desaint.   1102 

—  Sur  certaines  relations  involutives;  par 

AI.  Miiiiricc  Lrlii'ui're ,  .    1172 

—  Sur  les  groupes  réguliers  d'oidre  fini  ; 

par  M.  Léon  Autonnc i2iG 

—  Sur  la  série  de  Bernoulli:  par  M.  G. 

Miltiig-Lel/hr i388 

—  Sur  les  intégrales  eulériennes   incom- 

plètes de  deuxième  espèce  elles  inté- 
grales indéfinies  des  fonctions  précé- 
dentes; par  M.  E.   Fnllicr iSgi 

—  Sur  le  domaine  de  convergence  de  l'in- 

tégrale infinie    /      ?{nx)c-"  d(i\Y>diV 

"-'0 
M.  E.  Pliragmén 1 896 

—  Sur  les  séries  de  Fourler  ;  par  M.  J. 

Hunvitz '473 

—  Théorie  des  groupes  linéaires  dans  un 

domaine  arbitraire  de  rationalilé:  par 

M.  L.-E.  Dickson 1 54" 

—  Sur  l'intégration  de  l'équation 

A«' — |ji2«»  =  o;  par  M.  Zaremba..    i549 

—  M.  Rouelle  présente  à  l'Académie   le 

premier  Volume  d'un  Ouvrage  inti- 
tulé :  (1  Analyse  infinitésimale,  à  l'u- 
sage des  Ingénieurs  »,  par  MM.  Eu- 
gène Houché  et  Lucien  Le'vy 202 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Volume  de  M.  Emile  Bord,  intitulé  : 

<c  Leçons  sur  les  séries  divergentes  ».     754 

—  M.  Emile  Piciird  fait  hommage  à  l'Aca- 

démie de  la  seconde  éilition  du  Tome  I 
de  son  o  Traité  d'Analyse  »  et  de  la 
Leçon  qu'il  a  faite  à  la  Sorbonne  sur 
«  l'Œuvre  scientifique  d»" Charles  Her- 
mite  » 81 3 

—  M.  Lnpeyre  &ATes&Q  un  Mémoire  ayant 

pour  titre  :  «  Opérations  sur  les 
carrés;  des  excédents  divisionnaires».  iiSy 
Voir  aussi  Géométrie,  Méciini(iue,  Mé- 
cnni(jue  céleste,  Pliysijue  mitliéma- 
lique,  Probabilités  (Calcul  ries) . 
AN4T0A1IK  ANIMALE.  —  Sur  l'histologie  de 
la  branchie  et  du  tube  digestif,  chez 
les  Ascidies;  par  M.  P.  Fignon 714 

—  Sur  l'origine  des  parasomes  ou  pyré- 

nosomes  dans  les  cellules  de  la  glande 
digestive  de  l'Écrevisse:  par  M.  P. 
Visier 853 


(    1600    ) 

Pa(;es. 

—  Quelques  remarques  sur  les  ololithes  de 
la  grenouille;  par  M.  3/rtmç(>.  1072  et  i44' 

—  Sur  la  morphologie  des  éléments  sexuels 
chez  les  Grégarines  stylorhynchides  ; 
pur  AL  Louis  Léger 1 4 3 1 

—  Morphologie  de  l'appareil  digestif  des 
Dytiscides ;  par  M.  L.  Bordas i58o 

Anatomie  végétale.  —  Sur  la  structure 
des  plantes  vasculaires;  par  M.  G. 
Cliaui'caud 98 

—  Recherches  sur  la  structure  des  cham- 
pignons inférieurs;  par  M.  Ginller- 
mnnt 17J 

-  Recherches  anatomiques  sur  l'aoùte- 
ment  des  sarments  de  vigne;  par 
M.  Kôi'rssi C47 

—  Anatomie  comparée  des  organes  foliaires 
chez  les  Acacias;  par  M.  P.  Lrdoux.     ■^■i.'i 

—  Étude  comparative  de  la  zoospore  et  du 
spermatozoïde;  ^àv^l.  J.  Dangeard.      859 

—  Nouvelles  recherches  cytologiques  sur 
les  Hyraénomycètes;  par  M.  René 
Maire 861 

—  Sur  l'existence  de  laticifères  à  contenu 
spécial  dans  les  Fusains;  par  il.  Col.   i354 

—  Sur  la  structure  des  rejets  chez  les 
végétaux  ligneux;  p.ir  M.  Marcel 
Dubard 1 3  J6 

Anéthol.  —  Sur  un  isomère  de  l'anéthol 
et  sur  la  constitution  de  ce  dernier  ; 
par  MM.  Béhal  et  Tijfeneau 56 1 

Aniline.    —   Une  nouvelle   synthèse    de 

l'aniline;  par  M.  George-F.  Jaubert.      84r 

Argent.  —  Sur  les  origines  de  la  combi- 
naison chimique  :  Etats  allotropiques 
de  l'argent;  par  M.  Berthelot 234 

—  Etudes  sur  les  combinaisons  de  l'ar- 
gent avec  le  mercure:  par  M.  Ber- 
tlielot 24  I 

—  Sur  les  relations  élect'ro-chimiques 
des  états  allotropiques  des  métaux 
et  de  l'argent  en  particulier;  par 
W.  Bertlielot 782 

—  Nouvelles  recherches  relatives  à  l'ac- 
tion de  l'eau  oxygénée  sur  l'oxyde 
d'argent  ;  par  M.  Berthelot 897 

—  Sur  la  réduction  du  chlorure  d'argent 
par  l'hydrogène,  et  réaction  inverse; 
équilibres  véritables;  par  M.  Jou- 
uiaux 1270 

—  Observations  au  sujet  de  cette  Note 
de  M.  Jouniaux;  par  M.  Berthelot.. .    1273 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  alliages 
d'or   et   d'argent   et   diverses   autres 


(  i6oi 


Pages 
malières    provenant    des    tombeaux 
égyptiens;  par  M.  Brrlheht 1282 

—  Sur  l'action  des  radiations  solaires  sur 

le  chlorure  d'argent  en  présence 
d'hydrogène:  par  M. /oHw'ffax i558 

ARsiiMC  ET  SES  COMPOSÉS.  —  Acllon  de 
l'hydrogène  sur  le  réalgar,  et  réac- 
tion inverse.  Influence  de  la  pression 
et  de  la  température;  par  M.  H.  Pe- 
labnn .     774 

AsTiiONOMiE.  —  Mire  méridienne  à  miroir 

cylindrique;    par  M.  G.  Lipi>iiuiiiii. .     m- 

—  Sur   un   appareil   destiné    à  entraîner 

la  plaque  photographique  qui  reçoit 
l'image  fournie  par  un  sidérostat;  par 
M.  G.  Lippinrinn 98 1 

—  Sur  la  com()ensation  mécanique  de  la 

rotation  du  cham[)  optique  fourni  par 
le  sidérostat  et  l'héliostat;  par  M.  ^. 


) 

Pages. 

Cornu ioi'3 

Sur  la  parallaxe  du  Soleil  ;  par  M.  Bnu- 

qiict  lie  ta  Gr/f d/jo 

■  Sur  l'emploi  du  siéréoscope  en  Astro- 
nomie ;  par  M.  Mmirice  Hainy 1 407 

-  M.    le  Secrétiiire  perpêtufl    présente 

les  «  Annales  Célestes  du  dix-sep- 
tième siècle  »  de  A.-  G.  Pingié, 
Ouvrage  publié  sous  les  auspices 
de  r  Vcadémie  des  Sciences,  par  M. 
G .  tiii^iiuntan 1 2  'x) 

-  Un  Volume  intitulé    :    «  Réunion    du 

Comité  international  permanent  pour 
l'exécution  de  la  Carte  photographique 
du  Ciel,    tenue  à  l'Observatoire  de 

Paris  en  tgoo  » 1257 

^oir  aussi  Comètes,  Eclipses,  Etoiles, 
Ncbuteuses,  Planètes,  Soleil,  Obser- 
vatoire, Mécanujue  céleste. 


B 


Baryum.    —   Sur  l'hydrure  de  baryum  ; 

par  M.  Gùntz 968 

Bknzènr.  —  Modes  de  formation  et  pré- 
parations du  pro|iylben7.ène;  par  M. 
/•".  Bodroux 155 

—  Hydrogénations  directes  réalisées  en 

présence  du  nickel  réduit  :  prépara- 
tion de  l'hexahydrobenzène;  par  MM. 
Paul  Sabatier  et  J .-B.  Si/iilrrciis. . .      210 

—  Action  du   bromure  d'isobutylène  sur 

le  benzène  en  présence  du  chlorure 
d'aluminium;  par  M.  F.  Bndron.r . .  .    rî33 

liis.Muru.  —  Action  de  l'hydrogène  sur  le 
protosulfure  de  bismuth;  par  M.  //. 
Pélahon 78 

BoLiuKS.  —  Position  et  vitesse  approchées 

d'un  bolide;  par  M.  Jean  Mascart  .  .      864 

Bore  et  ses  composés.  —  Sur  les  borates 
de  magnésie  et  des  métaux  alcalino- 
lerreux  ;  par  M.  L.  Ouvrard 207 

BoTANlQL'H.  —  M.  Gaston  Bunnier  pré- 
sente à  l'Académie  le  premier  fasci- 
cule d'un  «  Cours  de  Botanique  » 
rédigé  par  lui  en  commun  avec  M. 
Leclerc  du  Sahlon 20 1 

—  Sur  le  Ramr  de  Madagascar;  par  M. 

H.-Jacnb  de  Cordenioy 266 

—  Sur  le  géotropisme  des  racines  de  la 

vigne;  par  .M.  J.-M.  Gidtlon 089 

—  Sur  une  forme  conidienne  du  champi- 

gnon du  Black- rot  \Guignardia  Bul- 


wclUi  (Ellis)  Viala  et  RavazJ;  par 

M.  G.  Delacroix 863 

—  Sur  la  flore  des  Mousses  des  cavernes; 

par  MM.    Géiicau  de  Lamnrlière   et 

y.  Malien 1)2 1 

—  Sur  la  taille  rationnelle  des  végétaux 

ligneux;  par  M.  F.  AOressi 923 

—  Recherches  histologiques  sur  la  sporu- 

lation des  levures;  par  M.  J.  Gnil- 
leriiiond 1 1 9  '1 

—  Sur  l'organogénie  florale    des   Disci- 

llores  ;  par  M.  L.  Beille  '. 1 497 

—  Sur  la   constitution  de  la  graine    de 

Hcrntindia,  rapprochée  de  celle  de 
Ravensara ;  [)i\r  M.  Edouard  Heckel.  1  J84 
f-'oir  aussi  Anatomie  végétale.  Chimie 
végétale,  P/ijsiolo/^ie  véj^étale,  Pa- 
tltoloj^ie  végétale  et  Botanique  fos- 
sile. 
Botanique  fossile.  —  Sur  un  nouveau 
genre  de  tige  fossile;  par  M.  />.  Re- 
nault       2G8 

—  Sur  la  découverte  d'une  flore  glosso- 

ptérienne   dans  les   dépôts   permiens 
supérieurs  du  nord  de  la  Russie;  par 

M.  .-linalitzk)- 5cji 

Bromures.  —  Sur  les  combinaisons  du 
bromure  de  bore  avec  les  chlorures 
de  phosphore;  par  M.  Tarible 83 

—  .Action  du   bromuri'   de   bore  sur    les 

iodures  de  phosphore  et  sur  les  com- 


(  i6o2  ; 


posés  halogènes  de   l'arsenic  et   de 
l'antimoine:  par  M.  Twihlc , 

BULIETINS  BIBLIOGRAPHIQUES,  47>  97,   187, 

23i,  277,  447>   5o4,  655,  727.   810, 
866,    ion,   1077,    ii58,  1197,   i245, 


âges 


204 


Pa^es. 

I.Î76,  1874,  i446., iSgi 

Butanes.  —  Sur  le  butane  dibromé  et  le 
butane  diiodé  (1 -4)  '•  Nouvelle  syn- 
thèse de  l'acide  adipique;  par  M.  /. 
Hanioiiet 34  5 


Cafés.  —  Sur  la  composition  chimique 
du  café  de  la  Grande  Comore  ;  par  M. 
Gabriel  Bertrand 1 6.1 

Candidatures.  —  MM.  Chnrrin,  Corail  et 
Lancercaux  |)i'ient  l'Aradémie  de  les 
comprendre  parmi  les  candidats  à  une 
place  vacante  dans  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie n68 

Carbonates.  —  Sur  l'action  des  acides 
sur  les  carbonates  alcalino-terreux 
en  présence  de  l'alcool;  par  M.  C. 
Vallée 677 

Carbures.  —  Sur  la  génération  des  hydro- 
carbures par  les  carbures  métalli- 
ques ;  par  M.  Berthelnt 281 

—  Sur  la  synthèse  de  l'acétylpropyléne 

et  des  carbures  terpiléniques;  par  M. 
Berthelot , 699 

—  Sur  la  condensation  des  carbures  acé- 

tyléniques  vrais  avec  l'aldéhyde  for- 
mique  :  synthèse  d'alcools  primaires 
acétyléniques;  par  MM.  Ch.  Mou- 
reii  et  H.  Desinnts 1223 

—  Hydrogénation  de  divers  carEures  aro- 

matiques; par  MM.  Paul  Sabatier  et 

J .-B.  Senderens .    12  34 

Cétones.  —  Cétones  de  l'huile  de  bois, 
diméthylcyclohexénone;  par  M.  J. 
Béhal 342 

Chemins  de  fer.  —  M.  Barril  adresse 
un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Sé- 
curité de  la  circulation  des  trains. 
Impulseur  électrique  » 1 168 

Chimie  agricole.  —  Sur  l'absorption  du 
phosphate  monocalcique  par  la  terre 
arable  et  l'humus;  par  M.  /.  Dumont.     435 

—  Sur  certaines  causes  de  variation- de 

la  richesse  en  gluten  des  blés;  par 
MM.  Léo  Vi^'ion  et  F.  Couturier.  .  .     791 

—  Sur  l'acide  phos|)horique  des  sols;  par 

M.  r/i.  Schlcestà^  fils 1 189 

—  Recherches    sur    l'étal    de* l'alumine 

dans  les  terres  végétales;  par  M,  Th. 

Schlcesing i2o3 

'Voir  aussi  Economif  rurale. 


Chimie  ammale.  —  Transformation  de  la 
créaline  en  créatinine  par  un  ferment 
soluble  déshydratant  de  l'organisnie; 
par  M.  E.   Gérard i53 

—  Action  du  mucus  sur  l'organisme;  par 

MM-  Cliarrin  et  àjuiissu 164  et  578 

—  Recherches    sur    la   fibrinolyse;    par 

M .  Z.  Caniu.'i , 2 1 5 

—  Production  d'acétylméthylcarbinol  par 

le  Bacillas  tartrit(i.<:  ;  par  M.  L. 
Griniberl 706 

—  Sur  le  mécanisme  des  réactions  lipo- 

lytiques;  par  M.  H.  Haariot 842 

—  Sur  l'origine  indoxylique  de  certaines 

matières  colorantes  rouges  des  urines 
(indirubine);  par  M.  L.  Maillard.  . .     990 

—  Différence   de  constitution   de   la  bile 

suivant  l'âge  et  l'état  d'engraissement 

des  animaux  ;  par  M.  R.-L.  Craciiuiu.   1 187 

—  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux; 

par  MM.  Bordier  et  Gillct 1239 

—  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux; 

par  M.  Ed.  Branly i36i 

—  Sur  la  présence  de  l'oxyde  de  carbone 

dans  le    sang   du  nouveau-né;    par 

M.  Maurice  Nicloux i5oi 

—  Sur  la  présence  et  la  localisation  de 

l'iode  dans  les  leucocytes  du  sang 
normal;    par    MM.    Slassano   et    P. 

Bonnet i  J87 

Voir  aussi  Albuminoïde.'i.  Urée. 
Chimie  gé.nérvle.  —  Sur  certaines  con- 
ditions de  réversibilité;  par  M.  Albert 
Colson 467 

—  Compressibilité  des  dissolutions;    par 

M.    GuinchatU 469 

—  Généralisation  de  la  loi  de  Trouton  ; 

par  M.  de  Forcra/id 879 

—  Sur  la  réduction  du  chlorure  d'argent 

par  l'hydrogène,  et  réaction  inverse. 
Équilibres  véritables;  par  M.  Joii- 
inaii.i: , 1270 

—  Observations  de  M.  Berthelot  relatives 

à  la  Note  précédente,  sur  la  réduction 

du  chlorure  d'argent  par  l'hydrogène.  1273 


(  î6o3  ) 


Pages. 

—  Sur  le  titrage  à  l'aide  des  colorants  des 

acides  et  des  alcalis  à  fonction  com- 
plexe; par  M.  Bcrthelot 1877 

—  Sur  la  vérification  expérimenlaie  d'une 

loi  lie  mécanique  chimique  ;  par  M.  H. 
Pélnbnn 1 4  1  1 

—  Action  d'un  hydrate  métallique  sur  les 

solutions  des  sels  des  autres  métaux. 
—  Sels  basiques  à  deux  métaux;  par 
M.  v/.  Recouru 1 4 1  i 

—  Sur   un   nouvel   élément,  l'europium; 

par  M.  Eiij;.  Diinarray l4!:S4 

—  Recherches    sur    les    équilibres    chi- 

miques. Formation  des  phosphates 
insolubles  par  double  décomposition. 
Phosphate  de  soude  bibasique  et  azo- 
tate d'argent;   par  M.  Berthclot 1449 

—  Équilibres  chimiques.  Réaction  de  deux 

bases  mises  simultanément  en  pré- 
sence de  l'acide  phosphorique;  par 
M.  Bi'rlhclot 1 5 1 7 

—  Action    d'un   oxyde   ou   d'un   hydrate 

métallique  sur  les  solutions  des  sels 
des  autres  métaux  :  sels  basiques 
mixtes;  par  M.  Paul  Sahalier 1 538 

—  Observation  sur  les  sels  basiques  ren- 

fermant plusieurs  oxydes  métalliques; 

par  M.  G.  André. 1 563 

—  M.    Md/cetlin    Langhis  adresse  une 

Note  iutitidée  :  «  Unité  thermonhi- 
niique  fondamentale,  atomicité,  etc.  n.     SgS 

—  M.  Marcetlin  Langloix  adresse  un  Mé- 

moire ayant  pour  litre  :  «  Recherches 
sur   la   constitution   des   atomes,   le 

gluciniuBi  1) 1446 

Voir  aussi  'J'Iwrmochimie. 
CtiiMiic  INDUSTRIELLE.  —  Sur  Ics  chalcurs 
spécifiques  de  la  soie,  de  la  laine  et  du 
coton  ;  par  M.  Tcstcnnire ÏU 

—  Sur  l'action  saccharifiante  des  germes 

de  blé  et  sur  l'emploi  de  ces  germes 

en  distillerie;  par  M.  Lindet 2(11 

—  Sur  les  constituants  des  ferrosiliciums 

industriels;  par  M.  P.  I.cbcaii 681 

—  Sur  la  substitution  du  blanc  de  zinc  à 

la  céruse,  dans  la  peinture  à  l'huile; 

par  M.  Ach.  Liviiclie ia3o 

—  Procédé   de    préparation    de    levures 

basses  de  brasserie  fermentant  à  haute 
température;  par  M.  Georges  Jacque- 

niin 1 366 

Voir  aussi  :  Alimentaires  (^Matières), 
Cafés,  Lait. 
Chimie  uinérale.  —  Produits  gazeux  déga- 


Pages. 

gés  par  la  chaleur  de  quelques  roches 
ignées;  par  M.  Armand  Gtiiitier..  .  .       58 

—  Production    de    l'hydrogène   dans    les 

roches  ignées.  —  Action  de  la  vapeur 
d'eau  sur  les  sels  ferreux  ;  par  M. 
Armand  Gautier 189 

—  Sur  la  structure  cellulaire  de  quelques 

métaux;  par  M.  G.  Cnrtaiid 1327 

—  Sur  un  polit  fourdc  laboratoire;  parM. 

Albert  Bruno 276 

Voir  aussi  les  articles  spéciaux  :  Alumi- 
nium, Ammoniums,  Argent.  Arsenic, 
Baryum,  Bismuth, Bore.  Carbonates, 
Carbures,  Cobalt.  Cœsium,  Iridium, 
Iode,  Mercure.  Or,  3Iolybdène.  Nic- 
kel, Pliosphore,  Sodium,  T/udlium, 
Thorium,  Tungstène,  Uranium. 
Chimie  organique.  —  Recherches  sur  la 
formation  des  composés  organiques 
sulfurés;  par  M.  Berthclot 55 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'isomérie  des 

étherssulfocyaniques;  par  .M.  Bcrthe- 
lot        57 

— ■  De  l'action  oxydante  du  persulfate  d'am- 
moniaque sur  queliiucs  principes  im- 
médiats de  l'organisme;  par  M.  L. 
Hugounenr/ , 91 

—  Sur  le  nitrofurfurane;  par  M.  if.  Mar- 

quis       1 40 

—  .Modes  de  formation  et  préparation  du 

propylbenzène;  parM.  Z''.  Bodrou.r..     i55 

—  Surl'électrolysedesoxyacides.  Prépara- 

tion de  l'acide  j3-amyloxypropionique 
et  de  la  diamyliiie  du  butanediol  i  .4  ; 
par  M.  l'abbé  /.  Hamonet 269 

—  Sur  une  nouvelle  préparation  du  terpi- 

néol;  par  M.  P.  Genvres.se 687 

—  Sur  la  nitralion  directe  dans  la  série 

grasse  ;  par  M.  A.    Wahl G93 

—  Sur  le  ^p-diacétylpropionale  d'éthyle; 

par  M.  F.  March 697 

—  Propriétés  des  produits  de  substitution 

alcoylés  de  l'acétonedicarbonate  d'é- 
thyle monocyané.  .\ction  du  chlorure 
de  cyanogène  sur  l'acétone  dicarbonate 
de  mélhyle;  par  M.  Juwrinl Dcromc.    699 

—  Action  du  chlorure  de  biilyryle  sur  le 

sodacétyl-acétatedeniélhyle;  par  MM. 

L.  Boaveault  et  A.  Bongert 70J 

—  Sur  de  nouveaux  dérivés  de  l'acide  di- 

méthyl-amrdobenzoylbenzoïque  ;  par 
MM.  A.  Haller  et  A.  Guyot 746 

—  Passage  de  l'anéthol  à  l'acide  anisique 

par  cinq  oxydations  successives;  par 


(   i6o/l  ) 


Pages. 

M.  ./.  Boui^aull 782 

— ■  Sur  la  loi  des  auxochromes  ;  parM.  Paul 

Lemniilt ■.     784 

—  Sur  le  naphtylol-naphtyl-oxy-naphtyl- 

mélliane;  par  M.  R.  Fosse 787 

—  Sur  quelques  osmil-oxalates;  par.M.Z. 

Tf'intrebert .- 824 

—  Sur    la    réaction    des    benzopliénones 

amidées  substituées  et  des  aminés 
aromatiques  en  milieu  sulfurique  ;  par 
M.    Paul  Lemoult 885 

—  Réduction  des  matières  colorantes  azoï- 

ques  nitrées;  par  M.  A.  Rnsenstieht .     980 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  décomposition 

des  dérivés  bisulfitiques;  par  MM.  F. 
Freundlcr  et  L.  Biinel i338 

—  Sur  les    produits    secondaires  formés 

dans  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur 
le  charbon  de  bois;  par  M.  A.  ï'er- 
neuil 1 340 

—  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées 

au  moyen  des  molécules  renfermant  le 
groupe  méthylène  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de  l'épi- 
chlorliydrine  et  de  l'épibromhydrine 
sur  les  ôthers  benzoyiacétiques  sodés; 
par  M.  A.  Hnllt-r 1459 

—  Synthèse  d'un  colorant  dérivé  du  diphé- 

nylènephénylméthane;  par  MM.  A. 
Haller  et  A.   Guyot 1 527 

—  Constantes  capillaires  de  liquides  orga- 

niques; par  MM.  Ph.-A.  Guye  et  A. 

Biiud 1481  et  i553 

Voir  aussi  les  articles  spéciaux  :  Acéinls, 
Acétones,  Acides  orgiiniiiues,  Albu- 
minnïdes.  Alcaloïdes,  Alcools,  Aldé- 
hydes, Aminés,  Anéthane,  Aniline, 
Benzène,  Buthanes,  Carbures,  Cé- 
tones,  Cinchonine,  Diastases,  Ery- 
thritcs,  El/iers,  Ethyles,  Glycols, 
Indophénols,  Mélhylène,  Naphlènes, 
Phénols,  Pliénylliydrazinc,  Saccha- 
rine, Sucres,  Tannin,  Organo-niétal- 
tiques  [Compose's). 
Chimie  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  pluralité  des 
chloropliyllines  et  sur  les  métachlo- 
rophyliines;  par  M.  M.  Tsi>etl 149 

—  Sur   un  pseudo-acide  agaricique;   par 

MM.  Adnan  et  Trillat 1 5  j 

—  Sur  le  rôle  de  la  fonction  chlorophyl- 

lienne dans  l'évolution  des. composés 
terpéniques;  par  M.  Eug.  Charabol.      139 

—  Sur  la  manne  de  l'Olivier;  par  M.  Tra- 

but 225 


Pa(;cs. 

—  De  l'hydrale  de  carbone  de  réservedans 

les  tubercules  de  l'Avoine  à  chapelets; 

par  M.   F.  Harlar 423 

—  Sur  la  germination  dans  l'eau  distillée; 

parMM./*.-/*.  DchéraimiDrmoussy.     523 

—  Sur  la  migration  des  matières  ternaires 

dans  les  plantes  annuelles;  par  M.  G. 
André ,  1 3  r 

—  Sur  un  glucosidecaraotérisantlapériode 

germinative  du  Hêtre;  par  M.  P. 
Tailleur i235 

—  M.  B.  Dupuy  adresse  une  réclamation 

de  priorité,  concernant  la  découverte 
de  l'alcaloïde  et  du  glucoside  de  l'éry- 
simum 054 

Chronomètrks.  —  Procédé  pratique  pour 
la  correction  de  l'erreur  secondaire 
des  chronomètres;  par  M.  Ch.-Ëcl. 
Guillaume i  io5 

CiNCMOMNE.  —  Sur  l'hydrocinchonine;  par 

MM.  E.  Jangflcisch  et  E.  Léger 410 

—  Sur  la  cinchonine;  par  MM.  E.Jung- 

fleiscli  et  E.  Léger 828 

Cobalt.  —  Sur  un    nouveau  siliciure  de 

cobalt;  par  M.  Paul  Lebeau 5'i6 

—  Séparation  du  cobalt  et  du  nickel  par 

la  voie  électroly tique;  par  M.  Dimilry 
Balacltoivshy '492 

CoEsiUM.  —  Sur  quelques  conjposés   du 

cœsium;  par  M.  C.  Cliabrié 678 

C0.MÉTES  —  Observations  de  la  comète 
igoo  c  (Giacobini),  faites  à  l'Obser- 
vatoire d'Alger;  par  MM.  Rumbaud 
et  .Vr 19 

—  Observations   de  la    comète    1900  c 

(Giacobini),  faites  à  l'Observatoire  de 
Besançon  ;  par  M.  P.  Chofardet. ...       20 

—  Sur  la  nouvelle  comète  Giacobini;  par 

M.   Perrolin 71 

--  Observations  de  la  comète  A  (  1901), 
faites  à  l'Observatoire  d'Alger;  par 
MM.  Rambaud  et  Sy 1238 

—  M.    Duprat,   à    la   Guadeloupe,  écrit 

qu'il  a  observé  une  comète,  le  9  mai 
1901,  vers  7''dusoir.  (C'est  la  comète 

1901    a.) 1275 

Commissions  spéciales.  —  MM.  Bornct 
et  Mimrice  Lévy  sont  nommés  Mem- 
bres de  la  Commission  centrale  admi- 
nistrative, pour  l'année  1901 14 

—  MM.    Miiscarl    et    Bassot    sont    élus 

Membres  de  la  Commission  de  vérifi- 
cation des  comptes  pour  l'année  1900.   121 3 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 


(   i6o5  ) 


Pages, 

cours  du  prix  Francœur  pour  1901,.  8t3 

•  Du  prix  Poncelet 8i4 

•  Du  prix    extraordinaire  de  six    mille 

francs 814 

•  Du  prix  Montyon  (Mécanique) 8i4 

■  Du  prix  Pluniey 905 

-Du  prix  Fourneyron 9o5 

•  Du  prix  Pierre  Guzman goS 

■  Du  prix  Lalande goS 

Du  prix  Valz go6 

Du  prix  La  Gaze  (  Physique) 90G 

Du  prix  Gaston  Planté go6 

Du  prix  Kaslner-Boursault 906 

•  Du  prix  Montyon  (Statistique) 906 

Du  prix  Jecker go6 

I>u  prix  La  Gaze  (  Chimie) g4G 

Du  prix  Delesse g47 

Du  prix  Gay 947 

Du  prix  Bordin  (Sciences  physiques).  947 

Du  prix  Desmazières 947 

Du  prix  Montagne 947 

Du  prix  Tliore g47 

Du  prix  de  La  Fons-Mélicocq 947 

Du  grand  prix  des  Sciences  physiques.  947 

Du  prix  Savigiiv 947 

Du  prix   Montyon   (Médecine   et   Ghi- 

rurgie) 1024 

Du  prix  Barbier 1024 

Du  prix  Bréant 1024 

Du  prix  Godard 1024 

Du  prix   Bellion 1024 

Du   prix  Mège 1024 

Du  prix  Lallemand r 024 

Du  prix  du  baron  Larrey 1024 

Du  prix  Montyon  (Physiologie  expéri- 
mentale)    1094 


Pages. 

—  Du  prix  Pourat 1025 

—  Du  prix  Philipeaux 1086 

—  Du  prix  La  Gaze  (Physiologie) 1086 

—  Du  prix  Montyon  (.iris  insalubresl . . .  ioS6 

—  Dn  prix  Wilde 1089 

—  Du  prix  Galiours 1086 

—  Du  prix  Tchihatchef 1086 

—  Du  prix  Jean  Reynaud io8f> 

—  Du  prix   Petit  d'Ormoy  (Sciences  ma- 

thématiques ) ' 1 167 

—  Du  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  natu- 

relles)   1167 

—  Du  prix  du  baron  de  Joest .  1 157 

—  Du  prix  Saintour 1 167 

—  Du  prix  Gegner 1 167 

—  Du  prix  TrémoRt 11 67 

—  Du  prix  Leconte i3g5 

—  Goramission  chargée  de  présenter  une 

question  de  Grand  prix  des  Sciences 

physiques  pour  l'année  igoS 1 1O7 

—  Une  question  de  prix  Bordin  (Sciences 

physiques)  pour  l'année  1903 [1G8 

—  Une  question  de  prix  Gay  (Géographie 

physique)  pour  l'année  igoS 1168 

—  Une  question  de  prix  Pourat  (Physio- 

logie) pour  l'année  igo3 1168 

—  Une  question  do  prix  Fourneyron  (Mé- 

canique) pour  l'année  igoS 11C8 

CiiiSTALLOGRAPMiE.     —    De  la    Symétrie 
apparente  dans  les  cristaux;  par  M. 

Fred.    WnUiTant 178 

—  Sur  le  racémisme;  par  MM.  /.  Mln- 

guin  et  E.  Grégoiip  de  Jintlemotit . .  1573 
(^uYoscopiE.  —  Recherches  cryoscopiques  ; 

par  M.  Paid  Chnmstclioff. gOS 


D 


DÉCÈS  DE  Membres  et  Gorrespondants 
DE  l'Académie.  —  M.  le  Président 
annonce  la  mort  de  M.  Potam,  Membre 
de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.       1 7 

—  M.  le  P/ésidenC  annonce  la   mort  de 

M.  C/i.  Hermile,  Membre  de  la  Sec- 
lion  de  Géométrie,  et  do  iM.  Jd. 
C/ititiri,  Membre  de  la  Section  de  Bo- 
tanique        49 

—  Notice  sur  M.  C/i.  Hermite ;  fâr  M.  C. 

Jordan 101 

—  Notice  sur  M.  Adolphe  C/ialin;  par  M. 

Gaston  Bonnier i  o5 

—  Condoléances  adressées   à  l'Académie 

C.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  CXXXIL) 


par  diverses  Sociétés,  à  l'occasion  de 
la  mort  de  M.  Ch.  Hcrndte,  120, 
248,  296,  52g '. go6 

M.  Masciirt  annonce  à  l'Académie  la 
mort  de  M.  Zémibe  Gnimnie 121 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  aimonce  la 
mort  de  M.  J.-G.  A-^ardli.  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Botanique.     201 

Notice  sur  M.  J.  Agardli  ;  par  M. 
Bornet 233 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
M.  Th.  Moutard;  par  .M.  Gaston  Dar- 
boux G 1 4 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annoBce  la 

207 


(  i6o6  ) 


mort  de  M.    Raoult,   Correspondant 
pour  la  Section  de  Pliysique 878 

—  M.  le  Sfcn-iiiirc  j/crpctucl  annonce  la 

mort  de  M.  Henry  Rowland,  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Physique.   116S 

—  M.  le  Sccrétdire  perpétuit  annonce  la 

mort  de  M.  Mares,  Correspondant 
pour  la  Section  d'Économie  rurale.. .  125- 
DÉCRETS.  —  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion pnbli/jue  et  des  Beaux-Arts 
adresse  l'ampliation  du  décret  ap- 
prouvant l'élection  de  M.  Hund/ert.  .     729 

—  Du    décret     approuvant    l'élection   de 

M.   ZeUlcr loS I 

—  Du  décret  approuvant  l'élection  de  M. 

Laveran 1249 

Densités.  —  Sur  les  abaissements  molé- 
culaires de  la  température  du  maxi- 
mum de  densité  de  l'eau  produits  par 
la  dissolution  des  chlorures,  bro- 
mures et  iodures  de  potassium,  so- 


Pages. 

dium,  rubidium,  lithium  et  ammo- 
nium; rapports  de  ces  abaissements 
entreeux:  par  .M.  L.-C.  de  Coppct.  .    1218 

—  Sur  la  densité  des  alliages;  \iar M. Ed//i. 

van  Aubid 1 26G 

^  M.  E.  Dumcsnil  adresse  une  Note  sur 
«  un  procédé  de  détermination  de  la 

densité  des  corps  solides  » 1244 

Di.vsTASES.  —  Sur  le  mécanisme  des  ac- 
tions diastasiques;  par  M.  Hanriot . 

i46et     212 

—  Les  actions    diastasiques    du    platine 

colloïdal  et  d'autres  métaux;    par  M. 

G.  Bredig 4go 

• —  Analogies  entre  les  actions  diasta- 
siques du  platine  colloïdal  et  celles 
des  diastases  organiques;  par  M.  G. 
Bredig 576 

Diffusion.  —  Diffusion  dans  la  gélatine  ; 

par  M.   S.  Leduc 1 5oo 


E 


—  Eaux  naturelles.    —    Méthode    de 

dosage  des  sulfures,  sulfhydrates, 
polysullïires  et  hyposulfites  pouvant 
coexister  en  solution,  en  particulier 
dans  les  eaux  minérales  sulfureuses; 
par  M.  Armand  Gautier 5i8 

—  Origine     des   eaux   thermales    sulfu- 

reuses. Sulfosilicates  et  oxysulfures 
dérivés  des  silicates  naturels;  par  M. 
Armaïul  Gautier 740 

—  Dosage    de  l'azote   nitrique  dans    les 

eaux,  au  moyen  du  chlorure  slan- 
neux  ;  par  M.  H.  Henriet 966 

—  Sur  la    variation  de  composition  des 

eaux  minérales  et  des  eaux  de  source, 
décelée  à  l'aide  de  la  conductibilité 
électrique;  par  M.  P. -Th.  Muller.. .    1046 

—  La  variation  thermique  des  eaux;  par 

M.  F.-A.  Forel 1089 

—  Sur  l'alumine  contenue  dans  les  eaux 

minérales;  par  M.  F.  Parmentier. . .    i332 

—  Sur  la   conservation   des  eaux   miné- 

rales; par  M.  F.   Parmentier iSijo 

Voir  aussi  Hydrologie. 
Éclipses.  —  Sur  l'édipse  totale  du  18  mai 

1901  ;  par  I\L  /.  Jnnssen 1201 

—  Sur  l'éclipsé  du  quatrième  satellite  de 

Jupiter,  observée  à  Paris  le  17  mai 
1901;  par  M.   G.  Bigourdan 12 1 4 


Économie  rurale.  —  Études  sur  la  valeur 
agricole  des  terres  de  Madagascar; 
par  JLM.  A.  Muntz  et  E.  Housseaux.     451 

—  Valeur  alimentaireetculturede  l'ajonc  ; 

par  M.  A. -Cil.  Girard 498 

Voir  aussi  Chinùe  agricole,  Fins,   Viti- 
culture. 
Électricité.  —  Nouvelles  recherches  sur 
la  convection  électrique;  par  M.   V. 
Crémicu 327 

—  Sur    la    propagation    des   oscillations 

hertziennes  dans  l'eau;  par  M.  C. 
Gutton 54s 

—  Sur  un  éleclro-radiophone  à  sons  très 

intenses  et  sur  la  cause  qui  les  pro- 
duit; par  M.  Th.  Tonimasina G27 

—  Théorie  de  la  machine  de  Wimshurst 

sans  secteurs;  par  M.  Bordier 761 

—  Décharge  disruptive  dans  les  électro- 

lytes  ;  par  MM.  André  Broca  et 
Turckini 915 

—  Sur  les  étincelles  oscillantes  ;  par  M.  G.- 

A.  Hemsalech 917 

—  Sur    un    nouveau   système   d'ampère- 

mètres et  de  voltmètres,  indépendants 
de  l'intensité  de  leur  aimant  perma- 
nent; par  M.  Pierre  Weiss 9J7 

—  Sur  l'influeuce   de   self-induction    sur 

les  spectres  d'étincelle;  par  M.  G. -A. 


(  1607 


Pages. 
Hemsidecli 959 

—  Oscillations  périodiques  produites  par 

la  superposition  d'un  courant  alter- 
natif au  courant  continu  dans  un  arc 
électrique;  par  M.  E.  Kœnig 962 

—  Sur  le  spectre  de  bandes  de  l'azoto 

dans  l'étincelle  oscillante;  par  M.  G.- 

A.  Hcmsaleih.. ;.    io4o 

—  Sur  la  mesure  de  la  période  des  oscil- 

lations électriques  par  le  miroir  tour- 
nant; par  M.  L.  De'cnmhc io37 

—  Sur  l'existence  des  courants  ouverts  ; 

par  M.   V.  Crémieu 1  108 

—  Sur  une  expérience  d'oscillation  élec- 

'    trique  ;  par  M.  H.  Pcllat 1178 

—  Observations    de    la    résonance  élec- 

trique dans  l'air  raréfié;  par  M.  Albert 
Tiirpnirt i3i5 

—  Influence  de   la    température   sur    la 

force    électroniolrice    d'aimantation  ; 

par  M.  René  Paillnt i3i8 

—  Vibrations  produites  dans  un  fil  à  l'aide 

d'une  machine  à  influence;  par  M.  D. 

Negrcd/io I  jo  I 

-:-  Sur  un  voltamètre  disjoncteur  des  cou- 
rants; par  M.  C/i.  Pollak i  |o3 

—  Sur  les  forces  électroniotrices  de  con- 

tact et  la  théorie  des  ions;  par  M.  E. 
Hoilié 1 478 

—  Surunéclair  en  boule;  parM./. /^/o//c.  1537 

—  Jl.  A.  Rrcyde  ailresso  une  Note  inti- 

tulée :  «  Explosion  à  distance  et  sans 

fil  » 97 

—  M.  Th.  Tamniasinn  adresse  un  Travail 

intitulé  :  «  Contribution  à  la  théorie 

de  la  cohérence  » 277 

—  M.  Dexboiirfiirii  adresse  un  projet  d'ex- 

périences relatives  aux  courants  tellu- 
riques 1  igG 

—  M.   A.   Nodon  adresse  la  description 

d'un  (I  trieur  de  phases  éleclrolytique 

pour  courants  alternatifs  » i416 

Voir  aussi  Télégraphie  et  Téléphonie. 

Électug-capillarité.  —  Sur  les  propriétés 
électrocapillaires  de  quelques  compo- 
sés organiques  en  solutions  aqueuses: 
par  M.  Gouf S?.-), 

EsiBRYOï.oGiiî.  —  Sur  l'embryologie  du 
Tœnia  serrata ;  par  M.  G.  Hainl- 
Remy 43 

—  Origine  du  pigment  chez  les  Tuniciers; 

transmission  du  pigment  maternel  à 
l'embryon  ;  par  M.  Ant.  Piznn 170 

—  Les  blastodermes  sans  enibrvon  ;  par 


) 

Pages. 

M.  Giistnfe  Lnisel 35o 

-Sur  une  fistule  congénitale  pliaryngo- 
lacrymo-faciale,  ouverte  au-dessous 
de  la  narine  droite;  par  M.  Lanne- 
longtw 385 

-  Sur  les  diverses   cellules  de  l'ovaire 

qui  interviennent  dans  la  formation 
de  l'œuf  des  insectes;  par  M-  A. 
Lécaillon 586 

-  Sur  l'évolution  des  feuillets  blastcder- 

miques  chez  les  Nématodes;  par  M.^. 
Conte 1 064 

-  Snr  l'évolution  des  œufs  immatures  de 

Rann  fitsca;  par  M.  E.  Btitaillon.  . .    1 134 
RRATA,    48,    232,   280,    368,    448,    596, 

812,    896,    1012,    1080,    ri6o,    1200, 

1248,  1448,  i5iG,  it)t)'). 
RYTiiRiTKS.  —  Sur  Ics  érythrites actives  ; 

parMM.  L.  Mnqiirniievl  G.  Birlrniid.   1419 

-  Sur  l'érythrite  racémique;  par  MM.  L. 

.Maquenne  et  Gnb.  Bertrand 1 565 

TiiicRS.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'iso- 
mérie  des  éthers  sulfocyaniques  ;  par 
M.  Bcrthelot 57 

-  Sur  les  éthers  alcoylcyanomaloniques 

et  les  acides  alcoylcyanacétiques  qui 
en  dérivent;  par  MiVI.  A.  Haller  et 
6'.  niane 38i 

-  Quelques  isothermes  de  l'éther  entre 

100"  et  206°;  par  M.  Edouard  Mack.     952 

-  Isochores  de  l'éther  de  i"  à    ii^^SS; 

par  M.  Edouard  Miick io35 

-  Action  des  éthers  alcoylcyanacétiques 

sur   les    chlorures    diazo'i'ques  ;    par 
M.   G.  Favrel 983 

-  Action    des    éthers    alcoylmaloniques 

sur    les    chlorures    dia/.o'i'ques  ;    par 

M.  G.  Favrel i336 

-  Préparation  des  éthers  nitrobenzoylcya- 

nacétiques  isomériques  ortho,  meta 
et  para,  et  du  chlorure  d'ortlnmitro- 
benzoyle  cristallisé;  par  M.  Mufro- 
jnnins Io54 

-  Action  des  chlorures  d'acides  sur  les 

éthers-oxydes  en  pré.-ence  du  chlo- 
rure (le  zinc  ;  par  M.  Marcel  Dcscudé.   1 1 29 

-  Action  des  chlorures  acides   sur    les 

éthers-oxydes  en  présence  du  zinc; 

par  M.  /'.  Freundler 1226 

-  Sur  les  éthers  imidodithiocarboniques 

RAz  =  C(SR')2;  par  M.  Marcel  De- 
lépine i4 16 

-  Nitration  des  éthers  acétylacétiques  et 

de  leurs  dérivés  acidylés;  par  MM.  L. 


(   i6o8  ) 


Pajîcs. 

Bouveault  et  J.  Bongert i56g 

Étoiles.  —  Apparition  d'une  étoile  nou- 
velle dans  la  constellation  de  Persée; 
par  M.  Lœwy 449 

—  Sur  l'apparition  d'une  étoile  nouvelle 

dans  la  constellation  de  Persée;  par 

M.  Flammarion ...      457 

—  Sur  la  nouvelle  étoile  apparue  récem- 

ment dans  la  constellation  de  Persée; 

par  M.  /.  Jans.sen 5o5 

—  Sur  la  nouvelle  étoile  de  Persée;  par 

M.  M.  Luizct 535 

—  Observations  de  l'étoile  nouvelle   de 

Persée;  par  M.  H.  Deslandrcs 535 


Pages. 


—  Détails  complémentaires  sur  la  nou- 

velle étoile  de  Persée  ;  par  M.  H.  Des- 
landres 619 

—  Application  du  photomètre  à  coin  à  la 

mesure  des  sjrandeurs  photographi- 
ques; par  M.  B.  Baillaud 1091 

—  Observations  d'éclats  de  la  Nova  Per- 

sée; par  M.  M.  Lnizet '. 1 2i5 

—  Troisième  série  d'observations  de  la 

nouvelle  étoile  de  Persée;  par  M.  H. 

Deslandres i542 

Éthyle.  —  Sur  le  nitroacétate  d'élhyle; 

par  M.  yé .  Wald io5o 


Ferments.  —  Sur  une  différenciation  bio- 
chimique des  deux  principaux  fer- 
ments du  vinaigre;  par  MM.  Gab. 
Bertrand  et  R.  Sazerac i5o4 


Fluor  et  ses  composés.  —  Sur  un  nou- 
veau corps  gazeux,  le  fluorure  de  sul- 
furyle  SO^F-;  par  MM.  Moisson  et 
P.  Lebeau 374 


G 


Galvanomètres.  —  Sur  un  galvanomètre 
parfaitement  astatique;  par  M.  Lipp- 
inann 1161 

—  Sur  une  balance  très  sensible  pouvant 

servir  de  galvanomètre,  d'éleclrody- 
namomètre  et  d'électromètre  absolu; 

par  M.  V.  Crémieu 1267 

Gaz.  —  Sur  la  liquéfaction  des  mélanges 
gazeux.  Variation  des  concentrations 
des  deux  phases  existantes  liquide  et 
vapeur  le  long  des  isothermes;  par 
M.  F.  Caitbet 1 28 

—  Chaleur  spécifique  d'un  mélange  gazeux 

de  corps  en  équilibre  chimique;  par 

M.  ^.  Ponsot 759 

—  Lois  de  Gay-Lussac  et  dissociation  des 

composés  gazeux;  par  M.  J.  Pon- 
sot     1 4"  I 

—  Actions  chimiques  dans  les  systèmes 

dissous  ou  gazeux.  Tension  de  va- 
peur. Hypothèse  d'Avogadro:  par  M. 
Ponsot 1 5  5 1 

—  Quelques  isothermes  de  l'éthcr  entre 

100°  et  106°;  par  M.  Ed.  Mnrck.  . . .     g'i2 

—  Isochores  de  l'éther  de  1"  à  i",85; 

par  M.  Ed.  Marck io35 

GÉODÉSIE.  —  Utilisation  des  points  de 
CoUins  pour  la   détermination    d'un 


quadrilatère  ;  par  M.  Hatt 597 

—  M.  /.  Dditala  adresse  un  Mémoire  de 

Géodésie,  ayant  pour  litre  :  «  Déter- 
mination .simultanée  de  deux  stations 

inconnues  » loio 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  découverte  d'une 
racine  des  Préalpes  suisses;  par  M. 
Maurice  Lu^eon 45 

—  Sur  l'âge  des  roches  éruplives  du  cap 

d'Aggio  (Alpes-Maritimes);  par  M. 
Léon  Bertrand 182 

—  Les  dômes  de  Saint-Cyprien  (Dordo- 

gne),  Sau\eterre  et  Fumel  (Lot-et- 
Garonne);  par  M.  Pli.  Glangeaud.. .      184 

—  Les  transgressions  et  les  régressions 

des  mers  secondaires  dans  le  bassin 
de  l'Aquitaine;  par  M.  Ph.  Glan- 
geaud       363 

—  Sur  la  présence  d'un  gisement  d'an- 

thracite dévonien  au  Kouitcheou 
(Chine);  par  M.  G.-H.  Monod 270 

—  Nouvelles  observations  sur  la  période 

glaciaire  dans  les  Karpates  méridio- 
nales; par  M.  E.  de  Marianne 36o 

—  A   propos  des  gisements  de  minerais 

de  fer  oolithiques  de  Lorraine  et  de 
leur  mode  de  formation  ;  par  M.  Geor- 
ges Rolland 444 


(  ^6o9  ) 


Pages. 

—  Les  formations  tertiaires  et  quater- 

naires de    la    vallée  do  Bellegarde; 

par  M.'^.  Ddiixaml SgS 

—  Sur  l'érosion  régressive  dans  la  chaîne 

des  Andes;  par  M.  tic  Lnpparent. . .    1296 

—  Sur  le  rôle  des  oscillations  eustatiques 

du  niveau  de  base  dans  la  formation 
des  systèmes  de  terrasses  de  quelques 

vallées  ;  par  M.  de  Ltimothe 1428 

Voir  aussi  Paléontologie,  Pétrographie, 
Physique  (lu  globe. 
GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  convexes 

fermées;  par  M.  H.  Minkowski 21 

—  Sur  les  systèmes  on hogonau.K  admet- 

tant un  groupe  de  transformations  de 
Combescure;  par. M.  D.-Th.  Egorov.       74 

—  Remarque  au  sujet  d'une  Note  de  M. 

S.  Kantor;  par  M.  E.  Enriques 248 

—  Sur  les  réseaux  qui,  parla  méthode  de 

Laplace,  se  transforment  des  deux 
côtés  en  réseaux  orthogonaux  ;  par 
M.  C.  Gnichard 249 

—  Une  classe  nouvelle  de  surfaces  algé- 

briques qui  admettent  une  déforma- 
tion continue  en  restant  algébriques; 
par  M.  D.-Th.  Egorov 3o2 

—  Sur  le  théorème  d'Hugoniol  et  la  théo- 

rie des  surfaces  caractéristiques;  par 

M .  /.  Coulon 307 

—  Sur    la    déformation    du    paraboloïde 

quelconque;  par  M.  C.  Guichnrd. . .     898 

—  Sur  la  déformation  du  paraboloïde  gé- 

néral ;  par  M.  Servant 816 

—  Sur  le  problème  des  isopérimèlres;  par 

M.  A.  Hitrwilz 4o i 

—  Sur  une  certaine  surface  du  troisième 


Pages. 
ordre;  par  M.  D.-Th.  Egorov 538 

—  Sur  la  somme  des  angles  d'un  poly- 

gone h  connexion  multiple;   par  M. 

M.  d'Ocagne. ..: 818 

—  Sur  une  question  relative  au  déplace- 

ment d'une  figure  de  grandeur  inva- 
riable; par  M.  R.  Bricard 947 

—  Sur  une  class?  particulière  de  surfaces 

réglées;  par  M.  A.  Demoidin 1097 

—  Sur  la  déformation  continue  des  sur- 

faces ;  par  M.  G.  Tzitzeicn 1 100 

—  Détermination  des  surfaces  qui  sont  à 

la  fois  des  surfaces  de  Joachimsthal 
et  des  surfaces  de  Weingarten  ;  par 
M.  L.Raify i3i2 

—  Equations  et  propriétés  fondamentales 

des  figures  autopolaires  réciproques 
dans  le  plan  et  dans  l'espace;  par  M. 
Rabat 1470 

—  Sur  la  déformation  continue  des  sur- 

faces; par  M.  D.-Th.  Egorov i545 

—  M.  Diimont  adresse  un  Mémoire  inti- 

tulé :  «  Théorie  des  surfaces  du  troi- 
sième ordre  » i54 1 

Glycols.  —  Chaleur  spécifique  et  chaleur 
de  fusion  du  glycol  éthylénique;  par 
M.  de  Forcrand 569 

—  Vaporisation  et  hydratation  du  glycol 

éthylénique;  par  M.  de  Forcrand..  .     688 

—  Sur   l'anhydride  du  prétendu  binaph- 

tylcne-glycol  ;  par  M.  R.  Fu.we 1127 

Grisou.  —  M.  Ch.  Joly  adresse  un  Mé- 
moire sur  «  le  Grisou  » 1275 

—  Sur    un  grisoumètre  électrique;    par 

M.  G.  Léon 1408 


H 


Histoire  dks  Sciencks.  —  La  légende  du 
Lepas  analijera,  la  yullisneria  .ipi- 
rali.f  et  le  Poulpe;  par  RL  Frédéric 
Hous-iay 263 

—  Sur  les  inétjux  égyptiens  :  Présence 

du  platine  |)armi  les  caractères  d'une 
inscription  hiéroglyphique;  par  M. 
Berthelot 729 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Volume  intitulé  :  «  Etienne  Geoffroy 
Saint-llilaire  ;  Lettres  d'Egypte  »  pu- 
bliées par  .M.  E.-T.  Hamy 296 

—  M.   le  Secrétaire  perjjétuel  signale  le 

Volume  X    de    la  publication  «  Le 


Opère  di  Galileo  Galilei,  edizione  na- 
zionale  sotto  gli  auspicii  di  Sua  Maeslà 
il  Re  d'italia  « 396 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  une 
brochure  de  M.  Edmond  Perrier  : 
«  Henri  et  Alphonse  Milne-Edwardsu  .  io25 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  le 
Tome  XII  de  la  i'"  série  des  «  Œu- 
vres complètes  d'Augustin  Cauchy, 
publiées  sous  la  direction  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  » j25o 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  un 
Ouvrage  de  M.  Plero  Giacosa,  ayant 
pour    litre   :   «  Magistri    Salernitani 


(  i6io  ) 


Pages, 
nondum  editi  » 1 464 

Histologie.  —  Sur  une  réaction  histochi- 
mique  différencielle  des  leucocytes  et 
sur  la  production  expérimentale  et  la 
nature  des  granulations  chromato- 
philes  de  ces  cellules;  par  M.  Hunri 
Slns.tnno 58i 

Hydraulique.  —  Sur  les  lois  des  montées 
de  Belgrand  et  les  formules  du  débit 
d'un  cours  d'eau  ;  par  M.  Edmond 
Maillet io33 

Hydrographie.  —  M.  Bouquet  île  ta  Gry-e 
appelle  l'attention  de  l'Académie  sur 


Pages . 
un  Volume  relatif  à  l'hydrographie  du 
haut  Yang-tse,  par  le  P.  C//ei'alicr  .  .     664 

Hydrologie.  —  Contribution  à  l'étude  des 
eaux  souterraines.  Courbes  isochro- 
nochromaliques;  par  M.  Félix  Mar- 
bniitin 365 

—  Sur  l'usage  de  la  levure  de  bière  pour 
déceler  les  communications  des  nappes 
d'eau  entre  elles;  par  M.  P.Miquel.    i5i5 
T'nir  aussi  Eaux  naturelles. 

Hygiène  porlique.  —  Épuration  de  l'air 
par  le  sol;  par  M.  Auguste  Gérar- 
din 1 57 


Incendies.  —  M.  Ridey  adresse  une 
Note  «  Sur  un  matériel  de  sauvetage 
et  d'extinction  dans  les  incendies».    1276 

Tndihm.  —  Contribution  à  l'étude  de  l'in- 
dium;  par  MM.  C.  ChabriéeXE.  Ren- 
gnde 472 

Indophénols.  —  Spectres  d'absoption 
des  indophénols.  Loi  des  groupements 
auxochromes  azotés  tertiaires;  par 
M.  Paul  Lcmoult 142 

—  Sur  l'absorption  de  la  lumière  par  les 
indophénols  ;  par  MM .  P.  Bayrac  el 


C.  Camichcl 338 

—  Sur  les  spectres  d'absorption  des  indo- 

phénols et  des  colorants  du  triphényl- 
méthane;  par  MM.  C.  Camichel  et 
P.  Bayrac 485 

—  Nouvelle  méthode  permettant  de   ca- 

ractériser les  matières  colorantes. 
Application    aux   indophénols  ;     par 

MM.  C.  Camichel  et  P.  Bayrac 882 

Iode.  —  Des  origines  de  l'iode  de  l'orga- 
nisme. Cycle  biologique  de  ce  métal- 
loïde ;  par  M .  P.  Bourcet . . .' 1 364 


L 


Lait.  —  Calcul  de  l'écrémage  et  du  mouil- 
lage dans  les  analyses  du  lait;  par 
MM.  Louise  et  Riquier 993 

Langue  internationale.  —  Sur  l'utilité 
scientifique  d'une  langue  auxiliaire 
internationale;  par  M.  H .  Sebert . . . .     869 

—  Sur  les  services  que  peut  rendre  auï 


sciences  la  langue  auxiliaire  interna- 
tionale de  M.  le  D''  Zamenhof,  connue 
sous  le   nom   à" Espéranto;    par    M. 

Ch.  Mérny S74 

Luminescence.  —  Luminescence  obtenue 
avec  certains  composés  organiques; 
par  M.    Raphaël  Dubois 43 1 


M 


Magnésium.  —  Sur  les  propriétés  réduc- 
trices du  magnésium  et  de  l'alumi- 
nium; par  M.  A.  Duboin 826 

Magnétisme.  —  Perméabilité  des  aciers 
au  nickel,  dans  des  champs  intenses; 
par  M.  René  Pailiot 1180 

—  Contribution  à  l'étude  théorique  et  ex- 
périmentale des  veines  liquides  défor- 
mées par  des  obstacles  et  à  la  déter- 
mination des  lignes  d'induction  d'un 


champ    magnétique  ;  par  M.    H. -S. 
Hele-Shaw i3o6 

—  Influence  de   la    température    sur   la 

force    électromotrice   d'aimantation  ; 

par  M.  René  Pailiot 1 3 1 8 

Magnétisme  terrestre.  —  Sur  la  valeur 
absolue  des  éléments  magnétiques 
au  i"'  janvier  1901  :  par  M.  Th.  Mou- 
reaux 3o 

—  Sur  la    relation    de   l'activité  solaire 


(  i6 

Pages. 

avec  la  variation  diurne  de  la  décli- 
naison magnétique;  par  M.  Alfred 
Aiigot 254 

—  Sur  la  variiilion  diurne  de  la  déclinai- 

son magnéti([uo  ;  par  M.  Alfred 
Angut 017 

—  Calcul  de  la  formule  définitive  donnant 

la  loi  de  la  distribution  régulière  de 
la  composante  horizontale  du  magné- 
tisme terrestre  en  France  au  i""' jan- 
vier iSgG;  par  iM.  /f.  Mal/iiat 3iO 

MÉcvNiQLE.  —  Sur  le  théorème  des  forces 

vives  ;  par  M .  H.  Duport 24 

—  Sur  les  conditions  supplémentaires  en 

Hydrodynamique;  par  M.  P.  Duhem.     117 

—  Sur    la    stabilité    isentropique    d'un 
fluide;  par  M.  P.  Duhem i44 

—  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations 

de  la  Mécanique;  par  M.  H.  Poin- 
caré. 366 

—  Sur  la  propagation  des  discontinuités 

dans  les  fluides;  par  M.  E.  Jouguet.     673 

—  Sur  un  problème  de  d'Alembert  ;  par 

M.  F.  Siiicci 1 175 

—  Sur  un  invariant  remarquable  de  cer- 

taines transformations  réalisées    par 
appareils  enregistreurs;  par  .M./{«i«;.  1399 
l'oir  aussi  Physir/iie  mathéiii<iti<iue. 

MÉCANIQUE    AE'l'LIQlÉE.     —     PositionS  di- 

verses  de  la  fibre  neutre  dans  les 
corps  rompus  p;ir  la  flexion;  raison 
delà  fragilité;  par  M.  C/i.  Frémont.     202 

—  Sur  les  voûtes  en  arc  de  cercle,  en- 

castrées aux  naissances;  par  M.  Ri- 
bière 3 1 5 

—  Sur  les  vibrations  des  poutres  encas- 

trées; par  M.  Ribière 668 

—  Traces  superlicielles   laissées  par  les 

outils  dans  le  travail  du  sciage  des 
métaux  ;  par  M.  Vosteur 462 

—  Changements  de  direction  et  de  vitesse 

d'un  courant  d'air  qui  rencontre  des 
corps  de  formes  diverses;  par  M. 
Marey 1 291 

—  Sur  ra|)plicaliondc  la  théorie  de  l'élas- 

ticité au  calcul  des  pièces  rectangu- 
laires fléchies;  parM.  Mcsnager. . . .    i^yS 

—  M.  Z.  /^nn/ adresse  une  Note  relative 

à  une  nouvelle  roue  à  r/iit  mobile. .  .     726 

—  M.  P.  Guyon   adresse  la  description 

et  le  dessin  d'un  «  Nouveau  moteur 

à  vent  » 1275 

Mécanique  céleste.  —  Sur  la  théorie  de 

la  précession  ;  par  M.  H.  Poincaré. .       Jo 


"    ) 

Pages. 

—  Sur  la  précession  ;  par  M.  O.  Bachlund.     291 

—  Sur  la  théorie  des  satellites  de  Jupiter; 

par  M.  J .-J.   Landtrer 299 

—  Sur  les  variations  en  grandeur  et  en 

position  des  satellites,  ré\élanl  l'exi- 
stence d'une  atmosphère  cosmique; 
par  dont   Lniney 458 

—  Sur  la  loi  de  l'attraction  universelle  ; 

par  M.  H.  Duport 662 

Mercure.  —  Sur  de  nouveaux  composés 
organo-métalliques  de  mercure;  par 
llA'Sl.  Auguste  Lumière,  Louis  Lumière 
et  Chevrotier i\i 

—  Action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  quel- 

ques corps  organiques;  par  MM.  A. 
Lumière,  L.  Lumière  et  F.   Perri/i.     635 

—  Observations   sur   la  dissolution   des 

métaux  solides  dans  le  mercure  et 
plus  généralement  dans  les  autres 
métaux  fondus;  par  M.  Brrllielot. .  . .     290 

—  Sur  un  iodoantimoniurc  de  mercure; 

par  M.  Albert  Graiiger 1 1 1 5 

—  Action  de  l'oxyde  mercurique  sur  les 

solutions  aqueuses  des  sels  raétalli- 
liques;  par  M.  A.  Mailhe.  1273  et  i56o 
Météorites.  —  Sur  une  masse  de  fer  mé- 
tallique qu'on  dit  être  tombée  du  ciel 
au  Soudan,  lo  i5  juin  1900;  par  M. 
Stanislas   Meunier 44 1 

—  ExHmen  d'une  météorite  tombée  dans 

l'île  de  Geyian,  le  i3  avril  179J;  par 

M  .   Stanislas  Meunier 5oi 

Météorologie.  —  Anémomètre  électrique 
à  indications  à  distance;  par  M.  Em- 
mariuel  Legraitd 323 

—  Sur  les  périodes  de  l'aurore  australe; 

par  M.  Henryk  Arctowski 6ii 

—  Mouvement,  en  chaque  jour  synodique, 

do  l'axe  instantané  de  symétrie  des 
écarts  barométriques;  par  M.  A. 
Poincaré 1 1 55 

—  Sur  l'orage  du  29  mai  1901;  par  M. 

Joseph  Jaubert 1 3  7 1 

—  Six  mois  d'observations  météorolo- 
giques à  Quito;  par  M.  F.  Gonnes- 

sint 1444 

Voir  aussi  Physiipic  du  globe. 
MÉTHYLÈNE.  —  Actiou   du  ziiic  sur  le  di- 
broraure  et  le  diiodure  de  lélraraéthy- 
lène  ;  par  M.  J .  Hamonet 789 

—  Sur  la  chimie  du  méthylène  ;  par  M.  V. 

Thomas 1118 

MÉTRIQUE  (Système).  — M.  le  Secrétaire 
perpétuel   signale     un     Ouvrage    de 


(     l6l2    ) 


l3l2 


80 


Pages 
M.  G.  Bigourdan  ayant  pour  titre  : 
«  Le  Système  métrique,  son  établisse- 
ment et  sa  propagation  graduelle  ».. 
Minéralogie.  —  Sur  la  lliiorine  odorante 
à  fluor  libre  du  Beaujolais;  par  M. 
Jules  Gnrilier 9^ 

—  Sur  l'origine  de  l'or  de  Madagascar; 

par  M.  J.  Lacroix 

—  Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation 

du  minerai  de  fer  oolilhique  de  Lor- 
raine; par  M.  Stanislas  Meunier 1008 

—  Sur  un  échantillon  de  chaux  cristal- 

lisée ;  par  M.  J<i.  Jouve 1 1 1 7 

—  Sur  la   composition  de  l'amblygonile; 

par   M.  Henri  Lasne 1 191 

—  Sur  les  tellurures  d'or  et  d'argent  de 

Kalgoorlie  (Australie  occidentale)  ;  par 


Pages. 
M.  Ad.    Carnnt 1298 

—  Analyse  de    quelques    travertins   du 
bassin  de  Vichy;  par  MNL  C .  Girard 

et  F.  Bordas i^iZ 

—  Sur  le  gabbro  à  olivine  de  Kosswinsky- 

Karaen  (Oural);  par  MM.  L.  Dupnrc 

et  F.  Pearce 1426 

—  Synthèse  delà  boronatrocalci te (ulexite)  ; 

par  M.  A.  de  Schidlzen 1 676 

Voir  aussi  Cristallographie,  Pétrogra- 
phie. 
Molybdène.  —  Sur  un  nouveau  sulfate  de 
molybdène  cristallisé;  par  M.  Bail- 
lache 475 

—  Sur  la  réduction  de  l'acide  molybdo- 

sulfurique  par  l'alcool;   par  M.  E. 
Péchnrd (J28 


Naphtènes.  —  Méthode  générale  de  syn- 
thèse des  naphtènes;  par  MM.  Paul 
Sabalier  et  J.-B.  Senderens 566 

Navigation.  —  Sur  l'emploi  des  circum- 
méridiennes  à  la  mer  ;  par  JL  E. 
Guyoïi 667 

—  M.    A.  Averous  adresse   un  Mémoire 

relatif  à  un  nouveau  mode  de  propul- 
sion des  navires 878 

Navigation  AÉRIENNE.  —  M.  Al.  Bar- 
thès  demande  l'ouverture  d'un  pli 
cacheté  contenant  la  description  d'une 
machine  aérienne  dirigeable 695 

—  M.  Cil.  SibiUot  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  aérostat  dirigeable 878 

—  Sur   l'emploi    de   l'o.xygène   dans   les 

ascensions  à  grandes  hauteurs;  par, 

M.  L.  Cailletet 1017 

—  M.   Alfred  Basin   adresse  un  résumé 

de  ses  différents  Mémoires    sur   les 
aérostiits 1464 

—  M.  Hosden  adresse  un  Mémoire  relatif 

à  la  direction  des  aérostats 1464 

NÉBULEUSES.  —  Nébuleuses  nouvelles  dé- 
couvertes à  l'Observatoire  de  Paris 
(équatorial  delà  tour  de  l'Ouest);  par 

M.   G.  Bigourdan i"94  et  i465 

Nickel.  —  Séparation  du   cobalt  et  du 


nickel  par  la  voie  électrolytique  ;  par 

M.   Dimitry  Balachowshy 1492 

No.MINATIONS  DES  Me.MBRES  ET  CORRES- 
PONDANTS DE  l'Académie.  —  M.  A.. 
Normand  est  élu  Correspondant  pour 
la  Seclion  de  Géographie  et  Naviga- 
tion      61 3 

—  M.  Hiinibert  est  élu  Membre  de  la  Sec- 

tion de  Géométrie 662 

—  M.  Piad  Sahatiereil    élu   Correspon- 

dant pour  la  Section  de  Chimie 753 

—  M.    D'ividson    est  élu  Correspondant 

pour  la  Section  de  Géographie  et  Na- 
gation "54 

—  M .  Zeiller  est  élu  Membre  de  la  Sec- 

tion de  Botanique 1024 

—  M.  Zeunere&l  élu  Correspondant  pour 

la  Section  de  Mécanique 1086 

—  M.  Oudemans    est  élu  Correspondant 

pour    la    Section  de   Géographie    et 
Navigation 1086 

—  M.  Laveran  est  élu  Membre  de  la  Sec- 

lion  de  Médecine  et  Chirurgie 1212 

—  M.  Maapast'i\.k\vi  Correspondant  pour 

la  Section  d'Analomie  et  Zoologie...   1464 

—  M.    Edouard    Van    Beneden    est    élu 

Correspondant  pour  la  Section  d'Ana- 
lomie et  Zoologie 1 54o 


(  i6i3  ) 


O 


Pages. 

Observatoires.  —  Sur  le  quatrième  Vo- 
lume des  «  Annales  de  l'Observatoire 
de  Toulouse  »  ;  par  M.  Lœwy 1084 

—  M.  le  Secrétaire  perpélucl  signale  : 
1°  Le  premier  Volume  d'une  publica- 
tion de  M.  Lanolcy  ayant  pour  litre  : 
«  Annalsof  tlie  astrnphysical  Observa- 
tory  of  ihe  Smittisonian  Institution  »  ; 
2"  Le  cinquième  fascicule  de  l'Atlas 
pliotographiquo  de  la  Lune,  publié 
par  l'Observatoire  de  Paris,  exécuté 
par  iM.\L  M.  Lœwy  eX  P.  Puistitx..  iSgG 
Optique.  —  Nouveau  modèle  d'oculaires 
à  glace  micromélriquo;  par  ^^.  T.. 
Malassez 4o5 

—  Pour  obtenir   des  rayons  de  comtes 

longueurs  d'onde,  on  peut  utiliser 
l'ililuve  électrique,  source  inlense  de 
rayons  violets  et  ultra-violets;  par  M. 
S.   Leduc 542 

—  Sur  un  appareil  qui  limite  les  effets  des 

fontaines    lumineuses;    par    M.    G. 

TriMi'é 963 

yoir  aussi  Fision. 
Or.  —Sur  l'origine  dn  l'or  de  Madagascar  ; 

par  M .  A.  Lncroix i8o 

—  Sur  les  alliages  d'or  et  d'argent  prove- 

nant des  tombeaux  égyptiens;  par  M. 
Brrihetot .' ." 1282 

—  Sur  les  tellurures  d'or  et  d'argent  de  la 

ré;ion  de  Kalgoorlie  (Australie  occi- 
dentale); (lar  M.  Ad.  Ciirnot 1298 

Organo-siktai.ijques  (C.omposés)  .  — 
Nouvelles  réactions  des  dérivés  or- 
gano-métalliques  ;  par  M.  E.-E. 
Biaise 38 

—  Sur    do  nouveaux  composés  orgnno- 

mélalliques  de  mercure  ;   par   MM. 


Pagi's. 
j^ugtiste  Lumière,  Louis  Lumière  et 
Cliei'rotier 145 

—  Action  des  éthers  d'acides  gras  sur  les 

combinaisons   organo  -magnésiennes 

mixtes;  par  M.  V.  Gri»nrird 336 

-  Nouvelles  réactions  des  dérivésor;,'ano- 
métalliques.  (II).  Éthers  et  alcoyl- 
p-cétoniques;  par  M.  E.-E.  Biaise.     478 

—  Action  des  dérivés  organo-métalliqucs 

sur  les  éthers-sels;  par  M.  A .  Belud.     480 

—  Sur  les    combinaisons    orgarioniagné- 

siennes  mixtes;  par  M.  t'.  Grignnrd.     558 

—  Action  des  chlorures  d'acides  et  des 

anhydrides  d'acides  sur  les  com- 
posés organo-métalliques  du  magné- 
sium; par  MM.  Tifsier  el  Grij^ntird.     683 

—  Action  des  éthers  d'acides  bibasiques 

sur  les  composés  organo-métalli(|iies  ; 

par  M.  Aiiiand  P'alrur 833 

—  Sur  les  composés   organo-métalliqucs 

du  magnésium;  par  M.\I.  Tissirr  eX 
Grignnrd 835 

—  Nouvelles  réactions  des  composés  or- 

gano-magnésiens;  par  M.  Ch.  Moureu.     837 

—  Sur   les  dérivés  étliéro-oiganomagné- 

siens;  par  M.  £.-£.   BUdsc 83g 

—  Nouvelles  réactions  '.'esdérivés  organo- 

métalliqui's.  (111).  l'Uliers  Pcétoniques 

non  substitués;  par  M.  E.-E.  HUdsc.     978 

—  Sur  les  composés  organo-magnésiens 

aromatiques  ;  par  MM.  Tissicr  et 
Grigmird 1 1 82 

—  Sur  les   radicaux   acétylométalliques; 

par  M.  Bcrlhcloi iSaâ 

Osmose.  —  Sur  l'osmose  à  travers  la 
membrane  de  ferrocyanure  de  cuivre; 
par  M.  G.  Flusin 1 1 10 


Paléontologie.  —  Sur  le  Néomylodon  et 
sur  l'animal  mystérieux  de  la  Pata- 
gonic  ;  |iar  M.  André  Tnurmnu-r 96 

—  Sur   la   présence    du    genre   Caprina 

dans   rUrgonien  ;    par    M.    V.    Pa- 
t/uier 229 

—  Sur  la  découverte  d'un  Oursin  d'âge 

crétacé  dans  le  Sahara  oriental  ;  par 

C.  R.,  1901,  1"  Semestre.  (T.  OLXXII.) 


M.  de  Lappnrent 388 

Sur  la  découverte,  dans  les  dépôts 
permiens  supérieurs  ilu  nord  de  la 
Russie,  d'une  flore  glossoplérienne 
et  de  reptiles  Pnreinsnurus  et  Dicy- 
nodon;  par  M.  Anuditzky 69 1 

Sur  un  insecte  fossile  trouvé  dans  le 
Trias  de  Lorraine;  par  M.  P.  Flirhe.    65o 

208 


(  '614  ) 


Pages. 

Pathologie  végétale.  —  Observations 
relatives  à  la  propagation  dans  les 
pommeraies  du  Neciria  ditissima;  par 
M.  Descours-Desncres 438 

PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  UH  nouveau  groupe 
de  roches  très  basiques;  par  M.  A. 
Lacroix 358 

—  Sur  la  province  pétrographique  du 
nord-ouest  de  Madagascar;  par  M.  J. 
Lacroix 439 

—  Sur  l'âge  de  la  teschénite;  par  M.  Faut 

Choffat 807 

—  Sur  la  kostvite,  une  nouvelle  pyroxé- 

nite  de  l'Oural;  par  MM.  L.  Duparc 

et  F.  Pearce 892 

—  Sur  l'existence  d'azotures,  argonures, 

arséniures  et  iodures  dans  les  roches 
cristalliniennes  ;  par  M.  Jrnmnd 
Gautier 93» 

—  Sur  la  classification  pétrographique  des 
■    schistes    de   Casanna    et    des   Alpes 

valàisannes;  par  M.  X.  Duparc laS? 

Phénols.  —  Sur  quelques  dérivés  iodés  du 

phénol  ;  par  M.  P .  Brenans 83 1 

Pbénylhïdrazine  et  ses  dérivés.  —  Sur 
des  combinaisons  acides  et  alcooliques 
de  l'urée  de  la  phényihydrazine;  par 
M.  P.  Cazericuve 34o 

—  Sur  la   diphénylcarbodiazine  ;  par  M. 

P.  Cazeneuve 4  '  2 

—  Sur  les  phénylhydiazones  duf/-glucose 

et  leur  muitirotation  ;  par  MM.  L- 

J.  Simon  et  H.  Bénarii 564 

—  Action  de  la  phényihydrazine  et  del'hy- 

drazine  sur  les  deux  butyrylacéty- 
lacétates  de  méthyle  isomères;  par 
M.   Bongert 973 

Phosphates.  —  Équilibres  chimiques. 
Formation  des  phosphates  insolubles 
par  double  décomposition.  Phos- 
phate de  soude  bibasique  et  azotate 
d'argent;  par  M.  Berthelot 14^9 

Phosphoreux  (Oxyde).  —  Sur  la  prépara- 
ration  de  l'oxyde  phosphoreux;  par 
M.  ^.  Besson 1 556 

Phosphorique  (Acide).  —  Sur  l'acide 
phosphorique  des  sols;  par  M.  Th. 
Sc/ilœsing  fils 1189 

—  Nouvelles   recherches  sur  la  neutrali- 

sation de  l'acide  phosphorique  ;    par 

M.   Berthelot 1277 

—  Réactions  de  deux  bases  mises  simul- 

tanément en  présence  de  l'acide 
phosphorique  ;  par  M.  Berthelot. ...    i5i7 


Pages. 
Photothérapie.  —  Appareil   très   simple 
pour  l'application  de  la  méthode  pho- 
tothérapique  de   Finsen  ;    par  MM. 
Lortct  et  Genotid 246 

—  Appareil  photothérapique  sans  conden- 

sateur; par  MM.  Lortet  et  Genoud. .  527 
Physiologie  animale.  —  La  production 
du  travail  musculaire  utilise-t-elle, 
comme  potentiel  énergétique,  l'alcool 
substitué  à  une  partie  de  la  ration 
alimentaire;  par  M.  A.  Chatweati.. .       G5 

—  Influence  de  la  substitution  de  l'alcool 

au  sucre  alimentaire,  en  quantité  iso- 
dyname,  sur  la  valeur  du  travail 
musculaire  accompli  par  le  sujet,  sur 
son  entretien  et  sur  sa  dépense;  par 
M.  A.  Chaiweau 1 10 

—  La  dépense  énergétique  qu'entraînent 

respectivement  le  travail  moteur  et 
le  travail  résistant  de  l'homme  qui 
s'élève  ou  descend  sur  la  roue  de 
Hirn.  Évaluation  d'après  l'oxygène 
absorbé  dans  les  échanges  respira- 
toires ;  par  M.  A.  Chaiweau 194 

—  Analyse  de  la  dépense  du  tra^'ail  mo- 

teur de  la  machine  qui  soulève  le 
poids  de  l'homme  occupé  à  faire  du 
travail  résistant  sur  la  roue  de  Hirn. 
Comparaison  avec  la  dépense  qu'en- 
traîne ce  même  travail  moteur  accom- 
pli par  l'homme  en  soulevant  lui- 
même  son  poids  sur  la  roue;  par 
M.  A.  Chauveau 938 

—  Le  globule  rouge  nucléé  se  comporte 

autrement  que  le  globule  rouge  anu- 
cléé,  au  point  de  vue  de  l'osmose, 
vis-à-vis  de  l'urée  en  solution;  par 
M.  R.  Qiiinton 347 

—  Le  globule  rouge  nucléé  se  comporte 

à  la  façon  de  la  cellule  végétale,  au 
point  de  vue  de  l'osmose,  vis-à-vis 
de  l'urée  en  solution  ;  par  M.  R. 
Quinton 432 

—  Transmission    nerveuse    d'une    exci- 

tation   électrique    instantanée;    par 

M.  Aiig.  Charpentier 426 

—  Nouveaux   caractères    de    l'excitation 

électrique  brève  transmise  par  le 
nerf;  par  M.  Aug.  Charpentier 639 

—  Conduction  lente  du  nerf  et  variation 

négative;  par  M.  Aug.  Charpentier.     711 

—  Conduction    nerveuse   et   conduction 

musculaire  des  excitations  électri- 
ques ;  par  M.  Aug.  Charpentier 794 


(  i6i5  ) 


Rôle  des  canaux  péritonéaiix  ;  par  M.  S. 
Jourdain 

Action  pliysiologique  du  vin;  par  RI. 
L.  JRoos 

Action  de  l'alcool  sur  la  sécrétion  gas- 
trique; par  MM.  .-tlhert  Frouin  et 
M.  Moliriier 

De  l'action  du  chloroforme  sur  le  pou- 
voir réducteur  du  sang;  parMM.Zww- 
bert  et  GnrnuT 

Contribulion  à  l'étude  psycho-physio- 
logique des  actes  vitaux  en  l'absence 
totale  du  cerveau  chez  un  enfant; 
par  MM.  Vascldde  et  Cl.  Vtirpas .  . . 

Excitation  des  nerlset  des  muscles  par 
des  ondes  de  très  courte  durée;  par 

M.   G.  fFeiss 

Recherches  sur  les  constantes  phy- 
siques qui  interviennent  dans  l'exci- 
tation électrique  du  nerf;  par  M. 
Georgex  ff^eisx 

La  loi  de  l'excitation  électrique  des 
nerfs;  par  M.  Gcarges  Weiss 

Mesure  directe  de  la  longueur  d'onde 
dans  le  nerf  à  la  suite  d'excitations 
électriques  brèves;  par  M.  -■/",?. 
Charpentier 

Sur  le  mécanisme  de  la  propulsion  de 
la  langue  chez  les  Amphibiens  anou- 
res; par  M.  Mardis  Hartng 

Sur  des  phénomènes  d'histolyse  et 
d'histogenèse  accompagnant  le  déve- 
loppement des  Trématodes  endopara- 
sites  de  Mollusques  terrestres;  par 
MM.  C.  Faner  et  A.  Conte 

Influence  do  la  stérilisation  des  milieux 
habités,  de  l'air  respiré  et  des  ali- 
ments ingérés,  sur  l'organisme  ani- 
mal; par  MM.  Cliarrin  et  Guilleino- 
nal 

Le  dernier  signe  de  vie  ;  son  appli- 
cation à  l'homme;  par  M.  A.-D. 
Waller 

Les  otolithes  et  l'audition;  par  M. 
Pierre  Bonnier 

Sur  le  temps  de  réaction  suivant  les 
races  ou  les  conditions  sociales:  par 
M.  Louis  Lapicque 

Outillage  très  simple  et  très  sûr,  d'ap- 
plication aussi  rapide  que  facile,  pour 
rendre  inoiïeusifs  le  séjour  et  le  tra- 
vail de  I  homme  dans  les  atmosphères 
irrespirables  contaminées  par  des  gaz 
délétères;  par  MM.  A.  Chauveau  et 


âges. 
492 
428 

1001 

64  ï 
999 

1068 
1143 


588 


1062 


1074 

1087 
1367 

1  )09 


1147 

i348 
1289 


Pages, 
y.  Tissnl ,  532 

—  Recherches  sur  l'injection  de  sang  et 

de  sérum   néphrotoxiques  au  chien; 

par  M.  Bierry 1145 

—  Recherches  sur  la  maladie  des  chiens. 

Vaccination  du  chien  contre  l'infec- 
tion expérimentale;  par  M.  C.  Phi- 
sali.v 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  res- 

piration des  Annélides.  Étude  du  Spi- 
rographis  Spallanzanii;  par  M.  Boun- 
hiol 

—  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux; 

par  M. M.  Bordier  et  Gilet 

—  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux; 

par  M.  Edouard  Brnnly 1 36i 

—  Sur  les  courants  électrotoniques  extra- 

polaires  dans  les  nerfs  sans  myéline; 

par  M.  Mendelssohn 1507 

—  Sur   l'anesthésie  locale  en   chirurgie 

dentaire  à  l'aide  des  courants  de 
haute  fréquence  et  de  haute  inten- 
sité; par  MM.  L.-R.  Régnier  et  G. 
Didsbury ,589 

--  Influence  des  lécilhines  de  l'œuf  sur 
les  échanges  nutritifs;  par  MM.  A. 
Desgrez  et  A.  Zahy 1 5 1 2 

PiivsioLOGiE  PATHOLOGIQUE.  —  Traite- 
ment par  l'oxygène,  à  la  pression 
atmosphérique,  de  l'hommo  em|)oi- 
sonné  par  l'oxyde  de  carbone;  par 

M.  iV.  Gréhant. 674 

-  Propriétés  coagulantes  du  mucus  :  ori- 
gines et  conséquences  ;  par  MM.  Char- 
rin  et  Moussu 578 

—  Maltosurie  chez  certains  diabétiques; 

par  MM.  R.  Lépine  et  Boulad 610 

—  Courbes  d'ascension   thermométrique; 

par  M .  .S'.  Leduc 798 

—  Sur  un  parasite  observé  chez  les  syphi- 

litiques; par  M.  H.  Stassano 800 

—  La  résistance  des  moutons  algériens  à 

la  clavelée  est-elle  héréditaire?  par 

M.    P.   Pourquier 890 

—  Un   cas   de  trichosporie  (  piedra  nos- 

tras)  observé  en  France;  par  M.  Paul 

Vuillemin 1 369 

^o/r  aussi  Virulentes  (Maladies),  Tu- 
berculose, 
Physiologie  végétale.  —  Influence  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  sur  la 
forme  et  la  structure  des  végétaux  ; 
par  M.  /.  Beauverie 226 

—  De  l'élimination  du  méthane  dans  l'at- 


(  i6i6  ) 


Pages, 
mosphère  ;  par  M.  V.  Urbain 334 

—  Action  de  la  pression  totale  sur  l'assi- 

mihition  chlorophyllienne;  par  M. /ea« 
Frlcdel 353 

—  Sur  la  tuberculisalion  de  la  PonKne  de 

terre;   par  M.  Nnèl  Bernard 355 

—  Sur   l'identité    des    modifications    de 

structure  produites  dans  les  cellules 
végétales  par  le  gel,  la  plasmolyse  et 
la  fan.iison;  par  MM.  L.  Matruclwt 
et  M.  MoUiard 495 

—  Sur  la  sensibilité  des  végétaux  supé- 

rieurs à  des  doses  très  faibles  de  sub- 
stances toxiques;  par  M.  Henri  Cou- 
pin C45 

—  Sur  la   sensibilité  des  végétaux  supé- 

rieurs à  l'iiitiun  utile  des  sels  de  po- 
tassium ;  par  M.  Bcnrl  Coii/Jin. .....    1382 

—  De  l'absorption   des  poisons  métalli- 

ques très  dilués  par  les  cellules  végé- 
ta les  ;  pa r  M .  Ilinri  Devnux 717 

—  Influence  de  l'obscurité  sur  le  déve- 

loppement des  ûeurs;  par  M.  L.  Beu- 
loy^'ie 720 

—  Sur  la  migration  des  matières  azotées 

et  des  matières  ternaires  dans  les 
plantes  annuelles;  par  M.  G.  André.    io58 

—  L'assimilation  cliloroiihyllienne  réalisée 

en  dehors  de  l'organisme  vivant;  par 

M.  Jean  Friedcl 1 138 

—  Sur  la  [iroportion  de  l'eau  comparée  à 

l'aoûtemeiit    des    végétaux    ligneux  ; 

par  M.  F.  Kovessi iSSg 

—  Sur  les  débuts  de  la  germination  et  sur 

l'évolution  du  soufre  et  du  phosphore 
pendant  cette  période;    par  M.   G. 

André ■  277 

Voir  aussi  Cliinne  végéitde. 
Physique  du  globe.  —  Sur  la  constitu- 
tion du   sol   des  grands  fonds   océa- 
niques ;  par  M.  /.  Tlioulet 274 

—  Note  relative   à   un  AtldS  lithologique 

et  balhymétrique  des  côtes  de  Fi  ance  ; 

par  M .  /.  Thoulet 653 

—  Sur  les  icebergs  tabulaires  des  régions 

antarctiques;  par  M.  Henryk  Arc- 
towsky 725 

—  Sur  les  nodales  de  sable  ou  de  pous- 

sière; par  M.  C.  Matlézos 727 

-  Sur  la  ptide  de  sang  observée  à  Pa- 
lerme  dans  la  nuit  du  9  au  10  mars 
igoi  ;  par  M.  Stanislas  Meunier. .  .  .     S94 

—  Sur  les  poussières  atmosphériques  ob- 

servées  ù  Tunis,  le    10  mars   1901  ; 


Pages, 
par  M.  £.  Bertainchand 1 153 

—  Sur    l'existence   probable  d'une   mer 

récente  dans  la  région  de  Tombouc- 

tou  ;    par  M.  Aug.  Chevalier 926 

—  Sur  les  mouvements  du  sol  et  la  for- 

mation des  vallées  en  Valachie;   par 

M.  E.  de  Marianne 1  i4o 

—  Nouvelles  observations  sismologiques 

faites  à  Grenoble;  par  M.  W.  Kilian.   12(2 

—  Sur  un  éclair  en  boule;    par  M.  /. 

Viotle 1537 

Voir  aussi  Météorologie ,    Magnétisme 
terrestre  . 
Physique  mathématique.  —  Sur  la  théo- 
rie des  équations  de  la  Physique  ma- 
thénuitique  ;  par  M.  S.  Zaremba 29 

—  Sur  les  conilitioas  supplémentaires  en 

Hydrodynamique;  par  M.  P.  Duliein.     wj 

—  Sur    la    stabilité     isentropique     d'un 

fluide;  par  M.  P.  Dultein 244 

—  Sur  les  chaleurs  spécifiques  des  fluides 

dont  les  éléments  sont  souiuisà  leurs 
actions  mutuelles;  par  M.  P.  Duhem.     292 

—  De  la  propagation  des  ondes  dans  les 

fluides  visqueux;  par  M.  P.  Duhcm..     3g3 

—  Sur  les  ondes    du  second  ordre  par 

rapport  aux  vitesses,  que  peut  pré- 
senter un  Uuide  visqu3ux  ;  par  M.  P. 
Didieoi C07 

—  De  la  propagation  des   discontinuités 

dans  un  fluide  visqueux;  par  M.  P. 
Duliem 658 

—  Sur  la  propagation  des  discontinuités 

dans  les  fluides;  par  M.  E.  Jnugact.     673 
-  De  la  propagation   des  discontinuités 
dans  un  fluide    visqueux.  Extension 
de  la  loi  d'Hugoniot;    par  M.  P.  Du- 
hem      944 

—  Sur  la   stabilité  d'un  système  animé 

d'un  mouvement  de  rotation;  par  M. 

P.  Duhem 1021 

—  Sur  les  théorèmes  d'Hugoniot,  les  lem- 

mes  de  M.  Hadamard  et  la  propa- 
gation des  ondes  dans  les  fluides 
visqueux  ;  par  M.  P.  Duhem 1 163 

—  Sur  les  ondes  longitudinales  et  trans- 

versides  dans  les  fluides  parfaits;  par 

M.  P.  Duhem i3o3 

—  Mise  en  équation  des  phénomènes  de 

convection  calorifique  et  aperçu  sur  le 
pouvoir  refroidissant  des  fluides;  par 

M.  /.  Boussinesq 1 382 

Voir  aussi  Thermodynamique  et  Gaz. 
Pisciculture.  —  Culture  et  reproduction 


(   '6 

Pases 


272 


II 36 


du  Saumon  {.Salmn  Salai  )  en  eau 
douce;  par  M.  Jousset  de  BcUesme. . 

—  Sur  le  développement  de  la  Sole  au 

laboratoire  de  Concarneau;  par  MM. 

Fabre-Doumert^iie  et  Eiig.  Biétrijr.  . 

Pla>ètes.  —  Sur  les  planètes  lélescopi- 

ques;  par  M.  R.  du  Li^ondi-s 121 

—  Observations  sur   la  vari;ibililé  de  la 

planète  (m)  Éros,  faite?  à  l'obser- 
vatoire de  Toulouse;  par  M.  F.  Ros- 
sard 

—  Sur  la  variabilité   lumineuse  d'Éros: 

par  M.  Cil.  André 3gj 

—  Observations  des  variations  d'éclat  de 

la  planète  Éios,  faites  à  l'observa- 
toire de  Lyon;  par  MM.  Guillaume, 
Le  Cadet  et  Luizet 53o 

—  Sur  les  époques  tropiriues  de  la  période 

de  variation  d'éclat  de  la  planète 
Éros  ;  par  M .  Luizet 53 1 

—  Variations  d'éclat  de  la  planète  Éros; 

par  M.  Badlaud 532 


396 


■1   ) 

Pages. 

—  Éléments  du  système  formé  parla  pla- 

nète double  Éros;  par  M.  Cli.  An- 
dré      533 

—  Sur  la  période  de  variabdité  d'éclat  de 

la  planète  Éros,  d'après  les  détermi- 
nations faites  à  l'observatoire  de  Tou- 
louse; par  M.  L.  Montani^erand.. .  .     533 

—  Sur  la  variabilité  de  la  planète  Éros, 

d'après  des  clichés  obtenus  à  l'ob- 
servatoire de  Toulouse;  par  M.  L. 
Montant,  vand 6 1 G 

—  Note  relative  à   la  Communication  de 

M.  Montangerand;  par  M.  Baillaud.  .     619 

—  Véritable,  valeur  de  la  période  de  va- 

riation lumineuse  d'Éros;  par  MM.  Ch. 

André  et  M .  Luizet 665 

Probabilités  (Calcul  des).  —  Sur  un 
lliéoiéme  du  Calcul  des  probabilités; 
par  M.  A.  Linpoun  i(f. 126 

—  Une   proposition    générale    du    Caicid 

des  probabilités;  par  M.  A.  Linpou- 
noff 814 


R 


Radio-activité.  —  Sur  la  radio-activité 
secondaire  des  métaux  ;  par  M.  Henri 
Becqueret 371 

—  Sur  la  radio-activité  induite  provoquée 

par  les  sels  de  radium;  par  MM.  P. 
Curie  et  A.  Debieriie 5  jS 

—  Sur  la  radio-activité  secondaire;  par 

M.  Henri  Becquerel 732 

—  Sur  la  radio-activité  induite  et  les  gaz 

activés  par  le   radium;   par   MM.  i*. 

Curie  et  --/.  Debiernc 768 

Action  des  rayons   du   radium  sur  le 
sélénium  ;  par  M.  F.u^cnc  Bloch  . .  .     914 

—  Sur  l'analyse  magnétique  des  rayons 

du  radium  et  du  rayonnement  secon- 
daire provoqué  par  ces  rayons;  par 
M.  Henri  Berr/uerel 1286 

—  Action   physiologique    des  rayons  du 

radium  ;   par   M. M.   Henri  Becquerel 

et  P.  Curie 1 289 

Rayons  X,  ou  Rayons  Rcintgen.  —  Ka- 
diopelvigraphle  et  radiopelvimétrie  a 
longue  portée;  par  M.  Henri  Var- 
nier 1 67 


Lois  de  Iranspareni'e  de  la  matière 
pour  les  rayons  X;  par  M.  Louis 
Benoist 324  et  545 

Méthode  de  détermination  des  poids 
atomiques,  fondée  sur  les  lois  de 
transparence  de  la  matière  pour  les 
rayons  X;  poids  atomique  de  l'in- 
dium;  par  M.  Louis  Benoist 772 

Sur  rabsor()tion  spécifique  des 
rayons  X  par  les  sels  métalliques;  par 
iL\L  Alexandre  Hébert  et  Geor<^es 
lieynaiid 4o8 

Production  directe  des  rayons  X  dans 
l'air;  par  M.  A.  Nodon 770 

Appareil  de  mensuration  exacte  du 
squelette  et  des  organes  donnant  une 
image  nette  en  radiographie;  par  M. 
G.  Conirenioulins 1006 

De  l'action  des  rayons  X  sur  les  con- 
ducteurs et  sur  les  isolants;  par  M.  7. 
Senwnoix' 1 320 

Emploi  du  résonateur  Oudin  pour  la 
production  des  rayons  X  ;  par  M.  R. 
Denierliac 1 586 


(   i6i8  ) 


Pages. 

SACCHAniNE.  —  Nouvelle  réaclion  de  la 
saccharine  (sulfimide  benzoïque);  par 
M.  Alex.  Leys io56 

Sections  de  l'Académie.  —  Liste  de  can- 
didats présentés  par  la  Section  de 
Géométrie  pour  la  place  lais.sée  vacante 
par  le  décès  de  M.  Ch.  Hermite.  . .  .     G54 

—  Liste  de  candidats  pour  la  place  laissée 

vacante,  dans  la  Section  de  Botanique, 

par  le  décès  de  M.  Jdolplie  Clmlin.   loio 

—  Liste  de  candidats  pour  la  place  laissée 

vacante,  dans  la  Section  de  Médecine 
et  Chirurgie,  par  le  décès  de  M.  Po- 

tain 1 1 97 

Sodium.  —  Sur  quelques  propriétés  du 
peroxyde  de  sodium  ;  par  M .  Gcorf;e- 
F.   Jauhert 35 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  préparation 

des  hydrates  de  peroxyde  de  sodium 
et  leurs  propriétés;  par  M.  George- 
F.  Jauhert 86 

—  Sur  quelques  propriétés  du  bioxyde  do 

sodium;  par  M.  de  Forcraml i3i 

Soleil.  —  Sur  la  photographie  de  la  cou- 
ronne solaire  dans  les  éclipses  totales  ; 
par  M.  H.  Dc.slandres 9.96 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'obser- 


Pages. 
vatoire  de  Lyon  pendant  le  quatrième 
trimestre  de  1900;  par  M.   J.  Guil- 
laume       69. 1 

—  Sur  le  spectre  de  la  couronne  solaire, 

photographié  à  Elche  (Espagne)  pen- 
dant l'éclipsé  totale  de  Soleil  du 
28  mai  1900  ;  par  M.  A.  de  la  Baume- 
Pluvinel 1259 

SoURDS-MUETS.  —  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel signale  un  Volume  relatif  au 
Congrès  international  pour  l'étude 
des  questions  d'éducation  et  d'assis- 
tance des  sourds-muets 121 

Spectroscopie.  —  Longueurs  d'onde  de 
quelques  raies  du  fer;  par  MM.   Ch. 

Fabry  et  A .  Perot 1 264 

Voir  aussi  Soleil. 

Si:cRES. —  Sur  la  constitution  du  glucose; 

par  M.  L.-J.  Simon 487 

—  Sur  la  constitution  du  gentianose  ;  par 

iMM.  Em.  Bourquelot  et  H.  Héris.sey.     071 

—  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  du  glu- 

cose; par  MM.  L.   Maquenne  et  E. 

Roux. 980 

Sulfures.  —  M.  Gay-Lartccnnin  adresse 
une  Note  «Sur  l'oxydation  du  proto- 
sulfure de  fer  » 896 


Tannin.  —  Sur  la  constitution  du  gallo- 
tannin;  par  M.   Henri  Pottenn 704 

Télégraphie.  —  Sur  la  propagation  des 
ondes  hertziennes  dans  la  télégraphie 
sans  fil  ;  par  M .  E.  La^range 2o3 

—  M.  E.  Guarini  adresse  un  complément 

à  ses  expériences  sur  la  télégraphie 
sans  fil 368 

—  Sur  la  mesure  de  la  période  des  ondes 

utilisées  dans  la  télégraphie  sans  fil; 

par  M.  C.  Tiasot 763 

—  Téldutographe  Ritchie  ;  par  M.  Brauer.     760 

—  M.  Maurice  Meunier  soumet  au  juge- 

ment de  l'Académie  un  travail  inti- 
tulé :  «  Note  sur  un  projet  d'appareil 

télégraphique  » 45(i 

TÉLÉPHONIE.  —  Sur  la  corrélation  des 
expériences  faites  à  Dijon  en  1894 
pour  l'application  de  l'idée  de  retour 


commun  pour  circuits  téléphoniques, 
et  les  expériences  sur  la  téléphonie 
sans  fil  ;  par  M.  Rheins 77 

—  Communications    téléphoniques,     au 
moyen   de  lils  étendus  sur  la  neige; 

par  M.  A .  Ricco 323 

—  Remarques  de  M.  Janssen  sur  la  com- 

munication  précédente  de  M.  Ricco.     323 

—  Sur  les  propriétés  isolantes  de  la  neige; 

par  M.  Bernard  Brunîtes 465 

—  Remarques  relatives    aux  lignes   télé- 

graphiques ou  téléphoniques  établies 

sur  la  neige  au  mont  Blanc;  parM.  /. 

Janssen 606 

Tension  supiîrficiklle.  —  Mesure  rapide 

des  tensions  superficielles;  par  MM. 

Ph.-A.  Guye  et  L.  Pcrrot io43 

TÉRATOLOGIE.  —  De  l'inversion  du  cœur 

chez   un  des  sujets  composants  d'un 


(   >6i9  ) 


Pages, 
monstre  double  aulosilaire  vivant,  de 
la  famille  des  Pages;  par  M.  Cha/mt- 
Préi'ost 223 

—  Observations  à  propos  de  la  Note  de 

M.  Chapot-Prévot,  sur  une  opération 
d'ectocardie,  faite  en  1888  et  suivie 
de  succès  ;  par  M.  Limnelnna^ui' 225 

—  Sur  la  valeur  comparée  des  solutions 

salines  ou  sucrées  en  téralogenèse 
expérimentale;  par  M.  E.  Bataillon..     852 

—  Caractères  généraux  des  processus 
tératogènes  ;  processus  primitif  et 
processus  consécutif;  par  M.  Etienne 
Rabnud 1 1 5o 

Thallium.  —  Sur  les  chlorobromures  de 
thallium  du  type  TIX,  3T1X;  par 
M.    F.   Thomas 80 

—  Sur  les   chlorobromures  de  thallium; 

par  M.  1^.  Thoma< 1487 

Thebmochimie.  —  Détermination  des  cha- 
leurs latentes  de  vaporisation  de 
quelques  substances  de  la  Chimie  or- 
ganique; par  M.  W.  Ln'jgiiininc.  .  . .       88 

—  Etude  thermique  des  chlorures  d'alu- 

minium ammoniacaux  ;  par  M.  L. 
Baud 553 

—  Dissociation  et  étude  thermique  du  com- 

poséA|2Cl^  i8AzH';parM..ff. /?«W.     690 

—  Chaleur  spécifique  et  chaleur  de  fusion 

duglycol  éthyléniquo;  par  M.  de  Fnr- 


Pages. 
cra/id 569 

—  La  chaleur  de  formation   des  acétals 

comparée  à  celle  des  composés  iso- 
mères ;  par  M.   Marcel  Delépirie...     777 

—  M.  Marcellin  Lariolois  adresse  un 
second  Mémoire  sur  les  unités  ther- 
mochimiques      754 

Thermodynamique.  —  Sur  le  diagramme 

entropique  ;  par  M.  E.  Marchis 671 

T'oir  aussi  Gnz. 

Thorium.  —  Composition  de  l'hydrure  et 
de  l'azoture  de  thorium;  par  MM.  C. 
Matignon  et  H.  Delépine 36 

Tuberculose.  —  De  l'influence  du  climat 
sur  l'évolution  de  la  tuberculose  pul- 
monaire expérimentale  ;  par  MM. 
Lanrnlongtw,  Acliard  el  Gadlard .  .  .      Ii4 

—  Les  conditions  du   terrain   et  le  dia- 

gnostic de  la  tuberculose;  par  MM. 
Albert  Robin  et  Maurice  Binet 709 

—  De  l'inlluence  de  l'alimentation,  de  la 

température,  du  travail  et  des  pous- 
sières sur  l'évolution  de  la  tubercu- 
lose :  par  MM.  Lannelongiie,  Jchanl 

et   Gaillard 1 08 1 

Tungstène. —  Sur  un  nouveau  phosphure 

de  tungstène;  par  M.  Ed.  Defacqz..       32 

—  Sur   un    arséniure  et  un  chloro-arsé- 

niure  de  tungstène:  par  AL  Ed.  De- 
jarqz 1 38 


u 


Ubamcm.  — Étude  du  nitrate  d'uranium; 

par  M.  OEchsncr  de  Coninck.     90  et     204 

—  M.  Œchsncr  de    Coninck  adresse  une 

Note  intitulée  :  «   Quelques  données 

sur  le  nitrate  d'uranium.  « 4  l7 

—  Sur  une  méthode  nouvelle  de  détermi- 

nation du  poids  atomique  de  l'ura- 
nium; par  M.  J .  Jloy 55i 


Urée.  —  Sur  les  combinaisons  acides  et 
alcooliques  de  l'urée  de  la  pliénylhy- 
drazine  ;  par  M.  P.  Cazeneuve. .....     340 

—  Sur  la  formation  de  l'urée  par  oxyda- 
dation  de  l'albumine  à  l'aide  du  per- 
sulfate  d'ammoniaque;  par  M.  L.  Hii- 
gouncnq 1240 


Vins.  —  Action  physiologique  du  vin  ;  par 

M.  L.  Roos 428 

—  Sur  la  seconde  fermentation  ou  prise  de 

mousse  des  vins  de  Champagne;  par 

M.  E.  Monceau i oo3 

Vision.  —  Sur  les  opacités  du  corps  vitré 
et  la  rigidité  de  ce  milieu  de  l'œil  ; 
par  M.  A.  Imbert 7'2 

—  Variation    de    l'acuité    visuelle   avec 


l'éclairage  et  l'adaptation.  Mesure  de 
la  migration  du  pigment  rétinien  ;  par 
M.  André  Broca 796 

—  Angle  de  limite  de  numération  des 
objets  et  mouvements  des  yeux;  par 
MM  .  André  Broca  et  D.  S'idzcr 888 

Viticulture.  —  Recherches  anatomiques 
sur  l'aoûtement  des  sarments  de  l.t 
vigne;  par  M.  F.  Kôvessi 647 


(     l620    ) 


Pages. 
Influence  (les  conditions  climatologiques 
sur   la  végétation  des  sarments  de  la 
vigne  ;  par  M.  F.  Kovessi 867 

■  Les  effets  de  la  foudre  et  de  la  gélivure; 

par  iMM.  L.  Rnmz  et  J.  Bonnet 8o5 

■  M.    Pirrre  Caries   adresse   une   Noie 

ayant   pour   titre  :    «    La  pourriture 


Pages. 


grise   du    raisin   aurait-elle  quelque 
rapport  avec  la  présence  des  morilles 

dans  les  vignes?  » 1077 

Virulentes  (Maladies).  —  Sur  une  mé- 
thode de  recherche  du  bacille  typhi- 

que  ;  par  M.  A'.  Cnnibier 1442 

Voir  aussi  Tuberculose . 


Yttria.  —   Sur  l'isolement  de  l'yttria,  de 
l'ytterbine  et  de  la  nouvelle  erbine; 


par  MM.  G.  et  E.  Urbain i36 


Zinc.  —  Action  de  la  poudre  de  zinc  sur  les 
acides  gras  saturés;  par  M.  Alexan- 
dre Hébert 633 

Zoologie.  —  Les  Spongiaires  de  l'expédi- 
dition  antarctique  belge  et  la  bipola- 
rité  des  faunes;  par  M.  E.  Topscnt. .     168 

—  Origine  du  pigment  chez  les  Tnniciers. 

Transmission  du  pigment  malernel  à 
l'embryon;  par  M.  Antoine  Pizon. . .     170 

—  Théorie  nouvelle  de   l'adaplalion  chro- 

matique ;  par  M.  Georges  Colin 178 

—  Sur  les  rapporis  des  Grégarines  et  de 

l'épilhélium  intestinal;  par  M.  Michel 
Siedleeki ;>.i  8 

—  Le  parasitisme  intracelluUiire  et  la  mul- 

tiplication asexuée  des  Grégarines; 
par  MM.  Maurice  Caiillrry  et  Félix 
Mesnil 220 

—  Observations  nouvelles  sur  l'organisa- 

tion des  Pleurotomaires;  par  MM. 
E.-L.  Bouvier  et  H.  Fischer 583 

—  Observations  nouvelles  sur  les  Bathy- 

nomus,  Isopodes  gigantesques  des 
grands  fonds;  par  M.  £.-£.  bouvier.     643 

—  Sur  l'organisation  interne  du  Pleuroto- 

marin  Beyrirhii  Hilg.;  par  MM.  E.- 

L.  Bouiueret  H.  Fischer 845 

—  Le    grand  Acridien  migialeur  améri- 

cain {Schistocerca  nmericana  Di  ury)  : 
migrations  et  aire  de  distribution 
géographique;  par  M.  /.  Kuncl.el 
d'Herculais 802 

—  La  variation  sexuelle  chez  les  mâles  de 

certains  Coléoptères  appartenant  à  la 
famille  des  Boslrychides  ;  la  pœcilan- 
drie  périodique  ;  par  M.  P.  Lesne..     847 


■  Sur  la  ponte  des  Troques;  par  M.  A. 

Robert 85o 

■  La  segmentation  dans  le  genre  Trochus: 

par  M.  A.  Robert 995 

-  Action  des  solutions    isotoniques   de 

chlorures  et  de  sucre  sur  les  œufs  de 
Rnna  fuscn;  pa  r  M'""  Rondeau- Luzenu.     997 

-  Sur  une  nouvelle  sous-famille  d'Hémi- 

ptères   marins,  les  Herniatobalinœ; 

par  MAL  H.  Coutière  et  J.  Martin.    10(16 

-  Le  cycle  évolutif  des  Orthonectides; 

par  MAL  Maurice  Caullerr  et  Félix 
Mesnil 1232 

-  Sur  ,une  nouvelle   Grégarine  parasite 

des  Pinnothères  des  Moules;  par  M. 
Louis  Léger 1 343 

-  Sur  les  cils  desCténophores  et  les  in- 

sertions  ciliaires  en  général;  par  M. 

P.  Fignon 1 346 

-  Les  glandes  défensives  ou  odorantes  des 

Blattes;  par  M.  L.  bordas i352 

-  Sur  la  présence  constante  d'un  stade 

grégariniforme  dans  le  cycle  évolutif 
de  l'hématozoaire  du  paludisme;  par 
M.  A.  Bdlet 1433 

-  Nouvelles  observations  sur  la  parthé- 

nogenèse des  Oursins  ;  par  M.  C. 
Figuier 1 436 

-  M.   Edmond  Perrier  présente  à  l'Aca- 

démie le  sixième  Volume  des  «  Expé- 
ditions scientifiques    du    Travailleur 

et  du   Talisman  » 6i3 

Voir  aussi  Anatoinie  animale.  Embryo- 
logie, Histologie,  Paléontologie,  Piiy- 
siotnoie  animale.  Tératologie,  Pisci- 
eult(a-e. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pajes. 

.\CHARD.  —  De  l'influence  du  climat  sur 
l'évolution  de  la  tuberculose  pulmo- 
naire expérimentale.  (  En  commun 
avec  MM.  Lnniicliini^ut'  eX  Gnillnrcl.)     i\'\ 

—  De  l'inQuence  de  l'alimentation,  de  la 

température,  du  travail  et  des  pous- 
sières surlévolutiondela  tuberculose. 
(En  commun  avec  MM.  Lannelongue 
et  Gailliid.  ) io8 1 

ADHÉMAK  (R.  d').  —  Sur  une  classe 
d'équations  aux  dérivées  partielles  du 
second  ord  re 3 1  o 

.4DRIAN.  —   Sur  un  pseudo-acide  aiiari- 

cique.  (En  commun  avec  M.  Trillnt.)     i5i 

.AGARDH  (J.-G.).  —  Sa  mort  est  annoncée 

à  l'Académie 201 

—  Notice  sur  M.  J.  Agardh;  par  M.  Bor- 

ne!      233 

ALEZAIS  (R.).  —  Sur  des  fonctions  de 
deux  variables  analogues  aux  fonc- 
tions modulaires 4o3 

ALOY  (J.).  —  Sur  une  méthode  nouvelle 
de  détermination  du  poids  atomique 
rie   l'uranium 55i 

A.MAl.lTZKY.  —  Sur  la  découverte,  dans 
les  dépôts  permiens  supérieurs  du 
nord  do  la  Russie,  d'une  Uore  glos- 
soptérienne  et  de  reptiles  Pareia- 
smiriis  et  Dicrnodo/i agi 

ANDRÉ  (Cm.).  —  Sur  la  variabilité  lumi- 
neuse d'tros 397 

—  Éléments  du  système  formé  parla  pla- 

nète double  Éros 533 

—  Véritable  valeur  de  la  période  de  varia- 

tion lumineuse  d'Éros.  (En  commun 

avec  M.  Luizrt.) 6(55 

ANDRÉ  (G.  ).  —  Sur  la  migration  des  ma- 
tières azotées  et  des    matières  ter- 

C.  R.,  1901,  i"  Semestre,  i/ï.  CWWl.') 


MM.  Pages. 

naires  dans  les  plantes  annuelles io)8 

—  Observations  sur  les  sels  basiques  ren- 

fermant plusieurs  oxydes  métalliques.  i563 

—  Sur  les  débuts  de  l<i  germination,  et  sur 

l'évolution  du  soufre  et  du  phosphore 

pendant  cette  période 1377 

ANGOT  (Alfred).  —  Sur  la  relation  de 
l'activité  solaire  avec  la  variation 
diurne  de  la  déclinaison  magnétique.     254 

—  Sur  la  variation  diurne  de  la  décli- 

naison magnétique 3iy 

APPELL  (P.)  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Francœur 8i3 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Poncelet.    8i3 

—  Et   de  la   Commission  du   prix    Petit 

d'Ormoy  (Sciences  mathém:iliques)..    1167 
ARÇTOVVSKI  (Henhvk).  —  Sur  les  pé- 
riodes de  l'aurore  australe 65i 

—  Sur  les  icebergs  tabulaires  des  ré- 
gions antarctiques 725 

ARSONVAL  (d')  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  La  Caze  (  Physique  ) . .     906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Médecine  et  Chirurgie) 1024 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Harbier  .  1024 

—  El  de  la  Commi.ssion  du  prix  Bréant. .  1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard..  1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bellion. .  1024 

—  Et  do  la  Commission  du  prix  Mège  . . .  1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Lallemand.  1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

Larrey 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Alontyon 

(Physiologie  expérimentale) 1024 

—  Et  delà  Commission  du  prix  Pourat.. .  1024 

—  Et  de  laCommissiondu  prix  Philipeaux.  1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Physiologie) 1086 

209 


(     l622    ) 


MM.  P-Ases. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Pourat 

(Physiologie)  pour  1903 1168 

AUTONNE    (LÉON).  —   Sur   les  groupes 

quaternaires  réguliers  d'ordre  fini. . .     624 


MM.  Pages. 

—  Sur  les  groupes  réguliers  d'ordre  fini.    1216 
AVÉROUS(A.)  adresse  un  Mémoire  relatif 
à  un  nouveau   mode  de    propulsion 
des  navires 878 


B 


BACKLUND  (0.).  —  Sur  la  précession. .     291 

BAILHACHE.  —  Sur  un  nouveau  sulfate 

de  molybdène  cristallisé 475 

BAILLAUD.—  Variations  d'éclat  de  la  pla- 
nète Éros 532 

—  Note  relative  à  une  Communication  de 

M.  Monlangridiid 619 

■  —  Application  du  photomèlre  à  coin  à 
la  mesure  des  grandeurs  photogra- 
phiques des  étoiles 1091 

BALACH0VV6KI  (Dimitry).—  Séparation 
du  cobalt  et  du  nickel  par  la  voie 
électroly  tique 1492 

BALLAND.  —  Sur  le  Voandzou 1061 

BAKBIRR  (Ph.).  —  Sur  le  myrcénol  et  sa 

constitution 1048 

BARNARD  (E.-E.)  adresse  ses  remerci- 
ments  à  l'Académie  pour  la  distinction 
accordée  à  ses  travaux 72 

BARRIL  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Sécurité  de  la  circulation  des  trains. 
Impulsour  électrique  » 1 168 

BARTHÈS  (  Al.  )  demande  l'ouverture  d'un 
pli  cacheté  contenant  la  description 
d'une  machine  aérienne  dirigeable. . .     595 

BASIN  (Alfred)  adresse  un  résumé  de 

ses  Mémoires  sur  les  aérostats 1464 

BASSOT  est  élu  membre  de  la  Commission 
de  vérification  des  comptes  pour 
l'année  1900 I2i3 

—  Et   de    la    Commission  du  prix  Gay 

(Géographie  physique)  pour  igoS...    11 68 
BATAILLON  (E.).  —  Sur  la  valeur  com- 
parée des  solutions  salines  ou  sucrées 
en  tératngenèse  expérimentale 852 

—  Sur  l'évolution  des  œufs  immatures  de 

Rima  fuscn 1  1 34 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication     1200 

BADD.  —  Sur  les  combinaisons  du  gaz 
ammoniac  avec  le  chlorure  d'alumi- 
nium      134 

—  Étude  thermique  des  chlorures  d'alu- 

minium ammoniacaux 553 

—  Dissociation  et  étude  thermique  du  com- 


posé AI^Cl",  18  AzH' 690 

—  Constantes  capillaires  de  liquides  orga- 
niques. (En  commun  avec  M.  Ph.-A. 
Giiyr.) i48i  et  i553 

BAUiME-PLUVINEL(A.  de  la).  —  Sur 
le  spectre  de  la  couronne  solaire  pho- 
tographié à  Elche  (Espagne)  pendant 
l'éclipsé  totaledeSoleildu28mai  1900.  lîSg 

BAYRAC  (P.).  -  Sur  l'absorption  de  la   . 
lumière    par    les    indophénols.    (En 
commun  avec  M.  C.  Cumiclwl.  ] 338 

--  Sur  les  spectres  d'absorption  des  indo- 
phénols et  des  colorants  du  triphé- 
nylméthane.  (En  commun  avec  M.  C. 
Camicliel.) 485 

—  Nouvelle  méthode  permettant  de  carac- 

tériser les  matières  colorantes.  Appli- 
cation aux  indophénols.  (En  commun 
avec  M.  C.  Camiclicl.  ) 882 

BEAUVER)E(J.).  -  Influence  de  la  pres- 
sion osmotiquedu  milieu  sur  la  forme 
et  la  structure  des  végétaux 22G 

BECQUEREL  (HE^•RI).  -'  Sur  la  radio- 
activité secondaire  des  métaux 871 

—  Sur  la  radio-activité  secondaire 732 

—  Sur  l'analyse  magnétique  des  rayons 

du  radium  et  du  rayonnement  secon-    ■ 
daire  provoqué  par  ces  rayons 1286 

—  Action  physiologique  des  rayons  du  ra- 

dium. (EncommunavecM.P.CHWe.  )  1289 
— ■  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  La  Gaze  (  Physique) 906 

■  -  Et  de  la  Commission  du  prix  Gaston 

Planté go6 

~    Et  de  la  Commission  du  prix  Kastner- 

Boursault 90G 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

(Sciences  physiques)  pour  1903 1168 

BKF1AL(A.).  —  Cétones  de  l'huile  de  bois, 

diméthylcyclohexénone 342 

—  Action  des  dérivés  organométalliques 

sur  les  éthors-sels 480 

—  Sur  un  isomère  de  l'anéthol  et  sur  la 

constitution  de  ce  dernier.  (En  com- 
mun avec  AL  Tiffeneau.  ) 56i 

Bi<"ILLE  (L.).  —  Sur  l'organogénie  florale 


(  i623  ) 


545 


727 


68 


MM.  Pai^i's. 

des  Disciflores i497 

BÉNARD  (H.)-—  Sur  les  phénylhydra- 
zones  du  (/-glucose  et  leur  multirola- 
lion.  (En  commun  avec  M.  L.-J.  Sr- 

nion.  ) 564 

BENOIST  (Louis). —  Lois  de  transparence 
de  la  matière  pour  les  rayons  X.  3.44 

—  Méthode  de   détermination  des  poids 

atomiques,  fondée  sur  les  lois  de 
transparence  de  la  matière  pour  les 
rayons  X  ;  poids  atomique  de  l'in- 
dium 

BEHNARI)  (NoEL).  —  Sur  la  tuberculisa- 

tion  de  la  Pomme  de  terre 355 

BERTAINCHAND  (E.).  —  Sur  les  pous- 
sières atmosphériques  observées  à 
Tunis,  le    10   mars    190T ii53 

BERTHELOT.  —  M.  \o  Srcrétnire  perpé- 
tuel annonce  à  l'Académie  la  mort  de 
M.  J.-G.  A^ardh 201 

—  Annonce  à  l'Académie  la  mort  de  JL 

Raoïilc 878 

—  Annonce  à  l'Académie  la  mort  de  M. 

Henry  Rowtnml 

—  Signale  un  Volume  intitulé  :  «  Etienne 

Geoffroy  Saint  -  Hilaire  ;  Lettres 
d'Egypte,  publiées  par  M.  E.-T. 
tiamy  »,  296.  —  Divers  Volumes  de 
M.  E.  Gnutrelet,  de  M.  A.  Guépin, 
et  le  Tome  V  des  «  Travaux  du  labo- 
ratoire de  Géologie  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Grenoble,  1899-1900  », 
614.  —  Un  Volume  de  M.  Emile 
Boret,  intitulé  :  «  Leçons  sur  les  sé- 
ries divergentes  »,  754.  —  Un  grand 
Ouvrage  de  M.  lietzius,  intitulé  : 
«  Biologische  Untersuchungen;  neue 
Folge  »,  917.  —  I"  Une  brochure  de 
M.  Edmond  Perrier  :  «  Henri  et  Al- 
phonse Milne- Edwards  »  ;  1°  Un 
Ouvrage  de  M.  Clinntre  :  «  L'homme 
quaternaire  dans  le  bassin  du  Rhône  »  ; 
3"  La  quatrième  Partie  de  la  «  Revue 
technique  de  l'Exposition  universelle 
de  1900  »,  loiS.  —  1°  Un  Ouvrage  de 
M.  Laiissedal,  intitulé  :  «  Recherches 
sur  les  instruments,  les  méthodes  et 
le  dessein  topographiques  ».  Tome  IL 
Première  Partie  :  «  Iconométrie  et 
Métrophotogriiphie  »  ;  2°  Un  Ouvrage 
ayant  pour  litre  :  <■  The  Norvegian 
north  polar  (•x|)odition  (1893-1896)  »  ; 
3'  La  deuxième  série  des  «  Matériaux 
d'étude  topologique  pour  l'Algérie  et 


MM.                                                                              Pages, 
la  Tunisie  » 1 169 

—  Présente  un  Ouvrage  de  M.  Pieirn  Gia- 

rosa  :  «  Magistri  Salernilani  nondum 
editi  » 14S4 

—  Recherches  sur  la  formation  des  com- 

posés organiques  sulfurés 55 

—  Nouvelles    recherches   sur   l'isomérie 

des  élhers  sulfocyaniques 57 

—  Sur  11  s  origines  de  la  combinaison  chi- 

mique: États  allotropiques  de  l'argent.     234 

—  Etudes  sur  les  combinaisons  de  l'ar- 

gent avec  le  mercure 24 1 

—  Sur  la  génération  des  hydrocarbures 

par  les  carbures  métalliques   281 

—  Observations   sur   la   dissolution    des 

métaux  solides  dans  le  mercure  et 
plus  généralement  dans  les  autres 
métaux  fondus '.90 

—  Sur  la  synthèse  de  l'acétylpropylène  et 

des  carbures  terpiléniques 599 

—  Sur  les  métaux  égyptiens  :  Présence 

du  platine  parmi  les  caractères  d'une 
inscription   hiéroglyphique 72g 

—  Sur  les  relations  éleclrochimiques  dos 

agents  allotropiques  des  métaux    et 

de  l'argent  en  particulier 732 

—  Nouvelles  recherches  relatives  à  l'ac- 

tion de  l'eau  oxvgénée  sur  l'oxyile 
d'argent. . . , 897 

—  Observations  relatives  à  ime  Note  de 

M.  Jouniaux  sur  la  réduction  du 
chlorure  d'argent  par  l'hydrogène.. .   1273 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  neutrali- 

sation de  l'acide  phosphorique 1277 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  alliages 

d'or  et  d'argent,  et  diverses  autres 
matières  provenant  des  tombeaux 
égyptiens 1 282 

—  Sur  le  titrage,  à  l'aide  des  colorants,  des 

acides  et  des  alcalis  à  fonction  com- 
plexe     1377 

—  Recherches    sur    les    équilibres    chi- 

miques. Formation  des  phosphates 
insolubles  par  double  décomposition. 
Phosphate  de  soude  bibasique  et  azo- 
tate d'argent i449 

—  Errntn  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication    1595 

—  Équilibres    chimiques.    Réactions    de 

deux  bases  mises  simultanément  en 
présence  de  l'acide  phosphorique ....   1 5 1 7 

—  Sur  les  radicaux  acétylométalliques  . .    i525 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  La  Caze  (Physique) 906 


(  i6: 

MM.  Pages. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Chimie) 946 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Wilde. .    1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

de  Joest 1167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Saintour.    1  iGy 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gegner.    111)7 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Trémont.   [  167 

—  Et  de  la  Commission  du  Grand  prix 

des  Sciences  physiques  pour  igoS.  . .    1 167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

pour  igr^j 1 168 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   iSgS 
BERT^RAND  (Gabriel).  —  Sur  la  compo- 
sition chimique  du  café  de  la  Grande- 
Comore 1C2 

—  Sur   une    diiïérencialion    biochimique 

des  deux  princi[)aux  ferments  flu 
vinaigre.  (En  commun  avec  M.  11. 
Snzcriic.  ) I  o54 

—  Sur  les  érythriles  actives.  (En  commun 

avec  M.  L.  MiKjiieniie.) ~  i4i9 

—  Sur  l'érythrite  racémique.  (En  commun 

avec  M .  L.  Maquenne.  ) 1 56 j 

BERTRAND  (LÉo.\).  —  Sur  l'âge  des 
roches  éruptives  du  cap  d'Aggiy 
(Alpes-Maritimes) i8i 

BERTRAND  (Mabcrl)  est  élu  membre  de 

la  Commission  du  prix  Delesse 947 

BESSON  (A.).—    Sur  la  préparation  de 

l'oxyde   phosphoreux 1 556 

BEULAYGUE  (L.).  —  Influence  de  l'obs- 
curité sur  le  développement  des 
fleurs 720 

BIERKY.  —  Becherches  sur  l'injection  de 
sang  et  de  sérum  néphrotoxiques  au 
chien 1 1 45 

BIÉTRIX  (EiGÈNE).  —  Sur  le  dévelop- 
pement de  la  sole  au  laboratoire 
de  Coticarneau.  (En  commun  avec 
M.  Fabre-Dnmergui;.') 1 1 36 

BIGOURDAN  (G.).  —  Nébuleuses  nou- 
velles, découvertes  à  l'Observatoire 
de  Paris  (équatorial  de  la  tour  de 
l'Ouest) 1094 

—  Sur  l'éclipsé  du  quatrième  satellite  de 

Jupiter,  observée  à  Paris  le  17  mai 
1901 1214 

—  Nébuleuses   nouvelles,   découvertes  à 

l'Observatoire   de    Paris    (équatorial 

de  la  tour  de  l'Ouest) 1465 

BILLET  (A.). —  Sur  la  présence  constante 
d'un  stade  grégariniforme  dans  le 
cycle  évolutif  de   l'hématozoaire  du 


^4) 

MM.  Pages. 

paludisme '433 

BINET  (Maurice).  —  Les  conditions  du 
terrain  et  le  diagnostic  de  la  tuber- 
culose. (En  commun  avec  M.  Albert 
Robin.) 709 

RLÂISE  (E.-E.).  —  Nouvelles  réactions 

des  dérivés  organométalliques 38 

—  Nouvelles   réactions  dos   dérivés   or- 

gano-métalliques  (II.).  Éthers  et  al- 
coyl-^-cétoniques 4/8 

—  Sur  les  dérivés  éthéro-organomagné- 

siens Sîg 

—  Nouvelles  réactions  des  dérivés  organo- 

métalliques (III.).  Éthers  p-céto- 
niques  non  substitués 978 

BLANC  (G.).  —  Sur  les  éthers  alcoylcya- 
nomaloniques  et  les  acides  alcoylcya- 
nacétiques  qui  en  dérivent.  (En  cora- 
niuii  avec  M.  J.  Haller.) 38i 

BLOCH  (Eugène).  —  Action  des  rayons 

du  radium  sur  le  sélénium 914 

BODROUX.  (F.).  —  Modes  de  formation 

et  préparation  du  propylbenzène i55 

—  Action  du  bromure  d'isobutylène  sur 

le  benzène  en  présence  du  chlorure 
d'aluminium i333 

BOHN  (Georges).  —  Théorie  nouvelle  de 

l'adaptation  chromatique 178 

BOLLEMONT  (E. -Grégoire  de).  —  Sur 
le  racémisme.  (En  commun  avec  M.  /. 
Mins;uin.  ) 1 573 

BONGERT  (A.).—  Action  du  chlorure  de 
butyryle  sur  le  sodacétylacétale  de 
mélhyle.  (En  commun  avec  M.  Bon- 
venult .) 70 1 

—  Action  de    la   phényihydrazine   et  de 

l'hydrazine  sur  les  deux  butyrylacé- 
lylacétates  de  méthyle  isomères 973 

—  Nitration  des  éthers  acéiylacéliques  et 

de  leurs  dérivés  acidylés.  (En  com- 
mun avec  M.  Bouveauk.) 1569 

BONNET  (A.)  —  Les  effets  de  la  foudre 
et  la  gélivure.  (En  commun  avec 
M .  i.  Bafaz.  ) 8o5 

BONNIER     (Gaston).     —     Notice     sur 

M .  Jdolphe  Chat  in i  o5 

—  Présente  à  l'Académie  le  premier  fas- 

cicule d'un  «  Cours  de  Botanique  » 
rédigé  par  lui  en  commun  avec 
M.    Leclcrc  du  Sablon 201 

—  Est  élu  Membre  de  la  Commission  du 

prix  Gay.) 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

(  Sciences  physiques) 947 


(  i625  ) 


MM.  Pages. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Desma- 

zières 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montagne.     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tliore.. .     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Fons- 

Mi'licocq 947 

BONNIER  (Pierre).  —    Les  ololilhes   et 

l'audition 1367 

BORDAS   (F.).   —    Analyse  de   quelques 

travertins  du  bassin  de  Vichy.  (En 

commun  avec  M.   C.  Girard.) i^ïi 

BORDAS  (L.).  —  Les  glandes  défensives 

ou  odorantes  des  Blattes i3J2 

—  Morphologie  de  l'appareil  digestif  de.s 

Dysticides i58o 

BORDIER.  —  Théorie  de   la  machine  do 


VVimshurst  sans  secteurs. 


7<" 

—  Sur  l'électrolyse  des  tissus  animaux. 

(En  commun  avec  i\I.  Gilet.) i-^Sg 

BOREL  (Emile)  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Géométrie,  comme  candi- 
dat à  la  place  vacante  par  le  décès  de 
M.  Hermite 654 

—  Sur  la  décom[iosilion  des  fonctions  mé- 

romorphos  en  éléments  simples 90G 

—  Sur  les  fonctions  entières  de  plusieurs 

variables  et  les  modes  de  croissance..     g5o 
BORNET  est  élu  membre  de  la  Commission 

centrale  adniinislralive 14 

—  Notice  sur  AL  /.  Agnrtlli 233 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Gay 947 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

(Sciences  physiques) 947 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Desma- 

zières 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montagne.    947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tliore. . .     947 

—  Et  do  la  Commission  du  prix  La  Fons- 

Mélii'ocq 947 

BOUCHAKD  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Monlyon  (Médecine 
et  Chirurgie) 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier..   1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bréant. .    1024 

—  Et  de  la  Conmiission  du  prix  Uodart. .    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bellion. .   1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Mège  . . .   1024 

—  Et  de  la  Commission  du  [irix  Lalleniand.  1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

Larrey 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Physiologie  expérimentale) 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Pourat..   1025 


MM.  Pages. 

—  Et  de   la  Commission  du  prix  Phili- 

peaux 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Gaze 

(Physiologie) 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prixLeconle..  ijgS 
BOUDOUARD.  —  Sur  les  alliages  d'alumi- 
nium et  de  magnésium i325 

BOUGAULT  (J.).—  Passage  de  l'anéthol 
à  l'acide  anisique  par  cinq  oxydations 
successives 782 

—  Sur  l'acide  paraoxyhydratropique  ....     976 
BOULUD.  —  Maltosurie  chez  certains  dia- 
bétiques. (En  commun  avec  M.  Lé- 
pine.) 610 

BOUNHIOL.  —  Recherches  expérimen- 
tales sur  la  respiration  des  Annélides. 
Élude  du  Spiingriipliis  Spnlliinznnii .    i348 

BOUQUET  DE  LA  GUYE  est  élu  Vice-Prési- 
dent de  l'Académie  pour  l'année  1901.       12 

—  Appelle  l'attention  de  l'Académie  sur 

un  Volume  relatif  à  l'hydrographie 
du  haut  Yang-tse,  par  le  P.  Cluva- 
licr 6(34 

—  Sur  la  parallaxe  du  Soleil '. .    i25o 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1448 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  extraordinaire  desix  mille  francs.     S14 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tchihat- 

chef 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Jean  Rey- 

naud.. 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

de  Joest 1 1 67 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Sainlour.  1167 

—  Et   de    la    Commission   du    prix   Gay 

(Géographie  physique) 1 168 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   1395 
I30URCET  (P.).    -  Les  origines  de  l'iode 

de  l'organisme.   Cycle  biologique  de 

ce  métallo'ide 1 364 

—  Sur  la   présence  et  la  localisation  de 

l'iode  dans  les  leucocytes  du  sang 
normal.  (En  commun  avec  M.  Stas- 
sano .) 1587 

BOURQUELOT  (Ém.).  —  Sur  la  constitu- 
tion du  genlianose.  (En  commun  avec 
M.  H.  Hérissey.) 671 

BOUSSINESQ  (J.).  —  Mise  en  équation  des 
phénomènes  de  convection  calorifique 
et  aperçu  sur  le  pouvoir  refroidissant 
des  fluides i382 

—  Est  élu  membre  do  la  Commission  du 

prix  Montyon  (Mécanique) 8(4 


(  1626  ) 


MM. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Four- 

neyron 9o5 

—  Et  de  la  Commission  du  pris  Four- 

npyron  (Mécanique)  pour  igoS ii63 

BOUTROUX  (Pierre).  —  Sur  la  densité 
des   zéros   et   le    module   maximum 

d'une  fonction  entière 25 1 

BODVEAULT(L.).  —  Transformation  de 
l'acide  dimélhylacrylique  en  acide 
diméthylpyruvique.  (En  commun  avec 
M.  A.  'Wahl.) 416 

—  Action  du  chlorure  de  butyryle  sur  le 

sodacétylacélate  de  méthyle.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Bon^erl.') 701 

—  Nitration    des    éthers   acétylacéliques 

et  de  leurs  dérivés  acidylés.  (En  com- 
mun avec  M.  J.  Bongert.) iSGg 

BOUVIER  (E.-L.).  —Observations  nou- 
velles sur  l'organisation  des  Pleuroto- 
maires.  (En  commun  avec  M.  H.  Fis- 
cher.)       583 

—  Observations  nouvelles  sur  les  Baihy- 

nnmiis,  Isopodes  gigantesques  des 
grands  fonds 643 

—  Sur  l'organisation  interne  du  Pleuro- 

tomarUi  Bcyrichil  Hilg  (En  commun 

avec  M.  H.  Fischer.) 845 

BRANLY  (Edouard).  —  Sur  i'électrolyse 

des  tissus  animaux i36i 

BR,\UER.  —  Télautographe  Ritchie 766 

BREDIG  (G.).  —  Les  actions  diastasiques 

du  platine  colloïdal  etd'autresmétaux.     490 

—  Analogies  entre  les  actions  diastasiques 

du  platine  colloïdal  et  celles  des  dia- 
stases  organiques 576 

BRENANS  (P.)  —  Sur  quelques  dérivés 

iodés  du  phénol 83 1 

BREYDE  (A.)  adresse  une  Note  intitulée  : 


MM.  Pages. 

(I  Explosion  à  distance  et  sans  fil  ».. .       97 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       280 

BRIC.AHD  (R.).  —  Sur  une  question  rela- 
tive au  déplacement  d'une  figure  de 

grandeur  invariable 947 

BROCA  (André).  —  Variation  de  l'acuité 
visuelle  avec  l'éclairage  et  l'adapta- 
tion. Mesure  de  la  migration  du  pig- 
ment rétinien 795 

—  Angle  limite  de  numération  des  objets 

et  mouvements  des  yeux.  (En  commun 
avec  M.  D.  Sulzer.) 888 

—  Décharge  disruptive  dans  les  électro- 

lytes.  (En  commun  avec  M.  Tiirchini.).     giS 
BROUARDEL  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission   du    prix    Montyon   (Statis- 
tique)      906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Médecine  et  Chirurgie) 1024 

BRUNHES  (Bernard).  —  Sur  les  proprié- 
tés isolantes  de  la  neige 465 

BRUNO  (Albert).  —  Sur  un   jietit  four 

de  laboratoire 276 

BUHL.  —  Sur  les  formes  linéaires  aux  dé- 
rivées partielles  d'une  intégrale  d'un 
système  d'équations  diflérenlielles  si- 
multanées qui  sont  aussi  des  inté- 
grales de  ce  système 3 1 3 

BUREAU  est  présenté  par  la  Section  de 
Botanique,  comme  candidat  à  la  place 
de  M.  Adolphe  Chalin loio 

BUSSY  est  élu  membre  de  la  Commission 
du  prix  extraordinaire  de  six  mille 
francs 81 4 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Plumey 

pour  1901 goS 


CAILLETET  (L.)  est  élu  membre  de  la 
Commission  du  prix  La  Caze  (Phy- 
sique)  ' go6 

—  Sur   l'emploi   de   l'oxygène   dans   les 

ascensions  à  grandes  hauteurs 1017 

CALLANDREAU  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Pierre  Guzman go5 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Lalande. .     go5 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Valz. . . .     go6 
CAMBIER  (R.).  —  Sur  une  méthode  de 

recherche  du  bacille  typhique 1442 

CAMICHEL  (C).  —  Sur  l'absorption  de  la 


lumière  par  les  indophénols.  (En 
commun  avec  M.  P.  Bajrac.) 338 

—  Sur  les  spectres  d'absorption  des  indo- 

phénols et  des  colorants  du  triphé- 
nylméthane.  (En  commun  avec  M.  P. 
Bayrac.) 485 

—  Nouvelle  méthode  permettant  de  ca- 

ractériser les  matières  colorantes. 
Application  aux  indophénols.  (En  com- 
mun avec  M.  P.  Bayrac.) 882 

CAMUS  (L.).  —  Recherches  sur  la  fibri- 

nolyse 2i5 


(   i6 

MM.  Pages. 

CARLES  (Pierre)  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  La  pourriture  grise  du 
raisin  aurait-elle  quelque  rapport 
avec  la  présence  des  morilles  dans  les 
vignes"?  » 1077 

CARNOT  (Adolphe).  —  Sur  les  tellurures 
d'or  et  d'argent  de  la  région  de  Kal- 
goorlie  (Australie  occidentale) 1298 

CARTAUD  (G.).—  Sur  la  structure  cellu- 
laire de  quelques  métaux 1327 

CAUBET  (F.).  —  Sur  la  liquéfaction  des 
mélanges  gazeu.x.  Variation  des  con- 
centrations des  deux  phases  existantes 
liquide  et  vapeur  le  long  des  iso- 
thermes        128 

CAULLERY  (Maurice).  —  Le  parasitisme 
intracellulaire  et  la  multiplication 
asexuée  des  Grégarines.  (En  commun 
avec  M.  Félix  Mcsnil.) 220 

—  Le  cycle  évolutif  des  Orthonectides. 

(En  commun  avec  M.  Fclix  Mesnil.  ).   1232 
CAVALIER  (J.)  —  Acidimétrie  de  l'acide 
phosphoriqiie  par  la  baryte,  la  slron- 

tiane  et  la  chaux i33o 

CAZENEUVE  (P.).  —  Sur  des  combinai- 
sons acides  et  alcooliques  do  l'urée  de 
la  phénylhydrazine 34o 

—  Sur  la  diphénylcarbodiazine 4i2 

CHARRIÉ  (C.).—   Contribution  à  l'étude 

de  l'indium.  (En  commun  avec  M.  E. 
Rnng/idi-.) 472 

—  Sur  quelques  composés  du  coesium. . .     678 
CHAPOT-PRÉVOST.  —  De  l'inversion  du 

cœur  chez  un  des  sujets  composants 
d'un  monstre  double  autosilaire  vi- 
vant, de  la  famille  des  Pages 223 

CHARABOT(EuG.).—  Sur  le  rôle  de  la 
fonction  chlorophyllienne  dans  révo- 
lution des  composés  lerpéniques. ...      iSg 

CHARBON.NIER.  —  Adresse  ses  remerci- 
menls  à  l'Académie  pour  la  distinc- 
tion accordée  à  ses  travaux 8i4 

CHARPENTIER  (Aug.).  —  Transmission 
nerveuse  d'une  excitation  électrique 
instantanée 4^6 

—  Nouviaux    caractères   de    l'excitation 

électrique  brève  transmise  par  le  nerf.     639 

—  Conduction  lente   du  nerf  et  variation 

négative 712 

—  Conduction    nerveuse    et    conduction 

musculaire  des  excitations  électriques.     794 

—  Mesure  directe  de  la  longueur  d'onde 

dans  le  nerf  à  la  suite  d'excitations 
électriaues  brèves 1 070 


27    ) 

MM.  Pages. 

CHARRIN.  —  Action  du  mucus  sur  l'orga- 
nisme. (En  commun  avec  M.  Hloussu).     164 

—  Proiiriétés  coagulantes  du  mucus  :  ori- 

gines et  conséquences.  (En  commun 
avec  M.  Moussu.) 378 

—  Influence  de  la  stérilisation  des  milieux 

habités,  de  l'air  respiré  et  des  ali- 
ments ingérés,  sur  l'organisme  ani- 
mal. (En  commun  avec  M.  Guitlemo- 
lat.) 1074 

—  Prie    l'Académie    de    le    comprendre 

parmi  les  candidats  désignés  pour 
remplacer  M.  Potain 1  ifig 

—  Ejt  présenté  par  la  Section  de  Méde- 

cine  et    Chirurgie   comme   candidat 

à  cette  place 1197 

CHATIN  (Ad.).  —  Sa  mort  est  annoncée 

à  l'Académie 49 

—  Notice  sur  M.  Ad.  Chatin;  par  M.  Gns- 

tiin  Bonnier io5 

CHATIN  (.Ioannès)  est  élu  membre  de 
la  Commission  du  grand  prix  des 
Sciences  physiques 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny.  g47 
CHAUVEAU  ( A .).  —  La  production  du  tra- 
vail musculaire  utilise-t-elle,  comme 
potentiel  énergétique,  l'alcool  substi- 
tué à  une  partie  de  la  ration  alimen- 
taire?,         65 

—  Intluence  de  la  substitution  de  l'alcool 

au  sucre  alimentaire,  en  quantité  iso- 
dyname,  sur  la  valeur  du  travail  mus- 
culaire accompli  parle  sujet,  sur  son 
entretien  et  sur  sa  dépense 110 

—  La  dé[)ense  énergétique  qu'entraînent 

effectivement  le  travail  moteur  et  le 
travail  résistant  de  l'homme  qui  s'é- 
lève ou  descend  sur  la  roue  de  Hirn . 
Évaluation  d'après  l'oxygène  absorbé 
dans  les  échanges  respiratoires 194 

—  Analyse  de  la  dépense  du  travail  nintnir 

de  la  machine  qui  soulève  le  poids  de 
l'homme  occupé  à  faire  du  travail 
résistant  sur  la  roue  de  Hirn.  Com- 
paraison avec  la  dépense  qu'entraîne 
ce  même  travail  mo^cHr accompli  par 
l'homme  en  soulevant  lui-môme  son 
poids  sur  la  roue 938 

—  Outillage  très  simple  et  très  sûr,  d'ap- 

plication aussi  rapide  que  facile,  pour 
rendre  inoffensifs  le  séjour  et  le  tra- 
vail de  l'homme  dans  les  atmosphères 
irrespirables  contaminées  par  des  gaz 
délétères.  (En  commun  avec  M.  /. 


(  1628  ) 


MM. 


'ânes. 


Tissai.) 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Montyon(  Médecine  et  Chirurgie.)  1024 

—  EtdelaCornmissiondu  prixPliilipeaux.   1086 
Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Physiologie) 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Pourat 

(Physiologie)  pour  igoS 1168 

CHAUVEAUD  (G.).  —  Sur  la  structure  des 

plantes  vasculaires gS 

CHAVASTELON  (R.)-—  Des  réactions  de 
l'acétylène  avec  le  chlorure  cuivreux 
dissous  dans  une  solution  neutre  de 
chlorure  de  potassium 1489 

CHEVALIEll  (AuG.).  —  Sur  l'existence 
prob.ible  d'une  mer  récente  dans  la 
région  de  Tombouclou 926 

CHEVROTIER.  —  Sur  de  nouveaux  com- 
posés organo-métalliques  de  mercure. 
(En  commun  avec  MM.  Auguste  et 
Louis  Lumière.)^' r45 

CHOFARDET(P.).  —  Observations  de  la 
comète  1900  c  (Giacobini),  faites  à 
l'observatoire  de  Besançon 20 

CHOFFAT  (Paul).  —  Sur  l'âge  de  la  tes- 

chénile 807 

CLAIRIN.  —  Sur  certaines  transformations 

do  BackUind 3o5 

COL.  —  Sur  l'existence  de  laticifères  à 

contenu  spécial  dans  les  Fusains. . . .    i354 

COLSON  (Albert).  —  Sur  certaines  con- 
ditions de  réversibilité 467 

—  Action  des  bases  et  des  acides  sur  les 

sels  d'aminés i563 

CONTE  (A.).  —  Sur  des  phénomènes  d'his- 
tolyse  et  d'histogenèse  accompagnant 
le  développement  desTrématodes  en- 
doparasites  de  Mollusques  terrestres. 
(En  commun  avecM.  C.  Vaney.)....    1069, 

—  Sur  l'évolution  des  feuillets  blastoder- 

miques  chez  les  Nématodes 1064 

CONTREMOULLNS  (G).  —  Appareil  de 
mensuration  exa  x-.  du  squelette  et 
des  organes  doni  .;iu  une  image  nette 

en  radiographie 1006 

COPPET  (L.-C.  de).  —  Sur  les  abaisse- 
menis  moléculaires  de  la  température 
du  maximum  de  densité  de  l'eau  pro- 
duits parla  dissolution  des  chlorures, 
bromures  et  iodures  de  potassium, 
sodium,  rubidium,  lithium  et  ammo- 
nium; rapports  de  ces  abaissements 

entre  eux 121 8 

CORDEMOY   (H. -Jacob  de).   —   Sur   le 


MM.  Pages 

Ramv  de  Madagascar 266 

CORNIL  prie  l'Académie  de  le  comprendre 
parmi  les  candidats  désignés  pour 
la  place  de  M.  Pniain 1 16S 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Méde- 

cine et  de  Chirurgie  comme  candidat 

à  cette  place 1 197 

CORNU  (A.)  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  La  Caze  (Physique) ....     906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gaston 

Planté.  .  ; 906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Kastiier- 

Boursault 906 

—  Et  delà  Commission  du  prix  Wilde. . .    1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Jean  Rey- 

naud 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  Grand  prix  des 

Sciences  physiques  pour  1903 1167 

—  El  de  la  Commission  du  prix   Bordin 

pour  1 903 1 1 68 

—  Sur  la  compensation  mécanique  de  la 

rotation  du  champ  optique  fourni  par 

le  sidérostat  et  l'héliostat ioi3 

COSTANTLN'  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Botanique  comme  candidat  à 
la  place  de  M.  Addphe  Chalin 1010 

COULON  (J.).  —  Sur  le  théorème  d'Hugo- 
niot  et  la  théorie  des  surfaces  carac- 
téristiques      307 

COUPIN  (Henri).  —  Sur  la  sensibilité  des 
végétaux  supérieurs  à  l'action  utile  des 
sels  de  potassium 1 382 

—  Sur  la  sensibilité  des  végétaux  supé- 

rieurs à  des  doses  très  faibles  de 
substances  toxiques G4'5 

COUSIN  (P.).  —  Sur  les  zéros  des  fonc- 
ions entières  de  «  variables 6G7 

COUilÈRE  (H.).  —  Sur  une  nouvelle 
sous-famille  d'Hémiptères  marins,  les 
Hcrmalobatince .  (En  commun  avec 
M.  y.  Martin.) 10G6 

COUTURIER  (F.).  —  Sur  certaines  causes 
de  variation  de  la  richesse  en  gluten 
des  blés.  (En  commun  avec  M.  Léo 
Vi»nnn .) 791 

CRÉMIEU  (V.).  —  Nouvelles  recherches 

sur  la  convection  électrique 827 

—  Sur  l'existence  des  courants  ouverts. .    1 108 

—  Sur  une  balance  très  sensible  pouvant 

servir  de  galvanomètre,  d'électrody- 
namomètre  et  délectromètre  absolu.    1267 

CHROUSTCHOFF  (Paul).  —  Recherches 

cryoscopiques 955 

CRACIUNU  (  R.-L.).  —  Différence  de  con- 


(    1^29   ) 


MM.  Paces. 

stitution  de  la  bile  suivant  lïige  et 

l'état  d'engraissement  des  animaux...  1187 
CURIE  (P.).—  Sur  la  radio-activité  induite 

provoquée  par  les  sels  de  radium.  (En  . 

commun  avec  M.  A.  Dcbiemc.) ....  5^8 
—  Sur  la  radio-activité  induite  et  les  gaz 


MM.  Pages. 

activés  par  le  radium.  (En  commun 

avec  M.  A .  Debierne.) 768 

—  Action  physiologique  des  rayons  du 
radium.  (En  commun  avec  M.  Henri 
Becquerel.  ) 1 289 


D 


DANGE.\RD  (A.).  —  Étude  comparative 

de  lazoospore  et  du   spermatozoïde..     85i) 

DARBOUX  (Gaston).  —Notice  sur  la  vie 

et  les  travaux  de  M.  H.  Moutard.  . .     61 4 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  matlié- 
mati(iues) 1  ifi; 

—  Eldo  la  Commission  du  prix  Saintour.    ii()7 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gegner. .    1167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  i.econte.    iSgS 

—  M.  luSecrét/iirc prr/ifUiii  /fi\'^n»\o,  parmi 

les  pièces  im[irimées  de  la  Correspon- 
dance, di\ers  Ouvrages  de  .M.  Gti\lnf 
Jifiziiix,  do  .M.  Frédéric  Hniisfûj;  de 
M.  y.  Vnlhl,  et  un  Volume  relatif  au 
Congrès    international    pour    l'étude 
des  (piestions  d'éducation  el  d'assis- 
tance des  sourds-muets,  \'j:\.  —  Une 
brocliure  do  M.  L.-E.  Berlin,  et  un 
Recueil  des  travaux  olTeris   par  les 
auteurs   à  M.  A.   Lorentz,    pour  lo 
vingt-cinquième  anniversaire  de  son 
doctorat,  248.  —  Le  Volume   X  de 
la  publication  «  Le  Opère  di  Galileo 
Galilei,   edizione  nazionale  sotto   gli 
auspicii  di  Sua  .Maestà  il  Re  d'Ilalia  »  ; 
et  un  Volume  de  M.  .-J .  Dastre,  3ij6. 
—  Un  «  Traité  théorique  et  praticpie 
d'électromctallurgie  « , par  ^X.Ailotplie 
Minci,  329.  —  Deux  projels  qui  doi- 
vent être    présentés  à   l'Association 
internationale  des  Académies,  0('i:{.  — 
1°  Trois  Volumes  publiés  par  lUni- 
versilé  d'Aberdeen ,  ayant  pour  litres  : 
1°  «   Roll  of  alumni   in  Arts  of  Ihe 
Universily  and  King's  Collège  in  Aber- 
deen  »,  par  Peter  John   Andcrsnn; 
2°  «  Records  of  Old  Aberdeen  (1 137- 
i8gi)  »,  par  Atcxander  Mttcdonidil 
Miinro;  3°   «  Place  Names  ol'  West 
Aberdeen>hire  »,  par  Janiex  AJ/icdo- 
nald;  2°  Un  levé  à  grande  échelle  du 
cours  du  Congo  et  de  l'Oubanghi,  par 
M.  Chastrer,  1091.  —  1°  Un  Ouvrage 

C.  R.,  ijoi,  I"  Semestre.  (T.  liXXXII.) 


de   M.  Jidei  Gnrnier  :  «   Nouvelle- 
Calédonie  (côte  orientale)  »;  1"  Une 
brof  hure  de  M.  Fernand  Dctisle:  «  La 
Montagne  Noire    et  le  Col   de  Nau- 
rouze  »,  r2i3. —  1"  Le  Compte  rendu 
sommaire  du  IV  Congrès  de  Chimie 
appliipiée,   par  MM.    Henri  Moisuin 
el  Français  Dupont;  2"  un  Volume 
intitulé  :  «  Réuidon  du  Comité  inter- 
national permanent  pour  l'exécution 
de  la  Carte  photogra|ihi(pie  du  Ciel, 
tenue   à   l'Observatoire  de  Paris  en 
1900  »,  1257.  —  Un  Ouvrage  de  M.  G. 
Bi^oiirdan  ayant  pour   titre  :    «    Le 
système  métrique,  son  établissement 
et  sa  propagation  graduelle  »,  i3i2. 
—  1°  Le  premier  Volume  d'une  publi- 
cation de  .M. /,«//"'/<•)•  ayant  pour  litre  : 
«  Annals  of  the  astrophysical  Obser- 
vatory  of  the   Smithsoniaii    Institu- 
tion »;  2"  Le  cinqiiième  fascicule  de 
l'Atlas  photographique   de    la  Lune, 
publié  par   l'Observatoire  de  Paris, 
exécuté  par  UM.  M.  LoewfelP.  Pid- 
.leiu:;  3"  Un  Ouvrage  de  M.  Aupetit 
intitulé  :  «  Essai  sur  la  théorie  géné- 
rale de  la  Monnaie  »,  rSgG.  —  Pré- 
sente :  1"  les  fascicules  XVII,  XVIII 
et  XIX  des  «  Résultats  des  campagnes 
scientiliques  accomplies  sur  son  yacht 
par  Albert  /"',  prince  souverain  de 
Monaco  »,   publiés  sous  sa  direction 
avec  le  concours  de  M.  Jules  Riclutrd; 
2°  le  numéro  de  mai  1901  du  «  liulletin 
mensuel    de   la   station   géophysique 
d'Uccle  »,  par  M.  E.  Lagrangc,  i54i. 
—  Les   i(  Annales  Célestes  du   dix- 
septième  siècle  »  de  A. -G.   Pingre, 
Ouvrage  publié  sous  les  auspices  de 
l'Académie  des  Sciences,  par  M.  G. 
Bignurdrin,  et  le  Tome  XII  de  la  pre- 
mière série  des  «  Œuvres  complètes  » 
d'Augustin  Cauchr,  publiées  sous  la 
direction   scientifique  de  l'Académie 
210 


(  i63 

MM.  lages. 
des  Sciences,  i25o.  —  Le  comple 
rendu  de  la  première  Assemblée  gé- 
nérale de  l'Association  internationale 
des  Académies,  i39ij.  —  Annonce  à 
l'Académie  que  le  Tome  CXXX  des 
«  C!>m[iles  rendus  »  est  en  distribu- 
tion au  Secrétariat i'2.i9 

—  Annonce    à   l'Académie    la    mort    de  ^ 

M.  Mfirè\ 1 257 

DAVIDSON  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  de  Géographie  el  Navi- 
gation  '. 754 

—  Adiesse    ses    rcinerciments    à    i'Aca- 

démii» 1  '(^S 

DEBlEHiNE  (A.)-  —  Sur  la  radio-activité 
induite  provoquée  par  les  sels  de  ra- 
dium.(lin  Ciimniunavi'C  W.P.  Curie.).     548 

—  Sur  la  r.idio-activité  induite  et  les  gaz 

activés  par  le  radium.  (En  commun 
a\ec  M.  P.  Curie.) 768 

DÉCOMBE  (L.).  —  Sur  la  me.sure  de  la 
péiiode  des  oscillations  electriciucs 
par  le  miroir  tournant 1087 

DEDEK.C\D,  nommé  Correspondant  pour  la 
Section  de  Géométrie,  adres:>e  ses 
remercîments  à  l'Académie 72 

DEFACQZ  (Ed.). —  Sur  un  nouveau  plius- 

pliure  de  tungstène 32 

—  Sur  un  arséiuure  et  un  chloro-arséniure 

de  tungstène i38 

DEHÉRAIN  (P. -P.).  — Sur  la  germination 
dans  l'eau  distillée.  (En  commun  avec 
M.  Drnioiissy.) ^13 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  La  Cazo  (Cliimie) 946 

DELACKOIX  (G.). —  Sur  une  forme  c(jni- 
dieiuie  du  champignon  du  Bluck-rot 
[Cuii;tif/r(litt  J3itlu'el/ii  (Ellis)  Viala 
el  BavazJ 863 

DELAGli  (  .M.vucel).  —  Sur  les  acides  pyro- 

gallosuU'oniques /fii 

DE  LA.MOTUii.  —  Sur  le  rôle  des  oscilla- 
tions eustatiques  du  niveau  de  base 
dans  la  formation  di'ssyslèmesde  ter- 
ras-es  de  quelques  vallées 1428 

DELANGLE.  —  Sur  l'hydratation  de  l'acide 
ainylpropiolique;  acide  caproylacé- 
tique.  (  En  commun  avec  M.  C/i.  Muu- 
reu .) 1121 

DELÉPINE  (H.).  —  Composilion  de  l'hy- 
drureel  de  l'azoture  de  thorium.  (En 
commua  avec  M.  C.  Matignon.). . .       36 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication         232 


MIU.  Pages. 

DELÉPINE  (Marcel).  —  Sur  la  formation 

et  la  décomposition  des  acél.ils 33 1 

—  La  chaleur  de  formation  des  acétals 

comparée  à  celle  des  composés  iso- 
mères       777 

—  Action  de  divers  alcools  sur  quelques 

acétals  d'alcools  monovalents 968 

—  Sur  les  éihers  imidodithiocarboniques 

H  Az  =  C  (  SR'  )2 1416 

DELITALA(J.)  adresse  un  Mémoire  de 
Géodésie,  ayant  pour  titre  :  «  Déter- 
minaiion  simultanée  de  deux  stations 
inconnues  » ioto 

DEMAUÇAY(Ei;g.).  —  Sur  un  nouvel  élé- 

m.-nl,  l'europium i484 

DEMERLIAC  (R.).  —  Emploi  du  résona- 
teur Ouiiin  pour  la  production  des 
rayons  X i586 

DEAIOULIN  (A.)—  Sur  une  classe  parti- 
culière de  surfaces  réglées 1097 

DE.MOUSSY.  —  Sur  la  germination  dans 
l'eau  distillée.  (En  commun  avec 
]M.  Di-liéniLii.) 5^3 

DERO.ME  (Juvéxal).  —  Propriétés  des 
produits  de  sub.-.titution  alcoylés  de 
l'acétonedicarbonale  d'éthyle  mono- 
cyané.  Aciion  du  chlorure  de  cyano- 
gène sur  l'acétunedicarbonate  de 
méthyle 699 

DESAINT  (L.).  —  Sur  les  séries  de  Taylor 

et  les  étoiles  correspondantes 1 102 

DESBOURDIEU  adresse  un  projet  d'expé- 
riences relatives  aux  courants  tellu- 
riques 1 196 

DESCOURS-DEsACRES.  —  Observations 
reiati\es  à  la  propagation  dans  les 
pommeraies  du  Ncctria  dttis.'.iina . . .     438 

DESCUDÉ  (.Marcelj.  —  Aciion  des  chlo- 
rures d'acides  sur  h'S  éihers-oxydesen 
présence  du  chlorure  de  zinc.    1129,   1^67 

DESGREZ  (  A.).  —  Influence  des  lécithines 
de  l'œuf  sur  les  échanges  nutritifs  (En 
commun  avec  M.  A.  7,aky.) i5i2 

DESLANDRES(H.).  — Sur  la  photographie 
de  la  couronne  solaire  dansles  éclipses 
tottdes 296 

—  Observations  de  l'étoile    nouvelle    de 

Pei  sée 535 

—  Détails  complémentaire»  sur  la  nouvelle 

étoile  de  Perséi' 619 

—  Troisième  série   d'observations   de   la 

nouvelle  étoile  de  Pertée i542 

DESMOTS  (H.).  —  Sur  la  condensation 
des  carbures  acétyléniques  vrais  avec 


(  i63i   ) 


MM.  Pages.    | 

l'aldéhydo  formique;   synihèso  d'al-  ' 

cools   primaires   aciUy ioniques.    (En  ! 

commun  avec  M.  Cli.  M nirrn.) iiiZ 

DEVAUX  (IlExni).  —  De  l'absorption  des  ! 

poisons  méliilliques  1res  dilués  par  les  ! 

cellules  \égétales 717 

DICKSON  (E.-L.).  —  Tli(5orie  des  .eroupes 
linéaires  dans  un  domaine  arliitiaire 
de  rationalité i5.i7 

DIDSBUUV  (C).  -  Sur  l'aneslliésie  locale 
en  chinir^'ie  dentaire  îi  l'aide  des  cou- 
rants de  haute  fréquence  et  de  haute 
intensité.  (En  commun  avec  M.  L.-R. 
Rro;;iicr  ) 1 58g 

DITTE  est  élu  membre  de  la  Commission 

du  [)rix  Jecker 90G 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Chimie) 946 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Cahours.  1089 
DOUXA.MI  (II.).   -  Les  form;itions   ter- 
tiaires et  quaternaires  de  la  vallée  de 
Belle.iiarde SgS 

DUBARD   (MxRCKL).   —  Sur  la  structure 

des  rejel.s  chez  les  végétaux  lij;neux.   i35G 

DUBOIN(A.).  — Sur  les  propriétés  lédur- 
Irices  du  magnésium  et  do  l'alumi- 
nium      %■}% 

DUBOIS  (RAPini;!,).  —  Luminescence 
.  obtenue  a\ec  certains  composés  orga- 
niques      43 1 

DUBIŒUIL  (L.).  —  Action  des  acides 
moi\ohaliigén6s  de  la  série  grasse  sur 
la  pyi'idine  et  la  quinoléine.  (En  com- 
mun avec  .M.  L.-J .  Siimm.) j  18 

DUCLALJX  (!st  élu  membre  delà  Conim-s- 
sion  du  Grand  prix  des  Sciences  phy- 
siques pour  1903 1 167 

DUIIK.M  (T.).  —  Sur  la  condition  sujuilé- 

mcniaire  en  Hydrodynamique 117 

—  Sur  la  stabilité  isenlnqiique  d'un  fluide.     9,44 

—  Sur  les  chaleurs  fpécifi(iues  des  fluides 

dont  les  éléments  sont  soumis  à  leurs 
actions  mutuelles )<)i 

—  De  la  propagation  des  ondes  dans  les 

fluides  visqueux SgS 

—  Sur   les  ondes  du    second  ordre  par 

rappoi  t  aux  vitesses,  que  peut  pré- 
senter un  fluide  visqueux 607 


MM.  Pages. 

—  De  la  propagation  des  discontinuités 

dans  un  fluide  visqueux 608 

—  Sur  les  ondes  longitudinales  et  trans- 

versales dans  les  fluides  parfdils. . . .    i3o3 

—  Sur    les    théorèmes    d'Hugoniot,    les 

lemmes  de  M.  Hadamard  et  la  propa- 
gation des  ondes  dans  les  fluides  vi.s- 
queux 1 163 

—  Sur  la  stabilité  d'un  système  animé 

d'\in  mouvement  de  roliilion 1021 

—  De  la   propagation  des  discnntinuiU's 

dans  un  fluide  visqueux.  Extension  de 

la  loi  d'Hugoniot 94i 

DULAC  (Henri).  —  Sur  les  intégrales 
analvtiques  ries  équations  difleren- 
tielles  du  premier  ordre  dans  le  voisi- 
nage de  conditions  iidtiales  singulières.   I09.8 

—  Sur  les  intégrales  réelles  des  équations 

dilTérentielles  du  premier  ordre  dans 

le  voisinage  d'un  point  singulier 1  l'ig 

DUME^NIL(  E.)  adresse  une  Note  sur  «  un 
procédé  de  détermination  de  la  den- 
sité des  corps  solides  » u  i4 

DUMON  T.  —  Théorie  des  surfaces  du  troi- 
sième ordre 1 54  1 

DUMONT  (.1.).  —  Sur  l'absorption  du 
phosphate  monocalcique  par  la  terre 
arable  et  l'humus 435 

DUPAUC(L.).  —  Sur  la  ko.wiic,  une 
nouvelle  pyroxéiiite  de  l'Oural.  (En 
commun  avec  M.  F.  Priircr.  ) 892 

—  Surle  gabbroà  olivinede  Kosswinsky- 

Kaiiien  (Oural).   (En  commun  avec 

iM .  /''.  l'earce .) 1 42G 

—  Sur  la  classification  péirographique  des 

schistes    de    Casauna    et    dfs    Alpes 
valaisannes 1237 

DUP0IIT(H.).    —    Sur  le  théorème  des 

forces  vives 24 

-  Sur  la  loi  de  l'attraction  universelle. .     C62 

DUPRAT,  à  la  Gua.leloupe,  écrit  qu'il  a 
observé  une  comète,  le  9  mai  1901, 
vers  7''  du  soir.  (C'est  la  co- 
mète 1901  a .) 1275 

DUPUV  adresse  une  réclamation  de  prio- 
rité, concernant  la  découverte  de  l'al- 
caloïde elduglucosidedel'érysimum.     634 


EGOROV  (D.-Tn.).  —  Sur  les  systèmes 
orthogonaux  admettant  un  groupe  de 


E 


transformation  de  Combescure 

Une  classe  nouvelle  de  surfaces  algc- 


74 


(  i632  ) 


MM.  Pages, 

briques  qui  admettent  une  déforma  lion 

continue  en  rcsUint  algébriques 3o2 

—  S  ur  une  cerlaiiio  surface  du  tioisième 

ordre 538 

—  Sur  la  déformation  continue  des  sur- 


MM.  Pages. 

faces 1545 

ENRIQUES  (F.).   —   Remarque  au  sujet 

d'une  Noie  de  M.  .V.  Kaiitnr 248 

ETAllD    (A.)-  —   Du   dédoublement    des 

albuminoïdes  ou  protoplasmides 1 184 


F 


ABRE-DOMERGUE.  —  Sur  le  dévelop- 
pement de  la  Sole  au  laboratoire  de 
Concarneau .  (  En  commun  avec  W.  Eu- 
gène Bictrlx .) 1 1  36 

FABUY  (Ch.).  —  Longueurs  d'onde  de 
quelques  raies  du  fer.  (En  commun 
avec  -M.  A.  Perat.). 1264 

FAVIîEL  (G.).  —  Action  de  la  métiiylacé- 
tylacétone  et  de  l'élhylacétylacétone 
sur  les  chlorures  diazoïques 4  1 

—  Action  des  étiiets  alcoylcyunacéliques 

sur  les  chlorures  diazoïques 983 

—  Action  des  éthersalcoyimaloniques  sur 

les  chlorures  diazoïques i336 

FAYE.  —  Est  élu  membre  de  la  Comniis- 

sion  du  prix  Pierre  Guzman goS 

—  El  de  la  Cunmiission  du  prix  Lalande.     goâ 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Valz. .  . .     906 
FILHOL.  —  Est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  Grand  prix  des  Sciences 
physiques 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny. .     949 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Tchilial- 

clief 108G 

—  Et  de  la  Commission  du   prix  Poural 

(Physiologie)  pour  igoS 1 1C8 

FISCIIEU  (H.).  -  Observations  nouvelles 
sur  l'organisation  des  Pleurolomaires. 
(En  commun  avec  M.  E.-L.  Bou- 
vier. ) 583 

FLAMMARION.  —Sur  l'apparition  d'une 
éloile  nouvelle  dans  la  conslellaiion 
de  Persée 457 

FLEURENT  (E.).  —  Élude  d'un  densi- 
mètre  destiné  à  la  délerminalion  de  la 
valeur  boulangère  des  farines  de  blé.   1421 

FLICHE  (P.).  —"sur  un  insecte  fossde 

trouvé  dans  le  Trias  de  Lorraine.. . .     65o 

FLUSIN  (G.).  —  Sur  l'osmose  à  travers 
la  membrane  du  fenocyanure  de 
cuivre 1110 

FORCRANU  (de).  —  Sur  quelques  pro- 
priétés du  bioxyde  de  sodium 1 3 1 

—  Chaleur  spécihque  et  chaleur  de  fusion 

du  glycul  élhyiénique Sôg 


—  Vaporisation  et  liydralalion  du  glycol 

élhyiénique 688 

—  Errata  se  ra[>porlant  à  celle  Commu- 

nication        8(2 

—  Généralisation  de  la  loi  de  Trouloa. . .     879 
FOREL    (F. -A.).  —   La    variation    ll;(r- 

mique  des  eaux 1  o8g 

FOSSE  (R.).  —  Sur  le  prétendu  binaphty- 

lène  alcool 6g5 

—  Sur  le  naphlylol-naphtyloxy-naphtyl- 

méthane 787 

—  Sur  l'anhydride  du  prétendu  binaphty- 

lène-glycol 1127 

FOUQUÉ  (F.).  —  M.  le  Président  annonce 

à  l'Académie  la   mort  de  M.  Potain.       17 

—  Annonce  à  l'Académie  la  mort  de  M.  Ch. 

Hermilc  et  la  mort  de  M.  Ad.  Cluriiii.       49 

—  Souhaite  la  bienvenue  à  MM.  les  Mem- 

bres des  Académies  étrangères  qui 
assistent  à  la  séance  et  qui  ont  été 
délégués  à  l'Assemblée  générale  de 
l'Association  internationale  des  Aca- 
démies      897 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Delesso 947 

—  El  de  lu   Commission  du  prix  Wilde.   1086 

—  El  de    la  Commission   du   prix    Petit 

dOrmoy  (Sciences  naturelles) 1167 

—  El  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

de  Joesl 1 167 

—  Et  (le  la  Commission  du  prix  Sainlour.   1 167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gegner.    1167 

—  Et  de  la   Commission  du  Grand  prix 

des  Sciences  physiques  pour  igo3..    1167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   i3g5 
FOLRNIER  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  Chirurgie  comme  can- 
didat à  la  place  de  M.  Pataui iig7 

FRÉMONT  (Ch.).  —  Positions  diverses  de 
la  Cbre  neutre  dans  les  corps  rompus 
par  flexion;  raison  de  la  fragilité.. . .     202 

FREUNDLER  (F.).  —  Action  des  chlo- 
rure.-, acides  sur  les  éihers-oxydes  en 
présence  du  zinc 1226 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  décomposi- 


MM.  Pages. 

tion  des  dérivés  bisulfiliqiies.  (En 
commun  avec  M.  lirurirl.) i338 

FREYCliNET  (de)  est  élu  membre  de  la 
Cummission  du  prix  Monlyon  (Stati- 
stique)       906 

FRIEDEL(Jean).—  .\cli()n  de  la  pression 
totale  sur  l'assirailalion  chlorophyl- 


(  i633  ) 

MM. 


Pages, 
iienne 353 

—  L'assimilationchlorophyllienne  réalisée 

en  dehors  de  l'organi.-me  vivant....    ii38 

FROUIN  (Albert).  —  Action  de  l'alcool 
sur  la  sécrétion  gastrique.  (En  com- 
mun avec  M.  Molinier.  ) 1 00 1 


GACHE  (Samuel)  adresse  ses  remerci- 
menls  à  l'Académie  pour  la  distinction 
accordée  à  ses  Travaux 4^7 

GAILLARD.  —  De  l'inlluence  du  climat 
sur  l'évolution  de  la  tuberculose  pul- 
monaire expérimentale.  (En  commun 
icvec.  iMM.  Liiiincliii^ue  et  Acliord.).      \y'\ 

—  De  l'influence  de  l'aliniontation,  de  la 

lem|iéralure,  du  travail  et  des  pous- 
sières sur  l'évolution  de  la  tubercu- 
lose. (En  commun  avec  M.M.  Ltinne- 
Inn'^ite  et  Atluird.  ) 1081 

GARNIKR  (Jules).  —  Sur  la  fluorine  odo- 

ranle  à  fluor  libre  du  Beaujolais gS 

GARNIEU  cL.).  —  De  l'action  du  chloro- 
forme sur  le  pouvoir  réducteur  du 
sang.  (En  commun  avec  M.  Lambert.).     49^ 

GAUDRY  (Aluekt)  est  élu  membre  de  la 

Comuiission  du  prix  Delesse 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tchihat- 

chof 108C 

—  Et  do  la   Commission   du    prix  Jean 

Reynaud 1086 

GAUTIER  (Ar.«\M)).  —  Produits  gazeu.x 
dégagés  [>ar  la  chaleur  de  quelques 
roches  ignées 58 

—  Production    de    l'hydrogène  dans    les 

roches  ignées.  —  Action  de  la  va- 
peur d'eau  sur  les  sels  l'en  eux 189 

—  Méthode  de  dosage  des  sulfures,  sulf- 

hydrales,  polysullurcs  et  hvpusul- 
fites  pouvant  coexister  en  solution, 
en  particulier  dans  les  eau.x  minérales 
sulfureuses 5 18 

—  Origine  deseau.x  thermales  sulfureuses. 

Sulfosilicales    et  oxysulfures  dérivés 

des  silicates  naturels 7io 

—  Sur  l'oxistonce  d'a/.otures,  argonures, 

arséniures  et  iodures  dans  les  roches 
cri-talliniennes 932 

—  Est  élu  .Membre  de  la  Cummission  du 

prix  Jecker 906 

—  Et  de  la  Comndssion  du  prix  La  Caze 


(Chimie) 946 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Moityon 

(Arts  insalubres) 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Cahours.  1086 
GAY-LANCER.MIN  adresse  une  Note  0  Sur 

l'oxydation  du  protosulfure  de  fer  ».     896 
GENEAU    DE   LAMAULIÈKE.  ~    Sur  la 
flore  des  Mousses  des  cavernes.  (En 

commun  avec  M.  Mnlicii .) 9U 

GENOUD.  —  A(i|iiireil  très  simple  pour 
l'application  de  la  méthode  photo- 
thérapique  de  Finsen.   (En  commun 

avec  M.  Lortet.) a46 

GENVRESSE.  —  Sur  un   nouvel    alcool 

dérivé  du  limonène 4 '4 

—  Sur  une  nouvelle  préparation  du  ler- 

pinéol C37 

GÉRARD  (E.).  —  Transformation   de  la 
créaline  en  créalinine  par  un  ferment 
soluble  déshydratant  de  l'organisme.     i53 
GÉRARDIN  (Auguste).  —  Épuration  de 

l'air  piir  le  sol 167 

GIARl)  (Alfred)  estélu  membre  de  la  Com- 
mission du  Giand  prix  des  Sciences 
physiques 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny.     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Physiologie) 1086 

—  Et    de   la  Commission  du    prix    Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles; 1 1O7 

GILET.  —    Sur  l'électrulyse    des    tissus 

animaux.  (En  commun  avec  M.  Jior- 

ilier.  ) 1 239 

GIRARD  (A.-Ch.;.  —  Valeur  alimentaire 

et  culture  de  l'ajonc 498 

—  Analyse    de     quelques     travertins  du 

bassin  de  Vichy.  (  En  commun  avec 

M.  Bordas.  ) 1  4a3 

GLANGEAUD  (Pu.).  —  Les  dômes  de 
Saint- Cyprien  (Durdogni') ,  Sauve- 
terre  et  Fumel  (Lot-et-Garonne) 184 

—  Les  transgressions  et  les  régressions 

des  mers  secondaires  dans  le  bassin 


(  i63/,  ) 


MM.  P 

de  l'Aquilaine 

GONESSIAT  (F.).  —  Six  mois  d'obser- 
vnlions  moléorologiqiies  à  O"ilo 

GOURSAT  (ÉDOinBD)  est  présenté  par  la 
Section  de  Géométrie  comme  candidat 
à  la  place  de  M.  Hrrnnte 

GOUY.  —  Sur  les  propriétés  électrocapil- 
laires de  quelques  composés  orga- 
niques en  solutions  a(]upuses 

GRAMME  (Zénobe).  — Samort  est  annon- 
cée à  l'Académie 

GRANDIDIER  (Alfred)  est  élu  membre 
de  la  Commission  du  prix  Tcliihatchef. 

—  Et  de  la  Commission  diiprixGay  (Géo- 

graphie physique)  pour    igoS 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte. 
GRANGER  (Albert).  —  Sur  un  iodoanti- 

moniure  de  mercure 

GRÉHANT  (N.).  —  Traitement  par  l'oxy- 
gène, à  la  pression  atmosphérique,  de 
l'homme  empoisonné  par  l'oxyde  de 
carbone 

GRIGNÂRD  (  V.).  —  Action  des  éthers  d'a- 
cides gras  monobasiques  sur  les  com- 
binaisons organomagnésiennes  mixtes. 

—  Sur   les  combinaisons  organomagné- 

siennes mixtes 

—  Action  des  chlorures  d'acides   et  des 

anhydrides  d'acides  sur  les  composés 
organométalliqnesdu  magnésium.  (En 
commun  avec  M.  Ti.tsicr.) 

—  Sur  les  composés  organomélalliqucsdu 

magnésium.  (En  commun  avec  M. 
Tisstcr .) 

GRIMBERT  (L.).  —  Production  d'acétyl- 
méthylearbinol  par  le  Bnrilliix  trir- 
tricus 

GUARINI  (E.)  adress^un  complément  à 
ses  expériences  sur  la  télégraphie 
sans  fil 

GUERBET  (Marcel).  -  Action  de  l'al- 
cool œnanthylique  sur  son  dérivé 
sodé:  nouvelle  méthode  de  .synthèse 
des  alcools 

—  Action  de  l'alcool  cuprylique  sur   son 

dérivé  sodé  :  nouvelle  méthode  de 
synthèse  des  alcools  dicapryli(]ue  et 

tricaprylique 

GUICHARD  (C).  —  Sur  les  réseaux  qui, 
par  la  méthode  de  Laplace,  se  trans- 
forment des  deux  côtés  en  réseaux 
orthogonaux 

—  Sur   la    déformation  du    parabolo'i'de 

quelconque 


âges. 

363 


i444 


654 


S2-2 


1086 

I168 
1395 

II  i5 


^7-1 


336 


683 
835 
706 
368 

207 

685 

249 
39S 


MIM.  Pages. 

GUIGNARD  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Gay 947 

—  Et  de   la  Commission  du  prix  Bordin 

(Sciences  physiques) 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Desnia- 

zières 947 

—  Et   de  la  Commission  du   prix  Mon- 

ta.?ne 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Thore  . .     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Fons- 

Mélicocq 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier. .   io'24 
GUILLAUME  (Ch.-Ed.).  —  Procédé  pra- 
tique pour  la   correction  de  l'erreur 
secondaire  des  chronomètres i  io3 

GUILLAUME  (J.).  —  Observations  des 
variations  d'éclat  de  la  planète  Èros, 
faites  à  l'observatoire  de  Lyon.  (En 
commun  avec  MM.  Le  Cadet  et  Lni- 
zrt.) 53o 

— ■  Observations  du  Solril,  faites  à  l'obser- 
vatoire de  Lyon  pendant  le  quatrième 
trimestre  de  1900 621 

GUILLE.MAKD  (H.).  —  Sur  l'emploi  de 
l'acide  silicotungslique  comme  réactif 
des  alcalo'i" Jes  de  l'urine.  Variations 
de  l'azote  alcaloïdique i438 

GUILLEMONAT.  —  Influence  de  la  stéri- 
lisation des  milieux  habités,  de  l'air 
respiré  et  des  aliments  ingérés  sur 
l'organisme  animal.  (En  coinmun  avec 
M.   Clirirrin.) 1074 

GUILLET  (LÉON).  -  Sur  les  alliages  d'alu- 
minium. Combinaisons  de  l'aluminium 
et  du  tungstène 1112 

—  Sur   les  alliages  d'aluminium.  Combi- 

naison de  l'aluminium  et  du  molyb- 
dène       1 322 

GUILLIEBMOND  (A.).  -  Recherches  sur 
la  structure  des  champignons  infé- 
rieurs      175 

—  Recherches  histologiques  sur  la  sporu- 

lation des  levures 1 194 

GUILLO.N  (.I.-M.).  —  Sur  le  géotropisme 

des  racines  de  la  vigne 689 

GUINARD  adresse  des  remerciments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  accor- 
dée à  ses  travaux 19 

GUINCHANT.  —  Compressibilité  des  dis- 

solirtions 469 

GUNTZ.  ^  Sur  l'hydrure  de  baryum...     963 
GUTTON(C.).  —  Sur  la  propagalion  des 

oscillations  hertziennes  dans  l'eau. . .     543 
GUYE   (Ph.-A.).   —   Mesure   rapide  des 


(  I 

MM.  Pages, 

tensions  superûcielle».  (En  commun 
avec  M.  L.  Pcrml.) io43 

—  Constantes  capillaires  de  liquides  or,^a- 

niques.    (li^n   commun   avec  M.    A. 

Biiiid.) i48t  et  i553 

GUVON  est  élu  membre  d(!  ia  Commission 
du  pri.\  llonlyon  (Médecine  et  {;lii- 
luryie) 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier.    1024 

—  Et  de  la  Cominissiiindu  piix  Bréant. .    I0i4 

—  Et  de  la  Commi^sioll  du  prix  Godard.    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bi'lliun..    1024 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Mé.t;e..    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  [)nx  du  baron 

Larrey 1024 

—  Et  de  td  Commission  du  prix  Montyon 


635  ) 

MM.  Pages. 

(Physiologie  expérimentale) 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poural. .    io25 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 
(Phy.siologie) 1086 

GUYON  (P.)  adresse  la  description  et  le 
dessin  d'un  «  Nouveau  moteur  à 
vent  )) 1275 

GUYOT.  — Synthèse  (l'un  colorant  dérivé 
du  di]iliénylènephénylméthane.  (En 
commun  avec  M.  A.  Halter.) lâay 

GUYOU  (E.).  —  Sur  l'emploi  des  circuni- 

méridiennes  à  la  mer 657 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 
prixextriiordinairedo  six  mille  fr.mcs.     814 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Plumey.     905 


H 


HADAMARD  (Jacquks)  est  présenté  par 
la  Section  de  Géométrie  comme  can- 
didat à  la  place  de  .\1.  Hmiiitc GJ4 

HALLER  (A.).  —  Sur  les  ctliers  alcoyl- 
cyanomaloniqucs  et  lesacidrs  alcoyl- 
cyanacéliques  qui  en  dérivent.  (En 
commun  avec  .\I.  6'.  Blanc.) j8i 

—  Sur  de  nouveaux  dérivés  de  l'acidtJ  di- 

méthylamidcibi'nzoylben/.oïi|ue.  (En 
commun  avec  .M.  ,-1.  Guyut.) 74G 

—  Sur  de  nouvelles  sytillièses   effectuées 

au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  .Action  de 
l'épichlorliydrine  et  de  l'épibromliy- 
drine  sur  les  élhcrs  benzoylucéliques 
sodés 1459 

—  Synthèse  d'un  colorant  dérivé  du  di- 

phénylènephénylmélhane.  (En  com- 
mun avec  .M. --i.  Giiyoe.) ii>27 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Jecker 90G 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Cazo 

(Chimie) 940 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  .Montyon 

(Arts  insalubres) 108G 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Cahoiirs. .   1086 
HAMUNET  (l'abbé  J.).  —  Sur  l'électrolyse 

des  oxyacides.  Préparation  de  l'acide 
p.amyloxypropionique  et  de  ladiamy- 
line  du  butanediol  1.4 209 

—  Sur  le  butane  dibromé  et   le   butane 

diiodé(i.4):  Nouvelle  synthèse  de 
l'acide  adipique 343 


—  Un  nouveau  glycol  biprimaire,  le  buta- 

nediol  2.4    ou   glycol    tétraniélhylé- 
nique  et  sa  diacétine 63 1 

—  Action  du  zinc  sur  le  dibromure  et  le 

diiudure  de  tôlraméthylène 78g 

HAMY  (Mauricb).  —  Sur  l'emploi  du  sté- 
réoscope en  Astronomie 1467 

IIANHIOT.  -  Sur  le  mécanisme  des  ac- 

lions  diasia.^iques 146  et    212 

—  Erraici  se  rapportant  à  cette  Communi- 

cation         232 

—  Sur  le  mécanisme  des  réactions  lipo- 

lytiques 842 

IIAULAY  (  V.  ).  —  De  l'hydrate  de  carbone 
de    réserve   dans   les   tubercules   do 

l'Avoine  à  chapelets 4*3 

HARÏOG  (Makcl's).  —  Sur  le  mécanisme 
de  la  (iropulsion  de  la  langue  chez  les 

Amphibiens  anoures 588 

H.ATON  DE  LA  GUUPILLIËUE  e^l  élu 
.Membre  de  la  Commission  du  prix 
Montyon  (Statistique) 906 

—  Et  de  la  Commission  du  prixTrémont.   1167 
HATT.  —  Utilisation  des  points  de  Collins 

pour  la  détermination  d'un  quadrila- 
tère      597 

—  Est  élu   meuibre  de  la   Commission  du 

prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.     814 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gay  (Géo- 

graphie physiqui') 1 168 

HAUTEEECILLË   est  élu  membre   de   la 

Commission  du  prix  La  Cazc  (Chimie).  946 
HAYE.M  est  présenté  par  la  Section   de 

Médecine   ut   de   Chirurgie,    comme 


(  i636  ) 


MM.  P 

cindiclat  à  la  placo  do  M.  Potain 

HÉBEUT  (Alexvndre).  —  Sur  l'absorp- 
ti(in  spécifique  des  rayons  X  par  les 
sels  mélalliques.  (En  commun  avec 
M.  Gmrj^es  Reynaiid.) 

—  Action  de  la  poudre  de  zinc  sur  les 

acides  gras  salures 

HECKEL  (Édouabd).  —  Sur  la  constitu- 
tion de  la  graine  de  Hemandia,  rap- 
prochée lie  celle  de  Wircnsarn 

HELE-SHAW  (H.-S.).  —  Contribution  à 
l'élude  lhéori(iue  et  expérimentale  des 
veines  liquides  déformées  par  des 
obstacles  et  à  la  détermination  des 
lignes  d'induction  d'un  champ  magné- 
tique  

HELLSTRÔM  (Paul)  (imprimé  par  erreur 
Henslrnni)  soumet  au  jugement  de 
l'Académie  un  Mémoire  «  Sur  les 
origines  des  éléments  » 

HEMSALECH  (G.-A.  ).  —  Sur  les  étincelles 
oscillantes 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication   

—  Sur  l'influence  de  self-induction  sur  les 

spectres  d'étincelle 

—  Sur  le   spectre   de  bandes  de  l'azote 

dans  l'étincelle  oscillante 

HEiNRlET  (H.).  —  Dosage  de  l'acide  ni- 
trique dans  les  eaux,  au  moyen  du 
chlorure  slanneux 

HÉRISSEY  (H.).—  Sur  la  constitution  du 
gentianose.  (En  commun  avec  M.  Ein. 
Bourrjitelot.) 


âges. 
197 


408 


633 


1J84 


[3o6 


l3l2 


9'7 


9^9 


1040 


966 


571 


MM.  Pages. 

HERMITE  (Ch.  ).  —  Sa  mort  est  annoncée 

à  l'Académie 49 

—  Notice  sur  M.  Ch.  Hermite;  par  M.  C. 

Jnrdan ■  •      i  o  I 

—  Condoléances  adressées  à  l'Académie.. 

120,  248,  296  et    529 

HERRERA(A.-L.)  adresse  une  Note  «Sur 
les  vacuoles  contractiles  de  l'oléate 
d'ammoniaque  en  formation  » 368 

HESSELGREN  (  Frédéric)  adresse  un  Mé- 
moire sur  la  gamme  musicale i245 

HOSDEN  adresse  un  Mémoire   relatif  à  la 

direction  îles  aérostats i4C4 

HOUSSAY  (Frédéric).  —  La  légende  du 
Li'pas  aiuitijera,  la  VaUisncria  spi- 
irdix  et  le  Poulpe 263 

HUGOUNENQ  (L.).  —  De  l'aclion  oxy- 
dante du  per=ulfale  d'ammoniaque  sur 
quelques  principes  immédiats  de  l'or- 
ganisme        9' 

—  Sur  la  formation  de  l'urée  par  oxyda- 

tion de  l'albumine  à  l'aide  du  persul- 

fale  d'ammoniaque '240 

IIUMBERT  (Georges).  —  Sur  les  fonc- 
tions quadruplement  périodiques. ...       72 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Géomé- 

trie comme  candidat  à   la  place  de 

M.  Hermite 654 

—  Est  élu  Membre  de  la  Section  de  Géo- 

métrie, en  remplacement  de  M.  Ch. 

Hermite 662 

HURWITZ  (A.).  —   Sur  le  problème  des 

isopérimètres 4oi 

—  Sur  les  séries  de  Fourier 1473 


IMBERT  (A.).  —  Sur  les  opacités  du  corps 
vitré  et  la  rigidité  de  ce  milieu  de 
l'œil 

ISTVANFFI  (de)  adresse  ses  remercîments 


JACCOUD  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  comme 
candidat  à  la-place  de  M.  Potain  ....    1 197 

JACQUEMIN  (Georges).  —  Procédé  de 
préparation  de  levures  basses  de  bras- 
serie fermentant  à  haute  température.   i366 

JANSSEN    (J.).  —  Remarques   sur  une 


à  l'Académie  pour  la  distinction  ac- 
cordée à  ses  travaux 663 

IZART(L.)  adresse   une  Note  relative  à 

une  nouvelle  roue  à  rail  mobile 726 

Communication  de  M.  Ricco. .......     323 

—  Sur  la  nouvelle  étoile  apparue  récem- 

ment dans  la  constellation  de  Persée.     .5o5 

—  Remarques  sur  sa  Communication  rela- 

tive aux  lignes  télégraphiques  ou  té- 
léphoniques étabhes  sur  la  neige  au 
mont  Blanc 606 


MM.  Panos. 

—  Sur  l'éclipsé  totale  du  i8  mai  1901 . . .    i^oi 

—  Est    élu    membre   de   la  Conimisslon 

du  prix  Pierre  Guzman goS 

—  El  do  la  Commission  du  prix  Lalande.     903 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Valz. . . .     906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   iScjâ 
JAUBEKT  (Geoi\ge-F.)-  —  Sur  quelques 

propriétés  du  peroxyde  de  sodium  . . 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  préparation 

des  iiydrati's  de  peroxyde  de  sodium 
et  leurs  propriétés 

—  Une  nouvelle  synthèse  de  l'aniline. . . . 
JAUBERT  (Joseph).   —   Sur  l'orage   du 

■29  mai 

JOLY  (Cii.)  adresse  un  Mémoire  sur  «  le 

Grisou  » i-iyi 

JON'UUIÈKES  (ne).  —  Note  au  sujet  d'une 

précé  lente  Communication 750 

—  Est  élu  Membre  de  la  Commission  du 

prix  extraordinaire  de  six  mille  francs. 

—  Et  de  la  Conuuission  du  prix  .Montyon 

f  Siatisti<[ue) 

JORDAN  (Camille).  —  Notice  sur  M.  C/i. 

Hcrmile 101 


(    1637    ) 

MM. 


35 


86 
84 1 

1371 


814 
906 


Pages. 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  b'rancœur 814 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet.    814 
JOUGUET  (E.).  —  Sur  la  propagation  des 

disfontiiiuités  dans  les  fluides 673 

JOUMAUX.  —  Sur  la  réduction  du  chlo- 
rure d'argent  par  l'hydrogène  et  réac- 
l'on  inverse.  É(iuilibres  véritables. . .   1270 

—  Sur  l'action  des  radiations  solaires  sur 

le    chlorure    d'argent    en    présence 

d'hydrogène 1 558 

JtWRDAIN  (S.).  —  Rôle  des  canaux  péri- 

lonéaux 492 

JÛUSSET  DE  BELLESME.  —   Culture  et 

reproduction  du  Saumon  {Sti/iiio  Sa- 

Iftr)  en  eau  douce 272 

JOUVE.  —  Sur  un  échantillon  de  chaux 

cristallisée 1 1 17 

JUNGFLElSCll  (E.).  -  Sur  Thydrocin- 

chonine.   (En  commun  avec  M.  £. 

Léger.) 410 

—  Sur  la  cinchonine.  (En  commun,  avec 

M.  £.  Loger.) 828 


K 


KANTOR  (S.).  —  Sur  une  généralisalion 

d'un  théorème  de  M.  Picard 124 

—  En  réponse  à  une  Communication  do 
M.  Eiiriqucs  du  4  février  1901, 
rappelle  qu'il  a  cilé  le  Travad  de 
M.  Enriques  dans  un  Mémoire  do 
V Amtricciii  Journal 124) 

KILIAN  (W.).  —  Nouvelles  observations 

sismologiques  faites  à  Grenoble 1242 

KCENIG  (E.).  —  Oscillations  périodiques 
produites  par  la  superposition  d'un 
courant  alternatif  au  courjut  continu 
dans  un  arc  électrique 96'2 

KOVESSl  (F. ). —  Recherches anatomiques 


sur    l'aoùtement    des    sarments  do 
vigne 647 

—  Influence    des    conditions    climatolo- 

gicpies  sur  la  végétation  des  sarments 

de  la  vigne 837 

—  Sur  la  taille  rationnelle  des  végétaux 

ligneux 923 

—  Sur  la  proportion  de  l'eau  comparée  à 

l'iioùtcment  des  végétaux  ligneux...  i359 
KUNCKEL  D'ilERCULÀlS  (J.).  —  Le 
grand  Acridien  migrateur  américain 
{Schhtmercn  ami-r'unna  Drury)  : 
migrations  et  aire  de  distribution  géo- 
graphique       803 


L.4CAZE-DUTHIERS  (de)  est  élu  membre 
de  la  Commission  du  Grand  prix  des 
Sciences  physiques 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny  .     947 

—  Et  de  la  Commission    du  prix   Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles) 1167 

LACROIX  (A.).  —  Sur  l'origine  de  l'or  de 

Madagascar 180 

C.  r..,  1901,  \"  SemtsUe.  (r.  C.WXII.) 


—  Sur  un  nouveau  groupe  do  roches  très 

basiques 358 

—  Sur    la   province  pétrographique    du 

nord-ouest  de  Madagascar 439 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       4i8 

LAGRANGE  (E.).  —  Sur   la  propagation 
des  ondes   hertziennes  dans  la  télé- 

21  I 


(  i638  ) 


MM.  Pages, 

graphie  sans  fils 2o3 

LAMBERT.  —  De  l'action  du  chloroforme 
sur  le  pouvoir  réducteur  du  sang.  (En 
commun   avec  M.   Guniier.) 49^ 

LAMEY  (dom).  —  Sur  les  variations  en 
grandeur  et  en  position  des  satellites 
révélant  l'existence  d'une  atmosphère 
cosmique 458 

LANCEREAUX  prie  l'Académie  de  le  com- 
prendre parmi  les  candidats  désignés 
pour  remplacer  M.  Poudn 1 168 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Méde- 

cine et  de  Chirurgie,  comme  candidat 

à  cette  place 1197 

LANDERER  (J.-J.).  —  Sur  la  théorie  des 

satellites  de  Jupiter 299 

LANGLOIS  (Marcellin)  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  Unité  therniochimique 
fondamentale;  atomicité;  unité  d'ori- 
gine et  de  constitution  de  la  matière 
atomique  » SgS 

—  Adresse  un  second  Mémoire  sur  les 

unités   thermochimiques 734 

—  Adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre: 

«  Recherches  sur  la  constitution  des 

atomes,  le  glucinium  » i446 

LANNELONGUE.  -  De  linnuence  du  cli- 
mat sur  l'évolution  de  la  tuberculose 
pulmonaire  expérimentale.  (En  com- 
mun avec  MM.  Achard  et  Gaillnrd.).     1 14 

—  Observations,  à  propos  d'une  Note  de 

M.  Cluipot-Prémxt,  sur  une  opération 
ri'ectocardie,  suivie  de  succès 110 

—  Sur  une  fistule  congénitale  pharyngo- 

lacrymo-faciale,  ouverte   au-dessous 

de  la  narine  droite 38'3 

—  De  l'inlluence  de  l'alimentation,  de  la 

température,  du  travail  et  des  pous- 
sières sur  l'évolution  de  la  tubercu- 
lose. (En  commun  avec  MM.  Achard 
et  Gaillard.  ) 1 08 1 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Montyon  (Médecine  et  Chirurgie).   1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier.    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bréant.    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard.    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prixBellion..    102! 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Mège. . .    1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Lalle- 

mand 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

Larrey 1024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Physiologie  expérimentale) 1024 


MM.  Pages. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Pourat. .    ioîS 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(  Physiologie  ) 1086 

—  Et   de  la  Commission  du   prix   Jean 

Reynaud 1086 

LAPEYRE  adresse  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Opérations  sur  les  carrés  ;  des 

excédents  divisionnaires  » 1 157 

LAPICQUE  (Louis).  —  Sur  le  temps  de 
réaction  suivant  les  races  ou  les  con- 
ditions sociales iSog 

LAPPARENT  (de).  —  Sur  la  découverte 
d'un  oursin  d'âge  crétacé  dans  le 
Sahara  oriental 388 

—  Sur  l'érosion  régressive  dans  la  chaîne 

des  Andes 1 296 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Delesse 947 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Gay  (Géo- 

graphie physique)  pour  igoB 1 168 

LARROQUE  (Firmin).  —  Sur  les  im- 
pressions musicales  (Physico-  et  Psy- 
chophysiologie)       33o 

—  Adresse  le  résumé  d'une  étude  psycho- 

acoustique sur  le  timbre 5o3 

—  Etudes  de  Psycho-acoustique 822 

—  Sur  les  lois    de  l'écoulement  de  l'air 

dans  les  instruments  de  musique.. .    1182 
LASNE  (Henri).  —  Sur  la   composition 

de  l'amblygonite 1191 

LAUSSEDAT  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Montynn  (Statistique).     906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   139Ï 
LAVERAN  est  présenté  par  la  Section  de 

Méderine   et   de   Chirurgie,    comme 
candidate  la  place  de  M.  Pntain...   1197 

—  Est  élu  Membre  de  la  Section  de  Méde- 

cine et  de  Chirurgie,  en  remplacement 

de  M.  Pntain 1212 

LÉAUTÉ  est  élu  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  Montyon  (Mécanique)..     814 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Plumey.     905 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tréniont.  1167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Fourney- 

ron  (Mécanique) 1168 

LEBEAU  (P.).  —  Sur  un  nouveau  corps 
gazeux,  le  fluorure  de  sulfuryle 
S0'-F2.  (En  commun  avec  M.  Mois- 

'""■) 374, 

—  Sur  un  nouveau  siliciure  de  cobalt...     556 

—  Sur  les  constituants  des  ferrosiliciums 

industriels 681 

LEBESGUE  (11.).  —  Surune  généralisation 

de  l'intégrale  définie 1025 


(  1^39  ) 


MM. 

LE  CADET.  —  Observations  des  variations 
d'éclat  de  la  planète  Éros,  faites  à 
l'Observatoire  de  Lyon 

LÉCAILLON  (A).  —  Sii'r  les  diverses  cel- 
lules de  l'ovaire  qui  interviennent 
dans  la  formation  de  l'œuf  des  In- 
sectes  

LEDOUX  (P.).  —  Analomie  comparée  des 
organes  foliaires  chez  les  Acacias... 

LEDUC  (S.).  —  Pour  obtenir  des  rayons 
de  courtes  longueurs  d'onde,  on  peut 
utiliser  l'effluve  électrique,  source 
intense  de  rayons  violets  et  ultra- 
violets   

—  Courbes  d'ascension  thermométrique. . 

—  Diffusion  dans  la  gélatine 

LEFEVRE  (  Pierre).  —  Alcools  et  carbure 

de  calcium 

LÉGER  (E.).  —  Sur   l'hydrocinchonine. 

(En  commun  avec  AL  E.Jun^ki.icli.) 
LEGER  (Louis).  — Sur  une  nouvelle  Gré- 

garine,  parasite  des  Pinnollières  des 

Moules 

—  Sur  la  morphologie  des  éléments  se.\uels 

chez  les  Grégarines  stylorhyncliides  . 
LEGRAND  (Em.man'iel).  —  Anémomètre 

électricpie  à  indications  à  distance... 
LELIEUVRE  (Mairice).  —  Sur  certaines 

relations   involutives 

LEMOINE  (Gkorges)  est  élu  membre  de 

la  Commission  du  prix  Jecker 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Chimie) 

LEMOULT  (Paul).  —  Spectres  d'absorp- 
tion des  indophénols.  Loi  des  groupe- 
ments auxochromes  azotés  tertiaires. 

—  Sur  la  loi  des  auxochromes 

—  Sur   la   réaction    des    benzophénones 

amidées  substituées  et  des  aminés  aro- 
matii|ues  en  milieu  sulfurique 

LÉON  (G.).  —  Sur  un  grisouraètre  élec- 
trique  

LÉPLNE  (R.).  —  Maltosurie  chez  cer- 
tains diabétiques.  (En  commun  avec 
iM.  Boiiliul.) 

LESNE  (  P.  ).  —  La  variation  sexuelle  chez 
les  mâles  de  certains  Coléoptères 
appartenant  à  la  famille  des  Bostry- 
chides;  la  pœcilandrie  périodique... 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication   

LÉVY  (Maurice)  est  nommé  membre  de 
la  Commission  centrale  administra- 
tive, pour  l'année  1901 , 


Payes. 
.")3o 

586 


542 

798 
r  5oo 


410 

1343 
i4?l 

323 
1 179. 
1906 

946 


142 

784 


885 
I  io8 

610 

8^7 
896 

14 


MM. 

—  Président  sortant,  fait  connaître  à  l'Aca' 

demie  l'état  où  se  trouve  l'impression 
des  Recueils  qu'elle  publie  et  les 
changementssiirvenus  parmi  les  Mem- 
bres et  les  Correspondants  pendant  le 
cours  de  l'année  1900 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Francœur 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(  Mécanique  ) 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Plumey. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Fourney- 

ron 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Wilde. . 

—  Et  de   la   Commission   du    prix    Petit 

d'Ormoy  (Sciences  mathématiipies).. 

—  El  de  la  Commission  du  prix  du  baron 

de  .loest 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Trémont. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Fourney- 

ron  (Mécanique) 

LÉVY  (Michkl)  est   élu    membre   de  la 

Commission  du  prix  Delesse 

LEYS(Alex.). —  Nouvelle  réaction  de  la 

saccharine  (sulfimide  benzo'i'que). . . 
I.IAPOUNOFF  (A.).  —  Sur  un  théorème 

du   calcul  des  probabilités 

—  Une  proposition  générale  du  calcul  des 

probabililés 

LIGONDÈS(U.  DU).  —  Sur  les  planètes 

télescopiques 

LINDET.  —  Sur    l'action    saccharifiante 

des  germes  de  blé  et  sur  l'emploi  de 

ces  germes  en  distillerie 

LIPPMANN  (G.).    —  Mire  méridienne  à 

miroir  cylindrique 

—  Sur  la   puissance  représentative  d'une 

portion  finie  de  courbe  continue 

—  Sur  un  a|)pareil  destiné  à  entraîner  la 

plaque  photoiirapliique  qui  reçoit 
l'image  fournie  par  un  sidérostat. .  .  . 

—  Sur  un  galvanomètre  parfaitement  asta- 

tique 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  La  Caze  (Physique) 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gaston 

Planté 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Kastner- 

Boursault 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

(Sciences  physiques)   pour  1903.... 

LIVACHE  (Acii.).  —  Sur   la   substitution 

du  blanc  de  zinc  à  la  céruse  dans  la 


Pages. 


14 

81 3 
8.4 

814 
905 

goS 
1086 

1167 

1 167 
1167 

1168 

947 

io56 

126 

81  i 

121 

261 


904 

921 
1161 
906 
906 
90G 
I168 


(  i64o  ) 


MM.  P^Res. 

peinture  à  l'huilp laSo 

LOEWY.  —  Apparition  d'une  étoile  nou- 
velle dans  la  consipl!alion  de  Perses.     449 

—  Sur  le  quatrième  Volume  des  J/'/ialrs 

de  l'Ohscrfalobe  de  Tmdntixe 1084 

—  Est  élu  Membre  de  la  Commission  du 

prix  Pierre  Guzman goS 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Lalande.     goâ 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Valz. . . .     906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Wilde. .    loSfi 
LOISEL  (Gustave).  —   Les  blastodermes 

sans  embryon 35o 

LORTET.  —  Appareil  très  simple  pour 
l'application  de  la  méthode  pliolothé- 
rapiqr.e  de  Finsen.  (En  commun  avec 
M.  Gcnniid.) ■>t\& 

—  Appareil  photolhérapique  sans  conden- 

sateur. (Eu  commun  avec  M.  Ge/ioiid).     627 
LOUGUININE   (W.).  —    Détermination 
des  chaleurs  latentes  de  vapoiisation 
de  quelques  substances  de  la  Chimie 

organique 88 

LOUISE.  —  Calcul  do  l'écrémage  et  du 
mouillage  dans  les  analyses  du  lait. 
(En  commun  avec  M.  Rii/uier.).  . .  .  992 
LUGEON  (Maurice)  adresse  des  remer- 
cîments  à  l'Académie  pour  la  dislinc- 
tion  accordée  à  ses  travaux 19 


MM.  Pages. 

—  Sur   la  découverte  d'une    racine    des 

Préalpes  suisses 45 

LU!ZET(M.).  —  Observations  des  varia- 
tions d'éclat  de  la  planète  Éros,  faites  à 
l'observ.itoire  de  Lyon 898 

—  Sur  les  époques  tropiques  de  la  période 

de  Vciriation  d'éclat  de  la  planète 
Éros 53i 

—  Sur  la  nouvelle  étoile  de  Persée 535 

—  Véritable  valeur  de  la  période  de  va- 

riation lumineuse  d'Éros.  (En  commun 
avec  M.  C/i.  André.) 665 

—  Observations  d'éclaisdela  Nova  Persée.  121  5 
LUMIÈRE  (Auguste).—  Sur  de  nouveaux 

composés  organométalliques  de  mer- 
cure. (En  commun  avec  MM.  Lnuia 
Lumière  et  Chcvrolier.) i45 

—  Action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  quel- 

ques corps  organiques.  (En  commun 
avecMM.  Louis  Lumière  elF.Perri/i.)  635 
LUMIÈRE  (Louis).  —  Sur  de  nouveaux 
composés  organométalliques  de  mer- 
cure. (En  commun  avec  MM.  Augux/r 
Lumière  et  C/tevrotirr.) i45 

—  Action  de  l'oxyde  de  mercure  sur  quel- 

ques corps  organiques.  (En  commun 
avec  MM.^.  Lumière  el  F.  Perriti.).     635 


M 


MACK  (  Edouard).  —  Quelques  isothermes 

de  l'éther  entre  100°  et  206° 952 

—  Isochores  de  l'éther  de  1"  à  i",85. . . .    io35 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication    1080 

MAHEU  (.1.).  —  Sur  la  flore  des  mousses 

des   cavernes.     (En    commun    avec 

M.  Geneau  de  Lnmnrlère .) 92  1 

MAILHE  (  A.  ).  —  Action  de  l'oxyde  mercu-  j 

rique  sur  les  solutions  aqueuses  des  ! 

sels  métalliques 1273  et  i56o  j 

MAILLAliD  (L.).  — Sur  l'origine  indoxy- 

liquede  certaines  matières  colorantes 

rongas  des  urines  (indirubine) 990 

MAILLET  (En.MOND).  —  Sur  vine  certaine 

catégorie  de  fonctions  transcendantes.     46o 

—  Sur  les  systèmes  complets  d'équations 

aux  dérivées  partielles 540 

—  Sur  une  certaine  catégorie  de   fonc- 

tions  transcendantes 622 

—  Sur  les  racines  des  équations  transcen- 

dantes       908 


—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1012 

—  Sur   les  lois  des  montées  de  Belgrand 

el  les  formules  du  débit  d'un  cours 
d'eau io33 

MAIRE  (René).  —  Nouvelles  recherches 

cytologiques  sur  les  Hyménomycètes.     861 

VIALASSEZ    (L.).    —    Nouveau     modèle 

d'oculaire  à  glace  micrométrique. . . .     4o5 

MALTÉZOS  (C).  —  Sur  les  nodales  de 

sable  ou  de  poussière 737 

MANCEAU  (E.  ).  —  Sur  la  seconde  fer- 
mentation ou  prise  de  mousse  des 
vins  de  Champagne ioo3 

MANGIN  (Louis)  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Botanique,  comme  candidat  à 
la  place  de  M.  Adolphe  Chatin. ....    1010 

MAQUENNE  (L.).  —  Sur  une  nouvelle 
base  dérivée  du  glucose.  (En  com- 
mun avec  M.  E.  Roux.) 980 

—  Sur  les  éryihrites  actives.  (En   com- 

mun avec  M.   G.  Bertrand.) 1419 


MM. 

—  Sur  l'érythrile  racémique.    (En  com 

nnui  avec  M.  Gah.   Piertrand.) 

MARAGE.  —  Quelques  remarques  sur  les 
otdiitlies  de  la  grenouille 

—  Sur  les  otolillies  de  la  grenouille  .... 
MARBOUTIN  (Félix).    -    Conlrihulion  à 

l'élude  des  eaux  souterraines.  Courbes 
isoclironociiromatiques 

MARCH(F.).  —  Sur  le  p!3-diacétylpro- 
pionate  d'élhyle 

MARCHIS  (E.  ).  —  Sur  le  diagramme  eu- 
Iropique 

MARES.  —  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Aca- 
démie  

MAREY.  —  Cliangements  de  direction  el 
de  vitesse  d'un  eouraTit  d'air  (|ui  ren- 
contre des  cor(is  de  formes  diverses. 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Montyon  (M.'decineelCIiirurgie). 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bréant. . 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard. . 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bellion. . 

—  Et  do  la  Commission  du  prix  Mège. . . 

—  Et  de  la   Commission  du   prix  Lalle- 

mand 

--  Et  do  la  Commission  du  prix  du  baron 
Larrey 

—  Et  de  la  Commission  du  |irix  .Montyon 

(Physiologie  expérimentale) 

—  Et  de  In  Commission  du  prix  Pourat. 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Pliili- 

peaiix 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  F.a  Caze 

(Physiologie) 

—  Et  de  la  Commission  du  prix   Pourat 

(Physiologie) 

MARQUIS  (R.).  —  Sur  le  nitrofurfurane. 

MARTIN  (  J.  ).  —  Sur  une  nouvelle  sous- 
f.imilie  d  liémi|)téres  marins,  les  lirr- 
ni'itnbdtiiiœ.  (Iji  cnmmun  avec  IM. 
H.    Cotilièr. •.) 

MARTONNE  (K.  dk).  —  Nouvelles  obser- 
vations sur  la  période  glaciaire  dans 
les  Karpates  méridionales 

—  Sur  les  mouvements  du  sol  et  la  for- 

mation des  vallées  en  Valachie 

MASCART  annonce  à  l'Académie  la  mort 
de  -M.  Zc'iohc  Grniiinie 

—  Est  élu  nie'iibre  de  la  Commission  du 

prix  La  Ca/e  (  Physique) 

—  Et  de   la  Commission  du  prix  Gaston 

Planté 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Kastner- 

Boursault 


(  i64i  ) 

Pages.        MM.  Pa|;es. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gegner.    1167 
i5G5      —  Et  de  la  Commission   du   prix  Bordin 

(Sciences  physiques)  pour  ioo3 1168 

■  07-2      —  Et  de  la  Commission  de  vérification  des 

4i'  comptes  pour  l'année  1900 i2i3 

MASCART  (Jean).  —  Position  el  vitesse 

approchées  d'un  bolide 864 

305      M.\SSOL  (G.).  —  Sur  la  valeur  acidimé- 
trique  des  acides  benzoïqties  numo- 

<)97  substitués 780 

-  Sur  la  valeur  acidiniétriquo  de  l'acide 

G71  païasulfaniiique 1572 

.MASSON  (IlENKi).  —  Synthèses  d'alcools 

tertiaires  de  la  série  urasse 4^3 

MATHIAS  (E.).  -    Calcul  de  la  formule 

définitive  donnant  la  loi  de  la  dislri- 

391  bution   régulière   de    la    composante 

horizontale  du  magnétisme  terrestre 

109.4  en  France  au  i"  janvier  1896 3?.o 

1024      MATIGNON  (C).  —  Composition  de  Ihy- 
io>.4  drure  et  de  l'azoture  de  thorium.  (En 

1024  commun  avec  M.  H.  Dflc//i/ir.).  ...       36 

1024      —  Errata  se  rapportant  à  cette  Coni'mu- 

niealion 232 

1024      M.VTRUCllOT  (L.).  —  Sur  l'identité  des 

modifiiations  de  structure  produites 

1024  dans  les  cellules  végétales  par  le  gel, 

la    p'asmolyse  et   la    fanaison.  (En 

102 1  commun  avec  M.  Mnlluird.  ) 49^ 

i()2")      M.\UPAS  est  élu  Correspondant  dans   la 

.section  d'Anatomie  et  Zoologie 1464 

io8(')      .M.AURAIN  (le  Capitaine)  adresse,  do  Quito, 
des  remercîmeiits  à  l'Académie  [)our 
1086  la  dislinclion  accordée  à  ses  travaux.     906 

MAVROJANNIS.—  Préparation  des  éthers 
1168  nitrobenzoylcyanacétii|ues      isoméri- 

i4o  ques  ortlio,  meta  et  para  el  du  chlo- 

rure d'orthonitrobenznvle  cristallisé.    io54 
MENDELSSOHN.  —  Sur  les  "courants  élec- 
lrotoni(|ues  extrapolairesdanslesneifs 

1066  I  sans  myéline 1067 

MÉRAY  (Cn.).  —   Sur  les  services  que 

peut  rendre  aux  Sciences  la  langue 

36o  auxiliaire     internationale    de    M.    le 

D'    Zamenhof,   connue   sous   le   nom 

I  r.j  1  k\ Espéranto 874 

MESNAGER.  —   Sur  l'application   de    la 
121   I  théorie  de  l'élaslicilô  au   calcul  des 

pièces  rectangulaires  fléchies 147J 

906      MESNIL  (Félix;.  —  Le  parasitisme  intra- 
cellulaire et  la  multiplication  asexuée 
90G   ;  des  Grégarines.    (En    commun   avec 

M.  Maurice  Caullery.  ) 220 

906  I  —  Le  cycle  évolutif  des  Orthonectides.(  En 


(  i64 

MM.  Pages, 

commun  avec  M.  Maitrire  CaiiUery.)  123-2 

MEUNIER  (Maurice)  soumet  au  jugement 
de  l'Acddémie  un  travail  intitulé  : 
«  Note  sur  nn  projet  d'appareil  télé- 
graphique » 4^6 

MEUNIER  (Stanislas).—  Sur  une  mas.se 
de  fer  métallique  qu'on  dit  être  tom- 
bée du  ciel,  au  Soudan,  le  i5  juin 
1900 44 1 

—  Examen  d'une  météorite  tombée  dans 

l'ile  de  Ceylan,  le  i3  avril  1795 5oi 

—  Sur  la  pluie  de  snng  observée  à  Pa- 

lerme  dans  la  nuit  du  9  au  10  mars 
1901 894 

—  Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation 

du  minerai  de  fer  oolithique  de  Lor- 
raine     1008 

MILLER  (  G.-A .).  —  Sur  les  groupes  d'opé- 
rations       912 

MINGUIN  (J.).  —  Sur  le  racémisme.  (En 
commun  avec  M.  E.  Grégoire  de  Bol- 
lemnnt.). 1578 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
ET  DES  BE.\UX-ARTS  (Le)  adresse 
l'ampliation  du  Décret  approuvant 
l'élection  de  M.  Humbert 729 

—  Adresse  l'ampliation  du  Décret  du  Pré- 

sident de  la  République  approuvant 
l'élection  de  SI.  Zciller loSi 

—  Adresse  l'ampliation  du  Décret  approu- 

vant l'élection  de  M.  Liwemn 1219 

MINKOVVSKl  (H.).  —  Sur  les  surfaces 

convexes  fermées 21 

MIQUEL  (P.).  —  Sur  l'usage  de  la  levure 
de  bièie  pour  déceler  les  communica- 
tions des  nappes  d'eau  entre  elles i5i5 

MITTAG-LEFFLER.  —    Sur  une  formule 

de  M.  Fredliolm 76 1 

—  Sur  la  série  de  Bernoulli i388 

MOISSAN    (Henri).  —    Sur  un  nouveau 

corps  gazeux,  le  fluorure  de  sulfuryle 
SO^F^.  (En  commun  avec  M.  P.  Le- 
beait.  ) 374 

—  Sur  la  préparation  et  les  propriétés  du 

sulfammoiiium 5io 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Jecker 906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Gaze 

(Chimie  ) 946 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Arts  insalubres) 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Cahours.   io86 


MM.  PaKes. 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   iSgS 
MOLINIER.  —  Action  de  l'alcool  sur   la 

sécrétion  gastrique.  (En  commun  avec 

M.  Frnuin.  ) looi 

MOLLIARD  (Marin).  —  Sur  lidenlité  des 
modifications  de  structure  produites 
dans  les  cellules  végétales  par  le  gel, 
la  plasmolyse  et  la  fanaison.  (En  com- 
mun avec  M,.  L.  Malrachot.  ) 495 

MONOD  (G. -H.).  —  Sur  la  présence  d'un 
gisement  d'anthracite  dévonien  au 
Kouiicheou  (Chine; 270 

MONTANGERÂND  (L.).-  Sur  la  période 
de  variabilité  d'éclat  de  la  planète 
Éros,  d'après  des  déterminations  faites 
à  l'observatoire  de  Toulouse 533 

—  Sur  la  variabilité  de  la  planète  Éros, 

d'après  des  clichés  obtenus  à  l'obser- 
vatoire de  Toulouse 6i6 

MOUNEYRAT  adresse  des  remerciments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  accor- 
dée à  ses  travaux 19 

MOUREAUX  (Th.).  — Sur  la  valeur  abso- 
lue des  éléments  magnétiques  au 
i"  janvier  1901 3o 

MOUREU   (Ch.).  —  Nouvelles   réactions 

des  composés  organomagnésiens. . . .     837 

—  Sur   deux    nouveaux   acides   acétylé- 

niques.  Synthèse  des  acides  capry- 
lique  et  pélargonique.  (En  commun 
avec  M .  R.  Delange.  ) 988 

—  Sur  l'hydratation  de  l'acide  amylpro- 

piolique;  acide  caproylacétique.  (En 
commun  avec  M.  R.  Deinngc.) 1 121 

—  Sur  la  condensatioTi  des  carbures  acé- 

tyléniques  vrais  avec  l'aldéhyde  for- 
mique;  synthèse  d'alcools  primaires 
acétyléniques.  (En  commun  avec  M.  H. 

Desniols.  ) I2a3 

MOUSSU.  —  Action  du  mucus  sur  l'orga- 
nisme. (En  commun  avec  M.  Cluir- 
rin.) 164 

—  Propriétés  coagulantes  du  mucus  :  ori- 

gines et  conséquences.  (En  commun 
avec  M .  Charrin.  ) 678 

MULLER  (P.-Th.).—  Sur  la  variation  de 
composition  des  eaux  minérales  et 
des  eaux  de  source,  décelée  à  l'aide 
delà  conductibililé  électrique 1046 

MUNTZ  (.A.).—  Études  sur  la  valeur  agri- 
cole des  terres  de  Madagascar.  (En 
commun  avec  M.  E.  Rousseaux.). . .     45t 


(  i643  ) 


N 


MM.  PaRes. 

NEGREANO  (D.).  — Vibrations  produites 
dans  lin  fil  à  l'aide  d'une  macliine  à 
influence 1 4o4 

NETTER  (A.  )  adresse  une  Note  ayant  pour 
litre  :  «  Fonctionnement  du  cerveau 
dans  l'évolution  de  la  parole  inté- 
rieure » 124  i 

NICLOUX  (Maurice). —  Sur  la  présence 
de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang 
du  nouveau-né i5oi 


MM.  Pages. 

NODON  (A.).  —  Production  directe  des 

rayons  X  dans  l'air 770 

—  Adresse  la  description  d'un  0  trieur  de 

phases  électrolytique  pour  courants 

alternatifs» 14  jG 

NORiMAND  (A.)  est  élu  Correspondant 
pour  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation 6 1 3 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie      663 


o 


OCAGNE  (Mairice  d").  —  Sur  la  somme 
des  angles  d'un  polygone  à  connexion 
multiple 818 

CECIISNER   DE  COMNCK.  —  Étude  du 

nitrate  d'uranium 90   et     204 

—  Adresse  une  Note  intitulée  :  «  Quel- 
ques données  sur  le  nitrate  d'ura- 
nium » 447 


OUDEMANS  est  élu  Correspondant  pour  la 

Section  de  Géo'^raphie  et  Navigation.    1086 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadi'- 

mie i[68 

OUVRARD  (L.).  —  Sur  les  borates  de 
magnésie  et  des  métaux  alcalino-ter- 
reux i5j 


PADÉ(H.).  —  Sur  l'expression  générale 
de  la  fraction  rationnelle  approchée 
de  (  I  -i-  j-)'" 734 

—  Sur  la  fraction  continue  de  Slielijes. . .     91 1 
PAILLOT    (René).    —    Perméabilité    des 

aciers   au  nickel    dans    des   champs 
intenses 1 180 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      I  .!48 

—  Inlluencedela  température  sur  la  force 

électroaiotrice  d'aimantation i3i8 

PAQUIEK  (  V.  ). —  Sur  la  présence  du  genre 

Copriiia  dans  l'Urgonien 226 

PARMENTIER  (P.).  —  Sur  l'alumine  con- 
tenue dans  les  eaux  minérales i332 

—  Sur   la  conservation  des  eaux  miné- 

rales     iSgi 

PEARCE  (P.).  —  Sur  le  gabbro  à  olivine 

de  Kosswinski-Kamen  (Oural).   (En 

commun  avec  M.  Duparc.) 1426 

PÉCllARD  (E.).  —  Sur  la   réduction  de 

l'acide  molybdo.-ulfurique  par  l'alcool.  628 
PÉLAfiON  (H.).—  Action  de  l'hydrogène 

sur  le  protosulfure  de  bismuth 78  I 


—  Action  de  l'hydrogène  sur  le  réalgar  et 

réaction  inverse.  Intluence  de  la  pres- 
sion et  de  la  température 774 

—  Sur  la  vérification  ex[iérinientalo  d'une 

loi  de  mécanique  chimique i4ii 

PELL.\T  (H.). —  Sur  une  expéiience  d'os- 
cillation électrique 1178 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1248 

PEROl'  (A.).  —  Longueurs  d'onile  de 
quelques  raies  du  fer.  (En  commun 

avec  M.  Cli.  Fabry.) 1264 

PERRIER  (E1J.MOND)  présente  à  l'Acadé- 
mie le  sixième  'Volume  des  «  Expédi- 
tions scientifiques  du  Travailleur  et 
d  u  Talisman  « 6 1 3 

—  Est  élu  meinbre  de  la  Commission  du 

Grand  prix  des  Sciences  physiques.     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny.     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tchihat- 

chef 1086 

—  Et  de  la  Commission    du    prix   Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles) 1 167 

—  Et  de  la   Commission  du  prix  Poural 


(  i644  ) 


MM.  P 

(Physiologie) 

PERRIN  (F.).  —  Action  de  l'oxyde  de 
mercure  sur  qiiel(|ues  corps  orga- 
niques. (En  commun  avec  MM.  A. 
el  L.  Lumière.) 

PERROT  (L.)-—  Mesure  rapide  des  ten- 
sions superficielles.  (En  commun  avec 
M.  Pli.-J.  G(iyc.) 

PERROTIN.  -  Sur  la  nouvelle  comète 
Giacobini 

PHISALIX  (C).  —  Recherches  sur  la  ma- 
ladie des  chiens.  Vaccinalion  du  chien 
contre  l'infection  expérimenlale 

PHliAGMEN  (E:).  —  Sur  le  domaine  de 
convergence  de  l'intégrale  infinie 

/     V{ax)e-'^da 

•A 

PICARD  (EMILE).  —  Sur  les  intégrales  de 
différenlielles  tolales  de  troisième 
espèce  dans  la  théorie  des  fonctions 
algébriques  de  deux  variables 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  de  la  se- 

conde édition  duTome  1  deson  «Traité 
d'Anulyse»  et  de  la  Leçon  qu'il  a 
faite  à  la  Sorbonne  sur  «  l'ÔEuvre 
scientifique  de  Charles  Hermite  »... 

—  Sur  les  résidus  et  les  périodes  des  inté- 

grales doubles  de  fonctions  ration- 
nelles   ■ 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Francœur 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Petit  d'Or- 

nioy  (Sciences  mathématiques) 

PICTET  (Amé).  —  Sur  trois  nouveaux  al- 
caloïdes du  tabac.  (En  commun  avec 
M.  -4.  Rdtschf.) 

PIZON  (Antoine).  —  Origine  du  pigment 
chez  les  Tuniciers.  Transmission  du 
pigment  maternel  à  l'embryon 

POINCARÉ  (A.).  —  Mouvement,  en  chaque 
jour  synodique,  de  l'axe  instantané 
de  symétrie  des  écarts  barométriques. 

POINCARÉ  (11.).  —  Sur  la  théorie  de  la 


âges. 
ii68 


035 


043 


1147 


396 


iS 


8i3 


929 

8i3 
814 

1 167 


97  > 


ii55 


MM.  Pages, 

précession 5o 

—  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations 

de  la  Mécanique 366 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Francœur 8 1 4 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Poncelet.     8i4 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Petit  d'Or- 

moy  (Sciences  mathématiques) 1 167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Samtour.   1 167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Gegner..    1167 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.    1395 
POLLAK  (Cii.).  —  Sur  un  voltanièlre  dis- 
joncteur des  courants i4o5 

PONSÛT  (A.).  —  Chaleur  spécifique  d'un 
mélange  gazeux  de  corps  en  équilibre 
chimique 769 

—  Lois  de  Gay-Lussac  et  dissociation  des 

composés  gazeux 1401 

—  Aciicms  chimiques  dans  les  systèmes 

dissous  ou  g.izeux.  Tension  de  vapeur. 
Hypothèse  d'Avogadro i55i 

POTAIN.  —  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Aca- 
démie        17 

POTIER  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  La  Caze  (Physique;. . . .     906 

POTTEVIN  (Henri).  —  Sur  la  constitu- 
tion du  gallotannin 704 

POURQUIER  (P.).—  La  résistance  des 
moutons  algériens  à  la  clavelée  est-elle 
héréditaire'? 8qo 

POZZl-ESCOT  (E.).  —  De  la  recherche 

des  alcaloïdes  par  voie  microchimique.     920 

—  Contribution  à  la  recherche  microchi- 

mique  des  alcakjïdes 1062 

PRILLIEUX  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Gay 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordm 

(Sciences  physiques) 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Desma- 

zières 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  iMontagne.     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Thore.. .     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Fons- 

Mélicocq 947 


QUINTON  (R.).  —  Le  globule  rouge  nu- 
cléé  se  comporte  autrement  que  le 
globule  rouge  anucléé,  au  point  de 
vue  de  l'osmose,  vis-à-vis  de  l'urée 
en  solution 347 


^  Le  globule  rouge  nucléé  se  comporte  à 
la  fciçon  de  la  cellule  végétale,  au 
point  de  vue  de  l'osmose,  vis-à-vis  de 
l'urée  en  solution 43i 


(  i64.T 


R 


MM.  P^çes. 

KABAUI)  (Etienne).  -  Orailères  géné- 
raux (les  proce?sus  lératos;ènes;  pro- 
cessus primitif  et  processus  consé- 
cutif    I  i5o 

RABUT.  —  Sur  un  invariant  remarquable 
(lo  certaines  transformations  réali.sées 
par  des  appareils  enrei^istreur- iSgg 

-  Équations  et  propriétés  fondamentales 

des   figures  autopolaires  réciproques 

dans  le  plan  et  dans  l'espace 1470 

RAFFY  (  L.  )  —  Détermination  des  surfaces 
qui  sont  à  la  fois  des  surfaces  de  Joa- 
chimsthal  et  des  surfaces  de  VVein- 
garten i3i2 

-  El  rata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1.(48 

BA.MBAUD.  --  Observations  de  la  comète 
igoo  c  (Giacobini),  faites  à  l'observa- 
toire d'Alger.  (  En  commun  avec 
M.. Ç.. )...'. 19 

-  Observations  do  la  comète  A  (19011, 

faites  à  l'observatoire  d'Alger  (équa- 
torial  coudé  de  o'",348  d'ouverture). 

(En  commun  avec  M.  Sy. 12 58 

RANVIER  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  Montyon  (Médecine  et 
Chirurgie) ioï4 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Lallemand.   1024 
liAOULT.  —  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Aca- 
démie      878 

R\VAZ  (  L.  ).  —  Leselléts  de  la  foudre  et 
la  gélivuie.  (En  commun  avec  M.  A. 
Bonnet.  ) 8o5 

RECOURA  (A.).  -  .Action  d'un  hydrate 
métallique  sur  les  solutions  des  sels 
des  autres  métaux.  —  Sels  basiques 
à  deux  métaux 1 4 14 

REGNIER  (L.-R.).  -  Sur  l'aneslhésie  lo- 
cale en  chirurgie  dentaire,  à  l'aide  de.-; 
courants  de  haute  fré(Hicnce  et  de 
haute  intensité.  (En  conmiun  avec 
'\\ .  G .  Didsbury .) 1689 

RENAULT  (  Bern.vrd).  —  Sur  un  nouveau 

genre  de  fossile 268 

—  Est  i)résenté  par  la  Section  de  Bota- 

nique, comme  candidat  à  la  place  de 

iM.  Ailotj>li('  Chdlin 1010 

RENGADE  (E.).  -  Contribution  ii  l'étude 
del'indium.  (En  commun  avec  M.  Clici- 
bri)'.) 472 

C.  R.,  looi.  I"  Semestre.  (T.  C.VXXII  ) 


MM.  Paccf. 

REYNAUD  (Georges).  —  Sur  l'absorption 
spécifique  des  rayons  X  par  les  sels 
métalliques.  (En  commun  avec  M. 
Alexandre  Hébert.) 4o8 

RHEINS.  —  Sur  la  corrélation  des  expé- 
riences faites  à  Dijon  en  1894  pour 
l'application  de  l'idée  de  retour  com- 
mun |)oiir  circuits  téléphoniques  ot 
les  expériences  faites  depuis  celle, 
date  sur  la  téléphonie  sans  Cl 77 

RIBIÈRE.   —   Sur  les  voûtes  en  arc  de 

cercle  encastrées  aux  naissances. ...     3i  5 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 
nication       448 

-  Sur  les  vibrations  des  poutres  encas- 

trées      668 

RICCO  (A.).  -  Communications  léléplio- 
niqiies,  au  moyen  do  fils  étendus  sur 
la  neige 323 

RICHET  (Cii.)  est  présenté  par  la  Sectiun 
de  Médecine  et  Chirurgie,  comme 
candidat  à  la  place  de  M.  l'otnin.  ...    1 197 

RIDEY  adresse  une  Note  «  Sur  un  matériel 
de  sauvetage  et  d'extinction  dans  les 
incendies  ■> 1276 

KIQUIER.  —  Calcul  de  l'écrémago  et  du 
mouillage  du  lait.  (En  commun  avec 
.M.  Louise.  \ 992 

nOBERT  (A.).  —  Sur  la  ponte  des  Troques.     8Jo 

-  La  segmentation  dans  le  genre  Tro- 

ehus 995 

ROBIN  (Albkrt).  —  Les  conditions  du 
terrain  et  le  diagnostic  de  la  tubercu- 
lose. (En  commun  avec  M.  Maurice 
Binet.^ 709 

R0LL.4ND  (Georges).  —  A  propos  des 
gisemenls  de  minerais  do  fer  ooli- 
thiques  do  Lorraine  et  de  leur  mode 
do  formation 444 

RONDEAU-LUZEAU  (M'").  —  Action  des 
solutions  isoioniques  de  chlorures  et 
de  sucre  sur  les  œufs  de  Ranafusca.     997 

ROOS  (L.).         Action   pliysiologi(pie  du 

vin 428 

ROSENSTIEHL   (A.).      -    Réduction  des 

matières  colorantes  azoïques  nitrées..     98.Î 

ROSSARD   (F.).  —   Observations  sur  la 
variabilité  de  la  planète   ^433"  Éros, 
faites  à  l'observatoire  de  Toulouse. .       396 
212 


(  i*i46  ) 


MM.  Pages. 

ROTHÉ  (E.).  —  Sur  les  forces  électro- 
motrices  de  contact  et  la  théorie  des 
ions 1478 

ROTSCHY  (A.).  —  Sur  trois  nouveaux 
alcaloïdes  du  tabac.  (En  commun  avec 
M.  Amé Piclct.) 971 

ROUCHÉ  présente  à  l'Académie  le  pre- 
mier Volume  d'un  Ouvrage  intitulé  : 
«  Analyse  infiiiilésimale,  à  l'usage  des 
Ingénieurs  »,  par  MM.  EugèneKouché 
et  Lucien  Levy 202 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Montyon  (Statistique» 90H 


MM.  Pages 

ROUSSEAUX  (E.)— Études  sur  la  valeur 
agricole  des  terres  de  Madagascar. 
(En  commun  avec  M.  A.  Mitniz.)..     45i 

ROUX  est  élu  membre  de  la  Commission 
du  prix  Montyon  (Médecine  et  Chi- 
rurgie)      1 024 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Leconte.   iSgS 

ROUX  (E.).  —  Sur  une  nouvelle  base 
dérivée  du  glucose.  (En  commun 
avec  M.   L.  Mufjitrnne.) 980 

ROWLAND  (Henry).  —  Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie 1 168 


SABATIER  (  Paul).  -  Hydrogénations  di- 
rectes réalisées  en  présence  du  nickel 
réduit  :  pré|iaration  de  l'hexahydro- 
benzène.  (En  commun  avec  M.  J.-B. 
Sendercns .  ) 210 

—  Méthode    générale    de    synthèse   des 

naphtèncs.(En  commun  avecM.7.-jÇ. 
Senderens .) 506 

—  Hydrogénation  de  divers  carbures  aro- 

matiques. (En  commun  avec  M.  J.-B. 
Senderens.) 1254 

—  Action  d'un    oxyde  ou  d'un  hydrate 

métallique  sur  les  solutions  des  sels 
des  autres  mclaux  :  sels  basiques 
mixtes i538 

—  Est  élu  Correspondant  pour  la  Section 

de  Chimie 753 

—  Adresse  ses  remcrcîments  à  l'Acadé- 

mie      814 

SAINT-REMY.    —  Sur  l'embryologie  du 

Tœnia  s  errât  a 43 

S.\RRAU  est  élu  membre  de  la  Commission 

du  prix  Montyon  (Mécanique) 814 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Fourney- 

ron 9o5 

—  Et  de  la   Commission    du    prix   Jean 

Reynaud 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Trémont.   1167 

—  Et  de  la  Commission  du    prix  Four- 

npyron 1 168 

SAZERAC  (R).  —  Sur  une  différenciation 
biochimique  des  deux  principaux  fer- 
ments du  vinaigre.  (En  communavec 

M.  Gab.  Berlrnnd.  ) 1 5o4 

SCHLESINGER(LuDwiG).  —  bur  les  équa- 
tions linéaires  à  points  d'indétermina- 
tion         27 


SCHLŒSING  (Th.).  —  Recherches  sur 
l'étal  de  l'alumine  dans  des   terres 

végélales 1 2o3 

-  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 
prix  Montyon  (Arts  insalubres) 1086 

SCHLŒSING  fils  (Th.).-  Sur  l'acide  plios- 

phorique  des  sel-- 1 1 89 

SCHULTEN   (A.  de).   —    Synthèse  de  la 

boronatrocalcite  (ulexite) 1 J76 

SEBERT  (H.)  —  Sur  l'ulililé  scientifique 

d'une  langue  auxiliaire  internationale.     869 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  du 

prix  Plumey go5 

—  Et  de  la  Commission   du  prix  Four- 

neyron goî 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Fourney- 

ron  (Mécanique)  pour  igoS 1 168 

SÉGUIER  (de).   —  Sur  les  équations  de 

certains  groupes io3o 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1 160 

SEMENOW  (J.).  —  ne  l'action  des 
rayons  X  sur  les  conducteurs  et  sur 

les  isolants 1 32o 

SENDERENS  (J.-B.).  -  Hydrogénations 
directes  réalisées  en  présence  du  nic- 
kel réduit  :  préparation  de  l'hcxaliy- 
drobenzène.  (EncommunavecM.  Paul 
Sdbaticr.) 210 

—  Méthode    générale    de    synthèse   des 

naphlènes.  (En  commun  avccM.  Paul 

Sabntier.) 1 254 

SERVANT.  —  Sur  la  défoi  malien  du  para- 

boloïde  général 816 

SI.\CCI  (M.-F.).  —  Sur  un  problème  de 

d'Alemben 1175 

SIBILLO T  (  Ch  .  )  adresse  une  Note  relative 


(   '647  ) 


MM.  Pages, 

à  un  aérostat  dirigeable 87S 

SIEDLECKI  adresse  des  remercîments  ;i 
l'Académie  pour  In  distinction  accor- 
dée à  ses  travaux ? 201 

SIEDLECKI  (Michel).  —  Sur  les  rapports 
des  Grégarines  et  de  l'épitliélium  in- 
testinal      ii8 

SI.MON  (L.-J.).  —  Action  des  acides  rao- 
nohalogénés  de  la  série  grasse  sur  la 
pyridine  et  la  quinoléine.  (  En  commun 
avec  M.  L.  Dithrruil.) 418 

—  Sur  la  constitution  du  glucose 487 

—  Ernitn  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       596 

—  Sur  les  phényihydrazonesdu  (/-glucose 

cl  leur  multirotation.    (En  commun 

avec  M .  H.  Bénard.  ) SCj 

ST.ASSANO  (He.nri).  —  Sur  une  réaction 
liistochimique  diirérenlielle  des  leu- 
cocytes cl  sur  kl  production  expéri- 


MM.  Pages, 

mentale  et  la  nature  des  granulations 
ehromatophiles  de  ces  cellules 58i 

—  Le  parasite  de  la  syphilis 800 

—  Sur  la  présence  et   la   localisation  de 

l'iode  dans  les  loiicocytos  du  sang  nor- 
mal. (En  commun  avec  M.  Bourcet.)  1,587 

STRASBURGER.  —  Élu  Correspondant, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 
mie        19 

SULZER  (D.).  —  Angle  limite  de  numé- 
ration des  objets  et  mouvements  des 
yeux.  (En  commun  a\  ee  M.  A.  Bioca.)     888 

SY.  —  Observations  de  la  comète  1900  c 
(Giacobini)  faites  à  l'Observatoire 
d'Alger.  (En  commun  avec  M.  Ram- 

batul.) 19 

Observations  de  la  comète  A  (1901), 
faites  à  l'Observatoire  d'Alger.  (En 
commun  avec  M.  RambandA 12J8 


TAILLEUR  (P.).  —  Sur  un  glucoside  ca- 
ractérisant la  période  germinative  du 
hùtre \iii 

TARIDE.  —  Sur  les  combinaisons  du  bro- 
mure de  bore  avec  les  chlorures  de 
phosphore 83 

—  Action  du  bromure  de  bore  sur  les 

iodures  de  phosphore  et  sur  les  com- 
posés halogènes  de  l'arsenic  el  de 
l'antimoine 204 

TESTENOIRE.  —  Sur  les  chaleurs  spéci- 
fiques  de  la  soie,  do  la  laine  el  du 
cot(m 23i 

THOMAS   (V.).    —  Sur    les    chlorobro- 

murcs  de  thalliiimdu  typoTlX,  3TIX.      80 

—  Sur  la  chimie  du  méthylène 1 1 18 

—  Sur  les  chlorobromures  de  thalliuin...    1/(87 
THOULET.  —  Sur  la  constitution  du  sol 

des  grands  fonds  océanique? 27 1 

—  Note  relative  à  un  Atlas  lithologiquc 

et  bathymétrique  des  côtes  de  France.  653 
TIFFENEAU.  —  Sur  un  isomère  de  l'a- 
néthol  et  sur  la  constitution  de  ce  der- 
nier. (En  commun  avec  M.  Bchal.).  iOi 
TISSIER.—  Action  des  chlorures  d'acides 
et  des  anhydridesd'acidessur  les  com- 
posés organométalliques  du  magné- 
sium. (En  commun  avec  M.  Grignard.)     683 

—  Sur    les   composés  organométalliques 

du  magnésium.    (En   commun    avec 


AL  Grignard.) 835 

TISSOT  (C).  —  Sur  la  mesure  de  la 
période  des  ondes  utilisées  dans  la 

télégraphie  sans  fd 7C3 

TOMiMASINA  (Th.)  adresse  un  Travail 
intitulé  :  n  Contribution  à  la  théorie 
de  la  cohérence  » 277 

—  Sur  un  électro-radiophone  à  sons  très 

intenses  elsurla  cause  qui  les  produit.     627 
TOPSENT  (E.).   —    Les  Spongiaires  de 
l'expédition    antarctique  belge  el  la 

bipolarité  des  faunes 1C8 

TOURNOUER  (Andrk).  —  SurleNéomy- 
lodonetsur  l'animal  mystérieux  de  la 

Patagonie 96 

TRABUT.  —  Sur  la  manne  de  l'olivier. . .     225 
TRILLAT.  —  Sur  un  pseudo-acido  agari- 

cique.  (En commun  avecM.  Adrian.)     i5i 
TRILLAT    (J.-A.).     —    Oxydation    des 
alcools  primaires  par  l'action  de  con- 
tact    1227 

—  Élude  de  l'action  de  contact  sur  les 

alcools  secondaires  et  tertiaires i495 

TROOST  (Louis)   est  élu   membre  de  la 

Commission  du  prix  Jecker 906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Chimie) 946 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Montyon 

(Arts  insalubres) 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Cahours. .    1086 


MM. 

TROUVÉ  (G.)-  -  Surun appareil  quiimile 

les  effets  ries  fontaines  luminenses. . . 
TSVETT  (M.).   —   Sur  la  piuralilé  des 

chloropliyllines  et  sur  les  méfachloro- 

|:)hvllines 

TURCIUNI.        Décharge  disruplive  dans 

les  élecU-olyles.   (En    commun  avec 


(    1648 
Pages, 


^ 


149 


MM. 


l'agea. 
M.  André  Broca.  ) 91 5 

TURPAIN  (Albert).  —  Observations  de 
la  résonance  électrique  dans  l'air 
raréfii'' 

TZrrZEICA  (G.).—  Sur  la  déformation  con- 
tinue ries  surfaces. . 


i3iî 


URBAIN  (E.)  Sur  l'isolement  del'yttria, 
derytterbine  et  delà  nouvelle  erbine. 
(En  commun  avec  M.  G.  Urbain.  1.  . 

URBAIN  (G .) .  -   Sur  l'isolement  de  l'y ttna, 


U 


I  de  l'y  tterbine  et  de  la  nouvelle  erbine. 

I  (En  commun  iivec  M.  E.  Urbain.).  . 

i3G      URBAIN  (V.).  —  De  l'éliminalion  du  m'- 

Ihane  dans  l'atmosphère 


i36 


334 


VALEUR  (Amand).  —  Action  des  éthers 
d'acides  bibasiques  sur  les  composés 
organométalliques 833 

VALLÉE  (C).  —  Sur  l'action  des  acides 
sur  les  carbonates  alcalino-terreux  en 
présence  de  l'alcool C77 

VALLIER  (E.).  —  Sur  les  intégrales  culé- 
riennes  incomplètes  de  deuxième 
espèce  et  les  intégrales  indéfinies  des 
fonctions  précédentes rSgi 

VAN  AUBEL  (Ed.).  -  Sur  la  densité  des 

alliages ia66 

VAN  BENEDEN  (Edouard) est  élu  Corres- 
pondant dans  la  Section  d'Anatomie  et 
Zoologie i54o 

VANEY  (C.  ).  —  Sur  des  phénomènes  d'his- 
tolyse  et  d'histogenèse  accompagnant 
le  développement  des  Trématodes  en- 
doparasites  de  Mollusques  terrestres. 
(En  commun  avec  M.  J.  Conte.)..    io6a 

VAN  TIEGHEM  est    élu    membre  de    la 

Commission  du  prix  Gay 947 

—  Et  de  la  Commission  du  pris  Bordin 

(  Sciences  physiques) 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Desma- 

zières 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Mon- 

tagne      947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Thore. . .     947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Fons- 

Mélicocq 947 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Phili- 

peaux 1086 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  La  Caze 

(Physiologie) 1086 


-  Et  de  la  Commission  du   prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles) 1167 

-  -  Et  de  la  Commission  du  Grand  prix  des 

Sciences  physiques  pour  igoS 1167 

V.\RNIER  (Hknri).  —  Radiopelvigrapliie 

et  radiopelvimctrie  à  longue  portée..     167 

VASCHIDE.  —  Contribution  à  l'étude  p-y- 
cho-|)hysiologique  des  actes  vitaux  en 
l'absence  totale  du  cerveau  chez  un 
enfant.  (En  commun  avec  M.  Ch. 
Vurpas.^ 64 1 

VASSEUR.  —  Traces  superficielles  laissées 
par  les  outils  dans  le  travail  du  sciage 
des  métaux 462 

VERNEUIL  (A.).  —  Sur  le:,  produits  se- 
condaires formés  dans  l'action  de 
l'acide  sulfurique  sur  le  charbon  de 
bois i34o 

VIGIER  (P.  ;.  —  Sur  lorigine  des  para- 
somes  ou  pyrénosomes  dans  les  cel- 
lules de  la  glande  digestive  de  l'écre- 
visse 855 

VIGNON  (Léo).  —  Sur  certaines  causes 
de  variation  de  la  richesse  en  gluten 
des  blés.  (En  commun  avec  M.  F. 
Couturier .) 79 1 

VIGNON  (P.).  —  Sur  l'histologie  de  la 
branchée  et  du  tube  digestif  chez  les 
Ascidies 714 

Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 
cation      812 

-  Sur  les  cils  des  Cténophores  et  les  in- 

sertions ciliaires  en  général i346 

VIGUIER  (C).  —  Nouvelles  observations 

sur  la  parthénogenèse  des  Oursins. . .    i436 


(  ï649  ) 


MM.  Pages. 

VIOLLE  (Jules)  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  La  Caze  (Physique).     906 

-  Et  de  la  Commission  du  prix  Gaston 

Planté 906 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Kastner- 

Boursault 906 

--  Sur  un  éclair  en  boule 1537 

VUILLEMIN  (  P.iiiL).    -  Un  cas  de  triclio- 


MM.  Pages. 

sporie  {Piedra  nostras)  observé   en 

France 1 869 

VURPAS  (Cl.).  —  Contribution  à  l'étude 
psycho-physiologique  des  actes  vitaux 
en  l'absence  totale  du  cerveau  chez  un 
enfant.  (En  commun  avec  M.  f"as- 
chide .  ^ 64 1 


w 


WAHL  (A.).  —  Transformation  de  l'acide 
dimélhylacrylique  en  acide  dimétyl- 
pyruvique 4'6 

—  Sur  la  nitration  directe  dans  la  série 

grasse 693 

—  Sur  le  nitroacétate  d'éthyle io5o 

—  Sur  l'acide  dimélhylpyruviquo 1 124 

WALLER  (A.-D.i.  —    Le  dernier  signe 

de  vie;  son  application  à  l'homme. . .  1087 
WALLERANT(Fréd.).  -  De  la  symétrie 

apparente  dans  les  cristaux 178 

WEISS  (G.I.  —  Excitation  des  nerfs  et  des 

muscles  par  des  ondes  de  très  courte 

durée 999 

—  Recherches  sur   les  constantes   phy- 


siques qui  interviennent  dans  l'exci- 
tation électrique  du  nerf 1068 

-  La   loi  de  l'excitation  électrique  des 
nerf? 11 43 

WEISS  (PiiiBRE).  —  Sur  un  nouveau  sys- 
tème d'ampèremètresetde  voltmètres, 
indépendants  de  l'intensité  de  leur  ai- 
mant permanrnt 967 

WINTRFBERT  (L.).     -    Sur    quelques 

osmyloxalatos 824 

VVOLF  (Cu.)  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Pierre  Guzman 905 

—  El  de  la  Commission  du  prix  Lalande.     goS 
Et  de  la  Commission  du  prix  Valz. . . .     906 


ZAKY  (A.).  —  Influence  des  lécithines  de 
l'œuf  sur  les  échanges  nutritifs.  (En 
commun  avec  M.  A.  Desgrez.  ) i5i2 

ZAREMBA(S.).  -  Sur  la  théorie  dos 
équations  de  la  Physique  malhéma- 
tique 29 

—  Sur  l'intégration  de  l'équation 

A  w  -  (i'  «•  =  o 1 549 


ZEILLER  est  présenté  par  la  Section  de 
Botanique,  comme  candidat  à  la  place 
de  M.  Adolplw  Cliatiii 10 10 

—  Est  élu  Membre  de  la  Seciion  de  Bota- 
niqi;-,  en  remplacement  de  M.  .4(/o//Me 
Chiitin 1024 

ZEUNEK  est  élu  Correspondant  pour  la 

Section  de  Mécanique 1086 

-  Adresse  ses  reraerciments  à  r  Académie.  1168 


OAuiHltu-VlLLAUSi,  IMFRlMliUU-LIBHAlRE  DKS  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES. 
Paris.     -  Quai  des  Grands-Auguslius,  55. 


29722 


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